TELLANO 059623411 Princeton University 32101 Library VETYS & TESTA- NOUM MENTVM DEIS PRINCETON UNIVERSITY LIBRARY 1 1 ?!? NÉO-PHYSIOLOGIE DU GOUT PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. Paris. - Imprimerie de Béthune et Plon. NÉO-PHYSIOLOGIE DU GOUT PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, OU DICHIONNAIR3 siNŠRAL DE LA CUISINE FRANÇAISE ANCIENNE ET MODERNE, ainsi que de l'omce et de la Pharmacie domestique, OUVRAGE OU L'ON TROUVERA TOUTES LES PRESCRIPTIONS NÉCESSAIRES A LA CONFECTION DES ALIMENTS NUTRITIFS OU D'AGRÉMENT A L'USAGE DES PLUS GRANDES ET DES PLUS PETITES FORTUNES 3 Publication qui doit suppléer à tous les livres de Cuisine dont le public n'a que trop expérimenté le charlatanisme, l'insuffisance et l'obscurité; Enrichi de plusieurs menus, prescriptions culinaires, et autres opuscules inédits de M. de La Reynière, ✓ ง Auteur de l'ALMANACH DES GOURMANDS; SUIVI D'UNE COLLECTION GÉNÉRALE DES MENUS FRANÇAIS DEPUIS LE DOUZIÈME SIÈCLE, el terminé par une PHARMACOPÉE qui contient toutes les préparations médicinales dont l'usage est le plus utile et le plus familier , DÉDIÉ A L'AUTEUR DES MÉMOIRES DE LA MARQUISE DE CRÉQUY. Maurice. Crusin Héraclite avait dit que l'homme est un animal pleurant ; Démocrite avait dit que l'homme est un animal riant ; M. de la Reynière a dit que l'homme est un animal cuisinier. PARIS. AU BUREAU DU DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE CUISINE, 16, BOULEVART MONTMARTRE. 1839. AVANT-PROPOS. On reproche continuellement au temps où nous vivons d'être tombé dans le positif le plus matériel ; et pourtant il ne se trouve pas chez nous un seul ouvrage assez positivement clair et précis pour être utile à celle de toutes les sciences qui est la plus indispensable au bien-être le plus positif de la vie matérielle. La faute en est aux auteurs des livres de cuisine, qui sont de deux classes: savoir, des charlatans qui osent parler de ce qu'ils ne savent pas, et ces écrivains là sont de ceux qui spéculent sur la simplicité du public, afin de lui faire acheter un gros livre ; et puis la faute en est encore à d'autres praticiens qui ne veulent pas dire tout ce qu'ils savent, et qui se réservent le secret des prescriptions culinaires, afin de ne pas nuire à la corporation des bons cuisiniers, qui est comme une espèce de franc-maçonnerie dont le nombre des initiés va toujours en diminuant. Ceux-ci vous conseillent, par exemple, de mettre deux ou trois cuillerées de grande espagnole pour faire une sauce quelconque, et quand vous allez regarder ce que c'est qu'une grande espagnole, vous n'y voyez ou n'y comprenez rien du tout. Les plus consciencieux vous disent sérieusement que pour faire une sauce de cette espèce, il faudra prendre douze canards, avec un jambon, deux bouteilles de bon vieux madère et six livres de belles truffes (1); ce qui est un autre charlatanisme impertinent, impraticable, et dont la faussetė saule aux yeux de toutes les personnes à qui la science de la cuisine n'est pas tout-à-fait étrangère. Il est à savoir que, de- puis les Dispensaires du temps de Louis XIV, on n'a pas fait un seul ouvrage raisonnable et sa- tisfaisant sur la cuisine. Tous les cuisiniers impériaux et prétendus royaux ou nationaux ne sont que des mystifications, et l'on est obligé de convenir que la Cuisinière bourgeoise est en- core ce qu'on a publié de meilleur depuis 1761. C'est là, du moins, un livre utile, écrit sous la dictée d'une personne de conscience et qui ne manquait pas d'une certaine habileté ; car l'auteur de cet ouvrage, qui avait nom madame Blanc, était la cuisinière de Madame la Présidente d'Ormesson, qui voulait faire bonne chère, et qui regardait de près à sa dépense. Cependant, comme le temps marche toujours, les recettes de la Cuisinière bourgeoise sont devenues insuffisantes pour les besoins de notre époque. La plupart de ses prescriptions sont devenues surannées, et la naïveté de son style a rebuté les personnes à pré- tentions. Il est certain qu'il s'y trouve des inutilités qui tiennent la place d'autres choses qui seraient plus essentielles, et comme les formules des recettes doivent être concises, afin d'en faire contenir dans un volume le plus grand nombre possible, c'est un reproche qu'on n'aura pas à faire au Dictionnaire de la Cuisine, où il ne manquera rien, mais où il ne sera rien inséré qui n'ait son utilité reconnue. Indépendamment de toutes les recettes les mieux rédigées pour opérer facilement la con- (1) V. CCISINIER IMPÉRIAL et ROYAL D'ITALIE, page 115. 1 571432 (RECAP) 9914 116 RECAP II AVANT-PROPOS. fection des mets les plus simples ou les plus délicatement recherchés, car il n'est pas de personne riche qui n'aime à varier sa nourriture, et il n'est guère de gens d'une fortune médiocre qui ne soient bien aises de se faire servir de temps en temps quelques comestibles de la haute sensualité, le Dictionnaire de la Cuisine contiendra toutes les indications les plus sûres et les mieux éprouvées, pour le choix des vins, la conservation des fruits et celle des légumes ; l'art de faire toute espèce de confitures ou de conserves, tant au sucre qu'à l'huile ou au vinaigre ; l'indi- cation des temps de l'année les plus favorables pour l'achat des choses de provision, celle des quatre saisons où certains objets d'alimentation sont de qualité supérieure ou défectueuse ; l'art de suppléer aux éléments prescrits dans les recettes de ce Dictionnaire en cas de difficulté, qui proviendrait du temps ou des localités défavorables, ce qui arrive souvent à la campagne, et principalement pour les personnes qui veulent y passer une partie de l'hiver, et surtout du printemps, qui est l'époque la plus ingrate de l'année pour la bonne chère. Enfin l'on n'omettra * rien de ce qui peut servir au bien-être le plus confortable qu'on aura grand soin d'allier avec une simplicité de prescription qui puisse rendre la meilleure cuisine accessible à toutes les ſortudes ; car, encore une fois, il ne saurait appartenir à tout le monde, et même on peut dire qu'il ne convient à personne de prendre douze canards avec trois bouteilles de vin de Madère et six livres de grosses truffes pour assaisonner une demi-douzaine d'aufs poches. Telle est pourtant la singulière exigence de certains écrivains culinaires, et voilà les livres qui vont se trouver remplacés par un ouvrage utile et de bonne foi, ouvrage indispensable, dont, jusqu'à présent, la place était restée vide, à la grande surprise des étrangers, et au grand détriment des per- sonnes délicates et sagement recherchées dans leur système alimentaire, économique et diététique. Le régime sanitaire en cas de maladie, de faiblesse d'organe ou d'indisposition momen- tanée, sera traité méthodiquement, et sous la direction d'un médecin étranger, qui n'est pas moins renommé pour son profond savoir qu'il n'est recommandable pour son intelligence des temperaments et sa sollicitude exquise auprès de ses malades. C'est à lui qu'on devra grand nombre de recettes oubliées en France et ignorées de nos médecins ; notamment celles de plusieurs anciennes tisanes adoucissantes et la précieuse composition d'un cordial fortifiant dont la médecine allemande s'est enrichie, après l'abandon qu'en avaient fait nos docteurs; car l'origine de ces bienfaisantes et savantes prescriptions provient de chez nous , ainsi que la plupart des meilleures recettes connues et pratiquées pour la cuisine étrangère et la phar- macie, ce qu'il est aisé d'apercevoir en lisant les anciens traités qui ont été écrits dans les pays étrangers par les personnages les plus marquants dans ces deux sciences. Le chapitre de l'élégance pour le service de la table, du bon goût pour la composition des menus, la convenance et la concordance de certains vins avec certains aliinents, le choix des morceaux préférables en toute pièce de comestibles, et finalement tout ce qui témoigne de l'usage du monde et de la politesse qui doit se manifester dans la salle à manger, sera traité par une personne qui a passé toute sa vie dans la société la plus distinguée par son élégance et son opulence. Les trois collaborateurs de ce Dictionnaire sont donc : Premièrement, une femme de bonne compagnie, qui n'a pas d'enfants, qui n'est plus jeune et qui n'a pas grand chose à faire; deuxièmement, son Docteur, qui est un des plus habiles médecins germaniques, et qui voudrait faire concorder le système hygiénique avec la cuisine française, par philanthropie ; troisiè- mement, son cuisinier, qui n'est pas le moins habile des trois , qui est tourmenté par le besoin AVANT-PROPOS. III de dire la vérité sur la science qu'il professe, et dont voici le dernier certificat qui lui a été délivré par un des gourmets les plus illustres de Paris : « L'Abbé-Duc de Montesquiou a eu l'honneur de passer hier chez madame....... pour lui re- >> commander le sieur Edmond T....., son ancien cuisinier, qu'il ne pouvait garder chez lui parce » qu'il ne peut plus manger autre chose que du potage. Il s'y gâterait la main, et ce serait le plus » grand dommage, car c'est un cuisinier de toute perfection. C'est un cadeau que je crois faire à » madame....... et je suis assuré qu'elle m'en remerciera. Pendant que j'étais au ministère, il m'a » fait faire la meilleure chère possible à deux tiers de meilleur marché que toute autre personne » el que partout ailleurs. On a supposé qu'il était de la Congrégation ; mais tout ce que j'en sais, o c'est qu'il ne vole pas, et qu'il est parfaitement sobre. » Il faut ajouter ici qu'indépendamment des ressources qui nous ont été fournies par les vieux livres français et les dispensaires étrangers, on a bien voulu mettre à notre disposition la plupart des documents inédits et traditionnels qui constituaient le chartrier gastronomique de la famille La Reynière. Le spirituel auteur de l'Almanach des Gourmands n'était pas le premier de sa race; M. son père, ainsi que MM. ses oncles, étaient des Amphytrions géné- reux et d'illustres gourmets héréditaires, ce qui fait que les archives culinaires de cet écrivain remontent jusqu'à son quadrisaïeul, Messire Étienne Grimod , Écuyer, Seigneur de la Rey- nière en Valois, Grand-Audiencier des finances royales et Maitre-d’hôtel de MADAME, épouse de MONSIEUR (voyez les Mémoires de Mademoiselle au sujet de cet officier de sa belle-mère, auquel on doit l'invention des solpiçons et des ragoûts au soleil. Voilà ce que dit cette grande princesse avec un sentiment et de considération réfléchie qui ne laisse rien à désirer pour la gloire de ce financier gastronome et pour l'honneur de ses descendants). Nous n'avons pas manqué de nous faire traduire et de mettre à contribution les nouveaux rudiments de la cuisine boréale, et notamment le Cuisinier Grand-Principal de Russie, où l'on est forcé de convenir qu'il se trouve des choses assez étranges et tout-à-fait inexécutables pour nous, comme de la soupe à la bière , à la glace, au chyle et au blé vert, par exemple. L'expérience a démontré qu'à l'exception de la Moscovie et de la Scandinavie, chaque autre pays de l'Eu- rope est en possession d'une supériorité spéciale à l'égard de certaines préparations alimen- taires : ainsi la Grande-Bretagne est le pays du monde où l'on apprèle le mieux les rôtis; la Hollande a le même avantage à l'égard des poissons de toute espèce, et surtout pour leurs sauces, variées avec une intelligence et des soins exquis. L'Espagne est un pays si bien inspiré pour la composition des ragoûts, que les trois plus belles entrées de l'ancienne cuisine, c'est-à- dire les accolades d'anguilles à la royale, les perdrix à la Médina-Cæli et les ollas-podridas, nous étaient arrivées en France à la suite de la reine Anne. Aucune contrée n'est comparable à l'Italie pour la confection des conserves et des confitures. L'Allemagne est un pays illustré par la distinction de ses potages et la perfection de ses entremels au sucre; enfin les Polonais excellent dans l'assaisonnement qu'ils appliquent à toute espèce de venaison : c'est à la France qu'il appartenait de rassembler et de réunir en un seul et brillant faisceau tous ces rayons dispersés et divergents sur l'horizon culinaire. On verra si les rédacteurs de cet ouvrage ont bien rempli celle honorable et généreuse mission? DICTIONNAIRE DE LA CUISINE FRANÇAISE ANCIENNE ET MODERNE A. ABAISSE. Terme usité dans la pâtisserie pour cou. Nous allons suivre cette nomenclature des désigner le morceau de pâte employé pour oc- abattis par ordre de son inscription dans ce pa- cuper le fond d'une tourte en pâte brisée, ou ragraphe. d'un vole-au-vent en pâte feuilletée. Plusieurs 1° Les crêtes et les rognons de cuisiniers ont recours à l'abaisse pour établir сод sem- avec plus de facilité les rebords d'une croustade ploient pour la garniture de tous les grands ra- ou d'une casserole au riz; mais c'est un usage goûts, comme aussi pour celle des pâtés chauds qu'on ne saurait approuver en bonne cuisine, par et des vole-au-vent. Quand on veut en confection- la raison que cette pâte , dont on a foncé le plat, ner un plat sans aucun autre accessoire, il est bon de les faire cuire dans une casserole avec du bouil- ne se trouve presque jamais suffisamment cuite, lon où l'on ajoutera quelques onces de moelle de et parce que l'intérieur en reste presque toujours bæuf; on y adjoint des champignons, des tranches à l'état glutineux. Relativement à l'emploi régu- de cul d'artichaut, des truffes ou des rouelles de lier de l'abaisse, voyez PATISSERIE. céleri, suivant la saison. On leur fait prendre, au moment de servir, une liaison composée de quatre ABATTIS. On appelle ainsi l'extrémité des membres de la grosse volaille et certaines parties jaunes d'auſs et du jus de la moitié d'un citron; mais on aura soin de ne pas laisser trop épaissir comestibles de leur intérieur ( dans les quadru- la sauce, afin que ce ragoût, dont la substance est pèdes qui servent à la nourriture de l'homme, ces mêmes portions de l'animal prennent le nom d'is- déjà très-mucilagineuse, ne devienne pas d'un en- sues). Les abattis les plus distingués sont les crêtes semble trop compacte. Il est d'ordinaire de servir et les rognons du coq, les ailerons de poularde, serole au riz. C'est un plat de gourmet, mais il est ce ragoût dans un vole-au-vent, ou dans une cas- les ris et les oreilles d'agneau, les foies d'oie , les d'un air très-simple, et c'est par cette raison qu'on oreilles de cerf et les moelles épinières qu'on ap- n'en use guère pour les repas nombreux ou les pelle amourettes. Nous n'avons rien à dire ici festins d'apparat. sur les foies de loites, les langues de carpe et les palais de morue, dont nous parlerons plus tard en 2° Les ailerons de poularde ne s'emploient nous occupant des entrées de poisson. Les abattis guère que dans les plus grandes cuisines, et c'est les plus ordinaires sont les ailerons de la dinde, pour y garnir des pâtés chauds de légumes à la les ris de veau, les cervelles de veau et les langues jardinière (V. JARDINIÈRE). de mouton. Les abattis les plus communs se com- 3. Les oreilles d'agneau se servent le plus posent de l'issue des veaux, tels que la langue, les souvent à la sauce aux tomates; on ne conseille pieds, le foie, la fraise et les rognons. Pour le pas de les mettre en fricassée de poulet, parce que moulon, c'est seulement les rognons, la langue et cette préparation ne leur réussit pas aussi bien. les pieds, la fraise du mouton n'étant d'aucun On les fait étuver au bouillon, et quelques person- usage, et les animelles du bélier n'étant plus nes y font ajouter un scrupule de piment rouge. aussi recherchées qu'autrefois. L'abattis du dindon comprend les ailerons, les pieds, le gésier et le 4° La meillcure manière de préparer les foies ABA (6) ABA d'oie, c'est de les mettre en caisse, c'est-à-dire de cervelles de mouton, qui sont très-échauffantes, et les faire cuire sur le gril dans un carré de papier qui proviennent quelquefois d'animaux très-mal- dont on a redressé les rebords. Il faut éviter l'em- sains. On ne saurait imaginer la quantité de têtes ploi du beurre, et n'enduire les foies et leur caisse de mouton qu'on envoie à Paris à plus de dix lieues qu'avec de la graisse d'oie ou de la graisse de vo- de circuit autour de cette capitale. Les cervelles laille rôtie, parce que le goût du beurre ne s'ac de veau s'arrangent fort bien de la sauce à la pou- corderait pas avec celui de cet aliment. On y joint lette, aux tomates, à la purée de céleri, de cham- pour tout assaisonnement du sel fin, une pincée pignons ou de lentilles au jus. Une des meilleures de persil bien haché, du poivre en petite quantité, manières de les préparer est au vert pré (V. deux feuilles de laurier qu'on retire après la cuis- SAUCE-VERTE). Une innovation très-heureuse est son, et au moment de servir on y met le jus d'un d'ajouter une sauce italienne bachée sous les cer- citron à défaut d'orange amère, ou de cédrat vert, velles de veau qu’on sert en marinade frite. car ces deux ingrédients, et surtout le dernier, ne 9° La seule bonne manière d'employer les lan- sont pas à la portée de tout le monde. gues de mouton, quand elles sont fraiches, car 5° Les oreilles de cerf se servent en menus on ne parle pas ici de ces bonnes petites langues droits, à la Pompadour, à la Chambord, à la fumées qui nous viennent de la Champagne, et royale, à l'allemande (V. VENAISON). C'est qu'on n'emploie qu'en hors-d'ouvre, c'est de les un plat très-distingué. faire cuire en ragoût de braisière avec des laitues farcies ou des pieds de petit céleri. Faites réduire 6. Les moelles épinières et les ris d'agneau la sauce après la cuisson parfaite et passez-la à s'accommodent mieux de la míarinade frite que de l'étamine après l'avoir dégraissée convenablement, toute autre préparation. On les arrange quelque- fois au coulis d'écrevisses, et nous ne l'approuvons 10° Les pieds de veau demandent première- pas, attendu que le haut goût de la sauce est trop ment à être cuits au gros sel, ensuite désossés, dominant pour ce léger comestible, dont la moin-coupés en niorceaux et apprêtés en friture de pâte dre saveur un peu forte a l'inconvénient de mas où l'on a soin de mettre un peu plus d'eau-de-vie quer la finesse et le goût délicat. que de coutume à cause de l'inertie de cette sub- stance. La langue de veau doit se faire étuver 7° Les ailerons de la dinde, en admettant dans un bouillon pour être servie comme un fri- qu'on les serve sans le reste des abattis , sont un candeau. La fraise se mange également au gros plat fort honorable. On les fait étuver dans du sel, en friture, à la remoulade ; mais le meilleur bouillon où l'on ajoute un bouquet garni. On parti qu'on puisse en tirer est de la servir au gra-- les glace avec du résidu de fricandeau, ensuite on tin. On est tout étonné du succès qu'obtient une les sert à volonté, sur de la chicorée à la crême, fraise de veau, quand elle est arrangée de cette de la sauce aux tomates, à l'italienne, ou tel autre manière, et qu'elle est légèrement assaisonnée de appendice de même qualité. La sauce au blond de poivre de Cayenne et de jus de citron. veau, c'est-à-dire au jus de fricandeau, avec des truffes émincées, leur réussit parfaitement, ainsi 11° Avec les rognons de veau détachés de la qu'aux ris de veau, dont l'usage est assez connu longe rôtie on fait des omelettes pour le déjeuner; (V. FRICANDEAU). à la satisfaction générale, on en fait des aufs brouil- lés aux grains de verjus, ce qui est un entremets 8° Les cervelles de veau sont un aliment nu de fort bon goût; mais le meilleur emploi qu'on tritif, adoucissant, béchique et de la digestion la puisse en faire est de les servir en rôties dont voici plus facile. On les distingue aisément des cervel- | la recette : Hachez vos rognons en y mêlant deux les de mouton, d'abord à raison de leur volume, jaunes d'auſs cuits durs, de la mie de pain bien dont il est toujours facile de juger, fussent-elles sèche et bien détachée, des fines herbes, avec quel- servies par tranches, à cause de la largeur des ques champignons piles , une petite pincée des rouelles, ensuite à leur saveur fraîche et franche, quatre épices, et de plus un scrupule de fleur de qui n'a pas cet arrière-goût de sauvagin qui vous thym bien pulvérisée. Ajoutez à ce hachis trois arrive toujours en mangeant des cervelles de mou cuillerées de jus (de fricandeau, s'il est possible), ton. Presque tous les restaurateurs emploient celles- deux cuillerées de vin de Malaga ou de Madère, ci, et les crèmieres de Paris en font également un mais l'autre vaut mieux ; délayez dans le tout trois grand usage, car c'est un de leurs éléments pour jaunes d'auſs crus, dressez votre mélange sur des la composition de leur prétendue crème, où il en lartines de mie de pain grillées d'avance, et faites lre aussi de l'amidon légèrement sucré. On ne sau vivement chauffer sous un four de campagne. Dans rait assez recommander la défiance à l'égard des | les grandes maisons, c'est un plat de hors-d'ouvre ABA ABR (7) chaud, qu'on fait circuler autour de la table, en le goût du thym ou du laurier s'y trouve en üsur- extra. pation, et l'on doit s'attacher soigneusement à ne 12. Il est généralement connu que les pieds pas tomber dans ce triste inconvénient de la cui- de mouton ne sont bons qu'à la poulette, mais sine anglaise où l'on fait de la soupe avec du thym et du poivre). Vous joindrez à votre bouquet exac- ceux qui les mangent grillés à la purée d'ognons blancs ne s'en plaignent jamais. Les rognons de tement conformé deux ognons piqués d'un clou de mouton s’accommodent particulièrement au vin gérofle, et vous laisserez bouillir un quart-d'heure, blanc, dans lequel on les fait étuver avec du jus de Fréneuse, quatre fortes rouelles de carottes, au bout duquel temps vous ajouterez six navets ou du bouillon, après les avoir coupés en tranches bien minces; mais la meilleure manière est de les six pommes de terre violettes, un topinambour et faire griller en caisse, après les avoir fendus en un petit pied de céleri dans son entier. Ne tour- nez pas vos légumes, il est suffisant de les ratis- quatre, en en détachant les morceaux sans les sé- parer. Avant de servir, vous placerez dans cette ser, et la moindre apparence de recherche aurait l'inconvénient de faire perdre à ce bon vieux ra- cavité de chaque rognon une boule de sauce froide à la maître d'hôtel, dont voici la véritable re- goût son air de simplicité bourgeoise et sa grâce naturelle. Dégraissez bien exactement après une cetle : Prenez un quarteron du meilleur beurre, heure et demie de cuisson mijotée. Dressez pro- ajoutez-y du sel en quantité suffisante, une demi- pincée de muscade râpéc, trois fortes pincées de prement vos légumes autour de l'abattis, que vous couvrirez de vos deux ailerons comme étant les fines herbes, savoir, un quart de cerfeuil, une moitié de persil, un quart de cresson alénois (ap- tamis de crin ; il est bon qu'elle reste onctueuse points d'honneur. Passez votre sauce au simple pelé cressonnette en certaines provinces), un quart de pimprenelle, et de plus deux ou trois feuilles à cause des pommes de terre, et vous éprouverez d'estragon; mais regardez-y, car l'estragon est une qu'un aliment simple est toujours parfaitement herbe aromatique dont le goût prédomine aisément bon quand il est soigneusement préparé. C'est la meilleure recette applicable aux queues de bauf quand on l'emploie sans réserve; mettez toutes et à tout ce que les anciens cuisiniers français ap- ces herbes, finement hachées, avec le beurre froid en les triturant et les mélangeant avec le jus d'un pelaient Hochepot. Il ne reste à parler que des fort citron et le jaune cru d'un auf frais. Tenez palais de beuf qu'on peut également servir en cette sauce froide en réserve à la glacière, à la cave, friture, à la poulette, farci gratiné et à la cingarat. C'est un manger assez médiocre. On se réserve où vous voudrez, pourvu qu'elle soit à l'abri du chaud. C'est une des préparations les plus faciles parler du foie de veau dans un article spécial, à bien confectionner, c'est une de nos sauces les à cause du grand nombre d'articles qu'il doit fournir, plus usuelles, et pourtant c'est une des plus né- gligées à Paris. ABRICOT. Cet excellent fruit est un des élé- 13° Le véritable abattis populaire est celui de ments le plus usuellement et le plus agréablement la dinde, et c'est un plat que les plus dédaigneux employés dans la confection des entremets sucrés, gourmets ne manquent jamais de trouver à leur ainsi que pour nos desserts de l'automne et de goût quand il est bien préparé. Parez proprement l'arrière-saison. Au moyen de cette utile et suave les deux ailerons, le gésier , les deux pattes et le production de nos espaliers et de nos vergers, on cou dont vous aurez soin d'ôter la tête attendu parfume délicieusement des sorbets, des glaces ; qu'elle a presque toujours le goût du gras-double; on fait d'excellents gâteaux, des beignets, des mettez dans une grande casserole et sur un grand tourtes, des flancs, des crêmes, des compotes et feu de charbon un bon morceau de beurre manié des conserves, appelées vulgairement confitures de fleur de farine, et, lorsqu'il est au roux plein, sèches ou liquides. Nous nous bornerons à men- faites-y revenir et sauter votre abattis pendant sept tionner ici, parmi les recettes qui peuvent s'appli- à huit minutes. Ajoutez-y du bouillon que vous quer à l'emploi culinaire de l'abricot, celles de ces aurez fait chauffer et que vous n'introduirez pas prescriptions qui sont le mieux garanties, et celles tout à la fois ni brusquement. Mettez-y un bouquet qui nous sont provenues des pays étrangers, no- de persil, thym, laurier, basilic et sauge, en tamment de l'Allemagne, qu'on pourrait nommer, quantité relative (V. BOUQUET), et sans outre avec autant de justice que de raison, le pays des passer le calcul expérimenté qui doit appartenir à entremets sucrés. chacun de ces ingrédients. (On ne saurait assez re- ENTREMETS. commander notre prescription qui est relative à la composition des bouquets, car il arrive souvent Flanc d'abricots à la Metternich. -- Fon- qu’un bon ragoût devient insupportable parce que cez l'abaisse d'une tourte en pâte brisée (V. PA- ABR (8) ABR Pudding TISSERIE) avec 12 abricots hâtifs, dont vous aurez nes recherchées font ajouter une petite rouelle enlevé la peau et les noyaux, et que vous aurez sé- d'angélique confite au milieu de chacun des bei- parés par moitié. Joignez-y 40 cerises tardives ou gnets, ce qu'il est aisé d'opérer en les mettant dans 60 merises, dont vous aurez fait sortir les noyaux, la pâte, et s'y prenant avec attention. Dans quel- et qui doivent être également crues, succulentesques hautes cuisines, on ajoute au cæur des bei- et soigneusement choisies. Vous entremêlez ces gnets, au lieu d'angélique, une sorte de noyau fac- deux espèces de fruits de manière à ce que cha- tice, qui se compose de crême sucrée, de jaune cun de vos morceaux d'abricot se trouve séparé par d'auf et d'amende amère pilée , dont on fait une quatre cerises, vous saupoudrez le tout avec du quenelle ou boulette assortie pour le volume à la sucre en poudre, en suffisante quantité, d'après le grosseur de chaque beignet. On en trouve la re- plus ou le moins de maturité des fruits, et vous cette dans les anciens dispensaires de la Régence, faites cuire au four d'office, ou bien au four de et nous n'omeltrons pas de la reproduire, attendu campagne (V. TOURTIÈRE ). Vous aurez eu soin qu'on peut l'employer également pour les beignets de réserver les noyaux de vos fruits rouges, aux de pêches et de brugnons (V. CRÊMES D'AMANDES). quels vous joindrez la moitié des amandes de vos Pudding aux abricots. — Faites éverdumer abricots, que vous pilerez ou ferez piller ensemble au mortier de marbre , et sous pilon de métal au- des abricots musqués ou des abricots-pêches, à moitié mûrs, dans un sirop où vous ajouterez un tant que possible, attendu que le pilon de bois reste presque toujours empreint de quelque goût peu d'eau-de-vie ; égouttez vos fruits, dont vous antérieurement contracté. Vous sucrez ce mé- ôterez les noyaux, que vous ferez concasser pour en garder les amandes. Prenez ensuite une casse- lange, et puis vous y délayez de la crême bien frai- role d'argent ou une terrine qui puisse paraître che de manière à ce qu'il ait la consistance d'une sur la table, foncez-la de tranches de mie de pain, sauce aux jaunes d'œufs après cuisson. Vous le versez sur le flanc lorsqu'il est sorti du four, en légèrement beurrées (il faut que ce soit du meil- ayant soin qu'il n'en déborde rien sur les rebordssaupoudrez ladite abaisse avec du sucre, et mettez leur beurre le plus frais, et qu'il ne soit pas salé), ou murailles de la tourte, et vous attendez qu'elle soit à moitié refroidie pour la servir. C'est un en- une couche de vos abricots, que vous alternerez tremets des plus distingués. avec une autre couche de tranches de mie de pain beurrées jusqu'à plénitude du vase. Vous aurez Crême aux abricots. — Faites cuire 12 abri- soin de semer les moitiés d'amandes de vos noyaux cots avec un quarteron de beau sucre, passez - les entre les couches du pudding , où vous ajouterez au tamis, et laissez-les refroidir. Ajoutez ensuite la valeur d'un plein gobelet de jus de groseille lé- un petit verre de ratafia des quatre fruits, ou de gèrement framboisé, ce qu'il faudra distribuer 'ratafia de noyau (V. RATAFIA), délayez-y huit exactement par cuillerées entre chaque assise de jaunes d'æufs, passez ce mélange à l'étamine, afin votre pudding. Faites cuire au four, et découvert, qu'il n'y reste rien des germes, ajoutez-y le sucre après avoir doré d'un jaune d'auf les tranches de nécessaire, et faites cuire au bain-marie, dans la pain qui doivent former la dernière assise, et dont même jatte, ou dans le moule, ou dans les petits il faut tourner la partie beurrée en dedans, c'est- pots que vous désirez servir sur table, en condui-à-dire à l'intérieur , et du côté des fruits. - Le sant votre opération comme celle des autres crê-pudding au prince régent se conduit de la même mes analogues. On peut remplacer le ratafia par manière, mais il se compose de riz à demi cuit, et un demi-verre de vin blanc, mais il ne faut pas assaisonné d'un peu de moelle fondue. que ce soit un vin trop savoureux ou parfumé, parce qu'il aurait l'inconvénient de masquer le Tourte ou gâteau fourré d'abricots, à la bonne femme. goût du fruit. La recette de cette excellente crême Ayant ouvert et pelé des abri- est tirée d'un dispensaire manuscrit du temps de cots, faites-les cuire au petit sucre et laissez refroi- Louis XIV. dir cette compote. Dressez-les ensuite par moitiés sur une abaisse en feuilletage, recouvrez ce gâteau Beignets d'abricot. — Faites macérer des Faites macérer des d'une autre lame de pâte feuilletée, qui devra être moitiés d’abricot , qui ne soient pas trop mûrs, tailladée ou découpée, de peur qu'elle ne se bour- avec du sucre pilé et un verre de bonne eau-de- soufle et ne se déjelte en cuisant. Dorez la calotte vie. Au bout d'une heure et demie, égouttez vos et le crenail de la tourte avec un jaune d'æuſ, et fruits, et plongez-les dans la pâte (V. PATE A FRI ſaites cuire au four de campagne. Le mélange de TURE), en ayant soin de les faire frire au plus grand quelques cerises avec des abricots produit un ex- feu. Vous les saupoudrez de sucre bien pilé, après cellent effet, et cette combinaison moderne est gé- les avoir égouttés de la friture, et vous les glacereznéralement adoptée dans les premières cuisines de au caramel avec la pelle rouge. Quelques person- ABR (9) ABR que tous les ans, 1 . * Abricots à la Condé, Abricots à la Gé Compote d'abricots verts, dite compote au noise, Abricots à l'orge perlé (V. BRUGNONS vert-pré. - Pour obtenir l'emploi de cette im- et PÊCHES). mense quantité d'abricots dont on est obligé, pres- de décharger les arbres avant Poupeline de sagou aux abricots, dite à qu'ils n'approchent de la maturité, pelez soigneu- la d'Escars. Faites bouillir huit abricots de sement une vingtaine de ces fruits verts, que moyenne grosseur, dans une chopine d'eau de ri- vous mettrez, à fur et mesure, dans de l'eau vière ou de fontaine, avec une demi-livre de sucre froide. Vous les ferez ensuite dégorger tous en- candi bien pilé; passez à l'étamine après cuisson, semble dans de l'eau tiède, où vous aurez ajouté de manière à ce que votre eau d'abricots soit aussi deux poignées de feuilles d'oseille. Vous les cou- purement translucide qu'elle sera colorée et parfu- vrirez et les mettrez ensuite sur un bon feu de mée; faites-y cuire un quarteron du plus beau sa charbon et vous les ferez bouillir jusqu'à ce qu'ils gou, bien émondé, bien lavé comme de coutume, vous paraissent d'une belle couleur verte, alors et lorsque votre gelée sera parfaitement cuite et vous les retirerez du feu et les mettrez dans une transparente, retirez-la du feu pour y délayer trois jatte à refroidir avec leur cuisson. Vous les égout- verres de liqueur des îles, au noyau. Immédiate terez et les roulerez dans du sucre; enfin vous ment avant de servir, vous y mettrez 12 moitiés achèverez de les faire cuire dans une grande poêle d'abricots confits au sec à mi-sucre, et vous évite- (V. SIROP), et au moment de les relirer du feu, rez de les déformer en les manipulant. Cette pré-vous y joindrez deux cuillerées de suc d'épinards paration, qui compose un de nos entremets les avec une cinquantaine de pistaches bien vertes, plus modernes et les plus distingués, doit être ser afin de leur assurer cette franche couleur d'un vie chaudement et en casserole. beau vert qui doit justifier le nom de la même compote. DESSERTS. Confiture d'abricots verts. - Si l'on ha- bitait une localité où les bons fruits fussent rares, Compote d'abricots à la minute. — Hå- ou si la température de l'année faisait craindre la tez-vous de faire un sirop où vous ferez bouillir vos abricots fendus, aussitôt qu'il aura pris assez de disette des fruits, on pourrait utiliser ses abricots verts en les employant en conserve, et se confor- consistance; au bout de trois minutes, écumez mant à la prescription suivante : prenez six li- cette compote, ajoutez-y le jus d'une orange et met- vres de ces fruits, avant que le bois du noyau soit tez-la refroidir. à l'état solide. Vous les éverdumerez dans de l'eau Compote d'abricots grillés à la Breteuil. froide où vous aurez ajouté six onces de tartre, et Fendez quelques beaux abricots bien mûrs, vous les y frotterez avec un linge, afin d'en déta-- cher la bourre à l'extérieur. Vous mettrez ensuite saupoudrez-les de sucre candi, et faites-les griller sur une braise ardente. Il faut toujours éviter que dans une poêle à confiture six livres de beau sucre ce soit de la braise de charbon sur laquelle on fasse que vous aurez fait réduire à la petite plume avant griller les fruits, parce que leur égouttement et la d'y faire cuire vos fruits. Une demi-heure de bon vapeur qui s'en suivrait pourrait leur communi- feu doit suffire pour en déterminer la parfaite cuis- quer un goût nauséabond. Il en est ainsi pour les son. Cette confiture bien faite est beaucoup plus compotes de poires ou de pommes à la Portu- savoureuse qu'on ne le supposerait dans nos cli- gaise, et l'on se souviendra de ne jamais employer mats tempérés et fertiles en productions esculantes, en pareille occasion que de la braise de l'âtre. Confiture d'abricots entiers ou par quar- Lorsque vos quartiers de fruits sont grillés suffi tiers. - Commencez par faire blanchir vos fruits samment, vous les dressez dans un compotier, et à l'eau bouillante, levez-les ensuite à l'écumoire, vous les arrosez d'un sirop où vous aurez fait con et mettez sur un tamis de crin pour égoutter. En sommer des tranches d'abricots accompagnés de supposant que vous ayez disposé 6 livres de fruits, quelques framboises. Ce même sirop doit être passé prenez 6 livres de sucre que vous ſerez cuire à la au tamis de soie, et vous aurez eu soin de l'avoir petite plume, vous y mettrez successivement vos remis sur le ſeu, pour le verser bouillant sur les abricots entiers ou coupés, à qui vous ferez pren- abricots dont il pénètre les chairs et dont il perfec- dre seulement deux ou trois bouillons , après quoi tionne la cuisson. Les abricots apprêtés de cette vous les mettrez à refroidir , afin qu'ils se dégor- manière ne sauraient fatiguer les estomacs les plus gent et qu'ils prennent sucre. Vous ferez ensuite susceptibles; c'est un des aliments les mieux ap revenir votre sirop à la même cuisson de la petite propriés pour les personnes convalescentes ou va plume, et vous y remettrez les fruits que vous létudinaires, laisserez bouillir cinq à six minutes, après quoi ABR ( 10 ) ABR vous les placerez dans leurs pots de conserve, et chancir avec âcreté. C'est une observation sur la- les couvrirez de leur sirop, sans les fermer , jus- quelle on se néglige, ainsi que les personnes dé qu'à ce qu'ils soient totalement refroidis. licates ont souvent l'occasion de le remarquer, Abricots secs à la provençale. Pour garnir des gâteaux et des tourtes, il est d'un Lorsque bon effet de mêler à la marmelade d’abricots la les fruits auront été préparés comme il est indi- chair de quelques pommes cuites (au cuit-pomme qué ci-dessus, vous les égoutlerez et les placerez et non pas en compote) : on ne saurait dire com- sur des ardoises ou des lames de grès, suivant la bien cet appendice est d'un bon résultat pour y don- commodité du lieu ; quand ils commenceront à sé- ner plus de consistance dans le comestible, et cher, vous les saupoudrerez de sucre au travers plus de finesse dans la saveur. d'un tamis de soie; vous les mettrez à l'étuve, ou bien dans un four après la sortie du pain. Il est Pâte d'Auvergne. - Choisissez des abricots suffisant, pour les conserver, de les tenir dans un de plein-vent, les plus mûrs et les plus chaude- licu bien sec, enveloppés dans du papier gris, ment colorés. Olez-en les peaux et les noyaux, fai- qu'on aura soin de changer si l'humidité s'y ma tes les dessécher sur de la cendre chaude et dans nifeste. une terrine toute neuve, en les remuant souvent avec une spatule de buis bien échaudée de bonne Marmelade d'abricots à la royale. lessive. Quand la dessiccation sera presque totale, Choisissez les abricots les plus mûrs et les plus et que la pâte aura pris une consistance assez so- sains, faites-les peler exactement, faites-les blan- lide, vous la jetterez dans une poêle à confiture où chir à l'eau bouillante et les mettez à égoutter sur vous aurez fait monter du sucre à la cuisson de la un tamis pour qu'ils jettent le superſlu de leur grande plume. Vous la mêlerez fortement, vous la aqueux.- Pour chaque livre de fruits, prenez une ferez chauffer sans bouillir, et puis vous la dresserez livre de sucre royal que vous aurez ſait cuire à la par cuillerées sur des lames d'ardoises, afin de la petite plume, et puis laissez tiédir votre sirop. faire étuver à grand feu. Vous y jetterez ensuite les abricots, que vous re- muerez avec la spatule afin de les réduire en mar- Fromage à la crême aux abricots gla- melade, et vous remettrez un moment sur le feu cés. — Mondez et pelez soigneusement 12 abri- pour en parachever l'incorporation. Deux ou trois cots-pêches et passez-en la chair au gros tamis de bouillous suffisent, On y peut ajouter des pista- crin. Délayez-y le jus d'une once de framboises, ches, au lieu du noyau des fruits, c'est la plus et que ce soit des blanches, s'il est possible; ajou- parfaite et la meilleure marmelade dont on puisse tez-y le suc de deux oranges de Malte ou de Por- se servir pour garnir les compotiers. tugal, avec une demi-livre de sucre bien pilé. Te- nez ce mélange à la glace et joignez-y une chopine Marmelade d'abricots à la ménagère. -- de la meilleure crême, la plus fraîche et la plus Pour confectionner les tourtes et les gâteaux, pour consistante; il faut qu'elle soit à moitié glacée d'a- garnir les omelettes au sucre et pour illustrer les vance, afin que l'acidité des fruits ne la fasse pas charlottes, il est bon de se trouver pourvu d'une cailler, et la mixtion doit en être faite avec promp- confiture d’abricols moins dispendieuse et moins titude. Mettez le tout dans une sorbetière avec sal- recherchée, quoiqu'elle soit d'une qualité fort pêtre et gros sel, ainsi qu'il est usité pour les glaces estimable. Pour faire de la bonne marmelade et les sorbets (V. ces deux mots). de ménage, il faudra donc prendre deux livres Si nous ne donnons ici aucune recette pour con- de sucre pour trois livres de fruits; on y join- fectionner des abricots à l'eau-de-vie, c'est dra un plein verre d'eau de rivière ou de fon que cette préparation vulgaire et surannée n'est taine, et l'on fera bouillir le tout ensemble en plus d'aucun usage, excepté dans les cafés et les ayant soin de bien écumer cette mixtion, et de la restaurants de province. Il est universellement trilurer de manière à ce qu'il n'y reste aucune par convenu que les seules conserves de fruits à l'eau- on en de-vic qui ne soient pas indignes de considération, ne sont que les prunes de reine-claude , les meri- faire bien cuire, afin qu'elles se dissolvent. On y ses, les azeroles et les petits citrons nommés chi- joint ordinairement les amandes des abricots que nois par les Provençaux. Les abricots, les bru- l'on sépare en deux et qu’on mèle dans la confi gnons, les pêches et les autres gros fruits prépa- lure après qu'elle est parfaitement cuite ; il faut rés à l'eau-de-vie ne paraissent jamais à Paris sur les avoir fait bouillir à part de la marmelade avec une bonne table, et, quant à l'instruction gastro- un peu de sucre, car, sans cette précaution, l'effer-nomique, ou plutôt à la direction industrielle de vescence naturelle à ces noyaux ferait tourner la MM. les confiseurs ou limonadiers, on doit sup- confiture en fermentant, et ne manquerait pas de poser qu'ils ont des livres élémentaires avec des laissant les peaux du fruit , on est obligé de les ABS ( 11 ) ACH ) recettes traditionnelles qui suppléeront à cette ou tel attre bon vin blanc du même pays; mais il omission de notre part; omission que la meilleure a été expérimenté que pour composer du wer- partie de nos lecteurs n'aura pas à nous reprocher, mout il est indispensable d'employer du vin puisque c'est le bon goût qui l'a prescrite. de Hongrie, et que celui qu'on fabrique avec des Pour compléter cette nomenclature, nous croyons vins méridionaux ne mérite pas de porter un levoir ajouter ici la prescription d'une tisane aux si beau nom. Il paraît que le goût de l'absinthe et abricots qui est fort usitée dans l'Asie-Mineure, et la saveur des vins du Midi ne s'accordent point. qu'on dit souveraine en cas d'inflammation de l'es- tomac et des entrailles. En voici la recette, ainsi ACETO - DOLCE ET CÉDRATS DE qu'elle est formulée dans le 90e numéro du Spec- MILAN (Cuisine étrangère. Conserve ita- tateur ottoman. —« Tu feras cuire et vivement tienne). Le premier de ces deux hors-d'au- » bouillir des abricots, cinq gros ou six moyens, ou vres est une conserve de certains fruits et de petits » bien dix à douze petits qui soient dépouillés de légumes qu'on fait premièrement confire au vinai- » leurs robes tigrées, et vidés de leurs cæurs de gre, ainsi que pour nos cornichons, et auxquels u bois. Ce sera dans une mesure d'eau purifiée par on adjoint ensuite un résidu de vin nouveau qu'on » le moyen de ce que tu l'auras fait bouillir d'a a fait bouillir jusqu'à le réduire en consistance de avance avec quelques feuilles d'oseille. Tu n'o- sirop. On voit, dans les dispensaires italiens, que » mettras pas d'y joindre une poignée d'orge, avec le meilleur aceto-dolce se confectionne avec des 1 sept grains de maïs et trois pincées de fine graine quartiers de coing et du moût de raisin muscat, où » de lin d'Europe. Après une demi-heure de l'on ajoute un peu de miel de Corse. » cuisson, tu la retireras de son marc, et tu la fe Il ne faut pas confondre cette confiture aigre- p ras boire en y délayant du miel clarifié. Peu de douce avec une excellente conserve de cédrats, de > miel, et bonne espérance avec pleine confiance! » melroses ou oranges musquées, et de bergamotes confites au sucre et à la moutarde, qui nous arrive ABSINTHE. Cette plante aromatique et styp tous les ans du Milanais, et qui nous fournit pen- tique ne doit s'employer en gastronomie que pour dant l'hiver un hors-d'ouvre si distingué. en composer le wermout et l'excellente li- (Nous croyon's devoir avertir les consom- queur connue sous le nom d'EXTRAIT D'ABSINTHE mateurs et les nombreux amateurs de cette AU GANDI, dont on trouvera la recette à notre production lombarde, qu'ils en trouveront article des Élixirs et Liqueurs. A la cour de à Paris, pour un prix assez modéré, che: France (avant l'année 1830) on prenait le wer le sieur Biffi, restaurateur italien, rue de mout au commencement du repas, immédiate- Richelieu, 98.) ment avant les potages; dans les pays étrangers on sert assez souvent cette boisson stomachique à ACHARDS, composition qui nous vient des moitié du dîner, entre les deux principaux ser Indes orientales, et qui porte le nom de son inven- vices; ce qu'on nomme familièrement le coup du teur. Les meilleurs achards se tirent de l'île de milicu. Bourbon ; il est facile de les imiter en Europe, Le meilleur wermout se confectionne avec du attendu que c'est tout uniment une conserve de vin de Tokai dans lequel on a fait infuser de l'ab-giromont au vinaigre épicé.- Émincez donc fine- sinthe romaine pendant soixante-douze heures, et ment des tranches de courge ou des lames de dans la proportion de trois onces par chaque de cardes-poirées que vous ferez confire au sel et au mi-bouteille de vin, qu'il est suffisant de passer vinaigre d'Orléans, en les conduisant de la même ensuite à la chausse de flanelle afin de l'épurer manière que des cornichons; ajoutez-y seulement sans provoquer d'évaporation superflue. On a re un peu de racine de gingembre ainsi que des marqué que, lorsqu'on le faisait filtrer au papier piments rouges, en ayant soin de retirer ces deux Joseph, ou qu'on le clarifiait à l'étamine, il en iugrédients qnand ils auront produit leur elfet. On résullait toujours une déperdition notable du spi les sert en hors-d'œuvre; et quand on veut en ritueux, de l'arôme et des autres précieuses qua faire usage il faut les égoutter, les étancher à la lités de ce généreux vin d'Hongrie. Nous pouvons serviette, et les imprégner abondamment de assurer qu'il ne perdra rien de sa limpidité, pourvu bonne huile verte. Lorsqu'on peut les accommo- qu'on ait la précaution de le transvaser soigneu der, au lieu d'huile, avec de la double crême de sement après l'infusion, lait de chèvre, ce qu'on appelle dans les colonies A défaut de vin de Tokai, dont le prix et la à la Cucoco, c'est un comestible assez distingué rareté pourraient paraître excessifs, on peut em pour qu'on y fasse attention. Cet assaisonnement ployer celui de Ratterstoff qui coûte moitié moins des achards à la crême est fort approuvé par des cher, celoi de Saint-Georges sur le lie de Tokai, gourmets d'une autorité notable , entre autres par AGN ( 12 ) AGN votre cha M. le marquis de Sercey, vice-amiral et ancien consommé dans une casserole, avec une forte pincée gouverneur des Indes françaises. Nous pouvons de petite sauge verte bien hachée; faites bouillir encore invoquer l'expérience et l'autorité de cet cinq minutes ; ajoutez-y deux échalotes bien illustre marin, relativement à l'origine, à la na-pilées, trois cuillerées de fort vinaigre d'Orléans, ture et au bon emploi de l'aya-panha, qu'il a un demi-quarteron de sucre, et du poivre noir en apporté le premier en France, et dont il nous a petite quantité; joignez-y le sel nécessaire, passez fait connaître l'usage (V. AYA-PANHA). à l'étamine, et servez à part dans une saucière, afin de ménager les préventions routinières de AGNEAU. Pour que la chair de l'agneau certains convives qui se disent patriotes exclusifs soit salubre et parfaitement bonne, il faut que l'a en fait de gastronomie. On trouve encore de pré- gneau soit âgé de cinq à six mois, et qu'il n'ait tendus gourmets qui déclament contre l'introduc- été nourri que par le lait de sa mère, auquel on tion du sucre en mélange avec des acides et des aura fini par ajouter celui de plusieurs autres bre chairs salées, mélange infiniment agréable en bis. La saison de l'année la plus favorable à l'u certains cas. Rien n'est encore aussi commun que sage de ce comestible est depuis la fin du mois de rencontrer des retardataires obstinés dans la de décembre jusqu'au mois d'avril. marche du progrès culinaire, tandis que ce pro- grès ne pourrait s'établir qu'en abjurant ses pré- Pascaline d'agneau à la royale. — Dé- jugés nationaux dans un sentiment de cosmopo- sosser soigneusement le collet d'un bel agneau de lisme universel. ferme; brisez sa poitrine, afin de pouvoir ajuster L'Angleterre est un heureux pays où l'on garde ses épaules en les bridant avec des ficelles et des invariablement les anciennes coutumes et recettes attelets : cassez ensuite les os des gigots, croisez une fois adoptées; et il parait que la composition les deux manches, et assujettissez-les de la même de cette sauce est d'origine française, car on en façon; remplissez-le d'une farce composée de chair trouve la formule dans l'ouvrage de maître Lebret, d'agneau pilée, de jaunes d'aufs cuits durs, de cuisinier du Roi François 10r, en son château de mie de pain rassis, et de fines herbes bien hachées Chambord. et bien assaisonnées des quatre épices. Piquez votre Cette addition du sucre à des sucs de viande a agneau de fins lardons également bien 'assaisonnés lieu tous les jours. La purée de pois verts est na- suivant la formule, et faites-le rôtir à grand feu. turellement sucrée, et on la mange au gras; les Vous le servirez tout entier pour gros plat, au relevé marrons contiennent 12 à 14 pour 100 de sucre, des potages, soit sur une sauce verte aux pistaches, et on en met dans beaucoup de ragoûts ; on mange ou bien un ragoût de truffes au coulis de jambon. les betteraves avec du sel et du vinaigre, enfin les L'usage de servir cet ancien plat pour le dîner du ognons et les carottes brûlés, qu'on met dans les jour de Pâques s'était perpétué jusque dans les potages vulgaires afin de donner au bouillon de la derniers temps à la cour de France, et se trouve couleur et du goût, ne doivent leurs propriétés dans que du temps de Louis XIV et sous la minorité de Louis XV, on servait encore les agneaux de qu'on leur a fait subir . Le quartier d'agneau de devant est beaucoup Pâques sur une sauce au vin blanc, dit blan- | plus estimé que celui de derrière. Tous les deux quette de Limoux, avec une liaison de douze ne se servent que rôtis, et c'est toujours au pre- jaunes d'æufs et un bouquet de macis ou fleur de mier service, au moins dans les maisons où l'on muscade. Nous n'avons rien à dire sur la tradition tient à l'élégance, et où les bonnes traditions sont de cette sauce, qui a l'air d'appartenir à la cuisine observées. Tout le monde a vu avec surprise, du seizième siècle, parce que nous ne l'avons ja- dans la première édition des Mémoires de M. le mais expérimentée ni dégustée. comte de Bausset, préfet du palais et cham- Selle d'agneau rôtie à l'anglaise. - La La bellan de l'empereur Napoléon, le tableau selle ou les doubles filets réunis sont la partie tout d'un menu dont il résulte que ce fonctionnaire à la fois la plus substantielle, la plus délicate et impérial faisait servir, au château des Tuileries, la plus estimée de l'agneau. On la fait ordinaire pour le diner de son maitre, un gigot d'agneau ment rôtir, et on la sert pour relevé de polage ou au second service, et comme plat de rôt. Voilà ce en flanc de la table, c'est-à-dire en grosse pièce au qu’un maître-d’hôtel du troisième ordre n'aurait premier service. On l'accompagne habituellement, eu garde de souffrir de l'autre côté de la rivière dans les grandes maisons, d'une sauce à l'anglaise de Seine, ou dans le faubourg Saint-Honoré, qui composée de la manière suivante, et très-approuvée n'est pas moins bien habité que le quartier Saint- des gourmets parisiens:-mettez un demi setier de 'Germain. Il est à noter que le reste et l'ensemble AGN ( 13 ) AGN de cet étrange menu, publié par M. le comte de soit pour le déjeûner. On peut servir les côtelettes, Bausset, est tellement vulgaire et si dépourvu tendrons, cervelles, etc., en attelet, à la Villeroy, d'aucun usage du beau monde, que les habitudes en kari, ou bien simplement étuvées dans un blanc de cette famille impériale et le savoir-vivre de ses (V. cet article), et dressées alors sur une purée de principaux officiers en ont beaucoup souffert dans céleri ou une purée de marrons, sur une purée l'estime et la considération publiques. La divulga- d'oseille ou de tomates, autour d'un ragoût de tion très-indiscrète et tout-à-fait inutile d'un pa-concombres au jus ou d'une blanquette de pointes reil menu avait produit un étonnement si général d'asperges, et de préférence à tout sur une sauce et un effet tellement fâcheux, que M. le préfet du au vert-pré dans laquelle il ne faudra pas ménager palais impérial a cru devoir retrancher ce docu- le cerfeuil. ment dans la dernière édition de ses mémoires; et c'est en vérité ce qu'il avait à faire de mieux L'issue d'agneau se composait autrefois de la pour la réputation d'un si grand homme, ainsi que tête, du foie, du cœur, du mou, des ris et des pieds pour l'honneur de ses employés du palais. de l'agneau, qu'on faisait étuver ensemble et dans un blanc, et qu'on servait avec une liaison de Quartiers d'agneau rôtis à la maître- jaunes d'aufs crus et jus de citron, dans le même ď hótel. — Introduisez une boule froide du mé-pot-à-oille, en guise de potage et quelquefois d'en- lange appelé à la maître d'hôtel (V. ci-dessus trée. C'est un mets qui n'est plus d'usage depuis article ABATTIS, n° 12), sous l'épaule de votre que chaque partie de ces abattis et les principales quartier d'agneau, que vous aurez détachée et soule- portions de la tête de l'agneau ont été reconnues vée en la sortant de la broche. On peut en faire au- susceptibles de recevoir un assaisonnement spécial tant pour les gigots d'agneau qu'on fait également etun apprêt particulier. Cependant nous ne pouvons rôtir, mais qu'il vaut mieux présenter en entrée pas dire que nous ne rappelions cet ancien ragoût de broche, sur une purée d'oseille, sur une sauce que pour mémoire, attendu qu'il est très-salu- aux tomates, ou sur une ravigotte verte appelée taire en certain cas d'inflammation des entrailles communément sauce au vert-pré. et de l'estomac, ce qui fait qu'il est recommanda- Épigramme d'agneau. ble et qu'il se trouve encore prescrit à des con- Détachez pro- valescents dans les cas de maladies gastro-entérites. prement les côtelettes d'un quartier d'agneau, que vous ſerez ensuite griller ou sauter dans leur jus; Poitrine d'agneau à la Sainte-Menehould mettez l'épaule de ce quartier à cuire à la broche, (ragoût lorrainet alsacien).-Prenez deux poi- ensuite de quoi vous la couperez en lames à peu trines d'agneau que vous faites cuire à la braise avec près égales, afin d'en faire une blanquette, ou, plusieurs tranches de maigre de veau et quelques si vous l'aimez mieux, une béchameil (V. les lames de jambon cru. Après cuisson (au bout deux articles en question). Ayez soin d'aiguiser d'une heure et demie), vous les retirez, les défice- votre ragoût avec du jus de citron, si c'est une lez et les mettez refroidir entre deux couvercles, blanquette, ou bien de l'épicer avec un scrupule afin de leur donner une bonne forme; trempez- de piment, si c'est une béchameil; placez-le en les dans du beurre tiède et panez-les à la croûte monticule au milieu du plat, et dressez autour, en chapelée; posez-les ensuite sur le gril à un feu couronne et la noix en bas, les côtelettes d'agneau doux, et recouvrez-les d'un four de campagne, que vous aurez tenues bien chaudes et que vous afin de les prâliner et les colorer suffisamment. aurez glacées au jus de fricandeau, ou tout autre Vous pourrez les servir sur une sauce à volonté, glacis de bonne cuisine. mais dans laquelle il est bon de ne pas épargner La blanquette de gigot d'agneau peut s'ap- quelques ingrédients d'assez haut goût. Chevriot, prêter au coulis de jambon ou à la purée d'écre- cuisinier du Roi Stanislas Leckzinski (dernier duc risses, aussi bien qu'à la poulette; on peut en de Lorraine et de Bar), conseille de servir cette garnir des vole-au-vent et des timbales de nouil entrée sur un ragoût de groseilles vertes, assaison- les; mais on la sert plus généralement avec une nées de muscade et de verjus, comme pour les bordure de riz, dont l'extérieur doré doit être cro- maquereaux. quant (V. RIZ EN CASSEROLE). Tendrons d'agneau aux pointes d'asper- Les côtelettes, les tendrons, les cervelles et ges. - Coupez et parez les tendrons de deux poi- les ris d'agneau, ainsi que les oreilles d'a trines d'agneau ; arrangez-les dans un sautoir ou gneau farcies, sont considérés comme de fines casserole plate, avec une cuillerée de consommé; entrées; mais il n'en est pas tout-à-fait ainsi pour faites-les mijotter jusqu'à ce qu'ils s'enveloppent les pieds d'agneau qu'on ne mange qu'en fa de leur glace. Ayez une botte d'asperges dite aux mille et en société familière, à moins que ce ne petits pois, et n'employez que les plus tendres AGN ( 14 ) AIL et les plus vertes; faites-les blanchir à l'eau bouil de tétine de veau, vous les trempez dans une pâte lante où vous aurez mis une pincée de sel; écu croquante et vous les faites frire. Servez-les de mez-les ; faites-les bouillir pendant un quart- belle couleur, avec persil frit, ou sur une sauce d'heure; ensuite mettez-les dans de l'eau froide ; piquante à volonté. égoutez-les sur un tamis de crin, et coupez-les en portions égales. Vous les apprêterez ensuite soit à Tranches d'agneau à la Landgrave (cui- la poulette ou au consommé lié de javnes d'aufs, sine étrangère, ragoût allemand). - Coupez en y joignant un peu de sucre. Vous mettrez ce un filet d'agneau par tranches, ajoutez-y du sel et ragout d'asperges au milieu du plat, et vous dres- des quatre épices mêlées, faites-les frire, et reti- serez les tendrons à l'entour après les avoir chau- rez-les de la friture en ayant soin de les maintenir dement glacés. chaudement. Jetez dans une casserole un quart de setier de bon bouillon de bæuf où vous avez Tendrons d'agneau aux petits pois. délayé une demi-cuillerée de ſine farine de seigle; Suivez les mêmes procédés que ci-dessus , à l'ex- ajoutez-y un peu de saumure de noix et un peu ception de ce que les petits pois ne doivent être de catchup (essence de champignon. On en ni blanchis, ni rafraîchis à l'eau froide. Il sera trouve à Paris chez plusieurs marchands de co- bon d'ajouter quelques feuilles de sarriette à ce mestibles, et notamment à l'hôtel des Américains, ragoût; le goût de cette herbe se concilie spéciale rue Saint-Honoré); joignez-y une once de beurre ment et parfaitement bien avec les pois verts, et frais, et faites bouillir le tout en le remuant con- surtout au gras. tinuellement; mettez-y alors les tranches d'agneau, que vous servirez après avoir passé leur sauce à Filets d'agneau à la Condé. — Après avoir l'étamine. paré des filets d'agneau, coupez-les depuis les car- rés jusqu'au collel ; après les avoir piqués d'an- Les blanquettes d'agneau se font avec la chois, de truffes et de cornichons, on les fait ma- chair des gigots et des épaules d'agneau rôtis. On riner dans du beurre mélangé avec de la bonne huile y adjoint le plus souvent des tranches de concom- d'olive et assaisonné avec des champignons, de la ci-bres, ou des lames de truffes, ou bien des queues boule , des échalotes, des câpres, hachés le plus d'écrevisses ou de crevettes; encore des petits pois menu possible. On y ajoutera du sel, du poivre, des ou des pointes d'asperges, ou des huîtres d'Ostende qualre épices, du basilic en poudre, de la chapelure avec des moules, etc. ; c'est suivant la fantaisie du de pain en quantité suffisante, et finalement deux maître, la commodité du service, ou les facilités jaunes d'eufs cuits durs; on enveloppera les mor- de la saison. Il est inutile de faire observer qu'avec ceaux de filets dans une couche épaisse de cette ces blanquettes, ajustées de si bon goût, on peut farce par le moyen de morceaux de crépine; en- garnir très-élégamment et fort agréablement pour suite, avec des âtelets, on les attachera sur une les connaisseurs, des vole-au-veni, des pâtés chauds, broche, après les avoir recouverts d'un fort papier des casseroles au riz et des timbales de nouilles. huilé ou beurré. Lorsqu'ils sont cuits, on les retire Telles sont les meilleures manières d'apprêter pour les paner et verser dessus une sauce au blond les différentes parties de l'agneau ; mais elles peu- de veau, avec des citrons coupés en tranches min vent encore être soumises à un grand nombre de ces et de la muscade rapée ; on laisse sur le feu préparations, pour lesquelles il est suffisant de s'en jusqu'à ce qu'elle ait acquis une consistance con rapporter à l'expérience, à l'intelligence et à l'éco- venable. nomie d'un bon cuisinier. Nous n'avons pas voulu parler des quartiers Cromesquis d'agneau (cuisine étrangère, d'agneau assaisonnés à l'italienne, avec du fro- ragoût polonais). — Parez de la chair d'agneau | mage Parmesan, parce que c'est une entrée rôtic et refroidie, et coupez-la par petits morceaux dont on ne saurait faire mention honorable : elle carrés; coupez de la même manière des champi est au-dessous du médiocre. gnons cuits au blanc et de la tétine de veau; met- tez dans une casserole un peu de glace de viande, AIL, plante potagère dont on emploie les bui- avec un peu de consommé; faites chauffer cette bes, appelées gousses, dans l'assaisonnement de préparation, ajoutez-y du gingembre en poudre et plusieurs mets. L'usage du pluriel aulx est gé- du gros poivre, liez avec des jaunes d'œufs, et néralement adopté, scientifiquement parlant, puis mellez dedans la tétine, ainsi que les cham ce qui nous permettra d'en user à son point de pignons et la chair d'agneau ; le tout étant refroidi, vue didactique. Les aulx exalent généralement une vous le divisez par petites parties que vous mou odeur dite atliacie, odeur spéciale à cette famille lez comme pour des croquettes; ensuite vous en de végétaux; ainsi les bulbes de l'ail proprement veloppez ces espèces de croquettes dans des bardes dit contiennent un mucilage imprégné d'un suc et AIL ( 13 ) AİL un mois. d'une huile volatile de la nature la plus âcre et la Nous avons déjà dit que l'ail du Midi n'est pas plus irritante. Il est à remarquer d'ailleurs que d'une saveur aussi forte, à beaucoup près, que dans l'âcreté de ce principe décroît sensiblement en les autres climats, et qu'il contient un principe raison inverse de la température : c'est ainsi que sucré tout-à-fait semblable à celui des ognons dans le nord de la France, on ne peut considérer d'Espagne et d'Afrique. On en compose plusieurs les aulx que comme assaisonnements, tandis que mets et différentes sauces, tels que le Beurre dans les provinces méridionales, ils y forment un d'ail, la Provenchine et surtout l'Ailloli, véritable aliment, et que, sous le climat de l’É dont on garnit certains plats dans toute la Gas- gypte, ils ont perdu toute leur âcreté. Ne pouvant cogne, mais qui ne saurait être employé dans les donner la monographie complèle de cette plante, officines de Paris, à raison de son résultat na- nous nous bornerons à indiquer ici quelques-unes turel. . de ses variétés les plus utilement employées par L'usage de l'ail paraît avoir été fort employé les cuisiniers français (V. OGNON, POIREAU, CI par les peuples méridionaux, s'il faut en juger par BOULE, ÉCHALOTE, ROCAMOLE et CIVETTES). la violence des attaques dont il a été l'objet. A Rome, il était défendu à celui qui avait mangé de L'ait et la rocambole doivent être souvent l'ail d'entrer dans le temple de Cybèle; Horace a employés dans nos préparations alimentaires ; mais fait une ode contre cette plante; et le roi Alphonse comme ces deux racines bulbeuses sont très- de Castille institua, en 1368, un ordre de cheva- acres et pourraient communiquer, un goût trop lerie dans les statuts duquel il était dit que les fort, il ne faut jamais s'en servir qu'avec une membres de l'ordre ne mangeraient ni aulx ni extrême précaution. ognons sous peine d'être exilés de la cour pendant L'emploi d'une gousse d'ail est de prescrip- tion très-absolue pour tous les bouillons de potages ou de cuisine; il est également indispensable dans AILERONS (V. ABATTIS). l'assaisonnement pour les lardons, et voici com- ment on doit agir en pareil cas. Écrasez sur le Ailerons à l'orge mondé, à l'usage des con- billot de cuisine, avec la pointe d'un couteau, une valescents (excellente prescription d'hygiène demi-gousse d'ail, en y joignant du poivre fin et et de médecinc allemande). - Faites bouillir quelques sommités de fleurs de thym sèches et dans un vase de terre et dans deux pintes d'eau de bien pulvérisées; joignez-y une demi-pincée de pluie deux livres de jarret de veau avec quatre muscade råpée, et ne manquez pas de frotter sur ognons blancs, six navets, huit amandes douces cette mixtion tous vos lardons de quelque gros qui doivent être concassées et mondées (c'est-à- seur qu'ils soient, avant de les employer pour pi dire échaudées à l'eau bouillante afin de les dé- quer les viandes. pouiller de leur seconde enveloppe); ajoutez à ceci Il est assez connu que les petits-pieds, ou gi- douze dattes ainsi qu'une once de gomme arabique biers les plus fins, ne doivent être piqués qu'avec et deux cours de laitue pommée. Après trois quarts des filets de tétine de veau, à laquelle on ajoutera d'heure de cuisson continue, mais d'ébullition mo- simplement un peu de sel blanc. Il est vulgaire-dérée, car il ne faut pas qu'une mixtion si douce ment connu aussi que les gros poissons qu'on veut et si bénigne aille s'évaporer et se concentrer en apprêter à la Barbarine, à la Régence, ou à la bouillant au galop, vous passerez ce bouillon et le Chambord, doivent être piqués avec des lardons transvaserez dans une jatte, après quoi vous le re- d'anguille, lorsqu'on les apprète au maigre. mettrez dans le vasc où vous l'aurez fait cuire et Sans parler ici de tous les assaisonnements où que vous aurez fait bien échauder pour qu'il n'y l'ail est indispensable, nous dirons seulement pour reste aucune parcelle de résidu. - Quand vous au- aujourd'hui qu'il est bon de mettre une pointe rez ainsi confectionné ce bouillon préliminaire, d'ail dans tous les ragoûts de mouton, et qu'il est vous y ferez cuire quatre ou cing onces d'orge généralement usité d'en frotter un crouton de pain mondé, autrement dit perlé; deux heures et de- qu'on appelle chapon et qu'on établit au fond de mie suffiront à la parfaite coction de l'orge qui la coupe où l'on doit servir les salades de chicorée doit être bien imbibé et à l'état le plus mou, pour blanche ou de concombre; il n'en résulte absolu se digérer plus aisément. - Prenez ensuite quatre ment rien pour la suavité de l'haleine, et nous ré ailerons de poule d'Inde et non pas de dindon pérons que, lorsque cet utile ingrédient est sage mâle, attendu que les téguments et la contexture ment administré, ses antagonistes les plus inflexi de ces derniers out moins de tendreté et aussi parce bles et les plus dénigrants ne s'en fàchent pas du que le parenchyme en produit un suc moins doux tout et ne s'en inquiètent nullement, car ils ne que celui des individus femelles. Les ayant fait s'en doutent pas. blanchir à l'eau de son, vous les mettrez à cuire ALA ( 16 ) ALA avec l'orge, et vous les servirez ensemble après tout, car on ne peut attribuer, à la campagne, vingt minutes de cuisson. aucune valeur réelle ou vénale à des feuilles de On ne saurait trop recommander l'usage de cette roses ou des fleurs d'oranger, par exemple; et combinaison comestible aux valétudinaires et prin- quant au prix du combustible, on n'a guère à cipalement à ceux qai souffrent d'une irritation s'en inquiéter lorsqu'on est hors de Paris. dans les régions pectorale, gastrite ou abdominale. Les vaisseaux distillatoires les mieux appropriés Les bons effets de cette prescription alimentaire à l'usage domestique , sont de petits alambics en sont éprouvés depuis plus d'un siècle. Elle est éga- argent, en cuivre étamé, ou même en étain ; mais lement favorable à ceux qui veulent combattre et alors on ne fait point la cucurbite avec ce der- qui doivent redouter l'inflammation du sang et l'ir- nier métal, à cause de sa fusibilité sur un feu nu. ritation du système nerveux. L'alambic dont nous conseillons l'usage est connu sous le nom d'alambic à bain-marie, AIGRE-DE-CÉDRE. L'aigre au cédrat, ou et se compose de trois pièces : l'aigre-de-cèdre, est un ancien julep ad sitim, qui depuis le règne de Louis XIII avait eu le temps de 1° La cucurbite, qui peut être d'argent, ou qui doit être au moins de cuivre étamé, et qui passer de mode, et que les Mémoires du Conseiller Tallemand-des-Réaux viennent de remettre en doit entrer dans un fourneau construit pour cet grand honneur à Paris, où tous les nouveaux ro- effet dans un coin de l'âtre, à l'office. Elle est mans, les revues littéraires et plusieurs journaux plus ou moins grande, selon la capacité de l'a- quotidiens parlent très-souvent de l'Hydromel- lambic. Aux trois quarts de sa bauteur, cette au-fruit, de la Cervoise-à-læuf et de l'Ai- pièce est bombée de manière à faire un rebord saillant, et, sur la partie la plus bombée de ce re- gre-de-cèdre à la royale. D'après le Thrésor des Receptes au lit des malades, ouvrage de bord, se trouve un petit tuyau que l'on ferme ha- la bonne et charitable madame Fouquet, mère du bituellement avec un bouchon de liége. Ce tuyau surintendant, ce doit être une sorte d'orangeade doit servir à l'introduction de l'eau à mesure aiguisée de citron vert, édulcorée de miel épuré qu'elle s'évapore, et la chose doit s’exécuter sans discontinuer la distillation. La cucurbite est aussi de Narbonne, au suc de mûres blanches, et puis légèrement aromatisée par de l'écorce de garnie de deux anses afin d'en faciliter l'usage, et son ouverture est renforcée extérieurement par cédrat rouge, à laquelle on peut suppléer par un cercle ou collet de cuivre tourné. Il doit se le zeste d'un poncire ou d'une bergamote. On trouver dans la cucurbite un rond ou grille en voit dans les écrits du temps que le cardinal de Richelieu faisait le plus grand cas de l'aigre- cuivre vernissé, et percé de plusieurs trous; ce rond en remplit la capacité; il est garni de deux de-cèdre et qu'il en consommait pendant les deux mois caniculaires et les périodes équinoxiales, au petites anses, et coupé en deux parties qui sont moins sept ou huit sectiers par jour. réunies par deux charnières, et qu’on replie sur Quant à celui que les journaux de Paris nous elles-mêmes lorsqu'on veut retirer le rond de la recommandent et qui se débite à si grand bruit dans cucurbite. Il s'y trouve aussi trois pieds qui l'é- la rue Saint-Honoré (n° 341), nous pensons qu'il loignent de deux pouces environ du fond de la n'est pas fabriqué scrupuleusement avec le suc de cucurbite; en sorte que, lorsqu'on veut distiller ces aurentiacées, non plus qu'avec leurs écorces à feu nu, les substances qui sont posées sur cette fraîches, mais plutôt avec quelque solution tarta- grille ne sont point exposées à être brûlées. Quand rique et moyennant une huile essentielle analogue on distille au bain-marie, ce grillage devient inu- à celle du cédrat. Voilà ce qui lui communique tile, et on le retire de l'appareil. un arrière-goût d'empyreume, et voilà qui doit 2° La pièce nommée bain-marie est suppor- priver cette estimable et fort agréable boisson d'une tée par la cucurbite dans laquelle elle entre et partie de ses bonnes qualités diurétiques ou séda-s'ajuste hermétiquement. Cette seconde pièce est tives. un vase d'étain épais de deux lignes environ, et garni, à son extrémité supérieure, d'un collet as. ALAMBIC. Si cet ustensile est indispensable sez saillant pour poser sur celui de la première dans une maison riche et nombreuse, c'est prin- pièce et s'y trouver de niveau ; il y a aussi deux cipalement dans l'office et sous le rapport de anses du même métal. A cette extrémité, il est l'avantage qu'il y procure en servant à la fabri tourné dans l'intérieur d'un pouce et demi, et cation des eaux distillées et des liqueurs. Il en ré creusé d'une ligne et demie environ pour former sulte une économie notable, en ce que les liqueur: un petit rebord intérieur propre à recevoir le cou les plus compliquées n'y coûtent presque rien, et du chapiteau. Indépendamment de son usage parce que les eaux distillées n'y coûtent rien du pour l'alambic, on se sert de cette pièce pour plu- ALA ( 17 ) ALA d'étain qui s'y emboîtent exactement, et qu'on "Le serpentin , plongé dans l'eau, a de grands sieurs infusions, alors on y ajoute un couvercle inférieure un vaisseau nommé récipient, qu'on plat, aussi d'étain, qui la ferme exactement. pose sur un coussinet, et qui est destiné à rece- voir les produits de la distillation. On remplit le 3º La troisième pièce, appelée chapiteau, est seau avec de l'eau très-froide avant de distiller, d'étain, et a une figure conique dont la base a le et on pose dans le milieu de son diamètre un long même diamètre que l'orifice de la cucurbite et du entonnoir de fer-blanc, qui le dépasse un peu, et bain-marie. Cette base est un fort collet avec une qui a pour support un pied peu élevé, de forme emboîture d'un pouce et demi, qui entre et pose conique, et percé de plusieurs trous. A mesure sur le rebord intérieur de l'un ou de l'autre, afin que l'eau contenue dans le seau vient à s'échauf- qu'on puisse distiller à feu nu ou au bain-marie, fer, on verse dans cet entonnoir de l'eau très- suivant le besoin. On a pratiqué dans l'intérieur froide, qui, par son poids, occupant la partie in- du chapiteau une gouttière qui a un pouce et férieure, fait refluer vers le haut l'eau chaude qui demi de profondeur avec une ouverture qui ré- est plus légère, ce qui dispense de la renouveler pond à un tuyau d'étain qui se trouve à la base, en entier. Lorsqu'après avoir ainsi versé de l'eau et qu'on appelle le bec du chapiteau. Il peut avoir dans cet entonnoir, le volume ne peut en être quatre ou cinq pouces de diamètre à son ouver- contenu dans le seau, la portion surabondante s'é- ture, pour peu que l'alambic soit grand, et n'a- coule par un tuyau de décharge adapté à un ori- voir que trois ou quatre lignes à l'extrémité op- fice qui se trouve à l'extrémité supérieure du posée, sur une longueur à peu près de quinze à seau. On dispose ce tuyau à son gré, et on donne dix-huit pouces : quelquefois il se trouve très- à l'eau une issue qui la porte en dehors du labo- court , afin d'y ajouter à volonté d'autres tuyaux ratoire. Le appelle tuyaux de rapports. avantages sur le réfrigérant; les vapeurs qui pas- On voit des alambics où le chapiteau est garni à sent dans son intérieur sont condensées et rafrai- l'extérieur d'une espèce de sceau de cuivre étamé, chies successivement en parcourant toujours de soudé exactement à la base du cône, de manière nouvelles couches d'eau fraîche; par ce moyen à embrasser la gouttière, et dont la hauteur dé on perd infiniment moins de parties volatiles des passe d'un pouce environ la pointe du cône; on substances qu'on distille, et les liqueurs n'ont ja- l'évase un peu plus vers le bas, et il s'y trouve un mais d'odeur empyreumatique. Outre que toute robinet du plus grand débit possible; cette pièce | l’eau du réfrigérant s'échauffe très-promptement se nomme réfrigérant. On l'emplit d'eau froide et en même temps, et qu'il faut la changer très- pour faciliter la condensation des vapeurs qui, souvent, sans que pour cela la liqueur qui distille s'exhalant de la cucurbite, viennent reprendre soit aussi bien rafraîchie que lorsqu'elle passe l'état fluide; et, se glissant le long du plan incliné par le serpentin, un autre inconvénient de cette intérieur du cône, se rendent dans la gouttière, même précaution, indispensable pourtant, c'est d'où elles tombent en liqueur par le bec du cha- que ce changement subit. d'eau très-froide après piteau dans le récipient qu'on y adapte. Comme de l'eau très - chaude nuit à la condensation des cetle eau froide du réfrigérant ne tarde pas à s'é vapeurs, les fait retomber dans la cucurbite, et chauffer, on la fait écouler par le robinet, et on retarde souvent l'opération. lui substitue de l'eau fraîche. Pour procéder à la distillation, on dispose la Les distillateurs de nos jours s'étant aperçus cucurbite dans le fourneau, comme nous l'avons que la plupart des liqueurs qu'on distille ont be- dit. Lorsqu'on distille à feu nu, on met les sub- soin d'être rafraîchies plus que ne le peut faire stances sur la grille, et on remplit la cucurbite l'eau du réfrigérant, même en la changeant très- environ aux deux tiers; on la couvre de son cha- souvent, ont supprimé entièrement cette pièce de piteau, au bec duquel on adaple le serpentin, dont leurs alambics , et l'ont remplacée avantageuse on a rempli le seau d'eau froide, à l'extrémité in- ment par le serpentin. C'est un long tuyau d'é- férieure duquel on dispose un récipient ou ma- lain tourné en spirale, dont on soutient les pas à tras pour recevoir la liqueur à mesure qu'elle dis- distances égales par des tringles d'étain perpen- tille. diculaires qui y sont soudées; on le place dans un La distillation au bain-marie, qui doit être tou- seau de cuivre rouge étamé, vers le fond duquel jours employée pour les liqueurs spiritueuses, a se trouve un robinet, et qui est garni au dehors le grand avantage de ne point être sujette aux de deux poignées de cuivre pour en faciliter le accidents qui arrivent lorsqu'on distille à feu nu. transport. On élève ce seau sur une escabelle, de Dans ce cas, après avoir mis dans le bain-marie manière que l'extrémité supérieure du serpentin les substances que l'on veut distiller, on le plonge s'ajuste au bec du chapiteau, et on adapte à celle dans la cucurbite placée sur le fourneau, et dans 2 ALA ( 18 ) ALB laquelle on met suffisante quantité d'eau; on en largeur, et qui est légèrement incliné. La por- adapte alors le chapiteau au bain-marie, et, le ser- tion ovale de la cornue pose sur le sablon, et le col pentin étant placé comme dessus avec le récipient, sort au dehors pour recevoir le récipient qu'on y on lute les jointures des vaisseaux avec du papier adapte. On lute bien les jointures, ct, après avoir imbibé de colle de farine, et on allume le feu allumé un feu de charbon, on procède à la distil- dans le fourneau. lation, qui doit être surveillée avec la plus grande Le feu, qui est l'agent de cette opération, doit attention, surtout pour la conduite du feu, auquel être conduit avec attention, surtout lorsqu'on dis on donnera un degré qui n'excédera jamais celui tille à feu nu; le degré convenable est assez diffi- qui serait nécessaire pour entretenir l'eau bouil- cile à saisir et à être maintenu également; car, lante lorsqu'on distille au bain-marie. pour peu qu'on augmente la quantité de bois ou Pour la distillation de l'eau commune, on met de charbon, le feu passe tout-à-coup du degré le l'eau de rivière ou de puits dans la cucurbite, on moins actif à un degré beaucoup trop vif, et le la recouvre du chapiteau, au bout duquel on plus grand inconvenient, c'est que la liqueur en ajuste le serpentin, dont on remplit la cuve d'eau contracte un goût d'empyreume. très-froide. On adapte un récipient au bec du ser- La distillation au bain-marie n'encourt pas ces pentin, et, tout étant disposé de la sorte, on lute inconvénients; il suffit d'entretenir toujours bouil- les jointures des vaisseaux, puis on procède à la lante l'eau de la cucurbite. distillation pour tirer environ les sept huitièmes En général, il faut commencer par un degré de de l'eau qu'on a employée, et qu'on reçoit, réu- feu très-tempéré, que l'on augmente ensuite pro-nies en gouttes, dans des vaisseaux de verre très- gressivement et selon le besoin. On opère bien propres. lorsqu'on entretient un petit filet; car si on se L'eau qu'on obtient par ce procédé est très-pure, contentait de distiller goutte à goutte, on pourrait parce qu'elle a laissé dans la cucurbite les sels et bien ne retirer qu'une liqueur spiritueuse très autres principes fixes qui en altéraient le degré de peu imprégnée d'huile essentielle; le feu poussé pureté indispensable dans plusieurs compositions, avec trop de violence fait monter le flegme avec et qui n'est jamais offert par l'eau dans son état l'esprit et l'huile, ce qui rend la liqueur détesta naturel. Relativement à l'application des procédés ble : on même vu les substances tomber dans le alambicaux pour les distillations applicables à la réfrigérant; la seule ressource alors est de verser cuisine et à l'office, ainsi qu'à la pharmacie d'un ce qui s'y trouve dans la cucurbite par le tuyau château, d'un hospice ou d'une communauté reli- de celle-ci, et de recommencer la distillation. Les gieuse, voyez nos articles EAUX ODORANTES, Es- substances dont l'huile est pesante, telles que le PŘITS RECTIFIÉS, HUILES ESSENTIELLES, ÉLIXIRS girofle, la cannelle, etc., se distillent au fort filet; et LIQUEURS. cependant il faut observer de ne pas pousser le feu de manière à faire monter le flegme; ensuite ALBERGE. Sorte de pêches, ou, suivant on distille le premier produit au petit filet, ce qui les uns, de prunes confites qu'on prépare en Tou- s'appelle cohober. raine et dont la chair jaune est très-compacte et Comme le flegme, la terre, le sel fixe, font par- légèrement acidule. On voit dans les Receptes tie de toutes les substances, et qu'on ne les sou- usittec: en la royalle Abbaye de Fonte- met à la distillation que pour les en dégager et en vrauld, qu'on en faisait anciennement des com- extraire la partie spiritueuse et l'huile essentielle, potes à la crème cuite : mais on ne les sert on ne doit pas la retirer en même quantité que celle plus aujourd'hui que dans leurs boîtes plates où qu'on à employée. Sur dix pinles d'une inſusion ces fruits se trouvent à demi secs et divisés par quelconque on doit en retirer cinq qui ne sentent quartiers. C'est un dessert de qualité médiocre; ni le flegme, qui est un goût fade, insipide et dés-aussi, trouve-t-on dans les écrits d'un Tourangeau agréable, ni l'empyreume, qui est un goût de feu assez spirituel, nommé le commandant Paul Cour- très-âcre et tout-à-fait nauséabond. Lorsqu'on a rier, qu'il ne faisait pas grand cas de cette pro employé de l'eau-de-vie de première qualité, on duction du pays. Il y dit en se plaignant de madame peut en retirer un peu plus de moitié. Courrier, son épouse, qu'elle est devenue rèche Lorsqu'on veut distiller certains aromates au et coriace comme une alberge. bain de sable, on pose sur un fourneau portalifune Le meilleur parti qu'on puisse en tirer, il s'a- chaudière de fonte remplie de sable fin ou de sa- git ici, comme on conçoit bien, d'alberges confites blon, sur lequel on place une cornue de verre et non pas de madame veuve Courrier, c'est de les qui contient la substance à distiller. La cornue est couper en petits morceaux de forme carrée, pour une espèce de bouteille de figure ovale, terminée en garnir le flanc d'un plum-pudding à la moelle par un col ou tuyau qui diminue insensiblement et aux zestes de citrons confits. Elles font encore ALE ( 19 ) ALK un assez bon effet dans ces vénérables ragoûts de de crudité, il se fane aussitôt qu'il est cueilli, il lamproie à l'angevine, et dans les excellents civets monte en graine avec une précipitation déplorable, de lièvre à la Charles IX, ainsi qu'on les confec et comme il se lignifie brusquement, voilà pour- tionne encore en certaines provinces et notable-quoi les jardiniers et les maraichers de la banlieue ment en Anjou ; c'est-à-dire avec de petits ognons n'en fournissent jamais. Quand on veut en avoir grillés et de petits cubes de porc frais, des poires à Paris, on est obligé d'en faire cultiver chez soi, tapées du Gâtinais, des pruneaux d'Agênois et des ce qui peut, du reste, s'exécuter bien aisément raisins d'Andalousie, le tout bien consommé dans dans le coin d'un jardin. Un bout de natte est tout son assaisonnement au vieux vin de Médoc et ce qu'il faut pour le préserver de la gelée. Nous au coulis au jambon (V. Civet et LAMPROIE). ne conseillons pas d'imiter les vieilles filles et les ALBRAN, autrement dit HALBRAN. Ce jeune charcutiers de Paris, qui font germer et végéter palmipede, qui se chasse à la fin d'août, devient ce jeune gramen avec du coton mouillé dans des canardeau en septembre et se trouve canard soucoupes et sur des spirales de terre cuite; mais au mois d'octobre; ce qui faisait remarquer au nous avons pu remarquer que dans une belle et Roi Louis XVIII que, dans aucune autre race indé noble maison qui n'a pas de jardin (place Louis XV), pendante et sauvage, on ne passe aussi rapidement on élève assidûment du même cresson pour en de l'enfance à l'adolescence et de la jeunesse à la user pendant tout l'hiver; et la chose a lieu dans maturité. une grande cuve au fond d'une grande cave. Il Les albrans se cuisent à la broche et se servent faut seulement ordonner de le faire arroser lous les sur des rôties onctueusement imbibées de leur soirs avec de l'eau tiède, et de remuer une partie jus, où l'on ajoute un suc d'orange amère avec un de la couche afin d'en renouveler le semis tous les peu de soya des Indes et quelques grains de poivre dix jours. (mignonnette). C'est un plat de rôt délicat et dis Le graminée dont il s'agit figure à la première tingué. place du premier rang dans les fournitures de sa- Quand les chasseurs ou les pourvoyeurs en four- lade, où nous recommandons de ne l'employer nissent en grand nombre à la campagne, et quand qu'en petits bouquets, c'est-à-dire en branches et on veut en faire une entrée, on peut les mettre en non pas haché; prescription qu'il faut observer salmis ou les servir sur un ragoût d'olives, aussi pour loutes les fines herbes crues. On en fait aussi bien que sur une béchameil de mousserons. Nous de jolies Sandwish, en en plaçant les maîtresses n'admetlons pas qu'on puisse les faire cuire aux feuilles entre deux légères tartines au beurre de la Navets, ainsi qu'il est conseillé dans l'Almanach Prévalais ou d'Isigny, et telles sont les petites des gourmands (première année, page 118). beurrées qu’on mange de préférence avec les æufs C'est un apprêt trop vulgaire pour être appliqué de vanneau. Cette plante ombellifère est l'ajuste- convenablement à des albrans, des canardeaux et ment indispensable et l'accompagnement obligé même à des canards sauvages. Il ne convient que des æufs de vanneau, très-rare et très-illustre pour des canards de ferme et pour leurs cane comestible! On ne saurait présenter honorable- tons. Nous suivons ici le précepte et la décision ment et convenablement des æufs de vanneau, s'ils de M. Brillat-Savarin , notre illustre devancier : ne sont pas établis sous un taillis et sur un « L'adjonction d'un pareit légume à ce buisson de cressonnette aténoise. C'est la tra- noble gibier serait, pour les albrans, un dition de Versailles et de la maison d'Escars : ce procédé mat séant, et même injurieux; une qui serait déjà suffisant pour donner à cette herba- alliance monstrueuse, une dégradation fli- cée potagère une certaine importance. trissante! Nous ajoutons sérieusement que l'opinion vulgaire indifférent est fort injuste à l'égard de ALÉNOIS, ou CRESSON POTAGER, CRESSON cette plante, et que les gourmets attentifs ont pour DES JARDINS et CRESSONETTE. C'est assurément elle une juste considération. la plus recommandable et la meilleure de toutes les productions végétales, appelées fines herbes. ALKERMÈS DE FLORENCE. Aristocra- La saveur en est piquante et n'a pourtant rien d'a- tique et précieuse liqueur distillée au bain de sa- cerbe ni d'outré. Il n'en est pas de cette plante ble, et dont les éléments spéciaux sont la rose de comme de l'estragon, du cerfeuil exclusif et de Toscane et la fleur du géroflier. Ces deux prin- l'ardente ciboule, ainsi qualifiés par M. de Ber- cipaux ingrédients s'y trouvent combinés si préci- choux). On dirait qu'il y a dans la physionomie, les sément et avec une telle habileté, qu'on ne sau- habitudes et les meurs de cet aimable végétal, quelrait en distinguer séparément les deux parfums que chose de juvénile et d'inexpérimenté, d'énergi ou la double saveur. Il est inutile d'avertir qu'on que et de téméraire. Il ne peut s'employer qu'à l'état doit présenter cet élixir exotique à la suite du 2. ALK ( 20 ) ALO café, dans sa buire originelle ou primitive, ainsi, certains cas d'apparat officiel ou de festivité gas- que toutes les autres liqueurs fines, et non pas tronomique. dans un flacon décoré de l'étoile des braves, On pourra suivre les deux procédés indiqués et sorti des ateliers de M. Féty; comme s'il ci-dessus pour ouvrager des crèmes parfumées ne s'agissait que de lamper du Parfait-Amour ou avec toute autre sorte de liqueurs fines. Quand d'avaler du Cognac ? Il est singulier que les mar on ose employer à cet effet le Rossolis de Turin, chands de cristaux puissent nous destiner et s'ob- le Marasquin de Zara , ou le Mirobolan de stinent à nous proposer inutilement des porte- madame Amphoux (Martinique), il en résulte in- liqueurs ? Nous diſons en passant, que l'usage failliblement des compositions d'un arôme exquis de ces petites carafes mal bouchées, où de pau et d'une élégance recherchée, qui font beaucoup vres liqueurs se trouvent toujours en vidange et d'honneur à l’Amphytrion. à l'évent, n'a jamais été admis dans une bonne maison. C'est un appareil de fausse élégance et de ALOSE. L'alose est un excellent poisson de mauvais goût, qui n'a pu se maintenir que dans mer qui remonte, au printemps et en été, dans les la province, et qui n'aurait jamais dû figurer que rivières où il s'engraisse. Il ne diffère de la sar- sur des tables d'hôte. dine qu'en ce qu'il est infiniment plus gros; car M. le C. de C., à qui nous dédions cet ouvrage, il lui ressemble totalement pour la saveur, ainsi est l'inventeur et le patron d'une combinaison cu- que par la configuration générale et la disposition linaire à l'alkermès, et c'est un entremets de la des nageoires. C'est un rapprochement qui peut plus haute distinction. En voici la recette ainsi expliquer l'usage d'employer des sardines fraiches qu'elle est formulée dans un opuscule de ce théo- autour des aloses à la marinière, et pour garni- logien consommé, ce généalogue érudit, cet écri- ture de cette entrée. vain rétrospectif, ce polygraphe ! Il faut qu'une alose soit grasse pour être bonne; - Pour obtenir un de crème à la Médicis, celles qu'on prend dans la mer ont toujours la chair trop salée, trop peu succulente, et ce n'est on délaiera huit jaunes d'æufs frais dans une mesure de lait tiède où l'on aura fait dissoudre qu'après quelques mois de séjour en eau douce environ six onces de sucre candi, cuit au cassé qu'elles peuvent arriver au point de leur perfec- blanc et soigneusement pulvérisé. On ajoutera tion. Si on les emploie pour rôt, on ne les écaille le contenu de trois petites ampulles de vieux et point. On les fait cuire dans un court-bouillon, comme le saumon; et puis on les sert sur une véritable alkermès de Florence à cette mixtion qu'on ſera passer au tamis de soie, et dont on servielle garnie de persil vert ou de raifort râpé. garnira un bol (de la même capacité que hult Si on en fait usage pour entrée, on les écaille et pe- tits pots), afin de la soumettre et la conduire au on les sert avec différentes sauces, comme à l'o- bain-marie, ainsi qu'une crème ordinaire. seille, aux tomates, aux câpres, à l'italienne, etc. Pour faire des Meringues à la Florentine, Alose grillée à l'oseille. - Choisissez une nous avons reçu la formule suivante, chez M. le alose des plus grasses et des plus fraîches; videz-la Commandeur Belinghieri, Ministre du Grand-Duc par les ouïes; écaillez-la ; faites-la mariner avec un de Toscane, à Paris. Fouettez de la double peu d'huile, sel fin, persil en branches et quelques crème bien fraîche, avec du sucre en poudre et de ciboules coupées. Incisez-la sur le dos légèrement la gomme-adragant, jusqu'à lui donner la consis et en biais; retournez-la dans son assaisonnement: tance et la légèreté soutenue d'un fromage à la enfin, pendant une heure, ou trois-quarts d'heure Chantilly (V. au mot LAITAGE). Illustrez cette avant de servir, et selon sa grosseur, maintencz- crème en y mêlant (avec libéralité) de la même la sur le gril, en l'arrosant de sa marinade; et liqueur d’alkermès. Prenez-en votre parti résolu- servez-la sur une bonne purée d'oseille (V. PU- ment et ne lésinez point! La générosité se me- RÉE). sure à la grandeur du sacrifice. Enfin, nous vous On a tenté bien des iņnovations à l'égard des dirons qu'il faut appliquer une ſorte cuillerée, aloses; mais il a fini par être reconnu que cette c'est-à-dire une cuillerée à ragoût, de cette no manière de les apprêter était supérieure à toutes ble crème, entre des gaufres de macarons, que ces nouvelles combinaisons révolutionnaires et vous aurez ſait tourner et mouler en doubles co censées progressives. Quand on pêche une alose quilles. Douze cuillerées à bouche de cette li- très-grasse, c'est-à-dire de la taille et du poids d'un queur suffiront pour une pinte de crème et douze saumon, ce qui arrive souvent à la fin de l'été meringues; mais il faut convenir que c'est en- dans nos provinces centrales, il est bon de la core un entremets super-culinaire et dispendieux mettre à la broche, où elle cuit plus facilement qui ne saurait être employé raisonnablement qu'en et plus également que sur le gril. On doit l'avoir - ALO ( 21 ) ALO incisée et marinée (comme ci-dessus); il faut tranches de filet avec le jus de l'aloyau, faites l'arroser soigneusement, et on la sert comme chauffer sans qu'il bouille, et servez sous l'aloyau. plat de rôt, pour être mangée à l'huile, ainsi que Vous pouvez encore servir cetle même pièce les grands poissons cuits au bleu. entière avec une garniture de petits pâtés au na- turel, ou bien entourée d'un cordon de raifort, ou Alyse à la marinière. - Maniez un quarte- sur des ragoûts de céleri, de concombres ou de lai- ron de beurre avec une demi-pincée de fécule; tues farcies. On les sert quelquefois, quand on a mouillez avec du court-bouillon; faites cuire une besoin d'un gros plat au premier service, en fri- ou plusieurs aloses de moyenne grosseur, que candeau, à la Godard, à la braise et à l'allo- vous aurez coupées en larges tranches. Ajoutez-y mande. de petits ognons, et masquez avec la sauce que vous aurez fait passer au tamis de soie. Vous gar- Aloyau à la Godard (du nom d'un estima- nirez ce plat d'entrée, d'origine bretonne, avec ble cuisinier à qui l'on doit cette combinaison cu- des sardines fraîches et que vous aurez fait bouil- linaire). Otez le dos de l'échine à votre aloyau lir pendant trois minutes avec le reste de votre sans le désosser tout-à-fait; lardez-le de gros lar- ragoût. dons bien assaisonnés; ficelez-le de manière à lui donner une belle forme; mettez-le dans une brai- Filets d'alose sautés. Lavez et coupez les sière avec un bouquet garni de fines herbes, filets d'alose, en forme de cours. Mettez-les sur ognons et carottes en suffisante quantité; mouillez- un sautoir avec du beurre clarifié ; saupoudrez le avec du bon bouillon et une bouteille de vin de -- de sel. Faites frémir le beurre sur un feu ardent; Madère; mettez-y sel et gros poivre ; faites-le retournez les morceaux ; ne les laissez qu’un in-cuire à petit feu , et de manière que son fond soit stant sur le feu; égouttez, dressez en couronne, réduit presque en glace; retirez-le de sa braise, et et servez avec une italienne ou toute autre sauce servez-le avec le ragoût énoncé ci-après : met- qui vous arrangera mieux. tez quatre cuillerées à dégraisser de glace de A lose à la hollandaise. Videz ce poisson viande dans une casserole; ajoutez-y la cuisson de par les ouïes, sans l'écailler. Mettez-le dans une votre aloyau , que vous aurez fait passer et dé- poissonnière avec de l'eau salée, faites-lui jeter des champignons tournés, des culs d'artichauts en graisser; coupez quelques ris de veau en tranches, deux ou trois gros bouillons; et puis retirez-le, mettez-le sur un feu doux pendant une demi- quartiers, de petits -æufs; dégraissez le ragoût avant de servir et saucez votre aloyau avec ce heure, et maintenez-le bien chaud sans le laisser ragoût. bouillir; servez-le sur une serviette avec des pommes de terre jaunes à l'entour, et servez la Aloyau róti (suivant la prescription de sauce à part dans une saucière (V. SAUCES A M. Beauvillier, ancien cuisinier de MONSIEUR, LA HOLLANDAISE). frère du Roi). – Ayez un aloyau de première ou de seconde pièce ; ôtez-en l'arête sans endom- ALLOUETTES, appelées Mauviettes à Pa- mager ses filets; mettez-le sur un plat, saupou- ris (V. MAUVIETTES). drez-le d'un peu de sel fin , arrosez-le d'un peu d'excellente huile d'olive, en y joignant quelque ALOYAU, pièce ou quartier de beuf coupé tranches d'ognons et de feuilles de laurier; le long des vertèbres et vers le haut du dos. On laissez-le mortifier deux ou trois jours, si le distingue entre les morceaux d'aloyau celui de temps le permet, et ayez soin de le relourner deux première, celui de seconde et celui de troisième ou trois fois par jour ; lorsque vous voudrez le place. Celui de la première a beaucoup plus de faire cuire, embrochez-le ou couchez-le sur fer, mérite que les deux autres, attendu qu'il contient de la manière suivante : passez votre broche dans une plus grande partie du filet. Quand il est gras le gros filet, en suivant l'arête ou les os de l'é- et tendre, on le sert le plus souvent cuit à la bro-chine; gardez-vous, dirai-je encore, d'endomma- che, avec son propre jus; une heure et demie ger le filet mignon ; attachez du côté du gros filet de cuisson lui suffisent. un atelet ou petite broche de fer, liez-le avec de Si vous levez le filet d'un aloyau que vous la ficelle fortement des deux bouts, afin que votre coupez en tranches assez minces, mettez-les dans aloyau ne tourne pas sur la broche; roulez le une casserole avec une sauce aux câpres, an flanc en dessous, pour mieux présenter le filet chois, champignons, une pointe d'ail, le tout mignon et la graisse de votre aloyau que vous dé- haché, passé dans un peu de beurre et mouillégraisserez légèrement; assujettissez ce flanc avec avec un bon coulis. Quand vous avez dégraissé la de petits atelets, en les passant d'outre en outre sauce, assaisonnez-la de bon goût, mettez-y les dans le gros llet; enveloppez de papier fort cet ALO ( 22 ) ALO aloyau et mellez-le à un feu viſ, afin qu'il con rez, piquez et faites cuire à la broche un filet d'a- centre son jus. loyau que vous servirez entouré de concombres far- A moins que l'on ne soit à la campagne et dans cis à la chair de volaille et à la moelle de bæuf. la saison des chasses, occasion des réunions les C'est un plat de relevé solide et de belle apparence. plus nombreuses et les plus absorbantes en comestibles, on ne se soucie pas beaucoup de Aloyau (filet d') aux ognons glacés ou faire servir des aloyaux dans leur entier; on se aux laitues farcies. Parez et faites cuire borne ordinairement au filet, qu'on fait rôtir après votre aloyau comme ci-dessus; dégraissez et met- l'avoir piqué, et que l'on dresse en grosse entrée tez autour des ognons glacés ou un cordon de lai- tues farcies. une plus facile que sa division, qui doit toujours se Parez faire en travers et par rouelles plus ou moins un filet d'aloyau, comme pour le faire cuire à la épaisses. Il en est ainsi de la langue de bouf, en braise; mais faites-le mettre à la broche, après l'a- observant que la partie du milieu est toujours la voir piqué de fins lardons. Mettez dans une cas- meilleure et la plus honorable. serole des cornichons coupés en filets, des rouelles la tradition de Vincent de la Chapelle, premier choux-fleurs, ognons-nains, guignes rouges , Aloyau (filetd”) braisé à la Royale (d'après de betteraves confites au vinaigre, et autres va- que petits cuisinier du Roi Louis XV). ali- On lève le filet d'un aloyau dont on tire toute la graisse; on sis cuillerées à dégraisser de glace de viande, avec ses et cassis, prunes de Mirabelle, etc. Joignez-y le pique de lardons assaisonnés comme nous l'a- vons indiqué plus haut (V. Ail). On aura soin de une cuillerée de vinaigre épicé. Vous ſerez chauf- le ficeler pour lui donner la forme qu'on jugera fer sans bouillir , et vous ferez servir très-chau- dement sous le bæuf rôti. C'est une de ces en- la plus convenable, car il est bon de calculer si l'on aura besoin de le servir comme relevé sur trées qu'on appelle militaires, un grand plat ovale, ou pour entrée sur un moyen Aloyau (filet d') aux cornichons, à la plat rond? Dans tous les cas, on mettra au fond bonne femme. - On peut remplacer la glace de d'une braisière des bardes de lard et des tranches viande indiquée ci-dessus par un roux léger, et de veau, cinq ou six ognons, deux clous de géro mouiller avec du bouillon dans lequel on metira fle avec un bouquet garni. On place ensuite le des tranches de cornichons coupés en deniers, filet dans la braisière, on le couvre de lard, et l'on y verse trois setiers d'excellent bouillon où l'on Aloyau (filet d') au vin de Malaga. - ajoute peu de sel; on commence par faire bouil- Parez - le comme pour le mettre à la braise, et lir la braise sur un fourneau bien ardent, et on piquez-le de gros lardons bien assaisonnés. Met- la met ensuite cuire à petit feu pendant six heures. tez-le dans une casserole, sur un lit de bardes de Au bout de ce temps, on prend le fond du ragoût lard, avec deux tranches de noix de veau, deux qu'on fait réduire et clarifier; on le dégraisse tranches de jambon cru, carottes, ognons, mous- exactement, et l'on en forme une demi-glace bien serons, culs d'artichauts, bouquet garni, et mouil- claire que l'on sert sous le même filet de bæuf, lez-le avec une demi-bouteille de bon vin de Ma- après lui avoir donné une bonne couleur. Si l'on laga, que vous élendrez dans trois cuillerées-à-pot veut que le filet de bæuf ait encore une plus belle de consommé ; on fera mijoter pendant deux heures et demie sur un feu doux, et puis on pas- apparence, on doit le laisser refroidir pour le pa- rer avec plus de goût; on le fait réchauffer dans sera le mouillement au tamis, afin de le réduire une partie du mouillement où il a été cuit. On a l'état de glace bien transparente et bien con- pourrait également le servir à la gelée en ayant sistante. C'est une entrée de bonne maison, et eu soin d'ajouter dans la braisière un pied de c'est un plat de choix pour les gastronomes ex- veau, avec une once de corne de cerf. périmentés. Aloyau (filet d') à la bourgeoise. - Pa- Aloyau (filet d') au vin de Madère, à la rez et piquez de gros lard un filet d’aloyau; met- bourgeoise. -- On doit le faire cuire à la broche, tez-en les parures dans le fond d'une casserole et l'on ajoutera deux grands gobelets de vin de avec votre filet ficelé, ajoutez-y des ognons, des Madère avec une pincée de mignonnette et deux carottes, un pied de céleri, des culs d'artichaut, bulbes de rocamboles pilées , au jus qu'il aura un bouquet garni et un demi-setier de bouillon produit en cuisant, et qu'on aura soin de bien bien dégraissé. dégraisser et de passer au tamis de crin. C'est un bon relevé de polage en repas familier ou dîner Aloyau (filet d) aux concombres. - Pa- de famille, AMA ( 25 ) AMA a d'ollice une livre d'amandes, une livre de Filet de bæuf on attereau,- (V. ci-dessous | amandes amères, délayez-les avec de la crème bouil- à l'article ATTEREAU.) lante, passez cette composition à l’étamine, ajoutez- Sauté de filet de beuf à la minute. — des jaunes d'œufs ainsi que de l'eau double de Émincez le quart ou la moitié d'un filet d'a- fleurs d'orange, et faites prendre cette crème au bain-marie. Il est de bon air, et d'aussi bon goût, loyau que vous sauterez avec une once de beurre et dans sa glace, et que vous retirerez prompte- de garnir ce plat d'entremets avec un cordon d'a- mandes pralinées. ment après sa cuisson qui ne doit pas durer plus d'un demi-quart d'heure. Jetez dans le sautoir Amandes pralinées (qui tirent leur nom de deux cuillerées de chapelure de pain que vous y la Maréchate de Praslin, dont le chef d'office avait faites bouillonner avec un demi-verre de bon vin inventé cette friandise). inventé cette friandise). - Mettez dans un poëlon blanc et le jus du filet. Joignez-y poivre, sel et sucre, quatre-épices, fines herbes hachées, cornichons un verre d'eau distillée, et faites bouillir le tout coupés, anchois écrasés, olives ou câpres; et tout jusqu'à ce que les amandes semblent pétiller. Otez aussitôt que votre sauce est liée, remettez-y vos alors le poëlon de sur le feu, et remuez le sucre lames de viande et servez prestement. C'est jusqu'à ce qu'il se sépare des amandes. Otez une d'abord un manger solide et satisfaisant, mais partie du même sucre et remettez l'autre portion c'est principalement une excellente méthode en sur le feu avec les amandes en continuant à les cas d'urgence et de survenance imprévue. Il est remuer jusqu'à ce qu'elles aient repris le sucre; bon de recommander celte recette aux valets-ôtez-les alors et conservez-les dans un endroit de-chambre. On pourra facilement en user dans bien sec. On prépare de la même manière les les voyages et pour les déjeûners de garçon, qui pistaches pralinées, avelines pralinées, noyaux de sont quelquefois un peu décousus, comme cha- merises, etc. con sait. Amandes (gâteau d'). - Meltez sur une ta- AMANDE. C'est une semence enfermée dans ble un litron de farine, et faites un trou dans le un gros noyau, sous une écale. Il n'y en a que deux milieu pour y mettre gros comme la moitié d'un variétés, les douces et les amères. Les amandes auf de bon beurre, quatre eufs blanc et jaune, douces, lorsqu'elles sont fraîches, se digèrent as- une pincée de sel, un quarteron de beau sucre sez facilement, parce que l'huile qu'elles contien- râpé, six onces d'amandes bjen pilées; pétrissez nent est à l'état d'une véritable émulsion; sèches, le tout ensemble, et formez-en un gâteau que vous les amandes douces ne deviennent aisément di- ferez cuire à l'ordinaire et que vous glaçerez avec du sucre et la pelle rouge. gestibles que par une complète trituration qui opère une nouvelle combinaison de l'huile avec Amandes (gâteau d') massif, - Mondez, leur mucilage; cependant toutes les personnes lavez et pilez deux livres d'amandes douces et une dont l'estomac n'est pas robuste ne doivent user demi-once d'amandes amères; ajoutez des zestes de cet aliment qu'avec modération. de citron confit, de l'angélique hachée, de la Les amandes dites amères, celles des pêches, fleur d'orange pralinée, un peu de sel, deux li- des abricots, des cerises, etc., contiennent, indé vres de sucre, un quarteron de fécule de pom- pendamment d'une huile grasse, un principe mes de terre, et finalement douze jaunes d'œufs amer et irritant. Il est bien constaté que ce prin et cinq aufs entiers; le tout étant bien mélangé, cipe n'est autre chose que l'acide hydrocyanique beurrez un moule et garnissez-le de papier brouil- ou prussique; il est très-vénéneux lorsqu'il est lard également beurré; mettez votre préparation concentré : aussi ne pourrait-on manger sans in dans ce moule, et faites-la cuire à four doux; convénient une certaine quantité d'amandes amè vous servirez en même temps à proximité de ce bon res où ce principe existe abondamment; mais entremets une crème liquide aux jaunes d'æufs, lorsqu'il est uni à une assez grande quantité de où vous aurez mis du lait d'amande au lieu de fécule, au lieu de produire aucun accident fà lait ordinaire, et que vous aurez fait cuire au cheux, il devient tonique et rend le lait qu'on en bain-marie. prépare moins fatigant pour l'estomac; aussi mêle-t-on avec avantage aux amandes douces Amandes vertes (panc ď) à la d'Escars. quelques amandes amères dans la composition du - Faites, monder et bien piler une demi-livre lait d'amandes, ainsi que dans les autres pré- joignant un quarteron d’avelines ou grosses noi- d'amandes nouvelles (amandes douces), en y parations dont nous allons parler. settes fraiches, avec deux pincées de fleur d'oran- Amandes (crème d'). - Émondez et pilez Émondez et pilez ger pralinée et réduite en poudre impalpable; deur onces d'amandes douces et (seulement) irois ajoutez-y le sucre nécessaire et quelques grains AMA ( 24 ) AMA Elle se de sel gris; délayez successivement ce mélange, et sous pilon de métal, avec quatre blancs d'eufs; en y mêlant à froid une demi-pinte de bonne crème il faut toujours éviter qu'elles ne tournent en huile, que l'on aura fait bouillir à temps pour qu'elle ait et lorsqu'elles sont bien pilées, on les met dans une pu se refroidir. Lorsque cette mixture est com terrine et on y incorpore trois livres de sucre en plètement triturée, broyée et réduite à la consis- poudre; si la pâte était trop sèche, on y ajouterait tance d'une pâte de frangipane, incorporcz-y quatre des blancs d'æufs; il faut qu'elle ne soit ni trop jaunes d'æuſs frais, que vous aurez fait cuire à la molle ni trop compacte; vous la dresserez ensuite coque, et dont vous aurez fait retrancher les blancs. sur des feuilles de papier, par petites portions de Il ne faut pas que cette composition aille sur le la grosseur d'une noix, et vous mettez cuire ces feu. On la sert à volonté dans une croustade de macarons à un feu très-doux et très-bien fermé, pâte brisée ou dans un flanc de feuilletage à petit rebord, en ayant soin que ce contenant puisse Amandes douces (macarons ď). On avoir eu le temps d'être refroidi sans altération procède ainsi que pour les autres macarons, à la pour la bonté de la pâtisserie; c'est un entremets différence qu'il ne faut mettre que deux livres de d'un agrément et d'une distinction toutes parti- sucre par livre d'amandes. culières. Plusieurs personnes renchéries auraient Amandes (biscuits d'). - Prenez une demi- voulu prescrire en celte occasion l'emploi de la livre d'amandes douces, une once d'amandes amè- pâte aux amandes dont on use habituellement pour res, deux onces de farine et deux livres de sucre les pâtés de marrons glacés; mais c'est une en poudre; cassez une douzaine d'æufs et séparez recherche que nous n'approuvons pas, attendu les jaunes d'avec les blancs; émondez les amandes, que ladite pâte ne peut se confectionner qu'avec pilez-les en y ajoutant deux blancs d’aufs, battez des amandes sèches, et que la dessiccation donne en neige le reste des blancs d'æufs, et battez leurs toujours à la saveur de ces dernières quelque jaunes à part avec la moitié du sucre ; mélangez chose de styptique et de résolu qui s'accorde mal lous ces blancs et ces jaunes avec les amandes que avec la fraîcheur et la placidité de ce fruit nouveau. vous aurez pilées de manière à en former une pâte; Amandes vertes (compote d'). incorporez le reste du sucre avec de la farine; prépare absolument comme celle d'abricots verts, préparez des caisses de papier, emplissez-les de excepté qu'on y mêle, un moment avant de la votre pâte, et glacez-les avec votre mélange de mettre refroidir, une petite cuillerée de kirch sucre et de farine que vous aurez sur un tamis et de la Forêt-Noire ou de noyau de Phalsbourg que vous agiterez au-dessus des caisses : faites cuire ces biscuits dans un four médiocrement (V. ABRICOT). chaud. On prépare de la même manière les biscuits Amandes (petits gâteaux d). - Mondez aux avelines, biscuits aux pistaches, biscuits au une demi-livre d'amandes douces et deux ou trois chocolat, biscuits aux marrons glacés, biscuits au amandes amères ; pilez-les en y joignant un blanc riz et au rhum, biscuits au citron, à l'orange, à d'auf pour les empêcher de tourner en huile; l'ananas, et biscuits à la crème salée. Il est suffi- ajoutez-y une livre de sucre, un peu de fleur d'o sant de remplacer les amandes par l'un de ces in- range pralinée, quelques cuillerées de crème; grédients, que l'on doit piler s'il en est besoin. abaissez du feuilletage à l'épaisseur d'une pièce de Il est à noter que tous ces biscuits composés cinq francs; coupez cette påte ainsi que pour des doivent être servis comme entremets : les amandes petits pâtés; garnissez chaque morceau de ſeuil ne figurent jamais dans un dessert bien ordonné letage avec votre préparation d'amandes ; faites-les que lorsqu'elles sont crues, ou mises en pralines, cuire à un four chaud, et poudrez-les de sucre ou en macarons, ou en compote. blanc, Amandes (lait d'). - Utile et fort agréable Amandes (gâteau d') à manière dite de préparation dont l'usage n'est pas moins précieux Pithiviers. Procédez comme il est marqué à l'art culinaire qu'il n'est essentiel à la méde- ci-dessus, à l'exception du volume de ce gâteau cine hygiénique et thérapeutique. - On prend qui doit être fourré, c'est-à-dire recouvert d'une huit onces d'amandes douces, une pinte d'eau lame de pâte feuilletée et qui doit être de force à chaude , quatre gros de fleur d'oranger, et six garnir un plat d'entremets. onces de sucre. Après avoir mondé les amandes, on les pile en jetant de temps en temps quelques Amandes amères (macarons d'). – On gouttes d'eau dans le mortier. Lorsque la pâte mouille, et l'on essuie dans un linge blanc une est devenue fine et friable, on la délaie dans l'eau livre d'amandes amères afin d'en faire tomber les chaude exactement. Ensuite on passe le tout au robes ; on les pile ensuite au mortier de marbre travers d'un linge, et l'on met sur le feu cette AMB ( 28 ) AMO mixture, qu'on fait bouillir jusqu'à réduction de cordial quand on l'emploie à l'intérieur du corps moitié : après l'avoir passée au tamis serré, on humain; si l'on éprouve une grande fatigue muscu- la laisse refroidir pour s'en servir au besoin. laire, ou si l'on a souffert par un travail forcé de On confectionne avec le lait d'amandes une foule l'esprit; si l'on croit avoir abusé de certaines d'excellents potages : aux biscotes, aux profiterol- facultés, et finalement si l'on se trouve dans quel- les, au riz, à l'orge perlé, au salep, à la semouille, qu'un de ces tristes jours où le poids des années à l'arow-rout, etc. Dans les diocèses où l'usage du se fait sentir, où l'on pense avec une sorte d'ob- lait n'est pas permis pour les repas de collation, tusion et où l'on se sent opprimé par une puis- on peut user de ce bienfaisant comestible en sûreté sance inconnue, qu'on fasse piler douze grains de conscience : l'effet rafraîchissant, lénitif et cal-d'ambre gris qu'on prendra dans un lait de poule mant du lait d'amandes est trop bien connu pour édulcoré de sucre candi, ou mieux encore avec que nous ayons besoin d'en indiquer l'usage et une tasse de chocolat de santé (pur Carraque). On l'emploi. Nous dirons seulement qu'il ne saurait ne manquera d'en éprouver subitement un effet être suppléé par le sirop d'orgeat, lequel est com miraculeux et persistant. Au moyen de ce toni- plètement dénaturé par l'industrialisme. L'orgeat que énergique et puissant, sans être inflamma- des bals et des confiseurs est fabriqué pour l'agré-toire, l'action de la vie devient aisée, la pensée se ment du palais, sans aucune intention sanitaire; dégage et s'élabore avec une activité facile; enfin il ne contient pas la substance d'un seul grain il n'en résulte aucune insomnie, ce qui serait la d'orge; il est super-saturé de pulpe d'amandes suite infaillible de l'usage du café qu'on aurait amères, ce qui le rend insalubre et dans certains fait doser avec force, afin d'en éprouver un effet cas malfaisant. On peut voir à notre article ORGEAT de la même nature. que cette émulsion ne doit être composée qu'avec Relativement à l'origine, à l'emploi culinaire et de l'orge cuit auquel on adjoint des quatre semen aux effets de l'ambre (V. les mots AROMATES, RES- ces froides et qu'on édulcore avec du miel de Nar- TAURANT, MAGISTÈRE, ÉLIXIR et LIQUEURS). bonne épuré. AMBROISIE. C'est le nom vulgaire d'une AMBIGU. Si l'on s'en rapportait au Diction- espèce de Chenepodium qu'on cultive dans les naire de l'Académie pour avoir la définition de ce potagers bien fournis, et qui doit être associé avec mot dans son acception culinaire, on y verrait que le baume des jardins et le basilic, pour la confec- c'est une sorte de repas qui tient de la colla- tion du vinaigre aromatique. On doit aussi le faire tion et du souper. Dans un pays et dans un entrer dans les bouquets garnis pour les ragoûts temps comme les nôtres, où l'on ne soupe plus et d'ortolans, de cailles, de râles-de-genêt, et autres où l'on ne fait guère collation, c'est une explica- petits-pieds de la tribu des bèque-figues (voyez tion fort inexacte, et nous sommes fâchés de son CAILLES). ambiguité. L'ambigu n'est pas autre chose qu'un buffet AMOURETTE, c'est-à-dire moelle alon- couvert-à-plat où l'on sert à la fois des milieux, gée de certains quadrupèdes qui servent à la nour- de grosses pièces et des rôtis, des entrées, des en riture de l'homme (V. l'article ABATTIS). Il est de tremets chauds et froids, des fruits crus et cuits, tradition certaine, en gastronomie, que le joli nom du petit-four et des sucreries, sans parler des con- d'amourettes avait été décerné à ces moelles épi - fitures et des sorbets de toute espèce. Les déjeû- nières par un vieux seigneur appelé le Comman- Ders, les haltes de chasse, les dîners champêtres deur de Froullay, lequel était un gourmand des et les repas qu'on sert pendant la nuit au milieu plus exaltés. Madame de Créquy l'a rappelé dans d'un bal, sont presque toujours des ambigus. Cette ses Souvenirs, mais en bonne parente, et sans manière de servir a beaucoup d'inconvénients gas- appuyer sur tout ce que la gastromanie de son oncle tronomiques ; aussi n'est-elle pratiquée que dans avait eu de bizarre et d'exorbitant. Nous croyons les occasions où manger délicatement n'est pas la qu'on nous saura gré de citer un des de passages principale affaire : c'est pour cela que les vérita ces Mémoires où il est question de cet ambassa- bles gourmets n'y participent jamais sans obliga- deur de Malte et de son cuisinier Rotisset : tion. « Il avait inventé des gourmandises admirables, » et notamment les pattes d'oie bottées à lin- AUBRE. Nous dirons seulement ici, d'après » tendante (sautées à la graisse de cailles, et un docte professeur en physiologie, que si l'am- » bien frites après avoir été panées). Mon oncle bre est considéré comme un parfum nuisible aux » conseillait toujours d'y faire ajouter le jus d'une personnes dont le système nerveux est irritable, il v orange amère; mais son chef de cuisine s'en in- devient souverainement céphalique, exhilarant et dignait ct s'en désespérait, parce qu'il en ré- >> ANA ( 26 ) ANA » )) 2 » sulte, disait-il, un inconvénient inévitable, en ce | intention, la symétrie de ces corbeilles dormantes, » que le contact d'un acide a pour effet naturel Quant aux ananas qui figurent au sommet des ► d'amollir ces sortes de préparations gastronomi-pyramides, il faut avoir soin qu'ils ne soient pas » ques, et parce que l'apparence de la friture en tout-à-fait mûrs, parce que leur exhalaison trop v souffre loujours. Vous pourrez choisir entre la parfumée ne manquerait pas de faire blettir les » prescription du Commandeur et la proscription autres fruits de leur voisinage. Il ne faut pas non » du Cuisinier, plus les émonder de leurs couronnes vertes; ces » C'est à lui qu'on doit rapporter l'invention belles feuilles radiales ont quelque chose d'aloési- » des saumons à la Régence et des brochets à que et de tropical qui tranche agréablement avec » la Chambord, et si l'on garnit encore aujour- nos fruits d'Europe, et qui produit un glorieux » d'hui les timbales de Béatilles avec des fran- effet au milieu de l'or et des cristaux, des fleurs et gines et des crépinettes de moelle épinière, et des sucreries, des girandoles éblouissantes, et des » si l'on appelle amourette la moelle épinière autres somptuosités d'un grand dessert. Quant » des veaux et des agneaux, c'est encore à lui aux ananas qui doivent être consommés à table, qu'on doit la délicatesse de cette recherche et et qui doivent être à l'état de maturité parfaite, il » celle de son expression physiologique. A qui est généralement adopté de les faire couper en » l'aurait voulu laisser dire, il aurait osé soutenir tranches épaisses de six lignes, et de les faire ma- » la prétention d'avoir inventé les potages à la cérer pendant une heure avec du sucre en poudre jambe de bois (décharne: proprement et et du vin de l'Archipel; celui de Ténédos, c'est-à- » piquez votre os à moelle au milieu de vos dire le vin le plus grave et le moins liquoreux, est » croutons gratinés); mais il en était rudement celui qui convient le mieux en cette occasion. Si » démenti par le premier maître-d’hôtel de M. le les convives ne sont pas au-dessus du nombre » régent, M. le vicomte de Béchameil de Noin des Muses, ainsi que disait Apicius, on établit » tel, qui réclamait la priorité de la découverte, ces compotiers splendides auprès de la maîtresse et » et qui a eu l'honneur de donner son nom à la du maître de la maison qui en font les honneurs. » sauce blanche que vous savez.- Est-il heureux, Si le repas est plus nombreux, on les fait circuler » ce petit Béchameil! disait toujours le vieux autour de la table, ainsi que pour les corbillons de » d'Escars; j'avais fait servir des émincés de blanc fruits rouges et les jartes de fruits à la main, qu'on » de volaille à la crème cuite plus de vingt ans fait toujours offrir in extra. Nous croyons devoir » avant qu'il ne fût au monde, et voyez pourtant ajouter que, lorsqu'on a fait servir du vin de » que je n'ai jamais eu le bonheur de pouvoir Chypre après les ananas, on a fait preuve de » donner mon nom à la plus petite sauce ........, savoir-vivre, et l'on a montré les habitudes d'une » Toujours est-il que cet habile homme de bou- convivialité supérieure. » che avait nom Rotisset, et qu'il nous était pro On tire un bon parti des parures et des autres » venu d'un pari que mon oncle avait gagné con- fragments de cet admirable fruit pour en parſu- » tre le maréchal de Saxe, qui l'avait envoyé chez mer des sorbets et glaces, des mousses d'entre- » nous malgré qu'il en eût, pieds et poings liés. Il mets, des crèmes cuites ou crues, des pastilles, et » en pleurait à chaudes larmes en arrivant de Cham- surtout de petits soufflés qu'on met en caisse et » bord, et même il avait eu la mauvaise pensée de qu'on fait servir autour de la table, à la minute. » s'en révolter; mais, comme on l'avait menacé On en retire aux colonies, par expression, un suc » de le faire mettre à Saint-Lazare, il avait fini aussi délicieux qu'il est profondément rafraichis- » par accepter la gageure, » sant. Il n'existe pas d'inflammation gastrique ou des intestins qui puisse résister à l'administration ANANAS, plante d'origine exotique et qu'on du jus d'ananas quand il est pris à temps et qu'on cultive à grands frais dans nos serres chaudes, à peut s'en procurer en quantité suffisante. On en cause de l'excellence de son fruit . Le plus souvent compose alors une boisson légère et médiocrement on en fait le couronnement de ces grandes et sucrée, comme on agirait pour une orangeade; et hautes corbeilles ou pyramides de fruits crus qu'on nous avons souvent expérimenté les bons effets et place au dessert en flanc et en bouts-de-table, afin l'action salutaire de cet acide astringent par excep- d'y remplacer les grosses pièces des premiers ser tion. On pense bien que le suc d'ananas qui nous vices. Mais on ne touche guère à ces objets de vient d'Amérique a beaucoup plus de qualités et luxe et de représentation, qu'on est convenu de ne de parfum que celui qui provient des fruits culti- jamais arracher à leur lit de mousse. Quand une vés en France; mais comme il tend naturellement jeune dame est bien apprise, elle doit toujours à la fermentation il ne saurait se garder long- s'opposer absolument à ce que les attentifs indis-temps, et l'on a souvent de la peine à s'en procu- crets et les maîtres-d'hôtel aillent déranger, à son rer. Le meilleur moyen d'y parvenir est de s'a- ANC ANC de France on ou deux avanas américains qu'il Croquettes aux anchois. dresser à des négociants du Havre, afin qu'ils vous chois dessalés avec trois cuillerées de crème dou. en fassent venir tous les deux ou trois mois quelques ble et passez dans un tamis de crin, incorporez ce bouteilles, qui vous arriveront à Paris au prix de mélange avec un quarteron de beurre frais et servez- sept à huit francs. Au lieu d'acquérir à si grands vous-en pour garnir un bateau de hors-d'æuvre, frais des ananas venus en serre, on peut obtenir à ou pour assaisonner les sauces qui vous seront in- moitié prix le suc d'ananas des Antilles, qui pour- diquées. rait s'employer si profitablement pour la confec- tion de tous les entremets et les bonbons à l'ana- Rôties danchois. Prenez des tranches de nas qui sont usités à Paris, C'est une mesure aussi pain de la longueur et de la largeur du doigt; fai- profitable à l'économie qu'à la gastronomie. Il est tes-les frire à l'huile fine; arrangez-les dans un singulier que les confiseurs et les glaciers de Paris plat en mettant par-dessus une sauce faite avec de ne se soient pas encore avisés d'un pareil expé- l'huile vierge, jus de citron, gros poivre, persil, dient. ciboule et rocambole hachée. Couvrez à moitié les Il arrive parfois qu'un aimable officier de ma- rôties avec des filets d'anchois, préalablement lavés avec du vin blanc et bien étanchés. rine ou un obligeant voyageur rapporte à ses amis Croquettes aux anchois. - On fait frire a fait transplanter dans quelque grand vase, au les arêtes des anchois qui ont servi, On les pile au moment du départ, et qu'il a soigné de ma mortier de verre, et puis on les mélange dans une nière à ce qu'ils achèvent de mûrir en route, pâte faite avec du vin blanc, de la farine, un peu de Ces fruits nés et grandis en Amérique, ont le tri-poivre et de sel, un euf et un petit morceau de ple du volume des nôtres et le centuple de leur beurre : on les dispose en forme de croquettes, on parſum. Nous avons dit que la chose arrivait quels les fait frire ensuite ; et puis on les sert pour hors- quefois : mais c'est une bonne fortune sur la- d'æuvre, avec du jus d'orange amère et du persil quelle il est prudent de ne jamais compter. frit, ANCITOIS. L'anchois est un poisson des plus Anchois farcis, — Prenez des anchois en- minimes et de la plus forte saveur. On le trouve tiers; nettoyez-les et fendez-les en deux ; Ôtez-en abondamment sur les côtes de Provence, et c'est l'arête; mettez à la place une petite farce de chair de là qu'il nous arrive confit à l'huile, ou mariné de poisson bien liée avec des aufs; trempez-les dans plus communément avec du gros sel. On pêche une pâte à beignets et faites-les frire de belle cou- quelquefois des anchois sur les côtes du Finistère, leur. Servez à sec, en Basse-Bretagne, et quand il en parvient jusqu'à Calapé d'anchois à l'ancienne mode. - Paris, on commence par les faire tremper dans du Coupez bien mince une large tranche de pain rond, lait (parce qu'ils sont toujours à demi-sel, ainsi de manière à ce qu'elle puisse couvrir le fond que les Royans ou sardines fraiches), et puis on de l'assiette-en-coquille ou du bateau que vous les met en påte fine afin de les frire à l'huile, et comptez employer ce jour là pour votre service en ceci compose un mels très-délicat et très-recher- hors-d'@uvre. Faites-la frire à l'huile, et mettez-la ché. On a soin de les enfiler avec des attelets d’ar- ensuite sur l'assiette ou bateau dont vous devez geni, et pour en former un moyen plat de rôt, il vous servir et dont vous aurez garni le fond par n'en faut pas moins de six douzaines. une couche de fromage parmesan. Prenez ensuite L'anchois conservé ne doit figurer que pour hors- les filets de deux douzaines d'anchois que vous au- d'auvre, ct il ne s'emploie ensuite que comme as- rez fait tremper dans du lait pendant cinq ou six saisonnement : il entre dans les sauces et les sala- heures. Arrangez-les en les entrecroisant sur la des. Il doit à sa nalure et à sa préparation une tranche de pain frit; arrosez le tout avec de l'huile , propriété excitante qui facilite la digestion quand de Provence, et couvrez de parmesan bien râpé. on en use modérément; mais prise avec excès ou Mettez sous le four de campagne, et faites servir mangée souvent, la chair de l'anchois produit tous aussitôt que le fromage aura pris une belle couleur. A la campagne, en carême et pour un jour d'em- les effets qui accompagnent l'abus des salaisons les barras, il est permis de servir un calapé d'anchois plus stimulantes. comme plat d'entrée. Il faudra seulement le faire Anchois en salade verte. Lavez les an- plus copieux que nous ne l'avons indiqué. chois dans du vin ; levez la chair par filets, et mê- Anchois à la Parisienne.- Nettoyez des an- lez-les à une salade de jeunes lailues, de cerfeuil chois marinés et n'en conservez que les filets que et de fleurs de bourrache. vous ferez dessaler à l'eau tiède. Ayez des œufs Beurre danchois. Pilez huit filets d'an- cuits durs, et dont vous hacherez les jaunes et les AND ( 28 ) AND blancs, à part l'un de l'autre. Ayez aussi du cer moitié lait, sel et thym, laurier, basilic, un peu de feuil et de la pimprenelle, dont vous ne prendrez panne afin de les nourrir, et laissez-les refroidir que les plus petites feuilles et que vous ne hache- dans leur cuisson. Vous les ferez griller pour les rez en aucune façon. Disposez vos filets d'anchois servir en hors-d'æuvre. en les entrecroisant sur le fond d'une assiette et Les andouilles de sanglier sont un mets de haute de manière à laisser un peu de vide entre chaque saveur et des plus recherchés, surtout quand elles losange. Remplissez leur intervalle et garnissez le ont été fumées dans l'âtre, avec du bois de ge- tour de la même assiette au moyen de votre hachis nèvrier, pendant soixante-douze heures de de jaunes d'æufs, de vos herbes vertes et de vos suite. Alors on les coupe en rouelles et on les fait blancs d'æufs, que vous y placerez par petits car- griller pour les servir sur une purée de pois verts, rés en les alternant sans que leurs couleurs variées ou de marrons. C'est un plat d'entrée et non pas de puissent se confondre. Assaisonnez le tout avec de hors-d'æuvre. l'huile surfine et du verjus, en y joignant un peu de mignonnette et quelques gouttes de soya de la Andouilles à la Béchameil: — Faites suer Chine, que vous aurez soin de battre assez long sur un fourneau, pendant un quart d'heure et dans temps pour qu'il se divise et s'incorpore avec le une casserole, un morceau de bæuf avec une tran- reste de l'assaisonnement. che de jambon cru, trois échalotes, une poignée Comme c'est un hors-d'æuvre un peu vulgaire, de persil, une gousse d'ail, du thym, du basilic et on y joint souvent, pour les tables distinguées, une du laurier; ajoutez une pinte de crème, et fai- bordure de picholines ou d'olives farcies de câpres les réduire à moitié; passez au tamis ; failes boire et d'anchois. Si l'aide-officier sait bien son affaire, cette sauce à une poignée de mie de pain que vous il ne manquera pas d'enjoliver ce hors-d'oeuvre y joindrez. Coupez en filets de la poitrine de porc en l'entourant d'une guirlande de fleurs de bour- frais, de la panne, du petit lard et une fraise rache ou de capucines, suivant la saison. Depuis la de veau; mêlez ces filets avec de la mie de pain et révolution de 89 et la destruction des grandes for- six jaunes d'auſs crus, du sel, du poivre, des épi- tunes, on n'entend plus parler de Chef-d'office. ces et principalement de la muscade; remplissez Madame de Genlis a fait observer judicieusement, les boyaux avec ce mélange et fermez vos andouil- que ce qui prouve le mieux, dans une bonne mai- les; faites-les cuire avec moitié lait, moitié bouil- son, la noblesse des traditions familières et la dis- lon, et procédez comme il est dit pour les andouil- tinction des habitudes, ce n'est pas seulement les les de porc. méthodes adoptées par un chef de cuisine, mais Andouilles de bauf. — Nettoyez et prépa- encore le savoir-faire et le bon goût de son aide- rez vos robes d'andouilles comme pour les andouil- officier; sorte d'habileté qui se manifeste assuré- les de cochon; coupez en filet du gras double et ment par l'ordonnance et la perfection des des des palais de bæuſ cuits aux trois quarts dans l'eau; serts, mais peut-être mieux encore et plus noble- mettez-y de l'ognon coupé de la même manière ment, par le choix, l'élégance et l'ajustement des hors-d'œuvre. (Nous ne parlons pas des salades, et presque cuit dans le beurre; ajoutez-y six jau- nes d'œufs crus, du sel, du poivre, des épices et de puisque les cuisiniers ont profité de la révolution la muscade; entonnez cet appareil dans vos an- pour les attirer dans leur département.) douilles, et mettez-les cuire dans du bouillon gras mèlé d'une bouteille de vin blanc, avec un bou- ANDOUILLES ORDINAIRES AUX ENTRAILLES quet assaisonné, girofle, poivre, sel , carottes et DE PORC OU DE SANGLIER. On a des boyaux ognons; laissez-les refroidir et servez les comme gras de porc domestique ou sauvage; après qu'ils ci-dessus. seront bien lavés on les coupera de la longueur Ce comestible est d'un très-bon usage à l'ar- qu'on veut donner aux andouilles. Faites-les tremmée, lorsque la cantine est dépourvue d'autres per dans de l'eau où il y ait un quart de vinaigre, éléments , et qu'un malheureux cuisinier n'a pas avec du thym , laurier, basilic et fenouil, afin de d’autre ressource que les bestiaux d'un fournis- leur faire perdre leur goût d'intestins; vous pre- seur officiel. nez une partie de ces boyaux que vous coupez en filets, ainsi que de la panne de porc et de petits Andouilles de fraise de veau aux truffes. morceaux de lard maigre. Assaisonnez le tout avec Faites blanchir et cuire une fraise de veau du sel et des quatre épices, où vous ajouierez un que vous laisserez refroidir; coupez-la en files, peu d'anis ; remplissez-en les boyaux, mais seule- ainsi qu'une tétine de veau bien cuite, et mellez ment aux deux tiers, de peur qu'ils n'éclatent en le tout dans une terrine avec champignons bachés, cuisant, s'ils sont trop tendus ; ficelez-les par les échalotes, persil et truffes. Mettez ceci dans une deux bouts, et faites-les cuire avec moitié eau et casserole avec un morceau de beurre; mouillez - ANG ( 29 ) ANG > avec un verre de vin de Madère; faites réduire à sans en détacher autre chose que les premières côtes la moitié, et ajoutez cinq cuillerées de glace de et le haut bout de la tige. Il en résulte que la boîte veau; faites réduire de nouveau, mettez vos filets i qui la renferme a la même forme et quelquefois avec six jaunes d'œufs crus, le tout assaisonné de la même dimension que le cercueil d'un enfant, sel, poivre, épices, muscades et truffes en lames; ce qui doit expliquer les vers latins de Saint Fran- entonnez dans les boyaux que vous lierez par les çois de Sales, en envoyant un pied d'angéli- deux bouts; mettez-les un moment dans de l'eau que au baron de Chantat, qui venait de per- bouillante, et puis mettez-les dans une casserole dre son fils. entre deux bardes de lard et quelques tranches de Pour user dignement et honorablement de la veau et de jambon; mouillez avec trois verres de même conserve, on en tranche une large rouelle vin de Madère , une cuillère à pot de consommé; intermédiaire entre les deux bouts de la plante ajoutez un bouquet assaisonné, carottes, ognons, confite, et on la sert alors sans entourage et sans sel, poivre, thym, laurier et pointes d'ail; faites ornements superflus, « l'unique chose à bien ob- les cuire doucement pendant deux heures; laissez- » server étant d'établir entre cette confiture et les refroidir, et faites-les griller comme des an » l'assiette un rond déchiqueté de papier d'ar- douilles ordinaires. On les sert avantageusement gent, bouffant et gaufré, à cette fin d'attirer le sur une purée de céleri à la crème, ou sur des regard et pour annoncer que c'est de la vérita- épinards au blond de veau. ble angélique de Niort ; vu que celle de Paris ou Andouilles de lapin. — Désossez à forfait » de Rouen n'ont pas ce droit là. C'est un usage un lapin du meilleur fumet; coupez-le en filets, » que nous gardons chez MESDAMES, en ce qu'il ainsi qu'une fraise d'agneau et de la tétine de veau » maintient l'étiquette du Louvre, etc. » Lisez, si de Pontoise. Mêlez avec tous ces filets de l'ognon vous voulez, le surplus de ce chapitre écrit au coupé bien menu; passez sur le feu jusqu'à ce qu'il château de Bellevue, par le sieur Gohier du Lom- soit à moitié cuit; assaisonnez le tout avec sel, fines pier. Il y a sept ou huit points didactiques en épices, persil, ciboules, échalotes hachées, mus- quatre pages d'impression, sur la haute origine et cade, basilic en poudre; mettez cette composition la prééminence de l'angélique de Niort. . dans des boyaux bien propres pour en former les On emploie les deux extrémités de ces grands andouilles comme les précédentes. Faites-les cuire pieds d'angélique en les découpant en fers de lan- dans un bouillon gras, avec une demi-bouteille de ces, ou en lames carrées, en losanges, en deniers, sin de Champagne el un bouquet de fines herbes, et comme on voudra, pour en garnir des assiettes laissez refroidir dans la cuisson pour les paner de montées en les y mêlant à d'autres conserves. On mie de pain et les faire griller. Servez-les pour s'en sert aussi pour plusieurs préparations de cui- hors-d'æuvre. Les andouilles de faisan et de per- sine et d'office en les coupant en filets bien min- drix se font de la même façon, mais il est bon de ces et les mêlant dans certaines crèmes cuites, les servir sur une purée du même gibier. ainsi que dans plusieurs puddings et beignets, où cet ingrédient produit toujours le meilleur effet. Andouillettes. C'est de la chair de volaille où Nous estimons que pour employer sur des plats l'on met quelques jaunes d'aufs; on les confec- montés ou dans un entremets, l'angélique de Pa- tionne avec des truffes en leur donnant une forme ris vaudra bien l'autre. Quant aux procédés pour ovale; on les fait cuire au vin blanc , et les cuisi- en obtenir le ratafiat et des conserves à la Poitevine niers en garnissent de grosses entrées. Nous pré- (V. CONFITURES et LIQUEURS). ſérons l'usage des quenelles, et ce n'est pas sans raison. Nous allons terminer cet article, en citant l'opi. nion de madame de Sévigné sur l'angélique : - ANGÉLIQUE, plante aromatique et charnue Votre fille est justement comme l'ange- de la famille des ombellifères, et dont les feuilles lique de Terre-Sainte; elle est parfaite, elle ailées sont portées par des pédicules branchus, est singulière, elle cst exquise, et ce qui m'en sur une tige de trois à quatre pieds. On dit cette plait par-dessus tout, c'est que son bon goût plante originaire de Syrie, et quoi qu'il en soit, ne rappellerien dont on se souvienne et qu'il la meilleure angélique est aujourd'hui celle qui ne ressemble à aucun autre goût que le sien. nous vient de Niort, où l'on a pieusement gardé Vous n'ave: nul besoin de moi pour marier les traditions et les formules employées par les votre fille ; et pour lui avoir de l'angélique Religieuses de la Visitation Sainte-Marie, pour sucrée, vous êtes le filleul et le neveu de ma la confection de cette excellente conserve. A Niort Bienheureuse grand' mère, ainsi vous n'au- et non pas ailleurs, on la fait confire au sec avec rez pas besoin de mon crédit auprès de nos loutes ses branches intérieures en un seul bloc, et Sæurs de Niort. ANG ( 50 ) ANG ANGELOT. Sorte de fromage du Perche et, après avoir épicé ladite sauce avec du poivre du Vexin normand (V. FROMAGE). blanc, de la fleur de muscade et de la corian- dre. (Nous avons suivi textuellement l'ancienne ANGUILLE. On distingue entre les anguil- formule, où l'on peut remplacer les deux vins in- les, celles de rivière, qui sont toujours les meil- diqués par celui de Madère.) Ce copieux et beau leures et les plus recherchées, à ce qu'elles ont le plat est quelquefois très-commode à la campagne dos brun mêlé de bleu, et le ventre d'un blanc ar- et les jours maigres, quand on n'est pas à portée genté, vif et pur, tandis que les anguilles d'étang, de de la mer et qu'on est bien aise de varier ses rele- mare ou de fossés, sont toujours d'une couleur jau-vés de gros poissons. C'était toujours un des quatre nâtre et terreuse. Il arrive souvent que celles-ci sen- maîtres-plats qu'on servait devant la Reine mère tent la vase, inconvénient auquel il est aisé de remé-Anne d'Autriche), à ses diners de chaque samedi. dier en ayant soin de ne les acheter que vivantes, c'était régulièrement et ne varietur, suivant et les faisant dégorger pendant trois jours et trois l'usage du temps et celui de la cour, où les mai- nuits dans un vivier d'eau courante, ou simple- tres-d’hôtel ne pouvaient choisir ad libitum ment dans un baquet rempli d'eau de source où que les plats festonnés ct les comestibles de on leur jeltera quelques morceaux de pain d'orge primeur ou de saison pendant leur quartier de imbibé de gros vin rouge et de sel fondu. On peut service. en faire autant pour les carpes et surtout pour les Le Cuisinier impérial et national, le Cuisi- tanches, et quelque douteuse que soit leur origine, nier prétendu royal, et je ne sais combien d'autres on peut être certain qu'elles ne conserveront jamais Cuisiniers qui se sont copiés mot pour mot, se sont aucun goût vaseux, quand on aura pris cette pré-accordés pour nous dire, au sujet de l'anguille caution. à la broche, qu'elle doit être roulée comme un La chair de l'anguille est lendre, nourrissante cerceau, et servie sur une sauce à volonté. et un peu visqueuse; mais en la faisant mariner à Nous n'accordons pas que cette recette soit la vé- l'eau salée et vinaigrée pendant deux jours, elle ritable. devient plus facile à digérer. Pour dépouiller une Anguille à la marinière (V. MATELOTE). anguille, on l'écorche communément; mais il vaut beaucoup mieux la soumettre à un brasier de char Anguille en matelote-vierge (V. ce mot). bons sur lequel on la retourne, afin qu'elle y grille Anguille à la Tartare. - Après avoir dé- également. Lorsque la peau se crispe, se boursou- pouillé une anguille, faites roussir dans une casse- ne et commence à se détacher, on fait couler cette role des carottes et des ognons coupés en dés, peau grillée en la tirant de la tête à la queue avec ajoutez un bouquet garni; saupoudrez de farine, un torchon. Cette opération lui fait perdre son et mouillez avec du vin blanc; au bout d'une demi- huile épidermatique, et c'est également avantageux heure, passez la sauce au tamis de soie; mettez-y sous le double rapport gastronomique et sanitaire. cuire l'anguille que vous aurez roulée en spirale. Accolade d'anguille à la broche. - Pour Après la cuisson, laissez refroidir, prenez ensuite en faire un beau plat de relevé, il faut avoir deux avec de la mie de pain, trempez dans des eufs fortes anguilles d'égale grosseur, à qui l'on cou- battus et panez de nouveau ; failes griller à un feu pera la tête et le bout de la queue. On les ficellera l'anguille et la servez pour entrée sur un plat rond, doux et sous un four de campagne. Enfin dressez sur un attelet de fer, dos à dos, en contrariant leur accolade, c'est-à-dire en mettant les deux plus avec une rémoulade, ou au beurre d'anchois (V. SAUCE). gros bouts en opposition l'un à l'autre, afin que le volume en soit égal aux deux extrémités. Ensuite, pouillé une anguille et l'avoir coupée par tronçons, Anguille à la minute. — Après avoir dé- jus de racine mêlé d'un setier de vin d’Espagne d'heure ou dix minutes, suivant sa grosseur; dres- faites-la cuire à l'eau de sel pendant un quart et on les fera cuire au four pendant une demi- heure. Au bout de ce temps on doit les retirer sez-la sur le plat et servez avec une 'naître-d’hô– pour les paner et les mettre à la broche, bien tel chaude, aiguisée avec du verjus ou du citron ; entourez le plat d'un cordon de pommes de terre attachées et toujours réunies sur leur attelet, en ayant soin de les envelopper d'un fort papier bouillies ou frites; et servez pour entrée chaude, à déjeuner. beurré. Vingt minules suffisent pour en achever la cuisson. On servira celte accolade rôtie, sur Anguille à la Suffren. - Dépouillez une un grand plat ovale et sur une sauce composée belle anguille, et piquez -la avec des filets d'anchois de jus des quatre racines réduit en glace, avec un et de cornichon ; roulez-la en cercle au moyen quart de vin de Pacaret sec ou de vieux Xérès, d'une ficelle enduite de beurre; mettez-la ensuite ANG ( 31 ) ANI sur un säutoir avec une marinade cuite, et puis | rieur d'une terrine avec du beurre frais ; arrangez sous le four de campagne. Après sa cuisson dres ensuite les morceaux de poisson ; mettez au milieu sez-la sur le plat et la masquez d'une sauce aux un fort bouquet garni, et joignez-y deux verres de tomates où vous ajouterez du piment de Cayenne. vin de Madère avec un quarteron du meilleur beurre. Couvrez la terrine avec son couvercle, et Anguille à l' Anglaise.—Coupez des tronçons lutez-le au pourtour avec de la pâte : faites cuire d'anguille et faites-les mariner pendant vingt-qua- tre heures avec du vinaigre assaisonné de sel, poi- à point, découvrez la terrine, ôtez le bouquet, et au four tiède et à petit feu. Quand le poisson est cuit vre et zestes de citron. Faites ensuite égoutter entre servez chaudement en faisant circuler autour de la deux linges; roulez dans une pâte et failes frire table. Cette entrée ne saurait être admise à siéger d'une belle couleur, dressez-la sur le plat avec une sur une table élégante à cause de la rusticité de sauce aiguisée de jus de citron, dans laquelle vous son enveloppe, mais c'est néanmoins un des meil- ajouterez de l'essence d'anchois. leurs plats de la haute cuisine. Il est de bon goût Nous pensons en France qu'il vaut mieux fari- de ne rien changer à cette ancienne habitude, et sa ner l'anguille que de la tremper dans une pâte à of place est toujours sur le buffet avec les morceaux frire : cette pâte retient une grande quantité du froids, les pièces entamées et les hors-d'oeuvre corps gras dans lequel la friture s'opère. Or, les d'en-cas. corps gras qui ont éprouvé l'action d'une forte cha- leur et celle de la friture dépasse 200 degrés), fection de cet excelleut plat, nos deux articles PA- Påté d'anguille.-(V. sur l'origine et la con- sont dans un état particulier de décomposition qui les rend fort indigestes, et les estomacs robustes TÉS MAIGRES et PATÉS FROIDS.) peuvent à peine les supporter. Lorsque la pâte à On pouvait augmenter indéfiniment cet article frire contient du blanc d'æuf, comme elle se con en rapportant toutes les manières dont on peut user dense à la première impression de chaleur, elle se pour accommoder l'anguille ; mais nous avons agi pénètre moins de friture; et, si l'on y ajoute un par expérience et de conscience. On n'a pas la peu d'eau-de-vie, elle en devient plus digestible. moindre chose à regretter dans ce que nous avons omis à bon escient. Anguille aux moutons de laitues romai- nes. - Coupez l'anguille en tronçons, et faites-la ANIMELLES. On appelle ainsi les signes ap- cuire comme si vous vouliez la mettre en fricassée parents de la virilité du bélier. C'est un aliment de poulets (V. FRICASSÉE DE POULETS). Quand d'une saveur assez prononcée, mais douce et fran- elle est presque cuite, vous avez des montants de che. On voit dans les dispensaires du temps de laitues romaines bien épluchés, et cuits dans une Louis XV les animelles étaient alors une frian- que eau blanche avec un peu de sel et du beurre; met- dise recherchée, et qu'on les payait un prix exces- tez-les égoutter, et faites-leur prendre goût avec sif. On leur attribue toutes sortes de vertus dia- l'anguille. Vous y mettrez ensuite une liaison de phoréliques au plus haut degré; mais, quoi qu'il trois jaunes d'eufs délayés avec le jus d'un citron. en soit, c'est toujours un comestible esculant et Faites lier sur le feu, et servez avec une bordure restaurant. On en fait encore un fréquent usage de croûtons frits. et le plus grand cas dans la cuisine espagnole, où la meilleure manière de les préparer est en friture Anguille au soleil. - Après avoir dépecé avec une sauce au jus de citron, à la menthe saú- ane anguille, faites-la cuire dans une marinade, vage et au piment. Il faut préliminairement avoir eu laissez-la refroidir et bien égoutter; trempez-la soin de partager en six morceaux chacune de ces ensuite dans des œufs battus et assaisonnés de sel animelles, et les avoir fait mariner pendant une et de poivre; roulez-la dans de la mie de pain, et heure ou deux avec du citron, du sel et du poivre mettez-la dans de la friture bien chaude ; quand long. On n'en trouve pas toujours chez les bou- elle est d'une belle couleur dorée, dressez-la sur chers de Paris, parce qu'il y a dans cette ville le plat sur une ravigote verte avec des olives far- un établissement industriel qui les absorbe; cies pour entourage. mais les personnes à qui l'on en conseillerait Soupe aux anguillettes à la hollandaise l'usage, ou qui auraient la fantaisie d'en manger, (V. POTAGES et SOUPES). pourraient en envoyer prendre à ce même éta- blissement, c'est-à-dire au restaurant espa- Terrine d'anguille à l'ancienne. - Cou- pez en tronçons égaux une forte anguille et deux Champs, n. 35, où l'on trouvera toujours, à gnot du sieur Lauer, rue Neuve-des-Petits- belles perches : ajoutez-y quelques laitanes de l'heure du dîner, des animelles fraîches et soi- carpe, et, si vous pouvez, des foies de lotte. As- gneusement apprêtées. saisonnez avec poivre et sel, épices fines, et tran- ches de belles truffes bien noires. Frottez l'inté ANIS, plante aromatique et branchue, de la ANN ( 52 ) ANN famille naturelle des ombellifères. On ne cultivement toute espèce de gibier et de volailles : les l'anis que pour en avoir la semence, et la Touraine alouettes, les bécasses, les bartavelles, le meilleur est le pays du monde où l'on en cultive le plus; bæuf, les canards domestiques et sauvages, le ce qui n'empêche pas que la graine d'anis qui nous chevreuil, le coq de bruyère, les faisans, la gé- arrive de Malte et d'Andalousie ne soit très-supé- linotte, le lièvre, le mouton des Ardennes et de rieure à celle de Touraine. On en fait des dra Pré-Salé, l'outarde, l'oie grasse et l'oie sauvage, gées qui n'ont rien de fort agréable , ſussent-elles les perdrix de toute espèce, le pluvier doré, les fabriquées à Verdun, ville de France où l'on en rouges-gorges, le sanglier de compagnie et le daim débite le plus. Voyez sur l'emploi culinaire de la de l'année, la sarcelle, le vanneau, et enfin l'excel- semence d'anis les prescriptions qui la concer lent veau de Pontoise ou de Rivière. nent, avec leurs doses appropriées. Parmi les poissons, le cabillaud, les crevettes et les éperlans, l'esturgeon, le thon frais, les huîtres, ANISETTE , liqueur distillée de la graine les limandes et les merlans, l'ombre-chevalier , d'anis (V. LIQUEURS.) L'anisette d’Amsterdam le saumon, la truite et le turbot tiennent le rang est incomparablement supérieure à celle de Bor- le plus distingué. deaux, et c'est la seule qui puisse paraître à la Dès les premiers jours de ce mois, les oran- suite. du café dans une maison confortable. En ges de Portugal commencent à se montrer à mêlant la huitième partie d'un cruchon d’anisette Paris. On les fait confire en entier ou par d'Amsterdam avec une pinte de bonne double quartiers; on en fait des pâtes, des conserves ou crème fraîche et sucrée, on en fait une espèce de de la marmelade, et l'on en confit les zestes. Les Salibub infiniment délicat et distingué. L'ani- citrons, cédrats et poncires se confisent de la sette de Bordeaux ne s'emploie dans les bonnes même manière. Mais on a principalement l'obli- maisons que pour confectionner des gelées d'en- gation de s'occuper pendant cette saison des di- tremets et de petits souſflés en caisse. vers ouvrages en sucre et autres préparations qui doivent servir pour le reste de l'année. Telles sont ANNUAIRE OU CALENDRIER différentes conserves d'amandes, de biscuits , de GASTRONOMIQUE. massepains, de meringues et de pastilles; le cara- TRIMESTRE D'HIVER. L'abondance de l'au mel, les sultanes, les mousses, les candis, etc. lomne se prolonge pendant toute la durée de l'hi-Il faut faire de fréquentes visites à la fruiterie; ver. La température de la saison permet de con et si quelque fruit commence à se gâter, le sépa- server les viandes, les volailles et le gibier, el rer des autres fruits avec une sollicitude attentive. d'attendre que chaque pièce ait acquis le degré de FÉVRIER. Ainsi que dans le mois précédent, on tendreté convenable. Le gibier et la volaille peuvent trouve abondamment toutes les meilleures viandes être expédiés des contrées les plus éloignées, ce de boucherie. Les marchands de comestibles et qui contribue à entretenir l'abondance dans les les étalages des marchés sont également bien four- lieux de grande consommation. nis en gibier et volaille de toute espèce; la halle Le poisson de mer arrive plus frais que pen- commence à se couvrir de verdures hâtives, telles dant les autres saisons; et, comme on peut l'ap- que les petites laitues, les radis, les raves, et même porter de plus loin, il est plus abondant et de des asperges nouvelles, surtout si le froid n’a qualités ou d'espèces plus rares; car on peut en pas été rigoureux; on y trouve enfin les légumes recevoir aisément des lacs de Suisse et de la Mé- conservés en cave, comme les cardons, les cham- diterranée, tout aussi bien que de la mer de Zé-pignons, le céleri, les choux-fleurs, beaucoup de lande et des bords du Rhin. salades de toute espèce et toujours des truffes. Les pois, les artichauts, quelques salades ont La marée, qui arrive fraîche et en abondance, disparu, mais on trouve abondamment des choux- fournit des cabillauds, des crevettes, des éper- fleurs, des cardons, du céleri, des navets, des lans, des esturgeons, des huîtres blanches et ver- scorsonères, des pommes de terre, des betteraves, tes, des limandes, des merlans, de la raie, du et autres racines, des scaroles, des chicorées, des saumon, de la truite et des turbots. mâches, de menues herbes, des champignons, Quant au poisson d'eau douce, excepté la carpe, des épinards , et des asperges de couche. Les huîtres et les truffes ont toute leur perfec- qui n'est pas aussi bonne ni aussi recherchée qu'au mois précédent, parce qu'elle fraie, tout lion pendant l'hiver, dont les truffes surtout ne le reste du poisson de rivière se trouve avec la dépassent pas de beaucoup la durée. même abondance. JANVIER. Dans ce mois, où il existe plusieurs Les substances exotiques qu'on renouvelle cha- motifs pour se réunir à table, on trouve alsondam- | que année, comme les jujubes, les dattes, les sé- ANN ( 53 ) ANN bestes, les raisins, les figues, arrivent à Paris jus- | dance que vers la fin de la même saison : jusque-là qu'en avril ; et le mois de février impose au on est réduit aux racines, aux légumes secs et à maître-d’hôtel ou à l'aide-officier le même genre ceux de serre chaude. de travail que le mois précédent. Les truffes cessent d'être transportables aussitôt MARS. Presque tous les comestibles, ainsi que que la chaleur devient plus forte. Peu de fruits d'hiver parviennent jusqu'au prin la viande de boucherie, le gibier et la volaille deviennent moins abondants. Celte rareté tient à temps, et ceux qui ont pris la peine de les con- server les consommenl. la saison qui doit empêcher les arrivages; d'au- tres l'attribuent aux jours d'abstinence qui en Les fraises sont le premier fruit nouveau de arrêtent le débit; mais aussi que d'anguilles, de l'année; ensuite viennent les cerises hâtives et les barbeaux et de barbillons! combien de barbues, groseilles. Les premiers melons paraissent en juin, mais seulement dans les contrées où la rigueur du de brêmes, de brochets, de carrelets ! Les carpes de climat oblige à aider la nature : car, dans les toute grosseur, accompagnées de belles écrevisses, sont étalées toutes vivantes; les goujons, les ho- pays où le cultivateur se repose sur elle , ils ne mards, la lotte, la perche, les soles et les vives mûrissent que beaucoup plus tard. achèvent de garnir les marchés au poisson avec AVRIL. Sans parler de la foire aux jambons une profusion remarquable. qui dure trois jours, et qui en trois heures se Pour les légumes frais, si la saison ne permet trouve installée sur deux rangs de voitures toutes pas de conserver ceux de l'année précédente, on remplies de toutes sortes de porcheries fumées ou peut avoir recours à tous ceux qui sont cultivés non fumées, les boutiques de tous les marchands en serres chaudes, et c'est un luxe assez bien placé. sont mieux fournies que jamais en provisions Quant aux fruits, on ne peut les étaler qu'après culinaires ; toutes les halles et la Vallée rivalisent entre elles par le nombre des agneaux, chapons, avoir pris toutes les précautions que nécessite la cochons de lait, faisans, lapereaux et lièvres; par meilleure manière de les conserver; c'est même l'instant où ils procurent le plus de jouissance à des pigeons nouveaux, par des poulardes et pou- l'æil comme au palais; on les associe aux oranges, lets gras; enfin par l'affluence des mauviettes, ainsi que des vanneaux et des pluviers. aux cédrats et aux grenades, qui nous arrivent à profusion des provinces méridionales, et princi- A tout le poisson de mer, encore aussi frais que palement de la Provence. dans le mois précédent, il faut ajouter l'alose et le On se procure à la même époque la sept-cuil de maquereau. L'augmentation visible de tous les Normandie, qu'on sert en hors-d'cuvre, et qu'on produits du jardinage vient encore ajouter au luxe des provisions gastronomiques. expédie de Rouen toute apprêtée (V. LAMPROIE). Quand on a fait élever des paonneaux, c'est la Lorsque l'hiver a été doux, on a ordinairement, saison d'en profiter; car les marchés de Paris n'en vers la fin de ce mois, les violettes cultivées avec fournissent jamais. lesquelles on fait de la marmelade, de la conserve, Quand on est en possession d'un domaine et les sirops de provision ; mais il faut quelquefois étendu qui contient de vastes prairies, ou lors- attendre le mois suivant . On peut se procurer qu’on a des relations avec la Hollande ou les pro- certaines racines alimentaires, si elles ont poussé vinces flamandes, c'est le moment de songer à quelques feuilles qui les indiquent. Ce mois offre procurer des æufs de vanneau, ou tout au moins surtout les substances suivantes : fleurs de vio- lette; racines de fraisier, de guimauve, de des cufs de pluvier, qui se vendent exorbitam- persil, de pivoine; valériane major. ment cher à Paris, et qui ne reviennent jamais, en les tirant directement des Pays-Bas, à plus de On peut commencer, pendant le mois de mars, six francs la douzaine (V. VANNEAU). à faire une certaine quantité de sirop de guimauve, et quelques compositions béchiques où entre cette MAI. Pendant ce mois, la quantité et la qualité racine. de toutes les viandes de boucherie se soutiennent; Le printemps est la saison de l'année où l'on est mais la volaille est beaucoup moins bonne, et sur- le plus embarrassé pour garnir les tables. Le gi- tout moins abondante; les perdrix sont rares, bier manque, et la bonne volaille commence à de- c'est le moment de leur ponte; mais on rencontre venir rare. beaucoup de pigeons, quelques bécasses et des Le poisson de mer est encore abondant; c'est râles de genêt. la principale ressource de la saison. Les poissons de mer sont toujours aussi frais En légumes, on a les asperges, les pois et les qu'abondants, et le nombre s'en trouve encore íèves de primeur, les radis, les laitues, etc.; mais augmenté par les aloses et les maquereaux. la plupart de ces végétaux ne donnent en abon Tous les verduriers étalent, ainsi que les mar- se 2 ANN ( 34 ) ANN chands de la balle, avec une profusion marquée, les usuelles ainsi que les fleurs de toute espèce; les conconıbres, les lailucs et les petits pois , ainsi elles doivent être récoltées de préférence au mois que des laitues romaines et des radis , accom- de juin, afin de pouvoir être employées vertes ou pagnés déjà de quelques fraises printanières, pour être séchées à l'ombre. On a principalement avec lesquelles on garnit très-élégamment certains les substances qui suivent et qui ne sont pas entremets sucrés, tels que les gelées d'orang? et moins précieuses à la cuisine et à l'office qu'à la les charlottes de crème à la Russe. Le mois de pharmacie du château : absinthe major, mi- mai nous offre également les productions ci-des- nor, amandes vertes, fleurs de sureau , sous, qui entrent dans plusieurs compositions du eupatoire, fleurs de camomille, de fume- confiseur aide - officier : abricots verts, cha- terre, de pâquerettes, de pensées, de prime- tons de noyer, fleurs de muquet, d'ortie vères et roses de Provins. blanche, de jonquilles simples et doubles ; Les amandes vertes arrivent dans cette saison, groseilles vertes. C'est seulement à la fin de ce et nous avons indiqué tout ce qu'on peut en faire. mois qu'on a la groseille verte, dont on fait des Les fraises paraissent quelquefois avec assez d'a- compotes; on en confit également au liquide en bondance à la fin de ce mois. façon de verjus, et les abricots verts viennent en- viron dans le même temps. JUILLET. Tous les étalages de comestibles sont copieusement approvisionnés. C'est aussi la pre- JUIN. Dans cette saison, le bæuf et le veau mière époque où les cailles, les tourtereaux sau- donnent les meilleures viandes de boucherie; mais vages, les dindonneaux , les lapreaux, les levreaux la rapidité avec laquelle elles s'altèrent pendant les et les jeunes poulets commencent à se montrer. grandes chaleurs, et surtout par l'effet des orages, Dans les poissons de mer, les limandes, les ma- empêche souvent de leur laisser éprouver le degré quereaux, les moules, la raie, le saumon et les soles de mortification nécessaire pour les attendrir. Le sont encore plus abondants que de coutume. On a mouton, mal nourri pendant l'été, a peu de saveur. pour légumes, les artichauts, les concombres, les Mais à la Vallée, comme dans tous les autres mar- haricots nouveaux de plusieurs espèces et les petits chés, les chapons, les coqs vierges, les dindon- pois. neaux, les pigeons, les poulardes garnissent abon- Dans les fruits, les abricots de primeur, les cer- damment l'étalage. Le menu gibier est rare, les neaux et tous les fruits rouges, ainsi que les melons chasses n'étant pas ouvertes. et les prunes. Le poisson de mer arrive toujours ; cependant On recueille à la mi-juillet les fleurs de gui- il est rare qu'il soit dans un état de fraîcheur sa- mauve; on fait aussi l'eau des trois noix et l'eau tisfaisant : le poisson d'eau douce ne le remplace vulnéraire. On récolte, pendant toute la durée de qu'en partie. ce beau mois, les fleurs et feuilles de mélisse, Les petits artichauts, les choux-fleurs, les con- de menthe poivrée, de rossotis et de sauge, combres, les fèves de marais et les petits pois les fleurs de julienne, de lavande, d'aillets augmentent le nombre des légumes frais; les rouges, d'oranger, de roses muscates, de tit- fruits rouges et quelques melons de primeur sont leul et de thym. On a pour fruits à confire : les déjà assez nombreux pour fournir aux exigences cerises, les fraises , les framboises, les gro- du service en hors-d'æuvre. seilles à grappes et le cassis. C'est surtout par l'abondance et la variété des Les fleurs de l'oranger donnent alors dans leur fruits que l'été se distingue; les desserts peuvent plus grande abondance, et peuvent se confire au li- offrir à la fois des fraises, des cerises, des abri- quide ; mais on fera beaucoup mieux de ne les ein- cots, des prunes, des groseilles, des framboises, ployer qu'à des opérations qui sont du ressort de des pêches, des figues, et plusieurs espèces de l'étuve ou de l'alambic. On a remarqué que la fleur poires. A cette longue liste on peut encore ajou-d'orange pralinée et l'eau distillée de fleur d'orange, ter, vers la fin de la saison, diverses variétés de qui sont confectionnées pendant le mois de juillet, raisins, qui, dans les bonnes expositions, ont ac en acquièrent une grande supériorité de parfum. quis une maturité complète. Les premières cerises doivent se mettre en com- Le melon, ce premier des hors-d'auvres, n'est pote; et à mesure qu'elles deviennent plus char- dans toute sa perfection que pendant l'élé. nues, plus mûres, et que les meilleures espèces pa- La végétation est alors la plus active et la plus raissent, on en confit à oreilles, en bouquets et abondante. On doit cesser toute récolle de raci- de plusieurs autres façons. On en fait aussi des nes, car elles seraient de mauvaise qualité, påles et de la marmelade. On les confit ensuite au les plantes étant trop avancées dans la germina- liquide, afin de les garder en provision. On fait éga- tion; mais c'est le moment de récolter les feuil- I lement avec les cerises des sirops de conserve et des 1 ANN ( 35 ) ANN ratafias d'office, ainsi qu'on le verra plus loin. boucherie sont plus savoureuses que pendant Les framboises se confisent également au sec et l'été, parce qu'elles proviennent d'animaux mieux au liquide. On en fait des dragées, des liqueurs, nourris, et que la température permet de leur des sirops et des eaux distillées. Dans la primeur laisser éprouver, sans crainte qu'il soit dépassé, le des groseilles en grappes, on les confit en les épé- degré de mortification qui les rend plus diges- pinant à la manière de Bar, et ce n'est qu'à la fin tibles. de ce mois qu'on en fait des gelées de conserve Les volailles ont acquis toute leur perfection : (V. GROSEILLE). leur chair est plus faite et plus alimentaire que AOUT. Il faut ajouter au gibier du mois précé- dans la saison précédente. dent : les cailles, les marcassins et les perdreaux ; moins la caille, et de plus les bécasses et bécas- On a, dans l'automne, tous les gibiers de l'été, et dans une autre catégorie d'aliments, on a le co- chon de lait, tous les légumes, à l'exception dessines, les pluviers, les sarcelles et les rouge-gorge. Le poisson de mer qui, pendant la saison chaude, pommes de terre; les amandes nouvelles, les me- fous de toute espèce, les pêches fondantes et les mence à arriver dans l'état de fraîcheur qui est in- ne pouvait être transporté sans altération, recom- mûres hâtives. La végétation d'un grand nombre de plantes dispensable pour en faire un aliment agréable et sain. usuelles est déjà sur son déclin; les feuilles en sont Sauf les petits pois et les fèves, l'automne four- moins vivaces et moins odorantes. Elles commen- cent à laisser voir les capsules dont il faudra récol- nit tous les légumes du printemps et de l'été, et il ter les graines à la fin du mois. Les plantes aro- offre de plus le céleri, la truffe, le navet, la bel- matiques achèvent de pousser leurs dernières terave, les scorsonères, etc. fleurs; et ce sont à peu près les seules qu'on puisse tembre, quelques melons tardifs, ainsi que les En fruits, on a encore, pendant le mois de sep- recueillir, si l'on n'a pu s'en acquitter dans le tembre, quelques melons tardifs, ainsi que les mois précédent. On peut se procurer , sur la fin dernières pêches, les cerises du nord et quelques espèces de prunes. d'août, de petites noix vertes, pour achever l'eau des trois-noix, et l'on emploiera pour la provision pensée par les raisins de toute espèce, les figues, L'absence des fruits d'été est amplement com- du reste de l'année les substances qui suivent : abricots, cassis, cerises noires, framboises, les poires de beurré, les doyennés, les rousselets, mûres, noix vertes, semences de pavots et quelques espèces de pommes qui se distinguent par leur chair fine et cassante, aussi bien que par noirs, tétes de pavots blancs. Les fruits de juillet continuent de paraître pen- et les reinettes d'Angleterre et de Canada. l'énorinité de leur volume, telles que les calvilles, dant la plus grande partie de ce mois-ci, et l'on C'est aussi dans cette saison que les laitages peut continuer à en confire de plusieurs manières. sont les plus abondants et ont le plus de qualité, C'est le vrai temps pour opérer la confiture de ce- parce que les animaux qui les produisent ont une rises liquide, pour la gelée de groseilles et la mar- nourriture plus substantielle, et qu'ils sont, sous melade de framboises. On confit encore au mois d'août les noix blanches pour les garder au liquide, tous les rapports, en un meilleur état que dans la saison précédente. ou pour les tirer au sec. Le mois de septembre est donc le plus favo- Peu de temps après, on a les abricots à leur risé de l'année ; car on n'a rien à désirer pour maturité. Il est inutile de dire qu'on en fait des compotes, et qu'on en conſit en abondance. C'est boucherie, et l'on a tous les autres comestibles la succulence et la parfaite bonté des viandes de à la fin d'août que les premières poires commen- cent à paraître. en qualité supérieure et à profusion : Bécassines, C'est l'époque où l'on doit songer à faire sa pro- cailles, grives, lapereaux de garenne et levreaux, vision d'@ufs . « Ils sont à meilleur marché, vu leur perdreaux rouges et gris, albrans et canetons, cha- - abondance; et comme ils sont de qualité meil- pons, poulardes et poulets gras, anchois nouveaux, » Jeure, ils se conservent sans prendre aucun mau- mards , huîtres et nierlans, sardines fraiches ; en- carrelets, crevettes, éperlans, esturgeons, ho- » Fais goût, dit Olivier de Serre. » Les personnes instruites et ménagères ont toujours soin de s'en fin, les saumons et les turbots ajoutent encore à approvisionner entre les deux Notre-Dame, nos provisions culinaires, et c'est la saison où il (c'est-à-dire, entre le 15 août, fête de l'Assomp- peut nous arriver des tortues de Corse ou d'Amé- tion de la Sainte Vierge, et le 8 septembre, fete rique. Quant aux végétaux, on a les artichauts, de sa nativité.) les cardons, le céleri, les avelines, les brugnons, les figues, les marrons, les noix fraîches, les pê- SEPTEMBRE. L'automne est une saison d'abon-ches et les prunes tardives, les meilleures poires, dance. A cette époque de l'année les viandes de les pommes latives et les raisins précoccs. 3. ANN • ( 56 ) ANN Les prunes et les raisins de primeur ne doivent sure que leurs tiges se fanent. Toutes celles que être servis que dépouillés et glacés avec le blanc nous avons indiquées aux mois de février, mars d'œuf et du sucre en poudre. et avril, peuvent être recueillies dans le mois d'oc- Dans le courant du mois de septembre, on con- tobre avec le même avantage. fira les prunes de perdrigon, de mirabelle, Ce mois n'offre plus à récolter que des fruits de l'île-verte et autres, afin de les conserver pour à pépins, des légumes et des racines de végétaux la table du maître et pour les travaux de cuisine pharmaceutiques : épine-vinette, pêches , poi- ou d'office. On agira de même à l'égard des poires res, pommes, gros verjus, giromons, poti- de la saison, et l'on confira particulièrement celles rons, citrouilles, racines d'angélique, d'iris de rousselet et de blanquette. On peut voir à l'ar- et de réglisse. ticle des fruits confits quelles sont les autres es On fait d'excellentes compotes et de la marme- pèces de poires les mieux appropriées à ces prépa-lade avec les pommes de reinette blanche, ainsi rations ; et nous parlerons également des prunes de qu'avec les poires pouvelles, et particulièrement reine-claude avec tous les développements néces avec celles de bon - chrétien, de bergamote et de saires. Les figues se confisent au liquide, ou se ti- rousselet. Les pêches de vigne reçoivent aussi les rent au demi-sec; et c'est encore dans le mois de mêmes préparations. Le gros verjus et le raisin septembre qu'on doit faire sa provision de sirop muscat se confisent au liquide, et l'on en fait aussi de mûres : on pourrait aussi confire ce fruit, mais des compotes et de la gelée fort agréables. on n'en retirerait ni agrément, ni compliment; et L'épine-vinette, qui mûrit alors, se confit au li- nous conseillons de s'en tenir au sirop de ce fruit, quide , ou se tire au sec; il est assez connu qu'on pour la pharmacie du château. en fait de la conserve, de la marmelade et des dra- C'est à cette heureuse époque de l'année qu'on gées. reçoit le nougat blancde Marseille, ainsi que les petits Les semences de citrouilles s'emploient dans la citrons (chinois) confits en Provence, et bien pré- confection de l'orgeat aux quatre semences férables à ceux des Antilles, attendu que ces der- froides (V. ORGEAT). niers sont toujours cuits avec une telle profusion Les aufs de faisan qui viennent à l'automne ne de sucre et si peu de précautions, qu'ils ne conser- doivent pas être destinés à la couvée, parce que les vent plus aucune saveur aromatique, et que le pa- faisandeaux ne résisteraient pas à la rigueur de renchyme en est réduit au plus misérable état de l'hiver. On emploiera ces æufs avec distinction dureté. pour en faire des omelettes soufflées à la purée de OCTOBRE. A la nomenclature des meilleures gibier, pour les pocher sur une crème d'amande viandes de boucherie il faut encore ajouter, pour salée, pour les brouiller aux truffes, et pour les faire ce mois, le porc frais d'une qualité supérieure et cuire au plus dur et les mettre à la tripe, en tim- l'excellent mouton de Pré-Salé. La liste des volailles bales; ou bien enfin, pour en garnir des plats est composée des canelons, chapons, dindons, pi- d'entrées, ou des salades de la saison. geonneaux, poulardes et poulets de toutes sortes. Le NOVEMBRE. On trouve dans ce mois, 1° toutes gibier s'augmente également en nombre et en qua- les viandes ordinaires de la boucherie ; 2° en gibier, lité par l'apparition des bécasses du Nord, des bec- les canardeaux et les canards sauvages, les lapins figues, des cailles, des faisans, des lapereaux, des de garenne, les lièvres, les mauviettes, les per- levreaux, des mauviettes, des perdreaux, des pou- dreaux, les rouges de rivière, les faisandeaux, les les d'eau, des sarcelles, des rouge-gorge et des outardes. La marée fraîche éblouit de splendeur; les canards et les canelons, les chapons, les dindons tourtereaux et les jeunes ramiers; 3º en volailles, enfin, dans le poisson d'eau douce, l'anguille, le et les oies grasses, les pintades et les paonneaux, brochet , la carpe et les écrevisses abondent; et les pigeons, poulardes et poulets ; 4. dans le pois- tous ces éléments nutritifs ont acquis une excellence son de mer, on devra remarquer l'esturgeon, le ha- remarquable. Dans la multitude des légumes reng frais, les huîtres blanches et vertes, les frais, on distingue l'artichaut, le céleri, les con- limandes, maquereaux, merlans et moules, le sur- combres, les épinards et les pois d'automne. mulet, la lotte, le bar, la raie, le rouget et la vive; Les principaux fruits de la saison consistent en 5° parmi les légumes, on peut faire son choix dans muscats tardifs, en figues vertes et en raisins de les artichauts, les cardons, le céleri, la chicorée, vigne, accompagnés des poires et des pommes du les épinards, les laitues, les aubergines, les cham- meilleur choix. pignons de couche et les truffes de primeur; 6º ce Comme la campagne se dépouille des végétaux mois nous fournit abondamment les oranges nou- apparents, c'est le moment où il convient de fouil- velles et les fruits à pépins de toutes espèces, les ler la terre pour y récolter certaines racines, à me- | raisins tardifs et les figues de la seconde saison, les APO ( 37 ) APP noix, les noisettes, et les marrons du Luc; c'est le électuaires et les émulsions, ainsi que les remèdes temps de s'occuper à la fabrication des farines d'un autre genre. L'apozème dépuratif et ra- de châtaignes et de la fécule de pommes de fraichissant est ordinairement composé de bour- terre. rache et de buglose, ou bien de cresson de fon- C'est pendant ce mois que le safran du Gâtinais, taine en quantité moindre. L'apozème dépuratif le meilleur de tous, et les grenades de Provence et tonique est souvent basé sur une décoction de arrivent à Paris. Les coings, qui se mangent rare- salsepareille, de bardane ou d'une autre plante ment crus, servent à faire de bonnes compotes, analogue. Le styptique, le diurétique, le pur- ainsi qu'une gelée appelée cotignac; on en fait gatif et le fébrifuge ne sauraient être exécutés aussi un sirop très-utile et très-parfumé, dont que d'après les ordonnances et les prescriptions nous n'omettrons pas de donner la recette. C'est doctorales ; et l'on doit toujours agir ainsi pour les aussi vers la fin de ce mois qu'on doit chercher médicaments internes et composés. Cependant il à s'approvisionner de deux productions étrangères y a des cas où l'on peut sans inconvénient fabri- qui nous fournissent d'excellents hors-d'æuvres : quer et administrer certains remèdes connus, tels c'est à savoir, le kaviar de Russie et le saumon que des lotions, des gargarismes et des injections, fumé de Danemarck (V. ces deux articles). par exemple; mais encore est-il indispensable d'en bien connaître les véritables éléments, de savoir DÉCEMBRE. On n'est privé d'aucune ressource par quelles autres substances ces éléments peuvent en fait de viandes de boucherie et de charcuterie être remplacés, à défaut des premiers, enfin d'en fraîche. — Parmi les volailles, on peut faire un savoir exactement les coses, et de pouvoir appli- choix entre les chapons, les dindons, les gros pi- quer avec précision les procédés nécessaires à leur geons et les plus beaux poulets. Dans le gibier, on préparation méthodique (V. PHARMACIE DOMES- peut trouver des faisans, des lapereaux et des le- TIQUE). vreaux de belle taille, ainsi que des mauviettes, des perdrix de toutes couleurs, des pigeons ramiers, APPÉTIT. Il est assez connu que le peuple des pluviers dorés et des vanneaux, des poules de de Paris et les maraîchers de la banlieue donnent bruyère, des gelinottes et des outardes. La venai- le nom d'appétits à la tige verte de la ciboule et son fournit assez fréquemment du sanglier, du che- de l'ognon nain, qui font toujours le principal vreuil, du daim, et quelquefois de la biche d’Alle- assaisonnement des ragoûts et des salades popu- magne, qu'on peut se faire expédier de Strasbourg, laires. ainsi que des foies gras, des carpes du Rhin et L'appétit physiologique est une légère im- du kirch de la forêt Noire. pression de la faim qui nous fait éprouver le désir Le temps est venu d'employer, pour les hors de manger; mais l'appétit peut subsister encore, d'æuvres et les desserts, toutes les provisions qu'on lorsque le besoin qui l'a fait naître est satisfait : aura confectionnées dans les mois précédents, et cela arrive surtout lorsqu'on se trouve en pré- qui sont destinées, suivant la spécialité de leur sence de certains mets qu'on prédilecte et dont nature, à l'usage de la cuisine ou à celui de l'of- l'agréable saveur a déjà été éprouvée. Si l'on con- fice. Le mois de décembre est la meilleure époque tinue à manger jusqu'à ce que l'appétit ne se de l'année pour consommer et se faire envoyer à fasse plus sentir, on a dépassé de beaucoup le Paris les fameux pâtés de Strasbourg, de Tou terme du besoin ; et nous rappellerons, avec Am- louse, d'Amiens, de Chartres, de Pithiviers, de broise Petit, que lorsque l'ingestion n'est pas mo- Périgueux et d'Abbeville , ainsi que les terrines dérée, la digestion n'est pas assurée. Le roi des de Nérac, les jambonneaux d'Espagne et les cuis- gourmands français a joliment dit, à propos de la ses d'oies confites en Gascogne, attendu que cela bonne éducation d'un prince : « Cet avaricieux les-ci sont très-supérieures à celles qui nous arri » conclust néant-moins à chose profictable rent du Languedoc. C'est surtout le moment » pour le petit Gargantua, et c'estoit qu'on d'avoir recours à tous les objets de menue char » le fist foutjours coucher avecque son ap- caterie d'Italie, de Lyon, de Troyes, de Tou » pétit, à fin qu'il se peussent toujours lever raine et de Provence, dont on doit avoir eu soin de » ensemble. » s'approvisionner amplement. En considérant le mot appétit dans son accep- tion gastronomique, nous croyons devoir en don- APOZÈME (Sorte de tisane concentrée). ner ici la signification la plus réelle, en en décri- Il est du devoir d'un chef de cuisine et d'un aide- vant les symptômes et les effets, d'après l'expé- officier de savoir confectionner, ad artem, non rience et les observations d'un de nos professeurs seulement toutes les tisanes simples et les juleps les plus illustres en philosophie culinaire. sucrés, mais encore les apozèmes, les potions, les « Le mouvement et la vie occasionnent dans les APP ( 38 ) APY corps vivants une déperdition continuelle de sub-huit minutes. Retirez alors de la bassine, et laissez slance; et le corps humain, cette machine si com- refroidir cette marmelade. Quand elle sera froide, pliquée, serait bientôt hors de service, si la Pro vous y mêlerez six jaunes d'eufs et deux autres vidence n'y avait placé un ressort qui l'avertit du aufs avec leurs blancs; placez-la pour lors dans moment où ses forces ne sont plus en équilibre un moule graissé de moelle, et faites cuire au avec ses besoins. bain-marie pendant quarante minutes. Vous ren- Ce moniteur est l'Appétit, et l'on entend par verserez ce gâteau sur un plat d'entremets, assez ce mot la première impression du besoin de profond pour pouvoir contenir un chaudeau dont manger. voici la formule: -- Délayez quatre jaunes d'eufs L'appétit s'annonce par un peu de langueur frais avec de l'eau distillée; sucrez suffisamment dans l'estomac et une légère sensation de fatigue, avec du sucre candi pulvérisé; joignez-y deux accompagnée d'ennui; en même temps l'âme s'oc- cuillerées de fine liqueur des îles à la cannelle, et cupe d'objets analogues aux besoins du corps ; la faites cuire au bain-marie, en remuant sans relâ- mémoire se rappelle les choses qui ont flatté le che et sans laisser durcir, mais jusqu'à ce que goût; l'imagination croit les entrevoir : il y a dans cette crème soit bien liée et qu'elle ait acquis une cela quelque chose qui tient du rêve. Cet état n'est juste épaisseur. pas sans quelques charmes ; et nous avons entendu des milliers d'hommes s'écrier, dans la joie de AUTRE APPLE'S CAKE dit à la Reine- Anne. Faites une marmelade de belles pommes, leur ccur : « Quel plaisir d'avoir bon ap- » pétit, quand on a la certitude de faire un que vous passerez deux fois au tamis et que vous ► bon diner ! » mettrez à refroidir ; mêlez-y pour lors le sucre Cependant l'appareil nutritif s'émeut tout en- nécessaire, en y joignant des zestes de citron con- tier: l'estomac devient sensible; les sucs gastri-fits, roulés et pralinés. Ayez six blancs d’æufs que ques s'exaltent; les gaz intérieurs se déplacent vous battrez jusqu'à ce qu'ils soient en neige; avec fracas; la bouche se remplit d'un suc impa- blancs d'oeufs baltus, et continuez à fouetter ce mélangez peu à peu votre purée de fruit avec ces tient, et toutes les puissances digestives sont sous les armes, comme de braves soldats qui n'attendent mélange jusqu'à lui donner toute la légèreté pos- que le moment d'agir. Encore quelques instants, sible. Dressez cette mousse en forme de rocher, on éprouvera des mouvements spasmodiques, on sur un plat d'entremets qui sera foncé d'une ge- aura des inquiétudes nerveuses, on bâillera, on lée transparente au ratafia d'écorces de citrons. souffrira de la faim..... Il ne faudra pas donner à cette gelée beaucoup de On peut observer aisément toutes les nuances consistance. de ces divers états dans les salons où le dîner se Il est à noter que ces deux jolis entremets ont fait attendre. Elles sont tellement dans la nature, été perdus de vue chez nous et qu'ils n'en sont que la politesse la plus exquise ne saurait en dé pas moins d'origine française ; car on trouve guiser les symptômes, d'où j'ai dégagé cet apoph-exactement ces deux mêmes recettes dans nos thegme : «De toutes les qualités du convive et dispensaires du dix-septième siècle, et notamment » du cuisinier, la plus indispensable est dans le Menu royal des disners de Marly. ► l'exactitude. » Les Anglais n'ont fait autre chose que d'en con- server la tradition et de leur imposer le nom APPLE'S CAKE (Cuisine étrangère. qu'ils portent. Excellent gâteau de pommes anglais). Pe APY. Petite pomme à peau luisante et vive- lez six grosses pommes de franche reinette, ainsiment colorée du côté qui a été frappé par le so- que trois pommes dites de locart: il est aisé de leil. On a dit que la pomme d'Apy tirait son nom reconnaître celles-ci, parce qu'elles sont très d'un petit village au diocèse d'Avranches, en Nor- rouges et très-acides ; et il est facile de les rem- mandie. C'est la plus jolie des pommes ; elle se placer par une autre espèce du même genre. conserve long-temps avec toute sa fraîcheur, et, Après avoir ôté les cæurs de ces fruits, faites-les pendant la mauvaise saison des fruits, elle est d'un fondre sur le feu avec trois onces de moelle, ajou-grand secours pour l'ajustement des pyramides et tez un bâton de cannelle, et faites passer ensuite au des corbeilles mêlées qui font l'ornement de nos tamis de crin. Mettez-les alors dans une bassine tables. C'est là son principal mérite, car sa chair avec deux cuillerées de poudre de salep ou d'ar-est dure sans être savoureuse; elle ne saurait se row-rout, que l'on pourra remplacer, à défaut de manger qu'à belles dents, et le nom qu'on lui ces deux subslances orientales, par une forte cuil- donne en termes d'office est fruit d'écolier. lerée de fécule. Joignez-y trois quarterons de beau Suivant Rabelais, elle devrait être comprise dans sucre, et faites bouillir à petit feu pendant sept à la nomenclature des casse-museaux. ARO ( 39 ) ARO ARACHIDE. L'arachide ou pistache de terre Et parmi les plantes herbacées : l'estragon, le est le produit de l'arachis hipigea , dont les baume ou tanaisie odorante, l'ambroisie des jar- Semences sont renfermées par des siliques qui dins, le basilic, le thym, la sariette, la sauge, s'enfoncent en terre à l'époque de leur maturité. l'hysope, le fenouil, la menthe et toute la famillo Ce nouveau comestible est originaire des régions naturelle des labiées. équatoriales; on ne le voit pas encore habituelle Le règne animal fournit l'ambre gris, qu'on ment à Paris, mais on le cultive assez abondam croit être un excrément du cachalot; le même ment dans le midi de la France, où l'apprêt qu'on règne fournit encore le musc, autre sécrétion d'un lui fait subir est analogue à celui des aubergines animal peu connu des naturalistes. et des oronges. On en retire aussi une huile dont Tous ces aromates ont une odeur forte, ainsi la saveur a du rapport avec celle de noix, dans qu'une propriété stimulante assez déterminée, sa fraîcheur, C'est dire assez qu'il ne faut les employer et en user qu'avec modération. ARROCHE ou ARAUCHE, plante herba - Les amandes amères, qu'on ne peut se dispen- cée, qui est de la famille naturelle des crucifères, ser de classer parmi les aromates, ne partagent et qu'un maître jardinier doit toujours cultiver pourtant pas cette propriété stimulante; elles en quand il est soigneux. On la fait entrer dans les ont une autre absolument contraire, et le prin- jus d'herbes et les bouillons rafraîchissants; mais cipe auquel elles doivent cet arôme est , de tous elle doit être employée très-abondamment dans les poisons, le plus violent. Lorsqu'il est pur et tous les potages aux herbes, et surtout dans les concentré, il éteint la vie instantanément. Il est purées d'oseille, afin d'en modifier l'énergie styp connu sous le nom d'acide prussique. tique et l'acidité. Le commun des cuisiniers et Ce principe est trop peu abondant dans les des cuisinières ne se servent pour cela que de amandes amères pour y devenir très-dangereux, feuilles d'épinards et de laitues; mais les praticiens mais il le serait infailliblement si l'on mangeait de habiles ont observé que, pour cet usage, l'arro ces semences avec excès; il est à supposer que che est infiniment préférable aux épinards et lorsqu'on associe les amandes amères à d'autres principalement aux feuilles de laitues qui sont aromates dont les propriétés sont opposées, l'ac- toujours difficiles à faire bien dissoudre, et qui tion du principe délétère qu'elles contiennent se peuvent communiquer à ces préparations herba- trouve à peu près neutralisée. gères une espèce de saveur laiteuse hétérogène, Les aromates, dont on fait ou dont on peut faire ainsi qu'une surabondance de principe aqueux. Le un usage utile en gastronomie, sont indigènes ou mélange de l'arroche avec l'oseille est toujours exotiques, ce qui les sépare naturellement en deux utile, et surtout quand l'acidité de cette dernière classes; et nous allons adopter cette division, est la plus développée, c'est-à-dire lorsque l'oseille est cueillie pendant le trimestre d'été, AROMATES INDIGÈNES. Les fleurs les plus aromatiques sont celles AROMATES. Aromate est l'expression qui d'oranger, de rose, d'aillet rouge, de bouillon- s'applique à toutes les substances naturellement blanc, de safran et de sureau, imprégnées d'une huile essentielle odorante, et ces substances sont en grand nombre dans le rè- La fleur d'Oranger est peut-être l'aromate gne végétal. Les aromates employés dans la pré- le plus fréquemment employé, et c'est assurément paration des aliments sont, parmi les semences : un des plus utiles. Cette fleur abonde en huile le poivre, la muscade, le macis, espèce de brou cssentielle, miscible à l'eau dans une assez forte qui enveloppe les noix-muscades ; le piment de proportion, et miscible à l'esprit de vin dans une la Jamaïque, l’anis, la badiane, la coriandre, le proportion supérieure. L'eau distillée de fleurs genièvre et les amandes amères. d'oranger, prise à la dose d'une once avec du su- Parmi les écorces : la cannelle, la cascarille et cre, a une propriété calmante universellement re- connue, l'écorce du calicanthus; Parmi les produits entiers : la gousse de vanille, Les Roses. Quoique ayant un parfum très- les écorces d'oranges, de citrons, de melroses, développé, les roses contiennent fort peu d'huile de poncires, de cédrats, de bergamotes et les essentielle; aussi, lorsqu'on veut obtenir de l'eau fruits avortés du géroflier ; de roses ou de l'esprit de roses assez chargé, on est Parmi les racines : le gingembre d'Amérique, obligé de les distiller deux ou trois fois sur des le calamus aromaticus et l'iris de Florence; quantités considérables de fleurs : encore l'eau ou Parmi les feuilles : celles du laurier d'Apollon, l'esprit aromatique qu'on obtient ainsi n'ont-ils de l'oranger, du pêcher, du laurier-cerise, etc.; | jamais un parfum très-décidé ni très-suave. ARO ( 40 ) ARO 1 L'espèce de roses qu'on distille le plus habi- | gélique, de carvi, de chervis, de daucus, de tuellement est celle de Provins. On peut distiller genièvre et de nigelle, auxquelles il faut ajouter aussi avec avantage la rosc muscate, qui porte un les amandes amères et celles des fruits à noyau. arôme particulier, la rose du Bengalc à odeur de L'Anis est, de toutes les semences aromati- thé, et la rose de Banks, qui sent la violette. ques, celle qui contient le plus d'huile essentielle; Les fleurs d’OEillet sont celles d'une variété cette huile, lorsqu'elle est pure, est concrète et à fleurs simples, de couleur rouge foncée, et qui d'un arôme assez pur; c'est l'huile essentielle est vulgairement connue sous le nom d'OEillet qu'on emploie pour fabriquer l'anisette. à ratafia; aussi l'emploie-t-on pour faire un La Coriandre est la graine d'une plante om- ratafia auquel il communique sa couleur et son arôme, qui est assez décidément celui du gérofle. bellifère dont la tige et les feuilles ont une odeur Comme, pour faire ce ratafia d'aillets, il faut se infecte, et la semence en a cependant un arôme parer les onglets des pétales, ce qui demande un assez agréable. On l'emploie rarement seule; mais soin très-minutieux, il est préférable d'y substi- on s'en sert avantageusement pour ajouter à cer- taines combinaisons de cuisine et d'office. tuer le gérofle, qui donne un arôme plus pur, et dont on peut colorer la décoction moyennant un Le Fenouil a un arôme qui rappelle celui de peu d'orcanette. l’anis, mais qui s'en distingue par une nuance La fleur de Bouillon-Blanc a un arôme particulière. On ne l'emploie guère que pour as- saisonner certains poissons, et notamment les ma- agréable, et qui se rapproche beaucoup de celui du thé, mais qui est plus doux et plus pur avec à l'ancienne mode. On fait usage qucrcaux de ses cordioles crues dans les salades, et pour plus de franchise. L'infusion de bouillon-blanc a assortiment des fines herbes d'office (V. HORS- une propriété légèrement calmante, et sous ce D'OEUVRES). rapport elle convient aux personnes à qui l'usage du thé pourrait causer quelque agitation ner Les semences d'Angélique ont un arôme veuse. Séchée avec soin, la fleur de bouillon- qui diffère essentiellement de l'odeur et du goût blanc se conserve indéfiniment, et tout le monde de la plante qui les produit. On en fait un fré- sait qu'on peut l'employer agréablement à parfu- quent et bon usage pour les préparations de crèmes mer des crèmes d'entremets et des laitages. ou de liqueurs aux graines aromatiques. La fleur de Sureau n'est employée, par cer Les quatre graines de Carvi, de Daucus, tains confiseurs industriels, que pour donner un ou carotte sauvage, de Chervi et de Céleri, ont arôme de muscat à des vins de liqueurs artificiels, des arômes variés, dont on obtient de fort bons et pour aromatiser des vinaigres. Quant à l'usage résultats en les combinant de manière à ce qu'au- qu'on doit en faire dans la pharmacie domestique, cun d'eux ne puisse dominer les autres : on les nous dirons seulement ici qu'il faut toujours l'em- emploie souvent pour ajouter un arrière - goût ployer sèche. La dessiccation doit en être faite ra aux liqueurs dont l'arôme est trop prononcé. pidement, et l'on doit, autant que possible, sépa- La graine de Nigelle a une odeur d'épices rer la fleur de sureau de ses pédoncules. mélangées qui est très-douce et très-provocante; Le Safran. Les pistils séchés d'une espèce et cependant on n'en fait plus aucun usage, à moins de crocus sont ce qu'on appelle safran; chaque que ce ne soit dans les galettes de chasse et les gâ- fleur ne porte que deux pistils, dont le poids, teaux des Rois, où la nigelle est une sorte d'as- lorsqu'ils sont desséchés, est prodigieusement mi- saisonnement traditionnel. nime. Voilà ce qui fait que cet aromate est tou Les semences de Genièvre, ou, plus exacte- jours cher, quoiqu'il soit récolté non loin de Paris, ment, les baies charnues du genévrier ont un par- et quoique son usage ne soit plus aussi fréquent fum qui n'a rien de suave; mais, comme elles sont que dans l'ancienne cuisine française, où les gens pourvues d'une propriété stomachique incontes- riches le faisaient entrer dans la plupart des pré-iable, il est convenu de les employer dans la con- parations alimentaires. Aujourd'hui la plus grande fection de la choucroûle, ainsi que dans l'apprêt consommation du safran a lieu dans les pharma- de plusieurs morceaux de grosse venaison. cies. A la cuisine et l'office, on ne l'emploie guère Les Amandes amères ont un goût de noyau à présent qu'à la composition du pilau, du riz à l'africaine et du scubac (V. ces trois articles). qui plaît assez; le principe de cet arôme est ce- pendant le poison le plus subtil et le plus violent Les semences aromatiques indigènes sont qui soit connu. Nous avons dit qu'il se trouve en les graines d'anis, de coriandre, de fenouil, d'an- si petite quantité dans les amandes, qu'il ne pour- ARO ( 41 ) ARO rait devenir dangereux que si l'arôme en était La Menthe. Il y en a un grand nombre de trop concentré, excès qui n'est pas à craindre, en variétés; mais on préfère avec raison celle dite ce qu'il deviendrait alors d'une saveur repous- poivrée ou d'Angleterre : c'est de celle-ci qu'on sante. L'arôme du laurier cerise a le même prin- extrait par distillation l'huile essentielle avec la- cipe que celui des amandes amères ; mais les fruits quelle on aromatise les pastilles de menthe. Tout de ce laurier le contiennent plus abondamment; | le monde sait que l'eau de menthe distillée, unie et les journaux de médecine ont parlé d'un em par moitié à l'eau de fleurs d'oranger, est le meil- poisonnement opéré par une crème où l'on avait leur calmant qu'on puisse administrer dans les employé des baies de ce laurier. souffrances nerveuses. Les amandes de tous les fruits à noyau ont Le Fenouit. Les tiges du fenouil, encore ten- plus ou moins de rapport avec les amandes amè- dres, sont susceptibles d'être employées dans les res. Quand on veut employer les noyaux d'abri- salades et pour le service des hors-d'ouvres, ainsi cots et de pêches, ils doivent être mis en entier et que nous l'avons dit ci-dessus. en infusion dans de l'eau-de-vie: maison doit con- L'Absinthe. Son arôme est uni à un principe casser les noyaux de cerises, de prunes de mira- amer extrêmement prononcé. Nous avons déjà parlé belle, et ceux des fruits du Mahaleb ou cerisier de Sainte-Lucie. Ces derniers donnent , par infu- de cette plante en suivant son ordre alphabétique. sion, une liqueur très-analogue au marasquin de La Lavande et le Romarin ne sont em- Dalmatie. On peut s'en servir utilement et agréa-ployés que pour faire des eaux et des esprits aro- blement pour la confection de certaines gelées matiques dont l'usage est assez connu. Le romarin d'entremets, pour celle des sorbets de chasse, entrait autrefois dans la composition de l'eau de et pour toute autre composition de cette nature, Cologne; on l'en a retranché parce que son arôme où l'on voudrait allier le bon goût à l'économie et est peu agréable; mais on l'emploie encore pour à la simplicité. confectionner l'eau de la Reine de Hongrie (V. EAUX SPIRITUEUSES). Les tiges ou les feuilles aromatiques sont celles d'angélique, de verveine, de mélisse, de La Tanaisie odorante : c'est le baume- menthe, de fenouil, d'absinthe, de lavande, de coq des jardiniers. On l'emploie pour aromatiser romarin, de tanaisie odorante, d'orvale, et quels le vinaigre, et l'on s'en servait autrefois dans la fabrication de certaines liqueurs. ques autres encore. L'Orvale ou Toute-Saine est une espèce de Les tiges d'Angélique, lorsqu'elles sont jeunes et tendres, ont un arôme tout particulier sauge qui porte un arôme analogue à celui du rai- et qui devient encore plus spécial et plus suave sin muscat. On l'emploie utilement pour ajouter au lorsqu'on les a fait blanchir à l'eau bouillante. On bouquet des vins de Lunel et de Frontignan, qu'on confit à Niort , ainsi que nous l'avons déjà dit, les laisse consommer à l'office et qu'on y désigne ha- bituellement sous le nom de vin des Fermières. pieds entiers d'angélique avec une grande dis- tinction : les côtes des feuilles, blanchies et in- Nous ne voulons pas négliger de parler aussi de fusées dans l'alcool sucré, font également un la Flouve odorante : c'est à cette graminée très bon ratafia. Le plus estimé se fabrique à Mont- que le bon foin doit principalement cet agréable pellier, d'où nous conseillons de le tirer directe- arôme qu'on désigne sous le nom d'odeur de ment, par la bonne raison que l'achat en sera foin, et qui se rapproche beaucoup de celle du moins dispendieux que sa fabrication domestique. mélilot. On doit l'employer abondamment dans le brouet où l'on fait cuire les jambons et les an- Les feuilles de Verveine ont une fraîche douilles (V. JAMBON). odeur de citron méridional. Elles se dessèchent OBSERVATION. avec une grande facilité; et dans cet état, elles se conservent indéfiniment; infusées dans de l'eau Toutes les plantes aromatiques doivent être dis- bouillante, comme le thé, elles donnent une bois tillées sèches, attendu qu'à cet état elles donnent son trés-agréable et très-stomachique; on peut des liquides plus chargés de leur huile essentielle. s'en servir pour aromatiser des liqueurs, des ra La dessiccation doit être faite rapidement, au so- Lafias, des crèmes, etc. leil, mais sans le contact immédiat de ses rayons. La Mélisse exhale également une odeur de ci Les écorces aromatiques indigènes sont cel- tron, quoique très-différente de celle de la ver les des fruits de l'oranger, du citronnier, du cé- Teine : on peut l'employer aux mêmes usages; elle drat et de la bergamote, et aussi les écorces des entre dans la composition de l'eau de mélisse jeunes rameaux, ou le bois entier des rameaux des Carmes, dont elle est le principal élément. du calicanthus. ARO ( 42 ) ARO Les écorces des Oranges, des Citrons, et rigoureuse du mot parfum. Cette espèce unique celles des autres aurentiacées, abondent en huile a un grand nombre de variétés dont l'arôme varie essentielle. L'écorce du cédrat, surtout, a dans son plutôt par son degré de force ou d'intensité que arôme une bonté particulière; aussi cette écorce par une saveur particulière. On en fait des compo- est-elle fréquemment employée pour aromatiser tes, des marmelades et des gelées, dont nous avons des liqueurs, des pastilles, etc. déjà eu l'occasion de parler dans l'annuaire ou Il y a plusieurs variétés d'aurentiacées dont les calendrier nutritif, arômes différent; ainsi l'odeur de la bigarade n'est Le Cassis n'est pas en possession d'une grande pas la même que celle de la bergamote. Il en est ainsi parmi les citrons ; mais l'odeur de tous les importance; il est sans aucune illustration gus- fruits de ce genre varie encore suivant leur état de taelle, et cependant l'arôme dont il est pourvu maturité plus ou moins avancée. s'allie très-utilement à celui des petits fruits avec Toutes ces écorces se confisent au sucre. lesquels on doit conseiller de le mélanger, à peu près dans la proportion du seizième, et dans tous L'écorce du Calicanthus a un arôme peu les cas où l'opération culinaire a pour objet l'a- définissable, et qui rappelle à peu près ceux de la malgame de ces quatre fruits rouges, cannelle, du gérofle et du macis; on peut s'en ser Quand on se risque à employer le cassis tout vir pour aromatiser plusieurs comestibles et par- seul, il éprouve avec le temps des modifications ticulièrement des crèmes frites, qui le rendent méconnaissable; et l'on pourrait, RACINES AROMATIQUES. – On n'en emploie peut-être, en tirer grand parti si l'on avait la pa- tience d'étudier comment il se comporte en vieil- que l'iris et le gingembre. lissant, La racine d'Iris de la variété dite de Florence La Framboise est un des fruits les plus agréa- a une odeur de violelte extrêmement pure : comme blement parfumés, surtout quand son arôme est le parfum des violettes est très-fugace et n'est re- étendu ; aussi fait-elle un excellent effet dans tous les tenu ni par l'eau, ni par l'esprit de vin qu'on fait dis- mélanges où on l'ajoute, Cet arôme est très-persis- tiller sur ces fleurs, on peut le remplacer par celui de tant; l'alcool et le vin s'en chargent, et ces deux l'iris, qu'on extrait moyennant une infusion dans l'eau tout aussi bien que dans l'alcool. On obtient propriétés indiquent assez quels doivent être les des biscuits à la crème admirablement parfumés et d'avantage aux sucs de fruits qui ont peu ou point usages de la framboise. On l'associe avec le plus délicats, en employant uniquement, pour la con- fection de la pâte de ces biscuits, de la poudre d'i- sirops. C'est aussi l'une des substances dont on d'arôme, et c'est pour faire des confitures ou des ris de Florence au lieu de fleur de farine. peut tirer le meilleur parti pour l'amélioration des Le Gingembre est une racine exotique dont vins décrépits prématurément ou surannés. l'emploi n'est pas fréquent, mais dont il est pourtant Fraises. Il y a des fraises sauvages qui sont convenable d'user en certains cas dont on verra presque aussi parfumées que des framboises ; mais l'indication, leur arôme est plus fugace et s'évapore en grande Les colonies fournissent de ces mêmes racines partie par l'action du feu. Cependant avec des pré- confites au sucre et en liquide. C'est une conserve cautions et en opérant au bain-marie dans des un peu trop énergique en saveur, mais elle est ce- vases bien clos, on parvient à en faire de bonnes pendant assez estimée. confitures et des sirops fort agréables. FRUITS AROMATIQUES. Les fruits de toutes les espèces du genre aurentiacé ne sont aromatiques Coing. - La pulpe de ce fruit a peu d'arôme; que par leur écorce; leur suc est tout-à-fait dé- mais son écorce en contient beaucoup lorsque la pourvu de parfum. Il est à remarquer, à ce pro- maturité l'a jaunie, Ainsi, lorsqu'on veut conser- pos , que la pulpe des prunes, des abricots et des melade, soit dans le suc concentré en gelée ou ver cet arôme, soit dans la pulpe réduite en mar- pêches n'est pas dépourvue d'un arôme propre; mais cet arôme est très-léger, et ne se communi- préparé en sirop, il est nécessaire de faire cuire que guère à l'alcool dans lequel on les fait infuser. le fruit avec sa peau. Le suc aromatique de coing, Les seuls fruits réellement aromatiques, parmi qu’on obtient des fruits cuits avec leur peau, est ceux qui sont indigènes, sont le raisin muscat, le les contrées de l'Italie et de la Sicile, où l'on fa- éminemment propre à parfumer les vins. Dans cassis, la framboise et la fraise des bois, brique des vins muscats si renommés, on fait bouil- Le Muscat est donc la seule espèce de raisin, lir une partie de moût avec des coings pour don- parmi le grand nombre de celles que nous culti- ner au vin un arôme plus suave. vons, dont le jus soit parfumé dans l'acception A cette liste d'aromates indigènes ou naturalisés, ARO ( 43 ) ARO 7 on pourrait ajouter le jasmin, la jonquille, la tu-Hollande, où cette conserve est toujours prompte- béreuse et quelques autres fleurs; mais, quoiquement débitée après son arrivée, et le plus souvent très-odorant, l'arôme de ces fleurs est si fugace à des prix excessifs. qu'il ne peut être retenu par l'eau ni par l'alcool, il l'est seulement par l'huile. On choisit à cet effet La Muscade et le Macis. Le dernier de l'huile de ben ou celle de ricin, qui sont tout-à-fait ces aromates est une espèce de brou qui enveloppe inodores. On en imprègne des couches de coton la noix muscade, et cependant les arômes de ces avec lesquelles on stratifie les fleurs dont on veut deux substances ne produisent pas la même saveur; conserver l'arôme; au bout d'un certain temps, celle du macis est beaucoup plus délicate; aussi on soumet le coton à la presse, et cette huile par l'emploie-t-on préférablement dans toutes les com- aussi fumée doit être distillée avec de l'alcool. Dans cette positions sucrées qui s'opèrent à la cuisine, opération, l'huile se combine avec l'arôme des bien que dans les combinaisons qui sont du res- fleurs et lui communique sa fixité. sort de l'aide-officier, Comme les esprits aromatiques obtenus par l'in L'Ambre gris. Les naturalistes ne sont termédiaire de l'huile ne sont presque d'aucun pas d'accord sur la nature et l'origine de cette usage en cuisine, et comme on en trouverait au substance. Les uns pensent que c'est une sorte de besoin chez tous les droguistes de la rue des Lom bitume qui coule du sein de la terre dans les eaux bards, il nous paraît plus expédient de les acheter de la mer, où il s'épaissit; mais il paraît que celte que de les fabriquer. substance, formée dans le canal alimentaire d'une AROMATES EXOTIQUES. Les aromates exotiques espèce de baleine, est l'excrément endurci de ce les plus recommandables et les plus fréquemment cétacée. employés sont la vanille, la cannelle, le gérofle, L'ambre gris est très-rare. On le trouve flot- la muscade, le macis, l'ambre gris, le benjoin, le tant sur les eaux de la mer, aux environs des îles musc, le styrax, le baume du Pérou, celui de Tolu, Moluques, de Madagascar et de Sumatra. Son les graines de cardamome, de badiane, de café et arôme est d'un effet qui semble assez doux, et de moutarde. néanmoins la plus petite quantité de cette substance suffit pour modifier singulièrement toutes les com- La Vanille est de tous les aromates exotiques positions aromatiques auxquelles il est toujours bon celui qui parfume les comestibles avec le plus de de l'associer pour en stimuler le parfum. Nous suavité, et, quoiqu'elle soit extrêmement chère, on n'en fait pas moins dans la cuisine et à l'office l'ambre et les préparations qu'il comporte (V. avons indiqué ci-dessus la propriété sanitaire de un usage à peu près journalier. On l'emploie par AMBRE). ticulièrement pour aromatiser le chocolat, ainsi Le Musc.- Tout donne à penser que cet aro- que pour confectionner des crèmes et des glaces. mate est le produit d'une sécrétion rassemblée La Cannelle est la seconde écorce des plus jeu- dans une espèce de vessie qui se trouve sous le nes branches d'un charmant arbuste de la famille ventre d'un animal de la Haute-Asie, lequel ani- des daphnoïdes, c'est-à-dire une espèce de lau- mal est à peu près inconnu des naturalistes fran- rier. Son arôme est fort agréable lorsqu'il est suf- çais. Cette substance a un arôme qu'on peut qua- fisamment étendu : trop concentré, il a quelque lifier d'indélébile et d'héroïque, en ce que tout chose d'épicé, de violent et de lourdement éner ce qui la touche en reste imprégné pendant un gique. La cannelle est l'ingrédient culinaire qui temps infini. Cet arôme efface entièrement et ab- s'accorde le mieux avec le lait et avec les solument tous les autres parfums, et jamais il ne pommes. doit s'employer qu'en teinture et par scrupules, Il n'est d'aucun usage à l'office, excepté pour la Le Gérofle ou Clou de Gérofle. Il est confection de certaines potions calmantes, principalement employé dans les préparations ali- mentaires ; cependant il entre quelquefois dans la Le Benjoin, te Styrax, le Baume du Pe- composition des sucreries, des liqueurs et des ra rou et le Baume de Tolu, sont des substances tafias. On doit en éviter l'excès, parce que son résineuses. C'est avec la teinture alcoolique de arôme masque tous les autres. On trouvera suc benjoin, précipitée par l'eau, qu'on fait le cosmé Cessivement les indications nécessaires au bon em tique connu sous le nom de lait virginal. On ploi de cette substance. l’emploie aussi pour faire les pastilles à brûler On reçoit quelquefois des îles Moluques ou des qui doivent être confectionnées à l'office. Les trois autres colonies hollandaises une excellente confi autres aromates précités ici ne sont susceptibles ture qui se fait aux Indes avec le fruit vert du gé d'aucun emploi gastronomique, mais on en dési- roſier ; mais il est difficile de s'en procurer en gnera l'usage en s'occupant des opérations phar- ARO ( 44 ) ART id. 26 id. maceutiques, ainsi que des sirops et des pastilles marchands sont très-disposés à en exagérer encore de santé. les prix, surtout quand ils peuvent supposer que La Badiane a le goût et le parfum de l'anis, les acheteurs sont des gens en maison, ce qui mais plus volatil et plus incisif. On la connait vul signifie pour eux qu'ils ne sont pas dans le com- gairement sous le nom d'anis de la Chine ou merce, et qu'ils veulent travailler dans un intérêt d'anis étoilé. Il est à supposer que la supé- donner le tarif ordinaire, et nous croyons rendre qui n'est pas celui du comptoir, nous allons en riorité de l'anisette d’Amsterdam est due princi- service à tous les opérateurs et les amateurs de palement à son emploi dans la distillation de cette service à tous les opérateurs et les amateurs de distillation. liqueur. On verra plus loin que la badiane est sou- vent indiquée dans les recettes culinaires, au pre- TARIF HABITUEL DES ARÔMES OU DES EXTRAITS mier rang des fines épices. ESSENTIELS QU'ON DOIT APPLIQUER AUX PRÉ- Le Cardamome, ou Graine de Paradis, est un PARATIONS DE CUISINE ET D'OFFICE. aromate du second ordre, mais on l'associe fort Huile essentielle d'absinthe. 16 fr. la livre. agréablement à d'autres graines parfumées dans la d'anis fine. 24 composition des liqueurs et des ratafias de santé. de bergamote. id. de cédrat. 28 id. Le Café (V. son article). de citron. 26 id. d'orange. 22 id. Le Thé. L'arôme du thé plaît assez générale- de cannelle. 8 à 12 fr. l'once. ment, attendu qu'il est incisif et qu'il n'a pas trop de gérolle. 3 50 c. id. de vigueur et de persistance. On a des raisons de petitgrain. 6 id. pour supposer que ce parfum n'appartient pas de macis. 8 id. de muscade. 8 id. uniquement aux feuilles du thé, mais qu'il leur de menthe. 5 est communiqué par les fleurs d'une espèce d'o- de Neurs d'oranger. 12 à 18 id. livier (olea flagrans), dont on les sépare après de bois de Rhodes. 12 à 24 id. les en avoir stratifiées. Ce qu'il y a d'expérimenté de roses. 64 id. Musc du Tonquin. 40 à 75 id. pour nous, c'est que la fleur de l'olea flagrans Ambre gris. 60 à 120 id. a tout-à-fait l'odeur et la saveur des meilleures Vanille (prix variable). 100 à 200 fr. la livre. espèces de thé. Cet arbrisseau a été importé en Safran, 72 id. France; il n'exige, sous le climat de Paris, que la Cannelle de Ceylan. 20 id. Baume du Pérou, liquide. serre tempérée ou même l'orangerie. Ainsi, tout 24 de Tolu. id. donne à penser qu'on parviendrait à l'acclimater Benjoin en larmes. dans nos provinces méridionales. On le multiplie Styrax calamite. 8 id. de boutures qui sont presque bientôt couvertes de Cardamome. 6 à 10 id. fleurs; et nous avons pu remarquer qu'une seule Bois de Rhodes, 4 id. Santal cintrin. id. bouture était suffisante pour imbalsammer et par- Bois d'aloés. 20 id. fumer une serre assez étendue. Carcarille. id. On pourrait, à cette occasion, citer une autre Écorce de Winter. id. 1 75 c. id. plante exotique et nouvellement importée de l'ile Badiane. Géroſle. 650 id. de Bourbon, sous le nom d'aya-panha ; mais sa Racine d'iris, 1 60 id. monographie pourrait exiger trop d'espace, et nous Semence de chervis. 3 50 id. réservons à ce précieux aromate un article spécial. do daucus de Créte. 4 id. La manière la plus commode et la plus écono- mique d'employer la plupart des aromates, c'est ARTICHAUT, plante potagère assez bien d'en faire des teintures dont quelques gouttes suf connue. Plusieurs personnes regardent les arti- fisent pour aromatiser les ratafias, les liqueurs, chauts comme un aliment échauffant, et comme ou toute autre préparation gastronomique. devant occasionner de l'agitation pendant le som- On trouve aisément à Paris des huiles essen meil. Quelques-uns leur ont même attribué des tielles ou des extraits de ces mêmes substances. qualités ou des inconvénients aphrodisiaques ; Lorsqu'elles sont pures, et ceci n'est pas bien or mais ces opinions ne paraissent pas fondées sur dinaire, on peut, à leur moyen, faire instantané des faits assez déterminants. ment toutes les combinaisons possibles, et procé Il y a cinq espèces d'artichauts, savoir : le der à toutes les opérations les plus compliquées. blanc, le vert, le violet, le rouge et le sucré de Toutes ces essences ont des prix fort élevés, Gênes. Le blanc est le plus hâtif; mais, comme parce que les aromates n'en fournissent jamais il est très difficile à élever, on en cultive et l'on qu'en petile quantité. Comme la plupart des en récolte peu. Le vert est celui dont on fait le id. 14 id. 4 2 ART ( 48 ) ART - plus d'usage; il devient très-gros, il est tendre et la friture chaude, que vous retirez du feu pour d'une bonne saveur. Le violet est d'une grosseur cet effet ; retournez-les à plusieurs reprises; re- médiocre; il est aussi tendre que le vert, mais il n'est mettez-les sur le feu et remuez souvent; égout- pas d'un volume aussi profitable. Le rouge a la chair tez-les quand ils seront cuits; descendez la fri- plus délicate que tous les autres; on le mange sou ture et mettez-y votre passoire dans laquelle vous vent cru, et on le prend pour cela dans sa primeur. aurez disposé du persil que vous remuerez avec la Le sucré de Gênes est préférable à tous les autres pointe d'un attelet; le persil étant bien frit, reti- par sa délicatesse; la pomme est fort petite et rez-le de la friture et égouttez-le sur un linge hérissée de pointes aiguës, mais il a le défaut de blanc; dressez les artichauts avec du persil frit dégénérer dès la seconde année, ce qui fait qu'on par dessus et par dessous, suivant la coutume. n'en trouve que dans très-peu de jardins. Artichauts (culs d') à la ravigote. Les artichauts se digèrent assez difficilement lorsqu'ils ne sont pas cuits ; mais étant à l'état Préparez ces fonds d'artichaut, comme il est in- de cuisson on les emploie fréquemment en cui- diqué au mot GARNITURES, et faites en sorte qu'ils sine. Ils servent à faire des entremets, et l'on soient restés très-blancs; mettez dans le fond d'un use de leurs fonds pour garnir toutes sortes de plat une ravigote froide. ragoûts. Artichauts à la lyonnaise. - Apprêtez- Les artichauts se mangent communément après les comme les artichauts au beurre, excepté qu'au avoir coupé le dessous du fond et à moitié les moment de servir, vous jetez de l'ognon haché feuilles de dessus, on les fait cuire à l'eau de sel, dans une casserole, vous le ſaites un peu roussir et ces mêmes artichauts, cuits et refroidis, se et vous y saucez les artichauts. mangent encore en salade. Les petits artichauts Artichauts à la bonne-femme. verts se mangent à la poivrade et se servent en Ayez coquilles ajustées, pour hors-d'æuvre; c'est à quatre artichauts de la même grosseur, ôtez-en ce savoir : entourés d'un triple cordon de radis épi- qui est dur, et supprimez-en l'extrémité des feuil- cés, de petites raves, de cordioles de fenouil et les; lavéz-les à grande eau; mettez-les dans un chaudron rempli d'eau bouillante où vous aurez des sept fines herbes d'office (V. HORS-D'OEU- mis du sel et quelques grains de poivre blanc. VRES). Ayez soin que les artichauts baignent dans l'eau. Artichauts à la barigoulle. - Prenez qua- Quand ils seront cuits, retirez-les de l'eau bouil- tre artichauts moyens et bien tendres. Vous les lante pour les mettre à l'eau froide; ôtez-en le parez, vous en ötez le foin et les faites blanchir foin, remettez-les dans l'eau bouillante; égouttez- légèrement. Ayez du persil, des champignons et les et posez-les sur le plat avec une sauce blan- des échalotes, le tout haché et assaisonné d'un che à la muscade, que vous introduirez par bon goût; vous les passez un instant dans un peu petites cuillerées et proprement entre leurs feuil- de beurre pour leur faire perdre leur âcreté, et les et à la place de leur foin. De toutes les façons tous les mêlez ensuite avec un quarteron de beurre d'apprêter les artichauts, cette manière est la frais et autant de lard rapé; vous faites entrer cet plus simple, et c'est peut-être la meilleure. Au appareil dans l'intérieur de vos artichauts, qu'il lieu d'une sauce blanche, vous pouvez servir les faudra ficeler pour qu'ils ne se déforment point. artichauts à la bonne-femme avec une sauce au jus. Vous les mettez alors dans une tourtière, entre Artichauts au beurre. - Coupez-les en six des bardes de lard, et vous les faites cuire douce- lment, feu dessus, feu dessous, avec quelques cuil- morceaux, ôtez-en le foin ainsi que le dessous, et ne lerées de bonne huile; servez-les sur une sauce laissez que trois feuilles à chaque partie; mettez- italienne dans laquelle vous aurez fait réduire les dans une casserole avec du beurre étendu au fond; saupoudrez-les de sel fin, et faites-les cuire un verre de vin blanc. avec du feu dessus et dessous; servez-les ensuite Artichauts frits. - Coupez en dix ou douze en couronne avec leurs feuilles en bas et en de- morceaux chacun, trois artichauts crus dont vous hors; et versez au milieu le beurre de leur cuis- iterez le foin ; parez-en le dessous et les feuilles son, où vous joindrez du persil vert et finement que vous écourterez passablement; lavez-les avec haché, mêlé du jus d'une bigarade. de l'eau et un filet de vinaigre blanc; égouttez-les, mettez-les dans une terrine avec sel, gros poivre, Artichauts farcis. — A demi cuits dans deux ou trois aufs entiers, un petit filet de vinai- l'eau, vous les ſarcissez de viande, persil et ci- gre, une poignée de farine, une cuillerée à bou- boule hachés ; achevez de faire cuire, et servez-les che d'huile fine; maniez-les bien; couchez les avec fines herbes, un peu d'huile et de jus de morceaux d'artichaut les uns auprès des autres dans citron. 1 ÅRT ( 46 ) ASP Artichauts à ta Grimod de la Reynière. | vous emploierez à cet effet une saumure qui se Coupez de l'ognon en gros dés, passez-le au fail en mettant les deux tiers d'eau et un tiers de beurre jusqu'à ce qu'il soit bien coloré, assaison- vinaigre avec la quantité suffisante de sel en ayant nez de sel et d'épices, et laissez refroidir dans le égard à la quantité de saumure; faites chauffer beurre, mais hors de la casserole; faites cuire des jusqu'à ce que le sel soit fondu, laissez reposer la culs d'artichauts séparés de leurs feuilles; après saumure pour la tirer au clair, et servez-vous-en les avoir fait égoutter, emplissez-les avec l'ognon, suivant l'indication ci-dessus. Cette conserve est couvrez avec de la mie de pain et du fromage fort utile en hiver, afin de s'en servir pour gar- râpé; faites prendre couleur au four ou sous le nitures. four de campagne, et servez à sec. Artichauts de Barbarie. - Ils se préparent Ce nouveau ragoût, qu'on doit à l'auteur de l'Almanach des Gourmands, est le résultat comme le giromon (V. l'article de ce légume). d'une combinaison très-intelligente et très-appé- tissante. ASPERGE. Aucune plante potagère ou co- mestible ne réunit autant d'avantages que l'as- Artichauts à l'italienne.- Coupez en qua- perge. Elle est salutaire, agréable pour la saveur tre ou six morceaux égaux trois artichauts crus et facile à bien apprêter. Elle est à peu près de que vous aurez dépouillés de leur foin: parez- toute saison, à Paris du moins ; et comme c'est un en le dessus et la pointe des feuilles; lavez-les végétal qui demande à être cueilli avant qu'il ait dans l'eau; rangez-les dans une casserole avec un pris l'air et vu le soleil, il en résulte que les as- peu de beurre; assaisonnez-les d'un jus de ci- perges d'hiver, qui sont venues sur couche et qui tron, d'un verre de vin blanc et d'un peu de sont étiolées, sont encore meilleures que celles bouillon ; faites-les cuire; égouttez-les ; dressez- qui sont récoltées dans leur saison naturelle. C'é- les, et saucez d'une italienne blanche. tait l'opinion du marquis de la Vaupalière. Artichauts grilles à la provençale. — Il y a trois espèces d'asperges, la grosse, la com- Parez trois artichauts, videz-les de leur foin, et mune et la sauvage; elles ne diffèrent entre elles laissez-les entiers; faites-les mariner avec de l'huile que par la grosseur. Les asperges communes sont et du sel; mettez-les en caisse, et faites-les griller connues de tout le monde. Les plus grosses sont à petit feu pendant une heure; étant cuits faites- celles qu'on nomme asperges de Pologne ou de en rissoler les feuilles, et servez-les avec un peu Hollande. On ne fait aucun emploi culinaire de l'as- d'huile où l'on a fait dissoudre à froid une demi- | perge sauvage, mais on s'en sert dans les apozè- mes diurétiques et dans certains juleps. On mange les bourgeons des asperges cultivées, Artichauts (cuts d') en fricassée de pou- qui constituent un aliment assez nourissant et de let. — Faites-les cuire dans un blanc après les facile digestion. Il est bon d'ajouter ici que le avoir coupés par morceaux et en avoir ôté le foin : résultat diurétique des asperges peut aisément un quart-d'heure est suffisant; remettez-les en- être neutralisé et même être changé en odeur suite à l'eau fraîche, et les accommodez comme de violette très-marquée, en versant seulement une fricassée de poulet. Quand ils seront cuits, quelques gouttes d'essence de térébenthine. dans vous y mettrez une liaison et les servirez pour un certain vase. entremets. Les asperges se mangent de plusieurs façons, et Artichauts confits et séchés. Otez-en les plus grosses sont estimées les meilleures. On toutes les feuilles et ne laissez que la partie co- les épluche en les raclant avec un couteau; on les mestible du fond ; jetez les morceaux dans une coupe de la même longueur et on les assemble en terrine avec de l'eau fraîche et jusqu'à la fin de petites bottes pour les faire cuire à l'eau bouillante. cette préparation ; faites-les ensuite cuire dans Elles ne doivent y rester que quelques minutes; si l'eau jusqu'à ce que vous puissez en ôter le foin on les laisse bouillir plus long-temps, la partie la plus aisément; remettez-les après dans l'eau fraiche, tendre se sépare du resle, et le surplus en devient et quand ils sont appropriés complètement, vous mou et filandreux. L'asperge bien cuite doit être les mettez à égoutter. Si c'est pour sécher, vous tendre, mais assez cassante pour se rompre nette- les placerez sur des claies dans un four qui ne ment en travers et du côté de la pointe ou extré- doit pas être trop chaud : si vous pouvez y tenir mité qui en est la partie comestible. la main sans qu'il vous brûle, cela suffit. Quand On en fait des litières ou des ragoûts pour gar- ils seront secs, vous vous en servirez pour les ra nir des entrées de viande et de poisson, ainsi que goûts après les avoir fait revenir dans l'eau tiède. pour garnir des potages; mais on les sert commu- Si vous voulez les confire, ils en seront meilleurs; 1 nément à l'entremets et pour manger à l'huile ou gousse d'ail. ASP ( 47 ) ASP à la sauce. Pour cet effet, après leur avoir coupé Asperges (omelette et aufs brouillés aux une partie du blanc et les avoir bien lavées, vous pointes ď). - Coupez des asperges en petits pois les faites cuire avec de l'eau et du sel; un demi- après les avoir fait blanchir ; passez-les au roux quart d'heure suffit, parce qu'elles doivent rester dans une casserole avec sel, poivre, persil et ci- croquantes; vous les dresserez sur le plat que vous boule bachés ; quand elles sont cuites, ajoutez un devez servir, en forme de gerbe couchée, et sur peu de lait, et versez le tout, en brouillant, dans des une serviette élégamment disposée pour cet effet. @ufs préparés pour une omelette. Faites l'omelette On les accompagne habituellement d'une sauce à l'ordinaire, et servez (à déjeuner pour le mieux). blanche à la muscade, et plus rarement d'une sauce Les aufs brouillés aux pointes d'asperges s'opè- au jus, qui a toujours l'inconvénient de masquer la rent avec la même préparation, mais on doit en délicatesse de leur saveur. retrancher la ciboule; et pendant la rareté des as- Si vous voulez en faire un ragoût, n'en prenez perges, c'est-à-dire au milieu de l'hiver, c'est un que le plus tendre, que vous coupez de la longueur plat qu'on peut offrir à l'entremets avec une entière du petit doigt. Quand elles sont blanchies à l'eau confiance. et bien égouttées, mettez-les dans une bonne sauce, el servez avec ce que vous jugerez à propos. Si Asperges à la Pompadour. (On a réservé c'est pour un potage, prenez-en de vertes et de la cette prescription pour la dernière, afin de petite espèce; n'y mettez que le vert, faites-les la maintenir hors de ligne. On verra qu'elle bouillir un moment dans l'eau; retirez-les à l'eau est tout à la fois d'une délicatesse exquise, fraîche et les ficelez en paquet; faites-les cuire dans d'une simplicité charmante et d'une élé du bouillon que vous destinez pour votre potage; gance parfaite). Choisissez trois bottes des quand elles sont cuites, garnissez-en les bords du plus belles asperges du gros plan de Hollande, plat. c'est-à-dire blanches avec le bout violet. Faites- les parer, laver et cuire, en les plongeant comme à Asperges en petits pois. — Faites blanchir l'ordinaire dans de l'eau de sel bouillante. Tran- fortement les asperges sans les faire cuire tout-à-chez-les ensuite en les coupant en biais, du côté ſait; coupez la partie tendre en morceaux de six à de la pointe et de la longueur du petit doigt. Ne huit lignes; achevez de les faire cuire à petit feu vous occupez que de ces morceaux de choix et dans une casserole avec un morceau de beurre, un laissez de côté le reste de leurs tigcs. Mettez les- bouquet de persil et un verre de bouillon ; quand dits morceaux dans une serviette chaude afin de elles sont cuites et qu'il n'y a presque plus de sauce, les égoutter en les maintenant chaudement pendant mettez-y un peu de sucre, un peu de sel, muscade que vous confectionnerez leur sauce. Videz un et liaison de deux jaunes d'æufs délayés dans de la moyen pot de beurre de Vanvres ou de la Préva- crème; faites lier sur le ſeu, et servez pour entre- lais en en prenant le contenu par cuillerées et le mets, mettant dans une casserole d'argent : joignez-y Asperges à la crème. — Coupez par petits quelques grains de sel avec une forte pincée de morceaux des asperges que vous ferez blanchir à i macis en poudre, une demi-cuillerée de fleur de l'eau bouillante et que vous passerez ensuite à la farine d'épautre, et de plus deux jaunes frais bien casserole avec du bon beurre; mettez-y ensuite délayés avec quatre cuillerées de suc de verjus une pleine cuillère à dégraisser de béchameil. muscat. Faites cuire ladite sauce au bain-marie, en évitant de l'allourdir en lui laissant prendre trop Asperges (ragoût de pointes d). — Faites d'épaisseur: mettez vos morceaux d'asperges tran- blanchir des asperges; coupez-en le vert et met chés dans ladite sauce, et servez le tout ensemble tez-les dans une casserole avec du coulis-clair de en casserole couverte et en extra, pour que cet reau et jambon. Faites mitonner à petit feu. La excellent entremets ne languisse point sur la table, sauce étant suffisamment réduite, ajoutez un peu et puisse être apprécié dans toute sa perfection. de beurre manié de farine, et remuez pour lier la Celte intéressante formule nous est parvenue des sauce à laquelle vous donnerez une petite pointe archives de M. Grimod de la Reynière, qui l'avait eue d'acide au moyen d'un jus de citron. par succession de son grand-oncle, M. de Jarente, Asperges au jus (pointes d'). - Tranchez ministre d'État pendant la faveur de madame de des asperges en n'en prenant que les pointes; sau- Pompadour. L'auteur du manuscrit original a eu tez-les avec du lard fondu ; ajoutez-y persil et cer- soin d'observer que ces asperges à la Pompadour ſeuil hachés, sel, poivre blanc et muscade ; faites doivent se servir à la cuillère et se manger à la nitonner le tout à petit feu dans du consommé; fourchette. dégraissez ensuite, et servez chaudement avec du jus de moulon rôti. ASPIC. On appelle aspic, et personne ne - ASP, ( 48 ) ASS saurait dire pourquoi , des filets de volaille, de i passé, servez-vous-en pour les grands et petits ra- gibier ou de poisson , qui sont renfermés avec des goûts, où cette préparation doit être employée. truffes, des crêles, des æuſs durs et des tranches de cornichons, dans une masse de gelée translu ASSAISONNEMENT. On appelle ainsi tou- cide, à laquelle on donne une forme élégante, ou tes les substances qui contribuent à relever la saveur du moins régulière, au moyen d'un moule (V. GE des choses alimentaires. L'assaisonnement considéré LLES de viandes). L'aspic est au nombre de ce dans certaines limites est un besoin réel; la plu- qu'on appelle aujourd'hui des entrées froides; mais part de nos aliments seraient indigestibles ou re- nous n'accordons pas qu'il puisse exister des en poussants si l'on n'en relevait pas la saveur avec trées froides, et nous recommandons de com du sel; cet accroissement de sapidité ne se borne poser ces aspics de manière à pouvoir les servir pas à flatter le palais, il détermine une plus abon- avec le rôti, comme une autre pièce d'entremets dante sécrétion du suc gastrique et des autres flui- froid. Nous pouvons assurer que dans les maisons des, qui se mêlent à nos aliments dans l'eslomac régulières on ne laisse jamais paraître, à dîner, pour en faciliter la digestion. un aspic (non plus qu'une bayonnaise aux laitues), L'assaisonnement le plus indispensable est le qu'au second service et comme relevé pour un sel; tous les peuples connus en font usage, et ceux plat de rôt. Nous ajouterons qu'au palais Bour- qui n'en trouvent pas dans le territoire qu'ils oc- bon, on les présentait à la ronde, entre les deux cupent parcourent habituellement des distances in- services, et puis on les déposait sur le buffet des finies, afin de s'en procurer. en-cas, avec les soupes à la russe et autres prépa Les animaux eux-mêmes, et notamment tous les rations saugrenues. quadrupèdes ruminants et plusieurs espèces d'oi- seaux, ont une appétence marquée pour le sel; Aspic chaud. - Il est encore une préparation ceux qui en mangent ont plus de vigueur que les moderne à laquelle on donne le nom d'aspic autres, et l'on a remarqué qu'ils supportent mieux chaud , et dont nous allons produire la meilleure la fatigue et sont plus rarement atteints des mala- recette. Cette composition occupe un rang distin- dies particulières à leur espèce. gué parmi les grandes sauces; ainsi l'usage en Après le sel, et avant les épices, viennent les est très-commode et très-avantageux pour la con végétaux de la famille des alliacées : l'ail, l'ognon, fection de tous les grands repas au-dessus de l'échalote et la ciboule. Parmi ces végétaux, l'o- vingt couverts. gnon est employé tout à la fois comme substance Empottez dans une marmite environ deux jar- alimentaire et comme assaisonnement; les autres, rets de veau, une vieille perdrix, une poule et et surtout l'ail, ne peuvent être considérés que deux ou trois lames de jambon; ficelez-le tout; comme des assaisonnements très-énergiques; ils joignez-y deux carottes et deux ognons, avec un stimulent fortement l'appétit sans avoir les incon- bouquet bien combiné; mouillez d'un peu de vénients qui accompagent l'usage immodéré des consommé; faites légèrement suer; quand la pré- épices, et c'est sans doute à raison de ce qu'ils ne paration tombera en consistance de glace et pren- sont pas entièrement dépourvus de propriétés ali- dra une teinte colorée, mouillez avec du bouillon mentaires. (ou avec de l'eau, en observant alors de laisser ré Le sel, les alliacées et les végétaux aromatiques duire davantage ); faites repartir, écumez et met sont les seuls assaisonnements dont la nature avait tez le sel nécessaire ; laissez cuire encore trois heu- favorisé nos climats : ils nous ont suffi pendant res, et au bout de ce temps passez à travers une long-temps; mais dès le xve siècle, lorsque les na- serviette mouillée et laissez refroidir; cassez deux vigateurs portugais curent forcé le passage du cap cufs, avec blancs, jaunes et coquilles; fouettez- de Bonne-Espérance, il en résulta que nos com- les en mouillant avec un peu de votre bouillon; munications avec l'Inde devinrent plus faciles, et inettez-y une cuillerée à bouche de vinaigre d'es- | le prix des épices , qui jusqu'alors avait été exces- tragon, ainsi qu'un verre de bon vin blanc, et sif, baissa tellement que leur usage se répandit si- versez-le tout dans votre aspic, que vous remettez multanément dans toutes les classes et dans tous sur le feu; agitez-le avec un fouet de buis, et les pays européens. quand il commencera à repartir, retirez-le sur Il en résulta ce qui arrivera toujours lorsqu'une bord du fourneau , afin qu'il ne fasse que frémir denrée qui a été long-temps rare et chère devient légèrement; couvrez-le et mettez du feu sur son subitement commune et à bon marché : on fit un couvercle. Quand vous verrez que l'aspic est bien usage excessif des épices; et personne ne pourrait clair, passez-le une seconde fois au travers d'une supporter aujourd'hui les gibelottes et les ravi- serviette mouillée et tordue que vous attacherezgotes de nos aïeux. On est revenu peu à peu à des aux quatre pieds d'un tabouret; quand il sera goûts plus tempérés : on fait à présent un usage AUB ( 49 ) AUB très - modéré des épices, excepté dans certaines et produit comestible d'une espèce de solanée dont campagnes où les boissons fermentées sont un ob on fait une grande consommation dans le midi de jet de luxe, et où l'usage du poivre est peut-être la France et dont l'usage est assez fréquent à Paris. un besoin de première nécessité? Ce fruil a la forme d'un gros æuf. Il y en a de De tous les épices, le poivre est celui dont blanches et de violettes qui sont réputées les meil- l'emploi est le plus général, mais aussi c'est une leures. On peut les conserver à la cave, ainsi que des substances dont on est le moins tenté d'abu les concombres et les autres légumes d'hiver. On ser. On fait usage encore aujourd'hui du gérofle peut les manger en salade ou cuites; mais voici les et de la muscade; mais le safran, qui entrait au meilleures manières de les apprêter. trefois dans presque toutes les préparations alimen- Aubergine à la languedocienne.- Fendez laires, est presque entièrement abandonné. trois aubergines en deux parties dans le sens de Le sucre est encore une substance alimentaire leur longueur; ôtez-en les graines et ciselez-en la et un assaisonnement, et cette double propriété chair avec la pointe d'un couteau; évitez d'en en- suffit pour qu'on n'ait à craindre aucun danger dommager la peau; saupoudrez-les de sel fin, poivre dans son usage; il n'y a que l'abus qui pourrait et muscade ; mettez-les sur un gril à feu doux et nuire, et encore faudrait-il qu'il fût poussé bien loin. arrosez-les d'huile fine. C'est un plat d'entremets ATTELET ou HATELET, petit usten- qui peut faire nombre et qui n'est pas dépourvu d'un certain agrément. sile de fer ou d'argent de forme longue et pointue dont on se sert pour assujettir de grosses pièces à Aubergines (salade d') à la provençale. la broche, comme aussi pour y fixer des oiseaux - Émincez des aubergines après les avoir pelées; de la petite espèce, afin que le gros fer ne les faites-en macérer les tranches pendant une ou endommage pas. On use également des attelets deux heures avec du vinaigre où vous aurez mêlé pour réunir de petits poissons qu'on veut soumettre de la saumure de noix, du sel gris, du poivre noir et à la friture, et qu'on sert enfilés dans leurs atte- une demi-gousse d'ail écrasée; au bout de ce temps, lets d'argent, qui doivent être terminés à leur haut étanchez-les dans une serviette en appuyant assez bout par un anneau mobile, afin qu'on puisse le fortement sur lesdits morceaux pour en exprimer saisir commodément pour en détacher les poissons. l'aqueux. On les apprête ensuite en salade en les On voit aussi des attelets en forme de flèches do- mélangeant avec du cresson de fontaine et des rées et de thyrses émaillés en vert; mais c'est une raiponces crues, des æufs durs coupés en quar- sorte de recherche ambitieuse et sans élégance. tiers, des olives farcies et quelques filets de thon Il est bon que les attelets destinés à placer des mariné. Si votre salade est destinée pour un jour rissoles ou des quenelles frites en porc-épic soient d'abstinence, à la collation, il est bien entendu également acérés à leurs deux extrémités (V.GAR- que vous en retrancherez les œufs durs et les mor- NITURES A LA CHAMBORD, etc.). ceaux de poisson, car l'usage de ces deux substan- ces alimentaires ne saurait être autorisé pour les ATTEREAU A LA BRETONNE. Placez repas de jeune en aucun diocèse. au fond d'une terrine large et bien lessivée une Aubergines à la parisienne. Ouvrez sorte de claie formée par six bâtons d'osier bien sec; établissez sur cette espèce de clair-voie une belle quatre aubergines violettes ; enlevez-en les chairs en ayant soin de n'en pas endommager les peaux; et bonnc poitrine de veau que vous aurez saupou-hachez-les ensuite avec du blanc de volaille ou drée d'un peu de sel et de poivre noir; placez im- de la chair d'agneau rôti, ou du maigre de cochon médiatement sur la pièce de veau un carré de porc de lait, comme on voudra, pourvu que ce soit une frais qui n'ait que deux jours de sel, et mettez à cuire au four et à découvert aussi long-temps que six onces de moelle, ou, si vous l'aimez autant, du viande blanche et bien cuite; mêlez dans ce hachis le plus gros pain de ménage. Il faut que le porc frais soit assez rissolé pour que la partie supérieure de muscade et un peu de sel, mais sans y joindre gras de lard; assaisonnez le tout avec une pincée en soit insoluble. On consomme le reste à l'office, et la poitrine en attereau forme un excellent plat de ménager le goût naturel de l'aubergine, que les aucune autre sorte d'ingrédient. (C'est à dessein de déjeûner. préparations de province ont toujours l'inconvé- Quand on se rencontre avec un attereau pour nient de faire disparaître en y laissant dominer les la première fois, on est tellement émerveillé de herbes fortes ou les alliacées, que les cuisiniers mé- Fexcellent goût de cette chair cuile au four sous da porc frais rissolé, qu'on ne sait ce qu'on profusion que de discernement). Incorporez dans ridionaux emploient dans certains cas avec plus de Inange ?.... votre hachis de la mie de pain rassis délayée dans AUBERGINE OU MELONGÈNE, semence) quatre jaunes d'æuſs; remplissez les moitiés d’au- 4 AYA ( 50 ) AZE bergines avec cette farce et faites-les cuire sous la ou quinze feuilles pour une théière de six tasses. tourtière, en les arrosant avec de la moelle ou du Le parfum de cette plante indienne est beaucoup lard fondu. Il en résulte un comestible délicat et plus déterminé, plus pénétrant et plus doux que très-honorablement présentable. celui du meilleur thé de caravane ; il est exhilarant surtout, et ce bon effet provient sûrement de ses AVELINE, fruit d'un arbrisseau de la même qualités céphaliques. La meilleure et la plus agréa- famille que le noisetier ou coudrier. L'aveline est ble façon d'employer culinairement ce nouvel aro- infiniment préférable à toutes les autres sortes de noisettes, dont elle se fait distinguer aisément par et des glaces à la crème. Nous avons observé que male est d'en parfumer des soufflés, des mousses sa grosseur et par son enveloppe pourprée. On dit pour être produit dans tout son avantage, et pour que la meilleure espèce d'avelines est celle qui en tirer tout le parti possible , il ne faudra l'em- nous vient du pays de Foix et du Roussillon ; mais ployer que da ns les préparations gastronomiques dans tous les climats parallèles à celui de Paris, où l'on doit faire entrer des jaunes d'æufs, avec on est sûr d'en obtenir d'excellentes, en ayant soin du lait ou de la crème; car, à défaut de cette réu- de faire éclaircir le verger autour de ces arbustes nion, la saveur et l'effet général du comestible en et d'en éloigner les plantations de noyers et d'a- mandiers. Il parait que la proximité de ces deux arrêté. Il en est de l'aya-panha comme de plusieurs auraient quelque chose de monogustuel et de trop arbres a pour les fruits du coudrier un résultat autres plantes aromatiques, et c'est la principale aussi pernicieux que l'est pour les melons le voi analogie qu'il ait avec le thé, pour qui la combi- sinage de la citrouille et des concombres. Dans les naison laiteuse est toujours indispensable, ainsi opérations culinaires et les préparations d’office, on emploie les avelines avec les mêmes procédés que chacun le sait . Le temps n'est plus où l'on payait l'aya-panha que les amandes et les pistaches; c'est-à-dire à confectionner des gâteaux et des flancs, des bisa trois cents francs t'once, ainsi que pendant l’in- vasion du cholera, par exemple. A présent, tous cuits, macarons pralinés, sorbets, dragées, etc. les négociants de Bordeaux en font venir des Indes, AVOINE. - On peut employer, pour la nu- et l'on en trouve aujourd'hui chez les principaux trition humanitaire, la semence torréfiée de l'a- pharmaciens de Paris, sur le pied de 96 à 100 voine, entière ou réduite en farine : elle est alors francs la livre de seize onces. Comme avec une dénommée gruau de Bretagne, et son usage est pincée de ces feuilles sèches, on en peut aisément fréquemment indiqué dans les prescriptions thé- confectionner un plat d'entremets, on voit qu'il est rapeutiques ou de simple hygiène. Relativement suffisant d'en acheter une once au prix de six aux diverses préparations dont cet aliment est sus- francs. C'est une dépense à la portée de tous ceptible, V. GRUAU. ceux qui dînent sans chapeau , comme disait M. de la Reynière, AYA-PANHA, plante indigène aux iles de France et de Bourbon, qui paraît appartenir à la AZEROLE, fruit de l'azerolier, arbuste qui famille naturelle des corymbifères, mais dont la se rapproche beaucoup de l'aubépine et du né- monographie est encore ignorée des botanistes flier, mais dont les fruits sont très-supérieurs à français. Ses feuilles lancéolées et légèrement den ceux de cet arbrisseau. L'azerole est surmontée chées contiennent un arôme infiniment suave et d'une espèce de couronne ainsi que la grenade et souverainement fortifiant, par diffusion. On leur la nèſe, et renferme comme celle-ci plusieurs attribue les vertus les plus éminentes à titres de noyaux d'un bois très-dur. On cultive l’azerolier stomachique et de cordial, d'apéritif diurétique, et l'on en recueille beaucoup de fruits dans tout de sudorifique, d'anti-septique, et qui plus est le midi de la France, el principalement aux envi- d'emmenagogue. rons de Fréjus, où l'on en fait d'excellentes con- On a déjà dit que c'était M. l'amiral de Sercey fitures et des conserves à l'eau-de-vie. La meilleure qui l'avait introduite en France, où l'on a pu re- espèce d'azeroles est celle dont la peau est blan- connaître à l'aya-panha des qualités digestives, che, et qu'on appelle florentine. On la cultive anti-spasmodiques, et principalement céphaliques, avec succès dans les environs de Paris quand on au plus haut degré. On en fait usage à la manière l'a fait greffer sur le poirier sauvage ou sur le du thé; mais comme son arôme est très-diffusible coignassier, ainsi qu'il est usité dans les potagers et très persistant, il ne faut en mettre que douze | de Versailles et chez les pépiniéristes d'Orléans. BAB BAB ( 51 ) B. P BABA (d'après les traditions de la Cour de qu'ils contiennent les ferait attacher au moule pen- Lunéville, et suivant la méthode de M. Carême, dant la cuisson. auteur du Pâtissier pittoresque , etc.). Pour Pour la fermentation vous aurez les mêmes at- opérer ce gâteau d'origine polonaise, qui doit tentions que pour le gâteau de Compiègne, et toujours présenter assez de volume pour être servi pour la cuisson vous y donnerez une heure et comme grosse pièce à l'entremets, et pour pou- demie. voir ligurer pendant plusieurs jours sur les buffets La vraie couleur du baba doit être rougeâtre : d'en-cas, commencez par réunir trois livres de la c'est la cuisson mâle; mais elle n'est pas facile plus belle farine, une once et quatre gros de le- à saisir, parce que le safran , par sa teinte jaunâ- vure de bière, une once de sel fin, quatre on tre, porte à la couleur, et que le sucre et le vin ces de sucre, six onces de raisin de Corinthe, six d'Espagne y contribuent pour le moins autant de' onces de raisin muscat de Malaga, une once de leur côté. C'est par ces raisons que cette cuisson cédrat confit, une once d'angélique confite, un réclame beaucoup de soins. Un quart d'heure de gros de safran, un verre de crème, un verre de vin trop suffirait pour changer cette belle nuance de Malaga, vingt à vingt-deux aufs et deux livres pourprée en une teinte indécise et rembrunie. du beurre le plus fin. Il paraît, quant à l'origine de ces gâteaux, que c'est véritablement le Roi Stanislas, beau-père de Nanière de procéder. Tamisez trois livres de Louis XV, qui les a fait connaitre en France. Chez farine; prenez-en le quart pour le levain, et après les augustes descendants de ce bon roi, on fait aroir préparé cette farine en fontaine, vous met toujours accompagner le service des babas par ce- tez au milieu un verre d'eau tiède avec douze gros lui d'une saucière où l'on tient mélangé du vin de de bonne levure, et puis vous détrempez votre Malaga sucré avec une sixième partie d'eau distil- levain, en apportant tous les soins que la fermen lée de tanaisie. tation réclame. On a su par Madame la Comtesse Kisseleff, Ensuite vous faites une fontaine avec le reste néc Comtesse Potocka, et parente des Leckzinski, de la farine, vous versez au milieu une once de que le véritable baba polonais devrait se faire avec sel fin, quatre onces de sucre en poudre, un verre de la farine de seigle et du vin de Hongrie. de crème, vingt aufs et deux livres de beurre On voit quelquefois à Paris de petits babas qui d'Isigny (manié en hiver). Faites votre détrempe, ont été formés dans de petits moules; mais alors et après avoir mêlé le levain qui doit être levé à ils se dessèchent trop aisément pour que nous point, vous travaillez et battez bien cette pâte que puissions approuver cette méthode économique Fous élargissez un peu; faites un creux au milieu, qui n'est usitée, du reste, que par les marchands dans lequel vous versez un verre de bon vin de pâtissiers. Avec des tranches de baba bien im- Malaga et l'infusion d'un gros de safran que vous bibées de vin de Madère, et trempées dans de la avez fait bouillir quelques minutes dans le quart pâte à friture, on fait un plat de beignets très-con- d'un verre d'eau; puis vous semez sur la pâte six forlable et très bien accueilli dans un déjeûner onces de beau raisin de Corinthe, épluché et bien de garçons. lavé, six onces de muscat, dont vous aurez ôté les pepins en séparant chaque grain en deux parties BABEURRE. On appelle ainsi la partie sé. (ces raisins doivent être préparés d'avance), et reuse du lait qui vient d'être soumis à la baratto puis une once de cédrat confit coupé en petits fi et dont on peut faire une espèce de fromage en le lets, ainsi que la conserve d'angélique. laissant aigrir et fermenter pendant quelques Remuez bien ce mélange, afin que les raisins se jours. Ce fromage, auquel on ajoute du sel et du trouvent également mêlés dans toutes les parties fenouil haché, est passablement bon quand il est de la masse entière. soigneusement opéré. On voit dans les romans de Vous séparez ensuite un huitième de la pâte Furetière, que les tartines au fromage de babeurre que vous rendez lisse par dessus, et puis vous en étaient déjà la reffection des pensionnaires et ôlez les plus gros raisins qui se trouvent à la sur écoliers, pour les gousters champestres. A face, et vous la posez de ce côté dans un moule la campagne et dans les grandes maisons bien ré- beurré. glées, il est bon d'employer à cet usage tout le pe- En plaçant la détrempe dans le moule, retirez tit-lait qui sort de la laiterie, et qui ne sert ha- en les gros grains de raisin, parce que le sucre bituellement qu'à désaltérer les cochons, On 4. BAI (52) BAR emploie ce fromage, ou plutôt ce résidu laiteur, | l'action du feu qui coagule subitement les parties avec beaucoup de profit pour la nourriture des de jaune qui étaient en état de suspension dans la ouvriers qui dînent aux champs, ainsi que pour sauce, et qui lui donnaient sa consistance en for- le premier repas des gens de basse-cour ou d'écu-mant avec les matières grasses une sorte d'émul- rie, qui vivent à la troisième table de service. sion ; ces parties coagulées se réunissent pour lors Cet aliment leur est plus agréable que beaucoup en grumelots , et la partie grasse de la sauce se d'autres : l'usage en est salubre, et il en résulte sépare du reste en apparaissant sous forme une économie notable. d'huile. On prévient cette séparation fàcheuse en faisant réchauſſer les sauces liées au bain-marie, BACILE ou CRÈTE-MARINE. Le bacile et voilà tout ce que nous en dirons pour le mo- croît en abondance sur les côtes de l'Océan et dans ment. les fentes de rocher, où il est continuellement ar Dans le fourneau - potager économique dont rosé par les eaux de la mer. Pour le cultiver dans M. Harel est l'inventeur, il se trouve une casse- des jardins il faut le mettre dans des pots bien role suspendue sur le pot-au-feu : sur celle pre- abrités et remplis de terre et de sable, en ayan mière casserole on peut en placer une seconde, et soin de l'arroser souvent et abondamment pen-même une troisième; le tout est recouvert par un dant l'été. Moyennant toutes ces précautions, il seau de fer-blanc rempli d'eau bouillante : on végète assez bien, mais il n'est jamais d'un aussi voit qu'au moyen de cette disposition, les cassero- bon goût que celui qu'on cueille sur les rochers. les placées sous le seau se trouvent dans un véri- On le confit au vinaigre, et on le mange en salade table bain de vapeur, aussitôt que le liquide qui crue. La meilleure espèce se recueille sur les ro- remplit le pot-au-feu est à l'état d'ébullition ; ce chers du cap Finistère, où cette plante est con- bain de vapeur transmet aux corps qui y sont nue sous le nom de perce-pierre. plongés une température encore plus élevée que celle du bain-marie; aussi les légumes , et même BADIANE ou ANIS ÉTOILÉ. L'arbre les viandes qu'on met dans les casseroles du four- qui nous procure ce fruit croît à la Chine, aux îles neau-potager de Harel, y cuisent-ils merveilleuse- Philippines et dans la Tartarie méridionale, où les ment bien. (V. FOURNEAUX). naturels le nomment Pansi-pansi. La semence de badiane communique un goût BAR, excellent poisson de l'Océan, dont la fort agréable aux compositions alimentaires avec chair est tout-à-la-fois légère et consistante, avec laquelle on la mélange; elle entre dans le choco- une saveur icthyolée, très-fine et très-maritime. lat des Indes ; l'huile essentielle qu'on en retire a Comme sa forme est à peu près celle de la carpe les propriétés de celle d'anis ; mais elle est plus ou de l'alose, il se trouve classé parmi les poissons subtile et plus pénétrante : les Chinois mâchent plats, et c'est, par conséquent, le ventre et le cette semence après le repas, et les Indiens en haut du chignon qu'on doit en servir préférable- tirent un esprit ardent, très-estimé des Hollan- ment à toute autre partie. Quand il est de belle dais, et connu dans les Pays-Bas sous le nom taille, on le sert pour grosse pièce au premier d'anis arak. Nous avons déjà parlé de cette service, et c'est un relevé du plus beau choix. On substance et de son emploi gastronomique. (V. peut employer les bars comme entrée , quand ils AROMATES ET ANISETTE D'AMSTERDAM). sont de force moyenne ou quand on veut les cou- per en dalles; mais dans aucun cas, on ne saurait BAIN-MARIE. Quand, dans un vase plein approuver les cuisiniers qui les font cuire sur le d'eau bouillante, on en plonge un autre avec des gril. C'est une préparation qui ne convient que substances qu'on veut faire chauffer ou cuire, on pour des poissons très-gras, et qui fait perdre à fait ce qu'on appelle un bain-marie. celui-ci beaucoup de sa délicatesse. La meilleure Ce qu’on a mis dans le second vase ne saurait façon d'apprêter un bar est de le faire cuire dans acquérir la température de l'eau bouillante, et ne une watter-fich qu'on aura faite à l'avance avec s'échauffe qu'avec lenteur et d'une manière pro- un quarteron de beurre salé et cinq à six gran- gressive qu'on est toujours à temps d'arrêter; ce des tiges de persil à qui l'on aura eu soin de lais- qui est fort utile en certaines circonstances, et ce ser leurs racines. On le servira sans garnitures et qui est toujours difficile à obtenir quand on fait sans autre accompagnement qu'une sauce jaune chauffer à feu nu. à la hollandaise, dont voici la meilleure recelle. Ainsi, supposons qu'on veuille réchauffer une Meltez dans un bol une demi-livre de beurre sauce qui a été liée avec des jaunes d'eufs, elle frais, six jaunes d'auſs également frais, avec du tourne presque toujours quand on met sur un sel en quantité suffisante, et trois cuillerées de fourncau le vase qui la contient : cet effet est dû à l bon vinaigre où vous aurez fait inſuser pendant . BAR ( 33 ) BAR trois ou quatre heures un gros de macis. Placez le On peut aussi le servir à la sauce verte , assai- bol au milieu d'un bain-marie, et tournez la sauce sonnée de sel, poivre, une pointe d'ail, et deux jusqu'à ce qu'elle ait acquise apparemment la anchois, ou des olives tournées, c'est-à-dire dont consistance d'une forte bouillie. Vous trouverez, on a séparé la chair des noyaux. Les meilleures en la dégustant, qu'elle n'en a ni la lourdeur em- parties de ce poisson rond sont les filets sur le pâtée, ni l'épaisseur, en réalité, tant elle est onc- dos, la tête et surtout la langue. tueuse et ductile, légère et suave! C'est assuré Le jeune barbeau se nomme barbillon. La ma- ment une des combinaisons gastronomiques les nière de l'apprêter est toujours la même. mieux calculées, et c'est une des sauces au pois- son qui font le plus d'honneur à l'intelligence cu BARBOTE, très-bon poisson d'eau douce: linaire et au bon jugement de MM. les Hollan on doit le limoner à l'eau bouillante pour le net- dais. toyer, mais il faut l'y laisser peu de temps pour éviter qu'il ne s'écorche.' On doit jeter les eufs BARBEAU, BARBILLON, poisson de ri en l'habillant, et le court-bouillon doit être fait vière , oblong, de grandeur moyenne et couvert avant d'y mettre les barbotes, parce qu'il ne faut d'écailles légères. Il doit son nom à quelques ap- qu’un moment pour les cuire. pendices ou filaments charnus qui pendent de cha On les apprête de plusieurs manières; on en que côté de ses lèvres, et qui simulent une espèce garnit des matelotes et autres ragoûts composés ; de barbe. on en fait surtout d'excellentes fritures , et leurs Il est une saison de l'année où les eufs du bar- foies sont un mets presqu'aussi renominé que ce- beau purgent violemment; ainsi l'on doit avoir lui de la lotte, avec qui la barbote a déjà plusieurs soin de les tirer avec les entrailles, avant de faire affinités gastronomiques. cuire le poisson. La chair du barbeau a souvent besoin d'être re . Barbote à la royale. - Videz les barbottes levée par des assaisonnements énergiques; mais écaillées; farinez-les, et faites-les frire; mettez-les l'auteur de la Physiologie du Gout n'en cite ensuite dans une casserole avec beurre roux, an- pas moins les gros barbeaux comme un comes- chois fendus, sel, poivre, muscade, câpres, jus tible ſort honorable. d'orange amère, ou grains de verjus : laissez cuire doucement; garnissez de persil frit et de tranches Barbeaux à l'étuvée. - Après avoir écaillé de citron si vous n'avez pas de bigarades. et vidé les barbeaux, faites-les cuire avec du vin rouge, sel, poivre, gérofle, un bouquet garni, et Barbote en casserole.-Préparez-les comme un gros morceau de beurre; quand ils sont cuits, ci-dessus; passez leurs foies à la casserole avec du liez la sauce avec un peu de beurre manié de fé beurre roux et une cuillerée de farine; mettez-y vos cule ou de farine de riz. poissons avec un verre de vin blanc , sel, poivre, bouquet de fines herbes, un peu de citron vert et Barbeau au court - bouillon. Si le bar- des champignons. Lorsqu'ils sont cuits à point, beau est gros, videz-le sans l'écailler, mettez-le garnissez-les des mêmes champignons, et mettez- dans un grand plat, et arrosez-le de vinaigre bouil- y le jus d'un citron vert; entourez-les de leurs foies lant; assaisonnez de sel et de poivre. coupés en dalles et alternés avec des croûlons frits. Faites ensuite bouillir à grand feu dans une poissonnière, du vin , du verjus, sel, poivre, clous de gérofle , laurier, ognons blancs, écorce de ci- BARBUE, poisson de mer qui diffère du tur- tron et bouquet garni. Quand l'ébullition sera bot, en ce qu'il est plus large et moins épais. complète , mettez le barbeau dans la poissonnière, Comme la chair de ce poisson est moins ferme que et laissez-le cuire jusqu'à ce que le bouillon soit suf- celle du turbot, elle prend avec plus de facilité fisamment réduit. Quant il est cuit, écaillez-le, et l'assaisonnement qu'on lui communique. Quand dressez-le à sec sur une serviette et dans un plat nous disons que la barbue ressemble au turbot, nous garni de cresson. C'est un plat de rôl qui peut être n'entendons parler que de son extérieur, car elle utile un jour maigre. est beaucoup moins onctueuse et moins savou- reuse. Nous ne sommes pas de ces gens qui Barbeau grillé. —Videz et écaillez le poisson; s'y laissent tromper; nous dirons sans précautions incisez-le légèrement sur le dos; frottez-le avec du oratoires et sans ménagement pour la barbue, qu'elle beurre et du sel fin et puis mettez-le sur le gril; a encore plus de rapports avec la limande qu'avec quand il est cuit, dressez-le avec une sauce aux le turbot. Lorsque M. de la Reynière a fait impri- anchois , à laquelle on peut ajouter des huîtres ma mer son dithyrambe à l'honneur de la barbue, qu'il appelle une crème maritime , il était sûrement 1 rinées. BAR ( 54 ) BAS préoceupé de la sauce à laquelle il la mangeait ? avec son oncle Michel, (épouvantable écrivain qui (V. Béchameil à la purée de crevettes.) prédit toujours la famine!) César Nostradamus avait Barbue marinée. — Après l'avoir vidée , in-appris sur les lieux, que la bartavelle était d'origine cisez-la sur le dos pour lui faire prendre la mari- attique et que c'était le bon roi René d'Anjou qui en avait doté sa chère Provence. Un des Scaliger nade ; laissez-la mariner pendant deux heures avec ajoute à ceci que la bartavelle est originaire du verjus, sel, poivre, ciboules, laurier, citron; trempez-la dans du beurre fondu, poudrez-la de Mont-Olympe, et qu'elleena conservé le sen- timent de sa grandeur, vu qu'elle ne se plaſt sel, mie de pain ou chapelure fine; faites cuire au que sur les plus hauts tioux pour y régner four ou dans une tourtière; servez avec une purée en souveraine. Scaliger ne tient aucun compte de tomates ou d'oseille, en plat de relevé, bien en- des aigles ni des vautours, à ce qu'il paraît. Le tendu, père Porée a dit en latin qu'il y avait la même dis- Barbue à la béchameil. - Faites-la cuire tance entre les bartavelles et les perdrix qu'entre avec moitié lait et moitié eau de sel, avec des ognons les pêches et les châtaignes. Cyrano de Bergerac coupés en tranches, ciboules, thym, laurier, per a dit en patois que les bartavelles sont aux per- sil, ail, gerofle, gros poivre; salez fortement. Si dreaux ce que les cardinaux sont aux frères-gris. vous voulez que la barbue soit très-blanche, il faut Enfin, M. de la Reyquière a dit en français que les faire bouillir le court-bouillon à part pendant un bartavelles méritent un si profond respect, qu'on ne quart d'heure; passez-le au tamis; frottez avec un devrait les manger qu'à genoux. Il appert de tout citron le côté blanc de la barbue ; versez par-des-ceci qu'on a beaucoup parlé des bartavelles, et tout sus le court-bouillon; faites cuire à pelit feu et ce que nous pouvons en dire de plus, c'est que l'ex- sans boullir, de peur que le poisson ne se rompe : cellence de ces oiseaux, leur rareté, et le prix ex- il est cuit quand il cède sous le doigt; retirez et cessif qu'on y met ajoutent encore à leur mérite. faites égoutter. Quand il est cuit comme il est pres- Nous conseillons de les faire piquer de lardons très- crit ci-dessus, on le couvre d'une béchameil au fins, ou mieux encore de les barder s'ils paraissent maigre. (V. SAUCES. ) très-jeunes, afin de les cuire à la broche, et de les servir en superbe plat de rôt. Barbue à la parmesane. - Levez les chairs d'une barbue de desserte; faites-les chauſſer dans BASELLE, plante potagère qu'on cultive une béchameil épaisse; arrangez le tout sur un plat, abondamment dans certaines provinces, et dont en unissant bien le dessus; panez avec de la mie les feuilles se préparent absolument comme celles de pain, et saupoudrez avec du fromage de Parme de l'épinard, de l'arroche et du pourpier. (V. ÉPI- râpé; faites prendre couleur sous un four de cam- NARDS, pagne, et servez pour entrée. Barbue à la provençale. Après avoir BASILIC, plante à fleur monopétale et labiée. mariné une barbué, faites-la frire ; levez ensuite On distingue quatre sortes de basilic ; trois domes- la chair en filets, et servez-la avec une sauce aux tiques, dont l'une est appelée le grand basilic, et anchois et des olives farcies pour garniture. se trouve souvent employée dans les cuisines. C'est l'espèce la plus estimable pour son utilité; BARDE. On nomme ainsi une tranche de son arôme est agréable, et c'est sur la culture de lard dont on garnit le fond des casseroles et dont cette variété que se fixe l'attention des jardiniers on recouvre souvent les viandes qu’on s'apprête à aliments. On l'arrache avant qu'il ne fleurisse, et à cause de l'usage continuel qu'on en fait dans les faire rôtir. l'on en fait des paquets qu'on met à sécher à l'om- Barder, exprime l'action de couvrir avec des bre et dans un lieu bien sec. On le met en poudre, bardes : on barde une volaille; on fonce une cas- lorsqu'on veut s'en servir dans les sauces avec les serole avec des bardes, c'est-à-dire on en couvre autres épices. On l'emploie encore dans les courts- le fond avec des tranches de lard, bouillons de poisson, sans le pulvériser, et lors- qu'il est encore vert et tendre, on en met quelque- BARTAVELLE, perdrix rouge de la plus fois dans les fournitures de salades cuiles (pour grosse espèce et qui n'habite que les contrées collation), telles que celles de haricots blancs, de méridionales. On la trouve principalement sur les pommes de terre, de betteraves, de lentilles, etc. Alpes dauphines et quelquefois dans les hautes où cet ingrédient cru fait alors un très-bon effet. vallées du Grésivaudan, du Viennois et du Valen- Les pigeons au basilic sont un ancien ragoût tinois. César Nostradamus, qui était gastronome qui n'a rien perdu de sa considération primitive. sans être astrologue, et qu'il ne faut pas confondre I (v. PIGEONS.) BAT ( 58 ) BÉC - BAT, chez les marchands de marée et les pois. Mais l'étamage ne doit jamais dispenser de la plus sonniers de rivière, se dit de la queue du poisson; grande propreté. Un vase qui a été long-temps on estime un grand poisson par le nombre de sans servir, même après avoir été étamé à neuf, pouces qu'il a entre vil et bat, c'est-à-dire en ne doit jamais être employé avant d'avoir été frotté tre la tête et la queue, à sec avec un peu de blanc d'Espagne, ensuite lavé à l'eau chaude, et soigneusement essuyé avec BATARDE. On appelle bâtarde une pâte un linge très-sec. qui n'est ni très-molle ni très-ferme. (V. PATISSE- RIE.) BAVAROISE, nom d'une boisson chaude BATONS ROYAUX. C'est une espèce de qui se fait avec une infusion de thé et du sirop de rissoles. Faites une farce très-fine avec de la capillaire. C'est celle-ci qu'on appelle bavaroise à chair de volaille ou de gibier ; roulez ce hachis en l'eau; on l'appelle bavaroise au lait, lorsqu'elle se forme de petits fuseaux, que vous enveloppez dans confectionne avec cette dernière substance. de petites abaisses de pâte fine, et faites-les frire. On les enfile souvent dans des attelets d'argent bouillir dans un poêlon de terre un quart de pinte Bavaroise en gelée à la vanille. Faites pour les employer à garnir une pièce de bæuf, de crème, et ajoutez, qnand elle commence à bouil- dans laquelle on les pique en enfonçant la pointe lir,un morceau de vanille et du sucre : retirez du feu, de ces attelets. On les sert aussi comme hors- couvrez le poêlon et laissez refroidir. Délayez dans d'auvre avec une garniture de céleri frit. C'est une composition culinaire qui remonte au temps le feu en tournant avec une cuillère de bois ; quand la crème six jaunes d'aufs et faites-les chauffer sur de Charles VII et d'Agnès Sorel. la crème épaissit, passez à l'étamine, laissez refroi- BATTERIE DE CUISINE, expression qui dir encore, et ajoutez près d'une once de colle de s'applique à l'ensemble de vases et utensiles de poisson, dissoute comme pour les gelées, et un cuivre qu'on réunit dans une cuisine , pour servir fromage fouetté. Versez-le tout dans un moule, et faites prendre à la glace comme une gelée. aux diverses préparations alimentaires. Une batterie de cuisine doit contenir : Un assortiment de trente casseroles, garnies de BAUME. On le confond quelquefois avec la leurs couvercles , et étagées par grandeur depuis menthe; le véritable baume des cuisines, nommé la plus petite dimension jusqu'à la plus grande; dans beaucoup d'endroits baume coq, est la ta- Deux ou trois braisièros; naisie odorante, plante très-éloignée des menthes. Deux poissonnières ; Le baume s'allie très-bien avec les substances ali- Une turbotière; mentaires tirées du règne animal, et on l'emploie Quatre marmites, une grande, une moyenne et aussi comme fourniture dans les salades. deux petites; Trois fours de campagne avec des tourtières de BAUME DU PÉROU et BAUME DE diverses dimensions; TOLU (V. AROMATES et PHARMACIE DOMES: Des moules à pâtisseries et à gelées; TIQUE). Un assortiment d'écumoires et de passoires; Plusieurs chaudrons et bouilloires, des grils, BECCARD. Les cuisiniers disent que c'est la des broches, des lèchefrites et des attelets; femelle du saumon, qui a le museau plus crochu Plus ou moins de tout cela, selon l'étendue des que le mâle; mais les naturalistes soutiennent que besoins; mais il vaut mieux en avoir surabondam- tous les saumons du printemps deviennent bec- ment que d'être exposé à en manquer. cards aux mois d'août et de septembre, époque La batterie de cuisine est généralement faite en de l'année où le saumon est beaucoup moins es- cuivre élamé en dedans; c'est une mince défense timé. Il est toujours bon de s'abstenir dans le doute, contre le vert-de-gris, car l'étamage de la plus et l'on fera bien de n'acheter du saumon que grande casserole emploie au plus un demi-gros d'é- lorsqu'il n'aura pas le museau crochu. tain. Heureusement la plupart des substances qui peuvent déterminer la formation du vert-de-gris BÉCASSE, BÉCASSINE ET BÉCAS- n'ont aucune action à chaud sur le cuivre. Il n'en SEAU, oiseaux de passage dont la chair est est pas de même à froid ; aussi doit-on bien se gar alimentaire et stimulante avec une sapidité très- der de laisser refroidir, dans les vases de cuivre, prononcée, mais qui plaît généralement. Cette fa- les préparations qu'on y a faites. mille est du nombre des oiseaux qui doivent être On doit faire étamer souvent; c'est un motif de rôtis sans avoir été vidés, ce qui faisait dire à feu plus pour avoir toujours des pièces de rechange. | Montmor, que la bécasse n'était pas moins véné BÉC ( 56 ) BÉO rable et moins vénérée que le Grand-Lama. . Salmis froid. - Préparez votre salmis comme Quand la bécasse est rôtie la cuisse en est le meil- il est indiqué ci-dessus; finissez-le un quart-d'heure leur morceau; mais quand elle est en ragoût les avant de servir; mettez les membres de votre gi- parties charnues de la poitrine obtiennent la pré- bier à part ; ajoutez à votre sauce une bonne cuil- férence. La bécassine ne diffère de la bécasse que lerée à dégraisser de gelée ou d'aspic; posez votre parce qu'elle est moitié moins grosse. Le bécasseau casserole sur la glace ou sur de l'eau sortant du ne diffère aussi de la bécassine que parce qu'il est puits; remuez bien cette sauce jusqu'à ce qu'elle moitié plus petit: observez que ces trois espèces de prenne: une fois à son degré, trempez-y ces mem- gibier se préparent de la même manière et ne se bres de bécasse les uns après les autres; dressez- vident jamais. les sur votre plat de service; couvrez-les du res- tant de la sauce; garnissez votre entrée de croûtons Bécasses , Bécassines et Bécasseaux à la passés dans du beurre ; décorez-la tout autour broche, Plumez et flambez trois bécasses; avec de la gelée taillée en diamants. épluchez-les; supprimez la peau de la tête, en la laissant (c'est-à-dire la tête) adhérente au corps; Bécasses ( salmis de) à la bourgeoise. retroussez-leur les pattes, et servez-vous de leurs Si vous n'avez point de sauce, vous ferez ún becs comme d'une brochette, pour les trousser ; roux léger, et vous y mettrez vos débris pilés ; prenez la moins grasse des trois, piquez-la ; bardez vous y verserez un verre de vin blanc, deux verres les deux autres, passez-leur 'un attelet entre les de bouillon, un clou de gérofle et du sel; vous cuisses ; fixez-le par les deux bouts : faites cuire ferez réduire votre sauce à moitié, et vous la pas- ces bécasses environ une demi-heure, et arrosez serez comme il est dit ci-dessus. les souvent, en ayant mis dessous trois rôties de pain pour recevoir la graisse et tout ce qui peut Salmis de table à l'esprit-de-vin. - Lors- tomber de leur corps ; au moment de servir, reti- que vos bécasses rôties sont sur la table, vous les rez vos rôties, parez-les sur le plat, assaisonnez-les dépecez et les laissez sur le plat, que vous mettez avec du jus de citron, quelques grains de mignon sur un réchaud à l'esprit-de-vin; ajoutez du sel, nette, un peu d'huile verte, et quelques gouttes du poivre, une cuillerée à bouche d'échalotes ha- de Soya. Placez une bécasse sur chaque rôtie. chées , les trois quarts d'un verre de vin blanc, le jus de trois citrons, du beurre gros comme la Bécasses rôties à l'anglaise. — Videz-les moitié d'un cuf; vous saupoudrez votre salmis de par le dos; retirez-en tous les intestins; hachez- chapelure de pain ; vous le laissez mijoter dix mi- les; mêlez-y du lard râpé, à peu près moitié du nutes, en le retournant de temps en temps : voyez volume des intestins; un peu de persil, de ciboules si votre sauce est de bon sel , et distribuez-en les et d'échalotes hachées, ainsi que du sel et un peu morceaux. de gros poivre; farcissez de cela vos bécasses ; re- cousez-les, bardez-les, et finissez comme il est Salmis au chasseur. Vous avez mis vos indiqué ci-dessus. Vous ferez servir à proximité bécasses à la broche, et vous les dépecez; vous en de ce plat de rôt une bread-sauce (V. SAUCE AU placez les membres dans une casserole; hachez le PAIN) foie et l'intérieur de ces bécasses, que vous mettez Bécasses (salmis de) à la royale. - Pré- lote hachée, deux verres de vin blanc, du sel , avec leurs membres, de la ciboule ou de l'écha- parez trois bécasses, bardez-les et faites-les cuire du poivre fin, quelques croûtes de pain ; vous à la broche, laissez-les refroidir, levez-en les faites jeter deux ou trois bouillons à votre salmis, membres, ötez-en la peau, parez-les , rangez-les et vous le seryez prestement. dans une casserole, avec un peu de consommé; posez-les sur une cendre chaude et faites en sorte Bécasses et Bécassines à la minute. qu'ils ne bouillent point; coupez six échalotes, un Troussez des bécasses , flambez et parez-les; vous peu de zeste de citron; mettez-les dans une cas les mettrez ensuite dans une casserole sur un feu serole avec un peu de vin de Champagne et faites ardent, avec un bon morceau de beurre, des bouillir ; concassez vos carcasses de bécasses; échalotes hachées, un peu de muscade râpée, du mettez-les dans votre casserole ; ajoutez-y quatre sel et du gros poivre; quand vous les avez sautées cuillerées à dégraisser de consommé réduit , ou de sept à huit minutes, vous y mettez le jus de deux glace de viande; faites réduire le tout à moitié; citrons, un demi-verre de vin blanc, un peu de Passez cette sauce à l'étamine; égouttez les mem- chapelure de pain; vous les laissez sur le feu jus- bres des bécasses, dressez-les, mettez entre ces qu'à ce que votre sauce ait jeté un bouillon : après membres des croûtons de pain passés dans du cela, vous le retirez de dessus le feu, et vous beurre, et ajoutez à la sauce un jus de citron. pouvez les faire servir. - BÉC ( 37 ) BÉC Sauté de filets de bécasses. Vous levez Sauté de filets de bécasses à la proven- les filets de six bécasses , vous les parez et vous les cate. Préparez-en les filets comme les précé- mettez sur un sautoir ou tourtière; vous faites dents; assaisonnez-les de sel, de poivre, des quatre tiédir un bon morceau de beurre, et vous le versez épices; vous les couvrez d'huile, vous y mettez dessus ; vous y ajoutez du sel, du gros poivre, un peu une gousse d'ail pilée; versez de l'huile dans une de romarin en poudre. Au moment de servir, vous casserole, avec vos débris de bécasses; vous les mettez ces filets sur un feu ardent; vous les retournez faites revenir dedans, avec une pincée de persil et ne les laissez qu’un instant au feu : il ne faut pas en feuilles , une gousse d'ail, deux clous de gé- qu'ils soient trop cuits; vous les égouttez et vous rofle, six échalotes , une feuille de laurier; quand les dressez en couronne, un croûton entre chaque vos débris seront bien revenus, vous y mettrez morceau de gibier; faites suer les débris de vos une cuillerée à bouche de farine , vous les mouil- bécasses avec un demi-verre de vin blanc , une lerez avec un verre de vin blanc et trois verres de feuille de laurier , un clou de gérofle, et laissez bouillon; vous ferez réduire cette sauce à moitié; tomber votre suage à glace; lorsqu'il est réduit, dégraissez-la et passez-la à l'étamine. Au moment vous y mettez un demi-verre de vin blanc, un de servir, vous sauterez les filets, et vous les verre de bouillon, six cuillerées à dégraisser d'es dresserez en couronne, un croûton glacé entre pagnole; vous faites réduire le tout à moitié. Passez chaque filet; vous mettrez le jus d'un citron dans votre sauce à l’étamine, et versez - la sur vos leur sauce, avec un peu de zeste; vous la verse- filets. rez sur les filets. Sauté à la bourgeoise. Si vous n'avez Croûtons de purée de bécasses. — Vous pas de sauce à l'espagnole, vous mettez avec mettrez trois ou quatre bécasses à la broche; quand votre suage un verre de vin blanc, trois verres de elles seront cuites, vous les laisserez refroidir ; bouillon; vous laissez mijoter votre suage; ajoutez-y vous en enlèverez les chairs et l'intérieur, vous les du sel, du gros poivre ; vous ferez réduire cette mettrez dans le mortier avec du lard gras cuit, de sauce, vous la dégraisserez , et la passerez à l'éta la grosseur d'un euf, un peu d'aromates' pilés, mine; lorsque vous la servirez, vous y mettrez le puis vos débris dans une autre casserole, avec un jus d'un citron. Voyez si elle est d'un bon sel. verre de vin blanc, un peu de persil en branches, Filets de bécasses en calapé ( suivant la une feuille de laurier, un clou de gérofle et deux vieille formule). verres de bouillon; vous ferez réduire cette sauce Vous levez les filets de quatre bécasses, vous les parez et les assaison- à moitié ; vous la passerez à l'étamine, en la fou- nez de sel et de gros poivre; vous faites tié- lant un peu ; lorsqu'elle sera froide, vous pilerez les chairs de vos bécasses, et vous y verserez cette dir un morceau de beurre, vous le versez sur sauce. Si votre purée passait difficilement, vous les filets; vous prenez l'intérieur des bécasses, la mouilleriez avec un peu de consommé; vous la excepté le gésier; vous mettez un morceau de lard mettrez ensuite dans une casserole : ayez attention cuit de la grosseur d'un qul, un peu de persil et de la tenir chaude, sans bouillir, ou au bain- d'échalotes bien hachés, un peu d'aromates pilés, marie; vous ferez des croûtons ovales pointus , du sel, du gros poivre; vous hachez le tout en- semble , et quand votre farce sera finie , vous ferez épais d'un bon pouce et demi ; avant de leur don- ner couleur dans le beurre, vous ferez une inci- des croûtons un peu plus grands et de la même sion à une ligne du bord en dedans, et tout à l'en- forme que vos filets; ils seront épais d'un demi- tour; vous mettrez vos croûtons dans le beurre; pouce : avant de les passer ou de les faire jaunir quand ils auront couleur, vous les égoutterez et dans le beurre , vous ſerez une incision à une ligne les viderez, c'est-à-dire vous ôterez la mie de du bord en dedans, tout à l'entour; quand votre l'intérieur de votre croûton ; et au moment de ser- croûton sera passé, vous le creuserez de manière vir, vous mettrez votre purée dans lesdits croû- qu'il puisse contenir de la farce ; alors dans chaque tons, que vous servirez pour hors-d’quvre. croûton vous en mettrez à comble, afin que vous puissiez le couvrir par un filet; tous vos croûtons Soufflé de bécasses, suivant la méthode de remplis, un bon quart d'heure avant de servir, vous feu Beauvilliers. Prenez deux bécasses cuites à les mettez dans le four, ou sur un gril à un feu la broche; levez-en les chairs; supprimez-en les doux, et sous un four de campagne assez chaud pour peaux et les nerfs; hachez ces chairs; pilez-les en pouvoir cuire vos calapés; alors vous sauterez vos y joignant les foies que vous aurez fait blanchir, filets, vous dresserez à plat vos croûtons, et vous et dont vous aurez ôté l'amer ; retirez le tout du poserez un filet sur chaque croûton; vous y mettrez mortier, mettez-le dans une casserole, avec environ la même sauce que la précédente ; vous y ajouterez quatre cuillerées à dégraisser de consommé réduit; gros comme une noix de glace. chauffez-le tout sans le faire bouillir; passez-le à : BÉC ( 38 ) BEC l'étamine à force de bras; ramassez avec le dos du mais il a les ailes plus noires, et le ventre plus couleau ce qui peut être resté en dehors de cette éta blanc; son bec est de différentes couleurs, noir mine, et déposez-le dans un vase. Mettez dans une à la pointe et d'environ trois pouces de lon- casserole quatre cuillerées à dégraisser d'aspic et gueur. Les autres espèces ne different de celle-ci deux de consommé; concassez les deux carcasses ; que par plus ou moins de grosseur et par quelque joignez-les à votre sauce et faites-la réduire; met variété de couleur dans le plumage. Elles sont tez-y un peu de glace ou de réduction de veau ; plus tendres et plus délicates que les bécasses. faites-la réduire encore de nouveau plus qu'à demi Les bécassines s'apprêtent comme les bécasses. glace; retirez du feu la casserole et mettez-y votre On les sert entières ou tout au plus on les coupe purée, mêlez le tout; ajoutez-y gros comme un longitudinalement en deux parties égales. C'est un cuf d'excellent beurre, un peu de muscade râpée, rôti très-estimé, et incorporez-y quatre jaunes d'æufs frais, des- quels vous aurez mis les blancs à part; fouettez BÉCASSEAU, C'est le nom qu'on donne au ces blancs comme pour faire un biscuit; incorpo- petit de la bécassine: mais il appartient aussi à rez-les petit à petit dans votre purée, quoique une espèce de bécassine, On fait d'excellents pâtés chaude, et le tout bien mêlé; versez-le dans une de bécasseaux: comme ceux de mauviettes (V. casserole d'argent ou une caisse de papier, ronde PATÉS FROIDS). ou carrée; mettez-le dans un four ou sous un four de campagne, avec un feu doux par dessous et par BEC-FIGUE, ou plutôt BEQUE-FIGUES, dessus; lorsque votre soufflé sera bien monté, petit oiseau très-délicat et assez commun dans la vous appuierez légèrement les doigts dessus; s'il Provence, la Gascogne, l'Italie, et généralement résiste moyennement au toucher, c'est qu'il est à dans tous les pays abondants en figues, dont il fait son degré; servez-le aussitôt, de crainte qu'il ne sa principale nourriture. Il n'offre point de carac- retombe. tère distinctif, parce qu'il n'y a rien de tranché dans sa forme ni dans ses couleurs; aussi y a-t-il Terrine de bécasses à l'ancienne mode, plusieurs sortes d'oiseaux à qui l'on attribue le - Ne videz pas les bécasses; piquez-les de gros même nom. lard assaisonné; garnissez le fond d'une braisière Le bec-figue ordinaire est de la grosseur de la de bardes de lard et tranches de bœuf battues, avec sel, poivre, bouquet garni, ognon coupé par linotte. Il y en a une si grande quantité dans l'ile tranches, carottes, panais, ciboules entières et de Chypre, qu'on les marine au sel dans des persil haché, un peu de basilic et d'épices; met- barils. Il s'en débite beaucoup à Venise. tez-y les bécasses l'estomac en dessous; assaison- Les bec-figues se mangent rôtis, on leur coupe nez dessus comme dessous; ajoutez des tranches la tête et les pieds, sans les vider; on les met en- de bæuf ou de veau et des bardes de lard; couvrez suite sur un attelet en les enveloppant avec de pe- la braisière, et faites cuire feu dessus et dessous. tits morceaux de feuilles de vigne. On les saupou- Mettez dans une casserole un peu de jambon et dre, pendant qu'ils cuisent, de râpure de croûte de lard coupé en dés; laissez roussir un peu, et de pain mêlée de sel, et on les mange au verjus de ajoutez ciboules, persil et champignons hachés; grain avec un peu de mignonnette ou poivre blanc. passez le tout ensemble, et mouillez avec du jus, ou à défaut avec de bon bouillon. Lorsque tout est BECHARUT. C'est un oiseau aquatique, de cuit, ajoutez, pour lier la sauce, un peu de coulis l'espèce des palmipèdes, et qu'on trouve assez fré- de veau et de jambon, qu du beure d'anchois ma- quemment dans les grands marais de la Bresse et nié de farine, et une demi-cuillerée de câpres. du Dauphiné, où il est connu sous le nom de buy- Quand les bécasses sont cuites, tirez-les de la criant. Son plumage est rouge, et sa voix est aussi braisière; laissez-les égoutter; dressez-les dans la fortement aiguë que le bruit d'un chairon. Les terrine, et versez par-dessus la sauce ci-dessus : Romains faisaient grand cas de sa langue et la c'est ce qu'on nomme sauce hachée. mettaient au nombre de leurs mets les plus exquis et les plus coûteux. Sa chair est noire et d'une sa- Paté de bécasses, à la manière d'Abbeville et pidité qui rappelle le goût du rouge-de-rivière. de Montreuil-sur-mer (V. PATÉS FROIDS). On lui fait subir les mêmes préparations qu'aux autres gibiers aquatiques, et l'on dit que dans la BÉCASSINE, oiseau plus petit que la bécasse, province ecclésiastique de Vienne en Viennois, et qui lui ressemble assez par l'extérieur. Il y a l'usage en est permis les jours d'abstinence trois ou quatre espèces de bécassines qui sont dif (V. MARCREUSE et SARCELLE). férentes par le goût. Le bécasseau a le plumage du dos à peu près semblable à celui de la caille, BÉCHAMEIL (sauce à la). (V. SAUCES). BEI ( 89 ) BEI BEEF'S TEAK (en français BIFTEC). , phalie, et dont voici la recette. - On prend une Parez un morceau de filet d'aloyau, choisissez le sous-noix de bæuf assez mortifiée pour être bien milieu de préférence, ayez soin d'en ôter toutes les tendre; on n'y laisse pas du tout de graisse, et on fibres et d'y conserver le plus de graisse que vous la coupe à distances égales, en sept ou huit mor- pourrez; coupez ce filet par morceaux d'un pouce ceaux, sans en détacher les tranches et sans les et demi d'épaisseur, aplatissez-lesdits morceaux et désunir complètement. Il est suffisant de pouvoir réduisez-les à l'épaisseur d'un demi-pouce; met- les entr'ouvrir assez pour introduire entre cha- tez-les sur un gril très-propre, avec un feu très cune d'elles une bonne pincée de sel mélange de viſ; retournez-les presque continuellement, afin poivre fin, On place la dite sous-noix, tranchéo et que le feu les saisisse en leur faisant conserver leur assaisonnée comme il est dit, dans une grosse jus, qui, si vous les laissiez languir sur le feu, ne terrine à couvercle, et l'on y met, immédiate- manquerait pas de se perdre en les retournant. Il ment sur la viande, douze ou quinze pommes de ne faut pas plus de trois minutes pour les faire terre crues dout on a ôté la peau, et qu'on a lé cuire si le feu est convenable. Ensuite dressez-les gèrement saupoudrées de sel blanc. Il est bon que sur un plat dans lequel vous aurez mis gros de ces pommes de terre soient de l'espèce d'Irlande beurre comme une noix par chaque filet; chauf et de Zélande (c'est-à-dire à pulpe farineuse, de fez légèrement ce plat; retournez vos filets, les forme ronde et de couleur jaune pâle). On recou- quels feront fondre le beurre en les appuyant des vre la terrine, dont on lute le couvercle avec de sus, et garnissez-les de pommes de terre sautées la pâte, et l'on établit cet appareil dans le coin au beurre. Il n'est pas du meilleur goût d'employer d'une cheminée, sous un monceau de cendre pour assaisonner les beef's teak une sauce à la chaude par-dessus laquelle on a soin d'appliquer maître-d'hôtel , et ce n'est pas sans raison, et d'entretenir, pendant quatre heures, un grand parce que la double saveur des fines herbes et du feu de charbons ardents. citron domine toujours beaucoup trop sur un co Rien n'est supérieur à l'esculance et à la saveur mestible aussi simple, ingénue de ce ragoût Teutonique. C'est un ali- ment qui convient très bien pour le déjeûner; on Véritable beef's teak, comme il se fait en le met sur un grand Pot-à-Oille, en vieille argen- Angleterre. - Les cuisiniers anglais prennent, terie, qui est réservé pour cet usage et qui s'ap- pour faire leur beef's teak, ce que nous appelons pelle le plat au beilche, C'est ainsi que nous la sous-noix de beuf, ou le morceau qui se trouve l'avons vu servir dans plusieurs châteaux des dio- près de la queue, et qu'ils nomment Rom's teak; cèses de Munster, de Paderborn et de Rure- mais chez eux cette partie du beuf est souvent monde. plus tendre qu'elle ne serait chez nous, parce que leur viande est toujours plus molle, et parce qu'ils BEIGNETS, espèce de pâtisserie qu'on peut tuent leurs bæufs beaucoup plus jeunes que nous varier d'une infinité de manières, mais qui doit ne le faisons en France. Ils prennent donc cette toujours être frite au beurre, au sain doux ou à partie du bæuf et la coupent par lames épaisses l'huile. La bonne qualité des beignets tient beau- d'un demi-pouce, ils l'aplatissent un peu, la font coup à la nature de la pâte qui enveloppe les cuire sur une plaque de fonte faite exprès, et au substances qui en font la base ; cette pâte doit être lieu d'employer du charbon de bois, ils se servent croquante, légère, et absorber peu de friture. On de charbon de terre. Il faut convenir que cette l'obtient telle en la composant de fleur de farine, partie du bæuf employée par les Anglais est infini- délayée avec du vin blanc, des jaunes d'æufs et ment plus savoureuse que le filet mignon dont une demi-cuillerée d'huile, On y incorpore ensuite nous faisons usage; mais elle est naturellement un blanc d'euf fouetté en neige, et l'addition d'un beaucoup moins tendre. Il est inutile de dire que petit verre de bonne eau-de-vie contribue à la les meilleurs biftecs ou beef's teak ne seront jamais rendre encore plus légère, comparables à nos bonnes entre-côtes grillées. Quand on croit aimer les biftecs et qu'on aime les Pâte à frire à la Carème. - Mettez dans apprêts stimulants, on peut les manger sautés au une petite terripe douze onces de farine tamisée vin de Madère, ou au beurre d'anchois, sur des ra- que vous délayez avec de l'eau à peine tiède, où goûts à la choucroûte, aux cornichons, aux olives, vous avez fait fondre deux onces de beurre fin; et pour le mieux, sur une litière de cresson bien vous inclinez la casserole et vous soufflez sur l'eau, vinaigré. afin de verser le beurre le premier. Vous versez assez d'eau de suite pour délayer la pâte de con- BEILCHE. (Cuisine allemande). C'est sistance motlette, et sans grumeaux; autrement, ainsi qu'on appelle un mets populaire en West- lorsqu'on la rassemble trop ferme , la pâte se BEI ( 60 ) BEI corde, et fait toujours mauvais effet à la poêle : Beignets à la Chantilly. - Prenez une li- elle est grise et compacte; ensuite vous ajoutez vre de fleur de farine , trois petits fromages à la assez d'eau tiède pour que la pâte devienne cou crème très-frais; cassez trois æufs et un demi- lante et déliée, quoique, pourtant, elle doive quarteron de moelle de bæuf hachée et pilée; dé- masquer les objets susceptibles d'y être trempés. trempez et mêlez bien la pâte, en y ajoutant suffi- Enfin, elle doit quitter la cuillère sans efforts. sante quantité de vin blanc; assaisonnez d'une Vous y mêlez une pincée de sel fin, deux blancs pincée de sel fin et d'une once de sucre râpé, en d'ouſs fouettés bien fermes, et l'employez tout de les conduisant comme les beignets à la crème. suite. Beignets aux confitures. -- Prenez des pains Pâte à la provençale. Vous mettez dans à chanter de la grandeur d'un écu, ou découpez- une terrine douze onces de farine, deux jaunes en de plus grands; mettez sur chacun un peu de d'œufs, quatre cuillerées d'huile d'Aix, et assez marmelade d'abricots ou de prunes, ou telle autre d'eau froide pour délayer la farine ( que vous re confilure un peu consistante; couvrez avec un autre muez à mesure avec la spatule) en une pâte mol morceau de pain à chanter, et collez les bords en tette, et semblable à la précédente; vous y joi-mouillant. gnez un grain de sel, deux blancs fouettés, et vous Incorporez, dans une pâte à frire faite au vin l'employez. blanc, trois blancs d'œufs fouettés en neige; trem- pez-y les beignets; faites frire; égouttez-les Première division des beignets. ensuite, et posez-les sur des feuilles de cuivre; BEIGNETS A LA BOURGEOISE. poudrez-les de sucre fin, et glacez-les au four ou avec la pelle rouge. Beignets de pommes. Pelez les pommes, ôtez-en le cæur, et coupez-les en tranches d'une Beignets soufflés à la bonne femme. Mettez dans une casserole une once de beurre, à deux lignes d'épaisseur ; faites les macérer pen- du dant deux heures avec un peu d'eau-de-vie, citron vert râpé, un quarteron de sucre et un bon du sucre et de la cannelle en poudre. Après les avoir verre d'eau ; faites bouillir, et délayez-y autant de fait égoutter , trempez-les dans une pâte à frire; farine qu'il est nécessaire pour faire une pâte liée mettez-les dans une friture qui ne soit pas trop lière de bois ou une spatule , jusqu'à ce qu'elle et épaisse; remuez continuellement avec une cuil- chaude; laissez prendre couleur; ensuite retirez la poêle du feu pour que les pommes cuisent; lors- commence à s'attacher à la casserole ; alors mettez- qu'elles sont cuites, saupoudrez-les de beau sucre, la dans une autre, et cassez-y successivement des et faites-les glacer avec la pelle rouge. @ufs, en remuant toujours pour les bien mêler On fait absolument ainsi les beignets de poires, avec la pâte, jusqu'à ce qu'elle devienne molle de pêches, d'abricots et de brugnons. sans être claire; mettez-la sur un plat, et étendez- la de l'épaisseur d'un doigt; faites chauffer de la Beignets de crème. — Faites réduire à près friture, et quand elle est médiocrement chaude, de moitié une pinte de lait et laissez le refroidir ; trempez-y le manche d'une cuillère, et avec le délayez-y six jaunes d'auſs, cinq macarons, dont un manche enlevez gros comme une noix de pâte que amer, une cuillerée de fleur d'orange pralinée en vous failes tomber dans la friture en poussant avec le poudre, deux cuillerées de fleur de farine et un doigt; continuez jusqu'à ce qu'il y en ait assez quarteron de sucre en poudre; quand cette dans la poêlc; faites frire à petit feu en remuant pâte est épaisse comme de la bouillie bien cuite, sans cesse; quand les beignets sont bien montés on y ajoute de l'écorce de citron râpée, et on la et de belle couleur, retirez-les pour les égoutter, fait frire en la divisant par morceaux du même et sa upoudrez-les de sucre fin. volume que les autres beignets. Deuxième division des beignets. Beignets de brioche. — Trempez, dans du lait sucré et aromatisé , des tranches de brioche; BEIGNETS A LA ROYALE. mettez-les égoutter ; farinez-les ensuite, et failes- les frire. Le lait doit avoir été réduit à moitié Beignets de fruits à la royale. - Prenez douze petites pêches de vigne bien mûres et de avant d'y mettre tremper les brioches. bonne qualité; séparez-les par moitié; ôlez-en la Beignets de feuilles de vigne. — Faites pelure ; vous les sautez dans une terrine avec du tremper, pendant une heure, de jeunes feuilles sucre en poudre et une cuillerée de liqueur de de vigne dans de l'eau-de-vie ou du kirschenwas noyaux. Deux heures après, vous les égouttez , couvrez-les de frangipane; et après les avoir les trempez tout-à-tour dans la pâte ordinaire, les roulées, trempez-les dans une pâte à frire. faites frire de belle couleur, et les glacez dans quatre ser, BEI ( 61 ) BEI en pou- onces de sucre cuit au caramel. A mesure que vous en mettez des groupes (le quart d'une cuille- vous les glacez, vous semez dessus une pincée de rée) sur l'abaisse de pâte à brioche, et terminez gros sucre cristalisé. vos beignets de la manière accoutumée. Les beignets de brugnons et d'abricots se pré- Beignets d'oranges de Malte à la Régence, parent de même. Vous pouvez glacer seulement au sucr · Après avoir ôlé parfaitement la pelure de six dre et à la pelle rouge, les beignets décrits ci-des- belles oranges douces, vous divisez chacune d'el- les en six quartiers ; ôtez-en les pepins, et sur- sus. On en fait aussi de prunes de mirabelle et de reine-claude au moyen du même procédé. tout ayez soin qu'il n'y reste pas de pelure blanche, car cela donnerait de l'amertume aux beignets ; Beignets à la Dauphine. - Prenez une li- ensuite vous jetez vos quartiers d'orange dans vre de pâte à brioche, et l'abaissez aussi mince quatre onces de sucre clarifié, et les faites mijo- que possible en carré long. Placez sur le bord le ter quelques minutes. Après les avoir égouttes, quart d'une cuillerée de marmelade d'abricots, à vous les trempez dans la pâte ordinaire , et faites deux pouces de distance encore autant, et ainsi frire de bonne couleur. Il est bon de les glacer de suite, pour garnir la longueur de l'abaisse. au sucre et d'y râper, après la cuisson, le zeste Après cela, vous mouillez légèrement la pâte à de plusieurs oranges crues. · l'entour de la confiture, sur laquelle vous ployez Beignets (garnis de pommes d'api) à la le bord de l'abaisse, que vous appuyez sur elle- d'Orléans. Après avoir tourné douze petites même , afin de contenir parfaitement la marme- pommes d'api, vous les masquez par moitié, et lade, pour qu'elle ne fuie pas à la cuisson. les faites cuire dans un bon sirop, où vous les Vous coupez vos beignets demi-circulaires avec laissez refroidir. Vous faites une abaisse de pâte à un coupe-pâte de deux bons pouces de diamètre, et brioche comme de coutume, et de chaque moitié les placez au fur et à mesure sur un couvercle de de pomme vous faites un beignet, ce qui vous en casserole saupoudré de farine. Vous terminez de donnera vingt-quatre, que vous finirez et servirez cette manière vingt-quatre beignets, et les versez selon la règle. dans la friture un peu chaude; alors vous voyez la pâte à brioche s'enfler et former autant de pe- On peut encore employer des quartiers de poi- res de rousselet qu'on fait également cuire au tits ballons. Les beignets étant colorés de belle sirop. couleur, vous les égouttez sur une serviette ; vous les saupoudrez de sucre fin pour les servir. Beignets de fruits à l'eau-de-vie , à la On peut garnir ces sortes de beignets de toutes Chartres. - Vous égouttez douze abricots con- les confitures possibles; on les coupe ronds avec fits à l'eau-de-vie, et vous les séparez par moitié. un coupe-pâte de vingt lignes de diamètre. Vous mouillez légèrement des ronds de pains à chanter de la largeur des fruits, que vous masquez Beignets (garnis de fraises) à la Dau- dessus et dessous. Vous les trempez dans la pâlc phine. -- Après avoir abaissé, comme il est dit décrite ci-dessus, et les faites frire bien blonds; ci-dessus, une livre de pâte à brioche, vous placez puis vons les saupoudrez de sucre fin. dessus (dans le genre de la confiture) trois belles Si vous voulez les glacer à la pelle rouge, vous fraises roulées dans du sucre en poudre, et à un les trempez dans la pâte à frire ordinaire. bon pouce de distance trois autres, et ainsi de Vous procédez de la même manière pour pré- suite, afin de garnir l'abaisse dans sa longueur. parer les beignets de toutes sortes de fruits à l'eau- Après cela, vous mouillez légèrement la pâte à de-vie, tels que pêches, prunes, poires, cerises et l'entour des fruits, et détaillez vos beignets com- verjus. ine les précédents. Terminez-les et servez de même. DES BEIGNETS SOUFFLÉS A LA ROYALE. On procédera de la même manière pour confec- tionner des beignets de framboises et de tranches Beignets soufflés à la vanille.