P r e, f a C e L e present Expose' se trouve en tate de ma traduction de 1'Organon de F'art de, guerir du Docteur Samuel Hah71emann, ouvrage fondamental de, sa m~thode curative. Cet Expose' contient un a1)re'g6 de ihistoire de ]a nouvelle doctrine ainsi qu'un aper~u de. ses principes fondamentaux. De'sir.-mt re'pandre autant que possiIble la connaissanmce du dit ouvrage, ii m'a paru convenable de faire une edition se',par~e de ce petit trait6 qui pr~sente au public le vrai point (le vue I1* - IV pour juger de 1'objet en question, et qui 1'excitera, comme je 1'espe~re, t s'e familiariser avec le lijre inte'ressant dont ii forme la traduction. IDe to-as les biens de cctte vie la Sant, est le plus prc'ciecux, car elie forme la base de notre bien&trc physi~que et moral. L'hommc a c~e6 cree pour jonir de la plenitude de ses forces corporelles et spirituelles, afin quill conitrib~ue par son activite' et son 0nrg a- an qAi est possible, ýt son propre bonheur et "a ccliii des autres; afin quill dirige toujourts ses faculte's vers un plus haut degre' de perfectioii, et qu'il s'approchec ainsi de plus en plus de le'tre supree, sorce ernelle dii bien et de la f~lcit' MN'ais cc n'est quc dc iheuareuse harmonic de Louites ics parties dii corps, cc n'est quce du jea libre et, facile dc -tous ses organes, que provient, cc sentimient. de vrigueur et de courage, ne'ccssaire pour exciter Ihomme 'a remplir sa hauite destine'e, et pour le rendre susceptible en mCIMe temps de toits les plaisirs et de toas les charmes dc la vie. C'est pourtant la sante', cc don inestimable du ciel, qui esi expose'c aux plus fre'qucntcs et aux iJiLs violentes attaqucs. L'influence des saisons, les eipi - 6 de4imies contagicuses, les travaux immod'rds dui corps ot dle lesprit, les chagrins, les passions, enfin une foule d'accidcns impre'vus et ine'vitables sont autant d'ennemis qui sans ccsse nous menacent de sa. perte. De bous tenmps les hommes ont donc cherche a inventer un art, qui les I~ en &'at de de~ruire ces alterations pernicieuses de leur orgranisme, nomnu~es maladies, et de re'tablir la sant6 trouble~e. Voila' cc qui a donne' origine "a la me'decine et cc qui en fit lobjet de ]a veneration de touis ics peuples. Ce fat sur-tout dans les derniers sickles quie les diverses parties de lart medical, ainsi quc ses sciences auxiliaires, furent culiive'es avec beaucoup, de zede, et que nomlbre de beaux genies chcz presque touites ics nations de l'Europe s'y distinguerent. L'histoire naturelle, la physique, la chymie, la botanique, la physiologic et lanatomie furent enrichics des dd'cou-. vertes les plus inte'ressantes et firent les progre's les pIlus &onnans. Mais tandis quie ces sciences auxiliaires on. secondaires de la nu'dccine s'e'lanpaient d'un dcgre' de perfection "a lautre, les doctrines proprement me'dicales: ]a pathologic, on. la. connaissance des maladies, la mati "re me'dicale, on. la connaissance des vertus des me'licamcns, et la therapeutique, ou. la connatissance des principes d'apre~s lesquels it faut appliquer les me'dicamcns aux maladies, ces trois doctrines constitutives de l Yart de guL~erir n'atteignirent pas la certitude et la precision ne'cessaire, pouir devenir en effet cc qu'elles promettaient d'e'tre. 11 est vrai qu'lI na gue're manque6 d'ecrivains. ce"kCbres qui se sont distingum's dans Il)une on Flautre de ces branches de ]a me'decinc. La litterature Fran -8 -Toutes ces. theories se fondent stir lopinion, q-tion peal pene'trer au moyen de la spe'culation dans 1)inte'rietir de lorganisme et y de'couvrir les causes et lessence des diffirentes maladies. iMVais oii est donc Focil dui mortel qni ait jamais perce ic voile qui couixre l'attelier myste'rieux de IVCconomie vitale? - Ajoatez enfin le mode complique' dans l'emploi des rcm~des, c. "a d. la coutume ife n'1administrer jamais contre une mialadie un seul reme'de "a la fois, mais d~en ordonner tonjours plusicurs ensemble sous des, forniuiles artificielles, nommees recettes, chose qu-i r-end impossible tou~te experience pure sur les effets des divers ingre'diens en particuilier; et vous ne serez pas uitonne's, que les hommes les plus senses. de tous les siicles et des me'decins francs et loyaux eux-mdrnes, aient nomni' la me'decine un art conjcctiiral. MNais hd'as, quoi* de plus triste pie la conjecture e'tablie en sotiveraine dans uine science qui decide de ]a sante" oo. de la maladie, de la f6 -Iicite" on de Iinfortrine., de la vie on de ]a mort des hiommes! -De ]a' vient, qne tout hoinme raisonnable, qpi -I et uric fois convaincu de cette verit6 affligreante, craint de se soiimettre ati traitementff~ m& dical et ne s y livre qu'at regret quand une dure n&' cessit.6 l'y oblige. 11 respecte les individus qui out 'Vou6 letirs travaux an so-Llagrement de lbunmanit6" souiffranite, mais ii ne saurait se tromper sur ]a natare des chjoses. UI reconnalt et il admire qnantite' de (Iccoilvertes iniportantes et de connaissances in&' (licales par tI c i i "r e s; mais i1 ne sanrait s')imagincrqui existe deja' nn ac-rt de guir comme science, fonde'e sur des principes v6-ritables, sirulples, stables et ge-ierraox. 1I croit "a la re'alite6 de quantit6" de guaeisons md~dicales, mais ii n,ignore pas non pins que des millicts d'inforttun's ont e~te les victimes des erreuirs et des fausses hypothe'ses, et le sont encore. 11 sait enfin, que la nature abandonne'e ai ele- me, est dans bien des cas trop faible pour vaincre la puissance morbifiqite; mais ii faut choisir entre les douleuirs naturelles et la modt possible dont le menace la maladie, et les touirmens artificiels et la mort me'thodique egalement possible que e'~cole liii prepare pet-tre. Trouvera-t-on ftrange, si dans cette craelle alternative, i1 se rappelle da conseil de Rousseau:,,Homme sense', ne mets point 'a cette,,oterie, oN' toutes les chances sont contre toi.,Souiffre, incurs ou gueris, malis sur- toat vis jusqLua,ta derni~re heure ')."l Or u~n tel 6'tat des choses C'tant sans contredit imgrand maiheur, tout homme quid prend "a coeur le saint de l'humanit6', doit ardeninment de'sirer la er'forme de cet art imiportant, d~positaire du plus precieu~x tre'sor des mordels; r~forme qn.u le rairde~n suir la voie de la nature et de l'expe'ricnce, seules et ve'ritables sources de toite. science empiriqae. Contemporahins! Le jour de cette grande re'forme est venu! Cest lobjet de l'ouvrage irnmortel, dont je vous offre la tradtictioit. Ce iiest pas un syste~me parmi les systemes quon vous pre'sente; ce n'est pas un jeune Esculape, redcemmnent de'core' du bonnet doctoral, qui s'd'ance hardiment vers le temple diygice, pouir ajouter la millimre the'orie aux 999, de~j'a existantes. Non, c'est un viejilard ve~nerab~le qui a blanchi au service de lhumauite', cest un e3crivain 1) Emilie, Iivrc 11. 10 - d'-un m6rite reconnu dans ]a r6publique des lettres, c'est un profond connaisseuir de la nature, dont le nom. vivra "a jamais dans les annales de la chymie, enrichies par ses pre'cieuses de'couvertes, c'est 'un e'decin qui dans quarante anne'es de pratique, sauva la vie et rendit la sante at une qu~antite' innombrable d infortune's, de'nue's de tout autre secours; C 1eS'st Ilu-i qu~i vient. d~poser entre vos mains -un code de la nature, re'sultat de son experience et de ses longs travaux! Cet homme distingue, apries avoir exerce' pendant une longue se'rie d'anne'es le proce'de curatif ordinaire, reconnut l'insuffisance de toutes ces diffrentes me~thodes, adopte~es par l'6cole, et vit que les promesses de la theorie &'aient de'savoue~es par les s-Luccies de la pratique. Pe~netred de cette conviction, 'I lui parut impossible d'exercer plus long-temps son etat de me'decin, avant d'avoir trouve' les ve'itables principes de Fart de gue'rir, et ii resolut fermemient de renoncer platiot "a jarnais at sa vocation, pie d agir contre le di'cret de sa conscience. Arm6" dun 'de infatigable, *I parcourut le vaste labyrinthe de la iitrtre m'dicale, et en sortit sans avoir atteint son Ju)lt mais apries s'etre pourtant enrichi du quantit' de connaissances et de remarques importantes. Une idee luniijuese eclaire tout a coup son esprit, et une nouvelle carrie're s'ouvre 'a ses recherches; hi natuire et l'expe'rcnce seront ses guides. Des ob)stacles et des dif ficult's innombrables lui disputent chaquLc pas, qu'il fait tout seul sur cette route solitaire; mais son courage malle ne recuile jamaIS. Les h~nom'_nes les plus &'onnans se manifestn ai ses yofx; 'i s'dleve duin degre de certitude ýi lautre, - 11 - perce la nnit des brouillards, et voit enfin briller l'astre de la ve'rite" qui doit re~pandre ses rayons bienfaisans sur l'umanit6' souffrante. Cependant ii se garda de publie'r sa deconverte avant d'etre suffisamment convaincu de sa re'alite' par de longs succi~s. Mais lorsq~ue la nouvelle me'thode curative, pratiqiue'e par lui pendant plusielirs anne~es, se montra toujours ruerveilleusement sahttaire, et que tous ses essais et toutes ses cures lui offrirent toujours le Meme re'sultat, ii n'he'sita pins 'a publier sa doctrine dans la premicire edition de son Organon 'I) de l'art de gue'rir, qui parut en 1810, ýt Dresde, chez Arnold, sous le titre de: Or-ganon der rationellen Heilknnde. La seconde edition revue, cor-,cgc, augment~ce et re'duite en une forme nouvelle et plus parfaite, parut en 1819, sous le titre: Organon der- Heilkanst, et c'est cette d4rnii~re que je 1 ) Qua-,nt au mot Or ga n on, que j'ai cru devoir conserver dans ma traduction, je, ne me perrnattrai qu' une courte remarque. Quiconque aura lu avec attention cet ouvrage, conviendra qu'il e'tait impossible 1% lauteur de se servir du terme de, s yst C"me, qui aurait rang6 son livre dans une ru~me cath~gori v avec ces thu'ories subtiles et sptC~culatives dont la aimplicit6 de sea principes et dc aa me'thode offrc justement le contraire. 