key: cord-325525-d1hsguds authors: Coudert, Pascal title: Les principales maladies du porc date: 2018-11-30 journal: Actualités Pharmaceutiques DOI: 10.1016/j.actpha.2018.09.012 sha: doc_id: 325525 cord_uid: d1hsguds Résumé Plusieurs pathologies autrefois mortelles au sein des élevages porcins ont disparu de notre territoire, mais de nombreuses maladies polysystémiques subsistent. Si l’antibiothérapie s’avère parfois efficace, la vaccination permet de prévenir un certain nombre de pathologies alors qu’il n’existe aucun traitement préventif ni curatif pour d’autres. Par ailleurs, tous les organes du porc sont susceptibles d’être la cible d’agents pathogènes. Là encore, des vaccins et des traitements antibiotiques sont disponibles. Summary Several pathologies which were once mortal within pig farms have disappeared from our territory, numerous polysystemic diseases remain. If antibiotherapy is sometimes effective, vaccination can prevent a certain number of pathologies while there is no preventive of curative treatment for others. Moreover, all the pig's organs are susceptible to being targeted by pathogenic agents. Here again, vaccines and antibiotic treatments are available. A vec l'amélioration des conditions d'élevage, notamment grâce aux contrôles vétérinaires réguliers, l'état sanitaire des élevages porcins s'est nettement amélioré au fil des années. C'est ainsi qu'en France, certaines affections ont quasiment disparu. À l'inverse, des pathologies, comme la maladie de Glässer, sont encore susceptibles d'engendrer d'importantes pertes économiques dans des élevages à haut niveau sanitaire. L'élevage en flux continu sur paille ou en plein air associé à des insuffisances de prophylaxie favorise l'apparition de pathologies comme le rouget, la gale et l'ascaridose. En engraissement, les maladies respiratoires et les entérites sont fréquemment retrouvées. Enfin, l'âge des animaux constitue un élément à prendre en compte : la diarrhée colibacillaire peut entraîner une forte mortalité chez le porcelet. En 2018, six maladies et infections à déclaration obligatoire (encéphalite à virus Nipah, gastro-entérite transmissible, cysticercose, peste porcine classique et africaine, syndrome dysgénésique et respiratoire) ont été recensées par l'Organisation mondiale de la santé animale pour les suidés 1 . Un certain nombre de maladies polysystémiques causent encore aujourd'hui des pertes économiques significatives pour les éleveurs [1] [2] [3] . Peste porcine ✦ Causée par un virus de la famille des Flaviridae, la peste porcine classique n'est actuellement plus présente en France tant dans les cheptels porcins domestiques que sauvages. Les porcs peuvent se contaminer au contact d'un animal malade, par ingestion de viande de porc contaminée ou de produits dérivés infectés. Les sangliers vétérinaire pratique sauvages constituent un réservoir de virus en Europe de l'Est. ✦ Les animaux infectés présentent de la fièvre, une perte d'appétit, une conjonctivite, une constipation suivie de diarrhées et des lésions hémorragiques cutanées, l'ensemble pouvant être fatal dans les formes aiguës. À l'inverse, il existe des formes bénignes sans symptômes apparents. Aucun traitement spécifique n'est disponible et la vaccination préventive des cheptels porcins n'est plus autorisée dans l'Union européenne depuis 1988 suite à la mise en place d'un programme d'éradication de la maladie. ✦ La peste porcine africaine, dont l'agent responsable est un virus à acide désoxyribonucléique (ADN) de la famille des Asfarviridés, est apparue en Europe en 2014 mais ne touche actuellement que les pays de l'Est (Lituanie, Pologne, Lettonie, Estonie, République tchèque) tout en progressant régulièrement vers l'Ouest. La symptomatologie de cette maladie est très proche de celle de la peste porcine classique. Fièvre aphteuse et maladie vésiculeuse ✦ La fièvre aphteuse est causée par un aphtovirus, virus à ARN de la famille de Picornaviridae. La symptomatologie de la maladie est caractérisée par de la fièvre à laquelle s'associent des aphtes dans la bouche et des cloques sur les pieds. Il n'existe aucun traitement spécifique. Si les porcs adultes guérissent généralement spontanément, une mort soudaine suite à des lésions de la musculature cardiaque est possible chez les porcelets. L'Europe est considérée indemne mais des épizooties peuvent apparaître suite à l'introduction d'animaux malades, d'objets ou de produits contaminés. Ainsi, en 2001, plusieurs foyers ont été recensés en France après utilisation, en Angleterre, de déchets de cuisine d'un navire comme aliments pour porcs. ✦ La maladie vésiculeuse, impossible à distinguer d'un point de vue clinique de la fièvre aphteuse, provoque également de la fièvre, des vésicules se transformant en ulcères superficiels sur les pieds, le groin, les mamelles ou dans la bouche. Cette affection, pour laquelle il n'existe ni traitement ni vaccin, résulte d'une infection par des entérovirus de la famille des Picornaviridae. Il est donc nécessaire de procéder à des analyses en laboratoire pour établir un diagnostic de