- Metlez une d'ananas; mais, quant à ce dernier fruit, il aura gousse de vanille dans trois verres de lait bouil- ſallu le faire macérer pendant une heure ou deux lant ; laissez-le réduire de moitié; ôtez la vanille, avec un peu de vin d'Espagne. et ajoutez au lait trois onces de beurre d'Isigny. Faites bouillir; mêlez-y assez de farine tamisée Beignets (garnis de raisin de Corinthe) pour en former une pâte molle , que vous dessé- a la Dauphine. - Épluchez et lavez parfaite- chez pendant quelques minutes. Après cela, vous ment six onces de beau raisin de Corinthe. Vous la changez de casserole, et la délayez avec trois le faites mijoter deux minutes seulement dans onces de sucre fin, six jaunes d'æufs et un grain de deux onces de sucre clarifié. Quand il est froid, I sel. Vous fouettez trois blancs d'æuſs bien fermes, BEI ( 62 ) BEL sant, et les mêlez dans l'appareil avec une cuillerée de dans la friture un peu chaude. Étant de belle cou- crème fouettée, ce qui doit vous donner une pâte leur, vous les égouttez sur une double serviette; consistante quoique molle. Alors vous la roulez et après les avoir saupoudrés de sucre passé au sur le tour (légèrement saupoudré de farine) de la tamis de soie, vous les glacez au four ou à la pelle grosseur d'une noix verte, en la plaçant à mesure rouge. sur un couvercle de casserole. Toute la pâte étant Ces diablotins se servent quelquefois pour en- ainsi détaillée et roulée, vous la versez dans la fri- tremets, mais plus souvent encore pour assiette ture peu chaude, afin qu'elle se renfle bien ; vers volante. la fin de sa cuisson, vous rendez le feu plus ardent: Étant colorée de belle couleur, vous l'égouttez sur BELLE-CHEVREUSE, espèce de pêche à une serviette, et la saupoudrez de sucre fin, et chair fine et fondante, assez grosse et d'un rouge servez de suite. vif. Elle succède à la pêche mignonne, et devance Vous variez les formes de cette pâte en crois- un peu la violette ; elle n'a le défaut d'être quel- en carré long et en gimblettes. quefois cotonneuse que parce qu'on la laisse trop mûrir, Beignets de blanc-manger en gimblettes. · Vous préparez la crème de la même manière BELLE-ET-BONNE. C'est le nom d'une que la précédente. Quand elle est bien froide, espèce de poire assez médiocre, dont on fait usage vous la coupez avec un coupe-pâte de trente lignes au mois d'octobre. La Quintiņie la met sans mé- de diamètre; et ensuite vous formez les gimblettes, nagement au rang des plus mauvaises poires; mais en coupant le milieu avec un petit coupe-pâte de il paraît que l'espèce a dû s'en améliorer depuis quinze lignes de largeur. Vous conservez les pe- le xvire siècle. tits ronds que vous retirez des gimblettes, et vous les masquez ensuite de mie de pain très-fine, en les touchant avec soin , afin de ne point les défor-fille est une variété du court-pendu (V. COURT- BELLE-FILLE, sorte de pomme; la belle- mer; après cela, vous les trempez dans quatre PENDU). @ufs battus ; vous les égouttez et les roulez de nouveau sur la mie de pain. Vous préparez de la BELLE-GARDE, espèce de pêche très- même manière les ronds , en plaçant le tout sur belle, moins colorée que l'admirable et la royale, des couvercles; puis au moment du service, vous d'une saveur moins fine, et d'une chair un peu les faites frire de belle couleur, et après avoir plus jaunâtre; la belle-garde mûrit en septem- saupoudré le tout de sucre fin. bre, et les cuisiniers l'emploient fréquemment Beignets de blanc-manger en gimblettes pour la confection des beignets et des crèmes glacées au caramet. - Les gimblettes étant au fruit. disposées de la même façon que ci-dessus, à l'in- Belle-Garde est aussi le nom d'une espèce stant du service, vous les trempez les unes après de laitue pommée, qui, si elle était plus frisée, les autres dans la pâte à frire ordinaire. Étant co- ressemblerait parfaitement à la laitue royale. Elle lorées d'un beau blond, vous les égouttez parfai- est d'un très-bon emploi pour garnir les bayon- tement, et les glacez ensuite dans du sucre cuit au naises et les salades au gros poisson. caramel. Vous pouvez, à mesure que vous les sor- tez du poêlon, semer dessus du gros sucre avec des pistaches, ou de la fleur d'orange pralinée. BELLISSIME, espèce de poire demi-beur- rée, de la figure d'une grosse figue; elle est Diablotins en cannelons. Après avoir fouettée de rouge sur un fond jaune, et d'un préparé l'appareil indiqué ci-dessus, vous le ver- très-bon goût. Comme elle est sujette à devenir sez sur un plafond légèrement beurré; élargissez-cotonneuse, il faut, pour remédier à ce dé- le avec le couteau , en donnant à la crème six faut, la cueillir un peu verte. La bellissime est en- bonnes lignes d'épaisseur. Étant parfaitement froi core connue sous le nom de suprême et de figue de , vous la détaillez en bandes de six lignes car- musquée. C'est au mois d'août qu'on la cueille : rées, que vous coupez ensuite par petites parties on n'en fait aucun emploi culinaire, et les offi- de trois pouces de longueur ; vous les roulez légè- ciers la classent parmi les fruits à la main. rement sur le tour saupoudré de farine, en les posant sur des couvercles de casseroles. A l'instant BENARI, 'nom que les habitants du midi de du service, vous trempez vos cannelons dans la la France donnent à l'ortolan (V. ORTOLAN). pâte décrite ci-dessus, pour les beignets à la pari- sienne; puis vous les versez au fur et à mesure BERGAMOTE, espèce de citron dout l'é- BET ( 65 ) BET corce est toute unie, et dont l'odeur est particu- servant, une liaison de jaunes d'oeufs, et tâchez lièrement agréable. C'est à un Italien qu'est due d'avoir un second plat d'entremets. l'origine du citronnier bergamote. Il s'avisa d'en- ler une branche de citronnier sur le tronc d'un BETTERAVE, racine pivotante et fusiforme poirier bergamote; aussi le fruit qui en provient dont le mérite et les agréments ne sont peut-être tient des qualités du poirier et du citronnier. C'est de ce fruit qu'on tire une essence qui porte betterave : la jaune, la grosse-rouge, et la rouge pas assez appréciés. — Il y a trois variétés dans la son nom, et dont les confiseurs ont toujours fait de la petite espèce, dite de Castelnaudari. La pre- un fréquent usage. mière est la plus sucrée. La seconde est celle qu'on Bergamote, poire beurrée, tendre, délicate et cultive le plus dans les environs de Paris ; sa ra- d'un parfum très-agréable. Il y a des poires ber- cine est d'un rouge sang-de-bæuf, et porte jus- gamote d'été et des poires bergamotes d'au- qu'à quatre pouces de diamètre sur douze de lon- tomne. gueur; la feuille est d'un rouge violet, et la côte La bergamote d'été, connue encore sous le d'un rouge amarante. nom de poire de Milan , est grosse et fondante : La betlerave de Castelnaudari mériterait d'être le goût en est sucré ; elle est bonne à manger dès mieux connue à cause de la délicatesse de son pa- le mois d'août. renchyme et de la finesse de son goût, qui rappelle La bergamote d'automne est une des meil- celui de la noisette. Elle a de plus l'avantage de se leures poires connues. On la mange en octobre, manger dès le mois d'août et de se conserver éga- et elle se conserve jusqu'en décembre. Il y a en- lement bonné pendant tout l'hiver qui succède à core deux espèces de poires qui portent le même la saison de sa récolte. La betterave est rafraîchis- nom; savoir : la bergamote suisse , et la berga- sante et nutritive; mais pour en être pleinement mote de cressane. La première est la plus hâlive satisfait il est indispensablement nécessaire de sa- des bergamotes : c'est une poire plate et rayée voir la choisir et la faire cuire. Il arrive souvent de jaune et de vert. La bergamotte de cressane qu'on se trouve aux prises avec de larges rouelles ou crassane est sans contredit la meilleure des insipides et filamentcuses qui font tomber la ré- poires ; elle est de forme aplatie, et son parfum putation de ce bon légume au-dessous de rien ; mais se trouve aiguisé par un arrière-goût vincux qui ceci provient uniquement de ce qu'on a choisi des lui donne beaucoup de partisans. On croit qu'elle racines trop fortes et de ce qu'on les a fait cuire a tiré son nom d'un village du comté d'Avellino, à l'eau. Il en est malheureusement ainsi pour qui s'appelle aujourd'hui Crassana-Ducale. loutes ces pauvres racines qui se débitent chez les fruitières de Paris, où nous conseillons de ne ja- BESI DE CAISSOY, petite poire dont la mais s'adresser quand on veut manger des bet- chair est tendre, mais cotonneuse. Le besi de teraves. Voici la seule bonne manière de les faire caissoy se nomme aussi roussette d'Anjou ; cette cuire. poire est bonne à manger en décembre et janvier. Cuisson des betteraves. - Choisissez des beta Besi d'Hery, espèce de poire qui a été trou teraves de moyenne grosseur et dont l'épiderme vée dans une forêt de Bretagne appelée Hery, d'où ne soit pas rude: faites les bien laver d'abord, et lui est venu le nom qu'elle porte aujourd'hui. Le puis faites les éponger avec une serviette imbibée mot besi signifie poire en breton. Le besi d'Hery d'eau-de-vie commune. Mettez-les ensuite à cuire est rond, de la grosseur d'une balle de jeu de au four le plus chauffé (comme pour le plus gros paume. Il mûrit en octobre et novembre. pain de pâte ferme), et sur des grils de cuisine, afin qu'elles s'y torréfient également sans être bru- BETTE. C'est la poiréc potagère, dont on lées d'aucun côté. Laissez-les dans le four jusqu'à joint souvent les feuilles à l'oseille pour en adou ce qu'elles s'y refroidissent, et recommencez le len- cir l'acidité. Les grosses côtes des plus grandes demain la même opération ponr les faire biscuire feuilles prennent le nom de cardes. au même degré de chaleur. Pour que la betterave Si vous êtes obligé d'en manger, faites-les cuire soit parfaitement apprêtée sous le rapport de la dans de l'eau avec du beurre et du sel; et quand elles coction, il faut que la peau eh soit devenue toute ri- sont cuites égouttez-les le micux que vous pourrez. dée, corrodée et presque charbonnée, ce qui a pour Faites une sauce blanche avec une pincée de elfet naturel de la confire dans son enveloppe en y farine et du bouillon, du beurre et du sel, du concentrant le principe sucré. Quand la betterave poivre et du vinaigre; faites-la lier sur le feu, et est préparée de celle manière, on ne saurait imaginer mettez-y bouillir les cardes afin qu'elles y pren- tout le parti qu'on en tire à la cuisine, et toute la nent un peu de goût, s'il est possible. Ajoutez, en considération qu'elle obtient dans la salle à manger. BET ( 64 ) BET Betteraves à la crème. - Après les avoir Les principaux chimistes du temps présent sont pelées et bien émincées en filets très-deliés, on les précisément et absolument les mêmes chimistes, fait mijoter dans une béchameil où l'on aura soin c'est-à-dire les rédacteurs et les signataires de ce d'ajouter un peu de coriandre et des grains de ver- même rapport officiel. Après la levée du blocus, jus muscat (V. Béchameil à l'art. Sauces). on ne pouvait guère espérer que MM. Thénard et Darcet voulussent bien se démentir eux-mêmes; Betteraves à la poitevine. - Faites cuire aussi, voit-on que tous nos génies transcendants, des ognons hachés dans un roux brun, et joignez-y par analyse, en sont restés décidément, ainsi que une pincée des quatre épices; faites-y réchauffer les professeurs en chimie progressive, à la décla- des tranches de betteraves que l'on n'aura pas cou ration patriotique et aux anciens procès-verbaux pées très-minces, et mettez-y une demi-cuillerée de MM. Darcet, père et fils. de fort vinaigre à l'instant de servir. Les fabricants de sucre de betteraves ont tou- Betteraves à la chartreuse. — Coupez des jours été d'un avis conforme à celui des manda- taires impériaux, relativement à la parfaite analogie tranches de betteraves jaunes qui soient bien cuites de leur sucre avec celui de nos colonies. Les épi- et qu'il ne faudra pas trop émincer; mettez sur ciers sont du même avis chacune de ces tranches une rouelle d'ognon cru, les fabricants. que Les Consommateurs ont généralemont adopté coupée très-mince, et dont vous retrancherez le cæur et les ronds centraux pour que son goût ne l'opinion des épiciers, des fabricants et des chi- prédomine pas; joignez-y deux ou trois feuilles de mistes français ; mais les Opérateurs en jugent dif- féremment. Les cuisiniers, les confiseurs et les li- cerfeuil, autant de pimprenelle verte et quelque peu de muscade avec laquelle on aura mélange du quoristes ont expérimenté que le sucre de bette- sel blanc. Couvrez ceci par une nouvelle tranche raves, à poids égal avec celui de cannes, a toujours de betterave de même grandeur que la première; l'inconvénient d'étendre et d'augmenter, ou pour appuyez assez fortement pour faire adhérer les trois parler en termes d'office, d'allonger démesuré- parties de cette composition, que vous plongerez ment et d'affadir toutes les compositions dans les- dans une pâte à frire et que vous conduirez comme quelles il est immiscé. C'est un inconvénient qui est très-sensible aux glaciers de Paris surtout, une autre friture au sel, en la servant garnie de persil frit. C'est un entremets de carême assez con- en ce qu'il a pour effet de détériorer ou tout fortable. Il y a des cuisiniers qui prétendent sa- au moins d'affaiblir certaines combinaisons qui voir la betterave blanche doit être plus ten- que sont indiquées dans leur dispensaire, et qui s'y dre et plus délicate que la trouvent formulées d'après les doses convenues rouge; mais c'est un procès qui n'est pas jugé, et l'on a pu voir, d'a- pour le sucre d'Amérique, employé par leurs dé- vanciers. La substance du sucre de cannes est en près ce que nous avons dit plus haut, que, dans tout ce qui se rapporte au choix de la betterave et réalité, disent toujours les praticiens, beaucoup à sa coction, la cuisine est encore dans son enfance. plus concrète et plus résidue que celle de toute La betterave se mange souvent en salade avec autre espèce de sucre, fût-il extrait des érables de la mâche et le céleri. La meilleure salade de bet- Silésie, des guenilles de Hambourg, ou des bette- teraves se fait avec de petits ognons glacés, des raves de Montesson. C'est une expérience qui se tranches de vitelottes ou pommes de terre vio- renouvelle journellement dans la cuisine, ou pour lettes, des haricots-riz cuits à la vapeur et des confectionner, par exemple, une gelie de maras- tronçons de culs d'artichaut. On y mêle ordinaire- quin qu'on voudrait édulcorer avec du sucre de went (avec profusion) des fleurs de capucines ou betteraves, on est obligé d'y mettre à peu près le des tiges fleuries du cresson de fontaine, et tout double du sucre et le tiers en sus de la quantité ceci constitue la meilleure de toutes les salades de marasquin qu'on trouve indiqués pour les pro- cuites, et par conséquent le meilleur plat dont on portions culinaires de cet aliment. Il appert de puisse user pour collation. cette observation qu'en introduisant dans une mix- ture délicate et compliquée toute cette portion de Betteraves (sucre de). -- En exécution du sucre de betteraves qui est excédante à la quantité blocus universel, les chimistes du temps de l'em- prescrite pour l'emploi du sucre de cannes, on fait pire avaient officiellement décidé que les sucres entrer dans une composition si gastronomique et de cannes et de betteraves étaient précisément si bien calculée une assez grande quantité de je la même substance, et que ces deux produits de ne sais quelle matière, soluble à la vérité, mais vaient être considérés, non pas seulement comme occulle, inerte, insapide, et dont la substance n'a analogues, mais comme absolument identiques certainement rien d'identique ou d'analogue dans tous leurs effets, et pour toutes leurs proprié avec le principe édulcorant, proprement dit. tés alimentaires ou médicales, à poids eyal. Résumons-nous donc en disant que le sucre in- BEU ( 63 ) BEU 11 digène est bien inferieur en propriétés alimentaires bien supérieur à l'autre, et c'est l'éloignement au sucre de cannes, à poids égal, attendu, pre- seul qui l'empêche d'arriver pendant les fortes mièrement, qu'il ne contient pas autant de matière chaleurs. Ce beurre a un goût de noisette qui lui édulcorante et sapide, et surtout parce qu'il affai est particulier, avec une onctuosité qui le fait dis- blit toujours les préparations dans lesquelles il est tinguer dans tous les ragoûts. C'est à bon droit introduit comme assaisonnement. qu'on l'appelle la tête du beurre. Les bas beur- Nous croyons devoir annoncer que l'emploi res, les beurres en livre, et ceux dits de pays, du sucre de betteraves a des inconvénients plus ne conviennent qu'à l'indigence, au dire de graves en thérapeutique; la plupart des médecins M. Beauvillier. ne trouvent pas en lui les qualités béchiques, nu Tout le monde sait que le beurre est la partie tritives et stimulantes, et non plus aussi la saveur grasse du lait, qui s'en sépare par une agitation énergique dont le sucre de cannes est abondam soutenue et plus ou moins prolongée. Il est re- ment et magnifiquement pourvu. Nous connaissons connu que plus le lait est gras, plus il donne de d'habiles médecins qui prescrivent toujours le sac crème et de beurre : cette qualité du lait dépend charum atlanticum dans certaines prépara en grande partie de celle des pâturages, et c'est tions pharmaceutiques, et notamment dans les ce qui assure aux beurres de Gournay, et surtout électuaires et les sirops dépuratiſs. Il a été reconnu à ceux de la Prévalais et d'Isigny, une supériorité que dans la confection du baume alexipharmaque qu'aucun beurre connu ne saurait leur disputer. de Daucus, par exemple, l'emploi du sucre de bet Plus le beurre est nouveau, plus il est agréable et teraves avait été suffisant pour en dénaturer l'effet. sain, et plus il est propre à l'usage culinaire, en sup- L'auteur de la Physiologie du goût écrivait posant, toutefois, qu'il soit de qualité supérieure, à son ami Chaptal à la fin de l'année 1813: «Il y car les beurres des environs de Paris, même battus na des épiciers consciencieux qui vous vendront du de la veille, n'obtiendraient jamais la préférence » sucre à bon marché, c'est-à-dire à dix francs la sur ceux de Gournay et d'Isigny âgés de plusieurs » livre. Prenez-en trois morceaux que vous mettrez jours. Il faut dire aussi qu'à raison de leurs ex- » dans une tasse de bon café: ce sera très-bien; cellents principes constituants, ces derniers ont la » mais prenez cinq gros morceaux de sucre fran-propriété de se conserver beaucoup plus long- »çais, de votre sucre, à vous, mon bon ami; met temps sans aucune altération. v lez-les dans une autre tasse du même café tout Le beurre entre à Paris dans la confection de » aussi chaud : vous trouverez que cette tasse est toutes les entrées et de presque tous les entre- » beaucoup moins sucrée que la première, et que mets; rien ne s'y prépare à l'huile cuite : la déli- » le même café en est devenu beaucoup moins fort. catesse de notre goût l'a toujours repoussée; et si » Dixi. l'on en excepte les brandades de merluche, les » C'est une expérience que je viens de faire et fritots de poulet , la bouille-à-baisse, et quelques » dont je me suis promis de vous garder le secret, autres préparations à la provençale, nous avons » mon cher comte; je ne voudrais pas, non plus, relégué l'huile dans les salades, les marinades et contrarier une entreprise ayantageuse à la fa- bayonnaises, à tout jamais ! » mille Delessert, etc. » La consommation de beurre qui se fait à Paris Betteraves (conserves de). (V. CONSERVES est vraiment prodigieuse : ces mottes énormes de POUR HORS-D'OEUVRES.) Gournay et d'Isigny, qui pèsent deux cents livres, Betteraves, sorte de poire qui mûrit au mois et qui arrivent à la Halle tous les mercredis de d'août. chaque semaine, y fondent à peu près aussi vite Il y a aussi une espèce de pêche à laquelle que dans la poêle. Il faut alors se rabattre sur le on donne ce nom : ces pêches betteraves ont la beurre en livre, ou beurre de pays, dont là qua- chair rouge et très-ferme; on les fait macérer lité n'est que médiocre; il est donc essentiel de dans du viir de Bordeaux sucré avant de les cuire faire pour la semaine sa provision de beurre fin. en compote, afin d'en garnir des tartes ou des Ce n'est pas seulement à la cuisine que le beurre gâteaux fourrés. joue un rôle; on le sert souvent sur la table en nature et comme hors-d'æuvre. Autrefois il y BEURRE. Le beurre est, de toutes les ma- paraissait frisé, filė, seringué, en rocher, en tières onctueuses ou grasses qu'on tire des sub-petits pains de Vanvres, etc.; aujourd'hui on ne stances animales, la plus voisine de l'état végétal, voit guère paraître que du beurre de la Prévalais et par conséquent la plus salubre. en paniers sur les tables opulentes, et en petits- Le meilleur qu'on puisse employer à Paris pots sur les autres. Ce canton de la Bretagne est vient d'Isigny l’hiver, et de Gournay l’été; mais en possession de nous fournir pour les hors-d’æu- quoiqu'excellents tous les deux, le premier est vres le meilleur beurre connu ; il n'est ni salé ni à 5 BEU ( 66 ) BEU demi-sel, et cependant il est d'une saveur moins un tamis de soie ; ramassez sur une assiette votre douce que le beurre frais, mais singulièrement beurre, qui se trouyc d'un beau rouge, et servez- agréable mangé en tartines, et surtout avec du vous-en suivant la prescription. pain de seigle. Beurre d'écrevisses. Vous ferez cuire des Beurre noir. Il faut mettre dans une cas écrevisses comme pour en composer un buisson serole un demi-verre de vinaigre avec du poivre d'entremets ; vous en ôterez les chairs ; vous met- et du sel, et le faire bouillir. En même temps, on trez les coquilles sur un plat pour les faire sécher mettra dans une autre casserole du beurre que l'on soit au four, soit sur un fourneau; lorsqu'elles se- fait chauffer jusqu'à ce qu'il soit presque noir; en- ront bien sèches, vous les pilerez jusqu'à ce qu'elles suile on mêlera le tout ensemble, et l'on s'en ser soient en poudre. Sur cinquante écrevisses, vous vira suivant les prescriptions culinaires. mettrez trois quarterons de beurre, et pilerez le tout ensemble; après quoi vous le mettrez dans Beurre de piment. — Après avoir réduit du une casserole et sur un feu doux pendant un quart piment en poudre très-fine, on le mêle à un mor- d'heure; ensuite vous mettrez ce beurre dans ceau de beurre que l'on pétrit et dont on fait as- une étamine que vous aurez mise sur une autre saisonner plusieurs espèces de tartines appelées casserole où il y aura de l'eau froide; vous ferez Sandwishs. (Voyez ce mot à l'article Hors- sortir tout le beurre en tordant l'étamine ; et D'OEUVRES) vous le laisserer ſiger pour le trouver au besoin. Beurre d'ail. Vous pilerez six gousses Beurre de noisettes. — Il se fait absolument d'ail dans un mortier ; vous les passerez, en fou comme le beurre d'ail, excepté que les noisettes lant avec une cuillère de bois, à travers un ta remplacent l'ail, et que l'on y joint persil, estra- mis de soie ; vous les remettrez dans le mortier gon et ciboules hachés le plus fin possible. On en avec deux onces de beurre; vous pilerez le lout fait des sandwishs pour le service du thé comme ensemble jusqu'à ce qu'il soit bien amalgamé, et pour celui des hors-d'œuvres. vous vous en servirez pour les choses indiquées. Beurre d'amandes. - Pilez quinze amandes Beurre d'anchois. - On lave cinq ou six an douces et trois amères avec quatre onces de sucre, chois dont on enlève les chairs; on les pile; on les et passez à l'étamine en y mêlant quelques gouttes passe, sans y mettre de mouillement, à travers un de lait. Incorporez ensuite avec sept ou huit onces tamis de crin ; puis on les amalgame avec autant du beurre le plus frais, et passez à la seringue ou de beurre, et l'on s'en sert pour tout ce qu'on veut la passoire, afin d'en garnir une coquille de hors- faire au beurre d'anchois. d'auvre, en donnant à cette préparation la forme Beurre de Montpellier. - Pilez dans un et l'apparence d'un buisson de macaronis ou de mortier, jusqu'à ce que vous en ayez fait une pâte, gros vermicelle. C'est une sorte de friandise qui une douzaine d'anchois, autant de cornichons, I les anciens beurres filés ou seringués qui jouaient n'est plus admise que pour un goûter. De tous deux gousses de ravigote, deux poignées de câpres, deux douzaines de jaunes d'auſs durs, du sel et un si beau rôle au dix-septième siècle, le beurre d'amandes est le seul dont on n'ait pas tout-à- du poivre; ajoutez-y six jaunes d'æufs crus ; con- tinuez de piler; ajoutez encore un peu de vinai- fait oublié l'usage, encore est-ce dans les familles gre, et environ deux livres de bonne huile , mais où l'on a gardé les vieilles traditions. en versant cette dernière peu à peu, et sans cesser Beurre fondu. On le fait bouillir sur un de piler jusqu'à ce que le mélange ait pris la con feu clair et modéré, on l'écume ; lorsqu'il est sistance d'un beurre assez ferme. Passez alors cette assez cuit, on le verse dans des pots de grès ; il est composition à l'élamine en la colorant avec du bon de prendre garde qu'il ne noircisse pas, il est vert d'épinards dont voici la formule : Faites blan assez cuit lorsqu'il présente une transparence égale chir des épinards, quelques ciboules et des bran- à celle de l'huile. Quelques personnes y ajoutent ches de persil ; le tout étant rafraichi et égoutlé, six clous de gérofle, trois ou quatre feuilles de on le pile dans un mortier, et on le passe à l'éta- laurier, et la moitié d'une noix muscade, pour en mine en le mouillant avec un peu d'eau. Cette parfumer quarante livres. Le beurre fondu, lors- préparation s'emploie uniquement pour donner la qu'il est parfaitement refroidi et enfermé dans des couleur verte à certains mets. pots de grès, doit toujours être conservé dans un Beurre de homard. endroit frais et à l'abri de la lumière. Pilez avec du beurre fin les muſs qui se trouvent dans l'intéricur ou Autre manière'de faire fondre le beurre. sous la queue d'un homard, passez-les à travers Le but qu'on se propose , en faisant fondre le BEU ( 67 ) BEU > 3" bon, et 4° commune beurre, est de le séparer d'un peu de serum et exposé à se rancir, et il resterà bon jusqu'à la fin. de fromage, qu'il retient toujours à l'état frais , et On n'a pas besoin d'observer que ces dernières qui contribue à accélérer son altération; on at- prescriptions ne doivent être exécutées que dans teint ce but en laissant le beurre en fusion pen- les provinces ou les localités privées d'une autre dant long-temps à une température supérieure à ressource; car, à Paris, on se procure aisément du celle de l'eau bouillante; la partie aqueuse du se beurre frais pendant toute l'hiver, et qui plus est rum s'évapore, et la partie solide se précipitant du beurre excellent, comme chacun sait. avec le fromage, le beurre se trouve débarrassé de Comme il arrive, heureusement pour les Châ- toutes les matières étrangères ; mais il éprouve, telains et les Villageois, que tout le monde n'est dans cette opération, un changement qui altère sa pas d'humeur à passer les étés et les automnes à saveur, et qui ne permet plus de l'employer pour Paris, pour y participer à la consommation des certaines préparations. excellents beurres de Bretagne et de Normandie, Pour éviter cet inconvénient, fondez le beurre nous allons parler de la fabrication du beurre. au bain-marie. Il ne faut pas que l'eau du bain-C'est à l'intention des personnes qui vivent à la marie bouille, il suffit qu'elle ait une chaleur assez campagne une partie de l'année; et c'est princi- forte pour faire fondre le beurre complètement; palement à l'avantage de celles qui possèdent une maintenez-le dans le même état pendant trois terre avec des pâturages aux environs de Paris. heures; et lorsqu'il est bien clarifié, laissez-le re On commencera cet essai de physiologie butireuse froidir ; séparez le beurre de son dépôt, faites-le en disant quelques mots sur l'origine et la nature refondre et versez-le dans de petits pots contenant de cette substance. chacun deux ou trois livres. Couyrez et conservez comme il a été prescrit ci-dessus. Le beurre doit Analyse du beurre. - Il est composé de élre fondu dans un vase de fer-blanc ou de poterie, globules en état de suspension dans le lait, et qui pour qu'il ne se forme pas de vert-de-gris pendant s'élèvent à sa surface en vertu de leur moindre le refroidissement. de la matière caséeuse avec lesquels ils formaient la Beurre salé. Lavez le beurre à plusieurs crème. eaux, en le pétrissant pour en faire sortir tout le Le beurre se sépare de la crème par le battage, serum qu'il contient; rassemblez-le ensuite en opération qui a pour but de favoriser l'aggloméra- gros morceaux, et pressez-le pour le débarrasser tion des globules butireux et de les réunir en masse de l'eau qu'il peut avoir retenue; prenez-en à la homogène. Une cerlaine température douce, qui, fois deux ou trois livres que vous étendrez de l'é sans faire passer le beurre à l'état liquide, per- paisseur de cinq à six lignes, avec un rouleau, metle cependant aux globules de se réunir, est né- sur une table bien propre et mouillée; saupoudrez cessaire pour sa formation. par dessus du sel fin et bien sec, à raison d'une Le beurre s'altère assez promptement par le demi-once par livre pour le beurre à demi-sel, et contact de l'air. L'altération est due, suivant quel- d'une once pour le beurre salé. Repliez en trois le ques naturalistes, à sa combinaison avec le gaz gâteau de beurre, pétrissez-le bien, et mettez-le qui fait partie de l’air, et qu'ils ont nommé l'oxi- ensuite dans un pot de grès, en le pressant pour gine. Ce serait cette combinaison qui communi- qu'il ne reste pas de vide; continuez ainsi jusqu'à querait au beurre une saveur âcre et piquante ce que tout le beurre soit préparé ; terminez en qu’on a désignée sous le nom de rancidité. mettant, sur la dernière couche de beurre, une Les beurres français les plus délicats et les plus couche de sel de l'épaisseur de deux doigts. estimés sont, pour les beurres frais en motte, Lorsqu'on entame un pot de beurre salé, on est ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, ceux de Bray obligé d'enlever le sel qui le recouvre; alors la su dits de Gournay, ceux d'Isigny, et de toute cette perficie et tout le tour de la masse, qui est presque partie de la Normandie. Sur les marchés de Pa- toujours détachée du pot, se trouvent en contact ris, ces beurres, dits d’élite, sont divisés : 1° en avec l'air et peuvent se rancir. mottes de premier choix, 2. beurre fin, Pour prévenir cet inconvénient, faites, à chaud, Viennent ensuite les une saumure saturée de sel ; laissez-la refroidir et beurres en mottes du Maine et du Perche, dits versez-la dans le vase au beurre, jusqu'à ce que petits beurres, et enfin les beurres en livres la superficie en soit couverte de deux ou trois doigts. provenant d'un rayon de trente lieues autour de Mettez sur le beurre un caillou ou un morceau de Paris, qui se divisent encore en rondset en longs. grès bien propre afin de l'empêcher de flotter sur Parmi les beurres salés, on estime particulière- la saumure, s'il se détachait du pot, ce qui arrive ment ceux de la Bretagne, et surtout celui des en- souvent : par ce moyen, le beurre ne sera pas virons de Rennes et de Saint-Bricuc. 5. BEU ( 68 ) BEU Des qualités qui distinguent le beurre, gne, l'Angleterre et l'Irlande, produisent les et de leurs causes. Les qualités qu'on doit beurres les plus renommés. Quant à la saison, le rechercher dans le beurre sont la saveur et l'o- beurre de printemps ou de mai est le plus riche, deur, la couleur, la consistance, et la faculté de le plus aromatique et le meilleur. Ainsi le beurre se bien conserver. de la Prévalais, pendant les mois de février, mars La couleur du bon beurre est le jaune-riche; et avril, a un goût exquis de noisette ; il est moins c'est généralement celle du beurre fourni pendant fin ct moins agréable dans les autres saisons. Le le printemps. Néanmoins cet indice n'est pas dé- beurre d'été, ou de juillet et d'août, est toujours cisif, puisqu'on peut colorer le beurre artificielle- huileux; celui d'automne, ou de septembre et ment, et parce qu'il est des pays, des saisons ou d'octobre, n'a pas une couleur aussi riche, mais des animaux qui donnent du beurre pâle, et de il est ferme et peut se conserver long-temps. qualité supérieure. La préparation des beurres d'après des princi- L'odeur du beurre doit être agréable et légère- pes raisonnés et avec tous les soins convenables ment aromatique. Toute espèce de beurre qui est la condition la plus décisive et la plus impor- exhale une odeur forte est mal fait, altéré ou de tante pour assurer leur bonne qualité. La mauvaise qualité inférieure. La saveur du beurre frais est qualité du beurre est toujours l'effet de l'igno- agréable et douce, onctueuse, délicate et fraiche. rance et de la malpropreté. Les beurres du pays de C'est la qualité la plus variable, puisqu'elle change Bray, de la Bretagne, de la Hollande, du Holstein, avec les localités, les saisons, les dispositions sani ne doivent en grande partie leur supériorité qu'à taires de l'animal, et beaucoup d'autres causes; la manière attentive et soigneuse avec laquelle on mais c'est toujours, et toutefois, la qualité qu'on dirige leur fabrication. doit le plus rechercher. Fabrication du beurre. On ne peut es- La consistance est souvent un indice de bonne pérer de faire des beurres fins qu'en observant fabrication. Les beurres spongieux, huileux et d'abord avec une rigoureuse ponctualité toutes âcres, ou ceux qui sont durs et compactes, ont été les règles prescrites pour la conduite et la bonne fabriqués dans des circonstances défavorables, ou direction de la laiterie; puis ensuite celles que par de mauvais procédés. Le bon beurre est d'une nous ferons connaître ci-après, relativement aux consistance moyenne, d'un aspect mal; il a la pâte fine et se tranche nettement en lames min- procédés matériels de fabrication ; mais il est en outre quelques principes qui méritent une atten- ces. La faculté de se conserver long-temps frais tion soutenue. est des plus précieuses, et elle est due, la plupart D'abord on ne fera jamais usage de la crème le- du temps, à l'observation rigoureuse des bons vée sur du lait altéré, battu par un transport pro- principes de fabrication. Les causes qui peuvent influer sur les qualités point de mettre bas, ou qui viennent de véler ; longé, ou sur celui des vaches malades, ou sur le peut espérer de les mentionner exactement; cel- ens ensuite on donnera la préférence à la crème re- cueillie naturellement à une température de 10 à les qui paraissent jouer un rôle plus marqué | 12 degrés, à celle provenue d'un lait arrivé à sa sont les causes suivantes : Les pâturages et la nourriture exercent la plus le vêlage ; ou à la crème qui aura monté la pre- perfection, c'est-à-dire au quatrième mois après grande influence sur la qualité du beurre, quand mière å la surface du vase, et qui est la plus abon- ils sont riches, de bonne qualité et abondants. dante et la plus délicate. Mais c'est toujours avec la condition que ce pro On enlèvera la crème sur le lait pendant qu'il duit sera fabriqué avec toutes les précautions con- est encore doux. Des expériences exactes et po- venables. On peut presque partout et avec des pâ- sitives ont prouvé qu'on retirait une quantité un turages médiocres faire de fort bon beurre, quand peu plus grande de beurre, de la crème levée sur on y met les soins nécessaires. Néanmoins, toutes du lait aigre, mais que cette augmentation est peu les autres conditions étant égales, le beurre des considérable et ne compense aucunement la perte bons pâturages, celui des prairies naturelles, ce- lui qui proviendra du lait des vaches nourries de Dans la fabrication des beurres de Gournay, on a qu'on fait sous le rapport de la qualité du produit. spergule, ou de feuilles de mais, sera toujours supé- reconnu depuis long-temps que la crème du lait rieur en saveur et en délicatesse à tous les autres. Le climat le plus favorable à la santé des bes- aigre donnait constamment des beurres médiocres taux est celui qui produit le meilleur beurre. et gras, qui ne peuvent être conservés long-temps frais et ne sont nullement propres aux salaisons. Ainsi les pays un peu humides et littoraux, tels que le Danemarck, le Holstein, la Hollande, la La jeune crème est la seule propre à faire du Belgique, la Flandre, la Normandie, la Breta- | beurre extrêmement fin, et c'est à son emploi que 2 BEU ( 69 ) BEU la Bretagne et la Normandie doivent l'excellence profondeur de 12 à 15 pouces dans un baquet con- de leurs beurres. On doit battre tous les jours, tenant de l'eau fraiche. On applique des linges quand cela est possible, quoique la crème très mouillés sur la baratte , ou enfin on jelte un petit récente exige plus de travail pour être convertie morceau de glace dans le vase. Quelquefois il en beurre; et généralement dans les temps chauds suffit de tremper de temps à autre la batte-beurre la crème ne doit pas rester plus de vingt-quatre dans l'eau fraiche. heures, et en hiver plus de deux à trois jours sans En biver et pendant le temps des gelées, on être battue. accélère la formation du beurre en enveloppant On tâchera de fabriquer une assez grande quan- la baralte avec des linges ou unc couverture tilé de beurre à la fois, parce qu'on a remarqué chaude, ou bien avec une serviette trempée dans que le beurre se forme mieux et qu'il est toujours l'eau tiède ; en ajoutant à la crème un peu de lait de meilleure qualité quand on agit sur des masses. chaud; en plongeant la baralte dans un bain d'eau tiède, ou en laissant séjourner une demi-heure de Battage du beurre. — L'opération du bat- L'opération du bat- l'eau chaude dans ce vase; enfin, en approchant tage, qui a pour but d'obtenir la réunion des mo- la baralle à quelque distance du foyer. En Hol- lécules constitutifs du beurre, n'est pas tout-à-fait lande on ajoute un peu d'eau chaude à la crème aussi simple qu'on le supposerait d'abord, car elle froide. Aux environs de Rennes, où se fabrique le ne réussit jamais bien que sous certaines condi- meilleur beurre du monde , on introduit un vase tions relatives à la saison , à la température et à la rempli d'eau chaude dans la baratte. Dans tous les manière d'opérer cas on ne doit faire usage de ces moyens qu'avec L'époque du jour qu'on devrait préférer pour précaution et sobriété, parce qu'ils tendent plus le battage est, pendant l'été, le matin ou le soir , ou moins à diminuer la finesse et les autres bonnes et en hiver et pendant les temps froids , vers le qualités de la production. milieu du jour. Pour verser la crème dans la baratte, on place La température la plus favorable pour battre le sur celle-ci un canevas ou un tamis très-propre, beurre est de 10 à 11 degrés de Réaumur. C'est sur lequel on jelte la crème, qu'on fait passer, celle à laquelle on obtient un produit ferme, d'un pour la diviser et la nettoyer, au travers des mail- goût agréable, d'une bonne qualité et en quantité les, et au moyen de la pression si la chose est né- plus forte. Cette quantité se maintient à peu près cessaire. la même jusqu'à 15 degrés, mais la consistance En général il ne faut pas remplir les barattes diminue progressivement. A 16 degrés la quantité au-delà de la moitié de ce qu'elles peuvent con- diminue. A 18 degrés le beurre est mou , spon tenir. gieux, et sa quantité a diminué de 9 à 10 pour Le battage doit se faire par un mouvement mo- cent sur celle obtenue à la première température déré, égal, uniforme, et continué sans interruption. indiquée. Enfin à 21 degrés, il a diminué de 16 Si le mouvement n'a pas de régularité, si on le ra- pour cent, il est de qualité inférieure pour le goût, lentit, si on l'arrête, le beurre recule, comme on pour l'aspect, et aucun lavage ne peut en faire dit en Bretagne, c'est-à-dire qu'il se redissout dans sortir complètement le babeurre. La température le babeurre. Au contraire, si le mouvement est propice de 10 à 11 degrés doit être celle de la violent ou trop accéléré, le beurre acquiert une crème avant de la battre, ou celle de la laiterie, saveur désagréable, et perd beaucoup, surtout en parce qu'il a été démontré que l'opération du bat- été, sous le rapport de la couleur, de la saveur et iage du beurre et sa formation élevaient de 2 de- de la consistance. Pour opérer régulièrement, il grés, c'est-à-dire portaient jusqu'à 13 degrés la faut donc, aussitôt que la batte-beurre a été intro- température de la crème. duite et que le vase est fermé, élever et abaisser Pour obtenir artificiellement la température alternativement le bâton en faisant frapper légère- nécessaire à la bonne séparation du beurre, on ment la batte ou rondelle au fond de la baratte, de fait usage de divers moyens lorsqu'on n'a pas pu manière qu'à chaque coup de va et vient elle maintenir la laiterie à 10 ou 12 degrés thermomé- soulève deux fois, en descendant et en montant, la triques. totalité de la crème. Le battage en été doit être fort, En été et aux époques les plus chaudes de l'an- lent et régulier, autrement on diviserait et on re- Dée, on bat le beurre dans le moment le plus frais mettrait en suspension les globules de beurre qui de la journée et dans la partie la plus froide de dans cette saison sont souvent à l'état liquide. l'habitation , ou bien on jette dans la baratte 15 à En hiver il peut être plus vif et plus soutenu. On 20 litres d'eau fraîche qu'on y laisse séjourner doit aussi l'accélérer un peu quand la quantité de une heure, et qu’on vide avant d'y verser la crè- crème est considérable, ou quand elle est très-nou- me. Pendant le battage, on plonge la baratte à la 1 velle. BEU ( 70 ) BEU Le moment où le beurre se formie, ou, comme d'exactitude quand le beurre est préparé journelle- on le dit, la crème tourne, est tout-à-fait varia inent et consommé tout de suite, parce qu'il est ble, attendu qu'il dépend d'un grand nombre de alors plus délicat et que les portions de lait qui circonstances. On reconnaît que le travail marche restent interposées lui donnent la saveur agréable bien par le son que rend le battage. D'abord ce son et fraiche qui caractérise la crème. est grave, sourd et profond, ensuite il devient sec, Le procédé le plus usité pour opérer le délai- fort et plus éclatant: c'est le signe que le beurre tage se réduit à jeter le beurre dans des terrines commence à se former. On doit continuer le tra ou des baquets remplis d'eau fraîche et pure afin vail avec le même soin, et l'on s'aperçoit bientôt qu'il perde sa chaleur et se raffermisse. On l'étend qu'on peut mouvoir le bâton avec plus de facilité. ensuite avec une cuillère ou spatule de bois, et Si a cette époque on ouvrait la baratte, on verrait on renouvelle l'eau fraîche à plusieurs reprises, sur les parois une foule de globules jaunâtres et tout en pétrissant le beurre jusqu'à ce que l'eau huileux qui indiquent que la formation et la réu en sorte pure et claire. On en forme alors des pe- nion du beurre commencent à s'opérer. On donne lotes, qu'on place dans un lieu frais pour leur encore quelques coups lents et mesurés, puis on faire acquérir de la consistance, ensuite on le rassemble le beurre. Pour cela il faut encore pro- moule en cylindres ou en pains d'une ou plusieurs longer le batlage, non pas à coups secs et verti- livres. caux, mais en promenant circulairement la batte On pétrit le beurre avec les mains dans pres- dans la baratte, pour recueillir en une seule, et que toute la France; mais dans un grand nombre d'abord en plusieurs masses, tout le beurre qui de laiteries où cette fabrication est bien entendue, s'est formé. notamment en Bretagne et en Arlois, on fait usage, Pour séparer le beurre du lait on enlève à la pour cet objet, de rouleaux, de cuillères plates ou main toutes les parties du premier qu'on peut sai- de battoirs. Cette méthode est plus propre et in- sir, ou bien on ôte le bouchon qui clôt les barattes flue sensiblement sur la bonne qualité du beurre. tournantes, ensuite on verse et l'on reçoit le lait La chaleur de la main lui donne loujours un as- sur une toile ou un tamis, afin de recueillir toutes pect gras et huileux, que ne présente jamais celui les portions de beurre qu'il pourrait contenir qui a été pétri au battoir. Sous ce rapport, les encore. barattes tournantes ont un avantage marqué, L'espace de temps pendant lequel il faut battre en ce qu'il suffit d'introduire de l'eau fraîche dans la crème pour la convertir en beurre n'est pas le leur intérieur, et de continuer à tourner pour même, suivant la saison, la construction de la ba opérer un bon délaitage, en laissant le beurre ratte, et beaucoup d'autres circonstances. dans la dernière eau pendant quelques moments, En été, dans la baratte ordinaire, une demi-heure pour le rafraîchir et augmenter sa fermeté. ou trois quarts d'heure sont souvent suffisants. Le délaitage sans eau est très-usité en Brelagne En hiver une demi-journée n'est quelquefois pas et dans une partie de la Normandie, où l'on con- trop longue. Dans les sérénes où l'on prépare jus sidère l'introduction de l'eau dans le beurre qu'à cent livres de beurre à la fois, une heure en comme devant enlever à ce corps une partie de été et quelques heures en hiver sont nécessaires son arôme et de sa couleur, sans compter qu'on à la formation complète du beurre. Généralement la suppose nuisible à sa bonne conservation. Pour il vaut mieux battre plus que moins. délaiter le beurre par cette méthode, on le dépose Quand le beurre ne veut pas se former, on peut, dans une terrine ou sur un plat très-propre, et on en versant dans la baratte de l'eau chaude en hiver le pétrit avec un rouleau, un écrèmoir, une cuil- et de l'eau fraîche en élé, hâter cette formation. lère ou des battoirs, jusqu'à ce qu'on en ait fait Un peu de sel ou d'alun en poudre jetés dans la sortir le lait . Cette opération exige beaucoup de baratte la déterminent également, dit-on. dextérité, de force et de patience, car si on ne dé- laite pas entièrement le beurre, il se détériore en Détaitage. - La séparation du beurre et du peu de temps, et si on le fatigue trop il devient lait de beurre n'est jamais assez complète pour qu'il visqueux et gluant. On peut employer avantageu- ne reste pas dans le premier quelques portions de sement à cet usage de petites presses en bois. sérum et de matière caséeuse. C'est à l'élimination Quand, par le pétrissage et la pression, on a enlevé de ces portions de matière étrangère qu'on doit la majeure partie du lait, on l'étend sur une table procéder par une opération qu'on appelle délai de marbre ou de pierre, et on le frappe en le taye. Cette opération, destinée à obtenir le beurre pressant à plusieurs reprises avec un linge propre pur, ne saurait être faite avec trop de soin, et c'est et sec, afin d'absorber jusqu'aux dernières por- d'elle que dépend la bonne conservation du pro tions du babeurre. Cela fait, on le moule en li- duit; seulement on peut y procéder avec moins vres ou en mottes, ou bien on le sale, ou bien on BIC ( 71 ) BIC le fait fondre. A la Prévalais, le beurre, au sortir et qu'on sert pour grosse pièce à l'entremets, de la baratte, est coupé en lames très-minces avec quelquefois sous un aspic de gelée, mais le plus une cuillère plate, qu'on trempe sans cesse dans souvent dans une terrine d'ancienne faïence de l'eau, afin que le beurre ne s'y attache pas; on le Limoges, comme on en a presque partout pour manie et remanie sur des vaisseaux de bois mouil-cet usage et pour les gâteaux de venaison. Quand lés, qu'on peut comparer à des cônes aplatis ; les la bête est très-jeune on peut en préparer les côte- beurrières les tiennent de la main gauche, lami- lettes en civet å la bourguignone, en ayant soin nent et battent le beurre qu'elles tournent en tous de suppléer au sang de la biche, qui pourrait man- sens avec la main droite; quand il est suffisam- quer, par du sang de canard. Quand la bête est ment endurci, elles le salent faiblement et lui don- plus forte et qu'elle est encore assez tendre, on nent la forme convenue. en fait rôtir les rouelles après les avoir piquées On ouvre le beurre ordinairement après le la de fin lard , et fait mariner au vin blanc comme vage, en le coupant dans tous les sens avec un pour le daim. Les rouelles de la biche se servent couteau de bois émoussé pour découvrir et enle- comme relevé de potages au premier service, avec ver les poils, les débris de linge ou autres impu- tons de capucines confites au vinaigre, et quel- une sauce à la poivrade, où l'on ajoutera des bou- retés qu'il pourrait contenir. le beurre n'acquiert toute la saveur qu'il doit quês achards épicés (V. ACHÅRDS). avoir, en été, que quelques heures après qu'il a été batlu ; et en biver, le lendemain seulement. BICHOFF ou BISHOP. C'est une boisson Le beurre s’altère d'autant plus promptement sieurs ingrédients dont nous allons rendre compte on plu- qu'il contient plus de sérum et de matière froma- geuse. C'est pour l'en débarrasser autant que pos- dont le nom veut dire ÉVÊQUE, a tiré cette appel- en en prescrivant la dose. Comme cette boisson, sible qu'on a recours au délaituge, Le beurre de lait de vache, auquel s'appliquent les détails danslation de sa couleur violette, il est à considérer lesquels nous venons d'entrer, n'est pas le seul en que les catholiques du Nord y trouvent une sorte usage dans l'économie domestique et rurale. On d'irrévérence, et de là vient que dans les trois prépare encore du beurre avec le lait d'autres principales villes catholiques d'Allemagne, on dit animaux. Les plus usités en France sont : 1° Le poliment et tout uniment, en vous offrant de cette beurre de brebis, qui a moins de consistance voudrait-elle du vin pourpré? boisson : - La Noblesse de votre Seigneurie que celui de lait de vache; il est jaune pâle en été, blanc en hiver'; il est gras, et rancit facilement d'argent la valeur de trois bouteilles du plus ex- -Mettez chauffer dans une bassine ou casserole lorsqu'il n'est pas très-soigneusement lavé. Il en- tre en infusion plus aisément que tout autre cellent et du plus vieux vin de Bordeaux, et joi- beurre. 2- Le beurre de chèvre, qui est constam- gnez-y deux livres du plus beau sucre (exotique). ment blanc, et qui a un goût particulier; il se bouillir, vous aurez fait griller sur une braise ar- Pendant que votre bon vin sucré chaufferà šans conserve plus long-temps sans altération, mais il est en quantité moindre que les deux autres, dans dente huit grosses bigarades ou oranges amères, le même volume de lait. 3. Le beurre d'ânesse, les plus rouges et les plus saines. Il faudra que chacune d'elles ait été piquée d'un clou de gérofle, qui est mou, blanc, assez fade, qui rancit aisé- Quand les écorces en seront bien boursoufflées et ment, et qui est difficile à extraire. bien rissolées par le feu, vous les étreindrez forte- BEURRÉ, excellente et grosse poire qui vient ment au moyen d'une presse à citron, justement à maturité dans les mois de septembre et d'octo-au-dessus de votre bassine, et de manière à ce bre. Il y a le beurré rouge ou beurré ďAn- que les sucs amaro-citriques et l’huile pyrogénée jou, qu'on appelle improprement beurré jaune, de ces oranges aillent se combiner par un heureux et finalement il y a le beurré gris; celui-ci n'est mélange avec le vin chaud. Vous servirez le bi- pas le plus haut en couleur; il est plus tardif et choff dans un bol à punch, avant l'heure du thé, plus doux que le beurré rouge. et vous n'omettrez pas de le faire escorter par Le beurré est de toutes les poires la plus fon- un large corbillon de gauffres à la flamande. dante; il n'y en a pas qui soit plus abondante en Le bichoff est un breuvage hospitalier; géné- eau, ni dont la chair soit plus délicate et d'un reux, archi-confortable, héroique, et surtout dans goût plus relevé. Quand on la cueille à moitié un bon château, pendant une soirée d'automne et mũre, on en fait des marmelades estimées. de gelée précoce. Le premier chasseur de M. le P. de Metternich, à Joannisberg, a la plus grande BICHE, femelle du cerf. On n'en mange or- réputation pour faire le bichoff. dinairement que le filet, qu'on apprête en daube, Nous terminerons cet article en citant l'auto- BIÈ ( 72 ) BIÈ rité d'un professeur en gastronomie : « Nous ne Il était lui-même atteint de la goutte, et il se trou- » connaissons plus aucun endroit à Paris où l'on vait bien de l'usage de la bière. » sache préparer le bicholi. Le secret de le bien Les bières fortes, telles que le porter et l'ale, » faire appartient exclusivement aux officiers des dont les Anglais font un grand usage, contiennent » grandes maisons d'autrefois. Comme cette pré- beaucoup plus d'alcool que la petite bière ; elles » paration n'admet rien de médiocre dans sa com font en conséquence renouveler plus promptement position, et qu'elle doit être faite avec le meil- le sentiment de la soif, et l'on ne doit en boire » leur vin des premiers crûs de Bordeaux, le qu'avec beaucoup de modération. » plus beau sucre cristallisé de Hambourg, et les Les bières fortes, quand elles sont prises avec » bigarades de Portugal les plus grosses et les plus excès, produisent des vertiges, une ivresse accom- » chères, elle revient à un prix tellement élevé, pagnée de coliques, et plus durable que celle des » qu'elle ne convient qu'aux maisons les plus opu- vins les plus spiritueux. Il est cependant bien con- » lentes. Mais aussi aucune boisson n'est plus dans staté que les bières les plus fortes ne contiennent » le cas d'honorer et de procurer une réputation pas autant d'alcool que les vins que nous considé- » brillante à un Amphitryon. Un dessert et un thé, rons comme les plus faibles: on est fondé par cette » arrosés de bon bichoff, sont sûrs d'occuper une observation à admettre qu'il existe dans la bière » place dans l'histoire, et de conduire à l'immor un principe enivrant tout-à-fait étranger à l'alcool, » talité le maître de la maison ? » C'est à ce principe alourdissant que les chi- (V. Grimod de la Reynière, en son ALMA- mistes ont donné le nom de Lupuline, en sup- NACH DES GOURMANDS, IIme année, pag. 204 et posant qu'il n'existait que dans le houblon: suivante.) « De l'arbre de Bacchus ce triste et froid rival, » BIÈRE, boisson fermentée qui se fait (en a dit l'abbé Delille, à qui nous ne pardonnons cette France) avec de l'orge germée et séchée, du hou- injustice et ce vers dénigrant, que parce qu'il était blon et de l'eau. La bière varie en force et en qua- l'enfant et l'ami passionné du pays vignicole où l'on danse le plus. lité suivant les proportions dans lesquelles ces substances entrent dans sa fabrication. La bière est une boisson qui demande à être tirée Cette boisson est fort ancienne ; les Égyptiens serve bonne. Il faut chaque fois rincer les bouteilles avec des soins minutieux, si l'on veut qu'elle se con- passent pour l'avoir connue les premiers. On peut au plomb, n’employer que des bouchons neufs , cou- dire, en général, qu'elle se tire du grain ; mais elle cher les bouteilles au bout de trois jours, les laisser ne se tire pas du même grain partout où on la fait. couchées dix jours en hiver et cinq en été, les re- En France, on n'y emploie ordinairement que l'orge. Les Hollandais et les Anglais la font avec lever ensuite, les espacer, et ne les faire monter l'orge, le blé et l'avoine, et ils ont trois différentes de la cave qu'au moment où l'on veut s'en servir. sortes de bière. En Allemagne, où l'on en fait une Les bières les mieux réputées, ou du moins consommation prodigieuse, on la fabrique avec celles qui se trouvent citées le plus souvent, sont l'orge, et l'on y emploie quelquefois l'épautre. le porter de Londres et l'ale d'Edimbourg, la bière rouge d'Amsterdam et de Rotterdam, la bière Le houblon doit toujours être associé au grain brune de Cologne, le faro de Bruxelles, la bière dans la fabrication de la bière, non-seulement à de Louvain, celle de Strasbourg, et particulière- cause de la saveur qu'il lui communique, mais ment la bière de Lyon. Depuis l'établissement de aussi parce qu'il en retarde la dégénération acide ; la brasserie Combalot à Paris, cette ville n'a plus plus la bière est chargée de houblon, mieux elle se rien à envier, pour la fabrication de la bière, à la conserve, lorsqu'elle est convenablement et soi- métropole des anciennes Gaules, non plus qu'à gneusement préparée. toutes les villes étrangères les plus renommées Toutes les substances amères ont la propriété de pour la même fabrication. M. Combalot, dont la conserver la bière: les brasseurs de Paris le savent Brasserie lyonnaise est établie rue de Fleurus si bien, que plusieurs d'entre eux, pour épargner à Paris, a su calculer très-heureusement les pro- la dépense du houblon qui est toujours cher, lui portions qui doivent constituer chaque spécialité substituent l'ortie, le buis, et même l'opium. Ces de ces produits exotiques. Les Parisiens peuvent sophistications ne sont pas toujours sans danger être assurés de trouver chez lui, non seulement la pour la santé des consommateurs. bière à la façon lyonnaise ou parisienne pré- La petite bière élanche la soif et d'une manière parée, moyennant l'orge de premier choix et le durable; en même temps elle nourrit; elle excite meilleur houblon, sans aucun mélange de colle, légèrement les organes digestifs et la sécrétion des de fécule, de buis vert, ni autres ingrédients reins: Sydenham la recommande aux goutteux. délétères ; mais encore toutes les variétés les plus BIE ( 73 ) BIE recommandables et les plus justement estimées espèces de bière ; savoir, de bière de table, en cas parmi les bières de facture étrangère. Le porter et d'ordonnance hygiénique, et par un motif de pré- l'ale qui proviennent de cet immense établisse- vision pour les habitudes ou les nécessités de cer- ment sont peut-être supérieurs à ces produits in tains convives; ensuite de vieux porter : il est sulaires, et l'on a pu remarquer notamment que généralement adopté d'en proposer à tous les An- le porter de la fabrique lyonnaise, en bouteilles glais qu'on invite, et d'ailleurs il est de bon goût cachetées, et quand il est âgé d'un an, peut ri- d'en faire offrir un verre à l'anglaise, et au com- valiser avec les vins du Rhin les plus généreux, mencement du dessert, à tous ceux des conviés qui les mieux dépouillés et les plus toniques. C'est mangent du fromage sec ou salé. Reste à parler l'opinion des gourmets les plus expérimentés parmi de la provision d'ale, qui se conserve aisément et les consommateurs anglais et nationaux. qui se bonifie par l'âge encore plus que les autres La petite bière de M. Combalot, dite bière de boissons lupuleuses. On n'en use jamais à table, à table, est à la fois digestive et légèrement nutri Paris ni dans les châteaux français, du moins; tive. Elle est douce et piquante, elle est agréable, mais on en boit souvent par fantaisie, dans la jour- et l'on ne saurait assez la recommander aux per née pendant la canicule, ou bien en s'allant cou- sonnes qui ne peuvent supporter l'usage du vin, cher, quand le poids d'un temps orageux et l'élec- ni celui de l'eau pure à leurs repas. Cette espèce tricité fatiguent les nerfs, car c'est un somnifère de bière, en admettant qu'elle provienne de la excellent. Brasserie lyonnaise, ou qu'elle soit fabriquée avec Il est assez connu que dans tout le nord de une sollicitude aussi consciencieuse que par M. l'Europe on fait de la soupe à la bière, et c'est un Combalot, est continuellement ordonnée par les aliment beaucoup plus substantiel et plus sain que plus habiles médecins de Paris, et notamment par la plupart des comestibles usités chez nos paysans. MM. Marjolin, Récamier, Chomel, Broussais père La soupe à la bière est d'un usage continuel et gé- et fils, Craveilhier, et Anvity, qui en prescrivent néral au-delà du Rhin. Dans l'ancien Palatinat l'usage dans presque toutes les affections chroniques ainsi qu'en Westphalie, on la confectionne en fai- de l'estomac, des intestins et des reins, aussi bien sant chauffer de la bière où l'on fait tremper des que dans certaines maladies de poitrine. tranches de pain noir appelé pompernickle, et où L'économie domestique ne saurait être consi l'on adjoint de petits morceaux de fromage grillé. dérée comme étrangère à l'art culinaire, aussi Voilà ce qui fait la base de toutes les réfections croyons nous devoir annoncer aux consommateurs populaires, et ceci n'est pas mauvais du tout. Les habituels, ainsi qu'aux personnes qui ne vou gens de condition mitoyenne y joignent de la mie draient faire qu'un usage accidentel de la bière, de pain blanc et du miel, ce qui compose un assez que la même Brasserie lyonnaise fait expédier à triste régal; mais chez les gens riches, on ajoute domicile et pour la commodité des acheteurs, des à tout ceci des jaunes d'aufs avec de la coriandre fontaines de bière, dont la contenance est beau et du vin du Rhin, ce qui produit une combinai- coup moindre que celle de nos anciens quartauts, son plus fâcheuse. Il y a des pays plus au nord où et, comme on va pouvoir en juger, à beaucoup l'on raffine beaucoup sur la soupe à la bière, en y moindre prix que dans nos brasseries parisiennes. mêlant du vin de Madère avec des noix confites et La fontaine contenant dix bouteilles de porter ne des tranches de harengs pecs. coûte que cinq francs ; l'ale blanche, façon d'Edim Tout ce que nous pouvons dire de mieux sur bourg, en fontaine de dix bouteilles, est encore au cette composition, c'est que les rois de Danemarck prix de cinq francs, tandis qu'elle en coûterait le en font régulièrement leur déjeuner tous les matins triple en Angleterre; enfin la meilleure bière de depuis deux cent soixante-neuf ans, dit Da- table se livre chez M. Combalot en fontaine de vid Broé, de Copenhague. trente-trois bouteilles et pour le même prix de Le potage indigène et national de la Russie est cinq francs, y compris les frais du transport; ce également une espèce de soupe à la bière, mais, à qui doit prouver que la modicité des prix n'a rien la vérité, celle dont on se sert pour confectionner d'incompatible avec l'emploi des meilleures ma cet aliment froid ne doit pas encore être parvenue tières et la supériorité dans les fabrications. à son dernier point de fermentation. On y met des On ne parlera pas ici de la bière au gingem- tranches de saumon, des grains de blé confits au bre, et de celle aux bourgeons de sapin, parce sel, des rouelles de cornichons blancs, beaucoup que la première de ces boissons n'est estimée de petits morceaux de glace, et quelquefois de la qu'aux États-Unis d'Amérique, et parce que le goût moutarde. Il appert du Tableau des Menus que résineux de la seconde ne saurait être supporté M. Carême en avait fait servir devant l'Empereur que par des buveurs écossais. Alexandre, dont il était maître-d'hôtel; que, pen- Il est bon de se maintenir approvisionné de trois | dant tout le temps de son séjour à Paris, l'Empe- BIC ( 74 ) BIS reur n'a jamais ni mangé ni goûté d'aucun autre Dans tous les livres de cuisine, on conseille de potage. On remarque aussi dans le seul ouvrage faire la même compote avec des marrons grillés en langue russe où il soit traité de la cuisine, que au lieu de marrons glacés, et d'y employer des le mets le plus impérial de la belle saison citrons au lieu de bigarades. On n'y trouverait consiste en un plat de pois verts avec une aucun autre profit que celui qui peut résulter d'une multitude de poulets précoces, ce qui signifie économie de 5 à 6 francs. des poussins gros comme des @ufs. Nous avons déjà dit que la Russie, la Suède et Boutons de bigarades pralinés. (V. à l'ar- ticle ORANGE. ) le Danemarck étaient des pays dont les traditions ne pouvaient rien fournir au progrès de l'art cu Glace à la bigarade. (V. SORBETS.) linaire; mais on est obligé d'avouer que la cuisine russe est encore inférieure aux deux autres. Après Eau de bigarades au candi. (V. LIQUEURS.) les explorations les plus assidues, nous n'avons pu Bigarade est aussi le nom d'une espèce de découvrir dans toute la région du Nord qu'une poire grosse et bigarrée, dont la chair est cassante, seule préparation gastronomique un peu satisſai- On la nomme autrement la tulipée ou la vi- sanle; encore elle nous vient de la Norwège, et son laire d'Anjou. application ne saurait avoir lieu que sur un pois- son de seconde qualité (V. CABILLAUD A LA NOR BIGARREAU, fruit d'une espèce de cerisier. WÉGIENNE). Il est bigarré de rouge et de blanc, et quelquefois BIGARADE, espèce d'orange dont l'acidité trigarré de blanc, de rouge et de noir; sa chair se combine avec une saveur amère et aromatique est plus ferme et plus croquante que celle des autres cerises. Il donne dès la mi-juillet, et il est qui ne se trouve dans aucune autre variété de ce bon à manger aussitôt qu'il est à demi-rouge. Il genre de fruits. On l'emploie à beaucoup d'usages, et principalement pour assaisonner les gibiers à y en a une autre espèce qui mûrit plus tard, et viande noire, quand on les sert rôtis: On les qui est encore plus estimée que le bigarreau pré- coce. Ils ne sont d'aucun usage culinaire et ne peu- place alors sur la table afin que chacun des con- vives en exprime le jus sur son assiette, et du vent s'employer qu'à la main. reste elle est de prescription culinaire et de néces- BISCOTIN. Pour opérer cette vicille frian- sité pour la confection de plusieurs ragoûts. L'u-dise, on prendra du sucre cuit à la plume, se- sage de l'orange amère était si généralement et si lon la quantité de biscotins qu'on voudra faire. On anciennement adopté pour l'assaisonnement de y mêle à peu près autant de farine dont on fait certains plats de rôts, qu'Alain Chartier disait à une pâte; on l'étend, on la pétrit sur une table propos d'un homme exigeant ou difficile, « Il ne saupoudrée de sucre. Quand elle est dure, on la saurait manger des perdrix sans orange, » On a déjà parlé de la bigarade à propos du bichoff, dont pile dans un mortier, avec un blanc d'auf, de déjà parlé de la bigarade à propos du bichoff, dont l'eau de fleur d'orange et un peu d'ambre; le tout elle est le premier élément; c'est aussi de son écorce grillée qu'on tire la substance aromatique qu'on jette dans une poêle d'eau bouillante, et on étant bien incorporé, on en fait de petites boules qui parfume le curaçao, nom que les fabricants ne les retire que lorsqu'elles viennent nager à la hollandais ont donné à cette liqueur, parce qu'il est surface; on les cuit ensuite à feu ouvert, après les celui de la contrée qui leur fournit le plus abon- damment cette sorte d'oranges. avoir laissés égoutter sur du papier. Compote à ta bigarade. — A platissez dans BISCOTTES. Pour obtenir à volonté des un com potier une demi-livre de marrons glacés, biscottes à la façon de Bruxelles, il est suffi- que vous n'écraserez pas néanmoins. Faites griller sant de faire des brioches en couronnes plates et quatre bigarades dont vous exprimerez le jus dont le cæur est évidé, de la même forme et de la dans un autre vase où vous aurez mis du sucre en même façon que pour les pains bénis. On les poudre et en petite quantité, parce que les marrons coupera par tranches minces et on les fera bien en sont déjà pourvus suffisamment. Ajoutez une dessécher dans un four à feu très-doux. La seule seule cuillerée de curacao d'Amsterdam, et tour chose qu'il faille observer en disposant leur pâte, nez ce mélange en le faisant chauffer au bain-ma c'est d'y mettre un peu plus de levure qu'on rie avant de le verser dans le compotier par dessus n'en admet ordinairemeut dans la brioche de Pa- les marrons. Il faudra ensuite faire refroidir cette ris. La ressemblance en sera plus parfaite avec les compote, mais il faut toujours que le sirop soit biscottes flamandes, qu'on n'est pas toujours à chaud quand on le transvase, afin que les marrons même de se procurer à la campagne, et dont beau- s'en pénètrent mieux, coup de personnes ont contracté l'habitude et l'u-1 1 1 1 4 1 BIS ( 73 ) BIS sage en déjeûnant avec du chocolat de santé. On ensemble les blancs et les jaunes ; répandez la les sert encore avec le thé, en les doublant, après farine sur le tout, en remuant toujours pour bien les avoir beurrées à froid et légèrement sucrées. incorporer; ajoutez ensuite la pâte de pistaches, et BISCUIT, pâtisserie fine et légère composée assez de vert d'épinards pour que tout ce mélange d'eufs dont les blancs doivent être fouettés en en prenne une couleur verte bien prononcée. neige, de sucre, de fleur de farine ou de fécule de On remplit avec cette pâte des caisses de pa- pommes de terre, et de quelques aromates ou au- pier, et on en glace le dessus avec un mélange de tres substances qu'on incorpore dans la pâte. moitié sucre et moitié farine. On fait cuire dans un four peu chaud ou sous un four de cam- Biscuits de Savoie. Pesez douze æufs ; pagne. prenez le poids égal en sucre, et moitié de ce poids On fait de la même façon les biscuits aux ave- en farine ou en fécule de pommes de terre : celle- lines, aux amandes et aux noisettes fraîches ; mais ci est préférable, et si l'on emploie de la farine, il faut y ajouter un peu de fleur d'orange pralinée il faut la faire sécher, et la passer au tamis de en poudre, ou de la râpure de citron vert, en en soie. retranchant le suc d'épinards. Cassez les œufs et mettez à part les blancs et les jaunes; battez ceux-ci avec le sucre en pou- Biscuits à la cuillère. - On fait de la pâte dre, et ajoutez-y un peu de fleur d'orange pra- comme pour le biscuit de Savoie , mais plus lé- linée et de l'écorce de citron râpée; fouettez les gère ; c'est-à-dire qu'on y met plus de blancs blancs d'æufs jusqu'à ce qu'ils soient en neige, et d’æufs et moins de farine. mêlez-les avec les jaunes ; ajoutez alors la farine On prend une cuillerée de cette pâte , et on la ou la fécule que vous incorporez avec la masse en verse en long sur une feuille de papier saupou- la battant avec la poignée d'osier; mettez cette drée de sucre : on les fait cuire dans un four pâte dans un moule bien beurré avec du beurre très-doux, et on les enlève de dessus le papier à tiède qu'on applique avec un pinceau : faites cuire mesure qu'on les tire du four, au four médiocrement chaud : on peut aussi le Biscuits au chocolat. — Prenez douze aufs, faire cuire sous un four de campagne, pourvu que six onces de farine, vingt onces de sucre, et trois l'on entretienne un feu bien égal pendant toute la onces de chocolat fin à la vanille, le tout en pou- cuisson. dre : battez les jaunes avec le chocolat et le su- Si le biscuit se trouve de belle couleur, on le cre; ajoutez ensuite les blancs fouettés en neige; sert comme il est sorti du moule : dans le cas incorporez la farine en remuant sans cesse : met- contraire, on le glace de la manière suivante : tez la pâte en moule ou en caisse. Glacez comme Prenez du sucre en poudre très-fine, un blanc pour les biscuits de Savoie. d'æuf et le jus de la moitié d'un citron ; battez le tout ensemble jusqu'à ce que le mélange devienne Biscuits à couper.-Battez dix jaunes d'oeufs bien blanc ; couvrez votre biscuit avec cette glace, dans une terrine avec une livre de sucre pulvé- et laissez sécher, risé, un peu de sel , de fleur d'orange et de zeste On rend le biscuit plus léger en retranchant de citron ; mêlez-les avec les blancs que vous au- quelques onces de farine, et en ajoutant autant de rez bien fouettés ; passez dessus, en maniant lé- blancs d'eufs qu'on a retranché d'onces de fa gèrement, douze onces de farine sèche dans un rine. Le biscuit de Savoie se mange à l'entremets tamis de crin; dressez vos biscuits dans de gran- et se sert comme grosse pièce; on l'accompagne des caisses de papier ; glacez-les et mettez-les au ordinairement de petits pots à la crème au vin four à feu doux pendant une heure au moins ; (V. SABAYON). retirez-les, et, quand ils seront froids, coupez-les Cette pâte plus légère sert à faire de petits bis- suivant la forme qui vous conviendra le mieux. cuits : on peut en varier les proportions de ma- Si vous voulez en faire des biscuits à la bigarade, nière à leur donner plus ou moins de légèreté, et à l'orange, au cédrat, frottez votre fruit sur un y introduire des aromates ou d'autres substances morceau de sucre en pain, pour qu'il en prenne le qui en changeront la qualité gastronomique. zeste; mettez ce parfum dans de la glace, et gla- Biscuits aux pistaches. Prenez huit on- cez-en vos biscuits avant de les mettre sécher à l'étuve. On peut aussi les glacer à la fraise, à la ces de pistaches bien vertes, treize blancs d'æuſs, neuf jaunes, une once et demie de farine séchée groseille, à la framboise, en mêlant dans la glace les chairs de ces fruits, écrasées et passées au la- et passée au tamis, enfin une livre du plus beau mis de soie, sucre. Battez à part les jaunes avec le sucre; fouettez Biscuits soufflés à la fleur d'orange. les blancs jusqu'à ce qu'ils soient en neige : mêlez | Faites une glace qui ne soit ni trop liquide ni BIS ( 76 ) BIS . 6 onces, . . . trop sèche, en mêlant du sucre en poudre passé Biscuits à l'Ursuline. — Penez seize blancs au tamis de soie avec un blanc d’æuſ frais séparé d'æufs, six jaunes, la râpure d'un citron, du jaune; mêlez-y, quand votre glace sera à point, Farine de riz. deux pincées de fleur d'orange pralinée; remplis- Sucre en poudre. 10 sez de cet appareil, seulement à moitié, des caisses Marmelade de pomme. 2 de papier, quatre fois plus petites que des caisses or- D'abricots. . 2 dinaires; mettez vos biscuits à un four doux, mais Fleurs d'orange pralinée.. 2 assez chaud pour qu'ils ne retombent pas; reti- rez-les du four quand ils seront assez fermes. Pilez dans un mortier les marmelades et la fleur d'orange; ajoulez-les ensuite aux blancs d'œufs Biscuits (petits) soufflés aux amandes. fouettés en neige; battez les jaunes avec le sucre Faites sécher au four, ou faites praliner une demi-pendant un quart d'heure; mélangez le tout et livre d'amandes douces coupées en petits dés; battez encore. Lorsque le mélange est parfait, mêlez-les avec une pincée de fleur d'orange pra- ajoutez la farine et la râpure de citron. Dressez linée, dans une glace royale faite avec deux blancs dans des caisses, et faites cuire à un feu très-mo- d'œufs bien frais; encaissez et faites cuire vos déré. Avant de mettre les biscuits au four, saupou- flés au rhum, au vin d'Alicante, aux liqueurs des drez-les de sucre passé au tamis de soie. Vous les îles, à la crème, etc., sepréparent de la même ma ferez servir pour entremets comme les biscuits à nière, c'est-à-dire au moyen de la même pâte. la crème et celui de Savoie. biscuits comme ci-dessus. Les petits biscuits soul- Biscuits à la génoise. - Prenez une livre BISET, espèce de pigeon sauvage qui diffère de farine, quatre onces de sucre, de la coriandre du pigeon ramier en ce qu'il est beaucoup plus et de l'anis en poudre ce que vous jugerez con petit , et qu'il n'a pas de taches blanches dans les venable; ajoutez quatre æufs, et quantité sufli ailes et autour du col. La chair du biset est fort sante d'eau tiède pour faire une pâte dont vous estimée, elle est plus délicate et plus serrée que formerez un pain : faites cuire dans la tourtière, celle de notre pigeon. coupez ensuite en tranches que vous ferez bis Il se mange ordinairement cuit à la broche et cuire au four. bien enveloppé d'un triple rang de feuilles de Ce biscuit diffère presque en tout des précé- vignes recouvertes d'une barde de lard. dents, en ce qu'il en résulte une pâte compacte et qui devient croquante lorsqu'elle est suffisam BISQUE. S'il était nécessaire de rappeler à ment desséchée. C'est le biscuit primitif, et c'est des lecteurs bien appris quelles sont toutes les de lui que tous les autres ont tiré leur nom géné- qualités et les illustrations de la bisque, nous com- rique. mencerions par citer, en guise d'épigraphe à no- tre article, ces vers gaulois du vieux chapelain de Biscuits à la Mère Jeanne. François ler, Meslin de Saint-Gelais : Prenez. 2 blancs d'æufs, Quand on est fébricitant, Sucre en poudre. 4 cuillerées, » Ma Dame, on se trouve en risque, Farine. . . 2 cuillerées, » Et pour un assez long-temps, » De ne jouer à la brisque Fleur d'orange pralinée » Et de mal disner, par tant et en poudre. . 1 once ; » De ne point manger de bisque : > Si rude et si fascheux risque, Melez le tout ensemble pour former une pâte un Que je bisque en y songeant! » peu liquide. Nous passerions ensuite à ce contemporain de On prend de cette pâte plein une cuillère à l'austère Boileau, à cet heureux gourmand : café, et on la couche sur des feuilles de papier, en formant des ronds de la grandeur d'une pièce « dont la mine fleurie de 5 francs. » Semblait d'ortolans seuls et de bisque nourrie. » On les met au four, et on les retire lorsque les - J'aime à causer avec Despréaux, disait le Ma- biscuits ont pris une belle couleur. Pour les dé-réchal de Vivonne à Louis XIV; sa conversation tacher du papier on mouille la feuille par derrière fait sur mon gros esprit le même effet que les avec une éponge ; on dépose les biscuits sur un bisques rouges et les bonnes perdrix de Votre tamis pour les faire sécher, et on les conserve dans Majesté ſont sur mes grosses joues. des bocaux ou dans des boîtes bien closes. Vincent de la Chapelle a déclaré que la bis- • . > BIS ( 77 ) BLA que au bon coulis était le plus royal des mets pour constituer votre potage. Ces crustacées doi- royaux, et M. de la Reynière nous dit fièrement vent être de ceux qu'on appelle poupards sur que c'est un aliment princier ou financier. la côte de Normandie, et non pas d'une autre es- C'est en retranchant les intermédiaires, à l'exclu-pèce à qui l'on a donné le nom de poingts-clos. sion des gentilshommes et sans ménagement : C'est à raison de ce que ceux-ci ne contiennent sans daigner songer que les écrevisses sont pour jamais autant d'æufs ou de laitance que les petits tout le monde, et tout aussi bien pour les méde- crabes de la première espèce. cins que pour les princes de Canino et les pa- rents de M. Thiers ! BLANC. On appelle ainsi une composition Nous n'omettrons pas de rapporter ici l'équi- préparatoire qui se garde en réserve, et dont table opinion de M. Brillat de Savarin, Conseiller l'usage est souvent mentionné dans les formules à la Cour de Cassation, et Commandant de la Lé- culinaires. Pour faire un blanc, faites bouillir gion-d'Honneur, lequel a dit dans sa Physiologie dans une petite quantité d'eau du lard râpé, des du goût, que, s'il était resté dans ce monde une tranches de citron, quelques carottes et ogoons ombre de justice, on rendrait publiquement aux coupés en petits morceaux, une feuille de laurier, , écrevisses cuites un culte de Latrie. du persil en branches et un nouet de toile fine où vous aurez mis du poivre en grain et quelques Bisque d' Écrevisses.- Ayez cinquante écre- clous de gérofle. Il faut laisser bouillir le tout en visses ou davantage, selon leur grosseur; lavez- le tournant sans cesse jusqu'à ce que l'eau soit les à plusieurs eaux, et rejetez toutes celles qui entièrement évaporée. Mouillez alors avec une ne donneraient plus signe de vie; égouttez-les; plus grande quantité d'eau; faites bouillir de nou- mettez-les cuire sur un bon feu dans une cas- veau, écumez avec soin, et conservez cette pré- serole avec du bouillon , sans qu'elles puissent, paration dans une terrine pour vous en servir sui- nager dans ce liquide ; lorsqu'elles seront cuites, vant les prescriptions indiquées. retirez-les du feu et laissez-les couvertes un demi- quart d'heure; jetez-les ensuite dans une passoire BLANC-MANGER, aliment qui a toujours et conservez-en le bouillon ; lorsqu'elles sont à pour base une gelée provenue de substance ani- moitié froides , ôtez-en les queues, épluchez-les, male, et rendue blanche et opaque par une addi- et mettez-en les épluchures avec les corps dans un tion de lait d'amandes. On y joint aussi divers mortier; pilez le tout jusqu'à ce qu'il en résulte aromates ou d'autres substances, afin d'en varier une pâte rouge; mettez une poignée de mie de la saveur et les qualités diététiques. pain mollet dans le bouillon où elles ont cuit; des- Blanc-manger, suivant l'ancienne formule. séchez-le sur un feu doux; mettez-le dans un (On voit dans les lettres de madame de Mainte- mortier avec les écrevisses; délayez le tout avec non, que Fagon, le médecin de la Cour, ordon- d'excellent bouillon; passez-le à travers une éta- nait cet aliment dans les cas d'affections ou dis- mine; mettez-le dans une casserole sur le feu et positions inflammatoires.) — Pilez un quarteron sans bouillir; remuez-le bien, et faites en sorte d'amandes mondées, en y joignant un peu d'eau qu'il ne soit ni trop clair, ni trop épais; goûtez s'il est d'un bon sel, et servez-vous-en pour en faire pour empêcher la séparation de l'huile; ajoutez-y une pinte de consommé fait sans légumes et com- un potage, soit avec du riz, soit avec de petits plètement dégraissé : au lieu de légumes on met croûtons passés au beurre. dans le pot où se fait le consommé deux clous de Bisque à la normande ou potage aux gerofle, un bâton de cannelle et un peu de sel. poupards. — Faites cuire une vinglaine de pe- Quand le bouillon est bien mêlé avec les amandes, tils crabes dans une eau de sel avec quelques on y ajoute deux onces de blanc de volaille rôtie, ognons, du persil en branches et des tranches de haché et pilé, après qu'on en aura ôté la peau, carotte; retirez-les au bout de vingt minutes, et les nerfs et les os. laissez-les refroidir dans leur cuisson. Égouttez Au lieu de volaille, on peut se servir de veau alors ces crabes, et sans les éplucher, pilez-les rôti bien blanc; on peut ajouter aussi, gros com- dans un mortier de marbre, en y joignant de la me un auf de mie de pain mollet, ce qui rendra mie de pain tendre, ou bien deux cuillerées de riz le blanc-manger plus épais. cuit à la vapeur. Mouillez cette pâte avec du con Le tout bien mêlé, on passe à l'étamine en tor- sommé si c'est au gras, et avec du bouillon des dant, et on reverse ce qui a passé sur le marc, en quatre racines si c'est un jour maigre. Faites-la tordant toujours pour en extraire tout ce qui peut passer à l'étamine, et puis faites-la bien chauffer au l'être. bain-marie, en y joignant la quantité de consommé On verse ce qui a passé dans un poêlon en ajou- gras ou de bouillon maigre qui sera nécessaire tant le jus d'une orange et un quarteron de sucre. That BLA ( 78 ) BLA i Blanc-manger frit. On met le poèlou sur un feu vif; on remue d'a comme la colle de poisson ou celle qu'on extrait bord pour que le blanc-manger s'épaississe, et on des os, c'est un aliment léger qui convient beau- le laisse un peu reposer; ensuite on le remue de coup lorsqu'il est question de tempérer et de ra- temps en temps avec une cuillère. On en verse fraîchir ; mais quand on y emploie la gelée qu'on sur une assiette; et quand il se prend en gelée en obtient en faisant réduire un consommé de viande, refroidissant, c'est qu'il est cuit. comme elle contient alors plus ou moins d'osma- On voit que, dans cette préparation, la gelée se come, le blanc-manger devient tonique et peut fait par la réduction d'un consommé, c'est-à-dire acquérir une propriété excitante. d'un bouillon de viande très-chargé. On y ajoute en outre de la viande pilée ; ainsi tout se réunit Blanc-manger frit. -- Mettez dans une cas- pour en faire un comestible aussi nutritif qu’adou- serole, avec une chopine de crème, un quarteron cissant. de farine de riz, un peu de sel, et des zestes de ci- tron hachés ; faites cuire environ trois heures, en Blanc-manger, suivant la recette de M. Beau remuant de temps en temps ; quand votre appareil villiers. - Ayez deux pieds de veau ; fendez-les en sera presque cuit, ajoutez du sucre, quatre masse- deux, afin d'en ôter les gros os; faites-les dégor- pains et six macarons écrasés, et achevez la cuis- ger et blanchir; rafraîchissez-les ; mettez-les son; incorporez-y trois æufs l'un après l'autre; dans une marmite, avec une pinte et demie d'eau; faites lier cette pâle, élalez-la sur un couvercle fa- faites-les partir , écumez-les; laissez-les cuire riné; poudrez de farine et laissez refroidir; divisez- deux ou trois heures, dégraissez et passez leur la en petits carrés, et faites-en des boules grosses bouillon au travers d'une serviette mouillée; failes comme un grain de verjus; au moment de servir, blanchir et émondez un quarteron d'amandes faites chauffer de la friture dans une poêle, et met- douces avec six amères ; pilez-les, réduisez-les en tez-y la passoire, dans laquelle vous aurez placé pàle; ayez soin de les mouiller de temps en temps vos pâtes; remuez souvent la passoire; dès que avec un peu d'eau, pour qu'elles ne tournent point vos boules auront une belle couleur, retirez-les, en huile; mettez dans une casserole un demi-setier égouttez-les ; dressez et saupoudrez de sucre blanc. d'eau, un quarteron et demi de sucre, le zeste de Vous pouvez , si cela vous convient, hacher très- la moitié d'un citron et une bonne pincée de co fin des blancs de volaille rôtis et les incorporer riandre; laissez infuser le tout une demi-heure; dans votre appareil. retirez-en la coriandre et le citron; versez cette infusion sur vos amandes ; passez-la plusieurs fois Blanc-manger à la moderne. - Délayez à travers une serviette; ajoutez-y autant de gelée la valeur de douze petits pots de crème, que vous de pieds de veau qu'il en faut pour que votre blanc- aurez fait bouillir avec six onces de sucre, une manger soit délicat, et qu'il puisse prendre suffi- livre d'amandes douces, et huit amandes amères, samment, ce dont vous vous assurerez en en faisant pilées bien fin; passez à travers une serviette fine, l'essai: étant à son degré et d'un bon goûl, versez- en tordant; battez dans un demi-verre d'cau un le, soit dans des petits pots, soit dans un moule, et bâton et demi de colle de poisson fondue; laissez- faites-le prendre à la glace comme les autres gelécs. la mijoter pendant deux heures; passez-la à l'éta- Vous pouvez faire ce blanc-manger, ainsi que toutes mine, et versez-la avec l'appareil qui sera tiède ; les gelées possibles, avec de la colle de poisson, de vous remplirez le bol ou les petits pots dans les- la corne de cerf, ou de la mousse d'Islande. quels vous comptez servir, et vous les mettrez à la glace ou au froid, afin d'en user quand ils se- Blanc-manger à la bonne femme. ---Com- ront congelés. mencez par faire un lait d'amandes avec six onces d'amandes douces et six amandes amères; ajoutez Blanc-manger renversé à la moderne. — en pilant très-peu d'eau, et délayez la pâte avec un Préparez votre appareil comme il est dit dans l'ar- demi-litre de lait, avant de l'exprimer. ticle précédent; remplissez-en le moule que vous Faites dissoudre huit onces de sucre dans ce lait voudrez renverser; mais joignez-y de la colle de d'amandes, et ajoutez-y vingt-quatre onces de ge- poisson proportions gardées : il en faut au moins lée; faites fondre sur le feu, et emplissez-en des dix à douze bâtons, suivant la grandeur du moule; petits pots, ou un moule que vous renverserez sur mettez à la glace, et laissez fortement congeler, un plat d'entremets avant de servir. Il faut que la avant de renverser. gelée soit ſorte pour qu'on puisse la renverser. Vous pourrez décorer cet entremets en ajustant Dans les temps chauds il faut poser le moule sur sur le blanc-manger de longs filets de gelée de gro- la glace. seilles rouges, entremêlés de petits losanges ou Il est à considérer que lorsque le blanc-manger carrés en gelée de pommes de Rouen, bien trans- a pour base une geléc faite avec de la gélatinc pure, parente et d'une belle couleur orangée. BLE BLO ( 79 ) Il est également aisé de panacher ou trancher quelques gouttes de ratafia aux fruits rouges, et les blancs-manger en les alternant dans leur moule, mouillez-les avec du vin sucré. Faites bouillir une avec plusieurs couches d'une autre gelée d'office chopine de crème; sucrez-la et mettez-y quatre à la colle de poisson, qu'on aura soin de n'y placer jaunes d'aufs battus. Mettez-la sur un feu doux, qu'avec précaution, afin d'éviter que les deux et remuez-la jusqu'à ce qu'elle s'épaississe; ensuite compositions ne se mêlent ensemble. Celles dont versez-la sur des macarons, et, quand elle est re- le mélange y produit un meilleur effet, sont: 1° la froidie, mettez la neige par dessus. Parsemez la gelée de vin d’Alicante ou de Champagne rosé; surface de cet entremets étranger avec des pon- 2° la gelée de coing ; 3° celle de sirop de vinaigre pareilles de toutes couleurs. framboisé; 4" celle de ratafia des quatre fruiis; 5° la gelée de liqueur de menthe, et finalement BLOND DE VEAU. De toutes les confec- celle de verjus muscat, dont on emploiera destions préparatoires auxquelles on donne les voms grains confits pour garnir ce plat d'entremets. de jus, glacés, coulis, etc., le jus blond de veau Blanc-manger chaud. (Plat de collation.) | taire à souvent parlé de ses bons effets hygiéni- passe, avec raison, pour la moins insalubre. Vol- - Mettez dans une casserole une livre d'amandes ques. « Venez à Cirey, où madame du Châtelet douces, avec six amandes pilées bien fin; faites » ne vous laissera pas empoisonner, écrivait-il à bouillir dans une autre casserole, avec du sucre, de l'eau, une once de salep, ou de tapioca ; délayez jus dans sa cuisine, tout s'y fait au blond de Saint-Lambert, « il n'y a plus une cuillerée de vos amandes dans ladite mixtion bouillante; passez » veau; nous vivrons centans, el vous ne mourrez le tout à travers une étamine bien fine en la fou- » jamais. » Il est certain que cette sorte de jus a lant; mettez votre appareil sur le feu un quart des propriétés moins excitantes que celui qui se d'heure avant de servir ; tournez-le comme une fait avec des viandes noires, au rang desquelles il bouillie; faites réduire jusqu'à ce qu'il tienne à la est juste de comprendre les jambons, qui sont tou- cuillère ; versez dans une casserole d'argent, et jours beaucoup plus substantiels et plus colorés que servez à déjeûner pour un jour de jeûne. les autres parties du porc. Lorsqu'on laisse attacher légèrement la viande, BLANQUET. Il y a deux sortes de poires le jus en devient plus sapide; il est alors, quant à ses ainsi pommées, le gros et le petit blanquet. On propriétés diététiques, un intermédiaire entre le jus leur a donné ce nom à cause de leur couleur qui brun et celui dont la recette est ci-dessus. C'est à est d'un vert blanchâtre. La poire de gros blan- ce mezzo-terminé qu'il est bon de s'en tenir quet est bonne à manger au' commencement de pour assaisonner de bon goût sans inconvénient. juillet, et celle de petit blanquet ne l'est que vers la fin du mois suivant. Ce sont des fruits de qualité Jus blond de veau. ( Suivant la recette du médiocre. docteur Tronchin. ) - Garnissez le fond d'une casserole avec des tranches de veau; ajoutez-y des BLANQUETTE, espèce de ragoût qui s'o- abattis de volailles avec un peu de beurre ou de père toujours avec des viandes blanches et déjà lard fondu, des ognons, des carottes et un bou- cuites, et dans lequel il doit entrer une liaison. quet garni; mouillez avec une cuillerée de bouil- (V. AGNEAU, COCHON DE LAIT, VEAU et Vo lon, et laissez réduire sans laisser attacher; mouillez LAILLE.) encore avec du bouillon en suffisante quantité pour que tout soit couvert; faites bouillir et écu- Blanquette à la queue. — Poire d'été dont mez; ensuite amortissez le feu , et faites recuire la chair est line et l'eau très-sucrée. Elle est comme doucement pendant deux heures. toutes les poires d'été dans la catégorie des fruits Faites séparément un roux blanc , passez-y à la main. des champignons pendant quelques minutes, et versez-y le jus des viandes en remuant toujours BLÉ DE TURQUIE. (V. MAIS.) pour que le roux se mélange intimement; faites bouillir, écumez et tenez la casserole sur un feu BLÉYLL ou BAGATELLE (mets polonais). doux pendant une bonne heure. Passez à l'étamine Vous mettez un demi-verre de vin blanc dans une après avoir dégraissé. chopine de bonne crème ; vous y exprimerez aussi le jus d'une orange; râpez-y une écorce de citron Jus blond de veau à ta parisienne. — et du sucre. Fouettez vivement ce mélange avec Mettez dans une casserole ronde deux casis et deux des verges. Enlevez la neige à mesure qu'elle se jarrets de veau, quatre ognons, que vous mouillez forme, et faites-la égoutter sur un tamis de crin. avec deux cuillerées de grand bouillon ; vous posez Meticz dans un plat un quarteron de macarons, la casserole sur un bon fourneau; quand le bouil- BOE ( 80 ) BOE lon qui est dans la casserole cst réduit , vous le 1 pour en obtenir du bouillon, on renvoie l'exposé mcllez sur un feu doux, afin que le veau ait le de ces propriétés à l'article Bouillon, et l'on ren- temps de suer, et que la glace ne s'attache pas trop voie également aux mots Róti, Braise et Étu- vite; quand la glace du fond de la casserole est de vée pour plusieurs considérations applicables à ces belle couleur, vous la remplissez de grand bouillon; procédés de coction gastronomique. ayez bien soin de l'écumer, afin que votre blond La Normandie et l'Auvergne fournissent le meil- ne soit pas trouble; n'y mettez point de sel, at- leur bæuf de France, et peut-être du monde en- tendu que le mouillement primitif devait être tier. Les Anglais conclament et proclament tou- assaisonné convenablement. jours la supériorité de leur bæuf; mais c'est une de leurs prétentions les plus intolérables. Nous Jus blond de veau à la Beauvilliers. (Ce-allons citer à cette occasion-ci plusieurs témoi- lui-ci peut remplacer loute espèce de jus et de gnages dont personne n'oserait contester la com- coulis, avec autant d'agrément gustuel que de profit pétence et l'autorité. pour la santé.)- Beurrez le fond d'une casserole; M. de la Reynière a mangé du bæuſ en plusieurs mettez-y quelques lames de jambon, quatre à cinq pays, et certes on ne supposera pas qu'il ait pu s'en livres de veau de bonne qualité, deux ou trois ca- acquitter sans intelligence de la matière, ou bien rottes tournées, autant d'ognons; mouillez le tout avec une insouciance irréfléchie. Il a trouvé que le avec une cuillerée de bon bouillon; faites-le suer beuf en Angleterre a toujours été tué trop jeune et sur un feu doux, ct réduisez-le jusqu'à consistance qu'il est devenu trop gras pour être vraiment succu- de glace; quand elle sera d'une belle teinte jaune, lent. C'est, dit-il, un intermédiaire entre les veaux retirez-la du feu; piquez les chairs avec la pointe et les bæufs; - il enfle plus qu'il ne nourrit: d'un couteau , pour en faire sortir le reste du jus; telle est la conclusion de ce gastronome, et l'on voit couvrez votre blond de veau ; laissez-le suer ainsi dans l’Art du Cuisinier, que M. Beauvilliers, pendant unquart d'heure,et mouillez-le encore avec praticien par excellence, est absolument du même du bouillon, selon la quantité de viandes; mettez- avis sur le même sujet. Lorsque M. Carême (au- y un bouquet de persil et ciboule, assaisonné de teur du Pâtissier pittoresque et du Parfait Maître la moitié d'une gousse d'ail et piqué d'un clou de d'hôtel) était employé chez le roi d'Angleterre, il gérofle; faites bouillir ce blond de veau; écumez- a éprouvé que vingt livres de bæuf d'Ecosse, ou le et mettez-le à mijoter sur le bord d'un four- du pays de Galles, ou du comté de Kent, du bæuf neau ; vos viandes étant bien cuiles , dégraissez, de Londres enfin, ne lui fournissaient jamais au- passez, et servez-vous-en comme de l’empotage, tant de substance gélatineuse et d'osmazôme, c'est- pour le riz, le vermicelle au gras, les ragoûts, les à-dire autant de matière propre à constituer du glacis et toutes les choses de même nature. bouillon, du jus et des coulis, qu'il en obtenait toujours à Paris moyennant douze livres de bæuf BOEUF. La chair du bæuf provenant d'un ordinaire. M. Carême attribue l'infériorité de celle animal de quatre à six ans est un des aliments production britannique à l'humidité du climat, les plus nutritifs et les plus sanitaires; elle est de d'où résulte l'inconsistance et l'insapidité des herbes facile digestion pour tous les estomacs sains; mais pâturales, aussi bien qu'à l'âge où l'on tue les la chair des bæufs qui ont été fatigués par un trop bæuſs anglais, lequel est toujonrs prématuré. Nous long travail est presque toujours sèche et fibreuse, nous bornerons à constater, d'après l'expérience et et alors elle ne peut être digérée que par un esto- les observations d'un professeur , que la même mac robuste. Aucun autre élément culinaire ne viande est à peu près deux fois plus nutritive et fournit autant de suc, et le bouillon qu'on prépare plus savoureuse en France qu'en Angleterre; et en le faisant cuire dans l'eau nourrit et se digère puis, si nous avons mis l'honneur de nos bestiaux à d'autant mieux qu'il n'est ni trop gras ni trop couvert de l'arrogance anglicane, ce sera toujours réduit. cela de gagné. La chair du bæuf étant celle dont la consom On a déjà dit que les meilleurs boufs nous mation est la plus étendue, et contenant, dans les viennent de la Normandie et de l'Auvergne, ceux plus justes proportions, tous les principes qui se du Cotentin sont les plus estimés. Les bæufs de retrouvent plus ou moins dans chacune des autres l'Auvergne et de la Bretagne les suivent pour la qua- viandes, il serait naturel d'exposer ici les proprié-lité. Ceux du Limousin sont encore fort bons. Les tés particulières à chacun de ces principes ; mais bæufs de la Suisse ou d'Allemagne, par la fatigue comme c'est par ces propriétés qu'on expliquera ce qu'ils éprouvent pour arriver si loin de leur pays, qui doit se passer dans une des opérations les plus acquièrent une qualité supérieure à celle qu'ils importantes et les plus souvent répétées de la cui auraient si on les consommait sur les lieux, parce sine française, c'est-à-dire la décoction des viandes que leur graisse s'amalgame et s'identifie, pour BOE ( 81 ) BOE ainsi dire, avec leur chair et la rend beaucoup plus la feriez un peu moins cuire que si vous la serviez succulente: d'ailleurs leur charpente est infini au naturel, et vous auriez soin de la faire cuire la ment plus forte que celle de nos bæufs du Coten veille, pour pouvoir mieux la parer et la paner ; tin principalement, et ceci peut avoir dans certains vous l'assaisonnez de sel fin et de gros poivre; vous cas une utilité pratique. la tremperez dans du beurre ou avec un doroir ; Les parties les plus recherchées (du beuf) sont vous la beurrez, en ayant soin que votre beurre d'abord la pièce appelée la culotte, et puis la pièce ne soit pas trop chaud pour y faire tenir la mie de d'aloyau, la noix, ou, comme l'appellent les bou- pain; avant de servir, vous laisserez votre pièce de chers, la tranche grasse; la sous-noix, les côtes bæuf prendre couleur au four, et vous la ferez couvertes et la poitrine. Voilà les morceaux choisis servir pour relevé de potage. pour faire des relevés et grandes pièces de bæuf. L'épaule, que les bouchers nomment paleron, est à-fait cette pièce; il faut en abattre le chapelet, Côtes couvertes. — Vous ne désossez pas tout- inférieure aux parties ci-dessus énoncées. Le fan- chet et le collier sont les parties les moins estimées, qui est composé des os anguleux des côtes ; il faut aussi couper un peu des côtes: après en avoir dés- comme le filet mignon est ce qu'il y a de plus dé- licat: on ne parlera pas de la cervelle, parce qu'elle ossé une partie, vous roulez votre pièce de bæuf; est rarement bonne en France, où l'on a presque vous lui faites prendre une belle forme, et vous la ficelez pour la faire cuire. partout l'habitude de tuer les bæufs en les assom- mant au lieu de les saigner. Sous-noir. - Cette pièce n'est pas très-com- mode pour le service de table, parce qu'elle est Grandes divisions culinaires sèche. On en fait néanmoins d'assez beaux relevés, du boeuf. tant en bæuf à la mode qu'en grosses pièces à l'an- glaise, mais on en fait surtout d'excellents bouil- La Culotte. Pour faire un beau relevé, il lons. faut prendre une culotte de bæuf de vingt-cinq Le Paleron. - Excepté pour opérer des pota- ou trente livres; faites attention qu'elle soit un peu ges, on ne se sert pas beaucoup de cette pièce; elle plus longue que carrée; ayez soin de la désosser; n'est pas couverte, et elle conserve mal son entier en la ficelant, donnez-lui une forme ronde en des à cause de ses os et de ses nerfs. sus; c'est-à-dire, qu'il faut que votre pièce posée Palais de bauf. — Faites-les bien dégorger, sur votre plat ait une forme bombée dans son carré et puis vous les ferez blanchir jusqu'à ce que vous long. puissiez en enlever une seconde peau qui tient au La pièce d'Aloyau. (V. ci-dessus au mot palais ; quand vous voyez que vous pouvez l'ôter ALOYAU). en ratissant avec le couteau, vous les mettez à l'eau froide : alors vous gratterez les palais jusqu'à Noix de bæuf. Vous faites lever la noix dans toute sa grandeur; tâchez qu'elle soit bien à-fait mondés, vous en détacherez les chairs noires, ce qu'ils soient bien nets: lorsqu'ils seront tout- couverte : comme la viande en est sèche, vous et quand ils seront en cet état, vous les mettrez prendrez de la graisse de rognon, et vous piquerez dans un blanc (V. BLANC), où vous les laisserez l'intérieur de cette noix avec de gros lardons de cuire quatre ou cinq heures. graisse; vous la ficellerez et la servirez avec des Nous ne dirons rien ici des rognons de bæuf, ognons glacés ou autres garnitures. On peut servir à moins que ce soit pour conseiller de n'en jamais cette pièce de bæuf en surprise. Vous la faites cuire la veille. Le lendemain vous la parez à froid ; parler du Gras-double en temps utile. manger; mais nous nous réservons la faculté de vous faites un creux dans cette noix, pour qu'il puisse contenir un ragoût; vous prendrez la viande Préparation des principales parties que vous en aurez ôlée; et bien entendu, vous con- du bour. servez le dessus de votre noix pour en masquer votre ragoût. Culotte ou pièce de bæuf bouillie Poitrine de bæuf. - Vous coupez une poi-(V. BOUILLI). trine de la grandeur que vous jugez à propos ; vous Bæuf à la mode à la bourgeoise. - Ayez la désossez presque jusqu'au tendon ; vous donnez un morceau de bæuf, des meilleurs, du côté de la une forme de carré long à votre pièce; vous la fi- cuisse ; vous le piquerez de gros lard, vous le met- celez, et vous la rendez bien poteléc; faites-la cuire, trez dans une terrine, avec deux carottes, quatre el servez-la avec du persil ou des légumes: on ognons, dont un piqué de deux clous de gérofle, peut aussi la mettre à la Sainte-Menchould. Vous un bouquet de persil ct de ciboule, un pied de 6 BOE ( 82 ) BOE veau, deux feuilles de laurier, une branche de quatre heures; lorsque votre culotte sera cuite, thym, du sel, du poivre, quatre verres d'eau ; vous retirez-la; laissez-la refroidir dans le linge : pas- laisserez bouillir le tout quatre heures; vous le sez son fond à travers une serviette, que vous au- servirez tout uniment avec ses légumes à l'en- rez eu soin de mouiller, afin que la graisse ne tour. passe pas avec; laissez-la refroidir; fouettez avec une fourchette deux blancs d'oeufs avec un peu Pièce de beuf à l'écarlate. - Ayez une culotte de bæuf ou partie de cette grosse pièce, muez-le; mettez-le sur le feu jusqu'à ce qu'il d'eau ; jetez-les dans votre fond encore tiède ; re- laissez-la mortifier trois jours ou plus, suivant la commence à bouillir; retirez-le; couvrez-le avec saison: cela fait, désossez-la et lardez-la de gros lard ; vous l'assaisonnerez de persil et ciboules charbons ardents ; laissez dans cet état votre fond un couvercle sur lequel vous mettrez quelques bachés, de poivre et épices fines; frottez cet ali- ment de sel fin très-sec et passé au tamis, dans près d'un quart-d'heure; levez ce couvercle , si votre fond est limpide; passez-le de nouveau à lequel vous aurez mis une once ou deux de salpê- travers un linge mouillé et tordu ; faites refroidir tre purifié; mettez la pièce dans une terrine de grès votre gelée, pour voir si elle est trop forte ou trop dite d’office, avec une bonne poignée de genièvre, légère : dans le premier cas, mettez-y un peu de thym, basilic, quelques ciboules, une ou deux bouillon ; dans le second, faites-la cuire de nou- gousses d'ail, trois ou quatre clous de géroſie, et veau avec un jarret de veau, et clarifiez-la encore, quelques tranches d'ognon; couvrez-la d'un vase, ainsi qu'il est dit plus haut. » en mettant entre deux un linge, afin que l'air ne «Si elle n'était pas assez ambrée, vous pourriez puisse pas y pénétrer; laissez-la ainsi pendant y mettre un peu de jus de bæuf : si vous voulez huit jours, au bout desquels retournez-la et recou- décorer votre pièce de différentes couleurs, telles vrez-la avec le même soin, et laissez-la trois ou quatre jours encore; alors retirez-la et faites-la que rouge et vert, vous pouvez, pour la première, quatre jours encore; alors retirez-la et faites-la employer un peu de cochenille, après l'avoir fait égoutter. Mettez dans une marmite de l'eau assai- | infuser sur un feu doux, et en mettre seulement sonnée de carottes, ognons, et d'un fort bouquet ; quelques gouttes, jusqu'à ce que vous ayez atteint faites-la partir; et lorsque votre eau sera au grand bouillon, mettez-y la pièce de bæuſ après couleur ne domine pas. Si vous la désirez verte, le rouge que vous désirez : le mieux est que la l'avoir enveloppée d'un linge blanc, que vous ficel- prenez un peu de jus d'épinards à cru; mettez- lerez; faites-la cuire ainsi pendant quatre heures en également fort peu, afin de conserver la limpi- sans interruption ; mettez-la sur un grand plat de dité de votre gelée. Si vous n'aviez pas de coche- relevé avec on bon jus de bæuf réduit et du raifort nille, et que ce fût en hiver, vous la remplaceriez ou kran râpé pour garniture. aisément en substituant un peu de jus de bettera- Quand on l'a laissée refroidir dans son assaison- ves rouges, pilées à cru, et en agissant comme ent, on peut risquer de la faire servir à l'entre- pour la cochenille; vous coulez toutes ces gelées mets, et c'est dans tous les cas une pièce de buſfet dans des vases disposés de manière à pouvoir cou- très-honorable et très-solide. per vos gelées de l'épaisseur d'un pouce ou moins, Culotte de buuf à la gelée royale (d'a- et de diverses façons, pour en décorer à volonté près la recette originaire et manuscrite de v. de la pièce à servir, comme si c'était des rubis ou la Chapelle, à la Bibliothèque du Roi). -«Prenez émeraudes; ensuite déballez votre pièce; parez- une culotte ou une partie; choisissez-la de bonne la sur tous les sens; ôtez légèrement la peau de qualité, et qu'elle soit bien couverte ; désossez-la ; la première graisse qui la couvre; meltez-la sur lardez-la de gros lard, comme une culotte à l'é un plat; qu'elle soit d'aplomb; garnissez-la de ge- carlate, et assaisonnez ces lardons de même; en- lée; faites une bordure de couleur, en les plaçant veloppez-la dans un linge blanc; ficelez-la; alternativement, l'une rouge et l'autre verte, mettez-la dans une braisière, au fond de laquelle comme le sont les diamants d'une couronne, et vous aurez mis les os de votre culotte, cinq ou six carottes, quatre ognons, deux gousses d'ail, un bouquet de persil et ciboules, deux feuilles de lau Rond-bif ou Corne-bif (cuisine étrangère, rier, un jarret de veau, un demi-sctier de vin grosse pièce anglaise). Procurez-vous un mor- blanc, du sel ce qu'il en faut pour qu'elle soit ceau de cuisse de bæuſ, et qu'il soit le plus gras d'un bon goût, deux ou trois cuillerées à pot de possible; faites-le couper de toute la circonférence bouillon ; faites-la partir sur un bon feu; couvrez de la cuisse, et au-dessous de ce qu'on appelle la la de trois épaisseurs de papier beurré; couvrez culotte ; que le gros os se trouve au milieu ; et votre braisière avec son couvercle; faites-la aller au lieu de casser cet os sciez-le; faites sécher et doucement avec fcu dessus el dessous environ piler trois ou quatre livres de sel; passez-le au la- servez. » BOE ( 83 ) BOE mis; mêlez-y un peu d'épices fines et d'aromates sus et dessous; quand elle sera cuite, ôlez une en poudre; frottez-en toutes les parties de ce partie du fond, faites-le réduire pour en glacer la bæuf : cela fait, mettez-le dans une grande terrine pièce de bæuf ainsi que les ogrons; dressez-la de grès avec le reste de votre assaisonnement; sur un plat, arrangez les ognons glacés avec les couvrez le bord d'un linge blanc; fixez ce linge carottes autour de cette grosse entrée. avec de la ficelle autour de la terrine, et couvrez- la avec un couvercle fermé le plus hermétique de boeuf étant bien parée, on la pique avec du Noix de bæuf à l'estouffade. La noix ment possible; mettez au frais pendant trois ou quatre jours; après, retournez dans son assai- jambon et du lard coupés en lardons de moyenne grosseur, et on la fait cuire dans une casserole sonnement la même pièce de bæuf, et faites-en ainsi tous les deux jours, durant une quinzaine. garni, du sel, du poivre et un demi-setier de vin avec quelques ognons, des carottes, un bouquet Lorsque vous voudrez vous en servir, retirez-la; blanc. Étant cuite, on la fait égoutter, on dé- laissez-la égoutler et ficelez-la solidement; mettez de l'eau dans une casserole qui puisse la contenir graisse et l'on passe le fond de cuisson , puis on y ajoute quelques cuillerées de blond de veau, et sans qu'elle y soit gênée, avec navets, carottes, l'on fait réduire ce mélange jusqu'à ce qu'il soit ognons, quatre clous de gérofle et quatre feuilles de laurier; faites bouillir cet assaisonnement, et épais comme du sirop. Pour que ce vieux plat soit à son point de bonté parfaile, il faut pouvoir le mettez-y la pièce de beuf, en la passant et la maintenant sur une feuille de turbotière, afin de servir à la cuillère, ainsi qu'un bon fricandeau. pouvoir l'enlever sans la déformer; faites-la bouil Noix de boeuf à la Godard (V. ALOYAU). lir pendant trois heures, et puis dressez-la sur un plat que vous garnirez des légumes avec lesquels Noix de bæuf au suif (d'après la recette de elle aura cuit. Servez encore avec le corne-bif messieurs de la Reynière). —« On porte une belle des choux brocolis (V. BROCOLI). Cette grosse » noix de bæuf bien marinée, chez un fondeur pièce, après avoir été servie chaude, peut être » de suif en branche; et lorsque le suif est prêt à représentée froide, et trouver sa place au buffet » bouillir, on la descend avec une corde dans la d'en-cas. chaudière, et on l'y laisse jusqu'à ce qu'elle soit » à moitié cuite. On la fait ensuite égoutter, puis Bauf fumé à la façon de Hambourg » on la porte dans un lieu frais, en sorte que le (cuisine allemande).- Employez, pour la prépa- » suiſ , saisi par le froid, forme une enveloppe, et ration de cette pièce, le même procédé que celui » en quelque sorte une croûte autour de cette de l'article précédent, exceptez que vous ne la » pièce de viande. Lorsqu'on veut la faire rôtir, larderez pas; ajoutez au sel fin dont vous la frot- » on la met à la broche devant un feu très-clair, terez un peu de salpêtre et du genièvre en pou- » alors tout le suif en découle, et l'on se garde dre : après douze jours de salaison, accrochez-la » bien de l'arroser avec. Mais ce suif, en s'empa - pour la laisser égoutter pendant vingt-quatre » rant des pores de la noix de bæuf, a empêché le heures; mettez-la fumer sept ou huit jours, comme vous en useriez pour un jambon, en avant soin de "jus d'en sortir, en sorte que, lorsqu'elle est cuite la retourner au bout de quatre jours, afin qu'elle " (toujours saignante), qu’on la sert sur la table, » et qu'on l'y découpe en tranches fort minces, il prenne également la fumée; faites-la cuire comme » en résulte une telle abondance de jus, que c'est la précédente. Celle-ci se sert sur de la chou- » une véritable inondation, » croûte garnie de saucisses, de tranches de cerve- las et de carrés de petit lard. Rosbif à l'anglaise. - Le rosbif à l'anglaise On peut employer la poitrine, les tendons et la n'est pas ce que beaucoup de personnes suppo- noix de bauf, pour remplacer la culotte , et ce bæof se mange froid comme le jambon. Prenez quatre ou six côtes couvertes, vous dé- garnissez le bout de l'os de la côte; vous cou- Noir de bæuf braisée. - Choisissez une chez le rosbif sur la broche, et le faites tourner à belle noix de bæuf couverte de sa panuffe, et lar- dez-la de gros lardons bien assaisonnés. Après que la viande ne dessèche pas . Vous servez ce feu égal pendant trois heures, en vous assurant lavoir ficelée, mettez-la dans une casserole avec rosbil avec une garniture de pommes-de-terre des carottes tournées, un bouquet assaisonné de cuites à l'eau, ou frites entières. laurier, de thym, de basilic, une gousse d'ail et deux clous de gérofle, un peu de sel, cuillerée Pièce de bouf au pain perdu. — A défaut à pot de bouillon et un demi-setier de vin blanc; d'une culoite de bæuf, prenez un aloyau ou scu- lorsque vous la jugerez à moitié cuite, mettez-y lement une partie; levez-en le filet (mignon); il six ou huil ognons blancs, étouffez-la avec feu des vous servira pour faire une entrée; désossez le sent. une 6. BOE ( 84 ) BOE - reste de ce morceau; roulez-le en manchon; fi- , de cuisson que l'on met dessous après l'avoir dé- celez-le; marquez-le comme une pièce de bæuf graissé, passé et fait réduire à juste point. à l'ordinaire, et faites-le cuire; coupez des lames de pain mollet en queue de paon ou en cœur; Côte de bæuf à la provençale. — La côte cassez trois eufs, battez-les comme une omelette, de bæuf étant parée et piquée de moyens lardons assaisonnez-les d'un peu de sel et de crème; bien assaisonnés, faites-la sauter dans de l'huile trempez-y vos lames de pain, ſaites-les frire dans sur un feu très-ardent; lorsqu'elle sera cuite à du beurre, ayez soin de les retourner les unes moité, vous couvrirez la casserole et vous mettrez après les autres, et lorsqu'elles seront devenues du feu sur le couvercle en ayant soin de diminuer d'une belle couleur, égouttez – les sur un linge un peu celui du fourneau, de peur que la côte ne blanc : la cuisson de la pièce de bæuf étant ache- | brûle. D'autre part, faites frire dans de l'huile des vée, égouttez-la, et, après l'avoir déficelée, vous oguons coupés par tranches minces, et lorsqu'ils la poserez sur le plat, et rangerez autour vos la seront bien jaunis, vous ajouterez à l'huile dans mes de pain frites, avec une sauce à volonté. laquelle ils auront cuit du sel et du poivre, un peu de bouillon et un filet de vinaigre. Dressez la côte Côtes de bæuf aux racines. - Prenez des de bæuf sur cette préparation. côtes couvertes, lardez-les de gros lard comme la noix de bæuf, assaisonnez-les et braisez-les de Côte de bæuf à la vieille mode. — Parez et la même façon; tournez des carottes avec un em piquez une côte de bæuf comme il est dit à l'arti- porte-pièce, en suffisante quantité pour en mas cle précédent; faites-la sauter dans du beurre, et quer la totalité de ce plat; faites-les blanchir et lorsqu'elle sera à moitié cuite, vous couvrirez la mettez-les cuire dans une casserole avec une par- casserole et mettrez du feu sur le couvercle. Dres- tie de l'assaisonnement des côtes ; faites tomber à sez la côte ainsi cuite, et versez dessus ce qui se glace, et cela fait, prenez la valeur d'une cuillère trouve au fond de la casserole, après l'avoir dé- à bouche de farine, un peu de beurre, et faites graissé. un petit roux, mouillez-le avec le restant de l'as- saisonnement; faites cuire cette sauce et dégrais Côte de bæuf aux épinards. — Mettez la sez-la, tordez-la dans une étamine, et servez pour côte de bæuf à la broche, ötez-la lorsqu'elle est plat de relevé si les côtes de boeuf s'y trouvent cuite à l'anglaise, c'est-à-dire un peu saignante, réunies au nombre de quatre, pour le moins. et dressez-la sur des épinards au jus. Filets de bauf rótis, etc. (V. ALOYAU). Côte de bæuf à la milanaise. - Parez une côte de bouf, et piquez-la avec des lardons de Biftecs grillés, etc. (V. BEEF'S TEAK). moyenne grosseur, fortement assaisonnés de poivre et de sel. Faites cuire celte côte dans deux verres Côte de bæuf au vin de Malaga. — Pré- de vin de Madère, avec du sel, du gros poivre, un parez une côte comme pour cuire à la braise ; vous bouquet garni, deux carottes et deux ognons. La épicerez un peu plus vos lardons, vous mettrez côte étant cuite, passez, dégraissez et faites réduire une demi-bouteille de vin de Malaga et la valeur le fond de cuisson; faites sauter dans ce fond du d'une demi-bouteille de bouillon, pour faire cuire macaroni que vous aurez fait cuire dans du bouil- cette côte; après cela , vous passerez le mouille- lon; ajoutez un peu de beurre, du fromage de ment au tamis de soie ; ayez soin qu'il n'y ait pas Parme râpé; faites mijoter le macaroni ainsi as- de graisse ; vous faites réduire tout ce mouillement saisonné, dressez la côte dessus, glacez-la, et ser- de manière à ce qu'il n'en reste qu’un verre pour vez-la très-chaudement. mettre sous la côte; ayez soin de ne pas saler beaucoup votre cuisson, pour que la sauce réduite Côte de bæuf aux concombres.- Vous pré- ne soit pas âcre. parerez une côte, et vous la ferez cuire comme celle braisée ; vous mettez des concombres en Côte de bouf braisée. Parez une côte de morceaux dessous , ou en quartiers à l'entour; bæuf bien épaisse, piquez-la avec des lardons de alors vous les glacerez, et vous les dresserez sur moyenne grosseur que vous aurez bien assaisonnés une sauce espagnole réduite. de sel, poivre et fines herbes; liez celte côte avec On peut la servir tout aussi bien sur un ragoût de une ficelle, pour que l'os ne se détache pas de la laitues farcies ou sur une litière de choux rouges viande, et faites-la cuire dans du consommé avec à la Namande. quelques carottes, autant d'ognons et un bouquet garni. On peut servir la côte de bæuf cuite de la Côte de beuf aux ognons glaces. Vous sorte sans autre assaisonnement qu'un peu de fond parerez ct braiserez une côte de bæuf; quand elle BOE ( 83 ) BOE sera cuite, vous la déficellerez, vous l'égoutterez une purée d'ognons blancs, et 4sur une sauce pi. et vous la dresserez sur un plat: tâchez qu'elle ait quante et hachée, à l'italienne, bonne mine, et qu'elle soit bien entière; vous mettrez des ognons glacés à l'entour; et vous la Langue de bæuf à la braise (Recette de la servirez sur une sauce claire, que vous aurez tra- Cuisinière bourgeoise. Edition de 1767). - vaillée avec un peu de mouillement de ce ragoût. « Prenez une langue de bæuf que vous ferez dégor- ger ; puis vous la ferez blanchir pendant demi- Côte de bæuf à la rocambole. – Disposez heure; vous la mettez rafraîchir: après qu'elle comme pour cuire à la braise; vous y ajoutez un sera froide, vous la parerez: vous aurez de gros peu d'ail avec une cuillerée de rocamboles pilées, lardons que vous assaisonnerez avec du sel, gros et vous mettez une demi-bouteille de vin blanc poivre, quatre épices, du persil et ciboules hachés dans le mouillement; quand elle est cuite, vous bien fins; vous piquez votre langue avec les lar- l'égouttez, vous la glacez et la mettez sur votre dons assaisonnés; vous la faites cuire dans une sauce aux rocamboles. casserole dans laquelle vous mettrez quelques bardes de lard, quelques tranches de veau ou de Relevé de queues de bæuf à la flamande. bæuf, des carottes, des ognons, du thym, du lau- - Vous faites braiser trois belles queues de bæuf, rier, trois clous de gérofle; vous mouillez votre coupées par næuds, dans un même fond que l'a- cuisson avec du bouillon; laissez 'recuire votre loyau au vin de Madère : quand les queues de bæuf langue à petit feu pendant quatre ou cinq heures sont cuites, vous les égouttez. Dégraissez votre plus ou moins, selon que la langue sera dure: au fond, passez-le à la serviette et faites-le réduire à moment de servir, vous la parerez, et vous ôterez demi-glace. Les queues étant bien préparées, vous la peau de dessus; vous la couperez dans le milieu les faites mijoter pendant une heure, jusqu'à ce de sa longueur, pas assez pour qu'elle se sépare qu'elles aient bien pris leur glace. Vous les dres-tout-à-fait, que votre langue coupée forme un serez sur un grand plat ovale, avec un cordon de cæur sur le plat: vous aurez une sauce piquante laitues farcies pour garniture. pour elle. » (V. Sauce piquante). Queue de beuf en hochepot. La queue de Langue de bæuf en paupiettes. - La langue bæuf étant coupée en trois morceaux, faites-la de bæuf étant cuite à la braise, coupez-la par pe- blanchir dans de l'eau salée, puis mettez-la dans tites bandes de deux pouces de large; étendez sur une petite mármite ou une casserole avec un chou, ces bandes de la farce cuite; vous recouvrirez la farce avec une bande de tétine de veau cuite, et des carottes, ognons, navets, panais que vous au- sur la tétine vous ferez une nouvelle couche de rez également fait blanchir; ajoutez-y des tranches de cervelas et quelques morceaux de lard afin que farce; toutes les petites bandes de langue étant les légumes soient bien nourris; mouillez le tout préparées de la sorte, roulez-les et dressez-les sur avec du bouillon, et faites-le bouillir doucement un plat dont vous aurez garni le fond avec de la pendant quatre ou cinq heures. Faites ensuite farce. Couvrez le tout avec des bardes de lard, et égoutter la queue et les légumes et arrangez le tout mettez le plat sous le four de campagne. Otez-le dans une terrine . Dégraissez le fond de cuisson, lard, et versez sur la langue une sauce à l'italienne. au bout de vingt minutes, enlevez les bandes de faites-le réduire, ajoutez-y un peu de sauce espa- gnole, et versez ce mélange sur la queue et les lé- Langue de bæuf en papillotes. - La langue gumes. Vous pouvez, en y employant trois queues étant cuite comme il est dit à l'article langue de de bæuf, également coupées, chacune en trois bæuf braisée, on la coupe par morceaux aux- morceaux, en composer un excelleut plat de re- quels on donné la même forme, puis on met levé pour dîner en famille. dessus des fines herbes à papilloles, et l'on en- Queue de bæuf à la Sainte-Menehould. veloppe chaque morceau de langue dans un pa- Queue de bæuf à la Sainte-Menehould. pier huilé, en ayant soin de mettre une barde de Quand elle sera cuite, comme celle dite en lard dessus et dessous. Les bords du papier doivent hochepot, vous l'assaisonnez d'un peu de sel, de être pliés et serrés de manière que ce qu'il con- gros poivre; vous la tremperez dans du beurre tient ne puisse s'échapper. Quelques minutes avant tiède, et la mettrez dans de la mie de pain ; vous la de servir, on met ces papillotes sur le gril. panerez deux fois, et vous lui ferez prendre couleur au four ou sur le gril. Langue de bæuf à l'écarlate. -Mettez une Vous pourrez la servir: 1° sur une litière de langue de bæuf dans un vase et couvrez-la de sal- choux rouges; 2° sur une purée de pois verts, ou pêire; ajoutez-y du gros poivre, quelques feuilles de tout autre légume farineux, à volonté; 30 sur de laurier, un peu de basilic et de thym, et versez BOE ( 86 ) BOE 21 1 1 sur le tout de l'eau bouillante bien salée. La langue ce qu'elles soient bien sèches : quand vous voudrez doit passer plusieurs jours dans cette saumure, les employer, lavez-les, ratissez-les, et faites-les après quoi on la fait dégorger dans de l'eau fraîche, cuire dans un bon assaisonnement comme une au- et on la fait cuire à la braise, en ayant soin de la tre salaison, saler fortement, ou de joindre au fond de cuisson une partie de la saumure. On la mange froide, et l'on Langue debæuf fourrée. Faites dégorger, en fait les meilleurs sandwishs, ainsi que chacun sait. et nettoyez convenablement un gros boyau de beuf, introduisez dans ce boyau une langue de boeuf que Langue de bæuf au gratin. – Après avoir vous aurez fait blanchir, liez les deux extrémités fait dégorger et blanchir une langue de bæuf, du boyau, et mettez cette langue dans de la sau- faites-la cuire à la braise comme il est dit plus mure. Lorsqu'elle y aura passé dix ou douze jours, haut; ôtez-en la peau, laissez-la refroidir et cou accrochez-la dans une cheminée, et brûlez dessous pez-la en tranches, Hachez du persil, de la ciboule, des herbes aromatiques. Faites-la cuire comme il quelques échalotes, un peu d'estragon, des câpres est prescrit pour les JAMBONS et les ANDOUILLES. et un anchois; faites tremper un peu de pain mol- lel dans du bouillon; mettez le tout dans un mor- Palais de beuf en filets. — Faites dégorger tier, et pilez-le en ajoutant un peu de beurre; et blanchir des palais de bæuf, parez-les et les dé- garnissez le fond d'un plat d'argent de cette farce, barrassez de leurs peaux ; puis vous les couperez mettez les tranches de langue sur ce même hachis, par filets et les ferez mariner dans de l'huile avec recouvrez-les avec la dite farce, arrosez le tout du poivre, du sel, persil, ciboule , ail et champi- avec du beurre fondu et un peu de bouillon, puis gnons hachés ; parez ces filets en les trempant posez ce plat sur un feu doux, et couvrez-le avec successivement dans de la mie de pain et dans des je four de campagne. @ufs battus; faites-les griller, et les servez avec une sauce piquante. Langue de bæuf au parmesan. - La lan- On prépare de la même manière les : gue de bæuf étant dégorgée et blanchie, il faut la piquer avec de gros lardons, bien assaisonnés de Palais de bouf marinés. sel, poivre, persil, ciboule, et la faire cuire comme il est dit à l'article langue de beuf braisée ; la Palais de bæuf grillés. langue étant cuite, on la coupe par tranches très- Palais de bæuf au gratin. — Voyez Lan- minces que l'on dresse sur un plat en faisant suc-gue de bæuf au gratin, et servez-vous du cessivement un lit de fromage de Parme râpé, et même procédé pour les palais. un lit de tranches de langue. Avant de mettre la dernière couche de fromage, il faut verser sur ce Palais de beuf à la lyonnaise. - Les pa- qui est dressé un peu de blond de veau , ensuite lais de bæuf étant bien dégagés, blanchis et ra- on arrose la dernière couche de fromage avec un fraîchis, il faut les mettre sur le gril jusqu'à ce peu de beurre tiède ; on pose le plat ainsi garni que la peau commence à s'en détacher; on ote sur un feu doux, on le couvre avec un four de cette peau avec soin; puis on fait cuire les palais campagne, et on ne le sert que lorsqu'il est de de bæuf dans un blanc ; lorsqu'ils sont cuits on belle couleur. les coupe par morceaux, et on les jette dans une Langues fumées,— Ayez des langues de boeufs purée d'ognons bien chaude. et supprimez-en le gosier; faites-les tremper trois Palais de bæuf à l'atlemande. Faites ré- beures dans l'eau ; grattez-les ; meltez-les égoutter; duire du blond de veau jusqu'à consistance de glace. frottez-les avec du sel fin et du salpêtre; ayez un Liez-le avec des jaunes d'œufs, et jetez dedans pot de grès, mettez-y ces langues, et à mesure des palais de bæuf cuits comme il est dit à l'article que vous les arrangerez, joignez-y quelques feuil- précédent, el coupez en petit morceaux losangés. les de laurier, du thym, du basilic, du genièvre, du persil, de la ciboule, quelques gousses d'ail, Coquilles de palais de bauf. - Faites des échalotes et des clous de gérofle; ayez soin fondre une égale quantité de fromage de Parme qu'elles soient bien serrées les unes contre les au- râpé et de beurre bien frais ; émincez des palais tres, afin qu'il n'y ait nul vide entre elles; les ayant de bæuſ, faites-les sauter dans cette préparation ; salées convenablement, couvrez leur vase de ma versez le tout dans des coquilles, saupoudrez ces nière à ce qu'elles ne prennent pas l'évent; laissez- coquilles avec du fromage de Parme râpé, et faites- les au sel pendant huit jours; après quoi retirez- leur prendre couleur sur le four de campagne. les, attachez-les par le petit bout à un grand bå Crépinettes de palais de bæuf. — Faites ton, et mettez-les fumer dans la cheminée jusqu'à 1 cuire dans du beurre des ognons coupés en petits BOE ( 87 ) BOE morceaux carrés, avec un peu de muscade, d'ail, Cuisson des roolpins. — Prenez ce qu'il vous de laurier, du sel et du poivre. Les ognons étant faut de morceaux, coupez-les en tranches telles que cuits, vous verserez dessus une cuillerée de bon des biftecks; posez-les dans un plat à sauter où jus; mêlez le tout avec des jaunes d'@ufs. Jetez vous aurez mis dụ beurre, donnez cinq minutes dans cette préparation des palais de bæuf bien cuits, de cuisson à feu vif, en ayant soin de les retourner comme il est dit plus haut, et coupés en morceaux de temps en temps ; vous aurez préparé autant de carrés longs, et laissez refroidir le tont. Chaque tranches de belles pommes de rainettes, faites-les morceau de palais se trouvant enduit de cette sauce, frire comme les morceaux ci-dessus; dressez ce qui forme une espèce de pâte , vous les envelop- hors-d'æuvre en couronne, en posant alternative- perez de crépinettes de cochon, puis vous les ferez ment un morceau de chaque sorte : servez le plus griller sur un feu doux, ou bien vous les mettrez chaud possible. sous le four de campagne, et vous les servirez avec une purée de tomates. Plunk-fine ou pinsons plumés. ( Cuisine étrangère, Mets écossais. ) - Ayez deux livres de Émincé de patais de bauf. - Coupez des viande de beuf de Hambourg; cuite, coupez-la ognons en tranches bien minces, faites-les revenir en dés; ayez la même quantité de carottes et au- dans le beurre jusqu'à ce qu'ils soient bien dorés, tant d'ognons coupés de même ; faites cuire ces versez dessus un peu de consommé, autant de sauce deux sortes de racines ensemble, avec une cuille- espagnole ; faites bouillir le tout doucement; ajou- rée de bouillon ; les racines presque cuites, ajoutez- tez-y un peu de beurre bien frais et un peu de y la viande, versez un demi-verre de vinaigre avec sucre. D'autre part vous aurez émincé les palais trois cuillerées de sucre en poudre, et faites ré- de bæuf; vous les mettrez dans cette préparation, duire cette préparation; au lieu de bæuf de Ham- après quoi vous ferez encore n. ijoter le tout pen-bourg, vous pouvez prendre du jambon ou de la dant quelques instants; puis vu 'is dressez votre langue à l'écarlale.) — Cette entrée n'est pas émincé, et vous ferez autour un co.lon de croû- distinguée, disait souvent Sir Walter Scott, mais tons biens jaunes. On fait aussi l'émincé de pa- je ne t'en trouve pas moins excellente. lais de bæuf aux champignons ; il suffit, pour cela , de substituer les champignons aux ognons Amourettes de bæif en marinade. et la sauce allemande à la sauce espagnole. Vous préparerez ces amourettes comme celles de veau, et vous les ferez cuire de même; quand Rootpins ( article traduit du hollandais. ) elles seront cuites, vous les ferez égoutter, les cou- Prenez six livres de viande de bæuf; celle des cô- perez toutes de même longueur, et les ferez frire tes découvertes est la meilleure; ayez soin qu'elle en bonne pâte à l'eau-de-vie , pour les servir en soit bien marbrée, faites en sorte qu'il y ait au- hors-d'æuvre avec une garniture de persil frit. lant de gras que de maigre. Hachez le tout en- semble, à peu près comme une farce à pâtés. As Gras-double. — Vous prendrez le plus épais saisonnez de sel, poivre, épices, muscade. du gras-double ; quand il sera lavé et blanchi, vous Vous vous serez procuré de la panse de bæuf le gratterez et le laverez à plusieurs eaux; vous le fe- bien nettoyée, coupez-la en morceaux carrés de la rez cuire avec une livre de lard râpé, deux ca- grandeur de huit pouces, ou à peu près ; remplis- rottes, deux ognons, dont un piqué de quatre sez-en l'intérieur de votre farce, rapprochez les clous de gérofle, laurier, thym, ail, gros poivre, extrémités de l'enveloppe, et cousez-les avec une persil, et deux petits piments enragés ; vous le grosse aiguille. mouillerez avec une bouteille de vin blanc et une Tous vos morceaux préparés ainsi , ayez un cuillerée de dégraissis de consommé; il faut qu'il chaudron bien étamé, faites bouillir de l'eau avec cuise huit heures, à très-petit feu; vous le laisserez une bonne poignée de sel et une pinte de vinaigre; refroidir dans sa cuisson, et puis vous le couperez faites bouillir ces morceaux pendant une heure en filets égaux. ( vous aurez un grand pot en grès ) ; égouttez vos Vous avez préparé d'avance douze ognons cou- morceaux sur un linge blanc, versez du vinaigre ce pés en filet, que vous faites frire dans de l'huile, qu'il en faut pour les couvrir, ne couvrez votre pot avec un peu d'ail et de persil haché; vous égouttez que lorsque le tout sera bien refroidi; vous pourrez la moitié de l'huile, et faites bouillir le gras-double vous en servir au bout de quinze jours. Si vous avec les ognons et un peu du fond de la cuisson. n'en faites pas l'emploi en totalité, laissez-les tou. Il faudra les servir le plus chaudement possible, jours dans le vinaigre; seulement après ce temps après avoir mis dessous des croûtes de pain cha- il faut les mettre dans de l'eau tiède une heure, pelées, que vous avez trempées dans de l'huile , afin que le vinaigre soit absorbé. poudrées de sel et gros poivre, et séchées sur le gril. BOE ( 88 ) BOM Gras-double à la poulette. — Ayez un mor siste à les émincer pour les sauter dans Icur jus ceau de gras-double bien cuit; coupez-le en mor avec du beurre et des tranches d'ognon, du vin- ceaux de la forme d'un sou; mettez-le dans une aigre aromatique et force poivre. Lorsqu'on veut casserole, avec un morceau de beurre, des champi-manger un cæur de bæuf, il faut qu'il ait été gnons tournés, du persil haché, sel, poivre et coupé en tranches et cuit sur le gril, après avoir muscade; étant bien bouillant, liez-le avec trois été mariné. On le sert avec une poivrade, et c'est jaunes d'aufs et le jus d'un citron. encore un plat de cantine. Quant à la moelle de Gras-double à la lyonnaise. – Préparez diverses préparations où son emploi se trouve bæuf et son usage alimentaire, nous renvoyons aux du gras-double comme il est dit ci-dessus; coupez prescrit (v. CARDONS, CÉLERI, FLANC, GATEAU, une douzaine de gros ognons en filets ; faites-les POTAGE, ROTIE). frire dans une bonne friture, et quand il est jaune, mettez-le égoulter dans une passoire ; mettez BOISSON. On distingue les boissons des breu- alors cet ognon dans une casserole avec vos mor- ceaux de gras-double; faites-le mijoter jusqu'au mo- vages, en ce que les premières ont pour objet prin- cipal d'apaiser la soif, tandis que le mot breuvage ment de le servir avec des croûtons frits et de la indique particulièrement certaines préparations moutarde à proximité. composées dans un but alimentaire ou pharma- Gras-double en crépinette. - Prenez du ceutique. Les opérations qui produisent les breu- gras-double cuit, coupez-le en petits dés avec au- vages sont nécessairement la décoction, ou l'infu- tant de champignons, une demi-livre de lard, un sion, ou la macération , ou la trituration ; tandis peu de mie de pain, deux jaunes d'æufs; mettez que les boissons proprement dites ont toujours la le tout ensemble; assaisonnez de sel, poivre, mus- fermentation pour origine et pour base opérative. cade, épices et un peu d’ail ; mettez cet appa- (V. VIN, CIDRE, POIRÉ, BIÈRE, HYDROMEL, VIN reil dans une crépinette de cochon, par portions BOURRU, BUVANDE, etc.). égales et de la grosseur d'un auf; aplatissez-les comme des saucisses plates, mettez-les à griller, BOMBARDE. Excellent mets tyrolien et servez sur une sauce aux tomates épicée. (traduction de l'allemand). «Cuisiniers soigneux, respectables ménagères Gras-double à la milanaise. Vous le ou filles diligentes! couperez en filets, et le ferez cuire comme ci-des » Sachez qu'il faut commencer, pour faire une sus ; vous aurez une soupière dans laquelle vous bombarde à la fiancée, par couper cinq morceaux mettrez des croûtons de pain, un lit de gras-dou- minces dans le maigre d'un cuissart de veau. Après ble, un de fromage de Parme râpé, et ainsi de les avoir arrondis un peu, piquez-les bien serrés du suite. Il est nécessaire de le faire gratiner. côté arrondi, avec de petits lardons minces. Lar- On a vu pourquoi nous n'avons rien voulu pres- dez-aussi cinq langues de mouton, que vous au- crire à l'égard des cervelles de bæuf; nous pour- rez auparavant fait bouillir et cuire. Piquez-les rions donner la même raison pour ne pas parler avec de petits morceaux d'écorce de citron : d'un des rognons, et peut-être une raison plus déter autre côté, faites un hachis assaisonné avec du minante encore, attendu que ces parties du bæuf veau, du lard, du jambon, de la graisse de bæuf ont toujours une espèce de saveur alcalescente, crue et un anchois haché. Composez encore un tandis que la fibrine en est toujours sèche, et quel autre hachis avec du veau, de la graisse de bæuf quefois pierreuse. Cependant, comme on peut se crue, des champignons, des épinards, du persil, trouver dans la nécessité d'avoir recours à ces du thym, de la marjolaine, de la sarrietle et des deux comestibles (en voyage ou à l'armée, par ognons nouveaux; mettez-y du poivre, du sel et exemple), nous dirons que les meilleurs apprêts du macis, battez tout cela. Faites une boule de qu'on puisse appliquer à des cervelles de bwuf, l'autre hachis et couvrez-la avec celui-ci. Ensuile c'est d'abord une matelote au vin rouge, avec un faites-en un rouleau dans une coiffe de veau, et peu d'ail et force épices; ensuite une marinade mettez au four. Liez le reste comme un saucisson frite, après avoir été macérées dans de l'eau-de et faites-le bouillir; mais il faut auparavant en- vie mêlée d'échalotes et de sel; et puis au beurre duire la coiffe de veau avec un jaune d'æuſ. Mettez noir, avec persil frit et bon vinaigre; enfin, bien le veau lardé dans une casserole avec un peu de cuites à la braise, et masquées d'une purée de to- jus, et laissez-le bouillir doucement autant qu'il mates où l'on aura mis du beurre d'anchois. Quant le faudra. Dégraissez, jetez-y quelques truffes, des à la manière de préparer des rognons de bæuf, morilles, des champignons et des culs d'artichaut. on doit supposer que la meilleure esų celle qui Quand le hachis aura été assez de temps au four, porte le nom du savant M. Chaptal, et celle-ci con mettez-le au milieu d'un grand plat et les more BON ( 89 ) BOU ceaux de veau autour, avec une langue frite entre » filets cruds dans un compostier, et versez-le par chaque morceau de veau. Coupez par tranches la » dessus le sirop susdit; mais comme cette composte portion à laquelle vous avez donné la forme d'un » crue se meurtrirait bientôt, donnez avis qu'elle saucisson et qui a bouilli; faites-la frire; disper- » est preste, afin qu'on la veuille manger à son sez-la sur le plat, versez la sauce dessus, garnissez point, sans attendre au préjudice de sa frais- avec du citron, et servez vos honorés maîtres, ou » cheur.» vos dignes parents. » BONDY, belle et grosse pomme dont la peau lisse et brillante est moitié verte et moitié rouge. BON-CHRÉTIEN, estimable et très-utile La pomme de Bondy est un fruit de qualité mé- espèce de poire à chair cassante et sacrée, dont diocre, mais on l'estime à l'office à raison du bon on connaît quatre variétés, savoir: le bon-chrétien effet qu'elle produit dans les pyramides de fruits à d'été qui se cueille au mois d'août; le bon-chré- la main. tien musqué qui mûrit à la fin de septembre; le bon-chrétien d'Espagne qui se mange en octobre, BONNE-DAME. C'est la même plante que la et le bon-chrétien d’hiver qu'on peut conserver poirée, et toutes les deux sont analogues à l'ar- aisément pendant quatre ou cinq mois. Ces beaux roche, autre herbacée potagère qu'on associe tou- fruits, car on en voit qui pèsent jusqu'à deux li- jours à l'oseille pour en tempérer l'acidité (V. AR- vres et demie, sont d'un grand secours et d'un ROCHE). fréquent usage à Paris pour ajuster les corbeilles BONNET-TURC. Variété du potiron (V. de fruits mêlés, pendant l'hiver. On en fait aussi GIRAUXONT). d'excellentes compotes, ainsi que des poires de rousselel et de martainsec; mais avant de mettre BORDE-PLATS. On appelle ainsi certaines dans leur sirop les poires de bon-chrétien, il est découpures symétriques dont on garnit le tour bon d'en avoir fait bouillir les quartiers dans une des plats ouverts et non couverts. Ces petits or- eau sucrée où l'on aura joint quelques onces de nements sont aujourd'hui très-élevés et très-ou- moelle. C'est avec le bon-chrétien musqué qu'on yragés. C'est une coutume adoptée généralement fait la fameuse compote crue; ce qui s'exécule depuis quelques années, et la chose a lieu mainte- ainsi qu'il suit. nant pour les plus petits jours, aussi rigoureuse- ment que pour un festin d'apparat. Voici la for- Compote crue, dont voici la curieuse" formule, mule de confection pour cette espèce de hors- d'après l'official de la maison de MESDAMES, Tan- | d’æuvre. d'œuvre. - Prenez du pain de pâte ferme rassis, , tes du Roi. levez-en la mie par tranches de l'épaisseur d'une « Vous choisirez au fruitier six belles et grosses lame de couteau ; formez de cette mie des A, > poires de bon-chrétien musqué, bien mélangé des V, des C, des X, enfin toutes les figures que 2 sur la peau d'incarnat et de jaune, parce que vous voudrez; cela fait, mettez chauffer de l'huile c'est la marque de perfection pour ces fruits. dans une casserole, et passez-y ces croûtons ; faites- » Après les avoir pelées, trancheź – les au plus en de roux et de blancs, en leur faisant plus ou - mince avec un rabot à concombres cruds; mais moins subir l'action du feu; quand ces croûtons > que ce soit dans le sens de leur longueur, seront bien secs, égouttez-les, faites des caisses de bet non pas en travers, afin de n'y rencontrer nulle papier blanc où vous les mettrez séparément, se- parcelle de leurs cloisons, pepins ou parties les lon leur forme et leur couleur; lorsque vous vou- » moins fondantes. Vous renfermerez ces tranches drez vous en servir pour des borde-plats, percez de poire dans une serviette imbibée de bonne eau un euf par la pointe, faites-en tomber une partie de-vie sucrée et vous les y laisserez sept à huit du blanc sur un couvercle, battez ce blanc avec a minutes au plus. Pendant ce temps-là vous aurez la Jame d'un couteau ; incorporez-y une petite fait piler au mortier de verre et sous pilon d'ar- pincée de farine, faites chauffer légèrement votre a gent, les chairs bien émondées de six autres plat, trempez dans l'auf un des côtés de vos croû- * poires de la même espèce, et toujours crues; mais tons, posez-les sur le bord de ce plat, et ainsi de sil n'est pas besoin qu'elles soient du premier suite, jusqu'à ce que votre bord soit garni com- • choix, et vous en passerez le jus au travers d'un plètement et régulièrement formé. Il paraît que tamis serré, en y mêlant six onces de sucre royal les garnitures en croûtons blancs sont les plus » en poudre, ainsi que deux cuillerées de vieille et élégantes, et que lorsqu'elles sont en pâte i - pure eau-de-vie de Cognac. Ne finassez point sur nouilles, elles ont encore un mérite de plus. s celte pratique, car tout autre spiritueux que » l'eau-de-vie simple aurait l'effet de masquer le BOUCANER. Quand les Huronsou les Capa- * Parfum naturel de ces bons fruits. Placez-en les diens sauvages arrivent de la chasse, ils écorchent 2 BOU ( 90 ) BOU les bêtes qu'ils ont rapportées, ils en décharnent , qu'elles sont cuiles, vous les détachez des papiers ; les os, ils en coupent les chairs par aiguillettes plus ensuite vous mettez dans une petite terrine deux un moins longues , qu'ils placent sur des tables et onces de sucre royal passé au tamis de soie, et qu'ils assaisonnent avec du sel et quelques herbes trois onces de chocolat râpé que vous aurez fait de leur pays. Le lendemain ils placent ces chairs fondre en le mettant sur du papier à la bouche du découpées sur un gril de bois de fer, qu'ils élèvent four pendant quelques minutes. Vous délayez ce au-dessus de leur ſeu. On y entretient beaucoup mélange avec un blanc d’æuſ, en le remuant de fumée, et pour la rendre plus épaisse on y avec une cuillère d'argent pendant huit à dix mi- fait brûler toutes les peaux et tous les ossements nutes; et après avoir garni le milieu des bouchées de ces animaux. Telle est l'opération qu'on appelle de marmelade de coings, d'ananas ou d'abricots, boucaner, et qui ne s'applique en France que vous les masquez avec la glace. Au fur et à me- pour la préparation des jeunes lamproies et des pe- sure que vous en terminez une, vous la recouvrez tites anguilles. On a trouvé que ces filets de pois- légèrement avec du gros sucre cristallisé, et la po- sons ainsi boucanés étaient d'un goût si parfaite- sez avec soin sur un grand plafond couvert d'un ment bon, qu'on les mange habituellement sans rond de papier. Lorsque les bouchées sont toutes les faire cuire et sans autre préparation culinaire. glacées, vous les mettez cinq à six minutes au (V. HORS-D'OEUVRE. ) four, et lorsqu'elles sont froides vous pouvez les dresser. BOUCHÉES (petites ), terme de cuisine et Pour les bouchées de dames à la rose, vous d'office applicable à de petits gâteaux soufflés qui se faites la glace rose tendre, avec de l'essence de rose et trouvent compris dans la division des pâtisseries du rouge végétal, et lorsqu'elles sont glacées vous appelées de petit four. semez dessus du gros sucre en cristal bien blanc. Bouchées de Versailles. Faites deux on- Vous pouvez également les masquer en jaune , en mêlant à la glace du safran et du zeste de ci- ces de pâte pour biscuits à la cuillère , selon tron. De même à l'orange, en colorant la glace les procédés décrits ci-dessus (V. BISCUITS). Vous couchez cette pâle de la même grosseur que de avec du rouge et du jaune, ou vous joindrez le petites méringues rondes. A près les avoir ainsi cou- zeste d'une belle orange bien saine, et toujours en chées sur des bandes de papier, vous les masquez les masquant de gros sucre. Lorsque vous les masquez à la glace blanche, de sucre passé au tamis de soie, comme on fait pour glacer le biscuit à la cuillère; et quaud ce vous pouvez semer dessus des pistaches hachées sucre se trouve fondu , vous les mettez au four à ou de petits grains de raisin de Corinthe parfaite- ment lavés et séchés au four. chaleur modérée, et vous les retirez dès qu'elles sont colorées d'un beau blond, en les détachant Bouchées de MONSIEUR. - Vous les disposez du papier. Lorsqu'elles sont froides, vous masquez et les terminez ainsi que les précédentes; mais lors- de marmelade d’abricots le côté qui était sur le qu'elles sont froides, vous les masquez de marme- papier; et au fur et à mesure que vous en avez lade d'abricots et les accouplez deux par deux. deux de masquées, vous les collez ensemble du Vous les remasquez en les glaçant au chocolat, à côté de la confiture. Le tout ainsi préparé, vous la pistache, à l'orange, au cédrat, à la bigarade, mettez dans une petite terrine quatre onces de ou au verjus muscat. sucre royal passé au tamis de soie , que vous dé- layez avec un blanc d'oeuf ; travaillez ce mélange BOUDIN. La base de ce comestible appétissant avec une cuillère d'argent pendant au moins dix mais peu salubre est ordinairement le sang d'un minutes , en y mettant de temps en temps un peu porc avec des morceaux de sa panne, c'est-à-dire de jus de citron, ce qui blanchit la glace avec la- de sa graisse abdominale, accompagnés de plusieurs quelle vous masquez presqu'entièrement les bou-ingrédients contenus ou renfermés dans un boyau de chées, que vous tenez sur le bout des doigts, afin cet animal. On fait également des boudins avec de les glacer plus aisément. Vous les placez à me- | le sang et les chairs d'autres animaux , tels que les sure sur un grand plaſond masqué d'un rond de daims, les lièvres, les oies sauvages, etc.; mais papier. Le tout étant ainsi glacé, vous mettez ces dans cette catégorie d'aliments les boudins de bouchées à la bouche du four, mais seulement pour chevreuils sont regardés comme les plus savoureux quelques minutes, afin qu'elles ne changent pas de et les plus digestibles. couleur. Boudins de porc et de sanglier, - Com- Bouchées glacées à la Reine. — Vous faites mencez par faire hacher de gros ognons que vous vos bouchées de la même manière que les précé- ferez bien cuire avec de la panne de cochon, et un dentes ; mais donnez à celles-ci la forme ovale. Lors-peu d'eau pour empêcher qu'ils ne passent au roux. BOU ( 91 ) BOU Quand l'ognon est bien fondu, prenez de la panne Boudins à la Richelieu (recette obtenue que vous ferez couper en petits dés et que vous du célèbre Étienne Joly, cuisinier, premier ſerez rouler dans un hachis de fines herbes assai- aide aux entrées chez M. le MARÉCHAL , par sonnées des quatre épices. M. de la Reynière, le grand-père, en 1748). Mettez-la dans la bassine où est votre ognon, - « Prenez la chair d'un fort beau lapin, pilez- avec le sang du porc auquel vous joindrez un quart la et passez-la ; prenez ensuite six ou huit belles de bonne crème bien fraîche. Assaisonnez de sel patates (aujourd'hui nommées pommes-de- fin, maniez bien le tout ensemble , et l'entonnez terre); faites-les cuire sous la cendre : lorsqu'el- dans des boyaux que vous aurez fait couper de la les le seront, épluchez-les avec soin, mettez-les longueur que vous voulez donner à ces boudins ; | dans le mortier, pilez-les à force; ensuite, votre ne les emplissez pas dans la crainte qu'ils ne crè- farce achevée, étendez-en sur un couvercle de vent en cuisant; ficelez les deux bouts de chaque casserole bien également, l'épaisseur d'un travers boyau et faites-les cuire à l'eau bouillante pendant de doigt, en carré long de cinq pouces de hau- un quart d'heure; pour savoir s'ils sont assez cuits, teur sur trois de largeur; mettez sur la longueur vous en tirerez un avec l'écumoire, et vous le pi- et au milieu un salpicon (V. Salpicon); trem- querez avec une épingle : si le sang ne sort plus, pez la lame de votre couteau dans de l'eau chaude, c'est une preuve qu'ils sont bien cuits; mettez-les comme vous feriez pour former des quenelles alors à refroidir pour les faire griller quand vous de volaille; enfermez le salpiçon en relevant et en voudrez vous en servir. (Les boudins au sang, rabattant les deux côtés ainsi que les deux bouts, et surtout ceux du cochon, ne se servent guère sur votre salpicon, en sorte qu'il soit bien enve- autrement qu'en extra, c'est-à-dire autour de la loppé de la farce à laquelle vous donnez la forme table; mais il n'en est pas ainsi des boudins com d'un boudin blanc : beurrez le fond d'une casse- posés.) role assez grande pour que votre couvercle puisse Boudins de chevreuil, de lièvre, etc. - toucher au fond; chauſſez ce couvercle légère- Tous les boudins au sang doivent se préparer ment, et faites couler votre boudin dans le fond comme il est indiqué pour ceux du porc et du san- de cette casserole, ayant soin qu'il y soit droit, et ainsi de suite, en continuant votre opération; pre- glier. On accompagne ordinairement les boudins de lièvre et d'oie sauvage, avec des rouelles de nez les mêmes précautions, pour pocher ces bou- pommes qu'on a fait cuire à la poêle avec un peu dins,' que celles à prendre pour les quenelles ; de lard fondu. Les boudins de chevreuil se mangent lorsqu'ils le seront, égouttez-les, laissez-les re- le plus souvent avec une bread-sauce où l'on a eu froidir. Si vous voulez les faire griller, dorez-les soin de ne pas oublier la cannelle. d'æufs avec un petit pinceau de plumes, et rou- lez-les légèrement dans de la mie de pain; posez- Boudins blancs à la ménagère. Faites les sur le gril et mettez-les sur une cendre rouge : bouillir une chopine de bon lait; mettez-y ensuite faites qu'ils prennent partout une belle Gur, une poignée de mie de pain, passez ce mélange à et cela en les retournant sur les quatre faces : la passoire, et faites-le bouillir jusqu'à ce que tout ensuite dressez-les, soit sur une bonne italienne le lait soit bu par la mie de pain ; laissez refroidir blanche, ou rousse, soit sur une périgueux, et cette panade. Coupez une demi-douzaine d'ognons servez. » en petits dés, et passez-les au beurre sans leur donner le temps de prendre couleur; bachez après les chairs d'un lapereau rôti; ajoutez-y son foie ; Boudins de lapereau. — Hachez et énervez cela parties égales de pannes fraîches et de blancs concassez les os, et faites-les bouillir dans du con- de volaille; à leur défaut, remplacez ces blancs par toute autre viande blanche; ajoutez-y six jau- et pilez ensemble les chairs et la panade en y ajou- ; , Des d'eufs, un demi-setier de crème; ajoutez en- core du sel fin , des quatre épices concassées, et consommé, des jaunes d’æufs, de la panne ha- tant un peu de beurre, des ognons cuits dans du quelques amandes douces hachées . Ayez des boyaux chée, de la crème réduite, sel, poivre, muscade, de la dont vous voulez faire des boudins. Remplissez- et opérez du reste comme pour le boudin blanc. les aux trois quarts; liez-les aux deux bouts, et Boudins de foies gras. Hachez ensemble mettez-les dans l'eau bouillante. Au bout d'un un quarteron de chair de porc, une livre de foies quart d'heure , s'ils sont cuits convenablement, il gras, autant de blanc de chapon , fines herbes, en sort de la graisse. Mettez-les alors dans l'eau sel, poivre, muscade, gérofle en poudre, cannelle, fraîche , égouttez-les, et les rendez brillants, en six jaunes d'aufs et deux pintes de crème; faites les frottant de panne chauffée. On les fera cuire vos boudins avec ce hachis; faites-les cuire dans sur le gril et dans une caisse de papier beurré, du lait avec sel, citron vert et laurier; faites-les BOU ( 92 ) BOU ensuite griller, et servez avec un jus d'oranges bées. Dressez sur ces croûtons vos poissons de la amères. seconde fournée, car il n'est plus question des au- Boudins d'écrevisses. Des écrevisses bien tres; versez le reste du mouillement, et placez fraiches étant cuites au vin blanc, laissez-les re- vos quartiers de tomates au-dessus du plat que froidir, et puis, faites un beurre d'écrevisses avec vous garnirez de vos petits ognons blancs. les coquilles et l'intérieur; coupez en dés la chair On voit que cette double manutention a pour des queues; mettez cette chair dans une casserole, objet d'obtenir , d'abord un consommé de pois- avec les aufs d'écrevisses que vous en aurez re- sons qui soient à bon marché et qui ne doivent cueillis, des blancs de volaille coupés en dés, des pas être montrés à table, attendu qu'ils sont un ognons cuits sous la cendre, une panade à la peu trop vulgaires, et surtout parce qu'ils sont crème; mêlez avec tout cela un peu de blond de exténués par l'effet de leur cuisson. La dernière veau, des jaunes d'æufs, sel, poivre, épices; en opération consiste à faire cuire dans cette réduc- tonnez cet appareil dans les boyaux, et agissez du tion de poissons communs, d'autres poissons, les reste ainsi que pour les boudins blancs, ci-dessus plus délicatement savoureux, qui doivent être ser- formulés. Il en est encore ainsi pour la confection vis dans le consommé primitif, avec une addition des boudins de merlans, de saumons, de sarcelles copieuse de pain et de légumes, à la manière des et de macreuses. anciennes soupes. Il en résulte un potage maigre aussi substantiel et non moins stimulant que le BOUILLE-A-BAISSE. C'est le nom pro- plus fort consommé de la meilleure viande. vençal d'une soupe au poisson qui constitue, On a cru devoir indiquer ici les espèces de pois- sans contredit, un des mets les plus esculants de sons fins qui conviennent le mieux à cette prépå - la cuisine méridionale, et même de la cuisine ration, mais il est sous-entendu qu'on peut les française. - Prenez trois ou quatre merlans, une remplacer au besoin par des tronçons de cabil- vive et deux grondins, ou mieux encore une forte laud, des tranches de turbot, de petits surmulets rouelle de congre, ou grosse anguille de mer. et de petits bars. Coupez-les en morceaux, et mettez-les à bouillir avec quatre pintes d'eau dans une marmite; joi Bouille-à-baisse (au poisson de rivière). gnez-y des carottes, un pied de céleri, une gousse - On peut employer pour cette opération culi- d’ail, un peu de sel et quelques tiges de poireaux : naire toute espèce de poissons d'eau douce; mais failes cuire à petit feu pendant cinq à six heures, on a pu remarquer que le barbeau, le brochet et et conduisez ce bouillon maigre absolument comme la brême étaient ceux qui fournissaient le moins un pot au feu. de saveur et qui donnaient le moins de consistance Quand il est réduit à moitié, passez votre con au bouillon maigre, tandis que l'anguille, la carpe sommé de poisson au travers d'un tamis de crin, et la tanche étaient les mieux appropriés pour sa et recevez-en le produit dans une terrine où confection. On a plusieurs manières de s'en ac- vous mettrez : 1° vingt-quatre petits ognons ; quitter en Provence, et nous pouvons nous sou 2° six tomales tranchées par moitiés ; 3° deux venir, par exemple, qu'au-dessous de la fontaine belles soles, à qui vous retrancherez la têle et la de Vaucluse, au bord de la Sorgues, on prend sous queue, et dont vous couperez le reste du corps vos yeux, dans cette illustre et charmante rivière, en trois parties égales ; 4" quatre ou cinq ou six un ou deux carpeaux dorés, des anguilles bleues, rougets de roche, que vous pourrez trancher par de jeunes truites infiniment agiles, et puis de jolies moitiés, ou laisser dans leur entier, d'après leur perches, oh! des perches d'eau-vive, argentées, force et leur nombre; 5' quinze ou vingt éper-moirées et nacrées, avec des nageoires et des lans, suivant aussi la grosseur de ces poissons : queues d'un si vif incarnat que les plus beaux vous ajouterez à tout ceci une forte pincée de appendices rouges de nos perches de Seine ne feuilles de cerfeuil cru, et finalement quatre ou sauraient approcher de ces cartillages avignonais ! cinq cuillerées de la meilleure buile d'Aix. Pla- On ne manque jamais d'annexer à ces poéliques cez sur un fourneau la terrine qui contient votre enfants du torrent de Vaucluse un plein panier de appareil, et faites-le mijoter sur un feu doux méchantes écrevisses toutes noires qui s'échappent, jusqu'à ce que ces petits ognons et ces nouveaux qui se revoltent et qu'on commence toujours par poissons puissent être cuits, ce qui ne se fera pas écraser à moitié. Aussitôt qu'on a fini de massa- attendre plus de huit à dix minutes. Alors établis- crer tous ces produits frétillants, on vous jette tout sez dans un grand plat creux de larges croûtes de cela dans un chaudron, pêle-mêle avec des ognons pain (croûlons de dessus), mouillez-les avec de la et des poireaux, une poignée de gros sel et de bouille-à-baisse en tenant chaudement le dessous l'eau de Pétrarque. Quand il est question de vous du plat pour que vos croûtes en soient bien imbi- tremper la soupe, on ajoute à la bouille-à-baisse BOU ( 93 ) BOU un peu d'huile verte, et l'on vide le chaudron sur, cuite, moins son jus, et nous allons combattre des tranches de pain de seigle. Vous pouvez man cet aphorisme. ger les poissons à la vinaigrette, et les belles écre Si, par exemple, au lieu d'cau, on met du bouil- visses de la Sorgues avec des tartines au beurre de lon dans la marmite, la pièce de bæuf qu'on y Carpentras. ajoutera ne perdra presque rien de ses sucs, parce Tout le monde sait que M. l'abbé de Sades que l'eau, à mesure qu'elle se charge de sucs dis- fait imprimer en 1789 que cette même bouille-à- sous, perd de sa propriété dissolvante: on obtien- baisse avait été le souper de tous les vendredis drait le même effet en mettant beaucoup de viande pour la belle Laure, qui était son aïeule au Xvie dans la marmite; et le bouillon, dans ce cas, se degré de filiation. M. l'abbé de Pusignan lui ré- trouverait extrêmement chargé de gélatine et d'os- pondit en 1790, que la belle Laure n'avait jamais mazome (V. BOUILLON). eu d'enfants, parce que c'était une honnête per- Il est vrai que par la décoction les viandes sonne et qu'elle n'avait jamais été mariée; ensuite blanches s'épuisent beaucoup plus promptement il établit avec non moins d'apparence et de solidité que les autres. Si on les fait cuire sans addition qu'elle affectionnait particulièrment la soupe au d'autre viande, il n'en reste bientôt que la partie tait. On en pensera ce qu'on voudra ; c'est un fibreuse qui ne conserve aucune sapidité. Si, au point d'éruditon gastronomique où nous n'inter- contraire, on fait bouillir une volaille avec d'autres viendrons pas; mais toujours est-il que la soupe viandes et pas trop d'eau, on trouvera qu'elle a aux poissons de Vaucluse est bien autre chose que conservé toutes ses qualités les plus substantielles. les matelotes du Gros-Caillou , et surtout que les L'établissement connu jadis à Paris sous le nom matelotes de la Rapée dont M. de la Reynière de Marmite éternelle était une application des a fait l'éloge avec une partialité manifeste, et observations qui viennent d'être exposées : car on tranchons dans le vif, avec une témérité surpre- y cuisait des chapons, des poulardes et des volailles nante! de toute espèce dans un bouillon continuellement saturé et toujours très-peu étendu, ce dont il re- BOUILLI, mot générique et applicable à sultait que ces comestibles ne pouvaient jamais toutes les viandes qu’on a fait cuire dans l'eau, rien perdre. Le bouillon de cette marmite était soit pour en opérer la coction résolutive et plus toujours le même, en ce qu'on ne l'épuisait jamais ou moins concentrée, soit pour en extraire une et qu'on ne faisait qu'y ajouter une petite quantité partie des sucs afin d'en obtenir du bouillon. Plus d'eau pour réparer les pertes de l'évaporation pro- le bouillon se trouve chargé de parties solubles, voquée par une ébullition perpétuelle. Pour obte- moins la viande a retenu de parties nutritives; il nir un bouilli succulent, on aura seulement trois est évident que plus une substance alimentaire est prescriptions à remplir: depouillée par l'ébullition, moins elle est propre 1° Que le morceau de bæuf soit assez gros et à la nutrition ; il en résulte sans contredit, que la qu'il soit de la meilleure qualité de viande. viande bouillie doit loujours être moins substan 2° Qu'on ait commencé par faire un bouillou tielle et moins savoureuse que les viandes rôties, bourgcois, c'est-à-dire avec quelque morceau com- éluvées ou grillées ; mais il ne s'ensuit pas qu’on mun des parures de viande, des a battis de volaille et doive toujours mépriser le bouilli. Les Anglais force légumes ; c'est à dessein de ne pas exténuer savent faire bouillir des pièces de bæuf, des quar ce gros morceau de bouilli que vous devez faire tiers de mouton, d'énormes dindes et des échines manger en pleine substance, et qui ne doit pas de porc, avec les mêmes précautions que nous être le principal élément de votre bouillon potager, mettons, nous autres, à l'égard de nos poulardes et (V. BOUILLON.) nos chapons à la marmite ; et l'on ne dira pas 3. On ne mettra jamais dans la marmite ou que nos chapons et nos poulardes au gros sel pot au feu le morceau de bæuſ qu'on devra ser- soient des aliments dépourvus de qualités nutri- vir en bouilli, que lorsque le bouillon potager qui tives et de sapidité. fera le fond de son mouillement aura déjà cuit et Il est donc possible et même il est aisé de faire mijoté devant le feu pendant quatre heures. cuire une viande quelconque au moyen de la dé- coction, sans l'exténuer et sans en épuiser tous les Grand-bouilli. Grand-bouilli. - Pour faire un beau plat de sucs. Le Président Hénault disait une fois d'une relevé, ayez une culotte de bæuf de vingt-cinq à poularde trop bouillie qu'elle était comme un trente livres, faites attention qu'elle soit plutôt rayon de miel où il ne resterait que de la cire, et longue que carrée; ayez soin de la bien désosser; Madame du Deffand trouva que le Président avait en la ficelant, donnez-lui une forme ronde en raison; mais Madame de Créquy disait, dit-on, dessus, c'est-à-dire que votre pièce étant posée sur que le bouilli n'est jamais que de la viande le plat, ait unc forme bombée dans son carré BOU ( 94 ) BOU long. Dans les grandes tables, la pièce de bæuf se dégraissez-le, ct servez-le avec un cordon de pom- sert avec une garniture à la Chambord ou à la mes de terre sautées autour. Godard, c'est-à-dire entourée d'un ragoût très- varié, et décorée par des attelets garnis de ris- Quenelle de bæuf bouilli. - Hachez fine- soles et fichés en porc-épic dans les chairs de la ment du bæuf bouilli avec des pommes de terre pièce en s'inclinant vers les bords du plat. On la cuites sous la cendre, joignez-y du beurre ou de la garnit plus souvent avec de petits pâtés, des ognons graisse de potage, et quelques œufs entiers ; ma- glacés, de la choucroûle, des nouilles , ou des lé- niez bien le tout, et formez-en des boulettes que gumes à la flamande. (V. GARNITURES.) vous passerez au beurre dans une casserole. Servez avec une sauce piquante. Bouilli froid. Quoique la meilleure façon Hachis de beuf à la ménagère. - Hachez d'employer le bæuf bouilli soit d'en faire des quelques ognons avec persil, ciboules, un peu de tartines au beurre de fines herbes, ou de le man- basilic ou de thym; passez-les au beurre jusqu'à ger en salade, nous allons néanmoins indiquer ce qu'ils soient presque cuits; ajoutez une demi- certaines préparations dont il est susceptible , et cuillerée de farine , et tournez jusqu'à ce qu'elle le parti qu'on peut en tirer bourgeoisement. ait pris couleur; mouillez avec du bouillon, un demi-verre de vin blanc ; assaisonnez de sel et Poitrine de bæuf en charbonnées. - Quand elle est bien refroidie coupez-la en longs réduite , mettez-y le bæuf haché ; laissez-le miton- poivrequand l'ognon bien cuit et morceaux, poudrez-la de mie de pain, faites-la ner pendant une demi-heure et sur un feu très griller sur un feu vif, et servez-la sur une purée de doux. tomates, ou une sauce piquante. Bæuf en matelote à la bourgeoise. - Miroton Saint-Honoré. Prenez un plat Épluchez de petits ognons que vous mettez dans qui supporte le feu, versez-y de bon bouillon non une poêle avec un peu de beurre; faites-les roussir dégraissé, avec persil, ciboule, estragon, cer sur un feu qui ne soit pas trop ardent; mettez-y feuil, câpres et cornichons, le tout haché, sel et une cuillerée à bouche de farine; sautez-la avec poivre; mettez par dessus le bæuf coupé en tran vos ognons; mettez un verre de vin rouge, un ches minces ; assaisonnez comme en dessous ; cou-l demi-verre de bouillon, quelques champignons , vrez le plat et faites bouillir à petit feu pendant du sel, du poivre, une feuille de laurier, un peu une demi-heure. de thym; quand ce ragoût sera cuit, vous le ver- serez sur des tranches de bouilli que vous aurez Miroton à la mode de l'ile Saint-Louis. mises sur un plat; faites-le mijoter une demi- -Coupez le bouf en tranches minces et toujcurs heure, afin que le bouilli se pénètre de la sauce. en travers pour que la viande en soit plus courte; coupez aussi en tranches une douzaine d'ognons ; Bauf à la poulette, à la bourgeoise. — passez-les au beurre ou avec de la graisse de po- Mettez un morceau de beurre dans une casserole tage, jusqu'à ce qu'ils soient roux; ajoutez un peu avec du persil et de la ciboule hachés; faites-les de farine et mouillez avec du bouillon; assaisonnez revenir sur le feu; mettez-y une cuillerée de fa- de sel, poivre et un filet de vinaigre; faites bouil- rine, remuez le tout ensemble; versez un verre lir un quart d'heure, et versez sur le bouilli dis- de bouillon sur les fines herbes, mettez du sel, du posé dans un plat; faites bouillir doucement pen- poivre et un peu de muscade ; quand votre sauce dant une demi-heure. aura bouilli cinq ou six minutes , vous y mettrez On couvre, si l'on veut le miroton avec de la du bæuſ bouilli que vous aurez coupé en petites chapelure, et on lui fait prendre couleur sous le four tranches, sautez-le dans votre sauce et mettez-y de campagne. une liaison de trois jaunes d'æuſs. Bæuf en persillade. - Mettez au fond d'un Bouilli au pauvre homme. (Extrait de l'a- plat d'argent de la graisse de rôti ou de braise, ou vis au peuple.)- Quand il vous reste du bouilli à défaut de braise, ou à défaut de graisse, du il faut le couper en tranches, l'arranger sur un beurre étendu; hachez très-fin persil et champi- plat, semer par dessus du sel, du poivre, du gnons, et saupoudrez de chapelure; faites un lit persil, de la ciboule hachés, y mettre un peu de de tranches de beuf cuit dans le pot-au-feu; un graisse du pot, une pointe d’ail, un verre de bouil- de graisse, persil, champignons, etc., et ainsi lon ou d'eau, un peu de chapelure de pain; faites- alternativement ; mouillez de bouillon ; faites le mitonner sur de la cendre chaude pendant un bouillir quarante-cinq minutes, ayant soin d'hu- quart d'heure. mecter de temps en temps; lorsqu'il a bouilli, Cette manière de faire réchauffer du bæuſ est la BOU ( 93 ) OU son. plus simple, et comme il arrive souvent, c'est la ce qui ce passe quand on fait cuire dans l'eau une meilleure. Le bæuf au pauvre homme était viande quelconque, il est indispensable de con- pour le roi Louis XV un hors-d'œuvre de prédi- naître les principes qui constituent la chair des lection. animaux comestibles ou nutritifs. Ces principes sont : la fibrine, la gélatine, BOUILLIE. Aliment composé de farine ou de l'osmazome, la graisse et l'albumine. fécule qu'on a fait cuire dans du lait ou du bouil- lon , ou de l'émulsion d'amandes, ou dans un li La fibrine est insoluble; c'est elle qui fait la quide édulcoré. base des muscles ou de la chair proprement dite. La bouillie la plus légère est celle qui est faite Quand un morceau de viande a long-temps bouilli avec la fécule de pommes de terre; c'est également dans un grand volume d'eau, ce qui en reste est celle qui a le moins besoin d'une longue cuis- à peu près de la fibriue pure. La fibrine est peu alimentaire ; et lorsqu'elle est entièrement épuisée La bouillie faite avec de la farine de froment, des principes solubles auxquels elle était unie, sa séchée au four jusqu'à être légèrement roussie, est digestion devient difficile pour les estomacs qui ne plus alimentaire que celle de fécule, et plus diges- sont pas doués d'une grande énergie. La fibrine tible que celle qu'on fait avec la farine de froment pure n'a aucune saveur. non passée au four. Cette dernière, pour être saine, doit être très-cuite; on doit attendre qu'elle com Lagélatine n'est soluble que dans l'eau bouillante mence à gratiner, ce qui contribue , du restc, à ou l'eau très-chaude; dans l'eau tiède elle se gonflc lui donner plus de saveur. et ne se dissout qu'imparfaitement : dans l'eau La bouillie peut également se faire au manioc, à froide elle s'amollit sans se dissoudre. Elle est la poudre de sagou , de salep, de tapioca ou d'ar la base et la partie nutritive du bouillon ; c'est elle rowrout, à la farine d'orge et à celle d'épeautre. La qui, lorsqu'elle est assez abondante, lui donne la bouillie de mie de pain se nomme panade. Quand propriété de se prendre en gelée quand il se re- elle est faite avec du maïs, elle prend le nom de froidit . La gélatine existe dans toutes les parties de gaudes; celle qui se fait à la farine de riz porte la chair, mais plus abondamment dans les carti- celui de crème de riz, et la bouillie de farine lages et dans les os. La gélatine pure est insapide. d'avoine s'appelle gruau. (V. ces articles.) L'osmazome est très-soluble, même à froid; BOUILLON. Le principal élément de la bonne c'est le principe sapide des viandes. Il paraît cuisine est le bon bouillon , et la cuisine française n’exister que dans les chairs et le sang; les carti- ne doit peut-être sa supériorité qu'à l'excellence lages , les graisses et les os en sont tout-à-fait dé- Monseigneur, disait un pourvus. C'est à l'osmazome que le bouillon doit jour le Prince Evêque de Passau au dernier Prince sa saveur et l'arôme particulier qui le caractérise. de Condé, j'ai ordonné que pendant tout le temps L'osmazome est pourvu d'une propriété stimulante que vous me ferez l'honneur de passer chez moi, très-déterminée; il excite l'appétit, et contribue on y soigne beaucoup les potages : la nation fran- puissamment à rendre les digestions faciles. caise est une nation Soupière... --et Bouillon- La graisse est insoluble dans l'eau, mais elle se nante, lui répondit le vieux émigré. – Tant il y fond par la chaleur, et vient surnager à la surface du a, disait Rivarol en parlant à des gourmands de liquide; mais comme est enveloppée dans les cellules Lobeck et d'Hambourg, tant il ya que nous n'avons d'une membrane très-fine qui ne se dissout pas, une ļas en France une garde-malade ou une portière partie de la graisse reste toujours adhérente aux qui ne sache faire de meilleur bouillon que le plus libres, à moins que l'ébullition ne soit très-pro- habile cuisinier de vos trois villes anséatiques. Les longée, et celle qui s'élève à la surface provient portières de Paris ont surtout la main très-heu- des cellules qui ont été brisées par la force de l'é- rense en fait de bonne soupe , et je vous dirai qu'il bullition. La graisse existe séparément dans cer- n'y a que manière de s'y prendre, car leur pot- taines parties des animaux, et dans d'autres parties au-feu ne revient jamais à plus de douze ou quinze elle est interposée entre les fibres. Ces dernières sous , comme qui vous dirait un quart de florin : parties sont toujours les plus digestibles et les plus concevez-vous cela, mes chers messieurs ? nourrissantes. A raison de l'importance d'une opération qui marche à la tête de loutes les préparations culi L'albumine est de la même nature que le blanc naires, on croit devoir traiter de cette matière avec d'auf; elle est soluble dans l'eau froide ou tiède, loute la sollicitude et les développements dont elle et se coagule à un degré de chaleur inférieur à est susceptible ; mais pour faire bien comprendre celui de l'eau bouillante. L'albumine abonde daus BOU ( 96 ) BOU le sang : on la retrouve aussi dans toutes les parties quelle ils doivent leur solidité, ensuite, d'une par- de la chair. tie gélatineuse abondante, et puis d'une matière C'est l'albumine qui, en se coagulant après avoir grasse analogue à la moelle, et qui n'est peul-être été dissoute, forme ce qu'on appelle l'écume à la qu’une portion de cette dernière substance. La surface du liquide dans lequel on fait cuire les gélatine est si abondante dans les os, que deux on- viandes. Et, d'après ce que nous venons de dire sur ces de ceux-ci en contiennent autant qu'une livre l'abondance de l'albumine dans le sang, on ima- de viande. Celle gélatine, enveloppée dans la basc gine aisément que moins un animal a été saigné, terreuse, n'est soluble qu'à la surface des os en- plus sa viande doit fournir d'écume. Mais d'un tiers ; si on les brise, comme il en résulle qu'on autre côté, comme le sang contient beaucoup d'os- multiplie les surfaces, l'eau dissout une plus mazome, la viande peu saignée produit un bouil grande quantité de gélatine, et elle en dissout la lon plus savoureux que celle qui l'a été plus co- totalité quand les os sont tout-à-fait broyés. pieusement. Cette gélatine des os est pure, et par conséquent La propriété que possède l'albumine de se coa- insipide; c'est ce qui a discrédité les bouillons guler au-dessous de la température de l'eau bouil faits uniquement avec des os; mais lorsqu'on mêle lante explique les résultats différents que l'on ob- les os concassés ou pulvérisés avec de la viande, tient de la cuisson de la viande dans l'eau , suivant l'osmazome de celle-ci donne assez de parfum au la façon dont en y procède. bouillon, qui se trouve alors plus chargé de géla- Il est évident que, si l'on met la viande dans la tine, et qui en acquiert plus de sapidité. marmite lorsque l'eau bout, ou si l'on fait bouillir l'eau de la marmite avec trop de rapidité , l'albu- d'osmazome que celle des jeunes. Les viandes noi- Les viandes des vieux animaux contiennent plus mine, en se coagulant ( dans le premier cas ) à la surface de l'eau, et dans le second à l'intérieur de ches ; ce sont donc les premières qui doivent four- res ou brunes en contiennent plus que les blan- la viande , doit empêcher la gélatine et l'osmazome nir le bouillon le plus savoureux. de se dissoudre dans l'eau , ce dont il résulte qu'on Lorsque les viandes sont cuites à la broche, les ne peut obtenir, en procédant ainsi, qu’un bouillon peu substantiel et dépotrvu de sapidité. propriétés de l'osmazome deviennent plus sensi- La coagulation de l'albumine, à l'intérieur des bles; la sapidité en devient plus forte et l'arôme en est plus exalté; c'est ce qui explique pourquoi morceaux de viande , a toujours lieu suivant leur grosseur, parce que les points les plus éloignés de l'on obtient de meilleur bouillon lorsqu'on fait la surface prennent toujours le degré de chaleur mellre dans son pot-au-feu des morceaux ou des débris de viandes rôties. qui coagule l'albumine avant que celle-ci soit en- tièrement dissoule. Ce qui démontre ceci, c'est On obtient le même effet lorsque, avant de met- qu'une forte pièce de bæuf est toujours moins tre la viande dans la marmite, on la fait ce qu'on épuisée par l'ébullition qu'une plus petite et plus appelle suer dans une casserole, c'est-à-dire chauf- mince, quoiqu'on ait fait bouillir la première aussi fer à sec jusqu'à ce qu'elle commence à s'attacher. long-temps, et dans un volume d'eau proportionné La viande du bæuf est celle qui donne le meil- à sa grosseur. leur bouillon. Après la viande de bæuf, vient Si on faisait cuire la viande dans la seule vue celle du mouton , qui donne un bouillon de bon d'en obtenir du bouillon, on pourrait tout. uni- goût pourvu que la chair n'en soit pas trop grasse. ment la bacher, la manier dans l'eau froide, et la celle du mouton de grande taille communique faire chauffer lentement jusqu'à ébullition ; par là souvent un goût de suiſ au bouillon : mais c'est on dépouillerait la viande de tous ses principes un inconvénient qu'elle ne présente jamais quand solubles, et on obtiendrait, en moins d'une demi- elle a été rôtie ou grillée. heure, un bouillon très-chargé. Les volailles ajoutent peu à la sapidité du bouil- Mais, comme il est bon de tâcher d'obtenir à | lon, à moins qu'elles ne soient vieilles ou très- la fois du bouillon potable et de la viande man- grasses , car leur graisse a une saveur plus pro- geable, il est nécessaire, pour atteindre ce double noncée que celle des quadrupèdes. Le pigeon but, de mettre toujours dans la marmite un mor- lorsqu'il est vieux, la perdrix et les lapins, ajoutent ceau de viande un peu gros, sauf à faire du bouil - beaucoup à la sapidité et à l'arôme du bouillon. Ion pour deux ou trois jours, espace de temps La chair de ces animaux n'est peut-être si abon- pendant lequel il est facile de le conserver en dante en osmazome que parce qu'elle contient tout toutes saisons, comme on le verra plus loin. (Nous leur sang. Il est encorc à considérer que la viande parlons ici pour les petits ménages, attendu que la plus fraiche donne de meilleur bouillon que nous voudrions être utiles à tout le monde.) celle qui est mortifiée. Les os sont composés d'une base terrcuse à la D'après ce qui précède, il est facile d'indiquer BOU ( 97 ) BOU la marche à suivre pour avoir toujours de bon double sac de crin, qu'on met dans la marmite. Si, bouillon sans trop épuiser la viande. dans la provision d'un petit ménage, un morceau de 1° Prendre toujours le plus fort morceau de mouton ou de veau a été ajouté à la viande de viande que comporte la consommation habituelle, bæuf pour en compléter le poids, on peut, avec en réunissant, s'il est nécessaire, celle de plusieurs avantage, le faire griller légèrement avant de le jours; par là on aura de meilleur bouillon et de mettre dans la marmite. meilleure viande, et l'on pourrait y trouver encore Six ou sept heures d'ébullition lente et toujours économie de temps et de combustible. soutenue sont nécessaires pour que le bouillon ac- 2. Choisir la viande la plus fraîche et la plus quière toutes les propriétés requises. Cette ébulli- épaisse ; si le morceau est mince, il sera totale tion est toujours difficile à régulariser devant un ment épuisé par la cuisson. feu de cheminée ; on y parvient au contraire sans 3° Ne pas laver la viande, ce qui la dépouillerait peine et sans embarras en employant un fourneau d'une partie de ses sucs : la ficeler, après en avoir qui doit chauffer constamment le fond de la mar- séparé les os, pour qu'elle ne se déforme pas; mite, et dont l'usage est trop généralement adopté mettre dans la marmite une pinte d'eau au plus pour que nous en fassions la description. par livre de viande. Dans tous les cas, la marmite doit être couverte 4" Faire chauffer la marmite lentement. En pour diminuer autant que possible l'évaporation. opérant ainsi, l'albumine se dissoudra d'abord et On ne doit jamais la remplir, même lorsqu'on en se coagulera ensuite; et, comme dans cet état, retire du bouillon; cependant, si la viande était à elle est plus légère que le liquide, elle s'élèvera à découvert, il faudrait ajouter de l'eau bouillante la surface en entraînant les impuretés qu'il peut jusqu'à ce que la viande en fût baignée. Ceci ne contenir. L'albumine coagulée produit le même doit s'entendre, au surplus, que pour les marmites effet que les blancs d'æufs qu'on emploie pour cla- qui sont posées devant un feu de cheminée ; quand rifier les autres substances. la marmite est engagée dans un fourneau écono- En général l'écume est d'autant plus abondante mique, comme elle n'éprouve l'action du feu que que l'ébullition a été plus lente: il doit y avoir au par-dessous, et que les vapeurs qui s'élèvent re- moins une heure d'intervalle entre le moment où tombent sans cesse, la viande peut rester sans in- la marmite est mise au feu, et celui où l'écume se convénient à découvert. rassemble à la surface. 5° Lorsque l'écume est bien formée, on l'enlève. Bouillon-consommé à l'ancienne mode. Il faut prévenir l'ébullition de la marmite, parce Mettez dans la marmite un bon morceau de qu'alors l'écume se dissout en partie, et le surplus bæuf, une épaule de mouton bien dégraissée et se précipite, ce qui trouble la transparence du cuite à moitié à la broche, un vieux chapon bien bouillon. Si le feu est bien conduit, on n'a pas en chair , quelques carottes, ognons et navets, un besoin de rafraîchir la marmite pour faire monter panais et un pied de céleri. Mouillez avec du bouil- de nouvelle écume: cela n'est nécessaire que lon de la veille au lieu d'eau. On se rappellera de lorsqu'on a fait trop de feu dans le commence ne pas mettre de sel, parce que le bouillon était ment de l'opération.. déjà salé. 6° Lorsque la marmite est bien écumée et qu'elle Ce consommé, réduit à moitié, peut remplacer commence à bouillir, on la sale et on y met les lé le jus dans toutes les sauces. gumes, qui consistent en trois carotles, trois navets, Bouillon-consommé à la Régence. Pre- deux panais et un bouquet de poireaux et de cé- nez in bon morceau de beuf et un morceau de leri ficelés ensemble. On n'omettra pas d'y mettre aussi trois gros ognons piqués, l'un d'une demi- poitrine de mouton, passez-les dans une casserole, gousse d'ail, et les deux autres d'un clou de gé- et faites-les suer jusqu'à ce qu'ils commencent à rofle. C'est uniquement chez les bourgeois qu'on s'attacher, comme lorsqu'on fait du jus. Cela fait, adjoint à ceci, pour ajouter à la couleur et au mouillez avec du bouillon pour dissoudre la glace goût du bouillon, la moitié d'un ognon brûlé et qui s'est formée, et mettez le tout dans la marmite, un fragment de carotte desséchée jusqu'à com- avec une vieille volaille, une ou deux perdrix et les râbles de deux lapins de bon fumet; achevez mencement de torréfaction, de remplir avec du bouillon; écumez, et ensuite 7º On brise avec le couperet les os qui ont été sé faites bouillir doucement pendant cinq ou six parés de la viande, et ceux qui restent des rôtis de la heures. veille; plus ils sont brisés, plus ils rendent de géla- tine, qui est le principe nutritif du bouillon. Les par Bouillon-consommé à la moderne. ties cartilagineuses des rôtis doivent aussi être ha Mettez dans une marmite deux jarrets de veau, un chées grossièrement.On enferme le tout dans un morceau de tranche de bæuf, une poulc ou un - 7 BOU ( 98 ) BOU vieux coq, un lapin de garenne ou deux vieilles vos potages; mettez-y du sel, deux navets, six ca- perdrix; mouillez le tout avec une cuillerée à pot rottes, six ognons, dont un piqué de trois clous de de bouillon, et lorsque vous verrez que cela com- gérofle, un bouquet de poireaux; menez-en la coc- mence à tomber en glace, mouillez-le de nouveau tion avec lenteur, passez ce bouillon dans une ser- avec du bouillon; et faites surtout que tout cet ap viette d'office, et pensez bien qu'il ne peut servir pareil soit bien clair ; faites bouillir encore ce con qu'à mouiller des cuissons, des sauces et des po- sommé; écumez-le, rafraichissez-le de temps en tages. Ce même bouillon, qui n'est qu'un élément temps; mettez-y des légumes, tels que carottes, de cuisine, est souvent désigné dans les nouveaux ognons, un pied de céleri, un bouquet de persil et dispensaires sous les noms saugrenus de nour- ciboule , assaisonné d'une gousse d'ail et de deux rissart ou d'ompotage. clous de gérofle; faites bouillir à petit feu pendant cinq heures, et passez au travers d'une serviette; Bouillon (conservation du). On sait avec vous vous servirez de ce mouillement pour tra- quelle promptitude le bouillon s'aigrit dans les vailler vos sauces, ainsi que pour vos potages temps chauds. Tous les moyens usités pour pré- clairs. venir cette altération sont sans effet ; elle a lieu Pour justifier ce que nous avions dit dans notre dans les garde-manger les mieux exposés et même avant-propos sur l'impertinence et l'inutilité de dans les caves les plus fraiches, où d'ailleurs le certains livres de cuisine, nous avons copié, mot- bouillon est sujet à contracter un mauvais goût. å-mot, cette recette indiquée par le Cuisinier Il y a un moyen fort simple, mais sûr, de con- Impériat pour se procurer du consommé. -- server le bouillon en tout temps. Il consiste à le Prenez dix-huit livres de tranche de bauf, faire bouillir soir et matin dans les plus fortes huit vieilles poules, deux casis, quatre jar- chaleurs, et une fois en vingt-quatre heures dans rets de veau; vous mettrez votre viande les temps ordinaires. On peut, en usant de ce dans votre marmite ; vous la remplirez de moyen, le conserver presque indéfiniment. L'é- grand bouillon; vous la ferez écumer; bullition détruit le principe fermentescible; mais vous aurez soin de rafraîchir trois ou qua- comme par ces ébullitions répétées, le bouillon se tre fois votre bouillon pour bien faire mon concentre de plus en plus, il faut le saler très- ter votre écume; après, vous faites bouillir peu lorsqu'on se propose de le conserver en sui- tout doucement votre consommé; vous gar- vant cette méthode. nissez votre marmite de carottes, navets, Bouillon à la minute. Hachez une demi- og nons, trois clous de gérofle; lorsque vos livre de viande; ajoutez-y une carotte moyenne, viandes sont cuites, vous passez votre con un peu de céleri, un navet, un ognon moyen, le sommé à travers une serviette fine, ou un lout coupé en petits dés; mêlez avec la viande tamis de soie , afin que votre consommé soit ct achevez de hacher. Après avoir mis votre ha- bien clair: vous n'y mettez point de sel, chis dans une casserole, versez-y une bouteille et puisque vous le mouillez avec du grand demie d'eau; salez; faites bouillir pendant une bouillon demi-heure; écumez et passez au lamis. Si l'on Grand bouillon (ainsi nommé pour la veut avoir un potage au riz ou vermicelle , il faut quantité qu'on en fait, plutôt que pour la mettre le riz ou le vermicelle enveloppé dans un qualité qu'on lui donne). - Ayant un grand sac de toile, dans l'eau froide avec la viande; le service, il faut avoir du bouillon en assez grande bouillon prêt, on verse le riz ou le vermicelle dans abondance pour mouiller vos sauces et confection unc soupière, et le bouillon par-dessus. Pour ob- ner tous vos potages. Mettez dans une grande tenir en même temps un potage et un hachis, on marmite une pièce de bæuſ, soit culotte ou poi- n'a qu'à passer quelques fines herbes dans un peu trine, et les débris ou parures de toutes vos viandes de beurre et un peu de farine mouillée avec du de boucherie, bæuſ, veau, mouton; joignez-y bouillon ; quand la sauce est assez épaisse, on y les carcasses, paltes et cous de volailles et gibier, met le hachis, du sel, du poivre et des æufs po- dont vous aurez levé les chairs pour faire des en- chés par-dessus. trées; meltez sur un feu modéré cette marmite, qui ne doit pas être tout-à-fait remplie d'eau ; écu- Bouillons maigres. mez-la doucement, rafraichissez-la chaque fois Bouillon de pois. que vous en ôterez l'écume, jusqu'à ce que ce Prenez un litron de bouillon soit parfaitement limpide. De ce grand pois, lavez-les et laissez-les tremper quelques bouillon dépendra la beauté de vos sauces et de heures ; mettez-les dans une marmite avec deux ognons et deux carolles; faites-les bouillir et n'at- • CUISINIER ISPÉRIAL, pag. 26. - Paris, 1807. tendez pas qu'ils se mellent en purée; retirez-les BOU ( 99 ) BOU du feu; passez leur bouillon dans une passoire; ou bien une cuillerée à bouche de leur fécule dé- laissez-le reposer; tirez-le au clair, et servez-vous layée dans de l'eau, en quantité suffisante pour en suivant le besoin. obtenir le bouillon nécessaire : laissez mijoter pendant trois heures: après avoir assaisonné con- Bouillon pour les potages et les sauces. - venablement, passez le tout à travers un tamis. Prenez douze carottes, autant de navets et d'o On peut se servir de cette préparation pour faire gnons, une botte de poireaux, deux panais, qualre au maigre toutes les espèces de potages indiqués pieds de céleri et un chou coupé en quatre; faites au gras. blanchir le tout, rafraîchissez-le, égouttez-le, fice- lez le chou; mettez ces légumes dans une mar- Bouillon de poisson à l'usage des Char- mite; mouillez avec du bouillon de pois; ajoutez-y treux et des religieuses de Sainte-Claire. quelques racines de persil et un petil paquet de - Ayez une quantité suffisante de poisson blanc; macis, de gingembre, deux clous de gérofle et une coupez-le en morceaux plus ou moins gros, pout gousse d'ail, le tout enveloppé dans un linge: faites le faire bouillir ensuite pendant deux ou trois cuire votre bouillon; pour lui donner une belle heures dans deux pintes d'eau ordinaire, qu'on couleur, mettez dans une casserole un morceau laisse réduire au tiers; on y ajoute du sel, du de beurre avec deux ou trois carottes, autant de beurre et des plantes potagères; après l'avoir passé navets et d'ognons coupés en lames et un pied de et tiré au clair, on y mêle un peu de farine ou céleri; passez le tout bien coloré; mouillez-le avec d'autre fécule qui a été roussie auparavant, afin de un peu de bouillon de pois; faites-le tomber à donner à cette espèce de bouillon un peu plus glace; et lorsqu'il sera presque attaché, mouillez-le de consistance qu'il n'en aurait sans cette pré- encore un peu pour le détacher, et versez-le dans caution. le bouillon, que vous laisserez mijoter quatre On pourrait encore préparer du bouillon de ou cinq heures de suite; passez-le dans une ser- poisson de la manière suivante : faire cuire depuis viette, et servez-vous-en pour faire des potages et le suintement jusqu'au roux, dans une casserole, des sauces maigres, du céleri, des navets, des ognons, des carottes, avec du beurre en quantité suffisante; lorsque ces Bouillon de poisson. - Mettez du beurre légumes sont cuits, on y ajoute le poisson coupé; dans le fond d'une casserole et par-dessus des une heure après on y mele une purée quelconque ogaons coupés en deux; émincez des légumes pour le tirer à clair et le conserver. comme ci-dessus, mais en moindre quantité; cou Ce bouillon alimentaire n'est destiné qu'aux vrez-en vos ognons. Ayez deux carpes, échardez- personnes qui, pendant les jours d'abstience or- les, videz-les; fendez les têtes en deux, ôtez-en donnée par les préceptes de l'église, craindraient une pierre jaune nommée communément l'amer de les enfreindre, et ne pourraient ou ne vou- de la tête, et qui se trouve près des ouïes ; jetez- draient prendre aucun aliment gras, même par la ; coupez ces carpes par tronçons; joignez-y raison de santé. deux anguillettes, un brocheton ou tout autre pois- son de rivière, que vous mettrez sur vos légumes; Bouillons de santé. versez-y une cuillerée de bouillon maigre; laissez Bouillon de santé. Mettez dans une mar- suer le tout: quand il formera glace, mouillez-le entièrement; mettez-y du sel, un peu de mi- mite de terre trois livres de tranche de bæuſ, gnonnette, des queues d'écrevisses, des champi- deux livres de jarret de veau , une poule, quatre gnons, un bouquet assaisonné d'une gousse d'ail , pintes d'eau, cinq carottes, trois navets, quatre d'un peu de macis, d’un peu de laurier et de deux gros ognons, deux clous de gérofle, une laitue clous de géroſle; vous pouvez vous servir de ce blanche, dans laquelle vous mettez une pincée de bouillon, qui tiendra lieu du consommé et du cerſeuil ; faites bien mijoter le tout jusqu'à ce blood de veau , pour tous vos potages et toutes que les viandes soient cuites ; passez le bouillon au tamis de soie: vous pouvez faire avec ce bouillon vos sauces. toute espèce de soupes et de potages. Bouillon des cinq racines, au maigre.- Bouillon à l'orge à tallemande (V. AILE- Coupez six carottes en rouelles minces, autant de navets et d'ognons, un chou, deux panais, un pied RON). de céleri: mettez le tout dans une marmite, en y Bouillon de veau rafraîchissant.-- Faites joignant un verre d'eau, un quarteron de beurre bouillir dans trois pintes d'eau une demi-livre de frais et un bouquet de persil ; faites bouillir jus- rouelle de veau coupée en dés, deux ou trois lai- qu'à ce que l'eau soit évaporée; ajoutez ensuite un tues et du cerfeuil, et, si vous voulez, un peu de litron de pois, quelques pommes de terre jaunes, 'chicorée sauvage. Passez au tamis de soie. 7. BOU ( 100 ) BOU Bouillon de mou de veau. Failes dégor Bouillon aux herbes, rafraîchissant, su- ger un demi-lobe de mou de veau; mettez-le, dorifique, dépuratif, détersif ou purgatif coupé en petits dés, dans une marmite de terre et (V. PHARMACIE DOMESTIQUE). dans trois pintes d'eau avec six ou huit navets émincés, deux ou trois pieds de cerfeuil cernés et Bouillon blanc (fleurs de). On a suffi- une douzaine de jujubes; faites partir; écumez; samment parlé de cette plante qui fait partie des ſaites réduire à deux pintes, et passez au tamis de quatre fleurs pectorales, et qui ne s'emploie soie. que par infusion (V. AROMATES INDIGENES). Bouillon de poulet à l'hospitalière. BOULETTES, terme de cuisinière pour dé- Dans une pinte et demie d'eau ordinaire , faites signer des quenelles et des rissoles blanches. bouillir un poulet, ou toute autre volaille maigre, jusqu'à ce qu'elle soit cuite et qu'il ne reste que BOUQUET. les deux tiers de l'eau dans laquelle on l'a mise « Un bouquet sans défauts vaut mieux qu'un long poème. » pour préparer le bouillon. Un bouquet bien fait, culinairement parlant, Bouillon pectoral de poulet.— Faites bouil- est une des choses les plus méritoires et les moins lir dans une pinte et un quart d'eau, jusqu'à ré- duction d'une pinte, la moité d'un poulet maigre, jour, en dînant chez son ami Cambacérès, que les communes. Aussi M. d'Aigrefeuille observait-il un deux onces de raisins secs, douces amandes de différentes parties d'un bouquet devraient être pouillées de leurs écorces et seulement concassées, pondérées au trébuchet d'un orfèvre, et qu'on de- un gros de salep ou de fécule de pommes de terre, vrait les évaluer au karat, comme les diamants. huit dattes sans noyaux, aulant de jujubes et une On n'a pas besoin d'avertir qu'il faut ajouter un pincée de cerfeuil. Passez et tirez à clair. bouquet à l'assaisonnement et dans le mouillement Ce bouillon doit être administré par petites de la plupart de nos ragoûts ; mais on ne saurait tasses, après avoir été édulcoré par un sirop ap- assez recommander de le composer avec une at- proprié dans les toux accompagnées de chaleurs tention sérieuse. Nous avons déjà parlé de l'incon- internes et d'irritation. vénient qui peut résulter de la négligence d'un Bouillon adoucissant de limaçons ou de cuisinier qui s'en acquitterait sans réflexion. Les grenouilles, et bouillon dépuratif de chair éléments qu'il doit employer à cette confection se de vipères. - Prenez vingt-cinq ou trente es trouvent divisés en herbes vertes et en plantes cargots de vigne, tirez-les de leurs coquilles et sèches; les unes parce que la dessiccation les au- faites-les dégorger dans l'eau tiède un peu salée; rait privées de leur sapidité ; les autres parce que jetez celle première eau, et faites-les bouillir en-l'état de verdeur leur aurait conservé trop de sub- suite jusqu'à cuisson complète et achevée dans stance aromatique. Les herbes dont il s'agit sont une pinte et demie d'eau qu'on laissera réduire à le persil, la tanaisie, la sarriette, le fenouil, la une pinte avant de retirer le vase du feu. Jetez, verveine, l'estragon, le cerfeuil, la ciboule et l'am- pour laisser infuser seulement pendant un quart broisie. Les plantes en question sont le basilic, le d'heure, une poignée de feuilles de bourrache thym, la feuille du laurier des poètes, et, dans cer- fraiche. On obtient du bouillon de grenouilles ou tains cas, la petite sauge. La principale chose à de vipères au moyen des mêmes procédés (V.GRE- considérer, c'est qu'aucun de ces ingrédients ne NOUILLES). Celui de limaçons doit se donner par puisse dominer sur le goût des autres. Il est à peu demi-tasse ou par tasse, pendant la journée, après près impossible de tracer une marche certaine et y avoir ajouté du sirop de guimauve ou du sirop de poser une limite assurée dans la science qui de chou rouge, prescription fort utile dans toutes doit présider à la confection de cette espèce de les affections accompagnées d'une toux sèche et bouquets. C'est à l'intelligence, à l'expérience, à fatigante. l'inspiration du cuisinier qu'on est obligé de se Bouillon astringent. Faites cuire dans confier en parcille matière; aussi nous bornerons- deux pintes de bouillon de poulet, et sans addi nous à conseiller sommairement ce qui suit, en tion d'autre chose, quatre onces de racine de bis sept articles fondamentaux : torte, de grande consoude et de tormentille; passez 1° Quand un bouquet de cuisine est exactement et tirez à clair pour servir de boisson froide, édul conformé, il doit pouvoir se diviser en quatre corée avec une plus ou moins grande quantité de parties subdivisibles par seizièmes; sirop de coings (composition qui peut être très 20 Deux quatrièmes, autrement dit la moitié salutaire à la campagne, en cas d'hémorrhagie du bouquet, doivent être composés de persil cru, violente, et en atlendant l'arrivée d'un homme de vert et de l'espèce dite de Macédoine, autant l'art). que possible; 1 BOU ( 101 ) BRA 3º Le troisième quart se constitue magistrale- ! forme d'étoiles et d'un bleu très-pur, sont em- ment par une moitié de cerfeuil accompagnée d'un ployées très-souvent par les officiers pour ajuster seizième d'estragon et d'un seizième de ciboule; les garnitures de leurs hors-d'oeuvres, et les cuisi- 4º Il ne faut jamais admettre dans un bouquet | nières s'en servent aussi dans les fournitures de ni sarriette, ni fenouil, ni verveine, ni baume-coq salades, où l'on associe ces fleurs avec celles de ou tanaisie, si ce n'est dans certaines occasions qui capucine, de buglose et de bouillon blanc. sont toujours indiquées officiallement; 5° La dernière partie du bouquet est celle des BOURDIN, espèce de pêche qui tire son nom plantes sèches, où le basilic doit toujours être d'un célèbre borticulteur. La pêche Bourdin mû- pour moitié de ce dernier quart, ou huitième du rit vers la fin d'août, ou au commencement de tout. Reste donc à partager inégalement deux sei- septembre : elle est bien colorée, et d'un bon zièmes parties de ce bouquet entre le laurier et le goût. On dit que l'arbre est d'abord un peu tar- thym, et c'est ici la véritable difficulté de l'entre-dif à rapporter, mais on ajoute qu'il charge beau- prise, attendu qu'il y a deux ou trois espèces de coup dans la suite. Lorsqu'il est un peu vieux, il thym qui gardent plus ou moins long-temps leurs faut avoir soin de lui laisser moins de charge : qualités culinaires, et qu'on ne saurait les distin- c'est un moyen de lui faire produire des pêches guer entre elles après leur dessiccation. Il est à plus grosses. remarquer que les feuilles du laurier ont souvent BOURUT. On appelle vin bourut, et non pas plus ou moins de longueur et d'épaisseur, et con- bourru, un vin doucereux, qui a encore toute sa séquemment plus ou moins de propriétés essen- tielles. Nous dirons aussi que celles qu'on a ré- lie, parce qu'on l'a empêché de fermenter. Pour coltées pendant les jours caniculaires ont beaucoup de froment bien chargée, et on en met deux pintes faire du bon vin bourut, on prend une décoction ou du printemps. Les feuilles de laurier qu’on muid de vin blanc, pendant qu'il fermente plus de vertus aromatiques que celles de l'automne de froment bien chargée, et on en met deux pintes cueille en hiver ont même si peu de sapidité qu'il en faudrait employer le quadruple. On voit que encore. « C'est le régal des femmes de chambre; » il n'y a pas de vendanges possibles sans vin bou- pour la certitude et la régularité des opérations gastronomiques, on fera bien de s'en approvision- » rut, aussi j'ai permis qu'on leur en fît pour avoir » la paix. » (Lettre de madame de Grignan.) ner en temps opportun; 6° On fera tout aussi bien d'immiscer discrète BOUTARGUE ou POUTARGUE, espèce ment dans la partie la plus touffue de son bou- de mets fort en usage en Italie et en Provence. Ce quet une demi-gousse d'ail accostée d'une tranche sont les aufs du surmulet, préparés de la manière de piment rouge. Ceci n'est pas seulement une suivante : on saupoudre de sel les eufs de ce pois- prescription, c'est encore une exhortation très- son, et lorsqu'ils en sont bien pénétrés, on les bienveillante. Elle n'est destinée que pour les opéra- met en presse entre deux planches; on les lave teurs et les adeptes, à qui nous conseillons de ne ja- ensuite, on les fume, et puis on les expose au so- mais s'en expliquer imprudemment ni trop ou- leil, jusqu'à ce qu'ils soient bien desséchés. La vertement; boutargue se mange avec de l'huile et du jus de 7° Il ne faut jamais employer le thym ni les citron. On en garnit des bateaux de hors-d'ouvres, feuilles de laurier dans leur état de verdeur, ex et la meilleure nous vient des Martigues ou de cepté pour les marinades où l'on fait macérer la Terins en Provence; elle est bien préférable à venaison noire en grands quartiers, et dans les celles de Gênes et de Porto-Ferrajo, qui ont tou- brouets où l'on fait cuire les jambons et les an- jours un goût d'anis ou de cumin. douilles fumées. On les emploie assez fréquem- ment pour la fabrication de la choucroûte ; mais BRAISE. Faire cuire une viande quelconque nous conseillons de s'en tenir aux baies de geniè- à la braise, c'est la mettre dans une casserole pro- yre en pareil cas. portionnée à sa grosseur, et dont on a garni le fond avec des bardes de lard et des tranches de BOURRACHE. Plante charnue qui contient veau ou d'autre viande: on assaisonne et on recou- du nitre, et dont l'infusion est prescrite habituel vre avec des bardes et des tranches de veau. On lement comme diurétique et sudorifique. ajoute aussi des légumes, tels que des ognons, ca- La bourrache est une plante médicinale plus que rottes, panais, champignons, etc., et toujours un potagère : cependant lorsqu'elle est jeune et ten- bouquet garni. On mouille le tout avec un peu de dre, on l'emploie dans les soupes, mêlée avec bouillon, ou avec moitié vin et moitié bouillon, d'autres herbes ; et les Italiens la mangent cuite quelquefois avec du vin seul. On peut même nc en salade. Ses fleurs sidérales, c'est-à-dire en pas mouiller du tout; mais, dans ce cas, il faut BRA ( 102 ) BRA na BRA ISIÈRE, bien garnir la casserole, et faire cuire à très-petit tié vin et moitié bouillon, ou enfin avec du vin feu. Il est bon de luter le couvercle de la casse- seul, selon la nature des viandes et le goût de cha- role avec de la pâte, pour empêcher, autant que cun. Faites cuire à petit feu et long-temps. possible, l'évaporation; mais comme il est alors Un peu de caramel, ou même du sucre ajouté impossible de retourner la viande, il est utile de se aux braises, accroît leur saveur. Les marrons, qui servir d'une braisière dont le couvercle emboîtant contiennent du sucre, y ſont aussi très-bien comme porte un rebord relevé, ce qui permet d'y mettre garniture. de la braise allumée ou des cendres rouges. Parce Braise à la Condé, — Enveloppez la pièce à moyen la viande reçoit l'impression de la chaleur de tous côtés : c'est ce qu'on appelle cuire feu cuire avec des émincés de veau ou de mouton, et dessus, feu dessous. Les viandes braisées cui- par-dessus, des bardes de lard; ficelez-la et mettez- sent en grande partie à la vapeur; elles ne plon- le fond doit être préalablement couvert de bardes la dans une braisière juste à sa grandeur, et dont gent que très-peu dans le mouillement : tout et de viandes émincées : mouillez avec un verre ce qui est au-dessus ne recevant que l'impression de vin de Malaga, assaisonnez de sel, poivre et de la vapeur, ces viandes ne peuvent s'épuiser muscade; ajoutez quelques truffes coupées en comme celles qu'on fait bouillir dans un grand tranches; faites cuire à très-petit feu et long- volume de liquide; elles conservent donc presque temps. tous leurs sucs, et le peu qui s'en dissout dans le mouillement l'a bientôt saturé . Il en résulte que les perdris. On farcit ces gibiers avant de les met- Cette braise est excellente pour les faisans et ce mouillement ne pouvant plus se charger davan- tre dans la braise. tage, et perdant toujours quelque chose par éva- Quand on braise des viandes noires, on peut poration, si bien luté que soit le vase, il se con- mouiller avec du vin rouge, centre de plus en plus, et forme alors ce que les cuisiniers appellent glace, qui s'attache au fond BRAISIÈRE, vase destiné pour la confec- de la casserole ou braisière. tion des braises : elle est de forme oblongue, un Cette glace, qui adhère immédiatement à la sur- peu plus profonde que les casseroles. Il faut en face métallique qui repose sur les charbons, avoir de différentes grandeurs. Les plus petites ont éprouve un très-haut degré de chaleur, insuffisant un manche ; les grandes ont deux poignées; toutes pour la brûler, mais qui suflit cependant pour pro- doivent être pourvues d'un couvercle emboîtant, duire un commencement d'altération qui se ma- avec un bord relevé qui permet de les couvrir de nifeste par une odeur analogue à celle du sucre braise ou de cendres rouges. brûlé. Les principes solubles de la viande, dont Les terrines ovales, en poterie, sont aussi très- celte glace est composée, acquièrent en même commodes pour braiser. Elles coûtent peu de temps une sapidité qu'ils n'avaient pas aupara-chose, et il est facile d'en avoir de loutes les di- vant. mensions ; elles ont même un avantage sur les Les viandes cuites à la braise sont tendres, fa- | braisières de cuivre étamé, c'est de s'échauffer ciles à diviser, et comme elles ont conservé tous lentement et de se refroidir de même : il est, par leurs sucs, el que leur saveur est exaltée, elles conséquent, moins difficile de les maintenir à une sont très-nourrissantes et d'une digestion facile. température égale. Braise à sec. Foncez la braisière avec des BRANDADE. (Recette qui nous est provenue bardes de lard des tranches de bæuf, veau ou de chez M. Grimod de la Reynière.) mouton, ballues avec le plat du couperet; posez la viande sur ce fond, et couvrez-la avec des bar- qui ont pris singulièrement faveur à Paris, il faut Parmi les ragoûts provençaux ou languedociens des et des tranches; assaisonnez partout. Lulez distinguer surtout les brandades de merluche. On la , --; sait qu'un restaurateur du Palais-Royal a fait sa failes suer jusqu'à ce que la viande soit cuite : ajoutez alors un verre de vin blanc ou rouge, selon envoie journellement en chercher chez lui, parce fortune par sa manière de les préparer, et qu'on l'espèce de viande, et faites bouillir. qu'il a la réputation de les faire excellentes. Braise mouillée. Couvrez de bardes et de Comme plus d'un de nos lecteurs serait peut- tranches le fond d'une braisière; posez le mor être bien aise de faire exécuter chez lui ce ragoût ceau que vous voulez cuire, et couvrez-le comme méridional, dont la recelte ne se trouve imprimée le fond; assaisonnez de sel et épices, avec un bou- nulle part (au moins ne l'avons-nous trouvée dans quet, garni : ajoutez, si vous voulez, quelques aucun des nombreux dispensaires qui nous ont ognons et carottes, un panais, des champignons passé par les mains, pas même dans le CUISINIER ou des troffes. Mouillez avec du bouillon, ou mois | GASCON, ce qui doit paraître assez étrange), nous BRE ( 103 ) BRI un peu pensons qu'on nous saura gré de la publier telle gne, qui ont quelquefois trois pieds de longueur qu'elle nous a été communiquée dans une ville du entre tête et queue. La brème ressemble à la Languedoc, qui, sous le rapport de la bonne chère, carpe et reçoit les mêmes préparations que cette jouit d'une réputation éclatante et méritée. dernière, à laquelle elle est très-inférieure en qua- Nous remarquerons d'abord que le nom singu- lités nutritives ainsi qu'en saveur. La meilleure lier de brandade donné à cette préparation, et manière de manger les brèmes est avec une sauce qu'aucun dictionnaire n'a pris le soin de recueillir piquante à l'échalote. ni de définir, dérive sans doute du vieux verbe français brandir, qui signifie remuer, agiter, se BRESOLLES. (Ragoût qui tire son nom du couer avec force et pendant long-temps; et celle Marquis de Bresolles, dont le valet de chambre action presque continue est en effet indispensable avait inventé cette préparation pendant la guerre pour que ce ragoût soit ce qu'il doit être : c'est ce de sept ans.) Coupez de la rouelle de veau en fi- qui surtout en rend la facture difficile, et ce qui lets minces; foncez une casserole avec une tranche l'empêchera probablement d'être adopté générale de jambon, huile, persil, ciboules, champignons, ment dans nos cuisines ; car tout ce qui exige une pointe d'ail, le tout haché fin et mêlé avec beaucoup de patience n'est pas du goût de tous les l'huile : mettez dans la casserole une couche de cuisiniers. Le mouvement qu'on imprime à la cas filets; arrosez avec l'huile mêlée aux fines herbes, serole dans cette circonstance est un mouvement et assaisonnez de sel et poivre; mettez ensuite une d'un genre particulier ; il exige une sorte d'étude, autre couche de filets; arrosez comme la première et demande beaucoup de dextérité. Quoi qu'il en fois, et continuez ainsi. Faites cuire à petit feu. soit, voici la recette des brandades. Quand les bresolles sont cuites, levez-les une à Il faut prendre un morceau de belle merluche une, et mettez-les dans une casserole à part : dé- et la faire tremper dans l'eau pendant vingt-quatre graissez la sauce; liez-la, s'il est nécessaire, avec heures, pour la dessaler et la ramollir. de l'arine, ou, ce qui vaut mieux, avec Ensuite vous la mettez dans un pot sur le feu quelques marrons cuils et pilés ; versez sur les avec de l'eau, en observant qu'il faut la retirer dès bresolles et faites chauffer sans bouillir. que l'eau commence à bouillir. On prépare en bresolles toutes les viandes, mais Vous mettez du beurre, de l'huile, du persil et surtout le veau, le mouton et la chair du dindon. de l'ail dans une casserole, que vous faites fondre sur un feu doux. BRIGNOLES (prunes de), conserves de Pendant ce temps vous épluchez la merluche, prunes dont on ôte la peau et les noyaux. Leur que vous rompez en très-petits morceaux ; puis, chair est consistante, de couleur rougeâtre et d'une vous la mettez dans la casserole, et de temps en saveur très-agréable, Cette confiture sèche pous temps vous ajoutez de l'huile, du beurre et du lait, vient de Provence, et spécialement des environs quand vous voyez qu'elle épaissit. de la ville dont elle porte le nom. On en fait de Vous remuez très-long-temps la casserole sur le bonnes compotes, et l'on peut les employer ba- fourneau, ce qui fait que la merluche se réduit en chées pour l'assaisonnement des babas, des cong, une espèce de crème. loffs et des puddings. Si vous la voulez verte, vous pilez des épinards dont vous y joignez le suc. BRIOCHE, sorte de pâtisserie qui n'est pas Cette recette est, comme on voit, fort simple; sucrée et qu'on appelait anciennement gâteau mais nous ne cesserons de le répéter, la perfection Briochin, parce qu'on faisait entrer dans sa com, des brandades dépend surtout du mouvement im- position du fromage de Brie. primé pendant très-long-temps à la casserole, et qui seul opère l'extrême division de toutes les par Brioche à la pâtissière. - Prenez trois li- ties de ce poisson naturellement coriace, et le mé- vres de farine, quatre livres de beurre fin, trente tamorphose en une espèce de crème. Il ne faut wufs environ : c'est ce que peut boire la pâte. Pre- donc point se lasser de remuer, autrement vous nez le quart de la farine et formez-en un bassin, n'auriez qu'une béchameil au lieu d'une brandade. dans lequel vous délaierez deux onces de levure de Au reste, une brandade bien faite est un ragoût bière avec de l'eau tiède; surtout qu'il n'y entre délicieux; et quoique la merluche soit de sa nature pas de sel, parce qu'il empêcherait la pâte de lever. fort indigeste, elle devient sous cette forme aussi Détrempez le levain bien vite, afin qu'il se con- facile à bien digérer qu'une panade à la cannelle. serve chaud, et mettez-le dans une casserole ou sé- bile de bois. Dans l'hiver, mellez-le dans un en- BRÈME, poisson de rivière, de lac et d'é- droit où il y ait une chaleur modérée ; et dans l'été, tang. On en trouve dans plusieurs lacs d'Auver- | mettez-le sur le tour à pâte. Si le levain était trop BRI (104) BRI levé, il perdrait sa force, et l'expérience seule penttion, et d'après les expériences de ce savant chi-, donner cette connaissance. De la farine qui vous miste, il paraît que la propriété éminente de la le- reste, formez une autre fontaine ou bassin, dans vure consiste dans le gaz acide carbonique, et lequel vous mettrez le beurre; s'il est trop ferme, que c'est à lui qu'est dû le phénomène de la fer- maniez-le avant de le mettre dans le bassin ; cas mentation. sez-y les trente eufs, et en les détrempant, ajou » La fermentation, dit-il, est un mouvement tez-en, s'il est nécessaire; ensuite, maniez le beurre intestin, excité spontanément à l'aide d'un cer- et les œufs ensemble; mêlez-y la farine; mêlez-y » tain degré de chaleur et de fluidité entre les également le levain, mais légèrement; donnez-lui » principes intégrants et constituants de quelques un gros lour, et mettez le tout dans un linge sau » corps composés, desquels il résulte une nouvelle poudré de farine, l'hiver, dans un endroit où le » combinaison qui change les propriétés et les froid ne pénètre pas, et l'été, où la chaleur ne soit » proportions des éléments du corps primitif. » pas excessive; laissez-le revenir environ six ou » D'après cet exposé de la cause de la fermen- huit heures; corporez ou maniez la pâte, et met tation, il est aisé de concevoir que la bonne levure tez-la reposer dans le même linge trois ou quatre est l'ame du levain, et que l'effet d'un bon levain heures; faites-la cuire dans un four d'une chaleur est la sûreté parfaite de la réussite des détrempes assez vive. Si vous voulez faire une grosse brioche, où l'addition de la levure est nécessaire. ne mettez que trois livres de beurre, et la pâte » Mais si le levain est manqué à la détrempe et élant moins fine montera plus facilement. qu'on l'emploie inconsidérément, à coup sûr la dé- Brioche au fromage. - Faites un quart de trempe sera manquée à son tour. Or, lorsque cela pâte à brioche, et laissez-la revenir ; mêlez-y alors arrive, il serait plus convenable de le recommen- une livre et demie de bon fromage de Gruyère, cer, plutôt que de s'exposer à perdre le reste de la coupé en dés; séparez votre pâte en deux parties, détrempe, qui ne peut faire qu'un mauvais effet à l'une du quart de la totalité; moulez-les toutes la cuisson; car elle sera devenue compacte, de deux; posez la plus forte du côté de la moulure, mauvais goût et fort indigeste. sur un fort papier beurré; aplatissez-la dans le » Le levain manque ordinairement par trois causes distinctes : la première, la qualité de la le- milieu avec la paume de la main; moulez l'autre petite partie et ensuite la grosse; soudez-les en- vure; la seconde, lorsqu'on délaie la levure à semble, en les rapprochant et en les appuyant l'une l'eau trop chaude, puis la manière de faire la dé- sur l'autre,laplus petite au-dessus;cassez deux cufs; trempe; et la troisième, d'employer le levain à sa battez-les comme pour une omelette ; dorez-en la p« La bonne levure doit être fraîche, du jour ou parfaite fermentation. brioche; coupez du fromage de Gruyère en lames ou en cœur; faites-en une roselte sur la tête de de la veille ; alors elle est ferme et cassante; mais cette brioche ; mettez-la à un four bien atteint; dès le troisième jour elle change de nature : alors laissez-la cuire trois heures environ; retirez-la, elle est mauvaise, molle, grasse et collante. Ôtez-en le papier; dressez-la sur une serviette, et » Il paraît que la levure délayée à l'eau trop servez-la comme grosse pièce à l'entremets. chaude perd une partie du gaz acide carbonique qui en fait toute la force. Brioche et pâte levée. - (Nous croyons de Lorsque le levain est passé ou trop apprêté, voir emprunter le chapitre suivant à l'excellent il perd singulièrement de sa force première ; il ne ouvrage de M. Carême sur la pâtisserie française peut plus alors opérer une parfaite fermentation. et sur l'emploi de la levure de bière). » Ainsi, lorsqu'on emploiera de bonne levure, « C'est une bonne chose qu'une brioche bien on aura l'attention de détremper son levain à l'eau faite et mangée chaude! aussi a-t-elle l'avantage de tiède seulement, de le tenir d'une pâte un peu plaire à tout le monde; car ceux mêmes qui n'ai mollette bien travaillée, et surtout de le tenir ment pas la pâtisserie mangent de la brioche avec pendant son apprêt dans un endroit modérément plaisir : cela vient de sa légèreté, de ce goût exquis, chaud, afin d'accélérer sa fermentation ; puis on de ce moelleux que lui donne le beurre d'Isigny, l'emploiera lorsqu'il aura acquis son volume néces- qui embaume la bouche avec sa fraîcheur et son saire : les artistes savent aussi bien que moi que parfum de noisette. la fermentation nécessaire à l'apprêt du levain, le » Avant d'entrer en matière, je vais présenter fait lever deux fois au-dessus de son volume pri- quelques observations sur la levure, sur l'effet du mitif. En le mettant dans une détrempe bien mar- levain et de la fermentation. quée et bien faite; on obtiendra alors une pâte » Selon Henry de Manchester, la levure n'est parfaite qui fera au four tout l'effet désirable. Lors- autre chose que l'écume qui monte à la surface de que cette brioche sera cuite, elle sera légère et la bière. Dans la première période de la fermenta d'une mine appétissante; lorsqu'on la coupera , BRI ( 105 ) BRI elle aura l'apparence d'une ruche, une odeur déli- , farine la détrempe; et après l'avoir couverte d'une cieuse, et sur toutes choses elle sera fort légère à di- serviette, vous la mettez dans un lieu où il n'y ait gérer. point de courant d'air, et dont la chaleur soit douce. » Ainsi donc, il est important d'apporter à cette Ordinairement on détrempe la pâte à brioche le partie de l'opération tous les soins qu'elle réclame; soir pour la cuire dans la journée du lendemain;alors et je considère comme le point essentiel des dé- la première chose que l'on doit faire le lendemain trempes, l'apprêt du levain, c'est-à-dire de l'em- matin c'est de saupoudrer légèrement de farine ployer à sa parfaite fermentation, et c'est précisé- une place sur le tour pour y verser la pâte ment à cela qu'on manque souvent en cuisine et à brioche, que vous étalez ct reployez ensuite sur même à l'office. » elle-même. On nomme cette opération corrom- pre la pâte; puis vous la remettez dans la même Grosse brioche. Passez au tamis trois li- terrine, et trois ou quatre heures après vous la cor- vres de fleur de farine, prenez le quart de cette rompez de nouveau. Au moment de l'employer, farine, et disposez-la en bassin, puits ou fontaine ; elle réclame un four chaud et bien atteint. mettez au milieu un verre d'eau tiède et une once Si, après avoir corrompu la pâte, on voit un grand de bonne levure, que vous délayez à l'instant même nombre de petits globules d'air qui se trouvent et peu à peu; mêlez la farine au liquide avec légè- légèrement comprimés à sa surface; si au toucher reté, en y ajoutant le peu d'eau tiède nécessaire elle est douce et élastique, alors ces signes sont de pour rassembler la détrempe d'une pâte légère; bon augure et caractérisent la détrempe parfaite ; après l'avoir battue et travaillée pendant quelques et par ce résultat, elle fera un très-bon effet au minutes, la détrempe doit quitter le tour aisément, four lorsqu'elle sera cuite; la brioche sera lé- ainsi que la main : alors vous moulez le levain (non gère, spongieuse, d'un goût excellent, et surtout sans quelque difficulté, attendu que la pâte doit très-facile à digérer. être molle) et le mettez dans une petite casserole Mais si, au contraire, la pâte esl manquée à la dé- que vous couvrez ct placez dans un lieu modéré- trempe, soit par l'effet d'un mauvais levain, ou ment chaud : vous employez les procédés décrits par une manipulation négligée, alors sa fermenta- ci-dessus, si vous n'êtes pas sûr de l'apprêt parfait tion est imparfaite : elle sera flasque, tiendra aux du levain. doigts, signe certain qui distingue les détrempes Vous préparez ensuite le reste de la farine en médiocres, et ceci ne donnera à la cuisson qu'une couronne, et mettez au milieu une once de sel fin, brioche pesante, compacte et très-malfaisante : une once de sucre en poudre, un demi-verre de voilà le résultat de la pâte mal fermentée. trente On que la @ufs, s'ils sont petits, et vingt-six, s'ils sont beaux; pâte à brioche demande spécialement à être enfour- mais ayez soin de les casser dans une petite assiette, née avant que vingt-quatre heures ne se soient et de fairer au fur et à mesure que vous les versez écoulées depuis le moment de sa préparation; sinon, un à un dans la détrempe ; sans ces soins, on s'ex- après ce laps de temps, elle passe rapidement à la pose de mêler un euf à la paille, qui infecterait fermentation acéteuse, ce qui lui donne un goût ai- votre détrempe, et quand cela arrive, la pâte à brio-gre et désagréable ; et puis à la cuisson, ce n'est che est perdue sans ressource. plus qu'une masse de plomb amère et malfaisante. Tous vos auls étant cassés, vous y mêlez par pe Dans les boutiques, on rafraîchit cette pâte en tire partie deux livres de beurre d'Isigny; ensuite y mêlant à peu près le sixième de son volume vous mêlez peu à peu la farine, et rassemblez le de pâte nouvelle, et faite sans levure. Par ce pro- tout en mouvant la masse entière et en tournant : cédé, on empêche la détrempe de contracter ce la pâte ainsi assemblée, vous la fraisez trois tours goût amer que lui donne la fermentation acéteuse, (en hiver seulement), afin de bien amalgamer le et par ce moyen elle peut attendre jusqu'à trente- beurre dans toutes les parties de la détrempe; alors quatre el trente-six heures ayant la cuisson. la pâte doit se trouver mollette : dans le cas con- Cette manière d'opérer ne convient point aux traire, vous remettrez quelques aufs. Votre levain pâtissiers de bonne maison ; car ces sortes de brio- étant à son période de fermentation, vous le versez ches perdent en partie leur saveur et le moelleux sur la pâte, et le mêlez en coupant et remuant la qui doit caractériser leur pâte. détrempe, pour que le tout ne fasse plus qu'un seul et même corps bien homogène et parfaitement Brioche royale ou gâteau de Compiègne. amalgamé. Après avoir passé au tamis trois livres de belle Vous mettez ensuite votre pâte dans une grande farine, vous en séparez le quart que vous disposez terrine vernissée ; vous fraisez un peu le reste de en fontaine, pour mettre au milieu un verre d'eau la pâle qui lenait autour, puis vous saupoudrez de tiède et une once quatre gros de levure ; puis vous BRI ( 106 ) BRO détrempez votre levain comme le précédent, et le sommer à l'église , en forme de grandes couron-- faites lever avec les mêmes soins. nes, assez largement évidées au centre pour y pou- Ensuite, vous préparez le reste de la farine en voir placer les deux ou trois grosses brioches en couronne, et mettez au milieu une once de sel fin, forme de dômes qui sont destinées au donataire , quatre de sucre en poudre, un verre de crème, au curé de la paroisse et à l'ancien seigneur féodal. douze aufs et douze jaunes, deux livres de beurre Nous écrivons ceci pour certaines localités occi- d'Isigny, ou si c'est en hiver, de Gournay ; vous dentales ou méridionales du royaume, où les pri- faites la détrempe pour la pâte à brioche, et y joi- viléges honorifiques des ci-devant seigneurs sont gnez le levain lorsqu'il est levé à point; et après encore maintenus dans toutes les églises de leur avoir bien mêlé et baltu la détrempe, vous y ver- ancien patronage. Il est aisé de s'en apercevoir sez quelques cuillerées de crème fouettée que vous auprès des Pyrénées, dans certaines parties des y amalgamez. La pâte doit alors se trouver lisse et Cévennes, et surtout en Basse-Bretagne, où, dans uvie comme du satin; vous la versez pour lors dans quatre à cinq cents paroisses, on prie encore au- un moule avec un cylindre cannelé que vous aurez jourd'hui tous les dimanches, et nominativement, d'avance beurré un peu épais avec du beurre pour le bonheur spirituel et temporel des Princes éponge ; vous le pressez dans le coin d'une ser- de Bretagne , ainsi que pour la perpétuité de la viette, afin d'en extraire le peu de lait qu'il con Maison de Rohan. Si l'on habite un de ces départe- tient : ayez soin qu'il soit bien masque de beurre ments réfractaires, on devra s'approvisionner de dans toutes ses parties, sinon le gâteau tiendra après Nompareilles, afin d'en composer des armoiries le moule; placez ensuite votre moule dans un lieu en couleurs variées pour en décorer ces gâteaux propice à la fermentation, c'est-à-dire à une cha- bénits. Suivant l'observation d'une touriste an- leur tempérée, et surtout à l'abri d'un courant glaise , appelée Lady Morgan, c'est un usage que d'air : ces soins sont de rigueur dans l'hiver; au- M. de Talleyrand, l'ancien évêque d'Autun, fai- trement la fermentation ne pourrait avoir lieu qu'en sait maintenir avec une régularité scrupuleuse, partie. soit à Paris, soit à sa terre de Valençay, quand il y Pendant l'extrême chaleur de l'été, mettez-le rendait le pain-bénit. dans un lieu frais, et surtout placez-le de manière Les brioches à la crème, ainsi que les ge- que les rayons du soleil ne puissent darder dessus; teaux des Rois, les brioches au rhum , au car le beurre lournerait en huile, décomposerait vin Alicante, à la moelle, aux raisins de par ce moyen la détrempe qui se trouverait alors lourde et compacte, et la fermentation n'étant plus Corinthe, au jus de muscat, à l'eau d'an- la même ſerait peu d'effet. Et puis la cuisson, quel-gelique, etc., se font absolument comme le gà- leau de Compiègne; il suffira d'y mélanger les que bien qu'elle soit, ne peut remédier à la dé- composition de la pâte, qui ne serait pas mangeable nables et suivant l'expérience du praticien. substances indiquées dans les proportions conve- étant cuite ; d'ailleurs, le gâlea u serait attaché dans le moule, comme s'il n'eût pas été beurré, de ma- BRIOCHINES VERÄTES (cuisine alle- vière qu'on ne pourrait l'en retirer que par mor- mande, entremets saxon). Versez une demi- ceaux. bouteille de lait bouillant sur la mie de deux pe- Les mêmes résultats ont lieu dès qu'on a l'im- tits pains ; laissez la mie de pain une heure dans prudence de mettre son gâteau levé dans un lieu cet état, ensuite mettez-y du jus de tanaisie pour d'une chaleur trop forte, comme, par exemple, sur lui donner de la saveur. Ajoutez-y du jus d'épi- le four ou à l'étuve, ce qui ne doit se faire qu'en nards pour la colorer d'un beau vert; mettez-y hiver. On doit, dans cette saison rigoureuse, for- une cuillerée d'eau-de-vie; sucrez-la à votre vo- cer en levure de préférence, c'est-à-dire qu'au lonté; râpez-y la moitié d'une écorce de citron ; lieu de mettre une once quatre gros de levure, on battez quatre jaunes d'aufs et mêlez le lout en- peut cn mettre jusqu'à deux onces : voilà pour- semble. Mettez cette préparation dans une casse- quoi celte fermentation exige une chaleur molle et role avec un quarteron de beurre frais, posez-la tempérée. sur un feu doux, et remuez-la jusqu'à ce qu'elle Cette importante remarque s'applique générale- soit épaissie. Otez-la du feu et laissez-la reposer ment à toutes les détrempes où l'addition de la deux ou trois heures; ensuite versez - Ja par cuil- levure est de prescription. lerées dans du saindoux bouillant. Vos briochines faites, râpez du sucre par - dessus, et servez-les Pains bénits. C'est avec la même pâte avec du vin blanc (du Rhin ) bien sucré, dans une à brioche qu'on fait les pains bénits de Paris et saucière chaude. des châteaux. Il est assez connu qu'on en dispose la majeure partie, c'est-à-dire celle qui doit se con BROCHE. Ustensile assez connu pour que BRO ( 107 BRO sa description soit inutile. En lisant les plus an- poissonnière, vase de cuivre beaucoup plus long ciens dispensaires, on voit que sous les règnes des que large, et dont les dimensions doivent être pro- cinq Valois, et même sous celui de Louis XII, tou- portionnées à la longueur du poisson à cuire. Le tes les broches et les brochettes de leurs cuisines fond de la poissonnière est couvert d'une plaque étaient d'argent. On donnait alors le nom de bro- de métal mobile et percée de trous; deux tiges de chettes à ce que nous appelons des attelets (V. ce métal soudées à ses extrémités servent à enlever mot). Les broches et les attelets doivent être tenus la plaque. C'est sur cette plaque qu'on dépose le très-proprement, car lorsqu'ils sont rouillés ils poisson, qui, lorsqu'il est cuit, peut être retiré fa- communiquent une saveur ferrugineuse aux par-cilement sans être brisé, parce qu'on l'enlève au ties qu'ils traverserit. On se contente ordinaire moyen de la plaque qui est comme une écumoire ment de les essuyer; mais il serait préférable de taillée à sa dimension. les récurer avec du sablon avant de s'en servir, Un brochet au bleu qui doit se servir pour plat de rôt, ou pour grosse pièce à l'entremets, ne doit BROCHET, poisson d'cau douce; c'est celui pas avoir été dépouillé de ses écailles. Le brochet de nos rivières et de nos étangs qui atteint les étant visiblement un poisson rond, on n'a pas be- plus grandes dimensions. soin d'annoncer quelle en est la meilleure partie; Les brochets ont la chair blanche et ferme; on connait la dissertation du vieux Colletet , dont leurs aufs purgent violemment. Ils sont meilleurs le dernier vers est devenu proverbe : en hiver qu'en toute autre saison : ceux qu'on pêche dans les rivières et les lacs sont préférables • Elle était noble dame, habile en savoir vivre, à ceux des étangs et des eaux dormantes. Ce pois » Et servait à son hôte, ainsi qu'il le fallait, son est extrêmement hardi, vorace et cruel; il » Le ventre de la carpe et le dos du brochet. » fait une guerre continuelle aux autres poissons, et dévore tous ceux qui ne sont pas de force à lui ré Brochet à la Chambord. - Pour bien exe- sister. Il n'épargne pas même les poissons de son cuter ce beau relevé qu'on sert en grosse pièce au espèce; et c'est à cause de sa voracité, qu'on l'a premier service, et qui est un des mets les plus surnommé le tyran des eaux, le loup des étangs et somptueux de la cuisine moderne, il faut d'abord le tigre des fleuves. être en possession d'un très-fort et très-beau bro- La pêche du brochet se fait de plusieurs manie-chet; d'où vient que c'est un plat assez dispen- res. Les plus forts se prennent avec de grands fi- dieux à Paris , où un brochet de belle taille avec lets à larges mailles, qu'on tend dans les fosses et sa garniture à la Chambord ne saurait coûter moins dans les passages où ils guettent le petit poisson. de quatre-vingts francs,et peut quelquefois revenir Le brochet se prend aussi à l'hameçon auquel on au triple de la même somme. — Après en avoir ôté met pour appât des goujons ou des grenouilles. les écailles et enlevé toute la peau , vous le pique- Cette pêche se fait encore à la ligne volante, au rez par bandes ou raies transversales, larges cha- fasil, par un beau temps; et finalement avec des cune comme trois doigts; savoir , une bande avec bricoles. de fins lardons épicés; la seconde avec des truffes Le dernier Duc de Nivernais était l'homme de bien noires coupées en forme de clous de gérofle; son temps qui avait le plus de délicatesse et de dis- la troisième avec des filets de carotte, et la der- tinction dans les jugements et les perceptions gas- nière avec des filets de cornichons bien verts tronomiques. Il disait que si le brochet à la Cham pareillement coupés en forme de clous. Vous bord était le plus magnifique, le brochet au farcissez ce gros poisson avec un hachis pour que- bleu était le plus noble. M. Sénac de Meilhan al- nelles aux truffes émincées (V. QUENELLES). Cette lait plus loin, car il trouvait entre les brochets au opération terminée, faites cuire le brochet dans bleu et ceux à la Chambord la même différence, ou une poissonnière avec un court-bouillon dont tout plutôt les mêmes rapports , qu’entre la targesse le mouillement soit du vin de Champagne blanc et de Louis XIV et les profusions de la Régence. mousseux, mais qui soit assaisonné d'épices, de Au surplus, les ragoûts à la Chambord ne datent racines et d'un bouquet garni comme pour un au- que du Maréchal de Saxe, et ne peuvent remon- tre court-bouillon. Le poisson cuit , retirez assez ier qu'au temps de Louis XV; mais il ne faut pas de son fond de cuisson pour que le côté piqué, chicaner M. de Meilhan, qui avait inventé la gar- c'est-à-dire le dessus du brochet, s'en trouve à dé- bure aux marrons et la soupe aux aufs poches. couvert, et mettez-le au four afin que les sucs se concentrent et que les parties piquées au lard y Brochet au bleu. Pour la composition du prennent une belle couleur dorée. Procédez main- court-bouillon au bleu, V. cet article. tenant au ragoût qui doit former la garniture de ce Pour cuire au court - bouillon il faut avoir une mets superbe. BRO ( 108 ) BRO 4 Ragoût à la Chambord. – Mettez dans une des câpres, du sel et du poivre : on lic cette sauce bassine ou grande casserole une demi-bouteille de avec un peu de jus ou avec un roux. vin de Sillery, d'Aï ou autre bon vin de Champa- Brochet à la Créquy. – Après avoir enlevé gne non mousseux : ajoutez-y une chopine de blond de veau ou de consommé réduit, des quatre chet, mortifié depuis quelques jours, on le pique la peau qui supporte les écailles d'un gros bro- épices et le jus de quatre bigarades, dans lequel jusqu'à la quatrième partie des côtes avec des an- vous aurez délayé deux fortes pincées de poudre chois; l'autre quart avec des cornichons, puis des de kari. Faites réduire et passez ensuite au tamis de soie ; remettez sur le feu, et faites-y prendre carottes, et enfin des truffes ; on le remplit avec sauce à des fonds d'artichauts braisés, des mous- une farce au poisson, pour le placer dans une serons blancs et de beaux champignons cuits à la poissonnière, de manière à laisser en dehors tout moelle, de grosses truffes au vin de Bordeaux, des ce qui a été piqué et qui doit être arrosé aussi laitames et des langues de carpe, des foies de lotte souvent que possible, avec le mouillement qui se trouve dans l'intérieur; on le couvre pour con- et des quenelles de turbot à la crème et aux truf- tinuer le feu par-dessus; sa cuisson terminée, on fes, des tronçons d'anguilles piqués de filets d'oli- ves et cuits au vin de Madère, des écrevisses d'Al- le retire, et lorsqu'il est égoutté on verse dessous sace au vin blanc, des riz de veau piqués et glacés, 1 duit. C'est un des plus beaux relevés maigres, dit une sauce à la crème et au jus de poisson bien ré- des riz d'agneau pralinés aux vert-pré, des bec-fi. le Cuisinier dela cour et la ville. gues ou des râles de genets et des cailles sautées, enfin des crêtes et des rognons de coq, et si l'on veut Brochet à la genevoise. - Ficelez un bro- quelques pigeonnaux de l'espèce dite à la Gau- chet de deux en deux doigts, et mettez-le dans thier. On terminera cet appareil splendide en y une poissonnière de sa grandeur avec sel, poivre, mêlant du beurre d'anchois avec quelques cuil un ognon piqué de deux clous de gérofle et un lerées de glacis de viande, et l'on passera ce mé- bouquet garni; mouillez avec une chopine de vin lange avant de le placer au fond du plat. On ar par livre de poisson : il faut moitié vin blanc et rangera le tout avec ordre et symétrie autour du moitié vin rouge. La poissonnière doit être mise brochet, dans le corps duquel on piquera quelques sur un feu de cheminée très-vif, et poussé assez longs attelets d'argent, bien garnis de rissoles et vivement pour que les vapeurs vineuses qui s'élè- autres substances variées, telles que belles truffes vent s'enflamment. Quand le feu a ainsi fait son noires , grandes oronges ou ceps du midi, jaunes effel, mettez une demi-livre de beurre dans la d'œufs de pintade, ortolans rôtis, gros fruits d'I-poissonnière; laissez cuire doucement; ajoutez talie marinés au vinaigre, etc. épices mélangées. La cuisson doit durer une heure: quand le court-bouillon est assez réduit, jetez-y Brochet en dauphin. - Prenez un gros bro des morceaux de beurre en remuant toujours la chet; écaillez-le, videz-le par les ouïes, relrous- poissonnière ; enfin retirez et égouttez le poisson sez-lui la queue ; et, à cet effet, passez-lui un atte pour en faire lier la sauce au moyen d'un peu de let dans les yeux et une ficelle au travers de la fécule. queue (il faut que les deux bouts se joignent de Brochet en fricandeau. - Coupez un bro- chaque côté de l'attelet); posez votre poisson sur le ventre, et faites qu'il se maintienne; mouillez-le piquez-les en dessus de pelit lard, et mettez-les chet en tronçons après l'avoir écaillé, vidé et lavé; d'une braise maigre; mettez-le à cuire au four, et dans une casserole avec un verre de vin blanc, du retirez-le de temps en temps pour l'arroser de son assaisonnement : sa cuisson faite, égouttez-le et bouillon, un bouquet garni et de la rouelle de saucez-le d'une italienne rousse. Comme il est veau coupée en dés, sel, gros poivre et muscade. tourné en forme de dauphin, vous le servirez La cuisson faite, passez la sauce au tamis; faites-la sur un grand plat rond qui vous fournira un très réduire, et, quand il n'en reste presque plus, beau relevé de polage. passez-y les tronçons du côté du lard pour les glacer; un peu de sucre, ou, ce qui vaut mieux, Brochet à la broche. - Incisez-le légère- un peu de caramel ajouté à la sauce, facilite le glacement. ment après l'avoir écaillé; lardez-le avec des filets d'anguille assaisonnés de sel, poivre, muscade et Quand le poisson est glacé, on le dresse sur un fines herbes hachées; embrochez en long, et arro- plat chaud, et on détache ce qui est au fond de la sez en cuisant avec vin blanc, huile fine et jus de casserole en y mettant un peu de jus ou de bon citron vert. Quand il est cuit, on fait fondre des an- bouillon : on verse cette sauce sous le poisson. chois dans ce qui est tombé dans la lèchefrite; on y Brochet à la tartare. Faites mariner ses ajoute des huîtres qu'on fait chauffer sans bouillir, tronçons écaillés avec de l'huile, sel, gros poivre, BRO ( 109 ) BRO persil, ciboules, champignons et deux échalotes Brochetons à la maitre-d'hôtel. - Quand bachées très-fin; saucez-les dans la marinade, et les brochetons sont nettoyés, écaillés et vidés, en- panez-les avec de la mie de pain; faites-les cuire veloppez-les dans une feuille de papier beurré, sur le gril, en les arrosant avec le reste de la ma pour les mettre sur le gril; on les ouvre, lors- rinade. Faites prendre une belle couleur. Servez à qu'ils sont cuits, pour retirer les œufs qu'ils pour- sec avec une rémoulade dans une saucière. raient contenir : on les remplace par un morceau Brochet à l'allemande. - Pour le préparer du sel, et du jus d'une orange amère. de beurre manié de persil haché, de poivre avec de cette manière, on le choisit de grosseur moyen- ne; après l'avoir coupé en trois ou quatre parties En les saupoudrant de farine on peut encore les faire frire. égales, on le met dans une casserole avec de l'o- gnon, du persil, du laurier, de la ciboule, du sel Brochetons en salade.- Enlevez-en les filets et du poivre, on mouille avec du vin blanc, et que vous servirez avec câpres, anchois, thon ma- après une demi-heure on le retire; après l'avoir riné, cornichons cuits d'avance, fourniture hachée, paré, on le met dans une casserole, on verse des @ufs durs et laitues coupées par quartiers (V. SA- sus le court-bouillon passé au tamis; après avoir LADES CUITES). . égoutté et mis sur un plat le brochet, on prend une autre casserole avec du beurre, un peu de BROCOLI, espèce de chou - Neur dont la fécule, de la muscade râpée, du poivre, un verre tête, au lieu d'être compacte, est divisée en un de court-bouillon, et l'on agite, en tournant grand nombre de rameaux séparés les uns des sur le feu, jusqu'à ce que le tout soit bouillant; après avoir lié cette sauce avec les jaunes d'æuſs, autres et plus longs que dans le chou-fleur ordi- naire. Après l'asperge et l'artichaut, c'est peut- on continue de tourner sans pousser à l'ébulli- être le meilleur légume connu. Le parenchyme en tion ; on la passe au tamis en la versant sur le est léger et la saveur en est exquise. poisson. Il y a des brocolis blancs et des brocolis violets; Grenadins de brochet. Procédez à l'égard ceux-ci sont assez rares en France, où ils dégé- de ces grenadins, comme il est indiqué aux gre- nèrent rapidement. On les prépare comme les nadins (V. FRICANDEAU); si c'est en gras, piquez- choux-fleurs. les de lard, et si c'est en maigre, de lardons On donne improprement le nom de brocolis à d'anguilles et de filets d'anchois; servez dessous, de petites pommes de chou qui croissent sur la soit une sauce aux tomates, soit une purée de tige d'une espèce de caby qu’on cultive assez com- champignons, ou toute autre sauce à base de munément en Belgique : ces petites pommes sont purée. connues à Paris sous le nom de choux de Bruxel- Cótelettes de brochet. Apprêtez et levez les, et n'ont aucun rapport avec le brocoli du Mi- les chairs d'un brochet; supprimez-en la peau, lanais, d'où les jardiniers soigneux ne manquent coupez ces chairs en forme de côtelettes de veau jamais de tirer les graines de cette plante. ou de mouton ; faites-les cuire dans des fines her- bes hachées telles que pour les côtelettes de veau BROU. C'est le nom botanique de la coque en papillotes, et procédez en tout comme pour verte qui renferme certains fruits à écales. En ces côtelettes (V. CÔTELETTES DE VEAU EN PA- cuisine, et surtout à l'office, on fait usage du PILLOTES). brou de la noix pour diverses préparations, ainsi que nous avons déjà eu des occasions pour l'in- Filets de brochet à la Béchameil.-- Ayez diquer. un brochet froid ou de desserte; levez-en les filets, mettez-les dans une béchameil réduite ; dressez- - les sur un plat, panez-les, arrosez-les d'un peu de noix vertes, 4 livres; cannelle, 2 gros; macis, 1 beurre tiédi; entourez-les de bouchons de pain gros; eau-de-vie à 22 degrés, 8 pintes; eau de ri- trempés dans une omelette; faites prendre à ces vière, 2 pintes; sucre, 4 livres. filets une belle couleur au four, et servez-les pour Choisissez des noix déjà un peu grosses, mais une entrée sans prétentions. assez peu formées pour que l'épingle passe facile- ment au travers ; vous les pilez au mortier de BROCHETON, se dit d'un brochet de marbre et les mettez infuser avec les aromates et moyenne ou de petite taille. On en tire un assez dans l'eau-de-vie pendant six semaines, puis vous bon parti pour faire des jus maigres et des bouil versez le tout dans un tamis posé sur un vase où lons de poisson, mais son principal avantage est tombe la liqueur. Vous faites fondre le sucre à l'eau de pouvoir être acquis à bon marché. de rivière, vous opérez le mélange des deux li- BRU ( 110 ) BRU queurs et les laissez éclaircir pendant six semaines, la partie est couverte d'un vêtement, on commen- enfin vous décantez le ratafia par inclination. cera par l'imbiber d'eau froide jusqu'à ce qu'elle Dans un cas très-pressé, au lieu de le laisser pénètre à la brûlure; ou, ce qui est préférable, on déposer, on peut le filtrer en frottant légèrement plongera tout le membre dans l'eau froide; si on la chausse avec de la colle de poisson. n'a pas d'eau froide sous la main, on enlèvera de Cette liqueur est très-stomachique. suite le vêtement, et on appliquera sur la brûlure Brou de noix à la Carmélite.- Prenez: un corps froid, ct, s'il est possible, de nature eau-de-vie, 8 pintes ; noix vertes, 150 ; muscade, métallique. Par ces moyens on empêchera la con- tinuité d'action du calorique. 1 gros; gerofle, 1 gros; sucre concassé, 4 livres. Vous choisissez des noir comme pour la recette Lorsque la brûlure sera à nu, on la couvrira avec des compresses trempées dans l'eau la plus précédente, vous les pilez de même, et les faites infuser pendant deux mois dans de l'eau-de-vie; froide, même à la glace, et qu'on renouvellera de minute en minute, ou qu'on arrosera par-dessus. vous les égouttez dans un tamis au-dessus d'un vasc; vous faites fondre le sucre dans celle liqueur, Si on peut se procurer de l'alun, on en fera dis- soudre dans l'eau froide, et on en imbibera des que vous renfermez de nouveau dans un vase pen- dant trois mois; ensuite vous la décantez et la compresses qu’on posera sur la brûlure. On arro- sera fréquemment les compresses pendant la mettez en bouteilles. Ce dernier ratafia est un des meilleurs stoma- première heure sans les lever; et, pendant les cinq ou six heures suivantes, on aura soin de ne pas les chiques dont on puisse conseiller l'usage en cas laisser s'échauffer et se dessécher. Ces moyens, et d'atonie chronique et de gastralgie. surtout l'emploi de l'eau d'alun, suffisent sou- BRUGNON, fruit à noyau qui a la peau rouge, vent pour prévenir les suites de brûlures très-for- la chair pleine, et qui est pourvu d'un goût excel- tes. lent, lorsqu'il a mûri sur l'arbre, jusqu'à ce qu'il Après cinq ou six heures d'arrosage, on fixe les se ride et se détache de lui-même. Le brugnon compresses avec des bandelettes, et on ne fait plus violet musqué est plus estimé que les autres ; il se rien. Il se forme ordinairement, sous la compresse, mange en août et septembre. Le brugnon violet une croûte qui prend de l'épaisseur et de la du- tardif et le brugnon jaune, qui donnent en octo-reté, et qui se sépare d'elle-même dans un temps bre, sont sujets à pourrir sur l'arbre sans mûrir. plus ou moins long. L'alun agit, dans ce cas, par Tous ces fruits sont lisses, sans poil, et quittent le sa propriété astringente; aussi peut-on le rempla- noyau ; on en fait de bonnes compotes, et l'on s'en cer par d'autres substances qui jouissent de la sert aussi pour garnir des flancs, des tartes et des même propriété, quoiqu'à un degré moindre. Tel fanchonettes meringuées. est, par exemple, la pulpe crue de pommes de terre; on en recouvre la brûlure, et on la renou- BRULURE. (Nous avons cru devoir emprun velle à mesure qu'elle s'échauffe. Cette pulpe agit ter cet article utile à l'excellent Traité des pré par le froid qu'elle apporte, et par le principe as- parations de M. Lorrein, qu'on a mis bien sou triogent qu'elle contient. Pour obtenir la pulpe de vent à contribution sans l'avoir cité d'aucune ma- pommes de terre, on les frotte sur une rape ordi- nière.) naire, ou, à défaut de râpe, on les écrase avec un « Les brûlures sont des accidents trop communs marteau jusqu'à ce qu'elles soient réduites en dans la cuisine, pour que l'indication des remèdes bouillic. qui sont reconnus comme les plus propres à en » En général, la première chose à faire pour une prévenir les suites puisse paraître déplacée dans brûlure, c'est de refroidir le plus qu'on peut la cet ouvrage. Les plus fortes brûlures auraient pres partie affectée ; on emploie à ce refroidissement que toujours des suites très-légères si on y appli- l'eau la plus froide et même la glace; ce refroidis- quait de suite les remèdes convenables : pour peu sement doit être continué sans interruption pen- qu'on attende, l'action du feu, qui d'abord n'a at dant une heure; ensuite, et même plus tôt si on le taqué que la superficie de la peau, pénètre dans peut, tout en continuant à refroidir la partie brû- l'intérieur, et occasionne de grands désordres qu'il lée et celles qui sont avoisinantes, on passe à l'em- aurait été facile de prévenir. ploi des astringents; l'eau d'alun, l'eau de goulard, » » Les premiers soins à prendre doivent avoir pour la pulpe de pommes de terre, la boue ferrugineuse but de diminuer l'inflammation, qui est tonjours qu'on trouve dans l'auget des meules à émou- Ja suite des brûlures, ou même de l'empêcher de dre, etc.; ou les foniques, tels que l'éther, l'alcool, naître. l'eau-de-vie. Ces dernières substances doivent » On arrosera donc la partie brûlée avec de l'eau être employées sans compresses : on en mouille la plus froide possible, sans le moindre délai. Si de temps en temps la partie brûlée, CAB ( 111 ) CAB » Si, malgré l'emploi des moyens ci-dessus, la buisson d'écrevisses. 2° En termes d'office, on dit: plaie vient à suppuration, on la panse alors avec un buisson de méringues. le cérat siccatif ou avec le baume de Geneviève. » BUGLOSE, plante médicinale et potagère de BUVANDE ou PIQUETTE, se dit d'une l'espèce des picrides. On l'emploie dans les bouil-boisson qu'on fait avec le marc de raisins dont on lons rafraîchissants et dans les dépuratifs, ainsi a exprimé lout le vin. On verse sur ce marc de que dans les apozèmes. La fleur de la buglose est l'eau, on fait agir le pressoir ; et c'est à la liqueur une de celles dont on garnit les salades et les co- qu'on en retire qu'on a donné le nom de bu- quilles ou bateaux d'office. vande. On fait encore une autre espèce de bu- vande, en mettant dans un tonneau des mûres, BUISSON (terme de cuisine et d'office), se cormes, prunelles, pommes, poires, avec une cer- dit des diverses substances que l'on dresse en forme taine quantité d'eau qu'on soumet à la fermenta- de dôme. 1° En termes de cuisine, on dit : un | tion. C. CABLAN ou CAPELAN, petit poisson qui bouillir, et placez la poissonnière de façon qu'elle sert d'appât pour amorcer les morues sur le banc se maintienne pendant trois heures au même de- de Terreneuve, et dont les Acadiens savent com- gré de chaleur. Il aura fallu retirer une partie de poser un mets assez substantiel. Il ne nous arrive son mouillement pour y faire cuire quinze ou vingt que salé et séché; mais il est encore pourvu d'une pommes de terre de l'espèce de Zélande ou d'Ir- saveur ichtyolée très-apéritive. Il est suffisant de lande, c'est-à-dire jaune et farineuse. Au moment l'avoir présenté au feu pour qu'il soit cuit. En en de servir, égouttez ce poisson , dressez-le sur une broyant les chairs, on en fait, à Paris, des sand- serviette damassée à dessins de couleurs (c'est de wishs à la crème de Meaux, et sur les côtes de costume), et garnissez-le avec les pommes de terre Bretagne on en fait des beurrées qui sont fort bouillies dont vous aurez fait ôter la peau. Vous appétissantes. l'accompagnerez d'une saucière où l'on aura fait fondre au bain-marie du beurre très-frais et légè- CABILLAUD, ou plutôt CABLIAU. C'est le rement salé. Il faut que ce beurre soit à peine nom que les Hollandais donnent à la morue fraî-fondu. che, et que nous avons adopté dans notre langue. Cabillaud en dauphin (V. BROCHET EN C'est le même poisson qui reçoit le nom de morue DAUPHIN). quand il est salé, et celui de merluche ou stoch- fish quand il est salé et séché. Nous dirons, à pro Observation. Le cabillaud, le brochet, la pos du cabillaud, que tous les mouillements dans grosse truite et l'ombre-chevalier sont susceptibles, lesquels on le fait cuire doivent être salés outre à cause de leur forme, d'être ajustés en double, mesure, attendu qu'il est dans la nature de ce à peu près circulairement , ce qui s'appelle en poisson d'exiger une salaison forte et de ne jamais dauphin, et cette méthode est souvent très- absorder plus de sel qu'il n'en faut à son accom- utile en ce qu'elle permet de les dresser sur un modement. plat rond, ce qui met plus de variété dans le ser- Cabillaud à la hollandaise. vice, et surtout pour un dîner maigre, où les re- Ayez un gros cabillaud qui vienne d'Ostende, s'il est pos- près la même apparence. levés de gros poissons longs ont toujours à peu sible; car ceux de Dieppe ne sont jamais aussi gras ni aussi savoureux. Lavez-le, videz-le, fice Cabillaud à la hambourgeoise. (Recette lez-lui la tête, et faites-le mariner avec du sel pen traduite de l'allemand.) — Prenez à cet effet un dant vingt-quatre heures. Trois heures avant de cabillaud bien frais et bien charnu ; lorsque vous le servir, mettez-le dans une poissonnière, et ver l'aurez nettoyé (en ayant soin de ne pas faire une sez dessus de l'eau bouillante. Tenez-le sur le feu trop grande ouverture pour lui retirer les intes- jusqu'à ce qu'il écume; mais ne le faites pastins), faites-le égoutter et essuyez-le bien en des CAB CAB ( 112 ) dans et en dehors. Faites blanchir six douzaines sil haché, du beurre, et mouillez le tout avec une d'huîtres, égouttez-les sur un tamis; laissez repo bouteille de vin blanc; faites-le cuire au four ; ser l'eau des huîtres que vous aurez eu soin de panez-le en le saupoudrant de mie de pain mêlée conserver ; faites une béchameil mouillée avec de fromage de Parmesan ; puis arrosez-le de cette eau et moitié de bonne crème; faites réduire beurre fondu ; faites-lui prendre couleur sous le cette sauce jusqu'à ce qu'elle tienne à la cuillère; four de campagne, et saucez avec une sauce ita- assaisonnez d'un peu de sel, poivre et muscade ; lienne hachée. mêlez-y les huîtres et remplissez-en l'intérieur de ce cabillaud; posez-le ensuite sur un plat ou une Cabillaud grillé, à la crème et aux hui- plaque bien étamée; ciselez légèrement la surface tres.- Prenez un cabillaud frais et gras; videz-le, de votre poisson ; prenez six jaunes d'æufs crus, lavez-le et mettez-lui dans le corps une farce cuite un quarteron de beurre fondu, sel et muscade; (si c'est en maigre, mettez-en une de poisson); battez le tout; prenez un pinceau, enduisez bien dressez-le sur le plat que vous devez servir : il toute la surface du poisson ; semez de la mie de faut que ce plat soit un peu creux; mouillez votre pain (cette opération doit se faire vivement); ar- cabillaud d'une braise grasse ou maigre; mettez-le rosez ensuite avec du beurre fondu toute cette pa- au four, et, sa cuisson faite, égouttez-le, sans nure (une heure suffit pour sa cuisson, qui doit l'ôter de dessus son plat. Panez-le avec de la mie être à un four un peu chaud). Si c'est sur une de pain et arrosez-le de beurre fondu; servez- plaque que vous avez posé votre poisson, enlevez-le vous pour cela d'une plume ou d'un poireau ci- avec deux couvercles de casserole. Pour sa sauce, selé; faites prendre à votre cabillaud une belle cou- ayez un gros homard cuit, retirez-en les chairs, leur; égouttez-le de nouveau ; nelloyez les re- pilez les coquilles avec ses æuſs et intestins ; ajou- | bords de votre plat, et mettez-y unc sauce à la tez six onces de beurre; relevez le tout dans une crème et aux huîtres (V. SAUCES). casserole, exposez-le sur un fourneau, remuez cette préparation avec une cuillère de bois, et Cabillaud pané. - Coupez-le en plusieurs quand le beurre sera bien fondu, versez-y une morceaux, que vous ferez mariner avec du beurre cuillerée de bon bouillon; faites bien chauffer; au que l'on aura fait fondre, sel, gros poivre, persil, ci- premier bouillon, versez le tout dans une étamine, boules, échalotes, ail, le tout haché; thym, lau- tordez fortement sur une terrine préparée à cet rier, basilic en poudre, le jus de deux citrons : effet et laissez monter le beurre; ensuite enlevez-le faites mariner pendant une heure. Dressez ensuite avec une cuillère; servez-vous de ce qui reste dans les morceaux sur le plat que vous devez servir, la terrine pour faire votre sauce, en y ajoutant de la avec toute la marinade; panez-les de mic de pain, bonne crème en quantité égale à votre fond. Vous et faites cuire sous un four de campagne. aurez coupé en dés vos chairs de homard que vous incorporez dans la sauce au moment de servir ainsi Cabillaud à la norvégienne. — Il faut avoir que votre beurre rouge; goûtez si la sauce est de une petite morue fraîche que vous couperez en bon goût; lorsque vous mettrez votre poisson au cinq ou six morceaux; désossez-la et faites-la ma- four, versez sur un plat un bon verre de vin blanc. riner avec du beurre chaud, du jus de citron, du Ce relevé fait le meilleur effet possible quand il est persil haché, quelques échalotes et des fines her- bien soigné. bes. Après l'avoir mise sur le plat dans lequel vous devez servir, avec la marinade dessus et des- Cabillaud aux fines herbes.—Préparez un sous, vous la saupoudrez de mie de pain , et vous cabillaud comme il est indiqué ci-dessus; quand il l'arrosez avec du beurre chaud; vous la ferez aura resté une heure au sel, mettez-le sur le cuire au four, et vous la servirez avec une sauce plat que vous devez servir, avec des fines herbes au vin blanc, aux jaunes d'œufs et à la muscade cuites et du beurre; assaisonnez de sel, poivre, grillic. muscade et aromates en poudre. Poudrez votre ca- Les reliefs d'un cabillaud de desserte peuvent billau de chapelure; mouillez-le d'une bouteille s'accommoder à la béchameil, au gratin, au fro- de vin blanc; arrosez-le de beurre fondu ; met mage et en croquettes. En y mêlant des huîtres, tez-le cuire au four, et arrosez-le souvent avec sa des moules ou des queues de crevettes, on en cuisson, garnit quelquefois des pâtés chauds, des vole-au- vent, des timbales de nouilles et des casseroles Cabillaud à l'italienne. Lavez, videz et parez un beau cabillau ; faites une farce avec des merlans et des anchois pilés, et remplissez-en ce CABUS, nom populaire ou villageois d'un cabillaud; dressez-le sur un plat creux avec du per- | gros chou pommé. C'est une appellation qui n'est au riz. CAC ( 113 ) CAC pas nouvelle, car on trouve dans une farce de Jo leur écorce, vous en prenez la quantité que vous delle, au sujet d'un bon jardinier : voulez, et en mettez environ deux ou trois pouces d'épais dans une poêle de fer, très-large et très- Touts ses fruicts estaient meurs et touts ses choulx cabuts. évasée, que vous placez sur un feu de charbon CACAO. C'est le fruit d'un arbre à peu près pour brûler légèrement l'écorce ligneuse du cacao, de la grandeur et de la forme d'un châtaignier, qui que vous remuez avec une grande et large spatule de bois. Cette opération doit être faite avec beau- croît particulièrement et abondamment en Améri- que. Il produit des cosses d'environ trois lignes coup de ménagement; il suffit que le cacao puisse d'épaisseur, cannelées et rayées, dont la capacité s'échauffer à fond sans rôtir; il perd par la torré- est remplie d'environ trente ou trente-cinq aman- faction toute son odeur de moisi. Quelques fabri- des assez semblables à nos pistaches, mais plus cants de chocolat le torréfient d'autant plus fort, que grandes, plus grosses, arrondies et couvertes d'une le cacao qu'ils emploient est moisi davantage; mais alors l'huile de cacao souffre un commencement de pellicule sèche; la substance de ces amandes est d'un goût amer et légèrement acerbe. On en dis- décomposition, et ils n'obtiennent qu'un chocolat tingue de plusieurs sortes, savoir, le cacao de Ca- brun ou noir, qui est plus âcre, et qui, bien loin racas, celui de Cayenne, de Berbiche, de l'île d'avoir les vertus de celui qui serait torréfié avec Sainte-Madeleine et de Saint-Domingue; tous ces les précautions que nous indiquons, ne peut pro- duire que de mauvais effets. Le degré nécessaire cacaos diffèrent entre eux par la grosseur des aman- des et par leur saveur ; le plus estimé de tous est pour la torréfaction se reconnaît lorsque l'écorce le gros Caraque, dont l'amande, un peu plate, res- se sépare facilement de l'amande, en appuyant semble assez par son volume et sa figure à une de avec les deux doigts. Vous retirez alors votre poêle nos grosses fèves; ensuite viennent ceux de Sainte- du feu, et vous versez le cacao dans un petit ton- Madeleine et de Berbiche: l'amande de celui-ci neau; quand vous en avez rôti la quantité que est moins aplatie que celle de Caraque, et sa pel- de fer assez serré pour que la plus petite amande vous désirez, vous en mettez dans un crible en fil licule se trouve couverte d'une poussière très-fine, de couleur cendrée. Quant aux autres, qui sont ne puisse passer à travers sans être brisée; vous très-acres et très-huileux, ils ne sont bons qu'à prenez pour cela un morceau de brique, et, ap- faire du beurre de cacao. Il est à remarquer que le puyant sur le cacao, il se sépare de son enveloppe en se brisant. Il y a aussi des moulins qui produi- germe du cacao est placé au gros bout de l'amande, au lieu que dans nos amandes européennes il est à sent cet effet, et ils ont l'avantage d’abréger beau- l'autre bout. coup ce travail. Ensuite, vous avez des cribles de Les cacaos Caraque ou de Caracas, de Sainte- diverses grandeurs ; vous y passez la première et Madeleine et de Berbiche, alliés ensemble par par- la seconde grosseur du cacao; lorsqu'il est ainsi ties égales, font un chocolat de première qualité; trié, vous le mettez par portions dans un pe- ils lui donnent la dose d'onctueux et d'oléagineux blé, vous y remuez le cacao pour en séparer les tit van, semblable à ceux qui servent à vanner le qu'il doit avoir, car le chocolat fait avec le seul Ca- écorces; quand la première grosseur est vannée, raque est trop ses; celui qui ne contiendrait que du vous en faites autant à la seconde, ainsi de suite cacao des îles serait trop gras et trop âcre. Il faut faire choix du Caraque le plus récent, bien nourri, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune ordure. Si vous et point moisi dans l'intérieur, ce à quoi il est fort ne preniez pas la précaution de passer le cacao à tra- vers différents cribles, il s'ensuivrait qu'en les van- sujet; on n'en trouve presque jamais dans le com- merce qui n'ait un peu de moisissure dans l'inté- nant, les plus petits morceaux se confondraient et rieur, et une certaine quantité de terre à sa demeureraient dans les enveloppes. Vous évitez aussi la perte de temps que, sans celte méthode, surface, ce qui provient de ce qu'après l'avoir vous seriez obligé d'employer à éplucher grain à cueilli, on l'enferme dans la terre pendant un mois ou six semaines; ce qu'on appelle terrer le ca- grain votre cacao, pour en séparer les portions d'écorce qui auraient pu y rester après le van- cao, afin de lui faire perdre son âcreté. Le Cara- nage. que seul est soumis à cette opération ; et en effet Quand le cacao est bien nettoyé, vous en pesez, on trouve ordinairement le cacao des îles bien sain et sans moisissure. Au reste, on doit choisir le ca- par exemple, dix livres, que vous mettez de nou- cao Caraque le moins moisi possible; et, quoiqu'il veau torréfier dans la poêle, en ayant soin de le le soit un peu, on ne laisse pas que d'en faire le remuer sans discontinuation avec une spatule de meilleur chocolat connu. bois ſort large pour le bien faire chauffer jusqu'au centre sans le griller, ce que vous reconnaîtrez Torréfaction et pâte de cacao. - Vous lorsque le cacao deviendra luisant ; alors il est temps mondez avec grand soin les amandes de cacao de de le retirer. Vous le passez enfin légèrement dans 8 CAC ( 114 ) CAC le van, pour cu séparer quelques légères parcelles , tretenir toujours la pâte liquide. Vous en remettez d'écorce brûlée qui peuvent s'en détacher. de nouvelle sur la pierre et en même quantité que Il y a des fabricants qui ne se donnent pas la la première fois ; vous l’y broyez, et continuez peine de torréfier le cacao; ceux-là agissent sans ainsi jusqu'à ce que cette opération ait eu lieu pour principes : car la torréfaction est indispensable en toute la pâte. Pendant ce travail vous aurez soin ce qu'elle sert à enlever l'âcreté au cacao, en fai- d'entretenir la chaleur de la pierre en renouvelant sant évaporer sa première huile, et d'un autre côté le feu dessous à mesure qu'il est nécessaire. Le il se broie plus facilement sur la pierre. degré de chaleur convenable se connaît lorsqu'on Après le second vannage, vous mettez votre ca ne peut tenir qu'un seul instant sur la pierre le cao dans un mortier de fer que vous avez bien fait dos de la main sans en être incommodé. Vous ajou- chauffer en l'emplissant de charbons ardents ; vous tez au mélange suffisamment broyé la vanille que l'essuyez et vous y pilez promptement le cacao, avec vous avez pulvérisée avec une livre de sucre et pas- un pilon de fer, jusqu'à ce qu'il soit suffisamment sée au tamis de soie. Vous remettez la pâte sur la réduit en pâte et en huile, ce que vous reconnais- pierre, afin d'y bien incorporer ce nouvel ingré- sez facilement lorsqu'en posant le pilon à la surface dient; vous avez soin que la pierre ne soit pas de la masse, il s'enfonce au fond du mortier par trop chaude ; et, afin que votre chocolat soit bien son seul poids. lustré, vous l'en retirez promptement et le roulez sur une grande feuille de parchemin ; vous coupez Observation. Nous avons cru devoir pla- les morceaux de quatre onces, vous les mettez cer ici tout ce qui se rapporte à la fabrication du dans des moules que vous frappez le plus droit chocolat; mais, pour ce qui regarde son emploi, possible, jusqu'à ce que le chocolat soit devenu on en trouvera l'indication dans divers articles où uni et luisant. S'il se formait dessus, comme il ar- il est prescrit d'user de cette substance. rive souvent, de petites bulles qui sont produites par l'effet de l'air, piquez-les avec une épingle : Chocolat à la vanille, façon de Paris. aussitôt l'air se dégage, et la tablette devient par- Pâte de cacao . . . 10 livres. faitement unie. Vanille.. Vous laissez refroidir le chocolat dans les mou- 2 onces. Sucre. 10 livres, les, il y durcit et acquiert une consistance ferme et solide. Il se sépare des moules facilement; il Vous incorporez neuf livres de sucre avec la pâte suffit de les renverser ou de les presser légère- du cacao, en les mettant en deux fois dans le mor ment par les deux bouts, en sens contraire, comme tier pendant qu'il est encore chaud; vous pilez si on voulait les tordre; par ce moyen, les tablettes bien le tout; et, quand le mélange est bien exact, qui seraient adhérentes par quelque côté se déta- vous retirez cette pâte du mortier et la mettez dans chent facilement sans courir le risque de briser le une terrine, à la réserve d'une livre que vous moule ou le chocolat. broyez sur la pierre à chocolat. Cette pierre doit Lorsqu'il se forme sur le chocolat des taches être plate et unie, de seize à dix-huit pouces de marbrées, c'est qu'il a été mis trop chaud dans les large sur vingt-neuf à trente de long, et de trois moules. Il est nécessaire avant de l'y mettre, et pouces d'épaisseur; elle doit être affermie sur un lorsqu'il est trop liquide, d'y jeter deux à trois châssis de bois en forme de buffet, dont l'intérieur cuillerées d'eau sur une quantité de vingt livres ; est garni de tôle, afin d'y recevoir une petite poêle en le remuant bien avec une spatule, il devient de braise bien allumée, et suffisamment couverte alors moins liquide, ce qui donne plus de facilité de cendres pour entretenir la pâte dans une douce pour le mettre en moules. chaleur. Si vous voulez faire un chocolat qui flatte le goût Vous placez la terrine ou bassine qui contient le plus agréablement, au licu de vanille vous ajoutez surplus de la pâte dans le buffet de la pierre, à une once et demie de cannelle et un gros de macis, côté du feu qui s'y trouve; vous broyez celle qui que vous pulvérisez et mélangez avec le sucre. Si est dessus avec un cylindre de fer poli , de deux vous désirez un chocolat plus fin, vous retranche- pouces et demi de diamètre sur dix-huit de lon- rez deux livres de sucre sur la quantité ci-dessus gueur : il est garni à chaque bout d'un manche en prescrite. buis de la même grosseur et de six pouces de long On enveloppe les tablettes de chocolat dans du pour y placer les mains de l'ouvrier. Quand la papier blanc, et on le conserve dans un endroit pâte est suffisamment broyée, ce que vous recon bien sec, parce qu'il moisit à sa surface lorsqu'il naissez lorsqu'elle se fond aisément et entièrement est renfermé dans un lieu humide. s'ir la langue, vous la mettez dans une autre ter Il est indispensable, comme nous l'avons dit, de rine que vous placez aussi dans le buſſet pour en- | piler la vanille avec du sucre, parce que cette sub- . . CAC (118 CAC stance ne pourrait se réduire en poudre si elle d'étuis, comme cela se pratique à Bayonne, où on était seule, à cause de la matière résineuse et bal- fait ce chocolat de première qualité, et où il est du samique qu'elle contient abondamment, et qui est plus grand débit. dans un état de mollesse perpétuelle : cette pulvé- risation doit même se faire, autant que possible, Chocolat à la façon de Milan ou d'Italie. dans un temps sec, parce que le sucre passe diffi- · Il se fait de la même manière que celui de cilement à travers des tamis dans un temps hu- Bayonne; la différence consiste dans la pierre : mide. (Voyez, à l'article Falsification du choc elle est cintrée, mais, en outre, traversée par des colat, le choix qu'on doit faire de la vanille.) cannelures. Cette pierre se travaille aux environs Les doses que nous prescrivons dans cette re- de Milan, et une espèce seule se trouve propre à cette forment environ vingt livres de chocolat , ce travail ; elle est très-rare et très-difficile à can- quantité que broie ordinairement un ouvrier dans neler attendu que son grain est plus dur que le sa journée; s'il en faisait plus, il ne serait pas bien fer, et que les ouvriers cassent beaucoup d'outils façonné. On peut augmenter ou diminuer le sucre avant de la confectionner parfaitement. suivant son goût : il en est de même des aromates, Cette pierre, avec les deux rouleaux qui sont de que l'on peut retrancher en entier; ce sera alors même grain, se vendent 300 francs dans le pays; du chocolat de santé. quand elle est bien choisie, elle abrège beaucoup le travail du cacao, et il se trouve mieux broyé. La Chocolat à la manière de Bayonne ou fabrication du chocolat est plus rude sur cette d'Espagne. - Il faut se procurer une pierre des pierre que sur les autres, et il faut une plus grande Pyrénées, très-dure, de dix-huit pouces de largeur habitude pour la bien opérer. sur deux pieds de longueur, avec un cylindre ou La qualité de ce chocolat est toujours supé- rouleau du même grain que la pierre : on ménage rieure à celui qu'on a fait sur des pierres plates, une pente à cette pierre, au moyen de trois pieds, en ce que le cacao n'a pas besoin d'être pilé dans un en avant, dans le milieu, et deux plus élevés un mortier de fonte, qui, étant très-chaud, en en- lève l'huile essentielle. Aussi voit-on tous les cho- aux autres extrémités, de manière à l'exhausser comme un pupitre. colatiers italiens qui viennent en France y jouir Vous posez cette pierre sur une espèce de table d'une grande réputation ; ils ne manquent pas à quatre pieds, ou plateau élevé, de sorte que la d'amener avec eux cette espèce de pierre pour pierre se trouve à la hauteur de la ceinture. fabriquer leur chocolat. Il est donc reconnu et Vous faites faire quatre auges de bois mince : prouvé qu'elle mérite la préférence sur toutes les autres. vous en mettez trois sur les côtés de la pierre, c'est-à-dire, une en face de l'ouvrier, et les deux Il est sans doule inutile de dire qne, dans ces autres à sa droite et à sa gauche : le quatrième est deux receltes, on fait entrer les ingrédients en . pour remplacer lorsque le cacao est broyé. L'u-même proportion que pour le chocolat de Paris. sage de celle pierre vous dispense de piler le cacao Vacaca Chinorum. au mortier de fonte; lorsqu'il est torréfié, vous le Amande de cacao . mettez sur la pierre, au-dessous de laquelle vous 4 onccs. Vanille ... 1 avez placé du feu; vous le broyez avec un rouleau de même pierre. Quand toute votre venue est Cannelle fine . 1 broyée, vous retirez l’auge dans laquelle est tombé Ambre gris. 48 grains. le cacao broyé, et la remplacez par une autre, dans Sucre. 3 onces. laquelle vous mettez le sucre; vous broyez de nou- Vous prenez du cacao bien torréfié ct vannć, que veau la pâte; vous serrez avec le roulcau, de ma- vous broyez avec soin ; vous y mêlez les aromates nière à ce qu'il n'y ait que l'huile qui tombe dans en poudre, ainsi que le sucre; vous en formez une l'auge sur le sucre. Cela fait, vous mêlez bien votre sucre avec l'huile boite de fer-blanc, pour vous en servir au besoin; pâte, que vous renfermez soigneusement dans une de cacao; vous en formez une pâte que vous re- passez de nouveau sur la pierre pour la dernière de chocolat, qui par là se trouve aromatisé agréa- vous en mettez dix à douze grains dans une tasse fois; vous y mettez alors les aromates, comme il a biement ; il est excellent pour donner du ton à été dit pour le chocolat à la ſacon de Paris, et l'estomac et réparer les forces perdues par épuise- vous mettez le chocolat en moules de la même ma- ment. Les Chinois font grand usage de cette påle nière. dans leur chocolat. Si vous voulez le faire sans sucre, lorsque le ca- cao cst en huile dans les auges, vous le mettez dans Boisson de chocolat. - Lorsque vous voulez des moules carrés en ſer-blanc, ou ronds, en forme composer avec le chocolat une boisson, soit au lait, . . . . . 8, CAC ( 116 ) CAF soit à l'eau, vous mettez dans une chocolatière layez-le dans deux livres de sucre avec de l'eau une tasse ou six onces environ de l'un ou de l'au- simple pour en former une pâte bien ferme, que tre de ces deux liquides par once de chocolat. Quels vous roulez par très-petites parties. Vous retirez ques personnes, avant de mettre le lait , font dis vos pastilles de dessus les plaques une ou deux heu- soudre le chocolat dans un peu d'eau. Quand le lait res après, et vous les mettez à l'étuve environ ou l'eau commence à bouillir, vous ajoutez du cho- | vingt-quatre heures, ensuite vous les renfermez colat râpé ou coupé grossièrement, et vous remuez dans des boîtes. ce mélange avec un moulinet ou moussoir. Quand le Ces pastilles sont stomachiques et astringentes. chocolat est fondu, et qu'il a pris quelques bouillons, On peut s'en servir en boisson, en mettant une vous le retirez du feu et le laissez reposer dans un once dans une pinte d'eau bouillante, qui prend, endroit chaud pendant environ un quart-d'heure; en remuant avec une cuillère, une teinte rougeâ - une ébullition trop longue nuirait à la bonté de la tre d'une saveur douce et fort agréable. Cette eau boisson ; ensuite vous faites agir fortement le mous convient aux personnes qui ont de la répugnance soir en le tournant dans les deux mains en sens pour les tisanes ; elle fait cesser les diarrhées ; elle contraire, et vous versez le chocolat dans des tasses convient dans les maladies bilieuses ; cette boisson, lorsqu'il est bien mousseux. Pour cela il faut qu'en peut-être, est salutaire dans les maux de gorge; proportion de la quantité de la liqueur, la masse elle arrête les vomissements et convient dans les dentelée du moussoir soit de telle hauteur, que, dyssenteries. On peut parfumer ces pastilles de sans toucher au fond de la chocolatière, dont elle diverses manières, en ajoutant dans la pâte quel- doit être éloignée d'un demi-travers de doigt, elle ques gouttes d'essence de cédrat, de bergamote, à ne laisse pas d'être entièrement noyée dans la li- l'angélique, à l'iris, etc. queur; car, si la partie supérieure en excédait la hauteur, la mousse ne se ferait qu'imparfaitement. CAFÉ, semence du cafier. Breuvage extrait Le chocolat fait avec le petit cacao des îles ne de cette graine torréfiée et pulvérisée. mousse pas comme celui composé avec le Caraque. La torréfaction qu'on fait subir au café déve- s'il devient épais comme une colle en mettant par loppe dans cette graine un principe aromatique et tasse de chocolat la quantité d'eau ou de lait indi- une huile empyreumatique qui stimulent les orga- qué ci-dessus, ou s'il ne fond pas facilement, c'est nes digestifs ; aussi l'usage du café est-il avantageux une preuve qu'il a été falsifié. après le repas. L'action du café ne se borne pas Falsification du chocolat. Les mauvais aux organes digestifs ; elle détermine une excita- fabricateurs de chocolat en font avec du petit cacao tion générale de tous les organes, et cette excitation commun, duquel ils ont tiré la plus grande partie est durable; elle ne se termine pas par une ten- du beurre : ils mêlent ensuite à la pâte restante dance à l'assoupissement comme l'excitation pas- une grande quantité d'amandes douces pelées et sagère qui suit l'usage des liqueurs alcooliques : grillées ; ils emploient de la cassonade au lieu de de là l'insomnie et l'agitation générale que le café sucre; et, en place de vanille, du storax commun, détermine chez les personnes qui n'y sont pas ha- qui n'est , pour ainsi dire, que la sciure du bois bituées, ou qui en ont pris une trop grande quan- de l'arbre qui produit cet aromate. Son arôme ap- tité. proche un peu de celui de la vanille; mais ceux qui Il paraît que le café, sous le rapport de son ac- connaissent l'odeur de l'un et de l'autre peuvent les tion sur l'estomac et sur l'organe cérébral, est distinguer aisément. Les chocolats communs sont très-salutaire aux gens de lettres. Fontenelle et encore falsifiés avec du beurre, de la fécule de Voltaire en prenaient beaucoup, et ils ont vécu pommes de terre, de l'amidon et autres substances très-long-temps. également hétérogènes. Le lait qu'on associe au café modère sa trop grande activité et en forme un aliment, tandis que CACHOU. C'est le suc épaissi de l'arek, es- | le café, par sa propriété tonique, facilite et accé- pèce de palmier , dont on compose, en y mêlant lère la digestion du lait. Si au lieu de lait on unit du sucre et quelques aromates, de petits trochi la crème au café, cette substance grasse étant plus ques dont on use pour se parfumer l'haleine et difficile à digérer, exige une proportion plus forte pour se fortifier l'estomac. On dit que le cachou de café. de Malabar est très-supérieur à celui du Pégu; Torréfaction du cafe. Choisissez du café mais nous pensons qu'il n'est pas facile de les dis- tinguer l'un de l'autre. à petits grains, plutôt jaunâtre que vert, ayant une odeur franche et sans arrière - goût de moisi ou Pastilles de cachou. Pilcz six onces de d'échauffé. On classe les cafés dans l'ordre sui- cachou, que vous passez au tamis de soie, et dé vant : Moka , c'est le meilleur, mais il y en a de CAF ( 117 ) CAF deux qualités; l'une arrive en Europe par le cap Infusion du café. La cafetière dite à la de Bonne-Espérance, et comme le voyage est long Dubelloi est trop connue pour qu'il soit nécessaire et que les navires qui le transportent sont chargés d'en donner la description. On sait qu'elle consiste d'autres marchandises de l'Inde et surtout d'épi- en un cylindre de fer-blanc, ouvert par le haut et ces, il est bien rare que le café qui arrive par cette fermé par le bas au moyen d'une plaque percée de voie ait conservé la pureté de son parfum. L'autre trous très - petits ; ce cylindre se pose sur une ca- qualité se tire d'Égypte, où on l'apporte directe- fetière; on y met le café, on le presse et on verse ment de l'Arabie; mais il faut encore distinguer par-dessus de l'eau bouillante à travers une petite deux nuances dans le café qu'on importe de cette passoire , qui a pour objet de la diviser; sans cela contrée; l'une y est arrivée par la mer Rouge; l'eau se fraierait un passage à travers le café, dont l'autre est apportée par les caravanes qui viennent la plus grande partie serait soustraite à son action, de la Mecque. Cette dernière qualité est, sous tous Le café s'imbibe lentement, l'eau se charge de les rapports , la meilleure; mais elle est fort rare, ses principes et s'écoule dans la cafetière. Le café et il est plus rare encore qu'elle ne soit pas mélan est alors dépouillé de tout ce qu'il a d'agréable; et gée avec les cafés d'Amérique que les Européens ce qui le prouve, c'est que si on y passe de nou- portent dans le Levant. velle eau bouillante, elle sort peu colorée et avec Après le café Moka, vient le café de l'île Bour- une odeur et une amertume insolites. bon, puis celui de la Martinique et de Marie-Ga Lorsque le café est en poudre fine et qu'il est lande, celui du Borgne, quartier de Saint-Do- tassé bien également, l'eau le traverse avec lenteur, mingue, etc. et se charge tellement de ses principes, que la pre- mière tasse de liquide qui passe l'épuise entière- Il y a deux manières de torréfier le café. La ment , quoiqu'on ait mis assez de café dans le cy- plus usitée n'est pas la meilleure; elle consiste à lindre pour en faire trois ou quatre tasses; c'est renfermer la graine dans un cylindre qu'on tourne continuellement sur un feu vif. En procédant ainsi, une véritable essence de café, susceptible de se conserver long-temps en vase clos, surtout si on il est bien rare que le café, qui éprouve l'action d'une chaleur forte et concentrée, ne dépasse pas fois son volume d'eau bouillante quand on veut y ajoute un peu de sucre. Si on l'étend avec trois le terme d'une simple torréfaction : il est souvent s'en servir, on a ainsi du café à l'instant même. brulé. Nous n'ignorons pas qu'on a inventé plusieurs La seconde manière, très-usitée autrefois et qui autres cafetières qui ont pour objet de rendre la l'est toujours dans le Levant, consiste à torréfier partie extractive du café plus soluble, en l'impré- le café dans un vase de terre ou de métal entière: gnant des vapeurs aqueuses avant de le faire tra- ment ouvert. Par là, comme on voit mieux ce qui verser par l'eau bouillante. On obtient par là du se passe, on peut toujours arrêter l'opération au café plus fort et plus chargé, mais il a un arôme point conyenable. moins pur et une amertume plus prononcée. La torréfaction du café doit être poussée jusqu'à Un des grands avantages des cafetières à la Du- ce que les grains aient pris une couleur mordorée belloi, avantage qui se retrouve dans toutes celles où ou brun clair; en deçà de ce terme, il conserve l'eau est obligée de traverser le café en poudre, une partie de sa saveur primitive qui a quelque c'est de donner immédiatement du café clair; on chose d'herbacé : au-delà, le café est réellement est dispensé par là de le faire clarifier par le repos, brûlé; il a acquis de l'amertume qu'on qualifie afin de le faire chauffer une seconde fois, ce qui al- force, mais il a perdu son arôme. tère toujours sa qualité, ou par la colle de poisson qui en précipite un des principes les plus essen- Pulvérisation. Dans le Levant on pile le tiels. café torréfié dans un mortier, jusqu'à ce qu'il soit On doit éviter de laisser séjourner le café dans réduit en poudre impalpable. Chez nous la plupart des vases de fer blanc, parce qu'il contient une des moulins qui servent à moudre le café ne le substance qui attaque le fer, et que le café acquiert reproduisent qu'en poudre très - grossière. Il est certain cependant que, plus une substance est di- par là une saveur désagréable. On fait depuis quel que temps des cafetières à la Dubelloi, dont toutes visée, plus on extrait de ses principes en la soumet les pièces, à l'exception de la plaque percée qui tant à l'infusion. Or, dans la préparation du café, ferme le cylindre par le bas, sont en faïence. La on se propose toujours d'obtenir une infusion aussi plaque percée est alors en étain fin : ces cafetières chargée qu'il est possible. Il y a donc une écono ne laissent rien à désirer. mie réelle à réformer tout moulin qui, par vice de construction ou par usure, ne donne qu'une pou Café à la crème. - En employant l'essence dre grossière et peu égale. de café, telle qu'on l'obtient en ne tirant qu'une CAI ( 118 ) CAÍ tasse d'infusion d'une quantité de café suffisante | lame de tétine de veau, de manière à ce qu'il n'y pour en faire trois ou quatre, on obtient réelle- ait que la moitié des pattes à découvert ; embro- ment du café à la crème, au lieu de crème à l'eau chez-les dans un attelet, posez-les sur la broche, de café, qui est le résultat du procédé ordinaire. faites-les cuire, et servez-les très-chaudement. Pour toutes les préparations de cuisine ou d'of- Cailles au laurier. Ayez sept ou huit fice où le café doit entrer comme élément ou pour cailles, épluchez-les, videz-les et Dambez-les ; assaisonnement principal (V. CRÈME, Mousse, faites une petite farce avec leurs foies et quelques BISCUITS, SOUFFLÉS, GLACES, SORBETS). foies de volailles, du lard râpé, une feuille de lau- CAILLE, oiscau de passage qui se tient dans chees; assaisonnez de sel et de gros poivre; far- rier hachée très-fin et un peu de ciboules ha- les blés ou dans les chaumes après la moisson. Les cissez-en les cailles; embrochez-les sur un attelet, cailles multiplient d'une manière prodigieuse; elles en les enveloppant de papier ; faites-les cuire à la font par an quatre couvées, au mois de mai et au broche , et servez-les avec une sauce ainsi com- mois d'août dans notre climat, où elles arrivent à posée : coupez deux ou trois lames de jambon, la fin d'avril et d'où elles émigrent après la cani- faites-les suer; lorsqu'elles commenceront à s'atta- cule : les deux autres pontes des cailles ont lieu cher, mouillez-les avec un verre de bon vin blanc plus ou moins tard et suivant les pays où elles se et deux cuillerées à dégraisser pleines de con- décident à passer l'hiver. Elles sont tellement abon- dantes en Barbarie que, lorsqu'elles traversent la feuilles de laurier : faites bouillir et réduire le sommé: mettez-y une demi-gousse d'ail et deux mer au printemps pour venir en Europe afin d'y tout à consistance de sauce, et passez cette sauce passer l'été, la masse compacte de ces oiseaux à l'étamine. Durant la cuisson des cailles, faites projette quelquefois sur la mer une ombre de blanchir sept grandes feuilles de laurier; la cuis- mille à douze cents toises. En arrivant sur nos son de ces petits pieds étant terminée, supprimez- côtes, elles se laissent tomber de fatigue, et l'on n'a en le jambon; dressez-les; mettez entre chacune que la peine de les y recueillir avec la main. On a remarqué que le jabot de ces cailles d'Afrique à votre sauce le jus d'un citron, du gros poivre des cailles une de ces feuilles de laurier : ajoutez se trouvait toujours rempli d'ellébore, ce qui avec un peu de beurre ; passez-la, vannez-la for- prouve que l'instinct les avertit de chercher, dans l'effet surexcitant de cette plante, la vigueur el tement, et couvrez-en ce bon vieux ragoût de la l'énergie qui leur manqueraient infailliblement Royne-Mère. pour accomplir une émigration si lointaine et si Cailles aux petits pois. Videz, flam- peu d'accord avec la prédisposition musculaire de bez et retroussez sept ou huit cailles ; foncez une ces faibles oiseaux. Quand on habite au bord de casserole d'une lame de veau et d'une tranche de la Méditerranée, ou quand on s'y trouve à l'épo- jambon; joignez-y une carotte, un oignon et un que du passage des cailles, il faut ordonner qu'on bouquet assaisonné; couvrez-les de bardes de lard leur vide le gosier avec une attention particulière, et d'un rond de papier; ensuite faites-les partir car s'il y restait la moindre parcelle d'ellébore d’A- et cuire, avec feu dessus et dessous : leur cuisson frique, qui est beaucoup plus actif que celui de nos faite, égouttez-les, dressez-les, et masquez-les d'un climats, il en résulterait des nausées, des spasmes ragoût de petits pois verts au blond de veau. et des éternuments convulsiſs, ainsi que la chose arrive souvent en Corse et dans l'île de Sardaigne, Cailles au gratin. Flambez et désossez au dire de Fioraventi. neuf cailles; faites un bouchon de la mie d'un pain Il y a de ces oiseaux qu'on nourrit en cage et du diamètre d'environ trois pouces et demi, et de qu'on appelle cailles d'avoine. Elles ne sont pas deux et demi de hauteur ; enlourez-le d'une barde à beaucoup près aussi savoureuses et aussi recher- de lard ; posez-le au milieu de votre plat; garnis- chées que la caille des blés ; aussi ne les emploic-sez le tour de ce bouchon de pain d'un gratin t-on qu'à défaut des autres, en hiver, et seule- que vous tiendrez en talus (V. GRATIN), c'est-à- ment pour en faire des ragoûts. Le Cuisinier dire que ce gratin soit presque de la hauteur du Gascon cite un aphorisme en patois, dont il ré- pain vers le milieu du plat, et qu'il aille en dimi- sulte que, lorsqu'il n'y a plus de feuilles de vigne nuant vers les bords de ce plat; remplissez les pour barder les cailles, il ne faut plus manger de cailles de ce même gratin ; dressez-les sur le cailles. même gratin, les pattes en dehors; remplissez de gratin les intervalles, de manière qu'on n'en voie Cailles rôties. Plumez, videz, épluchez que l'estomac; unissez bien votre gratin sans cou- douze cailles bien grasses ; flambez-les, retroussez-vrir vos cailles; mettez-les dans un four, ou sous les, enveloppez-les d'une feuille de vigne, d'une un four de campagne, avec feu modéré dessus et CAI ( 119 ) CAI dessous; faites qu'elles aient une belle couleur : | de lard et d'un rond de papier, et leur cuisson leur cuisson faite, ôtez ledit bouchon de mie de achevée, égouttez-les ainsi que la cervelle; ôtez la pain, qui n'avait pas d'autre destination que celle peau de vos saucisses, rangez-les au milieu du de maintenir le gratin dans une forme convenable. plat; mettez vos cailles autour ; posez vos cer- Égouttez, versez au milieu une sauce italienne velles sur vos saucisses et masquez le tout d'un rousse, et glacez les estomacs de vos cailles avec ragoût à la financière (V. cet article). du jus réduit de fricandeau. Cailles au fumet de gibier. Flambez et Cailles aux laitues. — Retroussez huit videz plusieurs cailles; enlevez les filets des unes cailles; foncez une casserole de lard et d'une pour en garnir l'intérieur des autres que vous au- lame de jambon ; rangez-les dans cette casserole; rez vidées par la poche; assaisonnez d'abord cette coupez un morceau de rouelle de veau en dés; garniture avec sel et poivre, un bon morceau de ajoutez-y un ognon piqué d'un clou de gérofle, beurre, persil haché menu et un jus de citron. une demi-feuille de laurier, une carotte tournéc Troussez et brisez les cailles farcies de cette ma- et un petit bouquet de persil et de ciboules : nière, et faites-les revenir dans une casserole que mouillez cela d’un verre de consommé et d'un vous aurez foncée de beurre et d'un peu de lau- demi-verre de vin blanc; couvrez ces cailles de rier; mouillez avec bouillon et vin blanc. Après bardes de lard et d'un rond de papier ; une demi une demi-heure de cuisson, retirez les cailles, heure avant de servir, faites-les partir et cuire : égouttez et servez avec un fumet de gibier délayé leur cuisson faite, égouttez-les, et dressez en les dans une sauce espagnole réduite, dont vous trou- alternant avec des cæurs de laitues pommécs que verez la recette au chapitre des sauces. vous aurez fait cuire dans un blanc et que vous aurez sautées dans la cuisson de vos cailles, après Cailles au chasseur. - Préparez des cailles l'avoir dégraissée. et faites-les sauter dans une casserole avec du beurre, des fines herbes, laurier, sel et poivre; Cailles en croustades. - Prenez six ou sept saupoudrez de farine et mouillez avec moitié bouil- cailles, désossez-les et remplissez-les d'un gratin lon et moitié vin blanc; faites réduire la sauce fait avec leurs foies et de la mie de pain maniée de après avoir retiré vos cailles, et puis servez. fines herbes, sel et muscade. Cousez ces cailles et procédez pour leur cuisson comme il est dit à l'ar- Cailles braisées. – Après avoir enveloppé ticle précédent. Faites autant de croustades que des cailles dans des feuilles de vigne et des bardes vous avez de cailles, et, à cet égard (V. CROUTONS de lard, faites-les cuire à petit feu dans une braise DE PURÉE DE BÉCASSES), vos cailles étant cuites, composée de tranches de veau, de bardes de lard, égouttez-les, ôtez-en les fils, mettez les cailles dans d'un morceau de beurre et d'un bouquet garni, vos croustades, dressez-les et masquez-les d'une mouillez avec un verre de vin blanc et une cuille- sauce italienne, dans laquelle vous aurez mis des rée de bouillon, mettez-ý peu de sel. Quand morilles hachées. vos cailles seront cuites à point, retirez-les et met- tez un peu de coulis dans leur cuisson, dégraissez Cailles aux truffes. - Videz par la poche la farce et passez-la au tamis, ensuite versez-la sur neuf cailles, flambez-les légèrement; épluchez neuf les cailles que vous aurez dressées avec une garni- belles truffes, coupez-les en gros dés, et hachez ture d'écrevisses. toutes leurs parures, ainsi que les foies des cailles; assaisonnez-les de sel et de mignonnette; mettez-y Cailles à la milanaise. Après avoir flambé un morceau de beurre, et faites cuire le tout lé et vidé des cailles par la poche, remplissez-en l'in- gèrement ; laissez-le refroidir et remplissez-en vos térieur avec une farce composée de beurre manié cailles que vous apprêterez comme celles aux lai- avec sel, poivre et jus de citron; bridez-les en tues. Leur cuisson parfaite, égouttez-les, dressez-suite, et panez-les à deux reprises après les avoir les, et servez-les avec une sauce à la Périgueux trempées dans une sauce allemande d'abord, en- (V. cet article). suite dans des aufs batlus; faites fondre du beurre dans une casserole, et dans ce beurre faites cuire Cailles à la Régence. — Ayez huit cailles, vos cailles, puis dressez-les sur le plat avec une retroussez-les en poule, flambez-les, mettez-les sauce aux tomates. dans une casserole entre des bardes de lard, avec une cervelle de veau séparée en deux, une dou Cailles en caisse. - Ayez une dizaine de cail- zaine de saucisses à la chipolata, un bouquet de les que vous désosserez; remplissez-les d'une farce persil et ciboules, du sel et du poivre; mouillez faite avec quelques foies de volailles et des fines le tout avec un bon verre de vin de Champagne et herbes cuites. Mettez-les dans une caisse ronde autant de bouillon; couvrez les cailles de bardes que vous aurez plissée et huilée, fait chauffer et 10 CAI ( 120 ) CAI sécher sur le gril, et dans le fond de laquelle vous guler par l'addition de la présure, en ce que ce mettez des fines herbes; vos cailles rangées, sau dernier contient la partie butireuse du lait, tandis poudrez-les d'un peu de sel et gros poivre. Cou que le caillé qui se forme spontanément en est vrez-les de bardes de lard avec un rond de papier presque entièrement dépourvu, parce que la beurré: Posez une feuille de papier huilé sur le crème a eu le temps de s'élever à la surface. Le gril et votre caisse dessus, à un feu très-doux et caillé, ainsi dépourvu de matière butireuse, est couvert d'un four de campagne. Laissez cuire ainsi un aliment léger et très-rafraîchissant, tandis que vos cailles durant une heure; quand elles seront le caillé, qui contient la crème, est plus nutritif et cuites, dressez votre caisse sur un plat; retirez-en beaucoup moins digestible. Il semble que la légère le lard. Glacez vos cailles et masquez-les d'une acidité du caillé naturel aide à la dissolution de la sauce italienne rousse. matière caséeuse, et stimule l'estomac en aug- mentant l'abondance des sucs destinés à la dissou- Cailles à la Pompadour. Il faut désos- dre : l'addition du sel y concourt, et plus encore ser huit ou dix cailles en conservant pour chacune celle du sucre qui, lui-même, est une substance une de leurs pattes dont on coupera le gros alimentaire et stimulante. bout qu'on fera passer par le milieu du corps, de manière à donner à l'oiseau la forme d'une grosse CAILLEBOTTE, masse de lait épaissi par prune; on remplira ces cailles avec une farce fine la présure, et qu'on fait ensuite égoutter pour le à laquelle on ajoutera les foies des cailles et des manger avec de la crème fraîche (V. LAITAGE). aromates pilés ; on retrousse les peaux, et on met les cailles dans une casserole avec du beurre, un CAILLE-LAIT, plante de la famille naturelle jus de citron, un verre de vin de Malaga, un peu des radiées, qui est ainsi nommée parce que ses de sel et du gros poivre. On recouvre le tout avec des bardes de lard, un papier beurré, et on fait tiges et surtout ses fleurs nouvellement cueillies ont la propriété de faire cailler le lait. cuire doucement avec feu dessous et dessus. On égoutte les cailles et on les dresse avec une sauce CAILLER, terme usité pour exprimer le au blond de veau réduit en glace, où l'on ajoutera changement qui se fait dans la consistance de deux cuillerées de vin de Malaga et une demi-pin- plusieurs liqueurs d'origine animale, par le repos cée de fleur de muscade ou macis. ou par le mélange de certaines substances, en Cailles à la Marigny. - On fait lier trois vertu duquel principe ces mêmes liqueurs perdent leur fluidité et se réunissent en masse plus ou jaunes d’aufs avec une demi-cuillerée de farine de riz, deux pincées de fines herbes et un peu de moins solide. Les liqueurs animales les plus su- muscade râpée, dans une ou deux cuillerées de jettes à ce changement sont le lait, le sang, la blond de veau. On y trempe des cailles que l'on a lymphe, le blanc d’æuf, etc. Les substances qui coupées en deux, après les avoir fait rôtir et laissé ont la propriété de les faire cailler sont les liqueurs refroidir; on les met ensuite en papillotes (comme acides, les sels dans lesquels l'acide domine, les les côtelettes de veau), en les garnissant d'une alcalis fixes et volatils, l'esprit de vin, les fleurs de barde de lard d'un côté et d'une petite tranche caille-lait qui tire son nom de sa propriété, celles de jambon bien mince de l'autre. du cardon d'Espagne qu'on appelle cardonnette dans certaines provinces, la présure qui est le lait Cailles à la d'Egmont. — Troussez des cailcoagulé qu'on trouve dans la caillette ou le qua- les, et faites-les cuire dans du consommé de vo trième estomac des veaux de lait, et finalement la laille, avec du riz et de petites saucisses. Le tout membrane intérieure du gésier des poules d'Inde. étant cuit, pétrissez avec le riz la chair des sau- Nous ne parlerons pas des phénomènes que pré- cisses (dont vous aurez ôté la peau); ajoutez-y un sentent le sang, la lymphe, les blancs d'æufs, etc., peu de beurre frais. Dressez le riz, et meltez les lorsqu'ils se caillent : ils n'entrent pas dans le plan cailles dessus pour servir en guise de potage. de cet ouvrage; mais nous devons considérer cette MM. de la Vaupalière, d'Aigrefeuille, de la Rey- propriété dans le lait, en rapportant les différents nière et de Cussy ont toujours préconisé cette fa- procédés dont on use pour le faire cailler. çon d'apprêter les cailles, et nous estimons aussi On caille le lait pour le manger sous cette for- que (après les cailles rôties et les cailles au me, pour faire ce qu'on appelle les crèmes prises, laurier) la meilleure manière de manger les cail pour faire le fromage, ou pour obtenir le petit- les est à la d'Egmont. lait. Nous renverrons aux articles Crème, Fro- mage et Petit lait, pour ce qui les concerne, et CAILLÉ. On nomme ainsi le lait coagulé nous nous contenterons de rapporter ici la ma- naturellement : il diffère de celui qu'on fait coa nière de faire le caillé proprement dit.-On prend CAK ( 121 ) CAN la quantité qu'on veut de lait frais: on le met dans de-vie, et mêlez bien dedans les raisins et les une jatte de faïence, de porcelaine ou d'argent; amandes. Vous faites, dans un moule très-grand, on y ajoute une quantité proportionnée d'une trois lits ou couches de cette composition, que forte décoction de cardonnette; on couvre le vais vous alternez avec les oranges et citrons, vous le seau, et si le temps est assez chaud, on le laisse mettez au four; quand il a levé et qu'il a pris de en repos dans un lieu frais, ou bien on le met au la couleur, vous le couvrez d'un papier pour qu'il bain-marie, ou sur de la cendre chaude : on le ne brûle pas, et vous refermez le four jusqu'à sert avant que le petit-lait ait commencé à s'en parfaite cuisson, séparer : quelquefois pour lui donner un petit goût d'amande, on fait infuser dans le lait, avant CALAMUS (V. AROMÁTES EXOTIQUES). d'y mêler la cardonnette, une ou deux feuilles de laurier-cerise; mais il faut avoir attention de n'en CALAPÉ et non pas CANAPÉ. C'est un pas mettre beaucoup, parce que l'excès pourrait mot américain pour désigner un ragoût composé en être dangereux. de la partie d'une tortue qu'on fait griller dans son écaille. Le même nom se donne aussi, par une CAILLETEAU, jeune caille, mets très-dé- extension qui n'a certainement rien d'analogique, licat et qu'on apprête ordinairement comme les à certaines rôties qu’on assaisonne avec de l'huile bec-figues (V. ci-dessus). et des anchois (V. ANCHOIS et TORTUE). CAILLETOT, nom qu'on donne aux turbo CALVILLE ou CALLEVILLE, espèce de tins sur la côte de Normandie (V. TURBOT). pomme qui tire son origine, ou du moins son nom, du territoire de Calleville en Normandie. Il y a CAILLOT-ROSAT, sorte de poire qui trois variétés de la même espèce de fruit, savoir : mûrit au mois de novembre, et qui se distingue le calville gris ou d'été, le calville rouge, et le cal- par un goût de rose assez prononcé. On en fait ville blanc qu'on appelait autrefois de Frontebosc. principalement des charlottes à la vanille et des Les pommes de calville rouge sont du plus beau compotes grillées à la portugaise. volume et plutôt longues que rondes ; elles ont un arrière-goût vineux, et la plupart de ces pommes CAKE (gâteau anglais). Prenez une livre sont d'un très-beau rouge à l'intérieur; on a de pâle préparée pour le pain, douze onces de même observé qu'elles le sont d'autant plus, que beurre, un verre de lait, six onces de sucre, et l'arbre qui les porte est moins jeune et que le ter- douze cuillerées de raisins de Corinthe. Faites rain qui les a produites est plus froidement exposé. cuire dans une casserole beurrée, avec feu dessus Le calville blanc est pourvu d'une saveur agréable et dessous. et fine; il est partagé comme en côtes de melon, et le côté du fruit exposé au soleil en reçoit une Cake de la fiancée (gâteau de noces),-Lors- coloration très-vermeille. Ces beaux fruits peuvent qu'on marie ses enfants en Angleterre, on fait ce se conserver pendant tout l'hiver, et surtout quand cake énorme, et l'on en distribue un morceau à ils sont provenus d'un terrain sec, à l'exposition chacun des conviés. Prenez quatre livres de belle de l'est ou à celle du nord. On a remarqué que farine, quatre livres de beurre frais, deux livres les pommes de calville qui ont fructifié aux re- de sucre passé fin, un quart d'once de muscade; gards du couchant ou du midi ont toujours la pour chaque livre de farine, il faut huit duſs; la chair cotonneuse et sont faiblement colorées. Tez et triez quatre livres de raisins de Corinthe, que vous faites sécher devant le feu; faites blan CAMOMILLE (V. PHARMACIE DOMESTIQUE). chir et ôtez la peau à une livre d'amandes douces que vous coupez en morceaux très-minces; ayez CANARD. Cette espèce de volatille est divisée aussi une livre de citrons confits, une livre d'o tout naturellement entre le domestique et le sau- ranges confites, une demi-pinte d'eau-de-vie; vage qui est considéré comme gibier, et dont la écrasez d'abord entre vos mains le beurre, de ma chair est beaucoup plus savoureuse et plus recher- nière à le réduire en crème, puis båttez-le avec le chée que celle de son homonyme. Sans parler ici sucre pendant un quart d'heure; battez les blancs du canard sauvage à son état d'albran et à l'âge de vos œufs jusqu'à ce qu'ils forment une belle de canardeau, nous dirons qu'il se subdivise en neige, mêlez-les avec le beurre et le sucre, battez plusieurs variétés sous les noms de rouge-de- les jaunes une demi-heure au moins, et mêlez-les rivière, de morillon, de thiers, de moelleton, de au cake; mettez ensuite votre farine et la muscade, pillet et de buys. Le rouge-de-rivière est plus battez jusqu'à ce que le four soit prêt, versez l'eau- petit que le canard sauvage ordinaire; mais il est CAN ( 122 ) CAN -- assez connu que la substance en est plus fine et filets, posez-les sur un bon feu; retournez-les qu'il est d'un goût plus délicat. Il y a plusieurs deux ou trois fois, égouttez-les, dressez-les en variétés parmi les canards domestiques, et notam- couronne, et servez-les sur une sauce claire au jus ment celle de Barbarie qui est de beaucono la plus d'orange amère. grosse, mais qui est sujette à porter un arrière- goût de musc. En croisant cette espèce avec la Satmis de canards sauvages. Faites plus commune, il en provient une variété qui ne cuire deux canards à la broche; lorsqu'ils seront laisse rien à désirer, car c'est avec cette race de froids, levez-les par membres, parez-les, pilez-les mulets qu'on produit les canetons de Rouen, si en parures, passez-les à l’étamine, et procédez en renommés pour la beauté de leur taille et pour tout comme il est indiqué à l'article Salmis (V. leurs qualités gastronomiques. BÉCASSE). Salmis de canards sauvages au chasseur. Canards (sauvages) rotis. - Choisissez deux - Faites cuire à la broche deux ou trois canards: canards, et remarquez s'ils ont les pattes fines et coupez les estomacs en aiguillettes, levez-en les de couleur vive; tâtez-leur le ventre et le croupion; cuisses, séparez la carcasse en plusieurs morceaux; s'ils sont fermes et que l'animal soit pesant, c'est mettez-y sel et gros poivre; arrosez-les de quatre une preuve qu'il est gras et frais. Il est reconnu cuillerées à bouche d'huile d'olive et d'un demi- que les femelles sont meilleures et plus délicates verre de vin de Bordeaux; coupez deux citrons, que les mâles, quoiqu'en général les mâles se ven- exprimez-en le jus et remuez bien le tout en- dent plus cher. Plumez deux de ces canards, Ôtez- semble. en le davet, coupez-en les ailes au plus près du corps, supprimez-en les cous, videz, flambez, Escalopes de filets de canards sauvages. épluchez-les, retroussez-leur les pattes, bridez-les — Levez les filets de trois canards ; retirez-en les et frottez-les avec leur foie. N'omettez pas de leur peaux et les nerfs ; ſendez chaque filet en deux, introduire dans le corps une forte pincée de sel coupez-les en escalopes; battez-les avec le manche gris, en agitant l'animal afin que les grains du sel d'un couteau, parez-les en rond, placez-les sur un De s’amoncellent pas en un même endroit. Faites sautoir avec quatre cuillerées d'huile d'olive, pou- cuire à la broche, et servez pour plat de rôt avec drez-les de sel et de gros poivre; mettez un pa- une bread-sauce pour certains convives, et des pier huilé dessus. Au moment de servir, faites moitiés de citron pour les autres. sauter vos escalopes; quand elles sont raidies d'un côté, retournez-les, égouttez l'huile, mettez vos Canardeaux rôtis et farcis à l'anglaise. escalopes dans une bonne poivrade réduite, de ma- - Ayez des canardeaux sauvages au nombre de nière que la sauce masque le morceau ; ajoutez-y trois ou quatre, et parez-les comme il est indiqué peu d'huile et un peu de citron ; et dressez avec ci-dessus; hâchez très-menu huit à dix feuilles de des croûtons. Passez à l'huile. pelite sauge verte, une seule échalote; ajoutez-y du poivre et du sel avec trois jaunes d'æufs cuits Caneton de Rouen, sauce à l'orange. durs, huit marrons grillés, et une pleine cuillerée | Ayez un beau caneton, gras et charnu; mais sur- de mie de pain rassis; maniez le tout ensemble tout qu'il soit blanc (ceci soit dit pour tous ceux avec une cuillère, afin d'en composer une farce que vous devez employer) : flambez-le légèrement dont vous garnissez les jeunes canards avant de sans lui raidir la peau; refaites-lui les pattes et les faire rôtir. Vous les servirez sur des rôties que coupez-en les petits bouts ; retroussez-les-lui en vous aurez placées dans la lèchefrite, à l'avance, dehors, et rentrez-lui le croupion en dedans; éplu- et que vous imbiberez avec le reste du jus sorlichez-le soigneusement, ce qui va sans dire; ma- des canardeaux, après les avoir assaisonnées (les niez du beurre dans une casserole avec une cuil- rôties) avec du gros poivre, du sel blanc, et quel-lère de bois; mettez-y un peu de sel et le jus d'un ques gouttes de jus de limon. citron; remplissez votre caneton de ce beurre;fon- cez une casserole de bardes de lard et posez-le sur Filets de canards sauvages au jus d'o- ce fond; couvrez-le de tranches de citron, desquel- range. Lerez les Gilets de trois canards : con les vous aurez ôlé la peau, le blanc et les pepins; servez la peau sur les ſileis, ciselez-les légèrement couvrez-le de bardes de lard; assaisonnez-le d'une du côté de la peau ; faites-les mariner dans de ca carotte lournée, d'un ognon piqué d'un clou de l'huile, avec ciboules et persil en branche, sel, gérolle et d'un bouquet de persil et ciboules; mouil- gros poivre et du jus de citron ; laissez-les mari- lez-le d’un peu de consommé et d'un demi-verre ner une heure; au moment de servir, versez deux de vin blanc, et couvrez-le d'un rond de papier : cuillerées d'huile dans un sauloir, mettez-y vos une heure ou trois quarts-d'heure avant de servir, un CAN ( 123 ) CAN faites-le partir, couvrez-le d'un couvercle, avec Canard aux petits pois (V. PIGEONS). feu dessous et de la cendre rouge dessus : sa cuis- Les canards et les canetons peuvent encore son faité, égouttez-le, débridez-le, dressez-le sur votre plat, et servez dessous une sauce à l'orange. pâtés froids, à la macédoine, en haricot être employés en daubes, en galantines, en Canard au verjus. — Préparez ce canard vierge, en hochepot, à la purée verte, aux comme le précédent; faites-le cuire de même; ayez concombres, aux petits ognons, au beurre du verjus, si c'est la saison ; ôtez-en les queues, d'écrevisses et au vert-pré. On se borne à in- faites-le blanchir et égouttez-le; mettez trois cuil. diquer sommairement ces préparations dont le ca- lerées d'espagnole réduite dans une casserole; ajou-nard est susceptible, parce qu'on les trouvera tez-y les grains de verjus; faites réduire votre ra formulées pour certaines substances auxquelles on goût; dégraissez-le; goûtez s'il est d'un bon goût, les applique habituellement avec plus d'aptitude et masquez-en vos canards et servez très-commodé- de spécialité qu'à ce volatile. ment, CANARDEAU (V. ALBRAN EL CANARD SAU- Canard aux olives. — Après avoir choisi de VAGE) grosses et belles olives confites, vous enlèverez, au moyen d'une incision circulaire, leurs chairs du CANEPETIÈRE, gibier très-rare et très-es- noyau, pour les faire blanchir à l'eau bouillante, timé. La canepetière est un oiseau qui s'accrou- afin de leur ôter encore l'âcreté qu'elles conser pit sur la terre comme la cane, avec laquelle il n'a veraient toujours sans cette précaution; achevez d'ailleurs aucune espèce de ressemblance, car leur cuisson dans du bouillon, placez-les sur un sous le ventre ses plumes sont blanches comme ſeu vif, assaisonnez de bon goût, pour les verser celles du cygne, et celles qu'il a sur le dos sont de en terminant sur un canard cuit de la manière pré trois ou quatre couleurs. Il est de la grosseur du cédente. faisan, il a la tête comme la caille, le bec comme Canards à lu choucroûte. Faites cuire le coq, trois doigts à chaque patle comme le plu- de la choucroûle dans du bouillon avec des cerve- vier et l'outarde, et les racines de ses plumes sont las, des saucissons et du petit lard tranché par rouges comme du sang. On prend les canepetiè- res au lacet, au filet, avec l'oiseau de proie. Celte morceaux. Lorsque la choucroûte sera cuite à chasse est très-difficile, parce qu'elles font un vol moitié, vous ôterez cette garniture et vous mettrez dans la choucroûte le canard retroussé et paré. qu'elles retombent, elles courent si vite qu'un de deux ou trois cents pas fort rapide et que, lors- Le tout étant cuit, vous dresserez le canard, vous l'entourerez de choucroûte, et vous arrangerez sur homme peut à peine les suivre. C'est un mets en- cette dernière les saucisses, les cervelas et le lard core plus recherché que le faisan. Elles se nour- rissent de toutes sortes de grains, mais surtout de que vous aurez tenus chauds et coupés par tran- froment, lorsqu'il est en herbe. On les sert ordi- ches. nairement rôties, mais en extra, comme on fait Canards aux navets à la bourgeoise. pour les engoulvents, et comme un témoignage de Prenez un ou deux canards, videz-les, retroussez la considération qu'on a pour elles. les en poule avec les pattes en dedans : mettez du beurre dans une casserole, faites-y revenir vos ca CANETON (V. CANARD DOMESTIQUE). nards à qui vous ferez prendre une belle couleur. Vous aurez apprêté une quantité suffisante de pe CANDI (V. SUCRE). tits navels, soit coupés au vide-pomme, soit tour- nés au couteau, mais d'égale grosseur; faites-les CANDIR. C'est l'action d'agir sur du sucre, roussir dans le beurre de vos canards; ensuite en le faisant fondre, le clarifiant, et le cristallisant égouttez-les, faites un petit roux que vous délaye- six fois pour le rendre transparent et dur. rez avec du bouillon, sinon, avec de l'eau : prenez garde que votre sauce ne soit grumeleuse; mettez CANDI (FRUITS ou FLEURS AU), fruits , quar- y sel, poivre, un bouquet de persil et ciboules, tiers de fruits, ou fleurs d'oranger, de violette, assaisonné d'une demi-gousse d'ail et d'une feuille etc., sur lesquels on a fait attacherdu sucre candi, de laurier; trempez les canards dans cette sauce et après les avoir fait cuire dans du sirop. Au moyen faites-les cuire : quand ils seront à moitié de leur de cette préparation qui les recouvre, les fruits au cuisson, joignez-y les navets; laissez-les mijoter; candi paraissent enveloppés comme dans du cris- ayez soin de retourner les canards sans écraser les tal ou du diamant. Ils servent beaucoup à la déco- navets, et, la cuisson terminée, dégraissez votre ra ration de ces assiettes-montées qui sont un des goût très-exactement. principaux ornements du dessert et des bullets. CAN ( 124 ) CAN CANNELLE, seconde écorce d'un arbuste ori Ces pastilles sont cordiales et stomachiques. Les ginaire de l'île de Ceylan. Son usage est trop fré- Indiens consomment beaucoup de cannelle avec du quent pour qu'on puisse en détailler l'emploi culi- sucre, ne connaissant aucun moyen pour les mé- naire. langer officinalement, La bonne cannelle est fine et mince, unie, facile à rompre, d'un jaune tirant sur le rouge, d'un Sirop de cannelle à la Reine (V. SIROP). goût agréable et sucré, tout à la fois vif et piquant; CANNELLON. On appelle ainsi certains us- elle a plus de parfum que celle qui est d'une qua tensiles d'office qui servent à mouler plusieurs lité inférieure, et l'on doit toujours préférer celle compositions de pâte fine, en leur donnant une dont les bâtons sont longs et grêles. forme cannelée : le même nom s'applique égale- Il y a des marchands qui fraudent sur la vente ment au comestible qui résulte de l'opération sui- de la cannelle, en y mêlant d'autres écorces de la vante ; grosseur et de la même couleur; et d'autres mar- chands encore, en ne la vendant qu'après en avoir Cannellons à la d'Escars. Abaissez un tiré, par la distillation, tout ce qui en faisait la va- demi-litron de feuilletage à dix tours; donnez à leur et la vertu. Le goût et l'odorat serviront à cette abaisse dix-huit pouces carrés, et détaillez- préserver de ces fraudes industrielles. la en vingt-quatre petites bandes de neuf lignes de largeur : ayez à portée de vous vingt-qualre co- Cannelle (eau de). - On met infuser, pen lonnettes de bois de hêtre tourné, de six pouces dant quelques jours, de la cannelle fine dans de de longueur sur six lignes de diamètre, et qu'ils l'eau-de-vie mêlée avec de l'eau, avec deux zestes perdent une ligne de fût d'un bout à l'autre, afin de citron et du bois de réglisse battu. Quand l'in que le bout le plus petit quitte plus facilement la fusion est faite, on distille; puis on mélange avec pâte quand elle sera cuite. Bourrez ensuite légère- la liqueur du sucre dissous dans l'eau, et on passe ment ces petites colonnes, et puis, après avoir hu- à la chausse. Les proportions de ces divers ingré mecté six bandes de feuilletage seulement, vous dients sont : par once de cannelle, deux pintes commencez avec le bout d'une bande à masquer d'eau-de-vic étendue d'une demi-chopine d'eau, le bout le plus mince d'une colonne, en tournant un zeste de citron, demi-once de bois de réglisse; la colonne de manière que vous formiez une es- pour le mélange, il faut une livre de sucre dans pèce de vis de quatre pouces de longueur; vous une pinte d'eau, par once de cannelle. suivez les mêmes procédés pour le reste des colon- nes, que vous placez sur deux plaques, à deux pou- Cannelle (huile de).—Concassez quatre on- ces de distance entre elles. Dorez légèrement le ces de cannelle, deux gros de macis, et une once de dessus, et mettez au four chaud. Lorsque ces can- bois de réglisse battu ; faites infuser le tout dans nellons sont cuits de belle couleur, vous les sau- six pintes d'eau-de-vie pendant quelques jours et poudrez de sucre fin et les glacez au four à la distillez après. Faites fondre dans trois pintes et demie d'eau quatre livres de sucre, et opérez vo- flamme selon la règle; aussitôt qu'ils sont sortis du four, vous Ôtez les colonnes, et placez au fur et à tre mélange, que vous finissez comme le précé- mesure les cannellons sur un plafond froid. Au mo- dent. ment du service, vous les garnissez de gelée de Cannelle (conserve de). ---Concassez quatre pommes, ou de marmelade de framboises. gros de cannelle fine; délayez-les dans un peu de Cannellons pralinés aux avelines.-Ha- sucre clarifié ou de sirop de guimauve ; jetez-les chez très-fin quatre onces d’avelines, et mêlez-les dans deux livres de sucre cuit au petit cassé; re- avec deux onces de sucre et le demi-quart d'un mucz bien; retirez du feu, et quand le sucre blan- blanc d'auf; vos cannellons étant préparés de chit, versez dans un moule. même que ci-dessus et prêts à mettre au four, Pastilles à la cannelle. Préparez trois vous les placez tour à tour du côté doré sur les livres de sucre superfin, et le délayez avec de l'eau avelines, afin de les masquer de ce mélange; et au simple : vous en faites une pâte très-ferme que fur et à mesure, vous avez soin de les remettre à la même place qu'ils tenaient sur le plafond où vous parfumez avec quelques gouttes de bonne es- ils étaient rangés. Mettez au four de chaleur mo- sence de cannelle, et puis vous la coulez suivant l'usage. dérée, donnez-leur une belle couleur, et terminez Cette méthode donne des pastilles d'un beau l'opération comme la précédente. blanc; au lieu que celles qui sont faites avec de la Cannellons frits à l'ancienne mode (re- cannelle en poudre conservent la couleur de cette cette de MM. de la Reynière). - Vous préparez substance. vingt pannequets (V. cet article); vous les gar- CAP ( 128 ) CAR nissez de marmelade d'abricots ou de coings, et CAPRON, nom d'une espèce de fraise les roulez selon la règle, après quoi vous coupez (V. FRAISES). chacun d'eux au milieu , et parez les deux extré- CAPUCINE. Ses boutons, cueillis avant leur mités; ensuite vous les panez comme les cro- quettes de riz, et les faites frire de la manière ac- épanouissement, se confisent au vinaigre et con- coutumée; après les avoir glacés, vous les servez servent une saveur analogue à celle des fleurs de tout de suite : ils ne doivent pas languir. la plante ; propriété particulière à cette conserve, car, en général, les substances que l'on confit au Cannellons frits au chocolat. --Vous pré- vinaigre ne conservent rien de leur goût pri- parez vingt pannequets; vous les masquez légère-mitif. ment de crème-pâtissière au chocolat, et semez On fait le même emploi des graines de la capu- par-dessus des macarons écrasés, après quoi vous cine, lorsqu'elles sont encore vertes, et nous n'a- roulez ces pannequets, et vous les coupez par le vons pas besoin de dire que ses fleurs épanouies milieu. Vous les trempez ensuite dans la pâte, et servent à garnir les salades. vous les faites frire. Servez-les glacés au four. On garnit également ces sortes de cannellons CARAMEL. Nous avons déjà dit que le sucre avec toutes les crèmes possibles, de même qu'a- doit s'employer dans plusieurs préparations de la vec toute espèce de confitures. cuisine, telles que celles qui sont relatives à quel- ques espèces de légumes, comme les pois, les fè- CANTALOUP, sorte de melon qu'on dit être ves, etc. provenu du bourg de Cantaloup, en Guyenne A l'état de caramel plus ou moins coloré, le (V. MELON). sucre s'allie très-bien à presque toutes les sauces brunes , dont il augmente la sapidité. On peut CAPILLAIRE OU ADIANTE. On en con- avec avantage en ajouter à tous les roux, naît trois espèces : le noir ou commun ; le blanc, qu'on appelle de Montpellier, et le capillaire du Pour faire du caramel, mettez ů Caramel. Canada , dont on use de préférence. Ils sont éga- du sucre blanc en poudre dans un poêlon, ou tout lement diurétiques, stomachiques, et principale autre vase de cuivre non étamé : on peut substi- tuer la cassonade blanche, mais il ne faut pas em- ment béchiques. Le sirop de capillaire a toutes les vertus de la plante, et, dans une maison nom- ployer les sucres huileux et bruts, qui ne peuvent se caraméliser qu'à un haut degré de chaleur, et breuse, on fera toujours bien de s'en tenir ap- provisionné, ne fût-ce que pour en faire des qui alors deviennent tout-à-fait noirs. Faites chauf- bavaroises et des laits de poule, au besoin fer à sec, sur un feu viſ, en remuant le sucre pour (V. SIROP) que toutes ses parties en soient atteintes. Lors- qu'il a pris une belle couleur brune, sans tirer sur CAPILOTADE, ragoût bourgeois qu'on le noir, retirez le poêlon du feu, versez-y de l'eau opère avec des reliefs de volailles, de gibier et en quantité suffisante pour délayer le caramel que d'autres viandes rôties. Mettez dans une cas- vous conserverez dans un ustensile de verre bien fermé. serole de la viande cuite coupée par morceaux avec du beurre, sel, écorce d'orange, poivre, Le caramel, lorsqu'il est bien fait, doit conserver muscade, ciboules et persil hachés, des câpres et une saveur sucrée très-prononcée, mais qui n'est des croûtons de pain : mouillez avec du bouillon; plus la même que celle du sucre pur. Son usage faites cuire jusqu'à ce que la sauce soit suffisam- est dans plusieurs cas, et notamment pour assai- ment réduite. Ajoutez, sur la fin, une pointe de sonner les purées de légumes secs, une chose de vinaigre ou de verjus, et de la chapelure de pain. prescription rigoureuse. On peut mouiller avec moitié bouillon et moitié CARDE. C'est la côte de la poirée potagère vin quand la capilotade est faite avec des viandes dont on mange les feuilles et les tiges (V. BETTE). noires; dans ce cas, on ajoute à la fin une cuille- rée d'huile. CARDON. Il y en a deux espèces, le cardon d'Espagne, qui est très-épineux, et le cardon ordi- CAPRE, bouton à fleur du câprier, arbris- naire, qui a peu ou point d'épines, et qui paraît se seau qui ne peut être cultivé que dans les parties rapprocher de l'artichaut commun. On doit préfé- les plus chaudes de nos provinces méridiona- rer le cardon d'Espagne parce que les côtes en les. Les meilleures câpres sont petites, vertes et sont plus épaisses et plus charnues. tendres : elles sont toniques et excitantes. Elles s'associent agréablement à presque toutes les Cardons d'Espagne à la moelle. — Prenez sauces. deux ou trois pieds de cardes; coupez-en les côtes - CAR ( 126 ) CAR 1 the canotte, près du pied; n'employez que les blanches et sup- | tez gros comme une noix de beurre manié de fa- primez les creuses; coupez celles qui sont pleines, rime, et remuez en tournant pour que le mélange également et de la longueur de cinq ou six pou- soit intime. ces; parez-en les rebords; faites-les blanchir jus On sert ce ragoût sous un filet de bæuf ou un qu'à ce qu'elles soient en état d'être limonées; re- quartier de mouton, sous des fricandeaux, et géné- tirez-les; mettez-les dans de l'eau fraîche; limo- ralement sous toute espèce de viande que vous des- nez-les entièrement, et mettez-les au fur et à tinez pour grosse entrée. mesure dans l'eau fraîche; cela fait, mettez-les cuire dans une marmite; mouillez-les d'un blanc CAROTTE, l'une des racines les plus em- dans lequel vous mettrez deux citrons coupés en ployées en cuisine : elle entre dans presque toutes tranches, et dont vous aurez supprimé la peau et les préparations alimentaires, soit comme garniture, les pepins (V. BLANC). Faites-les partir ; couvrez soit comme assaisonnement. les d'un papier beurré, et laissez-les mijoter en Les carottes contiennent une notable quantité viron trois ou quatre heures : leur cuisson faite, de sucre, qui ajoute à leur propriété nutritive. ce dont vous jugerez en les tâtant, égouttez-les, Lorsqu'on fait éprouver aux carottes un commen- parez-les; mettez-les dans une casserole avec du cement de torréfaction, le sucre qu'elles contien- consommé; faites-les presque tomber à glace : au nent passe à l'état de caramel, qui est très-soluble: moment de servir, dressez-les sur un plat; saucez c'est ce qui explique pourquoi un petit morceau les d'une bonne espagnole réduite, où vous aurez de carotte desséchée au four suffit pour donner mis un pain de beurre très-frais et un peu de gla une assez forte couleur à une grande quantité de cis de veau. Garnissez vos cardes de petits croû- | bouillon. tons passés dans le beurre, sur lesquels vous met- Puisque les carottes contiennent beaucoup de su- trez de la moelle que vous aurez fait cuire dans du cre (au moins 10 pour cent), il est évident que le consommé. A l'égard des montants, Ôtez-en l'espèce d'é- tions alimentaires dont ces racines font partie. On sucre n'est pas déplacé dans toutes les prépara- corce; tournez-les comme vous feriez d'une grosse peut donc en ajouter dans la plupart des combi- carotte; mettez-les blanchir et cuire avec vos car- naisons où l'on fait entrer cette racine. des; et servez-vous-en pour garnir des entrées, On sait que la carotte est pourvu au plus haut ainsi que pour mêler avec des aufs brouillés. degré de la propriété dépurative. Cardons au parmesan. Lorsque vous au- Carottes à la ménagère. Tranchez des rez des cardes de desserte, faites un lit de fro- mage dans le fond de votre plat à servir; rangez-y doigts, ou, si vous l'aimez mieux, coupez-les en carottes en morceaux de la longueur de deux un premier lit de cardes ; saupoudrez-les d'un peu rouelles, faites-les cuire dans du bouillon, auquel de fromage; arrosez le tout d’un peu de beurre fondu ; failes prendre couleur à vos cardes soit au garni, gros poivre et muscade, mais pas de sel à vous ajouterez un verre de vin blanc, un bouquet four ou sous un four de campagne, avec feu des- cause du bouillon, Quand elles sont cuites, ajou- sous et dessus. tez un peu de jus pour lier la sauce, ou, à dé- Cardons au coulis de jambon. - Lorsque faut de jus, liez avec un morceau de beurre manié vos cardons sont cuits dans un blanc, tel qu'il est de farine. indiqué précédemment, mellez-les à mijoter Ou bien faites blanchir les carottes entièresjus- dans du consommé; faites-le réduire et tomber à qu'à ce qu'elles soient à moitié cuites; coupez-les glace : au moment de servir, dressez-les, et mas- ensuite en rouelles; faites un roux, passez-y les quez-les d'une sauce à l'essence de jambon, bien carottes, mouillez avec deux tiers de bouillon et réduite et liée d'un ou deux jaunes d'auſs afin un tiers de vin blanc : ajoutez un bouquet garni, d'en prévenir l'acreté. poivre et muscade. Achevez la cuisson et liez la sauce avec deux jaunes d'æufs. Ragoût de cardons (pour garniture). Mettez dans une marmite ou casserole un morceau Carottes à la flamande. - Coupez les ca- de beurre, une pincée de farine, du sel et de l'eau; roltes par tranches, faites-les blanchir et ensuite faites bouillir, et mettez-y les cardons épluchés. revenir dans le beurre, mouillez avec du bouillon, Lorsqu'ils sont à demi cuits, retirez-les pour les ajoutez du sel et un peu de sucre, faites réduire à faire égoutter, mettez-les ensuite dans une casse- / glace, remettez un morceau de beurre, des fines role avec un peu de jus de veau et de jambon : à herbes et un peu de sauce tournéc; faites bouillir défaut de jus, faites un roux, et mouillez avec du encore une minute, et servez avec des croûtons bouillon. Lorsque les cardons sont bien cuits, ajou- | frils. CAR 127) CAR Carottes à la maitre-d'hôtel.- Après avoir, des plus heureuses combinaisons de la cuisine tourné les carottes en filets très-déliés, on les fait étrangère, et c'est pour nous un plat d'entremets cuire dans de l'eau et du bouillon avec du sel et tout-à-fait distingué. du beurre; on les retire, on les égoutte pour les sauter avec du beurre et du persil haché, du sel et CARRELET.