UC-NRLF B 4 50L 628 alt tukan GIFT OF HORACE W. CARPENTIER SITATIS NIVERSIZ TVM VA CALIFO FORNIA IENSIS NISIGU MDCCCLXVIII EX LIBRIS DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES RELATIONS POLITIQUES ET COMMERCIALES DE LA . FRANCE AVEC L'EXTRÊME ORIENT STUD AU SAINT-QUENTIN. - IMPRIMERIE J. MOUREAU ET FILS LA FRANCE EN CHINE AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE DOCCJENTS INEDITS PUBLIÉS SUR LES MANUSCRITS CONSERVÉS AU DÉPOT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES AVEC UNE INTRODUCTION ET DES NOTES PAR HENRI / CORDLERS Chargé de Cours à l'Ecole des langues orientales vivantes, Directeur de la Revue de l'Extrême-Orient. TOME PREMIER PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC. 28, RUE BONAPARTE, 28 1883 INTRODUCTION Cette Collection dont le titre : Documents pour servir à l'his- toire des Relations politiques et commerciales de la France avec l'Extrême-Orient, indique suffisamment le contenu, est la base d'une Histoire générale de ces Relations, histoire qui n'est elle- mêine, qu’un fragment d'un ouvrage plus considérable sur l'ensemble des Relations des peuples d'Occident avec ceux de l'Extrême- Orient. Un seinblable travail n'avait pas encore été entrepris. M. Pauthier a publié, à l'époque de la guerre de 1860, une Histoire des relations politiques de la Chine avec les Puis · sances occidentales (1), qui n'avait que le mérite de l'actualité. Elle est pleine d'erreurs, insuffisante à tous les points de vue ; elle ne saurait même être présentée comme une esquisse destinée à servir à un travail plus important. C'est, à part un chapitre du Middle Kingdom du Dr. S. Wells Williams (2), dans lequel il n'est parlé d'ailleurs que d'une ma- nière fort brève d'un certain nombre de puissances occidentales, le seul ouvrage général sur la matière. Quand nous disons que l'ouvrage de M. Pauthier est le seul qui existe sur la matière, nous ne parlons naturellement que des ouvrages imprimés, car il existe au Département asiatique du Ministère des 1. Histoire des relations politiques de la Chine avec les puissances occidentales depuis les temps les plus anciens jnsqu'à nos jours. .. par G. Pauthier.... Paris, Didot, 1859, in-8. 2. The Middle Kingdom; a Survey of the Geography, Government, Education, ..... Religion, etc., of the Chinese Empire and its inhabi- tants : With a New Map of the Empire,.... By S. Wells Williams.... New-York, Wyley and Putnam, 1848, 2 vol. in-12. 451049 INTRODUCTION Affaires étrangères à St. Pétersbourg, un manuscrit inédit de Tim- kovski, qui fut ambassadeur à la Chine en 1822, sur les relations de son pays avec cet empire éloigné. Nous-mêmes possédons aux Archives de notre Département des Affaires étrangères, un mémoire manuscrit considérable d'un sieur P. P. Darrac-Capitaine, sur les établissements français en Asie et principalement du Bengale. Ce manuscrit, qui forme un volume grand in-folio, est le premier tome d'une série de quatorze concernant les Indes Orientales, et ne com- prend pas moins de 574 pages consacrées au mémoire du sieur Darrac, daté de Chandernagor le 26 Décembre 1822. Il est suivi d'une courte notice sur le Comptoir de Mahé, par le même auteur. Ce ne fut qu'en Mai 1840 que le sieur Darrac adressa son mémoire du Ministre des Affaires étrangères par la lettre suivante : A Son Excellence M. le Ministre des Affaires Etrangères, Président du Conseil. MONSIEUR LE MINISTRE, Me conformant au désir que Votre Excellence m'a mani- festé dans la lettre dont elle m'a honoré, sous la date du 15 courant, d'agréer la communication des renseignements que j'ai été à portée de recueillir sur les Établissements que jadis la France forma en Asie, je me fais un devoir de les transmettre à Votre Excellence, en lui adressant ci-joint un ouvrage qui a pour titre : Mémoire statistique des Etablissements français en Asie et principalement de ceux du Bengale. Ces Établis- sements nombreux formés en grande partie par Louis XIV, pour l'utilité de la Compagnie des Indes qu'il avait créée, furent placés sous les ordres et dans les attributions de cette Compagnie, et relevaient en partie du Comptoir de Chan- dernagor ; c'est aussi dans les archives de ce Comptoir, où une recherche minutieuse de plusieurs années, que le pur zèle pour la chose publique me fit entreprendre, que j'ai puisé les documents que ce mémoire renferme et dont pres- que tous étaient ignorés du Gouvernement français avant qu'ils ne fussent retirés de la poussière où ils étaient enfouis INTRODUCTION III depuis plus d'un siècle. La source où ces documents ont été puisés leur donne un caractère officiel dont l'intérêt devra rejaillir sur les développements et les commentaires que j'ai cru devoir ajouter à leur authenticité. Ces Établissements qui, dans leur origine n'avaient rapport qu'au commerce et qui étaient étrangers à la politique, sont aujourd'hui du domaine de celle-ci depuis qu'elle a changé de nature et qu'elle est devenue le lien principal des rela- tions des peuples entre eux. C'est par ce motif que j'ai cru devoir adresser à Votre Excellence le mémoire précité (que d'abord j'avais adressé au Ministère de la Marine auquel j'étais attaché), persuadé que je suis, aujourd'hui, que tous les sujets qu'il traite, et principalement les dissertations aux- quelles ils ont donné lieu, sont tous du domaine de la polique. A ce mémoire est d'ailleurs jointe une table analytique des matières qu'il contient et dont la simple lecture pourra fixer le choix de celles qui pourraient être de quelque importance pour le Département des Affaires Étrangères ; et comme ce mémoire n'est, aux développements près qu'il contient, qu'un recueil exact des causes qui donnèrent lieu à ces Établissements, des droits de propriété, des concessions et des priviléges accordés par les princes à leur fondation ; ce mémoire, dis-je, doit être envisagé comme une pièce d'ar- chives propre à être consultée non seulement dans le temps présent, mais encore dans l'avenir, si tant est que les événe- ments, qui de nos jours se succèdent avec rapidité sur toutes les parties du globe ramenaient l'occasion d'y recourir. En ce qui concerne la Perse, objet spécial de la demande de Votre Excellence, tout ce que j'ai pu trouver à ce sujet est consigné dans les pages 5 17 jusques à celle 574 dudit mémoire, ainsi que les questions qui se rattachent au commerce avec la ville de Tatta que la Perse avait donnée à la France, et à la route à prendre pour y parvenir, question de haute politique. Il en est de même de ce qui a rapport aux ambassades IV INTRODUCTION envoyées par Louis XIV à Siam et aux concessions éton- nantes qui nous furent accordées dans ce pays; sujets traités à l'article qui parle de ce royaume. Puisse enfin ce Mémoire que j'ai l'honneur d'offrir à Votre Excellence; être de quelque utilité au Département confié à votre Administration ; puissé-je être instruit que mes espé- rances, quant à ce, ne sont point déçues et que le but que je m'étais proposé en travaillant ce mémoire se trouve rempli. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, De Votre Excellence, Monsieur le Ministre, Votre très humble et très obéissant serviteur, D'ARRAC-CAPITAINE. Paris, le 23 mai 1840. 38, Rue des Vieux-Augustins, Hôtel de Hollande. On répondit au S. Darrac le 10 juin 1840, pour le remercier et lui annoncer que son Mémoire dont voici le titre exact serait déposé aux Archives des Affaires étrangères : DES ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS EN ASIE ET PRINCIPALEMENT DE CEUX DU BENGALE MÉMOIRE Contenant les principaux Événements politiques et commerciaux de la Compagnie française des Indes Orientales depuis son Origine jusqu'à la suspension de son privilége en 1769; les Établissements qu'elle forma en Asie; les Priviléges attachés à ces Établissements; l'utilité qu'elle en reli- rait; les motifs qui lui en firent abandonner une partie ; les causes qui con- coururent à ses succès et à ses revers; l'état du Commerce français de l'Inde depuis la suspension du privilége jusqu'en 1793; les vexations et les humiliations qu'il éprouva de la part des ANGLAIS au Bengale pendant le cours de cette période ; les changements introduits dans l'exercice du commerce et dans la situation politique des Français au BENGALE, par la déclaration du Conseil dc Calcutta du 14 avril 1814, par la fausse INTRODUCTION interprétation donnée par le Ministère anglais au dernier traité de paix et par la convention du 7 mars 1815; les Établissements du Bengale, leur statistique, l'inutilité de ces Établissements sous le rapport du commerce, les avantages qui résulteraient de la reprise de possession d'anciens Éta- blissements en Asie, situés ailleurs que dans les possessions de la Compa- gnie anglaise ; le projet du Ministère (après le traité de paix de 1763) de for- mer des nouveaux Établissements indépendants, le développement de ce projet; les raisons, qui dans l'état actuel du Commerce français, militent pour la reprise de cet ancien projet, etc., etc., etc., le tout rédigé sur des Pièces officielles, et envoyé à son Excellence le Ministre de la Marine et des Colonies. Par P. P. DARRAC-Capitaine. Chef de la Loge de Dacca. Chandernagor, 1822. L'ouvrage du sieur Darrac, grâce à des recherches dans des docu- ments inédits, offre le plus vif intérêt, et nous croyons que c'est rendre justice à l'auteur que de reproduire ici la table déiaillée de son travail en même temps que c'est faire connaitre d'une façon générale nos rela- tions avec l'Inde et l'Exirême Orient, moins la Chine. . TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES TRAITÉES DANS CE MÉMOIRE. PREMIÈRE PÉRIODE DE 1537 A 1720. Pages. 1537. Tentatives des Français pour faire le commerce de l'Inde, depuis 1537 jusqu'en 1664. — Lettres-patentes accordées à ce sujet. . . . . . . . . . . . . . . . . I 1664. Edit du roi portant création de la Compagnie des Indes Orientales. – Concessions qui lui sont faites .... 1668. Établissement formé à Surate. — Commerce de Surate. — Motifs qui décident la Compagnie à quitter Surate.. 1670. La Compagnie veut s'établir à Ceylan. – Les Hollandais s'y opposent et forcent les Français à quitter l'Ile . .. 1674. Fondation de Pondichéry et de quelques autres comptoirs. 1684. Envoi de M. Duplessis-Matikassin au Bengale pour y for- mer des Établissements. – Fondation de la Loge de Ba- lassor . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1690. M. Deslandes est envoyé au Bengale. Il fonde la loge de Chandernagor sur un terrain qui lui est concédé ... 7 Opposition des Hollandais à la construction de la loge que les Français bâtissent à Chandernagor. ...... VI INTRODUCTION 10 1 Guerre entre la France et la Hollande, — Prise de Pondi- chéry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1698, Priviléges accordés par l'Empereur Mogol à la Compagnie, - Traduction du firman (Edit) qui les contient ... Paravana (Ordonnance) du Nabab (Roi) du Bengale, pour l'exécution du firman de l'Empereur ..,, Paravana du Diwan du Bengale, qu¡ autorise la Compa- gnie à porter les matières d'or et d'argent aux Hôtels des Monnaies du pays pour les convertir en roupies., Causes de la décadence de la Compagnie jusqu'en 1698.. 1698. Cession du privilége du commerce de la Chine à une Société de marchands , . . . . . . . . . . . . . . La paix de Ryswick remet la Compagnie en possession de Pondichéry ; elle reprend le commerce de l'Inde qu'elle avait suspendu, et abandonne une partie de ses Établisse- ments . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1714. La Compagnie ruinée cède son privilége à une Société de marchands. — Insuffisance des moyens de cette So- ciété pour fournir aux besoins de la France .. 15 16 17 id. 19 20 22 SECONDE PÉRIODE DE 1720 A 1726. 1717. Création de la Compagnie des Indes Occidentales. — Do- tation de cette Compagnie. — Réunion de cette Compa- gnie à celle des Indes Orientales . . . . . . . . . Le gouvernement emprunte 90,000,000 livres à la Com- pagnie d'Occident. — Nouvelles actions des Compagnies réunies sous la dénomination de Compagnie de l'Inde. La Compagnie devient Société financière et spécule sur la fortune publique ...... Elle offre au roi de lui prêter 1,200,000,000 livres pour payer les dettes de l'Etat. . . . . . . . . . . . Elle est autorisée à former des nouvelles actions pour réaliser ses offres. — Crédit étonnant de la Compagnie. – Ré- sultats qu'eurent ses actions . . . . . . . . . 1720. Répartition de dividendes considérables pour soutenir son crédit. - Chute du système de la Compagnie . . . . Le roi est obligé de reprendre les fermes générales et donne en garantie des 90.000.000 livres qu'il avait em- pruntées la ferme du Tabac et la Loterie, ..... 1725. Édit du roi qui limite le nombre des actions de la Compa- gnie, garantit ses priviléges et réduit les prétentions des actionnaires à la valeur de leurs actions ...... Avoir de la Compagnie après le débrouillement de ses affaires. — Sa situation. – Résultats de son commerce pendant cette période. . . . . . . . . . . . . M. Dardancourt est envoyé au Bengale pour y diriger le id. 25 27 28 INTRODUCTION VII commerce. - Acquisition de l'aldée de Boroguichempour pour la joindre à la loge de Chandernagor. – Firman de l'empereur Foroksier pour la diminution des droits des douanes . . . . . . . . . . . . . . . . Paravana du Nabab du Bengale qui ordonne l'exécution de ce firman. . . . . . . . . . . . . . . 31 TROISIÈME PÉRIODE DE 1726 A 1763. 37 id. id. 1726. Orri chargé des finances du royaume, donne une nouvelle activité à la Compagnie. – Envoi de Dumas à Pondi- chéry. - Le commerce d'Inde en Inde est rendu libre. Acquisitions de Mahé et de Karikal. – Droit de battre monnaie à Pondichéry. - Protection accordée par Du- mas à la famille du Nabab d'Arcate. – Reconnaissance de ce Nabab envers la Compagnie ........ Commerce de la Compagnie sous l'Administration de Du- mas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Compagnie fortifie ses établissements. – Raisons qui obligent à les mettre en état de défense...... 1730. La Compagnie écrasée par ses grandes dépenses est forcée à renoncer au commerce des côtes de la Barbarie et à celui de la Louisiane . . . . . . . . . . . . . Répartition de dividendes excessifs. — Cause qui dérangent les affaires de la Compagnie . . . . . . . . . . Le commerce du Bengale prend une nouvelle extension sous M. Diroir. — Augmentation du territoire de Chan- dernagor. — Établissements qu'il forme au Bengale. . Dupleix remplace M. Diroir au Bengale. – Activité qu'il donne au commerce. — Il fortifie Chandernagor . . .. Établissements formés par Dupleix. – Sanad qu'il obtient pour la diminution des droits des douanes. - Traduction de ce Sanad . . . . . . . . . . . . . . . Il fait occuper l'établissement du Pégou. — Il fonde celui de Banderabassy sur le détroit d'Ormuz ...... Dupleix passe à Pondichéry en qualité de Directeur général. – État de l'Inde à cette époque . . . . . . . . .. Vues politiques de Dupleix. — Bussy. – Labourdonnais. 1751. Concessions du Nabab du Carnate et du Soubab du Décan. Importance de ces concessions.— Moyens de les conserver. Rappel de Labourdonnais. . . . . . . . . . . . 1753. Rappel de Dupleix . . . . . . . . . . . . . Situation des affaires de la Compagnie sous l'administra- tion de Dupleix. . . . . . . . . . . . . . . La Compagnie est obligée de renoncer au commerce des îles et à une partie de celui de l'Asie . . . . . . . 43 45 52 ppel de Labourdonna VINI INTRODUCTION Elle a recours aux emprunts. – Donation que lui fait le roi. — Règlement des comptes de la Compagnie avec le Gouvernement. — Le roi reprend la ferme du Tabac. – Indemnités accordées à la Compagnie. . . . . . . .57 1749. Nouveaux emprunts. — Charges de la Compagnie. – Négli- gence dans son commerce. — Ignorance de sa situation. 58 1752. Mémoire des Syndics et Directeurs du département des caisses, présenté à la Compagnie . . . . . . . . 60 Résultat de l'administration de Dupleix . . . . . . . 71 1754. Envoi de Godeheu dans l'Inde. – Trêve avec les Anglais . 1755. Bussy quitte le Décan par ordre du Soubab. — Honorable retraite de Bussy. . . . . . . . . . . . . . 74 Commerce du Bengale. — Mode employé par la Compagnie pour y exploiter ses priviléges . . . . . . . . . 75 Tableau des marchandises que la Compagnie y apportait et en éxportait. . . . . . . . . . . . . . . Causes de la décadence du commerce français au Bengale depuis le rappel de Dupleix. .......... Les établissements des Anglais au Bengale sont attaqués par le Nabab. - Prise de Calcutta . . . . . . . . . 82 1756. Le Nabab demande du secours aux Français. — Résultat qu'on devait attendre d'une alliance avec le Nabab .. Hostilités commencées entre la France et l'Angleterre. — Lettre du ministre de la marine, qui défend d'attaquer les Anglais sur terre. – Doutes sur l'authenticité de cette lettre . . . . . . . . . . . . . . . . . . Esprit de l'administration française à cette époque. . . . 86 Arrivée d'une escadre anglaise au bas du Gange. – Corres- pondance entre l'amiral et le directeur de Chandernagor. Reprise de Calcutta . . . . . . . . . . . . . .. Le Nabab renouvelle ses propositions au directeur de Chan- dernagor. — Avantages concédés par le Nabab à la Com- pagnie. – Dignités accordées au directeur. ...... Irrésolution du directeur de Chandernagor . . . . . . 94 Le Nabab attaque les Anglais. — Il est battu. – Traité qu'il fait avec les Anglais. -- Nouvelles immunités qu'il leur accorde. . . . . . . . . . . . . . . . id. Les Anglais méditent d'attaquer Chandernagor. – Mani- feste de M. Renaud, directeur. ... . . . . . Sommation de remettre la place. – Réponse du directeur. 97 1757. Reddition de la Place. – Capitulation ....... 98 Les Anglais violent la capitulation. – L'administration française est renfermée dans les prisons de Calcutta . . 101 Trahison de Mëer-Jaffier. - Traité qu'il fait avec les Anglais. . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Bataille de Plassey . . . . . . . . . . . . . . 104 INTRODUCTION Liberté des Français détenus à Calcutta. – Ordre de leur embarquement. — Représentations à ce sujet. . . . 106 1758. Envoi du comte Lally dans l'Inde. — Peu de moyens mis à sa disposition . . . . . . . . . . . . . . . 108 Prise de Goudelour et du Fort Saint-David . . . . . . 109 Attaque et prise de cette ville. — Abandon forcé de cette place peu de jours après s'en être emparé. .... 1760. Lally se retire dans Pondichéry. — Siège de cette place. — Capitulation . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Lally accusé de trahison. - Sa mort . . . . . . . . 115 Eloge de Lally par un Anglais, son contemporain. ... 116 Progrès des Anglais au Bengale depuis la prise de Chander- nagor et de Pondichéry jusqu'à leur restitution en 1765. 117 QUATRIÈME PÉRIODE DE 1765 A 1769. 1763. Traité de paix. – La Compagnie reprend ses établisse- ments. — Secours fournis par le Roi. ....... 122 1764. Emprunt de la Compagnie à ses Actionnaires.— Assurance donnée à ces derniers par l'édit de Compiègne. ... 123 1765. M. Law de Lauriston est envoyé dans l'Inde pour reprendre possession de la portion du domaine qui avait été laissé à la Compagnie par le traité de paix de 1763 ..... 126 Acquisition de la Dewanée du Bengale par les Anglais. – Ce qu'était cet office . . ; . . . . . . . . . . id. Remise des possessions françaises par les Anglais . . . . 130 Organisation de l'administration au Bengale.- Réparations des Loges. . . . . . . . . . . . . . . .. . 131 1766. Fondation des Petites Loges, connues sous le nom de mai- sons de commerce. . . . . . . . . . . . . . 132 Les Anglais attaquent les priviléges de la Compagnie . . 133 1767. Demande d'un partage de tisserands entre les Compagnies privilégiées faite par les Hollandais. – Refus des Anglais. - Motifs qu'ils alléguèrent. .......... 135 Autre demande sur le même sujet faite par les Français - Nouveau refus. – Motifs de ce refus. . . . . . 137 1768. Excès des Anglais contre le commerce des autres Compa- gnies établies au Bengale . . . . . . . . . . . 139 Les priviléges de la France sont attaqués de nouveau .. 142 Violation du traité de paix au sujet des fossés de Chanderna- gor. - Les Anglais les comblent à main armée. – Ordres donnés en cas de résistance de la part des Français. . . 144 Causes qui concourent au mauvais succès de la Compagnie et qui amènent sa chute. ........... 146 1769. Suspension du privilége de la Compagnie. – Le Roi se met au lieu et place de cette dernière. . . . . . . . . 148 INTRODUCTION CINQUIÈME PÉRIODE DE 1769 A 1778. Motifs qui décidèrent le Roi à suspendre le privilége de la Compagnie ................ 149 Le Gouvernement, avant de suspendre le privilége, fait examiner la situation de la Compagnie. — L'abbé Mo- rellet est chargé de ce travail.- Analyse de son rapport. 150 L'écrit de l'abbé Morellet attaqué par MM. Necker, Godeheu et plusieurs Actionnaires. . . . . . . . . . . . 152 Assemblée du Parlement au sujet de l'arrêt du Conseil d'Etat du Roi, du 13 août, qui suspend le privilége de la Compagnie.— Les syndics de la Compagnie et les députés des principales villes de commerce sont entendus . . . 153 Réponses de MM. les syndics au Parlement. - Argument tiré de leurs réponses pour prouver les vices de l'admi- nistration de la Compagnie. . . . . . . . . . . id. Représentations du Parlement au Roi. – Réponse du Roi au Parlement . . . . . . . . . . . . . . . id. 1770. Arrêt du Conseil d'Etat portant création d'un contrat de 1,200,000 l. de rente perpétuelle en faveur de la Com- pagnie. – Cession au Roi des propriétés mobilières et immobilières de cette dernière. . . . . . . . . . 158 Le Roi reste chargé de toutes les dettes de la Compagnie.- Le capital des Actions est définitivement fixé . . . . 159 Liquidation de la Compagnie. – Nomination des Commis- saires chargés de cette liquidation . . . . . . . . id. Changement que produisit le nouveau système dans l'exer- cice du commerce et de l'administration . . . . . . 160 1771. Réduction dans les dépenses générales ....... Etat malheureux du commerce dans les deux premières années qui suivirent la suspension du privilége de la Compagnie. . . . . . . . . . . . . . . . 164 1772. Attaque des Anglais au Bengale contre les comptoirs du Roi et contre le commerce libre de la France . . . . 165 Plaintes réitérées portées au ministre de la marine et au Conseil supérieur de Pondichéry à ce sujet . . . . . 170 1773. Les Anglais demandent le rappel des employés Français Européens qui étaient dans les loges du Bengale. — Ré- ponse à ces prétentions . . . . . . . . . . . . 174 Les Anglais violent le droit des gens sur le territoire fran. çais à Dacca. — Ils contestent le droit de juridiction. — Proclamation à ces sujets . . . . . . . . . . . 176 Les chefs demandent avec menaces le paiement de ce qui leur était dû par la Compagnie. – Délibération du Conseil de Chandernagor à ce sujet. ....... 180 Le Gouvernement cesse de faire directement le commerce INTRODUCTION XI du Bengale à raison des vexations continuelles qu'il y éprouve, , . . . . . . . . . . . . 183 Le commerce libre s'y soutient malgré les entraves qu'il y éprouve. - Motifs de ses succès. , , , , , , id. Le plan de l'administration est changé au Bengale ,,, 184 1775. Tableau des dettes actives et passives de l'ancienne Com- pagnie au Bengale, liquidées en vertu de l'arrêt du 29 septembre 1770.............. 185 1776. Entreprise audacieuse des Anglais sur Chandernagor dont ils s'emparent à main armée dans un temps de paix, - Ils renoncent à cette entreprise. . . . . . . . . 190 Le Ministère français, vû les humiliations qu'il éprouve au Bengale, conçoit le projet de former un Établissement principal à Tatta sur l'Indus, et de rouvrir l'ancienne route de l'Inde par la mer Rouge, ....... Id. Envoi d'une Commission pour reconnaître la situation et l'utilité de l'Établissement proposé et la possibilité de mettre à exécution le plan du Ministère . . . . . . 194 1778. Avis de la guerre entre la France et l'Angleterre. – Prise de Chandernagor et de tous les Établissements français du Bengale, ............... 196 Résultats du Commerce français au Bengale depuis la sus- pension du privilége jusqu'à la paix de 1783. .... 197 SIXIÈME PÉRIODE DE 1783 A 1792. 1782. Position de l'escadre française et de l'armée de terre dans l'Inde au moment du traité de paix de 1783, – Avan- tages qu'on devait attendre de cette position dans ce traité . . . . . . , , , , , , , , , , , , 199 1785. Le roi envoie dans l'Inde pour reprendre possession des établissements qui devraient être restitués par ce traité. 201 Création d'une nouvelle Compagnie. – Motifs qui déci- dèrent cette création. . . . . . . . . . . . . Id. Objections contre cette création. — Analyse des princi- paux points attaqués. . . . . . . . . . . . . 205 Avantages qu'avait la Compagnie sur le commerce particu- lier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Restitution de Chandernagor. – Condition préliminaire imposée par le commissaire anglais chargé de cette res- titution . . . . . . . . . . . . . . . . . 214 Prétentions des Anglais relatives au droit du Dostok et à la visite des bâtiments français dans le Gange, ... 215 Convention au sujet de cette visite entre l'agent du roi au Bengale et le conseil de Calcutta . . . . . . . . 218 Cette convention est improuvée par le Gouverneur général XII INTRODUCTION des établissements français: – Demandes adressées par ce dernier au conseil de Calcutta sur l'inexécution du traité de paix de 1783............ 219 Excès des Anglais sur le territoire de la Loge de Dacca. – Ils tirent à boulet sur la corvette du roi, l'Espérance, re- montant le Gange. – Abandon de cette corvette aux Anglais . . . . . . . . . . . . . . . . . Id. Protestation de l'agent du roi au Bengale contre cette en- treprise . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Réponse des Anglais à cette protestation. ..... 223 Nouveaux attentats des Anglais sur le navire l’Auguste Victor 224 Le Conseil supérieur de Pondichéry demande à celui de Calcutta l'exécution du traité de paix. — Série des ques- tions qu'il lui adresse à ce sujet. . .. 225 1786. Énumération des établissements dont le ministre ordonne de prendre possession et d'y arborer le pavillon national. 227 Discussion au sujet de la restitution de Chatigan. – Les Anglais exigent la production des titres originaux... 231 Refus de l'agent anglais chargé de la restitution de la Loge de Cassim bazard de signer l'acte de restitution de cette Loge parce que cet acte contenait legissement exact de cette Loge. . . . . . . . . . . . . . . Id Le territoire de la Loge de Serempour, dépendante de celle de Dacca, restitué à la France et puis repris par les Anglais. – Nouveaux attentats commis sur le territoire de la Loge de Dacca. – Plaintes à ce sujet portées au Conseil de Calcutta . . . . . . . . . . . . . 233 Moyens généraux que l'agent du roi fait valoir contre les excès des Anglais. . . . . . . . . . . . . . 235 Convention provisionnelle passée à l'Ile de France entre MM. le vicomte de Souillac et le lieutenant-colonel Cakart(lisez Cathcart] . . . . . . . . . . . 239 Refus des Anglais de l'exécuter. – Analyse de cette Con- vention. . . . . . . . . . . . . . . . 239 Origine de la juridiction que les puissances établies au Bengale exerçaient dans leurs factories et que la France exerçait dans les Petites Loges ou maisons de commerce 2.40 Raisons qui décidèrent la Compagnie à former les Petites Loges . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 1787. Ordre réitéré du ministre pour faire occuper les Petites Loges du Bengale et y arborer le pavillon. . . . . 246 • Les Anglais nient le droit de la France. – Discussions à ce sujet. — Le pavillon français est arboré et aussitôt abattu par ordre des Anglais. . . . . . . . . . . . 247 Protestation de l'agent du roi contre les insultes faites au pavillon. - Protestation du Gouverneur-général sur le INTRODUCTION XIII même sujet. . . . . . . . . . . . . . . . Id. 1788. Discussion au sujet de l'exercice du Dostok et de la juri- diction sur le territoire des Loges. . . . . . . . 255 La convention du 31 août 1787 met fin aux démêlés des deux nations relatifs aux Petites Loges. - Analyse de cette convention. -- Sacrifices faits par la France dans cette convention. . . . . . . . . . . . . . 262 Cette convention ne fait pas mention de la visite des bâ- timents français dans le Gange. – Interprétation de ce silence par le ministère anglais ......264 Suppression des douanes anglaises. — Inutilité des Dostoks français . . ... .. ..... . .. .. 266 Motifs qui amènent la suppression des douanes. — Ce qui résulte de cette suppression pour les établissements français du Bengale. ............ 267 La rade de Chandernagor est abandonnée par suite de la suppression des douanes anglaises. - Mesures prises par l'autorité pour les y ramener. . . . . . . . . . 269 Les établissements du Bengale sont abandonnés par la nouvelle Compagnie. — Elle fait ses achats chez les An- glais à Calcutta. . . . . . . . . . . . . . . 270 La Compagnie défend à ses capitaines de se servir de pi- lotes français pour remonter le Gange. – Motifs présumés de cet ordre extraordinaire. . . . . . . . . . . 271 Réclamations des Chambres de Commerce des principales villes du royaume contre le système de la Compagnie et contre son privilége. . . . . . . . . . . . . 274 Le roi renvoie aux États-Généraux à statuer sur le sort de la Compagnie . . . . . . . . . . . . . . . Id. Arrété de l'agent pour le roi au Bengale qui oblige les bâ- timents français qui font le commerce d'Inde en Inde de remonter jusqu'à Chandernagor...275 1789. Evacuation prématurée de Pondichéry par la Compagnie. Le Gouverneur général en retire la garnison..... 277 Ouverture des États-Généraux. — Exposé de l'affaire de la Compagnie. - Nomination et rapport d'une commission à ce sujet. . . . . . . . . . . . . . . . . Id. 1791. Le Privilége de la Compagnie est supprimé et le commerce de l'Inde rendu libre. – Le roi reprend les établisse- ments qu'il avait cédés à cette nouvelle Compagnie . . 278 La suppression du privilége de la Compagnie n'améliore pas le sort des établissements du Bengale. — Le gouver- nement vient à leur secours. — En quoi consistaient les secours · . . . . . . . . . . . . . . . . 279 Révolution de Chandernagor. - Renversement de l'auto- rité légitime. – Enlèvement des archives par les révolu- ments du Compagnimpagniesse- : . conversement de l'evolu- XIV INTRODUCTION tionnaires. – Ce qui résulte de cet enlèvement... 281 Vente des effets qui se trouvaient dans les magasins de la Compagnie pour subvenir aux besoins du nouveau gou- vernement : . . . . . . . . . . . . . . 283 L'Ile de France envoie des commissaires à Chandernagor. – Ils ne sont reconnus ni par Pondichéry, ni par l'agent du roi au Bengale résidant à Calcutta. -- Leurs fonctions se bornent à faire adopter une nouvelle constitution à Chandernagor où ils sont accueillis. i. . . i . . 284 Les nouveaux commissaires allouent au comité de Chan- dernagor une somme de 32,000 roupies ou supplément à prendre sur le produit de l'opium dont ils veulent s'emparer. – L'agent pour le roi résidant à Calcutta s'y oppose. - Les discussions relatives à ce sujet... 285 1793. Les Anglais s'emparent de Chandernagor dont ils restèrent les maîtres jusqu'à la restitution de 1816. — Situation des habitants pendant l'occupation des Anglais . . . . 289 SEPTIÈME PÉRIODE DE 1816 A 1822. Changements survenus dans l'Inde depuis la prise de Chan- dernagor en 1793 jusqu'à la reprise de possession de 1816. 290 1816. Envoi d'une Administration dans l'Inde. — Par qui elle est composée. . . . . . . . . . . . . . . . . 292 Refus des Anglais de remettre les possessions dépendantes de la ville de Mahé que la France occupait avant la der- nière guerre. . . . . . . . . . . . . . . . id. Déclaration du Conseil de Calcutta relative aux droits à percevoir sur les marchandises venant de l'intérieur du pays et allant dans les factories des nations étrangères établies au Bengale ............. 295 Mise à exécution de cette déclaration.— Fausse application qu'elle reçoit . . . . . . . . . . . . . . 296 Traité de paix de 1814, commenté par les Anglais. - Réfu- tation des prétentions du ministère britannique. ... id. Convention du 7 mars 1815. – Cette convention admet l'existence des priviléges de la France au Bengale, que le ministère anglais prétend n'avoir point été rappelés dans le traité de paix de 1814. . .. ... ..... 300 L'exercice du Dostok, quoique étant la conséquence de la restitution des établissements du Bengale, n'est point ré- clamé lors de la reprise de possession de 1816. – Effets fâcheux qui résultent de cette omission . . . . . . 302 Analyse des priviléges que la France aurait eu à réclamer si elle eût été appelée à faire son commerce comme en 1792. - Manières dont s'exerçait à cette époque et aux époques antérieures l'exercice du Dostok . ..... 307 . . . 14 - INTRODUCTION XV Changements que les Anglais voulurent introduire en 1785 dans l'exercice du Dostok. iiiii..... 309 Examen des priviléges que la France a aliénés par la Con- vention du 7 mars 1815. ...iiiii... 310 Commerce du sel.— Comment il était fait. - Ses bénéfices. id. Opium ; cet article ne fut jamais exploité par la Compagnie. 314 La quantité d'opium que la France pouvait retirer du Ben- gale était illimitée avant la guerre de 1778 ; depuis, la Convention du 31 août 1787 la fixa à 300 caisses. — Ce n'est que depuis 1789 que le bénéfice de la vente de ces 300 caisses a fait partie des recettes générales du Bengale. - Quel était ce bénéfice. . . . . . . . . . . . 318 Commerce du salpêtre. – Traité passé entre les Compa- gnies européennes à Patna en 1744 pour l'achat de cet article. . . i . i . . . . . . . . . . . . 319 La France n'a retiré aucun fruit de la faculté qui lui était accordée par la Convention du 31 août 1787 et par celle du 7 mars 1815 d'en exporter annuellement 18,000 Mans. - Quelles en sont les causes ? . . . . . . . .. 326 Comparaison des résultats que donnaient l'opium et le sel en 1792 avec ceux que donnent aujourd'hui ces deux articles aliénés par la Convention du 7 mars 1815; bénéfices que donneraient aujourd'hui ces deux branches de commerce si elles étaient exploitées comme en 1792 . 327 Statistique des Etablissements français du Bengale et autres, qui relevaient de Chandernagor par ordre de date de leur fondation . . . . . . . i . . . . . . BALASSOR. Création de cette loge. – Ses priviléges.- Ses dépendances. - Son utilité. ......... ... .. 331 Cette loge perd toute son importance par l'établissement de celle de Chandernagor. - Peu de cas qu'en faisait la Compagnie. — Elle est supprimée en 1791 . ... - 334 Prise de possession de cette loge en 1817 en vertu du traité de paix de 1814. . . . . . . . . . . . . . . 336 CHANDERNAGOR. Etablissement de ce comptoir. – Acquisition d'un terrain pour y bâtir une loge . . . . . . . . . . . . . 337 Paravanas qui suppléent aux titres originaux...... id. Acquisitions de l'Aldée de Boroguichem pour par la Compa- gnie.— Autre acquisition de l'aldée de Chok-Nossyrabat. 339 Tableau de la population de Chandernagor en 1753. . . 343 Etat du comptoir de Chandernagor à l'époque du traité de XVI INTRODUCTION paix de 1763. · · · · · · · · · · · 344 Chandernagor est entouré de larges fossés. – Raisons qui en déterminent l'établissement. – Délibération du Conseil à ce sujet. ............. 345 Difficultés qui s'opposaient à l'exécution du plan des fossés -- Moyens employés pour aplanir ces difficultés. — Ces fossés sont à peine élevés qu'ils sont abattus à main armée par les Anglais. — Détails à ce sujet. ......348 La suspension du privilége de la Compagnie fut funeste à Chandernagor et aux autres Établissements français du Bengale. — Leur décadence depuis cette époque ... 351 Difficultés élevées au sujet de Goretty lors de la reprise de possession de 1785 . . . . . . . . . . . . . . id. Espérances que fit naître pour Chandernagor et les autres Etablissements du Bengale, la création de la nouvelle Compagnie en 1785. – Le système d'égoïsme qu'elle adopta détruisit ces espérances à leur naissance. — Elle abandonne tous les Établissements. – Ce qui résulte de cet abandon. . . . . . . . . . . . . . . . 353 Secours du Gouvernement en faveur des habitants de Chandernagor . . . . . . . . . . . . . . . 354 Revenus de Chandernagor depuis la reprise de possession de 1785 jusqu'en 1792 ............ id. Administration de la justice à cette dernière époque . . . 356 L'occupation de Chandernagor par les Anglais en 1793 fut profitable à cet établissement . . . . . . . . . . id. La mise à exécution de la déclaration du Conseil de Calcutta du 14 avril 1814, lors de la reprise de Chandernagor en 1816, détruisit les espérances qu'avait fait naître la pré- sence du pavillon français. – Effets funestes de cette déclaration . . . . . . . . . . . . . . . : 358 Population présumée de Chandernagor en 1822, – Ses revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . 361 CASSIMBAZARD OU SEYDABAD. Situation de cette loge ; sa fondation. - Concession de l'aldée de Bamougathy moyennant une rente foncière · 365 Importance de cette loge. — Son commerce..... 366 Cession de la redevance que payait la Compagnie pour l’aldée de Bamougathy en faveur du musulman Jagoul-Addy. . id. Commerce de Cassimbazard avant la guerre de 1756 . . . 367 Jagoul-Addy s'empare du revenu de l'aldée de Bamougathy pendant la guerre de 1756. — Il est forcé à en rendre compte à la reprise de possession de 1765. . . . . . id. Décadence du commerce de Cassimbazard depuis l'acquisi- XVIII INTRODUCTION Manæuvres employées par les Anglais pour soustraire au domaine français, lors de la restitution de cette Loge en 1819, la portion qu'il leur convenait de garder. .. . 390 Participation du chef. – Plaintes à ce sujet. – Les limites du territoire français sont posées par le magistrat de Dacca sans la participation du chef de la loge . . . . 392 Aveu du magistrat de Dacca qu'il a été fait des soustrac- tions au territoire français. – Ridicules prétextes qu'il emploie pour justifier son refus à remettre le terrain usurpé . . . . . . . . . . . . . . . . . id. Objets soustraits au territoire français. . . . . . . . 393 Protestation du chef de Loge. – Prise de possession pro- visoire. — Motifs qui la décidèrent . ......394 La juridiction française est attaquée. — Excès des autorités anglaises au sujet de cette dernière. – Ordre donné au chef de la Loge par le Gouverneur général en Conseil, qu'il eût à cesser tout acte de juridiction. – Réponse de ce dernier à l'ordre qui lui est communiqué....395 Les Anglais s'emparent de vive force de la juridiction fran- çaise. — Silence de l'administration à ce sujet . . . . 397 Ordre de M. l’Intendant au chef de Loge de quitter la Loge. - Disposition qui fixe sa résidence à Chandernagor, attendant les ordres de Son Excellence le Ministre de la Marine. . . . . . . . . . . . . . . . . . id. Réflexions au sujet des prétentions et des excès des An- glais. — Réfutation de ces prétentions ....... 398 LOGE DE PATNA. Situation de cette Loge. — Epoque à laquelle la Compa- gnie s'établit à Patna. - Son but en formant cet Eta- blissement . , . . . . . . . . . . . . . 401 Quantité de draps dont l'ancienne Compagnie trouvait le débit à Patna. – Produits qu'elle retirait de cette loge. 402 Etat des possessions dépendantes de la loge de Patna. - Utilité de ces possessions. . . . . . . . . . . 403 Toiles que la Compagnie achetait à Patna. – Nombre de tisserands attachés à son service. - Amélioration des toiles de ce pays dus aux soins du chef de cette loge (M. Carwalho). . . . . . . . . . . . . . Le débouché des produits français à Patna fut nul depuis le traité de paix de 1763. – La Compagnie a depuis lors envisagé cet établissement comme étant d'un mince intérêt .. . ....: 407 Administration de cette Loge. – Fonds que la Compagnie y envoyait annuellement pour ses achats . . . . . . 408 id. INTRODUCTION XIX État de cette Loge à la reprise de possession de Chander- nagor en 1816. - Inutilité de cette Loge. . . . . id. LOGE DE JOUGDIA. Sa situation. — Époque de sa fondation. – Objets qu'elle fournissait au commerce. - Administration de cette Loge. – Fonds que la Compagnie y employait pour ses achats. . . . . . . . . . . . . . . . . . 409 Cette Loge est emportée par les eaux de la mer. – Para- vana du Nabab qui accorde un autre terrain pour y bâtir une nouvelle Loge. — Acquisition de ce terrain. - Les Anglais s'en emparent de vive force, y détruisent les habitations, abattent et déchirent le Pavillon français. - Plaintes à ce sujet . . . . . . . . . . . 410 Acquisition d'un nouveau terrain après la reprise de pos- session de 1785 . . . . . . . . . . . . . 413 Raisons qui empèchèrent l'administration d'y faire bâtir. 414 Renouvellement du Patia du te:ritoire acquis en 1786. – Le chef de la Loge (M. Gilliot) y forme un Établisse- ment. — État des frais à ce sujet. ........ 415 L'Administration accorde à M. Gilliot la sixième partie du terrain acquis, pour l'indemniser des dépenses qu'il avait faites. — Arrété du Gouverneur général qui approuve cette cession . . . . . . . . . . . . . . . 416 Le Roi en 1814 nomme un chef à cette Loge. – L'Admi- nistration n'a pas jugé devoir la faire occuper. - Elle est inutile au commerce dans l'état actuel des choses. . 417 PETITES LOGES. Ce qui fut statué à leur égard par la Convention du 31 aout 1787. . . . . . . . . . . . . . . . 418 LOGE DE CHOPOUR. Sa situation. - Ses produits. — Son utilité. – Ses dépen- dances . . . . . . . . . . . . . . . id. LOGE DE KERPAYE. Sa situation. — Ses produits. – Son utilité. – Ses dépen- dances . . . . . . . . . . . . . . . . 422 LOGE DE CANICOLA. Sa situation. – Ses produits. — Son utilité. — Ses dépen- dances . . . . . . . . . . . . . . . . id. INTIOSICT.CN LIGE DE WINEPCE Se s coa. - Sospodas. – Scoco . - Se dezege 02- . . . . . . . . . . . . . 13. LOGE DE SEPEWPOUZ. Sa stication. – Ses produits. – Soa uste. - Ses dezen- casces. – Cette Loze dépendante de ce ne ĉe Dassa s'a pas été réciacée lors de la prise de possession de cette dersicre. - Pour ques mots . . . . . . . . . 424 LOGE DE CHATIGAN OC ISLAMABAD. Sa situation. – Importance que lui donnaient ses rapports avec les royaumes voisias. – Epoque de sa fondation. . 425 Discussions qui s'élevérent en 1785 au sujet des propriétés attachées à cette Loze. – Titres qui furent produits. . 420 Proposition d'un échange de Chancernagor contre Chati- gan faite après le traité de 1703. – Cette proposition ne fut point accueillie par les Anglais . . . . . . . 429 L'idée de cet échange est reproduite en 1786. Il n'y est point donné suite. . . . . . . . . . . . . id. Le territoire de Chatigan d'abord disputé par les Anglais en 1986 est restitué après la Convention du 31 août 1787 qui régla le sort des petites, Loges . . . . . . 432 LOGE DE MALDA. Sa situation. – Ses produits. – Ses dépendances. — Fonds que la Compagnie y envoyait. — Cette Loge fut occupée en 1790 · · · · · · · · · · · ·.· 33 ÉTABLISSEMENT FORMÉ AU SILHET. TAO But que se proposait l'administration en formant cet établissement. — Sa situation. – Ses produits. – Cet établissement fut occupé en 1785. . . . . . . . 436 ÉTABLISSEMENT DE GOUALPARA. But de la Compagnie en formant cet établissement. — Sa situation. -- Son commerce. — Ses dépendances . . . 437 M. Chevalier est le premier européen qui pénètre dans le royaume d'Assem par Goualpara. — But de son entre- prise. – Difficultés qu'il y rencontre. . . . . . . 438 Utilité qui serait résultée pour la France de la prise de possession de tous ces petits Établissements au Bengale qu'elle possédait en 1792 et qui devaient lui étre restitués INTRODUCTION XXI par le traité de paix de 1814. . . . . . . . . . 441 Projet d'échange proposé par les Anglais en 1817 des terri- toires dépendant des Loges françaises, contre le terri- toire anglais qui se trouve entre Chandernagor et la campagne de Goretty . . . . . . . . . . . . 442 Étendue et revenus du territoire anglais proposé en échange . . . . . . . . . . . . . . . . 444 A quoi se réduiraient ses revenus si l'échange avait lieu . id. Moyens à employer pour améliorer le sort des habitants de Chandernagor et rendre le commerce français moins dé- pendant. . . . . . . . . . . . . . . . 445 Objections contre ces moyens. - Réfutation de ces objec- tions. - Avantages qui résulteraient pour le commerce français de la mise à exécution de ces moyens . . . . 448 Ces moyens ne peuvent aujourd'hui avoir lieu que par l'intervention du gouvernement. - Facilité qu'il aurait d'en procurer l'exécution. – Avantages qui résulte- raient de leur emploi .......... .. 458 Le commerce du Bengale tel qu'il est aujourd'hui est-il avantageux ou préjudiciable à la France ? Une adminis- tration telle qu'elle existe au Bengale est-elle nécessaire pour protéger le commerce ? — Examen de la première question . . . . . . . . . . . . . . . . 462 Examen de la seconde question .......... 469 Forme d'administration adoptée par les Anglais au Ben- gale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472 Mesures que devrait employer la France dans l'hypothèse où elle se déciderait à quitter le Bengale. Avantages qui résulteraient de cet abandon . . . . . . . . . . 475 Le commerce français du Bengale est et sera désormais borné au seul article de l'indigo. . . . . . . . . 479 C'est l'Europe qui fournit aujourd'hui des toileries à l'Asie. - Supériorité des toiles d'Europe sur celles de l'Inde • 480 Le commerce du Bengale relativement aux toileries est · anéanti, et cette contrée ne peut plus offrir à l'Europe que quelques produits bruts levés sur son sol . . . . 483 Causes qui ont introduit la culture de l'Indigo au Ben- gale · · · · · · · · · · · · · · · · · · 484 DES ÉTABLISSEMENTS QUE L'ANCIENNE COMPAGNIE AVAIT FORMÉS SUR DIVERS POINTS DE L'ASIE ET QUI RELEVAIENT DE CHANDERNAGOR. ÉTABLISSEMENT DU PÉGOU. Sa situation. – Époque à laquelle il fut formé. – Ses pro- YIII INTRODUCTION duits. - Son utilité. – ses dépendances. . . . . . 457 Les Français 05:zés à quitter le Pézou ea 1:57. - Moss qui donnereat lieu à cet abandoa. . . . . . . . 459 La Compagnie apres la reprise de possession de 170 en- voya un commissaire au Pegoa. - Voore las concessions du roi du Pésou à la Compagcie. – Eve y recoastruit des nouveaux ateliers et y construit des raisseaux. . . 490 Cet Etablissement ne fut point repris lors du retour des Français dans l'Inde ea 1785. . . . . . . . . . 492 L'occupation de l'établissement au Pégou serait-eile au- jourd'hui avantageuse à la France? Examen de cette question . . . . . . . . . . . . . . . . . 493 Propositions de commerce faites par le roi d'Ara et du Pégou à M. Mottet ageat pour le Roi à Chandernagor en 1737 . . . . . . . . . . . . . . . . . 497 Les raisons qui amenérent les propositions du roi du Pégou en 1787 existent avec plus de force aujourd'hui. ... id. ÉTABLISSEMENT DE SIAM. La Compagnie envoie en 1684 un négociateur à Siam . 498 Louis XIV envoie une ambassade à Siam, en 1685. – Le roi de Siam envoie à son tour un ambassadeur à Louis XIV. . . . . . . . . . . . . . . id. Seconde ambassade de Louis XIV à Siam, en 1687. – Traité de commerce conclu entre la France et le roi de Siam. - Concessions importantes et extraordinaires accordées aux Français . . . . . . . . . . . 499 Révolution de Siam. — Causes de cette Révolution. — Les Français en sont victimes, - Cruautés exercées sur eux. - Ils sont forcés de quitter Siam. - Détails à ces sujets . . . . . . . . . . . . . . . 503 Commerce de la Compagnie avec Siam. . . . . . . 508 La reprise du commerce avec Siam et des établissements dans ce pays seraient-ils aujourd'hui avantageux à la France ? Discussion de cette question. – Solution . . 509 Tentatives réitérées des Anglais pour former des établisse- ments à Siam. – Envoi d'une ambassade anglaise en 1821. . . . . . . . . . . . . 510 Les Siamois ont plus d'intérêt à lier des relations de com- merce avec la France, qu'avec l'Angleterre ou la Hol- lande . . . . . . . . . . . . . . . 511 L'Économie politique du royaume de Siam gagnerait à ce que la France possédât des Établissements dans ce royaume . . . . . . . . . . . . . . . 512 La France de son côté tant à raison de sa position au Ben- gale, qu'à raison des vues politiques qu'elle pourrait INTRODUCTION XXIII avoir pour y recouvrer ses droits aujourd'hui méconnus, gagnerait à avoir des Établissements soit à Siam soit au Pégou . . . . . . . . . . . . . . 513 LA COCHINCHINE. Commerce de la Compagnie avec la Cochinchine. — Pro- duits de ce pays. — Objets dont on y trouverait le débit. – Un Établissement à la Cochinchine dans les circons- tances actuelles ne serait pas d'une grande utilité. . . 514 ÉTABLISSEMENT DE TONQUIN. Produits de ce royaume. - Objets dont la Compagnie y trou- vait le débit. – Ce qu'elle en recirait. – Peu d'utilité dont serait aujourd'hui pour le commerce français un établissement au Tonquin . . . . . . . . . . BANTAM La Compagnie avait aussi un établissement à Bantam. - Situation de ce royaume. -- Ses produits. – Causes de la perte de cet établissement . . . . . . . . . . 516 TRAITÉS DE COMMERCE ENTRE LA FRANCE ET LA PERSE Avantages de ces traités ............ 517 ETABLISSEMENT DE BANDERABASSY Sa situation. — Utilité que Dupleix qui forma cet établisse- ment se proposait d'en retirer. – Ses Produits. – Objets d'échange à y porter. . . . . . . . . . . . . 520 Causes qui firent abandonner ce comptoir. ..... 526 Serait-il utile au commerce français dans l'état actuel de choses de reprendre cet établissement? – Examen de cette question. – Solution. . . . . . . . . Id. Projet conçu par le ministère français en 1766 dans l'objet de former des établissements indépendants en Asie et y pénétrer par la mer Rouge en ouvrant le canal de Suez. - Développement de ce projet . . . . . . . . . 529 État du commerce de l'Inde à l'époque où ce projet fut mis au jour. . . . . . . . . . . . . . . 533 Tatta; sa situation géographique. - Son commerce et ses manufactures. . . . . . . . . . . . . . . 535 Produits de Tatta et des provinces environnantes. . . . 537 Produits que la France aurait pû apporter dans ces pays en échange . . . . . . . . . . . . . . . 540 Ce projet fut abandonné à la paix de 1783. - Causes de abandon . . . . . . . . . . . . . . . 1d. : - Son comin que late et des pr des provinces environ commerce et XXIV INTRODUCTION Ce projet serait-il aussi utile aujourd'hui et pourrait-il être exécuté avec la même facilité que jadis. – Examen de cette question. . . . . . . . . . . . . . . 541 Nulle partie de la terre n'offre autant d'avantages que l'Asie pour y coloniser ou y former des établissements. — Causes de la supériorité de l'Asie sur les autres parties du globe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542 La France si elle veut participer d'une manière active au commerce de l'Asie doit se hâter d'y former des établis- sements indépendants. - Quels en sont les motifs? , . 543 Améliorations qui pourraient être introduites dans la cul- ture du coton de l'Inde. .544 L'établissement de Tatta pourrait encore être utile à la France sous le rapport de la culture de l'indigo.— Avan- tages qu'offrirait à ce sujet la province du Synde ?... 546 La culture de l'indigo dans le Synde aurait moins de chances défavorables qu'elle en a au Bengale..... 547 Avantages de l'Asie sur l'Afrique et l'Amérique en ce qui a rapport à la culture en grand de l'indigo..... 550 Débouché considérable des draps que la France trouverait dans l'établissement de Tatta. ......... 552 Les marchandises anglaises ne pourraient soutenir la con- currence des marchandises françaises apportées dans l'Indostan. — Quelles en sont les causes ?...... 553 Raisons qui feraient admettre la France dans la province du Synde de préférence aux autres nations européennes établies dans l'Inde......... .... 554 Projet du ministère français de pénétrer dans l'établisse- ment proposé du Synde par la mer Rouge. — Comment se faisait le commerce de l'Asie par la mer Rouge avant la découverte du passage par le cap de Bonne-Espérance. 556 Par quelles nations ce commerce avait-il été exploité ?. . 557 Causes de l'interruption du commerce de l'Asie par la mer Rouge. . . . . . . . . . . . . . . . 558 Avantages qui seraient résultés pour la France du passage dans l'Inde par l'ancienne route et par conséquent de l'ouverture du canal de Suez . . . . . . . . . 560 Avantages qui seraient résultés de cette ouverture pour la Porte ottomane maîtresse de l'Égypte et pour les au- tres puissances qui ont des ports sur la Méditerranée. , 561 Le plan du Ministère français se trouvant en harmonie avec l'intérêt des principales puissances de l'Europe, n'aurait pu manquer dans son exécution. – Causes qui firent abandonner ce plan. . . . . . . . . . . . . 563 Ce plan n'aurait pu être mis à exécution sans l'adhésion de la Porte ottomane. - Probabilités qui font croire que INTRODUCTION XXV cette adhésion avait été accordée.. nesion avait ete accordée. · · · · · · · · 564 L'exécution de ce plan aurait nécessité un ou plusieurs établissements français en Égypte. - La France serait alors devenue usufruitière de ce pays – Produiis de l'Égypte . . . .. 566 Le projet d'ouvrir la communication de la Méditerranée avec la mer Rouge fut repris en 1797 par l'armée fran- çaise d'Égypte. - Causes qui le firent abandonner . • 568 L'ouverture du canal de Suez pourrait être exécutée au- jourd'hui avec la même facilité qu'à l'époque à laquelle le premier projet fut conçu. - Examen de cette ques- tion. – Vues de l'Angleterre sur l’Egypte.- Efforts que doit faire la France pour que l'Égypte ne tombe pas entre les mains de l'Angleterre.......569 Raisons qui font croire que l'Égypte échappera à la Porte. - Intérêt des puissances de l'Europe dans le cas supposé. 570 L'Angleterre si elle était maîtresse de l'Égypte deviendrait puissance exclusive. . . . . . . . ... ... 571 La Russie ayant encore plus de moyens que l'Angleterre deviendrait plus exclusive encore. . . . . . . . . 572 L'Autriche sans marine ne peut, pour l'avantage de l'Eu- rope, occuper l'Égypte. . . . . . . ...... 573 L'intérêt des puissances de l'Europe méridionale proclame la France comme la seule puissance qui puisse sans dan- ger pour les autres nations ouvrir la communication entre les deux mers et par conséquent occuper l'Égypte. Id. Notice sur le comptoir de Mahé . . . . . . . . . 575 FIN DE LA TABLE. On remarquera que l'auteur ne s'occupe que des établissements français. L'Inde a donc la plus grande part dans son travail. Voici d'abord le début de son histoire : DES ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS EN ASIE ET PRINCIPALEMENT DE CEUX DU BENGALE MÉMOIRE Tentatives faites par les Français pour faire le commerce de l'Inde depuis 1537 jusqu'en 1664; lettres patentes accordées à ce sujet. Le commerce de l'Asie, auquel les peuples anciens attachèrent une haute importance et, qui depuis fit l'éclat et la splendeur de XXVI INTRODUCTION Constantinople, d'Amalfi, de Venise, de Gênes, de Florence et du Portugal, fixa en France l'attention de François Lep; ce prince convaincu des avantages que le commerce de l'Asie avait procuré aux peuples qui l'entreprirent, ordonna par ses édits de 1537 et 1543 d'équiper des vaisseaux pour des voyages de long cours et pour faire le commerce de l'Inde. Mais la rivalité qui exista entre François Ier et Charles-Quint, rivalité qui fut la cause d'une longue guerre entre ces deux princes, empêcha l'exécution de ce projet. Henri IV, toujours occupé du bonheur et de la gloire de ses sujets médita la résolution de faire participer la France au com- merce de l'Inde. Cette résolution eût infailliblement réussi, sans l'horrible attentat qui, en 1610, priva la France de ce grand roi. Néanmoins, quelque temps avant cette époque fatale, plusieurs négociants de Paris réunis obtinrent des lettres-patentes pour le commerce de l'Inde, mais cette association ne fit point usage du privilége qui lui avait été accordé. 1615 En 1615, pendant la minorité de Louis XIII, on créa une compagnie sous le nom de Compagnie des Moluques mais celle- ci ne fit pas non plus d'expédition. Depuis cette dernière époque jusqu'en 1642 plusieurs arma- teurs particuliers pénétrèrent dans l'Inde, entre autres le capitaine Lelièvre d’Honfleur et les sieurs Rigault et Beaulieu de Dieppe; ces deux derniers revinrent à différentes reprises avec de riches cargaisons. . 1642 Louis XIII voulant mettre à exécution le projet de ses aïeux, accorda en 1642 des priviléges exclusifs à une Compagnie formée par les soins du sieur Rigault pour faire le commerce sur les Côtes orientales de l'Afrique et à Madagascar. L'année d'après, le roi donna à cette même Compagnie des lettres-patentes pour faire le commerce des Indes orientales ; mais le peu de fonds dont elle forma son capital, la mort du cardinal de Richelieu qui en était le fondateur, la politique opposée du cardinal Maza- rin, et surtout la jalousie des autres nations européennes établies dans l'Inde furent les causes de la ruine de la Compagnie fran- . INTRODUCTION XXVII çaise. Le maréchal de la Meilleraye la releva un instant, mais il fut également ruiné; il ne put même conserver le fort Dauphin, établissement que la Compagnie avait formé à Madagascar. Ce fort fut détruit par les naturels. Déjà à ces époques, le commerce de l'Inde était pour quelques puissances de l'Europe, non seulement un moyen de leur acqué- rir de grandes richesses, mais encore celui de leur former une marine. Et la France était alors tributaire des Provinces-Unies pour tous les objets qui venaient des deux Indes. Il était donc dans l'intérêt de la France; il était de la gloire de Louis XIV de prendre à leur tour une part active au com- merce des Indes orientales. Mais instruit que les mauvais succès des premières entreprises étaient dus en partie à la haine et à la jalousie des nations établies dans l'Inde ; que d'horribles attentats avaient été commis par elles sur les vaisseaux français naviguant dans les mers des Indes (1), Louis XIV sentit qu'il ne pouvait se promettre des succès dans ce commerce qu'en employant des moyens appropriés à l'importance de cette entreprise et suffi- sants pour surmonter les obstacles qu'elle présentait. 