B476327 I ~ A::r z 'L cr U l~' CZ' ~~ It... 1A 5- oS" r C ~5 O r : a I I: - - ~ i:.;: ~ ~ or I: ~ 1 1 U.. ism_.?--e EW::Ilf.~.;C~ w4 ~i ~.)i r 3~-:I~ ~ e ~ IMP 0 11 Nip 14 ~.:- ' ~ ~ ~ nc~ 7;. p~;~b ~ I:::sowt1:- SOW!:~:; ~ ~o i~ W,ePW i i ~:-:~~i i' a.; V I::~'Q NOU'VELLES PUBLICATIONS IIOMEOPATHIQUES CHEZ J. B. BAILLIERE ET FILS LIBRAIRES DE L') ACADEMIdE IMPE'RIALE DE MEDECINE RUE HAUTEFEUILLE, 19. A LONDRES, CHEZ H. BAILLItRE, 219, REGENT STREET. -A NEW-YORK, CHEZ 11. BAILLIEBE, 290, BROADWAY. A MADRID, CHEZ C. BAILLY-BA1ILLiERE, CALLE DEL PRINCIPE, It. -AWBIL 18ISS - Guide dui m~oeecun homooopathe an lit dui malade et Rdpertoire de thdrapeu 'tique homoeopathique, par le docteur HIRSCEIEL, traduit do l'allemand par le docteur LEON SIMON t1ls. Paris, 1858, 1 Vol. in-12. 3 fr. 50 Cet ouvrage renferme sons un petit volume des indications nombreuses et methodiquement disposdes; il peut edtre consult6 rapidement, et servir de guide au m~decin desireux de faire uue application heureuse et feconde de la. doctrine de Hahnemann. Le livre du docteur Ilirachel se divise en deux parties. La premniere (leo Prole'gome'nes) comprend 1'expose des pr~ceptes n~cessaires a la pratique: c'est, si je puis dire, on resume de therapeutique gen~rale homceopathique; la seconds, consacree tout enti~re is to description du traitement de chaque mnaladie, eat un v~ritable troite de theropeutique sp~ciale. Les indications qu'on trouve reunies dons leo diffhrents chopitres de cette derniisre partie out et6 puisees hs deux sources: l'experimentation pure d'ahord. l'observation clinique ensuite. Et, en celo, Is ceteýbre medecin de Dresde s'eat conforme oux enseignements do fondoteur de l'homceopathie. Prineipes et Re'gles qul doiveut guider dans Ia Pratique de l'ilomeeopathie. Exposition raisonnde des points essentiels de la doctrine Medicale hiomceopathique, par le docteur G.-H.-G. JAHR. Paris, 1857, 1 vol. in-8 de 540 pages. 7 fr. Pour faire j usteinent apprecier cet ouvroge, que nuns croyons apipeie' 'a contrihuer 0u progres de I'homceopathie, ii lions suftira, d~indiquer ses 1ivisions principoles: Introduction. - De tetoat octuel. et de l'avenir de to doctrine homceopathique. - Chap. ter. Du 'erai serb de la doctrine de 1-toiusmaun. - Chap. It. Des th~orismes pathologiques de t'Orgeoon- - Chop. I1l. [Dn diagnostic des maladies selon la doctrine de ilahuemoun. - Chop. IV. De l'exomen du malads sou'l Is point de vus du diagnostic de Ilohnemaiou. - Chap. V. [Ds Faction pothogenetique des medicameuts. - Chap. VI. De loaction dynamique des medicoments. - Chap. VII. De l'experimentation pathoFenetique des medicatuents. - Chap. VIII. De le6tuds scientifique des pothioge'ne'sies. - Chap. IX. De la loi des semhlahlss. -Chap. X. Regls pour Is choix du medicament homceopothique. - Chap. XI. De lodministrotion des doses hommeopathiques. - Chop. XII. Des Ia morche is suivre dons Is traitement des diverses maladies. - Chap. XIII. De Ia distrihution des m~dicaments homoeopothiques. - Chap. XIV. [Dn rdginse hommoopathique.Chop. XV. Des coo exceptionuels oh Ie praticien devra ahandonner Is traitement homooopathiqne. - Chap. XYI. Des progr~s qu'it rests a faire en hommopathie. Questions a adresser aux malades qui veuilent consulter un m~decin et lui rendre compte de leur 6tat et de lear constitution. Dui Traitement homm~opathique des Maladies des Femmes, par le docteur G..-H.-G. JAUR. Paris, 1856, 1 vol.in-12. do 496 pages. 6 fr. Dlu Traitement homeeopathique des Affections nervenues et des Maladies inentales, par le docteur G.-H.-G. JAUR. Paris, 1854, in.-1 2 de 660 pages. 6 fr. Cet important ouvrage comprend:jo la description symptomatologique de la nmaladie, ses diverses varidles, le diagnostic et le pronostic; 2o toutes les indications symptom atologiquuesi et pharmacologiques que Ia mati~re midicale et les experiences cliniques fornissent pour le traitement de ces affections. Du Traitement homesopathique des Maladies de Ia, Pean et des 16sions extd'rieures en gdn~raI, par le docteur G.-H.-G. JAHs. Paris, 1850, 1 vol. in-B de 500 pages. 8 fr. Prepare par de longues et consciencieuses 6tudes, il appartenait a M. Ie docteur Jahr d'silucider la question des affections cutanees, de ces maladies si souvent rebelles a tout traitement et qoi font ls desespoir des malades et des muidecins. Cet ooyrsge eat divise en trois parties:to Therapeutique des maladies de Is peso; 2o Matibre md~dicale; 3o Repertoire symptomatique. Du Traitement homessopathique dun Chole'ra, avec Findication des moyens de s'en prdserver, pouvant servir de conseils aux families en Vabsence du medecin, par le docteur G.-H.-G. JAHRF. Paris, 1848, 1 vol. in-12. I fr. E 0 Nouveau Manuel de Ke'decune homceopathique, divise' en deux parties: 10 Matie're mddicate; 20 Repertoir-e tht'rapeutique et syjmptomatologique, par le docteur G.-H.-G. JATIR. Sixi~me ddition, augmentee. Paris, 1855, 4 vol. in-12. 18 fr. Cette 6dition pr~sente Is tableau le plus complet et le plus metbodique de la doctrine homcsopathique josquis ce jour. Ainsi Ion trouvera non-seulement le Repertoire enti~rement re/ondu et augmente de tout ce que comprend Ia matiere meddicale en faits importants, mais encore, dana Ia premiitre partie, huit nouveaux mi~icameflts, ajoutes aux trente-cinq dont Ia quatriitme 6dition avait Rt6 augmentee. Enfin, ii n'est pas un seul mddicameut important auquel I'aoteur n'ait ajoute de nouvelles confirmations pratiques, en aunotant par des aignes indicateura bhen des sympt6mes qui ne l'avsient pas encore dtW. Notices Cl16mentaires sur l'Hlomeeopathie et ]a mani~re do la pratiquer, avec, quelques-uns des elfets les plus importants do dix des principaux rem~des homoiopathiques, At lusage do tous los hommes do bonne foi qui veulent se convaincre par des essais de la e'irite' do Cette doctrine, par G.-H.-G. JAHR. Troisi~rreddition, augmentde. Paris, 1853, in-lB8 do 130 pages. 1 fr. 75 Cet ouvrage comprend: Introduction. - De l'examen du malade. - De is recherche do m~dicament. - D6 l'emploi des m~dicaments. - Do regime ia prescrire. - Qosiques effets de dix des principaux misdicameots homceopathiques: to aconit; 2so arnica; 3o arsenium; 4o belladona; So bryonia; 6o chamomilla; 7o mercorius; 8o nux Yomics; 9o pulsatilla; 10o solphur. Nouvelle Pharmacope'e homesopathique, ou Histoire natureile et prdparation des me~dicaments homoiopathlqises, et Posologie ou administration des doses, par le docteur G.-H.-G. JAmsf et P.-M.-L.-A. CATELLAN, pharmacien. Seconde ddition, corrig~e et augmenttde, accompagnde do 135 figures intereal~es dans le texte. Paris, 1853, in-12 do 430 pages. 7 fr. -- 3 - Exposition de la Doctrine m6dicale homeopathique, on Organon de l'art de gudrir, par S. HAHNEMANN; traduit de l'allemand, sur la derninre 6dition, par le docteur A.-J.-L. JOURDAN. Quatribme Edition, augmentse de COMMENTAIRES par le docteur LUON SImON, prkcedke d'une Notice sur la vie et les travaux de S. HAHNEMANN, accompagnde d'un portrait grave sur acier. Paris, 1856, 1 vol. in-8. 8 fr. Etudes de Medecine homnuopathique, par le docteur S. HAHNEMANN, opuscules servant de complement a ses ceuvres. Paris, 1855, 2 series publides chacune en 1 vol. in-8 de 600 pages. Prix de chacune, 7 fr. Les ouvrages qui composent la PREMIERE SERIE sot: Io Trait6 de la maladie vsnerienne; 2o Esprit de la doctrine homceopathique; 30 La medecine de l'exp6 -rience; 40 L'observateur en mredecine; So Esculape dans la balance; 60 Lettres A un medecin de haut rang sr ur lrgence d'une reforme en medecine; 7o Valeur des systimes en nimedecine, considdrds surtout eu egard s la pratique qui en decoule; 80 Conseil i un aspirant an doctorat; 9o L'allopathie, un mot d'avertissement aux malades; 100 Reflexion sur les trois methodes accreditdes de traiter les maladies; 11o Les obstacles a la certitude; 120 Examen des sources de la mnatiire medicate ordinaire; 1 30 Des formules en medecine; i4o Comment se pent-il que de faibles doses de medicaments aussi etendus que ceux dont se sert l'homeopathie aient encore de la force, beaucoup de force? 150o Sur la repetition d'un medicament homceopathique; 160 Quelques exemples de traitements hommeopathiques; 170 La belladone, preservatif de la scarlatine; 180 D)es effets du cafe. DRuxisME SiRIa. - Du choix du medecin. - Essai sur un nouveau principe pour decouvrir la vertu curative des substances medicinales. - Antidotes de quelques substances vegetales heroiques. - DI)es fievres continues et remittentes. - Les maladies periodiques a types hebdomadaires. - De la preparation et de la dispensation des m6dicaments par les medecins homoeopathes. - Essai historique et m6dical sur l'ellebore et I'elleborisme. - Un cas de folie. - Traitement du cholera. - Une chaebre d'enfants. - De la satisfaction de nos besoins materiels. - Lettres et discours. - Itudes cliniques par le docteur Hartung, recueil de 116 observations, fruit de vingt-cinq aus d'une grande pratique. Doctrine et Traitement hommoopathiques des Maladies chroniques, par le docteur S. HAHNEMANN. Traduit de l'allemand, sur la dernibre edition, par A.-J.-L. JOURDAN, membre de I'Acaddmie nationale de m6decine. Seconde edition, entikrement Srefondue et considdrablement augmentie. Paris, 1846, 3 vol. in-8, chacun de 600 pages. 23 fr. Etudes elmentaires d'Homeeopathie complities par des applications pratiques, A l'usage des msdecins, des ecclssiastiques, des communautis religieuses, des familles, etc., par le frWre ALEXIS ESPANET. Paris, 1856, in-18 jdsus de 380 pages. 4 fr. 50 Clinique medicale Hommeopathique de Staoueli (Alg6 -rie) en 1850, par le R. F. H. ALEXIS ESPANET, m6decin de cet etablissement. Paris, 1851, in-8. 3 fr. 50 Aux Hommeopathes de France. Lettre par le frrre ALEXIS ESPANET. Paris, 1851, in-8. 60 c. Therapentique homoeopathique des maladies des enfants, par le docteur FR. HARTMANN; traduit de l'allemand, avec des notes, par le docteur LloN SIDoN fils, membre de la Socidtd gallicane de mddecine homaeopathique. Paris, 1853, 1 vol. in-8 de 700 pages. 8 fr. Cet ouvrage est l'Npuvre d'un praticien expiriment, I'un des premiers disci - 4-- pies de Ushnemaun, d'nn homme initi6i par le maitre aux difficult~is de la doctrine. On trouvera dana ce fiare sine application claire, exacte et precise des principes de l'homcseopathie aux maladies des enfants, souvent ai difficiles as reconnaitre. Th~rapeutique homeeopathlque des maladies alguel's et des maladies chroniques, par le docteur FaR. HARTMANN', traduit de l'allemand, sur ]a troisie~me e~dition, par le docteur A.-J.-L. JOUBOAN. Paris, 1847-1850, 2 fn'rts vol. in-8. 16 fra Le principe qui sert de base 4 ]a doctrine medicale homceopathique, et que X. Hartmann a appliqu6 an traitement des maladies aiguuis et des maladies chroniques, pent Atre formnlI6 en ces termes: Si vosis vosilez obtenir nne gsierison prompte, certaine et durable, choisissez sin medicament qui, admninistr6 ý sine p ersonne bien portante, suscite chez elle des sympt~mes analogues as ceux de a maladie dont 'eons entreprenez le traitemnent. Trout editions de l'osvrage de Hartmarnn en peu de temops disent assez limnportance dn anjet et avec quel talent d'observation ii a Wsi trait6. Ce havre est sin complement indispensable des osiarages de llshnemasin, et place son autenr aui premier rang des disciples du fondateur de l'homceopathie. Be la Difference d'Action sur l'organisme des m~dicaments naturels ou att~nus's par les proc~ddts de l'homoeopathie, par le doeteurJ. PERRY. Paris, 1856, in-8. 75 C. Lettre sur le Chole ra adressde au docteur Nunez par le docteur J. PERRY. Paris, 1855, in-8. 1 fr. Be l'Analg~sie et de l'emploi thdrapeutique des mdtaux At I'extdrieur, par le docteur J. PERRY. Paris, 1852, in-8 de 30 pages. 50 C. Dlu progres en Therapeutique par I'll omceopathi e. Lettre adressde en re'ponse au docteur Perry par le docteur AuDOUI1T. Paris, 1856, in-a. 1 fr. Lettre sur le Progrc~s en Uomeeopathie,. adress~e en r~ponse au docteur Audoult par le docteur J. PERRY. Paris, 1855, in -8. 1 fr. Etudes pathoge'ne'iques et thetropeutiques sur l'hydrocotyle aslaticas, par le docteur AUDOUJT, ex-m~decin de la. Marine. Paris, 1857, in-8 de 116 pages. 2 fr. Homessopathie et Allopathie, par Lun). DE PARSEVAL, doctesir en me'deelne. Paris, 1856, in-8 de 652 pages. 8 fr. Formulaire pathoge'ne~tique., oti Guide homoeopathique, pour traiter soi-mernje touites les maladies, par le docteur PaOSTLACUZON, membre de ]a SociWt gallicane de mddecine homoeopathique de Parils, etc. Paris, 1857, 1 vol. in-8 de 500 pages. 7 fr. Doctrine de l9'ecole de Rio-Janeiro et Pathogt~ndsie br6 -silienne, contenant une exposition me'thodiqsie de l'homoeopathie, la loi fonidamentale (lu dynamisme vital, la the~orie des doses et des maladies chroniques, les machines pharmaceutiques, l'algitbre symptomatologique, etc., par le doctesir B. MURE. Paris, 1840, in- 12 de 400 pages, aveec 37 figures intercale'es dans le texte. 6 fr. Guide de l'Homeaopathe9, ou traitement de plus de mille maladies gue'ries, contenant: ln V'indication par ordre alp'habd& tique des maladies sous les denominations nosologiques de l'an Missing Page Missing Pag1e Missing Page Missing Pag1e Cet ouvrage est ainsi divis6: Programme du cours. - Vue generale de la doctrine homoeopathique. - De la methode horsmopathique. - Loi de specificite. - Dynamisme vital. - Institution de 1'experimentation pure. - De la pathologie, du diagnostic et du pronostic homa-opathiques. - Theorie et considerations pratiques sur le traitement des maladies chroniques. - Moyens de connaitre les verlus curatives des m6dicaments. - Therapeutique generale hommopathique. - Repetition des doses homoeopathiques. - Mode de preparation et d'administration des medicaments. - Hygiene. - Physiologie homoeopathique. Du Cholera-morbus epidemique, de son traitement preservatif et curatif, selon la methode homoopathique. Rapport publie par la Socidtd hahnemanienne de Paris (M. LUON SIMON, rapporteur). 1848, in-8 de 94 pages. I fr. 25 Lettre a M. le Ministre de I'instruction publique, en rdponse au jugement de l'Acad6mie nationale de medecine sur la doctrine homoeopathique, ai nom de 'lnstitut homoeopathique de Paris, par le docteur LiON SIMON. Paris, 1855, in-8. 1 fr. IT Lettre a MM. les membres de la Faculte de medecine de Paris, en r6ponse au discours de M. le professeur TROUSSEAU, par le docteur LioN SIMON. Paris, 1843, in-8 de 126 pages. 1 fr. 50 Des Rapports de la Thiorie des crises et des jours critiques, avec les principes ct la th6rapeutique de l'homolopathie, par le docteur LUON SIMON fils; Mdmoire couronnd par le congrds homaopathique de Bordeaux. Paris, 1856, in-8. I fr. L'Homeopathie sans l'allopathie, lettre t M. le docteur FMlix Andry, par le docteur LEON SIMON fils. Paris, 1856, in-8 de 38 pages. I fr. Homoopathie et Allopathie. Lettre s M. le docteur J.-P. Tessier, par le docteur FILIX ANDnY. Paris, 1856, in-8 de 15 pages. 75 c. Note sur la Phthisie pulmonaire en Algkrie, par le docteur J.-J. FEUILLET, d'Alger. Paris, 1856, in-8. 1 fr. Traitement compare du Rhumatisme articulaire aigu, incertitude et dangers des Inedications officielles. Certitude et securit6 dans la methode hommopathique, par le docteur ESCALLIER. Paris, 1855, in-8 de 120 pages. 2 fr. 50 Des indications therapeutiques fournies par le rhythme des phenomines morbides, par le docteur ESCALLIER. Paris, 1856, in-8. 1 fr. Demonstration clinique de Faction des doses infinitisimales, par le docteur ESCALLIER. Paris, 1855, in-8. I fr. 25 Pourquoi je fais de I'homemopathie, par le docteur EscALLIER. DeuxiBme 6dition. Paris, 1855, in-8 de 32 pages. I fr. 50 Rencontres homueopathiques, par le docteur ESCALLIER. Paris, 1855, in-8. 1 fr. Mlemoire sur un nouveau procede pour pratiquer les injections ioddes dans le traitenment des kystes non purulents de l'ovaire, par le docteur JOUSSET. Paris, 4857, in-8. 1 fr. 25 RWponse aux lettres de M. Mane sur l'homoeopathie, par le docteur JoUssET. 1856, in-8. 75 c. -40-- Le Triomphe de Ia vf'rit en m~decine,9 par le docteur MOREAU. 1856, in-8. I fr. Notes ouir le mel commun (natrum muriaticum, chiorure 'de sodium), par le docteur LEBOUCHER. Paris, 1857, in-B. 75 c. De l'Homaeopathlet et particulidrement do F'action des doses infnintt'simales, par le docteur A. MAGNAN. Paris, 1855, in-8. 2 fr. 50 Dessp~ilque enmeeciepar 10 docteur MOLIN fits. Paris, 1847, in-4. 2 fr. 50 L'Esprit de la, m~decine ancienne et nouvelle compar~e, par le docteur Rucco. Quatri~me 6dition, augmentde d'un md'moire sur le chol~ra. Paris, 1854, in-8 de 460 pages. 6 fr. La, me'decine de la nature protectrice de la vie humaine, par le docteur Rucco. Paris, 1855, in-8. 4 fr. La, vieille m~decine et ses, dangers, surtout dans l'apoplexie, la fluxion de poitrine, les fivres typhoides et cdrdbrales, par le docteur C.-A. GINESmvT. Niort, 1847, in-8. 2 fr. 50 Guide des gens du monde dans le choix d'une me'decine, par AUGUSTE GUYARD). Deuxidme edition. Paris, 1857, in-lB. 3 fr. Recherches stir le traitement de l'alienation mentale, par to doctour HERMEL. Paris, 1856, in-8. 2 fr. 50 %p~tudes stir le 'senin des arachnides et son emploi en the'rapeutique, suivie d'une dissertation sur le tarentisine et lo tigretier, par to docteur CHi. OZANAM. Paris, 1856, in-8 do 88 pages. 2 fr. 50 Revue historique et pratique des doctrines ot des systdmes do me'docine; de la Doctrine homceopathique, et do sos, rapports do concordance avec la force et )a loL d'attraction universelle, par F. DESCHAMPS, docteur me'decin. Saint-LAO, 1851, 1 vol. in-8 de 340 pages. 4 fr. 50 Re"ponse A M. lo docteur Th. Labbey sur s05 Rdfflextons critiques sur l'homowopathie, par F. D~scHAisos, D. M. Saint-L6, 1854, in-8. 1 fr. 60 Reponse A M. le docteur Th. Labbey. ROfutatton do sos RWflexions, critiques sur I'homwopathio, par to docteur A. LEBoucaHa. Paris, 1855, in-8. 1 fr. 50 Dlu Cholera e-pide'mique, do sa prdservation et do son traitemont homcoopathique,par ledocteurV.-E. LECOUPEUR. Parts, 1854, in-8 do 43 pages. 1 fr. b0 La Variole., son traitement et sa pr~sorvation homueopathiques, par le docteur Y.-E. LECOUPEUR. Paris, 1854, in-8 do 38 pages. I fr. 60 Wldeeine homeeopathique des families, journal consacre a la propagation do l'homceopathie parmi los meddocins et los gons du monde, rddig6 par une socidtd do m~decins do Paris et des departoinents, publid par lo doctour LECOLIPEUR. 18#52-1853., 2 vol. gr. in-8. 14 fr. Etudes de m~decine g6neirale, Do t'infiuenco du niatdrialismo sur les doctrines mddicales do 1'18cole do Paris, do la fixite' des essences ou des espdcos morbidos, par to doctour 5.-P. TESSIER. Paris, 18$55, in-S do 2622 pages. 2 fr. 50 11 H Des rapports de la doctrine medicale homeopathique avec le pass6 de la Thdrapeutique. Lettre A M. le docteur J.-P. Tessier par le docteur FREDAULT. Paris, 1852, 1 vol. in-8 de 84 pages. 1 fr. 50 De la msdication homueopathique, suivi d'un relev6 comparatif des maladies traites A l'h6pital Sainte-Marguerite par la mdthode d'Hahnemann et par la methode ordinaire, pendant les anndes 184), 1850, 1851. Reponse a M. le docteqr Fredault, par le docteur J.-P. TESSIER. Partis, 1852, in-8 de 16 pages. 50 c. Les Medecins statisticiens devant la question homrnopathique, ou RWponse aux attaques contre le livre de M. Tessier, par le docteur TIMBART, ex-interne des h6pitaux civils de Paris. 1850, in-8 de 120 pages. 2 fr. Etudes sur les effets et les indications de la strychnine et de la noix vomique dans le traitement du choldra, parJ. DAVASSE. Paris, 1854. 1 fr. 50 Des Vomissements dits incoercibles de la grossesse, par le doeteur J. DAVASSE. 1857, in-8 de 96 pages. 2 fr. 50 Memoire sur la methode curative dite homeeopa thique, prdsent6 A la Facultd de Montpellier, par M. DEZAUCHE, docteur en mddecine. 1833, in-8. 60 c. Observations sur i'homeopathie, par un homme qui n'est pas mddecin. Paris, 1855, in-8. 1 fr. 50 Clinique homcopathique A l'usage des mddecins et des gens du monde, par le docteur L. MALAISE. 1837, in-8. 6 fr. 50 Lettre aux Medecins frangais sur I'homeopathie, par le docteur comte S. DES GUIDI, introducteur de l'homwopathie en France. Troisibme edition, enrichie de prdface des traducteurs de cette lettre, des biographies et portraits de S. Hahnemann et de S. des Guidi, et de plusieurs lettres importantes, par le docteur F. PERRUSSEL. Paris, 1852, in-8 de 144 pages. 3 fr. 50 Lettre a HMl. les Membres de I'Acad6mie royale de medecine, sur la rdponse qu'ils ont adress'e au Ministre de l'instruction publique au sujet de l'homeopathie, par le dorteur DES GUIDI. Lyon, 1835, in-8. 75 c. L'Homoopathie, ses raisons et ses erreurs, par le docteur NIVELET. Paris, 1840, in-8. 2 fr. VWrit6 de I'iomecopathie, on thdorie nouvelle propre A ddmontrer l'action reelle, le mode et la nature d'action des remddes infinitesimaux, par le docteur Z. CASTAING. Paris, 1853, in-8 de 102 pages. 2 fr. 50 Principe de la doctrine medicale homueopathique, par le docteur L. SALEVERT DE FAYOLLE. Paris, 1853, in-8 de 360 pages. 5 fr. Compte rendu du procks de madame Hahnemann, docteur en homwnopathie. Question d'exercice ill6gal de la mddecine.Troisidme edition. Paris, 1847, in-8. i fr. Portrait de H0ahnemann, fondateur de la doctrine homceopathique; tres-belle gravure sur acier, in-4, papier de Chine, 1844. 2 fr. 50 -12- - Ajialyse compu~te et raisounne de Ia mati~re me^*dieale. do S. HAHNEUANN, ofi *sont exposds lea, principes et les con - sdque'nces de l'expdrimeutation homoeopathique, par MAX. VEaNoSs, docteur en mddecine. Paris,, 1835, in-8. I fr. 25 Bo I& Ileniugite puraleute 6spid~miqne.Memoire sur cette affection qul a regn6 A Avipnon dana l'hiver de 1846-1847, par le 'docteur J.-J. BI9CHET (d'Aivignon). Paris, 1852, in-8. 3 fr. 50 Symptomatologie homusopathiqueq, ou Tableau synoptique do toute la matid're mddicale pure, A 1'aide duquel so trouve immediatement tout sympt~me ou groupe do sympto~mes cherchd; par P.-J. LAFFITLM Paris, 1844, 1 beau vol. grand in-4 do pr~s do 1,2000 pages. 3 5 fr. Compte rendn des travaux du Congre's medical homesopathique de Paris, session do 1851. Paris, 1851, in-8 do 248 pages. 3 fr. Compte rendu des traraux du Congr"s misdieal homeeopathique seant A Paris. Session do 1855. Paris, 1856, in-8 do 360 pages. 4 fr. Compte rendu des travaux du Congr4)s me'dical homutopathique tonu A Bruxelles. Session de,1 856. Paris, 1857, in-8 do 156 pages. 2 fr. Manuel pour servir a' l'e6tude critique de l'homeeopathie,9 par le doctour GRIESSELICH, rddactour du journal t'HyJgea, traduit do l'allomand par le doctour SCHLESINGER. Paris, 1849, 1vol. in- 12. 5 fr. Ce Manuel renferme tous les d~veloppements ndcessaires a lintelligence de la doctrine medicale bomw,,pathique. 11 indique au. debutaut la route dans laquelle ii. doit ensuite marcher %eul pour arriver au but. L'auteur a cru devoir elaguer beaucoup de'theories plus ou momns inge'nieuses, inutiles au. lit du malade; mais ft a insiste pour donner h la doctrine du simile une base physiologique et pathologique qui obtiendra lassentiment de tous les 'erais amis du progres et de Fhomweopathie. Me'morial du medecin homeeopathe', ou Rdportoiro alphabdtique, do traitemnents et d'experiences homceopathiquos, pour sorvir do guide dans l'application do l'homowopathie au lit du malade, par le doctour HIAAS. Traduit do, 'allemnand par A.-J.-L. JOUR. DAN. Deuxidmeeýdit., revue et augmentOde. Paris, 1850, in-18. 3 fr. M1anuel de th~rapeutiquju me'dicale homeeopathique., pour servir do guide- au lit dos inalades aL A l'Otude de la matide'e mddicale pure, par le doctour C. BOENNINGHAUSEN. Traduit do Jl'allemand par lo docteur D. 1ROTH. Paris, 1846, 1 vol. grand in-12 do 600 pages. 7 fr. flistoilre de Ia doctrine me'dicalle liomaopathique,9 son ctat actuel dans los principalos contrees do l'Europo. Application pratique des principos et des moyens do ceLto doctrine au traitemont des maladies, par le doetour AUG. RAPOU, mddecin A Lyon. Paris, 1847, 2 forts vol. in-8. 15 ft.. De la Fibvre typholde ot do son traiternent liomceop'athique, par le docteur AUG. RAPOU. Paris, 1851, in-8 do 108 pages. a fr. - Corbcil, imprimerie de CretA - CODEX DES flOMOE OPATHlIQIJES oU PIIARMACOPEIE PRATIQUE ET IRAISONNIEE A L'USAGE DES MEDECINS ET DES PHARMAGIENS, PARl GE&ORGES P. F. WEBERB, Pbarrnacien Ioriomeopatlie "a Paris, Maire en pharmacie, ancien 0 I've interne des hospices civils dc Strasbousrg, M embre titalaire de la Socicld gatlicane de rn6decinc Lomoeoputhiqie, de Paris, Membre correspondent de la. Soci~d liabnemanienne dec Madrid, etc., etc. Un beau volume grand in-iS, de 450 pages. - Prix: 6 frw La preparation des m6dicamcnts a e~e' de's les premiers. temps de Il'homoa-opathie, wie dles pre'occupations les plus s6 -rieuses de IHaJ'eneiatn et de. ses disciplels. Les SOitis et les dif.. ficull's qu'ellc entrailne les avaictit iiP~me conduits ~tne donoci' que les slubstances qu'ils avaient pr~pare'es; et stir cc point le fondateur de 1'hoinoeopathie allaitjusqu%~ faire au ine'decin une obligration (le dynainiser lui-miemc ses me'dicaments. 11 faut bien lc reconnaitr, ce pre'epte 6tait IpIus que justifi par la niature de la manipulation, par 1'~tat de division oil -2 -la matiere se trouve amende dans les prnparations, par I'impossibilit6 de controle maririel qui eu resulte, et surtout par I'importaice de la r6forme ' laquelle Hahnemann s'61ait d&voue, rdforme qui aurait pu se trouver compromise des sa naissance, si les agents de gudrison n'avaient eu toute leer puissance, toutes leurs qualits. Mlais, en homi(hpathlie comime en allopathic, la pratique de la pharmacie suppose dies connaissances speciales, demiande beaucoup de temps dont 1le mnwdecin nie peut toujouls disposer; aussi, la loi rcclamaiit I'intervention du pharnlmacieln, la preparation des iiidicamenLs hoinoeopathiques est-elle devenue Ic privilege de quelques hommes sp&claux. Aujourd'hui cette pratique tend de plus en plus 4 se geniraliser; et dans ce but un professeur de I'lcole de pharmacie a joint i la derniire Mdition de son livre un Resume' de pharma7cie homceopathique, cc qui semble indiquer le besoin de meltre tous les pharnimaciens 'a immtme d'exdcuter les forimules des mwedeciuis huiomopathes. La pharnmacie homreopathique est souniise, en effet, 4 gles regles certaines inconnues d'un grand nombre de pharmaciens allopathes; elle exige des precautions nombreuses qu'il ne faut jamais negliger, mais qu'il faut d'ahord conialtre. Aussi, plus sa pratique s'6tend, plus son 6tude doit devenir gendrale. Ili faut tMucider les questions obscures que cette science presente encore, et gniiraliser la connaissance des principes certains qu'elle nous enseigne. Depuis que Hahnemann d6crivit pour la premicere fois la preparation des miedicamients homoeopathiques, plusieurs pharmacopees out vu le jour. Chacun de ces ouvrages contient des renseignements prccieux, mais tous laissent subsiswer plusieurs difficultms pratiques, h la solution desquelles 5i. Weber a voulu contribuer. Livre' depuis pres (le vilgt ans ai la pratique de la pharmadie honiceopatliique, -M. Weber a pense pouvoir, par suite do sa longue exp6rience, contribuer 'a ]a vulgariser; aussi son Iivre est-il essentiellement pratique. San~s aborder la discussion des problernes se rapportant 4i la thi'rapeutique, i a expliqu6 1'action (des infinimen~t petits, s'appuyaflt sur les arguments quje ]a pliarmacie et la toxicologic pouvaicnt offrir. Le C~odex des mn'dicurents komwopathiques sc divisc en trois Ipartics. La P REINI ItIRE comlprend l'exposition des reigles generales qu'iI faut observer (lans la pre'paration et la dispcnsation des me'dicainents. L'auteur a du^ donner ici une large p~lace ht deux questions trop Ong~ige'cs: celic des aIppareils dont ii convient de se servir, et 1'art de formuler. Le choix des instruments a une impiJortance quc tout le monde comprend; quant "a I'art de formuler, c'est-14-dire an lanTagc at laide duquel lc me~decin transmet ses prescriptions,l iimanquait de preceision, et surtout sc trouvait expose avec trop pen de details. En pharmacie, l'imnportan est (l'cviter les erreurs, et pour cela ii faut que Ie pharmacien coniprenne totnjours exactement la formule, et que le nn~dccin l'ecrive d'une manie~re exacte. Le lecteur trouvera dans cc chapitre un Ihbleaut de signes conventionnels souvent utiles, qui liii per'mettront d'abre'ger ses formules satns en divulguer le seins. 11 a donn6 aussi un Calendier botanique, c'est-it-dire 1'indication du moment approximatif auqlueI chaque substance ve~getale doit e~tre recueillie. La SECONDE PARTlEde I'ouvrage comprend une application des re',glcs ge'ne'ales expos&s dans Ia prenmiere partie at Ia preparation (le chaque substance prise en particulier, et Ia description de chacun des corps dont on fait usage. 11 a diUi com~rendre ici Ia description des produits chimiques, min~raux, ve~ge~aux et aninmaux. Pour Ics premiers, M. Weber s'est attache b decrire le mode de pr6paration suivi par Hahnemann, et celui qui etait le plus capable de donner un produit d'une puret6 irr&prochable. Pour les produits fournis par les trois regnes de la nature, ii s'est appliqu6 i en faire une description exacte. Dans la TROISIBME PARTIE, M. Weber a dit ce que devait tre une ph'armacie homfeopathique, et comment on composait les differentes boites de medicaments on Pharmacies portatives. Tel estie cadre qu'il s'6tait trac6 et qu'il a rempli d'une maniere utile. Son livre sera consult6 avec fruit par les mBdecins eA les pharmaciens. II sera leur vade-mecumn indispensable, et formera dans leur bibliotheque le compliment des travaux classiquesde MM. Guibourt, Merat et Delens, etc. Le Codex des medicaments homeeopathiques forme on joli volume grand in-18 dIe 450 pages. N\ouvelle publication homwopathique. SYSTEMATISATION PRATIQUE DE LA MlATilER E hIlED1CALE HOMOEOPATIIIQUE, par le docteur A. TESTE, nernbre de la Soci&t gallicane de inmddecine homoeopathique. Paris, 1853, 1 vol. ii-8 de (100 pages. 8 rr. A PARIS CHEZ J.-B. BAILLIEIIE, LIBRAIRE DE L ACADEMIE IMPARIALE DE MEDECINE, RUE HAUTEFEUILLE, 19. A Londres, chez II. Bailliere, 2198, Regent-Street. A NEW-TORK, CHEZ H. BAILLiWRE, 290, BROADWAY. A MXDl1ID, CHEZ C. BAILLY-BAILLIEIE, CALLE DEL PIINCIPE, 11. Paris. - Imprimerie de L. MARTINET, rue Mlignon, 2. /I0. EXPOSITION DE LA DOCTRINE MEDICALE HOMOEOPATHIQUE 011 ORGANON DE L'ART DE GUERIR. OUVRAGES I)E S. HAHNEMANI\ A LA LIBRAIRIE J. B1. BAILLIERE. Trait dte Matic~re medicale, on De l'action pure des m~dicaments homoeopathiques, par le docteur S. llahnemnann. Nouvelle 6dition, revue, comple'tde des mddicaments nouveaux introduits dans la pratique jusqu'a' ce jour, par le docteur G. H. G. Jahr. Paris, 1856, & vol. in-8. S0us presse. Docetrine et Traitement homceopathique dies Maladies chroniques, par le docteur S. Hahnemann. Traduit de 1'allemand, sur la, derni~re edition, par A. J. L. Jourdan, membre de 1'Acaddmie impd'riale de me'decine. Seconde ddition, entie'rement refondue, et conside'rablement augmente'e. Paris, 1846, 3 vol. in-8 de chacun 600 pages. 2 3 fr. Etudes tie Me'deeine honiueopathique. Opuscules servant de cornpidment A ses oeuvres. Paris, 1855, deux sdries publie'es chacune en 1 vol. in-B de 600 pages. Prix de chaque. 7 fr. Cette Collection comprend les ouvrages suivants PREM11tRE SKERIE: - 10 Traild' de Ia maladie ve'n6rienne; 2oEsprit de la doectrine homoeopathique; 3o La me'decine de l'expdrience; 40 L'observateur en m, decine; 5() Esculape dans la balance; 6o Lettres 'a un m.~decin de haut rang sur l'urgence d'une r~forme en mddecine; 7o Valeur des systmes en mddecine, consid~res surtout en Adgard h Ia pratique qui en ddcoule; 80 Conseils A un aspirant au doctorat; 9o L'allopathie, un mot d'avertissement aux. malades; 100 R~fexions sur les trois md'thodes accre'ditdes de traiter les maladies; 110 Les obstacles 4 Ia certitude; 120 Examen des sources de Ia mati6re me'dicale ordinaire; 130 Des formules en me'decine; 14' Comment se pent-il que de faibles doses de medicaments aussi eAtendus que ceux dont se sert l'homceopathie alent encore de la force, beaucoup de force? 150 Sur la. repdtition d'un medicament homoeopathique; 160 Qnelques exemples de traitements homo~opathiqnes; 17o La belladonne, preservatif de la scarlatine; 180 Des effets du caf6. DEUXIicSE 5TRIE. - Du choix du mddecin. - Essal sur un nouveau principe pour de'couvrir la vertu curative des substances mddicinales. - Antidotes de queiques substances vdgedtales lidroiques. - Des fivres continues et remittentes. - Les maladies p~riodiques A types hebdomadaires. - De la prdparation et de Ia dispensation des mddicaments par les ntddecins homceopathes. - Essal- historique et medical sur l'elldbore et l'elldborisme. - Un ens de folie. - Traitement du choidra. - Une cbambre d'enfants. - De la satisfaction de nos besoins mat6riels. - Lettres et discours. - l8tude s cliniqucs, par le docteur Hartung, recuell de 66 observations, fruit de vingtcinq ans d'une grande pratique. CORtDEJL, typographie de CRiTi. C ~5 O r ARe,.OE"IL EXPOSITION DE LA DOCTRINE MEDICALE H OM.OEOPATHIQU E OU ORGANON DE L'ART DE GUERIR, PAR S. HAHNEMANNB TRADUIT DE L.9ALLEMAND SUR LA DERINIERE IkDITION, PAR LE DOCTEUR A. J. L. JOURDAN DE COMMENTAIRES ET PRUCEDE'E D'UNE NOTICE SUR LA VIE, LES TIIAYAIX ET LA DOCTRINE DE L'AUTEUR, PAR M. LEON SIMON P'ERE Doctour en 6ddocine do In Facult6 do Paris et de lHnisersOj do Cloviand (Ohio), noinbro litalaire de ln SocidRd Galllcane-Ilonosopathique do Paris; Correspondant de la SociW~ des Sciences et des Letires do Blois, do la aoiftt hoinnopathiqne Britannique do Londres, do la SociWi Hahnemannionne de Madrid do I'lcadtwie homnnopalhique do Palorme et de colse do Br~sil. A PARIS CHEZ J. B. BAILLIItRE, LIBRAIRE DE L'ACADEMIE IMPERIALE DE MIDECINE., RUE HAUTEFEUILLE 1 19. LO1WDRE~ I NEW-YOR1K H. IOAILLIkRE, 219,. REGENT STREET. I H. RAILIA;RE 9 290, BROADWAY.?4ADRID,. C. BAILLY -BAILL19RE, CALLE DEL PRINCIPE, 1 1856 F" ~r AVEIITISSEME NT DE CETTE QUATRIEME EDITION. 1L'interet chaque jour croissant qu'inspire I'hoinceopathie, rend de plus en plus multipliees les demandes de l'Organon de Part de gue'rlr, livre classique, le seul qui contienne une exposition comple~te de la nouvelle doctrine. La quatrie~me edition, que nous publions, aujourd'hui, a re~u de notables augmentations 10 Des Commentaires embrassant les points principaux de la doctrine de Hahnemann et dans lesquels M. le docteur Le'on Simon p ere a cherche a developpcr et 'a expliquer les questions les plus vitales de la doctrine, celles qui paraissaientles plus susceptibles d'intcrpretation. Ces Commentaires opt pris une telle e'tenduc quc l'ouvrage est aujourd'hui doubl'. 2. f; 4iT a 11 AVERTISSEMENT DE CETTE QUATRIEME ItDITION. 20 Parmi les notes mises par Hahnemann "i la suite d'un grand nombre des paragraphes de 1'Organon, ii en est plusieurs qui se lient tellement au texte dont elles sont le developpement, que M. le docteur Leon Simon a cru pouvoir les mettre a la suite du paragraphe auquel elles se rapportaient, dans le texte 1ui-meme. 30 Une notice sur la vie, les &'rits etla doctrine de Hahnemann, que nous devons egalement 'a M. le docteur Leon Simon, notice dans laquelle on trouvera une juste appre~ciation des droits du fondateur de la doctrine medicale homceopathique "a la reconnaissance des hommes. 40 Enfin nous avons illustr6 cette quatriIme edition d'un beau portrait grave sur acier, et qui retrace avec une grande fideit6 les traits du vene rable Hahnemann. Paris, 25 decembre 1855. NOTICE HISTORIQUE ET MED)ICALE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE SAMUEL HAHNEMANN. ~ I. - Vie et travaux de iahllenemann. Le nom de Samuiel Hahnemann se lie a la reformne la plus radicale et la plus complhte qu'ait encore subie la inmdecine. Sans qu'on puisse dire de lui qu'il ait excell6 dans aucune des parties de la science qui out absorbe d'une facon trop exclusive l'activit6 des medecins depuis pries de deux cents ans, ii faut reconnaitre qu'il a tout aborde, tout jug6 et donn6 e chacun des A1ements dont se composent la science et l'art sa place lgitimne. La posterit6 a commenc6 depuis douze ans pour Hahnemann, et sa place me parait marquee ia c6t des hommes de g6nie et des grands praticiens, qui, a l'exemple d'Hippocrate dans l'antiquite et de Sydenham dans les temps modernes, out cultive la medecine pour elle-meme et surtout en vue des services qu'elle peut rendre ia l'humanit6 souffrante. On ne pent dire du fondateur de l'homoeopathie qu'il ful un grand physiologiste, non plus qu'un pathologiste eminent a la fagon dont on apprecie do nos jours les qualites et les oeuvres des hommes adonnes a l'0tude de ces deux sciences. IV VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. Si la wiatiere medicale doit tre une science de forinules, certes Iahnemann ne fut pas non plus un pharmacologiste d'une grande portee. Si la superiorit6 du therapeutiste se mesure a la quantit6 des moyens simultanement employes, Si la therapeutique git tout entiere dans l'art de tracer savamment cc qu'on nomme les indications, sauf " manquer de moyens pour les remplir, on ne pent voir en lui qu'un inedecin assez vulgaire, un praticien fort mediocre. Tel est, en effet, le jugement port6 sur Halnemaun par nos contemporains. Graces ' Dieu, ce jugement n'est pas sans appel; et le temps approche, nous l'esperons, oP ii sera soumis " une revision solennelle. Alors on verra dans lahnemann le penseur hardi, inais toujours judicieux, ayant uine foi assez vive en l'art de guerir pour croire que la medecine est une science susceptible de vivre de son propre fond~s et se constituer elle-meme sans emprunter sa merthode et ses principes a d'autres sciences qu'h la logique generale, ' l'observation et " l'experience. On dira qu'il fut un reformateur assez consequent pour s'affranchir de la servitude trop longtemps accepte~e des sciences physiques, chimiques on metaphysiques; logicien trop rigoureux pour enfanter un systeme apres les avoir condamnes tous. On dira de lui encore, que s'il n'a dot' la science ni d'une theorie physiologique, ni d'un syste~me pathologique, il a montr6 aux savants qui cultivent ces deux connaissances les sources auxquelles its doivent puiser, et signake les ecneils sur lesquels its sont venus trop souvent echouer. Comme pharmacologiste et comme th'rapeutiste, on reconnaitra en lii le genie createur qui sut ouvrir a la matiere mndicale une voie nouvelle, jusqu'h lui inexploree; le praticien heureux qui sut faire plus qu'aucun contemnporain pour VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. A, le soulagement des soufirances hurnaines; 1'homme habile qui dota 1'art de gue'rir du seul principe the~rapeutique que justifient 1'ohservation et 1'experience. On dira enfin, de Hahuemaun, que sa methode et ses Iravaux auront puissamment contribu6 a ramener les m'decins a I'etude de leur art et " leur montrer que, sans meconnaitre 1'importance relative de la physiologie et de la pathologie, ces connaissances doivent etre cultivees en vue de la the'rapeutique, fin derniere de la medecine. Ce n'est pas ainsi qu'on en juge de notre temps, oji, selon le caprice ou la fantaisie de chacun, on rapporte ]a medecine tout entie~re ' la physiologic, ' la pathologie, quelques-uns merne Ia chimic, jugeant que de la connaissance des maladies et des alterations qu'elles produisent, on pent legitirement induire les indications qu'elles presentent et le choix des agents propres " remplir ces dernieres. Hahuemaun fit un midecin complet, en ce sens qu'il comprit l'unit6 vers laquelle doivent converger les 6tudes rnedicales, qu'il ne substitua pas le moyen au but, ni le but an moyen; en cc sens aussi qu'il enrichit ]a medecine d'une rn'thode et de principes ignores jusqu'& lui. En attendant que luise le jour oiU toute justice sera rendue a sa memoire, disons cc que fut Hahnemann et donnons une idee de ses travaux. Hahnemann (Samuel-Chretien-Frederic), docteur en me' decine, consciller aulique du duche d'Anhalt-Kokhen, niernbre de plusicurs academies et societtes savantes, fondateur de la doctrine medicale " laquelle ii a donne le nor d'llomriropathie, est n6' le 10 avril 1755 i 'Meissen, petite ville de Saxe situee au confluent de l'Elbe et de la Meissa, ville qui s'enorgucillit d'avoir donne Il jour " l'historien Schlcgel et an poete du meme nom. Son pe're, Chretien-Godcfroy Hahne VI VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. mann, peintre sur porcelaine, etait employe dans la fabrique de Meissen. 11 est auteur d'un petit trait6 sur la peintureha l'aquarelle. Les premieres annees de Samuel Hahnemann se passerent au sein de la famille, oui i recut sa premiere 6ducation et les plus precieux exemples. Des sa plus tendre enfance, il se fit remarquer par un caractere grave et studieux, un esprit judicieux et observateur, par l'egalite et la douceur de son caractere. A l'Age de douze ans, il entra dans l'6cole *provinciale. Le docteur Muller, directeur de cette ecole, homme d'une haute probite et d'un zele remarquable, se prit d'une vive affection pour le jeune Samuel. II distingua en lui une intelligence si vive et si prompte, une ardeur du travail tellement prononcee, que par une exception aussi flatteuse qu'elle etait inusitee, it lui accorda toute liberte dans le choix de ses lectures, et lui abandonna le soin de designer les classes qu'il voulait suivre. Souvent, il le chargea de la fonction de repetiteur aupres des eleves de son age. Cette atmosphere de liberte dans laquelle le docteur Muller permettait aux forces naissantes de Hahnemann de se deployer a l'aise, convenait bien a celui qui devait s'ouvrir des voies nouvelles et s'affranchir si completement du joug de la tradition. Les premieres 6tudes de Hahnemann terminees, son pere, oblige de mesurer I'&etendue de ses sacrifices a l'6tendue de ses ressources, voulut lui faire embrasser une profession industrielle. Le docteur Muller l'en dissuada aisement en se chargeant de faire achever gratuitement les etudes du jeune Samuel. Ayant parcouru le cercle des etudes acad6miques, le moment etait venu de choisir une profession. Hahnemann se d6cida pour la medecine; et, en l'annee 1775, ii se rendit a Leipsick, emportant pour toute ressource vingt ducats que son pere lui remit.en partant. C'etait peu pour qui les rece VYE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. VII vait! c'etait tout ce que pouvait offrir la tendre affection de celui qui les donnait! Quelle triste position pour un jeune homme de vingt ans! que de privations l'attendaient, que de soucis et de preoccupations allaient assaillir son esprit, 6prouver son courage! Hahnemann accepta sans hesiter une position si difficile et si nouvelle. 11 se decida h traduire en allemand des ouvrages anglais et francais, et il attendit de ce travail ingrat les ressources n6cessaires h ses besoins et a ses,tudes. Un seul point l'embarrassa. Comment pourra-t-il suffire au double travail des traductions et a celui des 6tudes me'dicales? 11 imagine de derober au sommeil une nuit sur deux. (( Ceux qui, en voyant a fumer presque incessamment le vieux docteur, n'ont pu a s'empecher d'observer malicieusement qu'il proscrit l'ua sage du tabac, 'devront se rappeler, dit l'un de ses biograp phes (1), que le pauvre 6tudiant qui attendait du travail de a la nuit son pain du lendemain, fut oblig6 de chercher ( dans l'habitude de la pipe un moyen de vaincre le sommeil a pendant ses laborieuses veillhes. )) En 1777, Hahnemann partit pour Vienne oih il savait rencontrer de plus grands moyens d'instruction. Mais un sejour de neuf mois dans cette capitale avait 6puise ses ressources. Alors, il quitta Vienne pour Leopoldstadt oih, grace a l'amiti6 et " la protection de l'archia'tre J. Quarin, il fut autoris6 a soigner les malades de l'h6pital des Moines, et meme a exercer la mddecine dans la ville: faveur singuli~re, qu'expliquent l'estime et la confiance qu'il avait inspirees ahce docte et tout-puissant professeur. Cependant, il ne fit qu'un court scjour h Ldopoldstadt. Le gouverneur de Transylvanie l'appela bient6t h Hermannstadt en lui offrant i Ila fois une (1) V. Notice biographique sur Samuel Hahnemann, par le docteur Perry. VIII VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMA N. place de bibliothecaire et celle de medecin priv6. Hahnemann trouva, dans 1'exercice de ces deux fonctions, I'occasion d'&. tendre beaucoup le cercie de ses connaissances et de se creer une cliente~le etendue. Mais ii sentit que la medecine exerc~e en vertu d'une simple autorisation, quelque flatteuse que fcit pour lui cette dernie~re, n'etait pas une position "a la hauteur de son caractere et de son talent. Aussi, en 1779, ii quitta Hermannstadt et se rendit a Erlangen, oh, le 10 aoeit, il soutint publiquement sa these inaugurale sous le titre de Conspectus affectuum spasmodicorum cetiologicus et therapeuticus. Aussit6t, commen~a pour Hahnemann une serie de migrations auxquelles des motifs tres-divers sembl'rent le contraindre. 11 habita lettstadt, Dessau, oh' ii employa ses loisirs ' %' tude de la chimie et de la min~ralogie, dont jusque-lh ii ne s'6tait pas occup6. II passa ensuite " Gommern pres de Magdebourg, y accepta un assez mince emploi de medecin public, et se maria, en 1785, avec Henriette Kuchler, fille d'un pharmacien de la ville. En 1787, ii se rendit " Dresde, oh' ii rencontra de nombreux amis, de puissants moyens d'instruction et une grande clientele. Le conseiller aulique Adelung, Dasdorfs et Wagner, premier midecin de la ville, se lierent avec lui d'une etroite amiti6. De Wagner l'estima assez pour lui confier, avec 1'assentiment du magistrat, les fonctions de m6decin en chef des hapitaux, pendant une longue maladie dont ii fut affecte. Des temoignages si nombreux d'estime et d'affection de la part d'hommes si haut places s'expliqnent sans doute par les qualit~s qui distinguaient Hahnemann; mais aussi par les travaux dont ii ttait l'auteur et qui deja commenpaient sa renommee. Des 1786, ilavait publi6 ' Leipsick un opuscule sur l'empoisonnement par 1'arsenic, les moyens d'y porter remede et ceux de VIE ET TRAVAUX DE IIAHNEMANN. ix leconstater U6galement. En 1787, parutunTraite sur lespr"juges contre le cliauffage par le charbon de terre, et les moyens taut d'am~liorer ce combustible que de le faire servir au chauffage des fours; en 1789, ii adressa aux. chirurgiens une Instruction sur les maladies ve'neriennes avec lVindication d'une nouvelle preparation mercurielle (1). Dans le mn~me temps, ii ins6rait dans les Annales de Crell, plusieurs travaux d'une importance et d'une actualite" incontestees. Ainsi, ii indiquait Jes m-oyens de vaincre les difflcultes que pr~sente la preparation de l'alcali mineral par la polasse et le sel marnn; iA recherchait l'influence que certains gaz exercent sur la fernentat ion du yin; ii publiait des recherches chimiques sur la bile et les calculs biliaires, faisait connaltre un moyen tre's-puissant d'arreter la. putrefaction (1789), publiait une lettre sur le spath pesant, annonc,-ait la de~couverte d' un nouveau principe constituant de la plombagine (1789), (uel~ques re~flexions sur le principe astringent des vege~taux ('1789.), donnait, dans le Magasin de Baldiniger, le mode exact de pre'parer le mercure soluble (1789), s'occupait de l'insolubilii6 de quelques m~taux et de leurs oxydes dans l'ainmoniaque caustique; enfin ii enrichissait la Bibliothe~que de Blutnenbach de re~flexions judicicuses sur les moycus de prevenir la salivation et les cifets d~sastreux du mercure, et Ai inse~rait dans les Annales de Crell une note sun la preparation du sel de Glauber (1792). Taut de travaux divers, se rattachant tons de la facon. la plus directe au maintien de la sante publique, devaient fixer les regards stir Hahnemann, et les fixe'rent en. effet. 