« Le carrelet, la limande et du gros poivre. » ta plie sont trois poissons de la même es- Carottes au sucre. pèce, qui ont le même goût, et qui s'apprê- - Il faut faire cuire dans » tent de la même façon. » Voilà ce qu'en di- l'eau une quantité suffisante de carottes rouges sait la Cuisinière bourgeoise en 1760, et voilà bien saines et bien choisies; après les avoir fait ce que tous les livres de cuisine ont copié mot à presque dessécher dans une casserole, on les réduit mot depuis soixante-dix-neuf ans. en pulpe un peu épaisse pour achever leur cuisson Il est vrai que ce sont des poissons de la famille en y ajoutant du lait et de la fécule, on les aroma- des achantures, mais nous dirons qu'il ne faut tise avec de la fleur d'oranger pralinée, on les édul pas les prendre indifféremment l'un pour l'autre, core avec du sucre en poudre; on mélange ensuite attendu qu'ils diffèrent également pour le mérite des æufs entiers auxquels on joint des jaunes, un et pour le prix. La limande, qui est la plus déli- tiers en sus : les blancs de ces derniers, battus cate des trois, ressemble à la sole; mais elle a la avec du beurre frais, sont ajoutés au moment de tête plus en pointe, et n'est pas si longue : le car- placer la casserole, qui contiendra le tout sous le relet est quelquefois de la taille d'une barbue, four de campagne; lorsqu'il est parvenu à son mais il est toujours plus délicat que la plie, et il est point de cuisson, on le renverse sur un plat creux parsemé, comme elle, de petites taches rouges sur pour le servir brûlant après l'avoir blanchi de su- les écailles, ce qui distingue ces deux poissons de cre en poudre. la limande : les taches rouges de la plie, qui a la Gâteau de carottes. Il faudra faire cuirede peau plus noire et tirant sur l'ardoise, sont plus belles carottes avec du sel, les broyer et les passer petites que celles du carrelet; il faut choisir ces au tamis avant de les faire dessécher dans une cas- poissons très-frais et d'une chair blanche et ferme: serole, y ajouter de la crème et de la fécule, un peu on estime davantage les plus gros; et, du reste, de fleurs d'oranger pralinées, du sucre, des eufs, on verra s'ils doivent s'apprêter de la même plus de jaunes que de blancs, et finalement y met- façon. tre du beurre; le mélange terminé, mettez-le dans Carrelet à la bonne eau. Coupez un fort un moule, pour le faire cuire et le renverser en- carrelet en grosses tranches; faites-le cuire dans suite sur un plat d'entremets que vous ſerez accom- une watter-fich ou eau de racines de persil (à la pagner d'une saucière de sabayon (V. cet article) hollandaise), et servez-le dans un plat creux avec Si nous ne parlons pas ici des carottes à la une garniture de tiges de persil blanchies, et dans prussienne ou en cheveux d'or, c'est parce une partie de son mouillement. qu'il nous paraît que cette méthode n'a pas d'au- C'est ici le cas d'observer que les poissons à la tre avantage et d'autre intention que d'économiser watter-fich, ou, comme on dit en France, à la des écorces d'orange; mais nous recommanderons bonne eau, sont un des plats que les fins gour- les carottes à l'andalouse avec une pleine con- mets mangent toujours sans sauce, mais avec des fiance, et c'est, comme on en conviendra sans tartines beurrées qu'on fait à l'office, et dont on doute, un des meilleurs comestibles qu'on puisse garnit une assiette de hors-d'æuvre. déguster. Coupez six carottes crues en rouelles de la même épaisseur, et qu'elle ne soit pas (cette Carrelet au gratin. Placez sur un plat épaisseur) au-dessus de trois lignes. Mettez sur d'argent ou de terre un morceau de beurre frais, un large plat de terre ou d'argent cinq ou six des quatre épices et des fines herbes hachées ; cuillerées de très bonne huile avec quatre pin-appliquez là-dessus votre poisson que vous arro- cées de sel blanc, une de poivre noir, et une de serez d'un verre de vin blanc, et que vous mas- sucre candi réduit en poudre. Faites-y cuire vos querez de chapelure de pain pour le faire cuire tranches de carottes sur un feu de braise assez vif, sous un four de campagne. en ayant soin de les retourner sans les sauter, et de manière à ce qu'elles soient toutes également Carrelet en matelote normande.- Mellez cuites. Quand elles commenceront à se rissoler, sur un grand plat, que vous aurez foncé de beurre vous ajouterez un verre de vin de Malaga que frais mêlé de persil haché et de tranches d'ognon vous ferez bien chauffer sans le laisser bouil- coupées très-minces, un beau carrelet que vous Jir, et vous rcmuerez votre ragoût précipilam aurez préalablement bien limoné du côté du dos, ment pour qu'il se lie. Ce mels espagnol est une la peau n'en conserve aucune aspérité; alia que CAR ( 128 ) CAR ajoutez-y une demi-bouteille du meilleur cidre | au vinaigre, et de la chapelure aſin de lier ladite mousseux, ajoutez-y deux douzaines d'huîtres, sauce maigre. ainsi qu'une douzaine de moules bien épluchées, CARPE. On n'ignore pas que les carpes de mettez-y, si vous voulez des queues de cre- rivière sont beaucoup meilleures que celles qu'on vettes, et faites cuire le tout sur un fourneau pêche dans les étangs. Ce poisson est dans sa dont le feu ne soit pas trop vif. Il est à propos, plus grande bonté pendant les mois de mars, mai et durant la cuisson, d'arroser quelquefois le dessus juin. La laitance de carpe est très-nourrissante, du poisson avec le fond de son mouillement, afin savoureuse et délicate, et, qui plus est, très-facile qu'il se trouve bien pénétré du même goût que la à digérer. Ses eufs réunis en masses quelquefois partie qui est au fond du plat. énormes n'ont aucun inconvénient pour la santé, Ceci est la véritable recette des matelotes mais ils ne jouissent pas, à beaucoup près, de la normandes, dont la spécialité consiste à em même estime que sa laitance. ployer le cidre mousseux au lieu de vin blanc. Pour faire les honneurs d'une belle carpe, il Carrelet (comme on les mange en Hol- faut commencer par lui faire couper la tête, que tande). — Il faut couper un grand carrelet en l'on a soin de proposer au plus distingué des con- deux parties dans sa longueur, et puis ces deux vives : c'est surtout à cause de la langue que ce moitiés de carrelet en sept ou huit morceaux dans morceau est recherché (c'est peut-être le cas de le sens du large. On les fera cuire à l'eau de sel, faire observer que ce qu'on appelle une langue et puis on les dressera sur un plat foncé d'une ser de carpe est la voûte palatine de ce poisson, viette (ouvrée de couleur bise et de blanc, si l'on car on peut être certain qu'une carpe n'a jamais veut laisser à ce mets sa physionomie batave, ce eu de langue); ensuite, et toujours avec la truelle, qui est toujours une bonne enseigne à l'égard d'un on enlève la peau garnie de ses écailles ; et puis, plat de poisson). Voici la sauce appropriée pour en tirant une ligne du sommet à la queue, et la di- celui-ci. Nous ajouterons qu'il est à propos de la visant par d'autres lignes transversales, on ser- faire servir, non pas dans une élégante saucière, vira, aux environs, les morceaux compris entre mais dans un bol du Japon ou dans une jatte de la elles, en observant que le côté du ventre est tou- Chine. - Épluchez deux fortes poignées de jeune jours préférable à celui du dos. oseille, en ayant soin d'en extraire les côtes et de Les carpes les plus estimées sont celles du Rhin n'en garder que le plus tendre des feuilles. Mettez et de la Seine. Nous devons cependant avertir, par les dans une passoire que vous plongerez dans de amour pour la vérité, que ces prétendues carpes l'eau bouillante à deux reprises, et puis ajoutez du Rhin n'ont jamais vu ce fleuve de plus près ces feuilles d'oseille blanchie à une demi-livre de que d'une lieue. Ce sont des carpes pêchées beurre tout frais que vous ferez fondre au bain- dans les étangs de Lindre, de Gondrechanges, et marie dans la jatte où vous comptez le servir. autres situés dans la Lorraine allemande, qu'on Quand feu M. de Cussy parlait de ses voyages, amène encore jeunes à Strasbourg, où l'on achève et qu'il en venait à celle préparation culinaire, il leur éducation en les engraissant dans la rivière affirmait que rien n'était comparable à sa fraîcheur d'Ill, renfermées dans de vastes barraques. Telle et à sa simplicité. On aurait dit qu'il était question de ces carpes vaut jusqu'à huit cents francs. M. de d'une églogue charmante. la Reynière a publié qu'il en vit une, en 1786, qui Filets de carrelets à la Orly. Vous le- avait fait deux fois dans sa vie le voyage de Paris, verez les filets de quatre petits ou de trois moyens et qui était revenue à Strasbourg faute d'acheteurs. carrelets, vous les ferez mariner dans du jus de Elle avait fait sa route dans la malle du courrier, citron avec du sel et du gros poivre. Au moment et sans autre nourriture que du pain trempé dans de servir, vous les farinez et les faites frire d'une du vin. Elle existe peut-être encore. belle couleur; de leurs arêtes et leurs débris vous On sent bien que ce serait déshonorer de pa- aurez tiré un bon consommé avec du vin blanc, reils individus, que de les apprêter autrement lequel vous clarifiez, et qui leur servira de sauce. qu’au Bleu, à la Chambord, à la Régence ou à l'allemande. Les carpots du Rhône et les belles Carretets grillés. - Videz et lavez les car- relets, ensuite vous les huilez et y ajoutez du sel tale, pour prouver qu'en dépit du proverbe on carpes de Seine (assez estimées dans cette capi- et du poivre; prenez des chalumeaux de paille est quelquefois prophète dans son pays), se pré- que vous mettez sur le gril, et vos carrelets par- parent de même. Quant aux carpes moyennes, elles dessus; grillez-les à petit feu, et ensuite vous les dressez sur votre plat et les masquez d'une sauce ne se servent guère que frites, à l'étuvée, farcies, aux champignons, en matelote, à l'italienne, etc. blanche aux câpres, ou d'une sauce brune au jus de racines, avec des boutons de capucines confites Carpe au bleu (V. BROCHET). CAR ( 129 ) CAR Carpe à la Chambord. - Elle se prépare d'anguille, ensuite joignez-y vos morceaux de bro- comme le brochet à la Chambord (V. BROCHET). chetons ; quand ils seront à peu près cuits, ajoutez-y vos carpes; faites partir le tout à grand feu; cou- Carpe farcie à la Régence. -- Prenez une vrez votre casserole : il faul peu de temps pour belle ei grosse carpe, levez- en les peaux et les cuire les carpes; mettez roussir une trentaine de chairs; supprimez-en la majeure partie de la car- pelits ognons dans du beurre; retirez-les ; vous casse; conservez la tête et la queue, et laissez en- aurez préparé des champignons lournés, ainsi que viron trois pouces d'arête à l'une et à l'autre, se- des culs d'artichauts. Faites un roux dans la casse- lon la grandeur de votre poisson. Avec ces chairs role où est le beurre dans lequel vous aurez passé et celles d'une ou deux anguilles, vous ferez une farce comme il est indiqué à l'article des Quenel- ment de votre poisson ; délayez-en votre roux ; fai- vos ognons; votre roux fait, prenez l'assaisonne- les de Carpe. Prenez un plat de longueur, éten- tes bouillir et cuire votre sauce; passez-la à l’éla- dez de cette farce dans le fond, à peu près un minc dans une autre casserole; mettez-y vos petits doigt d'épaisseur; mettez aux deux extrémités la tête et la queue, faites un salpicon maigre avec leognons et vos champignons ; faites cuire de nou- veau et réduire votre sauce; dégraissez-la ; vous quel vous remplirez le ventre de cette carpe, ou un ragoût de laitances de carpes, le tout à froid ; le, égouttez-le , dressez-le en mettant les têtes au aurez tenu chaudement votre poisson ; épluchez- couvrez ce salpicon de farce; donnez à cette milieu du plat, et en entremêlant ces divers pois- farce la forme d'une carpe, même plus grosse et sons; garnissez-les de larges croûtes de pain pas- plus longue que celle dont vous avez employé la iête et la queue; faites en sorte que la tête et la @ufs et les laitances de carpes; mettez les culs sées dans le beurre; dressez sur le baut du plat les queue fassent corps, en les soudant bien avec la d'artichauts dans votre sauce; faites-leur jeter un farce, et que le salpicon ne puisse pas pénétrer au dehors; unissez bien cette farce avec une lame de bouillon ; goûtez si votre sauce est d'un bon sel, et ajoutez-y de belles écrevisses. Vous pouvez aussi, couteau trempée dans l'æuf; dorez-la avec deux @ufs entiers et battus , et simulez les écailles de prendre un pain à potage ou un pain mollet d'une pour rendre votre matelote plus volumineuse, votre carpe avec la pointe du couteau ; enveloppez demi-livre, en ôter la croûte de dessous, en sup- la tête et la queue d'un papier beurré; une heure avant de servir, mettez cet appareil dans un four primer la mie, et mettre dans cette croûte creusc une omelette aux croûtons frits. Vous établirez la moyennement chaud ; laissez-lui prendre une belle chose en la renversant au milieu de votre plat de couleur; ôtez le papier ; nettoyez les bords de vo- relevé, et vous dresserez la matelote autour et au- tre plat, et arrosez l'ensemble de ce ragoût avec dessus de cet appendice, en forme de dôme. une sauce maigre au vin d'Espagne, après l'avoir garni de grosses truffes, d'oranges ou de ceps, de Matelote vierge. - Après avoir préparé et laitances, d'écrevisses et de culs d'artichauts, le fait cuire votre poisson avec du vin blanc, passez tout cuil à la braise maigre et au vin blanc. de petits ognons à blanc dans du beurre , au lieu de les faire roussir; saupoudrez de farine; passez Grande matelote à la Royale (pour re- la cuisson de la carpe au tamis sur les ognons ; levé). — Ayez trois beaux carpeaux, deux lot- les, deux brochetons et deux anguilles : que l'un lorsqu'elle bout, mêlez-y des champignons coupés et blanchis à part; faites réduire votre sauce au des carpcaux soit au lait et l'autre aux æufs, c'est- tiers, et après l'avoir dégraissée, ôtez-en (avec l'é- à-dire, et pour parler en termes de cuisine, que cumoire ) les champignons et les ognons pour en l'un soit laité et l'autre æuvé. Videz-les; faites- en cuire les foies , les langues, les aufs et les lai- garnir votre poisson ; faites ensuite une liaison de tances à part; coupez les nageoires et le bout des jaunes d’æufs ; alors entretenez le tout sans faire bouillir; passez de nouveau la sauce au tamis, en queues de vos poissons; ôlez-en les ouïes; cou- pez-les par tronçons d'égale grosseur , et suppri- avec un entourage de croûtons et d'écrevisses sy- la versant sur votre poisson; dressez sur le plat, mez la pierre amère qui se trouve dans la tête des carpes ; dépouillez vos anguilles ; passez-les au feu métriquement entremêlés d’ognons et de cham- pignons. pour les limoner; ötez la tête et le bout de la queue. Prenez une grande casserole, où vous met Matelote à la marinière, Prenez carpes, trez des ognons coupés en tranches, des carottes barbillons, brochetons et anguilles : préparez-les coupées en lamies, du persil en branche et quel-comme il est énoncé à l'article précédent; ména- ques ciboules, une gousse d'ail, deux feuilles de gez-en le sang; faites blanchir de petits ognons en laurier , du thym, deux clous de gérofle, une pin- raison de la quantité de poisson ; laissez-les cuire cée d'épices fines et deux bouteilles de vin blanc aux trois quarts; ôlez-en la queue ei rendez-les de Champagne; faites cuire à moitié vos tronçons bien égaux; mettez du vin rouge dans un chau- 1 9 CAR ( 130 ) CAR sauce. dron en suffisante quantité pour que votre poisson 1 grosse carpe sans en perdre le sang, que vous re- y baigne, un morceau de beurre, avec les ognons, cueillerez dans une casserole; lavez l'intérieur un bouquet de persil et ciboules, laurier, clous de avec de bon vin rouge, que vous ferez tomber dans gérofle, sel, poivre, épices fines et un peu de basi- | la casserole qui contient le sang; mettez ensuite la lic; faites-le partir sur un feu de bois à la flamme; carpe dans un plat, et piquez-la partout pour y votre poisson cuit, liez votre matelote avec un faire pénétrer du sel fin. Laissez – la deux heures morceau de beurre manié de farine, que vous y dans le sel; mettez-la ensuite dans une poisson- distribuerez par petits morceaux ; remuez légère- nière avec quelques tranches d'ognon, un bouquet ment votre poisson , de crainte de le rompre, ét garni et une bouteille de vin rouge. Faites cuire à pour que votre sauce se lie également; dressez-le petit feu. sur votre plat, comme il est indiqué à l'article pré Quand elle est cuite, passez le court-bouillon cédent; faites réduire votre sauce si elle se trouve dans un tamis, et versez-le dans la casserole où est trop longue : lorsqu'elle sera réduite, ajoutez-y le le sang, avec un bon morceau de beurre manié de sang de vos poissons, et ne faites plus bouillir leur farine : faites bouillir à grand feu jusqu'à forle réduction. Ajoutez un anchois haché, muscade rå- Matelote à la Charles IX (V. LIÈVRE et pée et càpres entières. LAMPROYE). Dressez la carpe sur un plat et masquez-la de la même sauce. Matelote châtelaine. Comme il est sou- vent contrariant de couper en plusieurs morceaux Carpe à l'étuvée.- Coupez en tronçons une un beau poisson, quand une carpe est d'une gros- ou plusieurs carpes, après les avoir écaillées et vi- dées; ne perdez pas le sang , qui sert à lier la seur plus que moyenne, on peut la faire cuire en matelote et la servir entière avec son entourage de sauce; mettez le tout dans un chaudron, avec du tronçons d'anguille et de belles écrevisses. vin , suffisante quantité de beurre, sel, poivre, écorce d'orange et ognon : faites bouillir sur un Carpe au court-bouillon. Videz une feu vif. Si le feu prend à la surface du chaudron, carpe, sans lui ouvrir trop le ventre, sans lui cre ce qui arrive quand le vin employé est de bonne ver l'amer et sans endommager ses écailles ; ôtez-qualité, laissez-le brûler jusqu'à ce qu'il s'éteigne lui les ouïes, sans gåter sa langue; placez-la dans de lui-même. Laissez cuire jusqu'à ce que la sauce une poissonnière de capacité suffisante pour la soit réduite et presque tarie. contenir; faites bouillir un demi – setier de vinai- gre rouge; arrosez-en votre carpe; mouillez - la Carpe à l'étuvée au blanc. - Coupez une d'une braise maigre; couvrez-la d'un papier carpe par tronçons , et faites-la mariner avec une beurré; faites-la cuire à petit feu; sa cuisson faite, chopine de vin blanc, sel et poivre; passez des égouttez-la ; dressez-la sur une serviette et entou- champignons coupés en gros dés, avec une dou- rez-la de persil vert. zaine d'ognons blancs, un bouquet garni et un morceau de beurre ; mouillez avec du bouillon. Fricandeau de carpe. Échardez et sup- Quand les champignons et les ognons sont à moi- primez la peau d'une belle carpe; levez-en les tié cuits, mettez-y la carpe avec sa marinade ; chairs et ne laissez que la colonne vertébrale; pi: quand elle est cuite, liez la sauce avec de la crème quez ces chairs de menu Jard, si c'est en gras; si et des jaunes d'æufs. c'est en maigre, piquez-les de lardons d'anguille, et au lieu de lard pour foncer votre casserole, em Carpeaux frits. — Prenez deux carpeaux, ployez du beurre; ajoutez-y trauches d'ognons et échardez ou écaillez-les; coupez-leur les nagcoi- lames de carottes, vin blanc et bouillon de poisson res, ciselez-les en les ouvrant par le dos; fendez- maigre; posez sur ce fond votre poisson; couvrez leur la tête, ôlez-en les ouïes, ainsi que la pierre le d'un papier beurré; faites-le partir et cuire jaune qui se trouve dans la tête. Enfin trempez-les comme un fricandeau avec feu dessus et dessous : dans un peu de lait; farinez-les et faites-les frire; sa cuisson faite, égouttez-le, tirez par les gros lorsqu'ils seront à moitié cuits, farinez-en les lai- bouts les arêtes ou côtes de votre carpe; faites en tances ou les æufs; mettez-les dans la friture; faites sorte qu'il n'en reste aucune; glacez vos frican en sorte que vos poissons soient bien fermes et deaux, et servez-les sur une purée de champi- d'une belle couleur; égouttez-les ainsi que la lai- gpons ou d'oseille, ou d'ognons blancs à la Soubise. tance ou les œufs; dressez-les sur un plat garni Si vous n'avez point de glace maigre, ne vous d'une serviette, et mettez dessus la laitance ou les en tourmentez pas; faites réduire votre fond, et @ufs frits. Carpeaux à la liégeoise. Coupez trois Carpe à la bourguignonne, -- Habillez une Habillez une 'carpeaux ou une moyenne carpe en morceaux , servez-vous-en. CAR ( 131 ) CAS après l'avoir lavée sans la vider ni ôter les ouïes ; , d'heure; assaisonnez avec du poivre et du sel. La enlevez seulement le gros boyau; metlez vos mor cuisson faite, épaississez la sauce avec deux ou ceaux dans une casserole ou dans un poêlon, avec trois jaunes d'œufs, un peu de crème et du persil du sel, du gros poivre, des quatre épices, des blanchi. tranches d'ognons, une ou deux bouteilles de C'est une entrée si fine qu'on ne la sert guère bière; il faut que votre poisson baigne dans la que dans une casserole et en extrà. sauce ; mettez votre casserole sur un grand feu ; Quenelles de carpes. Épluchez, préparez faites réduire votre sauce assez pour qu'il n'en reste à peu près qu'un verre; servez volie carpe faites-en des quenelles en ajoutant à la chair de et hachez deux carpeaux avec une anguille, et avec son bouillon , sans le lier. ces poissons un ou deux anchois. Vous servirez Sauté de filets de carpes. - Levez les filets ces quenelles avec une sauce béchameil, ou sur de quatre ou cinq petites carpes; ôtez-en la peau, une purée d'écrevisses (V. QUENELLES). coupez-les en carrés longs de deux pouces et larges de neuf lignes; arrangez-les sur le sautoir ; CASSEROLE, On appelle également ainsi au moment de servir, mettez le sautoir sur un ſeu des ustensiles culinaires et plusieurs sortes de pré- vif; aussitôt que le beurre jettera quelques bouil-parations comestibles. Nous allons d'abord nous lons, retournez, les morceaux quand ils seront occuper des ustensiles. cuits; égouttez-les, et dressez-les en miroton sur On fait des casseroles en fer-blanc, en cuivre un plat avec une purée de tomates ou une sauce étamé, en fonte, en zinc, en terre, en faïence, en poivrade. plaqué d'argent et en argent. Laitances de carpes frites. — Ayez quinze Les casseroles en fer-blanc ne présentent aucun à dix-huit laitances de carpes : leur grosseur dé- inconvénient pour la salubrité, mais elles se dé- terminera la quantité que vous devez en prendre ; truisent ou se détériorent trop aisément pour quc supprimez-en les boyaux; mettez ces laitances à la préparation des aliments n'en souffre pas. Lors- dégorger dans de l'eau fraîche; changez-les d'eau qu'on y fait roussir du beurre, l'étain coule et plusieurs fois, et lorsqu'elles seront devenues bien laisse le fer à nu, et lorsqu'il est dans cet état, il blanches, mettez de l'eau dans une casserole, avec ne tarde pas à être percé. Les casseroles de fer- un filet de vinaigre et une pincée de sel; posez-la blanc transmettent rapidement la chaleur, ce qui sur le feu, et lorsque cette eau bouillira , mettez expose les substances qu'on y fait cuire à être y les faitances; faites-leur jeter un bouillon, et brûlécs. au moment de servir, trempez-les dans une pâte Le cuivre est le métal le plus généralement em- légère; faites-les frire d’un belle couleur ; égout- ployé pour les casseroles. Il a l'avantage de durer tez-les et dressez-les sur un plat avec du persil long-temps; mais si les vases qu'on en fait ne frit. sont pas entrelenus avec une excessive propreté, Hachis de carpes. Écaillez, videz et écor- si on y laisse refroidir des substances grasses ou chez des carpes; prenez-en la chair en la lavant acides, on s'expose au danger d'être empoisonné. par tranches; mettez-la dans une casserole, sur Cet empoisonnement n'est pas toujours mortel; un feu doux, en la remuant pour la faire dessécher souvent même il est inaperçu : cependant on ne un peu; renversez ensuite le contenu de la casse- peut douter que des incommodités plus ou moins role sur une lable, et ajoutez-y un morceau de graves, qu'on attribue à d'autres causes, ne doi beurre, un peu de persil et de ciboule, avecsun vent souvent être rapportées qu'à un véritable cm- champignon. Hachez le tout ensemble ; faites en poisonnement par le vert-de-gris. suite un petit roux dans une casserole, et mettez-y On se fie trop sur l'étamage, et peut-être serait- le bachis avec sel, poivre et un peu de jus de ci-il préférable d'y renoncer. Un cuisinier n'oserait tron. Remuez toujours pour que rien ne s'attache ; certainement pas se servir d'un vase de cuivre non mouillez avec du bouillon de poisson, et servez étamé, sans l'avoir auparavant écuré avec de la sous des culs pochés avec une garniture de croû cendre. On s'en dispense presque toujours pour tons frits. les vases elamés, quoiqu'on sache très-bien que Langues et laitances de carpes. Failes | l'étain commence à fondre avant que le beurre mijoter quelque temps et à petit ſeu, dans une ne bouille, et qu'alors une partie du cuivre se casserole, du beurre, des champignons, une tran trouve à nu. L'étamage forme d'ailleurs une cou- che de jambon, le jus d'un citron et un bouquet de che si mince, que le moindre frottement suffit fines herbes; joignez-y un peu de farine, vos lan- pour l'enlever. On peut donc être certain que, gues et lailances de carpes et un peu de bon dans toute casserole qui a servi à faire un scul bouillon, Faites bouillir le tout environ un quart | roux, ou qui a été ocurée une seule fois, 9. CAS ( 132 ) CAS - unc partic du cuivre n'est plus garantie par l'éta - | four bien chaud , afin que la croûte soit dorée et mage. M. Lorein a fait observer très-judicieuse- croquante. Servez à sec après avoir égoutté la ment qu'il vaudrait mieux ne plus élamer du tout, graisse qui pourrait se trouver au fond du plat. et employer le cuivre à nu, ce qui obligerait les praticiens culinaires à plus de sollicitude. Casserole au riz à la Reine. Après On devrait aussi remplacer, pour tous les vases avoir haché très-fin les blancs de deux poulardes de cuisine, le cuivre rouge par le cuivre jaune, blancs (le tout cuit), vous les pilez bien parfaite- avec une douzaine de beaux champignons bien parce qu'il est moins attaquable à l'oxide. On a fait, il y a quelques années, beaucoup de ment et les délayez; ensuite avec de la béchameil travaillée d'un bon consommé de volaille à l'es- casseroles de zinc, et le bon marché en répandait l'usage; mais on a bientôt reconnu que ce métal sence de champignons, vous passez cette purée de était trop facilement attaquable par les graisses, volaille par l'étamine blanche, et la mettez au bain par les acides, et même par l'eau pure, pour que marie, afin qu'elle devienne presque bouillante son emploi dans les cuisines fût sans inconvénient : sans ébullition, puis vous la versez dans la casse- role au riz. Pour servir de couvercle, vous placez on y a généralement renoncé. Les casseroles de poterie vernissées ne sont pas dessus et en couronne six æuſs frais pochés bien non plus sans inconvénient lorsque leur couverte vinaigre), et placez en travers sur chaque auf un mollets (à l'eau bouillante avec sel et une pinte de est composée, comme cela a presque toujours filet mignon de poulets à la Conti. Étant prêt à lieu, d'oxides de plomb et de cuivre. servir, vous masquez le milieu des aufs avec un La faïence, lorsqu'elle supporte le feu, ou une peu de béchameil, et vous glacez légèrement la dé- poterie fortement cuite et sans couverte, ou avec coration de la casserole au riz avant de la servir. une couverte non métallique, sont les sub- stances les plus convenables pour toutes les pré Casserole au ri: i la polonaise. — Vous parations alimentaires. Malheureusement on trouve bachez suffisamment de la chair (cuite) de per- rarement de la faïence qui aille au feu, et l'art dreaux, de faisans, de lapereaux ou de levreaux, du potier est encore dans son enfance. Nous avons avec quelques champignons ; vous la pilez, et en- des contrées où l'on fait des poteries salubres suite vous la délayez avec un fumet de gibier à quoique grossières : avec un peu plus de soin l'essence de champignons; puis vous passez le tout on leur donnerait toute la perfection désirable. à l’étamine blanche, et mettez ce coulis au bain- Les casseroles de fonte sont très-saines; mais marie. Étant presque bouillant et prêt à servir, elles ont seulement l'inconvénient de noircir toutes vous en garnissez la casserole au riz que vous les préparations qui contiennent des substances glacez légèrement, et, pour servir de couvercle, astringentes ; ces casseroles seraient parfaites si, vous faites dessus une couronne de petites truſſes sans ajouter beaucoup à leur prix, on parvenait à sautées dans la glace, avec de beaux champignons en polir l'intérieur. et des rognons de coq. Les casseroles d'argent et de plaqué d'argent sont, à cause de leur prix, des ustensiles de luxe; Casserole au riz à l'indienne, -- Vous la celles de plaqué cependant ne sont pas tellement garnissez d'un kari. Le kari n'est autre chose chères qu'on ne puisse en user pour certaines pré- qu'une fricassée de petits poulets à la Reine, dans du parations dont on doit écarter avec soin tout ce laquelle vous ajoutez une infusion de safran, qui est étranger à leur nature. A défaut de plaqué poivre de Cayenne et du piment, puis des petits d'argent, on peut appliquer au même usage des lardons de poitrine que vous coupez avec un coupe- casseroles d'étain allié d'un centième à un cen- racine du diamètre de six lignes; après les avoir tième et demi de cuivre jaune : cet alliage est sa- blanchis, vous les faites cuire dans du bouillon, et lubre, et les vases qu'on en ferait seraient propres les joignez dans la fricassée qui sera garnic de à beaucoup de préparations alimentaires : il fau- quelques crêtes, rognons et champignons, liés se- drait seulement éviter d'y faire bouillir du beurre lon la règle. La casserole au riz élant garnie, vous ou de l'huile. placez dessus, en couronne, de petits cornichons bien verts. Casserole au riz à la bourgeoise. Faites cuire dans une braise un morceau de viande quel Casserole au riz de bonne morue. Ayez conque; quand elle est cuite et bien égouttée, deux belles crêtes de moruc bien blanche, bien dressez-la sur un plat, et couvrez-la de riz à moi tendre et bien fraîche. Faites-la dessaler, et un lié cuit avec de bon bouillon bien nourri, arrosez moment avant le service, vous la mettez dans une avec du lard fondu; unissez avec un couteau, casseroléc d'eau fraiche sur le feu. Aussitôt qu'elle formant une massc demi-londe; files cuire au commence à entrer en ébullition, vous l'òlez de en CAS ( 133 ) CEL dessus le feu, puis vous jelez dedans un charbon | tant moins soluble qu'il est plus pur, n'a qu'une ardent, et la couvrez quelques minutes; ensuite action successive qui paraît moins intense. Si on vous l'égouttez sur une serviette, et en séparez les fait fondre le sucre dans l'eau, il affecte plus vi- peaux et les arètes; vous la saucez d'une bécha vement l'organe du goût qu'une quantité égale de meil maigre. Placez-la au bain-marie. Au moment cassonade fondue dans une même quantité de li- de la servir, vous y joignez un morceau de beurre quide. et une pointe de muscade. CATILLARD, nom qu'on donne à certaines Casserole de riz garnie d'un ananas pêches et à certaines poires. La poire de Catillard formé de pommes. Vous faites cuire douze se mange en octobre ct novembre; tout le monde onces de riz de la Caroline , avec de l'eau, du sait que c'est une grosse poire qui n'est pas très- beurre et du sel : le riz étant prêt, vous le sépa-estimée; mais quand on la fait cuire au four de rez en deux parties. De l'une vous formez un dôme plat du dessus et cannelé autour; puis, de lée, elle en acquiert beaucoup plus de sucre et manière à ce que la pelure en soit presque riso- l'autre partie, vous formez un second dôme, le de sapidité. bord évasé, afin de former la coupe. Vous faites cuire ces deux petites casseroles au riz à four CAVE. A Paris, il faut éviter qu'une cave soit chaud, et leur donnez une belle couleur blonde. exposée aux ébranlements qu’occasionne , jusqu'à Vous les videz parfaitement, mais par dessous : une certaine distance, le passage des voitures. alors vous remplissez le dôme cannelé avec du riz Ces ébranlements déterminent l'ascension de la (six onces préparées selon la règle), et vous met- partie la plus légère de la lie, dont le mélange avec tez au milieu des pommes coupées en quartiers. | le vin suflit souvent pour le faire aigrir. Vous retournez le moule sens dessus dessous sur Si la cave est en communication avec un bûcher son plat d’entremets : alors vous placez par des- rempli de bois vert, avec un amas de fruits, ou sus la coupe; avec la pointe du couteau, vous avec tout autre dépôt de matières en fermentation Ôtez le fond des deux casseroles au riz, qui se continuelle, il est impossible de conserver le vin trouvent l'une sur l'autre, et vous garnissez en- sans qu'il s'altère. suite le fond et les parois de la coupe, de manière La cave doit être tenue constamment dans un qu'elle figure un vase, où vous placez le reste du état de propreté parfaite : on doit faire enlever les riz en forme d'ananas en groupant à l'entour de ordures qui tomberaient par les soupiraux, lors- ce riz des quartiers de pommes cuites dans du que ceux-ci sont ouverts à la surface du sol. On sucre au caramel, afin de les colorer en jaune. évitera d'y resserrer des légumes, et notamment Vous les aurez coupées en forme de tête de clous, des choux et des ognons. de manière à ce qu'ils imitent un corps d'ananas, sur lequel vous placerez une couronne de longues CAVIAR ou KAVIAR. On donne ce nom à tiges d'angélique. Garnissez le pourtour avec des des aufs d’esturgeon qu'on a confits avec du sel, feuilles de biscuits aux pistaches. Au moment du du poivre et des ognons, et qu'on a laissés fermen- service, vous masquez légèrement la surface de la ter. On fait un grand usage de ce mets dans toute croûte de la casserole au riz, avec de la marme la Russie, et il est très-recherché à Paris. Le ca- lade d'abricots bien transparente, de même cou viar liquide (car il y en a de sec et de fumé) est Jeur que l'ananas. un hors-d'œuvre digne d'estime et d'attention. On peut servir ce bel entremets chaud ou froid, CÉDRAT. (V. AROMATES INDIGÈNES.) CASSIS, groseillier à fruit noir. Ce fruit ne se mange ni cuil, ni cru (V. AROMATES et RA- CÉLERI, espèce d'ache imprégnée d'une TAFIA). odeur aromatique et d'un principe qui n'est pas sans âcreté. Le céleri ne devient comestible que CASSONADE. La cassonade ne diffère du par l'étiolement qui affaiblit son arôme. Il n'est sucre en pain que par son état pulvélurent et sa pas également bon dans tous les terrains : le meil- moins grande pureté : elle retient une notable leur est toujours celui qui a été le plus complète- quantité de mélasse qui la rend oléagineuse. La ment étiolé, qui est parfaitement blanc, et dont cassonade a une saveur plus sucrée que le sucre les côtes des feuilles sont pleines et non pas creu- en pain, et cependant elle contient moins de su ses; il faut aussi qu'elles se cassent nettement cre pur : cette saveur plus intense est due à sans former de filets. Il est rare que le céleri réu- la plus grande dissolubilité de la cassonade, dont nisse toutes ces qualités. toutes les molécules peuvent agir à la fois sur l'or On le mélange avec toutes les salades d'hiver; gane du goût : le sucre, moins soluble, et d'au et de plus on le mange seul avec une rémoulade. CEL ( 134 ) CER Il y a une espèce de céleri qui a une racine tu de l'eau-de-vie avec du sucre; mettez-les ensuite berculeuse grosse comme le poing : cette espèce dans une pâte à frire; faites-les frire et glacez-les est peu cultivée, et ne mérite guère de l'être. avec du sucre en poudre et une pelle rouge. Céleri au jus à la bonne femme. -Parez CEPS, espèce de fongus qui se rencontre com- des pieds de céleri, en ôlant toutes les feuilles qui munément dans le midi de la France et qu'on sont dures et vertes; coupez les pieds d'égale lon- gueur et faites-les blanchir ; faites ensuite un roux trouve quelquefois entre les roches de Fontaine- léger; passez-y le céleri ef mouillez avec du bouil-bleau, à l'exposition du couchant d'été. On en re- lon; assaisonnez avec sel, gros poivre et muscade çoit aussi de la Sologne, où on les fait sécher pour les expédier à Paris. On en fait le même usage que râpée : quand le céleri est cuit, liez la sauce avec des autres champignons dont le ceps est une des quelques cuillerées de jus, ou avec quelque fond variétés les plus savoureuses. de cuisson, ou enfin avec du beurre manié de fa- rine. CÉRAT (V. PHARMACIE DOMESTIQUE). Céleri frit à la bourgeoise. - Après l'avoir épluché et blanchi, faites-le cuir dans du bouil CERF. Quand le cerf est âgé de plus de trois lon; égouttez-le el trempez-le dans une pâte à ans, ce qu'il est aisé de voir à ses ramures, la frire : faites frire de belle couleur. chair en est toujours coriace; mais celle des jeu- Surtout choisissez, pour faire frire, du céleri nes cerfs est délicate, et la même observation doit bien plein, rognez les feuilles très-près de la ra être faite à l'égard des daims sauvages et des cha- cine, et fendez les pieds en deux ou en quatre mois. morceaux, suivant leur grosseur. Cerf róti. — Piquez le filet ainsi que l'éclan- Céleri à la crème. Épluchez du céleri et che ou l'épaule d'un jeune cerf avec du lard bien coupez-le comme on l'a dit à l'article Asperges assaisonné, et faites-les mariner avec vin blanc et en petits pois; après l'avoir fait blanchir et verjus, sel, gros poivre, un fort bouquet et iran- égoutler, passez-le dans la casserole avec un mor ches de citron vert : faites rôtir en arrosant avec ceau de beurre, saupoudrez d'une pincée de fé la marinade; liez ce qui est tombé dans la lèche- cule, et mouillez avec du bouillon; étant cuit, frite avec du jus , ou avec un rour peu chargé de réduit, et de bon goût, finissez par une liaison de farine ; ajoutez câpres et jus de citron, gros poivre. jaunes d'oeufs que vous aurez délayés dans de la Servez comme grosse pièce en relevé de potages. crème : ajoutez un peu de muscade, et servez avec une garniture de croûtons et un peu Rouelles de cerf à la Saint-Hubert.-Cou- Le céleri à la crème est un entremets assez pez de la chair de cerf en gros morceaux, et pi- élégant. quez-les de gros lard assaisonné; passez à la casse- role avec du lard fondu ; mouillez avec moitié Céleri à la moelle (V. CARDONS). bouillon et moitié vin rouge : assaisonnez avec sel, Ceteri au velouté. - Après avoir épluché et gros poivre, laurier, citron vert, bouquet garni ; lavé du céleri, coupez-le par petites parties, en faites cuire à petit feu et liez avec un roux, auquel gardant les feuilles tendres que vous faites blan vous ajouterez du sucre, des cornichons coupés et chir dans de l'eau bouillante, avec du sel et un des pruneaux de Tours que vous y ferez cuire. Ce peu de beurre. Après sa cuisson, faites-le rafrai- ragoût princier est toujours d'étiquette au repas de chir, hachez-le très-menu, et mettez-le dans une la Saint-Hubert, quand on fête cet anniversaire à la casserole avec du beurre, du sel, du poivre el de campagne. la muscade râpée; mouillez avec du velouté et du bouillon en égale quantité; faites réduire, et ser- Oreilles et langue de cerf en menus-droits. Échaudez ces morceaux de venaison à l'eau vez avec un entourage de croûtons glacés au blond bouillante, afin de les épiler et nettoyer plus exac- tement qu'en les mettant sur le gril, et parce que Céleri fril. Faites blanchir des pieds de cette dernière manière de les préparer pourrait céleri, que vous choisirez les plus beaux possible, leur imprimer un goût désagréable. Tailladez-les, et que vous éplucherez et laverez avec soin; fai ce qui s'appelle un menus-droits ; faites les cuire tes-les cuire dans une casserole avec des bardes de à la braise avec une petite botte de foin bien fice- lard, du sel, un bouquet garni; mouillez avec du lée. Au bout d'une heure et demie de cuisson, pas- bouillon non dégraissé; et recouvrez le tout avec sez le mouillement à l'étamine, et joignez-y une des bardes de lard et du papier huilé. Quand ils égale quantité de vin de l'Ermitage blanc ou de seront bien cuits, vous les ſerez bien mariner dans Châteauneuf-du-Pape, avec une liaison de trois de sucre, de veau. CER ( 133 ) CER jaunes d'ayfs et deux pincées de tanaisie pulvéri- originaire de Plombières, les guignes ne se man- sée. C'est un mets traditionnel et immémorial qu'il gent jamais qu'étant crues. Il en est de même des est bon de faire servir en extra sur un de ces an bigarreaux; mais lorsque ceux-ci sont confits au ciens plats de Limoges où l'on voit toujours des vinaigre ils forment un hors-d'oeuvre apéritif très- fruits ou des poissons en relief de couleur. C'est recherché. la coûtume élégante et le bel usage. Il est même Cerises aux croûtons. Mettez dans une adopté depuis quelque temps dans les maisons les moins aristocratiques. casserole d'argent un pot de confitures de cerises, que vous aurez fait chauffer; passez au beurre CERFEUIL, plante arożnatique et potagère quelques petits croûtons de pain; passez-les ensuite qui ne s'emploie qu'en assaisonnement; et à la dans du sucre pulvérisé ; décorez-en le dessus de quelle on reconnait, entre autres propriétés sani- vos confitures; et servez pour entremêts. taires, celles d'être éminemment diurétique et dé Cerises en chemise blanche. Battez un purative. On n'omettra jamais d'en faire usage en blanc d'œuf jusqu'à ce qu'il se melte en neige; certains cas indiqués ; mais on fera bien de ne trempez-y les cerises les plus grosses que vous l'employer qu'avec réserve (V. BOUQUET). . pourrez avoir, en faisant attention qu'elles soient bien mûres, et après leur avoir coupé la moitié de CERISES. Les cerises communes, dont la la queue ; après les avoir trempées dans votre blanc chair est peu colorée, contiennent beaucoup d'a- d'euf, roulez-les dans du sucre passé au tamis de cide et peu de sucre : elles sont très-rafraîchissan- soie ; ayez soin qu'elles prennent le sucre bien éga- tes; mais quand on en mange avec excès, elles dé-lement; soufflez sur celles qui en auraient trop pris; labrent l'estomac. mettez-les ensuite sur une feuille de papier, et met- L'espèce commune a cependant donné naissance tez-les sur un tamis à l’étuve jusqu'à ce que vous à des variétés dont la chair est douce, légèrement vous en serviez. Vos cerises doivent être espacées acide et sucrée. Celles de ces variétés qui ont la sur la feuille de papier de manière à ne pas se lou- chair colorée et peu consistante sont les meilleu-cher. res. La malière colorante y paraît associée à un Marmelade de cerises au beurre. - Sup- principe légèrement astringent qui en facilite la primez-en les queues et les noyaux (vous aurez eu digestion. soin de les choisir les plus belles et les plus mûres Les meilleures cerises viennent à Paris de la val- possible). Vous les ferez réduire à la moitié de leur lée de Montmorency; mais on remarque que de- volume dans un bassin et sur un feu doux, en les puis quelques années la bonne espèce est sensible- ment moins abondante. On a planté beaucoup de remuant souvent avec une spatule; vous clariſie- rez et ferez cuire au petit cassé du sucre; il en faut cerisiers dits anglais, qui donnent des cerises plu- le double en poids de vos cerises; vous verserez tôt brunes que rouges, plutôt amères qu'acides, les fruits dans le sucre, en remuant jusqu'à ce et qui n'ont ni la douceur ni la délicatesse de celles que la marmelade soit cuite; alors vous la retire- connues sous le nom de gobets à courte queue, rez du feu, et vous y mettrez un peu de beurre, que les amateurs leur préfèrent toujours. pour en garnir des flancs, des cannellons, des tar- Les bigarreaux et les guignes, quoique bien moins salutaires que les cerises, sont cependant tou- telettes et autres pâtisseries d'entremets. jours plus chers à Paris, à grosseur égale. Cerises frites à la d’Aumont. Posez On fait avec les cerises, surtout dans leur pri- douze cuillerées de confiture de cerises, chacune meur, d'excellentes compotes; on en fait aussi sur un large pain à chanter, humectez avec de l'eau d'assez bonnes confitures; on les dessèche au four, un second pain à chanter et appliquez-le sur le pre- on les botte avec du sucre fin, on les met à mi- mier en sens contraire; vos cerises ainsi envelop- sucre, on les met en conserve; on les prépare à pées, vous les tremperez dans une pâte à frire faite l'eau-de-vie, en dragées ; on en garnit des tour- avec du beurre au lieu d'huile, et à laquelle vous tes d'entremets; enfin c'est un des fruits qui offre aurez ajouté un peu de vin de Madère et de ratafia le plus de ressource aux officiers, et surtout aux de noyaux; faites-leur prendre une belle couleur confiseurs. dans une friture moyennement chaude; vous les On prépare avec des guignes, du beurre, du su- égoutterez, les poudrerez de sucre fin, et les ser- cre et des dés de mie de pain grillée, un plat d'en- virez. tremets qui, lorsqu'il est bien fait, est un manger Cerises à l'eau-de-vie. - On choisit des ce- délicieux, et cet entremets porte le nom de Soupe rises belles, et pas trop mûres; on leur coupe la aux cerises, quoiqu'il ne se fasse jamais qu'avec queue à moitié, et on les met dans un bocal avec des guignes. A l'exception de cette préparation, I quelques clous de gérofle et un peu de cannelle; on CER ( 136 ) CER fait clarifier un quarteron de sucre pour une livre et de lard ; mais il est essentiel que l'un et l'autre de cerises et une pinie d'eau-de-vie. Quand le su- soient hachés très-fin. crc est au cassé, on y verse de l'eau-de-vie à 22 Pour rendre ces compositions plus délicates, on degrés ; on mêle le sirop avec l'eau-de-vie; enſin peut y ajouter des blancs de volaille ou de la rouelle quand il est froid, on le verse sur les cerises, ei onde veau, des truffes et des champignons hachés. met un bouchon de liége sur le bocal, qu'il faudra couvrir, qu'on liera fortement d'un parchemin Gros cervelas appelé Saucisson de Lyon. mouillé. Prenez de la chair de cochon courte et mai- gre; ajoutez moitié en poids de filet de bæuf et Cerises du nord séchées au four. Choi- autant de lard ; ainsi pour quatre livres de cochon sissez les cerises dont la chair est rouge et qui, il faudra deux livres de filet et deux livres de lard. quoique très-juteuse, est plus consistante que celle Hachez le cochon et le filet, et pilez-les ensuite; des cerises communes : cette espèce mûrit tard; coupez le lard en dés; mêlez de manière que le il y en a même une variété tirée depuis peu du lard soit réparti également; assaisonnez, pour la nord de l'Europe, qui ne mûrit qu'en septembre. quantité ci-dessus, avec sept onces de sel, un gros Elles doivent être mûres sans être tournées ; de poivre fin, un gros de poivre concassé moyen, Ôtez-en les noyaux et les queues; arrangez-les sur deux gros de poivre entier, quatre gros de nitre, des claies et commencez par les exposer au soleil; ail et échalottes si vous voulez; pétrissez le toul, mettez-les ensuite dans un four médiocrement et laissez reposer pendant vingt-quatre heures ; chaud, d'où vous les retirerez quand elles en auront remplissez de ce mélange de gros boyaux bien net- acquis la température ; lorsqu'elles sont refroidies, toyés et lavés successivement à l'eau chaude et au remettez-les au four, et continuez ainsi jusqu'à ce vinaigre; foulez avec un tampon de bois bien uni, qu'elles soient assez sèches pour être gardées. pour ne pas déchirer les boyaux dans lesquels il ne En opérant ainsi les cerises restent molles; leur doit pas rester d'air; fermez-les et ficelez-les comme acidité disparaît en partie, el elles en acquièrent une carotte de tabac; mettez-les dans un saloir, un goût parfait. On s'en sert agréablement pour avec sel et salpêtre, pendant huit jours; retirez- garnir des tourtes et des gâteaux fourrés, pour as les ensuite pour les faire sécher dans la cheminéc. saisonner les puddings et les babas, enfin pour mé. On reconnaît qu'ils sont assez secs quand ils sont langer dans toutes compositions où il doit entrer devenus blancs : faites bouillir de la lie de vin avec de l'écorce de citron confite et des raisins de Co- de la sauge, du thym et du laurier; resserrez les fi- rynthe. celles des saucissons et barbouillez-les avec cette (Pour les autres préparations des cerises lie; lorsqu'ils sont secs, on les enveloppe de papier à l'usage du dessert, V. COMPOTE, CONFITURE, et on les conserve dans la cendre. CONSERVE, GLACE et RATAFIA). Cervelas à trancher et pour garnir.- Prenez de la chair de cochon bien tendre et entre- CERNEAUX, noix vertes dont on sépare l'a- lardée, hachez-la avec du persil et un peu d'ail; mande de la coquille et du brou, en la cernant assaisonnez de sel et épices mêlés; emplissez de avec la pointe d'un couteau. On sert les cerneaux ce mélange des intestins de grosseur convenable; avec de l'eau assaisonnée de beaucoup de sel, de faites cuire pendant deux ou trois heures et con- poivre noir et de suc de verjus (muscat, s'il est servez au sec, afin d'en user suivant les indications possible). données. CERVELAS, saucisson gros et court, dont la Cervelas-mortadelle, autrement dit Saucis- chair de porc est ordinairement la base. son de Bologne. Prenez de la chair de porc Cervelas ou saucisses à la ménagère. ---Ha- ajoutez une demi-livre de sel, deux onces de poi- grasse et maigre; hachez-la, et pour douze livres chez de la chair de cochon dépouillée de nerfs et de membranes, avec quantité égale de lard ; ajou- qu'il est nécessaire pour lier la pâte : pétrissez le vre entier, et autant de bon vin blanc et de sang tez persil, ciboules, thym et basilic pilés, sel et tout ensemble ; remplissez-en des boyaux en pres- quatre épices; mettez le tout ensemble ; formez- sant la viande. Faites les saucissons de la longueur en de petites masses ovales, et enveloppez-les avec qui vous convient, el nouez-les fortement avec une de la crépine, après les avoir aplaties. ficelle : faites-les sécher à l'air ou à la fuméc; Les saucisses rondes se préparent de la même manière, excepté qu'au lieu d'envelopper la chair quand ils sont secs, séparez-les. avec de la crépine, on l'entonne dans des intestins Cervelas façon de Milan. - Prenez six li- de volaille bien nettoyés. vres de chair de porc maigre, une livre de bon On peut varierà volonté les proportions de chair lard, quatre onces de sel, une once de poivre, le CHA ( 137 ) CHA tout bien haché et mêlé ; ajoutez une demi-bou- \ des évacuations naturelles : en général, elles sont teille de bon vin blanc et une livre de sang de porc, laxatives, et le sont d'autant plus qu'elles appro- avec une demi-once de cannelle, de gérofle pilés, chent davantage de cet état de viscosité glaireuse et de gros lardons faits de tèle de porc et saupou- qu'elles doivent à leur origine. Beaucoup de per- drés avec les épices indiquées ci-dessus; mélan sonnes ne peuvent manger de l'agneau sans en gez bien le tout avant de l'introduire dans des in être incommodées : à la vérité, dans ces aliments testins bien lavés et nettoyés, qu'on noue de six la fibre est plus molle, plus aisée à diviser; mais pouces en six pouces : faites cuire pendant deux si l'on veut chercher le point où toutes les viandes heures dans de l'eau ; et, pour empêcher qu'ils ne ont toutes les propriétés les plus favorables à la crèvent, piquez-les avec une aiguille lorsque la nutrition, il faut les prendre dans le moment où première impression de la chaleur a coagulé le la partie gélatineuse a perdu cette viscosité, et où sang. Lorsqu'ils sont cuits, on les fait sécher jus- la substance fibreuse n'a point encore acquis une qu'à ce qu'ils soient très-fermes. trop grande solidité, ni une trop forte proportion Cervelas maigres à la Bénédictine. -De- avec la substance gélatineuse. pouillez des anguilles et hachez-en la chair avec Parmi les chairs des jeunes animaux que leur un peu de chair de carpe; joignez-y du beurre viscosité rend peu alimentaires et difficilement di- frais, un peu de persil et de ciboules hachés, quel gestibles, il faut mettre au premier rang celle du ques échalotes et une gousse d'ail; assaisonnez de cochon de lait; il est peu d'aliments qui convien- sel et d'épices fines ; mêlez le tout ensemble avec nent à moins d'estomacs, et qui occasionnent des quelques auſs; emplissez-en des boyaux de pois-indispositions plus violentes. son; formez vos cervelas de la longueur que vous Viennent ensuite les chairs du veau, de l'agneau voudrez; faites-les fumer à la cheminée pendant et du chevreau, quand ils sont tués peu de semai- trois jours, et mettez-les à cuire dans du vin blanc nes après leur naissance. Les ordonnances de po- avec des ognons, des racines et un bon assaison lice prescrivent de ne les abattre que lorsqu'ils nement. sont âgés de six semaines au moins; mais ce terme est encore trop court pour le veau, qu'on devrait Cervelas de plusieurs façons. - On pro- toujours laisser vivre jusqu'à trois mois : deux cède pour la composition comme dans les articles mois peuvent suffire pour l'agneau et le chevreau; précédents ; de plus, on met des truffes, des pis- mais leur chair est plus savoureuse et plus nutri- taches, ou des échalotes hachées, suivant qu'on tive lorsqu'on leur a laissé dépasser ce terme. veut avoir des cervelas aux truſſes ou aux pis- taches. Quand on veut les faire aux ognons, on les La chair des jeunes oiseaux, domestiques ou sauvages, et celle des jeunes gibiers à poil, a déjà , beurre, et quand ils sont cuits, on les incorpore perdu sa viscosité peu de jours après leur nais- sance. Leur chair est tendre sans être molle; elle dans son appareil. On procède comme il est indi- est blanche et gélatineuse; elle se digere aisément, qué pour les préparations ci-dessus. et convient particulièrement aux estomacs les CERVELLE. La substance ou parenchyme moins énergiques. et nous avons dit pourquoi nous conseillons de ne sont celles qui se digèrent le mieux, surtout lors- pas employer celle du bæuf. Quant à celle des qu'elles ne sont pas trop imprégnées de graisse : autres animaux dont la cervelle est comestible, et même dans ceux de ces animaux qui ont été V. ABATTIS, AGNEAU, VEAU, COCHON DE LAIT, engraissés, il y a des parties qui n'en sont jamais PORC FRAIS, trop surchargées, et qui peuvent fournir un ali- ment convenable aux convalescents. Telles sont, CHABLIS (V. VINS BLANCS DE BOURGOGNE). par exemple, dans les chapons, poulardes et pou- lets d'Inde, les chairs qui avoisinent l'aile et s'éten- CHAIR. On a déjà fait connaître (à l'article dent sur la poitrine, et qui, dans ces animaux qui BOUILLON) les propriétés qui caractérisent chacun volent peu, sont fort tendres, et néanmoins peu des principes constitutifs des viandes; il reste à pénétrées de graisse parce que les fibres en sont considérer la chair des divers animaux quadru- très-rapprochées. pèdes et volatiles sous le rapport alimentaire et La chair de porc fait une exception parmi les sous celui de la digestibilité. chairs blanches; elle est dense et résistante; elle L'effet bien connu des viandes qui proviennent est peu facilement digestible, mais elle nourrit d'animaux trop jeunes est d'être d'une digestion beaucoup ceux qui la digèrent : quelque abon- pénible, et d'augmenter sensiblement la quantité dante que soit la graisse du cochon, elle pénètre qui constitue la cervelle est à peu près insapide , Parmi les animaux adultes, les chairs blanches CHA ( 138 ) CHA peu sa chair, dont le tissu est serré et laisse peu Le champignon commun, qu'on trouve sur les d'intervalle entre les fibres qui le composent. friches, et qu'on élève aussi sur couche; Parmi les animaux à chair noire, abondante en Le mousseron, l'oronge, la morille blanche et osmazome, le beuf et le mouton sont ceux dont rose, le ceps et la truffe ; car, quoi qu'on en dise on consomme le plus. La chair de ces animaux aujourd'hui, nous persistons encore à laisser ce est, en général, éminemment nutritive et d'une fongus à la place qu'il a remplie si glorieusement, digestion facile pour tous les gens en bonne santé. et pendant tant d'années, dans la savoureuse et re- Cependant ces propriétés varient selon le sexe, doutable famille des champignons. Du reste, il l'âge et l'état particulier des animaux de la même doit nous être permis de conserver à l'égard de la espèce. truffe une opinion qui ne soit pas celle des chi- Le beuf, fatigué par l'âge et le travail, a la mistes, car ils en sont à se demander aujourd'hui chair coriace et peu imprégnée de gélatine : elle si les truffes doivent être classées parmi les végé- se divise difficilement, résiste à la mastication taux ou les animaux, parce qu'elles contiennent comme aux organes digestifs, et, par suite, elle de l'osmazome (Voyez le Traité des prépara- est peu alimentaire : on peut placer sur la même tions, p. 408, édit. de 1836). ligne la chair des femelles qui ont porté : elle est Les fongus en général, et les champignons en presque toujours lâche sans être tendre, et elle particulier, sont d'une composition très-compli- résiste encore plus à l'action des organes digestifs, quée; ils contiennent tous de l'albumine, de la gé- que celle des mâles devenus trop vieux. latine, de l'osmazome, de la matière sucrée, de la A égalité d'âge, la chair des animaux engraissés matière grasse et de la fibre végétale ; réunissant est toujours la plus tendre, la plus sapide, la plus ainsi les principes constiluants des animaux et des digestible et la plus alimentaire. végétaux; et ce qui est le plus remarquable, c'est La graisse qui est interposée dans les fibres que les espèces comestibles contiennent ces prin- musculaires les amollit, les rend plus souples, cipes à peu près dans les mêmes proportions que plus divisibles : la graisse paraît amalgamée dans les espèces les plus délétères. ces chairs avec la gélatine, et cette union qui rend Les champignons comestibles et les truffes sont la graisse plus soluble, donne encore aux chairs plus ou moins alimentaires, mais d'une digestion que ces matières pénètrent, une légèreté et une difficile, même pour les estomacs robustes, et sorte d'élasticité qui se trouve souvent désignée lorsqu'on en mange avec quelque excès, les indi- dans certaines parties du bæuf bouilli, par l'ex- gestions qu'ils occasionnent ont quelquefois lous pression de pièce tremblante. Toutes les chairs les caractères de l'empoisonnement. qui sont dans le même cas se divisent aisément , Les champignons et les truffes doivent toujours non-seulement sous l'instrument d'acier, mais être pris dans le plus grand état de fraîcheur; car dans la bouche humaine. il y a peu de substances qui s'altèrent avec plus de Si on voulait classer les divers animaux suivant rapidité, et dont l'altération change plus complète- la digestibilité de leur chair, on mettrait au pre ment les propriétés diététiques : cette altération mier rang le poulet et le lapereau ; suffit quelquefois pour que les espèces les moins Au second, le perdreau, le jeune faisan, et le suspectes produisent à peu près les mêmes elfets pigeon quand il n'est âgé que de deux mois; que les espèces les plus vénéneuses. Au troisième rang, les volailles adultes; Le champignou commun, élevé sur couche, est Au quatrième, le moulon, le beuf et le jeune l'espèce dont l'usage présente le moins d'inconvé- chevreuil ; nient ; c'est aussi l'espèce dont on consomme le Et au dernier rang, le lièvre, le cerf, le daim plus ; c'est surtout à celle-ci que se rapportent les et le sanglier. préparations suivantes, qui sont cependant appli- (On a puisé la substance de ce dernier article cables à toutes les autres. dans l'excellent Traité de M. Lorrein, que nous avons déjà cité.) Croûte aux champignons. Tournez des champignons, mettez-les dans une casserole, avec CHAMPAGNE (V. VINS INDIGÈNES, RA un morceau de beurre, un bouquet de persil et GOUTS, SAUCES, GELÉES D'ENTREMETS, etc). ciboules : posez-les sur un fourneau; sautez et mouillez-les avec d'excellent bouillon; faites-les CHAMPIGNONS. Il en existe un grand partir ; assaisonnez-les de sel, d'un peu de gros nombre d'espèces, parmi lesquelles il y en a très-poivre et d'un peu de muscade râpée; prenez la peu de comestibles : les autres sont, pour la plu- croûte du dessus d'un pain mollet, râpé ou cha- part, des poisons dangereux. pelé, et dont vous aurez ôté la mie; beurrez cette Les espèces dont on fait le plus d'usage sont : croûte en dedans et en dehors : mettez-la sur un CHA ( 139 ) CHA gril propre, et posez ce gril sur une cendre rouge; ļes sur un plat, arrosez-les de l'assaisonnement laissez sécher et griller ainsi cette croûte : au mo- dans lequel ils ont cuit; et exprimez par-dessus le ment de servir, supprimez le bouquet qui est dans jus d'une orange amère. vos champignons, liez-les avec des jaunes d'œufs délayés dans de la crème; versez un peu de sauce Morilles à la crème. - Épluchez, fendez en dans votre croûte; placez-la sur votre plat, la par- deux vos morilles ; lavez-les à plusieurs eaux; fai- tie bombée en dessus, et dressez votre ragoût tez-les blanchir, égouttez et mettez-les dans une par-dessus la même croûte. casserole avec un morceau de beurre et un bou- quet de persil et de ciboules; passez-les sur le Macédoine d'oronges et de ceps à la bor feu, sautez et mouillez-les avec un peu de consom- detaise. - Prenez de ces gros champignons ; mé ou du bon bouillon; faites-les cuire et réduire; préférez les plus épais et les plus fermes, et sur leur cuisson faite, supprimez-en le bouquet; liez- tout qu'ils ne soient pas pleureurs (on appelle les avec des jaunes d'aufs délayés avec de la crè- pleureur le champignon qui est vieux cueilli); me; ajoutez-y une demi-cuillerée de sucre en coupez-en légèrement le dessus; lavez-les, égout- poudre, et servez-les avec une garniture de truffes tez-les; ciselez légèrement le dessous en losange; noires, que vous aurez tournées en forme de billes mettez-les dans un plat de terre; arrosez-les ou de bouchons. d'huile fine; saupoudrez-les d'un peu de sel et de gros poivre; laissez-les mariner une ou deux heu Champignons à la provençale. – Prenez res; faites-les griller d'un côté et retournez-les de des champignons de couche grands et ouverts. On l'autre : leur cuisson achevée, ce dont vous juge- reconnaît qu'ils sont frais lorsque les feuillets sont rez facilement s'ils sont flexibles sous les doigts, d'un rose clair; s'ils sont noirs, il faut les rejeter. dressez-les sur votre plat à servir ;- saucez avec la Coupez les queues très-court, et enlevez la peau sauce énoncée ci-après; mettez dans une casse- blanche qui les recouvre; mettez-les sur une role de l'huile en suffisante quantité pour saucer tourtière, ou dans une caisse de papier beurré sur vos champignons, avec du persil et de la ciboulele gril, la queue en haut, avec un peu d'huile qu'on hachés très-ſin, et une pointe d'ail; ſaites chauf- verse sur les feuillets, sel fin, gros poivre et mus- fer le tout; saucez-en vos champignons; pressez cade râpée, persil et ciboules hachés ; ne les re- dessus le jus d'un ou de deux citrons, ou arrosez- tournez pas : quand ils sont cuits, dressez-les sur les d'un demi-verre de verjus muscat, ce qui vau- un plat : ils doivent être bien imbibés d'huile. On drait mieux. peut les saupoudrer de chapelure fine. Mousserons à la tourtière. - Préparez ces Champignons aux fines herbes. - Choi- champignons comme les précédents : laissez-les sissez vos champignons gros et fraîchement cueil- mariner une heure ou deux dans de l'huile fine, lis; après en avoir coupé le dessus, lavez-les et du sel, du poivre et un peu d'ail; hachez les faites-les égoutter; ciselez-les en forme de de- queues et les parures de vos champignons; pres- niers, et faites-les mariner pendant deux heures sez-les dans un linge pour en ôter l'eau; meltez-les dans de la bonne huile, avec du sel, du poivre et dans une casserole, avec de l'huile, du sel, du gros de l'ail. Hachez les queues des champignons; pas- poivre, du persil, de la ciboule hachée et une pe- sez-les au beurre avec de la ciboule, du persil et tite pointe d'ail : passez ces fines herbes un ins un peu d'ail également hachés ; dressez les cham- tant sar le feu; posez vos champignons sens des pignons sur un plat qui puisse supporter le feu; sus dessous sur la tourtière; mettez dans chaque mettez dans chaque champignon une partie de une portion de ces fines herbes; faites cuire vos cette préparation; poudrez-les de chapelure; ar- champignons ainsi préparés dans un four ou sous rosez-les avec un peu d'huile, puis vous poserez le four de campagne, avec feu dessus et dessous : le plat sur un feu doux, et vous le couvrirez avec leur cuisson faite, dressez-les sur votre plat; un four de campagne; au moment de servir, met- saucez-les avec l'assaisonnement dans lequel ils tez sur les champignons le jus d'un citron. ont cuit, et arrosez-les d'un filet de verjus, Champignons blancs pour galantine. Champignons blancs à l'ancienne. - Mettez du jus de citron dans de l'eau; tournez les Préparez vos champignons comme ceux à la bor- champignons, et mettez-les y à mesure; mettez-les delaise ; posez-les sur une tourtière, assaisonnez avec un jus de citron et un peu de beurre dans les de sel et gros poivre; passez les fines herbes une casserole que vous mettrez sur le feu; faites- dans du beurre au lieu d’huile, garnissez-en vos les bouillir cinq minutes; placez-les dans un vase champignons; faites-les cuire, soit au four ou sous de faïence, et conservez-les pour vous en servir au un four de campagne: leur cuisson faite, dressez- besoin. CHA ( 140 ) CHA ! Purée de champignons. Lavez vos cham vez-vous à cet effet du crochet d'une cuillère à dé- pignons, après leur avoir coupé le bout de la graisser : prenez garde de crever l'amer du foie. queuc; ſaites-les sauter dans un peu d'eau avec un Vous aurez brossé et épluché environ deux li- jus de citron; hachez-les ensuite; pressez-les dans vres de bonnes truffes ; bachez-en quelques-unes un linge blanc, puis passez-les au beurre avec un des plus défectueuses; coupez par dés, et pilez en- jus de citron, jusqu'à ce que le beurre tourne en viron une livre de lard gras; mettez-le dans une huile; joignez-y quelques cuillerées de velouté; casserole, avec vos truffes, du sel, du poivre, un faites réduire, et ajoutez un peu de gros poivre. peu de muscade râpée et des fines épices; faites A la place du velouté, vous pouvez mettre un mijoter le tout à un feu très-doux, environ une peu de farine que vous mouillerez avec du con heure et demie ; laissez refroidir ce mélange et sommé. remplissez-en votre chapon jusqu'à la poche, et cousez-la; bridez-le avec les pattes en long; con- CHAPELURE. C'est de la croûte de pain servez-le si vous pouvez pendant trois ou quatre râpée, unie à de fines herbes, du sel et des épices, jours; bardez-le, embrochez-le, après l'avoir en- dont on couvre des côtelettes, des jambons, etc. On veloppé de papier ; faites-le cuire à peu près une l'emploie encore dans certaines sauces brunes, afin heure et demie. Si vous l'employez pour relevé, d'y remplacer la fécule ou la fleur de farine indi- supprimez la barde; servez-le à la peau de goret, quées pour la plupart des sauces blanches. et mettez dessous une sauce aux truffes. Hachies CHAPON. Les chapons et poulardes du pays avec des truffes entières pour garniture. de Caux, et particulièrement ceux du Mans, sont Chapon à l'indienne ou en pilau. - Bri- les plus estimés. Pour être parfaits, une poularde dez un chapon, après l'avoir troussé les pattes en ou un chapon doivent être âgés de six mois au dedans; mouillez une casserole avec du bon con- moins et de huit au plus. sommé, couvrez-la d'une bardc de lard, et mettez- Les bons chapons ont la chair grasse et blanche, y votre chapon; quand il sera cuit aux trois quarts, la peau fine, les ergots courts et la crête petite; vous y joindrez une demi-livre de riz bien lavé, et on leur donne environ les mêmes apprêts qu'à la quand vous verrez que le grain ne se délaiera pas, poularde, mais ils reçoivent pourtant quelques pré- vous retirerez votre chapon que vous égoutterez, parations spéciales que nous allons formuler. et dresserez sur un plat; vous dresserez autour votre riz auquel vous aurez ajouté du safran pulvé- Chapon au gros set. - Après l'avoir vidé, risé, avec un peu de beurre de piment. flambé et épluché, troussez-lui les pattes en de- dans; bridez-le, bardez-le et faites-le cuire dans Chapon poéle à la cavalière. – Après l'a- la marmite, dans le consommé, ou dans une cas voir vidé, paré et bridé, mettez-le dans une cas- serole avec du bouillon; vous vous assurerez de serole avec du bouillon, des ognons, des carottes, son, en lui pinçant l'aileron avec les doigts: un pied de céleri, des culs d'artichaut et un bou- s'il ne résiste pas, égouttez-le; dressez-le, mettez- quet d'herbes assorties. Au bout d'une heure de lui sur l'estomac une pincée de gros sel, et sau cuisson, vous l'égoutterez pour le servir dans une cez-le avec un jus de bæuf réduit. purée d'écrevisses ou sựr une purée de tomates aux anchois ; sur une sauce-Robert à la moutarde, Chapon au ris.-Préparez un chapon comme ou sur un ragoût de moules à la poulette; sur une le précédent; faites blanchir environ trois quarte crème à la béchameil aux huîtres, au sauté de rons de riz; égouttez-le, mettez-le dans une mar champignons, une sauce à la ravigote, une sauce mite qui puisse aussi contenir votre chapon, que au vert-pré, une poivrade, une italienne, ou telle vous posez du côté de l'estomac; mouillez le tout autre sauceou ragoût que vous arrangerez le mieux, avec deux bonnes cuillerées à pot de consommé ou de bouillon; faites partir votre marmite et cou CHARBONNÉES. On nomme ainsi les mor- vrez-la; ayez soin de remuer de temps en temps ceaux d'un petit aloyau qui est tiré des fausses cô- votre riz; sondez votre chapon, pour vous assurer les et qui n'a de la chair que d'un côté. s'il est cuit, et sa cuisson faite, dressez-le; dégrais Quand les charbonnées sont tendres on les fait sez votre riz; finissez de l'assaisonner avec un mor cuire sur le gril, après les avoir trempées dans ceau de beurre, en y mettant sel, gros poivre, et une marinade composée d'huile, persil, ciboule et masquez-en votre chapon : si votre riz était trop champignons hachés, sel et gros poivre, et les avoir épais, relâchez-le avec un peu de bon bouillon. ensuite panées à la chapelure. Servez-les alors avec une sauce à la maître-d’hôtel; mais le plus sûr Chapon aux truffes. — Préparez ce chapon est de les faire cuire à la braise, et dans ce cas-là comme le précédent; videz-le par la poche; ser- | dressez-les sur une purée de haricots rouges au CHA ( 141 ) CHA vin de Bourgogne, ou sur un ragoût des quatre ra Quand elle est froide on ôte l'enveloppe, et, cines au jus. après l'avoir parée, on la couvre partout de chape- On donne encore le nom de charbonnées à des lure de pain passée au tamis et bien blonde. tranches maigres de porc, de veau et de venaison qu'on fait griller à grand feu et qu'on doit assai Fromage de cochon.-- Désossez une tête de sonner comme celles de bauf. porc-frais ; levez toute la chair sans couper la couenne; coupez la chair en filets; séparez le CHARCUTERIE. L'usage de la chair de gras d'avec le maigre; coupez les oreilles de la porc est tellement répandu, que l'art de la prépa- même manière; assaisonnez le tout avec sel, poi- rer, soit pour la conserver, soit pour la consomma vre et épices, thym, laurier, basilic, persil, sauge tion immédiate, est l'objet d'une industrie parti- hachée très-fin, zeste et jus de citron : mettez la culière. Partout où cette industrie s'exerce, au lieu peau de la tête dans un saladier, et arrangez sur de faire chez soi un grand nombre de préparations cette peau les filets, en entremêlant le gras et le dont la chair de cochon est susceptible, on préfère maigre; ajoutez-y un peu de panne, de la langue avec raison s'en pourvoir chez le charcutier. Ce-à l'écarlate et des truffes lorsque tout est em- pendant, comme dans les campagnes il n'y a pas de ployé, retroussez la peau, retranchez-en ce qui est boutiques de charcuterie, et comme on tue dans inutile, et cousez-la de manière à former une boule chaque ménage un ou plusieurs cochons par an, plate, que vous mettez dans une marmite juste à sa on va décrire ici les procédés par lesquels on peut grandeur, avec des racines, un fort bouquet garni, tirer de leur chair le parti le plus utile et le plus sel et épices; mouillez avec de l'eau et du vin blanc; agréable. faites cuire à petit feu pendant six ou sept heures. Les préparations de la viande de cochon nou-Lorsque le fromage est cuit, laissez-le refroidir vellement tué, qui se font habituellement dans tou- jusqu'à ce qu'on puisse le toucher, et mettez-le tes les cuisines, se trouvent à l'article PORC FRAIS. dans un moule afin de lui donner une forme can- nelée. Andouilles, boudins et cervelas (V. ci- dessus à ces trois articles) On fait aussi ce fromage avec des oreilles seule- ment; on les épluche, on les ſend en deux; et, Hure de cochon à la façon de Rcims. - après les avoir assaisonnées, on les met à plat dans Désossez entièrement une tête de cochon, en évi une braisière, où on les fait cuire dans du vin tant d'attaquer la peau ; piquez-la en dedans avec blanc. Quand elles sont cuites on les range dans du gros lard et des truffes; assaisonnez avec sel, un moule par couches, en mettant entre chacune gros poivre, épices, persil, ciboules et un peu de des tranches de langue à l'écarlate déjà cuite; on sauge bachée. Laissez-la s'imprégner de l'assai- presse comme ci-dessus. sonnement pendant vingt-quatre heures. (Il ne faut jamais employer de vases de cuivre Remplissez l'intérieur de la tête avec la langue, pour mouler ces fromages, ni, en général, pour y la cervelle, une langue de veau à l'écarlate, de la faire refroidir des matières grasses ou acides, ou panne, du petit lard, des truffes et des pistaches : seulement salées, parce que le meilleur étamage entremêlez ces filets pour qu'en coupant la hure n'empêche pas la formation du vert-de-gris à froid). on trouve la tranche bien marbrée : recousez alors On pense bien que ces comestibles sont plus la tête de manière à lui donner sa première forme; convenables à la campagne que pour la ville, mais enveloppez-la dans un linge blanc, pas beaucoup ils sont encore mieux appropriés pour l'armée que plus grand qu'il ne faut et que vous coudrez soli- pour la campagne, à moins que ce ne soit dans le dement. temps des chasses ou pendant les gelées dont l'effet Meltez-la dans une braisière avec les os concassés naturel est de stimuler l'appétit. et les couennes, de la sauge, thym, basilic, lau- rier, bouquet de persil et ciboules, sel et clous de Jambon à la façon de Bayonne. — Atta- gerofle; mouillez avec de l'eau et une bouteille de chez le manche des jambons à la noix avec une fi- vin : il faut que la tête soit baignée; faites cuire à celle, et mettez-les en presse entre deux planches petit feu pendant huit heures; lorsqu'elle sera chargées de pierres pendant vingt-quatre heures, cuite, ce que l'on reconnaît lorsqu'en la piquant et plus si la saison le permet; saupoudrez-les en- avec une lardoire on n'éprouve presque point de suite de sel mêlé à un douzième de salpêtre, et résistance, ôlcz la braisière du feu, en y laissant laissez-les encore en presse pendant trois ou qua- la hure jusqu'à ce qu'on puisse y toucher sans se tre jours; faites une saumure avec du vin et de brûler; retirez-la alors : pressez-la pour en ex l'eau, que vous salurerez de sel en la faisant bouil- traire le liquide qui aura pénétré dans l'intérieur, lir: faites bouillir avec la saumure thym, sauge, et laissez refroidir. laurier, basilic, genièvre, poivre, coriandre et anis; CHA ( 149 ) CHA tirez la saumure à clair, et laissez-la refroidir. Fromage d'Italie. — Hachez et pilez un foie Rangez les jambons dans un saloir en bois, ou en de cochon ou de veau ; hachez et pilez séparément grès, ce qui vaut beaucoup mieux, et versez la deux tiers de lard et un tiers de panne de manière saumure par-dessus : il faut qu'ils soient baignés; que le poids du lard et de la panne égale celui ajoutez encore quelques poignées de sel; laissez- du foie; mêlez le tout ensemble, et assaisonnez de les dans la saumure pendant quinze jours ou trois sel, épices, persil, ciboules, thym, basilic, sauge semaines, suivant la saison : ensuite retirez-les hachée, anis et coriandre pilés ; couvrez exacte- pour les faire sécher : quand ils sont secs, enfu- ment le fond et les côtés d'un moule ou d'une cas- mez-les comme les langues pendant quatre ou cinq serole de fer-blanc avec une crépine ou des bardes jours, à différents intervalles; frottez-les avec de de lard; mettez-y le hachis, et recouvrez de bar- la grosse lie; laissez-les sécher et conservez-les des; faites cuire au four; laissez refroidir entière- sous la cendre. ment dans le moule; et, pour en sortir le fromage, Jambons et langues fumées, façon de trempez le moule pendant un instant dans l'eau bouillante. Mayence. Faites une saumure dans les pro- portions suivantes : huit livres de sel, une livre de Petit salé. - Coupez le filet et la poitrine, et salpêtre, une livre de cassonade, deux onces de calamus aromaticus enfermé dans un nouet, et en général toutes les parties maigres et entrelar- dées du cochon, en plusieurs morceaux : faites une suffisante quantité d'eau pour dissoudre le tout; couche de sel au fond d'un saloir de grès; arran- faites bouillir cette saumure pendant une demi- gez les morceaux par couches, en les pressant heure, et laissez – la ensuite refroidir; mettez les jambons et les langues dans celle saumure pen- couche avec du sel mélange de salpêtre, une once pour qu'il ne reste pas de vide; couvrez chaque dant trois semaines; faites ensuite sécher comme il est prescrit pour les jambons. Quant à leur cuis- dernière couche; couvrez le saloir avec un linge de ce dernier par livre; mettez plus de sel sur la son, voyez à l'article du porc-frais et du cochon plié en quatre, et posez par-dessus on plateau de salé les diverses préparations dont cet aliment est bois surmonté d'une grosse pierre. Au bout de cinq susceptible. ou six jours, on peut retirer le petit salé et s'en Pieds de cochon farcis. — Faites cuire des servir. Si on veut le garder plus long-temps il faut pieds entiers, comme ceux qui se préparent à la ne pas épargner le sel. Sainte-Menehould ; désossez-les, et faites une farce comme il suit : hachez des blancs de volaille cuite, Lard en planches. - Levez le lard en ense- mettez sur le feu, avec de bon bouillon, de la mie parant la chair : frottez-le avec du sel fin bien sec, de pain, de la tétine de veau hachée : autant de à raison d'une livre de sel pour dix livres de lard; tétine qu'il y a de mie et de blanc; faites réduire mettez les morceaux l’un sur l'autre, lard contre jusqu'à ce que la mie ait tout bu, et qu'il en ré- lard, et couvrez-les d'une planche que vous char- sulte une bouillie épaisse et presque sèche ; ajou- gerez avec de fortes pierres. Laissez-le en presse tez les blancs hachés, des truffes coupées en tran- pendant vingt-cinq jours au moins, et suspendez- ches, trois jaunes d'æufs, sel, poivre et épices; le ensuite dans un endroit sec et aéré. mêlez le tout ensemble avec un peu de crème; remplissez de ce mélange l'intérieur des pieds, que Lard à l'anglaise. Prenez une flèche de vous enveloppez avec de la crépine par le gros cochon, dont vous enlèverez toute la graisse inté- bout, pour que la farce ne s'échappe pas; dorez rieure qui ne fait pas partie du lard ; frollez-la des les pieds avec du beurre tiède, et panez-les. Faites deux côtés avec du sel, et laissez-la vingt-quatre griller à petit feu. heures dans cet état; faites un mélange dans la pro- portion de deux parties de sel et une de casso- Pieds de cochon à la Sainte-Menehould. nade; essuyez la flèche, et frottez-la avec le mé- Fendez-les en deux dans le sens de la ſourchure lange dessus et dessous; arrosez-la tous les jours du pied ; réunissez les deux moitiés, et, pour em pendant trois semaines, avec la saumure qui s'est pêcher qu'elles ne se déforment en cuisant, enve- formée; au bout de ce temps, séchez-la à la ſu- Joppez-les avec un large ruban de fil; faites cuire mée, et conservez-la dans un endroit sec, non ex- dans une marmite avec carottes, ognon, persil, ci- posé au soleil. boules, aromates, sel et poivre; mouillez avec m Sain-doux, Séparez de la panne toutes les pendant vingt-quatre heures : quand ils sont cuits, membranes, baltez-la et coupez-la en petits mor- on les m et avec leur cuisson dans une terrine, où ceaux, que vous ferez fondre dans un chaudron on les laisse refroidir avant de les développer. avec très-peu d'eau ; ajoulez-y quelques clous de 1 moitie eau et moitie tuin : Faites cuire à petit ten CHA ( 143 ) CHA gerofle et des feuilles de laurier : faites fondre à une gousse de vanille pilée sous marbre, en pou- petit feu et long-temps. On reconnaît que le sain-dre, et faites cuire comme il est prescrit ci-dessus. doux est à son point quand les cortons deviennent cassants . Il faut veiller à ce qu'il ne prenne pas de Charlotte de poires à ta Condi. - Prépa- couleur. On le fait refroidir à moitié; on le passe rez des poires de Rousselet comme il est indiqué au tamis et on le conserve dans des pots. précédemment; mêlez-y vingt-quatre petits citrons chinois (façon de Provence), et conduisez celle CHARDONNETTE, espèce d'ache sau- préparation comme les autres charlottes au fruit. vage, assez semblable à l'artichaut des jardins. On Charlotte d'abricots. prétend que les chardonnerets ont tiré leur nom de beaux abricots de plein-vent, rouges en couleur, Ayez vingt-quatre la passion qu'ils ont pour la graine de cette plante. et pas trop mûrs. Après en avoir ôté la pelure, le Les paysans du Nivernais et du Morvan s'en ser- plus mince possible, vous coupez chacun d'eux en vent pour cailler le lait, et l'on peut en user à la huit quartiers. Vous les sautez dans une casserole campagne, à défaut de présure. avec quatre onces de sucre fin et deux onces de beurre tiède, sur un feu modéré, pendant dix mi- CHARLOTTE. On appelle charlotte un en nutes. Dans ce laps de temps, vous foncez la char- tremets qui se fait avec des tranches de mie de lotte dans le même genre que celle aux pommes pain ou des lames de biscuit qu’on dispose en forme d'api. Vous versez dedans les abricots tout bouil- de cube et qu'on remplit avec des fruits cuits, ou lants; vous recouvrez la charlotte que vous faites de la crème. cuire suivant la règle; aussitôt qu'elle a atleint une belle couleur blonde, vous la renversez sur Charlotte de pommes aux confitures. son plat. Vous la glacez légèrement de marmelade Après avoir pelé des pommes et en avoir retran- d'abricots, et la servez de suite. ché les cœurs, coupez-les en morceaux, et faites- les fondre sans eau dans une bassine; quand elles Charlottes de pêches. - Coupez par moitiés seront en marmelade, ajoutez du sucre en poudre vingt moyennes pêches de vigne, un peu fermes (le tiers du poids des pommes), un peu de can de maturité. Vous les faites blanchir dans un si- nelle en poudre, et la moitié du zeste d’un citron; rop léger. Quand elles sont parfaitement égout- failes réduire la marmelade. tées, vous coupez chaque moitié en trois quartiers Coupez des tranches minces de pain, les unes d'égale grosseur. Vous les sautez dans une casse- en carré long, les autres en triangles ; trempez- | role avec qnatre onces de sucre en poudre et deux les dans le beurre tiède : couvrez, avec les trian de beurre tiède. Vous les versez de suite dans la gles, le fond d'une casserole beurrée; avec les car charlotte que vous avez foncée de la même manière rés longs revêtissez les bords de la casserole jusqu'à que la précédente, et vous la terminez selon les la hauteur à laquelle vous voulez la remplir, et met procédés décrits. Après l'avoir dressée sur son plat, tez au milieu de la marmelade une forte cuillerée vous la masquez parfaitement dessus et autour de gelée de groseille framboisée ou de confitures avec le sirop (dans lequel vous avez fait cuire le d'abricots. fruit) que vous avez fait réduire à la nappe : ser- La casserole étant ainsi préparée, remplissez-la vez de suite. de marmelade de pommes ; unissez le dessus, et On procédera de même que ci-dessus pour con- panez-le avec de la mie de pain trempée dans du fectionner des charlotles de prunes de mirabelle beurre; mettez la casserole sur des cendres rou ou de reine-claude. ges; couvrez avec le four de campagne un peu chaud ou avec un couvercle sur lequel vous met- Charlottes de pommes d'api. — Après avoir trez du feu. Lorsque la charlotte aura pris une épluché quatre-vingts pommes d’api, vous les cou- belle couleur, renversez-la sur un plat d'entre- pez par petits quartiers minces; vous les sautez mets. dans une grande casserole avec quatre onces de beurre tiède et quatre onces de sucre en poudre, Charlotte de poires à la vanille. - Pelez sur lequel vous aurez râpé le zeste d’une orange des poires de Messire-Jean; ôtez-en les caurs ou d'une bigarade bien jaune. Ensuite vous placez ainsi que les parties pierreuses, et coupez-les en les pommes couvertes sur un feu modéré, et les morceaux; mettez-les dans une casserole avec un sautez de temps en temps, afin de les cuire bien verre d'eau ; couvrez la casserole, et faites cuire également et le plus entières possible. Vous y mê- jusqu'à ce que les poires cèdent sous le doigt : écra lez un pot de belles cerises égouttées de leur sirop. sez-les alors et faites-les passer au tamis de crin; Pendant leur cuisson, vous coupez carrément la ajoutez à la pulpe le quart de son poids en sucre, mie d'un pain de deux livres, que vous aurez com- CHA ( 144 ) CHA mandé la veille, et de la même pâte que le pain, mage fouetté à la Chantilly et quelques filets très- mollet ordinaire. Vous coupez celte mie dans son déliés d'écorces de cédrat confit et d'angélique. épaisseur avec un coupe-racine de huit lignes de Charlotte à la crème au fruit. C'est le diamètre. Ensuite vous trempez ces colonnes de mie dans quatre onces de beurre tiède, et les pla- même procédé que pour la charlotte russe, excepté cez à mesure dans le moule pour en garnir le fond qu'au lieu d’y introduire des confitures sèches, on et le tour. Vous versez les pommes dans la char- y mélange du suc de fraises, de framboises, d'a- lotte, et masquez le dessus encore de mie trempée nanas ou de verjus muscat, en distribuant quel- dans le beurre; trois quarts d'heure avant le moment ques-uns de ces fruits dans le corps de la crème à l'intérieur de la charlotte. du service, vous la mettez au four gai, ou bien vous la placez sur des cendres rouges, et l'entou-Charlotte anonyme. Vous foncez cette rez de moyennes braises ardentes. Vous la couvrez charlotte comme la précédente; mais en place des de même après une demi-heure de cuisson : vous biscuits, vous employez des croquettes longues) à observez la charlotte, et si elle se trouve colorée la parisienne. Vous la garnissez avec la prépara- bien blonde, vous la renversez sur son plat; mais tion décrite à l'article blanc-manger, vous la ver- dans le cas contraire, vous renouvelez le feu lors sez au moment où elle se trouve prête à être dé- qu'elle est cuite, vous enlevez le moule, et masquez moulée ; et, après avoir couvert la surface avec des légèrement la charlotte avec un doroir imbibé de croquettes, vous placez le moule à la glace : une marmelade d’abricots, de gelée de pommes ou de heure après, vous renversez la charlotte sur son groseilles rouges, ou avec le jus du pot de cerises, plat, et la servez tout de suite. ce qui lui donne une physionomie brillante. Charlotte à l'italienne. Faites un petit On aura soin de beurrer le moule avant de s'en servir. On le glace aussi avec du sucre en poudre ; pez de la forme et du volume des petits biscuits à entremets de génoises au rhum. Vous les cou- mais je préfère le beurrer simplement, attendu la cuillère, c'est-à-dire d'un carré très-long; alors que le sucre est susceptible de colorer la charlotte vous foncez avec un moule uni, mais vous les pla- de places plus foncées les unes que les autres. cez un peu inclinées, et les unes appuyées dessus Charlotte froide à la Brunoy. - Émincez les autres; vous remplissez la charlotte avec la des biscuits de plusieurs couleurs, garnissez-en un préparation décrite, avec une crème plombière au moule uni; faites, dans l'intérieur du moule, rhum; ajoutez dans cette crème quatre gros de plusieurs compartiments; remplissez-les de con- colle clarifiée. Aussitôt qu'elle commence à se lier fitures, comme marmelade d’abricots , gelée de très-épaisse, vous la versez dans la charlotte, que pommes, quartiers de pêches, cerises, groseilles vous couvrez avec des génoises, et la mettez à la de Bar, mirabelles de Metz et autres; recouvrez glace pendant une petile heure ; vous la démoulez votre charlotte avec du biscuit, et renversez-la et la servez de suite. sur un plat au moment de servir. On pourrait la garnir avec toutes les sortes de recettes détaillées dans le chapitre des crèmes Charlotte à la crème, dite à la Russe, et plombières, mais toujours en y ajoutant quatre jadis à la Richelicu. – Disposez des biscuits à gros de colle de poisson clarifiée. la cuillère autour et au fond d'un moule uni, que vous remplirez de la composition suivante, et que Charlotte aux macarons d'avclines. vous conduirez comme la charlotte à la Brunoy, Après avoir préparé la crème aux macarons (V.cet Prenez huit aufs frais dont vous séparez les blancs article), vous la faites prendre comme un blanc- des jaunes, et délayez ces jaunes d'æufs avec une manger à la crème; aussitôt qu'elle commence à pinte de crème, dans laquelle vous aurez mis in se lier et à devenir coulante, vous y amalgamez une fuser deux pincées de fleur d'oranger pralinée, en petile assiette de crème foueltée; vous masquez le y joignant un quarteron d'amandes douces et fond d'un moule d'entremets uniavec des macarons quatre amères que vous aurez bien pilées. Jetez le aux avelines : vous en placez d'autres le long des tout dans votre crème bouillante, et mettez-y trois parois du moule; mais vous remplissez les petits quarterons de sucre en poudre; posez-la sur un vides qui se trouvent entre eux avec des fragments ſeu très-doux, et remuez sans la quitter, jusqu'à de macarons. Vous commencez à verser assez de ce que vous la voyiez s'épaissir. Prenez garde crème dans la charlotte pour contenir les maca- qu'elle ne bouille, ce qui ferait tourner les æuſs rons du tour, sur lesquels vous en placez d'autres; et ne pourrait plus servir : passez-la dans une éta vous remettez encore de la crème, ensuite des mine ou un étamis de soie; et, lorsqu'elle sera macarons et de la crème. La charlotte étant ainsi froide, vous la mettrez dans une sarbotiere, ou bien garnie, vous la placez à la glace, et une heure vous la ſercz glacer après y avoir adjoint un fro- | après vous la servez. CHA ( 145 ) CHA Charlotte aux gaufres de pistaches. » Ensuite vous blanchissez trois petits choux cou- Ayez des gaufres aux pistaches, et coupez-les de pés par quartiers ; vous retirez du caur les parties la hauteur du moule, en leur donnant deux pou-cotonneuses, vous fendez et entr'ouvrez chaque ces de largeur ; vous les roulez tout-à-fait en petites quartier pour les assaisonner d’un peu de sel, et, colonnes, que vous placez droites dans le moule après les avoir ficelés, vous les placez dans une pour en garnir le tour. Vous masquez le fond du casserole foncée et entourée de bardes de lard et moule avec des gaufres coupées en carrés, alon- d'une lame de jambon ; vous placez au milieu des gées et pliées en cornets, de manière que la char- choux un saucisson, un morceau de lard blanchi lotte se trouve foncée exactement : alors vous la d'avance , puis deux petits perdreaux (les pattes garnissez d'une crème ſouettée à la liqueur des îles troussées en dedans) et piqués de menu lard; ajou- ou autre, et vous la placez à la glace pendant une tez un bouquet de persil et ciboule assaisonné; heure; après quoi vous la renversez pour la servir. recouvrez le tout de bardes de lard, mouillez-le d'un consommé dégraissé de volaille, et faites-les CHARTREUSE. M. Carême a décidé que cuire à petit feu deux bonnes heures. la grande chartreuse était la reine des en » Pendant leur cuisson vous égouttez sur unc ser- trées modernes. Mais nous allons laisser parler viette les carottes et les navets; vous les disposez cet illustre professeur , attendu que nous n'avons selon que vous voulez les placer dans le moule, pas à beaucoup près autant d'éloquence que lui. que vous aurez légèrement beurré à cet effet. Lors- « La grande chartreuse ne doit contenir, comme que le tour du moule est garni, vous masquez le on sait, que des légumes et des racines; mais elle fond avec des carottes et des navets alternés. ne saurait être parfaite que dans les mois de mai, soire, et , après en avoir ôté les perdreaux, le lard » Vous égouttez ensuite les choux dans une pas- juin, juillet et août, saison riante et propice, ou soire, et, après en avoir ôté les perdreaux, le lard tout se renouvelle dans la nature, et semble nous et le saucisson, vous les pressez dans une double inviter à apporter de nouveaux soins dans nos opé- serviette, afin de leur donner plus de consistance rations, par rapport à la tendreté de ces excellen- et que la chartreuse se soutienne de belle forme. les productions. Les détails minutieux de la char- Vous parez le petit lard et le saucisson que vous treuse sont à peu près les mêmes que pour les coupez par lames; vous masquez légèrement le pâtés chauds de légumesc'est pourquoi je pas- fond et le tour du moule avec des choux; vous serai rapidement sur la description de cette en placez au fond un cordon de saucisson et de petit trée. lard, ensuite les deux perdreaux du côté de l'esto- mac, et dessus du petit lard et du saucisson; vous » Manière d'opérer. Après avoir ratissé deux finissez d'emplir le moule avec des choux. Ayez bottes de carottes et deux de navets, vous coupez soin que le haut de la chartreuse soit garni égale- ces racines à dix huit lignes de hauteur, vous les ment; après l'avoir couverte d'un rond de papier détaillez avec un coupe-racine de six lignes de beurré, vous la mettez au bain-marie une heure diamètre, et, au fur et à mesure, vous les meilez avant de servir. dans de l'eau fraîche, ensuite vous les blanchissez » Quelques minutes avant le service, vous retour- à l'eau bouillante (avec un peu de sel) et séparez nez la chartreuse sur une serviette ployée en huit, vos légumes. Après les avoir rafraîchis, vous les et placée sur un petit couvercle de casserole, afin marquez avec du bon bouillon et une pointe de qu'elle s'y égoutte; mais n'ôtez pas la chartreuse sucre; faites-les mijoter sur le bord du fourneau. du moule qu'elle ne soit bien égouttée. Vous re- Lorsqu'elles sont presque cuites, vous les faites tournez le moule, sur lequel vous posez le plat tomber à glace sur un fourneau ardent, pour ac- d'entrée, que vous retournez aussitôt; pour enle- célérer la réduction de leur mouillement. ver le moule, saucez légèrement le dessus et le » Pendant leur cuisson, vous marquez une es tour: servez tout de suite, et mettez la sauce dans sence de racines avec les parures des navets et des unc saucière. caroltes, puis une douzaine d'ognons (piquez-y » On met également pour garniture un petit ca- deux clous de gérofle), six pieds de céleri, deux neton de Rouen, une sarcelle, un canard sauvage, laitues, le tout mouillé de bon bouillon. Ayez soin des grives, des alouettes, des pigeons innocents; de l'écumer, afin qu'elle soit plus claire, et faites-puis on remplace la garniture de choux par des la mijoter doucement. Les racines étant cuites, lailues, que l'on fait cuire absolument comme les vous passez l'essence à la serviette, et, lorsqu'elle choux. est reposée, vous la transvasez pour la tirer à clair;| »On est généralement dans l'usage de mettre le vous la travaillez avec une bonne espagnole, afin gibier entier dans les chartreuses ; cependant quel- de communiquer à celle-ci la saveur et le sucre ques-uns de ces Messieurs découpent et parent des racines. cos sortes de garnitures, lesquelles, par cc soin, 10 CHA ( 146 ). CHA sont plus aimables pour la personne qui les sert quette de riz d'agneau, ou bien d'une escalope de à table. On fait cuire alors ces garnitures à la bro filets de gibier, ou d'un ragoût à la financière, ou che; elles n'en sont que meilleures. à la Toulouse ; mais vous ne devez remplir le moule » Pour les chartreuses en écailles de poisson, en qu'à six lignes du bord, et y mettre les ragoûts à losange, en damier et à dents-de-loup, vous faites froid. Vous formez ensuite sur un rond de papier cuire vos racines comme les précédentes; mais, beurré un couvercle de farce de cinq pouces de au lieu de les couper rondes, en petites colonnes, diamètre sur six lignes d'épaisseur, et vous placez vous les coupez en carrés longs, et de quatre à six ce couvercle sur la garniture qui se trouve par ce lignes d'épaisseur; puis, au moment de dresser la moyen contenue de tous côtés par la farce. Pour chartreuse, vous les parez selon votre choix, car détacher ce papier, vous posez dessus, une seconde autrement il est impossible d'obtenir ces racines seulement, un petit couvercle de casserole un peu de belle forme lorsqu'on les dispose avant la cuis- chaud , pour faire fondre le beurre du papier qui son. quitte aussitôt la farce, que vous liez à celle du » On met quelquefois pour ornement, en mou tour avec la pointe du couteau. lant la chartreuse, des pointes d'asperges, des ha La chartreuse ainsi terminée, et bien aisément, ricots verts, des gros pois; mais c'est un tort que comme on voit, vous couvrez le dessus d'un rond l'on a : car en dépit de nous-mêmes, ces légumes de papier beurré, puis vous la mettcz au bain-ma- ne peuvent conserver leur verdure naturelle; ct rie pendant une bonne heure. Étant prêt à servir, cela est facile à concevoir , puisqu'ils sont néces vous la dressez sur son plat en ôtant le moule. sairement obligés d'éprouver une heure d'ébulli Masquez le dessus de la manière suivante : pla- tion à la vapeur du bain-marie, ce qui les rend cez dessus, et près du bord, une couronne de pe- toujours méconnaissables par l'altération de leur tits champignons bien blancs, et au milieu une jo- belle couleur printanière. » lie rosace que vous aurez préparée d'avance avec huit filets mignons à la Conti et en forme de crois- Chartreuse à ta parisienne en surprise. sant. Placez au milieu de cette rosace un beau - Cette entrée est d'un si bel effet, que le même champignon, servez de suite et glacez-la si vous professeur n'hésite pas à déclarer qu'elle est peut- voulez; mais on doit la préférer sans cela, attendu ètre ce qu'il a composé de mieux en fait d'entrée que les blancs de volaille mêlés dans cette bordure de farce. Vous faites cuire dans les cendres, ou au vin de grecque de truffes fait le plus bel effet possible. Champagne, huit belles truſſes bien rondes; étant Chartreuse de pommes. Ayez une ving- froides, vous les épluchez et les coupez dans taine de belles pommes de rainette; pelez-les ; ser- leur plus grande longueur avec un coupe-racine vez-vous d'un vide-pomme un peu moins gros que de quatre lignes de diamètre; ensuite vous parez le petit doigt, pour en enlever les chairs autour légèrement une centaine de moyennes queues du cœur. Lorsque vous aurez assez de ces petits d'écrevisses , et vous commencez à former avec montants de pommes pour garnir le moule de votre elles une couronne au fond du moule que vous chartreuse, émincez le reste des chairs de vos aurez beurré. Vous parez vos colonnes de truffes, pommes, en en faisant une marmelade; égalisez ces et les placez sur les queues d'écrevisses ; mais montants par les bouts, pour qu'ils soient tous vous les posez de manière qu'elles forment un d'une égale hauteur; faites une décoction de sa- méandre ou bordure grecque; vous y joignez des fran dans un demi-verre d'eau que vous aurez fait filets mignons de poulet que vous aurez fait d'a bouillir ; passez-la à travers un linge, pour en vance raidir dans le beurre, et parés ensuite con faire une teinture : sucrez cette teinture; mettez-y venablement; puis vous placez sur le haut de cette un tiers de vos montants, faites-leur jeter un lé- bordure une couronne de queues d'écrevisses ger bouillon; retirez-les, laissez-les égoulter ; pour faire parallèle à l'autre couronne qui se pour le second tiers de vos montants, faites la trouve au bas de la bordure grecque, afin que même opération, avec un peu de cochenille ; celle-ci se trouve encadrée par les queues d'écre- quant au troisième tiers, faites-lui jeter aussi un visses, ce qui fait un eſſet charmant. bouillon dans du sirop de sucre blanc; ayez de Vous hachez ensuite les parures des truffes, puis l'angélique verte une quantité égale à l'un des vous masquez le fond du moule que vous masquez de tiers de vos montants; garnissez votre moule de nouveau avec soin d'un petit pouce d'épaisseur de papier blanc ; décorez-en le fond de tel dessin que farce à quenelle de volaille (un peu ferme en pa vous jugerez à propos, avec ces montants rouges, nade) ; ensuite volis masquez la bordure grecque : verts, blancs et jaunes, et que vous aurez coupés alors le moule étant ainsi garui de farce et au fond en deniers, en triangles, en losanges ou autre- et au tour, vous garnissez le milieu d'une blan inent : garnisscz le tour de ce moule, en les entre- СНА ( 147 ) CHE melant; remplissez-le de marmelade, qui doit être vous délayez la chair du gibier que vous avez pilé. ferme, et n'y laissez aucun vide : au moment de Placez le tout sur un fourneau modéré, en remuant servir, renversez votre chartreuse sur un plat, et ce coulis avec une cuillère de bois; dès qu'il est ôtez-en le papier. devenu bouillant, vous le passez en purée par l'é- Si vous voulez faire une chartreuse toute blan- tamine, et le laissez refroidir. Pendant ce temps, che, jetez vos morceaux de pommes dans de l'eau vous dressez sur un plat d'entrée les filets de vo- où vous aurez exprimé le jus d'un citron. laille ou gibier en couronne élevée et étroite, et en joignant, entre chaque filet, une lame de truffe CHASSELAS, raisin blanc fort bon et très- parée, de la même forme que les filets. Vous ver- cultivé dans les environs de Paris. Il y a du chas- sez au milieu de cette couronne la purée de gi- selas noir qui est plus rare, et du chasselas rouge bier, en la rendant la plus bombée possible, afin dont les grappes sont fort grosses ; ce dernier pro de la détacher des filets. La sauce étant froide, duit surtout un bon effet dans les grandes corbeil vous la travaillez avec la cuillère pour la rendre les à la Van Huysum, et les plateaux montés en lisse et déliée ; puis vous en masquez les filets et la gradins. purée de gibier. Garnissez le tour de l'entrée d'un cordon de gelée brillante. CHATAIGNE. La châtaigne contient une On procédera, selon les détails donnés ci-des- forte proportion de sucre et s'allie très-bien à tou- sus, pour des chaufroix de faisans, de sarcelles, tes les viandes, nouvelle preuve de l'utilité qu'on de grives, de lapereaux de garenne, de levreaux peut retirer de l'addition du sucre à une foule de et de filets de volaille, en garnissant l'intérieur de préparations alimentaires. Les châtaignes peuvent cette entrée d'une purée de volaille ou de gibier. être introduites dans toutes les farces, et employées comme garniture pour les viandes cuites à la CHERVIS, plante potagère qu'on mange en braisc. Elles se conservent difficilement jusqu'à la hiver, et particulièrement en carême. On ne fait fin de l'hiver ; mais, lorsqu'on les a fait sécher à usage que de sa racine qui est droite et blanche, l'étuve, comme cela se pratique en grand dans tendre et sucrée. quelques provinces, et notamment dans le Limou Le chervis reçoit les mêmes préparations que sin, elles peuvent être gardées indéfiniment. On les salsifis et les scorzonères (V. SALSIFIS).' en trouve, depuis quelque temps, à l'état sec et dépouillées de leur première peau et de leur pelli CHEVREAU. Lorsque le chevreau n'est cule intérieure, chez la plupart des bons épiciers. encore âgé que de trois à quatre mois, il est totalement exempt de saveur bouquetine et d'o- CHAUFROIX et non pas CHAUDS- deur capriacée. Dans certaines provinces de FROIDS, comme il est toujours écrit par les France, et surtout dans certaines familles où écrivains cuisiniers. (Cette préparation culinaire l'on suit invariablement l'ancien usage de manger aura sûrement tiré son nom du sieur Angilon de un chevreau le jour des Rois, comme un agneau Chaufroix, chef-entremetier des cuisines de Ver- rôti le dimanche de Pâques, et deux oies grasses sailles, en 1774.) au dîner de la Saint-Martin, on s'y prépare à l'a- vance en faisant nourrir un chevreau femelle avec Chaufroix de poulets, de perdreaux, ou des feuilles de cytise et des tiges de sauge mêlées de bécasses à la gelée. Faites cuire à la bro- dans du lait cuit, ce.qui donne à sa chair une che soit quatre bons poulets à la reine, soit six consistance ainsi qu'une saveur bien préférables à perdreaux rouges, ou cinq bécasses fraîchement celles du plus bel agneau de ferme. Voici la for- tuées; vous en leverez les filets sans faire d'esto mule de préparation pour le Chevriot des Roys, mac, de sorte que les filets doivent se trouver en ainsi qu'on la trouve dans Jean Le Clercq : liers. Vous pilez les chairs des cuisses avec quel « Estant despouillé, vuidé, nestoyé, emundé trez ques légères parures de truffes et de champignons; » bien, je le faits rostir tout entier, en l'arrousant vous mettez dans une casserole les ossements du » d'un bon graissage et de vin d'épices; et du sel gibier, un verre de bon vin blanc, un peu de pa-rà deux foix pardessus, quand je le mets à l'astre rure de truffes, une feuille de laurier, des écha » et le sort de broche. Emmi la saulce au che- lotes. Le tout placé sur le feu, vous le réduisez des »vriot, ne fault obmettre ou menaiger les herbes trois-quarts ; vous le passez à la serviette, et tra- » forlengoust, comme aussy le vin vieulx d'Espai- vaillez avec ce fumet deux cuillerées à pot de con »gne, le fin miel et bons unguants d'ouluremer, sommé clarifié. » avec cassepiere aisgre et moustarde à la royalle : Cette sauce élant passée à l'étamine, vous en » aussy chasqu’un m'en huschoit-il, et le Roy lo versez la moitié dans une casserole, dans laquelle l » premier, quand me vor oil eu la grand'cour : - 10. CHE ( 148 ) CHE de » Hola doncq, bé, Maistre Jehan, Maistre Queux, , lard. Enveloppez ce quartier d'un papier beurré >>tu nous veulx doncq empifrer de bombanse et pour le faire cuire, et servez-le sur une poivrade » faire cresver, avecq tes daulphins chevriers d’É- et pour grosse pièce en relevé de potage. » piſanie, tu nous sauspique et nous ard tout vifs, Gigot de chevreuil róti. — Parez un gigot » mon brave homme! - Et nous de rire à ces de chevreuil, et le piquez de lard fin; failes-le »joyeusetés, comme en disoit touts jours à ceulx du Louvre, icelluy bon Prince et grand Roy du sel. Mettez une heure à la broche, et arrosez mariner 5 ou 6 heures, avec de l'huile d'olive et » Françoys. Que Dieu l'absolve et recueille en sa avec sa marinade. On lui fait une sauce avec du »gloire celestre ! » jus d'échalotes et un peu de sa marinade. Il serait assez difficile d'accommoder un che- vreau suivant le récit de Jean Le Clercq, puisqu'il Carrés de chevreuil à la broche. - Ayez n'y a spécifié ni les doses de ses épices, ni les deux carrés de chevreuil; supprimez-en l'échine ; noms de ses herbes; mais on dirait qu'il est restéparez-en les filets; piquez-les et faites-les mariner. quelque tradition de sa recette à l'égard du che- | Vous couchez sur broche ces deux carrés, en assu- vreau rôti, car on le sert encore avec une sauce à jettissant leurs filets avec de petits attelets et les cô- la sauge et au vin blanc sucré, dans laquelle on tes les unes sur les autres, en sorte que cela forme ajoute des quatre épices et de la tanaisie. un carré long; étant cuits, dressez-les sur une sauce à la poivrade et servez pour relevé. CHEVRETTE. C'est la femelle du chevreuil Civet de chevreuit. — Prenez les deux par- dont nous allons parler dans l'article suivant. On ties de la poitrine d'un chevreuil; coupez-les par appelle aussi chevrette un petit crustacé maritime morceaux, ainsi que le collet ; passez du petit lard qui n'est pas tout-à-fait aussi volumineux ni aussi dans un morceau de beurre; ensuite égouttez- recherché que les crevettes, mais qui s'apprête le, et faites un roux léger avec ce même beurre; et s'emploie de la même façon (V. CREVETTES, passez vos chairs de chevreuil avec le petit lard PETITS PATÉS et SALADES). jusqu'à ce qu'elles soient bien raidies; alors mouil- lez-les avec une bouteille de vin rouge et une cho- CHEVREUIL. On peut distinguer l'âge du pine de bouillon, assaisonnez ce civet d'un bou- chevreuil, comme celui du cerf, par le nombre quet composé de thym, de laurier, ail, sel et poi- des andouillers qui sont à ses bois : il en porte vre; remuez-le souvent, pour qu'il ne s'attache jusqu'à dix : alors il est dix-cors et n'est plus pas; mettez-y de petits ognons passés dans du propre à la cuisine ; il faut le prendre de dix-huit beurre avec des champignons; dégraissez; et fai- mois à trois ans, pour qu'il soit tendre et savou- les réduire la sauce à son degré; servez avec des reux. Sa chair est alors très-bonne; mais cepen- croûtons de pain sautés au beurre. dant sa qualité dépend beaucoup des lieux qu'il habite. Les meilleurs chevreuils qui nous arrivent Côtelettes de chevreuil. Levez ces côte- à Paris proviennent des Cévennes, du Rouergue, lettes comme celles du mouton; parez-les de même; des Ardennes et du Morvan : ceux dont le pelage aplatissez-les légèrement et piquez-les; ensuite est brun ont la chair plus fine que les roux; les metlez un peu de bonne huile dans une casserole; mâles qui ont passé trois ans, et qu'on appelle faites-y revenir à grand feu vos côtelettes des deux brocards en termes de chasse, sont de mauvais côtés ; lorsqu'elles seront cuites et d'une belle cou- goût dans certains temps de l'année, et, par exem- leur, égouttez-les, dressez-les et servez-les avec ple, à l'époque du rut ou peu de temps après ; les une sauce aux tomates ou à l'italienne. femelles du même âge, appelées chevrettes, ont la chair plus tendre ; enfin celle des chevrotins de ces épaules, ôlez-en la peau et les nerfs, piquez Epaules de chevrcuil. - Levez les chairs ou faons de chevreuils est excellente aussitôt qu'ils ces filets, faites-les mariner, faites-les cuire comme ont atteint neuf ou dix mois. les côtelettes ci-dessus, et servez-les sur une sauce Quartier de chevreuil róti. C'était un au pauvre homme. grand abus de le faire mariner avec du vinaigre, Filets de chevreuil. - Après avoir levé et pendant long-temps surtout; on doit tout au les deux filets d'un chevreuil, vous les piquez et plus le faire macérer pendant quelques heures les faites mariner. Lorsque vous voudrez vous en avec de l'huile ſine et du vin rouge, auxquels on servir, vous les retirerez de la marinade, en ayant joindra du persil avec des épices et quelques tran- soin de les approprier : vous les faites cuire comme ches d'ognon. les filets de mouton et vous y mettez la même sauce. Il faut enlever la première peau du filet et celle Si on ne veut pas les braiser, on les met tout sim- du dehors de la cuisse , afin de les piquer de fin plement à la broche, mais toujours piqués. . CHE ( 149 ) CHI Filets de chevreuil sautés à la minute.- chevreuil avec des cufs de pluvier ou de perdrix, Après avoir paré, piqué et mariné vos filets, fai- qui doivent être cuits durs et coupés en quatre tes-les sauter au beurre sur un feu très-vif; dres- filets. sez-les en couronne; glacez-les et mettez au fond de leur plat une sauce poivrade. Pâtés de chevreuil (V. PATÉ DE VENAISON). Chevreuil en daube, - Si l'on veut qu'il Escalopes de chevreuil. - Levez les chairs ait été mariné, il ne faut le laisser macérer que de deux épaules de chevreuil, Ôtez-en les peaux vingt-quatre heures, et le faire cuire dans une et les nerfs ; coupez ces petits filets par escalopes; braise environ cinq heures : faites réduire la sauce aplatissez-les avec le manche du couteau, arron- et passez-la au tamis. Joignez-y quantité suffisante dissez-les tous d'égale grandeur. Placez-les sur de corne de cerf pour qu'elle devienne en gelée; un sautoir avec du beurre fondu; assaisonnez de faites refroidir, afin d'en masquer votre pièce de sel et gros poivre, un peu d'ail et laurier; un mo-chevreuil, et servez-la pour grosse pièce à l'en- ment avant de servir vous placez vos escalopes sur tremets, un fourneau un peu ardent; retournez-les quand ils résisteront sous le doigt; ajoutez-y le beurre re. Cervelles de chevreuil. Cervelles de chevreuil. - On les prépare nécessaire pour lier la sauce, et garnissez le plat ainsi que les cervelles de veau et d'agncau (V. ABAT- avec du verjus en grains épépines. TIS, CERVELLE, ISSUE). Crépinettes de chevreuil. — Hachez plus CHICORÉE. La chicorée sauvage est verte ou moins fin des chairs de chevreuil rôties, joi- et ne se mange qu'en salade : il faut la choisir gnez-y des champignons, des truffes, de la tétine jeune et tendre. La chicorée cultivée est blan- de veau en quantité suffisante, pour faire réduire chie par étiolement. On la mange aussi en sa- le tout dans une sauce de haut goût; après avoir lade; surtout la variété qui a les feuilles un peu laissé refroidir, faites un amalgame avec le beurre, larges, et qu'on nomme scarole. C'est ordinai- pour le partager par portions plus ou moins gros- rement la chicorée frisée qu'on prépare par la ses, mais égales, que vous envelopperez de cré- cuisson. pine; mettez les crépinettes sur un plafond en- duit de beurre; failes-leur prendre couleur sous Ragoût de chicorée à la bonne femme.- le four de campagne, et après les avoir servies, Faites - la blanchir à l'eau bouillante; meltez-la versez dessus une sauce relevée, telle qu'unc ra- ensuite dans l'eau froide, et pressez-la fortement vigotte au beurre d'anchois, ou une purée de to- entre les mains pour l'égoutter; donnez lui assez mates aux achards. de coups de couteau pour la bien diviser; mettez-la ensuite dans une casserole, et mouillez avec du jus Émincé de chevreuit. On fait cet émincé ou, à défaut de jus, avec de bon bouillon : dans ce avec des débris de chevreuil rôti la veille; on dernier cas on y ajoute du beurre manié de fa- coupe les chairs en petits morceaux très-minces; rine pour liaison, et on fait réduire. On sert ce on les énerve avec soin, et l'on jette ces chairs, ragoût, avec des croûtons frits, pour entremets, ainsi préparées, dans une sauce poivrade réduite; ou le plus souvent sous une pièce de moulon rôtie. au moment de servir, on ajoute à cette sauce un peu de beurre frais, et l'on garnit ce plat d'entrée Chicorée au grand jus. -- Faites blanchir avec des croûtons frits. des chicorées entières; égouttez-les; fendez-les par le milieu; assaisonnez-les de poivre et mus- Émincé de chevreuil aux ognons. - Pas-cade ; ficelez-les par paires; mettez-les dans une sez des ognons au roux après les avoir coupés en casserole avec des bardes de lard; ajoutez-y un rouelles, et faites-y chauffer vos lames ou tranches morceau de veau ou de bæuf ou de mouton, deux de chevreuil, en y ajoutant du poivre blanc et le оgnons, autant de carottes, et un bouquet bien jus d'un citron au moment de servir. garni. Mouillez avec du consommé; faites cuire vos chicorées, et entretenez un feu ordinaire des- Hachis de chevreuil aux oeufs poches.- sus et dessous pendant trois heures; alors égout- Énervez des chairs de chevreuil rôti; hachez-les tez-les; pressez-les dans un linge blanc, et trous- avec des fines herbes cuites; mettez le tout dans sez-les toutes de la même grosseur; dressez-les en une poivrade bien réduite, avec un peu de beurre, couronne sur un plat, et servez-les avec les entrées sans le laisser bouillir, et surmontez ce hachis qui sont susceptibles de cet accompagnement. avec des aufs pochés, qui pourront être simple- ment des aufs frais, si vous n'en avez ni de faisan, Chicorée à la crème. — Après avoir blanchi ni de pintade. On garnit quelquefois les hachis de et haché votre chicorée, vous la passerez au beurre CHI ( 150 ) CHO avec un peu de gros poivre ; vous y ajouterez une , peu de sucre dans du consommé. On y ajoute demi-pinte de crème et deux cuillerées de sucre douze petites saucisses appelées Chipolates, avec en poudre avec un peu de muscade. Vous la tour- quelques petits morceaux de lard. Il est bien aisé nerez jusqu'à ce qu'elle soit bien liée, et vous la de se procurer de ces menues saucisses, quand déposerez dans un autre vase afin de vous en ser on n'en trouve pas chez les charcutiers, car il est vir aux choses indiquées. suffisant d'introduire et de nouer un hachis de Chicorée au velouté. Après avoir dépouillé porc frais dans un boyau de volaille.) On met le vos chicorées de leurs feuilles vertes, en ne leur tout dans une casserole avec deux douzaines de laissant que le blanc; coupez-en la pointe et par champignons, des culs d'artichaut, des tranches tagez la chicorée en deux; ayez un plein chaudron de céleri, et quelques cuillerées de blond de veau. d'eau bouillante; jetez-y une poignée de sel; met- On fait réduire, en ayant soin de bien écumer, tez-y les chicorées et enfoncez-les à chaque in- on clarifie, et l'on y fait rechauffer soit des poulets stant dans l'eau pour éviter qu'elles se noircissent; dépécés, des pigeons entiers, des tendrons de veau braisés, des riz étuvés, des cervelles de des- lorsqu'elles se mêlent avec l'eau , elles sont assez blanchies ; si elles fléchissent sous le doigt, égout- serte, etc. On emploie aussi les ragoûts à la chi- tez-les dans une passoire, et mettez-les à l'eau polata pour en garnir des entrées de broche, et fraîche. Quand volre chicorée sera bien froide, notamment pour mettre sous des chapons, des oisons et des dindons rôtis et farcis. vous l'égoutterez encore, et la passerez dans les mains pour en extraire l'eau. Ces opérations ter- minées, bachez cette chicorée; mettez-la dans une CHOCOLAT. Nous avons suffisamment parlé casserole avec un bon morceau de beurre, un peu de la fabrication du chocolat, à l'occasion du CA- de sel et de gros poivre; remuez beaucoup, et CAO; mais, pour les emplois culinaires dont le versez dessus plein cinq cuillères à dégraisser de chocolat est susceptible, et qui sont trop nom- velouté; faites réduire le tout jusqu'à ce qu'il ait breux pour se trouver réunis commodément dans pris assez de consistance, et dressez sur un plat un seul article, on voudra bien consulter sépa- avec des croûtons à l'entour. rément chacune de ses prescriptions (V. BEL- GNETS, CANNELLONS, CRÈMES, FROMAGES GLA- Chicorée. Manière de la conserver.- Le CÉS, MOUSSES, PASTILLES, PRALINES et PROFITE- sel concourt autant que la cuisson au succès de ROLLES). l'opération. Après avoir épluché la chicorée, dont Nous avons pensé que les documents nécessai- on rejette les feuilles vertes, on la plonge dans de res à la bonne fabrication du chocolat ne seraient l'eau bouillante et salée, on la retourne jusqu'à ce pas dépourvus d'utilité pour certains établisse- qu'elle soit diminuée de volume sans être cuite; ments religieux, scolastiques et autres, où l'on en on la jette alors dans l'eau froide; on la retire en fait annuellement une consommation équivalente suite, et on la laisse bien égoutter ; on la met dans à plusieurs quintaux; mais nous croyons aussi des pots de grès, et on la foule bien. Au bout de qu'il est plus expédient et plus économique d'a- vingt-quatre-heures elle rend beaucoup d'eau sa- cheter son chocolat quand on n'en doit faire lée; on l'égoutte bien en la pressant, ensuite on qu'une consommation modérée ; toute la difficulté verse dessus de la saumnre bien claire; on recou- consiste donc à se procurer du chocolat qui soit vre le tout d'huile ou de beurre fondu, comme toujours consciencieusement et parfaitement fa- les herbes cuites, briqué. Le chocolat , considéré comme substance CHIENDENT, plante médicinale dont il y a analeptique, est une des préparations les plus im- plusieurs variétés. portantes et les plus précieuses; mais dans le On ne fait usage que de deux espèces, le chien- commerce, et surtout à Paris, c'est peut-être celle dent ordinaire et le chiendent pied-de-poule. qui éprouve le plus d'altérations, par la cupidité I -seu- On n'emploie que la racine qui entre dans les ti- sanes et dans plusieurs décoctions. La racine est lement à dépouiller le chocolat de ses qualités un apéritif qu’on mélange avec d'autres plantes analeptiques, mais encore à en faire une sorte de ayant la même vertu (V. PHARMACIE DOMESTI- comestible tout-à-fait contraire à l'intention dans QUE). laquelle il aurait été prescrit pour aliment quo- tidien, CUIIPOLATA, sorte de ragoût d'origine ita Nous avons déjà parlé des fraudes employées lienne, et dont voici la meilleure formule.—On réu- dans ces fabrications, et comme il est important nira deux douzaines de carottes et de navets tour- de pouvoir diriger en cela certaines personnes nés en forme d'olives, autant de marrons rôtis et qui, par goût, ou par régime et nécessité, se trou- de petits ognons. Ensuite on les fait cuire avec un vent dans le cas de faire de cette substance un CHO ( 131 ) CHO des principaux éléments de leur alimentation, nous , digère en quelques minutes, et qu'on en prescrit allons les mettre à même de profiter de nos obser en certains cas, de six à sept tasses, c'est-à-dire vations hygiéniques, en leur offrant le tribut à peu près une demi-livre par jour. La base de cette d'une longue expérience. confection salutaire est une pâte de pur et d'ex- D'abord, comme amateurs de chocolat, et puis cellent cacao, ferme et cassante, assez bien tor- pour obéir à la médecine, nous avons parcouru réfiéc pour avoir été complètement dégagée de son toute l'échelle des préparations. Après avoir usé huile, et non pas assez grillée pour avoir acquis successivement, et même avec opiniâtreté, des une propriété stimulante; enfin c'est un chocolat chocolats de MM. Debauve , Menier et Marquis si parfaitement trituré qu'on ne saurait en distin- (on voit que nous ne nous adressions pas aux fa- guer aucune parcelle après la coction, et que tout bricants les moins distingués de cette capitale), ce qu'il en reste aux parois d'un vase a l'apparence nous avons reconnu qu'il leur manquait habituel d'une teinture, ou d'une infusion rougeâtre. On lement telles ou telles qualités essentielles à la trouve aussi dans la même fabrique une sorte de perfection des chocolats de santé. chocolat au baume de vanille et au sucre candi, Nous avons trouvé que celui de M. Debauve qu’on a surnommé par excellence, et qui pour- était trop torréfié pour ne pas devenir échauf- rait être nommé l'exquis ou l'idéal, en fait de fant, ce qui lui communique une saveur âcre, et chocolat. ce qu'il est aisé d'apercevoir de prime-abord à Nous avons la conviction de mériter la recon- sa couleur obscure et par trop foncée. Nous di- naissance de nos souscripteurs, et nous avons la rons aussi que le meilleur chocolat de cette fa- certitude d'en obtenir des remerciments pour leur brique n'est jamais broyé aussi soigneusement avoir indiqué l'officine de M. Héloin, que nous ne qu'il le faudrait; allégation qu'il est encore aisé connaissons que par l'expérience et les bons ef- de vérifier en observant les particules en forme de fets de ses préparations. grumelots, qui sont toujours adhérentes aux pa Nous n'avons jamais eu, le ciel en est témoin, rois de la chocolatière ou de la tas la plus petite relation directe ou personnelle avec Nous avons ensuite éprouvé que le chocolat lui; nous ne savons seulement pas s'il est jeune fabriqué par M. Marquis, et fort agréable du reste, ou vicux; nous ignorons s'il est philippiste ou lé- est beaucoup trop saturé de beurre de cacao, gitimiste, mais nous déclarons, par amour de la pour que certains estomacs valétudinaires ou con- justice et par attrait pour la vérité, que la fabri- valescents, ne s'en trouvent pas sérieusement in- que de M. Héloin doit être considérée comme une commodés. C'est peut-être le seul reproche qu'on des premières de l'Europe, et peut-être même puisse adresser aux chocolats de M. Marquis, comme la plus parfaite et la plus consciencieuse- dont toutes les substances paraissent de qualité su ment dirigée de toute la France. périeure, et dont la manipulation ne laisse absolu Quoique nous ayons déjà parlé sommairement ment rien à désirer sous les rapports de la torré sur la préparation du breuvage appelé chocolat, faction et de la trituration. nous allons finir cet article en reproduisant in Si les chocolats de M. Menier n'ont pas la extenso la recette qui nous est transmise par un même délicatesse, ils n'en sont pas moins recom ancien professeur, et l'on trouvera sûrement que mandables, et la modicité de leurs prix est un des nous ne pouvions mieux faire, attendu qu'on ne motifs qui les font employer habituellement dans saurait mieux dire que notre illustre devancier. les plus grandes maisons pour toutes les prépa- rations de cuisine et d'office où le chocolat doit Manière officielle d'apprêter le entrer comme élément principal ou pour assai- chocolat. sonnement. On pourrait citer plusieurs autres fabricants de « Les Américains préparent leur pâte de cacao chocolat qui méritent et qui justifient la confiance sans sucre. Lorsqu'ils veulent prendre du choco- publique; mais nous trouvons qu'aucun d'eux n'a lat, ils font apporter de l'eau bouillante : chacun pu réunir plus de certitude et d'égalité dans la per- râpe dans sa tasse la quantité qu'il veut de cacao, fection de ce produit, que M. Heloin, lequel est verse l'eau chaude dessus, et ajoute le sucre et les successeur du fameux Pelletier, et dont l'adresse aromates comme il juge convenable. est rue Neuve-des-Petits-Champs, nº 14. Tous les » Cette méthode ne convient ni à nos maurs, chocolats de M. Heloin nous ont paru de qualité ni à nos goûts ; et nous voulons que le chocalat supérieure : mais son chocolat de santé, pur Car- nous arrive tout préparé. raque, au prix de six francs la livre et sans aro - » En cet état , la chimie transcendante nous a mates, est si parfaitement bien approprié pour les appris qu'il ne faut ni le racler au couteau, ni le convalescents et pour les sujets débilités, qu'il se broyer au pilon, parce que la collision sèche qui a CHIO ( 132 ) CHO lieu dans les deux cas amidonise quelques portions Chou farci. Enlevez les feuilles extérieures de sucre, et rend cette boisson plus fade. d'un beau chou de Milan; faites-le blanchir un » Ainsi, pour faire du chocolat, c'est-à-dire quart-d'heure à l'eau bouillante; égouttez-le : en- pour le rendre propre à la consommation immé- levez avec un couteau tout le trognon ; écartez les diate, on en prend environ une once et demie feuilles sans les briser, et remplissez le chou avec pour une tasse, qu'on fait dissoudre doucement une farce composée de chair de porc, de marrons dans l'eau , à mesure qu'elle s'échauſſe, en la re- rôtis, jaunes d'eufs cuits durs, fines herbes ha- muant avec une spatule de bois; on la fait bouillir chées, sel, poivre et épices; couvrez l'ouverture pendant un quart-d'heure, pour que la solution avec une barde de lard, et ficelez le tout. Posez le prenne consistance, et on sert chaudement. chou, l'ouverture en haut, dans une casserole, sur des bardes de lard; mettez-en aussi par-dessus; Monsicur, me disait, il y a plus de soixante ans, Madame d'Arestrel, Supérieure du couvent de ajoutez carottes, ognons, dont un piqué de deux la Visitation, à Belley, quand vous voulez pren-muscade; mouillez avec du bouillon ; faites cuire clous de gérofle, un bouquet garni, sel, poivre et dre de bon chocolat, faites le faire, dès la veille, dans une cafetière de faïence, et à petit feu. Lorsque le chou est bien cuit et la laissez-le là. Le repos de la nuit le concen- sauce réduite, dressez-le dans un plat et versez la tre, en lui donnant un velouté qui le rend sauce par-dessus; si celle-ci est trop claire, faites bien meilleur. Le bon Dicu ne peut pas beurre manié de fécule. réduire vivement, en ajoutant un morceau de s'offenser de ce petit raffinement, car il est lui-même tout excellence. » Chou en surprise (ancien ragoût pari- sien). Ayez un chou entier; faites blanchir et CHOU. Entre les légumes herbacés, c'est le rafraîchissez-le; pressez-le bien dans vos mains plus nutritif et celui dont on consomme le plus. sans en rompre les feuilles; mettez-le sur une ta- Les variétés en sont nombreuses, et l'on commen ble ; écartez-en toutes les feuilles, ctôlez le cera par les diviser en choux blancs ou verts, en trognon; à sa place, mettez des marrons, des choux-fleurs, en choux rouges, en choux-raves et saucisses et des rouge - gorge ou des mau- en choux de mer. vieltes, Remettez toutes les feuilles comme elles On appelle du même nom une sorte de pâtisse- étaient, de façon qu'il ne paraisse pas qu'il y ait rie, dont nous donnerons également les différentes rien dedans; ficelez bien le chou; faites-le cuire recettes. dans une braise légère; quand il sera cuit, laissez- le égoutter, et servez-le avec une sauce où il y ait Choux blancs ou verts. La meilleure es de la moelle fondue et de la muscade râpée. pèce est celle dite de Milan. Le petit-pommé, le frisé-hâtif, le chou de Bonneuil et le chou de Chou à la picarde. — Faites blanchir un Saint-Denis sont les premiers qui paraissent. primé le trognon; rafraîchissez-le; pressez-le; fi- Viennent ensuite le chou d'Ardivilliers, le gros ca- bus, le chou rouge, les choux de Bruxelles et les celez-le, et faites-le cuire avec un morceau de deux espèces de brocolis qui ne sauraient être beurre, du bon bouillon, sept ou huit ognons, un classés parmi les choux-fleurs, bouquet garni, un peu de sel et du gros poivre. Lorsqu'il sera presque cuit, mettez-y quelques Chou au lard (excellent mets ptébéien). saucisses, et faites frire dans le beurre un croûton de Coupez un chou pommé en quatre morceaux pain plus grand que la main; mettez-le dans le fond du plat que vous devez servir; le chou , les que vous ferez blanchir. Mettez-le ensuite dans saucisses et les ognons autour; que le lout soit une marmite ou un pot de terre, avec un bon bien débarrassé de sa graisse ainsi que la sauce du morceau de petit salé, quatre saucisses, deux cer- velas de charcutier, un pied de céleri, quatre chou; mêlez-y un peu de coulis, si vous en avez; ognons, deux grosses carottes, et six grains de que votre sauce soit courte, et versez-la sur le ra- goût. genièvre enfermés dans un nouet avec deux feuil- les de laurier et une pincée de fleurs de thym. Chou à la bavaroise.-Coupez un chou de Mouillez avec de l'eau bouillante, et faites le cuire Milan, ficelez-le, et mettez-le à cuire dans une bonne à petit feu pendant une heure et demie. Dressez braise, avec du bouillon, sel, poivre, bouquet garni, les quartiers de chou sur un plat avec les cerve et deux ognons piqués de gérofle. Mettez dans le las et le petit salé par-dessus; retranchez les au même appareil une andouille coupée en deux, que tres légumes, et faites réduire le mouillement pour vous aurez fait blanchir à part; faites cuire le lout. tenir lieu de sauce. La cuisson achevée, dégraissez; servez l'andouille CHO ( 153 ) CHO an milieu du plat, les choux autour, et, sur le Ces petits choux s'emploient sourcnt comme lout, versez une sauce poivrade aiguisée de vin garniture, et sont d'un grand secours pour les ma- blanc. cédoines de légumes et les salades cuites pendant la mauvaise saison. Pain de chou. - Faites blanchir un chou en- tier; levez-en les feuilles dont vous retranchez les Chou brocoli (V.ci-dessus, page 109).- Les grosses côtes : faites mariner une noix de veau brocolis se font cuire à l'eau de sel et ne doivent avec de l'huile, persil, ciboules, champignons, ail, se manger qu'à la sauce au beurre, à la sauce au échalotes, le tout haché; sel , gros poivre; faites jus, à la sauce à la crème, ou bien à l'huile et au mariner aussi quelques tranches minces de jam- vinaigre. bon. Étendez sur la table quelques feuilles de chou, Choux rouges à la hollandaise. - Émin- et mettez par-dessus des tranches de veau et de jam- cez des choux rouges en en rejetant les trognons et le bout des feuilles extérieures. Épluchez six pom- bon, et un peu de la marinade; couvrez avec d'autres feuilles; ajoutez de nouvelles tranches et continuez mes de rainette pour un chou, épluchez également ainsi ; ficelez le tout, et faites cuire dans une braise deux gros ognons que vous hacherez bien menu; bien nourrie; faites réduire la cuisson après l'avoir faites blanchir vos choux hachés dans de l'eau bouil- dégraissée; liez-la avec un peu de beurre manié lante, et mettez à cuire le tout dans une casserole de farine, s'il est nécessaire, et versez-la sous avec un bon morceau de beurre, une cuillerée de le pain. sucre en poudre, une pincée de sel, du poivre et un bouquet garni. Faites mijoter, consommer et Choux en garbure (cuisine bordelaise). confire le tout pendant cinq à six heures, Ôtez alors Faites blanchir des choux jusqu'à ce qu'ils le bouquet et ajoutez un verre de vin de Bordeaux soient aux trois quarts cuits, égouttez-les, et sépa à cette mixtion que vous parachèverez en y faisant rez les feuilles dont vous ôlerez les plus grosses fondre au moment de servir un petit morceau de côtes. beurre fais. Prenez une soupière, ou une terrine qui sup Il n'est pas besoin d'annoncer que les choux porte le feu ; faites au fond un lit de feuilles de rouges à la hollandaise sont un des meilleurs chou; couvrez-le de tranches minces de fromage entremets qu'on puisse offrir à des gourmets (en de Gruyère, et celles-ci avec des tranches de pain; | petit comité). ſaites un nouveau lit de feuilles de chou, de fro- Quand on veut employer les choux rouges comme mage et de pain, et continuez ainsi jusqu'à la fin; garniture, on les fait cuire (étant hachés et blan- assaisonnez chaque couche de gros poivre et épi-chis) avec des cervelas, des saucisses et des carrés ces; mouillez avec d'excellent bouillon chaud, et de petit lard (V. CHOUCROUTE), faites mijoter et gratiner pendant une heure. Servez en guise de potage avec une jatte de Choucronte. bouillon à côté. Choux verts à la crème. Le nom allemand est sauerkraut, qui signi- Lorsque les choux auront été bien épluchés et bien lavés, fai- fie choux aigres. Pour faire la choucroûte, on tes-les cuire à l'eau de sel, laissez-les rafraîchir, coupe des choux pommés en tranches très-minces et faites-les égoutter pour les hacher et les passer qui se divisent en filets ; on en remplit des ton- au beurre, en y ajoutant du sel, du poivre et de neaux; on assaisonne avec du sel, du poivre et du la muscade râpée; mouillez avec de la crème dont genièvre. La masse ne tarde pas à entrer en fer- rous leur ferez boire une demi-pinte, et faites re- mentation , dont le résultat est la formation d'un duire à très-petit feu jusqu'à ce que les choux soient acide qui prévient l'altération ultérieure des choux. bien liés. On a soin que ceux-ci soient toujours surmontés par le liquide acide, et pour cela on charge la masse Choux de Bruxelles. Ce sont de petits avec une grosse pierre. La choucroûte se con- choux verts qui sont tout au plus de la grosseur serve long-temps. Elle fail, en Allemagne, la base d'une noix et qui paraissent vers la fin de l'au- principale des provisions de ménage. La chou- lomne. croûte est un aliment sain, et surtout un bon cor- Après en avoir ôlé les premières feuilles faites rectif des inconvénients qui accompagnent l'usage les cuire à l'eau de sel; égouttez-les, et servez-les habituel des viandes salées et fumécs. sur un morceau de beurre avec du sel, du gros Comme il est aisé de se procurer à Paris de la poivre et du persil haché. Si vous voulez lier le choucroûle de Strasbourg à prix modéré, il y a beurre, ajoutez-y une cuillerée de velouté, ou de peu de maisons où l’en en fabrique; mais pour les la crème si c'est un jour maigre. personnes qui seraient d'un autre avis que la ma- CHO ( 134 ) CHO jorité des consommateurs parisiens, nous avons | saucisses et de tranches de cervelas dont vous au- traduit la meilleure recette connue en Allemagne, rez retiré l'enveloppe, Pour bien faire de la choucroûte et pour la ren On emploie également la choucroûte pour gar- dre susceptible de pouvoir être conservée d'une niture de relevés ou grosses pièces, et pour en for- saison des choux jusqu'à l'autre, on choisit un ton- mer un plat d'entrée ; mais ce dernier usage est le neau qui ait renfermé du vinaigre, du vin blanc ou moins adopté dans le monde élégant, de l'eau-de-vie; en dehors, el à quatre pouces au- dessus du fond, on pratique un trou dans lequel on Choux-Fleurs. implante une cannelle de bois; après avoir dépouillé les choux (dont vous aurez fait un choix particu- des plats d'entremets et pour garnir des entrées Le chou-fleur s'emploie également pour former lier) de leurs feuilles extérieures les plus vertes, coupez-les en deux, trois ou quatre parties, suivant de viande. On l'emploie aussi depuis quelque leur volume, et ratissez chacun des morceaux sur temps pour entourer des brochets au bleu, ce qui un rabot au centre duquel se trouvent placés trans- nous paraît une triste imagination, si ce n'est une in- versalement quatre ou six lames tranchantes, pour novation malheureuse et déraisonnable. Les choux- en faire, pour l'aller, et le venir, des filets extrê- fleurs doivent toujours être épluchés avec le plus mement fins, qui, tombés dans le tiroir placé des grand soin, et il est indispensable d'en séparer les , sous, se ramassent ensuite dans un panier : lorsque rameaux, parce qu'il se loge très - souvent dans vous en avez une assez grande quantité, il faut rem- leurs intervalles de grosses chenilles et des limaces. plir le tonneau placé où il doit rester, avec les pré- La meilleure manière d'apprêter ce légume est, cautions suivantes : mettre d'abord, vis-à-vis la sans contredit, à l'étuvée, et voici la formule de cannelle, des brins d'osier et de sarment pour fa- celte préparation comme elle est indiquée dans les ciliter l'écoulement de l'eau qui doit tomber au dispensaires du temps de Louis XIV. fond du tonneau; faire une couche de choux cou- Choux-fleurs étuvés. — « Prenez des hauts pés, et une autre de sel (la dose est d'une livre » de choux-fleurs, lavez-les à l'eau tiède, et faites- pour cinquante livres de choux), les choux à trois » les cuire dans du consommé en y ajoutant quel- pouces d'épaisseur, et successivement jusqu'à ce » que peu de macis en poudre. Étant bien cuils et que le tonneau soit au moins aux deux tiers rem- » au moment de les servir, égouttez-les de leur pli; on recouvre le tout avec des feuilles entières, » mouillement et remuez-les avec un peu de beurre avec un linge par-dessus, et un couvercle de bois » tout frais et tout cru; aussitôt que le beurre sera assujetti par une pierre ou quelque autre chose de fondu, dressez et servez sur table. » très-lourd. Quatre ou cinq jours après cette première opé- Choux-fleurs au beurre.- Prenez deux têtes ration, ouvrez la cannelle, laissez écouler la sau de choux-fleurs; épluchez-les soigneusement; n'y mure pour la renouveler, en répétant cette même laissez aucune petite feuille; jetez-les dans de l'eau manæuvre jusqu'à ce qu'elle sorte claire et sans fraîche et lavez-les bien; cela fait, ct c'est un point aucune odeur. essentiel, mettez de l'eau dans une marmite avec Le tonneau à choucroûte doit être placé dans un un peu de sel, un morceau de beurre manié et le endroit à température moyenne pendant toute l'an- jus d'un citron : joignez-y les choux-fleurs ; faites née; du moment qu'il est entamé, on retire tous partir ; couvrez votre marmite d'un papier beurré; les mois, au plus tard, la saumure pour en remet- laissez-les mijoter sur le coin du fourneau et pre- ire de la nouvelle, et surtout avoir le plus grand | dressez-les sur votre plat, ou moulez-les dans une nez garde de les laisser trop cuire : égouttez-les ; soin de la tenir fermée par le moyen du couvercle. Quelques-uns y ajoutent des baies de genièvre et casserole; égouttez votre plat, et masquez-les avec des graines de carvi, qu'ils y mêlent en mettant le une sauce au beurre où vous ajouterez de la mus- sel avec les choux. cade ràpée. Choux-fleurs au jus. — Faites cuire et dres- Préparations de la choucroute, - Pour sez les choux-fleurs comme il est indiqué à l'arti- faire cuire la choucroûte, laissez-la tremper pen-cle précédent; mettez dans une casserole moitié dant deux heures dans l'eau fraîche; lorsqu'elle sauce blanche et moitié blond de veau; vancz et est égouttée, mettez-la dans une casserole avec du sassez votre sauce, où vous aurcz mis un peu de petit lard coupé par tranches, un cervelas et des muscade. saucisses; mouillez avec du bouillon et un peu de jus ou de graisse d'oie ; faites cuire à petit feu, et Choux-fleurs au fromage. - Lorsque des la cuisson terminée, égouttez la choucroûte, dres- choux-fleurs sont cuits, égouttez-les, mettez dans sez sur un plat le lard en dessus, entremêlé de l une casserole de la sauce au beurre, et une ou > CHO ( 133 ) CHO 1 deux poignées de fromage parmesan râpé : liez tez-le dans un vase ouvert avec quantité suffisante bien le fromage avec la sauce; mettez-en une par- de farine; ajoutez-y de l'écorce de citron vert con- tie dans le fond du plat, dressez-y les choux- fit hachée et un peu de sel; détrempez bien le fleurs; et lorsque vous mettrez le dernier morceau, tout : incorporez-y ensuite quatre ou cing jaunes faites couler votre sauce entre les vides; achevez d'aufs pour en faire comme une pâte à beignets; de les dresser; masquez-les du restant de votre prenez une tourtière que vous graisserez bien; sauce; saupoudrez de fromage râpé; mettez-les au dressez-y les choux avec une cuillère; dorez-les et four ou sous un four de campagne, avec feu des- mettez-les au four, où il faut qu'ils cuisent dou- sous et dessus; faites-leur prendre une belle cou cement. Étant cuits on les glace avec du sucre : leur: leur cuisson achevée, égouttez-les, et net on fait sécher cette glace à l'entrée du four. toyez soigneusement le bord du plat. Choux-pâtissiers à la parisienne. Fai- Choux-fleurs frits. Préparez et faites tes bouillir deux verres d'eau dans une casserole cuire des choux-fleurs comme il est dit ci-dessus : avec un peu de beurre et un peu de sel; quand leur cuisson faite, égouttez-les, mettez-les dans l'eau bout, mettez-y deux ou trois poignées de fa- une terrine avec un filet de vinaigre, du sel et du rine; délayez le tout ensemble sur le feu, et re- gros poivre; laissez-les mariner une demi-heure, muez toujours jusqu'à ce que la pâte se détache égouttez-les, trempez-les dans une pâte légère, et de la casserole : râpez-y un peu de sucre; ôtez en- faites-les frire de manière à ce qu'ils soient d'une suite la pâte de dessus le feu, et changez-la de belle couleur. casserole; délayez-y des aufs frais, jaune et blanc, jusqu'à ce qu'elle soit liquide : beurrez de petits Choux-fleurs farcis. - Faites-les seulement moules à pâté; formez-y les choux, et faites cuire blanchir à l'eau de sel. Etant bien égouttés, met- au four. tez-les sur des bardes de lard, la tête en bas, dans une casserole de la grandeur du fond du plal dans Choux-ramequins à la Royale. Mettez lequel vous devez servir; remplissez tous les vides dans une casserole deux verres de bon lait et deur que laissent les choux avec une farce composée de onces de beurre fin; lorsque ce mélange com- rouelle de veau, graisse de bæuſ, persil, ciboules, mence à bouillir, vous l’ôtez de dessus le feu, champignons, sel, épices, et trois aufs entiers; puis vous y joignez cinq onces de farine tamisée. mouillez avec de bon bouillon; faites cuire à petit Le tout bien mêlé, vous remettez la casserole sur feu ; quand les choux-fleurs sont cuits, et qu'il n'y le fourneau, en remuant toujours l'appareil, afin a plus de sauce, posez le plat sur la casserole, et qu'il ne s'attache pas. Lorsque la pâte se trouve as- renversez-la brusquement en contenant le plat sez desséchée, vous la versez dans une autre casse- avec la main gauche. role pour y mêler deux onces de beurre, deux de fromage de parmesan râpé, et deux aufs; le tout Choux-navets. Ces choux sont d'une es bien incorporé, ajoutez une bonne pincée de mi- pèce particulière ; on n'en mange point les feuil- gnonnette, une petite cuillerée de sucre fin, un wuf les, et c'est du trognon dont on se sert; on en et trois onces de fromage de vrai Gruyère, coupé supprime l'écorce; on en forme des navets ou de en petits dés carrés de trois lignes ; travaillez bien fausses cardes qu'on fait blanchir et cuire abso-ce mélange, puis joignez-y encore trois bonnes cuil- lument comme les navets au jus; leur cuisson ! lerées de crème fouettée. Cet appareil, ainsi dis- faite, mettez-les, soit au velouté, soit à l'espagnole, posé, doit donner une pâte d'un corps semblable soit à la sauce à la crème. à la pâte à choux ordinaire : vous couchez ceux-ci un peu moins gros que les choux, et les dorez de Chou de mer. – Nouveau légume originaire même. Mettez-les au four un peu gai : vingt mi- d'Amérique, et dont l'usage est très-habituel en nutes de cuisson, mais servez tout de suite. Angleterre. On le cultive depuis quelque temps dans les environs de Paris; on n'en mange que les Choux pralinés aux avelines. — Mettez côtes, et son goût rappelle celui des jets de hou- dans une casserole un verre d'eau, un de lait, et bion. On le fait cuire à l'anglaise, c'est-à-dire à deux onces de beurre fin; ce mélange étant en l'eau de sel, et on l'assaisonne ordinairement d'une ébullition, vous le retirez de dessus le feu : ayez sauce au beurre. tout près un peu de farine tamisée, que vous amal- gamez dans le liquide en le reniuant avec une Choux de pâtisserie. spalule ; et lorsque cela commence à former une petite pâte mollette, vous cessez l'addition de la Choux-pâtissiers à la bourgeoise. - Pre- farine. Remettez la casserole sur le fourneau en nez du fromage mou bien frais et bien gras; melremuant continuellement l'appareil, afin qu'il ne CHO ( 156 ) CHO s'attache pas et qu'il soit sans grumeleaur. Après | bouche du four et les glacez à la flamme. Servez l'avoir ainsi desséchée trois minutes, changez la chaud, car ils ne doivent pas attendre. pâte de casserole, mêlez-y une once de beurre fin, deux æufs, ensuite mêlez encore trois onces Choux à la Vincennes. Vous les faites de sucre en poudre, deux cufs, un grain de sel, semblables en tous points aux choux à la Mecque. une cuillerée d'eau de fleur d'orange et deux Cependant vous ne mettrez point de gros sucre cuillerées de crème fouettée. Si votre pâte se trouve dessus ; vous les glacez à la flamme du four, de un peu ferme, vous l'amollirez avec un jaune ou même que ci-dessus. Dans la crème qui doit mar- seulement la moitié, puis vous couchez les choux quer votre appareil, vous ferez infuser un bâton de moyenne grosseur. Après les avoir dorés, vous de vanille, et le servez en sortant du four. les masquez avec un quarteron d'amandes d'ave- lines émondées, hachées fines, mêlées avec deux Choux soufflés au ceste d'orange. onces de sucre en poudre et la sixième partie d'un Après avoir mis dans une casserole deux onces blanc d'æuf (vous les remuez afin qu'elle prenne de beurre d'Isigny et deux verres de bonne crème, parfaitement le sucre par l'effet de l'humidité du aussitôt que ce mélange est en ébullition, vous le blanc d'auf). Mettez-les à four doux, ct servez remplissez légèrement avec de la farine de crème les de belle couleur et bien ressuyés, si vous vou- de riz desséchée quelques minutes. Vous changez lez qu'ils ne s'affaissent pas. la pâte de casserole, vous y joignez une once de beurre, deux aufs et un grain de sel; le tout Choux i la Mecque. Mettez dans une étant bien mêlé, vous y mettez encore deux jau- casserole deux verres de lait et deux onces de nes d'œufs, trois onces de sucre sur lequel vous beurre fin; après avoir rempli la pâte mollette de aurez râpé la moitié du zeste d’un citron bien sain farine, et l'avoir desséchée quelques minutes, ajou- et la moitié du zeste d'une orange; travaillez bien tez deux onces de beurre et un demi-verre de ce mélange, fouettez les deux blancs d'æuſs bien lait, puis desséchez encore un peu. Vous la chan ferme, et mêlez-les dans la pâte avec deux cuille- gez de casserole, en ajoutant, avec deux auſs, rées de crème fouetlée. deux onces de sucre en poudre; ce mélange étant Celte pâte ne doit être ni plus molle ni plus bien travaillé, vous y mêlez deux @uſs, une cuil- ferme que les précédentes. Garnissez de cet appa- lerée de bonne crème fouetlée ct un grain de sel; reil des petites caisses rondes ou carrées, et ne les cette pâte ne doit pas être plus molle que remplissez qu'à moitié. Ensuite vous renversez la tume; vous couchez ces choux à la cuillère, et en caisse sur un tas de gros sucre, afin que le chou forme de navette, de trois pouces de longueur. en soit couvert. Mettez au four chaleur ordinaire ; Lorsqu'ils sont dorés, vous les masquez de gros servez-le chaudement. Ces choux ne sont point sucre et les mettez au four chaleur modérée: ser dorés. vez-les de belle couleur et pour entremets. Vous pouvez parfumer ces choux au cédrat, à Choux en caisse au cédrat. l'orange, à la bigarade ou au citron. A cet effet, cédez de la même manière que ci-dessus, avec vous râpez sur un morceau de sucre le zeste de cette différence que vous hachez très-lin deux l'un de ces fruits, et vous comprenez ce sucre odo- onces de cédrat confit, que vous mêlez dans la riſère dans les deux onces qui entrent dans l'ap- pâte. pareil. Vous pouvez parfumer ces sortes de choux à la vanille, à la fleur d'orange pralinée, au zeste de Choux aux anis blancs. — Vous les compo deux citrons, ainsi qu'au zeste de cédrat, d'orange sez ainsi qu'il est indiqué plus haut, et avec la et de bigarade, aux pistaches, aux avelines, aux même pâte que ci-dessus; lorsqu'ils sont dorés, amandes amères, au café, au chocolat, aux anis vous les masquez avec des anis blancs de Verdun. étoilés, au marasquin et au rhum. Mettez-les au four chaleur modéréc. Pâte à choux pour les pains à la Du- Petits choux à la Saint-Cloud. C'est la chesse et les choux glacés.-Cette pâte est moins la , que la forme et le volume des petits biscuits à la cuillère; four, afin qu'elle soit creuse au milieu, pour pou- vous les dorez légèrement, et les mettez à four plus voir la garnir intérieurement avec des crèmes ou gai que les précédents; lorsqu'ils sont assez res des confitures. C'est au moyen de cette pâte qu'on suyés, vous les glacez avec du sucre passé au ta fait tous ces excellents choux qui sont nommés mis de soie; puis vous mettez une allume à la pains à la Duchesse. de cou- Vous pro- CIT ( 137 ) CIT CIBOULE. Cette plante est trop connue pour tez à mesure dans de l'eau fraîche; vous les faites qu'il ne soit pas superflu de la décrire ; elle fait blanchir, et les videz comme les oranges; vous presque toujours partie des bouquets qu'on met les faites confire et les glacez de même. dans les cuissons. Vous confisez de cette manière les cédrats, li- mons et poncires (V. ORANGES). . CIBOULETTE ou CIVE, espèce de ci- boule en miniature. On l'emploie aux mêmes usa Citrons confits en quartiers. — Prenez des ges que la précédente, et dans certains cas on lui citrons qui aient l'écorce épaisse; vous les coupez permet d'entrer dans les fournitures de salade. par quartiers, et les meltez sur le feu avec de l'eau pour les blanchir ; quand la tête d'une épingle CIDRE et POIRÉ. Le premier de ces li passe facilement au travers, vous les mettez dans quides se prépare avec du suc de pommes, et le de l'eau fraîche. Vous clarifiez du sucre, que vous second avec le suc de poires. L'un et l'autre con mettez au petit lissé; lorsqu'il bout, vous y jetez tiennent beaucoup d'acide malique, ct souvent de ces quartiers de citron, et, après un bouillon l'acide acétique. Le poire est plus acide, plus al couvert, vous les retirez et écumez. Le lendemain coolique et moins sucré que le cidre. Il faut le vous les égouttez, et mettez le sucre à la petite boire peu de temps après sa préparation, tandis nappe; vous y jetez les citrons, et leur donnez se trois ou quatre bouillons. ans . On doit le garder dans des celliers dont la Vous leur donnez encore deux façons, en ajou- Vous pouvez température soit toujours au-dessus de zéro; car tant chaque fois un peu de sucre clarifié; vous les il se congèle facilement, et alors il est perdu. Le mettez en dernier lieu au perlé, et, après avoir cidre et le poiré nourrissent moins que la bière et donné un bouillon couvert à vos fruits et les avoir enivrent facilement. Le poiré à l'inconvénient d'a- écumés, vous les conservez dans des terrines pour gacer le système nerveux. les glacer au besoin. En Normandie et en Bretagne, où le peuple fait un usage habituel du cidre, on va le prendre Petits citrons verts confits. à la futaille ; lorsque celle-ci est vidée en partie, et vous procurer de ces petits citrons dans de fortes qu'une grande surface de liquide est en contact orangeries ; vous leur faites une petite incision avec l'air, le cidre acquiert une acidité vive, de- dans le milieu avec la pointe d'un couteau, afin vient nuisible à l'économie animale et cause des qu'ils puissent mieux se nourrir de sucre , vous coliques absolument semblables aux coliques mi les faites blanchir, et, quand ils se ramollissent nérales : cet effet est tellement dû à l'altération du sous les doigts, vous les retirez du feu, et les lais- cidre par l'action de l'air, qu'il n'est jamais pro- sez dans la même eau. Le lendemain vous les re- duit par ce liquide lorsqu'il est conservé en bou mettez sur un feu doux, que vous conduisez de teilles. manière à ce que l'eau ne soit que chaude ; vous Le poiré ne s'emploie culinairement que dans y jetez une poignée de sel; vous remuez par in- les étuvées d'anguille ou de lamproie; mais le ci- tervalles avec une spatule, et lorsque les citrons dre mousscux est le meilleur élément qui puisse sont bien reverdis, vous poussez le feu, et leur servir à la préparation des matelotes norman- donnez quelques bouillons jusqu'à ce que la tèle des (V. CARRELET). d'une épingle passe très-facilement à travers : alors vous les mettez dans de l'eau fraîche et les CITRON. Cette branche de la famille des au égouttez. rentiacées se compose de cinq variétés principales, Vous ajoutez un peu d'eau dans du sucre cla- savoir : le citron vulgaire, le limon, le cédrat, le rifié pour le mettre au lissé; lorsqu'il bout, vous citron bergamote et le poncire. C'est du citron donnez un bouillon couvert au citron. Le lende- proprement dit dont on va parler sommairement main vous les égouttez, et, lorsque le sucre est à et sans pouvoir mentionner loutes les combinai la petite nappe, vous donnez un bouillon aux ci- sons dans lesquelles on fait usage de la pulpe, trons, vous leur donnez ainsi trois façons, en ajou- de l'écorce, du zeste et du jus de citron, par tant chaque fois un peu de sucre clarifié, et aug- exemple. mentant la cuisson du sucre d'un degré. A la der- nière vous faites cuire le sucre au perlé, et don- Compote de citrons (V. COMPOTE). nez un bouillon aux fruits; puis vous les mettez Citrons confits. Choisissez de beaux ci dans une terrine à l'étuve, et les laissez dans le trons, dont l'écorce soit bien unie; vous les tour- sucre cuit pour les glacer au besoin, nez, vous leur faites une ouverture à l'endroit de Si vous voulez les tirer au sec, vous les failes la queue avec un emporte-pièce, et vous les met sécher sur des tamis à l'étuye, CIT ( 138 ) CIT - Zestes de citrons confits. Choisissez des | linge ou tamis de soie, pour en retirer les zestes ; citrons qui aient l'écorce épaisse, vous l'enlevez vous mettrez votre jus dans le sucre, et le travail- par zestes et les jetez dans de l'eau sur le feu pour lerez avec une cuillère jusqu'à ce qu'il soit très- les faire blanchir ; quand ils s'écrasent facilement blanc, et vous finirez par le verser dans un moule. sous les doigts, vous les enlevez et les mettez dans de l'eau fraîche. Grillage de tailluilins de citrons.-Vous Vous clarifiez de beau sucre et le mettez au petit faites cuire du sucre à la plume, et vous y jetez des lissé; vous le versez chaud sur vos zestes de ci-zestes de citrons coupés par petits tailladins ; vous trons : lendemain vous l'en séparez, et, quand remuez avec la spatule : quand ils sont presque il a pris quelques bouillons, vous le jetez de nou- grillés, vous les saupoudrez de sucre, et, lorsqu'ils veau sur les zestes. Vous leur donnez encore deux ont pris une belle couleur, vous les ôtez de dessus façons : à la première vous faites cuire le sucre le feu et les servez, soit en forme pyramidale, soit à la grande nappe, après y avoir ajouté un peu de en ornements d'assiettes montées, ou de toute au- sucre clarifié; à la dernière, lorsqu'il est cuit au tre façon. perlé, vous y mettez les zestes et leur donnez un Sirop de citron. - Vous prendrez vingt-qua- bouillon couvert. Lorsqu'ils sont refroidis, vous tre beaux citrons bien juteux; vous en zesterez les égoutlez et les faites sécher à l'étuve, el ensuite trois dans une terrine, sur laquelle vous poserez vous les glacez ou les préparez au candi. un tamis; vous couperez tous vos citrons, et en Les zestes d'oranges se confisent de la même exprimerez le jus sur le zeste; si votre jus était manière. bien trouble, vous pourrez le filtrer au papier gris; Citronats. et lorsqu'il sera passé, vous clarifierez quatre li- Vous prenez des écorces de citrons dont vous séparez la plus forte partie vres de sucre, que vous ferez cuire au fort boulet; vous le sablerez et le mettrez dans une terrine ; du blanc que vous rejetez; vous les coupez en long de huit lignes sur une demi-ligne d'épaisseur; d'eau, vous le mettrez au degré de cuisson qu'il vous y verserez le jus de vos citrons avec un peu vous les faites blanchir et confire comme ci-des- doit avoir ; vous aurez une grande poêle que vous sus, ensuite vous les faites sécher pour les mettre remplirez à peu près à moitié d'eau ; mettez-la au candi. sur un fourneau bien viſ, et posez-y votre terrinc Marmelade de citrons. Vous prendrez au bain-marie; de temps en temps remuez avec quinze à vingt citrons, de ceux qui sont le plus une spatule pour faire fondre le sucre; lorsque le en écorce; vous en ôterez la peau, comme si vous tout sera bien fondu, et le sirop bien clair, vous le vouliez en manger le dedans, car il n'y a que l'é- retirerez du feu, et vous le mettrez en bouteilles, corce qui puisse servir; vous les faites blanchir, aussitot qu'il sera un peu refroidi. Tout le monde et puis vous les mettez à l'eau fraîche, et après les connaît l'effet que peut faire le citron sur le cui- avoir bien égouttes, vous les pilez fortement; vous vre; c'est pourquoi il est plus prudent d'opérer au les faites passer ensuite dans un tamis de crin avec bain-marie dans une terrine de terre ou de grès, la spatule : lorsque le tout sera passé, vous le pè- afin d'éviter toute espèce d'inquiétude à l'opérateur serez : sur une livre vous mettrez une livre et de- et aux consommateurs, mie de sucre, que vous clarifierez et ferez cuire au fort perlé, puis vous mettrez le tout sur le feu, vie, ayez douze citrons zestés ; ajoutez deux gros Citronnelle. - Pour quatre pintes d'eau-de- où vous ferez bouillir en remuant toujours avec la de cannelle concassée et une once de coriandre spatule jusqu'à ce que la marmelade soit finie : pour connaître si elle est à son point, vous en pre- avec deux livres de sucre, que l'on fera fondre nez avec le bout du doigt, et en l'appuyant sur le dans une pinte et demie d'eau; laissez le tout infu- pouce ; lorsque le filet tient, il faut la retirer et la ser pendant un mois, passez ensuite votre liqueur, meltre dans des pots. et mettez-la en bouteilles, Toutes les marmelades de fruits, comme oran- Citronnelle, façon de Venise. - Pour qua- ges, cédrats, bergamotes, bigarades, melroses, tre pintes d'eau-de-vie, vous zesterez douze beaux etc., se font de la même manière que la précé- citrons, que vous laisserez infuser à l'ordinaire, dente. et que vous distillerez également; n'oubliez jamais Conserve de citron. ous zesterez du ci- d'ajouter à votre distillation pour six pintes d'eau- tron dans une assiette, vous en exprimerez le jus de-vie une pinte d'eau, et pour quatre pintes une sur vos zestes, et les laisserez infuser un peu de chopine : il faut deux pintes et demie d'eau pour temps; vous ſerez cuire du sucre au fort perlé; le sirop, avec deux livres de sucre : du reste, fi- rous passerez votre jus de citron au travers d'un nissez comme ci-dessus. CIT ( 139 ) COC Sirop cordial et vermifuge d'écorce de ci La graine de citrouille est une des quatre se- tron. Mettez trois onces de zestes de citrons mences froides, et doit être employée dans la dans un vase de faïence : versez par dessus dix- confection de l'orgeat de santé. huit onces d'eau bouillante : vous couvrez le vais- seau et le mettez passer huit à dix heures à l'étuve, CIVE, petite plante alliacéc, dont il y a trois puis vous coulez l'infusion sans expression. Vous espèces, la cive de Portugal, la grosse cive d'An- clarifiez deux livres de sucre et les faites cuire au gleterre, et la petite qu'on nomme quelquefois ci- petit cassé; vous versez l'infusion, et, après un vette (V. CIBOULETTE). bouillon, vous la retirez pour la mettre en fioles. CIVET (V. LIVRE, CHEVREUIL, OUTARDE Eau distillée de citron. -- Vous choisissez et OIE SAUVAGE). de bons citrons dont vous râpez l'écorce ; vous mettez la pulpe et la ràpure sur la grille de la cu- CIVETTE (V. AROMATES EXOTIQUES). curbite; vous lavez, dans l'eau que vous destinez à être versée sur les citrons, la râpe qui a enlevé CLARIFIER, en termes culinaires, est l'o- une portion du principe odorant; vous ajoutez pération dont le but est de séparer d'un liquide les cette même eau dans la cucurbite, et, après avoir parties qui peuvent altérer sa transparence. Le dressé votre appareil et luté les jointures de tous mot clarification, dans sa signification la plus les vaisseaux, vous procédez à la distillation au pe- étendue, semble devoir exprimer toute sorte de tit filet. Pour retirer quatre pintes d'eau de citron, dépuration, par quelque moyen qu'elle se fasse, il faut employer trente citrons et cinq pintes d'eau mais elle a été restreinte par l'usage à celle qui de pluie. s'opère au moyen de certaines substances anima- les, comme la colle de poisson, le blanc-d'œuf, etc. C'est avec cette eau de citron distillée qu'on fait ce dernier ingrédient est le plus en usage. C'est l'hydromel à la Reine. celui dont on se sert communément pour clarifier les décoctions, les sirops, les dissolutions de sucre Vinaigre au citron. - Vous zestez vos ci- et le petit-lait. On prend alors un ou plusieurs trons de manière à n'enlever que l'écorce jaune, blancs d'oeufs, selon la quantité de la liqueur et vous les mettez dans la cornue, et puis vous ajou- selon qu'elle est plus ou moins difficile à clarifier: tez le vinaigre dont vous retirez les trois quarts on les bat avec une poignée de baguettes d'osier, par la distillation. pour les faire mousser; on y mêle ensuite une pe- Vous pourrez suivre les mêmes procédés pour tite quantité de la liqueur froide ou refroidie au distiller des vinaigres à l'orange, au cédrat et à la point de ne pouvoir coaguler le blanc d'euf ; on continue à mêler et à fouetter jusqu'à ce que la li- bergamote. queur qu'on veut clariſier soit introduite, et que Pour les autres préparations d'office ou de cui- le blanc d’æuf soit bien divisé et bien étendu dans sine, où le citron doit être employé comme ingré- toute la masse : alors on fait prendre rapidement dient principal (V. SABAYON, MOUSSE et GELÉE un ou deux bouillons; on écume grossièrement et D'ENTREMETS, SALIBUB, SORBETS et GLACES. on passe au travers d'un blanchet. Pour la clari- fication des vins (V. COLLAGE). CITROUILLE, cucurbitacée dont la famille se compose d'un grand nombre de variétés, parmi COCHEVIS, sorte d'alouette hupée qui re- lesquelles on doit spécifier les melons, le potiron- çoit les mêmes apprêts que l'alouelle ordinaire sucrin, le giromont vert, les concombres et une (V. MALVIETTES). nouvelle espèce de courge à qui l'on a donné les noms d'artichaut de Barbarie et de bonnet turc. COCHON. Il est reconnu que les plus succu- La chair des citrouilles se mange en potage au lentes et les meilleures espèces de porc sont : 1° le gras, en potage au lait, en gâteaux fourrés, en grand cochon de la vieille race de Normandie, qui crème cuite et gratinée, ce qui compose un co est la primitive en France; 2° le porc blanc du mestible excellent. On en fait des andouillettes bien Poitou; 3° le cochon noir du Périgord, lequel est maniées avec beurre frais, jaunes d'@ufs durs et provenu de la race poitevine et de celle de Portu- frais cassés, persil, fines herbes, sel, poivre, clous gal; 4° le porc Anglais croisé du Siamois; el 5º le de géroſle broyés, etc. On la fait même entrer dans cochon des Ardennes à courtes jambes. Je pain. Après l'avoir fait bouillir et égoutter on détrempe la farine avec cette citrouille. Cela fait un Echine de porc rôtie. Ayez soin, en cou- pain jaune, bon au goût et très-rafraîchissant. pant le morceau en carré, de laisser l'épaisseur COC ( 160 ) COC d'un doigt de graisse. Le carré doit être bien cou linge afin de le serrer davantage; placez le tout vert. Ciselez le gras qui le couvre; mettez-le à la pêle-mêle dans une grande terrine pour éviter les broche ; deux heures et demie suffisent pour inconvénients d'un vaisseau de cuivre, et laissez le cuire une échine de porc. Servez-la toujours jambon dans son brouet jusqu'à ce qu'il y soit pour grosse pièce d'entrée avec une purée d'ognons complètement refroidi. Le lendemain matin, vous au roux à la moutarde, appelée sauce-Robert , et enlevez la couenne auprès du combien ; vous le mieux encore à l'anglaise, ou plutôt à l'ancienne parez et panez avec de la chapelure passée au tra- mode française, c'est-à-dire sur une marmelade vers d'un tamis, et puis vous le décorez avec des de pommes légèrement salée et assaisonnée avec le fines herbes hachées, des blancs et des jaunes jus du même rôti. d'æufs cuils durs, des lames de gelée et autres Jambon de porc. Pour la manière de sa- ornements convenables. ler ct de conserver les jambons, V.CHARCUTERIE, Jambon braisé à la Royale. - Parcz-cn Les lieux d'où l'on tire le plus de jambons sont le dessous, coupez-en le manche, et supprimez le Aix-la-Chapelle en Westphalie, par la voie de la bord du lard qui pourrait être jaune; désossez l'os Hollande, et Bayonne par Bordeaux. Il en vient du quasi sans gåter votre jambon; faites-le dessa- aussi à Paris de quelques endroits des environs. Les ler à propos; mettez-le dans un linge; liez-le des jambons de Westphalie, qui se vendent sous le nom quatre bouts, et posez-le dans une braisière juste de jambons de Mayence, quoiqu'ils ne viennent à sa grandeur, après l'avoir foncée de viande de pas de cette ville, tiennent le premier rang; ensuite boucherie, bæuf et veau, avec ognons, carottes, les bayonnais, qui se distinguent par la délicatesse un bouquet de persil et de ciboules, deux ou trois de leur chair ; les bordelais, qui sont inférieurs à clous de gérofle, trois feuilles de laurier, thym et ceux de Bayonne; et les angevins, qui viennent basilic ; mouillez-le avec de l'eau, faites-le partir, après. Pour ceux des environs de Paris, appelés et, à moitié de sa cuisson, ajoutez une bouteille de communément jambons du pays, on n'en fait pas vin de Madère, ou bien un demi-setier d'eau-de- grand cas. vie et une bouteille de vin de Champagne : alors Cuisson du jambon de porcet de sanglier. cuisant, l'assaisonnement de votre jambon se ré- vous ne couvrirez pas votre braisière, afin qu'en Commencez par laver un jambon fumé, dans duise; sondez-le pour juger s'il est cuit, ainsi du gros vin rouge, ou dans du cidre ou de la bière, et puis enveloppez - le dans plusieurs tor- qu'il est indiqué ci-dessus; égouttez-le, posez-le sur un couvercle, levez-en la couenne, et glacez-le chons blancs de lessive imbibés du même mouille- avec une réduction de veau : si vous n'en aviez ment: enterrez-le dans un carré de jardin , à trois pas, saupoudrez-le avec un peu de sucre fin, et ou quatre pieds de profondeur, et laissez-le tran- quillement s’humecier et s'attendrir dans la terre glacez-le au four ou avec une pelle rouge; faites qu'il ait une belle couleur; servez-le sur des épi- pendant trente six ou quarante-huit heures. Après avoir exhumé ce même jambon, parez-le, c'est un relevé du meilleur ton, comme dit nards au jus ou sur de la chicorée à la crème. c'est-à-dire enlevez le dessus des chairs, et, sur les bords du lard, ce qui pourrait être jaune; ötez M. Beauvilliers. l'os du quasi ; coupez le bout du jarret, et mettez Jambon à la broche à laCondé. — Parez soi- le jambon à tremper. Après l'avoir, ce qui s'ap gneusement le dessus d'un jambon nouveau; arron- pelle goûté, en enfonçant une lardoire dans la dissez-le en le coupant, donnez-lui une belle forme et noix, ce qui vous décidera à le laisser se dessaler mettez-le dessaler, si vous le croyez nécessaire et ce plus ou moins long-temps, mettez-le dans un linge dont vous pouvez vous assurer en lesondant; mettez- que vous nouerez des quatre bouts; arrangez-le le dans un vasc de terre avec des tranches d'ognons dans une marmite proportionnée à sa grosseur ; et de carottes, et deux ou trois feuilles de laurier ; mouillez-le avec de l'eau et moitié vin rouge. Met versez dessus une bouteille et demie de vin de tez-y cinq ou six grosses carottes, autant d'ognons Malaga ou de tout autre vin d'Espagne, à défaut piqués de gérofle, trois ou quatre feuilles de lau- duquel vous pourriez employer du vin de Champa- rier, deux ou trois gousses d'ail et deux bouquets gne: couvrez-le d'un linge blanc, et renfermez-le le de persil, thym, basilic, etc. Ajoutez à tout cet ap- plus hermétiquement possible; laissez-le mariner pareil autant de foin sec que la marmite en pourra pendant vingt-quatre heures dans cet assaisonne- contenir. Faites cuire ensuite à petit fcu pendant ment; embrochez-le ensuite et faites-le cuire à quatre ou cinq heures ; lorsque vous soupçonnerez point; servez-vous de sa marinade pour l'arroser : qu'il doit être cuit, sondez-le avec une lardoire : su cuisson presque faite, levez-en la couenne; do- si elle s'enfonce facilement, c'est que la cuisson rez-le avec un jaune d'æuſ; panez-le et faites-lui est parfaite; retirez-le; dénouez et renoucz le prendre une belle couleur, en retirant le jambon COC ( 161 ) COC pour en enlever la couenne, retirez aussi sa mari- | vant, et une autre auprès des rognons pour l'em- nade que vous passerez au tamis de soie, faites-la pêcher de faire le dos de chameau : cela fait, réduire à consistance de sauce, et servez-la sans mettez-le dégorger dans de l'eau fraiche; égout autre garniture. tez-le, laissez-le se ressuyer et mettez-le à la bro- Jambon róti à l'ancienne mode. -- Étant che; s'il lui restait quelques poils, flambez-le avec du papier; lorsqu'il aura fait trois ou quatre tour's bien dessalé, faites-le mariner dans du cidre doux de broche, frottez-le d'huile avec un pinceau de ou du vin blanc, avec des ognons, du basilic et du persil; faites-le cuire à la broche, et servez-le, soit plumes, pour que la peau soit croquante ; faites sur un ragoût de choux rouges à la flamande, soit la cuisson ; quand il sera cuit, débrochez-le, fai- cette opération plusieurs fois pendant le temps de sur un ragoût mêlé de laitues braisées et de mar- tes-lui une incision autour du cou , afin que la rons grillés, soit sur une puréc de pommes de terre à la crème, et ce qui vaudra bien tout cela, sur des peau reste croquante, et servez-le très-chaudement. épinards au blond de veau, que vous aurez fait lier Cochon de lait farci à l'anglaise,, - Youş avec des jaunes d'æuſs. procéderez en tout pour celui-ci comme pour ļe Cochon de lait.(On a copié l'art. suivant dans précédent, avec cette différence que vous le rem le vieux formulaire.)- En choisissant un cochon plirez de la farce ci-après indiquée : Prenez le foie du cochon, ötez-en l'amer, ha de lait, vous devez avoir soin de le prendre court, gras et jeune, c'est-à-dire qu'il n'ait pris pour trempée dans de la crème ou du bouillon, que vous chez-le, pilez-le; ajoutez autant de mie de pain nourriture que le , il avez de foie, et autant de beurre et de tétine que être bon ; préférez les tonquins aux autres espèces, vous avez de mie; pilez le tout ensemble, avec un ils sont beaucoup plus délicats; lorsque vous vou- drez le tuer, prenez-lui le corps entre vos genoux, peu de fines herbes passées dans du beurre, sel, poivre, fines épices en suffisante quantité, et ung en lui serrant le groin dans la main gauche, et vous lui enfoncerez le couteau au bas de la gorge, pincée de petite sauge bien hachée; ajoutez-y, deux œufs entiers et trois jaunes; mêlez bien le ce qu'on appelle le petit cæur : il est nécessaire que le couteau soit étroit de lame et fort pointu; tez-le à la broche ; arrosez-le d'huile , comme pour, tout; remplissez - en le corps de ce cochon; met- dirigez - le bien droit, afin d'atteindre l'animal au l'autre. Il est inutile de faire observer qu'il faut plus cæur. Prenez garde de l'épauler, car alors il se- rait difficile à échauder, et, comme il saignerait de cuisson , puisqu'il y a unç farce de plus qu'au peu, les chairs en seraient noires et moins délica- précédent. Servez-le avec une sauce poivrade, tes : vous aurez fait chauffer une chaudronnée Cochon de lait en gatantine. -Échaudez un d'eau un peu plus que tiède, vous aurez eu la pré- cochon comme il est indiqué ci-dessus: faites-le dé- caution d'avoir un peu de poix - résine. Avant de gorger; égouttez-le, désossez-le, 'à la réserve des tremper votre cochon dans de l'eau, ayez soin de quatre pieds, et prenez garde de trouer' sa peau; faites lui casser les défenses, de crainte qu'elles ne vous une farce cuite, de volaille ou de veau; étendez la blessent en l'échaudant; trempez-lui la tête dans peau de votre cochon sur un linge blanc; mettez- cette eau ; si le poil des oreilles commence à quit- y de cette farce l'épaisseur d'un doigt; garnissez- ter, retirez votre eau du feu et trempez en entier la de grands lardons de lard, et placez entré ces votre cochon ; meltez-le sur la table, et la résine lardons des filets de truffes, des filets d'omelettes près de vous ; posez votre main à plat sur cette et des jaunes d'æufs entiers, des filets de pista résine (ce qui vous donnera l'aisance de bien ap ches, des filets d'amandes douces et des filets de proprier votre cochon); frottez-le, trempez-le noix de jambon cuit; couvrez le tout d'une même plusieurs fois dans l'eau, et frottez-le enfin jusqu'à épaisseur de farce, et continuez ainsi jusqu'à ce ce qu'il n'y reste aucun poil; déchaussez-le, c'est que la peau soit bien remplie sans être trop ten- à-dire, Ôtez-lui les sabots ; videz-le et prenez due : surtout faites en sorte de conserver à la tête garde de faire l'ouverture trop grande ; ôtez-lui de l'animal, ainsi qu'à son corps, leurs premières lout ce qu'il a dans le corps, hors les rognons; formes; couscz-le avec une grosse aiguille 'ct du passez votre doigt entre le quasi , pour lui faire meilleur fil de Bretagne; fixez les quatre pieds sortir le gros intestin, supprimez-le; ciselez-lui le comme pour le mettre à la broche; frottez-le de jus chignon ; faites-lui quatre incisions sur la croupe, de citron, couvrez-le de bardes de lard, emballez-le pour lui retrousser la queue entre la peau et les dans une étamine neuve, que vous coudrez en atta- chairs; passez-lui trois brochettes, une dans les chant les deux bouts; formez une braise avec les os cuisses pour lui assujettir les pieds de derrière, et les débris de ce cochon; quelques lames de jam- comme ceux d'un lièvre au gîte ; une autre à tra bồn cru, un jarrct de vcau partagé en dcux, deux vers la poitrine pour lui trousser les pieds de deuil gousses d'ail, deux feuilles de laurier, du sel; ca- 11 COC ( 162 ) COC rottes, ognons et un bouquet de persil et cibou- ) et ciboules hachés, et que vous aurez incorporés les : posez dessus le même cochon que vous le mieux possible avec vos lardons; arrangez de mouillerez avec du bon bouillon et une bouteille nouveau vos chairs dans la peau de la hure; de vin de Grave; faites-le partir, retirez-le sur le garnissez-la de ces lardons, posés en long de dis- hord du fourneau , faites-le aller doucement pen tance en distance, bien entremêlés avec la chair dant trois heures; laissez-le refroidir dans sa cuis et la farce, de l'épaisseur d'un pouce; mettez-y la Son:;; ensuite déballez-le; ôtez les bardes de lard; langue que vous aurez échaudée et épluchée; faites dressez-le sur de plat. Vous aurez passé le fond de un autre lit de lardons, et entre ces lardons pla- votre braise au travers d'un tamis de soie : si ce cez des truffes épluchées et coupées en long, en- fond n'est pas assez ambré, mettez-y un peu de tremêlées de pistaches que vous aurez émondées; jus; faites-le réduire et clarifier comme il est in- faites ainsi plusieurs lits, jusqu'à l'emploi entier diqué à l'aspie (V. ASPIC); faites un cordon de de votre farce, de vos trulles, de votre lard et des cette gelée autour de votre plat, soit en dia- pistaches. Votre hure remplie, cousez-la avec une mants ou de toute autre manière, et servez pour aiguille à brider; ménagez-lui bien sa première grosse pièce a Pentremets. forme; enveloppez-la dans une étamine neuve, et cousez-la ; attachez les deux bouts avec de la fi- Hure de porc ou de sanglier. - Coupez celle; foncez une braisière avec des parures de une hüre jusqu'à la moitié des épaules, c'est-à-dire boucherie, surtout de veau, des ognons, des ca- plus longue qu'on ne la coupe ordinairement; roites, trois feuilles de laurier, deux bouquets de fambez-la de manière à ce qu'il n'y reste aucune persil el ciboules, quelques clous de gérofle, de soie ; nettoyez le dedans des oreilles en y intro- l'ail et trois bouteilles de vin rouge de Bourgogne; duisant un fer presque rouge, pour en brûler les achevez de la mouiller avec de bon bouillon : il poils qui s'y trouvent ; cela fait, lavez bien cette faut qu'elle trempe dans son assaisonnenient : hure ; épluchez-la de nouveau ; ratissez-la et dés- faites-la partir; couvrez-la avec plusieurs feuilles össez-la ; prenez garde de n'y faire ucun trou, de fort papier beurré; couvrez la braisière de son surtout à la coưenne de dessus le nez; prenez et couvercle ; faites-la cuire cinq à six heures ; cela coupez en filets la chair qui provient des parties dépendra de la grosseur de la pièce et de la jeu - charnues, telle que celle des épaules; étendez-la nesse de l'animal dont elle provient : pour vous dans les parties de votre hure où il n'y en a pas, assurer, si elle est cuite sondez-la avec une lar- afin que l'épaisseur des chairs soit égale partout; doire; si elle entre facilement, retirez votre brai- ensuite mettez-la dans un grand vase de terre ; sière du feu ; laissez-y la hure, et ne la retirez faites une eau de sel; laissez-la refroidir, tirez-la de son assaisonnement que quand elle sera tiède; à clair, et versez-la dans votre vase sur la hure, laissez – la refroidir dans son étamine; après afin qu'elle trempe entièrement; mettez-y une déballez-la, retirez la graisse qui pourrait se trou- poignée de graine de genièvre, quatre feuilles de ver dessus; ötez les ficelles, parez-la du côté da laurier, cinq ou six clous de gérofle, deux ou chigoon, dresscz-la sur une serviette, et servez-la trois gousses d'ail (coupées en deux), une demi pour gros entremets. once de salpêtre en poudre, du thym, du basi- Hure de cochon i la manière de Troyes. lic et de la sauge ; couvrez votre terrine d'un linge Appropriez et désossez une hure de cochon blanc, et melleu dessus un autre vase qui la couvre comme il est indiqué à l'article précédent, et exé- le plus possible; laissez-la se mariner huit ou dix jours, ensuite égouttez-la ; faites une farce pour en dit pour la première : la seule différence qu'il y cutez de point en point pour celle-ci ce qui est garnir votre hure. A cet effet, prenez de la chair ait, c'est qu'au lieu de farce, vous devez la rem- de porc ; ôtez-en la peau et les nerfs : mettez à peu près la même quantité de lard assaisonné de sel plir de chair de porc, après en avoir ôlé les nerfs; fin et de fines épices; hachez le tout très-menu, en vous pouvez également y mettre des truffes et des pistaches; mais quant à la cuisson, c'est la même sorte qu'on ne puisse distinguer le lard d'avec la chose. chair ; mettez votre farce dans un mortier; pilez- la bien ; incorporcz, l'un après l'autre, cinq ou Côtelettes de cochon à la sauce Robert. six muſs entiers; faites l'essai de cette farce, et Coupez des côteleiles de porc frais, comme remédiez à ce qui pourrait y manquer. Votre farce celles de veau; aplatissez-les, parez-les, saupou- achevée, étendez votre hure sur une nappe blan drez-les d'un peu de sel des deux côtés, faites-les chc, ôlez tous les ingrédients qui ont servi à lui griller, et surtout qu'elles soient bien cuites. Vous donner du goût. Vous aurez coupé du lard en les servirez avec une purée d'ognons à la moul grands lardons que vous aurez assaisonnés avec tarde, et yous y joindrez un peu de poivre de sel, poivre, quatre Gices, aromates pilés, persil | Cayenne, en poudre. aj ti da nap uitiof siz) COC ( 165 ) COC OS, Pieds de cochon à la Suinte-Menehould. Queues de porc à la purie. Faites cuire --Préparez quatre pieds de cochon; flambez-les, ainsi que les oreilles, et servez sur une purée de de crainte qu'il ne s'y trouve des soies; ratissez- marrons, de lentilles ou de pois verts. les, et lavez-les dans l'eau chaude; ſendez-les en Cervelles de cochon. – On les prépare deux; rapprochez les morceaux l'on contre l'au- comme les cervelles de veau ; mais on doit les tre; entortillez-les de rubans de fil, cousez les deux bouts du ruban , afin que les morceaux réu- accompagner d'une sauce relevée, soit à l'estra- gon, soit au kari des Indes. C'est, du reste, un nis ne se détachent pas; faites-les cuire dans une braise, et, faute de braise, dans du bouillon : leur d'office, et qu'on n'oserait pas servir sur la table de ces mels qu'on appelle de seconde table ou cuisson faite, égouttez-les , laissez-les refroidir, des maitres, indifféremment ou sans permission. ôlez-en les rubans; séparez ces morceaux, trem- pez-les dans du beurre légèrement fondu, panez Saucissons dits de Bologne. Faites un les, faites-les griller, et servez-les à scc. choix de la chair maigre et courte du cochon; Pieds de cochon farcis aux truffes. ajoutez moitié son poids de filet de beuf eť au- tant de vieux lård que vous coupez en dés, tandis Vous procédercz pour ceux-ci comme il est indi- que vous hachez les deux viandes ensemble. Met- qué ci-dessus : à moitié froids, vous en ôterez les tez, pour six livres de chair préparée, cinq onces rubans; vous poserez chacun de ces pieds sur un de sel, un gros de poivre en poudre, autant de morceau de crepine assez grand pour pouvoir l'en- mignonnette et de poivre en grains, trois gros de velopper; vous en ôlerez tous les et vous les salpêtre; mêlez le tout exactement, laissez-le re- remplacerez par un salpicou composé de trufles et poser un jour : le lendemain, nettoyez comme il de blanc de volailles; enveloppez ces pieds avec la faut des boyaux de bæuf , de veau , ou autres gros crépine; donnez-leur à chacun la forme d'un intestins que vous pourrez avoir; remplissez-ics pied à la Sainte-Menehould , et faites-les griller de de votre composition, foulez bien la chair dans le longue main sur un ſeu doux. boyau , avec un morceau de bois uni; ficelez les Oreilles de porc ou de sanglier en menus- saucissons comme une carotte de tabac : lorsqu'ils droits. Ayez trois ou quatre orcilles de ces sont bien remplis, mettez-les dans le saloir, lais- animaux; flambez-les ; nettoyez-en le dedans, en sez-les pendant huit jours baiguer dans le sel y introduisant un fer rouge; ratissez-les bien, la mélangé avec une partie égale de salpêtre ; faites- vez-les à plusieurs caux; faites-les blanchir et cuire les ensuite sécher à la fumée; enduisez-les de lie ensuite dans une braisière ; lorsqu'elles seront cui- de vin, dans laquelle vous aurez fait bouillir de la les, laissez-les refroidir; coupez-en la partic mince sauge, du thym, du laurier et du basilic; lors- en Gilets bien égaux, mais de manière à ce qu'ils qu'ils sont secs, enveloppez-les de papier pour restent attachés à la partie charnue de chaque oreille; les conserver dans la cendre. On les fait cuire dans une braise absolument coupez aussi six gros ognons en deux; parez-en la lête et la queue; ôlez le petit cæur de ces ognons; semblable à la cuisson du jambon braisé. coupez-les en filets ou en demi-anneaux; mettez- Petits saucissons d'Estramadure dits cho- les dans une casserole avec un morceau de beurre; rizos. Pilez de la chair avec du foie de co- passez-les; faites-les cuire de manière à ce qu'ils chon, du lard, du poivre, du sel, du piment, du restent blancs; monillez-les de deux ou trois cuil salpêtre, du laurier, de l'ail, du thym, de la lerées à dégraisser d'espagnole, d'une cuillerée de sauge, du genièvre : entoncz celle préparation jus de bæuf ou de blond de veau ; laissez mijoter dans des boyaux de bæuf, en y ajoutant beaucoup les ognons; dégraissez votre sauce à l'instant de de poivre en grains et de longs morceaux de servir; jetez-y les filets de ces oreilles; mettez-y, piment. Terminez en exposant le saucisson à la s'il en faut, un peu de moutarde avec un filet de fumée de genièvre ; frottez-le ensuite de piment à vinaigre. l'extérieur. Ce saucisson est fort goûté en Espagne. Oreilles de cochon à la purée. - Prépa- On peut s'en servir braisé ou grillé; mais on rcz quatre ou cinq oreilles de cochons comme il l'emploie spécialement dans les ollas-podridas à l'espagnole (V. cet article). est indiqué ci-dessus; faites-les cuire dans une braisière avec du bouillon ; assaisonnez - les de Bondioles à la façon de Parme. - Ilachez carottes, ognons, d'un bouquet de persil et ci- de la chair maigre de cochon avec son quart en boules, thym, laurier et basilic : leur cuisson poids de lard ordinaire ; assaisonnez avec des faile, égouttez-les ; dressez-les et masquez-les épices, du sel, de la coriandre et de l'anis en avec une purée de pois, de lentilles ou loute autre poudre fine; versez sur ce inolange moitié vin purce farineuse, blanc et moitié sang de cochon tout chaud : failes 11. COI ( 164 ) COI des filets avec la chair de la tête du porc, ou de feuilles de papier beurré et enterrez-les sous de la la langue, pour les introduire avec le reste dans cendre chaude que vous couvrirez de braise ar- des boyaux de grosseur et de longueur convena- dente. Lorsqu'ils sont cuits, coupez-les par tran- bles, que vous lierez par les deux bouts. Faites ches et saupoudrez-les de sucre en poudre; laissez cuire à la braise, et exposez ensuite à la fumée de le sucre se fondre en tenant la casserole d'argent genièvre vert pendant au moins deux ou trois sur le feu. Joignez-y quatre onces de moelle fraî- jours. che, avec trois gros de biscuits que vous aurez imbibés avec un peu de ratafia de coings. Mélangez Emincé de porc frais à la minute.-Cou- tout cet appareil avec exactitude; ajoutez-y une pez des filets-mignons de porc en forme d'escalo- pes ; posez-les dans une poêle ou sur une tourtière forte pincée de cannelle en poudre; laissez bouil- lir un moment pour cuire la moelle et pour que la beurrée; saupoudrez-les, pendant qu'ils cuisent, de mie de pain assaisonnée de fines herbes, sel et pâte des biscuits s'amalgame avec le reste. Servez cet excellent plat avec une garniture de petits bis- poivre; passez au beurre dans une casserole, des cuits dits à la cuillère. échalotes hachées ; mouillez avec le jus des côte- lettes, sel et poivre; faites lier avec du beurre ma- Quartiers de coings confits. - On les choi- nié de farine. Au moment de servir, ajoutez une sit bien mûrs et de grosseur moyenne. Après les cuillerée de moutarde, et servez avec cette sauce. avoir piqués avec la pointe d'un couteau d'argent, Rôtie au lard. - Coupez les deux extrémités car le fer les noircirait, on les fait bouillir dans d'un pain mollet d'une livre, et piquez-le d'une l'eau, jusqu'à ce qu'ils soient devenus très-tendres. extrémité à l'autre avec des languettes de filet On les jette alors dans l'eau fraîche; on les pèle mignon de porc frais et de petit lard; coupez en- ensuite ; on les coupe par quartiers ; on en ôle les suite le pain en tranches minces et en travers ; cours et on les remet à mesure dans l'eau fraîche: trempez ces tranches dans des œufs battus comme après les avoir tirés de l'eau et fait égoutter, on les pour une omelette, et faites-les frire à petit feu. jette dans un sucre cuit au lissé, on les couvre et Servez à sec ou avec sauce piquante. on les laisse bouillir à petit feu : on les écume de temps en temps, en ôtant la bassine de dessus le Paté d'abats de porc frais, et pâté de jam- feu. Pour les achever, on fera cuire le sirop au bon (V. PATÉS FROJDS). perlé; on les laissera refroidir, et on les mettra dans des pots. Il faut une livre de sucre pour cha- COING, fruit du coignassier, arbre originaire que livre de fruit. de Perse. Le voyageur Chardin a observé dans ce pays que les coings y sont aussi fondants que nos Marmelade de coings. — Ayez des coings poires les plus beurrées, et que le parfum d'au- bien mûrs ; coupez-les en quatre; après en avoir cun autre fruit ne saurait être comparé pour la té la pelure et les pépins, faites-les cuire dans force et la douceur à celui qu'ils acquièrent dans l'eau, au point de pouvoir les écraser'; étant écra- les environs de Schiras et d'Ispahan. On en fait sés, égouttez-les, et passez au tamis. Vous avez pré- chez nous du sirop, des compotes, des confitures paré du suc clarifié, et au degré du petit cassé, et des conserves : toutes ces préparations ont une mettez-y la purée de coings. Étant cuite à son propriété astringente bien déterminée, mais plus point, versez-la dans des pots. Il faut presque au- sensible dans les compotes et les marmelades qui tant de sucre que de purée de coings. contiennent toute la substance du fruit. Gelie de coings. - Prenez vingt beaux coings; Coings au beurre. Faites-les cuire au essuyez-les; coupez-les par morceaux, et faites-les four; pelez-les ensuite ; émincez-les en bons mor cuire dans six pintes d'eau que vous ferez réduire ceaux de l'épaisseur de six à huit lignes, et vous à deux pintes ; versez ce jus et les coings sur un éviterez d'en rien détacher de ce qui se trouve tamis au-dessus d'une terrine; laissez égoutter vos auprès du cæur entre les cloisons. Jetez-les, étant coings ; passez-en le jus à la chausse, et pesez-le. encore chauds, dans une bassine d'argent ou de Prenez le même poids de sucre clarifié, faites-le ſaïence, avec un morceau de beurre très-frais; cuire au cassé; jetez-y le suc de coings, et faites ajoutez-y une pincée de sel, une bonne dose de cuire le mélange au même degré que la gelée de sucre en poudre et un peu de cannelle; sautez vi- pommes. Pour que la gelée soit plus rouge, met- vement sans laisser bouillir, et servez avec une tez-y un peu de cochenille préparée; écumez-la garniture de croûtons frits, pour entremets. soigneusement et versez-la dans les pots. Coings à la moelle. - Choisissez des coings Compote de coings. - Procédez première- bien jaunes et bien mûrs. Enveloppez-les avec des I ment à leur cuisson sous la cendre, ainsi qu'elle COI ( 163 ) COL 1 est indiquée ci-dessus pour les coings à la moelle, , essuyer et les râper : on les fait macérer pendant avec la restriction qu'il ne faudra pas beurrer leur deux jours; après quoi on exprime le jus au tra- papier d'enveloppe, mais le mouiller avec de l'eau vers d'un linge neuf, en les pressant fortement : distillée de cannelle. Lorsqu'ils sont à peu près on les mesure, et l'on met par pinte de jus les trois cuits, coupez-les par tranches (ou si vous l'aimez quarts d'une pinte d'eau-de-vie à vingt-deux de- mieux en quartiers, mais il faut observer s'ils sont grés; on calcule la quantité de jus et d'eau-de-vie: jaunes et tendres), Ôtez-en les cœurs, et mettez on met cinq onces de sucre par piple. Au bout de les sur le feu dans un poêlon, avec un sirop où six semaines on le tire à clair, et on le met en vous ajouterez un peu de liqueur de cannelle. Lais- bouteilles. sez-les bouillir un quart d'heure, et n'oubliez pas qu'ils doivent être refroidis complètement avant Sirop de coings à la sainte Ursule.- Vous de les servir. pilez des coings, vous en mesurez le jus et vous prenez le double poids de sucre clarifié et cuit à la Conserve de coings, appelée Cotignac d'Or- grande nappe; vous les faites cuire à part au petit léans (cette bonne formule est provenue des cassé, et alors, retirant la bassine, vous y versez archives de M. de la Reynière, qui la te- le suc de limon ou de citron ; vois remettez le mé- nait du confiseur de son grand oncle M. de lange sur le feu, et, remuant avec l'écumoire, vous Jarente, évêque d'Orléans). – Prenez les retirez la bassine aux premiers bouillons ; votre plus beaux coings et ôtez-en les pepins en y lais sucre se trouve justement à la nappe, ce qui est le sant toute la peau des fruits, car c'est dans la peau degré nécessaire pour la cuisson de ce sirop. des coings que se trouve la plus grande partie de leur parfum et de leur saveur particulière, et en enlevez COLLAGE, opération que l'on fait subir aux les pepins et la partie fibreuse ; vous les mettez avec liqueurs. On colle les liqueurs pour leur conser- de l'eau dans une bassine, les retournant de temps ver ou pour leur rendre leur limpidité, qualité en temps avec une spatule, jusqu'à ce qu'ils soient dont la perte leur nuit doublement; car la cause bien tendres; alors vous les retirez et les jetez qui altère leur transparence altère aussi leur goût. dans un tamis sur une terrine; quand ils sont re On colle les vins que l'on met en bouteilles, froidis, vous les écrasez et les réduisez en pulpe ainsi que ceux que l'on garde en tonneaux. que vous faites réduire à moitié sur le feu; vous Le vin qu’on a collé, en le tirant en bouteilles, la retirez et la versez de la bassine dans un vase de ne dépose que très-long-temps après; tandis que terre vernissée ou dans une terrine, précaution celui qu'on met en bouteilles, sans lui faire subir sur laquelle on ne peut trop insister. cette opération, dépose beaucoup plus tôt et en plus Vous clarifiez même quantité de sucre que de grande abondance. marmelade, et vous le faites cuire au petit cassé ; Il est urgent de coller les vins en tonneaux, vous y versez la marmelade, en remuant bien avec 1° quand ils doivent faire un long trajet, parce que une spatule. Quand le mélange est bien fait, vous le voyage est une cause de fermentation ; 2° toutes remettez la bassine sur un petit feu, en remuant les fois que le vin subit quelque altération, parce toujours jusqu'à ce que vous découvriez facilement le fond de la bassine, alors vous la retirez de des- que ce changement est un prélude de fermentation à laquelle on remédie par le collage; 3° lorsque les sus le feu. vins sont encore troubles avant le premier souti- Vous posez sur une plaque de ſer-blanc, ou sur des ardoises, des moules de différentes figures, repris toute leur transparence . Du reste, il s'en rage, ou lorsque après le soutirage ils n'ont pas soit en rond, soit en carré, soit en forme de cæur; faut beaucoup que tous les vins soient également vous les emplissez de votre pâte ou marmelade, faciles à clarifier par le collage. Ceux qui ont fer- ayant soin d'en bien unir la surface avec un cou- menté mal à propos par suite d'accidents; ceux teau ; lorsque tous les moules sont remplis, vous qui proviennent de terrains marécageux, d'années saupoudrez vos pâtes avec du sucre, et les mettez pluvieuses et froides ; ceux, enfin, qu'on n'a pas à l'étuve avec un bon feu. Le surlendemin vous les retirez des moules, vous les posez sur des tamis, leur limpidité, et souvent ne la reprennent pas du soutirés quand il le fallait, reprennent difficilement en les retournant, et les saupoudrez aussi de sucre tout. Une cave qui ne remplit pas toutes les condi- de ce côté; vous les laissez en cet état un jour à l'étuve, et les conservez dans des boîtes bien bou- rification du vin, et les temps orageux ne la favo- tions voulues (V. CAVE), rend très difficile la cla- chées, en les disposant par lits, et mettanf entre risent pas davantage. chacun une feuille de papier blanc. Quoique les vins qui proviennent de terrains Cotignelle. (Infusion spiritueuse de coings.) marécageux, ou d'années froides et pluvieuses, ré- - Il faut les prendre les plus mûrs possible, les sistent au collage ordinaire, il est pourtant un COL ( 166 ) COL moyen de les clarifier. Il s'agit, pour cela, de re- | quante grammes de la poudre de M. Julien par tirer une cinquantaine de pintes d'une pièce de pièce de deux cent dix à deux cent trente litres. deux cent soixante bouteilles; on en fait chauffer Le sang, qui agit aussi fort bien, surtout pour trente ou quarante pintes, qu’on verse bouillantes les vins blancs, quand on l'emploie tout chaud sor- sur la pièce dont on les a tirées; on colle alors, mais il ne faut remplir la pièce que jusqu'à deux tant des veines de l'animal, et après l'avoir ballu avec une bouteille de vin tirée de la pièce qu'on pouces de son orifice, et poser le bondon sur la bonde sans le frapper. On sera encore plus sûr veut clarifier; on en met un demi-litre pour cent d'un bon résultat, si, dans la quantité de vin qu'on cinquante bouteilles. Il est malheureux que ce li- fait bouillir, on ajoute de six à douze livres de quide communique souvent aux vins un goût fade cassonade brute pour chaque pièce. qu'ils conservent long-temps. On traite de la même manière les vins blancs Le lait et la crème clarifient promptement; qui ne s'éclaircissent pas par les mêmes raisons. mais les vins sont sujets à s'aigrir après. Melés avec Il arrive aussi aux liqueurs distillées, telles que de la colle, ils sont employés quelquefois pour réta- l'eau-de-vie, le rhum, etc., de perdre leur trans blir les vins blancs devenus jaunes. parence, soit parce qu'on y a ajouté de l'eau, ou qu'on les a mêlées avec des liqueurs ou des matiè- La colle de Flandre, qui, outre qu'elle forme res étrangères; le collage leur rend leur limpidité. plus que les autres colles, et laisse toujours un peu une lie très-volumineuse, fatigue les vins beaucoup On emploie pour coller les vins et les autres li- de son goût, queurs spiritueuses : La gélatine d’os, qui agit assez bien, mais qui 1° Les cailloux calcinés. Mais cette substance ne clarifie pas également bien tous les vins : quel- produit rarement une limpidité parfaite; les vins clarifiés par ce moyen déposent presque tou- ques-uns, au bout de très-peu de temps qu'ils sont en bouteilles, forment un dépôt volumineux. jours. La colle de poisson, qui, bien préparée, cla- 2º L'albâtre gypseux, auquel il faut adres- riſie bien les vins blancs, et se précipite prompte- ser le même reproche qu'aux cailloux calcinés. ment quand le temps est sec et frais; quand il est 3° Le sable, qui, quoiqu'on en ait dit, ne cla- orageux ou pluvieux, elle reste souvent en suspen- rifie jamais parfaitement. sion dans la liqueur. Lors même qu'elle s'est pré- cipitée, elle remonte facilement, il suffit pour cela 4° Le papier gris, qu'on emploie de manière de la moindre commotion ou d'un changement de à faire subir au vin une espèce de filtration ; mais température : il n'est pas rare alors qu'il se ma ni- ce moyen, outre qu'il ne peut être employé de ma feste dans le yin un mouvement de fermentation. nière à atteindre toutes les parties du liquide, a de Même sans cela, il peut arriver que le vin, d'abord plus l'inconvénient de fatiguer les vins, et de leur limpide, se trouble plus tard. Enfin, il y a des enlever une partie de leur corps. vins que cette colle épaissit au lieu de les clarifier. ". Toutes ces substances ne peuvent agir que d'une Quand cela arrive, il faut soutirer le vin dans un manière purement mécanique; voici celles qui tonneau neuf, dans lequel on met des copeaux de agissent d'une manière purement chimique, c'est bois de chêne. La poudre de M. Julien est encore à-dire qui se combinent plus ou moins avec les un très-bon moyen de précipiter la colle dans ce éléments du vin et qui, par conséquent, doivent agir avec plus d'efficacité. Voici la mauière de préparer la colle de poisson pour coller les vins blancs d'après M. Julien. Le blanc d'aufs clarifie parfaitement les vins Pour faire trois litres de colle, prenez deux gros rouges. Seulement il faut avoir soin de choisir les de colle de poisson la plus blanche et la plus trans- @ufs bien frais, ceux qui sont gâtés communique parente; battez-la bien avec un marteau sur une raient aux vins un goût abominable. Quand le bûche plantée debout, ou sur un billot bien propre blanc d'œufs se coagule dans les vins rouges, ce afin de pouvoir l'effeuiller plus facilement. Déchi- qui leur arrive quand ces vins manquent de spi rez ces feuilles en morceaux les plus petits possi- ritueux, il faut mettre dans le tonneau un demi-ble, pour qu'ils se dissolvent plus promplement ; litre d'esprit de vin, ou un litre d'eau-de-vie, par mettez-les dans un vase de faïence ou de terre ver- hectolitre de vin. De cette manière on précipile nissée, avec environ un décilitre de vin blanc, de le blanc d'æuſ. Quand il trouble la transparence manière qu'ils beignent dans le liquide. Au bout des vins blancs, pour la clarification desquels on de sept à huit heures, la colle ayant absorbé le l'emploie quelquefois, on le précipite avec cin- I vin, on en remet une pareille quantité. Après vingt- cas. COL . ( 167 ) COM pour quatre heures d'infusion, la colle est suffisamunent fermentation. Mais quand on veut éclaircir des détrempée et forme une gelée. Il faut alors y ajou- vins vieux qui ne fermentent plus, et qu'on tient ter trois décilitres d'eau un peu chaude, la bien depuis long-temps fermés, que peut produire le pétrir dans ses mains, afin d'écraser les petits mor- contact de l'air sur ce liquide, si ce n'est le déve- ceaux qui ne sont pas entièrement dissous; on la loppement des principes de fermentation qui exis, passe ensuite dans un linge propre, en ayant soin tent dans tous les vins? La preuve que je puis en de bien presser pour en extraire le mucilage. En donner, c'est que, si au lieu de laisser la bonde ou fin on bat cette colle avec quelques brins de balai le trou de foret ouverts pendant vingt-quațre heus pendant environ un quart d'heure, en y ajoutant res sculement, on les laissait plus long-temps, la à mesure du vin blanc jusqu'à la concurrence de surface du liquide se couvrirait de fleurs, et le vin trois litres. Lorsqu'elle est refroidie, on la met finirait par tourner à l'aigre ou à l'évent. La pre- dans des bouteilles que l'on a soin de bien boucher, mière deces altérations est la suite de la fermenta- et qu'on place à la cave pour s'en servir au besoin. tion, et la seconde de l'évaporation des parties spi- Cette colle se conserve plusieurs mois sans s'alté ritueuses. Par conséquent, si le vin est détérioré rer. Si le vin blanc qu'on a employé est faible, on au bout de huit ou quinze jours, suivant la tempé- peut y ajouter un décilitre d'eau-de-vie. rature , le principe de cette détérioration peut La colle de poisson peut aussi être préparée commencer à se développer plus ou moins sensi- avec de l'eau seule; mais, dans ce cas seul, il faut blement dans vingt-quatre heures. Maapin recom- s'en servir promptement, car elle ne tarderait pas mande de bien boucher les vins de France, et de à se corrompre, surtout dans les temps chauds et laisser ouverts ceux d'Espagne. pluvieux. Les vins muscats de Lunel et de Frontignan, Lorsqu'il est urgent de coller des vins blancs, ceux de Malaga, et les autres vins de liqueur, peu- on peut accélérer la dissolution de la colle en em- vent être collés avec la colle de poisson; mais ces vins s'éclaircissent plus difficilement que les vins ployant de l'eau chaude, et même en la faisant bouillir jusqu'à entière dissolution, mais alors elle secs, et l'on est souvent obligé de les soutirer les coller une seconde fois. perd de sa qualité. Il faut la laisser refroidir avant de l'employer. Lorsque le vin est gras, on ajoute à la colle de la crème de tartre réduite en poudre très-fine, qu'on Pour coller une pièce de vin blanc contenant fait dissoudre en même temps. Si le vin est très- deux cent quarante à deux cent soixante bouteil- gras, on en met une demi-once : deux gros suffi- les, après avoir retiré six à sept pintes de vin, pre- sent, s'il ne fait que commencer à filer. La même nez un litre de colle de poisson préparée comme colle ne peut pas être employée avec un égal succès je viens de le dire; versez-la dans un vase de tri- sur tous les vins, les bières, les cidres, etc. L'ex- ple contenance avec une pinte de vin que vous périence a prouvé aussi que, parmi les vins de avez retiré, et battez bien le tout avec un fouet; même espèce, il en est sur lesquels on est obligé introduisez un bâton fendu dans la pièce et agitez de mettre une bien plus forte dose de colle, et le liquide ; versez la colle et agitez de nouveau pen-d'autres sur lesquels on est obligé d'employer des dant deux ou trois minutes; emplissez le tonneau moyens différents : une colle qui clarifie très-bien et bouchez-le, comme je l'ai indiqué. les vins vieux manque quelquefois son effet sur les Quelques personnes sont dans l'usage de ne pas vins nouveaux, tandis que celle dont l'effet est appuyer la bonde, ou de pratiquer un trou de fo- prompt et satisfaisant pour ceux-ci n'agit pas bien ret à côté, et de ne fermer cet orifice que vingt- sur les premiers. quatre heures après l'opération du collage. Je crois cette méthode vicieuse; le contact de l'air peut COMPOTE, terme de cuisine et d'office. mettre la liqueur en fermentation, et alors elle On fait des compotes de pigeons, de tourtereaux, ne s'éclaircira que quand cette fermentation de ramiers, de perdreaux, d'alouettes, etc., en sera apaisée. La colle tombe au fond du tonneau les cuisant avec des carrés de petit-lard et dans du par suite de la pesanteur qu'elle acquiert en se consommé qu'on assaisonne avec des cinq racines, combinant dans la liqueur, et entraîne avec elle des sept fines herbes et des quatre épices. les molécules de lie qui y sont suspendues; son Les compotes de fruits sont des confitures qui poids ne peut pas être augmenté par le contact ne sont pas assez cuites pour que leur forme en de l'air, il n'en a donc pas besoin pour se préci- soit dénaturée, et qui, par cette préparation, con- piter ; cependant, lorsqu'on colle les vins nouveaux servent à peu près toute leur saveur originelle qui fermentent encore, l'orifice pratiqué sur la ainsi que la fraîcheur de leur parfum, avantage qui pièce peut servir à donner issue au gaz acide car ne se rencontre jamais au mème degré dans les bonique qui se dégage avec force pendant cette confitures au liquide, et encore moins dans les COM ( 168 ) CON confitures sèches ou conserves. Les compotes sont Compote de prunes de Damas jaune au rata- destinées à être mangées le plus tôt possible ; c'est-fia de fleur d'orange. à-dire à peu près dans les cinq ou six heures qui succèdent au moment de leur préparation. On a Compote de framboises mélées de groseilles remarqué qu'au bout de vingt-quatre heures elles épipennées. avaient toujours beaucoup perdu de leur bonté. Compote de verjus au naturel. Presque tous les fruits connus sont susceptibles Compote de verjus muscat au candi. d'être apprêtés en compote ; et tout le monde sait quels sont les fruits de nos climats à qui cette pré Compote des quatre-fruits et de verjus rouge paration réussit le mieux. Voici les principales en macédoine. combinaisons qu'on peut appliquer à ce genre de comestible : Compote de cerises hâtives à la bourgeoise. Compote de pommes, dite à la paysanne Compote de cerises au marasquin. (V. ABRICOT). Compote de fraises ananas crues au vin de Ri- vesaltes. Compote de pommes de reinctte à la gelée d'orange. Compote de fraises des bois cuites au bain- marie. Compote de pommes de calville rouge à la ge- lée de framboises. Compote d'oranges au naturel. Compote de cæur-de-pigeon aux tranches de Compote d'oranges à leur gelée. cédrat. Compote d'oranges à leurs destes pralinés. Compote de pommes grillées à la portugaise. Compote de citron doux à l'écorce de cédrat. Compote de poires à la ménagère (V. ABRI- COT). Compote de limons à l'eau de vanille. Compote de poires crues à la Royale (V. Compote d'ananas crus au vin grégeois (V. BON-CHRÉTIEN). ANANAS). Compote de poires de bon-chrétien mêlées de Compote de marrons au jus de bigarade. petits citrons confits. Compote de marrons glacés à la liqueur de Compote de poires de martin-sec à la portu- cannelle. gaise. Compote de groseilles vertes à la crème fouet- Compote de poires de rousselet aux montants tée. d'angélique. Compote d'amandes vertes à la purée de pis- Compote de coings (V. ci-dessus ). tachos, Compote de pêches à la coque. Compote de nèfles frites à la moelle et au vin de Bordeaux sucré. Compote de pêches royales au jus de groseit- les blanches. CONCOMBRE, variété du genre citrouille. Compote de pêches de vigne au vin de Clos- On mange le concombre cuit et cru; on en gar- Rougeot. nit des potages, on le farcit, on le met sous des Compote de pêches tardives au vin de Lunel. viandes rôties, après l'avoir fait cuire au jus; on Compote de brugnons à la ménagère. en fait des ragoûts en gras et en maigre; on le fricasse à la poêle; on l'apprête à la casserole, Compote de brugnons glacés au candi. etc. Pour le manger cru en salade, il faut aupara- Compote d’abricots (V. ci-dessus). vant en faire découler l'eau, soit en le saupoudrant de gros sel, après l'avoir émincé par tranches dé- Compote de prunes de reine-claude au natu- liées, et le remuant de temps en temps, soit en le laissant une nuit entre deux plats, et le pressant le Compote de reine-claude au rhum. lendemain pour en faire sortir le suc. Compote de prunes de mirabelle mélées de ce Ragoût de concombres pour garniture. rises. Faites-les mariner coupés par tranches, avec rel. CON ( 169 ) CON sel, poivre, un peu de vinaigre et deux ognons Geléen. coupés. Ensuite pressez- les dans une serviette et passez-les avec du lard fondu; mouillez avec du Gelée de groseilles. - Pour faire de la gelée jus et laissez cuire à petit feu. Liez la sauce, après translucide, il faut prendre des groseilles qui ne l'avoir dégraissée, avec du blond de veau ou du soient pas très-mûres; lorsqu'elles le sont tout-à- coulis de jambon. fait, la gelée est toujours louche, et on est obligé Concombres farcis. - Otez la superficie de minue la qualité. de la clarifier, ce qui améliore l'apparence et di- trois concombres, et dégarnissez-en l'intérieur ; lorsqu'ils seront bien vidés, remplissez-les d'une Si on veut que la gelée ne soit pas de couleur ſarce à quenelles ; mettez-les sous des hardes de trop foncée, on mêle de la groseille blanche avec farce à quenelles ; mettez-les sous des hardes de la rouge. La groseille ayant peu d'arôme, on y lard dans une casserole, et faites-les cuire à petit ajoute ordinairement des framboises. feu; trois quarts d'heure suffisent. Égouttez-les au moment de les servir chaudement, avec une Il faut une livre de sucre par livre de fruit pour faire de bonne gelée de groseilles; pour la faire sauce au blond de veau bien corsée, très-belle, la proportion du sucre doit être de cinq Concombres à la poulette. Étant blan- quarterons par livre de fruit. Les confitures ne re- chis et bien égouttés, faites-les sauter dans une viendront pas à un plus haut prix dans un cas que casserole avec du beurre frais manié de fécule, et dans l'autre. mouillez-les de crème et de bouillon ; liez la sauce Prenez 12 livres de groseilles rouges. avec des jaunes d'aufs et un filet de vinaigre. 3 livres de groseilles blanches. 1 livre environ de framboises. Salade de concombres (pour hors-d'ou- 16 livres de sucre blanc et sec. vre).- Épluchez deux concombres qui ne soient pas trop mûrs : si le bout en est amer, les con Égrenez les groseilles et épluchez les framboi- combres ne valent rien et doivent être remplacés ses; mettez celles-ci à part et saupoudrez les unes par d'autres ; quand ils ne sont pas amers, ce dont et les autres de sucre en poudre, lit par lit. Lais- on s'assure en en goûtant le bout, on les émince en sez macérer pendant sept à huit heures. rond dans leur entier et le plus mince possible, et On peut mettre lout de suite et sans macération on les met dans un compotier, avec sel, poivre, préalable les groseilles egrenées et le sucre cassé vinaigre, un ognon haché en rouelles, et une pointe en morceaux gros comme des noix, dans la bas- d'ail. On les laisse confire ainsi pendant deux ou sine, en mêlant bien le tout avec une spatule de trois heures, et on les assaisonne en salade en en bois (celles de fer peuvent noircir ou au moins retranchant l'ail et l'ognon haché. foncer la couleur du suc). Cette opération froisse un peu les groseilles et les dispose à crever par CONFITURE. On appelle génériquement l'action du feu et à rendre leur jus. ainsi toute espèce de fruits, ou sucs de fruits, qu'on Commencez à petit feu et augmentez-le à me- a fait cuire avec du sucre en y donnant assez de sure qu'il se rassemble du jus au fond de la bassine. consistance pour qu'ils puissent se conserver sans Lorsque les groseilles sont bien crevées, que le su- altération pendant quinze ou seize mois, lors- cre est bien fondu et que toute la masse est en qu'on les tient dans un endroit sec et sain. grande ébullition, trempez la spatule dans le jus On peut ranger les confitures en quatre divisions et laissez-en tomber quelques gouttes sur une as- principales : sietle que vous éloignez de la chaleur, ou, ce qui 1° Les gelées, qui ne contiennent que le suc est mieux, dans une grande cuillère d'argent que des fruits; vons tenez dans une assiette à soupe remplie d'eau 2. Les marmelades, qui en contiennent toute la fraîche. substance. Par ce moyen, le refroidissement est rapide et 3° Les pâtes, qui ne sont que des gelées l'on peut examiner si la gelée a acquis la consis- lance nécessaire pour la conservation. Pour cela épaissies par une addition de sucre, et soumises on incline la cuillère, et si les gouttes de gelée ne à une évaporation qui les concentre. se déplacent qu'avec beaucoup de lenteur, la gelée 4° Les conserves, espèces de marmelades faites à est assez cuite. froid avec du sucre et des fleurs, des feuilles, des Il vaut mieux que la gelée manque d'un peu tiges, des semences, et quelquefois des racines aro- de cuisson que d'en avoir trop; dans le premier matiques. cas, le remède est très-facile; on la remet sur le Nous allons premièrement nous occuper des ge- feu le lendemain et on lui fait jeter quelques bouil- lées de fruit. lons; dans le second il n'y a rien à faire. 1102 CON ( 170 ) CON La gelée faite par ce procédé se conserve d'ail- , difficile de la conserver plus de quatre à cinq leurs très-bien, quoique gardant encore de la li- mois. quidité, et elle a l'avantage d'être parfaitement so- Couverture des pots. La couverture luble dans l'eau chaude et de former ainsi une eau de groseilles beaucoup plus agréable que celle servation des confitures. Il est vrai que lorsqu'el- des pots est une chose essentielle pour la con- qu'on fait avec du sirop, dans lequel on ne peut les sont bien faites, elles ne s'altèrent pas au con- employer le jus de groseilles qu'après l'avoir fait tact de l'air ; mais elles perdent une partie du li- fermenter. quide qu'elles conservent et prennent par là une Aussitôt que vous avez reconnu que la gelée est consistance trop forte. assez cuite, ajoutez les framboises, faites-les plon- Pour couvrir les confitures, on applique d'abord ger avec l'écumoire, et après quelques bouillons, à leur surface une rondelle de papier trempé retirez la bassine du feu, et versez tout son contenu dans un grand tamis de crin posé au-dessus d'une grande que l'ouverture du pot; il vaut míme dans l'eau-de-vie; cette rondelle doit être aussi terrine : laissez couler sans expression; couvrez mieux qu'elle soit un peu plus grande, afin qu'elle seulement le tamis d'un linge plié en double pour ne laisse rien à découvert. Dans ce cas, on donne que la chaleur se conserve plus long-temps. Lors- tout autour des coups de ciseaux dirigés vers le que le marc est assez refroidi pour qu'on puisse y toucher sans se brûler, et qu'il n'en découle plus le contour du pot sans faire de plis. centre, afin que les bords puissent se relever sur rien, retirez le tamis, et remplissez avec les confi- On couvre ensuite le pot avec un papier double tures les pots que vous avez préparés d'avance. qu'on rabat sur les parois et qu'on attache avec Il faut alors exprimer le marc sous une presse, une ficelle fine ou un gros fil. si vous en avez une, ou dans un linge bien blanc que l'on tord à force de bras. Le jus que l'on oh- dans l'eau. Après les avoir égoutlés, on les pose On peut aussi couvrir avec des papiers trempés tient ainsi doit être mis dans des pots à part. Il donne des confitures très-bonnes pour l'usage de sur le pot, on y applique la main gauche pour ap- la cuisine, mais moins délicates et moins transpa- avec la main droite, on tire en bas le papier qui puyer le papier sur les bords; en même temps, rentes que les premières. déborde et qui se détache à l'endroit où il touche Il reste du sucre dans le marc. Il y a deux moyens le bord du pot; on passe le doigt tout autour pour de l'utiliser : l’un consiste à jeter dessus de l'eau rendre le contact plus parfait, et on ļaisse sécher chaude et à passer le tout à la chausse jusqu'à ce dans un endroit à l'abri du soleil et des courants que l'eau soit claire. Ces eaux sont assez agréables d'air qui, en rendant la dessiccation trop rapide, à boire; mais on ne saurait les conserver plus de feraient détacher le papier. quarante-huit heures. Lorsque celui-ci est sec, il est bien tendu et ad- Il y a des personnes qui opèrent différemment here fortement aux bords du pot. Cette couverture, pour faire de la gelée de groseilles. Elles commen- qui est celle des religieuses, personnes très-habi- cent par faire crever les groseilles, et elles en ex-les en confitures, est très-propre et très-judicicu- priment le suc; elles remettent ce suc sur le feu et sement calculée. y ajoutent alors le sucre en morceaux ou réduit en Il faut toujours employer du papier collé, c'est- sirop et clarifié. à-dire du papier bon pour écrire; le papier dit Ce procédé a pour objet d'éviter la perte du su- d'office n'est pas collé, il absorbe trop aisément cre qui reste dans le marc lorsqu'on opère d'après l'humidité de l'air. le procédé ci-dessus; mais on n'obtient jamais, en Les pots de confilures doivent être conservés faisant crever les groscilles scules, une gelée aussi dans des armoires placées dans un endroit très-sec. párſumée et aussi limpide que par le procédé dont nous recommandons l'usage. Gelée de pommes à la façon de Rouen.- Pelez des pommes de reinelte avec un couteau à Gelée de groseilles à froid. - On écrase les lame d'argent; cette précaution est essentielle pour groseilles après les avoir égrenées, et on en exprime empêcher leur jus de se colorer. Jetez les pom- le jus. mes pelées dans une terrine de grès, ou dans un Ce jus est mis dans des pots qu'on ne doit vase de faïence rempli d'eau; ajoutez à cette cau le pas remplir entièrement; on en couvre la sur- jus d'un ou de plusieurs citrons suivant la quan- face avec du sucre en poudre qui est bientôt ab- tité de gelée que vous faites. sorbé, et on renouvelle celle opération, à des in Mettez les pommes dans une bassine avec assez tervalles plus ou moins longs, jusqu'à ce que le jus d'eau pour les baigner complètement. On emploie n’absorbe plus de sucre, alors on couvre les pols. à cet usage l'eau acidulée dans laquelle on a mis Cette confiture est parfaitement bonne, mais il est les pomines épluchées. CON ( 171 ) CON Quand les pommes commencent à se fondre, Gelée de fleurs d'oranger. - Si vous avez versez tout ce qui est dans la bassine sur un tamis employé dix livres de sucre, au moment où la ge- de crin; ne pressez pas le marc, laissez-le seule- | lée de pommes est à son point, retirez la bassine ment égoutter; mettez dans le jus qui a passé du feu et laissez l'ébullition tomber tout-à-fait; alors poids égal de sucre très-blanc; versez le tout dans versez et mêlez rapidement dans la gelée quatre la bassine, et faites bouillir jusqu'à ce que la gelée onces de teinture de fleurs d'oranger préparée dans vous donne les mêmes signes que celle de groseil- la saison, de la manière suivante : les; il est temps alors de la retirer; mais aupara Prenez les pétales de deux livres de fleurs d'o- vant il faut y mettre de l'écorce de citron coupée ranger, roulez-les dans du sucre en poudre fine et en petits filets; laissez bouillir une minute ou mettez-les dans un bocal ; verscz par-dessus la fleur deux, ensuite retirez la bassine du feu; enlevez les un litre d'esprit à 28 degrés; laissez infuser pen- filets avec une écumoire, remplissez les pots avec dant douze heures; passez avec expression légère; la gelée et distribuez par dessus les filets de ci filtrez et conservez dans un flacon bien bouché. tron. Lorsqu'on met cette teinture dans la bassine, la On peut utiliser la pulpe des pommes qui ont gelée est encore assez chaude pour faire évaporer servi à faire la gelée : on les écrase sur un tamis, l'esprit, tandis que l'arôme, dont la teinture est on ajoute à la pulpe du jus de citron pour suppléer chargée, se combine avec le sucre. à l'acide qu'elle a perdu, et on achève de la cuire avec suffisante quantité de sucre et un bâton de Gelée d'oranges. - Lorsqu'on fait cuire les cannelle : on obtient ainsi une compote qui peut pommes, au lieu de jus de citron, on ajouțe le être utile à l'office. jus de six ou huit oranges dont on a enlevé les Il y a des personnes qui ne pèlent pas les pom- zestes. mes, et qui les font bouillir après les avoir lavées Lorsque ensuite la gelée est à son point de cuis- et brossées dans l'eau froide. On n'obtient pas, par son, on y jelle les zestes d'oranges, on lui fait je- ce procédé, une geléc aussi blanche, mais elle a ter un bouillon et on retire la bassine du feu ; lors- davantage le goût de fruit; car c'est une chose re que l'ébullition est tout-à-fait tombée, on retire les marquable que l'arôme de la plupart des fruits ré zestes avec une écumoire, et on remplit les pots de side dans l'écorce. On emploie exclusivement les pommes de rei- Gelée de roses. On fait cette confiture en nette pour faire la gelée de pommes on en fait cependant d'excellente avec d'autres espèces. Le jetant dans la bassine une quantité suffisante d'eau double de roses. On délaie un peu de carmin, et motif de la préférence accordée à la pomme de rei- nette est qu'elle contient assez d'acide pour ne pas on le mêle à la gelée de manière à lui donner une belle couleur de rose pâle. faire une gelée trop fade; cependant on y ajoute encore du jus de citron. On peut procéder de même avec toutes les tein- On peut donc, par l'addition du jus de citron, tures, de manière à obtenir avec la seule gelée de obtenir de bonne gelée de presque toutes les pom- pommes une infinité de confitures toutes différen- tes par l'arôme et la saveur. Avec le carmin on les mes douces. Les reinettes d'Angleterre et du Canada en don-fran, en jaune, etc. colore en rose; avec une solution aqueuse de sa- nent de très-belle; mais il faut y ajouter une as- sez forte dose de jus de citron. Gelée de coings (V. ci-dessus). La reinette grise porte assez d'acide pour qu'il ne soit pas nécessaire d’en ajouter ; mais il est in- Gelée de cerises. - Écrasez des cerises ct sé- dispensable de la peler, à cause du goût d'amer parez-en les noyaux, à l'exception d'environ un tume qui est attaché à sa pelure. huitième que vous laisserez et qui contribueront La pomme dite de Fenouillet, qui a un arôme à donner un goût d'amande à la gelée. particulier, donne aussi une gelée très agréable; Comme les cerises ont peu de disposition à se et quoique sa peau soit grise, on ne doit pas la pe- prendre en gelée, ajoutez un quart de groseilles ler, il faut se contenter de la brosser dans l'eau. égrenées et à moitié écrasées. Mettez le tout dans une bassine avec trois quar- Gelie de pommes déguisée. - Comme la terons de sucre par livre de fruit; metlez livre gelée de pommes a peu ou point de parſum qui lui pour livre si les cerises sont très-aqueuses et très- soit propre, la gelée qu'on en tire est un très-bon acides. conserve. excipient pour celui qu'on veut y introduire . Portez à l'ébullition et entretenez-la pendant un Nous allons indiquer quelques prescriptions qui quart d'heure; versez alors le contenu de la bas- suffiront pour faire connaître la marche à suivre. sine sur un tamis posé au-dessus d'une terrine de CON ( 172 ) CON grès; laissez égoutter. Lorsque le marc est suffi Ouvrez les pêches, et après en avoir séparé les samment refroidi, exprimez-le à la presse ou en noyaux, rangez-les lit par lit que vous saupoudre- le tordant dans un linge. rez de sucre. Laissez- les macérer ainsi dans un Remettez le jus dans la bassine, poussez à l'é-endroit frais pendant douze ou quinze heures. bullition et entretenez-la jusqu'à ce que la gelée Mettez-les ensuite dans une bassine avec au ait acquis la consistance prescrite; retirez la bas- moins une livre de sucre par livre de fruit; cinq sine du feu, et remplissez les pots lorsque la gelée quarterons ne sont pas de trop; avec une livre et est assez refroidie. demie, il n'est pas nécessaire de faire bouillir si Le marc peut être traité comme celui de gro- long-temps, et la marmelade conserve davantage seilles, et ce qu'on en tire est un bon ingrédient le goût de la pêche. pour les cerises à l'eau-de-vie qu'on doit faire plus Il faut casser quelques noyaux, peler les aman- card, des, et les traiter comme il a été dit pour la mar- Marmelades. melade d'abricots. On passe au tamis de crin comme à l'ordinaire. Lorsque les marmelades sont faites avec peu de sucre, on est obligé de les faire cuire long-temps mirabelle très-mûre. La petite espèce , qui est un Marmelade de mirabelles. Prenez de la pour les amener au degré de consistance conve- nable. Şi au contraire on y ajoute une quantité suf- peu piquée de rouge, est la meilleure. La grosse a fisante de sucre qui s'empare de la partie aqueuse, beaucoup moins de sucre et de parfum. Ouvrez- on est dispensé de les concentrer aussi fortement; les pour en séparer les noyaux et faites - les macé- elles restent beaucoup plus liquides et plus parfu- rer jusqu'au lendemain, avec du sucre en poudre, l mécs. à raison d'une demi-livre de sucre par livre de Dans les très-grandes maisons, on est dans l'u- fruit; avec trois quarterons la marmelade sera par- faite. sage de faire toutes les marmelades avec du sucre clarifié et cuit ce qu'on appelle à la grande plume; Faites cuire, passez au tamis, etc. on obtient par là un peu plus de blancheur, mais Ordinairement on se dispense de passer cette on conserve moins de goût de fruit; d'où vient marmelade, ainsi que toutes celles de prunes et qu'avec cette méthode on perd plus qu'on ne ga moins parfaites que celles qui ont été pulpées à d'abricots; elles sont toujours fort bonnes, quoique gne. Le sucre cristallisé confusément, comme ce- travers un tamis. lui qui est en pains, a une merveilleuse propriété On choisira le procédé qui convient le mieux. pour se charger des parfums de tous les corps avec Marmelade de cerises. Prenez des ceri- lesquels on le met en contact; cette propriété pa- ses bien mûres sans être tournées, c'est-à-dire qui raît tenir surtout à sa porosité; aussi ne la retrouve- t-on qu'à un degré plus faible dans le sirop; en n'aient pas perdu leur transparence; ôtez-en les versant du sirop sur des fruits, il se charge très- | noyaux et les queues ; on peut se dispenser de les faire macérer; cependant si on en fait une grande peu de leur parfum; il s'en charge bien moins en- core si on jette, comme on le fait, les fruits dans quantité à la fois, il est bon de les couvrir de sucre le sirop bouillant. Comme le sirop a une chaleur en poudre pour les empêcher de s'échauffer. Fai- bien supérieure à celle qui détermine l'évapora- tes cuire à grand feu, comme toutes les confitures ; tion de l'eau, la partie aqueuse des fruits se réduit ne passez pas au tamis. en vapeurs qui emportent avec elles presque tout Il faut trois quarterons de sucre pour faire de leur parfum. Messieurs les officiers de bouche belle marmelade de cerises. On peut même aller jusqu'à font très-bien en sacrifiant la réalité à un peu d'ap- livre si les cerises sont très- aqueuses. parence ; ils servent leurs maîtres d'après leur On doit préférer les cerises communes, parce goût; mais pour avoir d'excellentes confitures, il faut suivre les procédés développés ici et dont une qu'elles donnent une marmelade plus parfumée que les cerises douces. longue expérience a confirmé les avantages. Marmelade d'abricots (V. ABRICOTS). Marmelade de framboises. — Mettez une livre, ou mieux encore cinq quarterons de sucre Marmelade de pêches. — Prenez des pêches par livre de fruit. Faites macérer pendant trois ou d'automne bien mûres, ce sont celles qui ont le quatre heures avec sucre en poudre. plus de saveur et de parfum; pelez-les : si la peau Mettez ensuite les framboises dans une bassine est difficile à enlever, plongez-les une minute dans et faites cuire à grand feu; aussitôt que les fram- l'eau bouillante, alors la peau s'enlèvera sans dif- | boises seront bien fondues, versez le tout sur un ficulté. tamis assez fin pour que les graines, qui sont très- - livre pour CON ( 173 ) CON . de petites, ne puissent passer à travers. Faites passer la consistance d'une marmelade ordinaire. Faites la pulpe à travers le tamis en frottant avec une cette opération par parties, et déposez à mesure ce spatule ou une cuillère. qui est pilé dans un bocal de verre qui puisse se Remettez la pulpe dans la bassine avec l'autre fermer avec un bouchon de liége bien ajusté. moitié du sucre; chauffez vivement jusqu'à ce que Plongez le bocal bien bouché dans un bain-ma- la marmelade ait pris la consistance convenable. rie dont l'eau sera entretenue à l'ébullition pen- Retirez la bassine du feu, et empotez lorsque la dant une couple d'heures. Il n'est pas nécessaire chaleur est tombée. que l'eau bouille à gros bouillons, il suffit que l'é- bullition se manifeste. Marmelade de verjus. - Prenez du verjus Quand vous verrez que la masse qui remplit le lorsque les grains commencentà être transparents ; bocal est bien fondue et bien homogène, laissez plus tôt il est acerbe, plus tard il a peu de saveur. tomber le feu , et quand l'eau du bain-marie sera Il faut l'égrener et enlever les pepins avec un cure- assez refroidie pour qu'on puisse y tenir la main, dent. retirez le bocal. Mettez le verjus épluché dans la bassine avec poids égal de sucre cassé en morceaux; faites cuire Marmelade de poires. - Prenez des poires à grand feu; ne passez pas au tamis lorsque la de rousselet, de martin-sec, de Messire Jean, de marmelade est à son point. bon-chrétien, de royale d'hiver, ou toute autre es- Si on passe au tamis, de manière que les pelli- pèce de bonnes poires cassantes. N'employez à la cules restent à la surface, on obtient une gelée de fois qu'une seule espèce, parce que si vous en em- verjus qui est fort agréable. ployiez plusieurs, elles ne seraient pas cuites en même temps. Marmelade anonyme. - Prenez des fruits Pelez les poires et coupez-les par quartiers. Une d'églantiers cueillis après les premières gelées, qui demi-livre de sucre par livre de fruit suffit ample- les attendrissent; Ôtez les queues et les calices qui ment; on peut en mettre moins, quoique par les restent adhérents; fendez-les et enlevez avec soin raisons exposées précédemment ce soit à peu près toutes les graines. Ces graines sont velues, et c'est la même chose , sous le rapport économique, à l'effet qu'elles produisent quand on les avale que mettre peu ou beaucoup de sucre. le fruit de l'églantier doit son nom populaire. Mettez les poires dans une bassine avec assez Il est bon de faire cet épluchage avec un cou d'eau pour les baigner, faites cuire à grand feu; leau à lame d'argent; mettez les églantines éplu- quand les poires cèdent sous le doigt, retirez-les chées dans une bassine avec assez d'eau pour les avec une écumoire, et mettez le sucre dans l'eau baigner; faites cuire tout doucement; quand les où elles ont cuit. églantines cèdent sous le doigt, pulpez-les sur un Pendant que le sucre se fond, écrasez les poires tamis de crin, et si la pulpe passe mal, pilez-les sur un tamis un peu clair ou dans une passoire; auparavant dans un mortier de marbre; mettez recevez la pulpe dans une terrine. Quand le tout dans l'eau où elles ont cuit leur poids de sucre, est passé, mettez la pulpe dans la bassine et ache- faites réduire, et quand le sirop aura pris de la vez de faire réduire au point de consistance con- consistance, ajoutez la pulpe. venable. On le reconnaît aux mêmes signes que Faites bouillir encore jusqu'à ce que la marme- pour les autres confitures. lade ait en refroidissant plus de fermeté que celle L'avantage que vous aurez en mettant une demi- des autres fruits. Mettez dans des pots d'un petit livre de sucre dans cette marmelade, c'est que volume. vous pourrez la conserver plus liquide. Cette marmelade est agréable, mais elle est for Si vous préférez que les poires restent en quar- tement astringente; c'est un bon stomachique dont tiers ou par moitié, ce qui permettra de les servir il ne faut pas abuser. en compote , faites fondre votre sucre avec moitié Marmelade de fraises. - Le parfum de la de son poids d'eau ; faites bouillir à grand feu; fraise est très-fugace; il s'évapore infailliblement quand les poires sont cuites, si le sirop a assez de consistance, versez le tout dans des pots; si le sirop lorsqu'on expose le fruit à une forte chaleur dans n'est pas assez cuit, retirez les poires, distribuez- un vase découvert. Épluchez de belles fraises de bois bien mûres les dans les pots que vous achèverez de remplir avec le sirop lorsqu'il sera suffisamment cuit. et bien parfumées, couvrez-les de sucre en poudre fine, lit par lit, et laissez-les macérer pendant une Un peu de cannelle dans cette marmelade lui heure ou deux au plus ; écrasez-les ensuite dans donne un parfum très-bienséant. un mortier de marbre, en ajoutant du sucre jus Raisiné de poires à la paysanne. - Dans qu'à ce que le tout forme une pâte bien liée ayant presque tous les vignobles on ſait cuire des poires CON ( 174 ) CON 1 coupées en quartiers avec du moût de raisin qui n'a coupe les coings par morceaux et on en retire les pas encore subi la fermentation.Cette confiture n'est cæurs. pas déagréable, mais elle est un peu trop acide; On prépare le moût comme pour le raisiné de pour la rendre tout-à-fait bonne, voici le procédé poires, excepté qu'on y ajoute avant la désacidifi- qu'il faut suivre. cation les pelures et les cours des coings. Prenez du moût de raisins blancs , ou même de Pour le surplus on procède comme pour le rai- raisins noirs exprimés sous le pressoir ; faites-le sivé de poires. bouillir à grand ſeu jusqu'à ce qu'il soit réduit On pourrait faire aussi un raisiné de pommes, d'un quart; laissez-le refroidir jusqu'à ce qu'on qui serait nécessairement en marmelade et qu'il puisse y tenir le doigt; versez-y du blanc d'Espa- faudrait passer au tamis avant que la cuisson ne gne ou de la craie délayée dans de l'eau; mêlez fût complète; on aromatise cette marmelade avec bien la craie avec le moût; il se fait une vive ef- de la cannelle. fervescence ; lorsqu'elle est apaisée, on ajoute une nouvelle portion de craie, et on continue ainsi Pâtes de fruits. jusqu'à ce que l'effervescence diminue sensible- ment. si on mettait davantage de craie, le moût Les pâtes de fruits sont des gelées auxquelles on serait entièrement désacidifié, et il est bon qu'il a donné plus de consistance, en les cuisant davan- reste acide pour que le raisiné ne soit pas trop fade. tage et en les évaporant ensuite à la chaleur de l'é- On laisse reposer pendant une nuit ; il se forme un tuve, où on les expose en surfaces minces. Ces dépôt abondant. Le lendemain , décantez ce qui pâles, renfermées dans des boites bien closes et surnage le dépôt, et passez à la chausse ce qui peut tenues dans un endroit ni humide ni trop sec, se se trouver trouble au fond ; passez et repassez jus- conservent parfaitement. qu'à ce que le moût passe bien clair. Pate d'abricots (V. ABRICOTS). Remettez le moût sur le feu avec quelques blancs d'œufs battus dans l'cau, faites bouillir et en Pâte de pruncs. - On fait une pâte agréable levez les écumes. avec de la marmelade de mirabelles passée au ta- Mettez alors les poires pelées et coupées en mor mis. Pour l'avoir plus belle, ou la fait avec une ceaux dans le moût. Les meilleures poires à em- plus forte dose de sucre; on est dispensé alors de plɔyer sont celles de Messire Jean, de Mariainsec | la faire cuire aussi long-temps que lorsqu'il y en et de bon-chrétien. Faites bouillir jusqu'à com a moins, et elle en conserve mieux sa couleur et plète cuisson des poires et réduction suffisante du son goût. moût. Pâte de pommes. On la fait avec une belle parce qu'il a été trop désacidifié, vous pouvez y gelée de pommes ; on peut aussi mettre en pâte remédier en ajoutant dans la bassine une portion toutes les gelées de pommes dans lesquelles on a introduit divers aromates. de moût frais. Si vous ne pouvez vous procurer du moût, vous Toutes ces pâtes se font comme celle d'abricols. pouvez en faire en faisant écraser et en tordant Cotignac (V. COING). dans un linge des raisins blancs. N'égrenez pas les raisins avant de les écraser, car vous en viendriez Pâtes de fruits variés. Tous les fruits difficilement à bout; écrasez les grappes entières; dont on fait des gelées ou des marmelades peuvent retirez ensuite les ralles; procédez pour ce moût être convertis en pâtes , en suivant les procédés comme pour celui de pressoir. ci-dessus. il ne s'agit toujours que de donner plus Dans les pays à cidre, on fait la même confiture de consistance aux unes ou aux autres, ce qu'on avec le cidre sortant du pressoir; comme le suc obtient en les exposant en couches minces à la de pommes est très-doux, il n'est pas nécessaire de chaleur, et ensuite au courant d'un air sec. le désacidifier. Pourvu qu'on ait des gelées ou des marmelades, Enfin, en faisant bouillir avec de l'eau les pelures on peut faire des pâtes en toute saison ; il ne s'agit et les cæurs des poires, on en tire un sirop qui, que de mettre les gelées ou les marmelades dans après avoir été clarifié, et en y ajoutant un peu de une bassine et de les faire amollir en chauffant sucre, est très-bon pour faire cuire les poires cou- doucement; si elles avaient pris par le temps trop pées en quartiers. de consistance, on pourrait ajouter un peu de sirop pour en faciliter la fusion. Raisiné de coings à la dauphinoise. — On Il faut se båler d'enlever les pâtes de dessus les pèle les coings après les avoir bien brossés pour assiettes, parce que, tant qu'elles y sont, elles ne en enlever le duvet. On met les pelures à part, on se dessèchent que par un seul côté de leur surface. si vous trouvez que le raisiné est trop fade, CON ( 178 ) CON - Pâtes de fruits au transparent. Tirez On peut faire ainsi des pâtes d'abricots, de pê- le jus des pommes en procédant comme pour faire ches, de prunes, de framboises, de cerises, de de la gelée; passez au tamis fin et remettez dans raisins, de verjus. la bassinc; faites dissoudre dans ce jus une once Ces pâtes sont très bonnes et peuvent rempla- de gomme arabique par livre. Lorsque la gomme cer avec avantage la pâte de jujubes. est bien dissoute , retirez la bassine , versez le tout dans une terrine, et laissez refroidir jusqu'à ce CONSERVES. Les conserves sont composées qu'on puisse tenir le doigt dans le liquide sans se de substances végétales sèches ou fraîches qu'on brûler. incorpore avec une quantilé suffisante de sucre et Battez quelques blancs d'aufs avec un peu d'eau , pour en faire une pâle assez consistante, d'eau, et introduisez-les dans le jus que vous re mais toujours molle. meltez dans la bassine; mêlez bien le tout, portez On en fait aussi avec des marmelades de fruits. à l'ébullition, et enlevez les écumes à mesure Voici quelques recettes des unes et des autres. qu'elles se forment. Si après avoir bien écumé il restait quelques Conserve d'absinthe, corps flottants dans le liquide, il faudrait le passer à travers une étamine. Prenez sommités d'absinthe sèches Le jus bien clarifié, on y ajoute une demi-livre et pulvérisées. . .. 1/2 once. ou trois quarterons par livre de beau sucre cassé 8 onces. Sucre blanc en poudre. en morceaux; on le fait fondre en modérant le Eau distillée d'absinthe quantité suffisante. feu, et lorsqu'il est totalement fondu, on chauffe vivement et l'on continue jusqu'à ce que le sirop (V. pour la dessiccation des plantes aromati- ait pris beaucoup de consistance. On reconnait ques, page 41.) qu'il est au point convenable, lorsqu'en en lais- Lorsqu'on veut pulvériser l'absinthe et en gé- sant tomber quelques gouttes dans une cuillère néral toutes les plantes sèches, il faut auparavant posée sur une assiette remplie d'eau, elles se figent les exposer au soleil, jusqu'à ce qu'elles se pulvé- promptement et ne prennent que peu de mouve- risent en les froissant entre les doigts; à défaut de ment lorsqu'on incline la cuillère. soleil, on peut les faire sécher sur un plateau de Retirez alors la bassine du ſeu ; laissez un peu serole dans laquelle on entretient de l'eau bouil- fer-blanc à rebords, dont on recouvre une cas- refroidir et distribuez la pâte sur des assiettes en lante. couches épaisses de quatre à cinq lignes ; laissez refroidir complètement en exposant les assiettes Lorsque l'absinthe est suffisamment sèche, on dans un courant d'air; portez-les ensuite à l'é- la divise avec des ciseaux et on la pile dans un tuve, où on peut les laisser, pourvu que l’étuve ait mortier de fer avec un pilon de même métal ; les un courant d'air qui emporte les vapeurs à me- mortiers de cuivre doivent être rejetés , à moins sure qu'elles se forment. Retournez les plaques qu'on ne s'astreigne à les entretenir avec le plus aussitôt qu'elles ont pris assez de consistance, et grand soin ; ce qui suppose qu'on les fera récurer posez-les sur des feuilles de papier. au sablon chaque fois qu'on s'en sera servi, et Si vous n'avez pas d’éluve chauffée, servez-vous qu’on répétera cette opération avant de les ém- d'un four doux; mais n'y laissez les assieltes ployer de nouveau. que le temps nécessaire pour qu'elles prennent la tem- Lorsque la plante est bien pulvérisée, on la pérature du four; exposez-les ensuite à l'air libre, passe dans un tamis couvert à travers une gaze de et répétez cette maneuvre jusqu'à ce que la pâte passer encore ; cependant lorsqu'on travaille sur soie. On repile ce qui reste sur le tamis pour le ait pris assez de consistance pour être enlevée; po- sez-les alors sur des feuilles de papier, et continuez seul pilage et jeter le résidu. des substances communes, on peut s'en tenir à un à les faire sécher. On met la poudre dans un mortier de marbre Pâte transparente d'abricots, de pru ou de verre; on ajoute le sucre en poudre, et on nes, etc. Exprimez à froid le suc des fruits ; mele bien le tout ensemble, en versant peu à peu mettez-le dans une bassine avec deux ou trois de l'eau distillée de la substance employée, ou , à onces de gomme arabique, selon le plus ou moins défaut, de l'eau pure. L'eau distillée de la plante de consistance du suc. i quelli quis uc) li est très-préférableci Lorsque la gomme est bien fondue, clarifiez au : On continue à remuer avec le pilon jusqu'à ce blame d'auf en procédant comme ci-dessus; ajou- que la poudre et de sucre formont une pâte bien tez lo sucre, et terminez ponube pour la gelée de homogène: et qui ait la consistance d'une marme- pommes. lade très-uniteicamud wajue 6 19 'VUTOCI NU - }} } ( 1 إلى 10 مهر قم CON ( 176 ) CON sans crever. Alors on enlève la conserve avec une spatule, et pilant toujours, assez de sucre pour que la pulpe on en emplit des petits pots qu'on couvre bien. acquière la consistance requise. On les enferme dans un endroit sec. On peut traiter de mêmc les tiges de céleri et La conserve d'absinthe est un excellent stoma les feuilles tendres de fenouil. chique à la dose d'un demi-gros à un gros. Conserves de fruits entiers. Conserve de fleurs d'oranger. Fleurs d'oranger séchées et pulvérisées. 112 once. Abricots confits (V. page 9). Sucre en poudre fine. . 8 onces. Prunes confites. Les prunes de reine- Faites comme ci-dessus, en mouillant avec de claude, de mirabelle et de perdrigon, sont les l'eau double de fleurs d'oranger. meilleures à confire. Il faut les prendre un peu C'est encore un bon stomachique. avant leur maturité. On n'en retire pas les noyaux , qui sont trop Ou bien : adhérents à la chair pour qu'on puisse les faire Prenez pétales séparés des calices. 2 onces. sortir sans déformer le fruit. Il faut les piquer Sucre. 8 onces. avec une épingle en divers endroits, pour qu'elles puissent rendre leur eau et se pénétrer de sirop Broyez les pétales avec un peu de sucre, et ajoutez-en successivement jusqu'à ce que le tout On suit le même procédé que pour les abricots ; forme une pâte bien homogène, dans laquelle on mais au lieu de trois opérations, il en faut cinq ne puisse plus distinguer les débris des pétales ; l ou six en concentrant toujours le sirop qui se dé- si la pâte devient trop sèche, ajoulez un peu d'eau cuit chaque fois qu'on le verse sur les prunes , de fleurs d'oranger. parce qu'il absorbe une partie de l'eau qu'elles Mettez la conserve dans de très-petits pots. contiennent. A la dernière cuite, lorsque le sirop est à peu Conserve de roses muscates. près au perlé, on y jette les prunes et on leur fait Prenez pétales de roses séparés des calices. 2 onces. essuyer un gros bouillon. On verse le tout dans Sucre... 8 onces. une terrine, et on laisse les prunes dans le sirop pendant quarante-huit heures. Il faut que pendant Procédez comme ci-dessus. tout ce temps le sirop ne refroidisse pas. Les roses communes (roses à cent feuilles) Comme cela est assez difficile quand on n'a pas donnent une conserve qui est légèrement laxative. tous les ustensiles et les appareils nécessaires, on Celle qu'on obtient en employant les roses dites peut abréger le temps en donnant un peu plus de de Provins est astringente. concentration au sirop de la dernière cuite; alors six heures de séjour dans le sirop sont suffi- On peut trailer de même toutes les fleurs qui perdent leur parfum en séchant ; c'est le plus santes. grand nombre. Quant aux plantes aromatiques, il On fait sécher les prunes comme les abricots. est plus avantageux de les employer en poudre Peches confites. - On en retire les noyaux sèche. en les poussant avec un bâton comme ceux des Conserve d'angélique à la façon des Vi- abricots; on a soin de choisir les espèces de pê- sitandines de Niort. - Prenez des tiges bien ches dont les noyaux sont le moins adhérents. fraiches d'angélique; épluchez-les en enlevant les Comme les pêches ne conservent presque pas feuilles et en raclant les tiges ; blanchissez-les à de parfum, on les prépare avec un sirop qui a l'eau bouillante, et plongez-les ensuite dans l'eau servi à confire des abricots ou des prunes; ce si- froide. Il faut que l'eau bouille avant le blanchis-rop est aromatisé, et on peut lui communiquer sage; c'est le moyen de conserver la verdeur des encore un arôme qui s'allie très-bien avec celui tiges : on ne doit les retirer que lorsqu'elles sont de la pêche, en le faisant bouillir avec quelques un peu amollies. amandes amères. Divisez ces tiges en tronçons que vous pilerer On suit le même procédé que pour les abricots : dans un mortier en ajoutant un peu de sucre et il faut faire blanchir à petit feu et rester au- d'eau, de manière à former une bouillie épaisse ; dessous de l'ébullition ; dans les premières cuites, versez le tout sur un tamis et faites passer la il ne faut pas verser le sirop bouillant sur les pê- pulpe au travers. Rassemblez la pulpe; mettez-la ches; il faut attendre que l'ébullition soit entiè- dans un mortier et ajoutez successivement, et en rement tombée. . I hou CON ( 177 ) CON Comme les pêches contiennent beaucoup d'eau, On les fait blanchir jusqu'à ce qu'elles cèdent elles décuisent beaucoup le sirop, et il faut le ra sous le doigt; on les soumet ensuite à cinq opéra- mener chaque fois à son point; il faut au moins tions. A la dernière on leur donne un bouillon six à sept cuites pour confire les pêches. dans le sirop cuit au perlé; on les laisse pendant six heures dans le sirop tenu chaud , sans bouillir, Cerises confites. — Prenez les plus charnues. et qu'on a fait concentrer auparavant un peu au- Faites-les cueillir un peu avant leur complète ma delà du perlé. turité; ôtez-en les noyaux en tirant la queue. On prépare aussi de cette manière les poires de Faites blanchir très-légèrement dans un sirop clair, bergamote, et en général toutes celles qui ont du comme il a été prescrit à l'article des abricots. parfum. Traitez-les du reste ainsi que les prunes. Les espèces de cerises les plus convenables sont Citrons verts confits. - Prenez de petits les ambrées, les griottes et les cerises du Nord ; citrons gros comme des æufs de bouvreuil, ou des ces deux dernières ont le jus coloré et sont les bigarades de même grosseur. plus charnues. Faites-les blanchir dans un sirop clair, com- posé d'une partie d'eau et d'une partie de sucre, Verjus confit. - Enlevez-cp les pepins avec jusqu'à ce qu'ils soient assez attendris pour qu'ils un cure-dent, et traitez-le comme les prunes et les puissent être traversés facilement par une allu- cerises. Il ne faut pas attendre qu'il soit mûr; il melte. est nécessaire qu'il ait une acidité très-marquée Retirez-les alors, et ajoutez au sirop autant de sans être acerbe. Le moment de le cueillir est sucre que vous en avez déjà mis; faites-le bouil- lorsque les grains commencent à prendre de la lir, et versez-le tout chaud sur les citrons; répé- transparence. tez encore deux fois la même opération ; à la der- Le muscat, surtout le gros violet, est excellent nière, mettez les citrons dans la bassine avec le à confire; il faut le cueillir à moitié múr, lorsqu'il sirop, et donnez-leur un fort bouillon. Laissez-les a déjà développé son parfum et qu'il est encore dans le sirop, tenu chaud, pendant cinq ou six acidule. heures. Vous pouvez, ou les faire sécher comme tous Noix confites. Pelez légèrement des noix les autres fruits, ou, ce qui vaut mieux, les mettre vertes à l'époque où le bois n'est pas encore formé. dans un bocal que vous remplirez avec une partie Jetez-les à mesure dans l'eau fraîche pour du sirop qui a servi pour les faire cuire; ce sirop pêcher de noircir. Il faut employer à cette opé doit être allongé d'une partie d'eau sur deux de ration un couteau à lame d'argent; faites – les sirop. blanchir en les jetant dans l'eau bouillante, et re- mettez-les ensuite dans l'eau fraiche; clarifiez et Oranges confites. Prenez de belles oran- faites cuire du sucre au lissé; laissez-le un peu ges dont l'écorce soit épaisse; incisez la peau de refroidir, et versez sur les noix. Le lendemain place en place, jusqu'au-dessous du blanc. Mettez- faites chauffer le sirop sans le faire bouillir, et les dans du sirop clair, composé d'une partie d'eau ajoutez un peu de sucre pour remplacer celui que et d'une partie de sucre; ne les mettez que dans les noix ont absorbé ; versez ensuite sur les noix le sirop bouillant, et prolongez l'ébullition jusqu'à après l'avoir laissé refroidir un peu; répétez cinq ce que la tète d'une épingle pénètre dans les fois cette opération en ajoutant chaque fois assez oranges en ne pressant que légèrement. Retirez- les alors. de sucre pour que le sirop revienne à la même consistance. Faites sécher à l'étuve ou au four sur Remettez du sucre dans le sirop de manière à des assiettes saupoudrées de sucre en poudre, dans l'amener au lissé; faites-le bouillir, et remettez-y lequel vous roulerez les noix. les oranges auxquelles vous donnerez quelques Le sirop qui a servi à confire les noix ne peut bouillons ; écumez le sirop, retirez les oranges, plus être employé qu'à sucrer du ratafia de noix ; mettez-les dans une terrine, et versez le sirop par- on peut aussi en faire un ratafia, qui sera un bon dessus. stomachique, en y faisant infuser du gingembre, Le lendemain retirez les oranges; donnez quel- un peu de gérofle et de macis, après y avoir ajouté ques bouillons au sirop, et versez-le de nouveau poids égal d'eau-de-vie. sur les mêmes fruits. Le troisième jour on met le sucre à la nappe, et Poires de rousselet con files. - On pele ces on y ajoute les oranges auxquelles on donne un poires, mais on les laisse entières et on n'en sé- bouillon couvert. pare pas les queues. Les poires ne doivent pas On opère de même les deux jours suivants; le être trop mûrés. dernier jour, après avoir amené le sirop au perlé, les em- 12 CON ( 178 ) CON ou y met les oranges auxquelles on dome trois on obtiendra une espèce de curaçao qui n'est pas ou quatre bouillons ; on les retire, on les égoutte désagréable, et qui peut servir pour les secondes et on les fait sécher à l'étuve. tables d'une grande maison. On prépare de même les cédrats, les berga- motes et les autres productions aurentiacées. Écorces et autres parties de végétaux qu'on met en conserve, Marrons glacés. — Prenez de beaux mar- rons de Lyon; enlevez la première peau, et met Écorces d'orange confites. - Faites blan- tez-les dans une poêle sur un brasier de charbon chir les écorces dans l'eau jusqu'à ce qu'elles cé- bien ardent; remuez sans cesse les marrons; il ne dent sous le doigt ; retirez-les alors, et, après les s'agit pas de les faire cuire, mais de disposer la avoir égoutiées, traitez - les comme les oranges deuxième peau à se séparer aisémeni. Lorsque confites. Trois ou quatre opérations suffisent. vous voyez qu'elle se détache, retirez les marrons A la dernière opération on leur fait faire un du feu, en les tenant chaudement, et épluchez bouillon dans le sirop; on verse le tout dans une les avec grand soin. terrine et on n'enlève les écorces que le lende- Lorsqu'ils sont refroidis, faites-les blanchir dans main. On les fait égoutter ; on les saupoudre de un sirop clair jusqu'à ce qu'ils soient aux trois sucre fin, et on les fait sécher à l'éluve ou dans un quarts cuits. Il ne faut pas que le sirop bouille, four doux. mais il doit être assez chaud pour que les mar On traite de même les écorces de citrons, cé- rons puissent y cuire. drats , bergamotes, etc. Lorsqu'ils sont assez avancés, on les retire et on ajoute du sucre au sirop de manière à l'amener Tiges d'angélique. — Faites-les blanchir un au lissé ; on le fait bouillir, et on le verse sur les quart d'heure dans l'eau bouillante. On ne doit mettre les tiges que lorsque l'eau est en pleine marrons qu'on y laisse plongés jusqu'au len- demain. ébullition; retirez-les ensuite à l'eau froide. Faites un sirop clair (parties égales en poids On répète trois fois cette opération. d'eau et de sucre); faites-le bouillir et versez le A la dernière on amène le sirop au boulé, on tout bouillant sur les tiges. Répétez cette opération y jette les marrons tandis qu'il est bouillant; on trois fois en trois jours, en concentrant chaque les y laisse un instant, et ensuite on les enlève avec fois le sirop davanlage, de manière à ce que le une écumoire. On les roule de suite dans du su- troisième jour il soit au grand perlé; laissez tou- cre' en poudre; lorsqu'ils sont refroidis, on les jours les tiges trempées dans le sirop. arrange sur des ardoises ou sur des assiettes , et Le quatrième jour, amenez le sirop au cassé ; on les fait sécher à l'éluve ou dans un four doux. faites-le bouillir, et plongez-y les tiges pendant Si après avoir été séchés les marrons ne sont pas quelques minutes, ou plutôt jusqu'à ce qu'elles assez glacés, on les trempe un instant dans du si- paraissent solides et comme frites; retirez - les rop tiède, concentré au boulé; on les retire, on alors, faites-les égoutter, et faites sécher à l'étuve. les égoutte et on les fait sécher de nouveau. Conserve au chocolat. Prenez six onces Emploi des sirops. Les sirops qui ont de chocolat et deux livres de sucre; faites fondre servi à confire des fruits peuvent être employés à le chocolat dans une quantité de sirop clarifié suf- divers usages. fisante; faites cuire le sirop au petit cassé ; jetez-y Ceux qui ont servi pour les abricots, les pêches, le chocolat, et mêlez bien le tout ensemble. Pous- les prunes, les cerises , peuvent être cmployés à sez la cuite jusqu'au cassé; remuez toujours, et sucrer des ratafias, ou les fruits de même nature aussitôt que le mélange commencera à se bour- qu'on met à l'eau-de-vie. souſtler, versez dans des moules ou dans des caisses Le sirop dans lequel on a fait confire des noix de papier. né peut servir qu'à sucrer le ratafia de brou de noix, ou à faire un ratafia particulier que nous in- Conserve de roses. - Faites cuire deux li- diquons ci-dessus. vres de sucre : lorsqu'il approche du soufflé, ajou- Le sirop qui a servi pour les poires et les mar- tez-y une demi-livre d'eau de roses double; faites rons peut être employé à presque tous les usages recuire le sucre, et procédez comme pour les au- tres conserves. du sirop du sucre simple. Le sirop employé pour confire les citrons, cé Conserve de cédrat. Prenez une livre drats, oranges, etc., est fortement aromatique; de sucre et dix gouttes d'essence de cédrat bien en y ajoutant de l'esprit en suffisante quantité, pure. Pilez dans un mortier de verre, avec un . CON ( 179 ) CON pilon de même matière, une à deux onces de su dans un tamis un peu clair, pour en séparer les cre. Ajoutez les dix gouttes d'essence, et amalga- fibres. mez le tout ensemble par la trituration. Mettez le On procède du reste comme pour le gâteau de sucre aromatisé dans le sirop clarifié et froid. fleurs d'oranger. Faites cuire au degré ordinaire, et terminez comme les autres conserves. Observation. On peut faire des gâteaux aro- On peut faire avec les essences, les conserves matisés, comme des conserves, avec les essences de citron, ou les esprits aromatiques. La différence résulte d'orange, de l'addition du blanc d'æuf battu qui détermine le boursoufflement du sucre cuit. de bergamote, de cannelle, On peut en faire aussi au café, en ajoutant au de gérofle, sirop déjà cuit une forte infusion de café. (Il faut de macis , que le café ait été peu torréfié.) d'anis, etc., etc. Fleurs d'oranger pralinées. ---Prenez une Il est essentiel de mettre le sucre aromatisé dans livre de fleurs d'oranger que vous éplucherez en le sirop froid. L'arôme peut alors se combiner n'en conservant que les pétales. avec le sucre. Si le sirop était bouillant, l'arôme Faites un sirop clarifié avec deux livres de su- se volatiliserait avant d'avoir pénétré dans le sirop.cre, et faites-le cuire au petit perlé; jetez-y la On peut employer aussi les esprits aromati- fleur et remuez avec une spatule jusqu'à ce que ques en les ajoutant au sirop froid ; l'arôme se le sucre revienne au perlé; retirez alors la bas- combinera avec le sucre, et l'alcool s'évaporera | sine du feu, et remuez avec une spatule jusqu'à ce presque seul aussitôt que le sirop aura atteint que le sucre se sépare de la fleur et se réduise en 66 degrés. poudre. On fait sécher le tout à l'étuve, et on Pour colorer les conserves (V. COULEUR). passe au gros tamis pour séparer la fleur qu'on conserve dans des bocaux bien bouchés. Conserves en gâteaux soufflés à la fleur On peut aussi praliner la fleur d'oranger en lui d'oranger. faisant subir quelques bouillons dans un sirop Prenez pétales de fleurs d'oranger. 1/2 livre. cuit au lissé. On la retire, on la met égoutter, et Sucre. 3 livres. ensuite on la roule dans du sucre en poudre. On Fouettez un blanc d'œuf avec un peu de sucre passe au tamis pour séparer le sucre qui n'est pas en poudre, jusqu'à ce qu'il soit en crème. adhérent à la fleur, et on fait sécher celle-ci à Faites cuire le sirop préparé à l'avance jusqu'à l'étuve. ce qu'il soit au lissé ; jetez-y la fieur d'oranger, et faites cuire jusqu'au grand boulé, ou petit cassé. Conserve de nougat (façon de Marseille). - Retirez la bassine du feu et ajoutez une demi- Mondez une livre d'amandes douces, et coupez- cuillerée d'auf ballu. Remuez vivement avec une les en filets, ou au moins en deux, dans le sens spatule autour du poêlon, jusqu'à ce que le sucre de leur longueur ; faites-les sécher sur le feu dans soit monté. Lorsqu'il est tombé, on agite de nou- une bassine jusqu'à ce qu'elles se colorent un peu ; veau jusqu'à ce que le sucre monteune seconde fois. faites fondre à sec, en remuant toujours, douze On verse alors dans des moules ou dans des onces de sucre dans une casserole non étamée et caisses frottées avec de l'huile d'olive et saupou- légèrement beurrée. Quand le sucre est fondu et drées de sucre fin. commence à se colorer, jetez-y les amandes chauf- On colore ordinairement les gâteaux en rose fées ; mêlez-les avec le sucre, et étalez-les en les ou en jaune (V. les procédés par lesquels on ob- relevant sur les bords de la casserole, en en lais- tient ces deux couleurs). sant au fond une couche d'égale épaisseur; laissez refroidir la casserole, et renversez-la dans un Gâteaux soufflés d'angélique. moule. Prenez tiges d'angélique. . 8 onces. Conserve davetines et pistaches prati- Sucre.. 2 livres. nées. On procède comme pour les amandes ; Il faut prendre des tiges d'angélique qui soient il faut toujours poids égal de sucre et de fruit encore tendres ; on les fait blanchir fortement; on (V. AMANDE). les épluche, et on achève de les faire cuire dans le sirop clarifié fait avec les deux livres de sucre. Sucre candi. Clarifiez quatre livres de Quand elles sont bien attendries, on les retire sucre, et faites-le cuire au petit perlé; ôlez-le du et on les pile dans un mortier; on passe la pulpe ſeu, et, après avoir laissé lomber la chalcur, ajou- CON ( 180 ) Соо . } . Eau. . tez-y un quart de verre d'esprit de vin. Versez-le On peut ajouter à la pâte : dans une terrine que vous tiendrez à l'étuve pen- Raisins de Malaga. 4 onces. dant huit jours. Après ce temps, égouttez la ter- Figues sèches. 2 onces. rine et retirez le candi. S'il tenait trop fortement Dattes, . 2 onces. à la terrine, en chauffant celle-ci, vous le feriez tomber fort aisément. Coupez les raisins et les figues; mondez les dattes de leurs noyaux, et faites infuser le tout Conserve dite pâte de guimauve. dans deux litres d'eau bouillante pris sur la dose Gomme arabique blanche. I de chaque ci-dessus. Après quelques heures d'infusion, pas- Sucre très-blanc. 1 livre. sez en exprimant légèrement, et clarifiez avec un Blancs d'@ufs. . 6 blanc d'æuf. Eau de fleurs d'oranger. 4 onces. Servez-vous de celte infusion à laquelle vous 2 livres 1/2. ajouterez le reste de l'eau, pour faire fondre la gomme et ensuite le sucre. On ſait fondre la gomme concassée dans de l'eau chaude non bouillante. On passe à travers un Conserves au vinaigre ou l'huile linge mouillé; on ajoute le sucre, et on fait éva- (V. HORS-D'OEUVRE). porer sans ébullition, en remuant sans cesse jus- CONSOMMÉ (V. BOUILLON). qu'à ce que le liquide soit comme un miel épais. Alors on mêle par parties les blancs d'æufs bien COQ. Ce roi des gallinacées n'est d'aucun usage fouettés dans l'eau de fleurs d'oranger. en cuisine, excepté pour en faire une sorte de con- On retire pour cela le mélange du feu, et on sommé à qui les anciens dispensaires attribuent agite avec vivacité pour bien incorporer les blancs des vertus héroïques, et qu'ils désignent habituel- d'æufs à la matière. lement sous le nom de gelée de coq (V. GELÉES On repose sur le feu, en agitant toujours le DE VIANDES). fond de la masse avec une large spatule de bois, pour éviter qu'elle ne brûle. La totalité des muſs Crétes et rognons de coq (V. ABATTIS, GAR- bien mêlés, on diminue le feu, on continue l'éva- NITURES et PATÉS CHAUDS). poration jusqu'à ce que la matière étant frappée avec la main, n'y adhère pas. Coy-vierge. - Grand poulet de l'espèce cau- On verse sur une table ou sur un marbre sau - choise : poudré d'amidon en poudre; on étend la pâte « Ce bel adolescent n'est pas encore adulte. » avec un rouleau, et on la conserve dans des boites, enveloppée de papier et saupoudrée d'a- Les plus renommés après ceux de Caudebec midon, pour empêcher qu'elle ne s'attache à l'en- sont les coqs vierges de Barbezieux : on les mange veloppe. cuits à la broche et bien farcis de truſles; mais Il faut choisir le plus beau sucre et la gomme la pour manifester sa considération pour eux, on ne plus blanche pour faire la pâte de guimauve. les sert jamais qu'au second service en compagnie des fins entremels et des rôtis de gibier les plus il- Conserve appelée påte de jujubes. lustres. « Il y a des hommes, a dit M. Brillat de Sucre. 2 livres 1/2. » Savarin, et des hommes dont l'avis peut faire Gomme arabique. 1 livre 1/2. » doctrine, qui m'ont affirmé que la chair du coq- Eau. 3 litres 1/2. >> vierge est, sinon plus tendre, du moins certai- » nement plus savoureuse que celle du chapon. J'ai Failes fondre la gomme dans l'eau chaude sans » trop d'affaires en ce bas-monde pour suivre cette être bouillante; passez à travers un linge mouillé. expérience que je délègue à mes successeurs; Ajoutez le sucre, et évaporez lentement le tout » mais je crois qu'on peut d'avance se ranger à cet jusqu'à consistance d'un miel épais. Remucz con- tinuellement avec une spatule pendant l'évapo-chairs un élément de sapidité qui manque à la » avis, parce qu'il y a dans la première de ces ration, » seconde. » Versez sur une plaque pour continuer l'évapo- ration à l'éluve. Quand on emploie de beau sucre Grand-coq-des-bois. – Gibier fort estimé, et de la gomme bien blanche, la pâte est transpa- mais assez rare. Il est de la grosseur d'un coq- rente et sans couleur. d'Inde, et ses jambes sont couvertes de plumes Cette pâte serait plus convenablement nommée jusqu'à la naissance des ergots. On le pique de pâte de gomme, depuis qu'on a retranché les ju- fins lardons, non-seulement sur la poitrine, mais jubes, qui n'ajoutaicut rien à ses propriétés. encore sur les cuisses. On a soin de lui laisser les . . » COR ( 181 ) COU pattes qu'on entortille avec des linges mouillés, que ceux sur lesquels on verse à plusieurs repri- avant de le faire cuire à la broche. Il est d'usage, ses du vinaigre bouillant. on ne sait pourquoi, de le dresser sur une ser Les jeunes épis de maïs doivent se mettre à viette, et c'est toujours un plat de rôt très-dis-froid dans le vinaigre après les avoir fait macérer tingué. pendant quelque temps avec du sel fin. Si les épis sont un peu plus avancés, on les blanchit, on les Cog de bruyère. -Superbe gibier qui nous fait ressuyer, et on les macère avec du sel, avant vient principalement des Ardennes, des Vosges et Les est encore plus estimée que le mâle. On les mange arrache, n'ont besoin que d'être dépouillés de rôtis et piqués; mais quant à leurs poulteaux, leurs peaux ; mais, lorsqu'ils sont arrachés depuis qui sont de la grosseur d'un faisan, nous dirons quelque temps, il est bon de les faire blanchir. que si la bonne fortune s'en mêle et qu'on ait eu Les boutons à fleurs et les graines de capucine le bonheur de s'en procurer à cent francs le cou- se mettent dans le vinaigre à mesure qu'on les ré, ple, il faut les harder avec de la tétine au lieu de colte. les piquer avec du lard. On n'a pas besoin d'ajou- On confit également au vinaigre des tiges d'es- ter que c'est un comestible dispendieux et de la tragon, des bouquets de casse-pierre, des haricots plus haute recherche. verts, des rouelles de betteraves, des groseilles à COQUATRE, jeune poulet måle qui n'a été maquereau, des grains de cassis, des bigarreaux et des mirabelles ; mais il faut cueillir ces fruits chaponné qu'à moitié (V. COQ-VIERGE). avant que leur maturité soit complète, et on doit les piquer avec une aiguille pour faciliter la péné- COQUILLE. On appelle ainsi des ragoûts de tration du vinaigre. chairs de poissons ou de viandes blanches émin- cées qu'on assaisonne à la poulette, dont on rem COTELETTES (V. AGNEAU, CAEVREUIL, plit des coquilles de ricardes, ou des vases d'argent MOUTON, PORC FRAIS, SANGLIER, VEAU). en forme de coquilles, et qu'on fait gratiner sur et sous le four de campagne. On fait des coquilles COUCOUDECELLE. On appelle ainsi une aux huîtres, aux moules, aux crevettes, au turbot, petite citrouille verte, qui n'est guère plus grosse à la béchameil de morue, à la blanquette de sau- qu'un euf de poule. Le Cuisinier gascon nous mon , aux cervelles de lapins, aux riz d'agneau, dit que dans les provinces méridionales où l'on aux champignons, aux tomates, etc. (V. RICARDE). cultive cette légumineuse, on lui donne les mêmes apprêts qu'à l'aubergine, à l'oronge et au grand CORIANDRE, plante ombellifère à semence ceps. aromatique (V. AROMATES INDIGÉNES). On doit penser que les coucoudecelles sont le même légume que les cuisiniers italiens appellent CORNICHON, jeune concombre ou plutôt Zuchetti (V. POTIRON). concombre-nain. COXGLOF ou COUGLOFT A L'ALLEMANDE Cornichons et autres végétaux confits au (pour lequel on ne saurait mieux faire que vinaigre. – On choisit des cornichons petits et de suivre la présente formule, recueillie par bien verts; on leur coupe la queue et on les brosse M. Carême). Mettez dans une grande ter- un à un; on les met dans un linge blancs; on les rine vernissée une livre et demie de beurre fin saupoudre avec du sel fin, et on les secoue pen que vous avez fait tiédir; puis avec une grande dant quelque temps pour multiplier les points de cuillère de bois (neuve ainsi que la terrine), contact; ensuite on suspend le linge qui les con vous mêlez ce beurre pendant six bonnes mi- tient pendant douze ou quinze heures. Les corni- nutes, afin qu'il devienne velouté et d'un moel- chons perdent ainsi la moitié de leur eau de végé- leux parfait; vous y joignez ensuite deux cufs, tation et sont mieux disposés à absorber le vinai- puis vous remuez ce mélange pendant deux bon- gre. On range les cornichons dans un vase, en y nes minutes; ajoutez trois jaunes d’æufs, et remuez ajoutant de l'estragon, du piment, quelques ognons encore deux minutes. Vous suivez ce procédé, en blancs, du laurier et de l'ail; on verse sur le tout, mettant successivement dix autres æufs et neuf et à froid, de bon vinaigre blanc; si le vinaigre ne ne jaunes; ce mélange de beurre et d'aufs doit vous parait pas assez fort, on y ajoute un douzième ou donner une crème extrêmement douce au toucher. un quinzième d'eau-de-vie , qui ne tarde pas à se Alors vous y mêlez peu à peu deux livres de belle convertir en vinaigre très-énergique. Ces corni- farine tamisée, ce qui commence à donner une chons sont très-verts, et beaucoup plus fermes i pâte mollette ; vous y joignez douze gros de bonne Elle c COU ( 182 ) COU levure, dissoute dans un verre de lait chaud. Vous lucide qu'on appelle le blanc, et qui s'appligne passerez ce liquide dans le coin d'une serviette (on aux sucres cristallisés. emploiera les mêmes procédés pour passer la le- vure liquide avant de la joindre dans les détrem Bleu. On obtient cette couleur en frottant pes, où son addition est nécessaire); remuez bien un morceau d'indigo sur une assiette avec un peu ce liquide à la pâte , en y mettant huit onces de d'eau ; la nuance en est plus ou moins foncée, sui- farine passée; puis faites un creux dans la pâte, vant la quantité de bleu qu'on mêle au liquide dans laquelle vous mettez une once de sel fin et avec lequel on le dissout. quatre onces de sucre en poudre; ensuite vous versez dessus un verre de lait chaud, et le mêlez Jaune. On délaie un peu de gomme-guite à la masse entière en y joignant encore buit onces dans une petite quantité d'eau. On peut également de farine. obtenir cette couleur, en y faisant infuser du sa- Cette pâte se travaille encore quelques minutes fran, ou bien en détrempant dans de l'eau de fon- en y versant de temps en temps un peu de lait laine, avec un peu de fleur d'orange, des étami- chaud, afin de la rendre de la consistance mollette nes de lis, séchées au soleil et pulvérisées. du gâteau de Compiègne. L'addition du lait donne Vert. Pour obtenir la couleur verle, on plus de corps, et la rend plus lisse qu'elle ne l'é- prend des feuilles d'épinards , de poirée verte, ou tait d'abord. de blé vert, que l'on épluche et qu'on pile dans Il est aisé, ce me semble, de voir que la manière un mortier. On en exprime le jus qu'on met sur de travailler cette détrempe contribue seule au le feu; on le fait lourner, on le passe au tamis de moelleux de ce délicieux gâteau. soie ; et puis on le broie avec un peu de sucre pul- Ensuite vous avez tout prêt un moule de la vérisé pour s'en servir au besoin. même grandeur, et beurré de même que pour le gâteau de Compiègne; mais avec cette différence Rouge. - Faites bouillir dans un demi-setier que, dans celui-ci, vous placez avec symétrie des d’eau une once de cochenille ou d'orcanette, au- amandes douces séparées en deux parties ; puis tant de crème de tartre, et deux gros d’alun, le vous y versez la pâte par petite partie, afin de ne tout bien pulvérisé; laissez refroidir et déposer; pas déranger les amandes pour la fermentation et prenez le dépôt et mettez-le en fiole. la cuisson. C'est absolument la même manière de Si vous voulez avoir un pourpre procéder que pour la brioche royale ou gâteau de clair, détrempez dans un peu d'eau la poudre qui Compiègne (V. BRIOCHES). se trouve au milieu de la fleur de carotte sauvage, Nous sommes redevables de cette intéressante que vous aurez fait sécher au soleil. Si vous vou- recette (dit toujours M. Carême) à M. Eugène- lez un pourpre foncé, employez le jus ou les ta- Wolf, chef de cuisine du prince de Schwartzem-blettes de bois de sureau , que vous délaierez dans bergh, et je remercie bien sincèrement cet estima- une petite quantité d'eau distillée. ble et savant praticien de ce qu'il a bien voulu me rendre ce service important, puisqu'aujourd'hui je Violet. Servez-vous de cochenille mêlée puis en enrichir notre grande pâtisserie nationale. avec du bleu de Prusse par quantités égales ; vous Monsieur Eugène Wolf m'a assuré que les Vien- traiterez le mélange comme la cochenille pour le noises ont un talent tout particulier pour bien faire rouge, ou bien employez les tablettes de tour- ce gâteau. Elles ont la sage précaution de se met nesol. tre dans un lieu chaud pour le travailler; puis Observation. La couleur verte est toujours elles font tiédir les aufs, le beurre, la farine et composée du jaune et du bleu (couleurs primi- même la terrine; ce qui fait le plus grand hon- tives); plus le jaune y domine, plus la nuance verte neur aux femmes de Vienne. en est claire, COULEURS ou COLORATION CULINAIRE. Le violet, autre couleur composée, se forme du Dans certaines opéralions de cuisine et sur- rouge et du bleu; plus on y met de matière dou- tout dans les préparations du ressort de l'office, bte, et plus la teinte en est sombre. on a recours à plusieurs colorations artificiel- les qui produisent le bleu, le jaune-vif et l'o- La nuance orangée se produit par l'alliance du range, le vert de trois nuances depuis le vert-pré jaune avec le rouge; ainsi , d'après ces iudica- jusqu'au vert de mer, le rouge avec toutes ses tions primordiales, on pourra produire aisément nuances à partir du rose-påle jusqu'au cramoisi; toutes les nuances intermédiaires entre les mêmes ensuite le violet pourpre et le lilas; enfin le trans couleurs, de Pourpre . COU ( 183 ) CRA COULIS, préparation qu'on tient en réserve COURT-BOUILLON. Mouillement qu'on dans les cuisines, afin d'en user pour achever cer- destine à cuire certains poissons dans de l'eau, du tains ragoûts dont le mouillement doit être lié. vin blanc,quelquefois du vinaigre, et avec du beurre, Mettez dans un poêlon du lard coupé en petits du sel, des racines, des épices, du laurier et des morceaux et de la rouelle de veau en proportion de fines herbes. On sert le poisson, quand il est cuit ce que vous voulez avoir de coulis; il en faut une ainsi, sur une serviette, et on le mange à la sauce livre pour chaque demi-setier; mettez-y deux ou à l'huile et au vinaigre. Si le poisson est prompt à trois carottes; placez le tout sur un feu doux, cuire, on ne le met qu'après avoir fait bouillir quel- pour que la viande ait le temps de jeter son jus : que temps le court-bouillon, afin qu'il ait plus de faites ensuite aller à plus grand feu, jusqu'à ce que goût. On fait un court-bouillon blanc pour les la viande soit prête à s'attacher ; alors on la fait de poissons plats. Ce n'est autre chose qu'une espèce nouveau aller à petit feu, alin qu'elle s'attache de saumure faite avec de l'eau, du sel et du lait, doucement; on retire ensuite la viande et les lé-On la fait bouillir, et on la passe après l'avoir laissé gumes sur une assiette, et on met dans la casse- reposer. On y met ensuite les deux tiers de lait, et role un morceau de beurre et de la farine, suivant on y fait mijoter le poisson sans l'y laisser bouillir. encore la quantité qu'on veut tirer de coulis (plein Les courts-bouillons dits au bleu consistent à em- une cuillère à bouche par demi-setier) ; on tourne ployer du vin bouillant dans lequel on commence sur le feu jusqu'à ce que le roux soit beau; ensuite par immerser les poissons, afin qu'ils y prennent on mouille avec du bouillon chaud ; on remet de- une couleur bleuâtre. La watter-fich pourrait être dans la viande, pour la faire cuire encore deux comprise dans la catégorie des courts-bouillons; heures à très-petit feu ; on dégraisse souvent le nous avons déjà dit que c'est une décoction de ra- coulis. Quand il sera fini, passez-le à l'élamine cines de persil très-forte et très-concentrée, pour vous en servir au besoin. Votre coulis sera et s'il offre une belle couleur cannelle. Vous pouvez dont la pelure est rouge et dont la consistance est faire un coulis avec toutes sortes de viande, mais il à peu près celle de la pomme de reinette, mais faut toujours y mettre du veau. dont la saveur n'a pas le même agrément acidule et parfumé. COUKES D’ALOST (gâteaux flamands). Mettez dans une casserole seize jaunes d'eufs, CRABES. Cette famille de crustacés renferme les zestes de deux citrons, une demi-once de sel et un grand nombre de variétés : savoir, le gros deux onces de sucre; faites bouillir une pinte de crabe, le crapelu, le poing clos, l'espaguot, le pou- crème que vous verserez bouillante sur vos jaunes pard et le crabillon de roche. d'oufs, en remuant avec force; faites prendre cet Les petits crabes, dont on peut manger la chair appareil sur le feu, sans le laisser bouillir; pas et les ceufs, pourvu qu'on prenne la peine de les sez-le à l'étamine, et laissez-le refroidir; faites un éplucher, ne sont d'aucun usage en cuisine, à moins levain avec un quart de litron de farine, avec une pourtant qu'on ne les pile et qu'on n'en fasse des demi-once de levure de bière et un peu d'eau purées pour masquer des turbotins, des æufs po- tiède ; détrempez votre levain un peu mou; met- chés, etc. On en fait encore des bisques norman- tez-le revenir dans un endroit chaud ; détrempez des, autrement dites potages aux poupards (V. le restant de votre farine avec votre appareil et un BISQUE). quarteron de beurre; fraisez votre pâte à cinq ou Le gros crabe de Bretagne et le crapclu de la six fois; mettez votre pâte à levain et fraisez-la en Manche sont les seuls qui, dans leur entier, core deux fois; relevez cette pâte dans un linge fa- puissent figurer convenablement sur une bonne riné; attachez-le fortement et laissez revenir tou- table. On les fait cuire à l'eau de sel, ainsi que te la pâte dans un endroit chaud; il faut environ les homards et les crevettes, avec du beurre frais, quatre heures pour que votre pâte revienne par- du persil et un bouquet de poireaux. Il faut les lais- faitement; alors, après avoir coupé vos coukes, ser refroidir dans leur brouet, et puis on en dé- grosses comme des @ufs, vous leur donnez, en les tache proprement et l'on en fait tomber toutes les moulant, telle forme que vous désirez; vous les chairs blanches, avec les dents de deux fourchettes laissez revenir encore une demi-heure sur un pla-croisées. On enlève ensuite, avec une cuillère, la fond, et puis vous les mettez au four après les crème de laitance qui se trouve au dedans de la avoir dorées ; quand elles sont cuites, vous les coquille, on la mélange avec les chairs épluchées fendez sur le côté, vous en retirez un peu de en y joignant du cresson alénois, un peu de gros mie, et vous mettez en place du beurre manié poivre, un peu d'huile-vierge et très-peu de verjus, de sel fin, car il ne faut pas forcer l'assaisonnement, de peur CRE ( 184 ) CRÈ . de couvrir la délicale et fine saveur de ce comes- tible. Comme on a eu soin d'ouvrir l'animal et d’en Crèmes erues à la ménagère. lever son tourteau par le ventre, afin d'en mé- nager la grande coquille, on la renverse à dos sur Crème en mousse à la vanille. Faites un plat et on la remplit de cette farce. On met pour bouillir pendant quelques instants le tiers d'une garniture autour du plat les deux grosses pattes du gousse de vanille avec un peu de lait. Passez au ta- crabe appelées mordants, qu'on a concassées et mis sur la crème à fouetter. qu’on établit commc le reste sur une épaissc litière de cresson polager ou alénois. Crème en mousse au café. Prenez du Il en résulte un plat de rôt fort élégant, et par-café peu brûlé et faites-en une forte infusion dans ticulièrement en carême. une cafetière à la Dubelloi. Ajoutez-en une ou deux cuillerées, suivant la force de l'infusion, à la quan- CRAPAUDINE, sorte de préparation qui tité de crème prescrite ci-dessus. Il y faut mettre s'applique le plus convenablement à des pigeons, six onces de sucre. des perdreaux, des tourterelles sauvages et des ra- miers, ce qui consiste à les ouvrir par le dos, les Crème en mousse aux liqueurs. Mettez aplatir et les faire cuire sur le gril (1'. PICEON). dans la crème six onces de sucre; augmentez aussi la quantité de gomme arabique. Ajoutez deux pe- CRAPAUD-VOLANT, mauvaise appella-tits verres de liqueur fine à votre choix. tion villageoise à l'égard d'un oiseau forestier qui devient tous les jours de plus en plus rare, et dont Crème en mousse au chocolat. - Triturez la chair exquise a toujours été considérée comme dans un mortier deux onces de chocolat fin à la supérieure à celle de la gelinotte des bois, et même vanille. Quand il sera bien en pâte, ajoutez-y la à celle du råle (V. ENGOULVENT). crème déja sucrée, et dans laquelle vous aurez mis CRÈME. La substance qui s'élève par le repos un peu plus de gomme qu'à l'ordinaire. Délayez le tout et fouettez fortement. à la surface du lait est un composé de sérum, d'un peu de matière caséeuse ou de fromage, et d'une Crème en mousse aux fruits. Prenez un plus grande quantité de beurre à l'état d'émulsion. demi-litre de crème bien fraiche; ajoutez-y six on- Celle qu'on appelle double ne se distingue de la simple que parce qu'elle est plus épaisse et qu'elle de gomme arabique en poudre et un moyen verre ces de sucre en poudre, une petite cuillerée à café se trouve au-dessus de l'autre. Il faut employer la de pulpe de fraises passée au tamis. crème du matin au soir ou du soir au matin; car Fouettez bien le tout; enlevez la mousse à me- elle est sujette à tourner quand elle est plus vieille. On désigne aussi sous le nom de crème diverses sure qu'elle se forme, et dressez-la en rocher. préparations dont le lait est la base et qui se font On peut faire de cette manière des crèmes de par cuisson ; la crème naturelle s'apprête de di- framboises, de pêches, d'abricots, de mirabelles, verses manières, et toujours à froid. d'amandes, etc. Cet article sera donc divisé en deux paragraphes, dont l'un comprendra les crèmes à froid, et l'au- Crèmes crues à la Royale. tre les crèmes cuites. Crème fouettée à la paysanne. Prenez Crème fouettée au marasquin. Mettez une demi-pinte de crème levée sur. du lait de la dans une terrine de grès deux pintes de bonne veille, ou une pinte de bon lait que vous ferez ré-crème double nouvelle, que vous aurez mise deux duire à moitié; mettez-y un quarteron de sucre et heures d'avance dans de la glace pilée ; vous y mè- une bonne pincée de gomme arabique en poudre lez une bonne pincée de gomme-adraganı en pou- et dissoute dans de l'eau de fleurs d'orange. dre; fouettez le mélange avec un fouet à biscuit Fouettez avec une poignée d'osier jusqu'à ce pendant un bon quart d'heure; après quoi, la crème que la crème soit réduite en mousse. doit se trouver légère et très-ferme. On ne doit fouetter la crème que peu de temps Lorsqu'elle est parfaitement égouttée, vous la avant de servir, parce qu'elle ne tarde pas à tom mettez dans une terrine propre, avec six onces de ber, surtout lorsqu'il fait chaud. On peut la con sucre en poudre. Le tout bien mêlé, et au moment server plus long-temps en mettant le vase qui la de servir, vous y joignez le tiers d'un verre de bon contient sur de la glace pilée, à laquelle on ajoute marasquin; vous servez la crème dans une croûte du sel. On recouvre avec un plat sur lequel on met de courte d'entremets ou de vol-au-vent glacé ; aussi de la glace. (metlez une sultane dessus) ou dans des abaisses de - CRĖ ( 188 ) CRE pâtes d'amandes, ou simplement dans une casse- | que ces jaunes éprouvent le degré de chaleur qui role d'argent. opère leur cuisson, sa.ns détruire entièrement leur On procédera de même que ci-dessus pour la liquidité, et c'est ainsi qu'ils sont dans les eufs crème fouettée au rhum, en y joignant le tiers d'un mollets. Si ce terme est dépassé, les molécules de verre de bon rhum. jaune éparses dans la crème se concrètent et se Crème fouettée aux quatre zestes. - Rå- séparent. La crème devient grumeleuse : elle est pez sur un morceau de sucre de six onces le quart ce qu'on appelle tournée. Si on fait la crème à du zeste d’une orange, le quart de celui d'un cé- celui-ci soit très-doux, tourner feu nu, il faut que drat, la moitié du zeste d’un citron, et le quart d'une sans cesse avec une cuillère, et se hâter de retirer bigarade. Ensuite vous écrasez le sucre et l'amal- le plat dans lequel on opère, aussitôt que la crème gamez à la crème fouettée. approche du degré de consistance qu'elle doit ac- quérir; car la chaleur dont le plat est imprégné Crème fouettée à la fleur d'orange prali- la recuirait encore. Il y a toujours plus de sûreté née. - Après avoir pulvérisé quatre gros de fleur à opérer au bain-marie, parce que celui-ci ne doit d'orange pralinée, vous la mêlez avec six onces de pas bouillir. sucre fin sur la crème, que vous aurez fouettée Quand on ajoute des œufs entiers à une crème, comme il est décrit, et puis vous la servez. le blanc de ces @ufs en se coagulant lui donne une Vous pouvez encore assaisonner cette crème avec consistance solide ; la crème se rapproche alors de deux cuillerées d'eau double de fleur d'orange. ce qu'on appelle aufs au lait. La consistance ob- Crème mousseuse au caramel. Failes tenue est d'autant plus forte que le nombre des cuire au caramel six onces de sucre. Lorsqu'il est @ufs entiers est plus grand; mais il y a un degré coloré d'un jaune rougeâtre, faites-le dissoudre de consistance qui ne peut être dépassé sans que en y versant un. demi-verre d'eau bouillante, et la crème perde de sa délicatesse. laissez-le fondre sur des cendres rouges; après Toutes les fois qu'on ajoute des eufs entiers à quoi, faites-le réduire, afin de rendre le sirop un une crème, elle doit être cuite au bain-marie, ou peu épais. Laissez-le refroidir, et amalgamez-le à dans un four doux; elle est cuite suffisamment la crème qu'il colorera d'un beau jaune. aussitôt qu'elle a pris une consistance égale. On On peut ajouter au caramel, au moment où il peut accélérer la prise ou l'achever, en couvrant atteint sa couleur à point, une petite cuillerée d'a- le plat avec un four de campagne. nis étoilé, ou bien de la fleur d'orange pralinée, On peut glacer les crèmes ordinaires en les ou une douzaine de macarons amers ou aux ave- saupoudrant avec du sucre sur lequel on passe lines écrasées. Sur ces dernières, on semerait quel- une pelle rouge, et nous n'avons pas besoin d'aver- tir ques macarons concassés. que les crèmes cuites se servent toujours à l'en- tremets. Mousse printanière. — Délayez dans un bol deux cuillerées d'essence de vert d'épinards passé Crème cuite à la bourgeoise. - Mettez dans par le tamis de soie. Délayez-le peu à peu, en y une pinte de bon lait une chopine de crème frai- joignant un demi – verre de ratafia d'angélique; che, avec six jaunes d'auſs et six onces de sucre; versez ce mélange dans la crème avec six onces ajoutez l'aromate qui vous conviendra le mieux. Mê- de sucre en poudre, ce qui va donner une crème lez bien le tout; mettez sur un feu doux, ou, ce qui d'un vert léger et d'une saveur charmante. est préférable, au bain-marie; conduisez le feu très-doucement, même pour le bain-marie qui doit Crème fouettée aux pistaches. Votre crème étant fouettée selon la règle, vous y mêlez à peine bouillir ; remuez sans cesse avec une cuil- lère : lorsque la crème est faite, retirez-la pour la six onces de sucre en poudre et deux cuillerées laisser refroidir. d'eau de roses, double. Vous dressez votre crème en pyramide, et placez dessus avec symétrie des On fait la crème dans le vase où elle doit être servie. pistaches ( quatre onces émondées ), que vous Avant d'ajouter les cufs, on fait bouillir la aurez coupées dans leur longueur; vous les piquez légèrement dans la crème, afin qu'elles crème ou le lait avec le sucre, et l'on attend qu'elle soient très-visibles, et parce qu'elles doivent for- soit refroidie pour y mélanger les cufs. mer le hérisson. Crème à la religieuse. — Ayez de la farine Crèmes cuites. bien sèche et bien blanche ; meltez-en la valeur d'une cuillerée dans une casserole; ajoutez une Les préparations dont il s'agit doivent leur con demi-livre de sucre pulvérisé et un peu de sel, un sistance aux jaunes d'oeufs qu'on y ajoute. Il suffit peu d'infusion d'orange, de vanille, etc., suivant CRÈ ( 186 ) CRÈ - - volre goût; mettez ensuite une chopine de lait ou en conservant la forme du moule dans lequel elle de crème bouillante, et faites prendre votre crème a été cuite. Quelques blancs d'aufs suffisent pour au feu ; vous la verserez dans un plat creux, dès lui donner la solidité nécessaire. qu'elle commencera à bouillir: : quand elle sera Voici la manière de procéder : froide, vous lui ferez une borclure avec l'appareil On mesure la crème dans le moule dont on doit suivant : vous mêlerez avec la même substance faire usage, et on a soin d'en mettre un peu plus que vous aurez employée pour parfumer la crème qu'il ne peut en contenir : on la fait bouillir avec un peu de sucre et quatre jaunes d'æufs durs ; vous le sucre pendant quelques minutes, et on la laisse passerez au tamis de crin, et vous en ferez une refroidir. mousse que vous disposerez en bordure avant de Si le moule tient une pinte, on met douze jau- servir. nes d'æufs et trois æufs entiers. On mélange bien Crème aux pistaches. Prenez une pinte le tout; on passe à l'étamine et on ajoute en même de crème ou de bon lait; faites bouillir avec six temps l'aromate, s'il est liquide ; dans le cas con- traire, on a dû le faire bouillir avec la crème. onces de sucre; pilez bien fin un quarteron de Beurrez légèrement le moule et remplissez-le pistaches mondées, et ajoutez-les à la crème bouil- lante : faites faire un bouillon et laissez refroidir; avec la crème. Plongez-le dans un bain-marie qui doit être à peine bouillant. Couvrez le moule d'un ajoutez un euf entier et quatre jaunes; mêlez bien le tout; faites cuire au bain-marie, et procédez couvercle avec des charbons allumés par-dessus. comme ci-dessus. Lorsque la crème est bien prise, renversez-la sur un plat d'entremets. Crème cuite au chocolat. Prenez une Mettez sur le feu ce qui reste de crème. Tour- pinte de lait, une chopine de crème, trois jaunes nez-la comme une sauce blanche; dès qu'elle s'at- d'æufs, deux onces de chocolat et cinq onces de tache à la cuillère, retirez-la du feu, tournez-la un sucre : mêlez ensemble le lait, la crème et le su- instant, puis versez-la autour de la crème ren- cre; faites bouillir jusqu'à réduction d'un quart; versée. laissez refroidir ; ajoutez les cufs et le chocolat pilé très-fin. Mêlez bien le tout, et faites cuire au bain Crèmes en petits pots. Toutes les crèmes marie, ou sur les cendres chaudes. cuites peuvent se mettre en petits pots. Les prépa- rations sont toujours les mêmes, on y ajoute seu- Crème cuite au café. - Procédez comme lement un ou deux et quelquefois trois eufs en- ci-dessus, en substituant au chocolat une forte in- tiers. On fait prendre la crème au bain-marie, ce fusion de café : une demi-tasse doit suffire. Il faut qui va sans le dire. que le café ne soit pas trop brûlé. Crème à l'italienne. — Mêlez bien ensemble Crèmes dites Pâtissières. un demi-litre de crème, quatre jaunes d'æufs et deux blancs, trois onces de sucre en poudre, une cuillerée de caramel ; fouettez le tout ensemble ; Crème à la frangipane. - Délayez dans un quand la crème est bien en neige, dressez-la sur litre de lait deux cuillerées de fécule de pommes le compotier et saupoudrez-la avec du sucre en de terre, six jaunes d'œufs, du citron vert râpé, de poudre: mettez le compotier sur des cendres chau- la fleur d'orange pralinée en poudre, un quarte- des. Couvrez avec le four de campagne médiocre- ron de sucre. Faites cuire sur des cendres chau- ment chaud, jusqu'à ce que la crème soit prise. des, ou au bain-marie, en tournant toujours. C'est avec cette crème, qu'on peut aromatiser Crème bachique. Versez dans une casse comme on veut, qu'on fait les tartes à la frangi- role une chopine de vin de Champagne rosé, du su- pane, ainsi que les darioles et tartelettes. cre, de l'écorce de citron, ou de la cannelle; faites bouillir. Cassez quinze ou dix-huit @ufs dont vous Crème-pâtissière à la moelle. -Ayez six onces de moelle de bæuf; séparez-en le tiers en prenez les jaunes, ct les tournez avec une cuillère, jusqu'à ce qu'ils soient bien liés ensemble. Liez- ôtant le cæur de la moelle; hachez le tout séparé- les aussi avec le vin que vous y versez peu à peu, ment. Mettez la plus grosse partie dans une petite et continuez de tourner et lier au-dessus du feu casserole, et faites-la fondre sur un feu modéré. sans laisser bouillir. Passez à passoire, et versez Quand cette moelle est parfaitement dissoute, vous la dans le vase où vous comptez servir. passez à la serviette, et la remetlez sur le feu pour lui donner une petite couleur à peine sensi- Crème renversée. On nomme ainsi une ble, et la versez dans la crème, en y joignant le crème assez solide pour se tenir sur une assiette, reste de la moelle hachée. CRÈ ( 187 ) CRÉ Vous aurez préparé la crème selon l'une des re- | de la remuer : vous aurez préparé de l'eau cettes indiquées précédemment, mais vous aurez chaude; faites-les prendre au bain-marie, sans soin de la sucrer un peu davantage. que l'eau bouille; couvrez la casserole d'un cou- vercle, avec un peu de feu dessus : sitôt que vous Crème-pâtissière aux pistaches.— Émon- vous apercevez que votre crème prend, retirez vos dez quatre onces de pistaches ; et après les avoir pots de l'eau chaude, et mettez-les dans de l'eau lavées, vous les pilez avec une once de cédrat con- fraîche, sans les couvrir. fit et dix amandes amères. Le tout parfaitement broyé, vous y mêlez deux cuillerées d'essence de Crème à la fleur d'orange aux aufs de vert d'épinards passé au tamis de soie. Ensuite faisan. - Faites réduire trois demi-setiers de vous ajoutez six onces de sucre fin, quatre de ma- crème ; ajoutez-y une pincée de fleur d'orange carons aux avelines ou autres, et la crème que pralinée et du sucre en suffisante quantité ; goû- vous aurez préparée selon la recette de la pre- tez-la ; passez-la à l'étamine avec du gésier ; ajou- mière crème de ce chapitre. Broyez parfaitement tez-y trois ou quatre jaunes d'eufs de faisan, et le tout, ce qui doit vous donner une crème d'une procédez, pour la finir, comme à la précédente. saveur agréable, et colorée d'un beau vert pista Vous pouvez, au lieu de fleur d'orange, mettre che, si vous croyez nécessaire d'y joindre un peu de la vanille, en faisant bouillir cette vanille avec d'essence d'épinards; mais vous en mettez peu à la crème, etc. la fois, car il est important que celle crème soit d'un vert très-tendre. Crème vierge. Prenez deux onces d'aman- des douces, une ou deux amères; émondez et pilez Crème-pâtissière au raisin de Corinthe. ces amandes en les humectant avec de l'eau; - Après avoir épluché quatre onces de beau rai failes réduire à deux tiers trois demi-setiers de sin de Corinthe, vous le lavez parfaitement à plu- crème; mettez dans une étamine vos amandes pi- sieurs eaux tièdes, et l'égouttez sur une serviette; lées; versez dessus votre crème ; passez-la deux ensuite vous le faites mijoter quelques minutes fois; supprimez-en les amandes ; suctez, passez, avec deux onces de sucre clarifié. Vous verscz et procédez, pour la finir, comme il est dit précé- peu à peu trois verres de crème presque bouillante demment. sur six jaunes d'æufs délayés avec deux cuillerées de farine passée au tamis. Placez le tout sur un Crème aux pistaches à la Duchesse. feu modéré, et cuisez la crème comme de coutu Pilez un quarteron de pistaches émondées avec me; après quoi mêlez-y quatre onces de beurre une once de cédrat confit et huit amandes amères. fin, quatre de macarons doux et amers, deux de Lorsqu'elles sont broyées, vous les jetez dans six sucre en poudre, un grain de sel et le raisin. Le verres de lait presque bouillant; couvrez l'infu- tout bien amalgamé, vous l'employez. sion, et passez-la à tiède par la serviette, avec On procède de la même manière pour la crème- pression. Délayez dans une terrine dix onces de pâtissière au raisin muscat ; mais vous avez soin sucre en poudre, avec une cuillerée d'essence de de séparer chaque grain en deux, et d'en ôter les vert d'épinards passés au tamis de soie, puis un pepins. @uf, dix jaunes et un grain de sel. Ajoutez peu à peu l'infusion à ce mélange, remuez bien, passez Crèmes à la Royale. le tout à l'étamine, et continuez le reste du procédé selon la règle. C'est pour cette crème, par exemple, qu'on doit Crème à la Reine au café blanc.-Prenez avoir l'attention de conserver deux grandes cuil- trois demi-setiers de crème; ajoutez-y le zeste lerées de la crème qu'on lie avec soin, afin qu'elle d'un citron et un quarteron de sucre; faites brû- conserve sa couleur pistache; et, lorsque la crème ler dans une poêle deux onces de café : lorsqu'il est démoulée, vous la masquez de la crème liée; si sera torréfié d'une belle couleur, jetez-le dans votre vous ne la trouvez pas assez colorée après l'avoir crème bouillante; couvrez de suite votre casserole liée sur le feu, vous y joindrez un peu de vert d’é- avec un couvercle ; laisscz infuser une demi-heure pinards. votre café dans celle crème ; retirez-en le café; mettez dans une étamine trois dedans de gésiers Crème au parfait amour. Vous frottez de volaille bien lavés, séchés et presque en pou sur un morceau de sucre du poids de dix onces le dre : à demi refroidie, passez cette crème trois zeste d’un citron bien sain et le zeste d'un cédrat; fois à travers une étamine, en bourrant un peu le mais ayez soin de ràper légèrement la superficie gésier avec une cuillère de bois : cela fait, rem des fruits, afin que l'arôme n'ait point d'amer- plissez promptement vos pots à crème, ayant soin tume, CRÈ ( 188 ) CRÈ 1 1 servez. Jetez ce sucre dans six verres de lait tout bouil Crème frite. — Ayez un demi-setier de lait; lant avec dix clous de gérofle concassés ; couvrez faites-le bouillir avec un zeste de citron; délayez l'infusion, et quand elle n'est plus que tiède, deux cufs, blancs et jaunes, avec de la farine au- mêlez-la par partie dans dix jaunes que vous au tant qu'ils en pourront boire; relâchez cet appa- rez délayés avec un auf entier et un grain de sel. reil avec quatre cufs, blancs et jaunes ; mouillez- Passez le tout à l’étamine, et terminez l'opération le avec votre lait chaud, et supprimez-en le citron; de la manière accoutumée. délayez bien cette crème, en sorte qu'il ne s'y forme point de grumeaux; faites-la cuire en la Crème royale au cédrat. Ayez un mor tournant comme une bouillie: au bout d'un quart- ceau de sucre de dix onces, sur lequel vous râpez d'heure de cuisson, ajoutez-y un peu de sel, un le zeste d'un beau cédrat. Jetez ce sucre dans six quarteron de sucre, gros de beurre comme la moitié verres de lait en ébullition ; couvrez l'infusion, et d'un æuf, et quelques gouttes d'eau de fleur d'o- laissez-la presque refroidir ; après quoi, vous la range; achevez de la faire cuire environ un demi- mêlez dans dix jaunes qui seront délayés avec un quart-d'heure; de suite vous mettrez quatre jaunes @uf entier et un grain de sel. Passez le tout à d'auſs; versez-la sur un plafond que vous aurez l'étamine, et finissez la crème ainsi que de cou- beurré ou fariné; étendez-la d'un doigt d'épais- tume. seur; laissez-la refroidir ; coupez-la en losange on On procède de même que ci-dessus pour les avec un coupe-pâte, en petits pâtés; farinez-la, ou crèmes à l'orange, en râpant les zestes de deux panez les beignets avec de la mie de pain bien oranges douces ; pour la faire au citron, en râpant line; faites-les frire et d'une belle couleur; égout- le zeste de deux citrons; et à la bigarade, en em tez-les sur un linge blanc; posez-les sur un pla- ployant le zeste de deux bigarades bien jaunes. fond, saupoudrez-les de sucre fin; glacez-les, soit au four, soit avec une pelle rouge; dressez et Crème à la fleur d'orange pralinée aux @ufs de vanncau. Jetez une once de fleur Vous pouvez faire cette crème au chocolat en d'orange pralinée dans six verres de lait tout bouil-supprimant les macarons. lant. L'infusion n'étant plus que tiède, vous la mêlez avec vingt jaunes d'auſs de vanneau, délayés avec Crèmes dites de Plombières. dix onces de sucre, un euf et un grain de sel. Passez ensuite la crème à l'étamine, et lerminez-la selon la règle. Crème-plombière aux fraises. - Épluchez une livre de belles fraises bien rouges; vous en Crème au caramel anisé. Jetez dans ötez le tiers, en prenant les plus grosses, et passez cinq verres de lait en ébullition un gros d’anis le reste en purée par l'étamine fine. Vous mêlez vert et un gros d'anis étoilé; couvrez l'infusion; ce fruit dans la crème; après y avoir ajouté la faites cuire six onces de sucre au caramel, et fai- crème fouettée nécessaire, vous dressez votre tes-les fondre avec un verre d'eau bouillante. crème en rocher, et placez dessus çà et là les Vous le versez dans l'infusion qui doit être pres- fraises conservées. que froide ; après quoi, vous la mêlez peu à peu On procédera de la même manière pour con- avec dix jaunes que vous aurez delayés avec un fectionner la crème aux framboises, en conservant auf, quatre onces de sucre et un grain de sel. les plus belles pour orner le dessus de la crème, Remuez bien le mélange que vous passez à l'éla- où vous aurez mis le suc d'une demi-livre de mine fine. Vous suivez le reste du procédé de la framboises, et le jus de quatre onces de bonnes manière accoutumée. fraises. Cependant, on la sert encore sans mélange d'autres fruits. Sabayon (cuisine étrangère. Sorte de crème qu'on fait habituellement servir en Crème-plombière à la marmelade d'a- tasses, à proximité d'un biscuit de Savoie). bricots. -- Ayez quinze beaux abricots de plein- · Prenez douze jaunes d'ufs frais et quatre vent, rouges en couleur, et de bon fruit. Coupez- verres de vin de Madère, six onces de sucre et les menu, et faites-les cuire dans six onces de su- une pincée de cannelle en poudre. Mettez le tout cre clariſié; quand ils sont réduits en une marme- dans une casserole sur un feu ardent, et remuez, lade parfaite, vous la passez en purée par l'éta- en lournant très-vite, avec un moussoire à choco- mine fine; ensuite, vous cassez quatre jaunes lat, jusqu'à ce que la mousse ait rempli la casse d’æufs dans une casserole, que vous délayez avec role. Servez, sans perdre un moment, dans des une petite cuillerée de farine de crème de riz et un pots à crème ou des lasses à sorbet. verre de bonne crème ou de lait ; puis, vous faites CRE ( 189 ) CRÈ cuire cette crème comme il est dit plus haut. Crème bavaroise au cacao. Vous brû- Ajoutez-y un grain de sel et deux onces de sucre ; | lez, de la même manière que le café, quatre onces après l'avoir fait refroidir à la glace, mêlez-y la de cacao; vous le concassez dans un mortier, et marmelade et la crème fouettée nécessaire. le mettez le plus promptement possible dans deux Pour la crème-plombière aux prunes de mira verres de lait bouillant, avec une demi-gousse de belle, vous employez un cent de vraies mirabelles, vanille et autant de cannelle fine. Couvrez l'infu- et suivez le reste du procédé décrit ci-dessus. sion, et dès qu'elle n'est plus que tiède, vous la passez à la serviette ; vous y mêlez huit onces de Crèmes à la Bavaroise. sucre, six gros de colle. Le tout bien amalgamé, vous le passez de nouveau; après quoi, vous pla- Crème ou fromage bavarois aux noix cez la préparation dans un bol à la glace, et quand fraiches. — Après avoir épluché vingt-six belles à la crème. Pour le reste du procédé (V. CRÈME elle commence à se lier, vous y mêlez un froinage noix vertes, vous les pilez et les mouillez de temps AUX NOIX VERTES). en temps d'un peu d'eau, afin qu'elles ne tournent pas à l'huile. Ensuite vous les mettez dans une Crème bavaroise au thé. Faites infuser petite terrine, et les délayez peu à peu avec deux dans deux verres de lait bouillant deux gros de verres de crème presque bouillante, dans laquelle bon thé. Couvrez l'infusion, et lorsqu'elle n'est vous aurez fait dissoudre huit onces de sucre. plus que tiède, faites-y fondre huit onces de sucre Laissez faire l'infusion pendant une heure, après en poudre et six gros de colle clarifiée. Ensuite quoi vous la passez à l’étamine fine. Ajoutez à la passez-la à la serviette, et mettez-la dans un bol à crème six gros de colle clarifiée et un peu tiède ; | ia glace. Quand elle commence à prendre, mê- vous versez la préparation dans un dôme de fer-lez-y la crème fouettée nécessaire à l'opération, blanc du diamètre de dix pouces, et de quatre que vous suivez selon les procédés décrits. seulement de profondeur; ou versez-le dans un grand bol de terre de pipe, ou dans une moyenne Crème printanière à la violette. — Vous terrine que vous placez dans dix livres de glace épluchez quatre paquets de violettes cueillies du pilée. Au bout de quinze minutes, vous commen- jour; vous les jetez dans huit onces de sucre cla- cez à remuer la crème avec une grande cuillère rifié et en ébullition, avec une pincée de graines d'argent, et continuez par intervalle. Du moment de cochenille, afin de colorer l'infusion que vous qu'elle commence à se lier, vous la remuez sans couvrez. Lorsqu'elle n'est plus que tiède, vous y discontinuer, afin qu'elle soit d'un corps très- mêlez six gros de colle; ensuite vous passez la pré- Jisse et coulant. Alors vous ötez la préparation de paration à la serviette et la placez dans un bol à la glace. Vous y mêlez par parties un fromage à glace; lorsqu'elle commeace à prendre, vous y la Chantilly, bien égoutté, et du même volume mêlez un fromage à la Chantilly, et finissez selon que le moule d'entremets qui doit vous servir ; la règle. vous remuez parfaitement ce mélange, afin d'af- faisser la crème fouettée qui, par ce moyen, vous Fromage bavarois aux boutons de rosc. donne un fromage bavarois d'un moelleux et d'un Prenez une trentaine de belles roses de Pro- velouté parfait . Vous le versez dans le moule que vins, à peine ouvertes et fraîchement cueillies; et, vous aurez placé dans la glace, et après une bonne après les avoir épluchées, jetez-les avec une pincée demi-heure de congélation, vous pouvez démouler de graines de cochenille dans huit onces de sucre le fromage. clarifié et bouillant. Couvrez l'infusion , et, qu'elle n'est plus que tiède, joignez-y six gros de Crème ou fromage bavarois à l'essence colle de poisson ; ensuite passez la préparation à de menthe. Ayez une once de menthe frisée la serviette, après quoi vous la mettez à la glace. et cueillie du jour. Quand vos deux verres de lait Du moment qu'elle commence à se lier, vous y ont bouilli, vous y jetez la menthe avec le zeste mêlez le fromage à la crème. Terminez comme de d'un citron bien sain. Lorsque l'infusion n'est plus coulume. que tiède, vous y mêlez un demi-gros d'essence de menthe poivrée et huit onces de sucre en pou- Crème à la fleur d'aillet (à la bava- dre. Après quelques minutes d'infusion, vous pas-roise). — Épluchez deux onces de petits millets sez le tout à l'élamine , et y ajoulez six gros de rouges à ratafia. Vous les jetez dans huit onces colle; placez la préparation dans un bol à la glace, de sucre clarifié bouillant, avec dix clous de gé- et lorsqu'elle commence à se lier, vous y mêlez le rofle concassés et une pincée de graines de coche- fromage à la Chantilly. Terminez comme il est in- nille. Couvrez l'inſusion, et, lorsqu'elle est tiède diqué pour le fromage bavarois aux noix vertes. encore, passez-la à la serviette; après quoi vous lors- CRE ( 190 ) CRÉ y joignez six gros de colle. Remuez la préparation, Crème bavaroise au marasquin de Zara. et placez-la dans un bol à la glace. Aussitôt qu'elle Faites bouillir deux verres de crème double; commence à se lier, vous y amalgamez un fromage ajoutez-y huit onces de sucre et six gros de colle; à la crème. Moulez et démoulez l'entremets, passez le tout à l'étamine et placez la préparation comme il est décrit plus haul. à la glace. Au moment où elle commence à se lier, On peut également confectionner ces sortes vous y mêlez peu à peu un demi-verre de vrai d'entremets aux jonquilles, au jasmin et aux marasquin de Dalmatie. Après cela , vous y amal- tubéreuses. gamez la crème fouettée nécessaire. Terminez l'opération de la manière accoutumée. Crème bavaroise aux quatre fruits rou- Pour le fromage bavarois au rhum, on procè- ges. Ayez quatre onces de groseilles, quatre dera comme ci-dessus, avec cette différence qu'on de cerises, quatre de framboises et quatre de emploie un demi-verre de rhum de la Jamaïque. fraises, Pressez le tout à l'étamine fine pour ex- On fait également des fromages bavarois aux primer le jus, dans lequel vous joignez huit onces crèmes de Moka, de cacao, dc Pomone, de va- de sucre fin et six gros de colle. Le tout parfaite- nille , de menthe, des Barbades et autres liqueurs fines. ment mêlé, vous placez la préparation à la glace; aussitôt qu'elle commence à prendre, vous y joi- Crème au punch (bavaroise). — Faites gnez la crème fouettée nécessaire. Pour le reste infuser le zeste de deux citrons dans huit onces de du procédé (V. FROMAGE BAVAROIS AUX NOIX sucre clarifié; ajoutez le suc de trois citrons bien VERTES). sains, et six gros de colie. Passez le lout à la ser- On emplojera les mêmes procédés que ci-des-viette, après quoi vous placez la préparation à la sus pour faire un fromage bavarois aux cerises, en glace. Lorsqu'elle commence à se lier, vous y met- exprimant le suc d'une livre de cerises avec quatre tez un demi-verre de bon rac ou de rhum, puis onces de framboises. la crème fouettée. Finissez le procédé comme l'ordinaire. Fromage bavarois aux abricots et aux pêches. Prenez dix-huit beaux abricots de de CRÈPES. Faites une pâte à frire avec de la plein-vent, d'une bonne maturité et rouges en farine, du lait, des jaunes d'æuſs et un peu d'eau- couleur. Après les avoir coupés menus, vous les de vie; meltez un peu de beurre dans une poêle, faites cuire dans huit onces de sucre clarifié. Lors et lorsqu'il est assez chaud, versez-y une cuillerée qu'ils sont réduits en marmelade parfaite, vous de pâte que vous étendez sur tout le fond de la les passez en purée à l'étamine. Vous y joignez poêle. Retournez la crêpe lorsqu'elle est cuite six gros de colle clarifiée et un verre de bonne d'un côté, et, en la retirant, saupoudrez-la de crème. Remuez la préparation et placez-la ensuite sucre (V. PANNEQUETS). à la glace. Lorsqu'elle commence à prendre, vous y mettez la crème fouettée. Vous terminez l'opéra- CRÉPINETTES. On appelle ainsi des ra- tion de la manière accoutumée. goûts de certaines viandes émincées ou hachées On peut également mêler les abricots avec huit qu’on renferme dans des morceaux de crépine ou onces de sucre en poudre, et, une heure après, crépinette de porc frais, afin de les faire biscuire au four, à la poêle ou sur le gril. les passer à cru par l’étamine fine. On garnit le plus souvent ces crépinettes avec On procèdera de même que ci-dessus pour con- des ris d'agneau, du rogoon de veau, des palais fectionner le fromage bavarois aux pêches, en de beuf, des filets de mauviettes ou de lapereau, employant quinze pêches de vigne. des langues de carpe ou des rouelles d'anguille. Les saucisses plates ne sont autre chose que Crème bavaroise au meton. Ayez un des crépinelles remplies avec un hachis de porc moyen cantaloup de bon goût et rouge en cou- frais. leur. Coupez-le par tranches; Ôtez-en l'écorce et les pepins. Coupez-le menu, et faites-le cuire en CRESSON. Il y a deux espèces de cresson suite dans huit onces de sucre clarifié; faites-le tout-à-fait différentes : le cresson de fontaine et le réduire en une marmelade parfaite, que vous pas cresson alénois , dont nous avons suffisamment sez en purée par l'étamine fine. Vous y joignez parlé, page 19. Le cresson de fontaine se mange six gros de colle; remuez la préparation et placez en salade et quelquefois mélangé avec d'autres la à la glace. Quand elle commence à se lier, vous herbacées. On en garnit ordinairement les plats y mêlez une assiette de crème fouettée. Finissez sur lesquels on sert des volailles rôties, mais par- l'opération comme de coutumc. ticulièrement les poulardes. CRE ( 191 ) CRO Le cresson de fontaine peut remplacer les épi en hors-d'œuvre. On peut aussi meler des queues nards. Ainsi préparé, on en fait un grand usage de crevettes épluchées dans des salades de chicorée dans les environs d’Erfurth, où l'on a trouvé le blanche, et mieux encore, on peut les apprêter à moyen d'en récolter abondamment pendant les la béchameil, afin d'en garnir de petits pâtés ; ce hivers les plus rigoureux. qui donne une entrée maigre des plus fines et du Le cresson vient naturellement partout où il y meilleur goût. a des sources et des eaux courantes. Les personnes qui peuvent en trouver chez elles ou dans leur CROMESQUIS, ragoût polonais (V. voisinage doivent le délivrer des mauvaises her- | AGNEAU). bes qui l'étouffent, et le garantir de l'approche CROQUANTES, gâteaux d'amande séchés des troupeaux qui le foulent aux pieds. Il faut prendre garde de confondre le cresson au four. On appelle croquantes montées celles de fontaine avec une autre espèce d'herbes qui lui qui sont de plusieurs pièces rapportées , et qui forment un dessin par compartiments de formes ressemble assez, et qui vient de même autour des diverses, et différemment coloriés (V. plus loin fontaines. Ceux qui vivent dans les lieux secs, éloignés CROQUEMBOUCHE). des eaux vives, et qui ont envie ou besoin de cette CROQUEMBOUCHE. On a laissé ce vilain espèce de cresson, peuvent en élever dans des nom de cuisine à des préparations de croquignoles, baquets. On les remplit à moitié de terre; on y de gimblettes, de nougats, de macarons, de bou- plante deux ou trois pieds de cresson qu'on inonde chées et autres pâtisseries croquantes qu’on réunit d'eau, de manière qu'elle excède la terre à la hau- avec du sucre cuit au cassé, et qu'on dresse sur teur de quelques lignes. Il y a un trou sur le côté une abaisse de feuilletage, en forme de large coupe, de ces baquets, à fleur de fond, qui est fermé par une bonde , et ce trou sert à renouveler l'eau qui supporte un ermitage. M. Carême en a donné de grand vase, de grotte rustique ou de rocher qu'on a soin de renouveler et de rafraîchir jour- de charmants dessins dans son Pâtissier pitto- pellement. l'esque, et c'est, du reste, une sorte de composi- CRÊTES, éminences rouges et festonnées naires, c'est-à-dire pour l'ornement d'un buffet tion qui n'est usitée que dans les extraordi- que les coqs et les poules ont au sommet de la de grand bal, ou pour la décoration d'un ambigu tête. Celles qui sont les plus grandes, les plus d'apparat. épaisses et les plus blanches sont estimées les meilleures; relativement à leur emploi culinaire Croquembouche à la Soubise. - Après (V. ABATTIS et GARNITURE, PATÉ CHAUD, VOLE- avoir fait et cuit une livre et demie de croqui- AU-VENT, TIMBALE DE NOUILLES et CASSEROLE gnoles à la Reine , vous aurez le soin de les cort- AU RIZ). cher le plus également possible, et d'un pouce seulement de diamètre ; puis vous en couchere: CREVETTE, espèce de crustacée maritime. le quart plus petit de moitié. Lorsqu'elles sont On reconnaît qu'elle est fraîche quand elle est cuites et refroidies, vous montez ce croquembou- d'un rouge påle, quand elle n'est pas collanle au che de cette manière : après avoir fait cuire dans toucher, et qu'elle a la queue très-ferme. Celles un petit poêlon d'office buit onces de sucre au de Rouen sont les plus estimées. cassé, un peu serré, vous en versez la moitié sur Elles se cuisent comme les homards, à cela près un couvercle de casserole à peine beurré; puis qu'il ne faut les saler que lorsqu'elles sont égout vous masquez le feu du fourneau de cendres rou- tées, en ayant soin de bien les sauter afin qu'elles ges, afin de maintenir le sucre du poêlon assez prennent le sel également. Si vous mettiez le sel chaud pour vous en servir, et en même temps en les cuisant, vous auriez plus de peine à séparer pour l'empêcher de prendre davantage de couleur; leur chair de sa coquille. Pour faire un buisson alors vous y glacez légèrement le dessus et l'é- de crevettes, ayez une grosse botte de persil vert, paisseur des croquignoles, que vous placez de remplissez-en le creux d'un plat, et couvrez-les suite dans un grand moule uni, parfaitement bien d'une serviette ; relevez carrément les coins de essuyé; mais pour tremper vos croquignoles dans votre serviette pour en former un octogone régu- le sucre, vous devez les piquer à la pointe du petit lier, qui ne laissera voir que le bord du plat ; couteau; vous les posez avec symétrie, dans la mettez du persil au milieu ; dressez vos crevettes forme qui vous agrée le mieux, mais toujours avec à l'entour; formez en pyramide, et servez pour l'intention soutenue d'une forme régulière et pit- entremets. On en garnit le plus souvent des co toresque. Lorsque le sucre du poêlon est diminué quilles de porcelaine ou des bateaux pour les offrir des trois quarts, vous y joiguez alors la moitié du 1 CRO ( 192 ) CRO sucre au cassé conservé, et quand cette partie se Croquembouche à la duchesse de Ges- trouve employée, vous ajoutez le reste du sucre ; vres.