1664 È dit du roi qui crée la Compagnie des Indes orientales. - Con- cessions faites par le roi. – Fonds de la Compagnie. Une compagnie capable de rivaliser en force et en moyens celles des autres nations ; une compagnie digne d'une puissance comme la France, parut être nécessaire à cet effet. Colbert fut charger d'en poser les bases et d'en diriger les opérations ; ce fut en 1664 qué ce ministre présenta le plan d'une compagnie qui fut créée par édit du mois d'août, cette même année. Cette compagnie à laquelle s'associèrent les plus grands digni- taires et les plus riches négociants de l'État, formée sur un plan régulier, dotée d'abord d'un capital de sept millions fournis par les actionnaires, puis de huit autres millions tirés de la caisse 1. Le Hollandais, Jacques Panchras, s'étant emparé en 1616 du vaisseau français la Magdelaine, fit pendre l'équipage entier après avoir fait poi- gnarder le capitaine et le lieutenant. En 1619, les Hollandais s'emparèrent de vive force des cargaisons des vaisseaux l'Hermitage et l'Espérance dans la baie de Bantan. (Savary, Parfait Négociant, tom. Jer., p. 210. [Note du Manuscrit] XXVIII INTRODUCTION du roi, devait marcher rapidement au degré de prospérité auquel celles des autres puissances étaient parvenues. En outre des secours que le roi fournit à cette compagnie, il lui accorda par l'article 46 de sa charte une prime de 50', pour chaque tonneau de marchandises qu'elle exporterait du royaume, et s'obligea à l'indemniser des pertes qu'elle pourrait faire pen- dant les dix premières années de son établissement. Nous ne relevons dans la suite de son texte que 'ce qui est relatif à l'Extrême Orient. Ainsi à la page 17 : 1698 Cession faite par la Compagnie à une société de Marchands du privilége du Commerce de la Chine. Le commerce de la Chine exigeait des forts capitaux, des grands armements et beaucoup de temps ; cette branche était au-dessus des forces de la Compagnie; n'ayant pas les moyens de l'exploiter elle céda le privilége de ce commerce à des riches négociants qui s'en chargèrent sous la condition de lui payer 15 o/o sur les marchandises de retour; elle fit en conséquence un traité le 4 janvier 1698. Ce traité fut homologué par arrêt du Conseil d'État du 22 du même mois. Ces négociants donnèrent à leur association le nom de Compagnie de la Chine. Par cette cession, la Compagnie se trouva réduite au commerce de l'Inde proprement dite.... Puis à la page 49 : Dupleix fait occuper l'établissement français du Pégou. Les soins de Dupleix se portèrent aussi sur l'établissement que l'ancienne Compagnie avait à Siriam dans le royaume du Pégou, et auquel elle attacha de l'importance, tant qu'elle eut des bâti- ments à envoyer dans l'Inde ; le besoin de cet établissement se fit de nouveau sentir à l'époque à laquelle Dupleix arriva à Chan- dernagor, car, la liberté du commerce d'Inde en Inde néces- sita la construction de plusieurs bâtiments et l'emploi d'une grande quantité de boisage indépendamment de ceux nécessaires au chantier de Chandernagor et aux magasins de Pondichéry; INTRODUCTION XXIX le Pégou offrait plus qu'aucun autre lieu, des avantages sous ces derniers rapports, il offrait encore plusieurs autres objets au commerce français et consommait de son côté plusieurs produits nationaux (1). Dupleix fut admis à reprendre possession de l'établissement de Siriam et du chantier de construction, il y fit des grandes réparations, et y bâtit des magasins; c'est au Pégou où fut construite la majeure partie des vaisseaux qu'avait Dupleix. Celui-ci ne cessa de faire le commerce dans ce royaume tant qu'il resta dans l'Inde. Où il parle incidemment de la Chine et du Pégou, mais à partir de la page 486 commence la partie du mémoire consacrée à des établissements français autres que ceux de l'Inde proprement dite. Nous reproduisons également ceite portion du travail de M. Darrac, qui est absolument neuve et qui, malgré des erreurs qui seront recti- fiées dans notre propre publicaiion, offre le plus vif intérêt et mérite d'être connu de ceux qui s'occupent de l'histoire de l'Asie Orientale. DES ÉTABLISSEMENTS QUE LA COMPAGNIE DES INDES AVAIT FORMÉS SUR DIVERS POINTS DE L'ASIE. – DES MOTIFS DE LEUR FORMATION. — DE LEUR IMPORTANCE ET DES CAUSES QUI LES ONT FAIT ABANDONNER. Après avoir donné la statistique des Établissements français du Bengale, avoir démontré l'intérêt qu'ils présentaient à l'ancien commerce et l'inutilité dont ils sont pour le commerce actuel, je donnerai la description des Établissements qui dépendaient de l'Administration du Bengale, situés sur divers points de l'Asie, dont quelques-uns ont été abandonnés après la guerre de 1756, et d'autres occupés de nouveau depuis la paix de 1763. Je pas- serai ensuite à ceux qu'il était dans la politique et le projet de la France d'établir pour agrandir son commerce, à l'époque où l'attitude de la marine française sous Louis XVI, pouvait lui offrir une protection puissante. Je finirai en examinant si dans l'état actuel des choses tous ces Établissements ou partie d'iceux, peuvent ou non être utiles à la France, et dans le cas de l'affir- 1. Voir à ce sujet l'art. Pégou à la page 487 de ce mémoire, [Nole du Manuscrit] - Voir page XXX. XXX INTRODUCTION mative, la manière dont lesdits Établissements devraient être occupés. J'observerai avant d'entrer en matière que les Établissements dont il est question avaient été fondés avant la prise de Chander. nagor en 1757, et que les papiers de la Compagnie tombèrent avec cette place au pouvoir des Anglais qui se refusèrent à les remettre à la reprise de possession de 1765 (1) et que dans ce cas il est impossible de produire les titres originaux en vertu desquels avaient été formés ces Etablissements, mais il y sera sup. pléé par d'autres pièces authentiques tirées, tant des archives de Chandernagor que de divers auteurs. Les avantages que la Com- pagnie retirait de ces Établissements ne peuvent non plus être exactement constatés, mais l'on peut assurer sous ce dernier rap. port que la Compagnie attacha une grande importance à ces Eta- blissements dans leur origine, et qu'elle ne les abandonna que pour des cas fortuits. Sa politique comme puissance territoriale dans l'Inde la porta de préférence à donner ses soins aux Établis- sements qu'elle forma sur le continent de l'Inde où elle avait des relations plus directes et d'où elle pouvait tirer des secours au besoin. Celui de ces Établissements que la Compagnie reprit après la paix de 1763 et auquel elle attachait le plus d'importance et qui en même temps se trouva le premier dans l'ordre de leur · fondation est l'Établissement du Pégou. ÉTABLISSEMENT DU PÉGOU Le Pégou. – Sa situation. – Ses produits. – Établissement de la Compagnie au Pégou. – Ce qu'elle en retirait. La Compagnie s'établit au Pégou après avoir formé l'établis- sement de Balassor et à peu près à la même époque où elle fonda Chandernagor. Le Pégou est situé sur le golfe du Bengale à la distance de 700 milles Est de Chandernagor, entre les royaumes de Siam et d’Aracan (2). Le Pégou est arrosé par la rivière de son nom et le Menankiou. Ces deux rivières fertilisent les terres 1. Voir à ce sujet la lettre du Conseil de Calcutta à M. Law, rapportée page 13o de ce mémoire [Note du Manuscrit]. "ž. Les royaumes d'Ava, d'Aracan et du Pégou ont été réunis en un seul depuis la conquête de ces derniers royaumes par les Birmans en 1758 et sont gouvernés aujourd'hui par le même souverain (Note du Manuscrit]. INTRODUCTION XXXI par le limon que les débordements périodiques y laissent. C'est à cet engrais qu'est due la quantité de riz que le Pégou produit et ses excellents paturages. Le Pégou fournissait aux premières époques de l'Établissement de la Compagnie des dents d'élé- phants, des gommes et surtout des gommes laques, du musc, de la cire, de l'huile de bois, des cuirs secs et des cornes de buffles; des pierres précieuses comme rubis, saphirs, topazes, etc., mais un tout autre avantage que la Compagnie retirait du Pégou était le bois de construction dont le pays abonde surtout en bois de tek (1). C'est du Pégou que la Compagnie tirait tout le boisage nécessaire aux charpentiers de Chandernagor et aux magasins de Pondichéry. La grande quantité de charpentiers qu'on trouve au Pégou et le bas prix de leur journée (2) la décida à y établir des ateliers de construction. Dans cet objet elle obtint du prince du pays un local dans Siriam, port situé sur le Menankiou à 330 milles Sud d'Ava, avec des priviléges et le droit de mettre le pavillon. La Compagnie y fit construire des grands magasins à chaux et sable ; elle introduisit même dans le pays, au moyen des ouvriers qu'elle y envoya de la côte de Coromandel, la manière de faire les briques, inconnue chez ces peuples. C'est dans ces ateliers que furent construits les vaisseaux que M. Du- pleix employa dans le commerce d'Inde en Inde, de la mer Rouge et de Manille. C'est aussi de ces chantiers qu'elle tirait les bois tout taillés pour des bâtiments qu'elle voulait faire cons- truire à Chandernagor. On peut voir à ce sujet la lettre de M. Brunau, résidant au Pégou, à la date du 5 septembre 1753, par laquelle il annonçait au Conseil de Chandernagor l'envoi du Boot l'Oiseau, chargé de boisages et doublages, en prévenant le Conseil par la même lettre qu'il venait de faire lancer à l'eau le vaisseau la Favorite. Une autre lettre du même Brunau au Con- seil de Chandernagor en date du 10 décembre 1755, par laquelle il annonçait l'envoi du boisage préparé pour le vaisseau le Fleury, chargé sur le Diligent qui venait d'être construit au Pégou. 1. Le bois de tek ressemble beaucoup à celui du chêne dont il a la dureté et le brin sans en avoir la pesanteur ; le bois de tek est le plus propre à la construction des bâtiments, car il résiste à l'action de l'eau salée infiniment plus qu'aucune autre espèce de bois [Note du Manuscrit]. 2. On a au Pégou 5 charpentiers pour le poids d'une roupie en matière d'argent, ce qui revient à 10 sols par ouvrier (Note du Manuscrit]. XXXII INTRODUCTION La prise de Chandernagor qui suivit de près l'époque de cette dernière lettre, dut sans doute influer sur le sort de l'Établisse- ment du Pégou tant que Pondichéry était au pouvoir de la Com- pagnie; mais une autre cause survenue quelque temps après la prise de Chandernagor, changea la destinée de l'Établissement de Siriam. Les Français en 1759 sont forcés à quitter le Pégou. - Motifs qui y dunnent lieu. Les Birmans, princes du pays, qui depuis longtemps dispu- taient au roi du Pégou ses droits à l'occupation de ce trône firent une incursion dans les États de ce dernier et s'en emparèrent. Les Français établis à Siriam prirent parti dans ces affaires et se déclarèrent en faveur du roi du Pégou, mais étant trop faibles pour pouvoir agir par eux-mêmes ils demandèrent du secours à Pondichéry. Pondichéry à cette époque, 1759, était dans la pénu- rie de troupes ; la guerre contre les Anglais absorbait toutes ses ressources en hommes et en argent. Cependant le Conseil de Pondichéry voulant sauver les Français établis au Pégou, envoya une Gabarre et un vaisseau de transport pour en cas de non-suc- cès pouvoir ramener les Français. Ces deux bâtiments arrivèrent la même année au Pégou, au bas de la rivière de Rangoun, mais ils trouvèrent les Birmans établis dans la ville de ce nom. Ceux- ci députèrent auprès du commandant de ces bâtiments un de leurs chefs avec des présents pour prier le commandant de rester neutre dans cette guerre; le commandant, soit qu'il eût des ordres d'agir, soit qu'il les prit sur lui, renvoya les députés et les présents et fut s'embosser près la ville de Rangoun où il jeta quelques boulets. Les Birmans n'ayant point de moyens de défense contre le canon dont ils ne connaissaient même pas l'usage firent à la hâte des radeaux chargés de goudron et autres matières inflammables et les firent dériver sur les bâtiments français qui prirent feu. Les équipages dont les secours furent inutiles durent se jeter dans des bateaux et gagner à la nage la rive la plus proche. La totalité de l'Etat-Major et une partie de l'équipage furent mas- sacrés. La partie qui échappa à la mort fut faite esclave et con- duite à Ava où le roi Birman se retira après avoir soumis tout le INTRODUCTION XXXIII pays. Les chantiers et magasins des Français dans Siriam furent détruits. Les Hollandais qui a cette époque avaient aussi un Établissement au Pégou et dont la conduite parut suspecte aux Birmans, en furent chassés et n'ont point cherché depuis à s'y établir. Envoi d'un Commissaire au Pégou en 1766.- Concessions faites par le Roi de ce pays. – Reprise des Établissements de la Compagnie. – Celle-ci y fait construire des vaisseaux. A la prise de possession des Établissements de l'Inde en 1766, le Conseil supérieur de Pondichéry envoya le sieur Lefèvre au Pégou. avec ordre de demander en arrivant dans ce pays de par- ler au Roi, faire les diligences à ce sujet auprès des grands, et remettre au Roi les lettres et présents dont il était porteur, et lorsqu'il parviendrait auprès du Roi lui proposer en premier lieu : de relâcher tous les prisonniers français détenus au Pégou; secondement, de faire un traité de commerce sur l'ancien pied et avec les mêmes priviléges dont les Français jouissaient au Pégou, sans être assujettis à aucun droit à l'exception des présents d'usage selon les circonstances; le sieur Lefèvre devait aussi, si ce qu'il demandait lui était accordé, faire en sorte d'obtenir la permission de planter le pavillon français sur un terrain qui lui serait accordé, etc., etc. La mission du sieur Lefèvre eut en grande partie un heureux succès. On en voit les résultats dans la lettre que le sieur Lefèvre écrivit au Conseil de Pondichéry sous la date du 28 avril 1768 par laquelle il disait avoir été bien accueilli par le Roi et que celui-ci avait répondu à ses demandes : « Qu'à la vérité les Fran. « çais jouissaient autrefois du droit de franchise, mais que ce « droit ne leur avait pas été accordé dans le temps du règne des « Birmans; mais que pour le terrain demandé il donna des « ordres : 1°. Pour qu'il en fût donné un à la pointe de Rangounde « 80 bamboux de long sur 50 de large (le bambou contient 12 de « nos pieds) ; 2°. que je pouvais arborer le pavillon français, avan- « tage qui n'a point été accordé à aucune nation, excepté la nôtre, « depuis la conquête des Birmans ; 3º, que notre nation serait « libre de construire des vaisseaux sur son terrain sans payer les « coutumes auxquelles les autres nations sont soumises ; 4°. qu'il XXXIV INTRODUCTION « accordait les prisonniers français, et qu'ils étaient libres du « moment de ma demande; 5º. qu'il permettait à la nation d'avoir « sur son territoire trente maisons de chrétiens sans payer les « droits usités (c'est-à-dire gratis). L'ordre me fut délivré par le « premier ministre, concernant les 5 articles que le Roi accordait « à la nation, lequel est demeuré en dépôt au bureau du « sieur Grégoire, dépositaire de tout ce que le Roi accorde aux « nations étrangères. J'espère que, si le Conseil a lieu d'être « satisfait de moi, il voudra bien me renvoyer au Pégou, pour « y être résidant de la Compagnie ; je me propose, Messieurs, « moyennant cent fusils par an d'obtenir les vaisseaux sans être « assujettis à aucun droit (les vaisseaux paient 10 o/o de leur « valeur aux douanes). » Malgré l'état malheureux auquel le traité de 1763 avait réduit la Compagnie, celle-ci crut devoir relever des magasins et ses chantiers au Pégou, mais les vexations, les entraves que son com. merce éprouva au Bengale, par suite des entreprises des Anglais et de la souveraineté qu'ils avaient usurpée dans ce royaume, furent des causes qui durent nécessairement porter atteinte à la prospérité de l'établissement du Pégou, dont la principale utilité était l'article des boisages et des constructions. Cette utilité dut suivre la marche du commerce de la Compagnie qui, comme on l'a vu fut chaque jour en déclinant. Cependant quoique l'Éta- blissement du Pégou ne fût pas dans un état d'activité égal à celui dans lequel il avait été avant la guerre, il fut néanmoins utile à la Compagnie. Parmi les constructions qui y furent faites on cite le vaisseau le Laurision de 1,500 tonneaux que M. Che. valier y fit construire. Ce vaisseau fut en grande partie gréé à Chandernagor où il remonta. Il était en bois de tek, ainsi que sa mâture et percé pour 50 canons. Il fut construit à deux fins, pour le commerce et pour la guerre. Aussi pendant la guerre de 1778 ce bâtiment armé se mit en ligne en rade de Pondichéry. Il com- battit avec l'escadre commandée par M. de Tronjoly et soutint le feu avec beaucoup plus d'avantage qu'aucun des autres bâti- ments quoique celui-ci eut été le plus exposé (1); il était com- mandé par M. Lefèvre de Saint-Malo. 1. Le tek outre l'avantage qu'il a sur les autres bois de ne se laisser attaquer que très peu par l'eau salée, possède encore celui de résister plus que tout autre à l'action du boulet. Le vaisseau le Lauriston en reçut INTRODUCTION XXXV Cet Etablissement ne fut point occupé à la reprise de 1785. La guerre de 1778 paralysa l'établissement du Pégou. Il dut même être abandonné faute d'utilité après que les Établisse- ments français de l'Inde furent tombés aux mains des Anglais. Cet établissement ne ful point réoccupé à la reprise de pos- session de 1785. Depuis cette époque le temps a tout détruit et il n'existe plus aujourd'hui que quelques traces de cet établis- sement. Le seul objet qui soit resté sur pied est le monument qui fut élevé par les Français envoyés en 1766 sur l'emplace- ment où furent égorgés l'état-major et partie de l'équipage des deux bâtiments envoyés de Pondichéry au secours du roi de Pégou en 1759. Ce monument élevé à la mémoire de ces vic- times se voit encore aujourd'hui 1822 à l'entrée de la rivière de Rangoun. Voilà les rapports sous lesquels l'établissement du Pégou a dû être envisagé relativement à l'ancien commerce de l'Inde. L'Occupation de l'ancien établissement du Pégou serait-elle aujourd'hui utile à la France ? Discussion de cette question. Examinons actuellement si à raison des changements qui sont survenus dans le commerce du Bengale depuis la Révolution française jusqu'à présent, il serait utile aux intérêts du nouveau commerce et à ceux de l'Etat de faire occuper de nouveau cet établissement dans le cas où la jouissance des priviléges de l'an- cienne Compagnie fussent de nouveau accordés au commerce actuel. Pour arriver à ces connaissances nous analyserons en premier lieu soit les produits que le Pégou peut fournir au commerce français et ceux que celui-ci pourrait à son tour fournir à ce royaume; 2°. l'avantage qui pourrait résulter pour la balance du commerce français de cet échange de produits. Les produits que le Pégou et royaumes réunis pourraient fournir au commerce français sont ainsi que suit : gomme laque estimée la meilleure de l'Inde, cuir sec, dents d'éléphants quel. une quantité considérable et ne fut point percé. On a observé aussi au dernier bombardement d'Alger que les vaisseaux anglais construits en bois de tek ont beaucoup moins souffert que ceux construits en bois de chêne. (Note du Ms.) XXXVI INTRODUCTION ques pierres précieuses et du coton, couleur de Nanquin (1). Les articles que le Pégou prendrait du commerce français sont ainsi que suit: galons d'or et d'argent, franges et crépines de même ; velours et satins de préférence à ceux de Chine ; bon- nets de laine rouge, jaune et bleu ; quincaillerie, armes à feu de gros calibres; vases à fleurs en verre et porcelaine ; draps (2) et toute espèce de ferrures propres à la construction des bâtiments et de l'argent en lingots (3). Le commerce du Pégou offrirait à la France plus particulière- ment que tout autre partie de l'Asie un système d'échange en marchandises et sous ce rapport ce commerce ne serait point aussi désavantageux à la France que celui du Bengale et de la Chine; les raisons qui feraient admettre ces échanges respectifs, sont prises de ce que les objets que fournit le Pégou sont des produits du sol bruts, cette espèce de produits ne nécessitant pas pour leur exploitation de grandes avances comme les produits industriels du Bengale et de la Chine; le commerce peut par conséquent y être fait avec beaucoup moins de numéraire ou de matière d'or ou d'argent que dans les deux autres parties (4), et que d'un autre côté le Pégou n'ayant que très peu de manufac- tures a besoin de tirer de l'étranger tous les objets de luxe, et la majeure partie de la grosse ferrure servant à la construction des bâtiments. Il est cependant à croire que le commerce du Pégou et des royaumes réunis d'Ava et d'Aracan, borné seulement aux pro- duits du sol de ces royaumes (le bois excepté) ne pourrait être bien avantageux au commerce français dans le moment actuel, parce qu'une partie des objets que ces pays fournissent, tels que: cuirs secs, dents d'éléphants, suif, coton, pierreries, la France les retire avec autant d'avantages des autres parties du monde, la 1. C'est du Pégou que les Chinois tirent le coton coloré pour fabriquer les beaux Nanquins. Ceux qu'ils fabriquent avec du coton blanc sont ic. fé- rieurs en qualité et en couleur aux premiers. (Note du Ms.] 2. Il faut des draps pour ce pays à deux couleurs unies, rouge d'un côté et bleue de l'autre. [Note du Ms. ] 3. Il n'y a point d'argent monnayé au Pégou, L'argent et l'or coupés par morceaux sont les signes en usage dans ce pays. (Note du Ms.] 4. Quoique le commerce du Pégou admette un système d'échange en marchandises, il ne faut pas pour cela croire que tout le commerce se fasse par ce moyen ; il faut au moins la moitié ou le tiers en matières d'or et d'argent pour pouvoir trafiquer avec avantage dans cette partie, tandis que le commerce du Bengale et de la Chine en emploient onze-douzièmes à peu près. (Note du Ms.] INTRODUCTION . XXXVII Lak-dije exceptée, dont les Anglais font une branche de com- merce considérable et que le commerce français ne prend qu'en bien petite partie. Rapports sous lesquels l'Établissement du Pégou pourrait être aujourd'hui utile à la France. Mais, si comme anciennement, la France redevenait puissance territoriale dans l'Inde, ou que, pour d'autres causes qui pour- raient survenir, le commerce français dût prendre de l'agran- dissement dans les mers des Indes, dans ce cas l'Établissement du Pégou deviendrait nécessaire à la marine française ; l'utilité que celle-ci en retirerait serait aussi profitable au commerce. Il est encore un cas d'une autre importance où l'Établissement du Pégou pourrait devenir utile à la France ; ce cas n'est point à la vérité présumable, mais il est cependant dans l'ordre des choses possibles. Ce serait celui où la France voudrait augmen- ter sa marine et se trouverait en guerre avec les puissances du Nord de l'Europe et avec la Porte ottomane; dans ce cas, dis-je, la France, réduite aux seules ressources de ses forêts ne pourrait plus fournir à ses ateliers des boisages nécessaires à de nouvelles constructions, ni même aux réparations de sa marine existante ; c'est alors que l'Établissement du Pégou pourrait être utile à la France. Je vais plus loin et je suppose que même dans l'état actuel des choses l'Établissement du Pégou serait utile à la France sous le rapport de ses constructions. Pour construire au Pégou la France n'aurait besoin que d'envoyer des constructeurs et quelques charpentiers-maîtres : elle trouverait dans ce royaume à former des chantiers commodes et à peu de frais; des boisages qui surpassent en beauté et en durée tous ceux connus jusqu'à ce jour; ces boisages, elle les trouverait à moitié meilleur compte de ce qu'elle les paie en France (1). Elle y trouverait une grande quantité de charpentiers ouvriers à deux tiers meilleur marché 1. Je ne puis préciser ici la valeur des différentes pièces de construction qui toutes varient suivant leur dimension, mais pour apprécier par a perçu la valeur des boisages au Pégou, j'ai pris la valeur des pièces de bois ré- pandues dans le commerce qui sont communément de 15 à 18 pieds an- glais de long sur un diamètre variable, d'un pied et demi à 3 pieds dont e prix est par pied cube de demi-roupie i fr. 30, tandis que les poutres de Stettin ou de Memel, des mêmes dimensions sont communément en France au prix de 2 fr. 50 centimes. [Note du Ms.] XXXVIII INTRODUCTION qu'en Europe (1). A ces avantages s'en joindrait un autre plus conséquent, celui d'avoir des constructions en bois de tek, dont la solidité et la durée sont à l'épreuve du temps. Ce dernier avantage, le bas prix des matériaux et celui de la main-d'ouvre compenserait bien au delà les dépenses que la France pourrait faire pour l'envoi de ses gréments et de ses constructeurs (2), soit qu'elle youlût faire confectionner ses constructions au Pégou, ou soit que pour ménager de l'occupation à ses ouvriers en France et y retenir une partie du numéraire elle voulût se bor. ner à faire équarrir et tailler au Pégou les pieds nécessaires à ses constructions et les faire assembler sur ses chantiers en France, à l'instar de ce que la Compagnie pratiquait dans certaines cir- constances. Ce dernier moyen, coûteux au premier coup d'ail, serait compensé et au delà par les avantages plus haut cités. Il est donc hors de doute que l'Établissement du Pégou dans les cas supposés, serait d'une grande utilité pour la France. Il est même à croire que dans l'État de choses la reprise de cet Eta- blissement lui serait avantageux. Admettant actuellement que pour les raisons plus haut citées l'Établissement du Pégou dut être repris, il reste à savoir si la demande de cette reprise serait admise, et si la présence des Français serait préjudiciable à cette puissance. Nouvelle proposition faite par le roi d'Ava et du Pégou à M. Mottet, agent pour le Roi au Bengale en 1787 pour lier des opérations commerciales entre ce royaume et la France. Pour résoudre cette question il n'y a qu'à se rappeler le respect et la vénération que les Pégouans portaient jadis au nom fran- çais; l'accueil qui leur fut fait en 1766 par les nouveaux souve- rains Birmans contre lesquels ils avaient pris les armes quelques 1. Le prix de la journée du charpentier-ouvrier est de 5 journées à la roupie ce qui équivaut à 10 fr. ou 50 centimes. L'ouvrier européen fait sans doute plus d'ouvrage dans la journée ; mais il ne travaille pas aussi longtemps dans le jour. [Note du Ms.] 2. Les frais d'établissement ne sont pas calculés. Ils seraient bien peu conséquents si la France devait se borner à un petit nombre de construc- tions. Les ateliers qui se trouvent montés dans le pays pourraient servir à cet usage; mais si la France voulait y établir un atelier constant et du- rable les dépenses qu'elles feraient dans cet objet seraient compensées par les produits qu'elle en retirerait. [Note du Ms. INTRODUCTION xxxix années avant, et plus particulièrement encore la demande faite de nos jours par le roi des trois royaumes d'Ava, d'Arakan et du Pégou à M. Mottet, agent français, à Chandernagor, d'une liaison de commerce avec la nation française. La pièce qui prouve l'existence de cette demande est une lettre de M. Mottet à M. Billon, chef à Chatigan, 22 décembre 1787, ainsi conçue : « J'apprends que les Birmans se sont emparés du royaume d'A- « rakan et qu'ils veulent lier commerce avec les Européens; j'en « étais instruit auparavant par une lettre que j'ai reçue du roi « des Birmans, par laquelle il me marque qu'il envoie un peti « bâtiment à Chandernagor chargé d'ivoire et me demande en a échange des fusils, de la poudre et des munitions de guerre. » Les motifs qui déterminent la proposition du roi d'Ava en 1787 existent avec plus de force aujourd'hui. Les raisons qui guidaient à cette dernière époque les démarches du roi de Pégou pour établir des rapports d'intérêt et d'amitié avec la France existent avec plus de force encore aujourd'hui, par l'espoir que la présence des Français au Pégou ferait dis- paraître (par la concurrence) la tyrannie que le monopole exclusif du commerce anglais exerce sur ce pays qui n'est plus fréquenté par aucune autre nation européenne (1) et qui se voit réduit pour maintenir ses relations commerciales à traiter uni- quement avec les ennemis de son indépendance contre lesquels ils sont constamment en mesure. Ces raisons portent à croire que les Français seraient bien accueillis par les Pégouans si la politique de la France la portait à s'y établir. Il est cependant naturel de croire que si l'occupation de l'Établissement du Pégou avait lieu, les Anglais verraient d'un wil jaloux les Français s'établir dans un pays limitrophe de leurs États, dans un pays puissant, constamment armé pour se défendre d'une invasion dont il est depuis longtemps menacé. Les Anglais s'opposeraient sans doute de tout leur pouvoir à cet Établissement, surtout s'il avait pour objet la construction des bâtiments. On demandera peut-être de quel droit ? Pas d'autre 1. Les Hollandais avaient aussi un Etablissement au Pégou, mais ils ni l'ont point repris depuis la nouvelle dynastie des Birmans. (Note du Ms.] XXXVIII INTRODUCTION qu'en Europe (1). A ces avantages s'en joindrait un autre plus conséquent, celui d'avoir des constructions en bois de tek, dont la solidité et la durée sont à l'épreuve du temps. Ce dernier avantage, le bas prix des matériaux et celui de la main-d'oeuvre compenserait bien au delà les dépenses que la France pourrait faire pour l'envoi de ses gréments et de ses constructeurs (2), soit qu'elle voulût faire confectionner ses constructions au Pégou, ou soit que pour ménager de l'occupation à ses ouvriers en France et y retenir une partie du numéraire elle voulût se bor. ner à faire équarrir et tailler au Pégou les pieds nécessaires à ses constructions et les faire assembler sur ses chantiers en France, à l'instar de ce que la Compagnie pratiquait dans certaines cir- constances. Ce dernier moyen, coûteux au premier coup d'oeil, serait compensé et au delà par les avantages plus haut cités. Il est donc hors de doute que l'Établissement du Pégou dans les cas supposés, serait d'une grande utilité pour la France. Il est même à croire que dans l'État de choses la reprise de cet Éta- blissement lui serait avantageux. Admettant actuellement que pour les raisons plus haut citées l'Établissement du Pégou dut être repris, il reste à savoir si la demande de cette reprise serait admise, et si la présence des Français serait préjudiciable à cette puissance. Nouvelle proposition faite par le roi d'Ava et du Pégou à M. Mottet, agent pour le Roi au Bengale en 1787 pour lier des opérations commerciales entre ce royaume et la France. Pour résoudre cette question il n'y a qu'à se rappeler le respect et la vénération que les Pégouans portaient jadis au nom fran- çais; l'accueil qui leur fut fait en 1766 par les nouveaux souve- rains Birmans contre lesquels ils avaient pris les armes quelques 1. Le prix de la journée du charpentier-ouvrier est de 5 journées à la roupie ce qui équivaut à 10 fr. ou 50 centimes. L'ouvrier européen fait sans doute plus d'ouvrage dans la journée ; mais il ne travaille pas aussi longtemps dans le jour. (Note du Ms.] 2. Les frais d'établissement ne sont pas calculés. Ils seraient bien peu conséquents si la France devait se borner à un petit nombre de construc- tions. Les ateliers qui se trouvent montés dans le pays pourraient servir à cet usage; mais si la France voulait y établir un atelier constant et du- rable les dépenses qu'elles feraient dans cet objet seraient compensées par les produits qu'elle en retirerait. [Note du Ms.] INTRODUCTION xxxix années avant, et plus particulièrement encore la demande faite de nos jours par le roi des trois royaumes d'Ava, d'Arakan et du Pégou à M. Mottet, agent français, à Chandernagor, d'une liaison de commerce avec la nation française. La pièce qui prouve l'existence de cette demande est une lettre de M. Mottet à M. Billon, chef à Chatigan, 22 décembre 1787, ainsi conçue : « J'apprends que les Birmans se sont emparés du royaume d'A. « rakan et qu'ils veulent lier commerce avec les Européens ; j'en « étais instruit auparavant par une lettre que j'ai reçue du roi « des Birmans, par laquelle il me marque qu'il envoie un peti « bâtiment à Chandernagor chargé d'ivoire et me demande en a échange des fusils, de la poudre et des munitions de guerre. » Les motifs qui déterminent la proposition du roi d'Ava en 1787 existent avec plus de force aujourd'hui. Les raisons qui guidaient à cette dernière époque les démarches du roi de Pégou pour établir des rapports d'intérêt et d'amitié avec la France existent avec plus de force encore aujourd'hui, par l'espoir que la présence des Français au Pégou ferait dis- paraître (par la concurrence) la tyrannie que le monopole exclusif du commerce anglais exerce sur ce pays qui n'est plus fréquenté par aucune autre nation européenne (1) et qui se voit réduit pour maintenir ses relations commerciales à traiter uni- quement avec les ennemis de son indépendance contre lesquels ils sont constamment en mesure. Ces raisons portent à croire que les Français seraient bien accueillis par les Pégouans si la politique de la France la portait à s'y établir. Il est cependant naturel de croire que si l'occupation de l'Établissement du Pégou avait lieu, les Anglais verraient d'un cil jaloux les Français s'établir dans un pays limitrophe de leurs États, dans un pays puissant, constamment armé pour se défendre d'une invasion dont il est depuis longtemps menacé. Les Anglais s'opposeraient sans doute de tout leur pouvoir à cet Établissement, surtout s'il avait pour objet la construction des bâtiments. On demandera peut-être de quel droit ? Pas d'autre 1. Les Hollandais avaient aussi un Etablissement au Pégou, mais ils n' l'ont point repris depuis la nouvelle dynastie des Birmans. (Note du Ms.] XXXVIII INTRODUCTION qu'en Europe (1). A ces avantages s'en joindrait un autre plus conséquent, celui d'avoir des constructions en bois de tek, dont la solidité et la durée sont à l'épreuve du temps. Ce dernier avantage, le bas prix des matériaux et celui de la main-d'œuvre compenserait bien au delà les dépenses que la France pourrait faire pour l'envoi de ses gréments et de ses constructeurs (2), soit qu'elle youlût faire confectionner ses constructions au Pégou, ou soit que pour ménager de l'occupation à ses ouvriers en France et y retenir une partie du numéraire elle voulût se bor- ner à faire équarrir et tailler au Pégou les pieds nécessaires à ses constructions et les faire assembler sur ses chantiers en France, à l'instar de ce que la Compagnie pratiquait dans certaines cir- constances. Ce dernier moyen, coûteux au premier coup d'ail, serait compensé et au delà par les avantages plus haut cités. Il est donc hors de doute que l'Etablissement du Pégou dans les cas supposés, serait d'une grande utilité pour la France. Il est même à croire que dans l'État de choses la reprise de cet Éta- blissement lui serait avantageux. Admettant actuellement que pour les raisons plus haut citées l'Établissement du Pégou dut être repris, il reste à savoir si la demande de cette reprise serait admise, et si la présence des Français serait préjudiciable à cette puissance. Nouvelle proposition faite par le roi d'Ava et du Pégou à M. Mottet, agent pour le Roi au Bengale en 1787 pour lier des opérations commerciales entre ce royaume et la France. Pour résoudre cette question il n'y a qu'à se rappeler le respect et la vénération que les Pégouans portaient jadis au nom fran- çais; l'accueil qui leur fut fait en 1766 par les nouveaux souve- rains Birmans contre lesquels ils avaient pris les armes quelques 1. Le prix de la journée du charpentier-ouvrier est de 5 journées à la roupie ce qui équivaut à vo fr. ou 50 centimes. L'ouvrier européen fait sans doute plus d'ouvrage dans la journée ; mais il ne travaille pas aussi longtemps dans le jour. [Note du Ms.] 2. Les frais d'établissement ne sont pas calculés. Ils seraient bien peu conséquents si la France devait se borner à un petit nombre de construc- tions. Les ateliers qui se trouvent montés dans le pays pourraient servir à cet usage; mais si la France voulait y établir un atelier constant et du- rable les dépenses qu'elles feraient dans cet objet seraient compensées par les produits qu'elle en retirerait. [Note du Ms.] INTRODUCTION xxxix années avant, et plus particulièrement encore la demande faite de nos jours par le roi des trois royaumes d'Ava, d'Arakan et du Pégou à M. Mottet, agent français, à Chandernagor, d'une liaison de commerce avec la nation française. La pièce qui prouve l'existence de cette demande est une lettre de M. Mottet à M. Billon, chef à Chatigan, 22 décembre 1787, ainsi conçue : « J'apprends que les Birmans se sont emparés du royaume d'A. « rakan et qu'ils veulent lier commerce avec les Européens ; j'en « étais instruit auparavant par une lettre que j'ai reçue du roi « des Birmans, par laquelle il me marque qu'il envoie un peti « bâtiment à Chandernagor chargé d'ivoire et me demande en a échange des fusils, de la poudre et des munitions de guerre. » Les motifs qui déterminent la proposition du roi d'Ava en 1787 existent avec plus de force aujourd'hui. Les raisons qui guidaient à cette dernière époque les démarches du roi de Pégou pour établir des rapports d'intérêt et d'amitié avec la France existent avec plus de force encore aujourd'hui, par l'espoir que la présence des Français au Pégou ferait dis- paraître (par la concurrence) la tyrannie que le monopole exclusif du commerce anglais exerce sur ce pays qui n'est plus fréquenté par aucune autre nation européenne (1) et qui se voit réduit pour maintenir ses relations commerciales à traiter uni- quement avec les ennemis de son indépendance contre lesquels ils sont constamment en mesure. Ces raisons portent à croire que les Français seraient bien accueillis par les Pégouans si la politique de la France la portait à s'y établir. Il est cependant naturel de croire que si l'occupation de l'Établissement du Pégou avait lieu, les Anglais verraient d'un cil jaloux les Français s'établir dans un pays limitrophe de leurs États, dans un pays puissant, constamment armé pour se défendre d'une invasion dont il est depuis longtemps menacé. Les Anglais s'opposeraient sans doute de tout leur pouvoir à cet Etablissement, surtout s'il avait pour objet la construction des bâtiments. On demandera peut-être de quel droit ? Pas d'autre 1. Les Hollandais avaient aussi un Etablissemenı au Pégou, mais ils ni l'ont point repris depuis la nouvelle dynastie des Birmans. (Note du Ms.] XL INTRODUCTION que celui dont ils font constamment usage dans l'Inde, du droit du plus fort : il ne m'appartient point de juger du mérite de ce droit; c'est au Gouvernement français qui seul tient la clef de ses ressources à mesurer quelle est l'étendue et quelle peut être la durée d'un semblable droit; mais je crois que l'occupation proposée de l'Etablissement du Pégou est un sujet qui mérite d'être approfondi par le Gouvernement français. SIAM. La Compagnie envoie un négociateur à Siam en 1684. Ce fut en 1680 [sic] que le chevalier Forbin fut envoyé à Siam. Mais, quoique bien accueilli par le Gouvernement, il ne put obtenir la faveur qu'il était chargé de demander, celle de former des Etablissements dans le royaume ; il obtint, cependant, que les bâtiments français y seraient admis pour y faire le commerce, à l'instar de quelque autre nation. Le séjour que fit à Siam, M. le chevalier Forbin, fut employé à faire connaître et considérer sa patrie. Ce qu'il en dit déter- mina le roi de Siam à établir des relations commerciales avec la France. M. Deslandes, un des Directeurs de la Compagnie, le même qui fonda Chandernagor, fit un traité avec le Gouver- nement de Siam pour l'exploitation de tout le poivre qui se récolterait dans ce royaume. Louis XIV instruit des bonnes dispositions du roi de Siam lui envoie une ambassade en 1685. Le roi de Siam envoie à son tour une ambassade à Louis XIV. L'année d'après (1685) Louis XIV, instruit des bonnes dispo- sitions du roi de Siam, pressé d'ailleurs par les Jésuites qui désiraient pénétrer dans ce pays, se détermina à envoyer une ambassade à Siam pour s'assurer des intentions du roi et de l'intérêt que présentait à la France des rapports commer- ciaux avec cette puissance. Cette ambassade fut composée de M. de Chaumont et de six Jésuites. Le roi de Siam à son tour envoya une ambassade à Louis XIV. Elle fut accompagnée par M. de Chaumont. Cette ambassade quoique de pure étiquette était néanmoins propre à servir les INTRODUCTION XLI intérêts de la France, car les offres les plus avantageuses relatives à un traité de commerce furent faites de la part du roi de Siam. Désirant mettre à profit ces bonnes dispositions, Louis XIV envoya l'année d'après (1687) une seconde ambassade à Siam, composée de MM. La Loubère et Ceberet, 12 jésuites et plusieurs officiers de toutes armes et quelques troupes que le roi de Siam avait demandées. L'objet de cette ambassade était celui de négocier un traité de commerce. Seconde ambassade envoyée par Louis XIV. – Traité de com- merce conclu entre les plénipotentiaires du roi de Siam et de la France. Les envoyés du roi arrivèrent à Siam vers la fin de l'année 1687. Ils y furent accueillis avec les distinctions et les honneurs que les meurs, la religion et les usages du pays pouvaient permettre. Un traité de commerce fut conclu à la grande satis- faction de la France entre les commissaires respectifs des deux souverains. On ne peut mieux juger des avantages qui devaient en résulter que par la lecture de ce traité. « TRAITÉ DE COMMERCE AVEC LE ROI DE Siam (1) LE TRAITÉ « CONCLU ENTRE MM. DE LA LOUBÈRE ET CEBERET, ENVOYÉS « EXTRAORDINAIRES DE SA MAJESTÉ TRÈS CHRÉTIENNE ET LES Com- « MISSAIRES DU ROI DE SIAM PORTE. ARTICLE 4. « Que le roi de Siam accorde à la Compagnie française le » libre commerce dans ses royaumes et dépendances, aux » exemptions des droits d'entrée et de sortie. C'est à savoir que » toutes les marchandises que ladite Compagnie chargera et » apportera dans ses propres vaisseaux ou à fret, elle aura le » privilége de les vendre et de les acheter avec les personnes que » son intérêt lui dictera sans nul empêchement quelconque, sous » quelque prétexte que ce soit. Sa Majesté donne les droits » d'entrée et de sortie à la Compagnie, avec exemption de visite, » et les officiers de la Compagnie donnant seulement une décla- » ration par écrit de ce que les vaisseaux portent. 1. Les trois premiers articles de ce traité ont été si fort maltraités par les vers que je n'ai pu les déchiffrer. Mais j'ai cru apercevoir que ces articles n'étaient que de style formant le préambule du traité. [Note du Ms.] XLII INTRODUCTION ARTICLE 5. « Le roi de Siam accorde la juridiction civile et criminelle à » la Compagnie sur les Français ou autres de quelque nation >> qu'ils soient qui seront serviteurs de ladite Compagnie, et » pour les causes tant civiles que criminelles entre des Français » et quelque individu d'une autre nation, non attachée à la » Compagnie, elles appartiendront à la justice de sa Majesté » de Siam, mais sa Majesté accorde à l'Officier de la Com- >> pagnie qui a la commission du roi de France une place et » voix définitive dans la justice de sa Majesté où cette cause se » terminera. ARTICLE 6. « Le roi de Siam accorde à la Compagnie une résidence à » Joussalem ou tel autre lieu de son district avec les mêmes » priviléges spécifiés dans l'article 2 et de plus sa Majesté » accorde l'entier commerce de Calin à ladite Compagnie, à » l'exclusion et aux détenses expresses aux autres nations de le » transporter sous peine de confiscation et la Compagnie » demeure obligée de porter les marchandises nécessaires pour » le commerce et pour les besoins des habitants du susdit Gou- » vernement et ses districts, de sorte qu'ils ne soient pas obligés » de chercher d'autres moyens de remédier à leurs besoins. ARTICLE 7. « Le roi de Siam donne la permission à la Compagnie de » France d'établir des résidences ou factories qu'elle jugera à » propos pour son commerce, en quelque lieu que ce soit de » son royaume avec les mêmes priviléges qu'aux articles précé- >> dents. ARTICLE 9. « Le roi de Siam donne libéralement à ladite Compagnie de » France la propriété entière de quelque île commode distante » de dix lieues au plus du port de Merguy pour la fortifier, y » bâtir et en user selon ses intentions et ladite Compagnie » s'oblige devant Dieu, de ne s'en servir jamais contre les droits » et les intérêts dudit Roi, accordant toute souveraineté et justice INTRODUCTION XLIII » et tout le reste qui peut contribuer à rendre la Compagnie » absolue dans ladite île, et sa Majesté sachant le plan et le nom » de ladite île, donnera patente du don entier de ladite île pour » lui et ses successeurs (1). A ARTICLE 12. « Le roi de Siam ratifie et confirme le traité et priviléges qu'il » a accordés à la Compagnie au sujet du poivre de Siam et ses » dépendances dans la forme dont il fut convenu avec M. Deslan- » des en 1684 · · · · · · · · · · · · · · · · · . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Davantage que pour empêcher toutes sortes de disputes qui » pourraient s'élever entre les officiers des magasins du roi et » ceux de la Compagnie, tout le poivre, que le roi de Siam a » accordé par les susdits priviléges à la Compagnie, sera gardé » dans un magasin, lequel sera fermé à double clef, l'une des- » quelles sera entre les mains des officiers des magasins du roi, » et l'autre des officiers de la Compagnie. Et de ce traité on fera » trois copies et d'une même teneur, savoir : trois en siamois, » trois en français et trois en portugais, et au pied de chacune » seront signés les sus-nommés commissaires avec leur seing et » cachet ordinaire comme on voit ci-dessous. Passé à la cour de » Louvo le 8 du croissant de la première lune de l'année 323 1/2 » qui est le 1e de Décembre 1687. Signé, etc. Concessions importantes faites par le roi de Siam aux Français. - Honneurs qu'il leur accorda. Indépendamment des avantages de ce traité le roi de Siam remit aux Français : 1° la forteresse de Bankok bâtie à l'embouchure du Menam. Cette forteresse était par sa position et ses dépen- dances le lieu le plus propre à servir d'entrepôt à toutes les marchandises que la Compagnie aurait tirées de l'Asie ou y aurait apportées ; 20. le port de Mergui, le premier du royaume, et qui, par sa situation entre les deux golfes, offrait une communication facile et rapprochée avec le Bengale et les royaumes d'Ava, d'Arakan et du Pégou; enfin, par un excès de confiance et de 1. Il n'y a point de document sur la désignation de cette île, mais tout porte à croire que c'est l'île de Roi située au bas de la rivière de Merguy et citée par M. Daprès dans ses instructions sur la navigation des Indes orientales. (Note du Ms.) XLIV INTRODUCTION haute considération le roi voulut que sa garde d'honneur fût composée des Français. Un traité qui, d'un côté, offrait au commerce français le débouché de tout ce que le royaume de Siam pouvait con- sommer, et qui, de l'autre, lui assurait, pour ainsi dire, l'expor- tation exclusive des produits de ce pays; un traité où le sou- verain consentait à se dépouiller d'une partie des attributs de la souveraineté, et qui laissait à la dispostion des Français la princi- pale clef de son royaume devait sans doute être envisagé par la France comme un traité du plus grand intérêt et dont les résultats eussent été incalculables si la révolution survenue peu d'années après ces concessions n'eût renversé de fond en comble un si brillant édifice. La révolution de Siam, soit qu'elle ait été occasionnée par la jalousie qu'inspira le crédit et le pouvoir des Français, ou qu'elle soit due uniquement à l'ambition de l'usurpateur du trône, eut des conséquences si funestes pour le commerce français, que je crois à propos d'en donner ici une légère esquisse, d'autant encore que ce sont les Français qui ont joué un des principaux rôles dans cette révolution. RÉVOLUTION DE SIAM Révolution de Siam. – Motifs de cette révolution. -- Les Français en sont victimes. – Cruautés exercées envers eux. – Ils sont forcés à quitter Siam. Le crédit immense dont les Français jouissaient à Siam, les priviléges qui leur furent accordés, les concessions extraordi- naires qui leur furent faites ont de quoi étonner, si l'on ne con- sidère ces avantages que comme ayant été faits dans l'intérêt seul du commerce; mais cet étonnement cesse lorsqu'on consi- dère l'origine du crédit étonnant que la France acquit dans le royaume de Siam. Ce crédit fut dû au changement de religion d'un favori du roi nommé Constance Phaulkon, que les Jésuites, qui l'avaient converti, disposerent en faveur des Français. L'événement qui amena M. Constance à Siam, tient plus du roman que de l'histoire. Il est d'ailleurs inutile de le rapporter INTRODUCTION XLV dans cette courte analyse. Il suffira de savoir que M. Constance Phaulkon, né à Céphalonie d'un noble Vénitien et d'une dame grecque, en sa qualité de secrétaire du premier barcalon du royaume, approchait journellement de la personne du roi et ne tarda pas par son esprit et ses manières à gagner la confiance royale, au point que le premier barcalon étant venu à mourir, le roi voulut le remplacer par M. Constance, mais celui-ci crai- gnant d'indisposer les mandarins contre lui, refusa cette dignité, mais il n'en continua pas moins à être investi de la confiance du roi et même à diriger ses volontés. Il se contenta de la place de secrétaire du conseil. Ce fut M. Constance qui de concert avec les Jésuites rédigea le traité de commerce avec la France et qui fit accorder aux Français toutes les immunités dont ils jouissaient à Siam. Les Jésuites avaient autant d'ascendant sur l'esprit de M. Cons. tance que ce dernier en avait sur l'esprit du roi. Ceux-ci le mi- rent en usage pour engager le roi à changer de religion. Le roi se refusa constamment à cette demande, mais comme il était sans enfant, les Jésuites lui firent adopter par la voie de M. Cons- tance le fils d'un mandarin du pays qu'ils avaient élevé dans la religion chrétienne, espérant introduire cette religion dans l'État lorsque le prince adoptif serait sur le trône; et comme le roi était infirme et avancé en âge et que l'occasion de mettre leur projet à exécution pouvait se présenter d'un moment à l'autre, ils demandèrent des troupes et des vaisseaux au roi de France et à la Compagnie pour se trouver en mesure à tout évé- nement. L'arrivée de ces troupes quoique en petite quantité, ouvrit les yeux des grands du royaume, qui virent bien que ces troupes et ces vaisseaux n'étaient point venus pour soutenir le commerce de la Compagnie. Cette circonstance décida le premier ministre, Opra Pitrachard, de mettre à exécution le projet que depuis longtemps il méditait avec plusieurs autres mandarins, celui de s'emparer du trône et d'en exclure les héritiers présomptifs. Un moment lucide pour l'accomplissement de ce projet se présenta, ce fut celui où le roi tomba malade au mois de mai 1688. Dès que Pitrachard qui était aussi gouverneur de Siam et de Lobo en fut instruit, il introduisit, le 26 mai au soir, un grand nombre de troupes dans le château de Louvo, s'empara de la personne du XLVI INTRODUCTION roi, de son fils adoptif et de deux frères du roi. Il leur fit accroire à tous qu'il y avait une conspiration et que c'était pour les sau- ver qu'il prenait ses mesures. M. Constance instruit de la maladie du roi se rendit au palais accompagné de MM. Beauchamp, Fréteville, Forbin, Vaudrille et de Luisse, mais à peine y furent-ils entrés qu'ils furent tous sai- sis et renfermés dans un appartement. Opra Pitrachard fit venir M. Constance et lui dit d'un ton impératif d'aller dire aux officiers français détenus avec lui, que la découverte d'une conspiration contre le roi avait nécessité leur arrestation, et que le fil de la conspiration n'étant pas en- core bien découvert il était prudent qu'ils restassent détenus jus- qu'à ce que la conspiration fût connue. La garde du roi de Siam était ordinairement composée de Français, mais quelques jours auparavant Opra Pitrachard l'avait envoyée à Talapson, maison de campagne du roi, où il avait réuni une grande quantité de troupes pour contenir celle-ci. C'est aussi à Talapson qu'Opra envoya les officiers français qu'il avait fait arrêter au château. Il fit mettre M. Constance à la tor- ture pour l'obliger à déclarer les complices d'une conspiration qui n'existait pas. Le lendemain il fit couper la tête au fils adoptif du roi, et la fịt suspendre au col de M. Constance en forme de cravate, et fit remettre celui-ci à la torture où il expira. Opra Pitrachard voulait mettre la couronne sur sa tête, mais redoutant les droits des frères du roi il médita la résolution de se défaire d'eux comme il s'était défait du fils adoptif du roi. A cet effet, il les engagea, attendant que les affaires fussent apaisées, de se rendre à Talapson, là où ils seraient en sûreté. Mais ces malheureux princes n'arrivèrent même pas. Ils furent assassinés en chemin par des troupes qu'Opra avait postées à cet effet; celui-ci voulut aussi faire mourir tous les chrétiens et dans ce dessein il ordonna que tous les Portugais se rendissent dans une île qu'il désigna. A l'égard des Français il n'osa les attaquer de front, mais il médita le projet de les attirer dans un piège qu'il leur tendit, principalement à ceux qui étaient à Bankok et à Mergui qui ignoraient tout ce qui se passait à Siam. Maupey, un des ministres du roi et un des ambassadeurs qui l'année précédente avait été en France fut député par Opra Pi- trachard vers M. de Fargès (des Farges), général des troupes INTRODUCTION XLVII françaises qui commandait à Bankok pour lui demander de la part du roi de se rendre auprès de celui-ci. Comme M. de Fargès avait reçu dans d'autres circonstances des invitations de cette nature, il n'aperçut pas la supercherie; il se rendit à Siam escorté d'une garde d'honneur qu'Opra lui avait envoyée. A son arrivée à Siam M. de Fargès reçut la visite d'Opra, qui lui dit que le roi avait fait mourir M. Constance pour des fautes qu'il avait faites dans l'administration et qu'il voulait le mettre à sa place, et il ajouta que le roi était engagé dans une guerre contre les Cochinchinois et qu'il était nécessaire qu'il fit venir la garnison de Bankok et celle de Mergui à Siam. M. de Fargès vit trop tard le piège que le ministre lui tendait. Il répondit à Opra qu'à la vérité le roi de France avait envoyé des troupes au roi de Siam pour le soutenir et le défendre, que le roi pouvait en disposer, mais qu'il croyait prudent qu'il fût lui-même chercher la garnison de Bankok parce que les officiers ne se détermineraient point de quitter leur poste d'après un ordre écrit. Opra Pitrachard y consentit, mais retint en otage les deux fils de M. de Fargès que celui-ci avait amenés avec lui. Il força également le général français à écrire à M. de Bruham [du Bru- hant], gouverneur de Mergui, pour qu'il eut à se rendre à Siam avec les troupes qui étaient sous ses ordres. M. de Fargès en écrivant contrefit si bien son écriture et conçut sa lettre en des termes si extraordinaires que M. de Bruham comprit que cette lettre n'était pas de M. de Fargès et n'y obéit point. M. de Fargès partit pour Bankok. Dans ces entrefaites MM. de Targis, Fréteville, Vaudrille, Luisse et de Bresley qui étaient renfermés à Talapson conçurent le dessein de s'évader pour se soustraire au sort qu'ils redou- taient. Ils sortirent en effet de Talapson et s'enfuirent vers Siam pour prévenir les autres Français de ce qui se passait. Mais Opra ayant envoyé un détachement de cavalerie à leur poursuite ils furent atteints avant d'arriver à Siam. Les officiers français mirent l'épée à la main et étaient résolus de mourir en se défen- dant, mais sur la promesse qui leur fut donnée par les manda- rins qui commandaient ces troupes, qu'ils étaient venus pour les protéger ils mirent bas les armes. Le lendemain, ils furent dé- pouillés et attachés aux queues des chevaux et furent traînés ainsi XLVIII INTRODUCTION en triomphe à Lobo. M. de Bresley mourut au milieu de ce trai- tement; les autres le suivirent de près. M. de Fargès à peine arrivé à Bankok s'aperçut qu'il y allait être attaqué. N'ayant que trois cents hommes avec lesquels il de- vait défendre deux forts mal fortifiés il fit sauter l'un d'eux (le petit) et se fortifia dans l'autre. Ses mesures n'étaient pas encore terminées qu'il se vit assiégé par une armée de 60,000 hommes à laquelle il résista pendant deux mois et qu'il repoussa avec de grands succès dans les différentes attaques qui lui furent faites. Opra Pitrachard qui perdaitjournellement du monde, voyant ses troupes se décourager et désespérant de venir à bout de son entreprise offrit une capitulation à M. de Fargès qui, de son côté, se voyant à la veille de devoir céder à des forces aussi considé- rables accepta la capitulation proposée. Cette capitulation portait que M. de Fargès s'embarquerait avec la troupe qu'il commandait et généralement tous les Fran- çais qui avaient été faits prisonniers à Lobo et à Siam et qu'à cet effet Opra Pitrachard lui donnerait deux frégates appartenant à la Compagnie et un vaisseau de guerre français dont il s'était emparé et qu'il y ajouterait un vaisseau de soixante-quatorze canons appartenant au roi de Siam que celui-ci avait fait cons- truire pour l'envoyer en France. C'est sur ces quatre bâtiments que tous les Français furent embarqués pour Pondichéry où ils arrivèrent dans le mois de février 1688 [1689). De son côté M. de Bruham était assiégé dans Mergui par une armée de 12,000 hommes. N'ayant avec lui que 50 hommes et trois officiers et ayant à défendre une grande ville, une forte- resse ouverte de toutes parts, il crut prudent de s'emparer d'une frégate appartenant au roi de Siam pour pouvoir assurer sa re- traite. Enfin après soixante-dix jours de tranchée ouverte, prêt à être pris, il s'embarqua sur la frégate et arriva à l'établissement français de Siriam dont le royaume de Pégou et de là il se di- rigea sur Pondichéry. Par cette fatale révolution la Compagnie fut privée pour tou- jours des établissements qui paraissaient lui promettre d'im- menses avantages. L'état de gêne dans lequel elle se trouva ne lui permit pas à la reprise de ses possessions de l'Inde en 1765 de demander à renouer l'ancien traité de commerce. Cette époque du reste était trop rapprochée de la catastrophe qu'elle avait INTRODUCTION XLIX éprouvée à Siam, pour qu'elle eût tenté d'y revenir quand même ses moyens le lui auraient permis. A la reprise de possession de 1785 la nouvelle Compagnie ne fit non plus aucune tentative pour commercer à Siam, de sorte que les établissements que les Fran- çais y formèrent n'ont plus été repris depuis l'époque fatale qui les obligea à sortir de ce royaume. Commerce de la Compagnie à Siam. Le commerce que l'ancienne Compagnie faisait à Siam consis- tait en écaille, dents d'éléphants, peau de buffle et de tigre, bois de teinture, calin et poivre, ces deux derniers objets en assez forte quantité pour former des cargaisons entières. La Compagnie trouvait à Siam le débit de petits miroirs, de franges et crépines en or et argent, galons ; bonnets de laine rouge pour les marins; armes à feu, quincaillerie, des ferrures propres aux constructions maritimes. Le commerce de Siam qui n'a eu qu'une courte durée, mais brillante à la vérité, était d'autant plus avantageux à la France qu'il roulait principale- ment sur des objets d'échange, avantage qu'elle n'avait pas ni à la Chine ni au Bengale. Aussi la perte des établissements de Siam fut envisagée par la Compagnie et par le gouvernement comme une perte réelle et irréparable. Il reste maintenant à examiner si dans l'état actuel de choses le commerce français de l'Inde étant anéanti il conviendrait à l'intérêt du gouvernement de renouer ses anciens rapports avec Siam et si dans le cas de l'affirmative les Siamois auraient de leur côté un intérêt à y consentir, Le commerce de Siam et des établissements dans ce royaume vu l'état actuel du commerce au Bengale serait-il avantageux à la France ? Discussion de cette question résolue affirmati. vement. Il a été dit plus haut que les besoins réciproques rapprochaient et liaient les peuples entre eux et que le meilleur système de commerce est celui qui s'établit sur les échanges respectifs des produits nationaux. Partant de ces principes on peut affirmer que le royaume de Siam produisant aujourd'hui avec la même abon- dance les objets qu'il produisait à l'époque où la Compagnie y INTRODUCTION était établie, et que ces objets, (le poivre surtout et le calin) étant des articles que la France consomme en grande quantité et qu'elle retire de l'échange, Siam serait un pays propre à y former un Établissement d'autant qu'il fournirait principalement ces deux articles au commerce français avec plus d'avantages que la côte de Malabar et la Chine dont elle les retire ordinairement, et que la France trouverait encore à Siam le débit d'une infinité d'objets qu'elle ne trouve pas en Chine,et que le commerce exclusif des Anglais prohibe à la côte de Malabar; ces objets seraient les mêmes que la Compagnie y envoyait anciennement; et à ceux- là on peut ajouter ceux que l'état de civilisation de ces peuples, le luxe qui s'est introduit chez eux, et les besoins que celui-ci fait naître rendent aujourd'hui nécessaires au pays; un autre article qui serait utile à la France et qui, faute de cause était né- gligé par l'ancienne Compagnie est l'extraction du coton-couleur de Nankin que Siam produit en abondance, et que les Chinois retirent de ce pays. L'introduction en France de cette matière première mettrait les fabriques françaises en possession de la fabrication des Nankins dont la qualité et la couleur égaleraient les Nankins de la Chine dont le principal mérite est dû à l'em- ploi de cette espèce de coton, et la France pourrait alors prohi- ber l'introduction des Nankins étrangers comme elle a prohibé les toiles et tissus de toute espèce. Les Anglais qui envisagent avec intérêt le plus petit coin de la terre quand il peut être utile à leur commerce ont plus que jamais senti l'importance d'un rap- prochement et d'une liaison d'intérêt avec le royaume de Siam et ils cherchent depuis longtemps à s'y établir. La crainte que quelque puissance européenne ne cherchât à s'établir à Siam après la paix de 1814, engagea la Compagnie anglaise à prévenir toute tentative à ce sujet, et à renouveler ses instances auprès du gouvernement siamois. Elle envoya, en conséquence, à Siam en 1816 le capitaine Canning dans l'objet de faire un traité d'alliance et de commerce avec ce peuple. Mais cette première tentative n'eut point de succès, tant les peuples de l'Asie redou- tent l'alliance des Anglais. Nouvelles tentatives des Anglais faites pour former des établis- sements à Siam. Envoi d'une ambassade anglaise en 1821. L'envoi de quelques frégates françaises en Chine et à la côte INTRODUCTION LI de l'Est en 1820 et 1821, l'appréhension où étaient les Anglais qu'elles avaient été envoyées pour entretenir des relations com- merciales avec les puissances de la côte de l'Est engagea la Com- pagnie anglaise à faire de nouvelles tentatives auprès du roi de Siam, et, à cet effet, elle lui envoya, en 1821, une nouvelle am- bassade avec plus de solennité que la première. Voici comment s'exprime à ce sujet le Journal de Calcutta du 23 mai 1821. » Le nouveau navire, nommé le John Adam, qui fit voile de » Calcutta, mardi 20 du courant [lisez 21 nov.], va, nous appre- » nons, à Siam et dans d'autres endroits de la côte de l'Est. » L'ambassade est composée des personnes suivantes : » John Crawford Esq., agent du Gouverneur-général spécia- » lement chargé de la mission, Mme. Crawford qui accompagne » son époux avec son enfant; le capitaine Dangerfield de l'armée » de Bombay, second agent du Gouverneur-général; M. Fynlay- » son, chirurgien et naturaliste et le lieutenant Rucherford, com- » mandant l'escorte. » Cette ambassade doit se rendre à la cour de Siam et à celle » de la Cochinchine, dans la vue d'étendre ou d'ouvrir uncom- » merce avec des pays qui possèdent une grande population, » dont la civilisation est très avancée, avec des avantages natu- » rels de la plus grande importance. » Deux savants accompagnent cette ambassade qui n'est pure. » ment que pour favoriser le commerce et nullement dans des » vues politiques, etc., etc., etc. » Novembre 1821. » L'ambition de la Compagnie anglaise n'a d'autre motif que de s'emparer de tout le commerce des côtes de l'Est de l'Asie et d'en exclure toute autre puissance européenne. Les Siamois ont plus d'intérêt à lier des relations de commeree avec la France qu'avec l'Angleterre et la Hollande. Les raisons qui du côté du gouvernement siamois détermine- raient un traité de commerce ou du moins des relations commer- ciales avec la France, de préférence avec les autres puissances établies en Asie, seraient prises dans les avantages que la pré- sence des Français procurerait à ce royaume, soit à raison de la concurrence qu'ils établiraient pour l'exportation des denrées LII INTRODUCTION du pays en général, soit encore en raison du débouché de cer- tains produits que le commerce français pourrait employer et que les nations européennes qui font directement ou indirecte- ment le commerce de Siam comme l'Angleterre et la Hollande n'exportent pas, si ce n'est à des prix très modiques. Ce ne seront certainement pas ni la Compagnie de Hollande, qui donneront de l'importance à la culture du poivre à Siam. Ces deux puis- sances sont au contraire intéressées à voir cette culture s'anéantir à Siam, puisqu'elles-mêmes sont propriétaires des pays qui fournissent cette denrée avec abondance. Il en est de même de plusieurs autres articles que ces puissances ont abondamment chez elles et qu'elles n'exploitent pas par ailleurs. Ainsi sous ces derniers rapports la présence des Français à Siam s'accorderait avec l'intérêt bien entendu de ce royaume. Le souvenir de ce qui s'est anciennement passé entre ce peuple et la France n'est aujourd'hui qu'une vieille plaie cicatrisée dont le temps a fait disparaître jusqu'à la trace. L'intérêt et le commerce font aujourd'hui toute la politique des puissances de l'univers, et là, où l'un ou l'autre de ces deux mobiles se montre tout le reste se tait et cède à ces deux considé- rations. La preuve en est que, dans les guerres de 1758 et 1778, les bâtiments français ont trouvé des vivres et rafraîchissements dans le port de Mergui qui leur fut ouvert. L'Economie politique du Royaume de Siam gagnerait à ce que la France possédât des établissements dans ce royaume. L'économie politique du royaume de Siam gagnerait encore sous un autre point de vue à la présence des Français par l'in- troduction dans ce pays de la culture de l'indigo, dont le succès ne pourrait être douteux d'autant que le royaume de Siam est un des pays du monde le plus propre à la culture de l'indigo, d'abord par la prodigieuse fertilité de son sol, qui est due à la couche épaisse de limon que dans ses débordements lents et périodiques y dépose le Menam qui traverse et inonde tous les bas pays. D'un autre côté, par la quantité considérable des buffles appri- voisés et surtout des boufs que le pays renferme et qui y sont si nombreux, qu'ils suffiraient pour labourer dix fois plus de terre que celle qui est en culture dans le royaume de Siam. La INTRODUCTION LIII cause de cette étonnante quantité de bestiaux est en partie due à la vénération qu'ont les Siamois pour ces animaux et à leur croyance à la métempsycose qui les empêchent de manger rien de ce qui a vie. Aussi les bestiaux, qui d'ailleurs se reproduisent avec une étonnante facilité, n'y meurent pour autre cause que de vieillesse. La population de Siam, occupée à la culture des terres, est comme toutes celles des pays habités de l'Inde, où il n'y a point de manufactures, beaucoup plus abondante que ne comportent les besoins de l'agriculture, ce qui laisse un grand nombre de bras inutiles et sans emploi. Ainsi, sous ce second rapport, l'occupation des établissements du Pégou et de Siam par des Français relevant, si l'on veut, des autorités de Chandernagor ou du Consulat de Calcutta, si ce dernier était établi, serait non seulement utile au commerce, mais encore à la marine française par le nombre de matelots qu'employaient les voyages de long cours et par les connaissances nautiques que ces voyages seuls peuvent procurer : considérations que leur importance doit faire passer par-dessus beaucoup d'autres. La France, de son côté, sous les rapports politiques de ses droits et de ses possessions au Bengale, gagnerait à avoir des établis- sements au Pégou et à Siam. Mais c'est surtout sous le point de vue politique, relativement au Bengale, que les établissements de Siam et du Pégou seraient utiles à la France. Leur importance est telle qu'elle devrait être un motif décisif pour déterminer l'abandon des Établissements français du Bengale, où la France, comme nation, est humiliée, et où son commerce est entravé. La seule objection qui pourrait être faite en opposition à cet abandon ne pourrait être fondée que sur l'espérance que la France peut un jour reprendre la jouissance de ses priviléges au Bengale, que la force seule lui a ravis, et que pour cet objet elle dut conserver ses Établissements, comme une pierre d'attente propre à réaliser ses espérances, C'est particulièrement sous ce dernier rapport que les Français établis au Pégou et à Siam, pays rapprochés et limitrophes du Bengale pourraient bien plus avantageusement servir les intérêts et les espérances de la France, que ne le feraient les Français LIV INTRODUCTION établis au Bengale, ou renfermés dans les cachots de Calcutta, ce qui ne manquerait pas d'arriver à la première nouvelle de rupture avec la France ou ses alliés. Vainement, pour éviter cette destinée, invoqueraient-ils le traité de paix de 1816. Ce traité, que les Anglais ont à plusieurs reprises violé dans un temps de paix, l'observeraient-ils dans celui où cette paix serait rompue ? Non; le passé doit mettre en garde pour l'avenir. LA COCHINCHINE. Commerce de la Compagnie avec la Cochinchine. Le commerce de la Cochinchine fut suivi par l'ancienne Com- pagnie, mais seulement jusqu'à la guerre de 1756. Les Français y jouirent d'une grande considération, mais ils n'y possédèrent jamais ni établissements, ni priviléges. Les marchandises que la Compagnie retirait de la Cochinchine étaient de la soie, du vernis, du thé commun, du bois d'aloés, de la cannelle fine. Elle apportait en échange, outre des piastres, une petite quantité de draps. Le commerce de la Cochinchine se faisait au moyen des petits bâtiments destinés au commerce des côtes, qui entreposaient les marchandises à Pondichéry. Le commerce de la Cochinchine, peu important pour la Compagnie, ne fut plus suivi depuis la guerre de 1756. Un Établissement à la Cochinchine dans l'état actuel de choses ne serait plus que d'un mince intérét, – Produits de ce pays. – Marchandises qu'on pourrait y apporter. Un Établissement à la Cochinchine dans l'état actuel de choses, en supposant même qu'il fût concédé, ne pourrait pas être d'un grand avantage pour la France. La seule utilité que le commerce en retirerait, ce serait celle de s'y pro- curer les approvisionnements dont pourraient manquer les bâti- ments qui vont en Chine, parce qu'on les trouve plus abondam- ment à la Cochinchine et à bien meilleur compte qu'à Macao ou à Manille. Dans ce cas, les bâtiments pourraient y charger de la soie, du vernis, du sucre, qui y est à meilleur compte que dans tout le reste de l'Asie, des dents d'éléphants, de l'écaille, du poivre, de la cannelle et des muscades. Les Français pourraient INTRODUCTION LV y laisser en échange des draps dont les naturels font usage pour faire leurs longues robes et leurs bonnets; voir le rapport de M. le chevalier Fabre, qui y résidait en 1740 et années suivantes en qualité de provediteur, et qui parlant des usages des Cochin- chinois, s'exprime ainsi : « Les gens de qualité sont ordinaire- » ment vêtus de soie ou de drap d'Europe, qu'ils estiment beau- » coup plus que les autres étoffes; le rouge et le vert sont leurs >> couleurs favorites; ils portent les bonnets de même étoffe que >> la robe. » Il est même à croire que les bâtiments français y trouveraient le débouché d'une partie de vins et eaux-de-vie (1), d'autant que les peuples de ce pays sont partie idolâtres, partie chrétiens, partie suivant les dogmes de Confucius, ces trois religions ne défendent pas l'usage des liqueurs spiritueuses, le peuple même y fait usage des liqueurs fortes, telles que l'arrac, et il s'enivre souvent (2). Le vin ne sert pas seulement à la boisson de quelques chré- tiens fortunés qui se trouvent à la Cochinchine et aux idolâtres de ce pays, mais il sert encore dans les cérémonies religieuses des Grands. Voici ce que raconte à ce sujet M. le chevalier Fabre : « Pendant, dit-il, que j'étais dans le pays, le septième roi monta » sur le trône. Le prince alla d'abord dans la Pagode des tom- » beaux des rois, où il fit des sacrifices en l'honneur de tous les » dieux du royaume et des génies de ses ancêtres; on égorgea » des victimes de toute espèce, après quoi le roi, s'étant prosterné » et ayant invoqué les esprits de ses ancêtres, les invita à venir » se rafraîchir; après un temps convenable qu'on leur laissa pour » manger, les vivants dinèrent à leur tour; il y avait des urnes » de terre et de porcelaine remplies de vin, etc., etc., etc. » Les rapports des navigateurs qui fréquentent actuellement la côte de l'Est et les îles voisines, assurent que les meurs et les habitudes n'ont point changé, que le luxe, quoique fondé sur les anciens usages, y a beaucoup augmenté et qu'en raison inverse le commerce y est déchu de sonancien état; qu'il est fait aujour- d'hui par les Chinois et les Cochinchinois qui sur des bâtiments 1. En effet, la maison Balguerie et C.., de Bordeaux, qui envoie depuis quatre ans en Cochinchine, y a trouvé le débit d'une partie de ses vins que le roi de ce pays a achetés. 