11 n'y a done pas "at s'6~tonner si sa re~putation s'etendait de'jhan a loin; et si, d es 17 91, la Socie"t6 economique de Leipsick et 1'Acade'mie des sciences de Mayence l'appele~rent dans leur sein. (1) Trad. en franpais et publie'e dans Etudes de me'decine homcoopathique. Paris, 18.5 )5, 1. 1, p. 4 'a 256. X VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. AprBs quatre annees passees a Dresde, Hahnemann revint a Leipsick, theatre de ses premieres 6tudes et de ses veilles les plus penibles. Mais il y revint precede de la bonne renommee que lui avaient value ses travaux, ses succes et les amities puissantes dont j'ai parle. Alors, Hahnemann etait arrive a cette epoque de la vie oui tout medecin a donne a la societe les garanties de savoir, d'exp6rience et de moralite qu'elle a droit d'exiger. Les diffirents services publics qui lui avaientete confies, les succes d'unepratique etendue, les connaissancesaussi profondes que variees qu'il avait acquises dans les positions differentes oui il s'etait trouve, tout devait lui faire presager un heureux avenir. II renonga a tous ces avantages! Par un acte de volonte dont sa vie offre de nombreux exemples, ii brisa son avenir en renonuant a la pratique de la medecine, revint a son ancienne pauvrete et a ce metier de traducteur, dtsormais son unique espoir et I'unique soutien de sa famille. O UHahnemann avait-il puise les motifs d'une determination si etrange et si peu raisonnable en apparence? La medecine n'avait plus sa foi! Pour lui, l'art de guerir etait chose vaine et sterile dans ses promesses et ses resultats. Sa conscience se r6volta a l'idde de rester attache6 une profession qui promettait toujours un bien qu'elle ne donnait jamais. Par devoir et par degouit, il I'abandonna done. La Providence le recompensa avec usure d'avoir obei au cri de sa conscience; mais elle le soumit a de dures epreuves.fAinsi fait-elle avec ceux qu'elle conduit a de hautes destinees. A dater de ce moment, tout le temps de Hahnemann fut partage entre les occupations de traducteur et les etudes de chimie auxquelles son goux^t et ses succes l'attachaient chaque jour davantage. Si ses travaux et ses d6couvertes, sous ce dernier rapport, lui avaient valu une reputation europeenne, VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. XI la fortune ne suivait pas un chemin aussi rapide que la renommee. Pour un homme charg6 d'une nombreuse famille (Hahnemann eut de Henriette Kuchler onze enfants, dont huit sont encore vivants), les soucis materiels entrainent avec eux de p6nibles prdoccupations. Gagner son pain "a la sueur de son front, vivre aujourd'hui incertain des ressources du lendemain, s'imposer des privations et les imposer aux 'tres qui nous sont le plus chers, est une bien dure 6preuve pour une ame l1ev6e. Cependant, cette douleur a ses all6gements, lorsque ceux qui partagent notre destinde sentent notre peine ou la devinent, et par leur douceur et leur r6signation, nous aident ' en porter le fardeau. Hahnemann n'eut pas cette consolation. Henriette Kucluler ne comprit pas ses scrupules; longtemps elle le tourmenta de ses plaintes, le poursuivit de ses reproches et lui crea des obstacles de tout genre. A tous ces tourments d'int6rieur, il opposa sans cesse une patience i toute 6preuve, et chercha dans le travail et dans l'6tude les seules consolations qu'alors il pouvait ambitionner. Ses travaux ne furent pas sans r6sultat. 11 publia, en 1792, a Francfort, le premier cahier d'un ouvrage ayant pour titre 1'Ami de la santd, et l'anne6e suivante, la premibre partie d'un Dictionnaire de pharmacie. Au meme temps, il indiqua la v6ritable prdparation du jaune de Cassel, si souvent employe dans les arts, et dont jusqu'd lui la composition 6tait restie un secret (1). Cependant, de graves maladies attaqu&rent ses enfants. Alors, ses doutes, ses scrupules furent a leur comble. Le pere tremblait pour la vie des siens, le m6decin n'avait aucune confiance dans les ressources de l'art. Quelle cruelle incertitude! Serait-il donc possible, se disait Hahnemann, que ]a Providence eUit abandonn6 l'homme, sa creature, sans secours (1) Vers la meme dpoque, Hahnemann a fait d'autres publications d'un moindre intiret. XII VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. certains contre la multitude d'infirmites qui l'assiegent incessamment? II se posa cette question dans un moment bien solennel, dans le moment oui la tendresse du pere veille avec anxiete et prie avec ferveur; oii toute priere est ecoutee, oii toute demande est repondue; et alors il s'ecria: (( Non, il y a ( un Dieu qui est la bonte, la sagesse meme, il doit y avoir a aussi un moyen cree par lui de gu6rir les maladies avec ( certitude (I). ) Cet elan de son Ame lui fut comme une revelation. Il se mit a la recherche, convaincu qu'il trouverait; et telle est l'origine de l'homoeopathie. L'idee qu'il devait exister un moyen de guerir les maladies avec certitude n'abandonna plus Hahnemann; et desormais, tout ce qui lui restera d'existence sera consacre a la solution de ce vaste et utile problieme. a Pourquoi, se disait-il, ce moyen a n'a-t-il pas ete trouve depuis vingt siecles qu'ilexiste des hom( mes qui se disent medecins? C'est parce qu'il etait trop pres (( de nous et trop facile, parce qu'il ne fallait, pour y arriver, a ni brillants sophismes, ni seduisantes hypotheses. Bien!... ((je chercherai tout pres de moi oi il doit etre, ce moyen ( auquel personne n'a songe, parce qu'il etait trop simple... ' Voici, ajoute-t-il, de quelle maniere je m'engageai dans a cette voie nouvelle... Tu dois, pensai-je, observer la mac niere dont les medicaments agissent sur le corps de i'homme cc lorsqu'il se trouve dans l'assiette tranquille de la sant6. Les ( changements qu'ils d6terminent alors n'ont pas lieu en vain, a et doivent certainement signifier quelque chose; car, sans ( cela, pourquoi s'opereraient-ils? Peut-etre est-ce ia la seule a langue dans laquelle ils puissent exprimer a l'observateur a le but de leur existence (2). ) (1) Etudes de medecine homceopathique, t. I (Lettre sur l'urgence d'une rdforme en medecine, p. 403). (2) Etudes de medecine homeopathique, t. I (Lettre surt I'urgence d'une rdforme en me'decine, p. 404, 40O). VIE ET TRAVAUX DE IIAINEMANN. XIH[ Cette pens'e i' la fois simple et profonde germait dans la te'te de Hahnemann, lorsqu'un jour, traduisant la Matiere medicale de Cullen, et e'tant arrive i' l'endroit du quinquina, ii fut frappe des hypotheses multipliees et contradictoires par lesquelles on avait tente d'expliquer son action. Ce tableau aussi fastidieux qu'incoherent d'explications qui n'expliquaient rien, devait 6veiller son attention. 11 resolut de chercher par lui-me'me et sur lni-meme les proprie~te's d'nn agent aussi precieux pour la gnerison d'un grand nombre de maladies. A cet effet, ii prit, pendant plusieurs jours, de fortes doses de quinquina, et bientat ii ressentit les symptbmes d'un 6tat f6brile intermittent, analogue 'a celui que le quinquirina guerit. La meme experience repptee i" plnsieurs reprises sur lui et sur quelques personnes devoniies, ne lui permit plus de douter que, si le quinquina guerit certaines fie~vres intermittentes, c'est qu'il pent de'velopper sur l'homme sain des troubles artificiels entieremnent semblables "a ceux dont ii triomphe. Mais etait-ce lit un fail isole dont les conclusions ne s'6tendaient pas au delat du fait lni-mneme, on bien en serait-il des antres medicaments comme du quinquina? Arrive a ce point, ancun homme ne resterait sons le poids de l'incertitude. Aussi Hahnemaun experimenta-t-il successivement le mercure, la belladone, la digitale, la coque du Levant, et partout il obtint une seule et meme reponse. Plus de doute! une loi the~rapeutique est trouvee; et par elle, la science est assise sur une base certaine, l'art posse~de un guide assure. Desornais, le rapport naturel et veritable qui lie l'nn it l'autre et d'une manie're indissoluble, le medicament it la maladie, et ]a maladie an rnmdicament, est decouvert! La medecine venait donc de subir une entiere revolution. Quci en serait le sort, quelles destinies lui 6taient reserv6es, qnelles phases devait-elle parcourir? Heas! I'auteur de cette de'couverte devait se resigner a mille xIV VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. persecutions, toutes plus penibles les unes que les autres. Peines d'intirieur, dont j'ai dej~i dit un mot, rupture comphe~te des liens de confraternit6 dont plusieurs lui e'taient chers; basses calonnies, se rapportant "a son caractere et venant le frapper dans sa delicatesse et dans sa conscience, lui qui avait donn6 une preuve si 6clatante et si rarement imitee de conscience et de de1icatesse; tout se riunit pour le faire douter de lui-meme et de sa decouverte, s'il etait jamais possible qu'un inventeur en vint a meconnaitre la verit6 qui s'est fait jour dans son esprit. Les pharmaciens eux-memes ne craignirent pas d'invoquer contre lui le bennefice des lois protectrices de leur profession. Hahnemann s'etait fait une loi de n'administrer que les m'dicaments pr'par's par Iui-m~me. La legislation allemande, semblable en cela a la legislation francaise (1), interdit aux medecins la dispensation, meme gratuite, des medicaments. Hahnemann resista aux prescriptions de la loi, et les pharmaciens, instruments actifs des petites et miserables jalousies des medecins, le poursuivirent, la loi h la main, de Georgenthal, oii ii appliqua l'homceopathie pour la premie~re fois, "a Brunswick, de Brunswick "a Keingslutter, 'a Hambourg, "a Eclembourg et " Torgau, jusqu'en 1811, 6poque oui, pour la troisieme fois, il reparut L" Leipsick, y professa et y pratiqua publiquement l'homceopathie, jusqu'en 1820. Pour ceux qui savent juger de la valeur d'une decouverte par la conduite de celui qui la proclame, l'homoeopathie est certainement une grande pensee digne de toute leur attention. Pour supporter avec calme, patience, noblesse et resignation les mille tracasseries pie l'envie suscite 'a un homme de ccour et de talent, il faut "a cet homme plus que des motifs ordi(1) V. A. Trebuchet, Jurisprudence de la medecine, de la chirurgie et de la pharmacie en France. Paris, 1834, in-8, p. 344. VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. XV naires. Une demi-conviction aurait flichi dans un moment ou dans un autre; tandis que le propre de la foi, quand elle est ardente et sincire, est de ne se d6mentir jamais. Socrate avait foi dans sa doctrine; il lui resta fidile, il la confirma jusqu'ai la mort. Dans un ordre moins gendral, et par cons6quent moins Blevd, Guillaume Harvey eut foi dans ses decouvertes, et il sut braver les persecutions de ses adversaires, voire meme les d6nonciations qu'ils adress'erent i Charles I"', son protecteur et son unique appui. Hahnemann ne fut pas audessous de ces exemples. Avait-il raison? Braver la loi d'un pays est toujours chose grave de sa nature, surtout lorsque cette loi a pour elle la sanction du temps, de l'opinion, et, il faut le dire, lorsqu'elle repose sur des motifs respectables, au moins en apparence. Les occupations du m6decin sont si multipliees, tellement etrangeres a tout travail de manipulation, qu'il lui est difficile de consacrer a la pr&paration des m6dicaments un temps suffisant pour acquerir l'habiletd necessaire i leur bonne confection. Dans ces limites relatives, la loi est sage. Mais lorsqu'elle est conpue en termes absolus, qu'elle oblige dans tous les cas et dans toutes les conditions, la loi est despotique. Comment Hahnemann, qui avait decouvert une loi thdrapeutique nouvelle a laquelle se rattachaient des moyens d'application nouveaux, se serait-il confi6 'a d'autres qu'a' lui-meme du soin de remplir ses prescriptions? Le mauvais vouloir qu'il rencontrait a chacun de ses pas, les persecutions auxquelles il 6tait en butte ne l'autorisaient-ils pas Ba se d6fier de tout secours 6tranger? Quel pharmacien aurait pu, voulu ou su executer avec intelligence et liddlit6 des prdparations en si complite desharmonie avec ce qu'il avait appris et ce qu'il 6tait dans l'habitude de faire? Si on ajoute h toutes ces raisons, que Hahnemann avait d6couvert des propri6tes curatives dans un certain nombre d'agents XVI VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. consideres jusqu'a lui comme inertes; qu'on le poursuivait sans fin et sans relache des imputations les plus grossieres, qui pourrait le blamer de sa fermete et de sa resistance aux prescriptions d'une loi qui ne pouvait atteindre sa doctrine? Jusqu'a lui, les medecins n'avaient pas encore imagine que le lycopode, le sel marin, l'or metallique et quelques autres, pussent etre d'aucune utilite dans le traitement des maladies. II se fait de nos jours des decouvertes thbrapeutiques signalees depuis plus de quarante ans par le genie de Hahnemann. J'en citerai un seul exemple. L'ancienne medecine crut, ii y a quelques annees, avoir trouve dans le sel marin un moyen tres-puissant contre l'affection tuberculeuse des poumons; elle le dit avec assurance et pendant environ deux ans, tous les phthisiques furent soumis A cet agent aussit6t oublie que preconis6. Des 1828, dans la premiere 6dition de son Traite des maladies chroniques, Hahnemann avait dit dans quelles espeices et dans quelles periodes de cette cruelle affection le sel marin peut etre utile. Que de decouvertes en ce genre ne nous sont pas reservees! Combien de fois n'arrivera-t-il pas, qu'entraines par la force des choses, les medecins de I'ancienne ecole donneront pour nouveaux des faits que l'4cole homoeopathique reproduit tous les jours? Par toutes ces raisons, la resistance de Hahnemann fut sage. Supposons, pour un moment, qu'avec moins de lumieres et une volonte moins ferme, ii eiut reclame les secours de la pharmacie. Soit mauvais vouloir, soit ignorance du pharmacien, ii aurait eu de mauvaises preparations. Des lors, marchant d'insucces en insucces, sa confiance en lui-meme se serait 6branlee; i en serait venu a douter de sa doctrine; au doute aurait succed6 la negation. Une grande verite etait perdue! Hahnemann sut et comprit ces choses, et ne mit jamais en balance le texte brutal de la loi avec le salut du malade ou P'avenir de sa doctrine. Que son noin soit honorel VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. XVII Ce futr Georgenthal, colnme je l'ai dit, dans un hospice d'ali6nes fond6 par le due Ernest de Gotha, qu'il obtint les premiers succes qui occuperent l'attention publique. 11 y guirit un homme de lettres, Klockenbring, auquel une dpigramme de Kotzebue avait, dit-on, fait perdre la raison. Les blessures d'amour-propre sont toujours dangereuses; chacun le sait. I est rare, cependant, qu'elles aient d'aussi funestes consequences. Depuis longtemps Hahnemann avait appris h ne pas confondre la cause avec l'accident qui met souvent en jeu une cause virtuelle inhdrente a la constitution; doctrine qu'en 1828, il developpa avec le soin qu'elle meritait, dans sa Doctrine des maladies chroniques. Sans doute, il dirigea son traitement d'apres cette vue; et c'est pourquoi il rdussit. Au milieu des migrations que lui imposaient les pers6cutions de ses confrbres liguds avec les pharmaciens allemands, I-abnemann ne discontinua pas d'un instant ses recherches sur les propridt6s curatives des m6dicaments. DBs 1805, il rassembla dans deux petits volumes toutes ses decouvertes en matibre medicale, et les publia sous le titre de Fragmenta de viribus medicamentorum positivis, sive in sano corpore humano observatis (1). Ce fut a la mdme epoque qu'il donna deux opuscules de haute et judicieuse critique, l'un sur les effets du caft, et I'autre intituld la me'decine de l'expdrience, critique h laquelle il serait encore aujourd'hui difficile de rdpondre avec succes (2). Dans ses Fragments sur les propridtes positives des midicaments, Hahnemann donne la symptomatologie de vingt-six substances, dont les diff6rents tableaux sont reproduits avec (1) V. I'ddition donnee par le docteur Quin " Londres, 1834. (2) 1Etudes de mddecine homceopathique, premii"re sdrie, Paris, 1855 'Des effets du cafg, p. 606; et la Mddecine de l'expirience, p. 285). b Xvill VIE ET TRAVAUX DE HIAHNEMANN. de nombreuses additions dans La 4latire mWdicale pure. Aussi, co premier des ouvrages dogmatiques de Hahnemann n'a-t-il plus qu'une valeur historique. Sous cc rapport, son importance est grande; car c'est 1a que, pour la premi"re fois, ii de fiflit, avec une precision que personne n'avait encore atteinte, ce qu'il faut entendre par le mot medicament, et qu'il pose la matiere medicale sur une base inehranlable. " Quag corpus mere" nutriunt alimenta, dit-il, quwe veroa ((sanum hominis statum (vel prava quantitate ingesta) in ((agcrotuin, - ideoque et egrotumn in sanum,mutare valent, Smedicamenta, appellantur. ((Instrumentorum artis sume habere notitiam quam maxime" Sperfectam, primum artificis est officium, medici ver6" esse, ((nemo, prol dolor! putat. Quid enim medicamina per se aefficiant, id est, quid in sano corpore mutent, perscrutari, ~iut inde pateat quibus in universum morbis conveniant, Snemo hucdiim medicorum, quant-hm scio, curavit. ) De 1805 " 1810, poquc oh' ii publia " Dresde la premie~re edition de 1'Organon de l'art de guerir, sous le titre d'Organon de Itd midecine ralionnelle, sa vie fut0 silencieuse. Ii s'occupait alors de rassembler en un corps de doctrine les diff&rents principes qu'il avait decouverts, et d'en faire une exposition methodique. 11 reparut douc " Leipsick en 1811, non plus en simple traducteur, encore moins en homme dont toutes les illusions sont tombecs une a une; mais avec 1'assurancc d'un reformateur qui rrappe audacicusement le vieil edifice de la science, et apporte cette bonne nouvelle, qu'enfin ii a touchd la terre promise. Ii revint 'a Leipsick, fatigue des ennuis et des degofits inseparables de toute existence fortement agit6e, mdls resolu a poursuivrc sans relhche l'cauvre qu'iI avait entreprise. Une annie ne s'etait pas ecouhee depuis l'apparition VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. XIX de l'Organon, que dejh ii commenpait la plus difficile et la plus importante de toutes ses publications. Des 1811, ii donna le premier volume de la Matidre mndicale pure, dont le sixieme et dernier ne parut qu'en 1821. Des travaux si remarquables n'avaient point desarm6 les petites passions dechainees contre lui; mais elles n'avaient ni lass6 sa patience, ni amolli son courage. Fatigue, cependant, de la violence des persecutions qu'on lui suscitait, ii finit par accepter, en 1820, l'asile que le duc Ferdinand lui offrit " Anhalt-Koethen. La haute et puissante protection du due lui assurait au moins la libert6 du travail et de l'exercice de son art. Elle fut impuissante & le garantir de toute insulte. II eut a lutter non plus contre les intrigues des medecins, contre les invocations a I ]a loi faites par les pharmaciens; ii eut a se defendre contre l'animadversion de la populace. II lui 6tait impossible de franchir le seuil de sa demeure sans Atre expos6, lui ou les siens, aux railleries les plus insultantes, aux injures les plus grossieres. On en vint mime jusqu'h assaillir sa demeure et en briser les vitres a coups de pierres. L'autorit6 fut obligee d'intervenir. De tels proc6des lui inspirbrent un tel degoiut, qu'il resolut de ne plus sortir de sa maison; et pendant quinze ann6es qu'il habita Koethen, c'est a peine s'il s'est montr6 quelquefois hors de chez lui. Les commencements de l'homoeopathie ne furent done pas heureux pour son fondateur. Mais aucune de ces afflictions n'eut prise sur son ame, aucune ne l'empecha de marcher dans la voie qu'il s'6tait ouverte. Un an avant son depart pour Koethen (1819), parut la deuxieme edition de l'Organon, et en 1823, il publiait aussi une seconde edition du TraitM de matilre mddicale pure. D'oix venait done cet enipressement a lire les ouvrages d'un homme que la critique ne craignait pas de fl6trir des XX VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. epithhtes de visionnaitre, d'homme a imagination inalade, quelquefois meme de charlatan? De toutes les circonstances de la vie de Hahnemann, celle-ci est la plus etrange et la plus inexplicable. Dans le court intervalle de vingt-quatre ans (de 1810 " 1834), l'Organon a eu cinq editions allemandes: it a 6t6 traduit dans toutes les langues europeennes; et notre France inmdicale, si dedaigneuse de tout ce qui touche a l'homoeopathie, a dBja 6puis6 trois editions du meme ouvrage. Elle 6puisera la quatrieme. La Matiere medicale pure et le TraitA des maladies chroniques ont eu deux editions dans un moindre intervalle de temps (1). D'oi vient, je le repete, cet empressement a etudier les ceuvres d'un homme si hautement dedaign6? Si encore la critique se4tait acharnee apris lui, avait pris ses livres et les avait soumis au contrble d'un exarnen consciencieux et se6vere, on concevrait le succes de ses livres et le peu de fortune de ses idees. Mais en Allemagne, comme en France, de meme que dans tous les autres pays, rien de semblable n'a eu lieu. Si Hahnemann avait voulu descendre dans l'arkne, prendre ses adversaires corps a corps et les forcer a s'expliquer sur leur attitude dedaigneuse, quel beau jeu ii avait! S'il les avait sommns de s'expliquer sur la loi therapeulique, par lui proclamee, sur la valeur de 1'exp6rimentation pure, sur sa maniere d'envisager la nature des maladies chroniques et sur le traitement a leur opposer, qui done se serait constitu6 le champion du principe de Galien? qui aurait os6 soutenir que la matiere medicale 6tait en siret6, assise qu'elle se trouvait, jusqu'& lui, sur le principe ab usu in (1) La Doctrine et le traitement des maladies chroniques a eu deux editions frangaises. En ce moment, le docteur Jahr prdpare la deuxieme idition du Traite de matiere mne'dicale pure, ouvrage qui recevra de niombreuses additions. VIE ET TRAVAUX DE HAHNEMANN. XXI morbis? quel medecin experimente aurait defendu avec la moindre apparence de succes, l'origine organique des maladies chroniques, ou se serait etabli le defenseur des hypotheses solidistes, humoristes ou vitalistes du passe? Hahnemann dedaigna les injures qui lui etaient personnelles; il ne voulut ni lire ni refuter les libelles et les journaux oiu il etait si outrageusement diffam. II1 passa sa vie a attendre un juge s6vere, intelligent et consciencieux de ses oeuvres. 11 mourut sans l'avoir rencontr6. C'est qu'en effet, la seule maniere de refuter un homme comme Hahnemann etait de produire une doctrine superieure A la sienne. Cette doctrine ne s'est pas encore montree. Lorsque Galien, introduit en Europe a la suite des Arabes, regnait despotiquement sur l'6cole, que fit Paracelse? a la doctrine de Galien il en substitua une qui lui etait propre. Le temps a fait justice de Paracelse sans relever Galien du discredit oiu son antagoniste le fit tomber. Lorsque le solidisme chercha a s'introduire, l'humorisme vint se poser A ses c6tes et lui disputer l'empire; lorsqu'enfin le brownisme eut envahi l'Europe, son regne fut paisible jusqu'au jour ou Broussais renversa la celebre dichotomie pour y substituer son organicisme ephemere. Cette loi est absolue. N'avons-nous pas vu Aristote se poser en face de Platon, comme, en un autre temps, Descartes regner A co6t de Bacon, et Leibnitz menacer Locke? Aussi, lorsque les amis de Hahnemann se plaignaient de son indiff6rence et du peu de soin qu'il prenait de sa reputation: (< Ne suis-je pas, leur disait-il, le meme homme que < vous avez connu autrefois? Alors on m'encensait, aujour< d'hui on m'injurie; pourquoi serais-je plus sensible a ( d'injustes reproches que je ne l'ai et6 A des louanges me<( ritees? ) 11 continua done ses travaux, vivant dans la plus complete XXII VIE ET THAVAUX DE HAHNEMANN. indiffirence sur les critiques dont ii tait 1'objet, toujours occup6' d'ajouter "iases decouvertes, d'apporter, dans la pratique, une precision de plus en plus grande; et de repondre "a ce qu'attendait de lui une clientiee tellement nombreuse, qu'elle absorbait la plus grande partie de son activite. En 1827, Henriette Kuchier mourut. Mais bien avant cette epoque, la tranquillit6, La gloire et le bien-etre avaient succed6 aux longs tourments qui avaient troubl' la vie de Fahnemann. Les nombreuses guerisons qu'il avait oper'es, le respect dont 1'entouraient les hommes marquants de tous les pays, qui, ayant eu recours ' ses soins, avaient Pu 1'apprecier, formaient autant d'heureuses compensations aux injustices dont ii avait eu ' se plaindre. Le 18 janvier 1835, dans sa soixante-dix-neuviieme annee, ii 6pousa en secondes noces mademoiselle Melanie d'Hervilly, Franpaise, venue 'a Koe-then pour recevoir ses soins. Ce fut alors qu'il se decida "a quitter 1'Allemagne pour se rendre " Paris, oii sa doctrine commenpait " atre connue et ' se re' pandre. Lorsque La population de Koe-then connut le projet de depart arrete par lahnemann, elle s'en 6mut au point de menacer de retenir par la force le vieux docteur, qui 6tait pourtant le meme homme que, quinze ans auparavant, elle poursuivait de ses injures, le meme qu'elle voulait lapider. Pour e6viter des scenes de violence, Hahnemann resolut de partir secretement et de nuit. Que les caprices de l'opinion sont chose bizarre et de peu d'int6ret! Quel compte devons-nous tenir de ses arrets, lorsqu'elle-meme les brise si facilement? Le 25 juin 1835, Hahnemann arriva " Paris. 11 y pratiqua 1'homoeopathie avec un succe's incontestable, et les guerisons qu'il obtint ajoute~rent encore " sa renommee. Malgr6 son grand age, il conserva jusqu'& ses derniers jours toute l'ener DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXIII gie de son intelligence, une activite sans egale et une sant6 robuste qui lui permettait de se livrer chaque jour au travail le plus assidu. Cependant, sa sant6 s'affaiblit au milieu de l'hiver de 1843. La vie l'abandonnait; et le 2 juillet de la meme annie, il s'&teignit, emportant avec lui l'assurance qu'un demi-siecle de travaux et de services rendus h la medecine porterait d'heureux fruits; stir d'avoir banni h jamais de la science les vaines thdories et les seduisantes hypotheses, et d'avoir elev6 un 6difice que le temps agrandira et perfectionnera, mais qu'il saura respecter. ~ II. - Doctrine de Hahnemann. Quels services Hahnemann a-t-il donc rendus a la medecine? Ces services sont-ils rdels, ou ne faut-il voir en eux qu'un nouveau systhme "a ajouter aux mille systemes dont abonde l'histoire de la science, et qui s'6clipsent apres avoir brill6 pendant quelques instants? C'est ce qui me reste a dire et surtout a faire comprendre, a expliquer plutbt qu'a justifier. Je dis expliquer l'homceopathie et la faire comprendre; car il n'entre dans mes vues ni de la juger ni de predire ses destinges. Pour juger une doctrine, il faut la dominer, lui etre sup6rieur, et pour cela, il faut posseder soi-meme une doctrine plus rigoureuse et plus comprehensive que celle qu'on pretend juger. Une semblable doctrine m'est inconnue. Quant aux destindes qui attendent l'homceopathie, il n'appartient qu'au temps de les indiquer. Nous sommes a une 6poque oii chacun a prophetis6 le sort le plus brillant aux idees qui lui etaient chbres. De toutes ces propheties, combien en est-il que I'avenir ait respectdes? Du reste, ceux qui voudront lire avec attention l'exposition de la doctrine de Hahnemanu, mdditer XXIV DOCTRINE DE HAHNEMANN. sur les principes dont elle se compose, et que 1'Organon re' sume d'une faMon si heureuse et si concise, ceux-la coinprendront combien est ferme et solide [a base sur laquelle ii a edifi6. I. Une premiere lecture de 1'Organon leur permettra de saisir 1'esprit et la tendance de la doctrine homoeopathique. Ils verront qu'elle offre le double caracte~re d'une separation cornple~te, radicale, avec le passe de la science, en ce qui touche "a la theorie, c'est la partie critique de sa methode; et celui d'uu dogmatisme absolu dans l'exposition de ses propres principes. Bs verront, aussi, que 1'homoeopathie forme un tout tellement homoge~ne, que celui qui accorderait l'un de ses principes serait forcement conduit "a accorder les autres. Unit 'et liaison etroite de tous les principes de la doctrine, pen de respect pour la tradition, tel est donc l'esprit de l'homoeopathie. Cependant, ii ne faut pas croire que par une sorte de reaction indigne d'un homme dou6 d'un genie incontestable, Hahnemann ait et6 injuste envers le passe. I repousse, ii est vrai, l'orrueilleuse pretention qu'eurent ses devanciers de vouloir pentetrer l'essence intime des maladies, ce que l'e~cole a nomme prima causa morbi; ii poursuit de ses railleries et d'un dedain bien merit6 les nombreuses bypotheses enfaitees par l'imagination de nos devanciers; le solidisme de Fr&deric Hoffmann, les arche'es de Vanhelmont, le spiritualisme de Stahl, l'humorisme de Sylvius de le Bo6, la dichotomie brownienne, le spasme de Cullen, l'irritation de Broussais. Toutes ces conceptions aventureuses, ces systemes artificiels et factices, que la logique repousse et que dement l'experience; tous sont renies par lui comme ayant e1oign6 de la verite, et surtout pour le mal qu'ils ont fait ' l'espece humaine. Mais il accepte les faits du passe, il s'en saisit et les utilise au profit de sa doctrine, souvent avec bonheur, toujours avec intelligence et 6quite. DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXV Hahnemann avait-il done si grand tort de separer sa methode de systemes vieillis pour la plupart et juges par ses contemporains avec une s6verite qui allait parfois jusqu'a l'injuslice? Pouvait-il jamais egaler, dans sa critique, la veh6mence que deployerent les uns contre les autres des adversaires d'autant moins charitables qu'ils avaient plus a redouter pour eux-memes? Bien des reproches lui ont etd adresses, a cet egard, et vraiment ils ne sont pas merites. Qu'on y pense: Hahnemann etait convaincu que toutes les doctrines anterieures a la sienne marchaient contre la fin que toute medecine doit poursuivre et atteindre; il regardait la theorie officiellement enseignee et pratiquee, comme un 6difice sans base; it le dit et le prouva. Celui qui apportait une r6forme radicale de I'art de guerir pouvait-il tenir un autre langage? On l'a beaucoup blam6 de la hardiesse de sa parole. Mais, en verite, fallait-il s'incliner avec tant de respect devant des idoles aussi trompeuses? Qui, de nos jours, se croirait oblig6 a une grande condescendance envers la theorie du chaud et du froid, du sec et de l'humide? qui oserait soutenir que toutes nos maladies derivent soit d'une revolte des archees, soit.du plus ou moins de rigidite des solides, soit du plus ou moins d'alcalescence des humeurs; que toutes doivent etre rapport6es a la sthenie ou a l'asthenie de l'incitabilite, comme le voulait Brown? L'homme le moins experimente n'a-t-il pas des longtemps fait justice de ces vues incompletes de la vie physiologique? et n'est-ce pas avec le sourire sur les levres, que nous accueillons les tentatives d'application faites a la pathologie des decouvertes recentes de la chimie? S'il est encore de rares partisans du principe de l'irritation, depuis longtemps, ils ont abandonne les hauteurs oui les avait eleves leur maitre. Les discussions qu'ils soulevent ou qu'ils essayent de XXVI~ DOCTRINE DE IAHNEMANN. soutenir ne portent plus sur les principes auxquels ils restent attaches plutbt par habitude que par conviction: ils en sont venus a compter leurs succes et leurs revers, a nombrer les faits. Trjste pronostic pour le sort d'une doctrine, que le moment oii elle deserte la th6orie pour se jeter dans l'empirisme, oi elle abandonne la loi pour le fait dont toute la lumiere est emprunt6e aux rayonnements que lui envoie la theorie! Lorsque parut Hahnemann, toutes les hypothbses iwaginables avaient fait leur temps. Toutes avaient eu leurs bons et leurs mauvais jours, toutes 6~taient jugees, condamnees, et, je puis le dire, toutes aujourd'hui sont abandonnees. Llahnemann surgit au milieu de ces ruines. 11 vint ranimer les medecins decourages par tant d'efforts inutiles et leur rappeler sous une autre forne la pensee si profonde d'Hippocrate; d'Hippocrate toujours vant6, rarement imite", et avec lequel Hahnemann a des points de contact si norbreux et si peu apprecie's. ((Tous ceux, disait le pere de la medecine antique, qui, de ((vive voix on par ecrit, ont essay6 de traiter de la medecine ((se creant a eux-memes, comme base de leurs raisonnements, Pl'hypothese on du chaud, on du froid, on de l'humide, on ((du sec, ou de tout autre agent de leur choix, simplifient les c choses et attribuent, chez les hommes, les maladies et la rmort 'a un seul ou na deux de ces agents, comme 'n une cause a premiere et toujours la m me; mais uls se trompent evia demment dans plusieurs des points qu'ils soutiennent; ".d'autant plus blarnables qu'ils se trompent sur un art qui aexiste, que le monde emploie dans les choses les plus ima portantes, et honore particuli'rement dans la personne des a artistes et des praticiens excellents (1).x (1) V. TraitW de l'ancienne mCdecine (OU uvres completes d'Iippo - crate, traduction de TLittre. Paris, 1839, t. i, p. 508 et suiv.). DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXVII Toute la critique de Hahnemann n'a, en effet, d'autre but que d'affirmer l'existence et l'excellence de l'art, et de ruiner dans l'opinion les hommes B systemes qui, voulant expliquer les maladies et la mort par un ou deux agents, faussent l'observation, compromettent l'expdrience, portent atteinte a la dignit6 de l'art et de l'artiste. Hahnemann fut, en outre, tres-absolu dans ses principes. C'est encore ce qui caractberise sa doctrine. Faut-il l'en blamer? S'il n'a crie que l'erreur, on peut et on doit deplorer qu'il ait eu assez de force et de puissance pour enchalner aussi rigoureusement tous les compartiments de son ddifice, et les souder si bien les uns aux autres, qu'il soit impossible d'en enlever un fragment sans que le tout s'affaisse aussit6t. S'il a d6couvert des v6rites partielles, quelle que soit leur importance, il est encore i regretter qu'allant au dela du but, il ait forc6 les consequences de ses d6couvertes: car, c'6tait compromettre le sort des verites isoldes qui s'6taient presenties a lui. Mais s'il a trouv6 la v6rit6 principe, immor-- telle comme toute verite qui n'accepte ni conditions, ni contingences, parce qu'elle les domine toutes et les asservit "a son empire, Hahnemann a etd ce qu'il devait etre: dogmatiste dans l'exposition de ses doctrines, absolu dans ses prescriptions, impitoyable pour toute d6viation de la ligne qu'il avait trac6e, et en cela, il temoignait de sa conviction et de sa loyaute. C'est, en effet, la premibre impression que recevra de l'etude de 1' Organon tout lecteur impartial et attentif. II. Mais s'il veut penetrer plus avant dans la connaissance de l'homceopathie, le lecteur dont je parle s'enquerra de la doctrine elle-meme, et alors il ne tardera pas h s'apercevoir qu'elle repose sur une conception physiologique, qu'elle a une loi thdrapeutique, un systeme pathologique et une matidre medicale. Si, reprenant ensuite, par la pensee, les diffirents fac XXVIII DOCIRINE DE IAHNEMANN. teurs du probleine vaste et difficile dont les medecins poursuivent la solution, ii s'interroge sur chacun d'eux, bientOt ii verra que la doctrine de Hahnemann est complehte comme doctrine; car le proble~me dont ii s'agit est re'solu du moment ou le medecin a les moyens de connaitre les maladies qu'il est appel6 e gu6rir, ceux de decouvrir les proprietes que possedent les agents de la guerison; du moment enfin, oii le rapport 'tabli entre le nu'dicament et la maladie lui est 6galement connu. La pathologie, la matiiere medicale et la therapeutique satisfont 6videmiment, on plutbt doivent satisfaire aux trois conditions indiquees. Puis, reportant sa pensee sur l'homme sujet de la science qui nous occupe, ii s'apercevra bientat que l'art du medecin, quelle que soit la methode qui lui serve de guide, quels que soient les moyens qu'il emploie, a toujours pour but de modifier la vie humaine momentanement devi~e de son type normal. Or, pour modifier un etre, il faut connaitre cet 'tre, de meme qu'en morale, on ne corrige les caracteres qu'apres les avoir penetres. Pour ramener la vie ' l'tat normal dont elle s'6tait ecart~e sous l'influence morbide, il faut donc la connaitre en elle-meme et dans ses conditions d'existence. II resulte de ce qui precede, que si la therapeutique, Ia-pathologie et la matiere medicale constituent ]a medecine proprement dite, ces trois sources de la science se tariraient bientot, si elles [n'etaient incessamrent alimentees et f6condees par une conception physiologique. Le lecteur qui voudra se rendre un compte severe d'une doctrine medicale, l'interrogera donc sun sa pathologie, sa matiere me'dicale et sa therapeutique. II fera plus: ii lui demandera quelle idee elle se fait de la vie humaine, et comment cette idee se lie aux autres parties du syste'me. Hahnemann le satisfera sur tons ces points. Mais qu'il n'aille pas exiger de lui quo chacune (his Iropositions avanc6es soit ac IDOCTRINE DE IIAIINEMANN. XXIX conipagnee de toutes ses justifications: autant vaudrait deinander a l'auteur d'un code de grossir ses lois de tons les commentaires et de tous les exposes de motifs qui l'ont port6 a 6crire le code dont il s'agit. Sous ce rapport, l'Organon ne le satisferait pas. L'Organon de Hahnemann est une m6thode et non pas un livre h1enmentaire et descriptif. I est a la medecine cc qu'etaient a la philosophie l'Organon d'Aristote et le Novum organum de Bacon: c'est au lecteur intelligent et instruit a suppleer aux d6veloppements qui manquent. Ill. Toute doctrine medicale digne de ce nom, ai-je dit, est n6cessairement dominde par une maniere de concevoir la vie humaine. Qu'elle soit vague ou precise, exprimbe ou tenue dans l'ombre, cette idde vit indubitablement dans l'esprit de tout mrdecin qui essaye de se rendre compte de ses actions; a plus forte raison, occupe-t-elle une place immense dans les in'ditations de celui qui s'6leve jusqu'aux regionsde l'inconnu. Sous le rapport physiologique, deux solutions sont en presence depuis l'origine des temps, et ces deux solutions ont le merite d''tre tellement tranchees dans leur expression et dans leur pensbe, qu'entre elles deux ii n'est pas de compromis possible. La vie humaine est un fait; et ce fait pent tre compris ou comme cause des phenomenes qui se succedent d'une facon si merveilleuse dans notre organisation, on elle peut 'tre conpue comme effet du jeu des organes. En d'autres termes, pour le physiologiste, ii n'est pas de milieu entre le vitalisme et le mat6rialisme. Tout homme dont 1'esprit est assez vaste pour ne pas s'arreter a moitii chemin d'un problhme, se trouve forc6ment conduit jusqu'a cette redoutable question. Loin de reculer devant les difficultes qui l'obscurcissent, il s'y attache obstinement jusqu'a ce qu'il XXX DOCTRINE DE HAHNEMANN. en ait fait jaillir la lumiere. C'est pourquoi, malgre leur d6 -dain pour les questions philosophiques, il n'est pas un madecin ayant laiss6 quelques traces de son nom dans la science, qui n'ait incline ouvertement vers 1'une ou l'autre des solutions indiquies. Brown, Rasori, Broussais, le savaient bien; aussi n'h6siterent-ils pas a se prononcer. Je ne sais meme si leur education philosophique ne fut pas pour beaucoup dans leurs diff6rents systemes, et si ces trois fils du dix-huitibme sibcle ne pourraient renvoyer h leur mbre la responsabilit6 des doctrines qu'ils preconisbrent. Barthez et l'Pcole de Montpellier connaissaient aussi l'importance d'une semblable question: ils la r6solurent en sens oppos6, mais ils ne la tinrent pas dans l'ombre. De profonds mystbres, il faut en convenir, couvrent l'une et Pautre de ces solutions, mais selon celle a laquelle on s'arrAte, tout change de face. Le materialisme midical, ne voyant que des organes qui fonctionnent, place en eux lorigine et le point de depart de la maladie. S'il etudie l'action des agents de guerison, il ne s'occupe que des modifications organiques qu'ils produisent, et lorsqu'il arrive a tracer ses indications thdrapeutiques, il les emprunte & ces deux sources. Peu lui importe, si un sujet atteint de ce qu'il nomme une inflammation, est ou n'est pas d6biliti par la maladie et les traitements antbrieurs; tant que les organes malades sont frappes de congestion, il s'acharne apres eux, les degorge et les disemplit sans fin et sans relache, jusqu'au moment oii l' quilibre se r6tablit, ou jusqu'& l'instant ou une prostration evidente l'oblige a s'arreter, et le laisse en face du danger, sans autre ressource que son impuissance. Jusque-la, le materialisme est cons6quent. Mais suffit-il d'Atre rigoureux dans ses ddductions, pour atteindre jusqu'a la verit6? La est la question. DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXXI Pour juger le materialisme medical, ii faut l'examniner en lui-meme, et dans ses consequences. Sous le premier point de vue, ii se reduit & une affirmation sans preuve, et sons le second rapport, on peut dire que les fruits qu'il a portes sont des plus steriles. Dire que la vie resulte du jeu des organes et que l'organe lui-meme n'est qu'une modification de la matiere, sans specifier cette modification, sans justifier l'hypothfse avancie, c'est 6videmment partir d'une supposition gratuite et construire sur cette base chancelante un fragile 6difice. Eh quoi! c'est au nom de la raison qu'on est venu jeter dans la physiologie et dans la medecine cette pensee tenebreuse? Est-ce qu'au delh de tons ces organes fonctionnant, conspirant tous vers un but unique, la conservation de l'individu, il n'est pas quelque chose qui produit, entretient et conserve l'harmonie des fonctions? Ce quelque chose, cet inconnu, qui echappe an scalpel et a l'eil arm6 des instruments les plus ddlicats, n'est-ce pas une force reelle, tout a fait distincte des forces materielles, puisqu'elle jouit d'un mode d'action qui lui est particulier? Or, on definit la force une cause de mouvement. Toute cause est ndcessairement anterieure " son effet, superieure a lui et le dominant; on ne pent done la confondre avec le phenomene, puisqu'elle l'engendre, moins encore la faire engendrer par lui; car ii faudrait chercher ailleurs la cause du ph6nomene lui-mhme. Reculer la difficult6 n'est pas la resoudre. La vie n'est done point un effet, et ce qui le prouve sans replique, c'est la maniere dont elle se developpe et parcourt ses phases. Les metamorphoses continues et r6gulikres que subissent les corps organis6s ont toutes un but d6termine, independant des circonstances ext6rieures. Ces corps portent avec eux un type de XXXII DOCTRINE DE HAHNEMANN. changement, comme le dit Burdach (1), qui peut etre modifie par elles, sans qu'elles aient puissance de le donner, puisque, jusqu'a un certain point, les corps organises resistent a leur influence. Encore une fois, le type est anterieur, dans l'ordre de developpement, a la chose qu'il veut exprimer, comme la pensee precede la parole, comme la volonte pr6cede l'action. Si cette cause, cette force qu'on nomme la vie n'est pas un vain mot, c'est elle qui constitue Fl'tre vivant, l'organisme n'en 6tant que l'expression visible. Et dans la succession des ph6nomennes physiologiques, c'est elle encore qui les incite a l'action, comme c'est elle qui recoit avant tout les impressions produites par les choses du dehors. Et l'organe obeit aux impressions que la vie lui communique: il obeit passivement, comme l'esclave le fait h l'6gard du maitre, comme le fait tout patient a '1'gard de l'agent. L'observation justifie-t-elle ces donnees? 11 est de fait que les metamorphoses physiologiques, qu'on nomme les ages, s'accomplissent en des temps reguliers, qu'elles portent avant tout sur l'ensemble de la constitution, quoique predominamment sur certaines de ses parties; que dans l'enfance, ces predominances se dessinent sur les organes de la dentition; dans la puberte, vers les organes genitaux; que dans l'Age adulte le developpement ge6nral de Fl'tre s'accomplit et se perfectionne, pour ainsi parler, dans toutes ses parties; que dans l'Age mur et dans la vieillesse, la decadence vitale cominence et s'accomplit d'abord dans l'ensemble, puis en s'attaquant de predfrence aux fonctions et aux organes qui s'6 -taient developpes les derniers. Graduellement, le vieillard revient a la condition de l'enfant. II est certain que les choses se passent ainsi chez tous les hommes avec de faibles diff&(1) Traite de Physiologie considere comme science d'ohservation, trad. par A. J. L. Jourdan. Paris, 1838. DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXXIII rences, quelles que soient les conditions de race, de climat, de temperament, d'idiosyncrasie. Chacune de ces metamorphoses change nos idees, nos gouts, nos penchants, jusqu'& nos habitudes. Comment expliquer, par une agregation d'atomes, de molecules, de globules, cette marche incessante et fatale qui brave les circonstances exterieures et les defie, s'il etait vrai que, meme sous le rapport physiologique, l'homme ne fist qu'un amas de matiere jete dans un mionde materiel? Enlever a la matiere les forces qui la sollicitent, et a l'organisme la vie qui l'anine et le peinetre, c'est se condamner a ne rien comprendre " la vie physiologique elle-me'me, non plus qu'h la vie pathologique et h la therapeutique. Le materialisme, faisant de la vie un resultat, a deU placer le point initial de toute maladie, dans les organes et les appareils: je le repe~te, ii etait consequent. La maladie doit atteindre la source des actions vitales; et lorsqu'on veut que leur cause soit organique, ii faut necessairement que la maladie se developpe conformiment aux lois de la vie. Maisje voudrais bien savoir le nom d'une maladie interne n'otofrant pas " son debut une serie de precurseurs, de troubles generaux, qui n'attaque pas l'organisme dans son ensemble, sauf " laisser plus tard les pr6dominances se dessiner. Evidemment, ni les phlegmasies, ni les fiWwres essentielles, ni les fievres 6ruptives, ne sont dans ce cas; les maladies qu'on nomme diathesiques et cachectiques n'y sont pas davantage. IB en est de meme des deux grandes fanilles appelees scrofules et affections herp'tiques. Que reste-t-il donc? les affections spasmodiques? Oh! n'arguez pas de cette exception, qui, dans l'ttat actuel des connaissances, est simplement le rendez-vous de toutes les inconnues de la pathologie, le gouffre oii viennent se perdre des especes d'ordre tres-diff6rent. S'il 6tait vrai, d'ailleurs, que les maladies fussent organi IxIIV DOCTRINE DB HAINEMANN. ques, ainsi qu'on Pa pretendu, les medicaments devraient avoir une action toute locale, puisqu'en definitive leur destination est la guirison des maladies. Les choses ne se passent pas ainsi. 