- Préparez un appareil de génoises à l'o- mais dès qu'il commence à se colorer, vous le range (V. cet article), et faites-les cuire selon la versez sur le couvercle de la casserole où vous en coutume; vous les détaillez avec un petit coupe- avez déjà mis. pâte rond uni de quatorze à seize lignes de dia- Ensuite vous faites cuire comme ci-dessus huit mètre; ensuite vous videz le milieu avec un petit onces de sucre dans un petit poêlon d'office bien coupe-pâte de huit lignes de largeur , de manière propre; puis vous l'employez de même que le à ce que vos génoises forment des anneaux que précédent, et après celui-là vous recommencez la vous masquez légèrement dessus avec de la glace même opération, lorsque le moule se trouve garni colorée de vert pistache, sur laquelle vous semez de croquembouche. Vous n'aurez pas garni le du gros sucre très-brillant et très-égal en grosseur. fond, attendu que vous le remplacez par une Au fur et mesure que vous avez une douzaine de abaisse de pâte d’office, du même diamètre, que génoises préparées ainsi, vous les mettez à la bou- vous aurez parée bien ronde, ainsi que deux plus che du four deux minutes seulement, et vous con- petites, dont une de six pouces de diamètre, et tinuez le même procédé pour le reste des génoises. une de quatre pouces; alors vous les glacez sur Vous les mettez ensuite dans un moule en dôme leur épaisseur, c'est-à-dire tout autour; puis avec et vous les collez avec du sucre cuit au cassé ; les petites croquignoles que vous glacez dans le vous renversez le moule sur son plat, et, après reste du sucre que vous faites fondre dans le même l'avoir ôlé, vous garnissez le milieu de chaque an- poêlon comme les précédents, vous les placez en neau de génoises d'une belle cerise confite bien deux ronds l'un sur l'autre, à l'entour et sur le transparente et bien égouttée. bord des deux petites abaisses. Vous collez la En glaçant les génoises à la glace blanche, vous grande abaisse sur le croquembouche, et dessus semez dessus des pistaches hachées, et vous les celte abaisse, vous collez le plus grand socle par- garnissez au milieu d'une cerise, ou bien à blanc dessus le second , sur lequel vous collez un rang et au gros sucre garni aussi d'une cerise. seulement de croquignoles ; puis vous collez par Lorsque vous voulez les garnir de verjus, met- dessus une espèce de coupe que vous formez dans tez-les à la glace blanche et au gros sucre, ou à la un moule en dôme, encore avec des croquignoles glace rose et au gros sucre, ou à la glace citron et glacées, et à l'entour du haut vous ajoutez un au gros sucre. double rond de croquignoles glacées, et dessus, Croquembouche de feuilletage à blanc. pour servir de couronnement, vous collez des denticules formées de croquignoles que vous avez Donnez douze tours à un litron de feuilletage; partes carrément, puis au moment du service; dents, et, après les avoir rangés sur le tour, sau- détaillez-le en petits anneaux comme les précé- vous garnissez la coupe de crème fouettée à la vanille. poudrez-les de sucre ſin, et placez-les de suite sur un grand plafond ou sur une plaque d'office. Met- Croquembouche de quartiers d'oranges. tez-les au four chaleur modérée, et cuisez-les bien - Ayez douze belles oranges rouges de Majorque. blanc. Lorsqu'ils sont froids, vous les montez dans Après en avoir enlevé l'écorce, séparez chacune un moule en dôme uni, et les collez avec du su- d'elles en douze quartiers d'égale grosseur; mais cre cuit au cassé; vous garnissez le milieu des an- ayez soin d'en séparer exactement toute neaux avec une belle cerise ou du verjus. peau blanche, sans cependant, endommager la pellicule de la glace royale rose , blanche ou verte. Sur la On peut masquer le dessus des anneaux avec qui contient le jus du fruit. Tous les quartiers étant ainsi préparés, vous les trempez séparément che, des pistaches hachées ; ct sur la verte, du gros , la vous les placez au fur et à mesure dans un moule uni de six pouces de diamètre sur cinq de hau- On glace encore ces anneaux au sucre au cassé teur. Aussitôt que le sucre devient caramel, vous ou au caramel. en faites cuire d'autre et continuez à monter le Croquembouche de marrons glacés au croquembouche que vous démoulez et servez de caramel. Ayez soixante beaux marrons (de suite; il ne doit pas attendre, parce que le sucre Lyon) grillés, et après les avoir parfaitement éplu- s’amollit rapidement par l'humidité du fruit. Parchés et bien émondés des parties colorées par le ce triste résultat, au bout d'une heure d'attente, feu, vous les trempez un à un daus du sucre cuit le croquembouche est susceptible de tomber par au caramel bien blond, et les placez à mesure fragments ; il est donc important de le mouler au dans un moule ·rond uni de sept à huit pouces moment du service. de diamètre sur cinq à six de hauteur. sucre. blanc ou rose, C CRO ( 193 ) CRO On doit monter ce croquembouche au moment de la mic de pain, en leur conservant la forme du service, parce que l'humidité des marrons ra qu'il vous aura plu de leur donner; faites-les frire mollit le sucre au point qu'en peu de temps il à friture un peu chaude, afin qu'elles soient d'une perd sa consistance et son brillant. belle couleur; égouttez-les ; dressez-les en dôme, On peut également colorer le sucre au safran, et servez-les avec un bouquet de persil frit. ou l'employer simplement cuit au blanc et au cassé. Croquettes de riz à la bourgeoise. Croquembouche de noix vertes glacées au Épluchez, lavez et faites blanchir un quarteron de caramel. – Épluchez soixante noix vertes, mais riz; faites-le crever dans un demi-setier de lait, ayez soin de les conserver bien entières. Vous les en le mouillant au fur et à mesure; assaisonnez-le meltez au four à chaleur douce, afin de les colorer de zeste de citron haché bien menu, de cinq ou légèrement. Lorsqu'elles sont froides, vous les six massepains écrasés, d'un quarteron de sucre, glacez les unes après les autres, et les placez à d'un peu de sel, d'une cuillerée d'eau de fleur mesure dans le moule avec ordre, comme il est d'orange et d'une once de beurre frais. Votre indiqué ci-dessus. On peut mouler les croquem- riz étant crevé, liez-le avec quatre jaunes d'æufs, bouches sans faire sécher les noix. On en fait éga- sans le laisser bouillir; versez-le sur un plafond; lement aux amandes vertes, mais ce n'est qu'au étendez-le d'une égale grosseur ; laissez-le refroi- moment du service , pour être sûr de son opé-dir; divisez-le en petites parties égales; mettez- ration. On fait aussi des croquembouches d'entremets roulez-les dans de la mie de pain ; posez-les sur les en boules; trempez-les dans une omelette dans legenre des croquembouches de grosses pièces un couvercle; et un moment avant de servir, de fonds. faites-les frire à une friture un peu chaude: lors- CROQUETTES. Apprêt qui consiste à for- que vos croquettes seront d'une belle couleur, égouttez-les, dressez-les en dôme, ct saupoudrez- mer ou foncer une espèce de beignets panés et les de sucre blanc. frits, soit avec un hachis de viandes rôties ou de chair de poisson déjà cuite, soit avec des aufs durs Croquettes de marrons à la dauphine.-- hachés, de la purée de pomme de terre, du riz Faites griller cinquante beaux marrons de Lyon au lait, des fruits en marmelade, ctc. On fait le ou du Luc; vous les épluchez et en ötez toutes plus souvent des croquettes avec des blancs de vo- les parties colorées par l'àpreté du feu. Ensuite laille, des cervelles de veau, de la béchameil de vous en choisissez que vous partagez par moitiés turbot, de saumon ou de morue, queues bien intactes (les véritables marrons se séparent de crevettes et des pommes au beurre. On va se naturellement en deux parties, ce qui les dis- contenter de formuler les recettes qui suivent, en observant qu'elles peuvent s'appliquer à toutes les tingue de la châtaigne). Pilez le reste avec deux substances de la même nature que celles qui s'y crin; alors vous délayez cette pâte dans une cas- onces de beurre, et passez ensuite par le tamis de trouvent indiquées. serole, avec un verre de crème, deux onces de Croquettes de tapereaux. Faites cuire | beurre, deux de sucre en poudre, et un grain de deux lapereaux à la broche; laissez-les refroidir; sel. Tournez cette crème sans la quitter sur un feu levez-en les chairs ; supprimez-en la peau et les modéré; desséchez-la deux minutes seulement; perfs; coupez ces chairs en petits dés, ainsi que mêlez-y six jaunes d'auſs, et remettez-la un mo- des truſſes ou des champignons, quelques foies ment sur le feu. Alors la crème doit se trouver un gras ou demi-gras; faites réduire une cuillerée à peu consistante, mais non pas ferme. Versez-la pot de blond de veau à la consistance de demi-glace; sur un plafond légèrement beurré, et élargissez-la. ajoutez-y persil ct ciboules hachés ; laissez cuire Couvrez-la également d'un rond de papier beurré. cinq ou six minutes; mettez les chairs et les truf- Lorsqu'elle est froide, vous prenez une de ces moi- ſes dans yolre sauce, sans la laisser bouillir; liez tiés de marrons (que vous avez conservée), vous la le tout avec deux jaunes d'æuſs, ayant soin de placez au milieu d'un peu de crème, le double en remuer avec une cuillère de bois; versez cet ap- grosseur d'une moitié de marron, que vous enfer- pareil sur un plafond ; étendez-le avec la lame d'un mez en roulant la crème pour en former une cro- couteau, et laisscz-le refroidir. Divisez-le ensuite quette très-ronde; vous la roulez ensuite sur de la en parties égales, grosses comme la moitié d'un mie de pain extrêmement fine. Vous employez ainsi @uf; formcz-en des poires ou des cannelons; ainsi toutes vos moitiés de marrons, en les masquant de préparées, roulez-les dans de la mic de pain ; crème. Toutes les croquettes étant formées et rou- trempez-les dans une omclette où vous aurez mis lées dans la mic de pain, vous battez cinq aufs en- un peu de sel lin; roulez-les encore une fois dans tiers avec un grain de sel lin dans dans une petite avec des 13 CRO ( 194 ) CRO C terrine où vous trempez les croquelles, et vous les refroidir, après quoi vous y mêlez les pistaches et égouttez un peu. Vous les roulez de nouveau sur assez d'essence d'épinards pour colorer le riz d'un la mie, et ensuite vous les placez au fur et à me vert pistache. Vous disposez les croquettes, et les sure sur un couvercle de casserole. Enfin, vous faites frire suivant la formule. trempez tour-à-tour les croquelles dans l'euf et les roulez sur la mie de pain; après quoi, vous les Croquettes de semouille au café. - Après versez dans une friture très-chaude. Si la poêle est avoir torréfié trois onces de café Moka, vous les je- grande, vous y mettez toutes les croquettes; sinon tez dans cinq verres de lait tout bouillant; couvrez vous n'en mettez que la moitié, afin de les conser-| l'infusion, et passez-la à la serviette quand elle est ver bien rondes. Vous les remuez doucement avec froide. Ensuite, vous la versez dans une casserole la pointe d'un atelet ct les ôtez avec l'écumoire. avec huit onces de semouille, quatre de beurre, Aussitôt qu'elles sont colorées d'un beau blond, quatre de sucre fin et un grain de sel. Mêlez-y trois égouttez-les sur une serviette double; ensuite, vous onces de macarons doux et six jaunes d'æufs, et les saupoudrez de sucre fin, et les dressez en py versez de suite sur un plafond. Lorsque cet appa- ramide. Servez tout bouillant. reil est froid, vous formez vos croquettes un peu On fait également avec cette crème de marrons plus grosses que les précédentes, en leur donnant des croquettes en forme d'olives et de poires. On la forme de poires. Vous les panez et les faites frire la coupe carrément, ou en rond, ovale et en lo de la manière accoutumée, et, après les avoir sau- sange; alors, au moment du service, vous trem- poudrées de sucre fin, vous les dressez. pez ces quatre dernières formes dans la pâte à frire On peut également les assaisonner à l'orange, à décrite précédemment, et les faites frire de belle la bigarade, à la fleur d'orange pralinée, au cara- couleur. Vous les saupoudrez de sucre très-fin, et mel, aux macarons amers et au marasquin; on puis vous les glacez au four ou avec la pelle rouge. peut encore, en supprimant deux onces de sucre, ajouter quatre onces de beau raisin de Corinthe. Croquettes de pommes de terre à la va- nille. — Faites cuire dans les cendres vingt bel- Croquettes de nouilles au citron confit. les vitelottes, et, après les avoir épluchées, parez- Vous détrempez et détaillez six onces de pâte à les pour ôter le tour rougeâtre, afin de n’employer nouille, vous les versez peu à peu dans quatre ver- que le cæur de la pomme de terre. Alors, vous en res de lait en ébullition ; et, après quelques bouil- pescz vingt-quatre onces, que vous pilez avec qua- lons, vous y joignez quatre onces de beurre, qua- tre onces de beurre fin et quatre de sucre en pou- tre de sucre fin, et une once de citronals émin- dre. Vous délayez cette pâte dans une casserole cés. Faites mijoter pendant vingt-cinq minutes, avec deux verres de lait, dans lequel vous aurez pour que les nouilles renflent et deviennent moel- fait infuser une gousse de vanille, un grain de sel, leuses. Alors, vous y mêlez trois onces de macarons six jaunes d'æufs et quatre onces de macarons amers, six jaunes d'æufs et un grain de sel. Laissez amers. Tournez le tout sur un feu modéré, et don- refroidir l'appareil, et terminez l'opération par les · nez quelques minutes d'ébullition ; alors la crème procédés décrits précédemment. doit se trouver consistante, quoique douce au lou- On procédera de la même manière pour les cro- cher, sinon vous y joindrez un peu de lait; en-quettes de vermicelle, avec cette différence, que suite, vous la versez sur un plafond, la couvrez vous versez six onces de vermicelle dans le lait d'un rond de papier, et quand elle est froide, vous tout bouillant; mais vous marqucz le reste de l'ap- la disposez et la faites frire comme il est dit pour pareil ainsi qu'il est indiqué pour toutes les autres les croquettes précédentes. préparations analogues. On peut aromatiser ces sortes de croquettes au zesle d'orange, de bigarade et de cédrat, en râpant CROQUIGNOLES, sorte de pâtisseric dite le zeste de l'un de ces fruits sur les quatre onces de petit-four, et dont l'usage est suffisamment de sucre qui entrent dans l'appareil. indiqué dans un autre article (V. CROQUEMBOU- CHE). Croquettes de riz à la d'Egmont. - Fai- tes cuire huit onces de riz, avec cinq verres de Croquignoles d'office. — Détrempez avec lait, quatre onces de beurre, quatre de sucre en des blancs d'eufs, dans une terrine, une livre de poudre et un grain de sel. Pendant la cuisson, vous sucre, une bonne pincée de fleur d'orange prali- pilez quatre onces de pistaches (émondées) avec née en poudre, un peu de beurre fin et un peu huit amandes amères et une once de cédrat con de sel; quand votre pâle sera bien ferme, mettez- ſit. Le riz élant cuit, vous y mêlez six jaunes d'æufs la dans un entonnoir; à mesure que vos croqui- avec quatre onces de macarons amers, et le laissez ! guoles sortiront de cet entonnoir, coupez-les avec CRO ( 198 ) CRO la pointe d'un couteau trempé dans du blanc d'euf, On garnit pareillement ces sortes de croustades et couchez-les en forme de bouton sur des plafonds avec des mauviettes (on en met deux dans chacune légèrement beurrés; faites-les cuire à four doux. d'elles), des grives, cailles et ramercaux, bécots, petits perdreaux et autre menu gibier, qu'il fau- Croquignoles à la Chartres. — Ayez une dra toujours désosser. On peut aussi les garnir à la demi-livre d'amandes douces, une demi-once d'a- Montglas, c'est-à-dire avec une farce composée de mandes amères; pilez-les; mouillez-les avec des foies gras et de truffes bien tranchées, encore avec blancs d'æuſs; mettez-les sur le tour avec un litre des lames d’esturgeon, des filets de soles, des ra- de farine, une demi-livre de sucre en poudre, un peu de beurre, de sel et d'écorce de citron rápé; goûts d'huîtres et de moules, des riz d'agncau, des crêtes de coq, etc. cassez des æufs, et pétrissez tout cela ensemble; cette pâte étant bien pétrie et ferme, roulez-la; Croustade aux truffes, en surprise. coupez-la par morceaux gros comme des avelines; Après avoir lavé et brossé à l'eau tiède douze bel- roulez ces petits morceaux ; posez-les sur un pla- les truffes bien noires, bien rondes et d'égale gros- fond beurré; dorez-les, et faites-les cuire dans un seur, vous les faites cuire au vin de Champagne, four un peu chaud. les égouttez et les laissez refroidir; ensuite vous les coupez en mettant dessus un coupe-racine d'un CROUSTADES, grands, moyens et petits pouce de diamètre, que vous enfoncez aux trois pâtés chauds, dont la croûte doit être plus cro quarts de la profondeur des truffes; après quoi quante que celle des casseroles de riz, des vole vous ôtez avec la pointe du couteau ces petits cou- au-vent, des timbales, etc. vercles, puis vous videz les truſes peu à peu avec soin et avec une petite cuillère à café. Lorsqu'elles Croustade au pain. · Ayez un pain rond sont toutes parfaitement dégarnies de leur chair, et rassis, du poids de six livres, et de la même sans que la peau en soit percée, vous les garnissez pâte que les pains à potage. Coupez-le en travers d'une purée de volaille ou de gibier, ou d'un sal- et en lames de deux pouces d'épaisseur , ensuite picon de blancs de volaille coupés en dés, avec des coupez-en la mie seulement avec un coupe-racine iruffes coupées de même, ou des rognons de coq de deux pouces de diamètre; vous coapez ainsi avec des petites truffes tournés de la même formc, douze croustades, et sur le côté le plus uni vous ou bien des crêtes coupées en dés avec des truffes, y marquez le couvercle avec la pointe du couteau, le tout saucé à la béchameil. On les garnit encore à deux lignes près du bord, et puis vous les can- d'une petite escalope de foie gras, avec un émincé nelez à l'entour. de truffes, ou de filets de mauviettes, avec de petits Ensuite vous en mettez six dans une casserole champignons tournés. contenant assez de beurre clarifié pour les mas- On sert ces belles truffes sur une serviette da- quer parfaitement, et leur donner couleur sur un massée. feu modéré. Lorsqu'elles sont blondes, vous les égouttez sur une serviette, et vous donnez égale Croustade de nouilles au chasseur. ment une bonne couleur aux six autres ; vous en Détrempez douze jaunes d'aufs de pâte à nouilles, ôtez ensuite toute la mic, et mettez dans chacune et, après les avoir abaissés et détaillés selon la rè- d'elles une cuillerée de farce fine; puis vous élar - gle, vous les versez peu à peu dans de l'eau bouil- gissez sur la table douze cailles désossécs : assai- lante; après quelques minutes d'ébullition, vous sonnez-les, et mettez dessus un peu de glace et les égouttez dans une grande passoire , et les sau- de farce ; vous en faites de petits ballons, et en pla-tez dans une casserole avec quatre onces de beurre cez un dans chaque croustade, et de manière que et un peu de sel. Versez-les dans un grand plat à l'estomac des cailles se trouve en dessus. sauter; puis vous les élargissez d'égale épaisseur Celle opération terminée, vous placez tout près et de deux pouces de hauteur. les unes des autres les douze croustades sur un moyen plafond masqué de bardes de lard. Entou-le lour, et coupez vos croustades avec un coupe- rez encore ces croustades avec des bardes, et puis pâte rond et de vingt lignes de diamètre, ou bien avec une bande de papier que vous fixez par une vous les conpez en ovale , en carré ou en losange. ficelle; vous masquez les cailles de bardes de lard, Vous cassez ensuite huit aufs dans une petite et par-dessus deux ronds de papier beurré. Met terrine, et après les avoir bien hallus, vous trem- tez au four à chaleur modérée, et donnez une pez dedans les croustades l'une après l'autre, en heure et demie pour la cuisson : Ôtez les bardes, ayant soin de les égoutter au fur et à mesure; vous égouttez un moment les croustades sur une ser les roulez de tout scns sur de la mie de pain viette, et saucez le dessus des cailles avec de la très-fine. Étant ainsi masquées de mie, vous re- glace de veau. commencez à les tremper dans l'auf, et les roulez un Étant froides, vous renversez le plat à sauter sur 13. CCI ( 196 ) CUI encore sur la mie de pain ; ensuite vous les roulez næuvre toujours à l'aise; bien éclairée pour qu'on légèrement sur le tour, afin de les rendre plus puisse y tout surveiller d'un coup-d'ạil, et sans unies , et, après avoir marqué le couvercle sur le ce cesse entretenue dans un état de propreté minu- plus beau côté, vous les faites frire six à la fois dans tieuse. une friture neuve et un peu chaude, et les retirez Si elle est pavée en grandes dalles de pierre aussitôt qu'elles sont colorées d'une belle teinte dure, avec une légère inclinaison du côté de l'é- jaune et rougeâtre. vier, il suffira d'y jeter de l'eau tous les matins, Cette opération terminée, vous en enlevez les pour la nettoyer complètement. couvercles avec la pointe du couteau, et les dé Le plancher et les murs doivent être passés à garnissez légèrement avec une petite cuillère à l'eau de chaux et badigeonnés tous les ans. café; au moment du service vous les emplirez des Il est bon que son exposition soit au plein nord, mêmes garnitures indiquées pour les croustades en ce qui l'empêchera d'être infestée par les mou- surprise. ches. Quelques personnes ne les passent qu'une fois La cheminée doit avoir un fort tirage, ce qui à l'euf; mais les croustades n'ont pas assez de con- l'empêchera de fumer, et c'est d'ailleurs le plus sûr sistance de cette manière. moyen de débarrasser la cuisine de toutes les va- On emploie les mêmes procédés pour les tim peurs qui se dégagent pendant la cuisson des ali- bales d'entrée au vermicelle. ments. Les fourneaux de toute nature doivent être sur- CROUTES AU POT (à la bonne femme). montés d'une vaste hotte qui ira s'ouvrir dans le Ayez des croûtes de pain du dessus de la tourte tuyau de la cheminée. Par ce moyen, la vapeur du et d'une belle couleur; mettez-les dans un charbon et celle des mets en cuisson prendront écuelle ou une casserole d'argent; mouillez-les une direction constante et ne se répandront pas avec du bouillon non dégraissé ; faites bouillir le dans toute la cuisine, d'où elles pénètrent très- tout à petit feu jusqu'à ce que le bouillon soit souvent dans les pièces latérales ou supérieures. épuisé et que les croûles commencent à gratiner; La cuisine doit être abondamment pourvue de jetez un peu de bouillon chaud et bien dégraissé tous les ustensiles culinaires. Un peu de superſlu sur vos croûtes avant de les servir. en ce genre est préférable à une épargne malen- Relativement à tous les polages de croûtes his- tendue. Les ustensiles de cuivre doivent surtout toriées qui sont d'un emploi si fréquent dans la être multipliés, afin qu'il y en ait toujours de re- bonne cuisine, nous dirons qu'on sert le plus sou change et qu'on ne soit pas obligé d'en employer vent des croûtes gratinées, à la moelle, aux laitues dans un état douteux. farcies, aux tranches de concombres, aux petits Un four est une dépendance indispensable pour ognons glacés, à la purée de lentilles, à celle de une cuisine bien ordonnée. Ce four est utile dans haricots rouges ou à celle de marrons. On les sert beaucoup de circonstances : quand on ne l'a pas, aussi gratinées au parmesan, aux huîtres, aux mou il est impossible, ou du moins très - difficile, de les, à la purée de crevettes, aux æufs de homards, faire un grand nombre de préparations essentiel- aux queues d'écrevisses et aux quenelles de toute les, et surtout de les obtenir à juste prix. espèce de poisson. La préparation de ces excellents potages est toujours la même, en ce qu'il ne s'agit Cuisinier. C'est à Cadmus que nous de- que d'ajouter une des choses ci-dessus dénommées, vons l'usage de l'écriture, et tout le monde sait avant de mettre les croûtes sur le feu pour les gra que l'illustre Cadmus avait été cuisinier du roi de tiner. Sidon. Ceci prouve assez que les occupations cu- linaires s'allient parfaitement bien avec les préoc- CROUTONS, tranches de mie de pain dé- cupations scientifiques et les opérations typogra- coupées en rond, en losange, en petits cubes, en phiques. On voit aussi dans les Annales de dés, etc.; on les fait frire avec un peu de beurre Saint-Denys (sccund. pars.g.) que Thibaut de dans la casserole, afin d'en garnir certains pota-Montmorency, Chevalier de l'ordre et Seigneur de ges et quelques ragoûts, mais principalement des Bours, avait été grand-queux, c'est-à-dire chef purées farineuses. de cuisine ou premier cuisinier du roi Philippe de Valois. On en conclura sûrement que la pro- CUISINE, CUISINIER et CUISI- fession de cuisinier n'a rien d'incompatible avec NIÈRE. La bonne disposition d'une cuisine in la noblesse d'extraction, non plus qu'avec les ha- fluc beaucoup plus qu'on ne le croit sur les pré- bitudes chevaleresques. Il existe d'ailleurs un ar- parations alimentaires. rêt du conseil d'en-laut, sous le règne de Elle doit être assez spacieuse pour qu'on y ma Louis XI, lequel arrêt a maintenu dans sa no- u CUI ( 197 ) CUI blesse et touts les privileiges d'ycelle, un vateur et profond; sobriété, vigilance et fermeté, ancien cuisinier de madame de Beaujeu , nommé patience et modération ; voilà ce qu'on doit trou- Cyran du Bartas, pourquoy ladicte charge de ver dans un cuisinier vraiment digne de ce nom, maistre-queux n'a jamets faict ni due fayre et voilà ce qui suppose un excellent naturel avec encourrir neulle derogehance, en maizon une sagesse imperturbable. noble. On pourrait citer plusieurs services de cui Nous n'avons rien dit de la probité, puisque les sine qui ont été noblement récompensés par des cuisiniers ne dérogent point; et aussi parce que princes français. Le célèbre Montesquieu descen- ce sont les maîtres-d'hôtel qui font toujours les dait de Robin Secondat , cuisinier du connétable provisions de cuisine et d'office. de Bourbon et anobli par ce prince. Jeanne d'Albret donna des lettres de noblesse, en 1569, à Nous dirons sérieusement, à propos d'un bon Charles Duguet, son cuisinier émérite. Henri IV cuisinier, que l'art qu'il exerce exige des connais- sances tellement étendues et tellement variées, anoblit Nicolas Fouquet, seigneur de la Varenne et maitre cuisinier de la reine Marguerite, pour qu'on ne saurait les trouver au même degré dans certaines professions que le préjugé vulgaire a seruices renduts en l'exercice du dict of- fice. Il avait trouvé moyen d'acquérir soixante- placées beaucoup plus haut dans l'échelle sociale. dix mille écus de rente; mais à la vérité, disait Ainsi, par exemple, la pharmacie, qui est clas- cette bonne reine Marguerite, il avait gagné da- sée parmi les professions les plus savantes, n'exige vantage en portant les poulets de son mari, qu'en pas, à beaucoup près, des connaissances aussi piquant les siens. étendues que celles qui sont indispensables pour la Ce n'est plus aujourd'hui comme autrefois; on préparation des substances alimentaires. ne trouve presque plus de grandes maisons où le L'apothicaire et le cuisinier doivent également travail de la cuisine se partage entre quatre individus diriger leurs opérations par les principes de la chi- principaux, savoir : le chef ou cuisinier propre mie; tous deux doivent avoir étudié et doivent ment dit, l'aide aux entrées qui ne se mêle que bien connaître les propriétés d'une foule de sub- des fourneaux, le rôtisseur qui s'occupe exclusive- stances ; mais le pharmacien n'agit le plus souvent ment de la broche, et le pâtissier qui ne travaille que sur des drogues simples, et par voie de simple que pour le four; mais dans les sept huitièmes des mélange encore; et, du reste, le commerce lui autres maisons de Paris, il faut que le maître-queux fournit toutes préparées et toutes composées, la soit tout à la fois cuisinier, rôtisseur et pâtissier; plupart des drogues qu'il doit employer. il n'a pour adjoints qu'un aide de cuisine et un Le cuisinier français fait tout par lui-même; ce garçon d'office, qui peuvent le soulager, mais n'est que chez nos voisins d'outre-mer que les cui- qui ne sauraient le suppléer dans ses travaux. sines sont approvisionnées de katchup, de salibub, Il résulte de cet état de choses, qu'un gentil- de soy, de harvey-sauce et autres préparations homme qui se destine à l'état de cuisinier doit officinales. Dans les cuisines françaises toutes les faire aujourd'hui des études à peu près aussi va préparations sont magistrales, et c'est le génie riées qu'un élève de l'école Polytechnique. de l'artiste qui les élabore au moment du besoin. Pour quiconque est en possession des premiers Si la première partie des ordonnances du mé- éléments théoriques de ces trois arts libéraux decin s'adresse à la pharmacie, la seconde s'adresse (c'est-à-dire les opérations du fourneau, la rôtis- à la cuisine, avec cette notable différence que le serie et la pâtisserie), dont un seul est bien modus faciendi est toujours prescrit au phar- suffisant pour absorber le génie d'un homme, il macien, tandis qu'on se borne à désigner la pré- est prouvé que par le temps où nous vivons, paration qu'on attend du cuisinier, en s'en rap- on ne saurait devenir un bon cuisinier sans être en portant à son intelligence sur la manière d'opérer, même temps chimiste, botaniste, physicien, des et souvent, ce qui est plus capital, sur le choix des sinateur et géomètre. Il faut avoir de plus un substances. odorat subtil, un goût très-fin, des yeux perçants, Si le pharmacien doit apercevoir et réparer les et le tact très-exercé, autrement on serait à chaque erreurs, les incompatibilités chimiques et les do- instant trompé sur la maturité des viandes, sur sages meurtriers qui peuvent échapper à d'illus- l'assaisonnement des ragoûts, sur la cuisson du tres docteurs, le cuisinier doit savoir éviter, ou du rôt, sur la coction des aliments et sur l'état de la moins éluder, les associations incohérentes et les pâte. Il importe donc qu'un cuisinier soit pourvu prescriptions saugrenues qui lui seraient indiquées d'une extrême délicatesse dans les organes. par un ignorant, maitre ou valet. Mais ces qualités physiques ne sont rien auprès Le pharmacien puise dans ses bocaux, il pèse, des qualités morales que cet état exige : activité, il triture et mélange : heureux le malade, si la propreté, coup-d'æil juste, esprit calme, obser- drogue indiquée par l'étiquette est bien celle qui CUI ( 198 ) CUI remplit le bocal; le pharmacien ne la déguste pas: c'est une méthode qui a toujours été usitée en il la juge à l'æil; mais plusieurs drogues ont la Allemagne depuis qu'on y connaît le vinaigre et même apparence, et s'il se trompe, c'est à la ma les laitues. Le même savant a bien voulu s'occuper ladie qu'on s'en prend. d'une recette pour faire de la gelée de groseille; il Que l'on compare à ce travail mécanique et sans a inséré ce magistère dans sa Chimic appliquée responsabilité, la série d'opérations intellectuelles à l'agriculture, et c'est une faible composition. qui doivent se dérouler dans le cerveau d'un cui M. Chevreul, qui a fait de si beaux travaux sur le sinier qui se trouve chargé de composer, ex beurre, les graisses et les huiles, n'a pas encore abrupto, un repas de cent couverts à trois ser abordé la théorie des roux et des jus, ce qui jette- vices, et qu'il exécutera le surlendemain. Chez nos rait sûrement un grand jour sur les deux opéra- voisins les Anglais, c'est là une opération très- tions culinaires les plus importantes. Le moyen simple; cinquante potages de tortue, deux cents proposé par M. le baron Thénard pour conserver poulets, cinquante plats de venaison et autant de le beurre frais, en le faisant fondre, n'a encore rosbifs font toute l'affaire ; les préparations pour été mis en usage dans aucune cuisine accréditéc. chaque nature de mets sont toujours les mêmes : Enfin M. Gay-Lussac, qui a expliqué d'une ma- l'artiste n'a qu'à surveiller deux ou trois vastes nière si lumineuse comment les substances ali- marmites et une douzaine de broches. Le travail mentaires peuvent se trouver conservées par le si important des sauces n'est pas de son ressort : procédé du Cuisinier Appert, a complètement il les prend chez l'épicier comme le poivre et les échoué dans la recherche d'un autre mode pour clous de gérofle. conserver les fruits rouges. Mais en France, une table de cent couverts doit Ces vains essais de tant de savants prouvent de être garnie à chaque service de soixante plats et nouveau ce qu'on savait déjà : c'est-à-dire qu'on autant de hors-d'æuvres, dont chacun ne peut être peut être profondément versé dans la théorie d'un répété plus de deux fois : le nombre des prépa-art, sans que le savoir puisse suppléer à la prati- rations à diriger est donc très-grand, et la foule que; aussi prendrons-nous la liberté d'affirmer des substances employées est infinie. Là, il n'y a que tous les membres de la section de chimie ne ni ordonnance ni codex à consulter; le cuisinier parviendraient pas plus à exécuter une matelole doit tout tirer de sa tête, et suivre à la fois les ou même un miroton, que les membres de la sec- opérations les plus disparates ; il doit tout goûter tion de mécanique ne réussiraient, du premier et tout apprécier, car il répondra de tout; il est jet, à bien poser un cordon de sonnette, persuadé qu'un seul plat manqué pourrait ternir Un art auquel les savants qui s'en sont occupés la réputation la mieux établie. n'ont pu faire faire aucun progrès sensible n'est Si la supériorité de l'art de la cuisine sur celui point assurément un art vulgaire; et les artistes de la pharmacie pouvait nous être contestée, une qui le professent avec distinction ont bien le épreuve, extrêmement facile à faire, aurait bientôt droit de se plaindre du superbe dédain qu'on a levé tous les doutes. Il ne s'agirait que de placer un montré pour eux dans certaines publications mo- cuisinier et un pharmacien (également distingués dernes, et surtout dans les dissertations académi- tous les deux), l'un dans une cuisine, et l'autre ques de M. le comte Chaptal. Jamais il n'a rendu dans une pharmacie; vous pouvez bien compter justice à la science culinaire, et n'a jamais pu que le cuisinier, aidé du Codex, confectionnera s'accorder avec un cuisinier. Il avait exercé pen- beaucoup mieux une masse de pilules ou un élec dant les plus belles années de sa vie la profession tuaire, que le second n'exécutera des charlottes d'apothicaire : c'est peut-être à cause de cela qu'il mousseuses ou des soufflés de bécasses, d'après les était si rude et si défavorable aux hommes de indications de MM. Carême et Beauvilliers, qui bouche, n'en sont pas moins claires comme le jour, Il y a mieux, les savants qui composent Cuisinières, Nous avons parlé de l'an- tion de chimie à l'Institut royal ont voulu quel-cienne Cuisinière bourgeoise avec estime et quefois s'essayer dans l'art culinaire, et leur sa considération; mais nous n'avons jamais eu de re- voir a toujours fait défaut à leur bonne intention. lations directes avec les cuisinières de ce temps-ci. Fourcroi n'a donné qu'une mauvaise théorie du Nous avons entendu dire seulement que lorsquc pot au feu; celle du rôti, qui est due à M, Chap- deux auteurs des Variétés, appelés MM. Brazier et tal, a peu satisfait les artistes, et les consommateurs Dumersan, avaient fait jouer le vaudeville des encore moins. Il est vrai que son enscignement Cuisinières, il avait failli leur en arriver mal- pour immiscer le vinaigre dans la salade, a réuni heur. D'abord, et dès le lendemain de la première plusieurs suffrages; la chose consiste à n'y intro- représentation des Cuisinières, il paraît que duire l'acide qu'après l'avoir saturé d'huile, et celles de ces deux messieurs les quittèrent en les sec- CUI ( 199 ) CUI - accablant d'invectives ; et puis il arriva que toute PORC FRAIS, huit livres, quatre heures. la corporation des Locustes, des Brinvilliers, des quatre livres, une heure trois Vigoureux et des autres Cordons-bleus de Paris, quarts. se réunit en assemblée générale. On y fit des im- précations atroces; on y montra des intentions JAMBON, trois heures. sinistres; on fulmina des anathèmes et d'épouvan COCHON DE LAIT, deux heures et demie. tables malédictions contre les auteurs de la pièce, en leur interdisant le feu et l'eau, c'est-à-dire le VENAISON, dix livres, deux heures et demie. feu de la broche et l'eau du pot-au-feu. Il fut con- six livres, une heure et demie. venu à l'unanimité qu'ils ne trouveraient pas même quatre livres, une heure. une fille de cuisine, et l'on envoya le signalement de MM. Dumersan et Brazier dans tous les bu- AGNEAU, selle ou gros quartier, deux heures. reaux de placement pour éviter les méprises. Il quartier ou gigot, une heure. paraît que, pendant plusieurs années, ces deux DINDON, farci, deux heures. malheureux chansonniers n'osaient déjeûner chez moyen, une heure un quart. eux qu'avec des aufs rouges et des cervelas de Lyon. On dit aussi qu'en dinant chez leurs amis DINDONNEAU, une heure. (qui n'avaient pas de cuisiniers), tous les ragoûts CHAPON, une heure. leur étaient suspects, et que la vue d'une croûte aux champignons les accablait d'épouvante. « La POULARDE, une heure un quart. » cuisinière de Paris est une espèce de femme POULET GRAS, trois quarts d'heure. ignorante, arrogante et vindicative. » Il est bon de s'en tenir à l'expérience de M. Brazier : POULET A LA REINE, vingt-cinq minutes. « Et j'dis qu'celles qui sont les meilleures, COQ-VIERGE, une demi-heure. » Sont les cuisinières en ferblanc. » PINTADE, trois quarts d'heure. PAONNEAU, une heure. CUISSON, manière de faire cuire chaque substance alimentaire avec le degré de coction dont OIE GRASSE, une heure un quart. elle est susceptible. C'est le point convenable en OISON, trois quarts d'heure, fait de coction qui domine toute chose à la cuisine aussi bien que dans les opérations de l'office. La CANARD, trois quarts d'heure. cuisson des viandes est le fondement des consom- CANNETON, vingt-cinq minutes, més et des jus, tout aussi bien que la cuisson du sucre à la nappe, à la plume, au caramel ou ALBRAN, vingt minutes. au perle est celui de l'art de confire (V. SUCRE), PIGEON, une demi-heure. Mais comme la coction la plus difficile à bien opé- rer est celle du rôtisseur, on va désigner à peu PIGEONNEAU, vingt minutes, près quel est le temps nécessaire à cette opération LIÈVRE, une heure et demie. pour tous les rôtis de différente espèce. (En sup- posant un feu de houille, et si l'on fait usage LEVRAUT, trois quarts d'heure. d'une cuisinière de métal, il faudra retrancher un quart du temps indiqué ci-dessous, et même LAPIN, trois quarts d'heure. en retrancher un tiers si la cuisinière est à co LAPEREAU, vingt-cinq minutes. quille.) FAISAN, trois quarts d'heure. BOEUF, pesant vingt livres, quatre heures de POULE FAISANE, vingt-cinq minutes. cuisson. dix livres, deux heures et demie. FAISANDEAU, un quart d'heure. six livres, deux heures, PERDREAU, rouge, une demi-heure. VEAU, dix livres, trois heures et demie, gris, vingt-cinq minutes. quatre livres, deux heures. BARTAVELLE, trente-cinq minutes. MOUTON, dix livres, deux heures. six livres, une heure et demie, OUTARDE, une heure un quart. quatre livres, une heure. OIE SAUVAGE, une heure. CUR ( 200 ) CYG d's COQ DES BOIS, une heurc. ieurs croient y suppléer en employant des zestes, COQ DE BRUYÈRE, une heure un quart. soit d'orange, soit de citron , soit de cédrat, soit de poncire, soit de bigarade, ou séparément ou POULE trois quarts d'heure. mélangés; mais le goût est fort différent : cela GELINOTTE, une demi-heure. peut composer une liqueur agréable, mais ce n'est certainement pas du curaçao d'Amsterdam. L'ap- BÉCASSE, une demi-heure. plication qu'on y apporte dans la fabrication de BÉCASSINE, vingt minules. cette liqueur et la grande consommation qui s'en fait sont les causes de cette supériorité. BÉCASSEAUX, un quart d'heure. C'est ordinairement par infusion qu'on prépare PLUVIER DORL, vingt minutes. le curacao. On lave à plusieurs eaux tièdes une ROUGE-DE-RIVIÈRE, vingt-cinq minutes.- livre d'écorces; on les égoulle sur un tamis, et on les met dans une cruche contenant deux pintes POULE D'EAU, vingt minutes. d'eau et huit pintes d'eau-de-vie; on laisse infuser SARCELLE, un quart d'heure. quinze jours, puis l'on distille ; on égoutte la li- queur sur un lamis. Pour le mélange, on fait fon- MACREUSE, vingt-cinq minutes. dre, dans trois pintes d'eau, cinq livres et demie RALE DE GENÊT, une demi-heure, de sucre, on mêle et on filtre. CAILLES, vingt minutes. Pendant les quinze jours que dure l'infusion, il faut remuer de temps en temps la cruche, afin que ENGOULVENT, vingt minules. l'infusion s'opère avec plus de facilité. MAUVIETTES, vingt minutes, CYGNE. Le PATÉ DU CYGNE est souvent men- GRIVES, vingt minutes. tionné dans les histoires de chevalerie , et cc noble ORTOLANS, un quart d'heure, comestible a toujours sa place marquée dans les BEC-FIGUES, un quart d'heure. anciens dispensaires. Il ne faut pas s'imaginer que l'usage de ce comestible est une marque de l'i- MERLES DE CORSE, vingt minutes. gnorance ou de l'insouciance alimentaire de nos GUIGNARDS, un quart d'heure. aïeux. La chair du jeune cygne et surtout du cygne sauvage est beaucoup plus tendre et plus BÉCOTS, dix minutes au plus. savoureuse que celle de nos meilleurs palmipèdes, ROUGE-GORGE, id. y compris les rouges de rivière et les albrans. On en mange beaucoup dans la Nord-Hollande et CURAÇAO. Cette liqueur a pour base une l'Oost-Frize, où l'on en fait des pâtés exquis à la espèce d'orentiacée qui croît dans une île de l'A façon d'Amiens, c'est-à-dire enfermés dans une mérique septentrionale , appelée Curaçao. Ces croûte de seigle et bien imbibés de lard fondu. zestes desséchés nous parviennent par la Hollande: C'est une sorte de pâtisserie qui ne date pas d'hier, on distille ces écorces avec de l'eau-de-vie; on en car on la trouve indiquée dans un dispensaire mêle l'esprit avec un sirop un peu chargé, et la wallon du xv° siècle. liqueur est faite. Nous ne conseillerons pas à nos amis les châte- Rien d'abord ne paraît aussi facile que cette fa- | lains de manger leurs cygnes; on n'en a jamais brication ; mais il faut qu'il en soit bien autre autant qu'il en faudrait pour animer et létifier les ment, car le bon curacao est une liqueur assez eaux d'un parc; mais nous recommandons à mes- rare. sieurs les chasseurs qui (pendant un rude hiver) D'abord les écorces de ce fruit , dont le parfum auraient l'adresse et la joie d'abattre un cygne et la douce amertume constituent le mérite de sauvage, nous leur demandons instamment de ne cette liqueur, ne sont pas toujours assez abon- pas le donner à manger à leurs chiens, ce qui ne dantes pour que des fabricants puissent bénéficier manque jamais d'arriver en France, au mépris de en les achetant sur le pied de cent florins la livre Palmerin des Gaules et du comte Gaston de Foix de France. On s'en sert en Hollande pour faire de en son Traicté des chasses et nutrition gi- l'essence de bischoff, et c'est ce qui les renchérit boyeuse. (Manuscrit n° 7097, à la bibliothèque prodigieusement. Un grand nombre de distilla- | du Roi). DAI DAR ( 201 chons, DAIM. On ignore absolument pourquoi mouton, désossez-le; battez-le bien; saupoudrez M. Geoffroy-Saint-Hilaire a classé les daims le dessus d'un peu de sel fin ; faites une pâte avec parmi les chèvres au lieu de les laisser avec les trois litrons de farine , dans laquelle vous mettrez cerfs. Nous avons déjà dit qu'un autre naturaliste une demi-once de sel, sis æufs entiers et très- avait proposé de ranger les truffes parmi les ani- peu d'eau , pour que votre påte soit extrêmement maux, parce que les truffes contiennent une ferme; enveloppez-la dans un linge blanc et hu- substance de la même nature que l'ozma- mide, laissez-la reposer une heure; après abais- come. On dit aujourd'hui que les escargots ne sez-la bien également, en lui donnant le moins sont pas des testacées; Jes diamants et les rubis d'épaisseur possible ; embrochez votre venaison ; sont tout uniment du charbon; les perles, un enveloppez - la entièrement de votre abaisse de calcul craieux réuni par un peu d'albu- pâte , qui pour cela doit être d'un seul morceau ; mine (ce qui signifie du blanc de Paris mastiqué soudez-la en mouillant ses rebords et les joignant par da blanc d'auf); enfin, la grosse courge est l'un sur l'autre; cela fait, enveloppez le tout de tristement séparée de ses petits-fils, les corni- fort papier beurré (le papier doit être d'une seule feuille); cette jambe ainsi préparée, faites-la cuire à un feu bien égal environ trois heures; la cuis- a Et les pois ne sont plus les cousins des lentilles ! son faite, ötez-en le papier; faites prendre une » Peut-on troubler ainsi le repos des familles ? » belle couleur à la pâte, et joignez-y, en la servant, Le daim s'apprête absolument comme le che- le voisinage d'une saucière remplie de piquante et vreuil, à la broche, en civet, en pâtés froids, en fine corinte gelly (gelée de groseilles). escalopes, en crépinettes, en purée pour en gar- nir des croustades, etc. La' daine est toujours DALLE ou DARNE, large tranche de sau- plus tendre que le måle; mais le faon de daim mon, de cabillaud, de bar, etc. On a vu dernière- qu'on fait cuire à la broche, en son entier et bien ment dans le Moniteur des Halles, à l'occa- piqué de filets de tétine, est un rôti des plus émi- sion d'une polémique entre les dames, les fac- nemment aristocratiques. Les Anglais font parquer trices et les regrattières, que les dalles doi- leurs daims après les avoir réduits à l'état du cha- vent toujours être coupées en travers d'un pon; ils sont quelquefois aussi gras que des mou- gros poisson rond (de maréc), lesquels ne tons de Bazouges; mais on pense bien qu'ils ne doivent jamais fournir plus de cinq tron- valent pas nos daims du Nivernais, des Cévennes çons entre æil et bat. Il paraît que lorsqu'on et des Alpes-Dauphines. C'est pourtant là ce que les débite en un plus grand nombre de morceaux, les Anglais appellent venaison par exclusion pri- ceux-ci n'ont pas le droit de conserver le nom vative, et parce qu'on ne voit jamais dans leur dont il s'agit; ils deviennent des tranches ou pays ni sanglier, ni marcassin, ni chamois, ni cerf, même des plaquettes : -- c'est une affaire ni biche. Tout le monde sait qu'une jambe de de plus ou moins d'épaisseur, ajoute ce jour- venaison est, en Angleterre , un objet d'intérêt nal officiel. capital et de rigoureuse obligation pour qu'un dî- ner puisse obtenir les trois qualités de copicux, DARIOLE, ancienne pâtisserie d'entremets. de confortable et de respectable. Les Anglais réussissent bien dans cette préparation dont ils Dariotes à la pâtissière. - Mélangez deux ont l'habitude, et dont nous allons donner la re- cuillerées de farinc avec trois cuillerées de sucre cette d'après leur most fashionable Cook. en poudre et une once de bon beurre que vous ferez fondre; ajoutez-y la moitié d'une écorce de Jambe de venaison (c'est-à-dire cuisse citron hachée et de la fleur d'orange pralinée : de daim) à l'anglaise. - Lorsque vous aurez vous mêlerez le tout ensemble, en y joignant qua- un quartier de daim bien gras, c'est-à-dire cou tre jaunes d'aufs, que vous mettrez les uns après vert de graisse , tel que peut l'être un gigot de les autres, en les mêlant bien exactement; joi- DAT (202) DIN rises confites au demi-sec. Lorsque vos moules (v. 1 gnez-y une pincée de sel, et puis vous y mettrez On n'en sert pas souvent en France, mais on les un plein verre de crème; vous verserez cet appa- fait entrer dans la composition de plusieurs bois- reil dans de petites timbales, et vous les ferez cuire sons adoucissantes où on les associe avec les rai- au four. Après les avoir fait sortir de leurs sins secs, les jujubes et les figues. Les dattes les moules et les avoir dressées sur le plat où vous plus estimées viennent de Tunis et de Maroc. Les devez les servir, il faudra les saupoudrer de sucre premières, surtout, sont fermes, charnues, de au blanc. couleur jaune et d'un goût vineux très-agréable et très-doux. On voit, dans les Recettes de Fonte- Darioles à la Duchesse. Pour opérer vrauld, qu'on en faisait anciennement, ainsi que dix-huit darioles, ce qui fait un moyen plat d'en- des alberges, une sorte de compote à la crème, tremets, metlez dans une bassine une once de au vin d'Espagne et à la moelle; mais la compote fleur de farine bien tamisée avec un auf entier. de nèfles est la seule préparation de cette nature Commencez par remuer ce mélange, afin d'en dont nous ayons conservé la tradition formulée faire une pâte sans grumelots. Mêlez avec six jau- (V. ALBERGE et NÈFLE). nes d'œufs quatre onces de sucre en poudre, six macarons écrasés, un grain de sel et un auf en- DAUBE, préparation d'un aliment gras et tier, Remuez bien l'appareil ; ensuite vous y joi-charnu , qu'on peut manger froid ou chaud. La gnez une chopine de crème, puis de la fleur d'o- noix de bouf et le filet d'aloyau, le gigot de mou- range pralinée, le zeste d'un beau cédrat confit, ton, la longe de veau, le carré de porc frais , les une pleine cuillerée de raisins de Corinthe, une oies, les dindes et les chapons sont les substances forte pincée d'angélique hachée, et quelques me- les mieux appropriées pour être mises en daube (V. DINDE). sont foncés, vous meltez dans chacun d'eux un petit morceau de beurre, puis vous versez la DIABLOTTINS. On appelle ainsi, premiè- crème dedans, et les meltez au four, chaleur gaie. Servez-les le plus chaud possible , et glacez que de la crème aux aufs qu'on a partagée en rement, un plat d'entremets, qui n'est autre chose à blanc, petits carrés lorsqu'elle est refroidie, et qu'on La vraie dariole ne doit pas faire beaucoup de fait frire à grand feu. Deuxièmement, c'est une volume à la cuisson : l'appareil doit seulement sorte de petites dragées napolitaines et fort aro- monter de deux ou trois lignes au-dessus de la matiques, dont nous parlerons plus tard au mot croustade , en formant l'artichaut. Cet effet seul DRAGÉE, article DIAVOLINI. Finalement, on distingue les bons faiseurs. Ces darioles sont un donne le nom de diablottins à des bonbons au fort bon entremets en famille. chocolat qui sont enveloppés d'une papillote et Avec le même appareil, on fait des flans déli- accompagnés d'une devise. On ajoutera (pour ne cieux. rien omettre) que c'est habituellement une solle devise ; mais ceci n'est qu'une observation sans Darioles au café Moka. — Mesurez quinze prescription. tasses de crème double et faites-la bouillir. Pen- dant ce temps, brûlez trois onces de café Moka DINDE. La chair de la femelle est beaucoup dans un poêlon d’office, et aussitôt qu'il est légè- plus délicate et plus tendre que celle du mâle, mais rement coloré, vous le jetez dans la crème, que on leur applique cependant les mêmes prépara- vous couyrez. Laissez faire l'infusion pendant un tions. bon quart d'heure, ensuite passez la crème à la serviette; vous procéderez, pour le reste de l'ap- Dinde aux truffes et à la broche. - Ayez pareil, de la même manière que pour la précé- une jeune et belle poule-d'Inde, bien grasse et dente recette. Pour les faire au café à l'eau, vous bien blanche; épluchez-la, Nambez-la, videz-la par en emploierez trois demi-lasses. la poche, prenez garde d'en crever l'amer et d'en Les darioles au chocolat, au rhum et au thé offenser les intestins; si ce malheur-là vous arri- doivent se faire en suivant la même prescription. vait, passez-lui de l'eau dans le corps : ayez qua- Celles qu'on assaisonne au fromage de Brie pren tre livres de truffes; épluchez-les avec soin ; sup- nent le nom de TALMOUSES (V. cet article). primez celles qui seraient musquées, et hachez une poignée des plus défectueuses (pour la forme); DATTES, C'est le fruit du palmier dattier. pilez une livre de lard gras, mettez-le dans une Les dattes sont presque entièrement composées casserole avec vos truffes hachées et celles qui sont d'un sucre mucilagineux qui les rend très-alimen- entières ; assaisonnez-les de sel, gros poivre, fines taires. C'est la principale nourriture des Arabes, épices et une feuille de laurier; passez le tout sur ___ PIN ( 205 ) DIN un feu doux; laissez-le mijoter pendant trois quarts. | morceaux, quatre carolles coupées, quatre ognons, d'heure; et puis retirez vos truffes du feu, re- dont un piqué de clogs de gérofle, un fort bouquet muez-les bien, et remplissez-en le corps de votre garni, sel, poivre et épices. dinde jusqu'au jabot; cousez-en les peaux, afin d'y Pendant lous ces préparatifs, concassez la car- contenir les truffes; bridez, bardez-la et laissez-la casse de la dinde, et mettez-la dans une casserole se parfumer pendant trois ou quatre jours, si la avec deux ou trois cuillerées à pot de bouillon ; saison vous le permet; au bout de ce temps, met- faites bouillir pendant une heure ; passez le jus au tez-la à la broche, enveloppez-la de fort papier, tamis, et servez-vous-en pour mouiller la galan- faites-la cuire environ deux heures ; et puis, dé- tine; ajoutez un verre de vin blanc et deux cuil- ballez-la pour lui faire prendre une belle couleur, lerées d'eau-de-vie; faites cuire à petit ſeu pendant Servez-la avec une sauce faite sur son jus de cuis- | quatre heures. son où vous ajouterez un léger hachis des mêmes Retirez la braisière du feu, et n'ôtez la galan- truffes. tine que lorsqu'elle est à peu près refroidie; sans Nous n'avons pas besoin d'avertir qu'il ne fau- cette précaution, elle pourrait prendre une fausse dra la donner que pour grosse pièce au premier couleur; passez la cuisson ; et si elle est trop lon- service. Rien n'est si lourdement bourgeois et si gue, faites-la réduire. Elle est à son point quand, Chaussée d'Antin que de faire servir ou même en se refroidissant, elle se prend en gelée. de laisser paraître une dinde aux truffes en guise Pour que cette gelée soit limpide et bien trans- de plat de rôt! On ne comprend pas comment l'au- lucide, il est indispensablement nécessaire de la teur de la Physiologie du Gout a pu se tromper clarifier. Pour cela, fouettez un blanc d’æuf, et sur un pareil article. De la part de M. Brillat de ajoutez-le à la gelée un peu plus que tiède ; mêlez Savarin, c'est l'effet d'une légèreté singulière, ou bien et faites chauffer ; quand la gelée aura jeté d'une illusion prodigieuse. L'estime qu'il avait mé- quelques bouillons, passez-la à travers un tamis ritée sous d'autres rapports et la considération de ou une serviette : laissez-la prendre, et servez-la son ouvrage en ont beaucoup soullert. autour de la galantine. On fait de la même manière des galantines de Dinde en galantine, - Ayez une dinde, ou chapons, de poulardes, faisans, lièvres, pintades, si vous l'aimez mieux, un dindon de belle grosseur filets de biche, outardes, etc. et bien en chair; désossez-le en commençant par le dos, et prenez garde d'endommager la peau ; Dinde en daube. -Prenez une grosse dinde; levez une partie des chairs de l'estomac et des après l'avoir flambée et épluchée, refaites-lui les cuisses, en retranchant de celles-ci tous les nerfs pattes, videz-la et retroussez-la en poule; coupez qui s'y trouvent; coupez en filets la moitié de la de gros lardons, assaisonnez-les de sel, poivre, épi- chair que vous avez levée sur le dindon, et hachez ces fines, aromates pilés, persil et ciboules hachés; le reste, roulez bien ces lardons dans tout cela, ensuite lar- Prenez un morceau de rouelle de veau propor- dez-en votre dinde en travers et en totalité ; bri- tionné à la grosseur du dindon, et autant de lard dez-la, enveloppez-la dans un morceau d'étamine; bien gras et bien frais; coupez-en la moitié en fi- cousez-la et ficelez-la des deux bouts; foncez une lets et en lardons, et hachez l'autre moitié : prépa- braisière, de la grandeur convenable à la grosseur rez aussi des filets de truffes et de la langue à l'é- de votre dinde, de quelques bardes de lard et de carlate; étendez la peau de dindon, la chair en débris de veau, de quelques lames de jambon et du dessus; couvrez-la de la farce que vous avez faite, restant de vos lardons; ajoutez encore un morceau en mêlant les viandes hachées que vous avez as de jarret de veau; posez votre dinde sur ce fond; saisonnées de sel, poivre et épices : sur cette assaisonnez-la de sel, d'un fort bouquet de persil couche, arrangez, en les entremêlant, des filets de et ciboules, de deux gousses d'ail et de deux feuil- dindon, de veau, de lard, de truffes, de pistaches, les de laurier, de trois carottes et de quatre de petits cornichons coupés en dés et de morceaux ognons, dont un piqué de trois clous de gérofle; de langue à l'écarlate; recouvrez ceci d'une couche mouillez votre dinde avec du bouillon et un plein de farce; mettez encore des filets, et ainsi de suite; gobelet de bonne eau-de-vie; faites en sorte qu'elle roulez la peau du dindon; cousez-la pour que rien baigne dans son mouillement; couvrez-la de quel- ne s'en échappe. Donnez à la galantine une forme ques bardes de lard et de feuilles de papier beurré; allongée; couvrez-la de bardes de lard, et enve faites-la partir, et couvrez votre braisière de son loppez-la d'une toilc claire que vous contiendrez couvercle, avec feu dessous et dessus ; entourez- avec une ficelle; mettez-la dans une braisière juste la de cendres rouges, et laissez-la mijoter ainsi à sa grandeur, avec des bardes de lard dessus et pendant quatre heures; cependant, à moitié de sa dessous; ajoutez un fort jarret de veau coupé en cuisson, découvrez yatre dinde, retournez-la, et DIN ( 204 ) DIN vre. goûtez si elle est d'un bon sel; sa cuisson faite, re bouquet assaisonné; couvrez votre dinde de bardes tirez-la du feu: laissez-la presque se refroidir dans de lard et d'un papier beurré; mouillez-la d'un son assaisonnement; retirez-la sur un plat, ayant verre de vin de Madère et de bon consommé; fai- soin de la laisser égoutler; passez son fond au tra tes-la cuire pendant deux heures à petit feu : sa vers d'un lamis de soie; clarifiez de même que cuisson faite, passez-en le fond au tamis de soie; l'aspic (V. ASPIC); laissez refroidir votre gelée; dégraissez-le, et faites-le clarifier et réduire à moi- déballez votre dinde, dressez-la et garnissez-la de tié; passez-le à la serviette; mettez chauffer l'au- cette gelée observez qu'on peut servir cette dinde tre moitié de votre garniture; ajoutez-y une dou- étant chaude avec partie de son fond réduit). zaine de belles crêtes de coqs et une partie de volre fond; égouttez votre dinde; débridez-la ; dressez- Dindon farci à la bonne façon du Lou- la sur un plat; rangez votre garniture à l'entour ; Faites une farce avec du lard et de la versez votre consommé dessus, et servez comme rouelle de veau, des marrons grillés, des champi- relevé de potage. gnons, des ognons hachés, de la ciboule, de la mie de pain, des jaunes d'œufs, des quatre épices et Dindon à la Régence. - Après avoir flambé des fines herbes. Détachez la peau du dessus de l'estomac d'un beau dindon, ce qui se fait avec le et troussé un dindon, vous le ferez revenir dans du beurre pour que les chairs en soient fermes, doigt, au moyen d'une incision à la peau; on far- vous en piquerez l'estomac avec du lard fin, et puis cit cet endroit entre chair et peau, et aussi l'inté- vous le ferez cuire à la braise avec du vin de Ma- rieur; on ficelle pour que rien ne tombe; et puis laga. Préparez un ragoût à la financière, comme on fait cuire à la broche. Étant rôti, on le dresse il est dit au chapitre des sauces et ragoûts. Dres- dans un plat avec un ragoût fait de riz de veau, sez ce ragoût sur un plat ovale, et glacez la partie champignons, truffes, culs d'artichaut, crêtes, sel et bon beurre : on le mouille de jus de veau et de piquée avec du jus de fricandeau bien réduit. bon bouillon. Ce ragoût, bien mitonné et cuit à Dindon en tortue. Désossez entièrement propos , doit se placer sous le dipdon, lequel on un dindon, en lui laissant cependant les pattes et sert en grosse entrée de broche. les ailerons; saupoudrez-en les chairs avec du sel (De la chair de saucisse, ou du lard maigre ha- et du poivre, et étendez dessus un peu de farce ché avec des marrons rôtis, fait une très-bonne cuite; sur cette farce, vous mettrez un salpicon, farce dont on peut remplir tout l'intérieur d'un dindon à la ménagère. puis vous recoudrez les chairs du dindon; vous le briderez, et vous le ferez cuire dans une braisière Dindon farci à la crème. — Faites rôtir un avec des bardes de lard, des tranches de citron, dindon et laissez-le refroidir; enlevez l'estomac un bouquet garni, le tout mouillé avec moitié con- en laissant les cuisses et les ailes ; hachez la chair sommé et moitiévin de Madère. Faites ensuite égout: de l'estomac avec de la mie de pain trempée dans ter le dindon, débridez-le. Vous figurerez les pat- de la crème, rouelle de veau, graisse de bæuf et tes et la tête d'une tortue avec des écrevisses que lard blanchi; assaisonnez de sel, poivre et mus- vous piquerez sur les côtés et l'estomac du dindon, cade: pilez le tout ensemble, et remplissez-en tout puis vous en incrusterez la peau par des lames de le vide du dindon, en figurant, autant que possi- truffes coupées en quadrilles. Vous le servirez sur ble, la partie enlevée : unissez avec un couteau une sauce au vin de Madère où vous mettrez un trempé dans l'œuf battu; panez avec de la mie de peu de kari des Indes et de soya. pain, et faites cuire au four. Dindon à la flamande. — Faites-le cuire Dinde à la macédoine. — Remplissez une dans une casserole avec des bardes de lard, des dinde avec des truffes et comme il est dit ci-des parures de viande, un bouquet garni, deux carot- sus. Étant ainsi préparée, ayez vingt morceaux de tes, deux ognons, le tout mouillé avec du bouillon. petit lard, que vous faites dessaler et blanchir, vingt Lorsque le dindon sera cuit, vous le ferez égout- saucisses à la chipolata , vingt gros champignons, ter, le débriderez et le dresserez; puis vous arran- vingt truffes, trente marrons; ayez aussi trente pe gerez autour des laitues cuites dans du consoinmé, tites quenelles de la grosseur de vos saucisses, que et vous verserez dessus une sauce à la flamande vous faites pocher; faites cuire votre petit lard avec préparée comme il est dit à cet article. les saucisses; meltez la moitié de cette garniture dans le corps de volre dinde ; troussez-la et bridez Dindonneau rôti (en peau de goret). – la comme pour entrée;'marquez dans une bra isière Préparez un dindonneau comme il est dit aux arti- avec quelques tranches de veau, deux lames de cles précédents; mellez-le à la broche; arrosez-le jambon, deux ognons, deux clous de gérofle, un souvent avec de l'huile, et saupoudrez de sel. Le DIN ( 203 ) DIN - dindonneau étant cuit, dressez-le, et saucez avec mélez-le bien, puis vous le laisserez refroidir, et une sauce au poivre de Cayenne. vous le distribuerez par petites portions. Saupou- drez ces petites portions avec de la mie de pain; · Dindonneau braisé à l'estragon. --Videz, donnez-leur une forme longue, ronde ou ovale ; flambez et troussez un dindonneau, les pattes en trempez-les dans des æufs battus et assaisonnés de dehors, et faites-le cuire dans une braisc légère; sel et poivre, puis dans de la mie de pain, et faites- dressez-le; décorez-le avec des feuilles d'estra- les frire. Dressez-les en buisson, avec un peu de gon, et saucez avec un aspic à l'estragon. persil frit au sommet. Dindonneau au beurre d'écrevisses. - Le Blanquette de dindon. - Levez les blancs dindonneau étant cuit comme il est dit à l'article d'un dindon rôti et refroidi; coupez-les par petits précédent, dressez-le e. versez dessus une sauce morceaux bien minces. D'autre part, vous ferez au beurre d'écrevisses. réduire de la béchameil, où vous ajouterez des Dindonneau en bayonnaise (V. BAYON- champignons que vous aurez fait cuire dans un blanc; puis vous mettrez dans cette sauce vos NAISE). - Opérez de la même manière avec morceaux de chair de dindon; vous lierez ce ra- dindonneau, goût avec des jaunes d'œufs, et vous pourrez le Dindonneau en salade. Le dindonneau servir à volonté dans un vole-au-vent, dans une cas- étant préparé comme pour la bayonnaise, en- serole au riz, ou dans une timbale de nouilles. tourez-le de cæurs de laitues; décorez la salade Capilotade de dindon. -- Dépecez un din- avec des anchois, câpres, cornichons, olives, etc. don cuit à la broche et refroidi; préparez une Hachis de dindon à la béchameil. Ha sauce italienne; mettez le dindon dépecé dans chez très-lin les chairs d'un dindon rôti : faites cette sauce; faites bouillir le tout très-doucement bouillir une quantité suffisante de béchameil un pendant quelques instants, puis vous dresserez les peu claire; mettez-y le bachis avec un peu de morceaux du dindon ; vous verserez la sauce des- beurre, sel, poivre et muscade; tenez chaude- sus, et vous mettrez autour des morceaux de mie ment sans fare bouillir. Servez avec des croûtons de pain taillés et frits dans du beurre. où sont des œufs poches. Milerons de dindon à la maitre-l'hôtel. Cuisses de dindon à la sauce Robert. Mettez des ailerons de dindon dans de l'eau Salez et poivrez les cuisses d'un dindon cuit à la bouillante, et laissez-les bouillir pendant quelques broche et refroidi; faites-y des incisions dans la minutes, afin de pouvoir en enlever les plumes longueur de toute leur étendue; faites-les griller avec facilité; plumez-les, épluchez-les avec soin, sur un feu doux, et saucez-les avec une sauce à la et faites-les dégorger dans de l'eau tiède. Désos- moutarde et à la purée d'ognons cuite au roux. sez-les, à partir de l'aile jusqu'au joint; puis vous les ferez cuire dans une casserole avec du lard, Quenelles de dindon. - Pilez dans un mor- des ognons, des carottes, un bouquet garni, le tier des blancs de dindon dont vous aurez ôté la tout mouillé avec du bouillon. Lorsque les aile- peau et les nerfs; ajoutez-y un morceau de mic rons seront cuits, vous les ferez égoutter, puis vous de pain mollet trempée dans du lait; joignez-y un les tremperez dans du beurre tiède, et ensuite dans morceau de beurre, et pilez de nouveau; ajoutez de la mie de pain mêlée de sel et de poivre. Faites ensuite des jaunes d'auſs, du sel, du poivre, de la griller les ailerons ainsi préparés; dressez-les sur muscade, et continuez de piler. En dernier licu, une maître-d'hôtel froide préparée comme il est vous y mettrez des blancs d'æufs battus; vous dit ci-dessus, page 7, n° 12. mêlerez bien le tout ensemble, puis vous diviserez cette farce par petites portions de forme oblon- Ailerons de dindon à la chipolata. - gue. Saupoudrez ces quenelles avec de la farine; Après avoir préparé les ailerons de dindon comme faites-les frire, et servez-les avec du persil frit. il est dit plus haut, vous les ferez revenir dans du beurre, en ayant soin de ne pas leur faire prendre Croquettes de dindon. - Levez les filets ct · Levez les filets ct couleur; puis vous jelterez un peu de farine des- le gros des cuisses d'un dindon cuit à la broche et sus, et vous mouillerez avec du consommé; ajou- refroidi; ayez soin d'en extraire les peaux et les tez du petit lard coupé par petits morceaux, des nerſs; coupez ces chairs en très-petits morceaux champignons, de petits ognons, des marrons, un carrés, et mettez-les dans une casserole avec un bouquet garni et de petites saucisses à la chipolata. peu de béchameil réduite et un morceau de beurre Lorsque le tout sera cuit, vous dresserez les aile- fin, sel, poivre, muscade. Faites chauffer le tout, rons, vous ôterez le bouquet garni, ct vous ferez DIN ( 206 ) DOU réduire la sauce, puis vous y ajouterez une liai- | mie de pain. Meltez ces attelets dans de la friture son de jaunes d'æufs, et vous la verserez sur les bien chaude, ct servez-les de belle couleur, avec ailerons avec tous les ingrédients dont nous avons un peu de jus de viande réduit. parlé (plus des croûtons frits). Ailerons de dindon au soleil. Les aile- DORADE, superbe poisson qui tire son nom rons de dindon étant échaudés comme il est dit de ses riches couleurs et du reſlet doré de ses plus haut, vous les ferez revenir dans du beurre écailles. Il se tient de préférence auprès des riva- pour les raffermir, puis vous verserez dessus du ges, et il remonte quelquefois les rivières à la suite velouté et un peu de consommé; vous ajouterez des bateaux de sel. Il est plus commun dans la un bouquet garni, un peu de gros poivre, un clou Méditerranée que dans l'Océan, mais on en trouve de gérofle et une feuille de laurier. Orez les aile- souvent pendant l'été sur les côtes de la Guyenne rons dès qu'ils seront cuits ; dégraissez et passez et de la Saintonge. Il est très-rare qu'il en arrive votre sauce, puis vous la ferez réduire et vous la jusqu'en Bretagne, et c'est ce qui fait supposer lierez avec des jaunes d'æuſs. Versez cette sauce sur qu'il a peur du froid. les ailerons, et laissez refroidir le tout. Les ailerons En Languedoc, on donne différents noms aux étant froids et bien garnis de sauce, vous les dorades, à raison de leur âge ou de leur grandeur. tremperez dans de la mie de pain, puis dans des æufs Les petites sont nommées sauqueues; celles qui battus et assaisonnés comme pour une omelette, et ont une coudée de lougueur portent leur vrai nom une seconde fois dans de la mie de pain. Dix minu- de dorades, et celles qui sont encore plus grandes les avant de servir, vous mettrez ces ailerons dans celui de subredorades. Elles parviennent quel- de la friture bien chaude; lorsqu'ils seront de quefois au poids de dix livres. belle couleur, vous les dresserez en buisson, puis La chair de la dorade est blanche, ferme et d'un vous ferez frire un peu de persil que vous placerez excellent goût. On la mange ordinairement rôtie dessus. ou cuite au court bouillon et accompagnée d'une Ailerons de dindon à la maréchale. sauce blanche aux câpres. On la sert aussi frile et Après avoir échaudé et fait dégorger des ailerons en filets panés avec une purée de tomates, ou on ragoût d'olives farcies. de dindon, comme il est dit plus haut à l'article Ailerons de dindon à la maître-d'hôtel, vous les désosserez jusqu'à la jointure du milieu, DORMANT. Les anciens dispensaires et les et vous mettrez dedans un peu de farce cuite pré-vieux livres de cuisine appellent ainsi les plateaux parée ; puis vous en coudrez la peau, et vous les qu’on dresse au milieu des tables, en surtout de ferez cuire dans une casserole avec du lard, quel service, et qui doivent y rester depuis le commen- ques ognons et caroltes, un bouquet garni, un peu cement du repas jusqu'à la fin. de gros poivre, le tout mouillé avec du bouillon. Laissez refroidir ces ailerons; trempez-les ensuite DORURE DE PATISSERIE. On bat ensemble dans du beurre tiède, puis de la mie de pain mê- des jaunes et des blancs d’æufs comme si l'on vou- lée de sel et poivre; faites-les griller sur un feu lait faire une omelette. Pour une forte dorure, on doux, et lorsqu'ils seront de belle couleur, vous délaic un blanc d’æuf avec deux ou trois jaunes ; les dresserez sur un peu de jus de viande glacé. pour une dorure pâle, on ne prend que le jaune des œufs qu'il faut délayer avec un peu d'eau. Attelets de dindon.- Les attelets de dindon, de même que la blanquette, les croquettes, etc., On se sert d'une plume ou d'un léger pinceau ne se font ordinairement que lorsqu'il reste des pour appliquer cette coloration. débris de dindon ròti. On léve les chairs blanches , si l'on travaille pour une collation de carême, on en extrait avec soin les peaux et les nerfs, puis un jour de jeûne, ou pour un diner de la semaine on les coupe par petits morceaux carrés. On coupe sainte où l'usage des æufs est interdit, on peut y de la même manière des truffes, des champignons suppléer avec une inſusion de safran ou de fleur de et du petit lard cuit, puis on embroche ces divers souci dans laquelle on délaie un peu de sagou ingrédients avec des attelets, en ayant soin de ne jaune. C'est afin de donner assez de consistance à pas mettre deux morceaux de la même espèce l'un cette composition pour qu'elle ne pénètre et ne se contre l'autre. Versez sur ces attelets une sauce perde point dans la pâte. allemande réduite; laissez-les refroidir, puis vous les tremperez d'abord dans de la mie de pain, en DOUBLE DE TROYE éritable nom d'une suite dans des æuſs battus et assaisonnés comme espèce de pêche appelée communément Made- pour une omelette, et une seconde fois dans de la teine rouge. DRA ( 207 ) DRÁ DOUBLE-FLEUR, très-belle et très-bonne sant, la dragée soit chaude sans être brûlante, et poire d'hiver, dont on tire un grand parti pour qu'en blanchissant elle ne soit que tiède. en faire des compotes, ainsi que des poires au 5° Ne pas ménager la gomme arabique; c'est beurre et des marmelades pour garnir des gâteaux elle qui donne du croquant à la dragée, et qui em- fourrés, des flans, des charlottes, et autres pâtis- pêche l'amande de s'écailler. series d'entremets. 6° Toutes les fois qu'on aperçoit de la pous- sière de sucre au fond de la bassine, il faut avoir DOYENNÉ (POIRE DU). Cette poire est fon- soin de cribler les dragées, qui, sans cela, se cou- dante et sucrée : on la cueille en octobre : elle est vriraient de cette matière et deviendraient diffor- assez analogue au gros beurré d'ANJOU; on n'en mes. Voici la manière de fondre la gomme arabi- fait aucun emploi culiraire, mais elle est rangée que pour la dragée : fort honorablement parmi les fruits à la main. Mettez dans une bassine suffisante quantité de gomme arabique pilée; ajoutez-y l'eau nécessaire, DRAGÉES. Les dragées sont, comme on sait, et posez le tout sur un feu doux ; vous remuez bien une espèce de petites confitures sèches, faites avec avec la spatule jusqu'à ce que la gomme soit bien des menus fruits, des graines, des morceaux d'é fondue et épaisse comme un sucre cuit à la nappe; corces ou de racines odoriférantes et aromatiques, vous la passez à travers un lamis de crin, et vous recouverts d'un sucre formé de plusieurs couches vous en servez au besoin. et durci par le travail. Elles se font dans une grande bassine plate, qui doit être de la même Dragées superfines du marasquin.--Pre- forme qu'on van (pour vagner les grains), laquelle nez quatre livres d'amandes d'abricots bien choi- bassine est suspendue au col de l'opérateur an sies, passez-les dans de l'eau tiède pour faciliter moyen d'une large courroie qui la maintient à la l'ouverture de leurs pores, et quand elles seront hauteur de la ceinture, et ladite bassine doit être égouttées, mettez-les dans une serviette, où vous pourvue de deux anses au moyen desquelles on les remuerez afin de les ressuyer et sécher. peut la manier en y remuant les dragécs chaque Pendant ce temps, prenez par parties égales de fois qu'on les charge ou recharge de pâle su bon esprit de jasmin et de fleur d'orange, que vous créc, par un mouvement lout-à-fait semblable à mettez à vingt-deux degrés avec de l'eau de fleur celui d'un homme qui vannerait du blé. C'est d'orange et de rose double; alors mettant vos peut-être la plus difficile et plus compliquée de amandes dans une cruche, vous y versez suffisam- toutes les opérations gastronomiques. Elle demande ment de cette liqueur pour les tremper ; vous fer- beaucoup de temps, beaucoup de soins, et néces mez le vase bien hermétiquement avec un double site beaucoup de vigueur et d'habitude. Il y a, du parchemin, et le laissez dans un lieu chaud l'es- reste, bien peu de maisons où l'on consomme as pace de six semaines; après cette infusion, vous sez de dragées pour qu'il ne vaille pas mieux les retirez les amandes de la cruche, vous les faites acheter que de les fabriquer. Cependant nous al- égoutter, et les mettez à l’étuve. Lorsqu'elles se- lons détailler les principaux rudiments de cette ront sèches à casser sous la dent, vous les travail- fabrication, dans l'intérêt de certains établissements lerez à la bassine branlante. et pour la satisfaction de certaines personnes. Faisant fondre alors trois livres de sucre dans La dragée exige, pour être bonne, l'emploi des parties égales d'eau de rose double et de fleur matières les plus pures et dans le meilleur état, d'orange, mettez-le à la nappe, et, pour lui don- ainsi que la plus grande attention dans la combi- ner du corps, jetez-y une cuillerée de décoction naison de leur emploi. de gomme arabique; vous couvrez le feu avec de M. Machet nous apprend qu'il y a six précau la cendre, et y remuant le sucre avec l'attention tions indispensables, dont on doit bien se pénétrer de ne pas le laisser bouillir, vous commencez la avant d'opérer dans la dragéc. dragée par deux charges de gomme que vous sé- 1 On doit s'attacher à bien compenser ses chez bien ; ensuite vous continuez vos charges, en charges, à proportion de la quantité des dragées observant de mettre les premières très légères, qu'on a dans la bassine, tant pour les grossir que afin de ne pas détremper la gomme qui devien- pour les lisser. drait trop difficile à sécher; après les six premières 2° Avoir soin de bien sécher à chaque charge, vous augmentez les suivantes, et à chaque huit pour éviter que la dragée repousse ou jaunisse. charges vous en mettez une moitié sucre et moi- tié gomme, en y passant la main afin qu'elles se 3. Passer la main sur la dragée lorsqu'on charge remplissent également et ne tiennent pas ensem- pour la remplir. ble; retirez les amandes et les criblez cinq à six 4° Régler le feu de telle manière qu'en grossis charges après cell's de gomme, afin d'ôter la pous- DRA ( 208 ) DRA sière du sucre qui est dans la bassine, observant tez alors à l'étuve avec un feu doux pendant trois de la ratisser chaque fois, et d'enlever les ratissu- heures; vous répétez la même opération une se- res qui servent pour les pâtes ou pour commencer conde fois, et les laissez passer la nuit à l'étuve. les dragées à fruit. Lorsque vos dragées sont suſti-Le lendemain, faites fondre à l'eau de rivière et samment grosses, vous les remettez à l'étuve, et les cuire à la nappe dix livres de sucre, et couvrez-en reprenez le lendemain pour les préparer à blanchir, les dragées par dix petites charges; ensuite vous en y meitant douze charges de sucre clarifié à l'eau en mettez une de gomme arabique, et continuez de fontaine ou de rivière, et cuit à la nappe; ob- à les grossir; vous les préparez à blanchir, et les servant de jeter un peu de gomme sur la première finissez comme les précédentes. et la huitième, entretenez votre dragée tiède, et Ces dragées sont pectorales, adoucissantes et séchez la bien à chaque charge pour en faire sortir anti-spasmodiques. Elles ont le privilége de réunir le blanc et empêcher que trop de chaleur ne la à l'agrément du meilleur bonbon l'utilité d'un fasse jaunir. médicament très-salutaire aux gens déraisonna- Le troisième jour vous les blanchissez avec un bles , ainsi qu'aux enfants qui repoussent les dro- sucre superfin le plus blanc possible, clarifié à gues. l'eau de fontaine ou de rivière, et cuit à la nappe ; vous mettez une charge de quart d'heure en quart trois livres d'amandes douces , bien nouvelles , Dragées d'amandes cannelies. - Mettez d'heure, et, la diminuant chaque fois, vous entre- tenez vos dragées tièdes, et les remuez doucement tremper pendant douze heures dans l'eau fraîche, et long-temps pour éviter la perte de la poudre du afin qu'elles ne s'écaillent pas; vous les coupez en sucre qui se dissipe; dix charges mises de la sorte pendant trois ou quatre jours; quand elles sont deux dans leur longueur, et les mettez à l'éluve suffisent pour blanchir. bien sèches, vous les criblez pour en séparer les Le quatrième jour où se donne la dernière façon petits morceaux , et les mettez à la bassine bran- à la dragée , vous prenez pour la lisser du sucre lante. Quand vous avez mis les deux charges de cuit au petit lissé, et en mettez trois charges, sans gomme, vous les grossissez avec une fonte, dans feu sous votre bassine; elles doivent être moins l'eau de rivière , de deux livres de sucre, que vous fortes de moitié que les précédentes, et vous les faites cuire à la nappe. diminuez de même par gradation, ayant soin de Melez, quand elles sont un peu grossies, une remuer les dragées pendant une demi-heure afin once de cannelle line, en poudre, avec suffisam- de leur donner le temps de pousser leur blanc, que ment de sucre clarifié pour une charge ordinaire trop de précipitation pourrait empêcher. et un filet de gomme. Après quatre nouvelles Après ces trois charges séchées suffisamment, charges, vous renouvelez celle de capnelle; ensuite, vous remettez le feu sous vos dragées et les faites quand elles ont achevé de grossir, vous les mettez chauffer doucement, après quoi vous les laissez re- à l'étuve, et les reprenez le lendemain pour les froidir et les enfermez dans des boîtes. continuer comme les autres dragées. Dragées superfines au persicot. — Prenez Dragées d'amandes à la siamoise.- Vous quatre livres d'amandes d'abricots, mettez-les in- faites blanchir les amandes , et vous en enlevez la [user pendant deux mois dans une cruche pleine peau; ensuile vous les faites roussir au four : de bonne eau-de-vie de Languedoc ou d'Orléans, , lorsque le sucre est cuit au grand perlé, vous re- à vingt-deux degrés; vous la couvrez bien d'un tirez la bassine du feu, y versez vos amandes et double parchemin; déposez le tout dans un endroit remuez bien le mélange, toujours hors du feu. chaud : quand l'infusion est faite, vous retirez vos Vous retirez les amandes, les posez sur une grille, amandes, et les meltez à l'étuve pour sécher; vous et les mettez à l'étuve avant de les servir; vous vous servez ensuite des mêmes procédés que pour pouvez aussi, en les tirant une à une, les jeter les dragées précédentes. dans du sucre en poudre ou dans de la nonpa- reille, en les y roulant pour qu'elles s'en garnis- Dragées de santé. Torréfiez légèrement sent de tous côtés, et ensuite les mettre à l'étuve dix-huit livres de cacao berbiche ; quand la peau sur des tamis garnis de papier de soie. se lève, vous retirez le cacao et l'épluchez, met- tant de côté celui qui se casse ; vous mettez celui Dragers d'amandes à la rosc. Vous pré- qui reste entier dans la bassine brantante sans parez les amandes comme ci-dessus ; vous faites feu; vous le couvrez d'une forte charge de gomme, fondre le sucre en le délayant avec de bonne eau puis vous y jetez des ratissures de sucre en pou- de roses inuscates, et puis vous le mettez sur le dre, en remuant la bassine et passant légèrement feu; après quelques bouillons, vous le retirez ct la main pour faire prendre le sucre; vous les met- l y délayez du carmin; vous grossissez les dragées DRA ( 209 ) DRA par la méthode précitée, et cela fait, vous les soit sèche, vous chargez vos dragées avec deux mettez passer une nuit à l'étuve. pincées de gros sucre passé au tamis de crin, et Le lendemain, vous clarifiez à la nappe de beau | dont vous aurez séparé le fin avec le tamis de sucre, pour dix charges, et, lorsqu'il n'est plus soie; vous les retournez bien pour les mêler en y que chaud , vous y incorporez suffisante quantité passant la main ; vous finirez ensuite de les grossir de carmin, jusqu'à ce que le mélange soit bien avec le sirop, puis les remettrez à l'étuve; le len- exact; quand votre sucre a acquis une belle cou- demain , vous les reprendrez pour les préparer à leur rose, ce qui se reconnaît lorsqu'en y trem- blanchir avec un sucre clarifié cuit à la nappe, et pant un papier blanc et l'en retirant il offre une les continuerez avec un sucre superfin, pour les helle nuance de la même couleur, vous commen- blanchir, finir et lisser à la manière accoutumée. cez à charger vos dragées, en mettant dans la pre- mière charge un petit filet de gomme; pour cela, Dragées à l'héliotrope. Comme on ne les dragées doivent être seulement un peu chau- peut pas toujours se procurer de la fleurd’héliotrope des, trop de chaleur ne leur ferait prendre la cou- en quantité suffisante, il est utile d'indiquer les leur que par places inégales : vous observerez de moyens d'en imiter le goût. Vous préparez de la bien les faire sécher après chaque charge, et de même manière trois livres d'avelines ; vous faites les maintenir à l'abri de l'humidité. cuire au petit perlé deux livres de sucre fondu dans moitié de bonne eau de fleur d'orange dou- Dragées au jasmin. Préparez et pelez ble et moitié cau de rose; vous y ajoutez ensuite trois livres d'amandes douces, à la manière accou un gros d'esprit de jasmin de première qualité, lumée; faites fondre ensuite , à l'eau de fontaine et autant d'esprit de tubéreuse. Après les deux ou de rivière , deux livres de sucre que vous met- charges de gomme, vous grossissez vos dragées à tez au petit perlé, puis couvrez le feu; vous y moitié : alors, délayant une demi-gousse de vanille versez une cuillerée d'esprit de jasmin double, en poudre avec du sucre clarifié et un filet de quand l'ébullition n'a plus lieu , car elle en dissi- gomme, vous en employez d'abord moitié, et, perait le parfum. Ayant commencé vos dragées après quatre charges, vous y mêlez ce qui vous par les deux charges de gomme, vous les grossis- en reste. Quand vos dragées sont assez grossies, sez, et les mettez ensuite à l'étuve pour les re vous les mettez à l'étuve, et les reprenez le len- prendre le lendemain, et les préparer à blanchir demain pour les préparer à blanchir et les finir. avec du sucre clarifié, cuit au petit perlé, dans lequel vous mettez une seconde cuillerée du même Dragées à la violette. -- Préparez trois esprit de jasmin; vous faites revenir le sucre à la onces de gomme adragant, selon l'usage, avec de nappe, et mettez dans la seconde charge un filet l'eau simple; quand elle aura pris de la consistance, gomme avec moitié de sucre clarifié. vous y ajouterez un peu d'indigo et une cuillerée Vous placez vos dragées à l'étuve, et les repre- de carmin liquide, pour lui donner la couleur vio- nez le lendemain pour les blanchir et les finir. lette, en la saupoudrant à mesure avec six onces d'iris de Florence pour lui donner aussi l'odeur Dragées de noisettes aux mille fleurs. de la violette. Quand votre pâte sera bien pétrie, Triple quantité de noisettes et de sucre; vous vous la roulerez et ensuite vous lui donnerez la couvrez le feu et mettez vingt gouttes de neroli, même forme avec le doigt, puis vous mettrez vos une once de bon esprit de jasmin, autant de jon- dragées à la bassine au tonneau, comme ci-dessus. quille et de tubéreuse, douze gouttes d'essence d'ambre, autant de musc; vous mêlez bicn; et Pistaches superfines à l'héliotrope. puis, ajoutant vos deux charges de gomme, vous Préparez trois livres de pistaches à l'ordinaire, et grossissez , en commençant par de petites char-faites fondre, dans moitié cau double de rose et moitié eau de fleur d'orange, deux livres de sucre, ges, afin de ne pas détremper la gomme, et con- tinuez, pour les finir, comme il a été dit ci- que vous mettez à la nappe ; alors, recouvrant le feu de cendres, vous jetez dans votre fonte un gros dessus. d'esprit de jasmin et autant d'esprit de tubéreuse. Boutons de fleur d'orange en dragées. Quand vos dragées seront à moitié de leur gros- Mettez dans la bassibe brunlante, sur un ſeu seur, vous délaierez un gros de vanille en poudre doux, deux livres de boutons de fleur d'orange avec du sucre et un peu de gomme, dont vous confits; vous commencez par de très-petites char mettez moitié sur les dragées, en passant la main ges, avec une fonte de deux livres de sucre à dessus avec soin. Six charges après, vous employez l'eau de rivière et cuit à la nappe; vous passez l'autre moitié, et, lorsque les dragées sont à leur légèrement la main dessus, et, lorsqu'ils sont à grosseur, vous les préparez à blanchir, et les finis- moitié grosseur, et ayant que la dernière charge sez comme les précédentes. de 14 DRA ( 210 ) DRA à Cette dragée est une des plus recherchées pour feu doux ; vous répétez jusqu'à trois fois les char- la délicatesse de son goût, ges de gomme et de ratissures , et les laissez passer la nuit à l'étuve. Dans l'été, on les fait sécher à Pistaches à la sultane. — Après avoir pré- l'air. paré les amandes et le sucre, vous ràpez dans ce- Le lendemain, vous les repassez à la bassine lui-ci, lorsqu'il est fondu, la superficie d'une de- branlante, en proportionnant la fonte du sucre à mi-douzaine de citrons, autant de bergamotes, de la cédrats, de poncires et d'oranges; après cinq ou de rivière ou de fontaine, et grossissez les dra- six bouillons, vous passez la décoction dans un gées lorsqu'il est cuit à la nappe, et vous les finis- tamis de crin, afin d'en retirer le marc des fruits, sez en trois jours par les procédés indiqués plus dont le sucre a pris les diverses odeurs ; vous cou haut. vrez le feu , et procédez comme de coutume. Cerises en dragées. Vous prenez quatre Dragées d'angélique. - Coupez en forme de livres de cerises confites, vous roulez chacune petits anneaux de petites branches d'angélique d'elles dans vos doigts pour les arrondir, les ran- fraîches et tendres; faites-les bouil dans l'eau geant à mesure sur une table saupoudrée de ratis- jusqu'à ce qu'elles soient blanchies, c'est-à-dire sure de sucre passé au tamis de soie, afin qu'elles qu'elles s'écrasent facilement sous le doigt, puis ne s'attachent pas entre elles: vous les posez en- mettez-les dans un tamis, et les laissez égoutter suite sur des lamis à l'étuve, et, lorsqu'elles sont après y avoir versé de l'eau fraîche. Quand elles sèches, vous les mettez dans la bassine branlante. seront sèches, vous les mettrez dans un sucre cuit Après y avoir mis une charge de gomme arabique, au lissé, que vous ferez bouillir jusqu'à ce qu'il en passant légèrement la main pour qu'elles soient soit au petit perlé; vous les faites sécher ensuite mouillées également, vous y jetterez des ratissures sur des tamis à l'éluve, et les remuez de temps passées au tamis de soie pour en séparer le fin; en temps pour empêcher qu'elles ne s'attachent vous criblez ensuite les cerises, et les mettez à ensemble. l'étuve avec un feu doux. Quelques heures après, Quand elles sont sèches, vous les mettez à la lorsqu'elles sont sèches, vous recommencez la bassine branlantc et les grossisscz avec un sucre mê:ne opération, et la renouvelez trois fois, en cuit à la nappe ; vous préparez votre angélique à mettant l'intervalle d'un jour pour la dernière blanchir, et la perlez de la manière ordinaire. charge. Quand les cerises auront acquis assez de Petits citrons en dragées. consistance et auront élé séchées à l'étuve, vous Vous faites les mettrez à la bassine branlante sur un feu doux, confire de petits citrons verts en les mettant d'a- et les grossirez à très-petites charges avec une bord dans l'eau sur le feu, jusqu'à ce qu'ils soient fonte de sucre à l'eau de rivière et cuit à la nappe, parfaitement blanchis; ce qu'on reconnaît lorsque en séchant bien à chaque charge, et en mettant la tête d'une épingle passe facilement à travers ; une de gomme après la hụilième de sucre. retirez-les alors, et les mettez pendant trois jours Vous les grossirez pendant deux jours, les dé- dans de l'eau fraîche, que vous renouvelez deux posant la nuit à l'étuve; vous les préparez ensuite ou trois fois par jour, pour enlever l'amertume des à blanchir, et finissez comme les précédentes. citrons ; vous leur donnez ensuite un bouillon cou- vert dans du sucre cuit au petit lissé, où vous les Noyaux de cerises en dragócs. — Faites laissez jusqu'au lendemain. Quand ils sont égout- sécher pendant trois jours à l'éluve deux livres de tés , et que le sucre clarifié est à la nappe, vous noyaux de cerises que vous mellez ensuite dans la les y uneltez et leur donnez un second bouillon bassinc au lonneau, avec du feu. Après une petite couvert ; le lendemain, vous leur donnez la troi- charge de gomme, vous les grossirez avec trois sième facon, en mettant le sucre au perlé. Enfiu, livres de sucre fondu à l'eau de rivière et cuit à la vous les égouttez et les meltez dans des tamis de nappe, que vous aurez préparé d'avance. Vous crin à l'étuve, avec un feu doux. séchez bien à chaque charge, renouvelant celle de Lorsqu'ils sont bien secs, c'est-à-dire lorsqu'ils gomme à la huitième. Vous les mettez après à l'é- ne conservent plus aucune humidité provenant du tuve, pour les reprendre le lendemain, les pré- sucre, ct qu'ils sont bien fermes, vous en mettez parer à blanchir et finir comme les cerises en dra- deux livres dans la bassine branlantc sans feu au- gées, lessous, ct, y ajoutant une bonne charge de gomme arabique, vous passez la main dessus pour Dragées au caſi. -- Après avoir préparé trois les mouiller également; vous y jetez du sucre en onces de gomme adragant, vous y mêlez, en la poudre passé au tamis de soie, les remuant légè- pétrissant, quatre onces de bon café en poudre, rement, et enfin vous les placez à l'étuye avec un passé au tamuis de soie. Lorsque volre pàle est assez DRA ( 211 ) DRA ferme , vous en formez des abaisses et les découpez Nonpareilles. - Mettez une demi-livre d'iris avec un emporte-pièce en forme de demi-lune, de Florence en poudre dans la bassine au tonneau ; proportionné à la grandeur des autres moules ; chargez, en commencant, à petites doses , à peu vous les mettez ensuite à l'étuve, et les travaillez près ce qu'il en faudrait pour remplir la coquille en tout comme les précédentes. d'une noix à chaque fois avec un sucre clarifié et* cuit au petit perlé. Vous remuez aussitôt avec la Dragées au chocolat. - Lorsque votre mu paume de la main, et non avec le bout des doigts, cilage est fait avec même quantité de gomme augmentant vos charges à mesure que vous gros- adragant, vous y mêlez, en pétrissant, dix onces sirez, et les passant dans un tamis de crin très-fin, de chocolat râpé, dans lequel il n'est point entré pour en ôter les particules de sucre qui se sont de sucre, et, lorsque la pâte est bien ferme, vous amoncelées, et que vous joignez aux ratissures. l'étendez avec le rouleau en abaisses plus minces Vous répétez cette opération avant de mettre de moitié que les précédentes, en les saupoudrant les dragées à l'étuve, et les passez à travers un de sucre ou de ratissures fines, pour qu'elles ne tamis moins serré à mesure qu'elles grossissent. s'allachent pas ensemble ; vous en mettez plu Vous employez alors un beau sucre clarifié, et sieurs l'une sur l'autre; vous les coupez en lar- mettez, à chaque fois, un jour d'intervalle pour dons de six lignes de longueur sur une de lar- les laisser sécher. Vous les préparez à blanchir en geur, les déposant à mesure sur des tamis pour mettant dix charges, et le lendemain vous en em- les mettre le lendemain à l'étuve. Vous les gros ployez autant pour les blanchir. sissez comme les autres pâtes, et les finissez de la Vous ne pouvez tirer cette dragée au blane sans même façon. sécher parfaitement après chaque charge. En suivant exactement cette méthode , votre Anis super fins en drayées. Mettez deux nonpareille sera bien égale , bien ronde et d'une livres d'anis verts dans la bassine au tonneau, bonne odeur. On n'en voit, en général, que de sans feu ; mouillez-les avec la gomme arabique, difforme, parce qu'on ne la commence ordinaire- en les remuant bien ; mettez-les ensuite pendant ment qu'avec de gros sucre , que l'on recouvre de deux ou trois jours dans des tamis à l'étuve. Lors sucre clarifié. qu'ils sont secs, mettez-les dans la bassine au ton- neau, enveloppés par petiles parties dans une ser- viette. Vous les remuez avec le poing , pour en Dragées à la Praslin. casser les queues que vous séparez en les vanant. Quand ils sont bien nettoyés, vous les grossissez Pralines d'office. - Mettez deux livres de su- dans la bassine au tonneau, en y mettant du feu, cre à fondre avec un peu d'eau. Criblez deux livres et employant quatre livres de sucre fondu à l'eau d'amandes douces afin d'en sortir la poussière, et de rivière et cuit à la pappe. Lorsqu'ils sont assez mettez-les sur le feu bouillir dans le sucre. Quand gros, vous en retirez les plus fins avec un petit elles pétillent , retirez-les en donnant quelques crible, et vous continuez ceux qui restent à la coups de spatule pour les sabler, puis passez-les grosseur d'un noyau de cerise. (C'est ce qu'on à travers un crible pour en séparer le sucre'; re- appelle anis de Flavigny ou de Verdun.) mettez-les dans la bassine sur un fey couvert, et travaillez-les en tournant avec la spatule, jusqu'à Parfait-amour en dragées. — Vous faites ce qu'elles aient pris tout le sucre attaché à la une pâte avec trois onces de gomme adragant et bassine, et qu'elles soient d'une belle couleur car- de bonne eau de rose double, en y employant du mélite; alors vous en mettez moitié dans la bas- sucre en poudre ou des ratissures fines. Quand sine avec un demi-verre d'eau, et le laissez bouil- elle est parfaitement pétrie, vous la roulez en long, lir jusqu'à ce qu'il offre une petite odeur de cara- en forme de vers; et, approchant plusieurs lon-mel; vous y jetez ensuite les amandes, et, après gueurs pour abréger, vous les coupez de la gros, les avoir bien retournées pour leur faire prendre seur d'une lentille , et les mettez à mesure dans sucre, vous les retirez, et remettez la seconde un pot que vous couvrez, et y ajoutez des ratis moitié de sucre dans la bassine, où vous le faites sures afin qu'elles ne s'attachent pas ensemble. bouillir comme la première fois, avec même quan- Vous prenez ensuite ces morceaux de pâte les tité d'eau. Quand la même odeur se fait sentir, uns après les autres, et leur donnez, avec un tour vous y jetez les amandes, que vous remuez avec de doigt, la forme d'un grain d'orge, les mettant la spatule le plus lestement possible, jusqu'à ce à mesure dans des tamis, et le lendemain à l'é- qu'elles aient pris tout le sucre; vous les retirez ture : alors vous les travaillez à la bassine au ton- et les mettez dans up tamis que vous couvrez, afin neau de la manière accoutumée. de leur faire prendre couleur. 14. DRA ( 219 ) DRA chée.. . . Pralines à la fleur de citronnier. - Pralines aux pistaches à la flour d'o- Procedez comme il est dit ci-dessus, en ajoutant range, suivant la recelle du Grand-Monarque dans votre appareil une forte poignée de fleur de (de la rue des Lombards). citronnier que vous aurez contusée dans un mor- tier de verre et que vous mettrez dans le sucre à « Prenez: Pistaches. . . 2 livres. l'avant-dernière façon qui est indiquée ci-dessus, Fleur d'orange éplu- pour la confection des pralines simples. 1 livre. Sucre. 4 livres 8 onces. Pralines blanches à la vanille. Vous avez du sucre clarifié que vous faites cuire au >> Vous mettez les pistaches dans l'eau bouillante; grand-boulé; vous y jetez vos amandes et vous quand la peau s'enlève, vous les retirez, ensuite vous les retirez du feu en les remuant jusqu'à ce les pilez dans un mortier de marbre, en mettant de qu'elles aient bien pris le sucre. Vous renou- temps en temps quelques gouttes d'eau d'épinards, velez cette même opération, et vous les parfumez pour qu'elles ne tournent pas en huile; vous les en y joignant un demi-gros d'esprit de vanille, broyez ensuite sur la pierre pour en rendre la pâte après quoi vous les laissez passer douze heures à très-fine ; vous y incorporez bien la fleur d'orange l'étuve. après l'avoir pilée. Vous clarifiez le sucre et le faites cuire au petit cassé; vous le retirez et y mê- Pralines aux noisettes-avelines et aux lez la pâte avec une spatule; puis, étant refroidie, pistaches. Mettez vos avelines ou vos pista- vous la sortez de la bassine et la posez dans une ches sur un feu doux ; chauffez très-fort, en les terrine propre ; vous la pilez ensuite et la broyez remuant bien pour en détacher la première peau; bien; vous mêlez le tout qui forme une pâte criblez-les ensuite; faites fondre le sucre et y joi- que vous passez sur du sucre en poudre ; vous goez les avelines : suivez pour le reste les mêmes en prenez de petits morceaux de la grosseur procédés que pour les pralines grillées, mais joi- d'une noisette, que vous roulez dans la main pour gnez-y quelques gouttes de ratafia de noyaux avant en former vos pistaches; vous les mettez sécher de leur donner la dernière façon. à l'étuve avec un feu doux. Le lendemain vous les mouillez légèrement avec de la gomme arabique Pralines de pistaches de Macédoine aux fondue, et les couvrez de nonpareille à la manière mille fleurs. Prenez deux livres de belles accoutumée : vous les remettez à l'étuve, et, lors- pistaches grecques, quatre onces de fleurs de ci- que vous les garnissez de papillotes, vous y joi- tronnier, quatre gros de fleur d'orange épluchée gnez une devise ou une chanson. de manière à ce qu'il n'en soit resté que les pé » Celte pistache est des plus agréables à manger, tales blanches, quatre gros d'esprit de roses, qua et a l'avantage d'élre fondante, céphalique et lé- tre gros d'esprit de jasmin , autant d'esprit de régèrement sudorifique. On peut la vendre sans être séda , de tubéreuse et de jonquille. Joignez à tout en papillotes. » ceci quatre livres et demie du plus beau sucre, que vous faites venir en sirop. Grillage de fleurs d'orange (pour assiettes Pelez et pilez les pistaches, en y mettant de montées). · Vous faites cuire du sucre à la temps en temps du suc d'épinards ; vous les plume, et y jetez la fleur d'orange; vous remuez broyez ensuite sur la pierre. Réduisez en pulpe, avec la spatule ; et, quand elle a acquis une belle dans un mortier, vos fleurs d'orange et de citron, couleur, versez-y un peu de suc de citron. Ce que vous incorporez avec la pâte de pistaches. Au grillage se dresse en rochers sur un plat graissé même moment, versez-y tous vos esprits, et mê- de bonne huile vierge, et on le met ensuite à lez bien le tout avec la stapule. Vous clarifiez le l'étuve. sucre; et, comme la pâte se trouve un peu liquide à cause des esprits qui y sont entrés, vous les Bonbons mythologiques, suivant les faites cuire au grand cassé, et finissez d'opérer charmantes formules du Fidèle Berger. comme à l'ordinaire. « Sucre de Flore. Pralines aux pistaches à l'ananas. Gelée de pomme. . 1 once. Vous râpez la superficie d'un ananas. Quand le sucre est fondu , vous y exprimez le jus du fruit, Néroli. ... 4 gouttes. et y ajoutez les râpures. Au moment où la fonte Esprit de jasmin. 18 goutles. va bouillir, vous la retirez, la couvrez, et termi Esprit de réséda. 6 gouttes. nez comme il est dit précédemment. Sucre superlin. . 4 livres. . . . . DRA ( 213 ) DRA 2 gros. 6 gros. . . 0 . . . . » Vous clarifiez le sucre, et le mettez sur le feu Gérofle. 2 gros. avec la gelée de pomme qui sert à donner du liant Macis. . . au sucre, afin de le travailler avec facilité. Lors Mastic en larmres. qu'il est au cassé, vous le retirez du feu et y ajoutez Sucre. 2 livres. los essences ; vous versez le tout sur la table de marbre graissée légèrement avec de l'huile d'a- les tamisant ensemble, et formez-en une pâte en Pulvérisez toutes les substances; mêlez-les en mandes douces ; lorsqu'il est assez refroidi pour les triturant avec du mucilage de gomme adra- pouvoir être travaillé à la main, vous le tirez le gant fait avec une forte infusion de teucrium plus promptement possible en le portant d'une marum. main à l'autre, et de la même manière que le Étendez la pâte avec un rouleau, et découpez-la sucre retors. » Lorsque votre sucre est d'un beau blanc, avec un emporte-pièce, en lui donnant la forme de vous le coupez en morceaux de la grosseur d'une noix grains d'orge. Les propriétés stimulantes de cette espèce de dragées sont assez généralement environ, suivant la capacité du moule ; vous l'ar- rondissez le plus promptement possible dans la connues pour qu'on n'ait aucun besoin d'en re- main; un autre l'aplatit et le pose dans le moule commander l'usage à tous les sujets débilités. en cuivre dont nous avons décrit la forme et les Dragées ou Pastilles de menthe poivrée, sui- proportions. Celui-ci doit avoir pour emblème la vant la recette de Tronchin. déesse Flore avec tous ses attributs. Vous tenez en Sucre. 4 onces. même temps à la main le couvercle du moule, où Eau de menthe, 2 onces, se trouve gravée une corbeille de fleurs, avec des couronnes, guirlandes, etc.; vous l'appliquez sur Faites cuire pendant quelque temps, et le sucre, qui reçoit les deux empreintes sur ses ajoutez : deux faces. Vous le retirez du moule en frappant Sucre granulé. 4 onces. celui-ci; aussitôt la tablette s'en détache. Essence de menthe. 1/2 gros. >>Il est nécessaire d'être plusieurs pour cette opé- ration. Il faut avoir l'attention de graisser toutes Mêlez l'essence au sucre granulé, que vous in- les parties intérieures du moule avec de bonne corporerez rapidement au sucre cuit. huile d'amandes douces avant d'y faire entrer le Procédez, pour former les pastilles, comme il sucre, dont la quantité doit être exactement pro- est prescrit ci-dessus. portionnée à celle que le moule peut contenir. Vous pouvez envelopper ces bonbons, avec une Tablettes ou pastilles de cachou (v. page devise analogue, dans un papier blanc, » 116). Pastilles digestives de Darcet. « Sucre de Vénus. Bi-carbonate de soude. 4 gros. Gelée de pomme 12 onces. Sucre. 1 once. Teinture aromatique, ou huile essen- Esprit d'ambre. 8 onces. tielle, quantité suffisante. de musc. 8 onces. Mucilage de gomme adragant. de vanille. 18 gouttes. Sucre superfin. 4 livres. Faites une pâte bien liée, et divisez en tablettes de douze grains, qui contiendront chacune un » Même opération que pour la recette précédente, grain de bi-carbonate. si ce n'est que le moule dont on doit se servir pour Ces pastilles, prises au nombre de deux à trois celle-ci représentera, d'un côté, Vénus dans un après le repas, facilitent singulièrement la diges- char trainé par deux colombes, et de l'autre, Cu- tion. pidon, un bandeau sur les yeux, et décochant une Dans une indigestion caractérisée, on en peut flèche, etc.; et vous enveloppez votre sucre de prendre jusqu'à douze successivement. Cette même que celui de la recette précédente. » quantité est rarement nécessaire pour faire cesser tous les symptômes. Diavolini à la manière de Naples. Limonade sèche, d'après la recette de feu Lavoysier. Gingembre. Safran d'Orient. Acide tartarique. 1 gros. Musc. . . 2 grains. Sucre. 8 onces. Ambre gris. 8 grains. Essence de citron. 6 gouttes. . . . . . . 1 gros. 4 gros. . • . . DRA ( 214 ) DUM • . . . . . soie. .. . . . . } Pulvérisez le sucre et l'acide, ajoutez l'essence, Il n'est pas rare de trouver ce suc de réglisse et conservez dans un flacon bien bouché. falsifié, particulièrement celai en bâtons; pour Une cuillerée de cette poudre dans un verre cela on le ſait moins cuire, et on le pétrit avec de d'eau fait tout de suite une espèce de limonade, et la fécule, mais il est moins sucré et très-pâteux. c'est une boisson très-salubre. Quand il est fabriqué fidèlement, il fond aise- ment dans la bouche et n'est pas désagréable au Pastilles ad sitim (pour la soif). gout. Acide oxalique, citrique ou tar- Jus de réglisse blanc, suivant la formule tarique. 2 gros. Sucre.. 1 livre. des religieuses de Blois. Essence de citron. 20 gouttes. Prenez Gomme adragant. 4 onces. Pulvérisez l'acide et le sucre; mélangez-les en Orge. 2 livres, passant au tamis; ajoutez suffisante quantité de Réglisse fraîche.. 1 livre. mucilage de gomme adragant pour faire une pâte Essence de péroli. 12 grains. qu'on étend au rouleau et qu'on découpe à l'em- Sucre superfin en pou- porte-pièce. dre, passé au tamis de 18 livres. Tablettes de guimauve à l'ursuline, Lavez bien votre orge dans de l'eau tiède, et la Sucre. 1 livre. Gomme arabique. laissez tremper pendant un jour. Quand elle est 2 onces. Eau de fleurs d'orange. bien égouttée, vous la mettez avec quatre pintés quantité Gomme adragant. . suffisante. d'eau dans une bassine, où vous la faites bouillir jusqu'à réduction de moitié de la liqueur, puis Faites fondre la gomme adragant avec l'eau de vous la passez dans un linge serré. fleurs d'orange; et du reste procédez comme ci Ratissez bien la réglisse et la mettez dans la dessus. décoction d'orge, que vous faites encore bouillir et réduire à moitié ; battez un blanc d'æuf dans Suc de réglisse anisé suivant l'excellente un peu d'eau, et versez-la par intervalles dans la formule de M. Caventou. décoction. Quand elle est parfaitement claire, vous Prenez : Jus de réglisse, o 2 livres. la faites refroidir et la passez à travers un tämis. Grains d'anis. Vous vous servez de cette décoction pour y tremper 1/2 gros. votre gomme adragant, que vous y laissez deux ou Mettez le tout dans une bassine où vous le ferez trois jours. Vous pilez cette gomme de la manière fondre dans suffisante quantité d'eau sur un petit indiquée pour les pâtes à pastillages, et y ajoutez feu : ayez soin de le remuer avec une spatule, et pre- l'essence de fleur d'orange. Quand elle est pétrie, nez garde que sa partie gommeuse ne le fasse vous la roulez de la grosseur d'une plume, et la attacher au fond de la bassine. Quand il est bien doublez pour la tordre de la même manière que le fondu, vous le passez à travers un tamis de crin sucre retors en petits bâlons de quatre pouces de serré, au-dessus d'une seconde bassine posée sur longueur. Vous les mettez à l'étuve avec un feu un tonneau dans lequel se trouve une terrasse ou doux, et les retirez lorsqu'ils sont secs. trappe de feu; vous continuez à le réunir jusqu'à Ce jus de réglisse est excellent pour remédier ce qu'il soit très-épais : alors ajoutez l'essence d'a aux vices de poitrine et aux toux opiniâtres. nis. Vous appliquez un peu de votre préparation sur le dos de la main ; et, lorsqu'elle n'y tient pas, DUMPLINGS(Cuisine étrangère. Entre- vous la versez sur une table upie bien graissée. mets anglais). Pendant que le jus de réglisse est chaud, vous en prenez par petites parties, que vous roulez en Dumpling aux pommes ou aux prunes. abaisses les plus minces possibles, vous le mettez Vous faites une bonne pâte chaude, que vous ensuite sur des plaques de ferblanc dans un en roulez mince; vous la mettez sur un plat, et pla- droit sec. Le lendemain ou surlendemain vous le cez par-dessus une certaine quantité de pommes coupez en long avec des ciseaux, et en formez des pelées ou de prunes de Damas. Mouillez les bords bandelettes que vous découpez en mouches. de la pâte, fermez-la, faites-la bouillir dans un Si vous voulez en faire de petits bâtonis, vous linge pendant une heure. Versez du beurre chaud lui donnez cette forme lorsqu'il est encore sur votre dumpling, et servez-le tout entier, après chaud, l'avoir couvert de sucre râpé. EAU ( 213 ) EAU Dumpling ferme.- Vous faites une pâle avec mettez votre påte. Vous jetlerez ensuite votre dum- un peu de sel, de la farine et de l'eau ; vous la pling sur un tamis pour l'égoutter, après quoi roulez en boules de la grosseur d'un æuf de dinde. vous le dresserez sur un plat et le servirez avec Mettez dedans des raisins de Corinthe. Roulez ces du beurre frais, qui soit légèrement salé et à peine boules dans un peu de farine, enveloppez-les d'un fondu au bain-marie. linge, et faites-les cuire dans de l'eau bouillante Il appert du Fashionable dispensay, que une demi-heure. Servez-les avec une sauce au vin ce dumpling a l'honneur de devoir le nom qu'il de Cherry (Xérès), bien sucré. porte à sa Grâce le feu duc de Norfolk, comte- maréchal héréditaire d'Angleterre, lequel affec- Dumpling de Norfolk. - Vous meltez un tionnait particulièrement cet élégant comestible. grand verre de lait, deux cufs et un peu de sel, Le praticien britannique a soin de faire observer dans une pâte épaisse faite avec de la farine ; vous que le plus délicat et le plus aristocratique de tous trempez cette pâte dans une casserole d'cau bouil- les dumplings est celui qu'on remplit avec des épi- lante : deux ou trois minutes suſfisent pour la cuire. neuses et vertes grosberries (c'est-à-dire avec Ayez soin que l'eau bouille bien quand vous y des groseilles à inaquereau). EAU. La meilleure eau est celle des rivières Quelques raisons portent à croire que l'eau se dont le cours est rapide, et qui coulent sur un lit trouve pourvue de quelque propriété nutritive, non de sable, de roche, ou de cailloux. pas seule, mais dans les diverses combinaisons Les eaux de puits sont presque toujours, et les qu'elle forme avec les autres substances alimentai- eaux de source sont très-souvent chargées de sels res. L'action nutritive de ces combinaisons est, lerreux qui altèrent leur purcté sans troubler leur non-seulement en proportion de la matière solide, transparence. Ces eaux ne dissolvent pas le savon, mais aussi de la quantité d'eau dont elles sont im- et les légumes y cuisent mal : elles sont pesantes prégnées. et rendent les digestions pénibles, surtout chez les L'eau très-froide, glacée même, agit comme un personnes qui n'y sont pas habituées. Les eaux de excellent tonique, sans exciter aucune irritation, pluie, simplement filtrées, sont très-pures et très et même en calmant celle qui peut exister dans légères. l'estomac. L'eau des étangs, des marais, et celle de la plu Les eaux de neige et de glace sont fades au pré- part des ruisseaux qui coulent dans des lits rétré- micrabord, parce qu'elles ne contiennent pas d'air; cis, ou obstrués par des roseaux, des glaïeuls, ou mais elles en reprennent bientôt par l'agitation et autres plantes aquatiques, est toujours chargée de ne paraissent pas nuisibles à la santé. substances organiques en dissolution, qui lui com. On peut rendre potables les eaux des étangs et muniquent une saveur fade et quelquefois nauséa- des marais en les faisant bouillir; l'ébullition, en bonde. Ces eaux ne peuvent devenir salubres qu'a- cuisant les matières organiques et dégageant les près avoir été filtrées à travers un mélange de sa- principes gazeux insalubres que ces eaux contien- ble et de charbon en poudre; après la filtration, et nent, les empêche de nuire; il faut ensuite, quand avant d'en faire usage, il faut les agiter pour leur le liquide est refroidi, l'agiter dans l'atmosphère rendre une partie de l'oxigène qu'elles ont perdu pour lui rendre l'oxigène dont il a été dépouillé en traversant le filtre. par la coction; enfin il faut le filtrer à travers du L'eau pure ne suffit pas toujours pour apaiser sable ou plutôt à travers du charbon pulvérisé. la soif intense, à moins d'être prise en quantité Il existe un moyen très simple de reconnaitre le qui peut devenir préjudiciablé : en trop grande degré de pureté de l'eau sous le rapport de la quan- abondance, elle énerve les forces digestives, et ne tité des substances qui peuvent nuire à sa potabi- convient pas seule quand celles-ci ont besoin de lité, c'est d'en faire évaporer une quantité un peu stimulant, ainsi qu'on l'observe chez toutes les considérable. Si elle s'évapore cn entier sans laisser personnes dont l'estomac est faible et inactif. de résidu sensible, c'est une preuve qu'elle est pure. EAU ( 216 ) EAU L'eau de Seine, prise au centre de Paris, con cédés ordinaires, et l'on doit lui donner la préfé- lient une assez grande quantité de matières étran rence pour la plupart des usages domestiques. gères; mais il est aisé de s'en procurer qui n'ait Les eaux de pluies sont naturellement les plus aucun inconvénient de cele nature, et tout le pures; mais elles ne sont pas ordinairement telles monde sait qu'il existe à Paris une entreprise qui dans les citernes où on les conserve. En effet, lors- fournit à domicile, et pour un prix très-modéré, qu'elles commencent à tomber, et surtout lorsque de l'eau de Seine que l'on a toujours soin de pui- le temps a été long-temps serein, elles rencontrent, ser au-delà du jardin des plantes et au milieu du sur les toits des habitations, des substances étran- courant. gères qu'elles entrainent avec clles, ct qui font Lorsque l'eau de la Seine est pure, ou, ce qui qu'elles croupissent plus ou moins promptement. revient au même, lorsqu'elle est bien épurée, il on pourrait éviter cet inconvénient par une pré- est assez connu qu'aucune autre espèce d'eau n'est caution qu'on prend dans certaines villes marili- de qualité préférable, et peut-être même compa mes, où les eaux douces sont rares, comme, par rable à celle-ci, pour la limpidité, la légèreté, la exemple, à Cadix : dans cette ville où chaque ha- sapidité et la salubrité parfaite. La Seine arrive bitation doit être pourvue d'une citerne, le con- de très loin, et comme elle arrive en se repliant duit par lequel l'eau entre dans le réservoir porte sur elle-même et par des sinuosités multipliées, son un robinet au moyen duquel on force la première eau se trouve soumise à l'action de l'air atmo eau qui tombe de s'écouler au dehors : et dès que sphérique pendant un trajet d'environ deux cents les toits et les canaux sont nelloyés par cette es- lieues, ce qui doit la salurer d'oxigène abondam pèce de lavage, on tourne le robinet pour faire ar- ment. On peut encore observer que le cours de river dans la citerne l'eau qui continue de tomber cette rivière est extrêmement rapide, et que depuis du ciel et qui est la seule eau potable à une ou Saint-Seine jusqu'à Paris, c'est-à-dire à partir de deux lieues de la côte, attendu que le voisinage de sa source, elle ne coule que sur un lit de sable, la mer a pour effet de communiquer un goût sau- chose à laquelle on doit attribuer la qualité supé- mâlre à toutes les sources où son infiltration peut rieure et l'excellence reconnue de tous ses pois- arriver, sons, Les matières étrangères que l'eau de Paris con- EAU-DE-VIE. Premier produit de la distil- tient y sont également en solution et en suspen lation des liqueurs fermentées. Ce liquide est un sion, mais on la dépouille aisément de ces matières mélange d'alcool et d'eau dans des proportions au moyen des filtres . Ces filtres sont ordinairement très-variables. Les plus fortes contiennent au moins en sable de rivière ou en pierre poreuse de nature quarante pour cent d'eau; il y en a qui en con- calcaire , disposés dans les fontaines domestiques tiennent jusqu'à cinquante-huit pour cent. L'cau- en couches plus ou moins épaisses que l'eau est de-vie est en outre mélangée de diverses matières forcée de traverser. Les fillres en pierre sont pré extractives qui modifient plus ou moins l'odeur et férables, parce qu'ils fournissent une eau constam la saveur de l'alcool. ment claire. Mais, comme dans les crues de la ri- L'eau-de-vie, quel que soit son titre, sort sans vière, les eaux sont troublées par des matières ter aucune couleur de l'alambic; avec le temps elle se reuses qui se déposent à la surface des filtres, et colore dans les tonneaux, en dissolvant la matière non-seulement retardent la filtration, mais com extractive des douves. Presque toujours on n'at- muniquent encore au liquide une saveur désagréa tend pas cette coloration naturelle : on la donne à ble, on est obligé de nettoyer souvent les fontaines l'cau-de-vie en y ajoutant du caramel, de la mé- Gilirantes. lasse, une infusion de thé, du cachou, etc. Cha- Depuis plusieurs années il existe à Paris des éta- que marchand a pour cela une recette particulière. blissements dans lesquels on clarifie une immense Fort heureusement aucune de ces substances n'est quantité d'eau à la fois : les appareils dont on se malfaisante. Une très bonne recette pour .colorer cela sont construits de manière que l'eau l'eau-de-vie est la suivante. est d'abord dépouillée des matières étrangères les Un quarteron de sucre caramélisé, jusqu'à teinte plus grossières en traversant des éponges, et qu'elle carmélite très-foncée ; délayer le caramel avec une filtre ensuite à travers du charbon pulvérisé: mais tasse de forte infusion de thé moitié vert et moitié comme, pendant cette opération, l'eau perd une noir. Ajouter une demi-tasse de teinture spiri- partie de l'air qu'elle contenait et qui est essen tueuse et saturée de cachou, et un gros de tein- tielle à sa qualité potable, on la lui rend en faisant ture de vanille. tomber, en forme de pluie, l'eau qui sort du filtre On met de cette liqueur dans l'eau-de-vie , jus- dans un grand réservoir. Cette cau est plus pure qu'à ce qu'on ait atteint la nuance qu'on désire. et plus potable que celle qu'on clarifie par les pro Les meilleures eaux-de-vie sont celles dites de sert pour EAU ( 217 ) ECR Cognac. On les fabrique dans la Guyenne, le pays rendu sa division comparable à celle de l'alcoo- d'Aunis et la Saintonge. mètre, au moyen d'une table comparative. Ensuite viennent les eaux-de-vie dites de l'Ar- ÉCHALOTE, alliacée qui n'est employée magnac: elles sont fabriquées dans toute l'ancienne Gascogne. que pour assaisonnement; elle est de plus forte sa- Au troisième rang sont les eaux-de-vie dites veur que l'ognon, mais elle est moins âcre que d'Orléans, qui se fabriquent dans le pays Nantais, l'ail. L'échalote est un ingrédient obligé dans pres- le Maine et l'Anjou, le Saumurois, le Blaisois et que toutes les sauces piquantes. la Touraine. ÉCHAUDÉS, sorte de gâteaux non sucrés Les eaux-de-vie de Montpellier sont les plus mé- qu'on fait de la manière suivante : diocres de toutes. L'eau-de-vie, dite d’Andaye, est une espèce de On fait un levain avec la sixième partie de la fa- rine que l'on veut employer, en y mêlant de la le- liqueur peu sucrée et peu aromatisée. vûre de bière et de l'eau chaude; on tient ce levain Tous les liquides alcooliques dont on fait usage chaud une demi-heure. Si l'on emploie un quart variant dans leur composition, il est utile d'avoir de farine, on la met sur une table; on fait un trou un moyen de reconnaître leur degré de force, tant dans le milieu pour y mettre deux onces de sel, un pour n'être pas trompé lorsqu'on achète, que pour quarteron d'oeufs, une livre de beurre; après avoir savoir ce qu'on doit ajouter d'eau pour ramener le mêlé le tout ensemble, on le pétrit avec le plat de liquide au degré convenable. la main, en donnant trois tours; on y met le le- Ce moyen est l'emploi de laréomètre; c'est vain par petits morceaux, et on redonne encore six le nom d'un instrument avec lequel on mesure la tours de la même façon; on met la pâte au frais ſorce des liquides alcooliques. On le nomme aussi dans une rappe jusqu'au lendemain ; alors l'on pèse-liqueur ou pèse-csprit. taille les échaudés pour les mettre dans de l'eau On plonge l'aréomètre dans un liquide alcooli- bouillante, sans les laisser bouillir; on a soin d'a- que, et plus ce liquide est fort, ou, ce qui est la giter l'eau, et de les retirer dans de l'eau fraîche à même chose, plus il contient d'alcool pur, plus mesure qu'ils montent, et lorsqu'ils sont bien l'instrument s'y enfonce. On remarque quel est le égouttes, on les fait cuire au four. On peut les degré de l'échelle qui se trouve à la surface du li- garder au frais deux jours avant de procéder à quide, et l'on en conclut que l'eau-de-vie, ou l'es- leur cuisson. prit essayé, est à tant de degrés. Jusqu'à ces dernières années on ne se servait, ÉCLANCHE (V. MOUTON). pour apprécier la force des eaux-de-vie, que de l'aréomètre de Cartier. ÉCREVISSES, crustacées qui vivent en eau L'échelle de cet instrument est divisée en qua- douce, et dont l'emploi culinaire est très-fréquent. rante-deux degrés. Le dixième indique le point où On en fait des garnitures d'entrées, et spéciale- l'aréomètre s'enfonce quand on le plonge dans ment pour les matelotes et les fricassées de poulet; l'eau distillée. Le quarante-deuxième indique, non on en fait des purées pour masquer de gros pois- pas tout-à-fait l'alcool le plus rectifié, mais celui sons qu'on apprête au maigre; on en fait des po- qu'on croyait tel, et qu'on n'obtenait même pas du tages excellents (V. BISQUE); on en fait encore un temps de Cartier. entremets distingué, sous le nom d'écrevisses à la crème; enfin, les plus belles se servent en L'aréomètre de Cartier n'apprend rien, si ce n'est qu'un liquide est plus ou moins riche qu’un signifie qu'on les a dressées sur un plat en forme buisson, pour grosse pièce d'entremets, ce qui autre en alcool; il n'indique pas qu'elle est la propor- de pyramide. Les plus belles écrevisses qu'on puisse tion d'alcool qui est contenue dans le liquide. Cet inconvénient était généralement senti: M. Gay-Lus- avoir à Paris se tirent de Strasbourg et des envi- rons de Bar-le-Duc; celles qui viennent de Nor- sac l'a fait disparaître en inventant un nouvel aréo- mandie sont aussi d'un très-bon goût, mais elles mètre, dont la graduation est telle que chacune de n'égalent jamais, pour la grosseur, les écrevisses ses divisions correspond à un centième en volume d'Alsace ou de Lorraine. d'alcool pur contenu dans le liquide où on le plonge : cet instrument a reçu le nom d'alcoome Écrevisses au court-bouillon. - Après tre : il est employé exclusivement pour la percep avoir bien lavé des écrevisses, mettez-les dans une tion des droits sur les eaux-de-vie. casserole, avec du beurre frais et du vin blanc, Cependant on se sert encore, dans le commerce, du sel, du poivre, une feuille de laurier, un peu de l'aréomètre de Cartier, ce qui ne présente au de thym et un ognon coupé en tranches; placez- cun inconyénient , parce que M. Gay-Lussac a les sur un fourneau un peu viſ, ayant la précaution ÉMU ( 218 ) ЁРЕ de les sauter de tenips en temps ; une demai-sion, qui pent se combiner atec une nouvelle heure suffit pour les cuire; laissez-les dans l'as- quantité de matière grasse. La sauce appelée saisonnement jusqu'au moment de les servir en BAYONNAISE est un exemple de cette combinaison, buisson, ENDIVE, nom spécifique de la chicorée cul- Écrevisses à la crème. Faites cuire des tivée. écrevisses dans un consommé de viande ou de poisson bien assaisonné, après leur avoir ôté les ENTRE-COTE (V. BOEUF). petites pattes, l'écaille de la queue, et coupé le bout de la tête; dressez-les; versez dessus une ENTRÉE. On désigne sous le nom d'entrée sauce à la crème; faites-les mijoter pendant quel- les préparations alimentaires qu'il est d'usage de ques instants dans cette sauce, et servez-les pour servir avec ou immédiatement après les potages; entrée. ce sont presque toujours des mets chauds. Le Écrevisses à l'anglaise. — Faites-les cuire huîtres, etc., qu'on sert avec les entrées, sont beurre, les radis, les artichauts, les melons, les à l'eau; épluchez-en la queue; ôtez les petites des hors-d'auvres (V. HORS-D'OEUVRE), pattes ; passez-les avec beurre frais, champignons et culs d'artichauts bachés; mouillez d'un peu de ENTREMETS. On nomme entremets les bouillon, et laissez mijoter à petit feu; achevez de diverses préparations qu’on sert avec le rôti et lier avec deux jaunes d'æuſs délayés avec de la avant le dessert. Les légumes, les crèmes cuites, crème douce et du persil haché. Au moment de servir, jetez-y une cuillerée de katchup ou bien plusieurs espèces de pâtisserie et quelques ragoûts, sont considérés comme entremets. Cette distinc- quelques gouttes de soya de la Chine. tion entre les entrées et les entremets est deve- Écrevisses à la gasconne. - Coupez vos nue fort arbitraire; car elle ne dépend plus que écrevisses par la moitié; faites-les cuire ensuite de l'époque du repas à laquelle un plat est servi. avec persil, ciboules, champignons, deux gousses d'ail, ognon piqué de gerofle, feuille de laurier.deux ÉPEAUTRE ou ÉPAUTRE, variété du verres de bon vieux vin rouge, un demi-verre froment qui produit une farine très-légère et d'un d'huile d'olives, sel, poivre et tranches de citron ; goût très-savoureux. Cette céréale est soigneuse- laissez réduire la sauce, et après en avoir retiré ment cultivée dans le nord de l'Europe, et l'on voit l'ognon, le laurier et le citron, servez en casserole dans la Maison rustique de madame de Gen- à l'entremets et pour extra. lis, qu'elle attribue particulièrement la délicatesse et l'extrême bonté des metchpaes et autres pâtis- ÉGLEFIN, variété du CADILLAU (V. p. 111 series allemandes à l'emploi de la farine d'é- et suivantes). peautre. Il ne faut pas confondre l'épeautre du nord EMİNCÉS, tranches de viandes rôties dont on avec une espèce de seigle blanc qu'on cultive dans fait un ragoût après les avoir coupées en lames le midi de la France, et auquel on donne impro- très-minces. Les émincés de mouton se servent prement le même nom. ordinairement sur de la chicorée à la crème, et les émincés de chevreuil sur une purée de cham- ÉPERLAN. Un illustre gastronome a dit de pignons; les émincés de filet de bæuf doivent ce joli poisson qu'il était la perle de la mer et s'apprêter avec une sauce piquante, et les émincés In caille de la Manche. L'éperlan ressemble de bæuf bouilli s'appellent miroton (V. BOUILLI). | beaucoup au goujon de Seine, mais sa chair est On nomme aussi émincées des tranches de plus agréable encore, et c'est à cause du goût de bæuf et de veau, dont on se sert pour garnir les violette dont elle est pourvue. Les principes ichtyo- braises. gustuels de l'éperlan sont plus exaltés que ceux du goujon, c'est pourquoi ils produisent un senti- ÉMULSION. On nomme ainsi le mélange ment plus vif sur l'organe du goût : on dit que qui s'opère entre une substance huileuse et une l'éperlan est meilleur vers la fin de l'été, ou au substance aqueuse. On nomme aussi semences commencement de l'automne, qu'en aucun autre émulsives, celles qui, étant imprégnées d'une temps de l'année ; il se digère aisément, il est apé- huile grasse, forment, lorsqu'on les triture avec ritif, et convient à toutes sortes d'âges et de tem- l'eau, une émulsion. Les ainandes, et toutes les péramerils. On mange ordinairement les éperlans semences des fruits à noyaux, sont dans ce cas. Le frits, bu au court-bouillon, en matelote normande, jaune d'æuf est aussi à l'état d'une véritable émul au gratin, au fenouil, etc. (V. MERLAN). ÉPI ( 219 ) ÉPI ÉPICES, nom générique par lequel on dési moment de servir, un morebau de beurre frais gne certaines substances aromatiques qui sont plus que vous laisserez fondre en l'empêchant de bouil- spécialement employées à la préparation des vian-lir. Garnissez avec des croûtons frits, des qu'à tout autre usage culinaire; ainsi, le poi- vre, la muscade, le macis, le gérofle, le piment et Épinards au sucre. — Faites cuire avec un le gingembre sont des épices; tandis que le sa- bon morceau de beurre et assaisonnez avec un fran, la vanille, la cannelle, l'anis, la badiane et peu de sel, un morceau de sucre, un peu d'écorce l'ambre sont désignés par la dénomination d'aro- de citron et deux macarons pilés. Garnissez cet mates. entremels impromptu avec quelques biscuits à la Les épices sont fortement toniques et stimu- cuillère. lants; ils excitent jusqu'à l'irritation les organes Épinards à l'anglaise. -- Prenez de jeunes digestifs. On ne saurait apporter trop de modéra- tion dans leur usage; et, par conséquent, les per- épinards, que vous éplucherez, laverez bien et ferez blanchir ; faites ensuite bouillir de l'eau dans sonnes qui ont le système nerveux irritable doi- un chaudron, dans laquelle vous jetterez une poi- rent même s'en abstenir habituellement. gnée de sel; meltez-y vos épinards ; quand ils se Épices mélangées. - Pilez séparément un mêleront avec l'eau, vous tâlerez avec les doigts quarteron de poivre, deux gros de gérofle, quatre s'ils fléchissent ; alors vous les rafraîchirez; puis gros de muscade et une once de gingembre ; pas- vous les hacherez et les mettrez dans une casserole sez ensemble toutes les poudres au tamis pour les avec du sel et du poivre; vous les remuerez sur mélanger : conservez dans un vase bien fermé. le feu; lorsque vos épinards seront bien chauds, En préparant ce mélange soi-même, on est plus vous y mettrez un bon morceau de beurre ; vous sûr de ses proportions que si on l'achetait lout le mêlerez avec les épinards, sans les poser sur le fait. feu, pour empêcher que le beurre ne se tourne en huile. ÉPINARDS, plante potagère de la famille Crème d'épinards. Prenez une grande des arroches, dont on ne mange que les feuilles caites. La substance des épinards n'a presque rien cuillerée d'épinards bien cuits, une douzaine d'a- d'alimentaire, mais ils passent pour être béchi- mandes douces pilées, un peu de citron vert, trois ques, anti-spasmodiques et adoucissants. ou quatre biscuits d'amandes amères, du sucre en proportion, deux verres de crème, un verre de Épinards à la maitre- diel. - Faites-les lait et six jaunes d'æufs; mêlez bien le tout et blanchir à l'eau bouillante jusqu'à ce qu'ils s'é- le passez à l'étamine dans un plat; couvrez le plat crasent facilement lorsqu'on les presse entre les et faites du feu par-dessous jusqu'à ce que la doigts; jetez-les tout de suite dans l'eau froide; crème soit prise. Cette crème est agréable et saine; égouttez-les et pressez-les pour en faire sortir l'eau on doit la servir chaude. qu'ils retiennent; hachez-les grossièrement; met- tez-les à sec dans une casserole, et faites-les chauf- Rissoles d'épinards. Épluchez des épi- fer au bain-marie; ajoutez sel, gros poivre et mus- nárds; lavez-les à plusieurs eaux; faites-les cuire cade råpée : quand ils sont chauds, mettez-y dans une casserole avec un verre d'eau; puis met- un bon morceau de beurre, et remuez jusqu'à ce tez-les égoutter. Laissez-les refroidir; pressez-les bien et les pilez dans un mortier; ajoutez-y en- qu'il soit fondu et bien mêlé. suite un peu de beurre frais, de l'écorce de citron Épinards à la vieille mode. - Mettez les vert, deux biscuits d'amandes amères, du sucre et épinards, blanchis et hachés, dans une casserole de la fleur d'orange, et pilez encore le tout en- avec un bon morceau de beurre et de la muscade semble. Faites une abaisse d'une pâte de feuillage râpée ; quand ils sont passés, ajoutez un peu de qui soit bien mince; coupez-la en petits mor- beurre manié de farine, une forte cuillerée de ceaux; mettez à un coin de chacune de ces petites sucre et du lait. Servez avec des tranches de bis abaisses de la grosseur d'une moitié de noix de cuit pour garniture. votre farce; mouillez-les et couvrez de pâté toutes vos rissoles ainsi préparées ; parez-les tout autour Épinards au jus. - Mettez les épinards , avec un couteau; faites-les frire ensuite dans la blanchis, hachés et presses, dans une casserole friture maigre; quand elles ont pris une belle avec un bon morceau de beurre, gros poivre et couleur, mettez-les égoulter: dressez-les promp- muscade; quand ils sont bien passés, ajoutez-y tement sur un plat; saupoudrez-les de sucre; gla- deux cuillerées soit de blond de veau , soit de jus cez-les avec la pelle rouge, et seryez chaudement de fricandeau réduit en glace, et joignez-y, au pour entremets. ÉPI (220) ESP Après avoir Vert d'épinards (de cuisine).--On fait blan- | nette ; ensuite sous la remettez sur le feu, et lors- chir une poignée d'épinards dans laquelle on met que vous apercevez qu'elle forme la nappe , vous une pincée de persil et quelques queues de ciboules; la retirez et la versez dans des pots. lorsque le tout est bien blanchi, on le rafraîchit; on le presse bien dans les mains; on le pile et on ESCARGOT, gros limaçon à coquille blan- le passe à l'étamine; au cas que ce vert soit trop che, qui ferme l'entrée de sa coquille pour se dé- épais, on le mouille avec du bouillon froid ; on fendre du froid. Les anciens avaient des garennes s'en sert alors comme ingrédient dans les sauces et des viviers pour nourrir et engraisser des es- et ragoûts. cargots. Vert d'épinards ďoffice). Escargots de vigne en fricassée de poulet. lavé une quantité suffisante de ſeuilles d'épinards, - Dans le printemps et l'automne, on trouve des vous les pilez dans un mortier; après quoi vous escargots dans les vignes, qui sont bons à manger les pressez dans un torchon pour extraire le jus (pour ceux qui les aiment). Pour les faire que vous versez dans une tourtière, et que vous sortir de leur coquille et les bien nettoyer, vous placez sur le feu; quand vos épinards auront jeté mettez une bonne poignée de cendres dans un quelques bouillons, vous les mettez dans un tamis chaudron, avec de l'eau de rivière ; quand elle pour les égoutter; étant égouttes, vous les em- commence à bouillir, jetez-y les escargots, pour ployez pour ce que vous jugez à propos. les y laisser un quart d'heure; lorsqu'ils se tirent aisément de leur coquille, vous les retirez dans de, Plantesqui peuvent remplacer l'épinard. l'eau tiède pour les nettoyer; ensuite vous les re- La baselle et la tétragone sont cultivées dans quelques jardins pour remplacer l'épinard , mais bouillir un instant ; retirez-les pour les égoutter. mettez encore dans une eau claire, pour les faire cette culture est peu répandue. Mettez dans une casserole un morceau de beurre, Parmi les plantes communes, le pourpier et le cresson de fontaine sont celles qui se rapprochent d'ail, deux clous de gérofle, thym, laurier, basi- avec un bouquet de persil, ciboule, une gousse le plus, par leur goût, de l'épinard. Les feuilles lic, des champignons, et les escargots bien égout- la tés ; passez le tout sur le feu; mettez-y une pincée peuvent aussi étre préparées de la même ma- de farine; mouillez avec du bouillon , un verre de nière. vin blanc, sel, gros poivre; laissez cuire jusqu'à ÉPINE D'HIVER , nom d'un poirier et du ce que les escargots soient moelleux et qu'il resle peu de sauce; en servant, mettez-y une liaison de fruit qu'il rapporte. La chair en est tendre et dé- trois jaunes d'œufs, un bon morceau de beurre et licate, mais elle n'est d'aucun usage en cuisine, et quelques gouttes de jus de citron. cette poire se trouve comprise, ainsi que tant d'autres, parmi les fruits à la main. Bouillons d'escargots. (V. BOUILLONS DE SANTÉ.) ÉPINE-VINETTE, arbrisseau couvert d'é- pines, et qui croît au bord des bois et des haies ; ESPAGNOLE (sauce). (Recette du Cuisi- on fait du vin avec le fruit de l'épine-vinette. L'é- nier national, et non pas économique.) Met- pine-vinette est un très-bon plant; on s'en sert tez dans une casserole deux noix de pour greſfer toutes sortes d'arbres fruitiers. san ou quatre perdrix, la moitié d'une noix de Conserve d'épine-vinette. (V. GRO- jambon, quatre ou cinq grosses carottes, cinq SEILLE.) ognons, dont un piqué de cinq clous de gérofle; mouillez vos viandes avec une bouteille de vin de Marmelade d'épine-vinette. (V. CE- Madère sec, plein une cuillère à pot de gelée; RISE.) vous mettez votre casserole sur un grand feu ; quand votre mouillement est réduit, vous le met- Gelée d'épine-vinette. Égrenez de l'é- tez sur un feu doux ; lorsque votre glace est plus pine-vinette bien mûre; prenez, en sucre, les que blonde, vous retirez votre casserole du feu, deux tiers du poids de votre fruit avant d'être et la laissez dix minutes dehors, pour que la égrené; faites cuire au perlé, et mettez-y l'épi- glace puisse bien se détacher ; vous aurez fait ne-vinelle. Après avoir donné au mélange quel- suer des sous-boix, comme pour la grande sauce, ques bouillons, vous le versez dans un tamis de et vous prendrez ce mouillement pour mouiller soie au-dessus d'une terrine, et le pressez avec votre espagnole; quand elle sera bien écumée, une spatule pour faire sortir le suc de l'épine-vi- ! vous aurez un roux que vous délaierez avec le veau, un fai- ESS ( 221 ) EST du veau. mouillement, et vous le verserez sur votre viande. de champignons hachés. Quand tout est cuit, pas- Vous y mettrez des champignons, un bouquet de sez à l'étamine. persil et ciboule, quelques échalotes, du thym et Si on veut que cette essence soit liée, on y du laurier; quand votre sauce bouillira , vous la ajoute, une demi-heure ou trois quarts d'heure mettrez sur le coin du fourneau, pour qu'elle avant de la passer, quelques croûtes de pain qu'on bouille tout doucement jusqu'à ce que vos viandes laisse mitonner; on passe ensuite à travers une soient cuites. Cette sauce doit être d'une belle étamine avec expression. couleur, c'est-à-dire ni trop pâle, ni trop brune; elle doit être bien liée, mais pas trop épaisse. ESTRAGON, plante aromatique. Le meil- leur et le plus salutaire est celui qui a été cultivé Espagnole travaillée (d'après la même dans les jardins, et qui est venu en terre grasse autorité culinaire). Mettez dans une casse- et marécageuse; on en fait entrer les sommités role une égale quantité de consommé et de sauce dans les salades, pourvu qu'elles soient jeunes et espagnole, faites comme nous l'avons dit plus tendres; mais on s'en sert le plus fréquemment haut; ajoutez-y des champignons (une douzaine pour assaisonner certaines viandes blanches en im- par litre de sauce), et faites bouillir le tout; écu- miscant des feuilles d'estragon dans leur sauce ou mez et dégraissez avec soin, et laissez-la réduire leur coulis (V. POULET , PIGEON, etc.). L'estra- jusqu'à ce qu'elle ait acquis assez d'épaisseur ; gon facilite la digestion, en excitant surtout la passez-la alors à l'étamine, et lorsque vous en sécrétion des sucs gastriques : il entre dans la com- aurez besoin , faites-la chauffer au bain-marie. position de tous les vinaigres aromatiques. On peut aussi ajouter à cette sauce du vin ESTURGEON, poisson de mer qui parvient blanc; dans ce cas, il faut y mettre autant de vin à une grande dimension : on le prend souvent que de consommé. dans les eaux douces, parce qu'il remonte les ri- vières. Sa chair a beaucoup d'analogie avec celle ESSENCE DE GIBIER. Mettez dans une mar- mite une livre de hæuf, deux perdrix, deux lapins de garenne et un quasi de veau; mouillez avec une Esturgeon rôti. — Prenez un esturgeon de chopine de vin blanc, et faites bouillir le tout grandeur moyenne, ou bien un tronçon de gros jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de jus dans la mar esturgeon; piquez-le de gros lard bien assaisonné, mite; remplissez alors cette dernière avec du bon et faites-le mariner avec vin blanc, sel, gros poi- bouillon ; ajoutez-y desognons, des carottes, vre et épices; faites ensuite rôtir à la broche, en thym, basilic, serpolet, clous de gérofle; écumez l'arrosant avec sa marinade. Servez avec une sauce soigneusement, et faites bouillir le tout jusqu'à ce piquante. que les viandes soient cuites; passez alors votre Esturgeon braisé, - Piquez un tronçon essence de gibier. comme ci-dessus, et mettez-le dans une braisière juste à sa grandeur, avec du lard râpé, quatre Essence de légumes. Dans une marmite de moyenne grandeur, mettez trois ou quatre li- panais émincés, un fort bouquet garni, sel, poivre ognons coupés en tranches, deux carottes et un vres de bæuf, une vieille poule et un jarret de et épices; mouillez avec du vin blanc; faites cuire veau; ajoutez deux ou trois douzaines de carottes, à grand feu; servez avec une sauce piquante, dans autant d'ognons et de navets , deux ou trois lai- laquelle vous ferez entrer une partie du fond de tues, du cerfeuil, quelques pieds de céleri et des cuisson. clous de gérofle ; emplissez votre marmite de bouillon, et agissez comme pour le consommé. Esturgeon en fricandeau. – Piquez de Les viandes élant cuites, passez votre essence, menu lard des tranches d'esturgeon, farinez-les, et faites-la réduire si elle n'est pas assez forte. faites-leur prendre couleur dans du lard fondu. Quand elles sont colorées, mettez-les dans une Essence de jambon. Prenez des tranches casserole avec du blond de veau, des fines herbes, de jambon cru bien minces; battez-les et garnis- truffes, champignons, culs d'artichauts, et un pied sez-en le fond d'une casserole; faites suer jusqu'à de céleri si c'est la saison ; quand elles sont cuites, ce que les tranches commencent à s'attacher; dégraissez et servez, en ajoutant à la sauce un filet ajoutez alors du lard fondu et un peu de farine ; de verjus, ou bien en faisant bouillir avec ce fond remuez avec une cuillère, et ensuite ajoutez du de cuisson une chopine de bonne crème double, jus, ou à défaut du bouillon; assaisonnez avec ce qui fait la sauce de l'esturgeon à la Royale, épices mêlées, pas de sel, un bouquet garni, un laquelle est justement recommandée par les meil- jus de citron, deux clous de gérofle et une poignée leurs cuisiniers de l'ancicu temps. et - FAI ( 222 ) FAL Esturgeon au court-bouillon. -- Procurez- câpres hachées, et garnissez les bords du platavec vous un petit esturgeon, que vous viderez par la vos croûtons de pain frit, que vous aurez soin d'ar- gorge, et dont vous ôterez les ouïes ; levez les pla roser avec la sauce du poisson. ques de chaque côté, en faisant glisser votre cou Si l'on habite un pays où l’esturgeon soit com- teau entre la chair; après l'avoir bien lavé et bien mun, servez-vous-en pour tirer vos sauces maj- égoulté, masquez-le dans une poissonnière avec gres, au lieu de carpe et de tout autre poisson, et un bon court-bouillon de lard râpé; assaisonnez- procédez en tout comme si c'était du veau que le fortement d'aromates et de sel; faites-le cuire vous emploieriez; vous en tirerez presque le même avec feu dessus et dessous, en l'arrosant constam résultat : vos sauces seront onctueuses, et surpas- ment. L'ayant égoulté après sa cuisson, servez-le seront toutes celles que vous pourriez tirer de tout avec une sauce italienne, dans laquelle vous aurez autre poisson. fait réduire de son court-bouillon; finissez votre sauce avec un bon morceau de beurre, et en y Manière de faire le kaviar, d'après la méthode russe. joignant un peu de poivre de Cayenue. Prenez les œufs d'un ou de plusieurs esturgeons ; pour cela, il faut que ces Esturgeon au four. Videz et dépouillez aufs soient bien mûrs et qu'on leur voie un petit l'esturgeon, comme il est dit ci-dessus; fendez-le point blanc; mettez-les dans un baquet d'eau ; par le ventre, sans le séparer, et mettez-le sur un Ôtez-en toutes les fibres, comme vous feriez à une plat avec du sel, du poivre, des aromates pilés, un cervelle de veau ; prenez un fouet de buis, duquel peu d'huile, une bouteille de vin blanc et un jus on se sert pour fouetter les blancs d'auſs; baltez de citron; faites-le cuire au four ; glacez-le; dres- vos æufs dans l'eau, afin d'en tirer toutes les fibres sez-le en mettant dessous le fond de cuisson que qui s'attacheront à votre fouet; secouez-le chaque vous aurez passé, et servez-le avec une sauce à fois qu'il y en aura; cela fait, déposez-les sur des l'huile à la provençale. tamis à passer la farine; ensuite remellez ces œufs da une nouvelle eau; continuez à les fouetter Esturgeon à la matelote. — Coupez des et à les changer d'eau jusqu'à ce qu'il ne leur mies de pain en rond, passez-les sur le ſeu avec reste ni fibres ni limon, alors vous les laisserez du beurre jusqu'à ce qu'elles soient d'une couleur égoutter sur ces tamis, et vous les assaisonnerez dorée; mettez-les égoutter; prenez un morceau de sel fin et de poivre : mêlez bien le tout; dépo- d'esturgeon, que vous coupez en tranches un peu sez-le sur une étamine que vous lierez des quatre minces; mettez-les dans un plat, arrangées sans coins avec de la ficelle, en lui donnant la forme être les unes sur les autres, avec un morceau de d'une boule; laissez égoutter ainsi ces @ufs, et beurre, sel, gros poivre; faites-les cuire à petit servez-les dès le lendemain, si vous le voulez, feu, et, à mesure qu'elles sont cuites d'un côté, avec des tartines de pain grillé, des ognuns bachés vous les retournez de l'autre; il ne faut qu'un ou des échalotes. Si vous voulez les conserver quart-d'heure pour la cuisson ; ôtez-les du plat; plus long-temps, il ne s'agit que de les saler da- mettez-y un peu de farine, que vous reinuerez vantage. Le kaviar est un mets fort appétissant, et avec le beurre, puis de l'échalote, persil, ciboule, l'on n'a pas besoin d'ajouter que c'est un hors- le tout haché, et mouillez avec deux verres de vin d'æuyre très-distingué. rouge; failes bouillir le tout ensemble un quart d'heure; remettez l'esturgeon dans la sauce, pour ÉTUVĖE, synonyme d’ESTOUFADE ct de le faire chauffer sans bouillir; jetez-y un peu de BRAISE (V. page 101). FAISAN , oiseau de la famille des gallinacées, on l'apprête à la braise, on peut le servir sur une originaire des bords de la mer Noire, et que les sauce aux truſſes à la Périgucux, sur un ragoût Romains ont transporté en Europe, où il s'est d'olives tournées, ou sur unc litière de choucroûte. acclimaté. La chair du faisan est très-délicate ct très-sapide; on le sert rôti, cuit à la braise, en L'oiseau du Phase est un mets pour les dieux ! filets sautés, en escalopes, en salmis, etc. Quand ! a dit l'équitable auteur de la Henriade ; mais celui FAI ( 223 ) FAI de nos bons écrivains qui a le mieux parlé du fai- | bécasses, déso3sez-les et videz-les de manière à en, san, c'est M. Brillat de Savarin, sans contredit; faire deux lots : le premier, de la chair ; le second, nous devons un dédommagement à M. de Savarin des entrailles et des foies. pour la sévérité de nos critiques, et nous allons Vous prenez la chair et vous en faites une farce, citer son excellent article du faisan, parce qu'il en la hachant avec de la moelle de bæuf cuite à la nous serait impossible de parler avec plus d'utilité | vapeur, un peu de lard râpé, poivre, sel, finés pratique et plus doctement sur cette matière im- herbes, et la quantité de bonnes truffes suffisante portante. pour remplir la capacité intérieure du faisan. Le faisan est une énigme dont le mot n'est ré Vous aurez soin de fixer cette farce de manière vélé qu'aux adeptes; eux seuls peuvent le savourer à ce qu'elle ne se répande pas en dehors, ce qui dans toute sa bonté. est quelquefois assez difficile quand l'oiseau est Chaque substance a son apogée d'esculance : un peu avancé. Cependant on y parvient par di- quelques-unes y sont déjà parvenues avant leur vers moyens, et, entre autres, en taillant unc entier développement, comme les câpres, les as croûte de pain qu'on attache avec un ruban de perges, les perdreaux gris, les pigeons à la cuil-fil, et qui fait l'office d'obturateur. lère, etc.; les autres y parviennent au moment où Préparez une tranche de pain qui dépasse de elles ont toute la perfection d'existence qui leur deux pouces de chaque côté le faisan couché dans est destinée, comme les melons, la plupart des le sens de sa longueur ; prenez alors les foies, les fruits, le mouton, le bæuf, le chevreuil, les per entrailles de bécasses, et pilez-les avec deux grosses drix rouges ; d'autres, enfin, quand elles commen- truffes, un anchois, un peu de lard râpé, et un çent à se décomposer, telles que les nèfles, la bé morceau convenable de bon beurre frais. casse, et surtout le faisan. Vous étendez avec égalité cette pâte sur la rôtie, Ce dernier oiseau, quand il est mangé dans les et vous la placez sous le faisan préparé comme trois jours qui suivent sa mort, n'a rien qui le dis- dessus, de manière à être arrosée en entier de tout lingue; il n'est ni aussi délicat qu'une poularde, le jus qui en découle pendant qu'il rôtit. ni aussi parfumé qu'une caille. Quand le faisan est cuit, servez-le couché avec Prise à point, c'est une chair tendre, sublime et grâce sur sa rôtie ; environnez-le d'oranges amères, de haut goût; car elle tient à la fois de la volaille et soyez tranquille sur l'événement. et de la venaison. Ce mets de haute saveur doit être arrosé, par Ce point si désirable est celui où le faisan com- préférence, de vin du cru de la haule Bourgogne; mence à se décomposer ; alors son arôme se déve- j'ai dégagé cette vérité d'une suite d'observations loppe et se joint à une huile qui, pour s'exalter, qui m'ont coûté plus de travail qu'une table de avait besoin d'un peu de fermentation, comme logariibmes. l'huile du café qu'on n'obtient que par la torréfac Un faisan ainsi préparé serait digne d'être servi tion. des anges, s'ils voyageaient encore sur la terre Ce moment se manifeste aux sens des profanes comme du temps de Loth. par une légère odeur, et par le changement de Que dis-je! l'expérience a été faite. Un faisan couleur du ventre de l'oiseau; mais les inspirés le étoffé a été exécuté, sous mes yeux, par le digne devinent par une sorte d'instinct qui agit en plu- chef Picard, au château de la Grange, chez ma sieurs occasions, et qui fait, par exemple, qu'un charmante amie madame de Ville-Plaine, apporté rôtisseur habile décide, au premier coup-d'ạil, sur la table par le majordome Louis, marchant à qu'il faut tirer une volaille de la broche ou lui pas processionnels. On l'a examiné avec autant de laisser faire encore quelques tours. soin qu'un chapeau de madame Herbault; on l'a Quand le faisan est arrivé là, on le plumc et non savouré avec attention ; et pendant ce docte tra- plus tôt; et on le pique avec soin, en choisissant le vail, les yeux de ces dames brillaient comme des lard le plus frais et le plus ferme. étoiles, leurs lèvres étaient vernissées de corail, Il n'est point indifférent de ne pas plumer le fai- et leur physionomie tournait à l'extase. san trop tôt; des expériences très-bien faites ont J'ai fait plus; j'en ai présenté un pareil à un appris que ceux qui sont conservés dans la plume comité de magistrats à la cour suprême, qui savent sont bien plus parfumés que ceux qui sont restés qu'il faut quelquefois déposer la toge sénatoriale, long-temps nus, soil que le contact de l'air neu et à qui j'ai démontré sans peine que la bonne tralise quelques portions de l'arôme, soit qu'une chère est une compensation naturelle des ennuis partie du suc destiné à nourrir les plumes soit du cabinet. Après un examen convenable, le doyen résorbé et serve à relever la sapidité de la chair. articula, d'une voix grave, le mot EXCELLENT ! L'oiseau ainsi préparé, il s'agit de l'étoffer, ce Toutes les téles se baissèrent en signe d'acquiesce- qui se fait de la maniere suivante : Ayez deux went, et l'arrêt passa à l'unanimité. FAI ( 224 ) FAN J'avais obscrvé, pendant la délibération, que , faites cuire à très-petit feu. Lorsque le faisan est les nez de ces vénérables avaient été agités par des cuit, déficelez-le, dégraissez la cuisson ; ajoutez-y mouvements très-prononcés d'olfaction, que leurs un peu de trufies hachées; faites bouillir quel- fronts augustes étaient épanouis par une sérénité ques instants; liez la sauce avec quelques mar- paisible, et que leur bouche véridique avait quel- rons écrasés, et servez sous le faisan. que chose de jubilant qui ressemblait à un demi- Pâté de faisan (V. PATÉS FROIDS). · La sourire. Au reste, ces effets merveilleux sont dans la na- composition des pâtés de gibier est toujours à lure des choses. Traité d'après la recette précé- 1 peu près la même, quel que soit le gibier qui en fait la base. dente, le faisan, déjà distingué par lui-même, est imbibé à l'extérieur de la graisse savoureuse du lard qui se carbonise ; il s'imprègne, à l'intérieur, qu’on sert à l'entremets, et dont voici les princi- FANCHONNETTES, excellente pâtisserie des gaz odorants qui s'échappent de la bécasse et de la truſle. La ròtie, déjà si richement parée, re- pales ou meilleures formules. çoit encore les sucs à triple combinaison qui dé Fanchonnettes à la vanille. Faites in- coulent de l'oiseau qui rôtit. ſuser une gousse de bonne vanille dans trois verres Ainsi, de toutes les bonnes choses qui se trou- de lait, et laissez-le mijoter sur le coin du four- vent rassemblées, pas un atome n'échappe à l'ap- neau pendant un petit quart-d'heure. Passez ce préciation ; et, attendu l'excellence de ce mets, je lait dans le coin d'une serviette. Mettez dans une le crois digne des tables les plus augustes. casserole quatre jaunes d'eufs, trois onces de sucre en poudre, une de farine tamisée et un Parve, nec invideo, sine me, liber, ibis in aulam. grain de sel. Ce mélange étant bien délić, vous Nous ajoulerons à cette citation du savant pro- y joignez peu à peu l'infusion de vanille, et faites fesseur Brillat de Savarin que sa recette pour cuire cette crème sur un feu modéré, en la re- les rôties a été singulièrement perfectionnée par muant continuellement avec une spatule, afin un intelligent gastronome, et que cette améliora- qu'elle ne s'attache pas au fond de la casserole. tion consiste à n'y pas mettre de fines herbes Vous faites ensuite un demi-litron de feuille- (qui ne s'accordent jamais très-bien avec les truffes, tage, et lui donnez douze tours ; vous l'abaissez ainsi que chacun sait). Ensuite, on conseil de deux petites lignes d'épaisseur. Détaillez cette lera de laisser tomber par petites cuillerées, sur abaisse avec un coupe-pâte rond, de deux pouces lesdites rôties et au moment de les servir, une de diamètre ; foncez avec une trentaine de moules composition mélangée d'huile verte et de vin de à tartelettes, comme les précédentes ; ensuite gar- Xérès où l'on aura ſait bien immiscer sept à huit nissez légèrement les tartelettes de crème de va- gouttes de soya de la Chine. Heureuse innovation nille, et mettez-les au four, chaleur modéréc. dont nous avons à remercier M. H. Saladin, à qui Lorsqu'elles sont bien ressuyées, que le feuille- sa patrie, la ville de Genève, doit une de ses prin- tage est de belle couleur, vous les retirez du four cipales illustrations gastronomiques et littéraires. et les laissez refroidir. Prenez trois blancs d'auſs bien fermes, mêlez- Faisan braisé à l'angoumoise. - Lardez Lardez y quatre onces de sucre en poudre; remuez bien un faisan dans toutes ses parties charnues avec des ce mélange afin d'amollir le blanc d’auf, et qu'il truffes épluchées et coupées en filets; mettez dans soit plus facile à travailler; garnissez le milieu des une casserole un quarteron de lard ràpé et autant fanchonnettes avec le reste de la crème à la va- de beurre; passez-y des truſſes coupées en mor- nille, et masquez légèrement cette crème de blancs ceaux et les parures de celles qui ont servi à lar- d'æuſs. Sur chaque fanchonnelte vous placez en der le faisan : ces parures doivent être hachées couronne sept meringues (que vous formez avec finement, assaisonnées de sel et poivre. Après la pointe du petit couteau, en prenant au fur et à avoir laissé revenir le tout pendant quelques mi-mesure du blanc d’æuf que vous avez placé sur la nutes, laissez refroidir, et ajoutez vingt-cinq ou lame du grand couteau ), grosses comme des trente marrons grillés; remplissez de ce mélange amandes d'avelines. Placez encore au milieu de la le corps du faisan; enveloppez-le avec des émin couronne une petite meringue. Lorsque vous au- cées de veau et de bæuf, et ensuite avec des bar- rez cinq ou six fanchonnettes de perlées, vous les des de lard : ficelez et mettez-le dans une brai- masquerez le plus également possible, avec du sière ou dans une terrine juste à sa grosseur, dont sucre en poudre passé au lamis de soie; puis, à vous couvrirez le fond avec des bardes de lard ; mesure que vous perlez et glacez votre entremets, mouillez avec un bon verre de vin de Malaga , ou vous le mettez au four, chaleur douce. Lorsqu'il avec du vin blanc et deux cuillerées de caramel; est d'un beau meringué rougcàlre, vous le servez, FAN ( 228 ) FAR Fanchonnettes au lait d'amandes. — Pi- / garnissez de nouveau avec la crème de pistaches, lez une demi-livre d'amandes douces, émondées, puis vous les meringuez comme de coutume. et une once d’amères ; lorsque vous n'apercevez Après avoir été masquées de sucre en poudre, vous plus aucun fragment d'amandes, vous les délayez mettez entre chaque perle la moitié d'une pistache dans trois verres de lait presque bouillant; pressez conservée, que vous coupez en travers. Donnez- fortement ce mélange dans une serviette, afin d'ex- leur la même cuisson que ci-dessus, et servez-les primer la quintessence du lait d'amandes. Le chaudes ou froides. reste du procédé est le même que ci-dessus, avec On ne mettra pas la crème aux pistaches au cette différence cependant, que vous employez le four, afin de lui conserver la fine saveur des pis- lait d'amandes en place de l'infusion de vanille. taches, et surtout leur tendre couleur verdâtre : autrement cette crème, par l'action de la chaleur, Fanchonnettes au cafë Moka. Mettez perdrait bientôt ces deux avantages. dans un poêlon d'office quatre onces de vrai café Moka, torréfiez-le sur un feu modéré, en le sau Fanchonnettes aux avelines.-Après avoir tant continuellement , afin qu'il prenne couleur pilé quatre onces d'avelines émondées, vous les égale. Lorsqu'il est d'un rouge clair, vous le ver mêlez dans la moitié de la crème décrite dans le scz dans trois verres de lait en ébullition; couvrez'' premier paragraphe de cet article, et vous suivrez parfaitement l'infusion, afin que l'arôme du café l'opération selon les mêmes procédés. ne s'évapore pas. Après un quart d'heure d'in- Foncez fusion, vous passez ce liquide à la serviette, puis Fanchonnettes aux abricots. vous terminez l'opération de la manière accou- vos fanchonneltes selon la règle, et garnissez-les tumée. légèrement de marmelade d'abricots. Lorsqu'elles sont cuites et refroidies, vous les remplirez de la Fanchonnettes au chocolat. Vous faites même marmelade : vous les finirez ensuite de la l'appareil comme le premier de ce chapitre, en y manière accoutuméc. joignant quatre onces de chocolat râpé à la va On les fait également de marmelades de pom- nille. Vous supprimerez deux onces de sucre seu mes, de poires, de pêches, de coings et d'a- lement; voilà toute la différence. nanas. Fanchonnettes au raisin de Corinthe. FAON. Le même nom s'applique également Vous préparez sculement la moitié de l'appareil au petit de la biche et à celui de la daine. Le faon ordinaire, puis vous y joignez trois onces de bon de biche ne peut être employé que par quartiers, raisin de Corinthe bien lavé. Faites cuire cette à cause de ses dimensions ; car il est rare qu'il ne crème comme de coutume, et finissez l'opération soit pas aussi volumineux qu'un mouton de la plus à l'ordinaire. grande espèce. Il reçoit absolument les mêmes Vos fanchonnettes étant perlées et prêtes à mettre préparations que le chevreuil , et sa longe est con- au four, vous placez entre chaque petite perle sidérée comme un superbe rôti. Le faon de daim un grain de raisin de Corinthe (vous en laverez se fait cuire à la broche et dans son entier, comme quatre onces, dont trois dans l'appareil, et vous on l'a dit en parlant du daim (V. cet article). en aurez une once pour perler), ainsi qu'un groin sur chaque perle; mettez au four chaleur molle, FARCE, se dit, en cuisine, des chairs qu'on afin que les meringues sèchent sans prendre cou- hache pour en farcir après quelques volailles ou leur. Donnez des soins à cetle cuisson, pour que autres comestibles, soit en gras soit en maigre. les perles conservent leur blancheur, ce qui dis- tingue cet entremets d'une manière toute parti- Farce cuite. Coupez en forme de dés, et culière. mettez dans une casserole des blancs de volaille crus, un peu de beurre, sel, gros poivre, mus- Fanchonnettes aux pistaches. Après cade. Passez le tout à petit feu pendant dix minu- avoir émondé quatre onces de pistaches, vous en tes; vous égoutterez les blancs et vous les laisscrez choisissez les plus vertes (une once à peu près) refroidir; vous mettrez un morceau de mie de et pilez le reste avec une once de cédrat confit; pain dans la même casserole avec du bouillon, lorsqu'il est parfaitement pilé, vous joignez ce mé un peu de persil haché bien fin; vous la remuc- lange dans la moitié de la crème ordinaire, et vous rez avec une cuillère de bois, en la foulant et ré- garnissez légèrement vos fanchonnelles avec le duisant en panade: quand votre bouillon sera ré- reste de la crème blanche, que vous aurez faite duit, el que votre mie sera bien pitonnée, vous selon la première recette de ce chapitre. Lorsque la mettrez refroidir ; vous aurez une tétine de vos fanchonnettes sont cuites et froides, vous les veau cuite et froide; à défaut de ceci , vous vous 15 FÉC ( 226 ) FEC servirez de beurre; vous pilerez vos blancs de vo- | elle est des plus simples, et n'exige aucun usten- laille, et quand ils seront bien pilés, vous les pas- sile difficile à se procurer. serez au tamis à quenelles et les mettrez de côté; On réduit la pomme de terre en pulpe, en la vous pilerez de même votre mie de pain et vous frottant contre les aspérités d'une lame de tôle ou la passerez au tamis; vous pilerez votre téline, et de ferblanc percée de trous. Une råpe à sucre ou vous ferez trois portions égales de blancs, de mie une râpe à chapeler le pain sont très-bien appro- de pain et de tétine; vous pilerez le tout ensem- priées à cet usage. On délaie la pulpe dans une ou ble. Quand vous l'aurez pilé trois quarts d'heure, deux fois son volume d'eau; on verse le tout sur vous y mettrez cinq ou six jaunes d'œufs. Cette un tamis placé au-dessus d'une terrine; on fait farce peut également s'employer pour les gratins couler un filet d'eau sur la pulpe en l'agitant con- avec toutes sortes de viandes. tinuellement à la main , afin de laver toutes les Farce de poisson. - On habille et désosse parties déchirées ; le liquide passe au travers du des brochets, carpes, anguilles, barbeaux et au- tamis, entraînant une grande quantité de fécule, et laissant au-dessus les parties les plus grossières tres poissons que l'on bache bien ensemble et bien menu. On joint à ce hachis une omelette pas trop de la pulpe; on continue ces lavages , jusqu'à ce cuite, des champignons, des truffes , persil, ci- que l'eau s'écoule avec limpidité, ce qui annonce boules, une poignée de mie de pain trempée dans qu'elle n'entraine plus de fécule . Tout le liquide du lait, un peu de beurre et des jaunes d'æufs. passé au travers du lamis doit etre rassemblé dans On hache le tout, qu’on mêle avec le poisson ha- un vase où la fécule se dépose. Lorsque l'eau sur- ché; on en fait une farce qu’on assaisonne de sel, là-dire au bout de deux à trois heures , on la di- nagcante n'est plus que légèrement trouble, c'est- poivre, épices ; on la fait cuire pour la servir à-dire au bout de deux à trois heures, on la di- seule, ou pour en farcir des soles, des carpes sur cante; le dépôt blanc opaque de fécule, qui se trouve au fond du vase, est délayé dans l'eau ; l'arête ; on en fait aussi de petites andouillettes ; on en farcit des choux, des rissoles , des croquet- du vase, et l'on répète ce lavage deux ou trois puis on le laisse de nouveau se précipiter au fond tes, et toute autre chose à volonté. fois. FARINE. On fait un emploi fréquent de la fa- C'ne petite quantité du tissu cellulaire échappe rine dans les préparations alimentaires. On doit encore au tamisage et salit encore cette fécule; on choisir pour cet usage la plus belle qualité de fa- l'en débarrasse en la mettant de nouveau en sus- rine, et principalement celle dite de griot. pension dans l'eau et passant le tout par un tamis C'est aussi la farine de griot qu'il faut employer en soic ou en tissu métallique; on laisse encore pour la pâtisserie grosse et fine, à l'exception des déposer cette faible quantité de corps légers, ct on biscuits, pour lesquels on se sert avec avantage de achève de les éliminer en râclant la superficie, la fécule de pommes de terre. ou bien en y faisant des lotions à plusieurs re- La farine séchée au four un peu chaud, et qui prises. Ces -caux de lavages, qui entraînent une y a pris un faible degré de coloration, est excel- certaine quantité de fécule, sont réunies à une lente pour mélanger avec le beurre qu'on ajoute nouvelle quantité de fécule brute, ou passées sur aux sauces trop claires pour les lier. Cette farine, un tamis fin, puis déposées et décantées par les légèrement torréfiée, fait aussi des bouillies très mêmes procédés. saines et plus digestibles que celles où l'on em- Les dépôts de fécule ainsi recueillis peuvent être ploie la farine crue. égouttés facilement en penchant lentement les vases qui les contiennent. On termine l'égouttage FÉCULE. On fait un grand usage de celle dans une toile; puis on les étend sur des vases que les pommes de terre contiennent en abon- aplatis ou sur des tablettes, et on laisse la dessic- dance. On la substitue avec avantage à la farine cation s'opérer, soit dans une chambre échauſſée, de froment dans les sauces blanches. On peut en soit dans une étuve, ou même à l'air libre lorsque ajouter en petite quantité dans certaines crèmes le temps est parfaitement sec. pour leur donner de la consistance. Comme la fécule est tout-à-fait dépourvue de saveur, elle Extraction de la fécule en grand. s'allie très-bien à toutes les préparations alimen- taires. C'est, du reste, un aliment sain et léger, La préparation de la fécule en grand est basée sur des manipulations analogues à celles que nous Fabrication de la recule. venons d'indiquer; mais, pour obtenir des résul- tats avantageux, il faut y apporter quelques mo- Nous exposerons les détails de cette opération difications, cl surtout employer des ustensiles ap- lelle qu'on peut la faire aisément dans un ménage; I propriés à cet usage. FÉC ( 227 ) FÈV 1° Lavage des tubercules. Cette première par le haut, les liquides produits par deux ou opération se fait en versant dans un baquet un plusieurs tamisages; ensuite on met toute la masse volume d'eau à peu près égal à celui des pom en mouvement et on laisse déposer, en sorte que mes de terre ; un bomme armé d'un balai de la fécule se rassemble toute entière au fond du bouleau doit les agiter vivement et avec force, vase. On décante alors l'eau surnageante, à l'aide afin que le frottement détache dans le liquide les de robinets ou de chevilles placées à plusieurs parties terreuses adhérentes, et même une partie hauteurs. On ajoute de l'eau claire sur le dépôt, du tissu superficiel qui est grisâtre, el toujours environ le double de son volume, et puis on le met plus ou moins altéré, en sorte que les tubercules en suspension ; alors on passe dans un tamis très- deviennent blanchâtres. Cela fait, on jette les fin tout le mélange liquide. pommes de terre sur un clayonnage, afin qu'el Une partie des débris du tissu cellulaire reste les s'y égouttent, et pour peu que l'eau coûte de sur ce tamis, et la fécule passée est épurée d'au- main-d'æuvre à se procurer, on la recueille dans tant; mais il reste encore une portion des mêmes un grand baquet ou cuvier, d'où les matières ter- débris qui la salissent. Comme ils sont plus long- reuses étant déposées, on peut reprendre le li- temps en suspension, ils se déposent à sa super- quide clair pour un autre lavage. ficie, et on peut les enlever mécaniquement à l'aide d'une racloire en fer-blanc. 2° Réduction en pulpe. Le but de cette opé- ration est de déchirer le plus grand nombre pos- layant la fécule dans de l'eau claire, la laissant dé- On doit opérer un troisième lavage, en dé- sible des cellules végétales qui renferment toutes les parcelles de fécule. Les meilleures râpes ap- poser et décanter, comme on l'a dit précédem- ment. pliquées à cet usage sont donc celles qui donnent la pulpe la plus fine, et dans un travail économi- FENOUIL, plante ombellifère dont les grai- que un râpage mécanique est indispensable. Parmi nes ont un arôme qui se rapproche de celui de les ustensiles de ce genre, et qui sont mus à bras l’anis : ces graines entrent dans la composition de d'hommes, la râpe Burette , perfectionnée et plusieurs liqueurs. construite avec beaucoup de soins par MM. Ro- Le feuillage de la plante est très-aromatique. zet et Raffin, nous semble présenter le plus d'a- On en fait peu d'usage en cuisine; cependant vantages. Elle a d'ailleurs été récemment approu- il y a des cas où on l'emploie comme assaisonne- vée par la Société d'agriculture. Construite sur le ment. plus petit modèle, elle coûte 70 fr. et peut être Les pieds de fenouil, buttés comme le céleri, mue par un seul homme ; le modèle d'une dimen- s'étiolent de même, blanchissent , perdent leur sion plus forte coûte 150 fr. et exige la force de âcreté, et deviennent comestibles. On peut les deux hommes. préparer de la même manière que le céleri. 3º Tamisage de la pulpe. Afin d'extraire FENOUILLET, sorte de poire qui se cucillc la fécule qui vient d'être mise en liberté par le en novembre, et qu'on peut conserver jusqu'en déchirement du tissu cellulaire, au fur et à me- février. On la mange souvent en confiture et en sure que la pulpe est fournie par la râpe, on la compote. porte sur des tamis cylindriques en crin ou en toile de cuivre, de deux pieds de diamètre environ FERMENT, substance qui a la propriété de sur huit pouces de hauteur. Ces tamis sont dis- faire fermenter les matières sucrées, les pâtes, elc. posés sur des traverses, et doivent être placés au- Le levain est du ferment. Si on n'en ajoutait dessus de plusieurs baquets. Chaque charge oc- pas à la pâte, on n'obtiendrait qu'un pain très- cupe à peu près la moitié de la hauteur du tamis. indigeste. Un ouvrier doit agir vivement sur la pulpe, soil La levure de bière est un ferment très-éner- avec les mains, soit à l'aide d'un raclette en bois, gique, et par conséquent très-convenable pour faire afin de renouveler sans cesse les surfaces exposécs lever promptement la pâte destinée à certaines à un courant d'eau qu'entretient un filet continu. pâtisseries. L'eau passe au travers du tamis, entraînant la fé- Le jus de groseilles, la bière qui commence à cule avec elle et formant une sorte d'émulsion. mousser, sont aussi de très-bons ferments, dost Lorsqu'on voit que le liquide s'écoule limpide au on peut faire un emploi utile dans beaucoup de travers du tamis, on est assuré que tous les grains circonstances. de fécule sont extraits de la pulpe ; alors on met sur le tamis une nouvelle charge de pulpe, on y FÈVE, plante légumineuse dont on mange laisse couler de l'eau, et ainsi de suite. les graines. Elles sont assez digestibles tant qu'elles On réunit dans un tonneau, debout et défoncé sont jeunes; inais lorsqu'elles approchent du terme . 13. FIG ( 228 ) FLA de leur croissance, et qu'on est obligé de les dé- , afin d'en composer, pendant le carême el pour les barrasser de leur peau, c'est un aliment qui ne collations de jeûne, une de ces assiettes appelées convient qu'aux estomacs les plus déterminés. des quatre-mendiants. Fèves à la crème. - Prenez de petites fèves, FILETS. Les filets, dans les quadrupèdes, et ne les dérobez pas. Faites-les blanchir à l'eau sont les parties charnues qui accompagnent l'épine bouillante, jetez-les dans l'eau froide, et, après les dorsale sous les côtes ; dans les volailles, ce sont les avoir égouttées, passez-les au beurre à demi roux, muscles des ailes et de l'estomac. Dans les pois- avec sel, poivre, persil haché fin, et un bou- sons, on nomme filet toute bande de chair qu'on quet de sarriette. Ajoutez du bouillon, un mor peut enlever sans arête (V. BOEUF, CANETON, ceau de sucre, et une pincée de farine maniée avec SOLE, ALOSE, ETC.). du beurre. Quelque temps avant de servir, ajoutez-y de la FLAN, pâtisserie garnie de crème cuite ou de crème bien fraîche; faites jeter seulement un fruits préparés en compote. bouillon. Flan de crème à la frangipane. — Dres- On peut mettre aussi une liaison de jaunes sez une croûte en pâte brisée (V. PATISSERIE); d'œufs avec ou sans crème. garnissez-la de frangipane à la moelle , faites-la cuire au four bien chaud, et glacez-la avec du su- Petites fèves en macédoine. Passez au cre en poudre avant de servir le flan pour entre- beurre, persil, ciboules, champignons, échalotes, mets. et le tout haché; mettez-y une pincée de farine; mouillez avec bouillon et vin blanc; ajoutez un Flan de fruits. - Garnissez avec de la pâte à bouquet garni contenant de la sarrieite ; faites dresser un moule qui n'ait pas plus de deux pou- bouillir à petit feu. Ajoutez enfin les fèves blan- ces de hauteur; faites en sorte que votre pâte prenne chies comme ci-dessus, et des culs d'artichauts | bien la forme du moule ; mettez dans un vase des blanchis et coupés en dés; assaisonnez de sel et cerises, pêches, brugnons, prunes ou abricots, gros poivre : quand tout est à point, ôtez le bou dont vous aurez ôté les noyaux ; sautez-les avec quet, et servez à courte sauce. du sucre en poudre; arrangez-les dans la croûte que vous avez moulée, et faites cuire ce flan å FEUILLETAGE (V. PATISSERIE). four chaud. Cassez les noyaux, épluchez-en les amandes; posez-les sur les fruits, et versez un peu FEUILLETER. On dit en cuisine feuilleter de sirop par-dessus. la pâte, quand on manie la pâtisserie de telle sorte Flan suisse. Dressez votre croûte comme qu'elle puisse se lever par feuillets (V.feuilletage dans l'article précédent ; faites bouillir un quarte- à l'art. PATISSERIE). ron de beurre fin dans une chopine de crème ; vous ferez une pâte à choux, dans laquelle vous emploic- FIGUES. On mange les figues dans deux états rez la farine de fécule de pommes de terrc en . l'autre, elles sont alimentaires, parce qu'elles abon- place de la farine ordinaire ; maniez cette pâte dans une terrine avec sel et gros poivre, une demi-livre dent en mucilage sucré. Les figues vertes se ser- de beurre fondu, du fromage de Gruyère râpé, vent en hors-d'œuvre, et les autres peuvent com- autant de parmesan et fromage de Neufchâtel; dé- poser une assiette de dessert qui n'a jamais rien de layez cet appareil avec des jaunes d'@ufs crus, de bien distingué. manière cependant que votre pâte soit plus consis- Les figues sèches nous viennent de Provence et celle du biscuit; fouettez la moitié de vos d'Andalousie. On les distingue en violettes, en fi- blancs d'æufs, et incorporez-les légèrement dans gues grasses et en figues de Marseille en petits votre påte, que vous verserez aussitôt dans votre cabas. croûte; vous garnirez celle-ci d'un papier fort et Les figues violettes doivent être grandes, sèches, beurré que vous ficellerez ; vous mettrez cuire au nouvelles et bien fleuries ; celles de Marseille doi- four moyennement chaud, et quand il sera cuit; vent être petites, sèches, mais fondantes; les gros- vous le dresserez sur plat; vous ôterez le papier ses figues, ou figues grasses, sont longues, char- pour le servir. nues, ct doivent avoir la même qualité que celles de Marseille; les figues en gros cabas, soit de Pro FLANICHE (pâtisserie et recette flaman- vence ou d'Espagne, sont toujours inférieures aux des). Cette pièce de four doit être composée d'une autres. Parmi les espèces les plus estimées, lesgen-livre et demie environ de bon fromage gras, un dresses et les fines-d'Ollioules sont celles qu'on peu salé, apprêté depuis dix à douze jours; on le choisit préférablement aux autres ligues sèches, manie bien sur une table avec les mains, jusqu'à tante que FOI ( 229 ) FOI sauce. ce qu'on l'ait réduit en pâte sans grumeaux; cela gros poivré; couvrez avec des bardes de lard; fait, on y ajoute une livre et demie de bon beurre mouillez avec du bouillon et deux verres de vin frais, de sel, huit à neuf aufs; on étend cette rouge; ajoutez des tranches de citron saus blanc farce sur la table, où on verse environ un verre ni pepins, ou du verjus ; faites cuire à petit feu ; d'eau ou de lait ; la farce détrempée, et claire lorsque le foie est cuit, faites réduire la cuisson comme des eufs battus, on y répand environ les après l'avoir dégraissée : servez-vous-en pour mouil- deux tiers de quatre litrons de farine; le tout in ler un roux que vous ferez à part, et ajoutez-y des corporé; on y ajoute le reste, à la réserve de deux cornichons coupés. poignées; la pâte étant bien liée, on la poudre d'un peu de farine, on la manie deux ou trois fois, mais Foie de veau à l'italienne. Prenez un doucement, dans l'espace d'une demi-heure ; puis dans une casserole de l'huile fine, du lard fondu, foie bien blond et coupez-le en tranches ; mettez on l'étend et on la met en masse ; on la laisse en cet état reposer tout au plus un quart d'heure; on du vin blanc, persil,ciboules, champignons hachés, la roule ensuite en long, et on la coupe pour faire sel, gros poivre, ensuite une couche d'émincés de des flaniches de la grandeur qu'on veut, et de l'é- foie; puis répétez l'assaisonnement, et continuez paisseur de deux travers de doigts; on la met sur ainsi jusqu'à la fin; couvrez le tout de bardes de du papier graissé de beurre frais; on en façonne lard; faites cuire à petit feu. Servezavec une sauce ; la cuisson les bords, et on les fait cuire au four ; il ne faut qu’une demi-heure, si le four est bien bouché : faites - la réduire, et serrez - Yous- en comme de il faut prendre garde qu'elles ne brûlent. FLÈCHE DE LARD. On appelle ainsi les mor- Gâteau de foies de volailles. — Hachez des foies de volailles grasses et pilez-les. Hachez et pi- ceaux de graisse ou de panne, longs et étroits, qui lez une demi-livre de graisse de bæuſ, et une demi- se lèvent de dessus les côtés des porcs, depuis les livre de lard avec des champignons, deux ognons épaules jusqu'aux cuisses ; les rôtisseurs et les cui- coupés en dés et passés au beurre, six culs, dont siniers consomment beaucoup de ces flèches de vous fouetterez les blancs, un demi-verre d'eau- lard pour barder leurs viandes. de-vie, sel, poivre et muscade : pilez le tout en- FLEUR (de THYM, d'ORANGER, de FARINE, semble; garnissez le fond et les côtés d'une casse- role avec des bardes de lard; mellez-y tout le ha- etc.) (V. ces mots). chis, en y entremêlant des truffes coupées ; couvrez FOIE. Quoi qu'en puissent dire les anciens et le dessus avec des bardes de lard; posez la casse- nouveaux dispensaires, il n'existe que trois bonnes role sur un feu étouffé, et mettez de la braise allu- méthodes pour apprêter le foie de veau; c'est à mée sur le couvercle. savoir : à la broche, à la bourgeoise et à l'i Comme, pour empêcher le gâleau de se défor- talienne. Les gens expérimentés sont bien con mer, il faut qu'il refroidisse dans la casserole, celle- vaincus que toutes les préparations nouvelles et ci doit être de terre ou de fer battu; quand le plus recherchées que celles-ci ne sauraient être gâteau est froid, on trempe un instant la casserole aussi satisfaisantes. dans l'eau bouillante, et on la renverse sur un plat. C'est un mets de résistance et qui figure assez bien Foie de veau rôti. Choisissez-le gros, gras dans une halte de chasse ou une partie de pêche. et de couleur blonde. Piquez-le de gros lardons Les foies de volailles (qu'il ne faut pas confondre bien assaisonnés de fines herbes, d'épices et avec les foies-gras dont nous parlerons bientôt) d'une pointe d'ail; enveloppez-le de panne de porc ou de tétine de veau que vous assujettirez avec une se préparent encore en caisse gratinée, et l'on s'en sert également pour mettre dans les ragoûts dont feuille. Faites-le rôtir doucement, et servez-le avec son jus dégraissé, dans lequel on peut ajouter seroles et les vole-au-vent. on garnit les patés chauds, les timbales, les cas- du jus de bigarade ou de verjus muscat. On le fait aussi rôtir à nu après l'avoir piqué de Foies de lottes.-On n'emploie guère les foies lard fin, et dans ce cas, on doit le servir avec une de cet excellent poisson que pour en faire des sauce piquante, où l'on n'omettra pas de mettre garnitures à la Chambord, à la Régence, ou des câpres et des boutons de capucines. pour en illustrer plusieurs autres ragouls de la plus Foie de veau à la bourgeoise. - Piquez-le haute cuisine. La délicatesse et la rareté de ce co- mestible le maintiennent toujours à des prix ſort de gros lard assaisonné; foncez une braisière de élevés. bardes de lard; mettez-y le foie avec des carottes, un bouquet bien garni, des ognons, dont un piqué Foies de raie. On en fait spécialement une de clous de gérotle, de la muscade râpée, sel et sorte de purée qu'on mélange (après l'avoir cuit in ne FOI ( 250 ) FON Foies gras. ( Cram Sweat dans le même court-bouillon que le morceau de en 1796, un mode uniforme, légal et constitu- raie qu'il doit masquer) avec une sauce blanche tionnel pour tuer les boufs et les cochons avec qui se trouve toujours désignée par les cuisiniers douceur et célérité. Par un bill postérieur, il est et maîtres-d'hôtel, sous le nom de sauce à la noi- ordonné de transporter les veaux au marché sur sctte. Ainsi donc, en terme de menus, la raie à un filet suspendu; il est interdit de mettre plu- la noisette est lout uniment apprêlée à la sauce de șieurs de ces animaux sur la même charrette ; son foie. il est enjoint d'observer que leur position n'y soit pas contrainte, et qu'ils ne soient pas obligés gras. - L'opération par laquelle on oh- d'avoir la tête pendante, ainsi qu'on a trop sou- tient les foies gras consiste principalement à en vent l'occasion de le remarquer sur le continent. graisser des oies de manière à leur produire une Une servante anglaise qui pourrait tuer un canard tuméfaction de cet organe. On a justement et sou se croirait un objet d'opprobre; aussi, on vous mon- vent observé que c'était le produit d'une recher-tre quelquefois à la porte des châteaux ou dans les che barbare et d'une appétence odieuse ; mais ruelles d’un village une espèce de bourreau qui fait laissons parler, sur ce triste et douloureux sujet, l'horrible métier d'élouffer les pigeons et d'écorcher Monsieur de Courchamps, ce compatissant physio- les agneaux..... C'est un être infâme, abhorré, logiste, qui s'étaît constitué le défenseur officieux des semblable aux chirurgiens de l'ancienne Égypte; Oies de Strasbourg auprès de la chambre des pairs. et voilà ce que les oies prennent la liberté d'affir- -« Oui, nobles pairs! (disait ce charitable péti- mer à vos seigneuries, en invoquant au besoin les tionnaire) au mépris des lois de la nature adoptées sentiments d'admiration, le témoignage et l'atten- par la chambre, les Strasbourgeois s'appliquent à drissement de M. Cottu. nous faire grossir monstrueusement un viscère » Nous vous supplions de proposer une loi qui composé de deux lobes inertes. C'est aux dépens défende aux Strasbourgeois de martyriser la vo- du cæur que nous avons sensible, de l'estomac que laille ei de tourmenter les animaux, à qui , du l'injustice révolte, du poumon qui nous est essen reste, ils n'ont rien à reprocher. Qu'on leur pres- tiel, et de la rate qui ne peut s'épanouir; enfin, crive de n'exercer leur industrie que sur la ma- c'est au détriment de l'honneur national, que la nière de plumer les pauvres oies, sans appliquer cruauté compromet! toute leur intelligence à déranger l'harmonie de » Hélas ! qu'avons-nous fait , malheureux oi leurs viscères; que si par abus de la force ils nous seaux ! on nous aveugle, on nous étouffe, on nous ôtent la vie, ils ne puissent du moins nous ôter la torture; et pourtant, nobles pairs, si l'on vous ce qui nous plonge dans une mélancolie fu- mangeait, que diriez-vous ? Si l'on vous coupait neste...... Enfin, qu'ils nous plument et nous les ailes , et puis, si l'on vous attachait sur des mangent, puisqu'ils sont pour nous des tyrans planches et qu'on vous y clouật les pattes ? Enfin, féodaux, des chefs saliques, et que dans les basses- si l'on vous arrachait les yeux pour s'attaquer ensuite cours il n'y a encore ni Charte, ni rien ! c'est un à votre foie comme le vautour de Prométhée ? despotisme épouvantable; la plus libre de nous Ah! Jupiter ! diriez-vous alors, quelle injustice! est à la merci du dernier roquet, et dans toute avons-nous dérobé le feu sacré ? et parce qu'on l'Alsace il n'existe pas une chambre qui soit seu- ne le trouve nulle part, est-il si vraisemblable que lement comparable à celle des députés. ce soit nous qui l'ayons pris ? — Nous nous abste » Puissiez - vous étendre ce bienfait jusqu'aux nons ici de toute réflexion. Nous sommes Fran extrémités de l'empire et jusque sur les canards çaises, nobles pairs, et nous vous conjurons de de Toulouse, nos malheureux cousins !... » nous faire participer aux douceurs de l'orgueil national. Nous sommes la fable des oies britanni- Strasbourg et de Toulouse , au plus juste (Pour se procurer les meilleurs pâtés de ques, un sujet de risée pour les dindons de Lin- prix, nous croyons devoir ajouter que tout ce coln ; il n'y a pas jusqu'à la volaille irlandaise qui qu'on peut faire de mieux est de s'adresser, comme ne prenne des airs de nous mépriser, et la moin- à l'ordinaire, aux deux courriers de la malle- dre cane - pétière des trois royaumes est plus fière qu'un aigle impérial! - Nous sommes li- poste). bres, disent-ils avec emphase, et jamais les oies FONDUE, entremets au fromage et aux @ufs n'ont eu besoin de recourir, chez nous, à la cham- | brouillés; sorte de ragoût originaire de la Bresse bre des lords. Ah! l'Angleterre est un pays char ou du Bugey, car c'est un procés qui dure encore mant, pour les animaux domestiques; il est mer entre les gourmets de ces deux contrées. D'après veilleux qu'on puisse y trouver des rôtisseurs, et l'ardeur et l'opiniâtreté qu'on y met de part et pour y tuer une poule il ne faut pas moins qu'une d'autre, il est à croire que cette contestation entre grâce d'État. Le parlement britanniqne a prescrit, les Bressans et les Bugistes ne se terminera pas yue, FOU (231) FOU sans difficulté. Quoi qu'il en puisse être à l'avenir, 1 qu'il est écumé, on enlève le pot, on le place sur voici la recette pour opérer les fondues, telle le coin du fourneau, et on remet du charbon dans qu'elle a été extraite des papiers de M. Trollet, le foyer jusqu'au point indiqué précédemment; bailli de Mondon. ensuite on remet le pot-au-feu en place, et, aus- - Pesez le nombre d'œufs frais que vous vou sitôt qu'il recommence à bouillir, on ferme exac- drez employer d'après le nombre présumé de vos tement la porte du cendrier; et, si elle ne joint convives. pas très-bien , on la couvre d'un peu de cendre. Il Vous prendrez ensuite un morceau de bon fro ne faut pas intercepter entièrement l'accès de l'air, mage de Gruyère, pesant le tiers, et un morceau mais il doit en entrer ſort peu. de beurre pesant le sixième de ce poids. En mettant le charbon par le haut du foyer, sa Vous casserez et battrez bien les aufs dans une porte latérale devient inutile : on peut la condam- casserole; après quoi vous y mettez le beurre et ner tout-à-fait. Il est très-difficile de remplir le le fromage râpé ou émincé. foyer de charbon par cette porte; elle ne joint Posez la casserole sur un fourneau bien allumé, jamais avec exactitude, parce que le charbon de et lournez avec une spatule jusqu'à ce que le mé- l'intérieur tend sans cesse à l'écarter; elle laisse lange soit convenablement épaissi et mollet; met alors passer trop d'air, il se consomme trop de tez-y peu ou point de sel, suivant que le fromage charbon, et, ce qui est pire encore, le pot-au-feu sera plus ou moins vieux, et une forte portion de va trop vite, ce qui n'est pas le moyen de faire un poivre, qui est un des caractères positifs de ce excellent potage. mets antique ; servez sur un plat légèrement En prenant toutes les précautions indiquées ci- échauffé; faites apporter de votre meilleur vin dessus, le pot-au-feu bouillira pendant six ou sept qu'on boira rondement, et on verra merveilles. heures, sans qu'il soit nécessaire de remettre du charbon. FOURNEAU. Tout le monde a dû remar- Jusque-là, il a suffi de couvrir le pot avec le quer qu'on organise aujourd'hui le système des couvercle du scau; quand il a écumé et qu'il fourneaux de cuisine moyennant une longue et recommence à bouillir, il faut le couvrir avec le large table de fonte; mais on n'en doit pas moins seau lui-même. Si on ne fait point usage des cas- préférer ceux qui sont fabriqués en terre cuite; seroles, ou si on n'en emploie qu'une scule, on ceux-ci, engagés comme ils sont dans la maçon- place le seau de manière que son grand compar- nerie, ne peuvent éprouver aucune détérioration, timent soit en haut; ce même compartiment doit même par un long service. Les foyers en fonte, être placé en bas quand on emploie les deux cas- quand ils sont échauffés, donnent trop d'activité seroles. au charbon, et rendent plus difficile la conduite On verse dans le seau deux litres d'eau froide ; du feu. C'est par cette même raison que les pots les vapeurs qui s'élèvent du pot-au-feu rencon- de terre sont aussi très-préférables aux vases de trant la cloison du scau, qui est à la tempéra- cuivre : ceux-ci ont besoin d'être étamés souvent, turc de l'eau qui est au-dessus, se condensent et et l'étamage est une faible garantie contre les acci- retombent, de sorte que le pot-au-feu n'éprouve dents que la moindre négligence peut occasionner. aucune perte par évaporation. Les vases de terre, n'étant chauffés que par-des- L'eau du seau s'échauffe peu à peu, et il vient sous et toujours également, ont une très-longue un moment où elle ne peut plus condenser entiè- durée : on peut les briser, mais ils ne s'usent pas. rement les vapeurs, dont une partie s'échappe en- Conduite du fourneau de l'atre (ou du tre les bords du pot et du seau. Une nouvelle quan- pot-au-feu). - Le massif de ce fourneau se lité d'eau froide , qu'on verse dans ce dernier, construit ordinairement en plâtre, substance fort suffit pour arrêter la sortie de la vapeur, dont la commode pour opérer vite et proprement, mais condensation recommence. qui est de peu de durée. Dans les contrées où il Si on met en commençant trois ou quatre litres n'existe pas de plâtre, et il y en a beaucoup, on d'eau dans le seau , si la porte du foyer est con- peut élever le massif du fourneau en tuileaux liés damnée, et si celle du cendrier est bien fermée, avec de la terre à four. loutes les vapeurs se condensent, quoiqu'on ne re- Pour l'allumer, on ferme la porte du foyer et metle pas d'eau; alors on peut abandonner le pol- on ouvre celle du cendrier; on jette dans le foyer au-feu à lui-même pendant six ou sept heures. , remplir avec du charbon noir jusqu'au point où qu'à 70 ou 72 degrés; ainsi le mème feu qui fait descend le fond du pot-au-feu. le potage échauffe encore, presque jusqu'à l'ébul- On place le pot, préalablement rempli au degré lition, plusieurs litres d'eau. conyenable; le potage s'échauffe lentement : lors La première casserole, qui plonge dans le pot- FOU ( 232 ) FOU de terre, au-fou d'environ deux pouces, peul servir à faire terai vingt-quatre onces de charbon par terme cuire des légumes ct de la viande, à faire crever moyen. du riz, etc. La voie de charbon pèse environ soixante-dir Pour faire crever du riz, on en met la quantité livres, et son prix moyen est de 9 francs, à Paris ; suffisante dans la casserole avec un peu de bouil les vingt-quatre onces ne coûtent donc que 19 cen- lon : on tient la casserole découverte. times : en province, ces vingt-quatre onces coûtent Les pommes de terre cuisent sans eau dans la à peine 10 centimes. casserole fermée. Une autre économie, qui n'est pas sans impor- Les légumes secs entiers, les choux-fleurs doi- tance, est celle des pots à potage, qui se détrui- vent être couverts d'eau : la casserole reste ou sent rapidement lorsqu'on les chauffe , comme verte. c'est l'usage, par le côté; c'est celte destruction Les pois concassés , mis dans la casserole ou rapide qui a fait employer de préférence les mar- verte avec un peu d'eau ou de bouillon, se rédui mites de cuivre. sent en purée. Dans le fourneau décrit, la durée des pots est Les petits pois cuisent parfaitement sans eau presque sans terme. dans la casserole fermée. Ces pots sont de grandeurs différentes. Ils ont Les viandes cuisent aussi dans la casserole fer tous, par la disposition du fourneau, cet aran- mée ; mais il faut auparavant les passer au beurre, tage, qu'on peut les remplir en totalité ou seule- sans quoi elles seraient fades et sans couleur. Les ment au tiers, et le potage en est aussi bon dans viandes qui cuisent le mieux sont le veau et la vo les deux cas. laille. La seconde casserole , qui se pose sur la pre- Fourneaux à casseroles.- On les construit mière, doit être réservée pour la cuisson des sub- ordinairement à demeure; cependant il est quel- stances les plus faciles à cuire : ainsi, lorsqu'on quefois utile qu'ils soient mobiles. met dans la première un morceau de veau , on Le fond du cendrier se fait avec des débris de peut mettre dans la seconde des pommes planches qu'on recouvre d'une couche de plâtre du riz, des concombres, etc. de 1 pouce à 18 lignes d'épaisseur. On peut aussi Lorsqu'on emploie les deux casseroles, le petit le carreler. compartiment du seau est en haut : on peut y faire Les foyers sont en ſonte, ordinairement carrés ; cuire des pruneaux. on les soutient dans le châssis au moyen de deux Des asperges et des épinards cuisent bien dans triangles de petit fer, dont les pattes sont clouées le grand compartiment. sur les traverses du bâti; on remplit ensuite tous Il est inutile d'entrer dans plus de détails sur les les intervalles en plâtre, qu'on recouvre avec des usages de ce fourneau ; on peut les modifier et les carreaux de terre cuite ou de faïence, qui sont pré- étendre ; car si on ne trouvait pas qu'il se formât ſérables parce qu'ils ne s'imprègnent pas de matiè- assez de vapeur pour cuire le contenu des casse res grasses comme les premiers. , On d'ouvrir un peu la porte du cendrier, le feu de- du cendrier : celle porte doit en porter une autre vient sur-le-champ plus vif : on brûle à la vérité plus petite, ce qui permet d'introduire plus ou un peu plus de charbon, mais on atteint le but moins d'air sous les foyers, et par conséquent qu'on s'est proposé. d'activer ou de modérer le feu à volonté. Le grand avantage de ce fourneau, c'est l'éco- Depuis quelque temps, on a substitué des nomie de temps et de combustible. foyers ronds aux foyers carrés ; ces foyers sont Les opérations préliminaires pour mettre le ordinairement coniques, ce qui donne la facilité pot-au-feu en train ne sont ni longues, ni diffi- de les employer pour des casseroles de différentes ciles : lorsque le pot est écumé et qu'il a recom dimensions : on les fait en fonte ou en terre cuite. mencé à bouillir, on peut l'abandonner à lui-Ces derniers sont préférables, parce qu'il est tou- même jusqu'au moment de dresser le potage. Il jours plus facile d'y régler le feu. n'y a pas à craindre que le feu s'éteigne ou aille On fait aussi des coquilles en fonte : elles coû- tent moins cher que celles de terre, mais le char- Quant à l'économie, elle est évidente : vingt bon s'y consomme plus vite; cependant elles sont onces de charbon suffisent pour un pot-au-feu de très-bonnes lorsqu'on les incruste dans l'épaisseur trois à quatre livres, une casserole remplie de d’un mur. Dans ce cas, on fait sceller, sous la co- viande ou de légumes, et le seau contenant trois à quille, une plaque de fonte sur laquelle on pose la quatre litres d'eau; mais comme on ne prend pas cuisinière. Quelquefois celle-ci est attachée avec toujours toutes les précautions indiquées, je comp-l des gonds , sur lesquels elle roule comme une he trop vite. FOU ( 233 ) FRA porte : celte pratique est mauvaise, en ce qu'on ne aller plus vile; la moitié n'est pas consumée lors- peut plus faire varier la distance du rôli au foyer. que l'eau est en ébullition; cependant tout se ré- Cette coquille est très-économique et très-con- duit en cendres, parce qu'on ne se donne pas la venable pour toutes les maisons où une seule per- peine de l'éteindre, ou parce qu'on manque de sonne est chargée de tous les travaux du ménage. moyens pour ſermer hermétiquement le fourneau. Quand on fait rôtir au Teu d'une cheminée, il En employant l'esprit de vin, le feu est allumé fant allumer un grand feu, et le maintenir toujours instantanément; l'eau s'échauffe vite, et lorsqu'elle égal, sans quoi le rôti languit et se dessèche, ou est bouillante, il suffit de souffler sur la flamme bien il est trop saisi d'abord : il est trop cuit à la pour l'éteindre : on couvre de suite la lampe. On surface, et pas assez dans l'intérieur. ne brûle ainsi que ce qui est strictement nécessaire. Comme on ne brûle que du charbon dans la co Ce qui renchérit l'esprit de vin, ce sont les droits quille, ces inconvénients ne sont pas à craindre: | indirects qui frappent sur cette substance: sans le feu est toujours égal ; et, comme la coquille s'im- ces droits, le litre ne coûterait que 75 centimes; prègne fortement de chaleur, la cuisson ne cesse et, à ce prix, le chauffage de petites quantités de pas, même lorsque par oubli on laisse tomber le liquides, avec de l'esprit, coûterait moins qu'avec feu. La coquille se place partout, ce qui est très- du charbon. commode dans une petite cuisine, où l'on ne peut plus rien faire au foyer lorsque la broche tourne FOURNITURES, se dit des fines herbes devant le feu. qui accompagnent les herbacées qui font le corps Cet ustensile de cuisine est très-économique ; il de la salade. Ces fournitures sont le cresson consomme très-peu de charbon. On pourrait s'en alénois, le cerfeuil, les ciboules, l'estragon, la la servir avec un tourne-broche, mais une cuisinière perce-pierre, le baume , quand il est nouveau, est préférable, parce qu'elle concentre mieux la corne de cerf, la pimprenelle, les capucines fleu- chaleur. Cette cuisinière doit être attachée à clous: ries, les fleurs de violette, de bouillon-blanc, de elle ne résisterait pas au feu si elle n'était que bourrache et de buglose. soudée. FRAISES DES BOIS, ANANAS, CAPRONS, DES Gril à la Lorein. Les grils ordinaires ont QUATRE SAISONS et de CALABRE MUSQUÉE (V. BEI- l'inconvénient de laisser tomber la graisse sur les GNETS, CREME, COMPOTE, CONSERVE, GLACES et charbons,ce qui éteint le feu, et répand une mauvaise SORBETS). odeur qni se communique aux substances qu'on FRAISE DE VEAU (V. ABATTIS). fait griller. Sur le gril en tôle, les viandes repo- sent sur les saillies des trous, et ne reçoivent l’ac FRAMBOISES. Il y en a deux espèces, la tion du feu que par l'intermédiaire de la tôle : elles blanche et la rouge ; cette dernière est la plus com- cuisent très - également; la graisse s'écoule dans mune. La blanche porte ordinairement son fruit la rigole, et il n'en tombe aucunement sur les deux fois dans l'année. Les deux espèces ont le charbons. même goût et le même arôme (V. CRÈME, GELÉE, On fait cuire, avec ce gril, des côtelettes, des RATAFIA, MARMELADE, etc.). saucisses et des boudins, etc., dans leur jus, et sans répandre aucune odeur. On le place, pour FRANCOLIN, oiseau sauvage de la famille cela, sur les saillies d'un réchaud ordinaire. des sylvains et de la grosseur du faisan, auquel il res- semble beaucoup pour la forme et pour la saveur. Réchauds à lampes. - Les seuls qu'on doive Les Italiens avaient nommé cet oiseau francolin, employer sont ceux où l'on brûle de l'esprit de parce qu'il était censé vivre en franchise, c'est-à- vin; lorsqu'on y brûle de l'huile, il arrive, presque dire qu'il était défendu au peuple d'en tuer et qu'il toujours, que la mèche se couvre de champignons; n'y avait que les princes qui eussent cette préro- alors la lampe ſume, et répand au loin une odeur gative. aussi désagréable que malsaine. On croit généralement que l'emploi de l'esprit méridionales de la France. Galien dit que sa chair On trouve quelques francolins dans les contrées de vin, pour chauffer des liquides ou pour égale pour la bonté celle de la perdrix, qu'elle en- conserver la chaleur de quelques plats, est très- gendre un bon suc et se digère facilement. dispendieux, mais c'est une erreur. Il y a beaucoup Le francoliu s'apprête comme le faisan, les per- de cas où l'on pourrait, avec avantage, substituer drcaux et les barlavelles. l'esprit de vin au charbon. Si on a de l'eau à faire chauffer pendant l'été, FRANGIPANE, espèce de crème dont on se il faut allumer un fourneau, ce qui prend beau- sert particulièrement pour garnir ou foncer cer- coup de temps : on mei beaucoup de charbon pour 1 taines pièces de pâtisserie (V. page 186). Cette FRI ( 254 ) FRI composition culinaire, ainsi que plusieurs combi FRIRE. C'est l'action de faire cuire dans le naisons de parfumerie, ont tiré leur nom du prince beurre, l'huile ou le sain-doux bouillants : ce mode romain Don Cesar Frangipani, épicurien très-re de cuisson est très-rapide, parce que les matières nommé dans la péninsule italique. grasses ne bouillent qu'à une température plus que double de celle de l'eau bouillante. Cette forte cha- FRICANDEAU. On appelle ordinairement leur aurait bientôt desséché les substances qui con- ainsi une noix, une rouelle ou des tranches de veau tiennent des sucs aqueux, si, avant de les plonger piquées et glacées ; cependant on appelle aussi fri- dans la friture, on ne les trempait pas habituellement candeaux, des tranches de diverses viandes et même dans une pâte qui les soustrait en partie à l'action de chair de poisson, qu'on apprête de la même ma trop violente du calorique. nière que le veau, Fricandeau à la ménagère. — Prenez, soit FRITURE. Nous pensons que nos lecteurs une noix, soit des tranches de rouelle de veau bien nous sauront bon gré d'avoir reproduit ici la plus tendre; piquez-les par-dessus avec du petit lard; exacte et la plus parfaite dissertation monographi – faites-les cuire avec du bouillon et un bouquet que et physiologique qui ait jamais été composée garni. sur la friture. Quand les fricandeaux sont cuits, tirez-les de la casserole; dégraissez la sauce; passez-la dans un Théorie de la Friture. tamis; faites-la réduire sur le feu jusqu'à ce qu'il n'y en ait presque plus; mettez-y les fricandeaux Le mot friture s'applique également à l'action pour les glacer du côté du lard; quand ils sont gla- de frire, au moyen employé pour frire, et à la cés et de belle couleur, dressez-les sur un plat; chose frite. détachez, sur le feu, ce qui est dans la casserole, « Il était trois heures après-midi, quand le pro- et le mellez sous les fricandeaux. fesseur vint s'asseoir dans le fauteuil aux médila- Tous les fricandeaux se font de la même ma- lions. nière. Ils sont meilleurs quand on les fait cuire » Sa jambe droite était verticalement appuyée dans une bonne braise. Ce qui les caractérise fri- sur le parquet ; la gauche, en s'étendant, formait candeaux, c'est le soin que l'on prend de les piquer une diagonale ; il avait les reins convenablement de lard (in, et de les glacer du côté du lard dans la adossés ; et ses mains étaient posées sur les têtes sauce réduite à glace. On facilite beaucoup la for- de lion qui terminent les sous-bras de ce meuble mation de cette glace en mettant, dans la sauce ré- vénérable. duite, du sucre ou du caramel. » Son front élevé indiquait l'amour des études On sert souvent les fricandeaux sur un ragoût sévères, et sa bouche le goût des distractions aima- de chicorée, d'oseille, d'épinards, de céleri ou de bles. Son air était recueilli, et sa pose telle, que cardons. tout homme qui l'eût vu n'aurait pas manqué de dire : « Cet ancien des jours doit être un sage.» Fricandeau d'esturgeon, de brochet ou de » Ainsi établi, le professeur fit appeler son pré- saumon. Coupez trois ou quatre tranches de parateur en chef; et bientôt le serviteur arriva, poisson de l'épaisseur de trois doigts ; ôtez-en la prêt à recevoir des conseils, des leçons ou des peau, et piquez-les de lard fin; farinez-les, et mettez- ordres. » les dans une casserole (le lard en dessous), avec du lard fondu; faites-leur prendre une belle couleur, Allocution. et relirez-les. « Maitre la Planche, dit le professeur, avec cet Hachez des truffes, ou des champignons ou des accent grave qui pénètre jusqu'au fond des cæurs, mousserons; mettez-les dans un plat avec du jus tous ceux qui s'asseyent à ma table vous procla - de jambon; dressez-y les fricandeaux, le lard en ment potagiste de première classe ; ce qui est fort dessus; couvrez le plat, et faites-les mijoter à petit bien, car le potage est la première consolation de feu pendant une heure. l'estomac besoigneux; mais je vois avec peine que vous n'êtes encore qu'un friturier incertain. FRICASSÉE, terme générique qui s'appli » Je vous entendis hier gémir sur cette sole quait jadis à toutes les préparations de viande cou- triomphale que vous nous servites pàle, mollasse pée en morceaux : on lui a substitué le mot ra et décolorée. Mon ami Récamier jela sur vous un goût; mais on en fait encore usage à l'égard d'une regard désapprobaleur, M. Richerand porta à ancienne et bonne manière d'apprêter les poulets, l'ouest son nez gnomonique, et le président Sé- qui garde toujours le nom de fricassée (V. POU- guier déplora cet accident à l'égal d'une calamité LET). publique. FRI (235) FRI 1 » Ce malheur vous arriva pour avoir négligé la quante; elles sont agréables à la vue, conservent théorie dont vous ne sentez pas toute l'importance. leur goût primitif, et peuvent se manger à la main: Vous êtes un peu opiniâtre, et j'ai de la peine à ce qui plaît toujours aux dames. vous faire concevoir que les phénomènes qui se can » La friture fournit encore aux cuisiniers bien passent dans votre laboratoire ne sont autre chose des moyens pour masquer ce qui a paru la veille, que l'exécution des lois éternelles de la nature, et et leur donne au besoin des secours pour les cas que certaines choses que vous faites sans attention, imprévus : car il ne faut pas plus de temps pour et seulement parce que vous les avez vu faire à frire une carpe de quatre livres que pour cuire d'autres, n'en dérivent pas moins des plus hautes un auf à la coque. abstractions de la science. » Tout le mérite d'une bonne friture provient » Écoutez donc avec attention, et instruisez- de la surprise ; c'est ainsi qu'on appelle l'invasion vous, pour n'avoir plus désormais à rougir de vos du liquide bouillant qui carbonise ou roussit, à æuvres. » l'instant même de l'immersion, la surface exté- rieure du corps qui lui est soumis. Chimie. » Au moyen de la surprise, il se forme une espèce de voûte qui contient l'objet, empêche la « Les liquides que vous exposez à l'action du graisse de le pénétrer, et concentre les sucs qui ſeu ne peuvent pas tous se charger d'une égale subissent ainsi une coction intérieure qui donne quantité de chaleur ; la nature les y a disposés iné à l'aliment tout le goût dont il est susceptible. galement. C'est un ordre de choses dont elle s'est » Pour que la surprise ait lieu, il faut que le réservé le secret, et que nous appelons capacité liquide bouillant ait acquis assez de chaleur pour du calorique. que son action soit brusque et instantanée; mais » Ainsi, vous pourriez tremper impunément il n'arrive à ce point qu'après avoir été exposé votre doigt dans l'esprit de vin bouillant, vous le asscz long-temps à un ſeu vif et flamboyant. retireriez bien vite de l'eau-de-vie, plus vite en » On connaît par le moyen suivant, que la fri- core si c'étail de l'eau, et une immersion rapide ture est chaude au degré désiré : Vous couperez dans l’huile bouillante vous ferait une blessure un morceau de pain en forme de mouillette, et cruelle, car l'huile peut s'échauffer au moins trois vous le tremperez dans la poêle pendant cinq à fois plus que l'eau. six secondes; si vous le retirez ferme et coloré, » C'est par une suite de cette disposition que opérez immédiatement l'immersion; sinon il faut les liquides chauds agissent d'une manière diffé- pousser le feu et recommencer l'essai. rente sur les corps sapides qui y sont plongés. » La surprise une fois opérée, modérez le feu Ceux qui sont traités à l'eau se ramollissent, se afin que la coction ne soit pas trop précipitée, et dissolvent et se réduisent en bouillie ; il en pro- que les sucs que vous avez renfermés subissent, vient du bouillon ou des extraits. Ceux au con au moyen d'une chaleur prolongée, le cha traire qui sont traités à l'huile se resserrent, se qui les unit, et en rehausse le goût. colorent d'une manière plus ou moins foncée, et » Vous avez sans doute observé que la surface finissent par se charbonner. des objets bien frils ne peut plus dissoudre ni le » Dans le premier cas, l'eau dissout et entraîne sel ni le sucre, dont ils ont cependant besoin sui- les sucs intérieurs des aliments qui y sont plongés; vant leur nature diverse. Ainsi, vous ne manque- dans le second, ces sucs sont conservés, parce que rez pas de réduire ces deux substances en poudre l'huile ne peut pas les dissoudre; et si ces corps très-line, afin qu'elles contractent une grande fa- se desséchent, c'est que la continuation de la cha-cilité d'adhérence, et qu'au moyen du saupou- leur finit par en vaporiser les parties humides. droir la friture puisse s'en assaisonner par juxta- » Les deux méthodes ont aussi des noms diffé- position. rents; et on appelle frire, l'action de faire bouil- » Je ne vous parle pas du choix des huiles et lir dans l'huile ou la graisse des corps destinés à des graisses ; les dispensaires divers dont j'ai com- être mangés. Je crois déjà vous avoir dit que, sous posé votre bibliothèque vous ont donné là-dessus le rapport officinal, huile ou graisse sont à peu des lumières suffisantes. près synonymes, la graisse n'étant qu'une huile >> Cependant n'oubliez pas, quand il vous arri- concrète, ou l'huile une graisse liquide. » vera quelques-unes de ces truites qui dépassent à peine un quart de livre, et qui proviennent des Application. ruisseaux d'eau vive qui murmurent loin de la capitale, n'oubliez pas, dis-je, de les frire avec « Les choses frites sont bien reçues dans les ce que vous aurez de plus fin en huile d'olive. ſestins; elles y introduisent une variation pi Ce mets si simple, dûment saupoudré et rehaussé FRO ( 236 ) FRO de tranches de citron, est digne d'être offert à une plus ou moins surchargé de parties butireuses Éminence. combinées avec lui : dans tous les cas, le fromage » Traitez de même les éperlans, dont les adeptes non assaisonné est doux, et d'autant plus agréable font tant de cas. L'éperlan est le bec-ligue des et doux, que la partie butireuse lui donne plus eaux : même petitesse, même parfum, même su d'oncluosité. Il faut distinguer, des fromages dont périorité. on vient de parler, ceux qui sont assaisonnés ou » Ces deux prescriptions sont encore fondées préparés de manière à altérer leur substance, et à sur la nature des choses. L'expérience a appris leur donner une plus grande solubilité, ou à aiguil- qu'on ne doit se servir de l'huile d'olive que pour lonner l'action des organes digestifs. Deux moyens les opérations qui peuvent s'achever en peu de sont employés et souvent réunis pour cela : le sel temps et qui n'exigent pas une grande chaleur, et l'altération spontanée, c'esl-à-dire un commen- parce que l'ébullition prolongée y développe un cement de putréſaction. goût empyreumatique et désagréable qui provient Le premier moyen agit seulement en stimulant de quelques parties de parenchyme dont il est et augmentant l'activité, ou plutôt l'abondance des très-difficile de les débarrasser et qui se charbon sucs digestifs; le second donne évidemment une nent. grande solubilité à la substance du fromage, et tel- » Vous avez essayé mon enfer, et, le premier, lement, que ceux qui ne sont pas privés d'humi- vous avez eu la gloire d'offrir à l'univers étonné dité tombent en déliquescence, surtout lorsqu'ils un immense turbot frit. Il y eut ce jour-là grande sont un peu gras. Qu'on combine ces deux moyens jubilation parmi les élus. dans des degrés différents, avec des proportions » Allez! continuez à soigner tout ce que vous différentes de matières caséeuse et butireuse, et faites ; et n'oubliez jamais que, du moment où les avec une privation plus ou moins complète de sé- convives ont mis le pied dans mon salon, c'est nous rosité, et l'on obtiendra toutes les variétés possibles qui demeurons chargés du soin de leur bonheur.» de fromages. Le fromage, ainsi assaisonné, devient un ali- FROMAGE. On appelle improprement ainsi ment plus ou moins âcre, qu'on ne peut manger plusieurs préparations de cuisine et certaines com sans inconvénient, si on ne le mêle avec un autre positions d'office dont nous avons rendu compte aliment de nature végétale; et même, quand il est aux articles qui devaient traiter génériquement de alcalisé à un certain point, et qu'il a contracté leurs substances (V. FROMAGE A LA CRÈME, FRO- beaucoup d'âcreté, le fromage doit toujours être MAGE BAVAROIS, FROMAGE DE PORC FRAIS, FRO- pris en si petite quantité, qu'il devient plutôt un MAGE DE GLACES, etc.). assaisonnement qu'un aliment. Le fromage, proprement dit, doit toujours avoir Le nom de fromage est donc spécialement ap- eu pour base du lait coagulé; mais il existe une plicable à du lait caillé qui a été soumis à plusieurs différence notable entre le produit de la matière opérations qui l'ont converti en une substance casécuse qui se sépare du lait spontanément, et alimentaire et stimulante, laquelle substance peut celui qu'on obtient du lait au moyen d'une sub-être conservée pendant un temps plus ou moins stance acide et coagulante. Le premier de ces pro- long. duits est exempt du mélange de la partic butireuse Les meilleurs fromages se fabriquent en Eu- qui s'est élevée à la surface avec la crème : il est rope, et plusieurs contrées ou localités sont re- acidule. On en use sans en avoir fait égoutler la nommées pour ce genre de produit. sérosité, et on le nomme caillé. Dans cet état, la Il existe une grande variété dans les fromages substance en est légère et tremblante, ainsi qu'une sous le rapport de la consistance, de la saveur, et gelée blanche; si on la fait égoutter, elle en est plus de la sécurité dans leur conservation ; mais il est à compacte, et forme un fromage blanc, qu’on assai- peu près certain que ces différences tiennent plu- sonne avec du sel ou du sucre. Le caillé est très tôt aux divers procédés de fabrication qu'à la léger, et fournit un aliment rafraîchissant. nature des pâturages et à la diversité des climals. Le fromage blanc a les mêmes propriétés ; la La composition ou la nature chimique du lait est, partie caséeuse, séparée artificiellement, n'est pas à peu de chose près, la même chez toutes les fe- sensiblement acidule, à moins qu'elle n'ait élé melles des animaux ruminants qui se trouvent coagulée au moyen d'un acide. On opère artificiel-soumis à l'état domestique. Les principes consti- lement cette coagulation après avoir levé la crème, tuants n'en varient guère que par leurs propor- et alors la partie caséeuse est dépourvue de la par- tions. Plusieurs essais ont déjà démontré que par- tie butireuse ; ou on l'opère sans avoir écrèmé le tout où les animaux seront convenablement nour- lait, ou on la fait en y mêlant de la crème tirée ris (et traités suivant les procédés et les méthodes d'un autre lait : dans ce dernier cas, le fromage estado ptées dans telle ou telle autre localité), on par- FRO ( 237 ) FRO viendrait aisément à imiter toutes les espèces de le manier sans risquer de le rompre ou de le dé- fromages exotiques; ainsi nous possédons déjà des former, on l'ôte de l'éclisse et on le dépose sur un fabriques de fromages qui imitent parfaitement | lit de feuilles. Les meilleures feuilles qu'on puisse ceux de Gruyères et de Hollande, et tout porte à employer pour cet objet sont celles du frêne. Le croire que nous verrons bientôt fabriquer en fromage est très-bon à manger pendant huit ou France du Parmesan, du Stilton, etc. dix jours. On lui donne quelquefois ce qu'on ap- Il serait donc facile de nous affranchir d'un tribut pelle un demi-sel ; il se conserve alors plus long- onéreux que nous payons à l'étranger. La France ne temps, pourvu qu'on le maintienne dans un en- manque ni de bons pâturages, ni de bonnes races droit frais. appropriées à chaque localité. Il ne s'agit que de C'est par un procédé analogue que l'on prépare mettre en pratique les procédés qui sont usités les fromages de Viry, de Montdidier et de Neuf- ailleurs. C'est dans ce but que nous offrirons som-châtel, qui se mangent frais à Paris. Ces derniers mairement la collection des procédés suivis pour sont en petits cylindres longs de trois pouces sur la fabrication des diverses sortes de fromages, sur deux de large, enveloppés dans du papier Joseph, tout de ceux qui sont les plus recherchés pour la qu'on a soin de mouiller, afin de les tenir plus bonté de leur saveur et la sûreté de leur conser- frais. vation. La saison la plus convenable pour fabriquer des Fromages mous et salés. fromages est depuis le commencement de mai jus- qu'à la fin de septembre, et, dans les années favo- Fromage de Neufchâtel. - La fabrication rables, jusqu'au mois de novembre, enfin pendant des fromages de Neufchâtel, qui sont vendus à tout le temps que les bestiaux peuvent rester au Paris sous le nom de bondons, a été très-bien pâturage. Le fromage fait en hiver passe pour être décrite par M. Desjoberts, de Rieux, et nous lui d'une qualité inférieure, il exige plus de temps empruntons ce que nous allons en dire ici. Après pour être livré à la consommation , et cependant chaque traite de la journée, on transporte le lait on peut faire de bons fromages en hiver, en y ap- à l'atelier; on le coule tout chaud , à travers une portant les soins nécessaires. passoire, dans des pots ou cruches de grès qui On distribue les fromages en plusieurs catégo- contiennent vingt litres. On met en présure et on ries , savoir : 1° Fromages opérés avec le lait de place les cruches dans des caisses recouvertes vache; — 2° fromages avec le lait de brebis ; d'une couverture de laine. Le troisième jour, au -3° fromages avec le lait de chèvre; - 4° fro- matin, on vide ces cruches dans un panier d'osier, mages constitués avec plusieurs laits mélangés. qu'on pose sur l'évier ou table à égoutter ; les paniers sont revêtus en dedans d'une toile claire. Fromages de lait de vache. Le caillé qu'on laisse ainsi égoutter jusqu'au soir est retiré ensuite du panier, enveloppé dans un de crois soples : 1° Fromage maigre, dit à la calle dans un autre linge propre, on le pétrit, on Fromages mous et frais. — On en connaît linge et mis à la presse , sous laquelle il reste jus- pie, lequel se compose de lait écrèmé : leur fa- le frotte dans le linge en tous sens, jusqu'à ce que brication n'offre rien de spécial, et c'est tout sim- les parties caséeuses et butireuses soient bien plement du caillé égoutté; 20 fromage à la mêlées, que la pâte soit homogène et moelleuse crème avec addition de tout ou partie de la crème comme du beurre : si elle est trop molle, on la de la traite précédente ; ceci mérite quelques dé- change de linge ; si elle est trop ferme ou cas- tails. sante, on y ajoute un peu de la pâte du jour, qui Fromages de Viry, de Montdidier, etc. égoutle, et pour presser, on fait usage de la presse On met environ deux cuillerées de présure à poids qu'on charge graduellement. dans huit ou dix litres de lait chaud, auquel on a Quant au moulage, il se fait dans des moules ajouté de la crème fine levée sur le lait du matin. cylindriques de fer-blanc. On fait des pâtons, ou Trois quarts d'heure après, quand le caillé est for- cylindres un peu plus gros que le moule; on les mé, on le dépose, sans le rompre, dans un moule place dans celui-ci , qu'ils dépassent des deux en bois, en osier ou en terre, lequel moule est houts ; en tenant un moule de la main gauche, on percé de trous et garni d'une toile claire. On le y met chaque pâton de la main droite. On pose le comprime avec un poids léger, placé sur la ron- moule sur la table, et, appuyant dessus la paume delle qui le recouvre. A mesure que le fromage de la main gauche, on fait sortir l'excédant, en égoulte, on le relourne avec précaution, et on le comprimant pour qu'il ne se trouve aucun vide. change de linge toutes les heures. Lorsqu'on peut ! On racle avec un couteau le dessus et le dessous FRO ( 238 ) FRO du moulc; puis on fait sortir le pâton en prenant Lorsque le fromage est égoutté, on met un le moule dans la main droite, en le frappant légè-linge mouillé sur la planche du moule, ct on y rement et en le tournant de la main gauche. (Il renverse le fromage. On étend un linge dans le nous semble qu'il serait plus expéditif et plus moule, on y replace le fromage, qu'on enveloppe; commode d'avoir un moule qui pùt se briser dans on met le couvercle et on le porte sous la presse. sa longueur en deux parties retenues par des cer Au bout d'une demi-heure, le linge est échangé, cles.) et le fromage pressé de nouveau. Cette opé- Au sortir du moule, le fromage est salé avec duration doit être répétée de deux heures en sel très-fin et très-sec. On saupoudre d'abord ses deux heures jusqu'au soir du lendemain ; la deux bouts, et ce qui reste dans la main suffit pour dernière fois, le fromage est mis à nu dans la le tour, qu'on en imprègne en roulant le pâton. | forme, et pressé sans linge pendant une demi- On n'emploie qu’une livre de sel pour cent fro-heure ou plus. mages. A mesure qu'on les sale, ces pâtors sont Au sortir de la presse, le fromage est mis dans placés sur une planche qu'on dépose sur une table un baquet peu profond, et frotté des deux côtés où ils égouttent jusqu'au lendemain, ou bien ces avec du sel fin et sec. On le laisse reposer toute la planches sont portées sur des claies ou châssis à nuit, et le lendemain il est frotté de nouveau; claire-voie, garnis d'un lit de paille fraîche. On puis on le laisse trois jours dans la saumure, au couche les bondons par rangs égaux en travers du bout desquels on le met sécher dans une chambre sens de la paille , assez près les uns des autres, qui doit être sèche et aérée, et meublée de tablettes mais sans se toucher. Ils restent ainsi pendant garnies d'un tissu de joncs ou de paille appelé quinze jours ou trois semaines, et on les retourne cajot, et en ayant soin de le retourner et de l'es- souvent pour que la paille n'y adhère pas. Lors suyer une fois par jour avec un linge propre et qu'ils ont un velouté blanc, on les transporte au sec; il est utile que la dessiccation soit prompte. magasin ou chambre d'apprêt. Là, ils sont posés Ces fromages se gardent en cet état jusqu'au mo- débout sur des claies garnies de paille et retour ment de les affiner. nées de temps en temps. Au bout de trois semai Pour procéder à leur affinage, le fromage est nes, on voit paraître des boutons rouges à travers placé dans un tonneau défoncé, sur un lit de me- leur peau bleue. Cependant ils ne sont pas encore nues pailles ou balles d'avoine; on le couvre d'un assez affinés en dedans pour être mangés, et il lit de la même paille et de la même épaisseur ; on leur faut encore une quinzaine à peu près pour continue cette stratification en couches alterna- compléter cet affinage. tives de pailles et de fromages jusqu'au dessus du tonneau, en ayant soin de finir par de la paille. Le 3° Fromages de Bric. C'est un fromage tonneau est porté dans un endroit frais, mais sans parfaitement bon lorsqu'il est fait avec les soins être humide. En peu de mois, les fromages s'y convenables. Il s'en fait une grande consomma- ressuient, leur pâte s'affine, et, comme ils sont tion à Paris, ct sa fabrication , qui offre peu de pleins de crème, ils deviennent bientôt très-déli- difficultés, demande cependant beaucoup d'atten- cats. Traités ainsi, les fromages finissent par cou- tion. ler; c'est le signe d'un commencement de fer- On prend le lait chaud de la traite du matin, mentation qui amènerait la décomposition. La qu'on passe immédiatement à travers un linge; pâte alors se goufle, fait crever la croûte , et s'é- on ajoute la crème de la traite du soir de la veille, coule sous forme de bouillie épaisse, d'abord onc- et, avec de l'eau chaude, on amène le mélange à la tueuse, douce et savoureuse, mais qui ne tarde pas température de trente à trente-six degrés centi- à prendre un goût piquant à mesure que la pu- grades. On met la présure dans un nouet de linge tréſaction fait des progrès. Il y a un moment pré- fin; on la délaie , ainsi enveloppée, dans le lait. cis qu'il faut saisir pour les manger à leur point de Une cuillerée suffit pour douze litres de lait. On perfection. couvre, et on laisse en repos une bonne demi- A Meaux, on ramasse soigneusement la pâte des heure. Si le caillé n'est pas formé, on remet un fromages, à mesure qu'elle s'écoule, sur des plan- peu de présure, et on couvre de nouveau. ches tenues très-proprement; on la renferme dans Lorsque le caillé est formé, on le remue dans le des petits pots alongés, que l'on bouche exacte- sérum , d'abord avec un bol ou écuelle de bois, meni. On n'attend pas toujours que les fro- puis avec les mains; on le presse dans le fond du mages coulent pour empoter la pâle. Quelquefois, vase; on l'enlève ensuite avec les mains; on en au sortir du tonneau, on met à part ceux qui, remplit le moule en pressant fortement; on le trop avancés, ont une disposition à couler, et ne couvre avec une planche qu'on charge, pour le pourraient pas supporter un transport. comprimer, avec des poids. On enlève la croûte el on comprime la patc qui FRO ( 259 ) FRO se trouve au milieu dans des pots qui sont bou- quelquefois du vinaigre. Une cuillerée à bouche de chés avec du parchemin. On les vend sous le nom présure de petit-lait suffit pour quinze pots de lait. de crème de Meaux. Étant ainsi présuré, le petit-lait se caille dans l'été au Ces fromages sont fabriqués aussi dans plusieurs bout d'un quart d'heure, et au bout d'une demi- villages des environs de Paris, surtout auprès de heure en hiver. On le met alors dans des espèces de Montlhéry. On en a fait aussi avec succès à Belle- boîtes de paille ou dans des vases de terre percés ou Isle-en-Mer, et cet exemple pourrait être suivi troués comme des écumoires. C'est dans ces boi- dans beaucoup d'autres localités. tes que ces fromages prennent leur forme. On les place de manière que le petit-lait puisse s'écouler Fromage à la manière de Stilton. - On aisément. C'est au bout d'une demi-heure en été mêle la crème de la traite de la veille au soir avec et de deux heures en hiver que l'on sale ces petits le lait du matin, on met en présure, et quand le fromages ; on les retourne cinq à six fois dans la caillé est formé, on l'enlève sans le rompre et en journée, plus souvent l’hiver que l'été. Ils devien- se bornant à le faire égoutter dans un tamis ; puis nent fermes en vingt-quatre heures pendant cette on le presse doucement jusqu'à ce qu'il devienne dernière saison, et dans l'autre seulement au bout ferme. Il est alors mis dans une éclisse ou espèce de trois ou quatre jours. Quand ils sont raffermis, de boîte, parce qu'il est si crèmeux, qu'il se fen on les place dans des paniers à claire-voie suspen- drait et coulerait sans cette précaution ; ensuite , dus au plancher au moyen d'une poulie, et c'est il est placé sur des ronds de bois sec, et entouré toujours dans un endroit frais qu'on les conserve. de bandes de linge, qu'on a soin de resserrer On les raffine quelquefois en les humectant avec toutes les fois qu'il en est besoin. On le retourne du vin blanc, les recouvrant d'une pincée de per- chaque jour, et quand il offre assez de consistance, sil, et les mettant entre deux assiettes. On peut les on ôte le linge, on le brosse pendant deux ou trois manger douze ou quinze jours après leur fabri- mois tous les jours, et même deux fois par jour, cation. si le temps est humide. Les fromages de Stilton passent pour n'être bons à manger qu'au bout de deux ans ; ils n'ont même de prix pour les ama- Fromages de laits mélangés. teurs que lorsqu'ils ont un aspect de moisissure, et qu'ils deviennent bleus. Il est à présumer Fromage de Roquefort (Rouergue). - Ce que ces fromages reçoivent du sel, mais les ou- fromage passe avec assez de raison pour le meil- vrages anglais ne disent pas précisément à quelle leur de tous les fromages secs. Il a plus ou moins époque. d'analogie avec le fromage de Stilton, mais les An- glais se croient obligés de convenir que ce produit Fromages de Gruyères. La fabrication de notre sol est très-supérieur au roi de leurs de cette espèce de fromage a surtout lieu en fromages. Suisse, dans le canton de Fribourg, et dans nos provinces de Franche-Comté, de Bresse et de Le fromage de Roquefort se fabrique dans le Bugey, où se trouvent des pâturages analogues à village dont il porte le nom ; il doit son excellente ceux de la Suisse. Elle pourrait, si les procédés qualité à la disposition naturelle des caves dans en étaient plus répandus, être pratiquée dans une lesquelles on le dépose pour son affinage, et en foule de localités intérieures ; mais on s'en pro- partie, d'après les observations de M. Girou de cure à trop bon marché pour que des particuliers Buzareingues, à méthode usitéc dans le doivent s'adonner à sa fabrication, pour traire les brebis. On exprime le lait avec force, et lorsqu'on ne peut plus en obtenir par la pression, on frappe sans ménagement les mamelles Fromages de lait de chèvre. du revers de la main, répétant cette opération à plusieurs reprises , jusqu'à ce qu'on n'obtienne Fromages du Mont-d'Or (Auvergne). plus rien. Ceux qui sont témoins pour la première Voici les détails intéressants que M. Grognier a fois de cette vigoureuse mulsion en sont alarmés donnés sur la fabrication de ces fromages. pour la santé des brebis, qui n'en reçoit cepen- On trait les chèvres trois fois par jour pendant dant aucun dommage. l'été; de grand malin, à midi, et le soir à la nuit tombante. Quand il fait froid, on met en présure Le Roquefort se fail avec un mélange de lait le lait tout chaud; dans l’été on laisse refroidir de brebis et de chèvre; le premier lui donne plus pendant une ou deux heures, suivant la tempéra- de consistance et une meilleure qualité, le second lure. La présure se prépare avec des caillettes de lui communique de la blancheur. On trait les ani- chevreau et tantôt du petit-lait, tantôt du vin blanc, maux matin et soir, on mêle les deux trailes, ou FRO (240) FRO coule le lait à travers une étamine; ce lait est reçu , les laisse ainsi trente-six heures, au bout desquel- dans un chaudron de cuivre étamé, où on le fait les on les frotte bien tout autour pour imprégner quelquefois chauffer pour l'empêcher de s’aigrir de sel toute la circonférence; on les réenlassejus- ou pour enlever un peu de crème afin que le fro- qu'au lendemain, où on les sale de nouveau ; le mage ne soit pas trop gras; on ajoute ensuite la jour suivant on les frotte encore, et on les remet présure, on remue avec une écumoire et on laisse en piles pendant trois jours. Après ce temps ils reposer. Lorsque le caillé est formé, une femme sont portés dans des entrepôts où on les racle et on le brasse fortement, le pétrit et l'exprime avec les pèle. Les fromages ainsi raclés sont rapportés force; il en résulte une pâte qu'on laisse reposer, dans la cave, où ils restent empilés pendant quinze qui se précipite et occupe le fond du chaudron. jours, au bout desquels ils sont posés de champ, On incline le vase pour décanter le petit-lait qui sur les tablettes sans se toucher. Quinze autres surnage, on met ensuite le fromage dans des for- jours après, ils jettent un duvet blanc qu’on racle; mes ou éclisses dont le fond est percé de petits i remis sur les tablettes ils se duvettent de nouveau trous, en ayant l'attention de pétrir et de compri- de bleu et de blanc, qu'on enlève en les raclant mer le caillé à mesure qu'on en remplit le moule; encore. Après quinze autres jours ils se couvrent on le laisse égoutter en le chargeant d'un poids d'un duvet rouge et blanc. Le fromage est fait dès pour mieux extraire le petit-lait. Le fromage ne ce moment. On juge de sa qualité par la sonde. Le reste pas au-delà de douze heures dans la forme, fromage de première qualité offre une pâte douce, pendant lesquelles il est retourné plusieurs fois. fine, blanche et très-savoureuse, légèrement pi- Dès qu'il paraît débarrassé de tout le petit-lait, on quanté, et marbrée de bleu. le porte au séchoir. Là, les fromages sont posés sur Quoiqu'il soit difficile de trouver une localité des planches les uns à côté des autres, sans se aussi propice que celle de Roquefort, pour la con- toucher, et retournés de temps à autre pour struction des caves à fromages, on parvient cepen- qu'ils se dessèchent mieux, plus promptement et dant à l'imiter parfaitement en plaçant des froma- sans s'échauffer. Comme ils sont sujets à se fendre, ges dans des cares très-froides dont on entretient il faut les envelopper d'une sangle de grosse toile la fraîcheur par des moyens artificiels. qu'on change toutes les fois qu'on le juge conve Nous avons mangé du fromage de Roquefort, nable. La dessiccation ne dure pas plus de quinze à fabriqué aux environs de Paris, dont les qualités vingt jours, surtout si on a soin quand on les approchaient beaucoup de celles du véritable fro- change de les replacer sur une planche propre et mage de ce nom. bien sèche. Les caves de Roquefort sont adossées contre un Fromage mêlé de substances rocher calcaire qui entoure le village; quelques- végétales. unes sont même placées dans les crevasses ou grot- tes qui y sont naturellement ou artificiellement Serai vert du canton de Glaris (Schabsie- pratiquées; un simple mur du côté de la rue est ger). Le serai vert ou fromage de Glaris mé- souvent tout ce que l'art a dû faire pour clore ces rite de fixer l'attention des gastronomes. Ce pro- caves. Leur grandeur n'est pas énorme; il en est duit, qui est à bon marché dans le pays où il se ſa- même de très-petites. Dans toutes on aperçoit les brique, est cependant vendu chèrement au loin, fentes dans le rocher, par où s'introduit un cou où il est recherché; sa fabrication est facile, ct elle rant d'air frais qui détermine le froid glacial qu'on se distingue en ce qu'il entre davs ce fromage de y éprouve, et qui fait tout leur mérite; car il n'y la poudre de mélilot bleu (trifolium melilotus a de bonnes caves que celles dans lesquelles ces cæruleus). Lorsque le lait est trait, on le des- courants sont établis. Ces courants se dirigent du cend dans des caves où il reste quatre jours; ces sud au nord. Il y a un petit nombre de caves qui caves sont rafraîchies par des sources ou des ſon- reçoivent des courants de l'est; mais les meilleurs taines , et les terrines qui les contiennent sont sont ceux du sud. Plus l'air extérieur est chaud, plus plongées de quelques pouces dans cette eau frai- ces courants sont froids et forts, et ils sont toujours che. Lorsqu'on veut faire le fromage, on monte le assez sensibles pour éteindre une bougie qu’on lait, on l'écrème, puis on le verse dans un chau- présenle à l'ouverture. L'air introduit par ces cre dron, en y mêlant du petit-lait aigri ou un acide vasses du rocher s'échappe par la porte des caves faible, tel que le jus de citron, pour le coaguler. et y forme un courant continuel. On met alors le chaudron sur le feu, et on chauffe Aussitôt que les fromages sont arrivés dans les fortement en agitant le caillé. Lorsque le petit- caves, on procède à la salaison. Cette opération lait est tout-à-fait séparé, on retire le fromage du consiste à jeter une petite pincée de sel sur les fro- fen, puis on le place dans des formes d'écorce de mages qui sont placés les uns sur les autres : on sapin percées de trous, afin de le laisser égoutter FRO ( 241 ) FRO pendant vingt-quatre heures. Après ce temps, Quelques fromages à pâte molle et affinés, on place ces fromages auprès du feu , dans de comme ceux d'Epoisse, de Langres, de Brie, et plus grandes formes , où ils éprouvent par l'in- de Géromé, se mettent dans des boiles de sapin fluence d'une douce chaleur un mouvement de ou de hêtre. En fermant ces boîtes complètement fermentation. Au bout de quelques jours, on les et leur donnant une couche ou deux de peinture retire, et puis on les place dans des tonneaux à l'huile, les fromages sc conserveraient plus long- perforés, sur le couvercle desquels on charge des temps et en meilleur état. — M. Chaptal prétendait pierres qui doivent comprimer fortement le serai. qu'il en est du fromage de Roquefort comme du Il reste quelqueſois dans cet état jusqu'à l'automne, vin de Bourgogne, qu'on ne peut se faire une moment où on le porte au moulin à broyer. Alors, idée exacte de l'excellence de ce fromage que dans sur cent livres de serai, on prend cinq livres de le pays même, au moment où il sort des caves. mélilot pulvérisé, et deux ou trois livres de sel fin | Il se décompose, en effet, facilement dans le trans- bien sec et décrépité. Lorsque le mélange de ces port, et c'est pourquoi on le mel en vente avant trois substances est bien fait, on en remplit des sa parfaite maturité. — Il nous semble qu'on formes enduites de beurre ou d'huile, qui ressem- pourrait conserver à ces excellents fromages toutes blent à un cône tronqué, et on le comprime forte- les qualités qui en font le mérite, en les enfermant ment à l'aide d'un tampon de bois: huit ou dix isolément dans une boîte vernie ou peinte, et bien jours après, on sort le serai des formes, on le fait exactement fermée. sécher avec précaution, afin qu'il ne se gerce pas. Les fromages de Hollande sont généralement La fabrication du serai vert pourrait se faire enduits d'une couche de vernis à l'huile de lin : avec avantage dans les pays dont le beurre est le celle préparation est sans doute une des princi- commerce priocipal. Le mélilot bleu est une plante pales causes de leur inaltérabilité dans les voyages annuelle, indigène, qu'on peut cultiver dans loute de long cours; leur petit volume y entre peut- la France; elle croît sur les montagnes jusqu'à être aussi pour quelque chose. — En faisant les 1,400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Pour fromages de Gruyère moins gros, et en les cou- préparer cette poudre, on fait dessécher la plante, vrant du même vernis , ils soutiendraient tout et on la réduit en poussière aussi fine que du ta- aussi bien la mer. Le vernis forme une couche bac à priser. unie, solide et sèche, qui s'opposerait à l'accès de l'air et de l'humidité, qui sont les agents les plus Conservation des fromages, actifs de la fermentation. Quant à l'action de la chaleur, on peut s'en garantir en couvrant le fro- La conservation des fromages est un point des mage avec une couche de charbon en poudre. plus importants, surtout pour ceux qui sont des Telles sont les précautions les plus convenables tinés à être embarqués. Leur consistance et leur pour conserver et faire voyager les fromages. état de ſermenlation plus ou moins avancé doivent Les insectes qui attaquent les fromages sont : servir de guide. Le mode de fabrication entre aussi 1. Le ciron ou mile des fromages (acarus pour beaucoup dans leur durée. Les fromages qui ciro), qui les dévore lorsqu'ils sont à demi-secs. ont reçu de la présure trop fraîche, et dont le pe- Ces animaux sont d'autant plus dangereux qu'ils lil-lait n'est pas totalement séparé, sont sujets à éclosent sous la croûte. Quand on a soin de bros- lever, et conservent dans leur intérieur des trous ser souvent les fromages avec une vergette, de les ou larges réservoirs d'air qui donnent à la pâte un aspect spongieux. Lorsque cet accident arrive pen-lante les tablettes sur lesquelles ils reposent, on essuyer avec un linge, et de laver à l'eau bouil- dant la fabrication, et si la fermentation est consi- parvient à se débarrasser des cirons. Mais le plus dérable, on place le fromage dans un lieu frais et sûr moyen est, après avoir frotté les fromages avec sec, on le perce avec des brochettes de fer, dans les endroits où il lève le plus; l'air ou les gaz duire avec de l'huile; c'est ainsi qu'on traite le une saumure, de les laisser sécher et de les en- s'échappent par ces ouvertures, le fromage s'af- faisse, et l'intérieur présente moins de cavités. - Gruyère lorsqu'il est altaqué par cet insecte des- tructeur. Pour prévenir cet accident, les Anglais se servent d'une poudre qui se vend sous le nom de poudre 2° Les larves de la mouche vert-doré (musca à fromage; elle se compose d'une livre de nitre cesar), de la mouche commune (musca domes- et une once de bol d'Arménie en poudre et inti- tica), de la mouche stercoraire (musca putris). moment mélangés. Avant de saler le fromage, et ces larves s'introduisent dans le fromage, et y font lorsqu'on est sur le point de le mettre en presse, beaucoup de ravages. La présence de ces animaux on le froite avec une once de ce mélange (une vermiculaires, qui annonce un élal avancé de pu- dose plus forte produirait un mauvais ellet). tréfaction, cause beaucoup de répugnance à la 16 FRU ( 242 ) FRU plupart des consommateurs; quelques personnes, | rive la catégorie des gros fruits, qui sont nommés au contraire, préfèrent le fromage dans cet état, par les officiers fruits de corbeille, ou fruits à la parce qu'il est plus fort ou d'une saveur plus main. Presque tous les fruits , soit à pepins, soit relevée. C'est un avis auquel on n'est pas obligé de à noyaux , peuvent être apprêtés en compote, en se ranger. confiture et en conserve; mais on ne confit au On fait périr tous ces animaux par le vinaigre, vinaigre que des bigarreaux, des groseilles à ma- la vapeur de soufre brûlé, le chlore et des lavages quereau, des grains de cassis et des mirabelles ; au chlorure de chaux. On recommande aussi une c'est afin de les servir en hors-d'œuvre, ainsi que fumigation de chlore: mais nous pensons que les les figues fraîches et les grosses mûres, car les fi- lavages sont suffisants. gues et les mûres sont les seuls fruits crus qui ne Si les fromages sont ce qu'on appelle trop doivent jamais paraître au dessert. Nous n'avons pussés, c'est-à-dire parvenus à un état de dé- pas besoin de faire observer que les melons sont composition très-avancée, on les mettra dans la des légumes et non pas des fruits (V. CONFITURES poudre de chlorure sec, ou dans du charbon en et HORS-D'OEUVRE). poudre imbibé d'une petite quantité de chlorure de soude, qui enlèvera leur mauvaise odeur, et on FRUITIER, lieu destiné pour conserver les se hâtera de les livrer à la consommation. Quant fruits pendant l'hiver. Pour que le fruitier rem- à la moisissure, il suffit , pour s'en délivrer, de plisse parfaitement sa destination, il faut qu'il soit, racler le fromage, de l'essuyer et de le frotter non-seulement à l'abri de la gelée, mais inacces- d'huile. sible aux variations de la température ; l'air ne Pour donner au fromage de Glocester nou doit y être ni trop sec ni trop humide : la lu- vellement fabriqué le goût et l'apparence de fro- mière ne doit jamais y pénétrer directement. mage ancien, on enlève avec la sonde, sur les deux Toutes ces conditions peuvent se trouver réu- faces ainsi que dans le centre et en pénétrant jus- nies dans une cave creusée dans un sol compacte, qu'au milieu, des cylindres de fromage qu'on entièrement imperméable aux eaux pluviales ; remplace par de semblables cylindres pris dans celles qui sont construites dans un lit d'argile ou un fromage passé et de bonne qualité. Le fromage de marne sont particulièrement dans ce cas-là; et, ainsi préparé acquiert dans peu de jours loute la dans des caves de cette nature, les fruits, cueillis perfection de saveur désirable. à l'époque convenable, peuvent se conserver in- Ce procédé est applicable à tous les fromages lacts jusqu'à la récolte suivante. veinés, tels que le Sept-Moncel, le Roquefort, etc. A défaut de caves ayant les propriétés requises, M. Giron de Buzareingues condamne avec raison il faut établir le fruitier dans une pièce exposée au le mélange de pain moisi que quelques fabricants nord, et qu’on tient hermétiquement fermée, en mettent au centre de la pâte pour avancer les fro- couvrant de paillassons épais les portes et les fe- mages en cave; une pelote d'ancien fromage rem- | nêtres; les murs même, s'ils ne sont pas très- plirait mieux le même objet, car ce pain moisiépais, doivent être également couverts de pail- donne aux fromages un goût tout-à-fait désa- lassons. gréable. Pour multiplier les surfaces, les murs doivent On peut se convaincre, par tout ce qui a été être garnis, dans toute leur élévation , d'étagères exposé dans cet extrait des meillcurs travaux sur en planches sur lesquelles on range les fruits de les fromages, et notamment de la collection de choix; les plus communs peuvent se mettre en Mémoires publiés par M. Husard , que la fabrica tas sur l'aire couverte d'un lit de paille; mais il tion des fromages n'offre aucunes difficultés in- vaudrait mieux placer ces derniers à part, parce surmontables. Rien ne s'oppose à ce que chaque que des fruits amoncelės subissent promplement pation cherche à s'affranchir de l'étranger, et c'est cette fermentation interne qui produit la maturité, principalement sur la fabrication des fromages à et que cette fermentation ne tarde pas à se com- la manière de Stilton, de Glaris et du Parmesan, muniquer aux autres fruits qui se trouvent dans que nous voudrions attirer l'attention de nos con leur voisinage. sommateurs agronomes et de nos économistes pro Pour obtenir la conservation la plus longue et gressiſs. la plus parfaite, il faudrait que chaque espèce de FROMENT (V. FARINE). fruit pût être mise à part, ou du moins qu'on ne réunît que les espèces dont la maturité naturelle FRUITS. On les désigne par classes en termes a lieu à la même époque; il suffirait, pour cela, d'office, en fruits de saison et en fruits de garde; de construire les étagères, qui doivent environner fruits rouges ou fruits en jattes ; fruits secs, autre- le fruitier, en forme d'armoire et sans communi- ment dits fruits pour assielles; et finalement al- | cation les unes avec les autres. FRU ( 243 ) FRU Lorsqu'on récolte et qu'on veut conserver une panier à claire-voie, garni de feuilles lisses, comme grande quantité de fruits, il est rare qu'on ait à des feuilles de châtaignier, de frêne ou de vigne; sa disposition un local qui soit à la fois assez vaste on les dispose sans les fouler; et on les met dans et dans les conditions indispensables pour y éta un endroit frais et sec. Quand on a la facilité de blir un vaste fruitier ; dans ce cas on ne doit pas les mettre dans une glacière, on peut les y con- hésiter à en faire construire un, ce qui donnera server un ou deux jours de plus que dans tout la faculté de choisir l'emplacement le plus favo- autre endroit. rable, Les fruits plus gros connus sous le nom de Une cave, creusée horizcntalement sous un co fruits à noyaux, comme les prunes, les abricots, teau, fait un excellent fruitier; mais si les loca- les pêches, peuvent se conserver cueillis pendant lités ne permettent pas de faire une telle fouille, sept ou huit jours, en ayant soin surtout de les pren- on peut construire, à peu de frais, sur le sol, un dre un peu avant leur maturité; car, quand ils ont fruitier qui sera préférable à tous ceux qu’on éta - une fois atteint ce point, il ne faut souvent pas blirait dans les bâtiments d'habitation. vingt-quatre heures pour le leur faire dépasser. A cet effet on creusera, de trois ou quatre pieds, Lorsqu'on veut les garder, on les dépose dans un un espace circulaire de quinze à vingt pieds de lieu frais, comme les précédents ; la laiterie est diamètre , et on l'entourera d'un mur qui s'élè- très-convenable pour la conservation de ces fruits. vera de quatre autres pieds au-dessus du ter Souvent on enveloppe chaque fruit séparément rain; un toit de chaume d'un pied d'épaisseur dans une feuille de vigne, surtout si l'on est recouvrira le tout, en se prolongeant au-delà du obligé de les transporter à quelque distance. mur circulaire jusqu'à six pouces du sol ; la porte, Les poires de beurré, de doyenné et autres se exposée au plein nord, sera couverte, ainsi que conservent un peu plus long-temps que les fruits les sept ou huit marches qui y conduiront, par précédents, et par les mêmes moyens. un prolongement du toit, en forme de grande lu Les fruits d'hiver se récoltent au commencement carne; l'ouverture extérieure de cette lucarne sera de l'automne, avant les premières gelées : on doit fermée par une seconde porte, qui sera munie, en général éviter de les meurtrir. Les soins et ainsi que la première, d'une petite fenêtre de précautions pour les conserver varient selon la na- deux pieds en carrés. ture des fruits et l'usage auquel on les destine. Des étagères seront placées au pourtour du Les fruits qui se conservent le plus long-temps mur circulaire, et d'autres étagères encore autour sont toujours ceux qui sont les moins mûrs lors- de la pièce de charpente, qui devra s'élever du qu'on les cueille; tels sont par exemple les poires centre pour supporter et servir de lien aux che- de Messire-Jean, de bon-chrétien, de Saint- vrons du toit. Germain, la virgouleuse, etc. Tous les fruits qu'on Par cette construction on se procurera un frui- veut conserver doivent donc être cueillis aussitôt tier vaste, et réunissant au plus haut degré les qu'ils ont atteint le terme de leur croissance, et deux conditions qui influent le plus sur la conser même un peu avant; car aussitôt qu'ils y sont vation des fruits; une température aussi peu va parvenus, l'espèce d'altération qui produit la ma- riable que possible, et un état hygrométrique de turité commence infailliblement pour eux. Beau- l'air à peu près constant. On pense bien qu'il est coup de fruits sont moins savoureux, lorsqu'on fort aisé d'enjoliver l'extérieur de cette fabrique en les laisse mûrir sur l'arbre, que lorsque leur ma- lui donnant une apparence agreste, en la décorant turité s'accomplit lentement dans un fruitier. avec des plantes grimpantes, en l'appuyant avec Ainsi la poire du doyenné, qui mûrit sur l'ar- des massifs d'arbustes, etc. bre, est presque toujours cotonneuse; tandis que, Les fruits rouges , et généralement tous les si on la cueille encore verte, sa maturité n'a licu fruits d'été, ne se conservent jamais assez long- qu'un mois, et même six semaines après l'époque temps pour être portés au fruitier. C'est à cause naturelle, et alors sa chair est juteuse et d'une sa- de leur contexture aqueuse, et parce que la haute veur exquise. température qui règne à l'époque où on les cueille L'élite des fruits destinés pour nos tables, comme précipite leur maturité : aussi plusieurs de ces les pommes de rainette , les poires de Saint-Ger- fruits ont-ils de la peine à se conserver deux ou main, etc., se disposent sur les tablettes d'un trois jours en bon état. fruitier, en ayant soin qu'elles ne se touchent pas Les fruits rouges qu'on veut conserver pendant entre elles. On doit les tenir constamment et bien quelques jours doivent être cueillis, les framboises renfermées, surtout dans les temps secs, parce et les fraises avec leurs calices, les cerises avec que trop de sécheresse, évaporant l'eau de régi- leur queue, les groscilles par grappes, un peu avant tation, fait rider le fruil. On doit visiter tous les leur parfaite maturité; il faut les placer dans un fruils au moins une fois par semaine el mieux cu- 16. FRU ( 244 ) FRU la queue en core deux fois, et enlever tous ceux qui commen- , remplir les interstices qui sont entre les grappes cent à se gâter et qui communiqueraient bientôt et former une nouvelle couche d'un pouce d'é- à tous les autres un principe d'altération. paisseur. On arrange un second lit de grappes, et Les fruits moins précieux, destinés à l'usage ainsi de suite jusqu'à ce que tout le contenant soit journalier, et dont la provision abondante rendrait rempli; alors on ferme la boîte ou le baril avec ce mode de conservation trop dispendieux et trop un couvercle en bois, et on ne l'ouvre que quand embarrassant, comme les pommes et poires à on veut en retirer du raisin , ce qu'on ne doit faire cuire, se conservent dans des chambres ou gre- qu'au moment de s'en servir. La meilleure sciure niers, dans des celliers, où on les amoncèle en tas pour cet usage est celle de bois blanc provenant plus ou moins considérables. Il faut généralement des scieurs de long; elle est plus légère et plus les inspecter et en séparer les fruits qui se gâtent. élastique, ce qui foule moins le raisin. Dans le temps des fortes gelées, on les couvre de Pour le second procédé on remarque les grap- paille, ou on étend par-dessus de vieilles couver- pes que l'on veut conserver, et, au moment où tures de laine. On doit également veiller à ce que elles ont acquis tout leur accroissement (un peu la gelée ne pénètre pas dans le fruitier, et cepen- avant leur maturité), on les renferme dans un sac dant, autant que possible, se dispenser d'y faire de papier épais et fort, dont on lie l'extrémité sur du feu, qui dessèche et ride les fruits. de la grappe; on laisse le tout sur le cep Le coing , la poire de catillac, et quelques au- jusqu'à la mi-octobre (les gelées blanches ne peu- tres espèces, peuvent pendant les gelées se mettre vent l'atteindre étant ainsi recouvert). On choisit à la cave, et, si elle n'est pas humide, on les y une belle journée, el une heure après le soleil conserve tout l'hiver. levé on entre en vendange; on place les grappes Quant à la grenade, l'orange, le citron, et au- ainsi disposées dans des caissons , qu’on remplit tres fruits de cette famille, qui sont toujours cueil- entièrement et que l'on ferme pour n'y toucher lis avant leur parfaite maturité, on les reçoit en- qu'au moment du besoin. Lorsqu'on veut em- veloppés de papier dans des caisses de bois blanc, ployer ce raisin, on ouvre les sacs, et puis avec et l'on peut les conserver dans ces caisses, des ciseaux, on a soin de séparer les grains gâtés ayant soin de les visiter souvent, et d'enlever les sans toucher aux autres. Les grains sains sont fruits trop mûrs. aussi fermes et aussi pleins que dans leur saison. La nèfle se cueille lorsqu'elle est encore verte Si quelques personnes avaient envie d'essayer et dure : on la dispose sur un lit de paille dans du procédé conseillé par M. Chaptal pour conser- uu grenier, et on l'y laisse jusqu'à ce qu'elle de- ver les raisins , nous leur dirons qu'il ne s'agit vienne molle, ce qu'on appelle blette. Il y a une que de faire fondre de la cire dans un poêlon ; variété de nèfle qui n'a pas de semence, et c'est la mais il faut qu'il y en ait assez pour que le fruit meilleure. puisse y plonger totalement et en être entièrement Le raisin peut se conserver de plusieurs ma- recouvert, ce qui ne laisse pas que d'employer nières : la plus communément usitée, parce qu'elle une assez grande quantité de cire. Ensuite on est la plus commode, est de suspendre les grappes suspend chaque grappe de fruit par le moyen d'un sur des cerccaux ou des cordes disposées dans un fil disposé en croix, et aussitôt que l'immersion fruitier. Il est bon d'appliquer à la queue de chaque du fruit dans la cire est opérée, on le retire et on grappe un peu de cire, qui empêche l'évaporation de le suspend jusqu'à parfait refroidissement. Ce pro- l'humidité végétale. D'autres personnes étendent de cédé doit certainement intercepler toute commu- la paille sur des tablettes dans une chambre, et dis- nication de l'air avec le fruit; mais ce que posent les grappes de manière à ce qu'elles ne se M. Chaplal ne nous dit pas, c'est comment il fau- touchent pas. Ce procédé suſſit pour conserver drait s'y prendre pour débarrasser tous ces grains quelque temps les raisins, surtout ceux dont la de raisin de leur enduit de cire fondue. Il en peau est épaisse, comme le muscal, le verjus, ctc.; résulte un comestible qui n'est pas mangeable: mais ceux dont la peau est mince, comme le chas- mais c'est un fruit d'une conservation parfaite, et sclas, ne tardent pas à se flétrir et à se rider. voilà tout ce que M. Chaptal avait annoncé dans Pour conserver le raisin sans qu'il se ride, on son prospectus. cmploie deux procédés : le premier consiste à mettre dans une boîte de bois, ou un baril, une Fruits secs. — Cette catégorie comprend d'a- couche de sciure de bois (il faut avoir soin qu'il n'y bord les semences ou noyaux comestibles de l'a- ait pas de sciure de sapin, qui donnerait une sa mandier, du coudrier, du pistachicr et du noyer, veur de térébenthine). On dépose les grappes sur qu'on peut consommer dans leur état naturel et la sciure de bois, ayant soin qu'elles soient iso- qu'on emploie aussi dans certaines préparations lées l'une de l'autre; on remet de la sciure pour gastronomiques. Ensuite on désigne ainsi de vé- FRU ( 245 ) FUM prunes sèches. ritables fruits charnus dont on a soumis la pulpe, vin, tels que les gibelottes de venaison, les étuvées à la dessiccation par les moyens de la table à sé- de lamproic et les civets de lièvre à l'ancienne cher, de l'étuve, du four, ou tout simplement des mode. rayons solaires. Ce sont : 1° Les raisins secs de Malaga, de Céphalonie, FUMET DE PERDRIX, préparation qu'on de Zante et de Corynthe. Leur emploi se trouve tient en réserve afin d'en user pour l'assaisonne- indiqué dans une foule de prescriptions. ment de certains plats. -Mettez dans une casserole, avec une bouteille de vieux vin blanc, deux lapins 2° Les figues sèches de Provence. Les plus cs de garenne et deux vieilles perdrix coupés en timées sont celles de Roquevaire et d'Ollioules, quartiers; joignez-y des ognons et des carottes, ainsi que nous l'avons dit ci-dessus. un panais, un pied de céleri, des champignons, un bouquet garni, des quatre épices, et, de plus, 3. Les prunes sèches de l'Agénois et du Con- une forte pincée de coriandre. Faites cuire; écumez; domois, dites pruneaux d' Agen, et qui sont ajoutez une chopine de consommé déjà réduit ; Jes pruneaux d'élite, en première ligne. laissez mijoter pendant deux heures, et puis passez 4° Celles de Touraine, du Maine et du Saumu- la composition dans un tamis. Remettez, en le rois, connues sous le nom de pruneaux de mouillant, sur le feu (après l'avoir dégraissé), et Tours, et qui tiennent le second rang parmi les faites-le réduire en glace; alors ajoutez-y quelque peu d'espagnole, ou, si vous l'aimez mieux, deux ou trois cuillerées d'un roux léger qui vaudra tout 5º Les mirabelles de Bourgogne et du Charo- autant. Jais. On en fait les meilleures compotes, ainsi que Cette sauce de réserve est particulièrement ap- d'excellentes purées d'entremets à la crème et au plicable à l'accompagnement des eufs pochés et à vin de Lunel. l'assaisonnement des œufs brouillés (V. ESSENCE DE GIBIER). 6° Les brignoles-pistoles (V. page 103). 7 Les alberges (V. page 18). FUMIGATION. Si tous les combustibles ne sont pas également propres à la combustion, toutes 8° Les cerises de Paris qui valent beaucoup les fumées, issues d'une substance ligneuse, ne mieux que celles d'Anjou, attendu qu'elles sont sont pas également appropriées pour les fumiga- évidées de leurs noyaux, et qu'on les a légèrement tions culinaires. La fumée épaisse et aromatique sucrées avant de les soumettre à la dessiccation. On est celle qu'il faut préférer; le bois compacte vau- peut les employer agréablement dans les babas, dra mieux pour ceci que les bois poreux, et le les plum-puddings et les crèmes-pâtissières. vert fournira plus de fumée que le sec. On obtient gº Les châtaignes-biscotes. Elles sont toujours des branches de chêne, surtout quand elles ne sont une excellente fumée du bois de charme, ainsi que dans la possession exclusive de cette espèce de dépouillées ni de leur feuillage ni de leurs glands. commerce occulte. On croit que ce sont des châ- Le pin, le sapin, le bois d'if et les arbrisseaux de taignes de Corse, séchées et préparées d'une façon cette nature communiquent à la viande un goût qui nous est inconnue. Ces châtaignes, qui ne res- résineux très-désagréable; tandis qu'on obtient semblent en rien à lous les marrons bouillis, rôtis du genièvre avec ses baies une fumée subtile et odoriférante. En-Allemagne, on emploie le tan à la ou glacés qu'on mange à Paris, sont très-tendres, très-douces, d'un goût fort agréable, et elles se fumigation des saucisses. En terminant la fumigation par des aromates, conservent pendant tout l'hiver. Il paraît qu'elles on donne à la viande une saveur particulière ; étaient connues des Romains, et que ce sont les castaneæ moltes, dont Virgile a si bien parlé pour cela, on emploie avec succès le laurier avec dans sa première églogue (carm. 82). ses feuilles, le romarin, les fèves de café, les pru- neaux secs, le bois de réglisse et les clous de 10° Les poires-tapées du Gâtinais. Quand la gérotle. dessiccation qui constitue celle conserve est opérée Si l'on produisait dès le commencement une sur des poires de martin-sec ou de rousselet, cette fumée épaisse, elle sécherait la viande à l'extérieur, même conserve est très-savoureuse. Nous avons et l'intérieur n'en serait pas pénétré. Aussi, faut-il déjà dit que lorsque les poires-tapées se trouvent employer d'abord une fumée faible et la forcer réunies avec des pruneaux d'Agen, des raisins progressivement. secs et de petits ognons glacés, elles produisent un La viande doit être salée d'abord, et la saumure bon cſſe: dans tous les vieux ragoûts au sang et au doit en être exprimée avec soin. Si on ne la salait GAL (246) GAR pas, et qu'on ne fit que la sécher, l'opération se saumure, puis on les plonge dans une infusion de rait beaucoup plus laborieuse. Après cela, on en- genièvre pilé dans de l'eau-de-vic. On les fume veloppe la pièce et on la pend dans la cheminée, dans la chambre à fumer avec des branches de en ayant soin de la placer assez loin du feu pour genièvre. Une précaution qu'il ne faut pas négli- que celui-ci ne puisse pas lui nuire. On la laisse ger, c'est de suspendre tous les mois, par l'un et plus ou moins long-temps dans la cheminée, sui- l'autre bout, alternativement, les saucisses et les vant la force de la fumée, le degré de la tempéra- jambons fumés. De cette manière, les sucs sont ture et la nature de la viande. La dessiccation est maintenus dans une sorte d'équilibre, et ne s'écou- prompte quand il s'agit de celle des jeunes ani- | lent pas. maux et du bétail engraissé à l'étable, Une chambre à fumer est plus commode que la Oie. - On peut fumer les oies entières ou en cheminée pour opérer la fumigation, et on a l'a- morceaux. Entières, on leur ouvre le dos, on les vantage de pouvoir entretenir la fumée au degré frotte avec du sel, et on les laisse quelques jours convenable, dans l'eau salée ; puis on place dans l'intérieur de On maçonne une petite chambre avec des bri- petites traverses, qui empêchent les chairs de s'af- ques séchées et non cuites qu’on assemble avec un faisser pendant la fumigation. Quand on les sort mélange de terre glaise et de sang de bæuf, le de l'eau salée, on les égoutte, on les sèche légère- même mélange sert à couvrir le plancher de la ment, et on les fume huit jours après. On les chambre à la hauteur de quatre à huit pouces, et place ensuite, huit autres jours, dans une chambre l'on enduit avec ce mélange les perches qui doi- bien aérée; après quoi, on les serre dans un en- vent servir de suspensoirs. La porte doit être étroite droit frais. et garnie de fer-blanc. La fumée est conduite par de longs tuyaux de la cheminée dans la partie in Poissons. On les sale, on les embroche, et férieure de la pièce. A l'extrémité de ces tuyaux, on les expose à la fumée du genièvre ou des feuilles il y a un appareil au moyen duquel on peut laisser de chêne. On ouvre les gros, et au moyen de pe- entrer la fumée ou l'en empêcher. tites traverses on les tient entr'ouverts ; ceux qui Voici la manière de soumettre les diverses sub- ont la chair délicate doivent être entourés de stances à la fumigation : pâte, de papier ou de toile. On fume les harengs vingt-quatre heures, les saumons trois semaines, Bauf:-On choisit de préférence les côtes et les truites, les brochets, les anguilles, quatre jours la poitrine ; on prend en général les plus fortes au plus. pièces, on plonge la viande dans l'eau bouillante à plusieurs reprises ; on la retire promptement, puis l'hiver, dans un local aéré, les substances fumées. On peut sans inconvénient laisser pendant tout on la frotte avec un mélange de sel et d'un peu de Dans les climats tempérés elles peuvent y rester salpêtre. Après, on la saupoudre avec du son, et on l'expose pendant six à huit semaines à la fumée jusqu'au mois d'avril. Alors, après les avoir ra- clées, on les saupoudre de cendres, et on les ren- d'un feu étouffé. ferme hermétiquement dans des caisses ou ton- Porc. — On expose les jambons huit jours à neaux. On peut également les garantir des insectes l'air; on les laisse une dizaine de jours dans la en les mettant dans le foin ou dans la cendre, G. GALABRÈZE (cuisine italienne; entre , appliquer cette préparation (V. COCHON DE LAIT, mets au fruit). (V. PÊCHES A LA CRÈME.) page 161, et DINDE, page 203). GALANTINE, composition culinaire assez GALETTE (V. GATEAU DE PLOMB). compliquée dont il résulte un plat de viandes froi- des qu'on décore avec de la gelée, et qui doit être GARBURE, sorte de potage d'origine gas- servi pour grosse pièce à l'entremets. Quant aux conne, et dont le fond doit toujours être gra- substances alimentaires auxquelles on voudrait tine, GAR ( 247 ) GAR - Garbure à ta béarnaise. -Émincez quatre, bouillon , les ferez mijoter une heure et demie, choux de moyenne grosseur et douze laitues pom- jusqu'à ce qu'elles soient cuites; puis vous les mées. Ciselez un morceau de petit lard jusqu'à la égoutterez, les couperez en tranches dans leur couenne, sans couper celle-ci, et mettez-le, ainsi longueur; vous mettrez un lit de pain émincé dans que les choux et les laitues, dans une braisière, votre plat, un lit de lailues , jusqu'à ce qu'il soit avec un saucisson sans ail, deux cuisses d'oie ma au comble ; vou y mettrez du bouillon de vos rinées et un combien de jambon bien dessalé. Fai- laitues sans le dégraisser, mais après l'avoir passé tes cuire le tout ensemble et mouillez avec de bon au tamis de soie ; vous mettrez votre plat sur le bouillon non salé; ajoutez deux ognons piqués de feu, pour que cela mijote jusqu'à devenir d'un deux clous de gérofle, quelques racines et un bou- gratin blond; épargnez le sel, à cause de la réduc- quet de persi). Après la cuisson, égoultez vos lé- tion; à chaque assise de votre appareil, vous ajou- gumes et vos viandes. Après avoir passé le fond au terez un peu de gros poivre. tamis, dégraissez-le et clarifiez-le; coupez le plus On peut faire cuire les laitues seulement avec mince possible la mie d'un pain de seigle; dressez du bouillon et de la graisse de rôti, deux ognons, en couronne vos choux, vos laitues, votre petit deux ou trois carottes, deux clous de gérofle : vous lard et votre mie de pain de seigle que vous aurez aurez soin, avant de servir, de dégraisser votre trempée dans votre dégraissis, sur un plat creux garbure, et de servir à proximité du bouillon dans qui puisse aller sur le ſeu; mettez dans le puits de un vase, cette garbure une purée de pois verts : vous met- tez sur les bords votre saucisson coupé par tran- Garbure aux choux. La garbure aux ches, et votre combien de jambon au milieu avec choux se fait de même que celle aux laitues; mais, vos cuisses d'oie ; gratinez sur un fourneau doux; au lieu de gros poivre, on y met du poivre fin. servez avec votre fond bouillant que vous aurez Ménagez l'assaisonnement, parce que les choux clarifié séparément. sont sujets à prendre de l'acreté; ne dégraissez pas trop vos choux, et servez une jalte de bouillon Garbure aux ognons. Vous aurez une pour les personnes qui voudraient en prendre sur quarantaine de gros ognons que vous couperez en leur assiette. deux, de la tête à l'autre extrémité; puis vous coupez chaque moitié en quatre ou cinq parties, jus- Garbure à la Villeroy. - Prenez vingt ca- qu'à ce que cela forme la moitié d'un cercle ; vous rolles, vingt navets, douze ognons, six pieds de aurez soin de n'y pas mettre la tête ni la queue : céleri, douze poireaux , six laitues, une poignée quand tous vos ognons seront ainsi coupés, vous de cerfeuil ; vous couperez vos racines eu des de prendrez une demi-livre de beurre ou plus, selon moyenne grandeur, et vous concasserez les her- ce qu'auront produit vos ognons; vous les ferez bes. Passez d'abord vos carottes dans trois quar- frire dans le beurre, assez pour qu'ils soient bien terons de beurre; quand elles seront un peu fri- blonds : puis vous prendrez du pain coupé en tes, vous y mettrez vos navets que vous laisserez tranches très-minces ; vous faites un lit de pain et frire ainsi que les carottes; après cela, vous y un lit d'ognons ; vous mettez sur chaque lit un joindrez vos poireaux et vos ognons ; quand le peu de gros poivre, jusqu'à ce que votre plat soit tout sera revenu , vous y mettrez vos herbes que au comble; vous l'arrosez avec du bouillon, et le vous remuerez avec tous ces légumes : quand elles faites mijoter assez pour que le gratin se forme, seront bien fondues, vous mouillerez le tout avec sans le laisser brûler; cela donnerait de l'âcreté : du bouillon; vous n'en mettrez pas beaucoup, et il faut que votre potage soit presque sec; vous vous laisserez bouillir vos légumes jusqu'à ce mettrez du bouillon dans une jatte et vous le ser qu'ils soient cuits; vous y joindrez un morceau virez pour que chaque personne en puisse mettre de sucre gros comme la moitié d'un æuf; puis sur son assiette; vous ferez attention au sel, à vous ferez un lit de pain, un lit de légumes; sur cause de la réduction, chaque, vous mettrez un peu de gros poivre, jus- qu'à ce que votre plat soit au comble, vous le Garbure aux laitues. Faites blanchir des mouillerez avec le bouillon de vos racines sans le lailues au nombre de trente, pendant une demi- dégraisser ; vous le ferez mijoter jusqu'à ce qu'il heure ; vous ſerez en sorte qu'elles restent en- soit gratiné : ménagez le sel, à cause de la réduc- tières ; vous les laisserez refroidir, les presserez, tion. les ficellerez , et mettrez dans le fond d'une cas- On peut également faire cette garbure en mai- serole des tranches de veau, des bardes de lard ; gre, vous y meltrez vos laitues, puis les recouvrirez de lard, avec deux ou trois carottes, trois ognons, Garbure à la Polignac. Les marrons de deux clous de géroſle. Vous les mouillerez avec du Lyon ne valent rien pour le potage. Ayez, selon - GAR ( 248 ) GAR la grandeur du potage , vingt ou trente marrons soie, afin que rotre bouillon soit bien clair. Avec de Limoges , ou d'Auvergne à leur défant ; Ôtez ce potage, il ne faut pas de pain, et l'on ne sert leur première écorce, puis mettez-les dans l'eau; pas le morceau de bæuf. laissez-les sur le feu jusqu'à ce que l'eau frémisse : retirez-en pour voir si la peau se lève (comme si Garbure au fromage. (V. POTAGE D'AU- c'étail des amandes); après les avoir épluchés de VERGNE.) manière qu'il ne reste pas du tout de seconde GARDE-MANGER. C'est le local où l'on peau , vous mettez au fond d'une casserole des conserve les provisions de ménage les plus alte- tranches de veau, des bardes de lard, deux feuilles rables, et notamment les viandes fraîches et les de laurier, trois clous de gérofle, six carottes, six poissons. Un bon garde-manger est une dépen- ognons, un bouquet de feuilles vertes de céleri ; dance indispensable de toute cuisine, surlout vous y méllez les marrons, que vous assaisonnez dans certaines campagnes où l'on est obligé de gros poivre; vous les recouvrez de bardes de de s'approvisionner pour plusieurs jours. On lard ; vous les mouillez avec du bouillon , les lais-doit l'établir, autant qu'il est possible, au rez-de- sez mijoter trois quarts d'heure ou une heure en chaussée, dans une pièce qui ne soit pas humide viron, jusqu'à ce qu'ils soient cuits; puis vous les et dont les fenêtres soient exposées au nord ou à égouttez et les coupez en deux; vous mellez dans l'est, ou, ce qui vaut encore mieux, qui ait une votre plat un lit de pain, un lit de marrons, jus- fenêtre au nord et une ouverture quelconque à qu'à ce que votre plat soit au comble ; vous for- l'est. Pendant les huit mois de l'année où les ge- merez plusieurs cordons de marrons sur votre gar- lées ne sont point à craindre, ces fenêtres ne doi- bure; vous passez le bouillon dans lequel ils ont vent être fermées qu'avec une toile métallique cúit; vous arrosez votre garbure, et la laissez assez claire pour ne pas intercepter la circulation bouillir jusqu'à ce qu'elle soit gratinée. de l'air, et assez serrée pour que les insectes, et surtout les mouches, ne puissent pas la traverser. Garbure au hameau de Chantilly (re Cependant, lorsque l'air est humide et chaud, cette du vieux Cuisinier Royal). — Vous il est bon de fermer hermétiquement le garde- mettrez dans une moyenne marmite trois livres manger, l'air saturé d'eau et à une température de tranche, un jarret de veau entier, deux per- élevée étant le principe qui accélère le plus la dé- drix et deux pigeons de volière; vous aurez grand composition des viandes. soin que vos viandes soient bien ficelées pour L'air sec, quoique chaud, est, au contraire, un qu'elles restent bien entières ; vous remplirez vo- agent de conservation ; il enlève à la superficie des tre marmite de bon bouillon ou consommé; vous viandes l'humidité qui les abreuve, et l'albumine ferez écumer cette marmite; ensuite vous la gar et la gélatine que l'eau enlevée tenait en dissolu- nirez de légumes, comme carottes, navets, ognons, tion se trouvant amenées à l'état sec, couvrent les poireaux, deux pieds de céleri, deux clous de gé- chairs d'une sorte de vernis qui les soustrait au rofle. Quand vos viandes seront bien cuites , au contact ultéricur de l'air. moment de servir, vous les dresserez sur un grand Cet état de sécheresse extérieure des viandes est plat creux ; vous mettrez à l'entour de vos viandes ce qui contribue le plus à leur conservation; c'est des carottes, des navets, des ognons, des poireaux pour l'obtenir qu'on a conseillé précédemment par compartiments, c'est-à-dire que vos légumes d'ouvrir le garde-manger au nord et à l'est. Dans ne soient pas en pêle-mêle : les carottes ensemble notre climal, le vent du nord est le plus froid et et les navets de même, ainsi que les autres ; vous le vent d'est est le plus sec; ainsi, au moyen d'ou- tournerez quarante ou cinquante carottes en ronds vertures dirigées vers ces deux points, le courant de deux pouces de long, un peu grosses, et toutes d'air qui s'établira dans le garde-manger sera tou- de la même longueur et de la même grosseur, jours dans les conditions les plus favorables. autant de navets, d'ognons, de poireaux moyens Les viandes doivent être suspendues, sans au- de même grosseur et bien épluchés, c'est-à-dire cun contact entre elles ni avec d'autres corps : il que, quand ils seront cuits, ils se conservent bien faut les tenir le plus loin possible des murailles , entiers ; vous les faites cuire après dans un bouils et les placer dans l'endroit où l'on a reconnu que lon qui n'est pas celui de votre marmite; vous le courant d'air était le plus viſ. ajouterez dedans vos carottes, navets, ognons, et Le beurre s'altère rapidement par le contact de à chacune des cuissons, un petit morceau de sucre l'air; on doit donc chercher à l'y soustraire le pour en tempérer l'acreté. Vos légumes cuits, vous plus qu'il est possible. Le meilleur moyen, pour les mettrez à l'entour de vos viandes : à côté, vous cela , c'est de le déposer dans un vase de grès à servirez une jatte de bouillon, que vous aurez large ouverture, en l'enveloppant de feuilles qui passé à travers une serviette fine ou un tamis de l ne puissent lui donner un mauvais goût : les plus GAR ( 249 ) GAR veur. convenables sont celles de poiréc et de betteraves, dans lequel on met à la fois plusieurs quintaux de tant à raison de leur étendue que de la lenteur glace : c'est de là qu’on tire celle dont on a besoin avec laquelle elles se desséchent. On doit éviter, chaque jour; on profite en même temps de celle pour cet usage, l'emploi des feuilles de chou. qui reste pour tenir au frais, en les posant sur la Le poisson de mer, lorsqu'il a été transporté à glace, les provisions qu'on désire conserver : on quelque distance, ne peut, sans inconvénient, etre retarde par là leur altération; mais, dans leur introduit dans un garde-manger. Ce qu'on peut contact avec la glace, et plongées comme elles le faire de mieux, pour conserver du poisson de mer, sont dans un air constamment humide, elles se c'est de le faire cuire aux trois quarts aussitôt qu'il saturcnt d'eau, et perdent beaucoup de leur sa- arrive ; si cependant on veut en conserver cru , il faut , avant de le placer dans le garde-manger, C'est pour remédier surtout à cet inconvénient, le laver à grande eau, et l'enfermer dans un pa- que M. Lenoir, fondateur de la glacière de Saint- nier, en l'enveloppant de feuilles d'orties. Ouen , a inventé de nouveaux timbres, connus Le garde-manger doit être tenu avec la plus sous la dénomination de conservateurs des co- grande proprelé, et on doit éviter avec soin d'y mestibles ; dans ces appareils, une caisse de mé- introduire des substances qui sont dans un état de tal, complètement isolée, contient la glace dont le fermentation putride, tels que les fromages de froid se transmet à travers la surface métallique ; toute espèce. les substances qu'on y dépose, bien loin de se satu- Avec toutes les précautions possibles, et dans le rer d'eau comme dans les anciens timbres, éprou- meilleur garde-manger, les viandes ne peuvent se vent à leur surface une légère dessiccation qui conserver sans altération d'un jour à l'autre, lors contribue à les conserver plus long-temps ; des que, par un temps chaud, l'air est stagnant et sa- expériences authentiques ont constaté que cette turé d'humidité : cet état de l'atmosphère est or conservation pouvait être prolongée de huit à dinairement le précurseur d'un orage, et l'on sait quinze jours dans les temps les plus chauds, en avec quelle rapidité se développe la putréfaction prenant toutes les précautions nécessaires, et qui des substances alimentaires à la suite de ce météore. n’exigent que des soins ni pénibles, ni souvent Il faut alors recourir à des moyens de conser- répétés. vation plus énergiques , et il le faut aussi pendant Les conservateurs ont un autre avantage , toute la saison chaude, lorsque, par l'éloignement c'est qu'à égalité d'effet ils consomment beaucoup où l'on se trouve des marchés, on est obligé de moins de glace que les anciens timbres; ce résul- s'approvisionner pour plusieurs jours. tat est dû au mode de leur construction, qui les Le seul moyen de conservation des substances défend, autant qu'il est possible, de l'accès du ca- alimentaires altérables, qui produise un effel cer- lorique extérieur; de sorte que toute l'action ré- lain, c'est l'emploi de la glace; on a proposé de frigérante de la glace s'exerce presque exclusi- déposer, dans la glacière même, les substances à vement sur les substances renfermées dans le conserver, et c'est aussi ce qu'on fait très-sou- timbre. venl. Cel usage a des inconvénients; il nécessite Un accessoire très-utile du nouveau timbre est de fréquentes ouvertures de la glacière, ce qui est une glacière portative, autre appareil destiné à défavorable à la conservation de la glace; aussi ar conserver, pendant huit ou dix jours, de la glace, rive-t-il presque toujours que les glacières qu’on en réduisant sa fusion au minimum; en calcu- traite ainsi sont vides avant la fin de la saison pen- lant sa capacité suivant l'étendue des besoins , on dant laquelle la glace est un besoin ; et, si l'hiver n’est obligé d'ouvrir la grande glacière que tous qui suit est peu rigoureur, ce qui arrive fré- les huit ou dix jours. quemment, on est pendant long-temps privé de Ces deux appareils, ainsi que quelques autres glace. qui ont pour objet des applications uliles de la Pour n'en jamais manquer, il faut pouvoir en glace, se trouvent, à Paris, chez MM. J. Lenoir conserver pendant deux ans au moins, et même et compagnie, quai de la Mégisserie, nº 66. pendant trois ; or, l'expérience a appris que la glace se fond 'avec une rapidité extrême dès que GARENNE , bois tailiis ou clos de bruyères sa tempéralure est remontée à zéro, et c'est ce où vivent des lapins sauvages. qui ne tarde pas à arriver lorsque la glacière est Quoiqu'un pareil établissement semble plutôt ouverte tous les jours, et même plusieurs fois par du ressort de la vénerie que de la cuisine, comme jour. il se trouve que la chair des lapins de garenne est C'est pour éviter la nécessité d'ouvrir si souvent un des éléments le plus souvent et le mieux em- la glacière, que les timbres ont été imaginés. Un ployés en gastronomie, nous avons pense que des timbre est un coffre de bois doublé en plomb, 1 indications qui peuvent s'y rapporter aussi direc- GAR ( 250 ) GAR tement ne sauraient être dépourvues d'intérêt cu tues. Quand votre relevé ou entrée est dressé, linaire et d'utilité pratique, vous le masquez avec une sauce bien réduite à la glace, et vous allongez ladite sauce avec un peu d'espagnole. « Quand il est allé faire à l'aurore sa cour, >> Parmi le thym et la rosée, Garniture de raifort. - Procurez-vous de > Après qu'il a brouté, trotté, fait tous ses tours, · Jeannot Lapin retourne aux souterrains séjours.. la racine de raifort dont vous enlèverez la pre- mière peau; après avoir lavé votre racine à plu- Le clapier diffère essentiellement de la garenne, sieurs eaux, vous la râperez en forme de vermi- en ce qu'il est un endroit bien muré et bien ma- celle, et vous la placerez autour des viandes çonné, où l'on nourrit des lapins domestiques. bouillies ou rôties. Une bonne garenne doit être exposée au levant ou Garniture de tomates. On coupe par le au midi, parce que le lapin , qui aime la chaleur milieu une trentaine de tomates bien rondes et et le soleil, ne veut point terrer au nord, et rare- bien égales ; on en presse le jus, les pepins et les ment au couchant : son terrain doit être sec, mé- morceaux du côté de la fleur, en faisant attention diocrement léger, tenant un peu du sable, sans de ne pas trop les écraser. On les place sur un être ni trop fort, ni trop friable, afin que le lapin plafond et sur le même lit. On garnit alors les to- puisse y pratiquer des terriers qui ne s'éboulent mates de champignons hachés, échalotes, persil, point. On doit planter dans une garenne beaucoup un peu d'ail et de chair de jambon ; on fait cuire de pruniers sauvages, fraisiers, mûriers, genets, le tout ensemble, en y ajoutant un peu de mie de groseilliers, romarins, et surtout un grand nombre pain, deux jaunes d'æufs, sel et muscade, un peu de de genévriers. Le lapin est très-friand de la graine beurre de piment et d'anchois ; on pile le tout en- de ces arbrisseaux. Si le terrain ne produit pas semble, en y versant peu à peu de l'huile; on assez d'herbes, on y sème du laceron, du seneçon, passe la farce à travers un tamis à quenelles, et l'on en du thym, du serpolet, des chicorées, des char-garnit les tomates ; on les pane avec de la mie de dons. Il ne faut pratiquer au lapin ni loge pour pain et un peu de parmesan; on les arrose avec s’abriter ni ruisseau pour boire. Il ne sait que un peu d'huile; on les fait cuire à four chaud. On trop bien se loger sous terre, et rien ne lui est se sert de ces tomates pour garnir une culotte de plus contraire que l'eau. Le lapin ne quitte point le baruf ou autres entrées. lieu où on l'a mis quand le site en est bien choisi; s'il ne lui plaît pas, quoi qu'on fasse, il n'y reste point. Garniture de bouilli à la bourgeoisc. Faites blanchir et cuire des choux comme pour le On peuple une garenne, en achetant un certain nombre de femelles pleines qu'on y jette, et dont potage; faites blanchir une disaine de carottes on laisse multiplier la race, sans y chasser les deux après les avoir tournées; mettez-les dans une cas- premières années, et fort peu la troisième, ou bien serole avec cinq ou six cuillères à dégraisser de c'est par le secours du clapier, voie plus prompte, sauce brune, et autant de consommé; faites cuire plus sûre, et qui coûte beaucoup moins cher; à petit feu; ajoutez quelques navets que vous au- ainsi le clapier peut servir à deux fins très-utiles, rez tournés, et faites-les cuire de même. Après savoir, à peupler les garennes et les entretenir. avoir fait blanchir du petit lard, vous le mettez cuire avec les choux ; saucez votre pièce de bæuf GARNITURE se dit de plusieurs substances avec la sauce dans laquelle ont cuit les légumes ; dont on garnit ou accompagne les viandes de bou- si elle n'est pas en glace, vous pouvez la verser cherie, la volaille, le gibier, et même certains dessus, et vous pouvez ajouter des ognons glacés plats de poisson. si vous le voulez. Garniture à la flamande. Tournez une Garniture à la Chambord (V. BROCHET). trentaine de grosses carottes et autant de navets Garniture à la financière (V. POULARDE). en bâtonnets ; faites blanchir et cuire ces racines dans du consommé et un peu de sucre; ayez Garniture à la pâtissière (V. VOLE-AU- trente laitues braisées ainsi que trois ceurs de VENT, TIMBALE, etc.). gros choux, que vous aurez soin d'égoutter, Garniture de foies gras (V. MONTGLAS). presser et de trancher proprenient; dressez-les autour de votre plat en couronne, en mettant Garniture en satpicon (V. CROUSTADE). une carotte et un navet entre chaque laitue; laissez le milieu du plat libre pour y poser la Garniture à l'allemande (V. CHOU- CROUTE). viande que vous aurez préparée; posez trente ognons glacés sur le rebord, des caroltes et lai Garniture à l'italienne (V. CHIPOLATA). de GAT ( 281 ) GAT GATEAU. On use de la même appellation, sez-la ; ramassez votre pâte, moulez-la , laissez-la pour désigner : premièrement certains entremets reposer une demi-heure; après, abaissez-la avec de gibier ou de venaison dont on a fait un hachis, un rouleau, faites-en un gâteau de l'épaisseur de et qui doivent être servis en terrine; ensuite, plu- trois doigts; déchiquetez-le avec le taillant de votre sieurs sortes de pâtisseries soit en pâte ferme ou couteau ; retournez-le, dorez-le, rayez-le, et en feuilletage, et, de plus, certaines sucreries ou faites-le cuire à un four ordinaire, préparations d'office qui tiennent de la conserve, et qui se présentent au dessert, Gâteau du sérail. - On fait bouillir un mo- ment un demi-selier d'eau, une pincée de sucre, Gâteau de lièvre aux truffes (V. LIÈVRE). un demi-quarteron de beurre, un peu d'écorce Gâteau de foies de volailles (V. FOIE). de citron vert râpé très-fin, avec un peu de sel; on y met ce qu'il faut de farine pour faire une Gâteau de Compiègne (V. BRIOCHE). pâte bien liée, et on la remue sur le feu jusqu'à Gateau de Savoie (V. BISCUIT). ce qu'elle quitte la casserole ; on la retire du feu, et on y met, pendant qu'elle est chaude, un cuf, Gateau feuilleté. — Détrempez environ une Détrempez environ une blanc et jaune ensemble, lequel on remue jusqu'à livre de farine à l'eau et au sel, sans beurre : que ce qu'il soit bien lié dans la pâte; et on continue la pâte soit molle; laissez-la reposer une demi- | ainsi à mettre des aufs l'un après l'autre, jusqu'à heure; étendez-la ensuite avec le rouleau à un ce que la pâte se colle aux doigts. Alors, on retire doigt d'épaisseur ; étendez du beurre frais sur cette pâte du feu, et on y met encore des œufs, cette abaisse; pliez-la en double, et la pétrissez un à un, ce que la pâte peut en absorber, avec avec le rouleau ; incorporez votre beurre, et pro- des macarons écrasés, de la fleur d'orange pra- cédez ainsi par quatre à cinq fois ; formez votre linée et hachée, et du citron vert râpé; on dresse gâteau, dorez, et faites-le cuire à feu vif. ses gâteaux de la forme et de la grandeur qu'on Gâteau de plomb. les souhaite, on les fait cuire à propos; on sème Passez un quart de fa- rine, faites une fontaine, et mettez-y une once de dessus des pistaches délayées avec du sucre fin sel, deux onces de sucre, une livre et demie de et un blanc d'auf, et on les fait sécher au four un moment, beurre et douze aufs; détrempez, le tout ensem- ble; fraisez votre pâte trois fois ; si elle était trop Gâteau à la crème. Mettez sur une table ferme, mouillez-la avec un peu de lait; rassemblez un litron de farine; faites un trou dans le milieu votre pâte ; laissez-la reposer une demi-heure ; pour y mettre un demi-setier de crème double, ajoutez-y une demi-livre de beurre, et donnez-lui une bonne pincée de sel; pétrissez légèrement la quatre tours comme au ſeuilletage; moulez votre pâte ; laissez-la reposer une demi-heure; ensuite, gâteau, abaissez-le très-épais ; coupez les bords vous mettez une bonne demi-livre de beurre dans en losange; dorez-le; mettez-le sur un plafond ; la pâte; abattez-la cinq fois comme une pâte à rayez-le et piquez-le; faites-le cuire à un four feuilletage, ensuite vous en formerez un gâteau ou atteint; une heure et demie doivent suffire pour plusieurs petits ; dorez-les avec de l’auf battu, et sa cuisson. faites cuire au four : vous vous réglerez sur cette Gâteau au tard. Prenez du petit lard ; dose pour faire la quantité de gâteaux que vous voudrez. coupez-le en lames; faites-le dessaler dans l'eau ; vous aurez fait une pâte brisée, dans laquelle vous Gâteau à la Royale, On met dans une aurez mis moins de sel qu'on n'en met ordinaire- casserole une pincée de citron vert haché, deux ment; formez-en un gâteau ; déchiquetez-en les onces de sucre, un peu de sel, gros comme la bords; mettez-le sur un plafond ; dorez-le; cou- moitié d'un auf de beurre, un bon verre d'eau ; vrez-le de lames de petit lard que vous aurez on fait bouillir un moment, et on y ajoute quatre égouttées, et desquelles vous aurez ôté les couen- ou cinq cuillerées de farine; on fait dessécher sur nes; faites-le cuire au four ainsi qu'il est dit ci- le feu, en remuant toujours, jusqu'à ce que la dessus, pâte soit bien épaisse, et qu'elle commence à s'at- Gâteau au fromage. Ayez le quart d'un tacher à la casserole; on l’ôte du feu et on y met fromage de Brie, gras et bien affiné, que vous pi un æuf à la fois, en remuant fort avec la cuillère, lerez et passerez au tamis avec un litron et demi jusqu'à ce qu'il soit bien mêlé dans la pâte; on de farine; faites-y un puits ou fontaine, mettez-y continue d'y mettre des æufs un à un de cette fa- trois quarterons de beurre; maniez votre fromage; çon, jusqu'à ce que la pâte soit molle sans être pilez un peu de fromage de Gruyère râpé, et six liquide ; ensuite on mettra un peu de fleur d'o- auſs entiers; détrempez votre pâte à trois fois; frai- range pralinée et deux biscuits d'amandes arnères, GAT ( 232 ) GAT le tout pilé bien fin; on dresse les petits gâteaux, battus; mettez votre appareil dans une caisse lon- de la grosseur de la moitié d'un auf sur du pa- gue et beurrée; faites cuire à feu doux; quand pier beurre; on dore le dessus avec de l'æuf votre gâteau sera cuit, coupez-le en petits mor- battu, et on fait cuire une demi-heure au four ccaux carrés que vous marquerez de glace royale; d'une chaleur douce. faites sécher à l'éluve. Gâteau de ri:. On met dans une petite Gâteau à la manière de Pithiviers. marmite un peu plus d'un quarteron de riz bien Ayez des amandes que vous préparerez comme lavé; on le fait crever sur le feu avec un verre pour les petits gâteaux d'amandes (V. cet article d'eau, et ensuite de bon lait, jusqu'à ce qu'il soit au mot AMANDE); mettez avec vos amandes un bien cuit et épais; on le laisse refroidir; on fait quarteron de beurre fin, un peu de zeste et de une pâte avec un litron de farine, du sel, quatre citron haché, et une demi-livre de sucre en pou- muſs, une demi-livre de beurre et le riz; on pé- dre; mettez-y à mesure trois aufs entiers; pré- trit le tout ensemble el on en forme un gâteau, parez une tourte comme pour la frangipane, en on le dore avec de l’auf battu, et on le fait cuire diminuant de moitié la largeur de la bande; après au four pendant une heure, ou sous un couvercle avoir mis votre appareil dans la tourte, recouvrez- de tourtière : on a soin de beurrer le papier qu'on la d'une abaisse de feuilletage à six tours, que met au-dessous du gâteau. vous ne laisserez pas plus large que votre bande ; goudronnez le tour avec le dos de votre couteau ; Gâteau de sable. Lavez du beurre dans de dorez-le; déchiquetez le dessus; mettez-le à un bon l'eau tiède ; quand il sera amolli, mettez-le dans four; quand votre gâteau sera cuit, poudrez-le un mortier, et avec le pilon, incorporez dans bien de sucre, et servez-le chaudement. votre heurre une livre de sucre; ajoutez peu à peu une livre de fleur de farine, douze jaunes d'auſs Gâteau de vermicelle. Ce gâteau se fait crus, et une poignée de fleur d'orange pralinée comme celui au riz. Si vous voulez le faire souf- que vous aurez préalablement écrasée. Fouettez flé, mêlez avec votre vermicelle six blancs d'auſs six blancs d'æuſs et incorporez-les avec votre ap- fouettés; versez dans une petite casserole d'argent, pareil; beurrez une lourtière, versez-y votre ap et ne mettez au feu que lorsque les entrées seront pareil, et faites-le cuire. Si votre gåtcau est bien desservies. fait, il devra, quand il sera froid , tomber sur Les gâteaux de lazagues, de nouilles, de semouil- la langue et sous les doigts, en poussière de le, de sagou, etc., se préparent comme le gâteau sable. au riz (V. ci-dessus). Gâteaux fourrés aux confitures. On Grand gâteau de mille feuilles à la prend de la pâte à feuilletage; on en forme deux Royale. — Vous masquez le dessus d'une grande gâteaux égaux, de la grandeur du plat d'entre- abaisse d'un demi-pot de marmelade d'abricots, mets el de l'épaisseur de deux écus chacun; on vous la recouvrez avec une seconde; ensuite vous met sur le premier des confitures, en laissant un masquez l'épaisseur de ces deux abaisses avec doigt de bord, que l'on mouille avec un doroir du blanc d'œuf préparé comme le précédent. Vous trempé dans l'eau ; on met le second gâteau sur le roulez ce gâteau sur des pistaches hachées bien fi- premier, et on les colle bien ensemble avec les nes, ce qui encadre le gâteau d'une bordure de doigts en les maniant tout autour; après les avoir verdure. Après l'avoir mis dix minutes au four un peu façonnés, on les dore avec de l'œuf battu, chaleur molle, vous le retirez et le mettez de côté; et on les fait cuire au four. Cuits et sortaut du mais pendant qu'il est au four, vous masquez en- four, on passe dessus un doroir trempé dans du core une grande abaisse de confiture de groseilles beurre, et on jette partout de la petite nonpa- de Bar, et la couvrez. Vous masquez aussi l'épais- reille. Une autre fois, pour changer, à la place de seur de ces deux abaisses avec du blanc d’æuf, et nonpareille on mettra du sucre ſin, et on passera vous les roulez ensuite sur du gros sucre bien égal la pelle rouge par-dessus pour les glacer. en grosseur ; vous les mettez au four tout de suite, afin que le gros sucre n'ait pas le temps de se fondre Gâteau à la portugaise. - Émondez et pi- par l'humidité du blanc d'œuf; et, après dix mi- lez une demi-livre d'amandes; incorporez avec nules, vous le retirez du four, pour que le blanc vos amandes trois jus d'oranges avec leurs zestes d'auf n'ait que le temps de sécher sans prendre hachés; mettez votre appareil dans une terrine ; couleur. ajoutez deux onces de fécule, six jaunes d'æufs, Ainsi donc, vous suivrez les mêmes procédés et une demi-livre de sucre pulvérisé; incorporez- que ci-dessus, pour unir les deux abaisses deux par y les blancs de vos six oufs, après les avoir bien | deux, par le moyen des confitures qu'elles con- GAU ( 253 ) GAU tiennent entre elles. Au fur et à mesure que vous graisse avec un pinceau trempé dans du beurre en avez deux de mariées, vous masquez leur épais- frais fondu dans une casserole de terre; on met unc seur de blancs d'auſs, et les roulez tour à tour cuillerée et demie de mélange pour former la gau- sur des pistaches et sur de gros sucre, ce qui vous frc, et on presse un peu le fer pour la rendre plus donne réellement, à la fin de cette opération, huil | délicate. On la pose sur du charbon allumé dans gâteaux fourrés de deux abaisses chaque, dont un fourneau, ct quand la gaufre est cuite d'un quatre seront entourés de pistaches, et les quatre côté, on relourne le fer de l'autre. Pour s'assurer autres de gros sucre. du degré de cuisson, on entr'ouvre tant soit peu le Lorsque tous ces gâteaux sont bien refroidis, fer; si la gaufre est bien colorée, on la retire à vous commencez à placer sur une abaisse de pâte l'aide d'un couteau que l'on passe dessous, et on la d'office un gâteau, dont le tour sera masqué de roule sur elle-même à mesure qu'elle se détache; pistaches (mais vous posez les plus grandes les pre-on l'étend toute chaude dans les formes selon les. mières, et finissez par les plus petites). Masquez la quelles on veut l'avoir, et on la met à mesure à superficie de gelée de groseilles blanches : placez l'étuve, pour qu'elle puisse s'entretenir bien sèche. par-dessus le second grand gateau, dont le bord doit être au sucre; vous enlevez ces gàleaux par Gaufres à la flamande. – Mettez dans un le milieu, afin que leurs bordures fragiles ne soient vase de terre un litron de farine; prenez-en lc pas déflorées par vos doigts, en les placant les uns quart; faites un petit levain avec un quart d'once sur les autres. Après avoir masqué la superficie de levùre de bière et un peu d'eau tiède ; laissez du second gâteau, vous en placez un troisième par- revenir votre levain dans le fond de votre vase : dessus, dont le tour doit être aux pistaches. Mas- étant assez revenu, ajoutez-y un quart d'once de quez la superficie de confiture ; recouvrez-le d'un sel, une once de sucre, un quarteron de beurre, quatrième gàteau entouré de gros sucre. Terminez six æufs; melez bien le tout ensemble, el finissez votre gâteau de mille feuilles, en plaçant successi- demouiller votre appareil avec de la crème chaude: vement un gâteau aux pistaches masqué de confi il faut que cela soit liquide comme de la pâte à lures, un au gros sucre masqué de confitures, un frire : couvrez votre vase; laissez-la revenir pen- aux pistaches masqué de même, et ainsi de suite; dant deux heures dans un endroit chaud ; au bout enfin placez le dernier qui doit être entouré de d'une heure et demie, ajoutez-y deux petits verres gros sucre, et qui sera masqué encore de confitu- de bonne eau-de-vie; manicz bien votre appareil res; vous posez par-dessus la dernière abaisse que pour le corrompre; failes chauſſer votre gaufrier, vous aurez meringuée, perlée et décoréc de conect , au moment de servir, vous ſerez cuire vos gau- filures comme la précédente. fres. Servez avec du sucre en poudre par-dessus. Gâteaux (petits) à la Madeleine. — Éten Gaufres à l'allemande. — Émondez une li- dez sur un plafond que vous aurez beurré de la vre d'amandes douces; coupez-les en filets beau- pâte à la Madeleine; étalez-la bien et ne lui laissez coup plus minces que pour le nougat; vos aman- que l'épaisseur de trois lignes; mettez-la à un four des coupées, mettez-les dans un vase avec trois doux : quand elle sera presque cuite, coupez-la quarterons de sucre en poudre et deux pincées de avec le couteau en lui donnant la forme qui vous leur d'orange pralinée ; maniez-les avec des blancs conviendra ; achevez sa cuisson ; retirez-la et sépa- d’æufs; ayez des feuilles d'office; frottez-les de rez les rognures; dressez sur le plat comme il vous cire vierge et d'un peu d'huile; meltez votre ap- conviendra. pareil dessus, le plus mince que vous pourrez; ajoutez-y, si vous voulez, des pistaches bachées ; Gâteaux à la fleur d'orange, à la violette, mellez-les au four un peu chaud : à moitié à l'anis, à l'angélique, à la bergamote, etc. cuites, retirez-les du four; coupez-les par car- (V. CONSERVES). rés bien égaux; remettez-les au four un instant; retirez-les, ct donnez-leur la forme de gaufres GAUFRES, pâtisserie d'origine brabançonne. sur un bâton que vous avez disposé pour cela : Gaufres ordinaires. - On prend quatorze tamis; tenez-les à l'étuve jusqu'au moment de les aussitôt qu'elles seront froides, mettez-les sur un onces de farine et six onces de crème fraîche, une servir. livre de sucre en poudre et quatre gros de fleur d'orange; on bat la farine avec la crème; quand Gaufres au beurre de la Prévalais. - il ne reste plus de grumelots, on y jette le sucre; Mettez dans une terrine trois cuillerées de sucre on y ajoute la crème, et on met l'eau de fleur en poudre et trois cuillerées de farine, un peu d'eau d'orange, en sorte que le mélange soit aussi clair de fleur d'orange et une pincée de ràpure de ci- que du lait; on chaulle alors le gaufrier, et on le I tron; vous ferez fondre dans un demi-sclicr d'eau GAU ( 234 ) GEL deux onces de beurre de la Prévalais, et vous dé onces de farine ; on fait fondre le beurre, et on laierez peu à peu volre pâte avec l'eau et le beurre; jette dedans le sucre et la farine; on le retire lors- il faut bien prendre garde qu'il n'y ait pas de gru- qu'il est bien chaud; on fait ensuite les gaufres melots, et qu'elle soit coulante, c'est-à-dire, ni comme il est indiqué ci-dessus, et on leur donne, trop claire, ni trop épaisse : vous ſerez chauffer avec un rouleau, la forme d'un cornet. votre gaufrier également des deux côtés; lorsqu'il On peut employer pour faire des gaufres (au sera chaud, vous le graisserez avec du beurre; lieu de pâte) des macarons d'amandes amères, vous mettrez une cuillerée de votre pâte, et la ferez des macarons d’avelines et des macarons de pista- cuire, en la tournant des deux côtés : vous retirerez ches au caramel. Il est suffisant de les imbiber de votre gaufre; lorsqu'en ouvrant le fer elle sera crème crue avant de les étreindre et de les faire d'une belle couleur dorée, vous la lèverez et la biscuire au gaufrier. meltrez sur un rouleau de pâtissier, pour lui faire prendre la forme, en appuyant dessus avec la main; GELÉE. – Nous avons déjà parlé des gelées vous en remettrez tout de suite une autre, et les met de fruits en confiture (V. pages 169 et suivantes), trez toutes à mesure dans un tamis à l'étuve, pour ainsi nous allons traiter ici des gelées d'entremets, les faire sécher, jusqu'à ce qu'on les serve. qui proviennent de substance animale et dont la gélatine est toujours la base. Gaufres à la crème. — Prenez trois cuille- rées de sucre en poudre et trois de farine, deux Gelée de viandes. Prenez deux livres de @ufs, le blanc et le jaune, la râpure d'un citron et tranche de bæuſ, dont vous séparerez la graisse, un peu d'eau de fleur d'orange; délayez le tout et que vous couperez en gros dés, une vieille poule avec de la crème douce, et que la pâte ne soit niet un vieux coq coupés en quatre, et un jarrel de trop claire, ni trop épaisse, et surtout qu'il n'y ait veau fendu en deux, et ensuite coupé en travers; point de grumelots : vous faites chauſſer votre fer mettez le tout dans une marmite, avec trois pintes des deux côtés, et le graissez avec de la cire blan- d'eau ; faites bouillir et écumez avec soin ; ajoutez che ou du bon beurre; vous faites cuire ces gau- deux grosses carottes, deux gros ognons, dont un fres comme les autres : si vous voulez leur donner piqué de deux clous de gérofle, un pied de céleri une autre forme que celle du rouleau, vous aurez et du sel; faites bouillir à petit feu pendant quatre un morceau de bois bien uni, de la longueur d'un heures : passez et laissez refroidir; mêlez-y deux pied et de la grosseur d'une canne; lorsqu'elles se- blancs d'aufs battus, et mettez le tout dans une ront cuites, en appuyant le morceau de bois sur le casserole sur le feu; écumez et faites réduire; fer, vous les roulez autour, vous les retirez et les éprouvez de temps en temps la gelée en en lais- mettez dans un tamis. sant tomber quelques gouttes sur une assielte ou dans une cuillère; si ces gouttes en se refroidis- Gaufres au vin d'Espagne: - Mettez dans sant prennent une bonne consistance, retirez la une terrine quatre onces de sucre en poudre et gelée du feu, passez-la à l'étamine, et laissez re- quatre onces de belle farine, deux æufs bien frais, froidir. blancs et jaunes ; le tout délayé avec du bon vin de Cette gelée, saine et nutritive, convient à l'ali- Malaga : faites que la pâte ne soit ni trop épaisse, mentation des convalescents. On l'emploie avec ni trop claire, c'est-à-dire, comme celle des gau- avantage dans la cuisine pour lier des sauces ; c'est fres à la crème. un très bon mouillement pour des braises, parce qu'étant déjà saturée, elle ne prend rien aux viandes Gaufres aux amandes. Pilez une livre qu'on y fait cuire, ct que celles-ci conservent la d'amandes; meltez la même quantité de sucre; je- totalité de leurs sucs. tez vos amandes dans un vase; mouillez-les avec assez de blancs d'œufs, en sorte que vous puissiez Gelée de coq (suivant la recette de la les étaler avec la lame du couteau sur des feuilles bonne madame Fouquet). - . — « Pour restablir d'office; étalez votre appareil le plus mince pos- » promptement et merveilleusement bien les forces sible; ayez des amandes hachées bien fin et mêlées d'un malade en convalescence, vous prendrez un avec du sucre; mettez-les sur votre appareil; pla- » vieux coca de la grande espèce et le ferez couper cez-les au four comme il est indiqué aux gaufres à » cn quatre quartiers. Mettez-les dans une hugue- l'allemande, et procédez en tout de la même fa- note de terre, neuſve et bien écurée avec du sa- çon. blon, ajoutez-y quatre septiers d'eau de pluye ou » de rivière, mais non pas de source dure; aussy Gaufres en cornets. On prend trois onces » quatre oignons blancs, six navets, six cheruis, un de beurre frais, trois jaunes d'œufs, une pinte » baston de cannelle rouge et une branche de cer- d'eau, douze onces de sucre en poudre et douze »fæuil, le lout sans sel ny sans espices. Quand le >) GEL ( 283 ) GEL » tout aura bouilly durant une heure et demie, | fois que le malade, quoique épuisé par quelqu'une » vous y adjouterez quinze amandes doulces émun- des causes que nous avons indiquées, a cependant dées, une poignée de pignons blancs, une autre conservé un estomac faisant ses fonctions. » poignée de graines de mellons, six onces d'orge à Pour en faire usage, on en donne, le premier » la perle et une douzaine de dattes de Barbarie. jour, une tasse toutes les trois heures, jusqu'à » Laissez mitonner et consommer à petit feu trois l'heure du sommeil de la nuit; les jours suivants, » heures encore. Alors passez le dict bouillon de une forte tasse seulement le matin , et pareille » cocq, où vous adjoindrez, quand il sera seullement quantité le soir, jusqu'à l'épuisement de trois bou- » tiède, un plein gobelet de vieulx vin d'Espagne, teilles. On tient le malade à un régime diététique ► dict ranciot, et de sucre candit au capillaire et léger, mais cependant nourrissant, comme des » mits en pouldre, afin qu'il se puisse dissouldre cuisses de volaille, du poisson , des fruits doux, » aysément et sans faire languir. Estant reffroidy, des confitures; il n'arrive presque jamais qu'on » ce bouillon sera devenu en gellée claire et nette soit obligé de recommencer une nouvelle confec- » que vous donnerez par cuillers à bouche, ou par tion. Vers le quatrième jour, il peut reprendre ses » coupolles, en suyvant l'estat des personnes et le occupations ordinaires, et doit s'efforcer d'être » bon advis de la faculté.» plus sage à l'avenir, s'il est possible. En supprimant l’ambre et le sucre candi, on Gelée restaurante (suivant la formule peut, par cette méthode, improviser un potage indiquée par M. Brillat de Savarin). de baut goût, et digne de figurer à un dîner de Prenez six gros ognons, trois racines de carottes, connaisseurs. une poignée de persil; hachez le tout et le jetez La méthode de hacher la viande et de la roussir dans une casserole, où vous le ferez chauffer et avant que de la mouiller peut être généralisée pour roussir au moyen d'un morceau de bon beurre tous les cas où l'on est pressé. Elle est fondée sur frais. ce que les viandes, traitées ainsi , se chargent de Quand ce mélange est bien à point, jetez-y six beaucoup plus de calorique que quand elles sont onces de sucre candi , vingt grains d'ambre pilé, dans l'eau; on s'en pourra donc servir toules les avec une croûte de pain grillée et trois bouteilles fois qu'on aura besoin d'un bon potage gras, sans d'eau que vous ſerez bouillir pendant trois quarts être obligé de l'attendre cinq ou six heures, ce d'heure, en y ajoutant de nouvelle eau pour com- qui peut arriver très-souvent, surtout à la cam- penser la perte qui se fait par l'ébullition, de pagne. Bien entendu que ceux qui s'en serviront manière qu'il y ait toujours trois bouteilles de glorifieront le professeur. liquide. Geléc magistère, inventée par le même Pendant que ces choses se passent, tuez, plumez et videz un vieux coq et deux perdrix rouges, que physiologiste. — « Le restaurant qui précède est destiné pour les tempéraments robustes, pour vous pilerez, chair et os, dans un mortier, avec les gens décidés, et pour ceux, en général, qui le pilon de fer; hachez également deux livres de chair de bæuf bien choisie. s'épuisent par action. » J'ai été conduit, par l'occasion, à en com- Cela fait, on mêle ensemble ces trois chairs, poser un autre beaucoup plus agréable au goût, auxquelles on ajoute suffisante quantité de sel et d'un effet plus doux, et que je réserve pour les de poivre. temperaments faibles, pour les caractères indécis, On les met dans une casserole , sur le feu bien pour ceux, en un mot, qui s'épuisent à peu de viſ, de manière à les pénétrer de calorique; et on frais; le voici : y jette de temps en temps un peu de beurre frais, » Prenez un jarret de veau, pesant au moins deux afin de pouvoir bien sauter ce mélange sans qu'il | livres; fendez-le en quatre sur sa longueur, os et s'attache. chair; faites-le roussir avec quatre ognons coupés Quand on voit qu'il a roussi, c'est-à-dire que en tranches, et une poignée de cresson de fon- l'osmazôme est rissolée, on passe le bouillon qui laine; et, quand il approche d'être cuit, mouil- est dans la première casserole. On en mouille peu lez-le avec trois bouteilles d'eau que vous ferez à peu la seconde; et quand tout y est entré, on bouillir pendant deux heures, avec la précaution fait bouillir à grandes vagues pendant trois quarts de remplacer ce qui s'évapore, et déjà vous avez d'heure, en ayant toujours soin d'ajouter de l'eau un bon bouillon de veau. chaude pour conserver la même quantité de li » Faites piler séparément trois vieux pigeons et quide. vingt-cinq écrevisses bien vivantes ; réunissez le Au bout de ce temps, l'opération est finie, et tout pour faire roussir ; et, quand vous voyez que on a une potion dont l'effet est certain , toutes les la chaleur a pénétré le inélange, et qu'il com- GEL ( 286 ) GEL mence à gratiner, mouillez avec le bouillon de gélatine est dépourvue de saveur, on l'emploie veau, et poussez le feu pendant une heure. On souvent en cuisine pour faire des gelées qu’on aro- enrichi, on peut en malise de diverses manières. prendre matin et soir, ou plutôt le matin seule- ment, deux heures avant déjeûner. C'est égale- once quatre gros de colle de poisson ; après l'avoir ment un potage délicieux. coupée par petites parties, vous la lavez à plu- » J'ai été conduit à ce dernier magistère par sieurs eaux tièdes. Mettez-la dans un moyen poêlon une paire de littérateurs qui, me voyant dans un d'office avec cinq verres d'eau filtrée, et placez-la état assez positif, ont pris confiance en moi, et, sur le feu. Aussitôt qu'elle est en pleine ébullition, comme ils disaient, ont eu recours à mes lu vous placez le poêlon sur l'angle du fourneau, de mières. manière que l'ébullition soit loujours forte. Vous » Ils en ont fait usage, et n'ont pas eu lieu de avez soin d'ôter l'écume à mesure qu'elle paraît; s'en repentir. Le poète, qui était simplement élé et lorsque la réduction s'est opérée des trois giaque, est devenu romantique; la dame, qui n'a- quarts, vous passez votre colle de poisson dans le vait fait qu'un roman assez pâle et à catastrophe coin d'une serviette, au-dessus d'un vase bien malheureuse, en a fait un second beaucoup meil-propre. leur, et qui finit par un bel et bon mariage. On voit qu'il y a eu, dans l'un et l’aulre cas, exalta- Geléc de violettes printanières. — Après tation de puissance ; et je crois, en conscience, avoir clarifié douze onces de beau sucre, vous que je puis m'en glorifier un peu. » épluchez deux paquets de belles violettes fraîche- ment cueillies; vous les jelez avec une pincée de Gelée de pieds de veau (pour opérer des graines de cochenille dans le sirop presque bouil- entremets au sucre). — Prenez trois pieds de lant. Couvrez hermétiquement l'infusion, afin que veau bien échaudés ; fendez-les en deux, et faites-le parfum des fleurs ne s'évapore pas; et lorsque les dégorger dans l'eau ; essuyez-les et frottez-les le sucre n'est plus que tiède, vous le passez au avec des tranches de citron; mettez-les ensuite | tamis de soie. Vous y mêlez un demi-verre de bon dans une marmite, avec trois litres d'eau et le jus rossolis de Turin, et une once de colle pres- de deux citrons; faites bouillir; écumez avec soin, quc froide clarifiée selon la règle. Remuez ce et faites cuire à petit feu pendant deux ou trois mélange avec une cuillère d'argent ; ensuite heures: passez la gelée au lamis, et laissez-la refroi vous pilez dix livres de glace, que vous placez dir jusqu'à ce qu'on puisse y tenir le doigt. dans un grand tamis ou dans une grande terrine. Battez deux blancs d'æuſs avec un verre d'eau ; Vous incrustez votre moule d'entremets au milieu ajoutez cette eau d’æufs à la geléc, qu'on remet de cette glace , en ayant soin qu'il en soit entouré sur le feu dans une grande casserole non cou d'une égale épaisseur et jusqu'auprès du bord. verte. Après avoir versé la gelée dans le moule, vous le Faites bouillir pour concentrer la gelée; enle- couvrez avec un couvercle de casserole, sur lequel vez les écumes à mesure qu'elles se forment. vous mettez un peu de glace. Essayez de temps en temps la gelée, en en ré-1. Trois heures de temps suffisent pour la congé- pandant quelques gouttes sur une assiette, qu'on lation de ces sortes de gelées. expose à un courant d'air frais; lorsque les gouttes Étant prêt à servir, vous prenez une casserole refroidies acquièrent beaucoup de consistance, assez grande pour y faire entrer le moule aisé- passez la gelée à l'étamine, et laissez-la refroidir. ment; vous l'emplissez à la moitié d'eau chaude, Cette gelée peut se conserver en hiver pendant où l'on ne puisse tenir la main qu'avec peine. cinq ou six jours, et même plus si elle est très- Alors vous y plongez le moule avec promptitude, concentrée : en été, elle ne se conserve pas plus en ayant soin que l'eau passe par-dessus la gelée. de quarante-huit heures. Renversez aussitôt la gelée sur son plat en enlevant Il y a deux moyens de la conserver beaucoup le moule. Cette partie de l'opération exige une plus long-temps : l'un consiste à la faire bouillir extrême agilité. une fois par jour ; l'autre, c'est d'y ajouter une ou On doit avoir la précaution de ne jamais déposer deux onces d'esprit-de-vin par pinte de gelée. les gclées de fleurs et de fruits rouges dans aucun vase élamé; de même, de ne point les toucher Gelée de colle de poisson. — L'ichtyocolle avec des cuillères d'étain, parce que ces sortes ou colle de poisson provient de la membrane ou d'ustensiles rendent toujours les gelées d'un violet vessie natatoire de l'esturgeon qu’on a fait sécher; terne. Par cet inconvénient, au lieu de conserver la plus fine est roulée en petits angeaux. La colle leur couleur primitive et leur transparence qui de poisson est de la gélatine purc; et comme cette | font toute lcur beauté, elles devicnucul de très- GEL ( 237 ) GEL 1 1 1 pauvre mine. Tels sont les suites et résultats de Gelée de fraises. Pesez une livre de frai- l'inexpérience ou du manque d'attention. ses épluchées que vous presserez légèrement, et On fait également cette gelée de la manière sui- jetez-les dans quatre onces de sirop très-clair : vante : vous broyez les fleurs dans un mortier ; couvrez l'infusion, et laissez-lui passer la nuit. Le vous les mettez dans le sirop tiède seulement , et lendemain matin, vous la filtrez à la chausse. laissez l'infusion se faire pendant cinq à six heu- Pendant ce temps, vous clarifiez huit onces de res; après quoi vous la passez à la serviette fine, sucre selon la règle; mais dès l'instant qu'il est et la mettez avec la colle et le rossolis. A l'égard presque clarifié, vous jetez dedans une pincée de de la colle de poisson, pour en obtenir une once graines de cochenille pour le teindre d'un beau clarifiée, il faut en employer deux gros en plus, rose; après l'avoir passé au tamis, vous y joignez attendu la perte qui se fait par la clarification. une once de colle de poisson et le suc de deux ci- Cette observation s'applique à toutes les gelées en trons bien sains, ensuite vous y mêlez le fruit. général. Remuez légèrement la gelée, que vous aurez soin de mouler de suite, et mettez-la à la glace. Ob- Gelée printanière à la rose. - Clarifiez servez surtout que le sucre et la colle ne doivent douze onces de sucre; versez dedans une tren être que tièdes lorsque vous les mêlez ensemble. taine de belles roses effeuillées et une pincée Cette remarque s'applique généralement à toutes de graine de cochenille. Couvrez parfaitement l'in- les gelées d'entremets. fusion; dès qu'elle n'est plus que tiède, passez-la Lorsqu'on n'a pas le temps de passer le fruit à au tamis. Joignez-y un demi-verre d'eau de rose la chausse, on jelte tout simplement les fraises distillée et un demi-verre de kirchwasser, puis dans le sirop en ébullition, avec une pincée de une once de colle de poisson clarifiée. graines de cochenille. Vous couvrez l'infusion et Pour le reste de l'opération, V. la recette pré- la laissez refroidir, et vous terminez la gelée en y cédente. joignant la colle nécessaire. On procédera de même que ci-dessus pour pré- Lorsque la saison permet de mêler aux fraises parer des gelées de jasmin , de tubéreuse, de jon- une livre de groseilles blanches, on supprime le quilles et d'aillets. Pour une gelée d'entremets, suc de citron et la cochenille. on emploiera seulement quatre onces de l'une de La gelée de framboises se prépare de point en ces fleurs effeuillées. point comme la précédente, avec cette différence que vous employez une livre de framboises et une Gelée de fleur d'orange au caramel. livre de groseilles blanches. Lorsque vos douze onces de sucre sont clarifiées, vous en faites cuire la moitié au caramel, c'est-à- Gelée de groseilles rouges. Égrenez une dire que vous lui laissez prendre couleur sur un livre de belles groseilles rouges bien transparentes, feu modéré; aussitôt qu'il est teint d'un beau puis quatre onces de f puis quatre onces de framboises ; et après en avoir jaune rougeâtre, vous le retirez du feu, et jetez pressé le jus, vous le filtrez à la chausse et le mê- dedans une once quatre gros de fleur d'orange lez avec douze onces de sucre et une once de colle cueillie du jour ; mais vous la mêlez au caramel clarifiée. Pour le reste du procédé, vous suivrez avec une cuillère d'argent, et lorsque ce mélange les détails donnés à l'article de la gelée de violette. est froid, vous y versez deux verres d'eau filtrée On met une pincée de graines de cochenille et toute bouillante. Laissez ainsi le caramel se dis dans le sirop lorsque les groseilles sont trop nou- soudre sur des cendres rouges; ensuite, vous pas velles, parce qu'elles ne donneraient pas assez de sez ce sirop au lamis ou à la chausse , s'il est né couleur à la gelée. cessaire. Lorsqu'il est passé, vous mêlez avec cette La gelée de groseilles blanches se prépare de la infusion le reste du sucre et une once de colle même manière que la précédente, en y joignant clarifiée : moulez la gelée comme de coutume. des framboises blanches ; mais cette sorte de gelée est toujours opaque et d'une teinte un peu trou- Gelée de fleur d'orange au vin de Cham- blée. pagne. Après avoir clarifié dix onces de sucre, vous jetez deux onces de fleur d'orange, nouvelle- Gelée de cerises. Otez les noyaux et les ment cueillies, dans ce sirop presque bouillant. queues à deux livres de belles cerises bien sucrées Couvrez-le parfaitement; lorsque l'infusion est et d'une bonne maturité. Ajoutez quatre onces de presque froide, passez-la au tamis de soie. Mê- groseilles rouges égrenées; pressez ce fruit pour lez-y une once deux gros de colle et un verre et en exprimer le jus, que vous filtrez ensuite à la demi de bon vin de Champague mousseux : ter chausse; après quoi vous le mêlez avec trois quar- minez l'opération de la manière accoutumée, terons de sucre clarifié selon la règle, et une ouce 17 GEL ( 259 ) GEL de colle de poisson. Vous terminez l'opération de la nécessaire, vous terminez le procédé comme de manière accoutumée. coutume. La gelée de merises se prépare de la même ma La gelée de pêches se prépare de la même ma- nière. nière. Gelée des quatre fruits. - Ayez quatre on- Gelée d'ananas. Ayez un bel anapas bien ces de belles cerises, quatre de framboises, quatre mûr et d'un bon fruit; vous le coupez menu, et le de fraises, et huit de groseilles rouges. Pressez le jetez dans le sirop en ébullition : laissez-lui jeter tout et faites filtrer ensuite ce jus par la chausse ; quelques bouillons, et passez-le au tamis de soic. vous le mêlerez après cela dans la dose de sirop et Lorsqu'il est presque froid, joignez-y un peu de ca- de colle nécessaire à l'opération. Finissez la gelée ramel pour teindre la gelée d'un beau jaune, puis suivant la règle. le jus de deux citrons et une once de colle de pois- son clarifiée. Pour le reste du procédé, voyez la Gelée de verjus. Égrenez deux livres de gelée de violette. beau verjus; ensuite pilez une poignée d'épinards : Lorsque le fruit est bien mûr, on le presse forte- joignez-y le suc de verjus, et le tout étant parfaitement, et ensuite on le filtre à la chausse; la gelée ment broyé, filtrez-le à la chausse, ce qui doit vous en est plus claire. On emploie au même effet le donner une liqueur d'un vert très-tendre et très suc d'ananas qui nous vient des Antilles (V. ANA- clair. Alors vous la mêlez dans douze onces de su NAS). cre et huit gros de coile clarifiée. Vous terminez la gelée de la manière accoutumée. Gelée d'oranges de Malte.