1 Vote du Ms.] 2. D'Après. - Instructions de la navigation des Indes orientales, page 449. (Note du Ms. D'apre, pays a achetése, a trouvé leade Bordeaux, qu LVI INTRODUCTION du pays portent les produits de ce royaume à Sumatra, Java, Manille et Macao, d'où ils rapportent les objets qui leur sont nécessaires. Mais tout ce qui vient d'être dit n'est pas suffisant pour déterminer un établissement dans le pays, pas même une agence, dans le sens où elle existait en 1740. TONQUIN Établissements de Tonquin. — Produits de ce royaume. - Objets dont la Compagnie y trouvait le débit. – Peu d'utilité dont seraient aujourd'hui ces établissements. La Compagnie française avait des Établissements qu'elle n'oc- cupa plus depuis la guerre de 1756. Le principal comptoir était à Néam, port sur la Châle, ville assez considérable et peuplée en partie de Chinois. Les objets que ce pays fournissait au com- merce français étaient de la soie, du musc, de petites étoffes de soie qu'on fabrique en grande quantité en Chine, des bois de teinture et quelques drogues demédecine. Le commerce de Ton- quin ne se faisait qu'en échange d'or ou d'argent. Le commerce de Tonquin dans l'état actuel de choses et même dans toutes circonstances ne pourrait qu'être préjudiciable à la France. BANTAM Établissement de Bantam. — Sa situation. — Ses produits, - Causes de la perte de cet Établissement. Outre les Établissements que la France possédait à la côte de l'Est, elle avait encore un comptoir très important sous le rap- port du commerce des épiceries à la côte septentrionale. Bantam était le principal. Cette ville est située à 53 milles de Batavia. La sûreté et l'étendue de son port qui est envisagé comme un des plus beaux de l'Inde y avait attiré plusieurs nations d'Europe qui y possédaient des établissements, telles que la France, l'An- gleterre et le Portugal. Bantam fournissait la majeure partie du poivre qui était exporté par ces puissances. Les Hollandais dont le principal Établissement était voisin de Bantam, se voyant tra- versés dans cette partie de commerce par les autres nations, pro- fitèrent de la circonstance où deux d'entre elles étaient engagées dans la guerre de succession pour déclarer la guerre au roi de INTRODUCTION LVII Bantam et s'emparer de ses États, ce qui eut lieu vers l'an 1710. Depuis cette époque les étrangers ne furent admis à Bantam qu'avec la permission des Hollandais, qui comme on le pense ne l'accordaient point facileme nt Aussi lorsqu'après la paix d'Utrecht, la France voulut re- prendre son établissement de Bantam en fut-elle déçue. Cette circonstance détermina la Compagnie à faire l'acquisition de Mahé sur la côte de Malabar, d'où elle retirait depuis la partie du poivre que lui fournissait auparavant l'Établissement de Bantam. On trouve dans le récit de M. Lebrun, envoyé de la Compa- gnie à Bantam des détails curieux sur ce pays. M. Lebrun fut introduit auprès du roi en 1706. A ces établissements que la Compagnie forma dans les mers des Indes et qui dépendaient de l'administration du Bengale, on doit ajouter celui de Banderabassy sur le golfe Persique qui relevait aussi de Chandernagor. Mais avant d'en donner la des- cription, il est à propos de mettre au jour les moyens préparés par le Gouvernement pour établir avec la Perse des relations commerciales et rendre profitables les établissements que la Compagnie pouvait former dans cet empire. ..................... . Aprés avoir rendu justice à un laborieux historien, avoir épuisé avec trois ou quatre indications la liste des ouvrages généraux traitant des relations de l'Extrême Orient avec l'Occident, nous passerons un examen rapide des ouvrages particuliers traitant le même sujet. Les Portugais qui sont arrivés dès 1514 en Chine ont eu à leurs débuts des historiens comme Barros, Castañheda, Faria y Sousa. Ils ont dernièrement commencé, sous la direction de M. Biker, une série de documents tirés des Archives du ministère des affaires étran- gères de Lisbonne (1). Une foule de mémoires sur Macao, mais point 1. Supplemento a Colleccão dos Tratados, Convenções, Contratos e Actos publicos celebrados entre a Corôa de Portugal e as mais poten- cias desde 1640, coordenados pelo Visconde de Borges de Castro, e continuação por Julio Firmino Judice Biker. Tomo XV. Lisboa, Imprensa nacional, 1878, in-8. Memoria sobre o Estabelecimento de Macau, escripta pelo Visconde de Santarem.- Abreviada Relação da Embaixada que el Rei d. João V mandou as imperador da China e Tartaria. — Relatorio de Francisco LVIII INTRODUCTION d'ouvrages d'ensemble. Un Suédois (1) a écrit en anglais une histoire des Portugais en Chine ; il s'est servi de Barros et Gastanheda pour les commencements de son ouvrage dont la fin laisse grandement à désirer. Pour l'Espagne, en dehors de la littérature des missions, rien (2). Pour la Hollande, dont les éiablissements en Asie furent si flo rissants au dix-septième siècle et dont la puissance qui devait disparaitre devant celle des Anglais avait éclipse celle des Portugais, il nous faut pénétrer dans cette masse énorme, extrêmement intéressante d'ailleurs, de relations de voyages dont M. Tiele (3) nous a donné une description si exacte et si savante, et qu'il serait nécessaire de coordonner dans une auvre définitive. Les Russes ne nous ont presque rien laissé, et c'est principalement par les récits d'étrangers attachés à leurs ambassades que nous connaissons leur histoire : le Moldo-Valaque, Nicolas le Spathar (4), le Sué- dois Lange (5), l'Anglais John Bell (6), l'Allemand Adam de Assis Pacheco de Sampaio a el-Rei d. José I dando conta dos suc- cessos da embaixada a que fôra mandado à corte de Pekim no anno de 1752. Pubblicaçao feita por Julio Firmino Judice Biker..... Lisboa, Im- prensa national, 1879, in-8. 1. Contribution to an historical sketch of the Portuguese Settlements in China, principally of Macao, of the Portuguese Envoys & Ambassa- dors to China, of the Roman Catholic Mission in China and of the Papal Legates to China. By A. L. (jungstedt) Knt. (One hundred Copies struck off for distribution). Macao : China, 1832, pet. in-8. Nouvelle édition. Boston ; James Munroe, 1836, in-8. 2. Cf. Bibliotbeca Sinica, col. 329 et seq. 3. Mémoire bibliographique sur les Journaux des Navigateurs néer- landais réimprimés dans les collections de De Bry et de Hulsius, et dans les collections hollandaises du XVII° siècle, et sur les anciennes éditions hollandaises des Journaux de Navigateurs étrangers; la plupart en la possession de Frederik Muller à Amsterdam. Rédigé par P. A. Tiele.... Amsterdam, Frederik Muller, 1867, gr. in-8. 4. Relation curieuse de la Mosco vie, de La Neuville. La Haye, 1699, pet. in-12. — Emile Legrand, Bibliothèque grecque vulgaire, III. Paris, Maisonneuve, 1881, in-8. 5. Journal de la Résidence du sieur Lange, agent de Sa Majesté Impériale de la Grande-Russie à la Cour de la Chine, dans les années 1721 et 1722. Leyde, 1726, in-8. 6. Travels from St. Petersburg in Russia to diverse parts of Asia. INTRODUCTION LIX Brand (1), etc. Cependant nous avons vu que Timkovski, qui a écrit un récit de son ambassade (2), a laissé un ouvrage général sur les relations de son pays avec la Chine et on vient de publier en un volume le recueil des traités conclus entre les gouvernements Russe et Chinois de 1619 à 1792 (3). Sans parler de Muller (4) et de Coxe (5), MM. de Sabir (6), en France, et Ravenstein (7), en Angleterre, nous ont raconté les agissements des Russes sur l'Amour, tandis que M. Fr. v. Hellwald (8), nous a donné le récit de leurs campagnes dans l'Asie centrale. L'histoire des Anglais se trouve renfermée dans celle de leur East- India Company, sur laquelle il existe une immense littérature. Mr. Montgomery Martin, dans son ouvrage sur la Chine (9), In two volumes. By John Bell, of Antermony. Glasgow : Printed for the Author by Robert and Andrew Foulis, Printers to the University. M.DCC.LXIII, 2 vol. in-4. 1. Relation du Voyage de Mr. Evert Isbrand, Envoyé de Sa Ma- jesté Czarienne à l'Empereur de la Chine en 1692, 93 et 94, par le Sieur Adam Brand; avec une lettre sur l'état présent de la Moscovie. Amsterdam. J. L. de Lorme, 1699, in-8. 2. Voyage à Péking, à travers la Mongolie en 1820 et 1821, par M. G. Timkovski; traduit du russe par N***, revu par M. J. B. Eyries; publié, avec des corrections et des notes, par M. J. Klaproth. Paris, Dondey Dupré, 1827, 2 vol. in-8. 3. Recueil des traités conclus entre les gouvernements russe et chinois de 1619 à 1792, formé d'après les documents conservés aux Archives du Collége des Affaires Etrangères à Moscou, par Nicolas Bantyche Kamensky, de 1792 à 1803, publié à l'oceasion du troisième centenaire de l'annexion de la Sibérie, par V. M. Florinsky, avec des notes de l'éditeur. Kazan, 1882, in-8 (en russe). 4. Sammlung Russischer Geschichte, von F. G. Muller. 5. Archdeacon William Coxe. Account of the Russian discoveries between Asia and America.... London, 1780, in-4. 6. Le Fleuve Amour, Histoire, Géographie, Ethnographie, par C. de Sabir, Paris, 1861, in-4. 7. The Russians on the Amur; its Discovery, Conquest, and Colo- nisation. With a description of the Country, its inhabitants, produc- tions, and commercial capabilities; and Personal accounts of Russian Travellers. By E. G. Ravenstein. London, Trübner, 1861, in-8, 8. Die Russen in Centralasien von Friedrich von Hellwald. Neue Ausg. Augsburg, 1878, in-8. 9. China ; political, commercial, and social; in an official Report to Her Majesty's Government. By R. Montgomery Martin.... London, James Madden, 1847, 2 vol. in 8. LX INTRODUCTION a donné une esquisse intéressante des relations de son pays avec la Chine, relations qui remontent au temps de la reine Elisabeth. Le Record Office a publié trois volumes de Calendars of State Pa- pers (1), relatifs aux Indes Orientales, à la Chine, au Japon, etc., mais ils ne vont qu'à l'année 1624. On en attend la suite avec impaiience. L'histoire des autres puissauces, beaucoup plus moderne, offre un nombre encore plus restreint de documents. Quand nous avons commencé à réunir les maiériaux nécessaires à notre histoire des relations de la France avec l'Extrême Orient, nous n'avons pas tardė à nous apercevoir que cette partie, si intéressante pourtant de l'histoire de nos relations d'Outre-Mer avait été singulière- ment négligée ; que si certains points étaient suffisamment connus, l'am- bassade du Chevalier de Chaumont à Siam, par exemple, d'autres l’étaient inexactement, comme les négociations de l'évêque d'Adran, et d'autres enfin étaient à peu près ignorées : la fondation de notre Consulat de Canton. Il fallait donc, avant de songer à écrire notre ouvrage, en réunir les matériaux pour servir de pièces justificatives. Nous avions en France trois dépôts principaux d’Archives à visiter : les Archives nationales, les Archives du Département de la Marine et des Colonies et les Archives du Département des Affaires étrangères. Les Archives nationales contiennent un grand nombre de pièces relatives aux pays de l'Extrême Orient. La plus grande partie de ces pièces, néanmoins, concerne l'histoire des missions et ne rentre pas dès lors dans le cadre de notre publication actuelle. Les autres ayant rapport à nos Compagnies de Commerce, seront intercalées dans les vo- lumes de notre collection. Le dépôt des Archives de la Marine et des Colonies est, à UCI 1. Calendar of State Papers, Colonial Series, East Indies, CHINA and JAPAN. 1513-1616, 1617-1621, 1622-1624, preserved in Her Ma- jesty's Public Record Office, and elsewhere. Edited by W. Noël Sains- bury, Esq.... London, Longmans.... 1862, 1870, 1878, 3 vol. gr. in-8. INTRODUCTION LXI notre point de vue, de beaucoup le plus riche. Quoiqu'il ait été déjà exploré, il ne l'a pas été systématiquement. Si, pour l'histoire de l'Inde il a servi à produire différents ouvrages, notamment le Dupleix, de M. Bionne (1), et celui de M. Hamont (2), pour l'Extrême Orient, je ne vois guère que l'article de la Biographie universelle sur l'Evêque d'Adran qui y ait été directement puisé. Nous avions été déjà autorisé, en 1877, à dresser aux Archives du Département des Affaires étrangères un Catalogue de pièces relatives à la Chine. Nous fîmes le relevé de six volumes dont nous aurons l'occasion de parler à nouveau. Depuis lors, ce riche dépôt, trop longtemps fermé, a été ouvert aux travailleurs, grâce à un arrété ministériel du 6 Avril 1880. Nous ne faisons ici que rendre justice à ceux qui ont été chargés de mettre à exécution les projets du ministre en disant qu'ils ont interprété l'arrêté avec une largeur de vues, un esprit libéral et un sens pratique qui leur fait le plus grand honneur. Il est impossible de trouver plus de bonne volonté, plus de désir d'encourager les études historiques que chez M. le Chef de la division des Archives ; qu'il nous soit permis de lui témoigner toute notre gratitude pour l'accueil si gracieux qu'il a bien voulu nous faire. Ajoutons que l'on ne saurait rencontrer plus de courtoisie et d'obligeance qu'à la salle des communications. On sent que tout le personnel de choix qui dirige le dépôt est animé du désir d'être utile à la science en favorisant les recherches des historiens. On peut diviser les Documents relatifs à l'Extrême Orient conservés dans ce dépot en deux groupes : 1°. Documents renfermés dans des cartons; Nous n'avons pas à nous occuper de ceux-ci en ce moment. 2°. Documents classés et reliés. Nous diviserons ceux-ci en trois séries. Six volumes in-folio, reliés en veau plein brun, ayant pour titre général : Indes Orientales, Chine, Cochinchine. 1. Dupleix... par Henry Bionne. Paris, Maurice Dreyfous, 1881, 2 vol. in-8. 2. Dupleix, d'après sa correspondance inédite, par Tibulle Hamont... Paris, Plon, 1881, in-8. INTRODCCTION Cos ocurrus ron des durinis relatifs aux possessions fran- çaises des lades Orientales, à l'Ile de France et quelques pièces sur la Cochinchine (Evêque d'Adran). Ces dernières pièces com- 'ernt we decia cucinzar con la plus grande portion se trouve au Dint des Comis. Il sera prabainement mis sous presse. Des fiices relatives à la Chine, lep'us grand nombre concernent la Com- pagnie des Indes Orientales et le Consulat de Canton. Ce sont alles que 2015 out... aujourd'hui. Les autres intéressent l'bisidire eclisiastique de la Chine et sous en avons déjà donné quelques fragments (1). Elas femaleurs partie, pus tard, d'une autre sériede Documents pour servir à l'histoire ecclésiastique de l'Extrême Orient, qui aura pour complément son Dictionnaire bio-bibliographique des missionnaires dans l'Indo-Chine, la Chine, le Japon, etc. : Asia Christiana Orientalis. Trois volumes, petit in-folio, reliés en chagrin vert plein, qui contiennent des Documents relatifs à l'histoire ecclésiastique de la Chine; ces documents ne renferment rien de nouveau et nous ne les avons pas, par suite, publiés dans l'une ni dans l'autre de nos collections de documents; en voici d'ailleurs le détail. I. CHINE, 1556 A 1735. – Culies. Contient : 1. Note sur la prédication de l'Evangile de Jésus-Christ à la Chine. (2 pages, i feuillet). 2. Sur les difficultés et obstacles à la prédication de l'Evangile à la Chine vers la fin du seizième siècle et au commencement du dix-sep- tième. (14 pages). Une note au commencement indique que c'est un « Extrait de l'his- toire de Dn. Inigo de Guipuscoa, imprimée à La Haye en 1736. Liv. 5, p. 109. » 3. Portrait gravé du Cardinal de Tournon. 4. Sur les accusations contre les Jésuites au sujet du culte de Con- fucius, et des autres cérémonies de la Chine permises par ces Religieux aux Chrétiens de cet Empire (505 pages chiffrées comprenant la pre- mière partie du travail). Une note indique que ce travail a été fait dès 1735 par « N. L. Le Dran, premier commis des affaires étrangères et chef du dépôt de ce ministère. » 1. Cf. Revue de l'Extrême Orient, nos 1, 2 et 3. INTRODUCTION LXIII II. CHINE, 1711 A 1735. - Cultes. II. Sur les accusations etc., ut supra (487 p. c. comprenant la seconde partie du travail), plus i feuillet contenant une note sur les Missions chrétiennes à la Chine. III. CHINE, 1720. — Relation. III. Giornale della Legazione di M. Carlo Mezzabarba Patriarca d'Ales- sandria in Cina (607 pages chiffrées). Remis au dépôt des affaires étrangères en 1749. — Voir la Bibliotheca Sinica, col. 410. III Quatorze volumes in-folio, reliés en veau plein, ayant pour titre général : Indes Orientales. La plupart des pièces contenues dans ce recueil sont relatives aux possessions françaices de l'Inde, dont nous n'avons pas à nous occuper. Un certain nombre cependant concernent la Chine, le Siam et le Pégou. Elles trouveront naturellement place dans notre collection. La collection que nous publions aujourd'hui renferme donc les docu- ments relatifs à la Compagnie des Indes Orientales et au Con- sulat de Canton. Ils s'étendent depuis le mois d'Octobre 1770 jus- qu'au mois de Septembre 1814. On n'ignore pas que la Compagnie des Indes Orientales, créée en 1664, avait absorbé une Com- pagnie de Commerce à la Chine, fondée en 1660. Mais ce n'est qu'en 1698 que s'ouvrit le commerce de la Chine par suite de la cession du privilége de la Compagnie des Indes Orientales pour ce pays au sieur Jourdan. Une autre Compagnie de la Chine, créée en 1713, ne fit aucun usage de son privilége. Ce n'est qu'en Mai 1719 que s'opéra la fusion des différentes Compagnies de Commerce sous le nom de Compagnie des Indes. Nous aurons donc à donner dans un autre volume les documents con- cernant les anciennes Compagnies et la Compagnie des Indes depuis all, LXIV INTRODUCTION NIS 1719 jusqu'à 1770. Ces pièces se trouvent aux Archives nationales et surtout aux Colonies. Quelques-unes ont été imprimées au dix- septième ei au dix-huitième siècle. L'année dix-sept cent soixante-dix marque la suspension du privi- lège de la Compagnie des Indes Orientales. Le Comptoir de Canton est, pendant les années suivantes, géré pour le Roi par l'ancien Conseil de Direction de la Compagnie dans cette ville. De même que le Roi avait érigé en Consulat le Compioir que la Compagnie des Indes avait à Surate, il érige, le 3 Février 1776, le Comptoir de Canton en un Consulat, dont le premier titulaire est le sieur Vauquelin, et dont le dernier gérant est M. de Guignes, fils de l'illustre Orientaliste. Naturellement les évènements de la Révolution et de l'Empire n'étaient guère propices au développement des établissements d'Outre-Mer et nous verrons les pièces si noinbreuses pour les années 1780-1790 diminuer jusqu'à ce qu'elles soient réduites à cinq pour l'année 1806, à sept pour 1807, à deux pour 1808, à une seule pour 1809, à une seule également pour 1810; rien pour les années suivantes, jusqu'au mois de Septembre 1814, où nous trouvons une pièce renferinant quelques notes sur le com- merce de la France avec la Chine. C'est avec cette dernière pièce que nous terminerons ces deux volumes. Avec le volume qui contiendra les pièces antèrieures à 1770, nous formerons donc dans notre Collection une série de trois volumes pour la Chine. La Cochinchine ne demandera pas moins de deux volumes. Il faut compter un volume pour les Royau- mes de Pégou et de Siam. En ajoutant à ces six volumes deux autres de supplément pour les pièces qui n'auraient pas trouvé place sous les titres précédents (Japon, Malaisie, etc.), cette collection comprendra donc huit volumes environ, dont les matériaux sont déjà accumulés en grande partie et dont l'impression pourrait être facilement terminée dans deux ans, si éditeur et imprimeurs voulaient bien y mettre autant d'énergie que nous. * * Cet ensemble de documents permettra d'apprécier le rôle de la France dans l'Extrême Orient, rôle que nous ferons ressortir d'ailleurs dans INTRODUCTION LXV notre Histoire générale. Peu de nations ont eu autant d'occasions favorables que la France, peu de nations cependant en ont aussi peu profité. Ce sera, tantôt un ministre comme Constance qui recherchera notre alliance à Siam, tantôt un guerrier comme Dupleix qui élévera un empire aussi gigantesque que peu durable ; ce sera l'évêque d’Adran qui nous ouvrira les portes de la Cochinchine, ce sera Francis Garnier qui, par un coup de main hardi, avec 18i hommes, nous donnera le Tong-King. Nous verrons mettre à néant, soit par l'incurie de ministres inca- pables, soit par indifférence de la mère patrie, soit par la crainte de l'étranger, tous les avantages que la politique, le génie, la propagande religieuse, le patriotisme nous avait forcés un moment d'accepter. Nous verrons comment nous avons laissé dépérir l’æuvre puissante d'hommes généreux et enthousiastes avec une légèreté que les évènements ne peuvent excuser. L'histoire se répète, et aujourd'hui qu'une politique vacillcnte, ignorante de la tradition, appuyée sur des documents incer- tains, menace de renouveler les errements anciens, nous croyons faire quvre de bon citoyen en jetant un peu de lumière sur des faits trop peu connus du public. Henri CORDIER. Paris, 8 Août 1882. LA FRANCE EN CHINE AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE INDES ORIENTALES, CHINE, COCHINCHINE VOL. I. 1660-1772, 96 pièces. wwwmmmmmmmmmmmmmmmmmmm 1-1. Déclarations du Roy, L'une, Portant établisse- ment d'une Compagnie pour le Commerce des Indes Orientales. L'autre, en faveur des Officiers de son Conseil & Cours Souveraines intéressées en ladite Compagnie, & en celle des Indes Occidentales. Regis- trées en la Cour de Parlement le premier Septembre 1664. En la Chambre des Comptes le 11. dudit mois et an. Et en la Cour des Aydes le 22. ensuivant. A Paris, Par les Imprimeurs ordinaires du Roy. M. DC. LXIV. Avec privilège de Sa Majesté. Br. in-4, pp. 36 (1). 1. Pièce imprimée que nous indiquons simplement parce qu'elle est le point de départ de la collection et donne la date (1664) de la création de la Compagnie des Indes orientales; toutefois la première Compagnie française à privilège exclusif pour le commerce de l'Inde fut formée en 1604. Il y a eu trois Compagnies de Chine : 1° En 1660, réunie à la Compagnie des Indes en 1664. 2° En 1697, tombée pendant la guerre pour la succession d'Espagne. (1664) 2 LA FRANCE EN CHINE 2-2. Lettre de Messieurs des Missions étrangères au Pape, sur les idolatries et les superstitions chinoises. Br. in-4, pp. 99, s. I. n. d. A la fin, p. 99 : A Paris, ce 20 Avril 1700. Pièce imprimée. – Voir notre Bibliotheca Sinica, col. 387. 3-3. Prière pour l'Église de la Chine. Br. in-4, pp. 33, s. 1. n. d. Indiquée Bibliotheca Sinica, col. 397. 3° En 1713, ne fait aucun usage de son privilège. « En 1698, on voit s'ouvrir le commerce de la Chine. Le sieur Jourdan obtient de la Compagnie, avec beaucoup de peine, la per- mission d'y envoyer un vaisseau, à condition qu'il payeroit cinq pour cent du produit des retours. Il expédia un vaisseau qui partit en 1698, et qui revint en juillet 1700 avec une riche cargaison..... Ce succès ayant encouragé le sieur Jourdan, il forme une com- pagnie pour le commerce de Chine, à laquelle la Compagnie des Indes céda cette partie de son privilège exclusif pour 25,000 livres, et à condition que la nouvelle compagnie ne pourrait com- mercer dans aucune autre partie de l'Inde, ni même relâcher dans ses comptoirs. Cette dernière clause étoit bien dure, puisqu'elle imposait aux vaisseaux de la Compagnie de Chine, la nécessité de faire un voyage de huit à neuf mois sans aucune relâche dans aucun éta- blissement national..... C'est vers ce même temps que la Compagnie des Indes, qui depuis son origine n'avait fait aucun usage de son privilège exclusif au commerce de la mer du Sud, le céda à une compagnie qui s'engagea à ne faire aucun commerce dans les mers Orientales, ni à la Chine ni au Japon. » (Mémoire sur la situation actuelle de la Compagnie des Indes par M. l'abbé Morellet, 2° éd., Paris, Desaint, 1769, pp. 17-18.) Nous donnons dans l'appendice le texte des articles et conditions convenus entre les directeurs de la Compagnie et le sieur Jourdan. Au mois de mai 1719 s'opéra la réunion des compagnies d'Oc- cident, de celle des Indes et de celle de la Chine sous le nom de Compagnie des Indes (Ibid., p. 22). C'est de cette dernière com- pagnie dont il est parlé dans les dépêches au commencement de notre ouvrage. (1700) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 4-4. Discours de Notre Très-Saint Père le Pape Benoît XIV, sur la mort précieuse de Pierre Martyr, Religieux de l'Ordre de Saint Dominique. Traduit du latin en françois. A Paris, chez Babuty... [et] Quillau. M. DCC. XLVIII. Avec approbation et privilège du Roy. Br. in-4, pp. 23. Pièce imprimée. — Voir Bib. Sinica, col. 576-577. LVI 5. Nouvelles de la Chine,extraites de diverses Lettres écrites de ce Pais là sur la fin de l'an 1729, et au mois de Janvier 1730. Ms. de 22 p. in-4. Cette pièce n'est pas numérotée. 6-59. Extrait de la Délibération du Conseil de Direction de Canton (1) du 17 Octobre 1770. Ce jour, le Conseil s'est assemblé pour terminer l'affaire dont il a été questioni, dans l'assemblée tenue hier au soir, concernant la lettre de MM. Dumont, Trollier, de Vigny et Montigny du Timeur, dont ils, ont demandé l'enregistrement. Le Conseil, à l'exception de M. de Robien, ayant été d'avis de porter sur les Registres de Délibération la Lettre de Mrs. Dumont et autres ; il a été arrêté qu'elle seroit transcrite à la suite de cette Délibération dans tout son contenu et leur a écrit à ce sujet la Lettre cy-après : U 1. Les affaires de la Compagnie royale des Indes Orientales étaient gérées à Canton par un conseil de direction composé en 1770 de MM. Thimotée, de Robien et Clouët. La Compagnie avait été longtemps sans avoir de comptoir sédentaire à Canton; chaque expédition conduisait en Chine et ramenait en France les subrecargues et autres employés nécessaires. Voir Morellet, 1. c., p. 202. (1748-1770) LI FRANCE EN CHINE Copie de la Lettre de Mrs. Dumont, Trollier, Vigny et de Montigny du Timeur, du 16. Octobre. 1770. MESSIEURS, « Le marchand chinois Tan-ankoa (par défaut de » connoissances des usages européens), n'ayant pû se » persuader (que vous qui composez actuellement le » Conseil de Direction pour la Compagnie des Indes » de France à Canton, êtes les seuls chargés de ter- » miner et diriger toutes les affaires généralement quel- » conques, qui peuvent la concerner) exige que le Billet » que vous lui avez consenti au nom de la Compagnie, » en renouvellement de celui du Conseil en date du » cinq Janvier de cette année, soit signé de nous, en » forme de cautionnement. » Nous (quoique nous regardant, et n'étant que des » particuliers dans ce Païs, et conséquemment incom- » pétents) pour le bien de la chose, et empêcher les » évènements désagréables que pourroient occasionner » les poursuites du marchand Tan-ankoa, et par une » suite de notre attachement aux intérêts de la Com- > pagnie, voulons bien consentir à lui donner dans la » forme suivante la satisfaction qu'il désire : » Sur les demandes vives que le marchand » Tan-ankoa (par défaut de connoissances des » coutumes Européennes) nous a fait de signer » le présent Billet, Nous soussignés, pour mettre » fin à une affaire qui devenoit de jour en jour » plus sérieuse, et empêcher que la Nation ne » fut troublée tant dans son honneur que dans » son commerce, avons consenti à signercomme (1770) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE » caution le présent, bien persuadés que la Compagnie, ou telle autre personne qui » viendra commercer dans ce païs feront hon- » neur à cette dette au moment de son échéance. - » Signé : Dumont, Trollier, Vigny, Montigny » du Timeur. » Nous vous prions, Messieurs, de vouloir bien » inscrire sur votre Registre des Délibérations cette » Lettre dans tout son contenu. » Nous avons l'honneur d'être, etc. Signé: Dumont, » Trollier, Vigny, de Montigny du Timeur. ) Lettre du Conseil à Mrs. Dumont, Trollier, Vigny et Montigny du Timeur, en réponse à la leur du 16 du courant. A Canton, le 17 Octobre 1770. MESSIEURS, Nous avons reçu la Lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous écrire le 16 du courant, par laquelle vous nous faites part que le marchand chinois Tan- ankoa (par défaut de connoissance des usages euro- péens) a exigé que le Billet que nous lui avons consenti au nom de la Compagnie en renouvellement de celui du Conseil en date du 5 Janvier de cette année, soit signé de vous en forme de cautionnement. Sur la demande que vous nous faites, Messieurs, d'insérer votre Lettre dans le Registre de Délibération, nous n'avons pas crû devoir nous y refuser; et nous vous prévenons qu'elle y a été transcrite dans tout son (1770 LA FRANCE EN CHINE contenu. Nous avons l'honneur d'être très parfaitement, etc. Signé Thimotée, Clouët et Costar. Vu par Nous, Directeurs de la Pour Extrait conforme au Compagnie des Indes, les Registre des Délibérations dits jour et an. du Conseil de Direction de Canton, déposé au Bureau de l'Inde. STE-CATHERINE DERABEC A Paris, ce 9 Mars 1779. DE MÉRY-DARCY (1). Dorez. nde, 7-69. Copie de la Lettre de la Compagnie des Indes, écrite à MM. de Montigny du Timeur et Vigny, le 5 Août 1771. Nous avons recû, Messieurs, la Lettre que vous avez écrite à la Compagnie le 28 du mois dernier, ainsi que celle de Canton, le 15 Janvier de la présente année, conjointement avec MM. Dumont et Trollier. Pour le moment, nous ne pouvons rien vous dire de positif sur les arrangements qui seront pris au sujet de la dette de la Compagnie, dont vous avez bien voulu être caution. Ce dont vous devez être assurés, Messieurs, c'est que l'Administration mettra cet objet sous les yeux du Ministre, et qu'elle appuyera fortement sur la nécessité de remplir un engagement aussi sacré : nous sentons trop bien les conséquences qui résulteroient du non payement de cette dette indépendâment du Tra No 1. Il y avait en 1770 cinq directeurs de la Compagnie des Indes : De Rabec et De Méry d'Arcy, anciens employés de la compagnie, l'un comme commis au Bengale, l'autre comme su- brécargue; Le Moine et Risteau, négociants de Rouen et de Bordeaux ; de Sainte-Catherine; on n'avait pu s'entendre en 1769 sur le choix du sixième directeur, les préférences se parta- geant entre M. Mabille, conseiller au Conseil souverain de l'Ile de France, et M. de Mondion, commissaire de la marine du Roi. (1770-1771) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE préjudice qu'il vous causeroit) pour ne pas donner toute notre attention à un objet aussi important. Nous sommes, etc. Signé : De Méry-Darcy et Lemoyne. Vu par Nous, Directeurs de la Pour copie conforme au Re- Compagnie des Indes, les gistre déposé au Bureau dits jour et an. de l'Inde. STE-CATHERINE DERABEC A Paris, ce 9 Mars 1779. De Méry-Darcy. Dorez. 8-88. Lettre à Monseigneur de Boynes, Ministre de la Marine à la Cour, en France. MONSEIGNEUR, Nous profitons de la première occasion qui se présente du départ d'un Vau. anglais pour avoir l'honneur de vous accuser la réception de vos ordres en date du 6 Xbre. 1771. Ils nous sont parvenus par le Vau. le Duc de Penthièvre, arrivé en Chine le 25 aoust, et les Vaux. le Massiac, et le Duc de Duras, arrivés le 15 et 16 de septembre dernier. Nous nous y sommes conformés, Monseigneur, dans tous les points ainsi que nous ne manquerons pas de vous en faire le détail par ces vaisseaux. Nous prenons la liberté pour ce moment de nous borner aux points essentiels. M" Thimotée a pris la Direction le sept septembre quelques jours après son arrivée de Macao. Les dettes de la Nation dans cette place ont été entièrement éteintes le vingt-deux du même mois de septembre. Après tous les frais du Comptoir, et nos appointe- ments payés il se trouvera en caisse le 31 décembre Uvera (1771-1772) 1.I FRANCE EN CHINE Me 1772 environ trois mille huit cent, et quelques pias- tres pour le courant de l'année 1773. Le commerce des trois Vaux. le Duc de Penthièvre, le Massiac, et le Duc de Duras s'exploite dans le hang de la Compie. à leurs frais ; il y joint des vieux meubles, et ustensiles de commerce du Comp- toir en conformité de vos ordres, et jusqu'ici la paix et l'harmonie paroissent avoir dicté la conduite de Messieurs de l'État major, et Équipage de ces Vais- seaux. Il y a eu, Monseigneur, dans cette Rade cette année treize vaisseaux anglois d'Europe, deux de Bengale, un de Bombaye, trois hollandois-le quatrième ayant péri à l'atterage de la côte de Chine, il a été remplacé par un petit vaisseau portugais acheté à Macao — deux sué- dois, deux danois, une frégate portuguaise d'Europe, et les trois vaisseaux françois. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUET. A Canton, le 20 gbre. 1772. 9-94 Lettre à Monseigneur de Boynes. MONSEIGNEUR, En conséquence des ordres que vous nous avez donné par votre lettre en date du 6 Xbre. 1771, nous avons l'honneur de vous adresser par cette se- (1772) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE conde quelques réflections sur la position des Nations européennes en Chine, et particulièrement celle de la nation française, réflections succinctes vû les circons- tances que nous avons déjà eu l'honneur de vous mettre sous les yeux et que nous espérons que vous voudrez bien prendre en considération. Les Nations européennes établies dans l'Empire de la Chine jouissent de cet avantage plutôt à titre de faveur qu'à titre de droit réel, elles n'ont aucune permission expresse du gouvernement qui constate leur résidence, qui assure leurs droits. Elles ne sont comptées que comme des Etrangers que la loi tollere, et auxquels elle n'accorde que très peu ou pour mieux dire aucune portion ; elles n'ont aucun droit réel à la justice distributive, asservies aux lois générales, si elles ne troublent pas l'économie la tranquilité est leur partage, mais si quelque mal- heur inopiné heurte, nous ne disons pas les Loix fon- damentales, mais les usages, ou la coutume, c'est alors que les loix déployent toute leur rigueur et qu'elles payent cher un instant de repos; resserré dans les limites les plus étroites, comment faire valoir sa cause, réduit à traiter avec un petit nombre de négociants (1) 1. Les hanistes. – On n'ignore pas que l'empereur de la Chine accordait le privilège exclusif de commercer avec les Euro- péens à un certain nombre de marchands qui répondaient au chef de la douane chinoise de tous les individus arrivés en Chine. L'assemblée de ces douze marchands dits hanistes en français, hong merchants par les Anglais, présidée par le chef de douane [Hou-Pou) se nommait Co-hang. Félix Renouard de Sainte-Croix, qui voyageait au commence- ment de ce siècle, nous a conservé les noms des douze marchands de cette époque : « per PANQUEROIS : mandarin à bouton bleu foncé, il ne fait plus (1772) 10 LA FRANCE EN CHINE comment élever la voix, soit pour se défendre, soit pour réclamenser la justice; pour parvenir à se faire entendre des Tribunaux, il faut se servir du Chef de l'ancienne Compagnie Chinoise, d'interprètes qui malheureuse- ment ne sont que trop souvent des avocats vendu au despotisme et qui pour le plus léger intérêt déguisent, et trahissent la vérité. Les Européens ont un lieu marqué pour leur résidence qu'ils ne peuvent excéder sans une permission expresse d'affaires ; mais il a toujours deux parts dans celles de la com- pagnie anglaise. 2° Maukois : idem, part dans la compagnie anglaise. 3° CONSÉQUOIS : idem, c'est un des meilleurs. 4° NOUYQUA : mandarin à bouton de cristal. 5° PonQua : mandarin à bouton bleu clair; fait beaucoup d'af- faires, dans ce moment surtout, avec les Américains. 6e LEYQUA : mandarin à bouton de cristal de roche. 70 CHEONQUA : idem. 8. HONQUA : idem. ge PUANQUA : idem. 100 MANHOP : mandarin à bouton d'or; il était autrefois soldat de mandarin. 11° LoKQUA : mandarin à bouton d'or. 12° MANSCHING : idem. Après avoir donné les noms des hanistes, je dois vous parler de la manière de traiter avec eux. Lorsqu'il arrive un bâtiment d'une compagnie, les hanistes en préviennent le chef de la douane, et en répondent tour à tour; ils s'accordent entre eux pour le chargement, d'après les demandes faites en général par le chef de la compagnie, ils se partagent ensuite les profits, à raison des marchandises qu'ils ont fournies. Le haniste qui s'est engagé pour le navire, est res- ponsable de tout ce qui peut se faire de contraire aux lois chi- noises. On leur fait souvent payer des sommes considérables pour la moindre infraction; et quelquefois leur tête est menacée. C'est ce qui est arrivé au haniste Maukois pour le Neptune, vaisseau (1772) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE II du gouvernement. Les extortions pécuniaires sur- passent toute croyance; un Européen ne peut faire un pas que l'argent à la main. Les Chinois au service des Nations payent des contributions exorbitantes pour avoir le droit de remplir leur devoir; toutes ces vexations sont revetues d'une formalité qui met le concussionnaire à l'abri de la justice dans le cas où l'on pourroit y prétendre; nous n'aurions pas la té- mérité de nous avancer aussi loin si nous n'avions de la compagnie anglaise. » (Voyage commercial et politique aux Indes Orientales, Paris, 1810, t. III, pp. 100.101.) Le nombre de ces marchands a varié suivant les époques; il était de dix en 1777, de douze en 1793, de quatorze en 1808 et de treize en avril 1834, époque à laquelle finit le monopole de l'East-India Company. « We remark, that as early as 1702, an attempt was made to restrict the trade to one person, on the part of the Chinese, to be called the «emperor's merchant ». It was found, in the course of a year or two after, that this indivi- dual had no money or means of trade, and that he followed a sort of dog-in-the-manger policy, not being able to trade himself nor willing to permit the trade of others. The English determined not to advance money, and the imperial merchant, was obliged to permit the trade of other merchants, on paying over to him 5,000 taels for each ship. These others showed an equal disposition to trade on their own account. The foreigners resisted this, and the consequence was that in 1720 the merchants resolved themselves into the « Co-Hong ». The foreigners still resisted the monopoly, and petitioned the viceroy, who under- took to abolish the Co-Hong; but it continued in existence, not- withstanding the continued protests of the foreign merchants, until it was nominally dissolved in 1771, by the efforts of the head merchant Pankequa, who asserted that it cost him 30,000 1. which sum the Company's supercargoes repaid to him. We say nominally dissolved, for in 1777 we find an imperial edici declaring that the business of foreigners must be done with the ten Hong merchants and the system of « security merchants », with variations, continued to 1843.» (R. B. Forbes, Remarks on China and the China trade, pp. 36-37.) (1772) I 2 LA FRANCE EN CHINE des preuves au soutien. Mrs. de Robien et Clouët composant le conseil pendant l'hivernage, sentant la nécessité absolue d'apporter l'économie la plus scru- puleuse dans les dépenses, ont malgré toutes les pré- cautions qu'ils ont prises excédé de beaucoup la somme accordée par Sa Majesté pour l'entretien de ce Comptoir : les états détaillés et circonstanciés que nous envoyons à la Compagnie font foi de ce que nous avons l'honneur de vous dire; M. de Robien a cru devoir sacrifier ses intérêts particuliers au bien général il ne s'est réservé aucun recours que la voie des représentations; c'est à vous, Monseigneur, de juger de leur justice. Pardonnez nous cette digression : nous la croyons analogue au sujet que nous traitons dans ce moment. . Si quelque affaire inopinée survient, la Nation est prise à parti; à peine a-t-elle le droit de défence, il faut qu'elle satisfasse, nous ne disons pas à ce que la justice exige, mais au caprice du juge : cessation de commerce, fourniture de vivres, et même subsistance interrompue, il faut à force d'argent racheter le droit d'existence. . Pour donner une idée complète des vexations aux- quelles les Européens sont assujetis il faudrait des commentaires, un officier qui refusera de se laisser rançonner, un Particulier vexé d'une manière odieuse dans son commerce qui réclame la justice, voila une petite partie des motifs qui troublent la tranquilité d'une Nation, qui met des entraves à ses opérations, des frais exagérés, des impots arbitraires, des retards dans la délivrance des passeports, voila ce qui révolte, et révolteroit bien plus si leur continuité n'en avoit pas fait une espèce d'habitude. ise (1772) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE, 13 Voila Monseigneur, une partie des inconvénients auxquels toutes les Nations Européennes sont sujettes, foibles et puissantes. La Nation française les a par- tagés pendant l'existence de la Compagnie, mais nous ne pouvons vous dissimuler, Monseigneur, qu'après la cessation du commerce de cette Compagnie accré- ditée vis à vis des Chinois, et qui, pendant le cours de deux années n'avoit pas satisfait à une dette ruineuse tant par les intérêts que par la perte du crédit quelle entraine nécessairement, les difficultés ont augmenté à son égard. Les Chinois qui, pendant l'existence de la Compagnie, étoient assurés d'un commerce stable, mé. nagoient la nation par intérêt, dans la circonstance présente ils s'éloignent, et où il n'étoit besoin que d'un espoir de commerce, il faut présentement cer- titude pour en obtenir une apparence de considé- ration. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUET. A Canton, le 31 Xbre. 1772. · Dr Pan 10-95. Lettre à Monseigneur de Boynes. MONSEIGNEUR, Nous avons reçu les trois lettres que vous nous avez fait l'honneur de nous écrire le 6 Xbre. 1771, par les Vaux. le Penthièvre, le Duras, et le Massiac; nous avons communiqué vos ordres à M. Thimotée (1772) PIASTRES 11-96. La COMPAGNIE DES Indes slc, courant tant au Passif qu'à l'Actif avet et Clouët, le hui: DOIT PASSIF Pour Dépôt fait par le Cong-hang en 1765 et 1766 à la Caisse de ce Comptoir pour l'exécution des gravures re- présentant les Victoires de l'Empereur de la Chine (1) 20000 Taels faisant la piastre à gm 1c 8 caches, au Passif... 27855 2/16 ACTIF Pour ce qui s'est trouvé ce jour 8 zbre, 1772 en caisse en espèces des fonds réservés par le Conseil pour la subsistance et le maintien du Comptoir depuis l'arrêté du Compte du 31 Xbre 1771........ ........... 802 9/16 Pour les fonds chargés à Cadiz sur le Vau. le Duc de Duras, par ordre de Mgr. Le Controleur Général à la con- signation du Conseil pour la liquidation des deites de la Compagnie des Indes dans cette place.... .......... 56400 » Pour les fonds chargés à Cadiz par ordre de Mgr de Boynes, Ministre de la Marine, sur le Vau, le Duc de Duras à la Consignation du Conseil pour le maintien du Comp- toir pendant le courant de deux années.... 8000 » Pour la lettre de change de M. Thimotée à la Consi- gnation du Conseil qu'il a payée ce jour 5 décembre 1772. 6000 » Piastres cy.............. 99057 11/16 Nous, SOUSSIGNÉS, composant le Conseil de Direction de Canton certifions le of la somme de quatre-vingt-dix-neuf mille cinquante-sept Piastres onze seizièmes de trois mille huit cent Piastres deux seizièmes à l'Actif du présent Compte et vingt-quinze Piastres huit seizièmes. Fait septuple à Canton, le 31 Xbre 1772. i. Voir note page 16. (1772) PIASTRES CONSEIL DE DIRECTION DE CANTON composé de MM. THIMOTÉE, DE ROBIEN, embre 1772. AVOIR PASSIF Par les avances faites par le Conseil en 1766 à Don Re- migio de Laguna, sur le bois de sibomar, qu'il devoit ap- porter des Manilles suivant son Billet en date du 7 gbre 1700 cy ................................ 4000 » Par les frais remboursés à M. Patcheco prle compte de M. Remigio de Laguna sui- vant son Billet en date du 25 gbre 1768.... 47 8/16 Par l'Inventaire des Meubles du Comp- toir suivant l'État en date du 15 Xbre de 1900 Taels, la piastre à 7m 4° cy..... ...... -2567 9/16 Par l'Inventaire des Effets de Marine en magasin suivant l'État en date du 15 Xbre de 255 taels, la piastre à 7m 4º ............. 344 916 Par la solde et balance du présent compte au Passif cy ....... 20895 8/16 27855 %/10 ACTIF Pour le Payement fait aux divers Créanciers de la Com- pagnie des Indes le 22 zbre, 14 gbre et 15 du même mois de Cette année, pour solde totale et générale de toutes ses dettes dans cette place suivant l'État du 15 Xbre 1772 cy......... 65959 12/ Par le Payement de la subsistance et appointements des Employés du Comptoir suivant l'État en date du 15 Xbre 1772 cy........... 1442"/16 Par ce qu'il reste ce jour en Caisse pour le maintien et la subsistance des Employés du Comptoir à commencer du jer janvier 1773 et pr solde à l'Actif. 3800 2/16 Piastres cy ............ 99057 "/16 ésent Compte-Courant véritable dont le Débit et le Crédit montent chacun à r lequel il appert que la Compagnie des Indes est Créancière de la somme bitrice au Passif pour solde de la somme de vingt mille huit cent quatre- ThimotÉE. De Robien, CLOUET. (1772) 16 LA FRANCE EN CHINE qui sensible aux bontés dont Sa Majesté l'a honoré a accepté la place qu'elle lui a confié. Le mauvais état de la santé de M. Thimotée ne lui ayant pas permis de s'occuper essentiellement des affaires de ce comp- 1. Note. — Il s'agit ici de la fameuse suite d'Estampes que nous avons décrite col. 265-266 de notre Bibliotheca Sinica : CONQUÊTES DE KIEN LONG. Suite des Seize Estampes représentant les Conquêtes de l'Empereur de la Chine, avec leur Explication. « L'année 3ome de son Règne l'Empereur de la Chine Kien- Long, donna un Décret daté du 13 Juillet 1765, par lequel il ordonna qu'il seroit envoyé en France seize Dessins, des Victoires qu'il avoit remportées dans le Royaume de Chanagar et dans les Pays Mahométans voisins, pour être gravés par les plus Célèbres Artistes. Ce Décret fut accompagné d'une Lettre de recommandation du Frère Joseph Castilhoni datée aussi de Pékin le 13 Juillet 1765, et adressée au Directeur des Arts, avec les quatre premiers Dessins : le tout fut remis à Mr. le Mis, de Marigny alors Directeur de l'Académie Royale de Peinture par Mr. de Mery d'Arcy le 31 Xbre 1766. les autres Dessins arriverent l'Année suivante. La Direction générale de ces Gra- vures fut confiée à M. Cochin Secrétaire-Historiographe de l'Académie qui employa à leur exécution huit Graveurs des plus connus en ce genre. Cet ouvrage ne fut entièrement terminé qu'en 1774. et les Planches avec cent Exemplaires qu'on en tira, furent envoyés à la Chine, il n'en fut réservé qu'un très-petit nombre pour la Famille Royale et la Bibliothèque du Roi, ce qui a rendu cette suitte de la plus grande rareté. Ces Estampes portent 2. Pieds 9. Pouces de longueur sur 1. Pied 7 Pouces de hauteur : elles furent imprimées pour l'Empereur de la Chine et pour le Roi, sur du Papier fabriqué exprès : nommé Grand Louvois ayant 3. Pieds 4. Pouces 1/2. de longueur sur 2. Pieds 6. Pouces 1/2 de hauteur. » (Extrait de la notice publiée par Helman avec la suite d'estampes gravées par lui ; vide infra.) Ces estampes gravées sous la direction de C. N. Cochin fils avaient pour dessinateurs les missionnaires suivants : 1. Jean Denis Attiret, S. J; 2. Jean Damascene, Augustin déchaussé ; 3. Joseph Castilhoni, S. J., 1765; 4. N. – 5. J. Castilhoni, 1765; 6. J. Damascene; 7. Le même, 1765; 8. Ignace Sichelbarth, S. J., 1765 ; 9. N. –; 10. N. - ; 11. J. Damascene; 12. Le (1772) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 17 toir il s'en est déchargé sur M. de Robien qui dans cette circonstance se trouve conjointement avec M. Hay chargé de l'exploitation du commerce des vaisseaux le Duras et le Massiac et de leur expédition pour France. même ; 13. Le même; 14. J. D. Attiret, 1764; 15. Le même, 1763 ; 16. N. —. Les graveurs étaient : 1. L. J. Masquelier ; 2. J. Aliamet ; 3. J. P. Le Bas 1771; 4. Augustin de St Aubin, 1773; 5. Le Bas, 1769; 6. Franc. Denis Née, 1772 ; 7. A. de St Aubin, 1770 ; 8. B. L. Prevost 1769 ; 9. Le Bas, 1770 ; 10. Prevost 1774; 11. P. P. Choffard, 1772; 12. N. de Launay, 1772; 13. Choffard; 14. Le Bas, 1774; 15. Aliamet; 16. Le Bas, 1770. On trouvera au Cabinet des Estampes de la Bib. nat. un ex. magnifique de cette suite (0,0); il est relié aux armes de France avec les Batailles de Pierre le Grand, en 4 pièces. Dans l'ouvre de Cochin, j'ai vu une eau-forte de l'estampe 13 de Choffard. Outre l'exemp. cité, on trouvera également à la Bib. nat., dans l'oeuvre de Le Bas et des autres graveurs, les planches qui leur sont dues. Brunet dit en parlant de cette suite (V. col. 1178): « Suite devenue rare, parce que les pl. ont été envoyées à la Chine, après que l'on en eut tiré quelques épreuves. Vend. bel exemp. mar. r. tab. avec un vol. in-4, d'explications ms. 476 fr. Hue de Miroménil ; et en feuilles 176 fr. de Cotte ; 145 fr. Tolosan. La copie de ces gravures exécutées dans un moins grand format par Helman, en 1785, a peu de valeur. Un exempl. relié (23 fr. Busche) avec une brochure intitulée : « Précis historique de la guerre dont les principaux événements sont représentés dans les 16 estampes gravées à Paris pour l'em- pereur de la Chine, sur les dessins que ce 'prince a fait faire à Pékin. Paris, 1791, in-4. » La réduction de ces 16 estampes faites par Helman, graveur du Duc de Chartres, et élève de Le Bas, est d'une exécution bien inférieure ; elle a été publiée en 4 livraisons de 4 Pl. chacune ; Helman a fait graver au bas de ses Planches, les titres et les expli- LA FRANCE EN CHINE. (1772) 18 LA FRANCE EN CHINE Ces deux points capitaux réunis demandant chacun en particulier l'étude d'une seule personne il ne nous est pas possible, Monseigneur, de satisfaire aussi amplement que nous en avons toute la bonne volonté à vos demandes, nous osons espérer que vous vou- drez bien prendre en considération cette position cri- tique et ne pas imputer à négligence ce en quoi nous n'aurons pas rempli vos ordres aussi exactement que nous le désirons. Nous avons cru, Monseigneur, devoir interpréter l'article de la lettre que vous nous avez fait l'hon- neur de nous écrire en faveur du commerce, en nous livrant entièrement à tout ce qui pouvoit lui procurer des satisfactions, et nous nous en sommes tellement occupés après avoir éteint toutes les dettes de la Com. pagnie dans cette place ainsi que vous en jugerez par le tableau cy-inclus de la situation actuelle du comp- toir, que nous nous bornerons pour ce moment dans cations tels qu'ils étaient écrits en manuscrit au bas de chaque Estampe, dans les Appartements du Roi. Les grandes Pl. de Cochin n'ont pas ces explications et on y supplée, en collant au bas, des titres qui ont été gravés en petits carrés par Helman pour former la table générale qui sert de frontispice à sa suite. - Parlant de la Bibliothèque de la famille Fan à Ningpo, le Dr. Macgowan écrit (Journ. of the N. C. B. R. Asiatic Soc., No. II, May 1859, p. 173) : « The family was induced to open the building, by Sir J. Bowring, a few years ago. On that occasion they displayed with much pride some engravings about which there are various exaggerated rumours. Those prized sheets are said to be master- pieces of Chinese art, equalling anything which foreigners exhibit. The praise was not wholly unmerited ; but a scarcely perceptible inscription, in one corner, showed the sheets to be a gift from Louis XVI, to Kienlung, for whom they were engraved to illus- trate the campaign against the Kalmucks in 1756. » (1772) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 19 VO notre seconde lettre à quelques réflections succinctes sur la position en général des Nations européennes en Chine et particulièrement sur celle de la Nation fran- çaise, réflections susceptibles d'une étendue beaucoup plus considérable mais exigeant: un loisir que la fin d'une expédition ne donne pas. Le peu de tems que le tumulte des affaires laisse à M. de Robien dans ce moment ne lui permettant pas de multiplier les pièces au soutien de l'administration des affaires de ce comptoir nous ne les envoyons qu'à la Compagnie, nous bornant à ne vous en remettre sous les yeux que l'esprit, bien persuadés que MM. les Directeurs prenant en considération la position où nous nous trouvons ils ne manqueront pas de vous les faire connaître suivant vos ordres. Il n'y a eu cette année dans cette Rade que treize vaisseaux anglois d'Europe,' 2 de Bengale et 2 de Bombaye, 2 suédois, 2 danois, i frégate portugaise de Lisbonne et 3 hollandois, le quatrième a péri à la côte et a été remplacé par un petit vaisseau dont le conseil hollandois a fait l'emplette à Macao. En conséquence des ordres que vous nous avez donné nous avons procuré aux personnes prépo- sées par les armateurs des Vaux. le Penthièvre, le Duras et le Massiac pour gérer leur expédition, tous les meubles et ustensiles de commerce de la Compa- gnie; les états majors des trois vaisseaux ont été logés dans le hang de la Compagnie, et le loyer ainsi que les réparations faites pour l'entretien de la maison ont été payés par le commerce proportionnellement. M. de Robien nous ayant informé par sa lettre du 12 de ce mois au Conseil qu'il avoit des ordres positifs d'en- tamer après le départ des vaisseaux de cette expédi. (1772) 20 LA FRANCE EX CHINE tion des opérations de commerce pour les vaisseaux qu'il attend l'année prochaine, sur la proposition qu'il nous a fait d'assurer au propriétaire du hang fran- çais le loyer pour l'année 1773, nous avons cru devoir lui en abandonner la jouissance en réservant au Conseil les appartements nécessaires au maintien du Comptoir; sa demande nous a paru d'autant plus juste que tous les événements sont à ses risques; nous avons cru entrer dans l'esprit des ordres qu'il vous a plu de nous donner en déchargeant Sa Majesté d'un loyer que des circonstances imprévues peuvent rendre onéreux au Comptoir. Le bon ordre établi parmi les équipages françois tant dans la rade que sur l'Isle de Wampou par M". Dordelin commandant, très bien secondé par Mrs. Caro et Villepirault a fait régner la plus parfaite tranquilité tant vis-à-vis du gouvernement chinois que vis-à-vis des Nations Européennes. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUET. A Canton, le 31 Xbre. 1772. wwwwww (1772) INDES ORIENTALES, CHINE, COCHINCHINE VOL. II. 1773-1781, 153 pièces. 12-4. Lettre à Monseigneur de Boynes. Canton, le 20 gbre. 1773. 