11 aima donc miniux user du mot Gree Organon (OýVxydy), qu; de'signe tout instrument propre "a travailler 00 A exercer qucique cisose. L'Organon de lPart de guerir eat donc pour l'artiste rru'dical un instrument, t~ l'aide duquel ii aera en 6tat d'exercer son art d'une manieire acire et parfaite. Cc titre, tout simplle qu'il eat, indiquc. beaucoup en peu de mots; mais cc serait mal pre~surur de inca lectetirs que d'entrer dana un plua long de~tail aur cc point; leur saagacite" devinera bien ce que je pourrais en dire. - Au reste j'ai cru, que le muot Organoit cdtait admi~ssible en Fran~aia, car lea traducteurs des livres d'.4Iris-. tote,p coisnus aous le Mmcm nom, ainsi que ceux du nouvel Organon de Bacon d.e J/eru/am, Wn'ot pas he'site' "ia',eryir. - 12 - viens de tradnire. Dans l'intervallc de la premie're a la seconde edition de l'Organon, l )auteur publia les cinq premiers volumes d'un autre ouvrage essentiel "a quiconque veut pratiquer la nouLvelle me'thode curative. 11 a pour titre: Matic~re me'dicale pure '), et consiste en une collection de traites stir divers medicamens simples, contenant la maniere de les pre'parer et les series de le-urs effets specifiques, trouves par des essais sur des hommes sains. Un tome 6bme a paru en 1821, et en 1822 une seconde edition revue et augmente'e du premier volume. PMais, dira - t - on, comment est - ii possible qu'une de'couverte aussi inte'ressante, qui s'est deja,,ani~feste'e en Allemagne di's laumne'e 1810, n'ait pu &ere connue dans un espace de douize annees it,,toute l'Europe civilis4'!e? Pourquoi, si la me'thode,dont vous nous parlez, est si excellente et pre'f& rJable "a toutes les antrcs, pourquoi ne l'exerce-t-on,,Pas encore generalement dans tons les pays et snr-,,tout en Allemagne? La ve'it6' n'a-t-elle pas une force irre'sistible qui oblige tons ics esprits 'a se,sournettre 'a son sceptre, et i'objet en question,,n'est-il pas du~ne si haute importance, cjue tout.,homme raisonnable y doi've prendre part? Une de6 -"converte re'elle se pro-Lve par des faits; cc ne sont,,qne les- riees fantastiques qni sevanouissent et,tomibent dans le ne'ant." Yoila' les objections au~xqnelles je m'attenids, ei I) IeiCnU Arvicimittlch/lre, Dresde'n, bci Arnold, L Tiwil 1811, H1 Tlzci/ 1816, 1!. TA Lii 1817, IV. Thell 1818. V.Tlcil 1819, VI[. T11cit 1821, 2 tc Ausgabe des I. Theils 1822. 17 spe'cifiques semblables (6'Ya--ov ird&og) Ai cexde la maladie en question; 3) La m(Sthode allopathique, on celle qui uise de me'dicamens produisant des effets spe'cifiques 6trangcrs, aux sympt6mes de ]a maladie natuirelle, c. "a d. ni serublables ni* opposes (dAAOv Wda'~O;). L'expe'ience de'cidera de la valeur de chacuine de 'ces trois, nie'thodes. Voici les re'sultats qa'elle nous offre. XII. Quiant au proce'de allopathique, iH pre'sente trois cha-nces possibles: a) Si les maux artificiels, produiits par le reme'de, sont moins forts clue les souffr-ances naturelles, la maladie reste la me~me. b) Si les effets morbifiques, du me-dicament sont e~galement forts ou plus forts que ceux de, la maladie, cette dernie're est susp endue aussi long-temps, quie dure la cure allopathique, mais elie revient aussitot qu'on a cesse' d'administrer les, rerni~des, 'a momns qu Ien attendant iell n'alit acheve' son cours, naturel. Enfin 0) si l'on continue long-temps d'employer des remedes allopathiques violens contre une mialadieC chronique, i1 pent en re'sulter une c o mplic a t ion. de maladies, composde des symptomes spe~cifiques: du m~dicament et des soLIffrances naturelles, de fapon que chacune dc ces deux maladies occupe des places diffe'rentes dans l'organisme. ~- La me'hode ailopathique n'opeire donc en auicun cas une veritable gue'ris on. La raison de cc maiheuireux succe's se fonde sur cc que les effets purs d'un m~dicament allopathique, "n'tant ni semblables ni oppose's au~x sopt2 18 - rnes de la maladie, ne touchent pas les pati~cs affect-I'es, des souffrances naturell~es et ne sauraient donc re'ellement combattrc et vaincre ces dernie'res. Un tel reme'de peut bien les fa i r e taire pour queique 'temps par les souifranices he'terogenes qu'il excite, mais, non pas les and'ant ir. XIII Pour cc cpuL est da~ proce'de antipathique, ii semble que l'influence du remeade opprose" ait opere an commencement "tne n eut r alis a tio n des maux naturels et cp'il les ait parfaitement gueris. MNais de's que cc medicament a cess6, d'agir sur le corps, non-seulernent ic mial naturel rep arait, mais 11 sensuit encore un aggravernent e'vidcnt, qui augmente en proportion de la grandeur des doses. La cauise en est, quce Forganisme de Jihoinme a la tendance de reagir contre toute influence e'trange're et 'de lui opposer un &'at jaustement c o n t raire "a cdlui qui'elle excitait en lui. Or, quand le r e m C" d e employe' contre une maladic, prodait des effets specifiqucs opposes aux effets de celle-ci, iA s'ensnit quc l'effet re'actiif de l'organisme qui sticc~de tonjours at leffct primitif du reme'de, ne saurait &~rc autre chose qu'tin e'tat semblable 'a la maladie nature1 ic qui aggrave cette dernie~re. Le traitenient antipathiquc n'est douc qu un proce'de palliatif, qui ne sera jamais capable de guerir auicnn mal de conse~qucnce, et sur-tout uLne maladic chroniqac 1_). I1) Cc ne sont que des petites souffrances ri'ccminent ru'es, qui ce'dcnt "a ce proce'd6. - Les sculs cas o~i Ia me'hode antipathique soit applicable, se trouvent dans l'Organon, ~. 78. - 19 - XIV. Co n'est quo la mefthode homocopathique, qui 'se montre touj ours salutaire par l'exp~rience. En voici les raisons: Comme les o ff t s s p Scifi q u S d'un rem~de homocopathique sonL tout-a-fait somblablos aux souffrances natuwelles en qulestion, uls touchent justoinent I e s p arties et les organes de'ja affecte's et luttent avec la mialadie naturolle. Mais comme les maladies '~diciiiales sont de lour nature plus inergiq-uoes quoi los souiffrancos n atutir ellecs, ces derni "re s ce' d e n t, pouirvI quo los symptomos artificiols los surpassent up~ peni en force; car deux maladies semblables no sauraient exister ensemble dans los rnemes parties. Copendant los maladies me'dicinales &~ant dime certaine duroe, los souiffrancos artificiellos s'e'vanouissont alors, d'elleSM AmoCS, et laissent Jo corps parfaitemont sain. Quant am ]a reaction do l'organ is ine, si de'favorable an pro ce~d( antlipatbique, dell doviont salutaire dans la methode hom-ocopathique; car linfluence dum m~dicament homocopathique, eant semblable 'a cello do ]a maladic naturelle, ]a reaction do lorgalinsne p~rodoit tin effet oppose' au mal en question et cotrbue par cons&'quent au r~tablissemont do la sante' XV. Or, commo I'expipience et ]a raisoni nous donnent la. conviction, quo ]a mifhode homocopathique ost ]a sonic~ prn'f~rable, nous avons trouve6 en elle la loi f o n (I am e n t a 1 o des proce~des curatifs, savoir: Gue'rissez los maladies par des reniedes, capables de produire dans des hornrues sains dos affoct[ions aussi semblables 2 * 21 - trine homocopathique, ii est temps que je m'acquitte de ma promesse ct que je parle des obstacles qui ont arret6 la propagation dc la nouvelle me'hode curative. Je les distinguerai en obstacles gene'raux qu'elle a de commun avec toute grande de'converte, et en obstacles particuliers qui Ini sont propres. Quant aux obstacles de la premiere espi'ce, j'y comprendrai les prejuges contre tout cc qui est entierement contraire aux opinions 6!tablies, lindolence et le manque d'inte'ret pour les nouvelles de'couvertes, la malice et ]a jalousie envers le me'rite, enfin le penchant de tourner tout en ridicule. Pour cc qui est du premier point, je soutiens que les hommes en general ne sont pas aussi grands amateurs de la nouveaute", qu'on a coutume de les en accuser. Au contraire ils ont une profonde estime pour tout cc qii est couvert de la rouille des siehcles, ct ii faut des secousses violentes, tune necessite extreme, on des impulsions donn~es par des autoritis majenres, pour les en detourner. La chose &'tant une fois consacrie par la mode, ii est vrai qu'elle fera des progre's etonnans; mais la difficult6 est, qu'elle y arrive.- Quoi, s' cria-t-on, lorsque la nouvelle doctrine medicale fat communiquec au public, quoi, un seul homme pre'tend avoir troutve' cc que des milliers de me'decins les plus sages et les plus savans n'ont pas trouve' avant lii? Un seul homme veut abattre d'un coup de baguette I'edifice majesineux d'un systeme qui suibhiste depuis tant de siiecles? Cela est inou*, cela est impossible! Je demande 'a ces amateurs de l)antique ct des opinions revues, si cest pour la premicire fois qu'nn scul homme ait fait tne decouvcrte dont on n'avait - 22 pais d'idc'e an1paravant, et qui bouleverse le superbe Cchiaffaudagre de toute une science? N'a-t-on pas cupendant 5500 ans, que notre monde n'&'ai~t cornPose que de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et ne fut- cc pas ie senl Colomb qul con~ut le premier l'idi'e lumineuse d'une quatriierne partie de ]a terre, et qien prouva la r~lt' age e risions de ses contemporains? - N'a-t-on pas cru pendant, plus de 5500 ans, que le soleil tournait autour de la tfirre, et ne fut-ce pas le seul Copernic qui en d&.-n montra le premier le contraire, ct proposa, cc bean syste'm-e quii portera son nom 'a la post6-rite' ]a plus recul~ee. Cependant combien d'ennemis cc syste~me ni'a-t-il pas rencontre", et 11 n'y a que quci~eques anmies que le Saint Siege l'a adrnis, bien que provisoirement. Voila' comme sont en grande paruic les liomnies; vous avez beau le-Lr parler raison, les pr&' juge's l'emportent! Une autre classe de -personnes est trop in dole nte pour se soucier de nouvelles de'couvertes. Trop occupees de leurs plaisirs, de leurs gains et de leans affaires prive'es, cules s'cmbarassent peu dii bien- commun et des e'venemens qui y ont rapp)ort. La doctrine homoeopathique est tine chose qui demande des meditations se'ieuses et de m-iures 6xflexions, pour se covancre de sa ve ovlrit' et de son excellence. Mais ces bonnes gens n'ainent pas a ntflc'chir eux-rn~mes et sont contens que dautres fasse~nt aller les choses comine elies vont. L'homocopathie blessa lindolence encore d'une autre facon. Cette nithodc, qui a pouir but de rarnener les hommies stir la voie de la nature, prescrit "a tous ceutx qui veullent. c-onserver Icur sante, et sur-tout aux malades chroniqucs qni ve-tilent la. recouvrcr, un regime simple et natarel qui dernande -Lne abstinence severe de quantite6 de jouissances introduites et.g' neralement rqesne par le luxe, mais pernicieu~ses an bien - e~tre do. corps et de l'ame. Mais les faibles et les indolens ajinent mieux souffrir de temps en temps les tourmens, de la maladie et des reme'des violens, que de se priver constamment des plaisirs de ]a sensualite; car uine p~atience morncntane'e esi pins facile "a pratiqo~er qnuunc resig-nation continnelle. Un e troisierniecspece d'individus qnii contrecarrent toutes les grandes de'coui-ertes ci toutes les nouvelles doctrines importantes, sont les me'chans. 