--Vous exprimez le jus de douze oranges et de deux citrons bien Gelée de raisin muscat.-- Après avoir égrené sains : ayez soin d'ôter les pepins qui pourraient deux livres de raisin muscat rouge et de bonne se trouver dans le jus, parce qu'ils donneraient de maturité, vous le pressez fortement pour en expri- l'amertume à la gelée. Ensuite vous zestez, aussi iner le suc, que vous filtrez ensuite à la chausse. mince que possible, le zeste de deux grosses oran- Vous le mêlez avec dix onces de sucie, une de colle ges bien douces; vous versez le jus et le zeste dans de poisson clarifiée et le jus de deux citrons. Suivez la chausse, et quand il est filtré vous le mêlez le reste du procédé comme il est désigné pour la dans le sirop que vous aurez teint d'un beau rouge gelée de violette. avec de la cochenille. Vous y joignez aussi deux gros de colle clarifiée, et suivez le reste du procédé Gelée d'épine - vinette. Vous égrenet de la manière accoutumée. deux livres d'épine-vinette grosse, claire et bien mùre; le sirop étant en ébullition, vous y versez Gelée d'oranges en écorces. Choisissez dix le fruit; après quelques bouillons, vous couvrez belles oranges bien faites, dont l'écorce sera fine et l'infusion, et la passez au tamis de soie. Quand elle foncée en couleur ; vous les coupez avec un coupe- est presque froide, vous y joignez une once de racine de quinze lignes de diamètre, de manière colle de poisson, et terminez l'opération selon la que le bouton de la queue de l'orange se trouve règle. parfaitement au milieu du petit couvercle de l'o- range que vous enlevez avec le coupe-racinc. En- Gelde de grenades. - Égrenez cinq grenades suite, avec une petite cuillère à café, vous videz bien rouges et bien mûres; exprimez-en le jus en peu à peu les oranges, en les dégarnissant en pressant fortement les grains sur un tamis de crin: grande partie de la pelure blanche qui renferme filtrez ce jus à la chausse, et mêlez-le avec le si le jus du fruit. Au fur et à mesure que vous avez rop, que vous aurez teint légèrement de rose avec une orange vidée, vous la plongez daus une grande quelques graines de cochenille ; ensuite joignez-y terrine pleine d'eau fraîche, afin que l'écorce se la colle nécessaire, et finissez la gelée de la ina raffermisse et reprenne sa fraîcheur primitive. Vous nière accoutumée. faites filtrer à la chausse, pendant que vous videz une autre orange comme la première, et vous avez Gelée d'abricots. Otez les noyaux de dix les mêmes attentions pour vider le reste des oran- huit abricots de plein-vent, bien rouges en cou ges; sepl oranges sont suffisantes pour un entre- leur; cuisez-les six par six dans le sirop que vous mets. Ayez soin, en les vidant, de ne point percer aurez soin de tenir un peu plus léger que de cou l'écorce avec la cuillère. Lorsque cela arrive, ou tume. Le fruit étant cuit, vous le passez à la ser remédie à ce petit accident en bouchant la place viette pour en exprimer le suc autant que possi- endommagée avec un peu de beurre (afin que la ble : vous y joignez le sirop que vous aurez passé gelée ne ſuie pas); mais, pour cela, il faut que le au tamis de soie; ct, après y avoir mêlé la colle dommage soit peu de chose, sinon vous recom- GEL ( 260 ) GEL Gelée au café Moka. Mettez quatre onces Gelée au parfait amour. Zestez aussi de cafė Moka dans un moyen poêlon d'office, et mince que possible un cédrat et deux citrons bien torréfiez-le sur un feu modéré, c'est-à-dire que sains; vous les mettez infuser avec six clous de vous le colorez sur un feu doux, en ayant soin de gérofle concassés dans le sirop presque bouillant ; le remuer continuellement, afin de lui donner une vous y joignez une pincée de graines de cochenille, couleur égale. Lorsqu'il est brûlé d'un beau jaune afin de colorer la gelée d'un rose tendre. L'infu- rougeâtre, vous en retirez le huitième; vous jetez sion étant froide, vous y mêlez un demi-verre de le reste dans trois verres d'eau filtrée et presque parfait amour, et la filtrez à la chausse ; ensuite bouillante. Couvrez parfaitement l'ébullition et la vous y mettez une once de colle, et terminez l'o- laissez refroidir. Pendant ce temps, faites bouillir pération. un demi-verre d'eau : en le retirant du feu, vous y jetez le huitième du café qui sera moulu ; et pour Gelée au punch. Jetez dans le sirop pres- précipiter le marc, vous y joignez un peu de colle que bouillant le zeste de deux citrons bien sains; de poisson. Quand il est bien reposé, vous le tirez couvrez l'infusion, et pendant qu'elle se refroidit, à clair et le mêlez avec l'infusion, que vous aurez filtrez à la chausse le suc de cinq citrons, que vous passée au lamis de soie. Vous faites filtrer cette li aurez pressés légèrement. Ensuite vous passez l'in- queur à la chausse, et la meltez ensuite avec douze fusion au tamis de soie. Vous y mêlez un verre de onces de sucre clarifié, une de colle et un demi- vieux rhum de la Jamaïque, et une once de colle verre de kirschwasser. Terminez l'opération de la clarifiée, après quoi vous terminez la gelée comme manière accoutumée. de coutume. Cette gelée doit être d'une teinte de café à l'eau Gelée de vin de Champagne rosé. -Clari- légèrement coloré. fiez douze onces de sucre avec une douzaine de Gelée au thé vert. - En clarifiant douze graines de cochenille, et passez-le au tamis de soie. onces de sucre, vous le colorez avec une cuillerée Mêlez-le avec la colle tiède; après quoi, joignez-y de suc d'épinards; et, après l'avoir parfaitement deux verres de bon vin de Champagne rosé, ce écumé, vous jetez dedans deux gros de thé heys- qui vous donnera une gelée savoureuse et d'un vyn. Couvrez l'infusion, et laissez-la refroidir. Vous beau rose transparent. Ensuite moulez-la selon la y joignez un demi-verre de rack , et la filtrez à la règle. chausse; après quoi vous y joignez la colle néces On procédera de même que ci-dessus pour con- saire, et suivez le procédé comme il est dit à la fectionner des gelées de vins de Malaga, d’Alicante, gelée de violettes. de Constance, de Tokai, de Calabre, de Chypre, et autres vins de liqueurs. Gelée d'essence d'angélique verte. - Après On ne mettra pas de cochenille avec les vins avoir lavé et bien essuyé deux onces de racine qui auront assez de couleur pour colorer la gelée. dans le sirop bouillant, en y joignant une once de Après avoir clarifié graines d'angélique concassée. Couvrez parfaite- trois quarterons de bon sucre royal, vous le mêlez ment l'infusion. Lorsqu'elle est froide, mêlez-y un avec une once de colle de poisson à tiède, et vous demi-verre de kirschwasser, et passez l'infusion y joignez un verre et demi de vrai marasquin de au lamis de soie. Faites filtrer le tout à la chausse; Dalmatie. Le reste du procédé se termine comme ensuite ajoutez-y une once de colle de poisson. de coutume. Pour le reste, suivez les procédés décrits. Les gelées d'anisette de Bordeaux, de kirsch- Cette gelée doit être colorée d'un vert extrême- wasser, et autres liqueurs tant exotiques qu'indi- ment léger et transparent. gènes, se font de même que les précédentes, comme, par exemple, les eaux d'or, d'argent et Gelée d'essence de menthe. - Le sirop étant de la côte ; les crèmes de cacao, de Moka, d'Ara- presque en ébullition, vous jetez dedans douze bie, des Barbades, de Malte, de rossolis, de scu- gros de menthe frisée, nouvellement cueillie, et bac, etc. le zeste de deux beaux citrons bien sains. Couvrez l'infusion , et lorsqu'elle n'est plus que tiède , Gelée-macédoine de fruits au transparent. délayez un demi-gros d'essence de menthe poi - Après avoir préparé la gelée de fraises, comme vrée dans un verre d'eau tiède. Mêlez-y un demi- | il est indiqué précédemment pour la recette de verre de kirschwasser; après quoi vous finissez la cette gelée, vous placez un grand dome bien geléc, en y mêlant une once de collc clarifiée, et droit dans dix livres de glace pilée. Vous posez le l'infusion que vous aurez passée au tamis de soie petit dôme dans le grand, que vous remplissez de ou à la chausse, s'il est nécessaire. gelée. Pendant sa congélation, vous épluchez une GEL ( 261 ) GEL une vingtaine de fraises ananas et autant de petites, çant au milieu un bigarreau, que vous entourez fraises ordinaires bien roses, puis autant de belles de guignes ; vous y placez une seconde couronne framboises blanches, une douzaine de belles grap en groupant les quartiers droits le long de la gelée. pes de groseilles blanches et autant de rouges (n'é- Vous garnissez le milieu avec le reste des quar- grenez point ces fruits); lavez-les seulement et tiers du fruit. Vous faites une dernière couronne égouttez-les sur une serviette; mais ayez soin de neles en plaçant une cerise et un bigarreau. Suivez le toucher que le moins possible, afin de ne pas nuire à même procédé pour garnir le reste de la couronne. leur fraîcheur primitive; ensuite, lorsque la gelée Tous les fruits étant placés, vous remplissez le est prise, vous remplissez aux trois quarts le petit moule du reste de la gelée conservée à cet effet. dôme avec de l'eau chaude, pour le détacher de la Quand vous êtes prêt à servir, vous renversez la gelée, ce qui s'opère en un clin-d'ail. Alors vous gelée, en suivant les procédés indiqués pour la l'enlevez avec attention du grand dôme, qui, par gelée de violettes. ce moyen, se trouve vide de tout le volume du Cette gelée est d'un effet encore plus pittores- petit. que que la précédente. Vous placez dans la gelée et au milieu, des On fait également cette macédoine, en y joi- grappes de groseilles blanches, que vous entourez gnant quelques fraises, framboises et groseilles; d'une couronne de fraises ananas, ensuite on pourrait garnir le moule d'une gelée de raisin couronne de framboises blanches; puis vous versez muscat; on pourrait aussi garnir le moule d'une dessus deux ou trois cuillerées de gelée conservée, macédoine de fruits rouges, mêlés d'une gelée de et la laissez se congeler. Vous continuez à garnir verjus ou d'une autre gelée blanche à volonté. l'intérieur de la gelée, en plaçant sur les fram- boises une couronne de fraises ordinaires, ensuite Gelée - macédoine de prunes à l'épine- une couronne de groseilles blanches. Vous garnis- vinette. - Remplissez le moule (décrit précé- sez le milieu de ces fruits avec le reste des fram- demment) de gelée d'épine-vinette (V. la ma- boises, des groseilles blanches et de petites fraises;nière de faire cette gelée); et durant sa congéla- vous y joignez trois cuillerées de gelée, et conti- tion, séparez en deux six belles prunes de Monsieur, puez à placer sur les groseilles blanches une cou six reine-claude, douze mirabelles bien jaunes, et ronne de fraises ananas, ensuite une de groseilles quelques petites grappes d'épine-vinette , avec une rouges. Vous placez au milieu le reste des fruits, vingtaine de gros grains de raisin noir ou muscat et achevez de remplir le moule de gelée. Le tout rouge. Vous finissez le reste du procédé, en plaçant étant frappé par la glace, vous trempez le dôme et disposant les fruits avec goût et régularité. dans une casserole d'eau chaude, et le retirez tout de suite, en plaçant dessus un plat d'entremets, Gelée-macédoine d'oranges rouges au jus que vous retournez. Vous enlevez le moule avec de cédrat. Garnissez le moule de gelée de cé- promptitude; alors vous voyez au milieu de la drats, comme il est décrit à l'article gelée d'o- gelée transparente les fruits que vous y avez grou- ranges; et pendant que la gelée se forme, vous pés avec symétrie, et l'ensemble de cet entremets tournez, comme pour compote, quatre moyennes est d'un effet délicieux. oranges dont le fruit sera rouge. Ensuite vous les On peut également préparer ces sortes de ma coupez par quartiers, dont vous aurez soin d'ôter cédoines dans le même genre que les aspics ordi- les pepins. La gelée étant prise, vous garnissez naires ; alors on emploiera telle forme de moules l'intérieur du fruit, que vous placez avec symé- que l'on jugera préférable. trie; après quoi vous achevez de garnir le moule avec le reste de la gelée, et terminez l'opération de Gelée-macédoine à la d'Escars. Prépa- la manière accoutumée. rez la gelée de verjus selon les procédés décrits à la recette de cette gelée. Remplissez le moule de Gelée-macédoine d'hiver aux fruits à même que ci-dessus; et pendant sa congélation, l'eau-de-vie.—Ayez en fruits à l'eau-de-vie une pê- pelez une belle pêche rouge en couleur, et cou- che, deux abricots, quatre prunes de reine-claude, pez-la par quartiers. Vous en faites autant d'un deux petites poires, douze cerises, le double de gros abricot de bon fruit et coloré autant que pos- gros grains de verjus, quelques framboises, des sible, puis d'un brugnon bien mûr, coupé en qua grains de cassis, et quelques petits citrons verts. tre; ensuite vous épluchez une douzaine de gui- Égouttez parfaitement ces fruits sur une serviette ; de bigarreaux et de belles cerises. placez-les avec goût dans la gelée qui sera d'une Lorsque la gelée est prise suffisamment, vous en liqueur quelconque. Quant au reste du procédé, détachez le petit dôme, comme il est dit ci-des- suivez les détails décrits pour la macédoine de sus. Vous garnissez l'intérieur de la gelée en pla- fruits rouges. GÉL ( 262 ) GEN Gelées fouettées. Après avoir préparé la GENIÈVRE, fruit du genevrier. On s'en sert gelée de fraises telle qu'elle est indiquée précédem- quelquefois comme assaisonnement, par exemple, ment, vous en versez le quart dans le moule qui doit dans la cuisson des jambons et dans la chou- être mis à la glace; et dès l'instant que cette gelée croûte. On en fait aussi quelques liqueurs vul- est légèrement prise, vous ôtez le moule de la glace gaires, et notamment le ratafia de Sénac. où vous placez un petit bassin (ou une petite poêle d'office) dans lequel vous versez le reste de la GÉNOISE, pâtisserie d'entremets. gelée; puis, avec un fouet de rameaux de buis, vous remuez doucement la gelée de même que si Génoises à l'orange. - Après avoir émondé vous fouettiez des blancs d'æufs, ce qui bientôt quatre onces d'amandes douces, vous les pilez et opérera le même effet sur la gelée qui, par ce les mouillez peu à peu avec la moitié d'un blanc travail, devient mousseuse et blanchit comme le d'æuf, et quand elles sont parfaitement pulvéri- font les blancs fouettés; enfin, lorsque la gelée sées, et qu'aucun fragment d'amandes n'est plus est transformée en une crème veloutée et très aperçu, vous les mettez dans une moyenne ter- blanche, vous la versez dans le moule, que vous rine avec six onces de farine, six de sucre en pou- replacez de suite à la glace, afin que la gelée soit dre (dont deux saturées de zestes d'orange), six frappée en trois quarts d'heures; après quoi, vous jaunes d'æufs, deux aufs entiers, une cuillerée de la démoulez selon la règle. bonne eau-de-vie et un grain de sel. Travaillez Il est important de verser la gelée aussitôt qu'elle ce mélange avec la spatule pendant six minutes, est à son degré; car, si on attend quelques mi- ensuite remuez avec la spatule six onces de beurre fin que vous aurez mis à la bouche du four, afin nutes seulement, quoiqu'en la fouettant toujours, elle épaissit au point qu'elle ne prend plus les qu'il s'amollisse sans se fondre. Cependant, lors- formes du moule, et par ce résultat, lorsque vous qu'il est bien moelleux et bien velouté, vous le mêlez dans un coin de la terrine avec un peu d'ap- renverserez cette gelée, elle sera toute diſforme par les cavités qui se sont faites en versant la ge- pareil, et après dans la masse entière. Travaillez lée trop prise dans le moule. encore ce mélange quatre ou cinq minutes, afin de bien amalgamer le beurre dans la pâte ; vos Il est facile de s'apercevoir que les gelées fouet- génoises seront alors terminées. tées ne sont autre chose que des gelées ordinaires que l'on fouette sur la glace ; ainsi on pourra, par rebord ; ou si vous n'avez pas sous la main les us- Vous beurrez après une plaque ou un plafond à les mêmes procédés, travailler toutes les gelées tensiles nécessaires à cette opération, vous faites décrites dans les chapitres précédents. deux, caisses de papier de neuf à dix pouces. Mê- Il est important de remarquer que la gelée se lez dans une petite terrine quatre onces de sucre comprime quelquefois trop vite par le grand froid très-fin, avec un peu de blanc d'œuf et une cuille- de la glace ; alors, vous y mêlez , par intervalle, rée de marasquin ; finissez l'opération en faisant une cuillerée d'eau plus que tiède, ce qui facilite cuire au four et à feu doux. l'opération. Vous procédez de même pour les génoises au On doit remarquer que ces sortes de gelées de- rhum, mandent à être un peu moins collées que les autres, Génoises aux pistaches. Après avoir émondé quatre onces de pistaches, vous les pilez GÉLINOTTE DES BOIS, sorte de poule avec un peu de blanc d’æuf, afin qu'elles ne tour- sauvage qui se trouve surtout dans les forêts du nent pas à l'huile ; vous les mêlez dans l'appareil Cantal et des Ardennes. en place d'amandes ordinaires. Joignez-y une C'est un oiseau qui vit solitairement dans les bois; cuillerée d'essence de vert d'épinards passé au ta- mais c'est sur les montagnes couvertes de sapins mis de soie. que les gélinottes se tiennent de préférence, parce Lorsque les génoises sont cuites à point, vous qu'elles font des pignons leur principale nourri- les masquez avec quatre onces de sucre travaillé ture. On ne les mange que rôties, et c'est un co dans un blanc d'auf, et la moitié du suc d'un ci- mestible des plus recherchés. On peut même tron, afin que ce glacé soit d'ose parfaite blan- ajouter que la gélinotte, le râle-de-genet et l'en-cheur ; ce qui fera un très-joli effet sur ces gé- goulvent sont les plus estimés des gibiers de noises, dont l'épaisseur doit être d'un vert extrê- plume. mement tendre. On connaît aussi une gélinotte d'eau, qui par Vous pouvez faire vos génoises comme de cou- ticipe de la poule et du canard ; elle s'apprête tume, anx amandes douces, puis vous lacherez comme le canard sauvage et la sarcelle. vos pistaches; et après avoir glacé vos gâteaux de GIM ( 263 ) GLA même que ci-dessus, vous semez par-dessus vos GINGEMBRE (V, AROMATES et QUATRE pistaches. Cette manière est aussi distinguée que la ÉPICES). précédente. GLACE, en terme de cuisine, est un jus de Génoises aux avclines.- Pilez parfaitement viande ou un fond de cuisson qu'on a fait réduire six onces d'avelines émondées; puis vous en re- jusqu'à ce que la partie aqueuse en soit pres- tirez un tiers, et mêlez le reste dans l'appareil. qu'entièrement évaporée; le jus est alors étendu Lorsque vos génoises sont cuites, vous les coupez au fond de la casserole, en forme de couche mince et en croissant. Ne les remettez pas sécher comme transparente: c'est ce moment qu'on choisit pour de coutume; ensuite mêlez les deux onces d'ave- y passer les viandes qu'on veut gtacer. lines conservées dans une petite terrine, avec qua- Lorsqu'on fait suer une viande pour en ex- tre onces de sucre très-fin, et le quart d'un blanc traire le jus, comme cette opération se fait sans d’auf. Masquez vos génoises avec ce glacé, et mouillement, le jus est à l'état de glace, et l'on doit donnez-lui une belle couleur jaune. se hâter de le délayer pour empêcher qu'il ne brûle. Génoises perties au raisin de Corinthe. Il est impossible d'amener les sucs des viandes - Vous procédez de même que ci-dessas ; puis à l'élat de glace sans qu'ils éprouvent un commen- entre chaque perle vous placez un beau grain de cement d'altération ; mais quand cette altération raisin de Corinthe bien lavé. Vous pouvez en ne dépasse pas un certain terme, ses effets se bor- mettre un plus petit sur chaque perle. nent à exalter la saveur de leurs sucs. Vous pouvez ainsi meringuer vos génoises de toutes formes possibles, soit en losange, en carré, GLACE, en terme de confiseur, est le suc épaissi en long et en croissant : cette dernière forme est d'un fruit qu'on vient de confire, et qu'on em- la plus élégante. ploie à l'état de gelée translucide, afin d'en recou- vrir ce même fruit (V, ABRICOTS, MARRONS et GÉSIER. On nomme ainsi l'estomac des oi- autres CONSERVES). seaux. Cet organe est très-charnu dans toutes les espèces qui appartiennent à la famille des galli- d'un liquide sucré par le moyen de la congéla- GLACE, en terme d'office, est la condensation nacées (le coq et la poule sont les types de cette famille); la chair en est assez tendre, mais elle est tion. Nous allons en indiquer la formule. à peu près dépourvue de saveur. Glace de veau. - Ayez un cuissot de veau La membrane intérieure du gésier a la pro- que vous coupez en quatre parties , trois poules , priété de coaguler le lait comme la présure, et une bonne quantité de légumes entiers; faites écu- c'est une des substances employées le plus fré- mer le tout dans une casserole, que vous rempli- quemment pour cet usage. rez de consommé. Cela fait, mettez-le sur un feu GÉROFLE (V. AROMATES EXOTIQUES), doux pour faire mijoter trois ou quatre heures ; passez ensuite votre glace à travers une serviette GIBELOTTE, préparation qui suppose tou- fine, afin qu'elle soit très-claire. jours qu'une chose a été dépecée. Autrefois le On peut aussi tirer de la glace avec des parures mot gibelotte était synonyme de capitotade; ou débris de viande que l'on met dans une casse- mais l'usage ne s'en est conservé qu'à l'égard du role avec beaucoup de légumes, du bouillon ou lapin et de l'oison de ferme (V. LAPIN.) de l'eau que l'on fait écumer avec la viande. On fait mijoter jusqu'à ce que les viandes soient cui- GIBIER, dénomination générique applicable tes. Quand le mouillement a été passé, on met la à tous les animaux sauvages dont on mange la glace dans une casserole, sur un fourneau ardent, chair. On distingue le gibier proprement dit, en et on fait réduire jusqu'à ce qu'elle devienne venaison noire ou blanche, en gros gibier épaisse comme une sauce. Ne mettez point de sel à plumes, en gibier à poil, en gibier fin et dans votre glace, dont la réduction produira l'as- en petits pieds (V. page 199 et suivantes). saisonnement. Il ne faut jamais y employer les viandes noires, GIGOT (V. AGNEAU, CHEVREUIL et Mou comme gibier, mouton et bæuf , parce que la TON). glace deviendrait de couleur trop sombre et de sa- veur trop forle. GIMBLETTES, pâtisseries dites de menu service ou de petit four (V, CROQUIGNOLES et Glace de cuisson. Passez au tamis de soie CROQUEMBOUCHE). le mouillement d'un ragoût quelconque, faites-le GLA ( 264 ) GLA - réduire jusqu'à l'état de glace, et joignez-y, à l'ins- | sens et tantôt dans un autre, au moyen de la poi- tant du service , un peu de beurre frais afin d'en gnée. Cette maneuvre doit durer plus ou moins, corriger l'âcreté. selon la nature du liquide et l'intensité du froid Glace de racines au maigre (V. Po- produit. Elle ne doit jamais se prolonger au-delà de dix minutes. TAGES). Ensuite on ouvre de temps en temps la sorbe- Glace d'olice. tière pour remuer le liquide glacé en partie et ra- mener au centre ce qui est près de la circonfé- La crème unie à un arôme, les sucs de fruits rence; par ce moyen on donne plus d'homogénéité et les sirops sont toujours la base de ces compo- à la masse. sitions. Lorsque le liquide est bien exactement condensé, On les fait congeler en les soumettant à l'action on peut le servir; mais si l'on est obligé de le d'un mélange de glace pilée et de sel qui produit garder, on laisse la sorbetière dans la glace , et on un froid de plusieurs degrés au-dessous de zéro. remue de temps en temps le contenu avec une espèce de houlette faite exprès pour ce travail. Procédé pour glacer les liquides. Il Si le liquide glacé est trop grenu, on y ajoute faut se munir d'une sorbetière, d'un seau propre un peu de sirop de sucre, et on le travaille en le à la contenir, de glace et de sel. On prend ordi remuant avec ladite houlette. nairement pour cet usage le sel des salpétriers, qui est moins pur et plus actif que celui dont on Glaces à l'eau de fruits, se sert pour assaisonner les aliments. La sorbetière est un cylindre en étain d'environ Glace de cerises. Prenez deux livres de huit à dix pouces de hauteur. Ce cylindre est ter- cerises bien mûres et non tournées; mettez-les miné par le bas en hémisphère et ouvert par le dans un poêlon avec un quarteron de sucre (après haut. On le ſerme avec un couvercle portant une en avoir ôté les queues et les noyaux); posez le forte poignée. Le couvercle s'ajuste à frottement poêlon sur le feu, et faites jeter un bouillon cou- avec la sorbetière, de sorte qu'en faisant tourner vert. Versez les cerises sur un tamis et pulpez-les, le premier, celle-ci est entraînée dans le mou- de manière à ce qu'il ne reste sur le tamis que les pellicules. Broyez une poignée de noyaux, et met- vement. C'est dans la sorbetière qu'on verse le liquide à tez-les infuser pendant une heure avec le jus de deux citrons et un peu d'eau; ajoutez cette infu- glacer. Le seau doit être en bois, assez profond pour sirop clarifié cuit au lissé. sion à ce qui a passé des cerises avec une livre de que la sorbetière puisse y être plongée en entier, et sirop clarifié cuit au lissé. assez large pour qu'il reste autour de celle-ci un Procédez comme il est prescrit ci-dessus. espace de trois à quatre pouces suivant la grosseur Glace de fraises. · Choisissez des fraises les de la sorbetière; c'est dans cet intervalle qu'on plus mûres et les plus parfumées ; passez-les au met la glace. Le seau doit être muni d'un cou- tamis fin pour en séparer les graines. vercle en bois et emboitant par dehors. Pour chaque livre de pulpe, ajoutez une livre La glace doit être pilée aussi fin qu'il est pos- de sirop cuit au lissé et le jus de deux oranges sible sans la faire fondre. rouges. La quantité de sel qu'on doit ajouter à la glace dépend du degré de consistance qu'on veut don- Glace de framboises. Procédez en tout ner au liquide à glacer, et de sa nature. comme pour la glace de fraises. Le maximum de la quantité de sel qu'on peut de groseilles, ei ajoutez-y un quarteron de fram- Glace de groseilles. -- Égrenez deux livres employer est d'une livre sur deux de glace. Lors- qu'on opère dans ces proportions, le froid produit livre de sucre, et faites jeter un bouillon couvert. boises; mettez le tout dans un poèlon avec demi- est de quinze à dix-huit degrés sous zéro; mais on n'a jamais besoin , pour faire de bonnes glaces, dant. Ajoutez au jus exprimé une livre de sirop Versez le tout sur un liuge et exprimez en lor- d'un froid aussi intense. Lorsqu'on a préparé le liquide à glacer, on le cuit au lissé. Procédez comme pour les autres met dans la sorbetière qu'on place dans le seau, glaces. où l'on a déjà mis une couche de glace mélangée Glace à la fleur d'orange. Prenez un de sel. On achève de remplir l'intervalle entre le quarteron de fleurs d'orange dont vous ne con- seau et la sorbetière avec le mélange. servez que les pétales ; couvrez la fleur, lit par lit, On fait tourner la sorbetière, tantôt dans un de sucre en pondre, et laissez-la macörer ainsi GLA ( 265 ) GLA . . . . Pendant une heure; ensuite versez sur le tout deux livres d'eau bouillante et le jus de deux ci- Glaces à la Crème. trons; couvrez le vase, et laissez infuser pendant deux heures. Glace à la vanille. — Faites bouillir une Après ce temps, passez au tamis de soie, et ser- pinte de crème, et versez-la toute bouillante sur vez-vous de cette eau pour faire la glace. une infusion de vanille bien givrée; laissez infuser Il faut employer de très beau sucre, puisqu'on pendant deux heures, et passez au tamis. ne le clarifie pas. Prenez les jaunes de huit aufs frais; délayez-les On peut se servir aussi d'eau distillée de fleurs dans la crème, et mettez le tout sur le feu au d'oranger. bain-marie; remuez continuellement jusqu'à ce Glacé à l'abricot. que la crème prenne une consistance suffisante, Prenez des abricots de Passez-la à l'élamine, et lorsqu'elle sera froide plein-vent bien mûrs; pulpez-les sur un tamis . procédez comme pour les autres glaces. Ajoutez pour chaque livre de sucre une livre de si- rop cuit au lissé. Pulvérisez une douzaine d'aman- Glace à la fleur de cédrat (formule du des, des noyaux, et mettez-les infuser avec un peu château de Bellevue.) d'eau et le jus de deux citrons; passez celle infu- sion, et ajoutez-la à la pulpe. Du reste, procédez Prenez Crème.. 1 pinte. comme à l'ordinaire. (Cette méthode est celle de OEufs. 8 jaunes. Gobier du Lompier, ancien chef d'office de la Sucre. 3 quarterons, maison de MESDAMES de France. Fleurs de cédrat mises en poudre. . . 2 onces. Glace aux pêches. Procédez comme pour la glace d'abricols. Mettez le tout ensemble, et faites cuire la crème au bain-marie. Passez et laissez refroidir. Glace à la mirabelle, Procédez comme On peut aussi employer toute autre fleur, en pour la glace d'abricots, et suivez la même pres-procédant comme il est prescrit. cription pour opérer des glaces aux prunes de Glace de crème à la fleur d'orange gril- reine-claude, au perdrigon rouge et au melon lée. Elle se fait comme celle qui est formulée cantaloup, ci-dessus , à l'exception qu'on fait caraméliser une portion du sucre, el qu'on l'ajoute à la crème lors- Glace au citron. Mettez infuser dans une qu'elle est à peu près cuite. livre de sirop cuit au lissé les zestes de deux ci- trons. Le sirop doit être chaud. Exprimez le jus de Glace de crème aux pistaches. — Mondez huit citrons, et ajoutez-le au sirop. Si le tout est une demi-livre de pistaches et pilez-les le plus fin trop sucré, ajoutez de l'eau distillée en quantité possible, avec un peu de crème et le zeste d'un suffisante. citron. Les pistaches étant bien en påte, on les met Glace à l'orange. - Employez les zestes de dans un poêlon avec huit jaunes d'auſs et trois trois oranges et le jus de huit oranges et de deux quarterons de sucre en poudre; on mêle bien le citrons. Procédez comme ci-dessus. tout, et on ajoute successivement une pinte de crème; faites cuire au bain-marie; passez à l'éta- Glace à la bigarade. — Employez les zestes mine et laissez refroidir, après avoir ajouté trois de deux bigarades et le jus de huit avec celui de cuillerées de suc d'épinards pour colorer cette deux citrons. Il faut une livre et demie de sirop. glace en vert pistache. Glace au chocolat à la crème. — Délayez Glace à l'ananas. — Coupez un ananas par huit jaunes d'æufs avec une pinte de crème et une tranches sans en rien retrancher; couvrez-les de beau sucre en poudre, et laissez macérer pendant bain-marie. Pendant ce temps faites fondre une demi-livre de sucre en poudre. Faites cuire au deux heures. Versez alors sur le tout deux livres demi-livre de chocolat dans un verre d'eau ; lors- d'eau bouillante et le jus de deux citrons ; laissez qu'il sera bien fondu, mèlez-le avec la crème, et encore infuser pendant deux heures. Si vous pour passez le tout à l'étamine; faites glacer comme à vez avoir du jus d'ananas des îles, la confection de l'ordinaire. cet appareil en sera plus facile, et l'arôme en sera beaucoup plus incisif. Passez au tamis, et terminez Glace au café. — Faites une forte infusion comme les autres glaces. de café à la Dubelloi. Employez du café peu brûlé. 1 GLA ( 266 ) GLA Délayez buit jaunes d'œufs avec une pinte de crè- Soit qu'on les fasse servir en forme de briques, me; ajoutez l'infusion de café avec une livre de en tasses, ou bien en fortes pyramides appelées sucre. fromages, il est assez connu qu'on peut entre- Faites cuire au bain-marie, etc. mêler plusieurs de ces différentes sortes de glaces en les panachant, c'est-à-dire en les disposant Fromage glacé. - Confectionnez une quan- par couches alternées, soit en hauteur et dans tité de glace quelconque. Lorsqu'elle est à son leurs moules à compartiments, soit par tranches point, remplissez-en un moule que vous plongerez horizontales et sur les tasses d'office usitées pour dans un mélange de glace et de sel. ce genre de service, On conseille de ne jamais Au moment de servir, on plonge rapidement le panacher ou joindre avec aucune autre les glaces moule dans de l'eau chaude, et la glace s'en déta- au café, au caramel, à la bigarade, ni aux liqueurs che facilement. épicées, parce que leur voisinage est nuisible au Ordinairement on forme le fromage avec des goût des autres et qu'il ne leur profite pas. Il n'en glaces de différente nature, et on les distingue par est pas ainsi des glaces aux vins d'Espagne ou de leurs couleurs. l'Archipel, qui se marient fort agréablement avec les glaces à la crème blanche, au suc d'ananas, à la Glaces en forme de fruits. — Lorsqu'on poire brune et aux fraises. Voici les meilleures désire que les glaces aient la forme et la couleur combinaisons de panachure, ainsi que nous les des fruits dont le suc ou le parfum a servi à les trouvons portées sur le Préceptoral des menus faire, on en remplit des moules d'étain, dont le royaux, pour l'année 1822; travail dont nous creux forme une empreinte de ces fruits. possédons les manuscrits signés par feu M. le duc On plonge ces moules, après les avoir envelop- d'Escars, premier Maître de l'hôtel du Roi. pés d'un morceau de papier, dans un mélange de glace et de sel. Lorsqu'on veut servir, on trempe N° 716. On pourra panacher, à volonté, les les moules ns l'eau chaude, on les essuie glaces de crème blanche avec toutes celles au suc l'instant même, et l'on en détache aisément les de fruits, à la réserve de celles au citron, à la bi- fruits glacés. garade et au verjus, non plus qu'avec les glaces à Toutes les glaces à la crème peuvent se diversi- l'épine-vinette qu'on servira toujours sans mé- fier à l'infini, car il ne s'agit, pour les varier, que lange ou voisinage adhérent. d'immiscer une autre substance dans la crème cuite ou crue qui en fait la base. On va se borner à dé N° 717. On devra, pour opérer les panachures, signer celles de ces combinaisons qui réussissent avoir égard, autant que possible, au formulaire le mieux. inscrit sur le tableau suivant; et s'il arrivait, par accident, qu'on ne puisse pas s'y conformer, on Glace à la crème à la fraise des bois. servira, pour ce jour-là, les fromages glacés en Glace à la crème aux framboises blanches, sorbetière et sans panachures. Cette règle est éga- lement pour les quatre premières tables et pour Glace à la crème à l'abricot et aux merises. les trois secondes tables en Cour de France. Glace à la crème aux pêches mignonnes. N° 718. Tableau des glaces à la crème avec Glace à la crème aux poires de roussetet, leurs adjonctions ou panachures les plus satisfai- santes. Glace à la crème aux liqueurs des fles. Crème blanche et Abricot. Glace à la crème à l'esprit d'angélique, Crème blanche et Orange. Glace à la crème à l'essence de menthe. Crème crue et Fraises. Glace à la crème au ratafia de noyaux. Lait d'amandes et Verjus muscat, Glace à la crème au vin de Chypre. Lait de chèvre et jus de Mûres. Glace à la crème à la Malvoisie – Alicante, Crème-pistache et suc de Pêche, Glace à la crème au melon sucrin. Crème-vanille et Framboises. Glace à la crème aux jaunes d'æufs de pin- Crème d'æufs et poire de Rousselet. Glace à la crème cuite et au pain de seigle. Crème au thé vert et jus de Cédrat, Glace à la crème crue et au beurre frais. Crème-chocolat et ratafiat de Cassis. son. GLA ( 267 ) GLA Ananas et Noix fraîches. suc de trois oranges, ou, si la saison ne le per- Crème à la cannelle et Melon cantaloup. met pas, le jus d'un citron doux : on mélange le tout sans briser les fruits, mais de manière à les Crème d'œufs et vin de Schiraz. diviser également et à faire bien dissoudre le sucre; Crème mousseuse et vin de Situval. après laquelle opération préliminaire on les fait glacer convenablement, jusqu'à consistance de Crème d'aveline et liqueur de Menthe. sorbet, Crème de noisette verte et Rossolis. Macédoine de fruits glacés au vin du Crème de Viry et Mirobolan. Cap. - Épluchez, pelez et partagez six abricots bien succulents, trois grosses pêches royales et Crème de Solteville et cau de Rhumo. douze prunes de reine-claude; épépinez quinze Crème double et purée de Merise. ou vingt grains de verjus rouge; coupez de la chair d'un melon bien mûr par tranches rondes Crème de pain bis et Beurre frais. en forme de deniers et de l'épaisseur d'une moitié d'abricot; coupez également en rouelles du même Les glaces nommées à la Plombières sont une volume un ananas de la moyenne espèce; épluchez espèce de sorbet dont les tasses doivent être rem- plies moitié de crème blanche à la vanille, et moi- soigneusement trois oranges de Malte en en retirant les pepins, ainsi que les peaux blanches et les tié de glace aux fruits rouges. On dispose habi- cloisons; enfin, mêlez avec tous ces fruits un tuellement à la surface de ces glaces, c'est-à-dire quarteron de grosses fraises, soit de l'espèce rose- au haut du gobelet qui les contient, quelques ananas, soit blanches des Alpes, ou muscates morceaux de confitures sèches, ainsi que des de Parme. N'y mettez que le sucre nécessaire, at- merises au candi, de petits carrés d'angélique et tendu que plusieurs de ces fruits en sont abon- des filets de citron confit. damment pourvus : ajoutez un plein gobelet de vin de Constance, et sautez légèrement votre appareil Les biscuits glacés sé confectionnent de la avant de le mettre à glacer. manière suivante. Prenez douze gros biscuits en caisse; faites-leur absorber à chacun trois cuil- On a pu remarquer que tous les gourmets ex- lerées de crème où vous aurez ajouté un peu de périmentés et en réputation estiment toujours ratafiat de noyau. Immiscez votre liniment avec pré- beaucoup plus les fruits glacés que les glaces pro- caution et par petites cuillerées, afin que la forme prement dites. Tout donne à penser que c'est de vos biscuits n'en souffre pas , et pour que leurs parce qu'ils y trouvent , indépendamment du caisses ne s'humećtent et ne se déforment point. plaisir de la sapidation gustuelle et du plaisir de Faites-les glacer entre deux grands plats qui de- l'absorption, celui de la mastication, qui leur vront être assez profonds et que vous couvrirez donne le temps et les moyens de prolonger ces de glace pilée et mêlée de salpêtre, ainsi qu'il est deux jouissances. indiqué pour la préparation des autres glaces. Lorsque vous jugerez ces biscuits assez bien gla Sorbets ou glaces liquides. cés, vous en couvrirez le dessus avec une légère couche de gelée de framboises ou de glace aux Sorbet au citron. fruits rouges. Préparez le suc de fruit Quand on veut faire glacer des tranches de comme il est prescrit ci-dessus ; faites-le prendre dans la sorbetière ; mais n'attendez pas qu'il le pastèque ou des côtes de melon, on les fait soit en masse ; détachez avec la houlette ce qui d'abord macérer avec du vin de Madère et du si- rop où l'on a joint un bâton de cannelle, une tient aux parois de la sorbetière, et brouillez le tout jusqu'à ce que vous obteniez un mélange de gousse de vanille et une pincée de macis. Au bout d'une ou deux heures, on les égoutte, on les sucre glace solide, qui doit être flottant dans un breu- à blanc et on les fait congeler par le même pro- vage de glace fondue. cédé que pour les biscuits, c'est-à-dire entre deux Toutes les préparations indiquées pour faire des vases foncés et recouverts de glace pilée. glaces avec des sucs de fruits peuvent être mises à l'état de sorbet. La macédoine de fruits rouges doit être com Les sorbets au fruit les mieux réputés sont posée d'une livre de fraises entières, d'une demi-li ceux à la fraise, aux quatre fruits rouges, à la vre de cerises, d'une demi-livre de groseilles rou merise, à la pêche, à l'orange, à l'ananas, à la ges et d'un quarteron de framboises. On y joint une poire de Cressane, au verjus muscat, au melon livre de sucre royal en poudre, et l'on y ajoute le vineux et à l'épine-vinette. GLA ( 268 ) GOD On en fait également avec toutes les eaux dis on choisit un jour froid et sec, on la fait briser à tillées d'aromates exotiques et de fleurs indigènes, coups de maillet afin qu'elle puisse mieux s'entas- parmi lesquels on distingue assez agréablement ser dans la glacière; mais avant de l’y placer on les sorbets à l'eau d'héliotrope, à l'eau de violette n'omettra pas de garnir tout l'intérieur, c'est à et à l'eau de jasmin. savoir le fond et les parois de ladite glacière, avec une épaisse couche de paille, afin que la glace ne Sorbet au marasquin. - Faites une pré- puisse être en adhérence avec la maçonnerie qu'elle paration de glace au jus de citron, mais suppri- ferait infailliblement gercer, boursouffler, lésarder mez-en les zestes. Faites glacer un peu plus ferme et finalement s'écrouler sur cette utile provision. qu'à l'ordinaire, et brouillez bien le tout après Le premier lit de glace doit être réduit en pous- avoir ajouté un demi - verre de marasquin de sière, et l'on aura soin de lemouiller avec de l'eau tié- Zara. die, pour que toutes les parties séparées y reprennent On peut employer à la confection des mêmes leur adhérence en y formant une masse compacte. sorbets toute autre liqueur étrangère ou nationale, Ensuite on y placera des morceaux de glace aussi ainsi que les vins sucrés légers et liquoreux qui volumineux qu'on pourra le faire, en ayant soin sont analogues à nos vins de Frontignan, de Lunel qu'ils soient aussi purs et aussi transparents qu'il ou de Rivesaltes. sera possible. On en remplira lous les intervalles avec Sorbet au punch. de la neige ou de la glace pilée; mieux ils se trou- Faites un sorbet au ci- veront entassés sans aucun vide et mieux la glace tron et ajoutez-y un verre de bon sirop de punch. Le sorbet doit être plus fortement glacé qu'à l'or- | blir autour de son orifice une espèce de banc ou de se conservera. La glacière pleine, il est bon d’éta- dinaire, gradin circulaire que l'on construit avec de la neige mêlée de glaçons et dont l'usage est fort utile en Boissons froides sans être glacées, été pour y déposer les poissons, les viandes et les autres provisions qu'on veut préserver de la cha- leur et qu'on ne saurait laisser dans un garde- Préparez les divers sucs de fruits comme pour manger sans risque et sans inconvénient pour la faire des glaces ; passez-les à travers une étamine conservation de ces comestibles. serrée, clarifiez-les au blanc d'æuf, et mettez-les On n'a pas besoin d'avertir que ce double pui- dans des carafes que vous ferez refroidir dans de sard qui constitue la glacière doit être surmonté l'eau de puits ou en les entourant de glace, et et environné d'un mur épais qui puisse en garantir sans leur y laisser le temps de se trouver frap- l'entrée et qui doit être fermé par une double pées , ce qui veut dire congelées aux parois, porte, une à l'extérieur de l'édifice, et l'autre en en terme d'office et de limonadier. dedans. Il ne faut jamais ouvrir celle-ci, à moins que la première ne soit fermée, et c'est afin que l'air GLACIÈRE. - C'est un lieu qui doit être C'est un lieu qui doit être extérieur ne puisse y pénétrer pendant l'été. Il est creusé en terre afin d'y serrer de la glace ou bon que la sommité de la glacière soit formée d'une de la neige qu'on y ramasse en hiver pour voûte en pierres maçonnées, et qu'elle soit recou- en user pendant l'été. On doit placer la glacière verte d'une double toiture en chaume épais, ou au milieu d'un bois ou dans un grand bosquet qui bien en tiges de roseau. se trouve néanmoins à proximité de l'habitation. La neige se conserve tout aussi parfaitement Il faut choisir un terrain sec où l'on fait creuser bien que la glace. Il faut commencer par la réu- une fosse circulaire de quatre à cinq toises de pro nir et la rouler en grosses pelotes que l'on écrase fondeur et de trois ou quatre de diamètre à son à leur entrée dans la glacière en les y battant vi- orifice. On doit la creuser en rétrécissant par le goureusement à coups de maillet. bas afin que la terre ne puisse ni s'ébouler ni s'af- faisser. On garnit l'intérieur de cette fosse, à par GODIVEAU, hachis de viandes dont on tir du bas jusqu'en haut, par un mur de moellons forme des quenelles ou boulettes, afin d'en gar- bien cimentés sur une épaisseur de quinze à dix-nir des vole-au-vent, des tourtes et des ragoûts. huit pouces. On aura eu soin de percer dans le fond de la même fosse un puisard de deux à trois Godiveau à la bourgeoise. — Hachez bien pieds de large sur quatre de profondeur, et fermé une livre de noix ou de rouelle de veau dont vous d'une grille de ſer à mailles serrées pour faciliter aurez retranché les nerfs et les cartilages; hachez l'écoulement de la fonte et recevoir l'eau qui peut également une livre de graisse de bæuſ : melez la s'écouler dc la glace fondue. Il ne faut donner au viande et la graisse ; ajoutez persil et ciboule ha- cun jour à une glacière, et pour y serrer la glace, | chés, sel et épices mêlés; pilez ensuite le tout en- GOD ( 269 ) GOU semble, en mettant successivement des æufs en de garenne (ces deux gibiers donnant plus de sa- tiers jusqu'à ce que la pâte soit bien liée. Ajoutez veur et produisant plus de fumet que tous les alors un peu d'eau pour l'amollir; on forine avec autres), et de quatre cuillerées à bouche de cham- le godiveau des boulettes dont on garnit des pâtés pignons bien blancs, hachés et passés dans un peu chauds et autres plats d'entrée; mais, lorsque le go de beurre à l'ail. diveau doit être employé comme farce ou comme Godiveau maigre. Après avoir pilé et gratin, il ne faut pas y mettre d'@ufs. passé au tamis à quenelle une livre de chair de Godiveau à la Richelieu. Parez une li- carpe de Seine et quatre onces de panade, vous vre de noix de veau et une livre huit onces de procédez pour le reste de l'opération de la ma- graisse de bæuf bien farineuse ; le veau étant nière accoutumée , c'est-à-dire que vous suppri- bien haché, vous y mélez la graisse; et après avoir mez seulement la livre de veau (du premier para- haché le tout bien fin, joignez-y une once de graphe de cet article), que vous remplacez par la sel épicé, une pointe de muscade et quatre æufs : chair de carpe et la panade; puis quatre cuille- hachez encore pendant quelques minutes. Ensuite, rées de fines herbes, assaisonnées d'une pointe pilcz ce godiveau jusqu'à ce qu'aucun fragment d'échalote, de persil, de champignons et de truffes. de graisse ni de veau ne puisse être aperçu; alors La panade qui entre dans ce godiveau vient de vous le relevez du mortier, pour le placer une cou ce que la chair de carpe n'a pas assez de consis- ple d'heures à la glace ou dans un lieu frais; en tance pour en composer un godiveau d'un corps suite vous le pilez en deux parties, et le mouillez parfait; car sans l'addition de la panade, il n'au- peu à peu avec des morceaux de glace lavés, et rait pas assez de liaison pour supporter la cuisson. gros comme des œufs, ce qui rend le godiveau lisse On fait également du godiveau de chair de bro- et très-lié : mais vous devez faire attention de lechet, de turbot et d'anguille de mer, mais c'est mouiller convenablement, afin qu'il soit de la con- toujours en y incorporant de la panade. sistance des farces à quenelle; ensuite vous le re- levez dans une grande terrine, et pilez le reste de GOGUETTE ou GOGUE-AU-SANG. C'était ja- la même manière; vous mettez ensuite le tout dans dis un plat de régal et de festivité populaire, ainsi la terrine avec deux cuillerées de velouté, et une qu'il y paraît encore à présent par l'emploi qu'on de ciboulette hachée très-fin, puis vous l'employez fait du mot goguette. Après mainte recherche et de même que la farce à quenelle. beaucoup de questions inutiles, nous avons fini par trouver dans le Bartas que ce trez vieulx Observation du cuisinier de M. le mart- et trez bon ragoust se doit composer d'un foie chal de Richelieu. « Quand je dis de piler de la de porc frais haché, auquel on ajoute panne, glace avec la viande, c'est parce que la glace aide ognons, herbes fines avec assaisonnement conve- » singulièrement à donner ce corps liant au godi- nable. On détrempe le tout avec du sang de porc, » veau, qui lui donne ce moelleux parfait et si dé de façon que cela ne soit pas trop liquide. On y » sirable; car lorsqu'il est tourné, il perd en partie met encore des jaunes d'æuſs crus, de la corian- » sa qualité, et cela arrive quelquefois en été, parce e dre en poudre, de la mie de pain trempée dans » que les grandes chaleurs empêchent que la graisse de la crème, le tout bien mêlé ensemble; on le » de bæuf puisse se lier intimement avec le veau, met dans une casserole garnie de bardes de lard et » attendu que celui-ci est un corps humide, et l'au d'une crépine de porc frais. On fait cuire feu des- » tre un corps gras. C'est par cette raison qu'il est sus, feu dessous, et la goguette étant cuite à point » de rigueur de le mouiller à la glace pendant les convenable, on la sert pour entrée avec une sauce » chaleurs de l'été, tandis que dans l'hiver c'est Robert par-dessus. La même composition sert n inutile.n encore à faire des saucisses plates que l'on fait Godiveau de blanc de volaille aux truf- griller dans une crépinette, et qui se servent de fes. - Vous procéderez absolument de même que même avec une sauce Robert, c'est-à-dire une ci-dessus, avec cette seule différence que vous purée d'ognons frits et fondus, où l'on ajoute un employez une livre de filet de poulardes, ou d'au- peu de moutarde au vinaigre. tres volailles, au lieu d'une livre de veau; puis GOUJON. Il y en a de deux espèces, l'un de vous mêlez dans celui-ci quatre cuillerées de truffes hachées très-fin, en place des ciboulettes. mer qui est blanc et vert, et celui de rivière qui est bleuâtre. Le goujon de mer et celui de Seine Godiveau de gibier aux champignons. doivent être choisis longs et menus. Le plus gros - Vous employez les procédés décrits précédem- goujon est ordinairement auvé, et n'a pas, à ment, excepté qu'on remplace le veau par une beaucoup près, la même bonté que les goujons livre de chair de perdreaux gris, ou de lapereaux måles i laitances. 1 GRE ( 270 ) GRE Goujons frits. — Après avoir écaillé, vidé et » bis ou de grenats brillants, est un des plus beaux essuyé de beaux goujons sans les laver, embrochez » joyaux de nos grandes corbeilles. Quand on n'a- les dans des attelets d'argent; mettez-les dans une » perçoit pas quelques-unes de ces grenades en- friture bouillante ; retirez-les après sept ou huit » tr'ouvertes aux flancs d'une pyramide de fruits, minutes de cuisson, et servez-les garnis de persil » elles n'y sauraient être remplacées par aucun frit en couronne. » autre; et bien qu'on y voie éclater le vermillon » des plus belles pommes et l'émail varié de nos Goujons à l'étuvée. – Après avoir écaillé, » grosses poires, avec l'or des oranges et la su- vidé et essuyé vos goujons, prenez le plat dans le prême beauté de l'ananas, on dirait qu'il man- quel vous devez les servir,et mettez au fond de ce plat » que quelque chose dans cette corbeille offerte du beurre avec persil, ciboules, champignons, une » par le dieu Vertumne à la cour de Pomone. ou deux échalotes, fleur de thym, basilic, le tout ha » Mais aussi bien nous faut-il avouer, qu'à ché très-fin, sel, gros poivre; arrangez dessus les » l'exception de ce beau rôle pour la décoration goujons et assaisonnez-les comme en dessous ; » des tables ou buffets, la grenade est un fruit qui mouillez avec un verre de vin blanc; couvrez le n'équivaut seulement pas à la groseille ; elle ne plat, et faites bouillir sur un bon feu jusqu'à ce » vaut pas mieux que l'épine-vinette; et c'est con- qu'il ne reste qu’un peu de sauce. » venir qu'elle n'est presque bonne à rien dans » les pays lempérés où les quatre fruits rouges GOYAVE, fruit d'Amérique assez analogue à » sont abondants et par excellence. » (GOHIER nos poires fondantes. On en fait à la Martinique DU LOMPIER, voye: page 29.) et à la Guadeloupe une confiture fort agréable lorsqu'elle n'est pas trop sucrée, ce qui, du reste, Sirop grenadin (contre la toux sèche ou est toujours pour ces préparations créoles un sujet d'irritation). - Ayez douze grenades de l'es- de reproche universel. pèce appelée douce-vineuse; exprimez le jus de ces fruits, et mettez-le dans une bouteille sans le GRAINES. Nous avons déjà parlé des graines boucher ; exposez-la au soleil ou à portée d'un ſeu téréales ainsi que des semences aromatiques; mais clair jusqu'à ce que son dépôt soit formé; tirez la composition qu'on appelle Eau des sept grai- ensuite à clair, et mettez quatre onces de jus de nies est une excellente liqueur céphalique et cor- fruit par livre de sucre cuit au soufflé; ſaites diale, dont voici l'ancienne formule: - Pilez une bouillir ensemble en consistance de sirop. S'il était once de graine de carvi, autant de fenouil, autant trop décuit, faites cuire le sirop au perlé, qui est d'anis vert et autant de semence de daucus; ajou- le degré de cuisson de tous les sirops. S'il était lez une once et demic de coriandre, une demi-once trop cuit, on peut le décuire en y mettant un peu de graine d'angélique, un gros de macis et une de jus jusqu'à ce qu'il soit au perlé, qui est le degré ouce d'anis étoilé; mellez infuser huit jours dans de coction pour les sirops de garde. six pintes de bonne cau-de-vic, et distillez au bain de sable ; faites votre mélange avec trois livres et GRENADIN, meis qui se compose avec demie de sucre fondu dans trois pintes et demie poulardes, poulets, perdrix, pigeons, canards et d'eau ; filtrez à travers le papier-Joseph, et con autres volailles, en les ſarcissant d'un godiveau servez celte composition dans des flacons bouchés bien assaisonné, et qu'on fait cuire à la braise à l'émeril. dans une marmite foncée de bardes de lard et de godiveau. Quand la sauce est réduite, on dresse le GRAS-DOUBLE (V. page 87 et suivante). grenadin dans une tourtière, on le pane, on lui fait prendre coulcur au four, et on le sert avec une GRATIN (V. Farce, GODIVEAU, QUENEL- | sauce au jus de bigarade ou aux grains de verjus. LES, etc.). GRENOUILLES. Leur emploi, comme ali- GRENADE, fruit du grenadier; sa chair est ment, est souvent très-salutaire, en ce que la sub- parsemée de pepins et abonde en un suc plus ou stance en est tout à la fois béchique et dépurative, moins acide selon la variété de l'espèce et suivant adoucissante el nutritive. On ſait, au moyen des la saison de l'année. Ce fruit est dépourvu d'arô- cuisses de grenouilles (car on en rejelte le haut du me; il est peu recherché hors du pays où le corps ainsi que la têle et l'intestin), on en fail, recueille, quoiqu'il soit facile à transporter. disons-nous, un consommé d'une saveur aussi · Il n'y a point de belles corbeilles de dessert fraîche et d'un aussi bon goût que le meilleur » sans grenades, non plus que sans oranges. La bouillon produit par des viandes blanches (V. v grenade ouverte, ainsi qu'un richc trésor de ru BOUILLONS DE SANTÉ). Les cuisses de grenouilles, al GRI ( 271 ) GRO à l'état d'aliment solide, sont également indiquées GRIOTTE, cerise tardive dont la chair et le dans certains cas hygiéniques ; et, du reste, il est jus sont très - colorés; c'est l'espèce qu'on doit bien aisé d'expérimenter que, sous le rapport gas- préférer pour confire à l'eau-de-vie et pour faire tronomique ou gustuel, on ne saurait trouver au confire au demi-sec. cun comestible unissant plus de finesse de goût et de pureté dans la saveur, à la même délicatesse GRIVE, gibier de la famille des sylvains ; dans la contexture ou le parenchyme. Dans les c'est au moment des vendanges que la grive atteint comédies anglaises, il est toujours établi que les toute sa perfection dans les pays vignobles : mais Français ne vivent que de grenouilles, et nous elle est beaucoup plus parfumée dans les pays où sommes fâchés que cette plaisanterie-là porte à elle est forcée de vivre exclusivement de baies de faux. Les dix-neuf vingtièmes de la nation fran- genièvre. çaise ne se sont jamais trouvés face à face avec un Grives rôties. - On ne les vide point. On les plat de grenouilles; et nous regrettons avec sin- couvre d'une feuille de vigne et d'une barde de cérité qu'on n'en mange pas, dans notre pays, lard, et on met des rôties dans la lèchefrite pour plus généralement et plus souvent. recevoir ce qui en dégoulte. On les sert sur les Grenouilles à la poulette. - Après avoir mêmes rôties, qu’on assaisonne avec le jus d'un citron vert et un peu de poivre blanc. passé des cuisses de grenouilles à l'eau bouillante, vous les retirez à l'eau fraîche et les mettez dans Grives à l'eau-de-vie. — Écrasez un peu une casserole avec des champignons, un bouquet l'estomac des grives; mettez-les dans une casse- de persil, ciboule , une gousse d'ail, un clou de role avec du lard fondu, deux petits ognons, des gerofle, un morceau de beurre; passez-les sur le champignons et des truffes. Faites-leur faire quel- feu deux ou trois tours, et mettez-y une pincée ques tours; mouillez avec de l'eau-de-vie; poussez de farine; mouillez avec un verre de vin blanc, à grand feu et allumez l'eau-de-vie. Quand le feu un peu de bouillon, sel, gros poivre; faites cuire est éteint, ajoutez un peu de jus, ou à défaut un quart d'heure et réduire à courte sauce; met faites un roux. Laissez cuire doucement; dégrais- lez-y une liaison de trois jaunes d'œufs, un bon sez la sauce et faites-la réduire. morceau de beurre et du persil haché. On apprête encore les grives en gibelotte, en salmis, en croustades, en garnitures, et princi- Grenouilles frites. Faites mariner des palement à la sauce au laurier qui se trouve indi- grenouilles crues pendant une heure avec du vin quée pour les cailles à la reine-mère. (V. blanc et du lait, persil, tranches d'ognons, gousse page 118). d'ail, deux échalotes, une feuille de laurier, thym, basilic; ensuite vous les laissez égoutter et les fa GRIL, instrument de fer qui sert à supporter rincz pour les faire frire : scrvez garni de persilles viandes qu'on fait griller. On le fabriquait au- frit. trefois avec de petites tringles de fer. On a ima- Quelquefois, au lieu de les fariner , on les giné depuis quelque temps un gril en tôle percée trempe dans une pâte faite avec de la farine dé- de trous qui a plusieurs avantages sur l'ancien layée avec une cuillerée d'huile, un verre de vin (V. FOURNEAU), blanc et du sel : il faut que la pâle ne soit pas trop claire, et qu'elle file un peu gras en la ver- GROSEILLES. Il y en a plusieurs espèces : sant avec la cuillère, la groseille à grappes, dont il existe deux sortes, l'une à fruit blanc et l'autre à fruit rouge. La se- GRIBLETTES, apprêt villageois qui con- conde espèce est le fruit du groseillier épineux, vulgairement groseillier à maquereau, dont siste à faire cuire des tranches de porc frais en il existe cinq variétés, savoir, à fruit blanc, à les sautant dans la poêle à frire. Leur assaisonne- ment le plus habituel est du blanc de poireaux fruit noir, à petit fruit jaune, à gros fruit vert et à fruit rougeâtre. coupés en tranches ou du vert d'ognon haché. C'est un mets apéritif et dont les palais blasés La groseille à maquereau, lorsqu'elle est verte, s'accommodent très-bien. « Je préfère vos remplace le verjus : on peut la manger crue lors- griblettes et vos rillots de Touraine à qu'elle est mûre. tous nos sautés nos suprêmes , » écrivait La groseille à grappes sert à faire des compotes, tendrement le général Lafayette à son ami Paul des gelées, des glaces et des sorbets (V. ces ar- Courrier, qui, du reste, était un homme infini- ticles). ment équitable et tout-à-fait estimable, en gastro La groseille blanche est beaucoup moins acide nomie. que la rouge, et, lorsqu'elle est bien mûre, le - GRU ( 272 ) GUI suc en est sensiblement sucré. Cette espèce est mal- | jours la conserver soigneusement à l'abri de la heureusement moins commune et moins produc- chaleur et de l'humidité. tive que la rouge. Délayez dans une tasse de bouillon une cuillerée La groseille se conserve très-long-temps sur de farine de gruau; meltez le tout dans une petite pied après l'époque de sa maturité, lorsqu'on la casserole, et faites bouillir pendant dix minutes. défend contre les oiseaux et qu'on la préserve des Le gruau en farine se prépare de la même ma- gelées hâtives en enveloppant les groseilliers dans nière au lait et à l'eau; on y ajoute ordinairement des nattes et les étreignant avec des cordes de du sucre ou un sirop, et on l'aromatise avec une paille. eau distillée. Si vous employez du gruau entier, faites-le trem- Dumpling aux Groseilles vertes (V. DUM per dans de l'eau pendant vingt-quatre heu- PLING). res; égouttez-le et faites-le bouillir long-temps à petit feu, avec du bouillon, de l'eau ou du lait su- Pudding aux Groseilles rouges (V. PUD- cré. Passez avec expression dans une étamine, ou DING) dans un carré du même tissu que les tamis de soie. Sauce aux maquereaux (V. SAUCES). Eau de gruau (V. Pharmacie domestique au mot TISANE). Groscilles à la façon de Bar. Prenez de belles groseilles très-claires, et les plus grosses Crème de grudu. Mettez huit onces de possible. A mesure que vous les égrenez, vous re- gruau de Bretagne dans une terrine que vous rem- tirez avec précaution les pepins avec le bec d'une plirez de bon lait, avec un peu de cannelle en plume. Qnand cette longue partie de l'opération bâlon, de citron vert, de la coriandre, du sel et du est faite , vous versez le fruit dans douze livres de macis; faites bouillir jusqu'à ce qu'il forme une sucre royal cuit à la grande plume. Vous retirez crème délicate ; passez à l'étamine dans une grande aussitôt la poêle du feu, et, avec l'écumoire, vous jatte, et jelez-y du sucre; mettez sur le feu , sans remuez légèrement la gelée que vous remettez en- ſaire bouillir, et remuez jusqu'à ce que le sucre suile sur le feu pour lui donner un bouillon cou- soit bien fondu ; posez-le ensuite sur la cendre vert seulement. Vous la retirez du feu , et, après chaude, et couvrez-le de manière qu'il se forme l'avoir écumée, vous la versez dans des pots, ou , dessus une crème épaisse; servez très-chaudement. de préférence, dans de petits verres destinés à ces GUIGNARDS, petits oiseaux de la famille du confitures. rouge-gorge et dont on fait à Chartres, à Pitbi- GRUAU. C'est le grain d'une variété d'avoine més. Quant aux guignards qu'on nous envoie des viers et dans tout l'Orléanais des pâtés fórt esti- qui a été débarrassée de toutes ses enveloppes . Ce plaines de la Beauce après la fin des moissons, grain mis à nu donne ainsi , par la mouture, la c'est-à-dire au mois de septembre, on les enve- farine de gruau d'avoine. Le meilleur se tire des loppe avec des feuilles de vigne et des lames de té- Ardennes, de la Touraine et surtout de la Bre- tine, et puis on les embroche avec des attelets pour tagne. les faire rôtir ainsi que les autres petits-pieds. Le gruau d'avoine et sa farine sont principale- ment appropriés au régime des malades et des GUIGNE, espèce de cerise, plus grosse que convalescents. On en fait des tisanes, des potages la cerise commune et d'une chair plus douce. Il y et des crèmes cuites.. a des guignes blanches et des guignes rouges. Il s'en trouve aussi de noires. On appelle guignes Potage de gruau d'avoine. - On le fait de une espèce de bigarreaux, ou plutôt les bigarreaux deux manières, avec le gruau entier, ou bien avec sont une espèce de guigne plus grosse et plus con- le gruau réduit en farine. sistante que les guignes ordinaires. On les mange Si vous employez la farine , cxaminez si elle est sans préparation, ainsi que les autres fruits à la récente, car elle s'aigrit facilement, et il faut tou- HAR HAR ( 273 ) H. HACHIS (V. FARCE, GRATIN, RISSOLES et Le hareng frais est un excellent poisson dont on QUENELLES). ferait beaucoup plus de cas s'il était plus cher et plus rare. Il faut le choisir ayant les ouïes rouges HARENGS. On les distingue en harengs et les écailles brillantes, étant rebondi du côté du frais, harengs pecs, harengs saurs et harengs ventre, c'est-à-dire étant gras et laité. Il n'arrive salés. jamais à sa perfection qu'à la mi-septembre, ou La plus belle et la meilleure espèce de barengs tout au plus tôt vers la fin d'août. frais qu'on mange à Paris est celle qui nous arrive des côtes de Normandie : on peut les apprêter de Harengs frais, sauce à la moutarde. plusieurs manières, ainsi qu'on le dira plus loin. Prenez douze ou quinze barengs , videz-les par Le hareng pec ou nouvellement salé doit tou les ouïes, écaillez-les, essuyez-les avec un linge jours provenir de Rotterdam, de Leuwarde ou bien propre; mettez-les sur un plat de faïence, d'Enkhuisen en Hollande. On le coupe à rouelles versez un peu d'huile dessus, saupoudrez-les d'un afin de le manger tout cru, sans lui faire subir peu de sel fin, ajoutez-y quelques branches de aucun autre apprêt que celui d'une salade. persil, et retournez-les dans cel assaisonnement ; Les beaux harengs saurs, c'est-à-dire les plus un quart-d'heure avant de servir, faites-les griller grands et les plus charnus, les plus dorés et les et retournez-les trois fois pour chaque côté; leur mieux fumés au genièvre, sont les sawrets de cuisson faite, dressez-les sur un plat et saucez-les Germuth en Irlande. On en tire assez bon parti d'une sauce blanche (au beurre) dans laquelle dans certaines préparations au maigre et princi- vous aurez mis une cuillerée à bouche de mou- palement en carême. tarde, que vous aurez soin de ne pas laisser Les barengs salés ne sont presque jamais em- bouillir. ployés pour la table des maîtres, mais ils sont d'une grande utilité pour le premier repas des Harengs frais au fenouil. — Incisez des harengs le long du dos; frottez-les de beurre gens de basse-cour et des ouvriers. Quand ils ne tiède et de sel; enveloppez - les de fenouil ; doivent être cuits que sur le gril, il est bon de les avoir fait dessaler dans du babeurre ou de l'eau faites-les griller, et puis servez-les avec une sauce tiède, afin qu'ils ne puissent déterminer une alté- rousse, où vous ajouterez une poignée de fines ration continue dans l'intervalle des repas et pen- tiges et feuilles de fenouil que vous aurez bien dant les travaux de la journée. On en fait, dans hachées, et que vous aurez fait blanchir au vin blanc. certaines provinces, une fricassée très-appétissante et confortable, en les faisant frire en petits mor- Harengs frais en matelote. – Mettez-les ceaux et sans être dessalés, dans du saindoux, avec dans une casserole avec un morceau de beurre, un amas de poireaux crus et hachés, ce qu'on persil, ciboules, champignons, une pointe d'ail, mélange ensuite avec des pommes de terre de la deux verres de bon vin, un peu de bouillon, sel et grosse espèce farineuse qu'on a fait cuire à la gros poivre; poussez-les à grand feu. Servez-les à chaudronnée, avec de l'eau, du sel, et quel-courte sauce, et garnissez de larges croûlons frits. ques tiges de romarin. C'était le dernier évê- que de Saint-Omer qui avait introduit l'usage Laitances de harengs en caisse. - Ayez de cet aliment dans son diocèse, et les journaliers un trentaine de harengs au lait; prenez-en les lai- du Ponthieu appellent encore ce ragoût le fricot tances, faites-les blanchir et égouttez-les; mettez du bon Évêque. Nous recommandons cette pré un morceau de beurre dans une casserole, avec paration rustique et très-économique aux anciens champiguons, persil, échalotes et ciboules hachés seigneurs de paroisse, aux bons propriétaires, très-fin, sel, poivre et fines épices; passez ces ainsi qu'aux autres chefs de maison qui prennent fines herbes légèrement sur le feu, prenez garde garde au régime alimentaire de leurs ouvriers, et qu'elles ne roussissent; ajoutez-y vos laitances; qui s'occupent, en réalité, du bien-être des pau- faites-les mijoter un instant daus cet assaisonne- vres gens. inent ; vous aurez fait une caisse carrée, dans la- 18 HAR ( 278 ) HAR un peu de carbonate de soude; on éprouvera Haricots verts à la lyonnaise. - Coupez que les plus réfractaires de ces légumes cuiront des ognons en demi-anneaux; mettez-les dans une fort aisément. poêle avec de l'huile; posez cette poêle sur le ſeu; Haricots verts à la poulette. -Ayez de ces lorsque votre ognon commencera à roussir, ajou- tez-y vos haricots verts, préparés comme il est dit haricots ce qu'il en faut pour faire un plat d'en- ci-devant; faites-les frire avec les ognons; sau- tremets ; choisissez-les bien petits et bien tendres; poudrez-les de persil et ciboules hachées ; assai- épluchez-les, en cassant les deux bouts pour en sonnez-les de sel et de gros poivre; faites-leur enlever la partie filandreuse; mettez-les à mesure dans de l'eau fraîche; s'il s'en trouvait de trop faire encore un ou deux tours de poêle; dressez- gros, séparez-les dans toute leur longueur en deux tes-le chauffer ; versez-le sur vos haricots, et ser- les; mettez un filet de vinaigre dans la poêle : fai- parties; ensuite ayez une casserole ou un chau- vez-les très-chaudement, dron dans lequel vous les ſerez blanchir à grande eau et à grand feu, et vous aurez la précaution de Haricots verts et blancs à la maître d'hô. ne mettre dans cette eau qu'une petite poignée de tel. Prenez moitié haricots verts et graines de sel; faites qu'ils soient bien verts et bien cuits, ce haricots blancs nouveaux. Lorsqu'ils sont cuits à dont vous jugerez en les pressant entre vos doigts: l'eau de sel et suffisamment égouttés, tenez-les leur cuisson faite, mettez-les dans de l'eau frai- chaudement; faites tiédir un bon morceau de che; égouttez-les; jetez-les dans une casserole beurre manié de fines herbes et arrosez-en les avec un morceau de beurre; coupez un ognon en haricots; assaisonnez le beurre, de sel et gros poi- petits dés; passez-les à blanc dans le beurre; vo- vre (V. pour la confection de la sauce à la maître tre ognon presque cuit, ajoutez une pincée de fa- d'hôtel l'article ABATTIS, p. 12). rine; laissez-la cuire un peu sans roussir, mouil- lez-la avec une cuillerée à pot de bouillon; assai- Haricots verts et blancs à la provençale. sonnez de sel, de persil, et ciboules hachées, ainsi - Mettez dans une casserole quelques cuillerées que de gros poivre : laissez cuire votre sauce; d'huile avec des câpres, des filets d'anchois, une ajoutez-y les haricots et faites-leur jeter un bouil- pointe d'ail et des rocamboles pilées. Lorsque le lon; leur sauce ne doit pas être longue; liez-les mélange en est fait, ajoutez-y des haricots cuits à avec trois jaunes d'oufs et du jus de citron. l'eau de sel; assaisonnez avec persil et ciboule ha- chés, sel et gros poivre; sautez-les pendant quel- Haricots à la bonne fermière. - Lorsqueques instants ; mettez-les dans un plat : jetez vos haricots seront préparés, blanchis et égouttés dans la casserole un filet de vinaigre, et, quand il comme les précédents, mettez-les dans une casse- est bouillant, versez-le sur les haricots. role avec un morceau de bon beurre, du persil, de la ciboule hachée, sel et gros poivre; posez-les sur Haricots blancs nouveaux. Ayez un le feu; sautez-les; ajoutez-y une cuillerée de bouil litron de ces haricots fraîchement écossés : la- lon bien réduit, ainsi qu'un filet de bon vinaigre. vez-les; mettez-les dans une marmite avec de l'eau fraîche et un bon morceau de beurre; faites Haricots verts à l'anglaise. - Lorsque ces haricots seront préparés, blanchis, à peu près cuits partir ; écumez-les ; retirez-les sur le coin du et d'un beau vert, jetez-les dans une passoire ; cuisson versez dedans un verre d'eau fraiche; lais- fourneau; laissez-les mijoter, et à moitié de leur mettez un morceau de beurre sur votre plat à ser- sez achever de cuire, et, leur cuisson terminée, vir; dressez vos haricots; mettez du persil haché tout autour, en forme de cordon ; chauffez ce plat, beurre, avec persil et ciboules hachés , du sel et mettez dans une casserole trois quarterons de et servez le plus tôt possible. du poivre; égouttez vos haricots dans une passoire, Haricots verts à la bretonne. Coupez et jetez-les dans leur assaisonnement : sautez-les; en petits dés deux ognons, mettez-les dans une faites qu'ils se lient; s'ils ne se liaient pas assez, casserole avec un morceau de beurre : posez-les ajoutez-y une cuillerée d'eau, et finissez-les avec sur un fourneau; passez-y vos ognons; lorsqu'ils un filet de verjus ou le jus d’un citron. Vous pou- commenceront à roussir, mouillez-les avec de l'es vez (si c'est la saison) y ajouter du verjus en grains pagnole ou du consommé, et faites qu'ils devien et blanchi. nent d'un beau roux, ainsi que votre farine; mouil On peut encore accommoder les haricots blancs lez-les avec une cuillerée de bouillon; assaisonnez nouveaux à la brelonne, à la crème, au jus, au les de sel et de gros poivre : faites cuire et réduire fumet de perdrix et à l'essence de jambon. On celte sauce, mettez-y vos haricots blanchis et cuils les emploie aussi dans les macédoines de légumes comme il est énoncé aux articles précédents : lais- et les salades cuites. On n'emploie guère , en fait sez-les mijoter environ vingt minutes. de haricots secs, que ceux de la belle et bonne - 18. HAR ( 276 ) HAR espèce, dite de Soissons; ensuite les haricots rou- ci-dessus , vous les ferez sauter avec un morceau ges de Braine, et puis le petit nain bourguignon, du meilleur beurre d'Isigny, de Rennes ou de dont les fèves ne sont guère plus volumineuses Vanvres ; vous aurez soin qu'ils ne bouillent plus, que des grains de riz. Les espèces communes ap- parce que le beurre y perdrait presque tout son pelées suisse-gris, bigarré d'Anjou, rognon-cau- bon goût de crème fraîche. Vous y joindrez (mo- chois et plat-rouge, n'en sont pas moins fort utiles dérément et non pas à l'anglaise) du poivre de et très bien appropriées pour la nourriture des Cayenne en poudre, et vous n'y mettrez pas de hommes de charrue, valets de ferme et autres fines herbes, surtout. M. de la Vaupalière avait manouvriers champêtres, attendu que ces légumes curieusement observé, et son protégé, M. Balesne, abondent en principe alimentaire, et que, lors a dit officiellement que l'estragon , le cerfeuil et qu’on les a soumis à un bon mode de coction, la la ciboule ne s'accordent pas mieux avec les ha- substance en est pour le moins aussi digestible ricots blancs qu'avec les truffes (V. page 203). que celles du brouet de sarrasin, des gaudes et du pain de méteil. , Haricots rouges à la bourguignonne. On prend des haricots rouges de la belle espèce Haricots au lard à la villageoise. — Il appelée cardinale; on les fait cuire dans un est à savoir que MM. d'Escars, de Livry, de Cussy, bouillon de racines avec un morceau de beurre d'Aigrefeuille, de la Reynière et autres hommes frais, un bouquet aromatique et deux gros ognons d'expérience ont toujours dit à l'unisson que c'é- piqués de gérofle; on aura soin de retirer ces in- tait la meilleure manière de manger les haricots. grédients après vingt minutes d'ébullition, pour Commencez par avoir un bon estomac, ou éviter qu'ils se fondent et qu'ils ne restent en munissez-vous d'un bon appétit. Quand on n'est pêle-mêle avec le ragoût, dans lequel on ajoutera pas malade, on n'en manque jamais que par le un demi-setier de bon vin rouge, ainsi qu'une pin- défaut de continence alimentaire, ou le défaut cée de poivre noir en poudre fine. On garnira cet d'exercice. Levez-vous de bonne heure et sortez entremets avec de petits ognons glacés. à jeun par un beau temps : promenez-vous à Pour en faire une entrée de carême, on pourra cheval ou trottez à pied ; mais on doit penser que garnir le même plat avec des queues d'écrevisses vous vous porlez assez bien, puisque vous lisez ou des rissoles de poisson , des laitances de carpe des livres de cuisine ; ainsi donc, faites cuire en ou de hareng, des huîtres marinées ou des moules viron deux litrons de gros haricots blancs avec frites. deux livres de bon petit lard. Coupez ce lard en tranches, et que tous les morceaux en soient éga- Haricots grains de riz à la crème. - lement entrelardés. N'y mettez que la quantité Faites-les crever à l'eau de sel avec un peu de d'eau nécessaire, afin de ne rien devoir ajouter ni beurre et assaisonnez-les de muscade ; ajoutez-y, retrancher pendant leur cuisson. Tout l'aqueux et lorsqu'ils sont à peu près cuits, de la crème dou- tout l'onctueux de ce mouillement doivent se ble en quantité suffisante pour les étancher sans trouver absorbés par ces farineux , de manière à les délayer; au moment de les servir, vous sème- ce qu'ils soient infiniment cuits et parfaitement rez par-dessus et vous garnirez les bords du plat bien liés sans être en bouillie : c'est là toute l'af- avec de petits filets croquants de céleri blanc que faire. A buon corriere forta minestra, dit vous aurez fait frire et bien égoutter de leur fri- Jean de Milan. ture. Haricots de Soissons à la moelle. — Ayant Haricots grains de riz à l'intendante. été bien cuits à l'eau de pluie filtrée, sautez-les - On les fait cuire ainsi que les précédents; mais, chaudement avec cinq ou six onces de moelle fraî au lieu de beurre, on doit y mettre de la moelle, che et nouvellement fondue; ajoutez une forte ou bien du gras de lard pilé avec un peu de sel et pincée de mignonnette, et mêlez-y, quelques mo- de muscade. Au lieu de la crème, on y joint un ments avant de servir, des grains de verjus épé-verre de vin de Madère, et l'on garnit avec des pinnés et blanchis à l'eau de sel. croûtons grillés qu'on a trempés dans du même vin légèrement salé et épicés de muscade râpée. Haricots blancs en ragoût (pour garni-Ces deux derniers entremets sont du meilleur ture, et plus souvent pour servir de litière goût. au mouton rôti). (V. ci-dessus HARICOTS VERTS A LA BRETONNE.) Purée de haricots blancs. Quand on l'assaisonne au fumet de gibier, à l'essence de Haricots de Soissons au beurre de pi- jambon, au blond de veau réduit, à la graisse ment, Étant bien cuits comme il est indiqué I d'oie rôtie, mais le plus souvent au jus de mou- HER (277) HOM ton, on fonce et garnit avec cette purée des plats ! Les dix herbes d'assaisonnement sont le d'entrée ou des hors-d'ouvres chauds, et notam persil, l'estragon, le cerfeuil, la cive, la ciboule, ment sous des grillades. Quand on veut servir de la sarriette, le fenouil, le thym, le basilic et le ta- la purée de haricots blancs pour entremets, on la naisie. prépare à la crème, on l'assaisonne de muscade, Les douze herbes de fourniture à salade et l'on y mêle, à l'instant de servir, de très-petits ou fines herbes comprennent le cresson alénois filets de céleri bien frit et bien croustillant. Les et celui de fontaine, le cerfeuil et l'estragon, la plus élégants cuisiniers garnissent ce plat avec pimprenelle, la perce-pierre, la corne de cerf, le un chapelet de croquignoles salées et sautées au petit basilic, le pourpier, les cordioles de fenouil, beurre. la jeune-baume et la ciboulette. Purée de haricots rouges. - On la prépare au bouillon gras pour en corser des bisques et HOCIEPOT, bonne et solide préparation des coulis d'écrevisses, pour en garnir des potages de la plus vieille cuisine, qui s'applique particu- au riz, au vermicelle, aux nouilles, aux lasaignes, lièrement et privativement, pourrait-on dire, à des et surtout pour en composer des soupes aux croû- tendrons de bæuf, à des queues de beuf et à des tes gratinées, qui sont une des meilleures combi- oies grasses, ou des canards de la grosse espèce naisons de la cuisine actuelle (V. page 196). (V. page 7, art. 13). HARICOT, ragoût plébéien dont les deux Hochepot (pour un gros relevé de cam- éléments principaux doivent être des morceaux de pagne). — Prenez le bas d'une poitrine de bæuf, mouton et des navets. Il appert d'une comédie de et coupez-le en morceaux de deux pouces de long Jodelle et d'un passage de Cyrano de Bergerac, sur autant de large; faites-les dégorger et blan- que le haricot de leur temps était une fricassée chir; garnissez une braisière avec des tranches de bæuf; ensuite mettez-y les morceaux de poitrine de haricots rouges et de viande de mouton ha- avec beaucoup de carottes et de panais, des salsi- chée, dans laquelle on n'oubliait pas de mettre de l'ail. Ce ragoût primitif a été perdu de vue, parce fis, quelques navets, des scorsonères et des topi- nambours, trois pieds de céleri et douze pommes qu'il est arrivé que le haricot rouge, ingrédient de terre viteloties; ajoutez encore une douzaine patronymique et légitime, en a été chassé par un spoliateur impudent et niais, par le navet, d'ognons, un morceau de jambon et un cervelas; couvrez le tout de tranches de bæuf et mouillez « Ce doucereux blaffard, ce héros ridicule, avec du bouillon ; recouvrez la marmite, et faites » De l'astre de Cromwell påle et froid crépuscule... cuire feu dessus, feu dessous; votre appareil étant cuit, levez la viande et les légumes ; passez le On dirait véritablement qu'en parlant de M. de La bouillon, et, s'il est trop long, faites-le réduire, fayette en ces termes-ci, l'abbé Delille aurait eu Faites, dans une autre casserole , un roux peu dans la pensée ces agressions révolutionnaires et chargé de farine, et ne le laissez pas brunir; cette invasion des navets dans le haricot de mouton. mouillez-le avec votre fond de cuisson dégraissé et Quand on voudra bien convenir que M. de La bien assaisonné; ajoutez-y des quatre épices avec fayette était un navet en politique, on en con une bonne pincée de persil haché, et versez-le clura forcément que les navets sont les Lafayette sur le hochepot ; tenez-le tout chaudcment. de la cuisine; ce qui pourra faire dire aux uns Au moment de servir, dressez les morceaux de que le général avait des qualités ténitifiantes et viande avec tous ces légumes dans un grand plat soporatives, et ce qui fera supposer, d'un autre creux , et, si faire se peut, dans un vieux vase côté, que le navet n'est bon à rien. Ces deux juge d'ancienne faïence ou de porcelaine orientale. ments-là ne seraient pas exactement conformes à la vérité; le navet est d'un excellent emploi dans les ragoûts de canard et les potages. comestibles ; mais ce ne sont pas les plus gros ho- mards qui sont les plus estimés. Une variété de HATTELET (V. ATTELET, page 49). cette famille, particulière à la Méditerranée, et nommée langouste, est un homard qui n'a jamais HERBES (POTAGÈRES). Elles sont au nombre de grosses pattes, et dont la saveur est toujours de six, et c'est à savoir, l'oseille, la laitue, la poi- | doucereuse. C'est avec raison qu'on en fait beau- rée , l'arroche, l'épinard et le pourpier vert. On moins de cas que du homard de l'Océan. Un les emploie également pour faire des soupes et des buisson de petits homards est un plat d'entre- farces maigres, et pour en composer les tisanes mets très-distingué. Avec la chair tranchée du appelées bouillons médicaux. homard ou de la langouste, on fait des bayonnai- 1 | HOMARD. C'est le plus gros des crustacées coup HOM ( 278 ) HOR ses et des sauces blanches qui sont fort usitées , fait dégraisser convenablement et y avoir ajouté le pour manger avec le bar et le turbot (V. SAUCES jus d'une bigarade avec un verre de vin de Cham- AU POISSON). pagne et une pincée des quatre épices. C'est un Il est facile, à Paris, de se procurer des ho- ragoût de Normandie qui n'est pas plus dépourvu mards vivants, et, dans ce cas, voici la manière d'agrément que d'originalité. de les faire cuire. Mettez ce poisson dans une chaudière ou casse- HORS-D'OEUVRES. On appelle ainsi tous role avec de l'eau salée, un gros morceau de les plats qui ne sont pas indispensables pour com- beurre frais, une botte de persil en branche, un pléter un service, et qui ne seraient pas suffisants piment rouge et deux ou trois tiges de poireaux pour constituer un repas substantiel . Les hors- blancs. Au bout d'un quart d'heure de cuisson, d'æuvres se plaçaient originairement en dehors de ajoutez un plein gobelet de vin de Madère, et la ligne des mets principaux, et c'est de cet arrange- laissez refroidir votre poisson dans son brouet ment qu'ils ont tiré leur dénomination générique. avant de le servir. Il faut alors en trancher les On servait anciennement certains hors-d'æu- écailles de la queue dans toute sa longueur; et, vres dans de petits vases appelés bateaux, à rai- par avance, on a fait confectionner une sauce au son de leur forme; mais cet usage ne s'est con- homard, dont voici la meilleure formule. servé que pour les petits couverts de trois à huit Enlevez en un seul morceau lout l'intérieur du personnes; mais lorsque le nombre des convives est homard, qu'on appelle tourteau ; détachez-en au-dessus du nombre des Muses, comme disait toutes les chairs blanches avec le bec d'une plume Apicius, on doit établir les hors-d'oeuvres sur de taillée; prenez-en la farce ou crème de laitance grandes assiettes goudronnées ou de petites plats qui se trouve adhérente à l'intérieur de la grande bonne raison que ces petits bateaux ne sauraient coquille; joignez-y les aufs du poisson , s'il est fe- melle, et démêlez tout ce produit avec de l'huile contenir une assez grande quantité de même sub- verte, une pleine cuillerée de bonne moutarde, stance alimentaire pour suffire aux nécessités ou dix ou douze gouttes de soya de la Chine, une fantaisies d'un couvert nombreux. On divise forte pincée de fines herbes hachées, deux écha- cetle classe de mets en hors-d'auvres chauds, lotes écrasées, une assez bonne quantité de mignon- hors-d'æuvres froids et hors-d' æuvres crus. nette, et, finalement, un demi-verre d'anisette de Presque tous les anciens hors-d'ouvres chauds Bordeaux ou simplement de ratafia d'anis. Quand se trouvent compris aujourd'hui dans les entrées ; tout cet appareil est bien amalgamé, vous y joi-mais, parmi ceux qui sont restés dans leur catégo- gnez le suc de deux ou trois citrons, suivant la rie primitive, il y en a dont le volume ne permet- trait grosseur du homard, et vous faites servir ladite pas de les dresser sur une de ces coquilles, sauce à proximité de ce plat d'entremets. non plus que dans un bateau de hors-d'auvres, et ceux-ci doivent se présenter autour de la table et Lorsque vous acheterez des homards cuits à l'avance, ayez grand soin de choisir ceux qui se- plusieurs hors-d’æuvres crus, tels que les gros ne stationner que sur le buffet. Il en est ainsi de ront les plus lourds, et n'omettez jamais de les cantaloups , dont le volume excéderait celui de faire biscuire dans un court-bouillon semblable à certains plats d'entrée. Nous allons marquer avec celui qui se trouve indiqué ci-dessus. Il arrive presque toujours que ces crustacées n'ont élé qu'à est d'usage de laisser au buffet, à moins qu'on ne un astérique tous les plats de hors-d'æuvres qu'il moitié cuits dans de l'eau de mer, et cette prépa- les serve à déjeûner ; mais c'est en faisant observer ration complémentaire a le double effet de para- chever leur coction et de leur donner plus de suc- que cette coutume n'est suivie rigoureusement que culence ; car l'effet de la cuisson dans l'eau de affranchit quelquefois dans les repas familiers et dans les plus grandes maisons, où même on s'en mer est toujours la dessiccation. les dîners de campagne. Relativement aux soins Homard à la broche. Attachez sur un qu'il est bon d'apporter à l'ajustement de ce genre attelet un gros homard ou bien une langouste vi- de comestibles, voyez ce qu'en disait Madame de vante. Ficelez le tout sur une broche , et soumet- Genlis, et ce que nous en avons rapporté à la tez-le à un feu très-ardent, en commençant par l'arroser avec du beurre fondu où vous aurez mêlé Hors-d'oeuvres chauds. du vin de Champagne avec du sel et du poivre. Lorsque la coquille du poisson devient friable et * Petits pâtés au naturel. qu'elle se détache d'elle-même en petits frag- Feuilletés à la moelle, ments, c'est qu'il est suffisamment cuit. Il faut le servir avec le jus de sa lèchefrite, après l'avoir Bouchées farcies, page 28. HOR ( 279 ) HOR + Rissoles au godiveau maigre, Boudins à l'oie sauvage. Bâtons royaux, Boudins de foie gras. Brésolles au cresson, Boudins d'écrevisses, etc. * Cannelons d'anguille. Filets de sanglier à la poêle. Croquettes à l'italienne, Escalopes de daim au chasseur. Charbonnées (sauce au pauvre homme). Oreilles de cerf en menus-droits. * Cæur de bæuf à la poivrade, Langue de biche en as de cæur. * Miroton (V. page 94). Cervelles de chevreuil à l'estragon, * Gras-double (V. page 87). Filets de lièvre au gros vin. * Palais de beuf grillés. Sauté de mauviettes panées. Escalopes de foie de veau. Rouges-gorges en croustade. * Fraise de veau à la vinaigrette. Guignards en caisse. * Fraise de veau au gratin.. Croûtons à la purée de gibier. * Pieds de veau bouillis au verjus. Croûtons à la béchamelle de morue, * Poitrine de mouton panée-grillée. Goguette au sang. Langues de mouton braisées. Griblettes à la paysanne. Rognons de mouton à la brochette. Crépinettes de foies d'oie. Émincé de rognons au vin blanc. Cuisses d'oie confites au soleil. * Issue d'agneau à la poulette. Amourettes frites au citron vert, Coquille de cervelles et de ris d'agneau. Amourettes à la ravigotte. Oreilles et pieds d'agneau marinés. Animelles (V. page 31). + Tranche de jambon aux épinards. Petite-oie au bouillon. Papillottes de foie de porc. Abattis de dindon au gros sel. * Pieds de cochon à la Sainte-Ménéhould. Gibelotte poivrée. Pieds de cochon farcis. Cuisses de dinde à la diable. Queue de porc à la sauce Robert. Reliefs de dinde à la sauce Robert. * Oreilles de cochon frites. Andouilles de Rennes tranchées, Paltes d'oie bottées à l'Intendante, Andouillettes de Troyes. Rognons de coq en pralines. Saucisses de ménage à la poêle. Rôtie au lard. Saucisses rondes aux truffes. Rôtie aux cervelles de bécasses. Saucisses plates aux pistaches. Rôties à la moelle et à la bigarade. Chipolates aux avelines. Rôties au rognon de veau. Boudins blancs grillés. Rôties à la graisse d'oie et verjus muscat. Boudins noirs de porc. Rôties à l'huile verte, au cerfeuil et au cédrat. Boudins de sanglier. Calapé d'anchois. Boudins de chevreuil, Tronçons d'anguillettes fumées. HOR HOR ( 280 ) Croquettes à la marseillaise, OEufs à la coque. Languettes de Troyes. Rilletles et rillots de Touraine, Bayonnaise au homard. Crevettes en buisson. Sept-cils de Rouen. OEufs au miroir. Bayonnaise aux æufs de faisan. OEufs de perdrix en salade. OEufs de vanneau (V. page 19). OEufs de pluvier au vert-pré. OEufs de tortue au kari. Sardines confites de Nantes. Filets de soles de Fréjus. Anchois de Catalogne. Cablans grillés à la maître-d'hôtel. Thon mariné de Provence. Sawrets de Germuth à l'huile. Olives farcies à l'huile vierge. Caisse de foie de lottes. Huîtres marinées de Granville. Acetto-dolce. Laitances en papillotes. Moules à la marinière. Ricardes à la bretonne. Cédrats de Milan. Achards (V. page 11). Macédoine aux cornichons, bigarreaux, mira- belles, ognons nains, boutons de capucines, etc. Matelotte d'huîtres vertes. Coquilles d'huîtres à la poulette. Huîtres blanches aux ognons frits. Grenouilles en friture ou à la poulette, Escargots de vigne à la lorraine. Hors d'ouvres crus, Lames de jambon danois. Filets de saumon fumé. Anchois de Nice à l'huile, Hors-d'oeuvres froids. Caviar en monceau. Boutargue au citron. Tranches de venaison à la sauce allemande. Rouelles de bure à la gelée. Salade de bouf aux fines herbes. Harengs pecs à la la reinelte. Huîtres vertes de Marennes. Salade dº au cresson de fontaine, Huîtres vertes d'Ostende. Salade dº aux choux rouges. Huîtres blanches de Cancalle. Salade dº aux groseilles vertes. Salade dº aux betteraves et aux raiponces. Tranches de bæuf de Hambourg. Saucisson de Bologne. Saucisson d'Arles. Mortadelle de Lyon. Salade de concombre émincé. Salade d'olives picholines, Salade d'aubergines au piment. Salade de choux rouges marinés. Salade de bergamotes au scl gris. Melons cantaloups. Petits melons brodés. Sucrins rouges ou verts. Pastèques de Malte. Figues de saison. Cervelas de Milan, Bondioles de Parme. Cervelas maigre à la bénédictine. Langue à l'écarlate. HOU ( 281 ) HUI Mignonnes de novembre. lait de beurre sont d'un très-bon emploi pendant Mûres de verger. le carême, et notamment dans les salades cuites et pour les repas de collation les jours de jeûne. Petits artichauts crus. HUILE. L'huile d'olives est celle dont on use Raifort épicé. Je plus habituellement. La meilleure est celle qui Radis et raves. est extraite sans l'aide de la chaleur ni d'aucune fermentation préliminaire : elle se congèle au Arabesque aux douze fines herbes. moindre froid ; elle n'a point d'odeur ou n'en a Le chaperon des sept-fleurs-d'office. qu'une agréable, et qui est celle de la pulpe de son fruit; elle se digère plus promptement Cordioles de fenouil. que toutes les autres, pèse beaucoup moins sur Montants de céleri à la rémoulade, l'estomac, se rancit beaucoup moins promp- tement et s'allie avec plus de facilité à toutes les Beurre de la Prévalais en corbeille. substances alimentaires. Beurre d'Isigny en coquilletles. Les huiles d'olives les plus estimées sont celles de Grasse, de Nice, et d’Aramont en Provence. Beurre de Vanvres en petits pains. On distingue les huiles de premier choix en Beurre filé aux amandes. huile vierge, huile verte et huile fine. La première est la plus translucide, et comme elle Beurre assaisonné de toutes les sortes. s'est écoulée du fruit sans aucune pression, elle Beurrées au pain de seigle. est presque totalement dépourvue de sapidité. L'huile verte n'a été produite que par une pres- Tartines au griot anglais. sion légère, ce qui lui communique un goût de fine olive avec une fraîcheur de parfum très-par- Tartines au beurre et aux fines herbes. ticulière, tandis que l'huile jaune et fine est d'une Tartines au beurre et au hachis de cablan. saveur encore plus marquée, parce que les olives ont été soumises à une trituration plus forte quoi- Tartines à la crème et au parmesan râpé. que modérée. Les deux meilleures huiles de table Sandwichs au jambon cru. sont, à notre avis, la verte de Grasse et la jaune de Nice. Il est toujours facile de s'en pro- Sandwichs à la langue fumée. curer à Paris en s'adressant à l'Hôtel des Amé- Sandwichs aux anchois, aux aufs et au Stilton. ricains. Sandwichs aux cufs de homard. HUITRES. Ces testacées contiennent une Sandwichs aux queues de chevrette. quantité notable d'osmazôme qui s'y trouve unie à l'albumine crue. Leur chair se digère aisément, Sandwichs aux filets de sardines fraîches. mais il n'en est pas ainsi lorsqu'elles sont cuites; Sandwichs aux sawrets d'Irlande. la coagulation de l'albumine qu'elles contiennent Sandwichs aux aufs d'esturgeon. en abondance rend leur digestion très-difficile, et tel qui mange impunément vingt douzaines d'huî- Gâches ou moffins au fromage grillé. tres crues, excès dont on doit s'abstenir, n'en Craquelins au beurre d'anchois et au katchup. pourrait supporter deux douzaines lorsqu'elles ont subi la cuisson. HOUBLON, plante sarmenteuse, dont les Il est une autre manière de les préparer ; c'est feuilles, les fleurs et les fruits sont employés dans d'acide et de sel. Cet assaisonnement, qui les con- de les faire macérer dans une saumure composée temps les premières pousses du houblon dont la serve assez bien, les durcit moins que la cuisson ; saveur est très-analogue à celle de l'asperge. On mais, quoique ce soit un stimulant qui en accélère les apprête de la même manière que ce légume, et la digestion, les huîtres marinées sont toujours . leur effet est également diurétique et dépuratif, moins digestibles que les huîtres crues. légèrement tonique et de la digestion la plus fa Huîtres à la poulette. Ouvrez des hui- cile. C'est un aliment qui convient surtout aux tres, et faites-les blanchir dans leur eau sans les personnes nerveuses à qui les médecins germani- laisser bouillir. ques ont toute raison de le conseiller fréquemment. Ou bien , après les avoir fait blanchir dans de Les tiges de houblon cuites à l'eau de sel et au | l'eau, passez-les dans du beurre, avec des échalotes, HUR ( 282 ) HYP persil, champignons hachés, une cuillerée d'huile, façon de Troyes, à celles de Reims, de Mayence, etc. poivre et muscade râpée; arrangez-les dans un (v. pages 141 et 162). plat et couvrez-les de mie de pain que vous arro On donne également le nom de hure à la tête sez d'huile; posez le plat sur les cendres chaudes de l'esturgeon, du saumon, du gros brochet et du et faites prendre couleur sous le four de campa-cabillaud (v. lesdits articles). gne, ou avec une pelle rouge. Au moment de servir exprimez sur le plat le jus d'un citron, HYDROMEL, ancien breuvage dont le prin- cipal élément est le miel fermenté. Celui qu'on Huîtres en hachis. Prenez des huîtres soumet à la fermentation porte le non d'hydromel bien fraiches; faites-les blanchir sans bouillir; vineux. Dans plusieurs pays froids, où le raisin ne mettez-les dans l'eau fraîche, ensuite égouttez-les ; saurait acquérir la maturité nécessaire pour faire séparez le milieu qui est tendre, des bords qui de bon vin et où il se trouve beaucoup de miel, sont plus fermes; hachez ceux-ci finement avec on fait une liqueur spiritueuse avec de l'eau de de la chair de carpe, ou de tout autre poisson cuit fontaine ou de rivière et du miel blanc le plus à l'eau ou au court-bouillon; mêlez le tout en pur, qu'on fait bouillir jusqu'à ce qu'un œuf semble; assaisonnez de poivre et de muscade râpée. puisse surnager sur la liqueur, et par cette marque Mettez dans une casserole un bon morceau de on connaît qu'elle a assez de consistance pour beurre avec persil, ciboule, champignons bachés ; pouvoir se conserver long-temps. On ne remplit que passez sur le ſeu; mouillez avec moitié vin blanc les deux tiers du tonneau, dans lequel on ſait ſer- et moitié bouillon gras ou maigre. Ajoutez le ha- menter l'hydromel, afin que la liqueur, se raré- chis; faites-le chauffer sans bouillir ; quand le fiant pendant la fermentation, trouve assez d'espace hachis a bu presque toute la sauce, mettez une pour s'étendre. On ne bouche le tonneau qu'avec liaison de trois jaunes d'aufs. du linge et du papier, de peur qu'il ne crève par la fermentation ; on l'expose au soleil ou aux Huîtres frites (pour hors-d'auvre). Ouvrez les huîtres, et mettez-les égoutter sur un étuves, afin que la liqueur qui y est contenue fer- tamis; mettez-les ensuite dans un plat avec du soient plus prompts à former ses parties spiri- mente plus promptement, et que ses éléments vinaigre, deux ciboules, une feuille de laurier, un peu de basilic, un ognon coupé par tranches, une plus agréable, y jettent des aromates avant qu'il tueuses. Quelques-uns, pour rendre l'hydromel demi-douzaine de clous de gérofle, et le jus de ait commencé à fermenter. D'autres, pour lui deux citrons : saucez-les de temps en temps dans donner différents goûts et différentes couleurs, y cette marinade. mêlent des sucs de cerises, de mûres , de fraises, Faites une pâte à frire légère, et trempez-y les de framboises, ou de plusieurs autres fruits. huîtres, après les avoir essuyées une à une : faites- L'hydromel qui n'est point vineux se prépare de les frire, et servez-les avec du persil frit. la même manière que l'autre, avec cette différence Huîtres en ragout (pour garnitures). - qu'on ne le soumet pas à la fermentation, ce qui Les huîtres étant ouvertes, blanchissez-les dans ne lui donne que la qualité d'une espèce de tisane. leur eau sans bouillir ; essuyez-les avec soin, et HYPOCRAS, boisson qu'on pourrait appe- puis passez dans une casserole des champignons et ler surannée, mais qui n'en conserve pas moins des truffes, avec un peu de lard fondu ; mouillez-les des qualités éminentes. Elle doit se composer de de jus gras ou maigre; lorsque vous êtes prêt à bon vieux vin rouge et de miel de Narbonne épuré servir, jetez-y les huîtres, et faites-les seulement chauffer dans cette préparation, que vous lierez par un feu ardent. Lorsque le miel est bien mé- chauffer dans cette préparation, que vous lierez langé avec le vin tiède, on le passe à la chausse au moyen d'une pincée de fécule. Nous avons déjà dit qu'on emploie souvent des cinq ou six fois, et lorsqu'il est suffisamment cla- huîtres en purée pour les potages maigres, et dans rifié, on y verse un peu d'essence appelée d'hy- leur entier pour en faire des gratins, des litières, de macis, de coriandre, de daucus , de cannelle pocras, c'est-à-dire composée d'huile essentielle, des sauces et des coquilles grillées. et de gingembre, en parties égales. On agite le Huîtres en coquille-pèlerine (V. RICARDE, tout avec la spatule , en ayant soin de le goûter ainsi que l'article COQUILLE, pag. 181). pour savoir s'il est aromatisé suffisamment ; après quoi on le renferme dans des facons qu'il faut Croute aux huîtres gratinées (V. POTages). boucher à l'émeri. Cet hypocras est beaucoup plus salutaire et meilleur que celui qu'on obtien- HURE de sanglier ou de porc, apprêtée à la I drait moyennant l'infusion des mêmes substances, JEU JUL (28%) I. IMPÉRIALE, espèce de prune qui se mange ISSUE. On appelle ainsi les abattis comesti- au mois d'août; elle est de forme longue, et de bles de certains quadrupèdes (V. AGNEAU, HORS- couleur violette. C'est la plus grosse de toutes D'OEUVRES, etc.). les prunes. Il y en a trois autres variétés, qui sont l'impériale blanche, la verte hâtive et la jaune ITALIENNE, sauce bachée. Vous met- tardive. La saveur de ces fruits n'est pas toujours trez dans une casserole une pleine cuillerée à également douce; mais ils sont d'un très-bel effet bouche de persil haché, la moitié d'une cuillerée dans les corbeilles et sur les assiettes montées pour d'échalotes, autant de champignons hachés bien les desserts d'été. fin, une demi-bouteille de vin blanc, une once de beurre, et vous ferez bouillir le tout jusqu'à ce IRIS. Sa racine est fréquemment employée que ce soit bien réduit : quand il n'y aura plus dans la pâtisserie de petit four, ainsi que dans de mouillement dans votre casserole , vous y plusieurs autres compositions d'office. Réduite à mettrez plein deux cuillers à pot de blond de l'état de fleur de farine, on en fait des biscuits veau ou de sauce espagnole, en y joignant une très-délicats, ainsi que d'excellentes frangipanes forte pincée des quatre épices, et vous ferez bouil- aux essences de fleurs. La meilleure espèce d'iris lir votre sauce sur un feu un peu ardent; vous est incomparablement celle de Florence ; on la aurez soin de l'écumer et de la dégraisser ; lors- distingue aisément à la grosseur et la blancheur que vous voyez qu'elle est réduite à son point, de ses racines , qui doivent exhaler une odeur de c'est-à-dire qu'elle est épaisse comme du bouillon, violette assez déterminée (V. AROMATES INDI vous la retirez du ſeu, et la déposez dans un autre GÈNES). vase où vous la tiendrez chaude au bain-marie, J. JAMBON, cuisse ou épaule de porc ou de JUBAS, ancien nom des gâteaux à la Made- sanglier (V. pages 140, 160 et suivantes). leine (V. MADELEINE et BISCUITS GÉNOIS), JARDINIÈRE, ragoût de légumes (V. CHAR- JUJUBES, fruits du jujubier. On les mange TREUSE et MACÉDOINE). dans leur fraîcheur : secs, on les emploie dans la composition des tisanes adoucissantes (V. Con- JARRET DE VEAU. Cette partie abonde SERVES et PHARMACIE domestique). en ligaments, tendons et membranes, qui, par une ébullition prolongée, se résolvent en gélatine. C'est JULIENNE, soupe aux légumes qu'on a fait cette propriété du jarret de veau qui fait qu'on couper en filets (V. POTAGES). L'ancienne et véritable julienne avait pour élé- l'ajoute souvent aux braises pour y faire de la ge- lée : c'est à peu près là son seul usage. ments une éclanche de mouton qu'on faisait à moi- tié rôtir, qu'on empottait dans une marmite avec JASMIN (V., quant à l'emploi culinaire de une tranche de bæuf, une rouelle de veau, un la fleur de jasmin, les deux articles SORBETS et chapon et quatre pigeons fuyards. On voit dans DRAGÉES). les recettes de Marc Héliot, qu'on faisait cuire tout cela pendant cinq à six heures afin que le JEUNE, diététique du régime canonique bouillon fût bien nourri. On y voit aussi qu'on abstinentiel (V. MAIGRE), faisait couper en morceaux trois carottes et six JUS (284) JUS un - navets, deux panais, trois ognons, deux racines , devient fortement stimulant; il habitue l'estomac à de persil, deux pieds de céleri, trois bottes d'as- une alimentation trop abondante. Il est bon de n'en perges vertes, quatre poignées d'oseille, quatre lai- pas faire un emploi trop fréquent; mais, quand tues blanches avec une forte pincée de cerfeuil, et, on n'en fait qu'un usage modéré, les estomacs si la saison le permettait, un litron de petits pois sains n'en éprouvent aucun inconvénient. verts que l'on faisait cuire à part de la viande, et Anciennement on servait toujours à sec les vian- dans le bouillon de la grande marmite où l'on fai- des blanches rôties; mais généralement aujourd'hui, sait aussi mitonner les croûtes de pain dont cet on fonce tous les plats de rôti avec un certain jus de ancien potage était composé. bæufque les cuisiniers actuels appliquent à toutes les viandes possibles, indifféremment. C'est un usage JUS. Nous avons déjà donné des recettes pour révolutionnaire qui a prévalu sur la bonne coutume le jus blond de veau, lecoulis de jambon, l'essence d'autrefois. Le comte de Cussy nous a conté que se de gibier, les coulis de poissons et les jus de raci- trouvant à dîner chez un amphytrion parvenu, nes; voici la meilleure formule pour conſectionner dignitaire de l'empire, appelé M. Reignier ou le jus ordinaire au beuf et au jambon, lequel est Rénié (duc de Massa), celui-ci, pour faire hon- le plus communément employé pour la confection neur et bonne chère d'hôte à cet illustre épicurien, des sauces ménagères et des ragoûts à la bour- s'avisa de lui adresser je ne sais quel membre geoise. de volaille avec une abondance de jus prodi- Garnissez le fond d'une casserole avec des tran- gieuse. Le grand-juge me prenait sûrement ches de veau et de jambon, et quelques hardes de pour un mangeur de son acabit ? (nous disait-il lard; ajoutez toute autre viande que vous aurez à avec un ton révolté). — Comprenez-vous qu'on votre disposition, en quantité relative à la quantité ait pu m'envoyer, à moi! du jus de bæuf avec de jus que vous voulez faire. Une livre de viande de la volaille rôtie ?... Mais ce que vous ne sauriez doit produire une demi-livre de jus. Ajoutez des vous figurer, c'est l'épouvantable quantité de ce ognons, carottes, panais coupés par tranches; as- mauvais jus trouble, acre et quasi-noir !- j'avais saisonnez avec gros poivre, muscade râpée et un envie de réclamer auprès de ce légiste en lui bouquet garni , peu ou point de sel, surtout si criant : Summum jus, summa injuria! vous mouillez avec du bouillon déjà salé. Jus blanc. Faites cuire une poularde ou Faites suer le tout sur un feu doux jusqu'à ce que la viande ait jeté son jus; augmentez alors le un chapon à la broche; on peut aussi se servir d'un dindon , ou même de débris de volaille feu jusqu'à ce que la viande commence à s'attacher à la casserole ; à ce moment retirez la viande et les déjà cuite ; désossez et ôtez la peau ; hachez les légumes; faites un roux dans la même casserole, mandes douces débarrassées de leur peau; ajou- d'a- avec gros comme une noix de beurre par livre de viande, et une pincée de farine; mouillez avec du tez-y la chair de volaille hachée, des jaunes d'oeufs durcis, du poivre, du sel, et un peu de muscade bouillon; remettez dans la casserole ce qui en a été tiré, et laissez mijoter pendant deux heures au râpée, et pilez de nouveau le tout ensemble, de manière à faire une pâte fine. moins; passez le jus à l'étamine après avoir dé- D'un autre côté, mettez deux livres de veau et graissé ce produit. On peut varier les viandes pour faire le jus, mais un morceau de jambon coupés par tranches, dans il faut toujours du veau et du jambon. Une vieille une casserole, avec un peu de beurre, sel et poi- perdrix qu'on coupe en quatre morceaux, ou le vre; ajoutez ognons,carottes, panais, champignons, trein de derrière d'un lapin, donne au jus une sa- ou poudre de mousserons, el un bouquet garni ; veur très agréable. mouillez avec de bon bouillon, et faites cuire à Le jus fait ainsi est un extrait de tous les prin- casserole, ainsi que les légumes, et délayez dans petit feu : lorsque le veau est cuit, retirez-le de la cipes solubles et nutritifs des viandes auxquelles le fond de cuisson le blanc de volaille pilé avec les l'action du feu communique une nouvelle énergie, amandes et les jaunes d'aufs; faites chauffer un qui se manifeste par une sapidité plus prononcée et toujours agréable lorsque le jus est bien fait. peu sans bouillir: passez à l'étamine avec expression. Le jus ajouté aux substances qui, par elles-mê Jus à la minute. — Quand on n'a pas de mes, sont peu alimentaires, les rend plus nutriti- jus, on peut en faire en peu de temps en faisant ves et plus digestibles; ainsi on peut l'associer réduire de bon bouillon, jusqu'à ce que le résidu avec avantage à tous les légumes herbacés, ainsi commence à s'attacher; on mouille alors avec deux qu'aux viandes qu’une longue décoction a épui- tiers de bouillon et un tiers de vin blanc, et on sées d'une partie de leurs sucs. épaissit le jus au moyen d'un roux brun qu'on fait Ajouté aux substances les plus nutritives, le jus à part. LAI LAI ( 283 ) K. KARI, sorte de préparation dont l'usage est | dre très-fine en les broyant au mortier de marbre provenu des Indes. On l'emploie particulièrement et sous pilon de métal. avec des tendrons de veau, des poulets dépecés, La manière d'employer le kari consiste à l'im- des membres de lapins de garenne et des tronçons miscer dans un ragoût composé de champignons, d'anguille. Il ne faut pas manquer de servir à de culs d'artichauts , de truffes coupées , de que- proximité de ces plats d'entrée du riz cuit à l'in- nelles, de jaunes d'eufs cuits durs, de tranches de dienne, c'est-à-dire à la vapeur, et bien crevé sans riz de veau, de crêtes et de rognons de coq, ainsi avoir trempé dans aucun liquide en ébullition. que de cervelles et de ris d'agneau, si la saison le On trouve de la poudre de kari toute préparée permet (comme pour l'emploi des truffes). chez les marchands de comestibles, mais il est plus Le mouillement du ragoût au kari doit être un sûr de la confectionner soi-même, et, comme il en consommé substantiel, où l'on ajoute un peu de résulte une économie très-notable, nous allons en bon vin blanc quand on y fait prendre sauce aux indiquer la recette en la copiant dans l'Indian's viandes, et quelques moments avant de les servir. Cook. KAVIAR, cufs d'esturgeon salés (V. CAVIAR, La poudre de kari doit être composée de quatre page 133). onces de piment enragé (c'est une espèce qui est moins grosse qu’une olive et qui croît sous les tro KATCHUP, teinture ou consommé de chapi- piques; il est beaucoup plus fort que le piment de pignons qui se fabrique en Angleterre, où l'on en Cayenne et que le poivre rouge de nos climats), fait une grande consommation. Cette espèce de trois onces de curcuma ou terra-merita des Indes, sauce anglaise est toujours très-âcre et ne doit une demi-once de poivre noir, une demi-once de s'employer qu'avec une extrême réserve. Du reste, gérofle, un gros de muscade et un scrupule de l'usage de cette essence est fort inutile à Paris, où gingembre. On réduit lesdites substances en pou- / l'on peut avoir des champignons frais toute l'année. L. LAIE, sanglier femelle. Il faut l'apprêter sui Les principes constituants du lait sont toujours vant son âge; comme le marcassin lorsqu'elle est les mêmes, et ces principes ne sont jamais unis par jeune, et comme le sanglier lorsqu'elle a déjà mis une grande affinité, car le simple repos suffit pour bas, ou quand elle est sur le retour (V. MARCAS- les séparer. Ce sont : 1° la crème ou matière buti- SIN, PORC, etc.). Lesandouillettes à la tétine de laie reuse, élément du beurre; 2° le caillé, matière ca- sont très-dignes d'estime et très-estimées. On les séeuse ou caséum, élément du fromage; 3° le sert habituellement sur un hachis de truffes au jus, petit-lait ou sérum; et finalement le saccarum lai- ou sur une purée de marrons à la crème et vin teux ou sucre de lait. blanc, Lorsqu'on abandonne du lait au repos dans un lieu frais et tranquille, il se forme au bout de quel- LAIT. Les caractères généraux du lait sont que temps à sa surface une couche d'une matière assez connus. C'est un liquide sécrété par les glan- légère et blanche, épaisse et onctueuse, qu'on ap- des mammaires de divers animaux, lequel est opa- pelle crème. Le lait qui reste après l'enlèvement que et blanc mat, d'une odeur agréable et qui lui de la crème a une plus faible densité qu'aupara- est propre, surtout quand il est chaud; d'une sa- vant, une couleur moins opaque, et une consis- veur douce et légèrement sucrée. tance moins onctueuse; on le nomme lait écrémé. LAI ( 286 ) LAI La crème soumise à l'agitation par une tempéra Le lait d'ânesse est celui qui a le plus d'ana- ture de 12 degrés se prend en partie en une masse logie avec le lait humain ; il donne une crème qui jaunâtre de consistance ferme, qui constitue le n'est jamais ni épaisse, ni abondante. Il contient beurre. La partie de la crème qui ne se concrète aussi poins de matière caséeuse que ceux de va- pas, et qui ressemble à du lait écrémé, se distin- che, de chèvre et de brebis, et cette matière y est gue sous le nom de lait de beurre, babeurre plus visqueuse. et baratté. Le meilleur lait de vache n'est ni trop clair, ni Le lait écrémé abandonné à lui-même, ou mêlé trop épais ; il est d'un blanc pur et d'une saveur avec un grand nombre de corps de nature très agréable et sucrée. Au-dessus de 15 degrés du diverse, forme un coagulum blanc, mou , opaque thermomètre, le lait devient aigre en peu de et floconncux, qui se sépare d'un liquide jaune- temps; au dessus de 20 à 25°, cette acidification verdàtre et transparent. La partie solide est ce s'opère dans l'espace de quelques heures. Par cette qu'on nomme le caseum, matière caséeuse et prompte coagulation, la malière caséeuse enveloppe fromage. La partie liquide est le sérum ou pe- et entraîne la crème, qui se précipite en même tit-lait. temps qu'elle, et ne peut plus monter à la sur- Enfin, en faisant évaporer ce dernir liquide, face. on oblient un corps cristallisé, d'une saveur douce La crème est une matière épaisse, onctueuse, et sucrée, auquel on a donné le nom de sucre de agréable au goût, originairement d'un blanc mat, lait, et qui est contenu dans la proportion de 35 et passant, par le contact de l'air, au blanc jau- dans 1000 parties de lait ordinaire. nâtre. Les seules espèces de lait dont on fasse usage La première couche qui se forme sur le lait en France, dans les préparations gastronomiques n'a presque pas de densité, mais, à mesure que le et dans les thérapeutiques, sont celles qui provien- beurre se sépare, la crème s'épaissit . Cette crème nent des femelles de certains ruminants en do- monte plus facilement sur le lait, quand celui-ci mesticité, telles que la brebis, la chèvre et la va- présente une surface assez étendue au contact de che; il faut y ajouter, en certains cas, celui de l'â- l'air, sous une faible épaisseur. Nous avons déjà nesse. dit que la température la plus favorable à cette séparation est celle de 12 à 14 degrés du thermo- Le lait de brebis ne diffère pas, à la simple mètre de Réaumur (V. BEURRE et CRÈME). vue, du lait de vache; c'est le plus abondant en beurre : celui qu'il fournit est d'un jaune pâle et PETIT-LAIT. On vient de dire que c'est sans consistance, et il se rancit aisément. Le caillé un nom qu’on donne à la partie aqueuse du lait en est abondant, il conserve un état gras, vis- qui retient en dissolution une matière sucrée et queux, et n'est pas aussi ferme que celui de vache. différents sels à base de potasse; quand il est bien préparé, il doit être clair et transparent. Pour ob- Le lait de chèvre est pourvu d'une densité tenir du petit-lait, il faut délayer dans un peu plus grande que celui de vache et il est moins d'eau une petite quantité de présure (on verra gras que le lait de brebis. Il est sujet à conserver que c'est du lait coagulé et altéré par un commen- une odeur et une saveur propres à l'animal, et que cement de digestion, qu'on retire de l'estomac des nous appellerons bouquetine ou capriacée. C'est veaux); on verse cette présure dans le lait; on celui qui fournit le moins de beurre et le plus de abandonne le mélange à une chaleur douce pen- fromage. Ce beurre, d'une blancheur constante, est dant deux à trois heures; ensuite on le fait chauf- ferme, d'une saveur douce, et il se conserve long- fer plus fort sans le faire bouillir : le coagulum temps frais. Son caillé, très-abondant et d'une étant formé, on passe le tout à travers un linge; bonne consistance, est comme gélatineux. On on recueille le petit-lait dans un vase qu'on re- prétend que l'odeur caractéristique de ce lait est place sur le feu, et, dès que le liquide bout, on moins prononcée dans celui qui est fourni par les verse dedans un blanc d'æuf battu dans un demi- chèvres blanches et les chèvres sans cornes. verre d'eau, et deux à trois gouttes de vinaigre; on passe à travers un linge ſin, ou mieux à travers Le lait de vache, celui dont on fait le plus un filtre de papier de soie. fréquemment usage, et qui est presque partout, à lui seul, l'objet des travaux de la laiterie, contient LAITAGES, produits naturels et prépara- moins de beurre que celui de brebis et plus que tions culinaires des substances laiteuses. (V. celui de chèvre. Son fromage est aussi moins abon BEURRE, BABEURRE, CAILLÉ, CAILLEBOTTES, CRE- dant, mais les principes qui le constituent se se MES CRUES et FROMAGES MOUS et FRAIS de Viry parent avec plus de facilité. Montdidier, Neufchatel, etc.) LAP ( 288 ) LAP Lamproie à la sauce douce. - Saignez-la On reconnaît les lapins de garenne à ce qu'ils par la gorge , et gardez son sang, limonez-la dans ont le poil des pieds et celui qui est sous la queue l'eau bouillante, et puis passez-la dans un roux de couleur rousse; on cherche à imiter cette cou- après l'avoir coupée par tronçons. Vous la mouil- leur dans les lapins de clapier, en faisant roussir lerez ensuite avec du vin de Bourgogne rouge, en le poil de ces parties au feu; on reconnaît facile- y ajoutant de la cannelle, un bouquet de fines ment celte fraude à l'odeur, ou bien en lavant les herbes , ou vous mettrez une branche de sauge parties si elles ont été teintes. ainsi qu'une écorce de citron vert. Vous y joindrez La chair du lapereau est délicate et légère; sous deux cuillerées de caramel, et vous établirez dans le rapport de la digestibilité, elle doit être classée le fond du plat un large croûton de pain de seigle, immédiatement après celle des volailles qui ne sont ainsi qu'il est indiqué pour les matelottes d'an- pas trop grasses, et avant celle des volailles qui guille. abondent en graisse. Lamproie à la matelotte bourguignonne Lapereaux rôtis et servis en accolade. - (V. MATELOTTE). Dépouillez deux lapereaux, videz-les en y laissant le foie; faites-les refaire sur la braise; ensuite Lamproie à la tartare. - On suit absolu- piquez-les de menu lard sur le dos et les cuisses, ment les mêmes procédés pour ce poisson que el mettez-les à la broche. On ajoute beaucoup au pour l'anguille à la tartare, excepté qu'il faut fumet des lapins en leur mettant dans le ventre échauder les lamproies pour les limoner au lieu de quelques feuilles du mahaleb ou prunier de les écorcher. Sainte-Lucie, ou un bouquet de mélilot, plante très-commune dans les prairies sèches. . Mettez dans une casserole, avec de la moelle de bauf , Gibelotte de lapin à l'ancienne mode. une lamproie coupée par tronçons. Ajoutez-y des Coupez un lapin par morceaux, et une moyenne champignons, des fines herbes, du macis, du pi- anguille en tronçons; faites un roux, et, lorsqu'il ment de Cayenne et suffisamment de vin blanc est de belle couleur, passez-y le lapin avec les pour que l'appareil en soit couvert. Faites réduire tronçons d'anguille, des champignons et de petits le mouillement à courte sauce, et garnissez votre ognons; quand le tout est bien revenu, mouillez plat d'entrée avec des ceps, des oronges ou des avec un tiers de vin blanc et deux tiers de bouil- mousserons étuyés. lon; assaisonnez de sel et poivre, persil, ciboules et thym; ôtez les tronçons d'anguille et les ognons: Pâté de lamproie (V. PATÉS FROIDS). faites cuire à grand feu; lorsque le mouillement sera réduit à un tiers, remettez les tronçons d'an- LANGOUSTE, crustacée qui diffère du ho- mard en ce qu'il est d'une saveur moins finc et guille et les ognons; achevez à petit feu et dégrais- sez la sauce. qu'il est dépourvu des grosses pinces qui caracté- risent le homard océanique, et qu'on appelle des Lapin à la poulette. - Coupez un lapin en Mordants. La langouste se mange ordinairement morceaux ; lavez-les à l'eau tiède pour en ôter le cuite au court-bouillon avec une rémoulade aux sang qui pourrait colorer ce ragoût; ôtez aussi le câpres. foie et les poumons; passez les morceaux dans un roux simple; mouillez avec du bouillon et un LANGUE. Cette partie des quadrupèdes do verre de vin blanc; ajoutez un bouquet garni, mestiques dont nous mangeons la chair est un ali- des champignons et des culs d'artichauts blan- ment savoureux et léger. On use également des chis, du lard coupé en tranches minces, sel et langues de gros gibiers à poil, et la meilleure ma- poivre : faites cuire vivement pour que la sauce nière de les apprêter est toujours de les faire réduise; quand la cuisson est avancée, mettez-y cuire à la braise et de les servir avec une sauce pi- de petits ognons; et, au moment de servir, liez quante (V. ABATTIS, BOEUF, MOUTON, VEAU, la sauce avec trois jaunes d'@ufs. PORC, etc.) Lapereaux frits. Coupez en morceaux LAPEREAU (V. LAPIN). deux jeunes lapins; faites-les mariner avec vin blanc, verjus, persil, ciboules, thym, laurier, LAPIN. Pour distinguer le lapereau du lapin, une pointe d'ail , le tout haché grossièrement; sel on tâte le dehors des pattes de devant au-dessus et poivre : laissez mariner pendant une heure et de la jointure, et si l'on sent dans cette partie une égouttez les morceaux; essuyez-les, roulez-les saillie comme une lentille, c'est une preuve que dans la farine et faites-les frire. Servez avec une l'animal est parfaitement jeune. sauce aux tomates. LAP ( 289) LAP Marinade de tapereaux. - Coupez en mor Gâteau de lapin. Désossez un ou deux la- ceaux deux lapereaux rôtis : n'employez que les pins rôtis; séparez de la chair toutes les parties membres et le râble; faites-les mariner comme membraneuses; hachez cette chair, et ensuite pi- dans l'article précédent; trempez les morceaux lez-la ; bachez et pilez également une tétine de dans une pâte à frire, et jelez-les dans la friture, veau cuite; failes bouillir de la m'e de pain avec pour les retirer aussitôt qu'ils auront pris une de bon bouillon, jusqu'à ce qu'elle l'ait absorbé belle couleur. Servez à sec avec du persil ſrit. entièrement et qu'elle commence à se dessécher; Salade de la pereaux.-Désossez deux lape- Désossez deux lape- mêlez ensemble, en les pilant, le hachis de lapin, reaux rôtis; coupez leurs chairs en filets ; faites-les la tétine et la mie de pain : il doit y avoir autant mariner avec de l’buile, du vinaigre, sel, poivre, de mie de pain que de chair , et le poids de la té- estragon, pimprenelle, civette hachée; mettez au tine doit égaler les deux tiers de celui de la chair fond d'un saladier des cæurs de lailues coupés par et de la mie de pain réunies; assaisonnez de sel, quartiers; arrangez par-dessus les filets, en les en- gros poivre et épices, persil, échalotes, thym et tremolant de filets d'anchois, de petits tas de câ- basilic hachés très-fin; amollissez et liez la farce pres, de blancs et de jaunes d'œufs durs bachés, de avec trois jaunes d'æufs et un æuf entier. betteraves, de cerfeuil, pimprenelle et estragon Garnissez complètement un moule en fer-blanc également hachés; terminez par un cordon de avec des bardes de lard; mettez-y la ſarce et cou- cæurs de laitues coupés en quatre. vrez-la de bardes; faites cuire au four ou au bain- Lapin aux fines herbes. - Coupez un lapin marie; lorsque le gâteau est cuit, laissez-le re- en morceaux que vous passerez au beurre avec froidir dans le moule; pour l'en retirer, trempez persil, ciboules, champignons, laurier, basilic, un instant le moule dans l'eau bouillante; ötez les thym, hachés finement; ajoulez une demi-cuille- bardes de lard, ct couvrez le gâteau avec de la rée de fleur de farine; mouillez avec un verre de vin chapelure de pain bien fine et de belle couleur. blanc et autant de bouillon; assaisonnez de sel et Si vous n'avez pas assez de farce pour faire un gros poivre; faites cuire et réduire à consistance de gâteau, roulez-la en cylindres sur de la farine; sauce : au moment de servir, écrasez le foie qui a jelez un instant ces cylindres dans l'eau bouil- cuit dans le ragoût, et ajoulez-le à la sauce. lante; passez-les au beurre; dorez-les ensuite avec un æuf entier battu, et faites-leur prendre couleur Galantine de lapins. Désossez deux la- sous le four de campagne. pins; piquez la chair de l'un avec des lardons as- saisonnés ; bachez la chair de l'autre avec une Terrine de quenelles de lapin (à la Grimod égale quantité de lard; assaisonnez de poivre et de la Reynière). Mettez dans une farce à épices, peu de sel, le lard étant salé. On peut quenelles un sixième de beurre de moins que pour ajouter au hachis des truffes coupées par mor les croquettes de quenelles (V. CROQUETTES). ceaux, ou des champignons et mousserons; cou Pochez vos quenelles comme il est dit dans vrez la chair du lapin désossé d'un lit de cette ce même article ; égouttez-les; coupez en petits farce dans laquelle vous entremêlerez des filets lardons huit ou dix truffes; vous les mettrez dans de Jard, de langue à l'écarlate ou de jambon; vos quenelles, à pareille distance et de même gros- couvrez avec un lit de farce, et continuez ainsi seur; vous en placerez quatre rangs sur la même jusqu'à ce que vous ayez lout employé; rappro- quenelle; lorsqu'elles seront piquées, vous les chez alors les chairs du lapin, ficelez-les et enve mettrez dans une casserole avec des rognons et loppez-les avec un linge blanc : foncez une brai des crêtes de coq, deux petites noix de veau , des sière de bardes de lard, et mettez-y la galantine, ris d'agneau, des truffes; versez ensuite dans une avec les os des deux lapins bien concassés, un casserole plein deux cuillères à pot de velouté, jarret de veau coupé en morceaux , des carottes, une pareille cuillerée de fumet de gibier, une des ognons, dont un piqué de clous de gérofle, demi-bouteille de vin de Madère sec, un maniveau un bouquet garni, sel et gros poivre; mouillez de champignons, tournés et sautés dans un jus de avec moitié vin, moitié bouillon; faites cuire à citron et de l'eau ; vous ferez réduire votre sauce très-petit feu; retirez la galantine lorsqu'elle est à moitié, el vous ôterez les champignons pour les cuite, et laissez-la refroidir dans le linge qui l'en mettre avec votre garniture ; vous ferez une liai- veloppe; passez la cuisson; clarifiez-la avec un son avec quatre jaunes d'eufs et gros comme un blanc d'æuf; faites-la ensuite réduire au point auf de beurre; vous la tournerez ensuite sur le convenable pour que, refroidie, elle se prenne refroidie, elle se prenne feu pour la lier; ne la laissez pas bouillir de crainte en gelée; si elle n'est pas d'une belle couleur, | qu'elle ne tourne; vous la passerez à l'étamine ajoutez un peu d'infusion aqueuse de safran. Ser au-dessus de vos garnitures; il faut qu'elles soient vez-vous de cette gelée pour décorer la galantine. ' chaudes; servez ce ragout dans une terrine après 19 LAP ( 290 ) LAP l'avoir rehaussé d'une sauce à l'espagnole, ou morceaux sur un plat ; masquez-les avec une velouté réduit. Bayonnaise. Décorez cette Bayonnaise avec des câpres, des anchois, des cornichons, et entou- Pain de tapereaux à la Sainte-Ursule. rez le tout d'un cordon de gelée bien transpa- Vous mettrez de la farce à quenelles plein un rente. moule évidé, que vous beurrerez; vous le ferez mijoter au bain-marie; quand la farce qui est dans Purée de lapereaux. - Hachez et pilez des votre moule sera cuite, au moment de servir, vous chairs de lapereaux rôtis dont vous aurez ôté soi- la renverserez sur votre plat ; vous aurez bien soin gneusement les peaux et les nerfs; mouillez avec de qu'il n'y ait pas d'eau; vous mettrez dans le vide la sauce espagnole et un peu d'essence de gibier; de votre pain des cervelles de lapin, des filets mi- faites chauffer cette préparation ; passez-la à l'éta- gnons et rognons de lapin sautés ; vous aurez une mine; ajoutez-y un peu de glace de viande; dressez sauce espagnole travaillée avec du fumet de gibier ce cette purée sur un plat, et entourez-la de cro- et un demi-verre de vin de Champagne; quand votre quettes de lapereaux (V. CROQUETTES). sauce sera bien réduite, vous la verserez sur les garnitures qui sont dans votre pain, et vous en Soufflé de tapereaux.-La purée de lapereaux glacerez l'extérieur. étant préparée comme il est dit à l'article précé- dent, ajoutez-y des jaunes d'auſs; battez les blancs Filets de tapereaux à la Polignac. -Vous en neige; mêlez le tout, et le versez dans un bol levez, parez et piquez des filets ; vous les faites en argent que vous aurez beurré; mettez ce bol cuire comme les précédents; vous en avez d'au- sur de la cendre chaude; couvrez-le avec un four tres bien parés que vous ciselez à distance égale, de campagne, et servez promptement quand le c'est-à-dire qu'avec le tranchant d'un couteau souſ é sera de belle couleur. vous faites une incision dans votre flet; vous y Cromesquis de tapereaux à la polonaise mettez un demi-croissant de truffes ; il faut en (V. AGNEAU). garnir ainsi tout le long de votre filet; vous pré- parez vos six filets de même; vous leur donnez Fritot de tapereaux. - Dépecez des lape- la forme des autres; ceux piqués doivent être reaux comme pour une gibelotte; faites-les ma- glacés, ceux aux truffes sont sautés dans du beurre; riner dans une terrine avec du citron ou vinaigre, au moment du service, vous les égouttez; vous un ognon coupé en tranches, persil en branches, les dresscz ensuite en couronne, un croûton glacé ail, thym, laurier, sel et gros poivre; une demi- et un rond entre; vous placez au centre du plat un heure avant de servir, égouttez vos morceaux de sauté de truffes dans un fumet de gibier. lapereaux sur un linge blanc; épongez-les bien; farinez-les, et faites-les frire : dressez sur un plat, Sauté de filets de lapereaux aux truffes. Vous levez dix ou douze filets de lapereaux et en buisson, avec des æuſs frais à l'entour. vous en Ôtez la peau nerveuse; coupez-les en Escalopes de lapereaux. — Parez des filets tranches rondes, à peu près égales; avec la de lapereaux; faites-les sauter au beurre; puis lame d'un couteau, vous aplatissez ces tranches et laissez-les refroidir; coupez-les par tranches bien vous en coupez les angles, en leur donnant une minces, et les mettez dans une sauce composée de forme ronde ou ovale; vous placez ensuite un sauce allemande et d'essence de gibier. Dressez le morceau dans votre sautoir ou tourtière, ainsi de tout, et l'entourez de croûtons frits dans le beurre. suite pour tous les filets ; quand ils sont tous pa- Les escalopes peuvent aussi , quand on les a fait rés et arrangés, vous avez des truffes que vous sauter, être mises dans des petits pois ou des con- épluchez et parez; vous les coupez en tranches combres assaisonnés soit au jus, soit à la crème. aussi égales ; vous les mettez sur les filets jusqu'à ce qu'ils en soient couverts; vous faites tiédir trois Papillotes de lapin, Feu M. de la Vau- quarterons de beurre que vous versez dessus; au palière était d'avis qu'une des meilleures manières moment de servir, vous mettez votre sauté sur un d'employer les lapereaux de garenne était de les feu ardent; quand vos filets sont cuits, vous les faire griller en papillotes après les avoir dépécés dressez sur du velouté réduit, et vous entourez le et les avoir maniés dans une bonne farce compo- tout de croûtons frits dans du beurre. sée de mie de pain rassis, lard râpé, champignons hachés, fines herbes, sel et poivre blanc (avec une Lapereaux à la Bayonnaise. - Coupez en pointe d'ail imperceptible aux palais vulgaires). morceaux des lapereaux rôtis sans avoir été piqués, Il faut convenir que c'est réellement un char- et faites-les sauter à froid dans de l'huile et du vi mant plat pour un déjeûner, ainsi que pour les naigre, sel, poivre et ravigote écraséc. Dressez ces diners de campagne. LAU ( 291 ) LÉG Lapin cuit au blanc, à l'anglaise. -Une LAVARET, saumoneau des lacs de Suisse et des meilleures préparations de la cuisine anglaise de Savoie. Ceux du lac du Bourget sont considérés est un lapin cuit à la braise et dans son entier, comme les plus délicats et les plus savoureux. Les qu'on masque, après la cuisson, par un hachis lavarets, gros et petits, reçoivent absolument les d'ognons blancs réduits en purée. Pour conserver mêmes préparations que les ombres-chevaliers et à ce plat d'entrée sa physionomie britannique, il les truites. faut premièrement assujettir avec des ficelles ou des attelets le corps et les membres du lapin pour LAZAGNES ou LAZAIGUES, pâte d'Italie de le maintenir dans la même posture que s'il était la même composition que celle du vermicelle, si encore au gîte. ce n'est qu'au lieu de la faire passer en filets, on la Quant à ce qui résulte de cette espèce d'élégance découpe par les côtés. et cette vieille recherche, nous dirons qu'un lapin Les lazagnes forment un excellent potage fari- dressé au gîte est très-difficile à bien couper et à neux, surtout au maigre; et, de toutes les pâtes bien servir. d'Italie, c'est, après les macaronis et le vermi- Il y a plus de cent cinquante ans que nous avons celle, celle qui s'allie le mieux avec le fromage. abandonné cette mauvaise coutume à l'égard des LÈCTIEFRITE, ustensile de forme oblon- lapins et des lièvres, ainsi qu'il appert des mémoi- res de Saint-Simon, dans ses observations sur le gue, ordinairement en fer battu, qu’on place sous nouveau réglement du grand couvert et l'ancien la broche pour recevoir ce qui découle du rôti. Elle doit avoir à chacune de ses extrémités un régime du grand commun. bec, pour qu'on puisse recueillir plus facilement LARD. Celui qu'on appelle gros tard ne con le jus qu'elle contient: son bord, du côté du foyer, tient aucune partie charnue ; le petit tard, qu'on doit être assez relevé pour que les charbons qui nomme aussi lard maigre, est composé de couches roulent ne puissent pas le franchir. alternées de graisse et de chair. Les lèchefrites de fer battu ont l'inconvénient Pour la manière de préparer le lard, voyez l'ar- de noircir les jus de viandes, surtout quand celles- ticle CHARCUTERIE. ci sont arrosées avec des marinades contenant des acides; on remédie en partie à cet inconvénient en LARDER. C'est l'action d'enfoncer dans les tenant les lèchefrites dans un grand état de pro- viandes, avec un instrument fait exprès, des filets preté, ce qui ne peut s'obtenir que par un écurage de lard. Piquer est synonyme de larder : on larde au sable, dont on se dispense trop souvent. On dans toute l'épaisseur des chairs, ou seulement à pourrait les faire en fer battu étamé. la superficie. Pour larder en travers ou se sert de Les lèchefrites en cuivre étamé ne seraient to- gros filets ; on n'en emploie que de très-fins pour lérables qu'autant qu'on les ferait en gouttière, ce larder à la surface; les filets, dans ce cas, sont qui éviterait l'inconvénient des parties anguleuses, disposés avec symétrie , et quelquefois ils figurent dans lesquelles il se forme toujours du vert-de- un dessin régulier et systématique. gris; encore cela ne pourrait-il dispenser de les examiner avec soin avant de s'en servir. LARDONS. Pour l'assaisonnement des lar- dons (V. à la page 15). LÉGUMES. Cette dénomination, dans son sens le plus strict , ne devrait s'appliquer qu'aux LAURIER-FRANC ou d'APOLLON. On en semences comestibles qui sont renfermées dans des fait un fréquent usage en cuisine. On en met dans gousses ou des siliques, comme les pois, les fè- les bouquets garnis, assaisonnement obligé de tous ves, les haricots, les lentilles, etc.; mais dans le les ragoûts. On doit l'employer avec modération langage habituel, on comprend aussi, sous la dé- pour éviter que la saveur n'en soit trop forte. Il nomination générique de légumes, les plantes de y a de l'avantage à n'employer les feuilles de ce toute nature dont on mange les racines, les pousa laurier que desséchées, attendu qu'elles ont moins ses, les feuilles et les fruits. d'âcreté que dans leur état de verdeur et frai Voici la liste des végétaux dont on fait usage cheur. dans la cuisine, soit comme aliment, soit comme assaisonnement. LAURIER-AMANDE. On emploie souvent Substances végétales dans lesquelles la les feuilles de ce laurier pour aromatiser les laita- ges. On doit éviter d'en faire excès, parce que l'a- fécule est la plus abondante : salep, Riz, rôme fort agréable de ses feuilles est dû à une Sagou, Maïs, Orge, Arrowroot, Tapioca. substance vénéneuse, qui ſort heureusement ne Aliments végétaux dans lesquels la fécule s'y trouve pas en abondance. est unie à une substance sucrée : Avoine, 19. LÉG (292) LEV Sarrasin, Pois, Gesses, Lentilles, Haricots, Fèves, Fongus : Champignon commun, Mousserons, Châtaignes. Morille, Oronge, Ceps, Truffe noire, Truffe du Piémont. Végétaux où la fécule est unie à une substance huilcuse: Amandes, Noix, Avelines, Épices : Poivre, Muscade, Macis, Gérofle , Pistaches, Cacao, Arachide. Gingembre, Piment rouge. Aliments dans lesquels la fécule est unie Aromates : Vanille, Cannelle, Anis, Badiane, au gluten : Froment, Seigle, Epeautre. écorces d'Orange, de Citron, de Cédrat, Genièvre, Végétaux alimentaires dont le paren- Safran, Curcuma. chyme est imprégné d'un suc visqueux : Arroche, Bette, Épinards, Tétragone, Bazelle, LENTILLES. Il y en a de deux espèces, la Phytolaque, Pourpier, Masche. grosse et la fine : cette dernière est connue sous Végétaux alimentaires qui contiennent le nom de lentille à la reine; c'est celle qu'on em- une matière extractive amère avec un suc ploie de préférence pour faire les purées, parce taiteux : Laitue, Endive, Chicorée, Scarole. que sa couleur est plus agréable, et que la saveur en est plus délicate que celle de la grosse espèce. Racines mucilagineuses qui contiennent La lentille porte la vertu tonique au point d'é- un suc laiteux : Salsifis, Scorsonère, Topinam-chauffer certaines personnes : l'eau de sa décoc- bour. tion a la même propriété. Les lentilles s'apprêtent comme les haricots. 11 Végétaux contenant une substance ex- tractive amère : Artichauds, Cardons, Cardes- faut choisir celles qui sont d'un blond clair et qui cuisent le mieux, car il y en a qui cuisent mal ai- poirées. sément dans les eaux les plus pures. Végétaux qui ne sont comestibles que Les lentilles servent principalement à faire des pendant leur premier développement : As- purées pour garnir des potages et pour masquer perges, Houblon, Câpres. des viandes cuites à l'étuvée, telles que langues et Racines contenant (abondamment une queues de bæuf, filets de mouton, faisans braisés, matière sucrée : Betteraves, Carottes, Navets, perdrix et cailles. Nous avons déjà conseillé de Panais, Chervis, Marrons. mêler, dans la purée de lentilles à la crème ou au jus, de petits filets croustillants de citron, qu'on Végétaux comestibles contenant une aura fait rissoler à grand feu dans de la friture. substance ammoniacale : Radis, Raifort, Chou-cabus, Chou-fleur, Cresson aquatique , Cres LEVAIN ET LEVURE. Le levain est un son alénois, Corne de cerf, Capucines, Casse- morceau de lécule fermentée qui sert à déterminer pierre ou Crêle-marine. la fermentation de toute pâte composée de farine Végétaux dans lesquels le mucilage est et d'eau ; sans cette addition la pâte ne fermente- allié à une substance volatile dite alliacée: rait pas, et l'on n'en pourrait obtenir pour la cuis- Ail, Ognon, Échalote, Poireau, Ciboule, Civette, son qu'une galette compacte et peu digestible. Rocambole. La levure est l'écume que forme la bière au Végétaux contenant un principe aroma commencement de sa fermentation : on égoutte tique : Persil, Cerfeuil, Céleri, Fenouil, Thym, cette écume, on la presse, on la réduit en pâte, et Sarielle, Tannaisie, Basilic, Ambroisie, Estragon, dans cet état elle se conserve beaucoup plus long- Pimprenelle, Laurier-franc, Absynthe, Marjo- temps que lorsqu'elle est liquide ; desséchée entiè- laine, Menthe, Sauge, Laurier-cerise, Angélique, rement, la levure se conserve indéfiniment sans Romarin, Verveine et Baume-potager. perdre ses propriétés : la levure est un ferment très-énergique qui peut remplacer tous les levains. Végétaux dans lesquels le mucilage est On en fait usage dans la pâtisserie pour obtenir uni à un acide : Oseille, Oxalis, Surelle. promptement des pâtes fermentées ; la boulangerie Cucurbitacées : Melon, Pastèque, Citrouille, en fait également usage. On peut suppléer à son Concombre, Potiron , Courge, Giromont, Cou- défaut dans beaucoup de cas, par de la bière, ou condecelle. par du suc de groseilles auquel on aura fait éprou- ver un commencement de fermentation. L'écume Solanées : Pommes de terre, Tomate, Auber- des vins blancs peut aussi remplacer la levure de gine. bière. LIE ( 293 ) LIE LEVRAUT, jeune lièvre. Pour s'assurer de Faites-le revenir sur de la braise ardente, afio que la jeunesse d'un lièvre trois-quarts, c'est-à-dire, la surface des chairs en soit plus ferme. Piquez-le qui est parvenu au terme de sa grandeur naturelle, ensuite de fins lardons bien assaisonnés , depuis le il faut lui prendre les oreilles et les écarter l'une cou jusqu'à l'extrémité des cuisses. Faites rôtir de l'autre : si la peau se relâche, c'est signe qu'il pendant une heure et demie, et servez accompa- est jeune; mais si elle ne donne aucun signe d'é- gné d'une sauce poivrade où vous aurez mis la lasticité, si elle tient ferme, on peut en conclure cervelle et le foie du lièvre, bien écrasés et passés que l'animal n'est pas levraut, et qu'il aura be- dans un tamis de crin. Vous n'y joindrez des câ- soin d'être attendu pour se mortifier et pour être pres et des cornichons que si vous voulez le servir altendri convenablement. Il est reconnu que les en entrée de broche. Il n'est pas besoin d'ajouter meilleurs levrauts sont ceux qui naissent au mois ici qu'avec un lièvre en plat de rôt, il ne faut pas de janvier. Pour les apprêts qui leur conviennent manquer de faire présenter de la gelée de gro- le mieux (V. LIÈVRE). seille, ainsi qu'avec le sanglier, le marcassin, le chevreuil et le daim rôtis. C'est une coutume re- LIAISON, se dit, culinairement parlant, d'un nouvelée du xvie siècle, à laquelle on se conforme appendice ayant pour effet d'épaissir ou de lier généralement, depuis quelques années, sur toutes certaines sauces, au moyen de jaunes d'œufs dé- les tab es aristocratiques et dans toutes les maisons layés chaudement sans bouillir, ou bien moyen distinguées (à l'exemple de la cour). nant de la farine frile, de la fécule étendue, ou du coulis réduit à la consistance de gélatine (V. BLAN- Levrauts rôtis. On ne les sert plus en ac- QUETTE D'AGNEAU, etc.). colade, à moins que ce ne soit en famille. On en relranche les épaules ainsi que les cuisses , en LIÈVRE. La chair du lièvre est une des vian en coupant carrément les râbles qu'on laisse d'une des les plus nutritives, les plus sapides et les plus seule pièce et qu'on attache sur la broche au chaudement colorées, mais les physiciens ne sau moyen d'un altelet, après les avoir piqués de fin raient accorder que ce soit un aliment indigestible lard ou bardés largement. Il ne faut pas moins de ou malsain. Hippocrate a prétendu que c'était une cinq râbles ou reins de levraut pour garnir suffi- viande noire et mélancolique; Celse a dit samment un plat de rôti, ce qui n'en permettrait qu'elle était incandescente, et le docte Averroës pas l'usage habituel dans les maisons de classe a fait remarquer que c'est un de ces aliments qui mitoyenne. Le plat qui contient des reins de le- font rêver. Il en est ainsi de tous les aliments vraut doit être garni par des quartiers d'orange énergiques et particulièrement du gibier à poil. amère, et non pas foncé d'une sauce poivrade On reconnaît la même propriété à certaines sub comme pour les lièvres entiers. stances végétales, et notamment aux asperges, aux Civet de lièvre à l'ancienne mode (dite à truſſes, au céleri, aux sucreries aromatisées, mais la Charles IX, parce que la recette en est for- surtout à la vanille. Il y a d'autres aliments qui mulée dans les dispensaires du temps de ce sont reconnus pour être somnifères, les prince). — Coupez un levraut trois-quarts en sept laitages et les viandes blanches, les compositions morceaux de même grosseur; coupez également amandées, le pourpier, l'arroche et les épinards, la des carrés de porc frais bien entrelardés ; faites: les famille entière des laitues, et surtout la pomme de sauler dans une casserole et sur un feu vif, afin reinette , quand on la mange immédiatement avant qu'ils se rissolent ensemble, et puis saupoudrez- de se coucher; mais il n'en résulte pas qu'il faille les de fleur de farine et poussez le tout jusqu'au exclure de nos tables et qu'on doive mettre, pour roux. Mouillez pour lors avec une chopine de ainsi dire, hors la loi d'un bon régime, toutes les bouillon chaud, et joignez au reste une forte pin- viandes noires dont le principe excitant les rend cée des quatre épices, un bouquet de fines herbes, loujours plus ou moins onéiriques, non plus aussi une demi-gousse d'ail et une chopine du meilleur que tous les aliments qui sont pourvus de qualités vin rouge. Ajoutez successivement dans votre civet sédatives, et qui par un effet de leur principe cal- douze poires tapées du Gatinais, six alberges de mant et lénitif, provoquent doucement au sommeil. Tours ou prunes de Brignoles, un maniveau de Au surplus, Brassavole a prié de remarquer que les rêves qui suivent la manducation, qu'il appelle pruneaux d’Agen (vidés de leurs noyaux), soixante mousserons ou de champignons tournés, douze Léprétiale, sont presque toujours de nature exhilarante et concordante, dit ce bon italien. grains de gros raisins secs épépinnés, douze mar- rons grillés, douze petits ognons blancs, et, si la Lièvre rốli. Si c'est un lièvre au-dessus saison le permet, quelques lames de bonnes truffes des trois quarts , attendez-le tout au plus quatre noires. Il ne faudra pas dégraisser ce ragoût que jours en été, et tout au moins huit jours en hiver. vous ferez lier, un quart d'heure avant de servir, tels quc LIÈ (294) LIÈ avec le ſoie , la cervelle et le sang du lièvre, les-, cement, Retirez le bouquet et les tranches d'o- quels vous aurez fait piler, manier et délayer dans gnon pour y mettre le sang du lièvre ou celui d'un un peu d'excellent vin rouge et de coulis de jam- canard, à défaut de l'autre. Faites lier sans laisser bon, avant de les mélanger dans votre appareil, bouillir, et servez avec de petites quiches au maïs qu'il ne faudra plus laisser bouillir dès que vous pour garniture. y aurez mis ladite liaison faite avec le sang et le foie délayés dans le vin. Vous garnirez ce plat Lièvre à la Saint-Denys. — Dépouillez et avec de petites quiches au blé de Turquie (v. videz un lièvre, en lui faisant au ventre une ou- Maïs et QUICHES AUX OEUFS). verture aussi petite que possible ; coupez-lui la tête; assaisonnez de moyens lardons pour piquer En dépit de l'ignorance des choses et de l'en- les filets et les cuisses; faites-le mariner dans du têtement routinier, le civet à la Charles IX est vinaigre avec sel et poivre, ognons, thym, lau- un esculant et savoureux plat d'entrée dont il ne rier, persil, ciboules ; il faut laisser le lièvre dans reste jamais la moindre parcelle. Si l'on veut en cette marinade pendant deux jours au moins. former un gros relevé pour en garnir un Danc ou Lorsque vous voudrez le faire cuire , vous hache- un bout de table, il suffira de redoubler toutes les rez bien menu le foie du lièvre ainsi qu'une égale doses indiquées ci-dessus ; et même pour y donner quantité de lard; vous ajouterez à cette farce des un plus beau volume, on pourra dresser le ragoût aromates pilés, du sel et du poivre, des jaunes en forme de dôme ou de chapiteau sur le croûton d’æufs, et le tout étant bien mêlé, vous le mettrez de dessus d'un pain rond (de quatre livres) qu’on dans le corps du lièvre; vous recoudrez la peau aura fait griller et saucer dans le mouillement du du ventre, et vous le ferez cuire dans une brai- civet avant d'en foncer le plat. sière foncée de bardes de lard, avec des parures La même préparation peut s'appliquer aux filets de viande, quelques carottes et ognons, un bou- de bêtes fauves, à l'outarde et à l'oie sauvage, quet garni , un peu de sel, le tout mouillé avec aussi bien qu'à la sarcelle et à la lamproie. Quand du vin blanc. Vous ſerez mijoter votre lièvre pen- le ragoût doit être au maigre, on joint de petits dant au moins deux heures; au moment de ser- carrés de chair d'anguille aux membres de sar-vir, vous l'égoulterez; vous le glacerez; vous ferez celle et aux tronçons de lamproie, à la place des réduire le mouillement dans lequel il aura cuit, morceaux de porc frais qui sont indiqués ci- et quand il sera presque à glace, vous y verserez dessus. plein deux cuillères à dégraisser d'espagnole; vous poserez votre lièvre sur un plat, et votre sauce des- Civet de lièvre à la bourguignonne. sous; en cas qu'elle soit trop assaisonnée, vous y Coupez un lièvre en sept quartiers, et passez-le mettriez gros comme un auf de beurre et le jus dans un roux avec quelques morceaux de petit d'un citron. lard et une demi-cuillerée de fleur de farine. Fai- tes le mouillement du civet avec une chopine et Lièvre au chasseur. Videz un lièvre sans demie de vin de Bourgogne; ajoutez-y de la glace le dépouiller de sa peau; farcissez-le de son foie, de viande ou du blond de veau. Joignez-y un accompagné de foies gras, si vous en avez, avec bouquet garni , une forte pincée de poivre noir du persil et de la ciboule , le tout haché bien et vingt-quatre petits ognons que vous n'ajouterez menu et pilé dans un mortier avec un bon mor- qu'environ dix minutes avant la fin de la cuisson ceau de beurre frais , du sel et du poivre. Cousez du même civet. Vous le terminerez en y joignant le ventre pour empêcher que rien n'en sorle; met- le sang de l'animal dans lequel vous aurez fait tez-le à la broche, et faites-le rôtir à petit feu, écraser son foie. Vous pourrez garnir ce ragoût jusqu'à ce qu'il soit cuit à la perfection, ce que avec de larges croûtons frits et dressés en cou l'on aperçoit lorsque la peau se détache du corps. ronne autour du plat. Alors débrochez-le; levez-lui le reste des peaux, et servez avec une poivrade. Filets de lièvre en civet à la royale. Enlevez toutes les chairs d'un lièvre et coupez-les Lièvre en daube. — Désossez complétement en flets que vous piquerez finement. Brisez les un lièvre; brisez tous les os et la tête; coupez en os et la carcasse que vous passerez dans un roux, plusieurs morceaux un jarret de veau; éinincez ainsi que les flaucs du lièvre; ajoutez-y quelques des carottes et quelques ognons; faites cuire le ognons en tranches, un bouquet garni, sel et tout avec du vin blanc et du bouillon, sel, poivre, poivre ; mouillez avec du vin de l'Hermitage bouquet garni et quelques clous de gérofle; faites rouge et du bouillon bien consommé; faites bouil- bouillir à petit feu pendant une heure et demie lir et réduire au quart; passez la sauce au tamis ; au moins : passez avec expression. mettez-y les filets, et faites-les mijoter tout dou Foncez avec des bardes de lard une terrine de LIÈ ( 295 ) LIÈ faïence qui aille au feu; mettez-y la chair de lièvre panade un peu desséchée avec de la crème, pi- en l'entremêlant d'émincées de petit lard et de lez-la avec le foie ; mettez autant de beurre qu'il rouelle de veau ; assaisonnez de poivre, épices et y a de panade, quatre jaunes d'aufs crus, sel, peu de sel; mouillez avec la cuisson des os; cou- poivre et lines épices; coupez un gros ognon en vrez avec des bardes de lard; faites cuire à petit très-petits dés; passez-le dans du beurre; faites-le feu : laissez refroidir et servez dans la terrine. cuire à blanc, et joignez cet ognon à votre farce, Gâteau de lièvre. en le mettant avec une cuillère; ajoutez-y une pin- Dépouillez un lièvre, cée de petite sauge, que vous aurez passée au ta- videz-le ; conservez-en le sang ainsi que le foie; mis : mêlez le tout et incorporez-y le sang du le- levez-en toutes les chairs; ôtez-en les nerfs et les vraut; faites l'essai de cette farce; goûtez si elle peaux; hachez ces chairs; ayez autant de foie de est d'un bon goût; remplissez-en le corps de l'a- veau, que vous hacherez également après en avoir supprimé la peau et les nerfs ; joignez-y le foie du nimal ; cousez-le ; cassez-lui les os des cuisses , et ramenez-lui les pattes de derrière sous le ventre, lièvre; ayez de la noix de jambon cuit autant que où vous les fixerez; donnez l'attitude aux pattes vous avez de chair de lièvre; hachez ce jambon, mettez-le dans le mortier, et pilez-le jusqu'à con- de devant, ainsi qu'à la tête de votre lièvre, sistance d'une pâte; ajoutez-y votre chair de liè- comme s'il était au gîte; mettez-le à la broche, vre, son foie et celui du veau; pilez bien le tout loppez-le de papier ; faites-le cuire environ cinq en lui conservant cette position : bardez-le, enve- ensemble, et joignez-y du lard râpé, le tiers du volume de vos viandes ; pilez de nouveau au point lui le papier : supprimez-en le lard, et servez-le quarts d'heure; avant de le retirer du feu, ôtez- qu'on ne sente aucun grumelot sous le doigt; as- avec une saucière remplie de gelée de groseilles saisonnez-le de sel fin, d'épices fines, de fines her- fondue au bain-marie. bes cuites , telles que persil et ciboules; ajoutez de la muscade râpée; joignez à tout cela un demi- , ( Escalopes de levrauts au sang (d'après après l'autre), le sang de votre lièvre et un jus l'excellente formule de M. Beauvillier). d'ail (lequel se fait en écrasant deux gousses d'ail - Ayez un ou deux levrauts, selon leur grosseur; qu'on met avec un peu d'eau dans une cuillère et dépouillez-les, videz-les, conservez-en le le- sang ; dont on exprime le jus); mêlez bien le tout en- vez-en les fileis, ainsi que les mignons et les noix semble , et puis foncez une casserole de bardes de des cuisses ; supprimez les nerfs de vos filets, en lard ; mettez-y de votre appareil l'épaisseur de les posant sur la table et faisant glisser yotre cou- deux doigts ; ayez de grands lardons ; rangez-les teau, comme si vous leviez une barde de lard; sur cet appareil, de distance en distance, et met- ôtez les nerfs et les peaux de vos noix ; coupez le tcz alternativement dans chacune de ces distances tout de l'épaisseur et de la grandeur d'un écu; une rangée de pistaches ou de truffes coupées ; battez-les l'un après l'autre avec le manche du recouvrez ce fond de votre appareil toujours de couteau, que vous tremperez dans l'eau; arron- l'épaisscur de deux doigts, et continuez ainsi jus- dissez vos escalopes , arrangez - les l'une après qu'à ce que la casscrole soit pleine ; couvrez cet l'autre ainsi que les rognons partagés en deux) appareil de bardes de lard et d'un rond de papier ; dans un sautoir ou un plat d'argent creux, où mettez un couvercle sur cette casserole; posez-la vous aurez fait fondre du beurre; saupoudrez ces sur une tourtière, et faites cuire au four pendant escalopes d'un peu de sel et de gros poivre; cou- trois heures : ensuite retirez-le, laissez-le refroidir; vrez-les de beurre fondu et d'un rond de papier échauffez légèrement la casserole, pour le retour | blanc, et laissez-les jusqu'à l'instant de vous en ner; relournez-le ; ôtez-en les bardes ; faites-y une servir : concassez les os, la tête et tous les débris remarque qui indique à l'entamer, de sorte que de vos levrauts; meltez-les dans une petite mar- les lardons qui y sont posés en long se trouvent mite, avec quelques lames de jambon, un mor- coupés en travers ; et servez-le sur une assiette, ceau de rouelle de veau, deux ognons, un piqué comme moyenne ou grosse pièce d'entremets. de deux clous de girofle, deux ou trois carottes tournées, un bouquet de ciboules, une feuille de Levraut à l'anglaise. — Ayez un levraut laurier et la moitié d'une gousse d'ail; mouillez jeune et tendre; dépouillez-le, sans lui couper les le tout avec du hon bouillon et un verre de vin de pattes ; et pour qu'il reste en son entier, échaudez- Bourgogne rouge; faites cuire ce fumet une heure lui les oreilles comme on apprête celles d'un co ou davantage : sa cuisson faile, dégraissez-le, pas- chon de lait : faites-lui, pour le vider, une petite sez-le au travers d'une serviette , mettez-le sur le ouverture; retirez-lui les poumons et le sang ; feu de nouveau ; failes-le réduire plus qu'à moitié; passez votre doigt entre les quasis; prenez le foie, ajoutez-y trois cuillerées à dégraisser d'espagnole ; Ôtez-en l'amer, hachez-le très-menu; faites une faites-le réduire de nouveau à consistance de demi- LIM ( 296 ) LIQ la et servez. glace : à l'instant de servir, mettez vos escalopes sur | sieurs mèches de papier gris ou de coton, jusqu'à un feu ardent; lorsqu'elles seront raides d'un côté, ce que l'on n'apercoive plus d'huile. Ce suc peut faites-les raidir de l'autre; cela fait, égouttez-en servir aux mêmes usages que le jus de limon le le beurre sans perdre le jus de vos filets; mettez plus nouvellement exprimé. le tout dans votre fumet, sautez-le, liez-le avec le sang de vos levrauts ; ajoutez-y un pain de beurre, tanche, la lamproie, la lotte, etc., que l'on met LIMONXER, se dit des poissons comme la un jus de citron; goûtez s'il est d'un bon goût, dans l'eau prête à bouillir, et que l'on retire un Si vous n'aviez point d'espagnole, faites un pe- instant après, pour enlever le limon avec un cou- tit roux; liez-en votre fumet avant de le passer, teau, en allant de la têle à la queue (sans offenser la peau). et, pour en obtenir à peu près le même résultat que ci-dessus, faites-le réduire au même degré. LIQUEURS. On appelle ainsi des prépara- Filets de tevrauts à la provençale. tions composées avec de l'esprit de vin ou de Levez les filets d’un ou deux levrauts ; parez-les, l'eau-de-vie, du sucre et des extraits de certaines Ôtez-en les nerfs; piquez-les de filets d'anchois des substances plus ou moins aromatiques ; on les ob- salés et de lard; versez de l'huile dans une casse- tient par la distillation ou moyennant l'inſusion. role ; mettez-y une demi-gousse d'ail, un peu d'é- Les liqueurs opérées par ce dernier moyen portent chalotes hachées, un peu de sel et de gros poivre; le nom de ratafias. On appelle élixirs certaines posez vos filets dans celle casserole et passez-les liqueurs hygiéniques ou thérapeutiques, dont on sur le feu : lorsqu'ils seront cuits, égouttez-les n’use ordinairement que par cuillerées; elles sont chaudement; mettez dans votre casserole deux restreintes à sept ou huit formules, qui sont par- cuillerées de coulis, autant de consommé, la moi-ticulièrement du ressort de la pharmacie. Il y au- tié d'une cuillerée à bouche de vinaigre à l'estra- rait beaucoup de choses à dire à l'occasion des gon ; faites réduire votre sauce , dégraissez-la, liqueurs ; et d'abord, c'est qu'il n'est pas vrai que passez-la à l’étamine; remettez-la au feu, dégrais- ces compositions ne datent que de la vieillesse de sez-la de nouveau : goûlez si elle est d'un bon Louis XIV, et que Fagon, son premier médecin, goût; versez-la dans le fond du plat, et garnis- les ait inventées pour exhilarer ce vieux monarque sez-la avec des olives farcies ou des picholines, en le réconfortant. Il est avéré qu'on fabriquait des ratafias sous le règne de Louis XII, et que les Pâté de lièvre (V. PATÉS FROIDS). élixirs étaient déjà connus du temps de Char- les VII. Purée, soufflé et sauté de tevraut (V. LA- L'avantage qu'on obtient par la distillation dans PIN). la préparation des liqueurs, c'est qu'en les char- LIMANDE, poisson de la famille des Achan-geant de toute la partie aromatique des substances on en recueille un produit tout-à-fait dépouillé tures, et qui s'apprête absolument comme le car- d'àcreté. Relativement aux procédés qui doivent relet et la plie (V. page 127). être suivis pour opérer et suivre les distillations, LIMON, variété du genre citron, dont nous voyez à l'article ALAMB:C, pages 16, 17 et sui- vantes. avons indiqué le fréquent usage à nos articles Si- ROPS, CONFITURES, CONSERVES, SORBETS, etc. Les liqueurs étrangères les plus recherchées sont l’Alkermès de Florence et le Rossolis de Bo- Suc de limon. - On prend quarante ou cin- logne, le Barbados et le Tartufoglio de Turin, la quante limons de la belle espèce; on les pile, on Citronnelle de Venise, le Cinnamomum de Trieste, les coupe en deux parties, on en relire les pepins le Marasquin de Zara et le Krambambouli de avec toute l'exactitude possible, et l'on finit par Dalmatie, l'extrait d'Absynthe Suisse, le Kirschen- écraser la chair de ces fruits dans un vase de Wasser de la Forèl-Noire, le Persicol de Trèves faïence. On les y laisse fermenter pendant vingt- et le kumin de Dantzig, la double Avisette et le quatre heures, ensuite on en exprime le jus dans Curacao blanc d'Amsterdam, le Scubac d'Irlande, un linge. Le suc qui découle passe trouble; on le le Tafia de l'île de France, le Blanc-Rack de Ba- dépure en le filtrant à travers un papier sans colle, tavia et le vieux Riium de la Jamaïque; mais à la et on l'obtient très clair. On le conserve dans des tête et bien au-dessus de toutes ces liqueurs exo- bouteilles pleines avec un peu d'huile d'olive dans tiques, on doit placer les produits de nos Antilles le goulot de la bouteille, et on les met à la cave. Ce françaises, parmi lesquels il faut décerner la palme suc se conserve très-long-temps. Quand on veut du triomphe au Noyau des îles, à la Vanille blan- s'en servir, on a soin d'en ôler l'huile, en intro- che, à l'Eau des Créoles et au Mirobolan de l'im- duisant dans le cou de la bouteille une ou plu mortelle et glorieuse madame Amphoux. Voici LIQ ( 297 ) LIO 1 2 gros. 1 gros. . 4 gros. . 2 . l'indication des liqueurs indigènes qu'on estime le Pour obtenir dix bouteilles d'eau suave : plus, et des localités qui les fournissent : 1° Li- queurs fines ou distillées. Les Crèmes de Prenez Eau-de-vie .. 8 pintes. Thé, de Menthe, de Cannelle et d'Orange de la Gérofle. côte Saint-André; toutes les liqueurs de Mont- Macis. pellier, mais principalement l'Eau d'Angélique ; Eau de rivière distillée. : 3 pintes. toutes celles qui se fabriquent et se vendent à double de fleur d'orange. 1 liv. Paris chez M. Tanrade, ancien chef d'office au double de roses. 1 liv. château de Versailles, el nolamment ses Crèmes Esprit de jasmin. d'Ananas et d'Absinthe au Candi, son Petil-Lait d'ambre... 4 gouttes. d'Henri IV et son Baume arabique aux fleurs de Myrte. 2° Liqueurs ménagères ou ratafias Sucre surraffiné concassé. 6 1.4 onc. indigènes. — Persicot de Verdun, Noyau de Vous distillez au bain-marie l'eau-de-vie, le gé- Phalsbourg, Absinthe de Lyon, Vespetro de Mont- rofle et le macis, pour retirer cinq pintes de li- pellier, Ratafia de Grenoble aux Merises, de Teis- siere ; aux quatre Fruits rouges de Villeneuve, queur spiritueuse: vous faites fondre le sucre dans aux cinq Fruits jaunes d'Hyères, aux sept Graines l'eau de rivière, puis, y ajoutant celles de roses et de fleur d'orange, vous formez le mélange avec de Niort, Guigno:et d’Angers, Hydromel de Metz, le produit distillé et les esprits de jasmin et d'am- et Cotignelle d'Orléans. On doit classer à la suite bre. Vous filtrez la liqueur à l'entonnoir fermé, de ces ratafias (qui sont excellents), l'Aniselte de Bordeaux dont on fait un fréquent usage en cui- et la mettez dans des bouteilles que vous bouchez bien. sine (V. CRÈMÈS, GELÉES D'ENTREMETS, Sour- Cette liqueur a un parfum et une saveur des FLÉS EN CAISSE, etc.), et finalement l'Eau-de-vie plus agréables. d'Andaye de la fabrique de Bayonne; mais celle- ci n'est habituellement qu'une liqueurs d'office Liqueur au bouquet printannier. ou de seconde table, pour les grandes maisons. Prenez Eau-de-vie fine. 6 pintes. Macis. 1 gros. Liqueurs distillées. Eau de rivière distillée. 3 pintes. Esprit de jasmin.. de fleur d'orange Double anisette surfine, façon d'Amster- de roses. . 4 gros. dam (formule indiquée dans le DISTILLOR- de réséda.. KAUFMAN). — Il faudra prendre soixante gouttes de vanille. d'huile volatile d'anis étoilé, quatre onces d'a- Sucre royal concassé. 5 liv. mandes amères mondées et broyées au mortier de marbre avec un peu d'eau et de sucre, deux onces Distillez au bain-maric l'eau-de-vie et le macis, de racine d'Iris de Florence bien concassée, douze pour retirer trois pintes et demie de liqueur : pintes d'esprit de vin 3/6, et de plus trois pintes quand le sucre est fondu à l'eau de rivière, vous y d'eau de fontaine. Mettez le tout dans l'alambic réunissez tous les produits distillés, et en compo- dès la veille, et distillez au bain-marie pour en sez la liqueur au bouquel, que vous filtrez comme retirer douze pintes d'esprit rectifié. la recette précédente. Faites un sirop clarifié avec neuf livres de su- cre royal et neuf pintes d'eau distillée; mélangez Liqueur aux quatre fleurs d'été. le même sirop avec les douze pintes d'esprit aro- Prenez Eau-de-vie. 6 pintes. matique, et clarifiez votre anisette en la faisant filtrer au papier gris. de rivière distillée. 4 pintes. Esprit de roses 8 onces. Huile du Curaçao rouge et blanc (V. de fleur d'orange. 8 onces. page 200). de jasmin. 3 onces. de réséda. 2 onces, Eau suave. (Pour la confection des liqueurs Sucre superfin.. 5 liv. suivantes, au nombre de quinze, on a suivi les bonnes prescriptions et les formules officinales du Rectifiez l'eau-de-vie au bain-marie, et suivez château de Bellevue, par le sieur Gohier du Lom- pour le reste les procédés de la recette précé- pier, officier de MESDAMES, tantes du Roi). dente. . 6 gros. 4 gros. . 4 gros. 2 gros. . - • LIQ ( 299 ) LIQ . . . . 1 gros. . . . . . Eau de ta côte Saint-André, Épluchez les tiges d'angélique et faites-les blan- chir à l'eau bouillante; plongez-les ensuite dans Prenez Eau-de-vie ... 5 pintes. l'eau froide et pilez-les avec la cannelle ; concassez Cannelle superfine concassée, 4 onces. l'iris; mettez le tout dans l'alambic avec l'esprit Zestes de deux cédrats, et l'eau ; distillez pour retirer deux pintes et Dattes.. 4 onces. demie. Figues grasses, 4 onces. Sucrez avec un sirop composé de deux livres Vous faites infuser ces substances dans l'eau et demie de sucre et une demi – pinte d'eau de-vie pendant six jours, et procédez à la distilla- filtrée. tion pour obtenir trois pintes de liqueur. Eau d'or, dite à la Favorite. Prenez Eau de rivière distillée. 3 pintes. Prenez Eau-de-vie. 4 pintes, Sucre surraſſiné. 41. 8 onc. Zestes de six citrons. Vous faites fondre le sucre dans l'eau, puis, Macis. . . Eau de rivière distillée. 2 pintes. ayant formé le mélange, vous filtrez la liqueur, de fleur d'orange. 1 liv. Gouttes de Malte. - Prenez six pintes d'eau. Sucre. 3 liv. de-vie d'Espagne ou de Montpellier, mais non pas de Cognac, attendu que cette dernière est beau- Vous distillez au bain-marie l'eau-de-vie avec coup moins spiritueuse; mettez-y les les zestes et le macis, et retirez deux pintes de li- queur spiritueuse. Quand le sucre est fondu dans Zestes de 12 oranges de Malte. l'eau, et que vous y avez ajouté l'eau de fleur d'o- Eau de fleur d'orange. 1 pinte. range, vous formez votre mélange que vous colo- Eau de fontaine ou de rivière. 2 pintes. rez en jaune avec la teinture de safran; vous fil- Sucre concassé... 4 liv, trez la liqueur et la mettez en bouteilles. Alors, Faites infuser les zestes d'orange dans l'eau-de- ayant un livret contenant des feuilles d'or, vous vie pendant deux jours, puis soumettez l'un et en faites tomber dans une assiette, et, y ajoutant l'autre à la distillation, un peu de la liqueur, vous les battez légèrement Vous faites fondre le sucre dans l'eau de ri avec une fourchette, jusqu'à ce qu'elles soient bri- vière, vous y ajoutez l’eau de fleur d'orange quand sées, et en mettez avec une cuiller dans chaque il est entièrement fondu ; vous faites aussilôt le bouteille suffisante quantité. mélange et le filtrez. Eau d'argent, dite à la Surintendance. Eau divine, Prenez Eau-de-vie. 6 pintes, Prenez Eau-de-vie fine . 5 piotes. Zestes de six oranges. Zestes de quatre citrons. de quatre bergamotes, de quatre bergamotes. Cannelle fine concassée, . 4 gros. Mélisse récente . . 2 onces, Eau de rivière distillée. 3 pintcs, Eau de rivière distillée, , 2 pintes. Sucre royal concassé. 41, 8 onc, de fleur d'orange, 1 pinte. Vous suivez les mêmes procédés que pour l'eau Sucre surraffiné concassé 4 liv. d'or, excepté que vous laissez cette liqueur en Vous distillez les quatre premières substances blanc, et que vous y mettez des feuilles d'argent, au bain-marie et au très-petit filet pour retirer Eau de Bellevue, trois pintes de liqueur. Faites fondre le sucre dans l'eau de rivière, et ajoutez l'eau de fleur Prenez Eau-de-vie. . 4 pintes. d'orange; puis, après avoir fait le mélange, vous Zestes de quatre cédrats. le filtrez. Mélisse fraîche.. 2 onces. Eau d'ange. Macis. . . Eau de rivière, 2 pintes. Prenez Tiges d'angélique encore ten- de fleur d'orange. 1 liv. dre. . . 4 onces. Esprit de jasmin. 1 once. Cannelle.. 4 gros. Sucre concassé. 3 liv. Iris de Florence. 2 gros. Eau-de-vie ou esprit à 25 de- Vous distillez les quatre premières substances grés . . 3 pintes. pour retirer deux pintes de liqueur. Vous faites Eau.. 1 pinte. fondre le sucre à l'eau de rivière, vous y ajoutez . . • . . . . . . • • . O 1 gros. . - LIQ ( 299 ) LIQ 2. Faites un sirop avec deux livres et demie de . . l'eau de fleur d'orange et l'esprit de jasmin, Eau chinoise (recette de MM. de la Rey- et, lorsque le mélange est fait, vous filtrez la li- nière). — Le nom de cette liqueur vient de ce queur. qu'on emploie pour la faire cette espèce de petits Eau des sept graines à la Visitandine.- citrons verts qu'on confit au sucre, et qui sont alors vendus sous le nom de chinois. Pour six pintes d'eau-de-vie, prenez une once d'anis vert ou de Verdun, une once de fenouil, Prenez trente petits citrons verts. Il est inutile une once de graines de carottes, une once de d'en enlever les zestes ; meltez-les dans l'alambic graines de carvi, une demi-once de graines d'an- avec trois pintes d'esprit à 22 degrés; distillez au bain-marie pour retirer deux pintes. gélique, une once et demie de coriandre, une once de badiane et un gros de macis; concassez tous ces ingrédients, et mettez-les infuser dans de sucre, ajoutez-le à l'esprit aromatique, et filtrez l'eau-de-vie avec une pinte d'eau pendant quel- au papier gris. ques jours, et faites votre distillation à l'ordinaire; Eau de bigarade au candi. - Enlevez pour le mélange, vous ſerez fondre trois livres et les zestes de six bigarades moyennes, et distillez- demie de sucre dans trois pintes et demie d'eau ; les au bain-marie avec trois litres et demi d'es- mêlez le tout, et filtrez. prit à 22 degrés; ajoutez du macis et de la mus- Scubac (façon d'Irlande). cade en substance, et retirez trois pintes de li- queur. Prenez Eau-de-vie.. .. 6 pintes. Ajoutez six livres de sirop clarifié, fait avec Safran oriental. . 1 once. deux livres et demie de sucre et une pinte d'eau; Zestes de deux oranges. filtrez à la chausse ou au papier gris. de deux citrons. Macis. 36 grains. Fine orange à la Conde. Levez les Eau de rivière. . 3 pintes. zestes de huit oranges choisies parmi celles dont Sucre... 5 liv. l'écorce est fine, tendre, transparente et bien pointillée. Faites infuser les cinq premières substances Distillez les zestes au bain-marie avec quatre pin- dans l'eau-de-vie pendant huit jours, en fermant tes et demie d'eau-de-vie à 22 degrés ; retirez-en bien le vase, puis vous distillez au bain-marie. Vous faites fondre le sucre dans l'eau de rivière, quatre pintes. Faites un sirop clarifié avec deux livres et de- vous faites le mélange et le pilez. Vous obtenez mie de sucre, un quarteron de beau miel et une de cette manière une liqueur blanche et très- pinte et demie d'eau ; ajoutez-le à l'esprit aroma- limpide. Quelques personnes la préfèrent de couleur tique, et filtrez au papier gris. jaune; alors faites fondre le sucre avec l'eau sur Kirschen-wasser (façon des Ardennes). le feu, vous le laissez refroidir, vous y ajoutez de Vous prenez des merises bien noires et bien la teinture de safran, vous faites ensuite le mé- mûres, vous en supprimez les queues, et emplissez lange, puis vous filtrez la liqueur. de ces fruits une cuve de moyenne grandeur; vous Rossolis (façon d'Italie). les recouvrez avec des cendres mouillées ou avec un mortier très-épais; il se forme de cette ma- Prenez Roses muscates . . 8 onces, nière une croûte qui maintient le spiritueux de ces Fleurs d'oranger épluchées. 5 onces. fruits dans un état de fermentation, et l'empêche Cannelle concassée... de s'exhaler en vapeurs, ce qui arriverait sans Clous de gérofle concassés. cette précaution. Au bout d'un mois ou six se- Eau de rivière.. 6 pintes. maines, vous enlevez la croûle de dessus une Esprit de vin. 3 pintes. portion des merises, et les soumettez à la distil- de jasmin. . 2 onces, lation. Sucre raffiné concassé. 6 liv. Pour cela , après avoir posé la grille dans la cu- Vous mettez dans la cucurbite les cinq pre- curbite, vous remplissez celle-ci aux deux tiers mières substances, et les distillez pour retirer avec le jus et la pulpe des merises; vous dressez trois pintes de liqueur, dans laquelle vous faites l'appareil et conduisez le feu avec précaution et fondre le sucre ; vous y versez ensuite l'esprit de graduellement, jusqu'à ce que vous obteniez seu- vin ct l'esprit de jasmin; vous colorez la liqueur lement le petit filet ; vous obtenez une liqueur en rouge cramoisi, et la filtrez ensuite. très-limpide, et cessez l'opération aussitôt que Il se fabrique une grande quantité de cette li vous vous apercevez que le flegme commence à queur à Turin, où elle est fort en vogue. passer; c'est un produit dénué de saveur et de 3 gros. 1 gros. . . . . . LIQ ( 300 ) LIQ . . Eau . . force; vous mettez à mesure le kirschen-wasser Parfait-amour (suivant la formule du dans un petit tonneau ; vous jetez le marc du pre Fidèle Berger). – Pour six pintes d'eau-de-vie mier produit, et, mellant de nouveau dans la à 22 degrés, vous prendrez quatre gros cédrats cucurbite même quantité de merises que la pre bien frais et d'un excellent parfum ; vous les zes- mière fois, vous continuez ainsi jusqu'à ce que le terez et vous les ferez infuser dans six pintes tout ait été distillé. d'eau-de-vie, en y joignant une pinte d'eau dis- Vous rectifiez de suite ce kirschen-wasser au tillée ; vous y joindrez une demi-once de cannelle bain-marie ; et, après cette seconde distillation, il fine et quatre onces de coriandre; vous distille- doit avoir vingt-deux à vingt-trois degrés, il s'a rez le tout suivant le procédé requis, et vous de- méliore beaucoup en vieillissant. vrez colorer votre liqueur en y joignant le pro- duit de deux gros de cochenille, deux gros de Cinnamomum (recette et formule de ma- crème de tartre et un gros d'alon de Rome que dame Fouquet). - La cannelle est la base de vous aurez mis en poudre et fait bouillir avec un cette liqueur ; mais on y ajoule le macis, ce qui peu d'eau filtrée; vous passerez votre couleur au modifie singulièrement son arôme. travers d'un linge en la retirant du feu ; vous Prenez Cannelle fine en poudre. . I once 1/2. l'ajouterez à votre mélange, et vous acheverez de Macis. . 2 gros. clarifier cette liqueur en la filtrant au papier Eau-de-vie à 20 degrés. 3 pintes 1/2. Joseph. Sucre... 3 livres. Miel de Narbonne. 4 onces, Des autres liqueurs surfines à qui l'on donne les noms de CRÈME et d'HUILE, 1 pinite 1/2. Ces liqueurs doivent être plus grasses que Distillez l'eau-de-vie sur la cannelle et le macis celles dont nous avons parlé, parce qu'on y ſait dans la cucurbite. Retirez trois pintes. Faites un sirop clarifié avec le sucre, le miel qu'à ce qu'il soit près de bouillir, et celles à qui entrer plus de sucre, qu'on fait chauſſer jus- et l'eau ; ajoutez-le à l'esprit aromatique, et l'on donne le noin d'huiles doivent avoir une filtrez. consistance assez semblable à celle d'huile d'olive, Persicot. ce qu'on obtient en augmentant encore la dose Prenez Graine de persil pilée . ... 1/2 once. du sucre et lui faisant prendre un bouillon. Esprit ou eau-de-vie à 21 de- Crème de myrte (recette de Bellevue). 3 pintes. Eau. 1/2 litre. « Prenez Eau-de-vie 12 pintes. Fleurs de myrte. 1 liv. Distillez pour retirer deux pintes et demie. Feuilles de pêcher. 4 onces, Ajoutez un sirop clarifé, fait avec une livre Une muscade. trois quarts de sucre et une pinte et demie d'eau; Eau de rivière distillée. . . 6 pintes. filtrez. Sucre. . 9 liv. Huile de Vénus (recette de Vincent » Vous mettez dans un vase les feuilles de pê- de la Chapelle). cher, les fleurs de myrte et la muscade concassée; Prenez Semences de carvi. . . 1 once. vous versez l'eau-de-vie par-dessus; et, après avoir de chervis... 1 once. laissé macérer le tout dans un endroit chaud pen- Daucus de Crète. 1 once. dant quinze jours, vous procédez à la distillation Macis. au bain-marie pour retirer six pintes de liqueur Esprit à 22 degrés. 4 litres. spiritueuse. Eau... 3/4 de litre. » Vous faites fondre le sucre dans l'eau sur le feu ; quand il est près de bouillir, vous formez le Distillez après avoir broyé les substances, et mélange et filtrez la liqueur à l'entonnoir fermé, retirez trois litres et demi. puis la mellez en bouteilles. Sucrez avec un sirop clarifié composé de quatre » A défaut de fleurs de myrte, vous pouvez em- livres de sucre et un litre d'eau; mettez le sirop ployer les feuilles; mais la liqueur n'est bonne un peu chaud dans la liqueur. qu'au bout de deux ou trois ans de vieillesse. Colorez avec la teinture d'un gros de safran Cette expérience est le fruit du hasard : cherchant dans quelques onces d'eau bouillante. Il ne faut à composer une liqueur où il entrât des feuilles mettre de cette teinture que ce qui est nécessaire de myrte, j'en distillai avec l'eau-de-vie ; mais pour obtenir une teinte d'un beau jaune paille. elle lui avait communiqué une telle âcreté, qu'a- grés . . . . . 2 gros. . 0 . . LIQ (301) LIO >> . 4 gros. . . . . 3 gros. . . . . . . . près le mélange fait, la filtration opérée, je n'en en poudre avec un moulin à café; et, le mettant pus boire. Je la laissai trois ans sans y toucher; dans un vase avec les zestes, vous versez l'eau-de- et ce ne fut pas sans étonnement qu'au bout de vie par-dessus, et laissez le lout en infusion pen- ce temps je lui trouvai une saveur des plus dant deux jours. agréables. Vous concassez le sucre et le faites fondre au feu; vous opérez le mélange et filtrez la liqueur. Crème de fleur d'orange au lait et au vin de Champagne. Crème de cacao. Prenez Eau-de-vie fine. . 12 pintes. Prenez Cacao. 4 liv. Fleur d'orange épluchée. 2 1. 8 onc. Cannelle fine concassée. Lait.... 3 pintes. Eau-de-vie fine. 6 pintes. Vin de Champagne très-blanc. 6 pintes. Esprit de vanille. Eau de rivière distillée. 4 pintes. Eau de rivière. 13 pintes. Sucre surraffiné. . 10 liv. Sucre. 5 liv. Prenez du lait du matin, vous le mettez avec la Vous prenez du cacao caraque ou berbiche de fleur d'orange dans une bassine sur le feu; après la meilleure qualité ; vous le torréfiez comme pour un seul bouillon, vous versez le mélange dans un le chocolat , et le concassez dans un mortier de vase de faïence. Lorsqu'il est refroidi, vous y ver- marbre; vous le mettez au bain-marie de l’alanıbic sez de l'eau-de-vie rectifiée ; et, aussitôt après avec la cannelle et l'eau-de-vie, pour retirer, par avoir agité le tout ensemble, vous filtrez la li- la distillation, trois pintes un quart de liqueur queur. Le parfum de la fleur, que le lait avait spiritueuse. empêché de s'évaporer, se trouve enlevé par l'eau Faites fondre le sucre à l'eau de rivière sur le de-vie , et il ne reste au fond de la manche que la feu : lorsqu'il est refroidi, vous formez le mélange fleur et la portion d'âcreté qu'elle contient, et le dans lequel vous versez l'esprit de vanille, puis lait caillé. vous filtrez la liqueur. Vous concassez le sucre, et le faites fondre à Crème de laurier. l'eau de rivière sur le feu. Lorsqu'il est entière- ment fondu , vous y ajoutez le vin de Champagne Prenez Eau-de-vie. S pintes. et l'esprit de fleur d'orange. Feuilles de fleurs de myrte. 12 onces. Feuilles de laurier. . 12 onces. Crème d'absinthe au candi. Une muscade concassée. Prenez Eau-de-vie. 8 pintes. Gérolle. Sommités d'absinthe rectifiées. 1 liv. Eau de rivière. 4 pintes. Sucre concassée. 61.8 onc. Zestes de quatre citrons ou oranges. Eau de rivière. 4 pintes. Vous distillez les cinq premières substances au Sucre. 7 liv. bain-marie de l'alambic pour retirer quatre pintes Vous distillez au bain-marie l'eau-de-vie et l'ab- de liqueur. Vous faites fondre au feu le sucre dans sinthe et les zestes pour retirer quatre pintes de l'eau de rivière, le laissez refroidir, puis vous for- liqueur. Lorsque le sucre est fondu, vous opérez mez le mélange que vous filtrez. le mélange que vous filtrez. Crème des Barbades. Cette liqueur, qui a un léger goût d'amertume, est un excellent stomacbique. Prenez Eau-de-vie. 6 pintes. Zestes de six cédrats choisis. Crème de moka. Cannelle fine. Prenez Café de Moka. 1 liv. Macis. . Zestes de deux oranges. Eau de rivière. 2 pintes. Eau-de-vie fine. 8 pintes. Eau de fleur d'orange. 1 liv. Eau de fontaine. 4 pintes. Sucre surralfiné. 51.8 onc. Sucre surraffiné. 61. 8 onc. Vous mettez les zestes, la cannelle et le macis Vous faites griller le café jusqu'à ce qu'il ait une infuser pendant huit jours dans l'eau-de-vie et belle couleur de cannelle seulement : lorsqu'il est dans un vase bien ſermé, puis distillez le tout au trop torréfié, l'huile essentielle se trouve altérée bain-marie pour retirer trois pintes de liqueur. et nuit à la qualité de la liqueur. Vous le réduisez Vous faites fondre au feu le sucre dans l'eau de . . 1 gros. . . . . 4 gros. 4 gros. . . . . . . . . . . LIQ (302) LIQ . . . . rivière et laissez refroidir ; vous y ajoulez l'eau de Vous mettez dans le bain-marie de l'alambic la fleur d'orange; vous formez le mélange, puis fil menthe, les zestes et l'eau-de-vie, pour retirer, trez la liqueur. par la distillation, quatre pintes de liqueur spiri- tueuse, dans laquelle vous faites dissoudre de l'es- Crème de roses muscates. sence de menthe. Prenez Eau-de-vie fine. 4 pintes. Il est essentiel de n'employer que de bonne Roses épluchées. 6 liv. essence de menthe, ce dont on peut s'assurer; si, Eau de rivière. 1 p. et d. un instant après en avoir mis sur la langue, vous Eau double de roses. 1 liv. ne sentez pas une grande fraicheur, c'est que l'es- Sucre.. 11.8 onc. sence a été falsifiée. Vous faites fondre le sucre avec l'eau sur le feu, Vous distillez au bain-marie les pétales de roses vous le laissez refroidir , et opérez le mélange que avec l'eau-de-vie pour retirer deux pintes un vous filtrez. quart de liqueur spiritueuse. Après avoir fait fon- dre sur le feu le sucre dans l'eau de rivière, vous Crème de kirschwasser. les laissez refroidir, puis y ajoutez l'eau de roses. Prenez Kirschwasser vieux. 6 pintes. Vous opérez le mélange que vous colorez en rose, Eau double de fleur d'orange. 8 onces. puis vous filtrez la liqueur. Eau de rivière distillée. 3 pintes. Vous pouvez faire fondre le sucre à froid, en Sucre... 5 liv. employant de l'eau de roses au lieu d'eau com- mune, et vous obtenez une liqueur du parfum le Vous rectifiez le kirschwasser pour obtenir plus agréable. quatre pintes de liqueur, puis y ajoutez l’esu de fleur d'orange. Vous failes fondre au feu le sucre Crème de jasmin. avec l'eau de rivière ; quand il est refroidi, vous formez le mélange et le filtrez. Prenez Esprit de vin. 2 pintes. Cette liqueur est des plus agréables. Esprit double de jasmin. 4 onces. Eau de fleur d'orange.. 2 onces. Crème virginale. Eau de rivière. 2 pint. et d. Prenez Eau-de-vie. 4 pintes. Sucre royal.. 3 liv. 8 onc. Fleur d'orange épluchée. 6 onces. Vous faites fondre au feu le sucre dans l'eau de Roses muscates. 6 onces. rivière. Lorsqu'il est refroidi vous opérez le mé- Eau de rivière distillée. . 2 pintes. lange et filtrez la liqueur. Esprit de réséda. 2 onces. Sucre royal.. 4 liv. 8 onc. Crème des cinq fruits jaunes. Vous distillez au bain-marie de l'alambic la Prenez Eau-de-vie. 8 pintes. fleur d'orange, les roses muscates et l'eau-de-vie, Zestes de quatre cédrats, de cinq oranges, pour retirer deux pintes de liqueur. Vous faites de quatre citrons, de quatre bergamotes, fondre au feu le sucre dans l'eau de rivière; quand de trois bigarades. il est refroidi, vous y ajoutez l'esprit de réséda ; Eau de fontaine 4 pintes. vous opérez le mélange et filtrez la liqueur. Sucre .. 7 liv. Huile de Chypre. Vous faites infuser, pendant huit jours, les zes- tes dans l'eau-de-vie, puis les soumettez à la dis Prenez Eau-de-vie. 12 pintes. tillation au bain-marie pour retirer quatre pintes Feuilles de pêcher. 4 onces. de liqueur. Vous faites fondre le sucre avec l'eau Une muscade concassée. de fontaine sur le feu, vous faites le mélange et fil- Fleur de myrte 1 livre. trez la liqueur. Eau de rivière. 6 pintes. Sucre. . 10 livres. Crème de menthe. Vous mettez dans le bain-marie de l'alambic les Prenez Eau-de-vie. . . 8 pintes. feuilles de pêcher, la muscade et l'eau-de-vie, et Menthe frisée récente. 1 liv. 8 onc. les distillez pour retirer six pintes de liqueur rec- Zestes de six citrons. tifiée, dans laquelle vous faites infuser, pendant Eau de rivière. .... 4 pintes. quatre jours, les fleurs de myrte. Au bout de ce Essence de menthe poivréc. 2 gros. temps, vous faites fondre sur le feu le sucre à l'eau Sucre. 7 liv. de rivière; quand il bout, vous le retirez et le lais- . . . . . . . . . . . . LIQ ( 303 ) LIQ - ser refroidir, puis vous formez le mélange, que et des gelées d'entremets, ainsi que des soufflés, vous colorez en jaune et que vous filtrez. comme on pourra le voir à ces articles. Nous disons donc que les ratafias diffèrent des Crème de noyaux (à la manière de Phalsbourg). - Pour six pintes d'eau-de-vie liqueurs en ce qu'ils sont faits par simple infusion ou par mélange, tandis que les liqueurs sont tou- et une pinte d'eau, vous mettrez une demi-livre d'amandes d'abricots que vous couperez par petits jours le résultat d'une distillation. Les liqueurs sont toujours de l'alcool aromatisé, morceaux, et les mettrez infuser dans l'eau-de-vie c'est-à-dire plus ou moins chargé d'une huile es- pendant quelques jours, et distillerez le tout; pour sentielle. le mélange vous ajouterez une chopine d'eau de Il fleur d'orange, trois livres de sucre et trois pintes sez forte dose d'huile essentielle; mais cette huile. d'eau : vous filtrerez ou passerez à la chausse. n'y est jamais pure. La substance qui la contenait Huile d'angélique (à la façon de Mont a toujours, pendant son infusion, cédé à l'alcool pellier). Pour six pintes d'eau-de-vie et une une partie quelconque de sa matière extractive pinte d'eau, vous prendrez douze onces de racines qui modifie singulièrement l'action de la substance d'angélique fraiche, que vous laverez, ratisserez aromatique. Cela seul suffit pour établir une nota- et couperez par petits morceaux : si vous ne pou- ble différence entre les ratafias et les liqueurs; viez pas vous procurer de la racine fraîche, vous celles-ci sont et ne peuvent être que stimulantes, prendriez six onces de racines d'angélique de Bo en raison de l'aromate qu'elles contiennent; tan- hême, que l'on trouve en tout temps chez les épi- dis que les ratafias peuvent unir au principe aro- ciers-droguistes; coupez-la par morceaux, et met-matique d'autres substances qui en modifient l'ac- tez-la infuser pendant huit jours dans l'eau-de-vie, tion. en y ajoutant un gros de macis, deux gros de Un autre avantage des ratafias, c'est d'admettre cannelle et douze clous de gérofle, le tout con- dans leur composition tous les sucs de fruits ; il cassé; après ce temps, vous la distillerez et vous est vrai que les liqueurs distillées ont un arôme ferez fondre trois livres de sucre dans trois pintes plus pur et plus suave que les ratafias; c'est là leur et demie d'eau, pour faire votre mélange comme principal mérite, car leur saveur est toujours à peu ci-dessus. près la même. La saveur des ratafias peut, au contraire, varier Crème de framboise (recette du Fidèle- à l'infini. Ils ont de plus l'avantage d'être moins Berger). — Prenez six pintes d'eau-de-vie et une irritants que les liqueurs ; quelques-uns même ont pinte d'eau ; vous aurez des frambroises fraîche- des propriétés sanitaires qui ne sauraient être con- ment cueillies, vous les éplucherez et les laisserez testées. infuser pendant vingt-quatre heures dans l'eau- de-vie. La quantité pour la recette est de quatre Ratafia de fleurs d'oranger (recette de livres, toutes épluchées ; il faut ensuite les distil M. Lorrein).- Pour que ce ratafia conserve tout ler; vous ferez fondre, pour le mélange, trois li- | le parfum de la fleur d'oranger, il est nécessaire vres et demie de sucre dans trois pintes et demie d'employer de l'esprit 315. Si on emploie de l'eau- d'eau, et vous filtrerez au papier Joseph. de-vie, la liqueur est colorée, ce qui ne doit pas être lorsqu'on emploie pour aromate une sub- stance sans couleur; et de plus, l'odeur particulière Liqueurs obtenues par infasión. à l'eau-de-vie se mêlant à celle de la fleur, la mo- difie et la rend moins agréable. Les ratafias sont des liqueurs qui n'ont pas été Prenez deux litres d'esprit 316, trois livres de soumises à la distillation; ainsi, pour obtenir le sucre en poudre et une livre de fleurs d'oranger; parfum, l'arôme et la teinture d'un fruit , par exem- épluchez celles-ci en séparant les pétales (1) des ple, on en met le suc exprimé dans l'eau-de-vie, calices; n'employez que les premiers ; faites un lit qui se charge de tous ces principes. de sucre au fond d'un saladier; semez par- dessus des pétales de fleurs d'oranger; couvrez Les sucs de la plupart des fruits, étant fort aqueux, tiennent lieu de toute l'eau qui devrait entrer dans la composition des ratafias; mais il en (1) On appelle pétales les folioles blanches qui for- est qui diminuent si sensiblement la force du dis- ment une espèce de couronne autour de la fleur; le ca- solvant, qu'il ne faut employer que de l'eau-de- lice est ce qui supporte les pétales et les organes de la fructification, qui, dans la fleur d'oranger, consistent vie très-rectifiée pour donner au ratafia la qualité en plusieurs étamines blanches portant chacune un pe- nécessaire. Les ratafias de premier choix sont d'un lit corps jaune. Le calice et les organes de la fructid. excellent emploi pour faire des glaces à la crême cation ont peu d'odeur et beaucoup d'amertume. ( 304 ) avec du sucre, semez de nouveau des pétales, puis coeques parcelles de blanc d'oeuf qui peuvent y de rester Recouvrez avec une assiette; enveloppez le toul heures; au bout de ce temps versez sur la fleur et que la moitié de cette eau ; remuez légèrement vaporation plus loin. pour faire fondre le sucre; versez le sucre fondu core au tamis, sans exprimer la fleur; ensuite ver- papier gris. d'un linge et mettez à la cave pendant huil ou dir / commode pour sucrer toute espèce de liqueurs ; le sucre un litre d'eau tiède; ne mettez d'abord | peut diminuer la quantité d'eau, ou pousser l'é- enlever les dernières portions de sucre; passez en- ! portions convenables pour qu'en y ajoutant un sur un tamis, et ajoutez ce qui reste d'eau pour lange d'esprit et de sirop de sucre dans les pro- une heure; après cette macération, jetez le tout miers moments et qui acquière de la qualité à sur un tamis, et réunissez l'esprit à l'eau sucrée LIQ LIQ Ce sirop est composé de deux parties de sucre sur une d'eau ; il se conserve très-bien et est très- sucre. si on veut que celles-ci soient plus sucrées, on Ratafia blanc. Le ratafia blanc est un mé- sucre de fruit ou des teintures, on ait tout de mesure qu'il vieillit. et aromatisée : on mêle le tout ensemble, on laisse Prenez deux litres d'esprit 316, et ajoutez-y reposer pendant vingt-quatre heures et on filtre au quatre livres du sirop ci-dessus et une livre d'eau, si vous voulez aromatiser avec des essences, ou Avant de filtrer, il est bon de goûter la liqueur. trois livres de sirop sans addition d'eau, si vous Si on ne la trouve pas assez sucrée, on y ajoute voulez faire des ratafias de fruits. du sirop de sucre, dont il faut avoir toujoursquel- Ratafia de Grenoble. — Prenez trois livres bouteilles lorsqu'on veut faire des liqueurs. de merises écrasées avec leurs noyaux, le zeste de Si la liqueur est trop douce, on y ajoute un peu la moitié d'un citron, et faites macérer le tout pen- d'esprit. dant un mois dans quatre litres de ralafia blanc. si on veut un ratafia amer, stomachique, et qui passez avec expression et filtrez. ne soit pas désagréable, il faut verser snr les cali Ou bien écrasez trois livres de merises avec ces qui ont été séparés et sur les pétales qui ont leurs noyaux, ajoutez deux livres de sucre, le zeste servi, deux litres d'eau-de-vie; laissez infuser de la moitié d'un citron, el faites macérer le tout, pendant deux jours, et filtrez au papier gris; en- pendant un mois, dans trois litres d'eau-de-vie ou suite ajoutez-y une livre et demie de sirop de su- d'esprit à vingt-deux degrés. cre, ou une livre de beau sucre fondu dans une On peut aromatiser avec la cannelle et le géro- demi-livre d'eau. fle; on passe, on exprime le marc, et l'on filtre Enfin on fait un ratafia intermédiaire entre les au papier gris. deux premiers en faisant infuser dans l'esprit Cassis. Prenez trois livres de cassis égrené, étendu d'eau la fleur entière et le sucre; celle in- une livre de groseilles, une poignée de framboi- fusion ne doit pas durer plus de douze heures, et ses, un gros de gérofle, deux gros de cannelle; le vase doit être placé dans un endroit frais. On est écrasez les fruits et concassez les aromates; faites dans l'usage de le placer au soleil, ce qui ne vaut macérer le tout pendant huit jours dans quatre rien, parce que le liquide, en s'échaulſant, flétrit la litres de ratafia blanc; passez avec expression et fleur, la colore et lui communique une saveur peu filtrez. agréable. Ou bien prenez six livres de cassis, une livre et Ce ratafia est moins suave que celui qu'on ob- demie de groseilles égrenées, une livre de cerises, tient par la première recette ci-dessus; mais il une demi-livre de framboises, deux gros de géro- est moins amer que celui qui résulte de la seconde fle, demi-once de cannelle, une bonne pincée d'a- méthode. nis; écrasez les fruits, cassez les noyaux des ceri- ses, concassez les aromates, et mettez le tout infuser Sirop pour sucrer les ratafias. — Prenez Prenez dans six litres d'eau-de-vie ou d'espril à vingt- dix livres de sucre ou de belle cassonade, failes deux degrés; ajoutez deux livres et demie de su- dissoudre trois blancs d'æufs dans cinq livres et cre; après huit jours d'infusion, passez avec ex- demie, ou deux litres trois quarts d'eau. Mettez pression et filtrez. moitié de cette eau dans une bassine avec le sucre re. On peut aussi, après avoir écrasé les fruits et y cassé en morceaux; poussez à l'ébullition, enlevez avoir ajouté le quart du sucre et les aromates, les écumes, et ajoutez successivement le reste de laisser développer un commencement de fermenta- l'eau d'euf en écumant loujours. Versez le sirop tion; alors on ajoute l'eau-de-vie et le reste du bouillant sur un filtre de laine, pour en séparer | sucre. LIQ ( 303 ) LIQ Cc commencement de fermentation opère un ges en filets; faites-les blanchir à l'eau bouillante amalgame plus intime entre les différents sucs de pendant quelques minutes; faites-les infuser en- fruits; l'odeur des aromates est aussi mieux com suite dans l'eau-de-vie, ou, ce qui vaut mieux, dans binée; la liqueur paraît plus tôt vieille et elle est l'esprit à vingt-deux degrés, à raison d'un litre plus agréable. pour trois onces de tiges; ajoutez une demi-once Ratafia de mirabelles. — Prenez quatre li- de graine par litre d'eau-de-vie, et sept à huit on- vres de mirabelles très-mûres, écrasez-les sans en d’infusion, et ajoutez encore un peu d'eau de fleurs ces de sucre aussi par litre. Filtrez après huit jours séparer les noyaux et sans les briser; mettez-les dans un vase lit par lit, d'oranger. que l'on couvre avec du sucre en poudre; employez-y deux livres et demie l'eau de fleurs d'oranger ; on les met dans l'infu- On peut substituer quelques amandes amères à de sucre. Laissez macérer le fruit avec le sucre sion. pendant vingt-quatre heures dans un endroit frais; ajoutez ensuite quatre litres d'eau-de-vie, ou, ce Ratafia de noyaux. Cassez cent noyaux qui est préférable, quatre litres d'esprit à vingt-d'abricots récemment extraits,ou cinquante noyaux deux degrés; faites infuser pendant huit jours ; de pêches au moment où ils sortent du fruit; met- passez avez expression et filtrez. tez-les à mesure dans un bocal contenant deux lia On peut préparer de même un ratafia de prunes tres d'eau-de-vie, ou, ce qui est préférable, cinq de reine-claude, mais il n'est pas aussi agréable quarts de litre d'esprit 316, additionné de trois que celui qui est fait avec des mirabelles. quarts de litre d'eau; laissez infuser pendant un mois; ajoutez une livre de sucre dans l'infusion, Ratafia de muscat. Prenez quatre livres ou une livre et demie de sirop de sucre après la fil- de raisins muscats égrenés; écrasez-les dans un tration. vase où vous les laisserez jusqu'au lendemain. Ajoutez quatre litres de ratafia blanc, ou pareille On ajoute aussi une demi-once d'eau de fleurs quantité d'eau-de-vie ou d'esprit à vingt-deux de- d'oranger dans chaque bouteille. grés; laissez infuser pendant huit jours; passez Autre ratafia de noyaux. Prenez deux avec expression et filtrez; si vous employez l'eau onces d'amandes amères ; mondez-les de leur peau de-vie ou l'esprit, ajoutez une livre et demie de après les avoir fait infuser pendant quelques ins- sucre. tants dans de l'eau bouillante. Ratafia de framboises. — Mettez infuser Pilez les amandes mondées avec un peu d'eau dans deux litres d'eau-de-vie, ou dans un litre et de sucre jusqu'à ce qu'elles soient réduites en d'esprit 316, auquel vous ajouterez trois quarts pâte fine. de litre d'eau, une livre et demie de framboises Mettez infuser celte pâte dans deux litres de ra- macérées pendant quatre heures avec une livre de tafia blanc; filtrez après huit jours d'infusion, et sucre en poudre. Laissez inſuser pendant vingt- ajoutez une onced’eau de fleurs d'oranger, et quel- quatre heures, ce qui est suffisant, ou plus long- ques gouttes de teinture de vanille ou d'ambre. temps si vous voulez ; passez avec expression et Ratafia de coings. — Plâpez des coings lors- filtrez au papier gris. qu'ils sont mûrs, ce qu'on reconnaît quand ils ont Brou-de-noix. A la Sainte-Marie. A la pris partout une belle couleur jaune et que leur Carmélite. (V. pages 109 et 110). odeur est bien développée; exprimez-en le jus et Ratafia des quatre fruits. — Écrasez six ajoutez-en un litre et demi à deux litres de ralatia Écrasez six blanc ; ajoutez aussi un peu d'eau de fleurs d'oran- livres de cerises, deux livres de groseilles, une li- ger avec cinq ou six amandes amères concassées ; vre de framboises et deux livres de cassis; cassez filtrez après vingt-quatre heures de macération si un quart de noyaux de cerise; mettez le tout infu- vous le voulez. ser dans six litres d'eau-de-vie, ou dans quatre li- Si l'on n'a pas de ratafia blanc, on verse sur un tres d'esprit; ajoutez deux livres et demie de su- litre de jus de coing un litre et demi d'eau-de-vie cre; filtrez au bout de quarante-huit heures et ou d'esprit à vingt-deux degrés; on ajoute cinq exprimez le marc. Ou bien écrasez les fruits sur un tamis; expri- quarterons de sucre, un peu d'eau de fleurs d'o- ranger et quelques amandes amères. mez le marc et mêlez le jus qui aura coulé avec cinq litres de ratafia blanc, auquel vous ajouterez deuxgros de cannelle ; on supprime alors les aman- On peut aromatiser, pour la dose ci dessus, avec trois quarts de litre d'esprit 316. des amères, et on ajoute toujours un filet d'eau de Ratafia d'angélique. – Prenez trois tiges fleurs d'oranger; dans ce cas on ne filtre qu'après d'angélique; ôtez-en les feuilles, et coupez les ti- ' quatre à cinq jours de macération. - 20 MAC (306) MAC Citronelle de Venise et autres (V. page 158). | uns confondent les lottes avec les barbotes qui ne les valent pas. Ratafia de cannelle (de Chirac). - Pour qua- tre pintes d'eau-de-vie et une chopine d'eau, vous Lottes à la bonne femme. -Limonez des lot- prendrez deux onces de cannelle fine, que vous tes, et faites-les cuire avec du vin blanc, de l'ognon concasserez et mettrez infuser dans votre eau-de-coupé en tranches, persil, ciboules, basilic, sel, vie ; vous y ajouterez le zeste de deux citrons, une poivre, gérofle et un morceau de beurre ; quand once de bois de réglisse battu, et, au bout de quel- elles sont cuites, dressez-les et les servez dans leur ques jours, vous ferez votre distillation ; vous met-court-bouillon réduit, pour les manger avec des tar- trez fondre deux livres de sucre dans deux pintes tines au beurre frais et aux fines herbes crues. d'eau, et ſerez votre mélange comme précédem- Lottes à la Villeroy.- Foncez une casserole ment. avec des tranches de veau et de jambon ; faites-les Ratafia cordial des Augustines. - Pour suer pendant une demi-heure; quand elles sont à six pintes d'eau-de-vie et une pinte d'eau, vous moitié cuites, mettez-y vos lottes limonées et con- mettrez le zeste de quinze citrons bien frais et d'un servant leurs foies; couvrez avec des bardes de bon parfum (ce sont les citrons de Gênes qui sont lard, et mouillez avec un verre de vin de Cham- à employer pour toutes les liqueurs pagne rosé; assaisonnez de sel, poivre, ciboules, en général); vous ajouterez à votre infusion une champignons, une gousse d'ail, deux tranches de demi-once de cannelle fine, quatre onces de corian- citron, une feuille de laurier : ajoutez un morceau dre que vous concasserez, et mettrez le tout in- de beurre. fuser pendant huit jours; ensuite vous distillerez; Faites-les bouillir à petit feu; quand elles sont faites fondre trois livres et demie de sucre dans cuites, retirez-les, trempez-les dans leur sauce, trois pintes et demie d'eau ; vous filtrerez le lout, panez-les de mie de pain, et faites-leur prendre et le mettrez en bouteilles. couleur au ſour; passez ensuite la cuisson des V espétro (V. PHARMACIE DOMESTIQUE). lotles, dégraissez-la; mettez-y une cuillerée de jus, et versez-la sur les lottes, que vous garnirez LOCHE, petit poisson de la dimension d'un de leurs foies. hareng frais. On le trouve dans les rivières et les On peut également préparer des lottes en fri- ruisseaux. C'est un mets très-délicat et très-recher-ture, à la poulette, à la tartare, en matelote- ché, mais il est rare. On apprête la loche comme l'emploi des foies de lotte à l'article Fole , page vierge, etc. Nous avons suffisamment indiqué l'éperlan. 229, ainsi qu'au mot GARNITURE. LONGE. On appelle ainsi la partie du veau qui se trouve comprise entre les côtes et la queue, LOUISE-BONNE, belle poire d'automne et à laquelle le rognon est attaché. Quant aux ap- assez analogue à celle de Saint-Germain. Elle est prêts qui lui conviennent le mieux, V. l'article très-bonne à manger crue; mais elle est préférable VEAU. étant grillée pour en faire des compotes à la por- tugaise, ou des charlottes de poires à la vanille, ou LOTTE, excellent poisson d'eau douce qui bien encore un de ces nouveaux entremets qu’on as- participe de l'anguille et de la lamproie. On l'ap- saisonne avec du ratafia à la vanille ou aux quatre prête assez souvent comme l'anguille. Quelques- fruits (V. POIRES AU BEURRE). M. MACARONS, pâtisserie de menu service et derez et ferez sécher à l'étuve; lorsqu'elles seront de petit four, dont les amandes, les noisettes, les bien sèches, vous les pilerez dans un mortier de pistaches ou les noix fraîches font toujours la base. marbre avec trois blancs d'æufs; il faut qu'elles soicnt pilées très-fin; si les trois blancs d'œufs ne Macarons d'amandes amères. - Yous pren- suffisaient pas, vous en ajouteriez un quatrième, drez une livre d'amandes amères, que vous mon- pour qu'elles ne tournent pas en huilo; étant par- MAC ( 307 ) MAC faitement bien pilées, vous les mettrez dans une une cuillerée d'appareil. Couchez les macarons de terrine et vous pèserez deux livres et demie de su la grosseur d'une noix-muscade, et continuez ainsi cre en poudre, que vous y incorporerez; si votre à former vos macarons; après quoi vous trempez pâte était trop sèche, vous ajouteriez un blanc vos mains dans de l'eau, et les posez ensuite légère- d’æuf; il faut qu'elle ne soit ni trop liquide niment sur les macarons, afin de les rendre luisants trop sèche ; vous les dresserez, de la grosseur d'une à leur surface; vous les mettrez au four que vous nois, sur des feuilles de papier, avec une spatule, fermez hermétiquement pendant trois quarts et vous les mettrez au feu dans un four très-doux. d'heure. Vous devez les retirer de belle couleur et Macarons d'amandes douces. -Vous pren- de bonne mine. drez une livre d'amandes douces, que vous émon à un pouce de distance entre eux, et de les former On doit avoir l'attention de coucher les macarons derez et ferez sécher; vous les pilerez après comme aussi ronds que possible. l'on vient de dire pour l'amande amère, et suivrez exactement les mêmes procédés ; il faut y ajouter de grosses olives, sur lesquelles on sème de gros On couche également ces macarons en forme seulement une râpure de citron lorsque vous mé- langerez le sucre avec l'amande; on doit les dresser sucre, et quelquefois mêlé de pistaches hachées. On les garnit encore en forme de hérisson, en pi- de même et les mettre à un four très-doux. quant à leur surface des filets de pistaches. Macarons aux noisettes-avelines (suivant la formule de la Maison de MADAME, épouse de Macarons aux pistaches. — Suivez les mê- MONSIEUR , frère du Roi). - Mettez dans un grand mes procédés que pour les macarons d'avelines. poêlon d'office quatre onces d'amandes d'avelines Macarons soufflés aux noix vertes. ielles qu'elles sortent de la coquille, et lorréfiez-les Épluchez une livre de noix fraîches et coupez-les sur un feu modéré, en les remuant continuellement par filets; après cela vous les mêlez avec quatre avec une grande cuillère d'argent. Aussitôt que onces de sucre et le quart d'un blanc d’æuf, et les avelines commencent à se colorer, que la pelli- vous les faites sécher au four. Pendant qu'elles re- cule se détache, vous les retirez du feu pour parer froidissent, vous préparez la glace comme de cou- aussitôt les amandes. Cette opération faite, vous lume, avec deux blancs d'œufs et vingt onces de recommencerez trois fois encore la dose d'avelines, sucre très-fin. Vous y joignez les noix vertes, et afin d'en avoir une livre. terminez l'opération de la manière accoutumée. Vous commencez par piler les quatre onces d'avelines qui ont été préparées les premières, et Macarons sou flés aux amandes.- Mondez qui doivent se trouver froides; sans cela, il faudrait douze onces d'amandes douces et quatre onces d'a- attendre qu'elles le fussent. Vous avez soin de les mères; coupez-les en filets de la largeur des aman- mouiller par intervalle avec un peu de blanc d’æuf, des; mêlez-les avec quatre onces de sucre (passé pour les empêcher de tourner à l'huile; et, lors au tamis de soie) et le quart d'un blanc d’æuſ ; qu'aucun fragment n'est plus aperçu, vous retirez mettez-les sur un grand plafond séché au four les amandes du mortier, que vous remplacez par doux, pour qu'elles se colorent d'un blond à peine quatre onces pilées de la même manière, et avec sensible. Pendant qu'elles refroidissent, vous mè- les mêmes attentions que les premières. Vous re- lez dans une moyenne terrine vingt onces de su- commencez deux fois encore la même opération, cre (passé au tamis de soie) avec deux blancs afin que la livre d’avelines soit parfaitement pilée; ¡ d'auſs, et travaillez cette glace pendant un quart vous la réunissez dans le mortier, et la pilez avec d'heure; après quoi vous y mêlez parfaitement les une livre de sucre et deux blancs d'aufs pendant amandes pour qu'elles soient également glacées. dix minutes; ensuite vous y joignez deux livres Alors vous mettez un macaron au four, et, s'il se de sucre (passé au tamis de soie), que vous aurez conserve de belle forme, vous couchez l'appareil; travaillé pendant dix minutes avec six blancs mais si, par hasard, la glace tombait du macaron, d'auſs. Amalgamez parfaitement le tout avec une alors on doit ajouter un peu de sucre. Si au con- spatule, et, après avoir remué pendant cinq à six traire la glace était trop ferme, et si vos macarons minutes, l'appareil doit se trouver mollet; pourtant n'avaient point de liant, vous ajouteriez un peu de les macarons ne doivent pas s'élargir lorsque vous blanc d’æuf. Vous mouillez le dedans de vos mains, les couchez : s'ils se trouvent trop fermes, alors et y roulez une cuillerée d'appareil, que vous cou- vous y mêlez le blanc d’æuf nécessaire pour qu'ils chez par petites parties de la grosseur d'une noix- s'attachent au doigt en y touchant. muscade. Après les avoir ainsi toutes détaillées, Ensuite vous mettez au four six macarons d'é- vous trempez vos mains dans de l'eau, pour mouil- preuves, et, après leur cuisson, vous mouillez l'in-ler ensuite la surface des macarons que vous tou- térieur de vos mains, dans lesquelles vous roulez chez légèrement. Mettez-les sur des plaques au 20. MAC ( 508 ) MAC ensuite pour four dour, que vous aurez soin de former pendant, en poudre la quantité convenable, ainsi qu'un peu vingt minutes, et observez vos macarons. S'ils se de blanc d’auf, s'il en est besoin, pour que les trouvent d'un beau blond-clair, et résistant au tourons se lient bien; vous les dresserez, de la toucher , vous les retirez du four, sinon vous les grosseur d'une noix, sur des feuilles de papier, en laissez le temps nécessaire à leur parfaite cuisson : les arrondissant avec la main, et les mettrez à une dès qu'ils sont froids, vous les détachez. certaine distance pour qu'ils ne se touchent point; faites-les cuire à un four doux. Macarons soufflés au chocolat. Mondez une livre d'amandes douces et coupez-les en filets, Massepains royaux. - Yous prendrez une après quoi vous les pralinez, en les mêlant avec livre d'amandes douces, que vous monderez et quatre onces de sucre et le quart d'un blanc d'æuf. mettrez à mesure dans de l'eau fraîche; vous les Laissez-les sécher au four doux sans qu'elles pren- égoutterez et pilerez dans un mortier de marbre, nent couleur. Pendant qu'elles se refroidissent, en les arrosant avec de l'eau et un peu de fleur vous mêlez dans une moyenne terrine une livre de d'orange; il faudra prendre garde de les trop sucre très-fin avec deux blancs d'æufs. Le tout. mouiller en les commençant; il faut en mettre peu étant travaillé avec la spalule, pendant douze à à peu à mesure que vous les pilez; lorsqu'elles le quinze minutes, vous y meltez huit onces de seront assez, vous les mettrez dans un poêlon, avec chocolat râpé (fondu à la bouche du four pendant une demi-livre de sucre en poudre, sur un four- cinq minutes), ce qui raffermit la glace; alors neau à petit feu, pour les dessécher; vous connai- vous y joignez le blanc d’æuf nécessaire et y amal- trez lorsqu'elles le seront assez, en appliquant le gamez les amandes parfaitement. Le macaron doit revers de la main sur cette pâte; si elle ne s'y atta- être du même corps que le précédent. Couchez che pas, il faut la retirer, la mettre sur une feuille le de même sur des feuilles de papier fort; et, après d'office ou une assiette, que vous saupoudrez de les avoir légèrement mouillés à leur surface, vous sucre fin, et la laisser refroidir; lorsque votre pâte prenez chaque macaron que vous appuyez un peu sera froide, vous en couperez sur une table plu- sur du gros sucre, du côté du dessus, et, au fur et sieurs morceaux que vous roulerez avec la main, à mesure, vous les remettez à leur place sur le de la grosseur du petit doigt et le plus également papier. Aussitôt que vous avez une demi-feuille que vous pourrez; vous les couperez masquée de gros sucre, vous mettez les macarons sur en former un anneau de la forme d'une gimblette; une plaque de cuivre au four doux que vous ſer vous les arrangerez sur une grille de fil de fer ou mez. Lorsque le reste se trouve terminé, vous les de laiton, qui sera posée sur une terrine : vous mettez au four. La cuisson est la même que ci- pouvez avec cette même pâte en étendre sur une dessus. table en abaisse avec un rouleau à pâte, et la garnir légèrement avec de la marmelade d'abricots ou au- Macarons soufflés au gros sucre. – Après tres confitures qui puissent s'étendre dessus; il avoir mondé une livre d'avelines, vous les coupez faut recouvrir l'abaisse avec la même pâte et la en filets et les faites praliner. Séchez-les comme couper en losange, ou autre forme que l'on vou- les précédentes, et préparez vingt onces de sucre dra; mettez-la sur la grille, pour la glacer avec la (passé au tamis de soie) avec deux blancs d'œufs. glace faite avec des blancs d'œufs et du sucre en Après un quart d'heure de travail, vous y mêlez poudre bien travaillé; ayez soin qu'elle ne soit ni les avelines froides, et terminez ces macarons de trop liquide ni trop épaisse, et avec une cuillère il la même manière que ci-dessus, en les masquant faut couvrir tous vos massepains l'un après l'au- de gros sucre. La cuisson est la même. tre, et les laisser égoutter, les arranger sur des feuilles de papier, et les mettre à un four un peu Tourons d'amandes. Vous monderez vif. une ou deux poignées d'amandes douces; vous pourrez y ajouter quelques pistaches et même quel Massepains de Turin. - Mettez dans une ques avelines; le tout émondé, et les avelines un terrine douze cuillerées de fleur de farine et six de peu grillées pour en ôter la peau, vous pralinerez sucre en poudre, deux aufs, la râpure d'un ci- le tout ensemble dans une demi-livre de sucre : tron, et environ un demi-quarteron de beurre bien lorsque le tout sera praliné, vous le laisserez re frais; et avec une spatule vous remuerez le tout froidir; vous casserez deux blancs d'æufs que vous pour en faire une pâte maniable et ferme : si deux y mettrez, et les remuerez avec une slapule jusqu'à æufs n'étaient pas suffisants, vous en mettriez un ce que le tout se lie bien ensemble et forme une troisième; de même que si votre pâte était trop pâte maniable; il faut ajouter, en la travaillant, une molle, vous y mettriez quelques cuillerées de fa- forte pincée de fleur d'orange pralinée, qui doit se rine, en observant d'y ajouter toujours du sucre, trouver mêlée avec; il faut mettre aussi du sucre la moitié de ce que vous y mettrez de farine ; vous MAC (309) MAC renversez votre pâte sur une table, et la maniez en les arrosant de quelques gouttes d'eau de jusqu'à ce que vous puissiez la rouler facilement peur d'orange, pour qu'elles ne tournent pas avec la main, pour en former toutes sortes de pe en huile; lorsqu'elles seront pilées très-fin, vous tits dessins et naltes, ainsi qu'en petits pains de la les mettrez dans un poèlon avec quatre onces de longueur du doigt, mais bien plus minces ; vous sucre en poudre, pour les dessécher à petit feu : beurrez bien une feuille de papier, que vous met vous connaîtrez qu'elles le sont suffisamment, lors- tez sur une feuille d'office, pour les arranger à qu'en les touchant avec le doigt elles ne se colle- mesure; vous casserez deux æufs, dont vous pren ront point; vous les mettrez sur une feuille d'of- drez le jaune pour en dorer vos petits pains avec fice, que vous saupoudrerez de sucre fin, et les un doroir, avant que de les mettre au four, qui laisserez refroidir; lorsqu'elles seront froides, vous doit en être plus chaud que pour le biscuit ordi- les battrez avec un rouleau sur une table, où vous naire. mettrez, de crainte qu'elles ne s'y attachent, du Massepains de marrons. — Vous prendrez sucre en poudre, de l'épaisseur d'une pièce de cent un cent de marrons que vous ferez griller, de ma- sous; vous les couperez de telle forme que vous nière à ce qu'ils soient bien cuits, sans être brûlés; voudrez, en rond, en losange, et les mettrez à un lorsqu'ils seront épluchés, vous les pilerez dans four très-doux, pour qu'elles ne prennent presque un mortier de marbre, avec deux petits pains de pas de couleur; vous glacerez ensuite avec une beurre et la bonne crème double ; lorsqu'ils le se- glace blanche au sucre en poudre, et un peu de ront assez, vous les passerez au travers d'un bon jus de citron, et les mettrez sécher à l'éture. lamis de crin, en prenant garde qu'ils ne soient MACARONI, pâte en tuyaux vermicellés de pas trop mouillés ; vous pourrez repiler ce qui ne la grosseur d'une plume. On en fait des potages au pourra pas passer au tamis, avec un peu de crème: gras comme au maigre; mais le plus souvent on en le tout étant passé, vous pèserez votre pâte : sur fait des mets d'origine italienne et dont le fromage une livre vous mettrez une demi-livre de sucre en est le principal assaisonnement. poudre que vous incorporerez, en y ajoutant un peu de vanille, également en poudre; il faut en- Macaroni à la ménagère. – Mettez une li- suite les modeler : l'on prendra de cette pâte la vre de macaroni dans de l'eau bouillante, avec un grosseur d'un gros marron, on l'arrondira et on morceau de beurre, du sel et un ognon piqué de lui donnera la forme; ensuite avec le couteau il gérofle. Laissez bouillir le tout pendant trois quarts faut ciseler et metlre à mesure ce modèle sur un d'heure; faites ensuite égoutter le macaroni, et papier beurré; lorsqu'ils seront tous préparés mettez-le dans une casserole avec un peu de beurre, ainsi, vous les dorerez avec du jaune d'æuſ, et les quatre onces de fromage de Gruyère râpé, autant mettrez à un four très-chaud, pour qu'ils aient de fromage de parmesan râpé, un peu de muscade, une belle couleur : il faut les lever avec un cou- du gros poivre, et quelques cuillerées de crème; teau en les sortant du four. faites sauter le tout ensemble ; dès que le macaroni filera, dressez-le et servez. Massepains filés. — Vous prendrez une livre d'amandes douces que vous échauderez, et que Macaroni au gratin. Les macaronis étant vous essuierez bien, pour qu'il n'y reste point préparés comme il est dit à l'article précédent, d'humidité; vous les pilerez dans un mortier de mettez-les sur un plat; saupoudrez-les de mie de marbre, avec des blancs d'æufs : trois ou quatre pain et de fromage râpé, et faites-leur prendre couleur sous le four de campagne. suffiront pour la livre d'amandes : si cependant elles sont trop sèches, vous en ajouterez un peu Timbale de macaronis. - Coupez par pe- pour qu'elles ne tournent pas en huile; étant bien tites bandes une abaisse un peu mince que vous pilées, vous y mettrez la râpure d'un citron avec aurez faite avec de la pâte brisée; roulez ces peti- une livre et demie de sucre en poudre que vous tes bandes de manière à en faire de petites cordes; pilerez bien ensemble afin d'en former une pâte ma- disposez-les dans un moule, en les beurrant l'une niable, que vous mettrez par partie dans une se après l'autre de manière à former le colimaçon, ringue à étoiles, et vous la ferez filer sur des feuil jusqu'à ce que votre moule soit tout-à-fait garni les de papier que vous aurez étendues sur une table, de pâte; remplissez-le de macaronis; semez par- pour pouvoir la couper de la longueur convenable dessus moitié fromage parmesan râpé, moitié mie pour en former des anneaux que vous arrangerez de pain. Vous mettrez votre timbale au four qui sur des feuilles de papier : vous les ferez cuire en doit être passablement chaud; il suffira qu'elle y suile à un four doux. reste trois quarts d'heure pour être bien cuite. Massepains de pistaches. Vous ſerez échau Macaroni à la napolitaine. — Faires cuire der une demi-livre de pistaches, et les pilerez bien du macaroni dans de l'eau et du sel seulement; JAI ( 311 ) MAI Quant à la macrcuse au chocolat, on la lave, clair dans une autre casserole; lorsqu'il est un dans de l'eau-de-vie après l'avoir vidée, et on la peu refroidi, vous en remplissez un moule à ma- fait revenir sur la braise; ensuite on la met dans deleines ; vous verserez ce beurre dans un autre un vaisseau de terre , où on la fait cuire avec du moule, et ainsi de suite jusqu'au nombre de huii, vin blanc, du sel, du poivre, du laurier et des après quoi vous reversez le beurre dans la casse- herbes fines , après quoi l'on prépare un peu de role ; vous garnissez ensuite de nouveau un moule chocolat de la même manière que si c'était pour le de beurre chaud, et le versez tour à tour dans boire, et on le verse sur la macreuse. On fait en huit autres moules; enfin vous recommencez deux core avec la macreuse un ragoût assez confortable, fois cette opération, ce qui vous donnera trente- en la faisant cuire à la broche, après en avoir deux moules beurrés. Il ne faut pas renverser les garni le corps avec une pâte composée de mie de moules après les avoir beurrés, attendu qu'ils pain, sel, poivre, gérofle, feuilles de laurier, doivent conserver le peu de beurre qui s'égoutte thym, écorce d'orange, feuilles de persil et beurre au fond de chacun d'eux. frais, manié de jaunes d'eufs et de sauge. Ce que Après, vous mêlez le reste du beurre dans le nous venons de dire suffit pour faire connaitre les mélange, et puis vous les placez sur un fourneau avantages qui en résultent. On en fait encore des très-doux ; vous remuez légèrement ce mélange, terrines, des pâtés maigres avec de l'anguille, et afin qu'il ne s'attache pas à la casserole, et, aussi- même des polages aux navets qui méritent consi tôt qu'il commence à devenir liquide, vous la re- dération. tirez de dessus le feu pour qu'elle n'ait pas le temps d'y tiédir; ensuite vous garnissez les mou- MADELEINE, nom d'une sorte de poire les avec une cuillerée de cet appareil ; mettez-les au four de chaleur modérée. analogue à celle des bergamotes et qui mûrit également au commencement de l'été. MAIGRE. Comme on appelait aliments gras MADELEINE, excellente espèce de pêche, au- ceux dont l'usage était interdit les jours de jeûne, trement nommée paysanne et double de on a donné le nom de maigres à tous les co- Troyes. Il y a deux particularités qui la con- mestibles dont il est permis d'user pendant les cernent, c'est à savoir qu'elle est sujette à de temps où l'abstinence est prescrite. Tout le monde venir jumelle et que les fourmis en sont très- sait que l'interdiction du gras et les prescriptions friandes. du jeûne re sont obligatoires que pour les catho- liques adultes et valides ; mais elles n'en sont pas MADELEINE. Gateaux à la Madeleine (sui- moins observées dans les grandes maisons de Pa- vant la recette de Madeleine Paumier, pen- ris, tout aussi régulièrement que dans les châ- sionnaire et ancienne cuisinière de ma teaux de province et les familles bourgeoises où dame Perrotin de Barmond). - Râpez sur l'on a conservé des traditions honorables. Les un morceau de sucre le zeste de deux petits cé soins et l'attention qu'on voit donner au choix, à drats (ou de deux citrons ou bigarades); écrasez la variété, à la préparation des substances qui ce sucre très-fin, mêlez-le avec du sucre en pou constituent les repas maigres, présupposent tou- dre, pesez-en neuf onces que vous mettez dans jours des relations et des habitudes distinguées, . une casserole, avec huit onces de farine tamisée, tandis que l'oubli, l'indifférence ou l'incurie des quatre jaunes et six cufs entiers, deux cuillerées mêmes prescriptions diététiques est toujours une d'eau-de-vie d'Andaye et un peu de sel; remuez enseigne de mauvais goût. ce mélange avec une spatule. Lorsque la pâte est L'interdiction pour les simples jours d'absti- liée, vous la travaillez encore une minute seule nence ne porte jamais que sur la chair des qua- ment. Cette observation est de rigueur, si l'on drupèdes et des volatiles, à quelques exceptions veul avoir de belles madeleines ; autrement, le près (nous aurons soin de les indiquer); mais la mélange étant plus travaillé, il fait beaucoup trop prescription pour les réfections jéjuniales est plus d'effet à la cuisson , et cela dispose les madeleines rigoureuse, en ce que l'usage des aufs et du pois- à être compactes, à s'attacher aux moules, à être son s'y trouve toujours interdit. plucheuses ou à se ratatiner, ce qui rendrait cet Les poissons, les légumes de toute espèce assai- entremets de bien pauvre mine. sopnés d'huile, et les fruits apprêtés au sucre Faites ensuite clarifier dans une petite casse ainsi qu'au vin, composaient anciennement toute role dix onces de beurre d'Isigny; au fur et à la nomenclature des comestibles permis les jours mesure que le lait monte dessus, vous avez le d'abstinence; mais, depuis longues années, l'é- soin de l'écumer ; lorsqu'il ne pétille plus, cela glise gallicane a bien voulu tolérer l'usage alimen- indique qu'il est clarifié ; alors vous le tirez à l taire des eufs, du beurre et des laitages au temps MAI (312) MAN du carême; à la réserve , pourtant, des derniers , ainsi que du laitage et de ses produits, n'était ja- jours saints, comme il est annoncé périodique- mais toléré pour les collations. ment dans presque tous les mandements épis - Vous ne laisserez servir devant moi, copaux relativement à l'usage des aufs , au disait Louis XVIII en 1815, vous ne laissere: moins, servir pour les collations et les déjeuners Nous n'avons pas à disserter ici sur les spéciali- de carême, au château, ni chairs, ni pois- tés substantives ou la physiologie des espèces d'a sons, ni résidus de chair ou poisson, ni nimaux qui sont interdites ou tolérées comme ali- aufs, ni lait, ni beurre, ni fromage mou, ments d'abstinence. Les docteurs ultramontains cuit ou fondu, monsieur le contrôleur, et, ont toujours fait observer que l'intention primi- i du reste, on nous fera manger tout ce tive et le principal objet de ce commandement qu'on voudra (V. le tableau d'un menu pour de l'église était pour les fidèles une marque de une collation du Roi, à la fin de cet ouvrage). soumission religieuse, soumission qui résulte in. C'était la coutume du diocèse, où l'on ne pouvait failliblement d'un corps de doctrines en vertu employer que des substances végétales assaison- desquelles on doit porter à l'autorité canonique nées par des résidus provenant des végétaux, tels une obéissance absolue. Nous dirons seulement que des farineux au lait d'amandes, les légumes à que, parmi les quadrupèdes, il a toujours été per- l'huile, les salades, les fruits en conserve, en mis dans les ordres religieux les plus austères et compote, ou crus, les fromages secs, certaines les plus rigoureusement abstinents, il a toujours pâtisseries à l'huile vierge et au miel de Nar- été permis, disons-nous, de manger des gre- | bonne, appelées bernardines; enfin des rôties nouilles, de la loutre et des porcs-épics ou héris aux vins de liqueur et des croûtons gratinés au sons. La chair de l'yguame et celle du castor, autre chocolat. animal amphybie, n'est classée parmi les comes Aujourd'hui, M. l'Archevêque de Paris veut tibles abstinentiels ou maigres que pour le train bien autoriser l'emploi du beurre et des laitages de derrière, tout le devant de la bête étant con- pour les menues réfections jéjuniales , ce qui per- sidéré comme aliment substantiel ou gras. C'était met aux uns de manger en sécurité des potages M. de Montmorency-Laval, premier évêque de ou des bouillies au lait ainsi que des légumes au Québec, qui avait établi ce règlement discipli- beurre, tandis que les autres peuvent déjeûner naire, et les archevêques de Baltimore, métropo- consciencieusement et paisiblement avec leur brio- litains de Québec, n'ont pas cru devoir réformer che imbibée de café à la crème, ou bien avec des le jugement de cet ancien apôtre du Canada. tartines au beurre accompagnées de leur thé quo- On a déjà dit que la macreuse est un oiseau tidien. Tous les honnêtes gens, qui sont diocé- maigre, et, si l'on s'en rapporte à l'ancien maître- sains de Paris , n'ont pas manqué d'apprécier la d'hôtel de M. le Grand-Aumônier, on pourra pla- mansuétude pastorale et l'esprit de soulagement cer dans la même catégorie les sarcelles et les qui ont inspiré cette publication règlementaire. rouges de rivière, les poules d'eau, les râles Il est une autre décision qui s'applique à l’ab- d'eau, les plongeons de Seine, les bécharuts, les stinence ou continence des breuvages ; on nous l'a poules de grève et les pluviers de mer, avec les donnée comme étant provenue de la Grande Pé- quels on fait des salmis qui ne laissent rien à nilencerie Romaine, et nous allons la reproduire désirer. ici : « Pour ce qui tient à l'abstinence de Quant aux aliments dont il est permis d'user » boire afin de ne point rompre son jeune, au repas de collation les jours de jeûne, il y a une » on n'y saurait être obligé que pour le telle diversité dans les coutumes, et, de plus, » jeûne sacramentel en bonne santé, pourvu les climats et les habitudes y doivent tellement in » néanmoins que le malaise enduré par fluer sur les ordonnances de l'autorité diocésaine, »suite de l'altération puisse occasionner qu'on ne saurait être obligé de s'en tenir à l'une » une préoccupation qui gêne consécutive- ou l'autre de ces coutumes en changeant de lieu, vment durant plus de dix minutes. C'est vu qu'on a changé d'évêque. Ce qu'il est à propos » à cette règle d'hygiène à déterminer cette d'observer, c'est l'usage des personnes les plus » relâche pénitentielle. Il n'est permis d'u- régulières du diocèse où l'on se trouve, et c'est » ser alors que de boissons purement désat- la seule prescription qu'on puisse et doive indi » térantes et nullement nourrissantes , à quer à ce même sujet. » raison de ce qu'il ne s'agit que de se pré- Dans la province ecclésiastique dont Paris est » server d'une inflammation d'intérieur. la métropole, c'est-à-dire dans les diocèses de Pa L'emploi du sucre ou du miel est toléra- ris, de Versailles, d'Orléans, de Chartres, de » ble pour cet effet, mais non pas celui du Blois , de Meaux et de Senlis , l'usage du beurre, »lait ou du vin, de la cérvoise ou bière, >> MAN ( 315 ) MAQ seur, net autres boissons fermentées, sinon dans pour les potages qu'on prescrit aux personnes » tous les cas d'incommodité sérieuse, où dont l'estomac est irritable. »giulle abstinence n'est de précepte, ainsi Le suc du manioc cesse d'être vénéneux aussi- » qu'il est assez connu. » tôt qu'on l'a fait bouillir : on l'emploie alors dans diverses préparations culinaires ou médicinales. MAIS. On fait avec la farine de maïs , du On en fait à Paris, ainsi que dans les Antilles, un sucre et du lait, une bouillie qu'on appelle gau coulis très-délicat. des, et qui est un aliment très-populaire en Bresse ainsi qu'en Franche-Comté. Lorsque les MAQUEREAU, poisson de l'Océan dépourvu gaudes sont refroidies, il est bon de les couper en d'écailles, et dont la substance est très-nutritive. tranches que l'on fait griller et qu'on saupoudre En l'année 1430, c'était le seul poisson de mer avec du sucre. On peut introduire dans ces bouil- qui parvînt jusqu'à Paris, où l'usage de l'apprêter lies de la moelle de bæuf ou du beurre frais, ce avec des groseilles vertes paraît fort ancien. On ne qui les rend plus savoureuses ; et quant on y joint connaît que trois ou quatre bonnes manières de des raisins de Corinthe et de l'écorce de cédrats préparer les maquereaux. On pourrait les varier confits, c'est un entremets qui n'est pas dépourvu à l'infini; mais au-delà de celles que nous allons d'un certain agrément. formuler, toutes ces préparations sont à côté du médiocre. Quiches au maïs pour garnitures. Faites cuire avec du lait, du sel, du beurre et de Maquereaux à la maitre-d'hôtel. -- Ayez la muscade râpée, de la farine de maïs, ou blé de trois ou quatre beaux maquereaux; faites atten- Turquie, que vous aurez finement tamisée. Lors- tion qu'ils soient bien frais et d'une égale gros- que cette bouillie vous paraîtra suffisamment cuite, afin qu'ils soient cuits en même temps ; vi- ajoutez-y quelques jaunes d'æufs que vous ferez dez-les par l'une des ouïes, et ne leur ôtez le lier sans aller jusqu'à l'ébullition. Dressez alors boyau que par le nombril; essuyez-les, fendez- de ce mélange à l'épaisseur d'un travers de doigt, leur le dos et la tête; coupez-leur le bout du étendez-le sur une abaisse de feuilletage, et faites museau et le bout de la queue; mettez-les sur un cuire le tout sous un four de campagne ; vous retire- plat de faïence ou de terre, saupoudrez-les d'un rez ensuite ledit appareil, afin de le couper en mor- peu de sel fin, arrosez-les d'un peu d'huile; joi- ceaux carrés de la même grandeur que la moitié gnez-y quelques branches de persil, et retournez- d'une carte, et vous vous en servirez pour garnir les dans cette marinade. Une demi-heure avant de différents plats, tels que des aloyaux rôtis, civets servir, ou davantage s'ils sont très-gros, mettez- de lièvre et sautés de chevreuil, étuvées de lam- les sur le gril, et, de crainte que leur ventre ne proie, matelotes d'anguille, etc. vienne à s'ouvrir, couvrez-les d'une grande et large Il est bon d’employer les épis naissants de maïs feuille de laitue romaine : cette précaution est dans les macédoines de fruits et de petits légumes pour éviter qu'ils ne perdent leur Jaitance; faites- confits au vinaigre. les cuire sur une cendre rouge, retournez-les, el, MAITRE-D'HOTEL (sauce à la) (V. ar- pour achever leur cuisson, posez-les sur le dos : leur cuisson bien terminée, dressez-les, et avec ticle ABATTIS, page 7 et paragraphe 12). une cuillère de bois mettez-leur dans le dos une MALT, préparation d'orge fermentée (V. maître-d’hôtel froide que vous aurez forcée de jus PHARMACIE DOMESTIQUE). de citron. MALVOISIE, nom générique applicable à Maquereaux aux groseilles vertes à l'an- cienne moile. plusieurs sortes de vins sucrés. La malvoisie de Prenez des maquereaux que Chypre et celle de Candie sont très-supérieures à vous farcirez avec des groseilles épineuses à moi- celles des Canaries ou de Madère (V. VINS tié mûres et qui devront être bien épluchées et ÉTRANGERS). bien épépinées; vous mélangerez dans cette farce un peu de chair d'anguille de mer ou de hareng MANIOC. La racine de cette plante améri- frais, du beurre également frais, du sel et des caine contient beaucoup de substance féculeuse fines herbes hachées avec un peu de poivre de unie à un suc vénéneux. On râpe la racine afin Cayenne; faites cuire ces maquereaux farcis dans d'en extraire le suc, qui dépose dans les vases où une eau de sel où vous ajouterez un gros mor- on le reçoit unc fécule très-fine dont on fait la ceau de beurre avec des ognons et des tranches de cassave (espèce de galetle que les créoles préfèrent racines; étant bien cuits, vous les ferez égoutter au pain), et le tapioca qu’on nous apporte depuis entre deux serviettes chaudes, et puis vous les quelques années, et dont on fait un grand usage masquerez d'une sauce au beurre dont voici la MAR ( 514 ) MAR recette : Prenez vos deux pleines mains de bouillir votre sauce; ajoutez-y la valeur de trois groseilles à maquereau à moitié mûres; ouvrez- petits pains d'excellent beurre et le jus d'un fort les en deux; Ôtez-en les pepins; faites-les blanchir citron; prenez les laitances de ces trois poissons; dans l'eau avec un peu de sel comme vous feriez faites-les dégorger, blanchir et cuire avec un grain blanchir des haricots verts; égouttez-les ; jetez- de sel; au moment de servir, mettez vos filets sur les dans une sauce au beurre où vous joindrez un le feu, faites-les raidir; retournez-les : leur cuis- peu de crème double avec une pincée de muscade son faite, égouttez-les, en épanchant une partie râpée. . du beurre; dressez vos filets en couronne sur un Maquereaux au fenouit. plat auquel vous aurez fait une bordure de petits Prenez trois croûtons frits dans du beurre ou de l'huile; ou quatre maquereaux de la plus grande fraî- cheur; videz-les par l'ouïe, ficelez-leur la tête, chaud. passez votre sauce à l’étamine, et servez très- coupez le petit bout de la queue, et ne leur fen- dez point le dos; mettez une bonne poignée de maitre-d’hôtel, il faudra toujours les disposer de Si vous préférez les servir autrement qu'à la fenouil vert dans une poissonnière, et vos ma- quereaux par-dessus; mouillez-les d'une légère ment, soit à la béchameil, en bayonnaise, ou la même manière avant de les apprêter définitive- eau de sel ; faites-les cuire à petit feu : leur cuis- comme il vous conviendra le mieux. son faite, tirez-les sur votre feuille, égouttez-les, dressez-les sur un plat, et saucez-les d'une sauce Laitances de maquereau (V. LAITANCES au fenouil, dont voici la recette : Ayez quel- DE CARPE, page 151). ques branches de fenouil vert ; épluchez - les comme du persil; hachez-les très-fin; faites-les MARCASSIN. C'est un jeune et farouche blanchir; rafraîchissez-les ; jetez-les sur un ta- sanglier, à qui M. de la Reynière avait très bien mis; mettez dans une casserole deux cuillerées à dégraisser de blond de veau, autant de sauce au appliqué ce vers tragique de Racine ; beurre; faites-les chauffer; ayez soin de les van- « Nourri dans les forêts, il en a la rudesse, » ner à l'instant de servir; jetez le fenouil dans la- dile sauce; passez-la bien pour que votre fenouil soit bien mêlé; mettez-y le sel convenable et un C'est l'Hippolyte de la cuisine; et, du reste, le peu de muscade râpée. marcassin, dépouillé jusqu'aux épaules et piqué de fins lardons bien assaisonnés, est toujours un plat Maquereaux à la flamande. - Préparez de rôti fort honorable, et très bien accueilli par vos maquereaux comme ceux au fenouil, sans les amateurs de venaison. On peut en apprêter les leur fendre le dos; maniez un morceau de beurre, membres à la Sainte-Ménéhould, au soleil, en es- avec échalotes, persil et ciboules hachés, du sel calopes, en marinade frite, en matelote vierge, et et le jus d'un citron ; remplissez-en le ventre de de plusieurs autres manières. On doit écorcher les ces maquereaux ; roulez - les chacun dans une marcassins, et non pas les échauder comme les feuille de papier beurrée; liez-la fortement par les cochons de lait. deux bouts avec de la ficelle ; frottez votre papier d'huile; mettez griller vos maquereaux sur un MARÉE. C'est, à proprement parler, le pro- feu égal et doux, pendant environ trois quarts duit que les pêcheurs débarquent dans les ports d'heure : leur cuisson faite, ôtez-les du papier, de mer à chaque marée montante, et l'on appelle dressez-les, et faites tomber sur vos maquereaux encore ainsi les cargaisons de poissons frais qui le beurre qui peut se trouver dans leur papier. se pêchent dans la mer, et qui nous arrivent à Paris au milieu de la nuit pendant l'été, et de Filets de maquereaux à la maltre-d'hô-cinq à sept heures du matin pendant la mauvaise tel, à l'italienne, au beurre noir, en pa- saison. Toutes les côtes de France sont à peu près pillotes, etc. -- Levez les filets de trois maque- également abondantes en marée; mais il n'y a que reaux ; coupez ces filels en deux, parez-les ; celles de Normandie et de Picardie qui puissent faites fondre du beurre dans un sautoir, et po en fournir régulièrement à Paris, à cause de leur sez-y vos filets du côté de la peau; saupoudrez-les proximité de la capitale. d'un peu de sel; recouvrez-les légèrement de beurre fondu; couvrez-les d'un rond de papier, MARJOLAINE, plante aromatique de la et mettez-les au frais, jusqu'à l'instant de vous en famille des corymbifères. On la fait entrer dans la servir, et préparez la sauce suivante : Metica composition des saumures et de certains brouets, deux cuillerées de velouté réduit dans une casse où l'on fait cuire les viandes salées et les grosses role, persil et échalotes hachés et lavés; faites pièces de venaisoo. MAU ( 318 ) MAU ! rousse, MARINADE, préparation qu'on donne à cer- | menu; passez une double ficelle dans la ton- taines viandes, ainsi qu'à plusieurs sortes de pois- gueur de l'attelet d'un bout à l'autre, afin de sons, avant de les faire cuire. On les trempe à cet contenir le Jard qui enveloppe vos mauviettes ; effct dans ce qu'on appelle une marinade, com fixez des deux bouts votre attelet sur une broche; posée de vin ou de vinaigre, et quelquefois de l'un faites cuire à un feu clair et vif; mettez, durant et de l'autre, avec sel, épices, alliacées, herbes leur cuisson, des rôties dessous pour en recevoir aromatiques, etc. On appelle également du même la graisse, et servez-les sur les rôties, que vous nom une autre sorte de préparation préliminaire parerez proprement. dont l'huile est la base. Lorsqu'on fait frire les chairs marinées après les avoir trempées dans une Mauviettes au gratin. Prenez quinze pâte, cette friture prend aussi le nom de marinade mauviettes ; fendez-les par le dos, désossez-les, (V. BEIGNETS, pages 59 et suivantes). Dans tous remplissez-les de gratin (V. FARCES); mettez de les autres cas, la marinade ne saurait être consi- ce gratin l'épaisseur d'un doigt dans le fond d'un dérée que comme une préparation culinaire et non plat; posez dessus les mauviettes en couronne; pas un apprêt définitif. garnissez ces mauviettes de gratin, en ne leur lais- sans d'apparent que les estomacs, que vous cou- MARMELADE (V. ABRICOTS, page 11 ; vrirez de bardes de lard; faites-les cuire dans un CITRON, page 158; CONFITURES, pages 172 ei grand four ou sous un four de campagne, avec suivantes). feu dessus et dessous; donnez à votre gratin une belle couleur : la cuisson achevée, ötez les bar- MARRON, principale variété de la châtaigne. des de lard et le pain, saucez avec une italienne Elle contient beaucoup plus de matière sucrée que l'espèce commune : la membrane qui forme la seconde enveloppe du marron pénètre moins Saute de mauviettes aux truffes. - Ayez dans la pulpe que celle de la châtaigne. Quant à quatre douzaines de mauviettes, levez-en les fi- leurs emplois gastronomiques, V. CHATAIGNES, lets, faites fondre du beurre dans un sautoir, COMPOTES, FRUITS SECS, POTAGES et PURÉES. rangez-y ces filets comme des escalopes, et mettez dessus des truffes coupées en deniers; mettez dans MARTAINSEC, et non pas MARTIN-SEC, une casserole huit cuillerées de blond de veau ; poire de couleur rousse dont la chair est assez ajoutez-y les carcasses de vos mauviettes (desquelles parfumée, et dont le goût se rapproche de celui vous aurez supprimé les gésiers), avec un demi- du rousselet d'hiver (V. FRUITS et COMPOTES). verre de vin de Champagne ; laissez cuire cette sauce une demi-heure, dégraissez-la, passez-la à MASSEPAIN, variété du macaron (V. cet l'étamine; faites-la réduire à demi-glace; ayant article). fait cuire vos filets et vos truffes, égouttez-en le beurre, et conservez le jus; meltez ces filets et MATELOTE, manière d'apprêter certains ces truffes dans votre fumet sans laisser bouillir; poissons en les passant au roux et les faisant cuire sautez bien le tout ; finissez avec la moitié d'un avec du vin blanc, du vin rouge, et dans certains pain de beurre de Vanvres, avec lequel vous lierez cas avec du cidre et du poiré mousseux. la sauce, Matelote vierge et Matelote à la mari- Mauviettes aux fines herbes. Vous met- nière, Matelote à la Royale, Matelote à la tez un bon morceau de beurre dans une casserole châtelaine, Matelote normande et Matelote avec quinze ou dix-huit mauviettes, du sel, du à la Charles IX (V. pages 127, 128, 129, 130 et 283). gros poivre, un peu d'aromates pilés ; vous les posez sur un feu ardent; lorsque vous les avez MAUVIETTE. La mauviette est un oiseau sautées dans le beurre pendant sept ou huit mi- des champs très-connu sous le nom d'allouette. Le nutes, vous y mettez plein une cuillère à bouche temps où les mauviettes sont les plus grasses et les de persil haché bien fin, autant d'échalotes ha- meilleures est la fin de l'automne et pendant chées de même, des champignons aussi hachés ; vous les sautez pendant sept ou huit minutes, l'hiver. et versez-y plein deux cuillères à dégraisser d'es- Mauvieltes à la broche. Plumez vingt- pagnole; vous les remuerez dans leur sauce sur quatre mauvietles, flambez-les sans les vider: avez le ſeu; au premier bouillon, retirez-les et servez- antant de morceaux de lard que vous avez de mau- les; si vous n'avez pas de sauce, vous ! sup- viettes, et de grandeur à pouvoir les envelopper | plécrez par une cuillerée à bouche de farine, embrochez-les l'une après l'autre avec un attelet que vous mêlerez bien avec vos oiseaux, un MAU ( 316 ) MEL demi-verre de vin blanc, autant de bouillon ; , et pour que rien n'échappe pendant la cuisson, faites jeter à votre sauce un bouillon seulement, on les entoure d'une barde de Jard; lorsqu'on les et voyez si votre ragoût est de bon sel. a placées les unes à côté des autres, on les re- Mauviettes en caisses. couvre soit avec du lard , soit avec du beurre, on Les mauviettes étant désossées, on les remplit d'une farce cuite, saupoudre avec le thym, le laurier, le basilic en dans laquelle on met leur foie haché avec des poudre ; avec de la pâte préparée on forme un truffes ; pour chacune on fait une caisse avec du pâté long, arrondi ou carré, recouvert, soit avec papier huilé, dans le fond on met de la farce, sur une barde surmontée d'une autre abaisse, soit avec laquelle on étend la mauvielte recouverte ensuite tout autre moyen, si, pour y parvenir, on s'est servi d'un vase de faïence ou de porcelaine; tel est avec une barde de lard, qu'on enveloppe d'un au- tre papier beurré; on les fait cuire ainsi prépa- très-peu: quant au salmis, il suffit de ne gar- le pâté de mauviettes. Une tourte en diffère rées sous le four de campagne ; au moment de der que le corps de l'oiseau lorsqu'il a été cuit à la servir on égoutte la graisse, et l'on met dessus un broche, pour, après l'avoir broyé et mis en pâte, peu de sauce réduite. le faire bouillir avec du vin et du bouillon afin de Mauviettes en côtelettes. On ne les dé- le passer au tamis de crin et l'assaisonner, pour signe de cette manière que parce qu'avec une être versé ensuite sur des croûtons frits. Pour les mauviette on cherche à figurer une côtelette ordi- avoir aux truffes, on ne prend que les gros naire; en levant toute la chair de l'estomac et muscles qui en recouvrent la poitrine, et les mé- après l'avoir fortement aplatie, on y implante une langer de truſſes coupées par tranches minces, as- palte en coupant la grosse extrémité; lorsqu'elles saisonnées convenablement. sont ainsi disposées et après l'assaisonnement, on les fait cuire à feu vif, on les dresse en cou- MAUVIS. On donne le nom de mauvis à plu- ronnes, on les recouvre d'une sauce quelle à vo- hupée ; 2° à un oiseau sylvain qui est de la grosseur sieurs sortes de gibier à plumes : 1° à l'allouette lonté. d'un ramier; 3° à une espèce de grive dont le plu- Mauviettes à la minute. — Il faut d'abord mage est de rouille et qu'on appelle aussi grive sauter des mauviettes dans de beurre et du sel; tannée. Ces trois espèces de gibier se servent lorsqu'elles sont raffermies, on les fait encore re- ordinairement rôtis après avoir été enveloppés de venir au beurre avec des champignons, des écha- feuilles de vigne et bardés avec de la tétine de lotes et du persil hachés ; mouillez avec un verre veau. de vin blanc et du bouillon ; lorsque le tout com- | Comme il est rare qu’on en puisse trouver as- mence à bouillir, on le retire, et l'on sert avec des sez pour garnir suffisamment un plat de rôt, on croûtons frits. les entremêle ordinairement avec d'autres gibiers rôtis qu'on dresse en pyramides, ainsi que la sa- Mauviettes au chasseur et en chipolata. tire du Festin de Boileau nous en a conservé la Faire revenir dans une casserole des tranches tradition. C'est toutefois un usage qui s'était main- de lard de poitrine et de petites saucisses, pour y tenu pour l'ajustement des rôtis au service du joindre les mauviettes en quantité proportionnée grand - commun de la cour jusqu'en l'an- avec le reste ; ajouter des champignons et saupou-née 1830. drer d’un peu de farine; mouiller avec du vin; assaisonner convenablement, et vers la fin, si MÉLASSE, liquide visqueux coloré en brun, l'on y amalgame des marrons grillés ou cuits contenant du sucre non cristallisable et du mu- sous la cendre, on obtient des mauviettes à ta queux sucré plus ou moins carbonisé par l'action chipolata. de la chaleur ; elle contient en outre plusieurs sels à base de chaux, de soude et de potasse. On doit Divers emplois culinaires de la mau- la choisir transparente et exempte d'impureté; les viette. Dans le cas où l'on voudrait faire un moins colorées sont les meilleures, ou les moins pûté non-seulement avec les mauviettes, mais mauvaises. encore avec d'autres petits oiseaux, après les avoir Quant à l'emploi de la mélasse, on en trouvera plumés et flambés, on les vide en en séparant leur l'indication plus bas (V. PHARMACIE DOMES - estomac (gésier), parce qu'ils contiennent tou TIQUE). jours des corps durs ou de petites pierres ; mais on réunit tout le reste pour le mettre dans un MELILOT, plante de la famille des légumi- mortier et le broyer avec du lard gras, des fines neuses, dont le feuillage et les fleurs exhalent une herbes aromatisées, salées, poivrées; on les rem odeur agréable, et qui a beaucoup d'analogie avec plit alors avec lout ce dont nous venons de parler, 1 celle de la fève tonka. Il est bon de placer un MEL ( 317 ) MEN bouquet de mélilot dans le corps d'un lièvre ou après en avoir enlevé l'écorce extérieure, et l'avoir dans celui d'un lapin qu'on va faire rôtir, ce qui piquée de cannelle et de clous de gérofle. On fait, communique à leur chair une sapidité tout-à-fait de cette manière, une conserve très-estimée, fort analogue à la végétation giboyeuse. saine et très-appétissante, qu'on mange avec des viandes bouillies, et qui peut se conserver assez MÉLISSE, plante aromatique à odeur de ci- long-temps. tron. On l'emploie dans les bouquets garnis pour Dans les pays chauds, et surtout à Béziers, on l'assaisonnement des viandes noires; on s'en sert confit le melon au sec, et ses tranches font tou- également pour confectionner des eaux spiritueu- jours partie des confitures si renommées de cette ses et des vinaigres aromatiques (V. PHARMACIE ville ; mais il est douteux que les melons d'un DOMESTIQUE). autre climat puissent subir cette sorte d'apprêt. MELON. On les distingue principalement en MELONGÈNE, plante potagère (V. Au- melons brodés (dont les plus estimés viennent de BERGINES, page 49). Honfleur), en melons cantalous, en sucrins de MENDIANTS. On donne ce nom à quatre couche, et en pastèques, ou melons d'Italie. sortes de fruits secs, que les épiciers mêlent ordi- Le melon (roi des hors-d'ouvres) est un co nairement ensemble; ce sont les figues de Pro- mestible excellent lorsqu'il est d'une bonne cs vence, les raisins de Malaga, les amandes et les pèce, et pourvu qu'une température convenable, avelines. naturelle ou artificielle, ait favorisé sa végétation; On les appelait anciennement fruits de ca- il faut aussi qu'il ait été cueilli à son véritable rême; le petit père André disait un jour, en prê- point de maturité. Les melons parfaits sont rares, chant devant Louis XIII, que ces fruits étaient même dans les climats qui leur sont le plus ſavo nommés ainsi parce qu'ils avaient pour patrons les rables; en revanche, les melons médiocres sont quatre ordres mendiants, savoir : les Franciscains assez communs, et les melons détestables sont capucinaux qui représentaient les raisins secs, les toujours abondants. La salubrité des melons est Récollets qui étaient comme des figues sèches, les en raison directe de leur bonne qualité; les mau Minimes qui semblaient des amandes avariées, et vais melons sont un aliment très-malsain. Il y a si les Moines-déchaux qui n'étaient que des noi- peu de substance solide dans un melon, même de settes vides. qualité supérieure et parfaitement mûr, que sa Ceci fit un grand scandale, et le père André propriété nutritive, d'ailleurs très-faible, ne peut Le Boullanger fut interdit pour six mois par arrêt être attribuée qu'à la matière sucrée qu'il con du grand-conseil. tient. Voici les seules préparations dont le melon soit MENTHE, plante aromatique qui n'est em- susceptible. ployée que dans les préparations d'office ou de pharmacie (V. PASTILLES, LIQUEURS, EAUX DIS- Entremets au melon (ragoût sicilien).- TILLÉES, SORBETS ET GLACES). Coupez du melon cantalou par petits cubes en forme de dés; passez-les à la casserole avec du MENU. Le menu d'un repas est la liste de beurre frais assaisonné de muscade; mouillez avec tous les mets qui doivent entrer dans la composi- du lait; faites bouillir, et, lorsque votre appareil tion de chaque service. est suffisamment compacte, jelez-y quelques ma Pour la composition des menus anciens et nou- carons d'amandes amères et quelques amandes veaux, des menus étrangers et nationaux, des me- pralinées ; versez votre appareil sur une abaisse de nus en maigre et des menus de collation, V. les biscuit de Savoie qui doit garnir le fond du plat, tableaux qui sont à la fin de cet ouvrage. et garnissez-le au moment de servir avec de pe- tits carrés d'écorce de melon frit et des grains de Menus-droits, préparations culinaires appli- grenade que vous aurez fait glacer au sucre. cables à certains hors-d'œuvres (V. OREILLES DE CERF, PALAIS DE BOEUF, OREILLES DE PORC et Potage au melon à la Chartreuse. - On On LANGUES D’AGNEAU). le fait cuire au lait avec du beurre et de la can- nelle, et, du reste, on le confectionne de la même Icnus-droits au maigre à ta Trapiste. Faites fondre dans une casserole un peu de manière que les soupes à la citrouille et au potiron (V. page 159). beurre; jetez-y de l'ognon coupé en filets; passez le tout, et mouillez de jus maigre; ayez des ca- · Melon confit. - On confit, dans quelques rottes, navels, panais, betteraves, céleri, le tout pays, la chair du melon au sucre et au vinaigre, coupé en filets, blanchis et cuits, chacun selon sa . MER (519) MER passé du sucre en poudre au tamis de soie; lors- , soie, et deux onces de fleur d'orange pralinée, et que vos blancs seront assez battus, vous y mettrez bien hachée ou écrasée ; lorsque vos œufs seront six cuillerées de sucre, avec la râpure d'un citron, bien battus en neige, vous y mettrez votre sucre et vous remuerez légèrement votre pâte de ma avec la fleur d'orange ; vous mêlez bien le tout avec nière à ce que le tout soit bien incorporé; vous le fouet qui a battu les blancs; secouez le fouet, et arrangerez sur une planche ou deux, suivant la dressez vos meringues sur des feuilles de papier grandeur de votre four, des feuilles de papier, et blanc : cette espèce de meringues ne se dresse vous dresserez vos meringues avec une cuillère à pas comme les autres ; on prend une cuillère à bouche, en ne prenant de la pâte que ce qu'il en bouche que l'on remplit de la pâte, et on la dresse faut pour la faire, et lui donnant la forme de la en rond en tournant la cuillère, ce qui doit faire à moitié d'un auf coupé en long; il faut bien garnir peu près le rocher; on les glace au tamis de soie la planche de toute sa longueur et de sa largeur, avec du şucre en poudre, étant arrangées sur des et les dresser le plus également possible, les glacer feuilles de papier, et on les met à un four très- tout de suite avec du sucre en poudre passé au doux, sur des feuilles de cuivre ; lorsqu'elles au- tamis de soie, et les mettre à un four doux ; lors ront pris une belle couleur et qu'elles seront bien qu'elles ont pris une belle couleur, vous les ré sèches, vous les lèverez, et les mettrez dans un tirez du four, vous en prenez deux que vous ap tamis à l'étuve, afin de les y trouver au be- pliquez l'une contre l'autre, en mettant dans soin. chacune une cerise confite avec un peu de gelée de groseilles, ou toute autre confiture; vous les Meringues à la florentine, -(V. ALKER- mettrez à mesure sur un tamis, pour les dresser mės, page 20.) après sur votre plat d'entremets. Il est essentiel de faire cuire les meringues sur les planches, MERISE, fruit du cerisier sauvage ou meri- afin que le dessous ne prenne pas couleur, sier. La chair en est d'un pourpre sombre et d'une et pour qu'on puisse les appliquer l’un contre saveur amère. Avec les noyaux et la pulpe fer- l'autre. mentée de la merise, on obtient par la distillation une eau-de-vie connue sous le nom allemand de Meringues à l'italienne. — Pour six blancs kirchen-wasser (eau de cerises.] (V. LIQUEURS, d'æufs fouettés vous ferez cuire une demi-livre de sucre au soufflé; vos blancs d'æufs étant bien bat- fraîches, voyez les articles COMPOTE, GLACE AU et, quant à l'emploi qu'on peut faire des merises tus , vous les mettrez dans le sucre cuit, en les FRUIT, RATAFIA, SORBET.) mêlant bien promptement avec une spatule, jus- qu'à ce que ces blancs soient parfaitement incor- MERLAN. De tous les poissons, le merlan est porés avec le sucre ; vous pouvez leur donner celui dont la chair est la plus légère, la plus diges- l'odeur et le goût que vous voudrez; si c'est au tible et la moins alimentaire; c'est pourquoi l'on marasquin , vous en aurez un demi-verre à mêler en prescrit l'usage aux convalescents dont il faut dans la composition, et vous les dresserez comme encourager les forces digestibles. nous avons dit à l'article ci-devant, excepté que vous les ferez beaucoup plus petites; vous les Merlans frits. - Écaillez-les et coupez-leur mettrez au four sur une planche garnie de papier, les nageoires ainsi que le bout de la queue; videz- et les doublerez comme les autres. les sans les ouvrir, et, après les avoir bien lavés, Meringues à ta lyonnaise. remettez leurs foies dans leurs corps; ciselez-les drez huit blancs d'eufs que vous battrez en neige; en biais des deux côtés, panez-les à l'anglaise, vous ſerez cuire dix onces de sucre au soufflé; les ou farinez-les simplement pour les faire frire à ceufs étant battus et le sucre cuit, vous mêlerez grand feu. Lorsqu'ils sont fermes et d'une belle très-promptement l'un avec l'autre; vous y ajou- couleur dorée, vous les égouttez sur une serviette terez une once de fleur d'orange pralinée, que chaude, et vous les saupoudrez de sel fin; dressez- vous aurez fait sécher et mis en poudre d'avance; les sur une serviette ouvrée, dont vous aurez foncé vous'la mêlerez à votre appareil, et vous dresserez votre plat de rôt. vos meringues de la même manière que les autres, Si les merlans frits sont très-gros, on les tranche en les doublant, lorsqu'elles auront pris une belle en trois morceaux pour les servir à table, et c'est couleur. celui du milieu qu’on offre de préférence. Quand ils sont de grosseur ordinaire, on les partage en Meringues sèches à la fleur d'orange. – deux, et c'est le côté de la tête qu doit servir, Pour dix blancs d'eufs bien fouettés, vous mettrez parce que c'est la partie qui recèle le foie du dix cuillerées de sucre en poudre, passé au tamis de poisson, Vous pren- MER ( 520 ) MER Merlans grilles. — Écaillez et appropriez ces faites-les cuire sur de la cendre rouge; renouvelez merlans, comme il est dit aux merlans frits; cise souvent celle cendre, sans faire de poussière; re- lez-les, farinez-les, meltez-les sur un gril bien lournez-les sur les quatre faces; étant cuits et propre; faites-les cuire sur un feu doux, et re d'une belle couleur, dressez-les; mettez dessus un tournez-les souvent : à cet effet, servez-vous d'un jus maigre bien corsé, dans lequel vous aurez ex- couvercle de casserole, de la grandeur de votre primé le jus d'un fort citron. gril; posez-le légèrement sur vos merlans; ren- versez le gril sens dessus dessous, et détachez avec Filets de merlans en turban. Ayez le dos de votre couteau ceux des merlans qui pour-quinze ou dix-huit merlans, levez-en les filets; raient tenir au gril; achevez de les faire cuire, et prenez les douze inférieurs, levez-en les peaux, servez-vous encore du couvercle, comme il est dit pilez-en les chairs, et faites-en une farce à que- plus haut, pour les ôter du gril, sans les briser : nelles. Votre farce achevée, faites un fort bou- coulez-les sur votre plat, et servez dessus une chon de pain, posez le bout le plus étroit sur votre sauce blanche au beurre et parsemée de câpres ou plat; entourez ce bouchon de bardes de lard, et de capucines. dressez au tour votre farce en talus; posez-y vos filets; donnez-leur la forme d'une bande de mous- Merlans aux fines herbes. — Préparez vos seline qui enveloppe un turban. Si c'est la saison, merlans comme il est dit ci-dessus; mettez-les dans garnissez le haut de petites truffes que vous aurez un vase creux, dans lequel vous aurez étendu du tournées de la forme de grosses perles; humectez beurre; saupoudrez ce beurre de persil et ciboules vos filets avec un peu de beurre fondu; couvrez le bachés, d'un peu de sel fin et d'un peu de mus tout de bardes de lard très-minces, et mettez par- cade râpée; arrangez dessus vos merlans tête-bê dessus un papier beurré; faites cuire votre turban che; arrosez-les de beurre fondu; mouillez-les au four, et, sa cuisson faite, supprimez le bouchon avec moitié vin blanc et moitié bouillon ; retour de pain ainsi que toutes les bardes de lard ; égouttez nez-les, lorsque vous les croirez à moitié cuits : le beurre de ce turban, et versez dans son puits leur cuisson faite, versez leur mouillement dans une bonne sauce italienne. une casserole, sans les ôter de leur plat; ajoutez- y un peu de beurre manié avec de la farine; faites Filets de merlans au gratin. — Levez des cuire et lier votre sauce, dans laquelle vous expri- filets de merlans, comme il est indiqué précédem- merez le jus d'un citron, mêlé d'une pincée de gros ment; étendez-les sur une table; garnissez-les dans poivre. toute leur longueur d'une farce cuite, si c'est en gras, et d'une farce de merlaps si c'est en maigre; Filets de merlans à la Orly. Prenez garnissez le fond du plat dont vous devez vous ser- six ou huit merlans de moyenne grosseur, videz- vir avec une assise de votre ſarce; arrangez des- les, levez-en les filets; parez-les, faites-les mariner sus les filets en couronne; couvrez-les de cette avec du citron, du sel, du persil en branche, farce en dedans et en dehors, ainsi que par-dessus; et la moitié d'un ognon coupé en rouelles. Au mo. unissez le tout avec la lame d'un couteau trempé ment de servir, égouttez vos filets, farinez-les, et dans de l'eau tiède; donnez à votre gratin une faites-les frire; qu'ils soient fermes et d'une belle forme régulière, panez-le, arrosez-le avec un pin- couleur; égouttez-les, dressez-les, saucez - les ceau trempé dans du beurre fondu; mettez-le au d'une italienne ou d'une sauce aux tomates. four ou sous un four de campagne, avec feu des- sous et feu dessus; faites-lui prendre une belle Altelets de filets de merlans. - Levez les couleur, et saucez-le d'une italienne rousse, ou filets de douze merlans, comme il est dit ci-dessus; d'une espagnole réduite. levez-en les peaux, sans endommager les chairs. Vos filets levés, faites fondre du beurre, mettez-y Filets de merlans aux truffes à la Conty. un jaune d'euf et un peu de sel fin; remuez le Levez les filets de cinq ou six merlans, et pa- tout ensemble; trempez les filets que vous roulez; rez-les; coupez chaque filet en quatre morceaux; passez vos attelets en travers, en sorte qu'ils ne mettez du beurre à fondre dans un sautoir; pla- puissent se dérouler; meltez quatre ou cinq filets cez-y vos filets, avec sel et gros poivre; versez du à chacun de ces attelets ; faites fondre légèrement beurre fondu par-dessus, et joignez-y deux jus de le beurre dans lequel vous avez trempé vos filets, citron. Au moment de servir, sautez vos filets; et trempez-y les attelets garnis; mettez sur la ta- | quand ils seront cuits d'un côté, retournez-les de ble de la mie de pain bien fine; roulez-y légère- l'autre; égouttez-les sur un linge blanc; mettez dans ment vos filels, afin qu'il n'y reste que ce qu'il votre sauloir des truffes coupées en lames; faites faut de mie de pain; mettez-les proprement sur réduire et liez votre sauce avec un morceau de un gril, et, trois quarts-d'heure avant de servir, I beurre, et dressez sur un plat garni de croûlons frits. MER ( 5:21) MIE Filets de merlans à la Cussy. - Décou MEUNIER , poisson de rivière qui porte aussi pez en filels six gros merlans, et parez-les comme les noms de CHABOT et de TÉTARD. La meilleure il est dit ci-dessus; faites une farce avec la chair manière de l'apprêter, c'est de le faire cuire à l'é- de trois autres merlans de taille commune, et pilez tuvée, comme la carpe, et sans oublier d'y mettre celle chair dans un mortier, après quoi vous la de l'eau-de-vie, qu'on ſera brûler jusqu'à suffi- passerez dans un tamis à quenelles; pilez et pas sante consommation de ce mouillement. sez de la même manière une quantité égale de mie de pain, que vous aurez fait tremper dans du lait; MIEL. On tire, des rayons ou gâteaux d'une faites trois parts égales de cette mie; mêlez-les trois ruche, trois différentes sortes de miel. La première merlans, au moyen d'une quantité équivalente de est celle du miel vierge, qui coule de lui-même; beurre frais; pilez le tout ensemble, assaisonnez après ce miel de premier choix, arrive celui de de sel, de poivre et d'un peu de muscade ; ajoutez- seconde qualité, qu'on met légèrement en presse, y une truffe coupée en petits dés; fouettez deux et qui n'a pas, à beaucoup près, la même purcté blancs d'æufs que vous incorporez dans celte de saveur que le miel vierge : il ne manque pas farce, en remuant légèrement. de limpidité, mais il sent la cire, et il est toujours Ces préparatifs faits, couvrez de votre sauce le plus épais que le miel de première origine. La fond d'un plat d'argent à trois lignes d'épaisseur; troisième espèce est la moins estimée, et contient couchez-y vos filets du côté de la peau, et étendez forcément une assez grande quantité de cire, parce sur chacun d'eux un peu de ladite farce. qu'on l'a soumise à la pression forte, ainsi qu'à Ayez soin que vos filets soient artistement rou- l'action de la chaleur. lés, et qu'ils aient la forme de bondons; ainsi ar- Entre les miels étrangers, le miel jaune de l'Ile rangés sur le plat, de manière que la farce rem- de France, et le miel vert des forêts du Brésil, ont plisse tous les vides, faites-les cuire dans un four une réputation tout-à-fait merveilleuse; et du reste de campagne une demi-heure avant de les servir. il n'existe aucune substance alimentaire qui puisse rivaliser avec le miel américain, pour la suavilé Merlans à la minute, - Mettez du beurre de l'arôme et l'énergie de la saveur. frais sur un plat, en y ajoutant persil, ciboules, On ne fait plus un grand usage du miel dans champignons hachés, sel et poivre. Mettez-y vos les préparations alimentaires ; on lui a substitué merlans, auxquels vous aurez fait les préparations l'emploi du sucre. Celui du miel n'est guère usité nécessaires; assaisonnez dessus comme dessous ; maintenant que pour la pharmacie; mais il faut couvrez bien votre plat; faites cuire avec un verre en excepter certains miels de choix, tels que ceux de vin blanc, et servez à courte sauce. de Narbonne, d'Athènes et de Corſou, qui sont Merlans à la bonne cau. Vos merlans généralement recherchés pour être mangés en substance. C'est avec les miels parfumés de Nar- vidés, ratissés et nettoyés, vous leur coupez la tête et la queue; vous les faites mijoter un quart blancs de Marseille, et dans plusieurs cas on bonne, que l'on compose les excellents nougats d'heure dans une casserole avec des feuilles ou de la racine de persil, deux ou trois ciboules entières, ajoute une certaine quantité de ce beau miel à une feuille de laurier, du sel et de l'eau; après les certaines liququrs très-sucrées, afin d'empêcher avoir retirés et serrés chaudement, mettez un peu le sucre de s'en séparer, en se cristallisant. de votre bonne eau dans une casserole; rompez Les compositions gastronomiques et les breuva- plusieurs feuilles de persil et faites-leur jeter quel ges dans lesquels il entre du miel sont les nougats blanc et vert, la pignésie, le pain d'épice, l'hydro- ques bouillons dans votre bonne eau ; après quoi vous la versez sur vos merlans, que vous servirez mel, l'hypocras et l'oximel (V. PHARMACIE DO- dans un plat creux, accompagné d'une pile de MESTIQUE, etc.). tartines au beurre. Clarification du miel (suivant les pro- cédés et le formulaire de M. Chaptal). MERLES DE CORSE, excellents petits « Pour clarifier vingt-cinq livres de miel, on le pieds qui nous arrivent de Bastia dans des baril met avec six litres d'eau dans une poêle de la con- lets remplis de graisse fine. Il est bon de les plon-tenance de cinquante livres; on le fait fondre sur ger dans de l'eau bouillante avant de les faire cuire, le feu, et on y ajoule, quand il est fondu, cing li- afin de les débarrasser de la substance grasse dont vres de blanc d'Espagne pilé bien menu; on ajoute ils sont recouverts. On les préparc comme les le zeste de trois citrons, et pour que le blanc ne BEC-FIGUES et les ORTOLANS. s'attache pas au fond de la poêle, on remue avec soin avec une écumoire; on met, quelque temps MERLUCHE, morue sèchic on Stock-fich après, deux livres et demic de charbon à clarifier, (V. MORUE). et l'on continue à rcmuer; quand le miel est sur 21 MIR ( 322 ) MOR le point de bouillir, on l'arrose avec un mélange grains de gros sucré , et puis vous les mettez au de six aufs baltus et de six litres d'eau, jusqu'à ce four chaleur modérée. Servez chaud ou froid. qu'il soit comme une éponge; on le passe ensuite Pour les variétés du mirliton (V. PATISSERIE). à la chausse autant de fois qu'il le faut pour lui donner la limpidité convenable. MIROBOLAN (V. LIQUEURS). » On doit nettoyer et dégraisser la chausse un MIROTONS, ragoûts de boeuf à la bour- jour ou deux avant de clarifier d'autre miel ; on se geoise (V. page 94). sert pour cela d'un mélange de trois aufs et de MITONNER. Ce mot a à peu près la même l'eau, jusqu'à ce qu'elle soit à dix degrés ; on se signification que celui de mijoter; mais il s'ap- sert alors de cette eau sucrée pour en clarifier d'autre, ct l'on n'a besoin que de mettre six curs plique exclusivement au potage. dans un demi-litre d'eau ordinaire pour faire la sorbé tout le bouillon, et qu'il est réduit en consis- Un potage est mitonné lorsque le pain a ab- même opération que nous venons de décrire. » tance de bouillie. MIJOTER ou MIGEOTER. C'est faire bouillir MINCEPIES ou GATEAUX DE NOEL (Cui- å très-petit feu une préparation alimentaire avan- sine étrangère, entremets anglais). — Pre- cée dans sa cuisson. Dans cette ébullition lente nez une livre de graisse de rognon de bæuf, les chairs se cuisent intimement et s'attendrissent; hachée fin; une livre de langue de boeuf à l'écar- leurs sucs se combinent, se réduisent, et acquiè late que vous aurez fait cuire, et hachée de même ; rent une sapidité plus prononcée. une livre de pommes de rainette que vous aurez MIRABELLE, espèce de prune, petite, de pelées ; ôlez les cæurs, et hachez une demi-livre de raisins de caisse, que vous aurez épluchés, épe- couleur jaune et très-parfumée ; il en existe deux pinés, lavés et hachés ; cinq quarterons de raisins variétés, dont l'une est plus grosse que l'autre, de Corinthe, que vous aurez épluchés, lavés et fait quoique toujours de petite dimension ; la plus pe- sécher ; après les avoir de nouveau hachés, mettez tite est la meilleure. La mirabelle est très-charnue, tous ces ingrédients ensemble dans un vase; ajou- ce qui la rend propre à faire des confitures, que tez-y une demi-livre de sucre en poudre, un quart son arôme rend très-agréables (V. COMPOTES, d'once de macis en poudre et autant de muscade, CONFITURES, GLACES, etc.). une pincée de poudre de gérofle, autant de poudre MIRLICOTON, sorte de grosse pêche, au- de cannelle et un demi-setier de bonne eau-de-vie ; trement appelée pavie-jaune. On la cueille à la fin maniez bien le tout ensemble, en sorte qu'il forme de l'automne, et l'on s'en sert particulièrement letage, abaissez-les, et foncez-en de petites tour- une espèce de pâte; prenez des rognures de feuil- pour en faire des charlottes, des marmelades au beurre et des beignets. tières creuses, comme on fait pour une tourte ordinaire; garnissez-les de votre appareil, de l'é- MIRLITON (pâtisserie d'entremets). – paisseur d'un travers de doigt, jusqu'à un demi- Après avoir mis dans une terrine deux œufs en pouce du bord de la tourtière; ayez un quarteron tiers et deux jaunes, vous y joignéz quatre onces de cédrat confit, coupé en petits dés, du zeste de sucre en poudre, trois de macarons doux écra d'orange et de citron que vous aurez haché et fait sés, une demi-once de fleur d'orange pralinie en cuire dans du sucre; saupoudrez-en les mincepies; poudre, et un grain de sel; remuez ce mélange relevez les bords de pâte autour de votre appareil ; pendant une minute, ensuite vous faites fondre faites cuire à un four modéré pendant trois quarts deux onces de beurre ſin, et les mêlez dans l'ap d'heure vos mincepies, et servez-les chauds ou pareil; fouettez les deux blancs d'auſs bien ſerme, froids. et incorporez-les dans la préparation. Vous gar- MOELLE, substance qui remplit les os des nissez des moules que vous avez foncés de cette grands quadrupèdes. La moelle pure est un ali- manière; faites un litron de feuilletage; donnez- ment de difficile digestion ; mêlée avec des viandes lui douze lours et abaissez-le de deux lignes d'é- sèches, elle leur donne du moelleux et les rend paisseur; détaillez-le en une trentaine de fonds; plus agréables (V. Rôties, Potages et TOURTE). coupez avec un moule rond canelé de deux pouces six lignes de diamètre; ensuite vous placez chaque MORILLE, espèce de champignon qui croît fond sur un moule (légèrement beurré) creux de au printemps. La morille se conserve facilement, six lignes, et large de deux pouces. sans perdre aucune de ses qualités ; elle perd Lorsque vos mirlitons sont garnis également, beaucoup de son volume pendant sa dessiccation, vous les masquez avec du sucre passé au tamis de mais clle le reprend quand on la fait tremper dans soie. Le sucre étant fondu, semez dessus quelques un liquide. La morille est alimentaire comme tous JOR (324) MOR 1 solve aisément et parfaitement le savon. La mo- | chapelure de pain, et mettez-le à prendre couleur rue durcit toujours en cuisant dans les sous un four de campagne. caux crues, dit M. Carême; meltez-la sur le feu dans l'eau froide; écumez-la lorsque l'eau est Queue de morue farcie (recelte et formule de l'ancien hótel de la Reynière). - Votre presque bouillante, et retirez-la du feu aussitôt queue de morue cuite à l'eau et égouttée, vous en qu'elle bout; vous couvrirez le vase qui la contient levez toute la chair par filets, ne laissant que l'a- pendant un quart d'heure, et puis vous pourrez rête ; vous mettez dans une casserole, gros comme en ôler la morue pour l'égoutter. un œuf de beurre, des champignons coupés en Morue à la maître-d'hôtel. · Prenez une filets, persil, ciboule, deux échalotes, moitié d'une belle crête de morue; choisissez-la d'une peau gousse d'ail, le tout baché; vous passez le tout sur blanche et tachetée de petits points jaunes; pincez le feu, y mellez une demi-cuillerée de farine; la chair, pour juger si elle est tendre; goûtez si mouillez avec un demi-setier de lait; assaisonnez elle est d'un bon sel; si elle se trouvait trop salée, de gros poivre, et faites bouillir jusqu'à ce que la mettez-la dans de l'eau, avec moitié lait : par ce sauce soit épaisse; vous mettez alors votre morue moyen, vous la dessalerez promplement; enfin avec trois jaunes d'æufs; vous faites lier sur le trempez-la dans de l'eau chaude; ôtez-en les écail- fcu sans bouillir, et laissez refroidir ; vous prenez les en la grattant avec un grand couteau; remettez le plat que vous devez servir ; vous placez dessus de l'eau fraîche dans une casserole avec votre mo- l'arête et le petit bout de la queue que vous enve- rue; faites-la cuire, et retirez-la du feu; écumez- lopperez de papier beurré; vous borderez le lour de Ja; couvrez-la un instant, ensuite égouttez-la bien, l'arête avec de la farce faite avec deux grandes poi- et saucez-la d'une sauce à la maître-d’hôtel, ren- gnées de mie de pain passées à la passoire avec une forcée d'un peu de verjus (V. MAÎTRE-D’HOTEL, chopine de lait que vous aurez fait bouillir et dessé- page 7, art 12). cher sur le feu jusqu'à ceque la mie de pain soit bien Morue à la provençale (V. BRANDADE, épaisse; vous mettez le ragoût de morue dans le page 102 et suivantes). milieu, et par-dessus le restant de la farce, de ma- nière que l'on ne voie pas le ragoût, el que pour- Morue à la crème, ou bonne-morue, – tant cela forme une queue de morue; vous unissez Préparez et faites cuire votre morue, comme il est partout avec un couteau trempé dans de l'æuf dit à l'article précédent; faites-la mijoter ensuite ballu ; vous panez avec de la mie de pain, et vous dans une sauce à la Béchameil, et garnissez votre faites cuire de belle couleur au four ou sous un plat d'entrée avec des villelottes sautées au beurre. four de campagne. Votre morue cuite, vous pouvez Morue à la bourguignonne. — Prenez cinq la servir sans autre apprêt, ou mettre dans le ou six gros ognons; coupez-les en rouelles; mettez fond une sauce faite avec un verre de bon bouil- un morceau de beurre dans une casserole, avec | lon, et gros comme une noix de beurre manié de vos ogpons; faites-les cuire et roussir ; leur cuis- | farine. son achevée, faites un beurre roux; tirez-le au Morue à la Steinckerke. Vous mettez au clair; mettez-le sur les ognons, avec sel, poivre et fond d'un plat un peu de beurre avec persil, ci- un fort filet de vinaigre; vous aurez fait cuire vo- boule, un peu d'anchois, une pointe d’ail (le tout tre morue, de même qu'il est indiqué pour la mo- haché), du gros poivre, et quelques câpres entiè- rue à la maître-d’hôtel ; égouttez-la ; dressez-la sur res; vous couvrez le tout avec des lames de morue votre plat, et saucez le ragoût avec vos ognons au par couches, que vous faites alternativement d'as- beurre roux. saisonnement et de morue jusqu'à ce que votre Queues de morue à l'anglaise. Faites plat soit rempli; vous panez le dessus avec de la cuire ces queues comme il est dit ci-dessus; mie de pain; vous faites bouillir sur un petit feu, égouttez-les bien; vous aurez fait une sauce et en même temps prendre couleur sous un cou- avec la chair d'un ou deux citrons coupés en vercle de tourtière. dés, des filets d'anchois, persil et ciboules ba- Morue au parmesan. Vous ferez cuirc chés, ainsi que de l'échalote, une pincée de gros une crête de morue bien dessalée; étant refroidie, poivre et une petite pointe d'ail. Ayant ajouté à cela un quarteron de beurre et autant d'huile, faites retirez les peaux et les arêtes; mêlez votre blanc de morue dans une bonne béchameil maigre el deux chauſſer le tout à petit fcu; remuez bien celte cuillerées de parmesan râpé et gros poivre; ſaites- sauce; meltez-en la moitié dans le fond de votre plat; dressez-y votre morue; garnisscz: la de croû- la gratiner comme il est dit ci-dessus. tons (rits dans le beurre; sauce: cette morue avec Tourtes et vole-au-vent de moruc. le reste de votre sauce; panez le tout avec de la I morue élant cuite, égoutlée cl refroidie, on la met - La MOU ( 328 ) MOU qui sont les morceaux les plus estimés, s'apprêtent les ; ne retirez qu'une valve des coquilles ; mettez al MOUSSES, préparations dont la base est une par feuillets dans une béchameil, où on la fait mi- | passez-les sur le feu; ajoutez un peu de farine ; joter jusqu'à ce qu'elle soit bien imprégnée de la mouillez avec du bouillon et un peu d'eau des dite sauce, mais en évitant qu'elle puisse lom moules ; faites jeter quelques bouillons; tenez les ber en bouillie. On aura eu soin de maintenir la ensuite chaudement sans bouillir. Au moment de pâtisserie chaude, et l'on versera le ragoût de mo- servier, liez la sauce avec des jaunes d'aufs, et rue quelques minutes avant de le servir. ajoutez du jus de citron. Les nos et les langues ou palais de morue se préparent absolument de la même manière que Moules à la provençale. — Procédez comme il est prescrit ci-dessus pour faire ouvrir les mou- les autres parties de ce poisson ; mais les langues, dans une casserole un demi-verre d'huile, persil, le plus souvent à la béchameil, avec une garniture ciboules, champignons, truffes, une demi-gousse de quiches au maïs (V. ces deux articles). d'ail, le tout haché très-fin; passez sur le feu; mouillez avec un verre de vin blanc, une cuillerée MOU DE VEAU. C'est le poumon du veau de bouillon et la moitié de l'eau des moules ; faites dont on fait les bouillons rafraîchissants et des cuire cette sauce ; quand elle est presque réduite, tisanes pectorales (V. PHARMACIE DOMESTIQUE). mettez-y les moules avec une cuillerée de jus; fai- les-leur faire quelques bouillons; ajoutez un jus MOULES, coquillage bivalve qui fait éprouver de citron, gros poivre et muscade râpéc; servez quelquefois des accidents assez graves. Ces fàcheux à courte sauce. symptômes disparaissent toujours lorsqu'on adini- nistre au malade une forte dose d'éther (deux ou trois gros par exemple). On n'est pas d'accord sur crème ſouettée, glacée et mélangée d'une teinture la cause qui peut rendre les moules dangereuses; aromatique ou d'un suc de fruit. Les mousses à les uns rapportent ces accidents à la présence de la crème ne doivent être servies qu'à l'entremels. petits crustacés, et notamment d'une petite arai Mousse à la Chantilly. - Mettez une pinte gnée de mer qui s'introduit entre les coquilles le de crème double dans une terrine; joignez-y une la moule; d'autres personnes attribuent le même demi-livre de sucre en poudre et une cuillerée effel aux aliments que la moule consomme en cer d'eau de fleur d'orange, avec trois gouttes d'es- taines circonstances, et notamment dans le voisi sence de cédrat; lorsque le sucre sera fondu, vous nage des embarcations qui sont doublées en cuvre; pilerez trois ou quatre livres de glace, que vous enfin l'opinion la plus accréditée s'en prend à mettrez dans une autre terrine; il faut poser le l'altération que doit éprouver la moule, en séjour- fond de la terrine où est la crème, sur la glace, nant sur un terrain fangeux, où la vase abonde en afin de la rafraîchir et la faire mousser plus promp- détritus en dissolution. tement; vous prendrez un fouet à battre les blancs Tout ce qu'on peut faire de mieux pour éviter d'æufs, et vous fouetterez cette crème ; à mesure ces accidents, c'est de n’employer des moules que que la mousse montera, vous l'enlèverez avec une lorsqu'elles sont dans un état de fraîcheur par- écumoire, et la mettrez sur un tamis posé sur une faite. terrine: si votre crème ne moussait pas comme il Moules à la batelière. - Raclez-en les co- faut, il faudrait y ajouter quelques blancs d'œufs. Quand vous aurez mis sur le tamis loute celle que quilles pour en détacher tout ce qui est adhérent; vous aurez fouettée, si vous n'en avez pas suffisam- lavez-les à plusieurs eaux; nettez-les dans un chaudron sans étamage avec un morceau de beurre ment, vous prendrez celle qui a passé au travers du tamis, que vous fouelterez de nouveau et met- et du persil, un ognon haché, quelques ciboules et une tranche de piment roige; faites-les sauter trez avec l'autre; ordinairement les mousses se vivement sur un feu clair, et servez-les pour hors- mettent dans de grands gobelets de vermeil ou de cristal qui sont destinés à cet usage; on place les- d'auvres, avec des tartines ai beurre et aux fines herbes. dits gobelets dans une cave de fer-blanc, où l'on a eu le soin de faire pratiquer une grille de la forme Moules à la poulette.-Lavez-les à plusieurs des gobelets, afin de les contenir; on met dessus caux; meltez-les à sec dans une casserole sur un et dessous de la glace bien pilée avec du sel et du feu ardent; retournez-les à mesure qu'elles s’ou- salpêtre, et quand on les tient dans un endroit vrent; ôtez les coquilles, oi laissez la moule alta frais et bien clos, les mousses peuvent se conser- chée à l'une de ses valves passez au tamis l'eau ver sans tomber au moins cinq ou six heures. Au que les moules ont rendue mettez-les dans une surplus, il est toujours prudent de les faire circu- casserole avec un bon morcau de beurre, persil et ler en extra, pour que la chaleur de la salle à ciboules hachés, gros poire et muscade râpée; I manger ne les fasse pas couler en s'aſſaissant. MOU (526) MOU Mousse au chocolat. Faites fondre une bien conserver sans perdre aucune de ses qualités. demi-livre de chocolat dans un demi-setier d'eau, Il suffit, pour le sécher, de l'exposer au soleil sur à petit feu; remucz-le avec une spatulc; quand il une claie; mais il est plus expedient de le réduire sera bien fondu et bien réduit, vous les retirerez en poudre, après l'avoir soumis à la dessiccation. du feu pour y mettre six jaunes d'aufs frais; vous On l'enferme alors dans des fioles de verre. Une mêlerez le tout ensemble avec une pinte de crème pincée de poudre de mousserons suffit pour com- double et trois quarterons de sucre en poudre que muniquer une såveur très-agréable à toutes les vous y ferez fondre; mettez cette composition dans sauces auxquelles on l'ajoute. une terrine, et lorsqu'elle sera refroidie, vous fini- rez votre mousse de la même façon que la pré- MOUT. On nomme ainsi le jus de raisin qui cédente. o'a encore éprouvé aucun mouvement de fermen- tation. C'est en faisant évaporer le mout sur le feu Mousse aux liqueurs fines.- Vous mettrez qu'on obtient le raisiné, sorte de confiture aussi dans un pinte de crème double une demi-livre de médiocre qu'elle est vulgaire. Nous dirons pour- sucre en poudre, que vous y ferez fondre, et vous tant que lorsqu'on fait bouillir le mout avec des y ajoulerez un plein gobelet d'eau des Créoles ou poires ou des prunes d'arrière-saison, le raisiné de Mirebolan, de crème des Barbades, ou Noyau qu'on en retire est beaucoup moins acide et moins des îles, enfin de Rossolis ou de Marasquin, et insalubre. même de simple ratafia, si vos arrangements ou provisions d'office s'en accommodent mieux. Le MOUTARDE. Le seul élément qui doive tout élant bien fondu et mêlé, vous froiterez votre constituer la moutarde est la graine de senevé mousse, et la finirez comme les deux autres, broyée à laquelle on doit ajouter du sel. Les épicu- Mousse au suc de fruits. - Procédez abso- riens n'approuvent jamais l'immixtion du vinaigre lument comme pour la dernière, excepté qu'au dans la moutarde, dont la meilleure préparation lieu d'un gobelet de liqueur, vous y mettrez deux consiste à délayer la moutarde en poudre avec de pleins gobelets de suc de fraises, ou d'abricots, ou l'eau chaude ou du vin blanc. Dans certaines pro- de raisin-muscat, pêches et framboises, ananas, vices on y mélange le mout du raisin avec du vi- pistaches, etc. naigre, et l'on fait entrer dans la fabrication de la moutarde, à Paris, des anchois, de la teinture de MOUSSELINE. Les officiers-confiseurs ap- trules, de suc d'estragon, des alliacées, des aro- pellent mousseline une sorte de pâle composée de mates, etc. gomme adragant fondue et mêlée de jus de citron, Il faut toujours éviter de se servir d'une cuillère qu'on dresse en rocher, en dôme ou d'autre ma d'argent pour la moutarde, attendu qu'on pourrait nière, et qu'on fait sécher à l'étuve. Ce pastillage l'oublier dans le moutardier, et qu'elle y formerait s'appelle mousseline blanche. en peu de emps une quantité de vert-de-gris plus La mousseline jaune se fait de la même ma- que suffisane pour déterminer des indispositions nière, si ce n'est qu'on la teint avec l'infusion du sérieuses, safran ou de la gonime-gutte; la rose se teint avec MOUTON. La chair du jeune mouton est la cochenille; la bleue , avec l'indigo; la verte, plus alimentaire que celle du veau et plus facile- avec le jus d'épinards ; la violette, avec la teinture ment digestible que celle du bæuf, Les moutons les de tournesol (V. COULEURS). plus estimés sont eux qui nous viennent de la Bastion de mousseline. Ce sont des rou- Normandie (et quisont communément appelés de leaux de ces différentes mousselines, qu'on as Pressalé), ceux des Ardennes, ceux du Beauvoisis semble avec du sucre au caramel en forme de bas- et finalement ceux de la Sologne. Les meilleures tion. Ces diverses préparations servent à garnir ce parties du mouton sent la selle, les filets mignous, qu'on appelle assiettes de four, ainsi que les gim- les côtelettes, la poitrine entière et le gigot. blettes, les bouchées, meringues, biscotins, tou- Double-de-moiton (ridiculement appelé ros- rons, etc. bif de mouton pa les cuisiniers modernes). - MOUSSERON, espèce de champignon qui Prenez le derrière c'un mouton; coupez-le à la croît à l'automne et au printemps, sur les friches première ou seconde côte; cassez les deux os des et dans les terres mousseuses ; il reçoit les mêmes cuisses; battez les dux gigots plusieurs fois avec apprêts que les autres végétaux de la même famille le plat du couperet; ailes entrer un des deux jar- (V, CHAMPIGNONS, MORILLE, etc). rets dans l'autre; ronpez les côles du côté du flan- Le mousseron est, de tous les champignons, le chet; roulez les deu: Nancs et passez un attelet plus agréablement parfumé. Il a aussi une propriété dans chaque pour onner au rosbif une belle spéciale, c'est de se dessécher facilement et de se forme; dégraissez un peu les rognous : cnloncez MOU ( 327 ) MOU un petit attelet dans la moelle allongée ; couchez, mage parmesan râpé; arrosez votre selle avec dų votre rosbif sur le fer; attachez bien le petit atteletbeurre : pour cela ayez un pinceau fait d'une d'un boul et les jarrets de l'autre; passez un alte- queue de poireau ciselée, que vous tremperez let dans les deux noix de gigot; mettez un autre dans le beurre, et que vous égoulterez sur votre grand attelet qui se croise sur celui qui est passé selle : cela fait, mettez-la au fonr, faites-lui pren- entre les deux noix; attachez-le fortement pour dre une belle couleur, et scrvez-la comme la pré- que le rosbif ne tourne pas; enveloppez-le tout cédente. entier de papier beurré; faites-le cuire environ deux heures, ce qui dépend du feu et de la force Gigot de mouton à la broche. — Ayez un du mouton : sa cuisson faite, servez-le avec du jus gigot de mouton bien mortifié; battez-le; embro- dessous ou des haricots à la bretonne (V. HARI chez-le; pour cela passez la broche dans le jarret, COTS A LA BRETONNE). traversez-le sans offenser la noix; faites-le cuire environ une heure et demie : sa cuisson faite, cou- Selle de mouton à la broche. - Coupez pez le bout du jarret; enveloppez le bout de l'os votre selle de mouton au défaut des hanches, des d'un papier découpé, et servez votre gigot avec gigots et à la deuxième ou troisième côte; brisez son propre jus. les côtes comme à un double de mouton; roulez- en les flancs; traversez-les avec des attelets, pour Gigot de mouton à l'anglaise. — Choisissez qu'ils ne se déroulent point; couchez sur fer, un beau gigot d'une chair noire et d'une graisse comme il est indiqué au rosbiſ; donnez-lui envi blanche; coupez-en le bout du jarret et le nerf ron une heure et demie de cuisson, et servez-la du genou; battez-le bien, farinez-le, c'est-à-dire, avec un jus clair au premier service. enduisez-en la saperficie de farine; enveloppez-le dans un linge dont vous nouerez les quatre bouts: Selle de mouton panée à l'anglaise. ayez une marmite ou une braisière pleine d'eau; Ayez une selle de mouton comme il est énoncé ci lorsqu'elle sera bouillante, mettez-y votre gigot dessus ; désossez les grandes côtes; roulez-en les avec du sel en suffisante quantité et la valeur d'une flancs; garnissez-les de quelques parures de mou botte de navets coupés en lames; ayez soin que ton sans os; retenez-les avec des brochettes de votre gigot ne cesse de bouillir, et retournez-le, mais bois au lieu d'attelets; ficclez votre selle; foncez non pas avec la pointe d'un couteau, de crainte une braisière de quelques parures de viandes de de le piquer et de lui faire perdre son jus : il faut boucherie, cinq ou six carottes, autant d'ognons, cinq quarts d'heure ou une heure et demie pour le deux ou trois clous de gérofle, deux feuilles de faire cuire : durant sa cuisson, retirez les navets; laurier, deux gousses d'ail, un peu de basilic et lorsqu'ils seront cuits, écrasez-les pour les mettre de thym; posez sur ce fond votre selle; mouillez en purée, desséchez-les bien sur le feu, mettez-y la avec du bon bouillon; faites-la partir; laissez un morceau de beurre, ayant soin de les renuer la cuire avec ſeu dessous et dessus trois ou quatre toujours; assaisonnez-les de sel, poivre et d'un heures : sa cuisson faite, égouttez-la, mettez-la sur peu de muscade râpée; mouillez-les peu à peu un plat-fond, ôtez-en les attelets ou brochettes de avec de la crème ou du lait que vous aurez fait bois; prenez quatre ou cinq jaunes d'æufs, faites réduire comme pour faire de la chicorée au blanc; fondre une demi-livre de beurre délayé avec vos il faut leur donner assez de consistance pour les jaunes d'æufs, mettez-y un peu de sel en poudre; dresser comme en pyramide; arrivés à ce degré, levez la peau de votre selle dans tout son entier, dressez-les de suite, égouttez votre gigot: posez-lè dorez-la avec votre anglaise et pancz-la bien éga- sur le plat, masquez-le avec une sauce au beurre, lement:faites fondre de nouveau un peu de beurre, sur laquelle vous semerez des câpres, et servez- arrosez-en votre selle; mettez-la au four, faites-lui le : joignez-y votre plat de navets et une sau- prendre une belle couleur, et, pour la dresser, en cière où vous aurez mis une sauce avec des cà- levez-la de dessus le plat-fond avec deux couvercles pres. de casserole, un de chaque côté; posez-la sur vo- tre plat et mettez dessous un jus clair. Gigot à la braise. – Ayez un bon gigot comme le précédent; ôlez les os, exceplé le man- Selle de mouton à la Sainte-Ménéhould. che; lardez-le de gros lardons assaisonnés de fines Prenez et faites cuire cette pièce comme celle épices, de sel, de basilic en poudre, de poivre, de dite à l'anglaise. Après en avoir levé les peaux, persil et ciboules hachés; ficelez-le et dounez-lui étendez dessus une Sainte-Ménéhould; ensuite pa- sa première forme : cela fait, foncez une braisière nez-la avec de la mic de pain dans laquelle vous avec quelques parures de viandes de boucherie, aurez mis à peu près la huitième partie de fro cinq ou six ognons et autant de caroles; pozez MOU ( 329 ) MOU avec le dos du couteau ; coupez le bout de l'os, de, assaisonné; rangez vos côtelettes dessus, mouillez- la longueur de trois pouces, plus ou moins, ce qui les avec du consommé, de manière qu'elles y trem- dépend de la grosseur du moulon; supprimez les pent presque entièrement; couvrez-les de bardes chairs de la pointe de l'os, et ratissez-le à peu près de lard et d'un fort papier beurré par-dessus; fai- d'un demi-pouce; de là mettez fondre du beurre, tes-les partir ; couvrez votre casserole; mettez-la trempez-y vos côtelettes et mellez-les sur le gril; sur le fourneau avec feu dessous et dessus : lors- faites-les cuire, en ayant soin de les tourner plu- qu'elles seront cuites, égouttez-les, laissez-les re- sieurs fois , pour que le jus ne se perde point, et froidir ; parez-les de nouveau en égalisant la su- servez-les avec un jus clair. perficie des chairs et supprimant les lardons qui Cótelettes de mouton pandes. – Préparez- les outrepassent, tant de jambon que de lard ; passez le fond de votre cuisson au travers d'un ta- les comme les précédentes, panez-les au beurre, mis de soie ; faites-le réduire jusqu'à consistance faites-les griller avec soin, et servez-les sans jus. de glace; remettez vos côtelettes dans ce fond; Cótelettes de mouton à la minute. — Cou retournez-les pour les glacer des deux côtés; en- pez et parez douze côtelettes comme les précéden-suite dressez-les en cordon; versez dans le puils les ; mettez-les dans un sautoir avec du beurre une bonne purée d'ognons au blanc (V. PURÉE fondu; posez votre sauce sur le fourneau ; faites D’OGNONS, à son article); de plus faites autour de cuire vos côtelelles en les retournant souvent: il vous vos côtelettes une bordure de petits ognons égaux, sera facile de juger si elles sont cuites, et cela que vous aurez fait blanchir et cuire dans du con- quand elles commenceront à être fermes sous le sommé : (il faut que ces ognons soient posés sur doigt; alors égouttez le beurre qui est dans le votre plat, de manière à ce que vous puissiez plan- sauloir, et, en place, meltez gros comme le pouce ter dans la queue une petite branche de persil de glace ou réduction de veau, une cuillerée à dé- cru). graisser de bouillon ou de consommé; remuez Carrés de mouton à la servante. - Prenez bien vos côtelettes les unes après les autres, et en deux carrés de mouton ; supprimez-en l'échine, les retournant , faites en sorte qu'elles soient bien parez-en les filets ; piquez-les comme il est indiqué imprégnées de leur réduction; lorsqu'elles seront aux Carbonnades, un de lard et l'autre de persil bien glacées, dressez-les en cordon autour de votre vert en branche; passez un attelet au travers ; plat; versez dans votre sautoir une seconde cuil- lerée de consommé pour en détacher parfaitement demi-heure ou trois quarts d'heure, ayant soin de posez-les sur la broche, et faites-les cuire une la glace; mettez gros comme une noix d'excellent les arroser : leur cuisson faite, dressez-les sur le beurre; liez le tout en agitant ce vase, arrosez-en plat, les filets en dehors, et servez-les avec un jus vos côtelettes, et servez très-chaud. clair dessous. Cótelettes de mouton à la jardinière. Filets mignons de mouton.