14. Via par le Vau. anglois, le Duke de Kinston. MONSEIGNEUR, Les premiers Vaisseaux anglois qui partent pour Europe nous procurent l'honneur de vous annoncer la réception des ordres que vous nous avez adressés par le Vau, le Brisson en date du 31 gbre 1772, et l'heureuse arrivée des différents vaisseaux particuliers qui sont venus cette année faire le Commerce en Chine. Le Vau, le Castries, Capitaine M. Winslow, venant de la côte Malabar est arrivé ici le 23 Juillet. Le Vau. le Dauphin, Capne M. de la Briselaine, est arrivé le 29 août ayant passé aux Isles de France. Le Vau, le Beaumont, Capne M. Omerat, a mouillé ici le 3 septembre ayant fait le même Voyage. Le Vau, le Duc de Praslin, commandé par M. de (1773) 22 LA FRANCE EN CHINE OU me 6 aux Clouard, Lieutenant des Vaux. du Roy, venant de la côte Malabar et Coromandel est arrivé le 16 zbre. Le Brisson, Capne. M. Bertaud, venant de La Ro. chelle et de l'Isle de France le 20 zbre. Et le Vau. la Catherine, commandé par M. Duclos Guyot, Capne. de Brulot, venant de l'Isle de France le 30 du même mois. Le prix modique des Marchandises de ce pays pen- dant le cours de cette expédition nous fait espérer que ces Vaisseaux feront une vente avantageuse en Europe, et ce qui nous confirme encore dans cette opinion est le petit nombre de Vaux, anglois qui sont destinés pour y faire leur retour. Le chargement de plusieurs de ces vaisseaux est déjà très avancé, nous comptons qu'il y en aura plu- sieurs d'expédiés du 10 au 20 Xbre' nous espérons aussi que tous les autres seront en état de partir du pre- mier au 15 janvier au plus tard. Nous avons aussi l'honneur de vous faire part, Monseigneur, que le commerce s'est fait ici avec beaucoup de tranquilité, le bon ordre que M. le Chev". de Clouard a maintenu en rade de Wampou, et les soins que Mrs. les Capitaines ont pris à contenir leurs équipages ont fait régner une parfaite union entre nous et toutes les nations Européennes. Il y a eu cette année en rade de Wampou 19 Vais- seaux anglois. De dix qui étoient expédiés d'Europe, 9 seulement retourneront en Angleterre, la destina- tion du dixième a été changée : il est parti dans les premiers jours de ce mois pour Batavia, sans char- gement, d'où il doit se rendre à Bombaye et 8 vais- seaux particuliers sont destinés pour leurs divers comptoirs de l'Inde. (1773) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 23 La nuit du 25 zbre. dernier il arriva un évènement très-facheux en rade de Wampou, le feu prit à bord d'un Vaisseau anglois destiné pour Bombaye, ce Vau, fut entièrement brulé et une partie de son équi- page a péri dans les flammes. L'incendie fut si vive que malgré les services que l'on apporta il ne fut pas possible d'y remédier, heureusement que la cargaison étoit à terre. Il y a eu encore cette année en rade 4 vaisseaux hollandois, i suédois et 2 danois. Nous nous réservons d'entrer dans des plus grands détails dans les lettres que nous aurons l'honneur de souscrire par nos vaisseaux. Nous sommes avec le plus profond respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissans Serviteurs, THIMOTÉE, De Robien, CLOUËT. 13-5. Lettre à Monseigneur de Boynes. Canton, le 20 Novbre. 1773. 14. Via par le Vau. anglois, le Duke of Kingston, Capne. Snow. GN MonsEIGNEUR, J'aurois eû l'honneur de vous écrire par les vais- seaux de l'année dernière pour vous remercier de la manière obligeante avec laquelle vous avez bien voulu me nommer à la place de Chef du Comptoir de (1773) 24 LA FRANCE EN CHINE Canton en Chine, et pour vous demander la conti- nuation de vos bontés, si la maladie grave que j'ai eue pendant toute l'expédition ne m'en eût empêché. Je vous prie de croire assez de ma reconnoissance pour être persuadé que je n'aurois pas négligé cette occasion de vous la témoigner. Je n'entre dans aucun détail, Monseigneur, au sujet des vaisseaux qui sont venus ici cette année ayant l'honneur de vous en informer dans la lettre du Conseil. M. le Chevalier de Clouard à son retour en France pourra vous rendre un compte exact de mon zèle à lui être utile. J'ai tout lieu d'être flatté de la con- fiance que M. son frère et lui ont bien voulu m’ac- corder pour la gestion du Vau. le Duc de Praslin, ainsi que de celle que m'a témoigné M. de la Ro- chette qui m'a associé à lui pour gérer conjointement celle des Vaux, le Brisson et la Catherine, Permettez moi, Monseigneur, de vous faire un exposé de ma situation actuelle en ce païs et d'y joindre un État de mes services. Je crois d'autant plus nécessaire de vous le présenter que j'ai tout lieu de penser que des personnes mal intentionnées et jalouses de la confiance que vous avez bien voulu me témoi- gner auront cherché à me desservir auprès de vous pendant ma maladie. Celle que la Compagnie m'a accordé en toute occasion, et celle dont vous avez bien voulu m'honorer détruira aisément toutes les insinuations qui naissent naturellement de l'envie. J'ose espérer que les notes et les informations plus particulières que vous voudrez bien prendre de ma conduite, soit de la Compagnie que je sers depuis (1773) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 25 1750, soit de M. Boutin (1) et de M. de Villevault, anciens Commissaires du Roy à la Compagnie, seront des preuves suffisantes pour me conserver votre estime et votre bienveillance. Permettez moi aussi de vous faire part que depuis vingt-trois années que je suis au service de la Compa- gnie que j'ai passées en grande partie dans un païs aussi éloigné et où les Européens sont si resserés par le Gouvernement chinois, ma fortune n'est point avancée. J'espérois qu'en 1770 la Compagnie auroit eû égard aux représentations que je lui ai faites pour jouir des dix mille livres d'appointements qu'elle allouait au Chef; j'en ai rempli la place par la démission de M. Trollier et je n'ai joui que de 4000 1.,qui sont à peine suffisants pour subvenir aux dépenses que la décence exige de faire vis-à-vis des Nations Européennes et de la Chinoise. Je prends aussi la liberté de vous représenter, Monseigneur, que je désirerois que Sa Majesté voulût bien m'accorder le Brevet de Comrnissaire de la Ma- rine. J'ose espérer que vous voudrez bien prendre en considération mon peu de fortune, la longueur du temps que j'ai sacrifié hors de ma patrie et mes ser- vices dont vous pourrez vous procurer des attestations certaines. Je vous observerai de plus que ce qui me porte à vous faire cette demande est la qualité de mes fonctions qui sont exactement celles de Com- missaire de la Marine. Ce titre en outre, que Sa Ma- jesté a accordé à l'Isle de France à plusieurs des anciens serviteurs de la Compagnie, ne peut que me donner de la considération auprès de toutes les na- 1. M. Boutin, intendant des finances, ayant la Compagnie des Indes dans son département. (1773) 26 LA FRANCE EN CHINE tions et m'assurer un État. Je vous prie, Monsei- gneur, de m'accorder la continuation de vos bontés et d'être persuadé que ma reconnaissance sera sans bornes. Je suis avec le plus profond Respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur, THIMOTÉE. I HIMO 14-6. Lettre à Monseigneur de Boynes. Canton, le 11 Xbre. 1773. Par le Vau, le Castries. MONSEIGNEUR, Nous avons ell l'honneur de vous écrire le 20 du mois dernier par le premier Vaisseau anglois qui est parti pour Europe et de vous accuser la réception des paquets que vous nous avez adressés par le Vaisseau le Brisson en date du 31 gbre, 1772. Le Vaisseau le Castries qui part pour France nous procure l'occasion de vous annoncer l'heureuse arrivée de six vaisseaux particuliers français qui sont venus cette année faire le commerce à Canton. Le Vaisseau commandé par M. Winslow venant de la côte Malabar est arrivé ici le 23 juillet. Le Vaisseau le Dauphin, commandé par M. de la Briselaine, est arrivé le 29 août ayant passé aux Illes de France. Le Beaumont, commandé par M. Omerat, a mouillé le 3 zbre, ayant fait le même voyage. Le Vaisseau, le Duc de Praslin, commandé par (1773) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 27 M. le Chev". de Clouard, Lieutenant des Vaisseaux du Roi, venant de la Côte Malabar et de Coromandel, est arrivé le 16 zbre Le Brisson, Capitaine M. Bertaud, venant de La Rochelle et de l'Isle de France le 20 zbre. Et le Vaisseau la Catherine, commandé par M. Du- clos Guyot, Capitaine de Brulot, freté à l'Isle de France par M. de La Rochette est arrivé à Wampou le 3o du même mois. Nous avons tout lieu de croire que ces six vaisseaux destinés pour faire leur retour en France y feront une vente avantageuse, les marchandises étant à très bon comple cette année et de bonne qualité, et n'y ayant que neuf vaisseaux anglois destinés pour retourner en Europe, Le chargement des susdits vaisseaux est très avancé et il y en aura plusieurs d'expédiés, du 20 au 25 de ce mois et les autres seront en état de partir du jer au 15 janvier au plus tard. Nous avons aussi l'honneur de vous faire part que le commerce s'est fait ici avec la plus grande tranqui- lité et n'a éprouvé aucun évènement désagréable. Le bon ordre que M. le Ch". de Clouard a maintenu en rade de Wampou, secondé des soins de MM. les Capitaines ont fait régner l'harmonie entre nous et toutes les Nations Européennes. Il y a eû cette Expédition en rade de Wampou 33 vaisseaux dont 4 hollandois, 2 danois, i suédois, 6 françois et 19 anglois. De dix qui étoient expédiés d'Europe, neuf seulement retourneront en Angleterre, la destination du dixième a été changée. Il est parti pour Batavia les premiers jours du mois dernier pour se rendre de là à Bombaye, et huit vaisseaux (1773) 28 LA FRANCE EN CHINE particuliers sont destinés pour leurs divers Comptoirs de l'Inde. La nuit du 25 zbre, dernier il arriva un évènement très-facheux en rade de Wampou; le feu prit à bord d'un vaisseau anglois destiné pour Bombaye; ce Vau fut brulé entièrement et une partie de son Equipage a péri dans les flammes. L'incendie fut si vive que mal- gré les prompts secours que l'on apporta il ne fut pas possible d'y remédier, heureusement que la cargaison était à terre. Nous sommes avec le plus profond respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, THIMOTÉE, DE ROBIEN, Clouët. 15-7. — Comptoir de Canton, 1773. ÉTAT DES PAYEMENTS FAITS PAR LE CONSEIL DE DIRECTION AUX CI-APRÈS DÉNOMMÉS TANT POUR LEURS APPOINTEMENTS QUE POUR LEUR SUBSISTANCE CALCULÉS SUR LE PIED DE 48 L. 10 S POUR 6 TAELS 5 MA, ET DE 7m. 14. 89. POUR UNE PIASTRE. SAVOIR : Piastres, Piastres, A M. Thimotée, Pour ses appointements de 1773 à raison de 4000 livres tournois.. Pour les 2/3 de la dépense de table et de loyer de maison tant pour M. Clouët que pour lui 6000 l. t. 746 10/16 1119 15/16 1866 9/16 1866 9/16 A reporter. . . . . . (1773) AUDIX-HUITIÈME SIÈCLE 29 Piastres. Piastres. Report. · · · · · 1866 9/16 A M. De Robien, Pour ses appointements de 1773 à raison de 2000 liv. tournois. . , 373 5/16 Pour le tiers de la dépense de table et loyer de maison, cy 3000 liv. tournois faisant. ...... 559 15/16 933 4/10 A M. Clouët, Pour ses appointements de 1773 à raison de 1500 liv.tournois faisant. 280 » Piastres. . 3079 13/16 Nous soussignés composant le Conseil de Direction certifions le présent état véritable montant sauf erreur ou omission à la somme de trois mille soixante-dix- neuf piastres treize seizièmes. Fait quadruple. A Canton, le 15 Décembre 1773. ThimoTÉE, CLOUËT, DE ROBIEN. 16-8. — Comptoir de Canton. Inventaire général des Meubles et autres Effets appartenant à la Compagnie des Indes de France pour les besoins du Comptoir à Canton. [Cet inventaire, daté du 15 Xbre, 1773, s'élève à Taels 1857. 4m. 1°). 17-9. — Comptoir de Canton. Inventaire des Effets de Marine restant en Magasin comme suit : [Cet inventaire, daté du 15 Xbre 1773, s'élève à Taels 240). 18-10. Par le Vau, le Beaumont. Canton, le 25 Xbre. 1773. [Répétition de la pièce 5 (voir page 23) du 20 gbre, 1773, avec une ou deux transpositions de phrases.) (1773) ONSEIL DE DIRECTION DE CANTON pour l'année 1773. AVOIR PIASTRES 8000 » Pour autant reçu par le Vau, le Duc de Duras pour le maintien au Comptoir d'envoy de Mgr. de Boynes......... Pour la remise du Con-hang a valoir sur les gravures pour l'Empereur de la Chine, exécutées à Paris par ordre de la Compagnie................ ......... Pour le montant des Meubles à la Compagnie suivt l'in- ventaire du 15 Xbre. 1773 suivant l'estimation ............ Pour le montant des Effets de marine suivant l'Inven- taire du 15 Xbre. 1773 suivt l'estimation... 6000 » 2500 » 324 5/16 Piastres......... 16824 5/16 le présent compte véritable dont le Débit et le Crédit montent chacun à la quintuple à Canton le 28 Xbre, 1773. THIMOTÉE De ROBIEN Clouët. (1773) 32 LA FRANCE EX CHINE 20-11. Lettre à Monseigneur de Boynes. Par le Vau. le Dauphin. Canton, le 28 X bre, 1773. MONSEIGNEUR, Nous avons eu l'honneur de vous écrire le 20 du mois dernier par le premier vaisseau anglais qui est parti pour Europe et par le vaisseau le Castries, ex- pédié le 11 du courant. Nous profitons du départ des vaisseaux le Dauphin et le Beaumont pour vous accuser la réception des paquets que vous nous avez adressés par le vaisseau le Brisson, en date du 31 gbre. 1772, auxquels nous nous sommes conformés. Nous avons aussi l'honneur de vous remettre un double des pièces que nous envoyons à la Compagnie par cette même voie. Vous verrez par le compte courant que nous vous adressons qu'il nous est resté nos appointements payés suivant l'état du 15 Xtre, la somme de 3477 piastres 1/2, pour subvenir au maintien du Comptoir pour le courant de l'année prochaine. Vous verrez aussi, Monseigneur, qu'il reste à la caisse de ce Comptoir, pour le compte de la Compagnie des Indes, la quantité de 3242 piastres 13/16", provenant de 6000 piastres que nous avons retiré suivant ses ordres des marchands hannistes à compte des dix mille que S. M. a avancés pour la confection des gra- vures pour l'Empereur de la Chine, et que nous nous sommes remboursés sur les susdites 6000 piastres de la somme de 2757 piastres 3/1.65 que nous avions pris sur SOMME (1773) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE - 33 les fonds que vous aviez destinés pour le maintien du Comptoir pendant deux années, pour l'entier acquitte- ment de ses dettes. L'impossibilité où nous nous trou- vons de pouvoir lui faire repasser ces fonds ainsi qu'elle le désiroit, soit à fret sur les vaisseaux françois, soit en lettre de change ou en acte de grosse sur les Com- pagnies étrangères dont les caisses ont été fermées, nous a obligés de les garder en dépot jusqu'à l'expédi- tion prochaine que les circonstances seront peut-être plus favorables. Le vaisseau le Praslin, commandé par M. le Chev". de Clouard, est aussi prêt à partir, nous comptons que le Brisson partira aussi dans les premiers jours du mois prochain et que le vaisseau la Catherine ne tardera pas à le suivre. Malgré le nombre extraordinaire de 6 vaisseaux destinés pour faire leur retour en France, nous pensons qu'ils seront dans le cas de faire une vente avantageuse, les marchandises étant très-bon marché et de fort bonne qualité. Il y a eu ici cette année, en outre des 6 vaisseaux françois, 9 vaisseaux anglois destinés pour Europe, 4 hollandois, 2 danois et i suédois et 8 vaisseaux an- glois particuliers pour leurs différents comptoirs de l'Inde. Il a mouillé aussi depuis peu de jours, 3 petits vaisseaux des Manilles dont le chargement ne consistera qu'en soye et soyerie et autres effets propres pour la nouvelle Espagne. Nous avons aussi l'honneur de vous faire part, que le commerce s'est fait ici avec la plus grande tran- quilité et n'a éprouvé aucun événement désagréable, l'union et la bonne intelligence a régné parmi les équi- pages françois et étrangers par le bon ordre que M. le LA FRANCE EN CHINE. (1773) 34 LA FRANCE EN CHINE Cher. de Clouard a établi à Wampou et par les soins que Mrs les Capitaines y ont apporté. Nous sommes obligé, Monseigneur, de vous informer que sur le refus de Mrs. le Cher, de Clouard, Duclos Guyot et de la Rochette et Bertaud de donner passage au R.P.Favon, dominicain espagnol, qui s'étoit adressé au Conseil, nous nous sommes vû forcé de recourir à la voie du hazard, le sort est tombé sur le vaisseau le Brisson, et en conséquence nous avons délivré l'ordre d'embarquement à M. Bertaud, en le prévenant qu'il auroit à s'arranger avec ce R. P. pour les frais de son passage. Nous sommes avec un très profond respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs THIMOTÉE, DE ROBIEN, Clouët. 21-12. — Le Vau. le Dauphin. Inventaire des pièces contenues dans le paquet de Monseigneur de Boynes, Ministre de la Marine. SAVOIR : N. 1. Lettre du Conseil. 2. Compte courant. 3. Etat des appointements. 4. Inventaire des Meubles du Comptoir. 5. Inventaire des Effets de marine. 6. Le présent inventaire. A Canton, le 28 Xbre. 1773. CLOUËT. (1773) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE Canion, Nov. 15 1774. 22-20. These are to certify that M". Thimotée has been under my care above twelve months, and notwith- standing every remedy has been used, he still continues in so bad a state of health as to render his departure from this country absolutely necessary; and I have ac- cordingly advised him to proceed to Europe. Tho. HUTTON, Surgeon to the English factory at Canton. Canton, le 15 gbre. 1774. Je certifie par la présente avoir traité M'. Thimotée pendant environ douze mois, et que malgré tous les remèdes, sa santé continue dans un si mauvais état qu'elle rend son départ de ce païs absolument néces- saire; je lui ai en conséquence conseillé de partir pour Europe cette saison. Signé : Hutton, chirurgien-major de la Compagnie anglaise, à Canton. Je certifie la présente traduction véritable et conforme à l'original anglais, en foy de quoi j'ai signé à Canton le 15 gbre. 1774. V. BOUCHERAT. Nous soussignés, composant le Conseil de Direction françois en Chine, certifions les signatures et dates cy-dessus véritables. A Canton, le 15 Novembre 1774. THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUËT. 23-21. Duplicata de la pièce précédente. (1774) 36 LL FRISCE ECHISE Canton, Nov. 15th. 1774. 24-22. M" Clouet, having been for some years past violently afflicted with a disorder in his stomach and bowels, and having taken medicines from me above a year without benefit, I have advised him to leave this country as the only remedy likely to recover his health. Tho. HUTTON, Surgeon to the English factory at Canton. Canton, le 15 Novembre 1774. M'. Clouet, étant fort incommodé depuis plusieurs années d'un dérangement dans l'estomac et dans les viscères, pour lequel je le traite depuis environ un an, sans opérer aucun changement, je lui ai conseillé de quitter ce païs, comme le remède qui me parut le plus convenable à sa santé. Signé : Tho. Hutton, chirurgien de la Compagnie anglaise à Kanton. Je certifie la présente traduction conforme à l'ori- ginal anglais, en foi de quoi j'ai signé le présent à Canton, le 15 gbre 1774. V. BOUCHERAT. Nous soussignés, composant le Conseil de Direction françois en Chine, certifions la signature de l'autre part ètre de M. Thomas Hutton, chirurgien-major du Comptoir anglais à Canton, ainsi que la signature et traduction faite par M. Boucherat, subrecargue du Vau. l'Aigle, pour étre véritable et que foi doit y être ajouté. A Canton, le quinze Novembre mille sept cent soixante et quatorze. THIMOTÉE, De Robien, Clouët. (1774) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 37 25-23. Je soussigné, chirurgien-major du vaisseau le Duc de Fitz-James, certifie qu'à mon arrivée à Canton, le huit octobre mil sept cent soixante-quatorze, j'ai retrouvé M. J. Pierre Clouët, ancien subrécargue de la Compagnie des Indes, actuellement Employé du Roi au Comptoir de direction en Chine,à peu de chose près dans la même situation que je l'avois laissé en décembre mil sept cent soixante-douze; Vû la grande quantité de remède dont il a fait usage depuis ce femps, sans aucun bon effet, et, eu égard à son état actuel de faiblesse, je lui ai expressément ordonné de quitter le pays, d'aller aux isles de France et de Bourbon, Et même en France, si le cas l'exige, comme l'unique moyen nécessaire pour le rétablissem'. de sa santé, En foi de quoi lui ai délivré le présent certificat pour lui servir et valoir ce que de raison : A Canton, en Chine, ce 15 gbre. 1774. J. Warnet. ARNET. 26-24. — Lettre à Monseigneur de Boynes. 14. Via par le Vau. anglais le Bessborough, Capº Riddell. Canton, le 20 gbre. 1774. MONSEIGNEUR, Le départ des premiers vaisseaux anglois pour Eu- rope nous procure l'honneur de vous accuser la ré- ception des ordres que vous nous avez adressés par le Vau. le Duc de Fitz-James, en date du 22 Janvier dernier et de vous annoncer l'arrivée des différents Vaux, particuliers qui sont venus cette année commercer à la Chine. Le Vau, le Gange, Cape. M. Gelin, venant de la côte (1774) 38 LA FRANCE EN CHINE Malabar et Pondichéry, a mouillé devant Macao le 7 Août dernier. Le Vau. le Duc de Broglie, Capne. M. Caro, venant directement de France, est arrivé à Macao le 27 du même mois. Le Vau. le Superbe, commandé par M. de Vigny, Lieutenant des vaisseaux du Roy, venant aussi direc- tement de France, a suivi de près le Broglie et a mouillé en rade de Macao le 29 du ct. Le Vaisseau le Pondichéry, Capitaine M. Lamotte, venant de la côte Malabar et Coromandel, a mouillé à Wampou le 21 zbre. Le Vau, le Fitz-James, Capne. M. Pierrès, venant de St-Malo et de l'Isle de France le 22 dud'. Et le Vau. l'Amériquain, Capne. M. de Chantelou, ve. nant de St-Malo et de Cadix, a aussi mouillé dans la même rade le 23 du même mois. Nous attendons encore le Vau. l'Aigle, qui a été ex- pédié de l'Isle de France pour les Manilles par M. de la Rochette, d'où il doit se rendre ici. Quoique les vaisseaux soient arrivés d'assez bonne heure, ils ne sont pas avancés dans leurs chargements, et nous ne pensons pas qu'on puisse en expédier aucun avant les premiers jours de janvier prochain. Il n'y a eu cette année que quatre vaisseaux anglois pour Europe, on en attendoit un cinquième qui devoit être expédié de Madras dans le mois d'août et qui n'a pas paru jusqu'à présent. Néanmoins, malgré ce petit nombre de vaisseaux anglois, les Thés Bouys (1) et 1. « On appelle thé boui (moui tcha) proprement dit (car on applique fort souvent la dénomination de Boui ou Bou à tous les thés noirs indistinctement] un mélange grossier de toute espèce (1774) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 39 les Thés verds supérieurs et Tonkay (1) sont plus chers que l'expédition dernière. Il y a eu cette expédition en rade de Wampou, outre les quatre Vaisseaux anglois pour Europe et les six de feuilles prises sans distinction. Il suffit qu'elles soient suscep- tibles de se tortiller et de prendre une couleur approchant de celle du vrai thé pour que les Chinois les fassent passer dans le commerce, en y mêlant une certaine quantité de bon thé récent, ou même de celui qui reste annuellement après le départ des vaisseaux..... « Les thés boui se recueillent dans la province de Fo kien, et surtout dans un canton nommé Mouni, d'où ils tirent leur nom : ils arrivent ordinairement à Canton dans les premiers jours de novembre, en paniers de bambou doublés d’une lame de plomb- très-mince; cette enveloppe de plomb se prépare dans le canton même d'ou le thé se retire. « C'est du reste le plus commun des thés noirs, les feuilles en sont mélangées, peu roulées, souvent brisées et remplies de pous- sière, son odeur est herbacée et forte... » (F. MARQUIS, Du thé, pp. 39-40.) Mr. Hollingworth écrit : « Bohea is derived from Boo'-ê, the Amoy prononciation of Woo-e, the name of the celebrated hills in the province of Fuh-keen. It is somewhat surprising that this name should be given to the very commonest description of Black tea, while the hills themselves have been always famous for producing the very finest kinds. » (List of the Principal Tea Districts in China, p. 11.) 1. « ..... Ce thé (tunkay tcha)... est le même que le songlo. Le thé tunkay n'est que ce dernier de première qualité..... [Le thé songlo] est encore l'un des plus communs et des plus mauvais des thés verts ; sa feuille, grande, n'est pas roulée avec soin; sa couleur est d'un vert mêlé de jaune..... Ce thé est le dernier qui se recueille, ce qui occasionne souvent des retards dans l'expédi- tion des vaisseaux, qui sont obligés d'attendre qu'il soit arrivé. » (F. MARQUIS, Ibid., pp. 56-57.) Ce nom de Songlo est celui d'une colline où le thé vert est censé avoir été découvert. Tunkay vient du nom d'une ville com- merçante bien connue, située à 15 milles environ au sud-ouest de Hoei tcheou fou dans le Ngan houé. P.11.) (1774) 40 LA FRANCE EN CHINE vaisseaux françois, quatre hollandois, deux suédois et deux danois, et deux frégates portugaises d'Europe à Macao et quinze vaisseaux particuliers anglois des différentes parties de l'Inde. Nous avons vécû jusqu'à présent en très-bonne intelligence avec les Nations européennes, M. de Vi- gny, Commandant des vaisseaux françois, y a beau- coup contribué par le bon ordre qu'il a établi à Wampou et M. M. les Capitaines des autres vaisseaux françois l'ont parfaitement secondé. Nous devons vous faire part, Monseigneur, que par les paquets que nous avons recus de M. M. les Direc- teurs de la Compagnie des Indes, visés par Monsei- gneur le Controlleur Général, il est ordonné au Conseil de Direction de faire la vente générale de tous les effets quelconques qui sont dans ce comptoir, de sorte que si elle a lieu à la fin de cette expédition, les employés de Sa Majesté vont se trouver dépourvus de tout ce qui leur est nécessaire pour avoir une maison montée, et telle que la décence et l'honneur de la nation l'exige, à moins que le Conseil n'achète pour le compte de Sa Majesté les meubles et effets qui lui sont nécessaires pour son usage et dont il ne peut absolument se passer. Les ordres sont si précis à ce sujet que dans le cas où le Conseil ne pourroit pas trouver à vendre, il lui est enjoint de renvoyer toutes les cuivreries et argenteries en France en les chargeant sur les vaisseaux françois à l'adresse de Monseigneur le Controlleur Général par connoissement. Nous avons aussi l'honneur de vous annoncer la mort de M. de Zeiginbal, armateur et subrecargue du Vaisseau de Pondichéry, décédé ici le 13 Octobre dernier. (1774) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 41 Il nous reste a vous faire part, Monseigneur, du départ de MM. Thimotée et Clouët. La santé du pre- mier, qui n'est pas parfaitement rétablie, et divers échecs qu'il a malheureusement éprouvés dans sa for- tune l'ont déterminé à repasser en France; et M. Clouët d'après les Conseils des Chirurgiens qui l'ont traité depuis plusieurs années infructueusement, passe à l'Isle de France pour éprouver si le changement d'air qui lui est ordonné ne pourra pas contribuer à réta- blir la sienne, d'où il se propose de revenir ici l'expé- dition prochaine pour reprendre ses occupations ordi- naires. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUËT. 27-25. Lettre à Monseigneur de Boynes. A Canton, le 20 gbre. 1774. MONSEIGNEUR, Le Conseil de Direction ayant eu l'honneur de vous annoncer par cette même voie l'heureuse arrivée de 6 vaisseaux françois qui sont venus faire le commerce cette année en Chine, nous n'entrerons point dans d'autre détail à leur sujet. Nous ne laisserons pas partir les premiers vaisseaux qui sont expédiés pour Europe sans avoir l'honneur d'informer Votre Grandeur de la détermination que nous avons été obligés de prendre malgré nous de quitter ce Comptoir; nous ne devons pas non plus (1774) 42 LA FRANCE EN CHINE vous cacher les motifs qui nous forcent à repasser, en France et à l'Isle de France, les raisons de maladies y entrent certainem'. pour beaucoup, cependant sans les procédés étranges et déplacés qu'a eu pour nous le S. de Robien, membre du Conseil, nous aurions cer- tainement attendu de nouveaux ordres de votre part, mais persuadés de votre indulgence et que nous méri- terons votre approbation, nous allons entrer dans quelques détails qui vont vous donner une vraie et parfaite connoissance des raisons qui nous ont portés à prendre ce parti. Lors de la nouvelle de la destruc- tion de la Compagnie des Indes en 1770 (1), le S, de 1. Consulter le Mémoire de l'abbé Morellet et les Mémoires de l'abbé Terrai. Voici quelques chiffres intéressants touchant la diminution des affaires de la Compagnie des Indes Orientales en Chine: ETAT DES BÉNÉFICES DE L'ACHAT A LA VENTE DU COMMERCE DE CHINE DEPUIS 1725 JUSQU'EN 1756 [sic]. De 1725 à 1736. Montant des ventes en France. 18.961.448 1. Prix d'achat................. 9.272.899 Bénéfice de l'achat à la vente. 9.688.549 l. 104 1/2 p. 0/0 De 1736 à 1743. Montant des ventes en France. 23.602. 112 I. Prix d'achat.......... d'achat................. 9.779.705 Bénéfice de l'achat à la vente.. 13.822.407 1. 141 1/4 p. 0/0 · De 1743 à 1756. Montant des ventes en France. Prix d'achat................. Bénéfice de l'achat à la vente.. 41.695.947 1. 19.252.520 22.443.427 1. 116 2/3 p. 0/0 (1774) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE Robien n'étoit encore que 3e subrécargue et n'avoit eu voix délibérative et entrée au Conseil qu'au commen- cement de janvier de cette même année. Tous les membres qui composoient alors le Conseil de Direc- tion ayant été renvoyés ou s'étant retirés, le S. Thi- motée, au refus du S. Trollier, fut obligé d'accepter la place de chef du Comptoir; il étoit alors 2e subré- cargue depuis 1753, et le seul membre de l'ancien Conseil qui fut resté au service, il ne restoit donc que 1764. Montant des ventes en France. 5.173.666 1. Prix d'achat................. 2.796.480 Bénéfice de l'achat à la vente.. 2.377.186 1. 85 p. 0/0 1765. Montant des ventes en France. 4.429.615 1. Prix d'achat................. 2.427.366 Bénéfice de l'achat à la vente.. 2.002.249 1. 82 1/2 p. 0/0 71 1/2 p. 0/0 1766. Montant des ventes en France. 7.130.910 1. Prix d'achat................. 4.157.696 Bénéfice de l'achat à la vente.. 2.973.214 l. - 1767. Montant des ventes en France. 5.055.716 1. Prix d'achat................. 3.013.340 Bénéfice de l'achat à la vente.. 2.042.376 1768. Montant des ventes en France, 5.838.379 1. Prix d'achat................. 3.481.891 Bénéfice de l'achat à la vente.. 2.356.488 l. 67 2/3 p. 0/0 (MORELLET, Mém, sur la C. des Indes, pp. 125-1 26.) (1774) 44 IA FRANCE EN CHINE le S. de Robien pour le seconder et il fut obligé de former un nouveau conseil dans lequel furent admis M. M. Clouët et Costar, et c'est à cette époque que la haine que le S. de Robien avoit jurée au S. Thimotée s'est manifestée dans toute son étendue dans toutes les occasions qui se sont présentées et qu'il a eu bien soin de saisir avec empressement. En 1771, le S. Thimotée, par les ordres adressés au Conseil de Direction par Mgr. le Controleur-Gé- néral, fut remercié, et le S'. de Robien, par l'absence du S. de Vigny, de 3e subrécargue qu'il étoit, se trouva chef du Comptoir et du Conseil, sans jamais y avoir eu avant l'année 1770 ni voix ni entrée. Cette place à laquelle il n'auroit jamais pu prétendre qu'à l'âge de 45 ou 50 ans, si la Compagnie eut toujours subsisté, avoit si fort flatté son amour-propre, qu'il vit avec la plus grande mortification et le plus vif cha- grin que Votre Grandeur m'a nommé et confié en 1772 la place de chef de ce Comptoir, aussi a-t-il alors redoublé ses efforts et il s'est formellement étudié à contrarier en tout le Conseil et à lui occasionner tous les désagréments possible et à n'avoir que de mauvais procédés à son égard. Nous avons cherché, mais inu- tilement, à connoître les motifs qui pouvoient donner lieu à une pareille conduite envers nous, et nous avons aperçu clairement que la haine et la jalousie étoient les seules qui y donnoient lieu. Il est vrai, Monseigneur, que si le Conseil a quelques torts en- vers le S. de Robien, c'est de s'être prêté avec trop de facilité à tout ce qui pouvoit lui être agréable pour faciliter l'expédition des Vaux. qui lui étaient adressés et assurer le succès des opérations dont il étoit chargé. Nous pouvons avancer sans crainte d'être démentis Von (1771) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 45 qu'il a abusé entièrement de notre confiance, surtout en cherchant à se rendre possesseur et seul locataire du hang françois en se servant du nom du Conseil pour arracher des mains de Tinkoa une chope qui l'en rendoit seul locataire et possesseur. Animés par l'esprit d'union et de concorde qui doit régner entre confrères, nous avons préféré de souffrir patiemment avant de porter nos plaintes à Votre Grandeur, et voir si le tems ne ramèneroit point le S. de Robien. Nous pensions qu'à la réunion de MM. de Vigny et de Montigny du Timeur, il se seroit prêté à vivre en bonne intelligence avec nous, mais bien loin de le faire, il a fait tout son possible pour nous expulser du hang françois, et à son retour à Canton dans le mois d'août dernier, il a fait ouvrir malgré notre prière et nos observations (pendant notre séjour à Macao) l'appartement du S. Thimotée, sous prétexte que les réparations exigeoient ouvertures. La corres- pondance qui a eu lieu entre nous et le Chevalier de Robien depuis le 5 zbre. 1773 jusqu'au 24 zbre. der- nier, et que nous prenons la liberté de joindre à la présente, vous instruira de tous nos démêlés, si vous daignez y jeter les yeux, nous osons espérer, Monsei- gneur, que vous nous accorderez la justice que nous croyons mériter et que vous autoriserez de votre ap- probation les démarches que nous faisons aujour- dhuy. Les désagréments et le peu de considération dont jouit le Conseil auprès des françois qui viennent ici pour y faire le commerce et surtout auprès des préposés des Armateurs qui se font une espèce de point d'honneur de l'abaisser autant qu'ils le peuvent auprès des Chinois est un des motifs qui ont déterminé le S. Thimotée à faire son retour en France pour en NIC (1774) 28-27. La COMPAGNIE DES INDES Son compte DOIT PIASTRES 3079 13/16 Payé pour appointements et subsistance du Comptoir suivi, l'état envoyé à la Compagnie en date du 15 Xbre 1774. Payé pour frais de passage en France de M. Thimotée et de son domestique suivt. l'état du 15 Xbre 1774. 375 Piast. Payé pour frais de passage à l'Isle de France de M. Clouët et pour frais de son retour de ladte Isle à Canton............................... 300 » 675 » Pour le montant des effets de marine à la Compagnie des Indes restants au Comptoir en périclitation et pour balance .......... Qu'il reste en caisse ce jour pour solde et pour balance du comptant... 300 .... 6965 8/16 Piastres,... 11020 5/16 Nous soussignés composant le Conseil de Direction de Canton Certifions le ou omission à la somme d'onze milles vingt piastres cinq seizièmes pour solde piastres et huit seizièmes. Fait quintuple à Canton le 14 janvier l'an 1775. (1775) pec le CONSEIL DE DIRECTION AVOIR PIASTRES 3242 13/16 3477 8/16 Pour ce qui restoit en caisse le 28 Xbre 1773 pour le Compte de la Compagnie des Indes......... ................ Pour ce qui restoit en caisse le 28 Xbre 1773 pour le maintien du Comptoir d'envoi de Monseigr. de Boysnes... Pour le montant des Effets de marine suivant l'inventaire du 15 Xbre, suivant l'estimation.......... .......... 1775, Janvier 12. Pour la remise du Con-Hang à valoir sur les gravures pour l'Empereur de la Chine exécutées à Paris par ordre de la Compagnie .... 300 » 4000 » 11020 5/16 résent Compte courant véritable dont le débit et le crédit montent sauf erreur Aquel il reste à la Caisse de ce Comptoir six milles neuf cents soixante cinq . ThimotÉE. De ROBIEN. Clouët. (1775) LA FRANCE EN CHINE ire faire part à votre Grandeur (1). Nous sommes aussy. obligés de vous informer que l'esprit de discorde règne déjà depuis quelque tems entre les S. de Robien et de Montigny du Timeur, préposé des Armateurs pour le chargement des Vaux, françois et que c'est la cause du retardement du départ des Vaux. de cette ex- pédition. Le premier a eu même des propos assez vifs avec M. de Vigny, Commandant le Va". le Superbe. Nous ne nous arrêterons cependant pas à vous faire le portrait du S. de Robien, il nous suffira de vous instruire qu'il n'a jamais pu vivre avec aucun de ses confrères, n'y même avec M. Dumont, chef de ce Comptoir pendant l'existence de la Compagnie. Permettez, Monseigneur, que le S. Thimotée ait l'honneur de vous représenter et de vous rappeller que lorsqu'il a accepté en 1772 le poste de Chef de ce Comptoir, il venoit de recevoir un échec très-consi- dérable dans sa fortune, néanmoins il n'hésita pas à donner de nouvelles preuves de son zèle pour le ser- vice de Sa Majesté; depuis cette époque il en a encore essuyés malheureusement de nouveaux qui l'ont en- tièrement détruite, et il se trouve avoir perdu dans un moment tout le fruit de vingt-quatre années qu'il a sacrifiées au service de la Compagnie et de Sa Ma- jesté. D'après cet exposé il ose espérer en vos bontés et désire que Sa Majesté voulut bien lui accorder une place de Commissaire de la Marine pour le dédom- mager de la perte que plusieurs Chinois viennent de 1. Le rôle du Conseil de Canton était piteux; la Compagnie des Indes « a formé un établissement à la Chine. C'est abuser du mot. Son comptoir à la Chine n'est pas un établissement. » (Examen de la réponse de M. N** au Mémoire de M. l'abbé Morellet... Paris, 1769, pp. 65-66.) (1774) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 49 lui faire essuyer, et qu'il est à présent dans l'im- possibilité de réparer, il se flatte qu'il ressentira vivement les effets de vos bontés et de votre pro- tection. Quant au S. Clouët, il prend aussi la liberté de représenter à Votre Grandeur qu'il est forcé de passer à l'Ile de France pour y rétablir sa santé, cependant sans les procédés étonnants du S. de Robien envers le Conseil, il se seroit déterminé à rester ici pendant quelque tems pour répondre aux marques de confiance que Votre Grandeur lui avoit bien voulu donner en le conservant à ce comptoir par rapport à la langue chinoise, mais la fortune ne lui ayant pas été favorable jusqu'à ce jour, il vous prie, Monseigneur, de vouloir bien avoir égard à la longueur du tems qu'il y a qu'il est dans ce pays attaché à ce comptoir, y étant venu en 1749 pour y apprendre la langue chinoise et n'ayant depuis ce tems fait que trois voyages en France; il se propose de revenir de l'Ile de France par les vais- seaux de l'expédition prochaine si sa santé se rétablit, afin de reprendre ses occupations ordinai même pour remplacer le S. de Robien s'il se détermi- noit à repasser en France dans un an. Persuadé de la légitimité de son voyage, il réclame vos bontés et vous supplie, vû le défaut de fortune après 26 ans de ser- vices de lui faire obtenir de Sa Majesté une pension ou une place dans le Bureau de la Marine. Il nous reste, Monseigneur, à vous faire part que M. Moulin, armateur et subrecargue du vaisseau le Duc de Fitz-James, nous a confié la gestion du char- gement de ses vaisseaux, à laquelle nous travaillons présentement, nous espérons qu'il sera satisfait de notre zèle à lui être utile et nous comptons que ce (1774) LA FRANCE EN CHINE 50 LA FRANCE EN CHINE vaisseau sera en état de partir dans les premiers jours de janvier prochain. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très-humbles et très-obéissants serviteurs, THIMOTÉE, Clouët. 29-26. État des paiements... pour les appointements. Canton, 15 Xbre. 1774. THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUËT. [Il s'élève à Piastres 3079. 13/16 comme celui du 15 Déc. 1773, voir la pièce 15-7.] 30-28. Certificat de Paris, Chirurgien Major de la Marine du Roy, au Comptoir de Canton, confir- mant celui de Warnet sur la santé de Clouët. Canton, 16 Xbre. 1774. (1) 31-30. Lettre à Mgr. de Boynes. Canton, le 15 janvier 1775. [Renseignements déjà donnés.] · · · · · · · · · · · · · · · · Le Vaisseau l'Aigle, qui avait été expédié de l'Ile de France pour les Manilles par M. de la Ro- eme 1. Chose curieuse, il n'est fait aucune mention dans ces lettres de 1774 de la faillite du marchand hanniste Senqua, le premier qui ait manqué à ses engagements. Ses dettes en 1774 s'élevaient à 266,672 piastres ; elles furent payées, sans intérêt, en dix annuités. (1774-1775) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 51 chette, est aussi arrivé dans les premiers jours de gbre. à Wampou. [La lettre se termine :) Nous avons aussi l'honneur d'informer Votre Gran- deur du départ de MM. Thimotée et Clouët. La santé du premier, qui n'est pas parfaitement rétablie, et les divers échecs qu'il a malheureusement essuyés dans sa fortune, l'ont forcé de prendre la détermination de repasser en France sur le Vau. le Duc de Fitz-James, et M. Clouët, d'après les conseils des chirurgiens qui l'ont traité infructueusement, a pris aussi la résolu- tion d'aller passer l'hivernage à l'Isle de France pour essayer si le changement de climat ne pourra pas con- tribuer au rétablissement de la sienne, et où il espère pouvoir se mettre en état de venir reprendre l'expédi- tion prochaine ses occupations ordinaires. Je passe sur le Vau. l’Aigle, qui est le seul qui touchera à la sus- dite Isle. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très-humbles et très-respectueux serviteurs, THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUËT. 32-31. Comptoir de Canton. ÉTAT DES AVANCES FAITES PAR LE CONSEIL DE DIRECTION FRAN- ÇAISE DE CANTON A M. CLOUËT, EMPLOYÉ DU DIT COMPTOIR, POUR SA SUBSISTANCE ET SES APPOINTEMENTS DE 1775, CALCULÉS SUR LE PIED DE 48!. 10%. POUR 6 TAELS 5m. Er de 7m. 1º. 8º. POUR UNE PIASTRE. (1775) LA FRANCE EN CHINE SAVOIR : PIASTRES 280 Pour ses appointements de 1775 à raison de 15001. tournois . . . . . . . . . . Pour la moitié de dépense de table et loyer de maison, 4000'. tournois, faisant ..... Piastres .. 839 15/16 119 15/16 Nous soussignés, composant le Conseil de Direction certifions le présent état d'avances véritable, montant, sauf erreur ou omission, à la somme de onze cents dix-neuf piastres, quinze seizièmes. Fait quadruple à Canton, le 19 janvier 1775. THIMOTÉE, DE ROBIEN, CLOUËT. 33-32. A Canton, le 20 Janvier 1775. L. a. s. de Thimotée et de Clouët à Mgr. de Boynes, qui ne fait que rappeler leurs griefs dans des termes à peu près semblables à ceux de leur lettre du 20 Novembre (Voir pièce 25]. 34-38. Lettre à Monseigneur de Sartine (1), Ministre de la Marine en Cour. L'Orient, le 21º. Juin 1775. MONSEIGNEUR, Le Conseil de Direction de Canton a eû l'honneur 1. Antoine Raimond Jean Gualbert Gabriel de Sartine, cheva- lier, comte d'Alby, né à Barcelone le 13 Juillet 1729; conseiller au Châtelet, 15 Avril 1752; lieutenant criminel au Châtelet, 12 Avril 1755; maître des requêtes en 1759; lieutenant général de police (1775) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 53 de vous informer, par sa lettre du 20 Novembre, par voie anglaise, et celle du 15 Janvier dernier, des motifs qui m'ont obligé de prendre la détermination de faire mon retour en France par le vaisseau le Duc de Fitz- James. Le séjour que j'ai fait à Canton, en Chine, pendant dix années consécutives que j'y ai passées au service de la Compagnie des Indes, en qualité de second su- brécargue et membre du Conseil de Direction, et en- suite à celui de Sa Majesté en celle de Chef du comptoir, qu'elle avoit bien voulu me confier en 1772, m'a forcé de regagner ma patrie pour tacher de rétablir ma santé qui étoit considérablement altérée lors de mon départ de Canton, et ce n'est que d'après les conseils du chirurgien-major du comptoir anglois, dont je joins à la présente le certificat, que je m'y suis déter- miné. Vous serez, Monseigneur, amplement instruit par les lettres du 20 Novembre et 20 Janvier dernier, que j'ai pris la liberté de vous adresser conjointement avec le S'. Clouët, des démélés survenus entre nous, et les Srs. de Robien, Membre du Conseil, et de Montigny du Timeur, préposé de MM. les Armateurs pour le chargement des vaisseaux qui étoient l'expédition der- nière à leur consignation; et j'ose espérer que si Votre Grandeur daigne jeter les yeux sur la correspondance qui a eu lieu entre nous — et que nous avons eû l'hon- neur de joindre à nos paquets, Elle nous accordera la stice que nous croyons mériter, et qu'en qualité d'anciens serviteurs de la Compagnie des Indes, au à la place de Bertin, jer Déc. 1759; conseiller d'Etat, 5 Octobre 1767; secrétaire d'Etat au département de la marine, 24 Août 1774; ministre d'Etat en 1775; mort à Tarragone, le 7 Sept. 1801. (1775) 54 LA FRANCE EN CHINE service de laquelle nous avons sacrifié l'un et l'autre notre jeunesse et la plus grande partie de notre fortune, nous ressentirons vivement les effets de votre protec- tion et de votre bienveillance. J'ai l'honneur de prévenir Votre Grandeur que je me propose de faire quelque séjour dans cette ville et que si elle juge à propos de m'honorer de ses ordres, je m'y conformerai avec exactitude. Le Vaisseau le Duc de Fitz-James a mouillé dans ce port le 21 du courant, après une traversée de cinq mois depuis son départ de la Chine. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. THIMOTÉE LE CADET. BUREAU DE L'IND E. 35-42. Rapport du Mémoire de Mrs. du Conseil de Direction de Canton. 20 Xbre. 1775. Au nombre des objets qui sollicitent l'attention du Gouvernement, se présentent les difficultés élevées entre le Conseil de Direction établi à Canton, et l'un de ses Membres. Ce Conseil, originairement chargé de juger et de terminer provisoirement les contestations qui pour- roient naître entre les Commandants des vaisseaux de la Compagnie des Indes destinés pour la Chine, et de veiller aux intérêts du Roi et de la Compagnie, a sub- sisté avec les mêmes pouvoirs et dans les mêmes vues depuis l'abolition (1) du Privilege dont jouissoit cette 1 Il aurait fallu dire la suspension. (Note du Ms.) (1775) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 55 Compagnie, et depuis que la liberté de commercer a été accordée aux particuliers. Le loyer du hang françois que les Membres du Conseil habitoient, et les réparations dont ils étoient chargés, se montant, année commune, à 4,200 l., ils représentèrent que la somme de 3,000 l. qui leur étoit allouée, pour tenir lieu de logement et des frais de voyages qu'ils étoient obligés de faire tous les ans à Macao, étoit insuffisante, et ils demandèrent un sup- plément; mais le Ministre le refusa, et leur fit répondre qu'ils eussent à recourir aux moyens qui leur paroi- troient les plus convenables pour diminuer les dé- penses. Dans cette vue, il autorisa le Conseil à céder une partie du hang françois aux consignataires de Vaisseaux particuliers qui arrivèrent alors, sous la condition d'en payer le loyer en entier et d'en faire faire les réparations. Cette convention s'exécuta sans difficulté jusqu'au 12 Xbre. 1772. époque à laquelle le S'. de Robien écrivit au Conseil, dont il étoit membre, pour l'informer des ordres qu'il avoit reçus d'entamer au plus tôt toutes les négociations relatives à l'arrivée en Juillet ou Aoust suivant des vaisseaux qui seroient à sa consignation, et pour savoir s'il pouvoit compter sur la jouissance du hang, dont il offroit d'assurer au propriétaire le prix du loyer pour le courant de l'année 1773. La lettre du S. de Robien fut consignée conformément à sa de- mande dans le Registre des Délibérations, et on arrêta qu'en conséquence des ordres du Ministre, il jouiroit du hang, sous la réserve des appartements destinés au logement du Conseil. A l'arrivée des vaisseaux au mois d'Aoust 1773, le S. de Robien, qui déjà avoit affecté de ne pas assister (1775) 56 LA FRANCE EN CHINE ге aux assemblées du Conseil, composé seulement de trois membres, se sépara aussi de la table commune pour s'associer avec les préposés au Commerce que les armateurs françois espéroient faire à la Chine; et, dans le dessein sans doute d'anéantir le Conseil, de le repré- senter par lui seul, et de satisfaire ses intérêts person- nels, il sçut se procurer de Tinkoa, chinois, propriétaire du hang, une chape (ou Bail), qui l'en rendoit pos- sesseur. Le Conseil, considérant que le S. de Robien faisoit prévaloir sur sa qualité de membre celle de consigna- taire des Armateurs françois, crut devoir s'expliquer avec lui et avec ses associés ; mais, malgré les repré- sentations qui leur furent faites, ils persistèrent dans les arrangements pris pour une table particulière, et ils observèrent que le Ministre, ayant ordonné d'aban- donner le hang à la charge du commerce et de suppri- mer la dépense d'un loyer trop considérable, le S. de Robien s'étoit déterminé à s'en charger pour procurer à ses correspondants les magasins et appartements nécessaires lors de l'arrivée des Vaisseaux qui lui étoient annoncés : Ils ajoutèrent que néanmoins ils consentoient que le Conseil occupât les premiers appar. tements, les plus beaux et les plus commodes. Cette grâce parut au Conseil une offense. Suivant les intentions du Ministre, lui seul avoit la faculté de disposer des magasins et appartements du hang fran- çois en faveur des préposés des Armateurs, selon l'ordre de leur arrivée à Wampou (1), sans préférence pour les vaisseaux qui pourroient venir d'Europe, de l'Inde ou des Iles de France et de Bourbon; et l'abandon 1. Wampou est situé à douze milles environ au-dessous de Canton. (1975) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 57 d'une partie des Bâtiments du hang fait pour l'année (1773 au S. de Robien, étant en quelque sorte abusif, ne pouvoit former un titre pour autoriser ses préten- tions. Ce fut dans cet esprit que le Conseil écrivit au S'. de Robien et à ses associés et qu'il les prévint des démarches qu'il alloit faire auprès de Tinkoa pour rentrer en possession du hang françois, un logement de simple tolérance n'étant ni décent, ni convenable pour ceux qui représentoient la nation. La mésintelligence qui régnoit entre le Conseil et le S. de Robien s'appaisa cependant par le délaissement qu'il fit au Chef d'une partie du hang qui lui étoit nécessaire, et ce ne fut que le 19 Juillet 1774, que les contestations qui paroissoient éteintes, reprirent une nouvelle force. Le S. de Robien écrivit au Conseil, alors résidant à Macao, que les appartements qu’occupoient les mem- bres dans le hang françois devenant indispensablement nécessaires pour les opérations dont il était chargé, il espéroit qu'ils voudroient bien faire enlever incessam- ment les effets qui leur appartenoient, et il leur observa que cet arrangement paraissoit être d'autant moins susceptible de difficulté, que le nouveau logement qu'ils s'étoient procuré,[le Conseil n'en avoit loué aucun. Note du Ms.], les dégageoit de toutembarras. Le Conseil, loin d'acquiescer à cette demande, répondit qu'il ne pouvoit se départir de la délibération du mois de Décembre 1772, par laquelle, en cédant pour l'année 1773 seu- lement le hang, sous la réserve d'un logement conve- nable, il n'avoit pû donner le droit de se faire expul- ser; que d'ailleurs, en mettant à l'écart les arrangements particuliers pris par M. Thimotée (chef du Conseil), il ne pouvoit rien changer à l'état des choses qu'il n'eut (1775) 58 LA FRANCE EN CHINE reçu par les premiers vaisseaux qui arriveroient, les ordres du Ministre et de la Compagnie; qu'enfin, s'il eut pû soupçonner l'intention du S'. de Robien de priver les membres du Conseil des effets et meu- bles dont ils avaient besoin pour en disposer à son gré, et sans leur consentement,' quoique garant des deux tiers, il ne lui en aurait pas laissé la jouis. sance. Alors le S. de Robien représenta au Conseil que, quant aux arrangements qui avoient été pris, ils ne portoient que sur l'année 1773, et qu'ils ne pouvoient s'étendre plus loin sans qu'il en résultât une charge pour le Commerce qui ne devoit pas être constitué en frais extraordinaires par ceux qui devoient l'aider et le soulager, et que, quant à la réclamation qu'on paroissoit faire des meubles et ustensiles de la Com- pagnie, il se trouveroit fondé à s'en emparer tant pour les intérêts dont il étoit chargé personnellement, que pour en distribuer partie aux Subrecargues en fonc- tion à Canton. Le Conseil, après avoir reproché au S'. de Robien la conduite qu'il avoit tenue pour s'emparer du hang françois, observa que, quelqu'interprétation qu'on voulût donner à la délibération du 12 Xbre. 1772, elle ne pouvoit s'entendre que de deux manières, savoir : Que le Conseil lui avoit cédé la jouissance du hang, ou pour l'expédition de 1773, sous la réserve d'un logement, ou jusqu'à l'Établissement d'une nouvelle Compagnie; que dans le premier cas, le conseil de- voit rentrer dans la possession du hang françois au commencement de l'année 1774, et que, dans le second cas, il devoit toujours jouïr des Appartements, Maga- sins, etc., qu'il s'étoit réservé, ainsi que des meubles (1775) AV DIX-HUITIÈME SIÈCLE 59 et ustensiles qui lui étoient nécessaires préférable. ment à tous autres. La persévérance du Conseil à refuser de répondre aux vues du S. de Robien le détermina à user d'adresse; il se replia sur la nécessité de faire faire des répara- tions avant la prochaine arrivée des vaisseaux, et il demanda qu'à cet effet les Membres du Conseil fissent enlever leurs meubles, mais ils protestèrent, au nom du Roi, contre ce que le S. de Robien pourroit faire, et ils persistèrent à prétendre que, quoique la dé- pense pour le loyer du hang ne dût point être à la charge de Sa Majesté, le Ministre ayant prescrit au Conseil de disposer des Magasins et d'en faire rap- porter le loyer aux armateurs par égale portion, il ne s'en suivoit pas qu'ils dussent être privés de leur logement, et qu'ils étoient en droit de le conserver sans donner une interprétation trop étendue aux or- dres du Ministre. Après avoir terminé les affaires qui exigeoient la présence du Conseil à Macao, les Membres vinrent reprendre à Canton leurs Logements dans le hang françois, et ils reconnurent que les réparations dont le S. de Robien avoit voulu se faire un prétexte pour les exclure, se bornoient à rétablir une terrasse exté- rieure qui communiquoit à des appartements séparés. Ils croyoient parvenir à se procurer la paix, lorsque le S. de Robien, sous les noms des sieurs de Vigny, et du Timeur, le dernier étant absent depuis longtems, leur exposa que la partie du hang que le Conseil occupoit ayant privé la Société de l'étendue des Ma- gasins dont elle avoit besoin, elle avoit été obligée d'en louer ailleurs; qu'ainsi il étoit aussi juste qu'in- dispensable que le Conseil lui tint compte du tiers du (1775) 60 LA FRANCE EN CHINE loyer du hang, c'est à dire de 1192 piastres 3/10S. Une affaire qui intéressoit personnellement le S'. de Robien, dans la discussion de laquelle il avoit voulu faire intervenir le Conseil qui, en connaissance de cause, n'avoit pas cru devoir y prendre part, aug- menta encore l'espèce d'inimitié que les procédés, dont on vient de rendre compte, avoient excitée. Le S. Foucaud, armateur du vaisseau le Duc de Praslin, avoit chargé, par une lettre du 6 janvier 1772, le S. de Robien de préparer les opérations rela- tives à son expédition, mais à l'arrivée de ce Vais- seau, le chevalier de Clouard qui en étoit le capitaine, , qui étoit intéressé à ce que les négociations fussent les plus avantageuses, et qui étoit enfin à la tête de l'armemeni, rejeta les secours étrangers pour traiter lui-même; il termina avec les marchands chinois, sans qu'ils eussent à se plaindre, et le prétexte des engagements pris par le S. de Robien ne servit qu'à démontrer que sa réclamation n'avoit été excitée que par des motifs d'intérêt auxquels le Conseil ne pou- voit avoir égard. Par une lettre du 2 zbre. 1774, adressée de Macao, le Conseil s'étoit plaint au S". de Robien resté à Canton et qui au reste ne faisoit plus de fonctions communes avec le Conseil, de ce que les capitaines de vaisseaux n'avoient point envoyé, suivant l'usage, les Paquets à l'adresse du Conseil de Direction, et il avoit prié le S. de Robien de ne point délivrer les gravures desti- nées à l'Empereur de la Chine (3 caisses arrivées à la consignation du Conseil par le vaisseau le Superbe. Note du Ms.) Le Conseil fut surpris, en apprenant à son retour que, malgré des instructions aussi posi- tives, tout avoit été reçu et délivré; il écrivit en con- (1775) AU DIX - HUITIÈME SIÈCLE 61 ecou 1 dvd Ines séquence au S. de Robien, que la livraison ayant été faite par lui, il en devenoit personnellement respon- sable, et il observa que les caisses de gravures n'avoient pu être remises sans qu'il se fut nanti d'une obligation des Marchands hannistes pour assurer le payement de 4000 Piastres qui devoit être fait au mois de décembre suivant; obligation qu'il étoit instant de déposer dans les archives du Conseil pour y rester jusqu'au mo- ment de son échéance. L'année précédente, le recouvrement à faire sur le corps des marchands pour avances faites au sujet des gravures se montoit à 50000 1. Le Conseil avoit recu des ordres pressants de M. le Controleur Général et de la Compagnie de l'accélérer : C'étoit avec peine qu'on étoit parvenu à l'opérer à 1200 Piastres près qui restèrent dues par deux Marchands sous le cau- tionnement de six autres et dont le S'. de Robien s'étoit chargé depuis. Il étoit par conséquent très essentiel d'user de précautions dans la nouvelle livrai- son des gravures; le S'. de Robien n'avoit pu le faire sans prendre l'avis de ses confrères : Cependant après avoir discuté les arrangements faits avec lui pour solde des anciennes gravures, arrangements que le Conseil lui rappela n'avoir été pris que sur ses propres offres, il répondit qu'il n'avoit pu se dispenser de délivrer les gravures, tant pour obtenir du Gouvernement la chape de débarquement qu'on ne vouloit pas accor- der sans cette condition, que pour se procurer avec les 4000 piastres qui en étoient le prix, la rentrée des 1200 qui restoient à recouvrer, qu’au surplus il avoit en sa possession les obligations chinoises, et que le S. Pankeikoa, chargé des négociations entre le Gouvernement et les Européens, l'avoit prié d'en Sa S IC (1775) 02 IA FRANCE EN CHINE VIC réclamer le payement, le commerce que faisoit Sa Société lui en facilitant plus qu'à tout autre les moyens; enfin il se soumit à remettre au Conseil les 4,000 piastres à l'échéance des obligations, ou à dé- poser les obligations mêmes. Il eut été difficile au S. de Robien de remplir sa soumission, puisque les obligations qu'il prétendoit lui avoir été remises par Pankeikoa, à la charge de délivrer les gravures nouvellement arrivées, l'avoient été au Conseil qui ne put se dispenser de convaincre le S. de Robien de mensonge et de mauvaise foi. Le Bail du hang françois, que s'étoit procuré le S. de Robien pour se dispenser d'exécuter le dernier article de la délibération du mois de Xbre, 1772, occasionna ensuite des débats relativement au logement que de- voit occuper le S. Paris envoyé par le gouvernement pour remplacer le S. de Beauregard, chirurgien major (1). Le Conseil écrivit pour qu'il en fut mis en posses- sion, mais le S. de Robien prétendit qu'en sa qualité de Second du Conseil et de Préposé, comme ses con- frères pour en maintenir les droits, il pouvoit prendre sur lui d'interprèter les ordres du Ministre, tant pour ce qui intéroissoit le Conseil lui-même, que pour ce qui concernoit le logement qu'on exigeoit en faveur du S. Paris; Que dans l'un et l'autre cas, les logements qu'on pouvoit se procurer ailleurs ne devoient pas être à la charge du commerce, le Gouvernement ayant assigné les sommes nécessaires. Le Conseil se référa à une lettre du 6 Xbre. 1771 par laquelle le Ministre, en ordonnant de faire jouir les 1. Le S. de Beauregard était logé dans le hang françois. Note du ms. (1775) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 63 arm.ateurs du Vaisseau le Duc de Penthièvre des lo- gements, ustensiles et magasins du hang françois, ainsi qu'en jouissoient les autres armateurs, avoit observé, « Que la dépense pour le Loyer du hang, » Logements et Magasins destinés au commerce ne » pouvoit être à la charge du Roy, mais qu'elle devoit > être supportée par les Armateurs eux-mêmes, comme > seuls intéressés, et répartie, également entre eux. » Il considera que les maneuvres faites par le S. de Robien ne pouvoient rien changer à la réserve faite des logements étrangers au commerce; en consé- quence il ordonna que celui que devoit occuper le S. Paris lui fut délivré; l'ordre fut exécuté, mais cette contestation, réunie à celle que le Conseil avoit eû à soutenir pour lui-même, détermina encore davan- tage la répétition du tiers de loyer faite par le S. de Robien. Alors le Conseil excédé de débats journaliers prit le parti d'abandonner Canton pour repasser en Europe et faire au ministère des représentations. OBSERVATIONS Le Gouvernement ayant fixé à 3,000'. la somme né- cessaire pour les frais de voyage, et pour le logement des membres du Conseil établi à Canton, et cette somme se trouvant, pour ainsi dire, absorbée par le premier de ces deux objets, la réserve que le Conseil s'étoit faite d'un logement gratuit étoit en quelque sorte conforme à l'intention du Ministre, qui avoit prescrit au Conseil, d'après le refus du supplément qu'il avoit demandé, de recourir aux moyens qui lui paroitroient les plus convenables pour se loger sans surcharge pour le Roy. (1775) LA FRANCE EN CHINE Les démarches sourdement faites par le S. de Ro- bien pour se procurer le Bail du hang françois, Bail que Tinkoa eut résilié, s'il ne s'y étoit pas opposé, démontrent qu'il étoit plus occupé, comme consigna- taire, de l'intérêt de ses commettants, que de celui des membres du Conseil représentant la nation. Toute sa conduite, établie par une correspondance respective, décèle des vues ambitieuses, le désir de s'arroger tout pouvoir, d'affaiblir la considération dont devoit jouir le Conseil, et de détruire le Conseil lui-même. Il est facile de se convaincre que des divisions aussi fréquentes parmi les Membres d'un corps chargé de veiller au bien du service du Roy et de favoriser le commerce de la nation ne peuvent subsister, sans qu'il en résulte un préjudice sensible pour des intérêts aussi précieux. Afin d'éviter ces inconvénients que le rétablisse- ment du Conseil pourroit faire renaître, même en re- tirant les pouvoirs accordés au S. de Robien, il paroît qu'il conviendroit de créer trois places, l'une de consul, l'autre de vice-consul, et la dernière de chancelier du consulat; de défendre à ceux auxquels elles se- roient accordées de se charger ni directement ni indi- rectement de commissions relatives au commerce des Armateurs; la dignité et la nature des fonctions qu'ils auroient à remplir étant incompatibles avec des opé- rations de cette espèce; de les obliger à tenir une table commune dont aucun ne pourroit se séparer sous quelque prétexte que ce fut : de fixer la somme né- cessaire pour leurs frais de voyage et pour le loyer de la maison qu'ils occuperoient, sur laquelle seule seroit arboré le pavillon de la nation françoise; d'abandon- ner enfin aux consignataires des Armateurs la jouis- (1775) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 65 sance entière du hang français ainsi que celle des ustensiles et des Magasins. Quant aux dépenses qu’occasionnera cet établisse- ment, on en présentera l'état si le plan que l'on prend la liberté de proposer est adopté, et on y joindra un projet d'instruction pour les capitaines de Vaisseaux destinés pour la Chine. Communiquer à M. de St. Didier, et vérifier ce qu'il en coûtera. 