11 y a des personnes d'un caraci~re Si malveillant, qu'eues se senteni blcsse'es PC-I toot cc qni1 paraft de sublime et d'excellent, ct- qu'eues ne sauraient jarnais sc re'sondre ai reconnaiiie la supe'riorit6e dutn genie emAinent. Doniinees par l'envie et la. jalousic, cules mettent en jen touics ics intringues ct tonics les cabales ')ossibles pour pre'venir le public contre 1lauteur d'une grande de~coaivertc et poor e~teindre da-ns sa. naissance le flambeau de la yeriULe. Ceries, cettc sorte de gciis n ont pas nianqud t loccasion de la nouvellc me'thode culrative. Les brnits les phins caloninnicux fluent re'panclas conire cule, ct on n'epargna pas mieme les mocors ct lc caractewc de son venerable fondatcur. On pourrait remplir uin volinme entier des fables qu'on a fa-briqu~ces et qu.'on fitbriqu c encore stir Ihboinocopathie. J1e nien rapportcrai pi tine seule pouri ka coriosite' dio faili; c'est, (iUC Mr. ilahnemanai et ses secLatcurs traiiaicnt prcsque tonics ics maladies avec de I'arscuic; wncs onige grossier ct albstrde anx ycux de 25 -2 1'homme, qn'il craint de se voir ravir ce qui lIii a coute' beautcoup de peine h acq-uerir. Or, le savoir et la conviction en fait de sciences, e'tant la propri'te& iatellectuelle des hommes de lettres, il est naturel que toute nouvelle deconverte ou doctrine qui menace de changer la face d'une science entiekre, soit revoqu'e en doute et conbattue par nombre de ceux qui professent les anciens principes. Soyons justes et nous trouverons que cette conduite n'a rien de bla'mable en elle - meme. Aussi bien qI'il y a une diversit6 de croyance en fait de religion ct de politique, ii y en a aussi une dans toute science. Que chacun dMende la sienne par tons les moyens licites que lui offre la sagacite de son esprit et la richesse de ses connaissances. Muais qu'il soit aussi dispose a examiner avec impartialit6 et, s'il est necessaire, par des experiences propres, la re'alite6 des principes de ses 'adversaires, et qu'il les emlrasse de bonne foi, de's qu'il les trouvera pre'ffrables aux siens. Unc pareille lutte des opinions sera une chose infininent lonable; car un objet &'tant envisage sons des rapports diffirens, en sera mieux Sclaire, et la ve'rite sortira enfin de ce combat dans toute sa splendeur. Heureux', s'il en eilt touj ours etc' ainsi! MN-ais rien n'est plus difficile pour ies hommes que de separer leur propre inte'det de celui de la chose mleme; lun ct I'autre se confond insensiblement dans leur ame. La haine, lenvie, la jalousie se ielent an ziee litte'raire, les esprits s'enflamment et saigrissent, et une recherche franche de la ve'rite ne devient que trop souvent une guerre de partis. Quiconque aura lu avec attention l'esquisse -ý 29 - dire linstitut des pharmaciens. Mvais ici ii nous, faudra remonter un peit plus haut. Quiconque connalt ihistoire de la m~decine, n 'ignore pas que les me'decins dans ics temps anciens, et encore an commencement du moycn age, dispensaient, c. at d. pre'paraient et distri'buaie nt eux -memes leurs me'dicamens. Mlais la maniire de ics composer devenant toujours plus complique'e et les ing~rediens plus pre'cieux, ics me'decins ne se trouv~rent plus avoir ni le temps, n les moyens necessaires pour exercer eux-memes la dispensation des reme~des. LH leur sembla plus convenable d'abandonner cet emploi aux marchandsdroguistes, et cc fat ainsi que ces derniers dev~inrent peu 'a pen artistes pharmaciens, de ne'gocians q'ils e'tai~ent d'abord. MIais cc nouvel emploi cxigeant des de'penses conside'rables pour assortir les magazins de cette incroyable quantit6' de drogues plus on momns pre'cieuscs, et pour maintenir tout ce vaste appareil ne~cessaire 'a des laboratoires de chy-mic, ii s'cnsui-vit qne les pharmaciens demandirent aux gouvernemens des priviiges exclusifs d'exercer la fonction susditc. Es les obtinrent, et ii y avait de la justice 'a les leur accorder 1). Car d'abord 1) Cepcndant. ces privilo'-gcs dans leur origiine ne s'appliquaient qu'au commerce public des me'dicamcnis, ct n'cxcluaicut nullement les me'dccins du droit nature1 de pre~parer et de distribuer les reme~des servant "a lusage de leurs propres mualades. Ce ne fut que dans le cours des si~clccs, et sur-tout daiis ics dcrniers temps, que Ics pharanaciens dans plusicurs pays tacheirent d'enlever aux in~dccins cette attribution si intimement lic'e "a leur titat. Aussi furent- uls assca heureux pour obtenir, de la part de plusieurs gouvernemunens, des lois prohibitives.1 - 32 - que les pharrnaciens soient capables de cormcettre des supercheri-es dans la preparation des reme~des homocopatbiques. Mais 11 suffit qu, )ils manquent dii ze'le ne'cessaire; et voiUi une presoinption qui en general sera contre eux; car il serait contre la natuLre de pre'sumcr, que les hommes s'empressent d'agir contre leur inte'ret. D'aillears cc n'est pas ie maitre pharmacien seul qu'il faut mettre en consideration; le pauivre me'decin doit aussi se confier "a la bonne volonte' des gar~ons pharmaciens, jeunes &'ourdis et parfoi~s brouiflons, qui* s'inte'resseront pen ~ a glire et an triomphe de l'homoeopathie. Qui ne connait pas les mtiiprises singulie'res et soavent funestes qui alrivent fre'qnemrnent dans les, pharmacies?, Le me'decin homocopathique s trouve at cette occasion dans une position encore pilus critique que le mnedecin de e'~cole dominante. Car, vu l'extrerne petitesse du materiel medicinal que demande sa. me'hode, il se trouve hors d'&~at de se convaincre dilaucuLne maniehre, si 1'ingre'dient ordonne' a e'e vrairnent administr6' on non.? - IIMais ii ne faut pas justement des meprises on des alterations quant "a la qrialiL6 dii medicament. 11 suffit de ne pas observer la juste mesnre dcs doses pour mnettre la vie en dang-er; car les reme'des homoeopatbiques, tonchant directement les parties de lorganisme qui sont deja les plus affecte'es par ]a maladie naturelle, operent avec uine force infiniment pins C'nergiqne que tout reme'de allopathique. Cependant, n'est-il pas puas pie probable, que ces personnes, accoutume~es aux grandes doses de la pratique ordinaire, se mocqueront des petites quantite's que prescrit la nouvelle ni'thode et sembai ras - 33 rasseront pen d'y metire I'exactitude recjuise? - Rdunissez toutes ces circonstances sous un sent point, et vous conviendrez que le m~decin homocopathique ne saurait se refaser a la distribution de ses m~dicamens, sans courir une chance triss-dangereuse. Ne'anmoins ii existe en Saxe, ainsi que dans les autres pays de l'Allemagne, une loi qui porte: que le droit de dispenser ies m'dicamens appartient exciusivement aux pharmaciens prixilekgies. Cependant ii n' tait pas encore hors de doute, nommement en Saxe, si cette loi prohibitive souffrait aussi son application contre les medecins le'gitimemcnt admis "a la pratique par rapport "a leurs propres malades. Car d'abord une raison principale qui engagea le pouvoir kegislatif "a de'fendre aux lal'ques ]a preparation et la vente des me'dicamens, dtait fonde'e sur leur ignorance technique et scientifique, raison qui cesse "a I' gard des me'decins qui ont fait i l'universit6 leur cours de chymic et de pharmacie. Un autre motif pour la police melicale, relativement i la sanction susdite, se trouvait dans la crainte des abus et des crimes possibles, si Ion abandonnait an premier venii une profession aussi importante pour la vie et la santS des hommes; mais cc motif ne convient non plus aux medecins, que I'on doit pre'sumer gens vertueux et honnetes, et qui out le plus grand inte'r&t " consenrer Ia purete de lear reputation. Enfin le mndecin ne fait point le commerce des reme'des, mais ii n'en administre quIaux malades qui se sont soumis i son traitement; ii ne se range donc pas dans la mdme cathegorie;tvec Ic pharmacien qui tient boutique ouverle pour clia3 34 - cun. 1I y avait donc certainement plus d'une raison qui justifilat le proce~de de Mr. Halrnemann, de preparer et d'administrer lui -m~me ses me~dicamens, chose qu'il ne cachait "a personne et 'a laq-pielle personne n'avait contredit jusqu'alors. Mais les pharmaciens commence~rent enfin At s'apercevoir des consequences ficheuses qu'avait pour eux cette mesure, consequences qui menagaient de devenir infinies, si la nouvelle me'thode curative etait un jour ge'ne'alement adopte'e. L Scole me'dicale dominante, quoique guide'e par d'autres int&rets, partage Jes mernes craintes. On se rappelle de la loi ci- dessas mentionrnee. La coalition est [ormu'e et le plan d'opdration est trace. Le coup part de Leipzig. Plainte solennelle est porte'e de la part des pharmaciens contre Ie docteur Halmemann, pour avoir viole' le-trs priviKges de dispenser exclu-, sivement les meidicarnens. Le proc~s est entame'; bi'as, quel en fat lissue! Je suis bien e'oigne' de vouloir bkirner ]a conduite du gouivernement sage,, sous lequel j'ai Ie bonheur de vivrre; c'est la force des circonstances qui l'emporte sur ]a bonne voIonte' des hommes. Le gouvernement ne precipita pas sa decision; non, i1 demanda auparavant aux pýreies autoriteis me'dicales des avis motive's et de'taiHles, relatifs an sujet en question. Pouvait -il faire auitrernent que de sadresser aux experts de l'art dans une affaire oi'" les connaissances dans cet art devaient seules decider? IMais les re~ponses ne furent pas donteuses; juges et partis se trouvaient reu~nis dans los me~mes individus. Or, ces reiponses servant de bases an de'cret dii tribunal, la de'cision no put t~trc pie favorabic 'a l'eScole dominante; ILap 35 - plicahion de la loi prohibitive en question ftit faite aussi contre les me'decins, et en 1820 ii fat interdliL au docteur Ilaltnemann de dispenser at lavenir lai - meme ses medcaen, excepte' dans