-Procurez-vous Préparez ces côtelettes comme celles dites à la les filets mignons de douze carrés de mouton; ce minute; dressez-les de même ; faites un ragoût qui vous fera douze filets; parez-les, piquez-les , de toutes sortes de légumes lournés, tels que de marquez-les tels que les carbonnades (V. cet ar- petites carottes, de petits navets et des champi- ticle) : leur cuisson faite, glacez-les et dressez-les gnons; joignez-y des haricots et des petits pois sur un ragoût de concombres au jus, ou sur tout verts, le tout cuit dans du consommé (il faut que autre ragoût qui vous plaira mieux. ces haricots et ces pois soient très-verls); mettez dans une casserole trois ou quatre cuillerées à dé Émincé de filets de mouton aux concom- graisser d'espagnole ; jetez-y vos légumes; faites bres. Prenez la noix d'un gigot froid, cuit à mijoter et réduire votre ragoût, dégraissez-le, fi- la broche; ôlez-en les peaux et la graisse; cou- nissez-le avec un petit morceau de beurre et une pez-la par tranches d'un pouce et demi carré; pincée de sucre en poudre; mettez ce ragoût dans émincez ces filets, et mêlez-les, sans les laisser le puits de vos côtelettes, et placez au-dessus un bouillir, avec un émincé de concombres réduit et beau morceau de chou-fleur bien blanc. bouillant. Cóteleltes de mouton à la Soubise. - Cou Hachis de mouton à la portugaise. - Si pez vos côtelettes à deux côtes, le moins; parez-les, vous avez un gigot rôti de desserte, levez-en la noix aplatissez-les légèrement; lardez-les de moyen et la sous-noix ; supprimez-en les nerfs, la graisse lard et de jambon, autant de l'un que de l'autre; et les peaux; hachez vos chairs très-menu; met- foncez une casserole avec des parures de ces côte lez dans une casserole de l'espagnole réduite; fai- lettes; ajoutez-y trois ou quatre ognons, une couple tes-la réduire de nouveau à demi-glace; mettez-y de carottes, un bouquet de persil et de ciboules bien vos chairs hachées; remuez-les sur le feu sans les MOU ( 530 ) MOU, "Jaisser houillir; mettez-y un pain de beurre et un plafond ; parez – les ; couvrez-les d'une bonne *peu de gros poivre : si votre hachis n'était pas as Sainte-Ménehould; panez-les avec de la mie de sez corsé, mettez-y gros de glace comme le pouce pain, dans laquelle vous aurez mis un peu de par- (réduction de vcau, etc.); dressez-le sur le plat mesan râpé; arrosez-les de nouveau; faites-leur auquel vous aurez fait une bordure de croûtons prendre couleur dans un four ordinaire ou sous un frits; arrosez-le légèrement avec une espagnole ré four de campagne ; dressez-les sur le plat, et sau- duite, et posez dessus huit ou dix aufs poches. cez-les avec une italienne rousse. Haricot de mouton à la bourgeoise. - Collets de mouton grillés. Prenez trois Coupez un carré de mouton par morceaux ; collets ordinaires de mouton, c'est-à-dire que le meilez dans votre casserole un morceau de beurre mouton ait été partagé en deux ; ôtez-en les bouts avec votre mouton, et faites-le revenir sur un feu saigneux; faites blanchir et cuire ces collets dans vif : lorsque vos chairs auront pris une couleur la marmite, comme les poitrines de mouton : dorée, égouttez-les; ayant tourné des navets en bâ-lorsqu'ils seront cuits, panez-les ; faites-les griller tons ou en bâtonnets une quantité suffisante, pas- d'une belle couleur, et servez-les avec une sauce sez-les dans la casserole avec votre mouton; faites au pauvre homme ou une poivrade. qu'ils soient d'une belle couleur et égouttez-les; Queues de mouton glacées à la chicorée. ensuite faites un roux, repassez votre mouton dans Prenez cinq queues de mouton bien grasses ; ce roux; mouillez-le ; mettez-y du sel, du poivre, parez-les ; mettez-les dégorger dans de l'eau tiède; un bouquet, deux ognons dont un piqué d'un clou faites-les blanchir et cuire dans une braise, comme de gérofle, une feuille de laurier, et mettez-y vos les collets de mouton (article précédent) : leur navets : lorsque votre mouton sera aux trois quarts cuisson faite, égouttez-les, essuyez-les et ciselez- cuit, faites-le mijoter, dégraissez-le; parvenu à les; séchez-les avec une pelle que vous aurez ſait son degré de cuisson, si la sauce est trop longue, rougir et que vous tiendrez à quelque distance au retirez-en une partie, et faites-la réduire conve- dessus de vos queues; ensuite glacez-les et servez- nablement : cela fait, dressez votre haricot, et les sur de la chicorée, des épinards, une purée masquez-le de vos navets. d'oscille, ou tout autre ragoût qu'il vous plaira. Poitrines de mouton. Prenez deux poi Queues de mouton en hochepot. - Ayez trines de mouton; parez-les ; coupez-en le bout six queues de mouton ; faites-les blanchir et cuire du fanchet et l'os rouge de la poitrine; ficelez- dans une braise avec la valeur d'une demi-livre les et mettez-les cuire dans la grande marmite de petit lard coupé en gros dés, auxquels vous au- ou dans une braisière, où vous les assaisonnerez, rez laissé la couenne; ayez des légumes lournés, afin que vos poitrines soient d'un bon goût ; elles tels que navels , carotles, et quelques racines de seront cuites quand vous pourrez en ôter facile céleri , auxquels vous joindrez de pelits ognons; ment les os des côtes : cela fait, levez-en la pre-faites blanchir ces légumes; séparez-les, et faites- mière peau ; parez-les de nouveau ; arrondissez- les cuire à part avec du consommé ou du bouillon: les du côté du flanchet; panez-les en les saupou- | il faut que leur mouillement tombe à glace, et drant de mie de pain, assaisonnée de sel et de avoir soin que chacun de ces légumes soit cuit à poivre; ensuite faites-les griller, et servez-les avec son point; mettez dans une casserole une quantité une sauce au pauvre homme. suffisante d'espagnole réduite, et jetez-y tous vos Collets de mouton à la Sainte - Méné légumes, ainsi que votre petit lard, que vous aurez retiré de la braisière; dégraissez vos légumes; hould. Prenez deux collets entiers de mou- faites réduire à courte sauce; égouttez vos queues; ton ; parez les bouts saigneux ; faites-les blanchir, glacez-les comme ci-dessus; dressez vos légumes ficelez-les et marquez-les dans une braise : si vous dans le plat; posez vos queues par-dessus, et si n'en avez pas, foncez une braisière de quelques vous n'avez point de glace, masquez lesdites parures de viandes de boucherie, de quelques bar- des de lard, trois carottes, autant d'ognons, dont queues avec le ragoût. un piqué de deux clous de gérofle, deux feuilles Queues de mouton au soleil. - Ayez six de laurier, du thym, du basilic, deux gousses d'ail, queues de mouton cuites dans une braise; faites un bouquet de persil et ciboules, et du sel en suf une sauce marinade ; laissez refroidir et les queues fisante quantité; mouillez ces collets avec du bouil et la sauce ; ensuite garnissez-en les queues; ayez lon si vous en avez, sinon avec de l'eau ; couvrez soin de leur conserver leur forme; roulez-les dans de les d'un papier ; faites-les partir el cuire ensuite la mie de pain; faites une petite omelette assaisonnée deux ou trois heures, avec fcu dessous et dessus : de sel; trempez-y vos queues, et panez-les; fai- leur cuisson faite, égouttez-les ; posez-les sur un tes-les frire d'une belle couleur; dressez-les sur ! MOU ( 331 ) MOU un buisson de persil frit, le gros bout en bas et la Animelles de bélier, Ayez deux paires pointe en haut; de là servez-les. d'animelles; supprimez-en les peaux; coupez-les Terrines de queues de mouton. · Braisez en filets de la largeur du petit doigt , en ne leur six queues de moiton ; joignez une livre de petit donnant que la moitié de l'épaisseur ; marinez-les lard de poitrine; ayez six ou huit ailerons de dans du citron, sel, poivre, quelques branches de dindon ; échaudez-les ; désossez-les à moitié, persil et quelques ciboules ; (gouttez-les quand flambez-les, épluchez-les et poêlez-les; ensuite vous voudrez vous en servir ; farinez-les ; faites- prenez un cent de marrons, desquels vous ôterez les frire de manière à ce qu'elles soient croquantes, la première peau; mettez-les dans une casserole et servez-les avec ou sans persil frit (V. ci-dessus avec gros de beurre comme un auf; sautez-les sur page 31). le feu jusqu'à ce qu'ils quittent leur seconde peau; Amourettes ou moelle allongée du mou- supprimez-la ; après mettez-les dans une casserole ton. Procédez, au sujet de ces amourettes, avec du consommé pour les faire cuire; lorsqu'ils comme pour celles de veau et d'agneau. le seront, prenez tous ceux qui seront défectueux, et pelez-les : vos queues de mouton étant cuites, Cervelles de mouton (V. à nos articles passez au tamis de soie une partie du fond de leur ABATTIS et CERVELLES ce que nous avons dit rela- braise, dont vous vous servirez pour mouiller vo- tivement aux inconvénients d'employer les cer- tre purée de marrons, en la passant à l'étamine velles de mouton). comme une autre purée: lorsqu'elle le sera, failes Langues de mouton en papillotes. la réduire, en y ajoutant une bonne cuillerée d'es- Ayez douze de ces langues; nettoyez-les; ſaites- pagnole ; dégraissez-la; égouttez vos queues ainsi les dégorger et ensuite blanchir près d'un quart- que vos ailerons; dressez-les dans la tecrine avec d'heure; rafraîchissez - les; égouttez - les; ôlez votre petit lard coupé en gros dés, ainsi que vos toutes les peaux qui les enveloppent : cela fait , marrons entiers; finissez votre purée avec un pain marquez ces langues dans une casserole foncée de de beurre ; goûtez si elle est d'un bon goût, ver- bardes de lard, ognons, carottes , un bouquet de sez dans votre terrine, et servez avec sécurité. persil et ciboules, une gousse d'ail et une feuille Vous pouvez employer, selon la saison, une de laurier; mouillez-les avec du bouillon; faites- purée de lentilles à la reine, de pois, ou tout les cuire environ trois heures; laissez-les refroi- autre farineux, en place de celle de marrons. dir dans leur cuisson ; ensuite retirez-les sur un Rognons de mouton à la brochette, plat, et faites autant de cornets de papier que Ayez douze rognons de mouton ; fendez-les légè- vous devez employer de langues; hachez plein les rement à l'opposé du nerf; ôtez-en les pellicules deux mains de parures de champignons, du persil qui les enveloppent; achevez de les fendre sans et des ciboules, à peu près la moitié du volume les séparer; passez au travers, de quatre en qua- de ces champignons; mettez le tout dans une cas- tré, une brochette de bois, en sorte qu'ils ne serole avec une demi-livre de beurre, du sel, du puissent se refermer; failes-les griller, en ayant poivre, une pincée d'épices fines et un quarteron soin de les retourner à propos : quand ils seront de lard râpé; passez ces fines herbes; faites-les cuits, retirez-en ces brochettes, et dressez-les sur aller à petit feu; remuez-les pour qu'elles ne s'at- le plat; mettez dans chaque gros comme la moitié tachent point : quand elles seront presque cuites, d'une noix de maître-d’hôtel froide; faites chauf- mettez-y deux cuillerées à dégraisser d'espagnole fer votre plat; exprimez sur ces rognons le jus ou de blond de veau ; faites mijoter le tout; liez- d'un citron, et servež très-chaud. le avec trois jaunes d'œufs, et versez cette sauce sur vos langues; laissez-les refroidir ; après met- Rognons de mouton au vin de Cham- pagne. – Prenez quinze rognons ; supprimez soin de beurrer le dehors; reinplissez ces cornets tez-en une dans chaque cornet, duquel vous aurez comme ci-dessus la pellicule ; émincez-les; mettez de fines herbes ; fermez-les de manière qu'elles dans une casserole gros de beurre comme un auf n'en puissent sortir, et mettez-les griller sur un avec vos rognons; faites-les aller à grand feu : lorsqu'ils seront raidis, égouttez-les et mettez-les feu doux ; ayez soin de les retourner et de leur dans une sauce à l'italienne, dans laquelle vous faire prendre une belle couleur. aurez versé un demi-verre de vin de Champagne, Langues de mouton au gratin. — Prenez et que vous aurez fait réduire presque à consis et faites cuire dans une braise, comme ci-dessus, tance de glace; achevez de les faire cuire, en les des langues de mouton; laissez – les refroidir remuant dans cette sauce et sans les laisser bouil- ainsi, pour qu'elles prennent du goût; prenez de lir. Vous pouvez servir ce plat pour hors-d'æuvre la farce cuite; garnissez de gratin le fond d'un et comme entrée. plat; ouvrez les langues en deux, sans les séparer, MOU ( 332 ) MOU - afin qu'elles forment chacune un cæur, et posez- ou velouté; couvrez-les de parmesan, joint à de les sur ce plat garni; couvrez-les de ce gratin ou la mic de pain, à peu près la quantité saupoudrée farce, en leur laissant leurs formes; garnissez-les sur le fond du plat dont il est parlé plus haul : ar- de gratin tout autour; unissez-les, panez-les, rosez-les d'un peu de beurre, mettez-les au four arrosez-les légèrement de beurre fondu; ayez des ou sous un four de campagne, avec feu dessus et bouchons de pain que vous tremperez dans ce dessous; faites-leur prendre une belle couleur, et beurre, et failes-en une ceinture au bord du plat, servez très-chaud. afin que votre gratin conserve sa forme; mettez-le cuire dans un grand four ou sous un four de Langues de mouton à la matelote. campagne, avec feu dessous et dessus , pour le Ayez des langues ; préparez-les et braisez-les , comme il est dit aux articles précédents ; quand faire gratiner; ayez soin qu'il ne brûle pas et elles seront bien cuites, égouttez-les ; masquez- qu'il prende une belle couleur; au moment de servir, ôtez les bouchons de pain et mettez en les d'une sauce matelote, et servez (V. MATE- LOTE, à son article). d'autres passés dans du beurre et qui soient d'une belle couleur, et saucez d'une bonne italienne Pieds de mouton à la poulette. - Ayez rousse réduite. une ou deux bottes de pieds de mouton , comme ils se vendent chez la tripière; prenez-les l'un Langues de mouton à la bretonne. Faites cuire huit langues de moulon, comme après l'autre, supprimez-en le bout des ergots, fendez le pied jusqu'à la jointure de l'os, ötez-en celles dites braisées; laissez-les refroidir de même dans leur assaisonnement; prenez quinze gros pelote de laine, appelée vulgairement le ver; pa- l'entre-fourchon, où il se trouve une petite ognons, coupez-les en deux, supprimez-en la pelote de laine, appelée vulgairement le ver; pa- rez le haut du picd, flambez-le, épluchez-le, sup- pointe et le petit cæur; coupez-les en rouelles bien égales ; après mettez-les dans une casserole primez-en le gros os; ensuite failes blanchir ces avec environ un quarteron de beurre; passez- pieds ; essuyez-les avec un linge blanc; mettez-les dans une braisière; mouillez-les avec un blanc les sur un bon fcu; lorsqu'ils commenceront à roussir, melez un peu de farine que vous faites (V. BLANC, à son article); laissez-les cuire cinq ou six heures, égouttez-les; inettez-les dans une roussir avec vos ognons; et quand ils seront bien jaunes, mouillez-les avec de l'espagnole, du con- casserole avec une cuillère à pot de velouté, et da- sommé ou du bouillon ; s'il vous manquait d'es- vantage, s'il le faut; faites-les mijoter; assaisonnez- pagnole, farinez un peu plus vos ognons; assai- haché et blanchi; à l'instant de les servir, liez-les les de sel, de gros poivre, d'une pincée de persil sonnez-les de sel, de poivre et d'un peu d'épices avec trois jaunes d'æufs environ; finissez-les avec fines; faites-les cuire et réduire jusqu'à consis- tance d'une forte bouillie, et laissez-les refroidir; un filet de verjus, de vinaigre ou d'un jus de ci- tron. de là, ayez des toilettes ou crépines de cochon, mettez-les tremper dans l'eau; coupez vos langues Si vous n'avez pas de velouté, faites un petit en deux; supprimez-en la pointe; coupez vos roux blanc ; délayez-le avec du bouillon dans le- crépines par morceaux comme vos langues; met- quel vous mettrez un bouquet de persil et de ci- tez dessus une cuillerée de sauce bretonne; posez boules, deux ognons, deux clous de gérofle, une dessus chacune de vos langues, recouvrez-la de gousse d'ail, une feuille de laurier et quelques bretonne, enveloppez-la avec sa crépine, en sorte parures de champignons; faites cuire cette sauce que la bretonne ne puisse s'échapper ; donnez à en la tournant près de trois quarts d'heure : sa cuisson ſaite, ötez-en les ognons; posez sur une ces langues, ainsi préparées, la forme d'une grossc ucisse plate; mettez-les sur le gril et casserole une étamine, versez-y volre sauce et sur le ſeu un quarl-d'heure avant de servir; tordez cette élamine; failes cuire et réduire celle retournez-les, afin qu'elles aient une belle cou- sauce, jetez-y vos pieds de moulon, et finissez-les leur. comme ci-dessus, exceplé qu'il faut, en les liant, y mettre un morceau de beurre. Langues de mouton au parmesan. Faites cuire vos langues dans une braise, que Pieds de mouton à la sauce Robert. vous salerez peu; laissez-les refroidir dans celte Préparez ces pieds comme ceux dits pieds de braise; après fendez-les en deux comme celles mouton à la poulette : leur cuisson achevée, met- diles au gratin; meltez dans le fond du plat où lez-les dans une sauce Robert (V. SAUCE ROBERT, vous devez les servir de l'espagnole ou du velou- à son article); faites-les mijoter, assaisonnez-les, lé; saupoudrez le dessus de parmesan ràpé, à peu finissez-les avec un peu de moutarde; qu'ils soient près l'épaisseur d'un écu; arrangez vos langues d'un bon goût, et servez. sur ce parmesan ; arrosez-les de votre espagnole Pieds (le m uton à la ravigote. Pre- MUR ( 553 ) MUS parez ces pieds de mouton comme ceux énoncés, perlé, trois livres pour quatre de fruit, ou trois ci-dessus ; faites-les cuire dans un blanc; sautez- quarterons de sucre pour livre de fruit. Coulez-y les dans une ravigole froide (V. RAVIGOTE FROL- les mûres , et leur failes prendre un bouillon cou- DE, à son article); dressez-les, et servez. vert, en remuant doucement la poêle, pour qu'elles ne se défassent point. Tirez-les ensuite Émincé de mouton à la chicorée. du feu; laissez-les reposer, et les écumez bien. Coupez les chairs d'un gigot rôti la veille en tran- Au bout de deux heures, remettez-les sur le feu, ches fort minces; faites-les réchauffer sans bouillir et les faites recuire jusqu'à ce que le sucre soit dans un ragoût de chicorée à la crème ou au jus, conduit au lissé. et dressez la viande en buisson. Masquez par le ragoût de légumes ; garnissez le plat avec des Mûres confites au sec. - Il faut les prendre croûtons sautés au beurre. un peu vertes, et leur faire faire un bouillon cou- On peut accommoder des émincés aux ognons vert dans le sucre cuit au soufflé; il faut ensuite roux, aux concombres, aux laitues, à la purée de les ôter du feu, les écumer, et leur laisser prendre pommes de terre, de navets, de marrons, len sucre pendant vingt-quatre heures. Tirez-les en- tilles, etc. suite et faites égoutter sur le tamis. Dressez-les sur des ardoises; saupoudrez-les de sucre fin; Hachis de mouton à la bourgeoise. - et étant sèches d'un côté, finissez-les de l'autre, Prenez des reliefs d'un gigot de mouton cuit à la et serrez-les pour vous en servir au besoin. Pour broche et refroidi; choisissez-en les parties non celle seconde manière de confire les mûres, il faut fibreuses, et faites-les hacher à tour de bras. livre de sucre pour livre de fruit. Mélez-y des fines herbes hachées avec une pointe d'ail et quelque peu d'épices fines. Faites chauffer Sirop de mûres. - Choisissez-les bien mûres; sans bouillir, dans une cuilleréc à pot, de bon faites-les fondre sur un feu doux; passez-les au consommé. Dressez le ragoût sans qu'il bouille tamis, pour en bien exprimer le jus. Ce jus élant (surtout), et garnissez-le d'aufs frais pochés à tiré, clarificz-le en le passant à la chausse; ensuite l'eau, ainsi que de croûtons bien frits. mettez-le dans du sucre cuit au cassé, deux livres par chopine de jus, et le tenez à l'étuve à une Hachis de mouton à la mousquetaire. — chaleur douce jusqu'à ce qu'il vienne au perlé. La viande élant hachée comme il est dit ci-dessus, Laissez refroidir pour le mettre en bouteilles. hachez des champignons et faites-les sauter dans Ratafiat de mûres. - le beurre jusqu'à ce que le beurre tourne en Égrenez une demi- huile; ajoutez alors quelques cuillerées de con- livre de groseilles rouges; écrasez les, avec trois livres de mûres, une demi-livre de framboises ; sommé, autant de sauce espagnole, et faites ré- duire le tout à moitié. Versez celle sauce sur mettez le jus de ces fruits avec un demi-gros de volre viande; mêlez le tout, et dressez-le avec des macis ; infusez dans huit pintes d'eau-de-vie pen- croûtons à l'entour. A défaut de sauce espagnole, dant quinze à dix-huit jours; alors faites fondre jetez un peu de farine sur vos chanpignons, de rivière ; décantcz cette liqueur, et mêlez-y trois livres et demie de sucre dans une pinte d'eau mouillez avec du bouillon; ajoutez sel , poivre, l'eau-de-vie; filtrez et mettez en bouteilles. laurier, et ſaites réduirc. MULET, poisson qui séjourne dans les étangs arbre des Indes appelé muscadier. Ce que nous MUSCADE, fruit ou plutôt semence d'un maritimes , et qui remonte les rivières (V. SUR- appelons noix muscade est une substance con- MULET) tenue dans une coque ligneuse, laquelle est re- MURES, fruits du mûrier : il y en a deux couverte d'une enveloppe sèche et adhérente à variétés principales, les blanches et les noires : qui l'on a donné le nom de macis. Quant à l'em- on ne mange que ces dernières. On doit choisir ploi de la muscade et de son brou (V. AROMA- les mûres lorsqu'elles ont atteint leur maturité TES EXOTIQUES). complète, ce qu'on reconnaît lorsqu'elles sont MUSCAT, espèce de raisin dont la pellicule d'un pourpre tout-à-fait noir; lorsqu'elles sont et le suc ont un arôme analogue à celui du musc encore rouges, en tout ou en partie, leur suc est ou de l'ambre gris. Les meilleures espèces de d'une acidité très-forte mêlée d'un peu d'astrin- muscats sont ceux de la Provence et du Langue- gence : dans cet état , elles ne conviennent que doc, c'est-à-dire, de Frontignan, de Rivesaltes , pour faire le sirop de mûres. de Lunel et de la Ciotat. Il croît dans les jardins Mûres confites au liquide. Prenez-les et dans les vignes, où on en cultive plusieurs va- grosses et bien nourries. Faites cuire du sucre au riétés. MUS ( 334 ) MUS Le muscat blanc de Frontignan a la grappe, blanchi, afin de colorer la composition d'une cou- grosse et pressée de grains. Il est excellent à man leur vert tendre. ger et pour faire des confitures; on en fait des vins Muscat confit à l'eau-de-vie. - Prenez du exquis dans les pays chauds, et de plus on tire raisin sec de Damas; faites-le tremper huit jours un grand parti du muscat, en le faisant sécher au à l'eau-de-vie; au bout de ce temps, mettez de four et au soleil. cette eau-de-vie trois quarts sur un quart de sirop Il y a une espèce de muscat blanc de Pié- ordinaire ; passez ce mélange à la chausse, et le mont, dont la grappe est beaucoup plus longue, meltez sur votre raisin. et dont le parenchyme est le plus onctueux. Le muscat de l'espèce appelée de Rivesaltes a les Muscat confit au liquide. Prenez du grains plus fins; son suc est doux, agréable, et des muscat bien nourri, cncore un peu vert; ôlez-en plus ambrés. Le muscat rouge, dit de Lunel, la peau et les pepins; faites-le reverdir à l'eau, a le grain plus ferme que le précédent. Le mus- mise seulement sur la cendre chaude; au bout cat noir de Provence est d'un plus gros vo- d'une heure, passez-le au sucre cuit à la plume; lume; il est d'un goût moins relevé, mais c'est faites bouillir à grand feu un demi-quart d'heure, celui qu'on cultive le plus , parce qu'il charge dans une terrine, et puis mettez-le dans les tasses et le sirop étant ſait, laissez refroidir, en le versant beaucoup, et qu'il est assez précoce. Le muscat violet est un fruit de la meilleure nature, et l'on de verre, où vous devez le conserver. croit qu'il est originaire des Canaries. Le mus Muscat confit au sec, en grappes. - Faites cat-long ou passe-musqué d'Italie est excel- cuire du sucre à la grande plume; rangez-y votre lent pour confire, ainsi que pour manger à la fruit; faites-lui prendre ensuite quelques bouillons main ; nous avons encore le muscat long et vert; couverts; écumez-le bien; et votre sucre étant il est très-rare; et finalement, le muscat de venu au perlé, tirez le fruit; faites-le égoutler ; Jésus-Marie, dont les grains ont le même volume dressez sur des feuilles d'office, et faites sécher à qu'une aveline : celui-ci parvient rarement à ma l'étuve. turité dans les environs de Paris. Le nom de muscat se donne encore à plusieurs passez-en le jus au tamis; faites-le dessécher, et Muscat (conserve de). — Écrasez ce raisin; sortes de poires. Le petit muscat est une sorte le délayez avec du sucre cuit à la grande plume. de poire qui vient sur la fin de juin ; elle est d'une Il faut une livre de sucre pour une livre de fruit. grande bonté, si on lui donne le temps de mûrir. Le muscat fleuri, ou autrement muscat à longue Gelée de raisin muscat. Exprimez-en le queue d'automne, est une excellente poire ronde, jus; passez-le au tamis, et le coulez dans du sucre roussâtre, médiocre en grosseur; sa chair est ten cuit au cassé; failes-lui faire quelques bouillons. dre, d'un goût fin et relevé. Le muscat-Robert Quand votre gelée tombera en nappes de l'écu- fournit presque au temps du bon-chrétien; on moire , elle sera faite. Il faut une livre de sucre l'appelle autrement poire à la reine. Elle com- pour une chopine de jus. mence à mûrir vers la mi-juillet; c'est une poire Glace au raisin muscat (V. GLACES et SOR- très-bien faite, qui a la chair assez tendre et fort DETS). sucrée. Elle est à peu près de la même grosseur que le rousselet. Ratafia de muscat. Prenez de ce raisin, qui soit bien mûr; écrasez-le, et pressez-en le jus Compote de raisin muscat. Otez-en les dans un linge fort et bien net; passez ce jus à la pepins avec le bec d'une plume; enlevez légère- chausse, et mettez-y fondre du sucre; mettez-y ment les peaux du fruit, et faites-lui prendre seu- autant d'eau-de-vie que de jus de fruit, un quar- lement deux bouillons dans un sirop que vous aurez teron de sucre par pinte de ce jus; et pour l'as- fait cuire à la grande-plume. saisonner, un peu d'esprit de macis et de muscade Si c'est du muscat rouge ou violet, vous met- distillé. Laissez infuser ce mélange long-temps trez dans le sirop uue demi-cuillerée de teinture avant de le clarifier lout-à-fait (pour lui donner de cochenille, afin de lui donner une couleur ana- plus de parfum, on peut y mettre un grain d'am- logue à celle du fruit. Si vous avez choisi du mus- bre). cat vert, vous emploierez du suc d'épinards cuit et Vins muscats (V. VINS DE LIQUEURS). NAV NAV 383) N. NAVET. Les trois meilleures espèces de na de farine de manioc ou de tapioca; mettez-y une vets qu'on puisse cultiver, sont celles de Crécy, pincée de muscade râpée, ainsi qu'une demi-cuil- de Belle-Isle-en-mer et de Meaux; mais c'est le lerée de fine moutarde, et faites-y prendre sauce à navet de Frénense et celui de Vaugirard qui four vos navets. nissent le plus à la consommation de Paris. Il y Ragout de navets (pour litière ou garni- tant pour la forme que pour la saveur ; il faut toujours proprement des navets, ſaites-leur faire un bouillon ture). - Après avoir coupé régulièrement et les choisir cassants et tendres, ainsi que d'une dans de l'eau; mettez-les cuire ensuite avec du chair serrée sans être pâleuse ou par filament li- bouillon, du coulis et un bouquet de fines herbes. gneux. Quand ils sont cuits et assaisonnés de bon goût, Navets glacés au jus. - Choisissez douze dégraissez votre ragoût. ou quinze navets égaux, et propres à former des On sert assez souvent des navets avec des vian- poires; faites-les blanchir ; égouttez-les, et beur- des cuites à la braise; mais une façon plus simple rez le fond d'une casserole qui puisse les contenir est celle-ci : quand la viande est à moitié cuite, les uns à côté des autres; arrangez-y ces navets, on y met les navets pour faire cuire le tout en- et mouillez-les d'excellent bouillon; mettez-y un semble, et quand on a bien assaisonné le ragoût, peu de sucre en poudre, un grain de sel et un peu on le dégraisse avant de servir. de cannelle en bois; faites-les partir, couvrez-les Navets en ragoût-vierge. - Tournez trente d'un rond de papier beurré; posez-les sur le bord ou quarante navels en boule de la même grosseur; du fourneau, arec du feu dessous; mettez sur vo- faites-les blanchir dans de l'eau bouillante et légère- tre casserole son couvercle, avec du feu dessus; ment salée; après les avoir rafraîchis, vous les fe- leur cuisson achevée, découvrez-les et faites-les rež cuire dans un consommé de volailles, avec de tomber à glace; dressez-les sur votre plat, et ver- la moelle et du sucre, ensuite de quoi vous y join- sez un peu de bon bouillon dans votre casserole drez un peu de beurre très-frais, et vous achèverez pour en détacher la glace; retirez-en la cannelle, ce ragoût en le liant avec des jaunes d'æufs au et saucez vos navets de cette glace, comme si bain-marie. c'était une compote; vous pouvez leur donner telle forme que vous voudrez, tels que des losan- Purée de navets (pour garnir des pota- ges, des quadrilles, des poires, des pommes, etc. ges). --- Mettez un quarteron de beurre dans une casserole avec une douzaine de gros navets coupés Navets à la d'Esclignac, Ayez des na- en morceaux; placez votre appareil sur un feu très- vets longs de quatre ou cinq pouces; coupez-en viſ, en ayant soin de le manipuler fréquemment; les deux bouts; fendez-les en deux, et tournez lorsque les navets commencent à se fondre, vous chaque moitié pour lui donner la forme d'une y mettrez du blond de veau; vous ſerez réduire le carde; faites sur la partie demi-ronde, avec le lout à consistance de purée; vous passerez à l'éta- Laillant du couteau, de petites rainures, telles qu'il mine, et vous vous en servicez d'après l'indication. en est à ces dernières; faites-les blanchir comme Bouillon pectoral aux navets. Faites il est dit ci-dessus; mettez-les dans une casserole comme les précédents; assaisonnez-les et faites- bouillir deux livres de jarret avec trois livres de les cuire de la même manière, excepté que vous mou de veau, dans quatre setiers d'eau de pluie n'y mettrez pas de cannelle; leur cuisson finie, bien filtrée; joignez-y une demi-once d'amandes mettez dans votre casserole un peu d'espagnole douces concassées, ct laissez réduire à moitié. pour en détacher la glace; joignez-y un peu de Pendant ce temps-là, vous aurez fait cuire vingt- beurre, et saucez-en vos navets, quatre navets dans des cendres rouges, après les avoir enveloppés dans des triples feuilles de papier Navets à la picarde. Tournez des navels d'office, et, lorsque les navets auront formé leur dans la forme que vous le voudrez; mettez-les dans sirop, vous les ôterez de leurs enveloppes, afin de une marmite avec de l'eau, des ognons, du sel et les mettre dans le bouillon où vous les laisseres un morceau de beurre; faites-les cuire; égouttez-se consommer jusqu'à réduction d'un quart; joi: les; ſaites une bonne sauce blanche assez bien liée ! gnez-y pour lors deux gros de sucre candi , et trois NOI ( 356 ) NOU gros de gomme arabique en poudre; mélangez le NOIX. Lorsque les semences du noyer sont tout jusqu'à solution parfaite, et maintenez ce desséchées, elles ne sauraient être employées pour bouillon liède au bain-marie, pour être administré la cuisine; mais, lorsqu'on veut en servir au des- par lasses, ou bien à cuillerées, suivant les cas sert, il est possible de remédier à leur dessicca- et la prescription. tion en les faisant tremper dans du lait tiède où l'on a soin de les laisser refroidir. NÈFLE, fruit du néflier de la famille natu On apprête les noix vertes (à qui l'on donne le relle des cormes. La meilleure espèce de nèfle est nom de cerneaux) avec du sel, du verjus et du celle qu'on appelle de St-Lucas, parce qu'on doit poivre noir en poudre. C'est un aliment assez di- la cucillir à la St-Luc. C'est un fruit qu'on ne sau- gestible autant par l'énergie de son assaisonne-, rait manger que lorsqu'il a bletti sur la paille. ment que parce que l'huile de noix s'y trouve en- On lui accorde assez généralement plusieurs qua corc à l'état d'émulsion. lités astringentes et dessiccatives; on en fait quel Les noix fraîches et confites au sucre sont un quefois des compotes, et voici la manière de excellent stomachique : on attribue la même pro- procéder à cette ancienne préparation : - On ôle priété aux noix vertes confites à l'eau-de-vie , la couronne et les ailes des nèfles; on a fait fondre ainsi qu'au ralafia nommé brou de noix (V. du beurre frais à la poêle, et, lorsqu'il est plus que BROU, CERNEAUX, CONFITURES, CREME BAVA- roux, on y met les fruits qu'on y laisse bouillir ROISE et CROQUEMBOUCHE). suffisamment; lorsqu'elles sont bien cuites, on y joint un demi-setier de vieux vin rouge, et l'on NOIX MUSCADE (V. AROMATES EXOTI- fait consommer le tout, jusqu'à ce qu'il parvienne QUES). à consistance de sirop. On rctire les nèfles, el, lorsqu'on les a dressées dans un compotier, on les NOMPAREILLE. On nomme ainsi de pe- serre poudrées de sucre blanc, qu'on a fait passer tites dragées de la grosseur d'une tête d'épingle. au tamis de soie. On en couvre certaines pièces de pâtisserie fine. NÉROLI. C'est l'huile essentielle des fleurs On fait des nompareilles de toutes les couleurs. Il de l'oranger; on l'emploie dans la fabrication des est bon de s'informer, quand on achète des nom- dragées et dans la préparation des liqueurs fines. pareilles colorées, de quelles substances on s'est Le meilleur néroli est celui qui se fabrique à Rome. servi pour les teindre. Cet avis est motivé sur ce que, dans plusieurs ouvrages où l'on traite des NITRE. Nitre et salpêtre sont les deux noms préparations de l'art du confiseur, on trouve quel- d'une même substance; cependant le mot nitre ques recettes de couleurs qui ne sont pas sans s'applique particulièrement au sel purifié, tandis danger. Pour les emplois qu'on fait de la nompa- que le salpêtre est toujours mélange de sel marin. reille (V. DRAGÉES, PASTILLES, etc.). Le nitre a la propriété de rougir les viandes salées, et c'est la raison pour laquelle il est bon de l'em- NOUGAT. Le nougat blanc dit de Marseille ployer dans la salaison des noix de bæuf, des lan est un composé de filets d'amandes douces et de gues fumées et des jambons (V. CHARCUTERIE, pistaches mondées qu’on a fait cuire avec du miel BOEUF, etc.). de Narbonne, et à qui l'ébullition continue fait acquérir une consistance assez ferme pour appro- NIVERNAISE, sorte de ragoût qu'on emploie cher de la compacité. Le nougat blanc se coupe pour faire des garnitures, et qui consiste à faire en tranches et se mange au dessert. cuire dans du consommé des morceaux de carottes Le nougat brun qu'on sert à l'entremels doit tournées en forme d'olives, jusqu'à ce que ce s'opérer de la manière suivante. — Mondez , mouillement ait acquis la consistance d'un sirop. lavez et faites égouller sur un linge blanc une livre d'amandes douces ; coupez chacune de ces NIVETTE, nom d'une sorte de pêche qui suc amandes en cing filets que vous ferez jaunir à un cède immédiatement à la pêche admirable. La four très-doux; faites fondre sur un fourneau dans chair en est peu consistante, et bien qu'elle ait un poêlon d'office trois quarterons de sucre pul- une saveur parfaite, les officiers sont d'avis qu'elle vérisé ; quand il sera bien fondu , jetez-y vos ne réussit pas très-bien à la cuisson. amandes chaudes et mêlez bien le tout, après avoir retiré votre poêlon du feu ; meltez vos NOISETTE, fruit du coudrier que l'on amandes dans un moule essuyé et huilé; montez- cueille en automne, et dont il existe trois variétés, les autour du moule à l'aide d'un citron que vous dont la meilleure est l'aveline rouge (V. pages 30, / appuierez sur vos amandes ; montez-le le plus 179, 183, 191, 212, 225, 267, 302). mince possible; démoulez-le; dressez-le et ser- OEU ( 357 ) OEU vez. On peut donner à son nougat la forme de Délayez un demi-litron de farine avec trois jaunes plusieurs édifices, tels que temples , palais, mai- d’æufs et deux @ufs entiers ; ajoutez du sel et sonnettes rustiques, etc. assez de bouillon pour que la pâle soit liquide et puisse passer à travers une écumoire qui doit être NOUILLES. Ces pâtes, connues en Allema creuse comme une cuillère; assaisonnez avec un gne sous le nom de nufdels, et iinportées en peu de muscade et de gros poivre : versez cette France sous celui de nouilles, sont une espèce de pâte , à travers une écumoire , dans du bouillon vermicelle extrêmement délié, dont on garnit bouillant; que le feu soit vif, pour que l'ébullition quelquefois des vole-au-vent, et qui, plus souvent ne se ralentisse pas, car alors la pâte ne prendrait encore, se servent sous une volaille bouillie avec pas, elle se dissoudrait, et l'on n'obtiendrait une sauce à la poulette et sans autre garniture. qu'une bouillie. Servez pour potage. Prenez un demi-litros de farine ; ajoutez-y Pour apprêter des nouilles à la maître-d'ho- quatre ou cinq jaunes d’æufs, un peu de sel ettel, au parmesan, au coulis de jambon, au très-peu d'eau ; faites du tout une pâte bien mêlée jus maigre, etc., faites-les cuire comme il est et un peu ferme ; étendez-la avec un rouleau jus indiqué précédemment, mettez-les ensuite dans qu'à l'épaisseur d'une ligne au plus; coupez-la en une casserole où vous les sauterez avec la sauce filets ou en losanges, que vous saupoudrerez de ou la préparation ci-dessus indiquée. farine pour que les morceaux ne s'attachent pas les uns contre les autres; jetez celte pâte dans du Timbale de nouilles (V. MACARONI, TIM- bouillon bouillant ; laissez cuire pendant un bon BALE, etc.). quart d'heure; on colore avec une cuillerée de NOYAU, partic charnue, solide et aromatique jus ou un peu de caramel. de certains fruits, qui renferme leur semence, la- On peut employer des œufs entiers : la pâte est alors moins sujette à se dissoudre en bouillant. quelle est ordinairement une amande. Relative- ment à l'emploi des noyaux (V. CONSERVES, LI- Potage aux nouilles à l'allemande. QUEURS et RATAFIAS). 0. OEUFS. Nous avons déjà conseillé de faire sa médecins l'ordonnent ainsi comme adoucissant provision d'œufs entre les deux Notre - Dame, dans les maladies aiguës inflammatoires. c'est-à-dire entre le 15 août et la mi-septembre : Dans le second état, où le blanc d’auf présente nous dirons seulement ici que la meilleure ma- l'aspect du lait, il est plus soluble et plus facile à nière de les conserver est de les encaisser avec digérer que dans les deux autres. On remarque des cendres de bois neuf auquel on a mêlé du que le blanc d'auf ne prend uniformément cet sarment de genévrier, de laurier ou d'autres bois état laiteux que dans les œufs bien frais et lors- aromatiques, et nous ajouterons qu'il est bon de qu'on fait cuire dans leur coque. mélanger avec la cendre en question du sable Le blanc d'æuf durci a une qualité remarqua- très-sec et très-fin. ble, en ce qu'il est susceptible de prendre aisé- On sait que le blanc d'æuf est de l'albuminement le goût et l'odeur hépatiques, et d'autant pure. Il doit être considéré, 1° à l'état liquide et plus fortement qu'il est plus cuit et qu'il est visqueux, lorsqu'il n'a éprouvé ni l'action du feu, moins frais. Il en résulte nécessairement une ni celle de l'air ; 2° à l'état laiteux qu'il prend par grande différence entre les qualités alimentaires le contact d'une chaleur modérée; 3° à l'état de ou l'effet diététique des œufs frais et celui des coagulation entière, auquel il passe lorsque l'ac- aufs conservés. tion de la chaleur a été plus forte ou plus sou Le jaune d'œuf est une matière émulsive dans tenue. laquelle l'albumine est unie à une huile grasse Le blanc d'œuf liquide pourrait être nuisible animale et à une substance de couleur jaune. Si par sa viscosité; mais, ce qu'il y a de certain , on l'étend dans l'eau , il blanchit et il approche , c'est qu'il est nutritif, et que, lorsqu'il est étendu pour le goût et la couleur, des émulsions ordi- d'eau, il peut servir de boisson lénitive. Quelques | naires. Il est susceptible de dissoudre le corps 22 OEU ( 338 ) OEU albumineux qui l'environne, ainsi qu'il arrive | mollets ; on peut alors en enlever la coque, afin toujours lorsqu'on bat ensemble le jaune et le de les servir sur une farce d'oseille ou avec des blanc. purées, au lieu d'œufs poches. On pourrait distinguer dans le jaune d'euf les trois états que nous avons indiqués pour le blanc; OEufs poches. - Faites bouillir de l'eau dans et c'est principalement au jaune d'auf qu'il faut une casserole avec du sel et un peu de vinaigre; attribuer la propriété observée par Hippocrate, quand elle bout, ralentissez un peu le feu en en- de fournir beaucoup de nourriture sous un petit trelenant toujours l'eau en ébullition ; cassez les volume. Au reste, quand on mange le blanc avec @ufs sur la casserole, et versez-les doucement le jaune, la coagulation qu'éprouve ce mélange sans rompre le jaune; mettez-en à la fois trois ou est bien moins compacte, et forme un tout beau-quatre, selon la grandeur de la casserole ; quand coup moins solide et moins dur que la coagulation ils seront pris et qu'ils vous paraîtront assez con- du blanc d'æuf pur; c'est ce qui doit être observé sistants , enlevez-les avec une écumoire, et parez- dans la préparation qu'on appelle omelette. les en enlevant la portion de blanc qui peut s'être Les æufs bien frais et cuits à leur point sont un étalée. aliment qui nourrit beaucoup et qui fortifie; mais Il n'y a que des cufs très-frais qui puissent se ils ne devraient pas être classés parmi les sub- pocher aisément. stances légères, et les médecins étrangers s'éton On sert les æufs pochés avec du jus au fond de nent toujours de ce que nous en permettons l'u- leur plat. On les sert aussi avec des purées , sur des hachis et des ragoûts de liqueurs. sage aux convalescents. A l'égard des æufs conservés, dont on se sert OEufs brouillés. Faites tiédir du beurre pour les usages ordinaires de la cuisine, ils sont sujets à plus d'inconvénient que les aufs frais, à dans une casserole ; cassez-y des æufs, et assai- raison de leur propension à donner licu au déga- sonnez-les avec sel, poivre et muscade râpée; re- gement du gaz hydrogène sulfuré; et, quant aux muez continuellement avec quelques brins d'osier, @ufs qui commencent à s'altérer, il n'est pas d'a- et ne les laissez pas trop cuire. Au moment de liments plus détestables. servir, ajoutez un peu de verjus ou de jus de citron. (A fin de justifier ce que nous avons dit, Les aufs brouillés aux pointes d'asperges se dans notre avant-propos, sur l'inutilité | font de la même manière. On ajoute les pointes et sur l'impertinence de certains livres de d'asperges cuites lorsque les aufs sont déjà mêlés cuisine, il nous suffira de copier mot à avec le beurre. mot la formule suivante, ainsi qu'elle est Les aufs brouillés au jus ne diſfèrent des autres imprimée dans le Cuisinier impérial, page 379, et dans le Cuisinier royal, page 494, éditions de jus ou d'un fond de cuisson , ou de jus de que parce qu'on y ajoute une ou deux cuillerées de Paris, 1808 et 1837. Il ne s'agit que viande rôtie, ou de bouillon réduit à moitié. d'assaisonner un plat d'aufs au jus pour entremets.) OEufs frits. - On emploie pour friture du « Mettez douze canards à la broche; quand ils seront beurre, du sain-doux ou de l'huile; cassez les cuits vert, c'est-à-dire presque cuits, vous les retirerez @ufs sur la poêle , et versez-les doucement pour de la broche; vous ciselez les filets jusqu'aux os ; vous qu'ils ne se déforment pas; n'en faites frire qu'un prenez le jus , et vous l'assaisonnez de sel et de gros seul à la fois ; lorsque le blanc bouillonne, abais- poivre; vous ne le faites pas bouillir, et vous le verset sez-le avec l'écumoire et ne laissez pas durcir le sous quinze aufs poches. » jaune. Les aufs frits se servent comme les æuſs OEufs à la coque. Faites bouillir de l'eau pochés. On les sert aussi avec du jus ou avec dans une casserole; mettez-y les aufs frais aussi une saucc piquante, une sauce aux tomates, etc. tôt qu'elle bout; retirez-la du feu et couvrez-la : au bout de quatre minutes, les œufs sont cuits : OEufs au gratin. Prenez un plat qui il faut qu'il y ait assez d'eau pour que les aufs puisse aller au feu; mêlez ensemble de la mie de soient complètement baignés dans leur mouille-pain, un bon morceau de beurre, un anchois ha- ché, persil, ciboules, une échalote, trois jaunes ment. d'eufs, sel, gros poivre et muscade; mettez une Autrement, metiez les cufs à l'eau bouillante couche de celle farce au fond du plat; failes alla- et continuez à faire bouillir pendant trois minu- cher sur un petit ſeu ; cassez sur le gratin la quan- tes ; les æuſs seront en tuit : si vous les voulez lité d'oufs que vous voulez servir ; faites cuire un peu plus cuits, laissez-les trois minutes et de- doucement; présentez sur le plat une pelle rouge mie : après quatre minutes d'ébullition, ils seront pour faire prendre les blancs. Lorsqu'ils sont OEU ( 339 ) OEU C et page 344. cuits, saupoudrez-les d'un peu de sel fin, gros OEufs à l'aurore. Faites durcir et refroi- poivre et muscade ràpée. dir douze aufs ; ôtez-en les coquilles; coupez ces Pour les différents gratins dont les æufs sont la æuſs en deux ; séparez-en les jaunes des blancs ; base (V. ci-dessous la nomenclature des eufs au mettez les jaunes dans un mortier; ajoutez-y un maigre). quarteron de beurre fin, du sel, un peu de mus- OEufs à la tripe. - Coupez des ognons en cade râpée, un peu de fines épices et trois jaunes tranches ; passez - les au beurre, sans les faire d'æufs crus ; pilez le tout comme si c'était une roussir, mais jusqu'à ce qu'ils soient fondus ; farce; émincez vos blancs; mettez-les dans une mêlez alors une demi-cuillerée de farine avec les béchameil réduite et chaude, soit grasse ou mai- ognons, et ajoutez un grand verre de crème, sel, gre; sautez-les dedans sans la laisser bouillir ; poivre et muscade ; quand le tout est un peu ré- faites qu'ils aient une certaine consistance; dres- duit , mettez-y des æufs durs coupés en tranches, sez-les sur le plat que vous devez servir; retirez et faites chauffer sans bouillir. vos jaunes du mortier ; mettez-les sur le fond On peut substituer des concombres aux ognons; d'un grand tamis; posez ce tamis au-dessus de on les coupe en dés et on les passe au beurre, avec votre plat, et faites-les passer également sur l'ap- persil et ciboules hachés, sel, gros poivre et mus- pareil qui est dressé sur ce plat: à cet effet, ser- cade; on ajoute ensuite une demi-cuillerée de fa- vez-vous d'une cuillère de bois, et puis garnissez rine, et on mouille avec de la crème ou avec moi- le bord de votre plat avec des bouchons de pain tié crème ct moitié bouillon : on met les aufs trempés dans unc omelette battue; mettez vos dans l'appareil aussitôt que les concombres sont @ufs au four ou sous un four de campagne, cuits. faites-leur prendre une couleur dorée. on fait prendre couleur aux ognons, et l'on mouille sont applicables à cette préparation, on peut con- avec du bouillon; quand l'ognon est bien cuit et sulter la nomenclature des aufs au maigre, à la que la sauce est réduite, on ajoute les æufs. Quant aux adjonctions qu'on peut faire à des OEufs à la la polonaise (recette de MM.de @ufs à la tripe (V. la nomenclature à la fin de cet ta Reynière). Faites durcir un quarteron article). d'œufs; épluchez-les ; fendez-les en deux; séparez OEufs au beurre noir. Cassez sur un les jaunes des blancs; mettez les jaunes dans un plat douze cufs ; prenez garde d'en rompre les mortier; pilez-les; ajoutez-y du beurreà peu près jaunes; assaisonnez-les de sel; mettez dans une gros comme deux cufs, du sel, des fines épices, un poêle à courle queue , appelée communément un peu de muscade râpée; et cinq à six jaunes d'eufs diable, un bon quarteron de beurre; faites-le crus : lorsque votre farce sera bien mêlée et sans noircir, sans le laisser brûler; écumez-le, tirez-le grumelots, mettez-y un peu de persil haché très- au clair dans un autre vase; essuyez la poêle, re- fin ; incorporez-y deux ou trois blancs d'oeufs mettez-y le beurre et faites-le chauffer de nou fouettés : prenez le plat que vous devez servir ; veau ; arrosez-en vos eufs et les coulez dans la garnissez-en le fond de votre farce, à peu près de poêle; mettez-les sur de la cendre rouge, et ser- l'épaisseur de trois ou quatre lignes; remplissez vez-vous d'une pelle ardente pour les faire pren- vos moitiés d'eufs de cette farce, en leur donnant dre par-dessus : leur cuisson achevée , coulez-les la forme d'un euf entier ; dressez-les sur votre sur votre plat; faites chauffer dans la poèle un peu plat de la manière la plus agréable ; dorez-les; de vinaigre; lorsqu'il sera bouillant, versez-le sur mettez-les au four ou sous un four de campagne, vos eufs, et servez prestement. avec ſeu dessous et feu dessus; faites qu'ils aient une belle couleur; nettoyez le bord de votre plat, OEufs sur le plat, dits au miroir. - et servez. Étendez un peu de beurre dans le plat que vous devez servir; assaisonnez ce beurre d'un peu de OEufs à la provençale. Mettez plein un sel ; cassez vos œufs et posez-les sur ce plat, de verre d'huile dans une petite poèle ; vous la met- manière à n'en pas rompre les jaunes; arrosez-les tez au feu ; quand l'huile est bien chaude, cassez d'un peu de crème; mettez-y quelques petits un auf entier dans un petit vase; mettez-y du sel, morceaux de beurre; saupoudrez-les d'un peu de du poivre, et versez-le dans l'huile; affaissez avec sel fin, de gros poivre, et d'un peu de muscade une cuillère votre blanc qui bouillonne : vous le râpée; posez votre plat sur une cendre chaude ; retournez, et, lorsqu'il a une belle couleur des deux ſaites-les prendre en passant dessus une pelle côtés, vous l'égouttez avec un tamis de crin; douze rouge, de sorte que les jaunes se maintiennent suffisent pour un entremets : il faut que les auſs mollets. soient frais; vous les dressez en couronnes ; après 22. OEU ( 340 ) OEU les avoir parés, mettez un croûton glacé entre cha OEufs à la sauce Robert. Épluchez six que cuf; employez une sauce espagnole réduite, gros ognons; supprimez-en les cæurs; coupez- dans laquelle vous mettrez le zeste de la moitié les en rouelles; mettez-les dans une casserole avec d'un citron, et vous la versez dessous. un morceau de beurre; posez votre casserole sur un bon feu; faites roussir et cuire vos ognons; OEufs en surtout. Faites cuire dans la mouillez-les avec du bouillon gras ou maigre; as- marmite du petit lard coupé en tranches minces ; saisonnez-les de sel et poivre ; laissez cuire et lier passez au beurre des filets de pain; mettez, dans votre sauce : au moment de servir, coupez en le plat qui doit être servi, deux ou trois cuillerées de jus, ou de la cuisson d'une bonne braise, ou du rouelles douze eufs durs; mettez-les dans votre jus de rôli : garnissez les bords du plat avec les sauce, mêlez-les bien; ajoutez-y, pour les finir, une cuillère à bouche pleine de moutarde, et goû- filets de pain, les œufs dans le milieu ; couvrez-les tez s'ils sont d'un bon goût. avec les tranches de lard : faites cuire à petit feu sous le four de campagne. OEufs à la pauvre femme. - Vous ferez tié- OEufs en filets. Failes cuire sur un plat dir un peu de beurre sur un plat; vous casse- rez dessus douze æuſs, et vous les mettrez sur de huit jaunes d'æufs délayés avec une cuillerée d'eau- de-vie; ajoutez un peu de sel que vous mêlez in- la cendre chaude ; vous couperez de la mie de pain timement : étant cuits et froids, coupez-les en fi- en petits dés ; vous la passez au beurre: quand lets pour les tremper dans une pâte à frire légère; elle est bien blonde, vous l'égouttez, et vous la semez sur vos œufs; mettez un four de campagne faites-les frire, servez-les garnis de persil frit. chaud par-dessus; lorsque les eufs sont cuits, OEufs farcis. - Vous faites durcir dix cufs; vous versez dessus une sauce espagnole réduite. vous les coupez par le milieu dans leur longueur; vous ôterez les jaunes, et vous les mettrez dans un OEufs brouillés au jambon, etc. - Ajoutez mortier pour les piler; vous les passez ensuite au aux aufs du jambon bien tendre, ou du rognon tamis à quenelles; laissez tremper une mie de pain de veau cuit et coupé en dés; ajoulez en même dans du lait ; vous la presserez bien pour en ex- temps une ou deux cuillerées de jus ou de bouil- traire le lait ; vous la pilerez, et vous la passerez lon réduit à moitié. au tawis, ainsi que les æufs ; vous ferez piler dans On peut aussi les faire au riz de veau, aux le mortier autant de beurre que vous avez de jau- champignons, aux cardes, etc. : employez pour nes pilés; vous mettrez portion égale de mie de cela des ragoûts de desserte; coupez les riz, les beurre et de jaunes d'æufs, vous broierez le tout cardons ou les champignons en dés; mettez-les ensemble : quand votre farce sera bien pilée, vous avec leur sauce dans les æuſs brouillés et terminez y mettrez un peu de ciboule et de persil haché suivant la formule indiquéc. bien fin et lavé, du sel, du gros poivre, un peu de muscade râpée; vous pilez encore la farce; ajou- frais; mettez dans une casserole du jambon cuit et OEufs à la Bagnolet. - Pochez huit curs cez-y deux ou trois jaunes d'æufs entiers ; conser- baché, avec un peu de jus, ou de bon bouillon ré- vez la farce maniable, en y mettant de l'euf à me- duit à moitié et un peu de jus de citron; faites sure : lorsqu'elle est finie, vous la mettez dans un chauffer et versez sur les œufs, après y avoir ajouté vase ; vous en arrangerez épais d'un doigt dans le un petit pain de beurre de Vanvres afin de lier la fond du plat; vous farcirez vos moitiés d'œufs; vous tremperez la lame d'un couteau dans du blanc d'auf pour unir le dessus; vous mettrez les æuſs OEufs au fromage.-Faites un gratin comme avec ordre sur la farce qui est sur le plat ; vous le ci-dessus ; mais supprimez-en l’anchois, le persil, poserez sur la cendre rouge, et un four de campa- la ciboule et l'échalote; substituez-y autant de gne par-dessus : lorsqu'ils ont une belle couleur, parmesan ou de fromage de Gruyère râpé que vous les servirez avec une sauce au jus de veau vous avez employé de mie de pain : cassez les mêlé de crème double. @ufs sur le gratin; saupoudrez-les de fromage, OEufs à la Béchamcil. - Mettez dans une i gros poivre et muscade ; faites cuire à feu doux, casserole quatre ou cinq cuillerées à dégraisser de dre les blancs. et servez-vous de la pelle rouge pour faire pren- béchameil grasse ou maigre; coupez quinze æuſs durs, comme il est dit ci-devant; mettez-les dans OEufs pochés à l'aspic. - Faites tiédir de votre béchameil très-chaude, sans les laisser bouil- l'aspic; vous en mettrez dans le fond d'un moule lir; finissez avec un morceau de beurre et un peu ou de plusieurs petits moules ; laissez-les se con- de muscade râpée; dressez-les et entourcz-les de geler ; vous décorerez des æufs pochés avec des bouchons de pain passés au beurre, truffes ; vous les mettrez sur la gelée: remplis- sauce. OEU ( 341 ) OEU sez ensuite les moules d'aspic fondu; mellez-les le café; sucrez-la ; ajoutez-y trois jaunes d'æufs et sur de la glace, ou seulement au froid : au mo- deus æufs entiers; mêlez bien le tout ensemble ; ment de servir, détachez l'aspic, et posez-le sur passez-le au travers d'une élamine, et tordez : un plat (V. Aspic). beurrez six petits moules, soit à gâteaux à la Ma- deleine, soit à darioles; laissez-les égoutter ct re- OEufs pochés à la chicorée. — Arrangez de froidir; mettez de l'eau dans une casserole ; faites- la chicorée à la crème sur un plat, et tout simple- la bouillir ; retirez-la du feu ; remplissez vos petits ment des æuſs pochés par-dessus; vous pouvez moules, ayant soin de remuer vos aufs : faites-les mettre sous les aufs pochés une purée d'oseille, prendre, et, lorsqu'ils le seront, renversez vos mou- une purée de champignons ou de cardes, des conies sur le plat où vous devez servir. combres à la crème, du céleri à la crème et haché, une sauce aux tomates, un ragoût aux pointes OEufs au thé. — Faites infuser dans une tasse d'asperges, etc. d'eau une cuillerée du meilleur thé; faites réduire une chopine de crème à la valeur d'un demi-se- OEufs au bouillon. — Mettez dans une cas-tier ; ajoutez-y votre décoction de thé, trois jaunes serole quatre jaunes d'æufs et deux æuſs entiers, d'æufs et deux aufs entiers, et du sucre en suffi- cinq cuillerées à dégraisser d'excellent consommé; sante quantité; assurez-vous si vos œufs sont suf- mêlez-les bien, et passez à l'étamine; beurrez des fisamment assaisonnés, agitez-les, pressez-les à moules comme ci-dessus, remplissez-les de votre travers une étamine en la tordant; agitez-les de appareil, faites-les prendre, servez-les de même et nouveau, remplissez-en des moules, comme ceux saucez-les d'un bon consommé. désignés à l'article ci-dessus; faites cuire et re- Vous pouvez servir ces æufs au bouillon dans tournez vos æuſs comme il est énoncé précédem- . de petits pots, ainsi que les crèmes sucrées. ment; sauces vos æufs avec une crème liée; pre- OEufs au fumet de gibier. - Procédez pour nez pour cela deux ou trois cuillerées de crème, ces aufs comme il est dit précédemment sucrez-la, liez-la avec un jaune d'æuf sans la lais- les pour @ufs au bouillon, excepté que vous emploierez, au ser bouillir, ei masquez-en vos @ufs. licu de consommé, du fumet de gibier (V. FUMET). OEufs à la vestale. — On fait bouillir et ré- OEufs en surprise ( ancienne friandise, duire à moitié une chopine de crème avec une cho- dont la recette est formulée dans le disren- pine de lait, en y ajoutant l'écorce d’un citron, saire du château royal de Marly). — Prenez un peu de coriandre et du sucre; on laisse refroi: une douzaine d'œufs; faites à chacun deux petits dir à moitié, et alors on y délaie un peu d'aman- des douces pilées et deux amandes amères aussi trous aux extrémités; passez par un de ces trous une paille, pour crever le jaune de l'æof; videz pilées ; on y ajoute huit jaunes d'æufs ; après avoir vos æufs en soufflant par un des bouts; mettez vos passé le tout à l'étamine, on fait cuire au bain-ma- coquilles dans de l'eau, pour les rincer et les ap- rie, et on sert pour entremets. proprier; égouttez-les et faites-les sécher à l'air; OEufs aux épinards. - On prend des épi- délayez de la farine avec un jaune d'auf pour bou- nards cuits à l'eau, on les presse et on les hache cher un des trous de vos coquilles; les ayant bou- très-fin; on les mélange avec de bonne crème, et chés, laissez-les sécher, et remplissez-en six de on y ajoute six jaunes d'œufs : le tout doit être in- crème au chocolat, dans laqudle, au lieu de gé-timement mélangé; ensuite on y met du sucre, sier, vous aurez mis des jaunes d'oeufs ; à cet effet, des macarons pilés et de l'eau de fleur d'orange. servez-vous d'un très-petit entonnoir : remplissez On met le tout dans le plat que l'on veut servir et de même vos six autres coquiles avec une crème, l'on fait cuire sur un petit feu jusqu'à ce qu'il se soit au café blanc, soit à la fleur d'orange, et que ces fasse au fond du plat un léger gratin. crèmes soient bien liées avec des jaunes d'œufs; bouchez les autres trous de ces coquilles, faites OEufs brouillés aux confitures. — Prépa- les cuire à pleine eau chaudesans la faire bouillir; rez-les à l'ordinaire, mais sans crème; mettez-y, supprimez la pâte des deux louts de ces œufs, es avant que les aufs soient pris, deux cuillerées de suyez-les, et servez-les sois une serviette pliée marmelade d'abricots, de framboises, de prunes de pour entremets. reine-claude, etc. : mélangez bien exactement cet appareil. OEufs au café blanc. - Faites réduire une chopine de crème; brûlez deux onces de café, et OEufs à la neige. Ayez trois demi-seliers jetez-les dans votre crème; bissez-les infuser en de crème (ou du lait que vous feriez réduire d'a- viron une demi-heure : cea fait, passez votre vantage); mettez-y un peu de sel, trois onces de crème au travers d'un tamis, pour en supprimer / sucre, un zeste de citron et un peu de fleur d'o- OEU ( 342 ) OEU range : faites-la réduire à la valeur d'une chopine; , l'omelette par secousses pour qu'elle ne s'attache casseż six @ufs, séparez les jaunes des blancs, pas; ou bien, avec une fourchette ou cuillère, metiez ces blancs dans un bassin ou une terrine vous la soulèverez jusqu'à ce que l'omelette soit d'office, foucttez-les; lorsqu'ils seront pris, met prise; vous en ôterez avec une cuillère tout l'inté- tez-y un peu de sel, un peu de sucre en poudre et rieur; vous prendrez des truffes sautées dans une quelques gouttes d'eau de fleur d'orange; mêlez espagnole réduite; vous les mettrez dans le vide bien le tout avec votre fouet; prenez de ces blancs que vous avez fait à l'omelette : vous la ploierez en dans une cuillère à ragoût, comme vous feriez pour double et vous la poserez sur le plat; vous hache- pocher des quenelles (V. QUENELLES); pochez rez ensuite deux truſſes; vous les passerez dans ces blancs dans votre crème, retournez-les pour un petit morceau de beurre; vous y mettrez plein qu'ils soient cuils également : leur cuisson ache- quatre cuillères à dégraisser d'espagnole, et vous vée, retirez-les au fur et à mesure, posez-les sur verserez votre sauce bieu chaude sur l'omelette : le fond d'un tamis, et, lorsqu'il y en aura suffisam- si vous ne voulez pas employer de sauce, vous ment pour en garnir le plat que vous voulez servir, prendrez plein une cuillère à café de farine que dressez-les comme si c'étaient des aufs pochés : pre- vous mêlez avec vos truffes quand elles sont pas- nez quatre de vos jaunes d'æuſs, délayez-les avec sées, et vous les mouillerez avec du bouillon, du un peu de votre crème que vous aurez laissée un jus, un peu de sel, de gros poivre, très-peu des peu refroidir; liez-la sur le feu sans la laisser bouil- quatre épices. On peut, par ce même procédé, lir, et en la remuant toujours; tordez-la dans une faire des omelettes aux champignons, à la purée 'étamine consacrée aux crèmes, saucez-en vos æufs de volaille ou de gibier, aux tomates, à l'oseille, à la neige, et servez-les en forme de rocher. aux cardons, aux croûtes frites, etc. Bien que les æufs à la neige soient réputés un entremets de cuisinière, on peut l'illus- Omelette au rognon de veau. Prenez un trer en variant les aromates et les substances rognon de veau cuit à la broche; laissez-y un peu qu'on fait entı r dans leur sauce. de sa graisse et coupez-le en forme de petits dés; On peut colorer les blancs d'æufs en y ajoutant, mettez ce rognon dans une casserole avec une pin- avant de les fouetter, l'une des substances coloran cée de persil et de ciboules hachés ; joignez-y du tes indiquées à l'article COULEURS, et l'on peut sel et du poivre; passez le tout sur le feu; mouil- aussi les saupoudrer de nompareille lorsqu'ils sont lez-le avec deux cuillerées à dégraisser de blond dressés en rocher. de veau; mettez bouillir votre ragoût et dégrais- sez-le : faites une omelette au naturel d'une Omelette au naturel. -Cassez douze aufs, douzaine d'aufs, comme il est indiqué à l'article assaisonnez-les de sel, mettez-y un peu d'eau Omeletve au naturel. Avant de la retirer de la (prescription très-essentielle); battez votre ome- poêle, mevez votre ragoût dans le cæur de cette leite, soit avec un fouet, soit avec deux fourchet- omelette; roulez-la, dressez-la et servez: mellez tes; il faut qu'elle soit long-temps et parfaitement dessous, si vous le voulez, une sauce piquante au bien battue : mettez dans une poêle bien propre blond de veau réduit. gros de beurre environ comme un auf, faites-le fondre sans le laisser roussir, versez-y votre ome Omelette physiologique (formule rédigée lelte en continuant de la battre; posez votre poêle par M. Brillat-Savarin). - Prenez, pour six sur un feu clair et vif; chauffez-en principalement personnes, deux laitances de carpes bien lavées, le côté où est la queue; agitez votre omelette à que vous ſerez blanchir en les plongeant pendant force de bras; prenez garde qu'elle ne brûle : cinq minutes dans ce l'eau déjà bouillante et lé- quand elle sera presque cuite, mettez entre elle gèrement salée. et la poêle gros de beurre comme une noix : ce Ayez pareillementgros comme un œuf de poule beurre fondu, roulez votre omelette ; voyez si elle de thon nouveau, auquel vous joindrez une pe- est d'une belle couleur, retournez-la sur votre tite échalote déjà coupée en atomes. plat, et servez-la brûlante. Si vous voulez qu'elle Hachez ensemble es laitances et le thon, de soit aux fines herbes, mettez-y, en la battant, du manière à les bien neler, et jetez le tout dans persil et de la ciboule hachés très-fin, et un peu une casserole avec un morceau suffisant de très- de poivre. bon beurre, pour l', sauter jusqu'à ce que le Omelette à la Richelieu, Vous cassez beurre soit fondu. C'est là ce qui constitue la spé- des æuſs; vous les assaisonnez et les battez soi-cialité de l'onclette. gneusement; vous mettrez un morceau de beurre Prenez encore un second morceau de beurre dans une poêle sur un feu clair; dès qu'il sera à discrétion ; mariez-e avec du persil et de la ci- fondu, vous y joindrez les æuſs; vous remuerez ! boulette; mettez-le dins un plat pisciforme des- OEU (343) OEU tiné à recevoir l'omelette; arrosez-le d'un jus de sur le plat où vous voulez la servir ; glacez-la de citron, et posez-le sur la cendre chaude. sucre en poudre; mettez-la dans un four ou sous Baitez ensuite douze æufs (les plus frais sont un four de campagne, avec feu dessous, feu des- les meilleurs); le sauté de laitances et de thon y sus, et lorsqu'elle sera montée et glacée, servez-la sera versé et agité de manière à ce que le mélange sans retard. en soit bien fait. Confectionnez ensuite l'omelette à la manière Omelette soupée et moulée. - Cassez six ordinaire, et lâchez qu'elle soit allongée, épaisse eufs; séparez les blancs des jaunes; mettez les et mollelte ; étalez-la avec adresse sur le plat que uns et les autres dans des terrines séparées ; ajou- vous avez préparé pour la recevoir, et servez pour tez dans les jaunes deux cuillerées à bouche pleines être mangé de suite. de sucre fin, quatre massepains en poudre, une Ce mets doit être réservé pour les déjeûners cuillerée à bouche de tapioca ou de salep, une fins, pour les réunions d'amateurs où l'on sait ce petite pointe de sel, un peu d'écorce de citron ha- qu'on fait et où l'on mange posément ; qu'on chée bien fin, et quelques gouttes d'eau de fleur l’arrose surtout de bon vin vieux, et on verra d'orange ; remuez bien le tout ; beurrez et panez merveilles. volre casserole ou moule, ainsi qu'il est indiqué On peut apprêter de la même façon des ome- pour les gâteaux au riz; lorsque vous serez prêt lettes aux filets de barengs fumés, et aux olives à servir les entrées, fouettez vos blancs d'æufs ; farcies. C'est la même préparation qui se trouve quand ils seront pris, melez-les avec les jaunes ; indiquée dans les vieux dispensaires, sous le nom versez-les dans votre moule ou casserole , et ne d'omelette à la Royale. le remplissez pas tout-à-fait; mettez votre ome- lette dans un four doux comme pour cuire des Omelette au tard. Prenez une demi-livre biscuits : si le temps vous manque ou si le lieu ne de petit lard; coupez-le en dés; faites-le dessaler vous le permet pas, videz un de vos fourneaux dans de l'eau tiède ; lorsque vous voudrez faire les plus chauds, remettez-en la grille, pósez des- votre omelette, mettez un morceau de lard gras sus votre casserole, et tenez une pelle rouge à dans votre poêle; faites-y cuire et roussir sotre trois pouces au-dessus de votre omelette'; lors- salé; vous aurez cassé une omelette de douze qu'elle sera bien montée, retournez-la sur votre @ufs; battez-la bien ; mettez-y très-peu de sel et plat, et servez-la : elle doit être d'une belle cou- un peu de poivre; versez-la dans votre poêle; leur et bien tremblante. C'est un fort bon entre- agitez-la beaucoup, et prenez garde qu'elle ne mets (et qui est très – joli, dit M. Beau- brûle : sa cuisson faite , roulez et dressez-la sur villiers). une sauce piquante. Omelette sou ide à la fécule. - Cassez six Omelettes à la Célestine. Faites quatre aufs, comme il est dit pour l'omelette soufflée ; omelettes, de trois aufs chacune ; qu'elles soient mettez dans une casserole une cuillère à bouche le plus mince possible; glissez-les sur votre table; pleine de fécule avec un demi-verre d'eau, deux garnissez-en deux de confitures et deux de fran-cuillerées et demie de sucre en poudre et une gipane; roulez-les en forme de manchon; rognez- pointe de sel; faites cuire et dessécher comme en les extrémités, et posez-les sur votre plat; sau pour une pâle royale un peu liquide ; laissez poudrez-les de sucre en poudre, et glacez-les avec refroidir; ajoutez-y vos six jaunes d'æufs et, de une pelle rouge. plus, quelques gouttes d'esprit de fleur d'orange, de rose, ou de tout autre parfum ; fouettez vos Omelette soufflée. - Cassez six aufs, sépa- blancs; lorsqu'ils seront pris et bien fermes, in- rez les blancs des jaunes ; ayez soin que les ger- corporez-les dans votre appareil ; dressez votre mes restent avec les blancs; mettez avec les jaunes souflé en pyramide sur le plat que vous voulez deux cuillerées à bouche de sucre en poudre bien servir; mettez-le au four ou sous un four de cam- sec, un peu d'eau de fleur d'orange ou de l'esprit pagne, avec feu dessous et dessus; lorsqu'il com- de citron ; travaillez bien ces jaunes, comme pour mencera à prendre un peu de couleur, glacez-le du biscuit ; fouettez les blancs, en sorte qu'ils du sucre en poudre, laissez-le s'achever de cuire soient bien fermes; alors mêlez-les avec les jaunes; et de se glacer, et servez-le. Vous pouvez faire ce mettez dans une poêle à courte queue, communé soufflé à la vanille, au chocolat ou à la rose, en y ment appelée diable, gros de beurre comme la ajoutant une teinte de cochenille. moitié d'une noix; faites-le fondre, de façon que cette poêle soit partout également beurrée; versez Omelette au riz soufflé. -- Préparez deux y votre omelette; faites-la prendre sur un feu onces de riz de la Caroline; faites-le crever dans doux; prenez garde de la brûler ; retournez-la du lait avec un peu de zeste de citron, un peu de OEU ( 344 ) OEU sel, un peu de beurre; mouillez-le petit à petit, Omelette à la royale à la purée et aux pour qu'il se maintienne ferme, et ajoutez-y deux queues d'écrevisses. cuillerées de sucre en poudre; votre riz crevé et ré- Omelette à la royale aux huîtres et aux duit, mettez-y six jaunes d'æuſs, les uns après les moules à la poulette. autres; laissez-les prendre sans les laisser trop cuire; fouettez vos blancs, mêlez-les petit à pe Timbale de nouilles garnie d'æufs à la tripe tit avec votre appareil; dressez votre omelette sur et de laitances. votre plat, et procédez pour le reste comme il Timbale de nouilles garnie d'æufs émincis est dit au soufflé de fécule. à la béchameil. A l'intention des grandes maisons où l'on veut suivre exactement le régime du maigre, nous Timbale de nouilles garnie d'æufs à la Sou- allons reproduire ici la nomenclature des en bise et aux moules. trées composées d'eufs, qui se trouve portée sur le tableau des MENUS ROYAUX pour l'an- Casserole au riz garnie d’æufs à la tripe née 1828. au beurre de homard. Gratin d'æufs aux nouilles et au par- Casserole au riz garnic d'aufs à la tripe et thon à la poulette. mesan. Gratin d'œufs aux nouilles à l'allemande, Casserole au riz garnie d'aufs émincés, foies de tottes, langues de carpes, queues OEufs à l'aurore aux concombres. d'écrevisses et quenelles de poisson. OEufs à l'aurore au céleri. OEUFS DE FAISAN. OEufs à l'aurore aux morilles. Dans les pays comme la Bohême, où les faisans sont toujours en abon- OEufs à l'aurore aux truffes. dance, on fait de leurs aufs à peu près le même OEufs à l'aurore à l'estragon. usage que nous faisons des œufs de poule ; mais les seuls emplois culinaires dont nous nous per- OEufs frits à la poivrade. mettions d'user à l'égard des æuſs du faisan, c'est OEufs frits à la purée de tomates, de les manger en omelettes, en crèmes cuites et OEufs frits sauce à la Soubise, en crèmes glacées : encore est-il bon d'ajouter que c'est uniquement lorsqu'ils sont provenus de la OEufs farcis à la Dauphine. ponte d'automne, époque de l'année qui ne per- OEufs farcis à la Villeroy. mettrait pas d'élever les faisandeaux qui sont très- douillets de leur nature, les premières ge- OEufs farcis à l'intendante, lées tueraient infailliblement, OEufs pochés à la purée de navets au cou- OEUFS DE VANNEAU. lis maigre. Il est facile de les reconnaître à leur coquille bleue régulièrement pi- OEufs pochés à la purée de haricots rouges quetée de noir; leur volume est celui d'un aufde pi- au vin de Bordeaux. geon ; l'albumine, à l'intérieur,en est bleuâtre, opa- OEufs poches à la purée de haricots blancslisée et tout-à-fait translucide ; le jaune en est à la crème. couleur d'orange à maturité. On les fait cuire à la coque et de manière à ce que le blanc se OEufs pochés à la purée de marrons au vin tronve à l'état solide, tandis que le jaune en reste de Madère. à l'état qu'on appelle motlet. On en garnit quel- OEufs pochés à la purée de lentilles au cia quefois de petits ragoûts ou de fines salades ; mais teri frit. on les sert le plus souvent sous un épais tail- lis de cresson alénois, ce qui compose un hors- OEufs pochés à ta purée d'oseille et aux d'œuvre d'une élégance et d'une distinction tout-à- croûtes frites. fait aristocratiques. Il n'est pas toujours facile de Omelette à la royale garnie de tailances de s'en procurer à Paris (V. pages 19, 277 et 280). carpes. OEUFS DE PLUVIER ET DE PERDRIX. On en Omelette à la royale garnie de foies de garnit très-noblement des ragoûts à la Chamberd, lottes. à la Régence et à la financière. On les mêle aussi Omelelle à la royale garnie de queues de dans les salades vertes. Les œufs de pluvier pa- crevettes. raissent quelquefois en hors-d'ouvre ayant été et que OFF ( 343 ) OGN dépouillés de leur coquille et masqués d'une sauce Les dragées sont une espèce de confiture sèche au vert-pré. Quand les œufs de perdrix sont des à l'effet d'envelopper des noyaux, des graines ou tinés à garnir une assiette de hors-d'æuvre, on de petits fruits, moyennant un mélange de sucre les mange ordinairement avec des tartines au et de gomme adragant. Cette division de l'art de beurre et aux fines herbes, ainsi que les aufs de l'officier comprend également les pralines, les vanneau. pastilles, les tablettes au fruit et aux fleurs, et généralement toutes les compositions qui sont OEUFS DE TORTUE. — Faites-les bouillir dans appelées friandises de poches et bonbons d'as- une terrine avec du consommé réduit, où vous siettes (v. depuis la page 207, jusqu'à la page ajouterez seulement la quatrième partie d'un pi- | 214). ment rouge. Un quart d'heure de cuisson leur Quant à la préparation des liqueurs distillées, suffit, et vous y mettrez, quelques minutes avant des ratafias et des sirops, qui sont également de servir, un gobelet du meilleur vin de Madère. du ressort de l'office, on pourra consulter le cha- On ne peut guère obtenir des œufs de tortue pour pitre où nous avons parlé de la fabrication des les manger à Paris, qu'en les faisant venir de liqueurs, avec toute l'étendue qu'on peut désirer Corse par la voie de Marseille. On doit toujours (V, aussi les articles SIROP et PHARMACIE DO- les servir en casserole couverte et pendant le ser- MESTIQUE). vice d'entremets. OGNON, plante bulbcuse et potagère, dont la OEUFS DE HOMARD (V. pages 278 et suivantes). racine est d'une odeur forte et d'un goût piquant. Il y a deux espèces d'ognons qui méritent principa- OEUFS D’ESTURGEON (V. pages 183 et 222). lement l'attention du cultivateur et du consomma- teur, savoir l'ognon blanc d'Espagne et le petitognon OEUFS DE SURMULET (V. page 161, article BOU rouge de Florence. La variété des gros ognons à TARGUE). hulbes blanches contient de la matière sucrée en quantité notable; de plus une substance végéto- JAUNES D'OEUFS CONFITS A LA MANIÈRE DE SAR- animale, et puis une matière phosphorique dans RAGOSSE (V. YESMAS). un état particulier de combinaison naturelle, et finalement plusieurs autres principes qui n'ont pas OFFICE. Les travaux de l'office ne se bornent encore été bien déterminés. pas à la préparation des choses qui constituent le L'ognon nourrit et stimule; c'est cette double dessert, non plus qu'à la disposition des hors- propriété qui paraît avoir motivé son emploi dans d'æuvres; ils s'appliquent encore à la préparation de la plupart de nos préparations gastronomiques. tous les comestibles et de toutes les autres compo- sitions qui ont le sucre pour base et la distillation Soupe aux ognons (V. POTAGES). pour principe. Les principales opérations de l'of- Potage aux petits ognons blancs (V. le ficier sont les confitures et les sirops, les liqueurs même article). et les dragées. Le suc des fruits mucilagineux, dans lequel on Ognons farcis. — Épluchez une vingtaine de fait dissoudre du sucre et qu'on fait cuire à divers gros ognons, en ayant la précaution de ne pas en degrés, prend le nom de gelées (V. pages 170 et écorcher les têtes ni la dernière peau; après les suivantes). avoir fait blanchir et rafraîchir, égouttez-les sur un linge blanc, retirez-en l'intérieur avec un Les marmelavies sont des confitures liquides, vide-pomme; remplissez-les de chair à quenelles; obtenues avec la pulpe des fruits charnus mélan mettez-les dans une casserole plate, afin que vos gés avec du sucre, et devant avoir, à peu près, la ognons s'y trouvent sur un même plan; couvrez- consistance du miel (V. pages 172, 173 et 174). les de tranches de lard; assaisonnez-les avec un peu de sel et de sucre; faites-les partir à grand On appelle conserve, la pulpe d'un fruit qu'on feu, et les ognons étant cuits, faites réduire leur a fait réduire et confire au sucre, et dont la con- fond, et servez-les pour garniture d'une grosse sistance doit être à peu près égale à celle du même pièce. fruit cru, dans son état de maturité (V. pages 176 et suivantes). Ognons glacés. - Il faut choisir des ognons Lorsque les confitures n'ont pas élé soumises à blancs de la même grosseur, et les éplucher sans en la coction, de manière à pouvoir se conserver, on offenser la tête et la queue; on beurre le fond d'un leur donne le nom de compote (V. page 167, au sautoir, et l'on y range tous les ognons du côté de même article). la tête avec un peu d'eau et de sel, un peu de poi- OIE ( 346 ) OIE vre noir, un peu de sucre en poudre et un peu de ment et bien conservée. On l'emploie pour assai- beurre. On établit un rond de papier beurré par- sonner les légumes, et spécialement les épinards dessus les ognons, qu'on place sur un fourneau auxquels cette graisse communique une saveur dont le feu doit être assez ardent au commence particulière; on en fait aussi des rôties qu’on offre ment de l'opération. Lorsque le mouillement se en hors-d'œuvre, et qui ne sont pas à dédaigner, trouve réduit à moitié, on le met sur un feu plus quand on les assaisonne avec du jus de bigarade et doux, pour le faire tomber à glace. On n'a pas du soya. besoin d'expliquer ni détailler ici l'usage qu'on peut faire des ognons glacés. Oie rôtie (de la St-Martin). — Remplissez une oie de Normandie, bien grasse et bien blan- Ragout d'ognons. - Faites cuire des ognons che, avec une purée d'ognons cuits à la graisse de sous de la cendre chaude; après les avoir pelés, met- la léchefrite, et dans laquelle farce d'ognons vous tez-les dans une casserole avec trois cuillerées de ajouterez le foie de l'oie haché, douze chipolates, blond de veau et une cuillerée d'essence de jam- ei quarante ou cinquante marrons grillés ou rôtis , bon. Lorsque ce ragoût aura mijoté pendant vingt mais bien épluchés et bien assaisonnés de sel et minutes, il faudra le lier avec une pincée de fé- des quatre épices; servez-la sur une longue et cule, à laquelle on peut ajouter une petite cuillerée large rôtie, bien imbibée de son rôtissage et lé- de moutarde anglaise. C'est un ragoût très bien gèrement assaisonnée de gros poivre et de jus de approprié pour garnir les rôtis de porc frais, ainsi citron. C'est un gros plat de relevé qu'on mange que les oies grasses et les tronçons d'anguilles frites en famille, ainsi qu'il est assez connu par tous les à la cingarat. bonnêtes gens qui ont conservé les traditions de la Purée d'ognons à la bourgeoise. - Hachez fète St-Martin. et faites fondre à la poêle avec du beurre (ou de Oisons rótis. Faites-les cuire à la broche la graisse d'oie) trente ognons blancs, que vous pendant trois quarts d'heure, et puis servez-les aurez bien épluchés ; lorsqu'ils commenceront à passer au roux, délayez-y une demi-cuillerée de pour entrée, sur une purée de pommes de rei- nette assaisonnée de leur jus de rôtissage, ou, si fécule ou de fleur de farine; passez ensuite à l'é- vous l'aimez autant, sur une sauce Robert. tamine, et, si vous destinez cette purée pour en faire une sauce Robert, vous y mélangerez, deux O ison róti à l'anglaise. Préparez une minutes avant de servir, une cuillerée de moutarde jeune oie comme il est dit ci-dessus; hachez-en le au vinaigre épicé. foie ; épluchez trois gros ognons; coupez-les en Purée d'ognons à la Soubise. - Procédez petits dés; passez-les dans du beurre; faites-les ainsi qu'il est dit ci-dessus, mais ne laissez pas cuire à blond ; ajoutez-y une pincée de sauge bien roussir votre purée, et mélangez-y, lorsque les hachée, ainsi que le foie de loison, du sel et poivre ognons sont bien fondus , deux ou trois cuillerées fin; mêlez bien le tout ensemble; mettez cet appareil de purée de baricots blancs ; joignez-y une pincée dans le corps de cette oie; cousez-la ; mettez-la à de muscade râpée ; passez à l'étanıine, et réservez la broche; faites-la cuire comme ci-dessus, et ser- celte composition pour foncer les plats d'entrée vez-la avec un jus de bæuf ou un blond de veau réduit. qui vous seront indiqués. Oié à la choucroûte. Faites cuire une oie OIE. Toutes les variétés de la nombreuse fa- à la broche ou à la braise. Lavez la quantité de mille des canards et des oies ont la chair plus im- choucroûte nécessaire; mettez-la dans une casse- grégnée d'osmazôme que les autres volatiles de role avec des tranches de petit lård, un cervelas et nos basses-cours, et c'est par cette raison qu'elle des saucisses; mouillez avec du bouillon et la est plus nutritive et plus stimulante. Les jeunes graisse de l'oie; faites cuire à petit feu pendant oies sont assez faciles à digérer ; mais la chair des deux heures : dressez la choucroûte égouttée au- oies adultes ne saurait convenir qu'à des estomacs lour de l'oie, avec les saucisses et le cervelas que énergiques; il est bon d'ajouter, pourtant, que vous aurez dépouillé de sa peau, et coupé par lorsqu'ou lui fait subir une coction prolongée, c'est tronçons. un aliment dont on n'a pas grand chose à redou- ter. Galien, qui n'aimait pas les oies, nous a dé Oie à la flamande. - Lardez-la avec du claré, doctoralement, qu'il ne fallait en manger lard assaisonné; épluchez des marrons rôtis; pas- que le gesier, les pattes et le foie; relativement sez-les au beurre avec un peu de sucre, et rem- aux foies d'oies , voyez ce que nous en avons dit à plissez-en le corps de l'oie; mettez-la dans une l'article Foies gras, page 230. La graisse qui braisière ou une terrine juste à sa grandeur, avec découle de l'oie rolie doit être recheillic précicuse des bardes de lard dessus et dessous; mouillez OIL ( 348 ) OIL comme il est marqué page 279 dans la nomencla- |-geons, mais non pas des autres viandes ; déficelez ture des hors-d'æuvres. ces trois pièces cuites, et retirez-en les fils de couture qui ont maintenu leur farce; enfin passez OILLE (Olla-podrida). - Potage ou ragoût au tamis le surplus du bouillon pour le dégraisser, d'origine espagnole. Nous distinguons trois sortes avant de le verser sur votre oille. d'oilles, ou plutôt trois variétés dans les prépa- rations de ce grand mets : Olla-podrida. Il faut commencer par 1° L'ancien potage à la française, qui se trouve se procurer des chorizos et des garbansos. Les appelé grand-Ouitte par les cuisiniers du temps chorizos sont de petits cervelas pimentés dont de Louis XIII, et qui est l'oille-en-pot des let- nous avons donné la recette à l'article SAUCISSONS tres de madame de Maintenon. D'ESTRAMADORE, page 163. Les garbansos sont 20 La véritable olla-podrida, suivant sa for- une espèce de Cicerons ou gros pois-chiches qui mule étrangère ; c'est un mets tellement complir toujours à l'hôtel des Américains et chez M. Cor- sont infiniment savoureux et tendres; on en trouve qué, que les cuisiniers français ne mettent aucun empressement à le proposer sur leurs menus, et cellet, qui les fait venir directement des frontières c'est un plat assez dispendieux pour qu'on ne le d’Espagne, et surtout de la vallée d'Ossun dans serve jamais indifféremment ni fréquemment. Il les Pyrénées françaises, où ce produit farineux est à savoir que, chez les ambassadeurs d'Espagne, est toujours remarquable pour la grosseur de son . ce ragoût fait partie de la représentation diploma- volume et sa parfaite bonté. tique et du cérémonial officiel. Il paraît que c'est Vous étant donc prémuni de ces deux éléments un protocole obligé pour le dîner d'un grand indispensables à la composition d'une olla, vous d'Espagne ou d'un Titulado de Castille. prendrez dix livres de bæuf, et vous tâcherez que 3° L’Oille moderne, à la française. Ex- ce soit la pointe de la culotte . Il est superflu da- cellent plat de relevé, mais dont la somptuosité et de ficeler celte grosse pièce après l'avoir coupée jouter que vous aurez soin parer proprement n'a rien d'effrayant ou d'inaccessible. carrément; vous l'empoterez dans une marmite Oille en potage à l'ancienne mode. avec six pintes de bon bouillon, et vous y joindrez Ayez d'abord une belle poularde et deux gros pi- un carré de mouton dans son entier, trois livres geons; parez-les, videz-les et remplissez-les d'une de tendrons de veau, une forte rouelle de jambon, farce composée de mie de pain trempée dans du dessalé d'avance, un poulet normand, deux pi- consommé, où vous aurez délayé huit jaunes geons, un canard, deux vieilles perdrix, deux cail- d'æufs, et puis d'un ognon blanc, cuit sous la cen- les, une livre de petit lard, huit chorizos et deux dre, et de trois culs d'artichaut hachés ; laquelle livres de garbansos, que vous aurez fait tremper farce vous aurez assaisonnée de quelques feuilles pendant vingt-quatre heures dans de l'eau chaude, de cerfeuil et d'une pincée de muscade en poudre . en renouvelant cette même eau à sept ou huit re- Cousez le ventre de ces trois volailles, pour qu'elles prises, afin d'attendrir suffisamment l'épiderme de ne se vident point de leur farce, et ficelez leurs ces farineux : vous joindrez à l'appareil un nouet membres, afin qu'elles ne se déforment pas en de linge fin qui devra contenir trois piments, six cuisant ; placez-les alors dans une marmite de clous de gérofle, une pincée de brou de macis et terre, au fond de laquelle vous aurez mis d'avance un morceau de muscade, équivalant, pour la gros- six ou huit livres de grand beuf coupé par tranches seur, au quart de la noix. Laissons prodrir- assez minces, un jarret de veau de Pontoise en l'olla, pour vous occuper de la préparation des quatre morceaux, trois ognons, un panais, deux ca légumes. rottes et autant de navets, deux poireaux blancs fice Prenez quatre choux moyens, dits laitues pom- lés avec des tiges de pourpier, d'arroche et de bette-mées, vingt carottes avec autant de navets , que poirée; faites premièrement chauffer par-dessous vous couperez et tournerez le plus également pos- et sur un grand feu de charbon ; descendez ensuite sible; faites-les blanchir; mouillez-les avec le dé- votre marmite et mettez-la devant un feu plus graissis de votreolla; laissez-la bouillir, et, pendant tempéré pour l'écumer el la laisser se consommer ce temps, préparez douze culs d'artichauts bien tout doucement; au bout de cinq heures de cuis- nettoyés, et pelez vingt-quatre petits ognons que son, coupez des croûtes au-dessus d'un pain ton vous ferez cuire dans un autre vase avec une de- dre; arrangez-les dans un pot-i-oille, ou autre mi-chopine de votre bouillon de l'olla et un peu grand plat d'argent; mouillez-les dudit bouillon; de sucre; vous prendrez ensuite un demi-litron faites-les mitonner jusqu'à ce que le fond com- de haricots verts coupés en losange, de petites fè- mence à s'allacher au plat; dressez par-dessus le ves de marais, de filets de concombres, de pointes pain gratiné votre poularde escortée des deux pi- I d'asperges et de petits pois verts, que vous ſerez OIL ( 549 ) OLI éturer avec du même bouillon de l'olla, et chaque Les Navarrais font quatre plats solides avec le légume en particulier dans une petite casserole. surplus de l'oille en question. D'abord on sert l'é- Le tout se trouvant cuit à point et soigneusement clanche de mouton sur les garbansos, avec une préparé, vous égouttez vos viandes et vos légumes, sauce au bouillon de l'oille et au vinaigre, en y en ayant soin de les recouvrir pour les maintenir mêlant du cerfeuil et de l'estragon hachés; en se- chaudement; passez le bouillon de votre marmite; cond lieu, on dresse le lard avec les cervelas, sur faites-le dégraisser et clarifier avec des blancs les choux et les poireaux, auxquels on ajoute quel- d'aufs; passez-le à la serviette fine, et tenez-le que teinture ou décoction d'épices; troisièmement bouillant sur le coin du fourneau. on fait griller les cuisses ou quartiers d'oie pour Vous prenez alors vos choux et vos laitues que les manger avec de la moutarde au vin doux; et, vous placez sur un grand plat, dans l'ordre sui- finalement, on compose un excellent plat d'entre- vant : un quartier de chou, une carotte, une lai mets avec les pigeons qu'on a fait rissoler sur un tue, un navet, et ainsi de suite, jusqu'à ce que vous gratin d'oronges, d'olives, de tomates et d'auber- en ayez formé le cercle autour de votre plat en gines assaisonnées de graisse d'oie, de piment rouge forme de couronne, et c'est dans le puits du mi el de rocambole. lieu que vous mettrez les garbansos. Dressez vos On ne se figure pas chez nous combien l'écha- viandes au-dessus des pois-chiches, et faites un lote est délicate et la rocambole est finement sa- double cordon qui surmonte celui des premiers voureuse à Pampelune et à Viane, à Saint-Jean- légumes, au moyen des culs d'artichauts et de vos Piédeport (V. page 15). petits ognons; glacez toutes ces viandes et tous ces légumes avec le coulis provenant de votre bouillon OISEAUX (PETITS), c'est-à-dire rouges-gor- réduit. Vous servirez le consommé de l'olla dans ges, cublancs, pinsons, tarins, fauvettes et li- un vaste bol de porcelaine, à proximité du reste. nottes, car il faut toujours rejeter les moineaux, les hirondelles et les chardonnerets qui seraient Oille à la française. - Faites cuire en- semble, ainsi qu'il est dit ci-dessus, un chapon de leur sécheresse et de leur goût d'amertume; et tombés dans le même coup de filet. C'est à cause Cauchois ou de Barbezieux, deux filets-mignons c'est pour la même raison que le bouvreuil ne de mouton de Pressalė, deux perdrix et deux cer- doit jamais être admis dans ces réunions de petits velas de Paris, à défaut de saucissons d'Estrama- oiseaux. dure; ajoutez-y, en fait de légumes, un chou de Milan coupé par moitié, deux pieds de céleri, six les enfile avec des attelets au nombre de huit à dix On les enveloppe avec des lames de tétine, on petits ognons, deux caroltes coupées et deux pa- nais de l'espèce d'Allemagne ; au bout d'une heure broche, et puis on en garnit des plats de gibier par chacun de ces ustensiles , on les fait cuire à la de cuisson, joignez-y un litron et demi de garban- rôti , soit en les défilant pour en former une cein- sos des Pyrénées, et finissez l'olla par l'addition d'une forte pincée des quatre épices, que vous ture aulour du plat, soit en piquant ces attelets aurez délayée dans une demi-bouteille de vin de d'argent dans la grosse pièce , en forme de héris- Xerès ou de Pacaret sec, avec quelque peu de pi- ment de Cayenne et de poudre de kari; il faut égale- faisant griller en caisse au-dessus d'un gratin de On peut aussi préparer les petits oiseaux en les ment servir le consommé de l'oille à proximité des farce à quenelles, ou bien encore en les sautant viandes que vous aurez dressées en dômes au- dans de la moelle avec des fines herbes, du jus dessus et au milieu des légumes ci-dessus men- de bigarade et de la chapelure de pain bis. tionnés. Oille gratinée à la navarraise. - Meltez OLIVES. Les olives, telles qu'on les prend dans un vasc de terre une éclanche de mouton, deux sur l'arbre, sont d'une âcreté tout-à-fait insuppor- pigeons, trois cervelas, deux livres de petit Jard table, même à l'époque de leur maturité complète. et deux quartiers d'oie confits en sa graisse ; joi- On ne détruit cette âcrelé que par des infusions gnez-y un chou coupé en quatre, une botte de répétées et en faisant confire les olives dans l'huile poireau, une gousse d'ail, un piment rouge et ou la saumure; c'est ainsi qu'on nous les envoie, deux litrons de garbansos; faites cuire le tout avec et on les cueille, pour cela, avant la maturité du six pintes d'eau, et, lorsque le bouillon se trouvera fruit. Par l'effet de ces préparations, la partie ex- réduit d'un tiers, mouillez-en des tranches de pain tractive colorante perd de son âcreté, et ne con- que vous aurez coupées bien minces et que vous serve qu'une légère amertume, adoucie par le ferez gratiner sur des cendres rouges; vous l'arro- mélange naturel de son huile et par l'effet de la serez ensuite avec le bouillon suffisamment réduit, saumure. et voilà pour le potage. Les olives, ajoutées à des ragoûts, et qui ont son, OLI ( 350 ) ORA crus. éprouvé une cuisson plus ou moins avancée, sont servir. Ce ragoût est d'un très-bon emploi pour toujours meilleures et plus digestibles que lors-garnir certaines gibelottes aux viandes noires, et qu'elles sont mangées crues. pour foncer les plats qui doivent contenir des oi- Avant de servir les olives, on les lave et on les seaux maigres en entrée de broche (V. MAIGRE, met avec de l'eau dans un saladier ou dans un de MACREUSE, elc.). ces vases qui sont destinés aux hors-d'æuvres OMELETTE, préparation d'aufs battus et Les plus distinguées sont les olives de Vérone, cuits à la poêle (V. OEUFS, SOUFFLÉS, PANNE- les olives d'Espagne et les olives de Provence. Les QUETS, etc.). véronaises ont toujours eu la réputation d'être su- périeures aux autres. Les espagnoles, dont la cou OMBRE-CHEVALIER, variété de la truile. leur est d'un vert blanchâtre, et dont la saveur C'est le Thymalus des anciens, el ce nom lui pro- est légèrement amère, ne sont guère moins grosses venait de ce que sa chair a la saveur du thym. On qu'un æuf de pigeon. Il y a des olives de Provence en pêche assez fréquemment dans le lac de Ge- de plusieurs qualités et de plusieurs grosseurs; nève; mais ceux des lacs d'Annecy et du Bourget mais celles que l'on nomme picholines sont infi- ont toujours été les plus estimés et les plus renom- niment préférables à celles du Languedoc. On més. L'ombre-chevalier reçoit les mêmes prépa- emploie culinairement les olives en salade, en ra- rations que la truite ; ainsi nous renvoyons à cet goût et dans les gratins à la provençale. article. On en compose, dans les environs de Marseille et de Fréjus, un excellent hors-d'æuvre, en retirant ORANGE. Les gourmands de l'ancienne le noyau des olives après les avoir lessivées et Rome avaient en exécration l'odeur et la saveur passées à la saumure, et en remplaçant le vide des oranges, et principalement des citrons qui du même noyau par un hachis de câpres et de leur venaient de l'Asie-Mineure : nous voyons filets d'anchois. Ces olives farcies nous arrivent aussi qu'ils mettaient de l'assa - fætida dans dans de l'huile très-fine où l'on peut mélanger un presque tous leurs ragoûts. peu de suc d'orange amère ou de citron, au mo. C'est aux Portugais que nous sommes redeva- ment de les ranger dans leurs coquilles ou ba-bles de ces excellents fruits , et c'est pour cela teaux de hors-d'æuvres. Quant aux olives apprê- qu'on les appelait anciennement pommes de tées en ragoût, dont nous allons donner la for- Portugal. Les Portugais n'en cultivent que d'une mule, il est assez connu qu'on peut les employer seule espèce, ct la meilleure de toutes les auran- également dans les étuvées de canard à la braise tiacées est, sans contredit, celle de la Chine. Les et les ragoûts de faisan, les salmis de bécasses, de deux variétés qu'on y estime le plus ne sont pas pluviers, de sarcelles, de bécharuts, d'oisillons plus grosses que nos boules de billard ; la peau en sauvages, etc. est d’un jaune tirant sur le rouge, odorante, unie et pourvue d'un arôme approchant de celui Ragoût d'olives. - Passez au beurre un du cédrat. Nice, la Ciotat et Grasse, les îles peu de ciboule et de persil hachés ; ajoutez-y deux d’Hyères, la côté de Gênes, l'île de Malte, les cuillerées de jus ou de cuisson d'une braise, Canaries, Mayorque, le Portugal, et même la de bouillon réduit à moitié, un verre de vin blanc, Chine , sont les lieux d'où l'on tire habituellement des câpres, un anchois et des olives tournées , les oranges que nous consommons en France ; c'est-à-dire dont on a séparé la chair du noyau mais, parmi celles qu'on peut se procurer à Paris en la coupant en spirale avec un couteau à lame sans embarras, on peut affirmer que les meilleu- étroite ; ajoutez encore un peu d'huile d'olives, un res oranges sont toujours celles de Malte et de bouquet de fines herbes; faites jeler un bouillon : Lisbonne. liez la sauce, s'il est nécessaire, avec deux ou trois marrons bien écrasés. On appelle oranges vineuses celles qui sont couleur de pourpre et qui ont le goût relevé, et Ragoût d'olives à la Maillebois. Après l'on nomme oranges mouilleuses celles qui con- avoir journé des olives d'Espagne ou de la grosse tiennent beaucoup de jus. espèce de Provence, mettez à la place du noyau On extrait des huiles aromatiques de la fleur, que vous en retranchez proprement, et sans dé- des zestes et du fruit entier de l'orange. L'huile chirer les chairs du fruit, une petite quenelle de de Néroli est celle que donnent les fleurs par le farce maigre. Faites cuire cette composition dans moyen de la distillation. La plus parfaite se ſait à un jus de racines où vous ajouterez du coulis de Rome; elle est assez bonne en Provence, et elle poisson, avec un demi-verre de vin de Madère et est encore meilleure à Paris. L'huile qui se tire deux cuillerées de fine huile verte au moment de des zestes et de la peau de l'orange par le moyen ou - ORG ( 381 ) OSE de l'eau et de l'alambic est renommée pour la légèrement et qui rafraîchit, convient beaucoup bonté de son parfum. L'huile qu'on appelle de aux convalescents. petit grain est celle qui se fait avec de petites Pour les personnes en bonne santé, on peut oranges qu'on fait infuser pendant cinq ou six laisser l'orge dans les potages. jours, et qu'on distille avec la même eau dans un On prépare de la même manière la crème d’orge alambic; cette huile est d'un jaune doré et d'une à l'eau et au lait : on passe avec expression, et on odeur forte, mais agréable. Ces huiles se font à ajoute du sucre ou du sirop de capillaire. Grasse, à Biot (à trois lieues de Grasse), aux Can- nettes et à Nice; mais on les sophistique assez ORGEAT et EAU D’ORGE (V. PHARMA- souvent avec de l'huile de Ben. CIE DOMESTIQUE). Relativement à l'emploi qu'on fait des oranges, ORONGE, excellente espèce de champignons ainsi que de leurs écorces, de leurs fleurs et de leur jus, tant à la cuisine que dans les compositions qui se trouve rarement au milieu de la France, et d'office (V. COMPOTES, CONFITURES, CONSERVES, nc croît jamais dans le nord de l'Europe. Il reçoit GELÉE, MARMELADE, RATAFIA , SIROP et SOR- les mêmes apprèts que les autres fongus comesti- BETS). bles (V. CHAMPIGNONS, MORILLES, etc.). ORANGE MUSQUÉE, poire qui mûrit au ORTOLAN. « C'est, comme on sait, le roi commencement d'août, et qui comprend dans ses des petits pieds, » et le meilleur apprêt qu'on variétés l'orange tulipe et l'orange verte. Elle puisse leur faire est de les enfoncer dans des co- est abondamment pourvue d'une eau très-sucrée quilles d'aufs de poule où l'on ajoute un peu de et d'un parfum tout particulier. Elle est assez sel blanc , et dont on lule le petit couvercle avec grosse de forme, plate et ronde ; son æil est en- de la pâte, afin de les faire cuire dans l'eau sans autre préparation. Comme il y a des personnes à foncé, son coloris est vert et incarnat sur une peau rugueuse : elle est classée parmi les meil- qui cetle exhumation d'un ortolan pourrait leurs et les plus beaux fruits à la main. donner la fausse idée d'un poussin mort-né dans un euf couvé, on a renoncé presque partout à ORANGEADE, boisson qui se compose avec cette ancienne manière de servir ces petits oi- du jus d'orange et du jus de citron auxquels on seaux; et le plus sûr est toujours de les accommo- joint du sucre (V. page 268). der comme les bec-figues et les rouges-gorges, c'est-à-dire enfilés dans des attelets et cuits à la ORCHIS, genre de plantes dont les espèces broche en douze ou quinze minutes, ainsi que sont très-nombreuses. Ce sont des bulbes d'or- nous l'avons déjà dit page 199. chis séchées et pulvérisées qui produisent le salep et l'arrow-root. ORVALE ou TOUTE-SAINE, espèce de sauge dont l'arôme a beaucoup de rapport avec OREILLES d'agneau, de cerf, de porc et de celui des raisins muscals. Il est bon d'employer veau (V. ces divers articles). ses feuilles séchées dans les saumures et les brouets où l'on fait mariner les viandes noires et ORGE, plante céréale assez connue. La farine cuire les grosses pièces fumées. qui provient de ce graminée ne contient presque pas de gluten, mais beaucoup de fécule unie à une OSEILLE, plante potagère dont il existe sept substance mucilagineuse ; d'où vient qu'elle ne variétés. La première est l'oseille à la pares- produit qu'une sorte de pain fort indigeste et peu seuse, parce qu'une seule feuille en est si grande qu'elle peut suffire à la confection d'un potage. L'orge perlé, c'est-à-dire entièrement dépouillé l'oseille dite de Belleville est celle que l'on em- de sa pellicule et réduit à la forme d'une petite ploie le plus communément dans la cuisine, et perle, peut remplacer le riz dans beaucoup de nous n'avons pas plus besoin de parler ici de préparations alimentaires. On en fait, en Allema- l'oseille sauvage que de l'oseille-alleluia, qui gne, un grand usage pour garnir des potages et ne sont cultivées que par les botanistes. composer des entremets. Soupes à l'oscille (V. POTAGES). Potage à l'orge perte. Faites tremper l'orge dès la veille dans l'eau froide; égouttez-le Purée d'oseilles au maigre. Hachez de et faites-le crever dans du bouillon ; quand il est l'oseille, de la poirée, de la laitue et un peu de bien crevé, prolongez l'ébullition pour que le cerfeuil; mettez-les à sec dans une casserole, en bouillon se charge de tout ce qui est soluble ; remuant loujours jusqu'à ce que ces herbes soient passez avec expression. Ce potage, qui nourrit ! bien fondues; ajoutez un bon morceau de beurre, savoureux. PAI ( 332 ) PAI et tournez jusqu'à ce que l'oseille soit bien passée; de bonne viande, contient toujours une proportion assaisonnez de sel et gros poivre; faites une liaison suffisante d'osmazôme. de trois jaunes d'aufs avec de la crème; versez-la Dans les viandes rôties, il paraît que les pro- dans l'oseille, et servez très-chaud. priétés de l'osmazôme sont exaltées par l'action du Purée d'oseille au gras. feu ; peut-être s'en forme-t-il de nouvelle aux dé- Faites fondre l'oseille comme il est dit ci-dessus; si elle rend pens de quelques autres principes, et ce qu'il y a trop d'eau, retirez-en ; quand elle sera bien fon- au-feu quelques débris de viandes rôties, on oh- de certain, c'est que lorsqu'on ajoute au pot- due, ajoutez-y du beurre, et tournez jusqu'à ce que tient un bouillon beaucoup plus sapide qu'en em- le beurre commence à frémir; mouillez avec du jus, un fond de cuisson, du jus de rôti ou du ployant seulement des viandes crues. On pourrait certainement tirer parti de cette propriété des bouillon réduit. Servez-vous de cette farce en guise de litière ou garniture. viandes rôties pour faire, avec peu de viande et au moyen d'une addition de gélatine, du bouillon OSMAZOVE. C'est le principe qui fournit très-sapide et très-nutritif. la sapidité des viandes et celui qui donne le goût au bouillon. Les viandes colorées en contiennent OUTARDE. On en voit quelquefois dans la beaucoup plus que les viandes blanches, et la chair Nord-Hollande et l'Oost-Frise, qui n'ont pas moins des jeunes animaux en est presque entièrement de trois pieds de hauteur et de cinq pieds d'en- dépourvue. L'osmazôme excite l'appétit et stimule vergure; en sorte qu'on peut considérer cet oi- les organes digestifs. On est parvenu à isoler ce seau comme le plus grand des volatiles après le principe, et, dans cet état de pureté, on le pres- condor. La chair en est excellente ; mais la con- crit à petites doses aux personnes dont l'estomac sistance, la saveur et la couleur en sont variées est irritable. suivant les différentes parties de l'animal; ainsi la poitrine de l'outarde a beaucoup de rapport avec OS. Les os de tous les animaux sont composés le blanc de nos volailles , tandis que la partie des de phosphate de chaux et de gélatine : cette der- cuisses et du ventre est tout-à-fait analogue à la nière substance y est dans une si forte proportion chair du lièvre ou du pluvier doré. Il faut ap- qu’une livre d'os contient plus de gélatine que prêter l'outarde ainsi que le grand coq des bois plusieurs livres de viande. Les os qu’on fait bouil- et la poule de bruyères (V. pages 181, 199 lir ne perdent leur gélatine que par leur surface et 293). et jusqu'à une petite profondeur ; pour en ex- traire davantage, il faut donc multiplier, autant OXALIS, plante qu'on emploie, dans quel- qu'il est possible, les surfaces, et voilà ce qu'on ques pays, aux mêmes usages que l'oseille po- peut obtenir en brisant les os. tagère. La gelatine des os n'est pas mélangée d'osma C'est de l'oxalis qu'on a retiré, pendant long- zòme; elle est insipide, comme l'est celle des temps, l'acide oxalique, autrement dit sel d'o- viandes blanches; mais elle ajoute à la propriété seille ; mais il paraît qu'on l'obtient aujourd'hui nutritive du bouillon, qui, lorsqu'il est fait avec par l'action de l'acide nitrique sur le sucre. P. PAIN. Choix du pain. -- On sait que le un ressort quand on la presse , ct elle a quantité meilleur pain est celui de farine de froment. d'ails petits et nombreux. Il faut choisir le pain, relevé dans sa forme et Il faut que le pain n'ait aucun goût d'ai- sans baisure; il faut que la croûte en soit unie et greur, ni d'amertume, ni de poussière, ni de fa- d'une couleur jaune, ni trop claire, ni trop sombre. rinc échauliée. On doit le prendre d'une pâte ni trop cuite, ni On dit communément que le pain, pour être trop matte. bon à manger, doit avoir un jour ; comme la La mie d'un pain tendre doit se relever comme farine pour faire la pâte, doit avoir un mois, et PAI ( 353 ) PAI le grain avant de le faire moudre doit avoir | propre à améliorer le pain : c'est l'écume qui se un an. forme à la surface de ces liqueurs, pendant la fer- En général, l'état où le pain est le meilleur, mentation, dont on use en guise de levain. Cette c'est lorsqu'il est tendre et tout-à-fait refroidi. écume, introduite et délayée dans la pâte de fa- Il n'y a que le pain de millet qui n'est bon que rine, la fait lever encore mieux et plus prompte- lorsqu'il est mangé chaud. ment que le levain ordinaire; elle se nomme le- Nous terminerons cet article en donnant le sens vure de bière, ou simplement levure. C'est par de deux mots que plusieurs de nos lecteurs pour son moyen qu'on fait le pain le plus délicat, et qui raient ne pas comprendre : Fraser veut dire s'appelle pain mollet. Il arrive assez souvent que rendre la pâte plus sèche en y mettant de nou le gros pain, qui a été fait avec du levain de pâte, velle farine, afin de la pétrir de nouveau ; contre a une saveur tirant sur l'aigre, et qui est très- fraser signifie donner le troisième tour à la pâte désagréable; cela peut tenir à ce que l'on a mis ferme. dans ce pain une trop grande quantité de levain, Quoique la panification systématique ne soit pas ou de ce que la fermentation du même levain était du ressort de la cuisine, nous croyons devoir don- trop avancée. On ne remarque jamais cet incon- ner quelques notions précises et succinctes sur la vénient dans le pain fait avec la levure; ce qui théorie du boulanger. On trouve partout du blé, vient apparemment de ce que la fermentation de de la levure et de la farine de froment; mais il y cette levure est moins avancée que celle du levain, a des pays où le pain fabriqué par les nationaux ou de ce qu'on met plus de sollicitude à la fabri- n'est pas mangeable, et, de plus, il y a des locali- cation du pain mollet qu'à celui du pain de mé- tés de province où (quand on achète celui des nage. maîtres) il est quelquefois difficile de se procurer Le pain bien levé et cuit à propos diffère donc du pain tendre, on ne dira pas seulement tous les absolument d'un pain mal fabriqué, non-seule- matins, mais tous les jours. ment parce qu'il est beaucoup moins compacte et C'est à l'attention de bien faire lever la pâte d'une saveur plus agréable, mais encore parce avant de la faire cuire, qu'on doit presque tou- qu'il se trempe aisément, et qu'il ne fait pas, jours attribuer le plus ou moins de bonté du pain. quand on l'imbibe, une colle visqueuse, ce qui est Cette opération consiste à garder un peu de pâte d'un avantage infini pour la digestion. jusqu'à ce que, par une sorte de fermentation spi- | Les diverses espèces de farine dont on se sert ritueuse qui lui est particulière, elle se soit gon- pour la fabrication du pain français, sont la pure flée, raréfiée, et ait acquis une odeur et une sa fleur de farine pour le pain mollet, la farine blan- veur qui ont quelque chose de vif, de piquant et che pour celui de ménage, et la farine mêlée de de spiritueux mêlé d'aigre. On pétrit exactement griot pour le pain bis. cette pâte fermentée avec de la pâte nouvelle, et Le pain se fait avec de la farine de maïs dans la ce mélange détermine promptement cette dernière plus grande partie de l'Asie, de l'Afrique et de pâte à éprouver elle-même une pareille fermen- l'Amérique; outre le maïs, les Américains y joi- tation, mais moins avancée et moins complète que gnent encore la racine de cassave, dont le suc ré- celle de la première. L'effet de cette fermentation cent est un poison, mais dont la farine fournit un est de diviser, d'atténuer la pâte nouvelle, d'y dé- pain délicat et nourrissant. velopper beaucoup de gaz, qui, ne pouvant se dé Le pain bis est le nom de la moindre espèce de gager entièrement, à cause de la ténacité et de la pain; on le fait avec une partie de farine blanche consistance de la pâte, y forme de petites cavités, et des griots fins et gros. On y mêle aussi des re- la soulève, la dilate et la gonfle, ce qui s'appelle la coupes, mais ce n'est que dans les temps de di- faire lever; et c'est par cette raison qu'on a donné sette ou de cherté des grains. le nom de levain à la pâle ancienne qui déter Le pain bis-blanc signifie le pain au-dessous mine tous ces effets. du blanc, et il est composé de farine blanche et Lorsque la pâte est ainsi levée, elle est en état de griot. d'être mise au four, où, en se cuisant, elle se di Le pain blanc est le nom qu'on donne au pain late encore davantage par la raréfaction des gaz, fait de farine tirée au bluteau après la fleur de et puis elle forme un pain léger, complètement farine. différent de ces masses lourdes, compactes, vis Le pain chaland est très-blanc et fait de pâte queuses et indigestes qu'on obtient en faisant cuire broyée. de la pâte qui n'est pas assez bien levée. Le pain de chapelle est un petit pain fait avec L'invention d'appliquer à la fermentation de la une pâte bien battue et fort légère, laquelle est pâte la levure de bière ou le résidu des vins de ordinairement assaisonnée de beurre ou de lait. grain a procuré encore une nouvelle matière très Le pain de chapitre est une espèce de pain 23 PAI ( 534 ) PAI supérieur au pain chaland, qu'on peut regarder] » nière. Or, quand nous habiterons une campagne comme le plus mollet parmi les pains mollets. » éloignée, ou que les boulangers de province nous Le pain à la Reine est de toutes les espèces de donneront du pain de mauvaise manipulation, c'est petits pains celui qui se fait avec la pâte la plus » alors que nous serons heureux de pouvoir offrir forte et la plus ferme. » à ceux que nous sommes spécialement chargés Le pain à la Ségovie est fait avec une pâte de bien faire vivre, du pain qui ne le céderait en d'un tiers plus forte et plus dure que celle du pain » rien à celui de nos boulangers de Paris. Cela à la reine. » serait fort aimable pour les maîtres, j'en con- Le pain de rive est un pain qui n'a point de viens, mais peut-être fort déplaisant pour nous ; biseau, ou qui en a très-peu. «Il ne manquera » car le même homme ne peut être à la fois cui- ” pas, dit Molière dans son Bourgeois gentil- » sinier et boulanger ; mais il doit en charger son » homme, de vous parler d'un pain de rive, re » aide et le surveiller dans l'opération, à moins » levé de croûtes croquantes sous la dent. » » que ce ne soit un aide-pâtissier : alors celui-là » doit être l'homme de la chose, » Méthode pour conserver la levure. Bat- tez une certaine quantité de levure jusqu'à ce Méthode pour faire le pain. qu'elle soit claire ; étendez-en une couche mince dans un plat de bois propre et sec; renversez-le afin de préserver la levure de la poussière, mais Mettez six livres ou un demi-boisseau de farine non pas de l'air qui doit la sécher; quand cette sur le tour; faites une fontaine au milieu, dans première couche est sèche, mettez-en une autre, laquelle vous mettez un demi-quarteron de le- et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il y en ait trois vure; faites votre détrempe à l'eau tiède ; faites pouces d'épaisseur. On peut alors la conserver fort en sorte qu'elle soit de la consistance de la pâte long-temps et en bon état dans des boîtes d'étain. à brioche, et travaillez bien votre pâte, en y joi- Quand on en a besoin pour les détrempes, on en gnant deux onces de sel fin délayé dans un peu coupe un morceau qu'on fait fondre dans de l'eau d'eau tiède ; couvrez et mettez-la chaudement tiède, et qu'on emploie comme la levure fraîche pour qu'elle puisse fermenter et lever : la bonté (V. l’Art de faire le pain, par Edlin; traduit du pain dépend des soins donnés à cette partie de l'anglais). de l'opération ; après avoir laissé la pâte en cet état une heure ou deux, selon la saison, vous la Moyen de faire la levure avec des pom- pétrissez de nouveau, la couvrez et la laissez en- mes de terre. Faites cuire des pommes de core deux heures dans cet état. Pendant ce temps, terre farineuses jusqu'à ce qu'elles soient bien chauffez le four, et, lorsque vous l'avez bien net- molles; pressez, écrasez-les, et versez-y assez toyé, divisez la pâte en huit parties égales, et d'eau chaude pour leur donner la consistance de formez-en des pains de la forme que vous croyez la levure de bière ordinaire ; ajoulez pour une la plus agréable; placez-les dans le four le plus livre de pommes de terre deux onces de mélasse, promptement possible : lorsqu'ils sont cuits, vous et, quand le tout est chaud, ajoutez-y pour frottez la croûte avec un peu de beurre, afin de chaque livre de pommes de terre deux gran- leur donner une belle couleur jaune. des cuillerées à soupe de bière; gardez le tout chaudement, jusqu'à ce qu'il ait cessé de fermen Pain français en routeau. - Prenez six ter, et en vingt-quatre heures il sera prêt à être livres de farine tamisée ; déla yez-la avec deux mis en usage. Une livre de pommes de terre pro- pintes de lait, trois quarterons de beurre tiède, duit environ une pinte de levure, et elle se con une demi-livre de levure et deux onces de sel; serve trois mois. Cette levure remplit si bien le quand le tout est bien mêlé, pétrissez-le avec une but, qu'on ne peut distinguer le pain qui en con- quantité suffisante d'eau chaude ; le tout suffisam- tient de celui qui est fait avec la levure de bière ment travaillé, couvrez la pâle, et laissez-la deux (Edlin). heures pour l'épreuve; ensuite moulez-la en rou- « Je crois rendre service à mon état, dit M. Ca- leau que vous placez sur des plaques ou plafonds » rême, en donnant la méthode de faire le pain d'a élamés, et laissez-les sur le four ou dans une » près les procédés de M. Edlin. étuve à chaleur molle, afin qu'ils puissent s'apprê- » Les hommes de bouche qui voyagent avec des ter ; une heure après, placez-les dans un four » maîtres amateurs de bonne chère, pourront dés- très-chaud pendant vingt minutes; ràpez-en le » ormais, à l'aide de cette méthode, se procurer dessus lorsqu'ils sont cuits. On peut les mettre de » du pain frais tous les jours. Cependant nous préférence sur du papier beurré : ils n'en font » pourrons en user ainsi toutes les fois que notre que plus d'eilet en les cuisant, et ceci les rend infi- service de cuisine n'en souffrira en aucune ma niment plus légers. PAI ( 583 ) PAN Pain å la terrine ou à la grecque. ton mêlé d'impatience et d’affliction, comment Mettez dans une grande terrine un demi-boisseau pouvez-vous et comment osez-vous me faire une de belle farinc; faites en sorte que le vase et la question pareille? Qu'est-ce que vous pourriez me farine soient un peu chauds (mettez sur le four ou présenter convenablement, sinon les deux plats à l'étuve une heure avant de faire le pain), et d'ancienne étiquette?- Apprenez donc, monsieur, mettez trois onces de levure et une quantité d'eau qu'un jour comme aujourd'hui vous ne pouvez et de lait suffisante, pour que votre pâte soit mol- servir devant moi que des pigeons au gros sel et lette, et ajoutez deux onces de sel ; étant bien tra- du pain d'épice! Comment se fait-il que mon vaillée, tenez-la couverte pendant trois heures sur Contrôleur ne sache pas cela ?.... le four ou dans une étuve, et coupez-la en huit pains, que vous mettez dans des terrines beurrées; PALAIS de bœuf en filets marinés, au gratin, mettez tout de suite au four très-chaud ; quand le à l'allemande, en coquilles, en crépinettes, etc. pain est à peu près cuit, ôtez-le des terrines, et (V. page 86 et suivantes). placez-le sur des plaques ou plafonds pendant quelques minutes, afin que la croûte puisse pren PALOMBE, oiseau de passage un peu plus dre couleur ; ensuite enveloppez-le de flanelle. gros que le ramier. Il est plus commun dans les Lorsque vos pains sont froids, vous les chapelez. Pyrénées que partout ailleurs. Il reçoit les mêmes Le pain préparé de la sorte est beaucoup plus apprêts que le pigeon sauvage et la tourterelle. léger que celui des boulangers, et, lorsqu'il est coupé, il a l'apparence d'une ruche. Il importe PANADE, sorte de potage composé de mie de remarquer que la pâte doit être aussi travaillée de pain qu'on fait mitonner avec de l'eau, du et aussi molle que celle du solilemne (V. cet ar beurre et du sel, et dans lequel on ajoute, au mo- ticle). ment de servir, une liaison composée de jaunes d'eufs et de crème fraîche. (V. POTAGES.) PAIN D'ÉPICE. Cette espèce de gâteau, dont la base est de la farine de seigle et du miel, PANAIS, racine fusiforme avec laquelle on est, depuis les temps les plus reculés, fabriquée à doit assaisonner le bouillon gras qu'on nomme Reims. Du temps de Louis XII, c'est-à-dire à la vulgairement pot-au-feu. Il ne faut user du pa- fin du XVe siècle, il jouissait d'une grande répu- nais qu'avec précaution, car il est d'une sapidité tation, et celui qu'on fabriquait à Paris n'était très-forte. qu'au second rang. On cultive et l'on mange souvent, en Allema- Au commencement du xviir siècle, il était d'u- gne, une espèce de petit panais farineux et sucré, sage de faire présent de croquets et de nonettes dont on fait un hochepot avec des carrés de porc de Reims; aujourd'hui, le pain d'épice est aban- frais et des filets de biche. donné aux enfants, mais il ne s'en fait pas moins un commerce assez considérable. Le pain d'épice PANCALIERS, espèce de chou que l'on peut pour les vers déguise le remède et remplit effica- manger à la fin du printemps, et qui tire son nom cement son but. de la ville de Pancaliers, en Piémont, d'où il a été Il n'arrive guère aujourd'hui qu'on voie servir apporté par le célèbre La Quintinie, premier jar- du pain d'épice au dessert, à moins que ce ne soit dinier potagiste de Louis XIV. pour des repas de chasse ou des goûters de pen- sionnaires. PANER. C'est l'action de couvrir de chape- Nous avons entendu raconter que le dernier lure ou de mie de pain des viandes qu'on veut faire maréchal de Mouchy venait de perdre un de ses griller ou frire; on pane également des ragoûts beaux-frères, contre lequel il avait plaidé pendant entiers lorsqu'on veut leur faire prendre couleur longues années, et qu'il était solennellement assis au four ou sous le four de campagne. dans le salon de son appartement au château de Versailles, où il écoutait des compliments de con PANNEQUETS. - Mettez dans une terrine doléance avec beaucoup de gravité. Comme il était deux cuillerées à bouche de farine , trois jaunes là depuis son retour de la messe du roi, et que d'aufs et deux aufs entiers, un peu de sel et l'heure du dîner s’approchait, le contrôleur du quelques gouttes d'eau de fleur d'orange; délayez maréchal, car il avait accordé le titre de contrôleur bien le tout , et achevez de le délayer avec du lait à son maître-d'hôtel, cet officier, disons-nous, osa (il faut que cet appareil soit clair) : prenez une prendre sur lui d'interrompre la cérémonie des petite poêle ronde et creuse, chauffez-la, essuyez- compliments pour venir lui demander ses ordres. | la; mettez du beurre gros comme la moitié d'une - Hé! mon Dieu ! lui dit le maréchal avec un noix dans plusieurs épaisseurs de papier en forme 23. PAS ( 356 ) PAT de petit sachet; frottez-en votre poêle partout ; PASTILLAGE et PASTILLES (V. DRA- mettez dans cette poêle une cuillerée à dégraisser GÉES, GRILLAGE, depuis la page 207 jusqu'à la pleine de votre pâte ; tournez-la sur tous les sens, page 214. Voyez aussi le chapitre intitulé : PHAR- afin de bien étendre le pannequet, lequel doit MACIE DOMESTIQUE). être bien mince et bien égal partout : lorsqu'il sera cuit, renversez-le sur le plat que vous devez PASTOURELLE, sorte de poire analogue servir; étendez dessus votre pannequet, saupou- à celle du beau rousselet, dont la chair est tendre, drez-le de sucre, et continuez ainsi, pour les au- beurrée et n'ayant jamais ni marc, ni picrres. tres, jusqu'à ce que vous ayez employé la totalité Elle réussit très-bien en compote à la portugaise, de votre appareil. et l'on s'en sert aussi pour foncer des flancs et On recouvre quelquefois les pannequets avec garnir des tourtes d'entremets. un enduit de confiture; mais ceci masque leur goût, et c'est une recherche que nous ne saurions PATATE, autrement appelée pomme de terre sucrée d'Espagne. Ce légume est origi- approuver. naire de Saint-Domingue, et l'on peut en tirer un PANNE. On appelle ainsi la graisse abdomi- très-bon parti pour le service d'entremets. nale du porc avec laquelle on opère le sain-doux, Patates au beurre. Faites-les cuire à la dont nous avons indiqué la formule de préparation vapeur ; ôtez la peau qui les enveloppe et coupez- page 142 et suivantes. les en deniers; mettez-les dans une casserole avec PAON. Cet oiseau n'est d'aucun usage en un morceau de beurre et du sel en suffisante quan- cuisine; mais les paonneaux de l'année sont un lité; sautez-les sans autre préparation. manger délicieux. On ne les sert jamais qu'en Patates en beignets. Patates en beignets. - Prenez des patates, plat de rôt , cuits à la broche et finement piqués lavez-les , ratissez-les ; coupez-les de la même de lardons assaisonnés secundum artem , ainsi longueur que l'on coupe les salsifis : faites-les ma- que nous l'avons formulé magistralement au troi- riner une demi-heure dans de l'eau-de-vie, avec sième paragraphe de la page 15. une écorce de citron; lorsque vous voudrez vous en servir, égouttez-les, trempez-les dans une pâte PARMESAN, fromage qui se fabrique en légère, et faites-les frire de manière à ce qu'elles Italie, dans l'État de Parme et le pays de Mo- dène. Quant à l'emploi culinaire du parmesan les et saupoudrez-les de sucre. soient d'une belle couleur; égouttez-les, dressez- (V. MACARONI, LASAIGNES, RAMEQUINS et FON- DUES). Frangipane de patates. — Faites cuire des patates à la vapeur : leur cuisson achevée, ôtez- PASSARILLES, raisins secs qui se prépa- en les peaux; mettez vos patates dans un mortier, rent à Frontignan et qui sont fort estimés chez pilez-les, et puis retirez-les dans un vase ; ajou- l'étranger. tez-y quelques aufs entiers, un peu de beurre, un peu de sel, un peu de citron ràpé, quelques ma- PASSOIRE, ustensile de cuisine et vase carons amers réduits en poudre, un peu de sucre, creux percé de trous, qui sert à filtrer grossière- et servez-vous-en comme d'une frangipane pour ment des liquides épais. C'est dans une passoire tous les entremets de pâtisserie que vous voudrez qu'on écrase les légumes dont on veut faire des confectionner. purées; la pulpe passe et les pellicules restent. On a des passoires dont les trous sont plus ou moins PATE. On appelle ainsi les différentes ma- grands : on en fait aujourd'hui dont les trous sont nières d'apprêter les farines en les détrempant avec extrêmement petits : on s'en sert pour passer le de l'eau ou d'autres liquides. bouillon et les sauces liées. Pâle à dresser. Les passoires de fer-blanc sont préférables à Prenez un quart de fleur celles de cuivre ; celles-ci contiennent presque de farine; mettez-le sur un tour à pâte; formez un trou au milieu de cette farine, assez grand toujours du vert-de-gris au pourtour intérieur des trous : il n'y en a pas assez pour empoisonner, pour contenir l'eau; manicz une livre de beurre ; mais il y en a suffisamment pour donner des co- mettez-le au milieu de ce trou, dit fontaine ; ajoutez-y une once de sel fin; versez de l'eau, et liques dont on ignore la cause. lorsque vous avez la vé vos mains (soit dit une fois PASTÈQUE, espèce de cucurbitacée à peau pour toutes), prenez peu à peu la farine; maniez lisse : les pepins sont disséminés dans la chair, bien votre beurre; pétrissez bien votre påte; lors- qui est rouge et aussi sucrée que celle du melon. qu'elle sera en masse et bien ferme, tourez-la (V. HORS-D'OEUVRES). deux ou trois fois, c'est-à-dire écrasez-la avec les PAT ( 337 ) PAT paumes des mains; cela fait, ramassez votre pâte cela arrive, il se trouvait trop de farine dessus, en un seul morceau; moulez-la; à cet effet , sau-époussetez-la légèrement avec un pinceau de plu- poudrez votre tour d'un peu de farine; ensuite mes, et passez-en un autre un peu mouillé sur mettez votre pâte dans un linge un peu humide; | votre pâte, pour qu'elle se lie bien ; lui ayant laissez-la reposer ainsi une demi-heure avant de donné son dernier tour, laissez-la reposer ;'cou- l'employer; vous pouvez la faire à cinq ou six li- | vrez-la d'un linge pour qu'elle ne se hâle point. vres par boisseau; celle à quatre livres sert ordi- Si c'est un gâleau ou un objet rond que vous vou- nairement pour les gros pâtés froids et les tim- lez faire, prenez les quatre pointes de votre pâte, bales froides ; celle à cinq ou six livres par ramenez-les au centre du carré, de manière qu'ils boisseau, et en ajoutant un œuf par litron , sert se touchent sans se croiser, et ainsi des autres pour les pâtés chauds, les timbales de macaroni et parties, afin d'en faire une masse ronde; cela fait, autres. abaissez votre pâte avec le rouleau, et formez-en, Pâte brisée. Prenez un quart de farine, soit un gâteau, comme il est dit, ou le fond d'une plus ou moins, si le cas le requiert; passez-la au tourte, etc. tamis; mettez-la sur votre tour à pâte; faites un Pâe à nouilles. Mettez un demi-litron de trou au milieu, appelé fontaine; mettez-y une once de sel fin et une livre et demie de beurre farine sur votre table; formez une fontaine au manié; versez de l'eau ce qu'il en faut pour faire miliei; cassez-y trois ou quatre eufs; ajoutez-y votre pâle d'une consistance ferme; maniez ce un pu de sel et un peu d'eau pour le fondre, et beurre et cette farine ensemble , sans trop diviser du Jeurre gros comme une noix ; formez du tout le beurre; assemblez le tout à force de bras, et, unepâte, la plus ferme possible; fraisez-la avec s'il est nécessaire, arrosez-la d'un peu d'eau; fai- la aume de la main, assemblez-la, laissez-la re- poer; donnez-lui un tour ou deux ; séparez-la les-en une masse; saupoudrez votre tour de fa- rine, et mettez votre pâte dessus; moulez-la , lais- en quatre parties, dont vous ferez autant d'a- basses le plus mince possible; coupez-les par sez-la reposer, couvrez-la d'un linge humide, et bndes de la largeur d'un pouce et demi; sau- servez-vous-en pour des gâteaux de pâte brisée, pour le fond de divers entremets ; à ce sujet, don- pudrez-les légèrement de farine ; coupez-les de nez-lui trois ou quatre tours, selon que le beurre i grosseur d'un fort vermicelle, et le plus égale- se trouve divisé, ct, s'il l'est peu, donnez-lui plus laissez-les une heure ou deux à l'air, et pendant ment possible ; étendez ces nouilles sur du papier; de tours (on appelle tourer étendre la pâte avec ce temps soulevez-les légèrement pour qu'elles sè- un rouleau); à cet effet, l'on saupoudre sa table, chent ; pochez-les dans de l'eau bouillante, dans ou son tour à pâte avec un peu de farine, afin que laquelle vous aurez mis un peu de sel ; faites-les la pâte ne s'y attache pas; on saupoudre cele bouillir un demi-quart d'heure; écumez-les; je- même pâte; on prend le rouleau des deux mais; tez-les sur un tamis et laissez-les égoutter; si vous on le fait rouler sur la pâte, depuis le bor des voulez vous en servir pour potage, ayez un excel- doigts jusqu'à la paume de la main; chaqe fois qu'il est arrivé, on le reprend et on le fai rouler lent consommé bien limpide ; mettez-y vos nouil- les; faites-leur jeter deux ou trois bouillons; dé- de nouveau : il faut que ce rouleau ny marque point sur la pâte en l'étendant ; le site, formez graissez le potage, et servez-le. de cette pâte un carré long; quand ale est assez Pâte à brioche. Prenez un quart de fa- amincie, il faut prendre un des bats, le ployer rine, plus ou moins, si vous voulez augmenter ou jusqu'au milieu, l'étendre de nouviu, plier l’au- diminuer, pour faire cette pâte, les doses des in- tre bout sur celui-là, en sorte que 1 pâte se trouve grédients qui vont vous être indiqués : pour un doublée en trois ; si vous donnez a second tour, quart, employez douze ou treize cufs et deux li- aussitôt alongez votre pâte à contrsens, repliez- vres de beurre, ce qui fait votre pâte à huit livres en de même les deux extrémités continuez ainsi au boisseau (on met une demi-livre de beurre de pour les autres tours, en changet votre pâte du plus pour la faire à deux livres), une once de le- côté opposé à celui que vous ven de plier ; vous vure de bière, une once de sel fin; bref, voici la donnerez plus ou moins de tour cela dépendra manière de faire cette pâte : passez un quart de de la quantité de beurre que vowurez mise dans | belle farine au tamis, séparez-en le quart; formez votre farine : vous aurez soin ddonner les der- | deux fontaines dans la petite; 'mettez une once de niers tours plus minces que les 'emiers, et lors- levure; faites chauffer de l'eau un peu plus que que vous plierez votre pâte, v6 ne la saupou- tiède ; ayez attention qu'elle ne soit pas trop chaude, drerez que de fort peu de farin antrement cette de crainte de brûler votre levain; délayez avec les pâte ou feuilletage ne serait r claire, c'est-à- doigts votre levure dans la fontaine avec l'eau dire qu'à la cuisson elle serapise ; si, comme I chaude; lorsque vous ne sentirez plus de gru- . PAT ( 389) РАТ tout sur le feu; retirez-le lorsque le tout com- | role; incorporez dans cette eau de la farine, comme mence à bouillir; vous aurez passé de la farine; il est indiqué pour les petits choux; et, pour finir, vous en mettrez dans cette eau autant qu'elle en procédez de même qu'il est énoncé aux articles pourra boire ; délayez bien votre farine, c'est-à- précédents ; de suite couchez vos ramequins dire qu'il n'y reste pas de grumeaux; mettez de comme les petits choux, et faites-les cuire à un nouveau sur le feu; remuez-la et faites-la dessé- four doux. cher, jusqu'à ce qu'elle quitte la casserole et qu'elle ne tienne pas aux doigts; changez de casserole; Pâte à ramequin ('une autre manière). laissez-la un peu refroidir; mettez-y deux aufs, - Faites une pâte royale (V. cet article) : lors- et de suite auf par auf, jusqu'à ce qu'elle s'atta- qu'elle sera desséchée, mettez-y des qufs ce qu'il che aux doigts, et servez-vous-en pour des choux, en faut pour ne pas rendre vos ramequins trop des pains à la duchesse, des pains à la Mecque, et mous; ajoutez-y une bonne poignée de fromage pour tous les petits entremets. de Parmesan et de Gruyères ensemble, et autant que les deux objets réunis, du fromage de Gruyè- Pâte de choux à la reine. - Mettez dans Mettez dans res, coupé en petits dés; mêlez bien le lout; une casserole un demi-setier de lait ou de crème, couchez vos ramequins sur un plafond de la gros- un quarteron de beurre, une pincée de sel fin; seur que vous le jugerez à propos; dorez-les; et, posez cet appareil sur le feu, et lorsqu'il sera près un quart d'heure avant de servir, faites-les cuire de bouillir, retirez-le sur le bord du fourneau; à un four doux : si c'est pour un buisson, dressez- incorporez-y de la farine, comme il est indiqué à les sur une serviette. l'article précédent, et, sa cuisson achevée, retirez- le du feu, ajoutez-y un quarteron de sucre en Pâte aux amandes. Prenez une livre d'a- poudre, avec des æufs, et finissez comme il est dit mandes douces et quatre amandes amères ; émon- à l'article ci-dessus : de là couchez vos petits choux dez-les, comme il est indiqué au potage de lait de la grosseur que vous les voulez, et faites-les d'amandes : lorsque vous les retirerez de l'eau cuire à un four doux. fraiche, laissez-les se ressuyer sur un linge blanc; quand elles le seront, pilez-les; arrosez-les de Pâte à poupelin. Faites une pâte royale temps en temps d'une goutte d'eau, afin qu'elles (V. l'article précédent); mettez-y cependant ne tournent pas en huile, et alternativement d'un moins de beurre que pour une pâte ordinaire de peu de blanc d’æuſ ; pour n'en pas trop mettre à cette espèce, et au contraire plus de farine ; des- la fois, faites un petit trou à la pointe de l'auf, et séchez votre pâte, mouillez-la avec des æufs, au- faites en tomber le blanc goutte à goutie; pour tant qu'elle en pourra boire, sans la rendre liquide; blanchir ces amandes, mettez alternativemeut aussi beurrez une casserole ou une poupelinière, avec du un peu de jus de citron : lorsqu'elles seront bien beurre clarifié; servez-vous, à ce sujet, d'un pin- réduites en pâle, que vous ne sentirez nul grumeau ceau; retournez votre vase; laissez-le égoutter; sous les doigts, meltez-y trois quarterons de sucre mettez-y de votre appareil de poupelin, faites-le royal en poudre; cela fait, retirez du mortier vo- cuire à un four un peu moins chaud que pour du tre pâte; mettez-la dans un poêlon d'office; po- feuilletage; observez que votre moule ne soit sez-la sur un feu doux; desséchez-la ayant grand rempli qu'au tiers; laissez cuire ce poupelin environ soin de la remuer, jusqu'à ce qu'en appuyant le deux heures, ou plus, suivant sa grosseur : sa doigt dessus, elle ne s'y attache plus; saupoudrez cuisson faite, retirez-le; levez le dessus comme une table de sucre fin; roulez votre pâte dessus, vous lèveriez le couvercle d'un pâté; videz ce pou- et lorsqu'elle sera froide, enveloppez-la de papier pelin, c'est-à-dire, ôtez-en toute la mie; beurrez blanc, pour vous en servir au besoin. Jégèrement le dedans; mettez-le sécher au four; retirez-le; saupoudrez-le dehors de sucre fin; Pâte d'office. - Prenez un litron de farine, glacez-le avec une pelle rouge; dorez-le en de trois quarterons de sucre en poudre, gros de dans de confitures; mettez une serviette sur un beurre comme une noix, un peu de sel, une cuil- grand plat; dressez-le dessus, et servez-le pour lerée à café de fleur d'orange et deux eufs entiers; grosse pièce. pétrissez bien le tout : comme il faut que cette påte soit très-ferme, assemblez-la; battez-la avec Pâte i, ramequin. Mettez dans une cas le rouleau à pâte; si elle se trouvait trop ferme, serole un demi-selier d'eau, plus ou moins, sui- mettez-y un peu de blanc d'æuf; tournez-la (cette vant la quantité de pàte que vous voulez faire; pâte vous servira pour faire les plafonds des ro- ajoutez-y environ trois onces de fromage de Gruyè- chers, des maisonnettes ou chaumières et des cro- res, et autant de beurre; posez le tout sur le feu : quantes découpées) ; vous auri z toujours le soin lorsque l'eau bouillira, retirez du feu votre casse. I de beurrer légèrement les moules sur lesquels vous PAT ( 560 ) PAT voudrez faire vos croquantes; faites-les cuire à un rouleau pour la laisser reposer quelque temps, l'entrée d'un four d'une chaleur douce. puis vous en retirerez une abaisse que vous mel- Pâte pour talmouse (sans fromage). trez sécher au four dans une tourtière. Faites une pâte royale ordinaire (V. l'article Pâte croquante à l'italienne. Prenez PATE ROYALE ORDINAIRE); mouillez-la avec des une livre d'amandes et deux onces de fleur d'o- @uſs, de manière qu'elle ne soit pas trop liquide: range, le zeste d’un citron et une livre et demie vous aurez abaissé du feuilletage ou de ses rognu- de sucre en poudre; les amandes pelées, vous les res, de l'épaisseur d'une pièce de trente sous; mélerez avec la fleur d'orange et le zeste de citron, coupez-le en rond avec un coupe-pâte, de la gran- en les humectant de temps en temps avec des blancs deur de trois pouces et demi; couchez de votre d'æufs ; vous clarifiez le sucre et le faites cuire appareil sur ces abaisses, et formez-en une espèce au petit boulé; vous retirez la bassine de dessus le de chapeau à trois cornes ; dorez légèrement le feu et y jetez la pâte, que vous mêlez; vous re- dessus; mettez-les à un four un peu vif : leur mettez ensuite la bassine sur un feu très-doux, cuisson achevée, dressez et servez chaud autant ayant soin de remuer la pâle jusqu'à ce qu'elle se que faire se pourra. détache de la bassine ; vous la mettez ensuite dans Pâte pour talmouses (à la Saint-Denis). un plat saupoudré de sucre, et, lorsqu'elle est re- - Ayez une livre et demie de fromage à la pie; froidie , vous en formez des abaisses dont vous fai- ajoutez-y un quarteron de fromage de Brie bien tes une tourte ou un gâteau que vous mettez cuire au four. nettoyé et un peu de sel; manjez le tout avec la main; joignez à cela une poignée de belle farine, farine; passez-le au tamis sur votre tour; faites Fcuilletage. — Prenez un quart de fleur de passée au lamis; maniez le tout de nouveau; met- tez-y un quarteron de beurre que vous aurez fait au milieu une fontaine; mettez-y une once de sel fin et de l'eau en suffisante quantité, deux ou trois fondre; remaniez cet appareil; couchez et dressez vos lalmouses, comme il est indiqué à l'article ci- jaunes d’æufs, si vous le voulez (je parle ainsi, devant; faites cuire, et servez, soit pour buisson parce qu'on peut s'en dispenser) : lorsque vous croirez votre sel fondu, mêlez votre farine avec ou pour entremets. votre eau, sans pour cela crever votre farine, jus- Pâte à la duchesse. Mettez dans une cas- qu'à ce que vous ayez bien assemblé toute votre serole une chopine de crème, une cuillerée à bou- pâte : alors pétrissez-la en la tournant sur elle- che d'eau de fleur d'orange, deux onces de sucre, même, de manière à ce qu'il ne reste rien d'atta- un quarteron de beurre, un peu de sel quand la ché sur votre tour; observez qu'il ne faut mettre, crème commencera à bouillir ; vous mettrez de la autant que faire se peut, votre pâte qu'à consis- farine, comme il est dit à l'article Pâte à pou tance de votre beurre; évitez d'y ajouter de l'eau pelin. Travaillez-la de la même manière, c'est-à- à plusieurs reprises, ce qui corderait votre feuil- dire, mettez-y des aufs petit à petit, en pétrissant letage, c'est-à-dire le rendrait coriace, et dès-lors toujours la pâte avec une cuillère de bois ; tenez- très difficile à travailler ; de plus la pâtisserie en la aussi ferme que celle à choux; donnez-lui la serait moins bonne et moins belle; cela fait, laissez forme en mettant de la farine sur le tour de la pâte, reposer votre pâte; maniez deux livres de beurre, et la roulant pour en faire des petits pains à la du- si votre feuilletage est à huit livres par boisseau, chesse; on peut les coucher sur un plafond avec ou deux livres et demie, s'il est à dix livres; éten- une cuillère; on les fait cuire après le feuilletage, dez un peu votre pàte; mettez votre beurre des- et on les glace. sus, étendez-le presque de la longueur de la pâte; Pâte croquante. Prenez environ deux poi- reployez-la des quatre coins, pour envelopper le gnées d'amandes, si vous ne voulez faire qu'une beurre; aplatissez la masse de votre påte avec la petite tourte; échaudez-les pour les peler, et en les paume de la main ; laissez-la reposer encore un pelant, jetez-les dans de l'eau fraîche; vous les es quart d'heure, et tournez-la comme il est indiqué suierez ensuite pour les piler au mortier, en les à l'article Pâte brisée; à huit livres, vous lui arrosant de temps en temps d'un peu de blanc donnerez cinq lours ou cinq et demi; cela dépend d'æuf et d'eau de fleur d'orange, battus ensemble, néanmoins de la manière dont vous l'avez tourée; afin qu'elles ne viennent point en huile. Il est im- à dix livres de beurre par boisseau de farine, don- portant de les bien piler, et l'on pourrait même nez-lui six tours ou six et demi ; le demi-tour est les passer au tamis, afin qu'il n'y reste point de de ployer la pâte en deux de suite; servez-vous- grumelots. Vos amandes étant ainsi préparées, en pour des vole-au-vent, des lourtes d'entremets, vous mettez cette pâte dans une poêle et vous la des petits pâtés au naturel, des tartelettes, et tout desséchez avec du sucre en poudre, jusqu'à ce ce qui est de pâtisserie légère, telles que celles aux qu'elle soit bien maniable; vous en formerez alors confitures, etc. - PAT ( 361 ) PAT Feuilletage à l'espagnole. - Prenez une | soit de l'épaisseur d'un demi-doigt; on met cette livre de graisse de rognons de beuf, choisissez-la pâte sur une feuille de papier beurrée, et dessus de la nature de celle indiquée pour le GODIVEAU; la pâte la viande bien serrée, que l'on assaisonne hachez-la bien menu; mettez-la fondre dans une de sel fin et fines épices, et que l'on couvre de casserole sur un feu doux; ajoutez-y un verre bardes de lard avec beaucoup de beurre par-des- d'eau ; lorsqu'elle sera bien fondue, tordez-la dans sus; on couronne la viande avec une abaisse de un torchon sur un vase rempli d'eau fraîche; lors-pâte, aussi épaisse que celle de dessous; on mouille que cette graisse sera refroidie, mettez-la égout- avec un doroir les parties de la pâte qui doivent ter sur le fond d'un tamis, et de suite dans un se rejoindre, afin qu'elles se collent ensemble; on mortier; pilez-la ; mouillez-la peu à peu avec un appuie partout les doigts pour les unir; on re- peu d'excellente huile d'olive, jusqu'à ce qu'elle prend ensuite le doroir, que l'on trempe dans ait la consistance du beurre; détrempez la valeur l'eau pour mouiller tout le dessus du pâté; on re- d'une livre de farine ; mettez-y un euf ou deux lève ensuite la pâte qui déborde et on l'unit promp- entiers et un quart d'once de sel fin; formez-en tement sans trop appuyer, de crainte de percer la votre feuilletage; laissez-le reposer une demi- pâte. heure; mettez-y votre graisse, comme il est in Quand le pâté se trouve bien façonné, on fait diqué à l'article ci-dessus': observez, 1° que cette au milieu du dessus une ouverture de la largeur pâtisserie doit être mangée chaude; 2° que l'on ne du pouce; on fait une cheminée de pâte, où l'on fait guère ce feuilletage que dans les pays où il n'y met une carte roulèc, de peur que le trou ne se a pas de beurre. referme en cuisant; on dore ensuite partout la pâte à deux reprises avec un auf battu, blanc et Feuilletage des Minimes. - Mettez sur vo- tre tour un litron de farine; formez-en une fon- jaune; et un moment avant de le mettre au four, taine, en faisant un trou au milieu ; mettez-y un on mettra par la cheminée du pâté deux cuillerées d'eau-de-vie. quart d'once de sel fin, un auf entier, de l'eau, Il faut laisser le pâté au four à peu près quatre un quarteron d’huile, et finissez cette pâte comme heures, ce que l'on doit juger au reste d'après celle de feuilletage; laissez-la reposer deux heu- res: abaissez-la bien fin plusieurs fois, et chaque endroit frais pour le faire refroidir et on bouche sa grosseur. Quand il est cuit, on le met dans un fois dorez votre abaisse avec vos trois quarterons sa cheminée avec un morceau de pâle crue, jus- d'huile, jusqu'à ce qu'ils soient employés : servez- vous de ce feuilletage pour toutes vos pâtisseries qu'à ce qu'on le serve. maigres. Petits pâtés à la bourgeoise. Abaissez à l'épaisseur d'une livre, soit des rognures de feuil- PATES DE FRUITS (V. page 1744; - DE FLEURS, letage, soit un morceau de pâte brisée; prenez un pages 207 et suivantes). coupe-pâte de la grandeur que vous voudrez avoir PATÉS. On en fait en gras ainsi qu'en mai- ces petits pâtés; coupez-en les abaisses; mettez- les sur un plafond; posez au milieu de ces abais- gre. On en fait de chauds, qu'on sert pour entrée, ses gros comme le pouce de chair à petits pâtés et de froids, qui se servent à l'entremets. (V. article FARCES, celle à la ciboulette ou de go- Les noix de veau, les filets de mouton, les per- | diveau) : si vous voulez les faire en maigre, ser- drix, les bécasses, les filets de lièvre, les poular- vez-vous de la farce des carpes; refaites des abais- des, les chapons et les dindons désossés, garnis de ses de feuilletage de l'épaisseur de trois lignes; veau et mêlés de jambon, font des pâtés excellents. couvrez vos chairs de petits pâtés ; que les fonds Lorsque les perdrix, bécasses, chapons, ou pou- ne débordent pas les couvercles; appuyez légère- lardes, sont vidés, on les fait revenir sur la braise ment sur vos petits pâtés, dorez-les ; un quart après les avoir essuyés et épluchés; ensuite on les d'heure avant de servir, faites-les cuire, et servez- pique avec du gros lard manié dans le sel fin, fi- les sortant du four. nes épices mêlées, persil et ciboules hachés. On fait la même chose pour le veau et la venaison, à Petits pâtés au jus. Faites une abaisse de la réserve qu'on ne les fait point revenir sur la pâte brisée; foncez-en des petits moules à darioles; braise. Quand la viande est bien préparée, on coupe remplissez-les de chair à la ciboulette ou de godi- suffisamment de bardes de lard pour couvrir toute veau ; si c'est en maigre, d'une farce de carpes, et sa viande. saucés d'un coulis maigre; coupez-les de vos cou- On prend moitié de la pâte nécessaire pour son vercles de feuilletage; pour cela servez-vous d'un pâté, que l'on arrondit avec les mains en la roulant coupe-pâte goudronné, de la grandeur de vos mou sur la table : c'est ce qu'on appelle mouler la pâte; les; dorez vos couvercles; mettez cuire vos petits on l'abat ensuite avec le rouleau, jusqu'à ce qu'elle pâtés ; leur cuisson faite, ôtez-en les couvercles; PAT ( 362 + PAT ciselez la farce, retirez vos petits pâtés de leurs mettez tous ces ingrédients dans de l'espagnole ré- moules, dressez-les et saucez-les d'une bonne es duite; faites-leur jeter un bouillon ; dégraissez, pagnole réduite. assurez-vous si c'est d'un bon goût, et remplis- sez-en yos pâtés. Petits pâtés à la Béchameil. — Faites une abaisse de feuilletage de quatre lignes d'épaisseur, Tourte d'entrée de godiveau. – Moulez un et à laquelle vous aurez donné cinq tours; ayez un morceau de pâte; abaissez-le de la grandeur d'un coupe-pâte d'un pouce et demi de diamètre, cou- plat d'entrée; mettez votre abaisse sur une tour- pez vos petites abaisses, mettez-les sur un plafond, tière de même grandeur , étendez un peu de go- ayant soin de les retourner; dorez-les, cernez-les diveau au milieu de votre abaisse, posez dessus à quelques lignes du bord pour leur former un une bonne pincée de champignons; passez et égout- couvercle; faites-les cuire, et, leur cuisson faite, tez (V., à ce sujet, l'article GARNITURES); mettez Ôtez-en la mie; vous aurez coupé des blancs de vo quelques culs d'artichauts coupés en quatre ou laille en petits dés ou en émincés; au moment de six; ayez du godiveau (V. GODIVEAU); roulez-en servir, ayez une béchameil réduile et bien corsée des andouillettes de la grosseur que vous jugerez (V. Béchameil, article SAUCES); mettez-y vos convenable; mettez-en au-dessus de vos garnitu- blancs de volạille; faites chauffer le tout sans le res et tout autour, en sorte que le tout forme un faire bouillir, remplissez-en vos petits pâtés, et dôme un peu aplati; faites une seconde abaisse un servez-les très-chaudement. peu plus grande que la première ; mouillez le bord Vous pouvez faire de même des petits pâtés, de la première, posez la seconde dessus pour en soit de foie gras, soit en salpicon, ou de laitances former le couvercle, soudez les deux ensemble ; de carpes, etc. videlez les bords, dorez votre tourte, et mettez-la cuire au four ou sous un four de campagne; sa Petits pâtés à la Reine. — Faites des abais- cuisson faite, levez-en le couvercle, dressez-la, ses plus minces que les précédentes; coupez-les saucez-la d'une bonne espagnole réduile, et ser- de la grosseur d'une bouchée; mettez-les sur un vez-la ; autrement, vous pouvez vider votre tourte plafond, dorez-les, cernez-les; faites-les cuire, et, dans une casserole pour faire jeter un bouillon à leur cuisson achevée, levez-en les couvercles, ôtez- sa garniture dans l'espagnole, que vous avez soin en la mie, remplissez-les du ragoût ci-après indi de dégraisser; dressez votre tourte, remplissez-la qué : de sa garniture, et servez : employez le même pro- Hachez des blancs de volaille très-menu, met cédé à l'égard des tourtes de divers ragoûts. tez-les dans une bonne béchameil bouillante ; mêlez bien le tout, et remplissez-en vos petits Pâté à la ciboulette. - Prenez de la pâte à pâtés. dresser; moulez-la , formez-en un pâté de la forme indiquée au flan de nouilles ; remplissez-le Petits pâtés à la mancelle. - Faites des Faites des de farce à la ciboulette ; faites une seconde abaisse, croustades comme pour les pâtés au jus; prenez | formez-en un couyercle, soudez - le, rognez le un perdreau cuit à la broche; coupez-en les chairs bord de la pâte , pincez votre pâté, recouvrez-le en petits dés, pilez en les carcasses; mettez dans d'un faux couvercle de feuilletage, que vous échi- une casserole un demi-verre de vin blanc, deux queterez et goudronnercz; dorez-le, mettez-le au échalotes, trois cuillerées d’espagnole; faites ré- four, et, sa cuisson faite, levez-en le couvercle; duire cela; dégraissez-le, supprimez-en les écha- dégraissez votre pâté, coupez-en la farce en losange lotes, et ajoutez-y ces carcasses; délayez-les sans sans la retirer, saucez-le d'une bonne espagnole les laisser bouillir; passez cette purée à l'étamine réduite ; ajoutez , si vous le voulez, un jus de ci- à force de bras, faites-la chauffer au bain-marie; tron, recouvrez-le de son couvercle', 'et servez au moment de servir, ajoutez-y vos chairs de per tout de suite. dreaux, le jus d'une orange amère, dont vous ôle- rez les pepins, la moitié d'un pain de beurre; Paté chaud de godiveau. Prenez de la remplissez de ce ragoût vos croustades, et ser pâte à dresser, et formez-en un pâté, comme il vez-les. est indiqué au pâté à la ciboulette ; dressez-le un peu plus haut, et faites qu'il ait de la grâce; éten- Petits pâtés au salpicon. - Procédez pour dez dans le fond un peu de godiveau, garnissez-le ces petits pâtés comme il est énoncé pour ceux au comme il est énoncé à la tourte de godiveau, et jus; lorsqu'ils seront cuits, ötez-en les chairs, finissez-le de même. coupez-les en dés; ajoutez-y des champignons cuits, des truffes, quelques foies de volaille, des Paté à la financière. — Dressez un pâté, culs d'artichauts, tous coupés d'égale grosseur ; I remplissez-en la croûte de farine ou de viandes de PAT ( 365 ) PAT deur du plat que vous vou09 sauces; lorsque votre caisse sera cuite et d'une tez-y soit un ragoût à la financière, soit des filets belle couleur, ôtez les viandes ou la farine, ainsi de turbot à la béchameil, ou tel autre ragoût que la mie de votre caisse , et remplissez-la d'une qu'il vous plaira ; si c'est pour entremets, met- bonne financière (V. FINANCIÈRE). tez-y soit des légumes, soit des compotes, soit des soufflés. Pâté chaud , maigre. - Dressez une caisse de pâté; garnissez-en le fond d'un peu de que Pâté froid de veau. Ayez une ou deux nelles de carpe, de champignons, de culs d'arti- noix de veau ; battez-les, ôtez-en les nerfs et les chauts et de tronçons d'anguille que vous aurez peaux , lardez-les de gros lardons assaisonnés de fait cuire dans un bon assaisonnement (V. AN- poivre, fines épices, persil et ciboules hachés, un GUILLE A LA BROCHE OU A LA TARTARE); achevez peu d'aromales pilés et passés au tamis; faites une de remplir votre pålé de quenelles de carpe, que farce avec une sous-noix de veau et une égale vous aurez roulées dans de la farine, et desquelles quantité de lard haché bien menu; assaisonnez vous aurez formé des andouillettes ; couvrez votre cette farce de sel, poivre, de fines épices, d'aro- pâté, mettez-lui un faux couvercle; faites-le cuire, males, et, si vous le voulez, d'une petite pointe et aux trois quarts de sa cuisson cernez le cou- d'ail; pilez cette farce dans le mortier ; ajoutez-y vercle ; lorsque votre pâté sera cuit, découvrez-le, quelques aufs entiers, les uns après les autres, saucez-le d'une bonne espagnole maigre et ré- et une goutte d'eau de temps en temps, de ma- duite , dans laquelle vous aurez mis quelques lai-nière cependant qu'il y ait plus d'eau que d'eufs : tances de carpes. cela fait, garnissez une casserole de bardes de Pâté de pigeons à l'anglaise. — Ayez trois lard ; posez dedans un peu de cette farce; lorsque pigeons; épluchez-les, videz-les, flambez-les , vous aurez assaisonné votre veau de sel, poivre et coupez-leur les pattes, les cous et les ailerons ; fines épices, rangez-le dans une casserolc sur vo- mettez-les dans une casserole avec ļeurs abattis, tre ſarce, et garnissez-le tant au bord de celte tels que foies, gésiers, têtes, ailerons (excepté les casserole que dans les vides qu'il peut laisser : pattes); ajoutez-y un bouquet de persil et cibou foulez-le un peu, afin qu'il reste moins de ces vi- les , une feuille de laurier, du sel, du poivre, le-des; ensuite couvrez ces chairs avec un couvercle, quel doit dominer un peu, des fines épices, une et mettez-les revenir une heure dans le four ; re- petite pincée de basilic et du petit lard coupé en tirez-les, laissez-les refroidir; quand elles le lame; mouillez le tout avec un peu de bouillon et seront, prenez de la pâte à dresser. (V. PATE À un peu du derrière de la marmite ; faites cuire DRESSER), mouillez-la , abaissez-la de l'épaisseur vos pigeons un peu plus qu'aux trois quarts , re- d'un travers de doigt; faites en sorte qu'elle soit lirez-les du feu, laissez-les refroidir, ei mettez-les ronde ; posez-la sur une ou deux feuilles de fort dans un vase creux avec leur assaisonnement et papier beurrées et collées ensemble; garnissez-la d'un six jaunes d'æufs que vous aurez fait durcir ; cca peu de farce que vous avez dû conserver à vrez le tout avec un couvercle de pâte que vous cet effet; étendez cette farce de la grandeur de la souderez au vase; dorez ce couvercle et piquez casserole où vous aurez fait revenir votre viande'; dessus les pattes de vos pigeons; achevez de faire faites chauſſer légèrement cette casserole pour en cuire votre pâté, et servez-le tel qu'il est. détacher les chairs; renversez-les sur un couver- cle, et glissez-les sur le milieu de votre abaisse; Vole-au-vent. Faites un litron de feuille- maniez du beurre, saupoudrez voire tour de fa- tage, comme il est indiqué; beurrez-le à dix lirine; roulez dessus votre beurre; donnez-lui l'é- vres, donnez-lui cinq tours, abaissez-le de la gran paisseur du petit doigt ; formez-en une couronne servir; prenez un sur le haut de votre pâté, et mellez-en dessus couvercle de la grandeur du fond de ce même quelques morceaux, ainsi que deux ou trois de- plat, posez-le sur votre feuilletage; couvrez votre mi-feuilles de laurier; ensuite faites une seconde abaisse, enļevez votre vole-au-vent de dessus votre abaisse moins épaisse de moitié que la première ; tour, retournez-le en le plaçant sur un plafond; il faut qu'elle soil assez grande pour envelopper dorez-le, cernez-en le couvercle à un pouce et vos chairs et retomber sur l'autre abaisse; mouil- demi du bord ; faites avec votre couteau le dessin lez votre pâte au bord des chairs; mettez votre qu'il vous plaira, tant sur la bande que sur le seconde abaisse dessus; soudez-la avec la première; couvercle; mettez-le cuire au four ou sous un Ötez la pâte qu'il pourrait y avoir de trop au pied four dit de campagne : sa cuisson faite, levez-en le du pâté; humectez avec un doroir le lour de vos couvercle ; ôtez la mie qui s'y trouve, ainsi que abaisses, et montez votre pâté en relevant celle dans le vole-au-vent, et servez-vous-en pour en-de dessous jusqu'au baut; donnez du pied à votre trée ou pour entremets ; si c'est pour entrée, met 1 pâté ; faites une troisième abaisse pour former un PAT ( 364 ) PAT couvercle ; humectez le dessus de votre pâté; son- , inventés ; posez ce moule sur un plafond ; faites dez avec son bord votre troisième abaisse; rognez une abaisse comme il est dit ci-devant; formez- les également; pincez votre pâté tout autour, ou en votre moule; incrustez-y bien la pâte dans les faites-lui le dessin qu'il vous plaira; faites un faux cannelures ou dessins; mettez-y des bardes de couvercle de feuilletage (V. FEUILLETAGE); cou lard et remplissez-le de farce ainsi que de vrez votre pâté, et faites-lui au milieu un trou ap- chairs, etc., et, pour le finir, suivez en tout le pelé cheminée; dorez-le, mettez-le cuire dans un même procédé qui est indiqué au påté en timbale. four bien atteint que vous aurez laissé un peu tom- ber, et faites-lui prendre une belle couleur : si Westphalie ou de Bayonne ; parez-le, désossez-le , Pâté de jambon. — Ayez un bon jambon de durant sa cuisson il était dans le cas d'en prendre supprimez-en le combien ; mettez-le dessaler huit trop, couvrez-le d’un peu de papier; laissez-le cuire supprimez-en le combien ; mettez-le dessaler huit ou dix heures; enveloppez-le dans un linge; met- trois ou quatre heures; retirez-le; soudez-le avec tez-le cuire dans une marmite à peu près de sa une lardoire de bois ; si elle entre facilement , c'est qu'il est cuit; dans ce cas, mettez-y un pois grandeur, avec trois livres de tranche de bæuſ, son d'eau-de-vie; remuez-le et finissez de le rem- une livre de saindoux, du lard râpé et une livre et demie de bon beurre; assaisonnez-le de carot- plir avec un peu de consommé; lorsqu'il sera tes, un bouquet de persil et ciboules, ognons pi- presque froid, bouchez la cheminée; retournez sens dessus dessous sur un linge blanc votre pâté, 1 qués de trois clous de gérofle, du laurier, du afin que la nourriture s'y trouve bien répandue: thym, du basilic et une gousse d'ail; faites - le cuire aux trois quarts; retirez-le, levez-en la quand vous voudrez le servir, ôtez-en le papier, grattez le dessous du pâté; s'il a pris trop de cou- couenne, laissez-le refroidir, parez-le de nou- Jeur, posez une serviette sur le plat; dressez-le veau ; prenez sa parure et le beuf qui a cuit avec; dessus, et servez-le comme grosse pièce. hachez-le bien menu avec une livre de lard; pilez le tout; ajoutez-y, l'un après l'autre, deux ou Pâté en timbale. Préparez vos chairs trois æufs entiers et des fines herbes hachées ; comme il est indiqué à l'article précédent : pre- dressez votre pâté ; à cet effet , prenez de la pâte nez une casserole bien étamée, de la grandeur à dresser, moulez-la ; abaissez-la de l'épaisseur convenable au pâté que vous voulez faire. Ayant d'un bon travers de doigt; posez-la sur deux fait un dessin dans votre casserole avec de la feuilles de papier beurrées ; marquez au milieu la même pâte que celle destinée à votre pâté, faites place de votre jambon ; diminuez-en l'épaisseur une abaisse à peu près de l'épaisseur d'un demi- presque de moitié, en l'appuyant avec le poing ; travers de doigt , et foncez-en cette casserole ; cela fait, relevez les bords et dressez votre pâté , que votre pâte la déborde d'un demi-pouce au en rentrant la pâte sur elle-même; faites en sorte dehors : garnissez cette abaisse de bardes de lard, qu'il n'y ait aucun pli; donnez du pied à votre mettez un peu de farce dans le fond ; arrangez-y pâté en y passant une des mains et en appuyant de vos viandes, nourrissez-les d'un peu de beurre, l'autre votre pâle en dehors : observez de ne faire et assaisonnez-les comme il est indiqué au pâté cette pâte qu'à quatre livres de beurre par bois- froid : mouillez avec un doroir de plumes la pâte seau ; garnissez le fond de votre pâté d'une partie qui déborde votre casserole ; faites une autre de votre farce; posez-y votre jambon ; remplissez abaisse pour en faire le couvercle ; couvrez-en les vides avec le reste de la farce; couvrez votre vos chairs, soudez-le et videz-le avec la pâte qui pâté d'une abaisse bien soudée, ajoutez-y un faux déborde ; faites un trou au milieu comme pour y couvercle de feuilletage ou de pâte beurrée; faites fourrer le doigt; mettez votre timbale sur une une cheminée au milieu ; mettez-le cuire à un tourtière ou un plafond pour qu'elle ne prenne four bien atteint , qu'il prenne une belle couleur : pas trop d'âtre; faites-la cuire trois ou quatre sa cuisson presque faite, passez au travers d'un heures à un four bien atteint, que vous laisserez tamis de crin l'assaisonnement sans le dégraisser, tomber un peu : lorsque vous croirez votre pâté et duquel votre jambon a cuit; remplissez-en votre cuit , il faut vous en assurer en le sondant avec pâte, ayant soin de le remuer; remettez-le au four une lardoire, comme au pâté froid , et le remplir mijoter environ une demi-heure; retirez-le, rem- de même, ayant soin de le bien remuer; laissez-le plissez-le de nouveau; laissez-le refroidir ; bou- presque refroidir dans son moule ; bouchez-le ; chez-le; retournez-le sens dessus dessous; lais- mettez chauffer légèrement la casserole sur un sez-le dans cette position jusqu'au lendemain : fourneau; retournez votre timbale sens dessus ötez-en le papier; ratissez le dessous; dressez et dessous, et servez-la. servez-le. Pâte froid à la Diforge. - Ayez un de ces Pâté de perdreaux. Prenez quatre per- moules de fer-blanc, que le pâtissier Déforge a dreaux ; videz-les, après les avoir plumés; re- PAT ( 365 ) PAT 3 troussez les pattes en poule ; refaites-les un peu pas entièrement désosser vos poulardes, ôtez-leur ferme; essuyez-les, épluchez-les et lardez-les de les os des reins et rompez les autres; lardez-les ; gros lardons assaisonnés de sel, poivre, fines faites-les revenir dans une casserole, soit dans le épices, aromates pilés , persil et ciboules hachés ; four, soit sur un fourneau; laissez-les refroidir; faites une farce avec leurs foies, dont vous aurez faites une farce comme celle indiquée au pâté de ôté l'amer, quelques-uns de volaille, si vous en veau ; procédez, pour faire votre pâté, comme il avez , un morceau de veau dont vous aurez ôté est énoncé à l'article précédent, soit que vous le les nerfs et les peaux, de la tétine blanchie, et, au dressiez en pâté, ou que vous le mettiez en tim- défaut, un morceau de lard; hachez le tout; as bale. saisonnez-le comme vos lardons; mettez cette farce dans un mortier; pilez-la, mouillez-la de Pâté à la façon de Pithiviers. — Ayez huit quelques aufs entiers et d'un peu d'eau ; fendez douzaines de mauviettes ; après les avoir flambées vos perdreaux par le dos; mettez dans chaque un et épluchées, fendez-les par le dos; ôtez tout ce peu de votre farce; faites une abaisse comme pour les gésiers; prenez les intestins ; hachez-les ; ajou- qu'elles ont dans le corps; séparez de ces intestins le pâté de veau, ou dressez-le comme le pâté de jambon; mettez une partie de cette farce sur le tez-y du lard râpé et des fines herbes; pilez le fond de volre abaisse ; arrangez dessus vos per- de vos mauviettes ; moulez et abaissez votre pâte, tout; formez-en une farce; remplissez-en les corps dreaux, assaisonnez-les; remplissez-en les inter- et sur le fond de votre abaisse, où vous aurez étendu valles avec votre farce ; couvrez-les de bardes de lard; nourrissez-les avec du beurre manié, et un peu de farce, rangez vos mauviettes ; assaison- nez-les à fur et à mesure, procédez pour le reste comme il est indiqué à et enveloppez-les cha- l'article PATÉ DE VEAU. cune, si vous voulez, d'une petite barde de lard; mettez dessus une couronne de beurre, deux ou Pâté de perdreaux rouges à la façon de trois demi-feuilles de laurier et un peu de fines Périgueux. Ayez quatre ou cinq de ces per- épices : couvrez le tout de votre seconde abaisse; dreaux et deux livres demie de truffes ; prépa- dressez votre pâté, soit carré ou rond; faites-le rez ces perdreaux comme il est dit pour ceux du cuire environ deux heures et demie; laissez-le re- pâté précédent ; lavez, brossez, épluchez vos truf- froidir, et servez-le. fes; hachez celles qui sont inférieures; faites une Ceux de bécasses, bécasseaux, pluviers et autres farce des foies de vos perdreaux, auxquels vous petits oiseaux, se font de la même manière, et l'on joindrez aussi des foies de volailles : ajoutez-y du y ajoute plus ou moins de farce. lard râpé autant qu'il y a de foies, et vos truffes hachées, ainsi que des fines herbes, du sel, des Tourte de frangipane. - Prenez une tour- fines épices et un peu d'aromates; pilez cette tière de la grandeur que vous jugerez à propos ; farce; mettez-y deux æufs entiers et un peu d'eau; foncez-la d'une pâte légèrement feuilletée; étendez faites-en l'essai; assurez-vous si elle est d'un bon dessus de la frangipane d'un pouce d'épaisseur goût; fendez le dos de vos perdreaux ; remplissez-(V. l'article CRÈME A LA FRANGIPANE); laissez les de cette farce el de quelques truffes entières ; autour ce qu'il faut pour une bande au feuilletage, faites une abaisse, comme il est indiqué pour le de la largeur d’un pouce, plus ou moins, selon la Pûté de veau (V. cet article), ou dressez-le grandeur de votre tourte; mouillez ce bord; ap- comme un pâlé de jambon; posez un lit de farce pliquez-y votre bande; soudez-en les deux bouts, sur le fond de cette abaisse; arrangez dessus vos de manière que cette soudure ne s'aperçoive que perdreaux avec vos truſſes entières; assaisonnez le moins possible ; dorez le dessus de cette bande, votre pâté de sel, d'épices et d'aromates pilés ; | faites sur votre frangipane le dessin qu'il vous garnissez-en les vides du reste de votre farce et plaira, et mettez cuire votre tourte à un four un de vos truffes, en lui donnant la forine soit ronde, peu chaud : sa cuisson presque achevée, saupou- soit ovale, ou en bastion ; enveloppez-le de drez-la de sucre fin; glacez-la, et servez-la chaude bardes de lard; faites-lui une couronne de beurre ou froide. manié et roulé, et finissez-le tel que les précé- Tourte à la moelle. Ayez environ un dents. quarteron de moelle de bauf; épluchez-la ; ôtez- Pâtés de poulardes ou de toute autre vo en les petits os et les fibres; faites-la blanchir; luille. Ces pâtés se font tous de la même ma pendant qu'elle est un peu chaude, concassez-la, nière: bref, épluchez, videz, flambez deux poular- et incorporez-la dans votre frangipane : vous pro- fendez-les par le dos ; désossez-les à forfait; cèderez en tout, pour cette tourte, comme pour lardez-en les chairs de lardons assaisonnés comme celle à la frangipane, article précédent. il est dit pour les autres pâtés : si vous ne voulez Cette tourte ne se sert que chaude, des; PAT ( 366 ) PAT une , Tourte aut rognons de veau. Prenez - un rognon de veau cuit à la broche, avec une de fleur d'orange; si vous êtes en été, couvrez-les partie de la graisse qui l'enveloppe; bachez-en de fraises, et servez-les pour petits entremets. une portion ou le tout, selon la grandeur de la tourte que vous voulez faire; incorporez une Mirlitons de Rouen. - Ayez une demi-livre partie ou la totalité de ce rognon dans votre fran- de feuilletage; abaissez-le de l'épaisseur d'une gipane, et procédez, pour cette tourte, comme il pièce de vingt sous; coupez avec un coupe-pâte est énoncé pour celle à la frangipane, article ci- vos mirlitons en rond ou goudronnés; posez-les contre. dans des petites tourtières de la grandeur du coupe-pâte; mettez dans une terrine un quarteron Tourte de confitures. Faites une abaisse de sucre fin avec un auf entier; faites-les blanchir; de pâte brisée, de la grandeur que vous voulez joignez-y une quantité suffisante de beurre fondu; faire votre tourte; posez cette abaisse sur une travaillez bien le tout en remettant un euf; ver- tourtière; étendez sur cette abaisse de la confi- sez-y un peu de fleur d'orange; remplissez vos ture, en laissant au bord une distance d'un pouce moules de cet appareil; saupoudrez-les de sucre; et demi; mouillez cette distance; faites des petites faites-les cuire à un four très-doux : leur cuisson bandes roulées; bandez votre tourte ; faites dessus achevée, dressez-les, et servez-les. le dessin qu'il vous plaira, ou une seconde abaisse à laquelle vous ferez un dessin à jour; couvrez-en Mirlitons à la parisienne. — Mettez dans votre confiture, et mettez une bande de tour à une terrine deux aufs et un quarterou de sucre votre tourte comme à celle de frangipane; faites en poudre; délayez le tout; ayez trois blancs la cuire, et glacez-la de même. d'aufs; fouettez-les; lorsqu'ils seront pris, incor- porez-les dans votre appareil avec une pincée de Tourte de pêches. Faites une abaisse; farine passée au tamis et un peu de fleur d'orange: foncez-en une tourtière; mouillez-en les bords; ayez des moules préparés comme pour les mirli- meltez-y une bande de tourte, comme aux tourtes tons de Rouen ; versez-y cet appareil, et finissez- précédentes; dorez le dessus de cette bande; faites les de même. cuire et glacer : vous aurez fait une compote de pêches, comme il est indiqué à l'article de l'of Petits gâteaux polonais. — Ayez du feuil- fice (V. COMPOTE DE PÈCHES); garnissez-en votre letage suivant la quantité de petits gâteaux que faites réduire le sirop, et à l'instant de vous voulez faire; donnez-lui un tour ou un demi- servir glacez-en vos pêches dans toutes les sai tour de plus; abaissez-le à deux ou trois lignes sons; procédez de cette manière pour vos tourtes d'épaisseur, et coupez cette abaisse par carrés de de fruits en général, ainsi que pour les tartelettes. trois pouces; mouillez légèrement le dessus de ces carrés; ramenez-en les quatre coins au centre; Tartelettes à la Chantilly. - Prenez de la posez-les posez-les sur une plaque; dorez-les, et mettez-les pâte aux amandes (V. cet article); saupoudrez au four : leur cuisson presque faite, saupoudrez- votre tour de sucre fin; abaissez votre pâle, et les de sucre fin ; glacez-les au four, en sorte qu'ils servez-vous de sucre pour la saupoudrer en place soient d'une belle couleur; mettez au milieu de de farine : lorsque votre pâte sera abattue de l'é- chacun d'eux une cerise ou un grain de verjus; paisseur d'une forte feuille de papier, prenez un dressez-les, el servez-les. petit coupe-pâte rond, comme pour de petits pâtés Vous pouvez les servir en gros buisson ou comme ordinaires; coupez les fonds de vos tablettes, ainsi petits entremets. que des bandes de la même pâte, de la hauteur de trois quarts de pouce et de la même épaisseur ; Puits d'amour. — Ayez du feuilletage qui mouillez avec du blanc d'auf un peu battu le ait eu tous ses tours; abaissez-le de l'épaisseur bord de vos fonds; soudez-y les bandes que vous d'un écu de six livres; ayez deux petits coupe- avez coupées, et donnez à vos tablettes la forme pâte goudronnés, dont un plus petit que l'autre; de petits gobelets; failes en sorte qu'on ne voie coupez-en autant de grands que de petils; posez pas la jonction des bandes au bord de vos tarie- les grands sur un plafond; mouillez le dessus avec lettes ; posez une feuille de papier sur une feuille de l'eau; mettez les petits sur les grands ; dorez- d'office ou un plafond; arrangez-y vos tartelettes, les, et avec la pointe de votre couteau cernez le sans qu'elles se touchent; laissez-les sécher à l'air milieu, de la largeur d'un dé à coudre; mettez-les libre; lorsqu'elles le seront, mettez-les à l'entrée au four, et, leur cuisson presque faite, saupoudrez- d'un four doux pour qu'elles achèvent de sécher, les de sucre fin; glacez-les; videz-en l'intérieur sans prendre de couleur ou très-peu; remplissez- par la partie carrée qui forme un trou; remplissez les de crème fouettée à la Chantilly (V. CRÈME A cet intéricur ou milieu de confitures, et servez. caisse; PAT ( 367 ) PAT 14 Petites tartelettes à la Dauphine. -Ayez Pâtés de Gibier, de Poularde, etc., du sieur des moules à tartelettes ; foncez-les de pâte brisée, Corcellet, à PARIS. bien mince; mettez dans ces moules de la crème pâtissière, ou telle confiture que vous jugerez à Pâtés de Dindonneaux désossés de LYON. propos; roulez des petites bandes de påte, que Pâtés d’Abats de Porc frais de REIMS. vous aurez faites avec les rognures des fonds de vos tartelettes ; bandez ces tartelettes, et faites Pâtés de Faisans de BOHÊMe. en le dessin qu'il vous plaira; coupez de petits rubans de feuilletage; mouillez les bords de vos Pâtés de Jambon d'Ours du TYROL. tartelettes ; appliquez autour ces rubans ou bandes Pâtés de Filets de Biche du PALATINAT. de feuilletage ; meltez au four vos tarteleites , et quand elles seront presque cuites, saupoudrez-les Pâtés de Thon aux truffes de MARSEILLE. de sucre fin; glacez-les, et dressez-les en buisson. Pâtés d'Esturgeon du père Murat , à PORT- VENDRES. INDICATION Pâtés de Saumon frais d'ANJOU. des pâtés les plus renommés Pâtés de Lamproie aux truffes de SAUMUR. ET DES LOCALITÉS QUI LES FOURNISSENT. Pâtés de Sarcelles piquées d’Anguilfe. Pâtés de Perdreaux rouges de PERIGUEUX. Pâtés d’Anguilles fumées et de Marrons du LUC. Pâtés en terrine de NÉRÁC. Pâtés de Merluche de MIQUELON. Pâtés de Venaison du BÉARN. Pâtés d’Ortolans de GASCOGNE. Pâtés de Sterlets du DANUBE. Pâtés de Palombes des PYRÉNÉES. PATISSERIE. On a traité spécialement et Pâtés de Foies de Canards de TOULOUSE. parlé nominativement de toutes les préparations Pâtés de Foies d'Oies de STRASBOURG. qui sont du ressort de la pâtisserie et qui se trou- vent formulées dans les articles ci-dessous in- Pâtés de Lièvre du sicur Lemoine, à CHARTRES. diqués : Pâtés de Foies gras et d’Alouettes désossées. BISCOTIN. Pâtés des Quatre-Gibiers du même, à CHAR- BISCUIT. TRES. BOUCHÉES. Pâtés de Rouges-Gorges du même et au même lieu. BRIOCHE. CHOUX-PATISSIERS. Pâtés de Guignards du sieur Nollant, à BEAU- GENCY. CONGLOF. Pâtés de Cailles farcies d'ORLÉANS. COUKES. Pâtés de Canards du sieur Dégand, à AMIENS. CROQUANTES. Pâtés de Cannetons en croûte de seigle. CROQUEMBOUCHE. Pâtés de Mauviettes de PITHIVIERS. CROQUIGNOLES. Pâtés de Bécasses de BOULOGNE-SUR-MER. DARIOLES. DIABLOTINS. ÉCHAUDÉS. Pâtés de Bécasseaux et Bécots d'ABBEVILLE. Pâtés de Pluviers dorés de MONTREUIL. Pâtés de Veau de ROUEN. Pâtés de Jambon du sieur Thomas, à PARIS. Pâtés de Noix de Jainbon du sieur Chevet. FANCHONNETTES. FLAN. FLANICHE. PÈC ( 368 ) PER FRANGIPANE. version, ce furent les Phocéens qui l'apportèrent primitivement à Marseille, d'où les pêches pas- GATEAUX, sèrent en Italie après la conquête des Gaules. GAUFRES. Le village de Montreuil auprès de Paris est jus- tement renommé pour la beauté, la quantité pro- GÉNOISES. digieuse et la bonté des pêches qu'on y cultive. GIMBLETTES. Les fleurs et les feuilles du pêcher sont pourvues MACARONS. d'une saveur amandée fort agréable; mais spécia- lement celles de la pêche musquée d'Andilly. MASSEPAINS. Voici la nomenclature des principales variétés de MADELEINES. ce bon fruil. La première espèce, ou la plus hâ- tive, est l'avant-pêche blanche, ensuite la MERINGUES. double de Troyes. On cueille ensuite les al- MINCEPIES. berges rouge et violette, la pêche Madeteine, MIRLITONS. la mignonne veloutée, la pêche-cerise, la pêche Royale, la belle Chevreuse, la pêche MOUSSELINES. d'Italie, la d’Huxelles, la sanguinole, la PATÉS. pêche Bourdin, la Bellegarde, la narbon- naise, la rossanc de Languedoc, et finalement PATÉS FROIDS. la pêche de Pau. PATÉS CHAUDS. On pourrait réduire toutes ces différentes sortes PISKINIOFS. de pêches à deux espèces principales : celles dont la chair est adhérente au noyau, et celles qui ne le PROFITEROLES. quittent pas. La première qualité d'une pêche est RISSOLES. d'avoir la chair ferme, fine et sucrée; ce qui doit se manifester aussitôt qu'on enlève sa peau, qui TARTE AU FRUIT. doit se détacher aisément; la seconde qualité de TARTELETTES. la pêche est que son parenchyme se dissolve aus- sitôt qu'il est mis dans la bouche. En troisième lieu, TIMBALE. il faut que le goût du fruit soit piquant, vineux, TOURONS. et quelquefois un peu musqué : il faut aussi que TOURTE. le noyau soit fort petit et que les pêches (qui ne doivent pas être lisses ainsi que les pavies et les VOLE-AU-VENT. brugnons) ne soient que médiocrement velues. L'épaisseur du velours est toujours une marque de PAUPIETTES. Ce sont des tranches de peu de bonté dans la pêche; mais cette sorte de viande qu’on recouvre chacune d'une tranche de poil tombe presque tout-à-fait à celles qui sont lard; on étend par-dessus une couche de farce; de qualité supérieure, et principalement aux pê- ensuite on les roule et on les embroche. On les ches qui sont venues en plein air. Nous avons fait rôtir enveloppées de papier, et, quand elles parlé très-amplement de ce fruit et de ses emplois sont presque cuites, on ôte le papier, on les pane, gastronomiques à nos articles COMPOTE, CONFI- on leur fait prendre couleur, et on les sert avec TURES, CONSERVES, GLACES, MOUSSES, FLAN, une sauce piquante. TARTE et RATAFIA. PAVIE, sorte de pêche de laquelle on compte sept variétés ; c'est à savoir : la petite albergo PERCIIE, excellent poisson dont la chair est jaune, le pavie blanc, l'alberge violette, le aussi légère qu'elle est nutritive. Les perches pavie rouge, le pavic de Cadillac, le pavie Seine sont particulièrement estimées ; on les dis- de Rambouillet et la petite alberge de Saint- tingue aisément au vif incarnat de leurs nagcoires Martin. Le célèbre horticulteur du Jardin du et du cartilage qui termine leur queue. Les gour- Roi, M. Thouin, nous a permis de classer parmi mands du xvie siècle donnaient à ce poisson le les pavies le brugnon jaune et le brugnon violet, nom de perdrix de rivière. Les æufs de la qui réussissent très-bien en compote. perche sont très-savoureux, et ils se mangent or- dinairement grillés en caisse après avoir été sautés PÈCHE. Le nom latin de ce fruit, Persica au beurre frais, sans aucun autre assaisonnement Mala, indique assez qu'il fut apporté de la Perse que du sel et quelques feuilles de persil. On peut en Italie par les Romains; mais, suivant une autre les accommoder au vin de Champagne, à la plu- PER ( 569 ) PER che verte, en matelote, au coulis d'écrevisses, à la dreaux, tandis qu'elle est arrondie dans les per- Sainte-Ménéhould, et même en friture; mais la meil- drix adultes. . leure manière de les apprêter est à la Watter La chair de la perdrix jeune est légèrement ex- Fisch, ou court-bouillon hollandais, dont voici la citante, tendre, savoureuse et facilement diges- recette : Arrachez six grosses touffes de grand tible. Celle des vieilles perdrix a besoin d'une persil avec leurs racines; ratissez celles-ci sans les cuisson prolongée; mais comme elle est plus im- séparer de leurs tiges vertes, et faites-les bouillir pen-prégnée d'osmazôme, elle est plus sapide que celle dant trois heures dans une eau de sel, avec une lige des perdreaux. Une vieille perdrix bouillie avec de poireau blanc, un panais tranché par quar- d’a d'autres viandes donne une excellente saveur au tiers, et un moyen piment de la Jamaïque ou de bouillon, et le rend plus tonique. Cayenne; lorsque la watter - fisch est suffisam- ment réduite et bien assaisonnée par ces ingré- Perdreaux rótis. - Flambez-les très-légère- dients, retirez-en le piment et les panais, ainsi ment; troussez les pattes sur les cuisses; enve- que le poireau, pour n'y laisser que les racines loppez-les par-devant avec une feuille de vigne de persil avec leurs branches ; faites-y cuire alors couverte d'une barde de lard; faites rôtir à feu vos poissons, que vous aurez préparés convenable modéré, et servez à sec avec une bigarade. ment; servez-les dans un plat creux que vous Perdreaux rouges à la Périgueux.- Ayez remplirez de leur couri-bouillon avec le persil trois perdreaux; plumez-les, videz-les par la po- cuit pour garniture, et faites servir, à proximité che, flambez-les légèrement et sans en raidir la de cet excellent plat hollandais, une pile de tar- peau; ne leur refaites point les pattes, et coupez- tines beurrées au pain de seigle. leur seulement le bout des ergots; ràpez une demi- livre de lard; lavez, brossez, épluchez une livre PERDRIGON, espèce de prunes qui com de truffes; si elles sont grosses, coupez-les en deux porte les trois variétés du perdrigon blanc, du vio- let et du tardif. On en fait de bonnes compotes, truffes, et hachez-en les parures; passez-les dans ou en quatre; arrondissez-les en forme de petites et les prunes de Perdrigon, qui ont eu l'hon- votre lard râpé; remplissez-en le corps de vos neur d’être célébrées par Molière, ont aussi le perdreaux; cousez la poche, retroussez-leur les privilege de ne jamais être attaquées par les vers. pattes en dehors avec une aiguille à brider; don- nez-leur une belle forme; et faites en sorte que leur PERDREAU (V. l'article suivant). estomac soit comme aplati; foncez une casserole, qui puisse contenir vos perdreaux sans les gêner, PERDRIX, gallinacée dont on connaît quatre avec des bardes de lard, une ou deux lames de variétés principales : la perdrix rouge, la grise, la jambon, un peu de rouelle de veau, une carotte, blanche des Alpes, et la bartavelle (V. ce que un ognon, un bouquet assaisonné, un demi-verre nous avons dit de cette dernière à la page 54). de vin blanc, une cuillerée de consommé et un Toutes ces variétés du même gibier, soit à l'élat peu de sel; posez sur ce fond vos perdreaux; met- de perdrix, soit à celui de perdreau, peuvent re tez-leur sur l'estomac quelques tranches de citron, cevoir les mêmes préparations; mais il est bon dont vous aurez supprimé la peau et les pepins; d'observer que les barlavelles et les perdrix alpes-couvrez-les de bardes de lard, et mettez-les à cuire tres sont généralement réservées pour les hon avec feu dessous et dessus environ trois quarts neurs du rôti, ou tout au moins pour la con d'heure; égouttez-les et saucez-les avec la sauce ſection des pâtés d'entremets et des terrines aux à la Périgueux. truffes. Les épicuriens du dernier siècle ont souverai Perdreaux rouges ou gris à la Pari- nement décidé que le perdreau gris est préférable sienne. Videz-les, flambez-les; faites-les re- au perdreau rouge, tandis que la perdrix rouge venir dans une casserole sur un feu doux avec un est supérieure à la grise. morceau de beurre, et sans leur donner de cou- La dernière espèce est toujours la plus estimée leur; mouillez-les d’un verre de vin blanc, deux dans les pays où les perdrix rouges sont les plus cuillerées à dégraisser de consommé et quatre d'es- communes; et c'est précisément le contraire dans pagnole réduite; laissez-les cuire et mijoter à peu les pays où il n'y a que des grises. Les deux es près trois quarts d'heure; retirez la majeure par- pèces sont également bonnes; mais les rouges sont tie de la sauce, faites-la réduire, dégraissez-la ; au toujours plus grosses. moment de servir, dressez vos perdreaux sur le On distingue les perdreaux des perdrix par la plat, mettez un pain de beurre dans votre sauce, dernière des grandes plumes de l'aile; la pointe passez-la et vannez-la ; saucez-en vos perdreaux, de cette plume est aiguë par le bout dans les per et servez. 24 PER ( 370) PER Si vous n'avez point d'espagnole, mouillez vos le jus d'une ou deux bigarades, et joignez-y un perdreaux avec du consommé et un verre de vin peu de leur zeste râpé. blanc; ajoutez à cela deux lames de jambon, une ou deux tranches de veau, un bouquet de persil et Salmis de perdrcaux. Préparez trois ciboules, un ognon piqué de gérofle, une carotte perdreaux, bardez-les et faites-les cuire à la broche coupée en quatre, et la moitié d'une feuille de (il faut qu'ils ne soient que peu cuits) : laissez-les laurier; durant la cuisson de vos perdreaux faites refroidir, levez-en les membres, ôtez-en la peau, un petit roux; passez la majeure partie de leur parez-les, rangez-les dans une casserole avec un fond au travers d'un tamis de soie, délayez-en peu de consommé, posez-les sur une cendre chaude, votre roux ; faites cuire cette sauce, dégraissez-la, faites qu'ils ne bouillent pas tout de suite; coupez faites-la réduire, tordez-la dans une étamine; six échalotes, ajoutez un peu de zeste de citron, achevez la cuisson de vos perdreaux dans cette mettez ceci dans une casserole avec un peu de vin sauce, et finissez-la comme la précédente. de Champagne et faites-le bouillir ; concassez vos carcasses de perdreaux et mettez-les dans la même Perdreaux en entrée de broche. Prenez casserole; ajoutez-y quatre cuillerées à dégraisser quatre perdreaux; videz-les, flambez-les sans les de blond de veau ou d'espagnole réduite; faites raidir; bridez-les ; embrochez-les sur un attelet ; réduire le tout à moitié; passez cette sauce à l'é- couvrez-leur l'estomac de tranches de citrons, tamine; égouttez vos membres de perdreaux, dres- desquels vous aurez ôté les pepins et la peau ; cou sez-les, mettez entre ces membres des croûtons vrez-les de bardes de lard, enveloppez-les de pa de pain passés dans du beurre; et versez la sauce pier ; fixez les bouts de votre papier sur l'attelet sur les perdreaux en y ajoutant le jus d’un citron. avec de la ficelle attachée sur la broche; faites-les cuire trois quarts d'heure et déballez-les; au mo- Salmis froid. – Préparez votre salmis comme ment de servir, égouttez-les, dressez-les en che il est indiqué à l'article précédent; finissez-le un vrette sur votre plat; saucez-les avec un jus clair, 1 quart d'heure avant de servir; mettez les mem- dans lequel vous aurez mis une pincée de gros bres de vos perdreaux à part; ajoutez à leur sauce poivre et où vous exprimcrez le jus d'une ou deux une bonne cuillerée à dégraisser de gelée ou d'as- bigarades. pic; posez votre casserole sur la glace ou sur de l'eau sortant du puits; remuez bien cette sauce Perdreaux à la crapaudine. - Ayez trois jusqu'à ce qu'elle prenne en gelée : une fois à son perdreaux ; plumez-les, videz - les, flambez-les, degré, trempez-y ces membres de perdreaux jes épluchez-les, retroussez les pattes en poule, uns après les autres ; dressez-les sur votre plat de ſendez - les en deux par le dos, aplatissez-les i service; couvrez-les du restant de la sauce ; gar- légèrement sur la table; mettez dans une cas- nissez votre entrée de croûtons passés dans du serole un morceau de beurre avec vos perdreaux; beurre, et décorez-la tout autour de gelée taillée assaisonnez-les de sel, de gros poivre, et faites-les en diamants. revenir des deux côtés; posez-les sur le gril, et faites-les cuire à un feu doux : leur cuisson faite, Perdreaux à la Vaupallière. – Prenez dressez-les et servez-les avec une sauce au pauvre quatre perdreaux; levez-en les filets; ôtez-en les homme, ou une poivrade. mignons ; levez la peau des gros filets, et cela en les posant sur la table, et faisant couler votre cou- Perdrcaux à l'anglaise. - Faites une farce teau, comme si vous leviez une barde de lard; avec les foies de trois perdreaux, un peu de beurre, prenez garde d'en endommager les chairs; ballez- du gros poivre et du sel en suffisante quantité; les légèrement avec le manche de votre couteau, farcissez-en vos perdreaux ; mettez-les à la broche et parez-les : failes fondre du beurre dans un sau- sans les barder; enveloppez-les de papier et faites-toir, trempez-y vos filets les uns après les autres, les cuire aux trois quarts; ensuite mettez-les dans et rangez-les, de manière qu'ils ne se touchent une casserole, après leur avoir levé les membres, pas; saupoudrez-les d'un peu de sel fin, d’un peu sans les séparer du corps, et mettez-leur entre de gros poivre, et couvrez-les d'un rond de pa- chaque membre un peu de beurre manié avec de pier; préparez vos six petits filets ; piquez-en trois la mie de pain, de l'échalote, du persil , de la ci- de même lard ; les trois autres, décorez-les de pe- boule hachée, du sel, du gros poivre et un peu de tites crètes de truffes, mettez-les sur une tourtière, muscade; mouillez vos perdreaux avec un bon avec un peu de beurre fondu et un grain de sel; verre de vin de Champagne et deux cuillerées à donnez-leur la forme d'un demi-cercle, et cou- dégraisser de consommé; faites-les bouillir dou vrez-les d'un rond de papier : vous aurez levé les cement jusqu'à parfaite cuisson, sans les couvrir, cuisses de ces perdreaux et les aurez fait cuire afin que la sauce puisse se réduire; finissez avec dans une casserole, avec un peu de beurre, sans PER ( 371 ) PER mouillement : lorsqu'elles seront froides, vous en cez une casserole de quelques débris de veau, supprimerez les peaux et les nerfs; vous en ha- deux carottes, deux ognons el une demi-gousse cherez les chairs fort menu, et les mellrez dans d'ail; posez vos perdrix dessus, couvrez-les de une casserole que vous couvrirez : vous aurez fait bardes de lard; mouillez-les avec quelques bons un fumet de vos carcasses, comme il est indiqué | fonds, ou avec du bouillon et du consommé; posez au FUMET DE GIBJER. La cuisson faite, passez au votre casserole sur le feu, faites-la partir; cou- travers d'une serviette; faites réduire ; ajoutez-y vrez-la d'un rond de papier beurré, ainsi que de trois cuillerées à dégraisser d'espagnole travaillée; son couvercle; déposez-la sur le fourneau, avec faites encore réduire le tout à consistance de demi- feu dessous et cendre chaude dessus; laissez cuire glace, et renversez-en une partie pour glacer vo- pendant cinq quarts d'heure; ensuite préparez des tre entrée; sautez vos filets, assurez-vous s'ils sont choux, que vous ferez cuire avec un cervelas et cuits et dressez-les en couronne; mettez le hachis un morceau de petit lard ; tournez trente carottes et les truffes dans votre sauce, avec un peu d'ex- | rouges, autant de navets; donnez-leur le diamètre cellent beurre : remuez le tout; ne le laissez point d'une pièce d'un franc (il faut que leur longueur bouillir; versez-le dans le puits de vos filets : vous soit de la hauteur du moule dont je vais parler); aurez fait sauter au même instant les petits filets failes blanchir ces légumes; égouttez-les, et puis dans du beurre; leur cuisson faite, glacez-les et faites-les cuire dans du consommé, avec une pin- faites-en une seconde couronne sur votre hachis, / cée de sucre; ayant fait refroidir votre cervelas et que vous aurez glacé avec ce que vous aviez con votre petit lard, ayez un moule; beurrez-le; met- servé de votre sauce. tez dans le fond un rond de papier blanc et une Perdreaux au chasseur, ou Salmis de ta- bande de papier aulour de votre moule, en dedans ble. Faites cuire deux ou trois perdreaux à la et de toute sa hauteur; coupez votre cervelas en broche, et coupez-les par membres; vous aurez deniers et volre petit lard par tranches, de la même mis dans une casserole trois cuillerées à bouche épaisseur que le cervelas; posez au centre de ce d'huile, un demi-verre de vin rouge, un peu de moule un morceau de cervelas ; rangez autour des sel fin, du gros poivre, le jus d’un citron et un peu tranches de petit lard, et garnisscz ainsi le fond de son zeste; sautez vos membres de perdreaux bâtons de carottes et de navets, en les entremêlant de votre moule; dressez autour de ce moule vos dans cette sauce; dressez-les, saucez-les, et ser- et les serrant les uns contre les autres; pressez vez-les chaudement. vos choux, garnissez-en le fond de votre moule, et Perdreaux à la Monglas, ou Salpicon en continuez d'en garnir les bords comme une espèce cuvette. Retroussez trois perdreaux en poule; de contre-fort; laissez un vide au milieu pour y bardez-les, faites-les cuire à la broche, laissez-les placer vos perdrix; posez-leur l'estomac sur le refroidir, levez-en les estomacs, de manière à en fond; remplissez votre moule de choux, en cou- former une cuvette; coupez-en les chairs en pe- pant tout ce qui pourrait le déborder, ci pressez- tits dés; faites chauſſer ces perdreaux dans un peu les de manière à leur donner une consistance as- de consommé, et tenez-les chauds jusqu'au mo- sez ferme, pour qu'en renversant les perdrix votre ment de servir; mettez dans une casserole un décor ne se dérange point; mettez un couvercle morceau de beurre; coupez six ou huit truffes sur ce moule, ct tencz vos perdrix bien chaude- crucs avec autant de champignons; passez-les ment au bain-marie ; passez leur fond à travers un dans ce beurre, en y joignant un peu de persil, tamis de soie ; joignez-y trois cuillerées à dégrais- de ciboules et d'échalotes hachées; mouillez le ser d'espagnole travaillée, comme il est énoncé ci- tout d'un bon verre de vin de Champagne et de après; laissez cuire votre sauce, dégraissez-la , six cuillerées à dégraisser d'espagnole travaillée; faites-la réduire à consistance de demi-glace; re- faites cuire et réduire votre sauce, en ayant soin tournez votre chartreuse sur votre plat, enlevez- de la bien dégraisser; coupez deux ou trois foies en le papier, égouttez-la avec attention, épongez-en gras ainsi que les chairs de perdreaux; mettez-les le mouillement, le mieux possible, avec le coin dans votre sauce, avec sel et gros poivre; faites- d'un linge blanc, et saucez-la avec sa réduction, leur jeter deux ou trois bouillons; dressez vos per- dreaux, remplissez-les de votre salpicon, et saucez Perdrix aux choux à la ménagère. - le lout d'un fumet de perdrix. Posez deux perdrix braisées sur un plat; pressez Perdrix aux chour à la Royale.-Ayez trois vos choux étuvés au gras, dans un linge; coupez- vieilles perdrix ; après les avoir appropriées, trous- les et dressez-les debout autour de vos perdrix; sez-les en poule; lardez-les de gros lardons, assai- garnissez-les de cervelas coupés en rond, de petit sonnes de sel, poivre, épices fines, aromates pilós lard en tranches et de saucisses à la chipolata ; sau- et passés au lamis, persil et ciboules hachés ; fon cez-les avec la réduction de votre braise et servez, 24. PER ( 372 ) PER Bayonnaise de perdreaux. — Faites cuire, fait un fumet avec leurs carcasses); ajoutez à votre trois perdreaux à la broche; laissez-les refroidir; fumet réduit quatre cuillerées à dégraisser d'espa- coupez-les par membres; parez-les; mettez-les gnole; faites-le réduire; dégraissez-le au moment dans un vase avec qualre échalotes, un peu d'es de servir; sautez vos filets; retournez-les : vous tragon et de pimprenelle bachés, quatre cuillerées jugerez qu'ils sont cuits s'ils résistent au toucher; d'huile, trois cuillerées à dégraisser de gelée de égouttez-les; dressez-les en couronne autour de viande, un peu de gros poivre, une pincée de sel votre plat, en mettant entre chaque un croûton fin et une cuillerée de vinaigre à l'estragon; sautez de pain en cæur, passé dans du beurre et glacé; bien le tout ensemble; dressez vos perdreaux sur finissez votre sauce avec un pain de beurre de un plat, en mellant au fond les estomacs et les Vanvres; arrosez-en ces croûtons, et saucez-en reins, et rangeant vos membres autour; masquez vos filets, que vous pouvez servir aux truffes. le tout avec une sauce bayonnaise, et servez après avoir décoré le bord de votre plat avec quelques BIER). Purée de perdreaux (V. PURÉE DE GI- festons de gelée. Soufflé de perdreaux. — Prenez deux per- Perdreaux à la Cussy. – Ayez trois per- dreaux cuits à la broche; levez-en les chairs; dreaux rouges bien frais; habillez-les ; désossez- supprimez-en soigneusement les peaux et les nerfs; les entièrement par les reins, excepté le dernier hachez ces chairs, et les pilez en y joignant les os de la cuisse; laissez-leur les pattes; étendez- foies que vous aurez fait blanchir, et desquels vous les sur un linge blanc; couvrez les chairs d'une aurez ôté l'amer; retirez le tout du mortier; met- légère couche de farce cuite , faites des chairs de tez-le dans une casserole, avec environ quatre perdreau. Vous aurez fait et laissé refroidir un cuillerées à dégraisser de consommé réduit ou d'es- salpicon, composé de gorges de ris de veau, de pagnole; chauffez le tout sans le faire bouillir ; truffes, de champignons et de crêtes de coq, le tout passez-le à l’étamine à force de bras ; ramassez coupé en petits dés et par portions égales, c'est- avec le dos de votre couteau ce qui peut être reslé à-dire ayant employé autant de l'un que de l'autre; au dehors de cette étamine; déposez-le dans un remplissez le corps de vos perdreaux de ce salpi- vase; mettez dans une casserole quatre cuillerées con, pour les rendre bien dodus; cousez-les et à dégraisser d'espagnole et deux de consommé; leur donnez leur première forme; bridez-leur les concassez vos carcasses ; joignez-les à votre mouil- pattes en dehors; mettez-les dans une casserole, lement; faites-le réduire, et mettez-y gros comme pour en faire raidir l'estomac dans un peu de le pouce de glace ou de réduction de veau ; faites- beurre; laissez-le se refroidir; concassez leurs la réduire de nouveau plus qu'à demi-glace; reti- débris; mettez-les dans une autre casserole avec rez du feu votre casserole; mettez-y votre purée, une lame de jambon, deux petits ognons, une ca- et mélangez le tout; ajoutez-y gros comme un auf rotte coupée en quatre, un bouquet de persil et d'excellent beurre, un peu de muscade râpée, et in- ciboules, assaisonné d'une demi-feuille de laurier corporez-y quatre jaunes d'æufs frais, desquels el un peu de macis; joignez à cela un demi-verre vous aurez mis les blancs à part; fouettez ces blancs de vin blanc, un peu de consommé et un peu de comme pour faire un biscuit; incorporez-les petit lard râpé; posez vos perdreaux dans une casserole à petit dans votre purée, quoique chaude ; le tout et couvrez-les d'un double rond de papier beurré; étant bien mêlé, versez-le dans une casserole d'ar- une demi-heure avant de servir, faites-les cuire gent ou dans une caisse de papier, ronde ou car- avec feu dessous et ſeu dessus; ayez soin que leurs rée; mettez-le dans un four ou sous un four de estomacs prennent couleur comme si vous les fai- campagne, avec un feu doux, par-dessous et par- siez cuire à la broche; égouttez-les; glacez-les lé- dessus : lorsque votre soufflé sera bien monté, gèrement; dressez-les sur un fumet de gibier. vous appuierez légèrement les doigts dessus; s'il Si vous n'avez point de ſumet, passez le fond résiste moyennement au loucher, c'est qu'il est à de vos perdreaux à travers un tamis de soie, et faites-le réduire avec deux cuillerées à dégraisser retombe. son degré : servez-le aussitôt de crainte qu'il ne d'espagnole, à consistance de demi-glace. Perdrix à la purée, en terrine. -Ayez Sauté de filets de perdreaux. — Dépouillez trois perdrix ; lardez-les de lardons moyens; as- quatre perdreaux; levez-en les filets; supprimez-en saisonnez-les comme il est dit à l'article PERDRIX les peaux nerveuses; mettez un quarteron de bon AUX CHOUX, et faites-les cuire dans le même assai- beurre dans un sautoir; faites-le fondre; trempez sonnement; servez-les avec la purée qu'il vous y vos filets, et arrangez-les l'un après i'autre dans plaira , telle que pois, lentilles, marrons, etc.; le même ustensile; saupoudrez-les d'un peu de garoissez-les de saucisses et de petit lard, ainsi sel; couvrez-les d'un rond de papier (vous aurez que de petits croûtons passés au beurre. PER (375) PER Hachis de perdreaux. — Ayez deux ou trois joignez-y une demi-livre de truffes coupées de la perdreaux cuits à la broche; levez-en les chairs; même forme que vos filets, et que vous aurez fait supprimez-en les peaux et les nerfs; hachez ces cuire dans le beurre où vous aurez sauté ces filets, chairs très-fin; concassez tous les débris de vos et mêlez bien le tout ensemble; que votre sauce perdreaux, et mettez-les dans une casserole avec ne soit pas trop longue; finissez-la avec un petit quatre cuillerées à dégraisser d'espagnole, et deux pain de beurre; dressez votre ragoût, en rocher, de consommé; faites cuire ce ſumet; passez cette sur un plat, où vous aurez mis un bord de petits sauce à l’étamine; faites-la réduire ; dégraissez-la ; croûtons sautés au beurre. réduite à demi-glace, retirez votre casserole du feu (mettez à part un peu de votre sauce, qui vous de trois perdreaux; parez-les; faites fondre du Perdreaux à la Singarat. - Levez les filets servira à glacer votre hachis à l'instant de servir); beurre dans un sautoir; mettez et retournez vos mettez vos chairs dans cette sauce avec une pincée filets dans ce beurre; couvrez-les d'un rond de de mignonnette, un peu de muscade râpée et deux petits pains de beurre; mêlez bien votre hachis; papier ; ayez une langue de veau à l'écarlate, qui ne soit pas trop salée, et dont vous aurez coupé dressez-le sur le plat; garnissez-le de croûlons six morceaux ; donnez-leur la grandeur et la passés dans du beurre, et mettez par-dessus des @ufs poches. forme de vos filets; mettez-les à chauſſer dans une casserole, avec un peu de consommé; prenez les Perdreaux à la d'Artois. — Ayez trois per- parures et le tendre, excepté les peaux de cette dreaux cuits à la broche, sans avoir été piqués; langue; hachez-les bien fin; ayant fait une sauce, levez-en les membres; parez-les; supprimez les comme il est indiqué à l'article ci-dessus, sautez peaux; arrangez ces membres dans une petite vos filets; dressez-les en couronne, avec un mor- casserole, et faites-les chauffer sans bouillir, avec ceau de langue entre chaque filet; saucez-les avec un peu de consommé; mettez les reins et les pa une partie de votre mouillement; mettez votre rures de ces perdreaux dans un mortier ; pilez-les; hachis dans le reste de cette sauce; incorporez versez dans une casserole un bon verre de vin de bien le tout, et placez ce hachis dans le puits de Madère; mettez-y trois échalotes coupées, trois votre ragoût. branches de persil, et un peu de zesle de biga- Perdreaux à l'italienne. — Appropriez rade; faites jeter un bouillon, et joignez à cela cinq cuillerées à dégraisser d'espagnole réduite, et videz-les par la poche; maniez du beurre avec trois ou quatre perdreaux; flamibez-les légèrement, ou de blond de veau; laissez bouillir le tout dix un grain de sel fin; remplissez-en le corps de vos minutes et sur un bon feu; retirez la casserole du fourneau; mêlez à votre sauce vos carcasses pi- dez-les ; embrochez-les avec un attelet entre l'aile perdreaux ; laissez-leur les pattes en dehors; bri- lées; délayez-les; passez-les à l'étamine; ramassez et la cuisse; enveloppez-les de bardes de lard et bien tout ce qui est au dehors de l'étamine; mettez de deux feuilles de papier ; attachez cet attelet des cette purée dans une petite casserole; faites-la deux bouts sur une broche; faites cuire ces per- chauffer au bain-mairie; égouttez vos membres de perdreaux ; dressez-les sur votre plat, en les leur cuisson ; déballez-les; laissez-les égoutter, et dreaux pendant une demi-heure qui doit suffire à entremêlant de quelques croûtons passés au saucez-les avec une bonne italienne rousse et ré, beurre : vous aurez fait un bord à votre plat avec duite. de petits croûtons sautés à l'huile; retirez votre sauce du bain-marie; ajoutez-y le jus d'une ou Paté de perdrix (V. PATÉS). deux bigarades, un peu de mignonnelle et la moitié Perdreaux à la tartare (V. POULET). d'un paio de beurre; passez-la bien, et versez-la sur votre ragoût. Perdrix à la Sierra-Morena (V. PIGEON). Sauté de perdreaux aux truffes. - Levez Perdreaux ou perdrix à la cendre. — les filets de quatre perdreaux; parez-les; mettez Vos perdreaux étant proprement épluchés et vi- fondre du beurre dans un sautoir; posez-y vos dés, retroussez-les en poule, c'est-à-dire, passez- filets; faites-les raidir des deux côtés; égouttez-leur le bout des cuisses dans le corps par le moyen les; posez-les sur votre table; coupez-les par petits d'une petite fente que vous ferez avec la pointe du morceaux d'égale grandeur, et donnez-leur une couteau, de chaque côté; passez-les sur le feu forme ronde ; faites un fumet de carcasse, comme dans une casserole avec un morceau de beurre, il est indiqué ci-dessus; passez-le, et faites-le ré-du persil, de la ciboule et des champignons, le duire; ajoutez-y trois cuillerées d'espagnole tra tout haché bien menu; quand vos oiseaux auront pris vaillée; faites réduire à consistance de demi-glace; le goût de la marinade, enveloppez-les chacun mettez-y vos filets, et ne les faites point bouillir; / d'une barde de lard et ensuite d'une feuille de PIG (574) PIG papier, que vous mouillerez un peu de peur qu'ils pigeons de volière et les pigeons ramiers. Le pi- ne brûlent; enterrez-les dans des cendres rouges, geon commun vit dans un colombier, et ces pi- et, quand ils seront cuits, servez-les avec un cou geons sont ou fuyards ou domestiques. Les der- lis et du jus de citron. niers ne quittent guère les environs de leur ma- Pain de perdreaux. — Faites une purée de noir, mais les autres vont chercher leur nourri- ture au loin. Les uns et les autres ne perchent perdreaux comme il est indiqué ci-dessus en y ajoutant quelques jaunes d'œufs; passez cette pu- pas sur les arbres. On appelle pigeons cauchois rée à l'étamine; meltez-la dans un moule évidé de beaux pigeons du pays de Caux, en Norman- que vous aurez beurré, et soumettez ce moule au die, où cette espèce est plus commune que par- tout ailleurs. bain-marie : une heure de cuisson suffit; dressez votre pain de perdreaux, et saucez-le avec une Parmi les pigeons de volière, les plus gros, les plus succulents et les plus savoureux sont incom- espagnole mêlée d'essence de gibier. parablement ceux de la Romagne. Avec deux pi- Salade de perdreaux. Parez des débris geons romains, on garnit suffisamment un plat de perdreaux rôtis; mettez dans une terrine avec de rôt, et lorsqu'on les coupe, il en découle bonne huile, vinaigre à l'estragon, ravigote ha- presque autant de jus que d'un gigot rôti. Mal- chée, sel et gros poivre; mettez-les ensuite sur un heureusement celte espèce ne saurait se maintenir plat autour duquel vous ferez un cordon avec des en France au-delà de trois à quatre générations, cæurs de laitue coupés en deux ou en quatre, sui terme au bout duquel elle s'abâtardit et se décré- vant leur grosseur; meltez aussi des aufs durs pite. Les ramiers, qu'on appelle aussi bisets parce filets d'anchois, des ognons confits, des câpres, que leur plumage est souvent bigarré de deux des truffes cuites au vin de Champagne. Au mo couleurs, ne sont autre chose que des pigeons ment de servir, arrosez le tout avec l'assaisonne sauvages, parmi lesquels on doit également classer ment resté dans la terrine. la tourterelle, la colombe des bois et la palombe Escalopes de filets de perdreaux. - Pre- des Pyrénées. On élève à Paris une espèce de pi- nez huit filets de perdrcaux; coupez-les en esca- geons qu'on appelle innocents et qu'on nomme lopes, ainsi que les filets mignons; posez-les sur aussi pigeons à la Gautier. Quand on les un sautoir avec du beurre fondu; au moment de mange à l'état de pigeonneaux, il ne s'y trouve servir, faites-les sauter et raidir; égouttez vos fi- tenir à ce que la cartilaginisation est fort tardive aucunes parties osseuses ni solides, ce qui peut lets; retirez votre beurre; mettez dans votre sau- dans les individus de cette race, et ce qui pro- toir trois cuillerées de fumet de gibier et deux cuillerées d'allemande; faites bouillir le tout en- vient peut-être aussi de ce que M. Gautier les semble ; meltez vos escalopes dedans avec des nourrit avec du millet trempé dans de l'eau-de- truffes coupées en lames, ou de beaux champi- neaus innocents sont très-souvent employés dans vie pour les empêcher de grandir. Ces pigeon- guons lournés; finissez avec un morceau de beurre fin et un jus de citron; dressez-les sur un plat bord , à la Régence et à la Financière. ces riches garnitures qu'on appelle à la Cham- avec des croquettes de gibier alentour. Par un préjugé superstitieux emprunté aux PERSIL. On en connaît six espèces , dont Byzantins, les Russes de toutes les classes se re- celle de Macédoine est la plus estimée. Le per- fusent toujours opiniâtrément à manger de la sil doit entrer dans presque tous les ragoûts et chair de pigeon, et c'est, disent-ils, en témoignage toutes les sauces ; mais il y a deux assaisonne- de considération pour les colombes et de vénéra- ments culinaires dont il est le principal ingré- tion pour la Pentecôte. On n'ignore pas la décon- dient, savoir : la watler-fisch et la sauce au per- venue d'un ambassadeur qui avait rassemblé tous sil à la hollandaise (V. CARRELET, PERCHE et les grands-officiers de la couronne de Russie pour SAUCES). un dîner d'apparat, et dont les convives ne vou- lurent pas même déplier leurs serviettes, parce PIEDS. Les pieds des quadrupèdes sont com- que des valets s'étaient dit entre eux que celle posés de ligaments et de membranes qui abondent Excellence de juillet n'avait pas voulu défendre à en gélatine, ce qui les rend très-alimentaires son cuisinier d'employer des pigeons pour la con- (V. PIEDS D’AGNEAU, DE COCIION, MOUTON et fection de ce grand repas, ce qui fut considéré VEAU, à ces divers articles). comme une offense à la dignité nationale ; et vous en concluous que lorsqu'on dine avec des PIGEON. Il y en a de différentes espèces, Russes, il est toujours prudent et poli de ne pas chacun sait : les pigeons communs, leur offrir du pigeon. ainsi que les PIG ( 573 ) PIG Pigeonneaux rôtis. — Vous les flambez sur le cou et les aites ; après les avoir épluchés, met- un feu vif et vous les bridez fortement, après tez-les dans une casserole avec deux ou trois truf- quoi vous les bardez en n'omettant pas de placer, fes , des champignons, quelques foies de volaille, si la saison vous le permet, une large feuille de un ris de veau blanchi et coupé par morceaux, un vigne entre leur chair et la barde. Une demi-bouquet de persil, ciboule , une gousse d'ail, du heure suffit pour les cuire à la broche, et tout le basilic et un morceau de bon beurre; passez le monde sait que la bonne manière de couper les tout sur le feu; mettez-y une pincée de farine; pigeons ou pigeonneaux est en travers, et non pas mouillez moitié jus, moitié bouillon, et, de plus, dans le sens de leur longueur. On commence par un verre de vin blanc; laissez cuire et réduire à en proposer le morceau d'en bas qu'on nomme la courte sauce; ayez soin de dégraisser et d'ajouter, culotte , tandis que les ailes ou le chérubin en servant, un jus de citron ou un filet de vinaigre doivent rester pour les convives moins favo- blanc. risés. Pigeons à la villageoise. - Étant préparés Pigeons à la Saint-Hubert. - Après avoir comme il est dit ci-dessus, assaisonnez-les de sel, flambé des pigeons de volière ou des pigeons ro- poivre, aromates pilés; mettez-les dans une cas- mains, si vous pouvez, vous leur troussez les serole avec un fort morceau de beurre, et placez pattes en dedans du corps, et vous les fendez par cette casserole sur un feu très-ardent; retournez le dos depuis le cou jusqu'au croupion. Videz-les les pigeons de temps en temps. Lorsqu'ils seront et battez-les sur l'estomac, afin que votre pigeon cuits, c'est-à-dire au bout de trois quarts d'heure, soit plat; vous l'assaisonnez de gros poivre et de vous les dresserez; vous jetterez un peu de farine sel; mettez un morceau de beurre à tiédir dans dans le beurre où ils auront cuit; vous ajouterez une casserole; vous les trempez dedans, puis dans un peu de bouillon et le jus d'un citron ; vous de la mie de pain; quand ils seront bien panés, ferez bouillir cette sauce et la verserez sur vos une demi-heure avant de servir, vous les meltez pigeonneaux. du côté de l'estomac , sur le gril, à un feu doux; vous les retournez à propos; dressez-les sur le Pigeons au soleil. --- Ayez des pigeonneaux, plat; mettez dessous un jus clair ou une sauce des tourtereaux ou des ramereaux. Après les avoir dont voici la formule : Ajoutez à votre fond de vidés et bien préparés en leur laissant la tête, les ailes sel, du poivre fin, plein deux cuillères à bouche au travers des cuisses, pour empêcher qu'elles ne d'échalotes bien hachées, trois cuillerées de bon s'écartent trop en les faisant blanchir à l'eau bouil- vinaigre, une cuillerée de chapelure de pain; lante. Lorsqu'ils sont bien épluchés, faites-les vous ſerez jeter deux ou trois bouillons, et vous cuire dans une casserole avec un verre de vin verscrez cette sauce sous vos pigeons. blanc, un bouquet de persil et ciboule, une gousse d'ail, deux clous de gérofle, sel, gros poivre et un Pigeons à la Sierra-Morena. Procurez- petit morceau de beurre. La cuisson achevéc , vous quatre beaux pigeons de volière et coupez-les vous les égouttez et vous les laissez refroidir pour en quatre portions, de manière à ce que chaque les tremper ensuite dans une pâte et les faire frire membre reste adhérent à la partie du corps la de belle couleur ; servez chaudement avec du plus voisine; sautez-les à l'huile fine et sur un feu persil frit pour entrée. tempéré; joignez-y, après quelques minutes de fait en mettant dans une casserole cuisson , des champignons tranchés, des lames de deux poignées de farine, du sel fin, un peu d'huile, truſſes noires, une pointe d'ail écrasée, du gros et en y versant peu à peu du vin blanc pour dé- poivre, du sel en quantité suffisante, et finalement layer la pâte, jusqu'à ce qu'elle soit ni trop claire, une demi-cuillerée de ciboulette verte et finement ni trop épaisse, c'est-à-dire qu'il faut qu'elle file hachée. Lorsque ces quartiers de pigeons, ainsi en la versant de la cuillère. que les tranches de champignons, vous paraîtront bien rissolés, vous retirerez du feu votre sautoir, Pigeons à la crapauline. – Prenez de dans lequel vous verserez un demi-verre de vin bons pigeons dont vous trousserez les pattes en de Malaga. Remuez et vannez votre appareil, et dedans; s'ils sont très-gros, vous les couperez en puis vous garnirez avec des croûtons frits et glacés deux, sinon vons ne ferez que les fendre par der- cet excellent plat d'entrée. rière, et les aplatirez sans leur briser les os; fai- les-les mariner avec de l'huile fine, gros poivre, Pigeons en compote. — Prenez six pigeon- persil, ciboule, champignons, le tout haché; neaux bien échaudés, à qui vous trousserez les faites-leur prendre le plus d'assaisonnement que paltes dans le corps; faites-les blanchir ; ôtez-en vous pourrez, et panez-les de mie de pain ; met- cuisson un demi-verre de bouillon ou d'cau, du ailes et les pattes, passez à chacun une brochette de cette pate se PIG ( 376 ) PIG tez-les sur le gril, et les arrosez du reste de leur | les meltez dans une casserole entre des bardes de marinade; faites-les griller à petit feu et d'une lard et le beurre dans lequel vous les avez fait belle couleur dorée; quand ils sont cuits, vous raidir, vous y ajoutez une cuillerée de blond de les servez avec une sauce faite de cette façon; veau; un bon quart d'heure avant de servir, vous vous mettez un ognon coupé dans un 'mortier avec les mettrez au feu, et, au moment de servir, vous du verjus; pilez bien le tout ensemble, et faites-les égoutterez et les dresserez sur votre plat, où en sortir le jus que vous mettez avec bouillon, sel, vous placerez une écrevisse entre chaque pigeon, gros poivre ; faites chauſſer et servez sous les pi- et vous meltrez dessous une sauce italienne. geons qui peuvent se servir sans verjus avec une Pigeons en macédoine et en chartreuse. autre sauce claire et piquante. - Tournez des carottes et des navets de la gros- Pigeons aux petits pois. - Prenez trois ou seur du doigt ; faites-les blanchir dans de l'eau et quatre pigeons, suivant qu'ils sont gros; échau- du sel, puis faites-les cuire dans du consommé dez-les et les faites blanchir ; mettez-les dans une avec un peu de sucre; ſaites cuire d'autre part des casserole avec un bon morceau de beurre, un li haricots verts , des petits pois , des laitues et des tron de petits pois, un bouquet de persil, ci-choux. Tout cela étant préparé et vos pigeons boule; passez-les sur le feu et mettez-y une pin étant cuits, vous prendrez un moule à charlotte ; cée de farine; mouillez avec un verre d'eau , vous le garnirez de papier beurré, et vous en dé- faites cuire à petit feu ; quand il n'y a plus de corerez le fond avec des carottes et des navets sauce, vous y mettez un peu de sel fin, une liai coupés en deniers, des haricots verts coupés en son de deux jaunes d'eufs avec de la crème; faites carrés ou losanges, des petits pois qui figureront lier sur le feu sans bouillir, el servez à courte sauce. des cordons de pertes, etc. ; vous dresserez le Si vous voulez les servir au roux, vous y met long des parois des carottes et des navets qui for- trez un peu plus de farine , et mouillerez moitié meront des colonnes, vous donnerez de la consis- jus, moitié bouillon ; laissez cuire et réduire jus tance à tout cela en le garnissant de choux et de qu'à ce qu'il n'y ait que peu de sauce bien liée, laitues bien pressés ; puis vous mettrez un pigeon et vous y mettrez le sel un moment avant de ser dans le milieu ; vous les couvrirez avec le reste de vir, et gros comme une noisette de sucre. vos légumes arrosés d'une sauce allemande, et vous mettrez en dernier lieu le reste des laitues et Pigeons-Gautier à l'aurore.-Vos pigeons des choux que vous presserez un peu. Faites étant préparés, faites-les revenir dans le beurre chauffer le moule au bain-marie; dressez la char- avec du sel, du poivre, de la muscade râpée, une treuse en couvrant le moule avec un plat et le feuille de laurier et un jus de citron. Quand les renversant, et saucez avec une sauce espagnole pigeons seront bien revenus, mettez un peu de réduite. farine dans votre beurre; ajoutez un ognon , un clou de gérofle et des champignons hachés; faites Pigeons en terrine. - Farcissez vos pigeons bouillir le tout pendant quelques minutes ; Ôtez sur l'estomac, entre cuir et chair ; faites-les cuire alors les pigeons; laissez réduire la sauce; ôtez-en à la braise avec les ingrédients ordinaires et des l'ognon et le laurier; versez cette sauce sur les racines ; faites blanchir un chou pommé, coupé pigeons, et laissez refroidir le tout. Les pigeons en deux, que vous mettrez à l'eau froide; après étant froids , pancz-les en les trempant d'abord l'avoir égoutté, vous le ficelez; mettez vos pigeons (enduits de leur sauce) dans de la mie de pain, dans une marmite avec le chou, du jambon et du puis dans des œufs battus et assaisonnés de sel et petit lard; faites cuire entre deux ſeux; lorsque le poivre, et une seconde fois dans de la mie de tout est cuit, dressez dans la terrine avec le petit pain; faites-les frire alors, et servez-les de belle lard et les choux coupés en filets; servez avec une couleur avec du persil frit pour garniture. essence, et sur le tout un coulis de perdrix. Pigeons-Gautier à la financière. — Vos Tourte de pigeonneaux, tourtereaux ou ramereaux. Faites une abaisse de pâle line; pigeons étant préparés et cuits comme il est dit à l'article précédent, dressez-les, et mettez au mi- foncez-en une tourtière; arrangez-y vos pigeons lieu du plat un ragoût de truffes mêlé de foies que vous apprêterez comme les perdrix en tourte; couvrez-les de tranches de veau, de bardes de lard gras, crêtes et rognons de coqs. et de beurre frais; recouvrez d'une abaisse de Pigeons à la cuillère. — Après avoir flambé même pâte ou de feuilletage; finissez à l'ordi- et paré des pigeons-Gautier, mettez dans une cas naire; dorez et mettez au four. Votre tourle serole un bon morceau de beurre, le jus d'un ci- cuite, dégraissez-la ; ôtez le veau, le lard, le bou- tron, un peu de sel et du gros poivre; vous faites quet, les ognons; versez-y un coulis clair de veau raidir vos pigeons dans cet assaisonnement; vous et jambon. PIG ( 377 ) PIL Pigeons à la Sainte-Ménehould. - Met-, distingue le mâle par un collier noir qu'il a au tez dans une casserole un morceau de beurre ma cou. Les tourtereaux et les tourterelles s'em- nié de farine, un bouquet de persil et ciboules, ploient, comme le ramier, le plus ordinairement deux ognons en tranches, des carottes et des pa- à la broche. nais émincés, une gousse d'ail entière, deux clous Pigeons au basilic. - Après les avoir fait de gérofle, une feuille de laurier, sel, poivre, cuire à la braise, il faut dégraisser leur mouille- muscade, et une chopine de lait ; faites bouillir ment et le passer au tamis : ensuite on le fait ré- quelques instants, et mettez-y les pigeons que duire en y faisant bouillir une forte pincée de vous faites cuire à petit feu ; lorsqu'ils sont cuits, grand basilic sec, el qu'on aura soin de renfermer retirez-les et faites-les égoutter; faites réduire la dans un nouet de toile fine. Au bout de sept à huit cuisson , laissez-la refroidir et sauce:-y les pi- minutes d'ébullition, on replacera les pigeons geons ; panez-les et faites-les griller en les arrosant dans ladite sauce, et l'on garnira cet ancien plat du gras de la cuisson. Servez avec une rémou- d'entrée avec des bâtons royaux ou des rissoles lade. frites et farcies de hachis de pigeon (V. pages 34 Pigeons frits à la bonne femme. - Pre et 55). nez des pigeonneaux de sept à huit jours; Nam- Pigeons aux topinambours. – Préparez- bez-les légèrement; laissez-leur les ailes , la tête les comme un ragout ordinaire à la poulette , et et les pattes ; faites-les cuire avec un morceau de puis faites cuire avec eux une demi-douzaine de beurre, du vin blanc, un bouquet garni , deux topinambours coupés en talon de bottes, et que clous de gérofle, une pointe d'ail, sel, gros poi- vous aurez eu soin de faire blanchir avant de les vre et muscade. Lorsqu'ils sont cuits, retirez-les adjoindre à cet appareil. Liez la sauce, au moment pour les faire égoutter; trempez-les dans une pâte, de servir, avec trois jaunes d'æufs que vous aurez et faites-les frire de belle couleur, et servez-les délayés avec une cuillerée d'eau-de-vie brûlée avec du persil frit. d'avance, et où vous mélangerez une pincée de Ramereaux poêlés. - Videz et flambez lé- muscade en poudre. gèrement trois ou quatre ramereaux; retroussez On pourrait indiquer un nombre infini de pré- leur les pattes en dedans ; foncez une casserole de parations dont les pigeons, les ramiers, les colom- bardes de lard, mettez-y une lame de jambon, un bes et les tourtereaux sont susceptibles. Il est suf- bouquet de persil et ciboules, une branche de ba- fisant de faire observer ici qu'on peut les mettre silic, une demi-feuille de laurier, deux ognons , en limbale, en papillotes, en croustade, en cas- dont un piqué d'un clou de gérofle, une carotte serole chaude et en terrine froide, ainsi qu'en coupée en quatre, un petit verre de vin rouge ou pâté pour entremets. blanc, et un verre de consommé; posez vos ra- mereaux sur ce fond , couvrez-les de bardes de PIGNÉSIE, sorte de nougat blanc qui s'opère lard ; faites-les partir, mettez-les sur un feu mo avec l'amande de la pomme de pin et le miel de déré dessous et dessus; faites-les cuire environ Narbonne (V. page 336). trois quarts d'heure : leur cuisson faite, égouttez- les, dégraissez-les, et servez dessous une sauce PIGNONS, semences du pin qui se trouvent poivrade légèrement acidulée. comprises parmi les quatre semences froides, et qui doivent entrer dans la composition de l'orgeat Ramereaux à l'estou fade. Videz et suivant l'ancienne formule (V. PHARM. DOM.). flambez trois ramereaux; préparez des moyens lardons, assaisonnez-les de sel, de poivre , de PILAU, préparation d'origine orientale et persil et ciboules hachées, d'épices fines et d'aro- dont l'élément principal est du riz assaisonné de mates pilés et passés au tamis (il faut que le basi safran. lic y domine un peu); Jardez vos ramereaux, Pilau turc au gras. Prenez une mesure marquez-les dans une casserole, comme il est énoncé dans l'article précédent; faites-les bien de riz, que vous lavez à l'eau tiède, et trois me- sures de bon bouillon; mettez le tout dans un cuire : leur cuisson achevée, dressez-les sur vo- vase qui ferme hermétiquement sur un feu bien tre plat, passez leur fond au tamis, saucez-les et ardent. Lorsqu'il commence à bouillir, délayez servez-les. dans une soucoupe ou dans une tasse un peu de Tourterelles et tourtereaux. Ils sont de safran du Gatinais, et versez-le dans le vase. Fai- la famille des pigeons : mais leur chair est plus les ensuite bouillir à gros bouillon , tenant 10u- estimée que celle de ces derniers; les sauvages jours le vase exactement clos. Le riz crève, se sont d'un meilleur goût que ceux des volières. On durcit et prend consistance. Alors dépotez-le, et PIS ( 378 ) PLU servez-le sur un plat en pyramide. Cette opéra- | taches pilées, deux amandes amères, jointes à une tion bien conduite dure une heure ou tout au plus poignée d'amandes douces émondées et un peu une heure et demie. d'épinards blanchis, passés au beurre; pilez et Pilau maigre. Mesurez une partie de riz passez au travers d'un tamis de crin; ajoutez six et trois parties d'eau où vous aurez fait dissoudre un fortes cuillerées de sucre en poudre, de l'eau de peu de sel; menez le tout à gros bouillon dans un fleur d'orange, et un ou deux eufs entiers, que vase bien clos et sur un feu très-ardent. Lorsque vous aurez bien incorporés dans cette crème; le riz est crevé et cuit, on y fait des trous avec le étendez-la également sur votre première abaisse ; manche d'une cuillère de bois , et l'on introduit couvrez-la de la seconde; dorez-la avec du lait ; dans ces trous de bon beurre frais ou roussi dans piquez-la, rayez-la, en formant des carrés de trois la poêle. Le beurre pénètre le riz et lui sert d'as- pouces de longueur sur deux de largeur : dorez saisonnement. On dégraisse et l'on dresse le pilau cette abaisse avec du lait une seconde fois; sau- sur un plat. poudrez-la de sucre passé au tamis de crin, de fleur d'orange pralinée et bien hachée : laissez PIMENT, espèce de solanée dont le fruit a fondre un peu votre sucre; faites fondre ce piski- une saveur âcre analogue à celle du poivre. Le nioff à un four un peu plus chaud que pour les piment se nomme vulgairement poivre long. biscuits, et dans lequel four vous aurez allumé un PIMENT DE LA JAMAIQUE, fruit du retirez-le, divisez-le par carrés que vous dresse- éclal pour le faire grêler : sa cuisson achevée , myrtus pimenta , qui à une odeur qui se rap- rez et servirez pour entremels. proche beaucoup de celle du gérofle. Ses fruits séchés et pulvérisés sont employés comme épice. PLIE, poisson de la famille naturelle des PIMENT ÉNRAGÉ. On appelle ainsi la va- achanlures , et dont les préparations doivent tou- riété du myrtus pimenta qui croit sous les tro-jours être analogues à celles qu'on emploie pour la piques, et dont nous avons déjà suffisamment parlé limande et pour le carrelet (V. pages 127 ei 296). page 285, à l'article KARI. PINTADE, ou, si l'on veut, PEINTADE, oiseau PIMPRENELLE, herbe légèrement aroma- domestique originaire de Numidie, et qui n'a pu lique, dont les jeunes feuilles sont employées s'acclimater chez nous que vers le milieu du xvrº siècle. On l'élève assez bien en France, mais comme assaisonnement dans les salades et les bayonnaises. il faut qu'on le tienne à part, attendu qu'il tue les autres volailles : il a aussi le défaut de grimper PISTACHE, fruit du pistachier, arbre qui sur les toits, qu'il dégrade, et son cri, plus fré- croît dans toutes les contrées méridionales ; la quent que celui du paon , est plus désagréable pistache est une petite noix oblongue, assez diffi- encore. Lorsque la pintade est élevée en liberté cile à casser, parce qu'elle est élastique : elle ren dans un parc, sa chair égale en délicatesse celle ferme une semence huileuse dont la chair est d'un da faisan. On l'apprêle absolument de la même vert tendre; elle a un goût plus agréable que l'a- manière; ainsi voyez pages 223 et suivantes. veline; elle est aussi moins sèche. On substitue avec avantage la pistache aux amandes et aux ave PLONGEON, oiseau aquatique dont on dis- lines dans toutes les préparations dont ces semen tingue plusieurs espèces qu'on apprête de la ces émulsives font partie. Elle est souvent em même façon que les rouges de rivière et les al- ployée dans les préparations de la haute cuisine, brans. Le plongeon de Seine est renommé pour ainsi que dans celles de l'office (V. notaminent à la saveur et la finesse de sa viande, et il est classé nos articles CRÈMES CUITES et CRÈMES CRUES, parmi les aliments abstinentiels, ainsi que nous FLANS, TARTELETTES, DRAGÉES, GLACES, etc.). l'avons marqué à l'article MAIGRE, pages 310, 311 et 312. PISKINIOFF, excellent gâteau polonais que les cuisiniers francais appellent improprement PLUM-PUDDING (recette traduite de biscuit de niauffes. Faites un demi-litron l'anglais par feu M. de Cussy). – Ayez de feuilletage; donnez-lui un tour ou deux de deux livres de moelle de bæuf, ou, à défaut de plus qu'on ne lui en donne ordinairement, for-moelle, deux livres de graisse de rognon de bæuf; inez-en deux abaisses carrées, de l'épaisseur de Ôtez-en la peau les nerfs; hachez-la bien menu, trois lignes ; couvrez une plaque d'office d'une de et mettez-la dans un grand vase; épépinncz une ces abaisses ; étalez dessus de la crème pâtissière, livre et demie de raisin de caisse; épluchez une à l'épaisseur de huit à dix lignes, dans laquelle demi-livre de raisin de Corinthe, et mêlez ces crème vous aurez mis une bonne poignée de pis- ! raisins avec votre graisse ou moelle; ajoutez à PLU ( 379 ) PLU de cela trois livres de mie de pain passée au tambour | peu solide, les personnes accoutumées à un grand ou dans une passoire, un bon verre de vin de exercice de corps ne s'accommoderaient pas Malaga, deux petits verres d'eau-de-vie de Co-cette nourriture. « Et disoyent-ils à Gargantua gnac, le zeste de la moitié d'un citron, baché » que le Pleuvier est de la viande à gents bien fin, une poignée de cédrat confit, coupé en saoulx,et desja reputs de chairnon creuse.» petits dés, une bonne poignée de farine de seigle, Les pluviers se mangent piqués, vidés, cuits à du sel fin en suffisante quantité, et huit aufs en la broche , avec des rôties dessous, et aussi farcis tiers ; mouillez le tout avec du lait; maniez-le pour entrée de broche; à la braise, à la cendre; avec les mains de manière à ce que le tout soit garnis de truffes ; aux olives, à la poêle, au gra- bien mêlé; formez-en une pâte un peu liquide : tin, etc. faites bouillir de l'eau dans une marmite capable On emploie les oeufs du pluvier de la même de contenir votre plum-pudding; votre eau bouil- manière que les aufs du vanneau; mais ils sont lante, farinez une serviette et posez-la dans une inférieurs à ces derniers. passoire (laquelle sert de moule pour former votre Pluviers en entrée de broche. Videz plum-pudding), et mettez-y votre appareil : ras- semblez les coins de cette serviette, liez-les forte- | quatre pluviers dorés; faites avec leurs intestins ment, sans trop serrer votre pâte; mettez le tout du lard râpé, poivre, sel, persil , échalotes, une dans votre marmite , qui doit bien bouillir: reti- farce, et garnissez-en l'intérieur des pluviers; rez-la alors au fond du fourneau, et conduisez-la bardes de lard , et enveloppez-les de papier ; embrochez-les avec un attelet ; couvrez-les de comme un pot-au-feu : observez qu'il ne faut la couchez les pluviers sur broche ; lorsqu'ils scront couvrir qu'à moitié, qu'il ne faut pas qu'elle cesse de bouillir, que pour l'entretenir il faut toujours serez les pluviers et vous verserez dessus un ragoût cuits, vous ôterez le papier et le lard ; vous dres- avoir de l'eau bouillante, et que sans tout cela l'eau pénétrerait dans votre plum-pudding : lais- aux trufles. se Pluviers à la braise. - Vos pluviers bien d'heure en heure : durant sa cuisson, faites la appropriés, faites-les cuire comme les pigeons et sauce indiquée ci-après : mettez dans une casse autres volailles à la braise. Mettez du coulis dans role un quarteron de beurre fin, une pincée de leur cuisson ; dégraissez la sauce que vous passez farine, une pincée de zeste de citron , une écorce au tamis et que vous servirez sous vos oiseaux. de cédrat hachée, de même une petite pincée de sel et une cuillerée à bouche de sucre fin; mouil- Pluviers aux truffes. - Procurez-vous trois lez le tout avec du vin de Malaga ; faites cuire ou quatre pluviers; après les avoir flambés, vidés comme une sauce ordinaire : au moment de ser- et épluchés, mettez-les dans une casserole avec vir, égouttez votre plum-pudding un instant; dé- une douzaine de belles truffes entières, dont la liez et ouvrez-en la serviette; posez un plat sur peau aura été ôtée, un bouquet assaisonné, un votre plum-pudding, retournez-le, Ôtez-en la ser- peu de basilic, sel et poivre; faites revenir le tout viette; saucez et glacez-le avec la sauce énoncée dans le beurre, et mouillez-le avec un verre de ci-dessus, et servez-le tout de suite. vin de Champagne, six cuillerées d'espagnole ré- Observez que vous pouvez également faire cuire duite; faites cuire ainsi vos pluviers. Leur cuisson votre plum-pudding au four, en le mettant dans achevée et vos oiseaux dégraissés, mettez-les ainsi une casserole beurrée. que les truffes dans une autre casserole; passez la sauce à l'étamine; dressez vos pluviers sur un plat; PLUNK-FINE, ragoût de bouf à l'écossaise mettez dessus vos truſſes en rocher; faites réduire (V. page 87). la sauce sur laquelle vous versez du jus de citron, et servez. PLUVIER. Il en existe deux variétés qui Pluviers au gratin. - Ayez trois ou quatre diffèrent principalement par leur couleur ; celui pluviers que vous flambez et videz; vous faites une de la première est jaune, c'est le pluvier doré; farce de leurs intestins comme celle indiquée pour celui de la seconde est cendré, c'est le pluvier les bécasses à l'anglaise (V. BÉCASSE); vous en gris. La chair en est d'un goût très-délicat. Plusieurs remplirez leur corps, et puis vous mettez au fond auteurs ont confondu le vanneau et le pluvier, parce d'un plat d'entrée l'épaisseur d'un travers de doigt que ces deux oiseaux habitent les mêmes lieux, vi- de gratin; arrangez dessus vos pluviers; remplis- vent des mêines aliments, et ont une chair assez sez de ce gratin les vides qui peuvent se trouver semblable par le goût et par les effets qu'elle pro- entre eux; relevez-en la farce autour, ayant la duit. Le pluvier excite l'appétit, et se digère ſaci- précaution de n’en point garnir les estomacs quc lement; mais, comme il procure une alimentation vous couvrez de hardes de lard; mettez-les cuire POI ( 380 ) POI au feu ou sous un four de campagne , avec feu dent pas entièrement par la cuisson; aussi pro- modéré dessous et un peu ardent dessus. La cuis duisent-elles un resserrement opiniâtre et fati- son achevée, dégraissez vos oiseaux, et saucez gant lorsqu'on en fait un usage habituel (V. COM- les avec une italienne rousse. POTES, CHARLOTTES, CONFITURES, etc.). POÊLE, ustensile de cuisine en fer battu, Poires au beurre et à la liqueur de can- ayant une longue queue, dont on se sert surtout nelle (V. CHARLOTTES de poires à la vanille pour faire des fritures et des omelettes. et à la Conde, page 143). POÈLON, instrument culinaire ordinaire- Poires à la moelle et à la crème de pis- taches (V. CHARLOTTES et CHARTREUSE à la ment en cuivre jaune et non étamé, avec une crème aux fruits). assez longue queue, pour pouvoir l'exposer au feu de cheminée. Poires au lard (cuisine étrangère,ragoat Les poêlons d'office sont des espèces de casse allemand). Coupez du petit lard en mor- roles beaucoup plus profondes que celles qui ser ceaux carrés de la grosseur d'un ouf de pigeon , vent à la cuisine. On emploie des poêlons pour et faites-les rissoler à la poêle. Pelez des poires faire du sirop de sucre, pour opérer diverses su cassantes et coupez-les en morceaux bien égaux, creries, etc. afin qu'ils puissent cuire également. Faites-les d'abord étuver avec un peu de bouillon de veau ; POINTE. Cette expression gastronomique ensuite égouttez-les, ainsi que vos carrés de lard , exprime une petite quantité d'un assaisonnement afin de retirer l'excès du liquide pour les poires dont la saveur doit être vive. On dit une pointe et le trop de graisse pour lesdites rissoles. Vous d'ail, de verjus, etc. mélangerez le tout dans une même casserole en y POIRE, fruit du poirier ; il y en a un grand ajoutant une pincée de muscade râpée, du gros nombre de variétés qu'on peut diviser en trois poivre et quelques feuilles de tanaisie (bien ha- classes : les poires fondantes, les poires à chair chées). Vous ſerez bouillir le tout ensemble pen- dant vingt-cinq minutes, et vous servirez ce bon cassante , mais douce; les poires à chair ferme ou cassante, et imprégnées d'un principe astringent plat allemand garni de croûtons frits, ainsi qu'il se cassante , et imprégnées d'un principe astringent pratique régulièrement tous les mercredis à la que la cuisson ne fait pas totalement disparaître. cour de Wurtemberg. Presque toutes les poires d'été appartiennent à la première classe; on doit également y comprendre POIREAU, légume qui n'est employé que un grand nombre de celles quí mûrissent en au- pour assaisonnement dans les potages français et tomne, telles que les beurrés, les doyennés; et, dans les courts bouillons de formule étrangère : il parmi les poires d'hiver, le Saint-Germain, la y a pourtant des pays où l'on prépare quelques virgouleuse, la crassane et quelques autres. ragoûts de poireaux, et notamment en Bressac, où Toutes les poires fondantes dont la pulpe est l'on confectionne une certaine soupe grasse avec sucrée sont nutritives et facilement digestibles ; des poireaux blancs qui mérite une considération elles rafraîchissent et ne fatiguent jamais l'esto- particulière (V. POTAGES). mac. Pa , la pulpe est moins sèche et plus facilement divisible; qu'on fail subir au suc de poires ; on ne s'en telles sont le Messire-Jean doré, le rousselet et le sert en cuisine que pour faire le mouillement des bon-chrétien d'Espagne : ces poires sont moins matelotes normandes, ainsi que nous l'avons in- digestibles que les précédentes; mais elles peuvent | diqué pages 127 et 128. être mangées crues sans inconvénient par les per- sonnes dont l'estomac est dans un état normal et POIRÉE, plante potagère et médicinale de la satisfaisant. famille de l'arroche (V. PHARMACIE DOMÈSTI- Quant aux poires dont la chair est décidément QUE). sèche et cassante, elles ne conviennent, à l'état de crudité, qu'aux estomacs les plus robustes; POIS. On ne traitera dans cet article que des mais étant cuites avec une petite quantité de petits pois cueillis avant leur maturité, lorsqu'ils sucre, elles forment un aliment très - agréable et sont tendres et remplis d'une eau sucrée, état dans fort sain. lequel leur substance est agréable, mais peu ali- Les poires de la troisième classe, telles que le mentaire. calillard et la poire de livre, ont une telle acerbité Les pois secs ne servent qu'à faire des purées ; qu'on ne peut les manger crues : elles ne la per- | on y emploie surtout les pois verts dits quaran- POI ( 381 ) POI tains, qu'on trouve aujourd'hui dans le com- , mouillement; au moment de servir, retirez la cas- merce débarrassés de leur pellicule, et dont la serole du feu ; versez dans un vase la cuisson de pulpe a une saveur sucrée très-sensible (V. PU vos pois, mettez-y de la crème et du sucre en pou- RÉES). Nous avons traité des pois-chiches ou dre; versez la sauce sur les pois et sautez-les avant garvansos à l'article OILLE. de les servir. Petits pois à l'ancienne mode (recette de Petits pois à l'anglaise. — Ayez un litron l'abbaye de Fontevrauld). — Faites écosser, ou un litron et demi de pois écossés; mettez dans peu de temps avant de les mettre à cuire, deux une casserole deux ou trois pintes d'eau et une litrons de fins pois verts, et tenez-les renfermés poignée de gros sel; faites bouillir cette eau ; je- dans une serviette mouillée. Prenez ensuite un tez-y vos pois; ajoutez-y une branche de baume- cæur de laitue pommée dont vous écarterez le cocq ou tanaisie , et laissez bouillir ; lorsque vos milieu des feuilles, afin d'y placer une branche pois seront cuits, égouttez-les dans une passoire; ou tige de sariette verte et fraîchement cueillie. mettez un quarteron de beurre fin dans le plat que Ficelez cette laitue et mettez-la dans une casse vous devez servir, vos pois par-dessus, et sur les role avec vos pois, une pincée de sel, un demi- pois une pincée de baume bien haché. verre d'eau et une demi-livre de beurre tout frais. Pois au lard ou au jambon. Faites un Après un quart d'heure de cuisson, vous en ôte- rez la laitue, et puis, au moment de servir, vous roux léger; passez-y du petit lard ou du jambon lierez vos pois avec trois cuillerées de creme dou-coupé en tranches carrées ; mouillez avec du ble où vous aurez délayé le jaune d'un auf du bouillon, et mettez-y vos pois avec un bouquet jour avec une pincée de poivre blanc et une petite de persil et ciboules, sel et poivre : faites cuire cuillerée de sucre en poudre. à petit feu, et servez pour litière d'un plat d'en- trée. Petits pois à la parisienne. — Ayez un Vous pouvez en garnir un gros plat de relevé, litron de pois très-fins; mettez-les dans un vase lorsque vous ajoutez dans ce ragoût soit des ten- avec un peu de beurre frais; maniez-les avec la drons ou des ris de veau braisés, soit des pigeon- main ; versez de l'eau par-dessus, et laissez-les un neaux étuyés ou des cailles rôties. demi-quart d'heure dans cette eau pour les alten- drir; égouttez-les dans une passoire; mettez-les POISSON. Les Romains conservaient six dans une casserole; faites-les suer sur le feu, en mois le poisson frais, en le meilant dans de la neige, les remuant souvent; lorsqu'ils seront bien verts, au fond d'une glacière ; et ils avaient une loi qui ajoutez-y un bouquet de persil et de ciboules ; défendait aux marchands de poisson de s'asseoir couvrez-les; mettez-les sur un feu doux; sautez- jusqu'à ce qu'ils eussent vendu toutes leurs pro- les de temps en temps : leur cuisson faite, maniez visions, afin que cette obligation de se tenir de- un pain de beurre avec une demi-cuillerée de bout les rendîl plus soumis et plus empressés de fleur de farine; mettez-le dans vos pois en y joi- vendre à un prix raisonnable. gnant un peu de sucre; remettez-les sur le four- Montesquieu attribue la grande population de la neau pour faire cuire votre farine; goûtez s'ils sont Chine à l'usage fréquent du poisson ; il semble que d'un bon sel; dressez-les de manière à ce qu'ils la nature ait indiqué cette propriété en mettant fassent bien le rocher ; s'ils se trouvaient trop dans chaque poisson une si grande quantité de liés, versez-y un filet d'eau et vannez-les preste- germes reproducteurs. Plusieurs naturalistes se ment. sont amusés à compter les aufs de certains pois- Petits pois à la bourgeoise. Faites un sons. Bloch et Leuwenbæk ont publié des calculs roux très-léger ; passez-y les pois et prenez garde assez curieux à cet égard. On ne les citera pas tous, qu'ils ne se racornissent si vous les y laissiez trop : long-temps; mouillez avec un peu d'eau bouil- La femelle d'un saumon, pesant vingt livres , lante ; ajoutez sel et poivre, un bouquet de persil contenait vingt-sept mille huii cent soixante æufs. La femelle d'un brochet moyen, cent quarante- et un cæur de laitue; laissez réduire jusqu'à ce huit mille. qu'il n'y ait plus de sauce ; au moment de servir, livres, deux cent quatre-vingt-dix-sept mille deux La femelle d'une lanche de quatre ajoutez une liaison de trois jaunes d'@ufs. La ſemelle d'un maquereau, cinq cent Petits pois à la crème. – Mettez dans une soixante el onze mille. La elle d'une carpe casserole un morceau de beurre manié d'un peu de neuf Jivres, six cent vingt-huit mille deux cents. de farine; lorsque le beurre est tiède, mettez-y les — La femelle d'une morue , ncuſ millions trois pois avec un bouquet de persil et de ciboule, sel cent quarante-trois mille. et poivre; laissez-les cuire dans leur jus, sans Ce ne fut en France qu'au XII° siècle que les cents. POI ( 382 ) POI ou les sauces, marchands réunis en compagnie entreprirent d'ap- ployée dans nos cuisines. Il y a eu des temps où provisionner de marée la capitale; alors s'établit les épiciers n'étaient connus que sous le nom de la différence des harcngères chargées de la vente poivriers. Une livre de poivre était alors un pré- du poisson de mer, et des poissonnières qui fai- sent considérable : c'était quelquefois un des saient la vente du poisson d'eau douce. tributs que les seigneurs ecclésiastiques ou sé- Il se vend annuellement à Paris pour quinze culiers exigeaient de leurs vassaux de cent mille francs de poisson d'eau douce, et leurs serfs. Geoffroy, prieur du Vigeois, voulant six millions deux cent mille francs de marée. cxalter la magnificence de Guillaume, comte de La proximité de la mer fait de Paris l'entrepôt Limoges, raconte qu'il avait chez lui des tas énor- des ports de l'Océan. Diverses espèces de poissons mes de poivre amoncelé, comme si c'eût été du frais fournissent abondamment aux besoins quoti-gland pour les porcs. Le maître-queux du comte dicns. Cependant il en est un plus grand nombre étant venu un jour en demander pour qui, jusqu'à ce jour, n'avait pu supporter le trans l'officier qui gardait ce magasin si précieux pril port, quelque accéléré qu'il fût. Les délicieux une pelle, dit l'historien, et il en donna une pel- poissons de la Méditerranée semblaient ne devoir letée entière, tandis que partout le pays on jamais paraître sur les tables de la capitale, malgré comptait par grains. que le roi Louis XV eût accordé, à titre d'encou- Quand Clotaire III fonda le monastère de Cor- ragement, une prime de 9,000 francs à celui qui bie, parmi les différentes denrées qu'il assujettit pourrait faire arriver à Paris une dorade fraîche; ses domaines à payer annuellement aux religieux, aucun entrepreneur ne put gagner cette récom- il y avait trenle livres de poivre. Roger, comte de pense, au grand désespoir des Lucullus du siècle Béziers, ayant été assassiné dans une sédition par dernier. les bourgeois de cette ville, en 1107, une des pu- On dit proverbialement : jeune chair et nitions que son fils imposa aux bourgeois, lors, vicux poisson ; mais cet adage est tout-à-fait qu'il les eut soumis par les arines, fut un tribut dépourvu de justesse. La substance des vieux de trois livres de poivre, à prendre annuellement poissons est ordinairement coriace et mollasse. sur chaque famille. Enfin, à Aix, les juifs étaient On les reconnaît aisément à leur volume , et sur- obligés d'en payer de même deux livres par an à tout à la grandeur et la dureté de leurs écailles. | l'archevêque. C'étaient, disent les Annales de On préfère, en général, les poissons mâles, à cause ľéglise d'Aix, Bertrand et Rostang de Noves, de leurs laitances ; mais , quant à la délicatesse de archevêques de cette ville, l'un en 1143, l'autre la chair, il est reconnu que celle des femelles est en 1283, qui avaient imposé cette servitude aux beaucoup plus courte, plus fine et plus sapide, Hébreux pcrfides. Comme les propriétés relatives à chaque espèce Nous avons déjà dit qu'il y a trois principales de poisson se trouvent indiquées à l'article qui le sortes de poivre, qui sont : le poivre noir, le poivre concerne et qui traite de ses préparations culi- blanc et le poivre long. C'est toujours un stimulant naires, on va se borner à donner ici la nomencla- très-énergique; aussi ne l'emploie-t-on, dans la ture de tous les poissons d'eau douce et d'eau bonne cuisine, qu'avec beaucoup de modération. saléc. Les personnes dont le système nerveux est irrita- Poissons de mer. Esturgeon, Turbot, Sau- ble doivent même s'en abstenir absolument, ainsi mon, Cabillau, Thon, Bar, Alosc, Dorade, Raie, que du gérofle et du piment de Cayenne. Maquereau, Sole, Barbue, Carrelet, Limande, Il n'en est pas ainsi pour les gens de campagne Plie, Vive, Éperlan, Rouget, Harengs, Sardines. et pour tous ceux qui se livrent à des travaux ſa- tigants : leur estomac, dont la sensibilité est émous- Crustacées. Homards, Langoustes, Crabes, sée par l'habitude d'une nourriture grossière, a Crevettes, Chevrettes ou Salicoques. besoin d'être fortement excité; le poivre est très- Coquillages. Huîtres, Moules, Pèlerines, Or- propre à produire cette excitation ; aussi en fait-on un grand usage dans toutes les préparations de la miers. cuisine rurale. Poissons de rivière. Brochet, Carpe, An Il existe encore un grand nombre de produc- guille, Truite, Ombre-Chevalier, Lavaret, Ferrat, tions exotiques auxquelles on donne le nom de Perche, Lotte, Lamproie, Barbolte, Barbcau, Tan- poivre, telles que le poivre d'Éthiopie, le poivre che, Goujon, Brême, crevisses. de la Jamaïque, le poivre de Madagascar, le poivre de Mascaren et le poivre de la Chine. POIVRE. De toules les épiceries connues, Le poivre d'Éthiopie ou grain de Zélim esi un dit M. Legrand d’lussy, le poivre a toujours été fruit qui croît en gousses longues de trois pouces la plus répandue dans le commerce et la plus em et de la grosseur d'une plume d'oic. Les habitants POM ( 333 ) POM s'en servent contre les douleurs de dents. Le poi- | dessus; emplissez de beurre le trou de vos pom- vre de la Jamaïque ou poivre de Thevet est un mes, fait avec l'emporte-pièce; garnissez les inter- fruit dont l'écorce est brune et ridée; son goût , valles avec le reste de votre marmelade; glacez-la aromatique, est analogue à celui du gérofle. Les avec du sucre en poudre; faites cuire au four; Anglais en font un grand usage, et le regardent donnez-leur une belle couleur : leur cuisson faite, comme un des meilleurs aromates. Le poivre de bouchez, si vous voulez, avec des cerises ou con- Madagascar est le poivre blanc dont parle Flacour. fitures, le trou qu'a fait à vos pommes l'emporte- Le poivre de Mascaren est semblable au poivre pièce, et servez très-chaud. noir, à la réserve qu'il est plus gros et qu'il a une Pommes au riz. Ayez neuf ou dix belles queue. On l'appelle aussi cubèbe ou poivre à pommes; videz-les ; tournez-les; faites-les cuire queue; il vient de l'île de Java. Le père Le dans un sirop, comme celles au beurre (V. l'ar- comte allribue au poivre de la Chine les mêmes ticle POMMES AU BEURRE); faites blanchir un quar- propriétés qu'à celui des Indes. Le poivre de Gui- teron de riz, que vous mettrez creyer dans du née est un fruit rouge, que les Français ont nom- lait, en le mouillant petit à petit, un peu de zeste mé corail de jardin ; les Espagnols le nomment de citron vert, une petite pointe de sel et de sucre piment, les Américains, chile. Les vinaigriers s'en en suffisante quantité : il faut que votre riz soit servent pour faire du vinaigre, et, de plus, on le ferme : de là supprimez-en le citron; garnissez confit au sucre. Il doit être choisi nouveau, en belles gousses sèches , entières, et bien rouges. Il dessus ; garnissez les intervalles de riz; faites cuirç de riz le fond de votre plat; rangez vos pommes y a encore le poivre d'Afrique, qu'on nomme ma- au four, et faites en sorte que vos pommes soient niquette et cardumane; mais cette production ne d'une belle couleur. saurait être pour nous d'aucun usage alimentaire Pommes à la polonaise. - Prenez une ving- ou gastronomique. taine de petites pommes de reinette de France; POMIES. Les meilleures pommes qu'on supprimez-en les caurs, sans les casser : pour mange en hiver sont la calville, la reinette, le cela, n'enfoncez votre vide-pomme qu'à moitié, court-pendu et la pomme d'api. La calville, pour du côté de la queue, et de même du côté de la être bonne, doit avoir beaucoup d'odeur, et n'être fleur : ces pommes vidées, tournez-les; coupez- que médiocrement mûre. Si elle est sans odeur, les en rond, de l'épaisseur d'un gros sou; meltez elle est sans goût; et si elle est trop mûre, elle est dans le fond d'un plat de la marmelade d'abricots; farineuse. Il y en a de trois sortes, la calville blan- rangez dessus vos pommes en miroton; couvrez che, la calville rouge et la calyille claire; la rouge de cette marmelade chaque lit que vous ferez de est la meilleure des trois ; le court-pendu est la ces pommes, et continuez ainsi, en rétrécissant au pomme la plus saine; la pomme d’Apy est la plus fur et à mesure, pour que votre plat, élant garni, petite et la plus dure de loutes les pommes qui se forme une espèce de dôme; glacez le dessus de mangent; les autres pommes sont fort bonnes étant vos pommes avec du sucre en poudre; mettez-les cuites. On les fait cuire à la braise ou au four, ou cuire au four ou sous up four de campagne, avec en compote. Les provinces de France les plus feu dessous et dessus : leur cuisson faite, nettoyez abondantes en pommes, sont la Normandie, şur- le bord du plat, et servez-le chaudement. tout la Basse-Normandie, la Limagne d'Auvergne, Charlotte de pommes. Choisissez une et le Vexin français; la Bretagne en fournit aussi vingtaine de belles pommes de reinelte de France, très-abondamment. Une partie est envoyée à Pa- et commencez par les peler; supprimez-en les ris, dans les autres provinces et jusque dans les caurs; émincez-les le plus fin possible; mettez- pays étrangers, pour y être mangées crues ou en les dans un poêlon d'office, avec du sucre en pou- compoles, ou en confitures. dre en suffisante quantité, un peu de cannelle, le Pommes au beurre. Ayez une vingtaine zeste de la moitié d'un citron et une goutte d'eau : de pommes; videz-les avec un emporte-pièce; | faites cuire vos pommes sur un ſeu assez vif, ayant tournez-en neuf ou dix, pour en ôter la peau, soin de les remuer, sans pour cela les trop écra- comme pour une compoie; faites-les cuire aux ser; laissez-les légèrement s'attacher, comme pour trois quarts dans un sucre léger; ensuite égouttez-leur donner un goût de grillé; ajoutez-y gros comme les ; faites une marmelade des autres pommes, un auf d'excellent beurre ; mêlez bien le tout; comme il est indiqué pour la CHARLOTTE, à l'ar Ôtez la cannelle et le citron; prenez une casserole ticle ci-dessous; incorporez-y gros comme un auf ou un moule de la grandeur qne vous voulez avoir d'excellent bcurre; étendez sur votre plat unc votre charlotte; coupez des tranches de mic de partic de cette marmelade, à laquelle vous aurez pain mollet, larges de deux doigts, et assez lon- ajouté de celle d'abricots; arrangez vos pommes gues pour qu'en partant du centre de votre moule 1 POM ( 534 ) POM elles viennent jusqu'au bord; trempez-les dans belles pommes de reinette; choisissez les plus du beurre fondu, et foncez-en votre moule, de hautes, que vous coupez droites avec un coupe- manière que ces mies se croisent comme à peu racine; ayez soin que le cæur des pommes se près les lattes d'une jalousie de croisée qui serait trouve parfaitement au milieu, et faites-les cuire déployée; remplissez votre moule de votre mar un peu fermes dans six onces de sucre clarifié; melade de pommes, et ajoutez-y, si vous le voulez, après cela , vous versez le sirop dans le reste de la marmelade d’abricots, ou loute autre confi- des pommes que vous avez émincées, et vous les ture : finissez votre charlotte, en la couvrant de faites cuire comme de coutume, en desséchant un vos lames de pain beurré; failes-la partir sur un peu plus la marmelade, où vous mêlez le tiers d'un fourneau ; prenez garde qu'elle ne brûle; ensuite pot d'abricots; et après l'avoir passée au tamis, mettez-la au four ou sur une tourtière, en l'entou-vous en mettez une cuillerée dans le plat d'entre- rant alors de braise : sa cuisson faite, et lorsqu'ellemets, en formant une couronne, sur laquelle vous sera bien colorée, retournez-la sur votre plat et placez droites les dix pommes tournées, de ma- servez-la chaudement. nière qu'elles forment un puits au milieu ; vous Miroton de pommes. Prenez douze à garnissez le cæur des pommes avec de la marme- quinze pommes de calville ou de reinette grise; en- lade d'abricots, et avec le reste de la marmelade levez-en le cæur avec un vide-pomme; puis pelez- vous masquez le dessus et le tour des pommes; les et tournez-en sept à huit; émincez les autres et mais arrangez-vous de manière que le dessus soit faites-en une marmelade, en y ajoutant les tournu- bien uni et très-égal de hauteur, que le jour soit res; mettez-y une demi-livre de marmelade d'a- uni et droit, de même que l'intérieur du puits bricots; failes-en un lit au fond de votre plat. Les doit être garni de marmelade, afin que les pommes ainsi masquées forment une couronne parfaite et pommes que vous coupez en tranches minces, ar- rangez-les en miroton; recouvrez-les ensuite d'une ayant un vide au milieu. légère couche de marmelade. Faites cuire le miro Cette partie de l'opération terminée, voi mettez ton au four ou sous le four de campagne. l'entremels au four doux, et dès l'instant qu'il Beignets de pommes (V. p. 59 et suivante). commence à se colorer d'un rouge clair, vous fouettez deux blancs d'æuſs bien fermes, et les Tourte aux pommes à l'ancienne. — Pre- mêlez avec deux cuillerées de sucre fin; vous les nez des pommes de reinette ou de calville ; cou- versez dans le milicu des pommes; mais quand le pez-les par la moitié; pelez-les et ôtez-en le cæur; faites-les cuire dans une poêle avec une quantité puits est plein, vous avez soin de dresser le reste suffisante de sucre, deux verres d'eau, un morceau du blanc d'æuf, en formant une meringue bien de cannelle en bâton, quelques zestes de citron bombée sur laquelle vous semez du sucre écrasé vert; couvrez la poêle. Vos pommes étant cuites, un peu fin; le sucre étant fondu, vous remettez et le sirop réduit, retirez-les, et les laissez refroi- les pommes au four; ayez l'attention, en semant le dir; faites une abaisse de pâle feuilletée; foncez-en sucre sur la meringue, de ne pas en mettre sur les pommes. une tourtière; dressez-y vos pommes; recouvrez d'une même abaisse; dorez avec un auf battu; Pommes au beurre et à la gelée de pom- ſaites cuire au four, ou sous le couvercle de la mes (autre formule du même praticien).- tourtière; étant cuite, glacez-la à l'ordinaire, et Otez les cæurs et tournez quinze pommes d'Apy, servez-la chaudement. que vous faites cuire en deux fois dans six onces Friture de pommes à la bonne femme. | de sucre clarifié ; ensuite épluchez douze pommes - Ayez huit pommes de reincite; coupez-les par de reinette coupées par quartiers; versez dessus quartiers; parez-les ; ötez-en les cæurs; failes- le sirop que vous aurez fait réduire au soufflé, les mariner dans une chopine d'eau-de-vie, avec puis deux onces de beurre tiède et le quart d'un le zeste d'un citron vert et un peu de cannelle en pot d’abricols; le tout étant bien mêlé, vous bâton : au moment de vous en servir, égouttez-les; placez la casserole, feu dessus et dessous, et cuisez mettez-les dans une légère pâie à frire; couchez- les pommes comme les précédentes; pendant leur les l'une après l'autre dans la poêle; lorsqu'ils se- cuisson, vous coupez chaque pomme d'Apy en deux ront frits et d'une belle couleur, égouttez-les sur et en travers; vous les moulez dans un moule en un linge; posez-les sur un plafond; saupoudrez- dôme bien légèrement beurré; ensuite vous ache- les de sucre en poudre; glacez-les, soit au four, vez d'emplir le moule en y versant les pommes au soitau four de campagne, ou avec une pelle rouge: | beurre ; vous renversez l'entremets sur son plat, et dressez-les, et servez-les très-chaudement. mettez, dans le milieu de chaque moitié de pomme Pommes meringuées (formule de M. Ca- d'Apy, une belle cerise ou un gros grain de verjus rême). Otez les cæurs et pelez trente-six | confit. Vous masquez parfaitement l'entremets POM ( 388 ) POM de lames de gelée de pommes de Rouen, ce qui graisse de bæuf hachée; et, après l'avoir décorée rend les pommes d'un glacé brillant et séducteur. et dorée, vous la faites cuire de belle couleur ; En place de pommes d’Apy, vous pouvez cuire ensuite vous la dégarnissez, et la garnissez à moitić au sirop dix pommes de reinette coupées par quar- de marmelade de pommes préparées selon la règle. tiers. Vous posez dessus huit pommes tournées (cuites Pour les pommes au beurre et au macarons, très-blanches), une au milieu entourée des sept vous préparez et dressez l'entremets de même que autres; ensuite vous garnissez les vides de la le précédent; mais vous le masquez de marmelade croustade de marmelade de pommes, de manière d'abricots au lieu de gelée de pommes, et semez que ces pommes tournées se trouvent incrustées à par-dessus deux onces de macarons écrasés ; vous moitié dans la marmelade. placez ensuite une cerise dans chaque milieu des Vous garnissez le cæur des pommes de marme- pommes d'Apy, et servez. lade d’abricots, et mettez une cerise confite par- On dresse également ces sortes de pommes au dessus; vous les masquez entièrement de nappes beurre dans des casseroles d'argent, et toujours de gelée de pommes de Rouen, en sorte que la en procédant de même qu'il est décrit dans ce surface de l'entremets soit très-brillante, après chapitre. avoir glacé le bord et le tour de la croustade avec On dresse encore ces bons entremets dans des de la marmelade d'abricots. croûtes de vole-au-vent et de tourtes d'entremets Pommes en croustade et glacées au ca- glacés, ainsi que dans des croustades de pâte fine ramel. La croustade préparée et cuite comme en forme de fian. la précédente, vous la garnissez de huit pommes Pommes au beurre et à la crème. -- Cou- | tournées, garnies intérieurement d’abricots et de pez par quartiers vingt pommes de reinette, et marmelade de pommes. Puis, au moment du ser- pelez-les en ôtant les cæurs; faites-en cuire la vice, vous faites cuire quatre onces de sucre au moitié au beurre comme les précédentes, avec caramel dans lequel vous glacez quatorze peti- deux cuillerées de sucre fin, deux de marmelade tes pommes d’Apy, tournées et cuites bien blan- d'abricots et trois de beurre tiède. Avec le reste ches, dont vous garnissez le dessus de l'entremets, des pommes, vous faites une marmelade dans la- de manière qu'elles soient tout-à-fait détachées de quelle vous mettez deux onces de sucre fin et deux la croustade, que vous glacez extérieurement de cuillerées d’abricots; ensuite vous dressez les marmelade d'abricots. Servez tout de suite. pommes au beurre dans un moule, comme il est On doit avoir l'attention de bien essuyer les indiqué ci-dessus. Le moule étant garni, vous mê pommes avec une serviette, avant de les tremper lez le reste des pommes à la marmelade, que vous dans le sucre. passez au tamis. Alors, ec cette marmelade, Pudding aux pommes (V. PUDDING). vous masquez bien également les pommes que vous avez placées dans le dôme, de manière que vous Compote, conserve, gelée, marmelade et remplissez le milieu d'une bonne crème-pâtissière sirop de pommes (V. ces divers articles). toute bouillante. Vous posez le plat d'entremets POMME-D'AMOUR, fruit d'un arbrisseau sur le moule, que vous retournez sens dessus des- sous ; et, après l'avoir enlevé, vous masquez légè- qui ressemble à l’aigremoine et que les Méridio- renient les pommes avec un peu de crème que naux mangent en salade avec leur assaisonnement vous aurez conservée. Semez dessus l'entreniets obligé d'ail et de piment. La saveur de la pomme- du macaron écrasé, et seryez de suite. d'amour est aigrelette, et du reste on ne l'estime On peut mettre dans le milieu de ces pommes guère à Paris, attendu qu'elle n'y parvient presque toutes les sortes de crèmes décrites au chapitre jamais à maturité. des crèmes-pâtissières, comme, par exemple, au POMME DE TERRE, solanée qui nous café, au chocolat, à la vanille, à l'orange, au cé- vient primitivement de l'Amérique septentrionale, drat et aux pistaches, ainsi qu'au raisin de Corin- et dont nous connaissons déjà douze espèces jardi- the; mais, relativement à ces deux dernières, on semerait sur les pommes garnies d'une crème pis- sieurs variétés bien caractérisées. nières, parmi lesquelles on peut remarquer plu- tache, des pistaches hachées, et sur l'autre, des Pour l'usage de la cuisine, il faut préférer celles raisins de Corinthe. qui ne se déſorment pas par la cuisson. Les vio- Pommes en croustade. Après avoir dressé leltes ont surtout cette propriété qui tient à l'exis- une petite croustade de flan de sept pouces de dia tence d'une matière albumincuse qui empêche la mètre sur trois de hauteur, vous la garnissez de séparation des parties, on se coagulant par la papier beurré, et la remplissez de farine ou de cuisson. 23 POM ( 386 ) POM La meilleure manière de les faire cuire est de tranches. Au moment de servir, ajoutez une liai- les exposer à la vapeur de l'eau bouillante; pour son de jaunes d'eufs. cela, mettez dans un chaudron un clayon d'osier à claire voie, avec trois pieds de deux pouces de Pommes de terre à la bretonne, - Faites haut; mettez un pouce d'eau dans le chaudron, et un roux; passez-y des ognons jusqu'à ce qu'ils posez les pommes de terre sur le clayon; couvrez- soient bien colorés; ajoutez un morceau de beurre les avec un gros linge plié en double et surmonté manié de farine; mouillez avec du bouillon ou du d'un couvercle en bois. Les pommes de terre sont jus de viande; assaisonnez de sel, gros poivre et cuites quand la vapeur commence à sortir par le un filet de vinaigre. Lorsque les ognons sont cuits, haut du vase. mettez les pommes de terre cuites et coupées en Si vous préférez les faire cuire à l'eau, retirez tranches, mais ne les-y laissez pas le temps néces- l'eau lorsqu'elles sont cuites; couvrez le vase avec saire pour prendre couleur. un linge plié; mettez un couvercle par-dessus, et Pommes de terre à la provençale. – Pre- laissez-le se ressuyer pendant un quart d'heure. nez des pommes de terre crues, d'une moyenne Pommes de terre à la maître-d hótet. grosseur; pelez-les, et mettez-les cuire dans un (Il faut employer préférablement pendant tout bouillon gras ou maigre, et de l'eau, avec un peu l'été les deux espèces les plus hâtives ; mais en hi- de bonne huile, un peu de sel et de poivre, des ver choisissez plutôt les vitelottes, parce qu'elles racines, quelques ognons, un bouquet de persil sont les moins sujettes à tomber en bouillie. Ceci garni; quand elles seront cuites et qu'il n'y aura n'est pourtant prescrit que pour les opérations où plus de sauce, laissez-les frire un moment dans les pommes de terre doivent être employées en l'huile, et prendre une belle couleur, vous les ser- tranches ou par morceaux, car pour celles qu’on virez alors avec une sauce à l'huile, vinaigre, sel veut servir entières ou en purée, la meilleure es- et gros poivre. pèce est toujours la petite jaune farineuse d'Irlande ou de Midlebourg). — Lavez des vitelottes ou des Pommes de terre au lard, Faites roussir rouges-longues à plusicurs eaux; faites bouillir du beurre; délayez-y de la farine, et quand votre de l'eau dans un chaudron ; jetez-y vos pommes roux sera bien foncé en couleur, assaisonnez-le de de terre, et faites-les cuire : leur cuisson achevée, poivre et d'un bouquet garni; ajoutez-y du lard égouttez-les dans une passoire; pelez-les; coupez-gras et maigre, coupé en gros dés, et laissez-le les en deniers; mettez dans une casserole un mor cuire à moitié dans le roux; vous y jetterez en- ceau de beurre frais, avec persil et ciboules ha- suite des tranches de viteloites ou de rouges-lon- chés, sel et gros poivre : ajoutez à cela les pommes gués que vous y ferez cuire avec du bouillon pour de terre; posez votre casserole sur un fourneau; mouillement, et vous conduirez ce ragoût comme sautez-les à mesure que le beurre se fond; et pour les haricots blancs à la villageoise, page 276. les lier, en cas qu'elles ne le soient pas assez, ajoutez-y un peu de bouillon au moment de servir; Pommes de terre à la Margot. - Réduisez exprimez-y un jus de citron ou mellez-y un filet en pâte des pommes de terre cuites, comme il est de verjus muscat. dit de celles en salade, et mêlez-les bien avec une Pommes de terre à la lyonnaise. Ayez égale quantité de hachis fait avec des parures ou une douzaine de pommes de terre crues ; tournez- restes de viande, et assaisonné de beurre, sel, les d'égale grosseur, tel que vous tourneriez une poivre, persil, ciboules, échalotes hachées ; liez carotte; coupez-les en deniers, de l'épaisseur le tout avec quelques jaunes d'æufs, et formez-en d'une pièce d'un franc; farinez-les; vous aurez des boulettes de moyenne grosseur; trempez-les fait chauffer de l'huile dans une poêle; mettez-y la farine, et faites-les frire. Vous les servirez gar- dans des blancs d'æufs fouettés; roulez-les dans vos pommes de terre, ayant soin qu'elles ne se marient point; faites-les frire d'une belle cou- nies de persil. leur, en sorte qu'elles soient croquantes ; versez- Pommes de terre à la poêle. Pelez et les dans une passoire; égouttez-les, et saupoudrez- coupez en tranches minces des pommes de terre les d'un peu de sel fin. que vous aurez fait cuire auparavant; mettez-les Pommes de terre à l'ancienne. Faites dans une poêle avec un peu de graisse d'oie; re- fondre dans une casserole un bon morceau de tournez-les jusqu'à ce qu'elles soient bien colorées; beurre manié de farine; ajoutez-y un peu de crème servez-les sans sauce. Vous pouvez vous en servir ou du lait, du persil et de la ciboule hachés, sel, en guise de croûtons de pain au beurre, pour gar- gros poivre et muscade. Faites bouillir la sauce et nir des plats d'épinards, des hachis de viande et mettez-y les pommes de terre cuites et coupées en des mirotons. POM ( 387 ) POT Pommes de terre à la crème. ---Vous mettez | tranches de betteraves blanches et des cornichons un bon morceau de beurre dans une casserole, confits. avec une cuillerée de fécule, du sel, du gros poi- Purée de pommes de terre à l'anglaise (ap- vre, un peu de muscade râpée, du persil, de la pelée par les cuisiniers de Paris Mach-Potetesse). ciboule bien hachée; vous mêlerez le tout ensemble; vous y mettrez un verre de crème ; vous placerez chez-les; écrasez-les pour en faire une purée; met- - Faites cuire des pommes de terre à l'eau ; éplu- la sauce sur le feu, et vous la tournerez jusqu'à ce tez-les dans une casserole avec un petit morceau de qu'elle bouille; coupez les pommes de terre en beurre et un peu de sel fin: mouillez-les avec de bon tranches; mettez-les dans votre sauce, et servez-lait; desséchez-les comme une pâte à choux ; au ſur les bien chaudes. et à mesure qu'elles se dessèchent, mouillez-les de Pommes de terre à la pélerine, ainsi nouveau ; faites-les cuire ainsi une heure, et lais- qu'on les apprête au couvent de la Trappe, sez leur prendre la consistance convenable pour pour la table des étrangers. — On fait rous pouvoir les dresser en pyramide sur votre plat; sir des tranches d'ognon dans du beurre frais; en- unissez bien cette pyramide, et faites-lui prendre suite on y met des pommes de terre coupées en une belle couleur sous un four de campagne. rouelles et cuites à l'avance; lorsque le mé- Fécule de pommes de terre. - Ayez un ta- lange en est bien fait, on y ajoute assez de lait pour lier cette composition sans la trop délayer ; vez bien les pommes de terre; vous les râpez sur mis de crin dont le tissu soit très-serré; vous la- on y joint de la cassonade blanche et du sucre en poudre, et puis on fait bouillir le tout pendant l'eau en grande quantité sur ces pommes de terre votre tamis posé sur une terrine; vous versez de cinq à six minutes. Il résulle, d'une combinaison si facile à bien râpées ; laissez reposer l'eau; une heure après. opérer, un aliment très-substantiel, et, qui plus est, du vase ; vous la faites sécher si vous jugez à pro- vous la versez et vous trouvez la fécule au fond un plat d'entremets d'une bonté parfaite. pos; mais si vous voulez opérer en plus grand, Quenelles de pommes de terre. Faites voyez l'article où nous avons traité cette matière. cuire des pommes de terre sous de la cendre rouge; épluchez-les et pilez-les avec un morceau POMPELMOUSH, aurientiacée qui croît aux de beurre, sel, poivre, ciboules hachées, et des Indes orientales et qui produit un excellent fruit. jaunes d’æufs en proportion de la quantité de pom- Sa chair est d'un goût aromatique et vineux ; les mes de terre. Fouettez des blancs d'oeufs en neige'; équipages des vaisseaux hollandais ont toujours mélez-les avec le reste, et opérez-les du reste grand soin de s'en approvisionner, et lorsqu'ils comme pour les quenelles de volaille. débarquent à Rotterdam ou dans les ports de l'Amstel, ils y vendent leur cargaison de pompel- Gâteau de pommes de terre. Prenez moush à des prix tellement exorbitants qu'ils nous des pommes de terre cuites sous la cendre; éplu- paraîtraient inaccessibles. chez-les; réduisez-les en pâte. Vous la délayerez avec six jaunes d'æufs par livres pesant, et ajou PONCYRE, espèce de gros citron dont l'é- terez quatre onces de sucre en poudre pour le corce est fort épaisse. Ce fruit se confit par tran- même poids de pâte. Pétrissez le tout ensemble ; | ches ou en bâtons; ensuite on le coupe en dés mettez-y ensuite le zeste d'un citron râpé, son jus pour en garnir les babas, les puddings et autres et des blancs d'auſs; façonnez le tout et le mettez compositions du même genre. dans une tourtière graissée légèrement avec du POTAGE. On divise habituellement celle beurre; vous lui ferez former sa croûte et prendre sorte de préparations alimentaires en potages à la couleur sous le four de campagne. bourgeoise, potages composés et potages maigres. Pommes de terre en salade. Après avoir bien lavé des pommes de terre, faites-les cuire Potages gras à la bourgeoise. sous la cendre, ou bien mettez-les sans eau dans un vase de terre que vous couvrirez hermétique Soupe à la ménagère ou potage au na- ment. Placez ce vase sur un feu doux, et remuez turel. - Coupez du pain en tranches, ou brisez le souvent sans le découvrir. Lorsque vos pommes en deux ou trois morceaux des croûtes d'une belle de terre seront cuites, vous les pèlerez toutes couleur; versez dessus du bouillon très-chaud, en chaudes et les couperez par rouelles minces. Met suffisante quantité pour les faire tremper; laissez tez-les dans un saladier, et accommodez-les, chau-le pain et les croûtes se renfler, et, au moment de des ou froides, comme une salade ordinaire, en servir, ajoutez du bouillon jusqu'à ce qu'elles observant néanmoins qu'il leur faut beaucoup plus soient complètement baignées. On ne doit jamais d'assaisoupement. Vous pourrez y ajouter des faire bouillir le bouillon avec le pain. - C 25. POT ( 388 ) POT Potage au riz à la bourgeoise. Ayez un peu de sel ; vous la rafraîchirez, et, un quart environ un quarteron de riz de bonne qualité, tel | d’heure avant de servir, vous la mêlerez à vos que celui de la Caroline; lavez-le à plusieurs eaux, autres légumes; coupez les racines en tranches faites-le blanchir; égouttez-le sur un tamis; met d'égale longueur, et réduisez-les en filets plus ou tez-le dans une casserole ou petite marmite ; moins gros; coupez de même l'oseille, la laitue mouillez-le peu; faites-le partir, et mettez-le cre et le céleri; lavez le tout à grande eau; égouttez- ver doucement sur le fourneau; est-il crevé ? le dans une passoire; mettez un quarteron de mouillez-le à un degré convenable avec du con beurre dans une casserole, avec vos racines et sommé; faites qu'il soit d'un bon sel, et servez votre céleri ; passez sur un fourneau ces légumes, le très-chaudement. jusqu'à ce qu'ils aient pris une légère couleur; Potage au vermicelle clair. Mettez dans mouillez-les avec une bonne cuillerée de bouillon; une casserole la quantité de bouillon ou de con- ces racines à moitié cuites, joignez-y votre oscille; sommé nécessaire pour faire un polage de six ou laissez mijoter le tout, et dégraissez-le ; quand huit personnes; faites-le bouillir; prenez la va- vous serez près de vous servir, faites le milon- leur de six onces de vermicelle; mettez-le petit à nage tel qu'il est indiqué (article MITONNAGE); petit dans le bouillon, etc., en le rompant légère- versez votre julienne dessus, et mêlez le tout lé- ment dans vos doigts, pour qu'il ne se mette pas gèrement. en pelote; laissez-le bouillir environ six minutes; Croûtes au pot. Émincez des croûtes de retirez-le au bord du fourneau ; dégraissez-le; pain peu chargées de mie; mettez-les dans un plat laissez-le mijoter jusqu'à ce qu'il soit cuit, en creux, et versez dessus du bouillon et de la graisse prenant garde qu'il ne se dilate trop. du pot; posez-les sur le feu jusqu'à ce qu'elles Les potages à la semouilte, aux lazagnes, soient gratinées; ayez trois entames de pain dont aux nouilles et autres pâtes, doivent s'opérer de vous ötez la mie; trempez-les dans la graisse du la même manière et avec les mêmes précautions bouillon; après les avoir assaisonnées d'un peu de que le potage au vermicelle. sel et de gros poivre, vous les placerez droites sur votre gratin ; au moment de servir, égouttez-en la Potage aux choux. Prenez des choux ce qu'il vous en faut ; épluchez-les; flaircz-les; s'ils graisse pour que le potage soit à sec ; alors met- tez du bouillon dans un vase pour que chaque sentent le musc, prenez-en d'autres; coupez-les convive en verse à volonté sur son assiette, où il par quartiers; faites-les blanchir à grande eau; aura mis du pain et du gratin. ensuite retirez-les; rafraîchissez-les; ôtez-en les trognons; ficelez-les et marquez-les comme les Mitonnage. -- Ayez un pain à potage; ràpez- laitues énoncées article précédent, en y joignant le légèrement ; eblevez-en les croûtes sans en- un morceau de petit lard; nourrissez-les et assai- dommager la mie, qui peut vous servir, soit pour sonnez-les davantage; servez-vous-cn comme des vos autres potages, soit pour des petits croùlons laitues, mais vous observerez qu'ils demandent ou des gros pour des épinards; si vous servez une plus de cuisson. charlotte ou une panade, coupez vos croûtes ; arrondissez-les; mettez-les mitonner un quart Potage aux choux et au fromage à la façon d'Auvergne. — Faites cuire un ou plu- légumes qui vous conviendront micux après les d'heure avant de les servir; meltez dessus tels sieurs choux, comme il est prescrit à l'article pré- avoir étuvés dans du bouillon gras ou maigre. cédent; couvrez d'une couche peu épaisse de beurre le fond d'une casserole ou d'un plat creux Potages composés, qui supporte le feu ; couvrez le beurre d'un lit de pain qu'on saupoudre de fromage de Parme Potage printanier. Il se fait comme le ràpé, ou de fromage de Gruyères coupé en lames potage à la julienne, excepté qu'on y ajoute des minces ; faites ensuite un lit de choux, puis un lit herbes potagères et des pointes d'asperges, des de pain, et une couche de fromage sur chaque lit; petits pois, de petits radis tournés et de très-petits trempez avec de bon bouillon, en suffisante quan- ognons blanchis; en faisant cuire ces légumes, tité pour imbiber le tout; mettez la casserole sur mettez-y un petit morceau de sucre pour en ôter un feu doux et faites mijoter une demi-heure; ren- l'âcrelé; faites mitonner votre potage; couvrez-le versez le potage dans la soupière, et ajoutez du des légumes énoncés,et servez-le dans un pot-à-oille. bouillon pour le rendre moins épais. Potage à la Crécy. – Ayez toutes sortes de Potage à la Julienne. -- Prenez carottes, légumes épluchés et lavés avec soin , tels que ca- ognons, céleri, panais, navets, lailues, oseille en roltes, navets, céleri, ognons (en petite quantité) ; égale quantité; vous couperez votre oseille en fi faites-les blanchir dans un chaudron pendant un lets; vous la ferez blanchir dans un peu d'eau avec quart d'heure; mettez-les dans une casserole avec POT , ( 389 ) POT un bon morceau de beurre et quelques lames de en branche et quelques ciboules ; mouillez-les jambon; passez-les sur un petit feu, mais assez avec du bon bouillon ; lorsqu'ils seront cuits, de temps pour que le tout soit cuit ; alors égout- égouttez-les dans une passoire; pilez-les dans un tez-le dans une passoire; pilez-le; mouillez-le avec mortier, et passez-les à l’étamine : le bouillon daus son propre bouillon, et passez-le à l'étamine pour lequel ils ont cuit doit vous servir pour les passer; en faire une purée; faites partir cette purée sur le mettez-en la purée dans une marmite ou une cas- feu: qu'elle cuise deux heures; dégraissez-la bien; serole ; laissez mijoter cette purée quatre ou cinq mitonnez votre potage comme il est déjà énoncé, heures; remuez-la souvent, de peur qu'elle ne et mettez votre Crécy par-dessus. s'attache, et, avaut de la remuer, dégraissez-la ; Potage à la Brunoy. - Coupez en petits lorsqu'elle sera réduite à son degré, servez-la sur dés carottes, navets, panais et céleri; prenez du du riz, du vermicelle ou de petits croûtons passés derrière de la marmite, ou du beurre clari- au beurre, que vous mettrez à l'instant de servir. fié; faites-le chauffer; jelez-y vos légumes; faites Potage à la purée de lentilles à la Reine. leur prendre couleur; égouttez-les sur un tamis; - Procédez à cet égard comme il est énoncé pour mouillez-les avec du blond de veau, du consommé, la purée de pois, et servez-vous-en de même pour ou du bouillon; conduisez-les comme ceux de la les potages; ayez soin pourtant, si ce sont des len- julienne; dégraissez-les, et couvrez-en votre miton tilles à la Reine, de les laisser long-temps sur le nage. Si vous en servez avec du riz, ayez attention feu, pour que la purée soit rouge autant que pos- qu'il soit clair, que les dés ne soient pas plus gros sible : ce qui constitue la beauté, ou, si l'on veut, que le riz lorsqu'il est crevé, et mêlez bien le tout la distraction de ce potage. ensemble. Potage à l'aurore ou à la purée de ca- Potage à la Reine. (La formule de cet rottes. — Prenez quinze ou vingt carottes; ratis- excellent potage est très-ancienne, car on sez et lavez-les; selon leur grosseur, coupez-les la trouve dans tous les dispensaires du xve en lames; mettez-les dans une casserole avea trois ct du xvrº siècles, à cela près qu'on y me- quarterons de beurre; passez-les sur un fourneau tait de la purée de noisettes à celle de pou. assez vif; remuez-les jusqu'à ce qu'elles soient co- tarde et d'amandes. Il est de tradition que lorées; alors mouillez-les avec du bon bouillon; ce même potage était celui qu'on servait faites-les cuire, et, cuites, vous servant du même tous les jeudis à la cour des V alois, et qu'il procédé que pour la purée de pois et de lentilles, a dû son nom de SOUPE A LA REINE å ta pré- passez-les à l’étamine, etc.; dégraissez cette purée; dilection dont l'honorait Marguerite de laissez-la long-temps cuire, et servez-vous-en Valois, première femme d'Henri IV). comme on se sert de la purée de pois. Prenez une chopine de consommé; mettez-y la Potage à la purée de navets. - Ce potage grosseur d'un auf de mie de pain ; faites-lui faire s'opère absolument comme celui de la purée de quelques bouillons; pilez bien fin, dans un mor carottes, excepté qu'on ne fait pas roussir les tier, du blanc de volaille cuite à la broche, avec navets, qu'on les tient blancs le plus possible, et douze amandes douces, trois amandes amères qu'ils demandent moins de cuisson. et six jaunes d'aufs cuits durs; quand le tout Potage à la purée de marrons. Prenez sera bien pilé, ajoutez-y le bouillon à la mie de des marrons de Lyon ou du Luc; ayez soin qu'ils pain et un demi-setier de crème ou de bon lait; soient bien cuits ; levez-en la première peau; passez votre coulis au tamis; assaisonnez-le et te- mettez-les dans une poêle avec un petit morceau nez-le chaud au bain-marie, jusqu'à ce que votre de beurre; sautez-les jusqu'à ce que l'épiderme se potage étant préparé avec des croûtes bien chape- lève facilement; ôtez-les, épluchez-les, faites-les Jées et un peu de bouillon, vous puissiez y meltre bouillir dans une marmite avec du consommé; votre coulis bien chaud, sans néanmoins qu'il ensuite égouttez-les dans une passoire; pilez-les bouille, parce qu'il tournerait. dans un mortier; passez-les dans une étamine, en Potage à la d'Artois, ou à la purée de les mouillant à fur et à mesure avec le bouillon pois verts. Prenez une quantité de pois suf dans lequel ils ont bouilli; votre purée passée, fisante; larez-les; mettez-les dans une marmite, mettez-la dans une casserole avec deux cuillerées avec ognons, carottes, un bouquet de poireaux et à pot pleines de consommé; délayez bien votre de céleri, un combien de jambon ou des tranches; purée; faites-la réduire pendant environ trois ou sinon un morceau de petit lard. Sont-ce des pois quatre heures; dégraissez-la ; ajoutez-y un peu secs ? mettez-les tremper la veille; si ce sont des de sucre; goûtez si elle est d'un bon goût, et nouveaux, vous les ferez cuire tout de suite ; sau servez-la avec des petits croûtons passés dans le tez-les dans du beurre, avec une poignée de persil I beurre, ou avec un mitonnage (V. MITONNAGE). POT ( 390 ) POT Potago à la Condé, - Prenez deux litrons C'est en suivant le même procédé qu'on fait les de petits haricots rouges; lavez-les bien; mettez- potages aux laitues émincées. les dans une marmite avec de l'eau ou du grand Potage au macaroni à l'italienne, - bouillon ; ajoutez-y un morceau de petit lard, Ayez dans une casserole un bon consominé; qu'il trois carottes, trois ognons, dont un piqué de soit bouillant ; mettez-y du macaroni ; faites-le deux clous de gérofle, un bouquet de poireaux et pocher comme le vermicelle ; écumez-le, et lors- céleri; laissez bien cuire le tout, et aussitôt reti- qu'il aura bouilli un quart d'heure, retirez-le sur rez-en les légumes; jetez vos haricots dans une le bord du fourneau , pour qu'il mijote; prenez passoire; écrasez-les ; passez-les à l'étamine en du bon Parmesan râpé, et autant de fromage de les mouillant avec le bouillon dans lequel ils ont Gruyères; mettez-le dans votre potage avant de le cuit; mettez-en la purée sur le feu comme celle servir, ou servez-le séparément. Faites qu'il soit de pois. Si c'est un potage maigre qu'il vous faut, plus épais que clair. mettez dans vos haricots un morceau de beurre au lieu de lard; et pour finir votre polage, mettez Potage aux nouilles à l'allemande (V. de même un morceau de beurre. Votre purée page 337). cuite à son point, ayez de la mie de pain; coupez- Potage au blé vert (V. POTAGE A L'ORGE la en dés, et passez-les au beurre : lorsqu'ils sont PERLE). d'une belle couleur, égouttez-les dans une passoire, Potage aux raviolis. Prenez l'estomac et, au moment de servir, mettez-la sur la purée. d'une poularde ou d'un fort poulet cuit à la bro- che; hachez-le bien; prenez autant de tétine de Potage au sagou et à la purée de navets. veau; ajoutez-y la même quantité d'épinards blan- Le sagou est une pâte végétale et alimentaire qu'on prépare aux Indes avec la moelle d'un pal- chis et bien pressés, et autant de fromage Par- mier, et particulièrement avec celle du palmier mesan râpé; pilez le tout dans un mortier ; joi- sagou ou sagoutier. Cette substance nous est ap- gnez-y de moment en moment quatre ou cinq portée des îles Moluques, en petites boules de cou- jaunes d'oeufs crus, du sel, une pincée de gros leur roussâtre, et de la grosseur à peu près du poivre et le quart d'une muscade râpée ; quand le tout sera bien pilé et d'un bon goût, prenez des millet; elle est stomachique et conséquemment de facile digestion ; elle s'apprête comme le riz, ex- rognures de feuilletages ou de pâte brisée; abais- sez-les aussi minces que possible; cela fait, mouil- cepté qu'on ne la fait pas blanchir; mettez le sa- gou dans un bon consommé corsé et bouillant, lez avec un doroir cette abaisse de pâte, et couchez pour qu'il y fasse deux ou trois bouillons ; retirez de distance en distance cette farce ou mélange, le sur le bord du fourneau, et, lorsqu'il formera gros comme la moitié d'une noisette ; reployez votre pâte par-dessus; sondez-la bien en formant gelée, mettez-y une purée de navets. On peut également composer le même potage soin que votre farce soit au milieu, et que vos ra- vos raviolis, et coupez-les avec un coupe-pâte; ayez avec d'autres purées, en y remplaçant le sagou violis aient la forme d'une petite rissole; faites-les par du salep ou du tapioca, blanchir dans du grand bouillon ; égouttez-les Potage aux laitues. Ayez douze ou dans une passoire ; jetez-les dans un excellent quinze laitues; épluchez-les; laissez-les entières consommé, et servez-les très-chaudement. et lavez-les à grande eau ; faites-les blanchir et Potage aux quenelles de volaille ou de jelez-les dans un seau d'eau fraîche, retirez-les et gibier.- Agissez comme pour celui qui précède. pressez-les ; ficelez-les trois ou quatre ensemble; foncez une casserole de bardes de lard; arrangez- Potage aux ognons blancs. Épluchez y vos laitues; mettez-y deux ou trois lames de avec soin sept à huit douzaines de très-petits jambon, une carotte, un ognon , un bouquet de ognons blancs; faites-les blanchir et faites-les cuire ensuite dans du bouillon en y joignant un peu de persil dans lequel vous aurez enveloppé un clou de gérofle et une demi-feuille de laurier; mouil- sucre; lorsqu'ils seront suffisamment cuits, vous lez vos laitues avec la partie grasse de votre bouil- les verserez sur le potage au pain que vous aurez lon ou de votre consommé; mettez sel et mignon- préparé. nette, ce qu'il en faut pour qu'elles soient d'un Potage aux poireaux (à la Bressanne). bon goût ; lorsque vous voudrez servir votre po- Coupez des poireaux en filets de la longueur tage, égouttez-les ; pressez-les légèrement, afin d'un pouce; faites-les revenir dans le beurre jus- d'en faire sortir ce qu'il y aurait de trop de graisse; qu'à ce qu'ils soient blonds; puis, faites-les cuire et, selon leur grosseur, vous les laisserez entières sur un feu doux, dans une petite quantité de ou les couperez en deux, et vous en garnirez votre bouillon, et versez-les sur un potage au pain. potage. Potage aux carottes nouvelles. - Après POT .