36-43. Certificat autog. signé de Warnet, chirurgien major du vaisseau le Duc de Penthièvre au sujet de la santé de J. Pierre Clouët. A Canton, le 22 Xbre. 1772. 37-44. L. a. s. du sieur Vieillard, de Canton, le 28 Déc. 1775, à M. le Baron de Juigné pour demander la place de chef de la Nation française en Chine qui sera vacante l'année suivante par le départ de M. de Robien qui l'a d'ailleurs désigné comme remplaçant. 38-46. Lettre à Monsieur Michel, premier commis de la Marine, à Versailles. Paris, le 12 janvier 1776. MONSIEUR, J'ai l'honneur de vous adresser cy joint l'état de la dépense que vous m'avez demandée et que j'ai faite en Chine pour le maintien du comptoir de Canton pendant l'année 1774, extrait mois par mois des re- gistres de la dépense de la table et des frais de maison signés par M. Clouët. Vous verrez qu'elle se monte à la somme de 12937 1.15., sans y comprendre le mon- LA FRANCE EN CHINE (1775-1776) 66 LA FRANCE EN CHINE SON tant des provisions ou boissons que je porte à celle de 5062' .5$. , lesquelles deux sommes forment celle de 18000 '. Vous voyez d'après ce calcul exact que la somme de gooo!. que Sa Majesté a accordée tant pour la dé- pense de la table que pour les loyers des maisons tant à Canton qu'à Macao, n'est pas à beaucoup près suf- fisante pour subvenir aux dépenses indispensables de ce Comptoir ; que j'ai par conséquent employé pour son maintien non seulement les 4000', d'appointe- ments qui m'étoient accordés en qualité de chef mais encore 5000 '. de mes deniers. Vous savez mieux que moi, Monsieur, et par une longue expérience combien les dépenses qu'exige ce Comptoir sont considérables et indispensables; j'ose espérer que le Ministre persuadé de la vérité de ce que j'avance, et de l'impossibilité reconnue de pou- voir subvenir à la dépense qu'exige ce Comptoir, avec la somme que Sa Majesté a bien voulu accorder jus- qu'à présent, il voudra bien avoir égard à mes repré- sentations, et que je ressentirai vivement les effets de son équité et de sa bienveillance, et que si Sa Gran- deur s'occupe sous peu de ce Comptoir vous voudrez bien m'informer de sa détermination. Je désire de tout mon cæur que vous jouissiez de la plus parfaite santé, je l'apprendrai je vous assure. avec la plus grande satisfaction. J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite considé. ration et le plus sincère attachement, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. THIMOTÉE CADET. (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 67 39-50. — Consulat de Canton. 3 février 1776. La Ville de Canton, située sur les bords du Tigre (1), rivière considérable capable de contenir les plus grands vaisseaux, est le lieu où se rendent ceux de toute l'Europe pour leurs opérations de commerce. Les objets principaux de ce commerce sont le thé, la porcelaine, les soies écrues, les soieries, les vernis, les papiers peints et autres objets. La Compagnie des Indes avoit à Canton un comp- toir administré par un Conseil de Direction; l'objet de cet établissement étoit de procéder aux achats qu'elle faisoit faire en Chine et de préparer à l'avance les car- gaisons pour les vaisseaux qu'elle y envoyoit tous les ans, de soutenir ses intérêts vis-à-vis des autres na- tions commerçantes et de maintenir ses priviléges au- près du Gouvernement chinois. Mais le commerce de l'Inde et de la Chine ayant été abandonné aux négo- ciants du Royaume, l'établissement du Conseil de Canton tel qu'il est aujourd'hui devient sans objet 1. On sait que la province de Kouang toung dont Canton (Kouang tcheou) est la capitale est traversée par une série de cours d'eau qui fournissent des moyens nombreux et faciles de transport pour les marchandises. La rivière de Canton est prin- cipalement formée des rivières de l'Ouest (Si kiang) et du Nord (Pe kiang) qui se réunissent au-dessus de la ville et de la rivière de l'Est qui s'y jette à Wampou; la rivière de Canton reçoit le nom de Tchou kiang (les Anglais écrivent Chu kiang) ou rivière de la Perle à Che men, à 14 milles à l'ouest de Canton et le garde jusqu'à sa principale embouchure dans le Delta où viennent se réunir tous les cours d'eau qui dépendent d'elle, embouchure que les Portugais nomment Boca Tigris (d'après l'équivalent chinois Hou men) et dont les Anglais ont fait The Bogue. (1776) 68 LA FRANCE EN CHINE relativement aux opérations de commerce qui lui étoient confiées. Cependant il n'en mérite pas moins l'attention de Sa Majesté par l'utilité dont il pourroit être sous une autre forme pour rendre la justice à ses sujets et donner au commerce la protec- tion qui lui est nécessaire. Pour remplir à cet égard les vues de Sa Majesté, il paroît qu'on ne peut rien faire de mieux que d'y appliquer la forme d'administration qui a été adoptée pour le commerce de la nation dans les Échelles du Levant où Sa Majesté entretient des consuls chargés de connoitre des discussions de commerce qui sur- viennent entre ses sujets et de les protéger auprès des Souverains du Pays. C'est d'après ces principes que le feu Roy a érigé en Consulat le Comptoir que la Compagnie des Indes avait à Surate, ville située en Asie entre la Cote Mala- barre et la Perse. C'est pour suivre le même plan que l'on propose à Sa Majesté d'ériger aussi en Consulat · le Conseil de Direction que la Compagnie des Indes entretenoit ci- devant à Canton, et de composer ce Consulat d'un Consul et d'un Chancelier pour rendre la justice à ses sujets, et maintenir la paix et la bonne harmonie entre eux et les sujets des autres puissances de l'Europe qui y font le commerce conformément au projet d'ordon- nance cy joint. Si Sa Majesté approuve ce projet d'ordonnance, Elle est suppliée d'agréer pour la place de Consul le S'. Thimothée qui s'est toujours bien comporté et qui est encore aujourd'hui à la tête du Conseil de Canton, et pour Chancelier le S'. Clouët, aussi membre du Conseil. Bon. (1776) ; 69 AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 3 février 1776. TIC 40-52. —. DE PART LE ROY SA MAJESTÉ voulant changer la forme suivie jusques icy pour l'Administration du commerce à Canton et dans les lieux qui en dépendent, en rendant la navi- gation de ses sujets plus libre et également protégée, Elle a ordonnée et ordonne ce qui suit : ARTICLE 1er Il sera créé un Consul de la nation françoise à Can- ton et lieux en dépendants à l'instar des Consuls de la nation françoise résidents auprès des Princes de la Barbarie. Art. 2. Celui qui aura obtenu des lettres de Consul en fera faire l'enregistrement en la chancelerie du Consulat et prêtera serment suivant l'adresse portée par sa com- mission. Art. 3. Il sera nommé également par Sa Majesté un Chan- celier du Consulat, lequel sera reçû et installé par le Consul et prêtera serment entre ses mains. ART. 4.' Ces deux officiers jouiront des appointements qui leur seront fixés par Sa Majesté, au moyen de quoy le dit consul sera tenu des dépenses particulières de son département sans pouvoir rien prétendre pour cet objet. Art. 5. Les frais des actes passés à la Chancelerie seront réglés par Sa Majesté sur la proposition qui en sera (1776) 70 LA FRANCE EN CHINE faite par le Consul au Secrétaire d'État aiant le dé- partement de la Marine et le tableau approuvé sera mis au lieu le plus apparent de la Chancelerie. Art. 6. Le Consulat venant à vaquer, le Chancelier fera les fonctions de Consul jusqu'à ce qu'il y ait été pourvu par Sa Majesté. Art. 7. A la fin de chaque année, le Chancelier ou le Com- mis chargé de la caisse présentera son compte général de recettes et de dépenses avec les pièces justificatives au consul qui l'examinera de concert avec deux no- tables de la nation pour être lu et clos et copie en- voyée au Secrétaire d'État aiant le département de la Marine, le compte et les pièces justificatives de- meureront déposés dans la Chancelerie du Consulat. Art. 8. Seront tenus tous les Capitaines de navires d'aller mouiller devant Macao pour y prendre les pilotes chinois qui doivent les conduire à Vampou; et si le Consul ou quelqu'un qui le représente se trouve en- core à Macao, ils lui remettront les Paquets dont ils seront chargés et n'appareilleront point qu'ils n'aient pris ses instructions sur la conduite qu'ils auront à tenir en remontant la rivière pour aller de Macao à Vampou. ART. 9. . Le Consul, dans les affaires tant civiles que crimi- nelles, se comportera avec la plus grande discrétion et évitera par sa conduite tout ce qui pourroit apporter quelque gêne au commerce et donner de la jalousie au Gouvernement chinois. au CI (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 71 ART. 10. Pendant le séjour des Vaisseaux à Canton et dans les lieux qui en dépendent, les différents qui s'élève- ront parmi les passagers et l'Équipage seront portés par-devant le Consul et les jugemens qui interviendront seront exécutés par provision et en donnant caution. Entend également Sa Majesté que s'il se commettoit quelques délits, les capitaines des Vaisseaux et en leur absence ceux qui les représenteront soient obligés d'en porter leurs plaintes au Consul, dont le jugement sera définitif et sans appel s'il n'entraîne pas peine afflictive, pourvu toutes fois que dans l'un et l'autre cas les jugemens soient rendus avec deux notables de la Nation. ART. II. Et ou il écheeroit peine afflictive il instruira le pro- cès et l'enverra avec l'accusé, qu'il consignera dans le premier Vaisseau de nos sujets qui fera routte pour France pour être mis à la disposition du Secrétaire d'État aiant le département de la Marine et être en- suitte par nous statué ce qu'il appartiendra. ART. 12. Sa Majesté fait très expresses inhibitions et deffenses à tous ses sujets sans distinction établis à Canton, ou dans les lieux qui en dépendent, tels que Vampou, Macao et autres, comme aussi à tous françois, négo- cians, passagers, capitaines, maîtres, patrons et mate- lots des navires françois qui iront dans les dits Ports de se pourvoir par devant les Juges des lieux pour raison des différents, procès et contestations qu'ils y pourront avoir entre eux, ni de passer aucuns actes et contracts devant les officiers du Païs ou ceux des Na- (1776) 72 LA FRANCE EN CHINE tions étrangères qui y résident à peine de désobéissance et de nullité desdits actes et contracts. Veut Sa Majesté qu'ils s'adressent au Consul pour connoître, terminer et juger tous différents, contestations et procés qui surviendront entre eux sans l'appel de droit et qu'ils passent dans la chancelerie du Consulat les actes et les contracts qu'ils auront à faire. ART. 13. Pourra le Consul, après information faite, faire sor- tir de Canton et dépendances les françois de vie et conduite scandaleuse, après toutes fois qu'ils auront pris les mesures nécessaires pour satisfaire aux enga- gemens qu'ils 'pourroient avoir contractés avec les Chinois, ou avec tout autre étranger établi à Canton et dans les dépendances du Consulat; enjoignons à tous, capitaines de les embarquer sur l'ordre du Consul, à peine de 500? d'amande : Adressera le Consul par le même Batiment au Secrétaire d'État aiant le dépar- tement de la Marine, les motifs qui auront déterminé le Renvoy. Art. 14. En cas de contestations entre le Consul et les négo- cians et autres françois pour leurs affaires particulières, les parties adresseront leurs mémoires au Secrétaire d'État aiant le département de la Marine pour sur son rapport au Conseil être statué par nous ce qu'il appar- tiendra. ART. 15. Le Consul sera tenu de faire l'Inventaire des biens et effets de ceux qui décéderont sans héritiers sur les lieux, ensemble des effets sauvés des naufrages, dont (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 73 1 chargera le Chancelier au pied de l’Inventaire en présence de deux françois qui signeront. Art. 16. Si toutes fois le Défunt avoit constitué un procureur pour recueillir ses effets, ou s'il se présente un com- missionnaire porteur d'un connoissement des marchan- dises sauvées les effets leur seront remis. . Art. 17. Sera tenu le consul d'envoyer incessamment copie de l'inventaire des biens du décédé et des effets sauvés du naufrage au Secrétaire d'État aiant le Département de la Marine. Art. 18. Tout Acte expédié dans l'Étendüe du département de Canton ne pourra faire foy dans le Royaume s'il n'est légalisé par le Consul. ART. 19. Les testaments reçus par le Chancelier dans l'Eten- düe du consulat en présence du Consul et de deux témoins seront réputés solennels. ART. 20. Les Polices d'assurance, les obligations à grosse avanture ou à retour du Voyage et tous autres con- tracts maritimes pourront être passés en la chancelerie du Consulat. Sera tenu le Chancelier de recevoir les dits actes et contracts, de collationner et de certifier toutes les pièces qui lui seront présentées par les fran- çois négocians, passagers, capitaines, maitres, patrons et matelots et de leur en délivrer des expéditions en bonne forme. (1770) 74 LA FRANCE EN CHINE DU ART. 21. Le chancelier aura un registre cotté et paraphé en chaque feuillet par le Consul sur lequel il écrira tous les actes du Consulat, Enregistrera les polices d'assu. rance, les obligations et contracts qu'il recevra, les connoissemens ou polices de chargement qui seront dé- posés en ses mains par les mariniers et passagers, et les testaments et inventaires des effets délaissés par les défunts ou sauvés du naufrage et généralement tous les actes et procédures qu'il fera en qualité de chan- celier. ART. 22. Les capitaines et patrons des navires marchands qui aborderont dans les ports du Consulat de Canton seront tenus en arrivant de représenter au Consul leurs congés, de lui faire rapport de leurs voyages et . de prendre en partant un certificat signé de lui du tems de leur arrivée et départ. Art. 23. Il sera accord é au Consul la liberté et permission de porter le même uniforme qui a été réglé pour les com- missaires de la Marine par l'ordonnance du 25 mars 1765. Entend Sa Majesté que le Pavillon de la Nation soit arboré à la maison du consul, et qu'aucun autre fran- çois que le consul ne puisse le prétendre à quelque titre et en quelque qualité que ce soit. MANDE Sa Majesté au Consul de Canton et à tous autres qu'il appartiendra de se conformer en tous points à la présente ordonnance et de tenir la main à son exécution Approuvée. (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 75 41-58. — 11 février 1776. 3 pages in-folio. Le Contrôleur Général réclame une somme avancée des fonds de la liquidation de la Compagnie des Indes pour l'entretien et les dépenses du Comptoir de Canton.. 42-59. — Lettre à Monseigneur de Sartine, Ministre de la Marine à Versailles. Paris, le 20 février 1776. [R. le 25 fév. 1776.] MONSEIGNEUR, Ayant eû l'honneur de me présenter Mercredi der- nier à votre audience pour faire à Votre Grandeur mes respectueux remerciements de ses bontés sur la nomination qu'elle a obtenue de Sa Majesté en ma faveur de la place de Consul à Canton et dont elle : m'avoit fait l'honneur de m'informer par sa lettre du ni du présent mois, j'ay eû celuy de lui représenter que mes facultés ne me permettoient pas d'occuper cette place avec le trop modique traitement que Sa Majesté y a attaché ; que l'expérience m'avoit appris que les dépenses d'obligation et indispensables me nécessiteroient d'y employer chaque année une partie des débris de ma fortune, et qu'en observant stricte- ment les intentions de Sa Majesté et les votres, Mon- seigneur, sur le commerce qui m'est interdit, il ne me resteroit aucunes ressources pour suppléer aux sus- dites dépenses. Vous parûtes prendre pour lors en considération, Monseigneur, l'évidence de mes représentations, mais vous m'observates que vous ne pensiez pas que Sa UCU Source IX SUS- (1776) 76 LA FRANCE EN CHINE Majesté fut dans l'intention d'augmenter le traitement de cette place, qu'au surplus vous me donniez quelques jours pour y réfléchir. Je suis pénétré, Monseigneur, des bontés dont Votre Grandeur me comble en me demandant par sa lettre du 18, le résultat de mes réflexions. Elles sont tou- jours les mêmes, Monseigneur, et je prends la liberté de les lui renouveller, avec le regret le plus sensible de n'être pas par ma fortune en état de répondre à la bienveillance dont elle m'honore. Je crains de l'ennuyer par de plus longs détails à ce sujet, mais je prie M. Michel par une lettre particulière de ce jour de vous faire part de ce que fe lui marque relativement à cet objet. Je me persuade, Monseigneur, qu'après en avoir pris communication, vous voudrez bien vous pénétrer de la vérité de mes motifs, et du regret sin- cère que j'ai de ne pouvoir pas donner à Sa Majesté et à Votre Grandeur de nouvelles preuves de mon zèle pour son service, si Elle n'a la bonté de me mettre en état de faire avec honneur et désintéressement les fonctions de la place à laquelle elle a bien voulu me nommer. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur, THIMOTÉE CADET. 43-60. — Lettre à M. Michel, premier commis de la Marine, à Versailles. Paris, le 20 février 1776. J'ai reçu ce matin, Monsieur et cher confrère, une lettre dont le Ministre m'a honoré le 18 de ce mois. (1776) 78 LA FRANCE EN CHINE auprès d'elle, mon devoir m'oblige, et quoiqu'il en puisse résulter à mon désavantage auprès de cette tante, je partirai sous les ordres du ministre, mais en sacrifiant d'un côté je ne puis le faire également de l'autre, et me mettre aux risques de sacrifier aux fonc- tions du Consulat le reste des débris de ma chétive fortune. D'après tous ces détails je me persuade que le mi- nistre voudra bien prendre en considération mes justes représentations et porter Sa Majesté à fixer mon traitement à la somme de 10,000!. Je suis avec la plus parfaite considération et le plus sincère attachement, Monsieur et cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur, THIMOTÉE CADET. 44-61. Copie de la lettre 59, faite par Thimotée lui-même. 45-62. — Lettre à Monseigneur de Sartine. Paris, le 26 février 1776. MONSEIGNEUR, Ayant vu par la lettre du 25 de ce mois dont Votre Grandeur vient de m'honorer qu'elle ne peut me faire augmenter le traitement que Sa Majesté avoit fixée à la place de Consul à Canton, auquel mes fa- cultés ne me permettent pas de suppléer, et de répondre à la confiance dont elle m'a honoré ; je prends la liberté de supplier Votre Grandeur de vouloir bien me conserver néanmoins la portion de bienveillance (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 79 le a bien voulu m'accorder et de sa protection. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur, THIMOTÉE CADET. -63. Mémoire du Sieur Thimotée à Monseigneurde ne pour demander d'être « remis à la place qu'il poit à Canton » et que ses appointements soient és à 10,000 livres. Le sieur Thimotée a l'honneur de représenter à e Grandeur qu'il a été nommé en 1771 chef du seil établi à Canton, en Chine ;..... » Il fut accordé au chef du Conseil quatre mille :s d'appointements, deux mille livres au S'. de ien, et quinze cents livres au S'. Clouët, on y a té trois mille livres pour frais de logement tant anton qu'à Macao et six mille livres pour la dé- pense de la Table du Conseil.... » (Cette pièce est de fév. 1776, mais le mémoire n'est pas daté, il doit être antérieur aux pièces précédentes.] 47-64. Récapitulation de la Dépense de table et des frais de maison du Comptoir de Canton en Chine faite par le S. Thimotée du jer Janvier 1774 au 31 Décembre de la même année. SAVOIR : Tmc c 1774. Dépense de table du 1er au 31 janvier .. 70 2 2 8 Idem ... du 1er au 28 février . 55 7 3 3 Idem ... du jer au 31 mars .. 53 9 8 1 Idem ... du 1er au 30 avril .. 94 895 Idem ... du 1er au 31 mai .. 61 7 5 A Reporter. .. 335 9 1 2 (1776) LA FRANCE EN CHINE Report. . 1774. Dépense de table du jer au 30 juin. .. Idem ... du zer au 31 juillet .. Idem ... du 1er au 31 août .. Idem . .. du jer au 30 septembre Idem ... du jer au 31 octobre. Idem ... du jer au 30 novembre Idem ... du jer au 31 décembre. Total de la dépense de Table (1) Tmc c 335 9 1 2 70 1 92 67 5 6 3 61 9 6 4 66 2 5 3 126 5 8 9 83 » 7 7 139 8 4 7 951 3 9 7 FRAIS DE MAISON, ETC. 1774. Frais de Maison : du jer au 31 janvier. du 1er au 28 février . du jer au 31 mars ... du jer au 30 avril .. du 1er au 31 mai.. du 1er au 30 juin . . du jer au 31 juillet. . du jer au 31 août ... du jer au 30 septembre du jer au 31 octobre . du 1er au 30 novembre du ſer au 31 décembre Pour bougie achetée à Macao Pour frais de voyage de Can- ton à Macao . . . . . Pour réparations faites de la maison de Macao et pour le loyer . . . . . . . Pour frais de voyage de Macao à Canton ...... Total de la dépense de la table et des frais de Maison . . T m cc 19 8 7 7 16 7 5 » 36 2 9 33 9 6 24 4 » 24 8 2 » 23 1 5 24 7 » » 35 3 17 23 » 8 » 16 6 7 7 20 7. 3 » 46 6 2 » 125 6 7 9 233 4 3 8 68 4 5 » 773 6 4 » 1725 » 3 7 1. Dans le MS. le total porte par erreur : 951. 3. 9. 3. (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 81 Lesquels 1725T.» 3c. 7c. à raison de 71. 10s. pour un Tael font argent de France la somme de cy . L. 12937!. 1551 A laquelle somme il faut ajou. ter le montant des provi- sions en vins pour au moins celle de. . . . . 5062. 5». Total de la dépense du Comp- toir de Canton, cy · · · L. 18000. » Sa Majesté n'a accordé pour la dépense de la table que la somme de .... • 60001 Et pour les loyers des maisons tant à Canton qu'à Macao et pour frais de voyage que 3000 Total cy 9000l. Il résulte d'après le calcul exact que le Si Thimotée a été obligé, pour subvenir aux dépenses du Comptoir de Canton, de payer par an de ses propres deniers une somme de cy... 9000 Somme égale à celle cy des- sus . . . . . . . . 18000! Savoir : Les 4000!. que Sa Majesté lui accordoit pour ses ap- pointements, et en outre une somme de 5000 l. qu'il prenoit sur son patrimoine. 48-70. Note du S. Thimotée demandant la protection du Duc de Chartres pour être réintégré dans ses fonc. tions à Canton avec 10,000!. d'appointements, 1776; antérieure sans aucun doute aux pièces précédentes. LA FRANCE EN CHINE (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 83 La seconde lettre a pour objet l'arrivée à Macao de la flute du Roi l'Étoile, commandée par M. de Tro- briand. L'intention de M. Chevalier en envoyant cette flute en Chine, étoit de lui procurer un chargement pour le compte de ceux qui se sont intéressés dans l'expédition de Borneo, mais afin de diminuer les frais de l'armement, et de ne pas compromettre un Vaisseau de Sa Majesté dans un pays où les formalités sont con- traires aux privilèges de la Marine, il avait donné ordre à M. de Trobriand de rester dans le port de Macao, croyant par cette mancuvre éviter la visite du hou-pou (1), et se soustraire au droit d'ancrage et de mesurage. M. Chevalier, ignorant les usages de la Chine, et trompé par des rapports infidèles, étoit dans une double erreur. Premièrement, aucun vaisseau étranger, à l'excep- tion des Espagnols de Marseille, n'a droit de venir faire le commerce de la Chine à Macao; le Gouver- nement chinois ne le permet pas, et les Portugois s'y opposeroient eux-mêmes, parce qu'ils ont intérêt à ne pas faire participer les autres nations aux avantages dont ils jouissent. Secondement, les Portugois n'ont jamais été exempts du droit d'ancrage et de mesurage. Leurs Bâtimens avant que de sortir du Port reçoivent la visite du hou- pou et payent ce droit. Leurs marchandises tant d'im- portation que d'exportation sont imposées aux douanes, et le seul avantage qu'ils ayent, c'est qu'ils ne sont taxés que comme les Chinois, au lieu que les autres nations subissent des taxes plus considérables. 1. Le hou-pou est le mandarin qui préside au commerce. Note du Ms. - Voir notre note, page 9. (1776) 81 LA FRISCE EN CHINE M. de Trobriand à son arrivée, ayant été averti de toutes ces entraves par M. le Cher, de Robien, a senti lui-même qu'il lui seroit impossible de concilier les privilèges que les Vaisseaux du Roi réclament dans tous les Ports étrangers avec le Commerce qu'il vou- loit faire à Canton. Il avait annoncé sa flute comme appartenant au Roi, et commandée par un officier de sa marine, qui ne venoit point trafiquer pour lui- même, mais qui demandoit à charger son Bâtiment pour le compte de divers négociants, et il prétendoit, d'après cette déclaration, être exempt de tous les droits et de toutes les formes qui pouvoient intéresser les privilèges des officiers de la marine et la coque du Vaisseau de Sa Majesté, mais le Gouvernement chi- nois, très despotique à l'égard des étrangers, ne com- prenant rien à cette distinction, n'a voulu se désister d'aucuns de ses usages, en sorte que pour ne pas faire perdre aux Armateurs du Bengale le fruit d'un arme- ment très dispendieux, il a fallu imaginer des tempé- raments qui sauvassent l'honneur du Pavillon et qui permissent de charger dans la Rivière de Canton. Un navire Portugois nommé le Népomucène, revenant du Gange, a fourni le moyen qu'on cherchoit. M. de Tro. briand a feint d'avoir reçu par ce Navire des dépêches de l'Administration royale de Chandernagor par les- quelles elle lui mandoit qu'elle avait jugé à propos de freter au commerce la flute l'Etoile jusqu'à son retour dans le Gange, et lui enjoignoit de la considérer jus- qu'à cette époque comme un Bâtiment destiné au commerce dont le commandement lui étoit confié, ainsi que cela s'était pratiqué à l'égard de la flute la Seine, commandée par M. de la Pérouse, de M. de Vigny, et de plusieurs autres officiers de marine. Ce (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 85 parti, le seul raisonnable et le seul qui pût applanir les obstacles qui s'opposoient à la mission de M. de Tro- briand, ayant été adopté, cet officier s'est rendu à Vampou, où il a radoubé et chargé sa' flute, et d'où il est parti le 27 gbre. 1775, laissant le Gouvernement chinois, les étrangers, et les françois également satis- faits de la conduite qu'il a tenue. Au reste, M. de Robien assure que tant que la flute du Roi, l'Étoile, a été dans le Port de Macao, les prérogatives des Vaisseaux du Roi ont été respectées, et que le Gouvernement chinois a même eû pour cette flute des déférences qu'il n'avoit encore observées à l'égard d'aucun vaisseau des Puissances étrangères. M. de Robien, attentif à cette distinction, a eu soin d'en consigner les preuves dans les Archives de Can- ton et de recueillir même une expédition de celles du Gouvernement chinois qui lui ont été remises dans la forme la plus authentique, et dont il fera sans doute passer des copies dans la suite. Approuvé 50-73. -- CONSULAT DE CANTON. 20 gbre. 1776. Votre Majesté avoit nommé le 3 février de cette an- née le S. Thimotée pour remplir la place de Consul à Canton, et le S. Clouët pour exercer les fonctions de Chancelier. Le S. Thimotée n'ayant pû suivre sa des- tination et le S. Clouët ayant quitté Canton pour s'établir à l'Ile de France, ces deux places sont va- cantes. Votre Majesté est suppliée d'agréer pour les rem- placer : (1776) LA FRANCE EN CHINE Le S. Vauquelin en qualité de Consul. Il étoit ci-devant supercar gue des Vaisseaux de la Compagnie des Indes, et il a fait plusieurs voyages en Chine. Le S. Vieillard en qualité de Chancelier. Il est actuellement en Chine. Les témoignages qui m'ont été rendus de ses talents et de sa con- duite m'engagent à le proposer à Votre Majesté pour cette place. Bon. 51-74. — Rapport sur les propositions précédentes. 20 8bre. 1776. On propose pour remplir la place de Consul le S. Vauquelin, qui pendant 24 ans a été attaché au service de la Compagnie des Indes en qualité de supercargue et a fait plusieurs voyages en Chine. Il est instruit des meurs et des usages du Païs. M. Michel, qui le connoît, le croit en état de répondre aux vues de Mon- seigneur dans cette place ; mais le S'. Vauquelin, à qui on a communiqué l'État des dépenses arrêtées pour ce Consulat, qui se montent ensemble à 22,000', demande qu'il y soit ajouté une somme de 1400'. pour les repas extraordinaires qu'on est indispensablement dans le cas de donner aux différentes nations qui se trouvent à Canton, en lui allouant cette somme qui porteroit les dépenses à 23,4001. Il se soumet à tous les règlements faits pour cet établissement. Si Monseigneur agrée le Sr. Vauquelin en qualité de Consul, on croit devoir lui demander pour remplir la place de Chancelier le Sr. Vieillard, actuellement à ton. Il a conduit conjointement avec le Sr. de Robien les ailaires du Conseil. Il jouit d'une bonne ré- (1776) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 87 putation et M. le Baron de Juigné, qui le connoît, prend un intérêt particulier à ce qui le concerne. Si Monseigneur approuve ces dispositions on expé. diera aux S". Vauquelin et Vieillard les titres qui leur sont nécessaires et on fera en même tems la feuille pour le travail du Roy. Approuvé. 52-75. Rapport pour proposer l'envoi de 5000 pias- tres à Canton, à compte des fonds du Consulat. 27 8bre. 1776. DUX 53-90. CONSULAT DE CHINE. État des effets de marine et autres trouvés au Comp- toir français et remis par M. Clouët à M. Vauquelin, Consul de France, conformément aux ordres de Monseigneur de Sartine, ministre de la marine. · · · · · · · · · · · · · · · · · · · A Canton, le 17 novembre 1777. C. VAUQUELIN, CLOUËT. L'État s'élève à Taels. 270. 6m ». ». 54-91. CHINE, 1777. Comptoir de Canton. État des appointements et subsistances payés aux employés du Comptoir ci-après dénommés pour les années 1776 et 1777 comme suit. A M. Clouët. Pour ses appointements de 1776 en qualité de troisième du Comptoir à raison de 1500 1., (1776-1777) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 89 cent soixante-quinze piastres sept seizièmes à Canton le 31 Décembre 1777. Fait quadruple. Clouët. 55-93. Duplicata. — Lettre à Monseigneur de Sartine. Par le Veau, le Duc de Fitz-James. MONSEIGNEUR, J'ai reçu le brevet de Chancelier du Consulat de Chine, dont Sa Majesté a bien voulu m'honorer, per- mettez-moi, Monseigneur, de vous faire les remercie. ments les plus sincères de cette faveur, que je ne dois qu'aux effets de la protection que vous avez bien voulu m'accorder. Qu'il me soit permis, Monseigneur, de vous en demander la continuation. Je m'efforcerai de m'en rendre digne par mon zèle et mon assiduité à remplir mes devoirs. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, VIEILLARD. Canton, le 20 janvier 1778. 56-93bis. — Lettre à Monseigneur de Sartine. S. d. [26 janvier 1778]. CONSULAT DE CHINE. MONSEIGNEUR, J'ai l'honneur de vous prévenir que lors de mon arrivée à la Chine, j'ai trouvé le S". Thimotée fils qui (1777-1778) 90 LA FRANCE EN CHINE occupait au comptoir français la place d'enfant de langue, j'ai en vertu de vos instructions jeté les yeux sur lui pour la place d'interprète. Comme vous m'aviez òrdonné, Monseigneur, de procéder au choix d'un bon et fidèle interprète, j'ai crû qu'il serait prudent de différer jusqu'au 20 novembre pour m'assurer si ce jeune homme serait en état d'occuper cette place. A cette époque j'ai crû pouvoir en disposer en sa faveur quoiqu'il ne fut pas capable de la remplir; j'espérais que par son assiduité à l'étude il s'en rendrait digne, et comme les occupations que pourrait lui donner ce poste seraient insuffisantes pour l'occuper, je lui ai proposé cette place à la charge de faire les écritures du greffe qui sont très fortes pour une seule personne, sous la direction de M. Vieillard : Je lui donnais par ce moyen occasion de s'instruire des affaires, et de se rendre capable d'occuper un jour la place de Chan- celier, je le tirais de l'inaction dans laquelle il aurait surement vécu attendu son inclination naturelle à la paresse la plus honteuse. Je n'ai essuyé de sa part que les reſus les plus indécents et avec restriction d'être absolument indépendant du Chancelier et de ne faire aucunes écritures relatives au Consulat; comme ces conditions qu'il ne devait pas me faire, ne pouvaient qu’autoriser l'indépendance dans laquelle la majeure partie des Français prétendent être dans ce pays, je les ai rejetées et l'ai menacé de disposer de cette place en faveur du S. Galbert fils que ses talens rendaient beaucoup plus digne que lui. Comme je prévoyais, Monseigneur, que cette faute pouvait tirer à des conséquences majeures pour ce jeune homme, j'ai cru qu'il était prudent de différer de sévir. Je lui ai fait faire des remontrances par des (1778) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 91 personnes dont l'âge et l'expérience devaient avoir de l'ascendant sur son esprit et notament par M. le Cher. de la Villesbrune, elles n'ont rien pu gagner sur lui. Je lui ai moi-même fait apercevoir sa faute, toutes mes démarches ont été infructueuses, et je me suis vû dans la triste nécessité de lui signifier que je dispo- sais de la place d'interprète en faveur du S. Galbert, fils d'un ancien supercargue de la Compie : ce jeune homme actuellement employé au commerce particu- lier a constament mérité l'estime et l'amitié de ses supérieurs depuis huit années consécutives qu'il réside dans ce pays. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, C. VAUQUELIN. 57-94. — Lettre à Monseigneur de Sartine. Par le Vau. le Pondichéry. CONSULAT DE CANTON. Commission de l'Empereur de la Chine. DUPLICATA MONSEIGNEUR, L'Empereur de la Chine désirant une glace pour l'embellissement de son palais s'est adressé aux Français pour faire venir ce meuble de France; ces sortes de demandes sont toujours avantageuses pour la nation qui se trouve chargée de les remplir. J'ai cru, Mon- (1778) 92 LA FRANCE EN CHINE seigneur, devoir promettre que cette commission se- rait remplie avec exactitude; les proportions qui m'ont été données, sont : Hauteur. . . . . 87 pouces Largeur. . . . . 72 dº J'espère, Monseigneur, que vous voudrez bien donner vos ordres en conséquence, pour nous mettre à même de remplir les désirs du Souverain de ces contrées. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, C. VAUQUELIN. LIN. Canton, le 8 février 1778. 58-97. BUREAU DE L'INDE. Du 27 Ebre. 1778. [Le 2 gbre. 1778. Ecrit à M. Bertin (1)]. Pour satisfaire au désir de l'Empereur de la Chine (2) pour l'embellissement de son Palais, M. Vauquelin, Consul de la Nation à Canton, demande qu'il lui soit 1. Henri Léonard Jean-Baptiste Bertin, né dans le Périgord, d'une ancienne famille de robe en 1719; conseiller, 1741 ; prési- dent au grand conseil, 1750; l'un des commissaires dans le pro- cès de Mahé de La Bourdonnais; lieutenant-général de police, 1757; contrôleur général des finances, octobre 1759; donne sa démission en 1763; mais reste ministre d'Etat avec sa place au conseil; ministre intérimaire des affaires étrangères après la retraite du duc d'Aiguillon, 1774, jusqu'à son remplacement par M. de Vergennes; mort en 1792. 2. L'Empereur dont il est ici question ainsi que dans presque (1778) LA FRANCE EN CHINE 61-99. – CONSULAT DI DOIT S Da ........ 6000 , » Payé à Mr. le Consul pour ses appointements du jer. Janvier au 31 Xbre. 1778..... Payé à Mr. le Consul pour dépense de table à compter du jer Janvier au 31 Xbre 1778.. 6000! Pour repas extraordinaire............. 14001 Pour loyer de maison à Canton....... Pour voyage à Macao, loyer de maison et retour Pour dépenses imprévues........... Payé au S'. Vieillard, Chancelier, pour ses appts, à compter du 1er Janvier au 31 X bre. 1778....... Payé au S?. Griffé, Capitaine du Vau. le Dugues- clin pour frais de passage du S. Thimotée, ancien Enfant de langue du Conseil.............. Pour le dépot fait par les Chinois 2000 ps 7400 3000 2400 600 3000 975 » » a 1085............................... 108001 » Reste en caisse ce jour jer Janvier 1779........ 23375 24971 48346 13 5 13 » E le Pr depot me le ARRÊTÉ le présent compte el certifié véritable par lequel il appert qu'il treize sols et en dépôt pour nantissement des sommes que les Chinois Livres. A Canton en Chine le premier janvier mil sept cent soixante-dix neuf. (1779) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 95 CANTON : SON COMPTE. AVOIR [ s D . 15946 13 » » 32400 » » » Pour le montant de ce qui restait en caisse suivant dernier compte en date du 28 Janvier 1778........ Reçu par le Vau, le Dauphin d'envoi de Monsei- gneur de Sarti ne 6000 piastres faisant à 72° ou 1089 Reçu du Cohang en nantissement des sommes qui pourraient être dues pour solde des gravures repré- sentant les Victoires de l'Empereur de la Chine une soumission de payer à la caisse du Roi une somme de dix mille piastres et reçu comptant un acompte de 2000 ptes à 1085.............. ... 18800 48346 13 » » reste en caisse la somme de vingt-quatre mille neuf cent soixante-onze Livres pourroient devoir sur la confection des gravures celle de dix mille huit cent C. VAUQUELIN. (1779) goi LA FPASCE EN CHISE Tornement de son Palais, et si je ne l'avois point fait, de me dire de le faire cette année, et de témoi- gner son impatience de recevoir ces deux meubles, ainsi que les vases d'or et de cuivre émaillé que M. de Robien s'est chargé de faire exécuter à Paris, et dont la Cour a fourni les modèles, que M.de Robien a porté avec lui en France, lors de son départ de Chine. Ces vases sont précieux aux yeux de l'Empereur, ils étaient destinés pour l'Impératrice sa mère morte (1) il y a dix-huit mois, et l'Empereur veut les offrir à ses mânes. Comme ces sortes de demandes sont avanta- geuses pour les nations auxquelles l'empereur s'adresse, j'ose vous supplier, Monseigneur, de donner vos or- dres, soit aux directeurs de la Comp. des Indes, ou à toute autre personne, que vous jugerez à propos, pour que les désirs de ce monarque soient accomplis le plus promptement possible. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. C. VACQUELIN. 62-101. – A M. de Sartine. [R. le 31 janv. 1779.] Versailles, le 26 janv. 1779. Je vois, Monsieur, par la lettre que vous m'avez fait 1. L'Impératrice, mère de Kien-long, est morte dans la quatre- vingt-septième année de son âge, le treizième jour de la première lune de la quarante-deuxième année de Kien-long, c'est-à-dire le 2 mars 1777. Voir dans les Mémoires concernant les Chinois, VI, pp. 346/373, le récit par le P. Amiot de la mort et des funé- railles de cette princesse. (1779) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 97 l'honneur de m'écrire le jer. gbre. dernier, que l'Empe- reur de la Chine désireroit avoir une glace de 87 pouces sur 72 pour son Palais, et vous pensez qu'il est con- venable que la dépense en soit supportée par le Roi. Je vous prie, Monsieur, de vous rappeler ce que j'ai déjà eû l'honneur de vous dire sur cette opinion au sujet de laquelle je vous ai même remis une note. Un présent de la part du Roi ou de la nation pourroit tirer à conséquence, et je ne crois pas que le Consul françois doive paraître en pareilles occasions autrement que comme ayant donné ses soins pour procurer cette glace de la part des négociants ou des missionnaires. M. Bourgogne, par exemple, associé de M. de Monti- gny du Timeur et résidant à Canton, pourroit, s'il con- vient mieux au Consul que les missionnaires, faire présent de cette glace comme en son nom et pour son compte : A moins qu'on en demandât le payement comme on l'a fait des gravures des batailles de l'Empe- reur de Chine, dont ce prince a payé la valeur. J'ai l'honneur d'être avec un très sincère et très par- fait attachement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant Serviteur. BERTIN. 63-102. A Versailles, le 31 janvier 1779. Minute d'une lettre à M. Bertin au sujet de la glace. 64-105. — CONSULAT DE CANTON. 4 juillet 1779. Lors de l'établissement du Consulat de Canton au mois d'octobre 1776 les dépenses furent réglées à (1779) LA FRANCE EN CHINE 98 LA FRANCE EN CHINE 65-111. — CONSULAT DE DOIT 6000 » » Payé à M. le Consul pour ses appointements du jer, jan- vier au 31 décembre 1779.......... ....... Payé à M. le Consul pour dépense de table à compter du jer. janvier au 31 décembre 1779...... 6000 » » Pour repas extraordinaire... ......... 1400 > >> Pour loyer de maison à Canton.................... Pour voyage à Macao, loyer de maison et retour.... Pour dépenses imprévues..... Payé au Sf. Vieillard, chancelier, pour ses appointe- ments à compter du 1er. janvier au 31 décembre 1779.. 7400 3000 2400 600 » » » » » » » 3000 » » 22400 » » Pour le dépôt fait en deux fois par les Chinois de 5000 Ptres. à 108............. Reste en Caisse ce jour jer. janvier 1780............ 2571 13 » 24971 13 » ARRÊTÉ le présent compte et certifié véritable par lequel il appert qu'il reste nantissement des sommes que les Chinois pourroient devoir sur la confection des mil sept cents quatre-vingt. (1779) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE CANTON : SON COMPTE. AVOIR L. S. D. 24971 13 » Pour le montant de ce qui restoit en caisse suivant dernier compte en date du jer. janvier 1779............ Reçu du Cohang en nantissement des sommes qui pourroient être dues pour solde des gravures représen- tant les Victoires de l'Empereur une soumission de payer à la caisse du Roi une somme de dix mille piastres. Reçu comptant un acompte de 2000 Ptres. à 1085. 10800 Le 20 Xbre. 1779 reçu comptant Un acompte de ............ 3000 .. 16200 5000 27000 24971 13 » en caisse deux mille cinq cents soixante-onze Livres treize sols, et en dépôt pour gravures celle de vingt-sept mille Livres. A Canton en Chine le premier janvier C. VAUQUELIN. (1779) 100 LA FRANCE EN CHINE 23400'. tant pour le payement des appointements des employés du Consulat que pour les frais de table, loyers de maison à Canton et à Macao et autres frais. Le Sr. Vauquelin en envoyant avec sa lettre du 31 janvier 1778 l'état des dépenses du Consulat, observe qu'à son arrivée en Chine, il a été obligé de monter un ménage à gros frais parce que tous les effets de la Compagnie avoient été vendus en 1774; qu'indépen- damment de ce surcroit de dépense, il a trouvé tout considérablement augmenté, en sorte que les dépenses portées à leur juste valeur non compris ses appointe- ments montent à 25268 1. 10°. Il supplie Monseigneur de vouloir bien prendre en considération sa position, soit en augmentant les dépenses déjà réglées, soit en lui accordant, pour l'indemniser, un droit sur les vaisseaux qui commercent dans l'étendue de son Consulat. M. Michel, à qui les représentations du Sr. Vauque- lin ont été communiquées, les croit d'autant plus justes qu'il pense qu'effectivement les dépenses en Chine sont de beaucoup augmentées et que lorsqu'il a proposé de les porter à 23400 1. lors de l'établisse- ment de ce Consulat, il les a estimées d'après celles qui se faisoient à Canton, lorsqu'il y étoit à la tête des affaires de la Compagnie. Pour mettre le Sr. Vauquelin en état d'occuper avec décence la place qui lui est confiée on propose à Monseigneur d'en porter les dépenses à 30000'. On croit ce parti préférable à la demande qu'il fait d'un droit sur les vaisseaux qui commercent en Chine; ce droit en pesant sur le commerce ne feroit que dé- courager les négociants et d'ailleurs le défaut d'arme- ments pendant la guerre le rendroit absolument nul. (1779) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 101 En réglant définitivement les dépenses du Consulat de Canton, Monseigneur est supplié de déterminer de quelle manière on doit y faire passer les fonds néces- saires à son entretien; on doit observer qu'en autori- sant le Consul à tirer des lettres de change, il y aura pour le Roi une perte très considérable puisqu'il ne le pourra faire qu'à 20 ou 25 0/0, ce qui augmenteroit d'un quart les dépenses de cet établissement. Le moyen qui paroit le plus sur et le moins dispen- dieux est d'envoyer des fonds en nature par la voie des Batiments neutres. Le Sr. Percheron (1) pourroit être chargé de cette opération qui seroit censée faite pour son compte particulier; on propose de lui donner or- dre d'y envoyer par les premières occasions une somme de 30,000 '. Monseigneur est supplié de faire connoitre ses in- tentions. Approuvé. 66-106. Minute d'une lettre à Mrs. les Régisseurs de l'habillement pour faire faire les deux glaces de 87 pouces de hauteur sur 72 pouces de largeur. 67-109. Je soussigné Augustin Belhoste Négociant à Paris promets et m'oblige envers le Roi, ce acceptant Monseigneur de Sartine, Ministre et Secrétaire d'État au département de la Marine, de fournir et livrer la quantité de cinq mille cinq cent cinquante-six piastres pesant six cents seize Marc nécessaire pour le service du Roi au Consulat de Canton en Chine, les- 1. Percheron, agent de la Marine du Roi au Cap de Bonne- Espérance. (1779) 102 LA FRANCE EN CHINE quelles me seront payées par le Trésorier Général de la Marine à la déduction des quatre deniers pour livre attribués aux invalides, sur le pied de cinquante. sept livres le Marc, en rapportant le certificat de réception qui m'en sera délivré par M. Percheron, Agent de la Marine au Cap de Bonne-Espérance. Et sera la présente Soumission exécutée après avoir été vue et approuvée par Monseigneur. de Sartine, Ministre et Secrétaire d'État au Département de la Marine. Fait à Paris, le 20 zbre. 1779. BELHOSTE. Vue et acceptée. DE SARTINE. Je soussigné, Agent de la Marine du Roi au Cap de Bonne Espérance, certifie que les cinq mille cinq cents cinquante six Piastres pesant six cents seize marc ont été embarquées à bord du navire hollandais, le Jeune Thomas, parti d'Amsterdam le mois de obre, dernier, lesquelles piastres seront délivrées à M. Vauquelin, consul françois à Canton, en Chine. Fait à Paris, le 20 décembre 1779. PERCHERON. 15 juillet 1780. 68–113. Réclamation de madame Thimotée de 60 piastres (315 livres) payées au consul de la Corogne, M. de Tournelle, pour fournir à son fils aîné le moyen de rentrer en France après la prise du Du- guesclin, (1779-1780) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE. · 103 69-116. — CONDUITE Du 17 juillet 1780. La De. Thimotée réclame le remboursement d'une somme de 3151. qu'il en a couté à son fils ainé pour se rendre de la Corogne en France. Ce fils étoit employé à Canton en Chine en qualité d'interprète, et revenoit en Europe sur le nre. le Duguesclin, qui est tombé au pouvoir des Anglais et a été conduit au port de la Corogne. Si monseigneur juge à propos de considérer cette somme comme une conduite de la Corogne en France et d'en accorder le remboursement, on joint ici la lettre pour annoncer la décision à Me. Thimotée. Bon. 70-126. — Lettre à Monseigneur de Sartine, Ministre et Secrétaire d'État. Canton, 31 décembre 1780. CONSULAT DE [Ecrit à M. de Lironcourt le 14 gbre. 1781. CHINE. - Ecrit à M. Percheron le 7 avril 1782.- Reddition de Ecrit le méme jour à M. Joly de Fleury. Compte. R. le 6 Xbre. 1781.] MONSEIGNEUR, J'ai reçû cette année les dépêches que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser par la voie de M. Mon- tigny, agent de Sa Majesté au cap de bonne Espé- rance.. Je vous fais, Monseigneur, mes très humbles re. merciements de l'augmentation qu'il vous a plu de m'accorder par votre lettre du douze Juillet mil sept cent soixante dix neuf. Vous avez la bonté de me prévenir, Monseigneur, (1780) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE J'ai l'honneur de vous remettre mon compte cou- rant de cette année ; je crois, Monseigneur, ma fortune ne me permettant pas d'essuyer des retards, qu'il se- rait plus avantageux de m'assigner une caisse sur laquelle je pourrais tirer chaque année jusqu'à la concurrence de trente mille livres, avec prime de 12 à 13 p. 0/0, peut-être moins — prime qui équivaut à pas dans la nécessité d'emprunter à 18 et 20 p. 0/0, comme je suis forcé de le faire cette année, fort heu- reux encore si je peux réussir. Je suis déjà en avance de sept mille vingt huit livres sept sols pour solde le trente un décembre 1780; j'aurais même dès l'année dernière été obligé d'emprunter une somme plus forte si je n'eusse pas reçû des hannistes la quantité de cinq mille piastres à compte de leur soumission de payer dix mille piastres pour solde des gravures, somme que je serai obligé de leur remettre si ce compte était soldé lors du dernier envoi. . J'ai consulté les archives du conseil de la Compa- gnie des Indes à Canton, j'y ai vû, Monseigneur, que piastres en deux termes. Le 28 Décembre 1773 . . . . . . . . . .' Le 12 Janvier 1775. . . . . . . . . . . Pires. 6000. » 4000. >> 10000. » Ce payement fait par ordre de Mrs. les Directeurs de la Compagnie par forme d'escompte, ce qui m'a en- gagé à exiger la soumission de dix mille piastres. J'ai écrit à Mrs. les Directeurs de la liquidation il y a deux (1780) 106 LA FRANCE EN CHINE . 71-126 bis. — CONSULAT DE CONSULAT DE CANTON ANNÉE 1780: DOIT L. S. D. 16000 » » A » Payé à M. le Consul pour ses appointements du 1 er janvier au trente un décembre 1780... 6000 » Pour dépense de la table qu'il est obligé de tenir à compter du jer janvier au 31 dé- cembre 1780.................... ...... 8000 >> > Pour les repas extraordinaires qu'il est dans le cas de donner aux différentes nations ................................ 2000 » 1 Au S. Vieillard, chancelier, pour ses appointements à commencer du 1er janvier au 31 décembre 1780..... Au S. Galbert, interprète, pour idem............... Pour loyer de maison à Canton................. Pour idem à Macao........ Pour le voyage de Canton à Macao et de Macao à Can. ton............... Pour frais de luminaires et gages de domestiques..... Dépenses imprévues ...... Pour augmentation qu'il a plut au Roy d'accorder pour pour la dépense du Consulat à commencer du ser jan- vier 1779 suivant la lettre du ministre en date du 12 juillet 1779........ 3000 1000 3750 1890 » » » » » ......... » 1950 1810 600 » » ............................... 6600 » » 36600 » ARRÊTE le présent compte montant, sauf erreur ou omission, à la somme de de sept mille vingt-huit livres sept sols due à M. Vauquelin, consul. A Canton (1780) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 107 CANTON : SON COMPTE AVOIR L. S. D. 2571 13 » Pour le montant de ce qui restait en caisse suivant dernier compte en date du 1er. janvier 1780 ............ Reçu du Conhang en nantissement des sommes qui pourraient être dues pour solde des gravures réprésentant les Victoires de l'Empereur, une soumission de payer à la caisse du Roi une somme de dix mille piastres. Reçu comptant en deux fois 5000 piastres à 108 s............. 27000 » » D 29571 13 7028 7 » » Reste dû au Consul pour avances faites à la caisse... 36600 » rente-six mille six cent livres, tant au débit qu'au crédit et pour solde à la somme in Chine, le trente un décembre mil sept cent quatre-vingt. C. VAUQUELIN. (1780) AV DIX-HUITIÈME SIÈCLE 109 73-145. — Lettre à M. Bretel (1), Pr. Commis au Breau. des Colonies. Paris, ce 27 gbre. 1781. Vous trouverez ci-joint, Monsieur, la copie de la soumission du S. Belhoste et du certificat du S. Per- cheron, que vous m'avez demandée par la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 26 de ce mois. Je suis bien flatté que cette occasion me procure le plaisir de faire quelque chose qui vous soit agréable et de vous renouveler les assurances du très sincère et parfait attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Ste JAMES. 74-147. — CONSULAT DE CANTON 14 gbre, 1781 Dernier envoi de fonds fait au Consul. La dépense annuelle du Consulat de Canton est fixée à 30,000! . suivant l'État ci-joint arrêté par M. de Sar. tine le 12 juillet 1779. Avant que le commerce de Chine fût interrompû, on était dans l'usage de faire passer directement de France à Canton les fonds né- cessaires aux besoins du consulat. En 1779, soit dé- faut d'occasions, soit crainte d’Interception par l'en. 1. M. Bretel, premier commis adjoint au Bureau des Colo- nies de l'Amérique, et des établissements français à la côte d'Afrique. (1781) 110 LA FRANCE EN CHINE 010 CU rs au X seaux nemi, on eut recours aux vaisseaux neutres. L'envoi des 30,000' nécessaires pour le service de 1780 fut commis au S'. Percheron, et il paraît, par le certificat donné par cet agent pour constater la fourniture et l'envoi, qu'il a été embarqué sur le navire hollandois, le Jeune Thomas, parti d'Amsterdam en gbre. 1779, 5556 piastres à l'adresse du S'. Vauquelin, consul de France à Canton. On ignore ce que sont devenues ces espèces ainsi que le vaisseau hollandois qui en était chargé. On n'a jamais eu sur cet objet d'autres renseignements que ceux contenus dans le certificat du S'. Percheron. Le consul annonce par sa lettre du 31 Xbre, 1780 que les piastres ne lui sont pas parvenues ; qu'il a pris des in- formations de tous les capitaines de vaux, hollandois arrivés en Chine dans le cours de l'année, et qu'aucun ne lui a donné des nouvelles des fonds attendus. Il semble regarder cette voie comme fort incertaine et même un peu suspecte. D'après ces détails, il paraît instant de se procurer des éclaircissements sur le sort du Bâtiment désigné par le S'. Percheron sous le nom du Jeune Thomas et sur le chargement de piastres que cet agent lui a fait remettre, afin d'être en état de répondre au S. Vau- quelin sur cet article, et de faire les démarches que les circonstances pourront exiger. On propose en consé. quence de charger le consul de France à Amsterdam (1) de prendre ces informations. On joint à cet effet une lettre que Monseigneur est prié de signer s'il l'ap- prouve. Approuvé. 1. Le chevalier de Lironcourt. (1781) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE III Nouvel envoi de fonds à faire. Quoique le Sr. Vauquelin n'ait pas reçu les 30,000 !. qui lui ont été envoyées pour le service de 1780, il n'en a pas moins satisfait, pendant cette année, à toutes les dépenses du consulat. Une circonstance heureuse lui en a procuré les moyens. L'Empereur de la Chine doit à la Compagnie des Indes 10,000 piastres pour le prix des gravures qu'on a fait faire en France sur la demande de ce prince. La moitié de cette somme a été acquittée entre les mains du consul, qui s'en est servi pour les besoins du consulat, mais comme rien ne fait présumer que le payement de la seconde moitié ait suivi depuis celui de la première depuis longtemps promis et attendu, il y a lieu de croire que le St: Vau- quelin se sera trouvé dépourvu de fonds pour le ser- vice de 1781, à moins que le vaisseau hollandais, parvenu enfin à Canton, ne se soit acquitté de la com- mission. L'incertitude où l'on est à cet égard ne permet pas de différer plus longtemps d'envoyer au Sé. Vau- quelin des secours que l'éloignement et plusieurs autres circonstances rendent toujours trop tardifs. Avec quelque diligence que les ordres de Monseigneur soient exécutés, les fonds qu'il convient de faire passer n'arriveront guère à Canton avant la fin de 1782. Il paraît donc indispensable de faire, dès à présent, les dispositions nécessaires pour mettre le consul en état de payer ses dépenses jusques et y compris l'année 1782. Par le résultat de son compte arrêté le 31 Xbre. 1780, (1781) 112 LA FRANCE EN CHINE il se trouvait en avance de .. La dépense de 1781 est de .. Celle de 1782 de ..... .. Total 7,028' 7 > 30,000 » » 30,000 > >> 67,028' 7 > SUR QUOI IL FAUT DÉDUIRE 31,502'. 8 » Pour les 5556 piastres expédiées par le nre. hollandais le Jeune Thomas. . . . . 30,002". 8 » Pour une avance faite à Paris à la De. Vau- quelin à valoir sur les app's. de son mari . . . . . 1,500 » » Reste à envoyer pour couvrir les dépenses du consulat jusqu'à la fin de 1782 .. (1) 35,5261 » » uve Si Monseigneur approuve cet envoi, on propose, d'après l'avis du Sf. Vauquelin lui-même, de confier les fonds aux vaisseaux suédois qui vont charger chaque année à Cadix les piastres nécessaires pour leur com: merce en Chine. C'est la voie que ce consul regarde comme la plus sure. On pourrait même profiter de l'offre que les chefs du Conseil suédois de Canton ont faite au Sf. Vauquelin de lui remettre exactement les fonds, si on voulait les lui adresser directement pour plus grande sureté. Toutes ces dispositions, si Mon- seigneur les approuve, seront l'objet d'une lettre qu'on 1.6579 piastres à 108s. la piastre. Note du Ms. (1781) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 113 proposera d'écrire au consul de Cadix (1) pour le char- ger de leur exécution. Approuvé. 75-149. – CONSULAT DE CHINE 5781 Copie d'un Billet déposé au Greffe de la Chancel- lerie. Je soussigné Charles Dembreun, capº du Senau la Manonne appartenant à M. Warnier, reconnaît que M. Maigret, premier Lieutenant du dit Senau, m'a avancé pour le compte de l'armement aux Iles Carincobar la somme de quatre-vingt-dix roupies de Pondichéry le tout pour acheter des provisions pour dix-sept hommes européens naufragés du vaisseau français la Marie-Magdelaine passant sur le dit Senau aux frais du Roy ./. A Pondichéry le vingt may mil sept cent soixante-dix-neuf. Signé Dembreun. Au Bas du billet est écrit ce qui suit. Le S'. Maigret n'ayant pu réclamer le montant des avances par lui faites pour les matelots passagers sur le Senau la Manonne au compte du Roi lorsque M. Chevreau était encore aux Indes, ces avances ne lui ont point été remboursées; à Madras le 1er juin mil sept cent soixante-dix-neuf. Signé Belle Combe. Au Dos du billet est écrit ce qui suit. J'ai reçu de M". Vauquelin Consul de France à Canton en Chine, par les mai ns de M. Descour- 1. Le Consulat de Cadix était ainsi composé en 1781 : Du- plessis de Mongelas, Consul. – Poirel, Vice-Consul. – Diran- datz, Chancelier. La France EN CHINE (1781) , 8 114 LA FRANCE EN CHINE vieres Procureur des missions Étrangères le montant de l'État porté de l'autre part à Macao ce vingt-un Jan- vier mil sept cent quatre-vingt-un. Signé E. Mai- gret. Pour copie conforme à l'original à Canton le 31 Xbre. 1781. VIEILLARD. 76-150.—Lettre à Monseigneur le Marquis de Castries(1). Par voie suédoise, 31 Xbre, 1781. CONSULAT DE CHINE 1a. Via (R. le 15 gbre. 1782. - Écrit ledit jour à M. Chevreau. – Écrit ledit jour à M. de Mongelas, Consul à Ca- dix.] Reddition de Compte. MONSEIGNEUR, J'ai l'honneur de vous remettre ci-joint le compte courant de cette année, et inclus un billet de subsis- tance payé au S'. Maigret et l'extrait de la lettre de M. Percheron, Agent de Sa Majesté au Cap de Bonne- Espérance. Le retard des fonds envoyés par Monsei- gneur de Sartine pour le maintien du consulat m'a obligé de déposer à la caisse le peu que je possédais pour faire face aux dépenses auxquelles je suis asservi. J'ai été obligé de faire un emprunt de cinq mille piastres à raison de douze pour cent d'intérêts, taux de ces pays, et je prévois que je serai dans la néces- 1. Charles Eugène Gabriel de la Croix, Marquis de Castries, né le 25 février 1727 ; lieutenant, 1743 ; blessé à Rosbach ; mestre de camp général de la cavalerie en 1759; remporte la victoire de Clostercamp ; commandant en chef de la gendar- merie; gouverneur général de la Flandre et du Hainaut; mi- nistre de la marine, 1780; maréchal de France, 1783 ; mort à Wolfenbuttel, le 11 janvier 1801. (1781) 116 LA FRANCE EN CHINE CONSULAT DE CANTON. 78-151. – CONSULAT DE Année 1781. DOIT L. S. D. L. S. D Par compte courant en date du 31 Xbre. 1780 il est dû à M. le Consul pour avances par lui faites.......................... 7028 7 » Dû audit consul pour paiement fait au sieur Maigret en acquit d'avances de subsistances par lui faites à dix-sept hom- 7244 7 » mes naufragés sur le vaisseau la Marie- Magdelaine ; suivant billet daté de Pondichéry du vingt may 1779, certifié par M. Belle Combe, cy quatre vingt dix roupies à quarante-huit sols........... 216 » » Pour les appointemens du Consul à compter du jer janvier au trente un de décembre 1781..... ...... 6000 » » 16000 » Pour dépenses de la table à dater du jer. janvier au 31 de décembre 1981......... 8000 » » Pour les repas extraordinaires........... 2000 » » Au S. Vieillard, chancelier, pour ses appointemens à com- mencer du premier janvier au 31 décembre 1781...... 3000 » Au Sr. Galbert, interprète, pour idem. ................. 1000 » Pour loyer de maison à Canton.... 3750 » Pour loyer de maison à Macao...... 1890 » Pour le voyage de Canton à Macao et de Macao à Canton. 1950 » Pour frais de luminaires et gages de domestiques........ 1810 » » Dépenses imprévues... 600 » » 37244 7. » A LA A A A A A. ARRÈTÉ le présent compte montant, sauf erreur ou omission, à la somme qu'au crédit, et pour solde à la somme de dix mille deux cent quarante quatre mentionné dans le susdit compte. A Canton en Chine le trente un décembre (1781) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 117 CANTON : SON COMPTE AVOIR s. D. Pour emprunt fait le 18 octobre de cette année par le Con. sul d'une somme de cinq mille piastres au sieur Joannes Sattur négociant arménien pour survenir aux frais de maintien du Consulat; les trente mille livres envoyées à cet effet par Monseigneur le Ministre de la Marine, étant restées aux mains du sieur Percheron agent de Sa Majesté au Cap de Bonne-Espérance, comme 'appert par l'extrait de la lettre dudit sieur Percheron annexée au présent Compte ci 5000 piastres à 108 : ..................... Pour ce qui reste dû à M. le Consul pour avances par lui faites à la caisse, indépendamment de l'emprunt ci-dessus. 27000 » » 10244 7 x 37244 7 » de trente sept mille deux cent quarante quatre livres sept sols, tant au débit livres sept sols à M. Vauquelin consul; indépendamment de l'emprunt mille sept cent quatre-vingt un. C. VAUQUELIN. (1781) 118 LA FRANCE EN Chine Philippe Vieillard.......... « Chancelier .. Jean-Charles-François Gal- bert, âgé de 25 ans...... « Interprète .l. France en 1779; n'a } Julien Paris. «Chirurgien Major./. pas fait son retour. ) Noms DES NÉGOCIANTS Paul-François Costar, de Paris, âgé de 37 ans, fils de M. Costar, secrétaire de la Compagnie des Indes. Bourgogne. NOMS DES DOMESTIQUES Bagot, maître d'hôtel du Consul, établi à L'Orient. Le S'. Le Déan, parti en février 1781, par un vaisseau anglais. Arrêté par nous, Consul de la Nation française. A Canton, le 31°. Xbre . 