11 n'est pas dans la matiere medicale, on le sait, utle seule substance agissant exclusivement sur un organe on sur tiri appareil; mais toutes modifient l'homme dans son ensemble, deploient leur action sur tout son etre, tout en agissatit chacune a sa maniere. Ainsi, l'organicisme qui eut la pretention de parler a la raison et de dissiper les obscurites du vitalisme, a substitu6 au mystbre insondable de la vie considerie comme cause, autant de mysteres qu'il y a dans I'homme d'organes fonctionnants; en y ajontant, par surcroit, le mystere de la vie de l'ensemble, plus imp6netrable cent fois dans cette hypothbse, que dans le systeme qui lui est oppose. En pathologie, oblige, pour 6tre consequent, de se creer des affections organiques, il hftoest venu & miconnaitre les sympt6mes generaux, a ne leur accorder aucune importance th6rapeutiquie et a rompre totites les concordances 6tablies par la nature entre la maladie et le mindicainent. En thdrapeutique, ii concentre toute son actibn sur l'organe et sur l'appareil dont les lesions sont prdbirlinantes, et a force de fatiguer l'organisme d'efforts mal diigig&, on ii choue dgns ses Iraitements, ou, si le malade gtuifit, 'est souvent an prix d'un abaissement irremediable d9A sa putiissance vitale. Hahnemani s'est e1ev6 avec force contre ce qu'il appelle cMtti mbdecine hdmicide. Essentiellement vitaliste, lui aussi a su trte cons6quent dans les d6ductions de son principe; ii ra wt6 jusqu'& la derniere rigueur. t L'organismd mat6riel, a-t-il dit, suppos6 sans force viStle, he'e ptut ni sentir, ni agir, ni rien faire pour sa propre a oidserviition. C'est & l'Atre immateriel seul qui l'anime DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXXV " dans l'etat de sante et de maladie, qu'il doit le sentiment ct l'accomplissement de ses fonctions vitales (1). ) Deux faits ressortent de cette citation: pour Hahnerann, I'organisme sAns force vitale est inerte. La vie lui est communiquee par une force sui generis, qu'il nomme la force vitale. Cette force est un etre, et cet etre est immateriel. Voila toute sa pensee, voila tout son systeme. Mieux on les comprend, plus on est maitre de sa doctrine, et mieux on l'applique. Hahnemann dit la force vitale, et non les forces vitales. Cette force est unique; et c'est pourquoi, la multiplicite de nos actions organiques se developpe dans une harmonic si merveilleuse, qu'elle a frappe d'admiration les plus grands esprits et les plus beaux genies. En cela, il Achappe aux erreurs de Vanhelmont, qui, sorti de l'ecole de Paracelse, inclinait manifestement vers le materialisme moderne et compliquait l'action de son archee de celle d'une foule de ferments qui rompaient l'unite du systeme. II echappe 6galement a l'erreur de Stahl qui fait honneur a l'Ame raisonnable do tous les phenomenes qu'accomplissent les etres vivants. La force vitale de Hahnemann preside a toutes nos fonctions et nous donne le sentiment de leur accomplissement. Elle est une, je le repete, elle est sp6cifique. On ne saurait done la confondre avec la force psychologique dont relevent des faits d'un autre ordre, les faits intellectuels et moraux. Cette force est-elle un etre? Comme force, elle est un pou. voir. C'est d'elle que procedent les actions vitales; elle a done puissance de les engendrer, de les entretenir et de veiller a la conservation de l'ensemble. Sa permanence, au milieu des metamorphoses que subit l'organisme, semble impliquer son existence essentielle; car c'est la precisement le (1) Organon de I'art de guerir, p. 108. XXXVI DOCTRINE DE UAHNEMANN. trait distinctif entre l'etre et le phe'nomene. Le ple'noinenDe est passager, variable, toujours diff~rent. L'e4re est permanent, toujours semblable " lui-meme, et ne cesse d'agir un seul instant, sans cesser d'exister. La force vitale est permanente jusqu'au moment o- la mort nous frappe; elle ne varie pas dans les caractkres gui lui sont propres. La force vitale est immaterielle: c'est La condition de toutes les forces. L'attraction, l'affinite sont dans le meme cas. La vie se manifeste; mais elle ne se touche, ni ne se voit, ni ne se flaire, ni ne se goeite. Quand donc voudra-t-on croire que rien ne se produit au dehors sans une cause qui le produise, et que cette cause est mieux qu'un mot, mais un fait? Quand donc sentira-t-on que La realit6 n'a pas pour iimites les bornes 6troites du visible et du tangible? IY. Voici donc la pensee fondamentale de Hahnenann, la pierre angulaire du systeme. Ceux gui voudront comprendre ses 6crits, se rendre maitres de sa doctrine et l'appliquer leurensement, devront reflechir sur elle. Et selon qu'ils la comprendront mieux et l'accepteront plus franchement, l'homceopathie attendra davantage de leurs succe~s et de leurs efforts, pour les developpements gui lui restent a acquerir. Ceux gui voudront serieusement la combattre et en finir avec elle, devront l'attaquer sur ce terrain: autrement, leurs critiques sont impuissantes et passent ' cota de la question en litige. Pour ces derniers, ils feront bien de peser leurs objections avant de les produire, et de re'flchir " la faiblesse des arguments dont ils ont pr6tendu appuyer l'organicisme, ' la faiblesse de leurs connaissances en physiologie. Qu'ils restent bien convaincus que nous ne sommes plus au temps oii les phenombnes de la vie s'expliquaient par l'existence de telle ou telle partie, La circulation du sang par la presence du cceur, DOCTRINE DE HAHNFMANN. XXXVII les secretions par celle des glandes, la generation par celle des organes reproducteurs, la digestion par la presence des organes digestifs. Ils devront donc suivre Hahnemann dans toutes les deductions l'gitimes de sa pensee premkere, et le poursuivre jusqu'en ses derniers retranchements. Pour cela faire, qu,'ils continuent attentivement la lecture de l'Organon, afin de bien saisir l'6conomie du syste~me. Que s'ils comrnencent par l'6tude des questions pathologiques, trois pensees les frapperont, sans aucun doute 1o La manie're dont Hahneinann conput l'itiologie; 20 ses vues stir a symptomatologie; 30 les conclusions diaqnostiques qu'il tire de ces deux eIements. Quelle que soit la cause qui engendre une maladie, elle n'agit point, par son substratum mateiriel, mais par sa virtualit6, par]a force dont elle est douee. Le genre de modifications que les' choses du dehors impriment a 1'etre vivant, derivent de la puissance qu'ils redelent et qui fait leur ind ividualit6. Ce qu'on nomme le chaud et le froid, le sec et 1'hurnide, ne consiste pas seulement dans 1'6le6vation on l'abaissement de la temperature, non plus que dans les qualites de secheresse ou d'humidit6. Ce sont la des effets de certaines forces physiques; et ce sont ces forces qni impressionnent le dynamisme vital d'une facon harmoniense on desharmonieuse. Les qualites materielles ne sont ici que les enveloppes et les conducteurs de ces puissances. Ainsi, un galeux touche un autre galeux, ce n'est pas le pus contenu dans les pustules qui l'infecte, mais le miasrue que ce pus rece'le ou le virus depos6 par 1'acarus. Un enfant sain est atteint de scarlatine; selon Hahnemann, ii en a puis6 le germe dans le miasme scarlatineux contenu dans l'atmosphere 'a certaines epoques de I'annee et dans certaines conditions, dont les unes sont assez bien connues et dont les autres sont ignorees. Ainsi des atitres maladies. XXXVIII DOCTRINE DE HAHNEMANN. Toute l'6tiologie de Hahnernann repose done sur la theorie du dynamisme vital. Elle en est la consiquence rigoureuse. I1 faut l'accepter du moment oih on aura consenti les premisses. Concevrait-on, en effet, l'existence d'un principe vital sur lequel reposent les conditions d'engendrement, de d6veloppement et de conservation d'un organisme, qui ne ressentirait pas tout d'abord l'action des causes morbides? Et comment cet etre immateriel pourrait-il etre modifi6 autrement que par un autre etre de meime ordre que lui? Tel est donc le mode d'action des causes. Quelles sontelles? Leur enumeration est le point de depart de la division nosologique indiquee par Hahnemann. L'homme, dit-il, est soumis " des influences atmosphedriques et telluriques: ii est soumis "a l'action des miasmes. De ces derniers, les uns sont des miasmes aigus, les autres sont des miasmes chroniques. Leur signe diffdrentiel et caracteristique est, que les premiers parcourent dans l'organisme certaines periodes aprbs lesquelles ils s'6teignent et cessent de faire ressentir leur influence; tandis que les seconds, 6tant abandonnDs &" euxmTmes, out une marche incessamment envahissante; qu'ils n'abandonnent l'organisation qu'aprbs l'avoir completement d6truite, et que, dans leurs m6tamorphoses, ils se transmettent a travers les generations, acquerant toujours une intensite nouvelle: ce sont les miasmes chroniques. De I., r6sultent trois ordres de maladies: les maladies aiguies, provenant des influences atmospheriques ou telluriques, sont appelhes maladies sporadiques; les autres, resultant de la presence d'un miasme aigu, sont appeldes maladies 6pid"miques.Les maladies chroniques surgissent de trois sources differentes que Hahnemann a parfaitement denommees par les mots de psore, syphilis et sycose. En vue de justifier le cadre nosologique dont je viens de DOCTRINE DE HAHNEMANN. XXXIX retracer les lineaments, Hahnemann a fait appel i son experience et a la tradition. 11 reste encore beaucoup a 6claircir, beaucoup a justifier a cet egard; mais rien ne peut etre contredit. On peut desirer beaucoup; nier est impossible. La symptomatologie de Hahnemann repose sur deux principes: 10 Toute maladie est individuelle ou specifique, ce qui est pour lui une seule et meme chose; 20 une maladie se traduit, s'exprime par l'universalite de ses sympt6mes. L'individualisation absolue des maladies joue un grand r6le dans la doctrine homoeopathique. Sans vouloir accorder a ce principe une valeur qu'il serait difficile de justifier en theorie, il faut reconnaitre qu'en fait, il est, aujourd'hui, le meilleur guide dans les etudes pathologiques. Le langage medical est d'une telle imperfection, qu'il convient a tout mBdecin qui veut rentrer dans la verite et dans la sphere de I'observation, de briser, avant tout, les denominations admises, et de ne plus croire a la valeur des expressions phlegmasies, nevroses, goutte, rhumatisme, etc. C'est la tout ce que Hahnemann a voulu dire. Mais il n'a pas pretendu renoncer a grouper entre elles les especes morbides, a les ranger selon leurs affinites et leurs differences; et la preuve, c'est que luimeme a trace l'esquisse d'une nosologie nouvelle. Broussais a dit avec energie que les symptomes etaient le cri des organes souffrants. Dans un langage moins metaphorique, mais plus exact, Hahnemann les a consideres comme I'expression des modifications subies par la force vitale. Qu'en resulte-t-il? C'est que le medecin doit tenir compte de tous, du plus minime comme du plus important; car, la force vitale ne saurait avoir de symptomes inutiles,' et tous, a des degres diff6rents, sont indicateurs du medicament a employer. Tenir compte de l'universalitM des sympt6mes, n'est done point, dans la pensee de Hahnemann, une precaution de naturaliste qui XL DOCTRINE DE HAHNEMANN. enregistre tons les phenome"nes dans l'unique but de complter un tableau ou une description; c'est la pensee du praticien, qui va chercher dans chaque symptbme et dans tous leur signification pratique. Que de lumieres ne doivent pas rejaillir sur la pathologic et sur la therapeutique de cette maniere d'envisager les maladies! Je l'ai dit: les symptbmcs n'ont pas tous une egalc importance. I11faut les coordonner entre eux. C'est 1'ceuvre du diagnostic. Snr cette partic de la doctrine hahnemanniennc, on trouve beaucoup " recucillir dans les considerations dont Hahnemann fait preceder ]a description des proprietes de chaque medicament. Ce i'est donc pas ' 1' Organon, mais ' la Matie'e mtdicale pure qu'il faut alter demander les opinions du maitre sous cc rapport. V. Les maladies une fois connues dans leurs causes, dans leur espece et dans leurs symptames, tout medecin doit faire un travail correspondant sur la Miatie'e medicale. Qui rev&. lera, au me~decin Ics proprietes reelles, positives, des agents de guerison? Hahnemann repond: l'experimentation pure. iI est dans les vues de la nature quc tout medicament developpe sur l'homme sain une maladie artificielle de meme ordre que celle qu'il a puissance de guerir. C'est un fait: on ne dispute pas avec les faits. Que les ennemis de l'homoeopathie experimentent sur eux-memes, et its scront convaincus. Mais 1'expdrimentation pure suffit-elle " tout? Est-il permis, est-il kegitime de la pousser jnsqu'au point oii la vie du sujet ponrrait etre compromise? C'cst la seule question qu'en ce moment, je venille examiner. Je ne puis, en effet, mettre en doute la valeur de l'experimentation pure, cc serait s'occuper de cc quc tout le monde accorde, prouver cc qui n'a pas besoin de l'etre, justifier une pensee qui porte avec elle sa justification. Que l'expe'rimentation pure doive etre utilis~e en DOCTRINE DE JAHNEMANNO MIT1 matiere medicale, personne ne le conteste non plus. Qu'elle doive Atre la base principale, sinon exclusive, de la matie're medicale, ainsi que le voulait Hahnemann, voila" le point controvers6; et, cependant, c'est un des principes essentiels et fondamentaux de la doctrine hom(,eopathique. S'il est vrai, comme je le dirai bientot, que toutes les maladies qui ne sont pas du domaine exciusif de la chirurgie doivent etre traitees et gu'ries par voie d'appropriation ou de similitude, l'experimentation pure est la consequence oblig~e de cette loi. Traiter les maladies par les semblables, ne peut vouloir dire autre chose que meitre en rapport deux termes homoge~nes, la maladie ce le medicament: Ia maladie qui s'exprime par les symptomes qu'elle developpe, le medicament qui denote ses proprietes par les symptomes qu'il fait naitre dans l'organisme sain. Autreinent, ii n'y aurait plus de similitude possible, puisquie vons tabliriez le rapport indiqu6 entre deux termes dont un seul serait connu. Mais, dira-t-on, comment pousser cette experimentation assez loin pour developper sur un sujet sain des affections de la nature des tubercules, des cancers, etc.? Qui scrait assez temmraire pour aller jusque-lht? et si les hornmoopathes reculent devant une semblable necessit6, comment osent-ils affirmer que par l'experimentation pure, la mati'ere medicale est assise sur un fondement inebranlable? Hahnemann l'a dii, cependant, et Hahnemann a en raison de tenir cc langage. Le cancer, les tubercules constituent des alterations organiques, symptomes avances du developpement d'une diathese, sans Atre la diathe~se elle-meme. Or, toute alteration d'organe n'est point la maladie veritable, mais seulement l'expression d'une de ses periodes. Cela est si vrai, qu'on pent prevoir c on pre'voit tons les jours, que tel sujet deviendra tu XLII DOCTRINE DE HAHNEMANN. bhrculeux, que tel autre sera affect6 de cancer. Et ces pr6visions, parfois probables, parfois d'une probabilit6 qui approche de la certitude, se fondent sur un ensemble de caracteres dont les uns sont empruntes A l'tat ganeral de la constitution, les autres a certains etats morbides anterieurs au moment oh les tubercules et les tumeurs cancereuses apparaissent, a certaines conditions d'heredite, malheureusement trop reelles et trop irrimissibles dans leurs consequences. Dans ces conditions, interrogez l'un aprbs l'autre tous les organes et tous ]es appareils, vous n'y trouverez aucune trace, si faible qu'on la suppose, de tubercules ou de cancers. Et, cependant, vous avez pu les pr6voir et les pridire avec raison! 1 est done des etats dynamiques generaux que tout le monde sait devoir entrainera certaines alterations organiques determindes. Ces 6tats morbides, prdliminaires obliges des redoutables affections que j'ai prises pour exemple,l'expeirimentation pure peut les donner et les donne en effet. C'est dans ce sens, et dans ce sens seulement, qu'on peut dire de l'experimentation pure qu'elle suffit a tout et qu'elle est la base inebranlable de la matiere medicale. Hahnemann l'a compris ainsi. 11 n'a point rejet6 absolument ce qu'il nomme le principe it juvantibus et iedentibus, comme quelques-uns l'ont sembl6 croire; seulement il en fait un principe subordonn6. Et, en effet, en regard des donnees fournies par l'expirimentation pure, celles que procure l'observation clinique ne sont plus que des indications empiriques, prdcieuses sans aucun doute, mais inf6rieures aux indications vraiment rationnelles de l'observation physiologique. 11 nest done pas necessaire de pousser cette derniere jusquI ses limites, jusqu'au point de temerite qui serait un crime; et les homceopathes ne sont pas places entre l'alternative de reculer devant leurs propres principes ou d'etablir leur doctrine sur la plus cruelle des extrimits. DOCTRINE DE IIAHNEMANN. XLII Les partisans de la medecine organique qui ne voient que des organes malades, et, dans l'histoire d'une maladie, ne s'occupent que du moment actuel et des alterations qu'ils out sous les yeux, ne comprendront pas ce qui precede. Mais celui qui s'elevera jusqu'a la notion du dynamisme vital et saura enchainer tous les moments, toutes les periodes, toutes les metamorphoses d'un etat morbide, comprendra la haute pensee de Hahnemann: il enmesurera la portee theorique et pratique. Nos habitudes d'education medicale sont trop eloignees de cette manire de comprendre les choses pour qu'il ne f6t pas utile de s'arreter un instant sur ce point de doctrine. Que d'hommes out aborde l'homoeopathie, ont voulu l'appliquer en conservant leurs habitudes d'organicisme! Que d'insucces dans I'application de la nouvelle doctrine. n'ont pas d'autre cause! Pour etre bien maitre de l'homoeopathie, la premiere, la plus essentielle des transformations que l'homoeopathe doive faire subir a ses idees, consiste a se depouiller de l'organicisme pour s'elever au dynamisme. VI. Enfin, la therapeutique homoeopathique a pour principe cardinal la grande loi similia simnilibus curantur. Cette loi se justifie par deux points: theoriquement et pratiquement. Sous le rapport pratique, la tradition et I'experience fourniront ample moisson de faits, et de faits incontestables. Qu'on lise dans l'Organon les nombreux exemples de guerisons produites, a leur insu, par nos devanciers et par les contemporains. Certes, Hahnemann est loin d'avoir epuise cette mine inepuisable. Cependant, il en a dit assez pour mettre son principe en evidence. Sous le rapport theorique, la loi des semblables se justifie par l'ancienne theorie des reactions. 11 est de fait, que tout etre vivant reagit contre l'action primitive des modificateurs externes. On explique ainsi la faiblesse qui succede a P'excitation que produisent le vin et les liqueurs alcooliques; XLIV OUVRAGES DE HAHNEMANfK. IPen gourd is3ement qu'e~prouvent les preneurs de caf6, lorsque 1'effet primitif de cette liqueur s'est dissip6'; la grande excitabilit6 qLi succe~de 'a1'engourdissement produit par l'opium; les constipations opinicitres produites par l'abus des purgatifs. Ce sont la' autant de faits avoue's par toutes Les e'coles, et vNoici leur consequence. Si dans le traitement des maladies vous employez des me'dicaments dont les IprOPrie'te~s soient en opposition directe avec les s~rmpto'mes de ]a maladie, lorsque la reaction sur-viendra, au soulagement momentan6' produit par l'effet pritnitif succ&'dera ne'cessairement une aggravation de la maladie ellememe. Si, au contra ire, vous employez des medicaments doue's de proprie'tes analogues aux sympto~mes morbides, la reaction survenant en amenera ne'cessairement, aussi, ou la guerison ou une amelioration positive et durable. Ce raisonnement est d'une telle evidence qu'il ne comporte aucune objection. Aussi, vivons-nous dans 1'intirne confiance que les g&.nerations et les sie~cles se succeideront en re'petant apre~s Hahnemann ce principe d'eiternelle ve~rite': similia similibus curantur! ~ ]I][* - Ouvrages de Hahnemann. 1. Dissertatio inauguralis medica: Conspectus adfectuum spasmodicortim wetiologicus et therapeuticus. Erlangue., 1779, in-A. 11. IUeber die Arsenikvergiftung, ibre Huielfe. und gerichtliche Ausmitteluing (sur 1'Ernpoisonnement par 1'arsenic, Ues moyens d-'y porter remade et ceux de le constater le'galement). Leipzick, 1786., in-8. 111. Abhandlung ueber die Vorurtheile gegen die Steinkohlenfeuerung, die Verbesserungarten dieses Brennstoffes und seiner Anwendunig zu Backofenheizungen (Traiae sur les pre'Jugels contre le chauffage par le charbon de terre, et ics moyens tant d'am~1iorer ce combustible, que de le faire servir au c/iauffage des fours). Dresde, 4 787, in-8. OUVRAGES DE~ HALINEMANN. XL XLV V. Uiuterricht flier Wiimdaerzte ueber die venerisehe Kracnkhei ten, nebst einem neuen Quecksilberpreeparate (Iinstruction pour les chirurgiens sur les maladies ve'neriennes., avec l'indicelion d'une nouvelle preparation mercurielle). Leipzick, 1789, iii-8. - Traduit dans Etudes de M~decine honmeopathique, Ijre se'rie, Paris, 1855, pag. I 'a 256. V. Freund der Gesundheit (l'Ami de la senttc). Ilr cahier, Francfort., 1792; 2e eahier., Leipziek, 1796, in-8. VI. Apothekerlexicon (Dictionnaire de pharmnacie). Leipzick, Ire partie, '1793; 2e partie, 1795, in-8. - Ne va que jusqu'au K. VII. Bereitung des Casseller Gelbes (Pre'paration du Jaime de Cassel). Erford, 4793, in-4. ViII. Handbuch flier Muetter (Manuel pour les me~res). Leipzick, 1796, in-8. IX. Heilung mid Verhuetung des Scharlaclifiebers.- Gotha, '1831, in-8. - Etudes de me'decine homceopathique, t. 1, p. 598. X. Der Kaflee in semnen Wirkungen (le Cafr et ses c/Jiets). Leipzick, 1803, in-8. - Etudes de Midecine homnwopathique, Ire se'rie, Dag. 606. XI. /Esculap ant' der Wagschaale (Esculape dens la balance). Leipzick, 4805, in-8. - Dans Etudes de Midecine homwopatlzique, Ire s'rie, pag. 363. XII. Heilkunde der Erfahrung (la Midecine de I'expirience). Berlin., 1800, in-8. - Dans Etudes de Midecine homceopet/iique, ire- serie, pag. 285. XI1I. Fragmenta de viribus ruedicamentoruin positivis, sive in sano corpore humano observatis., Leipzick, 1805, 2 volumes in-8. XIV. Organon der rationnellen Heilkunst (Organon de la rn~decine rationnelle). Ire ddition, 1)resde, 1810, iu-8; -2 e dition, sons le titre Organon de Ia midecine, 4819, in-8; -3e iedition, 1824, in-8; - 4e &edition, 1829, in-8;- 5e 6dition, 1834, in-8. - Traduit en fran~ais par A. J. L. Jourdan, je diin Paris, 1832, in-8; - 2e edition., Paris, 1834, in-8; - 3e 6di.. tion, Paris, 1.845, in-8; - ie &6ditioii avec des Commentaires par le docteur Leon Simon, Paris, 18.56, in-8. XV. Dissertatio historico-medica de helleborismo veterurn. Leipzick, 1814. - Dans Etudes de Jkdecine homceopatbique, 2e s~rie, Paris,15, pag. 15-3 a 228. XLVI OUVRAGES DE HAHNEMANN. XVI. RLeine Arzneimittelehre Ire edition, Dresde, 1811-1821, 6 vol. in-8; - 2e edition, Dresde, 1822-1827, 6 vol. in-8. - Tomes: 1, 3e edition, Dresde, 1830, in-8 de 504 pages; II, 3e E6dition, in-8 de 164 pages; III, 3e edition, 1825, in-8 de 308 pages; IV, 2e edition, 1825, in-8 de 356 pages; V, 2e edition, 1826, in-8 de 346 pages; VI, 2e edition, 1827, in-8 de 333 pages. - Traduit en francais sur la dernibre 6dition, sous le titre de Traite' de matiere me'dicale pure, ou I'action pure des mWdicaments homaoopathiques, par le docteur A. J. L. Jourdan, Paris, 1834, 3 vol. in-8: tomes 1, de 616 pages; II, de 570 pages; III, de 780 pages. -- L'Bdition franCaise a l'avantage d''tre d'un usage plus commode, en ce qu'elle est class6e dans un ordre alphabetique g6neral pour tout I'ouvrage, tandis que l'6dition allemande a l'inconvenient d'dtre divisee par ordre alphabetique pour chacun des six volumes (1). XVII. Die chronischen Krankheiten, ihre eigenthuemliche Natur und homocopathische Hleilung. 4le dition, Dresde, 1828 -1830, 4 vol. iu-8; - 2e edition, Dresde et Dusseldorf, 1835 -1839, 5 vol. in-8. - Traduit en frangais, sons le titre de Doctrine et traitement homncwopathique des maladies chroniques, par le docteur A. J. L. Jourdan, Paris, 1832, 2 vol. in-8. - Nouvelle traduction sur la derniere edition allemnande, Paris, 1846, 3 vol. in-8. - Tome I, de 636 pages. - Tome II, de 590 pages. - Tome III, de 648 pages. XVIII. - Dans divers journaux. a. Ueber die Schwierikeiten der Minerallaugensalzbereitung durch Potasche und Kochsalz (Sur les difficultis de prdparer l'alcali mineral par la potasse et le sel marin), dans lee Annales de Crell, 1778, cah. 2. b. Ueber den Einfluss einiger Luftarten auf die Gawhrung des Weins (1) D'apris le vceu formuld par le CongreBs medical homoeopathique de Paris, dans sa seance du 13 aoit 1855, nous pouvons annoncer que M. le docteur Jahr s'occupe activement de la publication d'une nouvelle edition du Traite de matiere mddicale pure, avec des additions importantes, qui porteront l'ouvrage a clnq volumes. Ce sera un nouveau service rendu " l'homoeopatbie par l'itifatigable et laboricux docteur Jahr. OUVRAGES DE HALNEM1ANN. XLVII (De l'influence que quelques gaz exercent sur la fermentation du vin). Ibid., 4788, cah. 10. c. Ueber die Weinprobe auf Eisen und Blei (Sur les moyens de reconnaitre le fer et le plomb dans le vin). Ibid., 1788, cah. 4. d. Ueber die Galle und Gallensteine (Sur la bile et les calculs biliaires). Ibid., 1788, cah. 10. e. Ueber ein ungemein kraeftiges die Faulniss hemrnmendes Mittel (Sur un moyen tres-puissant d'arrdter la putrefaction). ibid., 1788, cah. 12. - Traduit en frangais par Cruet dans le Journal de mddecine, Paris, 1789, t. LXXXI. f. Missglueckte Versuche bei einiigen angegebenen neuen Entdeckungen (Essais matheureux de quelquespretendues decouvertes modernes) Ibid., 1789, cah. 3. g. Brief ueber den Schwerspath (Lettre sur lespath pesant). Ibid.,1789. h. Entdeckung eines neuen Bestandtheils im Reisshlei (Decouverte d'un nouveau principe constituant daus la plombagine). Ibid., 1789. i. Etwas ueber das Principiurn adstringens der Pflanzen (Un mot sur le principe astringent des vgetaux). Ibid., 1789. j. Genaue Bereitungsart des aufloeslichen Quecksilhers (Mode exact de preparation du mercure soluble), dans le Magasin de Baldinger, 1789. k. Vollstendige Bereitungsart das aufloslichen Quecksilbers (Exposd complet de la maniere de preparer le mercure soluble), dans les Annales de Crell, 1790. 1I. Unaufloslichkeit einiger Metalle und ihrer Kalke inm atzenden Salmiakgeiste (Insolubilite de quelques mitaux et de leurs oxydes dans l'ammnoniaque caustique). Ibid., 1791. n. Mittel dem Speichelfluss und den verwuestenden Virkungen des Quecksilbers zu entgehen (AMoyens de privenir la salivation et les effets de'sastreux du mercure), dans la Bibliotheque medicale de Blumenbach, 1791. o. Beitrage zur Weinpruefungslehre (Addition aux moyens d'explorer la purete du vin), dans les Archives de Scherf, 1791. p.Ueber Glaubensalzbereitung (Sur la preparation du sel de Glauber), dans les Annales de Crell, 4792. q. Etwas ueber die Wuertenbergische und Hahnemannische Weinprobe (Quelques mots sur les mnoyens employes d Wurtemberg et indiques par Hahnemann pour essayer le vin), dans Intelligenzblatt der allgemeinen Literaturzeitung, 1793. r. Ueber Hahnemann's Weinprobe und den neuen Liquorprobatorius (Sur la mdthode de Hahnemann pour essayer lev in et sur la nouvcelle liqueur probatoire), dans le Journal de Tronunsdorf, 1794. XLVIII XLVIII OUVIIAGES DE HAIINEMANN. En outre., beaucoup de petits articles dans divers 6crits pe'riodiques, dont la plupart ont Re' imprime's dans les Kliene medicinische Schriften (optiscules) de S. Hahnemann, recuejilis par Ernest Stapf. Dresde et Leipzick, 1829, 2 vol. in-8. - Tous ces petits edcrits et d'autres non re'unis par Stapf, ont e'te publids en fran~ais sous le titre de:PEudes de me'decine homwcopathique. Par-is, 1855, 2 vol. in-8. XIX. 11 a en outre traduit de l'anglais en allemand: Les essais et observations physiologiques de J. Stodmauin. Leipzick, 1777, in-8. L'Essai sur l'hydrophobie de Nugent. Leipzick, 1777, in-8. L'Essai sur les eaux mine'rales de G. Falconer. Leipzick, 1777, in-8. La Me'decine pratique moderne de Ball. Leipzick, 1777, in-8. L'Histoire d'Abailard et d'He'loise de Barington. Leipzick, 1783, in-8. Les Recherches sur la phthisie pulmonaire de M. Ryan. Leipzick, 1790, in-8. L'Avis aux femnmes de J. Grigg. Leipzick, 1791. Les Arinales d'agiiculture d'Arthur Young. Leipzick., 1700-1794, in-8. La Matii~re rniedicale de Cullen. Leipzick, 1790. Le Ti'aite" de chimie m~dicale et pharmaceutique de D. Monro. Leipzick, 1791. Les Observations chimiques sur le sucre de E. Rinbgy. Dresde, 17 91. XX. It a traduit de 1'italien en allemand: L'Art de faire le yin, par A. Fabbroni. Leipzick, 1790. XXI. I1 a traduit du fran~ais en allemand: L'Art de fabriquer les produits chimiques de Deinachy. Leipzick, 1784. L'Art du distillateur liquoriste de Dernachy et 1)ubuisson. Leipzick, 1785. L'Ai t du vinaigrier de Demachy. Leipzick, 1787. La Falsification des mddicarnents de~voile'e par J. B. van den Sande. Dresde, 1787. L'Essai sur l'air pur et stir les diff~irentes espe~ces d'air de Delarudtherie. Leipzick,, 1790-1791. D~r LION SIMON. Paris, 25 decembre 1855. PREFACE DE L'AUTEUR. L'ANCIENNE medecine, ou l'allopathie, pour dire quelque chose d'elle en gendral, suppose, dans le traitement des maladies, tantht une surabondance de sang (plithore), qul n'a jamais lieu, tantPt des principes et des Acret6s morbifiques. En consequence, elle enlive le sang necessaire a la vie, et cherche soit a balayer la pretendue matiere morbifique, soit h l'attirer ailleurs, an moyen des vomitifs, des purgatifs, des sudorifiques, des sialagogues. des diuretiques, des visicatoires, des cauteres, des exutoires de toute espece, etc. Elle s'imagine, par ia, diminuer la maladie et la detruire mathriellement. Mais elle ne fait qu'accroitre les souffrances du malade, et prive par ce moyen et par l'emploi d'agents douloureux, l'organisme des forces et des sues nourrissiers necessaires A la gubrison. Elle attaque le corps par des doses considerables, longtemps continuees et frequemment renouvel6es, de 2 PMIUFACE DE L'AUTEUR. medicaments heroiiques, dont les effets prolonges et assez souvent redoutables lui sont inconnus. Elle semble meme prendre " tahche d'en rendre l'action meconnaissable, en accumulant plusieurs substances inconnues dans tne seule formule. Enfin, par un long usage de ces medicaments, elle ajoute A la maladie deja existante de nouvelles maladies medicinales, qu'il est parfois impossible de guerir. Elle *ne manque jamais non plus, pour se maintenir en credit aupres des malades (1), d'employer, quand elle le peut, des moyens qui, par la loi d.'opposition contraria conirarzis curanlur, suppriment et pallient pendant quelque temps les symptomes, mais laissent derriere eux une plus forte disposition "a les reproduire, c'est-h-dire exasperent la maladie elle-meme. Elle regarde a tort les maux qui occupent les parties exterieures du corps comme eIant purement locaux, isohes, independants, et croit les avoir gueris quand elle les a fait disparaitre par des topiques, qui obligent le mal interne de se jeter sur une partie plus noble et plus importante. Lorsqu'elle ne sait plus que faire contre Ia maladie qui refuse de ceder, ou (i) Le m~me motif lui fait chercher avant tout un nom d~termine', glec surtout, pour ddsigner 1'affection, afin de faire croire an malade qu'on la connait deja depuis longtemps et qu'on n'en est que mieux en dtat de la gudrir. PREFACE DE LIAUTEUR. 3 qui va toujours en s'aggravant, elle entreprend, du moins en aveugle, de la modifier par les alterants, notamment avec le calomelas, le sublime corrosif et autres preparations mercurielles a hautes doses lesquelles minent l'existence. Rendre au moins incurables, sinon meme mortelles, les quatre-vingt-dix-neuf centiemes des maladies, celles qui affectent la forme chronique, soilt en debilitant et tourmentant sans cesse le faible malade accable dBej de ses propres maux, soit en lui attirant de nouvelles et redoutables affections medicinales, tel parait etre le but des funestes efforts de l'ancienne medecine, l'allopathie, but auquel on parvient aise'ment lorsqu'une fois on s'est mis au courant des methodes accreditees, et rendu sourd a la voix de la conscience. Les arguments ne manquent point a l'allopathiste pour defendre tout ce qu'il fait de mal; mais ii ne s'6taye jamais que des prejuges de ses maitres ou de l'autorite de ses livres. 11 y trouve de quoi justifier les actions les plus opposees et les plus contraires au bon sens, quelque hautement qu'elles soient condamnees par le resultat. Ce n'est que lorsqu'une longue pratique l'ayant convaincu des tristes effets de son art pretendu, il se borne a d'insignifiantes boissons, c'est-a-dire a ne rien faire, 4 PRIFACE DE L'AUTEUR. dans les cas meme les plus graves, que les malades commencent a empirer et mourir moins souvent entre ses mains. Cet art funeste, qui, depuis une longue suite de sie'cles, est en possession de statuer arbitrairement sur la vie et la mort des malades, qui fait perir dix fois plus d'hommes que les guerres les plus meurtrieres, et qui en rend des millions d'autres infiniment plus souffrants qu'ils ne l'6taient dans l'origine, je l'examinerai tout a l'heure avec quelques details, avant d'exposer les principes de la nouvelle medecine, qui est la seule vraie. Il en est autrement de l'homceopathie. Elle demontre sans peine a tous ceux qui raisonnent que les maladies ne dependent d'aucune Acrete, d'aucun principe morbifique materiel, mais qu'elles consistent uniquement en un desaccord dynamique de la force qui anime virtuellement le corps de l'homme. Elle sait que la guerison ne peut avoir lieu qu'au moyen de la reaction de la force vitate contre un medicament appropri6, et qu'elle s'opere d'autant plus seirement et promptement que cette force vitale conserve encore davantage d'energie chez le malade. Aussi evite-t-elle tout ce qui pourraitdebiliter le moins du monde (I), S() L'homaeopathie ne verse pas une seule goutte de sang; elle ne PRItFACE DE L'AUTEUR. 5 se garde-t-elle, autant que possible, d'exciter la moindre douleur, parce que la douleur epuise les forces; n'emploie-t-elle que des medicaments dont elle connai't bien les effets, c'est-h-dire la m anie~re de modifier dynamiquement l'6'tat de l'homme; cherche-t-elle parmi eux celui dont la facult6' modifiante (Ia maladie me~dicinale) est capable de faire cesser la maladie par son analogie avec cule (sIAIILIA SIMILIBUS), et donne-t-clle celui-Ia' seul, "a doses rares ct faibles, qui, sans causer de douleur ni de~biliter, excitent neanmoins une re~aclion suffisanle. 11 re'sulle de la" qu'elle e~teint la maladie naturelle sans affaiblir, tourmenter ou torturer le malade; et que les forces reviennent d'elles-me'mes "a mesure. que l'amd"i oration se dessine. Cetle cmuvre, qui aboutit 'a retablir la sante' des malades en pen de temps, sans inconvenients et d'une manie'rc compleide, semble facile, mais elle est pe~nible et exige beaucoup de me'ditations. L'homceopathie s'offre donec"a nous comme une purge pas, et ne fait jamais ni vomnir, ni suer'; die ne re~percute aucun mal externe par des topiqucs et tie presenit ni bains chauds, ni lavernents mtidicamenteux; elle n'applique ni vt~sicatoircs, ni sinapismes, ni seitons ou caut~i-es; jamnais elle n'excite la salivation; jamais cule ne brilile les chairs jusqu'a lFos avec le moxa on le fer rouge, etc. Le meddecin homcopathiste donne seulement un me'dicament dont les proprie'tes lui sont connucs, et qu'il a souvent prepare' lui-me'me. 11 le donne seul et saws aucun medlange. Jamais it ne calme Ics douleuirs avec l'opium, etc. 6 PRMFACE DE L 'AUTEUR. m'decine tr's-simple, toujours La meme dans ses principes et dans ses procedes, laquelle semble, quand elle est bien comprise, faire un tout complet comme la doctrine d'oui elle decoule. La clarte de ses principes et La precision de ses moyens sont telles que l'esprit les saisit aisement; et comme 1'homceopathie offre seule des agents curatifs, ii n'est pas permis "a ses adeptes de revenir aux pratiques routinieres de l'ancienne &cole, dont les principes sont aussi difftrents des notres que le jour I'est de La nuit, sans renoncer par cela meme au titre d'homaeopathes (1). Lorsque des homoopathes se laissant entrainer "a de semblables erreurs, essayent de me'er les pratiques fautives de L'allopathie h"leurs pretendus traitements homceopathiques, uls montrent par la qu'ils n'ont pas une connaissance compliete de notre doctrine. Ils font preuve en meme temps de paresse, d'un mepris impardonnable des souffrances des hormes, d'une presornption ridicule et (1) Je me reproche d'avoir autrefois emprunte'les allures de l'allopathic en conseillant d'appliquer sur le dos, dans les maladies psoriques, un emplatre de poix, qui provoque des ddmangeaisons, et de recourir " de tr~s-petiles commotions 6lectriques dans les paralysies. Comme ces moyens sont rarement Wtiles, et que 1'hornceopathie s'est assez perfectionnde pour n'en plus avoir besoin, je retire le conseil que j'avais donne' d'y recourir, et dans lequel on a trouvd un pretexte pour chercher 'a combiner ensemble l'homceopathie et l'allopathic. PRIFACE DE L AUTEUR. 7 d'une negligence inexplicable qui les empechent de rechercher le meilleur specifique homceopathique pour chaque cas de maladie. Ils agissent souvent ainsi par cupidite et par d'autres motifs moins nobles encore. Et pour quel resultat? Pour se trouver impuissants devant les maladies chroniques graves que l'homaeopathie peut cependant gu'rir, quand on l'applique seule et avec soin; ou pour vouer a la mort un grand nombre de leurs malades. Il est vrai que ces praticiens offrent une consolation aux parents, en leur disant qu'ils ont tout fail pour ravir le malade a la mort; tout, meme les pernicieuses pratiques de l'allopathie! SAMUEL HAHNEMANN. Cacthen, le 28 mars 1833. i. 1 I j I EXPOSITION DE LA DOCTRINE MEDICALE HOMOEOPATHIQUE OU ORGANON DE L'ART DE GUI3RIR. INTRODUCTION. COUP D')EIL SUR LES MIETHODES ALLOPATHIQUE ET PALLIATIVE DES ECOLES QUI ONT DOMINF JUSQU'A CE JOUR EN MEDECINE. DEPUIs que les hommes existent sur la terre, ils ont ete, individuellement ou en masse, expos6s "a l'influence de causes morbifiques, physiques ou morales. Tant qu'ils sont demeures dans l'etat de pure nature, des remedes en petit nombre leur ont suffi, parce que la simplicit" de leur genre de vie ne les rendait accessibles qu'ai peu de maladies. Mais les causes d'alteration de la sante et le besoin de secours ont cri proportionnellement aux progris de la civilisation. DIs lors, c'est-La-dire depuis les temps qui ont suivi de pris Hippocrate, ou depuis deux mille cinq cents ans, il y eut des hommes qui s'adonnerent au traitement des maladies, chaque jour de plus en plus multipliees, et que la vanite' conduisit i chercher 10 COUP DIQEIL dans leur imagination des moyens de les soulager. Tant de tetes diverses firent eclore une infinite de doctrines sur la nature des maladies et 'de leurs reme~des, qu'on decora du nom de syst~nes, et qui 6taient toutes en contradiction les unes avec les autres comme avec ellesmemes. Chacune de ces theiories subtiles etonnait d'abord le monde par sa profondeur inintelligible, et attirait a son auteur une foule d'enthousiastesprosdlytes, dont aucun ne pouvait cependant rien tirer d'elle qui lui fiit utile dans la pratique, jusqu'at ce qu'un nouveau systeme, souvent tout "a fait oppose au pr~cedent, fit oublier celuici, et "a son tour s'emparht pendant quelque temps de la renommee. Mais nul de ces syste~mes ne s'accordait avec la nature et avec l'experience. Tous taient des tissus de subtilites, conduisant "a des consequences illusoires, qui ne pouvaient servir "a rien au lit du ralade, et qui n'etaient propres qu'at alimenter de vaines disputes. A co'te de ces theiories, et sans nulle de~pendance d'elles, se forma une methode qui consiste 'a dirigerdes me" anges de medicaments inconnus contre des formes de maladies arbitrairement admises, le tout d'aprets des vues materielles en contradiction avec la nature et l'expe~rience, et par consequent sans resultat avantageux. C'est la l'ancienne medecine, qa'on appelle allopathie. Sans meconnaitre les services qu'un grand nombre de medecins ont rendus aux sciences accessoires de 1'art de guerir, "a la physique, 'a la chimie, "a l'histoire naturelle, dans ses difftrentes branches, et h celle de l'homme en particulier, "a I'anthropologie, "a la physiologie, "I l'anatomie, etc., je ne m'occupe ici que de la partie pratique de la mwdecine, pour montrer combien est imparfaite la mani"re dont les maladies ont Re" traitees jusqu'a ce jour. SUR LA M9DECINE ALL0PATHIIQUE. I I Mes vues s'e'kevent bien au-dessus de cette routine meacanique qui se jouc de la vie si pr'cieuse des hommes, en prenant pour guide des recueils de recettes, dont le nombre chaque jour croissant prouve 'i quel point est maiheureusement encore re~pandu l'usage qu'on en fait. Je laissse cc scandale " la lie du peuple medical, et je m'occupe seulement de la medecine re~gnante, qui s'imagine que son anciennete" lui donne reellement le caracte~re d'une science. Cette vieille medecine se vante d'etre ]a seule qui me rite le titre de rationnelle, parce qu'elle est la seule, ditelle, qui s'attache a rechercher et ai carter la cause des maladies, la seule aussi qui suve les traces de la nature dans le traitement des maladies. Tolle causam! s'ecrie-t-elle sans cesse; mais elle s'en tient "a cettc vaine clarneur. Elle se figure pouvoir trouver la cause de la maladie, mais ne la trouve point en realite, parce qu'on ne peut ni la connaitre, ni par consequent la rencontrer. En effet, la plupart, l'immense majorite meme, des maladies 6tant d'origine et de nature dynamiques, leur cause ne saurait tomber sous les sens. On ~tait donc reduit "a en imaginer une. En comparant, d'un cote, l'e~tat normal des parties internes du corps humain apres la mort (anatomie) avec les alterations -visibles que ces parties presentent chez les sujets norts de maladies (anatomie pathologique), de I'autre, les fonctions du corps vivant (physiologie) avec les aberrations infinies qu'elles subissent dans les innombrables etats morbides (pathologie, semimiotique), et tirant de.la des conclusions par rapport "a la maniere invisible dont les changemuents s'effectuent dans l'inte'rieur de l'homme malade, on arriTait A se former une image vague et fantastique,2que la 12 COUP D OEIL m.decine th'orique regardait comme la cause premidre de la maladie (1), d'nt on faisait ensuite la cause prochaine et en meme temps 1'essence intime de cette maladie, la maladie meme, quoique le bon sens dise que la cause d'une chose ne saurait etre cette chose elle-meme. Maintenant, comment pouvait-on, sans vouloir s'en imposer a soi-meme, faire de cette essence insaisissable un objet de guerison, prescrire contre elle des medicaments dont la tendance curative etait egalement inconnue, du moins pour la majeure partie d'entre eux, et surtout accumuler plusieurs de ces substances inconnues dans ce qu'on appelait des formules? (1) Leur conduite aurait etd plus conforme A la saine raison et a la nature des choses, si, pour se mettre en etat de guerir une maladie, ils avaient cherche a en decouvrir la cause occasionnelle, et si, apres avoir constate l'efficacite d'un plan de traitement dans les affections dipendantes d'une meme cause occasionnelle, ils avaient pu ensuite l'appliquer aussi avec succes A celles dont l'origine etait la meme, comme, par exemple, le mercure, qui convient dans tons les chancres vdndriens, est appropried galement aux ulccres du gland determinds par un rapprochement impur; si, dis-je, ils avaient decouvert que toutes les autres maladies chroniques (non veneriennes) ont pour cause occasionnelle l'infection recente ou ancienne par le miasme psorique, et trouve d'apres cela une mdthode curative commune, modifiee seulement par les considdrations thdrapeutiques relatives A chaque cas individuel, qui leur permit de les guerir toutes, alors ils auraient edt en droit de dire qu'ils avaient sous les yeux la seule cause des maladies chroniques, non vendriennes, a laquelle on dut avoir egard pour les traiter avec succes. Mais, depuis tant de siecles, ils n'ont pu gudrir les innombrables affections chroniques, parce qu'ils ignoraient que le miasme psorique en fut la source, decouverte qui appartient A l'homoeopathie, et qui l'a mise en possession d'une methode curative efficace. Cependant, ils se vantaient d'etre les seuls dont le traitement fAt rationnel et dirige contre la cause premiere de ces maladies, quoiqu'ils n'eussent pas le moindre souppon de cette vdritd si utile que toutes elles proviennent d'une origine psorique et qu'en consdquence ils ne pussent jamais les gudrir rdellement. SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 13 Cependant le sublimeprojetde trouver dpriori une cause interne et invisible de la maladie se reduisait, du moins chez les medecins reputes les plus raisonnables de l'ancienne ecole, "a rechercher, en prenant, il estvrai, aussi pour base les sympt6mes, ce que l'on pouvait presumner Otre le caractere generique de la maladie presente (1). On voulait savoir si c''tait le spasme, la faiblesse ou la paralysie, la fievre ou l'inflammation, 1'induration ou l'obstruction de telle ou telle partie, la plethore sanguine, 1'exces ou le defaut d'oxygone, de carbone, d'hydrogine ou d'azote dans les hurneurs; l'exaltation ou l'affaissement de la vitalite du systrme artkriel, ou veineux, ou capillaire; un defaut dans les proportions relatives des facteurs de la sensibilite, de l'irritabilit6 ou de la nutrition. Ces conjectures, honorees par I'&cole du nomn d'indications proc&dant de la cause, et regardees comme la seule rationalit6 possible en m6decine, 6taient trop hypothdtiques et trop fallacieuses pour pouvoir jouir de la moindre utilit6 dans la pratique. Incapables mrnme, quand elles eussent ete fondees, de faire connaitre le meilleur remade a employer dans tel ou tel cas donn6e, elles flattaient bien I'amourpropre de celui qui les avait laborieusement enfantees; mais elles l'induisaient ]a plupart du temps en erreur, quand il pr6tendait agir d'apres elles. C'6tait plutbt par ostentation qu'on s'y livrait que dans l'espoir serieux de pouvoir en profiter pour parvenir a la veritable indication curative. Combien n'arrivait-il pas souvent que le spasme ou la (1) Tout mddecin qui traite les maladies d'apris des caracteres si gdndraux, s'arrogett-il le titre d'homnceopathiste, n'en est pas moins dans la rdalitd un allopathiste gdndralisateur; car on ne peut pas concevoir d'homoeopathie sans l'individualisation la plus absolue. 