( 591 ) POT avoir coupé et tourné des carottes nouvelles de Potage à la moelle. Prenez une demi- manière à en former des olives ou de petits bâtons livre de moelle de bæuf; faites-la fondre et pas- d'un pouce de longueur, et toutes de la même sez-la au tamis; cassez dedans quatre ou cinq grosseur; faites-les blanchir; puis, égouttez-les et @ufs bien frais; joignez-y un petit pain à café que les faites cuire dans du bouillon. Votre potage vous aurez fait tremper dans du bouillon, du sel, étant préparé comme ci-dessus, vous mettrez vos de la muscade, du persil, de la farine; faites avec carottes sur le pain. tout cela des boulettes, et faites-les bouillir dans Suivez les mêmes prescriptions pour opérer le le bouillon pendant cinq minutes ; versez ensuite potage aux concombres. dans la soupière, et servez très-chaud. Potage aux navets. Agissez comme pour Potage à la Clermont-Tonnerre. — Après le potage aux carottes, avec cette différence seule- avoir émincé six grosses carottes, autant de gros ment que lorsque vos navets seront tournés, il ognons, quatre gros navets, un nombre égal de poi- faudra les sauter dans le beurre pour leur donner | reaux, et trois pieds de céleri, mettez dans une casse- une belle couleur. role un morceau de beurre suffisant à vos légumes, Soupe aur salsi fis à la manière de Lyon. que vous passerez à blanc, c'est-à-dire auxquels (M. Brillat de Savarin la cite honorablement dans vous ne laissez pas prendre couleur en les faisant sa Physiologie du gout). — Ratissez de gros revenir sur le feu; si vous voyez qu'ils veuillent salsiſis et coupez-les en morceaux de la longueur prendre couleur, mouillez-les de bouillon, et fai- du petit doigt; faites-les blanchir pendant quel-les-les mijoter deux heures sur le ſeu; passez-les ques minutes à l'eau bouillante, et puis faites-les ensuite à l’étamine et puis clarifiez votre purée; cuire à fond dans du bouillon gras ou maigre; il faut qu'elle ne soit pas trop épaisse; trempez vous licrez ce potage avec six jaunes d'æufs avant votre pain d'avance avec de bon consommé. de le verser dans la soupière et sur les croûtes dont Potage à la Xavier de Saxe. -- Ayez trois vous l'aurez garnie. quarts de litron de farine que vous délayerez avec Potage aux æufs poch's. — Ayez des cufs six jaunes d'æufs et deux cufs entiers, un peu de pochés, rafraîchis et parés de manière à ce qu'ils sel et de bouillon (suffisamment pour que votre soient propres à mettre dans votre soupière ; dix détrempe soit assez liquide, et qu'elle puisse pas- minutes avant de servir, jetez dans votre bouillon ser à travers une cuillère percée); vous y mettrez un peu de gros poivre, et faites-y réchauffer les une cuillerée de persil haché bien fin, que vous mêmes @ufs pochés. mêlerez avec votre pâte, puis un quart de mus- Potage à la Maréchale. — Vous ferez cuire cade râpée et une pincée de gros poivre; quand dix ou douze pommes de terre rouges dans les le tout est bien mêlé, vous mettez aux trois quarts d'une casserole de bon bouillon ; quand il bout, cendres chaudes; quand elles seront cuiles, vous les éplucherez; vous en ôterez tout le rissolé, et prenez une cuillère percée dans laquelle vous ver- même tout ce qu'il y a de dur, pour n'en prendre serez votre appareil, que vous faites tomber dans que le farineux, que vous pilerez à sec; vous y votre bouillon ; vous aurez soin qu'il bouille tou- joindrez quatre blancs de volaille, et gros comme jours, afin que votre pâte prenne; vous aurez soin aussi d'écumer votre potage, pour qu'il soit deux aufs de beurre, que vous pilerez bien en- semble; quand le tout sera bien mêlé et sans gru- net. L'on peut faire aussi ce potage maigre en se meaux, vous y joindrez six ou huit jaunes d'aufs servant du bouillon maigre (V. BOUILLON MAI- crus, que vous pilerez avec vos pommes de terre GRE). Ce potage n'a pas besoin de bouillir plus et vos filets à plusieurs reprises, et un peu de mus- d'un quart d'heure. cade et de gros poivre; quand le tout sera bien Potage aux quenelles de pommes de terre. amalgamé, si votre pâte était trop épaisse, vous y Épluchez et pilez une vingtaine de pommes de joindricz un peu de crème double, au point que terre violettes que vous aurez fait cuire à la va- vous puissiez coucher votre pâte à la cuillère peur; pilez ensuite du blanc de volaille cuite à la (comme des quenelles), ou la rouler comme des broche : mettez ensemble les pommes de terre et boulettes, puis vous les ferez pocher dans du | le blanc de volaille ; ajoutez-y un morceau de bouillon, ou dans une eau de sel où vous joindrez beurre, des jaunes d'æufs, un peu de poivre, de un peu de beurre; après qu'elles auront été po- sel, et de muscade, el faites du tout, en le pilant chées, c'est-à-dire cuites une demi-heure dans de de nouveau, une pâle qui soit assez ferme pour l'eau bouillante, vous les égoutterez; vous mettrez que vous en puissiez faire des boulettes ; jetez en- du bon bouillon dans votre soupière, et vous y suite ces boulettes ou quenelles dans une quantité mettrez vos quenelles. Ayez soin que le tout soit suffisante de bouillon bouillant, et laissez-les d'un bon sel. cuire pendant un quart d'heure, POT ( 392 ) POT Pour faire cuire les pommes de ferre à la va le bouillon de votre marmite au travers d'une ser- peur, ce qui est la meilleure méthode, nous avons victle fine ou d'un tamis de soie; servez à côté de déjà dit qu'il suffit de couvrir une casserole dans votre plat un pot plein de bouillon bien chaud et laquelle on aura mis très-peu d'eau, de la cou d'un bon sel. vrir, disons-nous, d'un clayon d'osier de même Potage à la purée de gibier. Mettez grandeur, de mettre les pommes de terre sur le clayon, et de fermer hermétiquement la casserole de bæuf, un jarret de veau, trois perdrix et un dans six ou sept litres de bouillon, quatre livres au moyen d'un linge blanc plié en quatre et faisan; faites écumer, et ajoutez carottes, ognons d'un couvercle, afin que la vapeur ne s'en échappe et céleri ; laissez bouillir le tout pendant quatre pas. ou cinq heures; pilez en même temps quelques Potage à la Kusel. Faites blanchir une perdreaux rôtis et refroidis, el un peu de mie de bonne quantité d'ognons, poireaux, carottes et pain; passez ces perdreaux pilés à l’étamine, et navets, quelques laitues et quelques pieds de cé- mouillez cette purée avec le bouillon ci-dessus ; leri, le tout d'un pouce de long, et de la même faites-la chauffer ensuite sur un feu doux, sans la grosseur; faites cuire le tout dans du bouillon, à laisser bouillir, et versez-la sur des croûtons sau- l'exception des laitues que vous ferez cuire à part, i és au beurre. également dans du bouillon, et entre des bardes Potage à la d'Estaing. - Faites rôtir une de lard; versez ensuite le tout dans du consommé, vieille perdrix fraîchement tuée; ayez une cin- et servez sans y mettre de pain. quantaine de marrons du Luc ou de Lyon bien Potage à la d'Esclignac. Vous aurez rôtis et bien épluchés; faites-les cuire dans un bon quinze jaunes d'æufs que vous délayerez avec une empotage; ôtez la peau et désossez votre perdrix ; pinte de bon bouillon, et que vous passerez plu- pilez-en bien la chair; égouttez ensuite vos mar- sieurs fois à travers une étamine; vous mettrez rons, et mettez-les dans un mortier avec la chair votre appareil dans un moule ou un vase, afin que déjà pilée de la perdrix; pilez et amalgamez le vous puissiez le faire prendre au bain-marie ; lors tout ensemble, et passez-le ensuite à l'étamine que cela sera bien pris, vous verserez du bouillon avec expression; faites mitonner du pain de po- chaud dans votre soupière ; puis avec une écu- tage, et mêlez-le avec votre résidu, en procédant moire, vous prendrez de vos aufs (pris au bain- comme une purée de légumes. marie), de manière que cela forme des soupes Potage de tortue. (Pour la manière de que vous mettez dans votre soupière; il faut que se procurer et de préparer le principal votre potage en soit bien garni. élément de la soupe en question (V. TORTUE). Potage à la languedocienne. — Ce potage Coupez par morceaux de la grosseur d'une est une julienne, pour la préparation de laquelle noix une quantité suffisante de chair de tortue; on se sert d'huile au lieu de beurre ; c'est-à-dire meltez-les, après les avoir fait dégorger, dans du qu'après avoir coupé et préparé les légumes, bon consommé, avec poivre, gérofle, ognons, comme il est dit à l'article de la julienne, on les carottes, thym et laurier, et faites cuire le tout fait revenir dans de l'huile d'olive, et que l'on ajoute pendant trois ou quatre heures sur un feu doux; au potage, au moment de le servir, des croûtons préparez, pendant ce temps, des quenelles de taillés en filets et également frits dans l'huile volaille que vous assaisonnerez de persil, de (V. POTAGE A LA JULIENNE). civette et d'anchois; faites pocher ces quenelles Potage à la Grimod de la Reynière. - dans du consommé; égouttez-les et versez dessus Mettez dans une moyenne marmite un chapon votre potage de tortue dans lequel vous aurez mis, troussé, comme pour le potage au riz; deux pigeons, quelques instants auparavant, trois ou quatre ver- un morceau de tranche de bæuf de trois livres, le res de vin de Madère sec. tout bien ficelé; remplissez cette marmite de bon Potage en tortue à la française. - Ayez bouillon ; après l'avoir écumée, garnissez-la de quatre ou cinq livres de chair de mouton, carottes, navets, ognons, céleri et poireaux ; vos épaule, soit gigot, ou six à sept livres de parures viandes cuites, au moment de servir, mettez le des carrés ; ajoutez-y des débris de poisson, comme chapon et les deux pigeons dans un plat, avec des têtes et arêtes de merlans, débris de saumon, laitues entières, de petits ognons, des carottes et carpe ou ses débris, ainsi du reste ; meitez ce des navels coupés en gros dés; de ces trois sortes mouton dans une marmite avec vos débris; assai- de légumes en grande quantité et cuits comme sonnez-le tel que le blond de veau ; faites-le suer pour la garbure au hameau (V.ce mot); vos de même; mouillez-le avec de l'eau , écumez-le légumes cuits, dressez-les sur le chapon et les pi- bien; que le bouquet de persil soit forcé en aro- geons, de manière qu'ils forment buisson ; passez mates; de plus, joignez-y deux brins de basilic et soit une POT ( 395 ) POT du macis; laissez cuire ce mouton jusqu'à ce que vous mettrez le lout dans votre marmite environ les chairs quittent les os ; passez-en le bouillon à une heure avant de servir. travers une serviette; clarifiez-le avec deux ou Le bouillon étant assez fait et de bon goût, vous trois blancs d'eufs battus légèrement; faites-lui prenez du pain à potage bien chapelé; vous en le- jeter un bouillon ; laissez-le reposer, afin qu'il soit vez les croûtes et les mettez dans une casserole;, clair; passez-le de nouveau dans une autre ser vous les mouillez avec votre bouillon bien dé- viette, et faites-le réduire jusqu'à ce qu'il soit as- graissé et les faites mitonner; lorsqu'elles le sont sez corsé pour pouvoir supporter, sans être ré assez, vous les dressez dans votre pot-à-oille, et duit, du vin de Madère; prenez ensuite la moitié vous les garnissez de toutes les sortes de légumes d'une tête de veau échaudée de la veille ; désossez qui sont dans votre empolage ; vous mettez en- la, et, pour qu'elle soit bien blanche, mettez-la suite l'os de votre jarret sur votre polage; vous dégorger dans de l'eau que vous aurez soin de achevez de le mouiller, et vous le servez très- changer deux ou trois fois; faites-la blanchir et chaudement. rafraîchir; essuyez-la, parez-la , faites-la cuire dans un blanc (V. cet article) ; lorsqu'elle est Soupe aux anguillettes. (Cuisine étran- cuite, égouttez-la ; coupez-la par morceaux car- gère, potage hollandais.) — Prenez du bouil- rés, gros comme le pouce, et que vous mettrez lon maigre (V. page 99); faites-y cuire de petites dans le bouillon avec les trois quarts d'une bou- anguilles que vous aurez coupées par tronçons de teille d'excellent vin de Madère, du poivre de la longueur de deux ou trois pouces ; ensuite Cayennc environ une cuillerée à café, et une sem- faites blanchir six fortes poignées de cerfeuil, mê- blable quantité de poudre de kari ; dressez votre lées d'un peu d'oseille et de beaucoup de bette- potage composé de vos morceaux de veau; ayez la poirée, laquelle plante potagère doit être au moins précaution de faire durcir auparavant quinze aufs pour un tiers dans cet appareil végétal; toutes ces frais, après en avoir ôté les blancs; mettez-en les herbes ayant été blanchies, mettez-les à bouillir jaunes, aussi entiers que possible, dans ce potage, avec les tronçons d'anguilles, et joignez-y, quel- à l'instant de le servir. Observez que si vous pou- ques instants avant de servir, un morceau de viez vous procurer de petits cufs en grappe, beurre frais pétri d'un ou deux jaunes d'auſs; que vous feriez blanchir, ils vaudraient beaucoup de Bruxelles que vous aurez mises au fond de la vous verserez cette composition sur des biscotles mieux que les jaunes en question. soupière. Potage à la jambe de bois. (Recette de On peut confectionner cet excellent polage au MM. Grimod de la Reynière. L'extrême déli- bouillon gras, et, pour lors, il ne faut y mettre ni catesse de M. Carême lui a fait rejeter cette vieille le beurre frais, ni les jaunes d'æufs indiqués appellation ; il voudrait nous faire dire potage à ci-dessus. ta moelle; mais on ne saurait adopter cette cor Soupe froide à la russe, ou Akroschka. rection de M. Carême, par la bonne raison que le La base de ce potage est le Kvas, bière très- potage à la moelle est toute autre chose, et voilà légère de farine d’orge fermentée avec des baies ce qui nous décide à conserver à celui-ci son an acides et des bourgeons de chêne. On coupe en cienne dénomination.) - On prend un jarret de morceaux du maigre de jambon et des lambeaux bæuf dont on coupe les deux bouts, en laissant le de viande arrachés suivant la longueur des fibres, gros os d'un pied de longueur; on l'empote dans à la manière des anciens Tartares, à qui l'usage une marmite avec de bon bouillon, un morceau des couteaux n'était pas familier. On assaisonne de tranche de bæuf et une casserole d'eau froide; cet étrange potage avec de l'ognon cru, du blé lorsque cette marmite est écumée, on l'assaisonne vert qu'on a fait macérer dans de la saumure, avec du sel et des clous de gérofle; on y met deux une grande quantité d'échalotes hachées et des ou trois douzaines de caroties, une douzaine d'o tranches de concombres avortés par suite du gnons, une douzaine de pieds de céleri, douze navets, froid. A la table des gourmets russes, il arrive une poule et deux vieilles perdrix; observez qu'il souvent que le mouillement de ladite soupe est faut mettre votre marmile au feu de bon matin, et fait avec du Pyvo, sorte de bière qui ne s'éloigne la faire aller très-doucement, afin que votre bouil- pas autant que le Kvas de notre bière ordinaire. lon se fasse plus aisément, et qu'il soit meilleur. On y joint de petits morceaux de glace coupés car- Prenez ensuite un morceau de rouelle de veau rément, ou bien de petites boules de neige foulée. d'environ deux livres; faites-le suer dans une cas La soupe russe au poisson s'appelle en russe serole, et mouillez-le avec votre bouillon ; lorsqu'il Kholodnoy-soup et Batvinia. On y remplace sera bien dégraissé, vous y ajouterez une douzainc la viande avec du kaviar et du saumon coupé par de petits ognons et quelques petits pieds de céleri; | tranches (V. p. 75). POT (393) POT avec un pen de votre lait chand, mais non bouil- f lear. Faites bouillir du lait ; liez-le avec des jaunes lant, et de manière que vos macarons se mêlent d'auſs comme il est dit ci-dessus, et versez-le sur bien avec les jaunes d'æufs et votre sucre; réser votre pain. vez la moitié de ce lait pour lier votre potage; ayant coupé des tranches de pain, les ayant ran- Potage à la purée de coucoudecelles. - gées sur un plafond et les ayant saupoudrées de vous prenez trente coucoudecelles, ou petites ci- sucre très-fin, faites-les glacer au four ou sous un trouilles vertes de la grosseur d'un euf ; vous ra- four de campagne ; et de suite dans votre pot à tissez un peu le vert de dessus comme pour net- oille, au moment de servir, achevez de mouiller loyer une carotte ; émincez-les; faites-les fondre votre appareil, en versant dessus le restant de votre de même que les tomates passées en purées, dé- lait ; et, afin d'achever de le lier, mettez-le sur le graissées ou travaillées. Vous les servez avec des feu ; tournez-le et ne le laissez point bouillir; goû- påtes comme ci-dessus, et vous opérez de la tez s'il est d'un bon goût; versez-le sur votre pain même façon, pour le potage aux tomates. glacé, et servez aussitôt. Potage au laurier d'amandes. Faites A défaut de macarons, vous pouvez employer glacer sous le four de campagne de petits mor- des pralines, dont vous tirerez à peu près le même ceaux de mie de pain taillés en rond; mettez-les résultat. dans une soupière avec des jaunes d'eufs, du su- Potage ou riz au lait. Ayez un quarteron cre et de la Beur d'oranger; versez sur cetle pré- de riz; épluchez-le bien ; lavez-le à trois eaux; paration du lait dans lequel vous aurez fait bouillir faites-le blanchir à deux ou trois bouillons; égout- quelques feuilles de laurier d'amandes, et remuez tez-le sur un camis; mettez-le dans une marmite en même temps avec une cuillère. Ce potage se avec un demi-quarteron de beurre, un peu de sert ordinairement après les huîtres dont il facilite zeste de citron et une feuille de laurier-amande; la digestion. faites-le crever à l'eau, et lorsqu'il commencera à se gonfler, mouillez-le avec du bon lait; faites potage à la julienne gras, pour la manière de pré- Potage à la julienne maigre. — Voyez le qu'il ne soit ni trop épais ni trop clair ; mettez-y parer vos légumes ; lorsqu'ils sont bien disposés, sel et sucre, et supprimez-en le laurier, ainsi que passez-les dans une casserole avec un morceau de le zeste de citron. beurre; faites-les légèrement roussir; mouillez- Potage au vermicelle et au lait. Ayez les avec votre bouillon maigre, comme il est in- environ un quarteron de vermicelle que vous diqué pour le gras; et, faute de bouillon maigre, épousseterez; faites bouillir une pinte et demie de servez-vous de l'eau de cuisson des haricots ou lait, et mettez-y peu à peu votre vermicelle, afin des lentilles; faites mitonner votre potage, et qu'il qu'il ne se pelotonne pas ; retirez-le sur le bord du soit d'un bon sel. fourneau, jusqu'à ce qu'il soit cuit; assaisonnez-le de sel et de sucre; mettez-y, si vous voulez, quel femme. – Ayez une bonne poignée d'oseille , Potage maigre aux herbes à la bonne ques macarons ou un peu de vanille, ou l'un et deux laitues, un peu de cerfeuil et de belle-dame l'autre. épluchées et lavées à grande eau; égouttez et ha- Potage au potiron. Mettez dans une cas- chez ces herbes; mettez-les dans une grande cas- serole, avec très-peu d'eau, votre potiron coupé serole avec un morceau de beurre; passez-les; en forme de dés. La quantité de potiron doit être faites-les cuire à petit feu; mouillez-les ce qu'il proportionnée à la force du potage que vous vou faut pour votre potage avec votre grand bouillon lez faire ; laissez-le bouillir jusqu'à ce qu'il soit bien maigre, sinon, avec celui de haricots ou de len- cuit; puis tirez-le de l'eau ; faites-le égoutter, et tilles, et puis versez sur des tranches de pain, que passez-le à l'étamine; mouillez cette purée avec vous laisserez milonner, du lait; ajoutez-y du beurre bien frais, et salez convenablement; faites alors bouillir ce potage, et Potage aux herbes à la Dauphine. - Pré- versez-le sur des croûtons passés au beurre el parez quatre poignées de feuilles d'épinards et coupés en losanges, ou en deniers si vous l'aimez trois cæurs de grosses lailues, le blanc d'une tige de poireau, deux ognons, deux poignées d'oseille, mieux. deux poignées d'arroche, deux poignées de betle, Potage à la Monaco. - Coupez des mies de une forte pincée de cerfeuil, quelques feuilles de pain en petits carrés fort minces ; jetez dessus du tanaisie, quelques branches de pourpier vert, et sucre en poudre et faites-les griller, ou bien, ce finalement des fleurs de souci, bien séparées de qui est mieux, mettez-les sous le four de campa- leur ovaire et de leur calice, attendu l'amertume gne jusqu'à ce qu'elles aient pris un peu de cou- de celte partie de la plante. Hachez toutes ces POT. ( 596 ) POU herbes, et puis faites les fondre avec un morceau suffisante; faites mijoter le tout; quand le potiron de beurre, que vous ne laisserez pas arriver jusqu'au est assez réduit, retirez-le de la casserole pour le roux; mouillez-les ensuite avec de l'eau chaude faire refroidir dans un vase de faïence; pétrissez- à défaut de bouillon de racines, de purée fari le alors avec trois jaunes d’æuſs, six macarons neuse ou de résidu de poisson. Il faut que ce po- | écrasés, quatre pincées de fleur d'orange pralinée et un blanc d'æuſ fouelié. met une liaison de jaunes d'eufs, avec lesquels on a avec de la mie de pain; mettez-y la pulpe du poli- pétri quelques onces de beurre bien frais. Il est bon ron; posez la casserole sur des cendres chaudes; de n'avoir foncé la soupière qu'avec des tranches couvrez-la avec un couvercle sur lequel vous en- de mie de pain, car on a remarqué que le goût tretiendrez du feu allumé: quand le gâteau aura des croûtes avait l'inconvénient de masquer la fine pris couleur, renversez-le sur un plat, et servez et simple saveur de cette combinaison végétale. une crème liée aux jauves d’æuſs et au vin de Lunel, à proximité de ce bon plat d'entremets. Soupe à l'ognon. -- Faites frire dans du Vous pouvez également foncer un plat creux beurre frais des ognons coupés en tranches bien minces, jusqu'à ce qu'ils soient d'un beau jaune; four, et , dans ce cas, vous mettrez autour du plat avec le même appareil que vous ferez cuire au versez alors une quantité d'eau proportionnée à la des amandes pralinées pour garniture. quantité de beurre et d'ognon; ajoutez du sel et du poivre; faites bouillir le tout pendant vingt POULARDE, jeune poule engraissée par un minutes, et versez-le ensuite sur le pain que vous système de nutrition continuelle et d'alimentation aurez préparé, après y avoir ajouté une liaison de surabondante. Les meilleures poulardes connues quelques jaunes d'@ufs. Il est convenable, afin de sont celles du Maine, de la Bresse, du pays de Caux diminuer l’åcreté des ognons, d'en extraire soi- en Normandie et du Montalbanais en Quercy. La gneusement la tête et la queue. poularde est peut-être un peu moins savoureuse Panade. – Après avoir fait bouillir du pain que le chapon, mais la substance en est plus mollet dans de l'eau, du sel et du beurre très délicate. C'est à sept ou huit mois qu'elle est dans frais, on ôle du feu celle préparation, on y ajoute toute sa perfection. Quand elle est âgée de plus une liaison de jaunes d'aufs, et l'on sert ce potage d'un an, elle a presque toujours pondu, et sa immédiatement. chair, alors, n'est plus bonne qu'à faire des que- On fait également des panades au cerfeuil, au nelles et du bouillon de volaille. consommé, à l'orgeat, à la crème crue, ou vin Les poulardes ainsi que les chapons ont toujours d'Alicante, à la moelle et aux confitures. la chair saturée d'une graisse onctueuse qui la Potage à la purée d'écrevisses (V. BIS-rend moins facile à digérer que celle des jeunes QUE). animaux de la même espèce; mais il faut distinguer dans leurs parties celles qui sont les plus grasses Potage à la provençale au poisson (V. de celles qui le sont médiocrement; celles, par BOUILLE-A-BAISSE, page 92). exemple, qui tiennent à l'aile et s'étendent sur la Potage aux poupards (V. BISQUE et CraBE). poitrine, et qui, chez ces animaux sédentaires, Croûtes gratinées et garbures (V. ces deux sont ſort lendres et néanmoins peu pénétrées de articles, pages 196, 246, 247 et 248). graisse parce que les fibres en sont très-rappro- chées, sont de beaucoup préférables aux parties Soupe à la bière à l'Allemande, — à la qui avoisinent le croupion. Danoise,- à la Russe (V. pages 75 et 76). C'est par cette raison-là qu'on doit servir la Soupe aux cerises (V. page 134). cuisse de la poularde bouillie, et non pas l'aile, ainsi qu'il est usité pour les volailles rôties. POTIROV, cucurbitacée qui recoit les mê- Poularde rólie. Faites-la cuire à la bro- mes apprêts que la citrouille et le giromon (V. che, entourée d'une double feuille de papier beurré. FLAN, POTAGE et PURLE). Cinq quarts d'heure de cuisson lui suffisent de- Gâteau de potiron à l'antiquaille. vant un feu égal; passez et dégraissez le jus de la Coupez du potiron en gros dés; faites-le fondre lèchefrite, et le mettez au fond de votre plat de dans une casserole, et faites-le réduire à consis rôt. Bordez ce mème plat avec des tiges ou som- tance de bouillie épaisse; passez-le ensuite au mités de cresson de fontaine, arrosées de quelques beurre dans une autre casserole, et ajoutez une gouttes de vinaigre assaisonné d'un peu de sel cuillerée de fécule de pommes de terre délayée blanc, et disposez cette garniture en guirlande dans du lait ; ajoutez aussi du sucre en quantité , touflue. POU ( 398 ) POU tamis, et on y joint une poignée de mie de pain ; , marquez ces quatre cuisses dans une casserole, on le met sur le feu, et on l'y laisse jusqu'à ce entre des bardes de lard ; assaisonnez-les comme que le pain ait bu le lait; on l'ôte du feu, et on les ailes; faites-les cuire à un feu doux environ mêle un quarteron de panne de porc coupée en trois quarts d'heure : au moment de servir, égout- petits morceaux, une douzaine d'amandes douces tez-les; ôlez-en les fils; égouttez aussi vos ailes ; pilées très-fin, sel, muscade râpée, cinq jaunes ötez le nerf des filets mignons ; faites-leur des en- d'æuſs crus; on met le tout dans le corps de la tailles de distance en distance, et mettez-y des pe- poularde flambée, vidée et bien épluchée, que tites crêtes de truffes de la largeur de ces filets; l'on coud pour que rien n'en sorte, et on la fait donnez-leur une forme cintrée ; sautez-les dans cuire, entre des bardes de lard, mouillée avec du du beurre fondu et un grain de sel; après égout- lait et assaisonnée de sel, un peu de coriandre; tez-les; glacez les ailes piquées; dressez-les toutes quand elle est cuite et bien essuyée de sa graisse, les quatre en croix, et posez entre chacune d'elles on la sert avec une sauce à la crème. vos cuisses de poulardes, en mettant dessus, en forme de couronne, les petits filets; saucez votre Poutarde en demi-deuil. Étant flambée entrée avec une sauce réduite et travaillée avec le et troussée (les pattes en dedans), vous la bridez consommé que vous aurez fait des carcasses de vos de manière à ce que l'estomac en soit saillant ; puis poulardes. mettez-la dans une casserole garnie de bardes de lard, et versez du consommé par-dessus. La pou Poutarde à la Grimod de la Reynière. larde étant cuite aux trois quarts, vous l'ôtez du - On coupe une douzaine de tranches de jambon feu, et vous lui faites sur tout le blanc de la nouveau, de la longueur de sa volaille et de la lar- poitrine de petites entailles où vous enfoncez des geur du doigt, avec autant de tranches de mie de lardons de truffes bien noires, de manière à for- pain; on aplatit, à force de la battre, une bonne mer un ovale de la grandeur de l'estomac. Passez poularde flambée et vidée, laquelle on farcit de son alors votre fond de cuisson au tamis; remettez foie avec truffes, champignons, persil, ciboules, la poularde dedans et faites bouillir doucement sel, gros poivre, de la moelle de bæuf et du lard pendant une heure; bachez des truſfes ; passez- râpé, le tout mêlé ensemble ; on la fait refaire avec les au beurre; ajoutez-y un peu de velouté, autant un peu de beurre; on la met en broche, et on la de consommé, un peu de gros poivre; faites bouil couvre absolument de tranches de pain, sur les - lir celle sauce, et servez-la sous votre poularde. quelles on assujettit des tranches de jambon, qu'on Poutarde en bigarrure (recette du fa- ficelle pour les faire tenir enveloppées d'une feuille meux Vincent de la Chapelle). — Prenez de papier de la grandeur de la poularde ; on fait deux moyennes poulardes; après les avoir éplu- cuire à petit feu, avec un plat dessous pour rece- chées et flambées, levez-en les ailes; ôlez-en les voir le jus, et on le sert sous la poularde. filets mignong; supprimez les ailerons et les peaux Poularde à la Maillot. - Votre poularde nerveuses des ailes ; piquez deux de ces ailes étant flambée et vidée, remplissez-la de beurre d'une deuxième, et les deux autres de petits assaisonné de sel et de poivre; bridez-la de ma- lardons de truffes, cuils à moitié; marques ces nière à lui rendre l'estomac saillant, et piquez-le quatre ailes dans une casserole foncée de bardes de lard fin; mettez des bardes de lard dans une de lard, avec une carotte, un bouquet de persil casserole, et votre poularde par-dessus avec des et de ciboules, et deux moyens ognons, dans l'un parures de viande; quelques carottes et des ognons, desquels vous aurez mis un clou de gérofle; laurier, gérofle, bouquet garni; mouillez le tout mouillez vos ailes avec un peu de consommé; ayez avec du bouillon, et le mettez sur un feu très-ar- soin que ce mouillement n'atteigne point le lard dent. Il ne faut pas plus de cing quarts d'heure de piqué de vos poulardes, et couvrez-les d'un rond cuisson. La poularde étant cuite, débridez-la ; de papier; un quart d'heure avant de servir faites- glacez-la, et dressez-la sur un ragoût de crêtes et les partir, avec feu dessous et dessus; désossez rognons de coqs. entièrement les quatre cuisses, et remplissez-les d'un salpicon, composé de truffes et de foies gras; Poutarde à la Chevry. - Étant cuite ainsi cousez-en les peaux, et donnez aux cuisses la qu'il est indiqué dans les articles précédents, vous forme d'une figue aplatie; coupez les pattes en aurez coupé des ognons en anneaux de différentes deux; supprimez-en le haut, et mettez le bas dans grandeurs et les aurez fait blanchir ; placez ces la cuisse, en sorte qu'on ne voie que la moitié de anneaux d'ognons sur un couvercle de casserole ; cette palte; piquez deux de ces cuisses de clous mettez dans le milieu de ces anneaux des épinards de truffes, en forme de rosettes, les deux autres blanchis bien verts et passés au beurre ; assaisonnez devant rester blanches; frottez-les de citron; 1 de sel et muscade; égalisez les épinards avec la lame POU ( 899 ) POU de votre couteau, au moment de servir; égouttez votre sauce au suprême, et versez-les dans le puits votre poularde; débridez-la; dressez-la sur un de vos filets. » plat; décorez-la avec ces anneaux d'ognons ainsi Émincé de filets de poularde aux con- préparés, et saucez-la d'une ravigote verte. combres. Prenez l'estomac d'une ou deux Poularde à la marseillaise. - Découpez poulardes rôties et froides; levez-en les chairs ; une poularde comme il est indiqué ci-dessus; ayez supprimez-en les peaux et les nerfs; émincez ces une douzaine d'ognons blancs; ayez aussi quelques chairs; faites un ragoût de concombres, soit au branches de persil; prenez une casserole dans la- blanc , soit au roux. Votre ragoût réduit et prêt à quelle vous ferez un lit de vos ognons, et un des servir, mêlez-y vos blancs de poularde , sans les membres de votre volaille, et couyrez le tout avec laisser bouillir : si c'est au blanc, ajoutez-y une un autre lit d'ognons et de persil; ajoutez-y quel- liaison de deux jaunes d'auſs, du beurre gros ques cuillerées d'huile, du poivre, du sel, de la comme une noix, et un peu de muscade râpée. muscade, du laurier et de l'ail; faites cuire à petit feu; puis glacez la poularde; dressez-la ; mettez Ailes de poulardes à la maréchale. les ognons au milieu, et saucez avec une sauce au Prenez trois belles poulardes , levez-en les ailes , beurre d'anchois et aux câpres. supprimez-en les ailerons , ne conservez que les deux moignons de ces membres; levez-en la pe- Poularde à la tartare. Fendez une pou- tite peau , en posant chaque aile sur la table , et Jarde par le dos; passez-lui les pattes en dedans, en faisant glisser votre couteau , comme si vous et attachez-les avec une ficelle. A platissez la pou- leviez une barde de lard : prenez garde d'endom- larde; assaisonnez-la de poivre et de sel; puis mager les chairs; piquez vos six ailes; 'mettez-les trempez-la dans de l'huile et dans de la mie de dans une casserole, et, lorsqu'elles seront cuites, pain, et faites-la griller. Il lui faut une heure de égouttez-les sur un couvercle ; glacez-les pour cuisson. Servez-la avec une remoulade, qu'elles soient d'un beau blond; foncez votre plat d'une bonne chicorée à la crème réduite; dressez Filets de poutarde au Suprême (d'après vos six ailes sur la pointe, au centre du plat, pour la formule de M. Beauvillier, inventeur en former une rosette; metlez, et si vous le vou- de ce ragout friand). « Levez les filets de trois lez, une belle truffe au milieu, moyennes poulardes, posez ces filets sur la table, et levez-en les petites peaux le plus mince possi Poutarde en galantine. Ayez une belle ble; trempez dans l'eau le manche de votre cou poularde; après l'avoir épluchée , flambée et vi- teau', et battez-les légèrement; parez-les ; faites dée, désossez-la par le dos, étendez-la sur un fondre dans une sauteuse une suffisante quantité | linge blanc ; couvrez les chairs d'une farce cuite de beurre; arrangez-y vos filets, en les trempant de volaille , à peu près de l'épaisseur d'un travers des deux côtés; saupoudrez-les d'un peu de sel, de doigt; faites de gros lardons assaisonnés de couvrez-les d'un rond de papier; levez avec soin sel, poiyre, fines épices, aromates pilés et passés les six cuisses pour vous en faire une entrée, soit au tamis, persil el ciboules hachés ; ayez du jam- pour le jour ou le lendemain : vous leur conser- bon cuit, faites-en des lardons aussi gros et aussi verez la totalité de la peau , pour former de ces longs que ceux de lard; posez sur votre farce ces cuisses des petits canetons ou des ballons; faites lardons de distance en distance; ajoutez-y, și un consommé de carcasses; faites-le réduire pres- c'est la saison, des truffes coupées en filets, de la que en glace , sans lui donner de couleur ; ajou- grosseur de vos lardons, et entremêlez-les de pis- tez-y six cuillerées à dégraisser pleines de velouté taches yertes, de manière à ce que votre pièce soit réduit , et deux pains de beurre; salez et vannez bien marbrée; recouvrez ces lardons d'un autre votre sauce; sautez vos filets en les retournant ; lit de farce, et continuez de remettre ainsi farce et faites qu'ils soient bien blancs ; assurez-vous qu'ils lardons, jusqu'à ce que votre volaille en soit rem- sont bien cuits, en appuyant le doigt dessus : s'ils plie; rapprochez les peaux, cousez-les ; tâchez de résistent, c'est qu'ils le sont; vous aurez passé donner à votre poularde sa forme première; en- six croûtons de mie de pain à potage auxquels tourez-la de bardes de lard, enveloppez-la d'un vous aurez donné la forme et l'épaisseur de vos morceau d'étamine neuve; cousez celle étamine, filets ; dressez ces filets en couronne, et meltez attachez-en les deux bouts avec des ficelles : fon- un croûton entre chacun d'eux; travaillez votre cez une braisière avec quelques carottes, ognons, sauce, et saucez en marquant votre entrée : si deux clous de gérofle, deux feuilles de laurier, · vous voulez ces filets aux truffes , coupez des deux ou trois lames de jambon, un jarret de veau, truffes en liards ; faites-les cuire dans du beurre et la carcasse de votre poularde coupée par mor- et un grain de sel; mettez-les dans une partie de ceaux et concassée ; posez votre pièce sur ce fond POU ( 400 ) POU antine poularde froide, de desserte ou non ; levez-en les du côté du dos; appuyez un peu la main sur son . Prenez une estomac, afin de l'aplatir : couvrez votre galantine de bardes de lard : mouillez-la avec du bouillon chairs, supprimez-en les peaux et les nerfs; cou- (il faut qu'elle baigne dans son assaisonnement), pez ces chairs en petits dés, joignez-y quelques couvrez-la de papier, faites-la partir, après lui foies gras, ainsi que des champignons et des avoir mis son couvercle; posez-la sur le fourneau truffes, si c'est la saison (il faut que ces objets avec feu dessous et feu dessus; laissez-la cuire une soient coupés de la même grosseur que votre ba- heure et demie ou deux heures : sa cuisson faite, chis de poularde); mettez dans une casserole du retirez-la du feu, laissez-la dans son assaisonne velouté en raison de votre appareil, et faites-le ment une demi-heure; retirez-la , pour lors, et réduire à demi-glace : sa réduction faite , ôtez-le pressez-la légèrement; aplatissez-lui de nouveau du feu, liez-le avec trois jaunes d'æufs, jetez-y l'estomac, autant que possible, afin d'avoir la fa vos dés, ajoutez-y un peu d'excellent beurre ; cilité de la garnir de gelée; passez le fond de votre molez bien le tout, et mettez-le sur un couvercle galantine au travers d'une serviette mouillée à cet bien étamé; laissez ainsi refroidir votre appareil, effet : si ce fond n'était pas assez ambré, mêlez-y séparez-le par portions égales, de la grosseur que un peu de jus de bæuf ou de blond de veau; fai vous voulez faire vos croquettes; donnez-leur la tes - en l'essai. Si ce fond ou plutôt cette gelée se forme que vous jugerez convenable : ayez de la trouvait trop délicate , faites-la réduire ; cassez mie de pain, posez-la sur la table et roulez-y vos deux œufs entiers, jaunes, blancs et coquilles ; croquettes ; ayez quelques aufs cassés en ome- mettez-les dans votre gelée; fouettez-la avec le lette; trempez-les dedans; repassez-les et ache- fouet de buis, remettez-la sur le ſeu, et lors vez de perfectionner la forme que vous leur avez qu'elle commencera à bouillir, retirez-la sur le donnée d'abord. Au moment de servir, jetez-les bord du fourneau; mettez sur votre casserole un dans de la friture un peu chaude , afin qu'elles ne couvercle, avec quelques charbons ardents par se crèvent pas : aussitôt qu'elles auront une belle dessus; laissez ainsi votre gelée se clarifier envi- couleur, égouttez-les sur un linge blanc, dressez- ron une demi-heure; passez-la dans une serviette, les et mettez dessus un bouquet de persil. comme il est indiqué à l'article Aspic : laissez vo- tre gelée se refroidir; déballez votre galantine, Blanquette de poularde. – Ayez une pou- ratissez le gras qui est autour, dressez-la sur une larde froide ; levez-en les chairs, supprimez-en les serviette, et garnissez-la de gelée coupée en lames peaux ou les nerfs, émincez ces chairs; mettez et en diamants. dans une casserole du velouté; faites-le réduire et Filets de poulardes à la Béchamcil. - dégraissez-le; au moment de servir, jetez-y votre Faites cuire deux poulardes à la broche, laissez-les émincé; ne le laissez pas bouillir; faites une liai- refroidir, levez-en les blancs, et supprimez-en son délayée avec un peu de crème ou de lait ; fi- les peaux et les nerfs ; émincez ces blancs égale- beurre et le jus d'un citron. Il faut qu'elle ne soit nissez votre blanquette avec un petit morceau de ment; mettez dans une casserole cinq cuillerées à dégraisser de béchameil, et deux de consommé, ni trop liée, ni trop claire. ainsi qu'un peu de muscade râpée; faites bouillir, et délayez bien votre sauce : au moment de servir, Filets de poularde à la Singarat. jetez vos filets dedans, retournez-les légèrement, Ayez trois poulardes, levez-en les filets comme il est indiqué à l'article Filets de poutarde au de peur de les rompre; dressez-les sur votre plat garni d'une bordure; sinon, entourez votre entrée suprême: faites fondre du beurre dans un sautoir; soit de fleurons de feuilletage, soit de croûtons, trempez-y vos filets en les y arrangeant; saupou- ou servez ce ragoût dans un volc-au-vent. drez-les d'un peu de sel fin; couvrez-les d'un rond de papier; prenez une langue de beuf à l'écar- Hachis de poularde à la Reine. Prenez late; levez-en six morceaux de la grandeur et de des blancs de poulardes et hachez-les bien menu; l'épaisseur de vos filets, ainsi que de leur forme; mettez dans une casserole de la béchameil ainsi mettez-les dans une casserole avec un peu de que du consommé, en raison de la quantité de bouillon ; tenez – les chaudement sans les faire vos chairs; faites bouillir, et délayez votre sauce : bouillir; sautez vos filets comme il est dit au Su- au moment de servir, mêlez-y votre hachis sans PRÊME. Leur cuisson faite, égouttez-les; dressez- le laisser bouillir; finissez-le avec un peu de les sur votre plat , et mettez entre chacun d'eux beurre et de muscade råpée; prenez garde qu'il un morceau de langue : si vous voulez votre en- ne soit ni trop épais, ni trop clair. Ce hachis se trée plus forte, ajoutez-y des croutons entremêlés sert aussi dans de grands pàtés chauds ou de petits de même; saucez votre entréc avec une sauce au vole-au-vent. suprême. POU ( 401 ) POU Culottes de poutardes à la bayonnaise. - dans la glace; posez ce sautoir sur de la cendre Prenez trois culottes de poulardes; partagez-en chaude ; laissez mijoter ainsi vos ailerons : quand la peau en deux jusqu'au croupion; levez les ils seront glacés , prenez-les avec une fourchette, cuisses avec cette peau ; désossez-les entièrement; dressez-les sur votre plat, le côté glacé en dessus; néanmoins en leur laissant le bout de l'os adhé- meltez dans le restant de votre glace une cuillerée rent aux pattes : cela fait, marinez-les avec du jus (à dégraisser) d'espagnole et une de consommé; de citron, sel, gros poivre et une feuille de lau- faites bouillir le tout; détachez bien votre glace, rier brisée en morceau; laissez mariner ces cuis et saucez vos ailerons avec cette sauce. ses deux ou trois heures : au moment de servir, égouttez-les, farinez-les, faites-les frire dans du Ailerons de poulardes en haricot vierge. lard râpé ; coupez quatre ognons en anneaux ; - Ayez vingt ailerons de poulardes; échaudez- Ôtez-en le cœur; faites aussi frire ces ognons ; les, épluchez-les; désossez-les jusqu'à la moitié ayez soin qu'ils aient, ainsi que les cuisses, une de la première jointure; flambez-les, parez-les ; belle couleur : dressez ces cuisses sur un plat essuyez-les avec un linge blanc ; foncez une casse- d'entrée, mettez dessus vos anneaux frits, et ser- role de bardes de lard; rangez-les dedans; mouil- vez dessous une sauce poivrade. lez-les avec du bouillon sans couleur, et mettez-y quelques tranches de citron, dont vous aurez ôté Culottes de poulardes à la Brunoy. la peau et les pepins; ajoutez-y un bouquet de Levez les cuisses de trois poulardes ; supprimez persil et ciboules, une carotte tournée, deux la moitié de l'os de la cuisse; parez-les; foncez ognons, dont un piqué d'un clou de gérofle et une casserole de quelques carottes coupées en la une demi-feuille de laurier; couvrez le tout de mes, de deux ognons, d'un bouquet de persil et bardes de lard et d'un rond de papier; faites cuire ciboules, assaisonné des quatre aromates et d'une avec feu dessous et dessus : vous aurez tourné des lame de jambon; posez ces cuisses dessus; mouil navets en petits bâtonnets, en gousses d'ail ou en lez-les avec une cuillerée à pot de bouillon : cou champignons; faites blanchir ces navets, égout- vrez-les de quelques bardes de lard et d'un rond tez-les; mettez-les dans une casserole avec du de papier beurré; tournez de petites carottes soit bouillon qui ne soit point coloré; ajoutez-y un en bâtonnets, soit en champignons ; mettez-les petit morceau de sucre; faites cuire à petit feu; blanchir ; égouttez-les ; faites-les cuire dans du mettez dans une autre casserole quatre cuillerées bouillon et tomber à glace; mettez-y un petit à dégraisser pleines de velouté ; faites-le réduire; morceau de sucre pour en ôler l'âcreté; versez vous aurez fait bouillir une chopiae de crème, et dans une casserole quatre à cinq cuillerées à dé- vous la verserez petit à petit dans votre sauce, en graisser pleines d'espagnole; ajoutez-y vos carottes la tournant toujours, jusqu'à ce qu'elle ait acquis tombées à glace; faites-les bouillir et dégraissez- la consistance d'une bouillie claire : sa réduction les; égouttez les cuisses de poulardes, et dressez- faite, égouttez vos navets; mettez-les dans votre les : ajoutez un demi-pain de beurre à votre ra- sauce; ajoutez-y un peu de muscade râpée, un goût; sautez-le et masquez-en votre entrée. demi-pain de beurre, et sautez-les : égouttez vos Ailerons de poutardes piqués et glacés. ailerons ; dressez-les sur un plat auquel vous aurez fait un bord de citron, et masquez ces ailerons Ayez douze ou quinze ailerons : après les avoir avec des navets au blanc. épluchés et flambés, désossez-les comme il est indiqué précédemment ; faites - les légèrement Ailerons de poulardes à la sauce verte. blanchir; piquez-les; foncez une casserole avec – Ayez une quinzaine d'ailerons : après les avoir un peu de rouelle de veau , une lame ou deux de préparés, comme il est indiqué ci-dessus, foncez jambon, un ognon piqué d'un clou de gérofle, une casserole avec quelques tranches de veau et une carotte tournée, un bouquet de persil et ci- de jambon ; joignez-y une douzaine de queues de boules; rangez vos ailerons sur ce ſond, de ma champignons, une demi-gousse d'ail, une demi- nière que le lard ne se touche point; mouillez-les feuille de laurier et une pincée de basilic; rangez avec du bon bouillon; couvrez-les d'un rond de vos ailerons sur ce fond; coupez deux carottes en papier beurré; faites-les partir et cuire avec un lames et deux ognons en tranches, couvrez-en vos feu vif dessous et dessus, afin qu'ils prennent une ailerons, mouillez-les avec du bouillon ou du con- belle couleur ; et leur cuisson faite, passez leur sommé; faites - les cuire avec feu dessous et des- fond au travers d'un tamis de soie ; faites-le ré sus : leur cuisson faite , passez votre fond dans duire presque à glace dans un sautoir, lequel doit une casserole à travers un tamis de soie ; ajoutez avoir assez d'élendue pour les contenir sans être à ce fond un petit pain de beurre, manié dans la les uns sur les autres : rangez-les sens dessus des farine; faites lier votre fond en la tournant; lais- sous, c'est-à-dire que le côté piqué doit tremper sez-la réduire jusqu'à consistance de sauce ; ajou- 26 POU ( 402 ) POU tez-y une pincée de feuilles de persil, que vous avoir des poulets nouveaux ; on les reconnaît à la aurez fait blanchir ; dressez vos ailerons; mettez | blancheur de leur peau, et leurs pattes sont plus le jus d’un citron dans votre sauce, avec un peu unies que celles des vieux, plus douces au tou- de gros poivre ; goûlez si elle est d'un bon sel, et cher et d'un bleu tirant sur l'ardoise. masquez-en vos ailerons. La chair du poulet, quand il est suffisamment gras, est toujours délicate et facilement digesti- Ailerons de poutardes à la Villeroy. — Prenez douze ou quinze ailerons, flambez, éplu- toutes les viandes. ble : sous ce rapport, elle a la supériorité sur chez, desossez-les jusqu'à la première jointure; remplissez-les d'une farce cuite ; marquez-les dans che et la peau fine, bien en chair, gras et courts. On doit choisir les poulets ayant la chair blan- une casserole, comme les ailerons piqués et gla- Après les avoir plumés et bien épluchés, on les cés ; leur cuisson achevée, égouttez-les, posez-flambe légèreinent : on les vide par le haut , en les sur une tourtière, couvrezles d'une Sainte- évitant de crcver la vésicule du fiel, et si cet acci- Ménéhould; panez-les avec moitié mie de pain et dent arrive , il faut laver sur-le-champ l'intérieur moitié fromage de parmesan mêlés ensemble : du poulet avec de l'eau chaude. faites prendre une belle couleur à vos ailerons, soit au four ou sous un four de campagne ; dres Poulets rôtis. Videz-les; faites-les refaire sez-les, et servez. sur la braise; piquez-les de menu lard; mettez-les Reliefs de poularde à la vénitienne. — à la broche enveloppés de papier ; quand ils sont Prenez une poularde crue ou cuite à la broche, presque cuits, ôtez le papier et faites-leur pren- et qui a déjà été servie sur table, qu'elle soit ou dre une belle couleur. non entamée; coupez-la par membres, et faites-la Au lieu de les envelopper de papier, on les cuire dans une casserole avec du bouillon , du couvre aussi d'une barde de lard, et beaucoup coulis, sel, un peu de gros poivre; lorsqu'elle est de personnes les préfèrent ainsi. cuite et la sauce assez réduite, mettez-y une bonne Poutets rôtis pour entrée de broche. pincée de persil haché très-fin , que vous aurez Farcissez-les avec du lard râpé, le foie haché, fait cuire un moment dans l'eau ; avant de le ha- persil, ciboules aussi hachées , du jus ou un mor- cher, il faut le bien presser. Au moment de ser- ceau de beurre, et un peu de zeste de citron ; vir, mettez un filet de verjus, faites rôtir, en les couvrant de papier beurré pour Reliefs de poutarde au feu d'enfer. - qu'ils ne prennent pas couleur. Servez avec telle Dépecez par membres une poularde rôtie, et fai sauce ou ragoût qui vous conviendra. tes-la mariner dans de l'huile, avec du sel, du poivre et du jus de citron ; faites ensuite griller Poulet à l'estragon. — Faites bouillir une ces membres sur un feu très-ardent, et servez-les pincée de feuilles d'estragon, que vous bachez avec du jus réduit. finement après les avoir rafraîchies et pressées ; hachez le foie du poulet, mêlez - le avec du lard Błanquette de poularde (V. AGNEAU, Co- râpé, le tiers de l'estragon, sel et gros poivre; CHON DE LAIT, etc.). mettez cette farce dans le corps du poulet; cou- Croquettes de poularde (V. page 193). vrez-lui l'estomac avec une barde de lard ; faites- le cuire à la broche, enveloppé d'une feuille de Hachis de poularde à la portugaise papier beurrée. (V. page 329). Faites fondre dans une casserole un morceau de beurre manié de farine; ajoutez-y le reste de POULET. Il y a quatre sortes de poulets : le l'estragon que vous avez haché, un peu de jus ou commun, qui s'emploie généralement en fricassée, de bon bouillon, un filet de vinaigre, deux jaunes et dont on lève les chairs pour en faire des que dæufs, sel et poivre; faites lier la sauce sans nelles et des purées de volaille. bouillir. Le poulet demi-gras, dont on se sert pour les marinades à cru, les karis et différentes entrées Fricassée de poulets à l'ancienne. — Le- qui n'exigent pas de très-gros poulets, vez proprement les membres de deux poulets; Le poulet à la reine, qui est le plus délicat, et coupez les ailerons et les pattes, parez les cuisses qu'on emploie également pour entrée et pour rôt. en coupant le bout de l’os au-dessous de l'articu- Le gros . poulet gras, dont on fait communé lation avec la patle; épluchez les pattes après les ment usage pour la broche et pour les galantines avoir fait griller un instant sur les charbons; coll- mêlées. pez la poitrine en deux et le dos en quatre; sépa- C'est vers la fin d'avril que l'on commence à rez la tête du cou; faites dégorger le tout dans POU ( 403 ) POU l'eau tiède, et ensuite égoutter sur un tamis ou couleur sous un four de campagne un peu chaud. dans une passoire. Il faut retourner les morceaux et les servir à sec Faites fondre un bon morceau de beurre dans pour hors-d'œuvre. une casserole ; mellez-y les poulets coupés ; quand Fritôt de poulet. - Faites mariner un poulet ils sont bien revenus, ajoutez un peu de farine que vous mêlez bien; mouillez avec du bouillon; coupé en morceaux, avec de l'huile, du jus de ajoutez en même temps des champignons, quel citron, un peu de vinaigre aromatique, sel, gros ques tranches de petit lard, un bouquet de persil poivre, ognon coupé en tranches et persil haché; ensuite égouttez les morceaux, farinez-les et fai- et ciboule, sel, gros poivre, et une feuille de lau- tes-les frire à l'huile. rier; menez la fricassée à grand feu pour faire Faites frire aussi de l'ognon coupé en tranches réduire la sauce; lorsqu'elle est cuite aux trois et passé auparavant à l'huile avec un peu de fa- quarts, mettez-y de petits cgnons et des culs rine. d'artichaut; au moment de servir, retirez le bou- quet et mettez une liaison de trois jaunes d'@ufs l'ognon par-dessus : on peut y joindre des aufs Dressez les morceaux dans un plat et mettez délayés avec de la crème. frits; servez avec une sauce composée d'huile, Fricassée de poulet moderne. — Dépecez tranches de citron sans pepins et sans blanc, per- un poulet, parez-en les morceaux et faites-les sil et estragon hachés, sel et poivre et une pointe tremper dans de l'eau fraîche pendant une heure, d'ail; passez un instant la sauce sur le feu. puis vous les ferez revenir dans du beurre, sans Poulet à la tartare. – Coupez-lui les pattes cependant leur faire prendre couleur; saupou- et le cou ; fendez-le par le dos et aplatissez-le ; drez-le avec un peu de farine ; remuez bien le tout, mouillez-le avec du consommé, et ajoutez trempez-le ensuite dans du beurre tiède; assai- un bouquet garni, des champignons et des petits sonnez de sel, gros poiúre et muscade; pánez ognons. La fricassée étant cuite, liez-la avec des partout le plus épais que vous pourrez; faites jaunes d'æufs, ajoutez-y un jus de citron, dres- griller à feu doux pendant trois quarts d'heure ; sez-la , et garnissez-la de quelques belles écre- servez avec une sauce piquante. visses. Poulet à la provençale. Coupez-les Fricassée de poulet à la chevalière. - comme pour une fricassée; faites-les dégorger à il faut que le poulet que vous voulez mettre à la Peau tiède et égoutter; mettez dans une casserole chevalière soit assez fort et bien charnu. Vous en champignons, un paquet de persil , ciboules, trois de bonne huile d'olive avec autant de bon beurre, leverez d'abord les filets, vous les piquerez avec clous de gérofle, une demi-feuille de laurier, une du lard très-fin, el vous les ferez sauter au beurre. Dépecez ensuite le poulet, faites-en revenir les gousse d'ail, un peu de thym et de basilic; pas- membres dans du beurre , puis agissez comme poudrez-les de farine et mouillez-les d'eau bouil- sez-y les poulets avec sel et poivre; étant passés, pour une fricassée ordinaire. Le tout étant cuit , fante. Laissez-les cuire, et puis liez la sauce avec vous dresserez les membres du poulet en cou- trois jaunes d'@ufs que vous délayez avec un pen ronne; vous ferez réduire la sauce, vous la ver- serez au milieu avec les ognons et les champi- sil haché très-menu pour que la sauce reste verte; de sauce; ajoutez-y de la muscade ét assez de per- gnons, et vous poserez dessus les filets, que vous dressez le ragoût dans un plat et la sauce des- aurez laissés glacés avec du jus de fricandeau ré- duit. sous; ajoutez-y le jus d'un citron. Poulet en marinade. Poulets en gibelotte. Faites un roux bien Coupez par mor- ceaux un poulet rôti; faites-le mariner pendant coloré ; passez-y des poulets coupés en morceaux ; une heure avec bouillon, vinaigre, fines herbes passez également une douzaine de petits ognons, hachées, sel, gros poivre; égouttez et essuyez les des champignons, deux carottes et un panais fen- dus en quatre; mouillez avec moitié bouillon et morceaux, et trempez-les dans une pâte à frire dans laquelle vous mettrez des blancs d'æufs demi-gousse d'ail, 'scl et poivre; faites bouillir à moitié vin blanc; ajoutez un bouquet garni, une fouettés; faites frire de belle couleur; servez avec petit feu pendant une heure; réduisez à courte persil frit. sauce ; écrasez le foie du poulet dans la sauce, et, Poulets à la Sainte-Ménéhould. Laissez au moment de servir, ajoutez-y un anchois haché refroidir une fricassée de poulets à courte sauce et une demi-cuillerée de câpres. et bien liée; trempez chaque morceau dans la On doit retirer l'ognon après l'avoir passé au sauce et roulez-les dans la mie de pain ; panez beurre, et ne le remettre que quand le poulet est une seconde fois à l'auf battu; faites prendre à moitié cuit. 26. POU ( 404 ) POU Poulet à la poêle. Fendez en deux un chaudement sur de la cendre rouge; à l'instant de poulet par le milieu de l'estomac; passez-le au servir, retournez-le sur un plat ; si la poudre de beurre dans une casserole avec une pincée de fa- kari n'avait pas donné assez de couleur à votre rine; mouillez avec moitié vin blanc et moitié ragoût, faites infuser dans un peu d'eau une pin- bouillon; ajoulez une pointe d'ail, deux échalotes, cée de safran du Gâtinais; exprimez-le sur votre des champignons, persil, ciboule , le tout haché, kari; mêlez-le bien ; goûtez s'il est assez pi- sel et gros poivre; faites cuire vivement et réduire menté. à courte sauce. Poulets en lézard. - Videz et flambez deux Poulets à la créole. Coupez en morceaux beaux poulets; supprimez-en les pattes ainsi que deux poulets; mellez-les dans une casserole avec les ailerons, et conservez-en la peau jusqu'à la un bon morceau de beurre, une demi-livre de tête; ouvrez-les par le dos, jusqu'au croupion ; lard coupé en petites tranches minces , et suffi- désossez-les entièrement, étendez-les sur un linge sante quantité de piment vert haché fin, sel, gros blanc, garnissez-les en dedans d'une farce cuite de poivre, gérofle en poudre et muscade râpée; fai- volaille, coulez - les, et donnez-leur la forme tes bien revenir le tout; ajoutez ensuite une cuil d'un lézard , en procédant ainsi : de la peau lerée de farine que vous mêlerez bien ; mouillez du cou farcie formez-en la queue du lézard, des avec du bouillon; ajoutez des champignons : lors- cuisses faites-en les jambes de derrière, et des que le ragoût sera aux deux tiers, ajoutez-y en- deux bouts des ailes les jambes de devant; de l'es- core de petits ognons, des culs d'artichaut , des tomac le dos, et pour en faire la tête, prenez une haricots verts , de petits bouquets de choux-fleurs; truffe, à laquelle vous donnerez la forme de celle faites cuire à grand feu pour que le mouillement d'un lézard, et, si vous n'avez pas de truffes, ser- réduise, sans cependant que la sauce soit courte; vez-vous d'un navet; relâchez un peu de farce ne dégraissez pas, et ajoutez, au moment de ser- cuite, avec un peu de velouté; étendez-en une vir, une forte cuillerée de purée de tomates : dé- légère couche sur le dos de vos lézards ; décorez- layez-la complètement. les de diverses couleurs avec de petites omelettes, coloriées de blanc, de vert, de rouge et de jaune; Poulet à l'italienne. Fendez le dos d'un enfin, imitez en tout la variété de la peau du lé- gros poulet, ct aplatissez-le comme pour le mettre à zard ; cela fait , foncez une casserole ovale de la tartare ; passez-le au beurre; mouillez avec bardes de lard; posez-y vos lézards avec soin moitié vin blanc et moitié bouillon; ajoutez un pour qu'ils conservent leur forme ; poêlez-les bouquet garni, une demi-gousse d'ail, deux clous comme les poulets en entrée de broche; couvrez- de gérofle, sel et gros poivre; faites cuire à petit les d'un fort papier et d'un couvercle; faites-les feu; relirez le poulet lorsqu'il est cuit ; passez la cuire avec un peu de feu dessus, pour ne pas al- cuisson ; faites-la réduire; liez-la avec un mor térer leur décoration : la cuisson faite, égouttez- ceau de beurre manié de farine ; versez la sauce | les, dressez-les, et servez - les dessous une ravi- sur le poulet et couvrez le tout de deux cuillerées gote. de fromage de Parme râpé; mettez le plat sur un feu doux, couvrez avec le four de campagne, jus- Poulets à la crème. – Ayez deux poulets qu'à ce que le poulet ait pris une belle couleur et froids, cuits à la broche; levez-en les estomacs que la sauce soit presque entièrement réduite. jusqu'aux cuisses, os et chairs; supprimez-en les poumons; faites une farce avec les chairs des es- Poulets au kari. - Dépecez deux poulets; tomacs, en procédant ainsi : levez ces chairs ou mettez dans une casserole un quarteron de beur- | blancs de poulets; après en avoir ôté les peaux, re, une même quantité de petit lard et les mem- | hachez-les très-menu, et pilez-les ensuite ; parez bres de vos poulets; passez le tout avec une cuil- et pilez également une tétine de veau , cuile dans lerée de farine de froment; sautez ce kari, mouil- la grande marmite : si vous n'aviez pas de tétine, lez-le peu à peu avec du bouillon; assaisonnez-le employez du lard râpé ou du beurre; prenez la d'un bouquet de persil et ciboules, d'une poignée mie d'un pain å potage; faites-la tremper et des- de champignons, de sel et d'une cuillerée à café sécher dans de la crème double; mettez par por- de poudre de kari (V. KARI); sa cuisson faite, tions égales ces trois substances; pilez le tout en- dressez-le dans un vase creux'; servez-le avec du semble ; ajoutez-y cinq jaunes d'æuſs, un peu de riz, que vous préparerez ainsi : muscade râpée, et du sel ce qu'il en faut : es- Faites blanchir et crever votre riz avec un peu sayez votre farce, goûtez si elle est d'un bon goût, de sel et presque sans mouillement; beurrez un Ôtez votre pilon ; incorporez légèrement, au fur et vase et remplissez-le de ce riz, qui doit être bien à mesure, et en la remuant avec une cuillère de entier, de façon à en former un pain; tenez-le bois, trois blancs d'œufs fouettés; mettez-y deux POU ( 403 ) POU ti | Salade de poulets aux aufs de faisan. y > échalotes hachées très-fin, lavées et passées dans Poulet en chipolata (V. CHIPOLATA , un linge blanc, et, si vous le voulez, un peu de page 150 et page 416). persil haché; mêlez bien le tout ensemble et reti- rez-le du mortier; mettez deux bardes de lard sur une tourtière ; remplissez vos poulets de cette Prenez deux poulets rôtis et froids ; dépecez-les farce; unissez-la avec un couteau trempé dans une par membres, comme pour la bayonnaise; met- omelette ; donnez à cette farce la forme de l'esto- tez-les dans un vase de terre; assaisonnez-les de mac de vos poulets; dorez-la , et faites par-dessus anchois et cornichons coupés en filets, de la même qu'une salade; ajoutez-y câpres entières, le dessin qu'il vous plaira ; entourez ces poulets fourniture hachée ; sautez le tout; dressez-le sur la farce; fixez-le autour avec une ficelle; posez vos le poulets sur votre tourtière trois quarts d'heure comprendre les anchois, les cornichons et les avant de servir; mettez-les dans le four, faites- câpres ; garnissez le bord du plat de laitues fraî- leur prendre une belle couleur, et, leur cuisson ches, coupées par quartiers, et d'æufs de faisan, faite, dressez-les et servez dessous une italienne cuits durs et coupés de même; décorez votre sa- blanche ou une sauce au suprême. lade avec des filets d'anchois et des câpres, et saucez-la dans son assaisonnement. Poulets à la hussarde. Dépecez deux Poulet à la Orly. — Flambez et dépecez un poulets, comme pour en faire une fricassée ; met- poulet comme pour le mettre en fricassée ; assai- tez-les dans un vase de terre, avec des tranches sonnez ses membres de sel, poivre, persil , ci- d'ognons, persil en branche, sel, gros poivre et le boule, laurier et jus de citron ; puis saupoudrez- jus de deux ou trois citrons; laissez-les mariner les de farine et mettez-les dans de la friture bien une heure; égouttez-les; mettez-les dans un linge chaude; coupez des ognons en anneaux; faites-les avec une poignée de farine, et posez-les sur un frire de la même manière après les avoir trempés couvercle ; vous aurez mis votre friture sur le dans de la farine ; dressez les membres du poulet feu; lorsqu'elle sera à son degré, mettez-y d'a- bord les cuisses de vos poulets, peu après les es- en buisson; arrangez les ognons dessus, et met- tez dessous une sauce à l'orange amère. tomacs, ensuite les ailes , les reins, ainsi de suite pour le reste : votre friture cuite et d'une belle Poulet à la paysanne. — Dépecez un poulet couleur, égouttez-la , et, après l'avoir dressée, comme pour le mettre en fricassée, et faites-le servez-la , si vous le voulez, avec six aufs frais revenir dans un mélange de beurre et d'huile d'o- frits; arrangez dessus, et servez avec une sauce live sur un feu très-ardent, afin que tous les mem- poivrade. bres du poulet prennent une belle couleur; ajou- tez ensuite du poivre et du sel, ail, laurier, persil, Marinade de poulets. - Dépecez deux pou carottes et ognons coupés par tranches, et quel- lets cuits à la broche; faites-les mariner une de ques cuillerées de bouillon. Le poulet étant à moi- mi-heure avant de les servir (V. l'article M ARI tié cuit, couvrez le feu avec de la cendre chaude, NADE); égouttez-les; trempez leurs membres et faites bouillir doucement pendant une demi- dans une pâte à frire légère, c'est-à-dire dans la- heure. quelle vous aurez mis des blancs d'æufs fouettés ; Poulet à la Saint-Florentin. Coupez faites frire votre marinade, en procédant comme deux poulets comme il est indiqué à l'article FRI- ci-dessus; quand elle sera cuite d'une belle cou- CASSÉE DE POULETS; faites-les mariner dans un leur, égouttez-la sur un linge blanc; dressez-la et vase de terre avec de l'huile, jus de deux citrons; servez-la avec du persil frit que vous mettrez des- assaisonnez de sel, gros poivre, ail, deux ognons autour et dessus. coupés en tranches, et persil. Un quart d'heure Poulets à la hollandaise. Apprêtez et avant de servir, égouttez-les; essuyez-les bien; faites cuire deux poulets comme pour entrée de farinez-les, et faites-les frire dans l'huile d'une broche (V. l'article POULETS EN ENTRÉE DE BRO- belle couleur; égouttez-les ; vous aurez pré- CHE); égouttez-les ; mettez dans une casserole paré des ognons coupés en anneaux que vous quatre cuillerées à dégraisser pleines de velouté sauterez dans de l'huile et de la farine; faites frire réduit ou de réduction de veau ; ajoutez-y du vert de même que vos poulets; votre ognon cuit, d'épinards ; sautez et vannez votre sauce : au mo- égouttez-le; dressez vos poulets sur un plat, et ment de servir, exprimez le jus d'un citron, en votre ognon sur vos poulets. Saucez avec une sauce à l'huile. supprimant les pepins : mettez-la dans le fond de votre plat; dressez dessus vos poulets, et faites Poulet à la d'Escars. Videz et flambez en sorte qu'ils soient très-blancs. un poulet gras; troussez-lui les pattes en dehors; - sous, POU ( 406 ) PRO faites-en ressortir l'estomac, et piquez-le de lardnée : frottez aussi de beurre l'extérieur; sau- moyen; mettez dans une casserole des bardes de poudrez de sucre, et glacez avec la pelle rouge. lard; posez votre poulet dessus, avec une carotte coupée en lames, une tranche dejambon, un ognon POUPETON. Ce mot est synonyme de gâ- piqué de clou de gérofle et un bouquet assaisonné. teau de viande on de poissons hachés (V. GATEAU Couvrez les pattes de votre poulet avec des bardes DE LIÈVRE, page 295). de lard; mouillez-les avec un verre de vin de Ma- dère et une cuillerée (à pot) de consommé; faites- POURPIER, plante à feuilles charnues qu'on les cuire avec beaucoup de feu dessus pour faire ajoute quelquefois dans les salades à titre de gar- prendre couleur et glacer votre lard. Sa cuisson niture, et qu'on apprête en certains pays de la faite, égouttez-le; débridez-le; dressez-le sur un même manière que l'arroche et les épinards. plat; quand vous aurez retiré le fond de votre Friture de pourpier à la milanaise. — poulet, passez-le et dégraissez-le; faites-le réduire Prenez des tiges de pourpier dans leur entier ; à demi-glace avec trois cuillerées d'espagnole ou faites-les macérer pendant quelques heures avec de blond de veau réduit. du jus de citron, de la cannelle et du sucre en POULE. Une poule est vieille à quatre ans, poudre. Trempez-les dans une pâte à frire où vous et n'est plus bonne alors qu'à faire du bouillon de l'eau-de-vie de Cognac (en petite quantité). Fai- aurez mêlé des blancs d'æufs fouettés, et de volaille. Lorsqu'on destine une poule à la marmite, tes-les cuire à petit feu, et servez-les très-chaude- il est bon de la nourrir pendant quelques jours ment, avec de la mie de gros pain trempée dans du lait caillé où l'on aura mélangé des feuilles de poireaux Ragoût de pourpier. Prenez des côtes de hachées et du fromage mou. La chair de ce vola- pourpier de la longueur du doigt, bien épluchées. tile en acquiert une consistance et une sapidité Faites-les cuire à demi dans une eau blanche; tout-à-fait extraordinaires. égouttez, et les passez avec du coulis clair de veau et de jambon ; faites mitonner à petit feu; faites Bouillon de poule (V. BOUILLON, GELÉE DE réduire; mettez-y ensuite un peu de beurre manie VIANDE, PHARMACIE DOMESTIQUE). de farine ; donnez au ragoût une pointe de vinai- POULE DE BRUYÈRES (V. Cod dito, candeau de veau, poulets, cuisses de dindon, pi- gre. On le sert avec toute sorte d'entrées, sur fri- page 181). geons, mouton, etc. POULE D'EAU (V. MAIGRE, MACREUSE et PRALINE (V. DRAGÉES, page 207 jusqu'à SARCELLE A LA CHARLES IX, page 193). la page 214). POUPELIN, ancienne pâtisserie d'entremets PRÉSURE, substance propre à faire cailler dont la formule nous est garantie par les vieux le lait. Prenez une caillette de veau nourrị uni- documents de la famille la Reynière. Faites chauf. fer une chopine d'eau avec un demi-quarteron le lait caillé qui y était contenu, avec une poignée quement de lait; videz-la , lavez-la, et remettez-y de beurre et un peu de sel ; lorsque l'eau est très- de sel; liez-en l'ouverture avec une ficelle, et chaude, sans bouillir, retirez la casserole du feu, mettez-la dans un pot de grès ou de faïence avec et mettez-y peu à peu autant de fleur de farine une demi-bouteille d'eau-de-vie et six onces d'eau; que l'eau en peut boire; remettez la casserole sur faites infuser pendant un mois dans un lieu frais, le feu, et faites cuire la pâte en remuant sans cesse jusqu'à ce qu'elle soit bien épaisse et qu'elle et le pot bien couvert. Après ce temps, filtrez la commence à s'attacher; laissez refroidir la pâte bouteille bien bouchée. Il faut tout au plus une liqueur au papier gris, et conservez-la dans une jusqu'à ce qu'elle soit plus que tiède ; alors vous demi-cuillerée à café de cette présure pour faire casserez (un à un) des aufs que vous incorporerez cailler une pinte de lait (V. pages 71 et 286). avec la pâle jusqu'à ce qu'elle soit molle; beurrez une casserole; mettez-y la pâle : il faut que la PROFITEROLLES. C'est un des meilleurs casserole ne soit remplie qu'au quart, parce que entremets sucrés de notre ancienne cuisine, la pâte quadruplera de volume en cuisant. Faites cuire dans un four plus chaud que pour le biscuit Profiterolles au chocolat. — Ayez douze ou de Savoie : lorsque le poupelin est cuit, ôtez-le de quinze profiterolles (ce sont de petits gâteaux que la casserole ; coupez-le en travers; frottez l'inté- quelques boulangers font quand on les leur com- rieur avec du beurre bien frais, et saupoudrez sur mande, et on en trouve habituellement chez le le beurre du sucre et de la fleur d'orange prali- , sieur Heuzé, rue Coquillière, à Paris). Râpez et | PRU ( 407 ) PUD faites fondre dans un peu d'eau une livre de cho- , mentacerbe qui disparaît par la cuisson, et comme colat à la vanille; mettez-en dans le fond du ces espèces ont un parenchyme très-abondant, ce plat que vous devez servir; remplissez-en vos sont celles qui forment, par la dessiccation im- profiterolles, dont vous aurez ôté la mie; posez- parfaite qu'on leur fait éprouver, les meilleurs les sur le fond de votre plat, du côté qu'elles ont pruneaux. été remplies; saupoudrez-les de sucre fin; met Relativement à l'emploi culinaire des prunes tez-les dans un four, ou sous un four de campa- (V. COMPOTES, CONFITURES, MARMELADES, PA- gne, avec feu dessous et dessus : quand elles au- TES, RATAFIAS et PUDDINGS). ront mijoté une demi-heure et qu'elles seront bien glacées, retirez-les, et servez-les à l'entre PRUNEAUX. Les pruneaux sont, pour l'or; mets. dinaire, des prunes de Damas qu'on fait sécher au Profiterolles au chocolat à la Dauphine. four sur des claies, ou même au soleil, lorsqu'il est assez chaud pour cela. Les pruneaux qu'on ap- Vous faites un verre de lait de crème-pâtissière (V. cet article), dans laquelle vous mêlez qua- pelle Brignolles, ville dont elles nous viennent, tre onces de chocolat râpé. Mettez la moitié de sont des prunes de perdrigon, séchées au soleil, cette crème dans un plat d'argent; vous l'élargissez après en avoir ôlé les noyaux. Les pruneaux les avec soin, et la meitez au four une petite demi- plus savoureux et les plus beaux nous viennent de heure, afin qu'elle puisse, pendant ce temps, se l’Agénois. On les fait cuire, pour l'ordinaire, avec du sucre; mais les brignolles n'en ont pas besoin. gratiner sur le fond du plat Ensuite vous mêlez dans une petite terrine deux Quand on veut donner un peu plus de relief à ces onces de chocolat râpé, deux onces de sucre et un compotes, il faut y mêler un peu de vin de Bor- deaux (V. pages 213, 214 et suivantes). peu de blanc d'auf; le tout étant bien travaillé el un peu mollet, vous masquez avec huit beaux PUDDING (Çuisine étrangère. Entremets choux-pâtissiers un peu plus gros que de coutume. Faites-les sécher au four pendant quelques minu- farine, une demi-livre de raisin de caisse épluche anglais). Mettez dans un yase un tes, ensuite vous les touchez légèrement pour en séparer le fond. Vous les garnissez avec le reste et épepiné, du sel en syſtisante quantité, une pin- de la crème au chocolat; au fur et à mesure vous cée de citron vert haché, une pincée de cannelle mise en poudre impalpable, trois quarterons de les placez sur la crème gratinée. Placez le plus gros au milieu et les sept autres à l'entour, en les graisse de bæuſ hachée bien fin, huit aufs entiers, une cuillerée à bouche de fleur d'orange, un petit serrant le plus près possible. Mettez-les encore au four pendant vingt minutes, et servez-les très-chau-crème; delayez bien le tout, et finissez en y in- verre de bonne eau-de-vie et une chopine de dement. corporant un demi-setier de lait; beurrez une PROVENÇALE (sauce à la). - Metlez casserole avec du beurre clarifié; retournez-la dans une petite casserole deux jaunes d'œufs crus, pour la laisser égoutter; mettez-y votre appareil, avec une cuillerée de jus ou de consommé réduit, ayant soin de le remuer de suite : faites cuire vo- un peu d'ail pilé, du piment enragé en poudre tre pudding à un four passablement chaud : sa et le jus de deux citrons. Faites prendre votre cuisson achevée, retournez-le; saupoudrez-le de sauce au bain-marie sur de la cendre chaude, sucre, et glacez-le, soit au four, soit avec une pelle ayant soin de la tourner jusqu'à ce qu'elle prenne rouge. un peu de corps; retirez-la du feu en y ajoutant Pudding au raisin de Corinthe. - Net- de l'huile d'olive et remuant doucement afin toyez bien une demi-livre de raisin de Corinthe, qu'elle ne tourne pas. On peut alors servir celte en le mettant dans une passoire avec une poignée sauce ainsi composée et y ajouter si l'on veut, soit de farine, et le frottant avec force pour en faire une ravigote, un vert de persil ou de cerfeuil, un sortir les queues; lavez votre raisin avec de l'eau vert d’épinards, ou du persil blanchi. On se sert tiède; égouttez-le; mettez mariner du yin de Ma- ordinairement de cette sauce pour les entrées de dère avec un peu de sucre; mettez ce raisin dans poisson. votre appareil; faites-le cuire de même, et seryez- le avec la même sauce. PRUNES, La chair des prunes est plus con- sistante que celle des cerises, mais moins substan Pudding aux fruits (à l'anglaise). tielle que celle des abricots. Dans plusieurs espè- Mettez sur une table un litron de farine avec un ces cette chair est très-douce, et dans d'autres peu de sel, un peu d'eau, quatre æuſs, une de- elle a une acidité prononcée; dans quelques-unes, mi-livre de saindoux ; détrempez votre påte un la matière sucrée paraît unie à un principe légère peu ferme; abaissez-la ; mettez-la sur une ser- PUD ( 408 ) PUD viette beurrée; mettez sur le milieu de votre pâte et entières ; plus la moitié d'un pot d'abricots. cinquante prunes de mirabelle, une demi-livre de Vous faites cuire vos pommes selon la règle, après cassonade blanche, un peu de cannelle et d'écorce quoi vous terminez le pudding comme il est dé- de citron ; retroussez votre pâte en forme de bal-crit ci-dessus. Au moment où vous allez servir, lon; liez avec de la ficelle votre serviette le plus vous masquez l'entremets de marmelade d’abri- serré possible, afin que l'eau n'y pénètre pas; met cots, et semez dessus des pistaches hachées. tez bouillir votre pudding dans une marmite d'eau bouillante pendant une heure et demie; au mo- Pudding de pommes aux cerises confites. ment de servir, égouttez votre pudding; cou- - Préparez trente pommes, comme il est ci-des- pez la ficelle; dégarnissez la serviette de la pâte; sus, et faites-les cuirc de même, en y mélant qua- renversez-le sur un plat creux, et faites attention tre onces de sucre en poudre, quatre de beurre de ne pas le déchirer en retirant la serviette. tiède et un pot de cerises (bien transparentes). Vous observerez le même procédé pour les pud- Suivez le reste du procédé comme il est indiqué. dings aux cerises, aux abricots, aux pêches, aux On peut, en place de cerises, mettre de beau pommes, aux poires, etc. verjus. Pudding aux abricots. Ayez trente-six Puddings à la française. beaux abricots de plein-vent bien rouges en cou- leur, et de bonne maturité; séparez-les en deux; ôtez-en les noyaux, et roulez-les dans une grande Pudding de pommes derainette au raisin terrine avec six onces de sucre en poudre. Ensuite, muscat. - Pelez et ôtez les pepins de la pomme dressez-les dans l'abaisse qui sera disposée comme de rainette coupée par quartiers, et chaque quar- de coutume; vous les glacez avec ordre, et termi- tier émincé en cinq parties égales. Après cela, nez le pudding de la manière accoutumée. vous saulez ces pommes dans une grande casse Le pudding de pêches ou de brugnons se pré- role avec quatre onces de sucre fin, sur lequel pare de même que le précédent, vec cette seule vous aurez râpé le zeste d'un gros citron, quatre différence que vous employez l'un de ces fruits. de beurre tiède, et une demi-livre de bon raisin muscat bien lavé; chaque grain doit être séparé deux cents vraies mirabelles : Ôtez-en les noyaux Pudding aux prunes de mirabelle. - Ayez en deux parties, et les pepins ôtés. Ensuite vous placez la casserole avec du feu dessus et dessous. sans les séparer; ensuite, roulez-les dans une ter- Aussitôt que les pommes sont bien échauffées, vous rine avec quatre onces de sucre en poudre, et les versez sur un plafond, et vous terminez l'opé- finissez l'opération comme de coutume. ration de la manière accoutumée. Pour le pudding aux prunes de reine-claude, vous emploierez soixante prunes de reine-claude, Pudding de pommes à la crème. — Cou- avec quatre onces de sucre, et de même pour les pez par quartiers quinze pommes de rainette; prunes de Monsieur. épluchez-les; faites-les cuire comme les précéden- tes, dans une grande casserole avec trois onces de Pudding aux fraises. — Épluchez deux li- sucre en poudre et deux onces de beurre tiède; vres et demie de belles fraises; lavez-les prompte- ensuite, préparez la moitié de l'une des recettes ment, et égouttez-les sur une serviette; ensuite, des crèmes-pâtissières (V. cet article), et après roulez-les dans une terrine avec six onces de sucre avoir préparé une abaisse de pâte fine, selon la fin, et versez-les dans le pudding, qui sera foncé règle, placez-y les quartiers de pommes au fond selon la règle. Terminez ainsi que de coutume. et autour, de manière que vous puissiez verser la Le pudding aux framboises se prépare de crème dans le milieu. Vous couvrez et finissez le même, avec cette différence que vous employez pudding comme de coutume; lorsque vous êtes vingt-quatre onces de framboises et seize de prêt à servir, vous le masquez légèrement de mar- fraises. melade d'abricots, et vous semez par-dessus des Pudding aux cerises de Montmorency. macarons écrasés. Épluchez deux livres de belles cerises bien mû- Pudding de pommes aux pistaches. res, et roulez-les dans une grande terrine avec Épluchez trente pommes de rainetle coupées par quatre onces de groseilles rouges égrainées, et six quartiers, et chaque quartier en quatre ou cinq onces de sucre en poudre. Suivez le reste du pro- morceaux; ensuite, sautez-les dans une grande cédé selon la règle. casserole avec six onces de sucre fin, sur lequel Vous pouvez mettre des framboises à la place vous aurez râpé le zeste d’un cédrat, quatre onces des groseilles. Pour le pudding aux groseilles rou- de beurre tiède, quatre de pistaches bien vertes ges, vous lavez deux livres de belles groseilles rou- PUD ( 409 ) PUD ges bien transparentes; vous les égrénez et les I d'un dôme, ou d'un bol que vous retournez pour roulez avec quatre onces de bonnes framboises, et parer ensuite le dessous du pudding, sur lequel six onces de sucre. vous placez le plat que vous renversez. Otez le Pudding aux groseilles vertes et roses. bol; masquez l'entremets d'une sauce au vin d'Es- - Ayez une livre de belles groseilles vertes et bien pagne, et servez de suite. mûres, une autre livre des mêmes groseilles, mais Vous opérez la sauce de cette manière : délayez roses et de bonne maturité; vous en Ôtez la fleur dans une petite casserole quatre jaunes d'aufs avec une demi-cuillerée de fécule, deux onces de sucre et la queue, et, avec le bec d'une plume, vous êtez fin, deux de beurre d'Isigny, un grain de sel et tous leurs pépins, après quoi vous roulez le tout deux verres de vin de Malaga. Tournez cette avec six onces de sucre fin. Continuez le pudding comme il est indiqué ci-dessus. sauce sur un feu modéré; aussitôt qu'elle est On peut servir froids ou chauds toutes les sortes épaisse, passez-la à l'étamine fine, et servez à proxi- mité de votre pudding. de puddings à la française; mais lorsqu'on voudra servir froids les puddings de pommes, on suppri- | cière, et le pudding à découvert, ce qui le rend On doit toujours servir cette sauce dans une sau- mera le beurre de leur préparation. plus appétissant encore. Grand pudding à la moelle. – Ayez douze Pudding au cédrat. Râpez sur un mor- onces de graisse de rognon de bæuf, et six de moelle bien entière ; après avoir ôté les petites cédrat, et écrasez ce sucre en le versant dans une ceau de sucre de quatre onces le zeste d'un beau peaux nerveuses de la graisse, vous la hachez très-fine, en y mettant la moelle, que vous exa- moyenne terrine avec un verre de vin de Madère, où vous mêlez deux onces de beau raisin de Co- minez, afin qu'il ne s'y trouve quelques petits rinthe parfaitement bien lavé; ensuite hachez éclats d'os; ajoutez-y cinq onces de farine tami- douze onces de graisse et six de moelle de bæuf, sée : le tout étant très-fin, vous le mettez dans une grande terrine, et y joignez quatre onces de sucre avec cinq onces de farine. Vous délayez ce mélange avec cinq eufs, un demi-verre de crème, une en poudre, cinq @ufs, un demi-verre de lait, et le bonne pincée de sel fin, et la moitié d'une mus- quart d'un verre de vieille eau-de-vie de Cognac. cade râpée. Vous y mêlez les raisins et leur sirop; Délayez bien ce mélange avec une spatule; mêlez- y la moitié d'une noix-muscade râpée, une bonne après quoi vous terminez le pudding de la ma- nière habituelle. pincée de sel fin, deux onces de cédrat confit coupé On procédera de même pour le pudding au en filets, et six onces de beau raisin de Corinthe raisin muscat, en ôtant les pépins de douze onces épluché et lavé, plus six onces de vrai muscat de beau raisin muscat, et en râpant le zeste de lavé, dont chaque grain sera séparé en deux et les deux citrons. pépins ôtés. Ajoutez trois belles pommes de rai- nette hachées très-fines, et la moitié d'un pot de Pudding à la parisienne, appelé pudding marmelade d'abricots. Cette addition donne du du cabinet diplomatique. - Hachez très-fin moelleux au pudding. Le tout étant parfaitement une gousse de vanille bien givrée ; pilez-la avec amalgamé, vous le versez sur le milieu d'une ser quatre onces de sucre, et passez le tout par le ta- vielte presque entièrement beurrée, et vous liez la mis. Hachez très-fin douze onces de graisse de serviette de manière à ce que le pudding se trouve rognon de veau et six de moelle de bæuf, joignez- presque rond ; au milieu de la servielte, ou, pour y six onces de farine de crème de riz; ensuite dé- mieux dire, au milieu du pudding, vous attachez layez ce mélange dans une casserole, avec sept avec une épingle le bout d'un cordon de quinze jaunes et deux æufs entiers, un demi-verre de lignes de longueur, qui sera tenu après l'anneau crème et un demi-verre de vrai marasquin d'Ita- d'un poids de dix livres (ce poids sert à contenir lie, une pincée de sel fin et le quart d'une mus- le pudding fixe à l'ébullition, point essentiel de l'o cade râpée; après cela vous y mêlez deux onces pération); alors vous mettez le poids et le pudding de pistaches entières, quatre de macarons doux dans une grande marmite pleine d'eau bouillante, concassés gros, le sucre à la vanille, une once que vous aurez soin de tenir toujours en ébullition d'angélique hachée, et trente belles cerises confites sur un feu modéré pendant quatre heures et de- égouttées, chaque cerise séparée en deux, puis six mie. Arrangez-vous de manière à ce que ces qua- pommes d’Apy hachées fines : le tout bien amal- tre heures expirent au moment de servir le pud- gamé, vous versez le pudding sur la serviette, et ding. Otez-le de la serviette en le dressant sur un finissez le reste du procédé selon la règle. couvercle; puis, avec un couteau tranchant, enle- filets deux vez la superficie du pudding, afin d'en séparer les onces de pistaches (chaque amande en six); et, parties blanchies par l'ébullition, que vous couvrez lorsque le pudding est tout paré, prêt à servir, vous ale- ) Pendant la cuisson, vous coupez en PUD ( 410 ) PUN semez dessus du sucre en poudre; vous y fichez | Pudding aux truffes à la Montesquiou. les filets de pistaches, dans le genre des pommes Épluchez deux livres de moyennes truffes sans meringuées en hérisson. Servez promptement, et les laver, et puis émincez-les en ronds de deux li- faites la sauce comme à l'ordinaire. gnes d'épaisseur; sautez-les dans une casserole où On peut, en place de cerises, y mettre le même vous aurez mêlé quatre onces de beurre tiède, nombre de beaux grains de verjus confit, et en une grande cuillerée de glace de volaille dissoute, place de pistaches entières, deux onces de cédrat et un verre de vin de Madère sec; joignez-y le sel confit et coupé en petits filets. nécessaire, avec une piacée de mignonnette et un peu de muscade râpée. Pudding aux marrons et au rhum. Vous foncez de pâte à dresser un dôme, comme Épluchez trente-six gros marrons de Lyon cuits nous l'avons indiqué pour le pudding aux pommes; dans le four ou à la poêle; ötez-en toutes les par vous placez avec ordre les truffes dans le moule ties colorées par le feu; choisissez vingt moitiés foncé, en y joignant tous leurs assaisonnements. bien entières, et pesez le reste du poids de quatre Couvrez le pudding de deux abaisses, comme il onces, que vous pilez parfaitement avec quatre est expliqué à celui des pommes, et, après l'avoir onces de beurre d'Isigny. Passez le tout par le tamis enveloppé dans sa serviette, donnez-lui une heure de crin; ensuite vous délayez cette pâte de mar et demie de cuisson à l'eau bouillante. Servez-le rons avec trois onces de farine de riz, six jaunes en sortant de la marmite, et pour entremets. et deux aufs entiers. Vous y mêlez quatre onces de graisse de rognon de veau bien hachée, qua- PUITS, En termes de cuisine, on appelle ainsi tre onces de sucre fin, quatre de macarons amers le vide qu'on doit former dans la pâte, afin de la concassés, quatre de beau raisin muscat épepiné, délayer commodément, ainsi que pour la pétrir enfin les moitiés de marrons, dont chacune doit et pour y mélanger la levure. On nomme égale- être coupée en quatre parties; vous y joignez en- ment puits le vide que l'on a ménagé dans le mi- core un demi-verre de crème, une pincée de sel lieu d'un plat par suite de l'arrangement des vian- fin, le quart d'une muscade râpée, et un demi- des ou des poissons , gros légumes ou autres verre de rhum de la Jamaïque. Vous terminez l'o- éléments solides qu'on y a dressés en couronne, pération comme il est indiqué pour le pudding à PUITS D'AMOUR, sorte de pâtisserie feuil- la moelle. letée, Formez une abaisse de l'épaisseur de Vous préparez la sauce selon la règle indiquée, deux à trois lignes, et coupez-la au moyen d'un mais vous y joignez un yerre de rhum, moule goudronné, c'est-à-dire avec un coupe- Pudding au riz à l'orange. - Lavez à plu- pâte à festons ; vous posez votre première abaisse sieurs eaux tièdes une livre de riz de la Caroline, sur la plaque de tôle que vous devez mettre au et mettez-le à l'eau froide sur le feu. Du moment four; ensuite vous coupez une autre abaisse du même dessin, mais d'un diamètre moins large; où elle bout, égouttez le riz dans un tarnis; ensuite faites-le cuire parfaitement avec du lait, six onces appliquez - la sur la première dont vous aurez de beurre fin, et quatre de sucre fin, sur lequel adhérer ensemble ; dorez vos puits; mettez-les au mouillé la feuille de dessus, afin qu'elles puissent vous aurez râpé le zeste de deux moyennes oranges four, et, lorsqu'ils seront à peu près cuits, sau- douces. Lorsque le riz est bien crevé, et de con- sistance un peu ferme, vous y mêlez six onces de poudrez-les de sucre fin, et faites-les glacer en les moelle hachée, quatre de raisin de Corinthe, deux replaçant dans le four jusqu'à ce que le sucre de macarons amers, deux d’écorce d'orange confite fonde ; alors, vous retirez ces puits d'amour que vous évidez à l'intéricur, et que vous remplissez et coupée en dés, six jaunes et trois oeufs entiers, un demi-verre d'eau-de-vie d'Andaye, une pincée de consistance. Les gelées ont presque toujours avec des confitures qui ne doivent pas manquer de sel : le tout bien amalgamé, vous le versez sur la serviette beurrée. Vous finissez le procédé comme l'inconvénient de couler, et, par suite de cela, de déformer les gâteaux feuilletés. Les confitures qui de coutume, mais vous ne donnez que deux heures d'ébullition. Le pudding étant dressé sur son plat, sont toujours du meilleur usage en pareil cas sont les abricots en quartiers, les mirabelles au liquide, vous le masquez avec deux onces de macarons écrasés, et vous servez sans sauce. les marmelades de prunes et de coings , les cerises au demi-sec et les frambroises, On peut mettre du raisin muscat à la place de celui de Corinthe. PUNCH. Le véritable punch anglais n'était On peut également supprimer la moelle, et la primitivement que de l'eau-de-vie de genièvre où remplacer par quatre onces de beurre tiède, en y l'on mettait des tranches de citron, du gingembre, ajoutant de la muscade, du miel, du poivre et du biscuit de mer broyé, PUN ( 411 ) PUR . On ne le fait guère aujourd'hui qu'avec des ci- , très-chaud. Le lendemain, vous n'aurez pas de trons, du sucre et du rhum, et les Français en ont démenti à craindre, en disant que vous avez bu toujours écarté les épices. Le fameux bol de punch du punch comme on n'en a jamais bu, comme on de Sir Edward Russel était composé de quatre n'en boit nulle part, si ce n'est dans les salons barriques d'eau-de-vie et de huit barriques d'eau privilégiés de nos véritables illustrations gastrono- clarifiée, de vingt-cing mille citrons, de treize miques. quintaux de sucre, de trois cents galettes pilées, Crème, Gelée, Massepains, Biscuits au et de cinq livres de noix muscades ; enfin , c'était punch, Sorbet et Sirop de punch (V. pages dans un bassin de pierre, au milieu du jardin de 76, 185, 262, 268 et 343). M. Russel, général anglais, que ce charmant breu- vage était servi confortablement. PURÉE, produit de quelques substances fari- On voit par le Dictionnaire de Trévoux neuses ou d'autre nature, duquel on fait usage en qu'en l'année 1763, le punch était connu sous le cuisine afin d'en nourrir les potages, et d'en nom de bonne-ponche, et qu'il se composait former des litières qui servent d'accompagne- avec une chopine d'eau-de-vie, une pinte de li ment à certains mets. Les purées ne diffèrent ha- monade et une demi-livre de cassonade que l'on biluellement des sauces que parce qu'elles sont mélangeait ensemble, et avec lesquelles on incor- moins liquides et plus consistantes que ces der- porait de la muscade en poudre avec des galettes nières. Les recettes des purées qui ne se trouve- de mer grillées et broyées. Du reste, il paraît ront pas dans l'article suivant ont déjà été for- que cetle boisson n'était connue que par les ma mulées au mot qui se rapporte à chaque sub- rins, et surtout par les équipages de nos vaisseaux stance qui fait la base de la même purée. marchands. Aujourd'hui, pour faire du punch à la fran- Purée de pois secs. Faites cuire des pois çaise, il est indispensable d'employer du rhum, et avec de l'eau , du sel, deux ognons, persil et ci- voici la formule de cette préparation, qui nous boules ; lorsqu'ils sont cuits, écrasez-les dans une parait la plus digne d'estime et la mieux justifiée passoire à pelits trous, pour séparer la pulpe de par l'expérience : Mettez dans le même bol une son enveloppe; pour faciliter le passage, on verse bouteille de vieux rhum de la Jamaïque avec deux de temps en temps sur les pois, un peu du bouil- livres de sucre royal et concassé ; faites-y prendre lon dans lequel ils ont cuit; faites un petit roux le feu, et agitez le sucre avec une spatule, afin avec beurre et farine; mouillez-le avec la purée; qu'il se caramélise en brûlant avec le rhum; après ſaites réduire, et ajoutez un morceau de beurre. diminution d’ụn tiers du liquide, immiscez dans Si vous employez des pois mondés de leur le même bol et mélangez avec ce rhum sucré écorce, faites-les cuire, si c'est en maigre, avec quatre pintes de thé soutchon, qui doit être bouil- la quantité d'eau strictement nécessaire, sel, gros lant; joignez-y le suc de huit citrons et de douze poivre, un bouquet garni et un morceau de beurre; oranges bien mûres; ajoutez-y finalement du blanc- ajoutez de l'eau à mesure qu'elle est absorbée, en rack de Batavia, la valeur d'un quart de pinte. On lournant jusqu'à ce que la purée soit cuite; évi- n'a pas besoin d'ajouter qu'il est bon de servir une tez qu'elle ne soit trop claire, parce qu'elle per- corbeille de gaufres aux macarons d'amandes, à la drait sa couleur pendant qu'on la ferait réduire. proximité d'un bol de punch (V. pages 254 Si c'est au gras que vous voulez servir la purée, et 308). failes cuire les pois mondés avec du bouillon ou dégraissés de quelque cuisson réduite. Punch à la romaine (V. page 268). Les pois mondés ont plusieurs avantages sur ceux qui sont entiers ; ils ne perdent rien par la Punch à la portugaise aux oranges gril- cuisson, puisque le peu d'eau qu'on y met reste lées (V. pages 71 et suivantes). dans la purée : ils cuisent aussi beaucoup plus Punch à la Dupouy (suivant la formule promptement, . indiquée dans le Dictionnaire de la Con- La purée de pois verts est très-bonne et très- versation). – Prenez un ananas, découpez-le alimentaire, tant en raison de la quantité de fé- par fines tranches, et saupoudrez-les fortement cule qu'elle contient, que parce qu'elle conserve avec du sucre candi bien exactement pulvérisé; toujours une notable proportion de matière su- crée. versez sur le tout une bouteille de vieux vin de Sillery blanc, non mousseux, un flacon de vérita Purée de lentilles. — La purée de lentilles ble kirschen-wasser de la Forêl-Noire, ou sinon en maigre se fait absolument comme celle des pois de vénérable eau-de-vie de Cognac, ou de vieux entiers. rhum américain; brûlez légèrement, et buvez En gras, faites cuire les lentilles avec un mor- PUR ( 412 ) PUR . ceau de lard; écrasez les lentilles dans la passoire, plus d'âcreté que le reste; passez-les au beurre en les arrosant avec du bouillon dans lequel on les assaisonné de sel et poivre; lorsqu'ils ont pris une a fait cuire; ajoutez à la purée quelques cuillerées belle couleur, mouillez-les avec de bon bouillon, de jus ou de fond de cuisson, et faites-la réduire; un peu de jus ou de fond de cuisson ; si vous ou bien encore, faites bourgeoisement un petit n'avez que du bouillon, ajoutez un demi-verre de roux que vous mêlerez avec la purée, et faites-la vin blanc; faites réduire; passez ensuite les ognons réduire jusqu'à consistance suffisante; prenez bien au tamis clair en pressant avec une cuillère de garde qu'elle ne s'attache. bois, et mêlez-y un peu de caramel. Comme il est assez difficile de séparer la pulpe Pour avoir une purée blanche à la Soubise, des lentilles de leur enveloppe, on avait cru on ne laisse pas prendre couleur à l'ognon ; on qu'on pourrait abréger beaucoup cette opération, mouille avec du jus blond ou avec un verre de en réduisant les lentilles en farine, dont on sépa- bouillon, un demi-verre de vin blanc et une cho- rait l'enveloppe par le blutage; mais cette farine pine de crème; faites réduire à grand feu et pas- s'altérait avec une telle rapidité, qu'on ne pouvait sez à l'étamine avec expression. la conserver que pendant peu de jours. Purée d'oseille. - Hachez suffisante quan- Depuis on a imaginé de faire cuire les lentilles et d'en séparer, en grand, la pulpe, qu'on fait lité d'oseille, avec quelques cæurs de laitue, de ensuite sécher. Cette pulpe bouillie avec de l'eau la poirée, et une poignée de cerfeuil; mellez le ou du bouillon se dissout très-bien et forme une tout dans une casserole avec un morceau de très-bonne purée. Nous avons expérimenté que la beurre. même pulpe cuite et séchée se conserve faci- Mouillez avec du bouillon quand l'oseille est lement. bien fondue; faites réduire et passez au tamis; ajoutez à la purée du jus ou du fond de cuisson, Purée de haricots blancs. Elle se fait mettez-y des jaunes d'æufs pour la lier et l'adou- comme la purée de pois et de lentilles. cir, et ne la laissez plus bouillir. Purée de haricots rouges. — Faites-les cuire En maigre, on la fait cuire comme ci-dessus, avec de l'eau et du sel; égouttez-les; passez en- et après l'avoir réduite et passée, on la mouille suite au beurre cinq ou six ognons coupés en dés, avec du lait , et l'on y met une liaison de jaunes d'@ufs. jusqu'à ce qu'ils aient pris une belle couleur; mouillez avec du bouillon ou quelque fond de cuis- Purée de marrons. Prenez des marrons son, et laissez cuire l'ognon à petit feu jusqu'à ce rôtis sans être noircis, enlevez la première et la qu'il soit fondu; ajoutez les haricots; mélez-les seconde bien avec l'ognon; ajoutez un peu de bouillon, s'il peau; passez-les dans une casserole avec un peu de beurre, et mouillez-les avec du bouillon est nécessaire, et faites mijoter jusqu'à ce que les et un verre de vin blanc; faites recuire à petit feu haricots soient presque en bouillie; passez-les au jusqu'à ce que les marrons soient bien fondus ; tamis ou dans une passoire; ajoutez un morceau de beurre et un verre de bon vin rouge au mo- passez-les au tamis, et, s'il est nécessaire, pilez- les auparavant ; faites cuire dans une casserole et ment de servir. dans leur jus une demi-douzaine de saucisses, ou Purée de pommes de terre à la fran- de chipolatas, ajoutez à la purée le jus et la graisse çaise. - Ayez douze ou quinze pommes de terre des saucisses; servez avec les saucisses par-dessus, crues dont vous enlevez la peau; après les avoir comme entrée ou comme garniture. lavées et émincées, vous les mettez dans une cas La même purée sans l'addition des chipolatas serole avec un verre d'eau, un peu de beurre, est la base du potage aux marrons. sel et muscade, et les faites bouillir et cuire sur un fourneau, avec feu dessus et dessous, pendant Purée des quatre racines. – Émincez suf- fisante quantité de carottes, quelques ognons et une demi-heure ; vos pommes de terre étant cui- tes, vous les maniez avec une cuillère de bois ; navets, et un ou deux panais; mettez le tout dans après les avoir remises au ſeu, vous les faites ré- une casserole avec un bon morceau de beurre, et duire; un bon morceau de beurre pour finir, et tournez toujours jusqu'à ce que les légumes com- un peu de sucre. mencent à se fondre; mouillez avec du bouillon, Pour la purée de pommes de terre à l'anglaise, et laissez cuire à petit feu pendant deux ou trois V. art. POMMES DE TERRE. heures; quand les carottes et les autres légumes s'écrasent facilement, retirez-les pour les écraser Purée d'ognons. - Coupez en tranches vingt sur un tamis de crin ou dans une passoire à petits ou trente ognons épluchés, et dont on retranche trous; mouillez-les de temps en temps avec un peu la tête et la queue, parce que ces deux parties ont du bouillon dans lequel ils ont cuit, pour faciliter QUA ( 413 ) QUA le passage; remettez la purée dans la casserole, trois perdreaux à la broche, que l'on pile à froid et ajoutez-y du jus ou quelque fond de cuisson, dans un mortier, avec un peu de mie de pain ou, si vous n'avez ni l'un ni l'autre, le reste du trempée dans du bouillon; on mouille les per- mouillement que vous aurez fait réduire au mo dreaux avec du bouillon; étant bien pilés, on les ment de servir; ajoutez à la purée un peu de ca- passe à l'étamine; votre purée étant passée, met- ramel d'une couleur claire. tez-y du bouillon pour qu'elle ne soit ni trop épaisse, ni trop claire; posez-la sur un feu doux; Purée de pommes. C'est une marmelade mais il ne faut pas qu'elle bouille. qu'on n'a pas sucrée et qu'on assaisonne avec un peu de sel et de jus de rôti non dégraissé. Le Purée provençale. - On prépare l'ognon meilleur emploi qu'on puisse en faire est de la comme celui pour la purée d'ognons; on le passe servir avec un carré de porc-frais cuit à la bro- sur le feu, afin qu'il ne prenne pas couleur ; quand che, un oison rôti, des saucisses à la poêle ou des il est bien fondu, on y met quatre cuillerées de boudins grillés. velouté, une pinte de crème et gros comme une noix de sucre; on fait réduire la purée à grand Purée de tomates. Ouvrez vingt-quatre feu en la tournant continuellement; quand elle est tomates bien rouges ; ôtez-en les pepins et leurs épaissie, il faut la passer à l'étamine. cloisons, et faites-les griller à petit feu; passez les chairs au tamis de crin seulement, et puis faites- farine, de la crème, du sel et du poivre, on finit A défaut de velouté, on y met une cuillerée de les cuire et réduire avec du bouillon gras ou mai- la purée comme ci-dessus ; on la place sur un feu gre, suivant l'usage auquel vous destinez cette doux ou dans un bain-marie, afin d'éviter qu'elle purée. entre en ébullition. Purée de mousserons. - Faites-les blanchir Purée de homard. Procurez-vous un ho- après les avoir épluchés et lavés; égouttez, et ensuite bachez-les finement, attendu qu'on ne mard bien frais; après l'avoir cassé, retirez-en les chairs blanches de la queue et des pattes ; coupez peut pas les passer; mettez-les dans une casserole avec un morceau de beurre et le jus d'un citron; siette à part; cela fait, pilez bien les parures, ces chairs en petits dés et mettez-les sur une as- les faites roussir légèrement; mouillez avec du jus, chairs et les aufs qui se trouvent dans la coquille et faites réduire jusqu'à consistance de purée. avec un morceau de beurre fin; passez-les à tra- Purée de volaille. Désossez une volaille vers un lamis; ce qu'il en passera, vous le met- rôtie ; après l'avoir dépouillée, bachez-en la chair trez dans une casserole chauffer au bain-marie, et pilez-la ensuite dans un mortier; mettez ce qui en y ajoutant les chairs et la farce du poisson, a été pilé dans une casserole avec de bon bouil- ainsi que son æuf ou sa crème de laitance. Cet lon et du jus blond de veau, si vous en avez, appareil s'emploie pour garnir des vole-au-vent, sel et poivre; faites réduire et passez au tamis. de petits pâtés, des gratins, des casseroles au riz, des timbales de nouilles et des coquilles-péle- Purée de gibier. On met dans une mar- rines. mite de moyenne grandeur trois livres de tranche Pour le surplus des purées de cuisine, on de bæuf, trois vieilles perdrix, deux livres de pourra consulter les mots NAVETS, AUBERGINE, jarret de veau, un faisan, des carottes, des ognons, CHAMPIGNON, POTIRON, CITROUILLE, NOISETTES, trois ou quatre pieds de céleri , trois clous de gé- ANGUILLE DE MER, ÉCREVISSES, HUÎTRES et FOIE rofle et un petit bouquet de fenouil ; on fait cuire DE RAIE. Q. QUARTERON. Celui de NOMBRE est la qua- | pour les marchandises dont la centaine est de cent trième partie d'un cent de marchandises qui se quatre ; c'est ainsi qu'on livre les aufs, les fruits vendent à la douzaine , et celui DE POIDS est le à la main, les harengs, les huîtres, etc. quart de la livre de seize onces. Le quarteron de Nous avons dit ce qui précède à l'intention des nombre est presque toujours composé de vingt-six opérateurs étrangers qui ne sauraient connaître QUE QUE ( 424 ) nos mesures de poids ou de capacité, non plus de pain trempée dans du lait; ajoutez suffisante que nos locutions idiotiques et ménagères. quantité de beurre; pilez ensuite le tout avec des @ufs entiers jusqu'à ce que la pâte ait acquis la QUATRE ÉPICES (V. ÉPICES MÉLANGÉES, consistance nécessaire, et terminez comme pour page 219). les quenelles au gras. QUATRE FRUITS ROUGES, c'est-à-dire Quenelles de volaille. Prenez deux pou- fraises , cerises , groseilles et framboises. Quant lets; levez-en les chairs, Ôtez-en les peaux et les aux différents emplois de ces quatre fruits mélan- nerfs ; pilez ces chairs, faites-les passer au travers gés (V. CKEMES CUITES, CONFITURES, COMPOTES, d'un tamis à quenelles, à l'aide d'une cuillère de GLACES et SORBETS). bois; ramenez-les, repilez celles qui n'auraient QUATRE FRUITS JAUNES ; c'est-à-dire pu passer, et passez de nouveau; ensuite prenez orange, citron, bigarade et cédrat (v. les articles autant de panade desséchée à la crème ou au con- où nous avons traité nominativement des mêmes sommé que vous avez de chair et de même autant substances). de beurre ou de tétine, c'est-à-dire que le tout soit par tiers, ayant pilé en trois portions à part; QUENELLES, composition qu'on appelait mêlez-les et pilez-les encore , en y ajoutant un anciennement boulettes, mais à laquelle on donne æuf entier, jusqu'à la concurrence de trois , et à présent une forme ovale, et qui doit se compo- trois jaunes d'œufs, l'un après l'autre : à mesure ser de la manière suivante : Faites dessécher qu'ils seront incorporés avec votre farce, assai- sur le feu, dans une casserole, de la mie de pain sonnez-la de sel et d'un peu de muscade ràpée ; trempée dans du lait ; il faut qu'elle soit assez repilez-la , remettez-la bien en masse dans votre desséchée pour ne plus s'attacher aux doigts ; mortier ; prenez-en gros comme le pouce pour en ajoutez cette mie desséchée et refroidie à de la faire un essai dans de l'eau bouillante ou du bouil- viande pilée, avec autant de beurre ou de gras lon; goûtez si elle est d'un bon goût; et, si elle de rognon de teau que vous avez de viande; as se trouvait trop délicate, mettez-y entier encore saisonnez de sel et épices mêlées; pilez le tout un euf ou deux ; ôtez le pilon, fouettez le blanc ensemble, en ajoutant successivement des aufs des trois jaunes que vous avez employés, mettez- entiers jusqu'à ce que la pâte ait une bonne con- les par partie dans votre farce bien mêlée ; reti- sistance; moulez-la en quenelles à l'aide d'une rez-la, et, lorsque vous voudrez l'employer, pre- cuillère : jetez-les dans du bouillon ou dans de nez-vous-y de cette façon : l'eau de sel bouillante; retirez-les ensuite pour Si c'est pour garnir une grosse pièce, ayez une les mettre égoutter. Les quenelles servent à garnir cuillère à dégraisser; remplissez-la de votre farce des ragoûts, des tourtes et des pâtés chauds. à quenelles, et avec un couteau que vous trem- On peut faire des quenelles, comme du godi- perez dans de l'eau plus que tiède , vous lui don- veau, avec toutes sortes de viandes; il s'agit tou nerez au dehors la forme que la cuillère a au jours de mélanger une matière grasse, soit lard, dedans; vous aurez une autre cuillère de même graisse de rognon, tétine de veau ou moelle de forme, que vous tremperez aussi dans cette eau, bæuf , avec une viande sèche, comme chair de et vous la coulerez entre la farce et la coquille de volaille, roucile de veau , chair de gibier. Les la cuillère où celle quenelle se trouve; de la , pâtes de godiveau ou de quenelles peuvent s'em-levez-la , déposez-la dans une casserole dont vous ployer également pour farcir : dans ce cas, on n'y aurez beurré le fond , et continuez ainsi jusqu'à met pas d'eufs; car ceux qu'on y ajouie ne ser ce que vous ayez dressé des mêmes quenelles en vent qu'à donner de la solidité à la pâte , lors- quantité suffisante; lorsque vous voudrez les po- qu'on veut l'employer en garniture dans les ra- cher, ayez du bouillon très-chaud, versez-le dans goûts, par la raison qu'elle y fondrait entièrement la casserole où seront ces quenelles; ayez soin de sans cette précaution. l'incliner, afin que le bouillon les melte à flot sans On peut donc à volonté varier la composition les endommager; faites-les bouillir doucement , du godiveau et des quenelles d'une infinité de retournez-les légèrement avec une cuillère pour manières, et faire entrer dans leur composition ce qu'elles se pochent également : leur cuisson qu’on a sous la main (V. GODIVEAU et FARCE achevée, égouttez-les sur un linge el dressez-les : CUITE). si vos quenelles sont pour un vole-au-vent, dres- On fait des quenelles en maigre avec de la chair sez-les comme les précédentes, mais avec deux de poisson déjà cuit. Pour cela, enlevez la chair cuillères à bouche; et si vous les voulez encore en séparant les arêtes ; hachez-la avec des cham- plus petites, prenez pour les dresser deux cuillères pignons, du persil, de la ciboule et de la inie à café. en- RAB ( 415 ) RAB Quenelles de lapin. Ayez un lapin de Quenelles de brochet. * Opérez comme garenne; après l'avoir dépouillé, videz-le propre- pour les autres, mais incorporez-y detrx ou trois ment; levez-en les chairs, ôteż les nerfs et les anchois, ét, si vous les servez en casserole d'en- peaux , mettez-en les chairs dans un mortier, trée , ajoutez dans la sauce du même ragoût des pilez-les, et suivez en tout le même procédé que olives tournées et quelques lames de thon mariné. celui énoncé à l'égard de celles de volaille, article Quenelles de carpe, de lotte, de morue précédent. ou de merlan. On les fait de la même ma- Les quenelles à la chair de perdreau, de faisan, nière que les précédentes, à cela près qu'il faut de cailles, etc., doivent s'opérer de la même ma- nière que les précédentes. y joindre, avec les merlans, de la chair de hareng frais, avec la morue, de la crème double, et de la Quenelles d'esturgeon. -Prenez de la chair d'anguilles dans les quenelles de carpe. chair d'esturgeon ; mettez-la dans un mortier de Lorsque la saison le permet , il est également bon marbre où vous la pilerez avec un peu de sel fin ; d'y joindre aussi quelques débris de iruffes noires passez ensuite au travers d'un tamis à quenelle, et et bien pilées, qu'on aura fait étuver dans un fond faites une panade que vous passerez dans le même de cuisson réduit. tamis; mettez autant de pain que vous avez de Quenelles frites. Faites réduire une bé- volume de chair, et du beurre en même quantité, chameil dans laquelle vous tremperez des que- le tout par tiers : pilez le tout ensemble ; assai- nelles de desserte que vous roulerez épsuité dans sonnez votre farce avec du sel en suffisante quan- de la mie de pain ; vous les trempérez une se- tité, d'épices fines, d'une cuillerée à bouche de conde fois dans des aufs battus; vous les panerez fines herbes passées au beurre, et d'auſs ce qu'il encore une fois et vous les ferez frire, en les ser- en faut, en procédant, à cet égard, comme il est vant garnies de persil ou de céleri frit. indiqué pour les autres farces; faites-en l'essai , et finissez-la avec des blancs d'æufs, comme il QUEUES de BOEUF, de MOUTON, de PORC, est indiqué pour les autres quenelles. de SAUMON, de MORUE (V. ces divers articles). Quenelles de saumon. Ces quenelles se font comme celles d'esturgeon, excepté qu'on y nous est provenue de la Lorraine ou des Vosges met moins de beurre, attendu que le saumon est (V., pour la préparation de ce gâteau salé, pages assez gras par lui-même. 229 et suivantes). Ces quenelles se QUICHE, sorte de flan d'eufs dont la recette R. RABIOLES ou RAVIOLIS, excellent potage semble; coupez-les par carrés de la grandeur italien dont voici la formule génoise. Vous d'un pouce; placez-les au fur et à mesure sur des prenez une livre de farine, que vous placez sur plats ou couvercles de casseroles. Au moment de une table de marbre ou une planche bien unie ; servir votre potage, vous faites blanchir vos ra- vous la détrempez avec trois aufs frais ; vous bioles dans du consommé. Quand elles sont toutes commencez par mettre vos œufs au milieu de montées sur le bouillon , et qu'elles ont bouilli votre farine en maniant continuellement jusqu'à cinq minutes, vous les égouttez ; vous mettez ce que vous ayez obtenu une pâle ferme et liée ; dans votre soupière une cuillère à pot de con- alors vous l'abaissez avec un rouleau, le plus long sonimé, un lit de rabioles, un lit de fromage par- possible ; vous en formez une abaisse mince mesan râpé, du beurre fin fondu, et vous en comme du papier, en y saupoudrant le moins de recouvrez avec du jus afin qu'elles baignent un farine possible; ayez une farce disposée, que vous peu. Servez le tout le plus chaudement possible. placez par petites parties égales. Vous mouillez La farce dont vous vous servez pour les rabioles votre pâte; repliez-la en deux pour qu'elle forme se fait de quenelles de volaille auxquelles vous une espèce d'enveloppe; vous appuyez à l'entour, joignez un peu de parmesan râpé, un peu de afin que les deux parties puissent se coller en-bourrache blanchie et hachée, un peu de lait euit RAG ( 416 ) RAG il ou de fromage à la crème; mêlez le tout ensem ragoûts pour lesquels on ne saurait renvoyer à des ble avec un peu de muscade et de cannelle, ainsi articles spéciaux 'sur les différentes sortes de que deux jaunes d'æufs, et n'omettez pas d'y | viandes ou de poissons, par la raison qu'on les ajouter du gros poivre. emploie habituellement comme un appendice ou Les rabioles se ſont aussi blanchir et cuire dans pour garniture. le même consommé que pour le potage en tortue, et alors on les sert dans leur bouillon avec du Ragoût de ris de veau. Lavez-les et fai- fromage parmesan râpé, à proximité de ce potage. tes-les blanchir à l'eau bouillante; essuyez-les dans un linge; passez-les dans une casserole avec RABLE. On appelle ainsi la portion d'un lie- du lard fondu , un bouquet garni , sel et poivre, vre et d'un lapin qui se trouve entre le train du champignons ou mousserons; mouillez avec du devant et la partie la plus inférieure. On a pris jus ou avec du bouillon et un verre de vin blanc, dans les grandes maisons l'usage de ne servir que et laissez cuire à petit feu. Si le ragoût n'est pas cette partie des lièvres rôtis. On en retranche assez lié, ajoutez un morceau de beurre manié de alors les épaules ainsi que les cuisses, en coupant farine. carrément les reins de ce gibier, qu'on laisse en On prépare les ris d'agneau de la même manière. un seul morceau , et qu'on attache sur la broche après les avoir piqués de fins lardons. Il ne faut Ragoût de foies gras. — Prenez des foies gras, ôtez-en l'amer et faites-les blanchir, ensuite pas moins de quatre rables de lièvre ou de cinq meltez-les dans l'eau froide; passez-les avec un rables de levraut pour garnir suſfisamment un plat de rôti, ce qui fait qu'un pareil usage ne peu de lard fondu, de petits champignons ou des saurait être adopté dans les maisons de fortune mousserons; assaisonnez avec un bouquet garni , médiocre. Le plat sur lequel on sert des reins de sel, poivre et un peu de muscade; mouillez avec du jus ou de bon bouillon, et laissez cuire à petit lièvre ou de levraut doit être garni par des tran- ches ou des quartiers de bigarade, et non pas feu. Le ragoût étant cuit, dégraissez et liez la foncé d'une sauce noire, comme pour les lièvres sauce , s'il est nécessaire, avec du jus de veau et rôtis qu'on servirait dans leur entier (V. pages de jambon, ou, à défaut, avec un morceau de beurre manié de farine. 93 et suivantes). Ragoût mêlé. — Prenez des champignons, RACINES. On donne le nom de racines po- des foies gras, des culs d'artichauts, des crêles et tagères à certaines plantes dont la partie comesti- rognons de volaille ; coupez en morceaux les ble est cachée sous terre, telles que carottes, pa- champignous et les culs d'artichauts; passez le nais, navels, betteraves, patates, pommes de terre tout au lard fondu ou au beurre, faites cuire et topinambours. Voyez, à ces différents articles, comme à l'article des foies gras. quelle est la propriété de chacune de ces substan- ces potagères ainsi que les meilleures manières Ragoût au salpicon. - Coupez en petits dés de les apprêter. des ris de veau, des foies gras, du jambon, de la langue à l'écarlate, des champignons et des truf- RADIS. Il est inutile d'avertir que les radis fes, le tout cuit à part, afin que chaque chose soit ne se mangent que crus et pour hors-d'æuvres. cuite à son point; mettez le tout dans une casse- On en compte un grand nombre d'espèces qui role, avec suffisante quantité de jus préalablement sont : 1° le petit radis rose et blanc de tous les réduit; faites chauffer sans bouillir. mois; 2º le petit radis long ; 3° le petit radis gris A défaut de jus, faites réduire à part deux tiers d'été, dont la saveur est plus relevée que dans les de bon bouillon et un tiers de vin blanc , liez la deux premières espèces. La quatrième est le gros réduction par un petit roux un peu chargé de ſa- radis noir dit de Strasbourg, dont la chair est dure rine, et servez-vous-en pour mouiller les salpi- et cassante, mais dont la forte saveur est analogue cons. à celle du raiſort ou de la moutarde; enfin, la On fait aussi des salpicons avec des blancs de cinquième espèce est celle d'Italie, qu'on préfère volaille ou des chairs de gibier cuit à la broche. à toutes les autres, mais dont il n'est pas toujours facile de se procurer de la graine, attendu qu'elle Ragoût à la chipolata. Faites cuire du ne fructifie presque jamais dans les climats tem petit lard coupé en tranches et une douzaine de pérés. petites saucisses chipolates (V. pages 136 et sui- vantes). RAGOUT, dénomination qui peut s'appliquer D'un autre côté, faites cuire des champignons, , à presque toutes les préparations composées de des marrons et des quenelles, avec un verre de plusieurs substances. Il est cependant quelques 'vin el autant de bouillon; failes réduire la sauce, RAG (417) RAG mettez-y le petit lard et les saucisses, et ajoutez Ragout de moules au maigre. – Après quelques cuillerées du fond de cuisson de la pièce avoir tiré les moules de leurs coquilles comme qui doit être servie avec le ragoût. ci-dessus, passez quelques champignons avec un peu de beurre, et mettez-y les moules avec un Ragout de laitances. - Nettoyez les lai- bouquet; faites-leur faire sept ou huit tours sur tances , faites-les dégorger à l'eau froide et blan- | le fourneau ; mouillez-les de leur eau et de bouil- chissez-les à l'eau bouillante en y ajoutant un peu lon de poisson, moitié l'un, moitié l'autre; met- de vinaigre; faites égoutter, et mettez cuire dans tez-y un peu de persil haché et un peu de poivre : une casserole avec quelques cuillerées de jus liez la sauce avec des jaunes d'aufs. blond de veau, un demi-verre de bouillon, au- lant de vin blanc; assaisonnez de sel, gros poivre, Ragoût de mousserons. Après avoir lavé muscade râpée et un bouquet garni; un quart et égoutté les mousserons, passez-les au beurre d'heure suffit pour la cuisson. Quand les laitances ou avec du lard fondu , un bouquet garpi, sel et sont cuites, retirez-les et faites réduire la sauce ; poivre; mouillez avec du jus de veau ou du bouil- liez-la avec un bon morceau de beurre maniéd’une lon réduit à moitié. Laissez mitonner à petit feu; pincée de farine, et ajoutez-y un jus de citron. dégraissez et liez le ragoût avec du jus blond, ou, Si vous voulez faire un ragoût maigre, passez à défaut, avec du beurre manié de farine, au beurre une carotle, deux ognons et un demi- Ragoût de navets. Épluchez des navets panais émincé; assaisonnez de sel, gros poivre et muscade râpée, une pointe d'ail et un bouquet bouillon dans l'eau; laissez-les égoutter ; faites et coupez-les proprement; faites-leur faire un garni; ajoutez une pincée de farine et mélez-la en tournant ; mouillez avec du bouillon maigre demi-cuillerée de sucre en poudre ; passez-y les un roux dans une casserole avec du beurre et une ou de l'eau avec un demi-verre de vin blanc ; faites bouillir jusqu'à réduction à moitié; passez leur; mouillez avec du jus ou du bouillon; assai- navets jusqu'à ce qu'ils aient pris une belle cou- la sauce et mettez-y les laitances pendant un sonnez avec sel, gros poivre et un bouquet quart d'heure. Au moment de servir, liez la sauce garni. avec des jaunes d'æufs délayés dans un peu de crème. Ragoût de laitues. - Faites blanchir des cæurs de laitues pommées ; jetez-les ensuite dans Ragoût de laitances au blanc et en mai- l'eau froide, et égouttez-les en les pressant ; faites- gre. Mettez dans une casserole un peu de les cuire dans une braise. Pour cela, foncez une beurre, de l'ognon coupé en tranches, une petite casserole avec des bardes de lard et quelques carpe coupée en tronçons ; faites suer sans laisser tranches de veau ; ajoutez des ognons en tranches attacher. Mouillez avec du bouillon maigre, et et faites suer sur un fourneau. Quand les viandes ajoutez un morceau de beurre, un bouquet garni commencent à s'attacher, on met un peu de fa- et une pointe d'ail, sel, poivre, deux clous de rine dans la casserole en remuant avec une cuil- gerofle ; faites bouillir pendant une heure; passez lère pour la mêler et la faire légèrement roussir ; la sauce au tamis , et mettez-y cuire les laitances mouillez avec moitié jus et moitié bouillon; as- pendant un quart d'heure ; retirez-les ensuite; saisonnez de sel, poivre, clous, laurier et un faites réduire la sauce, et liez-la avec des jaunes bouquet garni. d'eufs délayés avec de la crème et du jus de ci Les laitues étant cuites, on les retire pour les tron. faire égoutter ; on les coupe en morceaux et on les fait mitonner avec de l'essence de jambon, ou, à Ragoût de moules au gras. - Nettoyez défaut, avec la cuisson de la braise que l'on fait proprement des moules; mettez-les dans une réduire. casserole et faites-les ouvrir sur un fourneau ; Ce ragoût de laitue se sert avec toute espèce de quand elles sont ouvertes, ôlez les moules de leurs viande cuite à la braise. coquilles et gardez-en l'eau. Passez dans une cas- serole de petits champignons avec un peu de lard Ragoût d'olives. Passez au beurre un peu fondu et un bouquet garni ; assaisonnez de poivre de ciboule et de persil hachés ; ajoutez deux cuil- seulement. Quand les champignons sont passés, lerées de jus , ou de cuisson d'une braise, ou de mouillez avec du jus blond de veau ou du bouil bouillon réduit à moitié, et un verre de vin lon réduit à moitié, et laissez cuire à petit feu ; blanc, des câpres, un anchois et des olives tour- dégraissez ; ajoutez alors les moules avec un peu nées, c'est-à-dire dont on a séparé la chair du de leur eau ; tepez le ragoût sur les cendres noyau en la coupant en spirale avec un couteau à chaudes sans faire bouillir. lame étroite; ajoutez encore un peu d'huile d'o- 27 RAG ( 418 ) RAI lives, un bouquet de fines herbes; faites jeter un deur, deux anchois à moitié dessalés et coupés bouillon et fiez la sauce avec quelques marrons comme tout le reste, en petits dés; on fait chauf- bien écrasés. fer sans bouillir; on y ajoute du sel, s'il en est Ragoût d olives farcies à la Maillebois besoin ; on y presse un jus de citron. Ce ragout (V. page 350). sert à accompagner d'autres viandes. Si l'on veut le manger seul, au jambon, on y Ragout à la financière. Mettez dans met des tranches de jambon, indépendamment une casserole une demi-bouteille de vin de Ma- de celui qu'on a coupé en petits dés. . dère sec, avec une vingtaine de gros champignons, autant de truffes tournées en boule; ajoutez-y les mêmes fournitures que pour le ragoût, dont il Ragoût à la toulousaine. - On emploie deux piments enragés, un peu de suc de tomates, une once de glace de veau ; faites réduire le tout est fait mention dans l'article précédent; on les à la glace; mouillez de suite avec quatre cuille- met dans une casserole avec une demi-glace de rées à pot d'espagnole ; après avoir travaillé deux volailles; on fait bouillir le tout ensemble, à l'er- cuillerées de blond de veau, faites bouillir votre ception des quenelles, que vous faites à part. sauce; faites-la dégraisser et réduire sur le bord Après y avoir versé une cuillère à pot de blond du fourneau; passez-la à l’étamine; mettez en- de veau, on met le ragoût au bain-marie, sans le faire bouillir. Si la sauce se trouvait trop suite vos champignons et vos truffes dans une casserole; versez votre sauce dessus. épaisse, on l'éclaircirait avec un peu de consommé On peut ajouter au ragoût une vingtaine de de volaille. crêtes et de rognons de coqs, autant de quenelles RAIE, poisson cartilagineux et coriace lors- moulées à la cuillère, douze ris de veau ou qu'il est nouvellement pêché, mais qui devient d'agneau, que l'on coupe en lames ou qu'on tendre et d'assez bon goût lorsqu'il est suffisam- laisse entiers, comme on le juge à propos, et ment attendu ; aussi dit-on vulgairement de la l'on sert le plus chaudement possible. raie qu'elle a besoin de voyager, et c'est, du Ragoût à la Providence. --- Vous prenez reste, le seul poisson qui puisse braver pendant vingt petits morceaux de petit lard bien dessale, au les grandes chaleurs l'élévation du thermomètre. tant de saucisses à chipolata , que vous ſerez cuire Les deux meilleures espèces de raie sont la tur- comme ci-dessus; vous mettez le tout dans une botine et la bouclée. La meilleure manière de casserole avec vingt champignons ; vous tournez la manger est tout uniment de la faire cuire à autant de marrons et de quenelles, moulées de la l'eau de sel avec du vinaigre et quelques tranches grosseur des saucisses ; vous y joignez douze d'ognon. Il ne lui faut que deux bouillons pour truffes que vous tournez en boules, et faites cuire être assez cuite; ensuite on retire la raie pour l'é- dans un verre de vin de Madère, avec un peu de goutter et l'éplucher, et on la sert masquée d'une glace, des crêtes et des rognons de coqs. Vous sauce blanche aux câpres, ou bien à la sauce Versez sur vos garnitures un jus d'étouffade cla- au beurre noir et garnie de persil frit. rifié, réduit à demi-glace, ou le fond de votre Le foie de la raie ne doit rester pour être entrée ou grosse pièce, bien dégraissé et clarifié. cuit que deux ou trois minutes dans de l'eau Faites chauffer votre ragoût pour vous en servir bouillante. aux choses indiquées. Vous pouvez y ajouter Raie à la noisette. - Ayez une aile de jeune trente olives tournées et blanchies. raie; faites-la cuire comme il est dit ci-dessus, et Ragoût à la champenoise. - On met dans puis masquez-la d'une sauce au beurre où vous une casserole une bonne tranche de jambon, aurez délayé deux lobes de foie de raie blanchis pour la faire suer jusqu'à près de sa cuisson ; on d'avance; assaisonnez ladite sauce avec une forte la retire pour la couper en très-petits dés de la cuillerée de vinaigre à l'estragon où vous aurez grosseur d'un pois, et on la remet dans la même joint une pincée de macis pulvérisé. casserole, avec une carotte cuite, quelques cham Raie frite. — Levez la peau d'un large mor- pignons et une couple de truffes, le tout coupé de ceau de grosse raie; coupez-la par filets sans en la même manière; on les passe avec un pain de ôter les arêles ; faites-la mariner avec sel, poivre, beurre sur le feu, on poudre de farine, et on gérofle, persil, tranches d'ognon , ciboules et mouille avec du coulis, un peu de consommé et pointe d'ail, bon vinaigre et fines herbes en bran- un verre de vin de Champagne; on laisse cuire ches; ajoutez-y du beurre manié de farine ; faites · et réduire à courte sauce, et ensuite on dégraisse la tiédir cette marinade afin que le beurre fonde, et sauce; on y met ensuite du blanc de volaille cuite laissez-y vos filets quatre heures avant de les faire à la broche , des cornichons blanchis, des feuilles frire à grand feu; vous les servirez avec une gar- de persil blanchies et rompues de même grans 7 niture de céleri frit. RAI (419) RAI Raie à la Sainte-Ménéhould. - Mettez, selas et de muscats, le raisin grec ou de Corinthe, dans une casserole un demi-setier de lait avec un le raisin sans pepins et la malvoisie. On parlera morceau de beurre manié de fleur de farine; ajou- ensuite des raisins secs. tez-y des tranches d'ognon, des racines de persil, un bouquet garni, une gousse d'ail et une forte pincée des quatre épices; tournez le tout jusqu'à Raisins frais. ce qu'il bouille, et faites-y cuire à petit feu une aile de raie; retirez-la ensuite; panez-la à deux Le meilleur plant de chasselas est celui de Bar- reprises en la trempant à deux fois dans du beurre sur-Aube, et c'est l'espèce qu'on cultive auprès fondu; faites-la griller sur un feu doux, et foncez de Fontainebleau; le gros Corinthe et le chasse- le plat dont vous comptez vous servir avec une las noir ne doivent être classés pour la bonté qu'a- sauce Robert ou avec une rémoulade aux câpres.près celui-ci, qu'on appelle également chasselas Raietons frits. -- Prenez plusieurs petits de Bar, raisin de Fontainebleau et musquet de raietons ; arrachez-en la peau des deux côtés ; Champagne. mettez-les mariner avec sel, vinaigre, ognons et Parmi les raisins muscats les plus recomman- quelques branches de persil ; au moment de ser- dables, on citera d'abord le muscat blanc de l'es- vir, égouttez-les, farinez-les : faites-les frire d'une pèce de Frontignan, et le muscat hàtif de Piémont. belle couleur ; égouttez-les, et servez-les avec une On peut aussi recommander le muscat de Rive- sauce au beurre noir, où vous joindrez un peu saltes, le rouge de corail, le gros muscat noir, le de vert de ciboule hachéc, et le jus d'une orange violet de Gascogne et le passe-musqué d'Italie. Le amère. gros muscat long et violet, de l'espèce de Madère, est également renommé pour la beauté de son vo- Raietons à la bretonne. - Prenez un raie- lume et pour sa bonté; mais le meilleur de tous ton de deux à trois livres; apprêtez-le convena les muscats est celui qu'on a surnommé de l’En- blement, et faites-le frire au beurre avec des fant-Jésus, d'après la belle grappe du tableau de montants de poireaux ou des rouelles de vert d'o- Mignard. Depuis le rude hiver de 1789, on a dů gnons crus; joignez-y du poivre noir, et mettez-y, remarquer que cet excellent fruit est devenu très- quelques minutes avant de servir, un demi-verre rare. On compte aussi parmi les raisins muscats de bon vin rouge. le Jennetin, autrement dit muscat d'Orléans ou Foies de raies (V. page 229). de Saint-Mesmin. Le raisin frais de l'espèce de Corinthe est très- RAIFORT, plante potagère de la famille des délicat et très-sucré. Il est d'un grain menu, cruciſères, et dont la racine est d'une saveur tel pressé et toujours dépourvu de pepins, comme le lement épicée qu'elle en paraît âcre et brûlante. véritable raisin grec. Le Corinthe violet est plus On l'emploie quelquefois pour garnitures autour gros que le jaune, mais il est tout aussi doux, et des aloyaux rôtis et des gros poissons que l'on a il est également sans pepins; ce qui le rend très- cuits au bleu. On en garnit aussi des bateaux de propre à mettre en confiture ou en conserve. hors-d'œuvres, et l'on en compose un beurre as- La malvoisie grise est un petit raisin hâtif et saisonné qui s'emploie dans la confection des très-sucré, et la malvoisie rouge ne diffère de la sandwichs et de craquelins à l'écossaisc. Pour se première que par sa couleur et parce que la pulpe servir de la racine de raifort, il faut qu'elle ait été en est moins juteuse. La malvoisie blanche est râpée, c'est-à-dire émincée avec un rabot à con- plus rare et moins hâtive que les précédentes ; combres ou une râpe à citrons. mais il arrive souvent qu'elle ne peut venir ma- turité, dans les environs de Paris du moins. Il y RAIPONCE, plante sauvage de la famille a aussi la malvoisie musquée, qu'on appelle mus- naturelle des campanules. On mange en salade la cadelle de Chypre ou grappe de Vénus. C'est un racine et les feuilles radicales de cette plante, aux- excellent raisin pour le relief de son goût, l'abon- quelles on adjoint ordinairement des tranches de dance de son sucre et la suavité de son parfum, betterave confites au vinaigre et des montants de qui surpasse celui de tous les autres fruits de la céleri cru (V. SALADES). vigne. Il est originairement provenu de l'ile de Chypre; mais on le cultive abondamment dans RAISINS. On n'a rien à dire ici des quatorze toute la Haute-Italie, et, comme les environs de ou quinze espèces de raisins, qu'on appelle de vi- Turip en sont couverts, il n'est pas difficile de gne, et qui ne sont destinés qu'à la fabrication du s'en procurer du plant. vin; on parlera seulement des raisins de treille ou Le verjus provient d'une espèce de raisin que de verger, qui sont les différentes espèces de chas- Pline a désigné par le nom de labrusca ; et ; 27. RAI (420) RAT comme il ne mûrit presque jamais, il fournit un RAISINÉ, préparation rurale ou confiture jus acide, assez analogue à celui des citrons verts champêtre, dont l'emploi peut être utile en cer- (V. VERJUS). tains lieux écartés et dans certains temps de l'an- née, tel que celui du carême ou de l'arrière-sai- son. Pour faire du raisiné d'office ou de cuisine, Raisins secs. à la manière de Bourgogne, prenez du vin doux que vous mettrez dans une chaudière, et faites-le bouillir doucement en l'écumant et le remuant de Nous avons déjà dit qu'il y en avait de plusieurs temps à autre avec une spatule, afin qu'il ne gra- natures et de différents pays. Les muscats se ti tine pas au fond de la chaudière et qu'il ne donne rent principalement de Frontignan, de Lunel et pas à la confiture un goût de brûlé ; à mesure autres lieux en Languedoc; il faut en choisir les que le jus s'épaissit, ajoutez-y des morceaux de grappes les plus grosses, et dont les grains soient poires émincées, et tâchez que ce soit du messire les mieux nourris. Les picardants nous viennent Jean, de la virgouleuse ou du rousselet; lorsque du Languedoc et de la Provence; ils sont petits, tout l'appareil se trouvera réduit au tiers de la mais assez succulents. Les jubis, ou raisins de chaudière, vous passerez la confiture au tamis de caisse, nous sont envoyés de Provence, particu- crin, et vous l'empoterez dans des vases bien lièrement de Beaucaire, d'Ollioules et des envi- récurés. rons de ces deux chefs-lieux. On les cueille en grappes; on les trempe dans une lessive de ba RALE, oiseau de passage dont il existe deux taille ; et, après les avoir fait sécher au soleil, variétés, le rôle de genêt et le râle d'eau. Le pre- on les met dans des caisses. Ces raisins sont d'un mier nous arrive au mois de mai avec les cailles, goût très-délicat; il faut les choisir nouveaux, et et il repart avec elles en septembre. On supposait prendre les plus belles grappes. Les raisins sols autrefois qu'il était leur conducteur, et c'est ce ou sors au soleil, ou raisins d'arg, nous vien- qui l'avait fait surnommer le roi des cailles. Il nent d'Espagne ; ils sont de couleur violette et se nourrit principalement des semences de genêt, très-agréables au goût. Les raisins d'Espagne, dont il a tiré son surnom, et l'on n'a pas besoin d'a- proprement dits, sont de petits raisins un peu jouter que le râle de genêt est un de nos gibiers plus gros et moins secs que les raisins de Co- les plus exquis. On ne le sert guère autrement rinthe; on nous les apporte égrainés; on les sub- que rôti, bien entouré de feuilles de vigne et en- stitue quelquefois aux raisins de Corinthe; mais il veloppé dans une grande feuille de papier beurré, ne faut pas s'y laisser tromper. Les raisins de sans employer ni lardons ni bardes de lard, at- Corinthe ont le grain petit, sec, de couleur tendu que cet oiseau se trouve pourvu d'une noire ou rougeâtre ; ils nous viennent de plu- graisse abondante. Vingt-cinq minutes ou une sieurs îles de l'Archipel, mais particulièrement de demi-heure de cuisson lui suffisent toujours. l'isthme de Corinthe; il faut les choisir petits, Le râle d'eau n'habite que les marais; sa chair nouveaux, et en grosse masse; ils se conservent est moins savoureuse et moins estimée que celle pendant plusieurs années, quand ils ont été bien du râle de genêt. Il reçoit les mêmes préparations emballés, et qu'on les préserve de l'air; ils en que les autres gibiers aquatiques (V. pages 200, trent dans plusieurs ragoûts, et on les substitue 316 et 344). quelquefois, en médecine, aux raisins de Da- mas. Ceux-ci nous arrivent des environs de cette RAMBOURS, espèce de pomme originaire capitale de la Syrie; ils ont le grain extrêmement du comté de Rambures en Picardie. Comme elle gros, aussi bien que les grappes ; et l'on en cueille est de belle apparence et de médiocre saveur, on dans ce pays-là qui pèsent jusqu'à vingt-cinq livres. n’ep fait aucun emploi culinaire, et son seul usage On nous les apporte égrainés et aplatis dans des est de figurer dans les corbeilles à la Van-Huysam. boîtes de sapin à demi-rondes. Ils sont très-sou- vent ordonnés dans les tisanes pectorales, où on RAMEQUIN, sorte de pâtisserie dont nous les emploie comme les dattes, les jujubes et les avons donné plusieurs recettes à la page 359. autres fruits béchiques ; il faut les choisir nou- RAMIER, pigeon sauvage qui se mange or- veaux et bien nourris. Les véritables raisins de dinairement piqué à la téline et cuit à la broche Damas ont une saveur assez désagréable. Les rai. (v. PIGEON). sins de Calabre sont un peu gras, mais d'un très-bon goût; on les apporte en grappes enfilées RATAFIA, liqueur obtenue par infusion (V. d'une courroie, comme des morilles sèches ou des à l'article LIQUEURS, depuis la page 303 jusqu'à mousserons de Navarre. la page 306). RAV ( 421 ) RÉG RATON. C'est une espèce d'entremets bour Vert de ravigote. — Faites blanchir à grande geois assez agréable et facile à faire. Délayez trois eau, sur un feu très-ardent, une égale quantité ou quatre cuillerées de farine ou de fécule dans de cerfeuil, de pimprenelle et d'estragon, un peu du lait, de manière à former une espèce de bouil- de ciboulette, de persil, de cresson alénois et de lie; ajoutez-y du sucre et quelques macarons, cresson de santé. Faites rafraîchir ces herbes à dont un fait avec des amandes amères, le tout grande eau; pressez-les et les pilez dans un mor- pilé; ajoutez en outre deux œufs entiers; faites tier en y ajoutant un peu de sauce allemande fondre dans une tourtière gros comme auf de froide. Lorsque le tout formera une espèce de beurre, et, quand il est un peu roux, versez-y la pâte, passez-le dans un tamis en le pressant avec bouillie; laissez cuire doucement sur un feu mé une cuillère de bois. diocre, sans le couvrir; lorsqu'il aura pris cou Les herbes à ravigote sont toutes celles des four- leur et qu'il sera suffisamment rissolé d'un côté, nitures de salade, comme cerfeuil, estragon, pim- tournez-le de l'autre; quand il est cuit partout, prenelle, cresson alénois, civette; on en met de dressez-le dans un plat; poudrez-le de sucre, et chacune suivant leur force. On en prend une demi- servez chaudement, poignée, plus ou moins, que l'on fait bouillir un demi-quart d'heure dans de l'eau, on les retire à RATONNET DE MOUTON, hors-d'æu- l'eau fraîche; on les presse bien dans les mains, vre de l'ancienne cuisine. Coupez des noix de et on les pile très-fin avant de les mettre dans les mouton par tranches; aplatissez-les; assaisonnez liaisons, les sauces ou les ragoûts. de sel, poivre, épices et fines herbes, persil, ci- boule, pointe d'ail, de tout un peu; un verre REINE-CLAUDE, excellente prune que d'huile, un jus de citron ; laissez mariner le tout l'on cueille au mois d'août (V. COMPOTES, CON- deux heures. Étendez vos noix; couvrez-les d'une FITURES, MARMELADES, FLANS, TOURTES, GLACES farce de volaille; roulez-les une à une; embrochez- et FRUITS A L'EAU-DE-VIE). les dans une petite broche, ayant soin d'attacher des bardes de lard des deux côtés, pour que la REINETTE, espèce de pomme dont il existe trois variétés, la blanche ou reinette de farce ne sorte point. En rôtissant, arrosez-les de France, la grise et la reinette d'Angleterre ou du leur marinade mêlée avec du vin blanc. Servez-les avec leur dégout, un peu de jus et de coulis; dé- meilleure espèce de pomme à cuire. La pulpe en Canada. La reinette franche ou française est la graissez leur sauce, ou bien servez-les avec une est très-sucrée, mais elle est imprégnée d'un acide italienne hachée. On peut aussi les servir cuits à la broche et pi- avec la reinette qu'on peut faire de la gelée de qui en relève beaucoup la saveur. C'est seulement qués de menu lard, ou bien encore en fricandeau pomme à la manière de Rouen. Quant à l'emploi glacé et dressé sur un ragoût de concombres. de ce bon fruit (V. PATISSERIE, CHARLOTTE, ME- RAVES. On distingue trois espèces de raves : RINGUE, etc.). la première est la hâtive à quatre feuilles, la se RÉGLISSE. Cette plante vient sans culture conde s'appelle communale, et la troisième, ap- dans nos provinces méridionales, et principalement pelée grosse-rave, a l'avantage de pouvoir être en Espagne. Sa racine, de couleur rougeâtre au récoltée pendant tout l'été (V. RADIS et RAIFORT). dehors, est d'un jaune citron dans l'intérieur, est mucilagineuse et d'une saveur très-douce. C'est la RAVIGOTE, sauce piquante, Hachez une substance que l'on emploie pour en faire le jus, la égale quantité de cerfeuil et d'estragon; ajoutez-y pâte et les pastilles de réglisse; préparations qui de la pimprenelle et de la ciboulette avec du gros sont fréquemment prescrites dans les affections la- poivre, du sel et des quatre épices. Faites chauffer ryngnées ou pectorales. le tout dans une casserole de terre où vous met- Jus de réglisse. Faites bouillir trois livres trez du blond de veau, du vinaigre et un morceau de racine de réglisse; pressez-en la décoction et de beurre frais que vous mélangerez bien ensem- faites-y fondre quatre onces de gomme arabique, ble afin que la liaison s'en opère. afin de lui donner assez de consistance; desséchez- Ravigote à l'huile. — Vous mettez dans du la sur le ſeu jusqu'à ce qu'elle soit réduite à moitié bouillon froid vos herbes hachées comme il est dit de son mouillement; vous la roulerez ensuite en dans l'article précédent, avec sel, gros poivre, petits bâtons que vous envelopperez avec des feuil- quelques cuillerées de vinaigre, et autant de les de laurier. bonne huile; remuez long-temps cette sauce afin Pâte de réglisse. Ayez une demi-livre de de la lier. réglisse verte, ratissez-la soigneusement, et faites- RIZ (423) RIZ doit toujours étré rissolé pour être beau, Riz aux poires, aux mirabelles, aux rai- croustillant et bien cuit, dit le formulaire de sins de Corinthe, aux amandes pralinées, Bellevue. etc. Procédez suivant la même formule, et mé. langez seulement une des substances indiquées RIZ. On a déjà dit que la meilleure espèce de dans votre appareil, avant de le mettre en moule riz est celle de la Caroline, et nous avons souvent eu et de le faire cuire au four. Vous pourrez l'accom- l'occasion d'indiquer et de formuler certains em- pagner d'une sauce aux jaunes d'æufs liés, soit plois gastronomiques de la même substance; ainsi avec du vin d'Espagne, soit avec du ratafia d'an- voyez POTAGES, CASSEROLES, CROQUETTES, CRE- gélique, ou de la liqueur de cannelle. JIES et SOUFFLÉS. Riz à la Dauphine (du château de Belle- Gâteau de riz à la bourgeoise. Éplu vue). Lavez à plusieurs eaux tièdes six onces chez, lavez et faites blanchir une demi-livre de de beau riz Caroline; mettez-le sur le feu à l'eau riz; faites-le crever dans un peu de lait que vous froide; aussitôt qu'il commence à bouillir, égout- aurez fait bouillir avec le zeste d'un citron ; mouil- tez-le sur un tamis : après quoi vous le mettez lez ce riz petit à petit , et maintenez-le ferme; dans une casserole avec quatre onces de beurre lorsqu'il sera bien crevé, laissez-le refroidir; in d'Isigny, quatre de sucre fin, deux de macarons corporez-y une douzaine de macarons, dont six amers, un grain de sel et trois verres de lait. Pla- amers, une pincée de sel fin, un quarteron et demi cez-le ensuite sur un feu modéré; et, au moment de sucre, quatre æufs entiers et quatre jaunes, que l'ébullition a lieu, mettez la casserole sur des dont vous conserverez les blancs; beurrez unecas cendres rouges, en ayant soin que le riz mijote serole avec du beurre clarifié; mettez-la sens des pendant une bonne heure : remuez-le de temps sus dessous, afin qu'elle s'égoutte; saapoudrez-la en temps ; ensuite mêlez-y six jaunes d'æuſs, ce de mie de pain; fouettez vos quatre blancs d'aufs; qui lie le riz et le rend consistant, quoiqu'un peu incorporez-les légèrement dans votre riz; versez- ferme : puis vous l'employez. Lorsque l'on veut le dans votre casserole qui devra vous servir de aromaliser le riz au cédrat, alors sur les quatre moule; mettez-le au four une demi-heure ou trois onces de sucre, dose de notre recette, vous râpez quarts d'heure avant de servir : sa cuisson ache- légèrement la moitié d'un zeste de cédrat, la moi- vée, dressez-le, et servez-le tout de suite. tié de celui d'une orange pour le parfumer à l'o- Si vous voulez faire un gâteau de semouille ou range, et ainsi de suite pour les zestes de citron ou de bigarade. de vermicelle, vous procéderez de la même ma- nière, excepté qu'il ne faut ni blanchir ni faire Riz en dóme couronné à la royale. crever les pâtes, et qu'elles demandent beaucoup | Vous commencez par préparer six onces de riz moins de temps pour leur cuisson. comme il est dit ci-dessus; et, après avoir tourné Si vous voulez masquer le gâteau d'une sauce douze pommes de reinette, vous les faites cuire à la française, ou bien servir ladite sauce à la dans quatre onces de sucre clarifié. Pendant leur proximité de votre plat d'entremets, vous compo- cuisson, vous coupez une grosse pomme au milieu serez la même sauce de la manière suivante : de son diamètre. Avec une moitié, vous disposez Mettez dans une casserole la moitié d'une cuillerée la coupe ; vous coupez l'autre avec un coupe-ra- à bouche de fine fleur de farine que vous délaierez cine de dix-huit lignes de diamètre, pour former avec de la crème, une cuillerée à café d'eau de le pied de la coupe. Ensuite vous coupez deux fleur d'oranger, un peu de sel fin, une cuillerée à pommes en petites colonnes avec un coupe-racine bouche de sucre fin et gros de beurre comme une de huit lignes de largeur, et les faites cuire avec la noix; metiez sur le feu cet appareil, tournez-le et coupe et son socle dans le sirop, que vous faites faites-le cuire : sa cuisson faite, masquez-en votre réduire ensuite comme une gelée de pommes. gâteau de riz ou de vermicelle, en le tirant du Le riz et les pommes étant froides, vous beur- four, rez légèrement un moule d'entremets en dôme cannelé, dont vous masquez parfaitement l'inté- Ris aux pommes à la bonne femme, rieur de riz, en lui donnant un pouce d'épais- Préparez du riz comme si vous vouliez faire un seur, de manière que vous garnissez l'intérieur gâteau de riz à l'ordinaire, mais employez des æufs du riz de pommes tournées dont vous aurez rem- entiers battus; mettez deux doigts de ce riz au pli le cæur de marmelade d'abricots. Vous finissez fond d'une casserole beurrée et une épaisseur égale de remplir le moule avec le riz; après quoi vous autour des bords; remplissez l'intérieur avec des renversez l’entrepiels sur son plat, en ôtant le quartiers de pommes en compote ; couvrez avec moule que vous aurez fait chauffer un peu aupa- du riz, et faites cuire comme il est dit ci-dessus. rayant. Alors, avec le reste du riz, vous formez au RIZ ( 424 ) RIZ milieu du dôme un petit socle de dix-huit lignes peu inclinés, des quartiers de pommes cuites blan- de hauteur sur trois pouces de diamètre, et, à ches, et les ornez avec des grains de raisin de l'entour, vous placez droites les petites colonnes Corinthe. A l'entour du haut du riz, vous placez de pommes, et par-dessus vous mettez la coupe droites de petites bandes rondes de riz que vous sur son pied. Vous en ornez le bord avec des grains aurez teintes d'un beau rose ou vert pistache très- de raisins de Corinthe; vous en posez également tendre, ou bien vous placez tout simplement des sur chacune des petites colonnes de pommes : filets d'angélique. Versez le sirop de pommes à ensuite vous colorez le reste du riz en y mêlant l'entour de l'entremets que vous servez. un peu d'essence de vert d'épinards passée au ta- mis de soie. Vous étalez ce riz mince sur un cou- • Riz en croustade et meringué. - Après vercle de casserole à peine beurré; et, après avoir dressé et décoré une croustade de pâte fine, avoir passé la lame du couteau par-dessous, vous vous la cuisez de belle couleur; pendant sa cuisson coupez ce riz en petits losanges, que vous placez vous préparez six onces de riz comme de coutume, sur le dôme. Placez ensuite entre chaque côte un et huit belles pommes tournées et cuites très-blau- petit filet de riz que vous roulez le plus fin possi- ches. Après avoir dégarni la croustade de la farine ble; ou, si le dôme est uni, vous y placez les filets que vous y avez mise pour la faire cuire, vous y à distance égale, et entre eux les petits losanges, versez la moitié du riz que vous élargissez, et Au moment du service, vous masquez le tout avec placez par-dessus les pommes. Garnissez-les inté- soin du sirop que vous avez fait réduire à cet effet, rieurement d’abricots, couvrez-les avec le reste du et qui donne un beau glacé. riz que vous rangez très-uni; après quoi vous Ce bel entremets se sert également chaud et mettez l'entremets au four doux. Fouettez deux froid. blancs d'œufs, mêlez-les avec deux cuillerées de sucre en poudre, et formez-en une grosse merin- Corbeille de riz garnie de petits fruits. gue de six pouces de diamètre. Vous la saupoudrez - Après avoir préparé six onces de riz comme le de sucre fin, et la placez sur un bout de planche : précédent, vous le dressez sur le plat en forme de mettez-la au four, et lorsqu'elle a atteint une belle corbeille, que vous ornez d'une mosaïque de petits couleur, retirez l'entremets, que vous masquez filets d'angélique. Vous garnissez le tour du pied de la meringue; puis avec le sirop vous glacez la de petites colonnes de pommes; ensuite vous grou-croûte de la croustade, et vous servez tout de pez dans la corbeille des petits fruits, que vous suite. avez disposés avec douze pommes de reinette bien On sert également ce bon entremets dans une saines, de manière à imiter des poires, des abri- casserole d'argent, en procédant de point en point cots, des figues et de petites pommes d’Apy; comme ci-dessus. On peut servir cet entremets mais, après leur cuisson, vous colorez les figues, froid. en les frottant avec un peu d'essence d'épinards, puis les abricots avec une petite infusion de safran, Ris en timbale glacée. — Vous foncez très- et les pommes d’Apy avec un peu de carmin. mince de pâte fine un moule d'entremets en dôme; Pour imiler des grappes de raisin, vous placez ensuite vous masquez la pâte avec les trois quarts dans les fruits de petites parties de riz, où vous du riz (six onces comme de coutume). Versez, fichez avec ordre de moyens grains de muscat. dans le milieu , huit pommes de reinette coupées Pour former une grappe de ce fruit, vous en grou- par quartiers, que vous aurez ſait cuire avec deux pez une autre de grains de raisin de Corinthe ; et, onces de sucre, deux de beurre d'Isigny et deux entre tous ces petits fruits, vous placez des feuilles cuillerées de marmelade d’abricots. Couvrez le de biscuit aux pistaches, d'angélique en losange, tout avec le reste du riz et une abaisse de pâte; ou de riz teint d'un vert tendre. après quoi vous mettez la timbale au four chaleur On peut ajouter à ces fruits quelques fraises modérée, et lui donnez une belle couleur blonde. ananas ou autres, et quelques grappes de belles Vous la renversez sur son plat, et enlevez le groseilles rouges placées çà et là. moule; vous glacez la surface de marmelade d'a- Turban de pommes au riz. bricots transparente, et servez. Faites cuire huit onces de riz comme de coutume : garnissez On peut également meringuer cet entremets, en avec ce riz un moule uni et légèrement beurré, d'aufs fouelles et mêlés avec deux cuillerées de su- masquant la croûte de la timbale avec deux blancs de cinq pouces de diamètre sur cinq de hau- teur; placez dans l'intérieur six pommes cou- cre, le tout saupoudré de sucre fin : donnez une belle couleur. pées par quartiers et cuites au sirop, ensuite vous renversez le moule sur le plat d'entremets; et, Riz à la vanille, aux pommes et aux ma- après l'avoir enlevé, vous placez à l'entour, et un carons, -- Vous préparez six onces de riz comme - RIZ ( 428 ) RIZ de coutume; mais vous y ajoutez une gousse de Riz à la turque. - Lavez et blanchissez huit vanille, afin qu'il en prenne le délicieux parfum. onces de riz Caroline, comme de coutume. Vous Vous tournez sept pommes de reinette et les faites le faites cuire un peu ferme, avec quatre verres de cuire selon la règle, dans deux onces de sucre en lait, quatre onces de sucre (sur lequel vous avez sirop ; après quoi vous beurrez légèrement un râpé le zeste d'une bigarade ou d'un citron ber- moule en dôme, que vous garnissez partout avec gamote), quatre de beurre d'Isigny, six onces de les trois quarts du riz (ôtez la gousse de vanille), et beau raisin de Corinthe bien lavé, et un grain de placez dans l'intérieur les pommes tournées garnies sel. Le riz étant presque assez crevé, vous l’ôtez d'abricots ; recouvrez-les, en achevant d'emplir le du feu, pour y mêler huit jaunes d'æufs. Vous le moule que vous retournez de suite sur son plat. versez dans une casserole d'argent ou dans une Vous masquez la surface du riz avec le sirop ré-croustade, et le mettez au four doux pendant vingt duit, et semez par-dessus des macarons doux écra- minutes. Après cela, vous le saupoudrez de sucre; sés. Servez de suite. que vous faites fondre avec le fer à glacer, pour Cet entremets doit être dressé en un clin-d'æil, donner à la surface du riz une belle couleur rou- afin qu'il soit encore tout bouillant. geâtre. Servez de suite. Riz au beurre, aux pommes et au raisin On glace de même ce riz sans le mettre au feu, de Corinthe. Vous faites cuire six onces de c'est-à-dire, qu'après l'avoir versé dans la casse- riz comme il est dit plus haut, vous y joignez trois role d'argent, vous le glacez tout de suite, et le onces de beau raisin de Corinthe parfaitement servez bouillant. lavé; ensuite vous tournez douze pommes d'Apy, Ris à l'indienne. - Vous préparez de même et les coupez par quartiers. Vous les faites cuire que ci-dessus huit onces de riz; mais vous joignez avec deux onces de beurre fin, deux de sucre en dans celui-ci le tiers d'un verre de bon rhum et poudre et deux cuillerées de marmelade d'abri- une petite infusion de safran, afin de colorer le riz cots. d'un beau jaune. Servez-le de même glacé, et dans Vous beurrez légèrement un moule à cylindre une casserole d'argent. (le plus large possible), puis vous le garnissez avec le riz que vous renversez aussitôt sur le plat; et, Riz à la française. - Lavez et blanchissez après avoir glacé le riz de marmelade d'abricots, huit onces de riz; vous le faites cuire avec quatre vous versez dans le cylindre les quartiers de pom- onces de beurre fin, quatre de sucre en poudre et mes tout bouillant. Servez de suite. On peut mettre quatre verres de lait. Ensuite vous y mêlez trois du muscat en place de raisin de Corinthe. onces de macarons amers, une cuillerée de fleur d'oranger pralinée en feuilles, deux onces d'écorce Gâteau de riz historié et glacé. - Faites d'oranges confites et coupées en dés, vingt-quatre cuire huit onces de riz comme il est décrit, avec cerises confites séparées en deux, et autant de gros une gousse de vanille. Moulez-le dans un vase grains de raisin muscat bien épepiné et quelques en dôme; renversez-le sur un plat; et, quand il filets d'angélique conſite. Achevez ce plat comme est froid, masquez-le également de marmelade il est dit précédemment, et servez avec une sauce d'abricots bien transparente, et placez une déco- liée au vin d'Alicante ou à la Malvoisie. ration dessus et autour avec des pistaches, de l'an- gélique, des raisins de Corinthe, du verjus et des Riz au lait d'amandes. En cherchant cerises confites. cet article à celui des Potages maigres, on y Gâteau de riz au caramel. Vous prépa- verra qu'une demi-livre d'amandes douces et six rez huit onces de riz de la manière accoutumée; doit employer deux pintes de mouillement. Après amandes amères suffisent pour un potage où l'on mais vous faites cuire le sucre au caramel, et y avoir bien pilé les amandes dans un mortier, vous mêlez une cuillerée de fleur d'oranger pralinée. les mettez dans une casserole sur le feu, et les Lorsqu'il est froid, vous le faites dissoudre avec un demi-verre d'eau bouillante, et le versez ensuite mouillez avec deux pintes d’eau de pluie ; vous un demi-verre d'eau bouillante, et le versez ensuite les placez ensuite dans une serviette fine, où dans le riz, que vous moulez comme le précédent; puis, après l'avoir renversé sur son plat, vous le sorti; failes cuire du riz avec le lait d'amandes, et vous les pressez jusqu'à ce que tout le lait en soit glacez de sucre en poudre, que vous faites fondre en posant dessus le fer à glacer, ce qui donne une de miel de Narbonne épuré. n'omeltez pas, en le sucrant, d'y ajouter un peu couleur brillante à la surface du gâteau, que vous servez le plus promptement possible. Riz à la turque. Choisissez une livre de On peut, au lieu de glacer ce gâteau, le mas bon riz que vous laverez à plusieurs eaux ; après quer de marmelade d'abricots, et semer par-dessus l'avoir fait blanchir à grande eau et égoutter, vous des macarons amers pulvérisés. le mettez dans une casserole et le faites crever RIZ ( 426 ) ROG de avec du bon consommé; il faut le mouiller très ROAST-BEEF ou ROSBIF (V. pages 21 peu ; votre riz à moitié cuit, joignez-y un peu de et 83). safran en poudre, un morceau de beurre fin, la moelle de bæuf fondue, un peu de glace de vo ROBINE, nom d'une poire connue sous le laille ; manjez le tout ensemble, et servez dans une nom d'Averat, sous celui de Muscat d'aout, soupière ou sur un plat avec du consommé cla et même sous le nom de Royale. On la regarde rifié. comme une poire parfaite; elle est de la grosseur Riz à la créole. Vous prenez deux bons et de la figure de la bergamote, c'est-à-dire ronde poulets que vous coupez comme pour les mettre en et plate; sa queue est longuette, assez droite et un fricassée ; vous les passez au beurre, assaisonnés peu enfoncée; l’æil aussi est un peu en dedans ; d'un bon bouquet garni de deux clous de gérofle, sa chair est cassante sans être dure, son eau su- dix petits piments enragés bien écrasés ou pilés, crée et parfumée , son coloris jaunâtre et sa peau et d'une pincée de safran; vous mouillerez vos douce; elle ne mollit presque point, qualité im- poulets avec du bouillon, en y ajoutant trente portante, et presque unique en fait de poire d'été; ognons que vous avez émincés le plus également son mérite ne se réduit pas à être mangée crue, possible, en observant d'en retirer les bouts et les elle est encore excellente en pâte et en compote. cæurs; faites frire votre ognon bien blond; égout- tez-le et mettez-le à cuire avec vos poulels, en fai- ROCAMBOLE, plante bulbeuse de la famille sant bouillir le tout à grand feu ; vous lavez une des alliacées. Le grand usage qu'en font les Na- livre de riz, et vous le faites blanchir ; vous faites varrais lui a fait donner le nom d'échalote d'Es- cuire votre riz dans de l'eau, de manière à ce qu'il pagne. Nous l'employons dans les aliments de la soit à peine crevé; vous servez vos poulets dans même manière que l'ail; mais il ne faut jamais une terrine, et votre riz dans une autre, en ob- omettre de faire blanchir les rocamboles à l'eau servant de ne pas dégraisser les poulets; il faut bouillante avant de s'en servir, attendu que celles que leur sauce soit un peu longue sans être liée. de nos contrées ont presque toujours un goût de Riz à l'italienne, - On fait crever une livre d'un assaisonnement. verdeur et d'âcrelé qui dominerait sur tout le reste de riz bien lavé; on râpe une demi-livre de lard; on a un chou de Milan que l'on émince et que l'on ROGNONS, La chair des roguons a cela de fait suer avec le lard, assaisonné de persil haché, particulier qu'elle ne s'attendrit jamais par la cuis- ail, sel, poivre et quelques graines de fenouil; son. Nous avons conseillé de ne jamais employer quand le chou a été étouffé pendant trois quarts les rognons du bæuf, attendu que le parenchyme d'heure, on mel le riz dedans avec très-peu de mouillement, afin que le riz soit à peine couvert; en est presque toujours pierreux, et que la sub- on le laisse ainsi cuire un quart d'heure, et on le Voyez ce que nous en avons dit dans notre cha- stance en est pourvue d'une saveur trop forte. sert avec du fromage parmesan râpé. pitre sur le bouf, à la page 88. Riz à la chancelière (recette de la prési- dente Fouquet). -- « Mettez dans une grande Rognons de mouton à la brochette. v huguenote de terre, qui doit être plus haute que les avoir mouillés, fendez-les légèrement à l'op- Procurez-vous douze rognons de mouton ; après » large, une demi-livre de riz bien lavé à six caux » tièdes, une demi-livre de sucre en poudre, un posé du nerf; ôtez-en les peaux qui les envelop- » quarteron de beurre tout frais, trois cuillerées pent, et achevez de les fendre sans les séparer ; » de miel blanc, une petite cuillerée de fine pou-chette de bois, en sorte qu'ils ne puissent se refer- passez au travers, de quatre en quatre, une bro- dre de cannelle, et puis enfin deux pintes de lait » très-nouveau; enfournez la huguenote en met- les ; faites-les griller, ayant soin de les retourner mer; trempez-les dans du beurre fondu; panez- » tant le pain au four, et laissez-y cuire le riz jus à propos ; quand ils sont cuits , retirez-en les bro- » qu'à l'heure où l'on défournera le gros pain de » douze livres. Notez bien qu'il faut que le haut chettes, et dressez-les sur un plat; meltcz dans » du vase soit assez vide et longuement exhaussé, tre-d'hôtel froide (V.ce mot); faites chauffer vo- chacun gros comme la noitié d'une noix de mai- » pour que le lait, en bouillant par la grande cha- » leur du four, ne puisse sortir de la huguenote ct tre plat, et exprimez dessus le jus d'un citron. » se trouve obligé de retomber toujours sur le riz. Rognons de mouton au vin de Cham- » Madame la chancelière de Pontchartrain a vécu pagne. - Supprimez les peaux de douze rognons; » long-temps de cette nourriture agréable aussi émincez-les; mettez dans une casserole gros de » bien que légère, et très-salubre aux inflamma beurre comme un qul, avec vos rognons assaison- » tions de poitrine et d'estomac. » nés de sel, poivre, muscade, persil haché et cham- ROS ( 427 ) ROT pignons; faites-les sauter à grand feu; lorsqu'ils ROSSANE. Les jardiniers appellent de ce sont raidis, vous y mettez une cuillerée à bouche nom toutes les pêches ou les pavies qui sont de de farine et un verre de vin de Champagne, que couleur jaune. La meilleure espèce de rossane cst vous avez fait bouillir avec deux cuillerées d'espa- celle que l'on nomme persère ; on l'emploie sou- gnole réduite; remuez-les sur le feu sans les lais vent pour foncer des tourtes d'entremets, ainsi ser bouillir ; au moment de servir, ajoutez-y gros que les pêches tardives et les brugnons. comme une noix de beurre fin et un jus de ci- tron; servez alors avec des croûtons autour. ROSSOLIS, liqueur distillée dont nous avons donné la meilleure formule à la page 299 de notre Rognons de mouton sautés. — Ayez douze chapitre des liqueurs. rognons de mouton; retirez-en les peaux comme ci-dessus ; fendez-les en deux; posez vos moitiés | ROTI. Le rôti bien conduit retient, pour ainsi sur un sautoir, avec du beurre fondu, sel et poi- dire, toutes les parties solubles de la chair, il est vre; faites-les aller à grand feu ; quand ils seront couvert d'un enduit de couleur brune, et dont le assez raidis d'un côté, retournez-les et faites-les goût est assez analogue à celui du caramel ou du cuire de même; dressez vos rognons sur un plat, sucre brûlé : cet enduit donne au suc de la viande avec autant de croûtons de pain passés au beurre; une teinte réduite et une saveur apétissante. Le meltez dans votre sautoir un morceau de graisse, rôti est nourrissant et tonique; beaucoup d'esto- deux cuillerées d'espagnole réduite; faites bouillir macs s'en accommodent mieux que de toute autre votre sauce; finissez-la avec gros comme un euf préparation. Les viandes brunes, rôties, donnent de beurre fin et un jus de citron, saucez vos ro- un jus d'autant plus foncé que leur osmazôme est d'une couleur plus forte ou plus abondante; les gnons. Servez, viandes blanches fournissent un suc plus pâle, et Rognons de veau sautés. - Émincez des leurs vertus toniques sont en proportion de leurs rognons de veau dont vous aurez ôté les peaux et qualités naturelles exaltées par l'action du feu ; les la graisse, et mettez-les sur un plat à sauter avec viandes les plus visqueuses ont, plus que les au- du beurre, sel, poivre, muscade, échalotes et per- tres, besoin d'être rôties, et les cochons de lait, sil hachés, et des champignons cuits; faites sauter l'agneau, le chevreau, et même le veau , lorsqu'il vos rognons sur un feu très-ardent; ajoutez-y un est très-jeune, ne peuvent guère se manger que peu de farine, du vin blanc, quelques cuillerées de cette manière. de sauce espagnole réduite. Au moment de servir, Les viandes qu'on fait rôtir ne doivent pas être mettez dans les rognons un peu de beurre bien saisies trop brusquement par le feu; mais aussi frais et un jus de citron. elles ne doivent pas languir. Les viandes noires, Les rognons de veau se font aussi cuire à la broche et au four ; il faut alors laisser la graisse. l'intérieur ; si on dépasse ce terme, si la chair a sans aucune exception, doivent rester rouges à Les rognons de veau ne s'emploient ordinairement pris partout une teinte brune égale, elle est privée que comme garniture dans les tourtes, omelettes de son jus, elle est desséchée, elle est moins sa- et rôties. pide et moins digestible. Les viandes blanches exi- Les rognons d'agneau et les rognons de coq re- gent une cuisson plus égale : toute teinte rosée çoivent également plusieurs préparations que nous doit avoir disparu; mais au-delà de ce terme, elles avons suffisamment indiquées dans le courant de perdent bientôt de leur qualité en se desséchant. cet ouvrage, Le point où leur cuisson est parfaite est assez diſ- ROQUEFORT (fromage de), sorte de fro- ficile à saisir; on ne peut assigner à cet égard au- mage opéré par un mélange de lait de chèvre et de cune règle tout-à-fait certaine. Il n'y a en cela lait de brebis, lequel se fabrique à Roquefort en d'autre guide que l'expérience et une espèce de Rouergue. Voyez, sur la prééminence et la supé- tact instinctif qui n'est pas commun. riorité de cet excellent produit français, l'article ROTIES, tranches de pain qu'on fait rôtir et que nous lui avons consacré dans notre chapitre sur lesquelles on sert différentes substances, mai- sur les fromages de luits mélangés, pages 239 gres ou grasses. et suivantes. Rôties de rognons de veau pour hors- ROSE DE PROVINS, MUSCATE et DE BATAVIA. d'auvres (V. page 6). Voyez, relativement à l'emploi de celle fleur en Rólies de rognons de veau pour entremets. gastronomie, nos articles sur la pharmacie domes Hachez le rognon avec sa graisse, un peu de tique, sur la distillation des végétaux, la manipu- persil, de l'écorce de citron vert et du sucre; pilez lation des dragées ou pastilles, et la composition le tout dans un mortier; faites de petites rôties : des ratafias et liqueurs. couvrez-les d'un peu de farce; posez-les sur une ROT ( 428 ) ROU tourtière beurrée; mettez la tourtière au four ou de ris de veau , crêtes et culs d'artichauts coupés sous le four de campagne, pour faire prendre cou en dés; passez des champignons en dés; mouillez leur aux rôties; ensuite saupoudrez-les de sucre de jus; mettez-y le salpicon; faites cuire le tout et glacez-les avec la pelle rouge. avec du blond de veau ; assaisonnez et liez sur la On peut aussi les assaisonner de sel et de poivre, fin avec des jaunes d'æuſs, peu de sauce; laissez et les paner avec de la mie de pain qu'on arrose refroidir; garnissez ensuite vos rôties; frottez-les de beurre tiède. d'æufs battus; faites frire, et servez avec une sauce On fait de même des rôties avec du blanc de au blond de veau réduit. volaille haché et pilé : en y ajoutant de la mie de Rôties de chapon. Faites une farce de pain trempée dans de la crème et des jaunes chair de chapon , avec sauce et citron vert ; for- d'eufs. mez vos rôties glacées, et faites frire comme les Rôties à la provençale, — Coupez des tran- précédentes. ches de pain sans croûtes ; faites-les frire à l'huile; Rôties de foies gras. Passez les foies gras quand elles sont frites et égouttées, fendez en deux à la poêle; hachez-les ensuite avec du lard, quel- des anchois dessalés, et arrangez-les sur les rô- ties ; ajoutez de gros poivre et de bonne huile; ques champignons, fines herbes, sel et poivre ; le reste à l'ordinaire. seryez avec un jus de citron ou de bigarade, Rôties à la hollandaise. Hachez des an- Rôties de poisson. — Hachez de la chair de chois avec persil, ciboules, ail, échalotes, le tout carpe avec persil, écorce de citron vert; pilez le mêlé de bonne huile ; étendez cette farce sur les beurre et de sel, quelques jaunes d'oeufs et mie tout avec biscuit d'amandes amères, un peu de rôties ; dressez-les dans un plat avec huile, poivre de pain trempée dans la crème ; mettez de cette concassé et jus de bigarade ou de citron. farce sur des rôties que vous mettez au four ou Rôtics à la moelle. Faites des abaisses de dans une tourtière; faites prendre couleur; sucrez pâte d'amandes, comme des rôties, avec un petit et glacez avec la pelle rouge, et servez pour en- rebord; faites-les cuire au four; couvrez-les d'un tremets ou pour garniture. peu de crème à la moelle bien délicate; unissez avec de l'auf battu ; glacez-les, et servez chaud. ROUELLE, tranche de viande coupée en tra- Rôties à l'anglaise. - Coupez en deux mor-jarret. On fait un grand usage en cuisine de la vers dans la partie de la cuisse qui avoisine le ceaux des ris de veau blanchis , avec champignons rouelle de veau (v. cet article). et jambon; passez-les au beurre; mouillez avec jus et bouillon, et, quand le ragoût est à demi cuit, ROUGE DE RIVIÈRE, oiseau sauvage et liez-le avec du coulis; laissez réduire presque à aquatique qui ressemble au canard, mais plus pe- sec, et liez encore de trois jaunes d'æufs; mettez tit et d'un goût plus délicat. On le sert assez or- sur chaque rôtie de ce ragoût ce qu'elle en pourra dinairement pour plat de rôt, après avoir été tenir, et par-dessus des petits eufs; trempez les flambé et vidé. On peut aussi lui faire subir toutes rôties dans de l'auf battu; faites frire et servez à les préparations du canard. sec ou avec une essence d'anchois. Rouge de rivière au jus de bigarade Rôties au jambon.- Coupez plusieurs tran- | (V. CANARD SAUVAGE, ALBRAN, etc.). ches de jambon égales; faites-les dessaler pendant deux heures, et faites-les suer ensuite; quand elles ROUGES-GORGES, petits oiseaux de pas- s'attacheront, mouillez d'un coulis de veau et de sage dont la poitrine est couleur d'orange, et dont jambon ; faites bouillir un peu de cette sauce; dé- nous avons suffisamment parlé dans notre article graissez-la et la passez au tamis; mettez-y un fi- PETITS OISEAUX, à la let de vinaigre et du gros poivre; coupez des rô- ties de la grandeur de vos tranches de jambon ; ROUGET, excellent poisson dont la meilleure possez-les au beurre de belle couleur; dressez vos espèce est celle de la Méditerranée. La meilleure tranches, et arrosez-les de la sauce ci-dessus. manière de préparer les rougets, c'est de les vi- Rôties de bécasscs. Hachez la chair et le der par les ouïes sans les écailler, de les faire dedans des bécasses fort menu, avec sel, poivre, griller sur de la cendre rouge et de les servir avec lard, le tout mêlé; faites vos rôties à l'ordinaire, des boutons de capucines confites, ainsi que les une sauce blanche, où l'on ajoute des câpres et et faites-les cuire à petit feu sous la tourtière ; foies des rougets bien écrasés. servez avec un jus de citron. On les fait souvent cuire au court-bouillon; Rôties à la Richelieu, - Faites un salpicon mais nous ne le conseillons pas, parce que la cuisson page 350. SAF ( 429 ) SAF sur le gril est, de toutes les préparations essayées Servez avec une sauce piquante ou sur une pu- sur les rougets, celle qui leur réussit le mieux. rée de tomates. ROULADE, tranche de viande aplatie que l'on ROUX, farine frite dans le beurre ou dans la recouvred'une farce, et qu'on roule en forme de sau- cisson, pour la faire cuire à la broche ou à l'étuvée. graisse, dont on se sert pour colorer et lier les Roulade de bæuf ou de veau à l'ancienne sauces, et pour en relever la sapidité. On passe les viandes au roux avant de les faire mode.- Laissez mortifier un cuisseau de veau de cuire à l'étuvée, à la braise, etc. Pontoise ; levez-en toutes les noix; ôtez toutes les L'action du beurre ou de la graisse bouillante peaux et coupez le maigre par tranches minces ; sur les viandes opère à leur superficie à peu près battez ces tranches avec un couperet ; étendez en le même effet que l'action du feu lorsqu'on les met suite sur une table une crépine de veau trempée à la broche. Elle en augmente la sapidité, et, en dans l'eau fraîche; couvrez-la avec les tranches de coagulant l'albumine, elle retient à l'intérieur une veau que vous couvrez de lard râpé et de jambon partie des sucs, qui sans cela se délaieraient dans pilé, avec sel, poivre, gérofle, cannelle, muscade les mouillements. râpée, coriandre écrasée, persil, ciboules, écha- lotes, un peu d'ail, thym, basilic, champignons, Roux brun et roux blanc (V. SAUCES). tétine de veau en filets, ris de veau et bon beurre; roulez ensuite le tout comme une andouille ; fice ROYALE, dénomination qui s'applique à plu- lez les deux bouts et le milieu; couvrez de bardes sieurs fruits, et notamment à la meilleure espèce de de lard ; traversez la roulade avec un attelet et atta- pêche, laquelle n'est pas d'un aussi beau volume que chez-la sur la broche, enveloppée de papier beurré; l'admirable; mais dont la saveur est préférable faites cuire à petit feu en l'arrosant de temps en encore à celle de la belle Chevreuse et du bru- temps; lorsqu'elle est cuite, ôtez la barde pour lui gnon blanc. On ne saurait assez recommander faire prendre couleur. la culture de cet excellent fruit. S. SABAYON, crème aux aufs et au vin blanc , et faites-les sécher à l'étuve, ainsi que nous l'a- sucré, dont l'origine est sabaudienne ou savoyarde, vons formulé page 175 et suivantes. ainsi qu'il paraît à son nom. On la sert ordinaire- ment dans des petits pots ou des tasses à sorbet, Mousse au safran. Faites bouillir de la conjointement avec un biscuit de Savoie. Pour la crème double avec un peu de fleur d'orange sèche préparation de cette crème cuite et soufflée, voyez de bon safran du Gâtinais; cette composition étant et pulvérisée, et mêlez-y 'une assez forte décoction page 188. refroidie, fouettez-la vigoureusement avec le fouet SAFRAN. Ce sont les pistils desséchés d'une de buis; dressez-la dans vos gobelets à mousses; espèce de crocus. Dans le Gâtinais et dans les en- | mettez-les dans la glace, où vous les maintiendrez virons de Paris, on récolte du safran qui est d'une jusqu'au moment de les servir. C'est un de ces qualité très-supérieure. On l'employait ancienne- plats de campagne ou de nécessite, qui, dans ment dans presque toutes les préparations de la les repas nombreux, ont le double avantage de cuisine française; mais on ne s'en sert aujour- faire nombre et de mettre de la variété dans le ser- d'hui que pour la composition des babas, du pi- vice des entremets au sucre. lau, du riz à l'africaine et du scubac (V. pages 40, Pastilles de safran. Faites fondre une 51, 299 et 377). once de gomme arabique avec une livre de sucre Conserve au safran. Faites cuire du su en poudre, où vous ferez immiscer une once de cre à la petite plume; mêlez-y du safran torréfié safran du Gâtinais bien grillé et bien pulvérisé ; et réduit en poudre; ajoutez-y un peu de liqueur faites avec le tout une pâte consistante, mais assez de scubac d'Irlande; puis dressez vos conserves ! maniable pour que vous puissiez en former des SAI ( 430 ) AL page 254. tablettes en forme de pastilles ; vous les achèverez SAINT-GERMAIN, autre poire qui n'est à l'ordinaire, ainsi qu'il est formulé page 215. pas moins estimée que la précédente, et que les L'effet de ces pastilles est très-satisfaisant dans tous officiers classent toujours au nombre des meilleurs les cas d'embarras gastrique et de calcul bilieux. et des plus beaux fruits à la main; ce qui doit signifier que la cuisson ne lui réussit pas. SAGOU, substance féculente qu'on trouve abondamment parmi les fibres qui composent le SAINTE-MÉNÉHOULD (sauce à la) tronc d'une espèce de palmier. C'est un aliment (V. page 274). nutritif et léger qu'on prescrit souvent aux per- sonnes convalescentes ou valétudinaires. Relative SALADES. Les salades se composent de plan- ment à la préparation du sagou, voyez POTAGES les potagères auxquelles on ajoute quelques her- COMPOSÉS. bacées aromatiques, et qu'on assaisonne avec du sel, du poivre blanc, de l'huile, du vinaigre, et SAINDOUX. On appelle ainsi la graisse de quelquefois de la moutarde ou du soya. porc fondue dont on se sert pour opérer des fri Les salades varient suivant les saisons. On com- tures, ainsi que pour décorer la base ou les socles mence à manger les chicorées vers la fin de l'au- massifs de certains gros entremets froids. Relati tomne, et l'on ne mêle habituellement à celte es- vement à la manutention du saindoux, voyez à l'ar-pèce de salade aucune herbe de fournitures ticle CHARCUTERIE, page 142, ct relativement à (V. pages 225 et 277). On se contente de mettre son emploi gastronomique, voyez FRITURE, à la au fond du saladier une petite croûte de pain ras- sis frottée d'ail, ce qui suffit à l'assaisonnement de cette salade. Socles en saindoux. Ayez trois livres de Un peu plus tard, on emploie la scarole, sorte belle graisse de rognon de mouton bien ferme et de chicorée qui, pour être un peu moins tendre, bien blanche; retirez-en les peaux et filaments; ha- n'est pas moins savoureuse que la chicorée ordi- chez cette graisse et faites-la fondre sur un feu naire, et qui s'apprête également sans fourni- doux; quand elle aura bouilli vingt minutes, ajou- tures. tez-y six livres de saindoux que vous ferez fondre Les salades qu'on sert le plus communément et chauffer avec cette graisse, et puis passez tout en hiver se composent presque toujours avec des au travers d'un linge neuf, en en recevant le pro- mâches, des 'raiponces et du céleri coupé en bà- duit dans une grande terrine; laissez refroidir cet tonnets. Le céleri s'emploie aussi quelquefois tout appareil , et puis fouettez-le à tour de bras avec un seul en salade, et l'on doit servir à proximité du fouet à blanc d’æuf ; quand il aura pris assez de saladier qui le contient de l'huile battue avec de consistance, ajoutez-y de la décoction de bleu de la moutarde et du soya. Prusse ou de l'indigo broyé; joignez-y le suc de Le cresson de fontaine est encore une salade deux citrons, et battez le tout avec deux spatules d'hiver. Il est bon d'y mélanger des tranches de croisées. Vous vous servirez de ce mélange pour betterave et quelques filets d'olives tournées. modeler un socle, afin de supporter une galan C'est à la fin de l'hiver qu'on voit paraître une tine, un jambon froid , un filet de biche ou autre espèce d'endive appelée vulgairement barbe de ca- grosse pièce de la même nature. Vous pourrez co- pucin. On l'assaisonne comme la chicorée blanche, lorier le même saindoux avec du carmin, du sa- et, quand on veut ralliner, on y mélange des fleurs fran, de la cochenille ou du vert d'épinards, afin de violette avec un peu d'iris de Florence en pou- de l'employer par compartiments variés de cou- dre. La petite chicorée sauvage ne saurait être re- leur. Les aides-officiers décorent souvent ces sor- commandée qu'en sa qualité d'aliment sanitaire tes d'appareil avec de légères et fines découpures et dépuratif. de betteraves rouges ou de tranches de carotte La laitue paraît habituellement au commence- cuite, aussi bien qu'avec des feuilles de persil, de ment du carême; mais, comme elle est venue cerfeuil et d'estragon, dont ils composent des ro sous bàche, elle est tout-à-fait dépourvue de saces et des guirlandes qui sont quelquefois très-sapidité. C'est à peu près vers le temps de Pâques joliment dessinées. que les laitues hâtives commencent à pommer. C'est de toutes les salades celle qu'on aime le SAINT-AUGUSTIN. Madame Fouquet re- mieux et le plus généralement. On y met des Commande beaucoup la culture de cette espèce herbes de fourniture, des muſs durs coupés par de poire, qui mûrit vers la fin de septembre, et quartiers; quelquefois des huitres marinées, des qui est un des plus beaux ornements d'un queues de crevette, des æuſs de tortue, des filets noble dessert. d'anchois , des olives farcies et quelquefois aussi SAL ( 431 ) SAL des achards ou du soya de la Chine. Cette salade mieux appropriées dans tous les cas d'irritation exige beaucoup d'huile, et l'huile verte d’Aramont pectorale, gastrique ou abdominale (V. POTAGES, est la meilleure que l'on puisse employer pour son et PHARMACIE DOMESTIQUE à la fin de ce vo- assaisonnement. lume). Vient ensuite la laitue romaine, moins tendre et moins aqueuse que la précédente, mais qui est SALÉ (petit) (V. CHARCUTERIE, page 142, pourvue d'une saveur sucrée, et qui, lorsqu'elle et V. aussi l'article COCHON, pages 159 et sui- est panachée, peut constituer une salade de dis- vantes). tinction. On y mélange des fournitures, mais dans aucun cas on ne la sert avec des cufs durs. SALICOQUE, petite écrevisse de mer d'un On compose aussi des salades en macédoine excellent goût, et dont on fait les mêmes emplois avec des légumes et des racines cuites et coupées que de la crevette rouge et de la chevrette grise en tranches déliées, tels que haricots blancs et (V. CREVETTES, à la page 191). verts, lentilles braisées, petits ognons cuits sous la cendre, rouelles de betterave, de salsifis, de SALYBUB, sorte de breuvage anglais dont pommes de terre, de carottes et de culs d'arti- | le sieur du Noyer rendait compte en ces termes-ci chauts, pointes d'asperge, cornichons confits, liges le 18 août 1671. On sait que M. de Chauvan du de fines herbes, câpres, filets d'anchois, jaunes Noyer était un touriste du xvire siècle ; mais nous d'æufs de basse-cour ou de gibier, lames de pouvons certifier qu'il n'y a rien presque de thon mariné, olives farcies, truſfes cuites, etc. changé dans la préparation du salybub. On fait aussi des salades de poissons et de vian « En nous promenant dans ce beau verger des cuites, ainsi que nous avons eu l'occasion de » d'Epping, la comtesse de Castelmaine ordonna l'indiquer précédemment (V. page 289); mais » de lui faire du salybobe, et l'on s'empressa d'en- on doit employer préférablement à cet usage la » Foyer au château pour en rapporter les choses chair des poulets gras ou des perdreaux cuits à la » nécessaires. Ceci consistait dans une grande bas- broche et refroidis. Il est bon de les faire mariner »sine de porcelaine chinoise à oreilles d'argent, pendant quelques instants à l'huile et au vinaigre » au fond de laquelle on mit sous nos yeux une avant de les adjoindre au reste de la salade. » bonne quantité de sucre blanc réduit en poudre M. Chaptal a bien voulu nous enseigner, pour ac- » à l'avance, et puis après deux grands flacons de commoder la salade, une méthode qui a toujours été » vin des Canaries par-dessus ledit sucre, en les vulgairement employée dans tout le nord de l'Eu- » démêlant jusqu'à ce que le vin ne parût plus rope, et ceci n'empêche pas qu'on n'en fasse hon- » trouble, signe assuré que le sucre était suffisam- neur à cet illustre académicien. La chose consiste » ment bien fondu. Alors, et je n'en pouvais croire à saturer la salade avec de l'huile assaisonnée de » mes yeux, tandis que MM. de Grammont et de poivre et de sel, avant d'y mettre le vinaigre, ce » Saint-Évremont ne pouvaient s'en taire et se dont il résulte que la salade ne saurait jamais être » défendre d'en rire, on plaça ladite bassine entre trop vinaigrée, par la raison que si l'on a mis trop » les jambes de derrière et sous le pis d'une grosse de vinaigre dans une salade, ainsi qu'il arrive sou » vache qui se trouvait en pâture au même endroit vent, comme chacun sait, on n'a jamais à s'en re » du verger où nous étions; et là, voici qu'une pentir, parce que le vinaigre se réunit tou » servante laitière se met à traire la vache au-des- jours au fond du saladier, où M. Chaptal a calculé » sus de la bassine, où le lait tombait tout chaud très-judicieusement qu'il devait retomber en vertu » en gargouillant et moussant de son mieux. On des lois de sa pesanteur spécifique à l'égard de » en remplissait vivement des coupoles avec une l'huile. » large cuillère d'orfévrerie dorée, et je vous puis Nous prendrons la liberté d'ajouter à ceci qu'il » affirmer que c'est une excellente boisson. M. de ne faut jamais essayer de faire fondre le sel dans >> Saint-Eyremont ne l'estimait pas, disait-il ; mais le vinaigre, parce qu'il ne s'y dissout qu'impar- » il me parut que M. le chevalier de Grammont et faitement, et qu'il ne saurait jamais se trouver re- » mademoiselle de Jenning la goûtaient de fort parti bien également dans la salade. Il vaut beau » bon accord; un coup n'attendait pas l'autre; et coup mieux mélanger le sel avec l'huile, attendu » madame de Castelmaine en put avoir si peu , qu'il n'a pas besoin d'être fondu pour être égale- » qu'elle annonça la résolution d'en recommander ment réparti. >> pour son après-diner. » Cette miladie nous apprit alors que, pour faire SALEP, sorte de farine qui provient des bul- » le même salybobe, on mettait parfois du lait tout bes de quelques espèces d'orchis. C'est une des frais et tout chaud dans une haute et large cru- substances alimentaires les plus béchiques et les 'che à bec, et puis qu'un garçon du logis grim- SAN (432) SAN » pait en haut d'un arbre avec ladite cruche, d'où que vous pourrez ; coupez ces vingt-quatre tar- » il faisait ruisseler tout ce lait dans la bassine tines le plus mince possible, mettez-en douze sur » qu'on plaçait à terre et au-dessous de lui, le plus un linge blanc, émincez soit du maigre de veau »justement qu'on pouvait, ce qui n'empêchait rôti, soit du filet de bæuf, rosbif , jambon cuit, » point qu'il y eût souvent de ce lait perdu. Mais il langue à l'écarlate, volaille rôtie, gibier, poissons » m'est avis que cette dernière méthode ne saurait secs, etc. ; rangez ces lames de viande sur vos » être usitée que par forme de gaîté rurale et de douze tartines, poudrez-les d'un peu de sel blanc; » passe-temps champêtre, et l'on convient ici que recouvrez vos viandes avec les douze autres tar- » le salybobe est d'un aloi beaucoup meilleur en tines, coupez-les en petits carrés et servez-les » suivant la première façon terre à terre au lieu de pour hors-d'œuvre. » celle-ci. » (Supplément aux lettres de ma Relativement aux diverses manières de compo- dame du Noyer, page 91.) ser les sandwichs, consultez le chapitre des HORS- D'OEUVRES, page 278 et suivante. SALMIS, préparation qui peut s'appliquer à tout le gibier à plumes dont on trouvera la no SANG. Le sang des animaux est composé des menclature à la page 199. Quant à la manière de mêmes principes que leur chair, sauf la gélatine; faire les différents salmis (V. page 55 et sui- car il contient, ainsi que leurs parties charnues, vantes). de la fibrine, de l'albumine et de l'osmazôme. On mange le sang de quelques animaux assaisonné de SALPICON, sorte de ragoût composé de diverses manières, et principalement sous la forme plusieurs viandes coupées en petits cubes et mé- de boudin : le sang, ainsi préparé, est très-nutri- langées avec des truffes ou des champignons , qui tif, et serait plus facilement digestible, si on n'avait doivent être également hachés en forme de dés et pas l'habitude d'y mélanger des substances grais- d'égale grosseur (V. ci-dessus à l'article RA- seuses. Le sang est un aliment fort tonique et dont GOUTS). la saveur s'exalte par l'action du feu. Il est à re- SALSIFIS, racine potagère dont on connaît marquer que sa digestion s'opère toujours avec un sentiment très-marqué de chaleur intestinale. les mots BOUDIN, CIVET et GOGUETTE. reconnaître à la couleur de leur peau qui est noire pour la scorsonère et grisâtre dans le sal SANGLIER, porc à l'état sauvage. Nous sifis commun. avons parlé du sanglier femelle à l'article LAIE, Pour apprêter les uns et les autres, on les ratisse page 285, et nous avons dit aussi que les marcas- à blanc et on les jette à mesure dans l'eau un peu sins ou jeunes sangliers se mangent rôlis à la bro- vinaigrée : on les fait cuire à grande eau avec du che, après avoir été écorchés de leur peau qu'on sel et du vinaigre; quand ils sont cuits, ce qu'on n'échaude jamais , et après avoir été piqués de reconnaît quand ils cèdent sous le doigt, on les fins lardons assaisonnés de haut goût. retire, on les égoutte et on les sert avec une sauce Les jambons, les quartiers du devant, la hure au beurre. et les filets du sanglier sont les morceaux les plus On les sert aussi au gras; et, pour lors, faites honorables de cette bête noire. On en fait des côte- un roux léger; mouillez avec du jus ; faites ré-lettes, ainsi que du porc, et l'on en mange égale- duire et mettez-y vos racines. ment des boudins, la queue et les pieds, ce qu'on Pour les mettre en friture, on les fait cuire dans appelle les menus-droits de vautrait. une eau plus fortement vinaigrée, on les trempe dans une bonne pâte, et on les fait frire dans du Jambon de sanglier (V. page 160). beurre affiné suivant la méthode ordinaire. Hure de sanglier (V. page 162). Les salsifis à la béchameil, au beurre d'anchois, à la moelle et au coulis de jambon sont des entre- Menus-droits de sanglier (V. page 163), mets fort honorables. On les emploie aussi dans Andouilles, boudins et cervelas de san- les salades cuites, et nous avons formulé plus haut glier (V. pages 28, 90, 136 et page suivante). la recette d'un potage aux salsifis dont l'au- teur de la Physiologie du goût avait entendu Côtelettes de sanglier à la Saint-Hubert. parler favorablement, nous dit-il. Étant coupées et parécs, vous les sautez au beurre avec du sel et du poivre sur un feu très- SANDWICHS ou TARTINES A L'ANGLAISE. - vif; lorsqu'elles sont cuites des deux côtés, vous Prenez un pain rassis de pâte ferme ; coupez-le par les dressez en couronne; puis vous mettez daus le le milieu, étalez dessus du beurre frais, le moins ! plat à sauter un verre de vin blanc, autant de SAN SAR ( 433 ) sauce espagnole ; vous ferez réduire et verserez | pine de vin blanc et du bouillon ; faites suer à pe- celle sauce sur vos côtelettes. La sauce espagnole tit feu six ou sept heures; ensuite laissez refroidir peut se remplacer par un roux que l'on mouille dans la cuisson, et servez pour gros entremets avec du consommé. froid avec un pot de gelée de groseilles rouges à proximité de votre plat. Filet de sanglier au chasseur. - Parez un filet de sanglier et faites-le mariner pendant Sanglier à la mode (V. Bauf à la mode, deux jours au moins ; puis faites-le égoutter, et page 81). mettez-le dans une casserole avec des bardes de Marcassin farci à la sauge verte (V. Co- lard, des parures de viande, carottes, ognons, sel, chon de lait à l'anglaise, page 161. poivre, bouquet garni; mouillez le tout avec une égale quantité de vin blanc et de consommé, et Marcassin en civet, - à la royale, donnez deux heures de cuisson. Faites ensuite à la Saint-Denis, à la Charles IX, égoutter le filet; glacez-le et le dressez sur une à la bourguignonne (V. pages 293, 294 et sauce piquante. 295). Cuisse de taie ou quartier de sanglier à SARCELLE, petite variété du canard sau- la royale. Une cuisse de laie étant bien vage, dont la chair est assez nutritive et de fort flambée et suffisamment échaudée, désossez-la bon goût. On les mange habituellement en plat jusqu'à la jointure du manche; piquez-la de gros de rôt, et, parmi les autres manières de les ser- lardons bien assaisonnés d'épices et d'aromates vir, voici quelques préparations les mieux appro- pilés ; mettez-la ensuite dans une terrine avec priées à leur substance. beaucoup de sel, du poivre, genièvre, thym, lau- rier, basilic, ognon, persil, ciboule ; vous laisserez Sarcelles à la normande. - Levez les filets mariner cette cuisse quatre ou cing jours; lors- de plusieurs sarcelles que vous aplatissez et battez que vous voudrez la faire cuire, vous ôlerez de avec le dos d'un couperet; vous les placez dans l'intérieur de ladite cuisse les aromates qui y se- un sautoir , vous les assaisonnez de sel, de gros ront; vous l'envelopperez dans un linge blanc; poivre, une petite pincée d'aromates pilés; faites vous la ficellerez eomme une pièce de bæuf; vous tiédir ensuite un morceau de beurre, et versez-le la mettrez dans une braisière avec la saumure dessus; vous ferez suer vos débris avec un verre dans laquelle elle a mariné, six bouteilles de vin de vin blanc; quand ils seront tombés à glace, blanc , autant d'eau , six carottes, six ognons, vous y mettrez plein une cuillère à pot de con- quatre clous de gérofle, un fort bouquet de persil sommé; vous ferez mijoter pendant une heure, et ciboule, du sel, si vous croyez que la saumure et vous passerez votre suage au tamis de soie ; ne suffise pas pour lui donner un bon sel; vous la vous mettrez dans une casserole plein quatre ferez mijoter pendant six heures; vous la son- cuillerées à dégraisser d'espagnole ; vous y join- dez pour vous assurer si elle est cuite, sinon vous drez votre suage, et vous la laisserez réduire à la faites aller une heure de plus ; après cela , vous moitié; vous la passerez à l'étamine ; vous y ajou- la laisserez une demi-heure dans sa cuisson, et terez un peu de zeste de bigarade et le jus de la vous la retirerez; vous la laisserez dans sa couenne; bigarade, et gros comme une noix de glace; vous si vous voulez, vous la couvrirez de chapelure, ferez bien chauffer votre sauce sans la faire bouil- ou, si cette cuisse est trop grasse, vous ôterez la lir; au moment du service, mettez votre sautoir couenne, vous la laisserez à blanc ; glacez-la ; sur un fourneau ardent ; quand vos filets sont tâchez qu'elle ait une belle forme. raidis de tous côtés, et que vous les jugerez cuits, vous penchez votre sautoir, et mettez vos filets Sanglier à ta daube. – Ayez un cuissot sur la hauteur, pour que vous ne preniez pas de sanglier que vous larderez partout avec du de beurre avec la cuillère; vous les mettez sur gros lard; après l'avoir assaisonné de sel , fines le plat en forme de buisson, et vous les arrosez épices, ail, échalotes, persil, ciboules, thym, lau- de votre sauce. rier, basilic, le lout haché très-fin, mettez-le dans Si vous n'aviez ni sauce, ni le temps d'en faire, une marmite juste à sa grandeur, avec quel vous laisserez réduire à glace le jus de vos filets; ques bardes de lard, tranches d'ognons, de ca vous Ôtez les trois quarts du beurre de votre sau- rottes, panais, un gros bouquet de persil, cibou- toir; versez plein une cuillère à bouche de farine, les , deux gousses d'ail, quatre clous de gérofle, que vous mêlez avec votre beurre; vous mettez deux feuilles de laurier, thym, basilic, sel et gros un verre de bouillon , un peu de sel, un peu de poivre; faites suer une demi-heure à petit feu, et gros poivre; faites ensuite jeter quelques bouil- mouillez avec un poisson d'eau-de-vie, une cho- | lons à votre sauce; vous la passez à l'étamine, 28 SAR ( 434 ) SAR vous pressez un citron ; și vous n'avez pas de bi- , ment; troussez-les, et passez votre ficelle avec garade, vous y mettez un peu de zeste et de glace, adresse, afin de leur donner, dans cet étal, un si vous en avez; vous tiendrez votre sauce chaude aspect gracieux et appétissant. sans la faire bouillir, et vous la verscrez sur vos Couvrez leurs estomacs d'une tranche de citron aiguillettes. que vous recouvrirez d'une barde de lard, et en- Sarcelles à la rocambole. - Après avoir suite un surtout de papier bien beurré. Il faut avoir soin de les ficeler dans cet état par les deux approprié vos sarcelles, faites-les cuire à la bro- che; faites suer ensuite une tranche de jambon : bouts, de peur que le jus ne s'échappe. Embro- chez-les toutes quatre sur un attelet que l'on at- si elle s'attache, vous la mouillerez de bouillon et de coulis ; faites bouillir et dégraissez; passez au tache à la grande broche. Une demi-heure suffit tamis; écrasez quelques rocamboles; mettez-les pour leur cuisson. dans cette essence, et servez avec les sarcelles. Au moment de servir, développez-les et débri- dez-les proprement ; vous en égoutterez le beurre Sarcelles aux choux-fleurs. Vos sar et ôterez les tranches de citron. Servez-les avec celles flambées et vidées, troussez-leur les pattes. une espagnole bien fine, dans laquelle vous ajou- Épluchez ensuite des choux-fleurs; faites-les blan terez le jus de deux bigarades. chir et cuire dans un blanc de farine avec de A défaut de bigarade, on peut employer du l'eau, du sel et du beurre. Quand ils sont cuits, citron. faites-les égoutter; mettez-les dans une bonne es- sence avec du beurre frais et du gros poivre. Sarcelles à la batelière. · Vous levez les Faites lier la sauce; dressez les sarcelles sur un cuisses, les filets et le croupion de vos sarcelles ; plat, les choux-fleurs autour, et versez la sauce vous coupez vos filets en trois dans leur longueur, sur le tout. et de la même grosseur; vous mettez un bon mor- ceau de beurre avec vos morceaux de sarcelles, Sarcelles aux navets. On les fait cuire à des échalotes hachées, du persil, du sel, du gros la broche ou à la braise, piquées de gros lard; 1 poivre, un peu de muscade râpée, dans une cas- ensuite on coupe des navets en dés, ou on les serole que vous tenez sur un feu ardent; vous tourne en olives; après leur avoir fait prendre sautez ce qui est dans votre casserole pendant dix couleur dans du saindoux, on les égoutte et on à douze minutes ; vous tâtez si vos morceaux sont les fait mijoter avec du bon jus, lié d'un bon cou- lis; après quoi, on dresse les sarcelles et le ragoût bouche de farine , que vous mêlez avec votre ra- bien raidis; ensuite , prenez plein une cuillère à par-dessus. gout; vous y mettez un verre de vin blanc; re- Sarcelles aux olives. Vos sarcelles ap- muez un instant votre ragoût jusqu'à ce qu'il ait propriées, faites-les refaire dans leur graisse et jeté un bouillon ; si votre sauce était trop liée , cuire ensuite à la broche ou à la braise. Tournez vous y ajouteriez un demi-verre de vin blanc ; des olives, et les mettez ensuite à l'eau fraîche; sitôt que votre ragoût aura jeté un bouillon, vous quand elles sont égouttées, vous les faites mijoter le retirerez du feu pour le manger tout de suite. dans une bonne essence, et vous les servez sous Si vous êtes à la ville, quand vos sarcelles seront les sarcelles. assez sautées, mellez-y la moitié d'une cuillerée de farine, le jus de deux citrons, un peu de son Sarcelles à la bigarade (recette de l'hôtel zeste , el plein trois ou quatre cuillères à dé- de la Reynière). - Rassemblez quatre sarcelles graisser de bouillon. Quand votre ragoût sera lié, jeunes et convenablement mortifiées ; qu'elles vous le tournerez sur le feu; vous regarderez s'il aient été chassées, s'il se peut, sur les côtes de est de bon sel, et vous le servirez. la Manche, et surtout dans la baie d'Élables. Vi- dez-les avec soin ; flambez-les légèrement, de SARDINES, petit poisson de mer qui se rap- manière à ne brûler que le duvet; épluchez-les proche beaucoup du hareng pour la forme et pour avec attention, et qu'il n'y reste aucun tuyau qui la saveur. On en trouve abondamment sur toutes rappelle ses plumes. les côtes de l'Océan; mais on a remarqué que Pilcz les foies des quatre défuntes avec le dos celles que l'on pêche depuis le cap Finistère jus- du couteau pour en faire une petite farce; mêlez-y qu'à l'embouchure de la Garonne sont d'une qua- un copieux morceau de beurre, du sel, du poivre, lité supérieure à celles de la Manche ou des mers quelques épices, et un peu de zeste de citron du Nord. On en prépare une immense quantité de haché. la même manière que les anchois confits à l'huile, Farcissez de ce composé vos quatre sarcelles, c'est ce qu'on appelle sardines anchoisées, de façon que leurs ventres s'arrondissent molle mais les gourmets en font aisément la différence. - SAU ( 453 ) SAU - Autant la sardine fraîche est préférable à l'an- , alimentaires, il se présentait l'inconvénient de ré- chois, autant la sardine en conserve est inférieure péter souvent la même formule ou de renvoyer à ce dernier poisson. Les meilleures sardines con sans cesse à l'article où elle aurait été donnée fites se préparent dans les environs de Nantes, et pour la première fois. c'est toujours un hors-d'æuvre assez distingué. C'est pour éviter des répétitions infinies qu'on Sardines fraiches. Essuyez bien trois réunit ici les prescriptions suivantes , où l'on douzaines de sardines fraîches; après les avoir trouvera toutes les recettes les plus usuelles et les farinées, faites-les frire dans du beurre clarifié; mieux éprouvées. égouttez-les, et servez pour plat de rot. Sardines salées. - On prend six ou douze sardines que l'on lave bien; puis on en lève les Sauces à la ménagère. filets ; on coupe ces filets en quatre autres filets ; on les décore sur une assiette avec de la ravigote Sauce au beurre frais, nommée vulgaire- hachée, des blancs et des jaunes d'œufs durs ha- ment sauce blanche. Délayez une demi- chés aussi ; on arrose d'huile et on sert en coquille cuillerée de fleur de farine ou de fécule de pom- ou bateau de hors-d'auvres. mes de terre, dans une quantité d'eau suffisante Sardines en caisse. Procurez-vous des pour faire une bouillie très-claire. On peut aussi sardines fraiches, auxquelles vous couperez la tête délayer la fécule ou fleur de farine avec du bouil- et le bout de la queue; mettez de la farce de pois-lon. Ajoutez-y sel, poivre et un peu de muscade son au fond d'une caisse et par-dessus vos sar- râpée; lorsque la farine ou fécule est cuite, reti- dines; couvrez-les de la même farce; unissez rez la casserole du feu, et faites fondre dans la avec de l'auf battu; saupoudrez de mie de pain; bouillie un bon morceau de beurre frais. On couvrez d'une feuille de papier et faites cuire au ajoute, avant de servir, un filet de vinaigre ou de four. La cuisson terminée, égouttez la graisse de verjus, ou de citron. FOS sardines, et versez par-dessus un coulis maigre Un ou deux jaunes d'æufs, délayés dans cette qui soit clair. sauce, contribuent à la rendre plus savoureuse SARRIETTE, plante aromatique dont le Dans cette sauce, le beurre, la fécule ou la plus onctueuse. feuillage ressemble à celui de l'hyssope, et qui est farine et l'eau forment une combinaison triple l'assaisonnement obligé des fèves de marais. qui est une véritable émulsion. Le beurre, dans Quand on veut conserver de petites fèves, il cet état, est plus digestible que s'il était seul ; est bon de conserver aussi de la sarriette : elle se cependant il est des personnes dont l'estomac dessèche facilement, et, dans cet état, il suffit supporte assez difficilement les sauces blanches, de la tenir au sec pour qu'elle n'éprouve aucune ce qui provient presque toujours de ce que la altération. farine ou la fécule n'a pas été assez cuite, et l'ad- SARRAZIN ou BLÉ NOIR. Dans toutes les dition d'un peu de muscade rend cette sauce contrées où la population vit de sarrazin, on en encore plus facile à digérer. emploie la farine à faire une bouillie de couleur Sauce à la crème. - Faites fondre dans une bleuâtre, parce que le son n'a pas été bien sé- casserole un bon morceau de beurre bien frais; paré : quand cette farine est soigneusement blu- ajoutez une cuillerée de fleur de farine et mêlez tée, on en fait, en y ajoutant du beurre ou du lait, des galettes assez nutritives et qui sont d'une le lait qui doit être chauffé à part : un verre et exactement; assaisonnez de sel et poivre; versez grande ressource pour l'alimentation des manou- demi est suſfisant. Faites bouillir et ajoutez lente- vriers. ment, en tournant toujours, deux ou trois jaunes SASSENAGE, fromage de facture française d'æufs délayés dans une cuillerée de lait. et qui tire son nom du bourg de Sassenage, en Sauce blanche sans beurre. Mettez dans Dauphiné. Il est maintenu, par les gourmets ou les amateurs de fromage, à la deuxième place après une petite casserole trois ou quatre jaunes d’aufs celui de Roquefort, avec lequel il a, du reste, crus, six cuillerées d'huile d'olive, sel en poudre, assez d'analogie (V. le chapitre relatif à la fabri- poivre et muscade; faites chauffer de l'eau dans cation des fromages, depuis la page 136 jusqu'à contient les aufs ei l’huilc aussitôt que l'eau est ume casserole plus grande et plongez-y celle qui la page 142) assez chaude pour qu'on ne puisse y tenir la main; SAUCES. La plupart des sauces étant com tournez vivement pour mélanger les culs avec munes à un assez grand nombre de préparations l'huile ; aussitôt que la sauce est bien liée, retirez 28. SAU ( 436 ) SAU la casserole et servez tout de suite. Cette sauce ne Sauce aux tomates. Mettez dans une doit être qu'un peu plus que tiède ; à un degré casserole une douzaine de tomates coupées en de chaleur plus élevé, le jaune d'auf se coagule quartier, avec un bon morceau de beurre, quel- et l'huile se sépare. ques ognons coupés en tranches, persil, ciboules, Cette sauce est particulièrement bonne avec les une feuille de laurier, sel, poivre, deux clous de asperges et les artichauts cuits au naturel. gerofle et un peu de muscade râpée; ajoutez un Sauce brune. Mettez dans une casserole bon morceau de beurre ; faites bouillir en re- des parures de diverses viandes, bæuf, veau, muant souvent pour empêcher les tomates de s'at- mouton ou volailles, avec des carottes, des ognons tacher; quand elles sont bien fondues et que la et un verre d'eau ; faites bouillir vivement jusqu'à pression et on la fait réduire jusqu'à consistance à ce qu'il n'y ait plus de mouillement; mettez en- convenable. suite la casserole sur un feu doux pour que la Pendant l'hiver, on fait cette sauce avec la con- glace qui est au fond se colore sans se brûler ; serve de tomates. On en met une cuillerée dans quand elle a pris une belle couleur un peu fon- une casserole avec un morceau de beurre et un cée, mouillez avec du bouillon ; ajoutez un fort verre de bouillon; on délaie la conserve dans le bouquet garni, deux clous de gérofle et des cham- bouillon avant de faire fondre le beurre. On fait pignons; écumez et laissez cuire à petit feu pen- bouillir jusqu'à réduction suffisante pour que la dant deux ou trois heures ; passez le fond de la sauce ait une bonne consistance. cuisson et servez-vous-en pour mouiller un roux Ou bien coupez en dés un peu de jambon ; que vous ferez dans une autre casserole; laissez faites le suer dans une casserole avec un peu de bouillir doucement pendant une heure et dégrais- beurre et mouillez avec du bouillon dans lequel sez soigneusement. vous aurez délayé la conserve ; faites mijoter pen- Sauce à la Béchameit à la bourgeoise.-dant une heure, et passez au tamis. Prenez une demi-livre de veau et un quarteron de La sauce aux tomates est agréable ; elle excite jambon ; coupez le tout en dés; ajoutez deux ca- l'appétit et favorise la digestion en stimulant légè- rottes et deux ognons coupés en tranches, deux rement l'estomac. L'auteur de l'excellent Traité clous de gérofle, une feuille de laurier, deux des préparations fait observer que c'est, parmi échalotes, persil et ciboules hachés ; assaisonnez toutes les sauces, une de celles dont l'usage pré- de poivre et muscade râpée, peu de sel; plus, un sente le moins d'inconvénients pour la santé. quarteron de beurre; passez le tout sur le feu , sans faire prendre couleur; ajoutez ensuite une Sauce à la ravigote. Mettez dans une cuillerée de farine qui doit être mêlée exacte casserole un verre de jus; ajoutez autant de vin ment; mouillez avec une pinte de lait ; faites blanc, et faites réduire ; ajoutez ensuite du bau- bouillir doucement en tournant toujours pour me, pimprenelle, cerfeuil, civette, estragon blan- que la sauce ne s'attache pas. Elle doit avoir la chis et hachés fin, un jus de citron, sel et gros consistance d'une bouillie. On la passe au tamis poivre ; faites lier sur le feu sans laisser bouillir. lorsqu'elle est à son point. Sauce piquante. Faites roussir au beurre On pourrait faire plus promptement la même sauce en ajoutant à une bouillie claire, faite avec une carotte , deux ognons et un panais émincés ; du lait et de la farine, un bon verre de jus blond ajoutez une pincée de farine ; mouillez avec du de veau et un morceau de beurre, faisant ensuite bouillon et suffisante quantité de vinaigre; assai- sonnez avec un bouquet garni, une gousse d'ail, réduire le tout jusqu'à consistance suffisante. piment vert, ou gros poivre et muscade râpéc. Béchameil à la minute. Mettez un mor- Faites bouillir jusqu'à consistance convenable, et ceau de beurre dans une casserole avec des cham- passez au tamis. Si la sauce est trop claire, épais- pignons coupés en tranches, un bouquet garni et sissez-la avec un morceau de beurre manié avec deux gousses d'ail; faites légèrement roussir, ajou- de la farine ou de la fécule. tez une pincée de farine que vous délayez avec une cbopine de lait ; tournez jusqu'à ce que la sauce Sauce au chasseur. Faites réduire à soit bien liée; passez à l'élamine et ajoutez une moitié un verre de bouillon et deux verres de pincée de persil blanchi et haché très-fin. vin blanc; ajoutez alors échalotes, persil, cibou- Si l'on ajoute à cette sauce de bon bouillon ou les, un peu d'ail, estragon, cerfeuil; le tout ha- du jus, ou quelque fond de cuisson de veau ou de ché fin; assaisonnez de sel et gros poivre; ſaites volaille, elle n'en est que meilleure ; mais , dans bouillir pendant cinq minutes, et, au moment de tous les cas, il faut la faire réduire jusqu'à consis- servir, ajoutez-y le jus d'un citron et une cuille- tance de crème. rée d'huile. els - SAU ( 437 ) SAU - Sauce verte chaude, Mettez dans une Sauce bayonnaise (appelée mayonnaise casserole un verre de jus et autant de vin blanc, par les professeurs et les opérateurs mal et faites réduire ; d'un autre côté, hachez et pilez appris). — Délayez un ou deux jaunes d'œufs dans un mortier toutes les petites herbes qu'on crus avec le jus d’un citron ; ajoutez sel et épices emploie en fourniture de salade ; exprimez le tout mélangées ; versez peu à peu de l'huile sur les pour en tirer le jus qui est vert; délayez dans ce cufs, en tournant toujours : la sauce ne tarde jus quatre jaunes d'oufs, et servez-vous-en pour pas à s'épaissir ; ajoutez-y, de temps en temps, lier la sauce. un peu de fort vinaigre aromatique. On peut ajouter de l'huile tant que la sauce ne perd pas Sauce verte froide. Prenez cerfeuil, cres sa consistance. On s'en sert pour les salades de son alénois, pourpier, pimprenelle, estragon, un poissons, de volailles et de légumes cuits. peu de baume , civette ; de chaque suivant sa 'En ajoutant de la moutarde à la bayonnaise , force : pilez le tout dans un mortier après l'avoir on obtient une rémoulade excellente. haché; ajoutez ensuite de la rocambole hachée, Sauce Robert au gras. Faites roussir des de l'huile, sel, gros poivre, et suffisante quantité de moutarde : mélangez bien le tout. Si elle est ognons coupés en tranches avec du beurre ou du trop épaisse, ajoutez de l'huile. lard fondu; mouillez, quand ils ont pris couleur, avec du jus ou de bon bouillon; ajoutez sel et Sauce aux échalotes. Hachez très-fin poivre et un peu de caramel : quand les ognons une douzaine d'échalotes ; mettez-les dans une sont bien cuits, ajoutez un peu de moutarde. casserole avec un demi-verre de vinaigre, une Sauce Robert au maigre. Faites roussir demi-gousse d'ail, sel, gros poivre, muscade, au beurre les ognons coupés en tranches; ajoutez une feuille de laurier et une cuillerée de gelée ou une pincée de farine, et mouillez avec du bouil- de jus de viande rôtie. Faites réduire des deux lon maigre et un verre de vin rouge; assaisonnez tiers; mouillez avec un peu de jus ou du fond de avec sel, poivre, un bouquet garni et une pointe cuisson, ou, à défaut, avec du bouillon; au mo- d'ail. Ajoutez un peu de moutarde au moment de ment de servir, ajoutez une cuillerée d'huile. servir, et retirez le bouquet. Sauce à la bonne femme. Faites roussir Sauce au pauvre homme. Prenez cinq avec un morceau de beurre, des champignons, ou six échalotes, hachez-les et ajoutez-y une pin- un ognon, une carotte, un panais, une pointe cée de persil; mettez le tout dans une casserole, d'ail, persil et ciboules ; mouillez avec moitié soit avec un verre de bouillon , soit avec de l'eau bouillon et moitié vin blanc ; assaisonnez suffi- en moindre quantité, et une cuillerée à dégraisser samment; faites bouillir à petit feu pendant une de bon vinaigre, du sel, une pincée de gros poi- heure; passez au tamis. vre; faites bouillir vos échalotes jusqu'à ce qu'elles Faites bouillir en même temps une poignée de soient cuites, et servez. mie de pain avec un bon verre de lait : quand le Sauce à l'huile. Coupez par tranches des pain a absorbé tout le lait, passez au tamis et ajou- citrons dont vous aurez enlevé le blanc; mettez- tez-le à la sauce. les dans un vase avec de l'huile, du vinaigre, sel et Rémoulade. - Hachez très-fin persil, cibou- poivre, ail, persil et estragon hachés, et un peu les, câpres, anchois, une pointe d'ail ; mêlez avec de piment en poudre. Mêlez bien le tout. On une bonne cuillerée de moutarde; assaisonnez peut saucer avec cette composition le poisson avec du sel, et délayez le tout avec une suffisante grillé. quantité d'huile d'olives. Il faut que le tout soit bien lié, et que l'huile ne se sépare pas : on y Grandes sauces françaises parvient en battant le mélange pendant long. NOMMÉES FONDS DE SAUCES, temps. Rémoulade chaude. Passez au beurre , (A fin d'inspirer plus de confiance à nos persil, ciboules, champignons, une pointe d'ail, lecteurs, nous les prévenons que presque le tout haché; ajoutez une pincée de farine, et toutes les recettes qui vont suivre ont été mouillez avec du jus ou de bon bouillon, et une formulées par M. Laguipierre, LE PLUS cuillerée d'huile; laissez jeter quelques bouil- GRAND SAUCIER DE NOS JOURS , ainsi que l'ap- lons , et assaisonnez avec sel et muscade râpée. pelle M. Carême, avec cette propriété d'e- Au moment de servir, délayez dans la sauce une locution qui caractérise toujours un écri- cuillerée de moutarde. vain consommé. Nous n'avons pas voulu SAU ( 458) SAU changer un seul mot å ta rédaction d'un , jambon, de ce dernier surtout en plus grande si savant homme de bouche, et nos lecteurs quantité, et procédez, à cet égard, comme il est nous sauront sûrement bon gré de cette expliqué pour la grande sauce; mettez vos noix précaution.) dessus , avec une bonne cuillerée de consommé Grand jus. Beurrez le fond d'une bassine, bien corsé, cinq ou six carottes tournées, autant mettez-y quelques lames de jambon et bardes de d'ognons ; faites partir le tout comme le coulis général, et mettez-le sur un feu doux, afin que lard, ognons en tranches et carottes; couvrez le tout de lames de hæuf épaisses de deux doigts ; vos noix jettent leur jus. Lorsque la glace sera mouillez-le d'une cuillerée à pot de grand bouil- bien formée, ce que vous reconnaîtrez au fond de lon; faites-le partir sur un feu vif; lorsqu'il com- la casserole qui doit être d'un beau jaune, reti- rez-la du feu; piquez alors vos noix avec votre mencera à s'attacher, piquez la viande avec la couteau, pour que le reste du jus s'en exprime ; pointe d'un couteau ; couvrez de cendre votre mouillez-les avec du consommé dans lequel vous fourneau pour empêcher que votre jus n'aille trop vite ; prenez bien garde qu'il ne brûle : quand de lapins ou de poulets ; mettez un bouquet de aurez fait cuire une quantité suffisante de perdrix, il sera fort attaché, mouillez-le comme le blond de veau ; écumez-le, assaisonnez-le avec un bon persil et ciboules, assaisonné de deux clous de bouquet de persil et ciboules, en y ajoutant quel. laurier, d'une gousse d'ail, d'un peu de basilic et gérofle par noix de veau, d'une demi-feuille de ques queues de champignons ; quand vous jugerez de thym; faites bouillir le tout ; retirez-le sur le la viande cuite, dégraissez ; passez votre jus dans de thym; faites bouillir le tout ; retirez-le sur le bord du fourneau et dégraissez-le : au bout de une serviette, et servez-vous-en pour colorer vos deux heures, liez votre espagnole avec le roux potages et vos sauces, ou les entrées et entremets comme le coulis général; lorsqu'elle sera liée de qui exigent du jus. manière à être plus claire qu'épaisse, laissez-la Grande sauce. Beurrez une casserole; bouillir une demi-heure ou trois quarts d'heure, foncez-la de lames de jambon ; coupez du veau pour que le roux s'incorpore; alors dégraissez et par morceaux ; mettez-en sur votre jambon, suf- passez cette espagnole à l’étaminc dans une autre fisamment pour la grandeur de votre casserole ; casserole; remettez-la sur le feu pour la faire ré- mouillez-le avec une ou deux cuillerées de bouil- duire d'un quart : elle pourra vous servir pour lon, de manière que votre veau soit presque cou tous les ragoûts au brun. Vous y mettrez le vin vert; mettez-y deux carottes tournées, un gros que vous jugerez à propos , soit de Madère, de ognon que vous retirerez quand il sera cuit. Champagne ou de Bourgogne, selon les petites Lorsque votre veau est tombé à glace, vous lais sauces dont vous aurez besoin. Ma coutume n'est sez très-peu de feu sous votre casserole, et vous pas de mettre le vin dans l'espagnole générale , l'entourez de cendres rouges pour faire descendre attendu qu'on ne met point tout au vin, et qu'a- la glace; quand elle a pris sa couleur, vous la vec le vin elle peut s'aigrir du jour au lendemain, détachez avec une cuillerée à pot de bouillon si tout n'est pas employé dans la journée, ce qui froid : sitôt qu'elle est détachée, vous remplissez ferait une perte ; mon habitude encore est de ne votre casserole de bouillon ; quand votre veau est point faire réduire les vins seuls, ce qui leur cuit, vous le retirez, et vous passez volre blond donne souvent un goût d’alambic, el fait évapo- de veau dans une serviette ; vous avez votre roux rer toute la partie spiritueuse; conséquemment, dans une casserole; vous le délayez assez pour je les fais réduire avec la sauce à une demi-glace que la sauce ne soit pas trop épaisse, et vous la ou gros comme le pouce de glace, ou même da- faites partir ; retirez-la sur le bord du fourneau , vantage, quand c'est pour des petites sauces, et et remuez-la de temps en temps : que votre coulis selon le besoin que j'ai qu'elles soient plus ou soit d'une belle couleur; s'il en manquait, per- moins corsées. fectionnez-le avec du jus de bæuf ; il se formera , durant la cuisson, une peau dessus : ne l’ôtez Espagnole travaillée. - Lorsque vous pas, et ne le dégraissez qu'à parfaite cuisson et voudrez vous servir de l'espagnole pour des sau- au moment de le passer, sans l'exprimer à travers tés ou comme simple sauce, prenez-en deux ou l’étamine. Votre sauce passée, meltez une cuil- trois cuillerées à pot, ou davantage, avec environ lère dedans; ayez soin de la sasser et vanner, le tiers de consommé, quelques parures de truffes jusqu'à ce qu'elle soit refroidie, pour qu'il ne se bien lavées et quelques queues de champignons ; forme point de peau dessus, et servez-vous-en faites réduire le tout sur un grand feu, et dégrais- pour des petites sauces brunes. sez-le avec soin. Si votre espagnole manque de Espagnole. Prenez une, deux ou trois couleur, donnez-lui-en avec votre blond de veau; noix de veau; foncez une casserole de lard et de l faites-la réduire à consistance de sauce ; passez-la SAU ( 440 ) SAU grand heures; après, passez votre poêle au travers d'un quelques petites carottes tournées, cinq petits tamis de crin, et servez-vous-en au besoin. ognons et quelques queues d'échalotes; joignez à Poêle à la Mirepoix. cela un ou deux clous de gérofle, une feuille de Cette sauce se fait comme la précédente ; elle diffère en ce que dans laurier, environ une demi-livre de beurre; mettez le volume de son mouillement il entre un quart le tout dans une casserole et sur le feu ; remuez de vin, soit de Champagne, soit d'autre bon vin avec une cuillère de bois très-propre. Quand votre blanc. viande commencera à jeter son jus, singez-la avec de la farine bien blanche ; retirez·la du feu; re- Poêle au blanc (V. BLANC). muez-la pour que la farine soit bien incorporée; remettez-la sur le feu; remuez-la toujours, de Roux. Mettez dans une casserole une livre crainte qu'elle ne s'attache. Quand elle sera suffi- de beurre ou davantage; faites-le fondre sans le samment passée, délayez le tout avec du consommé laisser roussir; passez au tamis de la farine de ou du bon bouillon; faites aller cette sauce à froment, la plus blanche et la meilleure; mettez-feu, ayant toujours soin de la remuer, et finissez- en autant que votre beurre en pourra boire (on la, comme la précédente, avec une pinte de crème le fait aussi considérable que le besoin l'exige). Il réduite ou une pinte de bon lait. (Remarquez que faut que ce roux ait la consistance d'une pâte un la pinte de crème, chez le crémier, n'est qu'une peu ferme; menez-le au commencement sur un feu assez vif, ayant soin de le remuer toujours : lors chopine.) Enfin votre sauce ayant, comme la pré- cédente, la consistance d'une bouillie, tordez-la qu'il sera bien chaud et qu'il commencera à blon- dans une étamine, et mettez-la dans votre bain- dir, mettez-le dessus de la cendre chaude, sous un marie, etc. fourneau allumé, en sorte que la cendre rouge de ce fourneau tombe sur le couvercle qui couvre Sauce à la Sainte-Ménéhould. Mettez votre roux; remuez-le de demi-quart d'heure en dans une casserole un morceau de beurre coupé; demi-quart d'heure, jusqu'à ce qu'il soit d'un beau, singez-le de farine; délayez votre sauce avec du roux : de cette manière, votre roux n'aura point lait ou de la crème; assaisonnez-la d'un bouquet l'âcreté que les roux ont ordinairement. de persil et de ciboules, la moitié d'une feuille de Roux blanc. — Faites fondre le beurre le plus échalotes ; mettez-la sur le feu ; tournez-la comme laurier, une poignée de champignons et quelques fin que vous aurez ; mettez-y de la farine en suf- la béchameil, et tordez-la à l’étamine ; remettez- fisante quantité; passez au tamis comme ci-dessus, la sur le feu ; mettez-y du persil haché, un peu de de crainte qu'il ne se trouve dans votre farine des mignonnette, et vous vous en servirez pour ce grumeaux ou de la malpropreté; menez-le sur un feu très-doux, afin qu'il ne prenne point de cou- qui vous sera indiqué ci-après. leur : ayez soin de le remuer environ une demi Sauce à la maître-d’hôtel. – Hachez ſin heure, et servez-vous-en pour votre velouté. du persil et de l'échalote, et pétrissez-les avec du beurre ; ajoutez sel, gros poivre et une peu de jus de citron; mettez cet amalgame froid dans les lé- Sauces françaises dites Royales. gumes, poissons ou viandes cuites, dont la chaleur sera suffisante pour le faire fondre. Sauce à la Béchameit. Mettez de votre Sauce à la maître-d'hôtet liée. Prenez velouté dans une casserole, en raison de vos be- du velouté, deux cuillerées à dégraisser; mettez- soins, et un demi-setier de consommé. Si vous les dans une casserole; joignez-y gros de beurre employez une pinte de velouté, faites aller votre comme un œuf, avec persil haché très-fin, deux sauce sur un grand feu ; tournez-la avec soin, ou trois feuilles d'estragon bachées de même; qu'elle se réduise d'un tiers de son volume; en meltez cette sauce sur le feu; tournez-la pour bien même temps faites réduire au tiers une pinte de incorporer votre beurre avec le velouté; à l'instant crème double; incorporez-la peu à peu dans votre où vous voudrez la servir, passez et vannez votre sauce que vous tournez jusqu'à ce qu'elle soit ré- sauce; ajoutez-y un jus de citron ou un filet de duite au point où elle était avant d'y avoir mis la verjus, ce qui revient au même. crème. Cette sauce ayant la consistance d'une lé- Sauce au suprême. Prenez du velouté réduit, deux ou trois cuillerées à dégraisser; met- blanche, et mettez-la au bain-marie pour vous en tez-les dans une casserole; ajoutez-y deux ou trois servir au besoin. cuillerées de consommé de volaille; faites réduire Autre manière. Coupez un morceau de le tout à la valeur de trois cuillerées de velouté; noix de jambon en dés, deux fois autant de veau, au moment de vous en servir, mettez-y gros de - SAU ( 441 ) SAU LI beurre comme un œuf; faites aller cette sauce sur rester au dehors de cette étamine; versez-y une un bon feu ; tournez-la et passez-la : qu'elle soit cuillerée ou deux d'espagnole; faites-la recuire bien liée, sans être trop épaisse : arrivée à son environ trois quarts d'heure, ayant soin de la re- degré, retirez-la ; mettez-y un jus de citron ou un muer toujours; dégraissez-la, et faites qu'elle soit filet de verjus; vannez-la, et servez. d'un bon sel; arrivée à la consistance d'une bouil- Sauce aux truffes à la minute. - Faites lie épaisse, retirez-la du feu, et servez-vous-en. revenir légèrement dans de la bonne huile ou dans Sauce à la purée d'ognons blancs. - du beurre bien frais quelques truffes hachées très-Émincez douze ognons; mettez-les dans une cas- menu; ajoutez ensuite un peu de consommé et serole avec un morceau de beurre; posez votre quatre fois autant de velouté; faites bouillir ensuite casserole sur un feu doux, afin que votre ognon sur un doux feu pendant vingt minutes, et dégrais. ne prenne point de couleur; faites-le cuire à petit sez. A défaut de velouté on mettrait une plus grande feu, ayant soin de le remuer souvent avec une quantité de consommé; on y joindrait un peu de cuillère de bois; quand vous voyez qu'il s'écrase farine, muscade et gros poivre, et l'on ferait mijo-facilement sur la cuillère, joignez-y une ou deux ter ladite sauce. cuillerées de velouté, et laissez cuire de nouveau; quand le tout sera bien cuit et réduit, passez-le Sauce aux truffes à la Périgueux. dans une étamine comme pour la purée d'oseille ; Émincez des truffes en liards, ou coupez-les en remettez-le dans une casserole et sur le feu; in- petits dés; passez-les dans une casserole sur un corporez dans cette purée d'ognon une chopine feu doux, avec un morceau de beurre; laissez-les de crème que vous aurez fait bouillir; mettez-y cuire ainsi, et mettez-y de l'espagnole réduite en un peu de muscade râpée, pour que votre purée raison de la quantité des truffes, et selon la pièce soit d'un bon goût; lorsqu'elle aura atteint le degré que vous avez à saucer ; joignez à cette espagnole d'une bonne bouillie, retirez-la et servez. du consommé ou du bouillon, du vin blanc en égale proportion ; laissez-la réduire; dégraissez-la; la bretonne. – Prenez douze ognons comme Sauce rousse à la purée d'ognons, dite à finissez-la avec un morceau de beurre, et servez- ci-dessus; mettez-les dans une casserole sur un vous-en. Observez que vous ne devez mettre dans cette sauce aucun acide, tel que citron ou verjus, belle couleur d'or, mouillez-les avez deux cuille- feu vif, et faites-les roussir : lorsqu'ils seront d'une vu qu'autrement vous ôteriez le moelleux de la rées d'espagnole; faites cuire cette purée comme sauce, et que le vin que vous devez employer doit la précédente ; passez-la de même à l’étamine; re- fournir assez d'acide. mettez-la dans la casserole, et, au lieu de crème, Sauce à la purée de champignons. - Pre-employez de l'espagnole; ensuite faites-la réduire nez deux maniveaux de champignons; épluchez- à consistance d'une bouillie; ayez soin qu'elle soit les; lavez-les à plusieurs eaux, en les frottant lé- d'un bon goût, et servez. gèrement dans vos mains; cela fait, égouttez-les Sauce en tortue, Mettez dans une casse- dans une passoire; ensuite émincez les têtes et role la valeur d'une petite cuillerée à pot d'espa- les queues; mettez-les dans une casserole, avec gaole réduite, un bon verre de vin de Madère sec, gros de beurre comme un œuf; faites-les fondre à une cuillerée à café de poivre kari, pleine, et la petit feu, et lorsqu'ils seront presque cuits, moitié de cette quantité de poivre de Cayenne ; mouillez-les avec du velouté, la valeur de deux faites réduire le tout, dégraissez-le ensuite ; cuillerées à dégraisser; laissez-les cuire trois ajoutez-y des crêtes de coqs, des rognons, des culs quarts d'heure; passez-les à l'étamine à force de d'artichauts, des champignons, une gorge de ris bras, et finissez votre purée avec de la crème dou- de veau, ou des ris d'agneaux, si c'est la saison ; ble comme celle d'ognons blancs, néanmoins avec faites bouillir le tout, afin que les ingrédients pren- la différence que celle-ci doit être un peu plus nent le goût de la sauce et sa couleur; mettez-y, claire. au moment de servir, six ou huit jaunes d'æufs Sauce à la purée d'oseille. Ayez deux durs bien entiers; prenez garde de les écraser en poignées d'oseille ou davantage, si le cas le néces- remuant avec la cuillère, et servez-vous de cette site; ôtez-en les queues; lavez ensuite cette oseille; sauce pour les mets en tortue. égouttez-la ; hachez-la très menue; mettez-la dans Sauce au kari à la française. Mettez une casserole avec un morceau de beurre que dans une casserole trois cuillerées de velouté réduit, vous ferez fondre; quand votre oseille sera cuite, et autant de consommé, une cuillère à café pleine passez-la à force de bras à travers une étamine; de poivre kari; prenez une pincée de safran; fai- remettez-la dans une casserole, après avoir ra tes-le bouillir dans un petit vase : quand la tein- massé avec le dos d'un couleau ce qui a pu | ture du safran sera formée, passez-la sur le coin - SAU ( 42 ) SAU d'un tamis dans votre sauce; exprimez bien le sa, crevisses, et finissez-le de même; le beurre de fran avec une cuillère; faites-en même passer une votre homard refroidi, mettez-le dans une sauce partie; faites ensuite bouillir, et dégraissez. Si blanche; vannez-la sur le feu sans la faire bouillir; cette sauce n'était pas assez poivrée, vous y met- ajoutez-y, si vous le voulez, un peu de poivre de triez, avec la pointe d'un couteau, un peu de poi- Cayenne ou de gros poivre; versez votre sauce sur vre rouge, autrement dit poivre de Cayenne. Re les chairs de votre homard; mêlez bien le tout, et marquez que dans cet ouvrage je donnerai, en ses servez-le dans une saucière, à côté d'un turbot lieu et place, la manière de faire ce poivre. ou de tout autre poisson. Sauce au beurre & écrevisses. Lavez à Sauce au beurre d'anchois. Faites ré- plusieurs eaux un demi-cent de petites écrevisses; duire de la sauce espagnole, et ajoutez-y, au mo- mettez-les dans une casserole; couvrez-les; faites ment de servir, gros comme la moitié d'un auf les cuire dans un grand bouillon avec peu de de beurre d'anchois (V. BEURRE D’ANCHOIs), et mouillement; sitôt qu'elles commencent à bouillir, du jus de citron, pour détruire le sel que pourrait sautez-les, pour que celles qui sont dessous vien produire le beurre; vous aurez soin, en mettant nent dessus ; quand elles seront d'un beau rouge, celui d'anchois dans votre sauce qui sera plus retirez la casserole du fcu; laissez dix minutes vos chaude, de la bien tourner avec une cuillère , écrevisses couvertes; ensuite égouttez-les sur un afin que votre beurre se lie bien avec votre sauce. tamis; laissez-les refroidir; séparez-en les chairs, Cette sauce peut se faire au maigre, et la sauce comme les queues que vous conservez pour faire espagnole peut se remplacer par un roux ou par les garnitures; jetez le dedans du corps, après en une sauce brune. avoir extrait les petites pattes ; lavez bien toutes Sauce au beurre d'écrevisses. Cette ces écailles; jetez-les sur le tamis ; faites-les sécher dans un four tiède ou sur un couvercle posé sur sauce se fait absolument comme la précédente. une cendre chaude; quand elles le seront, pilez Sauce au beurre de Provence, Prenez les dans un mortier; lorsqu'elles seront presque cinq ou six gousses d'ail; pilcz-les comme pour le entièrement pilées, joignez-y gros de beurre comme beurre d'ail; passez-les, comme ci-dessus, à tra- un cuf; pilez-les de nouveau, jusqu'à ce qu'on ne vers un tamis de crin double; ramassez avec la distingue presque plus les écailles de vos écrevisses cuillère tout le résidu; mettez-le dans un vase de (remarquez si ces écrevisses, en les pilant, ne don- faïence; ayez de la bonne huile vierge d'Aix; ver- naient point assez de rouge à votre beurre, ajou- sez-en un peu dessus; tournez votre huile et votre tez-y deux ou trois petites racines qu'on nomme ail, comme pour faire une pommade, sans discon- orcanette); cela fait , mettez fondre sur un ſeu tinuer de la remuer et de la mouiller petit à petit; très-doux votre beurre d'écrevisses environ un mettez-y du sel convenablement. Elle doit venir quart d'heure; quand il sera très-chaud, mettez un comme un morceau de beurre, à force de la tra- tamis un peu serré sur un vase rempli d'eau frai vailler : alors servez-vous-en. che; versez sur ce tamis volre beurre, lequel se figera dans l'eau; ensuite ramassez-le; mettez-le Sauce à l'orange amère. - Prenez trois sur une assiette (afin de vous en servir pour vos oranges amères ou bigarades; coupez-les en deux; sauces au beurre d'écrevisses); ensuite prenez exprimez-en le jus dans un tamis que vous poserez trois cuillerées de velouté réduit et bien corsé; sur un vase de terre ou de faïence; coupez en deur incorporez votre beurre d'écrevisses, et vannez vos moitiés d'oranges dont vous aurez exprimé le bien le tout à l'instant de vous en servir. jus; ôtez-en toutes les chairs, c'est-à-dire, laissez le moins de blanc possible au zeste ; coupez ce Sauce au homard. Prenez un homard de zeste en petits filets; faites-le blanchir; égouttez- moyenne grosseur ; Ôtez-en les chairs et les æufs, le; mettez-le dans un jus de bæuf bien corsé, avec s'il s'en trouve; coupez ces chairs en petits dés; épluchez-les œufs de ce homard, de manière qu'il fourneau votre casserole; mettez-y le jus de vos une pincée de gros poivre; retirez sur le bord du ne reste point de fibres; mettez dans une casse- role les aufs et les chairs sans mouillement; cou- oranges; saucez-y vos filets, et que le zeste soit dessus. vrez votre casserole d’un papier ou d'un couvercle, de crainte que vos chairs ne se bâlent; lavez les Sauce à l'ivoire. Prenez un poulet com- coquilles de votre homard; détachez-en les petites mun que vous fendrez par le dos pour en extraire pattes du plastron, que vous supprimcrez; vos les poumons, ou des carcasses de poulets : après coquilles étant bien lavées, mettez-les sécher dans en avoir ôlé les poumons, mettez-le dans une pe- une étuve; une fois sèches, pilez-les et failes-en tite marmite qu'il faut avoir le soin de bien laver; an beurre, comme il est indiqué au beurre d'é- ajoutez-y deux carottes, deux ogoons, dont un pi- - SAU ( 443 ) SAU qué d'un clou de gérofle, et un bouquet assai- , tez des queues d'écrevisses coupées de même, et, sonné; mouillez le tout avec deux cuillerées à pot s'il s'en trouve, des aufs d'écrevisses; finissez de consommé ou de bouillon qui n'ait point de votre sauce avec gros de beurre comnie une noix couleur; faites écumer cette marmite; retirez-la et demie, et servez. sur le coin d'un fourneau afin qu'elle mijote. Sauce à la pluche. Prenez des feuilles de Après cinq quarts d'heure ou une heure et demie persil bien vertes ; faites-les blanchir; rafraîchis- de cuisson, passez ce consommé à travers une ser- sez-les; jetez-les sur un tamis; mettez dans une viette; prenez deux ou trois cuillerées de ce con- casserole trois cuillerées à dégraisser de velouté sommé; mettez-les dans une casserole ; joignez-y réduit, et deux de consommé; faites réduire le deux cuillerées de velouté; faites réduire à con- tout à l'instant où vous voudrez servir; jetez sistance de sauce : lorsque vous serez sur le point vos feuilles de persil dans votre sauce : si elle se de servir, mettez-y gros de beurre comme la moi- trouvait trop salée, ajoutez-y un petit morceau tié d'un ouf; passez et vannez bien cette sauce; de beurre; passez , vannez, et servez. versez-y une cuillère à bouche pleine de jus de citron, et servez. Sauce à la d'Orléans. · Vous mettez dans Sauce au vert-pré. – Vous ferez celte sauce vinaigre, un peu de poivre fin, un peu d'échalote, une casserole trois ou quatre petites cuillerées de comme la sauce au suprême, en y ajoutant une ravigote comme celle énoncée dans l'article ci- gros comme la moitié d'un æuf de beurre; vous ferez réduire le tout, et vous verserez plein quatre dessus, et du vert d'épinards que vous ferez ainsi : lavez et pilez bien une poignée d'épinards ; expri- vaillée. Au moment de servir, vous mettrez dans ou cinq cuillères à dégraisser de sauce brune tra- mez-en le jus, en les mettant dans un torchon blanc et les tordant à force de bras; cela fait, met- votre sauce quatre ou cinq cornichons coupés en dés, trois blancs d'aufs durs, coupés de même, tez ce jus dans une petite casserole sur le bord d'un fourneau ; il se caillebotle comme du lait; quatre ou cinq anchois que vous partagerez en deux pour ôter l'arête; puis vous couperez vos lorsqu'il le sera, jetez-le dans un tamis de soie pour le laisser égoutter; à l'instant de servir, vous moitiés en petits carrés, une carotte cuite, coupée en dés de la même grosseur que vous avez coupé délaierez, soit le tout, soit une partie, pour faire votre sauce verte; de suite vous y mettrez le jus vos cornichons, une cuillerée de câpres entières ; d'un citron ou un filet de vinaigre; passez et ser- au moment de servir, vous mettrez tout cela dans votre sauce, et vous la poserez sur le feu un in- vez aussitôt, de peur que votre sauce pe devienne stant; il ne faut pas qu'elle bouille. jaune. Vous pouvez aussi faire cette sauce avec un pe- Sauce piquante à la Prunellay. - Mettez tit roux, que vous mouillerez avec un fond de dans une casserole deux ou trois cuillerées à dé- cuisson ou du bouillon ; vous assaisonnerez votre graisser d'espagnole ou de coulis, une cuillerée de sauce comme la précédente; et vous y mettrez les vinaigre blanc, une feuille de laurier, une gousse mêmes choses. d'ail, un peu de thym, un clou de gérofle, une ou Sauce à l'aurore. Ayez du velouté tra- deux cuillerées de bouillon, une pincée de poivre vaillé, dans lequel vous mettrez plein deux cuille- fin; faites bouillir votre sauce, et dégraissez-la : res à bouche de jus de citron, du gros poivre et quand elle aura bouilli un quart d'heure, tordez un peu de muscade râpée; votre sauce marquée, la dans une étamine; mettez-y le sel qu'il faut vous avez quatre jaunes d'æuſs durs, que vous pour qu'elle soit d'un bon goût. passez à sec à travers une passoire : cela forme une espèce de vermicelle; au moment de servir, Sauce nompareille. — Coupez des petits dés vous mettrez vos jaunes dans votre sauce qui est de jambon bien égaux, des truſſes de même, en égale quantité; mettez le tout dans une casserole bouillir quand les jaunes y seront, et qu'elle soit bien chaude; prenez garde de ne la pas laisser avec un morceau de beurre; posez votre casse- d'un bon sel. role sur un feu doux; laissez cuire environ un quart d'heure, si vous voulez, votre sauce blanche; Sauce au vin de Madère. On fait cette mettez trois cuillerées à dégraisser de votre ve sauce, qui ne s'emploie que pour le plum-pud- louté; et, si vous voulez qu'elle soit rousse, em- ding, en délayant une cuillerée de farine dans un ployez de votre espagnole réduite; ajoutez-y un verre de vin de Madère sec; on y ajoute quelques demi-verre d'excellent vin blanc et une cuillerée cuillerées de consommé, un peu de beurre, sel, de consommé; faites réduire; mettez-y des blancs muscade et du citron vert confit coupé en petits d'æuſs durs et des champignons, en même quan- morceaux ; on fait bouillir le tout sur un feu ar- tité, coupés comme le jambon et les truſſes; ajou- dent, pendant vingt minutes ; puis on y ajoute un SAU ( 444 ) SAU fort morceau de beurre fin, en ayant soin de re de votre couteau; mettez tout le résidu dans une muer toujours pour que ce beurre ne tourne pas casserole, avec deux cuillerées d'espagnole; faites- en huile. le réduire à consistance d'une légère bouillie, met- tez-y du sel convenablement, et, sur la pointe Sauce aux olives farcies. Jetez dans d'un couteau, un peu de poivre de Cayenne. l'eau bouillante une demi-livre d'olives farcies, et retirez-les de suite; après les avoir égouttées, Sauce au fenouil. Ayez quelques bran- mettez-les dans une espagnole réduite au bain ches de fenouil vert; épluchez-les comme du per- marie; au moment de servir, ajoutez-y deux sil; hachez-les très-fin ; faites-les blanchir; ra- cuillerées d'huile d'olives, et servez sur les mets fraîchissez-les ; jetez-les sur un tamis; mellez indiqués. dans une casserole deux cuillerées à dégraisser de velouté, autant de sauce au beurre ; faites-les Sauce aux moules. - Vos moules étant bien chauſſer; ayez soin de les vanner à l'instant de grattées et lavées, vous les mettez dans une cas- servir; jetez votre fenouil dans votre sauce; pas- serole avec une gousse d'ail, un peu de persil ; sez-la bien pour que votre fenouil soit bien mêlé; vous posez le tout sur un feu ardent, et faites sau- mettez-y le sel convenable et un peu de muscade ter les moules de temps en temps, jusqu'à ce râpée. qu'elles soient ouvertes; ôtez alors les moules de Si vous n'aviez pas de velouté, marquez du leurs coquilles, et après avoir laissé déposer et beurre dans une casserole avec de la farine, comme avoir tiré à clair l'eau qu'elles ont rendue; faites- il est indiqué à l'article SAUCE BLANCHE OU AU en une sauce au beurre; jetez ensuite vos moules BEURRE; mouillez avec du consommé ou du bouil- dans cette sauce, et tenez-la bien chaude pour lon, et ayez soin de faire cuire davantage votre vous en servir au besoin. sauce. Sauce aux huîtres ou aux queues de cre Sauce aux groseilles à maquereau. vettes. Procédez absolument comme il est in- Prenez vos deux pleines mains de groseilles à ma- diqué ci-dessus. quereau à moitié mûres; ouvrez-les en deux ; Sauce hachée. Mettez dans une casserole Ôtez-en les pepins; faites-les blanchir dans l'eau une cuillerée à bouche pleine d'échalotes hachées avec un peu de sel comme vous feriez blanchir et blanchies, autant de champignons, un peu de des haricots verts; égouttez-les ; jetez-les dans une persil haché; versez dessus deux ou trois cuille- sauce comme celle indiquée ci-dessus, avec fenouil ou sans fenouil. Cette sauce sert à manger, en rées à dégraisser d'espagnole, autant de bouillon, deux cuillerées à dégraisser de bon vinaigre, et place de celle de maître-d'hôtel, des maquereaux bouillis. une pincée de mignonnette; faites bouillir et dé- graissez ; hachez plein une cuillère à bouche de Sauce à la ravigote blanche. — Ayez câpres, et autant de cornichons ; lorsque vous cresson alénois, cerfeuil, pimprenelle, estragon, voudrez vous servir de cette sauce, ajoutez-y le civette, quelques feuilles de céleri et deux feuilles beurre d'un ou deux anchois; passez et vannez de baume; épluchez et lavez bien le tout; mettez- bien le tout : ne faites bouillir ni les cornichons ni le dans un vase; jetez dessus un poisson d'eau les câpres. bouillante; couvrez et laissez infuser trois quarts Sauce aux tomates à la Condé. d'heure; ensuite passez cette infusion, mettez-la Ayez dans une casserole avec trois cuillerées à dégrais- douze ou quinze tomates bien mûres et surtout ser de velouté; faites-la réduire à consistance de bien rouges; ôtez-en les queues, ouvrez-les en deux avec votre couteau, et ôtez-en la graine ; sauce; mettez-y la valeur d'une cuillerée à bou- pressez-les dans votre main pour en faire sortir la che pleine de vinaigre blanc, gros de beurre comme partie aqueuse qui se trouve dans le caur, et que la moitié d'un auf; passez et vannez bien cette vous jetterez, ainsi que la graine; mettez-les dans sauce, et servez-la. une casserole avec un morceau de beurre gros Sauce à la ravigote froide et crue. comme un auf, une feuille de laurier et un peu de Prenez la même ravigote que celle énoncée ci- thym; posez votre casserole sur un ſeu modéré; dessus, hachez-la bien fine; joignez-y une cuille- remuez vos tomates jusqu'à ce qu'elles soient en rée de câpres hachées de même, un ou deux an- purée. Durant leur cuisson, mellez-y une cuille chois que vous aurez concassés, un peu de poivre rée d'espagnole ou de la partie grasse du bouillon, fin et du sel convenablement; mettez le tout dans ce qui vaudrait mieux : lorsqu'elles seront au degré un mortier de marbre ou de pierre, pilez-le jus- de purée, passez-les à force de bras à travers l'éta- qu'à ce qu'on ne puisse plus distinguer aucun in- mine; ratissez le dehors de cette élamine avec le dos grédient; ajoutez-y un jaune d'æuf cru; broyez, SAU (443) SAU arrosez avec un peu d'huile et de temps en temps retirez le citron, et mettez une cuillerée de persil un peu de vinaigre blanc, pour l'empêcher de haché, une cuillerée d'espagnole, un demi-setier tourner, et cela jusqu'à ce que le tout soit à con de bon vin blanc, sans l'avoir fait réduire, et un sistance de sauce (si vous voulez votre ravigote peu de mignonnette; faites ensuite réduire votre très-forte, ajoutez-y un peu de moutarde); alors sauce et dégraissez-la ; ôtez le jambon, et, lorsque retirez-la du mortier, et servez. votre sauce aura atteint son degré de réduction, Sauce à la ravigote cuite. - Ayez la même retirez-la. ravigote que celle énoncée ci-dessus; lavez-la ; Sauce italienne blanche, Servez-vous faites-la blanchir comme vous feriez blanchir des du même procédé, pour faire cette sauce ita- épinards; rafraîchissez-la quand elle sera cuite ; lienne, que celui dont on se sert pour la rousse mettez-la égoutter sur un tamis; pilez-la bien; énoncée ci-contre, excepté qu'il faut employer quand elle le sera, passez-la, à force de bras, au pour celle-ci du velouté, au lieu d'espagnole. travers d'un tamis ordinaire; cela fait, délayez-la avec de l'huile et du vinaigre; mettez-y sel et poi- Sauce à la romaine. Foncez une casse- role avec des tranches de veau et de jambon, vre, ainsi que vous feriez pour une rémoulade ; qu'elle soit d'un bon goût, et servez. deux gousses d'ail, un ognon coupé en tranches, une racine et quelques champignons émincés ; Saùce à la Tartare. Hachez deux ou trois faites suer sur le feu; quand le veau a rendu son échalotes bien fines, un peu de cerfeuil et d'es jus, poussez le feu jusqu'à ce que la viande com- tragon; mettez le tout au fond d'un vase de terre mence à s'attacher; mouillez avec un verre de vin avec de la moutarde, un filet de vinaigre, sel et blanc et deux cuillerées d'huile d'olives; faites poivre, selon la quantité qu'il vous en faut; arro bouillir à petit feu pendant une heure; passez la sez légèrement d'huile votre sauce, et remuez-la sauce au tamis; assaisonnez de sel, épices mélan- toujours; si vous voyez qu'elle se lie trop, jetez-y gées et persil blanchi et haché; faites lier la sauce un peu de vinaigre; goûtez si elle est d'un bon sur le feu et ajoutez un jus de citron. sel; si elle se trouvait trop salée, remettez-y un On voit que la base de toutes les sauces rele- peu de moutarde et d'huile. vées est toujours un jus de viande que l'on obtient Sauce à la poivrade. en faisant suer, c'est-à-dire en faisant chauffer à Coupez une lame sec du veau, du jambon , ou autres viandes, jus- de jambon en douze petits dés; mettez-les dans une casserole avec un petit morceau de beurre, cinq qu'à ce qu'elles aient rendu leur jus. Si la viande ou six branches de persil, deux ou trois ciboules qu'on fait suer ainsi n'a pas de graisse, il est bon de mettre au fond de la casserole un petit mor- coupées en deux, une gousse d'ail, une feuille de ceau de beurre; le feu doit être très-doux dans laurier, un peu de basilic, du thym et un clou de le commencement. On obtient ainsi un jus aussi gérofle ; passez le tout sur un bon feu; lorsqu'il sapide et quelquefois plus encore que celui qui sera bien revenu, mettez-y une pincée de poivre s'écoule des chairs rôties quand on les coupe. fin, une cuillerée à dégraisser de vinaigre, quatre Cette théorie bien entendue, il est facile de va- cuillerées d'espagnole sans être réduite; remuez rier les sauces à l'infini en y introduisant de nou- votre sauce; faites-la partir; retirez-la sur le bord du fourneau; laissez-la cuire trois quarts d'heure; veaux ingrédients. Ainsi cette sauce, qualifiée à la dégraissez-la, et passez-la dans une étamine. romaine, n'est au fond qu'un jus de veau qu'on mouille avec du vin et de l'huile, au lieu de bouil- lon et de beurre. Sauces Étrangères. Sauce tombarde. Mettez dans une casse- role une demi-bouteille de vin blanc, un demi- Sauce italienne rousse. quarteron de beurre, persil, échalotes et champi- Coupez douze dés gnons hachés; faites bouillir jusqu'à ce qu'il n'y de jambon; mettez-les dans une casserole avec une poignée de champignons bien hachés et un citron ait presque plus de liquide; ajoutez un verre de coupé en grosses tranches, duquel vous aurez ôté jus, ou, à défaut de jus, faites un roux ; mouillez- le avec du bouillon, et ajoutez-le à l'italienne que tout le blanc et les pepins ; ajoutez une cuillerée vous faites réduire jusqu'à consistance convenable. à bouche d'échalotes hachées, lavées et passées dans le coin d'un torchon, comme pour vos cham- Cette sauce ne se passe pas. On peut y ajouter un peu de jus de citron. pignons; plus une demi-feuille de laurier, deux clous de gérofle et un quarteron d'huile ; passez Sauce génoise. - Mettez, dans un demi-se- le lut sur le feu; quand vous vous apercevrez tier de vinaigre, du persil, des échalotes et des que le citron et les ingrédients sont presque cuits, | cornichons hachés, des câpres, du raisin de Co- SAU ( 146 ) SAU rinthe, poivre, piment, muscade, et un peu de Sauco jaune à la hollandaise (pour le glace de viande; faites bouillir le tout jusqu'à ce turbot et le brochet). Mettez dans une cas- qu'il soit réduit en glace; mouillez alors avec deux serole, avec un verre de bon vinaigre, douze cuillerées de sauce au beurre, autant de con- jaunes d'aufs crus, un quarteron de beurre, gros sommé, et ajoutez un peu de beurre d'anchois. poivre, sel, piment, muscade; faites chauffer Sauce aux tomates à l'andalouse. tout au bain-marie en tournant toujours; lorsque On coupe cinq ou six ogpons en tranches dans cela commencera à prendre, c'est-à-dire à épais- une casserole, dans laquelle on ajoute un peu sir, ajoutez-y une livre et demie de beurre bien de thym et de laurier, avec douze pommes d'a- frais; tournez toujours jusqu'à ce que le beurre soit mour ou tomates, que l'on arrose de bouillon fondu et le tout bien lié; puis passez cette sauce à l'étamine. pris du derrière de la marmite, ou d'un bon morceau de beurre, en assaisonnant de sel, de Sauce hollandaise (pour le saumon). cinq gousses de petit piment enragé, d'un peu de Maniez bien ensemble une demi-livre de beurre, poudre de safran de l'Inde; faites chauffer vos to- deux cuillerées de farine et cinq ou six jaunes mates, ayant soin de les remuer de temps en d'œufs ; mettez cette espèce de pâte dans une cas- temps, parce que cette sauce est susceptible de serole avec sel, gros poivre, le jus de trois citrons s'attacher ; lorsque votre sauce sera un peu épais- et un demi-verre d'eau; faites chauffer le tout en sie, passez-la à l'étamine comme une purée ; lournant sans cesse jusqu'à ce qu'elle ait acquis qu'elle ne soit pas trop claire. assez d'épaisseur pour masquer le poisson sur le- Sauce à la portugaise. - On met dans une quel vous devez la verser. casserole un quarteron de beurre , deux jaunes Sauce hollandaise (pour les soles bouil- d'eufs crus, une cuillerée à bouche de jus de ci- ties). Hachez très-fin quatre ou cinq poignées tron, du gros poivre, du sel. On place la casserole de persil blanchi; passez-le avec du beurre frais sur un feu qui ne soit pas trop ardent, ayant soin légèrement manié d'un peu de fécule ou fleur de de bien tourner la sauce et de ne pas la quitter, farine; ajoutez-y du sel, du gros poivre, ainsi parce qu'elle caillerait. Quand elle est un peu qu'une ou deux cuillerées de limon ; faites lier la chaude, on la vanne, c'est-à-dire on prend de la sauce en ayant soin de ne pas la laisser bouillir. sauce dans une cuillère, que l'on laisse retomber dans la casserole. On la remue avec force, Sauce indienne. alin Vous mettrez dans une que le beurre se lie avec les jaunes. On a sein de casserole gros comme la moitié d'un æuf de ne faire cette sauce qu'au moment de servir. Au beurre, trois gousses de petit piment enragé, bien cas qu'elle soit trop liée, on y met un peu d'eau. écrasé, plein un dé de poudre de safran des Indes ou terra-merita; vous ſerez chauffer votre beurre Sauce à la Grimod (La) n'est autre chose jusqu'à ce qu'il soit un peu frit; vous mettrez en- qu’une sauce à la portugaise, à laquelle on ajoute suite plein quatre cuillères à dégraisser de la sauce du safran, de la muscade et du piment enragé ré- précédente veloutée, sans être liée, deux cuille- duit en poudre. rées de bouillon; vous ferez réduire; vous dé- Sauce à l'allemande. Mettez dans une graisserez votre sauce; vous la mettrez dans une casserole des champignons hachés, et gros de autre casserole, et la tiendrez chaude au bain- beurre comme la moitié d'un æuf; faites bien marie ; au moment de servir, vous y jetterez gros cuire vos champignons, joignez-y trois cuillerées comme un æuf de beurre, que vous remuerez bien à dégraisser de velouté travaillé, et une cuillerée avec votre sauce ; vous pouvez la lier aussi. de consommé; failes réduire votre sauce; arrivée Bread - sauce, préparation britannique qui à son point, jetez-y gros de beurre comme la moi s'emploie presque toujours avec le gibier à plu- tié d'un euf, du persil bien vert haché et blanchi; mes, et qui, malgré la simplicité de sa composi- passez et vannez le lout; mettez le jus de la moi- tion, n'est pas dépourvue de sapidité. - Prenez la tié d'un citron, un peu de mignonnette; passez de mie d'un pain mollet ou celle de plusieurs petits nouveau votre sauce, et servez-vous-en. pains blancs; faites-la tremper avec du lait, et Remarque. Faute de velouté, farinez un peu puis faites-la bouillir pendant environ trois quarts vos champignons ; délayez le tout avec d'excellent d'heure, en lui donnant la consistance de la bouillon; mettez-y un bouquet bien assaisonné bouillie la plus épaisse; ajoutez-y vingt grains de d'un clou de gérofle, la moitié d'une gousse d'ail, poivre noir; mellez-y du sel et de la muscade thym et laurier ; votre sauce cuite, retirez le bou- râpée en suffisante quantité, et quelques moments quet; exprimez-le, et finissez cette sauce comme avant de servir ajoutez-y deux cuillerées de beurre la précédente. le plus frais. On doit servir la bread-sauce dans SAU ( 448 ) SEL - - faite, renversez-la sur le couvercle, supprimez-en Saumon fumé. - Prenez du saumon fumé, la peau, saucez avec une sauce au beurre, parse coupez-le par lames; mettez de l'huile sur un mez-la de câpres confites ou de fleurs de capu- plat d'argent; sautez vos filets : leur cuisson faite, cines au vinaigre. égouttez-en l'huile; pressez dessus un jus de ci- tron, et servez. Sauté de saumon. Prenez du saumon Saumon salė. Faites dessaler votre sau- cru, levez-en la peau, coupez-le par escalope de la largeur d'une pièce de cinq francs et de l'épais- mon, mettez-le dans une casserole avec de l'eau fraîche ; faites-le cuire; sitôt qu'il sera prêt de seur de deux ; trempez le manche de votre cou- teau dans de l'eau , aplatissez-les et arrondissez-bouillir, écumez-le, retirez votre casserole du feu, les; vous aurez fait fondre du beurre dans une couvrez-la d'un linge blanc : au bout de cinq mi- nutes, égouttez-le, et servez-le en salade. sauteuse; rangez-y vos escalopes sans les mettre les unes sur les autres; saupoudrez-les d'un peu Vous pouvez servir les saumons entiers ou cou- de sel fin et gros poivre; mettez dans une casse- pés en darnes à la béchameil, à la hollandaise, en role, si c'est en gras, trois cuillerées à dégraisser attéreau cuit au four avec une sauce aux tomates, de velouté réduit; si c'est en maigre, de l'espa- et puis encore étant cuite à la broche après avoir gnole maigre et gros de beurre comme deux aufs; été piquée de fins lards. Il est bon de le servir faites chauffer et liez votre sauce; sautez vos es- alors sur une purée d'oseilles ou coulis de jambon. calopes, retournez-les, et, leur cuisson faite, Le beurre de Montpellier est un assaisonnement égouttez-les, dressez-les en couronne sur votre qui réussit très-bien avec les tranches de saumon plat, auquel vous aurez fait un bord (V. GARNI- grillées ou sautées. TURES ); supprimez une partie du beurre dans Saumoneaux du Rhin. Faites-les cuire lequel vous avez fait sauter vos escalopes, con au bleu pour les dresser en grillages et les servir servez-en le jus; mettez ce fond dans votre sauce, à l'entremets avec une sauce à l'huile verte et au liez-la de nouveau ; ajoutez-y un peu de persil jus d'orange amère. Il est rare que les saumo- haché et blanchi, un peu de muscade râpée et le neaux arrivent assez frais à Paris pour pouvoir y jus d'un citron. être mis en friture, et c'est pourtant la prépara- tion qui leur convient le mieux. Galantine de saumon. - Prenez la rouelle Saumoneaux à la poêle. — Faites-les cuire du milieu, qu'on appelle manchon, d'un des sau- sur un feu modéré pendant un quart d'heure avec mons les plus forts, c'est-à-dire de la longueur de du consommé, du vin de Champagne et quelques deux pieds et demi à trois pieds ; fendez-le par le ventre, retirez-en la forte arête, étendez-le sur lames de jambon cuit d'avance, après avoir assai- sonné ce mouillement avec un bouquet garni, un linge blanc, piquez-le de gros lardons d'an- chois, de thon mariné, cornichons et truffes ; éta- quelques échalotes pilées et une bonne pincée des lez sur toute la superficie des chairs des quenelles quatre épices. Lorsque la sauce est réduite, il faut la passer au tamis et la verser sur le saumoncau. de poisson quelconque; reformez votre manchon de saumon dans sa forme naturelle; serrez-le bien Saumoneaux en caisse (V. LAPEREAU). dans une serviette; faites-le cuire dans un bon SCAROLE orte d'endive ou de chicorée court-bouillon; laissez-le refroidir; déballez votre saumon, parez-le, dressez-le sur un plat, glacez-|(V. SALADES). le, garnissez-le de croûtons et de gelée. SCORSONÈRE, racine potagère (V. ci-des- Pâté chaud de saumon. Retirez la peau sus l'article SALSIFIS). et l'arête d'un morceau de saumon ; piquez-le SCUBAC, liqueur aromatisée par une décoc- de filets d'anguilles et de filets d'anchois; passez tion de safran (V. page 297). ces morceaux au beurre avec des fines herbes, comme il est indiqué à l'article Esturgeon en SEIGLE. Il est toujours bon d'employer la fricandeau; assaisonnez de sel, gros poivre farine de seigle ou d'épeautre au lieu de celle de et épices ; laissez-les refroidir; mêlez vos fines froment, pour la confection des babas polonais et herbes avec des quenelles de poisson ; mettez le des congloffs à la viennoise (V. pages 51 et 181). tout dans une croûte de pâte, et finissez comme il est indiqué à l'article PATISSERIE ; servez, et SEL. Il arrive souvent que le sel marin se saucez d'une italienne. trouve mélange de sulfate de soude , appelé vul- gairement sel de Glauber. Il est aisé de s'en as- Pâté froid ou limbale de saumon. surer soit en l'exposant à un air très-sec, soit en Procédez de même qu'il est indiqué à l'article pré le faisant dissoudre à l'eau bouillante et le sou- cédent; la différence est de n'y pas mettre de sauce. mettant à l'évaporation sur un feu très-vif. Dans SER ( 449 ) SER - . le premier cas, on voit une partie du sel qui s'ex- , clature de tous les mets qui ont été servis au pa - folie ou s'effleure, et, dans l'autre, il se forme des lais de France, à la table de M. le Duc de Blacas, cristaux de sel marin, ainsi que des grumelots de pendant la première année de son ambassade à sulfate de soude, qui sont aussi différents les uns Rome). des autres pour l'aspect que pour la saveur, car le sel de Glauber est d'une âcreté remplie d'amertume. Potages. Il est bon de s'approvisionner de vieux sel, Potage à la reine. parce que celui qui est récemment extrait des sa- lines est toujours amer et déliquescent. Le nou- à la Xavier de Saxe. veau sel est surtout fort impropre à la salaison des à la d'Artois, viandes de conserve, auxquelles viandes il com- à la Condé. munique souvent un goût de bitume et dont il à la Villeroy. altère infailliblement la couleur. Les Hambour- à la gendarme. geois lui reprochent aussi de ne pas donner aux à la provençale. viandes salées la consistance nécessaire à leur à la tortue. conservation. aux ravioles. SELTZ (EAU DE). L'eau minérale de Seltz à la jambe de bois. doit à l'acide carbonique qu'elle tient en dissolu aux quenelles blanches. tion la double propriété de communiquer à toutes aux æuſs de faisan pochés. les boissons avec lesquelles on la mélange une au blé vert. saveur piquante et de favoriser l'activité de l'ap à l'orge perlé. pareil digestif. Il est difficile, à Paris du moins, de à la d’Esclignac. se procurer de l'eau de Seltz naturelle, et qui n'ait à la Chantilly rien perdu de ses propriétés; mais comme on a à la purée de gibier garni de laitues. trouvé le moyen de l'imiter bien exactement , il à la bisque d'écrevisses. n'est pas d'été si brûlant, ni de lieu si désert où à la bisque de petites langoustes. l'on ne puisse se procurer de l'eau de Seltz en la à la célestine au lait d'amande. fabriquant soi-même. Pour composer de l'eau minérale de Seltz artificielle, il est suffisant de de graines de melon à la purée verte. mettre par chaque bouteille d'eau filtrée un de- à la purée de haricots-riz. mi-gros de bi-carbonate de soude avec un demi- gros d'acide tartrique. On aura soin de bien fice- Garbure aux choux. ler les bouchons sur ces bouteilles et de les cou- au fromage. cher à la cave ou dans un lieu bien frais, afin que aux navcts. le gaz qui se dégage par la réaction des deux sels ne puisse faire sauter les bouchons ni faire éclater à la moelle. les bouteilles. Croûte gratinée à la jardinière. SEMOULE, pâte en petits grains de la même à la Brunoy. substance que le vermicelle, et qu'on emploie aux laitues farcies. également pour des potages et des entremets su- à la chicorée verte. crés (V. POTAGES, FLANS et GATEAUX). La à la purée de haricots rouges. meilleure semoule est celle de Gênes, où l'on en aux carottes nouvelles. fabrique de deux sortes, savoir : la semoule blanche, qui se fait avec de la farine de riz, et la aux petits navets. jaune qui se fait avec de la fleur de froment dans aux choux-fleurs. laquelle on ajoute de la teinture de safran, de la aux petits ognons blancs. coriandre et des jaunes d'@ufs. C'est celle qui aux concombres farcis. convient le mieux pour toutes les préparations de aux choux de Bruxelles à la crème. la semoule au lait et au sucre. aux racines de céleri. aux montants de cardons. SEPT-OEILS, frai de lamproie et ancien nom du même poisson (V. pages 280 et 287). aux pointes d'asperges. aux zuchetti et coucoudecellcs. SERVICE. (Nous pouvons donner ici, comme aux petits pois. un parfait modèle du service de table , la nomen- aux petits radis. - aux marrons. - - 29 SER SER (430) Croûte aux mousscrons. aux tomates farcies. aux salicoques. aux huîtres ou aux moules. Hors-d'ouvres. HORS-D'OEUVRES CHAUDS. 9 Riz au coulis d'écrevisses. à la Crécy. à la purée de lentilles naines. au blond de veau. au lait d'amandes et d'avelines. à la printanière. à l'aurore. Vermicelle au consommé. à la purée d'oseille. à la julienne. à la purée de dorade. à la purée de navets au roux. à la purée de pois nouveaux. Nouilles au beurre frais. au consommé. à la printanière. à la Faubonne, Semoule au consommé. au gras et à la crème cuite. aux queues de salicoques. au gratin blanc. au gras et au vin rougc. Macaroni (des trois manières). Lasaignes à l'italienne. Sagou à la purée de racines. Salep au blond de veau. Tapioca au consommé de volaille. Bouille-à-baisse. Minestra romaine (au maigre). Soupe aux herbes à la dauphine. aux ognons liés à la villageoise. au lait au potiron. au lait à la Monaco. Mitonnage au jus de racines. au coulis de poisson. au beurre d'anchois. Panade au beurre frais. à l'orgcat. au lait de noiselles. à l'orange. au vin d’Alicante, ou de l'Archipel, ou de Tokay. Petits pâtés au naturel. Feuilletés à la moelle. Bouchées farcies. Rissoles au godiveau maigre. Bâtons royaux. Brésolles au cresson. Canelons d'anguille. Croquettes à l'italienne. Charbonnées (sauce au pauvre homme). Caur de bæuf à la poivrade. Miroton au persil. Gras double à la lyonnaise. Palais de bouf grillés. Escalope de foie de veau. Fraise de veau à la vinaigrette. Fraise de veau au gratin. Pieds de veau bouillis au verjus. Poitrine de mouton panée-grillée. Langues de mouton braisées. Rognons de mouton à la brochette. Émincé de rognons au vin blanc. Coquille de cervelles et de ris d'agneau. Oreilles et pieds d'agneau marinés. Issue d'agneau à la poulette. Tranche de jambon aux épinards. Papillotes de foie de porc. Pieds de cochon à la Sainte-Ménéhould. Pieds de cochon farcis. Queue de porc à la sauce Robert. Oreilles de cochon frites. Andouilles tranchées. Andouillettes. Saucisses à la poêle. rondes aux truſles. plates aux pistaches. Chipolates aux avelines. Boudins blancs grillés. noirs de porc. de sanglier. de chevreuil. SER ( 452) SER - Radis et raves. Agneau de Pâques à l'ancienne mode de France. Arabesque aux douze fines herbes. Selle de chevreuil piquée et marinée. Le chaperon des sept fleurs d'office. Filets de biche à la poêle et au vin du Rhin. Cordioles de fenouil. Longe de veau rôtie avec un puits pour blanquette. Montants de céleri à la rémoulade. à la crème. Beurre frais en coquilles. à la Monglas. de brebis en petits pots. à la Godard. filé aux amandes. au ragoût des sept légumes. assaisonné de toutes les sortes. Jambon d'ours du Tyrol. Beurrés au pain de seigle. de sanglier des Apenoins. Tartines au beurre et aux fines herbes. de porc à la broche et aux épinards. Tartines à la crème et au parmesan râpé. cuit au vin de Madère. Sandwichs au jambon cru. cuit à la Royale. à la langue fumée. garni d'une macédoine de légumes aux aux anchois, aux aufs durs et au par- quenelles. mesan. Cochon de lait à la broche. aux aufs de langouste. à l'italienne, farci de macaronis. aux queues de salicoques. à la peau de gorret. aux filets de sardines. à la turque et au parmesan. aux æufs d'esturgeon. Dinde aux truffes à la broche. Gâches ou moffins au fromage grillé. braisée, sauce à la Périgueux. Dindon à la Régence. Grosses pièces et relevés. à l'anglaise. à la Matignon. Culotte de bæuf aux légumes glacés. aux marrons à l'Espagnole. garnie de choucroûte. aux foies gras. garnie de petits pâtés. Deux dindonneaux en entrée de broche avec sau- cuite à la Royale. ces variées. cuite à la mode. Deux chapons ou poulardes en entrée de broche, cuite à la Godard. avec ragoûts pour garniture à volonté. cuite à la Gendarme. Oie grasse cuite à la cendre. cuite à la languedocienne. aux racines à la flamande. à la grande gibelotte. Noix de bæuf au vin de Madère. à la purée de pommes de reinette. à la Macédoine. Grande oille à la Royale. à la braise et aux racines. à la Maréchale. Grande chartreuse garnie de perdrix, de gri- ves, de cailles, de merles de Corse, de sarcelles, de Aloyau rôti garni de petites bouchées de feuilletage. pluviers et d'ortolans. braisé, garni de raiſort. Grande timbale de macaronis, garnie soit à l'i- à la Royale. talienne, à la financière, à la milanaise, au chas- de bæuf à la mode. seur ou à l'allemande. Grand pâté chaud garni, soit de lapereaux dé- Sous-noix de beuf à l'étufade. pecés aux fines herbes , soit de quenelles de Selle de mouton rôtie, garnie de quiches au maïs. poisson, soit d'un ragoût à la financière, soit de d'agneau rôtie , sauce à la maître-d’hôtel. pigeonneaux à la poulette, etc. - SER ( 453 ) SER - - Grande casserole au riz ou vole-au-vent, garnis | Terrine garnie de ris d'agneau à la financière. soit d'un ragoût d'ailerons accompagné d'une garnie de macaronis et de raviolis à la gé- financière, soit à la polonaise, à la milanaise, à la noise. Reine, à la bonne moruc, à la Béchameil, etc. garnie d'ailerons en haricot vierge. Carpe à la Chambord, à la Régence, à la grande matelote, à la marinière, à la bourguignonne, etc. garnie d'ailerons à la macédoine de légu- mes. Brochet à la Chambord, à la broche, en Dau- garnie d'ailerons aux pointes d'asperges. phin, à la Créquy, à la génevoise, à l'allemande, à la financière et à la tartare. garnie de tendrons de veau au kari. Turbot à la crème, à la hollandaise, à la sauce garnie de quartiers d'oie à la purée de marrons. aux huîtres, à la sauce au homard, au four et à la purée de tomates, ou bien cuit au lait et servi sur garnie de queues de mouton en hochepot. une purée de tomates ou d'oseille. garnie de queues de mouton à la proven- Grande alose à la broche, sauce au vin de ma- çale. laga et aux œufs de faisan. garnie de langues de mouton à l'écarlate. Cabillau cuit au bleu, à la sauce aux câpres, à garnie de langues de mouton à la bre- la hollandaise garni de pommes de terre ou de pa- tonne. tates d'Espagne, au bien cuit au four, et servi sur garnie de langues de mouton à la Soubise. une sauce au blond de veau réduit. garnie de palais de bæuf en blanquette. Saumon au bleu, à la Régence, à la vénitienne, garnie de palais de bæuf sautés aux fines à la hollandaise, à la génevoise, à la sauce aux huî- herbes. tres, à la sauce aux crevettes, aux eufs de tortue, au beurre de Provence. garnie de lames de tête de veau en tortue. garnie d'oreilles de veau au vert-pré. Truite en Dauphin, et cuite au court-bouillon, à la sauce hollandaise, à la sauce flamande, au garnie de cervelles de veau à la Béchameil. beurre de Montpellier, à la purée d'oseille, etc. garnie de ris, d'oreilles et de côtelettes d'a- Tortue de l'île de Corse en soupe américaine, gneau à la macédoine. en calapé, cuite au four, ou en ragoût dans son garnie d'une queue de bæuf en matelote. écaille. garnie d'une queue de beuf en chipolata. Esturgeon piqué cuit à la broche, en tortue, à l'italienne, au vin de Calabre, au beurre d'an Entrées de viandes de boucherie. chois. Hure ou queue d'esturgeon cuite au vin de Ma Côte de bæuf glacée aux sept racines, dère, au vin de Champagne, ou bien à l'étuvée au vin de Madère. avec une sauce à l'italienne au roux. à l'espagnole. Rouelle de thon frais cuite à la broche, avec une garnie d'une macédoine. sauce à la ravigotte verte. glacée à l'italienne (au macaroni). Hure ou queue de thon frais cuite au court- braisée à la flamande, bouillon, et servie sur une purée d'huîtres au vin blanc, Filet de bæuf piqué glacé. au vin de Madère. Contre-Clans et bouts de table. garni de macaroni à l'italienne, Biſtecks à l'anglaise. à la maître-d'hôtel. Terrine de ris de veau à la jardinière. garnie d'une matelote d'anguilles et d'é- au beurre d'anchois. crevisses au vin de Bordeaux, aux fines herbes. garnie d'une gibeloite d'anguilles et de la- sauce aux tomates. pereaux à la poulette. sautés dans leur glace. garnie d'une matelote de foies gras aux sauce à la poivrade. truffes d’Italie, panés à l'allemande. - SER ( 433 ) SER Risde veau panés à l'allemande, Flets de mouton, panés à l'allemande. à la d'Artois. à la Sainte-Ménéhould. en papillotes. grillés et garnis d'une macédoine ou d'une nivernoise. Escalope de ris de veau aux fines herbes et en caisse. Émincé de mouton à la Clermont, Filets de veau piqués glacés à la jardinière. Côtelettes de mouton sautées glacées. aux pointes d'asperges. sautées aux concombres, à la macédoine. sautées à la Nivernois. à la chicorée. sautées à la macédoine. à l'oseille. sautées aux pointes d'asperges, aux concombres. sautées aux laitues. à la Mongolfier. sautées à la puré de pommes de terre. sautées à la chicorée. Tendrons de veau à l'allemande. à l'oseille. à la Villeroy au céleri à la française, à la Sainte-Ménéhould. à la Singarat. glacés à la macédoine. à la Soubise. glacés aux concombres. à l'anglaise. glacés aux laitues. panées à l'allemande. aux pointes d'asperges. panées grillées. glacés à la chicorée. sautées à la minute, sauce aux tomates. glacés à l'oseille. à la purée de champignons. Langues de mouton à la bretonne, à la Toulouse, à l'écarlate, sauce tomate, à la financière. au gratin, à la chipolata. à la languedocienne. à l'espagnole. Selle de mouton glacée. panées à l'allemande. à l'allemande. en cornets. à la purée d'oseille. Papillotes de langue de mouton. à la macédoine. à la chicorée. Marinade de langue de mouton. Orly de langue de mouton, Carbonades de mouton à la purée de céleri. à la purée de champignons. Émincé de langue de mouton anx concombres. à la Clermont. à la purée de pommes de terre, à l'oseille ou à la chicorée. à la bretonne. à la bretonne. Épigramme de langue de mouton aux pointes d’as- à la Nivernois. perges. à la macédoine. à la macédoine. aux pointes d'asperges à la Choisy. Langues de mouton à la gasconne. à la provençale. Filets de mouton glacés marinés, sauce au chevreuil, sautés à l'écarlate, sauce aux tomates. Carré de porc-frais à la broche, sauce aux tomates. sautés à l'anglaise (petites pommes de terre glacé à la sauce Robert. tournées). Côtelettes de porc-frais sautées glacées à la lyon- naise. Escalope de filets de mouton aux fines herbes, panées à l'allemande, sauce poivrade. demi-espagnole. grillées, sauce Robert. Turban de filets de mouton garni d'une financière. à la purée de pommes de reinette. . . - SER ( 456 ) SER de coq. - Ris d'agneau piqués glacés à la chicorée. Quenelles à la Orly. à la Toulouse. à la Sainte-Méméhould. à la financière. panées à l'allemande. à la macédoine. Côtelettes de ris d'agneau ou de veau à la Pompa- aux concombres. dour. Épigramme de ris d'agneau. Attelets de langue de mouton à l'écarlate. d'agneau aux pointes d'asperges. au petit lard. à la macédoine. de blanc de volaille et de truffes à l'alle- Côtelettes d'agneau piquées. mande. glacées à la chicorée. de gibier à la Périgueux. de crêtes aux truffes. aux petits pois. sautées au suprême. de riz au parmesan, garnis de rognons à la Toulouse. à la financière. Entrées de volaille et de gibier. à la macédoine, aux concombres. à la jardinière. Belle poularde à l'ivoire. garnies à l'anglaise. à la Chevry et à l'essence. à l'allemande. à la ravigote, sauce verte. à la Villeroy. à l'estragon et à l'essence. à la Régence. à la maréchale. à la Toulouse. Musette d'agneau à la mode champêtre. à la Montmorency. Épaule d'agneau à la maître-d’hôtel. à la Matignon, sauce aux tomates. Oreilles d'agneau en menus droits à la ravigote. à la Périgord, sauce Périgueux. à la tortue. aux truffes, entrée de broche, sauce ita- à la Toulouse. lienne. à la Dauphine. braisée à la financière. à la Villeroy. à l'anglaise, garniture de racines. au gratin. en demi-deuil sur un aspic. Croquettes de ris garnies d'un salpicon. Chapon au consommé. de volaille à la Béchameil ou au velouté. au riz, de gibier à l'espagnole. au gros sel. de foies gras au suprême. à la Chevalier. à la Reine. de palais de beuf à l'allemande. de crêtes et de truffes au fumet. à la Singarat. de blanc manger (hachis de blanc de pou- à la Monglas. larde). Poulets nouveaux, sauce aux tomates. d'agneau à la Périgueux. à la Dantzick, sauce aux huîtres. aux champignons à l'allemande. à la tarlare, sauce rémoulade. aux fines herbes. aux fines herbes et en papillotes. de turbot à la Béchameil. sautés à la minute, sauce tomate. de soles. Fricassée de poulets à l'essence de racines. d'esturgeon. à l'essence de champignons. de perches. à la Périgord, sauce Périgueux, Quenelles de volaille,de gibier,de veau ou de poisson à la Chevalier. à la Villeroy. à la Dauphine. à l'anglaise. à la vénitienne. SER ( 457 ) SER - - - Fricassée de poulets à l'italienne, sauce aux tomates. | Blanquette garnie de filets mignons à la Villeroy. bigarrée aux écrevisses. de filets mignons aux truſles. à la Villeroy. de poularde, les petits filets à l'écarlate. de volaille garnie de filets mignons panés Kari de poulets à l'indienne. à l'allemande. Fritot de poulets garni d'œufs frits. garnie de quenelles à la Villeroy. pané à l'allemande, sauce poivrade. Épigramme de filets de poularde à la chicorée. Marinade de poulets nouveaux. de poulets à la macédoine. Capilotade de volaille, sauce italienne. de volaille garnie de céleri à la française. Cuisses de volaille en haricot vierge. Sauté de poularde ou de poulets au suprême, les à la macédoine. petits filets à la Orly. aux pointes d'asperges. aux truffes, les petits filets à la Conly. Bigarrure de cuisses de volaille, sauce allemande. aux concombres. à la Toulouse, les petits filets piqués et Cuisses de poulets à la Mirepoix. glacés. à la d’Armagnac. à la macédoine. à la glace. à la Nivernois. à la Villeroy. aux pointes d'asperges. à la Pompadour. Sauté de poulets gras à la Royale ou à l'écarlate. Fritot de cuisses de volaille, sauce poivrade. Sauté de volaille à la Belle-vue orné de truffes. Sauté à la provençale. Cuisses de poulets panées à l'allemande, sauce Sauté à la Conty aux truffes. tomate. en kari. Filets de poulets à la chevalier. braisées, sauce aux écrevisses ou aux cre- à la Sainte-Ménéhould. vettes. Ailes de poulets panées à l'allemande, sauce 10- braisées, sauce à la Périgueux. mate. Cuisses de volaille à la Chevry. Bigarrure de filets de poulets à la Saint-Cloud. Ailerons de dindon au gros sel. à la Mirepoix. Filets de poulets à la Berry. aux petits pois. Turban de filets mignons Conty aux truſſes piqués en haricot vierge. glacés. à la macédoine. Canetons de ferme à la flamande. à la Nivernois. de Rouen en haricot vierge. à la chicorée. glacés aux racines. aux concombres. farcis à la Dauphine. aux olives farcies. à la Toulouse. Filets de canetons à la minute au jus d'orange. à la financière. Aiguillettes de canetons à la bigarade. panés à l'allemande, Sauté de filets de canetons à la bourguignotte. Frilot d'ailerons de poularde. au vin de Bordeaux. Ailerons en kari. Filets de canards sauvages à la Périgueux. Blanquette de poularde aux truffes. à la Sainte-Ménéhould. à la Béchameil. panés à l'allemande, demi-espagnole. aux concombres. au suprême, garnie de filets mignons piqués Orly de filets de canards. glacés. Filets de canards aux truffes. SER ( 488 ) SER - - Sauté de sarcelles à la bourguignonne, Sauté de cailles au suprême. au vin de Bordeaux. Ailes de cailles sautées aux truffes. (On peut les servir de même que les filets de ca- Orly de filets de cailles, nards décrits ci-dessus). Salmis de cailles au vin de Bordeaux.. Cuisses de canetons à la macédoine. Papillotes de jeunes perdreaux aux fines herbes Bigarrure de cuisses de canards à la jardinière. et au laurier. Cuisses de canetons en haricot vierge, Perdreaux à la Périgord, entrée de broche. aux olives. à la Monglas. de canards à la Mirepoix. Salmis de perdreaux rouges à la bourguignonne. à la Villeroy. au fumet et au vin de Champagne, braisés à la provençale. Salmis de perdreaux rouges au vin de Bordeaux. aux pointes d'asperges, aux truffes, sauce Périgueux. Sauté de faisan à la Royale, Côtelettes de perdreaux à la maréchale. aux truffes et au suprême. Filets de perdreaux à la Sainte-Ménéhould. Faisans aux truffes à la Périgueux. à la westphalienne. Salmis de faisan au vin de Bordeaux. Sauté de perdreaux rouges aux truffes. au vin de Champagne, à la Toulouse. à la bourguignonne. à la bourguignonne. Pigeons innocents à la cuillère, sauce allemande, aux truffes à la financière. au beurre d'écrevisses. Épigramme de filets de perdreaux aux pointes d'as- Gauthier en homards, sauce aux crevelles. perges. à la Singarat. Orly de filets de perdreaux rouges. à la Toulouse. à la macédoine. Hachis de perdreaux à la polonaise, à la Nivernois. aux petits pois. Papillotes de bécassines aux fines herbes. aux concombres. Salmis de bécasses au fumet et au vin de Champa- Sauté de pigeons au sang. gne. à la Périgueux aux truffes. au vin de Bordeaux, à la bourguignonne. Orly de filets de pigeons. Filets de pigeons à la Sainte-Ménéhould. Sauté de bécasses aux truffes, à l'allemande. Ailes de pigeons à l'anglaise. au suprême. Côtelettes de pigeons à la maréchale. (On prépare ainsi le pluvier, la grive et la sar- Ailes de pigeons panées à l'allemande. celle) Papillotes de pigeons aux fines herbes. Caisse de lapereaux aux fines herbes, Cailles au gratin demi-espagnole. Lapereaux de garenne sautés aux fines herbes. aux petits pois. Gibelotte de lapereaux à la bourguignonne. à la Mirepoix, sauce italienne, au vin de Bordeaux. à la financière. au chasseur. à la Toulouse. aux pointes d'asperges. Escalope de lapereaux à l'allemande, à la macédoine. filets de lapereaux à la vénitienne. à la jardinière. aux truffes garnies d'une escalope, aux fines herbes et en caisse. piqués glacés à la financière. à la turque. . SER ( 489 ) SER - Papillotes de lapereaux aux fines herbes, Quenelles de volaille au consommé. à l'essence, Gratin de lapereaux à la turque. à la Béchameil. Turban de filets de lapereaux. au beurre d'écrevisses, Grenade de filets de lapereaux. à la Périgueux. Filets de lapereaux en turban. à la Villeroy. à la Sainte-Ménehould. Filets de levrauts en lorgnette. Filets de lapereaux panés à l'allemande. Quenelles en côtelettes au suprême. à la Toulouse. Filets de levrauts à la Sainte-Ménéhould. à l'italienne, Orly de filets de levrauts. aux truffes. Émincé de gibier au famet. à la Sainte-Ménéhould, à la Villeroy Filets de levrauts sautés au sang. panées à l'allemande, sauce aux tomates. Sauté de levrauts aux truffes, Boudin de volaille à la Richelieu. Filets de levrauts piqués glacés garnis d'une esca- à la troyenne. lope. au beurre d'écrevisses. Escalope de levrauts liée au sang. à la Périgueux. aux truſſes de Piémont. à la Pompadour. à l'italienne, les petits filets à la Orly. à la Villeroy. Turban de levrauts aux truffes. Chartreuses et ontrées do tour. Papillotes de levrauts aux fines herbes. Filets de levrauts piqués marinés, sauce poivrade. à l'écarlate, sauce aux tomates. Escalope de filets de chevreuil à l'italienne. Filets de chevreuil à la maréchale, à la Sainte-Ménéhould. Sauté de chevreuil à la Périgueux. au vin de Champagne. Entrées de foies gras et de quonelles, . Caisse de foies gras à l'espagnole. à la financière, à la Périgueux. Matelote de foies gras au vin de Madère. Orly de foies gras. Gratin de foies gras. Pain de foies gras à la Toulouse. à la Périgueux. Pain de volaille à la turque. jaspé de queues d'écrevisses. à la Toulouse. à la Périgueux. Chartreuse printanière. à la Mauconseil. à la paysanne. à la minime. au chasseur, à la parisienne en surprise, à la parisienne en cylindre. Petites chartreuses à la française. Croustades en surprise à la purée de gibier. à la Reine. à la Monglas. à la Toulouse. Croustade garnie d'une escalope de levrauts au Sang. garnie d'un salmis de perdreaux aux truffes. garnie d'un salmis de faisan au vin de Champagne. garnie d'un salmis de bécasses au fumet de gibier. garnie d'un salmis de grives aux champi- gnons. garnie d'une blanquette de poularde à la Périgueux. aux concombres, SER (460) SER - - Croustade de cailles au gratin. Bordure de riz garnie d'un ragoût à la Toulouse. de grives aux fines herbes. garnie d'un ragoût à la financière. de mauviettes au gratin et aux truffes. garnie d'un hachis de gibier à la turque. Petites croustades de pain garnies de grives au garnie d'une purée de gibier à la polonaise. gratin. garnie d'une blanquette de turbot à la Bé- garnies de mauviettes aux fines herbes. chameil. Timbale de nouilles à la Reine garnie de filets de soles à la vénitienne. à la purée de volaille. garnie d'une escalope de saumon aux truffes. à la polonaise. garnie de filets de perches à la Béchameil garnie d'un hachis de gibier à l'espagnole. au maigre. garnie d'une financière. garnie d'une blanquette de volaille aux Pâté chaud de faisans aux truffes. truſſes. de bécassines à l'espagnole. garnie d'un kari à l'indienne. de cailles aux champignons. garnie d'une purée de gibier. de mauviettes aux fines herbes. garnie à la Monglas. de jeunes perdreaux au fumet. garnie à la Toulouse. de grives à la Périgueux. garnie d'une escalope de filets de mau- garni à la Monglas. vielles. garni au chasseur. Casserole au riz à la Reine. garni à la financière. à la Berry. garni de palais de bæuſ farcis. à la polonaise. garni de ris d'agneau aux fines herbes. au chasseur. garni de godiveau à la ciboulette. à la Toulouse. garni de quenelles de volaille aux truffes. à la financière. garni de quenelles de gibier aux champi- à la Nesle, gnons. garnie d'une escalope de levrauts liée au de faisan aux fines herbes, Sang. de saumon aux truffes. garnie d'une blanquette de palais de boeuf. de filets de soles en attereaux. garnie d'un salmis de gibier au ſumet. de filets de merlans à la bourguignonne. à l'indienne. d'une escalope d'esturgeon au vin de Ma- à l'ancienne mode. dère. de bonne morue. à la marinière. garnie d'une blanquette de filets de soles. de légumes à la moderne. garnie d'une escalope de saumon aux fines herbes. Petits pâtés à la Monglas. d'une blanquette de turbot à la Béchameil. garnis de foies gras à la Périgueux. Bordure de riz garnie de ris de veau à la chicorée. garnis d'un émincé de volaille à la Bécha- meil. garnie de ris de veau au céleri. garnis d'une escalope de mauviettes à l'es. - garnie d'une blanquette de volaille aux pagnole. concombres. aux truffes de France. garnis d'un hachis de gibier à la turque. garnie d'un salmis de bécasses à la bour- garnis d'une purée de volaille à la polo- guignonne. naise. garnie d'un salmis de pluviers au fumet. garnis d'un ragoût à la Toulouse. garnie d'un salmis de perdreaux rouges au garnis d'une blanquette de turbot à la Bé- vin de Bordeaux. chameil. garnie d'un salmis de faisan au vin de Cham- garnis de filets de soles, de saumon ou de pagne. perches. - . SER ( 461 ) SER - Timbale de macaroni à la milanaise. Petits pâtés au verjus. de macaroni au chasseur. aux rognons de COC. de macaroni à la marinière. à l'écarlate. de macaroni à la financière. de filets de mauviettes. garnie de nouilles avec blanquette de vo maigres de laitances de carpes. laille. de queues d'écrevisses. de lasaignes au fumet de gibier. de queues de crevettes. garnie d'un ragoût à la financière. aux huîtres vertes. garnie d'un ragoût à la Toulouse. aux anchois à la provençale. de pigeons innocents aux truffes. à la Mazarine. de gibier aux fines herbes. à l'espagnole. à la parisienne. Rissoles à la parisienne. à l'indienne. à la russe, au saumon fumé. garnie de turbot à la Béchameil. garnie de saumon aux fines herbes. Entrées de poisson. garnie de filets de merlans en atiereaux. garnie de filets de soles aux truffes. Darne d'esturgeon à la broche, sauce génoise. en tortue. Vole-au-vent de macaroni à la milanaise. au vin de Madère ou de Champagne. garni à la Nesle. au court-bouillon, sauce aux huîtres. garni d'un ragoût à la financière. Queue d'esturgeon grillée, sauce au beurre et aux garni d'un ragoût à la Toulouse. queues d'écrevisses. de quenelles de volaille à l'allemande. de quenelles de gibier à l'espagnole. Sauté d'esturgeon à la Béchameil. de quenelles de faisan à la Béchameil. Escalope d'esturgeon aux truffes. d'une blanquette de volaille aux truffes. Côtelettes d'esturgeon à la Sainte-Ménéhould. d'une escalope de gibier. Filets d'esturgeon panés à l'allemande. de bonne morue à la Béchameil. à la Orly, aux ognons frits. d'une blanquette de turbot. d'une escalope de saumon aux fines herbes. Papillotes d'esturgeon aux fines herbes. Fritot d'esturgeon. Petits vole-au-vent à la Béchameil. Darne de saumon grillée, sauce aux huîtres. à la purée de volaille. au vin de Champagne, sauce au beurre à la purée de gibier. d'écrevisses. à la marinière. au court-bouillon et glacé au four, sauce à la Monglas. génevoise. aux fines herbes et, en papillotes, sauce Tourte d'entrée à l'ancienne mode. flamande. de godiveau de volaille. Sauté de filets de saumon aux truffes, sauce à la de godiveau de gibier aux truffes de France. Périgueux. de godiveau de poisson aux fines herbes. Escalope de saumon à la maître-d’hôtel. garnie au chasseur. au beurre d'anchois. de ris d'agneau aux truffes. à la hollandaise. de jeunes perdreaux au fumet. Émincé de saumon à la Béchameil. de saumon aux fines herbes. au gratin. d'esturgeon au vin de Madère. Caisse d'escalope de saumon aux fines herbes. de filets de soles roulés et farcis. Sauté de saumon à la Béchameil. de filets de merlans en attereau. Filets de saumon panés à l'allemande, sauce aux à la marinière. crevettes. . SER ( 462 ) SER Côtelettes de saumon à la Sainte-Ménéhould. Fritot de morue. Papillotes de saumon aux fines herbes. Orly de morue. Fritot de saumon à la provençale. Morue à la Béchameil. Orly de filets de saumon. à la maître-d'hôtel. Sauté de truites à la hollandaise ou au beurre d'é- au beurre noir. crevisses. Cabillau à la hollandaise. Filets de truites à la maître-d’hôtel ou au beurre Émincé de cabillau à la Béchameil. d'anchois. sautés aux truffes, sauce Périgueux. au gratin garni de petites pommes de terre. panés à l'allemande, sauce aux huîtres ou Queue de cabillau au court-bouillon, sauce aux aux queues d'écrevisses. huîtres. Papillotes de truites aux fines herbes. Darne de cabillau au beurre et queues d'écrevisses. Fritot de filets de truites à la provençale. Raie bouclée à la hollandaise. Orly de filets de truites. en filets sautés aux huîtres. Alose à la purée d'oseille. en filets au beurre et queues d'écrevisses. grillée, sauce hollandaise. en filets au beurre noir, grillée, sauce génevoise. en filets au beurre d'anchois et aux câpres. Sauté d'aloses, sauce italienne. Marinade de raie au persil. Côtelettes d'aloses panées à l'allemande. Sauté de filets de soles à l'italienne. Papillotes d'alose. à la vénitienne. Fritot d’aloses à la provençale. à l'écarlate, sauce aux crevettes. Caisse de filets d'aloses à la Périgueux. aux truſſes, sauce Périgueux, au beurre d'écrevisscs. Quart de lurbot, sauce flamande. sauce aux huîtres. sauce hollandaise. Filets de soles panés à l'allemande, sauce hollan- Émincé de turbot à la Béchameil au maigre. daise. au gratin garni de petites pommes de terre. à la Sainte-Ménéhould, sauce aux tomates. Escalope de turbot aux truffes, sauce Périgueux. Orly de filets de soles. Sauté de turbot, sauce au beurre et aux queues Fritot de filets de soles à la provençale. d'écrevisses. Attereaux de filets de soles au gratin. sauce aux fines herbes et aux huîtres. Turban de filets de soles aux truffes. sauce à la génoise. Blanquette de soles à la Béchameilet en croustades. Filets de turbot à la Sainte-Ménéhould. aux truffes à l'italienne et en caisse, panés à l'allemande, sauce flamande. à l'anglaise, sauce aux crevettes. Papillotes de filets de soles à la maître-d'hôtel. Papillotes de filets de turbot à la maître-d'hôtel. Sauté de filets de soles, sauce aux fines herbes. sauce au beurre d'anchois. Orly de turbot. Frilot de turbot à la provençale. (Les filets de merlans se préparent absolument comme les filets de soles). Gratin de bonne morue à la Béchameil. Morue à la brandade ou la provençale. Filets de carrelet sautés aux fines herbes. à la Sainte-Ménébould, sauce aux tomates. Caisse de morue à la hollandaise. à la Orly. Morue rouléc, sauce aux huîtres. panés à l'allemande, sauce aux huîtres. SER ( 463 ) SER . - - Blanquette de carrelets à la Béchameil et en caisse. Vives à la flamande. au beurre et aux queues d'écrevisses. à l'italienne. au gratin. à la maître-d'hôtel. grillées, sauce au beurre d'écrevisses. Rougets grillés, sauce au beurre d'écrevisses. grillées, sauce aux câpres. sauce à la génoise. sauce aux buîtres. sauce à la hollandaise. Perches à la Waterfisch. sauce aux huîtres, à la pluche verte. sauce aux crevettes. sauce aux huîtres. Grondins grillés, sauce aux câpres ou à la pluche sauce hollandaise. verte. sauce au beurre et queues d'écrevisses. Filets de grondins à la Sainte-Ménéhould, sauce sauce aux crevettes. aux tomates. panés à l'allemande, sauce aux écrevisses. Filets de perches à la Sainte-Ménehould. panés à l'allemande. ritot de grondins à la provençale. Orly de filets de grondins. Orly de filets de perches. Fritot de perches à la provençale. Blanquette de filets de grondins aux truffes et en caisse. Matelote de perches au vin de Bordeaux. Sauté de filets de grondins à l'écarlate, sauce aux Croustade garnie d'une blanquette à la Béchameil. crevettes. Perches au gratin. Turban de filets de grondins aux truffes. Turban de filets de perches aux truffes et à l'é- Attereaux de filets de grondins au gratin. carlate. Maquereaux à la maitre-d'hôtel. Sauté de filets de brochet à l'italienne, garni de laitances de carpes. Sauté de filets de maquereaux à la Béchameil garnis de laitance. Côtelettes de brochet panées à l'allemande, sauce aux huîtres. sauce à la hollandaise. à la Sainte-Ménehould, sauce à la géne- sauce au beurre et aux queues d'écrevisses. voise. sauce aux huîtres, les laitances à la Orly. sauce italienne garnie de crevettes. Orly de filets de brochet. Fritot de brochet à la provençale. Filets de maquereaux panés à l'allemande. Papilloles de brochet aux fines herbes. à la Sainte-Ménéhould. Attereaux de filets de brochet au gratin. Orly de filets de maquereaux et de laitances. Caisse garnie d'une blanquette de brochet à la Bé- Fritot de filets, dits à la provençale. chameil au beurre d'écrevisses. Papillotes de filets, dits à la d'Huxelles. Lamproies grillées, sauce hollandaise ou flamande. Gratin de maquereaux garni de laitance à la Orly. | Matelote de lamproies à la bourguignonne. Turban de filets de maquereaux aux truffes. Lamproies à la poulette. Caisse de laitances de maquereaux aux fines herbes. à la Charles IX. Harengs frais, sauce à la moutarde. Anguille à la Sainte-Ménéhould, sauce aux to- sauce à la hollandaise. mates. roulée et glacée au four, sauce aux huîtres. Papillotes de laitances de harengs à la maître- d'hôtel. à la broche, sauce aux crevettes. Caisse de laitances et de harengs, sauce aux hui- Tronçons d'anguille à la tartare. tres. à la poulette. Croustade de laitances de harengs, sauce au beurre à la Béchameil au beurre d'écrevisses. et aux queues d'écrevisses. Matelole d'anguilles garnie de laitances de carpe. - SER ( 464 ) SER . - Caisse d'anguilles à l'italienne. Côte de bæuf à la gelée. Papillotes d'anguilles à la maître-d’hôtel. Filet de bæuf à la gelée. Croustade de pain garnie d'une escalope de le- Entrées froides. vrauts. Pain de ſoies gras. Galantine de poularde à la gelée. Bayonnaise de filets de soles dans une bordure de de perdreaux rouges aux truffes. gelée. Faisans en galantine à la parisienne. Salades de filets de soles aux laitues. Salade de poulets à la Reine. Darne de saumon au beurre de Montpellier. Bayonnaise de volaille à la gelée. à la bayonnaise. Salade de volaille à la bayonnaise. Truites à la bayonnaise. Sauté de poulets en salade à la bayonnaise. Perches historiées à la bayonnaise. de poulets à l'écarlate, sauce bayonnaise. Galantine d'anguilles en forme de volute. de poularde aux truffes à la bayonnaise. de poulets aux truffes à la gelée. Anguille en galantine à la bayonnaise. de poularde à la macédoine, sauce bayon-Galantine d'anguilles en arcade, au beurre de Pro- naise. vence aux écrevisses. Salmis froid de perdreaux à la gelée. Dinde en galantine à la gelée. de perdreaux aux truffes à la gelée. Jambon de Bayonne à la gelée. Filets de bécasses aux truffes à la gelée. Buisson d'asperges en croustade. Chaufroix de poulets à la gelée. Pyramide de salsifis à l'huile. de poulets aux truffes. Culs d'artichauts à la bayonnaise. Aspic de blanc de volaille garni d'une macédoine. Macédoine à l'huile et en croustade. de crêtes et rognons de coq, garni d'une blanquette de volaille. Culs d'artichauts à la gelée. à l'écarlate. Petits aspics à la moderne. Attelets de crêtes et rognons à la gelée. Salade à la Cussy. d'aspics garnis de blancs de volaille et de Croustade garnie de choux-fleurs et de haricots truſles. verts. garnis de blanc de volaille à l'écarlate. Choux-fleurs à la bayonnaise. Noix de veau à la gelée. Buisson de haricots verts à l'huile et en croustade. au beurre de Montpellier. au beurre d'écrevisses. à la Périgord. Plats de rôt. Côtelettes de veau à la gelée. Chapon gras au cresson. à la Belle-vue. Poularde à la peau de goret. Cervelles de veau à la bayonnaise. à la Loire. à la gelée. piquée glacée. Salade de cervelles de veau. aux truſles. Balotinne d'agneau en galantine à la gelée. bardée. Filets de mouton à la gelée. au cresson de fontaine, aux montants de fenouil. Côtelettes de mouton à la gelée. Langues de mouton à la bayonnaise. Dindonneau piqué. au beurre de Montpellier. à la peau de goret et au cresson. aux écrevisses. Dindon gras non bardé. - - SER SER ( 463 ) Poulels piqués. à la peau de goret. bardés au cresson. Róts en poisson. Soles frites. Pigeons romains bardés. de volière, au cresson, Dorade au bleu. Brochet au bleu. au court-bouillon. Brochelons à la bourguignonne. frits marinés. Faisans piqués garnis de cresson. Pintades. Canetons. Carpe au bleu. Canards sauvages. Truites saumonées au bleu. Sarcelles. Bartavelles. Perdreaux rouges piqués. gris bardés. Bécasses avec rôties de pain. Bécassines ou bécols bardés. Saumon au vin de Monte - Fiascone. Petites truites au court-bouillon. Alose à l'huile. Cailles de moisson. Merlans frits. Éperlans en altelets. Aiguilleltes d'éperlans. Goujons du Tibre. en attelets. Aiguillettes de goujons. Cailleteaux d'Ombic. Mauviettes bardées. Grives bardées avec feuilles de vigne. Pluviers dorés. Grosses pièces d'entremets. Rouges-gorges. Bec-figues bardés. Ortolans. Vanneaux au cresson. Merles de Corse. Gélinottes. Ramiers bardés. Oiseaux de rivière. . 1 Guignards. Lapereaux de garenne. bardés. piqués glacés. Reins de levråüts. Lièvre bardé de tétine de veau. Quartier de sanglier mariné. Marcassin piqué mariné. Quartier de chevreuil piqué. de daim piqué glacé. de mouton en chevreuil. d'agneau. Cochon de lait. Pâté froid de perdreaux aux truffes de France. de foies gras aux truffes. de poulardes aux truffes. de canctons farcis. de levrauts aux truffes. de filets de biche aux truffes. garni d'une noix de bæuf. au vin de Madère. de faisans garnis à l'ancienne. de jambon de Bayonne. Timbale froide garnie d'une dinde en galantine aux truffes de France. Pâté froid d’esturgeon aux truſſes de Piémont. garni de laitances de carpes, de filets de soles ou de turbot. d'anguille en galantine. Buisson de petits pâtés à la gelée. garnis de cailles aux truffes. garnis de bécassines. garnis de mauvicites. garnis de perdreaux rouges. - 30 SER (467) SER . Petits pois à la française. Purée de fèves aux croûtons frits. au sucre. Haricots blancs à la maître-d'hôtel. au petit lard fumé. à la crème. à l'anglaise. à la bretonne. à la Cussy. Purée de haricots au sucre. Haricots verts à la bretonne. Macédoine printanière. à l'anglaise. au velouté dans une croustade. à la lyonnaise. à la bayonnaise ornée de gelée, à la poulette. Navets à l'essence de racines. en salade et en croustade. frits à la provençale. à l'espagnole. à la Chartres. Artichauts à la provençale. à la Béchameil. à la lyonnaise. Petites carottes à l'andalouse. à l'italienne. à la barigoule. au velouté. à la sauce bollandaise. en friture. à la flamande, Culs d'artichauts à la Mirepoix. Cardons à la moelle. sauce hollandaise. au velouté. sauce au beurre d'écrevisses, à la Béchamcil. à l'écarlate et sauce aux tomates. à l'espagnole. à la bayonnaise. au parmesan. en salade et à la gelée. marinés à la Orly. Tomates aux fines herbes. à la provençale. Concombres à la Béchameil. en cardes à l'espagnole. Champignons à la provençale. à la poulette. Croûte aux champignons au velouté. au fumet de gibier. Émincé de champignons à la Béchameil. farcis, sauce aux tomates. Croûte aux morilles. Choux-fleurs, sauce hollandaise. aux mousserons et aux truffes blanches d'Italie. sauce au beurre d'anchois. à l'italienne. Petites pommes de terre tournées, sauce hollan- daise. au parmesan. à la bernoise. à la crème. à la bretonne. marinés à la Orly. frites au beurre. à la ravigote. en salade à la gelée. à l'anglaise. à la lyonnaise. Choux nains et verts au blond de veau. à la maître-d'hôtel. à la crème. à l'espagnole. à l'espagnole. Purée de pommes de terre (en croustade) à la à la sauce hollandaise. crème garnie de petits croûtons. Choux-brocolis rouges au beurre d'écrevisses. Laitues farcies à l'essence de jambon. Brocolis à l'italienne. à l'espagnole. à l'anglaise. frites. Fèves de marais à la crème. au velouté. au velouté. Laitue en chicorée à la Béchamcil. à l'espagnole, en croustade, - - - 30, SER ( 468 ) SER Chicorée au velouté. OEufs à l'espagnole. à la Béchameil et en croustade . pochés au jus. au jus. aux épinards. à l'anglaise. aux concombres. Épinards en croustade. à la chicorée. à la crème. aux petits pois. au velouté. au céleri à la française. à l'espagnole. aux pointes d'asperges en petits pois. à l'anglaise. à la purée de cardes. à l'essence de jambon. à la purée de champigoons. Céleri en petits pois à la française. à la purée d'oseille. à la ravigote verte. Pieds de céleri en cardes à l'essence et à la nioelle. Omelette aux pointes d'asperges. à l'espagnole. aux truffes. au velouté et à la Béchameil. au jambon. Aubergines à la provençale. au rognon de veau. Trulles à l'italienne. à la moelle. à l'espagnole. aux champignons. à la Périgueux. au fromage de Gruyères. en croustade. au parmesan. en caisse. à l'oseille. Tourte de truffes à l'ancienne. aux fines herbes. au naturel. Truſſes à la cendre. à la serviette. au vin de Champagne. Entremets au sucre. . Entremets d'ours, BEufs brouillés aux pointes d'asperges. aux truffes. au jambon. aux rognons de COQ. aux champignons. OEufs au beurre noir. au miroir. à l'aurore. à la Dauphine. à la princesse. à la polonaise. à la bretonne. à la Béchameil, à la suisse. au parmesan. à la tripe. frits à la sauce aux tomates. à l'aspic. Gelée de violette printanière. de fleur d'orange nouvelle. au vin de Chypre. au vin de Champagne rosé. au sirop de vinaigre framboisé. de fraises. de groseilles rouges. de cerises. des quatre fruits. de verjus. d'épine-vinelle. de grenades. d'abricots. d'ananas, d'orange de Malte. d'orange en écorce. d'orange à la Bellevue, d'orange en ruban. d'orange en petits paniers. de citron. de bigarade. SER ( 469 ) SER - . Gelée de vanille au caramel. Fromage bavarois à la vanille. au café moka. au zeste de cédrat. au thé hyswin. aux violettes. d'essence d'angélique verte. à l'aillet. d'essence de menthe. à la fleur d'orange. au parfait-amour. aux fraises. au punch. aux framboises. au zeste d'orange. aux groseilles rouges. au zeste de cédrat. aux quatre fruits. au zeste de bergamote. aux abricots. au zeste de bigarade. aux prunes de mirabelle. aux quatre zestes. à l'ananas. au marasquin de Zara. au melon. Macédoine de fruits rouges à la geléc de fraises. au marasquin. à la gelée de verjus. au punch. de prunes à la gelée d'épine-vinette. Crème française au café moka. d'orange rouge à la gelée de cédrat. au chocolat. (d'hiver) aux fruits à l'eau-de-vie. au thé hyswin. Gelée fouettée au marasquin. à la fleur d'orange grillée, au punch. au caramel anisé. au jus d'orange. aux macarons amers. au jus de cédrat. aux pistaches. au jus de citron. aux avelines. au jus de groseilles. à la vanille. au jus de fraises. à la fleur d'orange nouvelle. au jus de framboises. au parfait-amour. au verjus muscat. aux quatre zestes. Blanc-manger ordinaire, à l'orange. au cédrat. au cédrat. à la vanille. aux fraises. au café moka. aux abricots. au chocolat. au marasquin. aux pistaches. à la crème double. aux avelines. Crèmes-plombières à l'ananas. aux fraises. au marasquin. à la crème. aux fraises. Fromage bavarois aux noix vertes. à la marmelade d'abricots. aux avelines, à la marmelade de pommes. aux amandes amères. Crème fouettée au mirobolan. aux pistaches. à la vanille. au parfait-amour. à l'orange. à l'essence de menthe. aux quatre zestes. à l'anis étoilé. aux fraises. au cacao. au thé vert. à la fleur d'orange pralinée. au caramel. au caramel. à la fleur d'orange pralinée. printanière. aux macarons amers. aux pistaches. à la rose. SER (470) SER Crème-pâtissière au cédrat, Croquettes de riz aux pistaches. au chocolat. de riz au café. au café moka. de nouilles au cédrat. aux avelines pralinées. Crème frite à la parisienne. à la vanille, au chocolat ou au café. aux pistaches. à la pâtissière. au raisin de Corinthe, à la moelle. Cannelons frits à la marmelade d'abricots, Suédoise de pommes. aux fraises. de pêches. à la pâte d'avelines. à la pâte de pistaches. Pommes meringuées. au chocolat. à la parisienne. au raisin de Corinthe. Beignets à la Dauphine. de fraises à la Dauphine. au gros sucre et aux pistaches. d'abricots à la Dauphine. au beurre et glacées au caramel. à la minute. de prunes à la Dauphine. à la gelée de pommes. de cerises à la Dauphine. de raisins de Corinthe à la Dauphine. à la crème cuite. de pommes d'Apy à la Dauphine. transparentes en croustade. en croustade et glacées au caramel. Beignets de pommes glacés aux pistaches. en suédoise et en croustade. de pêches au gros sucre. Pudding aux pommes d’Apy. d'oranges de Malte. de fruits à l'eau-de-vie, de pommes de reinette au raisin muscat. soufflés à la vanille. de pommes à la crème. soufflés et seringués. de pommes aux pistaches. de pommes aux cerises confites. Petits diablotins de blanc-manger aux avelincs. aux abricots. Pannequets glacés en couronne. aux prunes de mirabelle, meringués à la parisienne. aux fraises. Croquembouche de quartiers d'orange. aux cerises d'Anticoli. de génoises glacées au gros sucre. aux groseilles vertes, de feuilletage à blanc. à la moelle et au vin de Malvoisie. de marrons glacés au caramel. au raisin de Corinthe et au cédrat. de noix vertes glacées au caramel. à la parisienne. Biscuit glacé à la Royale. aux marrons et au rhum. au riz et à l'orange. à la parisienne. au cédrat et en timbale. aux confitures et meringué. fourré à la pâtissière. Tarte de pommes au raisin muscat, à l'italienne meringuée. à la frangipane. aux abricots. Charlotte à la parisienne. à la moelle. à la française. aux confitures, à l'italienne. aux macarons d'ávelines. Riz à la francaise. aux gaufres de pistaches. à la créole. aux pommes d'Apy. à la turque. de poires à la vanille. Croquettes de marrons. de pêches à la crème. de pommes de terre à la vanille. de brugnons au vin de Chypre. __ - SER (479) SER - - - Tartelettes de groseilles blanches. Tourte d'entremets aux fruits. de fraises. Vole-au-vent d’abricots et de pêches. de pommes de reinelte. Tourte d'entremets de fruits confits. Timbales de riz au lait d'amandes. de marmelade d'abricots pralinés. de riz au lait d'avelines. à la moelle pralinée. de riz à la moelle. aux rognons de veau et aux pistaches. de riz au café moka. de crème aux épinards pralinés. de riz au cédrat confit. Petits gâteaux aux pistaches glacées. de riz aux raisins de Corinthe. fourrés de riz au raisin de Corinthe. de riz au raisin muscat. fourrés à la crème aux épinards. de riz aux pistaches. fourrés de marmelade d'abricots. de riz aux marrons. fourrés de groseilles rouges. de nouilles à l'orange. de fraises ou de framboises. de vermicelle au citron. d'abricots glacés. aux pommes de terre et au zeste de bi- de marmelade de pommes de reinette. garade. de pommes aux pistaches. Gâteau de riz aux rognons. de pommes aux amandes pralinées. aux avelines. Gimblettes d'abricots aux avelines, aux amandes amères. au cédrat. de prunes aux amandes. à la fleur d'orange pralinée. de pêches aux pistaches. aux raisins de Corinthe, Petits vole-au-vent à la Chantilly à la violette, au raisin muscat. glacés au gros sucre, garni de fraises. aux quatre fruits. printaniers. aux rognons de veau. à la crème-plombière au café. à la moelle et à la vanille. au fromage bavarois aux abricots. aux pistaches et aux avelines. garnis de gelée fouettée. Gâteau fourré de crème au café moka. Puits-d'amour aux pistaches et au gros sucre. de marmelade de pêches. Mosaïques glacées au sucre rose. à la d'Artois. aux pistaches. aux pommes et raisin. aux avelines et au gros sucre. aux pommes et pistaches. Tartelettes mosaïques à la marmelade de pêches. aux abricots. de cerises confites. aux pêches. aux pistaches glacées. aux prunes de mirabelle. aux avelines glacées. aux prunes de reine-claude. aux amandes amères glacées. aux prunes de Sainte-Catherine. aux raisins de Corinthe, et glacées. aux cerises douces. de pommes pralinées à la vanille. aux fraises. Petits gâteaux renversés à la gelée de groseilles. aux groseilles rouges ou blanches. aux groscilles vertes. glacés aux pistaches. aux pistaches garnis de gelée de pommes. Flan de pommes au beurre et au cédrat. de pommes à la portugaise. Petits gâteaux d'abricots. aux cerises d’Anticoli. Cannelons glacés ct garnis de gelée de pommes. de prunes de reine-claude. pralinés aux avelines. de prunes de mirabelle. au gros sucre. d'abricots glacés. meringués aux pistaches. de crème-pâtissière glacée. meringués aux raisins de Corinthe. - - - SIR ( 474 ) SIR reconnaît lorsqu'en prenant une portion de cette nerie, décorés du nom de sirop d'orgeat , ont pâte entre les doigts on ne sent plus de portions cela de particulier, qu'ils ne peuvent se garder d'amandes. Alors vous délayez cette pâte avec la au plus que huit à dix jours, lorsque la bouteille moitié de votre eau, puis la passez au travers est en vidange. d'un linge serré fortement par deux personnes ; vous remettez la pâte dans le mortier et la pilez Sirop d'orgeat suivant l'ancienne for- de nouveau pendant sept à huit minutes ; vous la mule, c'est-à-dire à l’orge et aux quatre délayez avec la moitié restante de votre cau, et, semences froides (V. PHARMACIE DOMESTIQUE, après l'avoir aussi passée au travers d'un linge et à la fin de ce volume). obtenu de cette matière un lait d'amandes, Sirop de vinaigre framboisé. – Ayez la vous jetez le marc comme inutile. valeur de quatre paniers de belles framboises bien Vous clarifiez le sucre et le faites cuire au petit mûres; vous les éplucherez et les mettrez dans une cassé; vous retirez la bassine du feu pour y verser terrine où vous verserez trois pintes de bon vi- le lait d'amandes, puis l'y replacez et remuez naigre rouge; vous y ajouterez deux livres de avec l'écumoire jusqu'à ce que le mélange ait groseilles égrenées, et vous laisserez le tout infuser reçu un bouillon couvert ; alors vous la retirez. pendant huit jours, en le remuant de temps en Lorsque le sirop est refroidi, vous y ajoutez de l'eau temps avec une spatule; au bout de huit jours, de fleur d'orange et la passez au travers d'un linge, vous égoutterez vos framboises sur un tamis pour afin de bien mêler une pellicule épaisse et muci- en retirer le vinaigre avec le jus que le fruit a lagineuse qui vient nager à la surface, et qu'il est rendu ; lorsque le tout sera bien égoutté, vous essentiel de conserver dans le sirop, étant une clarifierez neuf livres de sucre que vous ferez partie du lait d'amandes, cuire au soufflé; vous y mettrez alors votre vi- Les confiseurs qui font une très-grande quantité naigre que vous aurez passé à la chausse , et, au de ce sirop se contentent, après avoir pelé les premier bouillon, vous aurez soin de le retirer du amandes, de les concasser, et ensuite de les feu, de le bien écumer et de le verser tout de broyer sur la pierre; puis ils les soumettent à la suite dans une terrine, afin qu'il ne séjourne pas presse ; ils mesurent le lait d'amandes, et met dans une poêle de cuivre. tent le double de sucre clarifié à la nappe; ils le font cuire séparément au petit cassé, et ensuite Sirop de vinaigre au raisin muscat. - ils font leur mélange ; le sirop est à son degré, Procédez comme il est indiqué ci-dessus en em- et cette manière est beaucoup plus expéditive. ployant du jus de raisin au lieu du suc de fram- boises. On ne doit pas être étonné de voir ce sirop se séparer en deux parties peu de temps après avoir été fait; la portion inférieure est claire et dessus d'un tamis six livres de groseilles rouges et Sirop de groseilles. - Vous écraserez au- transparente, et la supérieure est blanche et plus deux livres de cerises ; vous mettrez ce jus dans épaisse; cette partie est l'huile des amandes mêlée du parenchyme divisé et d'une portion de sirop dant huit jours; au bout de ce temps, vous le une terrine à la cave, pour qu'il y fermente pen- interposée dans les interstices ; ces matières étant plus légères, elles viennent nager à la surface, et passerez à la chausse ; vous aurez quatre livres de sucre clarifié, que vous ferez cuire comme nous celles-ci seulement ont la propriété de blanchir venons de le dire à l'article précédent, et vous y l'eau lorsqu'on y délaie du sirop d'orgeat, car la mettrez votre jus de groseilles ; au premier bouil- portion claire ne produit jamais cet effet. Cette séparation n'annonce pas que le sirop soit gâté ; il lon, vous l'écumerez et le retirerez pour le mettre à refroidir. faut avoir soin d'agiter les bouteilles de temps en On fait fermenter la groseille pour l'empêcher temps pour que la matière se mêle ; autrement, si de prendre en gelée dans les bouteilles. elle restait séparée, elle finirait par se moisir, s'aigrir, et communiquer au sirop un goût très- Sirop de verjus. Vous prendrez trois li- désagréable. vres de verjus bien vert, que vous égrenerez pour Le sirop d'orgeat est un des plus exposés à en extraire le jus ; vous le passerez à la chausse la falsification : certains fabricants le composent jusqu'à ce qu'il soit bien clair, et puis vous clari- avec du lait de vache et très-peu de lait d'a- | ficrez quatre livres de sucre, que vous ferez cuire mandes, et ils remplacent le sucre par de la cas au fort soufflé; vous y mettrez une chopine de sonade très-commune; d'autres font un mélange verjus et lui laisscrez prendre un bouillon : la de cassonade commune et d'amidon avec une cer cuisson est toujours la même pour tous les sirops laine quantité d'eau. Ces produits de la fripon- | au lissé ct au petit perlé. SIR ( 475 ) SIR Sirop de cerises et de merises (V. page lange pendant vingt-quatre heures ; vous passez 133). la décoction au travers d'un linge, vous soumettez Sirop de grenades. — Ayez douze ou quinze le marc à la presse pour en retirer le suc qui a grenades bien mûres et dont les grains soient d'un pu y rester; et, réunissant les deux produits , beau rouge; six grenades, si elles sont fortes, vous les laissez reposer environ une heure, vous décantez la liqueur par inclinaison pour en sépa- peuvent vous procurer une pinte de sirop; vous les égrenerez en écrasant tous les grains, et vous rer une sorte de fécule qui s'est précipitée au fond les mettrez dans un poêlon sur le feu, avec un du vase; vous pesez l'infusion, et vous mettez par demi -setier d'eau ; faites-les bouillir un demi- chaque livre deux livres de sucre en poudre; quart d'heure; ensuite vous les passerez au tra- vous réunissez le tout dans le bain-marie, que vers d'un torchon blanc, en le tordant fortement vous bouchez bien pour ne pas laisser évaporer l'odeur fugace de la violette; vous le placez dans pour en extraire le jus; vous ferez clarifier une livre et demie de sucre, qui doit être cuit au la cucurbite remplie d'eau, vous l'y faites chauf- soufflé, et vous y mettrez votre jus pour le faire fer, et vous remuez de temps en temps le mélange. bouillir avec le sucre, jusqu'à la cuisson ordi- | Quand le sucre est entièrement dissous, et que naire des autres sirops ; vous verserez votre sirop le mélange est chaud à ne pouvoir y tenir le doigt, dans des bouteilles lorsqu'il sera presque froid, vous retirez le bain-marie, que vous tenez tou- . jours couvert jusqu'à ce qu'il soit entièrement Sirop de mures. -- Vous prendrez assez de Vous prendrez assez de refroidi; alors vous le passez au travers d'une mûres pour en retirer trois demi-setiers de jus étamine blanche et bien propre, et le mettez en que vous mettrez dans un poêlon, sur le feu , bouteilles. avec trois demi-setiers d'eau , jusqu'à ce que les Si on laissait trop chauffer ce sirop, il perdrait trois demi-setiers soient réduits à une chopine ; de son parfum et même de sa couleur; le degré vous clarifierez trois livres de sucre que vous qu'on indique est suffisant, et, quand il est ainsi ferez cuire au cassé ; vous y jetterez votre jus de préparé, il se conserve plusieurs années. Il ne mûres , vous lui donnerez un bouillon, et l'écu- faut pas attendre pour le faire la fin de la saison merez; s'il se trouvait trop cuit, vous y mettriez des violettes, parce que celles-ci perdent de leurs un peu d'eau pour qu'il se trouve au degré con- qualités à mesure qu'elles vieillissent en floraison. venable ; vous le viderez ensuite dans une ter- rine, et, lorsqu'il sera froid , vous le mettrez en Sirop de limon. — Les éléments de ce sirop bouteilles, sont deux livres et demie de suc de limon et qua- tre livres de sucre. Il faut avoir soin que vos Sirop de fleur d'orange. Pour trois fruits soient très-sains et de la meilleure qualité quarterons de fleur d'orange bien fraîche et bien possible. Vous les coupez par moitié, et en faites épluchée, vous prendrez quatre livres de sucre sortir tout le jus au moyen d'une cuillère de bois clarifié, cuit au perlé; vous y jetterez votre fleur que vous tournez contre les parois intérieures de d'orange et lui donnerez un fort bouillon ; vous l'écorce ; vous passez ensuite ce jus à travers un la retirerez du feu, la laisserez infuser dans votre linge propre, et soumettez le marc à la presse sucre pendant deux heures, et puis vous remettrez votre poêle sur le feu, où vous lui ferez prendre pour exprimer ce qui pourrait y être contenu; vous mettez ce suc de limon dans un endroit frais, quelques bouillons; vous disposerez une terrine et, lorsque vous voyez qu'il se forme dessus une avec un tamis dessus, vous y jetterez votre sirop pellicule, vous le décantez par inclinaison, et puis pour en séparer les fleurs ; vous remettrez sur vous le filtrez au travers d'un papier gris. Lorsque le feu pour le finir et lui donner la cuisson qu'il vous en faites provision pour le conserver, vous doit avoir, c'est-à-dire celle du petit perlé; met le mettez en bouteilles et versez par-dessus un peu tez-le à refroidir dans une terrine, et mettez-le d'huile d'olive. ensuite en bouteilles. Les zestes de ces fruits ne sont pas perdus; on Sirop de violettes. Pendant le mois d'a en fait du citronat. vril, vous faites choix de violettes simples et cul Lorsque vous avez pesé la quantité ci-dessus de tivées, s'il est possible; celles-ci sont préféra suc de limon, vous clarifiez le sucre et le faites bles, en ce qu'elles donnent une plus belle cou cuire au petit cassé; alors, retirant la bassine du leur au sirop; vous les mondez de leurs queues feu, vous y versez le suc de limon, et, remettant et de leurs calices. Vous les pesez, les mettez dans le mélange sur le feu, vous lui donnez seulement une cucurbite d'étain et y versez, par chaque un bouillon, et le retirez aussitôt; après l'avoir livre, une pinte d'eau bouillante. Après avoir bien laissé reposer un instant, vous enlevez avec une fermé la cucurbite, vous laissez macérer le mé écumoire l'écume blanche qui se forme dessus; SIR ( 476 ) SIR et , lorsqu'il n'est plus que tiède, vous le mettez reconnaissent qu'il est à son degré de cuisson né- en bouteilles. cessaire lorsque le sucre est à la nappe. Sirop d'oranges ou de cédrat. - Suivez On peut y ajouter un peu d'eau de fleur d'o- range. les mêmes procédés qui sont indiqués ci-dessus Ce sirop est très-adoucissant; il est excellent pour le sirop de limon. pour la toux et très-pectoral. On en met environ Sirop de punch au rhum. - Prenez cinq deux ou trois gros dans un verre qu'on emplit pintes de rhum, deux livres de jus de citron, et d'eau, en la versant d'un peu haut, suivant le huit livres de sucre royal que vous clarifiez et Codex. que vous faites cuire au petit cassé; vous y versez Sirop de gomme. — Vous faites fondre six le jus de citron, en remuant le mélange jusqu'à onces de gomme arabique sur un feu très-doux ce qu'il ait fait un bouillon couvert : vous retirez dans une chopine d'eau, en l'agitant avec la spa- la bassine du feu, et versez le sirop dans un vase tule jusqu'à parfaite solution. Clarifiez six livres de terre vernissée : lorsqu'il est froid, vous y de sucre et le faites cuire à la nappe; vous y ver- ajoutez le rhum et remuez bien le tout, et puis sez la décoction de gomme, et après quelques vous le mettez en bouteilles. bouillons, vous passez le liquide, le laissez refroi- Ce sirop se conserve très-long-temps; on en dir, et mettez en bouteilles. fait du punch en y ajoutant suffisante quantité Sirop de capillaire. — Vous prenez quatre d'eau bouillante, ou bien une décoction de thé onces de capillaire du Canada et six livres de sucre pour les personnes qui aiment le punch au thé. que vous clarifiez et que vous faites cuire à la Sirop de punch au rack. — Il se fait nappe ; vous le versez, à deux reprises différentes, comme le précédent, si ce n'est qu'au lieu de tout bouillant, sur le capillaire qui se trouve dans rhum on se sert de rack blanc. la manche. De cette manière, le sucre s'empare de la partie odorante de cette plante. Sirop de pommes. - Vous prenez suffisante Il est des personnes qui font bouillir le capil- quantité de pommes de reinette pour obtenir trois laire ; mais alors le parfum de cellc substance livres de suc; après les avoir pelées, vous les cou- s'évapore, et le sirop, ainsi préparé, en acquiert pez par morceaux et en ötez les pepins; vous les une odeur forte et désagréable. mettez dans un matras avec trois livres de sucre et Le sirop de capillaire a les mêmes propriétés suffisante quantité d'eau pour les humecter; vous que celui de guimauve, et s’emploie de la même les placez au bain-marie d’un alambic à l'eau manière. bouillante. Vous laissez refroidir, et ajoutez le Sirop d'absinthe (V. PHARMACIE DOMES- suc d'un citron et une cuillerée d'eau de fleur TIQUE). d'orange. Sirop de café. Choisissez de beau café Sirop de guimauve. — Prenez une livre de moka que vous grillez jusqu'à ce qu'il ait pris une racines de guimauve, six livres de sucre concassé couleur de cannelle un peu foncée, observant de et deux pintes d'eau filtrée. Vous aurez choisi des ne pas faire un feu trop ardent pour ne pas altérer racines de guimauve récentes et bien nourries; son huile essentielle. Quand il est brûlé, vous le vous les lavez dans plusieurs eaux pour emporter | pilez dans un mortier de marbre et le passez au la terre et les corps étrangers dont elles peuvent travers d'un tamis. Vous en mettez la poudre être couvertes; vous les coupez par tranches et dans un vase, et y versez l'eau bouillante en dé- les mettez avec l'eau dans une bassine sur le feu; layant avec une petite spatule : vous fermez le vous les faites bouillir un quart d'heure, et les vase hermétiquement avec un double parchemin, retirez avec l'écumoire de la décoction. Vous faites et mettez le tout à l'étuve jusqu'au lendemain. usage de cette même eau pour délayer votre sucre, Vous retirez l'infusion, et la mettez dans un et vous le mettez sur le feu. Alors vous fouettez linge blanc au-dessus d'une terrine; vous pliez un blanc d'æuf dans un verre d'eau, et, lorsque bien le linge et le soumettez à la presse; ensuite votre sucre bout, vous en jetez par intervalles. vous passez la liqueur à la manche pour l'avoir Quand il est parfaitement clair, vous y versez un très-claire, puis la mesurez, et, mettant le dou- verre d'eau fraîche pour achever de faire monter ble du sucre clarifié et cuit à la nappe, vous le le blanc d'auſ. Lorsque le sucre est cuit à la faites cuire au cassé et y ajoutez l'infusion ; vous mappe, vous le retirez du feu, et le passez à tra- i donnez un bouillon couvert au sirop, vous le re- vers une chausse ou un blanchet. tirez aussitôt du feu, et, lorsqu'il n'est plus que Les pharmaciens ont différents moyens pour très-peu tiède, vous le mettez en bouteilles. connaitre la cuile de ce sirop; mais les condiscurs Ce sirop est très-commode pour les voyageurs; SOL ( 478 ) SOY après les avoir nettoyés et fendus, assaisonnez-les de cet appareil, et donnez à cette détrempe la même sel, gros poivre, ail, muscade et persil haché; consistance que celle que nous avons indiquée mettez-les sur un plat avec de bonne huile d'o- pour la brioche royale ou gâteau de Compiègne. live et un demi-verre de vin blanc, et faites-les Travaillez cette pâte en la batlant avec le plat cuire au four ; coupez en anneaux six gros ognons de la main, ensuite vous y mêlez le levain qui sera que vous faites frire dans de l'huile; lorsqu'ils levé à point; vous la travaillez ensuite quelques ont acquis une belle couleur et qu'ils sont cuits, minutes, afin de la rendre élastique ; vous la meta égouttez-les; faites-en un cordon autour de vos tez dans un moule uni que vous aurez beurré d'a- soles, et servez avec un jus de citron. vance avec du beurre épongé dans une serviette, afin de séparer le peu de lait qu'il contient. Ap- Soles à la hollandaise. -Écorchez des so- les, et puis faites-les cuire à l'eau de sel avec du prêtez votre solilême dans un lieu propice à la fer- mentation, et lorsqu'il est levé à peu près le dou- persil en branche. Vous les servirez sur une ser- ble de son volume primitif, vous dorez légèrement viette à défaut d'un plat troué en porcelaine, et le dessus et le mettez au four. Donnez-lui une vous les accompagnerez d'une sauce au persil à la heure de cuisson, puis, au moment du service, vous hollandaise, ainsi que nous l'avons formulé dans le coupez en travers au milieu de sa hauteur; sé- notre chapitre des sauces étrangères. parez-en la partie de dessus, que vous retournez Salade de filets de soles. - Vous vous ser sens dessus dessous, alors ce gâteau doit avoir vez de filets comme pour ceux de la bayonnaise; l'apparence d'une ruche. Vous semez ensuite légè- vous les laissez entiers, ou bien vous les coupez rement dessus une pincée de sel fin, et cinq onces par morceaux ; vous les mettez dans une casse de beurre le plus fin possible, que vous faites tié- role; puis vous faites un assaisonnement composé dir ; ayez soin de mettre dans les deux parties du de quatre cuillerées à bouche de bon vinaigre, deux gâteau la même quantité de ce beurre, puis vous cuillerées de gelée fondue, dix cuillerées d’huile, le remettez dans le même état que vous l'avez ôté une ravigote hachée, du sel, du gros poivre ; vous du four, et vous le servez très-chaudement. mêlerez bien le tout, et vous le verserez sur vos filets, que vous sauterez dedans ; vous dresserez SORBET, glace à l'état liquide (V. pour les les morceaux correctement; versez après votre préparations et la diversité des sorbets à la suite sauce dessus; vous mettrez autour du plat des de notre chapitre des GLACES, page 267 et sui- caurs de laitues coupés en quatre, et vous déco- vantes). rez votre salade avec des cornichons, des câpres, SOUFFLÉ. Indépendamment des soufflés à des anchois, des croûtons, etc. la crème-aux-cufs, on en fait avec du riz, du sa- Les soles qu'on appelle à la Colbert sont tout simplement des soles frites dont on a retiré l'a gou, du lapioca, du salep, de la mic de pain rassis, de la fécule de pommes de terre, de la purée de rête, et sous lesquelles on a mis une sauce à la maitre-d’hôtel. On emploie fréquemment les soles patates d'Espagne, de la purée de marrons, de gi- en bayonnaises, en attereaux, en coquilles, en bier et de blanc de poularde. On les assaisonne au fumet ou à l'essence de jambon, au coulis de pois- bouille-à-baisse, et comme élément de ragoût ou farces maigres. son et au jus maigre, ou bien au caramel, à la fleur d'orange grillée, au chocolat, au moka, au SOLILÊME, excellent gâteau non sucré, des iles. On peut servir les soufflés en dôme, en suc d'ananas, au vin de Constance, et aux liqueurs d'invention moderne, et qu'on sert ordinaire- ment avec le thé. — Passez un litron de fleur de grande casserole, ou bien en petites caisses et pour farine au tamis ; séparez-en le quart que vous dis- extra (V. pages 184 et suivantes, et V. aussi poserez en fontaine; meltez au milieu trois gros de pages 343 et 344). levure de bière, avec un peu de crème tiède ; dé- SOUPE, aliment potager dont la base est tou-. layez ce mélange, en y faisant incorporer peu à peu jours du pain trempé dans un mouillement assai- tout le reste de la farine. Quand vous avez bien sonné. On ne le mangeait anciennement qu'au der- travaillé cette détrempe, vous la versez dans une terrine où vous la laissez lever deux fois de la nier repas de la journée, qui en a pris le nom de grosseur de son volume primitiſ; ensuite vous souper, que nous appliquons encore aux repas préparez les trois quarts restants de votre fleur de Choux, TORTUE, CERISES, etc.). nocturnes (V. POTAGES et PANADE, OGNON, farine; vous verscz au milieu deux gros de sel fin, une once de sucre en poudre, quatre jaunes SOYA, assaisonnement qui nous vient des In- d'œufs, cinq onces de beurre tiède, et un demi-des ainsi que de la Chine. On a dit long-temps verre de crème à peu près chaude; remuez tout que le soya provenait d'un suc de jambon concen- SUC ( 479 ) SUC tré, mais on croit généralement aujourd'hui que le sucre s'allonge un peu plus, c'est signe qu'il est celte essence est fournie par une espèce de fève cuit au grand lissé. torréfiée. Nous avons indiqué certaines prépara- tions où le soya doit entrer comme assaisonnement; Deuxième cuisson : sucre au perle. - mais ce n'est jamais qu'à la dose de quelques gout- Ayant reçu un peu plus d'ébullition que le précé- tes, attendu qu'administré sans précautions et dent, vous en prenez de nouveau entre les doigts sans ménagement, il ne manque jamais de com- que vous séparez de suite; alors le sucre s'étend muniquer aux autres comestibles une saveur en formant un fil qui se rompt. Cette cuisson indi- empyreumatique et bistrée. que le petit perlé; aussitôt que le sucre s'étend d'un doigt à l'autre sans se rompre, alors il se STOCK-FISH, nom qu'on donne à la morue trouve cuit au grand perté. Voici encore un au- sèche dans tous les idiômes germaniques, à com- tre signe qui caractérise ce degré de cuisson : c'est mencer par le hollandais. Relativement aux pré- que les bouillons forment à leur surface comme parations dont le stock-fish ou la merluche est des perles rondes et serrées. susceptible, voyez pages 102 et 323. Troisième cuisson : sucre au soufflé. Vous continuez la cuisson du sucre dans lequel SUCRE. Nous avons suffisamment parlé de l'infériorité du sucre de betteraves à l'égard du vous trempez une écumoire que vous frappez aus- silôt sur la bassine ; vous soufflez à travers cette sucre de cannes (V. BETTERAVE, page 64 et sui- écumoire, afin d'en faire sortir de petites bulles vantes). qui vous indiqueront la cuisson au soufflé. Le sucre qu'il faut choisir pour les opérations de l'office doit être blanc et léger, pur et dur, so Quatrième cuisson : sucre à la plume. nore et solide : quand il réunit toutes ces quali Donnez encore quelques bouillons au sucre; tés, il se clarifie très-facilement. et, après y avoir trempé l'écumoire, vous la sc- Comme le rudiment de l'art de confire est sou couez fortement pour en dégager le sạcre qui s'en mis aux degrés de cuisson qu'on fait prendre au sépare aussitôt en formant une espèce de filasse sucre, nous allons détailler et formuler ici les dif volante ; c'est alors que le sucre a acquis la cuis- férents degrés de cette cuisson, depuis la clarifi son dénommée à la grande plume. cation jusqu'à la coction du caramel. Cinquième cuisson : sucre au cassé. Clarification du sucre. - Mettez dans un En donnant un peu plus de cuisson que ci-dessus, poêlon d'office deux blancs d'œufs que vous fouet- vous trèmpez le bout dn doigt dans un verre d'eau tez avec deux verres d'eau. Lorsque ce mélange fraîche, ensuite dans le sucre, et bien vite après est bien blanchi, vous y versez quinze verres dans l'eau froide, de manière que lorsque vous d'eau ; remuez parfaitement, et retirez deux ver- détachez ce sucre de votre doigt, alors il se brise res de ce liquide que vous gardez de côté ; ensuite net en formant de petits éclats. Cette cuisson dis- vous mêlez dans la poêle huit à neuf livres de beau tingue le sucre au cassé; mais si, en le pré- sucre concassé menu. Placez le tout sur un feu sentant sous la dent, il s'y attache, alors le sucre modéré; aussitôt que l'ébullition a lieu, mettez la n'a atteint que la cuisson du petit cassé. bassine sur l'angle du fourneau, afin que l'écume se jette de côté; alors vous versez le quart de l'eau Sixième cuisson : sucre au caramet. conservée dans le sirop que vous écumez. A me Lorsque le sucre a atteint le degré indiqué ci- sure que l'écume monte, vous y versez un peu dessus, il passe rapidement au caramel ; car, dès d'eau conservée; et, quand le sucre est débarrassé qu'il perd sa blancheur et qu'il commence à se de toute son écume, et que celle-ci paraît légère colorer d'une teinte jaunâtre, il est déjà plus ou et blanchâtre, et qu'ensuite elle a tout-à-fait dis moins à l'état de caramel, cuisson très importante paru, vous passez le sirop dans un tamis de soie ou pour la pâtisserie moderne, puisque ce n'est qu'a- dans une serviette légèrement mouillée. vec ce sucre que l'on peut ajuster les pièces mon- tées, et qu'on peut glacer une infinité d'entremets Première cuisson : sucre au lissé. - Le distingués. On doit employer cette cuisson de pré- sucre étant clarifié, vous le mettez sur le feu; et, férence à celle dite au cassé, attendu que cette après quelques moments d'ébullition, vous prenez dernière est sujette à tourner au gras, ce qui remet un peu de sucre au bout du doigt index, en l'ap bientôt le sucre en l'état de cassonade. puyant sur le pouce que vous séparez aussitôt; alors le sucre doit former un petit filet à peine Sucre candi. Il y en a plusieurs variétés sensible et qui se rompt tout de suite. Cette cuis qui dépendent toujours de la pureté du sucre em- son est au petit lissé; mais, si au contraire, ployé à leur fabrication. Il y a du sucre candi blanc SUL ( 481 ) SUN le rose, son du fort souſflé; vous les remuez avec la spa et une demi-cuillerée de miel de Narbonne ; faites tule, jusqu'à ce que le sucre soit en sable; vous bouillir votre sucre, et faites-le cuire au cassé; Jes tamisez pour en retirer les amandes, que vous au moment où il atteint sa cuisson , mettez- couperez en quatre parties, afin de les mettre en y un peu de jus de citron, et remuez bien votre couleur séparément; la couleur blanche est celle sucre ; vous avez préparé un moule ainsi que deux dont elles sont après avoir été pralinées, l'une pour fourchettes d'argent attachées ensemble; trempez- l'autre pour le jaune, et la dernière pour le bout de vos fourchettes dans le sucre, et faites le vert. Aussitôt qu'elles seront sèches, vous mêle-filer ce sucre autour de ce moule ; mettez le fond rez le tout ensemble, en y ajoutant celles que vous de votre poêlon sur de la cendre chaude, et filez avez laissées blanches; vous ferez cuire du sucre ainsi votre sultane jusqu'à ce qu'elle ait assez de au soufflé, la quantité à peu près que votre moule consistance pour que vous puissiez la détacher du peut contenir; vos amandes étant bien sèches, vous moule ; quand elle en sera détachée, refilez encore en garnissez toute la surface du sucre, sans en du sucre pour lui donner plus de force ; vous au- mettre trop épais, en les faisant tremper avec une rez préparé sur un fond de pâlc d'office un socle fourchette, et vous les mettez à l'étuve un peu monté à jour, avec de petits gâteaux décorés de chaude, sans cependant qu'il y ait un très-grand différentes manières, ou bien vous aurez une tourte feu; cinq heures suffisent pour que votre candi aux confitures dans le milieu, et sur laquelle vous soit bien pris; vous l'égoutterez bien, et deux mettez un fromage à la Chantilly, assaisonné de heures après vous pourrez le retirer du moule. sucre en poudre et de fleur d'orange; posez votre On peut employer les procédés indiqués ci- sultane en la renversant de manière à ce qu'elle dessus pour toutes les fleurs qu'on veut conserver renferme absolument votre tarte ou votre buisson au sucre, soit pralinées, soit entières. On peut, de tartelettes. par ce moyen, se procurer également des candis de fleurs pour toutes les saisons, ainsi que pour SU-XAN, nom donné par les Japonnais à ces des fruits, amandes, pistaches, avelines, anis de nids d'oiseau qu'on mange à la Chine, et qu'on peut la Chine, angélique, dragées, etc. toujours se procurer en Hollande, en les payant sur le pied de quarante florins l'once, c'est-à-dire, Sucre d'orge. Il s'opère avec du sirop sur environ quatre-vingts francs de notre monnaie. On un feu modéré, dans une décoction d'orge melée les y emploie pour garnir certaines entrées fines, avec des blancs d'aufs fouettés qu'on écume à plu- et on les fait cuire dans du consommé de volaille sieurs reprises. On passe ensuitecesucre à la chausse, qu’on assaisonne avec un peu de macis. La partie et on le fait bouillir jusqu'à ce qu'il forme de larges comestible de ces nids d'oiseau, car il s'y trouve bulles. On le verse ensuitesur une table de marbre, toujours quelques matières hétérogènes, est une frottée légèrement d'huile d'amandes douces. Lors- substance assez mucilagineuse et d'une apparence que les bulles cessent, et que les extrémités ten à peu près conforme à celle du gros vermicelle de dent à se rapprocher du centre de la masse, alors Pise. Elle est pourvue d'une saveur très-fine et on la roule en bâtons, qu'on laisse refroidir et qui rappelle le goût de la sept-cils de Rouen. Les durcir. naturalistes orientaux pensent que ce doit être un tissu de ſucus, de varec ou d'une autre plante SULTANE A LA CHANTILLY. C'est marine; mais toujours est-il que ce sont les nids ainsi qu'on appelle une sorte de grillage en sucre d'une hirondelle de rocher (Alcyo petreus), et filé dont on recouvre élégamment certains entre les missionnaires ont observé qu'on ne trouve ja- mels de pâtisserie. Meltez une demi-livre de sucre mais ces nids que dans les cavernes, au bord de royal dans un petit poêlon, avec un peu d'eau claire la mer. 31. TAN TER ( 482 ) T. TALMOUSES, gâteaux à la crème bour de belles écrevisses et des foies de lottes ou des soufflée, qu'on assaisonne le plus souvent avec du langues de carpes, afin d'en garnir ce plat d'en- fromage et quelquefois avec du sucre et des aroma-trée. tes (V. à l'article PATISSERIE, page 360). Tanches grillées.