certitude. Salmonellose ✦ Plusieurs espèces de salmonelles sont à l'origine de la salmonellose porcine, en particulier Salmonella Derby, S. typhimurium et S. choleraesuis. Si l'infection d'un élevage est souvent inapparente, une multiplication importante de ces bactéries au niveau intestinal peut engendrer une diarrhée aqueuse brun jaunâtre avec amaigrissement, pratique vétérinaire des sténoses rectales, une septicémie, voire une toux en cas d'atteinte pulmonaire. ✦ La thérapeutique fait appel à la colistine ou la gentamycine par voie injectable car les animaux malades ne boivent plus et cessent de s'alimenter. Néanmoins même à la suite d'un traitement antibiotique, les porcs peuvent rester porteurs sains pendant des semaines, voire des mois. ✦ Due à la bactérie Haemophilus parasuis, dont il existe 15 sérotypes différents plus ou moins virulents, la maladie de Glässer est une affection dont le symptôme principal est une polysérosite fibrineuse. Streptococcus suis, Mycoplasma hyorhinis peuvent être à l'origine d'un tableau clinique similaire chez le porc. D'autres troubles sont susceptibles d'apparaître tels une polyarthrite, une méningite, une septicémie, une myosite et des difficultés respiratoires. Le regroupement d'animaux d'origines différentes et les facteurs de stress (sevrage, transport) favorisent l'appa rition de la maladie au sein de grandes exploitations. ✦ L'antibiothérapie fait appel aux bêtalactamines (amoxicilline, ampicilline, ceftiofur) ou aux associations pénicilline-streptomycine et triméthoprime-sulfamide. Toutefois, du fait de l'existence d'un nombre élevé de souches d'H. parasuis multirésistantes, la réalisation d'un antibiogramme est recommandée pour la mise en place d'un traitement. Les vaccins disponibles stimulent le développement d'une immunité active uniquement contre les sérotypes les plus prévalents 4 et 5 (Suvaxyn ® M. Hyo-Parasuis) ou seulement 5 (Porcilis ® Glässer). ✦ L'agent du rouget est une bactérie à Gram positif dénommée Erysipelothrix rhusiopathiae. Les principales voies d'inoculation sont cutanées et intradermiques (écorchures). La maladie peut présenter des évolutions variées : suraiguë ou aiguë, parfois fatales en quelques heures, chronique, septicémique ou localisée. Les symptômes sont donc divers : lésions cutanées sous forme de plaques d'urticaire rectangulaires, endocardites, néphrites et arthrites surtout au niveau des jarrets. ✦ Les pénicillines A ou G s'avèrent en général efficaces, mais la doxycycline ou les macrolides peuvent être utilisés en cas d'allergie aux bêtalactamines. Des vaccins existent en prévention du seul rouget (Eryseng ® , Ruvax ® ) ou couplés à la parvovirose porcine (Eryseng Parvo ® , Parvoruvax ® , Porcilis ® Ery + Parvo). Ces derniers ne protègent pas les porcs contre l'évolution chronique de cette affection et favorisent même parfois l'apparition d'arthrites. ✦ Les infections à Streptococcus suis font partie des infections majeures dans les élevages porcins. Elles affectent surtout les porcelets sevrés et les porcs à l'engraissement. La pathologie peut revêtir plusieurs aspects selon la virulence de la souche et l'organe atteint : hyperthermie, septicémie, méningite, pneumonie, endocardite ou atteinte articulaire. ✦ Le traitement fait appel à des antibiotiques : l'ampicilline ou l'amoxicilline. Reproduction, mise bas et lactation ✦ Un certain nombre d'affections rencontrées au cours de la reproduction est consécutif à des problèmes alimentaires tel le syndrome de la truie maigre qui apparaît en cas de sous-alimentation en gestation, puis en lactation. Il est souvent difficile de convaincre les éleveurs que, dans cette situation, un parasitisme externe est la conséquence et non la cause de la maladie. À l'inverse, il existe un syndrome de la truie grasse due à une suralimentation modérée continue, appréciée par des replis graisseux entre les cuisses. ✦ Par ailleurs, la présence de problèmes locomoteurs avec une faiblesse des membres en fin de gestation, d'un allongement de la durée moyenne de la mise bas et d'écoulements vulvaires caractérise une truie grasse à la mise bas et maigre au sevrage ("truie accordéon"). Il est aujourd'hui admis qu'il est possible d'améliorer le déroulement des mises bas et de la lactation par l'alimentation afin de dynamiser la vitalité des porcelets nouveau-nés. ✦ Si les écoulements vulvaires sont physiologiques chez la truie en chaleurs, ils ont pour origine, chez la cochette non saillie, des infections ascendantes provenant de l'environnement et traduisant une immaturité du système immunitaire. Chez la truie nullipare, un épisode infectieux peut apparaître 17 à 20 jours après une contamination lors de la saillie. Classiquement l'endométrite postpartum se rencontre chez la truie multipare après une colonisation de l'endomètre par des staphylocoques Peu fréquente, mais transmissible à l'homme, la brucellose porcine concerne les élevages de plein air contaminés par la faune sauvage. Maladies d'élevage des porcs Veterinary microbiology and microbial disease Merck Sharp & Dohme Corp. MSD Veterinary Manual