14 COUP D I OE L paralysie semblait exister dans une partie de 1'organisme, tandis que 1' inflammation paraissait avoir lieu dans une autre? D'une autre part, d'oii pou'vait-il sortir des reme~des, assures contre chacun de ces pre~tendus caracte~res gene raux? Ceux qui auraient grueri siiirementn'auraient Pu e'tre que les spe~ifiques, c'est-ai-dire les medicaments dont 1'action e"tait homogene 'a I'irritation morbifique (1); mais, 1'ancienne ecole les proscrivait co mme tr es-dangereux (2), preq'en effet l'expe'rience avait de'montr' qu'avec les fortes doses consacre'es par l'usage, ils compromettaient la -vie dans les maladies ou Il'aptitude Ai ressentir des irritations homogrenes est porhte " un si haut degre". Or l'ancienne e&ole ne soupeonnait pas qu'on pu~t administrer los medicaments A des doses tre~s-faibles et nmu'me extre'mement petites. Ainsi on ne devait et on ne pouvait pas gue'rir par la voie directe et la plus naturelle, c'est-at-dire par des reme'des homogenes et sp~cifiques, puisque la plupart des effets que les medicaments produisent d'aient et demeuraient inconnus, et que, quand bien me~me on les eiuit connus, on n'7aurait jamais, pu, avec des habitudes semblables de ge"neralisation, de-viner la substance qu'il e'tait le plush~ propos d'employer. (1) Appele's aujourd'hui homoeopathiques. (2) (( Dans le cas oii l'expe'rience avait re~ve'ldla -ver'tu curative de '(mdicaments agissant d'une mani~re homceopathique, dont le mode Sd'action edtait inexplicable, on se tirait d'embari'as en ics de'clarant # speciflques; et cc mot, Ai proprement parler, vide de sens, dispensait de'sormais de rt~fldchir sur l'objet en question. Mais ii y a ddj "a long'etemnps que ces stimulants homoge~oes, c'est-at-dire sp~ciriques ou Shomeeopathiques, ont dt interdits comme exer~ant une influence ~extre~mement dangereuse. ) (RAU., Ueber der homeowpath. Heilverf. lleildelberg, 1824. p. 10 1,t 102.) SUR LA MgDECINE ALLOPATHIQUE. 15 Cependant, l'ancienne ecole, qu'i sentait fort bienqu'il est plus rationnel de suivre le droit chemin que de s'engager dans les voies ddtourne~es, croyait encore guerir directement les maladies en ilirninant leur pre'tendue cause matehrielle. Car it lui d~tait presque impossible de renoncer a ces ide'es grossieres, en cherchant, soit 'a se faire une image de la maladie, soit ' decouvrir les indications curatives; ii n'W"tait pas non plus en son pouvoir de reconnaitre la nature, a la fois spirituelle et materielle de l'organisme pour un etre si e'eve que les alt&rations de ses sensations. et actions vitales, qu'on nomme maladies, re'sultent principalement, presque uniquement nime, d'impressions dynamiques, et ne pourraient *'tre de'terminees par nulle autre cause. L 7 cole considerait donc toute matieire alterre par la maladie, qu'elle ffit ou seulement turgescente, ou rejete'e au dehors, comme la cause excitatrice de cette maladle, ou du moins, en raison de sa pretendue reaction, comme celle qui l'entretient; et cette derniere opinion, elle l'admet encore aujourd'hui. Voila pourquoi elle croyait ope'rer des cures portant sur les causes, en faisant tous ses efforts pour expulser du corps les causes materielles qu'elle supposait a la maladie. De la, son attention ' faire vomir, pour 'vacuer la bile dans les fi&Tres hilieuses (1), sa methode de prescrire des vomitifs dans les affections de l'estomac (2), (i) Ran (loc. cit., p. 276), dans mi temps oii ii n'Wtait point encore parfaitement initie ' 'homceopathie, mais oji cependant ii avait Iintime conviction du caractire dynamnique de la cause do ces fie~vres, les guerissait ddj~t par une ou deux petites doses d'un medicament homoeopathique, sans administrer aucun 6vacuant, ce dont ii rapporte deux cas remarquables. (2) Dans une affection gastrique qui survient d'une maniere 16 COUP D'OEIL son empressement a expulser la pituite et les vers dans la pAleur de la face, la boulimie, les tranchees etnprompte, avec des rapports continuels et rdpugnants d'aliments c - rompus, et en gdndral avec abattement du moral, froid aux pieds et aux mains, etc., la mddecine ordinaire ne s'est occupde jusqu'A prdsent que du contenu altdrde de l'estomac. Un bon vomitif doit, suivant elle, etre donnd pour procurer l'expulsion des matieres. La plupart du temps, on remplit cette indication au moyen du tartre stibid, m6l1 ou non avec de l'ipecacuanha. Mais le malade recouvre-t-il la santd aussit6t qu'il a vomi? Oh! non. Ces affections gastriques d'origine dynamique sont ordinairement engendrees par quelque rdvolution morale (contraridtd, chagrin, frayeur), par un refroidissement, par un travail d'esprit on de corps auquel on s'est livrd immddiatement apris avoir mangd. L'emetique et l'ip6cacuanha ne sont point propres a faire cesser ce ddsaccord dynamique, et le vomissement rdvolutionnaire qu'ils diterminent ne l'est pas davantage. En outre, les symptomes morbides particuliers dont eux-mnmes provoquent la manifestation, ont porte une atteinte de plus " ia santd, et le disordre s'est mis dans la sdcredtion biliaire, de sorte que si le malade ne jouit pas d'une constitution tres-robuste, il doit se ressentir pendant plusieurs jours encore de ce prdtendu traitement dirige contre la cause, quoique la totalitd du contenu de I'cstomac ait eitd expulsde d'une manieire violente. Mais si, au lieu de ces dvacuants qui lui portent toujours prdjudice, on fait respirer au malade un globule de sucre, gros comme un grain de moutarde, et qui a dtd imbibe de suc de pulsatille tres-dtendu, ce qui infailliblement ramene l'ordre et l'harmonie dans IPeconomie entieire et dans I'estomac en particulier, il se trouve gudri en deux heures de temps. Si quelques rapports ont lieu encore, ils sont dus 'a des gaz dinuds de saveur et d'odeur; le contenu de l'estomac n'est plus altdrd, et au prochain repas le sujet a recouvrd son app'tit habituel, il est bien portant et dispos. Voila ce qu'on doit appeler une vdritable cure qui a ditruit la cause. L'autre ne porte ce titre que par usurpation; elle ne fait que fatiguer le malade et lui nuire. Les mddicaments vomitifs ne sont jamais reclamds par un estomac gorg6 d'aliments, meme difficiles "a digdrer. En pareil cas, la nature sait se ddbarrasser du trop-plein par les vomissements spontands qu'elle excite, et qu'il est tout au plus permis de hater au moyen de titillations mdcaniques exercdes sur le voile du palais et l'arrieregorge. On dvite ainsi les effets accessoires qui rdsulteraient de l'ac SUR LA MWDECINE ALLOPATUIQUE. 17 flure du ventre chez les enfants (l), sa coutume de saigner dans les hemorrhagies (2), et principalement I'imution des medicaments vomitifs, et un peu de cafd & l'eau suffit ensuite pour faire passer dans l'intestin les matieres qui resteraient encore dans l'estomac. Mais si, apris avoir etd rempli outre mesure, l'estomac ne possedait pas, ou s'il avait perdu l'irritabilite ndcessaire a la manifestation spontande duvomissement, et quele malade, tourmente par de vives douleurs a l'dpigastre, n'dprouvAt pas la moindre envie de vomir, dans une semblable paralysie du viscere gastrique, un vomitif n'aurait pour effet que de d6terminer une inflammation dangereuse ou mortelle des voies digestives, tandis que de petites doses frequemment redpetes d'une forte infusion de cafe ranimeraient dynamiquement 1'excitabilite affaissde de l'estomac, et le mettraient en 6tat de pousser seul par haut ou par has les matieres contenues dans son interieur, quelque grande qu'en fit la quantitd. Ici encore le traitement que les medecins ordinaires pretendent diriger contre la cause n'est point a sa place. L'usage existe aujourd'hui, meme dans les maladies chroniques, lorsque l'acide gastrique devient surabondant et reflue a la bouche, ce qui n'est point rare, d'administrer un vomitif pour debarrasser l'estomac de sa prdsence. Mais, des le lendemnain, ou quelques jours apres, le viscere en contient tout autant, sinon meme davantage. Les aigreurs cessent d'elles-memes, au contraire, lorsqu'on attaque leur cause dynamique par une tres-petite dose d'acide sulfurique extremement etendu, ou mieux encore d'un remede antipsorique homoeopathique aux autres symptmrnes. C'est ainsi que, dans plusieurs des traitements qui, au dire de l'ancienne ecole, sont diriges contre la cause morbifique, le but favori est d'expulser peniblement et au detriment du malade le produit materiel du disaccord dynamique sans qu'on s'inquiete le moins du monde de reconnalitre la source dynamique du mal, pour la combattre homoeopathiquement, elle et tout ce qui en dicoule, et de traiter ainsi les maladies d'une maniere rationnelle. (1) Symptomes qui dependent uniquement d'un miasme psorique, et qui cedent aisement, sans vomitifs ni purgatifs, a de doux antipsoriques (dynamiques). (2) Quoique presque toutes les hemorrhagies morbides dependent uniquement d'un desaccord dynamique de la force vitale, cependant I'ancienne dcole leur assigne pour cause la surabondance du sang, 18 COUP D'OEIL portance qu'elle attache aux emissions sanguines de toute espece (1), comme indication principale ' remplir et ne peut s'emp~cher de prescrire des saigne'es pour debarrasser le corps de ce pretendu trop-plein. Les suites fMcheuses qui en resultent, la chute des forces et la tendance on meme la transition au typhus, sont mises par elle sur le compte de ]a maladie, dont souvent alors 1'allopathie ne peut triompher. En un mot, lors meme que le malade n'en rdchappe pas, elle croit s'8tre couduite en conformilA de l'adagc causam tolle, avoir accompli, pour parler son langage, tout cc qn'il dtait possible de faire pour le malade et n'avoir rien h se reprocher quant a l'issne. (1) Bien qu'il n'y ait pent-etre jamais une senle goutte de sang de trop dans le corps humain. vivant, P'ancienne ecole n'en regarde pas moins une pretendue phithore, ou surabondance de sang, comme ia cause mahirielle principale des inflammations, qu'elle doit corbattre par les saignees, les ventouses scarifiees et les sangsues. C'est lM cc qu'elle appelle agir d'une man"ire rationnelle, et diriger le traitement contre la cause. Elle va meme, dans les fievres inflammatoires generales, dans les pleurdsies aignu s, jusqu'a considdrer la lynphe coagalable qui existe dans le sang, ou cc qu'on appelle la couenne, comme la matiere peccante, et elle s'efforce d'en faire sortir le plus possible par des saigntees rditirees, quoiqu'iI ne soit pas rare de voir cette couennc devenir plus epaisse et plus dense "a chaque nouvelle 6mission sanguine. C'est de cette maniere que, quand la fihvre inflammatoire ne vent pas cider, elle verse souvent lc sang jusqn'an point de tuer presque le malade, afin de faire disparaitre la couenne on la pretendue pldthore, sans soup~onner que le sang enflammW n'est qu'un produit de la fi'vre aigni, de l'irritation intlammatoire morbide, immatdrielle on dynamique, que cette derniere est l'unique cause du grand orage qui a lieu dans le syste~me vasculaire, et qu'on pent la ddtruire avec une dose minime d'nn remide homceopathique, par exemple avec un globule de sucre imbibe de suc d'aconit au ddcillionheme degrd de dilution, en dvitant les acides vdgdtanx; de telle sorte que la plus violente fii'vre pleurdftiqne, avec tons les symptomes alarmants qni I'accompagnent, se trouve compldtement gutirie dans l'espace de vingt-quatre henres an plus, sans nulle emission sanguine, sans le moindre antiphiogistique, et qu'un peti de sang tird aloi-s de Ia veine, par forme d'expdrimentation, ne se couvre plus d'une conenne inflammatoire, taudis qu'nn antre malade, en tous points semblable, qni a e'td traitd d'apres Ia me~thode prdtendue rationnielle SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 19 dans les inflammations; comme un cel1bre praticien de 1'6cole de Paris recommande de la faire, croyant pouvoir de l'ancienne dcole, s'il ichappe 'a la mort, apris de nombreuses saigndes et des souffrances cruelles, languit souvent encore des mois entiers avant de pouvoir, amaigri et dpuisd, se tenir sur ses jambes; et que, dans beaucoup de cas, il succombe i une fibvre typheuse, ' une leucophlegmasie ou " une phthisie ulcereuse, suite frdquente d'un pareil traitement. Celui qui a touchd le pouls tranquille du sujet une heure avant le frisson qui pr'ciede toujours la pleurisie aigui, n'est pas maitre de sa surprise lorsque, deux heures apris, quand la chaleur s'est ddclarde, on cherche a lui persuader qu'une enorme pldthore alors existante rend necessaires des saigndes rditdrdes, et il se demande quel miracle a pu infuser les livres de sang dont on reclame l'dmission, dans les vaisseaux du malade, qu'il a vus deux heures auparavant battre d'un mouvement si calme. On ne peut cependant pas avoir dans ses veines une once de sang en sus de celui qui s'y trouvait deux heures auparavant lorsqu'on se portait bien! Ainsi, quand le partisan de la mrdecine allopathique pratique ses dmissions sanguines, ce n'est point un superflu de sang qu'il enlive au malade atteint de fieivre aigui, puisque ce liquide ne saurait jamais etre en excis; il le prive de la quantitd de sang normal et indispensable a la vie, au ritablissement de la santd, perte enorme qu'il n'est plus en son pouvoir de rdparer. Cependant il s'imagine avoir traitd d'apris l'axiome causam tolle, auquel il donne une si fausse interprdtation, tandis que la seule et vraie cause de la maladie dtait, non une surabondance de sang, qui n'a pas lieu rdellenient, mais une irritation inflammatoire dynamique du systeme sanguin, comme le prouve la gudrison qu'on obtient en pareil cas par I'administration d'une ou deux petites doses de sue d'aconit, qui est homoeopathique A cette fievre inflammatoire gdndrale. L'ancienne dcole ne se fait pas faute non plus d'imissions sanguines partielles, et surtout d'applications copieuses de sangsues, dans le traitement des inflammations dites locales selon la mdthode de Brous - sais. Le soulagement palliatif qui en rdsulte dans les premiers moments n'est point couronnd par une gudrison rapide et compllte loin de lh, la faiblesse el l'dtat valdtudinaire auxquels reste toujours en proie la partie qui a dtd traitde de cette manieire, souvent mteme aussi le reste du corps, ddmontrent assez combien on avait tort d'attribuer l'inflammation locale a une pldthore locale, et combien sont 20O COUP D OEIL guerir une maladie avec un nombre considerable de sangsues, quel que soit le lieu qu'elle occupe. Une foule de praticiens suivent cette routine comme des moutons. En agissant ainsi, elle croit obeir a des indications veritablement deduites de ]a cause et trailer les malades d'une manie~re rationnelle. Elle s'imangine e'galement, en liant un polype, extirpant une glande tume'fie"e, ou la faisant detruire par la suppuration de~termine~e au moyen d'irritants locaux, dissequant un kyste sti'atomateux ou meliceritique, operant un anevrysme, une fistule lacrymale ou une fistule "a l'anus, amputant un sein cance'reux ou un membre dont les os sont frappe~s de carie, etc., avoir gueri les maladies d'une maniere radicale, en avoir detruit Jes causes. Elle a la meme croyance quand elle fait usage de ses re~percussifs, et desse'che de vicux ulceres aux jambes par l'emploi des astringents, des oxydes de plomb, de cuivre et de zinc, associes, ii est vrai, "a des purgatifs, qui ne diminuent point le mal fondarnental, et ne font qu'affaiblir; quand elie cautknise, les chancres, detruit bocalement les fics et les verrues, et repousse la gale de la peau par les onguents de soufie, de plomb, de mercure ou de zinc; enfin quand elle fail disparaitre une ophlhalmie par des dissolutions de plomb tristes les rdsultats des emissions sanguines, tandis que cette irritation inflammatoire, d'apparence locale, qui est pureement dynamique, pent etre ddtruite d'une manicre prompte et durable par une petite dose d'aconit, ou, suivant les circonstances, de belladone, moyen a la faveur duquel ]a maladie se trouve guerie sans qu'on ait besoin de recourir A des saigndes que rien ne justifie (a). (a) En 1833, 6poque A. laquelle Hahnemann a publid sa derni~re ddition allemande de I'Organon, cette critique Mtait d'une rigoureuse exactitude. Mais les temps out chang6. Broussais est abaiidonn6; les 6vacuations sanguines ont perdu de leur crddit, sans que la therapeutique allopathique ait fait de grands progres. (Note du traducteur.) SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 21 et de zinc, et qu'elle chasse les douleurs des membres au moyen du baume Opodeldoch, des pommades ammoniacees ou des fumigations de cinabre et d'ambre. Dans tous ces cas, elle s'imagine avoir aneanti le mal et opere un traitement rationnel dirige contre la cause. Mais quelles sont les suites? Des formes nouvelles de maladies, qui se manifestent infailliblement, soit plus t6t, soit plus tard, qu'on donne, quand elles paraissent, pour des maladies nouvelles, et qui sont toujours plus facheuses que l'affection primitive, refutent assez hautement les theories de l'ecole. Elles devraient lui ouvrir les yeux, en prouvant que le mal a une nature immaterielle plus profondement cachee, que son origine est dynamique, et qu'il ne peut etre detruit que par une puissance dynamique. L'hypothese que l'ecole a gen6ralement pref6ree jusque dans les temps modernes, je pourrais meme dire jusqu'a ce jour, est celle des principes morbifiques et des acretes, qu'a la verite elle subtilisait beaucoup. De ces principes, il fallait dcbarrasser les vaisseaux sanguins et lymphatiques, par les organes urinaires ou les glandes salivaires; la poitrine, par les glandes tracheales et bronchiales; 1'estomac et le canal intestinal, par le vomissement et les d6jections alvines; sans quoi on ne se croyait point en droit de dire que le corps avait ete nettoye de la cause materielle excitant la maladie, et qu'on avait opere une cure radicale d'apres le principe tolle causam. En pratiquant a la peau des ouvertures que la presence habituelle d'un corps tranger convertissait en ulceres chroniques (cauteres, setons), elle s'imaginait soutirer la matiere peccante du corps, qui n'est jamais 22 COUP DpOEIL malade que dynamiquement, comme on fait sortir la lie d'un tonneau en le perqant avec un foret. Elle croyait aussi attirer les mauvaises humeurs au dehors par des v6sicatoires entretenus ~i perpetuitY. Mais tous ces proc6des, absurdes et contraires a la nature, ne faisaient qIu'affaiblir les malades et les rendre enfin incurables. Je conviens qu'il 6tait plus commode pour la faiblesse humaine de supposer, dans les maladies qui se presentaient a gu6rir, un principe morbifique dont l'esprit pouvait concevoir la mat6rialit6, d'autant mieux que les malades eux-memes se prstaient volontiers ~i une telle hypothbse. Effectivement, en l'admettant, on n'avait qu'ai s'occuper de faire prendre une quantit6' de m6dicaments suffisante pour purifier le sang et les humeurs, provoquer la sueur, faciliter l'expectoration, balayer l'estomac et l'intestin. Voila pourquoi toutes les matibres m6dicales qui ont paru depuis Dioscoride gardent un silence presque absolu sur l'action propre et sp6ciale de chaque medicament, et se bornent a dire, apreis avoir enumr6re ses vertus pretendues contre telle ou telle maladie nominale de la pathologie, qu'il sollicite les urines, la sueur, l'expectoration ou le flux menstruel, et surtout qu'il a la propriet6 de chasser par haut ou par bas le contenu du canal alimentaire, parce qu'en tout temps les efforts des praticiens ont eu pour tendance principale l'expulsion d'un principe morbifique materiel et de plusieurs Acret6s qu'ils se figuraient 6tre la cause des maladies. C' taient 1 de vains rkves, des suppositions gratuites, des hypotheses de'nuees de base, habilemnent imaginees pour la commodite de la th6rapeutique, qui se flattait d'avoir une tAche plus facile "a remplir quand il s'agirait SUR LA MfDECINE ALLOPATHIQUE. 23 pour elle de combattre des principes morbifiques mate"riels (si modo essent). Mais l'essence des maladies et leur guerison ne se plient point i nos reves et aux detsirs de notre paresse. Les maladies ne peuvent pas, pour complaire " nos folles hypothe'ses, cesser d' tre des aberrations dynamiques que noire vie spirituelle e'prouve dans sa manhere de senlir et d'ayir; c'est-d--dire des changements imnate'-- riels dans notre maniiere d' tre. Les causes de nos maladies ne sauraient tre materielles, puisque ]a moindre substance makerielle etrangere (1), quelque douce qu'elle nous paraisse, qu'on introduit dans les vaisseaux sanguins, est repoussee tout "a coup comme un poison par la force vitale, ou, si elle ne peut l'etre, occasionne la mort. Que le plus petit corps etranger vienne "as'insinuer dans nos parties sensibles, le principe do la vie qui est repandu partout dans notre inte'rieur n'a pas de repos jusqu'a' ce qu'il ait procure l'expulsion do ce corps par la douleur, la fievre, ]a suppuration ou la gangreine. Et dans une maladie de peau datant d'une vingtaine d'anne'es, ce principe vital, dont l'activitea est infatigable, souffrirait avec patience pendant vingt ans, dans nos humeurs, un principe exanthrniatique mate'riel, un virus dartreux, scrofuleux ou goutteux! Quel (1) La vie cessa tout " coup par l'injectiou d'un peu d'eau pure dans unw vcine (voyye: Mullen, dans Birch, History of royal Society, vol. IV). L'air atmosphi6rique introduit dans les veines a cause la mort (voyez J. H. YOIGT, Magasin fuer den neuesten Zustand der Naturkunde, t. Ill, p. 25; - Bulletin de l'Academie royale de medecine. Paris, 1837, t. II, pag. 182). Les liquides, meme les plus doux, portes dans les veines, ont mis ]a vie en danger (voyez AUTENRIET11, Physlologie, I1, ~ 784; - BURDACH, TraitM de physiologie. Paris, 1837, t. VI, p. 404). 24 COUP D IOEIL nosologiste a jamais vu aucun de ces principes morbifiques, dont ii parle avec tant d'assurance, et sur lesquels ii pretend construire un plan de conduite m'dicale? Qui jamais mettra sous les yeux de personne un principe goutteux, un virus scrofuleux? Lors meme que l'application d'une substance mate"rielle "a la peau, ou son introduction dans une plaie, a propag6 des maladies par infection, qui pourrait prouver que, comme on l'affirre si souvent dans nos pathogene& sies, la moindre parcelle makerielle de cette substance penintre dans nos humeurs ou se trouve absorbee (1)? On a beau se layer les parties genitales avec le plus grand soin et le plus promptement possible, cette precaution ue garanfit pas de la maladie chancreuse vene'rienne. II suffit d'un faible souffle qui s''chappe d'un homme atteint de la variole pour produire cette redoutable maladie chez 1'enfant bien portant. Combien en poids doit-il pe'ne'trer ainsi de ce principe mate'riel dans les humeurs pour produire, dans le premier cas, une naladie (la syphilis) qui, "a defaut de trailement, durera jusqu'au terme le plus recul6' de la vie, ne s'deeindra qu'a la mort, et, dans le second, une affection (la variole) qui fait souvent pe~rir avec rapidit6 au milieu d'une suppuration presque gene'rale (2)? Est-il (1) Une petite fille de buit ans ayant dte mordue par un chien enrage h Glasgow, un chirurgien excisa sur-le-champ la paitie entiire sur laquelle avait porh I'actior des dents, ce qui n'empecha pas F'enfant d'avoir, trente-six jours apre's, la rage, dont elle mourut au bout de deux jours. (Med. comment. of Edinb., dec. 2, vol. 1I, 1793.) (2) Pour expliquer la production de la quantite souvent si ConSiddrable de matieres f~cales putrides et d'ichor ulcgreux qui a lieu dans les maladies, et pouvoir reprdsenter ces substances comme 5tant la cause qui provoque et entretientt I'etat moibide, quoiqu'au moment SUR LA MWDECINE ALLOPATHIQUE. 25 possible d'admnetre, dans ces deux circonstances et autres analogues, un principe morbifique materiel qui ait pass6 dans le sang? On a vu souvent des lettres ecrites dans la chambre d'un malade communiquer la m me maladie miasmatique a celui qui les lisait. Peut-on songer alors "a quelque chose de materiel qui penetre dans les humeurs? Mais a quoi bon toutes ces preuves? Combien de fois n'a-t-on pas vu des propos offensants occasionner une fievre bilieuse qui mettait ]a vie en danger, une indiscrete proph6tie causer la mort a l'epoque predite, et une surprise agreable ou desagreable suspendre subitement le cours de la vie? Oit est alors le principe morbifique materiel qui s'est glisse en substance dans le corps, qui a produit la maladie, qui 1'entretient, et sans I'expulsion matlrielle duquel, par des medicaments, toute cure radicale serait impossible? de l'infection rien de materiel n'ait dtI vu pendtrer dans le corps, on a imaginid une autre hypothdse consistant ' admettre que certains principes contagicux tres-subtils agissent dans le corps comme des ferments, amdnent les humeurs au m me degrd de corruption qu'eux, et les convertissent de cette manidre en un ferment semblable h euxmemes, qui entretient et alimente la maladie. Mais, par quelles tisanes ddpuratives espdrait-on done de pouvoir ddbarrasser le corps d'un ferment qui renaissait sans cesse, et le chasser si completement de la masse des humeurs, qu'il n'en restAt pas meme la moindre parcelle, laquelle, dans l'hypothbse admise, aurait diu corrompre encore ces humeurs, et reproduiire, comme prdcddemment, de nouveaux principes morbifiques? 11 serait done impossible de jamais gudrir ces maladies " la manidre de l'dcole! On voit A quelles grossieres inconsequences menent les hypothdses meme les plus subtiles, quand elles reposent sur l'enreur. La syphilis la mieux coniistitude, aprBs qu'on a dcartd la psore qui la complique souvent, gudrit sous l'influence d'une on deux tids-petites doses de la trentieme dilution du nmercure metallique, et I'altdration syphilitique gdndrale des humeurs se trouve ainsi andantie pour toujours, d'une maniere dynamique. 26 COUP D'OEIL Les partisans d'une hypothise aussi grossi"re que celle des principes morbifiques devraient rougir de meconnaitre a ce point la nature immaterielle de notre vie et le pouvoir dynamique des causes qui font naitre des maladies, et de se rabaisser ainsi au r61le ignoble de gens qui, dans leurs vains efforts pour balayer des matieres peccantes dont l'existence est une chimere, tuent les malades au lieu de les guerir. Les crachats, souvent si d6gofitants, qu'on observe dans les maladies, seraient-ils done precis6ment la mati"re qui les engendre et les entretient (1)? Ne sont-ils pas plut6t toujours des produits de la maladie, c'est-d-- dire du trouble purement dynamique que la vie a dprouve? Avec ces fausses idees materielles sur l'origine et l'essence des maladies, il n'est pas surprenant que, dans tons les temps, les petits comme les grands praticiens, et mime les inventeurs des systemes les plus sublimes, n'aient eu pour but principal que l'61imination et l'expulsion d'une pr6tendue matiere morbifique, et que l'indication le plus fr6quemment 6tablie ait 6te celle d'inciser cette matiere, de la rendre mobile, de procurer sa sortie par la salive, les crachats, la sueur et l'urine, de purifier le sang par l'action intelligente des tisanes, de le debarrasser ainsi d'acretes et d'impuretes qui n'y existerent jamais, de soutirer m&caniquement le principe imaginaire de la maladie par des setons, des cauteres, des v6sicatoires permanents, mais principalement de faire sortir la matidrepeccante, comme on la nomme, par le ca(I) S'il en etait ainsi, il suffirait de se bien moucher pour gudrir infailliblement et rapidement tout coryza quelconque, meme le plus inveiterd. SUR LA MtIDECINE ALLOPATHIQUE. 27 nal intestinal, au moyen de laxatifs et de purgatifs, decores du litre d'aperitifs et de dissolvants, afin de leur donner plus d'importance et des dehors plus imposants. Ces efforts d'expulsion d'une matiere morbifique capable d'engendrer et d'entretenir les maladies, devaient nDcessairement echouer; l'organisme vivant etant sous la d6pendance d'un principe vital immateriel, et la maladie n'etant qu'un desaccord dynamique de cette puissance sous le rapport de ses sensations et de ses actes. Maintenant si nous admettons, ce dont il n'est pas permis de douter, qu'a l'exceptien des maladies provoquees par l'introduction de substances tout a fait indigestes ou nuisibles dans les organes digestifs ou autres visceres creux, par la p6netration de corps etrangers a travers la peau, etc., il n'en existe aucune qui ait pour cause un principe materiel, que toutes, au contraire, elles sont uniquement et toujours le resultat special d'une alteration virtuelle et dynamique de la sante, combien les methodes de traitement qui ont pour base l'expulsion (1) de (1) L'expulsion des vers a quelque apparence de necessite dans les maladies dites vermineuses. On trouve des lombrics chez quelques enfants et des ascarides chez un grand nombre. Mais ces parasites dependent d'une affection gendrale (psore), liee A un genre de vie insalubre. Qu'on ameliore le rigime et qu'on guerisse homoeopathiquement la psore, ce qui est plus facile a cet Age qu'a toute autre dpoque de la vie, il ne reste plus de vers, et les enfants n'en sont plus incommodes, tandis qu'on les voit promptement reparailre en foule aprds l'usage des seuls purgatifs, meme associes au semen-contra. Mais, dira-t-on, il ne faut assurement rien negliger afin de chasser du corps le ver solitaire, ce monstre cree pour le tourment du genre humain. Oui, on fait quelquefois sortir le teenia. Mais, au prix de quelles souffrances consecutives et de quels dangers pour la vie! Je ne voudrais point avoir sur la conscience la mort de tous ceux qui ont du succomber a la violence des purgatifs diriges contre ce ver, et les 28 COUP D'OEIL ce principe imaginaire doivent-elles paraitre mauvaises "t l'homme sense, puisqu'il n'en peut rien resulter de bon dans les principales maladies de I'homme, les chroniques, et qu'au contraire elles nuisent toujours enorm6ment? anndes de langueur qu'ont trainees ceux qui etchappaient A la mort. Et combien de fois encore n'arrive-t-il pas qu'apres avoir rdptl( pendant plusieurs anneies de suite ces purgations destructives de la sante et de la vie, l'animal ne sort point ou se reproduit! Que serait-ce donc s'il n'y avait pas la moindre ndcessitd de chercher ai l'expulscr et i le tuer par des moyens violents et cruels, qui mettent souvent les jours du malade en danger? Les diverses espices de taenias ne se trouvent que chez les sujets psoriques, et disparaissent toujours quand la psore est guerie. Jusqu'au moment de la gudrison, ils vivent, sans trop incommoder l'homme, non pas immddiatement dans les intestins, mais dans le residu des aliments, oh, plongets comme dans un monde a eux propre, ils restent tranquilles et rencontrent ce qui est ndicessaire A leur nutrition. Tant que dure cetl tat de choses, ils ne touchent pas aux parois des intestins, et ne causent aucun dommage a celui dont le corps les reckile. Mais dis qu'une maladie aiguei quelconque s'empare du sujet, le contenu des intestins devient insupportable i l'animal, qui se tortille, irrite les patois sensibles du tube alimentaire, et excite une cspitce de colique spasmodique, qui ne contribue pas peu & accroitre les souffrances du malade. De meme, l'cnfant ne s'agite et ne se remue dans la matrice que quand la mere est malade, et il reste tranquille dans l'eau au milieu de laquelle il nage, tant que celle-ci se porte bien. 11 est digne de remarque que les sympt6mes observes " cette dpoque chez les personnes qui portent un ver solitaire, sont de nature telle que la teinture de fougere mitle, a la dose la plus exigui, en procure rapideinent 1'extinction d'une maniire homceopathique, parce qu'elle fait cesser ce qui, dans la maladie, causait l'agitation du parasite. L'animal, se trouvant ddsormais a son aise, continue i vivre tranquillement dans les matieires intestinales, sans incommoder le malade d'une maniire bien sensible, jusqu'h ce que le traitementantipsorique soit assez avaned pour que le ver ne rencontre plus, dans le contenu du canal intestinal, les substances propres A lui servir de nourriture, et qu'il disparaisse de lui-meme pour toujours quand le malade est gut'ri, sans que le moindre purgatif soit nicessaire (Voyez Fn. HAnTMANN, Therapeutique homneopalhique des maladies des enfants. Pat is, 1853, p. 279 et suiv.). SUR LA MgDECINE ALLOPATHIQUE. 29 Les matie'res degene'rees et les impurete~s qui deviennent visibles dans les maladies, ne sont autre chose, personne n'en disconviendra, que des produits de la maladie, dont 1'organisme sait se de~barrasser, d'une maniere parfois trop violente, sans le secours de la me'decine e~vacuante, et qui renaissent aussi longtemps que dure ]a maladie. Ces matieres s'offrent souvent au vrai me'decin comme des symptomes morbides, ct 1'aident "a tracer le tableau de la maladie,' dont ii se sert ensuite pour chercher un agent me"dicina1 homoeopathique propre a guerir celle-ci. Mais les partisans actuels de 1'ancienne 'cole ne veulent plus &tre regardes comme ayant pour but, dans leurs traitements, d'expulser des principes morbiriques materiels. Ils donnent aux evacuations nombreuses et variees qu'ils emploient le nou de me"thode de'rivative, et pre'tendent ne faire en cela qu'imiter la nature de l'organisme malade, qui, dans ses efforts pour rd~tablir la sante, juge la fie'vre par la sucur et l'urine; la pleuresie par le saignement de nez, des sueurs et des crachats muqueux; d'autres maladies par le vorissement, la diarrhe~e ci le flux de sang; les douleurs articulaires par des ulcerations aux jambes; l'angine par la salivation ou par des metastases et des abc's qu'elle fail naitre dans des parties A~loignees du shcge du tral. D'apre~s cela, us croicnt n'avoir rien de micux " faire qlu'h imiter la nature, et prennent des voies detourne'es dans le traitement de la plupart des maladies. Aussi, marchant sur les traces de ]a force vitale malade abandonn~e IN elle-mme, procAdent-ils d'une maniere indirecie (1) (1) Au lieu d'eteindre le mal promptement, sans deJai et sans epuiser les forces, comme fait l'homaeopathie, a l'aide de puissances 30 COUP D OEIL en appliquant des irritations heterogenes plus fortes sur des parties dloignees du siege de la maladie, et provoquant, ordinairement m&me, entretenant des evacuations par les organes qui diffirent le plus des tissus affectes, afin de detourner en quelque sorte le mal vers cette nouvelle localitk. Cette derivation a t e' t est encore une des principales methodes curatives de l'dcole re'gnante jusqu'd ce jour. En imitant ainsi la nature medicatrice, suivant l'expression employee par d'autres, ils cherchent " exciter violemment, dans les parties qui sont les moins malades et qui peuvent le mieux supporter la maladie medicamenteuse, des symptomes nouveaux qui, sous l'apparence de crises et la forme d'6vacuationrs, doivent, suivant eux, deriver la maladie primitive (1), afin qu'il soit permis aux forces m'dicatrices de la nature d'op6rer peu a peu la resolution (2). m'dicinales dynamiques dirigies contre les points malades de l'organisme. (1) Comme si l'on pouvait ddriver quelque chose d'immatdriel! Ainsi, c'est pour ainsi dire une matiere morbifique, quelque subtile d'ailleurs qu'on la suppose. (2) Les maladies mddiocremnentaiguis sont les seules qui aient coutume de se terminer d'une maniere paisible quand elles ont atteint le terme de leur cours naturel, soit qu'on emploie des remiedes allopathiques qui n'aient pas trop d'dnergie, soit qu'on s'abstienne de tout moyen semblable. La force vitale, en se ranimant, substitue alors pen A pen l'dtat normal " l'dtat anormal, qui s'est affaibli graduellement. Mais, dans les maladies fort aiguiis et dans les chroniques, qui forment l'immense majoritd de celles auxquelles l'homme est sujet, cette ressource manque tant a la grossiiere nature qu'I l'ancienne dcole: Il, les efforts spontands de la force vitale et les procddds imitatifs de I'allopathie sont impuissants pour amener une rdsolution; tout au plus peut-il en resulter une trove de courte durde, pendant laquelle SUR LA M1WDECINE ALLOPATHIQUE. 3t Les moyens dont uls se servent pour parvenir " ce but sont l'emploi de substances qui poussent "a a sueur et aux urines, les emissions sanguines, les setons et cauteres, mais de preffrence les irritants du canal alimentaire propres "a determiner des evacuations, soit par le haut, soit par le has, irritants dont les derniers ont aussi recu les noms d'aperitifs et de dissolvants (1). Au secours de cette methode derivative on en appelle une autre qui a beaucoup d'affinite avec elle, et qui consiste "a mettre en usage des irritants antagonistesl: es tissus de laine sur la peau, les bains de pieds, les iiauseabonds, les tourments de la faim imposes "i l'estorac et au canal intestinal, les moyens qui excitent de la douleur, de l'inflammation et de la suppuration dans des parties voisines ou eloignees, comme les sinapismes, les ve"icatoires, le garou, les setons, les caut res, la pommade d'Autenrieth, le moxa, le fer rouge, ]'acupuncture, etc. En cela, on suit encore les traces de la grossieere nature, qui, livree " elle-meme, cherche 'a se debarrasser de la maladie dynamique par des douleurs qu'elle fait naitre dans des regions Aloigne~es du corps, par des metastases et des abces, par des eruptions cutanees ou des ulce'res suppurants, et dont tous les efforts 'a cet egard sont inutiles quand ii s'agit d'une affection chronique. Ce n'est donc point un calcul raisonn6, mais seulement une indolente imitation qui a mis l'ancienne ecole sur la voie de ces mdthodes indirectes, tant derivative qu'antagoniste, et l'a conduite " des proc~des si peu l'ennemi reunit ses forces, pour reparaitre tot ou tard plus terrible que jamais. (t) Cette expression annonce aussi qu'on supposait cependant la pretsence d'une matiere morbifique " dissoudre et 'a expulser. 32 COUP D9OEIL efficaces, si affaiblissants et si nuisibles, dans le but d'apaiser ou d'6carter les maladies pendant quelque temps, mais en substituant un mal plus facheux "a l'ancien. Un pareil r6sultat peut-il done 6tre appel6 gu6rison? La medecine ordinaire regardait les moyens que la nature de l'organisme emploie pour se soulager, chez les malades qui ne font usage d'aucun m6dicament, comme des modbles parfaits a imiter. Mais elle se trompait beaucoup. Les efforts mis6rables et extremement incomplets que la force vitale fait pour se porter secours a soi-merme dans les maladies aigues, sontun spectacle qui doit exciter l'homme a ne pas se contenter d'une sterile compassion et h d6ployer toutes les ressources de son intelligence, afin de mettre un terme, par une guerison reelle, a ces tourments que s'impose elle-meme la nature. Si la force vitale ne pett point guerir homoeopathiquement une maladie d6ja existanto dans l'organisme par la provocation d'une autre maladie nouvelle et semblable a celle-ci (~~ 43-46), ce qui en effet est bien rarement a sa disposition (~ 50), et si l'organisme, priv6 de tous les secours du dehors, reste seul charge de triompher d'une maladie qui vient d'd'clater (sa resistance est tout a fait impuissante dans les affections chroniques), nous ne voyons qu'efforts douloureux et souvent dangereux pour sauver le malade a quelque prix que ce soit, efforts dont il n'est par rare que la mort soit le resultat. N'apercevant point ce qui se passe dans l'economie, chez l'homme bien portant, le cr6ateur de toutes choses ayant soustrait une semblable notion a ses creatures, nous ne pouvons pas voir davantage ce qui s'y opere quand la vie est troublhe. Les operations qui ont lieu SUR LA MtDECINE ALLOPATHIQUE. 33 dans les maladies ne s'annoncent que par les changements perceptibles, par les symptomes, au moyen desquels seuls notre organisme peut exprimer les troubles survenus dans son interieur, de sorte que, dans chaque cas donne, nous n'apprenons meme pas quels sont, parmi les symptomes, ceux qui sont dus a l'action primitive de la maladie et ceux qui out pour origine les reactions au moyen desquelles la force vitale cherche a se tirer du danger. Les uns et les autres se confondent ensemble sous nos yeux, et ne nous offrent qu'une image reflechie au dehors de tout l'ensemble du mal interieur, puisque les efforts infructlueux par lesquels la vie abandonnee a elle-meme cherche a faire cesser la maladie sont aussi des souffrances de l'organisme tout entier. Voila pourquoi les evacuations que la nature excite ordinairement a la fin des maladies dont l'invasion a ete brusque, et que l'on appelle crises, font souvent plus de mal que de bien. Ce que la force vitale fait dans ces prltendues crises et la maniere dont elle l'accomplit, sont des mystcres pour nous, aussi bien que tous les actes interieurs qui ont lieu dans l'economie organique de la vie. Ce qui est certain, cependant, c'est que, dans le cours de ces efforts, il y a plus ou moins des parties souffrantes qui se trouve sacrifie pour sauver le reste. Ces operations de la force vitale combattant une maladie aigue uniquement d'apres les lois de la constitution organique du corps, et non d'apres les inspirations d'une pensee reflechie, ne sont, la plupart du temps, qu'une sorte d'allopathie. Afin de debarrasser, par une crise, les organes primitivement affectes, elle augmente l'activite des organes secretoires, vers lesquels derive ainsi l'affection des 3 34 4:0UP 1) (AAL premiers; 1isrvei1 iv'tissemients, des diarrhe~es, des flux d'urine, des s-1CurIs, des abce's, etc., et ]a force naerveuse, attaqu& d (IN i imimpei Iitent, cherche en quelque sorte 'a se de~chargei -t pardes pIodis aIls La nature de l'Inuiie, ibuidonn~e it' elle-menie, lie peut se sauver des miohdu14s aigue-s que par la destruction et le sacrifice dl'tinc- parfick de l'org-anisme mrnle, et si la mort ne s'viisuitpas,. i'armionie de la vie et de0 la sante" ne peut s(-,. f-hpiq doIdune mani~re lenle et incompl ete. La grande faihic~s,-: -- lon sorganes qui ont CAti exposes aux, atteintes dIi u and ie't mke le corps eiitice restent atteints apis ret Ic giiison spontane~e, Ia rmaigreur, etc., prouveiti.;-e e SUR LA MWDECI[NE ALLOPATHIQUE. 35 tit6 de matiere osseuse qu'elle fasse 'pancher, pour redresser et affronter les deux houts de l'os; qui, ne sachant pas lier une artere blessee, laisse un homme plein do vie et de force succomber a la perte de tout son sang; qui ignore l'art de ramener a sa situation normale la tite d'un os deplacec par l'effet d'une luxation, et rend meme en Irds-pen de temps la rdduction impossible C la chirurgie par le gonflement qu'elle excite dans les alentours; qul, pour so ddbarrasser d'un corps etranger violemment introduit dans la cornee transparente, detruit l'acil entier par la suppuration; qui, dans une hernie Aftranglde, ne sait briser l'obstacle que par la gangrene et la mort; qui, enfin, daniis les maladies dynamiques, rend souvenct par les changements de forme qu'elle leur imprime, la position du malade beaucoup plus ficheuse qui'elle no l'etait auparavant. 11 y a plus encore cette force vitale non intelligente admet sans hesitation dans le corps les plus grands fliaux de notre existence terrestre, les sources d'innombrables maladies qui affligent I'espdce humaine depuis des sidcles, c'est-a-dire les miasines chroniques, la psore, la syphilis et la sycose. Bien loin de pouvoir d(ebarrasser l'organisme d'un seul de ces miasmes, elle n'a pas mime la puissance de l'adoucir; elle le laisse au contraire exercer tranquillement ses ravages jusqiiU'( cc que 1la mort vienne fermer lCs youx du malade, sonvent apris de loiigues et tristes annees de souffrances. Comment I'ancienne o cole, qui se dit rationnelle, a-t-elle pu, dans une chose aussi imporlante que la guerison, dans uine euvre qui exige tant de miditation et de jugement, prendre cette aveugle force vitale pour son institutrice, pour son guide unique, imtiter sans reflexion les 36 COUP D 7OEI actes indirects et revolutionnaires qu'elle accomplit dans les maladies, la suivre enfin comme le meilleur et le plus parfait des modeiles, landis que la raison, ce don magrnifique de la Divinite, nous a e~te' accorde~e pour pouvoir surpasser la force vitale dans les secours ' porter "a nos semblables? Lorsque ]a m~decine dominante, appliquant ainsi, comme elle acoutume de le faire, ses methodes antagoniste et derivative, qui reposent uniquement sur une imitation irre'fle~chie de 1'e~nergie grossiere, automatique et sans intelligence qu'elle volt deployer 'i ]a vie, attaque des organes innocents, et leur inflige des douleurs plus aigues que celles de ]a maladie contre laquelle elles sont dirigees, ou, ce qui arrive ]a plupart du tenips, les oblige " des e'vacuations qui dissipent en pure perte les forces et les humeurs, son but est de ddttouriier, vers la partie qu'elle irrite, I'activite morbide que la vie de'ployait dans les organes priritivoment affocte~s, et ainsi de deraciner violemmont la maladie naturelle, en provoquant une maladie plus forte, d'une autre espe~ce, sur un point qui avait 6't6 menage' jusqu'alors, c'est-a-dire en se servant de moyens indirects et de~tournes qui puisent les forces et entrainent la plupart du temps do la douleur (1). (1) L'expdriencejournali"rc montre combien cette manoeuvre r~ussit pcu dans les maladies chroniques. C'est dans le plus petit nombre des cas qu'a lieu la gue'rison. Mais oserait-on se vanter d'avoir remportd une victoire si, au lieu d'attaquer son ennemi en face et A armes tgales, et de terminer le diffdrend par sa mort, on se bornait i incendici le pays derriisre lui, a lui couper toute retraite, A tout detruire autour de lui? On reussit lien, par de tels moyens, A briser le courage de son adversaire; mais on n'atteint point au but pour cela; l'ennemi n'est pas aneanti, ii est encore IA, et quand ii aura pu ravitail SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 37 11 est vrai que, par ces fausses attaques, la maladie, quand elle est aigu&, et que par consequent son cours ne peut Atre de longue duree, se transporte sur des parties dloignies et non semblables a celles qu'elle occupait d'abord; mais elle n'est point guerie. Ii n'y a rien dans cc traitement revolutionnaire qui se rapporte d'une maniere directe et immediate aux organesprimitivenment malades, et qui nmerite le titre de guerison. Si 1'on s'6tait abstenu de ces atteintes fAicheuses portles a la vie du reste de l'organisme, on aurait souvent vu la maladie aigu6 se dissiper seule, d'une maniere meme plus rapide, en laissant moins de soufifrances apris elle, en causant un moindre epuisement des forces. On ne peut d'ailleurs mettre ni le proeed' suivi par la grossi"re nature, ni sa copie allopathique, en parallele avec le traitement homoeopathique, direct et dynamique, qui, menageant les forces, 6teint la maladie d'une mani"re immediate et rapide. Mais, dans l'immense majorit6 des maladies, dans les affections chroniques,ces traitements perturbateurs, debilitants et indirects de l'ancienne &cole ne produisent presque jamais aucun bien. Leur effet se borne a suspendre pour un petit nombre de jours tel ou tel symptime incommode, qui revient aussit6t que la nature s'est accoutumbe a l'irritation eloigneie; la maladie renait plus ficheuse, ler ses magasins, ii redressera de nouveau la tite, plus farouche qu'il n'dtait auparavant. L'ennemi, dis-je, n'est point andanti, mais le pauvre pays, tout innocent qu'il est de la querelle, est tellement ruind, qu'il ne pourra s'en relever de longtemps. Voila ce qui arrive a I'allopathie, dans les maladies chroniques, lorsque, sans gudrir la maladie, elle ruine et ddtruit 1'organisme par des attaques indirectes contre d'innocents organes dloignds du sidge de cette dernibre. Voila les rdsultats, dont elle n'a pas sujet de tirer vanitd. 