de-certains cas raeqil serait trop long de d'tailler ici, et 0u en d6finitif ne changeaient rien ~ila chose mC'Me. Le fondateur de la doctrine homocopathique obeit cons cienciens ement 'a 1'arret qu~i venait d'etre prononce, et ne pouvant continuer sa pratique sous les conditions donne'es, ii cessa cntie'rement de l'exercer et en avertit franchement le public. Le meme sort qui- avait frappe lanteur, fap us plusidurs de ses disciples. L'Scole dominante triompha et la cause de la re'orme semblait perdue. Mais la providence divine, protectrice dui bien et de la ve'rite', ne laissa pas pe'rir dans sa ilaissance une entreprise aussi* lonable. Un prince g6'rnereux, le Duc d'Anhalt -KO" then, offrit un asyle an venerable auteur de l'Organon, liii permit le libre exercice de sa me'thode curative, et l'entoura de cet appareil d'honneur externe 1), qui ne brilic que quand il est applique an vrai merite. Tandis que la nouvelle doctrine obtenait de cette fapon un refuge inattenda, d'oii cue pouvait repandre ses salutaires effets, elie se maintint aussi en Saxe et dans quelgues pays limitrophes. Mlalgre tous les obstacles qui s'opposaient it sa misc en pratiqne, plusicurs discip~les de M'r. IHalinemann, de IM me que queiques antres me'dccins de me'ite gui 1) 11 le floflia dc' son propri: chief son (ioricllecr di: cour cn181 - 36 - avaient adopte par conviction la me'thode retformec, continue'rent de l?'exercer avec zedc et eurent un plein StLicces. En 1822 arriva' un e'venement dai plus grand intt~ret pour l'homoeopathie; 11 se r4eunit une socie't de rrw'decins savans et habiles, dans le but de publier tin journal pe~iodique sons ie titre d'Archive de I'art medical homoeopathique 1). Les membres de cette socikt6 y font le re'cit des cnres remarquables qu'ils ont faites d'apre's les principes de la nouivelle doctrine; ils y exposent lenrs de'couvertes sur les effets spe'cifiques des me'dicamens, trouve's par des essais purs sur eux- memes ou sur d'autres hommes sains;' us traitent divers objets concernant la the~orie comme la pratqique dui nouvel art de gu&' rir, et re'futent les e'crits de ses adversaires. Apre's tout ceci, ii ne me parait plus douteux que la doctrine homocopathique n'ait pris racine en Allemag~ne. Mlais une de'couverte qui tonche d'aussi pres la f4~Iicit' des hommes, ne doit pas &re I e p.atrirnoine excinsif d'une seule nation; elie appartient it lunivers. Cest dans cette 'Intention que j'ai entrepris la pre'sente traduction, comme la langue Franpaise est la plus r-SpanduLe dans tonas les pays civ.,ilis~s. Vous, lecteurs e'claire's d'une nation quelconqne, si cc Iivre tombe entre vQs mains, hisez - le sans pr~vention, et je suis persuade, que la ve'riixý 1) A-rchiv ffur die homoeoputhische HIlkwi/usi, herausggegbcii t'un einen ['ercine dculsschcr 4e1rZtc, Leipzig bci lRCC/O ff. 37 se d6voilera 'a votre esprit dans toute sa splendeur. Retenez -la alors comme un tre'sor precieux, travaillez pour sa gloire, et une poste~ite' reconnaissante b4'nira vos efforts! Dr e sd c, cc 20 Avril, 1824. De I'Imprirnerie d'AuG. GUILL. SCHADE, 'a ]Berlin. P r e' f a c e. Je viens d'offrir "a toutes les nations civiIis~es la traduction Fran~aise d'un c~le'bre ouvrage Allemnand, intitudeh: Organon de l'art de gue'rir, par le Docteur flabn e:m ann 1), ouvrage qui a pour but la. r&" forme totale de la me'dechie, en la rarnenant at des principes simples et stables, puise's dans la nature et l'exp~rience. Le trait6' pie, dans ces feujilles, je pre'sente au public, est du meme auteur. L'un et 1'autre ouvrTage se trouvent dans une relation intime; et pour me servir d'une comparaison prise dans la jurisprudence, le premnier est le pr i nci p al, le dernier est l'a cc es s o ire qui sert d'appui 1) Le titre complet de cette traduction est: Orgarion dle 1'art de gu~rir, traduit de 1'Original Allemarid dui Dr. Samuel I-ahnemann, Conseiller de Son Altesse Se'renissime le Due d'AnhAlt-KO-tlen, par Errieste George de Brunncaw, Dresde, chez Arnold, libraire eAditeur., 18924. Ce livre se trouve 'a' Paris chez M. M. Bossange fre'res et chez M. M. Treuittel et Wu-rtz. -- V nCdicament se confondent alors avec les symptornes de la mnladie; persuade enfin que la coutume de meIer presque toujours trois, quatre, cinf( ou plus d'ingre'diens ensemble, rendait impossible toute experience pure sur les qualites relatives de chacun d'entr'eux en particulier, ii r'solut d'ouvrir une nouvelle voie, et sans contredit la plus naturelle, c. "I d. d'essayer les vertus des diverses substances rn'dicinales simples sur des hommes sains, en d'oignant d'eux durant le temps de l'essai toute irritation leterogenne. Le resultat remarquable de ses recherches fut: Que chaque medicament produit sur un corps sain une maladie artificielle partiduli 're, composee de plus ou momns de symptomes. - Ce premier pas fait, il proce'da au seconid, c. ' d. d'appliquer C des maladies existuntes de tels rem'des simples, reconnus d'apr's leurs effets purs et specifiques. Ce fut alor& qu'il decouvrit la grandc e verite' qui forme ia base de sa thteorie curative, savoir: Pour guerir une maladie dynamique de la maniere la plus certaine, la plus rapide, la plus douce ct la plus durable, il fiut choisir un remnide, capalle de produire sur des hommes sainls un ensemble d'affecti ous arlificielles aussi semblables que possible ' la totalite" des symptornes du mal naturel en quesLion. Ce fut en raison de ce principe que la nouvelle methode curative requt la de'nomi - VI - nation de me'hode homoeopathique, fornie'e des mots Grecs hornoi'on et pathos, semblable et souffrance. Apr&s avoir suivi pendant dix ans cette nouvelle voie, et apr~s y avoir toujours recuejilli les plus heureux re'sultats, Mr. Hahnernann n'hsita plus de publier sa de'couverte dans la premie're e'dition de son Org~anon ')de lFart de gue'rir, qui parut ai Dresde en 1810. chez Arnold, libraire e'diteur. Une seconde edition revue et corrige'e a paru en 1'anne'e 1819. et c'est celle-ha que je viens, de traduire. Les efforts du ce"l ebre auteur f urent toujours couronme's des succe's les plus eclatans. 11 devint le fondateur d'une e'cole me'dicale rd'of 'e, et son nom. vivra ai jamais dans les annales de la science comme. dans celles de 'ihum anite. Quiconque s'inte'ressera aux chances rcmarqualbles (jueprouva. la. cause de la niouvelle doctrine, en trouvera des details curieux dans mon Expos" (le la r-f/Orme de /Part me'dical ent reprise en Allemagne par le Dr. Ilalnerunann 2). 1) Organ onz est un mot Grec qui de'signe tout instrument propre A travailler ou A exercer quelque chose. L'org anon de l'art de giidrir est donc plour 1'ar. tiste rn&iical un instrument 'a' 1'aide duiquel ii sera en &tat d'exercer son art d'une nianie're s~he eU parfaite. 2-) Get &crit se trouve, 'a' Paris (he?. M. M. Treuttel Ct Wui1-tz et chez MI. Al. Bossange 1e'res. -- VII - Mais en voilh assez pour mettre mes lecteurs au fait de la methode homoeopathique. Je revienls a mon sujet. Quiconque aura lu avec attention l'Organon de Mr. Hahnemann, sera pleinemeuet convaincu, que toute cure homoeopathique a pour condition essentielle du succ Cs, 1'o b - servation d'un regime particulier, diffhrent sous plusieurs rapports de celnti queP les ecoles dominantes ont coutume de prescrire. La dietetique de l'auteur est aussi simple et aussi conforme;I la nature que sa me'thode curative; et bien des personnes, affiigees de toutes sortes de souffrances et de cacochymies, ont recouvr~ leur sante par cela seul, qu'elles se sont sourises au regime en question. On se tromperait pourlant, si l'on croyait que cette die'tetique n'est applicable qIu'en cas de maladie. Non, ses principes generaux sont aussi valables pour les hommes sains que pour les malades. Parmi ces preceptes un des plus essentiels est que:,,Pour jouir d'une sante parfaite et pour atteindre une longue vie, ii faut 6viter daiis ses alimens et ses boissons toute suIbstance medicinale, c. a d. toute denree ou liqueur capable d'alte'rer l'&tat rcSgulier du corps ct d'y produire des changemens extra ordi naires." Cependant le luxe des temps modernes a-a ViIIl a introduit au nombre de nos jouissances quantit6" de choses doui'es de qualite's me,dicinales, et par consequent plus ou -momns de'structives de la sante. Longtemps avant d'avoir publie' son Organon, le saige auteur mit au nombre de ses occupations les plus serieuses, de ddcouvrir les effets nuisibles de certaines denrees, boissons et assaisonniemens, generalement en usage, et dont on ignorait les ve'ritables qualite's. Une longue exp~rience, ainsi que quantit&' d'essais purs, le convarnquirent pleinement, que parmi ces denr~es die'tetiques me'dicinales, une des plus pernicieuses C'tait le caf6. L'usage de cette boisson d'ant ge'neral en Allernagne parmi toutes les classes de la socie'te, et les maux qui en proviennent, se communiquant comme unf poison suIbtile de generation en ge~neration, l'auteur se crut oblig6' de publier les result~ats de ses observations d~tns son int&' ressant c'crit: Stir les ef~fets dii cafd, qui parut ai Leipzig en 1'annee 1803') Quant "a moi j'ai eu un double but en faisant cette traduction: 1) Celui de convaincre les me'decins des autres pays qui adopteront la nouvelle me'thode cuI)Le fitre complet de 1'original Allernand est: Der KqFfee in~ seinen WTir~wiigenl; niach eignen Beobaclitrngen von SaMuel Ha/ineiann, der 4trz. Dr. wiid eitniger ge/chirten Gesellschaften Mitgliede, Leip-zi~ 1803, bel C. F. Steinacker. Ix - rative, de la n~cessit6 d'interdire. ' leurs malades une habitude qui forme un obstacle direct et insurmontable A toute cure homoeopathique. On accuserait 'a tort l'inefficacit6 de cet excellent procede en 1'employant en concurrence avec un tel adversaire. Les doses des remedes homoeopathiques etant 'extremement petites, ii est indispensable qu'on &loigne toute irritation heterogene qui puisse troubler et anehantir leur activit' '). 