1781. C. VAUQUELIN. NM (1781) I 20 LA FRANCE EX CHINE 81-3. — Copie d'une Lettre à Monsieur Percheron. 022 A Canton, le 6 janvier 1782. MONSIEUR, Je n'ai pas eu l'honneur de recevoir aucune de vos lettres avant celle datée du 6 juin dernier, par laquelle vous me faites part que vous étiez chargé de me re- mettre une somme de 30 mille livres pour mes ap- pointements; maintenant vous me dites de tirer sur vous ou de me faire remettre cette somme en France. J'ai l'honneur de vous mander qu'il m'est impos- sible de tirer sur vous cette somme, ou ce seroit avec un escompte de 13 à 14p.o/o que je ne veux pas perdre, rendre à Canton les fonds pour la dépense du Consulat. Je vous laisse le maître de faire ce que vous vou- drez; n'ayant reçu aucuns fonds depuis deux ans, j'ai été dans l'obligation d'emprunter à gros intérêts dont je fais part au ministre ainsi que du contenu de votre lettre; je vous prie d'en faire de même pour le parti que vous prendriez soit de m'envoyer l'argent ou de le garder. Signé : DE VAUQUELIN. Au Cap de Bonne-Espérance, le 24 Avril 1780. MONSIEUR, J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 8 d'octobre 1779, d'Amsterdam où vous étiez alors, y joint les lettres que le Ministre vous a (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE I 21 fait parvenir pour que vous me les adressiez, afin que je les fasse passer à leur destination; j'ai donné cours à celle adressée à M. de Vauquelin, Consul à la Chine, à celles pour l'Ile de France et j'ai fait re- mettre celles pour le Cap de Bonne-Espérance. Signé : de Montigny, l'aîné. 82-4. — St-Germain-en-Laye, le 8 janvier 1782. MONSEIGNEUR, Le Sr. L'archevêque, mon secrétaire, chargé avec votre permission de l'intérim de mes fonctions à Am- sterdam, m'a transmis les ordres que vous m'y aviez adressé, par votre dépêche du 19 gbre, dernier, con- cernant la destination et l'embarquement, faits à Am- sterdam, sur un navire hollandais, pour Canton en Chine, de cinq mille cinq cent cinquante-six piastres fortes, pesant six cent seize marcs : laquelle somme devoit être délivrée à Canton à M. Vauquelin, consul de France en Chine, par l'entremise de M. Percheron qui avait eu ordre de M. de Sartine, en 1779, de pro- curer cette remise de fonds par la voie d'Hollande.. · En conséquence de vos ordres détaillés à ce sujet, Monseigneur, et d'après la copie y jointe du certifi- cat de M. Percheron, mon secrétaire a fait à Amster- dam, mais en vain, toutes les informations possibles pour découvrir la trace de cette expédition. La Compagnie des Indes Orientales de Hollande n'a aucune connoissance de ce chargement de piastres ; aucun des négociants d'Amsterdam avec lesquels je suis fondé à supposer des liaisons avec M. Percheron ne connoissent rien de cette remise. (1782) 1 22 LA FRANCE EN CHINE СОПІ. Les remises d'argent ne peuvent être traitées en Hol. lande pour l'Inde que par la seule Compagnie des Indes Orientales de cette République. Aucun particulier de ce pays ne peut expédier de navire aux Indes Orien- tales. Le navire le Jeune Thomas, que M. Percheron nomme dans son certificat être le Bâtiment sur lequel ces piastres ont été chargées en gbre, 1779 n'est point connu. Un vaisseau de ce nom a péri, en 1773, dans la rade du Cap de Bonne-Espérance. Si ce certificat de M. Percheron n'étoit pas aussi circonstancié qu'il l'est, je serais porté, Monseigneur, à présumer que cette expédition de piastres a peut- être été faite par les vaisseaux des Compies, Orientales du Danemark ou bien de Suède, mais il ne paraît pas y avoir lieu ici à aucune conjecture. Il semble constaté, Monseigneur, que l'expédition dont il s'agit n'a pas été faite en Hollande, soit qu'il y ait erreur de la part de M. Percheron, soit qu'il ait été lui-même trompé. Je suis avec un profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. LIRONCOURT (1). 83-6.- Copie de la lettre de M. Le Cher. ďEntrecasteaux à MM. les Missionnaires français à Peking. : S. d., vers janv. 1782. J'ai, Monsieur, une demande à vous faire qui inté- 1. Le Chevalier de Lironcourt, lieutenant de vaisseau, Com- missaire du Roi pour la Marine et le Commerce à Amsterdam. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 123 resse également le service du Roi et celui des mis- sions; et dont l'effet pourra devenir très avantageux à la nation chinoise elle-même; c'est de vouloir bien faire obtenir de la Cour de Peking l'agrément à M. de Grammont (1) de demeurer à Canton. Sans la ren- contre de ce missionnaire, le succès de la mission dont j'étois chargé eut été impossible. Un des objets qui m'a amené, quoique le moins essentiel, n'étant pas encore terminé, je suis dans l'indispensable nécessité de lui en laisser la conduite; je rends compte au Mi- nistre de la marine du zèle avec lequel il s'est prêté à s'en charger, et de la prière que j'ai l'honneur de vous faire. La discrétion et la prudence de M. de Gram- mont m'ont mis dans le cas de lui faire part des con- jectures, que divers avis, qui me sont parvenus, m’au- torisaient à former sur les démarches des Anglais, que nous suivons de près dans toutes les parties de la terre et que suis particulièrement chargé d'observer dans les mers d'Asie; et c'est à raison de cet objet que j'ai eu l'honneur de vous dire que la résidence de M. de Grammont à Canton peut devenir très utile à la nation chinoise, de laquelle des circonstances très faciles à prévoir, et peu éloignées peut-être, pourront nous rendre les alliés naturels, comme nous le sommes de toutes les puissances de l'Inde dont les Anglais ont le projet de faire la conquête. Il seroit très aisé ce me semble, de faire apercevoir au gouvernement chinois combien il lui importe d'être informé des démarches d'une nation entreprenante qui aspire au commerce exclusif de l'Asie, afin de réparer dans cette partie du 1. Jean Joseph de Grammont, né en 1737, missionnaire apos- tolique, de la Compagnie de Jésus, fils de M. de Grammont, conseiller d'honneur au Présidial d'Auch. (1782) • 124 LA FRANCE EN CHINE monde les pertes immenses qu'elle a faites dans l'autre. L'éloignement dans lequel le gouvernement chinois tient indistinctement tous les étrangers, ne permet pas de lui faire passer des avis qui intéressent sa sûreté; et les Anglais qui connaissent cette impossibilité en profitent pour tacher de rendre leur commerce ex- clusif, écarter toutes les nations qui pourraient s'oppo. ser à leurs vues ambitieuses et augmenter en même temps le nombre des navires qu'ils expédient en Chine, lesquels, d'un instant à l'autre, peuvent être transfor- més en Bâtiments de guerre; ce dont je me suis assuré par la manière même dont les vaisseaux que je com- mande sont entrés dans la rivière du Tigre; je crois être également certain qu'ils ont fait reconnaître toutes les côtes de Chine et particulièrement le golfe de Pe Tche-li, afin d'être plus à portée de Peking, si les cir- constances amenaient quelque rupture; mais com- ment en instruire le gouvernement chinois si la cour de Peking ne laisse pas à Canton une personne digne de sa confiance et de celle de la cour de France qui puisse faire parvenir à la première les informations que celle-ci aura pu se procurer. Sans violer les lois de l'Empire qui ne permettent pas l'entrée aux étran- gers, M. de Grammont, résidant à Canton avec l'agré- ment de l'Empereur, pourrait faire connaître aux Mi- nistres de ce Prince ce que l'on saurait des projets de l'Angleterre dont certainement l'objet est de former des établissements fixes et indépendants sur les côtes de Chine. Je serais très aise, Monsieur, que la lettre que j'ai l'honneur de vous écrire pût être mise sous les yeux du Gouvernement : il verrait avec évidence quel a été l'objet principal de mon arrivée en Chine dans une saison où il n'est pas ordinaire de venir; car IS (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 125 l'article de la liquidation des dettes n'est et ne peut être que secondaire, et n'aurait pas exigé de ma part une aussi grande hâte; mais j'ai pensé qu'il n'y avait pas un instant à perdre pour tâcher de faire connaître à la cour de Peking les vues de la nation britannique, qui sont bien manifestement décelées par des expédi- tions aussi considérables que celles qu'elle a faites cette année, et qu'elle se propose d'augmenter encore l'an- née prochaine sans pouvoir néanmoins en solder la balance. J'ai l'honneur d'être avec un très parfait attache- ment M. votre très humble. Signé le Chr. d'Entre- casteaux. 84-7. — Lettre à M. le Marquis de Castries. A Versailles, le 3 février 1782. Je me suis fait rendre compte, Monsieur, de l'objet dont traite la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 6 décembre dernier. D'après les éclaircis- sements qui m'ont été donnés par les directeurs char- gés de la liquidation de la Compagnie des Indes, j'ai vu que les marchands chinois ont remboursé en totalité les avances que la Compagnie des Indes avait faites, pour les Gravures des Estampes, représentant les Vic- toires de l'Empereur de la Chine, dont ce Prince avait désiré que l'exécution se fit en France. Le dernier payement, relatif à cette opération a eû lieu le 12 jan- vier 1775. Il résulte de ces éclaircissements que les Marchands Chinois se trouvent aujourd'hui en avance par le fait du S. Vauquelin d'une somme de 5000 piastres qu'ils lui ont remise à compte de la soumission de (1782) 126 LA FRANCE EN CHINE 10000 piastres qu'il a exigée d'eux. Dans cet état je vous prie, Monsieur, de donner des ordres positifs au S. Vauquelin de rembourser aux marchands chinois les 5000 piastres qu'il a reçues d'eux en annulant en même temps leur soumission et de vous assurer de l'exécution de vos ordres à cet égard par des reçûs en bonne forme de la part de ces marchands. Cet acte de bonne foi et de justice est d'autant plus important, que la Nation, pouvant dans la suite reprendre le commerce de la Chine, il est nécessaire de lui conser- ver la réputation d'honnêteté et d'exactitude, dont elle a toujours joui dans cette partie de l'Asie. J'ai l'hon- neur d'être avec un sincère et parfait attachement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. JOLY DE Fleury. Y DE EURY. 85-9. — CONSULAT DE CANTON. 7 avril 1782. Le S. Percheron fut chargé, en 1779, de faire pas- ser par la voie des vaisseaux neutres, au Consul de France à Canton, une somme de 3000ol en piastres destinées pour les besoins du Consulat pendant l'an- née 1780. La soumission et le certificat cy-joints an- noncent positivement que, pour remplir cet objet, le S'. Belhoste a fourni 5,556 piastres et que le S'. Per- cheron les a fait embarquer à Amsterdam sur le na: vire hollandais, le Jeune Thomas, destiné pour la Chine. D'un autre côté, une lettre de Canton, dont la date est postérieure de 14 mois, au départ du Jeune Thomas, annonce que le Consul de France n'a point (1782) AU DIX-HUITIÈME siècle 127 reçu de piastres; qu'il a pris des informations de tous les capitaines hollandais arrivés en Chine dans le cours de l'année, et qu'il n'a pû tirer aucun éclaircis- sement sur les fonds qui devaient lui être remis. D'après le compte qu'on a rendu de ces détails à Monseigneur, il a été écrit au Consul de France à Amsterdam pour le charger de faire la recherche des armateurs du navire le Jeune Thomas, et de prendre d'eux toutes les informations qu'ils seraient en état de lui donner sur l'armement de ce navire, sur sa principale destination, sur les escales qu'il devait faire, et enfin sur l'embarquement des piastres qui avait été fait par l'entremise du S'. Percheron à la destination du Consul de France à Canton. M. de Lironcourt a répondu de St-Germain-en- Laye, que pendant son absence d'Amsterdam, son se- crétaire, chargé de l'intérim de ses fonctions, avait fait d'inutiles perquisitions pour découvrir trace de cette expédition; que ni la Compagnie des Indes orientales de Hollande, ni aucun des négociants d'Amsterdam supposés en liaison avec le S'. Percheron n'avaient aucune connaissance du chargement des piastres; que le navire le Jeune Thomas sur lequel elles devaient être embarquées en gbre. 1779 suivant le certificat du S'. Percheron, n'était pas connu; qu'il a bien existé un vaisseau de ce nom; mais qu'il a péri, en 1773 (1), dans la rade du Cap de Bonne-Espérance, et qu'enfin il lui paraît constaté que l'expédition dont il s'agit n'a pas été faite en Hollande. On s'interdit toute réflexion sur cette réponse et sur les nuages qu'elle élève sur l'exactitude et la fidé- 1. Le S'. Percheron était alors dans cette colonie. - Note du Ms. (1782) 128 LA FRANCE EN CHINE lité du S'. Percheron.... avant de porter aucun juge- ment, on propose à Monseigneur de demander à cet agent des éclaircissements précis, et les pièces pro- bantes dont il doit être muni. C'est l'objet de la lettre cy-jointe. Écrire la lettre proposée. 86-13. — Au Cap de Bonne-Espérance, le 20 avril 1782. MONSEIGNEUR, J'ai été chargé par M. de Sartine de faire passer à M. Vauquelin, consul à la Chine, 30000 l pour une année de ses appointements; le vau, sur lequel ces fonds étaient chargés a manqué son voyage et l'argent m'a été remis icy. J'ai en conséquence écrit à M. Vau- quelin il y a deux ans et M. de Montigny était chargé de lui faire tenir ma lettre ainsi que vous le verrez, Monseigneur, par la copie de la lettre cy-jointe. Je vous supplie, Monseigneur, de me donner vos ordres pour l'emploi de ces 30000 l: soit pour les en- voyer à la Chine, soit pour m'en servir pour les opé- rations du Cap. Je suis avec un profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. PERCHERON. 87-21. — Copie de la lettre du S. de Montigny au S". Paris. A Paris, le 14 avril 1782. Je reçois de Chine, Monsieur, un des duplicata de la pièce dont incluse copie figurée que j'ai l'honneur (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 129 de vous faire passer en vous priant de me faire part de vos dispositions pour le payement du montant de votre billet, afin que je puisse, de concert avec M. le Dean, vous donner toutes décharges valables, et suivre les instructions de M. Bourgogne pour le prompt em- ploi de ses fonds. J'ai l'honneur d'être, etc. Signé DE MONTIGNY DU Timeur, Vis-à-vis la Fontaine et Rue des Vieilles Audriettes au Marais, à Paris. 26 7bre, 1782. 88-24. CONSULAT DE CHINE 1782 Nomination du Chancelier | nº. 9 Nous, Philippe-Vieillard, Vice - Consul de Sa Ma- jesté à Canton, en Chine, et dépendances, et Paul- François Costar, ancien supercargue de la Compagnie des Indes en Chine, désirant pourvoir à la place de Chancelier du Consulat en vertu du dispositif de l'article seize de l'Édit du Roi donné à Paris au mois de juillet mil sept cent vingt, avons cru ne pouvoir faire un meilleur choix que la personne du sieur Jean. Charles-François Galbert, interprète de Sa Majesté en langue chinoise, lequel ayant prêté le serment pres- crit par les ordonnances de Sa Majesté, nous lui avons octroyé et donné les pouvoirs nécessaires pour rem- plir les fonctions de chancelier ad interim jusques à ratification de la part de Sa Majesté. Fait et passé en notre hôtel à Canton en Chine, le vingt-six septembre mil sept cent quatre-vingt-deux. VIEILLARD. COSTAR. (1782) LA FRANCE EN CHINE, 130 LA FRANCE EN CHINE PIASTRES CONSULAT 89-25. - FEU M. VAUQUELIN : DE CHINE 1782 No. 8. DOIT Au Sk. Vieillard pour appointements du jer janvier au 31 Xbre, 1780......................................... 555 9/16 Pour la partie du loyer que feu M. Vauquelin occu- pait dans le hang français montant en totalité à 1800 piastres dont les 2/3 payables par le Sr. Vieillard et le troi- sième tiers payable par M. Vauquelin à compter du 1er janvier au 31 Xbre, 1781....... 600 » Audit pour appointements du jer, janvier au 31 Xbre. 1781 555 9/16 Pour la partie du loyer que feu M. Vauquelin occupait dans le hang français montant en totalité à 1800 piastres, les deux tiers payés par le Sr. Vieillard pour le logement des prisonniers français Mrs. Laval, David, Desvaux, Boisdizon, Binquert, la Mothe et Guibert, amenés à Canton par les Anglais, pour de cette place être transportés en Angleterre; le troisième tiers payable par M. Vauque- lin pour la partie à lui cédée dans ledit hang par le sieur Vieillard.......................................... 600 » Payé à M. Bourgogne pour achat fait par M. Vauquelin à la vente du nommé Forestier 6 taëls 6 m. faisant à 7m.26. pour une piastre.... 9 1/4 Payé à Made. da Sylva de Macao pour achat de sel....... 4 » Piastres........................ 2324 6/16 ARRÊTÉ le présent compte et certifié véritable montant tant au débit qu'a. pour solde à celle de treize-cent six piastres quatorze seizièmes dues par feu M! témoin et de la véracité des articles portés en icelui. En foi de quoi j'ai signé (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 131 - SON COMPTE AVEC M. VIEILLARD AVOIR PIASTRES 1000 Reçu le 4 février 1782 à compte de la somme de 2324 pias- tres 6/16 portées ci-contre.... ............. Pour moitié d'un baril de porc salé acheté par le Mtre. d'hotel de M. Vauquelin et payé par ledit sieur qui a fait cession de ladite moitié........ 17 1/2 1017 8/16 1306 14/16 Doit Mr. Vauquelin pour solde.... Piastres. 2324 6/16 crédit à la somme de deux mille trois cent vingt-quatre piastres six-seizièmes et Vauquelin au dit St. Vieillard lequel a requis le Sr. Galbert de signer comme Canton, le 26 septembre 1782. GALBERT VIEILLARD. (1782) 132 LA FRANCE EN CHINE. 90-26.— Lettre à Monseigneur le Marquis de Castries. MONSEIGNEUR, L'honneur et le crédit du pavillon françois se trouvent intéressés au maintien et à l'exercice des droits particuliers du S. Bourgogne, dont je prends la liberté d'exposer la légitimité aux yeux de Votre Grandeur, dans le mémoire et pièces incluses. Vous apercevrez sûrement, Monseigneur, combien il est essentiel de réunir votre autorité à l'empire et à l'exécution de la loi contre les abus qui se com- mettent à la Chine, où les réglements et ordonnances du royaume pour le commerce dans les Échelles du Levant, pourraient être exercés afin d'empêcher les su- jets de Sa Majesté d'y commercer sans être cautionnés, ni d'en sortir, sans avis public de leur départ pour leur retour dans leur patrie, ainsi qu'il se pratique dans toutes les colonies et les établissements éloignés. Le passage de Chine en France du S. Paris, chi- rurgien bréveté du Roi, sans avoir acquitté les dettes qu'il y a contractées, son refus d'y faire honneur en Europe, ses prétendus motifs illusoires, ses diffuges, ses projets et entreprises dans ce moment, ses vues ultérieures, et les inconvénients qui en peuvent résul. ter, me font espérer de votre justice les mesures et précautions que vos lumières et votre prudence juge- ront à propos d'employer. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, De Votre Grandeur, le très humble et très obéissant serviteur. DE MONTIGNY DU TIMEUR. Paris, le 2 gbre. 1782. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCIE 133 91-27.— Lettre à Monseigneur le Marquis de Castries. [Écrit le même jour à M. Vauquelin.] 31 8bre. 1782. MONSEIGNEUR, Ayant pris la liberté de mettre, ces jours derniers sous les yeux de Votre Grandeur, la réclamation du S'. Bourgogne aux droits du Chinois Coccia, créan- cier du S. Paris, chirurgien de la marine, j'ai l'hon- neur de vous annoncer que ce débiteur vient de dé- velopper ses intentions en faisant valoir auprès des Juges Consuls les expressions qu'il avoit adroitement employées dans son billet ou obligation. Ce billet n'étant point à ordre, Messieurs les Juges Consuls ont été forcés de suivre les lois du royaume et de renvoyer les parties pour plaider en Chine, quoique le terme du payement soit révolu depuis près de deux ans, en sorte que ce débiteur est bien le maître de s'approprier impunément en Europe les fonds qu'il n'aurait pas manqué de faire payer en Chine au terme fixé dans son billet s'il n'avait prémé- dité d'en jouir avec sécurité en employant dans son obligation, les expressions dont le Chinois ne pouvait apprécier le mérite et l'étendue. L'abus de confiance est trop manifeste, Monsei- gneur, et les inconvénients qui en doivent nécessaire- ment résulter, sont trop évidents pour ne pas espérer de la justice de Votre Grandeur qu'elle suppléera aux bornes prescrites par les lois du royaume, en con- traignant le S'. Paris à déposer en France le montant de son obligation et intérêts, ou au moins à en donner bonne et valable caution, afin que cet argent qui n'a jamais dû être exposé à des risques maritimes, ou (1782) 134 LA FRANCE EN CHINE qui en tout cas ont dû cesser à l'échéance du billet, ne soit plus subordonné aux évènements de la mer ni à l'incertitude du retour de ce débiteur à Canton, où vos ordres au Consul de France, vous procureront les renseignements certains pour la délivrance de ces fonds au S. Bourgogne, à qui le Chinois Coccia son débi- teur, en a transmis la propriété. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, De Votre Grandeur, Le très humble et très obéissant serviteur, DE MONTIGNY DU TIMEUR. Paris, le 6 8bre. 1782. jer. gbre. 1782. 92-33. – Canton en Chine SITUATION DU CONSULAT Avant de présenter le tableau de la situation des fonds et des besoins du Consulat de Canton, il est indispensable d'entrer dans le détail de quelques faits particuliers qui paroissent nécessiter un envoi de fonds plus considérable que ne l'exige la dépense annuelle du Consulat, et sur lesquels, par conséquent, il est nécessaire de statuer. PREMIER FAIT Envoi de fonds commis au S. Percheron Le S. Percheron avait été chargé en 1779, de faire passer à Canton, par la voie des hollandois, une (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 135 somme de 30,000 l. en piastres pour les besoins du Consulat pendant l'année 1780. Les lettres du Consul ayant appris que les fonds ne lui étoient pas parvenus, on a fait prendre des informations à Amsterdam sur le sort du Vaisseau le Jeune Thomas, à bord duquel le S. Percheron prétendoit les avoir fait embarquer. Les éclaircissements qu'on a reçus à ce sujet, portoient qu'on ne connaissoit, en Hollande, aucun chargement de piastres fait par ordre du S. Percheron, et qu'il n'avoit même existé à Amsterdam, sous le nom de Jeune Thomas qu’un vaisseau qui avoit péri au Cap de Bonne-Espérance en 1773. Ces indications, capa- bles de faire suspecter l'exactitude du S. Percheron, n'ont pas paru des preuves suffisantes pour le con- damner sans l'entendre. On a écrit à cet agent pour lui demander des éclaircissements précis. La lettre est du mois d'avril dernier. A cette même époque, le S. Percheron a écrit de son côté à -Monseigneur que le vaisseau sur lequel il avait fait charger les fonds des- tinés pour Canton, avoit manqué son voyage; que les 30,000. lui avoient été remises au Cap de Bonne- Espérance, et qu'il en avoit prévenu le S. Vauquelin, en lui proposant de tirer sur lui; mais le Consul n'a pas voulu profiter de cette facilité, sous prétexte qu'il falloit l'acheter par un escompte de 13 à 14 pour cent. En conséquence le S. Percheron demande des ordres sur l'emploi des fonds dont il est resté dépositaire. Il paroit convenable de l'autoriser à les employer aux besoins du service dont il est chargé au Cap de Bonne-Espérance, et on les remplacera à Canton en augmentant d'autant le premier envoi qu'on ordon. nera. Approuvé. (1782) 136 LA FRANCE EN CHINE SECOND FAIT Payement des gravures exécutées à Paris pour le compte de l'Empereur de la Chine. a En 1779, le S. Vauquelin ayant imaginé, on ne sait sur quel fondement, que les Chinois devoient encore à la Compagnie des Indes le prix des gravures qu'elle avoit fait faire à Paris pour le compte de l'Empereur de la Chine, il exigea des marchands de Canton une soumission de payer 10,000 piastres dont il a reçu et employé la moitié aux besoins du Consulat. Sur le compte qu'il a rendu de cette déposition, on a pris des renseignements pour s'assurer si la Compagnie des Indes avoit effectivement quelque expédition à faire sur les Chinois pour le prix des gravures en question. M. Joly de Fleury, à qui il a été écrit, à ce sujet, a répondu que la Compagnie avait été entièrement soldée de ses avances dès l'année 1775, et que les 5,000 piastres payées en 1779 par les marchands chinois, avaient été induement exigées par le S. Vauquelin. OBSERVATIONS Il est juste que les marchands chinois soient rem- boursés, puisqu'on les a fait payer mal à propos. Le crédit de la Nation semble exiger que ce rembourse- ment soit prompt. M. Joly de Fleury le sollicite par le même motif. On propose en conséquence d'ajouter 5,000 piastres à l'envoi de fonds qu'il convient d'or- donner pour Canton. Approuvé. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 137 TROISIÈME FAIT Envoi de fonds par les vaisseaux suédois. see Sur le compte qu'on a rendu, en gbre, dernier, de la situation du Consulat de Canton, Monseigneur a or. donné d'y faire passer 35,526 l. par la voie des vais- seaux suédois qui vont prendre, à Cadix, les piastres nécessaires à leur commerce de Chine, et l'exécution en a été confiée à M. de Mongelas. Ce Consul a, en effet, acheté les piastres nécessaires, et a annoncé, en janvier dernier, qu'il attendoit incessamment un vais- seau suédois sur lequel il se proposoit de les embar- quer; mais depuis on n'a reçu de lui aucun rensei- gnement, et on ignore si l'opération a été consommée. Par le même compte, il a été reconnu que le Consul étoit en avance, savoir : Sur la dépense de 1780. .. 7.0281. 75 » Sur la dépense de 1781. .. 30.000 La dépense de 1782 est de.. 30.000 Celle de 1783 à laquelle il convient de pourvoir est de 30.000 » 97.0281. 78 » Il faut joindre à cette somme: 1° La valeur du billet remboursé au Sr. Maigret pour subsis- tance de dix-sept matelots naufragés. . . . .. 216 > >> 2. La valeur des 5,000 piastres à rembourser aux Marchands chinois . . . . . . . . 27.000 » » Total. . . . 124.244 7 » À À À Ainsi, pour mettre le Consul à couvert de toutes les avances (1782) 138 LA FRANCE EN CHINE et emprunts qu'il a été obligé de faire pour les besoins du Con- sulat, il faudrait lui faire passer une somme de ... . . . . . . . . 124.244 75 DJ Sur quoi il faut déduire : 1'. Les fonds dont l'envoi a été confié au S. de Mongelas et qu'on doit supposés portés, cy. 35.526. 129. 2º. L'avance faite à Paris à la dame Vauquelin à valoir sur les ap- pointements de son mari. . . . . . 1.500 37.026 125 » 87.217 15 » Reste à payer, pour remplir les besoins du Consulat jusqu'au dernier Xbre. 1783, 87.2171. 155 ou 16.152 piastres. Si Monseigneur approuve cet envoi, on propose de le faire passer, comme le précédent, par les vais- seaux suédois destinés pour la Chine. En donnant des ordres pour cet effet, à M. de Mongelas, on lui de- mandera des nouvelles de l'envoy précédent. Approuvé. 93-34. COLONIES DE L'INDE [Envoyé le Mémoire à M. de Sourdeval, lé 13 Xbre, 1782.] MONSEIGNEUR, J'ignorois les lois et usages du Royaume, lorsque j'ai eu l'honneur de mander à Votre Grandeur que MM. les Juges Consuls les avoient suivis en me ren- voyant plaider en Chine, sans exiger de cautionne- ment du S'. Paris, chirurgien attaché au Consulat de Canton. Mes avocats et conseils assurent que le Billet du S'. Paris se trouvant échu depuis près de deux ans, (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 139 la créance du chinois Coccia, transportée à l'ordre du S'. Bourgogne, ne doit point être exposée aux évène- ments et risques maritimes; en conséquence ils vien- nent de me faire interjeter appel de la susdite sen- tence des consuls; dans cet état de cause, Monseigneur, j'ose supplier de nouveau Votre Grandeur de daigner prescrire et ordonner ce que son équité jugera con- venable pour empêcher le Sr. Paris d'éluder et de se soustraire à l'exécution du jugement à intervenir, que je vais solliciter et presser le plus vivement possible. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, . De Votre Grandeur, le très humble et très obéissant serviteur, DE MONTIGNY DU TIMEUR. Paris, le 4 gbre, 1782. 94-35. Minute d'une lettre de Versailles, 15 novembre 1782, à M. de Mongelas, pour le prier d'expédier 16,152 piastres à Canton, sur le vaisseau suédois. 95-36. Minute d'une lettre de Versailles, 15 novembre 1782, à M. Vauquelin, relative à l'envoi de nouveaux fonds; cette lettre n'est que la substance du troisième fait. [Voir ci-dessus, page 137.) 13 Décembre 1782. 96-39. — CANTON. CANTON Le S. Montigny du Timeur demande que Monsei- gneur veuille bien interposer son autorité pour lui procurer les moyens de se faire payer de ce qui lui (1782) 140 LA FRANCE EN CHINE est dû par le S. Paris, chirurgien françois du Consulat de Canton et actuellement en France occupé de l'arme- ment de quelques navires avec lesquels il se dispose à prendre la route des Indes. Ce chirurgien fit, en janvier 1779, à un chinois nommé Coccia, une obligation de 75,000 1 : remboursable, avec intérêts, en Xbre. 1780; mais absent de Canton depuis l'année même de son engagement, il n'a payé, ni principal, ni intérêts. Le chinois Coccia a transporté sa créance avec Bourgogne, négociant françois qui sachant que le S. Paris pas- sait en France, a transmis son titre au S. de Montigny pour en faire le recouvrement. Celui-ci a assigné le débiteur aux consuls de Paris, et a ensuite appelé de leur sentence au Parlement, où le procès est en ins- tance. Il craint que le sieur Paris par un départ précipité n'échappe au jugement, et qu'ensuite les dangers de la mer ou la mauvaise foi du débiteur n'anéantisse sa créance. Il demande en conséquence, que son mé- moire soit communiqué au chirurgien et qu'il lui soit défendu de s'embarquer avant le jugement du procès. Le sieur de Montigny observe que si l'obligation due par Paris n'est pas acquittée elle sera renvoyée en Chine pour être restituée au Chinois à qui elle a été faite, et que ce défaut de payement est capable de porter atteinte au crédit de la nation française dont les Chinois ignorent les usages, et dont ils regardent les négociants comme solidaires les uns pour les autres; il cite l'exemple de ce qui s'est passé à l'occasion d'une obligation de cent mille écus consentie par la Compagnie des Indes, en faveur d'un marchand chi- nois. Le Cher, de Rothe, étant arrivé à Canton après la suspension du privilège de la Compagnie, le marchand (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 141 chinois voulut le contraindre à lui rembourser sa l'obligation eût été garantie par quatre anciens con- seillers de la direction. OBSERVATIONS. Sur les représentations faites par le S. de Montigny à l'époque du jugement des consuls de Paris qui l'ont renvoyé à plaider en Chine, on lui a répondu qu'on ne pouvait donner atteinte à la sentence des juges. En effet, la demande est, dans le fond, du ressort des tribunaux; mais plusieurs circonstances peuvent le frustrer du recouvrement de sa créance, si on laisse partir son débiteur, avant que le procès soit jugé au Parlement, et tourner ensuite au préjudice du com- merce français en Chine. Le S. Paris, d'ailleurs, est un chirurgien breveté, dont le grade et l'uniforme ont, sans doute, favorisé l'emprunt. Sous ce point de vue, la demande du S.de Il semble qu'il est aussi juste qu'intéressant pour le crédit de la nation, de ne pas permettre qu'un officier, après avoir emprunté de l'argent chez l'étranger à la faveur de son titre, en abuse pour en éluder le paye- ment. On exige des cautionnements de tous les Fran- çais qui vont résider dans les Échelles du Levant ou de Barbarie. Cette disposition qui protège les créan- ciers contre les débiteurs de mauvaise foi, et assure le crédit national peut être appliquée aux Français qui vont faire le commerce en Chine. Ce serait en suivre l'esprit dans l'affaire présente, que d'obliger le s. Paris à donner caution au sieur de Montigny et de met- (1782) 142 LA FRANCE EN CHINE tre obstacle à son départ jusqu'à ce qu'il ait satisfait à cette condition. On lui ferait en même temps com- muniquer le mémoire du S. de Montigny avec ordre d'y fournir ses réponses. On joint ici pour remplir cet objet, une lettre que Monseigneur, est prié de si- gner s'il l'approuve. Approuvé. 97-40. CONSULAT EXTRAIT DU REGISTRE DE LA CHANCELLERIE, DE CHINE COTÉ B, Fº. 58. Copie collationnée d'un billet du sieur Paris au profit de Coccia. Je reconnais avoir reçu de M'. Coccia, marchand à Canton, la somme de dix mille taëls, en diverses marchandises, laquelle somme Je promets lui payer au mois de décembre prochain avec l'intérêt de dix pour cent et dans le cas où je ne payerais qu'au mois de décembre mil-sept-cent-quatre-vingt, Je m'engage à lui tenir compte de l'intérêt de vingt pour me de dix mille taëls. En foi de quoi j'hypotèque tous mes biens présents et à venir à Canton. Ce neuf janvier, mil-sept-cent-soixante-dix- neuf. Signé. Paris. Au bas du billet original est écrit en caractères chinois : Le trois de la dixième Lune de la quarante-sixième année de l'Empereur Kien-Long, M'. Bourgogne m'a remis l'argent mentionné au présent billet. C'est pour- quoi j'ai remis à Bourgogne ce papier comme pro- priété. — N. B. La date ci-dessus, se rapporte au dix- (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 143 sept novembre, mil sept cent cent quatre-vingt-un. Signé : Coccia. Je soussigné, interprète pour le Roy en langue chi- noise certifie la traduction de la passation d'ordre ci-dessus fidèle dans tous ses points. En foi de quoi, j'ai signé le présent à Canton, le quatre janvier mil- sept-cent-quatre-vingt-deux. GALBERT. Interprète pour le Roi. Pour copie conforme à l'original, lesdits jours et ans que dessus. VIEILLARD. Nous, Consul de France à Canton en Chine et dé- pendances, Certifions les dates et signatures ci-dessus véritables, que le sieur Vieillard est tel qu'il se qualifie, que foi doit être ajoutée à sa signature tant en juge- ment que hors et à cette fin nous avons signé et fait apposer le sceau de notre Consulat à Canton. En Chine, lesdits jours et ans que dessus. C. VAUQUELIN. 98-42. COLONIES DE L'INDE Nantes, le 24 Xbre, 1782. MONSEIGNEUR, En conséquence de votre dépêche du 13 de ce mois, j'ai fait faire la recherche du sieur Paris, chirurgien, ci-devant résidant à Canton; on m'a dit qu'il avait paru ici, il y a environ deux mois, pour y faire un armement pour la Chine, avec une maison de com- merce de cette ville, mais que sur les informations merc (1782) 144 LA FRANCE EN CHINE que cette maison avait prises sur son compte, ce projet n'avait pas eu lieu, et on le croit actuellement à Paris, rue Saint-Denis près les 4 moulins à Belleville. Cependant, Monseigneur, comme on m'a assuré qu'il se faisait des armements à Lorient pour Chine et que le sieur Paris, y avait paru, j'ai adressé à M. Clouët, le mémoire qui vous avait été présenté par les créan- ciers de ce chirurgien, afin que M. Clouët en fasse faire la recherche et exécuter vos ordres : Je le prie de vous rendre compte de ses démarches. Je suis avec un profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur, SOURDEVAL. 99-43. — M. Percheron, agent du Roi au Cap de Bonne-Espérance, et absent, à son représentant. Canton, le 26 Xbre. 1782. MONSIEUR, Comme vous n'avez pas jugé à propos de répondre à la lettre que M. Vauquelin, mon prédécesseur, vous a écrite l'an dernier en réponse à la vôtre du 6 juin 1781, et qu'il est de toute nécessité que je fasse les per- quisitions les plus exactes au sujet des fonds que le Ministre vous a confiés pour le maintien du Consulat, ne trouvez pas mauvais que je transcrive ici la letire que vous avez écrite à M. Vauquelin, relativement à ces fonds et que je fasse quelques réflexions sur le contenu de votre lettre. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 145 Copie de la lettre de M. Percheron, à M. Vauquelin datée du Cap de Bonne-Espé- RÉFLEXIONS rance le 6 juin 1781. MONSIEUR, M. Vauquelin n'a jamais Ainsi que j'ai eu reçu de lettre d'avis relative- l'honneur de vous l'é- ment à ces fonds, seulement crire en 1779, j'étais M'. de Mars, lui écrit en 1779 chargé de vous remet- que ces fonds lui parviendront tre une somme de par voie de Hollande; il est 30/ml. pour vos ap- de notoriété que tous les vais- pointements. seaux destinés pour Chine en 1779, se sont rendus à Canton. Il faut de toute nécessité que cette première lettre d'avis et son duplicata aient été égarés. J'avais prié M. de Il est difficile de saisir le sens Montigny de me don de cette phrase car quelle dif- ner à toucher cette ficulté de compter une somme somme à la Chine. de 3o/ml et de la charger sur les vaisseaux venant à la Chine; il me semble que ja- mais opération n'a été plus aisée. Il a été quelque M'. Percheron commence temps sans se décider. sa lettre par dire qu'il était chargé par le Ministre de re- mettre à Mr. Vauquelin une somme de 30/ml., et quel- ques lignes plus bas il a be- soin de la décision de M. Mon- (1782) LA FRANCE EN CHINE. AU DIX-HUITIÈME SIÈCIE 147 qu'avec une prime de 15 à 20 p.o/oà 5 shellings 6, 7 et même 8 pennies, ce qui fait de 15 à 23 p. 0/0. Aujourd'hui, Mon- M. Percheron offre encore sieur, que je suis ici, à M. Vauquelin de disposer vous pouvez disposer de cette somme, mais quatre de cette somme quand vaisseaux danois, trois sué. et comme vous le vou- dois, ont passé au Cap, et drez. Mr. Percheron n'a pas même répondu aux lettres que M". Vauquelin lui a écrit en X bre. 1781; lettres que j'ai des cer- titudes qu'elles ont été remises, et cependant Mr. Vauquelin donnait ordre de lui faire re- mise de cette somme soit par les vaisseaux suédois, soit par les Danois qui vont de relâche au Cap. En voulant bien M'. Vauquelin est trop exact m'en donner un recu. pour manquer à cette forma: lité plus que connue. Ou si vous l'aimez M'. Percheron offre à Mr. mieux, je la remettrai Vauquelin de renvoyer en à qui vous voudrez en France, une somme venue de France. France pour le maintien de son Consulat; je crois que M. Percheron n'a pas assez réfléchi sur l'irrégularité d'une pareil offre. J'attends sur cela M. Vauquelin, je le répète, vos ordres. en Xbre. 1781, a donné or- (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 149 que vous lui avez adressé le 13 de ce mois, concer- nant le S. Paris, chirurgien du roi en Chine, avec la copie de la dépêche qui contient vos intentions. J'ai sur le champ fait les informations nécessaires pour découvrir ce chirurgien, que M. de Sourdeval soupçonnait à Lorient, et mettre vos ordres à exécu- tion; mais le résultat de mes recherches a été de me faire savoir que le S. Paris, était actuellement à Paris, rue Meslée, maison de MM. Féri et Moquen, près l'hôtel du Commandant du Quay ; j'ai en conséquence l'honneur de vous envoyer le mémoire en question que vous êtes à portée de lui faire communiquer afin qu'il vous fournisse ses réponses. On sait que ce chirurgien a cherché à Nantes, à l'Orient et à Ostende à acheter ou fréter des bâtiments et à lier des opérations de commerce. On n'ignore pas non plus qu'il a acquis ici une maison du direc- teur général des fermes qui lui a coûté 30 mille l. et qu'il s'est donné du mouvement pour devenir pro- priétaire d'une terre considérable voisine de cette ville : mais on ne sait rien sur les suites de ses dé- marches. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. Clouët. 101-45. – 30 Xbre, 1782 Je soussigné, procureur général des missions étran- gères à Macao, reconnais avoir reçu de M. Vieillard, vice-consul de S. M., la quantité de sept cent soixante- six piastres qui m'étaient légitimement dues par feu (1782) 150 LA FRANCE EN CHINE M. Vauquelin, consul de France. à qui j'avais confié cette somme à Macao pour être remise à Canton au R. P. procureur de la Propagande, ce qui n'avait pu s'exécuter avant le décès de mon dit sieur Vauquelin. Cette somme ayant été ensuite remise pour mon compte au dit R. P. proc ureur de la Propagande, par mon dit sieur Vieillard sur ma simple réclama- tion, et conviction de la part dudit M. Vieillard de la légitimité de cette dette, je lui ai délivré le présent pour lui servir de décharge par tout où besoin sera. Fait à Macao, en la procure des missions françaises le 30 Xbre. 1782. CONSULAT DE CHINE nº. 3. • J. J. DESCOURVIÈRES (1). Canton, le 31 Xbre, 1782. 102-46. CONSULAT DE CHINE 1782. Reddition de compte. n° 3. MONSEIGNEUR, [R. le 10 Xbre. 1782, n. 2.] J'ai l'honneur de vous remettre ci-joint le compte du consulat pour le courant de cette année. Je joins à cette lettre, Monseigneur, copie de celle que j'ai écrite à M. Percheron, agent de Sa Majesté au Cap, qui chargé en 1779 d'une somme de trente mille livres destinée par Monseigneur de Sartine pour subvenir aux frais du Consulat n'a pas encore jugé à propos d'en faire remise, raison qui a obligé M. Vau. 1. Jean Joseph Descourvières, de Besançon; parti pour la Chine en 1776; procureur à Macao; revenu comme directeur au Sémi- naire des Missions étrangères à Paris, en 1788; mort à Rome, le 6 août 1804. (1782) AU DIX-HUITJÈME SIÈCLE 151 quelin de recourir à des emprunts ruineux, et qui n'ayant pas été remboursés cette année, me privera probablement des ressources que M. Vauquelin a trouvées. Vous verrez, Monseigneur, qu'aujourd'hui même la caisse se trouve vide et même débitrice d'une somme de 30361!. 10. 9. J'espère pouvoir subvenir pour cette année aux frais de maintien, mais je ne sais trop si les ressources ne me manqueront pas pour les années subsequentes. L'argent est si rare à la Chine, les remises d'Europe pour ce pays éprouvent tant de difficultés, que j'ai tout lieu de craindre d'être obligé de suivre la même méthode que feu M. Vau- quelin, ressource que je n'emploierai qu'à la dernière extrémité, raison qui m'engage à vous supplier, Mon- seigneur, de vouloir bien ordonner qu'il me soit fait des remises tant pour solder la dette contractée en- vers le sieur Satur Joannes que pour subvenir par les suites au paiement des frais auxquels je suis tenu. Je crois devoir vous prévenir, Monseigneur, que la Compagnie suédoise fait les défenses les plus rigou- reuses aux supercargues et capitaines de ses vaisseaux de se charger d'aucun effet destiné pour les sujets des puissances belligérantes & même de fonds en nature. La voie que je crois la plus sûre pendant la guerre est celle de Portugal, mais j'ai l'honneur de vous préve- nir, Monseigneur, que les matières d'or et d'argent payent au Sénat de Macao, deux pour cent de droit d'entrée. La voie des lettres de change est ruineuse. Les Compagnies danoise et suédoise ont donné l'an dernier & donnent cette année pour le retour en Eu- (1782) 152 LA FRANCE EN CHINE rope, de 22 1/2 à 23 p. 0/0 de prime, les lettres de change payables à six mois de vue. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. VIEILLARD. [R. le 19 Xbre, 1783, n. 3.] 103-47. CONSULAT DE CHINE. 1782. COMMERCE. N° 4. MONSEIGNEUR, Je ne dois pas vous laisser ignorer les différentes ré. volutions que le Commerce de ce pays a éprouvées de- puis plusieurs années. Sa décadence, son peu de sûreté depuis 1779 jusqu'à ce moment, la guerre a occa- sionné des révolutions qui ont contribué à porter le coup mortel à plusieurs marchands hannistes de façon que le nombre de ces marchands privilégiés par le gouvernement pour traiter avec les Européens était réduit à cinq (1) dont deux d'une faiblesse si grande qu'il y avait tout lieu de craindre une banqueroute totale; les principaux mandarins, pour pallier le mal, ont augmenté le nombre de ces hannistes jusqu'à dix; ils ont eu attention de choisir cinq nouveaux sujets dont la plupart sont plus connus par leurs richesses que par leur intelligence. Le Commerce se fait donc avec plus de sûreté, plus de promptitude que les années antécé- dentes, mais, Monseigneur, les mandarins n'ayant pas renoncé aux extorsions pour lesquelles ils ont un goût aussi difficile à décrire qu'à éteindre, ce remède n'est que momentané & il y a tout lieu de craindre par la 1. Voir la note page 9. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 153 suite les mêmes révolutions que le commerce a déjà éprouvées. L'avarice insatiable des mandarins qui exigent des marchands, les mêmes droits sur qua- torze vaisseaux que sur trente, qui arrachent des sommes d'argent pour les offrir à l'Empereur, pour enrichir leur famille, pour acheter leur innocence : la cour ne manquant pas de les trouver coupables s'ils sont riches : telle a été jusqu'à ce moment la cause des désastres que le commerce de la Chine a éprouvés. Et la cause ne cessant pas, il y a tout à craindre que les effets se fassent ressentir avant peu, surtout si les vaisseaux n'abondent pas plus par la suite, que cette année et l'an dernier ; pour avoir toujours les mêmes sornmes à offrir à l'Empereur, le hopou ou l'Intendant des douanes à Canton, a exigé des marchands han- nistes une somme de six mille piastres par chacun d'eux et a doublé les droits d'entrée et de sortie sur les marchandises importées et exportées par les Euro- péens. De toutes les nations commerçantes à la Chine, les Danois sont ceux qui ont tiré le parti le plus avan. tageux des circonstances actuelles. Les directeurs de cette Compagnie ont donné pleins pouvoirs aux pre- miers supercargues qu'ils envoient sur leurs vaisseaux pour seconder ceux de résidence à Canton, de traiter les affaires de leurs vaisseaux au plus grand avantage de leur Compagnie, de faire dans les mers des Indes toutes opérations qu'ils jugeraient avantageuses. Cette confiance s'étend sur les résidences à Canton et a pro- duit les meilleurs effets. Deux vaisseaux danois des- tinés pour Chine passant par Tranquebar, ont été dé- tenus au Cap par l'escadre française: un a vendu toute sa cargaison à un prix fort avantageux; l'autre instruit que la Compagnie hollandaise avait interrompu to (1782) 154 LA FRANCE EN CHINE commerce avec les Chinois est allé à Batavia et est arrivé à Canton immensément riche en Calain, Poivre, cloux de girofle, muscade, ailerons de requins, nids d'oiseaux (1), Bitchos de mare, or & argent. Les rési- dents danois, ayant vu dès l'an dernier, que les ma- tières d'argent étaient extrêmement rares ont de leur côté fait une souscription de cinq-cent-mille piastres à Bombay payables en Europe en lettres de change, au change, de 5 schellings 8 pennys et les Anglais ont rempli cette souscription, – partie par les remises qu'ils ont faites en or, argent & marchandises par les vaisseaux de Macao, et par le reversement en partie dans la caisse danoise du produit de la cargaison de deux vaisseaux particuliers venus cette année de Bombay. Le Commerce suédois aurait été plus avantageux pour la Compagnie, si elle n'était pas restée débitrice d'une somme de deux-cent-cinquante-mille piastres qu'il a fallu solder cette année avec six-cent-mille piastres venues : partie de Suède, partie de Hollande, pour 1. Les nids d'hirondelles (yen-wo), construits par le collocalia brevirostris, avec une herbe marine gélatineuse, gelidium, sont fort chers; ils viennent de Java, de Bornéo, de Ceylan; les meil. . leurs se vendent à Amoy, et valent dans cette ville jusqu'à 35 dol- lars le caitie (1.1/3 livre anglaise) ; une qualité inférieure de nids ne vaut guère plus de 16 dollars le cattie. Leur préparation, soit au gras avec un bouillon de poulet, soit au maigre avec un lait d'amandes, demande beaucoup de soins; comme goût et comme apparence, ces nids après la cuisson rappellent beaucoup le ver- micelle. Les ailerons de requins, blancs (Pe Yu tche) ou noirs (He Yu- tche) desséchés, et une espèce d'holothurie (Hai san), Bicho de Mar, séchée et fumée, forment également des mets très-estimés. L'aileron de requin préparé ressemble un peu à la raie ; mais le Hai san a un goût nauséabond, du moins à notre avis. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 155 former la cargaison de trois énormes vaisseaux, cette somme réduite à 450 mille piastres était plus qu'in- suffisante pour compléter le chargement de ces trois vaisseaux, vû que d'ordinaire chaque cargaison sortant de Chine est estimée, année commune, de 250 à 280 mille piastres, les emprunts en lettres de change n'ayant pu découvrir le déficit de fonds, la Compagnie suédoise a encore été forcée de recourir aux Chinois ; mais si cette Compagnie suit ce même système plu- sieurs années, elle traitera nécessairement avec un désavantage si marqué qu'il y a tout lieu de craindre qu'elle ne soit forcée de restreindre ses armements pour Chine. La Compagnie anglaise, jusqu'à cette époque n'a expédié aucun vaisseau pour Chine en droi- ture ou du moins aucun n'est arrivé et nous n'avons pas de connaissance de leur départ d'Europe; quatre sont arrivés de la Côte Malabarre: Le Loko, Capitaine Lawson, l’Essex, Capitaine Strower, l’Asia, Capitaine Maw, l'Osterley, Capitaine Rogers. Ces cinq vaisseaux ont passé par le détroit de Mala, ont essuyé le feu de la frégate la Pourvoyeuse & ont eu le bonheur d'échap- per. Ils sont arrivés à Wampou et sont sur le point de partir. Ces vaisseaux étaient extrêmement riches ; ils ont versé au trésor de la Compagnie anglaise la valeur de dix-huit-cent-mille piastres, leurs cargaisons étaient faites et dans les magasins de la Compagnie à Canton dès l'année dernière et ils ont encore onze 'cargaisons en Thé Bouy, Camphou, Songlo & Tunkaie (1) sui- vant les ordres que le Conseil a reçus l'an dernier des directeurs de la Compagnie anglaise. Les Hollandais ont cessé leur commerce avec la 1. Voir la note page 39. (1782) 156 LA FRANCE EN CHINE Chine depuis la nouvelle des hostilités entre l'Angle- terre et la République. Les Impériaux ont expédié deux vaisseaux pour Chine. Les Supercargues chargés de l'expédition de ces vaisseaux ont reçu une lettre datée de la latitude de Pulo-Sapate, par un vaisseau danois venu en Compagnie avec ces mêmes Impériaux par laquelle le Commandant annonce qu'il rebauquera probablement vers Malac s'il ne peut accoster la Chine et jusqu'à ce moment comme ils n'ont pas parû, il y a tout à présumer qu'ils auront pris ce dernier parti. Le comte Pierre de Proli a équipé à l'Ile de France, un vaisseau pour Chine, et frêté conjointement avec M. Darifat deux vaisseaux portugais également pour Chine, ces deux derniers vaisseaux passant par Ma- nille, le premier est arrivé après avoir entamé une opération des plus malheureuses. Le second est attendu et si les apparences ne me trompent pas, cette opéra- tion doit être mise au rang de celles mal concertées & par conséquent très-peu fructueuses, pour ne pas dire ruineuse. L'interruption du commerce français doit nécessai- rement influer sur les opérations futures, il est donc de mon devoir, Monseigneur, de vous prévenir, que les draps et autres lainages fabrique française sont à très-haut prix à la Chine; les glaces sont montées à un prix exorbitant et au retour de la paix ces mar- chandises étant de bonne qualité, les négociants qui spéculeront sur ces objets, feront le double bénéfice de procurer une exportation et plus grande pour les ma- nufactures et plus lucrative pour les acheteurs, ayant soin toutefois de n'importer que des lainages d'une bonne qualité chacun dans leur genre. Les Portugais profitent des circonstances de la guerre (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 157 pour forcer le commerce de Chine, mais les négociants sont assujettis à payer en Portugal des droits si énormes qu'il n'est pas probable qu'ils puissent con- tinuer à pousser leurs opérations avec la même vi- gueur que les Compagnies du Nord. En temps de paix les Portugais expédient un vaisseau d'Europe, quel- quefois deux et très-souvent point du tout. Des sept vais- seaux actuellement à Macao, trois seulement ont été expédiés d'Europe, un frêté par les Français & les trois autres expédiés par les Anglais qui ont fourni les fonds, partie à la grosse, partie à prêt et partie en ac- tion d'intérêt. Le huitième attendu de Manille est frêté par les Français. Je suis avec respect, Monseigneur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. VIEILLARD. Canton le 31 Xbre. 1782. Canton, le 31 Xbre.. 1782. 104:48. CONSULAT DE CHINE. , 1872 · MONSEIGNEUR, MORT DU CONSUL. Nº . [R. le 19 Xbre, 1783, n. 1.] J'ai l'honneur de vous prévenir que le vingt-trois sep. tembre dernier, M'. Vauquelin est mort des suites d'une maladie que les médecins ont jugé obstruction au foie. Après lui avoir fait rendre les derniers honneurs, j'ai pris sa place en vertu des ordres de Sa Majesté et (1782) 158 LA FRANCE EN CHINE procédé à l'inventaire de ses biens. J'ai l'honneur de vous en remettre copie, ainsi que du compte de cette succession, et de son produit jusqu'à ce jour. Je suis avec respect, Monseigneur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. VIEILLARD. CONSULAT DE CHINE. 1782. No. 10 DÉSISTEMENT 105-49. — A Monsieur Vieillard, Vice- consul de France, à Canton. DU CHANCELIER. Le sieur Jean-Charles-François-Galbert, a l'hon- neur de vous prévenir qu'après sa nomination de chancelier de votre Consulat, datée et enregistrée à la Chancellerie, le 26 septembre 1782, il a considéré qu'il était plus au fait des affaires de commerce que des af- faires de judicature,et que la place de Chancelier deman- dant une expérience qu'il n'a pu acquérir étant venu très-jeune à la Chine, pour le bien public s'est déter- miné à céder cette place en faveur de M. Costar, qu'il sait de science certaine être dans la résolution d'ac- cepter, et en outre, comme ayant l'âge et étant le seul Français résidant à Canton le plus en état de faire hon. neur à cette place & de vaquer à celle de Consul dans le cas d'évènements imprévus. Le sieur Galbert, ayant l'honneur de vous faire ses très-sincères remerciements des bontés que vous lui avez témoignées, vous prie en conséquence, Monseigneur, de différer sa nomination jusqu'à nouvel ordre de Monseigneur le Ministre de (1782) 100 LA FRANCE EN CHINE 107-50. – FEU M. VAUQUELIN CONSULAT DE CHINE. 1782. Nº. 6. DOIT PIASTRES 5000 ) A la Caisse du Roi pour emprunt fait le 18 gbre, au sieur Joannes Satur négociant arménien pour subvenir aux frais de son Consulat ci... Intérêt de 12 p o/o l'an ..... Dù au sieur Vieillard, pour solde suivant son Compte en date du 26 zbre, 1782 . . . . . . . . . . . . . Payé à M. Descourvière procureur des missions françaises à Macao suivant son reçu en date du 14 octobre 1782 ... Payé au nommé Bagot maitre d'hôtel du défunt pour une année de gages. . . . . . . . . . . . . . . .. Payé à divers pour frais de sépulture . . . . . . . . . 1306 14/16 766 » » 100 > >> 128 12'16 7301 10/6! Dů à la succession du dit sieur Vauquelin pour solde la somme de deux-mille-cent-quarante sept piastres et quatre seizièmes de piastres les quelles ont été reversées à la Caisse du Roi, pour subvenir aux frais du Consulat, ci... 2147 4/16 Piastres . . 9448 14/16 ARRÈTÉ le présent Compte courant par nous vice-Consul, chancelier du la somme de neuf-mille.quatre-cent-quarante-huit piastres, quatorze seizièmes piastres quatre seizièmes, à Canton, en Chine, le trente-un décembre mil sept (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 16. C AVEC LE CONSULAT AVOIR PIASTRES Pour la dépense allouée au dit sieur Vauquelin par les États de Sa Majesté à raison de 26.000 1. par an, appointements com- pris à compter du 31 Xbre, 1781, jour de l'arrêté de compte de mon dit S. Vauquelin, avec le Consulat jusqu'au 23 zbre. 1782, jour de son décès faisant 8 mois 23 jours suivant le détail ci-après : Pour appointements à raison de 6000! par an. 4389!. s. d. Pour dépenses de table 8000!. par an .... 5335 6 8 Pour dépenses de repas extraordinaire 2000 . 1333 6 8 Pour dépenses de loyer de maison à Macao pour l'année entière, le dit loyer ayant été payé par mon dit sieur Vauquelin .... 1890 » » Pour voyage de Canton à Macao et retour pour l'année entière ............ 1950 » » Pour frais de luminaire, et gages de domestiques pour 8 mois 23 jours à raison de 18101. par an 1338 6 3 Pour dépenses imprévues pour 8 mois 23 jours à raison de 600! par an. . . . . . . . 438 6 8 L. ,16674 6 3 Lesquelles 166741. 65. 3 d. à raison de 108 sols pour une piastre font. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3037 13/16 Pour ce qui reste dû au dit sieur Vauquelin suivant le compte courant du Consulat en date du 31 Xbre, 1781 10244!. 75. faisant à 108 s. pour une piastre.......... 1897 1/16 Pour le montant net de la vente des Effets du défunt .... 3262 10/16 Pour argent trouvé en nature . . . . . . . . . . . 1201 10/16 Piastres . . 9448 14/16 (Sic] Consulat, et notable de la nation française montant tant au débit qu'au crédit à et pour solde dû à feu M. Vauquelin à celle de deux mille cent quarante-sept cent quatre-vingt-deux. Costar. Gallert. Vieillard. LA FRANCE EN CHINE (1782) II 162 LA FRANCE EN CHINE CHINE. 108-51. – LE CONSULAT DE 1782. *9.7. DOIT L. S. D. Au sieur Vieillard, pour ses appointements, comme chan- celier du jer, janvier au 31 Xbre..1782....... 3000 1. s. d. Au sieur Galbert, pour id. interprète . ....... 1000 » » Au sieur Vieillard pour loyer de maison à Canton, année entière, M. Vauquelin étant mort le lendemain de son arrivée au dit lieu, et n'ayant pas payé de loyer ... 3750 > Pour frais de table à compter du 23 zbre, jour du décès de M. le Consul au 31 Xbre. 1782.......... 2666 13 4 Pour frais de repas extraordinaires du même jour .... 666 13 4 Pour frais de luminaire, gages de domestique à compter du mème jour . . . . . . . . . . . . . . . . 471 13 9 Pour frais de dépenses imprévues à compter, id. . ... 161 13 4 11716 13 9 Payé par le sieur Vieillard au sieur Satur Joannes, pour intérêts de 12 p. 0/0 sur la somme de 5000 piastres, em- pruntées au dit sieur Satur au dit intérêt par M. Vauquelin 600 piastres faisant à 108s pour une piastre .... 3240 » » Pour le Capital dû au dit sieur Satur Joannes, le rembourse- ment n'ayant pû s'exécuter, 5000 piastres faisant à 1085. 27000 » » L. 41956 13 9 ARRÊTÉ le présent compte courant et certifié véritable montant saut livres, treize sols, neuf deniers, tant au débit qu'au crédit et pour solde à celle quoi, nous vice-consul, vice-chancelier de la nation française avons signé le : deux. (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 163 CANTON : SON COMPTE COURANT AVOIR D. L. S. Par le montant du produit net jusqu'à ce jour de la suc- cession de feu M. Vauquelin reversé à la Caisse du Con- sulat, lequel est de 2147 piastres 4/16 suivant compte ci-joint faisant à 108s pour une piastre....... 11595 3 Dů pour solde au sieur Satur Joannes, à intérêt de 12 p. 0/0 par an, jusqu'à parfait remboursement . 27000 » » Dû au sieur Vieillard sans intérêts... 3361 10 9 30361 10 » 9 41956 13 9 erreur ou omission à la somme de quarante-un mille neuf cent cinquante-six de trente mille trois cent soixante-une livreś, dix sols, neuf deniers. En foi de présent, A Canton, en Chine, le trente-un décembre mil sept cent quatre-vingt- Costar. Gallert. VIEILLARD. (1782) 112ESTEE aizare: W. Cu ada ser- Center 20:=:earchre du 2233 230V de Bares et Rasa Saar: de la Coscie. 5. C32003 C ependant I a-65.226 ce se regasser en Europe T ranzaccessive care cécessitaient sa exaces de inicio de sa mère qui len paternasse à a Gre, pour y serer ea chef les csaires de commerce des raisons des sieurs De- saudrais, Sebire e compassie e: Boutte Père et fils; depuis la s ession de commerce il s'est trouvé dans Ce pays réduit à licacion et ne pouvant pas se pro- Curer son passage pour Europe sur les neutres qui se scot refusés à prendre des passagers à moins de verser des sommes considérables dans leurs vaisseaux. La connaissance intime que j'ai des talents de M. Costar, de son zèle et de son activité dans les affaires m'a engagé à le nommer chancelier ad intérim. J'ai cru devoir lui allouer quinze cents livres d'ap- pointements, à la réserve de rembourser cette somme à la caisse du roi, si Monseigneur croit que j'ai sur- passé mes droits. Les dépenses de ces pays sont si ruineuses que je ne pouvais pas me refuser à une de. mande d'autant plus légitime que, me trouvant seul chargé des affaires de Sa Majesté dans ce pays et de- vant remédier prudemment aux inconvénients d'ab- sence ou de maladie, M. Costar, par son âge, son ancienneté de service et ses connaissances, est très en état de me remplacer en tout. J'ose, Monseigneur, vous demander une grâce pour le S". Galbert, interprète du consulat, dont je n'ai qu'à me louer; assidu à remplir les devoirs de son état, (1782) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 165 studieux, appliqué, il ne cherche que les moyens de se rendre digne des faveurs du Roi; par les suites les appointements de ce jeune homme qui ne reçoit et n'a jamais reçu de secours dans ce pays, il a recours à vos bontés, Monseigneur, pour vous demander par mon intercession, une augmentation d'appointements; si Monseigneur juge à propos de me faire confirmer Consul, mes appointements en cette qualité seraient de six mille livres; je les verrais avec le plus grand plaisir réduit à cinq mille francs, les mille livres en moins reversées au sieur Galbert. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur, s. d. VIEILLARD. CONSULAT DE CHINE 1782. 109-53. — Liste des vaisseaux qui ont mouillé tant à Wampou qu'à Macao en 1782. No. 12. Le Loko, Capitaine Lawson. 4 Vaux.anglais L'Asia, Capitaine Maw. de Cie. S L'Osterlere L'Osterley, Capitaine Rogers. L'Essex, Capitaine Strover. Monsuch, Capitaine Richardson. Shawbyramgore, Capitaine Manghan. 3 Vaux,anglais | Istamboul. L'an dernier avec pavillon hollan- particu dais a hiverné à Wampou, vendu en Xbre. liers. 1782 aux Anglais venus de Surate et re- tournant au dit lieu, sous le commandement du Capitaine Maclon. 7 vaisseaux (à reporter) (1782) 166 LA FRANCE EN CHINE 7 vaisseaux (Report). | Le Mars, prêté par le Roi à la Compie. 4 Vaux, danois) Le Dises, donné par le Roi à la Cie. de Compie) Le Roi de Danemarck, appart, à la Compie. La Charlotte-Amélie, appart. à la Compie. 