38 COUP D OEIL parce que les douleurs antagonistes (1) et d'imprudentes evacuations out affaibli l''nergie de la force vitale. Tandis que la plupart des allopathistes, imitant d'une mani"re gen6rale les efforts salutaires de la grossiere nature livree i ses propres ressources, introduisaient ainsi dans la pratique ces derivations soi-disant utiles, que chacun variait au gre des indications sucggyrees par ses propres idees, d'autres, visant a un but plus ('eve encore, favorisaicnt de tlout leurpouvoir la tendance que la force vitale montre, dans les maladies, a se cdhbarrasser par des evicuations et cs mtlastases anlagonises, cherchaient en quelque sorte a la soutenir en activant ces ddrivations et ces evacuations, et s'imaginaient pouvoir d'apras cette conduite s'arroger le titre de minisires de la nature. Commne it arrive asset souvent, dans les maladies chroniques, que les 3vacuations provoquees par la nature procurent quelque peu de soulagement dans des cas de douleurs aigues, de paralysies, de spasmes, etc., I'ancienne &cole simagina que le vrai inoyen de oguirir les nmaladies, I1ait do favoriser, d'entretenir ou mmC d'augmenter ces eivacuations. Mais elle ne s'aperyut pas que toutes ces pretendues &vacuations critiques produites par (1) Quel r'sultat favorable out jamnais ou ccs cautilrcs si souvent employds, qui rdpandent au loin leur odeur? Si, dans les prcmiers quinze jours, tant qu'ils ne causent point encore beaucoup de douleurs, ils semblent, par antagonisme, diminuer I gerement une maladie chronique, plus tard, quand le corps s'est habitue 'i la douleur,. ils n'ont plus d'autre effet que d'affaiblir le malade et d'ouvrir ainsi un champ plus vaste h l'affection chronique. Sc trouverait-il done encore, an xIxe simcle, des mddecins qui regarderaicent ces exutoires comme des dgouts par lesquels s'dchappe la matiere peccante? On serait presque tentd de le croire. SUR LA MEDINI. \lls,1PA'1'THIQUE. 39 la nature abandonnco l itlle-.nue ne procurent dans les maladies chroniques (qii mu i lag ement palliatif et de courte durie, et que, loin d4 vintrihuer ai ia veritable gurisonu elles aggraventi iii ciint;ir le mai-ntl intPrieur primitif, par la consommation p Wel" s f ont des forces et des humeuirs. Jamais on n'v - Ic drcirils efforts d'une nalure grossiere procurer Ic I: ibliss v '8li.t: dural)le d'un malade; jamnais ces 6vacuatiiovs c\ijl par l'organisme (1) n'int gueri de maldadic hromniwi1e. Au contraire, dans lous les cas de cc genre, on \oil f. pes nune courte am6 -lioralion, dont la durne vi ta.; jottrs eat diminuant, l'affection primitive s'nggravawr rNnifestilent, et les ace(s jrevenir plus frequcnts e. pl.us Iorso. quoique les evacualions n e discontinUent poiuil. Di mim1e1, (quand la nature, hnrldonnec i s"sCS propres < ns dans les affections chroniques internes qui lcoupI'oacttlnt la vie, no sait se porter secours q(u'en prooui t o' apjparition d e sympt6ines locaux exiernes, JiM d lh t tonrjner le danger des organes 'indis pensablos It 1 xi (1e, 1n le reportant par mittasiaso suin ceux jui M\ 1b sI p;ts,ces efforts d'une force vilale en rique, ll;is san ittelligence, sins r6 -flexion, sans pr1voyanco, it iil Missnt h rien moins qu in un amendmontiW rdel,;';I; ga i'son; cc ne sont que des palliations, de courtes atspsahio1s imposies la lmaladie interne, aux (lpeps 'att' w.grande partie des humineurs et des forces, s(ans qt. 1' llcion primnitive ait rien perdu do sa gravitel. Ils patival, 1to1t inu plus, sans le concours d'uin veritable trailoement hoarnropathique, retarder hia mort, qui est ine vitIable. (1) Les.rvacuations provor1ti- i) om 1'&rt xie l'ont jamais fait non plus. 40 COUP D 9OEIL L'allopathie de 1'ancienne e~cole, non contente d'exagerer beaucoup les efforts de la grossiiere nature, en doiinait une tres-fausse interpretation. S'imaginant "a tort qu'ils sont vraiment salutaires, elle cherchait i les favoriser, a leur donner un plus grand de~veloppement, dans 1'espoir de parvenir ainsi a detruire le mal lout entier et "a procurer une guerison radicale. Lorsque, dams une maladie chronique, la force vitale paraissait amender tel ou tel sy.nptme fAcheux de l'e~tat interieur, par exemple au noyen d'un cxantheme huride, alors le soi-disant ruinistre de la nature appliquait un epispastique ou tout autre exutoire sur la surface suppurante qui s'3~tait e'tabhe, pour tirer de la peau une quantite6 d'humeur plus grande encore, et aider ainsi la nature "t gaurir en e'loignant du corps le principe morbifique. Mais taut6t, quand l'action du moyen etait trop violeute, la dartre deja ancienne, et le sujet trop irritable, 1'affection externe auginentait beaucoup, sans profit pour le mal prirnitif, et les douleurs, devenues plus vives, ravissaient le sommeil au malade, diminuaient ses forces, souveut meinie de" terminaient l'apparition d'un e"rysipd'e fievreux de inauvais caractetre; tant 61, lorsque le rernede agissait avec plus de douceur sur l'atfection locale, encore recente peut-etre, il exercait une sorte (l'honceopathisme externe sur lc sympttme local que la nature avait fait naitre 'a la peau pour solager I'affection interne, renouvelait ainsi cette derniere, a laquelle se rattachait un plus gr-and danger, et exposait la force vitale, par cette suppression du sympt(6me local, a en provoquer de plus fdcheux sur quelque partie noble. It survenait en remplacement une ophthalmic redoutable, Ia surdite', des spasres d'estomac, des convulsions e~piteptiques, des acces de suffocation, SUR LA MIiDECINE ALLOPATHIQUE. 41 des attaques d'apoplexie, des maladies mentales, etc. (1). La m me pretention d'aider la force vitale dans ses efforts curatifs, portait le ministre de la nature, quand la maladie faisait affluer le sang dans les veines du rectum ou de l'anus (hemorrhoides borgnes), a recourir aux applications de sangsues, souvent en grand nombre, afin d'ouvrir une issue au sang de ce cote. L'emission sanguine procurait un court amendement, quelquefois trop leger pour meriter qu'on en parlat; mais elle affaiblissait le corps, et donnait lieu a une congestion plus forte encore vers l'extremitie du canal intestinal, sans apporter la moindre diminution au mal primitif. Dans presque tous les cas oil la force vitale malade cherchaitl a vacuer un peu de sang par le vomissement, I'expectoration, etc., afin de diminuer la gravite d'une affection interne dangereuse, on s'empressait de preter main-forte a ces pretendus efforts salutaires de la nature, et on tirait du sang de la veine en abondance; ce qui n'etait jamais sans inconvenient par la suite, et affaiblissait manifestement le corps. Lorsqu'un malade etait sujet a de frequentes nausees, sous pretexte d'entrer dans les vues de la nature, on lui prodiguait des vomitifs, qui jamais ne faisaient de bien, mais souvent entrainaient des suites fAcheuses, des accidents graves, la mort meme. Quelquefois la force vitale, pour apaiser un peu le mal interne, provoque des engorgements froids dans les glandes exterieures. Le ministre de la nature croit bien servir sa divinite en amenant ces tumeurs a suppuration par (1) Cc sont la les suites naturelles de la suppression des symptomes locaux dont il s'agit, suites que le m6decin allopathiste regarde souvent comme des maladies tout a fait difflrentes et nouvelles. 42 COUP D'OEIL toulos sorlos do frictions et d'applications ecliaulfaittes, lpour ensuite plongorer instrumenltIranchant dans l'abcc"_' parvenu ai maturite', et faire ecoulor la rnaie~ro peccante an dohors. Mais l'oxpe~rience a mille ctinmule fois appris (luols sont los inaux. mtert-ninalbles (jtll, prosquc sans ox.ception, re"sultent do cette pratique. Commo l'allopathiste a -vu souivent do grandes souffrances etre un pen sonlag(,ls, dans los maladies chironiquos, par~ des sneurs nocturnes survenues sponh aw",ment on par certaines d'.ections naturcl les de rnatiu1res liquides, iA so croit qppele` a suivre cos indications do la natuire; 11 l)0fl5 meniicdov'ow seconider le trav~ail de ]a nature., eosta-dire dc la force vitale nimteliigonte, Onlprescrivant, (lans tonics los nmaladies chroniquos, un traitoment sudorifique complot, on l'usagioe continn6 ',Pendant plusiours ann~o do cc qu'il appello (esloJaxalifs doux, (Afm.de delbarrassor plus si8 rement lo alaclodo l':Affction qpii lctourmonte. 1'iais cello conduite do sa part n'a jamaiis qu'uu re'sultal con traire, c'est-ai-dire (ju' ci taoyaggrao toujours la-m~aladie primitive. C"eclant "a l'ompiro do cello opinion q.1it'i(a embrasseeC sans examen, malg're' SOnd6'Ihul absoin do foindemont. l'all1opatliiste continuo "a seconder (1) los efforts do ]a (1) 11 Wfest pas rare, cependlant, que 'ancienne C~COlO so permeo.,: une marchie iniverse, c'est-h'-dire que, quand les efforts de la forcu. v'italc tendait 'a soulager le, mal inturne par des 6vacuations on par' la pro-vocation de syrnptornes locaux "a 1'cxtedrieur, portent 6výiderynment prdjudice au malade, elle d6ploie contr-e eux tout 1'appareil de ses repercussifs: qu'ainsi cite combatte les doulcurs chroniqites, t'insounnie et les diarrhe'es anciennes, par P'opiuni h fortes dloses, Ie Vomissernent par des potions ef'1ervescentes, les sucurs f6tides des pieds par des pddiluves froids et des fomentations astringentes, les exanthe'mes par des pre'parations dle piomb et (de zinc, les h~morrhagfies ute'rines par des injections de Yinaigre, les sueurs coliqnatives par le SUR LA MIDECINE ALLOPATfIQUE. p ' force vitale malade, a exag6rer meme les derivations c! &racuations, qui no conduisent jamais au but, mais biien a la ruine des n-malades, sans s'apercevoir ique toutes los affections locales, &vacuations et apparentes derivations. qui sont des effets provoqu6s et entretenus par ]a force vitale abandonnee a ses propres ressources afin de soulager on peu la malaclie primitive, font elles-min mes parltic de F'ensemble des symptimes de la nialadie, contre ia totalite desquels ii n'y aurait e u de rem'de v(ritable ot expeditif qu'un m6dicament choisi d'apres l'analogic de:os phenom ines determines par son action sur l'homme hibin portant, ou, en d'autres termes, qu'un rem ade homonopathique. Comme tout cc que oIa grossi"re nature opere pour so soulager dans les maladies, soitl aiguas, soit surtout chroniques, est d3jia fort imparfait, et constitue mime deja unc maladie, on doit lion penser que les efforts de I'arf trava-illant dans le sens mime de cette imperfection, pour en accroitre les iresultats, nuisent encore davantage, e! que, du moins dans les maladies aigui9s, ils ne peuveni remedier a ce que les telntatives de oa nature ont de defectueux, puisque le mndlecin, hors d'etat de suivre les voies cachies par lesquelles la force vitale accomplit ses petit-lait alun6, les pollutions nocturnes par une grande quantit6 de camiphre, les acces de chaleur au corps et an visage par le nitre, les acides vdgttaux et l'acide sulfurique, les saignoments do nez par ltamponnement des narines avec des bourdonnets irnmbibs d'alcooi ot de liqueurs astringentes, les ulce'rcs aux membres infdrieurs pai' les oxydes de zinc et de ploinb, etc. Mais des milliers de faits attestent combien sont tristes les rdsultats do cette pratique. L'adepte de l'ancienne dcole se vante, de vive voix et par 6crit, d'exercer une midccine rationnelle et de rechercher la cause des maladies, pour guerir toujours radicalement. Or, le voila ici qui no combat qu'un sympt6me isold, et toujours au grand detriment du malade. 44 COUP D OEIL crises, ne saurait operer qu'a l'exterieur, par des moyens encrgiques, dont les effets sont moins bienfaisants que ceux de la nature livree a elle-mreme, mais, en revanche, plus perturbateurs et plus funestes. Car ce soulagement incomplet que la nature parvient a procurer par des derivations et des crises, il ne peut point y arriver en suivant la meme route; il reste encore, quoi qu'il fasse, bien au-dessous de ce miserable secours, qu'au moins la force vitale abandonnee a ses propres ressources a la faculte de porter. On a cherche, en scarifiant la membrane pituitaire, a produire des saignements de nez imitantles hemorrhagies nasales naturelles, pour apaiser, par exemple, les acces d'une cephalalgie chronique. Sans doute on pouvait ainsi tirer assez de sang des narines pour affaiblir le malade; mais le soulagement etait ou nul ou hien moindre que celui qui avait eu lieu dans un autre temps, lorsque, de son propre mouvement, la force vitale instinctive avait fait couler seulement quelques gouttes de sang. Une de ces sueurs ou diarrhees dites critiques, que la force vitale, sans cesse agissante, excite a la suite d'une incommodite soudaine provoquee par le chagrin, la frayeur, un refroidissement, une courbature, a bien plus d'efficacite pour dissiper, momentanement au moins, les souffrances aigues du malade, que tous les sudorifiques ou purgatifs d'une officine, qui ne font que rendre plus malade. L'experience journaliere ne permet pas d'en douter. Cependant, la force vitale, qui ne peut agir par ellememe que d'une maniere conforme a la disposition organique de notre corps, sans intelligence, sans reflexion, sans jugement, ne nous a point et donnee pour que SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 45 nous la regardions comme le meilleur guide a suivre dans la gurison des maladies, ni, moins encore, pour que nous imitions servilement les efforts incomplets et maladifs qu'elle fait pour ramener la sant6, en y ajoutant meme des actes plus contraires quc les siens au but qu'on se propose d'atteindre, pour que nous nous 6pargnions les frais d'intelligence et de reflexion necessaires "a la decouverte du veritable art de guirir, enfin pour que nous mettions ia la place du plus noble de tous les arts humains une mauvaise copie des secours peu efficaces que la grossibre nature est en 6tal de donner, quand on l'ahandonne ia ses seules ressources en donnant ia cette pratique le nom de modecine rationnelle. Quel homme de bon sens voudrait l'imiter dans ses efforts conservateurs? Ces efforts sont precis6ment la maladie elle-mime, et c'est la force vitale morbidement affectke qui cree la maladic qu'on apercoit! L'art doit done de toute necessit& augmenter le mal quand ili l'imite dans ses procedes, ou susciter des dangers quand il supprime ses efforts. Or I'allopathie fait F'un et I'autre. Et c'est la cc qu'elle appelle une medecine rationnelle! Non! cette force inn6e chez l'homme, qui dirige la vie de la maniere la plus parfaite pendant la sant6, dont la prscunce se fait sentir 6galement dans toutes les parties de l'organisme, dans la fibre sensible comme dans la fibre irritable, et qui est le ressort infatigable de toutes les fonctions normales du corps, n'a point 6te cre6e pour se porter secours i elle-meme dans les maladies, pour exciter une m6decine digne d'imitation. Non! la vraie m'decine, aouvre de reflexion et dejugement, est une crdalion de l'esprit humain, qi, lorsque la force vilale instinctive, aulomatique et incapable de raisonnenient, a etc 46 COUP DOEIL entrahne par la maladie 4 des actions anormales, sait, au mnoyen d'un medicament homwopathique, lui imprinmer une modification morbide analogue, mais un peu plis forte, de maniere que la maladie naturelle ne puisse plus influer sur elle, qu'elle en soit debarrassee, et qu'apres la disparition, qui ne se fait pas attendre longtemps, de la nouvelle maladie provoque'e par le medicament, mialadie qui est plus forte et semblable 4 la maladie naturlle et contre laquelle la force vitale diploie toute son tnlergie, elle revienne aux conditions de l' tat normal, a sa destination de presider au maintien de la santl, sans avoir soiflTert, durant cette conversion, aucune atteinte doulourecuse on capable de l'affaiblir. La medecine hom)wopathique enseigne les moyens d'arriver 4 cc rdsultat. Un assez grand nombre de malades traites d'apris les mn6thodes de 1'ancienne &cole qui viennent d'Itre passues en revue, 7chappaient ' leurs maladies, non pas dans les cas chroniques (non v6neriens), mais dans les cas aigus, qui presentent moins de danger. Cependant, ils n'y parvenaient que par des d6tours si p6nibles, et d'une manii"re souvent si imparfaile, qu'on ne pouvait dire qu'ils fussent redevables de leur gue3rison 'i l'influence d'un art doux dans ses proced6s. Dans les circonstances oit le danger n'avait rien de bien pressant, tantlt on se contentait de r6primer les maladies aigu~s par des emissions sanguines ou par la suppression de leurs principaux symptimes, anu moyen d'un palliatif 6nantiopathitque (con traria contrariis), tantot aussi on les suspendait par des irritants et revulsifs appliques sur des points autres que l'organe malade, jusqu'a ce que le cours de leur rivolution naturelle fit achev6, c'est-t-dire qu'on leur opposat des moyens ddtournes entrainant une d6perdition SUR LA AlfPDEC[NE ALLOPATILIIQUE. 4 47 do forces et d'humeurs. En agTissant ainsi, ]a plus grrande pantic de ce qUi el ait ne~cessaire pour ecarter entie'rement la maladie et re~parer los pertes e~prouve'es par le sujet, restait 'a faire "a la force conservatrice de la vie. Celle- ci avait douc "a triomnpher et du mal aigut naturel, et (1e5 suites d'un traitement mal dirigye. C'e~tait elle qui, latis certains cas d("sig'nes par le hasard seul, avail 'a de~ployer sa propre energyie pour ramener les fonctions "a leur rhythme normal, cc qu'elle n'ope~ait souvent qu'avec peine, d'une mauie~re incompkte, et non sans accidents delnature. diverse. 11 est douteux quo cette marebe, suivie par Ia me'decine actuelle dans les maladies aiguils, arg o aiit0 ~ 1 lement un peu le travail anquci la nature doit soelix er pour amener la gueirison, plus(Jue ni l'allopathie ni ]a nature ne peuvent ag-ir d'une mameWre directe, puisque los tud~hodes derivative et antagoniste de ]a inedecine ite sont propres qu'a' por-ter une Iatteinte plus profonde 'a 1'orgyanisme et "a entrainer une, plus grande porte do, forces. L'ancienne e'cole a encore uiie autre medhode curatiN-e, celle qu~on appelle excit~an-te el fortifianlte (1), et qui proce~de "aIl'aide de subs5tances5 dites excitantes, nervines, toniques, confortantes, fortifiantes. On a lieu d'dr-tie surpris qu'elle ose tiret' vanit6" de cette me~thode. Est-elle jarnais parvenue "a dissiper la faiblesse qu~engTendre et entretient on augmnente si souvent une maladie chronique, en prescrivant, ainsi qu'elle l'a fait tant do fois, le yin du Rhin on celui de Tokay? Comme cc tie (1) Elle est, 'a propremrnet pailer, C&nanliopathique, et je reviendrai encore sur son compte daiis le texte de L'ORGANON (~ 59). 48 COUP D'OEIL methode ne pouvait guerir la maladie chronique, source de la faiblesse, les forces du malade baissaient d'autant plus qu'on lui faisait prendre plus de vin, parce qu'a des excitations artificielles, la force vitale oppose un relachement pendant la reaction. A-t-on jamais vu le quinquina, ou les substances disparates qui portent le nom collectif d'amers, redonner des forces dans ces cas, qui sont si frequents? Ces produits vegetaux, qu'on pretendait tre toniques et fortifiants en toutes circonstances, n'avaient-ils pas, de meme que les preparations martiales, la prerogative d'ajouter souvent de nouveaux maux aux anciens, par suite de leur action morbifique propre, sans pouvoir faire cesser la faiblesse dependante d'une ancienne maladie inconnue? Les onguents nervins, ou les autres topiques spiritueux et balsamiques, ont-ils jamais diminue d'une maniere durable, ou meme seulement momentanee, la paralysie commencante d'un bras ou d'une jambe, qui procede, comme it arrive si souvent, d'une maladie chronique, sans que celle-ci ait ete guerie? Les commotions electriques et galvaniques ont-elles jamais eu d'autre resultat, en pareille circonstance, que de rendre peu a peu plus intense et finalement totale la paralysie de l'irritabilite musculaire et de l'excitabilite nerveuse (1)? (1) Un pharmacien avait une pile voltaique dont les ddchargcs moderdes amelioraient pour quelques heures la situation des personnes atteintes de durete d'ouic. Bientot ces secousses demeuraient sans effet, et l'on etait obligd, pour obtenir le meme resultat, de les rendre plus fortes, jusqu'a ce qu'a leur tour celles-ci devinsscnt inefficaces. Apres quoi les plus violentes avaient bien encore, dans les SUR LA MItDECINE ALLOPATHIQUE. 4 49 Les excitants et aphrodisiaquos taut -vante's, larnbre gyris, la teinturo de cantharides, les traffes, los cardamomes, la canuelle et la vanille, ne finissent-ils pas constamnmeut par convertir en. une impuissance totale 1'affaiblissement graduel. des faculte~s iriles, dont la cause est, dans tons los cas, un miasme chronique inapercu? Comment peut-on. se vautor d'une acquisition de force et. d'excitation qui dure (juelquos houres, quand le re~sultat qui s'onsuit amno h e"adorueure l~3etat con traire, d'apre's l-es lois do la nature de tons les palliatifs? Le pen do bion que los oxcitauts et fortifiants procurout auix porsounos traite'os do maladies aigu~s d'apre's t'aucienue me~thode, ost mulle et mulle fois surpasste par los incouwenients (JUi re'sultent do leur usag-e dans les maladies chroniques. Quand l'aucienno me'decino no sait commont s'y pron(Ire pour attaquor uno inaladie chronique, elle use en avouglo dos me~dicamouts qu'oelo de3siguo sons le nom d'alte'rants. Elle a rocours aux morcuriaux, au calomd'as, au. sublime" corrosif, l'ongnoent mer curiol, rodontables moyous qu'olle ostimen par-dossus tout, jusqno daus los maladies uou veun6riounos, ot, qu'olle dispense a-vec taut do prod 1galite", qn'ello fait ag-ir pendant si longlemps sur le corps dui ialado, quo la sante6 finit par etre rulindee de fo nd en comblo. Elle ddermino,iiotra,(0rud changornouts; nais cos changoements no sont jamais favorablos, ot constamment, la saute" so trouve de'truite sans ressource par un metal qni est pernicieux an. plus commencements, 1la facult de rendre I'ouie pour quciques heuies aux mnalades, mais finissaient par' les laisser en proie "a une surdite6 absolue. 50 COUP D'OEIL haut degr6 toutes les fois qu'on ne sait pas le placer a propos. Lorsque, dans toutes les fievres intermittentes epidemiques, souvent repandues sur de vastes contrees, elle prescrit a hautes doses le quinquina, qui ne guerit homoeopatlhiquement que la v-ritable fi vre intermittente des marais, en admettant meme que la psore ne s'y oppose point, elle donne une preuve palpable de sa conduite legere et inconsideree, puisque ces fiWres affectent un caractere diff6rent chaque fois pour ainsi dire qu'elles se representent, et qu'en consequence elles rdclament presque chaque fois aussi un autre remide homceopathique, dont une tr's-petite dose, unique ou r6petle, suffit alors pour les guerir radicalement en quelques jours. Cormme ces maladies reviennent par acces periodiques, comme l'ancienne ecole ne voit autre chose que le type dans toutes les fievres intermittentes, comme enfin elle ne connait et ne veut connaitre d'autre f6briftuge que le quinquina, ell@ s'imagine que, pour gudrir ces fievres, ii lui suffit d'en eteindre le type par des doses accumu1kes de quinquina ou de quinine, ce que l'instinct irr&flechi, mais ici bien inspire, de la force vitale cherche souvent pendant des mois entiers & empicher. Mais le malade, dupe par ce traitemnent fallacieux, ne manque jamais, apres qu'on a supprim6 le type de sa fibvre, d'&prouver des souffrances plus vives que celles qui lui etaient caus~es par cette fievre elle-mime. 11 devient blAime et asthmatique, ses hypochondres semblent etreints par une ligature, ii perd I'appetit, son somnneil n'est jamais calme, ii n'a ni force ni courage, I'enflure s'empare souvent de ses jambes, de son ventre, mrnme de son visage et de ses mains. 11 quitte ainsi l'h6pital, gueri, a ce SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 51 qu'on pretend, et fort souvent des anne'es d'un traitement homoeopathique p6nible sont ensuite necessaires, non pas meme pour le rendre a la sante, mais seulement pour l'arracher i la mort. L'ancienne 6cole tire vanit6 de ce qu'avec le secours de la val6riane, qui en pareil cas agit comme moyen antipathique, elle parvient i dissiper pour quelques heures la morne stupeur dont les fihvres nerveuses sont accompagnues. Mais comme le r6sultat qu'elle obtient n'a pas de duree, comme elle est obligee d'accroifre incessamment la dose de valkriane pour ranimer le malade pendant quelqucs instants, elle ne tarde pas;a voir les plus fortes doses mnmes ne plus produire le resultat qu'elle espere, tandis que la reaction determin6e par une substance dont l'impression stimulante n'est qu'un simple effet primitif, paralyse entierement la force vitale, et devoue le malade h une mort prochaine, que ce traitement pretendu rationnel rend inevitable. Cependant l'Acole ne voit pas qu'elle tue a coup suir en pareil cas, et elle n'attribue la mort qu'a la malignit6 de la maladie. Un palliatif peut-&tre plus redoutable encore est la digitale pourpree, dont I'e6cole regnante se montre si fitre, quand elle veut ralentir le pouls dans les maladies chroniques. La premidre dose de ce moyen puissant, qui agit ici d'une maniedre dnantiopathique, diminue assurement le nombre des pulsations artdrielles pendant quelques heures; mais le pouls ne tarde pas h reprendre sa vitesse. On augmente la dose, pour obtenir qu'il se ralentisse encore un peu, ce qui a lieu en effet, jusqu'h ce que des doses de plus en plus fortes n'operent plus rien de semblable, et que, pendant la r6action, qu'on finit par ne pouvoir plus empdcher, la vitesse du pouls soit bien 52 COUP' D'IOEIL superieure "a ce qu' elle d~ait avant l'adrninistration de la digitale: le nombre des pulsations s'accroi't alors "a tel point qu'on ne peut plus les compter, le malade n'a plus le moindre appetit, il a perdu. toutes ses forces, en un mot il est devounL un ve~ritable cadavre. Nut de ceux qu'on traite ainisi n'(~chappe 'a la miort, si ce nWest pour tomber dans une m~aladie incurable (1). Voila, commnent l'allopathiste dirigealt ses traitemonts. Mais los malados etaient oblig-es de se ployer "a cotte triste necessite', puis(1l'llS n'auraient rien trouve" de rnieux chez les autres m("dclcins, qui tons avaient puise" leur instr'uction 'a la me'me source. La cause fondamentale des maladies chroniques non veneriennes et les moyens capables de los gue~rir demeuraient inconflus ai ces praticiens, qui se pavanaient de leurs cures dirige~s, suivant eux, conitre los causes, et du soin (jul15 disaient prendre do remouter, (lans leur diagnostic, "a la source do ces affections (2). Comment auraient-ils pu gruerir lo nombre immense dos maladies chroniques avoc, lours me'thodes indirectes, im p~arfaites et dangereuses imitations des efforts d'une force vitale autornatique, imitations qUi n'ont point 616 dostinlees ch (1) Et copendant Ftn ties corypho'es do 1'ancicnne e'cule, Hufeland, vante encore la. digitale pour remplir cette indication. (( Peitsonne ne niera, dit-il, que ]a trop grande C'nergic e tela circulation uc puisse -te apais'e par' ]a dig htale. ))L'expdi'ience journaiii're nie quje cet effet puisse e~tre obtenU d~une r-gnaie'e duirable de la part d'un remede enantiopatlhitqu h~rolqdle. (2) Cest en vain quHUireiand vent faice honneur "a sa viefile 6cole de se iivrer "a cette rccherche; car on sait qu'avant ]a publication de mon Trait des maladies chroniques (dIeuxie'm(!e dition, Paris, 1846, 3 vol. in-8), l'aliopathie avait ignore pendant vingrt-cinq sikcles la vraie source de ces affections. N'avait-ellc donc pas d U" leur en assigner' une autre, qui d~tait fausse? SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE. 5 devenir des modiles de ]a conduite a tenir en mnedecine? Ils regardaient cc qu'ils croyaient &tre le caractere du mal comnme la cause de la maladie, et, d'apris cela, diiigeaient leurs pretendues cures radicales contre le spasme, l'inflammation (plethliore), la fievre, la faiblesse generale et partielle, la pituite, la putridite, les obstructions, etc., qu'ils s'imaginaient 'carter l'aide de leurs antispasmodiques, antiphlogistiques, fortifiants, excitants, antiseptiques, fondants, resolutifs, derivatifs, evacuants, et autres moyens antagonistes, qui ne leur elaient euxmemes connus que d'une maniere superficielle. Mais des indications si vagues ne suffisent pas pour trouver des rembdes qui soient d'un veritable secours, et moins que partout ailleurs dans Ia matilre medicale de l'ancienne cole, qui, comme je l'ai fait voir ailleurs(1), ne reposait la plupart du temps que sur de simples conjectures et sur des conclusions tiires des effets obtenus dans les maladies. On procedait d'une maniere tout aussi hasardeuse, quand, se laissant guider par des indications 1ien plus hvpothdliques encore, on agissait contrie le manque ou la surahondance d'oxygene, d'azote, do carbone ou d'hydrogene dans les humeurs, contre 1'exaltation ou la diminution de l'firitabilite, de la sensibilite, de ha nutrition, de l'arterialit6e, de la venosith on de la capillariti, contre l'asthenie, etc., sans connaitre aucun moyen d'atteindre a des buts si fantastiques. C'etait 1] de l'ostentation. C'6 -taient des cures, umais qui no tournaient point t l'avantage des malades. (1) Voyez, dans les Etudes de nmddecine homnwopathique, Paris, 1855, t. 1i, le chapitie Examen des sources de la matiere mnudicale ordinaire. 5 4 COUP D'OEIL Mais toute apparence meme de traitement rationnel des maladies disparait dans l'usage consacr6 par le temps, et me'me brige en loi, d'associer ensemble des substances m6dicamenteuses diff6rentes et, pour la plupart, inconnues dans leur action, pour constituer ce qu'on appelle une recette on une formiule. On place en taete de cette formule, sous le nom de base, un meIdicament qui n'est cependant point connu par rapport h l'etendue de ses effets midicinaux, mais qu'on croit devoir vaincre le caractLbre principal attribu a la maladie par le m6decin; on y joint, comme adjuvants, une ou deux substances non moins inconnues sous le point de vue de la maniire dont elles affectent l'organisme, et qu'on destine, soit a remplir quelque indication accessoire, soit i corroborer l'action de la base; puis on ajoute un pr6tendu correctif, dont on ne connait pas davantage la vertu medicinale proprement dite; on meLle le tout ensemble, en y faisant encore entrer parfois un sirop ou une eau distillke possedant &galement des propri6t6s medicamenteuses h part, et l'on s'imagine que chacun des ingredients de ce nrlange, jouera dans le corps malade, le r6le qui lui est assigne par la pensee du m.decin, sans se laisser ni troubler ni induire en erreur par les autres choses dont il est accompagne6, cec quoi on ne pent raisonnablement pas s'attendre. L'un de ces ingr6dients detruit l'autre, en totalite ou en partie, dans sa maniere d'agir, ou lui donne, ainsi qu'au reste, un nouveau mode d'action auquel on n'avait pas songeD, de sorte que l'effet sur lequel on comptait ne peut point avoir lieu. Souvent l'inexplicable &'nigme des melanges produit ce qu'on n'attendait ni ne pouvait attendre, une nouvelle modification de la maladie, qui ne s'apergoit SUR LA MIDECINE ALLOPATHIQUE.55 point an milieu dui tumulte des sympt6mes, mais devient permanente quand on prolonge l'usage de la recette, par consequent, une maladie factice, qui s'ajoute "ala maladie originelle, une aggravation de la maladie primitive; ou si le malade ne fait point usage longtemps de la mrme recette, si on lui en donne une ou plusieurs autres, composees d'ingrrdients difif6rents. ii en resulte au moins l'accroissement de la faiblesse, parce que les substances qui sont prescrites dans un pareil sens ont generalement peu on point de rapport direct a la maladie primitive, et ne font qu'attaquer sans utilite les points sur lesquels ses atteintes ont le moins portk. Quand bien mrnie I'action sur le corps humain de tous les medicaments serait connue (et le mnudecin qui formule la recette ne connait souvent pas celle de la centieme partie d'entre cux), en mdler ensemble plusieurs, dont certains ineme sont d6jh tris-comipos6s, ct dont chacun doit diffltere beaucoup des autres sous le rapport de son #nergie speciale, darnsl'intention que ce melange inconcevable soit pris par le malade a doses copieuses et souvent rep6tees, et pretendre qu'un tel melange doive produire un effet curatif ddtermine, c'est la une absurdite qui revolte tout homme sans prevention et accoutume a reflichir (I). Le r'sultat est naturellement en contradic(1) Ii s'est trtouve jusque dans i'dcole ordinaire des hommes quiii out riecoinnu l'absuirditd de mdlanges des midicaments, quoique eux-memes suivissent cette terniielle routine condamnde par leur raison. Ainsi, Heiz s'exprime de la manirie suivante (Journal de Hufeland, II, p. 33): S'agit-il de faire cesser l'dtat inflammatoire, nous n'emk( ployons seuls nile niitre, nile sel ammoniac, niles acides vdgdtaux, < mais nous mlons orditiairernent ensemble plusieurs antiphlogise tiques, on bien nous les faisons alterner les uns avec les autres. < Est-il question de rdsister a la putriditd, ii ne nous suffit pas, 56 COUP D'9 OEIL lion avec ce qu'on espere d'une manie~re Si positive. Des. changements surviennent, sans contredit; mais iin'y en Spour atleindre h cc but, d'administrer en grande quantited un des Santiseptiques counus, le quiriquina, Ics acides rnine'rauix, 1'arnlica, ]i a serpentaire, etc.; nous aimons micux en joindre plusieurs en((seInl)e, cornptant daNvantage sur le re'stltat de leur action comhin~e; eon bien, par ignorance de cc qni conviendrait le mienx, datis Ic cas Sprdsent, no s accuimulons des choses (lispalates, et nous laissons an ehasard It) soiri de faire prod uiic, par' Vune on par l'au Ire, Ie sonla( gement que nous avons en viic. C'est ain~si qu'il est rare qu'onl ((excite la. sueni, qu'on puriihe le sang, qu'ori re'solve des obstructions, Sqn'on pi-ovoque l'expectoration, et myieme quc l'on ddtcrmitne Ia u purgation, "a 1'aide d'uniisent nioyen. Nos foimuics, pour arriN~c.'I ece resultat, sont tonjours comnpliqii~es, cites ne sont presquc jamnais ~sirnples et pures; aussi ne peut-ort point les conside'rer comm-e des eexperiences relatives aux effets des dicerses su bstan ces qui entrent dons (leur comnposition. A la. veritd', datis nos formiules, nons C'tablissons edoctoralement unc hid'rarchie entre icsrnioyens, et nons appelons Sbase celni auquel nous confions, h proprernent par-lic-,l'effet, dolonSnant aux. antics Ics norns d'adjuvants, de correctifs, etc. Mais it est 6vdident que 1'arbitraire a fait cii gTrande partic ics frais do cette aclassification. Les adjuvants contribuent tout anssi bien "a i'cffct (total que la base, quoique, fante d'echeile, nuns ne puissions de'tcra miner lcur degre' de participation. L'in~finence des corrcctifs sur les ~(ventus des antics rnoycns 1- e pet. pas non pins e~tre tout 'a fait inadiffL'rentc; ius doiverit ics angmcntcr, ics dirninner, ou. leur inipria mci une antic direction. Le changeinent 'saintaire que nous de'fcraiOD "iansIt'aide d'unc paicille forninic doit donc d're toujotirs econside~'rd comnin e icrsLIltat (Ic tout l'cnsembic de sont conteun, et anuns nWen pouvons jamais rien concturc qui ait trait h P1activite aspkcialc de chacun des ingredients dont cite se coimpose. Nous saa ons tirop peu ce qu'il y a d'esseritiel at connaitre dans tons ics md'adicanients, et nos connaissances soot tirop h~ornedes 'a i'6gard des aaffinitds qu'ils d~ploicnt peut-d~re par centaines quand on les mdcl ales uns avec ies anti-es, pour' quc nous puissions dire ai~ec certitude aquels sei'ont ic mode et le degre' d''ner'gie de la substance me~rnc la (pins indliflerente en appaicuce, quand cule auiaa dte' introduite dans leI corps humain,comhind'e avec, d'autrcs substances. De mb~mc Finafluence du correctif sur 1'action dcs autics agents ne pent dre inadiffftente; cue doit augmenter 1cm' puissance, la modifier o!i mii SUR LA MgDECINE ALLOPATHIQUE. 57 a point un seul qui soit bon, qui soit conforme au but, ils sont tous ou nuisibles ou mortels. Je serais bien curicux de savoir laquelle de ces manceuvres executees en aveugle dans le corps de l'homme malade on serait tente d'appeler une qudrison! On ne doit attendre la guerison que de ce qui reste encore de force vitale au malade aprts qu'on a ramen' cette force a son rhythme normal d'activit6 par un mddicament approprie. Vainement se flatterait-on de 1'obtenir en extenuant le corps selon les preceptes de l'art. Cependant, l'ancienne &cole ne sait opposer aux affections clhroniques que des moyens propres a martyriser les malades, "a epuiser les humeurs et les forces, raccourcir a vie! Peut-elle done sauver quand elle d6truit? Meritet-elle le titre d'art de gunrir? Elle agit lege artis, de ]a mani"re la plus opposee au but, et elle fait, on serait tent6 de croire avec intention, le contraire precisemenl de ce qu'il faudrait exncuter? Peut-on done la priconiser? Doit-on la sounffrir plus longtemps? Dans ces derniers temps elle s'est surpassee elle-meme sous le point de vue de sa cruaute envers les malades et de l'absurdite de ses actions Tout observateur impartial a donner une autre direction, de sorte que nous sommes obligies de a regarder les effets curatifs d'un sembllable mdlange, coinme la re'a sultante de l'action combineue des divers mnddicaments qui le compoa sent. Nous neo pouvons done jamais faire une expjrience pure suri a l'action de l'un de ces agents pris en particulier. Dans Ic fait, nous a sommes encore plus ignorants sur ce qu'il y a de rdecllement utile A a connaitre dans l'action des mindicaments, et aussi sur les nombreua ses modifications que cette action dprouve lorsque l'agent est mda langd avec d'autres substances. 11 nous est done impossible d'avoir ( quelque certitude relativement a I'activited dployde par un de ces a agents si mal connu en lui-mime, lorsqu'il aura dt6 introduit dans t l'organisme en mdme temps que d'autres substances. ) 58 58GLRISONS IIOMOEOPATHIQUES doit en convenir, et des midecins rn~me sortis de son propre sein, comme Kruger-Hansan, se sont vus contraints, par 1'&iteil de leur conscience, d'en faire publiquement 1'aveu. II e'tait temps que la sagesse du divin Cre'ateur et conservaleur des lommes mit fin "a ces abominations, "a ces tortures, et qu'elle fit apparaitre une medecine inverse, qui, au lieu dI puiser les hurneurs et les forces par des vomitits,,des purgatifs, des bains chauds, des sudorifiques ou des sialagogues, de verser "a flots le sang indispensable ' la vie, de torturer par des moyens douloureux, d'ajouter sans cesse de nouvelles maladies aux anciennes, et de rendre enfin celles-ci incurables par l'usage pro1onEg d'he'roiques rn~dicdm ents inconnus qui, au lieu de guerir les malades, ajoutent 'a leurs maux des affections medicinales incurables dans leur action, en un mot, d'atteler les bceufs derriere la charrue en faisant usage de palliatifs choisis d'apre~s la fausse maxime contraria contrariis, et de frayer impitoyablement une large voie at la mort comme le fai la routine, m nagea't autant que possible les forces des rnalades, et les menat aussi doucement que promptement at une guYrison durableavec le secours d'un petit nombre d'agents simples, parfaitement connus, choisis d'apre~s Je principe similia shnilibus ciirantur, et administr's ' des doses minimes. II ttait tenps qlu'elle fit decouvrir 1'homoeopathie. EXEMPLES DE GUERISONS HOMOEOPAUTHIQUES OPEREES INVOLONTAIREmENT PAR DES MEDECINS DE L'ANCIENNE EC]OLE. L'observation, la me'ditation et l'experience in'ont fait trouver qu' l'inverse des pre~ceptes traces par l'allopa DUES AU HASAR. 9 59 thie, la mnarche a suivre pour obtenir de vNritables guerisons, douces, prom)Ies, cerlaines ct idurables, consiste t choisir, dans chaque cas individuel de maladie, un midicament caj)able de produire par lui-mnme une affection semblable d celle qa'il doit giudrir. Cette methode homoeopathique n'avait ete enseign~e par personne avant moi; personne ne l'avait mise en pratique. Mais si elle seule est conforme a la verite, comme chacun pourra s'en convaincre avec moi, on doit s'attendre a ce que, bien qu'elle ait et6 si longtemps miconnue, chaque siicle en offre cependant des traces palpables (1). C'est en effect ce qui a lieu. Dans tous les temps, les maladies qui ont etd gueries d'une mani"re reelle, prompte, durable et manifeste, par des medicaments, et qui n'ont point du' leur guerison a ce qu'il s'est rencontre quelque autre circonstance favorable, a ce que la maladie aigu& avait accompli sa revolution naturelle, ou enfin a cc que les forces du corps avaient repris peu i peu la preponderance pendant un traitement allopathique ou antipathique (car &tre gueri directement differe beaucoup d' tre gueri par une voie indirecte), ces maladies, dis-je, out cede, quoique a 1'insu du m6decin, a un remade homceopathique, c'esta-dire ayant le pouvoir de susciter par lui-mime un etat morbide semblable a celui dont il procurait la disparition. Il n'est pas jusqu'aux guerisons reelles operees a F'aide (1) Car la virit6 est lternelle comme la DivinitW elle-mime. Les hommes peuvent la negliger pendant longtemps, mais le moment arrive enfin oih, pour l'accomplisscmentl des ddcrets de la Providence, ses rayons percent le nuage des pidjugts, et rdpandent sur le genre humain une clartd bienfaisarite que rien ddsormais ne peut 6teindre. 60 GULRISONS HOMOEOPATHIQUES de medicaments composes, et dont les exemples sont d'ailleurs fort rares, dans lesquelles on ne reconnaisse que le remede dont F'action dominait celle des autres 'tait toujours de nature homocopathique. Mais cette verit6 s'offre i nous plus Avidente encore dans certains cas, oi' les medecins, violant I'usage qui n'admet que des melanges de m6dicaments formulhs sous forme de recettes, ont gudri promptement h l'aide d'un m6dicament simple. On voit alors avec surprise que la guarison fut toujours 1'effet d'une substance medicinale capable de produire elle-meme une affection semblable a celle dont le malade etait atteint, quoique le medecin ne siit pas cc Lqu'il faisait, et n'agit ainsi que dans un moment d'oubli des preceptes de son colc. Ii donnait un remade dont la thdrapeutique recue lui aurait prescrit d'administrer pre"cisement le contraire, et c'(tait par 1l seulement que ses malades guerissaient avec promptitude. Je vais rapporter ici quelques exemples de ces guerisons homucopathiques, qui trouvent leur interpretation claire et precise dans la doctrine aujourd'hui reconnue et vivante de l'homoopathie, mais qu'il ne faut point regarder comme des arguments en faveur de cette derni"re, attendu qu'elle n'a besoin ni d'appui ni de soutien (1). (i) Si, dans les cas dont le rocit va tre fait, les (loses de mddicaments ont depassd celle que prescrit la mddecine hornmmopathlique, ii a d1i s'ensuivre tout naturellement le danger qu'entrlaineilt en gdnral les hautes doses d'ageiits hornmopathiques. Cependar;t diverses circoostances, qu'on ne pett pas toujours decouviir, font qu'il arrive assez souvint "i des doses mmrne tlreis-consideiables de remnides hionmoopathiques de procurer la gludieson, sans causer de oprdjudice notable, soit que la substance vdgdtale ait perdu de son dnergie, soit DUE'S AU HASARD. 61 Dej'a' 1'auteur du traite' des Epidemies attribu6 a Hippocrate (1), parne d'un chiole'ra-i-norbus rebelle "at bus les re'des, qu'il gue~rit uniquement au moyen. de 1'helle'bore blanc, substance qui cependant excite par ellememe le chokra" come l'ont -vu Foreest, Ledel, Reimann et plusieurs autres (2). La suette anglaise, qui se montra pour ]a premie~re fois en 1185'i, et (mi, plus meurtrie~re que la peste culememe. eulevait d'ab~ord, au trnoigrnage de 'Willis, quatre-vingt-dix-nenf malades sur cent, ne put e'tre dompt~ee qu' an moment oii l'on apprit "a donner des sudoritiques aux malades. Depuis cette 6~poque, ii y cut pen de persotines qui en monrurent, ainsi que Sennert (3) en fiait ]a remarque. Un flux do ventre, qui durait depuis plusleurs anne~es, (IUi menacait d'nne mort ine"vitah~le, et contre lequel tons les me~icarnenls etaient reste's sans effet, fut "a la grande surprise de Fischer (4), et non "a la mienne, gueri d'iine iju'il survicinie des e~vactiatioris abondautes avant pour ri'sultat die de'truire la plus gianide, partie de 1'dfet dtii iem~de, soit enfii i qe I'estornac ait rq.enu iimemo temps d'au ties substanices capables de contre-balatcer la force (des doses par. laction antidotique qu'olles exercent. (1) OEuvres comp1ltes d'Hippocrate, trad. par Littre', Paris, 18W6, t. Y, des Epidemies. Liv. V, pagr. 211. (2) P1. FOit-LEST, XViII, obs. 41. - LEDEL, Misc. nat. cur., dde. III, ann. 1,obs. 60". - RLinrXN, Bresi. Saimmi., '1724, p). 