2) Mon aiutre but a ete celui d'&llairer les personnes sensees de toutes les nations sur les effets d'une boisson si nuisible et si pernicieuse. Comment, le caf6 serait une chose nuisible et pernicieuse? Quelle accusation 'trange et absurde! N'est-ce pas lui qui nous fortifie le matin pour commencer notre tAche journaliere, qui nous procure une digestion facile apre~s le repas, et qui nous aide i supporter les veilles pour nous livrer aux douceurs de l'Ietude? N\'est-ce pas lui (ui fait le charnie de la conversaition sociale, qui di'lie Ia langue et qui dilate le coeur, qui nous doniie des idees sublimes et profodles, I) Voyez 1'Apercu des principes fondameniaux de I'Organon cui se trouve dans man JExposc de la rt/orbnuc de P'art rneidical, ~. KX-I. X1 qui reconnaitront dans les diff~rens maux et synipto'mes attribiues au caf6, l'image de phe'nome'nes et de souffrances existantes (JiSauotobeves su~r eux -m~mes ou sur (lautres. Ces hommes raisonnables essaieront alors de se. de'faire de cette boisSOn, et uls ne manqueront pas d'en eprouver hiento~t les suites salutaires. Parens tendres qui aimez vos enfans, gouverneurs sages qui e~tes charge's du biene'tre de vos e'leves,, c'est "'a vous que je m'adresse de pre'frrence. N'allez pas corrompre les fleurs charmantes confie'es a% votre garde, en les abreuvant d'un poison lent et de~structif. Conservez leur l'inte~grite' physique et morale; vous en e'tes, r~sponsables! Ecoutez le conseil bienveillant d'un homme probe et ve'ridique qui fit lui-rneme sous ce rapport les, experiences les plus palpables. -Depuis ma. premie're. enfance jusqu7 laIage de 22 ans, j'Iai continuellement pris du caf& deux fois par jour. Quoique je n'en lprisse dans la regle qu'une tasse ~il ]a fois et que la qualit6" n'en f~t. pas excessivement forte, Al ne laissa cependant -pas d'agir de l~a mtanie're la plus pernicieuse Sur mon organiisme. Ma sante' allait visiblement, en de"Clinant, lorsque le traite' du Docteur Ila~hiemauni me tomba sous Ia mrain. Je. recoimnus en fre'rnissant P'e je souffrais moi*-m("rne de l~a plus grande par-tie des sympt~rnes, de'sigties par ce savant nmSdecin, commie effets du caf&. La ressem - X11 blance de mon C'at avec celui que je trouvNais de'peint, e'ait, trop ýfrappante pour que je n'essayasse pas d'abandonnier cette l)OiSSOl. J'exe'cutai cette, resolution en momns de trois semaines, et ses suites salutaires ne tard erent, pas at se maniifester. Depuis six ans que j'ai renonce, au caf6, ma, sante, quoique tresdelicate de sa nature,, s' est, raffermie graduellement et, une nouvelle vie a commence' pour rnoi.,,Mais que pourrons-nous done substituer au cafe?" me demandera-t-on. Quant, au ca-f6 que 1'on prend apres le d in e r., ii ne faut lui sulbstituer rien du tout. Apre's s'~'tre rassasie" d'alimens et apre~s s'e~tre de'saltefr6 par des liquides durant, le repas, *I n'y a point de motif raisonnable pour se livrer "a une, nouvelle jouissance. La qualite soi-disante digestive du caf6 repose sur une opinion erronee, et 1'on vTerra, par la, suite de ce tr~aite' qu'il emp e che au contraire une digestion parfaite et naturelle. Mais pour ce qui est du cafi3 que nous prenOns ai notre djeletner, ii existe sans d oule plusieurs 1)0issofls innocentes qui pourront le remplacer. Une des plus convenalbles c'est, le cacao pltr; cuit 'a 1'eau ou au lait,, et, adouci avec dui sucre, ii offre une boisson nutritive, inmocente eL agre'able en meme temps. C'est un pre'juge' de croire, que le cacao ~chauffe le sang; ce n'est pie - XIV - d'atteindre son but, ou Mien ii perdra. un malade absurde qui ne mn'rite pas ses soins. Faisons, du hien aux hommes, m~me Mu risque de leur d&'plaire. Qui combat -pour une bonne cause, ne doi~t prendre At coeur que ses succes et mettre de c6te' tout inte'r~t personnel! D re s de, ce 30 Avril, 18124. LE TRADUCTEUR. 16 - et d'antant plus nuisibles Ai notre sant6' et contraires at la longreviteS. Ii est sur- tout dangereux de faire un usage die"te'tique et fr'quent de substances purernent me' dicinales et doue~es d'ine grande force. Le yin &'ait la seide boisson purement me'dicinale chez les, anciens; mais les Grecs et les Romains, plus sages que nous, ne le prenaient jamais sans y avoir ailparavant m816 copicusernent de l'ean. - Les temps, modernes out introdnit l'usage de bien d'autres boissons ct jouissances me'dicinales; comme le tabac it famer et en poudre, lean de vie, pinsieurs. sortes de bie'res irritantes, le the' et le caf 1). Les denre~es me'dicinales sont des substances qui ne nourriss cut pas notre corps, mais qui alte~rent son e'tat de sante'; or toute semblable alte'ration est un e'at contraire 'a la. nature, c. at d. uLne espece de maladie 2)-Le c a f 6 1) Le chocolat est an. nombre des alimens nourrissans, "a mnoms q~u'iI ne soit surcharge' de beaucoup de'~piccs; car alors ii dcvient dangereux ct in~me tries-nuisible. Je passe sous silence l'avalage de l'opium, si comumun daus l'Orient, la mastication du chanvre ct du tabac, etc. 2) Les m~snes substances que l'on nomme, mieidicamens, et qui d'un c(^tC' exercent une puissance morbifique sur l'organisme s a i n ont de l'autre c6tei ]a qualite' d'ane'antir l'itat irre'gulier et dangereux du corps, que nous nominons mualadie, c. ai d. de le tr a nsf o r mer uen t ta t d e s ant 6. L'unique destination des me'dicamens consiste "a remplir cettc dernieire takche. Employe's hors le cas de mala dies, cc sont des choses tout-it-fait nuisibles pour la sant6 et oppos~cas ia un regime de 'vie naturel. Leur usange fr6qucnt et dbiete'tique trouble l'accord harnionieux de nos organes, mine notre sant6 17 cafe est une substance purement me~dici al e. Tout medicament, donne en forte dose, fait une impression de'sagre'able sur la sensibilit' de ihomme sain. Personne n'a fume' du tabac pour la premie're fois de sa vie sans e'prouver du de'gomt; aucun homme bien portant n'a aussi certainement pris pour ]a premie're fois avec plaisir du cafe' pur et non sucre. C'est la nature elle-meme qui nous avertit par lh dc la premniere violation des lois de la sante'; c'est elle - neme qui nous exhorte a% ne pas mepriser heggerement l'instinct conservateur de la vie. En continuant lusage de ces denre'es mcdicinales (usage auquel nous sommes entraines par la mode et la force de lexemple), 1'habitude dissipe peu i peu ies sensations d'sagreables qu'elles faisaicut d'abord sur nous. Ces choses finissent meme par plaire, c. "a d. le degoult quelles nous causament lors du premier usage, n'est plus si frappant dans la continuation, et an contraire lcs effets agreables qn'clles operent en apparcuce sur nos organes, deviennent insensiblement des besoins. L'homme vulgaire croit trouver le bonheur aussi dans des besoins artificiels, et attache peu 'a pen i leur satisfaction l'ide'e d'un plaisir sensuel. Etant une fois devenus malades d'une certaine fa~on par l'usage continuel de ces denre'es rn'dicinales, il se pent aussi que notre instinct les demande comme des palliatifs, pour soulager au moins ronientanmnient les maux, qu.elles prodais ent ce abrege la vie. Un m dicamcnt salutaire pour des hommes sains, est une assertion co ntradi cto ire en clle- wrnie. 2 - 18 - elies - me'mes de temps en temps. Pour micux cornprendre ccci, je prie mes lecteurs de faire attention aux remarques srnvantes. Tout me'dicamentproduit deux C~tats toutit-faiit oppose's dans le corps de ihomme: 1'effet primitif qui se manifeste an commencement de 1'activite' du reme'de, et leffet secondaire qui ne parailt qu'apre's phi sicurs he-ures, quand leffet primitif a cess6' 1). La plupart des medicamens causent des sensations de'sagre'ables et- douldo-urcuses "a un corps sain, tant dans leur effet prirnitif que dans leur cifet secondaire; Fun et latutre occasionnent des troubles dans l'organism e, cqaoiquie d'une manie~re diff~rente, et me~me un usage c'ontinue' de ces choses ne produira jamais des effets agre'ables sur un homime Ibien portant. C e n e s o nt q ue Ile pe u de substances ni1'edicinales, choisi'es par tin monde raffin6' et cupide de plaisirs comme objets die'tetiques 2), qui, quant 'a leurs effets primitifs, fassent exception 'a la sasdite rilgle. Elles ont la qnalit6' rernarquable de prodnire alors tine espi~ce d'augrmentation artificielle de I1'Stat de sante' ordinaire, et de n'excit-Ler presque rien que des sensations agre'ables tandis que les sulites de'sagreiiables de leffet secondaire derenerent pendant que~lque temps insignifiantes, suppose' toutefois que la personne en question fasse un. usage mode're des 1) P. c. ]a Pondre de ja/ap purgera auj oin-lii mais dernain et apres -demain ii s'ensiuivra une constipa t; OD. 2 ) P. c. ic Yin, 1'cau de vie, le tabac, le the', le cafe" etc. - 19 - substances susdites, qu'elle jouisse d'une asscz bonne sante' et qu'elle miene soiis d'autres rapports un genre de vie conforme hi ]a nature '). Dans cette petite classe de denre'es me'dicinales, force'mcnt re~ues aii norilbre de nos jouissances die'te'tiques, se tTOuvc aussi le cafe, dont les effets taut agre'ables quc de'sagre'ables sont encore assez inconnus. L)U.sage de'sordonne' de cette boisson presque ~ toutes les heures dii jour, la diff~rcnce dans sa. qualite' et sa. quantite, enfin son usage general parmin des personnes de toutes ies classes de la socie'te' de tous leate et des constitutions les plus va.ri'es, rend fort difficile 'a lobs ervateur la faculte' d'abstraire les ve'ritables effets du caf6 de ce chaos de phe'nomenes, ct d'en de'duire des re'sultats purs et certains. 