3 Vaisseaux Terra-Nova, suédois de Le Prince Gustave. Compie. (La Louisa Vlrikka. Le St. Louis et Marie Ma. deleine. venus d'Europe. Le Neptune. Le Marquis d'Anjeja. Notre-Dame d'Arrabida, propriété portugaise sortie de Lisbonne en 1780, expédiée pour la côte Malabarre et autres ports de l'Inde 8 Vaux, portu- et de la venue à la Chine pour faire son re. tour en Europe. Le T. St Sacrement Notre Armés avec les Dame de Pilier. Sfonds partie anglais, Le Duc de Bragance. ) partie portugais. St-Antoine. Expédiés de Notre-Dame du Carmel. ) l'Ile de France pour Manille, de Manille à Macao, et de ce port pour Lisbonne. La Ville de Vienne. Vaisseau impérial acheté à l'Ile de France par M. Pierre de Proli et 1 Vau. expédié pour Wampou, pour de ce port retourner en Europe. gais, 23 vaisseaux. 110-54. - 15 janvier 1783. Nous, Commissaire général des colonies, faisant ci- devant les fonctions d'Intendant aux Iles de France et de Bourbon, certifions que le sieur Julien Paris, chi- rurgien-major de la nation françoise à Canton en Chine (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 167 est venu à l'Ile de France à deux différentes fois, la première pour ses affaires particulières et la seconde pour faire son retour en Europe; et que dans lesdits voyages, il a fait un séjour assez long pour se rendre utile au service du Roi dans toutes les occasions tant par sa personne que par ses navires armés contre les ennemis de l'État et sa fortune et enfin que le dit sieur Paris s'est comporté en toutes les dites occasions en bon et zélé serviteur de Sa Majesté et comme bon Français. En foi de quoi nous lui avons délivré le présent cer- tificat pour lui servir et valoir ainsi que de raison. A Paris, le 15 janvier 1783. Signé : Foucault. 111-55. – 18 janvier 1783. Je reconnais avoir reçu en communication de M'. de la Coste le mémoire présenté au Ministre par M. Du Timeur, concernant la créance du sieur Coccia, chi- nois. A Versailles, le 18 janvier 1783. Paris. 112-57. — Arrêt du Conseil d'Etat du Roi, concernant le commerce de la Chine, du 2 février 1783(1). Extrait des Registres du Conseil d'État. Le Roi étant informé que les Ports de son Royaume ne se trouvant pas suffisamment pourvus des mar- chandises de l'Inde et de la Chine, qui sont néces- saires, soit pour la consommation de ses sujets, soit 1. Pièce imprimée de 2 ff. in-4. (1783) 168 LA FRANCE EN CHINE pour les échanges avec l'étranger; Sa Majesté a résolu de profiter des premiers instants de la paix pour pro- curer le plus tôt possible à son royaume un approvi- sionnement suffisant des divers objets que fournit le commerce de la Chine. C'est dans cette vue, qu'après s'être fait représenter l'arrêt de son conseil du 13 août 1769 par lequel le privilège exclusif de la Compagnie des Indes a été suspendu; ensemble l'arrêt du 6 septembre suivant, portant règlement pour le commerce de l'Inde, Sa Majesté a considéré que si dans les circonstances actuelles on s'en rapportait pour un approvisionne- ment aussi important aux spéculations des particuliers on ne pourrait pas être assuré que leurs entreprises fussent effectuées assez promptement pour espérer des retours dès l'année 1784; et qu'il serait plus avanta- geux et plus sûr d'en charger un armateur qui dirige. rait cette opération pour le compte de S. M. Et Sa Majesté ayant fait choix du sieur Grandclos Meslé dont elle connaît l'expérience et le zèle, ouï le rapport du sieur Joly de Fleury, conseiller d'Etat ordinaire et au Conseil royal des finances; le Roi étant en son Conseil, a ordonné et ordonne ce qui suit : ARTICLE PREMIER Le Roi autorise le sieur Grandclos Meslé, à emprun- ter pour le compte de Sa Majesté soit à la grosse, soit de toute autre manière qui sera jugée convenable jus- qu'à concurrence d'une somme de trois millions pour être employée en totalité à faire le fond d'une expédi- tion de commerce pour la Chine dont Sa Majesté a confié la direction audit sieur Grandclos Meslé; à l'effet de quoi, Sa Majesté fera remettre incessamment (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 169 à sa disposition un nombre suffisant de bâtiments pour remplir cette destination. II Le produit des cargaisons de retour demeurera spé- cialement affecté au payement des emprunts qu'aura faits ledit sieur Grandclos Meslé. Sa Majesté entend que les bénéfices qui pourront résulter de cette opération soient employés à l'encouragement du commerce de l'Inde, et elle se réserve d'y faire participer aussi ceux des créanciers de la Compagnie des Indes qui restent encore à liquider. III En conséquence les dispositions portées au présent arrêt, et jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné par Sa Majesté, il sera sursis à la délivrance des per- missions qui pourraient être demandées par des arma- teurs particuliers, soit en France, soit aux lles de France et de Bourbon, pour le commerce de la yhine. Fait au Conseil d'État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le deux février mil sept cent quatre-vingt- trois. Signé : La Croix CASTRIES. A Paris, De l'Imprimerie Royale. MDCCLXXXIII. 113–58. — A Monsieur le Marquis de Castries. [R. le 14 février 1783.] Paris, le 3 février 1783. J'ai l'honneur, Monsieur, de vous envoyer quelques exemplaires de l'arrêt du Conseil concernant le com- (1783) 170 LA FRANCE EN CHINE merce de la Chine, et je vous prie de vouloir bien profiter de la première occasion pour en donner con- naissance aux administrateurs des Iles de France et de Bourbon et pour leur recommander de ne permettre aucune expédition pour la Chine, conformément à ce qui est prescrit par l'article 3 de cet arrêt. J'ai l'honneur d'être avec un très-sincère et parfait attachement, Monsieur, votre très-humble et très-obéis- sant serviteur, JOLY DE FLEURY. 114-59. – Lettre à M. De la Porte, à Versailles. [R. le 14 février 1783. – Ecrit le même jour à M. Berlize.) Paris, le 4 février 1783. Monsieur, Le Ministre nous a donné ordre le 30 août 1779 de faire faire deux glaces, chacune de 87 pouces de hau- . teur sur 72 pouces de largeur ou dans les dimensions les plus approchantes. Il nous recommande par le même ordre d'apporter la plus grande attention à la fabrication et au tain de ces glaces, qui devront être garnies de leur paquet et d'une légère bordure. Ces glaces ont été destinées dans le principe pour être en- voyées en Chine. Le même ordre porte que lorsque ces glaces seront faites nous ayons en informer afin qu'on nous fasse porter les ordres pour leur envoi dans le port où elles devaient être embarquées. L'exécution de cet ordre, Monsieur, a exigé des lon- gueurs dont nous avons rendu compte par la diffi- (1783) AU 171 AU HUIT SIÈCLE DIX-DIX-HUITIÈME culté de pouvoir faire couler ces glaces dans ces pro- portions. Nous sommes nonobstant parvenus à les faire faire de 85 pouces de haut sur 71 pouces de large. Nous en avons rendu compte et la circonstance de la guerre a suspendu l'ordre d'envoi au port qu'on devait nous prescrire. Ces deux glaces sont restées ici en dépôt et comme nous venons d'être informés que le Ministre vient d'arrêter qu'il serait expédié vers le 15 ou 20 du mois de mars prochain quatre vaisseaux pour Chine de di- vers ports, nous n'avons rien de plus pressé, mon- sieur, que de vous prier de vouloir bien nous marquer dans quel port ces deux glaces doivent être envoyées pour pouvoir profiter du départ d'un de ces vais- seaux, pour les faire rendre à leur première desti- nation. Nous vous observons, Monsieur, qu'eu égard au grand volume de la caisse il serait à désirer que ce fût à Nantes de préférence, pour profiter de la voie d'eau et n'avoir de transport par terre que d'ici à Orléans. Il faudra forcément pour leur sûreté les faire escorter par deux hommes qui ne quitteront point la voiture pour soutenir la caisse de part et d'autre et parer aux cahots de la route. Nous vous prions, aussi, Monsieur, de vouloir bien nous faire adresser le passe- port du Roi pour l'exemption des droits. Nous avons l'honneur d'être avec un très-respec- tueux attachement, Monsieur, vos très-humbles et très- obéissants serviteurs, SABATIER fils et DESPREZ.. (1783) 172 LA FRANCE EN CHINE 115.61.- Lettre à M. le Marquis de Castries, Ministre et Secrétaire d'État au Département de la Marine. [R. le 7 mars 1783.] MONSEIGNEUR, Je dois au sieur Montigny du Timeur le bonheur d'être connu de Votre Grandeur ; ce bienfait quoique involontaire de sa part, mériterait toute ma reconnais- sance, si la justice qu'elle a bien voulu me rendre, me mettait parfaitement à l'abri des noires intentions de mon calomniateur; mais l'appel qu'il fait au Parle- ment de la sentence consulaire, et la tournure qu'il donne à cet appel en le motivant sur un déni de jus- tice, me laisse plus que jamais en butte à ses per- sécutions. Dans la nécessité où je suis de me défendre, le mé. moire que Votre Grandeur a daigné me communiquer, deviendrait entre mes mains une arme victorieuse, si elle avait la bonté de me permettre d'en faire usage, ainsi que des réponses que j'y ai faites et qui ont opéré ma justification auprès de Votre Grandeur. J'ose espérer qu'après avoir reconnu mon innocence, elle voudra bien me laisser les moyens de la faire éclater dans tous les cas où elle sera attaquée aussi témérai- rement que dans celui-ci. J'attends son aveu avec confiance et résignation. Je suis avec respect, Monseigneur, de Votre Grandeur, le très-humble et très-obéissant serviteur, Paris. Hôtel Bourbon, rue Croix-des-Petits-Champs. Paris, le u février 1783. (1783) 174 LA FRANCE EN CHINE CO l'a fait réléguer en Tartarie pour y être employé aux ouvrages publics Il résulte de cette circonstance, que le Remontrant lors de son retour en Chine, qui n'est retardé que par la guerre actuelle, peut être contraint par l'Empereur au paiement de la somme de 10 mille Taëls, conformé- ment au contrat passé entre lui et Coccia, aux droits duquel l'Empereur est aujourd'hui par la saisie et annotation faites des biens de ce Chinois. Dans ces circonstances, le sieur de Montigny du Timeur, muni d'une simple copie de l'engagement pris par le Remontrant au profit de Coccia, d'une. copie que son Correspondant lui a adressée avec un prétendu transport conçu en ces termes : .« Le 3 de la Xme. Lune de la 46ème année de l'Empereur Kien-Long, (ce qui a rapport au 17 gbre. 1781.) M. Bour- gogne m'a remis l'argent mentionné au présent billet. C'est pourquoi j'ai remis au sieur Bourgogne ce pa- pier comme propriété. Signé : Coccia. » Le sieur de Montigny donc a voulu exercer cette créance contre le Remontrant et l'a assigné aux con- suls de cette ville en vertu de cette copie. u le Sr. de Montigny, non recevable. 1° L'engagement du Remontrant, 'n'étant point payable à ordre, n'était pas transportable à l'ordre d'un tiers. 2° Cet engagement n'est payable qu'à Canton et en marchandises. 3° L'Empereur de la Chine a fait arrêter la personne et confisquer les biens de Coccia en Juillet 1780; le transport, fait par Coccia le 17 gbre. 1781, de son titre de créance sur le Remontrant n'est ni probable, ni IS lon (1783) 176 LA FRANCE EN CHINE Daignez, Monseigneur, le mettre en état de perfec- tionner sa justification en lui faisant communiquer les écrits par lesquels on a cherché à le flétrir dans l'opinion de votre Grandeur, la seule grâce qu'il de- mande est de passer à la coupelle de la plus amère critique, pourvu que l'attaque de son ennemi soit ou- verte et sans détour; il ne veut point faire de compa- raison récriminatoire, mais il lui est permis de dou- ter que le sieur de Montigny du Timeur veuille se soumettre aux mêmes conditions, qui sont pourtant, celles de l'honneur et de la bonne foi. Le Remontrant, Monseigneur, ne demande point vengeance, mais justice, à votre Grandeur; il l'obtien- dra avec la plus profonde et la plus respectueuse reconnaissance. a M. De la Coste vient dans l'instant de communiquer au Remontrant le mémoire présenté contre lui par le sieur du Timeur. Il va s'empresser à produire sa justifi- cation annexée dans le présent mémoire. 117-63. – 11 février 1783. Le sieur Julien Paris a été employé dans les hôpi- taux de la Marine en 1754. Il a été fait chirurgien en 1755 sur la frégate la Hyacinthe, Capitaine, le chevalier de la Sauzaie. Sur la Fleur de Lys en 1756, Capitaine, le chevalier Doisi. Sur le Duc de Parme, en 1757, Capitaine, M. Chatard. Sur le Dromadaire, en 1759, Capitaine, M. de la Blancherie. Sur le Diadème, en 1761, Capitaine, le Chevalier de Fouquet. (1783) AV DIX-HUITIÈME SIÈCLE 177 Sur le Diligent, en 1763, Capitaine, M. de Marolles. Sur le Villevault, en 1767, Capitaine, M. de S.- Romain. Sur le Bertin, en 1769, Capitaine, M. de St.-Hilaire. En 1773, il fut nommé chirurgien-major de la na- tion à Canton. . . Dans cette dernière fonction, le Remontrant a offert la remise de ses appointements, et les services qu'il a ren- dus aux Français confiés à ses soins ont toujours été gra- tuits. Il a porté le désintéressement et son attachement pour sa patrie jusqu'à refuser les offres qui lui ont été faites par le Gouverneur et l'Archevêque des Manilles qu'il a guéris l'un et l'autre de maladies très-graves. En 1777, le vaisseau les Deux Amis, étant arrivé en Chine dénué de ressources, le Capitaine étant dis- crédité, la nation eut essuyé un affront par la saisie et la vente de ce vaisseau, le Remontrant vint à son se- cours et lui préta une somme de 120,000!. savoir 60,000'. en espèces & 60,000'. en billets acceptés par les Chinois : il s'embarqua ensuite sur ce vaisseau pour le suivre à l'Ile de France et retirer ses fonds. Il acheta dans cette dernière place deux vaisseaux, le Triton de 24 pièces de canon, et la Sainte-Anne, d'un moindre calibre, pour les conduire chargés en Chine et à Pondichéry. M. de Bellecombe (1), lorsque le Remontrant entra dans la rade de Pondichéry, cherchait un bâtiment léger pour annoncer les hostilités au Gouverneur des Ma- nilles. Celui-ci, lui offrit l'un des siens, quoiqu'il ne fût pas encore décharge; il le fit partir à ses frais; le vais- 1. Commandant général des établissements français dans l'Inde, depuis le 9 janvier 1777. LA FRANCE EN Chine (1783) 12 178 LA FRANCE EN CHINE seau remplit sa mission, fut ensuite poursuivi dans le détroit de Malaque par une frégate ennemie, perdit ses canons et une partie de ses marchandises et ne fût sauvé que par la bonne manoeuvre du Capitaine. Le Re- montrant n'a jamais réclamé ni ses frais, ni ses pertes. Enfin après avoir continué son voyage en Chine sur le Triton, et être revenu à l'Ile de France, le Remon- trant a vendu ce vaisseau et sa cargaison à la Compie. impériale, ce qui l'a forcé de passer en France pour le recouvrement de ses fonds. Pendant son séjour à l'Ile de France, le Remon- trant conçut le projet d'armer en course pour enlever quatre vaisseaux anglais, revenant de Chine, du retour desquels, il était instruit; il fit part de son projet à M"s. de Souillac & Foucault qui l'approuvèrent; quel- ques obstacles s'opposèrent à son exécution, mais le Remontrant engagea M. Deschiens à le suivre et fût un des intéressés à son armement qui dans six mois fit cinq prises, l'une d'elles très-considérable. Le Remontrant fût aussi chargé par M. Foucault de lui procurer deux excellents ouvriers chinois qui pussent enseigner les nègres de l'Ile de France à tra- vailler le Bambou, ce que le Remontrant est parvenu à exécuter; mais la guerre a croisé les intentions de cet habile administrateur, qui avait reçu déjà les chefs- d'æuvre des deux ouvriers, & qui, s'il eut pu suivre son plan aurait enlevé aux Chinois une branche de commerce très-importante pour sa colonie. Sa Majesté avait besoin d'argent pour le départ de l'escadre de M. de Trougollée qui était destinée à la croisière du Cap de Bonne-Espérance, le Remontrant prêta 100,000', sans intérêt, cette somme lui a été remise depuis en lettres de change. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 179 118-65. – 14 février 1783. MONSEIGNEUR, Les personnes chargées du hang ou factorerie fran- çaise à Canton l'ont affermée aux Impériaux, Suédois ou Danois pendant la guerre dont nous sortons, il y a lieu de présumer qu'ils l'affermeront encore et que les vaisseaux de l'expédition actuelle au compte de S. M. en seraient privés. Je vous prie de donner vos ordres à Canton pour qu'on y garde le hang français à la disposition des fac- teurs de l'expédition présente. Il serait temps d'adres- ser vos lettres au Consul de France à Cadix pour qu'il ur un ou deux Vaisseaux Suédois qui y passent tous les ans, en allant à Canton; il y a aussi à l'Orient un vaisseau Impérial prêt à partir pour la Chine sur lequel on pourrait mettre une autre lettre pour M. de Vauclin, [sic] Consul de France à Canton. Je suis avec un profond respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. GRANDCLOS MESLÉ. Hôtel de Russie, rue Richelieu, ce 14 février 1783. 119-66. – 14 février 1783. CHINE L'Empereur de la Chine a fait demander, en 1778 par le Consul français, résidant à Canton, deux glaces de 87 pouces de haut sur 72 de large que ce prince destine à l'ornement de son palais. Ces glaces aux- (1783) 180 LA FRANCE EN CHINE quelles on n'a pù donner que 85 pouces sur 71, ont été exécutées à Paris, mais la circonstance de la guerre en avait suspendu l'envoi; aujourd'hui, que les arme- ments pour Chine vont reprendre leurs cours, les sieurs Sabatier & Desprez, qui ont été chargés de cette commission, demandent des ordres pour les faire transporter au lieu de leur embarquement. Ils pro- posent de les envoyer à Nantes par Orléans, et de les faire accompagner jusqu'à cette dernière ville par deux hommes qui seront chargés de suivre la voiture et de contenir la caisse qui renferment les glaces, afin d'empêcher l'effet du cahot. OBSERVATIONS. La route de Nantes est la plus sûre de toutes pour l'objet en question parce qu'en profitant du Canal et de la rivière de Loire il n'y a de transport par terre que jusqu'à Orléans, ce qui diminue de beaucoup les dangers de la route. S'il n'y a point à Nantes de vais. seau en armement pour la Chine, on prescrira au Commissaire de ce port de faire passer la Caisse à L'Orient. On joint ici, pour l'exécution de ces pre- mières dispositions, des ordres que Monseigneur est prié de signer s'il les approuve. Approuvé. 120-67. – A M. Joly de Fleury. Réception des exemplaires de l'arrêt du Conseil concernant le commerce de Chine. Versailles, le 14 février 1783. J'ai reçu, Monsieur, avec la lettre que vous m'avez (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 181 fait l'honneur de m'écrire le 3 de ce mois, les exem- plaires de l'arrêt du Conseil concernant le commerce de la Chine. Je l'adresse aux administrateurs des Iles de France et de Bourbon, et je leur recommande comme vous le désirez, de veiller à son exécution. J'ai l'honneur d’être, etc. 121-68. – A MM. de Souillac et Chevreau, Nº. 123. Envoi des exemplaires de l'arrêt du Conseil concernant le commerce de la Chine. Versailles, le 14 février 1783. Je vous envoie, Messieurs, quelques exemplaires de l'arrêt du Conseil concernant le commerce de Chine. Vous aurez soin qu'il ne se fasse aucune expé- dition pour cette partie de l'Asie, conformément à ce qui est prescrit par l'art. 3 de cet arrêt. J'ai l'honneur, etc. A M. Vauquelin Envoi de l'exemplaire de l'arrêt concernant le commerce de la Chine. Le 14 juillet 1783. Je vous envoie, Monsieur, un exemplaire de l'arrêt du Conseil concernant le commerce de la Chine. Vous aurez soin d'empêcher que personne ne con- trevienne à ses dispositions, & vous ferez tous vos ef- forts pour concourir au succès des opérations que le roi a confiées au sieur Grandclos-Meslé. Je suis, etc. (1783) 182 LA FRANCE EN CHINE COLONIES DE 122-71. – 19 février 1783. L'INDE.. 1783 Cejourd'hui, dix-neuf février, mil sept cent quatre- vingt-trois. Nous agent des Colonies, en conséquence des ordres de Monseigneur le Marquis de Castries ministre et secrétaire d'État de la Marine, en date du quatorze de ce mois, nous sommes transportés en la maison du S. Glot, entrepreneur de voitures, rue Si- Denis à l'effet d'examiner deux glaces destinées pour l'Empereur de la Chine, dont la fourniture a été or- donnée à MM. Sabatier et Desprez, lesquels nous ont déclaré qu'elles étaient de 85 pouces de haut sur 71 de large. Et en présence dudit sieur Desprez, ledit sieur Glot nous a présenté une grande caisse de bois de sapin de deux pouces d'épaisseur, emballée en toile grasse, paille et toile ordinaire, qui en renfermait une autre moins épaisse, lesquelles ayant été ouvertes par les embal- leurs de la manufacture des glaces, mandés à cet effet, la seconde s'est trouvée contenir les deux glaces, cha- cune dans un parquet de bois de chêne, de 91 pouces une ligne de haut sur 77 pouces deux lignes de large, ornés d'une bordure unie de trois pouces de large avec deux moulures dorées, le plat des dites bordures en or mat et les moulures en or bruni, les dites glaces arrêtées dans la caisse par cinq barres de bois de sa- pin, de 6 pièces, 9 pouces de long, sur 3 pouces de large et un pouce d'épaisseur, dont deux garni de flanelles; ayant mesuré les deux glaces, elles se sont trouvées avoir chacune 83 pouces cinq lignes de haut et 69 pouces 6 lignes de large d'une bordure à l'autre non compris les recouvrements que nous n'avons pu (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 183 mesurer parce qu'il aurait fallu démonter les glaces, ce qui n'aurait pu se faire sans danger, mais ils nous ont paru pouvoir être d'environ neuf lignes de chaque côté. Quant à l'épaisseur, nous n'avons pû non plus la mesurer par la même raison que les recouvrements, mais par les différents objets que nous avons posés dessus, elles nous ont paru avoir environ 4 lignes. Les dites glaces nous ont paru belles & de bonnes qualités. Ce fait, les dits Emballeurs ont refermé les dites caisses avec toutes les précautions possibles, mis une bande de toile grasse sur l'endroit qu'on a été obligé de couper pour ouvrir, et refait l'emballage en paille et toile ordinaire, sur lequel a été mis la marque C. H. Nº. 1, et sur chacun des deux côtés plats du dit em- ballage a été figuré un miroir et écrit Glaces, et ont été les dites Caisses, cordées et plombées sur l'emballage, de deux plombs aux armes de S. M. sur le revers du- quel est l'inscription : Effets du Roi pour les Colonies. Le présent procès-verbal, fait et clos, les jour & an sus dits. Sabatier fils Et Despreż, Berlize. 123-73. — Lettre à Mør. le Marquis de Castries. COLONIES Paris, le 21 février 1783. DE MONSEIGNEUR, L'INDE. J'ai en conséquence de vos ordres du 14 de ce mois, fait la visite des deux glaces destinées pour l'empe- reur de la Chine, j'ai l'honneur de vous adresser le procès-verbal que j'en ai dressé; la caisse qui les con- tient est partie hier au soir par les voitures du S'. Glot qui s'est obligé de la rendre à St-Malo, le 14 ou le 15 du mois prochain, au plus tard. (1783) 184 LA FRANCE EN CHINE La voiture est accompagnée par deux hommes pour contenir la caisse dans les chemins raboteux, et lors- qu'il se trouvera des ornières, afin d'éviter les grands cahotements et empêcher la voiture de verser. La hauteur de la caisse avec l'emballage était telle que mise sur une voiture ordinaire, il y a des portes de ville sur la route où elle ne pourrait pas passer; pour éviter cet inconvénient le voiturier a emporté des petites roues qu'il mettra à sa voiture pour passer ces endroits. Au moyen de ces précautions et de celles prises pour le chargement de la caisse, les glaces arriveront cer- tainement en bon état. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. BERLIZE. 124-74. - 23 février 1783. · [R. le 23 Mars 1783.] AU ROY. Le sieur Morin, négociant à Nantes, ayant son na. vire le Tigre, du port de 1000 Tonneaux en retour du service qu'il a fait pour S. M. depuis 1780 jus- qu'en 1782, ce navire est arrivé en juillet, devant Bordeaux. Ce bâtiment étant construit pour faire les voyages de Chine et n'ayant fait que ce seul voyage. Le suppliant l'a fait doubler en cuivre pour d'après l'arrêt du 13 août et 6 zbre. 1769, le tenir prêt pour l'en- voyer en Chine sitôt la paix; ces dispositions sont (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 185 prises et ce navire est en état de mettre à la voile le 15 mars. Lorsqu'il se proposait de mettre sa requête pour demander une permission pour ce voyage il a été ins- truit que Sa Majesté a rendu un arrêt qui commet le S. Grandclos-Meslé pour faire l'armement de quatre bâtiments pour Chine, et entr'autres dispositions, il a vû que l'article 3 porte qu'il sera sursis à la délivrance des permissions demandées par des armateurs parti- culiers pour le commerce de Chine jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné. D'après cet arrêt, si S. M. ne voyait pas d'un cil favorable l'activité qu'a mis le suppliant à tenir son navire prêt pour procurer dans le royaume du thé qui y manque, le coût de son armement étant fait et ce navire ne pouvant servir qu'à ses opérations, vu son port très-considérable, ce serait lui occasionner une perte immense qu'il ne serait pas en état de supporter. Il ose donc espérer que S. M. voudra bien avoir égard à ses représentations et lui accordera son agré- ment pour le voyage de Chine, ce qui ne peut qu'ap. porter l'abondance du thé qu'elle désire avoir dans son royaume en 1784. Le zèle que le suppliant a mis à le servir dans la présente guerre, dans les missions où le Gouverne- ment a occupé ses navires, dont deux sont encore en activité, lui fait espérer que la grâce qu'il sollicite lui sera accordée pour qu'il puisse partir du 15 au 20 mars et profiter du peu de temps qu'on a pour arriver en Chine avant la mousson, ayant ses piastres à prendre en Espagne qui y sont ordonnées et dont les disposi- tions sont prises, ce qui démontre à Votre Majesté, le It (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 187 126–78. — 6 mars 1783. Commerce de Chine. Le sieur Morin, négociant de Nantes, demande la permission d'envoyer en Chine un vaisseau qu'il avait fait construire uniquement pour cette destination et dont l'armement était très avancé, lorsque l'arrêt du Conseil, concernant le commerce de Chine, a paru. Ne se peut. COLONIES 127-79. — A L'Orient, le 7 Mars 1783. DE · L'INDE. Le paquet pour M. de Vauquelin sera chargé sur la MÉDUSE ou sur la Sensible. MONSEIGNEUR, Je reçois avec la dépêche dont vous m'avez honoré le 27 du mois dernier, un paquet à l'adresse de M. Vauquelin, Consul de la Nation française à Canton auquel vous me recommandez de donner cours par l'occasion la plus prochaine. Je n'ai pas connais- sance qu'il y ait de bâtiments disposés à partir pour Chine, avant les frégates la Méduse et la Sensible, sur l'une desquelles je me propose de charger ce paquet. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Mon- seigneur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. 128-80. — 7 mars 1783. Canton. Le Sieur Paris, chirurgien français du Consulat de Canton, fit en janvier 1779 à un Chinois, nommé Coc- cia une obligation de 75,000!. remboursables, avec (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 189 les réponses qu'il y a faites contiennent l'aveu de sa dette, mais elles présentent en même temps les motifs du refus qu'il fait de la payer en France. Ces motifs sont : 1° Que le billet qu'il a fait à Coccia n'étant point à ordre, n'est pas un effet négociable par sa nature; 2° Que ce billet étant une simple reconnoissance de marchandises, n'est payable que dans le lieu même de l'engagement; 3º Qu'il a des compensations à faire avec Coccia; 4° Que le transport du billet est le fruit d'une opé- ration louche, puisque Coccia avoit été dépouillé de ses biens et rélégué en Tartarie à 400 lieues de Can- ton, 17 mois avant la date de cet acte ce qui doit faire suspecter et l'acte même et le dépôt prétendu fait au Consulat de Canton; 5° Que son billet faisant partie des biens dont l'Em. pereur de la Chine a dépouillé Coccia, ce prince est dans le cas d'en réclamer la valeur, et que par consé- quent, lui S. Paris seroit exposé à payer deux fois, s'il consentoit à payer le S'. Montigny. L'affaire dont il s'agit paroit en effet très louche: d'un côté l'exil de Coccia antérieur de 17 mois au transport de sa créance prête un soupçon que le titre de cette même créance pourroit ne se trouver qu'en dépôt dans les mains du S. Bourgogne qui, par la disgrâce du créancier, seroit libre de tourner à son profit la somme due. D'un autre côté, le S'. Paris qui avoue la dette, pourroit aussi, vouloir profiter de la circonstance où se trouve Coccia et de la confiscation ordonnée de ses biens, pour se soustraire à un paie- ment légitime. Quoi qu'il en soit, les prétentions res- pectives sont du ressort des tribunaux, et une ins- (1783) 190 LA FRANCE EN CHINE tance est engagée au Parlement de Paris. Dans cet état des choses, on pense que l'Administration ne doit pas s'en mêler, d'autant plus que l'exil de Coccia qui étoit inconnu, dans le principe, fait disparoître le dan. ger que le crédit de la Nation françoise ne soit com- promis en Chine. Si les motifs que le S. Montigny emploie pour que le S. Paris donne des sûretés avant de partir sont de nature à faire ordonner ces sûretés, c'est au Parlement de Paris qu'il doit se pourvoir à cet égard. La communication qu'on a donnée au S. Paris du mémoire du S. Montigny, lui a fait croire qu'il pourroit faire usage de cette pièce dans les défenses qu'il est obligé d'employer au Parlement où le procès est en instance. Il en a même demandé la permission; mais cette demande est inadmissible; l'ordre inté. rieur de l'administration étant intéressé dans les mé- moires présentés par les particuliers, il ne seroit pas convenable de permettre que les mémoires devinssent des pièces de procédures. On joint ici, d'après les observations qu'on vient de faire, une lettre pour le S. Paris que Monseigneur est supplié de signer s'il l'approuve. 129-81. — Lettre à M . le comte de Vergennes, ministre et secrétaire d'État. Paris, le 8 Mars 1783. MONSEIGNEUR, Permettez que j'aie l'honneur de vous présenter quelques observations que j'aie crû devoir faire sur un ouvrage de M. Sonnerat qui vient de paroître, et dont certainement un exemplaire vous aura été (1783) · AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 191 remis. L'exposition qu'il fait dans le chapitre des Révolutions de l'Inde me fait tort; mais d'ailleurs, sans y penser, il compromet notre nation vis à vis des Anglois qu'il autorise en quelque façon à croire que nous avons été les instigateurs de tous les mal- heurs qu'ils ont essuyés dans le Bengale en 1756 de la part du Nabab Sourad-Jotdola. Vous aimez la vérité, Monseigneur, il est de mon intérêt qu'elle soit connue, double motif pour excuser la liberté que je prends. Je suis avec un très-profond respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. LAW DE LAURISTON (1). 130-82. — Lettre à Mér. lè marquis de Castries. BAU. DES COLONIES. Paris, le 8 mars 1783. MONSEIGNEUR, J'ai l'honneur de vous envoyer les deux expédi. tions du procès-verbal de visite, emballage & char- gement de la caisse contenant les deux glaces desti- nées pour l'Empereur de la Chine, que vous m'avez ordonné de vous adresser, par la lettre que vous m'avez fait celui de m'écrire le 5 de ce mois. J'ai demandé à Mrs. les régisseurs l'état de la dépense de cette fourniture; aussitôt qu'ils me l'au- 1. Commissaire du Roi et Commandant général des Établisse. ments français dans l'Inde, en 1765. – Remplacé le 9 jan- vier 1777, par M. de Bellecombe. (1783) 192 LA FRANCE EN CHINE ront remis, je mettrai cet objet en règle, & je vous en adresserai un état par duplicata comme vous me le prescrivez. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. BERLIZE. 131-83. – 8 mars 1783. Observations sur un ouvrage imprimé ayant pour titre : Voyage aux Indes-Orientales et à la Chine, fait par ordre du Roi, depuis 1774 jusqu'en 1781 : Dans lequel on traite des Mours, de la Religion, des Sciences et des Arts des Indiens, des Chinois, des Pégouins et des Madégasses; suivi d'Observations sur le Cap de Bonne-Espérance, les Isles de France et de Bourbon, les Maldives, Ceylan, Malacca, les Philippines et les Moluques, et de Recherches sur l'Histoire Naturelle de ces pays. Par M. Sonnerat, naturaliste pensionnaire du Roi, Correspondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris, Membre de celle de Lyon (1). 1. Nous croyons inutile de reproduire ces Observations qui ont paru avec de légères modifications dans les Mémoires con- cernant les Chinois, ix, Paris, 1783, pp. xii et seq. L'ouvrage de Sonnerat est trop connu pour que nous ayons besoin d'en parler ici; il a paru à Paris en 1782 en 2 vol. in-4; il a été l'objet des observations non seulement de Law de Lauriston mais aussi de De Guignes, Journal des Savants, juillet 1783, pp. 457-468. – Consulter aussi le Supplément au Voyage de M. Sonnerat, par un ancien varin (Foucher d'Obsonville) Amsterdam (Paris), (1783) 194 LA FRANCE EN CHINE vous désirez. On n'y a point compris les 4 • pt. parce que je pense que cette dépense n'en est point suscep- tible et on n'a porté la voiture qu'à 990'. au lieu de 1000'. à quoi Ms. les régisseurs l'ont évaluée parce qu'ils pensent qu'elle montera au moins à cette somme; si vous jugiez à propos d'ajouter ou retrancher quelque chose à cet état, vous voudrez bien me le renvoyer avec les corrections que vous jugerez à propos qui y soient faites, je les ferai faire et vous le renvoyerai sur- le-champ. J'ai l'honneur d'être avec un respectueux attachement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. BERLIZE. RLIZE. COLONIES. 134-86. — St-Malo, le 11 mars 1783. MONSEIGNEUR, J'ai vû par la lettre dont vous m'avez honoré le cinq de ce mois, qu'il a été chargé à Paris le 20 du mois dernier sur une des voitures du S. Glot une caisse contenant deux glaces destinées pour l'Empe- reur de la Chine et que cette voiture doit être rendue à St-Malô le 14 ou le 15 de ce mois au plus tard. J'userai de toutes les précautions nécessaires pour préserver cette caisse de tout accident à bord de la Dryade où elle doit être embarquée et je l'adresserai (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 195 au S. Vauquelin, consul de la nation résident à Can- ton, ainsi que vous me le prescrivez. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. OURADIN. 135-87. - Paris, le 12 mars 1783. [R. le 14 avril 1783.] MONSEIGNEUR, J'avois projeté bien avant la signature des prélimi- naires de paix une expédition pour la Chine sous pavillon neutre. J'avois fait venir à Lorient pour cette opération un navire de mille tonneaux. La nouvelle que l'on eût vers la fin de l'année de la paix de l’An- gleterre avec les Américains me fit suspendre mes démarches pour me procurer un pavillon neutre : je comptai sur la paix générale et je me flattai de pou-, voir expédier sous pavillon françois. En effet la paix a eu lieu, mais la prohibition du commerce de Chine a suivi immédiatement. J'ai fait depuis , plusieurs démarches pour effectuer mon opération ; elles ont été inutiles. Enfin je reste chargé d'un navire de mille tonneaux dont l'armement coûte plus de trois cent mille livres. Ce navire parfaitement propre au com- merce de Chine ne peut être employé à aucune autre destination et seroit perdu pour moi si je n'obtenais la liberté de l'expédier. L'arrêt du Conseil étant trop positif et trop bien motivé pour espérer d'obtenir dans le premier mo- ment une exception en ma faveur, je n'ai pas cru, (1783) 196 LA FRANCE EN CHINE Monseigneur, devoir vous en faire la demande. Mais j'ai recours aujourd'hui à vos bontés et je vous supplie de vouloir bien me faire accorder la permission d'ex- pédier mon navire pour le grand voyage, c'est-à-dire pour aller en Chine en touchant à l'Ile de France et à la côte Malabar pour faire le retour à Lorient en juillet 1785. J'ai un second navire de 1500 tonneaux qui par sa grandeur ne peut convenir à aucun autre usage et pour lequel je vous demande la même faveur. Je vous supplie d'observer, Monseigneur, que je suis le seul négociant du Royaume qui eut préparé pour le moment de la paix une expédition pour la Chine. Le vaisseau, les vivres, les fonds, tout étoit prêt. L'arrèt du conseil m'a porté un préjudice immense. C'est le seul droit que j'aie à votre protection. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. LAVAYSSE, de Lorient chez M. Louis-Julien, banquier à Paris. AVAYS 136-88. — St-Malo, 15 mars 1783. MONSEIGNEUR, La caisse contenant les deux glaces destinées à l'Empereur de la Chine est arrivée avant-hier au soir bien conditionnée et en bon état. Je l'ai fait transpor- ter aujourd'hui à bord de la Dryade: Les écoutilles s'étant trouvé trop étroites pour qu'elle put y passer on a été obligé de lever les caillebotis, et on a établi dans l'entrepont un plan bien acoré sur lequel elle (1783) AU DIX-HUJTIÈME SIÈCLE 197 sera placée. Le capitaine répond de la porter saine et sauve à Canton. Je suis avec respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, COURADIN. 137-89. – 15 Mars 1783. CONSULAT DE CANTON On a pourvu aux envois de fonds nécessaires à la dépense du consulat de Canton jusqu'à la fin de l'an- née 1783. Les ordres expédiés à cet effet ont été adres- sés le 15 gbre, dernier au consul de Cadix. On n'a en- core reçu de lui aucun avis concernant leur exécution, mais il y a lieu de croire que les intentions de Mon- seigneur ont été remplies et on s'en assurera en écri- vant au S. de Mongelas. Quoi qu'il en soit cependant, il convient de profiter de l'armement confié à la direction du S. Grand Clos Meslé, pour envoyer au S. Vauquelin les fonds nécessaires à la dépense de son consulat pendant l'année 1784. Ces fonds ne devant être rendus à leur destination qu'à la fin de cette année, l'envoi que l'on propose ne peut pas paroître prématuré. Il arrivera à contraire, à propos, pour épargner des emprunts toujours onéreux au Roi par les gros intérêts qu'il faut payer en Chine. On n'a d'ailleurs à faire passer cette année en argent que les deux tiers de la somme ordinaire, l'autre tiers étant exigible à Canton sur le remboursement du prix des glaces destinées pour l'Empereur de la Chine. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 199 nation ultérieure, nous nous bornons à vous participer cette observation Nous sommes avec le plus profond respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, SABATIER fils et DESPREZ. On a donné ordre à M. Couradin, Comre, à St-Malo, de les adresser à M. Vauquelin. COLONIES D I 139-91. -- Paris, le 18 mars 1783. MONSEIGNEUR, En conséquence de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 15 de ce mois, j'ai donné ordre le 17 à M. Bondeville, chef de ma maison à l'Orient; de charger sur l'une des deux frégates la Sen- sible ou la Méduse, sur leur départ pour la Chine les 3449 piastres destinées aux dépenses de l'entretien du Consulat pendant l'année 1784 et à être remises à M. de Vauquelin, consul à Canton, sous facture certi- tiée par le capitaine du bâtiment et visée par le com- missaire en chef du Port. Le capitaine sera chargé d'en rapporter un reçu afin d'en constater la remise. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. GRAND Clos MESLÉ. Hôtel de Russie, R. Richelieu. COMMERCE DE CHINE 140-92. – 30 Mars 1783. Le S. Lavaysse, armateur de Lorient, avoit formé, avant la signature des préliminaires de la paix, le pro. (1783) 200 LA FRANCE EN CHINE jet d'un armement pour la Chine – le vaisseau, les vivres, les fonds, tout éioit prét; mais cette expédi- tion ne pouvant avoir lieu depuis l'arrêt du Conseil qui interdit ce commerce aux particuliers, il expose qu'il reste chargé d'un navire de mille tonneaux dont l'armement lui coûte plus de 300,000!. et qui n'est propre à aucune autre destination. Il demande la per- mission de l'expédier, ainsi qu'un autre vaisseau de 1500 tonneaux, pour le grand voyage, c'est à dire pour aller en Chine, après avoir touche à l'Ile de France, à la côte Valabar et pour faire le retour à Lo. rient en Juillet 1985. OBSERVATIONS. Le projet d'armement du S. Lavaysse paroit ne porter aucun préjudice à ceux que le S. Grand Clos Meslé vient de faire et on peut le considérer comme une expédition de 1784. Sous ce point de vue, il n'y aurait pas d'inconvénient à accorder au S. Lavaysse la permission qu'il demande si on étoit dans l'inten- tion de rendre la liberté au commerce de Chine en 1784; mais sa demande ne peut être admise si le S. Grand Clos Mesle doit être chargé des mêmes expé- ditions dans les années suivantes. 141-104. – Extrait des lettres de M. de Mongelas, con- sul à Cadix, concernant l'envoi des fonds destinés pour le Consulat de Canton. Nº 191. — Lettre du 6 X bre, 1782. Réponse à la lettre du ministre du 15 gbre. 1782. Il annonce qu'il ne s'est point présenté de vaisseau sué- (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 201 I. - dois pour la Chine, mais qu'il en attend un et qu'il y fera embarquer les deux envois de piastres qui lui ont été ordonnés. N° 11. – Lettre du 4 fév. 1783. Réponse à une lettre du bureau des fonds du 12 jan. vier. Il envoie l'état du prix d'achat des 16152 pias- tres qui lui ont été ordonnées pour le Consulat de Canton. Ces piastres ont coûté 90097'. 174. 65. prix d'achat et 180'. 3$. de courtage. Nº 31. – Lettre du 4 avril 1783. Il rend compte des difficultés que lui a faites le Cte Oreilly pour la sortie des piastres d'Espagne et des conditions auxquelles il en a obtenu la permission. N° 32. -- Lettre du 4 avril 1783. Réponse à la lettre du ministre expédiée du Bureau des Colonies le 15 Mars. Il rend compte des difficul- tés qu'il a rencontrées tant pour l'embarquement des piastres sur un vaisseau suédois, que pour la sortie de ces espèces d'Espagne. Il envoie copie de sa lettre au consul de Suède et de la réponse de ce dernier. N° 40. — Leitre du 15 avril 1783. La permission du ministère espagnol pour l'extrac- tion des piastres n'étant pas arrivée, il les a fait em- barquer en payant conditionnellement ces droits. Il envoie la facture de chargement avec le connoisse- ment du capitaine du vaisseau et l'état des dépenses qu'a coûtées cet embarquement; les piastres ont été mises sur le navire de la compagnie suédoise des Indes Orientales, le Gustave III. (1783) 202 LA FRANCE EN CHISE X 41. – Lettre du 22 avril 1,53. La permission de la cour d'Espagne pour l'extractica des piastres esi arrivée. 142-105. — 30 avril 1733. CONTESTATION Entre le S. Jontigny du Timeur, négociant et le S. Paris, chirurgien. Un billet de 75000! fait en Chine par le S. Paris, chirurgien bréveté du Consulat de Canton et passé à l'ordre du S. Montigny du Timeur, négociant à Paris qui en réclame le pavement, est devenu, entre ces deux particuliers, l'objet d'une contestation qui a été portée d'abord par devant les juges et consuls, et ensuite au Parlement de Paris; ce dernier tribunal ayant ren- voyé les parties sur le fond par devant les juges du Châtelet, le S. Montigny, à la demande de qui cette sentence a été rendue, se fait un point de délicatesse d'en poursuivre l'effet contre un homme qu'il regarde, sans doute, comme revêtu d'un caractère public et attaché au service, sans avoir déféré à Mon- seigneur le plan de sa conduite ultérieure qu'il sou- met entièrement aux ordres qui lui seront donnés ; il annonce qu'il est disposé à se désister de ses pour- suites et à se borner à exiger du S. Paris bonne et valable caution ou hypothèque pour assurer le paye. ment du billet.' La conduite du S. Montigny à l'égard du S. Paris étant indifférente à l'administration, on joint une lettre pour lui répondre qu'il est le maître d'agir con- formément à ses intérêts ou à ceux de ses commet- (1783) 204 LA FRANCE EN CHINE gennes le sieur Gourlade, un des négociants du royaume qui a le plus de connoissance du commerce de l'Inde. S'il n'a pas le tems de causer avec lui, il pourrait charger M'. de Raineval d'examiner s'il se- rait propre à remplir les vues qu'il peut avoir, pour instruire l'ambassadeur du roi de tous les détails qui peuvent intéresser sa négociation. J'ai l'honneur de faire mille compliments à M. le C'e. de Vergennes. Ce Vendredi 16 Mai 1783. 145-114. - Lorient, le 4 Juillet 1783. MONSEIGNEUR, La liberté donnée au commerce d'armer sur le pri- vilége de la Compagnie des Indes, nous porte à sup- plier Votre Grandeur de nous accorder la permission d'armer un navire pour la Chine, dont la Société, pour un navire de 700 tonneaux, est formée et les objets de cargaison prévus et ordonnés : nous nous y sommes d'autant plus livrés que rien n'a paru s'y opposer. Si quelque ville a lieu d'attendre du Gou- vernement une indemnité de ses pertes pendant la guerre dernière, c'est assurément notre ville. Et le fléau ne nous a pas épargnés : nous avons perdu un navire revenant de Chine et un autre des Iles de France et de Bourbon. Rassurés par la légitimité de notre demande, notre confiance est dans la protection que vous avez tou- jours accordé, Monseigneur, au commerce. Nous sommes avec respect, Monseigneur, Vos très-humbles et très-obéissants serviteurs. LAPÔTAIRE et VALLÉE. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 205 146-119. — Nantes, 15 Juillet 1783. [R. le 20 Juillet 1783.] MONSEIGNEUR, san L'abondance des neutres introduits dans notre colonie à la fin de la guerre, y a rendu les affaires si mauvaises et si ruineuses que déjà nombre de négo- ciants se trouvent écrasés par leur concurrence et forcés de deinander répit à leurs créanciers ; les armateurs surtout, qui en raison du besoin de l'État, avaient fait construire des navires de plus grand port se trouvent aujourd'hui dépourvus d'emploi pour des meubles d'un si grand prix. Le commerce de Chine, Monsei- gneur, leur offre seul une ressource, et cependant ils ne peuvent entreprendre de semblables spéculations sans être sûrs que Votre Grandeur ne les désapprou- vera pas. Depuis longtems, Monseigneur, pourvus des plus grands navires de notre rivière et des plus pro- pres pour de semblables expéditions, nous eussions songés à y en employer plusieurs, mais découragés par l'arrêt du Conseil qui autorisait seul M. Grand clos de St-Malô à armer pour le compte du Gouver- nement, nous n'avons osé d'en solliciter permission à Votre Grandeur. Le dépérissement à craindre, pour notre superbe navire, le Louis, de 7 à 800 tonneaux, nous force, Monseigneur, à supplier Votre Grandeur de nous accorder la permission d'en faire l'armement pour Chine. Nous osons espérer, Monseigneur que les premiers de cette place à solliciter cette faveur de Votre Grandeur, n'en recevront pas un refus; il ne peut être indifférent aux vues bienfaisantes de votre justice que les places de commerce s'augmentent; la (1783) 200 LA FRANCE EX CHINE nôtre n'a jamais pu faire de semblables expéditions et nous serions bien satisfaits d'en pouvoir faire naître l'envie à nos concitoyens. Mais pour y parvenir, Monseigneur, il nous importe de recevoir le plus tôt possible l'adhésion de Votre Grandeur, car quoique notre navire serait au plus tard sous six semaines ou deux mois prêt à prendre la mer, il faut à peu près le double de temps pour réunir tous les objets essentiels pour semblable expédition. Nous osons donc espérer, Monseigneur, que Votre Grandeur daignera avoir égard à nos très humbles sollicitations par une prompte et favorable décision. Nous avons l'honneur d'être avec respect, de votre Grandeur, Monseigneur, Les très-humbles et très-obéissants serviteurs. Hé.et L. CHAURANC frères. 147-120. — Arrêt du Conseil d'État du Roi concernant l'expédition de commerce à faire à la Chine de 1783 à 1784. Du 21 Juillet 1783. (Extrait des registres du Conseil d'État.) (1) Le Roi s'étant fait rendre compte des différentes demandes et propositions faites, relativement à l'expé- dition prochaine de la Chine ; et Sa Majesté s'étant fait représenter l'arrêté de son Conseil du 2 Février dernier, par lequel il a été pourvu à la reprise de cette branche de commerce au moment de la paix, Sa Majesté a reconnu que s'il lui avoit paru nécessaire à 1. Pièce imprimée de 4 ff. in-4. (1783) 210 LA FRANCE EN CHINE ceux de Marseille à la Chambre de Commerce de ladite ville; ceux de Bordeaux et de La Rochelle, à la Chambre de Commerce de Bordeaux; et ceux de Nantes, de St-Malo, de l'Orient et du Havre, à la Ju- ridiction Consulaire de Nantes. Lesdits Souscripteurs ou leurs Procureurs fondés seront obligés de représen- ter à ces Assemblées l'extrait de leurs soumissions. VIII Il sera élu, dans chacune de ces trois Assemblées, à la pluralité des suffrages, un sujet pour être député. IX La Chambre de Commerce de La Rochelle remet tra à celle de Bordeaux, avant le jer. Septembre pro- chain, les soumissions qui lui auront été faites. Les Juridictions Consulaires de Saint-Malo et de l'Orient, et les Représentans du commerce du Havre remet. tront aux Juges et Consuls de Nantes, un semblable état avant ladite époque. X Les voix, pour la nomination des Députés, ne seront pas comptées par actions, mais par la réunion de cinq Actions, lesquelles formeront une voix : de sorte qu'un Actionnaire qui aura souscrit pour dix actions aura deux voix, et que cinq actionnaires, dont chacun n'aura souscrit que pour une action, ne formeront, entr'eux, qu'une seule voix, et ne pourront commettre qu’un Représentant, ou Procureur fondé pour voter dans les Assemblées où se fera l'élection des Députés. (1783) 2 12 LA FRANCE EN CHINE XVI Ces émoluments ou droits de commission, seront déterminés par les délibérations des trois assemblées, si elles sont unanimes ou que la fixation faite par deux desdites assemblées se trouve égale; mais dans le cas où les trois assemblées fixeroient chacune, d'une manière différente, ces émoluments ou droits de com- mission, Sa Majesté en déterminera la quotité, en ayant égard aux délibérations des trois Assemblées. XVII Les Chambres de Commerce de Marseille, de Bor- deaux, et de la Rochelle, les Juridictions Consulaires de Nantes, de St-Malo et de l'Orient, les Représen- tans du commerce du Havre, remettront aux Dé- putés, les soumissions en original qui leur auront été. faites, pour en être fait par eux le recouvrement. XVIII Les trois Députés, aussi-tôt après leur nomination et la remise des soumissions, se rendront à Paris pour prendre, avec l'Administration, les arrangements nécessaires, concerter entre eux et conjointement les différentes opérations, et déterminer la meilleure di- rection pour l'intérêt de l'expédition et celui des ac. tionnaires. XIX Si à l'époque où les trois Députés seront réunis à Paris, le nombre des douze cents actions ne se trou- voit pas rempli, lesdits députés seront autorisés à compléter le fonds nécessaire à l'expédition, de la (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 213 manière qu'ils estimeront la plus convenable pour l'intérêt de l'association. XX D'abord après le départ des trois Vaisseaux, les Députés dresseront les comptes d'armement, d'expé- dition et de cargaison, et afin de mettre les Action- naires à portée d'en prendre connaissance, ils en feront faire sept copies, qu'ils signeront tous les trois, et qu'ils déposeront : savoir, une aux Archives de la Chambre du Commerce de Marseille, une à celle de la Chambre du Commerce de Guyenne, une à celle de la Rochelle, une à chacun des greffes des Juridictions consulaires de Nantes, de Saint-Malo et de L'Orient; et une entre les mains des Représentants du Com- merce du Havre. XXI Lors du retour en France des trois Vaisseaux, et après leur désarmement et la vente de leurs cargai- sons, les Députés feront également les comptes de dé- sarmement et de vente des cargaisons; ils dresseront un résultat de l'expédition, ils établiront l'état de ce qui reviendra par Action, tant pour le capital que pour les profits, et ils feront faire sept copies de toutes ces pièces, qu'ils signeront et qu'ils déposeront, ainsi qu'il est dit par l'article précédent. XXII - D'abord après le recouvrement du montant des cargaisons, les trois députés feront aux Actionnaires la répartition des sommes qui proviendront de cette expédition. (1783) 214 LA FRANCE EN CHINE Fait au Conseil d'État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le vingt et un Juillet mil sept cent quatre-vingt-trois. Signé : La Croix, Ma de Castries. A Paris de l’Imprimerie Royale, 1783. 148.126. -- Carcassonne, 11 Août 1783. [R. le 30 Août 1783.] MONSEIGNEUR, J'ai fourni à Monsieur Grand Clos Meslé, depuis 1773 jusqu'à l'époque de la guerre, de très fortes par- ties de draps à raison de ses armements pour Chine; et leur bonne qualité jointe à la modicité du prix au- quel je les lui vendois, en ayant constamment fait réussir les envois, il m'en commis mille pièces, dès qu'il fut chargé d'armer quatre vaisseaux pour le compte de Sa Majesté. Le départ de cet armement fut si précipité que je ne pus lui offrir que 400 pièces que j'avois déteinte en couleurs propres pour Chine; elles devoient être char- gées sur le vaisseau la Chimère, qu'il armait à Bor- deaux; mais ce vaisseau n'ayant pas été en état de faire le voyage, il fallut les transporter à Rochefort, et les désastres arrivés à Bordeaux les premiers jours du mois de Mars y mirent obstacle. Ces 400 pièces ayant resté, pour mon compte, à Bordeaux, je les dispersai dans les différents ports du Ponent, pour y être vendues, si l'occasion s'en pré- sentait, ou pour attendre les armements de 1783 à 1784. J'en ai 100 pièces à Lorient chez M. Bondeville (1783) 216 LA FRANCE EN CHINE justification aux yeux de Votre Grandeur, sur l'im- putation de la surprise faite à votre religion, dans l'affaire du S. Bourgogne, résident en Chine, contre le S. Paris, chirurgien-major à Canton, que quand - un arrêt de la Grand Chambre du Parlement auroit confirmé la justice que la sagesse de vos lumières et votre prudence avoient déjà dictée en faisant suspen- dre l'embarquement et départ du S. Paris jusqu'au jugement de la contestation, dont le détail le plus vrai, exposé dans l'imprimé inclus et la plaidoirie des avocats en plein Parlement, ont déterminé les juges à infirmer d'une voix unanime la sentence des juges consuls en nous renvoyant à plaider contradic- toirement sur le fonds, par devant les Juges du Châ. telet. L'avocat défenseur du S'. Paris m'ayant assuré en plein parquet, Monseigneur que vous daignez vous in- téresser à ce chirurgien, je m'empresse de déférer à votre Grandeur, avec le plus soumis respect le plan de macon. duite ultérieure, que je me ferai une loi de conformer à tout ce qu'il lui plaira de me prescrire et ordonner, persuadé que son équité approuvera qu'en me désistant de toutes poursuites juridiques, qui ne manqueroient pas de contraindre ce débiteur à payer ou au moins à déposer à ses frais et risques le montant de son billet et intérêts, j'exige pour la conservation des droits du S'. Bourgogne, bonne et valable caution, ou hypo- thèques certaines qui puisse répondre du principal et intérêts de cette créance, jusqu'à ce que le payement exécuté en Chine, me mette dans le cas de donner main levée dès la première nouvelle qui doit arriver en France dans le cours de l'année 1785, moyen qui laisse au S'. Paris l'avantage de la jouissance d'une (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 217 somme considérable sur laquelle il peut faire encore de nouveaux bénéfices, et moyen qu'il eût déjà aisé- ment obtenu de mes procédés ordinaires et de ma con- ciliation dans les affaires, s'il avoit voulu traiter celle- ci avec la même honnêteté que j'ai employée en lui écrivant ma lettre du 14 août, qu'il a imprimé lui- même dans sa défense, sans avoir jamais voulu y répondre, mais au contraire se targuant dans le pu- blic de l'impossibilité où il prétendoit me mettre de le faire payer avant son retour en Chine, qui commettoit aux évènements de la mer, des fonds échus depuis près de trois ans et qui par conséquent ne doivent être exposés à aucun risque. Je serais bien flatté, Monseigneur, que ma modéra tion envers le S'. Paris me justifie entièrement auprès de Votre Grandeur et soit preuve de mon esprit de conciliation dans les affaires ainsi que du très profond et soumis respect avec lequel je suis, Monseigneur, de Votre Grandeur, Le très-humble et très-obéissant serviteur, DE MONTIGNY DU TIMEUR, rue des Vielles-Audriettes, au Marais. 150-128. — MÉMOIRE pour les sieurs Le Déan et Montigny du Timeur, Appelans; CONTRE le sieur Paris, intimé (1). Un Négociant françois étant à Canton, fait un billet au profit d'un marchand chinois, il quitte la Chine 'I, Pièce imprimée à 15 ff. in-4. (1783) 216 LA FRANCE EN CHINE justification aux yeux de Votre Grandeur, sur l'im- putation de la surprise faite à votre religion, dans l'affaire du S. Bourgogne, résident en Chine, contre le S. Paris, chirurgien-major à Canton, que quand - un arrêt de la Grand Chambre du Parlement auroit confirmé la justice que la sagesse de vos lumières et votre prudence avoient déjà dictée en faisant suspen- dre l'embarquement et départ du S. Paris jusqu'au jugement de la contestation, dont le détail le plus vrai, exposé dans l'imprimé inclus et la plaidoirie des avocats en plein Parlement, ont déterminé les juges à infirmer d'une voix unanime la sentence des juges consuls en nous renvoyant à plaider contradic- toirement sur le fonds, par devant les Juges du Châu telet. L'avocat défenseur du S'. Paris m'ayant assuré en plein parquet, Monseigneur que vous daignez vous in- téresser à ce chirurgien, je m'empresse de déférer à votre Grandeur, avec le plus soumis respect le plan de macon- duite ultérieure, que je me ferai une loi de conformer à tout ce qu'il lui plaira de me prescrire et ordonner, persuadé que son équité approuvera qu'en me désistant de toutes poursuites juridiques, qui ne manqueroient pas de contraindre ce débiteur à payer ou au moins à déposer à ses frais et risques le montant de son billet et intérêts, j'exige pour la conservation des droits du S". Bourgogne, bonne et valable caution, ou hypo- thèques certaines qui puisse répondre du principal et intérêts de cette créance, jusqu'à ce que le payement exécuté en Chine, me mette dans le cas de donner main levée dès la première nouvelle qui doit arriver en France dans le cours de l'année 1785, moyen qui laisse au S. Paris l'avantage de la jouissance d'une (1783) 216 LA FRANCE EN CHINE justification aux yeux de Votre Grandeur, sur l'im- putation de la surprise faite à votre religion, dans l'affaire du S. Bourgogne, résident en Chine, contre le S. Paris, chirurgien-major à Canton, que quand - un arrêt de la Grand Chambre du Parlement auroit confirmé la justice que la sagesse de vos lumières et votre prudence avoient déjà dictée en faisant suspen- dre l'embarquement et départ du S. Paris jusqu'au jugement de la contestation, dont le détail le plus vrai, exposé dans l'imprimé inclus et la plaidoirie des avocats en plein Parlement, ont déterminé les juges à infirmer d'une voix unanime la sentence des juges consuls en nous renvoyant à plaider contradic- toirement sur le fonds, par devant les Juges du Châ- telet. L'avocat défenseur du S'. Paris m'ayant assuré en plein parquet, Monseigneur que vous daignez vous in- téresser à ce chirurgien, je m'empresse de déférer à votre Grandeur, avec le plus soumis respect le plan de macon- duite ultérieure, que je me ferai une loi de conformer à tout ce qu'il lui plaira de me prescrire et ordonner; persuadé que son équité approuvera qu'en me désistant de toutes poursuites juridiques, qui ne manqueroient pas de contraindre ce débiteur à payer ou au moins à déposer à ses frais et risques le montant de son billet et intérêts, j'exige pour la conservation des droits du S". Bourgogne, bonne et valable caution, ou hypo. thèques certaines qui puisse répondre du principal et intérêts de cette créance, jusqu'à ce que le payement exécuté en Chine, me mette dans le cas de donner main levée dès la première nouvelle qui doit arriver en France dans le cours de l'année 1785, moyen qui laisse au S'. Paris l'avantage de la jouissance d'une (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 217 somme considérable sur laquelle il peut faire encore de nouveaux bénéfices, et moyen qu'il eût déjà aisé- ment obtenu de mes procédés ordinaires et de ma con- ciliation dans les affaires, s'il avoit voulu traiter celle- ci avec la même honnêteté que j'ai employée en lui écrivant ma lettre du 14 août, qu'il a imprimé lui- même dans sa défense, sans avoir jamais voulu y répondre, mais au contraire se targuant dans le pu- blic de l'impossibilité où il prétendoit me mettre de le faire payer avant son retour en Chine, qui commettoit aux évènements de la mer, des fonds échus depuis près de trois ans et qui par conséquent ne doivent être exposés à aucun risque. Je serais bien flatté, Monseigneur, que ma modéra tion envers le S. Paris me justifie entièrement auprès de Votre Grandeur et soit preuve de mon esprit de conciliation dans les affaires ainsi que du très profond et soumis respect avec lequel je suis, Monseigneur, de Votre Grandeur, Le très-humble et très-obéissant serviteur, DE MONTIGNY DU TIMEUR, rue des Vielles-Audriettes, au Marais. 