535.- C'estavec intention que, dauis cot exemple et daiis tons les suivauits, je n'ai point rapport.6rnes propres obseivations ni cellos de rues edkeves sin' les proprie'tds spdciales de chaque inuddicament, mnais seulernenit celles des mdedecitus des temps passes. M.on but, eni agissanti aii si, a e'te de faire voir que la ruddecirie homccopathique aurait pu e~tre trouvele avaIlt moi. (3) De febribus, IV, cap. 15. (4) Danis HuFELAND'slournal fuer praktische Ifeilunde, X, iv, p. 127. 62 GUIRISONS HOMOEOPATHIQUES mani"re rapide et durable par un purgatif qu'administra un empirique. Murray, que je choisis entre tant d'autres, et l'exp&rience journaliiere, rangent le vertige, les naushes et I'anxi6hte parmi les principaux sympt6mes que produit le tabac. Or ce fut precisement de vertiges, de nausees et d'anxiete que Diemerbroeck (1) se debarrtassa par l'usage de la pipe, quand ii vint " atre attaque de ces symiptmes au milieu des soins qu'il donnait aux victimes des maladies epidemiques de la Hollande. Les effets nuisibles que quelques &crivains, Georgi entre autres (2), attribuent ai l'usage de l'Agaricus nmuscarius chez les habitants du Kamtschatka, et qui consistent en tremblements, convulsions, 3pilepsie, sont devenus salutaires entre les mains de C. G. Whistling (3), qui a employe ce champignon avec succ s contre les convulsions accompagnmes de Iremblement, et entre celles de J. C. Bernhardt (4), qui s'en est 6galement servi avec avantage dans une espece d' pilepsie. La remarque faite par Murray (5), que l'huile d'anis calme les maux de ventre et les coliques venteuses causees par les purgatifs, ne nous surprend pas, sachant que J. P. Albrecht (6) a observe des douleurs d'estomac produites par ce liquide, et P. Foreest (7) des coliques violentes dues egalement a son action. (1) Tractatus de peste, Amsterdam, 1665, p. 273. (2) Beschreibung aller Nationen des russischen Reiches, p. 78, 267, 281, 321, 329, 352. (3) Diss. de virt. agaric. musc., Idna, 1718, p. 13. (4) Chym. Vers. und Erfahrungen, Leipsick, 1754, obs. 5, p. 324. - GRUNER, De viribus agar. musc., Ibna, 1778, p. 13. (5) Apparatus medicaminum, 1, p. 429, 430. (6) Misc. nat. cur., dec. II, ann. 8, obs. 169. (7) Observat. et curationes, lib. 21. DUES AU HASARD. 63 Si F. Hoffmann vante la mille-feuille dans plusieurs hemorrhagies; si G. E. Stahl, Buchwald et Loeseke ont trouv6 ce veg(tal utile dans le flux hemorrhoidal excessif; si Quarin et les redacteurs du Recueil de Breslau parlent d'hemoptysies dont ii a procurei la gu6rison; si enfin Thomasius, au rapport de Haller, I'a employe avec succes dans la metrorrhagie, ces cures se rapportent evidemment a la faculte dont jouit la plante de provoquer par elle-mrnme des flux de sang et l'hematurie, comme l'a observ6 G. Hoffmnann (1), et surtout de provoquer le saignement de nez, ainsi que Bockler (2) l'a constat6. Scovolo (3), parmi beaucoup d'autres, a gueri une emission douloureuse d'urine purulente an moyen de ]a busserole: ce qui n'aurait pu avoir lieu, si cette plante n'avait pasle pouvoir d'exciter par elle-mrme des ardeurs en urinant, avec mrnission d'urine glaireuse, ainsi que Sauvages (4) I'a reconnu. Quand bien mime les nombreuses exp6riences de Stoerck, Marges, Planchon, Dumonceau, F. C. Junker, Schinz, Ehrmann et autres n'auraient point etabli que le colchique guerit une espece d'hydropisie, on devrait deja s'attendre i cette propriet6 de sa part, d'apres la facult6 sp&ciale qu'il possade de diminuer la secrietion renale, tout en provoquant des envies continuelles d'uriner, et de donner lieu i l'&coul ement d'une petite quanititel d'urine d'un rouge ardent, ainsi que l'ont vu Stocrck (5) et de Berge (6). It est evident aussi que la gu6rison d'un (I) De medicam. offic., Leyde, 1738. (2) Cynosura mat. mined. cent., p. 552. (3) Dans GIRARDIr, De uva ursi, Padoue, 1764. (4) Nosolog., III, p. 200. (5) Lib. de colchico, Vienne, 1763, p. 12. (6) Journal de Medecine, Paris, 1763, XXII, p. 506. 64 GU1RISONS HOMOEOPATHIQUES asthme hypochondriaque, effectuee par Goeritz (1) au moyen du colchique, et celle d'un asthme compliqu6 d'hydrothorax, operee par Stoerck (2), a l'aide de cette mime substance, sont fondies sur la facultf homceopathique qu'elle posside de provoquer par elle-mnme l'asthme et la dyspnee, effets de sa part dont de Berge (3) a constate la realit6. Muralto (4) a vu, ce dont on peut encore se convaincre tous les jours, que le jalap, ind6pendanmment de coliques, cause une grande inquietude et beaucoup d'agitation. Tout medecin familier avec les verites de l'homceopathie trouvera donec naturel que de cette proprictl decoule celle que G. W. Wedel lui attribue avec raison (a) de calmer souvent les tranchlues qui agitent ct font crier les jeunes enfants, et de procurer un sommeil tranquille a ces petits etres. On sait, ainsi qu'il est suffisamment attest6 par Murray, Hillary et Spielmann, que les feuilles de sene occasionnent des coliques, qu'elles produisent, d'apris G. Hoffmann (6) et F. Hoffmann (7), desflatuosites et de l'agitation dans le sang (8), cause ordinaire de l'insominie. C'est en consequernce de cette vertu homoeopathique naturelle du sene que Detharding (9) a pu avec son secours (1) A. E. BUECHNELn, Miscel. phys. med. mathem., ann. 1728, juill t, p. 1212, 1243. Erfurth, 1732. (2) [bid., cas. 11, 13; - contra, cas. 4, 9. (.1) Ibid., loc. cit. (4) Miscell. nat. cur. dec. II, a. 7, oAs. 112. (5) Opiolog., 1, p. 1, II, P. 38. (6) De medicin. officin., lib. I, cap. 36. (7) Diss. de Manna, ~ 16. (8) MURRAY, loc. cit., t. II, p. 507. (9) Ephem. nat. cur., ccnt. 10, obs. 76. DUES AU HASARD. 6 65 guerir des coliques violentes et debarrasser des malades de leurs insomnies. Stoerck, qui posse~dait taut, de sagyacit',ftaummn do comprendre que 1'inconve~nient qu'il avait trouve" au dictamo de provoquer parfois un flux muquoux par le -vagin (1), de~rivait pre~cise~ment de la meine source que la faculte" en vertu de laquelle cette racine lui avait sorvi aussi "a gue~rir une 1eucorrhe~e chroiiique (2). Stoerck aurait dui egalement e'tre frappe' d'avoir gueri uno espece d'exanthe~me chronique ge~neral, hurnide et phiage'denique, avec la ckrn atite (3), apre's avoir reconnu lui.-imhne (4) quo cette plante a le pouvoir de faire naitre une eruption psorique sur tout lo corps. Si Ueuphraise a gueri, d'apr es Murray (5), Ia lippitude ot une esp ece d'ophthalmie, comment a-t-eIle pu amener cc resultat, sinon par la faculte" quo Lobel (6) a remarqu~e' en cule d'exciter une sorte d'inflamnmation des yeux.? D'apre~s J. H. Langye (7), la noix-muscade s'es t imontr~ee fort efficace dans los e~vanouissemcnts hyste~riques. La cause naturelle do ce p'henome~ue est homcopathique, ot tient 'a cc quo la noix-muscade, quand on en donno une forte dose "a un homine bion portant, donne lieu, suivant J. Schmid (8) et Cullen (9), "a lYemoussement des sons et At une iuscnsiblike" ge~neralo. (1) Lib. de flamrn. Jovis, Vienne, 17 69, cap. 2. (2) Ibid., cap. 9. (3) Ibid.., cap. 13. (4) Ibid., cap. 33. (5) Appar. medicaminum, 11, p. 221. (6) Stirp. adversar.., p. 219. (7) Domnest. Brunsvic., 136. (8) Misc. nat. cur., dec. 11, ann. 2, ohs. 120. (9) Traite' de matii~remidicale, Paris, 1790, t. 11, p. 216. 66 GUIRISONS HOMOEOPATHIQUES L'ancienne coutume d'employer l'eau de rose " 1'exterieur contre les ophthalmies, semble un temoignage tacite de l'existence d'une proprietl curative des maux d'yeux dans les fleurs du rosier. Elle repose sur la vertu homoeopathique qu'ont ces fleurs d'exciter par elles-memes une espece d'ophthalmie, effet que J. Echtius (1), Ledel (2) et Rau (3) leur out reellement vu produire. Si le sumac veneneux a ]a propriet6, d'apris de Rossi, (4) Van Mons (5), J. Monti (6), Sybel (7) et autres, de faire naitre sur le corps des boutons qui peu ' peu le couvrent tout entier, on conmoit aisnment, d'apris cela, que cette plante ait pu guerir homoeopathiquement quelques especes de dartres, comme Dufresnoy et Van MIons nous apprennent qu'elle l'a fait reellement. Qu'est-ce qui a donn6 au sumac v6neneux, dans un cas cite par Alderson (8), le pouvoir de gudrir une paralysie des membres inferieurs, accompagnde d'affaiblissement des facultes intellectuelles, si ce n'est la facultk dont it jouit evidemment par lui-meme do produire utin affaissement total des forces musculaires, en 6garant l'esprit du sujet au point de lui faire croire qu'il va mourir, commie l'a vu Zadig (9)? (1) M. ADAMI Vilt germanorum medicorum, Haidelbergc, 1620. pag. 72. (2) Misc. nat. curios., dec. II, ann. 2, obs. 140. (3) Ueber den Werth der homwop. Heilverf., p. 73. (4) Obs. de nonnullisplantis quce pro venenatis habentur. Pise, 1767. (5) Dans DUFRESNOY, Ueber den wurzelnden Sumach, p. 206. (6) Acta Inst. Bonon., sc. et art. 111, p. 165. (7) Dans Med. Annalen, juillet 18 11. (8) Dans Samml. aus Abh. f. pr. ~rzte, XVIII, i. (9) Dans HUFELAND'S Journal der prakt. Heilkc., V, p. 3. DUES AU HASARD. 67 Selon Carrbre (1), la douce-amere a gueri les plus violentes maladies causees par le refroidissement. Ce ne peut Ptre que parce que cette herbe est tres-sujette a produire, dans les temps froids et humides, des incommodit s semblables I celles qui r6sultent d'un refroidissement, ainsi que l'ont remarqu6 Carrere lui-minme (2) et Starcke (3). Fritze (4) a vu la douce-amere faire naitre des convulsions, et de Haen (5) l'a Pgalement vue produire des convulsions accompagn6es de delire. Or, des convulsions accompagnees de delire ont cedP, entre les mains de ce dernier mndecin, M de petites doses de douceamere. On chercherait en vain, dans l'empire des hypothbses, la cause qui fait que la douce-am"re s'est montrbe si efficace dans unie espace de dartre, sous les yeux de Carrbre (6), de Fouquet (7) et de Poupart (8); mais la simple nature, qui demande l'homoeopathie pour guerir s irement, l'a placte tout aupres de nous, dans la faculti qu'a la douce-amere d'exciter de son chef la manifestalioin d'une espece de dartre. CarreAre a vu 1'usage de cette plante provoquer une druption dartreuse qui couvrit le corps entier pendant quinze jours (9), une autre qui (1) CARRIIRE et STARCKE, Abhandl. ueber die Eigenschaft des Nachtschattens oder Bittersuesse. Itina, 1786, p. 20-23. (2) Ibid., p. 20-23. (3) Dans CARRERE, ibid. (4) Annalen des klinischen Institut, III, p. 45. (5) Ratio medendi, t. IV, p. 228. (6) CARIERE et STARCKE, Abhandl. ueber die Eigenschaft des Nachtschaltens oder Bittersuesse, Idna, 1786, p. 92. (7) Dans RAzoUz, Tables nosologiques, p. 275. (8) Traite des dartres, Paris, 1782, p. 184, 192. (9) Loc. cit., p. 96. 68 68 ~GIJ1RIS0NS UOMOEOPATHIQUES s'etablit aux mains (1); et une troisie'me qui fixa son sie~ge aux hwvres de la vulve (2). Ruecker (3) a vu la, scrofulaire susci-ter une anasarque generale. C'est pour cette raison que Gataker (4) et Girillo (5) sont parvenus a-vec son secours 'a gue~rir (homaceopathiquement) une espe~ce d'hydropisie. Boerhaave (6), Sydenham (7) et Radcliff' (8) n'ont put guerir une autre espe~e d'hydropisie qu'ai I'aide du sureau, parce que, comme nous l'apprend Hailer (9), le sureau determnine une tume~faction se'reuse par sa seule application 'a 1'exte~rieur du corps. De Haen (10), Sarc~onc (11) -et Pringle (12) ont rendu hommagre "a ]a ve~rite" et "a Vexpe'rience en a-vouant qu'ils avaient gue~ri des pleure'sies avec ]a scille, racine que sa grande Acreke' devait faire proscrire dans une affection de cc genre, oii le syste~me recu. nadmet que des reme~des adoucissants, rela'chants et rafrai'chissauts. Le point de cet' nWen a pas moins disparu sous l'influence de la scille, et par suite de la, loi homcopathique; car J.. Wagner (13) avait dej "a -vu l'action libre de cette plante pro-vo(1) CAIRtRERet STARCKE, Abhandl. ueber die Eigenschaft, u.s. w., p.149. (2) Ibid., p. 164. (3) Commerc. liter. Noric., 17 31, p. 37 2. (4) JVersuche und Bemerk. der Edinb. Gesellschaft, Altenbourg, 4762, V1I, p. 95,. 98. (5) Consult. mediche., t. 111, Naples, 1738, jn-fO. (6) Hisloria plantarum, p. 1, p. 207. (7) Opera medica, p. 496. (8) Dans HALLER, Arzneimittellehre, p. 349. (9) VICAT, Plantes ve'neneuses de la Suisse, Yverdon, 1776, p. 123. (10) Ra tio meden di, p -I Ip. 13. (11) Maladies observees 4~ Naples, Lj'on., 1804, t. 1, p. 166. (12) Obs. sur les maladies des armees, Paris, 4793, p. 127. (13) Observationes clinicwu, Lubeck, 1737. DUES AU HASARD. 69 quer une sorte de pleur'sie et d'inflammation du poumon. Un grand nombre de praticiens, D. Cruger, Ray, Kellner, Kaau-Boerhaave et autres (1), ont observe que la pomme epineuse (Datura Stramonium) excite un delire bizarre et des convulsions. C'est prx'cis6ment cette facultd de sa part qui a mis les medecins en etat de guerir, avec son secours, ]a demoniomnanie (2) (dd1ire fantasque, accompagne de spasmes dans les membres) et autres convulsions, comme Pont fait Sidren (3), et Wedenberg (4). Si, entre les mains de Sidren (5), elle a gueri deux chorees, qui avaient et6 determindes, l'une par la fraycur, I'autre par la vapeur du mercure, c'est qu'elle a par elle-meme la propriet6 d'exciter des mouvements involontaires dans les membres, comme I'ont remarque Kaau-Boerhaave et Lobstein. Diverses observations, celles entre autres de Schenck, tablissent qu'elle peut ddtruire la imnmoire en tres-peu de temps; ii n'est done pas surprenant qu'au dire de Sauvages et de Schintz, elle possede la vertu de guerir l'amnesie. Enfin Schmalz (6) est parvenu & guerir au moyen de cette plante une mflancolie qui alternait avec la manie, parce qu'au dire de Da Costa (7) elle a le pouvoir de provoquer un etat de choses analogue chez l'homme sain auquel on Fadministre. (1) C. Crugecr, dans Misc. nat. cur.,dcc. Ill, ann. 2, obs. 88. -- KaauBocihaave, Impetumn faciens, Leyde, 1745, p. 282. - Kellner, datis Bresl. Samml., p. 172. (2) Voechschrift fuer Lcekare, VI, p. 40. (3) Diss. de stramonii usu in malis convulsivis, Upsal, 1773. (4) Ibid. (5) Diss. morborum casus, spec. I, Ups., 1785. (6) Chir. und medicin. Vorfaelle, Leipzig, 1781, p. 178. (7) Dans SCHENCK, 1, obs. 139. 70 GUIRISONS HOMOEOPATHIQUES Plusieurs medecins, comme Percival, Stahl et Quarin, out observe que l'usage du quinquina occasionnait des pesanteurs d'estomac. D'autres out vu cette substance produire le vomissement et la diarrh6e (Morton, Friborg, Bauer et Quarin), la syncope (D. Cruger et Morton), une grande faiblesse, une sorte de jaunisse (Thomson, Richard, Stahl et C. E. Fischer), I'amertume de la bouche (Quarin et Fischer); enfin la tension du basventre. Or c'est precisement lorsque ces incommodites et ces etats morbides se trouvent reunis dans les fievres intermittentes que Torti et Cleghorn recommandent de n'avoir recours qu'au seul quinquina. De meme, 1'emploi avantageux qu'on fait de cette ecorce dans l'etat d'epuisement, les digestions laboricuscs et le defaut d'appetit, qui restent a la suite des fievres aigues, surtout quand on les a traitees par la saignee, les 6vacuants et les debilitants, se fonde sur la proprie6t qu'elle a de produire une prostration extreme des forces, d'aneantir le corps et 1'ame, de rendre la digestion p6nible et de supprimer I'appetit, ainsi que I'ont observe Cleghorn, Friborg, Cruger, Romberg, Stahl, Thomson et autres. Comment aurait-on pu arreter plus d'une fois des flux de sang avec l'ipecacuanha, ainsi que Baglivi, Barbeyrac, Gianella, Dalberg, Bergius et autres y sont parvenus, si ce medicament ne possedait pas de son chef meme la faculte d'exciter des hemorrhagies, ce qu'ont en effet remarque Murray, Scott et Geoffroy? Comment pourrait-il etre aussi salutaire dans l'asthme, et surtout dans l'asthme spasmodique, qu'Akenside (1), Meyer (2), (1) Medical Trans., I, no 7, p. 39. (2) Diss. de ipecac. refracta dosi usu, p. 34. DUES AU HASARD. 71 Bang (1), Stoll (2), Fouquet (3) et Ranoý (4) nous le depeignent, s'il n'avait pas par lui-meme la faculte de produire, sans exciter aucune evacuation, I'asthme en g6neral, et l'asthme spasmodique en particulier, que Murray (5), Geoffroy (6) et Scott (7) out vu naitre de son action sur 1'&conomie? Peut-on exiger des preuves plus claires que les medicaments doivent Otre appliquis a la guerison des maladies en raison des effets morbides qu'ils produisent? II serait impossible de comprendre comment la fyve Saint-Ignace a pu dre aussi efficace dans une espece de convulsion, que l'assurcnt Herrmann (8), Valentin (9) et un 6crivain anonyme (10),'si elle n'avait pas d'ellemime le pouvoir de provoquer des convulsions semblables, ainsi que Bergius (11), Camelli (12) et Durius (13) s'en sont convaincus. Les personnes qui out rcu des coups et des contusions 6prouvent des points de c6t{, des envies de vomir, des dancemnents et des ardeurs dans les hypochondres, le tout accompagne d'anxi6t6" et de tremblements, de soubresauis involontaires, semblables a ceux que provo(1) Praxis medica, p. 316. (2) Prcelectiones, p. 221. (3) Journal de mndecine, Paris, 1784, t. LXII, p. 137. (1) Dans Act. reg. Soc. med. Hafn., 11, p. 163, 111, p. 61. (5) Medic. pract. Bibl., p. 237. (6) Traitd de la matiere medicale, Paris, 1757, 11, p. 157. (7) I)Dans Med. comment. of Edinb., IV, p. 74. (8) Cynosura mat. med., II, p. 231. (9) list. simplic. reform., p. 195, ~ 4. (10) Dans Act. Berol., dec.11, vol. X, p. 12. (ii) Materia medica, p. 150. (12) Philos. Trans., vol. XXI, no 250. (13) Miscell. nat. cur., dec. IlI, ann. 9, 10. 72 72 GUItRISONS HOMOEOPATHIQUES quent les commotions e'lectriques, pendant ]a veille et pendant le sommeil, des fourmillements dans les parties sur lesquelles l'atteinte a port6, etc. Or I'arnica pouvant produire par Iui-me~me des symptomes semblables, comme 1'attestent les observations de iMeza, Vicat, Crichton, Collin, Aaskow, Stoll et J. C. Lange, on concoit sans peine que cette plante gue~risse les accidents provenantd'un coup, d'une chute, d'une contusion, ainsi qu'une foule de me'decins et des peuples entiers en ont fait 1'expe& rience depuis des sie~cles. Parmi les de~sordres que la belladone provoque chez l'bomme bien. portant, se trouvent des sympto"mes dont I'ensemble compose une imiage qui ressemble beaucoup a 1'espe~ce d'hydrophobie cause~e par ]a morsure d'un chien enrage", maladie que Mayerne ('1), Munch (2), Buchholtz (3) et Neimike (4) ont r~e11lement et parfaitement gu~rie avec cette plante (5"). Le sujet cherchie en vain le (1) Praxeos in morbis internis syntagma alterum, Vienne, 1697, p. 136. (2) Reobachtungen bey angewendeler Belladone bey den Menschen, S teniidal, 17 89. (3) Heilsame fWirkungen der Belladone in ausgebrochener JVuth, Erfurth, 1718 0. (4) 1)ans J. H. MUNCH'S Beobachtungen, theil. 1, p. 74. (5) S'iI est ariivsoven OICt ' a lh elladoi~e d echouer (lans la rage d6 -clare':., on no doit pas perdre dc viie qu~elle no peut gue'rir ici que par sa faculti6 de produire des effets semiblables h cetux de la maladie, et que par' conisequient on n'aurait du' 1'adr-ninistrei' qu'aux plus petites doses possiblie, coinme tous les remi'des hommeopath iqutes, ce qui sera dd'monitre dans F'Organon. Mais la plupart du temips on l'a donn4e e, des doses e'noi'mes, de fagon que les malades se voyaienit ne'cessaireruent mnourir, non de la maladie, mais dui reme'de. Cependant, ii peut Wen se faire aussi qu'iI existe plus d'un degre' ou d'une sorte d'hydrophobiecet de rage, et qu'en consequence, suivanit la diversite' des symp - td~mcs, le reme'de hornceopathique le pins convenahie soit parfois la jusqniame, et parfois aussi la pomme edpineuse. DUES AU HASARD. 73 sommeil; il a la respiration genee; une soif ardente et accompagne d'anxiete le devore; a peine lui presentet-on des liquides qu'aussit6t ii les repousse, son visage est rouge, ses yeux sont fixes et tincelants (F. C. Grimm); i prouve de la suffocation en buvant (E. Camnerarius et Sauter); en general, ii est incapable de rien avaler (May, Lottinger, Sicelius, Buchave, D'HIermont, Manetti, Vicat, Cullen); ii prouve alternativement de ]a frayeur et des envies de mordre les personnes qui l'entourent (Sauter, Dumoulin, Buchave, Alardorf); il crache autour de lui (Sauter); i1 cherche a s'echapper (Dumoulin, E. Gmelin, Buchholtz); enfin son corps est dans une agitation continuelle (Boucher, E. Gmnelin et Sauter). La helladone a gueri aussi des espbces de manie et de melancolie, dans des cas rapportes par Evers, Schmucker, Schmalz, Munch pere et fils et autres, parce qu'elle posside elle-meme la facult (ide produire certaines esphces de demences, telles que celles qui ont &tei signal6es par Rau, Grimm, Hasenest, Mardorf, Hoyer, Dillenius et autres. Henning (1), apres avoir inutilement traite pendant trois mois une amaurose avec taches bigarrees devant les yeux, par une multitude de moyens differents, vint 'a s'imaginer que cette affection pouvait bien &tre due a la goutte, dont le malade n'avait cependant jamais ressenti aucune atteinte, et filt conduit ainsi par le hasard a prescrire la belladone (2), qui procura une guerison rapide et exempte de tout inconvenient. Nul doute qu'il n'eit fait choix de ce (1) Datis HIUFELAND S Journal, XXV, Iv, p. 70-74. (2) Ce W'est que par conjecture qu'on a fait h la belladone I'honneur de la ranger au iombre des remedes de la goutle La maladie qui pourrait encore avoir quelque droit h s'arroger le nom de goutte, ne sera jamais et nie pent point tre gurie par la belladone. 74 GURRISONS HOIMOEOPATHIQUES remede des le principe, s'il ei't su qu'on ne peut gu6rir qu' I' aide de moyens produisant des sympt6mes semblables a ceux de la maladie, et que la belladone ne devait pas manquer, d'apris l'infaillible loi de la nature, de guerir ici hommopathiquement, puisque, au t.moignage de Sauter (1) et de Buchholtz (2), elle excite ellenmeme une sorte d'amaurose avec des taches bigarrees devant les yeux. La jusquiame a fait disparaitre, sous les yeux de Mayerne (3), Stoerck, Collin et autres, des spasmes qui avaient une grande ressemblance avec l'epilepsic. Elle a produit cet effet par la raison meme qu'elle posside la faculte d'exciter des convulsions tris-analogues a I'6pilepsie, comme on le trouve indiqu6 dans les ouvrages d'E. Camerarius, C. Seliger, Hlunerwolf, A. Hamilton, Planchon, Da Costa et autres. Fothergill (4), Stcerck, Helwig et Ofterdinger out employe la jusquiarnme avec succe~s dans certains genres d'aliernation mentale. Mais elle aurait rbussi en pareil cas a un bien plus grand nombre de medecins, si l'on n'avait pas entrepris de gu4trir avec son secours d'autres alienations mentales que celle qui a de l'analogie avec Vespdce d'egarement stupide que Van Helmont, Wedel, J. G. Gmelin, Laserre, Hunerwolf, A. Hamilton, Kiernander, J. Stedmann, Tozzetti, F. Faber et Wendl ont vu succeder a l'action de cette plante sur l'6conomie. En reunissant les effets que ces derniers observateurs (1) Daiis HUFELAND'S Journal, XI. (2) Alid., V, I, p. 252. (3) Prax. med., p. 23. (4) Mem. of the medical soc. of London, I, p. 310, 314. DUES AU HASARD. 75 out vu produire a la jusquiame, on forme 1'image d'une hystArie parvenue a un assez haul degrr. Or nous trouvons dans J. A. P. Gessner, dans Stoerck et dans les Actes des curieux de la nature (1), qu'une hysterie ayanl beaucoup de ressemblance avec celle-lh fut guerie par l'emploi de cette plante. Schenkbecher (2) n'aurait jamais pu gu'rir avec la jusquiame un vertige qui durait depuis vingt ans, si ce vegetal ne possedait pas a un haut degre la faculte de produire g6neralement un dtat analogue, ainsi que 'attestent Hunerwolf, Blom, Navier, Planchon, Sloane, Stedmann, Greding, Wepfer, Vicat et Bernigau. Mayer Abramson (3) tourmentait depuis longtemps un maniaque jaloux avec des rembdes qui ne produisaienl aucun effet sur lui, lorsqu'enfin ii lui fit prendre, a titre de soporifique, de ]a jusquilame, qui procura une guerison rapide. S'il avait su que cette plante excite la jalousie et des manies chez les sujets bien portants, et s'il avait connu la loi homoeopathique, seule base naturelle de la therapeutique, ii aurait pu dis le principe administrer la jusquiame en toute assurance, et &viter ainsi de fatiguer le malade par des remedes qui, n'dtant point homceopathiques, ne devaient lui servir a rien. Les formules compliquees que Hecker (4) mit en usage, avec le succes le plus marque, dans un cas de constriction spasmodique des paupieres, auraient ete inutiles, si un hasard heureux n'y avait fait entrer la jus(1) IV, obs. 8. (2) Fon der Kinkina, Schierling, Bilsenkraut, u. s. w., Riga, 1769, p. 162, appendice. (3) Dans HUFELAND'S Journal, IX, ii, p. 60. (4) Ibid., I, p. 354. 76 GUI9RISONS HOMOEOPATHIQUES quiame, qui, selon Wepfer (i), provoque une affection analogue chez les sujets bien portants. Withering (2) ne parvint non plus "a triompher d'un resserrement spasmodique du pharynx, avec impossibilil~ d'avaler, qu'au moment oih il administra de la jusquiame, dont l'action sp6ciale consiste "a determiner un resserrement spasmodique du gosier, avec impossibilite d'ex6cuter la d6glutition, effet que Tozzetti, Hamilton, Bernigau, Sauvages et Hunerwolf lui ont vu produire, et a un haut degr6. Comment serait-il possible que le camphre ffit aussi salutaire que le prietend le veridique Huxham (3), dans les fibvres dites nerveuses lentes, oil la chaleur est moins elevee, ofi la sensibilite est emoussee, et ofi les forces g6nerales sont considerablement diminue'es, si le resultat de son action immediate sur le corps n'6tait la manifestation d'un etat semblable en tout point ' celui-lh, ainsi que G. Alexander, Cullen et F. Hoffmann l'ont observe? Les vins ge'nereux pris a petites doses guerissent homceopathiquement la fibvre inflammatoire pure. C. Crivellati (4), H. Augenius (5), A. Mondella(6) et deux anonymes (7) en ont recueilli toutes les preuves. Dj~jt Asclepiadis (8) avait gueri une inflammation du cerveau avec (1) De cicuta aquatica, Bale, 1716, p. 320. (2) Edinb. med. comment., dec. II, B. IV, p. 263. (3) Opera, t. 1, p. 172, t. II, p. 84. (4) Trattato dell' uso e modo di dare ii vino nelle febbri acute, Rome, 1600. (5) Epist., t. II, lib. 2, ep. 8. (6) Epist., 14, Bale, 1538. (7) Eph. nat. cur., dec. II, ann 2, obs. 53.--Gazette de santd,1788. (8) COELTUS AURELIANUS, de Morbis acut., lib. I, c. 16. DUES AU HASARD. PA7 une petite dose de vin. Un dd1ire febrile, accompagn6 d'une respiration stertoreuse, et ressemblant a l'ivresse profonde que le vin produit, fut gueri en une seule nuit par du vin que Rademacher (1) fit boire au malade. Est-il possible de meconnaitre ici Ic pouvoir d'une irritation m6dicinale analogue? Une forte infusion de the occasionne aux personnes qui n'en ont pas l'habitude, des battements de ceur et de i'anxiete: aussi, prise a petites doses, est-elle un excellent remede contre ces accidents provoques par' d'autres causes, ainsi que G. L. Rau l'a constate (2). Un Ctat semblable a l'agonie, dans lequel le malade pr'ouvait des convulsions qui lui 6taient la connaissauce, qui alternaient avec des accs de respiration spasmodique et saccadee, parfois aussi suspirieuse et stertoreuse, et qui s'accompagnaicut d'un froid glacial a la face et au corps, avec lividit6 des pieds et des mains, et faiblesse du pouls (etat tout a fait analogue a F'ensembly des accidents que Schweikert et autres out vus resulter de l'action de l'opium), fut d'abord traite sans succes par Stutz (3) avec I'alcali, mais guerit ensuite d'une maniere rapide et durable au moyen de l'opium. Qui ne reconnait ici la methode homoeopathique, mise en jeu a l'insu de celui qui l'emploie? L'opium produit aussi, d'apres Vicat, J. C. Grimm et autres, une forte et presque irresistible tendance au sommeil, acconmpagnee d'abondantes sueurs et de ddlire. Ce fut un motif pour Osthoff (4) de nie point I'administrer (1) Dians HUFELAND'S Journal, XVI, I, p. 92. (2) Ueber den Werth der homcopath. Heilf., Heidelberg, 1824, p. 75. (3) Dans HUFELAND'S Journal, X, Iv. (4) Davis Salzb. med. chirury. Zeitung, 1805, III, p. 110. 78 78 GUIýRIS0NS HOMOEOPATHIQUES dans une fievre e~pide~mique qui pre'sentait des sympt6mes fort analogues; car le systP~me dont ii suivait les principes de~fendait d'y avoir recours en pareille circonstance. Cependant, apre's avoir epuise inutilement tous les reme'des connus, et croyant son malade sur le point de mnourir, ii prit le parti de donner 'a tout ha*s~ard un peu d'opium, dont l'effet fut salutaire, et devait l'6tre effectivement d'apre~s la loi e'ternelle de l'homceopathie. J. Lind (1) avoue egalement que 1'opium enkeve les pesanteurs de te~te avec chaleur "a la peau et manifestation difficile de la sueur, que ]a te'te se de~gage, la chaleur ardente de la fie"vre disparait, la peau s'assouplit, et une s"Neur abondante en baigne la surface. Mais Lind ne savait pas que cet effet salutaire de l'opium est du a~ ce que, en &epit des axionies de IlI cole, cette substance produit chez l'hornme bien portant des syptmes morbides fort analogues "a ceux-la. 11 s'est trouve" neanmoins quelques medecins dans l'esprit desquels cette ve'rite a passe comme un eclair, mais sans y faire naitre le soupcon meime de la loi hiomcopat~hique. Alston (2) dit que 1'opium est un Ynoyen echau[fant, mais qu'iI n'est pas momns certainenient propre 'a mode'rer la chaleur quand elle existe de~j'a. De la Gue'renne (3) administra de l'opium dans une fie~vre accompagn~ee d'un -violent inal de ete, de tension et durete' du pouls, de se~heresse et Aprete" a la peau, de cia-. four brilante, enfin de sueurs de~bilitantes dont l'exha-. lation difticile eO&ait continuellement interrompue par I'agitation extreme du malade. Ce moyen lul re~ussit; mais (1) Essai sur les maladies des Europeens dans les pays chauds, Paris, 1785, 2 vol. in-32. (2) Dans Edinb. Versuchen, Y, p. 1, art. 12. (3) Datis ROEMER, Annalen der Arzneimiltellehre, i, 11.1 P. 6. DUES AU HASARD. 79 il ne savait pas que, si l'opium avait amen6 un resultat avantageux, c'est parce qu'il posside la faculte de produire un etat. f6brile tout a fait analogue chez les personnes qui jouissent d'une bonne sant6, ainsi que F'ont reconnu beaucoup d'observateurs. Dans une fievre soporeuse oi le malade, prive de la parole, 6tait etendu, les yeux ouverts, les membres roides, le pouls petit et intermittent, ]a respiration gcnee et stertoreuse, sympt6mes parfaitement semblables a ceux que l'opium lui-meme peut exciter, suivant le rapport de Delacroix, Rademacher, Crumpe, Pyl, Vicat, Sauxages et beaucoup d'autres, cette substance fut la seule a laquelle C. L. Hoffmann (1) vit produire de bons effets, qui furent tout naturellement un resultat homoeopathique, Wirthenson (2), Sydenhain (3) et Marcus (4) sont parvenus de mnme a guerir des fibvres lethargiques avec l'opium. La lethargie dont de Meza (") obtint la guwrison ne put 'tre vaincue que par cotte substance, qui en pareil cas agit hornmeopathiquemnent, puisqu'elle occasionne elle-meme la 1kthargie. Apres avoir longtemnps tourmente" par des rernmdes inappropries ai sa situation, c'est-a-dire non homzeopathiques, un homnme atteint d'une maladie nerveuse opiniatre, dont les principaux sympt6mes dtaient l'insensibilith et l'engourdissement des bras, des cuisses et du bas-ventre, C. C. Matthaei (6) le guerit enfin par l'opium, qui, d'apres Stutz, J. Young et autres, a la propriet6 d'exciter par lui-mneme des acci(I) VON SCIARBOCK, Lustseuche, u. s. w., Munster, 1787, p. 295. (2) Opii vires fibrce cordis debilitare, etc., Munster, 1775. (3) Opera, p. 654. (4) Magazin fuer Therapie, I, I, p. 7. (5) Act. reg. Soc. med. Hafn., 111, p. 202. (6) Dans STRUVE'S Triumph der Heilk., Iii. 80 GU1lRISONS HOMOEOPATHIQUES dents semblables d'une grande intensite, et qui, en cons6quence, comme chacun voit, n'a procure la guerison dans cette occasion cique par la voie de l'homceopathie. D'apres quelle loi s'opera la guerison d'une J6thargie datant de plusieurs jours, que Ilufeland obtint au moyen de l'opium (1), si cc n'est d'apres celle de l'hoinceopathie, qu'on a m6connue jusqu'a present? Une 6pilepsie ne se dclarait jamais que pendant le sommeil du malade; de Haen reconnut que ce n'etait point ]a un sommeil naturel, mais un assoupissement lethargique, avec respiralion stertoreuse, tout a fait semblable a celui que l'opium suscite chez les sujets bien portants; ce ne fut qu'a l'aide de l'opium qu'il le transforma en un sommeil sain et v&riitable, dans le inme temps qu'il debarrassa le malade de son epilepsie (2). Comment serait-il possible que l'opium, qui, au su de chacun, est de toutes les substances vegetales culle dont l'administration a petites doses produit la constipation la plus forte et la plus opiniatre, fit cependant un des remides sur lesquels on diit le plus compter dans les constipations qui mettent la vie en danger, si ce n'elait en vertu de la loi homoeopathique tant mlconnue, c'est-a-dire si ]a nature n'avait point destine les medicaments ' vaincre les maladies naturelles par une action sp6ciale de leur part qui consiste a produire une affection analogue? Cet opium, dont ]a premiere impression est si puissante pour resserrer le ventre, Tralles (3) a reconnu aussi en lui l'unique moyen de salut dans un cas qu'il avait inutilement lraite jusque-lh par des evacuants et autres moyens non appropries 'ala circonstance. (1) Dans HUFELAND'S Journal, XII, I. (2) Ratio medendi, V, p. 426. (3) Opfi usus et abusus, sect. II, p. 260. DUES AU HA&SARD. 81 Lentilius (1) et G. W. Wdel (2), Wirthenson, Bell, Heister et Richter (3) ont egalernent constate' l'efficacite de I'opium, meme administre6 seul, dans cette inaladie. Bohn s'etait convaincu. aussi par expe~rience que les opiaces pouvaient seuls debarrasser les entrailles de leur contenu dans la colique appekee miserere (4); et le grand F. Hoffmann, dans les cas les plus dangereux. de ce genre, ne s'en rapportait qu'a' 1'opiurn combine' avec ]a liqueur anodine (i. Toutes les theories contenues dans les deux cent mulle volumes de me'decine qui pe~sent sur la terre, pourraient-telles nous donner une explication ration nelle de ce fait et de tant d'autres semblables, elles qui sont tout "a fait e&trange~res "a ]a loi the~rapeutique de l'honweopathie? Sont-ce leurs doctrines qui nous conduisent "a la de'couverte de cette loi naturelle si franchement expri mee dans toutes les gue~risons vraies, rapides et durables, savoir que, quand on applique les me3dicamnents an traitement des maladies, ii faut preiidre pour guide ]a ressemlblance des effets qu'ils produisent chez l'homrne bien portant avec les synipto8mes de ces affections? Rave (6) et Wedekirid (7) out arre'te des metrorrhagies inquietantes avec le secours de la sabine, qui, chacuin le sait, de~terminc des lie" norrliagies uth'rines et par suite l'avortement chez les femmes bien portantes. Pourraiton ineconnai'tre ici la loi 1tornicopathique, celle qui lrescrit de g)uuerir simdlia simtilibus? (1) Eph. nat. cur., (lee. III, ann. 4, App., p. 13t. (92) Opiologia, p. 120. (3) Anfangsgriirsde der JT~undarzneykunde, V, ~ 328. - Chronische JKrankheiten, Beilin, 1816, 11, p. 220. (1i) Do, officio medici. (5i) Medicin. rat. System, t. IV, p. 1I, p. 297. (6) Beobachtungion und Schluesse, 11, p. 7. (7) Dans HUFELAND'S Joirnal, X, i, p. 77. 82 GUIRISONS HOMOEOPATHIQUES Le musc serait-il a peu pres sp6cifique dans les esp&ces d'asthme spasmodique auxquelles on a donne le nom de Millard, s'il n'avait par lui-mmnie la propriete d'occasionner des suffocations spasmodiques sans toux, comme I'a remarque F. Hoffmann (1)? Est- ii possible que la vaccine garantisse de la petite vYerole autrement que d'une manihre homceopathique? car, sans parler d'autres grands traits de ressemblance qui existent souvent entre ces deux maladies, elles ont cela de commun, qu'elles ne peuvent se manifester qu'une sweale fois dans le cours de la vie, qu'elles laissent des cicatrices 6galement profondes, qu'elles determinent toutes deux la tum6faction des glandes axillaires, une fibvre analogue, une rougeur inflammatoire autour de chaque bouton, enfin l'ophthalmie et les convulsions. La vaccine drtruirait meme la variole qui vient d'eclater, c'est-hdire gubrirait cette affection deja existante, si la petite vYrole ne l'emportait pas sur elle en intensite. 11 ne lui manque done, pour produire cet effet, que l'exces d'&nergie qui, d'apres la loi naturelle, doit coincider avec la ressemblance homceopathique pour que la guerison puisse s'effectuer (~ 152). La vaccine, considerde comme moyen homceopathique, ne peut done avoird'efficacit6 que quand on 1'emploie avant I'apparition, dans le corps, de ]a petite verole, qui est plus forte qu'elle. De cette maniPre elle provoque une maladie fort analogue a la variole, par cons6quent homceopathique, apris le cours de laquelle le corps humain qui, dans la r"gOle, ne peut itre attaque qu'une seule fois d'une maladie de ce genre, se trouve (1) Med. ration. System, III, p. 92. DUES AU HASARD. 83 desormais a l'abri de toute contagion semblable (1). On sait que la retention d'urine est un des accidents les plus ordinaires et les plus pbnibles que produisent les cantharides. Ce point a ete suffisamment etabli par J. Camerarius, Baccius, Fabrice de Hilden, Foreest, J. Lanzoni, Van der Wiel et Werlhoff (2). Lcs cantliarides, administrees " 1'int6rieur avec precaution, doivent par consequent &tre un rem'de homoeopathique tres-salutaire dans les cas analogues de dysurie douloureuse. Or, c'est cequ'elles sont effectivement(3). Sans compter tousles medecins grecs, qui, an lieu de notre cantharide, employaient le Meloe cichorii de Fabricius, Fabrice d'Aquapendente, Capo di Vacca, Riedlin, Th. Bartholin (4), Young (5), Smith (6), Raymond (7), de Meza (8), Brisbane (9) et autres, ont giueri parfaitement avec des cantharides des ischuries fort douloureuses qui n'etaient point dues a un obstacle mecanique. Sydenham a vu ce moyen produire les meilleurs effets dans des cas du meme genre; ii le vante beaucoup, et ii l'euit volontiers employe, si les tra(1) Cette gue'rison hommeopathiqiue anticipee (qu'on appelle priservation ou piophylaxie) nous parait possible aussi dans quelques autres cas. Ainsi, nous perisons qu'en portant suir soi du soufre pulvrise, on pett se prdserver' de la gale des ouvriers en laine, et qu'en prenant une dose de belladonine aussi faible que possible, on so gaiantit de la fivre scailatitie. (2) Voyez mes Fragmenta de viribus medicamentorum positivis, Leipzig, 1805, I, p. 83. (3) Voyez les obsetIvations do MM. Bouilland, Vernois, Moriel-Lavallie (Bulletin de 1'icadimie de medecine, Paiis, 1847, t. XII, p. 744, 779, 8i2). (4) Epist. 4, p. 345. (5) Philos. Trans., nO 280. (6) Medic. Communications, II, p. 505. (-) Dans Auserles. Abhandl. fuer prakt. Aerzte, III, p. 460. (8) Act. reg. soc. med. Hafn., II, p. 302. (9) Auserles. Faelle, Altenb., 1776. 84 GUIRISONS HOMOEOPATHIQUES ditions de l'ecole qui, se croyant plus sage que ]a nature, prescrit des adoucissants et des relhchants en pareille circonstance, ne l'eussent detourne, contre sa propre conviction, de metire en usage le remide qui est specifique ou homoeopathique (1). Dansla gonorrh~e inflammatoire r6cente, on Sachs de Lewenheim, Hannaus, Bartholin, Lister, et, avant eux tous, Werlhoff, ont administre les cantharides a tres-petites doses avec un plein succas, cette substance a manifestement enleve les symptimes les plus graves, qui commencaient i se declarer (2). Elle a produit cet effet en vertu de la propri6te dont elle jouit, d'apris le thmoignage de presque tousles observateurs, d'occasionner une ischurie douloureuse, lI'ardcur d'urine, I'inflammation de l'urethre (Wendt). et mime, par sa simple application a l'extdrieur, une sorte de gonorrhee inflammatoire (3). L'usage du soufre a l'inttrieur cause assez souvent, chez les personnes irritables, un tcnesme accompagne quelquefois de douleurs dans le bas-ventre ct de vomissements comme l'atteste Walther (4). C'est en vertu de cette propricte d6volue au soufre qu'on a pu (5), par son (1) Oppra medica, edit. Reichel, t. II, p. 121.. (2) Je dis (( les symptoimes les plus graves, qui cormmenaient ' se declarer, ) parce quie le reste du traitement exige d'autres considdrations; car, 1)iet qu'il y ait des gonorrhees si Ig'geres qu'Alles disparaissent hientot d'elles-mmrnes, et presque sans secouris, i t s'en trouve d'au(res beaucoup plus graves, celle pririncipalenietit qui est devenue plus commune depuis les campagnes des Frangais, et qui se communique par le coit, comme la mnialadic chancreose, quoiqu'elle soit d'une nature tout a fait diflt'rente. - Vovez l'ovragae de Hahnemann, Trait/ des maladies rvndriennes, dans Etudes de midecine homceo/)alhiqt/e, Paris, 1855, t. I. (3) Wichmanin, Auswahl aus den Nurnberger gelehrten Unterhaltungen. i. p. 219. (4) Prog. de sulphure et marte. Leipzig, 1743, p. 5. (!i) Med. national Zeitung, 1798, p. 153. DUES Au HASARD. 85 moyen, gwe'rir des affections dyssente'riques, un te~nesmie hemorrhoidal, d'apres Werlhoff (1), et,suanRae() des coliques occasionne~cs par des he'morrho~ides. 11 est connu que les caux de Toeplitz, comme toutes les autres eaux sulf'ureuses tie~des et chaudes, provoquent l'apparition d'un exantheme qui ressemble beaucoup at la gale des ouvriers en laine. Or, c'est justement cette Yertu homowopathique qui les rend propres "a gu~rir diverses e"ru ptions pso-riques. Qu'y a-I-il de plus sutfoquant que ]a vapeur du soufre? C'est cependant la -vapeur du soufre en combustion que Bucquet (3) cite comme le moyen qu reussit le rnieux "a ranimer les personnes asphyxie~s par quelque autre cause. Nous lisons, dans les e&rils de Beddoes et ailleurs, que les nm decins anglais ont trouve l'acide nitrique d'un grand secour's dans la salivation et les ulce~rations de la bouche occasionne'es par l'usage du mercure. Cet acide n'aurait Pu etre utile en pareil cas, s'il ne posse"dait par lui-meme la faculte' de provoquer la salivation et des u'ledr1es " a ] bouche, etlets pour la manifestation desquels 11 suffit de l'appliqluer en bain' "a la surface du corps, coinme le tedmoignent Scott (4) et Blair (5), et que l'on voit e&galement survenir apreds son administration "a l'inte'rieur, ainsi que l'attestent Alyoti (6), Luke (7), J. Ferriar (8), et G. Kellie (9). ('1) Observat. de febribus, p. 3, ~ 6. (2) thns HUFv-ILAND'S Journal, VII, i11, p. 168. (3) Edinb. med. commnent., ix. (4) Dans HUFELAND'S Journal, IV, p. 353. (5) Neueste Erfahrungen, Glogau, 1801.. (6) Mom. de la Soc. mldicale d'eimulation, 1, p. 195. (7) Dans Beddoes. (8) Samrnlung auserles. Abhandl. fuer prakt. Aerzte, XIX, uI. 86 GUtRISONS HOMOEOPATHIQUES Fritze (1) a vu un bain charge de potasse caustique produire une sorte de tetanos, et A. de Humboldt (2) est parvenu, au moyen du sel de tartre fondu, espece de potasse a demi c austique, a porter I'irritabilite des muscles jusqu'au point de provoquer la roideur td'anique. La vertu curative que la potasse caustique exerce dans tous les genres de tetanos, oii Stutz et autres l'ont trouvee si avantageuse, pourrait-elle 4tre expliqube d'une maniere plus simple et plus vraie que par la facult6 dont cet alcali jouit, de produire des effets homceopathiques? L'arsenic, dont I'immense influence sur l'Fconomie fait qu'on n'oserait decider s'il ne peut pas etre plus redoutable entre les mains d'un imprudent que salutaire entre celles d'un sage, I'arsenic n'aurait point op6r6 tant de frappantes guerisons de cancers a la face, sous les yeux d'une multitude de medecins, parmi lesquels je citerai seulement Fallope (3), Bernhardt (4) et Roennow (5), si cet oxyde metallique n'avait la faculte homceopathique de faire naitre, chez les sujets en pleine sante, des tubercules trbs-douloureux et fort difficiles a guerir; d'apris Amatus Lusitanus (6), des ulcerations tres-profondes et de mauvais caractere; suivant Heinreich (7) et Knape (8), des ulceres cancereux, au temoignage de (1) Dans HUFELAND'S Journal, XII, I, p. 116. (2) Versuch ueber die gereizte Muskel und Nervenfaser, Posen et Berlin, 1797. (3) De ulceribus et tumoribus, lib. II, Venisc, 1563. (4) Journal de mod. chir. et pharm., Paris, 1782, LVII, p. 256. - MWrat et Delens, Dict. universel de matibre me'dicale, Paris, 1828, t. I, p. 441. (5) Koenigl. vetensk. Handl. f. Jahr 1776. (6) Obs. et cur., cent. 11, cur. 34. (7) Act. nat. cur., II, obs. 10. (8) Annalen der Staatsarzneyk., I, i. DUES AU IIASARD. Z57 Heinze(l). Les anciens ne seraient pas unanimes daris 1'e'1oge (U'ils font de l'emp1~tre magnetique ou arsenica1 d'Ange Sala (2) contre les bubons pestilentiels et le charbon, si 1'arsenic n'avait point, au rapport de Degner (3) et de Pfann (4), Ia propriete de faire naitre des tumeurs inflammatoirtes qui passent promptement a la gangr ne, et des charbons ou des pustules malignes, comme l'ont observe Yerzascha (5) et Pfann (6). Et d'oii viendrait la vertu curative qu'il manifeste dans quelques espe~ces de fievres intermittentes, vertu atteste'e par tant de milliers d'exemples, rais dans 1'application pratique de laquelle on n'apporte point encore assez de precaution, et qui, proclamee, ii y a djAi plusieurs si ecles, par Nicolas Myrepsus, a ete depuis mise hors de doute par Slevogt, Molitor, Jacobi, J. C. Bernhardt, Jungken, Fauve, Brera, Darwin, May, Jackson et Fowler, si elle n'deait pas fonde"e sur la faculte de provoquer la fievre qu'ont signakee presque tous les observatours des inconvenients de cette substance, en particulier Amatus Lusitanus, Degner, Buchhoitz, Heun et Knape? Nous pouvons en croire E. Alexander (7), quand ii dit que ]'arsenic est un reniede souverain contre 1'angine de poitrine, puisque Tachenius, Guilbert, PreusSius, Thilenius et Pyl 1'ont vu determiner une vive oppression de poitrino, Griselius (8), une dyspnee allant presque jus. (1) I)atis HuFELAND's Journal, 1813, septembre, p. 48. (2) Anatom. vitrioli, ti'. 11, dans Opp.lmed. chym., Firancfort, 1647, p. 381, 463. (3) Act nat. cur., VI. (4) -Innalen der StaatsarMzneykunde, loc. cit. (5) Obs. med. cent., BB1e1, 1667, ohs. 66. (6) Samludng merkwuerd. Eaelle, Nuremberg, 1750, p. 119, 130. (7) Med. comm. of Edinb., dec. II, t. 1, p. 85. (8) Misc. nat. cur., dec. 1, ann. 2, p. 149. 