11 en est comme d'une 6criture attachiee aune cible qui tourne avec rapidiit(S; quehpies (Estincts quec soient les caracte'res et les mots en euxmemcs, tout se confond et devicnt illisible III me aux meler yeux. Ce n'est que par des observat~ions continueI(s, exactes, since~res et aussi e'oigne'es qiie possible de oteillusion, cc n'est qu'en ramenant soig* ue ment les phe~nomn'nes 'a leurs causes, que i'on parvient 'a reconnaitre la. nature de la plus irnportaiitc de toutes les boissons, de celle du cafe'. L'effet primitif du cafe' consiste en g&. nera1. dans, une augmentation plus on momns 1 ) No/c d it t r a duc tcenr. Car dons leca C(S ppost li's effets nuisibics sont bien p/us rnarqirnns et se monan/eslenf tjprtýs un tre's- court interval/e. 2* - 22 Durant les premnieres heures vouis voyez- sur les lervres dai buIVeur de caft le contentement de liiimaine et de tout cc quti lentouire; et voila'justement, ccqi dIeva le cafe an rang d'une bjoision s oci al1e. Tout sentimient ag),r~able que Ion se communique, est monte' rapidement ant degre' de lenthousiasme (quoique pour pen de temips). Tous les souvenirs f~cheux sont effaces de la meiiioire; touites les sensations de'sagre'ables se taisent durant cette espe'ce de fievre enchanteresse. L'hormie dans 1'&at saiu et r~gulier doit eprouver alter-nativernen t des sensations agreables et de'sagr'a bles; ainsi le demande la sage organis-ation de notre nature. iAlais durant leffet primitif de cette boisson Medicinale tout n'cst qie, jonissance, etmnie les fouctions corporelles qui dans 1'&at naturel de la saute" sont jointes "a des sensations rudes et presque donloureuses, s opierent "a present avec une facilite6 6tonnante etmme avec tine esp~cc de plaisir. Quiconque ne vit plus dans la simplicite primitive de la natuire, 6pronivera bien, durant ies premiers mornens oni durant, les premiers quiart d'heures apres le re'veil (sur-to-ut quand i1 a en liu 0n~ quF ordinaire), tine certaine p ' s a n t e u r d Li c o r p s et de 1'esprit; le sentimntcn de lexistence sera moins vif, LIa ta',.te prise, les meinbres un pen lourds et mOins agiles qaa lordlifaife; les mouvxeiens rapidcs co"tront de-s efforts et Ia pense'c ser~a lent(. - MN'ais voila' quce le cafe chasse presque "a somruneil et, par intervalics, se re'veille en 3ursaut. J'ai obscrve' deux fois cet týtat rare ct singiilier. - 24 moins de tenips en temps.k-es suites fAcheuses de cette boisson. Le corps est donc frustr6 par une sorte d'illusion de sa nourriture et de sa boisson, et les vaisseaux cutan's sont en merme temps forces dcane maniere contraire "a la nature, d'absorber de lair autant d'humidite qu'il en faut absolument a Forganisme pour son existence. De la vient, que les buiveurs de caf6 de profession rendent bien plus de liquide par les urines qails n en ont effectivement avalk. - C'est ainsi qu'on refuse au corps la satisfaction de ses premiers besoins; c'est ainsi que, grace a la boisson divine, on approche insensiblement de 1'6tat des esprits bienheareux; quel bean commence ment de transfiguration dans cc bas monde! Le conservateur supreme de nos jours voulut aussi qu apres nous etre rassasies de nourriture, nous fissions une petite interruption a nos affaires et que nous donnassions un peu de repos a notre corps et a notre esprit, afin que limportante fonction de la digestion puisse commencer tr an quillem en t. Les sensations dlesagreables que nous Sprouvons en faisant le contraire, doivent nous engager a ne pas violer la dite loi. Voulant faire immediatement apr s le repas des efforts physiques, tine certaine paresse du corps et de lesprit, un resserremnent qui se fait dans le voisinage de lestomac, -ne espice de compression desagreable, de pl&nitude et de tension dans le bas-ventre etc. etc., nous rappellent quil est temps de golter le repos. De mime si nous voulons alors faire des efforts de pensee, ii s'ensuit aussitt 0un app& 25 - santissement des forces intellectaelles, la tAte est prise, les membres sont froids, tandis que le visage est chaud, et la compression de'sagre'able de 1estomac jointeah une tension incommode da bas - ventre augment e encore. Car ii n'est que trop vrai, (pue les efforts de l'esprit qui se font lors di commencement de la digestion, sont encore pius contraires "a la nature et plus pernicicux que les travaux du corps. MNais le cafe' bannit rapidement cette lassitude du corps et de lesprit, ainsi que cette sensatIon incommode dans le has -ventre. Voila pourquoi Ics sybarites raffines prennent cette boisson immediatement apri's le repas, et us joarissent pleinement de son susdit effet. Ils reprennent leur bonne huneur et se sentent aussi le'gers, quue si leur estomac ne contenait que pen de chose oa rien du tout. La nature veut aussi que l'e'vacuation des excrc'-.mens se fasse avec un certain effort, et elle nous y oblige par des angoisses et des besoins tries-Incommodes cui suppriment touti sentiment agnrable de la vie jusqu'a cc que la fonction ne'cessaire soit en train. - Mais l'esprit raffineur de notre sie'cle a pourvu encore a cet inconvenient ct a tach' d'e - luder aussi cette loi naturelle. Cest le cafe' qiii accJ 'I'rc et seconde d'une mani~re artificielle le travail de la digestion, qui, d'aprsiýS l'ordre ordinaire des choses, ne se ferait que dans un espace de plasieurs lieures. Car les boyaux 6tant excites, par leffet priritif de cette boisson, i un mouvemenl pi'ristaltique pills ra1)ide, ils conduisenit leur contenit phius - 27 - l'impuissance, et qni exerce linfinence la plus evidente sur les mocuars et la mortalit6'. Les effets du caf&6 dont j'ai parhS' jusqu'-i pre'sent, se montrent encore sous un jour bien plus frappant chez des personnes d'un temperament extremement irritable, ou quLi ont de'ja ete enerve'es par le frequent uisage du c af 6 et par une vie sed e n tair e. L'homrne simple, et droit, en conside~rant l'&tat moral et physiquie de ces personnes, y reconnait partout 1' o p p o s e" d e 1 a natuLre, et le timbre d'une excitation irre"gulielre. 11 remarque alors uLne sentimentalit6, ou, tiine gaiete' exagere'e qui de~passe beaucoup la nature, de son objet; des tendresses presque convulsives ouune tristesse extreme; ou bien des saillies q-ui franchissent les limites de la raison et des contorsions des muscles du vis age q-ui deigenerent en ve'ritalble carricatuire, au lieu d'ut keger sonrire, d'une petite iroiiie, duone affliction ou. compassion mode'ree. IN'hrne les muscles du reste d-u corps montrent alors une inobilite" extraordinaire et contraire at la nat u r; touit est en vie et en activite dtmrant ics premieres heuires de leffet d'un cafe' fort, oni, pour me servir de l'expression coutomnie're, dYun. bon c af J Les ideies et les images les plus var'(I ýes vriennent se Presenter en fouile et sc sllcce"(leIlL rapi'demnent dev~ant le sliige de la pense'e et de la sencrient irs honmces de nos jours. fls Yeuilent jouir de ia vie prompt emen t et sans sint erru ptioji, filssc 111611 alux pens de totis ics autres iut6rcls! Or, uls rcmpli~svrii ass's? hien icur kit au mo0yCf de Ccete boissuii lucrveiliruse qili ria u e et de'tru it en nsicne temps ics forccs vitaics. - 28 - Sibilite C'est tine vie artificiellement doubhee, artificicilernent exalte'e! L'homme dans e'~tat natlirel a besoin de quelques efforts pour se ressouivenir de choses passees depuLiis longtemps; mats imme~diatement apre's lc caf-6, le magasin de la m'emoire vient se re'pandre pour ainsi dire stir la langue - et le bahil impradent et la divlL.gati'on des secrets les plas importans n'en sont que trop souvent les suites. La mesure et les justes bornes sont partout excd "es. Le s 'rieuLx r'fl~chi de nos anchtres, la solidite" des jugemens, ]a ferrnct6 dans Ia volont6' et dans les resolutions, la pers've'rance dii corps en cxe'cutant ses motivemens non-rapides mais &inergicjues, toutes ces qualite's qui distinguaient jadis le caractere national des Allernands, s'Svanouissent devant cette boisson me'dicinale! Et qu'est-ce qai iC5 reniplace'? Des Spanchemens de cocuLir imprudens, des repsoluitions et des jugernens pre'cipite's et mal-d fonde's, la le'gerete', ]a loquacit6' et la vacillation, enfin iine mobilliteS fugritive et non - C'nergique des muscles et tine contenance the'atrale 1). 1 ) Qui sait quel 6'ne 'rvation dike'tique en fut la cause, que les prodi,,es des vertus hcrouiques du patriotisme, de Paou filiale, de Ja fide'lit6 inviolable, dc l'inte'grit6" in~brasslable et du '~le pour le devoir, attributs connus de notre aistiquit',s tre'circnt presqise tous de nos jor nunptt6Osm.1ct vrai que lPon ne voit non plus de ces crimes he'roiques, t6ruoins de. la vigucur du corps et de l'csprit, tels qu'ils se commeusient daus le moyen ý'Ige et danis l'antiquitt' plus sre'ule~e; mais en &echange. nous nous trouvons entoure's par des inyriadt-s d'individus, faisant profession de fines intrigues, de tromperies biess caceh'es et de. supercheries de Loute uspecc qui snenaceut l'Ionrtcte Iomrnme as chaque pas! Lequel des deux vaut done rujeux: -- 31 - on de paysans prend an lieu d'eau de vie quelques tasses de cafe faible, i1 en amrivera de nieme. La vigueur de son corps, l'exercice violent quil donne i ses membres, et I'air lilbre oy'1I respire chaquce iour en abondance, tout cela 6loigne les suites fAcheuses du breurage en question, et sa sante' n'en souffre que peu ou point du tout. Mais les effets nuisibles du cafe' deviennent bien plus @videns chez des personnes qui ne jonissent pas de l'avantage des circonstances favorables susdites. 11 est bien vrai, que des hommes passant lear vie "a des occupations casanieres, et meme des hommes dune complexion faible, fixe's pour la plupart i leur chambre par des travaux sedentaires, jouissent d'une espiece de sante', pourvu qu 'Ils observent du reste un regime convenable "a leur situation. Ce regime exige, qu'on ne prenne que des alimens simples, faciles Bt digerer, purement nutriI-fs, doux et pen assaisonnes, ainsi que des loissons jareillement innocentes; qu'on mette beaucoup de sobriete dans les dites jouissances; qu'on renouvelle frequemment l'air des appartemens, enfin qu:on mode're avec sagesse toute sorte de passion. A ces conditions les femmes quui ne prennent pas un fort exercice, et meme des prisonniers, peuvent aussi jonir duue espece de sante', qui, quoique facile i' troubler par des accidens exterieurs, amene, pourtant un degr6 de bien - etre relatif. C'est sur de telles personnes que les effets de toute substance morbifique, c. i d. de - 32 -3 tout medicament, seront bien plus marquans ct plus forts, que sur des hommes robustes et accoutuni's au travail en plein air, qui peuvent supporter des choses assez nuisibles sans en e'prouver un dommage considerable. Ces faibles casaniers qui se trouvent a un degre' de santea si infkirieur, ne goutent, pour ainsi dire, que la moitie de la vie. Leurs sensations, leurs fonctions vitales, leur activite', tout cela n'a pas la vCritable 'nergie. II n'est douc pas &tonnant, qu'ils prennent avidement une boisson telle que le caf6C, qui exalte si puissamnent pour quelques hieures le sentiment de leur existence; quant aux suites