150-128. – MÉMOIRE pour les sieurs Le Déan et Montigny du Timeur, Appelans ; CONTRE le sieur Paris, intimé (1). Un Négociant françois étant à Canton, fait un billet au profit d'un marchand chinois, il quitte la Chine 1, Pièce imprimée à 15 ff. in-4. (1783) 218 LA FRANCE EN CHINE sans payer; le Chinois transporte le billet à un de ses créanciers François : celui-ci en passe l'ordre à ses correspondants, qui font assigner le débiteur domi- cilié à Paris, devant les Juges-consuls de cette ville. Ces Juges renvoient les parties à se pourvoir devant les Juges de la Chine qui en doivent connoître. Telle est la sentence dont les sieurs le Déan et Mon- tigny demandent l'infirmation. La trop grande simplicité de la question que cet appel présente à juger, ne sembloit pas mériter les honneurs de l'impression. Mais le sieur Paris pour se livrer à des déclama- tions aussi étrangères à la cause que malhonnêtes en elles-mêmes, vient de faire distribuer un Mémoire auquel il est indispensable de répondre, moins pour l'éclaircissement de la difficulté que pour la justifica- tion des personnes. FAIT Le sieur Paris, après avoir navigué sur les vaisseaux de la Compagnie des Indes en qualité d'Apprenti-Chi- rurgien, obtint en 1772 un brevet de chirurgien-major pour le service de France dans le port de Canton. Il ne nous appartient pas d'examiner pourquoi ni comment le chirurgien arrivé en 1774 à la destination, y est devenu tout à coup commerçant, a quitté le lieu où ses talents brévetés le rendoient nécessaire, pour aller courir les hasards de la mer, veiller au recou. vrement de ses fonds dans l'Ile de France, y expédier un vaisseau pour Pondichéry, et enfin en ramener un autre à Canton. C'est au contraire au sein même de ces occupations mercantiles qu'il est important pour nous de le sai- (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 219 sir, et dire avec lui, qu'après son retour à Canton (page 3 de son Mémoire), « il projeta un nouveau « voyage à l'Ile de France et en Europe ; que pour « compléter sa cargaison, il emprunta le 9 janvier « 1779, du nommé Coccia, marchand chinois, 10,000 a taels, ce qui équivaut à 75,000 livres de notre mon. « noie ; qu'il lui en fit son billet, avec promesse de a payer les intérêts à dix pour cent, jusqu'au mois de « décembre suivant, et à raison de vingt pour cent, dans le cas où il ne paieroit qu'en 1780. » Il auroit seulement dû dire toute la vérité ; savoir, que le billet porte qu'il reconnoit avoir reçu de M. Coccia, marchand haniste à Canton, la somme de 10,000 taëls en diverses marchandises, parce qu'il doit bien savoir que quand on soutient, comme il le fait, qu’un billet n'est pas commerçable, il est très impor- tant, pour décider la question, de savoir si le billet de Marchand à Marchand a été fait valeur en mar- chandises ce qui le rend bien différent d'un simple billet fait pour argent prêté. Mais la phrase du Mémoire que nous venons de copier, vouloit peut-être donner à croire que le Fran- çois avoit simplement emprunté des fonds du Chinois, et alors la réticence était heureuse. Quoi qu'il en soit, le sieur Paris partit de la Chine, non avec l'argent, mais avec les marchandises de Coccia, et nous dirons encore avec lui, (page 4 de son Mémoire) ; « qu'il arriva heureusement à l'Ile de « France, que l'Inde devenant alors le théâtre de la a guerre, et le retour en Chine devenant dangereux, « il vendit son vaisseau, réalisa le prix de sa cargai- « son, et s'en revint en France, déterminé à retourner a en Chine quand la mer seroit libre. » (1783) 218 LA FRANCE EN CHINE sans payer; le Chinois transporte le billet à un de ses créanciers François : celui-ci en passe l'ordre à ses correspondants, qui font assigner le débiteur domi- cilié à Paris, devant les Juges-consuls de cette ville. Ces Juges renvoient les parties à se pourvoir devant les Juges de la Chine qui en doivent connoître. Telle est la sentence dont les sieurs le Déan et Mon- tigny demandent l'infirmation. La trop grande simplicité de la question que cet appel présente à juger, ne sembloit pas mériter les honneurs de l'impression. Mais le sieur Paris pour se livrer à des déclama- tions aussi étrangères à la cause que malhonnêtes en elles-mêmes, vient de faire distribuer un Mémoire auquel il est indispensable de répondre, moins pour l'éclaircissement de la difficulté que pour la justifica- tion des personnes. FAIT Le sieur Paris, après avoir navigué sur les vaisseaux de la Compagnie des Indes en qualité d'Apprenti-Chi- rurgien, obtint en 1772 un brevet de chirurgien-major pour le service de France dans le port de Canton. Il ne nous appartient pas d'examiner pourquoi ni comment le chirurgien arrivé en 1774 à la destination, y est devenu tout à coup commerçant, a quitté le lieu où ses talents brévetés le rendoient nécessaire, pour aller courir les hasards de la mer, veiller au recou. vrement de ses fonds dans l'Ile de France, y expédier un vaisseau pour Pondichéry, et enfin en ramener un autre à Canton. C'est au contraire au sein même de ces occupations mercantiles qu'il est important pour nous de le sai- (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 219 sir, et dire avec lui, qu'après son retour à Canton (page 3 de son Mémoire), « il projeta un nouveau « voyage à l'Ile de France et en Europe ; que pour « compléter sa cargaison, il emprunta le 9 janvier « 1779, du nommé Coccia, marchand chinois, 10,000 « taels, ce qui équivaut à 75,000 livres de notre mon. « noie ; qu'il lui en fit son billet, avec promesse de a payer les intérêts à dix pour cent, jusqu'au mois de « décembre suivant, et à raison de vingt pour cent, dans le cas où il ne paieroit qu'en 1780. » Il auroit seulement dû dire toute la vérité ; savoir, que le billet porte qu'il reconnoit avoir reçu de M. Coccia, marchand haniste à Canton, la somme de 10,000 taëls en diverses marchandises, parce qu'il doit bien savoir que quand on soutient, comme il le fait, qu'un billet n'est pas commerçable, il est très impor- tant, pour décider la question, de savoir si le billet de Marchand à Marchand a été fait valeur en mar- chandises ce qui le rend bien différent d'un simple billet fait pour argent prêté. Mais la phrase du Mémoire que nous venons de copier, vouloit peut-être donner à croire que le Fran- çois avoit simplement emprunté des fonds du Chinois, et alors la réticence était heureuse. Quoi qu'il en soit, le sieur Paris partit de la Chine, non avec l'argent, mais avec les marchandises de Coccia, et nous dirons encore avec lui, (page 4 de son Mémoire); « qu'il arriva heureusement à l'Ile de « France, que l'Inde devenant alors le théâtre de la « guerre, et le retour en Chine devenant dangereux, « il vendit son vaisseau, réalisa le prix de sa cargai- « son, et s'en revint en France, déterminé à retourner « en Chine quand la mer seroit libre. » (1783) 222 LA FRANCE EN CHINE M. Paris, lequel billet est à mon ordre et que j'ai passé au vôtre; vous voudrez bien en conséquence faire les diligences nécessaires pour en avoir le paie- ment. Je vous préviens, Messieurs, que mon intention est de traiter M. Paris avec le plus grand ménagement; en conséquence je vous prie de garder le secret sur cette affaire, de lui présenter vous même le billet ou l'une des copies faites à la chancellerie du Consulat, qui vous parviendront avec le duplicata ou triplicata de cette lettre, et de ne pas la négocier, à moins que ce ne fut de son aveu; cependant ayant très à cœur que vous me fassiez repasser le produit de cette obligation par la première occasion, je vous observe que M. Paris devra payer assez à temps pour que vous ayez celui de faire les arrangements nécessaires pour me faire tenir la somme qu'il rendra, avec toute autre que vous pour- riez avoir à moi suivant les dispositions que je ferai ci- dessous, lesquelles sont encore plus amplement détail- lées dans une lettre particulière à M. Le Déan l'un de vous. Mais j'imagine que cette obligation vous parve- nant en Juin ou Juillet, il aura depuis lors, jusqu'au mois de Décembre ou Janvier, un assez long espace de temps, pour prendre les arrangements qui lui seront le plus agréable et qui lui conviendront le mieux. D'après ce détail vous serez sûrement convaincus que j'ai le désir de traiter M. Paris le plus favorablement et que vous mettiez dans cette affaire tout ce qu'ont de gracieux les procédés les plus flatteurs; je dois vous faire encore une observation au sujet de ce billet, puis je finis sur ce chapitre. Vous verrez que cette obliga- tion n'est pas bien conçue, et qu'il n'y est pas nette- ment spécifié si, dans le cas de non paiement au mois de décembre 1780, les intérêts courront ensuite jus - (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 223 qu'à l'acquittement. Le défaut de cette clause bien exprimée, pouvant donner lieu à des difficultés, s'il était fait là-dessus des objections, je vous prie d'ar- ranger cela à l'amiable, et de vous relâcher plutôt que d'exiger rigoureusement; car indépendamment de la volonté que j'ai de ne pas agir à la rigueur avec M. Paris, il pourroit être qu'en tenant fortement au paiement de la somme en litige, cela donnât lieu à des contestations qui retarderoient peut-être la rentrée de la totalité des fonds pour une valeur qui sûrement ne seroit jamais assez forte pour l'équivaloir aux torts et aux pertes que me feroient éprouver la privation de ces fonds, dont le défaut de rentrée dans le temps, auroit les conséquences les plus fâcheuses pour moi... ................................................ « J'ai oublié de vous dire à l'article du billet de M. Paris, que je pense qu'il seroit bien que le Déan ayant des liaisons plus particulières avec lui, se char- geât de traiter cette affaire et de lui présenter son obligation, je lui annonce dans la lettre que je lui ai écrit hier. « P. S. Je vous observe que mon billet est dans la plus grande règle, et qu'il n'y a pas la plus petite dif- ficulté à y faire, car il n'y est pas dû un sol, par aucun Chinois, à M. Paris, ainsi on ne pourroit donner cette raison pour le non acquittement; d'ailleurs, il ne porte que l'intérêt de dix pour cent, et c'est, comme vous savez, celui licite et permis par l'Ordonnance pour les billets faits outre-mer. Signé : Bourgogne. » Quant à la lettre que les sieurs le Déan et Montigny ont été chargés de faire passer au sieur Paris, celui-ci se contente d'en parler dans son Mémoire, en en tirant des inductions défavorables au sieur Bourgogne; mais (1783) 224 LA FRANCE EN CHINE comme elle a fait partie des pièces que le sieur Paris nous a communiquées, nous croyons indispensable de la mettre toute entière sous les yeux de nos lecteurs. Canton, le 6 janvier 1782. « J'ai reçu, Monsieur et ami, les deux lettres que vous m'avez fait l'amitié de m'écrire à Déan et moi, savoir, l'une datée du Cap, le 8 novembre 1780, l'autre de Cadix, le 12 avril 1781. J'ai vu avec grand plaisir que vous jouissiez d'une bonne santé et que vous avez à vous féliciter de la tournure de vos affaires. « J'ai remis aux personnes chargées de les retirer les lettres que vous nous avez fait passer dans la vôtre du Cap, pour MM. Mans et Desmoulins, ces deux Messieurs étant partis pour l'Europe l'an der- nier. « Je vous suis obligé, en mon particulier et pour mon ami, des précautions que vous avez prises à l'Ile de France pour l'expédition des commissions dont vous aviez eu la complaisance de vous charger pour nous; je vous fais aussi des remerciemens pour l'intention que vous avez eu de nous envoyer des vins de Madère et de Xérès; M. Cochel m'a dit qu'il n'avoit pu s'en charger, par les raisons qu'il vous avoit données. « Je désire beaucoup que vos espérances se soient réalisées, et que vous ayez fait d'aussi bonnes affaires que vous vous en flattiez; mais de la prudence et de la circonspection, mon cher Paris ; en affaires il en faut beaucoup. Que vos succès ne vous fassent pas trop entreprendre; un malheureux évènement peut vous en ôter tout le fruit; ainsi, pour parler le lan- (1783) JU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 225 Ure gage des marins, allez en garant, tenez toujours en retour, et ne risquez pas le tout à la fois, je pense que vous ne me saurez pas mauvais gré de ce conseil : vous vous rappelez sûrement de ce que Le Déan et moi vous avons dit souvent dans votre dernier voyage; et vous savez bien aussi que tout cela nous était dicté par notre bonne amitié pour vous; c'est encore par le même motif que je vous le répète aujourd'hui. ? J'ai rassuré, autant qu'il étoit en moi, les Chinois auxquels vous devez, et je leur ai persuadé que la guerre seule vous avoit empêché d'éteindre vos enga- gemens, mais qu'à la paix, vous vous empresseriez de les acquitter; je n'ai craint de le leur assurer, parce que je suis bien sûr que c'est votre intention ; ils sont fort tranquilles aujourd'hui. Je dois vous dire à ce propos que vous n'êtes plus le débiteur de l'un d'eux, mais le mien : celui-là est Coccia, aux droits duquel je suis pour le billet de dix mille taëls que vous lui avez consenti le 9 juillet 1779, lequel est passé à mon ordre, et n'a été donné en paiement; je vous préviens que je le fais passer par cette même occasion à MM. de Montigny et le Déan, auxquels je recommande le plus grand secret ; ainsi il vous sera présenté par eux ; je n'ai pas d'inquiétude sur son acquittement, ces Mes- sieurs vous en donneront décharge. Je leur recom- mande le plus grand ménagement pour vous dans cette affaire, et de vous donner toutes les facilités que vous pourrez désirer. Vous sentez, mon ami, que sans même qu'il fut besoin de ma recommandation à ce sujet que notre ami Le Déan surtout seroit bien porté à faire tout ce qui pourroit vous être agréable, et vous arranger. « Je vous souhaite une bonne santé et tous les succès LA FRANCE EN CHINE (1783) 226 LA FRANCE EN CHINE que vous pouvez désirer et suis votre serviteur et ami. Signé : BOURGOGNE. » Nous allons voir maintenant comment le sieur Bourgogne est récompensé des ménagements qu'il a tant recommandé, et qu'on a commencé par exercer avec scrupule et exactitude vis à vis du sieur Paris. Au mois d'Août suivant, le sieur Le Déan reçut cette lettre ; il étoit alors en Bretagne, et le sieur Paris était à Paris, où il a établi son domicile et fait des acquisi- tions. Le sieur Le Déan ne put donc pas traiter person- nellement avec le sieur Paris ; et comme le sieur Montigny du Timeur étoit à Paris, ce fut lui qui fut chargé du recouvrement de la créance. Le 14 Août, il écrivit la lettre que le sieur Paris lui- même rapporte. « Je reçois de Chine, Monsieur, un des duplicata de la lettre dont incluse copie figurée, que j'ai l'honneur de vous faire passer, en vous priant de me faire part de vos dispositions pour le paiement du montant de votre billet, afin que je puisse, de concert avec le sieur Le Déan, vous donner toute décharge valable, et suivre les instructions de M. de Bourgogne pour le prompt emploi de ses fonds. J'ai l'honneur d'être, etc. » D'après le refus positif du sieur Paris d'acquitter son billet, les sieurs Le Déan et Montigny, comme porteurs d'ordre, se déterminèrent à faire assigner le sieur Paris comme François et pour le présent domi- cilié à Belleville, près Paris, dans une maison à lui appartenante, devant les Juges-Consuls de Paris. L'assignation est du 26 septembre 1782. Le lende- main, une première sentence continua la cause, et le (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 227 4 octobre suivant les Parties s'étant présentées contra- dictoirement, le sieur Paris déclina la juridiction, et prétendit que pour le paiement de son billet, il n'a- voit pu être traduit qu'en Chine. Et le même jour, il intervint la sentence dont est appel, et que nous avons déjà dit avoir renvoyé les Parties à se pourvoir devant les Juges de Chine qui doivent en connoître. La cause sur l'appel a été portée au Parquet de MM. les Gens du Roi ; les sieurs Le Déan et Montigny y concluoient à ce que la sentence fut infirmée et les Parties renvoyées au Bailliage du Palais, pour y pro- céder consulairement sur la demande en paiement du billet. Le sieur Paris y concluoit au contraire à la confirmation pure et simple de la sentence, c'est-à- dire au renvoi devant les Juges de Chine. Cela veut bien dire devant les Mandarins : ainsi deux François renvoyés par des Juges françois à plai- der devant des Juges chinois : voilà l'idée singulière sous laquelle se présentoit la cause. Puisque le sieur Paris a l'indiscrétion d'imprimer que celui de MM. les Avocats-Généraux, devant lequel la cause étoit portée, « avoit déjà fait connoître son opinion, mais qu'arrêté par les plaintes du sieur de Montigny qui étoit présent, ce magistrat prit le parti de renvoyer les Parties à l'audience... » Nous croyons encore devoir ici dire toute la vérité, et observer que M. l'Avocat général n’approuva ni la demande en renvoi ni le renvoi pur et simple devant les Juges de Chine, qu'il indiqua, il est vrai, un commencement d'inten- tion de réformer la sentence pour renvoyer les parties à se pourvoir devant le Consul de France à Canton mais que touché des observations que lui firent, soit le (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 231 De façon qu'à Canton il ne trouveroit, pour tra- duire, que l'Interprête du Roi, qui a déjà traduit, et auquel il affecte d'avoir peu de confiance, tandis qu'à Paris il trouveroit des missionnaires, des interprètes, et tant d'autres savants, qui lui feroient cette traduc- tion autant de fois qu'il pourroit le désirer. Sans doute ce n'est pas pour savoir, si par les Lois de Chine il est permis de céder et transporter un billet fait entre marchands, valeur en marchandises, que le sieur Paris veut aller plaider en Chine. Car d'un côté, nous n'aborderions pas des Manda- rins pour nous faire juger ; et de l'autre il seroit ridi- cule, qu'en supposant qu'en Chine ce transport ne fut pas permis, un François en invoquât la prohibition contre un autre François. Au reste, le sieur Paris prétend-il que le billet en lui-même n'a pas été cessible ni transportable, c'est un moyen de fin de non-recevoir ou de défense qu'il est le maître de proposer, mais non pas un moyen dé. clinatoire. D'ailleurs qu'a-t-il besoin d'examiner la validité du transport ou de l'ordre ? Il a fait le billet, il n'ose le méconnoître, le titre ne consiste que dans l'existence du billet, le billet détruit, il est libéré, que risque-t-il donc quand le billet lui est représenté et offert, de l'acquitter et de le détruire ? SECOND MOYEN DU SIEUR PARIS. « Pour prononcer sur la demande, il faut avoir une « connoissance particulière des usages chinois ; d'a- « près les principes françois, il seroit proscrit comme « contenant l'usure la plus révoltante. » Réponse. — Ces intérêts, vous les avez promis; (1783) 234 LA FRANCE EN CHINE portera que sur un point de fait, auquel nous répon- drons : 1° Niez-vous que la remise entre vos mains doive faire votre libération? Niez-vous que la dé- charge surabondante qui vous est offerte ne soit pour vous un titre de garantie contre le sieur Bourgogne ? 2° Sans vous arrêter à des présomptions sur la possi- bilité du transport, niez-vous l'écriture et signature de Coccia Si vous osez passer à ces dénégations, nous y ré- pondrons, et alors les Juges de France en prononce- ront définitivement, ou ordonneront tels interlocu- toires qu'ils aviseront. Mais d'où tirez-vous vos présomptions contre la possibilité du transport: Des faits et des dates que vous prenez dans des livres de particuliers. D'abord, vous dirons-nous, quelle authenticité des lettres particulières peuvent-elles avoir en justice ? Ensuite celles que vous nous présentez se contre- disent. En effet, les deux lettres d'un sieur Costard, datées de Macao des 28 décembre 1780 et 1er janvier 1782, qui ne vous sont pas adressées, mais qu'il faut croire que vous avez trouvé à emprunter tout exprès pour la cause, placent la disgrâce de Coccia, son exil, la confiscation de ses biens au profit du trésor impérial vers la fin de l'année 1780, sans préciser aucune épo- que ni date. La lettre d'un sieur Terrien, qui vous est écrite de Nantes le 12 février 1783 et que vous n'avez pas osé mettre au nombre des pièces que vous avez com- muniquées, vous dit qu'il croit qu'il y a erreur dans la date de l'endossement, qu'il croit que l'endosse- ment est postérieur de six mois à l'enlèvement de (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 235 IULIE Coccia ; il finit par avouer qu'il n'étoit pas alors en Chine et qu'il ne peut rien dire de positif sur les dates. Mais l'envie d'être utile au sieur Paris lui a fait faire des recherches dont voici le fruit. Une lettre du sieur Vieillard (précisément celui qui, comme Chancelier du Consulat, a certifié à Canton la conformité de la copie du billet et du transport avec l'original) une lettre de ce sieur Vieillard, du 12 jan. vier 1781, adressée à ce sieur Terrien dit bien positi- vement « qu'en juillet 1780, l'Empereur a fait droit sur les plaintes contre Coccia et Intkia, qu'ils ont été mis en prison, condamnés à l'exil perpétuel à Hily, dans les déserts de la Tartarie chinoise ; que leurs biens ont été confisqués au profit de l'Empereur, et leurs maisons saisies; enfin que Coccia et Intkia sont partis pour leur exil le 21 novembre 1780. » Mais par malheur sur toutes ces dates si positives, il faut s'en rapporter à ce qu'écrit le sieur Terrien, car la lettre qui est dite les contenir n'est pas représentée, le sieur Paris n'en est pas porteur, au moins ne l'a-t-il pas mise parmi les pièces qu'il a communiquées. Cependant, à lire le mémoire du sieur Paris, page 16, il sembleroit qu'il seroit porteur de cette lettre, quand il dit, « suspendons toute réflexion jusqu'à ce que nous ayons mis sous les yeux de la Cour le fragment de sa lettre. » On s'attend à lire la lettre écrite par le sieur Vieillard au sieur Terrien ; point du tout, le fragment qui vient ensuite, et qui se trouve pris de l'original que le sieur Paris a communiqué, est une lettre datée, non du 12 janvier 1781, mais du 25 décembre 1781, non adressée au sieur Terrien, mais au sieur de Rothe à Paris. (1783) 236 LA FRANCE EN CHINE Il est vrai que pour la faire cadrer avec les époques dont on a besoin, en laissant subsister la date de 1781 qu'elle porte on a mis à côté ces mots, erreur 1780. Cette lettre dit que la sentence de l'Empereur est arrivée à Canton en juillet dernier; qu'ils ont été chargés de chaînes, confinés dans les prisons et envoyés en exil en novembre. La lettre est datée de décembre 1781, ainsi tous les faits des mois de juillet et novembre, lors derniers, se reportent à 1781. Le sieur Paris veut tirer avantage des dates, et dans les lettres qu'il rapporte, elles sont différentes d'une année complète. A ces lettres il veut ajouter des certificats, mais il n'y est pas plus heureux, il demande des renseigne- ments à un sieur Dusausoi, qui lui écrit d'Anvers le 8 Décembre 1782. « Je ne puis pas trop vous assurer de l'époque de « cette banqueroute, je sais seulement qu'à la fin de (1779 et de janvier 1889 cet homme étoit au bloc par « la tête. » Ainsi d'après les lettres du sieur Costard, la faillite de Coccia a été causée par son emprisonnement, et cet emprisonnement a été fait en juillet 1780. Par la lettre du sieur Vieillard au sieur Rothe, la sentence de l'Empereur est arrivée à Canton en juil- let 1781. Mais l'un et l'autre se trompent, car d'après ce nouveau certificat, Coccia était au bloc par la tête, c'est-à-dire emprisonné, détenu dès le mois de dé- cembre 1779. Lequel croire ? Mais ce que nous trouvons dans la lettre que le (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 243 lorsqu'en 1774 ce dernier commença ses spéculations de pacotilles. Régissant en chef les opérations considérables de sa Société avec le sieur de Vigny, recevant à sa consi- gnation presque tous les vaisseaux envoyés de tous les ports de France, il ne pouvoit envier le sort ni les succès d'un Chirurgien envoyé à Canton sans appointemens fixes, admis simplement à la table des · officiers, et pouvant seulement disposer des instru- ments chirurgicaux que le Roi entretient à ses frais dans ses comptoirs. Aussi le sieur de Montigny ne se rappelle-t-il point d'avoir jamais rien fait qui ait pu tendre à nuire au sieur Paris; aussi est-il extrêmement surpris de se voir accusé dans un Mémoire rendu publique par l'impression, d'avoir inondé le public d'écrits attenta- toires à l'honneur du sieur Paris, d'avoir fait pénétrer des calomnies contre lui jusqu'au Ministre; d'avoir fabriqué contre lui un mémoire diffamatoire, e: d'avoir tenté plus d'une fois de traverser ses projets et d'arrê- ter le succès de ses démarches. Le sieur Montigny ne se reconnoit point et ne peut point se reconnoître à ces traits. Il ne suffit pas de l'accuser publiquement d'avoir fait des écrits diffamatoires contre le sieur Paris, d'avoir fait pénétrer des calomnies contre lui jusqu'au Ministre, il falloit le prouver. Son défenseur croyoit que la première pièce qu'il trouveroit dans le sac du sieur Paris, serait un de ces Mémoires qu'il prétend être diffamatoires et calom- nieux, et précisément il ne s'y en est pas trouvé : donc le sieur Paris n'en a pas, n'en connoît pas de l'espèce de ceux qu'il impute au sieur de Montigny (1783) 24 LI FRANCE EN CHINE Réponses aux imputations sur le sieur Bourgogne. Le sieur Bourgogne qui a succédé au sieur de Mon- iigny lors de son départ de Canton, qui y jouit du crédit et de la considération que lui ont mérité sa bonne conduite, ses connoissances, ses talents et sa grande et scrupuleuse exactitude dans les immenses et importantes affaires du commerce mises à sa con. signation, l'ami, le protecteur et le conseil du sieur Paris sera un jour bien étonné quand il lira le Mé- moire de celui auquel il a pris un si sensible intérêt, auquel il a préparé tant de ménagemens, et sur l'exac- titude duquel il a cru pouvoir si fort compter. Il sera bien surpris d'y lire pages 3 et 19. « Qu'en partant de Canton, le sieur Paris laissoit le soin de sa maison au sieur Bourgogne, que jusqu'alors il avait cru son ami, et à qui il avoit accordé une con- fiance sans réserve.. «Qu'il lui a laissé le détail de ses affaires et confié ses intérêts. » Sans doute le sieur Bourgogne étoit votre ami, lisez sa lettre à vous adressée le 6 janvier 1782, imprimée page 7 [voir page 224 de cet ouvrage] du présent Mémoire, lisez aussi celles qu'il a adressées aux sieurs Le Déan et Montigny, elles seules doivent vous le prouver sans réserve. Mais a-t-il manqué à cette amitié pour avoir pris en paiement de Coccia, un billet dont vous avez reçu la valeur en marchandise de ce même Coccia? Mais où avez-vous pris que vous eussiez une mai- son à Canton, dont vous ayez laissé le soin au sieur Bourgogne et quelle preuve donneriez-vous d'une mai. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 247 demande, Messieurs, la préférence pour la fourniture des draps qui doivent faire partie des cargaisons à former pour la prochaine expédition de Chine. Je vous envoie la lettre qu'il m'a écrite à ce sujet et je laisse à votre disposition les arrangements que vous jugerez-convenables de prendre avec lui. Je suis, etc. Le 30 Août 1783. [Minute d'une lettre à M. Pinel]. J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du ni de ce mois par laquelle vous demandez la préférence pour la four- niture des draps qui doivent entrer dans les cargaisons des vaisseaux destinés pour la prochaine expédition de Chine. Cette expédition étant pour le compte de l'Association établie par l'arrêt du Conseil, c'est aux députés des Chambres que vous devez vous adresser. Je suis, etc. 152-131. — 5 7bre, 1783. ENTRE NOUS SOUSSIGNÉS souscripteurs, ou porteurs d'ordres des souscripteurs des villes de Bordeaux et de la Rochelle, dans l'association formée en exécution de l'arrêt du Conseil du 21 juillet dernier, pour l'ex- pédition de commerce à faire à la Chine de 1783 à 1784 a été dit et expressément convenu ce qui suit : Savoir : Qu'ayant été convoqués et assemblés à la Chambre de Commerce de cette ville par Messieurs les Direc- teurs de ladite Chambre, le premier de ce mois de Sep- tembre, en exécution de l'article 7e du susdit arrêt du Conseil, il fut d'abord procédé à l'élection d'un député (1783) 250 . LA FRANCE EN CHINE où il s'agira de choses assez importantes pour que le Comité ne croye pas en pouvoir prendre la résolution sur lui. Une copie des présentes sera remise à notre Député, une seconde sera déposée au Secrétariat de la Chambre du commerce de Guienne, et une troisième sera en- voyée à la Rochelle pour y être pareillement déposée au Secrétariat de la Chambre de commerce du pays d'Aunis, avec le consentement de Messieurs les Direc- teurs de ces deux Chambres, les dites trois copies se- ront signées par ampliation des cinq commissaires qui d'ailleurs les feront connaître tant à Monsieur le Controlleur général des finances qu'au Ministre de la Marine. Fait à Bordeaux, le cinq du mois de septembre l'année mil sept cent quatre-vingt-trois. Actions. ܢ ܟ ܟ ܟ ܟ Noms des Souscripteurs, Mathieu. Brunaud frères et fils. Peychaud. L. Barthez. Raby. Grignet. Bonafous, Fabre et C. Tonya. Feger-Delatour. Bonnaffé. Oursel, Lemesle et Ce. Lys frères pour Garesché, de La Rochelle. Alex. Nairac pour Le Grix de La Rochelle. ܝ ܚ ܘ 8 ܘ 8 ܝܕ 136 A reporter. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 251 Report 136 Bening una a ő auta - aj Baux, Barde et Cie. Pierre Texier. Alex. Nairac. Risteau père et fils. Alex. Nairac (Pour Jn. Be. Nairac, de La Ro- chelle. Le même pour Goguet de la Rochelle. Camescasse. Ganseford. Weis et Emmerth pour Weis et fils de La Rochelle.) Feger et Cie pour les mêmes. Aquart. Alex. Nairac pour de Baussay de La Ro- chelle. Feger et Cie pour Corbun de Bordeaux. Feger et Cie pour Weltner et Cie de Bor- deaux. Alex. Nairac pour Guibert de la Rochelle. Pierre Nairac et fils aîné. C'chaleh [?] et Cie pour de Stockar [?] et Débers de La Rochelle. Théodore Martell pour Carayon fils aîné. Lopes Dubec. Letellier frères. Feger et Cie. Lavaud aîné. Dacosta de la Séronière. Pierre Sers. wu on our ♡ er ur et au 396 Certifié conforme à l'original par Nous les Commis- (1783) 252 LA FRANCE EN CHINE saires du Comité de Bordeaux pour le commerce de Chine. Bordeaux, le 20 septembre 1783, LE Tellier, FEGER DE KERHUEL, A. LAVAUD L’AINÉ, Pre Sers, DACOSTA DE LA SÉRONIÈRE. 153-134. – A Paris, le 12 septembre 1783. [R. le 21 Sept. 1783.] MONSEIGNEUR, Ayant eu l'honneur de vous rendre compte du juge- ment de la grande Chambre en faveur de la créance du S'. Bourgogne, subrécargue françois résident en Chine contre le S'. Paris, chirurgien-major de S. M. à Canton, je dois vous informer qu'il vient de me faire proposer par un ami commun de me fournir des hypothèques certaines au moyen desquelles cesseront toutes procédures et empêchements à son départ pour la Chine où il assure qu'il doit se rendre et terminer cet objet de contestation dont je suis très touché d'a- voir importuné Votre Grondeur. Messieurs les actionnaires de l'expédition prochaine des trois vaisseaux accordés par S. M. au commerce de Chine, m'ayant fait l'honneur de me nommer dans leur assemblée à Nantes le premier de ce mois, pour la survivance de leur député, ce témoignage flatteur et authentique de la confiance publique m'a fait con- cevoir qu'il peut convenir à l'intérêt général comme au mien personnel, en ma qualité d'actionnaire majeur dans cette spéculation, d'agréer mes services pour re- tourner en Chine diriger moi-même cette opération, dans laquelle je me trouve avoir 42 actions pour mon (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 253 sea compte, ce qui fait un objet très considérable dans ma fortune. Vingt-six ans de travail dans cette partie et plusieurs longues résidences à Canton, d'où j'ai fait plusieurs heureuses expéditions de quatre et cinq grands vais- seaux chaque année m'ont acquis une expérience qui m'a procuré la confiance du commerce; elle se trouve encore plus solidement établie aujourd'hui par les talens distingués et l'extrême honnéteté de M. Bour- gogne qui réside depuis 10 ans dans ma maison à Canton, à la tête de laquelle il a expédié, depuis mon absence, plusieurs cargaisons importantes avec le plus grand succès. Ces considérations, Monseigneur, peu- vent être l'objet de votre protection pour tout ce qui peut assurer le succès le plus étendu d'une opération accordée par la bienfaisance du Monarque et les vues utiles du Ministère aux négociants des villes maritimes. Mon établissement solide et permanent à Canton offre encore une ressource et une sûreté que la prudence humaine ne sauroit trop multiplier à des distances aussi considérables, dans tous les cas imprévus, mais possibles, auxquels votre sagesse éclairée peut obvier, en faisant valoir auprès de Mrs. les Députés ma de- mande fondée sur mon intérêt majeur lié à celui de tous Mrs. les actionnaires mes co-intéressés. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Montigny DU Timeur. NTIGNY DI I IMEUR. (1783) 254 LA FRANCE EN CHINE 154-136. — COMMERCE DE CHINE. 21 7bre. 1783. Le sieur Montigny du Timeur annonce que les Actionnaires du commerce de Chine, assemblés à Nantes, l'ayant nommé survivancier de leur député, il se propose d'offrir ses services à l'association pour aller lui-même en Chine diriger les opérations, au succès desquelles il se croit en état de contribuer par son expérience dans ce compierce, par les relations et par l'établissement qu'il a à Canton. Il demande que Monseigneur lui accorde sa protection auprès des dé- putés pour leur faire agréer sa proposition. L'association étant autorisée à prendre les mesures qui lui paroîtront les plus avantageuses pour le succès de ses expéditions, et à choisir les personnes les plus dignes de sa confiance, il ne seroit pas convenable de gêner son choix. On joint en conséquence une réponse que Monseigneur est prié de signer s'il l'approuve. Approuvé. IC 155-137. — CONSULAT DE CANTON. 21 7bre, 1783. Le S'. Paris, chirurgien du Consulat de Canton, demande pour son fils âgé de quinze ans la place d'enfant de langue chinoise qu'il dit être devenue va- cante par la mort du S. Thimotée fils. Il annonce qu'il n'a rien négligé pour l'éducation de ce jeune homme, tant à la Chine où il a déjà passé six ans qu'en France où il est depuis 1779. OBSERVATIONS. La Compagnie des Indes avoit jugé convenable à (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 255 Ine la- l'intérêt de son commerce de former des sujets dans la connoissance de la langue, des mœurs et des usages des Chinois avec lesquels ses agents avoient à traiter. Elle donnoit en conséquence le titre d'Enfants de Langue à quelques jeunes gens qu'elle destinoit à son service. Ils étoient attachés au Conseil de Direction dont ils tenoient les écritures avec les plus foibles appointemens. Il n'y en avoit, cependant, aucun à Canton lorsque le régime de la Compagnie fut rem- placé par l'Administration royale en 1775. Le sieur Thimotée dont le père étoit membre du Conseil de Direction fut nommé enfant de langue chinoise avec. 800 l. d'appointemens. En 1776, l'établissement de Canton fut érigé en Consulat et le titre d'interprète fut substitué à celui d'enfant de langue. Le S'. Vauquelin, consul, à son arrivée à Canton destina la place d'in- terprète au S'. Thimotée; mais ce jeune homme ma- nifesta tant d'insubordination et tant d'éloignement pour le travail que le Sr. Vauquelin le révoqua et le remplaça par le S. Galbert, disposition qui fut ap- prouvée. Depuis ce moment, le S'. Thimotée n'a plus été porté sur l'état des officiers. Ainsi il ne laisse, par sa mort, aucune place vacante; celle d'interprète est remplie par le Sr. Galbert. D'où il résulte que la de- mande du St. Paris reste sans objet; mais comme la qualité de chirurgien du Consulat, sans appointemens, semble lui donner quelque droit à l'espoir de voir un jour son fils admis au service, on pourroit lui donner la perspective de la place d'interprète dans le cas où la conduite et les talens de son fils justifieroient cette destination. C'est l'objet de la réponse qu'on joint ici et que Monseigneur est prié de signer, s'il l'approuve. Approuvé. (1783) 256 LA FRANCE EN CHINE 156-138. – A Monseigneur le Marquis de Castries, Ministre de la Marine. [R. le 31 7 bre, 1783.] MONSEIGNEUR, Le sieur Julien Paris, chirurgien-major de la nation françoise à Canton a l'honneur de vous supplier de lui accorder la place d'enfant de langue chinoise à Canton pour le Sp. Jean-Baptiste Paris, son fils, vacante par la démission du S'. Thimotée le jeune. Le S'. Paris a d'autant plus de confiance à solliciter cette grâce de Monseigneur, qu'en 1773, Mgr. de Boynes, alors mi- nistre de la Marine, engagea le S'. Paris à amener avec lui son fils âgé de 5 ans. Arrivé à Canton, le S'. Paris n'a rien épargné pour lui donner tous les maîtres né- cessaires pour apprendre cette langue pendant six années. En 1779, il le renvoya en France pour y apprendre le latin, les mathématiques, le dessin, afin de le rendre plus digne de remplir la place que le suppliant sollicite des bontés de Monseigneur et faire des progrès plus rapides dans les divers idiomes de cette langue, dont la connoissance est des plus impor- tantes pour l'avantage de notre commerce. Les dépen- ses pour cette éducation et les voyages ont été faites par le suppliant qui espère que Monseigneur voudra bien prendre en considération les motifs qui le déter- minent à réclamer ses bontés. Cet enfant a 15 ans. Il est présentement au collège royal de Compiègne. Le suppliant ne cessera de faire des veux pour la conservation de Votre Grandeur. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 237 157-139. – A Bordeaux, le 20 zbre. 1783. MONSEIGNEUR, [R. le 4 Oct. 1783.] Les souscripteurs de Bordeaux et de La Rochelle dans l'expédition de commerce à faire à la Chine de 1783 à 1784 ayant cru devoir, pour l'avantage de l'association, nommer un Comité de cinq d'entre eux, qui puisse les représenter en tout temps, sans qu'il soit nécessaire de les assembler que pour des causes extraordinaires; ils nous ont fait l'honneur de nous choisir à la pluralité des suffrages pour composer ce Comité. Outre le vote qui, sauf votre bon plaisir, a donné l'existence à ce Comité, les actionnaires ont exposé, dans une délibération écrite et signée, les principaux motifs de cet établissement et en même temps les pou- voirs confiés aux Commissaires. Tel est l'objet de l'é- crit dont nous avons l'honneur de vous remettre une copie ci-jointe. Quoiqu'il ne fut pas nommément question de sem- blable établissement dans l'arrêt du Conseil du 21 juillet, les actionnaires ont cru voir dans l'esprit de cet arrêt que le Roi entendoit leur donner la faculté de prendre tels arrangements qui leur paroîtroient les plus convenables à leurs intérêts et à l'avantage d'une entreprise honorée de toute sa protection : aussi, Mon- seigneur, en nous chargeant de vous demander votre approbation, les actionnaires de Bordeaux et de la Rochelle se sont-ils d'autant plus flattés de l'obtenir qu'ils croient n'avoir fait que concourir aux vues de Sa Majesté et aux vôtres. La France en Caline (1783) . 17. -NCE EN CHINE sem becrevi, Monseigneur, si, Deze aracteristicherons de remplir la - S 05es: Scaiee cous pouvions mériter OSS : 7 6255 avoir en quelque sorte le S y nedre si sos talens é:oient proportionnés à c aceressie. Sisstesse accee: Cos soins peuvent être utiles, oscapis acce seule récompense, mais elle es ad prsà cos yeur, c'est, Monseigneur, Gobier votre approbation eicelle de nos constituants. Vous sommes avec le plus profond respect, Monseigneur, Vos très humbles et très obéissants serviteurs, LE TELLIER A. LATAUD I'ainé FEGER DE KERHUEL Pazz, SERS DACOSTA DE LA SÉRONIÈRE Verr.bres du Comité pour le commerce de Chine. 158-140. — CONSULAT DE CANTON [2 Oct. 1783.) Le S'. Vieillard a adressé le compte des dépenses du Consulat de Canton pendant l'année 1782; mais pour se former une idée exacte de sa situation, il est néces- saire de rappeler les comptes des années antérieures. La caisse du Consulat étoit arriérée à la fin de 1781 de la somme de ............. 37.244' 79 » La dépense des années 1782, 1783 et 1784 à laquelle on a pourvu est de... 90.000 » » Le Consulat ayant été obligé de faire desemprunts pour suppléer au défaut de A reporter. ... 127.244 7 » (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 259 Report . . . 127.244' 7*.» l'envoi de fonds commis au S'. Perche- ron en 1779 il y a eu des intérêts à payer p ................. 6.480 » On a donné ordre de rembourser aux marchands hannistes de Canton ce qui avoit été induement exigé pour le prix des gravures destinées pour l'empereur de la Chine ............... 27.000 > 160.724'7*. » On a envoyé en 1782 par des vaisseaux sué- dois. .......... 122.747' 8 Par les vaisseaux du S'. Grand Closmeslé .. 18.970 16 On a chargé le Consul de réclamer le rembour- | 154.635 » » sement du prix des gla- ces envoyées à l'Empe- reur de la Chine :... 11.416 16 On a payé à la dame Vauquelin à valoir sur les appointements de son mari......... 1.500 Différence 6.089'7'. » Les premiers vais- seaux qui partiront pour la Chine nedevant arriver que dans le cou- rant et peut-être vers la fin de 1784, il paroit A reporter. .... 6.089 7 » (1783) 260 L.I FRANCE EN CHINE 00 00 ) Report. . .... 6.089'7'» convenable d'en profi- ter pour l'envoy des fonds nécessaires aux dépenses de 1985, cy. 30.000 » Sur quoi il faut dé- duire les fonds prove- nant de la succession du S'. Vauquelin dont la caisse du Consulat a fait recette et qu'il fau- dra payer en France. 17.967 3 12.032 17 » 18.122'4 ) Ainsi en faisant passer 18.122'4' ou 3.356 piastres, le service du Consulat sera assuré jusqu'à la fin de l'année 1785. Si Monseigneur approuve cette disposi- tion, on donnera des ordres pour faire pourvoir à l'a- chat des piastres nécessaires. Approuvé 159-141. – MM. les Commissaires formant le comité établi par les actionnaires de Bordeaux et de la Rochelle pour le Commerce de Chine. [Minute] Versailles, le 4 8bre, 1783 J'ai reçu, Messieurs, la lettre que vous m'avez écrite en commun pour m'annoncer que les actionnaires de Bordeaux et de la Rochelle pour le Commerce de Chine vous ont choisi pour former un comité avec pouvoir de veiller aux intérêts de l'association. Je ne doute pas que vous ne répondiez aux vues de vos co- mettans. Je suis, etc. (1783) 2014 LA FRANCE EN CHINE 163-148. – Monseigneur le Ministre de la Marine, 4 gbre. 1783. [R. le 13 Novembre 1873] Le nommé Francois Joseph Baudry, natif de Saint- Malo y demeurant depuis un mois, âgé de 33 ans, supplie très humblement Monseigneur le Ministre de la Marine de lui accorder de l'emploi dans les nou- veaux armements pour la Chine. Le suppliant a servi pendant 18 ans dans tous les parages de l'Inde et de la Chine en qualité d'officier volontaire. Et il y a acquis toutes les connoissances relatives à son état. Il fut fait prisonnier de guerre dans la dernière guerre de Madras et perdit dans cette circonstance tous ses biens et effets montant à 40 mille écus. Au retour de sa captivité il trouva un poste sur un vaisseau impérial. De retour de ce voyage il désire retourner à la Chine sous telle commission d'officier qu'il plaira au Ministre lui ac. corder, eu égards à ses services, à ses malheurs et à sa perte à la prise de Madras. 164-149. —- CONSULAT DE CANTON. 16 Novembre 1783. Le S'. Vieillard, chancelier du Consulat de Canton, marque qu'il remplit par intérim la place du S'. Vau. quelin, consul, mort le 23 septembre 1782, ainsi qu'il y est autorisé par l'ordonnance de création. Il avoit nommé provisoirement à celle de chancelier le St. Gal. bert, interprète ; mais ce dernier ne se croyant pas en état de remplir les fonctions s'en est démis en faveur du S'. Costard, ancien supercargue de la Compagnie des Indes et membre du Conseil de direction qui a (1783) 266 LA FRANCE EN CHINE LE S'. GALBERT, alloué 1,500! d'appoin- tements, c'est-à-dire la moitié de ceux attachés à l'office de chancelier, avec la condition de rembour- ser cette somme à la caisse du Roi, si Monseigneur désapprouvoit cette dispo- sition. Qui a refusé, par mo- destie, la place de chan- celier, est resté interprète avec 1,000 !. d'appointe- ments et il demande une augmentation. Le S'. Viel- lard, en rendant, en faveur de ce jeune homme, les témoignages les plus avan- tageux sur sa conduite, sur son zèle et sur son assi- duité au travail, propose de prendre sur ses propres appointements, dans le cas où il serait nommé consul, une somme de 1,000 !. pour porter à 2,000!. le traitement du S". Galbert qu'il dit être sans fortune. Il paroit en effet que le traitement de 1,000 '. est modique pour un inter- prète. Si Monseigneur accorde la place de consul (1783) 270 LA FRANCE EN CHINE Monseigneur, que mon fils est digne de votre con- fiance par les sentiments d'honneur qui l'ont toujours animé, par sa bonne conduite et son attachement à ses devoirs dont il m'a été rendu le meilleur témoi- gnage, pour ses longs services tant à la Compagnie des Indes qu'en Chine où il est depuis 14 ans attaché à l'administration sans qu'il y ait jamais eu aucun rap- port défavorable contre lui, enfin par l'avantage qu'il a d'être né d'un père qui dans une longue et honorable carrière a acquis l'estime de tous ses concitoyens et de tenir par son père et par moi à la meilleure bour- geoisie de Paris. J'ose donc présumer, Monseigneur, que votre justice et vos bontés ont accordé à mon fils la grâce que nous en attendons. Ce sera la consolation de mes vieux jours et j'en conserverai beaucoup de reconnaissance envers vous. Je souhaite infiniment apprendre son sort et je ne puis sortir. Est-ce indiscré- tion, Monseigneur, d'oser vous le demander et d'es- pérer un mot de réponse. Si c'en est une, pardonnez mon peu d'usage, mon infirmité et mon amour pour mon fils. Je suis avec un profond respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissante servante. Vve VIEILLARD, rue de Grammont, nº. 22, maison de M. Pierlot. 166-155. — Copie de la lettre de M. le maréchal de Castries en date du 19 Décembre 1783. MONSEIGNEUR, Les dispositions dont Les recherches que nous (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 271 je m'occupe, Messieurs, avons été contraints de relativement à l'établisse- faire dans les archives de ment françois de Canton, la Compagnie des Indes en Chine, me mettent dans qui sont aux Célestins, la nécessité de vous de nous ont empêchés de ré- mander quelques éclair- pondre plus promptement cissements sur la Loge que à la lettre que vous nous la Compagnie des Indes y avez fait l'honneur de occupoit. nous écrire le 19 décembre dernier. Pour ne point embrouil- ler les éclaircissemens que vous nous demandez nous y répondons à mi-marge. Il est question de savoir La maison appelée le si cette maison communé. hang françois n'a jamais ment appelée le hang appartenu en propriété à françois appartenait en la Compagnie des Indes, toute propriété à la Com- elle n'en avait la jouis- pagnie ou si cette dernière sance qu'à titre de location n'en avoit la jouissance annuelle ; elle payoit cha- qu'à titre de location. que année pour le loyer Dans le premier cas, du hang au nommé Chet- vous voudrez bien me faire Koa, marchand chinois la connaitre l'origine de cette quantité de 1,150 taels, propriété, les titres sur faisant argent de France à lesquels elle est fondée, 7!. 50 le tael, la somme de ainsi que les charges aux: 8,625 ! Le propriétaire quelles elle pouvoit être étoit chargé des grosses assujettie. réparations, et la compa- Dans le second cas, vous gnie de celles locatives. entrerez dans le détail de Il ne se passoit aucun ce qui se pratiquoit sous bail ni aucun écrit; on (1783) 272 LA FRANCE EN CHINE le régime de la Compagnie payoit tous les ans le loyer relativement à la jouis- au départ des vaisseaux; et sance du hang françois. lorsque l'on partoit pour Macao, on faisoit un in. ventaire de tous les meu. bles et effets qu'on laissoit dans le hang, le marchand chinois se chargeoit du soin et de la garde de ces effets, et s'emparoit de toutes les clefs : au retour de Macao, à l'arrivée des premiers vaisseaux d'Eu- rope, les subrecargues de résidence se remettaient en possession du hang, des meubles et des effets qu'ils y avoient laissés. Nota. — Ces meubles et ces effets ont été vendus lors de la suspension du commerce de la Compa- gnie en 1769 et 1770. Vous aurez soin d'indi- Le comptoir de Canton, quer en même temps, si la sous le régime de la Com- Compagnie étoit dans l'u- pagnie des Indes étoit sage d'accorder des loge. composé d'un chef aux ments dans cette maison appointements à quelques-uns de ses de 12,000'. employés et quels étaient D'un second 8,000 ces employés. De deux sous- 20,000 A reporter. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 275 par an et appartenoit au nommé Pan Kekoa, mar- chand chinois. De cette façon le Conseil de Canton et tous les em- ployés destinés aux opéra- tions du commerce, étoient séparé du corps de la Ma- rine et tout étoit en règle. Je désirerois bien que Nous ne sommes pas en vous fussiez en état de état, Monseigneur, de vous joindre à ces premiers donner le plan du hang renseignemens un plan qui françois, n'en ayant jamais présentât l'étendue et la eu aucun à notre disposi- distribution de la Loge. tion. Mais à ce défaut, Mais si cette pièce vous nous avons l'honneur de manque, j'espère que vous vous observer que cette y suppléerez par tous les maison a environ 130 à 150 éclaircissemens qu'il est pieds de long sur environ en votre pouvoir de don- bir de dons 50 à 60 de large, tenant ner. d'un boutà la rue et de l'au- tre au bord de la rivière. Qu'elle est composée de trois cours, entourées de trois corps de logis ; dans la première étoient les logements des employés du premier et du second ordre, dans la deuxième un peu plus grande, celle des sous-marchands, et dans la troisième, bien plus grande, ceux des chefs (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 277 de garde, à l'entrée de l'es. calier fait pour la décharge et le chargement des divers bateaux dont on avoit besoin pour le service. Au-dessus de cette porte il y avoit une terrasse dé- couverte en forme de gallerie pour la promenade et de laquelle on décou- vrait tout le mouvement de la rivière, vue très agréable dans un pays surtout où presque toutes les communications se font par eau. Vous voudrez bien aussi Le gouvernement chi- entrer dans quelques dé- nois a toujours été dans tails sur l'usage où sont l'usage de forcer les su- les Francois résidant à brécargues et autres de Canton de passer tous les toutes les nations euro- ans à Macao et vous indi- péennes résidant à Canton, querez les erremens que de sortir de cette ville aus- la Compagnie suivoit par sitôt le départ des derniers sit rapport à ceux de ses em vaisseaux européens et ployés pour ce change- d'aller passer à Macao tout ment. le temps qui doit s'écouler Je suis, Messieurs, entre le départ des derniers entièrement à vous. vaisseaux et l'arrivée des Signé : le Mal. DE CASTRIES. premiers. Cet intervalle peut être compté depuis la fin de janvier jusqu'à la fin de juin à peu près. (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 279 Nº. 2 VOYAGE DĖ MACAO A CANTON ÉTAT DES DÉPENSES FAITES POUR CE VOYAGE PAR LES SUBRÉCARGUES DE LA COMPAGNIE DES INDES. Taels Mace Condorins · · . · . . . · 22 5 - 2 7 . . · . A l'Interprète pour faire viser la chape. .... Droits et paiement au hopou de Macao.... Coulis pour l'embarquement '. . . . . Au douanier de l'escalier ...... A Porta Serca . . . . . . ... A Casa Branca. . . .... A Yan Chan....... Champan d'avis ........ .... A Si Naye . . . . . . . . . . . . A la douane de l'Ouest à Canton. . Dix champans pour le comptoir .... A Naud Haye pour viser la chape ... ... Petit champ d'avis . . . . . . . . . . . . Montant des frais de voyage de Macao à Canton. En argent de France 2,6951 11s 6d . 8 5 · . · O . · » 3 1 8 359 4 se monte à 366 taels I mace 8 condorins. somme de 2,7461 78. LATION. 3248 1 8 s » d . 2746 7 » 2695 116 L. 8690 6 6 (1783) LI FRANCE CS CHINE Les Francois y sont assujettis comme toutes les autres nations. Le drail particulier et exact des frais d'aller et reur de cette transmigration vous instruira de ce qui se passoit alors. Vous le trouverez ci-joint sous les ". I e: 2. Voyage de Canton à Macao, détaillé dans l'état nº 1. rocie à. . . . . . . . . . . 433' 1" 2®. Lovers de 3 maisons à Macao .. 366' 1" 8'. Retour de Vacao à Canton détaillé dans l'eiat numéro 2 monte à . . . 359' 4" 14. 1.158' 7" 1'. farsan: argent de France 8.690' 6' 6. Vous avons troure, Monseigneur, joint à votre lettre, un etat des dépenses à Canton relativement à l'établis- seinent d'un vice-consul, d'un chancelier et de deux interprètes montant à la somme de 20.500 ! Nous n'avons aucune réflexion à faire sur cet article, la lettre à laquelle nous avons l'honneur de répondre ne nous y autorisant pas. Nous sommes avec respect, Monseigneur, vos très humbles et très obéissants serviteurs, Les Directeurs de la Compagnie des Indes, DERABEC, SAINTE-CATHERINE, DE MÉRY-Darcy. A Paris, le 6 janvier 1783. VSULAT DE ANTON. 168-157. — ConsulAT DE CANTON. 20 Décembre 1783. Lorsqu'on a rendu compte par le rapport ci-joint du 2 Octobre dernier, des dépenses du Consulat de (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 285 payait pour la partie que je lui avais déléguée les Impériaux parurent à la Chine munis des lettres de recommandation de Monseigneur de Sartine qui enjoignait à feu M. Vauquelin de rendre tous les ser- vices qui dépenderaient de lui à cette Société nais- sante. Il crut qu'il ne pouvait faire mieux que de me demander qu'ils fussent logés dans le Hang que nous occupions, et cela fut. Je me réservai un corps de logis que je donnai aux prisonniers français que les Anglais avaient mené à Canton et auxquels ils refu- sèrent le logement. L'année suivant je suivis la même méthode. En 1781, le Hang resta sans autre locataire que M. Vauquelin et moi. M. Vauquelin se trouvait à cette époque sans fonds. Je payai la totalité et fus rem- boursé de trois mille trois cents livres seulement. Je restai grevé à cette époque de six mille quatre cent livres pour réparations locatives. Je n'ai eu d'autre récompense du sacrifice que je faisais que la satisfac- tion de loger et même d'aider de ma bourse tous les prisonniers français que les vaisseaux anglais ame- nèrent à Canton. Ils étaient 6 d'état-major et 45 tant matelots que soldats. Je procurai à force d'argent éva- sion à 32 sur les vaisseaux neutres... En 1782, nous avons eu le malheur de perdre M. Vauquelin. La caisse du Consulat se trouvait sans fonds par le défaut de remise de 30,000 !. confiées à M. Percheron, et le Consulat grevé d'un emprunt de 27,000 !. à l'intérêt de douze pour cent. Pour rendre ma situation encore plus difficile, je recevais la nou- velle d'une perte de 75.000', chez les sieurs Bouffé père et fils. J'avais à monter une maison, point de vaisseaux français, obligé de m'approvisionner chez (1783) NU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 287 174-168. — Le Commerce de la Chine donne lieu à des comptes courants entre les marchands chinois et les négociants européens. Il paroit que la masse des dettes passives des Chinois est sans proportion plus consi- dérable que celle de leurs créances ou dettes actives, ce qui provient sans doute des facilités qu'ils ont pour exiger le paiement de ce qui leur est dû et pour éluder le paiement de ce qu'ils doivent. · En 1779, une frégate (on la désigne comme petite) angloise qui escortoit une flotte riche et nombreuse arriva à Canton. Le S. Panthon ou Peinton [lisez Panton] qui la commandoit réclamoit au nom du gouvernement anglois, le paiement des sommes dues aux négociants de sa Nation. Le fouyen ou gouver- neur de Canton, surpris de l'énormité des dettes récla. mées, ordonna aux Cohannistes, marchands qui com- mercent exclusivement avec les Européens, de les liquider. On prétend qu'elles montèrent à 2 millions de piastres ou 10,800,000! tournois. Il fut stipulé que le paiement en seroit fait en 10 ans et que le pre- mier terme seroit acquitté en 1780 (1). 1. ... « We find that in 1779, this instrument of extortion (co hong) was in full operation under a new name, Consoo Fund, the history and origin of which are as follows:- The enormous sum of 3,808,076 Spanish dollars, became due in a comparatively short time to British subjects, without any hopes of being able to recover the same. All efforts failing to recover any portion of this just debt, the case was laid before the Madras government, who dispatched Captain Panton, in one of his Majesty's ships, to urge payment. The Captain had instructions from Admiral Sir E. Vernon, to insist on an audience with the viceroy of Canton. It was not without threats from the British Commander, that the audience was granted. The arrangement entered into, was an (1783) 288 LA FRANCE EN CHINE Cette opération fut faite secrètement entre les subré- cargues anglois et les Cohannistes. Il paroit que pour effectuer les paiements il fut convenu que les droits d'entrée et de sortie sur les marchandises seraient augmentés de 5 olo et que le produit de cette augmen- tation seroit versé chaque année dans la caisse des Anglois. Ainsi les nations étrangères qui font la moitié du commerce de Chine (les Anglois faisant seuls le surplus) paient dans le fait la moitié des 2 millions de piastres dûes à la nation angloise. On prétend même que les nations étrangères paient la totalité, en ce que chaque année on restitue aux subrecargues anglois ce qu'ils n'ont payé que fictivement pour les 5 pour cent d'augmentation, manouvre secrète que M. Haumont du Tertre assure avoir été découverte par le S. Febvre, négociant françois. Dans le compte que le sieur Vieillard a rendu par une lettre du 20 janvier 1785 de la situation du com- merce des Européens en Chine, ce vice-consul a fait mention des exactions des mandarins qui vont tou- jours en augmentant. Toutes les nations s'étaient réunies pour faire en corps au Quanpou de Canton des représentations pour lesquelles on remit au S. Galbert, premier interprète françois des instructions contenues en 10 articles. Après bien des sollicitations, acceptance of ten shillings in the pound (without interest), as a composition to be paid within ten ye:rs. Captain Panton had no sooner departed, than the Consoo first reduced one halt, was then to be discharged by a fresh impost on European commerce, which was continued up to a recent period. » (R. Montgomery Martin, China; political, com- mercial and social. London, 1847, II, p. 15.) (1783) 290 LA FRANCE EN CHINE Dans cet état des choses, le S. Haumont du Tertre propose d'envoyer une frégate de moyenne force à Canton pour y réclamer à l'exemple des Anglois le paiement de plus de 600.000 piastres dûes aux négo- ciants françois, sur lesquelles on pourroit faire déduc. tion de 4 à 500.000 livres tournois que le commerce de France doit à la Chine; il entre dans des détails sur les qualités que doit avoir le commandant de la frégate, le mandarin militaire, qui pour se conformer aux usages des Orientaux, doit montrer beaucoup d'ostentation. Il veut qu'on envoie de France une autre personne qui put aider le chef militaire de ses conseils et de son expérience, après le départ duquel il resteroit consul à Macao, subrecargue à Canton- le tepanne (tai pan?] des François. L'auteur propose ensuite des opérations nauti- ques dont l'objet seroit de mieux connoître des parages qu'on ne peut actuellement parcourir grâce à des craintes continuelles. Un observateur à qui le Mémoire du sieur du Haumont a été communiqué, croit que dans les créances des négociants françois il entre des intérêts à 20 pour 0/0 par an et qu'on trouvera dans la correspondance du Consul des ren- seignements utiles.... Il ne pense pas que le gouverne- ment de Canton veuille se rendre responsable des dettes de ses marchands contre lesquels on aura d'ail- leurs peu de moyens coërcitifs. Les Cohannistes ne sont pas toujours solidaires et la plupart des débiteurs seront morts ou en banqueroute. La compensation des dettes des négociants françois avec une portion des créances d'autres négociants françois ne lui paraît pas juste.... L'expédition du capitaine Panton en 1779 a été une démarche hardie dont le succès peut être attribué (1783) LA FRANCE EN CHINE ciadoa seroient pour cela inutiles, même impos- sbase que ce n'est que par la force qu'on opérera ce czaczement. OBSERVATIONS. M. Vacquelin, consul, a adressé en 1781 copie d'un éia: par lequel le fouyen Lhy de Canton avoit rendu compe à l'Empereur de l'affaire des dettes. Il paroit qu'en 1779, le S. Pinton [lisez Panton , commandant de la frecare angloise avait demandé en général que les deras das Hannistes Chinois envers les Européens fus- seat acquittées. Alors le fouven Lhy assembla les négo- ciants et les hannistes. Les Hollandois, les Suédois, les Danois et les Impériaus (il n'est fait aucune mention des Francois) assurèrent qu'ils s'étaient conformés aux ordres de l'Empereur qui en 1759 avoit défendu de prerer ou d'emprunter à intérêt, que chaque année, ils avoient soldé avec les Hannistes et qu'il ne leur étoit rien dù. Le chef de la Compagnie angloise fit la même déclaration, mais il ajouta qu'il étoit possible que les Anglois qui faisaient le commerce d'Inde en Inde eussent placé des fonds chez les Hannistes. Le S. Pinton [lisez Panton], retourna à Madras et promit d'en rapporter un état qui contiendroit les noms des créanciers et des débiteurs, mais il ne put se procurer ces éclaircissements et à son retour à Canton il fallut appeler trois Anglois de Macao pour arranger les comptes. Onze Anglois prétendirent qu'il leur étoit dû en capital et intérêts, savoir : Par Intchia. .. 1.354.000 Et par Coccia. . 438.000 Total en piastres. 1.792.000 piastres. ir (1783) AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE 295 dont les inconvénients ne pouroient pas être balancés par le recouvrement des dettes qui, par une liquidation raisonnable, éprouveroient probablement une grande réduction. S'il obtient qu'on fasse quelques paiements, il jugera si quelques-uns des créanciers françois ont des droits à une préférence ou s'il ne sera pas plus juste d'en ordonner la répartition au marc la livre. Dans tous les cas, il n'en retiendra aucune portion pour le prix ou les frais de la protection que le Roi doit à ses sujets dans toutes les parties du monde. 175-169. — MÉMOIRE. Il seroit de la plus grande prudence que chaque vaisseau du Roi qui fut en Chine, eut un détachement à bord, qui en mer feroit le service des matelots et à terre celui de la garde du Bancassal. Voici les motifs qui déterminent cette proposition. Du moment que les vaisseaux arrivent à Wampou, on fait sur l'île du même nom, un Bancassal à chaque vaisseau (qui est une espèce de magasin), où on y enferme la garniture, la tonnellerie, la voilerie, le poste des malades et généralement tout ce qui a besoin d'être recouru en tout genre. Quoiqu'il y ait le jour et la nuit une sentinelle de- vant et derrière desdits bancassaux et qu'un officier de chaque vaisseau y fasse la garde, je ne regarde pas cet établissement à l'abri d'être incendié, ne jugeant pas la consigne parmi les matelots aussi exacte que parmi les troupes : or si par quelque événement im- prévu, le feu prenait à un des bancassaux, il seroit fort à craindre que les autres ne fussent consumés, n'étant faits que de bambous et de nattes. Le pays n'offrant aucune ressource pour réparer ces pertes, (1783) YD 10653 GENERAL LIBRARY - U.C. BERKELEY BOO0988913 451048 DS 140 F8C6 UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY մարդկությանբեյրոգլիցեյնրամասներ նոր հարսա, համայնավարտ | ԷՐԿԻՐԱՎԱԳ ՀԻՆ ԿՏԱԿԱՐ