88 88 GUIfRIS0NS HOMOEOPATHIQUES qu'a& ]a suffocation, enfin Majault surtout (1) des acce~s d'asthrne provoques subitement par la marche et accornpagrnes d'une grande prostration des forces. Les convulsions que dc"terminent, le cuivrc et, d'apre's Tondi, Ramsay, Fabas, Pyl et Cosnijer, ]'usage des aliments charge~s de particules cuivreuses; les attaques re'ite'rees d'e'pilepsie qu'ont fait nai"tre, sous les yeux de J. Lazerme (2), I'introduction. d'une monnaie de cuivrc dans l'estomac, ct sous ceux de Pfundel (3), l'ingestion du sci ammoniac cuivreux dans les voics digestives, cxpliq-,uent sans peine aux me'decins qui prennent la peine de re~fle~hir comment lc cuivrc a. pu -guerir ]a chore~e, au rapport de RI. Willan (4), de WAaicker (5), de Thuessink (6) ct de Delarive (7), comment les preparations cuivreuses out si souvent procure la gue'rison de 1'epilepsic, ainsi quc l'attcstent les faits rapporte's par Batty, Baumes, Bierling, Bocrhaavc. Causland, Cullen, Duncan, Fetterstein, ilevelius, Lich, Magennis, C. F. Mfichaclis, Red, Russel, Stisser, Thilenius, Wcissmanni, Xeizcnbreyer, Whithers et autres (8). Si PoteriusWcpfer, F. Hoffmnann, R. A. Vogel, Thierry et Albrecht out ogue"ri avec de Fe" ain iine espe'ce de phtihisic, une fie~vre hectique, des catarrhes chroniques et un asthmc muqucux, c'est que cc metal a de son. propre chef (1) banis Sammiung auserles. Abhandl., VII, i. (2) De morbis int. capitis,, Amsterdam, 1748, p. 253. (3) bans HUFELAND'S Journal, 11, p. 264; et au timoignage de C. F. Bui'dach, dans son System der Arzneien, Leipzig, 1807, 1, p. 284. (P) Sammi. auserles. Abhandl., X1I, p. 62. (i) bid.ý, Xl, 3, p. 672. (6) WTIahrnehmungen, n0 18. (7) Daris KUHN'Is phys. med. Journal, 1800, janvier, p. 58. (8- A. Portal, Observ. sur l'e'pilepsie, Paris, 1827, p. 417. DUES AU HASARD. 89 la propriete' de determiner une sorte de phthisie, ainsi que Stahl (1) avait deji pu s'en convaincre. Et comment lui aurait-il eti( possible d'op6rer cette gue'rison de maux d'estomac que Geischlaeger lui attribue, s'il nepouvait par lui-meme produire quelque chose de semblable? Or, cette faculte dont iljouit, Geischlaeger lui-meme (2) et Stahl(3) avant lui l'ont constatle. Le ficheux effet qu'a le plomb ('occasionner une constipation opiniMare et meme la passion iliaque, comme l'ont remarque Thunberg, Wilson, Luzuriaga et autres, ne nous donne-t-il pas ' entendre que ce metal possede aussi la vertu de guerir ces deux affections? Car it doit, comme tous les autres medicaments au monde, pouvoir vaincre et guwrir d'une maniere durable, par sa facultl d'exciter des sympl)tomes morbides, les maux nalurels ayant de la ressemblance avec ceux qu'il engendre. Or, Ange Sala (4) a gu6ri une sorte d'ileus, et J. Agricola (5) une autre constipation qui mettait la vie du malade en danger, par l'emploi du plomb a l'interieur. Les pilules saturnines, avec lesquelles beaucoup de mnodecins, Chirac, Van Helmont, Naudeau, Pererius, Rivinus, Sdenham, Zacutus Lusitanus, Bloch et autres ont gueri la passion iliaque et la constipation invetere'e, n'operaient pas seulement d'une manibre rmecanique et par leur poids, car si telle eiit e't la source de leur efficacite, 1'or, dont ]a pesanteur I'ernporte sur celle du plomb, se serait montre preferable en pareil cas; mais elles agissaient (1) Mat. med., cap. 6, p. 83. (2) Dans HUFELAND'S Journal, X, in, p. 165. (3) Mat. med., loc. cit. (4) Opera, p. 213. (5) Comment. in J. Poppii chym. med., Leipzig, 1838, p. 223. 90 GUIRISONS HOMOEOPATHIQUES surtout comme remade saturnin interne, et gu'rissaient homoeopathiquement. Si Otton Tachenius et Saxtorplh out autrefois gueri des hypochondries opiniatres avec le secours du plomb, ii faut se rappeler que ce metal tend par lui-meme a provoquer des affections hypochondriaques, comme on peut le voir dans la description que Luzuriaga (1) donne de ses effets nuisibles. On ne doit pas s'etonner de ce quie Marcus (2) a gu'ri rapidement un gonflement inflammatoire de la langue et du pharynx avec un remede (le mercure) qui, d'apres l'exp6rience journaliere et mille fois repVthe des madecins, posside une tendance specifique 'a dterminer I'inflainmation et la tumefaction des parties internes de la bouche, phenomenes auxquels ii donne meme lieu par sa seule application a la surface du corps, sous la forme d'onguent ou d'emplatre, comme l'ont eprouve'Degner (3), Friese (4), Alberti (5), Engel (6) et une foule d'autres. L'affaiblissement des facult6s intellectuelles (Swediaur) (7), l'imbecillit6 (Degner) (8), et l'alienation mentale (Larrey) (9), qu'on a vus resulter de l'usage du mercure, joints a la faculte presque specifique qu'on connait a cc metal de provoquer la salivation, expliquent comment G. Perfect (10) a pu guerir d'une maniere du(i) Recu.il piriod. de littirature m6dicale, i1, p. 20. (2) Magazin, 11, II. (3) Act. nat. cur., VI, app. (4) Geschichte und Versuch einer chirurg. Gesellschaft, Copenhague, 1774. (5) Jurisprudentia medica, V, p. 600. (6) Specimina medica, Berlin, 1781, p. 99. (7) Traite' des maladies vinde'riennes, 11, p. 368. (8) Loc. cit. (9) Dans Descript. de l'Egypte, t. I. (10) Ainnalen einer Anstalt fuer Wahnsinnige, Hanovre, 1804. DUES AU HASARD. 9 91 rable, avec du mercure, une md~ancolie qui alternait avec un flux de salive. Pourquoi les mercuriaux out-uls taut reussi "a Seelig (1), dans l'angrine accompagne~e du pourpre, at Hamilton (2), Hoffmann (3), Marcus (4), Rush (5), Colden (6), Baile-y et Michaclis (7), daus d'autres esquinancies de mauvais caracte~re? C'est e'videmment parce que ce me~tal suscite lui-meme une espece d'angine, qui est des plus fiicheuses (8). N'est-ce pas homceopathiquement que Sauter (9) a gue'ri une inflammation ulce'reuse de la bouche, accornpague~e d'aphthes et d'une fdfidite" d'haleine semblable "a celle qui a lieu dans le ptyalisrne, en prescrivant des gargarismes avec ]a dissolution de sublime', et que Bloch (10) a fait disparaitre des aphthes dans la bouche par l'euploi des preparations mercurielles, puisque, entre autres ulce'rations buccales, cette substance produit specialement une espece (J) Dans HUFELAND'S Journal, XVI, i, p. 24. (2) Edinb. med. comi., Ix. 1, p. 8. (3) Medic. JWochenblatt, 1787, no i. (4) Maqazin fuer specielle Therapie, 11, p. 334. (5) Medic. inquir. and observ., no 6. (6) ibid., no 19, p. 21 1. (7) Dans RiCIIUER'S chirurg. Biblioth., V, p. 737-739. (8) On a cherche'aussi "a gue'rir le cr-oup parle I moyen dti mercuire; mais presque toujours oti a e'cho'iA, par~ce quie cc metal lie peut point pr~oduire par' lui-mebme, dans la membr-ane muqueuse de ]a tracbd'ealle'I, un chaiigement analogue "a la modification par~ticulie're que cette maladie y fait naitre. Le foie de soufre calcaire, qui excite la toux en ge~nat la respiration, et mnieux encore, comme je l'ai constat6, l'deponge bru^h6e, agissent d'une maniiin'e bien plus homooopathique dans leurs effets spdciauix, et sont par consedqiient d'un secours bien plus efficace, surtout aux plus faibles doses possible. (9) Dans HUFELAND'tshJurnal, XI., it. (10) Medic. Bemerk., p. 161. 92 GUlRISONS HOMOEOPATHIQUES d'aphthes, comme Schlegel (1) et Th. Acrey (2) nous l'attestent? Hecker (3) a employe avec succes plusieurs melanges de medicaments dans une carie survenue A la suite de la petite verole. Par bonheur, it entrait dans tous ces melanges du mercure, auquel on concoit que la maladie pouvait c6der, puisqu'il est du petit nombre des agents medicinaux qui out la faculte de provoquer par euxmnmes la carie, comme le prouvent tant de traitemrnents mercuriels exageres, soit contre la syphilis, soit meme contre d'autres maladies, ceux entre autres de G. P. Michaclis (4). Ce mctal, si redoutable quand on en prolonge l'einploi, a cause de la carie dont ii devient alors la cause excitatrice, exerce nDanmoins une influence honmceopathique extremement salutaire dans la carie qui succide aux 1ksions mecaniques des os, ce dont J. Schlegel (5), Joerdens (6) et J. M. Muller (7) nous ont transmis des exemples fort remarquables. Des guerisons de caries non veneriennes d'un autre genre, qui ont te galement obtenues au moyen du mercure parJ. F. G. Neu (8) et J. D. Metzger (9), fournissent une nouvelle preuve de la vertu curative homoeopathique dont cette substance est douee. En lisant les &crits qni out te publies sur l'electricite (1) Dans HUFELAND'S JOUrnal, VII, 14. (2) Lond. med. journ., 1788. (3) Dans HUFELAND'S Journal, I, p. 362. (4) Ibid., 1809, join, VI, p. 57. (5) ibid., V, p. 600, 610. (6) Ibid., X, u. (7) Obs. med. chir., II, cas. 10. (8) Diss. med. pract., Gowttingue, 1776. (9) Adversaria, p. 11, sect. 4. DUES AU HASARD. 93 m'dicale, on est surpris de l'analogie existant entre les incommodites ou accidents morbides qu'a parfois d6termines cel agent, et les maladies naturelles, composdes de sympt6mes tout ' fait semblables, dont it a procure la guerison durable par homwopathie. Le nombre est immense des auteurs qui ont observe l'acc'lkration du pouls parmi les premiers effets de 1'lectricite positive mais Sauvages (1), Delas (2) et Barillon (3) ont vu des paroxysmes complets de fibvre qui avaient 6te excites par l'electricite. Cette faculte qu'elle a de produire la fievre est la cause a laquelle on doit attribuer que seule elle ait pu suffire ' Gardini (4), Wilkinson (5), Syme (6) et Wesley (7), pour guerir une fievre tierce, et meme "a Zetzel (8) el Willermoz (9), pour faire disparaitre des fivres quartes. On sait que l'electricite determine en outre, dans les muscles, des contractions qui resscmblant a des mouvements convulsifs. De Sans (10) pouvait meme, par son influence, provoquer, aussi souvent qu'il lui plaisait de le faire, des convulsions durables dans le bras d'une jeune fille. C'est en raison de cette faculte devolue a l'Alectricite que de Sans (11) et Franklin (12) l'ont ap(1) Bertholon, De l'lectricitM du corps humain, dans l'etat de sante et ide maladie, Paris, 1786, 1. I, p. 299. (2) Ibid., p. 290. (2)) Ibid., p. 291. (4) Ibid., p. 290. (5) Ibid., p. 314. (6) [bid., p. 313. (7) Ibid., p. 312. (8) Ibid., p. 311. (9) ibid., p. 313. (10) Ibid., p. 351. (11) Ibid., p. 351. (12) lecueil sur l'ilect. midic., 11, p. 386. 94~ GUtRISONS HOMOEOPATHIQUES pliquee avec succes au traitement des convulsions, et que Theden (1) est parvenu par son secours a guerir une petite fille de dix ans, 'a laquelle la foudre avait fait perdre la parole et 1'usage du bras gauche, tout en donnant lieu a un mouvement involontaire continuel des bras et des *jambes, accompagne6 d'une contraction spasmodique des doigts de la main gauche. L'e~lectricit O determine eigalement une espe~ce de sciatique, que Jallabert (2) et un autre (3) ont observee: aussi a-t-elle pu guerir homceoiathiquement cette affection, comme l'ont constate Hiortberg, Lovet, Arrigoni, Daboueix, Mauduyt (4), Syme et Wesley. Beaucoup de me~decins ont gue'ri une espece d'ophthalmie par l'e'Aectricite, c'est-a-dire au moyen du pouvoir que cette derniere a de provoquer elle-meme des inflammations aux yeux, ce qui resulte des observations de P. Dickson (5) et Bertholon (6). Enfin elle a gueri des varices entre les mains de Fushel, et elle doit cette vertu curative ' la faculte6 que Jallabert (7) a constate~e en elle de faire naitre des tumeurs variqueuses. Albers rapporte qu'un bain chaud "a 100 degre's du thermometre de Fahrenheit apaisa beaucoup la vive chaleur d'une fie'vre aigu6, dans laquelle le pouls battait cent trente fois par minute, et qu'il ramena le nombre des pulsations " cent dix. Loeffler a trouve les fomenta(1) Neue Bernericungen vnd Erfahrungen, 111. (2) Experiences et observations sur 1'e'1ectricitg. (3) Philos. Trans., vol. 63. (4) Me'moire sur les difftrentes manires d'administrer i'dectricitý, Paris, 1784, in-8. (5) Bertholon, De Ve'lectricite' etc., p. 512. (6) ibid., 11, p. 381. (7) ibid. DUES AU HASARD. 95 tions chaudes fort utiles dans l'enc6phalite occasionnie par l'insolation ou l'action de ]a chaleur des poeles (1), et Callisen (2) regarde les affusions d'eau chaude sur la tate comme le plus efficace de tous les moyens dans l'inflammation du cerveau. Si l'on fait abstraction des cas oii les medecins ordinaires out appris a connaitre, non par leurs propres recherches, mais par 1'empirisme du vulgaire, le rem ede specifique d'une maladie demeurant toujours semblable a elle-meme, celui par consequent i l'aide duquel ils pouvaient la guerir d'une maniere directe, comnme le mercure dans la maladie venerienne chancreuse, l'arnica dans la maladie produite par les contusions, le quinquina dans la fievre intermittente des marais, le soufre en poudre dans la gale developp6e depuis peu, etc.; si, dis-je, on met ces cas de cote, nous trouvons que partout, sans presque aucuno exception, les traitements de maladies chroniques entrepris d'un air si capable par les partisans de l'ancienne dcole, n'ont eu pour resultat que de tourmenter les malades, aggraver leur situation, les conduire meme au tombeau, et imposer des depenses ruineuses aux families. Quelquefois aussi un pur hasard les conduisait au traitement homocopathique (3); mais its ne connaissaient (1) Dans HUFELAND'S Journal, III, p. 600. (2) Act. soc. med. Hafn., IV, p. 419. (3) Ainsi, par exemple, ils croient chasser de la peau la matiire de la transpiration, suivant eux arretde dans cette membrane apres les refroidissements, lorsqu'au milieu du froid de la fievre, ils donnent a boire une infusion dc fleurs de sureau, plante qui a la faculte homceopathique de faire cesseir une fievre semblable et de rdtablir le malade, dont la gudrison est d'autant pluis prompte et plus assurde, sans sueur, qu'il boit peu de cette infusion, et qu'il ne prend pas autre chose. Ils 96 GUIWRISONS HOMOEOPATHIQUES point la loi naturelle en vertu de laquelle s'ope~rent et doivent s'ope'rer les gue'risons de ce grenre. couvuent de cataplasmes chauds et reniouvehe's souvent les titmeurs aigu&s et dures dont l'inflammation excessive, accompagynee d'insuppor-tables dotileurs, tie permet pas "a ]a suppuralioni de s'e6tablir: sous l'influence de cc topiquc, l'inflamrination tie tarde pas hi lumber, les dotileurs diminuent et l'abce~s se dessine, comme on le reconnait h l'aspect luisant de la saillie, a s a teinte jaunaltre et "a sa mullesse. Ils croient alors avoir rarnolli la tuineur parl Phurnidite', tandlis qu'ils Wiont fait que de'lrifire homicopathiquement l'cxc~s d'i nflamn[nation par la chaleur plus forte du calaplasine, et rendre possible ainsi ]a prompte manifestation de la suppuration. Pourquoi emploient-ils avec avantage, dans queiqucs ophihalmies, loxyde rouge de inercure, qui faitlIa base de la pominade SainitYves, et qui, si V'on aceorde h Iqiteique substanee le pon voir d'etiflam iner l'mil, doit ncecssaii'ementleI poss~der? Est-il difficile d'apercevoir qupieAh us agissent d'une mani6-e homoeopath ique? Comment un peu de suc de persil prociirerait-il tin soulagemend insattaneaw dans la dN-suric si frt'quentcl chez les onfauts, et dans Ia gorioribece ordinaire, principalement, recotinaissable aux douloureuses ct vaines envies d'uriner qui l'accompagttent, si cc suc ne jouissail pas de'j~h par lui -me'me de la proprie'te'd'cxciler, chez les personnes bien porlanites, des envies d'uritier doniloureuiss est qu'il est presque impossible de salk-fairc; si, eii consit nei i gersai a o mco~opalhiqueament? La racine dle boucage, qui proxoque tine abondante secretion de mucosite's dans les brunchies el la gorgre, sert pour combaltre avec succe's 1'aitginc dife rouquense, ctoi onatrrete quciques mnctroirhagies par, ine petite dose de feuillcs do sa Jie, qui posse'dent d'clles-metnes la proprie'te'(Ic determiner des he"[nurh~igies ute'rines. Darts 1'une et lautte circonstance, on agril sans coninaltre Ia loi de l'hornoeopatbie. [L'opiurn h pelites doses, qui resserte Ie ventre, a 6te trouve ' un des principaiix et des plus stirs moyens con tre Ia constipation qui accoinpagite les hernies incarce'rt"es ctIile'ltts, sans que cette de'couvet'te ait conduit "a celle de la loi hoinoeopalhiqiue, dont l'infinence e'lait cep~en~lant si sensible en pareil (:as. On a guedri des ulce'res non x'vneriens datis la gougre pat de potites doses de inercure, qui agissait alors hom&wopathiquernent. Ont a plusicurs fois arre'te Ia diairhe'e par l'emploi de la rhtibarbe, qui de'termitte des evacuations alvines, On a gu~ri la rage pat Ia belladonne, (lii occasionne une sorte d'hydrophobie. On a fail cesser, comme par enchanleinent, le coma, DUES AU HASARD. 97 11 est done de la plus haute importance pour le bien du genre humain de rechercher comment se sont faites, a proprement parler, ces cures aussi remarquables par leur rarete que par leurs effets surprenants. Le probleme est d'un grand interet. Effectivement nous trouvons, et les exemples qui viennent d'&tre cites le d6montrent assez, que ces cures n'ont jamais eu lieu qu'a I'aide de moyens homoeopathiques, c'est-A-dire poss6dant la facult6 de provoquer un 6tat morbide semblable a la m aladie qu'il s'agissait de guerir. Elles out te operees d'une maniere prompte et durable par des mnudicaments sur lesquels ceux qui les prescrivaient, en contradiction mime avec tous les systemes et toutes les therapeutiques du temps, 6taient tombes comme par hasard, souvent sans trop savoir ce qu'ils faisaient et pourquoi its agissaient de cette maniere, confirmant ainsi par le fait et contre leur volonte la nicessit6 de la seule loi naturelle en therapeutique, celle de l'homoeopathie, loi a la recherche de laquelle les prejuges medicaux n'avaient pas permis jusqu'a pr6sent qu'on se livrat, malgr6 le nombre infini de faits et d'indices qui devaient mettre sur la voie de sa decouverte. La medecine domestique elle-meme, exercee par des pIrsonnes trangYres 'a notre profession, mais douees d'un jugement sain et d'un esprit observateur, avait trouve que la mr6thode homceopathique "tait la plus sire, la plus rationnelle et la moins sujette a faillir. si dangereux dans les fi'vres aiguis, par une petite dose d'opium, substance doude de vertus 'chauffantes et stupefiantes. Et apris taut ('exemples, qui patlent si haut, on voit encore des mddecins poursuivre l'hommopathie avec un acharnement qui ne peut annoncer que le riveil d'une conscience bourrelide dans un coeur incapable de s' amender! 98 GUItRISONS HOMOEOPATHIQUES On applique de la choucroute glacee sur les membres qui viennent d'etre congeles, ou bien on les frotte avec dela neige (1). (1) M. Lux a etabli sur ces exemples, tirds de la pratique domestique, sa methode curative per idem (cequalia cequalibus), qu'il designe sous le nom d'Isopathie, et que quelques tetes excentriques regardent dedj comme le nec plus ultrac de l'art de guerir, sans savoir comment ils pourront la realiser. Mais si Pon juge sainement ces exemples, la chose apparait sous un tout autre aspect. Les forces purement physiques sont d'une autre nature que les forces dynamiques des medicaments, daus leur action surPl'organisme vivant. La chaleur et le froid de l'air ambiant, de l'eau ou des aliments et boissons, n'exercent pas par eux-memes une influence nuisible absolue sur un corps bien portant. C'est une des conditions du maintien de la sante que le froid et le chaud alternent l'un avec l'autre, et par euxmemes ils ne sont point medicaments. Lors done qu'ils agissent comme moyens curatifs dans les maladies du corps, ce n'est pas en vertu de leur essence, on a titre de substances nuisibles par elles-memes, comme le sont les medicaments, meme aux doses les plus exiguis; mais uniquement a raison de leur quantite plus ou moins considdrable, c'est-h-dire du degre de la temperature, de meme que, pour emprunter un autre exemple aux forces purement physiques, une masse de plomb ecrase douloureusement ma main, non pas parce qu'elle est de plomb, puisqu'une lame mince ne produirait pas cet effet, mais parce qu'elle renferme beaucoup de metal et qu'elle est tres-pesante. Si done le froid et le chaud sont utiles dans certaines affections du corps, telles que les congelations et les brculures, ils ne le sont qu'en raison de leur degre, de mmre aussi que c'est seulement lorsq u'ils arrivent a un degre extreme qu'ils portent atteinte a la sante du corps. Ceci bien etabli, inous trouvons que, dans les exemples tires de la pratique domestique, cc n'est pas l'application prolongee du degrd de froid auquel le membre a dte geld qui le rdtablit isopathiquement, puisque, loin de la, ii y dteindraitlavie sans ressource, mais celle d'un froid rapproche seulement de celui-la (homceopathiquement), et ramend peu a peu jusqu'a une tempdrature supportable. Ainsi, la choucroite glacee qu'on applique, dans un apparlement, sur un membre DUES AU IIISARD. 99 Le cuisinier qui vient de s'e'chauder la main la pr&. sente au feu, "a une certaine distance, sans faire attention at 1 'augmentation de douleur qui resulte de hIa dans le principe, parce qu'il a appris de 1'expe'rience qu'en congele', ne tarde pas 'a se de'geler, "a prendre par degre's la temperature, de la chambre, et "a gue'rir ainsi le membre d'une manie're physiquement homoeopathique. De mehme, une biiu^ lure faite "a la main par de, 1'eau. bouillante ne gudrit pas par la reapplication de cette eau boujilante, inais seulement par l'action d'une chaleur tin pen mons vive, par l'immersion du membre dans un liquide kchauM 'a 60 degres, dont la temperature baisse h chaque minute jusqu'a& ce qu'elle soit retomb~e'ea celle de la chambre. De me^me aussi, pour donner un autre exemple d'action physique, la douleur et. la tum~faction causdes par un coup requ au. front diminuent homoeopathiquement lorsqu'on appuie le pouce stir la partie, d'abord avec vigueur et ensuite avec une force toujours de'croissante, tandis qu'un coup semblable A celui qui les a ddtermin~es, loin de les apaiser, ne ferait qu'accrolitre isopathiquemenit le mal. Quant aux faits que M. Lux rapporte comme, gue'risons isopathiques, des contractures chez les hoinmes et une paralysie des reins chez tin chien, cause'es les unes et les autres par un refroidissement, et qui cederent en peu de temps au bain froid, c'est "a tort qu'il les explique par l'isopathie. Les accidents qu'on de'sigrie sous le nom de refroidissements., sont improprement attribu6s au froid, puisque tre~s-souvent on les voit surveiiir, chez des sujets qui y ont de la predisposition, apres lFaction d'un courant rapide d'air quinW'dtait pas me"me frais. Les eftets diversifies d'un hamn froid sur 1'organisme vivant, dans l'tat de sant et de maladie, ne peuvent pas non plus &tre tellement envisage's sous un point de vue unique qu'on soit autoris6 "a fonder la'-dessus0 un syste'trne aussi hardi. Que le plus sul r moyen. de gue'rir la morsure des serpents venimeux soil d'appliquer sur ]a plaie des portions de ces animaux, comme le dit M. Lux, c'est une assertion a rel~guer parmi les fables que nos p~res nous ont, transmises, jusqu'A ce qu'elle ait edte confirmdee par des expe'riences qui n Iadmettent plus le doute. Entin, qu.'un homme de'ja hydrophobe ait tkt6, dit-on, gue'ri, en Russie, par la salive d'uii chien enrage' qu'on lui fit prendre, cc dit-on nWest pas suffisant pour engager un meddccin consciencieux 'a rdpedter une semblabic epreuve, ni pour justifier l'adoplion d'un syste~me aussi peu vraiscmblable que celui de l'isopathic. 100 GU1RISONS HOMOEOPATHIQUES agissant ainsi il peut en tris-peu de temps, souvent meme en quelques minutes, gu6rir parfaitement la brilure et faire disparaitre jusqu'a la moindre trace de douleur (1). D'autres personnes intelligentes, galement etrangbres a la medecine, par exemple les vernisseurs, appliquent sur les br'lures une substance qui, par elle-meme, excite un pareil sentiment d'ardeur, savoir, de l'esprit-devin (2) chaud ou de l'essence de terebenthine (3), et se (1)Fernel (Therap., lib. VI, cap. xx) considdrait d j I 'exposition de la partie brilde au feu comme le moyen le plus propre ( faire cesser la douleur. J. Hunter (TraitU du sang et de l'inflammation) rappelle les graves inconvenients qui resultentdu traitement des brlclures par l'eau froide, et prdfere de beaucoup la mithode d'approcher les parties du feu. 11 s'dcarte en cela des doctrines medicales traditionnelles, qui prescrivent les rafraichissants contre l'inflamnmation (contraria contrariis):mais l'expirience lui avait appris qu'un dchauffement homoeopathique (simnilia similibus) Ctait cc qu'il y avait de plus salutaire. (2) Sydenham(Opera, p. 271) dit que les applications rditdrees d'alcool sont pref6rables a tout autre moven contre les bruilures. B. Bell (Cours complet de chirurgie) rend 6galement hommage h l'expirience, qui indique les remiedes homoeopathiques comme tant les seuls efficaces. Voici de quelle maniere ii s'exprime: (( L'alcoolestundes meila leurs moycns contire les brilures de tout genre. Quand on l'appli( que, ii semble d'ahord accroitre la douleur; mais celle-ci ne tarde Spas a s'apaiser, pour faire place a un sentiment agreable de calme. a Cette m'thode n'est jamais plus piissante que quand on plonge la a partie dans l'alcool; mais si l'immersion ne peut tre pratiqu'e, i a faut tenirI la brul^ure continuellement couverte d'une compresse < imbibee de ce liquide. ) J'ajoute que l'alcool chaud, et meme treschaud, soulage d'une maniere encore plus prompte et plus certaine, parce qu'il est bien plus hommeopathique que l'alcool froid. C'est ce que l'expdrience confirme. (3) E. Kentish, qui avait a traiter des ouvriers brillhs souvent d'une maniere horrible, dans les mines de houille, par l'explosion des gaz inflammables, leur faisait appliquer de l'essence de tdredbenthine chaude ou del'alcool comme dtant le mcilleur remide qu'on petemployer dans DUES AU HASARD. 101 guerissent ainsi en peu d'heures, sachant bien que les onguents dits rafrai'chissants ne produiraient pas le me'me los brudlures graves (Essay on burns, Londres, 1798). Nul traitement ne pent e~tre plus homozeopathique, que colui-hi"; mais ii n'y en a pas non phis qui ait davantaged'efficacite'. Hoister, chirurgien habile et rempli de bonne foi, recommande aussi cette pratique d'apre's sa propre experience (Instit. chirurg., t. 1, p. 333); il vante l'1application del1'ossence de te'rebenthine, de l'alcooL et des cataplasmes aussi chauds que le malade petit les supporter. Mais rien no de'montre mieux l'e~tonnante preeminence de la.mdthode homceopathique, c'est-ai-dire de l'application aux parties brul - lees de substances exciltant par elles-m~i-ries une sensation de chaleur et de hnfluu'e, snir ]a m6thode palliative, consistant 'a faire usage de moyens rafrailchissants et frigorifi qntes, pie Iles oxperietices pures dans lesquellos, pour comparci' les re'sultats do ces doux proce'des contu'airos, on les a simultane'ment employe's sur le m~me sujet et dans des bri~ulures au me^ me deg~r6. Ainsi J. Bell, ayant "a traitor tine dame qnii s'e'tait brt'lj les deux bras avec du bouillon, c~ouvrit l'uin dessence do e tr~honthine, et fit plonger I'autre dans doeI'eat, roide. Le premnier no causait dcj~t pdns de donleurs au bout d'nne domi-heure, landis que le second continu~a encore pendant six heures 'a etre douloureux:de~s quo la malado le retirait de l'eati, die y ressentait des douleurs bien plus aigu~s, et ]a gue'rison de ce bras exigea beaucoup plus de temps quo cello de l'autre. J. Anderson (dans KENTISCH, 10C. Cit., p. 43) a traite' de me~me une femme qni s'e'tait bri'16 lo visagae et be bras avoc do la graisse bouillante. (Le visagfe,, qui e'tait tre's-rougo et fort douloureux, fut convert d'buile Sde tere'benthino quelqnes minutes apre's laccidelt; quant an bras, l a malade l'avait de'ja' pIonge' d'elle-m-nme dans l'eau froide, et elbe ~temoigna le de'sir d'attendre pendant quciques heures l'efl'et do ce otraitement. Au bout do sept heures, be visage e'tait mioux et ba maolade soulage'e de ce co^te'. A h'egard du bras, autouir duqueb on aNvait Ssouvont cinouvele" lo tiquido, do vivos douleurs s'v f'aisaient sentir ~des qn'on lo rotirait do 1'eau et 1'inflammation y avait manifestoomont angmnente'. Le lendemain j'appris quo ]a malade avait ressonti odo grandes douleurs; ['inflamnmation s'edtait 6tendue au delai du ocoudo; plusiours grosses ampoules avaient crevd, et des escarros e paisses s'e'taient forme'es sur le, bras et la main, quo I'on Iovk aalors d'un cataplasme chaud. Le visagre no causait plus la moi~dre 102 GU9RISONS HOMOEOPATHIQUES resultat dans un 6gal nombre de mois, etque l'eau froide ne ferait qu'empirer le mal (1). Un vieux moissonneur, quelque peu habitue qu'il soit aux liqueurs fortes, ne boit cependant jamais d'eau froide quand l'ardeur du soleil et la fatigue du travail l'ont mis dans un 6tat de fievre chaude: le danger d'agir ainsi lui est bien connu; ii prend un peu d'une liqueur 6chauffante; il avale une petite gorgee d'eau-de-vie. L'experience, source de toute verite, l'a convaincu des avantages et del'efficacite de ce procede homoeopathique. La chaleur et la lassitude qu'il eprouvait ne tardent point A diminuer (2). II ya meme eu de temps en temps des medecins qui ont souptonn6 les medicaments de guerir les maladies par la vertu dont ils sont doues de faire naitre des sympt6mes morbides analogues (3). a sensation douloureuse; mais ii fallut employer les dmollients penSdant quinze jours encore pour procurer la guodrison du bras. ) Qui n'apergoit ici 1'immense avantage du traitement hoinoeopathique, c'est-a-dire d'un agent produisant des effets semblables h ceux du inal meme, sur la mtithode antipathique que prescrit l'ancienne ecole? (1) J. Hunter n'est pas he soul qui signale les graves inconvdnients du traitement des brhlures par 1'eau froide. Fabrice de Hilden (De combustionibus libellus, Bale, 1607, cap. v, p. 11) assure dgalement que lesfomentations froides sont tres-nuisibles dans ces sortes d'accidents, qu'elles produisent les effets les plus ficheux, que l'inflammation, la suppuration, et parfois la gangrene, en sent le resultat. (2) Zimmermann (Traild de I'Expirience, t. II) nous aprend que Jes habitants des pays chauds en usent de nime avec he plus grand succes, et qu'ils out pour usage de boire une petite quantitd deliqueur spiritueuse quand ils se sont forteinent dchauftfds. (3) Mon intention, en citant les passages suivants d'6crivains qui ont souponn6 P'honimoeopathie, n'est pas non plus de prouver l'exccllence de cotte mdthode, qui s'dtablit toute scule et d'elle-mime, mais d'd DUES AU HASARD. 103 Ainsi, l'auteur du livre HFpls GrItcov TOv MET,',Vepwn~ov (1), qui fait partie de la collection des ceuvres comprises sous le nom. d"Hippocrate, dii ces paroles remarquables: At(c O'C 054LOLOC vo~aoq ((vSTOCE, xcd Me'T& Gl oto aysp'~voc zx vocrouvt(O ayC O t'A T' 3{L'EELV 6" ' STQ 7M Des me~decins momns anciens ont e'galement senti et proclame' la -veritet. de la meithode homceopathique. Ainsi Bouldouc (2) s'est apercu. que la propriete6 purgative de ]a rhubarbe e~tait la cause de la faculte' qu'a cette racine d'arre'ter la diarrhe'. Detharding a devine' (3) que l'infusion de sene apaise la colique chez les adultes en -vertu de ]a proprie"1k6 qu'elle a de provoquer des coliques chez les personnes qui. jouissent d'une bonne sante. Bertholon (4) dii que dans les maladies l'e'lectricite' diminue et finit par faire disparalitre une douleur fort analogue "a celle qu'elle-merne provoque. Thoury (5i) atteste que l'd~ectricti6" positive acce'lere d'elle-me~me le pouls, mais aussi qu'elle le ralentit quand ii offre deja' trop, d'accekleration par le fail de la maladie. Stzerck (6) a eu l'ide~e que, la pomme epineuse de' rangeant l'esprit et produisant la manie chez les personnes bien portantes, on pourrait fort bien l'administrer chapper au reproche d'avoir passe" ces esp~ces de pressentiments sous silenco, pour rn'at-roger Ia priorite' de I'idee. (1) ()Euvres compI~es d'Ilippocrate, tiad. par E. Littre', Paris, 1849, t. VI, p. 334. (2) Mkm. de l'Acad. roy.- des sciences, 17-10. (3) Eph. nat. cur., cenit. X, ohs. 716. (4) De t'~ectricitU du corps humain dans e'~tat de sante et de mnaladie, t. 11, 1).21. (5) Mte'rn. lu "a PAcadl. dc Caen. ((;) Libell. de strarnion., p. 8. 104 GURISONS HOMOEOPATHIQUES DUES AU HASARD. aux maniaques pour essayer de leur rendre la raison en determinant un changement dans la marche de leurs pensees. Mais, de tous les m6decins, celui dont la conviction a cet egard se trouve exprimee de la maniere la plus formelle, est le Danois Stahl (1), qui parle en ces termes: a La regle admise en medecine, de traiter les maladies a par des remedes contraires ou oppos6s aux effets a qu'elles produisent (contraria contrariis), est complea tement fausse et absurde. Je suis persuade, au cona traire, que les maladies cadent aux agents qui d(3tera minent une affection semblable (similia sirnilibus), les Sbrilures, par I'ardeur d'un foyer dont on approche la a partie; les congdlations, par l'application de ]a neige et a de I'eau froide; les inriflammations et les contusions, par a celle des spiritueux. C'est ainsi que j'ai reussi a faire Sdisparaitre la disposition aux aigreurs par de tribs-petia tes doses d'acide sulfurique, dans des cas oh l'on a avait inutilement administr6i une multitude de poudres a absorbantes. ) Ainsi plus d'une fois on s'est approchd de la grande verite. Mais jamais on n'est alle an delit de quelque idee passagere, et de cette maniere l'indispensable reforme que la vieille therapeutique devait subir pour faire place au veritable art de guerir, ia une m6decine pure et certaine, n'a pu tre instituee que de nos jours seulement. (1) Dans J. HUMMEL, Comment. de arthrilide tam tartarea, quam scorbutica, seu podagra et scorbuto, Budingac, 1738, in-8, p. 40-12. ORGANON DE LA MEDECINE. 1. La prernmire, I'unique vocation du medecin est de rendre la sante aux personnes malades; c'est ce qu'on appelle guerir. Sa mission n'est pas, comme l'ont cru tant de m(idecins qui ont perdu leur temps et leurs forces a courir apres la ceklebrit%, de forger des systemes en combinant ensemble des idees creuses et des hypothises sur 1'essence intimne de la vie et la production des maladies dans l'int6rieur invisible du corps, ou de chercher incessamment ' expliquer les phenomines morbides et leur cause prochaine, qui nous restera toujours cachee, en noyant le tout dans un fatras d'abstractions inintelligibles, dont la pompe dogmatique en impose aux ignorants, tandis que les malades soupirent en vain apres des secours. Nous avons assez de ces savantes riveries, qu'on appelle medecine thdorique, et pour lesquelles on a mrme institu6 des chaires sp6ciales. 11i est temps que tous ceux qui se disent medecins cessent enfin de tromper les pauvres humains par des paroles vides de sens, et qu'ils commencent a agir, c'est-a-dire i soulager et guerir reellement les malades. 2. Le beau ideal de la guerison consiste " retablir la sante d'une maniere prompte, douce et durable, a enle 106 EXPOSITION ver et detruire la maladie tout entiere, par la. voie la plus courte, la plus siure et ]a moins nuisible, en proce~dant d'apre~s des inductions faciles 'a saisir. 3. Quand le medecin apercoit nettement ce qui est "a guerir dans les maladies, c'est-a-dire dans chaque cas morbide individuel (connaissanice de la maladie, indication); lorsqu'il a une notion precise de cc qui est curatif dans les medicaments, c'est-a-dire dans chaque medicament en particulier (connaissance des vertus medicinales); lorsque, guide' par des raisons evidentes, ii sait choisir la substance que son action rend le plus approprhee "a chaque cas (choix du medicament), adopter pour elle le mode de prerparation qui convient le mieux, estimer la (juantite i' laquelle on doit 1'administrer, et jiger du moment oii cette dose deiande i atre repe~t&e, en un mot, faire de ce qu'iI y a de curatif dans les me~dicaments a ce qu'il y a d'indubitable mcnt malade chez le sujet une application telle que Ia guerison doive s'ensuivre; quand enfin, dans chaque cas special, ii connait les obstacles an retour de la sant16, et sait les e'carter pour que le reitablissement soit durable, alors seulement il agit d'une inanie~re rationnelle et conforme au but qu'il se propose d'atteindre, alors seulement ii me'rite le titre de vrai medecin. 4. Le me"decin est en meme temps conservateur de la sante6, quand it connait les choses qui la de'rangent, qui produisent et entretiennent les maladies, et qu'iI sait les 6carter de 1'homme bien portant. 5$. Lorsqu'il s'agit d'effectuer une guerison, le medecin s'aide de tout ce qu'il peut apprendre par rapport soit DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 107 a la cause occasionnelle la plus vraisemblable de la maladie aiguo, soit aux principales phases de la maladie chronique, qui lui permettent de trouver la cause fondarnentale de celle-ci, due la plupart du temps a un miasme chronique. Dans les recherches de ce genre, on doit avoir egard a la constitution physique du malade, surtout s'il est question d'une affection chronique, a la tournure de son esprit et de son caractbre, a ses occupations, a son genre de vie, a ses habitudes, a ses relations sociales et domestiques, a son age, a son sexe, etc. 6. De quelque pcrspicacit6 qu'il puisse 4tre doue, l'observateur exempt de prejuges, celui qui connait la futilite des speculations m6taphysiques auxquelles I'experience ne prete pas d'appui, n'apercoit dans chaque maladie individuelle que des modifications accessibles aux sens de l'etat du corps et de l'ame, des signes de maladie, des accidents, des sympt6mes, c'est-h-dire des deviations du precedent 6tat de sante, qui sont senties par le malade lui-meme, remarquees par les personnes dont ii se trouve entoure, et observees par le medecin. L'ensemble de ces signes appreiciables represente la maladie dans toute son etendue, c'est-4-dire qu'il en constitue la forme veritable, la seule que l'on puisse concevoir (1). (I) Je ne compuends pas comment ii a pu se faire qu'au lit du malade, sans observer avec soin les sy inpt6mes et diriger le tiaitement en consdquence, on ait imagin6 qu'il ne fallait chercher et qu'on ne saurait trouver ce qu'une maladie offre h gueirir que dans l'intdrieur de l'organisme, qui est inaccessible a nos regards. Je necongois pas qu'on ait eu la ridicule pretention de reconnaitre le changement survenu dans cet intdricur invisible, sans avoir gard aux sympt6mes, de le rainener aux conditions de 'ordre normal par des medicaments (inconnus!), et de presenter cette mmthode comme la seule qui soit fondde 108 EXPOSITION '7. Comnme, dans une maladie "a 1'~gard de laquelle it ne se presente point 'a 6carter de cause qui manifestemnent 1'occasL-ionne ou 1'entretienne (causa occasionalis) (1), on ne peut apercevoir autre chose que les sympto4rnes, ii faut aussi, tout en ayant e'gard 'a la pe'~scncc possible d'un miasme et aux circonstances accessoires (V. 5), que les symplo^mes seuls serveni de gruide dans le choix des moycus propres a guerir. L'ensemble des syptmes, et mg reflechie au dehors de l'esseuce interieure de la maladie, et rationuelle. Co qui se manifeste aux sens par 0 Wsmp~ es 's-il donc pas la maladie elle- rn Me l),)LIll Ie m6decin, puisqu.'on lie peut t~amais voir 1'ktre incorpovel, ]a force vitale, qu i crte'ecette malad ie, qIcn nI'a jamais besoin de lapercevoir, et que lintuition de ses effects niorbides suffit pour mettre en e'tat de gui'rir? Quo veut donce de plus 1'ancienne 6eole avec cette prima causa qu'eile va chercher dans I'intc-t ieur soustriaj'a nos regards, taudis qut'elle de'daigne le cote sensible et appreciable de la maladie, c'est-h'-dire les sympt6mies, qjui nous parlent un langage si clair? (( Le mn'decirx qui s'aniuse 'a rechercher des ~choses cachedscslans 11ie'riciit r de 1'orgranisinie, peut so tromper tous Sles jours. Mlais 1'lhonmoopathiste, en tra~ant avec, soin le tableau fiM ie du gi'oupe etltier des sympt6mes, se procure un guide stir lequel ~il peut compter, et quatid ii est parvcnu 'a dloigner la totalite, des asymptolmes, il a siirement auissi dedti uit Ia cause interne et cachc'e ade ]a maladie. ) (HAL;, 10C. Cit., P. 103.) (1) 11 iva sans dire que tout m~decin qui raisonne comm-ence par ecarter la cause occasionnefle; le mnat cesse ordinairement ensuite de lui-me^me. Ainsi, on e&Aoigne les ficurs trop odorantes (jii dedtermninent la syncope et des accidents hyste'riques, on extrait de la. corn~e le corps 'tranger qui proxoque une ophthalmie, On enle've, pour le rcappliqiiei mieux, P'appareil trop serr6 qui menace de faire tomber un membre en gangotiei, on met 'a dcCOuIVcrt et 0on lie l'arti~we dont ]a blessure donrne lieu 'a uno e morihagrie inquidtante, on cherICfC he faire rendre par Ie vomnissemnent les lbaies de belladonne qui ou p tre avale'es, on retire les corps 'trtangers qui so. sont ititrodUits dans les ouvertures du corps (le nez, le pharynx, l'oreille, l'urcthre, le rectum, le vagin), on broie Ia pierre dans Ia vessie, on ouvre l'anus imperfored du nouveau ne, etc. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 109 c'est-a-dire de l'affection de la force vitale, doit tre la principale on la seule chose par laquelle le mal donne a connaitre le medicament dont ii a besoin, la seule qui determine le choix du remede le plus approprie. En un mot, la totalitk (1) des sympt6mes est la principale ou la seule chose dont le medecin doive s'occuper, dans un cas morbide individuel quelconque, la seule qu'il ait a combattre par le pouvoir de son art, afin de guerir la maladie et de la transformer en sante. 8. On ne saurait concevoir, ni prouver par aucune exp6rience au monde, qu'aprbs l'extinction de tous les sympt6mes de la maladie et de tout I'ensemble des accidents perceptibles, il reste on puisse rester autre chose que la sante, et que le changernent morbide qui s'etait op6re dans l'int6rieur du corps n'ait point ete aneanti (2). (1) Ne sachant souvent a quiiel autre expidient recourir, l'ancienne ecole a plus d'une fois, dans les maladies, cherchd B combattre et t supprimer par des medicamernts un seul des divers sympt6mes qu'elles font nailre. Cette mdthode est connue sous le nom de mddecine symptomatique. Elle a excite avec raison le mepris gdndral, non-selement parce qu'elle ne procure aucun avantage rel, mais encore parce qu'il en rdsulte beaucoup d'inconvenients. Un seul des symptimes presents n'est pas plus la maladie elle-meme, qu'une seule jambe ne constitue l'homme entier. La mtthode Mtait d'autant plus mauvaise, qu'en attaquant ainsi un symplime isole, on le combattait uniquement par un remiude oppose (c'est-a-dire d'une maniere enantiopathique et palliative), Ide sorte qu'apris un amendement de courte durie on le voyait reparaitre plus grave que par le passd. (2) Quand un homme a etc gueri par un vdritable mddecin, de manieire qu'il ne reste plus aucune trace, aucun sympt6me de maladie, et que tons les signes de la sant6 aient reparu d'une maniere durable, pent-on supposer, sans offenser l 'intelligence humaine, que la maladie entieIre existe encore dans l'exterieurr? C'est ndanmoins 1I ce que pretend l'un des coryph'es de P'ancienne ecole, Hufeland, lorsqu'iI dit que < l'homoeopathie peut 1ien enlever les symptomes, mais que la 110 EXPOSITION 9. Dans l'6tat de sante, la force vitale qui anime dynamiquement la partie materielle du corps exerce un pouvoir illimite. Elle entretient toutes les parties de l'organisme dans une admirable harmonie vitale, sous le rapport du sentiment et de l'activite, de maniere que l'esprit dou6 de raison qui reside en nous peut librement employer ces instruments vivants et sains pour atteindre au but eleved de notre existence. 10. L'organisme materiel, suppose sans force vitale, ne peut ni sentir, ni agir, ni rien faire pour sa propre conservation (1). C'est Ba l'tre immaterielseul qui l'anime dans l'6tat de sante et de maladie, qu'il doit le sentiment et 1'accomplissement de ses fonctions vitales. 11. Quand l'homme tombe malade, cette force immathrielle, active par elle-mime et partout pr6sente dans le corps, est au premier abord la seule qui ressente l'influence dynamique de l'agent hostile a la vie. Elle seule, aprbs avoir ete d6saccord6e par cette perception, peut procurer a l'organisme les sensations d6sagreables qu'il 6prouve, et le pousser aux actions insolites que nous appelons ma( maladie reste. )) Agit-il ainsi en dMpit des progres que l'homceopathie fait pour le bonheur du genre humain, ou parce qu'il a encore une idie grossiebre de la maladie, parce qu'il la considbre, non comme une modification dynamique de l'organisme, mais comme une chose matirielle, capable de rester cachie, apris la gudrison, dans quelque coin de l'interieurdu corps, et d'avoir un jour le caprice de manifester sa prdsence au milieu meme de la santi la plus florissante? VoilA jusqu'oi va encore l'aveuglement de l'ancienne pathologie! On ne doit pas s'dtonner, d'apris cela, qu'elle n'ait pu engendrer qu'une thdrapeutique dont l'unique but est de balayer le corps du pauvre malade. (1) 11 est mort, et dis lors sournis uniquement a la puissance du monde physique extdrieur, ii tombe en putr(faction, et se rdsout en ses dldments chimiques. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. ill. ladies. ltant invisible par elle-meme et reconnaissable seulement par les effets qu'elle produit dans le corps, cette force n'exprime et ne peut exprimer son de'saccord que par une manifestation anormale dans la manie~re de sentir el d'agir de la portion de l'organisme accessible aux sens de l'observateur et du medecin, par des symptomes de maladie. 12. 11 n'y a que la force vitale desaccord~e qui produise les maladies (1). Les phbnome'nes morbides accessibles "a nos sens expriment donc en meme temps tout le changement interne, c'est-h-dire la totalitk" du de'saccord de la puissance inkwrieure. En un mot, ils mettent la maladie tout entiere en evidence. Par consequent, la guerison, c'est-4t-dire la cessation de toute manifestation maladive, la disparition de tous les changements appreciables qui sont incompatibles avec l'itat normal de la vie, a pour condition et suppose ne~cessairement que ]a force vitale soit retablie dans son inth'grite6 et l'organisme entier ramene 'a la sant6'. 13. I1 suit de I" que la maladie, inabordable aux procedes me'caniques de ia chiruirgie, n'cst point, comme les allopathistes la depeignent, une chose distincte du tout vivant, de l'organisme et de la force vitale qui 1'anime, cachee dans l'interieur du corps et toujours materielle, quelque degr6' de subtilite qu'on veuille bien d'ailleurs lui attribuer. Une pareille idee ne pouvait naitre que dans (1) I ne serait d'aucune utilite au medecin de savoir comment la force vitale determine l'organisme " produire les phenom~nes morbides, c'est-h-dire comment elle ci&,e la maladie; aussi l'ignorera-t-iI teriiellement. Le maitre de la vie n'a rcndu accessible h ses sens que cc qu'il lui etait n&cessaire ci suffisant de connaitre, dans la maladie, pour en procurer la gudrison. 112 EXPOSITION des tetes imbues des doctrines du materialisme. C'est elle qui, depuis des milliers d'annees, a pousse la medecine dans toutes les fausses routes qu'elle a parcourues et oil elle s'est ecartee de sa veritable destination. 14. De tous les changements morbides invisibles qui surviennent dans l'interieur du corps, et dont on peut operer la guerison, il n'en est aucun que des signes et des sympt6mes ne fassent reconnaitre a l'observateur attentif. Ainsi l'a voulu la bonte infiniment sage du souverain conservateur de la vie des hommes. 