fAcheuses et i l'effet secondaire, ils ne s'en embarassent guere. Cet effet secondaire est semblable a I'&e tat de mal-aise dans lequel uls se trouvaicnt avant de prendre le cafe', mais il est un peu plus fort. L'effct priritif de cette boisson m&Idicinale, c. a d.,lensemible de cette activite' vitale exalt&'e et artificielle, ayant disparn apres quelques heures, ii saicccde insensiblerent un envie de dormir joint ' des baillemens et une plus grande inactivit6 que celle de l'&at ordinaire; les mouverens di corps deviennent plus diffidiles, et la serenite extreme qui regnait dans lesprit durant les dernie'res heures, passe a present i une humeur sombre et abattue. Au lieu que durant les preriieres heures apres le caf6, la digestion et la secretion des alirens avaient et6 artificicllment acci'lre'es, 11 s'ensuit t pre'sent des flatuosite's douloureuses et une secretion plus lente et plus diff Ic IlIe - 33 - fi cue que dans l'&at pr&cedent. Si leffet prirnitif dti. cafk6 avait pe~ne're les personnes en question d'ane chaleur agre'ablc, ce fcu artificiel s'e'teint alors insensiblement; uls deviennent frileux et ont les pieds et les mains froides. Tous les objets da dehors leur paraissent moins agreables qu'auparavant. Le de'sir sexuel, excite' durant les premi~res heures, en devient alors d'autant plus faible et plus la~che. La mauvaise humeur aug-mente, et ils se f~chent plus facilement. L'appetit naturel se trouve remiplace par une espece de boulimie bient 0 satisfaite, et cependant les, alimens et ics boissons icur c hargo-e nt da va n tag e lestomac. et la tate. uls ont plus de peine A recouvrer le sommeil, qui est plus faible, et en se revelillant ils se trouvent plus assoupis, plus chagrins et plus rnielancoliques que d'ordinaire, lorsqu'ils nc connaissaient pas encore le cafe. I\'ais uls re'it~ren t Ilusage de ce palliatif mui5i1ble, et voila" qu'il dis sipe tons ies, maux dont je viens de parler! Une nouvelle vie art ificielle recommence, avec. la seule difference, que cette pe'riode heureuse est cettc fois - ci un p e u plus courte que la premic~re. La reiiteration dui caf6 doit donc se faire toujours plus frequemment, on il faut le pre'parcr toujours plus fort, sill doit derechef exciter les esprits vitaux pour quciques, heures, Cest ainsi que les corps des habitans des chainbres de'g-Cnere ut touj ours davantage. Les maux, causes par leffet secondaire dui caf6, s'aggrandissent et poussent des racines si profondes, pie meme des repetitions' plus fre'quentcs et plus 3 - 34 - fortes de ce palliatif ne sauraient plus les dissiper, pas me~me pour quciques heures. La peau devierit alors pius sensible a-ti froid et en general aux influences dii grand air, ne fIti nm me pas froid; la digestion devient plus penible, les evacuations tardent souvent de phi1 -sie-urs. jours; les vents ca-usent des angois ses et quantite' de sensations douloureuse-s. La constipation du ventre alterne se-ulement avec des diarrh&'es et non pas avec des selles naturelles. Le sornmedl ne vient qu'avec peine, et ressemble ptino~ a un he'ger assoupissement qui ne re'taure point. Lors du revnil les personnes en q~uestion out la VtAte tri's - entreprise, Ilimag~ination assoupie et la me'mowre lente; le mouvement des membres est fort gene et leur cocur estrempli d'uine tristesse accablante, qui rembrunit laspect de la belle nature qui les entouLre. Les belles emnotions, tel q-ue larnouir de l'bum-anit6', ]a reconnaissance, la pitleS, Ili'lurolsme, la force et la noblesse de l'ame ainsi que la se're'nte et la gaieteS de lesprit, se rn'tarorpliosent en tirnidite, en indiff6rence, en dtiret6' apathique, en variabilite' et en morosithS. L'usage du caf6 est continue". Des affectations senhrnentales ahernent totijoirS davantage avec de linsensibilite, des re'solutions pre'cipite'es avec (le l'irre'solution, des emportemens de col~re avec une lache condescendance, des grimaces d'amiti6' avec, de la jalo-usie et des malices cache'es, des exaltations passagiwres avec de ]a tristesse, des ricaneries avec des mi'nes pleurenses, -en un mot les caprices succdet aux caprices, et attestent les vracillations continuelles du corps et de l'esprit 35 entre un Ltat d irritation et un &tat de relichement. I1 me serait difficile de d~crire tons les maux qui rampent parmi ie genre des buvears de cafe, soit sons le nom de faiblesses, soit sons celui de maux de nerfs et de maladies chroniques, maux qni e'nervent 1'humanitC et la font degenerer de corps et d'esprit. Que l'on se garde cependant de croire, que tout amateur du cafe' soit affecte' au mtnie degre de chacun des effets nuisibles dont je viens dc parler. Non sans doute, iun souffrira davantage de tcl symptbre de l'effet secondaire de cette boisson, lautre se ressentira davantage de tel autre. Mlon tableau embrasse tout ie genre des buveurs de cafe"; je rassemble ici dans un seul cadre tous les maux qui d'rivent de cette source, et qui sont parvenus successivement a ma connaissance. La sensation agreable, mais palliative, que le cafiS repand pour quelqaes heures jusque dans les fibres les plus fines, cause ensuite comme effet secondaire une inclination extreme "a des sensations douloureuses, inclination qui augmente 'i mesure que le cafd a te't pris pius longtemps, plus frequemment, en plus forte qualit6 on en plus grande quantite. De'ja de petites occasions (qui ne font presque pas la moindre impression sur des hbninies sains ct non-babiwe's an caf6) causent 'i la buvense de cafe une migraine; souvent aussi des maux de dents, parfois insupportabi e s, et sur-tout no c turn e s, accompa'gmSs de r o tgeur an visage ct produisant enfin des enflures 3* - 37 - De petites infractions an re'gime ainsi qtie des passions f Acheuses leur caiisent des souffrances douloureuses de poitrine, d'estomac ct dii b as-ventre, connues sons la fausse de'nornination de crampes. - Les menstrues ne viennent jamais sans douleurs et ne gardent plus leurs peiodes re'gulie'res, ou bien elles rendent moin ns d e s a n g qu'A lordinaire, et finalenient une tre's-petite qu~antit6'; le sang rni'me paraft aqueuLx on glai~reux; les fleurs blanches (pour l'ordinaire d'une nature acre et piqane continuent de couler presque d'une lune l'autre, on rernpJacent entierernent le flux de sang. - L'acte du. co'It cause parfois, des do ul eur s. - Un t e int t er re ux, jaun atre ou tr's - p~e, des yeux languissans et cerne's, des Ievres frances; eiles e'vitent de parler eux -me~nse et d'entcndre parler lea autres. Le corps,2 sans avoir des frissons, cat pourtant plus froid qu'a' l'ordinaire; sur-tout lea mains et lea pieds sont tr~sfroida. T out leur eat odieux et principalernent lea alimens et les. boissona, car des nauae'es continuelles lea empL~cbent de prendre aucune chose. Si l'accels eat bien fort, ces nauae'es causent des vomniasemens de glaires, inais le nsal de teate en cat raresnent aoulage". Le analade ne fait nson plus sea d'vaduationas. Cc ma1 de teite ne passe jarnais avant le soir, et dans des cas bien opinialtres je l'ai Yu durer 36 heures, de faý.on q~u'il ne passait que. le lendemain au soir. Si lea acct'~s sont momns forts, le moteur prirnit-if de ce inal, c. "a d. lc cafti fort, abrge-c sa durt6-c d'unc manii-tre palliative; inais le corps en devient d'aurtant plus enclin 'a le repro doire aprcs un plus court inltervalle. Lc temnps de retour de ce ma1 cat inde~fini; cc scra peut-e~tre en 15 jours, 00 bien en 3 setnaines, en 4 aernainea etc. etc. 1l parait subitement s ans au cone causc p rochiain c; rn~zue dans la nuit pr'ce'dcntc le rnalade sent rarensent lea indiccs Itý-ers du mal de, tktc nerveux qui l'attend le lendersain matin.Jamais ie n'ai obscrve' cet etat sinigulier quc chiez lea v6 -ritables buveurs de cafe'. p 38 - b1emes, une chair mollasse, des mammelles flasques et pendantes, sont les signes exterieurs de letat miserable de l'organisme int6 -rieur. Les menstrues tarissantes alternent parfois avec de fortes hemorragies de la matrice. - Les hommes souffrent de nocuds he'morrholdaux douloureux etde pollutions nocturnes.- La faculte genitale s' teint insensiblement dans l'un et lautre sexe. L'energie naturelle qa'un couple sain exerce dans le coYt, est reduite "a un resultat futile. Les hommes deviennent impuiss ans, les femmes steriles ou incapables d'allaiter leurs enfans. - Cest derrikre la table 'a caf6 que se cache principalement le phant6me aux yeux creux, I'on anie, cette execration de la nature! (Cependant la lecture de romans passionnes et lubriques, des mauvaises soci&tSs, des efforts excessifs de meimoire et l'inactivitd d'une vie sedentaire dans fair corrompu des chambres, contribuent aussi pour leur part " engendrer ce mal hideux). L'effet secondaire da frequent usage du caf6 produisant dans le corps une disposition 6minente a toutes sortes de sensations diesagreables et aux douleurs les plus aigiies, il sera facile de concevoir comment iA est plls propre qu'ancune autre substance nuisible, a exciter iine forte inclination a la ca ri e. Aucune irregularite de regime n'occasionne plus facilement et plus certainement la pourriture des dents, que la debauche do cafr. Le cafe, le chagrin et I'abur du mercure, sont les (dstracteurs les plus prompts de cet ornement irreparable de la bouche, de cet organe absolument ndcessaire d'un langage distinct et dun of-o 39 amalgrame intime des alimens avec la salive. L'a ir renferme' des chambres et les re~phetions nocturnes de l'estomac y contribuent encore. TiNas le cafe' seul est dejai capable de de~truireno dents, en tre's peu de temps, on dii momns de les rendre noires et jaunes. Ce sont sin--toat les dents incisives qui en sont attaque'es. Si j'excepte le veritable spina-ventosa, presque aucune canie chez les enfans neprovient d'unc autre cause que di -cafe'1), at momns qu'ils u'aient etc maltraite's par des cures mercurielles. 