- Limonez-les et les écaillez en commençant par le côté de la tête; videz-les TAMIS, cylindre de boissellerie dans lequel en ayant soin de ne pas offenser leur peau. Mettez on place horizontalement un tissu de crin ou de dans le corps de ces poissons un morceau de beurre soie qui laisse passer la partie la plus fine des manie de fines herbes avec une pointe d'ail. Faites substances pulvérisées, et retient la plus grossière: cuire sur le gril et servez sur une purée de toma- on se sert aussi de tamis pour filtrer des liquides. tes aux anchois, sur une sauce Robert à la mou- On substitue souvent au tissu de crin ou de tarde fine ou sur une ravigote verte. soie des tamis, une toile métallique faite en fil Tanches frites. — Après les avoir habillées d'acier ou de laiton étamé; ces tamis donnent une comme il est prescrit ci-dessus, faites-les mariner poudre plus égale que les autres ; mais on ne peut avec sel, poivre, vinaigre, un morceau de beurre s'en servir pour passer les liquides. Pour les des- tiner à cet usage, il faudrait que le tissu fût en Gl manié de farine, persil, ciboules hachés, sel et poivre; faites tiédir la marinade, et mettez-y les d'argent, ou mieux encore en fil de platine. tanches; laissez-les prendre goût pendant une On a aussi des tamis qui se ferment en dessus et en dessous, avec des couvercles dont le bord couple d'heures; retirez-les, et, après les avoir essuyées, farinez-les pour les faire frire. est en bois et le dessus en peau : ces tamis sont On fait aussi cuire les tanches dans un court- très-commodes pour passer des poudres très-fines, bouillon au vin bien assaisonné, et on les sert avec telles que les épices, dont la partie la plus ténue une sauce aux câpres et aux capucines. s'élève par le mouvement de l'air, et peut incom- moder celui qui manie le tamis ; c'est aussi le moyen TAPIOCA, substance féculente qu'on extrait de tamiser plus vite et sans danger de rien per- de la racine de manioc en la râpant. La pulpe râ- dre de la substance tamisée. pée est mise dans un sac auquel on suspend un fort poids; le jus s'écoule ; ce qui reste dans le sac TANCHE. Les tanches doivent être choisies est un mélange de beaucoup de fécule avec un peu fortes et bien nourries. Le goût en est plus ou de parenchyme : ce mélange séché sert à la nour- moins savoureux, suivant qu'elles sont provenues riture des nègres dans nos colonies. Le suc qui d'une cau courante et limpide ou d'une eau stag s'écoule entraîne la partie la plus fine de la fécule nante. On les mange grillées, frites, en gibelotte qui se dépose et qu'on sépare par décantation ; au-blanc, farcies, etc. cette fécule séchée et brisée en morceaux est le tapioca : le suc qui entraîne cette fécule est un Tanche à la poulette. Vous mettez une poison violent; mais sa propriété vénéneuse ne tanche dans un chaudron plein d'eau presque bouil- réside que dans un principe très-volatil; car lorsque lante, vous la retirez; avec un couteau vous enlevez le suc du manioc'a bouilli, on l'emploie comme son limon et ses écailles; coupez-la en morceaux, assaisonnement dans certaines préparations ali- etfaites-la dégorger ; vous mettez ensuite du beurre mentaires. dans la casserole; vous le faites tiédir avec vos morceaux de tanche ; vous les sautez dans le TARTES, pâtisseries feuilletées dont on cou- beurre; joignez-y plein une cuillère à bouche de vre les abaisses avec des crèmes, des fruits en com- farine que vous mêlez ensemble; vous mouillez pôte ou des confitures. Les petites tartes se nom- votre ragoût avec une bouteille de vin blanc, du ment tartelettes (V. pages 366 et 368). sel, du gros poivre, une feuille de laurier, un bou- TENDRONS DE VEAU, DE MOUTON, D'A- quet de persil et de ciboule, des petits ognons, GNEAU (V. à ces trois articles). des champignons ; vous ferez aller votre ragoût un peu vite; dès qu'il sera cuit, vous y mettrez une TERRINE, entrée qui tire son nom de l'u- liaison de trois jaunes d'auſs. Il est bon d'avoir ! sage où l'on était autrefois de servir la viande dans THÉ ( 483 ) THÉ la terrine même où elle avait été cuite sans au tre espèce, the hyswin, plus répandue que la cune autre sauce que le mouillement qu'elle avait précédente, a ses feuilles d’un vert sombre, un peu produit. Aujourd'hui la terrine est composée de noirâtre, et bien roulées. Son odeur est tout à la plusieurs sortes de viandes cuites à la braise, qu'on fois agréable, herbacée et aromatique. S'il est vieux, sert dans un vase appelé terrine, soit d'argent ou il a une odeur plus forte et moins agréable, avec une de porcelaine, avec telle sauce, coulis, ragoût saveur astringente. Il importe de le conserver, ou purée, qu'on trouve bon d'y ajouter. ainsi que tous les autres thés, dans des boîtes gar- Les terrines de foies de canards de Toulouse, nies de feuilles d’étain, ou mieux encore de porce- et celles de Nérac qui sont garnies de perdreaux laine, et non dans des bouteilles de verre ou de aux truffes ont une juste réputation ; mais tout cristal. Il est essentiel, pour la consommation du cela doit céder à l'ancienne terrine du Louvre, thé, qu'on puisse le maintenir à l'abri de la lu- ainsi qu'elle est formulée par Leclercq. mière. Terrine à l'ancienne mode. Faites cuire On distingue aussi sept à huit espèces de thés avec du bouillon un poulet gras, une perdrix, le noirs, parmi lesquels le thé boui est le plus ré- rable d'un lièvre, une noix de veau et une noix de pandu et le plus employé, mais il n'est pas le meil- mouton, le tout piqué de lard moyen bien assai- | leur. Ses feuilles sont peu roulées, souvent brisées, sonné de fines herbes et d'épices. Laissez tout et mêlées de poussière; on en trouve parmi elles cela bouillir ensemble. Pelez ensuite des marrons qui sont jaunâtres. Il est une autre espèce de thé grillés, nettoyez-les convenablement et mettez-les noir, nommée the camphou, c'est-à-dire feuilles à cuire avec les viandes. Fermez bien la terrine et choisies. Il est composé des meilleures feuilles du lutez-la de pâte ferme afin que tout cela cuise en thé boui, entières, tendres et de médiocre gran- son jus. Dégraissez la sauce avant de la servir, et deur. Il est de beaucoup préférable à l'autre, mais ajoutez-y pour lors un gobelet de vin des Cana- il est très-rare. . ries. Le meilleur thé est celui qu'on récolte à la fin de février ou au commencement de mars; aussi est- TÈTE DE VEAU ET D'AGNEAU (V. ci-dessus il presque exclusivement réservé pour les gens les l'article ABATTIS ainsi que l'article AGNEAU , page plus riches du pays; il ne nous en parvient qu'une 13, et V. ci-dessous l'article VEAU). petite quantité, et presque toujours alors il est mé- TERRA MERITA, ou CURCUMA. C'est langé : on l'appelle the impérial. Celui que nous une racine orientale qui donne une teinture jaune: consommons généralement se récolte plus tard, on en fait usage pour colorer les ragoûts et leur et lorsque les feuilles ont atteint presque tout communiquer une saveur particulière. Le curcuma leur développement. Enfin celui qu'on récolte fait partie de la poudre nommée kari, dont on fait vers le mois de juin est le moins estimé; il sert le un grand usage dans l'Inde, et qui entre en Eu- plus ordinairement aux gens du peuple. Quand rope dans quelques préparations culinaires. les feuilles sont cueillies, on les trempe dans l'eau Nous avons déjà dit que le kari doit être com- bouillante pendant une minute pour leur enlever posé de quatre onces de piment enragé, trois une partie de leur âcreté, puis on les verse dans onces de curcuma, une demi-once de poivre, une de larges poêles, d'abord médiocrement chauf- demi-once de géroſle et un gros de muscade, le fées, on les remue avec la main, et on laisse tout en poudre fine. Les Anglais y ajoutent de la chauffer la poêle jusqu'à ce que celle-ci commu- rhubarbe, et nous conseillons de ne pas les imiter nique aux feuilles une chaleur telle que la main ne dans cette aberration gastronomique. puisse plus la supporter; alors on verse prompte- ment les feuilles sur des naltes, et des ouvriers les THÉ, feuilles du thea sinensis, arbrisseau qui roulent en les froissant dans leurs mains, toujours croit abondamment à la Chine ainsi qu'au Japon. dans la même direction, tandis que d'autres les Les différentes espèces de thés se divisent en éventent pour les faire refroidir plus prompte- deux principales classes, c'est à savoir les thés ment : car c'est par un prompt refroidissement verts et les thés noirs. On peut distinguer jusqu'à que les feuilles se conservent roulées. Ces procé- sept ou huit espèces de thés verts, parmi lesquels dés sont répétés deux à trois fois, et jusqu'à ce les on nous en apporte que les Chinois dédaignent; que toute humidité se soit séparée des feuilles de aussi l'appellent-ils d'un nom qui signifie thé de thé. rebut. Deux thés verts sont surtout employés Le thé vert est légèrement pourvu d'une pro- chez nous : le thé perlé, dont la feuille est par-priété plus ou moins enivrante qu'il manifeste failement roulée sur elle-même. On lui a donné souvent par son action sur les nerfs, quand on le ce nom à cause de sa forme presque ronde et de prend trop fort, ct en trop grande quantité. sa couleur, qui doit être d'un vert argentin. L'au Le thé noir acquiert celic couleur parce que 31. тно ( 184 ) TOP haben par année. dans sa première préparation, on le fait rester plus tez cette caisse dans une tourtière ; faites cuire de long-temps dans l'eau bouillante; il est, par cette belle couleur eutre deux feux viſs, sans l’y laisser raison, moins âcre et moins aromatique que le thé trop long-temps, et servez. vert. L'usage du thé s'est répandu en Europe en Thon frais en salade.- Coupez un morceau 1666. Maintenant les feuilles de cet arbrisseau sont de thon rôti, par tranches, et puis en filets, et ser- devenues d'un usage si habituel et même si néces- vez avec une rémoulade. saire dans certains pays humides, comme la Hol- Thon frit. - Coupez du thon par tranches, lande et l'Angleterre, que dans la seule Europe il de l'épaisseur de trois doigts. Faites-le mariner s'en consomme plus de vingt millions de livres avec sel et poivre, verjus, ognons piqués de clous de gérofle, jus de citron. Faites frire, et servez avec Le thé se fait par infusion : on en met la dose une bonne rémoulade. - les Hachez la feuilles soient développées, et alors on achève de chair d'uu morceau de thon; mettez-le dans un remplir la théière. Quelques personnes jettent pot avec un morceau de beurre, du vin blanc, l'eau qui a servi au développement des feuilles. citron vert, sel, poivre et champignons. Faites cuire, et servez avec des tranches de pain frit. THON, poisson de mer qui abonde dans la Méditerranée et dont la chair est assez analogue à TIMBALE, nom qu'on donne à toute espèce celle du veau. Le thon meurt presque toujours en de ragoût enveloppé d'une pâte et cuit au four. On sortant de la mer, et c'est pourquoi les pêcheurs fait des timbales de viandes mêlées de mauviettes, ont soin de le vider sur-le-champ, pour l'empê- de nouilles, de macaronis, d'æufs aux anchois, à la cher de se corrompre. Ce poisson, surnommé le moelle, etc. En général, on peut garnir des timba- veau des chartreux, en a le goûl et la blan- les d'autant de façons qu'il y a de sortes de ra- cheur. Sa chair se mange fraîche et marinée. Il goûts qui peuvent se mettre en pâté (V. au mot n'arrive presque jamais frais à Paris non plus que PATE la manière de faire celle qui doit être em- dans une grande partie de la France; mais on l'ex- ployée pour les timbales). pédie en pâtés, ou mariné à l'huile vierge. Pres- THYM, plante aromatique qu'on emploie que lout le thon mariné qui se mange en France comme assaisonnement. On doit en mettre très- vient de Provence. Il y en a de deux sortes, mais peu, parce que son arôme deviendrait âcre s'il toute la différence consiste en ce que les uns sont était dominant. Il y a une espèce de thym qui a désossés, et que les autres ne le sont pas. Les l'odeur du citron : il y aurait beaucoup d'avantage meilleurs endroits du thon sont la tête et le ventre; à le substituer à l'espèce commune. la queue est moins estimée, et c'est cette partie qu'on fait mariner à l'huile pour hors-d'œuvre. TOMATE, fruit d'une espèce de solanée dont on mange la pulpe en purée substantielle et dont on Procédé pour mariner le thon. Il est emploie le suc comme assaisonnement. (V. POTA- suffisant de le vider aussitôt qu'il est sorti de l'eau; GES, PURÉES et SAUCES). on le dépèce par tronçons; on les rôtit sur de grands grils; on les frit dans l'huile d'olive; on les Tomates à la Grimod de la Reynière, assaisonne de sel et de poivre; enfin, on les en- Après avoir ôté les pepins de vos tomates, beur- caque dans de pelits barils avec de nouvelle huile rez-les d'une farce savante ou même tout uniment et un peu de vinaigre. d'une simple chair à saucisses, dans laquelle on a melé une gousse d'ail, persil, ciboules, estragon Thon à la broche. -Prenez une tête ou une hachés; mettez le tout cuire sur le gril, ou ce qui forte rouelle de thon, piquez ledit morceau avec vaut mieux encore, dans une tourtière, sous un des lardons d'anguilles et d'anchois, et faites-le rô- four de campagne, avec beaucoup de chapelure. tir; arrosez-le en cuisant, avec une marinade mai. L'expression d'un jus de citron (au moment de gre, ognons en tranches et citron, ciboules, poivre, servir dans la tourtière même) couronne cet en- sel, laurier et une livre de beurre, que vous met tremets qui passe pour excellent. trez dans la lèchefrite. Dégraissez ensuite cette marinade; liez-la d'un coulis roux, en y ajoutant TOPINAMBOUR, plante de la famille da quelques câpres, et verscz-la sur le thon rôti. tournesol, mais dont les racines sont luberculeu- ses et comestibles. Ces tubercules ont à peu près Thon en caisse, Faites une caisse de pa- | la saveur de l'artichaut; on en fait une excellente pier; mettez-y des tranches de thon avec du beurre friture et l'on s'en sert aussi comme garniture pour frais, des herbes fines, sel et poivre; panezet mel- ! certains ragoûts (V. notamment page 377). - TRU ( 488 ) TRU TORTUE. Il est souvent impossible de se si souvent et si vainement entreprise ? Un hor- procurer des tortues d'Amérique, mais il est tou ticulteur germanique, M. Alexandre de Bornholz, jours facile d'en faire venir de l’ile de Corse par vient de proclamer une découverte qui pourra faire l'intermédiaire des aubergistes de Marseille, et une révolution dans l'art culinaire. Il présente nous allons donner ici la manière de les apprêter une théorie toute entière sur l'art de faire venir des préalablement avant leur cuisson : truffes noires et blanches dans tous les terrains. Renversez sur le dos une grosse tortue qui se Un semblable traité, comme on doit croire, a fait trouvant gênée dans cette position ne manquera grand bruit parmi les gourmands. Un cri de sur- pas d'allonger le col. Coupez-lui la tête avec un prise et d'admiration s'est élevé dans les quatre couteau bien affilé; suspendez-la par le côté op- anciennes parties du monde (nous n'avons rien posé à cette incision et laissez-la saigner pendant à démêler avec l'Australie), et l'œuvre de M. de douze heures; après ce temps, renversez-la encore Bornholz a été traduite en plusieurs langues. une seconde fois sur le dos, introduisez la lame Nons avons lu cet écrit important, dont nous al- d'un fort couteau entre l'écaille du ventre et celle lons donner une traduction claire et précise. du dos, vous trouverez facilement cette ligne; ayez soin, pendant cette opération, de ne pas crever le « LA VRAIE TRUFFE est le Tuber Gutonum, fiel, ce qui arriverait si vous introduisiez votre Tuber Gulosorum , Licoperdon tuber, au- couteau trop avant; retirez ensuite les intestins, trement dit, la truffe des gourmands. gardez le foie sculement; le limon transparent que » Elle est d'une figure ronde, quelquefois ovale vous trouverez dedans n'est bon à rien ; vous trou ou affectant la forme du rognon. La couleur exté- verez deux lobes de chair que l'on peut comparer rieure en est blanchâtre dans sa jeunesse; mais à deux noix de veau, tant pour le goût que pour la celles qui sont parvenues à leur maturité sont noi- blancheur; détachez vos membranes ainsi que le râtres ou même tout-à-fait foncées. L'intérieur en col et les nageoires de la tortue, que vous apprête est également blanchâtre avec des tâches tirant sur rez comme il est indiqué dans nos articles POTAGE le bleu, le rouge ou le brun. Elle est traversée en DE TORTUE, BOUILLE-A-BAISSE et CALAPÉ D'AN tous sens par des veines de la grosseur d'un crin, CHOIS. et qui forment une espèce de réseau. Les cellules Les æufs dc tortue servent à garnir des soupes qui restent entre ces veines sont remplies d'une ainsi que de fines entrées maigres, et l'on peut matière visqueuse et de petits grains plus compac- aussi les servir pour hors-d'auvre, ainsi qu'il est tes et plus foncés en couleur. Ce sont ces glandes indiqué page 280 et page 345. presque imperceptibles qu'on regardait ancienne- ment comme les réservoirs de la semence, et de TOURTE, appareil de pâte feuilletée dans la petits germes de jeunes truffes. Moins l'intérieur quelle on sert des ragoûts variés pour entrées (V. de la truffe est coloré par des veines foncées, plus PATISSERIE, page 367 et précédentes). la chair en est tendre et parfumée. La peau exté- rieure est rude, sillonnée de rides, remplie de pc- TOURTEREAU, jeune tourterelle (V. à tits boutons et d'éminences. l'article suivant). » Tant que la truffe est jeune, elle a le goût des TOURTERELLE, variété du pigeon sau- plantes pourries ou des terreaux. Ce n'est que lors- vage et dont la chair est toujours plus grasse que qu'elle approche de sa maturité, après avoir pris celle du ramier. On la sert ordinairement rôtie, tout son accroissement, qu'elle répand cette odeur enveloppée de feuilles de vigne et toute envelop- balsamique qui lui est propre. Mais cette même pée d'une grande lame de tétine de veau. C'est un odeur ne lui dure que quelques jours; et à mesure rôti de la première distinction. que le tubercule approche de sa mort et de sa dissolution, l'odeur en devient plus forte et plus TRUFFE, substance fongueuse à qui tous désagréable (tirant sur celle de l'urine), jusqu'à les généalogistes botanisants n'ont pu réussir à ce qu'enfin il pourrisse ct devienne absolument trouver une famille. Elle est, pour les naturalis- insupportable au goût. C'est ainsi que son parfum tes et les autres savants, une sorte de phénomène s'éteint. Dans sa jeunesse, la chair de la truffe est qui n'a point de cause ; elle est, pour ainsi dire, aqueuse et fade ; elle est ferme dans sa maturité, placée hors la loi des êtres créés; on ne sait ni com- ressemblant à la substance de la noix et de l'amande, ment elle nait, ni comment elle se reproduit; la et le goût en est extrêmement relevé; mais aussi- seule chose dont on soit convaincu, c'est qu'elle tôt que la truffe commence à dépérir et que les existe, et qu'elle se perpétue sans culture. vers commencent à en faire leur pâture, elle de- Cet état de choses va-t-il cesser, et l'agriculture vient aigre, amère et absolument mauvaise. gastronomique va-t-elle enfin achever une conquête » Quand un endroit produit des trufles, on en TRU ( 486 ) TRU de va- peut tirer depuis les premiers jours du printemps porté à croire qu'elle n'est point une variété, mais jusqu'aux derniers de l'automne. Seulement, pen- une famille particulière ; ce qui paraît assez pro- dant les mois d'août, septembre et octobre, elles bable. On la trouve aussi dans les vignes, les prai- sont en plus grande quantité. Comme toutes les ries et jusque dans les champs labourés, tandis que espèces de champignons, elles aiment un automne la noire ne se rencontre que dans les bois. » chaud et humide; c'est alors aussi qu'elles sont de On a pu voir par cette description que l'auteur meilleure qualité. A la suite d'un temps pluvieux établit une distinction entre les truffes mortes et un peu prolongé, on les trouve d'ordinaire à une celles qui ont encore toute la force de leur végéta- moindre profondeur; quelquefois même elles sou tion. Cette distinction capitale sert de base à toule lèvent la terre en forme de mamelons que les rayons sa théorie. Voici maintenant les préceptes qu'il du soleil font ensuite gercer. Et quand le sol est donne pour la formation des plants artificiels, et léger et le temps sec, la terre repoussée ainsi au pour la propagation du tubercule; nous n'avons dehors, lombe, et la truffe se montre à moitié. pas voulu les abréger, parce que tout nous parait Cette sorte de truffe est, il est vrai, de peu très-important en pareille matière. leur, étant d'ordinaire déjà sur le retour, et atta « Les terres renfermant une grande quantité de quée des vers. bois et de feuilles de chêne pourries ont une in- » La demeure que les truffes affectionnent est fluence aussi salutaire sur la production de l'accrois- un terrain léger au milieu des bois, un endroit dé sement des truſſes que le fumier du cheval et de gagé de broussailles trop épaisses, bien aéré, om l'âne en exerce sur les champignons. Celui qui bragé par de grands chênes un peu éloignés les voudra établir des truffières devra donc rassembler uns des autres, qui arrêtent l'action immédiate des en grande quantité ces matières premières dans la rayons brûlants du soleil. Les truffes viennent par terre dont il voudra se servir, et faire naître tou- conséquent très-bien dans les places un peu dé tes les circonstances particulières qui produisent garnies d'une forêt, sous un chêne, un hêtre, une d'ordinaire et font croître les bonnes truffes. aubépine ou même un arbre fruitier, quand le ter » En établissant des plants à cet effet, il est néces- rain ne présente que de très-petites broussailles et saire de bien distinguer la terre des forêts de celle non pas une multitude de jeunes arbres qui empê- des jardins, la première ne demande pas d'aussi chent la circulation de l'air. Dans ces circonstan grands préparatifs que la seconde; dans la pre- ces favorables, elles acquièrent souvent le poidsmière, le temps et les années ont déjà fait leur d'un quarteron ou d'une demi-livre; mais cette travail; dans la seconde, il faut que l'art supplée à grosseur extraordinaire ne se rencontre que dans la nature; ainsi quand on peut faire usage d'une un terrain chaud et assez humide, et alors le tuber terre qui a été plantée depuis des siècles de l'es- cule réside aussi à une moindre profondeur; plus pèce d'arbres sus-mentionnés, on épargne beau- le sol est sec, plus la truffe semble s'enfoncer et coup de temps et de dépenses. devenir plus petite ; les environs d'une source font » Soit qu'on établisse ses plants dans les bois, seuls une exceplion à cette règle. soit qu'on les établisse dans un jardin, la première » Il est une variété de truffes qui se distingue chose à laquelle il faut faire attention, c'est de choi- par un épiderme plus sec, un goût plus fort et ti-sir un bas-fond un peu humide, tel qu'on en voit rant sur l'ail, ayant des couleurs plus ou moins dans les environs des fleuves, des ruisseaux et foncées. La variété blanche est la plus estimée de des étangs; mais la terre elle-même ne devra con- toutes, elle croît dans la haute Italie, principale- tenir aucune acidité, ni avoir aucune disposition à ment en Piémont. La surface en est d'un jaune la fermentation; elle devra être légère et fertile. brunâtre ou d'un gris pâle et couverte de petites Les bords des marais, les tourbières et les envi- verrues; elles ont les veines internes plus fines que rons des sources salines sont les lieux les moins fa- celles de l'espèce noire, et sont d'un jaune rougeâ- vorables ; on les reconnaît facilement par les joncs, tre. Quand le fruit est bien mûr, la chair qui rem les roseaux et les différentes sortes de mousses qui plit les cellules ou les glandes tire sur le rouge. en couvrent ordinairement la surface et que les L'odeur aussi bien que le goût en sont plus fins moutons et le bétail dédaignent et ne mangent que que dans l'espèce noire, et pour cette raison les pressés par la faim. truffes blanches méritent surtout d'être cultivées ; Quand on a trouvé un lieu convenable, on seulement est-il plus embarrassant d'établir le pre commence par enlever la terre de quatre à cinq mier plant, vu la difficulté de s'en procurer qui ne pieds de profondeur, et on établit sur les côtés et soient pas mortes ou dans un état de dégradation sur le fond de la fosse une couche de terre glaise qui ne leur permette pas de se propager. ou de terre à four bien grasse de l'épaisseur d'un » La truſſe blanche ne se changeant jamais en pied, afin que l'eau de source qu'on y amènera ne noire, et conscrvant toujours sa couleur, on a été puisse pas filtrer et se perdre à mesure. Quand le TRU ( 487 ) TRU terrain est gras par lui-même, on peut se dispen- , paration ; mais avant de commencer, il serait bon ser de faire les couches de terre glaise aussi épaisses; de garnir le fond et les côtés du fossé de pierres à mais dans les sables, il faut qu'elles passent même chaux bien arrangées les unes sur les autres ; elles un pied. ne serviraient pas seulement à arrêter les souriset » Ce bas-fond préparé de la sorte, on le rem- les vers qui voudraient venir s'établir dans la truf- plit de la terre convenable, de la composition de fière et préparer un tombeau à la nouvelle colonie, laquelle nous parlerons plus bas, et on y amène le mais elles empêcheraient encore que les pluies et ruisseau; mais, quoique les truffes aiment un sol les torrents ne pussent bouleverser les terres et dé- humide, elles ne supportent pourtant pas le ma- grader les couches ; à défaut de pierres à chaux, rais, ni l'cau stagnante, et il est indispensable d'ou on se sert de grès ou même d'autres pierres natu- vrir au côté opposé un petit fossé pour l'écoule- relles ou artificielles. Pour le fond, il ne peut, dans ment de toute l'eau superflue, fossé que l'on ouvre aucun cas, être absolument impénétrable à l'eau, ou que l'on ferme selon l'exigence, s'il arrivait afin que celle-ci puisse toujours s'écouler, et qu'elle. que dans les grandes sécheresses la source elle ne fasse point un marais de la nouvelle truffière. même vînt à se tarir, il faudrait se résoudre à ar- » Si, en creusant, on avait rencontré une terré rcser soi-même tout le plant, pour lui conserver compacte, par exemple de la terre à four, il est le degré d'humidité requis. Cette dernière mé-clair qu'il serait inutile de garnir le fond de pier- thode devient également nécessaire dans les en- res ; elles rendraient la communication des cou- droits arides où l'on manquerait entièrement de ches souterraines avec celles nouvellement établies, source ou de ruisseau pour l'établissement d'une par trop difficile. Enfin dans le cas, sans doute fort truffière. rare, où l'on rencontrerait malheureusement une » Les plants que l'on forme pouvant être assez terre glaise, impénétrable à l'eau, pour le fond petits, et ne prenant pas un terrain considérable, droit où l'on ne pourrait établir qu’un véritable d'un plant, il faudrait absolument abandonner l'en- on peut aussi apporter les plus grands soins à tou- marais. tes les préparations nécessaires. Les dépenses ne peuvent en aucun cas devenir assez considérables ler sont également nécessaires pour les plants » Tous les préparatifs dont nous venons de par- pour gêner beaucoup un propriétaire, et celui qui qu'on établit dans les bois, les bosquets et les jar- n'aurait aucune terre propre aux truffes dans ses possessions pourrait encore se procurer des plants fosse est différente sclon les lieux; dans les bois, dins anglais, mais la suite du remplissage de la par l'art de l'horticulteur. le terrain contient déjà beaucoup de matières vé- » Les meilleures truffes sont produites dans une gétales, mais elles ne sont souvent pas suffisantes terre légère, ferrugineuse et calcaire : c'est donc pour former une terre artificielle propre aur d'une terre semblable qu'il faut pourvoir nos truffes. Pour avoir une excellente terre, il faut plants. Le sol ferrugineux-calcaire est quelque faire amasser au printemps des tas de bouse de fois trop compacte, rarement trop léger ; quelque- vache, principalement de celle prise le plus frai- fois aussi il ne contient point assez de fer ; dans le chement possible sur les lieux de pâturages, et les premier cas, on s'aide avec du sable; dans le se- laisser reposer en terre pendant l'été ; pour que cond, avec un peu de terre glaise; dans le troi- ce fumier ne perde pas sa qualité par la sécheresse sième, avec de la mine de fer qui se trouve pres- et la chaleur, on a soin de l'établir à l'ombre, on que partout, que l'on écrase soigneusement et que le retourne de temps en temps, et on l'arrose pen- lon mêle jusqu'à la concurrence d'un tiers dans la dant les chaleurs avec de l'urine de vache, ou, à terre naturelle; celui pourtant qui ne pourrait pas son défaut, avec de l'eau de rivière; mais il ne se procurer de la mine de fer, prendrait à la place faut jamais l'arroser assez abondamment pour que de la limaille de fer, des scories ou de la crasse de les parties les plus grasses soient entraînées et se ſorgeron que l'humidité fait bientôt rouiller et dis- perdent dans le sol. soudre. » En automne, vers la chute des feuilles, ce fu- » Dans toutes les traffières, la première couche mier se trouve déjà presque entièrement changé du bas est formée de marne, de chaux ou de craie; en terreau; alors on le mêle, jusqu'à la concurrence quand on peut se la procurer, on y mêle un quart d'un quart ou d'un cinquième, à de la terre de de sable ferrugineux; quand on ne peut l'avoir, forêt, on y ajoute ensuite une moitié juste de feuil- on écrase de la chaux ou de la craie, et l'on y mêle les de chêne, ou, à leur défaut, de feuilles de presquc un tiers du même sable , ayant soin charme, et on fait du tout un amalgame bien con- qu'il soit distribué bien également. Le plant étant ſectionné; on en remplit entièrement la fosse, et on de la profondeur de deux à trois pieds, on y établit couvre le tout d'une couche de feuilles de chêne environ un pied d'épaisseur de cette première pré- de quatre à six pouces d'épaisseur. Un terrain pris TRU ( 489 ) TRU on ne prenait que celles qui avaient déjà perdu | heures avant l'opération ; alors il sera facile d'ex- leur vigueur. Elles mouraient pendant le trajet, traire chaque tubercule environné de sa terre, et ou du moins peu de temps après leur transplanta- de le placer dans une caisse préparée à cet effet. tion, et leurs cadavres ne pouvaient jamais, en Cette caisse doit être solidement fermée après que tombant en dissolution, forcer la terre environ- toutes les interstices en ont été remplies avec de nante à les reproduire. la terre humide que l'on prend sur les lieux, et » On aurait tout aussi grand tort de vouloir se ser que l'on a soin de bien serrer. De cette manière, vir pour le même effet de jeunes et tendres germes, les truffes se laissent transporter sans danger à ou de petites truffes qui ne seraient pas encore plusieurs lieues de distance. Ce n'est que dans les formées ; elles ne supporteraient pas davantage voyages qui durent plusieurs jours ou plusieurs d'être arrachées de force à leur lieu natal, pour semaines, qu'il est nécessaire d'ouvrir de temps se propager ailleurs. Il est de toute impossibilité en temps les caisses, de leur donner de l'air et de qu’un germe lendre et dont les sucs ne sont pas les humecter avec de l'eau de rivière pour empê- encore formés, puisse agir assez puissamment sur cher les truffes de moisir ou de se pourrir. Cette un sol qui n'a jamais produit de truffes, pour le dernière précaution est, par exemple, nécessaire forcer à les produire. dans la translation des truffes blanches qui ne se » Il faut donc choisir des truffes de moyenne voient que dans la haute Italie, mais qui réussis- grandeur, pleines de vigueur et de force vitale; il sent tout aussi bien partout ailleurs. n'est pas difficile d'en amasser une certaine quan » Dès que les caisses sont arrivées sur place, tité dans les endroits qui en produisent. Comme on les ouvre par un beau jour à l'ombre; on hu- elles vivent d'ordinaire en famille, il s'en trouve mecte un peu la terre si cela est nécessaire, et on loujours, à côté de celles qui ont achevé leur ac- plante les truffes le plus promptement possible. Il croissement, d'autres qui ne l'ont pas tout-à-fait vaut mieux les placer ensemble dans un petit es- terminé. Le chien ou le porc vous a-t-il découvert pace que de les éparpiller par tout le plant. La une truffe mûre (et il n'y a que celles-là qu'il puisse terre n'ayant jamais produit de truffes, il est plus découvrir au moyen de son odorat), cherchez alors, croyable qu'un certain nombre rassemblées et et creusez avec précaution tout à l'entour, vous en agissant simultanément exercent cfficacement trouverez d'autres moins avancées. Dans les pro- leur' influence, que d’en voir une seule transmet- cédés ordinaires des personnes qui ne cherchent tre isolément à la terre environnante une verlu les truffes que pour les vendre, on ne fait aucune reproductive. Lors des premiers essais, on crut attention aux jeunes, on ne fait que les dégrader qu'une seule truſſe, ou même des morceaux dé- et causer leur mort, tachés, pouvaient suffire à cet effet, mais on ſut » Mais une difficulté se présente ici, c'est que toujours trompé dans son attente. les truffes qui ne sont que tout près de leur matu » Selon la nature et le degré d'humidité du ter- rité ressemblent encore beaucoup à cette autre rain, on enterre les truffes à deux, quatre ou espèce de truffes mauvaises connues sous le nom quelquefois six pouces de profondeur. On les laisse de truffes à cochon, et que l'on trouve souvent dans l'enveloppe de terre avec laquelle on les a mêlées avec les autres. Il faut un wil bien exercé recueillies, et on a soin que dans cette opération pour distinguer ces deux espèces, quelquefois l'air ni le soleil ne puisse les dégrader. Pour cette confondues dans le même lieu. L'odeur même et raison, il serait bon de ne les planter que le soir, le goût ne décident rien alors, ou peu de chose, la à moins que le ciel ne fût toul-à-fait couvert de vraie truſſe ne prenant tout son parfum qu'au mo nuages. Avant de les déposer, on fait des trous de ment même de sa parfaite maturité. Il n'y a pas la profondeur que nous avons dit, on en couvre la d'autre moyen de surmonter cette difficulté qu'en base d'un peu de terre de la caisse, puis on y rejetant aussitôt toutes celles qui auraient mau- dépose les truffes, que l'on couvre ensuite avec la vaise apparence, et que l'on soupçonnerait truffes l'on soupçonnerait truffes terre restante, et quand celle-ci n'est pas suffi- à cochon. sante, on remplit entièrement les trous avec de la » Connaît-on un endroit qui produit de bonnes terre de la couche bien humeclée; lout le plant truſſes, on choisit un jour humide, pluvieux ou du se recouvre enfin de branches de chêne ou de hê- moins frais, et par un ciel couvert, on extrait les tre blanc, jetées de loin cn loin. On plante égale- truffes propagatrices, de manière qu'elles restent ment tout le terrain consacré aux truffes de jeu- enveloppées dans la petite masse de terre qui les nes arbrisseaux de la même espèce, mais à une environne, et sans que l'air extérieur puisse les certaine distance les uns des autres, de manière toucher beaucoup; et si la terre ne pouvait assez qu'ils ombragent le terrain, sans arrêter la libre se lier pour cela à cause de la précédente séche- circulation de l'air. resse, il faudrait bien arroser l'endroit quelques » Le meilleur moment de l'année pour la plan- TRU ( 492 ) TRU les et les corneilles dans les environs ; ces premiè- , fum d'autant plus exquis, qu'il se trouve plus rap- res surlout sauront vous débarrasser des souris à proché du voisinage du chêne qui le protège de son mesure qu'elles se hasarderont dans vos proprié- ombre, et cette expérience a même été confirmée tés, et elles ne pourront pas plus nuire à vos truf- par ceux qui ont établi des truſfières artificielles fes qu'elles ne font d'ordinaire à vos autres lé- dans différents endroits. Le propriétaire soigneux gumes. et intelligent, qui n'épargnera rien pour faire » La limace rouge et noire des bois attaque, réussir une aussi utile entreprise, s'assurera, dans surtout pendant les temps pluvieux, les truffes qui tous les cas, une récolte abondante des plus excel- sont à la superficie du sol ou qui s'élèvent au- lentes truffes, et il éprouvera sûrement quelque dessus. D'autres espèces de vers leur sont encore sentiment de gratitude envers l'auteur et le tra- plus pernicieuses, et la chaleur que les couches ducteur de cette dissertation. » de feuilles entretiennent sur les plants pendant l'hiver en allire et fait naître un grand nombre Truffes à la cendre. - Brossez les truffes qui ne font que se multiplier en 'été, vu que l'en- dans l'eau pour en enlever la terre qu'elles re- droit n'est point dérangé ni fréquenté. Différents tiennent toujours ; essuyez-les; mettez-les sur scarabées, notamment ceux qui se logent dans les une feuille de papier en double, bien enveloppécs écorces d'arbres, les mélolonthes, surtout celles de bardes de lard, assaisonnées de sel et poivre ; des jardins, les hannetons, les capucins rouge- replicz le papier et couvrez le tout d'une troi- bruns, les vers provenant de grosses mouches, les sième feuille de papier mouillée; faites cuire scolopendres, les cloportes, etc., tous insectes dans la cendre chaude avec un feu modéré par- qu'il est presque impossible de détruire entière- dessus ; étant cuites, retirez-les pour les essuyer. ment, attaquent les truffes, les percent en tous Servez sous une serviette pliée. sens, leur communiquent un goût d'amertume, et On peut aussi les faire cuire à sec dans du pa- enfin leur donnent la mort. pier beurré, afin d'en user en maigre. » Il est donc à propos d'avertir que quand on Truffes au vin de Champagne. · Pelez échoue dans une entreprise, quoiqu'on y ait ap- de grosses truffes; foncez une casserole de veau et porté tous les soins et que les localités aient été de jambon; mettez les truffes dessus avec un bou- favorables, c'est à lous ces insectes qu'il faut at- quet, quelques champignons entiers et du lard tribuer ce malheur. Les plants nouvellement con- fondu, sel et poivre; couvrez de bardes de lard; struits ont encore, comme cela est fort naturel, mouillez avec de bon vin blanc un peu sucré; ſaites plus à souffrir de ces sortes d'ennemis que cuire à petit feu ; quand elles sont cuites, retirez- ciens; la terre n'est pas encore assez imprégnée les; passez la cuisson après l'avoir dégraissée; de l'odeur du lan de chêne pour les en éloigner, faites réduire, et servez sous les truffes. la terre grasse formée avec du fumier en contient les germes, et en fait éclore les aufs avec abon- Truffes à la vapeur. Mettez dans une cas- dance. Pour les détruire, ou du moins pour en serole deux verres de vin blanc, un petit verre diminuer le nombre, on retourne non-seulement d'eau-de-vie et un clayon, comme il est prescrit souvent le terrain avec une petite bêche, mais on pour la cuisson des pommes de terre. Meltez les truffes sur ce clayon ; courrez la cas- y mêle encore une certaine quantité de chaux vive ou de bonnes cendres. serole avec un couvercle; faites bouillir; aussitôt » Si, après s'être donné toutes les peines possi- que vous voyez les vapeurs sortir de la casserole, bles pendant une année, on avait néanmoins la posez sur ce dernier un torchon mouillé. Les va- douleur de voir qu'on n'a pas réussi, il ne faudrait peurs se condenseront et retomberont bouillantes pas encore se décourager pour cela, le plant se sur les truffes ; lorsqu'elles sont cuites, retirez-les ; trouverait d'autant mieux préparé pour l'année laissez-les un instant se ressuyer à l'air, el servez suivante, que les différentes matières auraient eu en buisson sur une serviette. le temps de communiquer leur vertu au terrain, Si vous voulez que des truffes conservent par- et on serait à peu près sûr de ne pas échouer une faitement leur saveur naturelle et sans mélange, seconde fois en y iransportant des truffes-mères. enveloppez-les une à une dans du papier beurré, Il faudrait seulement bien retourner les terres, et et faites-les cuire à la vapeur de l'eau bouillante. les bien engraisser avec des feuilles de chêne dont Truffes au court-bouillon. — Vos truſles on ferait provision, en recommençant jusqu'à deux bien appropriées, mettez-les dans une marmite ou trois fois la même opération. avec sel, poivre, ognons piqués de clous de gé- » En général, on ne saurait trop saturer une rofle, laurier, ciboules et vin de Bordeaux ; leur truffière de particules provenant du chêne, l'expé- cuisson achevéc, vous les essuyez et les dressez sur rience ayant appris que ce tubercule est d'un par- une serviette en forme de buisson. les an- TRU ( 493) TRU Truffes en roche. Brossez, lavez, et faites mités rocailleuses du Mont-Blanc et du grand St- égoutter des truffes à la passoire; assaisonnez-les ; Bernard. Le mouvement extraordinaire qu'il se maniez-les avec du lard frais haché et pilé que donne contribue sûrement à rendre ce poisson vous diviserez en deux parties, l'une pour enduire d'une saveur agréable et d'un usage très-salubre. la surface d'une abaisse de feuilletage sur laquelle on pose les trufles en forme pyramidale, et la se- Truite à la montagnarde. — Faites-lui conde pour être posée à leur sommet ; cette der prendre sel pendant une heure. Faites-la cuire avec une bouteille de vin blanc, trois ognons, bou- nière portion doit être recouverte d'une plaque de lard, et le tout d'une deuxième abaisse qui, s'ap- quet, clous de gérofle, deux gousses d'ail, laurier, pliquant parfaitement aux truffes posées les unes thym, basilic et beurre manié de farine. Faites bouillir à feu vif; Ôtez les ognons et le bouquet; sur les autres, simule les aspérités d'un ro- cher; il faut ensuite dorer la pièce et pratiquer un servez la truite avec sa sauce, et jetez dessus, en petit trou sur le couvert et l'exposer pendant une servant, un peu de persil blanchi. heure au ſour chaud; ce temps écoulé, retirez-la; Truile au court-bouillon. Videz une tracez le couvercle avec la pointe d'un couteau truite par les ouïes ; après l'avoir bien lavée et es- pour enlever les bardes de lard ; cette opération suyée, ficelez-lui la tête, puis faites-la cuire dans faite, replacez le couvert, et servez bien chaud une poissonnière avec du vin blanc, des ognons pour entremets. coupés par tranches, une poignée de persil, quel- Émincé de truffes. — Coupez des truffes en ques clous de gérofle, trois feuilles de laurier, une tranches minces ; passez-les au beurre; ajoutez-y joté pendant une heure, dressez-la sur une ser- branche de thym et du sel; quand elle aura mi- des échalotes et du persil hachés, sel et gros poi- vielle et sur un lit de persil vert; mettez à côté vre; mouillez avec un verre de bon vin blanc et deux cuillerées de jus ou de bouillon réduit à moi- une sauce faite avec partie du court-bouillon que vous liez avec du beurre manié de farine, et que tié; au moment de servir, mettez une cuillerée d'huile ou un morceau de beurre. vous faites réduire à grand feu. Truite à la Chambord. - Lorsque votre Ragoût de truffes (V, SAUCE A LA PÉRI- Truite sera vidée, échaudez-la en la trempant dans GUEUX). l'eau bouillante : retirez bien toutes les peaux; Croûte et coquille aux truffes (V. CROUTE lavez-la bien à plusieurs eaux; laissez-la égoutter ; AUX CHAMPIGNONS et COQUILLE). piquez-la avec de gros clous de truffes; faites cuire votre truite dans une bonne marinade au vin; au TRUITES. Il y a plusieurs espèces de trui- moment de servir, égouttez-la ; dressez-la sur un tes, qui diffèrent par leur grandeur et la couleur grand plat ovale; garnissez-la de quatre ris de de leur chair, blanche dans les unes, et dans les veau piqués et glacés, quatre pigeons innocents, autres rosée comme celle du saumon : les meil- huit quenelles bigarrées, et huit belles écrevisses ; leures truites sont celles dont la substance est rou- saucez d'un bon ragoût à la financière. geâtre et qu'on appelle à cause de cela truites saumonnées ; parmi celles-ci on préfère celles à la Genevoise, pag. 447). — Après avoir vidé, Truite à la génevoise (V. l'article Saumon qui vivent dans des ruisseaux rapides où elles sont toujours en mouvement. On en trouve de très nettoyé et préparé une truite comme il est dit å grandesdans les lacs et dans les rivières torrentueuses Particle précédent, mettez-la dans une poissonnière qui sont presque à sec pendant l'été, excepté dans avec des ognons et des carottes coupées par tran: des bas-fonds où les truites se conservent jusqu'au ches, persil, ciboule , thym, laurier, clous de gé- retour de la saison pluvieuse; mais ces grandes rofle , sel et poivre; mouillez avec du vin rouge; truites sont moins délicates que celles des ruis- faites bouillir, et passez votre court-bouillon .au seaux. Les plus recherchées à Paris sont les trui- tamis de soie, après avoir dressé votre truite sur le tes de la Meuse et de la Seine ; celles-ci ne sont plat. D'autre part, foncez une casserole avec du beurre manié avec de la farine; mouillez avec le jamais d'un très-gros volume, mais leur chair est court-bouillon dans lequel votre truite a cuit; re- pourvue d'une saveur parfaite et d'une délicatesse muez et faites réduire, et quand votre sauce est infinie, tandis que les grosses truites du lac de bien liée, versez-la sur la truite. Genève sont presque toujours sèches et coriaces. On sait que ce poisson est d'une agilité, d'une force Truite à la Saint-Florentin (recette et et d'une résolution surprenantes; il remonte non- formule de l'ancien hôtel de la Reynière). seulement les torrents les plus rapides, mais il Prenez les plus belles qu'il se pourra ; écail- s'élance dans les cascades les plus élevées, et re- lez; videz et mettez-leur dans le corps du beurre monte ainsi les chutes d'eau jusque sur les som manié de fines herbes, avec sel et poivre, Mettez- TRU ( 494 ) TUR 1 les dans une poissonnière avec deux ou trois bou Il est sous-entendu que les filets de truites peu- teilles de vin blanc, pour que le vin les dépasse vent s'accommoder comme ceux de tous les autres d'un bon doigt; ajoutez sel et poivre, ognons, poissons, c'est-à-dire en marinade frile, à la clous, muscade, bouquet, et une croûte de pain. Orly, à la Béchameil, en papillotes, en croustade, en Faites cuire à feu clair, de sorte que le vin s'en- coquilles, en quenelles et en attelets panés et grillés. flamme. Lorsque la flamme commence à diminuer, jetez-y du beurre, et vannez avant de servir, TURBOT. Le nom de ce poisson rappelle toujours aux cuisiniers celui de l'empereur Do- Truites farcies. Videz et lavez quatre mitien, qui convoqua le sénat pour délibérer sur le truites d'une égale grosseur; mettez-les égoutter ; mode de préparation qui conviendrait le mieux à remplissez le corps d'une farce composée de que un énorme turbot qu'on venait de lui payer en nelles de carpe, truffes coupées en gros dés et tribut. Juvénal ne nous a rien appris sur la déci- champignons ; ficelez les têtes de vos truites ; fai-sion du sénat romain; nous allons y suppléer par tes-les cuire dans un court-bouillon; leur cuisson celle de Vincent de la Chapelle, véritable et véné- terminée, laissez-les refroidir; mettez-les égoutter; rable père-conscrit de la cuisine française. panez-les deux fois à l'æuſ, et au moment de ser- Turbot tout entier pour le premier ser- vir, faites-les frire d'une belle couleur; dressez- vice. les avec une sauce aux tomates, Procurez-vous un beau et grand turbot, sans taches, bien gras, le plus épais Truites aux anchois. — Écaillez, videz, et possible, et surtout qu'il soit très - blanc et incisez-les sur le côté; faites-les mariner avec sel très-frais; videz-le; lavez et nettoyez bien le de- et gros poivre, ail et persil, ciboules et champi- dans de son corps ; fendez-le jusqu'au milieu du gnons hachés, thym, laurier et basilic en poudre, dos, plus près de la tête que de la queue, et de la huile fine; mettez-les dans une tourtière, avec une longueur de trois à quatre pouces, mais plus ou marinade; panez, et faites cuire au four; servez-moins, selon sa grandeur; relevez-en les chairs les avec une sauce aux anchois. des deux côtés; coupez-en les arêtes, de la lon- Sauté de filets de truites.- Vous levez les filets gueur de l'ouverture; supprimez-en trois ou qua- de cinq à six jeunes truites ; vous les parez, et vous tre næuds; arrêtez la tête avec une aiguille à bri- en enlevez ensuite la peau du côté de l'écaille; vous der, et de la ficelle passée entre l'arête et l'os de couperez vos filets en petites lames de la grandeur la première nageoire ; frottez votre turbot avec du d'une pièce de cinq francs au moins ; vous parerez jus de citron ; mettez-le dans une turbotière où vos morceaux : ils doivent être d'égale grandeur vous le mouillerez avec une bonne eau de sel et et de même épaisseur; arrangez-les dans votre une ou deux pintes de lait ; joignez à cela deux ou sautoir ; vous y semerez du persil haché et bien trois écorces de citrons en tranches, desquels vous Javé, du sel, du gros poivre, de la muscade ra- aurez ôté la chair et les pepins; faites-le partír sur un pée; vous ferez tiédir un morceau de beurre que feu assez vif, si vous êtes en été, car le menant alors vous verserez sur les filets : au moment du ser à un feu trop doux, vous risqueriez de le voir se vice, vous mettez votre sautoir sur un feu ardent; dissoudre en morceaux. Dès que votre assaisonne- lorsque votre sauté est raidi d'un côté, vous le re ment commencera à frémir, couvrez le feu et laissez lournez : ne le laissez qu’un instant au ſcu; vous cuire votre turbot, sans le faire bouillir ; couvrez- le dressez en miroton autour du plat, et vous pla- le d’un papier beurré, et laissez-le dans son assai- cez le reste dans le milieu ; vous ajoutez une sauce sonnement, jusqu'au moment de le servir : un italienne, ou une purée de tomates. demi-quart d'heure avant, égouttez-le; arranger Truites à la hussarde. - Enlevez-en la une serviette sur un plat; garnissez-là en dessous avec des bottes de persil, afin que votre turbot soit peau, et mettez-leur dans le corps du beurre ma- nié de fines herbes ; assaisonnez de bon goût; fai- posé droit et que le milieu rebondisse sur le plat; faites-le glisser dessus; coupez très-également avec les mariner et griller ensuite. Servez-les avec une de gros ciseaux celles de ses barbes qui pourraient poivrade. être décharnées, ainsi que le bout de la queue; Pâté de truites. Piquez-les avec des lar mettez autour de votre turbot du persil en bran- dons d'anguilles et d'anchois; dressez le pâlé; che, et s'il avait quelques déchirures, masquez-les foncez-le de beurre frais; faites un godiveau de avec du persil; servez à côté une saucière garnie chair de truite, champignons, truffes, persil, ci- d'une sauce blanche, avec des câpres, et une autre boules, beurre frais, avec fines herbes, épices, sel saucière garnie d'une sauce piquante, ou au coulis et poivre; couvrez de beurre frais ; faites cuire et gras, ou bien au jus de poisson. dégraissez. Mettez-y un ragoût d'écrevisses, et On doit ajouter ce qui suit à cette bonne pres- servez chaud. cription de Vincent de la Chapelle : Servez, avec TUR ( 495 ) TUR ter; un relevé de turbot, une sauce jaune à la hollan- , de pain mélangée de fromage de Parme ; arrosez- daise, ou bien une sauce aux huîtres, une sauce le avec du beurre fondu; posez-le sur un feu doux, aux tomates au gras, une sauce blanche au raifort et faites-lui prendre couleur sous un four de cam- épicé, et, de préférence à toutes les autres, une pagne. sauce au beurre de homard et au hachis de ce Turbotins sur le plat. - Ayez deux ou trois poisson. turbotins; videz-les; lavez-les ; laissez-les égout- Turbot cuit au four. – Établissez un tur- fendez-leur le dos; étendez du beurre sur le bot bien paré, sur une feuille de tôle, à rebords; fond d'un plat ; saupoudrez-le d'un peu de sel et masquez-le d'une épaisse couche de beurre frais de fines herbes hachées ; posez les turbotins sur le manié de fleur de farine, et mélangé de fines her plat; panez-les avec de la chapelure de pain et bes assaisonnées des quatre épices. Faites cuire à des fines herbes, un peu de sel en poudre et d’é- un four doux; retirez le turbot au bout d'une pices fines; arrosez-les légèrement de beurre heure trois quarts s'il est de grandeur moyenne, fondu; mettez dessous du vin blanc en suffisante et au bout de deux heures un quart s'il est très- quantité ; faites-les partir sur un fourneau; met- volumineux. Vous le servirez sur une purée de tez-les sous un four de campagne, ou dans un tomates au blond de veau, ou bien sur une sauce grand four; assurez-vous de leur cuisson, en po- au jus et à la crème. sant le doigt dessus; ils seront cuits, s'ils ne vous résistent pas; servez-les avec leur mouillement, Turbot à la Régence (ancienne formule ou avec une italienne (V. SAUCE A L'ITALIENNE). du palais Royal). Faites cuire dans une Turbot à la Béchameil. - Votre poisson casserole deux ou trois livres de veau en tranches, étant cuit, égouttez-le ; après avoir levé les chairs bardées de lard, avec sel et poivre, persil en bou- et leur avoir donné une forme régulière, dressez- quet, fines herbes, ognons piqués de clous de gé- les sur un plat, et saucez-les avec une béchameil. rofle, et deux feuilles de laurier; faites suer; le Ce mets se fait assez ordinairement avec du turbot tout étant altaché, mettez du beurre frais avec un de desserte (V, BÉCHAMEIL), peu de farine. Le roux fait, mouillez avec du Turbot à la Sainte-Ménehoulde. - Après bouillon ; détachez le fond avec la cuillère; bardez avoir préparé votre poisson comme il est indiqué le turbot, et faites-le cuire avec une bouteille de vin précédemment; faites-le cuire à moitié dans dų de Champagne ou autre vin, avec le jus de veau, et vin blanc et du lait, avec fines herbes, sel, beurre le veau par-dessus; étant cuit, laissez-le mitonner et coriandre; dressez ensuite votre turbot; panez- sur des cendres chaudes ; dressez-le; servez des- le; faites prendre couleur au four , et servez-le sus un ragoût d'écrevisses, et liez d'un coulis d'é- avec une sauce aux anchois. crevisses. Filets de turbot au jus de bigarade. Turbot en matelote normande. - Ayez Levez les filets d'un turbotin ; après les avoir cou- un beau turbotin bien frais et bien gras; fendez- pés en aiguillettes, faites-les mitonner avec un jus le par le dos; séparez-les chairs de l'arête; met de citron, sel, gros poivre, et un peu d'ail; au tez entre l'arête et la chair une bonne maître- moment de servir, égouttez-les sur un linge blanc; d'hôtel crue ; coupez six gros ognons en petits dés; farinez-les , et faites-les frire d'une belle couleur ; ayez un plat d'argent de la grandeur de votre tur vous les dressez alors sur un plat, et les servez botin; mettez les ognons par-dessus avec un bon avec une sauce au coulis de poisson et au jus d'o- morceau de beurre; assaisonnez de sel, gros poi- range amère. vre, thym, laurier en poudre, persil haché, et un Bayonnaise ou salade de turbot. Pre- peu de muscade râpée; mettez votre turbotin des- nez les filets d'un turbot de desserte; ôtez-en les sus vos ognons; poudrez-le de sel; ajoutez-y du peaux; parez-les ; coupez-les en rond ou en cæur; citron et un peu de beurre fondu; mouillez d'une mettez-les dans un vase; assaisonnez-les de sel, bouteille de bon cidre mousseux; mettez votre plat gros poivre, ravigote hachéc, huile et vinaigre à l’es- sur un petit fourneau couvert d'un four de cam- tragon; dressez vos filets en couronnes sur votre pagne à feu très-doux; pendant qu'il cuira, vous plat, avec un cordon d’æufs durs, décoré de filets l'arroserez souvent. d'anchois, de cornichons, de feuilles d'estragon, Turbot au gratin. - Le turbot étant cuit de truffes, de betteraves et câpres; mettez de jolis au court-bouillon et refroidi, ötez-en les peaux et croûtons de gelée autour de votre plat, et dans le les arêtes, et mettez-en les chairs dans une sauce milieu de vos filets, une bayonnaise ou provençale béchameil maigre (V. BÉCHAMEIL). Faites chauf- blanche ou verte. fer le tout sans le faire bouillir; dressez-le sur un Croquettes et coquilles de turbot (V. ces plat qui puisse aller au feu; saupoudrez-le de mie deux articles). VEA VEA ( 496 ) V. VANILLE, siliques brunes, plates, remplies ficelle : avant d'envelopper la tête, on la frotte à l'intérieur d'une pulpe contenant une multitude partout de jus de citron pour la blanchir. de graines noires, luisantes et d'une finesse ex Pour la faire cuire, délayez dans l'eau unc trême : l'arôme de la vanille est parfaitement bonne poignée de farine ou de fécule de pommes suave, et l'on s'en sert pour aromatiser le choc de terre; ajoutez-y un bon morceau de beurre ou colat, des crèmes et des liqueurs (V. AROMATES, du lard râpé, des ognons, des panais, un gros page 45, Cacao, page 115 et suivantes, DRA- bouquet garni, sel et gros poivre, et le reste des GÉES et BONBONS, page 207, LIQUEURS et RATA- | citrons qui ont servi à frotter la tête; mettez la FIAS, pages 296). tête dans cette cau lorsqu'elle est bouillante; en- levez l'écume : quand la tête est cuite, servez VANNEAU. C'est le Vanellus des gour- avec une sauce à part, comme une sauce à la mands de l'ancienne Rome, mais il est à supposer poivrade, à la ravigote, ou toute autre sauce pi- que le vanellus Apicianus était plutôt le pluvier quante. doré que le vanneau commun. La chair de ce der- nier est légère et d'un assez bon goût. Il se pré- Tête de veau en tortue. Prenez ce qui pare comme le pluvier et la bécasse, c'est-à-dire reste d'une tête de veau cuite la veille; passez au qu'on ne le vide point, et qu'on l'établit sur des beurre des champignons, des crêtes et rognons rôties de lèchefrite quand on veut en faire un plat de coqs, des ris de vcau , etc.; ajoutez un peu de de rôt. farine; mouillez avec du jus ou avec du bouillon Nous avons parlé plusieurs fois des aufs de réduit et du vin blanc; assaisonnez de sel, poivre vanneau , qui sont un des comestibles les plus ou piment. Sur la fin, ajoutez des quenelles recherchés et les plus rares. (V. RAGOUTS et GARNITURES), des cornichons, des jaunes d'æufs durs entiers et les blancs cou- VEAU. La chair du veau ne peut être salubre pés par morceaux : lorsque la sauce est sulfisam- et véritablement alimentaire que lorsque l'animal ment réduite et bien liée, versez sur les morceaux est âgé, pour le moins, de deux mois et demi. Avant de tête coupés de forme régulière; tenez le plat cette époque, le veau fournit toujours une chair chaudement sans faire bouillir. visqueuse et qui ne saurait être bien apprêtée Tête de veau à la d'Escars. Prenez une qu'avec un assaisonnement très - relevé. Celui chopine de consommé que vous mêlerez avec une qu'on appelle de Rivière ou de Pontoise est d'une bouteille de vin de Madère et du piment en pou- supériorité tout-à-fait incontestable. Sa chair est dre. Faites réduire le tout à moitié, et mettez alors ordinairement blanche et fine; mais il ne faudrait dans cette sauce des quenelles de veau, la langue pourtant pas s'arrêter magistralement à son plus ou moins de blancheur, car on a remarqué que la coupée en morceaux, des crêles et rognons de coqs, de petites noix de veau, des ris de veau en viande provenue des veaux à fourrure brune était souvent grisâtre avant d'être cuite, ce qui n'em- morceaux, et d'autres garnitures cuites ; vous pêchait pas qu'elle ne fût parfaitement bonne et pourrez joindre à cela huit ou dix jaunes d'œufs, douze extrémités d'æufs, c'est-à-dire le blanc qu'elle ne devînt parfaitement blanche après la dont vous couperez le bout formant une petite cuisson, cuvette, des cornichons tournés en bâtons, des Tête de veau au naturel. Prenez une champignons tournés, des écrevisses, des graines tête de veau dégorgée et échaudée ; plongez-la de capucines confites au vinaigre; vous aurez dans l'eau bouillante et laisscz-la blanchir pendant soin que ce ragoût soit bien chaud, mais qu'il ne une demi-heure au moins ; retirez-la pour la ſaire bouille pas; vous la verserez sur la tête bien dres- rafraîchir dans l'eau froide; enlevez la mâchoire séc en pyramide. Si vous n'avez pas de sauce, vous supérieure jusqu'à l'ail; désossez aussi le som ferez un roux un peu fort, afin que votre sauce met de la téle; rapprochez les chairs de manière soit un peu longue; vous le mouillerez avec un que la tête conserve sa forme; enveloppez-la avec peu de mouillement de quelque cuisson et du un linge blanc que vous contiendrez avec de la 1 vin de Madère; vous pourriez aussi prendre le - VEA ( 497 ) VEA - Vous passe- mouillement dans lequel aura cuit la tête; à dé- | tiers et les oreilles de même; vous ficelez ces faut d'autre chose, vous mettrez dans votre ragoût morceaux et les faites cuire comme précédem- des cornichons, des aufs durs, des quenelles et ment; quand votre tête est cuite, au moment de du piment. Si vous n'avez pas de poéle pour faire la servir, vous la sortez du blanc, vous l'égouttez frire votre tête, vous mettrez un morceau de et la déficelez; vous dressez vos morceaux sur le beurre dans une casserole , du lard râpé, des plat; vous séparez la cervelle, et vous la mettez tranches de citron sans écorce, sans blancs ni pe- aux deux extrémités; vous détachez la langue; pins, trois carottes, quatre ognons, trois clous de vous la coupez en petits carrés gros comme des gérofle, trois feuilles de laurier et du thym; vous dés à jouer, et vous la mettez dans la sauce; vous passerez tout cela avec votre beurre; quand le prendrez presque plein une cuillère à pot d'espa- tout sera un peu frit, vous mettrez votre vin de gnole, dans laquelle vous mettrez une demi-bou- Madère avec un peu de bouillon ; vous ferez teille de vin de Chablis , six gousses de petit pi- bouillir; vous écumerez, vous jetterez du sel, du ment enragé écrasé, six cuillerées à dégraisser de gros poivre. Otez alors les morceaux de tête de consommé; vous ferez réduire votre sauce à moi- la braisière; faites-les égoutter ; dressez-les, et tié; quand elle sera réduite, vous y mettrez des versez dessus votre ragoût. cornichons tournés en petits bâtons, votre langue en dés et des champignons ; vous verserez ce com- Tête de veau à la manière du Puits-Cer- tain. posé sur la tête. » Désossez une tête de veau bien échaudéc, et laissez-lui les yeux et la cervelle; faites bien Tête de veau à la poulette. dégorger le tout; puis mettez cette tête désossée rez des fines herbes dans du beurre ; vous y met- dans de l'eau froide ; faites-lui faire un bouillon trez un peu de farine; vous mouillerez avec du seulement et mettez-la à rafraîchir; coupez alors bouillon, un peu de sel et un peu de gros poivre; toute la chair en morceaux ronds de la grandeur vous ferez bouillir votre sauce un quart d'heure; d'une pièce de cinq francs, à l'exception des vous mettrez vos morceaux de tête dedans; vous la oreilles et de la langue qui doivent rester entiè- ferez mijoter un instant, afin qu'elle soit chaude ; res; frottez tous ces morceaux avec du citron, et au moment de servir, vous mêlerez une liaison de les faites cuire dans un blanc, ainsi que la car- deux ou trois jaunes d'æufs, selon que votre ragoût casse que vous aurez enveloppée dans un linge. La sera fort; vous tournerez votre ragoût jusqu'à carcasse et la langue étant bien égouttées, vous ce qu'il soit lié; ne le laissez pas bouillir avec ouvrirez la tête, nettoicrez la cervelle et farcirez votre liaison, parce qu'il tournerait; au moment l'intérieur avec des ris de veau, des champignons de servir, vous y verserez un jus de citron ou un et des truffes coupés en petits dés et des que- filet de vinaigre. nelles de veau. Arrangez cette farce de manière à ce que le tout ait la forme d'une tête de veau en- Tête de veau farcie (ancienne recette du tière; enveloppez-la d'une crépinette de cochon dispensaire de Versailles, par Charles San- pour qu'elle ne se déforme pas, et faites-la cuire guin, manuscrit de la bibliothèque du roi). au four ; dressez cette tête sur un plat ovale; pla- blanche et bien échaudée, et prenez garde de la cou- Enlevez la peau de dessus une tête de veau bien cez les oreilles de chaque côté, les morceaux per ; vous désossez ensuite la tête pour en prendre coupés en rond tout autour; versez sur le tout la cervelle, la langue, les yeux et les bajoues ; faites une sauce à la financière, et placez de belles écre- une farce avec la cervelle, de la rouelle de veau, visses autour du plat. de la graisse de beuf, le tout haché bien fin; as- Tête de veau à la Destilière (formule de saisonnez avec du sel, gros poivre, persil, ci- M. de la Reynière). « Prenez une tête de veau boule hachée, une demi-feuille de laurier, thym bien blanche; vous la désossez tout entière ; vous et basilic hachés comme en poudre ; mettez-y la mettez dégorger comme la précédente; vous deux cuillerées à bouche d'eau-de-vie; liez cette la faites blanchir de même; vous retirez la cer farce avec trois jaunes d'æufs et les trois blancs velle ; vous la faites dégorger; vous enlevez les foueltés ; prenez la langue , les yeux, dont vous fibres et la première peau qui la couvre; vous la ötez tout le noir, les bajoues; épluchez le tout faites blanchir dans de l'eau bouillante et un filet proprement après l'avoir fait blanchir à l'eau de vinaigre; après, vous avez un petit blanc dans bouillante; coupez-le en filets ou en gros dés, ct lequel vous la faites cuire; trois quarts d'heure le mêlez dans votre farce; mettez la peau de la de cuisson suſfisent; votre tête de veau étant bien tête de veau sans être blanchic dans une cassc- refroidie, vous la sortez de l'eau ; vous l'essuyez role, les oreilles en dessus, et la remplissez avec bien ; vous la flambez comme la précédente; vous votre farce; ensuite vous la cousez en la plissant la coupez par morceaux ; vous laissez les yeux en comme une bourse; ficelez-la lout autour en lui 32 VEA ( 498 ) VEA redonnant sa forme naturelle ; mettez-la cuire Carré de veau à la broche. Ayez un dans un vaisseau juste à sa hauteur avec un demi- carré de veau de Pontoise ou de Montargis bien setier de vin blanc, deux fois autant de bouillon, gras et bien blanc; ôtez le bout qui se trouve un bouquet de persil, ciboule, une gousse d'ail, dessous l'épaule, afin que votre carré soit entière- trois clous de gérofle, ognons, sel, poivre; fai ment couvert; levez-en l'arête de l'échine dans tes-la cuire à petit feu pendant trois heures; lors toute sa longueur; coupez-la avec le couperet qu'elle est cuite , mettez-la égoutter de sa graisse, dans les jointures des côtés; coupez - le ensuite et l'essuyez bien avec un linge; après avoir ôté la dans toute sa longueur du côté de la poitrine, ficelle, passez une partie de sa cuisson au travers afin de le mettre bien carré; passez quelques d'un tamis ; ajoutez-y un peu de sauce espagnole attelets dans le filet, et faites-leur rejoindre les et y mettez un filet de vinaigre; faites-la réduire côtes, afin que votre carré se soutienne : cou- sur le feu au point d'une sauce; servez sur la tête chez-le sur fer, en passant un grand attelet au- de veau. dessus du filet, pour l'assujettir sur la broche : Si vous vouliez vous servir de cette tête de veau liez l'attelet fortement des deux bouts; envelop- pour entremets froid, il faudrait mettre dans la pez votre carré de papier beurré, faites-le cuire cuisson un peu plus de vin blanc, sel, poivre, et environ une heure et demie en l'arrosant avec moins de bouillon ; laissez-la refroidir dans sa soin ; ensuite Ôtez-en le papier et faites-lui pren- cuisson, et servez sur une serviette. dre une belle couleur : servez-le avec un bon jus Tête de veau à la Sainte-Ménéhould. de veau réduit. Prenez des morceaux de tête de veau cuite ; faites Carré de veau piqué. Prenez un beau une sauce avec un morceau de beurre, une demi carré de veau ; ôtez-en l'os de l'échine, comme il cuillerée de farine, sel, gros poivre, trois jaunes est dit précédemment : cela fait, coupez légère- d'aufs et du jus de citron, ou du vinaigre; dé ment et dans toute sa longueur la peau qui couvre layez le tout ensemble et ajoutez un peu de le filet sans l'endommager ; levez-en le nerf ainsi bouillon; faites lier la sauce; il est nécessaire que les peaux qui le couvrent encore , en faisant qu'elle soit épaisse. glisser votre couteau entre ce nerf et la chair da Couvrez-en les morceaux de tête; panez-les filet; parez-le bien et battez-le légèrement; en- avec de la mie de pain; dorez les morceaux avec suite piquez-le de fins lardons et faites-le cuire à du beurre et panez-les une seconde fois; mettez la braise pour le servir sur un ragoût de pointes les au four ou sous le four de campagne, jusqu'à d'asperge ou de chicorée à la béchameil, sur une ce qu'ils aient pris une belle couleur. Servez avec purée de marrons, de tomates ou de champi- une sauce piquante. gnons, etc. Tête de veau frite. Faites mariner des Noix de veau à la bourgeoise , d'après morceaux de tête de veau cuite; trempez-les dans l'excellente recette de Vincent de la Cha- une pâte et faites-les frire. La friture doit être modérément chaude. On frit également la cervelle pelle, reproduite par M. Beauvilliers. Prenez une noix de veau , celle d'un veau fe- et les yeux après en avoir enlevé la partie noire. melle, s'il vous est possible; conservez la panou- La langue peut se préparer à la Sainte-Ménéhould fle dans tout son entier ; mettez-la entre deur ou de toute autre façon. linges blancs, battez-la avec le plat du couperet : Longe de veau rôtie. Vous la coupe- cela fait, lardez-la dans l'épaisseur des chairs et rez à trois doigts plus bas que la hanche; vous de toute leur longueur, sans endommager la pa- roulerez le flanchet, vous l'assujettirez avec de noufle ; assaisonnez vos lardons comme il est petits attelets, afin que volre longe soit bien indiqué; foncez une casserole de quelques pa- carrée , et qu'elle n'ait pas l'air plus épaisse d'un rures ou débris de veau, posez volre noix dessus ; d'un autre : pour réussir à cela, suppri- mettez deux ou trois ognons autour, quelques ca- mez une partie des os de l'échine qui avoisinent le rottes tournées, un bouquet de persil et ciboules ; rognon : cela fait, couchez sur le fer votre longe, mouillez-la avec un bon verre de consommé ou c'est-à-dire embrochez-la et assujettissez-la avec du bouillon; couvrez-la d'un fort papier beurré, un grand attelet que vous attacherez fortement et faites-la partir : une fois en train, couvrez-la, des deux bouts sur la broche; enveloppez cette mettez-la sur la paillasse avec ſeu dessus et des- longe de plusieurs feuilles de papier que vous sous ; laissez-la cuire près d'une heure et demie beurrerez en dessus, de crainte qu'elles ne brû ou deux heures; le temps de sa cuisson dépend et lent : il faut deux heures et demie ou trois heures de sa qualité et de sa grosseur : sa cuisson termi- pour la cuire, cela dépend de la quantité de ſeu née, égouttez-la , passez son fond, faites-le ré- et de l'épaisseur de la pièce. duire à glace; glacez votre noix; mettez deux cuil- côté que VEA ( 300 ) VEA Fricandeau à la bonne femme. - Prenez trempez-les dans du beurre fondu; panez-les avec une tranche de rouelle de veau épaisse de trois de la mie de pain bien rassis, et mettez-les sur le gril; doigts, que vous piquez par-dessus avec du petit ayez soin de les retourner; arrosez-les de leur beurre lard; faites-la blanchir un moment dans de l'eau durant leur cuisson, pour qu'elles soient d'une bouillante, et la mettez ensuite cuire avec du belle couleur, vous pourrez vous assurer qu'elles bouillon et un bouquet garni. sont cuites, si, en appuyant le doigt dessus, elles Quand elle est cuite, retirez-la de la casserole sont fermes; alors dressez-les ; saucez-les avec un pour bien dégraisser la sauce; passez cette sauce bon jus de bauf, une sauce au pauvre homme, ou dans une autre casserole avec un tamis ; vous la bien encore avec une poivrade, aiguisée de jus de ferez ensuite réduire sur le feu jusqu'à ce qu'il citron. n'y en ait presque plus; vous y mettrez votre fri- candeau pour le glacer ; quand il sera bien glacé les revenir dans le beurre ; mettez-y persil , cham- Côtelettes de veau en papillotes. — Faites- du côté du lard , dressez-le sur le plat que vous devez servir ; détachez sur le ſeu ce qui est dans pignons et ciboules hachés (un tiers de chaque), un peu de lard râpé, avec sel, poivre et épices la casserole, en y mettant un peu de coulis et fines; laissez mijoter le tout; quand ces côtelettes très-peu de bouillon; goûtez si cette sauce est de seront cuites, retirez-les des fines herbes, et met- bon goût, et servez sous le fricandeau. tez dans ces fines herbes une cuillerée ou deux à Le fricandeau se sert également sur de la chi- corée, de l'oseille, des épinards, etc. dégraisser d'espagnole, ou du velouté, suivant la quantité de côtelettes que vous devez servir ; fai- Ragoût de veau à la ménagère. - Mettez tes réduire votre sauce, en sorte que l'humidité en un morceau de beurre dans une casserole: faites soit évaporée; goûtez si vos fines herbes sont d'un le fondre, et mettez deux cuillerées de farine que bon goût ; liez-les avec des jaunes d'æufs, selon la vous faites roussir; puis vous y anettez votre mor quantité de la sauce; laissez-la refroidir ainsi que ceau de veau, que vous remuerez avec le roux jus vos côtelettes; coupez votre papier de la forme qu'à ce qu'il soit ferme; ayez de l'eau chaude que d'un petit cerf-volant; huilez-le dans l'endroit où vous verserez sur le ragoût; remuez-le jusqu'à ce votre côtelette doit poser; mettez sur le papier qu'il bouille ; alors vous y mettrez du sel, du poi de petites bardes de lard très-minces; meltez la vre, une feuille de laurier, un peu de thym; lais-moitié d'une cuillerée à bouche de fines herbes sez-le bouillir une heure; puis vous y mettrez soit sur le lard; posez dessus votre côteletle, et cou- pois, ognons, champignous, carottes ou morilles, vrez-la de fines herbes et d'une petite barde ; re- ce qu'il vous plaira. Si le ragoût est blanc, vous y fermez votre papillote; nouez la pointe du côté mettrez une liaison de jaunes d'aufs. de l'os avec une ficelle; huilez vos papillotes en dehors, et faites-les griller, en prenant garde que Cótelettes de veau sautées dans leur jus. le papier ne brûle; supprimez la ficelle, et faites (Excellent ragoût bourgeois.) Étant bien que vos côtelettes soient d'une belle couleur. parées, c'est-à-dire, arrondies par le gros bout de la chair, et effilées à l'extrémité de l'os, mettez- Côtelettes de veau à la Dreux-Brézé. les sur un plat à sauter, avec du sel et du poivre, Vos côtelettes étant parées comme il est dit à l’ar- persil et échalotes hachés bien menu ; vous arrosez ticle COTELETTES SAUTÉES, vous les piquerez avec le tout avec du beurre fondu, et mettez votre plat du lard fin bien assaisonné de poivre , sel , épices, sur un feu très-ardent; quand les côtelettes seront et avec du jambon; mettez-les ensuite sur le cuites d'un côté vous les retournerez de l'autre, et feu dans un plat à sauter avec du beurre. Quand lorsqu'elles seront entièrement cuites, ce que vous elles seront un peu raidies, vous les mettrez dans reconnaîtrez en les pressant un peu avec le doigt, une casserole dont vous aurez garni le fond avec vous les dresserez. Otez alors le beurre qui a servi des bardes de lard, quelques tranches de veau, à les faire cuire; remplacez-le par quelques cuil- des racines coupées en lames, deux clous de gé- lerées de consommé ou de glace de viande; failes rofle, une feuille de laurier, un bouquet de persil chauffer cette sauce et la versez sur vos côtelettes. et ciboule, et les couvrirez de lard et d'un rond Si l'on n'avait pas de sauce réduite, il faudrait de papier beurré, plein une cuillère à pot de con- laisser le beurre, y ajouter un peu de farine, sommé; vous les faites mijoter pendant une heure mouiller avec du bouillon, faire bouillir le tout et et demie. Au moment de les servir, vous les égout- le verser sur les côtelettes. terez et les glacerez avec une belle glace; vous les dresserez sur votre plat. Vous pouvez servir des- Côtelettes de veau panées grillées. --- Pre sous une saucc espagnole, des concombres, une nez huit côtelettes bien appropriées et bien parées; purée d'ognons blancs, une sauce aux toniates, aplatisscz-les et saupoudrez-les d'un peu de sel; ou à la ravigole. VEA ( 802 ) VEA gnons, ou sur toute autre purée. Si vous n'aviez gauche; donnez-leur l'épaisseur de trois quarts point de glace, prenez le fond de ces noix, et fai- de pouce; arrondissez-les; mettez-les dégorger; tes-les réduire à glace, en sorte qu'elle soit d'une faites-les blanchir, et rafraîchissez-les ; foncez une belle couleur dorée, casserole de bardes de lard; mettez dans le fond Cuissot de veau. Cette partie du veau, quelques parures de veau; posez dessus vos ten- qui comprend la rouelle et le jarret, est, pour ainsi drons ; joignez-y un bouquet assaisonné, quelques dire, le fondement de la cuisine, puisque l'on en tranches de citron, trois ou quatre carottes tour- tire le jus de veau, les restaurants, les coulis et nées et autant d'ognons; mouillez-les avec du con- toutes sortes de sauces, et qu'il sert à donner du sommé ou du bouillon ; faites-les partir, et met- corps à diverses braises, et à des farces, des tez-les à cuire en les conduisant comme une fricassée de poulet, en les achevant et les faisant pâtés gros et petits, et beaucoup d'entrées de dif- férentes façons. lier de la manière accoutumée. Tendrons de veau en casserole au riz, — Blanquette de veau à la ménagère (V. Prenez deux livres de riz, plus ou moins, selon la BLANQUETTE D’AGNEAU, page 14). grandeur du plat que vous devez servir; épluchez- Blanquette de veau à la Duchesse. - le, lavez-le, faites-le blanchir; mettez-le dans une « Faites cuire à la broche un morceau de veau, soit casserole; mouillez-le avec du derrière de la mar- du cuissot ou de la petite longe; lorsqu'elle est mite; observez qu'on doit peu le mouiller et cuite à forfait et refroidie, on en lève adroitement qu'on doit le faire aller très-doucement; remuez- le filet, lequel on met en petits morceaux comme le souvent, et de manière à ne point le rompre; une pièce de deux sous; on le met ensuite dans faites en sorte qu'il soit bien nourri, c'est-à- une casserole, entre deux bardes de lard, et on le dire qu'il soit gras; salez-le convenablement; sa fait chauffer pendant une demi-heure dans une cuisson achevée, faites un bouchon de mie de étuve au bain-marie. On fait clarifier et réduire pain de la grandeur du fond de votre plat; dressez deux cuillerées à pot de coulis blanc ou velouté, tout autour votre riz comme vous feriez pour un avec un peu de consommé; on lie avec trois jaunes pâté; soudez-le bien sur votre plat; couvrez votre dæuſs, et on ajoute à cela un bon quarteron de mie de pain d'une barde de lard; étendez de votre beurre frais, le jus d'un citron et une pincée de riz sur un couvercle que vous aurez beurré pour persil blanchi; on jette la blanquette de veau dans en couvrir votre casserole; faites-le glisser sur cette sauce, et on la sert chaudement avec des votre pain et soudez le premier placé; donnez au croûtons autour. On peut, si on le juge à propos, tout une forme agréable; marquez le couvercle la mettre dans un vole-au-vent. » de votre casserole pour pouvoir l'enlever facile- Blanquette de veau aux truffes. — Prenez Prenez ment; quand il sera cuit, mettez-le dans un four du maigre de veau rôti d'avance, et, pour en faire très-chaud ; donnez-lui une belle couleur lorsque une blanquette, levez la chair qui reste par mor- vous serez près de servir; levez votre couvercle ceaux, que vous aplatirez avec la lame de votre avec grand soin ; videz votre casserole au riz, et couteau; parez-les; ôtez-en les peaux rissolées; remplissez-la d'un ragoût de tendrons de veau à émincez les filets que vous aurez levés ; faites ré- la poulette, ainsi qu'il est formulé dans l'article duire du velouté, et jetez-y vos filets sans les laisser qui précède immédiatement celui-ci. bouillir; liez votre blanquette avec autant de jau- en terrine. Les ten- nes d’æufs qu'il en faut; mettez-y un filet de verjus drons de veau étant parés, blanchis ei rafraichis, ou jus de citron, un petit morceau de beurre, un faites-les revenir dans du beurre, saupoudrez-les peu de persil et de ciboules hachés, et joignez-y de farine; mouillez-les avec un peu de consommé finalement des trufles émincées, et cuites à l'avance et autant de velouté; ajoutez un bouquet garni, au court-bouillon ou dans du consommé. du gros poivre, des champignons, de petits Tendrons de veau au blanc. Prenez ognons, des ris de veau, des crêtes et rognons de une poitrine de veau; posez-la sur la table, du coq; le tout étant cuit, vous dresserez tous ces côté de la chair ; prenez votre couteau, de ma- ingrédients dans une terrine; puis vous passerez nière que vous ayez les ongles en dehors; fai la sauce ; vous la lierez avec des jaunes d'œufs, et tes remonter votre couteau entre les tendrons et les vous la verserez dessus, os rouges de la poitrine, en les prenant par le bout Tendrons de veau en chartreuse. Faites le plus mince; ensuite levez la chair qui couvre cuire les tendrons comme il est dit à l'article les tendrons; séparez-les des côtes; posez vos TENDRONS DE VEAU POÊLES; faites cuire en même tendrons sur la table, ct coupez-les en forme d'huî- temps, dans du consommé, des carottes et des na- tres, en inclinant votre couteau de la droite à la vets tournés en forme de petits bâtons de la même Tendrons de veau VEA ( 505 ) VEA lo avec les carottes et les navets ; mettez ensuite ticles précédents, ayez trente petits ognons tous grosseur, des laitues, des ognons ; beurrez le fond saucez-en vos lendrons; vous pouvez la servir avec d'une casserole, et arrangez sur ce beurre une des petits ognons, des pointes d'asperges, ou un partie des carottes et des navets que vous aurez ragoût de champignons. coupés en deniers, des petits pois et des haricots verts blanchis : tout cela doit former un dessin Tendrons de veau en matelote. Quand agréable à l'ạil; garnissez le tour de la casserole ils seront cuits, comme il est énoncé dans les ar- ticles dans le fond quelques-unes de vos laitues que vous ; - aurez fait égoutter; posez les tendrons dessus, et serole avec un morceau de beurre et faites-les remplissez la casserole avec le reste des laitues, roussir; retirez-les, et alors, dans le beurre res- et pressez-les un peu afin que cette préparation tant, mettez une pincée de farine, dont vous ferez ait de la consistance ; passez au tamis de soie le un roux; quand il sera d'une belle couleur, consommé dans lequel vous aurez fait cuire les mouillez-le avec un demi-verre de vin blanc, et légumes; ajoutez-y un peu de sauce espagnole, et avec le fond dans lequel auront cuit vos tendrons; faites réduire ce mélange; posez un plat sur la s'il ne suffisait pas, joignez-y du bouillon ce qu'il casserole où est la chartreuse, et renversez-la avec en faut pour le mettre à consistance de sauce; de précaution, afin qu'elle ne se déforme point, et là faites-la bouillir, dégraissez-la el tordez-la dans mettez autour de la chartreuse la sauce dont nous une étamine au-dessus d'une casserole; remettez venons de parler. ensuite cette sauce sur le feu avec un bouquet de persil et ciboules, dans lequel vous aurez mis une Tendrons de veau à la jardinière. demi-feuille de laurier et la moitié d'une gousse Faites cuire les tendrons comme il est dit à l'ar- d'ail; ajoutez à cela une trentaine de champignons ticle ci-dessus ; dressez-les en couronne; meltez tournés, du sel, du poivre, et un peu d'épices autour des laitues cuites dans du consommé, et fines; faites réduire votre sauce; Ôtez-en le bou- dans le milieu des navets et des carottes tournées que en l’exprimant; finissez-la avec un peu de en petits bàtons et cuits comme les laitues. beurre d'anchois. Tendrons de veau en queue de paon (ea- Tendrons de veau à la ravigote. - Cou- près la recette magistrale de feu M. Beau- pez-les en forme d'huîtres ; leur cuisson faite, villiers, qui l'avait copiée dans le Formu- mettez-les refroidir et parez-les; vous aurez fait laire de la Chapelle). — Olez les os rouges à un bord de plat avec du beurre que vous décore- vos tendrons; relourvez votre poitrine, de ma- rez à votre fantaisie; dressez vos tendrons en cor- nière que les côtes se trouvent sur la table; met don sur votre plat, et masquez-les avec une ravi- tez un linge blanc sur cette poitrine; aplatissez-la gote froide. Si vous les serviez à la ravigote chaude, avec le plat du couperet; cela fait, coupez-la par vous feriez un bord de plat avec des croûtons morceaux de trois à quatre doigts de largeur; ar- frits. rondissez-en avec votre couteau le gros bout, et Tendrons de veau en marinade, Faites- diminuez-en la partie opposée, de manière à en les bien cuire, et, tout de suite après, mettez-les former un cæur allongé, qu'on appelle queue de dans une marinade; faites-leur jeter un bouillon; paon; détachez la chair du côté des os; rognez laissez-les refroidir ; égouttez-les, et puis trempez- l'os, de manière que la chair dépasse; faites-les les dans une légère pâte à frire; couchez-les dans dégorger et blanchir; marquez-les comme les ten la friture l'un après l'autre, ayant soin de les drons ci-dessus, avec cette différence que vous n'y égoutter pour qu'ils aient une bonne forme; faites- mettrez pas de tranches de citron; la cuisson est leur prendre une belle couleur, et retirez-les alors à peu près la même ; si vous n'aviez point de de la friture; égouttez-les sur un linge blanc; sauce pour les accommoder, passez leur fond au faites frire une pincée de persil, et dressez vos travers d'un tamis de soie; faites-le réduire à tendrons par-dessus. glace, et glacez-les; mettez dans le reste de votre Poitrine de veau en attereau à la bre- glace un petit roux; faites-le fondre, en le dé- layant avec votre glace; mouillez-le avec du con- tonne (V. page 49). sommé ou du bouillon et le quart d'un verre de Poitrine de veau à la mousquetaire. - vin blanc; ajoutez-y dix parures de champignons Faites cuire une poitrine de veau avec moitié ou de trulles; faites bouillir cette sauce, dégrais-bouillon, moitié vin blanc, un bouquet garni, sel sez-la et tordez-la dans une étamine; faites-la ré- et poivre ; quand elle est cuite, dressez-la sur un duire de nouveau à consistance de sauce; goûtez plat et renversez la peau sur les côtés pour laisser si elle est d'un bon goût; finissez-la en la passant les tendrons à découvert; dégraissez la cuisson ; et la vannaut avec un petit morceau de beurre, et Jiez-la avec du beurre manié de farine; ajoutez . VEA ( 304 ) VEA une pincée de persil blanchi et haché, et versez dement possible, à cause des ogrons qui se dété- sur la poitrinc braisée. riorent en se refroidissant. Poitrine de veau à la poulette. - Coupez Poitrine de veau au coulis de lentilles ou par morceaux une poitrine blanchie; passcz-la au de petits pois. — La poitrine étant coupée par beurre avec un bouquet garni, des champignons, morceaux de la longueur du doigt, vous la ſaites des morilles, une pincée de farine, sel et gros poi- blanchir et puis cuire avec du bouillon, une demi- vre; mouillez avec du bouillon ; quand la poi- livre de lard coupé en tranches, un bouquet garni trine est cuite, mettez-y une liaison de jaunes et un peu de sel; pendant qu'elle cuit, vous préparez d'æufs délayés avec de la crème. votre purée de lentilles ou de pois, que vous ver- dissez avec une poignée d'épinards cuits à l'eau et Poitrine de veau aux petits pois. Cou- | bien pilés; vous passerez la purée avec la cuisson pez par morceaux ; faites blanchir, et ensuite re des tendrons pour lui donner du corps , et vous y venir au beurre; ajoutez un peu de farine; mouillez mettez les tendrons et le lard ; si la purée est trop avec du bouillon; assaisonnez avec du poivre et claire, vous la faites réduire. un bouquet garni; ne mettez pas de sel à cause du bouillon qui doit être salé; lorsque la poitrine est à Poitrine de veau à la villageoise. — Vous faites blanchir un chou et un morceau de petit moitié cuite, ajoutez-y les petits pois avec une ou deux feuilles de sarriette et un très-petit morceau lard coupé en tranches tenant à la couenne; vous de sucre. Au moment de servir, mettez une liaison poitrine de veau coupée par morceaux et blan- ficelez l'un et l'autre à part; vous y joignez votre de quatre jaunes d'æufs. chie, vous faites cuire le tout ensemble avec du Poitrine de veau farcie. Il faut ôter le bouillon ; n'y mettez point de sel à cause du lard; bout des os et l'os saillant, faire une incision pour quand tout est cuit, vous retirez le chou et la séparer la chair d'avec les os , et puis introduire viande, que vous dressez dans un plat; vous dé- une farce en dedans, et coudre l'ouverture, pour graissez le bouillon, et vous faites réduire la sauce, que la farce ne puisse pas s'échapper. On la ficelle si elle est trop longue; si en la goûtant vous la et on la fait cuire à la braise, et l'on sert dessous trouviez trop salée, vous pourriez en corriger l'a- telle sauce qui convient. creté en y mêlant un peu de lait et de cassonade blanche. Quant à la farce que l'on met dedans, ce sera un godiveau, ou une farce à quenelles. On prend Épaule de veau aux sept racines. — Dés- environ une livre de rouelle de veau, et autant de ossez une épaule de veau que vous piquez inté- lard; hachez bien le tout ensemble le plus fin pos- rieurement avec des lardons assaisonnés de sel sible, et même pilez-le ; assaisonnez de sel et d'un fin, gros poivre, persil haché bien fin, deur peu d'épices. On peut, dans l'une ou l'autre de feuilles de laurier, un peu de thym bien haché et ces farces, ajouter du persil et des champignons un peu des quatre épices ; quand votre épaule est hachés, ainsi que des truffes, qu'il faut avoir soin des truffes, qu'il faut avoir soin | bien piquée, vous la roulez en long; vous fice- de passer dans un peu de beurre. lez comme une galantine, et vous mettez dans le fond d'une braisière des bardes de lard, quelques Poitrine de veau aux ognons glacés. tranches de veau , les os de l'épaule et puis l'é- Parez et bridez une poitrine; vous mettez dans le paule elle-même; après avoir couvert de lard cette fond d'une casserole des bardes de lard ; vous cou- épaule, vous ajoutez des ognons, des carottes et pez en tranches des ognons que vous mettez dans des navets, deux pieds de céleri, trois panais , six le fond de votre casserole, et vous y placez votre topinambours et une demi-boite de salsifis ou poitrine ; vous la couvrez de Jard ; vous remettez scorsonères ; vous ajouterez un peu de gros poi- par-dessus des ognons coupés, deux feuilles de vre et un bouquet garni; vous couvrez le tout d'un laurier, un peu de thym, la moitié d'une cuille-papier beurré; puis vous le faites cuire sur un rée à pot de consommé, et de plus une pincée de feu doux, et vous mettez du feu sur le couvercle gros poivre; vous faites cuire cette poitrine avec de la braisière; laissez bouillir ainsi pendant trois du feu dessous dessus pendant deux heures et heures; déficelez l'épaule ensuite ; dressez-la sur demie; quand elle est cuite, vous l'égouttez; vous un plat ovale, et glacez-la ; mettez autour de l'é- la glacez avec la glace de vos ognons, et la met- paule ainsi préparée toutes les racines de sa cuis- tez sur le plat avec des ognons glacés à l'entour; son , dont vous lui ferez une garniture. vous versez dans votre glace plein deux cuil- lères à dégraisser d'espagnole travaillée, et une Épaule de veau en musette champélre. cuillerée de consommé; vous détachcz votre glace (Le fameux Voiture a fait l'éloge de ce ra. avec votre sauce, et vous servez le plus chau- goui dans une de ses lettres à son ami VEA ( 806 ) VEA rons, d'oseille, ou bien sur un ragoût de truffes, dans de la mie de pain; faites-les griller, et ser- de concombres, de chicorée ou d'épinards ; vous vez-les de belle couleur avec un peu de glace de mettrez un peu de bouillon dans la casserole pour viande au fond du plat. détacher la glace, et vous vous en servirez pour Ris de veau à l'allemande, Faites dé- assaisonner la purée dont vous aurez fait choix. gorger et blanchir des ris de veau comme il est Ris de veau glacés. Faites dégorger et dit à l'article précédent; coupez-les par petits blanchir des ris de veau comme il est dit à l'ar morceaux très-minces, et faites-les cuire dans de ticle précédent, et piquez-en le dessus avec du la glace de viande mêlée de beurre fin; faites lard très-fin ; mettez-les ensuite dans une casse-chauſſer, d'autre part, de la sauce allemande, et role avec des bardes de lard dessous et dessus, dès que vos ris de veau seront cuits, vous les jetle- des parures de viandes, un jarret de veau, quel- rez dans cette sauce, en même temps que des ques carottes et ognons, un bouquet garni , des truffes et des champignons cuits et coupés en clous de gérofle et une feuille de laurier ; mouillez morceaux de la même forme; faites bouillir le le tout avec du bouillon, de manière que le bouil- tout ensemble pendant quelques minutes; ajoutez. lon ne couvre pas tout-à-fait les ris de veau; éten- y, après l'avoir ôté du feu, un jus de citron et un dez à la surface un rond de papier beurré, et peu de beurre fin. faites cuire avec feu dessous et feu dessus; une heure de cuisson suffit; on dresse ensuite les ris, et blanchir des ris de veau; coupez-les par mor- Ris de veau en attelets. Faites dégorger qui doivent être de belle couleur, sur une sauce ceaux carrés et faites-les cuire et refroidir dans italienne, ou sur une purée de racines, une sauce allemande comme il est dit à l'article Ris de veau en oassolettes. - Modelez des précédent; mettez dans la même sauce de la té- morceaux de beurre dans un coupe-pâte, ou dans tine de veau cuite et coupée de la même manière ; un moule quelconque; puis passez-les, en les ces morceaux étant froids et bien garnis de sauce, trempant d'abord dans des aufs battus et assai vous les embrochez avec un attelet, en plaçant sonnés comme pour une omelette, et ensuite dans alternativement un morceau de ris de veau et un la mie de pain mêlée de fromage de Parmé râpé; morceau de téline; les attelets étant entièrement répétez cette opération; puis vous ſerez à l'une garnis, vous remettez de la sauce aux endroits où des extrémités de chacun de ces morceaux de il y en a le moins ; puis vous panez le tout en le beurre ainsi garnis une petite ouverture dans la- passant d'abord dans de la mie de pain, puis dans quelle vous introduirez un hachis de ris de veau, des jaunes d'œufs battus et assaisonnés comme mêlé de truffes et bien assaisonné; jetez-les tous en pour une omelette, et une seconde fois dans de la même temps dans de la friture chaude, et servez mie de pain; faites griller les altelets ainsi garnis les sur un jus clair où vous ajouterez celui d'un sur un feu doux, et dressez-les sur une sauce aux citron, tomates à l'indienne. Ris de veau en papillotes. Faites cuire Oreilles de veau à la Sainte-Ménehould. des ris de veau comme il est dit ci-dessus; puis Faites dégorger et épluchez des oreilles de faites-les égoutter; mettez-les sur un plat et ver veau préalablement bien échaudées; foncez une sez dessus une sauce à la d'Huxelles ; le tout étant casserole de bardes de lard; mettez les oreilles refroidi, vous mettrez du jambon coupé par tran-par-dessus et recouvrez-les de bardes ; mouillez ches bien minces sur chaque ris de veau , et vous avec vin blanc et bouillon ; ajoutez des tranches l'envelopperez, ainsi garni de sauce et de tranches de citron sans peau ni pepins, ou bien (si la sai- de jambon, dans du papier huilé que vous plisse- son vous le permet) des groseilles à maquereaus, rez tout autour, afin qu'il ne puissc rien s'en ou du verjus frais bien épepinné; en outre, mel- échapper ; quelque temps avant de servir ces pa- tez-y quelques racines, un bouquet garni, sel et pillotes ; faites-leur prendre couleur sur le gril. poivre; faites cuire à petit feu; quand lesdites Ris de veau à l'anglaise. — Faites dégor-oreilles de veau sont cuitcs et égouttées, saucez- ger des ris de veau dans de l'eau tiède ; puis faites | les dans du beurre tiède et panez-les ; dorez-les les blanchir et ôtez-les de l'eau bouillante pour fois; faites-leur prendre couleur sous un contefia avec de l'auf entier baltu, et panez une seconde les jeter dans de l'eau froide ; faites-les cuire en- suite dans du jus de viande réduit; passez-les en- cle de tourtière, et servez-les avec une sauce pi- suite à deux reprises en les trempant dans du quante. . beurre fondu et dans de la mie de pain assaison Oreilles de veaie à l'italienne. née de sel et de poivre ; puis dans des cuſs-battus des oreilles de veau cuites comme pour la Sainte- assaisonnés comme pour une omelette, et encore Ménéhould ; faites une farce avec de la mie de Prenez VEA ( 307 ) VEA pain, du lait et du fromage de Parme ou de ciboules, quelques tranches de citron, desquelles Gruyères râpé; faites réduire sur le feu jusqu'à vous aurez ôlé les pepins et l'écorce; couvrez-les ce que le mélange soit devenu épais; ajoutez en- de bardes de lard et d'un rond de papier ; faites- suite un peu de beurre et quatre jaunes d'eufs: les partir sur un fourneau; mellez-les ensuite mêlez bien le tout ensemble; remplissez-en les trois quarts d'heure sur un petit ſeu couvert de oreilles; trempez-les ensuite dans du beurre tiède ; cendre ; leur cuisson faite , dressez-les sur le panez-les avec de la mie de pain mélangée de fro- plat, et masquez-les d'une sauce à l'allemande, mage râpé; faites prendre couleur sous le four de campagne. Cervelles de veau frites. Les cervelles de veau étant cuites comme il est dit plus haut, Oreilles de veau aux champignons. faites-les égoutter; laissez-les refroidir, et coupez- Faites-les cuire à la braise, et puis faites sauter au les par morceaux gros comme des noix; faites- beurre des champignons bien épluchés ; versez les ensuite mariner dans du vinaigre avec du sel, dessus un peu de consommé et autant de velouté; į du poivre et du persil en branches; puis trempez- faites réduire ce mélange ; liez-le avec des jaunes les dans une pâte à frire , et faites-les frire dans d'æufs; dressez les oreilles de veau, et versez cette une friture modérément chaude; dressez les cer- préparation dessus. velles en rocher, et mettez du persil frit à leur Oreilles de veau en marinade. Les sommet. oreilles de veau étant cuites comme il est dit ci Cervelles de veau en coquilles. - Après dessus ; coupez-les par morceaux, et mettez-les avoir bien épluché des cervelles de veau, et les dans une marinade pendant quelques heures, én avoir fait dégorger, il faut les couper en mor- ayant soin de les retourner de temps en temps ; ceaux et les mettre dans une casserole avec des puis vous les tremperez dans une pâte à frire, et truffes et des champignons coupés de la même vous les mettrez dans de la friture bien chaude. forme; on mouille ensuite le tout avec du vin Servez-les de belle couleur, avec du persil frit blanc, et on le fait bouillir jusqu'à ce que le vin dessus. soit tari; d'autre part, on fait une sauce composée Oreilles de veau farcies. - Lorsque les de moitié velouté, moitié sauce allemande, un jus oreilles de veau sont cuites comme il est dit ci de citron, du persil haché, un peu de beurre. dessus, on les pare, et on les remplit avec une frais, et lorsque cette sauce a bouilli pendant farce cuite; ensuite on les pane en les passant quelques instants, on met dedans les cervelles, les successivement et à deux reprises dans des jaunes truffes et les champignons préparés comme nous d'@ufs baltus et assaisonnés comme pour une venons de le dire. Il faut ensuite remplir des co- omelette, et dans de la mie de pain ; puis on les quilles avec cette préparation, semer sur la super- ſait frire, et on les sert avec une sauce aux tomates ficie un peu de fromage de Parme râpé et les år- ou à l'italienne hachée. roser avec du beurre tiède. Quelques instants avant de servir ces coquilles, on les pose sur un Cervelle de veau. - Elle se prépare le plus feu doux et on les couvre avec un four de cam- souvent à la poulette ou à la béchameil, à la purée pagne. , , à tomates, Faites à la ravigote. cuire les cervelles de veau, et coupez-les ensuite Cervelles de veau à l'allemande. · Ayez en deux; coupez en morceaux carrés quelques trois cervelles de veau bien lavées, c'est-à-dire gros ognons, et faites-les cuire dans du beurre sans être endommagées; mettez-les dans une avec de la muscade râpée, du sel et du poi - casserole avec de l'eau en suffisante quantité; ôtez vre, une feuille de laurier et un peu d'ail; en toutes les fibres, ainsi qu'au cervelet; chan- lorsque ces ognons seront bien jaunis, vous les gez-les d'eau; laissez-les dégorger; repassez-les mouillerez avec du velouté, et vous ferez bien pour en ôter les fibres s'il en est resté, et faites-les bouillir le tout pendant quelques instants ; Ôtez blanchir environ un quart d'heure de la manière ensuite cette préparation de dessus le feu; licz-la suivante : Faites bouillir de l'eau avec une pin- avec des jaunes d'æufs, et mettez dedans les cer- cée de sel blanc et un verre de vinaigre blanc; velles cuites et coupées comme nous venons de le mettez-y vos cervelles; retirez-les après qu'elles dire, et laissez refroidir le tout; prenez l'un après sont blanchies; égouttez-les; mettez-les dans unc l'autre les morceaux de cervelle ; ayez soin qu'ils casserole que vous aurez foncée de lard; mouillez soient bien garnis de tous côtés de la préparation les avec un verre de vin blanc et deux verres de que nous venons d'indiquer, et enveloppez chaque consommé; joignez-y un bouquet de persil et , morceau dans de la crépinette de cochon ; faites VEA ( 809 ) VEA Fraise de veau au gratin, au parmesan, marmite avec le petit lard ficelé et les choux, un en coquille et en marinade (V. ABATTIS). bouquet de persil et de la muscade; on les mouille avec du bouillon, un peu de sel, gros poivre. On Pieds de veau. Les pieds de veau se font cuire comme la tête, et se mangent à la poivrade, soient bien cuites. On retire le tout de la marmite fait bouillir à petit feu jusqu'à ce que les queues à la rémoulade, en marinade, à la rarigote, etc. Ils sont ennemis de toutes sauces fades, observe pour l'égoutter et l'essuyer de sa graisse. On Ils sont ennemis de toutes sauces fades, observe dresse les queues, entremêlées de choux, le petit M. Beauvilliers. lard par-dessus; on saucera avec un peu d'espa- Pieds de veau à la fermière. — Après les gnole réduite et d'un bon goût. avoir blanchis et épluchés, faites-les cuire dans la marmite; servez-les à l'huile et au vinaigre, ou Qucues de veau aux petits pois. Cou- avec uue sauce composée de vinaigre, bouillon, pez-les par jointures, comme il est indiqué à l'ar- ticlc QUEUES DE BOEUF ; faites un petit roux; gros poivre et fines herbes hachées. mettez-y vos queues de veau en ayant soin de les Pieds de veau à la poulette. - On les pré- On les pré- | retourner pour les faire revenir; ayez l'attention pare absolument comme les pieds de mouton que le feu ne soit pas trop vif, de crainte de brû- (V. MOUTON). ler votre roux; quand vous les jugerez suffisam- ment revenues, mouillez le tout avec du bouillon, Pieds de veau farcis et frits. - Étant cuits ou de l'eau, faute de bouillon; faites que votre comme il est dit à l'article précédent, désossez-les sauce ne soit pas trop épaisse; assaisonnez-la de et remplacez les os par une farce cuite; trempez- sel, d'un bouquet de persil et de ciboules, d'un les dans des eufs battus et assaisonnés comme ou deux ognons, d'un clou de gérofle et d'une pour une omelette, puis dans de la mie de pain ; feuille de laurier ; laissez mijoter jusqu'à ce que faites-les frire et dressez-les sur une sauce pi- les queues soient à moitié cuites ; ôtez-en l'ognon quante. où est le clou de gérofle; mettez-y des pois verts Pieds de veau à la Camargot. - On prend en suffisante quantité pour garnir votre ragoût, et quatre pieds de veau ; quand ils sont cuits à l'eau | laissez-le mijoter jusqu'à ce que vos pois soient et bien égouttés, on les met dans une casserole cuits; ôtez le bouquet de persil et de ciboules et avec deux cuillerées de verjus, un morceau de dégraissez-le soigneusement. beurre manié de farine, sel, gros poivre, de l'é- Queues de veau à la poulette. - Coupez- chalote hachée et un verre de bouillon; on les les comme à l'article précédent; faites-les dégor- fait mijoter une demi-heure à petit feu; avant de ger dans de l'eau tiède; faites-les blanchir; égout- servir, on ajoute un anchois haché qu'on délaie tez-les; mettez dans une casserole un morceau de bien dans la sauce, avec une poignée de persil ha- beurre avec vos queues de veau, un bouquet de ché; si la sauce n'a point assez d'acide, on y re- persil et de ciboules renforcé d'une demi-gousse met un peu de verjus. Il faut toujours que la sauce d'ail et d'une feuille de laurier; joignez à cela quel- soit courte. ques ognons. Passez le tout sur un feu doux sans Pieds de veau à la Sainte-Ménéhould. laisser roussir le beurre, et mettez-y un peu de fa- On ſend par le milieu les pieds de veau bien échau- rine; remuez vos viandes, mouillez-les avec autant dés; on les ficelle et on les fait cuire dans une bonne de bouillon qu'il en faut; mettez dans ce ragoût braise. Lorsqu'ils sont cuits, et qu'il n'y a plus du sel et du gros poivre; faites-le cuire et remuez- que très-peu de sauce, on les fait refroidir à moi- le souvent pour qu'il ne s'attache pas; retirez-en tié; on les retire pour les paner de mie de pain les ognons et le bouquet en liant la sauce avec des qu'on arrose avec la graisse de la braise; on les jaunes d'œufs où vous aurez ajouté du persil ha- fait griller de belle couleur et on les sert pour ché et blanchi, ainsi que le jus d'un citron. hors-d'œuvre. Paupiettes de veau. — Prenez une partie de Queues de veau aux choux à la bour- noix de veau que vous couperez en tranches bien geoise. On prend deux ou trois queues de minces et que vous battrez dans tous les sens afin veau, que l'on coupe en deux ; on les fait blanchir de les attendrir convenablement; mettez dessus un instant avec une demi-livre de petit-lard coupé une farce cuite de volaille ou de veau; roulez et en tranches; après on fera blanchir la moitié d'un ficelez-les, pour qu'elles ne se déforment point; gros chou coupé en morceaux; quand il aura foncez une casserole de bardes de lard; mettez-y blanchi un quart d'heure, on le retire à l'eau frai vos paupiettes avec une cuillerée à pot de con- che et on le presse bien; on ôte les trognons et sommé, un bon verre de vin blanc, un bouquet on le ficelle. On met les queues de veau dans une de persil et ciboules, assaisonné d'un clou de gé- VEA (510) VEL rofle, d'une gousse d'ail et d'un peu de basilic; laissez réduire le tout. Dégraissez le ragoût avant faites cuire à peu près trois quarts d'heure; pas- de le lier avec des jaunes d'æufs et du suc de verjus sez le fond au travers d'un tamis de soie ; mettez muscat, y deux cuillerées à dégraisser d'espagnole; faites- le réduire, dégraissez, égouttez vos paupiettes et il est dit à l'article précédent; la seule différence Mou de veau au roux. — Il se préparecomme glacez-les avec du jus de fricandeau. consiste à le faire revenir dans un roux. Escalopes de veau (à la manière an Pâte de veau (V. PATÉS FROIDS, page 363). glaise). — Prenez une noix de veau bien blanche et bien tendre; coupez-la par filets carrés, d'un Griblettes de veau (V.GRIBLETTES). pouce et demi en tous sens, et de ces filets faites Blond de veau (V. page 79). des escalopes de deux lignes d'épaisseur; ensuite aplatissez-les légèrement sur une table bien propre Bouillon de veau, de mou de veau, où vous aurez mis un peu d'huile; parez chaque de fraise de veau (V. BOUILLONS, page 99, et morceau, en lui donnant le diamètre d'une pièce V. aussi PHARMACIE DOMESTIQUE à la fin de l'ou- de cinq francs, et qu'il en ait à peu près l'épais- vrage). seur. Vous aurez fait fondre et clarifier du beurre Veau marine (pour servir en hors-d'au- que vous aurez liré au clair dans un sautoir ou vre). Procurez-vous une noix de veau bien dans un couvercle de marmite bien étamé; ran- fraîche et de la meilleure qualité possible; faites- gez-y ces escalopes, de manière à ce qu'elles se la mortifier pendant trois ou quatre jours, si c'est touchent sans être les unes sur les autres; posez- en hiver, et pendant un seulement, si c'est en été les sur un feu ordinaire ; quand elles seront rai- et qu'il ne fasse pas trop chaud; ôtez-en la peau, dies d'un côté, retournez-les de l'autre avec la la graisse et les nerfs ; coupez-la en quatre ; vous pointe d'un couteau, pour qu'elles raidissent de même; égouttez le beurre; mettez une cuillerée à que vous pilerez ou écraserez et que vous passerez aurez préalablement un quarteron de sel bien sec, dégraisser de gelée ou de bon consommé; faites au tamis; vous en frollerez bien le veau dans tous aller vos escalopes à un feu plus vif : remuez-les les sens, comme on l'a indiqué au bæuf salé fumé; en totalité; lorsque vous verrez qu'elles tombent vous le mettrez ensuite dans une terrine de grès à glace, retirez-les; dressez-les en cordons autour avec quelques tranches d'ognons, du persil en de votre plat; mettez au milieu un ragoût de go- branche, un peu de thym, une feuille de laurier , diveau, et servez le plus chaudement possible. du gingembre, une gousse d'ail, une douzaine de Amourettes 'de veau. – Ce qu'on appelle trois anchois lavés et piles. Remuez le tout dans la baies de genièvre et de poivre noir concassées, et amourette est la moelle allongée des quadrupèdes. terrine et couvrez-la d'un linge blanc de lessive Celles de veau et d'agneau sont préférées pour que vous attacherez avec une ficelle. Au bout de leur délicatesse; mais on apprête celles du bæuf et du mouton comme on pourrait employer les au- quatre jours, retournez le veau; laissez-le quatre tres. Voici la manière de les approprier et de les jours encore, et après ce temps faites-le égoutter en laissant un tiers seulement du jus que le veau accommoder : a rendu; vous le mettrez, ainsi que la viande et l’as- Ayez des amourettes; mettez-les dans de saisonnement, dans une casserole; ajoutez-y une l'eau ; otez-en la membrane qui les enveloppe, bouteille de très bon vin blanc ; faites-le bouillir; changez-les d'eau et laissez-les dégorger; coupez couvrez le ſeu pour qu'il ne fasse que mijoter, et les ensuite par morceaux d'égale longueur et fai- quand il sera cuit, ce que vous saurez en enfonçant tes-les blanchir comme les cervelles de veau; met- une fourchette dedans, retirez-le du feu, mellez- tez-les dans une marinade, et, lorsque vous voudrez le dans la terrine où il a mariné, laissez-le refroidir vous en servir, égouttez-les ; faites-les frire dans dans son assaisonnement; alors vous le mellrez, une pâte légère et de manière à ce qu'elles soient soit dans un pot, soit dans un bocal de verre, d'une belle couleur; dressez-les en rocher et gar vous verserez de la bonne huile d'olives, nissez-les de persil frit ou de montants de céleri sante quantité pour que la viande s'y baigne com- bien croustillants (V. pages 25 et 26). plétement. Recouvrez-le avec du parchemin, et vous l'emploierez comme si c'était du thon ma- Mou de veau à la poulette. -- Faites dégor-riné. ger et blanchir un mou de veau, coupez-le par morceaux, faites-le revenir dans du beurre, et VELOUTÉ, confection qui est fort usitec faites-le cuire ensuite avec du bouillon; ajoutez un dans la haute cuisine et qui fournit un jus succulent bouquet garni, des champignons, de petits ognons, I et doux qu'on mélange et qu'on fail lier moyen- ofi en soft- VIN VIN ( 513 ) Côte-Rôtie, Dauphiné. Côte Saint-Jacques. Coulange, Auxerre. Falerne, Italie. Fley, Bourgogne. Florence, Italie. Frontignan, Languedoc. Grave du Lomon, Bordeaux. Grenache, Roussillon. Guigne, Bourgogne. Hautbrion, Bordeaux. Hautvilliers, Champagne. Hermitage (l'), Dauphiné. Iranci, Bourgogne. Joannisberg, Rhin. Joigny, Auxerre. Jurançon, Béarn. Lachaînette, Auxerre. Lacryma-Christi, Italie. La Ciotat, Provence. Laffite-Mouton, Bordeaux. Laffite Ségur, idem. Lamalgue, Provence. La Nerthe, côte du Rhône. Langon, Bordeaux. Lunel, Languedoc. Mâcon, Bourgogne. Madère, Afrique. Malaga, Espagne. Malvoisie de Madère, Afrique. de Ténériffe, idem. Médoc, Bordeaux. Mercurey, Bourgogne. Meursault, idem. Miès, Provence. Monte-Fiascone, Italie. Monte-Pulciano, idem. Montilla, Espagne. Morachet, Bourgogne. Nuits, Bourgogne. OEil de perdrix, Champague. OEras, Portugal. Pacaret, Espagne. Paille, Colmar. Paphos, Grèce. Pedro Ximénès, Espagne. Picoli, Italie. Pierry, Champagne. Pomard, Bourgogne. Porto, Portugal. Pouilly-Fuissé, Bourgogne. Sancerre, idem. Rancio, Espagne. Ratterstoff, Hongrie. Reuilly, Champagne. Richebourg, Bourgogne. Rivesaltes, Roussillon. Romanée-Conty, Bourgogne. Rota, Espagne. Roussillon. Saint-Amour, Provence. Saint-Emilion, Bordeaux. Saint-Estèphe, idem. Saint-Georges, Bourgogne. Saint-Georges, Hongrie. Saint-Julien, Bordeaux. Saint-Julien-du-Sault, Champagne. Saint-Perray, Côte du Rhône. Samos, Grèce. Sauterne, Bordeaux. Schiras, Perse. Setuval, Portugal. Sillery, côteaux de Reims. Syracuse, Sicile. Stancho, Grèce. Tavel, Languedoc. Torreins, Bourgogne. Tokai, Hongrie. Tonnerre, Bourgogne. Tormilla, Espagne. Vanvert, Languedoc. Vezenay, Champagne. Volnay, Bourgogne. Vosne, idem. Vougeot, idem. Vouvray blanc, Touraine. Xérès, Espagne. Vin de France, Parmi les produits ænologiques du sol français, le vin de Bourgogne est celui qui mérite la préfé- rence, et parmi les vins de Bourgogne nous com- mencerons par nous occuper du vin de Beaune, qui rivalise avec les premiers crus bourguignons lorsqu'il est produit en bonue année. Il est pour- VIN ( 316 ) VIN plus, on doit lui donner souvent des soutirages d'affinité gustuelle avec la première qualité des (V. cet article). Lorsqu'on veut conserver du vin vins de Hongrie. Celui qu'on appelle vin de Con- d'Alicante en bouteilles, et quoiqu'il ait été déjà tiré stance est très-supérieur à toutes les autres pro- au clair, on trouvera toujours qu'il dépose encore, ductions vignicoles de la même contrée. ce quimet dans l'obligation de le décanter et letrans- « Il est suave et doux comme le nom qu'il vaser à peu près tous les deux ou trois ans. Lors- » porte, » a dit un poète gastronome, et du reste qu'il est assez vieux pour que sa couleur soit de-on le fait présenter au dessert ainsi que tous les venue pareille à celle de la pelure d'ognon, il est autres vins sucrés, à l'exception de nos légers supérieurement tonique, et l'on va jusqu'à soute- muscats de Lunel et de Frontignan, dont nous nir que son usage est suffisant pour réparer toutes conseillons de faire usage à la hollandaise, c'est-à- les débilités accidentelles. Il est pourtant conve- dire, en mangeant des huîtres crues, ainsi que du nable et prudent de n'user de ce bon vin qu'avec poisson bouilli. Coutume excellente , et qui com- modération, pour ne pas tomber de l'atonie dans mence à s'établir dans les maisons de Paris les un état de stimulation trop énergique. plus élégantes et les plus confortables. Le vin de Rota est pourvu des mêmes qualités, Le vin persan qu'on récolte aux environs de mais il est d'un goût plus fin que les vins d’Ali- les vins d’Ali- Schiras, et qui porte le nom de cette ville, est peut- cante, de Carcavel et d'Origuella. être le plus excellent vin de la terre; mais c'est un Le vin de Xérès est loujours sec, et doit être des plus rares, et c'est assurément le plus cher. un peu amer. C'est un des vins d'Europe et d'A- Après la mort de M. le bailly de Ferette, ambas- frique les plus ardents, les plus robustes et les sadeur de l'ordre de Malte à Paris, on a vendu plus généreux. chez lui sept à huit flacons de vin de Schiras, sur Le vin de Pacaret, proprement dit, est un vin le pied de deux cent quatre-vingt-cing francs très-aromatique et très-sec; mais celui de Beni- la demi-bouteille. carlos est aussi doux que la plus douce Malvoisie des Canaries ou des Açores. Il nous reste à parler des vins du Rhin, qui sont toujours frigides et plus ou moins acidules. Ils Tous les vins sucrés des Canaries se conservent portent les noms de plusieurs collines qui bordent long-temps. Ils sont fabriqués avec des raisins muscats, et ce sont, du reste, de ces vins cuits de Joannisberg, ou Montagne-Saint-Jean, qui ap- ce fleuve, et le meilleur de ces vignobles est celui analogues à celui de Calabre, et à notre vin de Grenache, en Roussillon. Le vin de Setuval est partient à M. le prince de Metternich. un des meilleurs de la péninsule ibérique, et, parmi Les vins du Rhin ne sont en grande réputation les vins de Portugal, il est regardé comme le plus qu'en Allemagne, où la haute considération qu'on délicat et le plus parfumé. (On appelle vins cuits a pour eux paraît toujours aux étrangers comme tous ceux qu'on opère avec des raisins muscats un acte d'engouement patriotique ou d'aveugle- qu'on a fait confire au soleil, ou dessécher un peu ment national. Les Lucullus teutoniques et les sur leur tige de vigne.) Apicius hollandais ne boivent jamais ces excel- On donne le nom de Rancio à des vins cuits lents vins du Rhin, sans y ajouter du sucre en d'origines et de qualités différentes ; il est suffisant poudre, et c'est toujours dans de certains gobelets que le vin soit très-vieux pour qu'on lui décerne en verre de fougère, ornés de cannelures, de ro- honorablement, au-delà des Pyrénées, le même saces, et autres reliefs du XVe siècle. Ces précieux nom de Rancio, qui signifie suranné. gobelets de fabrique allemande valent toujours, Le vin de Porto, qui est assez analogue et très pour le moins, 48 florins la pièce, autrement dit 96 francs. inférieur à notre bon vin de Roussillon, doit être gardé très-long-temps, parce qu'il a besoin d'être Il est généralement convenu, parce qu'il est extrêmement vieux. solidement établi, que les meilleurs vins d'ordi- Les Iles-Britanniques en font une consomma- naire sont les vins de Bourgogne, et que les tion qui paraît exorbitante, eu égard à l'étendue mieux appropriés pour être coupés avec de l'eau du vignoble de Porto. Il y en a du rouge et du sont le rouge de Beaune et le blanc de Mulseaux. blanc; mais ce dernier n'est pas aussi commun que Dans les maisons de fortune médiocre, on peut remplacer le premier par un bon vin d'Auxerre Les meilleurs vins de l'Archipel et de l'Italie ou du Mâconnais, et l'on peut suppléer au grand sont toujours ceux de Chio, de Ténédos, de Cépha- vin de Mulseaux par les vins de Chablis et de lonie, de Santorin , de Samos, de Syracuse, de Pouilly de troisième cuvée. Nous allons désigner Falerne et de Monte-Pulciano, de l'Etna, de Ca- | les moments du repas où l'on doit offrir les diffé- labre, de Gaële et de Lacryma-Christi. rentes sortes de vins dont on fait le plus d'usage à Ceux du cap de Bonne-Espérance ont beaucoup 'Paris. le rouge. VIN ( 317 ) VIN Chambertin. Avant et après les potages. Pomard. Clos Saint-Georges. Wermouth. Nuits. Madère sec. Volnay. Loka. Vosne. Sicile blanc. Côte-Rôtie. Pacaret sec, Hermitage rouge. Agrigente. Jurançon. Rota-Rancio. Roussillon, Avec les huitres et les autres hors-d'aures, Vieux Porto. et pendant qu'on est à manger A l'entremets, des poissons cuits à l'eau de sel. Morachet. Frontignan blanc. Muscat de Lunel. Hermitage blanc. Saint-Péray. Vin de la Ciotat. Condrieux. Muscat de Gemenos, Blanquette de Limoux. Au milieu du premier Service. Vin d'Arbois. Champagne rosé. (Vins blancs.) Coulée de Serrant. Val-de-Pennas, Aï, de M. Moete. Vins d'Ilalie. Sillery blanc. Tisane à la glace. Bourgogne mousseux. Avec les entremets en viandes froides, Coteaux de Saumur. et puis avec le fromage et les salades, Sauterne. entre le second Service et le dessert. Grave. Vin de Paille. Langon. Vin cuit de Provence. Barsac. Vin du Rhin. Vers la fin du premier Service. - de Pêches de Strasbourg. Muscat rouge de Toulon. (Vins rouges.) de Calvisson, Laflite. de Rivesaltes, Château-Margaux. Saint-Emilion, Pour le dessert. Saint-Julien, Haut-Brion. Schiras. Haut-Barsac. Chypre, de la Commanderie. Médoc. Santorin. Saint-Estèphe. Ténédos. Chio. Avec les rotis, Paphos. Malvoisie. (Vins rouges.) Rancios. Clos-Vougeot. Syracuse. Romanée-Conty. Malaga blanc, VIN ( 318 ) VIN Lacryma de Malaga, un trou de ver, on le reconnaît facilement dans la Pacaret doux. partie découverte du tonneau. Si le trou se trouve Xérès du Roi, sous les cercles, on peut le découvrir en les écar- Alicante-Tinlo. tant ou en faisant sauter l'un d'eux. Si le vin s'échappe par un noud ou par un éclat Sétural, de douve, on enfonce dans la fente, avec la lame Sercial, d'un couteau, du papier trempé dans du suif, et Carcavel, on pose dessus un mélange de suif et de mastic de Canaries, vitrier. Pour plus de sûreté, on cloue par-dessus Calabre. une petite lame de plomb. Tokai. Si la fuite du vin a lieu entre les doures par suite de la rupture de plusieurs cercles, on enve- Constance. loppe le tonneau avec une corde, et on garrotte Grenache, mère-goutte. fortement. Garrotter c'est passer un bâton sous la corde et faire passer les deux bouts par-dessus en Nous avons indiqué sommairement certaines lordant. On garrotte ainsi dans une ou plusieurs prescriptions nécessaires à la bonne disposition des parties, selon l'éminence du danger. Par là on se caves (v. page 133); mais pour tout ce qui se donne le temps de préparer tout ce qui est néces- rapporie à la conservation et à l'amélioration des saire pour transvaser le vin. vins, nous ne pouvons rien faire de mieux que de On doit goûter le vin de temps en temps pour répéter ce qu'en a dit M. Lorein dans son excel- connaître comment il se comporte. lent traité des préparations, page 426 et suivantes, Lorsqu'on veut conserver pendant plusieurs Placement des tonneaux. années du vin en tonneau, ce qui est nécessaire Les futailles doivent être rangées sur des chantiers ou madriers pour rendre potables certains vins très-spiritueur et très-chargés en couleur, c'est une très-bonne élevés d'un demi-pied au-dessus du sol, et posés sur des dés en pierre. Le bois de chantier doit pratique de faire enduire les tonneaux de manière à les rendre inaccessibles à l'action de l'humidité être sain; s'il était atteint de pourriture, il la com- muniquerait promptement aux tonneaux, et sur- qui règne toujours plus ou moins dans les caves. On peut employer pour cela une peinture grossière, tout aux cercles. Il faut aussujettir chaque tonneau avec des ca- des ocres, par exemple; mais la substance qui con- les; sans cette précaution, lorsqu'on retire l'un vient le mieux dans ce cas est le mastic dont voici d'eux, les autres sont exposés à éprouver quelque la composition. mouvement, ce qui occasionne l'ascension d'une Faites broyer des tuileaux ; passez le résultat partie de la lie; accident qu'on doit prévenir au- du broyage au tamis de crin, et repassez au tamis tant qu'il est possible. de soie, ou à travers une toile métallique très-fine, Les tonneaux doivent être éloignés du mur d'un ce qui a passé à travers le tamis de crin. pied au moins, pour qu'on puisse toujours visiter A treize livres de la poudre ainsi obtenue, ajou- leur fond postérieur. tez une livre de litharge pulvérisée, et repassez le tout au tamis fin pour opérer un mélange intime. De la visite des tonneaux. Avant de des. | Faites broyer ce mélange avec deux ou trois ou- cendre le vin à la cave, il faut examiner avec soin les ces d'huile de lin par livre, et délayez ensuite avec tonneaux et faire remplacer lout de suite les cercles suffisante quantité de la même huile, pour défectueux. Les tonneaux descendus et placés sur une peinture applicable au pincean, les chantiers, on doit les visiter avec soin pendant On en donne deux ou trois couches aux tonneaux les premiers jours, et ensuite de temps en temps : à quelques jours d’intervalle, en ayant soin que si les tonneaux sont remplis de vin de l'année, il tout soit couvert. faut les percer près de la bonde et fermer le trou avec un fausset qu'on lève de temps en temps, pour sage, ainsi que le danger de perdre le vin par la On évite par là les frais de reliage et de remplis- s'assurer si le vin n'est pas encore dans un état de rupture du cercle. fermentation. On s'en aperçoit lorsqu'en levant le fausset, l'air sort avec siſſlement; dans ce cas, il De l'ouillage, - Ouitler, c'est remplir. faut lever le fausset tous les jours, et ensuite à des plus les vins sont nouveaux, plus les doures sont intervalles plus éloignés, lorsque l'air commence à minces, plus la cave est sèche et aérée, plus les sortir avec moins de violence. tonneaux doivent être remplis souvent. Toute né- Si le vin s'échappe par quelque endroit, on gligence sous ce rapport nuit. Les vins tendres et cherche à reconnaitre la source du mal ; si c'est légers s’altèrent rapidement dans les tonneaux qui - former VIN ( 320) VIN le on peut seulement essayer de le masquer. Pour Les bouchons qui ont déjà servi ne doivent être Lorsqu'on s'aperçoit que le vin commence à employés que pour des vins communs, destinés à contracter un goût d'aigre, il faut le soutirer dans être bus de suite. un tonneau où on brûle un pouce de mèche souſ- On bouche les bouteilles à mesure qu'on les free; on le colle en même temps avec six blancs remplit : on règle l'ouverture de la cannelle en d'æufs par barrique. S'il n'a pas tout-à-fait perdu conséquence. Les bouchons doivent entrer de le goût qu'il avait contracté, on répète cette opé- force, en frappant avec la balte, jusqu'à ce qu'ils ration six jours après; on laisse reposer le vin ; on ne débordent que d'une ou deux lignes. le met en bouteilles, et on le boit de suite. Lorsqu'on veut conserver long-temps le vin en On peut encore rétablir les vins qui ont tourné bouteilles, on enduit l'extrémité du bouchon et du à l'aigre, en jetant dans une barrique un quarte- goulot avec une cire préparée à cet effet. Cet en ron de froment grillé comme du café, mais un peu duit préserve les bouchons de la moisissure, qui moins noir : on soutire au bout de vingt-quatre les atteint à la longue, et les empêche d'être ron- heures, on colle et on met en bouteilles pour boire gés par les insectes qui pullulent dans beaucoup de suite. de caves. Des vins qui deviennent amers. Le La cire ou le mastic dont on enduit les bou- moyen le plus simple de rétablir ces vins, c'est de chons, se compose de la manière suivante : les couper avec des vins plus jeunes, ou au moins On fait fondre deux ou trois livres de résine avec des lies récentes. commune avec un quarteron de cire jaune et Quand le vin qui a contracté de l'amertume est deux onces de suif; on colore avec le minium, les en bouteilles, il se rétablit souvent de lui-même ocres, le noir animal, etc. Si la cire paraît trop avec le temps, pourvu que les bouteilles soient cassante, on augmente la dose de suif ; dans le cas bien bouchées, qu'on ne les déplace pas, et que la contraire, on ajoute de la résine. cave soit bonne. Des moyens de prévenir l'altération des On peut encore corriger l'amertume des vins vins ou d'y remédier. — Des vins qui tour- en les Transvasant dans un tonneau fraîchement nent à la graisse. — Lorsqu'en versant du vin vide d'un bon vin, et dans lequel on a brûlé, à il file comme de l'huile, on dit qu'il a tourné à la plusieurs reprises, un demi-litre d'esprit de vin. graisse. Celte maladie, qui attaque plus fréquem- On ne doit verser une nouvelle portion d'esprit de ment les vins blancs que les vins rouges, se dissipe vin dans le tonneau que lorsque la première est presque toujours avec le temps. Si cependant on brûlée et qu'il n'y a plus de flamme; sans cela, le ne veut pas attendre, il faut coller le vin et le bien filet d'esprit de vin s'allumerait en tombant et la agiter; si cela ne suffit pas, on le soutire, on le flamme se communiquerait jusqu'au vase qui con- colle une seconde fois, et on ajoute à la coule un tient le reste, ce qui occasionnerait des accidents. demi-litre d'esprit de vin. Des vins qui ont contracté le gout d'é- On remédie à la graisse en mettant dans le ton vent. - Les vins ne contractent ce goût que lors- neau une once de charbon en poudre, qu'on mêle que les tonneaux ont été mal bouchés. Si le goût bien au liquide, en agitant avec le bâton fendu. est peu prononcé, on peut le faire disparaître en Si le vin qui tourne à la graisse est en bouteil- collant le vin, et le soutirant après quinze jours de les, et qu'on ne veuille pas attendre son rétablis- repos. sement naturel, on le dépote deux fois de suite à un mois d'intervalle. La lie bien fraîche, ajoutée vin 10 å 12 pour 010 de lies fraîches, rouler le Si le goût d'évent est très-fort, il faut mêler au aux vins gras dans la proportion d'un vingt-cin- tonneau une fois par jour pendant un mois, et quième, les rétablit très-promptement. On ne soutirer; on ajoute ensuite dans le tonneau quatre doit employer ce moyen que pour des vins ordi- ou cinq bouteilles d'eau-de-vie. naires, qui pourront s'améliorer, si la lie qu'on y Des vins qui ont contracté le goût du füt, mêle provient d'un vin généreux. de moisi, etc. -- Lorsque le goût contracté est Des vins qui tournent à l'aigre. — Cette fort, il n'y a aucun moyen de le faire disparaitre: maladie provient presque toujours du peu de soin qu'on a mis à remplir les tonneaux, des transports cela, après avoir transvasé le vin, on fait rôtir une effectués dans les temps chauds , ou de la mau livre de froment dans une brûloire à café. On l'en- vaise qualité des caves. Comme il est reconnu que ſerine tout chaud dans un sac long et étroit, qu'on les vins peu spiritueux y sont plus sujets que les descend dans le tonneau par sa bonde, et qu'on autres, on pourrait en prévenir le développement retient avec une ficelle. On ferme le tonneau, et sur les vins de cetie nature, en y ajoutant cinq à vingt-quatre heures après on transvase encore le six litres d'eau-de-vie par pièce. vin dans un tonneau où on a mis de la lie fraîch VIN ( 522 ) VIN trou de bonde en dessus; s'il en a un, fermez-le Si on veut du vinaigre très-fort, on ajoute de hermétiquement; faites ouvrir sur un des fonds, à l'eau-de-vie au vin, dans la proportion d'un hui- un pouce environ du jable, un trou de dix-huit tième : il n'y a en effet que l'eau-de-vie contenue lignes de diamètre : lorsque le tonneau est en place, dans le vin qui se convertit en vinaigre; si le vin ce trou doit se trouver en haut; faites placer sur n'en contient pas assez, on remédie à ce défaut en le même fond, à quatre pouces du jable inférieur, en ajoutant, un petit robinet en étain; placez le baril à demeure Les vins qu'on appelle piqués, c'est-à-dire qui dans un endroit habituellement chauffé, au moins commencent à tourner à l'aigre, se convertissent dans les temps froids; assujettissez-le de manière facilement en vinaigre, et en donnent de bon : on qu'on ne puisse facilement l'ébranler. n'en obtient que de mauvais avec les vins qui tour- Ces dispositions étant faites, faites bouillir qua- nent à l'amer, tre litres de bon vinaigre avec demi-livre de tar- tre; versez-le tout bouillant dans le baril : servez- Vinaigre rosat, suiv, l'ancienne et bonne vous pour cela d'un entonnoir dont la douille soit Prenez un quarteron de feuilles de roses d'églantier méthode indiquée par madame Fouquet.- recourbée un peu moins qu'à angle droit : bou- chez le trou et roulez le baril en tout sens, pour ges qui ne seront pas à leur parfaite maturité ; ou de roses communes, et autant de mûres sauva- que son bois s'imprègne partout de vinaigre: vous ne l'assujettirez qu'après cette opération : versez ajoutez une once d'épine-vinette bien mûre; faites immédiatement dans le tonneau quatre litres de sécher le tout à l'ombre; quand cela sera bien ser, vin. On emploie pour cela les baissières des ton- vous le pilerez et réduirez en poudre très-fine; neaux : à cet effet on les tire avec la lie et on les vous mettrez ensuite une demi-once de cette pou- filtre au papier gris. Cette filtration est fort sim- dre dans un demi-setier de bon vin rouge ou blanc; ple : on attache, par les quatre coins, entre deux vons délaierez ce mélange et le laisserez ensuite tréteaux, deux chaises, ou, de toute autre ma- reposer; vous le passerez au travers d'un linge, et nière, un linge blanc; on le couvre d'une feuille rous aurez du vinaigre rosat. de papier à filtrer, et on verse le vin sur le papier: résultat avec de la moelle de lièvre ; il indique son Un ancien auteur a dit qu'on obtenait le même il passe clair et on le reçoit dans une terrine, pour le mettre ensuite dans des bouteilles de verre ou procédé de cette manière : un gros de moelle de de grès, qu'on tient couchées jusqu'au moment du lièvre que vous mettez dans une chopine de vin. besoin. Vinaigre à l'estragon, Le premier vin qu'on ajoute au vinaigre est cruche six pintes de bon vinaigre blanc d'Orléans très-long-temps à s'acidifier complétement; mais et une livre et demie de feuilles d'estragon, que ensuite l'opération s'accélère de plus en plus, jus- vous aurez laissées se flétrir à l'ombre, ayant bien qu'à ce qu'enfin huit jours suffisent pour con- soin de les étendre afin qu'elles ne s'échauflent vertir de un litre à un litre et demi de vin en vi- pas ; quand l'estragon sera fané, mettez-le dans la naigre. cruche avec le vinaigre, en y ajoutant un petit On accélère la première acidification en jetant nouet de clous de gérofle et les zestes de deur ci- dans le tonneau environ un quarteron de rognu- trons; puis vous boucherez bien le vase, que vous res de vignes hachées grossièrement, ou pareille exposerez à l'ardeur du soleil pendant quinze quantité de fleurs de sureau ou de pétales de jours, ou bien vous le mettrez deux ou trois fois dans le four, après que le pain en aura été retiré. Quand la première acidification est opérée, on Vous pourrez après cela vous en servir, Il est ajoute tous les huit jours un litre ou un litre et inutile d'y metire du sel, ainsi qu'on a col- demi de vin, et on continue ainsi jusqu'à ce que le tume de le faire. Vous décanterez votre vinai- baril soit à peu près à moitié plein ; alors chaque gre, c'est-à-dire que vous le tirerez à clair; vous fois qu'on doit ajouter du vin, on tire auparavant exprimerez les feuilles d'estragon, et vous passerez une quantité égale de vinaigre. le vinaigre au papier gris ou à la chausse de Le trou lateral doit toujours rester ouvert ; mais, futaine, comme il est indiqué pour le verjus pour empêcher que la poussière ou des insectes ne (V. VERJUS); ou bien prenez un grand tamis de s'y introduisent, on place, au devant, une plaque crin sur lequel vous mettrez un rond de papier d'étain percée de petits trous, laquelle, étant alta- gris, formé de deux feuilles étendues l'une sur chée avec un seul clou, peut être détournée à l'autre, de manière à couvrir tout le fond du tamis droite ou à gauche, lorsqu'il est nécessaire que et à dépasser ses rebords de deux à trois pouces ; l'ouverture soit libre. vous verserez le vinaigre dessus, et quand vous Le baril peut fonctionner pendant plusieurs an l'aurez oblenu bien clair, versez-le dans des bou- Hées, teilles que vous boucherez soigneusement. Mettez dans une roses, VIN ( 823 ) VIV Vinaigre à la Ravigote. Prenez feuil VIOLETTE, fleur printanière de la famille les d'estragon flétries à l'ombre, feuilles de pimpre- des papillonacées. L'usage des violettes est fré- nelle, civette et échalotes épluchées, de chaque quemment indiqué dans les formules applicables deux onces; de fleurs fraîches de sureau, une once aux sucreries, aux liqueurs, aux sorbets, aux con, et demie; les zestes de deux citrons, le zeste d'une serves et autres compositions de l'office. bergamote ou d'un cédrat, et finalement une dou- zaine de clous de gérofle concassés. Mettez le tout Glace aux violettes. - Épluchez des fleurs dans une cruche de grès ou de terre qui ne soit de violettes que vous pilerez au mortier de verre pas vernie, avec six pintes de bon vinaigre blanc avec du sucre, en y joignant un peu d'iris de Flo- d'Orléans, le plus fort possible. Faites macérer cet rence en poussière impalpable ; travaillez cet appa- appareil et laissez infuser le tout ensemble environ reil à la sabotière, et servez en tasses, en plaçant dix-huit ou vingt jours, au bout duquel temps quelques violettes pralinées sur votre sorbet. vous achèverez ce vinaigre aromatique ainsi qu'il Marmelade de violettes, - Faites cuire du est indiqué ci-dessus pour le vinaigre à l'es- sucre à la grande plume; étant à moitié chaud, tragon. délayez-y de la violette pilée et passée au tamis. Il Vinaigrc à la framboise (V. SIROP DE). faut une livre et demie de sucre pour une demi- Gelée de vinaigre framboisé (V. GELÉES livre de violette, D'ENTREMETS), Sirop de violettes. - Épluchez une demi- Vinaigre du connėtable. -Dans un pot de livre de fleurs de violettes ( celles des bois est la terre verni, de la capacité de trois pintes, mettez meilleure); mettez-la dans une terrine, ou autre deux pintes d'excellent vinaigre rosat ; une livre de vase susceptible d'être bouché; vous ſerez bouillir raisin d'Alexandrie nouveau, que vous épépinerez trois demi-setiers d'eau, et ne mettrez l'eau sur avant de le meltre dans le vinaigre; vous expose- vos violeltes que dix minutes après que vous l'au- rez ce mélange sur de la cendre chaude, l'espace de rez retirée du feu, parce que votre infusion, qui dix heures; après ce temps, vous lui ferez jeter quel doit être d'un beau violet, serait verte, si l'eau était ques bouillons ; quand il sera à moitié refroidi, vous versée dessus trop bouillante; vous mettrez votre le passerez au travers d'un linge; versez-le ensuite infusion à l'étuve, pour qu'elle se tienne chaude dans des bouteilles propresque vous boucherez bien. jusqu'au lendemain, que vous en retirerez la fleur, Vinaigre à la rose pour la toilette. - Le en exprimant bien le tout dans une serviette pour procédé est le même que pour celui à l'estragon en retirer la teinture ; vous la mettrez dans une flétri à l'ombre ; seulement, au lieu d'estragon, terrine avec trois livres de sucre en poudre, que vous mettrez la même quantité de fleurs de roses vous y ferez fondre; vous remettrez encore la terrine épluchées et séchées, En place d'un nouet de gé- à l'étuve pendant vingt-quatre heures, en remuant rofle vous mettrez un chapelet de racines d'iris de de temps en temps; tenez l'étuve chaude pendant Florence, bien sèches ; quand votre vinaigre sera tout ce temps, comme pour le candi; cela vous fait, vous pourrez faire reservir plusieurs fois le produira deux bouteilles de sirop; vous aurez at- chapelet en le faisant sécher après que vous vous tention, avant de le mettre en bouteilles, d'en opé- en serez servi. rer la cuisson, qui doit être au fort lissé, pour qu'il Vinaigre de lavande pour la toilette, - se conserve et qu'il ne fermente point; de tous Procurez-vous un pot comme on vient de l'indi- les sirops, c'est le seul qui se fait sans aller au feu. quer, et selon la quantité que vous voudrez avoir de vinaigre. Vous mettrez deux onces de fleurs de VIRGOULEUSE, excellente poire qui se lavande nouvelle, et quelques zestes de citron par mange à l'automne et qui tient un rang distin- pinte de vinaigre; vous laisserez infuser le tout gué parmi les plus beaux fruits à la main. Les offi- pendant vingt-quatre heures. Exposez votre vase ciers ont observé que la cuisson ne réussit jamais bien luté sur de la cendre chaude; laissez-le très-bien à la virgouleuse. pen- dant huit ou dix heures, mais sans le faire bouillir; passez VIVE. La vive de la Manche est armée sur le ensuite à la chausse ou au filtre de papier gris, et conservez ce vinaigre dans des bouteilles dos ainsi qu'aux ouïes de plusieurs arêtes infini- hermétiquement bouchées. ment aiguës, et dont on ne saurait assez se garantir Vinaigre des quatre voleurs (V. PHARMA- faudrait commencer par faire saigner la plaie, et en la préparant. S'il arrivait qu'on s'en fût piqué, il CIE DOMESTIQUE) finir par la frotter avec une espèce d'onguent com- Vinaigre céphalique et pénétrant (V. au posé d'un ognon qu’on pilerait avec le foie de la même chapitre). vive, et où l'on ajouterait du sel et de l'esprit de YEM ZUC ( 823 ) X. Y. Z. XÉRÉS, excellent vin liquoreux qu'on ré ZESTE. On nomme ainsi la partie jaune de colte en Espagne, et dont nous avons suffisamment l'écorce des citrons, des oranges et des cédrats, parlé dans notre article sur les vins étrangers. qu'on lève en tranches minces : l'huile essentielle, à laquelle les fruits de ce genre doivent leur arôme, YEMAS, jaunes d'aufs confits à la manière réside essentiellement dans le zeste; le blanc qui de Sarragosse et de Valence. C'est tout à la fois est au-dessous en est complètement dépourvu, un comestible très-friand et très - fortifiant. Nous d'ailleurs il est d'une amertume assez désagréa- ignorons quelle est sa préparation, mais on peut ble; et c'est pourquoi on recommande toujours s'en procurer à Paris, chez le sieur Mata, confi- de l'en séparer soigneusement. seur espagnol (rue Rameau, nº 9), auquel il est suffisant de faire commander des yemas ou des ZUCHETTI, ragoût italien dont les princi- mazapans, à 4 francs la livre, un jour à l'a- paux éléments sont des oronges et de petites cour- ges (V. COUCOUDECELLE). vance, FIN DU DICTIONNAIRE DE CUISINE FRANÇAISE. RECUEIL DES MENUS, OU TABLEAUX DE L'ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS Anciens et Modernes. 1 1 RECUEIL DES MENUS, OU TABLEAUX DE L'ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS Anciens et Modernes. a Au sujet des fleurs, et de ces mousses variées et » de ces beaux feuillages que nous savons si bien em- » ployer dans l'ajustement de nos plateaux et de nos » corbeilles pour les desserts, ou de nos buissons pour , les buffets ; c'est bien le cas, à mon avis , de por- > voir appliquer ces belles paroles que Madame de » Staël a mises dans la bouche de sa Corinne : Се » n'est pas seulement de pampres et d'épis que notre » nature est parée; elle produit encore sous les pas de » l'homme, comme pour la fête d'un souverain , une » abondance de fleurs et de plantes inutiles qui ne sont » destinées qu'à plaire et ne s'abaissent point à servir. » Monsicur CARÊME. On ne sait presque rien sur les préparations culinaires au temps des rois chevelus; mais on voit pourtant que la civilisation romaine n'avait pas péri dans la cuisine gauloise. On mangeait à peu près tout ce que nous mangeons, et même avec des raffinements que nous ignorons aujourd'hui, Parmi les comestibles les plus recherchés, on trouve nommés le Maupigyrnum, le Dellegrout et la Ka- rampie ; mais on ne connaît plus que les noms de ces trois aliments. Le moine Esthuin nous dit qu'on servit un jour au dîner du roi Dagobert II un jeune ânon cuit à la broche et farci de petits oi- seaux, de jeunes anguilles et d'herbes aromatiques; mais il ajoute que le Roi ne roulut pas man- ger d'un si bon ragoût, parce que c'était le jour où il devait délivrer des prisonniers pour dette, et qu’afin de se préparer à cette œuvre de charité par la mortification des sens, il ne pouvait diner ce jour-là qu'avec une soupe aux herbes. L'abbé Le Gendre nous apprend que la même coulume existait encore à la cour de Childéric III. Au temps de Charlemagne on faisait cinq repas par jour : 1° le déjeuner, repas qui n'avait pas lieu les jours de jeûne, ainsi que le démontre le nom qu'il porte; 2° le repas de dix heures, ou dé- cimheure, appelé successivement et par abréviation décimer, déismer, disner, et finalement diner ; 3° le deuxième décimer, qu'on appelait redécimer, et par contraction récimer, lequel était un léger repas analogue à nos goûters; 4° le repas du soir, appelé vulgairement souper, parce qu'on y mangeait principalement des soupes ou du potage; 5° la réfection nocturne, appelée repas de col- lation dans les monastères de l'ordre de Saint-Benoît, parce que c'était pendant sa durée que les lecteurs de la communauté collationnaient le travail du jour, en vérifiant à haute voix si les disserta- tions théologiques étaient d'accord avec la lettre des saintes écritures et les décisions des conciles. C'est lorsqu'il est question d'un repas frugal et tardif que les gens du monde emploient encore aujourd'hui cette appellation conventuelle. D'après un extrait du registre des comptes de l'abbaye de Saint-Corneille (manuscrit de la bi- bliothèque de l'Arsenal), il est alloué au Frère Thibault, cellerier dudit couvent, la somme de sep- tante sols et huit deniers pour avoir fait opérer le décimer ou dîner du roi Louis-le-Jeune, à son passage 34 ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 351 Il paraît que la cuisine française avait fait un pas de géant sous le règne de Charles V; il est vrai qu'on diminua le nombre des repas quotidiens, mais on renchérit sur leur délicatesse, et c'est de la même époque que date le proverbe ou dicton suivant : « Lever à cinq, dîner à neuf, » Souper à cinq, coucher à neuf, » Font vivre d'ans nonante et neuf. » Chez les nobles, on annonçait le dîner au son du cor, et cela s'appelait corner l'eau, parce qu'on n'omettait jamais de se laver les mains avant de se mettre à table. On dînait à neuf heures du malin, et l'on soupait à cinq heures du soir; on était assis sur des banques ou bancs, d'où nous est venu le mot banquet. Il y avait des tables d'or et d'argent ciselées ; les tables de bois étaient couvertes de nappes doubles appelées doublier. On les empesait et les plissait comme rivière ondoyante qu'un petit vent frais fait doucement soulever. L'usage des serviettes est plus moderne. Les fourchettes, que ne connaissaient pas les Romains, furent à peu près inusitées chez les Français jusque vers la fin du Xive siècle. On ne les trouve mentionnées que sous Charles V; mais, à la vérité, c'étaient des four- chettes d'or et garnies de pierreries, tout aussi bien que la grand' nef d'argent, quy fu du roy Jehan, à deux chasteaux aux deux bouts et à tournelles tout en tour, pesant soixante et dix marcs. - Item, deux très grants flascons d'or à imaiges enlevées des neuf preuta, pesant quatre-vingt-dix-sept marcs , et de plus des coulpes et pots à grand numbre, pintes, aiguyères et gobbelets de vray christat, et des joyautx d'argent, chas- teaux, forteresses, chevaulx, et coulpes de jaspe à couronnes d'or endiadesmées de perles et rubits. On usait abondamment de cervoise et de vins de toutes les sortes. Le clairet était du vin clarifié mêlé à des épiceries; l'hypocras, du vin adouci avec du miel. Un festin donné par l'abbé de Saint- Denis, en 1434, réunit 3,000 convives devant 2,000 plats. Les repas royaux étaient mêlés d'intermèdes. Au banquet que Charles V offrit à l'empereur Charles IV, s'avança un vaisseau mu par des ressorts cachés : Godefroi de Bouillon se tenait sur le pont entouré de ses chevaliers. Au vaisseau succéda la cité de Jérusalem avec ses tours chargées de Sarra- sins; les chrétiens débarquèrent, plantèrent des échelles aux murailles, et la ville sainte fut emportée d'assaut. On voit dans la relation d'un autre festin donné par le Roi de France à l'empereur Venceslas dans la grande salle du palais, qu'il y fat servi, sur la grandtable de marbre noyr, trois assiettes de quatre-vingts mets chacune, et l'Empereur, tout gros mangeoir qu'il était, pria le roi de le dispen- ser de la quatrième assiette ou service. Ce fut à la même occasion qu'on entendit pour la dernière fois cette ancienne et généreuse proclamation faite par le héraut Montjoye: «Que tous ceux ici présents, qui ne sont que princes ou que ducs, se gardent bien de venir s'asseoir à la table royale de France, où ne sont admis que les Rois et les CHEVALIERS ! » Ce fut sous le règne de Charles V que la corporation des Oyers fut légalement établie (on appelle- rait aujourd'hui les oyers des rôtisseurs). Il leur était défendu de rôlir de vieilles oies, de vieux cha- pons et des poulets maigres ; De cuire des viandes malsaines ou mal saignées ; De faire réchauffer les potages ou les plats de légumes qu'ils devaient porter en ville ; De faire réchauffer aucunes espèces de viandes refroidies; De garder la viande plus de trois jours; De garder le poisson plus de trente-six heures. En cas de contravention, ces industriels étaient condamnés à payer l'amende, ct leurs mets de- vaient être jetés dans l'égoût le plus voisin de leur habitation. 34. 532 RECUEIL DES MENUS. Quelques années plus tard, on vit s'élever l'art des Charcutiers au détriment de celui des oyers, et voici quelques articles des statuts qui furent imposés aux charcutiers par ordonnance du Roi : Que nul ne puisse employer ni cuire chair de porc, si elle n'a été vérifiée saine et de bonne moelle par nos commissaires ès-marchés des villes, appelés languéyeux de porcos; Que nul ne puisse faire saucisses que de chair de porc, et non d'aucune autre bête qui se pourrait soustraire à l'expertise ; Que nul ne puisse vendre boudins d'autre sang que de porc, car ce serait périlleuse viande. Nous ajouterons à cette occasion-ci que tous les pâtissiers du royaume étaient tenus de jurer de- vant les maîtres-bouchers de n’employer jamais que de la chair saine et bien fraiche, et qu'une or- donnance du Roi leur interdisait de vendre aulcuns pastez aagez de plus d'ung jour. Voilà comme on entendait la salubrité publique, la police municipale et la surveillance administrative au temps de Charles V et même de Charles VI. Dès l'année 1470, on faisait venir à grands frais du sucre d'Espagne et même d'Égypte ; mais on voit, dans un mémorial du temps, que les épiciers ou confituriers réservaient l'emploi du sucre pour les nobles, et qu'ils ne vendaient aux bourgeois que des confections au miel suivant les us d'au- trefois. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on fait des observations gastronomiques; et voici plusieurs indica- tions culinaires qui ne datent certainement pas d'hier, car on les a trouvées dans le Fidelle con- ductor en France, le Thrésor de sancté parfaicte et la Cosmographie de Belleforest. « Blé d'un an, farine d'un mois, pain d'un jour, Ayez toujours. 1 | ! » Il y a quarante animaux terrestres et quatre cents animaux aquatiques bons à manger, mais non plus; ergo, faites-en votre compte. » C'est dans tous les mois où il y a un R que les ouistres sont bonnes. » En febvrier, les bonnes poules ! » Bon moulon qui a été mordu par le loup, pour ce que le loup s'y connaît. » Bæuf du Limosin très-bon, mais bæuf de Normandie vaut mieux, » Le mouton du Rouergue est encore meilleur que celui d'Ardennes. » Le chevreau d'Auvergne est bien bon, mais celui du Poitou le surmonte. » Les volailles du Mans belles et bonnes; celles de Caussade et Barbézieux plus que parfaites. » Les oisons de Beaulne sont très-bons, et ceux de Gascogne les meilleurs. » Les tripes de Paris n'équivalent point les andouilles de Troyes. » Les jambons de Lyon ne parangonnent point à ceux de Bayonne. » Les langues fumées d'Auvergne sont bonnes, et celles de Troyes valent bien mieux. » Les ouistres du Havre-de-Grâce très-bonnes, et celles de Saintonge par excellence. » Carpes de la Saône et carpeaux du Rhône. » Esperlans de Quillebeuf, sardines de la Rochelle et sardinelles d'Antibes, appelées anchoies en langue de Oc. >> Barbots du Lot, Tanches de Meulan, » Goujons de Seine, Artichauts de Laon, » Fèves de Senlis, Pois de Longchamps, >> Figues d'Argenteuil, Cierges du Mans, » Couteaux de Chartres et Chapelets de Nogent, » Pour ma Toynette, » La bachelelte » Que j'aime tant ! 1 ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 833 » Cuisses de bécasse, ailes de perdrix, morceaux choisis. » Ventre de carpe et dos de brochet. » Thon de Marseille, excellent manger. » Le beurre de Normandie qui sent la violette est bien bon ; le beurre de Bretagne qui sent l'orange est exquis. » Le fromage de la Brie, du Dauphiné, du Languedoc est très-bon, comme aussi le fromage vert de Provence; mais le fromage bleu de Roquefort est le meilleur de tous. » Moutarde de Dijon, cottignac d'Orléans, biscuits de Reims et dragées de Verdun sont choses parfaites. » Il faut engraisser les chapons avec de la farine d'ivraie, de froment et de châtaignes, en les met- tant dans des caisses où ils ne peuvent nullement se tourner ni se remuer. On fera bien de les y laisser à tastons, » Nourrissez vos pigeons de volière avec de la mie de pain trempée dans du vin; vos paonneaux avec du marc de cidre, et vos jeunes pourceaux avec des panais. » N’omettez point d'argenter le bec et les pattes des perdrix grises, comme aussi de dorer le bec et les pattes des perdrix rouges et des faisans royaux. » Le Vivandier Royal, par maistre Jehan le Clercq et le Grand Cuysinier de toute Cuysine, ainsi qu'un autre ouvrage intitulé Manières d'approprier toutes viandes, par Taillevent, con- tiennent environ trois cents formules pour opérer des ragoûts, entrées, potages, brouets, pâtés, gâteaux, confitures, oublies, épices de chambres, sucreries, sauceries et confections vineuses, appelées hypocras ou vins sucrés. On voit, dans l'ouvrage intitulé de l'Honneste Volupté du Goust, par Denys Bazin, que le prince Humbert, dernier Dauphin de Viennois, se faisait servir à Paris, pour son dîner de chaque lundi : Une soupe au riz d'Italie, Une soupe aux poireaux grillés, Une soupe aux choux rissolés au beurre, Une pièce de bæuf bouilli, Une pièce de porc rôti , Un entremets de six volailles, Un autre de six gibiers rôtis, Trois salades crues, Trois sortes de fromage, Douze escuelles creuses de fruits, Et de plus quatre escuelles plates ou drageoirs garnis de sucre blanc à la cannelle, Sucre rosat, Sucre orangeat, Sucre anisé, Sucre de citron, Pâte de Roy, Pignonnat, Gérofline, Amandiolle, Manu-Christi. Le souper du même prince, qui, comme on sait, était devenu profès dans l'ordre de Saint-Domi- nique, et qui vivait au couvent des Jacobins à Paris, consistait, pour le même jour du lundi, dans quatre plats de différentes soupes : ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 533 Arrêtez-vous, en attendant, devant cette belle porte; voyez dans le tympan ce blason d'argent aux six feuilles de houx de synople; c'est celui du maître de céans, de Messire Pierre de la Vieuville, Baron de Rugles et d’Arseifliers, Fauconnier et Gentilhomme servant du Roi Henri II. Il célèbre en ce jour, avec l'élite de ses amis, la prise de possession de cette belle demeure. Pages et varlets s'empressent de donner à laver. Le maître et la maîtresse assignent les places à table; chacun est encore debout devant celle qu'il doit occuper ; le plus âgé fait le signe de la croix et récite à voix haute la prière d'usage au commencement des repas. On s'assied. Un siége demeure vide.... il est réservé au Vitruve lyonnais, à Messire Philibert de Lorme, Abbé de Saint-Éloy-les- Noyon et Saint-Serge-les-Angiers. Au moment où il allait se rendre à cette fête, Madame Diane de Poitiers, Duchesse de Valentinois et de Diois, l'a envoyé quérir pour s'entretenir avec lui des embel- lissements en æuvre à son château d'Anet; le Seigneur de la Vieuville, averti de ce contre-temps, en a ressenti déplaisir..... Les premiers moments du festin se passent en silence; l'appétit s'oppose à toute conversation ; cliquetis de couteaux et de cuillères est tout ce qu'il est donné de pouvoir entendre. Aussi vous devez observer que déjà l'on vient desservir les restes d'un potage copieux, composé d'huîtres, de moules et de riz safrané, ainsi que les reliefs de deux grands plats garnis de pièces de boeuf, de veart, de mouton et de lard, entremêlées des meilleurs légumes de la saison. Mais le vin de Dijon est offert à la ronde dans un large hanap de cristal. Cette liqueur généreuse anime les esprits et délie les langues ; vides saillies se succèdent; plaisants devis se font ouïr : on n'en arrête le cours un instant que pour considérer les airs d'importance et la marche grave de cinq gros varlets, bravement accoutrés, ayant la charge de dresser le second service. Le premier apporte des oisons à la Mal- voisie et des murines en tronçons revêtus; le deuxième un ventre d'esturgeon à la tom- barde et un quartier de chevreuil au fromage de Milan; celui-ci des perdrix à la tonnelette et du soleil de blanc-chapon; celui-là de l'oriflan de gelée et de la dariole au pointes de diamant; et le dernier, le plus robuste de tous, rebausse cet ensemble d'un énorme pâté de sarcelles qui est flanqué aussitôt de deux salades de raiponces de Meaux et de cresson de Macédoine, décorées de rouelles de concombres et d'ognons confits. Propos récréatifs ont repris l'essor. Bien manger, bien boire et bien dire vont à l'unisson. Ici l'on raconte maints beaux faits d'armes; là il s'agit de grands monuments ; plus loin on cause de poésie, on exalte Clément, on critique Ronsard; et au milieu de ces entretiens variés, les ragoûts diminuent les gelées fondent, le pâté s'écroule et le second service prend fin. Place, place! voici venir Saupiquet, le maître-queux de l'hôtel ! Fier de ses droits aux honneurs d'un triomphe, ce zélé serviteur élève pompeusement les bras pour mieux montrer le jeune et beau cygne róti auquel il a su rajuster un cou gracieux et des ailes éployées, éclatantes de blancheur. Il laisse ignorer que les flancs de la victime recèlent bon nombre de vanneaux, de pluviers et de guignards. Admirez avec quelle adresse ses mains nerveuses déposent cette pièce d'apparat au centre de la table. Tous les regards sont fixés sur le bel oiseau. Pendant ce temps on groupe à ses côtés, avec art et symétrie, une foule d'entremets délicieux, et on lui donne pour supports, en tête et en queue, de fines bêtes à plumes, sauvagines et poulailles, un puits de crème fouectée et une pyramide de gâteaux bafueulx. L'hôte impose silence ; il a la tête découverte; il parle d'un ton digne; écoutez. Il propose de boire à la prospérité du très-chrétien et très-redouté Roi de France, Henri deuxième du nom, dont la bannière fleurdelisée vient d'être plantée vaillamment et à toujours sur les bastilles et remparts de Calais. Qu'il fait beau voir, à ces mots, les coupes remplies de vin de Reims élevées presque toutes à la fois ! c'est à qui fera raison avec le plus d'enthousiasme et d'amour ! A cette heure examinez la manæuvre de cette grande nef d'argent, richement pavoisée, et qu'on fait rouler sur la table. Elle porte à son bord hypocras et rossolis; chacun y puise bellement au passage. Le drageoir circule de mains en mains; on fait largesse de confitures et d'épices; grâces sont dites, et . + . $ 4 . 3 . 856 RECUEIL DES MENUS. l'on va quitter la table. Un page annonce Messire Philibert de Lorme! Aussitôt la compagnie se lève, s'avance et l'entoure. - Hé! quelles nouvelles de la cour? On ne s'entretient au Louvre, répond Philibert, que de la joyeuse et fraternelle réception faite ce matin au souverain des Pyrénées. Le Roi de Navarre, Antoine de Bourbon, est advenu soudaine- ment à l'huis du gros pavillon, menant à son ordinaire état modeste et petit bruit. Conduit sans délai jusqu'à la chambre royale, il y a présenté l'espoir de son lignage, un enfant qui n'a pas cinq ans. Oncques ne s'est vu petit garçon tant dispos, ni tant éveillé et assuré ! Notre maître la pris dans ses bras, la caressé et lui a demandé s'il voulait être son fils ? -- Quet es lo peigne pay : celui-ci est Monsieur mon père, a reparti le petit prince, en montrant le Roi de Navarre. — En ce cas, a ajouté le Roi de France qui prenait plaisir à l'ouïr jargonner, puisque vous ne voulez être mon fils, vous plairait-il devenir mon gendre? O bé! à la bonne heure, a-t-il dit avec résolution et vivacité, . Cet enfant-là fut Henri IV! Nous avons déjà dit, Brantôme à la main, que notre excellent potage à la purée de blanc de volaille et d'amandes était grandement favorisé par Marguerite de Valois , première femme d'Henri IV, et que c'est à la prédilection de cette aimable princesse qu'il a dû son nom de soupe à la Reine (V. page 389). Nous avons dit aussi , dans notre avant-propos, que les Ollas-podridas, ainsi que les deux meilleures entrées de l'ancienne cuisine, c'est-à-dire les Accolades d'anguilles à la Royale et les Perdrix à la Medina-Cæli, nous étaient arrivées en France à la suite de la reine Anne d'Autriche, à qui nous devons également l'importation de l'Hypocras au vin d'Alicante et des Carottes à ť Andalouse (V. page 127). 1 On voit, dans le Grand Dispensaire à la Royale, que l'ancien usage de recouvrir certains mets (tels que des crèmes cuites) avec des feuilles d'or ou d'argent avait été conservé dans les cui- sines de Versailles, et c'est pour cela qu'il est question de crème au riz dorée et d'épinards ar- gentés dans plusieurs ouvrages du temps. On croyait maintenir en cela l'étiquette du Louvre, ainsi que nous l'avons fait observer, d'après Gohier du Lompier, pages 29 et 89. Si l'on en croyait le duc de Saint-Simon, zoile de Louis XIV, ce grand monarque aurait vidé tous les matins cinq assiettes de différents potages et plusieurs jattes de fruits crus ; mais si l'on s'en rap- porte au marquis de Dangeau qui ne sortait jamais de la cour, on pensera qu'à restriction de ses grands couverts , le Roy ne vivaist que de choses très-simples, mangeant toujours modérément quoique de bon apestit, et buvant plus sobrement encor. Il est vrai que MONSIEUR, duc d'Orléans et frère du Roi, mangeait quelquefois à son souper tout un jambon rôti, douze bécassines avec leurs tartines de lèchefrite, une pleine casserole de bouillie d'amandes, et puis des salades avec du fromage et des concombres, et puis des gâleaux feuilletés et fourrés de confitures, et finalement des fruits de la saison tant qu'il en voyait à son couvert. Madame de Choisy lui reprochait continuellement de ne pas aimer les potages, et madame de Caylus observait à cette occasion-là qu'il y avait dans toutes les habitudes de MONSIEUR quelque chose qui n'était pas français. MADAME (Charlotte de Bavière), épouse de MONSIEUR, était certainement d'un caractère opiniâtre ; car, pendant les 49 ans qu'elle a passés dans le palais de Versailles, elle y vivait toujours de soupe à la bière et de bæuf sale. Un auteur contemporain nous dit qu'elle usait notamment d'un certain ragoût de choux fermentés qu'elle se faisait envoyer de son palatinat, et qui, chaque fois qu'elle en faisait servir devant elle, exhalait la plus mauvaise odeur dans tout le quartier du château qu'elle habitait. « Elle appelait ceci du schauoraout, et comme elle en voulait faire goûter à tous » ceux qui l'allaient saluer pendant son diner, c'était à qui s'enfuirait! Elle en faisait une sorte de per- ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 537 » sécution patriotique, en y mettant la vanité la plus inconcevable. Elle achevait ses repas avec des » poires tapées et des pruneaux fricassés pêle-mêle avec du lard et des ognons, et puis » des salades de harengs crus, de poireaux crus et de pommes crues, assaisonnes à » l'huile et à la moutarde. Enfin c'était des galimafrées de colimaçons qu'elle faisait venir de » Bavière, et je vous puis affirmer qu'elle avait la coutume de saupoudrer les tranches de melon qu'elle » mangeait avec du tabac d'Espagne. On lui faisait aussi des confitures de panais avec du vin » rouge et du miet; et, si vous étiez malade après un tel souper, elle avait de la conserve de » momie toute prête. Rien n'était plus admirablement salutaire que l'usage de la momie ; elle ne ta- » rissait pas sur les bons effets de la momie. » MENU DU REPAST OFFERT AU ROY (LOUIS-LE-GRAND) EN 1666, PAR MADAME LA CHANCELLIÈRE, En son Chasteau de Pontchartrain, Premier Service, Huict pots à oille et Seize hors-d'oeuvres chauds. Deuxiesme Service, lesm Huict grands relevés desdicts potages et Seize entrées de fines viandes. Troixiesme Service. Huict plats de rost et Seize plats de légumes apprestés au coulis de viandes. Quatriesme Service. Huict pastés ou viandes et poissons froids, et Seize sallades creües à l'huile, à la cresme ou au beurre. Cinquiesme et dernier Service. Vingt et quattre pastisseries diverses. Vingt et quattre jattes de fruicts crcüds. Vingt et quattre assiettes de sucreries. Conserves et confiteures seiches ou liquides. Oooo 338 RECUEIL DES MENUS. MENEU DU DISNER QUI FUST DONNÉ PAR MESSIRE MATHIEU MOLÉ, GARDE DES SCEAUX DE FRANCE, A MONSIEUR LE PRINCE (LOUIS DE BOURBON-CONDE), Le Samedi, 9 Août 1652. (Voyez les lettres de Mademoiselle de Scudéry, à la suite des Mémoires de Tallemant des Réaula.) XIV Potages maigres, dont I aux écrevisses du Rhyn et vin d'Espaigne, et l'aultre aux huistres d'Angoulesme et eufs de perdrix rouges, lesquels servis aux deux costés de son Altesse. XIV plats de poissons , 1. Un saulmon de vingt escus. 1. Brochet de xix liures. 1. Carpe aux cufs, de Champlastreux. I. Truite de Suysse , XXIV liures. 1. Turbot du Hasyre de Grasce. 1. Matelotte de lamperoyes d'Angers. 1. Hochepot de gibiers de riviesre. 1. Gibelotte de poissons meslés. 1. Anguille à la broche , ix liures 16 sols. 1. Pasté de barbottes du Rhosne. 1. Fricassée de lottes aux asperges. 1. De morue fraische aux groseilles uerdes. 1. D'aloses de Rouen grillées. 1. D'esperlants farinnés au cédrat. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 339 XIV plats de rost. VI. De poissons cuits au bleu. Iv. De poissons cuits à la poisle. iv. De gibiers de riuiesre, à la broche. XIV sallades. JII. De légumes cuits. DII. D'herbes uerdes. VI. D’æufs accommodés diuersement. Il. De citrons musqués, X escus. XIV assiettes gauſfrées, VII. De pastisseries à fonds de cresme. VII. De pastisseries à fonds de fruict. XXVIII jattes de fruicts et aultres , desquels VI agnanats touts entiers et xl pacquets de fleurs de joncquilles à confire. Dont cxi escus pour le coust d'yceulx fruicts et fleurs, et pour le tout de la despense généralle, mil neuf cens soixante et cinq liures, et unze sols, Que certifie iuste et uallable : MAUGIS. Appreyvay cette partie de Mavgis. Bon povr 1965 livres 11 sols, que playra payer à lvy maistre Lordier de Lestanville. MOLÉ. (Ce curieux document fait partie des autographes de M. de Châteaugiron.) ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 541 PLUSIEURS MENUS Exécutés aux Châteaux de Vincennes et des Tuileries, PENDANT LA MINORITÉ DU ROI LOUIS XV, ET POUR LA TABLE DE M. LE MARÉCHAL DUC DE VILLEROY, GOUVERNEUR DE SA MAJESTÉ. Extrait du Grand Dispensaire intitulé LES SOUPERS DE LA COUR. MENU DE PRINTEMPS. TABLE DE VINGT-CINQ COUVERTS EN MAIGRE. Premier Service. 1. D'omelette aux æufs d'esturgeon, 1. D'eufs aux petits pois, 1. D'æufs à la farce, 1. D'omelette au joli cæur, 1. De filets de saumon en attelets. 1. Plateau Dormant, 2. Potages, 1. De santé, 1. Au lait, 2. Ouilles, 1. A la Crécy, 1. A la purée verte. Second service. Deux grandes entrées. 1. De turbot au blanc, 1. De carpe au bleu. Quatre relevés à la place des potages. 1. D'une alose sauce aux câpres, 1. D'une queue de saumon aux écrevisses, 1. D'une barbue grilléc, 1. De perches au vin de Champagne. Vingt entrées et hors-d'oeuvres. Troisième Service. Deux grands entremets. 1. D'un gâteau de Compiègne, 1. D'un bonnet de Turquie aux pistaches. Deux moyens entremets. 1. D’écrevisses, 1. De homards. 1. De petits pâtés de poisson, 1. D'anguilles en fricassée de poulet, 1. De malelote d'éperlans, 1. De filets de perches à l'italienne, 1. D'esturgeon à la bonne femme, 1. De lottes à la chartreuse, 1. De quenelles de merlan, 1. De raie au beurre noir, 1. De carrelets au citron, 1. De barengs de Boulogne à la purée verte, 1. De morue à la maître-d’hôtel, 1. De turbot à la Béchameil, 1. De filets de saumon à la poulette, 1. De surmulet sauce aux câpres, 1. De filets de sole aux léguines, Douze plats de róts. 3. De soles, 3. D'éperlans, 2. De merlans, 1. D'une hure de saumon, 1. D'une alose, 2. De carrelets. 542 RECUEIL DES MENUS. 1. De crème à la strasbourgeoise, Six salades. 1. De haricots verts, 2. D'herbes, 1. De salsifis au jus, 2. De choses cuites, 1. D'huîtres à la Béchameil, 2. D'oranges et citrons, 1. D'asperges en bâtons, 4. Sauces. 1. De chervis frits, 1. De cardes au parmesan, 1. D'artichauts au beurre, Quatrième Service. 1. De crème au chocolat, Dix-huit entremets chauds pour relever 1. De petits choux. les rôts et salades. Cinquième Service. 2. De flans, Dessert. 2. De petites rosettes, 1. De tartelettes de pommes, Cinq dormants, deux à chaque bout, qui for- 1. De génoises, ment le filet du milieu pour les compotes et assiet- 1. D'asperges en petits pois, les ; on peut en mettre trente-six, savoir : dix-huit 1. D'artichauts frits, compotes et dix-huit assiettes. MENU D’AUTOMNE. TABLE DE TRENTE - CINQ COUVERTS EN GRAS. ! 1. De tourtereaux au vin de Champagne, Premier Service. 1. De poulets à la favorite, Un dormant. 1. De membres de poularde glacés, 1. De filets de mouton à la coquette, Quatre potages. 1. De pigeons à la brunelle, 1. A la Dauphine, 1. De palais de beuf à la Mariette, 1. A la semoule, 1. D'écrevisses en matelote, 1. De navels, 1. De tendrons de veau à la gelée. 1. A la madelonetle. Second service, Deux grandes entrées. Quatre relevés de potage. 1. D'une salamalec, 1. D'une financière. 1. D'une matelote à la Royale, 1. D'un corbillon, Dix-huit entrées et hors-d'oeuvres. 1. D'une chartreuse, 1. D'un faon de daim. 1. De cailles au père Douillet, 1. De petits pâtés de filets émincés, Troisième Service. 1. De crépines de gibier, 1. De côtelettes de faisan à la Périgord, Huit entremets froids. 1. De carré de veau à la crème, 1. De campines en bigarrure, 1. De gâteau de lièvre, 1. D'attelets de lapereau, 1. De poudin à l'anglaise, 1. De grenadins de veau, sauce à la nompareille, 1. De langues et de cervelas, 1. De mauviettes en cerises, 1. De brioches, 1. De cuisses de poulardes au sultan, 1. D'écrevisses, ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 843 1. De truffes en croustade, 1. D'épinards à l'essence, 1. De pâté de pannequets, 1. De foies gras à la Duchesse, 1. De soufflés. 1. De crème à la mariée, 1. D'artichauts à la poulette, Dix plats de rols. 1. De baricots verts frits, 1. D'aubergines, 1. De bécasses, 1. De rôties soufflées, 1. De perdreaux rouges, 1. De génoises aux pistaches, 1. De mauvieltes, 1. D'épinards à la crème, 1. D'oiseaux de rivière, 1. De rognons de coq à la praline, 1. De poule de Caux, 1. D'artichauts aux truffes, 1. De petits pigeons en caisse, 1. De ragoût mêlé, 1. De poulets à la Reine, 1. De choux-fleurs au beurre de Vamyres, 1. De levrauts, 1. De pattes d'oie bottées, 1. De pluviers, 1. De beignets mignons, 1. De pigeons romains, 1. De crème au quadrille. Six salades, Deux sauces. Cinquième Service. Quatrième Service. Dessert. Dix-huit entremets chauds. 1. De cardons à la bonne femme, 1. De cardes au parmesan, On peut le servir comme le précédent, ou l'augmenter de quatre assiettes ou compotes ; s'il est servi en jatte, il ne faut que douze compotes et douze assiettes, MENU D'HIVER. TABLE DE VINGT-CINQ COUVERTS EN GRAS. Premier Service. Un dormant. Deux terrines pour les deux bouts. 1. Terrine à l'anglaise, 1. Terrine de bécasses. 1. De compotes de pigeons, 1. De filets de mouton à la purée de navets, 1. De langues de boeuf en papillotes, sauce à l'es- pagnole, 1. De semelles de faisans aux truffes, 1. De crépinettes de gibier, 1. De noix de veau dans leur jus, 1. De salmis de bécassines, 1. De poulets historiés, 1. De filets de poularde soufflés à la Béchameil. 1. De petits pâtés à la Nesle, 1. De filets de perdreaux à la jardinière, 1. D'émincés d'aloyau à la sauce italienne, 1. D'estomacs de perdreaux à la polonaise. Deux ouilles pour les flancs. 1. Au riz, 1. A la Crécy. Deux potagés pour les deux contre-bouts. 1. Au coulis de marrons, 1. De santé. Second Service. Seize entrées et hors-d'oeuvres. 1. De cervelles de veau, 1. De pluviers, saucés de leurs foies, 1. De poitrine d'agucau au naturel, Quatre relevés de potage. 1. D'un quartier de chevreuil, 1. D'un gigot de veau dans son jus, 1. D'une selle de mouton au blanc, 1. D'un oison aux racines. 344 RECUEIL DES MENUS. Troisième Service. Quatre moyens entremets. 1. De crème au caramel dans des pigeons, 1. De crème à la Strasbourg dans des cailles, 1. De deux cervelas aux truffes, 1. De petites langues, Huit plats de róts. Quatrième Service. Dix-huit entremets chauds pour relever les róts et salades. 1. De petites feuillantines, 1. De tartelettes de cerises, 1. De petits gâteaux à la Madeleine, 1. De vases de massepains et de crème grillée à la glace, 1. De crètes au restaurant, 1. D'æufs à la Bagnolet, 1. D'animelles de bélier, 1. De rognons de coq en pralines, 1. De foies gras à la Duchesse, 1. De truffes à la Maréchale, D'asperges au beurre, 1. De choux-fleurs au jus, 1. D'escalopes de jambon, 1. De haricots verts, 1. De pattes d'oie bottées, 1. De cardons à l'essence, 1. D'æufs à la bonne-année, 1. De crème soufflée. 1. De bécassines, 1. De pluviers, 1. De faisans, 1. De gélinotes des bois, 1. D'un dindonneau, 1. De poulets, 1. De pigeons romains, 1. D'un coq vierge. Six salades. 2. D'herbes, 2. D'olives, 2. D'oranges amères. Quatre sauces. Cinquième Service. Dessert. 16. Compotes, 16. Assiettes. 1 1 1 ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 343 MENUS Extraits des Anciens Dispensaires INTITULÉS LES DONS DE COMUS ET LE CUISINIER MODERNE, PAR LE SIEUR VINCENT DE LA CHIAPELLE. (Menus du temps de la Régence, où les praticiens ne manqueront pas de remarquer l'énormité des grosses pièces, et l'inconcevable profusion qui présidait à toutes les festivités du Palais-Royal, en ce temps-là.) MENU D'UN SOUPER DE SEIZE COUVERTS, COMPOSÉ D'UN GRAND PLAT, DEUX MOYENS, QUATRE PETITS, HUIT HORS-D'OEUVRES, ETC., Servi le 3 Septembre 1719, A SON ALTESSE ROYALE. Pour le milieu. 1. Quartier de veau crépiné. Deux pots à oilles pour les deux bouts. 1. A la jambe de bois, 1. Au riz, coulis d'écrevisses. Quatre entrées. 1. De poulets à la Montmorenci, 1. De perdreaux à l'espagnole, 1. De canetons au jus d'orange, 1. De pigeons à la d'Huxelles. Huit hors-d'æuvres, savoir : 1. De filets de poularde au blanc, 1. De côtelettes de mouton glacées à la chicorée, 1. De noix de veau glacées au céleri, 1. De petits pâtés à l'espagnole, deux perdrix, 1. De paupieltes à l'italienne, 1. De hachis de poularde à l'anglaise, 1. De filets de sole au vin de Champagne, 1. D'anguilles glacées, sauce à l'italienne dessous. Relevez les deux pots à oilles : 1. D'un turbot glacé, 1. D'une hure de saumon bouilli à la hollandaise, sauce blanche avec des grenades. Entremets. 1. Jambon à la broche, pour le milieu. Pour les deux bouts de la table. 1. D'un gâteau de Savoie, 1. De gâteaux de mille feuilles. Quatre plats de róts, savoir : 1. D'un dindon, 1. De poulardes, 1. De perdreaux, 1. De petits pigeons en ortolans. Quatre salades et deux sauces. Dix petits entremets chauds pour relever les sauces. Salades et le rôt. 1. D'écrevisses à l'italienne, 1. De ris de veau à la Dauphine, 1. D'artichauts à l'italienne, 1. De petits pois, 1. D'animelles, 1. De calapés, 1. De crêtes de coqs, 1. De langues de canards, 1. De pots d'Espagne, 1. Dæufs au jus. 35 548 RECUEIL DES MENUS. lets), Soixante-six petites entrées pour relever Entremets froids pour relever les entrées les huîtres, savoir : de poisson, savoir : 2. D'ailes de poularde aux épinards (6 poulardes), 2. De hure de sanglier (2 hures), 2. De cuisses de poularde en bottines (6 poular- 2. De pâtés de perdrix aux truffes (20 perdrix), des), 2. De jambon garni de petites langues de mouton 2. De 6 sarcelles aux olives (12 sarcelles), (2 jambons), 2. De 3 poulets aux montants de carde (6 pou- 2. De roulades de bæuſ, 2. De marbrées en gras, 2. De 3 perdrix aux huîtres (6 perdrix), 2. De marbrées en maigre, savoir : saumon, trui- 2. De 3 poulets gras aux maingots (6 poulets), tes, perches, brochetons, anguilles, écre- 2. De 3 poulardes en ballon (6 poulardes), visses, 2. De faisans, sauce à la carpe (2 faisans), 2. De croquantes, 2. De bécassines à la sauce de brochets (12 bé- 2. De gâteaux de Savoie, cassines), 2. De bonnets de Turquie, 2. De pigeons à l'italienne (12 pigeons), 2. De gâteaux de mille feuilles, 2. De pigeons à la cuillère aux écrevisses, au blanc 1. De gâteaux de lièvre (4 lièvres, un gigot de (12 pigeons), mouton et tranches de bæuf), 2. De lapereaux roulés, sauce au vin de Champa- 2. De gâteau Royal, gne (12 lapereaux), 2. De gâteau de veau, 2. De poulets aux cufs, truffes coupées (6 pou- 2. D'oisons à la daube, lets), 2. De gâteaux de Compiègne, 2. De pigeons à la cuillère, aux tortues (12 pi- 2. De gâteaux d'amandes dans des bonnets de geons), Turquie, 2. De bécasses entières en salmi, 2. De puits d'amour. 2. De poulets en attelets (12 poulets), 2. D'ailerons de dindon glacés, sauce de leur jus Quarante-huit plats de róts, savoir : (24 ailerons), 2. De ramereaux au fenouil (12 ramereaux), 2. D'agneau entier pour les deux bouts de la table, 2. De pigeons à la cuillère, à la poêle (24 pigeons), (2 agneaux), 2. De filets de poulardes, et de queues d'écrevis- 2. De marcassins (2 marcassins), ses et truffes coupées, au blanc (8 poular- | 2. De chevreautins (2 chevreautins), des), 2. De 3 levrauts de 2 tiers (6 levrauts), 2. De pigeons au soleil, panés (24 pigeons), 2. De lapereaux (8 lapereaux); 2. De rouges à l'échalote (6 rouges), 2. De 3 canetons (6 canetons), 2. De poulets aux eufs, en fricassée de poulets, à 4. De campines, moitié piquées, moitié bardées l'huile et au vin de Champagne, (8 campines), 2. De mauviettes au gratin,,colorées de parmesan 4. De belles poules de Caux, moitié piquées, moi- (60 mauviettes), tié bardées (8 poules de Caux), 2. De perdreaux, sauce à l'espagnole (6 per 4. De poulets gras, moitié piqués, moiiié bardés dreaux), (24 poulets gras), 2. De poulardes en caneton (6 poulardes), 2. De 6 bécasses, moitié piquées, moitié bardées 2. De cailles au laurier (24 cailles), avec les rôties dessous (12 bécasses), 2. De cuisseaux d'agneau au salpicon (4 cuis 2. De 6 perdreaux, moitié piqués, moitié bardés seaux), (12 perdreaux), 2. De barbues à l'italienne (4 barbues), 2. De 6 perdreadx rouges (12 perdreaux rouges), 2. De truites en fricandeau (6 truites), 2. De 4 faisandeaux (8 faisandeaux), 2. De maquereaux (8 maquereaux), 2. De 12 bécassines chacune (24 bécassines), 2. De lapereaux à l'italienne (8 lapereaux), 2. De 15 pigeons ortolans (30 pigeons ortolans), 2. De filets d'oiseaux de rivière au parmesan (12 2. De 3 gélinotes (6 gélinotes), oiseaux). 2. De 8 tourtereaux (16 tourtereaux), ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 349 4. De 6 bartavelles, 2. De cardes, 2. De pluviers (24 pluviers); 4. D'asperges en bâton, 2. D'oiseaux de rivière. 4. D'animelles, 4. D'huîtres grillées, Soixante-six salades, oranges et citrons. 2. De menus droits, - Trente sauces, -Soixante-six petits 2. De petits pains de pistaches et chocolat, entremets pour relever les salades, sa 2. De grenadins en peaux d'Espagne, voir : 4. De truffes à l'italienne, 2. De ris de veau aux fines herbes, 4. De truffes à la cendre, 2. D'huîtres au blanc, 4. De truffes au court-bouillon, 2. De rôties au jambon, 4. De foies gras au gratin, 4. D'oreilles de veau à l'italienne, 4. De grosses écrevisses au court-bouillon, 4. De champignons à l'italienne, 2. De crêles et petits-eufs au blanc, 2. De beignets de pêches à l'eau-de-vie, 4. De ris de veau glacés, jus lié, 4. De tortues à l'italienne, 330 RECUEIL DES MENUS. MENU DU BANQUET SERVI DEVANT LE ROI LOUIS XV PAR J. A ÉLIOT, ÉCUYER ORDINAIRE DE LA BOUCHE DE MADAME, DAUPHINE DE FRANCE. (Souper du Roi à l'Hotel-de-Ville de Paris, le mercredi , 8 Septembre 1745.) Deux grosses entrées. Un aloyau, Un quartier de veau de Rouen. Quatre oilles. 1. Riz au coulis d'écrevisses, 1. A l'espagnole, 1. De coulis de lentilles, 1. A la jambe de bois. 2. De perdreaux rouges santés, 2. De tourtereaux au fenouil, 2. De cailles au laurier, 2. De noix de veau, sauce au persil, 2. De filets de mouton à la bonne femme, 2. De filets de beuf à la royale, 2. De gigotots d'agneaux à la paysanne. Huit moyens potages. 1. A la gendarme, 1. De ramereaux, 1. De perdrix aux choux, 1. De poulardes aux ognons blancs, 1. De canetons de Rouen aux navets, 1. De combien de jambon à la Brunoy, 1. De filets de mouton à la purée verte, 1. De ris de veau glacés au blanc. Douze grosses entrées de poissons pour re- lever les potages. 2. De carpes à la Chambord, 2. De perches au vin de Champagne, 2. De truites aux truffes entières, 2. De turbots à la maître-d'hôtel, 2. De brochets et d'anguilles, 2. De saumons au bleu. Quarante-quatre entrées moyennes. 2. De pâtés de perdreaux, 2. De pâtés de poularde, 2. De pâtés à l'espagnole, 2. De pâtés à la balaquine, 1. D'ailerons de dindons au parmesan, 1. De ris de veau à la Sainte-Ménéhould, 1. De crépinettes de lapereaux, 1. De crépinettes aux truffes, 2. De filets de poulardes aux truffes, 2. De semelles de faisans à l'espagnole, 2. D'escalopes de lapereaux, 2. De bouchées de poulardes, 2. De pains à la royale, 2. D'attereaux de palais de boeufs, 2. De pieds d'agneaux en croquette, 1. De cervelles au soleil, 1. D'orillons au basilic, 2. D'ailerons de poulardes en chipolata, 2. De filets d'aloyau émincés à l'ognon, 2. De filets de mouton émincés aux concombres, 2. De filets de levrauts piqués, sauce chevreuil, 2. De salmis de perdreaux à la manselle, 2. De filets mignons de porc frais à l'aspic, 2. De filets de veau à la Conty, 2. De petites matelotes à la Dauphine. Trente-deux entrées. 2. De faisans à la rocambole, 2. De poulardes à l'étoile, 2. De poulets gras en bigarrure, 2. De cuisses de poulardes en ballote, 2. De canetons de Rouen, sauce à l'orange, 2. De ramereaux à la polonaise, 2. De petits pigeons aux truſſes entières, 2. De dindons gras à la Villeroy, 2. De petits poussins au beurre de Vamyres, Douze entrées de relevé, dans des terrines. 1. De hochepot à la flamande, 1. De queues de cochon à la provençale, 1. De mêlée à l'espagnole, 1. D'une chérubine au blanc, 531 ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 1. Dindon gras à la bohémienne, 2. De poulardes à la daube, 1. Selle de mouton à la Sainte-Ménéhould, 1. De crème à la Strasbourg, 1. Pâté de perdreaux, 1. De crème au chocolat, 1. Pâté de côtelettes de mouton, 1. De crème à la Genets, 1. Noix de bæuf glacées, 1. De crème glacée, 1. Poularde à la polonaise, 2. De pêches à la glace, 1. Jambon à l'anglaise, 2. De tartelettes à la Chantilly, 1. Jambon à la portugaise. 2. De buissons d'écrevisses, 1. Gâteau au fromage, Quatre hors-d'oeuvres devant le Roi. 1. De ramequins, 1. De filets de poulardes à la crème, 1. D'espagnolettes, 1. De côtelettes d'agneau grillées, 2. De petites langues de veau à la Saint-Germain, 1. De bécasses à la minute. 2. De gâteaux de levrauts, 1. De filets de perdreaux à la Périgueux. 2. De galantines de cochon de lait, 2. De ballons de dindons gras, Deux grands entremets. 4. De truſles à la cendre, 1. De poires de rousselet à la moelle, Un pâté de jambon, 1. De pommes en surprise, Un pâté de poulardes à la gelée. 1. De pêches au vin rouge, Trente-deux plats de rols. 1. De canelons à la liqueur. 4. De faisandeaux, Pour relever les deux moyens plats de róts. 2. De cailles bardées, 1. Gâteau d'oreillons de sanglier, 2. De poussinets, 1. De saucissons aux pistaches. 2. De dindonneaux piqués, 2. De campines, Quarante-huit entremets chauds. 2. D'ortolans, 2. De petits lapereaux, 2. De rognons mêlés à la hollandaise, 4. De perdreaux rouges, 2. De pattes de dindons à la Sainte-Ménéhould, 2. De poulets à la Reine, 2. De crêtes au fenouil, 2. De coqs-vierges, 2. De rognons de coq au consommé, 2. De pigeons romains, 2. De ris d'agneaux à la Dauphine, 2. De tourtereaux, 2. De pattes d'oies à l'espagnole, 2. De pintadeaux, 2. D’amourettes, 2. De ramereaux. 2. D'animelles, 2. De cardons en montants, Deux moyens plats de róts dans les bouts. 2. D'artichauts au feuillage, Un faon de daim piqué, 2. D'épinards à la crème, Un marcassin rôti. 2. De petits pois, 2. De haricots verts, Deux petits plats devant le Roi. 2. De choux-fleurs, 2. D’écrevisses à l'anglaise, Un de perdreaux blancs des Alpes, 2. De truffes à l'italienne, Un de bèque-figues. 2. D'æufs brouillés dans des petits pots, 2. De petits cufs en porcelaine, Quarante entremets froids, dont douze rem- 2. De ragoûts en tortue, plissaient les relevés de terrines. 2. De culs d'artichauts à la provençale, 4. De buissons d'écrevisses, 2. De profiteroles au chocolat, 2. Gâteaux de Savoie, 2. De rôties au jambon, 1. Gâteau de mille-feuilles, 2. De beignets de blanc manger, 2. De perdreaux à la gelée, 2. De champignons à l'espagnole. Cent trente assiettes de dessert, y compris les 8 corbeilles et les 12 sorbetières, ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 553 SOUPER DU ROI A LA MUETTE, LE SAMEDI, 17 JANVIER 1750, (En gras, et en raison du temps des couches de la Sainte-Vierge.) Deux grandes entrées, Un quartier de veau de Rouen, Un aloyau, Quatre relevés. Un jambon à l'anglaise, Une casserole au riz, Un pâté chaud de viandes mêlées, Un quartier de chevreuil. Deux grands entremets. Un pâté de perdreaux, Une brioche. Deux oilles. 1. A la Croissy, 1. A la Brunoy. Deux potages. 1. De santé, 1. Aux petits ognons, Seize entrées et hors-d'oeuvres. 1. De petits pâtés à l'allemande, 1. De bécasses à la minute, 1. De perdreaux à la polonaise, 1. Noix de veau glacé à la chicorée, 1. De cervelles d'agneau en matelote, 1. Un émincé de mouton à la lyonnaise, 1. De sarcelles à la timbale, 1. De filets de poularde sauce à l'extrême-bonté, 1. De semelles de faisan à l'espagnole, 1. D'escalopes de la pereaux à l'italienne, 1. De petits pigeons aux truffes entières, 1. D’attereaux de palais de beuf à la moelle, 1. De petits poulets dépecés, 1. De crépinettes aux truffes, 1. De cailles à l'estoufade et au laurier, 1. Non mentionnée. Quatre entremets. Un buisson d'écrevisses, Un gâteau à la Madeleine, Une langue en cervelas, Une croquante. Douze plats de róts non mentionnés. -Seize , entremets. Choux-fleurs, Des asperges, Truffes à l'italienne, Crêtes au restaurant, Ris d'agneau à la hollandaise, Une crème vierge, Tartelettes à la glace, Foies gras en escalopes, Des cardes, Haricots verts, Pattes de dindon au basilic, Rognons de coq au fenouil, Huîtres en attelets, Petites génoises, OEufs pochés au café à l'eau, SOUPER DU DIMANCHE, 18 JANVIER 1750. Deux grandes entrées. Une pièce de beuf, Un râble de mouton. Deux potages. Un aux navets de Fréneuse, Un aux marrons. Deux oilles. Une au riz, D'une chiffonade. Seize entrées et hors-d'auvres. 1. De petits pâtés au jus, 1. De faisans à la Chambord, 354 RECUEIL DES MENUS. 1. De petits pigeons au fenouil, 1. De filets de perdreaux aux truffes, 1. De bécasses au gratin, 1. De ballotine d'agneau, 1. De petits poulets paumés au beurre de Vamvres, 1. De filets de lapereaux à l'allemande, 1. De mauvielles en cerises au gratin, 1. De filets de poulardes veloutés, 1. De pieds de mouton au basilic, 1. De filets de mouton glacés à l'eau, 1. De tendrons de veau en bochepot, 1. D'ailerons à la d’Armagnac, 1. D'ailerons de dindons à la Sainte-Ménéhould, 1. D'un jambon de la Mecque, sauce piquante. Quatre relevés. Un quartier de daim, Une terrine de cuisses d'oies, Un haricot à la bourgeoise, Un pâté en croustade. Quatre moyens entremets. Des gâteaux au fromage, Un jambon pané, Un bonnet de Turquie, Une bandiole. Dix plats de róts non mentionnés. - Seize entremets. Truffes en croustades, Des limbales, Des gimblettes, Une crème au caramel, Des feuillantines à l'anglaise, Un ragoût mêlé, Des ceufs en croûtons, Des épinards au jus, Des asperges au beurre, Des choux-fleurs au beurre, Des animelles, Une crème vierge, Des crêtes au fenouil, Des pattes de dindons à la Sainte-Ménehould, Des foies aux fines herbes, Des cardes à l'essence. Deux grands entremets. Un gâteau de Compiègne, Un pâté de faisans. LE 18 FÉVRIER 1751. Deux grandes entrées. 1. De petits pigeons en matelote, 1. De membres de perdreaux à la milanaise, Un aloyau, 1. D'escalopes de lapereaux, Un faon de chevreuil. 1. De filets d'oiseaux de rivière à la rocambole, Deux oilles. 1. De petits pâtés de mauviettes, 1. De langues de mouton à la d'Huxelles, 1. Au coulis de lentilles, 1. De marinades de poulets gras, 1. Aux navets de Bellisle-en-Mer, 1. De filets de poulardes sautés, sauce à l'estragon. Deux potages. Quatre relevés. 1. Julienne, 1. Chiffonade. 1. De quartier de daim, 2. De faisans farcis aux truffes, Vingt entrées. 1. De timbale de levrauts, 1. De petites bouchées aux perdrix, i. De dindon fourré. 1. De carré de mouton aux ognons, 1. De poulets à la Saint-Cloud, Deux grands entremets. 1. D'une poule de Caux en escalope, 1. Pâté froid, 1. De blanquette de dindon aux truffes, 1. Cuisseau de veau à la gelée. 1. De crépinette de viande mêlée, 1. De filets de faisans à la bohémienne, Quatre moyens. 1. D'ailerons de poulardes à la Villeroy, 1. De côtelettes et tendrons d'agneau au naturel, 1. De langues et cervelas, 1. De pluviers sautés, 1. Gâteau au fromage, 1. De grenadins de veau à l'oseille, Une marbrée, 1. D'un émincé à la chicorée, Une croquante. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 333 Des truffes à la cendre, Vingt entremets. Des épinards, Des haricots verts, Des œufs à la huguenotte, Un singarat, Un ragoût à la hollandaise, Des crêtes au soleil, Une crème à l'anglaise, Des asperges, Une crème au chocolat, Des pattes à la Sainte-Ménéhould, Des diablotins, Des cardes, Des tartelettes, Des ris de veau glacés, De petites jalousies, Des foies gras à la d'Armagnac, Des tartelettes encadrées, Des fèves de marais, Des animelles, LE 13 AVRIL 1751. Deux grandes entrées. 1. Quartier de veau de Pontoise, 1. Hanche de biche. Deux oilles.. Quatré relevées. Un jambon à la broche, Un quartier de sanglier, Un pâté de viandes mêlées, Deux chapons à l'ognon cru, 1. A la Brunoy, 1. Au riz, Deux potages. 1. A la julienne, 1. Aux petits ognons. Deux grands entremets. Un pâté de gibier, Un gâteau au fromage. Vingt entrées. 1. De petits pâtés à la Conty, 1. De pieds d'agneaux à la Sainte-Ménéhould, 1. De laitues à la dame Simone, 1. De petits pigeons à l'estragon, 1. D'un salpicon dans de petits pots, 1. De filets de bæuf mignons, sauce piquante, 1. D'une blanquette d'agneau, 1. De cervelles d'agneaux en matelote, 1. De lapereaux aux fines herbes, 1. De petits canetons aux pointes d'asperges, 1. De filets de poularde au soleil, 1. De filets de poule de Caux à la duchesse, 1. De côtelettes de veau à la singarat, 1. De petites bouchées de perdrix, 1. Dindonneau à l'anglaise, 1. D'une blanquette de poularde aux mousserons, 1. D'une noix de veau à l'oseille, 1. De langues de mouton à la d'Huxelles, 1. De poulets gras en pain, 1. De poussins aux morilles. Quatre moyens. Une croquante, Un dindon à la gelée, Un buisson d'écrevisses, Un poupelin. Dix plats de róts. - Vingt entremets. 1. De foie gras à la d'Armagnac, 1. De beignets de pommes, 1. De crème blanche, 1. De crème au chocolat, 1. De gâteau de Boulogne, 1. De morilles au lard, 1. D'asperges au beurre, 1. D'@ufs au jus de veau, 1. De crêtes au fenouil, 1. De ragoût mêlé, 1. De petits haricots verts, 1. De petites génoises, 2. D'épinards à la moelle, 2. D'artichauts frits, 2. D’un pain aux mousserons, 2. D'asperges à l'huile. 336 RECUEIL DES MENUS. Parmi les courtisans du temps de Louis XV, il est assez connu que le maréchal de Richelieu, le duc de Nivernais et le comte d'Escars étaient les plus expérimentés en gastronomie. Nous allons copier dans le recueil des Nouvelles à la main, un menu composé par le maréchal de Richelieu : c'est dans les manuscrits de la présidente Doublet, que Madame de Créquy doit avoir trouvé ce curieux docu- ment culinaire, et nous allons reproduire ce joli tableau de meurs, avec tout son encadrement. « ....... Pourquoi, disais-je à M. de Richelieu, n'épouseriez-vous point la veuve de M. de Brunoy ? Elle est par trop riche, me répondit le maréchal, et puis d'ailleurs, je ne répondrais pas de ne la » point battre. Nous nous disputerions continuellement sur les salades à la crème et les sultanes en sucre » filé qui s'attache aux dents; elle est entichée de cette nouvelle cuisine qui est d'une bêtise amère, et » toute chose à manger est historiée chez elle au point qu'on n'y saurait démêler ce qu'on mange? » C'est la femme aux macédoines, et que le diable l'emporte! — Parlez-moi d'une maîtresse de maison » comme vous, pour le bon goût de la véritablement bonne chère, ajoutait le maréchal. On ne se doute » pas combien il faut avoir de finesse dans le tact et de solidité dans le jugement pour organiser et con- » server une excellente cuisine avec une office parfaite; et je veux mourir de faim si j'ai vu jamais » qu'une personne sans esprit puisse avoir une bonne table pendant six mois. Les friands et les gour- » mands ne sont pas les fins gourmets, et rien n'est si funeste au talent d'un grand cuisinier que la sotte » recherche ou la goinfrerie de son maître. Pour faire bonne chère, il ne faut, après l'argent et la bonne » intention, que de la sobriété, de la mémoire et du bon sens. Si l'imagination doit être appelée la folle » du logis, c'est, par ma foi, dans la cuisine et la salle à manger; voyez plutôt les belles inventions » de ce temps-ci! Vous me dites souvent que la monarchie périra par les finances, et moi je vous as- » sure que les financiers perdront la cuisine française. Qui vivra verra? » Il est assez connu que nous étions , le maréchal et moi, les deux personnes de notre temps qui » mangeaient le moins et chez lesquelles on mangeait le plus. J'avais hérité d'un trésor de traditions » admirables, et j'ai toujours tenu fortement à mes traditions. On est généralement persuadé que tous » les ragoûls fins sont d'invention nouvelle, et rien n'est moins vrai pourtant. On voit dans les dispen- » saires du XVIe siècle qu'on servait à la table de François Ier des langues de carpe et des foies de lotte » étuvés au vin d'Espagne. Notre excellent potage à la Reine (à la purée de blanc de poularde et d'a- »velines) était la soupe de tous les jeudis à la cour des Valois, et son nom lui vient de la prédilection de » la Reine Marguerite. Je n'ai jamais repoussé les innovations heureuses, mais, à l'exception des bisques » à la purée de petits crabes, des timbales aux oeufs de caille, et des glaces au pain bis, tran- » chées de glace au beurre frais, je vous puis assurer qu'on n'a rien inventé qui fût satisfaisant ni » distingué depuis soixante - quinze ans que je mange, et que je fais manger les autres. C'est » principalement à dater de la mort de Louis XV que le véritable savoir gastronomique, et par consé- » quent la science du cuisinier, s'en sont allés en dégringolant, » Quand le duc de Nivernais était obligé de changer ses chefs de cuisine ou qu'ils avaient appris quel- » que nouveauté qui nous paraissait admissible, il avait la patience et la conscience de s'en faire servir » et d'en goûter huit jours de suite, afin de conduire et faire aboutir la chose au point de sa perfection. » Il avait le palais tellement bien exercé qu'il pouvait distinguer si le blanc d'une aile de volaille était » provenu du côté du fiel, et j'en ai vu l'expérience; il se moquait de votre grand-père, qui ne s'enten- 538 RECUEIL DES MENUS. MENU D'UN EXCELLENT SOUPER TOUT EN BOEUF. Dormant. Le grand plateau de vermeil avec la figure équestre du Roi. Les statues de du Guesclin, de Dunois, de Bayard et de Turenne. Ma vaisselle de vermeil avec les armes en relief émaillé. Premier Service. Une oille à la garbure gratinée au consommé de bocuf. Quatre hors-d'auvres. Palais de notre bocuf à la Sainte-Ménéhould. Les rognons de ce boeuf à l'ognon ſrit. Petits pâtés de hachis de filet de boeuf à la ciboulette. Gras-double à la poulette au jus de limon. Relevé de potage. La culotte de boeuf garnie de racines au jus. (Tourne: grotesquement vos racines à cause des Allemands.) Six entrées. La queue du baufà la purée de marrons. La noix de notre bæuf braisée au céleri. Sa langue en civet (à la bourguignonne.) Rissoles de bocuf à la purée de noisettes. Les paupielles du bæuf à l'esloufade aux capuci- Croûtes rôtics à la moelle de notre boeuf. (Le pain nes confiles. de munition vaudra l'autre.) Second Service. L’aloyau rôli (vous l'arroserez de moelle fondue). Salade de chicorée à la langue de boeuf. Bocuf à la mode à la gelée blonde mêlée de pistaches. Gâteau froid de boeuf au sang et au vin de Juranson. (Ne vous y trompez pas.) Six entremets. Navets glacés au suc de boeuf rôti. Purée de culs d'artichauts au jus et au lait d'amandes Tourte de moelle de bauf à la mic de pain et au Beignets de cervelle de boeuf marinée au jus de sucre candi. bigarades. Aspic au jus de bæuf et aux zestes de citron pra- Gelée de boeuf au vin d'Alicante et aux mirabelles linés. de Verdun. Et puis tout ce qui me reste de confitures ou conserves. Si, par un malheureux hasard, ce repas n’élait pas très-bon, je ferais retenir sur les gages de Maret et de Ronquelère une amende de cent pistoles. Allez, et ne doute: plus. RICHELIEL. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 539 - >> » La famille de finance la plus renommée pour ses prétentions et ses petites recherches gastronomiques » était celle de la Reynière, poursuit la marquise de Créquy. Je vous en rapporterai seulement une his- » toriette, et c'est parce que je ne l'ai vue citée nulle part. » Le père la Reynière, qui revenait d'une inspection financière, entre dans une auberge de village, et » s'en va bien vite à la cuisine afin d'y faire quelque bonne remarque, et pour y procéder à l'organisa- » tion de son souper. Il y voit devant le feu sept dindes à la même broche, et pourtant l'aubergiste n'a- » vait à lui donner, disait-il, que des fèves au lard. Mais toutes ces dindes? Elles sont retenues » par un monsieur de Paris. Un monsieur tout seul? - Il est tout seul comme l'as de pique. » Mais c'est un Gargantua comme on n'en vit jamais, enseignez-moi donc sa chambre... » Il y trouva son fils qui s'en allait en Suisse. - Comment donc, c'est vous qui faites embrocher sept » dindes pour votre souper! - Monsieur, lui répond son aimable enfant, je comprends que vous soyez péniblement affecté de me voir manifester des sentiments si vulgaires et si peu conformes à la distinc- » tion de ma naissance, mais je n'avais pas le choix des aliments : il n'y avait que cela dans la maison. » — Parbleu ! je ne vous reproche pas de manger de la dinde à défaut de poularde : en voyage on est » bien obligé de manger ce qu'on trouve ; c'est une épreuve à supporter, et je viens d'en avoir de rudes ! » Mais la chose qui m'étonne est ce nombre de sept, et pourquoi donc faire? – Monsieur, je vous avais » ouï dire assez souvent qu'il n'y a presque rien de bon dans une grosse dinde, et je n'en voulais manger » que les sot-ly-laisse. Ceci, répliqua son père, est un peu dispendieux (pour un jeune homme), mais je ne saurais dire » que cela soit déraisonnable! » A présent que je vous ai parlé gourmandise avec un air de suffisance et de résolution si déterminée, » je suis bien aise de vous déclarer que j'ai toujours élé sobre comme un chameau. Vous savez bien » que je ne bois ni vin vi liqueurs, mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que je n'ai jamais » bu que de l'eau, sinon pendant mes grossesses, où les médecins m'obligeaient à faire usage de vin » sucré. Il y aura tantôt cinquante ans que je ne mange autre chose que des légumes étuvés au bouillon » de poule, et puis des compotes grillées : ce qui ne veut pas dire qu'on ne s'observe attentivement » dans cette partie de ma cuisine, et ce qui ne fait pas que je n'y voie juste et loin dans un horizon si » borné. Enfin, depuis quarante ans, on fait bouillir l'eau que je bois et l'on y fait dissoudre un peu de » sucre candi au capillaire; voilà toute la recherche qui me soit personnelle. Vous en conclurez, si vous » voulez bien, que ma sensualité n'était pour rien dans la perfection de mes soupers. C'était une affaire » de bon procédé, de politesse élégante et soigneuse, et peut-être aussi d'amour-propre, attendu que les » personnes avec qui je me trouvais naturellement en relation familière étaient dans les habitudes de la » délicatesse la plus exquise. Au reste, il en était alors de la gastronomie comme de la dévotion; les » personnes qui s'en occupaient le mieux n'en parlaient jamais. » Je serais bien fâchée que vous devinssiez ce qu'on appelle un gourmand, mais je ne vous exhorte » pas à pratiquer la mortification dans le régime alimentaire. Vous n'êtes pas dans un cloître; vous » vivez dans le monde et le plus grand monde. Je ne vous dirai pas comme les Vaudois et les Albigeois, » que le lait et le miel de la terre sont pour les saints; mais je vous dirai sérieusement avec “ l'Apôtre :-Usez de toute chose de la terre avec prudence, avec innocence, à la seule » condition d'en pouvoir rendre grâce à Dieu qui tes a créées et qui vous les a données » pour en user. C'est la maxime de la compagnie de Jésus relativement aux gens du monde, et rien » n'est plus sage. La régularité n'est pas la rigidité, mon enfant; l'Église ne vous demande que d'être » exact et soumis. La religion de l'Homme-Dieu n'a rien de farouche et d’insociable. L'exigence et » l'austérité jansenistes ne sont point et ne sauraient être le catholicisme bien entendu. » ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 361 LES POULARDES A LA TOULOUSE. LE PAVILLON IRLANDAIS. Côtelettes d'agneau glacées aux concombres, Fromage bavarois à la vanille, Pain de gibier à la gelée, Épinards à l'anglaise, Chevalière de poulets garnie à la Conty. Gaufres à la française. TURBAN D'ANGUILLES GARNI DE GROSSES ÉCRE- LES PERDREAUX ROUGES. VISSES. Petits gâteaux de Pithiviers, Quenelles de volaille à l'italienne, Pointes d'asperges au beurre de la Prévalais. Petites croustades de mauviettes aux fines herbes, Gelée d'orange de Malte. Foies gras à la Périgord. LE BABA POLONAIS. Blanc-manger au café, LE QUARTIER DE CHEVREUIL, SAUCE POIVRADE. Pieds de céleri à l'espagnole, Sauté de gélinottes au suprême, Hachis de volaille à la polonaise, Choux à la mecque au gros sucre. LES CHAPONS AU CRESSON. Filets de canards sauvages à la bigarade. Gâteaux d'amandes glacés, Pour extra, douze assiettes volantes. Truffes à l'italienne, Petits soufflés de gibier, Flan de nouilles aux mirabelles, Filets mignons de poulardes à la Orly, Flan suisse au fromage de Brie. Soufflés de volaille, Cardes à l'essence et à la moelle, Filets de merlans à la Orly. Gâteaux royaux fourrés de crème de Viry. Huit grosses pièces d'entremets. LES POULARDES AU CRESSO.V. Nougat à la française, Génoises en diadème à la rose, Pavillon irlandais, Truffes au vin de Champagne, Baba à la polonaise, Fromage bavarois aux avelines. Ruine d'Athènes dans une île, LES GATEAUX DE MILLE-FEUILLES A LA ROYALE. Gâteau à la Royale, Gelée de marasquin moulée, Ruine de Palmyre, Haricots verts à l'anglaise, Biscuit de Savoie, Petits soufflés de crème de riz. Pavillon vénitien. LES FAISANS BARDÉS. Huit plats de rots pour les extrêmes flancs. Nougats de pommes au gros sucre, Pluviers bardés, Navets glacés à la Chartres, Poulets à la Reine, Crème plombière glacée. Perdreaux rouges piqués, LE PAVILLON VÉNITIEN. Gelée d'épine-vinette, Chapon, Fonds d'artichauds à la provençale, Poularde au cresson, Faisans garnis d'ortolans, Mignonnettes au citron. Poulets gras, LES POULETS GRAS. Bécassines bardées. Beignets de marmelade d'abricots, Croûte aux champignons et aux truffes, Quarante-huit entremets. Charlotte à la parisienne. Pommes méringuées aux pistaches, LE BISCUIT DE SAVOIE. Champignons à la provençale, Gelée d'ananas garnie, Petites bouchées d'abricots. Petites carottes à la flamande, LES PLUVIERS BARDÉS. Gâteaux fourrés à la d'Artois, Madelaines au cédrat, LES BÉCASSINES BARDÉES. Choux-fleurs au parmesan, Darioles à l'orange, Gelée de framboises. Laitues à l'essence, LE NOUGAT A LA FRANÇAISE. Pommes au riz décorées. Pudding de cabinet. Extra, douze assiettes volantes de petits Pommes de terre à la hollandaise, soufflés en caisse. Beignets à la Dauphine. Soufflés d'ananas, Soufflés à la fleur d'orange pralinée, LES POULETS A LA REINE. Petits pains à la paysanne, Soufflés au chocolot, Concombres au velouté, Soufflés au mirobolan des îles. Gelée de rhum. Quatre fondues au parmesan. QUATRE-VINGT-SEIZE ASSIETTES DE DESSERT, y compris les corbeilles à la Van-Huysum et les sorbetières. 36 $52 RECUEIL DES MENUS. CARTE DINATOIRE POUR LA TABLE DU CITOYEN BARRAS, Directeur de la République Française, POUR TRENTE-SIX PERSONNES, POUR LE QUINTIDI, 25 FLORÉAL AN VI, AU PALAIS DU DIRECTOIRE EXÉCUTIE (ci-devant Luxembourg ). 4 potages et 4 relevés. Les quatre gros entremets, 16 entrées, 4 gros entremets froids. 1. D'un pâté de perdreaux rouges, 8 plats de rôt. 1. D'un jambon glacé, 16 entremets. 1. D'un biscuit de Savoie affranchie, 1. D'un buisson d'écrevisses. 4 salades, 60 plats de dessert. Les huit plats de rốt. Les quatre potages. 1. De poulets à la Jemmapes, 1. D'une accolade de lapereaux, 1. Printanier, 1. Aux choux nouveaux, 1. D'une langue de bæuſ fumée, 1. Au blé vert, 1. De soles frites, 1. De levrauts, 1. Aux lasaignes. 1. De pigeons ramiers, Les quatre retevés. 1. De cailles, 1. De brochettes d'éperlans. 1. Une tête de veau en tortue, 1. Une pièce de bæuf à l'écarlate, Les seize entremets. 1. Selle d'agneau piquée, 1. Un turbot. 1. De concombres farcis, 1. De petits pois à la française, Les scize entrées, 1. De laitues à l'espagnole, 1. D'une poularde à la ravigote, 1. De haricots verts à l'insulaire, ci-devant à 1. D'un pâté chaud de légumes, l'anglaise. 1. De deux carrés de mouton à la ci-devant 1. De choux-fleurs au beurre, 1. De tartelettes bandées, servante, 1. D'épinards en croustade, 1. De filets de maquereaux à la ci-devant mai- tre-d'hôtel, 1. De beignets de cerises, 1. De quenelles de volaille au velouté, 1. De fèves de marais à la sarriette, 1. De pieds d'agneau farcis à la citoyen Villeroi, 1. D'aufs pochés au jus, 1. D'un ragoût mêlé, 1. De gelée d'oranges dans l'écorce, 1. D'attereaux à la Côtes-du-Nord, ci-devant 1. De blanc-manger en petits pots, bretonne, 1. De jalousies, 1. D'une fricassée de poulets aux petits pois, 1. D'asperges au beurre, 1. D'une noix de veau à la directrice, 1. De fondus en caisse, 1. De pigeons à l'hérisson, 1. De beignets de riz. 1. D'une cuisse d'oie à la purée de pois verts, Les quatre salades. 1. De soufflé de gibier, 1. De petits pâtés au salpicon, 2. D'herbes, 1. De filets de caneton à la provençale, 1. D'olives, 1. De palais de bæuſ au gratin. 1. De citrons. . 566 RECUEIL DES MENUS. JURY DÉGUSTATEUR. CCCC. LVII SÉANCE, DU MARDI, XXXI MARS M. DCCC. XII. (Extrait des Archives de l'Hôtel de la Reynière.) MENU. Premier Service. Un potage au riz de la Caroline. Huit hors-d'auvres d'office. Beurre de la Prévalais, Raves et radis de mars, Anchoix de Catalogne, Sardines confites de Nantes, Huîtres marinées de Granville, Thon mariné à l'huile vierge, Pot-pourri au vinaigre de Maille, Variantes de fruits de Bordin. Une pointe de culotte de BOEUF du Cotentin, flanquée d'un chapelet de petits pâtés de Le Blanc. Relevé, Une TÊTE DE VEAU du Puits certain de VACHETTE, successeur de Cauchois, successeur de Varin, lequel avait remplacé Fromont. QUATRE ENTRÉES. Une noix de veau de Pontoise, en fricandeau et Un pâté de palais de bæuf à la manière du docte glacée, Rouget, Côtelettes de merlan à la Noël, Une fricassée de poulets (d'Hélène). Second Service, ROT. Un brochet de rivière au bleu, Un quartier d'agneau de ferme, Salade de printemps, aiguisée, Olives picholines au naturel. Un huilier du Singe-Vert garni d'huile vierge et de vinaigre Bordio, RELEVÉ DE ROT. Un superbe jambon de Pouillan (Bayonne). Chauds. Épinards à l'essence, Macaronis de Gênes au parmesan, QUATRE ENTREMETS, Froids. Un fromage bavarois, Un buisson de gâteaux anonymes. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 367 Troisième Service. DESSERT. Ligne du milieu. Oranges indigènes. -Glacière d'Appert. — Raisin très-bien conservé. Lignes latérales. Fromage de Brie, Fromage de Roquefort marbré, Compote de pruneaux d'Agen, Compote de poires tapées, Petit four mêlé, Meringues-Rouget, Cerises en bouquets fleuris, Pruneaux de Tours, première sorte, Brignoles-fortia, Brignoles en garenne, Raisins-Jubis, Panses de Roquevaire, Figues gendresses, Figues fines d'Olioules, Avelines à la Cadière, Amandes princesses, Fromage vrai Gruyère, Fromages de Neufchâtel, Gâteaux à la Minette, Augustine, Triumvirat de confitures, Fanchonnelles, Cerises alcolisées de Guélaud, Muscats à l'eau-de-vie, Compote d'oranges rouges, Compote aiguisée d'oranges jaunes, Boissons. Coup d'avant Coup du milieu. Coup de trois quarts. Vin de Madère sec. Extrait d'absinthe de Suisse. Rhum de la Jamaïque. A L'ORDINAIRE. Vieux vin du Cher, Vin de Beaune. - Via de Mercurey. Vin de Chablis (de six ans). A L'ENTREMETS. Vin de Bordeaux, Vieux vin de la Côte-d'Or, Vin d'Aï mousseux. AU DESSERT. · Vin de Malaga, - Vin muscat de Lunel, Café. Café Bourbon, - Café Martinique. Café Moka, édulcorés avec du sucre de cannes. UN FROMAGE GLACÉ A LA CRÈME, de la Vache noire. Dix-sept sortes de LIQUEURS FINES, tant exotiques qu'indigènes. PUNCH exotique et indigène. -THÉ aiguisé. (Le tout sans préjudice des légitimations, tant solides que liquides, et autres qui pourraient survenir pendant l'impression du présent MENU.) Contrôlé, vérifié et signé par nous ALEXANDRE- BALTAZARD-LAURENT GRIMOD DE LA REYNIÈRE, Secrétaire perpétuel et Fondateur dudit Jury dégustateur, étant assisté de nos collègues (en fonctions trimestrielles), savoir : Messieurs de Cussy, de FORTIA DE PILES, EMMANUEL DUPATY, OSMONT DU TILLET, DU VAL D’ESPREMESNIL, GRANGIER DE SANCERRE ET DUPUY DES ILETS. Signé : GRIMOD. Et plus bas : EMMANUEL de HALLER, Secrétaire suppléant du Jury Dégustatcur , et collaborateur de l’ALMANACH DES GOURMANDS. $6S RECUEIL DES MENUS. JURY DÉGUSTATEUR. cccc. Lix SÉANCE, DU MARDI, XIV AVRIL M. DCCC. XII. (Extrait des Archives de l'Hôtel de la Reynière.) MENU. Premier Serviee, Un potage au riz d'Amérique, bien corsé. Huit hors-d'auvres d'office. Variantes acétiques de Bordin, Pot-pourri de fruits au vin de Maille, Huîtres marinées de Granville, Thon de la Madrague à l'huile d'Aix, Anchois de Maille, Sardines de Nantes rissolées, Raves et radis d'ayril, Beurre de l'Enfant-Jésus. Une culotte de BOEUF NORMAND, sans entourage. Relevé. Un JAMBON de BAYONNE à la broche, sur une réduction de vin de Malaga. QUATRE ENTRÉES. Côtelettes de mouton à la Soubise, Deux poulardes à la financière, Un vole-au-vent à la Neptune, Une anguille de Melun à la Grimod, Second Service. ROT. Un turbot du nom de Jésus. Une salade aphrodisiaque, | Un saladier d'olives de Villeneuve, L'huilier du Singe-Vert du jury, garni, RELEVÉ DE ROT. Un pâté de Pithiviers. Chauds. Petits pois de la truie qui file, Salsifis frits et glacés. QUATRE ENTREMETS, Froids. Une charlotte à la Russe, Des hervinettes perfectionnées. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 369 Troisième service. DESSERT. Ligne du milieu. Glacière d'Appert. - Oranges indigènes. - Raisin de Fontainebleau. Lignes latérales. Petit four mêlé, Meringues garnies, Fanchonnettes, Augustines, Fromage de Gruyère, Fromage de Brie, Brignoles-fortia, Panses de Roquevaire, Compotes de prunes d'Antes, Compote macédoine, Triumvirat de confitures, Fruits mêlés à l'eau-de-vie, Figues gendresses, Figues fines d'Olioules, Biscuit des ivrognes, Fromages de Marolles, Compote de hespérides, Compote des grâces, Gâteaux à la Minette, Anonymes. . Boissons. Coup d'avant. Coup du milieu. Coup de trois quarts. Vin de Madère sec. - Extrait d'absinthe de Suisse. Rhum de la Jamaïque. A L'ORDINAIRE. Vieux vin du Cher. Vin de Beaune de 6 ans. — Vin de Mercuroy, A L'ENTREMETS. Vin de Bordeaux. - Vins fins de Bourgogne, . - Vin de Chablis, de 6 feuilles, . AU DESSERT. Vin de Champagne, Vin de Malaga. - Vin de pêche d'Alsace. - Café. Café joli Martinique. - Café indigène, seulement pour la montre, édulcorés avec du vrai sucre d'Amérique. FROMAGE GLACÉ du café de Foy. Dix-sept sortes de LIQUEURS FINES, tant exotiques qu'indigènes, non compris le kirchwasser de la forêt noire. Crème d'Hémérocalis. PUNCH EXOTIQUE. THE AIGUISÉ. (Le tout sans préjudice de légitimations qui pourraient survenir dans les 24 heures de la publication du présent.) N. B. - Chaque Convive, tant Membres du Jury, que Sæurs et Candidats, a le droit de réclamer, dans toute son étendue, l'exécution rigoureuse de ce MENU, et peut par conséquent exiger, au fur et à mesure du service, la représentation de tous les Articles dont il se compose. ordre du Grand Conseil d'Administration du JURY DÉGUSTATEUR, et envoyé à domicile, à chacun des Membres convoqués, dans la nuit qui précède la Séance; et ce, sous la responsabilité de la Petite Poste, et particu- lièrement sous celle de M. La Cour, Chef de Distribution et Directeur du Bu- reau E., cinquième Arrondissement. Ne varietur, Signé : GRIMOD. Imprimé par 570 RECUEIL DES MENUS. MENU POUR LE GRAND DÉJEUNER DE MONSIEUR, LE LUNDI, 16 NOVEMBRE. (Pour se moquer du jury dégustateur et de son vocabulaire emphatique, on avait fait placer ce faux menu sous l'assiette de M. Grimod de la Reynière, et l'on a su qu'il avait paru consterné lorsqu'il voulut en donner lecture à ses convives avant de leur faire les honneurs de son déjeûner.) Deux potages. Mitonnage à l'eau de rivière, Consommé à la chandelle. Deux hors-dæuvres. Têtes d'épingles au verjus, Rognures d'ongles au naturel. Quatre entrées. Cervelles de cosaques à la poulette, Des yeux de lapin en demi-deuil, Semelles de bottes en partie de plaisir, Un timballon garni d'entrailles de tigre. Deux relevés. Tête de chameau à la financière, Croupion de servante sur un socle, Quatre entremets. Pommes de pin à la ménagère, Chaussons de laine en beignets, Salade de sensitive à l'huile vierge, Croquettes de fil à coudre, Dessert. Huit assiettes montées pour fruits et sucreries fines, telles que noix de galle, os de sèche de Marennes et raisiné de Bourgogne, colifichet du Jardin des Plantes et noyaux de cerises de Mont- morency. Pour ornement du plateau de Monsieur, deux balais de bouleau dans les deux beaux vases de moiré métallique, et le joli pelit buste de M. d'Aigrefeuille avec sa couronne de gimblettes toutes fraîches. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS, 871 MENU D'UN DINER DE LA FAMILLE BONAPARTE, AUX TUILERIES. (Extrait des Mémoires de M. le Comte de Bausset, Chambellar, Préfet du Palais de l'Empereur Napoléon, etc.) Deux potages. Au macaroni et purée de marrons. Deux relevés, Une pièce de bæuf bouillie, garnie de légumes, Un brochet à la Chambord, Deux rôtis, Un chapon au cresson, Un gigot d'agneau. Deus plats de légumes, Des choux-fleurs au gratin, Du céleri-navet au jus. Quatre entremets au sucre. Crème au café, Gelée d'orange, Génoise décorée, Gauffres à l'allemande, Quatre entrées. Côtelettes de mouton à la Soubise, Perdreaux à la Montglas, Fricassée de poulet à la chevalière, Filets de canard au fumet, M. de Bausset avait précieusement conservé ce beau menu , qu'il a publié curieuse- ment, afin de nous montrer combien la cour impériale était MAGNIFIQUE EN TOUTES CHOSES, et c'est apparemment à cause du BROCHET À LA CHAMBORD et des PERDREAUX A LA MONTGLAS, qu'il aura choisi le présent menu de préférence à tous ceux qu'il avait sous la main. Il est à savoir aussi que la desserte du même dîner devait servir et suffire à celui des mattres-d'hôtel, ainsi qu'à la table des valets de chambre de l'empereur, des femmes de chambre de l'impératrice, ET CETERA , dit toujours M. le chambellan, ce qui prouve assurément que ces familiers du palais ne de- vaient pas nager dans la profusion. En regardant sur le calendrier de l'atmanach impérial, on voit aussi que ce diner gras devait avoir été servi le samedi saint de l'année 1811. M. de Bausset n'a pas daigné prendre garde à cela; mais on se per- mettra de lui faire une observation plus mortifiante pour un officier de bouche impé- riale. Le quartier d'agneau de devant est beaucoup plus estimé que celui de der- rière. Tous les deux ne se servent que rôtis, mais c'est toujours au premier service, au moins dans les maisons où l'on tient à l'élégance, et où les bonnes traditions sont observées. Tout le monde a vu avec surprise, dans la première édition des Mémoires de M. le comte de Bausset, le tableau ďun menu dont il résulte que ce fonctionnaire impé- rial faisait servir, au château des Tuileries, pour le diner de son maître, un gigot d'agneau au second service, et comme plat de rót. Voilà ce qu'un maitre-d'hôtel du troisième ordre n'aurait eu garde de souffrir de l'autre côté de la rivière de Seine, ou dans le faubourg Saint-Honoré, qui n'est pas moins bien habité que le quartier Saint- Germain. Il est à noter que le reste et l'ensemble de ce diner bourgeois , publié par M. de Bausset, est tellement vulgaire et si dépourvu d'aucun usage du beau monde, que la réputation de cette famille impériale et celle de ses principaux officiers en ont beaucoup souffert dans l'estime et la considération publiques. La divul- gation très-indiscrète et tout-à-fait inutile d'un pareil menu avait produit un éton- nement si général et un effet tettement fâcheux, que M. le préfet du palais impérial a cru devoir retrancher ce document dans la dernière édition de ses mémoires ; et c'est en vérité ce qu'il avait à faire de micux pour la bonne renommée de la famille Bona- parte, ainsi que pour l'honneur de ses employés du palais. 572 RECUEIL DES MENUS, DINER MAIGRE CHEZ M. LE PRINCE DE TALLEYRAND, POUR S. M. L'EMPEREUR ALEXANDRE, (Service en ambigu.) Quatre potages. Quatre grosses pièces d'entremets. Le buisson d'écrevisses normandes, Le riz à la Crécy, essence de racines, Le potage aux laitues nouvelles, Le pou pelin glacé au four, Le gâteau au riz soufflé, Le potage de filets de soles, Le potage de quenelles de carpes aux champignons. Un buisson de truffes. Quatre plats de róts. Quatre relevés de potages. La truite au bleu, Les filets de carrelets à la Orly, Les plongeons de Seine, Les rissoles de poisson à l'allemande, Les sarcelles au citron, Les attelets de goujons panés, Les merlans frits panés à l'anglaise. Les croquettes de saumon aux truffes, Seize entremets. Quatre grosses pièces. La gelée de marasquin, Les æufs à la dauphine. La carpe à la polonaise, Le buisson d'écrevisses. Le turbot à la hollandaise, La hure d'esturgeon au vin de Champagne, Les cardes à la poulette, Le brochet à la Régence, au maigre. Les génoises pralinées. Les plongeons bardés d'anguilles. Seize entrées. Les tartelettes de pommes glacées, Les plies à la bourguignonne, Les épinards au jus de racines. Le vole-au-vent de laitances de carpes, Le poupetin glacé au four. Les boudins de poisson au beurre d'écrevisses, Le céleri à la Béchameil, La darne de saumon à la vénitienne. La crème française au cédrat, Les filets de carrelets à la Orly. Le fromage bavarois aux framboises, Les patates d'Espagne à la maître-d'hôtel. La salade de homards à la provençale, Les gâteaux au riz soufflés. Les escalopes de cabillau à la hollandaise, Les petits pâtés de filets de soles à la Béchameil, Les champignons à l'espagnole, Les rougets grillés, sauce à l'italienne, Les gâteaux à la d'Artois. Les papillotes d'aloses à la d'Huxelles, Les sarcelles au citron. Les petites timbales de nouilles aux crevettes, Les choux glacés au caramel, Les filets de soles à la bayonnaise, Les laitues farcies à l'essence d'esturgeon. Les vives grillées, sauce aux tomates. Le buisson de truffes. Les perches à la bayonnaise. Les cufs brouillés au verjus muscat, Le turban de merlans à la Conty, La gelée d'orange moulée. La caisse d'huîtres et laitances à l'italienne, Pour extra, six assiettes volantes de souffles Le pâté chaud d'anguilles à l'ancienne, à la vanille, La bonne morue au gratin. 48 assiettes de dessert , dont 12 compotiers. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 573 PREMIER DINER DU ROI LOUIS XVIII, A COMPIÈGNE. (En maigre.) LA MARINADE DE BONNE MORUE. Quatre potages. Potage de poisson à la provençale, Nouilles à l'essence de racines, Potage à la d'Artois à l'essence de racines, Filets de lottes aux écrevisses. Plies à la poulette, Pâté chaud de lamproies, Pluviers de mer en entrée de broche, Brême à la maître-d'hôtel, Rougets à la hollandaise, Filets de sarcelles à la bigarade, Timbale de macaroni garnie de laitances, Émincé de turbotin gratiné. Quatre relevés de poissons. Croquettes de brochet à la Béchameil, Vole-au-vent garni de brandade de morue aux truffes, LES FILETS DE SOLES A LA DAUPHINE. Filets de soles à la Dauphine, Orly de filets de carrelets. Quatre grosses pièces. Turbot au beurre d'anchois, Grosse anguille à la Régence, Bar à la vénitienne, Saumon , sauce aux huîtres. Perches au vin de Champagne, Darne d'esturgeon au beurre de Montpellier, Turban de filets de merlans à la Conty, Escalopes de morue à la provençale. LE BAR A LA VÉNITIENNE. Papillotes de surmulet à la d'Huxelles, Boudins de poisson à la Richelieu, Vives froides à la provençale, Sauté de lottes aux truffes. Trente-deux entrées. Escalopes de truites aux fines herbes, Sauté de filets de plongeons au suprême, Vole-au-vent de poissons à la Nesle, Petites caisses de foies de lottes. LES CROQUETTES DE BROCHETS. Raic bouclée à la hollandaise, Bayonnaise de filets de soles, Quenelles de poisson à l'italienne, Grondins grillés, sauce au beurre. LA ORLY DE FILETS DE CARRELETS. Caisse d'huîtres aux fines herbes, Escalopes de barbue en croustade, Filets de poules d'eau à la bourguignonne, Éperlans à l'anglaise. Quatre grosses pièces d'entremets. L'hermitage indien, Le pavillon rustique, Le pavillon hollandais, L'hermitage russe. Quatre plats de róts pour les contre-flancs. Aiguillettes de goujons, Poules de mer, Sarcelles au citron, Petites truites au bleu. LA GROSSE ANGUILLE A LA RÉGENCE. Blanquelle de turbot à la Béchameil, Pain de carpes au beurre d'écrevisses, Salade de filets de brochet aux laitues, Filets d'alose à l'oseille. 376 RECUEIL DES MENUS. PREMIER DINER DIPLOMATIQUE DE L'AMBASSADEUR D'ANGLETERRE A PARIS. Menu du service à l'Anglaise pour 20 couverts. Premier Service. Potage. 1. Potage de tête de veau en fausse tartine. Deux bouts de table. 1. D'un dindon bouilli, sauce au céleri, 1. Rosbif aux pommes de terre. 1 Six entrées. 1. D'une tranche de saumon bouillie, sauce aux câpres. Purée de navets, 1. De deux lapereaux, sauce aux ognons. Choux-fleurs sans sauce, 1. De quatre escalopes de veau, 1. De maquereaux bouillis, sauce au fenouil. Épinards bouillis à l'anglaise, 1. De deux poulets, sauce au persil. Purée de pommes de terre, 1. De perdreaux étuvés, Bread-sauce. Second Service. MILIEU. 1. Quartier de chevreuil à la broche, sauce à la gelée de groseilles, 1. D'une poularde rôtie, 1. D'un levraut farci. Deux salades. 1. D'herbes vertes, 1. De citrons entiers. Six entremets. 1. D'une gelée de vin de Madère, 1. D’un plum-pudding, 1. D'une tourte aux confitures, 1. De welches rabbits, 1. D’un pudding de riz, 1. D'une gelée de citrons. Treize assiettes de dessert. 2. Compotes, 4. Assiettes de fruits crus , 2. De biscuits, 2. De mendiants, 2. De fromages, 1. Assiette montée. 578 RECUEIL DES MENUS. RÉVEILLON DE NOEL CHEZ MADAME LA DUCHESSE DE BERRY, (1823). Deux potages. Noix de veau de Pontoise glacée aux truffes, Purée de bécasses à la polonaise. Potage printanier de santé, Deux grosses pièces. Purée à la Crécy. Buisson d'écrevisses du Rhin, Deux relevés. Sultane à la Chantilly. Tête de veau en tortue, Quatre plats de rót. Poularde aux truffes. Pluviers dorés et ortolans, Deux flans. Outarde bardée, Faisan garni de grives, Turbot, sauce aux homards, Deux gélinottes des bois. Deux filets de bouf à la financière. Douze entremets. Douze entrées.. Champignons grillés, Ailes de poulardes glacées aux laitues, Asperges en petits pois, Filets de perdreaux au suprême, Choux-fleurs au beurre de Bretagne, Filets de lapereaux bigarrés, purée de champi- Bayonnaise de scorsonères, OEufs pochés au consommé de volaille, gnons, Timbale de nouilles à la milanaise, Macaroni au blond de veau, Attelets à la Bellevue à la gelée, Gelée d'oranges de Malte, Poulets à la reine à l'estragon, Fromage à l'anglaise, Petits vole-au-vent à la reine, Charlotte de poires à la vanille, Quenelles de volaille au consommé, Pannequets au cédrat, Côtelettes d'agneau à la Toulouse, Gâteau soufflé au gros sucre, Filets de carrelets à la provençale, Gâteaux royaux aux raisins de Corinthe. 36 assielles de dessert, & corbeilles de fruits, 8 de sucreries montées, 8 compoliers garnis et 4 fromages de glaces panachées. ORDONNANCE DES REPAS FRANCAIS. 579 MENUS DES BUFFETS POUR UN BAL DONNÉ PAR MADAME, DUCHESSE DE BERRY. Service de Cuisine. 1 Potage de riz au lait d'amandes, ENTRÉES CHAUDES. Consommé, potage de riz au gras. Jambons de Bayonne glacés, Poulets de Caux à la ravigote, Biscuits de Savoie, Poulardes au riz et au consommé. Turbots à l'huile, ROTS. Hures de sanglier à la gelée, Longes de veau rôties, Brochets à l'huile, Pâtés de foie gras de Strasbourg, Perdreaux et bartavelles, Pâtés de perdreaux aux truffes, Poulets de bruyères, Pâtés de venaison mêlée, Mauviettes de Chartres, Truites de la Moselle à l'huile, Gélinottes des Vosges, Brioches et babas, Bécassines, Salmis de perdreaux chauds et froids, Poulardes au cresson, Poulardes en galantine, Soles de Dieppe. Filets de biche à la rémoulade, ENTREMETS. Fricassées de poulets à la Conty, Salades de filets d'esturgeon, Crème à la vanille, Pain de foies gras aux truffes, Crème au café Moka, Blanquettes de poulardes à la Béchameil, Crème grillée à la fleur d'orange, Tronçons d'anguilles de Seine au miroir, Blanc-manger aux avelives, Côtelettes de chevreuil aux truffes, Gelée d'oranges de Malte, Saumons au beurre de Montpellier, Pâtisseries diverses, Attelets bigarrés à la gelée de poulets, Pommes à la portugaise, Aspics de filets de volailles aux truffes, Truffes au vin de Bordeaux, Gâleaux de lièvre à la gelée, Écrevisses du Rhin, Bondioles de Parme, Haricots verts en salade, Spallas de Saint-Secondo. Asperges à l'huile. VINS DE TABLE DE TOUTES QUALITÉS. Service d'Office. GLACES. LIQUEURS CHAUDES. Café, Bavaroises, A l'ananas, A la crème aux muſs Thé, Bischoff, Au citron de Calabre, candis, Punch, Négus. Aux truffes d'Italie, Sorbet au cédrat, VINS DE LIQUEURS. Au chocolat d'Espagne, Sorbet à l'orange, Au café de Moka, Sorbet à la crème, De Madère, De Tokai, A la vanille, Sorbet au thé, De Xérès, De Chypre, De Malaga, De Schyraz, A la crème royale, Punch de quatre sortes. De Calabre, De Céphalonie, De Paille, De Ténédos. LIQUEURS FRAICHES. De Constance, Limonade, Sirop de groseilles, LIQUEURS. Orangeade, Sirop de vinaigre fram- Crème de menthe de Rossolis de Turin, Eau de mérises, boisé, Milan, Marasquin de Zara, Eau d'ananas, Sirop de raisin muscat, Crème de cédrat des lkermès de Florence, Sirop d'orgeat, Sirop de grenades. Antilles, Eau royale de Naples. 37. 380 RECUEIL DES MENUS. MENU POUR LE SERVICE D'UN THÉ. SOIRÉE D'AUTOMNE AU CHATEAU DE ROSNY ( 1827). UN PLATEAU DE MILIEU. Quatre grosses pièces montées. Trophéc militaire au palmier , Casque français, Casque grec, Lyre enlacée d'une couronne. Quatre grosses pièces de fond. Brioche à la crème, Solilème à la moelle, Biscuit de Savoie à la fécule, Congloff à l'allemande. Huit assiettes de petites salades de volaille à la bayonnaise, servies dans de petits pains en profiterole chapelée. Huit assiettes de petits pains à la française, garnies de jambon râpé et de galanting de gibier. Seize assiettes de gelées et crèmes. 2. De gelée d'orange en petits paniers, 2. De crème plombière servie dans des soucoupes, 2. De gelée de citron en écorce à la Bellevue, 2. De fromage bavarois aux abricots, 2. De gelée de marasquin servie dans des cristaux, 2. De crème française à la vanille, 2. De gelée de café à l'eau servie dans des cristaux, 2. De fromage bavarois au chocolat. Trente-deux assiettes de pâtisserie. De kouques à la flamande, 2. De gaufres au gros sucre, 2. De biscottes à la parisienne, 2. De diadèmes perlés, 2. De choux à la Mecque, 2. De petits nougats à la française, 2. De petits pains à la paysanne, 2. De madelaines au cédrat, 2. De gâteaux glacés aux pistaches, 2. De petits pains de châtaignes, 2. De panachés au gros sucre, 2. De meringues à la crème de vanille, 2. De petits pains glacés à la duchesse, 2. De génoises perlées en croissant, 2. De gâteaux à la royale, 2. De gâteaux d'amandes à la Condé, 200 Glaces variées et rafraîchissements assortis. 582 RECUEIL DES MENUS, DÉJEUNER POUR LE JOUR DE PAQUES CHEZ MADAME, DUCHESSE DE BERRY, (service en ambigu.) VINGT-QUATRE COUVERTS. Quatre grosses pièces. Jambon d'ours du Tyrol au vin d'Espagne et glacé, Pâté de Périgueux aux truffes, Dinde en galantine aux pistaches, Brioche à la crème et au fromage de Brie. Quatre entrées chaudes. Quatre plats de róts. Un agneau rôti en pascaline, Faisans piqués, Dindonneau au cresson, Poule de bruyères. Quatre entremets chauds. Timbale de macaroni au jus, Cardes à l'espagnole, Truffes à l'italienne, Champignons à la provençale. Quatre entremets au sucre. Gelée d'oranges moulée, Flan de pommes glacées, Fromage bavarois aux pistaches, Pudding à la moelle, sauce au vin de Xérès. Sauté de volaille aux truffes, Côtelettes de mouton à la bourgeoise, Filet de bæuf glacé au vin de Madère, Boudins de lapereaux à la Royale. Quatre entrées froides. Fricassée de poulets à la gelée, Noix de veau au beurre de Montpellier, Salade de perdreaux à l'ancienne, Aspic garni de blanc de volaille. Quatre assiettes volantes. Deux de soufflés au rhum, Deux de biscuits à la crème. Sandwichs variés, kouques, moffins et solilèmes à la moelle pour être servis avec le thé, le chocolat et le café à la crème. 584 RECUEIL DES MENUS. Quatrlème menu de printemps en maigre. Un plat de rót. Quatre plongeons de Seine. Un relevé de plat de rót, Un potage. Potage de sagou à la purée de marrons. Un relevé de potage. Filets de limandes à la Orly. Une grosse pièce. Cabillau à la norwégienne. Deux entrées. Darne de saumon grillée au beurre d'anchois, Quenelles de merlans à la crème. Brioche au fromage. Deux entremets. Asperges en petits pois, Gelée de vin de Champagne rosé. QUATRE MENUS D'ÉTÉ POUR SIX GOUVERTS, Premier menu d'été en gras. Un plat de rôt. Un râle de genêt et six cailles bardées. Un potage. Garbure à la béarnaise. Une grosse pièce. Cochon de lait rôti et farci d'olives. Deux entrées. Faisan à la choucroûte, Sole à la Colbert. Deux entremets. Haricots verts à la française, Gelée de fraises moulée. Pour extra, gâteaux d'amandes, Second menu d'été en gras. Un potage. Potage à l'oseille à la hollandaise. Une grosse pièce. Quartier de chevreuil, sauce poivrade. Deux entrées. Petits pâtés de blanc de volaille à la Béchameil, Filets de maquereaux à la maître-d’hôtel. Un plat de rót. Trois canetons de Rouen. Deux entremets.' Petits pois à la parisienne, Tourte à la crème, à la moelle, au rognon de veau, à la cannelle et au sucre candi. Pour extra , petits soufflés au punch, Troisième menu d'été en gras. Un plat de rót. Cinq pigeons de volière. Un potage. Potage aux laitues farcies et au consommé, Une grosse pièce. Noix de veau à la provençale. Deux entrées. Pâté chaud de godiveau à l'espagnole, Poularde à la Maréchale. Deux entrcmcts. Fonds d'artichauts à la lyonnaise, Flan de pêches hâtives et de cerises nouvelles. Pour extra, pannequets au jus de bigarade. ORDONNANCE DES REPAS FRANCAIS. 383 Quatrième menu d'été en maigre. Un potage. Deux entrées. Escalopes de saumon aux champignons, Lasaignes à la purée de pois verts. Filets de brochet en papillotes. Un relevé de potage. Un pat de tốt. Bonne morue frite à la Royale. Éperlans frits à l'allemande. Deux entremets. Une grosse pièce. Laitues à l'espagnole maigre, Anguille de Seine à la tartare. Gelée de citrons moulée. Pour extra , nougat de pommes d'Apy. QUATRE MENUS D'AUTOMNE POUR SIX COUVERTS. Premier menu d'automne en gras. Un potage. Un plat de rôt. Cinq perdreaux piqués, Deux entremets. Potage à la jambe de bois. Une grosse pièce. Noix de beuf à la duchesse de Mailly. Deux entrées, Chapon au riz, Darne de saumon au beurre de Provence. Choux-fleurs au coulis d'écrevisses, Gelée de vin muscat renversée. Pour extra , beignets de brugnons. second menu d'automne en gras. Un potage. Un plat de rôt. Lottes frites et garnies de leurs foies. Semoule à la Régence au blond de veau. Une grosse pièce. Marcassin farci à la d'Escars. Deux entrées. Quenelles de lapins au suprême, Poulets dépecés à la vénitienne. Deux entremets. Haricots blancs nouveaux à la maître-d’hôtel, Gelée de groseilles blanches moulée. Pour extra , biscuits de fécule aux amandes nouvelles. Troisième menu d'automne en gras. Un potage. Un plat de rót. Truite de la Moselle au bleu. Croûte gratinée aux morilles. Une grosse pièce. Selle d'agneau de ferme à la maître-d'hôtel. Deux entrées. Poitrine de veau à la lyonnaise, Perdreaux à la Sierra-Moréna. Deux entremets, Épinards à l'anglaise, Gelée de pêches moulée et fouettée. Pour cxtra , pelites fondues au fromage de Parme, en caisses rondes. 586 RECUEIL DES MENUS, Quatrième menu d'automne en maigre. Aile de raie bouclée au beurre noir et à l'orange amère. Un plat de rót. Sarcelles piquées d'anguille. Un potage. Croûte gratinée à la Condé. Un relevé de potage, Rissoles de laitances à l'allemande. Une grosse pièce. Bar grillé, sauce aux huîtres. Deux entrées. Escalopes d'esturgeon aux truffes et aux queues de crevettes, Deux entremets. Pommes de terre frites à l'huile verle, Gelée de liqueur moulée. Pour extra , gâteaux aux pistaches. QUATRE MENUS D'HIVER POUR SIX COUVERTS, Premier menu d'hiver en gras. . Un ptat de tốt. Deux lapereaux piqués en accolade. Un potage. Vermicelle au coulis de volaille. Une grosse pièce. Un oison rôti à la purée de pommes de reinette. Deux entrées. Gratin de bonne morue à la Béchameil, Poulet à la Montmorency. Deux entremets. Tomates à la provencale, Fromage bavarois aux macarons amers. Pour extra , gâteaux à la Royale. Second menu d'hiver en gras. Un potage. Un plat de rot. Mitonnage au blond de veau et au coulis d'écre- Une terrine de Nérac. visses. Une grosse pièce. Deux entremets. Une dinde aux truffes. Aubergines farcies à la moelle, Deux entrées. Crème à l'anisette de Bordeaux. Pâté chaud de lapereaux aux fines herbes, Poule faisane aux olives tournées. Pour extra , darioles à l'orange. Troisième menu d'hiver en gras. Un potage. Un phat de tốt. Une gélinotte piquée, garnie d'ortolans et de bec- figues. Deux entremets, Soupe aux graines de melon et aux amourettes d'agneau. Une grosse pièce. Hure de saumon à la génoise. Deux entrées. Ris de veau glacés aux pointes d'asperges, Salmis de perdrcaux au vin de Juranson, OEufs de pintades à l'aurore, Gâteau de Pithiviers glacé. Pour extra , profiteroles au chocolat. 388 RECUEIL DES MENUS. MENU D'UN AMBIGU TRÈS-DISTINGUÉ qui fut servi chez Madame la Marquise de T...... POUR LE GRAND - Duc ConstANTIN DE Russie PENDANT SON DERNIER VOYAGE A PARIS. (18 couverts.) Un plateau dormant. Deux potages. Bisque-rossolis aux Poupards, A la Reine aux avelines, Turbot à la purée d'huîtres vertes, Dinde aux truffes de Barbezieux, Quatre grosses pièces. Brochet à la Chambord, Reins de sanglier à la Saint-Hubert. Quatre entrées. Pâté chaud de pluviers dorés, Quatre ailes de poulardes glacées aux concombres, Six ailes de canetons au jus de bigarade, Matelote de lottes à la bourguignonne. Quatre plats de rót. Deux poules faisanes, l'une piquée et l'autre bar- Buisson composé d'un Engoulvent, deux Râles, dée, quatre Ramereaux, deux Tourtereaux et sir Cailles rôties, Rocher formé d'un crapelu , de six petits homards Terrine de foies de canards de Toulouse. et de quarante crevettes au vin de Sillery, Huit entremets. Grosses pointes d'asperges à la Pompadour au Fonds d'artichauts rouges à la lyonnaise et au beurre de Rennes, coulis de jambon, Croûte aux champignons émincés et aux lames de Macédoine de patates d'Espagne, de petits pois de truffes noires à la Béchameil, serre chaudc et de truffes blanches de Piémont à la crème et au blond de veau réduit, Charlotte de poires à la vanille, Mousse fouettée au jus d'ananas, Profiteroles au chocolat (de Marquis), Fanchonnettes à la gelée de pommes de Rouen, Dessert. Quatre corbeilles de fruits à la main, huit corbillons de fines sucreries coloriées, six sorbetières garnies de douze sortes de glace, huit compotiers, huit assiettes de confitures et quatre espèces de fromages servis en extra. ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 389 MENU D'UN EXCELLENT DINER DE GARÇONS COPIÉ DANS LE Vert - Vert ET LA Chronique de Paris. (31 JUILLET 1833.) ........ « Ce spirituel et charmant festin littéraire, ce repas friand, ce petit diner » modèle a été donné dans le grand cabinet sur le jardin du Palais-Royal, aux Frères- » Provençaux : c'est par l'obligeance de M. R. de B. que nous en avons obtenu la » carte, etc. » Convives. MM. MM. LE COMTE DE COURCHAMPS, Amphytrion rétrospectif et progressif. ROGER DE BEAUVOIR , Autheur de l'Escollier de Clugny, c'est tout dirc! LE MARQUIS ALFRED DE MONTEBELLO, Qui passe, avec raison, pour un des gourmets les plus intelligents et les plus spirituels de Paris. ALPHONSE ROYER, Auteur de Manoël , et dégustateur attentif. LE PRINCE H. DE GALITZIN, Poète lauréat d'Archangel et gastronome académique. LOUIS DE MAYNARD DE QUOEILLE, Autre gentilhomme de lettres et gourmet postulant. Comestibles. Un potage. Une copieuse et forte bouille-à-baisse Au turbol, au surmulet , aux rougets de rochc, aux éperlans de Quillebæuſ, aux huitres d'Ostende et aux moules de Dieppe. Quatre hors-d'auvres. Beurre de Vanyres au vert-pré de cerſeuil. Filets de soles marinés aux câpres d'Antibes. Cantaloup de Bagneux. Figues d'Argenteuil. Un relevé. Hochepot de queues de bæuf aux sept racines à la bonne femme. Deux entrées. Concombres farcis au blanc de volaille ct à la moelle. Cailles à la Pompadour au laurier. 590 RECUEIL DES MENUS. Un rôti. Trois canetons de Rouen farcis à l'anglaise. (Bread-sauce au catchup et à la sauge verte.) Un relevé de rót. Paté froid d'un filet de biche, de M. Corcelet. Une salade De chicorée blanche et de concombres verts émincés, 1 avec chapon de Gascogne à la pointe d'ail et queues d'écrevisses au jus de bigarade et au soya de la Chine. Quatre entremets. Tomates gratinées à l'huile verte et aux anchois, Flan à la crème de Viry et à la purée d'amandes fraîches, Beignets de mirabelles glacés au candi, Gelée de vinaigre framboisé dans un bol. Dessert. Macédoine aux quatre fruits rouges à la glace et au jus d'orange, Fromage du Mont-d'Or et d'Entremonts-les-Gruyères, Biscuits de fécule d'iris, Nougat marbré de la Ciottat aux pignons et aux pistaches. Vins et liqueurs. Vin de Lunel-Paille avec le potage au poisson (suivant l'excellente coutume hollandaise). de Mercurey (de la comète) au relevé comme avec les hors-d'œuvres. d'Aï (de Moite) non mousseux et bien frappé, vers la fin des entrées. - de la Romanée-Conty, avec le rôti. de Château-Lafitte (1825) à l'entremets. Vieux porter de Londres, avec la salade ainsi qu'avec les fromages. Vin de Pacaret sec et Malvoisie de la Commanderie de Chypre pour le dessert. Glaces à la crème au pain bis et au bourre frais panachées. Après le café : - Liqueur d'absinthe au candi et mirobotan de madame Amphoux (que Dieu bénisse )! ORDONNANCE DES REPAS FRANÇAIS. 391 MENU D’UN BEL ET BON DÉJEUNER PARISIEN Pour une Table de huit à dir couverts. (AUTOGRAPIE DU COMTE de cussy.) Vin de Frontignan pour les habiles, - Vicur vin de Pouilly pour les routiniers, Vingt douzaines d'huîtres d'Ostende ou d'huîtres vertes de Marennes. Quatre piles de tartines au beurre frais assaisonné de mignonnette et jus de limon. Vins de Sauterne et de Madère sec. Potage au gruau de Bretagne au lait d'amandes. Croûtes gratinées au consommé. Vins de Morrachet et de l'Ilermitage blanc. nul Rognons de mouton émincés au vin de Champagne mousseux. Boudins de chevreuil grillés sur une sauce Robert à la moutarde. fayonnaise de homard garnie de queues de crevettes , aufs de gibier et cæurs de laitue. Aspic de blancs de volaille aux truffes, aux pistaches et à la gelée de couleur. Vins de Saint-Peray, de Sillery et de Nuits blanc et mousseux. Jambon de sanglier (sauce froide à l'allemande). Gros pâté de bécasses et bécassines de Montreuil-sur-Mer. Truffes de Périgord au vin de Bordeaux (dressez-les en forme de rocher sur une corbeille). Vin du Rhin, vin de Rattertoll, vin de Setuval, ei puis malvoisie de l'Archipel. Tourte de marrons glacés à la croûte d'amandes. Solilème au beurre d'Isigny (pour le chocolat). Kouques-biscottes à la Namande (pour le café à la crème). Brioche à l'ancienne, c'est-à-dire au fromage de Brie (pour le thé). Gaufres de macarons d'amandes amères roulées en cornets *. * C'est pour en user avec les glaces panachées, ainsi qu'en prenant du bischoff ou du négus à la fin du repas. On fera bien de terminer le présent déjeûner par un bon verre de vieux kirch ou de cinnamomum de Trieste. PHARMACIE DOMESTIQUE, OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES ET LES PLUS FACILES A BIEN COMPOSER, Suivi DE QUELQUES PRESCRIPTIONS RELATIVES A L'ALIMENTATION DES CONVALESCENTS, ainsi qu'à certaines préparations QUI CONCERNENT LA TOILETTE DE SANTÉ. PHARMACIE DOMESTIQUE, OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES ET LES PLUS FACILES A BIEN COMPOSER, Suivi DE QUELQUES PRESCRIPTIONS RELATIVES A L'ALIMENTATION DES CONVALESCENTS, ainsi qu'à certaines préparations QUI CONCERNENT LA TOILETTE DE SANTÉ. Nous allons commencer par déterminer exactement les différentes mesures de poids et de capacité qui sont usitées dans la pharmacie, et qui doivent être observées dans les manipulations domestiques avec une régularité scrupuleuse. MESURES DE POIDS. La livre équivaut à. L'once, à. Le gros, à. Le scrupule, à. 16 onces. 8 gros ou drachmes. 3 scrupules. 24 grains. MESURES DE CAPACITÉ, La pinte pèse environ. La chopine.. Le demi-setier, 2 livres. 1 livre. 8 onces. POUR LES SUBSTANCES SOLIDES. Poignée (manipulus). Pincée (pugilus). . Ce que la main peut contenir. La quantité que l'on peut saisir entre le pouce et le doigt indicateur. POUR LES LIQUIDES. . . Un verre équivaut à. Une cuillerée à bouche, à. Une cuillerée à café, à. Une goutte, à. environ 4 onces. une demi-once. un gros. un grain. . 38. 896 PHARMACIE DOMESTIQUE, Des Apozèmes. On appelle ainsi les tisanes concentrées, c'est-à-dire, abondamment saturées ou chargées d'une ou de plusieurs substances médicinales et pharmaceutiques; opération qui doit s'exécuter par la dé- coction ou moyennant l'infusion, la macération, ou la trituration, suivant les cas. Nous avons déjà fait observer qu'il est du devoir d'un chef de cuisine, et surtout d'un aide-officier, de savoir confectionner secundum artem, non-seulement toutes les tisanes simples et les juleps sucrés, mais encore les apozèmes, les potions, les émulsions et les bains médicaux, ainsi que les remèdes d'une autre nature. L'apozème dépuratif et tonique est souvent basé sur une décoction de salse- pareille, de bardane et d'une autre plante analogue. Le styptique, le diurétique, le purgatif et le febrifuge ne sauraient être exécutés que d'après les ordonnances et les prescriptions doctorales, et l'on doit toujours en agir ainsi pour les médicaments internes et composés. Cependant on peut, sans inconvénient, fabriquer et administrer certains remèdes connus, tels que des lotions, des gar- garismes et des injections, par exemple; mais encore est-il indispensable d'en bien connaître les véritables éléments, de savoir par quelles autres substances ces éléments peuvent être remplacés à défaut des premiers, enfin d'en évaluer exactement les doses, et de pouvoir appliquer avec précision les procédés nécessaires à leur préparation méthodique. 1 APOZÈME ALLEMAND, OU DÉCOCTION BLANCHE ( excellente prescription contre la diarrhée ). Pilez dans un mortier de marbre 2 onces de mie de pain et 2 gros de corne de cerf calcinée- porphyrisée; faites bouillir ensuite avec 1 once de sucre blanc dans 1 bouteille d'eau filtrée, pendant vingt-cinq minutes ; joignez-y alors 1 once d'eau de fleur d'orange, et puis passez le tout à travers une étamine très-claire avec expression. Cette boisson doit être prise d'heure en heure et par demi-verres. Il faut avoir soin de la remuer, car il est essentiel de la boire trouble. APOZÈME AMER ET STOMACHIQUE. - Faites bouillir dans une pinte d'eau 1 once de racine de gentiane coupée par tranches; ensuite ajoutez-y 2 onces de sommités de petit chêne, de petite centaurée, de fumeterre, de feuilles de trèfle- d'eau et de fruits de houblon, par parties égales; laissez infuser pendant deux heures, et passez sans expression. On prendra cet apozème tonique d'heure en heure et par demi-verres. APOZEME PURGATIF, appelé Tisane Royale. - Prenez : feuilles de séné-mondé, 2 onces; sel de glauber, 1 once; semence d'anis et de coriandre, de chacune 1 gros; feuilles de cerfeuil et de pimprenelle, 2 onces; ajoutez à ceci un citron coupé par tranches, et faites macérer le tout dans 2 livres d'eau froide pendant 24 heures en ayant soin de l'agiter souvent. Passez avec une légère expression, et filtrez cet apozème qui n'a rien de désagréable au goût, et qui réussit très-bien en purgation. APOZÈME DIURÉTIQUE OU APÉRITIF. Prenez : racines de raifort sauvage, 4 gros; baies de genièvre concassées, 2 gros; et faites-les infuser à vaisseau fermé, dans 12 onces d'eau bouillante; passez à la chausse de laine, ou dans une serviette mise en double ; laissez refroidir, et ajoutez-y une pinte de vin blanc où vous aurez délayé 2 onces d'oximel scillitique. On use de cet apozème (en cas d'embarras dans les voies urinaires) en en buvant dans la matinée trois verres, à jeun. 398 PHARMACIE DOMESTIQUE, TISANE DE MOUSSE D'ISLANDE OU DE LICHEN. - Faites macérer 1 once de lichen d'Islande mondé dans 1 livre d'eau, et pendant 12 heures; ensuite jetez cette première eau, et faites bouillir ladite mousse dans 3 livres d'eau, jusqu'à réduction d'un tiers; passez-la ensuite dans 1 serviette double, et ajoutez-y 1 once de sirop de guimauve. Cette tisane, très-adoucissante, est fréquemment usitée dans les maladies de poitrine, ou les affections du larynx. On fera bien de la couper, si l'estomac le permet, avec un tiers de lait de vache. TISANE RAFRAICHISSANTE (ancienne formule de Fagon). - Faites bouillir dans 1 pinte d'eau (de pluie, si vous pouvez, ou tout au moins de rivière) 1 forte poignée d'orge mondé, 1 paquet de chiendent, 4 figues grasses de Provence, et 2 pommes de franche reinette, dont vous aurez soin de retrancher les peaux et les caurs; ajoutez-y 6 amandes douces pelées et concassées. Après 20 minutes de cuisson continue, mettez-y 2 onces de racine de réglisse bien ratissée et coupée en petits morceaux. Ne laissez plus bouillir votre tisane, et mettez-y, pour lors, 3 onces de miel de Narbonne épuré; passez au blanchet, autrement appelé chausse de laine, TISANE SUDORIFIQUE. - Prenez : bois de gaillac râpé, 3 onces; racine de salsepareille hachée, 3 onces; squine coupée par tranches, également 3 onces; faites macérer pendant 12 heures, et puis faites bouillir dans un vaisseau bien clos, et dans 6 pintes d'eau jusqu'à réduction d'un tiers; retirez du feu pour yjoindre 3 gros de bois de sassafras râpé; laissez infuser pendant 1 heure, el servez-vous de cette composition contre le rhumatisme, les inflammations chroniques de la peau et autres maladies analogues, TISANE ANTI-CATARRHALE (ancienne recette de la présidente Fouquet). - Prenez: feuilles d'hysope, 2 onces; racine d'autrée, 1 once; feuilles de lierre-terrestre, 2 onces; sirop de miel, 2 onces. Faites bouillir le tout dans 2 pintes d'eau; passez dans un linge de lessive, et servez-vous-en dans les catarrhes ou rhumes opiniâtres, ainsi que dans les révolutions d'asthme. TISANE ANTI-BILIEDSE. Faites bouillir dans une pinte d'eau une demi-poignée d'orge en paille bien lavé et bien mondé de ses harbes; joignez-y, quelque temps après, 2 pommes de reinette pelées et coupées en quartiers; passez à la chausse, et mêlez à la tisane 4 onces de sirop de vinaigre, ainsi que le jus de 2 limons ou citrons. TISANE DE TUSSILAGE (ou pas-d'ane). Il faut, dans une pinte d'eau, faire bouillir pendant quelques minutes une demi-once de racine de tussilage; ajoutez-y, en la retirant du feu, 2 pincées des fleurs de cette plante. On devra s'en servir pour l'usage habituel, plus ou moins loog-temps continué, suivant les circon- stances qui en ont déterminé la prescription, et même pendant le repas avec le vin au lieu d'eau ordinaire, PETIT-LAIT. On met dans un vaisseau de terre vernissé 2 livres de lait de vache sur des cendres chaudes, en y ajoutant 15 à 18 grains de présure que l'on a délayée auparavant dans 3 ou 4 cuillerées d'eau; à mesure qu'elle se chauffe et se caille, la sérosité qui est le petit-lait se sépare des autres substances qui forment la partie blanche; lorsque le lait est bien chaud, et que la partie caséeuse est séparée, on passe à travers un linge ou un tamis et on laisse égoutter le caillé. OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 399 Pour clarifier le petit-lait, on met 1 blanc d'æuf dans une bassine, on le fouette en y ajoutant 1 verre de petit-lait et 12 à 15 grains de crème de tartre; on met ensuite le petit-lait, et on fait jeter au tout quelques bouillons ; lorsque le petit-lait est parfaitement clair, on le filtre en le faisant passer à travers un papier gris; il passe limpide et doit avoir une couleur verdâtre. On le prépare aussi avec des substances qui lui donnent des propriétés particulières ; ainsi l'on fait du petit lait-acéteux en fai- sant bouillir sur un feu doux 2 livres de lait de vache mêlé avec partie égale d'eau, en y ajoutant 1 once et demie de bon vinaigre, et si au lieu de vinaigre on met dans le lait bouillant 8 onces de vin blanc acidule, on forme le petit-lait vincux. SUC DE PLANTES (appelé vulgairement jus d'herbes). On peut faire entrer dans sa composition un plus ou moins grand nombre de plantes; mais le plus ordinairement, le suc de plantes ou jus d'herbes se fait avec la fumeterre ou la chicorée, le cresson de fontaine, la laitue, le cerſeuil, l'oseille et la poirée, dont on prend parties égales pour les piler, les broyer, les réduire en une pâte homogène, et en extraire le suc, dont on donne 4 et même 5 onces tous les matins à jeun, après les avoir mêlées dans une tasse de bouillon de veau ou de poulet, quelquefois même avec addition d'une cuillerée à bouche de sirop de limon. L'effet de ce médicament est souverainement détersif et dépuratif. EAU D'ORGE MELLÉE. Quand l’eau d'orge est ordonnéc comme tempérante et adoucissante, il faut employer de l'orge perlé; ou, si l'on fait usage d'orge entier, il faut jeter la première eau, parce que l'écorce de l'orge contient un principe astringent. Quand on doit employer l'eau d'orge comme gargarisme, avec des feuilles de ronce et du miel, on se sert d'orge entier, et l'on ne jette pas la première eau : on fait d'abord bouillir l'orge jusqu'à ce qu'il soit crevé, alors on verse le tout sur les feuilles de ronce, et l'on y ajoute une cuillerée de miel et autant de vinaigre. LLONADE ET ORANGEADE (simples et cuites). - On prépare l'orangeade ainsi que la limonade, de deux manières, c'est-à-dire, crues et cuites. Pour bien faire la limonade crue, on prend un citron que l'on frotte avec un morceau de sucre, en en râpant l'écorce, afin de lui enlever la plus grande quantité possible de son huile essentielle et aro- matique, qui n'existe que dans le zeste du fruit et la partie qui le colore en jaune; on enlève ensuite avec un couteau propre (une lame d'argent est très-convenable) la pellicule jusqu'à la pulpe; on le coupe ensuite par tranches minces. Lorsqu'on a beaucoup de citrons, on les écrase en exprimant dans le vase qui contient la quantité d'eau nécessaire pour être acidulée; au morceau de sucre imprégné de l'huile essentielle, on en ajoute d'autres en suffisante quantité pour l'édulcorer suffisamment. On la conserve pour l'usage dans des vases de verre, de faïence ou de porcelaine. La limonade cuite ne diffère de celle-ci que parce que l'on fait bouillir l'eau d'avance pour y ajouter, en retirant le vase du feu, la même quantité de sucre et de jus de citron, destinée à la rendre acidule et à l'édulcorer. LIMONADE GAZEUSE. - Il ne s'agit que de vous approvisionner de soda-water, ou eau minérale de soude, que vous mélangerez avec du sirop de limon, dans la proportion d'une once de sirop pour 8 onces d'eau. + EAU RAFRAICHISSANTE DE FRUITS, Tels que, Mures, Fraises, Groseilles, Cerises, Ananas, Grenades. - Vous mettrez 1 livre de fruit et 5 onces de sucre pour 1 pinte d'eau ; c'est la seule prescription qu'il importe de suivre, et toutefois il est bon de se régler sur le plus ou moins de maturité des fruits, + OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 604 démêlez bien le tout avec la décoction d'orge que vous passerez par le blanchet, et où vous mettrez 4 gros d'eau distillée de fleur d'orange. MANIÈRE DE CLARIFIER LE MIEL POUR OPÉRER LES SIROPS DE SANTÉ. . · Mettez-le dans une poêle sur un fourneau : quand il bout, il faut bien écumer ; c'est un des principaux points pour sa beauté. Vous connaîtrez sa cuisson en mettant dessus un auf de poule : s'il enfonce, la cuisson est imparfaite; s'il flotte, c'est signe qu'il est cuit, et vous pouvez vous en servir pour confire toutes sortes de fruits de la même façon que vous faites pour le sucre. Faites attention que le miel est sujet à brûler, qu'il faut le faire cuire à petit feu, et avoir soin de le remuer souvent. SIROP D'ORGEAT (suivant l'ancienne formule du Codex Parisien). - Prenez : amandes douces récentes et mondées, 3 onces; amandes amères, 1 once; décoction d'orge mondée et passée, 16 onces; sucre blanc, 26 onces; eau de fleurs d'oranger, 6 gros; eau spiritueuse de citron, 2 gros. La manipulation pour la préparation n'est pas la même; le plus ordinairement on se contente de faire une émulsion avec les amandes et de l'eau simple, puis on la met dans une bassine avec du sucre, et on lui fait prendre un bouillon; mais, pour le bien faire, on doit y procéder de la manière suivante : Après avoir préparé la décoction d'orge et mondé les amandes en les laissant tremper pendant 6 ou 7 heures dans l'eau fraîche et non pas chaude ou bouillante, comme on le fait ordinairement, on pile les amandes douces dans un mortier de marbre avec une partie de sucre, ce qui est avantageux pour empêcher ou au moins retarder la séparation de la partie émulsive du sirop, et lorsque les amandes sont réduites en une pâte molle, fluide et homogène, on y ajoute peu à peu la décoction d'orge, puis on passe avec expression à travers un blanchet; alors on ajoute à la colature le restant du sucre, que l'on fait fondre à la chaleur du bain-marie; enfin on aromatise avec l'eau de fleurs d'oranger ou l'eau spiritueuse de citron. SIROP DE GOMME. Prenez : gomme arabique bien blanche, 4 onces; sucre, 16 onces ; eau, 1 pinte. Faites dissoudre la gomme en la tenant pendant 24 heures dans l'eau. Lorsque la gomme est dis- soute, versez la solution dans la bassine; ajoutez le sucre et un blanc d’auf battu avec un verre d'eau; chauffez doucement jusqu'à ce que le sucre soit entièrement fondu; poussez ensuite à l'ébullition ; enlevez les écumes à mesure qu'elles se forment, et lorsqu'il n'y a plus à la surface que des bulles produites par le bouillonnement, versez le sirop dans une terrine à travers une étamine. On aromatise avec 1 once d'eau double de fleur d'orange qu'on ajoute et qu'on mélange bien avec le sirop lorsqu'il est un peu refroidi. SIROP DE RAISIN GOMMEUX. Faites dissoudre sur le feu 2 onces de gomme arabique et 1 livre de sucre dans 1 pinte de moût de raisin récemment exprimé. Lorsque la dissolution est complète, laissez refroidir le sirop jusqu'à ce qu'on puisse y tenir le doigt sans se brûler. Ajoutez au sirop 1 blanc d’æuf battu dans 1 verre d'eau; poussez à l'ébullition pour enlever les écunes ; faites cuire à consistance convenable, et versez sur une étamine. Ce sirop est très-bon pour la poitrine. Il faut nécessairement faire dissoudre la gomme et le sucre sur le feu, car si on voulait opérer cetto dissolution à froid, le sirop fermenterait. On peut remplacer le moût de raisin par une quantité égale de décoction de raisins de Corinthe et de Malaga. 606 PHARMACIE DOMESTIQUE, POTION EMMÉNAGOGUE. 1 Mélangez exactement 20 gouttes de teinture d'iode et 2 onces de sirop de Tolu avec 4 onces d'eau distillée de laitue, 1 once d'eau distillée de menthe et 3 gros d'eau distillée de valériane. C'est toutes les demi-heures et par cuillerées qu'il faut donner cette potion à la jeune femme indis- posée. POTION CONTRE LA COQUELUCHE (recette allemande). Prenez et mêlez ensemble: 4 onces d'eau distillée de laitue, 4 gros d'eau distillée de laurier-ce- rise, 6 gouttes de teinture de belladone, 24 grains d'assa-fætida, 2 onces de sirop diacode et 1 once de sirop de fleur d'oranger. Administrez cette excellente mixtion par cuillerées, lorsque la fièvre est passée et lorsque les quintes de toux commencent à fatiguer l'enfant, 1 JULEP ANODIN. Prenez : 3 onces d'eau distillée de laitue, 2 gros de sirop diacode et 2 onces d'eau de fleur d’o- ranger, que vous aurez mêlés ensemble et que vous ferez prendre le soir afin de provoquer un sommeil paisible et léger JULEP A LA SAINTE-CLAIRE. - Délayez 24 grains de gomme arabique et 1 once de sirop de guimauve dans 4 onces d'infusion des qualre fleurs pectorales; à raison de la gomme, il faut administrer ce julep en deux ou trois fois, et non pas dans une seule prise, ainsi que le précédent. JULEP TEMPÉRANT DE SYDENHAM, - Mêlez : 2 onces d'eau de laitue, 2 onces d'eau de pourpier, 1 once de sirop de limon, 1 once de sirop de violettes, 12 grains de nitrate de potasse et 1 once d'eau de fleur d'oranger. On fera prendre ce julep en deux ou trois doses, pendant la nuit. LOOCH BLANC. Prenez : 12 amandes douces et 2 amères que vous dépouillerez de leur peau; prenez ensuite 3 onces de sucre blanc; écrasez les amandes avec le sucre dans un mortier de marbre. Ajoutez-y petit à petit et de manière à former une sorte de lait ou d'émulsion, ajoutez-y, disons-nous, 4 onces d'eau filtrée, passez le tout et tenez-le en réserve jusqu'à la fin de la préparation. Prenez alors 16 grains de gomme adragant pulvérisée, 1 once d'huile d'amandes douces, 2 gros de sucre blanc et 2 gros d'eau de fleurs d'oranger. Remettez le tout dans le mortier de marbre afin de l'amalgamer suffisam- ment et parfaitement. LOOCH VERT. - Prenez : 1 once de sirop de violettes, 20 grains de teinture de safran, 6 gros de noyaux de pistache, 16 grains de gomme adragant en poudre, 1 once d'huile d'amandes douces, 1 gros d'eau de fleur d'orange; pilez et trilurez lesdites substances en les délayant avec 4 onces d'eau filtrée. LOOCH PECTORAL (appelé vulgairement Crème de Tronchin). Prenez : beurre de cacao, 2 onces; sucre blauc, 4 gros; sirop de baume de Tolu, 1 once; et sirop de capillaire, 1 once. On prend cette mixtion par cuillerées à café dans les toux sèches et opiniâtres. LOOCH PECTORAL (ou Marmelade de Zanetti). Prenez : 2 onces de manne en larmes, 2 onces de sirop de guimauve, 1 once de casse cuite, 1 once d'huile d'amandes douces, 6 gros de beurre de cacao, 2 onces d'eau de fleur d'orange et OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 603 4 grains de kermès minéral. Triturez et mélangez cette préparation qui doit s'administrer à la dose de quelques cuillerées à café, dans les catarrhes pulmonaires et autres affections analogues. LOOCH EXPECTORANT (des Sours de l'Hôtel-Dieu). Mélangez 2 onces d'huile d'amandes douces avec 3 onces d'infusion de polygala el 1 once d'oxi- mel scillitique. Administrez cette mixtion par cuillerées. LOOCH FONDANT. - Mélangez I once d'huile d'amandes douces avec 2 onces de sirop de limon et 1 gros de savon médicinal. On prend ce remède par cuillerées dans tous les cas d'engorgement dans les viscères abdo- minaux. MIXTURE ANALEPTIQUE DE LEWIS. Prenez et mélangez 6 onces de double crème de lait avec 2 jaunes d'œufs frais, 1 gros d'eau dis- tillée de cannelle et 1 once de sucre candi bien pulvérisé. Cette préparation d'un goût fort agréable convient surtout pour réparer les forces des enfants éner- vés, ainsi que des adultes qui seraient tombés dans l'épuisement. ANCIENNE MIXTURE CORDIALE (recette de la présidente Fouquet). - Faites fondre 2 gros de sucre candi bien pulvérisé dans un demi-verre de vieux vin d'Alicante; délayez-y le jaune d'un auf tout fraîchement pondu, et faites prendre ce cordial à petites cuillerées, pour donner moyen de se pouvoir confesser ou faire un testament, quand la force du malade a défailli, dit la bonne Madame Fouquet. Eaux distillées. Ces préparations sont fort usitées, et principalement dans la composition des juleps, des potions et des mixtures; leur dose est toujours de 2 à 4 onces. Voici quelles sont les caux distillées dont on fait le plus fréquent usage, et nous avons suffisamment indiqué ci-dessus tous les procédés nécessaires à leur fabrication. (V. Pages 16 et suivantes.) Eau distillée de Laitue, de Bourrache, de Buglosse, de Pourpier, de Pariétaire, de Plantain, de Bluet, d'Euphraise, de Chardon-bénit, de Raifort, d'Aunée, de Valériane, de Laurier-cerise, d'Amandes amères, Eau distillée de Fleurs d'oranger, de Tilleul, de Mélisse, d'Hysope, de Lavande, de Sauge, de Menthe, de Menthe poivrée, d'Écorces d'oranges, de Tanaisie, de Fenouil, de Cannelle, d'Anis. GÖ6 PHARMACIE DOMESTIQUE, Eaux aromatiques. On appelle ainsi les eaux distillées sur des substances dont les mêmes eaux retiennent l'odeur en se chargeant plus ou moins de l'huile essentielle qu'elles contiennent. Parmi les eaux simples qu'on peut faire en grand nombre, nous n'indiquerons que les plus usuelles. Toutes se font par le même procédé. EAU DE FLEUR D'ORANGE. - Prenez 2 livres de fleurs d'oranger au moment où on vient de les cueillir; séparez-en les pétales et rejetez-en les calices ainsi que les étamines. Ces parties ne contiennent presque aucun principe odorant, et quand on les distille avec les pétales, l'eau aromatique qu'on obtient est moins suave et est plus prompte à s'altérer. Mettez les pétales provenant des 2 livres de fleurs dans l'alambic avec 4 litres d'eau distillée pour en retirer 2 litres. Changez alors de récipient et recevez encore un demi - litre qui ne sera bon qu'à mettre dans une autre distillation en remplacement d'autant d'eau. L'eau de fleurs d'oranger obtenue d'après les proportions ci-dessus est très-chargée de principe aromatique. Elle l'est assez pour qu'en l'additionnant d'autant d'eau, elle soit encore plus forte que l'eau dite double qu'on trouve dans le commerce : dans cet état de concentration, elle flatte moins l'odorat que celle qui est plus faible; mais lorsqu'on l'étend d'un volume égal d'eau, elle acquiert beaucoup de suavité, tout en conservant beaucoup de force. On ne saurait distiller la fleur d'oranger trop fraîchement cueillie, et on doit la cueillir avant que le soleil ne l'ait frappée : elle doit être d'un blanc pur; lorsqu'elle est jaunâtre et flétrie, elle est déjà altérée, On doit conserver l'eau de fleurs d'oranger dans des bouteilles bien bouchées et cachetées : on as- sure sa conservation en ajoutant dans chaque bouteille environ une once d'esprit 3/6, ce qui n'empê- che pas de l'employer à tous les usages ordinaires. Lorsqu'on distille de l'eau de fleurs d'oranger, on doit toujours la recevoir dans le récipient floren- tin, sous le bec duquel on place un second récipient. Ce récipient ne doit se vider que lorsque la sai- son de la fleur étant passée, on ne fait plus de nouvelle distillation : tant que celle-ci dure, l'huile es- sentielle, qui est en excès dans l'eau distillée, se sépare et s'amasse dans le col du récipient. Cette huile est brune lorsqu'on a opéré sur de la fleur flétrie ou que la distillation a été mal conduite; elle est d'un beau jaune quand la fleur employée était bien fraîche. Quand la distillation est finie, on sépare l'huile essentielle de l'eau qu'elle surmonte. Il y a pour cela deux moyens : On trempe dans l'huile essentielle une mèche de colon filé. On en retire un bout qui doit dépasser assez le col du récipient pour prendre un peu au-dessous de la couche d'huile, et on introduit ce bout dans une fiole. La mèche agit comme un siphon ; l'huile s'élève entre ses fibres et tombe goutte à goutte dans la fiole. Cette huile est connue dans le commerce sous le nom d'huile de neroli; comme elle est rare, elle se vend fort cher. On s'en sert pour aromatiser des liqueurs, des eaux de senteur, des pommades, des huiles, etc. Le second moyen, qui est plus prompt et qui expose à moins de pertes, consiste à extraire l'huile au moyen d'une pipette de verre. Cet instrument est un tube de verre renflé en boule près de son extré- mité inférieure, et ouvert par les deux bouls. On introduit l'extrémité inférieure de la pipette dans la couche d'huile, et on aspire avec la bouche par l'autre extrémité. L'huile s'élève et s'introduit dans la boule ; lorsque celle-ci est presque pleine, og 608 PHARMACIE DOMESTIQUE, roses; l'essence ainsi obtenue, n'ayant pas éprouvé l'action du feu, est beaucoup plus suave que celle qui est le produit de la distillation. EAU DE MENTHE. Prenez des tiges entières de menthe poivrée au moment où elle commence à fleurir ; faites-les sécher à l'ombre avec les précautions indiquées précédemment; hachez-les grossièrement, et mettez-en 1 livre dans l'alambic avec 2 litres d'eau. Distillez pour en retirer un litre ou un litre et demi au plus. Si l'eau de vous paraît pas assez char- gée du principe aromatique, mettez une autre livre de menthe dans l'alambic; versez-y le produit de la première distillation avec deux litres d'eau, et distillez pour retirer un litre et demi de ce produit. Employez le récipient florentin, pour recueillir l'huile essentielle de menthe. Cette huile est employée pour aromatiser des liqueurs, des pastilles, etc. Observation. Les eaux simples de fleurs d'oranger, de roses et de menthe poivrée sont celles dont l'usage est le plus général. On peut faire ainsi les eaux de toutes les fleurs et de toutes les plantes aromatiques. Celles-ci doivent toujours être séchées avant d'être soumises à la distillation; quand on les distille frai. ches, elles sont moins chargées d'arôme, et cet arôme est moins pur. Quant aux fleurs, il faut les distiller dans leur plus grand état de fraicheur. Pour obtenir des eaux très-chargées du principe odorant, on se sert de l'eau obtenue dans une pre- mière distillation pour en faire une seconde, et c'est ce qu'on appelle cohober. On doit toujours employer le récipient florentin, lorsque les plantes ou les fleurs sont très-chargées de principe aromatique; c'est le moyen le plus commode pour recueillir cette substance, qui est tou- jours utile et quelquefois très-précieuse. Pilules. Ce sont des médicaments presque solides (mais obéissant encore à la pression), de forme ronde, d'un petit volume, et préparés le plus ordinairement avec des poudres qui sont amenées à cette con- sistance au moyen d'un mucilage, ou d'un sirop, ou bien avec des extraits végétaux plus ou moins gommeux. On emploie cette forme de médicament lorsqu'on veut administrer des substances qui doivent agir sous un très-petit volume, ou dont le goût et l'odeur pourraient causer une répugnance invincible. PILULES TONIQUES ET STOMACHIQUES DE STOLL. - Mélangez 3 gros de limaille de fer non oxidée avec 3 gros de gomme ammoniaque et 3 gros d'extrait de petite centaurée. Vous en ferez des pilules du poids de 6 grains, dont on prendra trois fois par jour à la dose d'une pilule pour chaque prise. PILULES STOMACHIQUES DU DOCTEUR TRONCHIN. - Mélangez 4 gros de myrrhe choisie avec 2 gros d'extrait de petite centaurée et 2 scrupules ou 48 grains de baume du Pérou. Faites-en des pilules de 3 grains, dont la dose est de douze pilules par jour. 610 PHARMACIE DOMESTIQUE, jujubes , ayant soin de bien remuer le mélange avec une spatule. Vous le mettez sur le feu et remuez toujours, pour en faire évaporer l'eau, jusqu'à ce qu'il ait acquis la consistance du miel; vous ajou- tez ensuite le sucre royal, et mettez le tout au bain-marie, sans remuer, afin que votre gomme ne devienne pas nébuleuse. Quand elle a acquis assez de corps pour ne pas s'attacher au dos de la main en frappant dessus, vous la retirez et la coulez dans de petits moules ronds ou carrés comme ceur des biscuits, que vous graissez avec un petit morceau de coton trempé dans de bonne huile d'olives; vous metlez alors la gomme à l'étuve avec un feu très-doux ; le lendemain retirez-la des moules; re- tournez vos tablettes, et les posez sur un tamis ; quand elles sont suffisamment sèches, vous les retirez de l’étuve, vous les coupez par menus morceaux, et en remplissez de petites boîtes, Ces tablettes sont très-efficaces dans l'irritation de la poitrine et des poumons; elles calment les toux fàcheuses, adoucissent l'âcreté de la pituite : elles sont utiles dans les ardeurs des urines et de la vessie, et conviennent beaucoup aux personnes d'un tempérament sec. On peut en manger à toute heure, sans détermination de quantité. 1 PATE DE GUIMAUVE (excellente recette des Carmélites). Prenez : Gomme arabique choisie et pilée, 3 livres; racine de guimauve récente, 8 onces; douze pommes de reinetle ; sucre raffiné, 3 livres. Pelez les pommes et les coupez par tranches, ainsi que la guimauve bien lavée et bien nettoyée ; mettez-les dans une bassine avec trois pintes d'eau que vous faites bouillir un quart d'beure; passez votre décoction à travers un linge propre au-dessus d'une seconde bassine où vous avez mis la gomme arabique ; vous remuez bien, avec une spatule, sur un feu doux; et, quand la gomme est foudue en- tièrement, vous passez le mélange à travers un linge serré fortement. Vous emboîtez une bassine sur un petit tonneau à jour, où il y a du feu dans une trape; vous y mettez la liqueur et le sucre en remuant, de crainte qu'ils ne s'attachent à la bassine. Quand la pâte est bien épaisse , vous cassez une douzaine et demie d'æuſs, ayant soin d'en extraire les jaunes; vous en mettez les blancs dans une bassine, et vous les battez au degré exigé pour les bis- cuits; tous les ajoutez à la pâte, en remuant jusqu'à ce qu'elle soit presque cuite; vous y joignez alors un grand verre d'eau de fleur d'orange double, et continuez de remuer pour faire évaporer l'humidité causée par l'eau de fleur d'orange. La pâte est à sa véritable cuite quand, en frappant sur le dos de sa main, elle ne s'y attache pas ; vous la retirez de la bassine, et la coulez sur une table ou une pierre creuse couverte d'amidon en poudre. Le lendemain vous la coupez en morceaux, en carrés longs, que vous renfermez dans une boîte garnie au fond d'amidon en poudre, et entre chaque couche de la pàte, pour empêcher les morceaux de s'attacher ensemble. (Voyez aussi le mot CONSERVE, à la page 180.) PATE DE RÉGLISSE BLANCHE. - Prenez : Racines de réglisse mondécs, 2 onces; gomme arabique blanche, 20 onces; sucre blanc, 2 onces; eau de rivière, 18 onces. Vous faites bouillir la racine de réglisse pendant cinq minutes dans l'eau ; vous passez la décoction et y ajoutez la gomme arabique concassée; vous remettez le mélange sur le feu en l'agitant avec la spatule, jusqu'à l'entière solution de la gomme; vous passez dans un linge; nettoyez la bassine et re- mettez-y le liquide avec le sucre concassé; faites évaporer à une chaleur douce en remuant jusqu'à ce que le mélange ait une certaine consistance ; jelez-y alors six blancs d’æuſs fouellés en neige, aur- quels vous aurez mêlé quatre gros d'eau de fleur d'orange; pendant ce temps, agitez vivement avec la spatule jusqu'à ce que le mélange ait acquis une grande blancheur et qu'il se détache facilement de la spatule; retirez du feu et coulez sur un marbre saupoudré d'amidon comme il est indiqué ci-dessus. JUS DE RÉGLISSE NOIR ET BLANC. Voye: page 14. 61 2 PHARMACIE DOMESTIQUE, TABLETTES HUMECTANTES OU BÉCHIQUES. - Prenez : Kermès minéral en poudre, 1 gros; iris de Florence en poudre, 1 once; tussilage, 2 onces; véronique, 2 onces; sucre, 4 livres. Vous réduisez les plantes en pulpe dans le mortier de marbre ; vous en faites une forte décoction dans une pinte d'eau que vous réduisez aux trois quarts; vous la passez au travers d'un linge très- serré, et la recevez dans un vase; puis, y ajoutant vos poudres, vous mettez le tout au bain-marie pendant deux jours, et filtrez la liqueur au travers d'un papier gris. Vous clarifiez le sucre et le faites cuire au cassé ; vous y versez la décoction, puis le faites revenir au boulé, et formez vos tablettes. Elles apaisent la toux, dissolvent les glaires et facilitent les sécrétions. On en prend une once par jour, à diverses reprises. TABLETTES APÉRITIVES. - Prenez: Racines d'arrête-bæuf, d'asperges, de fenouil, d'ache, de persil, de petit houx, de chaque 4 onces, et chardon-roland, 3 onces. Vous coupez ces ingrédients en morceaux, et les mettez dans une bassine sur le feu, avec une pinte et demie d'eau, que vous réduisez à moitié, et vous mettez le marc à la presse pour en expri- mer le jus. Vous clarifiez quatre livres de sucre et les faites cuire au cassé; vous y versez la liqueur, et, lors- que le sucre est au petit boulé, vous formez vos tablettes. Elles facilitent le cours des humeurs, et débouchent l'orifice des vaisseaux; elles donnent au sang la facilité de circuler avec plus de vitesse. Elles sont utiles aux personnes qui se sentent quelques dispositions à l'hydropisie, ou menacées d'apoplexie séreuse. On en délaie dans un verre d'eau en- viron une demi-once, que l'on prend à jeun, et deux heures après le repas. TABLETTES STOMACHIQUES. Prenez : Racine d'angélique, 3 onces; sommités d'absinthe, 2 onces; extrait de quinquina, 2 gros; safran de mars apéritif, 4 gros; sucre, 3 livres. Coupez les racines et l'absinthe par morceaux, et les faites bouillir dans trois demi-setiers d'eau, que vous réduisez aux trois quarts; puis passez la décoction au travers d'un linge très-serré. Vous pulvérisez l'extrait de quinquina et le safran de mars, et les mêlez exactement avec la décoction, en remuant avec la spatule. Vous clarifiez le sucre et le faites cuire au cassé; vous y versez le mélange, et, lorsqu'il est au pelit boulé, vous en formez vos tablettes. Elles excitent la douce chaleur nécessaire pour la digestion et réveillent l'oscillation des fibres l'estomac. Vous en prenez un demi-gros chaque fois, que vous laissez fondre dans la bouche, et réité- rez à la même dose de demi-heure en demi-heure, laissant cependant écouler l'intervalle de deux heures après chaque repas. TABLETTES FÉBRIFUGES. Prenez : Extrait de gentiane, 2 gros; de quinquina , 4 gros; enula campana, 1 once; sucre, 3 livres. Vous coupez l'enula campana par morceaux, et la faites bouillir dans une pinte d'eau que vous ré- duisez aux trois quarts; vous passez la décoction au travers d'un linge très-serré, et y ajoutez les extraits réduits en poudre. Vous mettez le mélange au bain-marie pendant six heures, puis le laissez refroidir; pendant ce temps vous clarifiez le sucre et le faites cuire au cassé, vous y incorporez Ja décoction en remuant bien avec la spatule; puis vous opérez comme pour les précédentes. 614' PHARMACIE DOMESTIQUE, : TABLETTES DE SOUFRE, Vous réduisez en poudre une livre de sucre blanc que vous passez au tamis, vous y ajoutez quatre onces de fleurs de soufre et quantité suffisante de mucilage de gomme adragant, pour en former une pâte que vous divisez en tablettes, et que vous laissez sécher. PASTILLES STOMACHIQUES DE DARCET (autrement appelées de Vichy). - Prenez 1 livre de sucre que vous mélangerez avec 6 gros de bi-carbonate de soude, et dont vous ferez des pastilles de 15 à 20 grains. Elles peuvent être aromatisées avec la menthe ou le citron, suivant la volonté de l'opérateur, et à la dose de 4 à 5 gouttes d'huile essentielle. PASTILLES FERRUGINEUSES DU DOCTEUR BALLY. Mélangez avec une suffisante quantité de gomme adragant : 3 onces de limaille de fer porphy- risée; 3 onces de pâte de chocolat , et 1 gros de safran du Gâtinais en poudre très-fine. Faites-en des pastilles de douze grains, que vous ferez prendre à la dose de trois à quatre par jour. PASTILLES DE MENTHE-POIVRÉE. Voyez à la page 215, PASTILLES DE CACHOU. Voyez au mot CACHOU, page 116. Liniments. On appelle de ce nom certains médicaments destinés à l'usage externe, lesquels doivent avoir pour excipient une substance grasse, et dont on enduit ou frictionne certaines parties du corps, ainsi qu'on agit pour administrer les embrocations et les lotions. LINIMENT RÉSOLUTIF (formulé par le professeur Dubois). - Mélangez : 2 onces de baume de Fioraventi, 2 onces d'eau spiritueuse de mélisse et 2 onces d'esprit de vin camphré, avec 3 onces d'huile d'amandes douces et 3 gros d'ammoniaque liquide. Ce liniment s'emploie très-secourablement dans les foulures, les douleurs rhumatismales et les autres souffrances articulaires. LINIMENT SÉDATIF, OU CALMANT. - Prenez 2 onces d'huile d'amandes douces et 1 gros de camphre que vous pilerez au mortier de métal, et avec lesquels vous mélangerez un demi-gros de teinture thébaïque. LINIMENT SÉDATIF (contre les tumeurs hémorrhoïdales). - Melez 2 onces d'onguent populéum et 4 gros de laudanum liquide avec les jaunes de deux muſs frais. Battez ensemble lesdites substances, afin d'en former un liniment dont vous imbiberez des bourdonnets de charpie pour appliquer sur les boutons hémorrhoïdaux qui sont extérieurs, et qui sont devenus douloureux par engorgement. LINIMENT ANGLAIS, vulgairement nommé baume Opodeldock. (Formule de l'Offic. Britannique.) Prenez: Savon à la moelle 1 once. Esprit de vin de 26 à 36 degrés. 6 onces. Eau distillée de thym.. 1 once. Camphre. . . 3 gros. OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES, 617 CATAPLASME DU DOCTEUR TROUSSEAU. le , ESIZE - Prenez 2 livres de mie de pain de seigle que vous délaierez dans de l'esprit de vain camphré en quantité suffisante. Faites chauffer sur un feu doux, et quand le cataplasme est préparé, versez à sa sur- face 1 once de laudanum de Sydenham et 4 gros de datura stramonium. Appliquez sur la partie douloureuse et recouvrez d'une bande de taffetas ciré. Ce cataplasme convient particulièrement dans les attaques de goutte ou de rhumatisme, ainsi que dans les tumeurs inflamma- toires des articulations. Il est bon de ne le retirer qu'au bout de trois ou quatre jours. CATAPLASME TONIQUE. Mélangez : 8 onces de farine d’orge, 2 onces de fleurs aromatiques, et 1 once de muriate d'am- moniaque avec une quantité suffisante de gros vin rouge. Cette composition convient particulièrement dans les cas d'engorgement atonique. CATAPLASME RUBÉFIANT (appelé vulgairement sinapisme). - Formez un cataplasme en mélangeant 1 once de graine de moutarde avec 2 onces de farine de lin et suffisante quantité de vinaigre très-fort. On pourra, s'il est besoin, le rendre plus actif en n’employant pour sa confection que la moutarde et le vinaigre, La CLEOS auf. de plzzzz Cérats, Onguents et Pommades. On désigne sous ces différents noms plusieurs médicaments qu'on emploie à l'extérieur, et dont la consistance doit être plus ou moins solide, CÉRAT DE GALLIEN. Prenez 3 onces d'huile d'amandes douces avec 1 once de cire vierge, faites fondre au bain-ma- rie : retirez du feu et laissez refroidir à moitié ; ensuite agitez vivement ce mélange afin qu'il ne s'y trouve plus de grumelots. Vous y joindrez pendant cette opération 2 ou 3 cuillerées d'eau distillée de roses. CÉRAT DE GOULARD. - Prenez 4 onces de cérat de Gallien, ajoutez-y 1 scrupule d'extrait de saturne à qui l'on donne aujourd'hui le nom d'acétate de plomb liquéfiée. Mêlez bien exactement, et ne manquez pas d'ap- pliquer cette composition sur les brûlures qui sont récentes et qui ne sont pas trop profondes, mias, der CÉRAT CONTRE LES ENGELURES OUVERTES. + Mêlez 1 once de cérat de Goulard avec 1 gros de teinture de benjoin. C'est le meilleur médica- ment connu pour opérer la guérison des engelures qui sont ulcérées. งาน" POMMADE SOUFRÉE. 27.** – Mêlez bien exactement 4 onces de cérat simple ou de Gallien avec 2 gros de soufre sublimé, et servez-vous de cette pommade contre les gerçures dartreuses. OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 619 C'est au médecin qu'il appartiendra de déterminer l'emploi d'un de ces trois derniers procédés, en supposant qu'il ne soit pas bon d’employer les cantharides à raison de leur action trop irritante sur certains organes. Suppositoires. Médicaments solides, d'une forme conique, de la grosseur d'une plume ou tout au plus du petit doigt, qui sont destinés à être introduits et à séjourner quelque temps à l'orifice du grand viscère intes- tinal. On les prépare soit avec des mèches de charpie qu'on enduit de cérat, d'onguent ou d'autres préparations médicinales, soit avec des bâtonnets de savon préparés, ou simplement avec des racines émollientes. SUPPOSITOIRE DU DOCTEUR TROUSSEAU (pour rappeler les fluxions hémorrhoidales), Mélangez 2 gros de beurre de cacao avec 4 grains d'aloès et 1 grain d'émétique ou tartre stibié. On s'en servira tous les jours jusqu'à ce qu'il survienne une impression douloureuse, et comme un sentiment de cuisson à la marge de l'intestin. SUPPOSITOIRE EMMÉNAGOGUE. Mélangez très-exactement : 2 gros de beurre de cacao avec 2 grains d'aloès, 10 grains de casto- réum et 10 grains d'assa-fætida. L'emploi de ce médicament n'a pas besoin d'une indication plus ex- plicite que le titre qu'il porte, et sur lequel on pourra consulter le dictionnaire de médecine. clystères. Médicaments fluides et destinés à l'injection. Ils agissent, soit localement sur les intestins, soit se- condairement sur le reste du corps. On les emploie, dans ce dernier cas, tantôt comme moyen dériva- tif, et souvent pour introduire dans l'économie générale certaines substances dont l'estomac ne pourrait supporter l'effet immédiat. CLYSTÈRE OU LAVEMENT SIMPLE. - Faites bouillir pendant quelques minutes, dans suffisante quantité d'eau pour un lavement, une poignée de poirée : quelquefois, au moment de le donner, on y ajoute un jaune d'æuf délayé, ou une cuillerée d'huile d'olives. LAVEVENT RAFRAÎCHISSANT. = Il faut écraser et faire bouillir, dans 8 onces de petit lait ordinaire, 1 once de chair de melon ou de potiron; lorsque le tout est réduit d'un tiers on passe à travers un linge, pour un lavement à prendre dans tous les cas d'irritation et de chaleur intestinale. LAVEMENT CALMANT. - Il faut faire bouillir pendant quelques minutes, dans suffisante quantité d'eau pour un lavement, 4 pincées de fleurs de mauves, 2 têtes de pavots blancs cassées ; ajoutez 1 poignée de poirée, et passez ledit remède au travers l'un linge. 620 PHARMACIE DOMESTIQUE, LAVEMENT CALMANT DU DOCTEUR CHIRAC. Dans 5 onces de lait tiède faites dissoudre 2 grains d'extrait d'opium, et ajoutez-y ensuite 1 once d'eau chargée de gomme arabique. LAVEMENT ADOUCISSANT (recette des seurs de la Charité). - Faites bouillir pendant quelques minutes, dans suffisante quantité d'eau ordinaire, une forte poi- gnée de son ; passez à travers un linge, et, au moment de s'en servir , délayez-y un ou deux jaunes d'@ufs. Ce remède est d'un très-bon effet dans la diarrhée avec coliques, ainsi que dans les dyssen- teries opiniâtres. LAVEMENT D'AMIDON OPLACÉ. Dans 8 onces d'eau très-chaude, délayez depuis 2 jusqu'à 4 gros d'amidon ordinaire; au moment de l'administrer, ajoutez depuis 30 jusqu'à 50 gouttes de teinture préparée avec l'opium. Il est très- þon de l'employer dans les douleurs d'entrailles, avec évacuations successives et continuelles. AUTRE FORMULE DU DOCTEUR CHAUSSIER. Dans 2 onces d'eau froide , délayez en l'écrasant 1 gros d'amidon; ensuite on fait dissoudre, dans 6 onces d'autre eau bouillante, 2 et jusqu'à 4 grains d'opium réduit en poudre, pour les mélanger au moment d'administrer. Ce lavement s'emploie particulièrement dans les hémorrhoïdes douloureuses et les fistules. LAVEMENT ANTI-SPASMODIQUE. Dans suffisante quantité d'eau , pour en conserver 8 onces, faites bouillir pendant quelques minutes une poignée d'avoine, passez et y ajoutez, au moment d'administrer, teinture d'opium 30 à 40 gouttes, et demi-gros de celle préparée avec l'assa-fætida. LAVEMENT SALIN. - Faites bouillir pendant quelques minutes, dans l'eau nécessaire pour un lavement, feuilles de mauves, poirée ou toute autre plante analogue, une ou deux poignées; après avoir tiré du feu, passé et laissé refroidir un peu, on y ajoute 1 once de sel commun, et quelquefois on y fait fondre 1 gros de sayon. Bains médicinaux ou composés. BAIN ANTIPSORIQUE. Dans suffisante quantité d'eau chaude et préparée pour un bain, mélangez 8 onces de sulfure de potasse liquide. Que la maladie soit récente ou bien invétérée, huit ou dix de ces bains sont plus que suffisants pour la guérir parfaitement, BAIN AROMATIQUE. - Faites bouillir, dans suffisante quantité d'eau, 2 livres de plantes les plus aromatiques ; passez et ajoutez à cette décoction 8 onces d'essence de savon et 3 onces de sel ammoniac, pour mélanger le tout dans l'eau prépacie pour un bain, dont l'action doit être marquée sur la peau. OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 621 BAIN GÉLATINEUX ET SULFUREUX, Faites dissoudre 4 onces de sulfure de potasse dans suffisante quantité d'eau ordinaire, pour y verser 2 livres de colle de Flandre, étendue dans à peu près 10 livres d'autre eau bouillante, que l'on ajoute à celle qui est préparée pour le bain. BAIN dit A LA DAUPHINE, Et prescrit pour les ENFANTS DE FRANCE par le docteur Fagon, premier médecin de Louis XIV. -« Il faut commencer par faire bouillir un large morceau de maigre de veau dans 8 à 10 pintes » d'eau de rivière; ensuite on fait bouillir, dans un chaudron rempli d'eau semblable, une demi-livre de » serpolet, 1 quarteron de lavande avec moitié de feuilles de laurier, 1 quarteron de thym sauvage et » 1 quarteron de marjolaine qui doit avoir été séchée à l'ombre, ainsi que les autres plantes ci-dess » dénommées. On composera avec les deux décoctions prédites un bain auquel on ajoutera l’eau né- » cessaire, et dans lequel on adjoindra deux ou trois poignées de sel marin. » Il est de tradition, dans plusieurs anciennes familles, que le docteur Fagon prescrivait de faire prendre ces bains froids en hiver, et tièdes en été, afin d'établir autant d'accord que possible entre la sensibilité de l'épiderme et la température. Contre-Poisons. Il est peu de maladies qui réclament d'aussi prompts secours que l'empoisonnement, et dont le traite- ment exige des connaissances aussi précises. On ne doit considérer comme étant véritablement des contre- poisons que les ingrédients qui jouissent de la propriété de neutraliser l'effet des substances vénéneuses en se combinant avec elles afin de les dénaturer en les décomposant. Les principaux contre-poisons sont le blanc d’æuf, le lait, la décoction de quinquina, les acides végétaux suffisamment étendus, les disso- lutions de sel commun, l'emploi de la magnésie, celui du savon, et finalement l'administration de plu- sieurs substances gommeuses ou résineuses. Dans tous les accidents qui peuvent résulter du poison, il faut distinguer deux périodes : dans la première, le poison vient d'être avalé et n'a encore agi que localement; dans la seconde, il a été ab- sorbé de manière à déterminer par ses effets une maladie générale. L'emploi des alexipharmaques ou contre-poisoos n'a réellement d'utilité que dans la première période; car, dans la seconde, c'est une maladie générale que la faculté doit avoir à traiter. Le premier soin dont il faut s'acquitter aussitôt qu'on a remarqué les symptômes d'un empoisonne- ment, c'est de faire vomir le malade, afin d'expulser de l'estomac la portion de poison qui peut s'y trouver encore. Il est bon de n'employer que les vomitifs les plus doux, tels que l'ipecacuanha , l'eau tiède, ou même la simple titillation de la luette au moyen d'une plume flexible et trempée dans l'huile, afin de ne pas augmenter l'irritation que la substance vénéneuse aura déterminée dans les voies respi- ratoires et dans l'estomac. Les substances qui le plus souvent déterminent les accidents de l'empoisonnement sont le cuivre, l'étain, le plomb, et les champignons vénéneux. Dans l'empoisonnement produit par le vert de gris (acétate de cuivre), qui résulte ordinairement de l'ingestion d'aliments cuits dans des vases de cuivre mal étamés, surtout lorsque des acides se se- ront trouvés en contact avec eux, on commencera par donner au malade de quinze à dix-huit grains OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 623 BOUILLON DE POULET PECTORAL. Prenez un poulet comme ci-dessus; mellez-le dans une quantité d'eau avec 2 onces d'orge mondé et autant de riz; mettez le tout ensemble dans une marmite; joignez-y 2 onces de miel de Nar- bonne; écumez et faites cuire pendant trois heures, jusqu'à ce que le bouillon soit réduit aux deux tiers. AUTRES BOUILLONS DE SANTÉ, tels que de bauf, de veau, mou de veau, limaçons, grenouilles et vipères. Voyes pages 99 et 600. POTAGE AU LAIT D'AMANDES, Enlevez la peau d'un quarteron d'amandes douces et de cinq ou six amandes amères : pour cela on les trempe quelques instants dans l'eau bouillante; pilez ensuite ces amandes dans un mortier, en y versant de temps en temps un peu d'eau pour empêcher qu'elles ne tournent en huile; mouillez-les avec un verre de lait; passez ensuite, avec expression, à travers une serviette. Faites un potage à l'ordinaire avec du riz ou de la semoule, ou du vermicelle, ou du pain ; versez-y le lait d'amandes au moment de le servir. PATE D'AMANDES. Pour faire des juleps et des potages à la minute. Prenez 1 livre d'amandes douces que vous monderez en les faisant tremper dans l'eau chaude ; vous en ôterez la peau, et vous les ſerez piler en y mettant de temps en temps un peu d'eau pour qu'elles ne tournent pas en huile; quand elles seront bien pilées, vous y metirez une demi-livre de sucre aussi pilé ; vous ferez une pâte du tout. Quand vous voudrez vous en servir, vous en prendrez un morceau gros comme un æuf, que vous délaierez dans trois demi-setiers d'eau, et que vous passer rez dans une serviette. POTAGE AUX GRENOUILLES. - Après leur avoir coupé la tête, dépouillez-les; enlevez-en les intestins, et ne conservez que le ràble et les cuisses que vous ferez dégorger; sautez les grenouilles au beurre et laissez-les finir de cuire sur un feu doux; pilez-les ensuite dans un mortier, en y ajoutant un peu de mie de pain trempée dans du lait; délayez la pâte qui en résultera avec le jus que les grenouilles auront rendu en cuisant; passez cette purée à l'étamine; faites-la chauffer sans cependant la laisser bouillir, et versez-la sur des croûtes de pain que vous aurez fait tremper quelques instants auparavant dans une petite quantité de bouillon maigre. POTAGE IMPROVISÉ POUR LES MALADES. Lorsqu'on éprouve un pressant besoin d'avoir du bouillon, et qu'on ne peut s'en procurer, ce qui arrive souvent, on peut en faire de très-bon en une demi-heure. Hachez une demi-livre de bæuf, un abattis de volaille ou la moitié d'un poulet, os et viande; mettez le tout dans une casserole avec une pinte d'eau ; faites bouillir, écumez, et ajoulez une carotte, un navet et un ognon coupés en tranches minces ; assaisonnez avec un peu de sel; couvrez la casse- role et posez sur le couvercle une serviette mouillée qui suffira pour empêcher l'évaporation ; après une demi-heure d'ébullition, passez le bouillon au tamis. La viande est totalement épuisée et ne conserve aucune saveur; mais le bouillon est très-boil. Si l'on veut avoir du consommé, on ſait réduire à moitié le bouillon passé ay tamis. CONSOMMÉ DE POULE A LA DAUPHINE. Brisez avec le dos d'un couperet l'estomac d'une vieille poule, et faites-la cuire à petit feu avec deux pintes d'eau, six navets , deux ognons blancs et un peu de sel. Ce bouillon rafraîchit et nourrit parfaitemeni. 624 PHARMACIE DOMESTIQUE, On la rend encore plus alimentaire et on lui donne une propriété plus adoucissante, en faisant cuire avec la poule six ou huit figues grasses et deux onces de raisin de Malaga. Il est bon d'y joindre aussi trois cæurs de laitues blanches ainsi qu'une demi-douzaine d'amandes douces et concassées. GELÉE DE COQ (suivant l'ancienne formule). Voyez page 254. POTAGE A L'ORGE PERLÉ. - Faites tremper l’orge dans l'eau dès la veille; égouttez-la et mettez-la avec du bouillon dans une casserole. Ne mettez de bouillon que ce qu'il faut pour couvrir l'orge; faites bouillir, en ajoutant de temps en temps du bouillon, jusqu'à ce que l'orge soit crevée. On prolonge ensuite l'ébullition pour que le bouillon puisse se charger de toutes les parties solubles de l'orge. On passe avec expres- sion, et on obtient une espèce de crème nourrissante et rafraîchissante, très-convenable pour les convalescents. POTAGE DE GRUAU D'AVOINE. On le fait de deux manières, avec le gruau entier et avec la farine; mais la farine de gruau se con- serve difficilement, et il faut surtout la tenir à l'abri de la chaleur et de l'humidité. - Délayez une cuillerée de farine de gruau dans une tasse de bouillon, et faites bouillir pendant dix minutes. Si l'on emploie le gruau entier, on le fait tremper la veille. On l'égoutte, et on le fait bouillir long- temps à petit feu avec du bouillon. On passe avec expression. POTAGE AU BLÉ. - Lavez une demi-livre de blé mondé; mettez-le à tremper la veille ; le lendemain faites-le blanchir ; et puis faites-le bouillir dans du consommé pendant une heure. POTAGE AU SAGOU. Le sagou est une substance gommeuse et analogue aux fécules, qui se trouve entre les fibres qui remplissent le tronc d'une espèce de palmier, très-commun dans l'archipel d'Asie. On le lave à l'eau bouillante et on le fait cuire avec du bouillon qu'on ajoute peu à peu, jusqu'à ce que le sagou soit en- tièrement dissous et forme une espèce de gelée. On peut le rendre encore plus nutritif en y ajoutant, au moment de servir, une liaison de jaunes d'æufs. POTAGE AU SALEP. Le salep est le produit de la racine tuberculeuse d'une espèce d'orchis qu'on pulvérise après l'avoir fait dessécher. Pour dissoudre le salep, on le jette dans le bouillon au moment où il est en parfaite ébullition. On remue vivement avec une cuillère pour que le salep ne se grumèle pas. On en emploie seulement une cuillerée à café. POTAGE AUX HERBES, 1 - Prenez deux laitues, une pincée de cerfeuil, une demi-poignée de poirée, et une poignée d'o- scille; ôlez les côtes de la laitue et de la poirée; épluchez l'oseille, et hachez le tout grossièrement; faites fondre les herbes dans une casserole sans eau: lorsqu'elles sont bien fondues, mouillez avec du bouillon, et ajoutez un morceau de beurre. Lorsqu'elles sont suffisamment cuites, versez-les sur le potage déjà trempé. POTAGE DE CHICORÉE. Hachez finement une demi-douzaine de chicorées frisées ou de scaroles; ôtez-en les plus grosses côtes ; passez au beurre sans faire roussir; mouillez avec du bouillon; laissez bouillir trois quarts d'heure. Au moment de servir, ajoutez une liaison de jaunes d'æufs, et versez sur le pain. OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 623 POTAGE AUX OEUFS. Prenez six jaunes d'æufs et deux œufs entiers délayés avec une chopine de bouillon froid; faites prendre ce mélange au bain-marie. Lorsque tout est bien pris, enlevez-en, avec une cuillère ou une écumoire, des émincés que vous mettrez dans une soupière remplie de bon bouillon sortant de la marmite. SOUPE AU POTIRON. Coupez en morceaux une tranche de potiron, et mettez-la sans eau dans une casserole; faites cuire en remuant avec une cuillère jusqu'à ce que le potiron soit fondu. Passez à travers une passoire à petits trous; mettez la purée dans une autre casserole, avec un demi quarteron de beurre et la quantité de lait suffisante; assaisonnez avec du sucre et quelques grains de sel, ainsi qu'avec un bon morceau de sucre, et versez sur le pain que vous aurez préparé. POTAGE A LA CITROUILLE ET A LA SEMOULE. Faites bouillir du lait et jetez-y quantité suffisante de semoule; lorsqu'elle est cuite, ce qui a lieu en un quart d'heure, ajoutez-y une purée de citrouille faite comme il est dit ci-dessus; assaisonnez avec quelques grains de sel et du sucre : ajoutez, si vous voulez, un peu d'eau de fleur d'orange. AILERONS A L'ORGE MONDÉ. Voyez page 15 et suivantes. ISSUE D'AGNEAU A LA POULETTE. Voyez page 13. GATEAU DE POTIRON. Après avoir coupé un potiron en gros dés, faites-le fondre dans une casserole, et puis exprimez une partie de l'eau en le tordant dans une serviette; meltez ensuite la substance de votre potiron dans une casserole, où vous la passerez avec un morceau de beurre; ajoutez une cuillerée de fécule de pom- mes de terre délayée dans du lait et un peu de sucre, faites mijoter tout ensemble ; quand le potiron est réduit et consistant, retirez-le de la casserole et faites-le refroidir; ensuite pétrissez-le avec des jaunes d'æufs, un peu de fleur d'orange et un blanc d’æuf fouetté: d'autre part, beurrez une casserole sur le fond et sur les bords; panez partout avec de la mie de pain et mettez-y le potiron ; placez la casserole sur des cendres chaudes; couvrez-la avec un couvercle et du feu par-dessus ; quand votre gâteau sera d'une belle couleur, renversez-le sur le plat sans l'endommager. BISCUITS LÉGERS. - Prenez dix æuſs, mettez les jaunes de cinq dans une terrine avec un peu de fleur d'oranger pralinée et de l'écorce de citron vert, le tout haché très-fin. Mettez-y aussi 3 quarterons de sucre bien finement pulvérisé : battez le tout ensemble jusqu'à ce que le sucre soit bien mêlé avec les jaunes et un peu liquide ; ensuite vous fouettez les blancs de dix @ufs. Quand ils sont bien montés en neige, vous les mêlez avec le sucre; mettez-y ensuite 6 onces de farine que vous jelez légèrement et peu à peu, et remuez à mesure avec le fouet : dressez-les dans des moules beurrés; saupoudrez-les de sucre fin, et faites-les cuire dans un four doux. BISCUITS A LA CUILLÈRE. Fouettez et mêlez ensemble une douzaine d'œufs, une livre et demie de sucre en poudre, une demi-livre de farine ou de fécule de pommes de terre, de la fleur d'oranger pralinée hachée et du zeste de citron râpé; quand le tout est bien batlu, remplissez-en des caisses de papier, ou répandez 40 OU RECUEIL DES RECETTES MEDICALES LES PLUS CSUELLES. 627 un grand vase que vous ſermez bien ; après ce temps, vous mettez le mélange dans le bain-marie, pour retirer par la distillation deux pintes et demie de liqueur. Vous faites fondre le sucre dans l'eau; vous faites le mélange, et filtrez la liqueur. BROU DE NOIX. Voyez ci-dessus, pages 109 et 110. RATAFIA DIGESTIF DE NOIX VERTES. - Lorsque les noix sont formées, vous en prenez une douzaine : fendez-les par moitié, el mettez-les dans une cruche avec 3 chopines d'eau-de-vie : bouchez bien la cruche, et la tenez dans un endroit frais pendant six semaines. Il faut avoir attention de remuer de temps en temps cette cruche; ensuite vous mettez 1 livre de sucre dans une poêle avec 1 demi-setier d'eau : faites bouillir et écumer. Après que vous aurez passé l'eau-de-vie dans une serviette, vous y mettrez le sucre avec un petit morceau de cannelle et une pincée de coriandre : laissez encore infuser environ un mois, et vous le retirerez au clair pour le mettre en bouteilles. RATAFIA CARMINATIF D’ANIS, ET RATAFIA STOMACHIQUE DE FLEURS D'ORANGER. Voyez LIQUEURS et RATAFIAS, page 303 et suivantes. RATAFIA TONIQUE DE GENIEVRE. Pour faire 3 pintes de ratafia de genièvre, mettez dans une cruche 2 pintes d'eau-de-vie avec une bonne poignée de genièvre; vous y joignez ensuite 1 livre et demie de sucre, que vous aurez fait bouillir auparavant avec 1 chopine d'eau, jusqu'à ce qu'il soit bien écumé et clair. Bouchez la cruche et tenez-la dans un endroit chaud pendant environ cinq semaines avant que de passer votre liqueur à la chausse ou dans une serviette. Quand elle est bien claire, vous la mettez dans des bouteilles que vous avez soin de bien boucher. Ce ratafia est puissamment tonique, et il devient très-bon quand il est gardé long-temps. RATAFIA DU COMMANDEUR (DE CAUMARTIN) CONTRE LA GRAVELLE. - Prenez : Racine d'arrête-bæuf (bugrane), racine de cynorhodon (églantier), racine de guimauve, racine de sceau de Salomon, racine de chardon-roland , de chaque, 2 onces; racine de grande con- soude, 1 once; muscades, 6 gros; semences d'avis, 1 gros; baies de genièvre, 1 once; eau-de-vie à 20 degrés, 5 litres et demie ; sucre, 2 livres et demie. Faites macérer les racines et les autres substances, à l'exception du sucre, dans l'eau-de-vie, pendant 15 jours ; passez avec expression; faites fondre le sucre dans la liqueur, et filtrez. Il faut en prendre un petit verre le matin et un autre le soir. Recettes hygiéniques APPLICABLES A CERTAINES PRÉPARATIONS DE TOILETTE. POMMADE DE JULLIEN, POUR LA CONSERVATION DES CHEVEUX. – Prenez : Moelle de bæuſ, 2 livres ; pommade à la fleur d'orange, 12 onces; cire jaune, 1 ouce; essence de bergamote, 1 once. OU RECUEIL DES RECETTES MÉDICALES LES PLUS USUELLES. 629 au bain-marie le savon et la cire, que vous incorporez avec les amandes par portions, et en tournant le pilon circulairement pendant cinq ou six minutes; vous y ajoutez ensuite l'eau et l'esprit de rose, vous passez la liqueur à travers un linge et la mettez en petites bouteilles. Le lait de roses est un des meilleurs cosmétiques connus : on en met quelques gouttes dans de l'eau qu'il blanchit comme le précédent; et l'on s'en sert avec beaucoup d'efficacité pour se laver le visage, dont il enlève le hâle. POUDRE DENTIFRICE. Prenez : Corail, 6 onces; biscuit de mer, 4 onces; pierre-ponce préparée, 3 onces ; gérolle, 1 once; cannelle fine, 4 gros. Vous pilez le tout ensemble dans un mortier de fonte, et en formez une poudre que vous passez au amis de soie. POUDRE DE VAUVERT. -- Prenez : Pierre-ponce préparée, 6 onces; corail rouge préparé, 6 onces; sang-dragon, 3 onces; yeux d'écrevisses, 2 onces; myrrhe, 1 once; géroſle, 1 once; cannelle, 1 once. Vous en formez une poudre comme la première. OPIAT POUR LES DENTS. - Prenez : Laque rose, 4 onces; rose alumine, 2 onces; sang-dragon, 2 onces: myrrhe, 1 once; yeux d'écrevisses, 4 onces; iris, 2 onces; corail rouge, 2 onces ; gérofle, 2 gros; cannelle, 1 gros ; miel de Narbonne, 6 onces; eau double de fleur d'orange, 4 onces; sirop de mûres, 8 onces; huile essentielle de gérofle, 15 gouttes. Pilez toutes les substances sèches ensemble, ct formez-en une poudre que vous passez au lamis de soie. Faites bouillir doucement, pendant un quart d'heure, le miel avec l'eau de fleur d'orange et l'é- cumez bien; vous le retirez du feu, vous le laissez refroidir, et, pour lors, vous y ajoutez le sirop de mûres et l'huile essentielle de gérofle ; vous y incorporez la poudre ci-dessus, et dont vous formez un opiat. OPIAT ROYAL. Prenez : Yeux d'écrevisses, 1 livre; porcelaine fine, 2 livres; laque fine, 4 onces ; gérofle, 1 once; coriandre, 1 once; sang-dragon, 1 once; cannelle, 4 gros; ambre, 15 grains; musc, 12 grains. Vous formez du tout une poudre passée au tamis de soie, dont vous composez un opiat en la dé- layant avec suffisante quantité de sirop de capillaire. On peut rendre liquides, par ce moyen, toutes les poudres dentifrices. ÉLIXIR ODONTALGIQUE DE LAVOISIER. Prenez; Cresson d'eau, 8 onces; cochlearia, 2 livres ; zestes de citron, 1 once; gerofle, 2 onces; racine de pyrethre, 1 gros; eau-de-vie, 8 pintes. Vous coupez grossièrement les plantes et les zestes, vous concassez les aromates et les racines, et vous mettez le tout dans un matras, avec l'eau-de-vie, pour infuser pendant sept ou huit jours, et en agitant souvent le mélange; enfin, vous le distillez au bain-marie pour en retirer une pinte et demie de liqueur spiritueuse. Cet élixir est très-bon pour les gencives et contre le scorbut; on s'en gargarise la bouche; mais, quand on s'en sert avec de l'eau pour se nettoyer les dents à la brosse, il faut le mélanger avec les sept huitièmes d'eau tiède. EAU-DE-VIE DE GAYAC, POUR LE MÊME USAGE. Prenez : Eau-de-vie, 1 pinte; gayac, 2 onces 4 gros; zestes d'un citron. Vous mettez infuser pendant quinze jours dans l'eau-de-vie le gayac avec les zestes ; vous remuez le vaisseau de temps en temps, ct puis vous filtrez la liqueur, 650 PHARMACIE DOMESTIQUE. EXCELLENTE COMPOSITION POUR REMPLIR ET MASTIQUER LES DENTS CREUSES. Prenez : 30 grains de mastic en larmes et 30 grains de sandaraque, avec lesquels vous mélan- gerez 14 grains de sang-dragon, 2 grains d'opium purifié et 3 gouttes d'essence de gérofle. Délayez le tout dans de l'eau-de-vie de cochlearia, de manière à pouvoir en former une pâle épaisse que l'on introduira dans les dents cariées, après les avoir nettoyées et détergées soigneusement. EAU DE COLOGNE (suivant la recette des frères Farina). Faites dissoudre dans une velte d'alcool de 26 à 30 degrés, 4 gros et demi de neroli romain, 4 gros d'essence de citron, 4 gros d'essence de cédrat, 3 gros d'essence de romarin sauvage, 1 once et demie d'essence de bergamote et 1 once et demie de teinture de benjoin. Kemuez le vaisseau jusqu'à dissolution du benjoin dans l'alcool et jusqu'à parfaite mixtion desdites substances. - VINAIGRE DES QUATRE-VOLEURS. Vous prendrez sommités d'absinthe, 1 once; romarin , sauge, menthe et rhue, de chaque une demi-once; fleurs de lavande, 2 onces; calamus ou roseau aromatique, cannelle, gérofle, noix mus- cade, gousses d'ail fraîches, de chaque 2 gros; camphre, une demi-once, et vinaigre rouge 8 livres. On pile tous ces ingrédients, on coupe les gousses d'ail, et on met le tout dans un vase de terre vernissé. On verse dessus le vinaigre, et on fait digérer le tout à une douce chaleur, soit au soleil, soit au bain de sable, pendant trois semaines ou un mois; on exprime les plantes et on filtre le vinaigre au travers d'un papier gris, ensuite on ajoute le camphre dissous dans un peu d'esprit de vin. Ce vinaigre a toujours passé pour un préservatif assuré contre les maladies contagieuses et les in- fluences épidémiques. VINAIGRE A LA ROSE, AU MYRTE, A LA LAVANDE ET A LA CASSIE, POUR LA TOILETTE, (V. Ci-dessus à la page 523.) PASTILLES A BRULER. – Broyez et mélangez : Civette, 36 grains; benjoin, 2 gros; storax calamite, 1 gros; bois d'aloès, 4 gros, écorce d'orange sèche, 1 gros. Deux muscades; gerofle, 1 gros; labdanum, 2 gros; charbon, 1 once; sel de nitre, 4 onces; esprit d'ambre, 2 onces; sucre fin, 1 once. Quantité suffisante de muci- Tage de gomme adragant à l'eau de rose. Vous réduisez en poudre les dix premières substances dans un mortier de fer ; vous y ajoutez le sel de nitre et l'esprit d'ambre; et, avec le mucilage de gomme adragant, vous donnez au tout la consistance d'une pâte que vous réduisez, sur la table de marbre, en petits rouleaux de la grosseur d'un tuyau de plume, et que vous contournez ensuite en forme de coquillages, ou vous leur donnez une forme triangu- laire, pyramidale, etc. On les fait sécher à l'ombre, et on les renferme dans des bocaux bien bouchés. Il y a beaucoup de parfumeurs qui ne font point entrer de nitre dans la composition de ces pastilles; il est cependant d'autant plus nécessaire qu'il facilite leur combustion. PASTILLES DU SÉRAIL. - Prenez : Zestes de cédrats, de limons, d'oranges; roses muscades; romarin; santal rouge; cala- mus aromaticus, 2 gros de chaque; storax, 1 once; labdanum, 1 once; clous de gérofle, 36 grains; iris de Florence, 36 grains; oliban, 5 onces; nitre, 4 gros; charbon, 1 once. Toutes ces substances doivent être sèches. Vous les réduisez en poudre très-fine, et les incorporez avec suffisante quantité de mucilage de gomme adragant fait à l'eau de fleur d'orange; vous en formez une pâte dont vous composez vos pastilles, que vous faites sécher à l'ombre, ainsi qu'il est indiqué précédemment. FIN. co TABLE. A B 120 ib. ib. ib. 121 ib. ib. ib. Bar. ib. ib. ib. ib. ib. ib. 123 ib. ib. ib. ib. ib. Blanc-manger. Blanquet. 51 Blanquette. ib. Blé de Turquie. 32 Bleyll. ib. Blond de veau. ib. Beuf. ib. Boisson. 53 Bombarde. ib. Bon-chrétien. ib. Bondy. 54 Bonne-dame. ib. Bonnet-turc. ib. Borde-plats. ib. Boucaner. 53 Bouchées. ib. Boudin. ib. Bouille-à-baisse. ib. Bouilli. ib. Bouillie. ib. Bouillon. ib. Boulettes. ib. Bouquet. ib. Bourrache. 58|Bourdin. ib. Bourut. ib. Boutargue. ib. Braise. ib. Braisière. 59 Brandade. ib. Brème. ib. Bresolles, 62 Brignoles. ib. Brioche. ib. Briochines vertes. ib. Broche. ib. Brochet. ib. Brocheton. ib. Brocoli. 63 Brou. ib. Brugnon. ib. Brulùre. 63 Buglose. 71 Buisson. ib. Burande. 77|Caillé. 79 Caillebotte. ib. Caille-lait. ib. Cailler. ib. Gailleteau. ib. Cailletot. 80 Caillot-rosat. 88 Cake. ib. Calamus. 89 Calapé. ib. Calville. ib. Camomille. ib. Canard. ib. Canardeau. ib. Candi. 90 Candir. ib. Candi (fleursau). 92 Canepetière. 93 Caneton. 93 Cannelle. ib. Cannelon. 100 Cantaloup. ib. Capillaire. 101 Capilotade. ib. Capre. ib. Capron. ib. Capucine. ib. Caramel. 102 Carde. ib. Cardon. 103 Carotte. ib. Carrelet. ib. Carpe. ib. Casserole. 106 Cassis. ib. Cassonade. 107 Catillard. Avant-propos. 1 Baba. Abaisse. 4 Babeurre. Abattis. ib. Bacile. Abricot. 7 Badiane. Absinthe. 11 Bain-marie. Aceto-dolce. Achards. ib. Barbeau. Agneau. 12 Barbote. Ail. 14 Barbue. Ailerons. 15 Barde. Aigre-de-cèdre. 16 Bartavelle. Alambic. ib. Baselle. Alberge. 18 Basilic. Albran. 19 Bat. Alénois. ib. Batarde. Alkermès de Florence. ib. Batons royaux. Alose. 20 Batterie de cuisine. Allouettes. 21 Bavaroise. Aloyau. ib. Baume. Amande. 23 Baume du Pérou. Ambigu. 23 Bécasse. Ambre. ib. Becard. Ambroisie. ib. Bécasseau. Amourette. ib. Bécassine. Ananas. 26 Bec-figue. Anchois. 27 Becharut. Andouilles. 28 Béchameil. Angélique. 29 Beef's teak. Angelot. 30 Beignets. Anguille. ib. Beilche. Animelles. 31 Belle-chevreuse. Anis. ib. Belle-et-bonne. Anisette. 32 Belle-fille. Annuaire (Calendrier Belle-garde. gastronomique). ib. Bellissime. Apozème. 57 Benari. Appétit. ib. Bergamote. Apple's cake. 38 Besy de Caissoy. Apy. ib. Bette. Arachide. 39 Betterave. Aromate. ib. Beurre. Arroche ib. Beurré. Artichaut. 43 Biche. Asperge. 46 Bichoff. Aspic. 47 Bière. Assaisonnement. 49 Bigarade. Attelet. ib. Bigarreau. Attereau. ib. iscotin. Aubergine. ib. Biscottes. Aveline. 50 Biscuit. Avoine. ib. Biset. Aya-panha. ib. Bisque. Azerole. ib. Blanc. 124 ib. 125 ib. ib. 109 Cave. ib. ib. ib. ib. ib. ib. ib. 126 127 128 131 133 ib. ib. ib. ib. ib. ib. 134 ib. ib. 133 ib. 136 ib. 137 ib. ib. 138 ib. 140 ib. ib. с Caviar. ib. Cédrat. 110 Céleri. ib. Ceps. 111 Cérat. ib. Cerf. ib. Cerfeuil. Cerises. Cerneaux. Cervelas. 111|Cervelle. ib.Chablis. 112 Chair. 113 Charnpagne. 116 Champignons. ib. Chapelure. 118 Chapon. 72 74 ib. Cablan. ib. Cabillaud. ib. Cabus. 73 Cacao. 76 Cachou. ib.Café. 77|Caille. 632 TABLE. 278 281 ib. ib. 282 ib. ib. Fraises. Fraises de veau. 201 Framboises. ib. Francolin. ib. Frangipane. 202 Fricandeau. ib. Fricassée. ib. Frire. ib. Friture. 206 Fromage. ib. Froment. ib. Fruits. ib. Fruitier. 207 Fumet de perdrix. ib. Fumigation. ib. 214 G 233) Hors-d'oeuvres. ib. Houblon. ib. Huile. ib. Huitres. ib. Hure. 254 Hydromel. ib. Hypocras. ib. ib. I 236 242 Impériale. ib. Iris. ib. Issue. 245 Italienne. ib. J 285 ib. ib. ib. 1401 D 141 143 Daim. ib. Dalle. 145 Dariole. 147 Dattes. ib. Daube. ib. Diablottins. ib. Dinde. ib. Dorade. 148 Dormant. ió. Dorure. 149 Double de Troye. 150 Double-fleur. ib. Doyenné. ib. Dragées. 152 Dumplings. 1871 ib. E ib. ib. Eau. 159 Eau-de-vie. ib. Échalote. ib. Echaudés. ib. Eclanche. ib. Écrevisses. ib. Eglefin. ib. Emincés. 164 Émulsion. 165 Endive, 167 Entre-côte. 168 Entrée. 169 Entremets. 175 Épautre. 180 Eperlan. ib. Epices. 181 Épinards. ib. Epine-d'hiver. ib. Épine-vinette. ib. Escargot. ib. Espagnole. ih. Essence. 182 Estragon. 183 Esturgeon. ib. Étuvée. ib. ib. F 283 ib. ib. ib. ib ib. ib ih, 284 ib. Jambon. 246 Jardinière. ib. Jarret de veau. ib. Jasmin. ib. Jeûne. 248 Jubas. 249 Jujubes. 230 Julienne. 231 Jus. 255 234 K 262 Galabrèze. Galantine. 215 Galette. 216 Garbure. 217 Garde-manger. Garenne. ib. Garniture. ib. Gâteau. 218 Gaufres. ib. Gelée. ib. Gélinotte des bois. ib. Genièvre. ib. Génoise. Gésier. ib. Gérofle. ib. Gibelotle. ib. Gibier. 219 Gigot. ib. Gimblettes. 220 Gingembre. ib. Glace. ib. Glacière. ib. ib. Kari. ib. Kariar. 263 Katchup Charbonnées. Charcuterie. Chardonnette. Charlotte. Chartreuse. Chasselas. Châtaigne. Chaufroix. Chervis. Chevreau. Chevrette. Chevreuil. Chicorée. Chiendent. Chipolata. Chocolat. Chou. Ciboule. Ciboulette. Cidre. Citron. Citronille. Cive. Civet. Civette. Clarifier. Cocheris. Cochon. Coing Collage. Compote. Concombre. Confiture. Conserves. Consommé. Coq: Coquille. Coriandre. Cornichon. Côtelettes. Coucoudecelle. Conglof. Couleur. Coulis. Coukes. Court-bouillon. Court-pendu. Crabes. Crapaudine Crapaud-volant. Crème. Crèpes. Crépinettes. Cresson. Crètes. Crevette. Cromesquis. Croquantes. Croquembouche. Croquettes. Croquignoles. Croustades. Croûtes au pot. Croûtons. Cuisine. Cuisson. Curacao. Cygne. 283 ib. ib. . ib. ib. ib. L ib. Laie. ib. Lait. ib. Lait (petit-). ib. Laitages. 268 Laitance. ib. Godiveau. 221 Goguette. ib. Goujon. 222 Graines. ib. Goyave. ib. ib. Gras-double. Gratin. Grenade. 222 Grenadin. 224 Grenouilles. 223 Griblettes. Griotte. 226 Grive. ib. Gril. 227 Groseilles. ib. Gruau. ib. Guignards. Guigne. 228 Laitue. 269 ib. Lamprillons. Lamproie. 270 Langouste. ib, Langue. ib. ib. Lapereau. Lapin. ib. Lard. ib. Larder. ib. Lardons, 271 Laurier-franc. ib. Laurier ainande. ib. Lavaret. ib. ib. Lazagnes. Lèchefrite. Légumes. ib. Lentilles. Levain et levure. (Levraut. Liaison. Lièvre. 273 Limande. ib. Limon. 274 Limonner. 277 Liqueurs. ib. Loche. ib. Longe. ib. Lotte. ib. Louise-bonne. 283 ib. 286 ib. 287 ib. ib. ib. 288 ib. ib. ib. 291 ib. ib. ib. ib. ib, ib ib. ib. 292 ib. 293 ib. ib. 296 ib. ib. ib. 272 184 Faisan. ib. Fanchonnettes. ib. Faon. 190Farce. ib. Farine. ib. Fécule. 191 Fenouil. ib. Fenouillet. ib. Ferment. ib. Fève. ib. Feuilletage. 193 Feuilleter. 194 Figues. 193 Filets. 196 Flan. ib. Flaniche. ib. Flèche. 199 Fleur. 200 Foie. Fondue. Fourneau. Fournitures ih. ib. ib. H ib. ib. ib. Hachis. ib. Harengs. 229 Haricots. ib. Haricot. ib. Hattelet. 230 Herbes. 231 Hochepot. 233 Homard. 306 ib. ib. 634 TABLE. 323 323 ib. 524 ib. Sarrazin. Sassenage. Sauces. Saucisse. Saucisson. Sauge. Saumon. Scarole. Scorsonère. Scubac. Seigle. Sel. Seltz (eau de). Semoule. Sept-cils. Service. Sirop. Sole. Solilême. Sorbet. Soufflé. Soupe. 433 Soya. 478 Topinambour. ib. Stock-fish. 479 Tortue. ib. Sucre. ib. Tourte. 447 Sultane à la Chantilly, 481 Tourtereau. ib. Su-nan. ib. Tourterelle. ib. Truffe. ib. T Truites. 448 Turbot. ib. Talmouses. 482 ib. Tamis. ib. V ib. Tanche. ib. ib. Tapioca. ib. Vanille, 449 Tartes. ib. Vanneau. ib. Tendrons. ib. Veau. ib. Terrine. ib. Velouté. ib. Tète. 483 Venaison. 473 Terra-merita. ib. Verjus. 477 Thé. ib. Vermicelle. 478Tlon. 484 Vespetro. ib. Timbale. ib. Vin. ib. Thymn. ib. Vitelottes. ib. Tomate. ib. Vinaigre. 484, Violette. 485 Virgouleuse. ib. Vive. ib. Volaille. ib. Vole-au-vent. ib. 493 W 494 Watter-fish. Welch-rabbit. Wermouth. 496 X ib. ib. Xérès. 510 511 Y ib. ib. ib. ib. 525 ib. Yemas. ib. z ib. ib. ib. Zeste. 321 Zuchetti. ib. ib. RECUEIL DES MENUS, OU TABLEAUX DE L'ORDONNANCE DES REPAS FRANCAIS ANCIENS ET MODERNES. ib. Relation d'un diner du temps de Henri II. 534 Menu du repast offert au roy (Louis-le-Grand) en 1666, par madame la chancellière, en son chasteau de Pontchartrain. 357 Menu du disner qui fust donné par messire Molé, garde-des-sceaux de France, à monsieur le Prince (Louis de Bourbon- Condé), le samedi, 9 aoust 1632. 538 Menu d'un diner de Saint-Cyr. 840 Plusieurs menus exécutés aux châteaux de Vin- cennes et des Tuileries, pendant la minorité du roi Louis XV, et pour la table de M. le maréchal duc de Villeroy, gouverneur de Sa Majesté. 541 Menu de printemps. Table de 25 couverts en maigre. ib. Menu d'automne. Table de 53 couverts en gras. 542 Menu d'hiver. Table de 23 couverts en gras. 543 Menus extraits des anciens dispensaires intitulés les Dons de Comus et le Cuisinier moderne, par le sieur Vincent de la Chapelle. 545 Menu d'un souper de 16 couverts servi, le 3 septembre 1719, à son Altesse royale. ib. Menu d'une table de 12 couverts, pour un souper du Régent, servi moitié gras, moitié maigre. 546 Menu d'une table de 100 couverts, servi à deux services, 347 Menu du banquet servi devant le roi Louis XV, par J. Héliot, écuyer ordinaire de la bouche de Madame, dauphine de France. 350 Suite des menus royaux servis par le sieur Héliot. 552 Souper du roi à la Muette, le samedi , 18 février 1749. Souper du roi à la Muette, le samedi 17 janvier 1750. 553 Souper du dimanche, 18 janvier 1730. ib. 18 février 1731. 554 13 avril 1751. 555 Menu d'un excellent souper tout en bæuf. 538 Souper de 80 couverts servi chez Mesdames de France, en leur château de Bellevue, le 17 juin 1788. 560 Carte dinatoire pour la table du citoyen Bar- ras , directeur de la République française , pour 36 personnes, pour le quintidi , 23 floréal an VI, au palais du directoire exé- cutif. 562 Carte dinatoire pour la table du citoyen direc- teur et géréral Barras, le décadi, 30 floréal. 12 personnes. 563 Menu d'un diner officiel au temps du consulat. 30 couverts. 364 Menu du grand diner donné le jour des Rois chez son Altesse sérénissime monseigneur le 6091 ] > C.