11 engendre aussi chez eux parfois des ulci~res profonds dans les chairs, qui ne percent que tries -lentement et ont des ouvertures fort e'troites. En general le caP6 exerce l'in flIu en ce la plIu s pernicieuse sur les enfans, et d'autant plus qa"ls sont plus dd'icats. Quioiqu'il n'excite pas de son chef le ve'ritable rachitis (maladie Anglaise, nouernent' des membres), ii acce'l~re pourtant cc mal conjointernent avec ses causes productives particulieres, c.;I d. des nourritures v&g 'ales non -fermentees et de lair de charubre renferme' et hurnide. Mais ii engendre au-ssi tout seal chez des petits enfans qui* jouissent daiulleirsý d'alimens sains et d'un air par, une certaine C'tisie, 1) Cette canie, provenant du caft6, engendre des ulv~eslC1 aux os, cach~s sous des tumeurs cutan~es C'leve'es, (lures ci d'uil rouge bleuitre. De ces ulce'res suinte uJIC matie're glaireuse, milM16 de, quciques parties caseuscs ct ni'ayaist qu'une faible odcur. Les doulcurs aux parties affecte'es sont piquantes. Le reste de, I'etat du corps offre une image pure de Il'~tisic produiie, par le caf6. - 41 - tent toutes ies maladies, et leur convalescence est toujours imparfaite. - Souvent uls sont sujets 'a une inflammation chronique des yeux '), jointe aun singulier relachement des paupieres sup erieniir es qui ne leur permet pas d'ouvrir les yeuLx, mteme quiand la. rouLgeur et la. tameuLr des paupieres n'est que modique. Cette espe'ce d'ophtalmie dure parfois plusieurs annm'es; les enfans qui* en souff-rent sont continuellement chagrins et pleure-ux; ils s couchent souvent sur le visage, on bien. ils se cachent dans l'obscurite' et s'y tiennent aussi couche'is on assis dans uine position courbi'e. La dite inflammation attaque stir-tout la corne'e en la convrant d'abord. de veines rouges et. enfin de taches fonce'es, ou en y faisant naitre de petites vessies on de petits ulcieres qui entrent parfois profondc'ment dans la corn(Se et menacent Meme de la perte de la vile. Cette ophtalmie et cc railement sur la poitrine, ainsi que d )autres des dites souffr-ances., affectent meme des 'nourrissons qui ne prennent pie ie lait de la me~re, lorsque celle-ci prend beaucoup de cafe' et se tient renferme'e dans l'air des chambres. - Quelle doit, dou1c &re la force de cette boisson mn'dicinale, si le nomrrisson meinhe en doit deja' souffrir! Apre's les enfans, le caf6, comme je l'ai dit, influe de la maniere la plus nuisible stir les fem - mes et sur ics gens de lettres, car ies occuipations des tins comme des atitres les obligent 'a tine 1) 11 n'vst pas rare qu'iI paraisse simtiILane'incnL tin Claulth~rn ant vi.sage. - 42 vie se'dentaire dans uin air de chambre. Les artisans.,dont le me'ticr est se'dentaire, se joignent 'a ces dcux classes de personnes. HI est certain, comme iI a e'te dit plus haut, que beaucoup d'exercice et une activite energique a lFair hibre, sont les meilleurs moyens pour at t - nuer les effets nuisibles du cafd; cependant ii s ne suffis 'ent pas ýt la longue. Q ieiques personnes aussi, comme poussees par l'instinct, trouvent une espe~ce d'antidote contre le cafiS dans des b ois sons spiri'tuLeuLses. On ne sau~rait non plus nier, que celles - ci produisent q u e 1 -ques effets re'actifs. Cependant elies sont en elles-menmes de nouve aux irritatifs, ne contenant nuLd suc nourricier, on en d'autres termes: cc sont aussi des substances me'dicinales qui, eltant prises chaque jour, causent des inco nve'niens duan autre genre, sans pouvoir annuller les qualites nuisibles du cafe~. On ne gagne douc par la" quc de nouvelles jouissances artificielles qui abreigent de rnICme la vie et qui ont egalemient pour suites des souffrances, quoiqne d'une natuire difflirente et encore plus compliquee. Le rnoyen principal de gue'rir des sonffrances cau~se's par le cafe', c'est dc s'en d Csh ab itu cier '); l'exercice qiie lon donne au corps 1) 11 n'est pas ii facile d'abolir une forte habitude dui cafP, sur-tout chez des personnes de'licates. Voici le proc6de' quc j 'observe 'a cet eigard. - Je tilche d'abord de p er su a d er mci, malades dc la n 6 -C C3s itc' ujr gen t c de se defaire dc la couturne en question. O r, des vCritci quii se fonclent sur des expe~riences evidentci, man - 44 - je ne nom-merai pas ici, cet e'crit n etant pas destine' pour les me'decins, mais pour les lal~cs. Convaincu par les re'sultats, d'une longue exp&' rience et par des observations de bien des anne'es, je viens. de de'peindre l'usage journalier du cafe' comme tre's -nuisible et comme ie plus sAr moyen de rela'cher et d'atte'nuer notre C'nergie physique et morale. Cependant je mui ai donne' le pre'dicat' de boisson me'dicinale; ccci pourrait bien donnerlieu "a des objections. Aes me'dicamens sont des choses s aluLitaires!" me dira-t-on. Oui, ils le sont, mais sous iine condition indispensable, c. "a d. qu.'ils soient convenables au cas dont ii s'agit. Or, nul me'dicament ne pouvant convenir 'a l'e'tat de sante' re'gulier et nature1, ii est contraire "a la raison et nuisible, qu'un homme qui se trouve dans cet etat, choisisse pour sa boisson ordinaire une substance rne'dicinale. J'estime les vertus me'dicinales du cafe' auitantyquccelles de tout autre me'dicarnent, pourvu quill soil applique' a propos. Rien de tout cc qui a e'te' cre'e' par la puissance divine, nie saurait etre mitrile; touLs ses pro duits doivent contribuer a-i s~aut. des hoinmes, sur-tout des produits t-res-efficaces tels que le cafe'. Mais qu 7on fassc bien attention aux o1)seriations suivantes. et dI- relever son courage, si la force dc Pexemuple que donne Ia sociepte', V'branle sa re'solution. (j)No te d u t ra du ct e ur. Le clocolat exempt de tout meflange hi~te'roge~ne, ou en d'autres mots: le cacao pur, cat galement admissible, comme on Pa ru cidessus. Foy. encore let prifuec. 45 Tout medicamentproduit dans le corps de l'homme samn quelques changemens sp6 -cifiques, qui lui appartiennent proprement. Si i'on connait ceux-ci, et si lon emploie le me'dicament dans des cas de maladies qui out une ressemblance presque parfaite avec les dits symptomes que le medicament est en etat d'exciter de son chef dans un corps sain, ii s'ensuivra une guerison radicale. Cette application des remedes est l'application curative; ct c'est la seule admissible dans les maladies chroniques et longues. Je nomme cette force d&n medicament, de modifier d'une manie're particulie're 1'4 tat du corps de Ihonime, l'effet primitif du remiede. Cet effet primitif se trouve remplac6 apre~s qaelques on plusieurs heures par un &'at tout-h-fait oppose', qui domine le corps apre's que le premier effet du renide a cess(! d'op(rer. Cet autre &'at est nomme' par moi leffet secondaire du reme'de. Or, si le nimdicament dont on se sert contre une maladie, excite dans son effet primitif des symptomes oppose s a ceux du mal en question, la cure n'est que palliative. I s'ensuit presque aussit6t un amendement, - mais quelques on plusieurs heures e'tant c'couhies, le mal revient et s'"Ikve "a un plus hant de gre qu'il ne se trouvait avant lusage du remede; car ii est renforce' par leffet secondaire du medicament qui lui ressemble. Cette me'hode de gue'rir est douc bien absurde, si Y'on vent I'appliquer 'a des nialadies de longue duree. Par exemple: Le suc de pavot en faisant son 46 effet primitif stir un corps sain, excite un sommeil engourdissant et acconipagne' de ralemens; mais son effet secondaire est flinsomnie. Or, si iC me'decin est assez insense6 pour vouloir combattre une ins oninie habituelle avec du suc de pavot, ii proce'de d'une manie're palliative. Un sommeil stupide, rAlant et non-fortifiant stivra bient t le dit remiede, mais son effet secondaire sera l'insomnie ct par consequent un aggraverent du ma1 existant. Apries 24 heures le malade dormira encore moins qu'avant l'usage de l'opium, a momns qu'on ne lii en donne une dose re'iter'e et renforcee; mais l'effet secondaire de celle-ci aggravera encore davantage le mal en question et ii ne s'ensuivra jarais une gue'rison. De rnieue le cafe n'opiere que des soulagemens palliatifs et apparens, quand on lapplique comme rernde d'apre's le principe de l'antitheise; par exemple: contre dcs constipations chroniques, provenant de l'inactivit6 du canal intestinal, cc qui est le cas ordinaire des personnes sedentaires. L'effet primitif du caf6 est Ic contraire de cet 6'tat; or, e'tant employe pour la premiere fois ou rarerent dans de pareils cas, il ne manquera pas d'ope'rer tre's-vite une evacuation. MiNais les jours suivans leffet secondaire de cette boisson augmentera d'autaut plus les obstructions. Si l'on voulait les bannir de nouveau d'une manirre palliative avec du cafe, ii en faudrait dejA faire prendre une portion plus grande ou plus forte. Cependant la constipation chronique n'en serait non plus gu6 -rie; car leffet secondaire du caf6 la fera repa - 47 - raitre derechief, et c'est ainsi qu-e chaque reiteration d'une dose plus copicuse on plus forte, ne fera qu'aggravcr et rendre pins opiniAtre le mal en question,. On tronveraque les effets soi-disant salutaires que les buveurs de caf6 attribuent "a cette boisson, pour justifier leur habitude, se re'duisent Presque tons 'a des se~cours palliati'fs contre certaines sonffrances. Or, l'nsage continu d'un, medicament palliatif e'ant une Chiose tre~s-nuisible, l'usage jounralier et di'e' tet't iqu e d'une telle substance est sans contredit 1le plas pernicieux de tons. SSi j'estime les vertus du cafe', je ne lefais que par rapport 'a son emploi medicinal. Cet cmploi consiste: 1) dans l'application. proprement curative de cette substance contre des maladies chroniques, dont le srptres out une grande ressemblance avec les effets *printitifs du caf6 1); 1) 1P. c. Quelqu'un non-accouturud au caft souff're d'une maladie compose~e des syrnptomes suivans: D'un besoin frequent d'aller "a la selic avec des e'acuations non-douloureuses et snolles; d'une insomnie; d'un dtat d'irritation et d'activ'iti6 cxtraordinaire dc corps et d'csprit; enfin d'un roanque d'appftit et de soif, sans cependant que le goilt des alirucos et des boissons filt change'. En cc cas le c.46 snanifestera et doit snanifester en fort peu. de temps un effct salutaire et radical. -11 est de meme, le reme~de curatif le, plus certaini et le, plus convenable dans les accidens, souvent dangercux, qui succi~dent ý une joic extrilme et subite, ainsi quc, dans one certaine espe~ce d, douleurs qlu'Udprouve l'accouchne' aprl~s l'cnfanteiuent et qui ressensblent ecaucoup aux effets prinmitifs du caf3.