15. Le d6saccord invisible pour nous de la force qui anime notre corps ne fait qu'un, en effet, avec l'ensemble des symptomes que cette force provoque dans l'organisme, qui frappent nos sens, et qui representent la maladie existante. L'organisme est bien l'instrument materiel de la vie; mais on ne saurait pas plus le concevoir non anime par la force vitale sentant et gouvernant d'une manieire instinctive, que cette force vitale ne peut etre concue independamment de l'organisme. Tous deux ne font qu'un, quoique notre esprit partage cette unite en deux idees, mais uniquement pour sa propre comimodit6. 16. Notre force vitale etant une puissance dynamique, l'influence nuisible sur I'organisme sain des agents hostiles qui viennent du dehors troubler l'harmonie du jeu de la vie, ne saurait done l'affecter que d'une maniere purement dynamique. Le medecin ne peut done non plus remedier a ces d6saccords (les maladies) qu'en faisant agir sur elle des substances douees de forces modificatrices egalement dynamiques ou virtuelles, dont elle DE LA DOCTRINE IIOMOEOPATHIQUE. 1 113 pecroit l'impression "a 1'aide de la sensibilite" nerveuse presente partout. Ainsi, les medicaments ne peuvent r& tablir el ne re"tablissent re'ellement la sante" et l'harmonie de la vie qu'en agrissant dynanziquement sur elle, apre~s que l'observation attentive des changements accessibles A nos sens dans l'd'at du sujet (ensemble des sympto~mes) a procur6 au rn'decin des notions sur la maladie aussi comphe'tes qu'il avail besoin d'en avoir pour e~tre en mesure de la gu~rir. 17. La gue'rison qui succe~de 'a 1'aneantissement de, tout 1'cnsemble des signes et accidents perceptibles de la maladie, ayant en me'me temps pour re'sultat ]a disparition, du changement inte'rieui sur lequel cette dernhwe~ se fonde, c'est-a&-dire, dans tons les cas, ]a destruction du total de la maladie (1), il est clair d'apre~s cela que le me~decin n'a qu''h enlever la somme des sympto~mes pour faire simultane'ment disparai'tre le eharigernent inte-_ rieur du corps et cesser le de'saccord morbide de la force vitale, c'est-a'-dire pour ane'antir le total de la maladie, la maladie elle-meme (2). Mais deitruire la maladie, c'est (1) Un songe, tin pressenitiment, urie pretendue vision enfantede par une imagrination superstiticuse, une proplietie solennelle de inort infaillible 'a tun certain jour ou. Is une certaine heure, ont souvent produit tous les syrnptomes d'une maladlie commen~ante et croissante, ics signes d'une mort prochaine, et ]a mort elle-me~me au momenit itidique', ce qui n'aurait pu avoir lieu, s'il ne s'e'tait opedre dans l'intdrieur dui corps un changement correspondant h F1'dtat qui s'exprimait au dehors. flat, la me'me raison, dans des cas de cette nature, on est quelquefois parvenu, soit en trompant le malade, soit en lui insinuant une. conviction contraire, hs dissiper tous les signes morbides annon~ant 1'approche de la mort, et "a redtablir subitement ita sante', ce qui r'auraitpu arrive!, Si Ie reme'de moral n'avait fait cesser les cIangto)ements morbides internDes et externes dont ]a mort devait e~tie le r~sultat. (2) Le souverain conservateur dc s hommes ne pouvait manifester sa 114 EXPOSITION r'tablir la sante, premier et unique but du medecin penetre de l'importance de sa mission, qui consiste a secourir son prochain, et non ai p6rorer d'un ton dogmatique. 18. De cette verite incontestable que, hors de l'ensemble des symptomes, il n'y a rien i trouver dans les maladies par quoi elles soient susceptibles d'exprimer le besoin qu'elles ont de secours, nous devons conclure qu'il ne peut point y avoir d'autre indication du remade a choisir que la somme des sympt6mes observes dans chaque cas individuel. 19. Les maladies n'etant done que des changements dans l'6tat genDral de l'homme, qui s'annoncent par des signes morbides, et la gu'rison n'6tant possible non plus que par la conversion de l'etat de maladie en celui de sante, on concoit sans peine que les mkdicaments ne pourraient guerir les maladies, s'ils n'avaient la facult6 de changer l'dtat general de l'homme, consistant en sensations et actions, et que c'est uniquement sur cette faculte que repose leur vertu curative. 20. On ne peut reconnaitre en elle-meme, par les seuls efforts de l'intelligence, cette force immaterielle sagesse et sa bontd dans la gudrison des maladies qui les affligent, qu'en faisant clairement apercevoir an mddecin ce qu'il a besoin d'enlever A ces maladies pour les detruire et rdtahlir ainsi la santd. Que devrions-nous penser de sa sagesse et do sa bontd, si, comme le pretend P'dcole dominante, qui affecte de plonger un regard divinatoire dans l'essence intime des choses, cc qu'il est ndcessaire de gueriI dans les maladies se trouvant enveloppi d'une obscuiritd mystique et renfermd dans l'intdrieur cache de l'organisme, l'homme etait par cela meme rdduit a l'impossibilitd de reconnaitre le mal, et par consequent a celle aussi de le gudrir? DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 115 cache"e dans l'essence intime des medicaments, et qui leur donne la facult6" de modifier l'etat du corps humain, et par cela meme de guerir les maladies. Ce n'ost que par l'experience, par l'observation des offets qu'elle produit en agissant sur l'etat gaeneral de l'e'conomie, qu'on parvient " la connaitre et "a s'en faire une idWe claire. 21. L'essence curative des medicaments n'e6tant point recounaissable par elle-meue, ce que personne ne sera tent6 de contester, et les expe~riences pures, faites me"me par les observateurs doue's de la plus rare perspicacike" ne pouvaut rien nous faire apercevoir qui soil capable de les reidre moidicaments ou moyens curatifs, sinon cette facult6 de produire des changements manifestes dans 1'elat general de 'ieconomie, et surtout do rendre malado l'homme bien portant, chez lequel ils suscitent plusieurs symphomes morbidcs bien caracterises, nous devons conclure de l' que, quand les medicaments agissent comme moyens curatifs, ils no peuvent Cgalement exercer leur vertu que par cette faculte qu'ils possedent de modifier l'F1at1 general do l'6conomie en faisant naitre des symptomes spdcifiques. Par consequent, 11 faut s'en tenir uniquement aux accidents morbides que les m-nerdicaments provocuent dans le corps sain, comme"a la seule manifestation possille de ]a vertu curative dont ils jouissent, si l'on veut apprendre, "i l'6gard do chacun d'eux, quelles maladies ii a puissance d'engendrer, ce qui est dire quelles maladies il a puissance do gue~rir. 22. Mais comme on ne dtcouvre, daus Los maladies, autre chose qtu'i faille leur enlever, pour les convertir en sante, que l'ensemble de leurs signes et symptomes, conme on n'aperqoit non plus dans los medicaments 116 EXPOSITION rien autre chose de curatif que leur facult6 de produire des sympt6mes morbides chez des hommes bien portants, et d'en faire disparaitre chez les malades, ii suit de 1l que les m6dicaments ne prennent le caractere de remedes, et ne deviennent capables d'andantir des maladies, qu'en excitant certains accidents et sympt6mes, ou, pour s'exprimer plus clairement, une certaine maladie artificielle qui detruit les sympt6mes de6ji existants, c'esta-dire la maladie naturelle qu'on veut gu6rir. 11 s'ensuit aussi que, pour an6antir la totalit6 des sympt6mes d'une maladie, ii faut chercher un medicament qui ait de la tendance a produire des sympt6mes semblables ou contraires, suivant qu'on a appris par l'exp6rience que la manibre ]a plus facile, la plus certaine et la plus durable d'enlever les sympt6mes de la maladie et de r6tablir la sant6, est d'opposer a ces derniers des sympt6mes mndicinaux semblables ou contraires. 11 ya encore une troisieme mn~thode d'employer les m6dicaments contre les maladies, c'est la mnithode allopathique, dans laquelle on administre des rembdes produisant des symptomes qui n'ont aucun rapport direct avec l'etat du malade, n'etant ni semblables, ni oppos6s, mais absolument het6erogicnes. J'ai demontre, dans 'introduction, que cette eithode est une imitation grossihre et nuisible des efforts imnparfaits qu'une impulsion aveugle et purernent instinctive pousse la force vitale troublee par quelque fcicheuse influence a lenter pour se sauver d tout prix en excilant et entretenant une maladie dans l'organisme; car l'aveugle force vitale n'a 6t1 cre6e que pour entretenir l'harmonie dans l'organisme, tant que dure la sant6, et, une fois desaccordee dans les maladies, elle peut 6tre encore ramene ai l'etat normal par un miodecin DE LA DOCTRINE H0MOEOPATHIQUE. 117 intelligent pratiquant l'homeeopathie. Abandonnee " elle seule, elle ne pent se guerir; elle a meme si pen de puissance naturelle curative qu'une fois desaccord~e, les changements qu'elle amene dans l'organisme sont les sympt mes et la maladie elle-m me. Cependant, quelque inconvenante qu'elle soit, on se sert depuis si longlemps dans l'cole actuelle de la methode allopathique, qu'il n'est pas plus permis au me'decin de ]a passer sous silence, qu'at I'historien de taire les oppressions que le genre humain a supportees pendant des milliers d'anne'es sous des gouvernements absurdes et despotiques. 23. Or, toutes les experiences pures, tous les essais faits avec soin, nous apprennent que des synipt mes niorbides continus, loin de pouvoir etre effaces et aneantis par des symptomes nehdicinaux opposes, comme ceux qu'e~xcite la mn'thode antipathique, 6nantiopathique, ou palli(ative, reparaissent, au contraire, plus intenses qu'ils n'avaient jainais e~te6, et aggrave's d'une maniere bien manifeste, apre~s avoir semble&, pendant quelque temps, se calmer. (V. 58-62 et 69.) 24. 11 ne reste donc d'autre me'thode efficace d'employer les medicaments contre les maladies, que de rocourir h Ia methode horceopathique, dans laquelle on cherche, pour le diricrer contre l'universalifk des sympt6res du cas morbide individuel, celui d'entre tous les medicaments dont on connait bien la maniere d'agir sur 1'hommte en sante, et qui posse~de la facult6' de produire la maldadie artificielle la plus ressemblante a la maladie naturelle qu'on a sous les yeux. 925. Mais le seul infaillible oracle de l'art de gue~rir, 118 EXPOSITION ]'experience pure (1), nous apprend, dans tous les essais faits avec soin, qu'en effet le medicament qui, en agissant sur des hommes bien portants, a pu produire le plus de sympt6mes semblables a ceux de la maladie dont on se propose le traitement, est celui qui convient pour la guerir; qu'il possede r'ellement aussi, lorsqu'on l'emploie a des doses suffisamment puissanles et attenuees, la faculte de ddtruire d'une maniere prompte, radicale et durable, l'universalit6 des sympt6mves de ce cas morbide, c'est-a-dire (V. 6-16) la maladie presentc tout entiere; elle nous apprend que tous les medicaments guerissent les maladies dont les sympt6mes so rapprochent le plus possible desleurs, et que, parmi ces dernieres, ii n'en est aucune qui no leur cede. 26. Ce ph6nomine repose sur la loi naturelle de l'homoeopathie, loi m6connue jusquia present, quoiqu'on en ait eu quelque vague soupeon, et qu'elle ait ot6 dans tous les temps le fondement de toute guerison v6ritable, (1) Je n'entends pas parler d'une expirience semnblable a celle dont nos praticiens vulgaires sc vantent apris avoir, pendant de longues anndes, conihbatth avec un tas de recettes complique'es line multitude de maladies qu'ils n'ont jamais examinees avec soiii, mais que, fideles aux orrenments de l'dcole, ils out regarddes comme suffisamitnent connues pair les noms qu'elles portent dans ]a pathologie; croyant apercevoir en elles un principe morbitique imaginaire on quelque autre trouble profond non moims hypothdlique. A la vdritd, ils y voient toujours quelque chose, mais ils ne savent pas cc qu'ils voient, et ils arrivent ( des resultats qu'un Dieu seul pourrait dbhroniller au milieu d'un si grand concours de forces diverses agissant sur un sujet inconnu, resultat dont il n'y a aucune induction a tirer. Ciiiquante anndes d'une pareille experience sont cornmme cinquante ans passs ia regarder dans un kaldidoscope, qui, plein de choses iniconnues et varides, tournerait continuellement sur lui-meme: on aurait vu des milliers de figures changeant ia chaque instant, sans pouvoir se rendre comripte d'aucune. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 119 savoir, qu'une affection dynamique, dans l'organisme vivant, est e1einte d'une manidre durable par une plus forte, lorsque celle-ci, sans etre de mineme espece qu'elle, lui ressemble beaucoup quant a la maniere dont elle se manifeste. C'est aussi de cette mani"re qu'on traite les maux physiques ct les affections morales. Pourquoi le brillant Jupiter disparait-il, dans le crdpuscule du matin, aux nerfs optiques de celui qui le contemple? parce qu'une puissance sernblable, mais plus forte, la clarte du jour naissant, agit alors sur ces organes. Avec quoi est-on dans 1'usage de calmer les nerfs olfactifs offenses par des odeurs desagreables? avec du tabac, qui affecte le nez d'une manidre semblable, mais plus forte. Ce n'est ni avec de la musique, ni avec des sucreries, qu'on pourrait guerir le degoLit de l'odorat, parce que ces objets sont relatifs aux nerfs d'autres sens. Par quel moyen etouffe-t-on dans l'oreille compatissante des assistants les lamentations du malhlieureux condamnid au supplice des verges? par le son glapissant du fifre, mari6 au bruit du tambour. Par quoi couvre-t-on le bruit AloignD dui canon ennemi, qui porterait Ia terreur dans l'Crme du soldat? par le retentissement de la grosse caisse. Ni cette compassion, ni cette terreur n'auraient pu etre rdprimdcs, soit par des admonitions, soit par une distribution de brillants uniformes. De mime la tristesse et les regrets s'6teignent dans l'A me i la nouvelle, filt-elle mdme fausse, d'un chagrin plus vif survenu i une autre personne. Les inconvenients d'une joie trop vive sont prevenus par le caf6, qui, de lui-mime, dispose l'ame aux impressions agreables. 11 a fallu que les Allemands, plongos depuis des sidcles dans l'apathie et l'esclavage, fussent 6crases 120 EXPOSITION souS le jougr tyrannique de 1'etranger, pour que le seutiment de ]a dignite de I'homme se re~veillkt en eux, et qu'une premie~re fois enfin, ils relevassent la tete. 27. La puissance curative des medicaments est done fondee (V. 12-26) sur la proprikte qu'ils out de faire naitre des symptornes semblables a ceux de la maladie et qui surpassent en force ces derniers. D'oii ii suit que la maladie ne pent tre ane'antie et guerie d'une manie're certaine, radicale, rapide et durable, qu'au moyen d'uu medicarnent capable de provoquer chez un hoinme sain 1'ensemble de symptbrnes le plus semblable "a la totalite des siens, et doue en neme temps d'une einergie sU)e"rienre 4 celle qu'elle posse~de. 28. Comne cette loi therapeutique de la nature se manifeste hautement dans tous les essais purs et dans toutes les experiences sur les resultats desquels on peut compter, que par consequent le fait est positif, peu nous importe Ia theorie scientifique de la maniere dout ii a lieu. J'attache pcu de prix aux explications que 1'on pourrait essayer d'eu donner. Cepeudaut celle qui suit me semble &tre la plus vraisemblable, parce qu'elle repose uniquement sur des donnees fournies par 1'exp6 -rience. 29. Toute maladie qui u'appartient pas exciusivement au domaine de la chirurgie, ne provenant que d'un d6 -saccord particulier de uotre force, vitale, sous le rapport de ]a manie~re dont s'accomplissent les sensations et les actions, ii faudra, dans toute guerisou homceopathique de cette force vitale de'saccordee par uue maladie uaturelle, que le rem ede choisi d'apre~s la similitude des symptomes engeudre tine affection artificielle semblable"ai la DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 121 maladie naturelle, mais un peu plus forte, affection qui se substituera pour ainsi dire a la maladie naturelle qui est toujours plus faible. Cedant alors a l'impulsion de l'instinct, la force vitale, qui n'est plus malade que de l'affection m6dicinale, mais qui l'est un peu plus qu'auparavant, se trouve oblig6e de d6ployer davantage d'6nergie contre cette nouvelle maladie; mais l'action de la puissance m6dicinale qui la d6saccorde ayant peu de duree (1), elle ne tarde pas ' en triompher, de sorte que, comme elle avait 6t1 d6barrass6e en premier lieu de la maladie naturelle. elle est maintenant delivree aussi de la maladie m6dicinale artificielle substituee a celle-lE, et par cons6quent capable de remettre la vie de 1'organisme dans ]a voie de la sante. Cette hypothese, qui est tres-vraisemblable, repose sur les propositions suivantes. (1) Le pen de durde de l'action des puissances aptes ' produire des maladies artificielles, auxquelles nOUS donnons le nom de mddicaments, fait que, malgre leur superioritd sur les maladies naturelles, la force vitale a cependant beaucoup moins de peine h triompher d'elles que de ces derniir'es. Ayant une durde d'action tres-longue, la plupart du temps aussi tendue que la vie elle-meme (psore, syphilis, sycnose), les maladies natuielles ne peuvent jamais 'tre vaincues par la force vitale seule. 11 faut, pour les dteindre, que le mddecin affecte plus dnergiquement celle-ci, au moycn d'un agent capable de provoquer une maladie tris-analogue, mais doutd d'une puissance superierire (remade homoeuopathique). Cet agent, introduit dans l'estomac, on administr6 par olfaction, fait en quelque sorte violence a l'aveugle et instinctive force vitale, et son impression prend la place de la maladie naturelle jusqu'alors existante, de telle sorte que la force vitale ne reste plus disormais qu'atteinte de la maladie mddicamenteuse, h laquelle toutefois clle ne demeure en proic que peu de temps, parce que l'action du mddicament (ou le cours de la maladie ddterminde par lui), ne dure pas longlemnps. La gudrison de maladies datant dejh de plusieurs annies, que procure (V. 46) l'apparition de la variole et de la rougeole (qui n'ont toutes deux qu'une duree de quclques semaines), est un phenomine du meme genre. 122 EXPOSITION 50. Les medicaments, sans doute aussi parce qu'il depend de -nous d'en varier la dose, paraissent avoir un pouvoir de de~saccorder le corps humain bien superieur ai celui des irritations morlbiflques naturelles; car les maladies naturelles sont gue~ries et vaincues par des i-nedicaments approprie's. 51. Les puissance s ennemies, taut physiques que morales, qul portent atteinte 4 notre -vie ici-has, et qn'on appelle influences morhifiques, ne posse~dent pas d'nne manih're absolne ]a faculte6 d Ialtd~rer la santk" (1); nous now tombons malados, sous leur influence, quo quand notre orgyanismo est suffisamment pre~dispose" a ressentir l'atteinte des causes tuorbifiquos, et "a se laisser metire par elles dans un e&tat oh" les sensations qu'il epronve et les actions qu'il exe~cute soicut diffirentes do celles qui ont lieu dans I'6tat normal. Ces puissancos no font donc naitre la maladie, ni choz tons les hiommos, ni chez un rnhne hornme dans to-us los -termps. 592. Mlais iH en est aniremont des puissances morbifiques artificielles quo nons appelons me'dicamients. En effet, dans tons les temps, dans tonics los, ci rcon stances, un -veri table me~dicament agit sur tons les hommos, excite en eux les syptmes qui lui sont propres, et emne en (1) Quand je dis quc la rualadie est une aberration onu tn dedsaccord de 1'd'tat de sant, je ne pre'tends point donner iine explication me'taphysique de ]a nature intime des maladies en ge~neral, OH d'aucun cas morbide qu~elconque en particuilier. Jo veuix seulornen t de'signer parIAh ce que les maladies ne sont pas et ne peuvenjt point (!ro, c'est-h-dire exprimer qu'elles ne sont pas des changrernnts me'caniqucs ou chirniques de la substance mate'rielle du corp-s, qu'elles no de'pei~dent p~oint d'un principe morbifique mati'riel, et qu'elles sont uniqUorneut des alterations dynamiques de la vie. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 123 provoque qui tonmbent sous nos sens, quand on le donne a des doses assez fortes; de sorte que tout organisme humain vivant quelconque doit tre, en tout temps et d'une maniere absolue, attaque ct en quelque sorte infecte par la maladie m6dicinale; ce qui, comme je I'ai dit tout i l'heure, n'est point le cas des maladies naturelies. 533. 11 r6sulte done incontestablement de toutes les observations (1) qIue l'organisme humnain a beaucoup plus de propension at se laisser desaccorder par les puissances medicinales que par les influences morbifiques et les miasmes contagieux; ou, cc qui revient au mOme, que les influences morbifiques n'ont qu'un pouvoir subordonn6, et souvent mime tres-conditionnel, de provoquer des maladies, tandis que les puissances m6dicinales en out un absolu, direct et infiniment superieur pour desaccorder la sante de l'homme. 34. Une intensite plus grande des maladies artificielles ia provoquer par le moyen des medicaments n'est cependant pas la seule condition exigible pour qu'olles aient le pouvoir de guerir les maladies naturelles. Avant tout il faut, pour qu'une gu6rison s'effectue, qu'il y ait ]a plus grande similitude possible entre la maladie qu'on (1) Voici un fail remarquable dece genre; lorsqu'avant l'annde 1801, la fievre scarlatine lisse de Sydenhaim rignait encore de temps en temps d'une maniere 6pidemique parmi les enfants, elle attaquait, sans exception, ceux qui ne l'avaient point eue dans une maladie pr&cddente; mais, dans l'dpidemie dont je fus tdmoin ' Kenigslutter, tons les enfants qui prirent assez t temps uine tres-peite dose de belladone, furent exempts de cette nialadie extrememinent contagieuse. Pour que des medicaments puissent prdserver d'une maladie 6piddmique, ii faut que leur puissance de modifier la force vitale soit siperieure " la sienne. 124 EXPOSITION traite et celle que le medicament a l'aptitude de susciter dans le corps humain, afin que cette ressemblance, jointe t l'intensitC! un peu plus forte de l'affection m "dicinale, permette 'a celle-ci de se substituer "a l'autre, et de lui enlever ainsi toute influence sur la force vitale. Cela est tellement vrai, que la nature elle-meme ne peut gue~rir une maladie dejat existante en y ajoutant une nouvelle maladie dissemblable, quelque forte que soit celle-ci, et que le me~decin n'a.galement plus le pouvoir d'operer des guorisons quand il emploic des medicaments qui ne sont pas susceptibles de faire naitre, chez l'homme en sante", un edtat morbide semblable " la maladie qu'il a sous ics yeux. 35i. Pour faire ressortir davantage ces ve'rike~s, nous allons passer en revue trois cas difle'rents; savoir, ]a marche de la nature dans deux maladies naturelles dissernJ)ables qui se rencontrent ensemble chez un meme sujet, et le re~sultat du traitement medical ordinaire des maladies par des medicaments allopathiques, incapables de provoquer un d'tat morbide artificiel semblable "a celui dont iA s'agit d'operer la guerison. Cet examen dirnontrera d'un c6tet, qu'il n'est pas en la puissance de la nature elle-mehme de guerir une maladie dejai existante par une autre maladie dissemblable, non homweopathique, meme plus forte; et de l'autre, que les me~dicaments, meme les plus e~nergiques, ne sauraient jamais procurer la gurerison d'une maladie quelconque, quand uls ne sont point homoeopathiques. 56. I. Si les deux maladies dissemblables qui viennent i se rencontrer chez l'homme ont une force e~gale, ou si la plus ancienne est plus forte ciue l'autre, la maladie DE LA DOCTRINE IIOMOEOPATHIQUE. 125 nouvelle sera repoussee du corps par celle qui existait avant elle, et ne pourra s'y tablir. Ainsi un homme, dej~ tourmente d'une affection chronique grave, ne ressentira pas les atteintes d'une dyssenterie automnale, ou de toute autre epidemie moder&e. Suivant Larrey (1), la peste du Levant n'eclate pas dans les lieux oil regne le scorbut, et les personnes qui portent des dartres n'en sont point non plus infectees. Le rachitisme empiche la vaccine de se developper, au dire de Jenner. Hildenbrand assure que les phthisiques ne se ressentent pas des fievres epidemiques, a moins que celles - ci ne soient trisviolentes. 37. De mrme, une maladie chronique ancienne ne cede point au mode ordinaire de curation par des medicaments allopathiques, c'est-a-dire ne produisant pas chez l'homme en sante un etat analogue a celui qui la caract6rise. Elle r6siste aux traitements de cc genre, prolonges meme durant des ann6es entieres, pourvu qu'ils ne soient pas trop violents. Cette assertion se v6rifie chaque jour dans la pratique, et n'a pas besoin d'etre appuyee par des exemples. 38. II. Si la maladie nouvelle, qui ne ressemble point a l'ancienne, est plus forte que cette derni"re, elle la suspend jusqu'" ce qu'elle-mdme ait achevd son cours ou soil guerie; mais alors l'ancienne reparait. Tulpius nous apprend (2) que deux enfants, ayant contract& la teigne, cesserent d'dprouver des accds d'dpilepsie auxquels ils avaient dti sujets jusqu'alors, mais que ces accds revinrent apris la disparition de l'exantheme. Schcepf a vu la (I) Mimoires et observations, dans la Description de l'Egypte, t. I. (2) Obs. medice, lib. I, obs. 8. 126 EXPOSITION gale s'eteindre a la manifestation du scorbut, et renaitre apres la guerison de cette derniere maladie (1). Un violent typhus a suspendu les progres d'une phthisie pulmonaire ulcereuse, qui reprit sa marche aussit6t apres la cessation del'affectiontypheuse (2). Lamnanie qui se declare chez un phthisique, efface la phthisie, avec tous ses symptmnes; mais la maladie du poumon renait et tue le malade, si l'alienation mentale vient a cesser (3). Quand la rougeole et la petite verole regnent ensemble, et qu'elles ont attaque toutes deux le meme enfant, il est ordinaire que la rougeole deja declaree soit arretee par la variole qui eclate, et ne reprenne son cours qu'apres la guerison de celle-ci; cependant Manget a vu aussi (4) la petite verole, pleinement declaree a la suite de l'inoculation, 6tre suspendue pendant quatre jours par une rougeole qui survint, et apres la desquamation de laquelle elle se ranima, pour parcourir ensuite ses periodes jusqu'a la fin. On a meme vu l' eruption de la rougeole, au sixieme jour de l'inoculation, arreter le travail inflainmatoire de cette derniere, et la variole n'eclater que quand l'autre exanthbme eut accompli sa periode septenaire (5). Dans une epidemie rubeolique, la rougeole eclata, chez beaucoup d'inocules, quatre ou cinqg jours apres l'insertion, et retarda jusqu'a son entiere disparition l'6ruption de la petite verole, qui se fit seulement alors et marcha en(1) Dans le journal de lHufeland, XV, u. (2) Chevalier dans les Nouvelles Annales de la Medecine frangaise de Hufeland, II, p. 192. (3) Mania phthisi superveniens eamrn cum omnibus suis phcenomenis aufert, verumn mox redit phthisis et occidit, abeunte mania. Reil, Memor. clinicorum, fasc. III, V, p. 171. (4) Dans Edinb. med. comment., t. I, i. (5) J. Hunter, Traite des maladies veinriennes, Paris, 1852, p. II. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 127 suite d'une maniere regulie're (1). La ve~ritable fie~vre scarlatine de Sydenham (2), avec angine, fut efface~e au quatrie~me jour par la manifestation de la vaccine, qui marcha jusqu'a" sa fin, et apre~s la terminaison seulemenit de laquelle on vit la scarlatine se manifester de nouveau. MAlis, comme ces deux maladies paraissent e^tre de force egale, on a vii aussi ]a -vaccine d~re suspendue, au huitie~rne jour, par l'e'ruption d'une veritable scarlatine, et son aureole rouge s'effacer jusqu'ai ce que celle-ci eilit termine3 son cours, moment auquel cule reprit le sien et l'acheva, negulie'rement (3). Une vaccine etait sur le point d'attcindrc "a sa perfection, an huiti eme jour, quand e'clata une i'ougeole, qui la rendit sur-le--champ s-tationnaire, et apres ]a desquamation seulement de laquelle cule reprit ct acheva, sa. marche, de manie~re qu'au rapport de Kortum (4), cule avait, le seizieme jour, l'aspcct qu'elle pre)scnte ordinairernent au dixie~me. On a vu la -vaccine prendre au milieu me~me d'unc rougreole de clar&~, mais ne comnmencer a parcourir ses periodes que quand l'autre affection fut passe~e; c'cst ce que nous apprend e~galement Kortum (5). J'ai eu moi-me'me occasion de voir une angine parotidienne disparaffre aussito~t apre~s 1fdablissernent du travail particulier "a ]a vaccine. Ce fut sculemient lorsquc la -vaccine cut acheve son cours, et que (1) lRainay, dans Med. comment. of Ediub., 1ll, p. 480. (2) Ello a e'te dUcrite for't exactement par Withieriing et PlenciZ. Mais elie diffehro beaucoup do la. miliaire pourpredo (otu du RoodvortkI), auquel on se plaisait "a doniior le nom de fie~vre scailatine. Ce Wiest que daiis cos derni&res annudes quo los doux maladies, originairernent fort (IiflOI'rentes, so sont 'rapproche'es l'une de l'autre par leurs symptolmes. (3) Jonuier, dans Medzcinische Annalen, 1800, aoili, p. 747. (4) Davis le Journal de Hufeland, XX, in, p. 50. (5) Loc. cit. 128 EX POSITION 1'aureole rouge des boutons eut disparu, qu'un nouveau gonflement, accorpagne' de fie'wre, se manifesta dans les glandes parotides et sous-maxillaires, et parcourut sa periode ordinaire de sept jours. II en est ainsi de toutes les maladies disseinblables; la plus forte suspend la plus faible, a moins qu'elles ne se compliquent ensemble, ce qui arrive rarernent aux affections aiguis; mais jamais elles Iie se gue'rissent l'une l'autre. 59. L'&eole me'dicale ordinaire a e~t6 teimoin de ces faits depuis des siecles. Elle a vu la nature elle-meme impuissante " guerir aucune maladie par 1'addition d'une autre, quelque intense que flit cette dernie~re, lorsque celle qui survient nz'est point seinblable " celle qui dej't existe dans le corps. Que doit-on penser d'elle, puisqu'elle n'en a pas moins continue a traiter, les maladies chroniques par des moyens allopathiques, Dieu sait mkme avec quels nmedicaments et quelles formules! toujours avec des substances qui, la plupart du temps, ne pouvaient provoquer elles-memes qu'un etat maladif dissemblable "a I'aflection dont la guerison etait en probleme? Et quand bien mei'ie les medecins n'eussent point jusqu'alors obscrve la nature avec asscz d'attention, ne leur eit-i1 pas et(te possible de juger, d'apres les tristes effets de leurs procedes, qu'ils 6taient sur une fausse route, propre uniquement 'i les dloigner du but? Ne s'apercevaient-ils pas qu'en ayant, selon leur coutume, recours "a des moyens allopathiques violents conIre les maladies chroniques, its ne faisaicnt pie ci'eer une maladie artificielle non semblable a% la maladie primitive, gui reduisait bien cellc-ci an silence, ella suspendait pendant tout le temps de sa propre durete, mais que la DE LA DOCTRINE HOMOEOPATIIIQUE. 129 maladie primitive reparaissait et devait reparaitre des que la diminution des forces du malade ne permettait plus de continuer a saper le principe de la vie par les vives attaques de l'allopathie? C'est ainsi que des purgations energiques et souvent rep6tees nettoient rhellement assez vite la peau de l'exantheme psorique; mais quand le malade ne peut plus supporter l'affection dissemblable qu'on a violemment fait naitre dans ses entrailles, quand it est oblig6 de renoncer aux purgatifs, l'eruption cutanee reparait telle qu'elle existait auparavant, ou bien la psore interne se manifeste par un symptame ficheux quelconque, attendu qu'outre l'affection primitive, qui ni'est diminube en rien, le malade a maintenant sa diaestion troublhe et ses forces aneanties. De mnume, quand les medecins ordinaires produisent et entretiennent des ulcerations artificielles a la surface du corps, croyant (detruire par la une affection chronique, jamnais ils n'atteignent au but qu'ils se proposent, c'est-a-dire que jamais ils ne guerissent, parce que ces ulchres factices sont tout a fait 6trangers et allopathiques au mal interne. Cependant, comme l'irritation causee par plusieurs caut res est souvent un mal superieur, quoique dissemblable, a l'etat morbide primnitif, i lui arrive parfois de reduire cc mral pour quelques semaines au silence; mais lle tine fait que le suspendre pour tris-peu de temps, et encore on epuisant par degras le malade. Une epilepsie, qui avait 6t6 suppriine pendant nombre d'annees par des cauteres, reparaissait constamrnent, et plus violenle que jamais, quand on cherchait a supprimer l'exutoire, comme l'attestent Pechlin (1) et autres. Mais les pur(1) Obs. phys. med., lib. 11, obs. 30. 130 EXPOSITION gatifs ne sont pas plus allopathiques "a 1'~gard de ]a gale, ou les caute~res par rapport It ''pilepsie, que les melanges d'ingre'dients inconnus dont on fait usagre dans la pratique vulgaire, ne le sont relativement a~ux autres, formes innombrables des maladies innomeeso. Ces melanges ne font non plus qu'affaiblir le malade et suspendre le mal pendant un laps de temps tres-courl, sans pouvoir le gue'rir, outre que leur emploi re'pe'te ne manque jamais d'ajouter un nouvel &'at morbide A 1'ancien. 40. Ill. 11 peut arriver aussi que ]a nouvelle maladie, apres avoir agi longlemps sur 1'orgranisme, finisse par s'allier 'a l'ancienne affeclion, malgr'~ le d~fant de simnilitude entre elies, et que de la" rerulte une maladie compli-_ quee, de telle sorte cependant que chacune occupe une re~gion spe'iale dans 1'organisme, et qu'elle s'y installe dans les orgranes qui lui conviennent, abandonnant les autresa'i celle qui ne lui ressemble pas. Ainsi un -vene~rien peut devenir encore galeux, et re'iproquement. Ces deux maladies d~tant dissemblables, elies ne sauraient s'ane'antir l'une l'autre. Les sympto'mes -veneriens s'effacent dans le principe et sont suspend-us lorsque 1'e~ruption psorique commence; mais, avec le temps, la maladie -ve"neienne etant au moins aussi forte que la gale, les deux affections s'allient 1'une a-vec 1'autre (1 ý, c'est-h-dire que chacune (1) Des experiences predcises et des gue~risons que j'ai obtenues do, ces sortes d'affectioris complique'es, m'ont convaincu qu'ellcs no resultent pas de P'amalgame de deux. maladies, mais pie celles-ci existent simultane'ment daDNs 'conomie, occupant chacurie des parties qui sont en 1)armonie avec dile. En effet, la gue'rison s'ope~re d'une manie're compidhe en altei~nant 'a propos le mercure et les moyens propres a guerir la gale, adui-inistrdes tous aux doses et sous le mode de prepar~ations convenables. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 131 s'empare uniquement des parties de Forganisme qui lui sont appropriees, et que le sujet devient par la plus malade et plus difficile a guerir. En cas de concurrence de deux maladies aigues contagieuses qui n'ont point de ressemblance ensemble, par exemple de la variole et de la rougeole, ordinairement l'une suspend l'autre, cornme ii a et6 dit plus haut. Cependant ii s'est trouve quelques epidemies violentes oil, dans des cas rares, deux maladies aigue*s dissemblables ont envahi simultanement un seul et meme corps, et se sont, pour ainsi dire, compliquees l'une l'autre pendant un court espace de temps. Dans une epidemie oiu la petite verole et la rougeole regnaient ensemble, il y eut trois cents cas oil I'une des deux maladies suspendit l'autre, oiu la rougeole n'eclata que vingt jours apres l'eruption de la variole, et la petite v6role dix-sept a dixhuit jours apres celle de la rougeole, c'est-a-dire apres la disparition totale de la premiere maladie; mais il s'en trouva un dans lequel P. Russel (1) rencontra simultan6 -ment ces deux maladies dissemblables chez le m6me sujet. Rainey (2) a observe la variole et la rougeole ensemble chez deux petites filles. J. Maurice (3) dit n'avoir rencontre que deux faits de ce genre dans sa pratique. On trouve des exemples semblables dans Ettmuller (4) et quelques autres encore. Zcncker (5) a vu la vaccine suivre son cours regulier conjointement avec la rougeole et la (1) Transactions of a soc. for the improv. of med. and. chir. knowledge, II. (2) Med. Comment. of Edinb., III, p. 480. (3) Med. and phys. Journal, 1805. (4) Opera medica, II, p. 1, cap. 10. (5) Dans le Journal de medecine de Hufeland, XVII. 132 EXPOSITION fiere miliaire pourprbe, et Jenner la vaccine parcourir tranquillement ses periodes au milieu d'un traitement mercuriel dirigo contre la syphilis. 41. Les complications ou coexistences de plusieurs maladies chez un meme sujet, qui r6sultent d'un long usage de medicaments non appropries, et doivent naissance aux malencontreux procedes de la medecine allopathique vulgaire, sont infiniment plus fr6quentes que celles auxquelles la nature elle-meme donne lieu. En repetant sans cesse l'emploi de remddes qui ne conviennent pas, on finit par ajouter a la maladie naturelle qu'on a en vue de gudrir les nouveaux etats morbides, souvent tres-opiniatres, que ces remedes sont appelds ' provoquer par la nature mdme de leurs facultds spdciales. Ces dtats ne pouvant gudrir par une irritation analogue, c'esta-dire par homoeopathie, une affection chronique avec laquclle ils n'ont aucune similitude, s'associent peu i peu avec cette dernitre, et ajoutent ainsi une nouvelle maladie dissemblable et artificielle t l'ancienne, de sorte que le sujet devient doublement malade et bien plus difficile a guerir, souvent mime incurable. Plusieurs faits consignds dans les journaux ou dans les traitls de mddecine viennent a l'appui de cette assertion. On en trouve une preuve aussi dans les cas frdquents oii la maladie chancreuse vendrienne, compliquee surtout avec l'affection psorique, et meme avec la gonorrhde sycosique, loin de guerir par des traitements longs ou repdtes, avec des doses considerables de preparations mercuriclles mal choisies, prend place dans l'organisme a c6te de ]a maladie mercurielle chronique, qui se developpe peu " peu et forme ainsi une monstrueuse complication, designde DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 133 sous le nom de syphilis larveae, qui, Si elle n'est pas absolument incurable, ne pent du moins etre ramenie "a I'etat de sant6 qu'avec la plus grande difficulte". Car independamment des sympt6mes analogues 'a ceux de la maladie vene'rienne, qui lui permettent de gne'rir horoeopathiquement cette dernie~re, le morcure en produit encore beancoup d'autres, qui ne ressemblont pas a ceux de ]a syphilis, et qui, lorsqu'on I'administre " hautos doses, surtout dans la complication si commune avec la psore, engendrent de nouveaux maux et. exercent de grands ravages dans le corps. 42. La nature elle-meme, comme je l'ai dit, permet quelquefois la coincidence de deux et m&"me do trois maladies naturellos dans un seul et nH'me corps. Mais ii faut bien remarquer que cette complication n'a lieu qu'a I' eard des maladies dissemblaibles, qui, d'apre~s les lois 6ternelles do la nature, no pouvent ni s'ane'antir, ni s'effacer, ni so guerir re~ciproquement. Elle s'effectue, a ce qu'il parait, de facon telle que los deux ou trois maladies se partagent pour ainsi dire l'organisme, et que chacune d'elles y occupe los parties qui lui conviennont le mieux, partage qui peut se faire sans nuire a l'unite de la vie, a cause du defant de similitude entre ces affections. 45. Mais le resultat est tout autre quand deux maladies semblables vionnont a so rencontrer dans l'organisme, c'est-a-dire lorsqu'a la maladie deija existante ii s'eu joint une plus forte qui lui est en tout semIlable. C'est ici qu'on apercoit comment la guerison pent s'operer dans la voie do la nature, et comment l'homme doit s'y prendre pour guerir. 0434 EXPOSITION 44. Deux maladies qui se ressemblent ne peuvent ni se repousser mutuellement, comme dans la premiere des trois hypothbses precedentes, ni se suspendre l'une l'autre, comme dans la seconde, en sorte que l'ancienne reparaisse apris l'epuisement de la nouvelle, ni enfin, comme dans la troisieme, exister 4 cote l'une de l'autre chez le m6me sujet, et former une maladie double ou compliquee. 45. Non! deux maladies qui diffbrent bien l'une de l'autre quant au genre (1), mais qui se ressemblent beaucoup aI l'gard de cleurs manifestations et de leurs effets, c'est-a-dire des sympt6mes et souffrances qu'elles d&terminent, s'anrantissent toujours mutuellement d&s qu'elles viennent a se rencontrer dans un meme organisme. La plus forte ddtruit ]a plus faible. La cause de ce phenomene n'est pas difficile a concevoir. La maladie plus forte qui survient, ayant de l'analogie avec l'ancienne dans sa maniere d'agir, envahit, et mime de pref6rence, les parties qu'avait jusqu'alors attaquees cette derniere, qui, plus faible qu'elle, s'eteint, ne trouvant plus " exercer son activite (2). En d'autres termes, dies que la force vitale, desaccordie par une puissance morbifique, vient a tre saisie par une nouvelle puissance fort analogue, mais superieure en energie, elle ne ressent plus que l'impression de celle-ci seule, et la precedente, reduite ia la condition d'une simple force sans rnmaliiere, doit cesser d'exercer une influence morbifique, par cons6quent d'exister. (1) Voyez ci-dessus 26, la note. (2) De meme que l'image de la flamme d'une lampe est rapidement eflfac&e dans le nerf optique par tin rayon de soleil, qui frappe nos yeux avec plus de force. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE* 3 135 46. On pourrait. citer beaucoup d'exemples de maladies que la nature a gueries homoeopathiquement par d'.autres maladies provoquant des sympto'mes semblables.Mais, si l'on veut des fails pre~is et ht Fabri de toute contestation, ii faut s'en tenir au petit nombre de maladies toujours semIblables 'a elles-nmemes qui naissent d'un miasmne permanlent, et qui, par cette raison, sont diornes de rece'voir un nom particulier. Parmi ces affections se pre'sente, au. premier rang, la. variole, si fameuse par le nombre et Fl'tensite" de ses, symptomes, et qui a gue'i une foule de maux caraclk'ri-. ses par des symptomres semblables aux siens. Des ophihalmies violentes et allant jusqu'a lI'abolition de la vue, sont un des accidents les plus communs dans ]a petite ve~role. Or, Dezoteux et L. Valentin (1) et A. Leroy (2) rapportent chacun un cas d'ophthialmie chronique, qui fut gue~ie d'une manie~re parfaite et durable par I" inoculation., Une ce~cit6, qui datait de deux. ans, et qui avait e~te causee par la repercussion de la teigne, ce~da completemeiit, 'a la variole, d'apre~s Klein (3). Comibien de fois n'est-iI point arri'v6 a Ia petite ve~role d'occasionner la surdihi1" et la dyspne~e! J. F. Closs (4) l'a -vue gueirir ces deux affections, lorsqu'elle fut arri-ve' ason maximum d'intensite'. Une tume'faction, meme tre's-conside~rable, des testicules, est un s 0mp e-fr (1) Traite' de l'inoculation, Paris, an VIII, p. 189. (2) Mfidecine maternelto, ou 1'Art d'ýlever et de conserver les enfants, Paris, 1830, p. 384. (3) Interpres clinicus, p. 293. (4) Neue Heilart der Kinderpocken, Ulm, 1769, p. 68; et Specim. obs., n0 18. 136 EXPOSITION quent de ]a variole. Aussi a-t-on vu, suivant Klein (1), cet exanthbme gu6rir homceopathiquement une intumescence volumineuse et dure du testicule gauche, qui 6tait le r6sultat d'une contusion. Un engorgement analogue du testicule fut 6galement guerui par elle, sous les yeux d'un autre observateur (2). On compte une sorte de dyssenterie au nombre des accidents fAcheux que d6termine la petite verole: c'est pour cela que cette affection a guieri, a" titre de puissance morbifique semblable, la dyssenterie, dans un cas rapporte" par F. Wendt (3). Personne n'ignore que quand la variole survient apres l'insertion de la vaccine, sur-le-champ elle detruit homoeopathiquement celle-ci, et ne lui permet pas d'arriver a sa perfection, tant parce qu'elle a plus de force qu'elle, que parce qu'elle lui ressemble beaucoup. Mais, par la meme raison, lorsque la vaccine approche du terme de la maturit, sa grande ressemblance avec la variole fait qu'hornceopathiquement elle diminue et adoucit au moins beaucoup cette derni're, quand elle vient h se declarer, et lui imprime un caractere plius b6 -nin, comme le temoignent Muhry (4) et une foule d'autres auteurs. La vaccine, outre les pustules pre"servatives de la petite v6role, provoque encore une eruption cutane g6@nerale d'une autre nature. Cet exanthbrme consiste en des boutons coniques, ordinairement petits, rarement gros et suppurants, sees, reposani sur des aureoles rouges (i) Interpres clinicus. (2) Nov. Act. cur., vol. I, obs. 22. (3) Nachricht von dem Krankeninstitut zu Erlangen, 1783. (4) Dans Robert Willan, sur la Vaccine. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 3 137 peu etendues, souvent entremelees de petites taches arrondies, d'une couleur rouge, et accompagrnees parfois des plus -vives de~mangcaisons (I). Chez beaucoup d'cnfants, it pr'ce~de de plusicurs jours 1'apparition de l'aureole rouge de la vaccine; mais le plus souvent it se declare apre's, et disparaft au bout de quciques jours, laissant sur la peau. de petites ladies rouges et durens. C'est en raison de leur analogyie avec cet autre exanthe~me que la vaccine, aussith't qu'elle a pris, fait homoropathiquement disparai'tre d'une rnanie're comnphe't et durable les, eruptions CUtane~es, sou-vent fort anciennes et incommodes, qui existent chez certains enfiants, aitisi que 1'attestent un grand norubre d'observateurs (2). La -vaccine, dont le sMptre special est de causer un. gonflement du bras (3), a gue'ri, apre's son e'ruptioii, un bras qui d~ait tume~fie6 et 'a derni paralyse' (4). La fie~vre de la vaccine, qui sur-vient hIt 'e~poque Ott se forme l'aune~ole rouge, a gYueri homceopathiquement deux fidyres intermittentes, ainsi que nous l'apprend Hardege (5i); ce qui con firm-e la rernarque dejah faile par J. Hunter (6), que deux fiedvres (on maladies semiblables) ne peuvent pas subsister ensemble dans un mrne'ie corps (7). (I) Bousquet, Nouveau traitg de la vaccine et des 6ruptions varioleuses, Paris,, 1848, P. 52 et suiV. (2) Pi'incipalernent Clavier, Ilui'el et De'sorrneaux, dans ie Bulletin des Sciences me'dicales de l'Ewre, 1808. - V. aussi Journal de mi'd., XV, 206. (3) Balhiorn, dans le Journal de Hufoland, X, ij. (4) Stevenson, Annals of medicine de Duncan, vol. 1, p. 11, 1109. (5) Dans le Journal de tin feland, XXIII. (6) TraWt do la maladlie venerienne. Paris, 1852-, in-8, p. 9,. (7) Dans les pudeddentes editions de i'Organon, j'Iai cite' ici dcs 138 EXPOSITION La rougeole et la coqueluche ont beaucoup de ressemblance l'une avec l'autre sous le rapport de la fievre et du caractere de la toux. Aussi Bosquillon (1) a-t-il remarque, dans une 6pidemie oiu ces deux maladies regnaient ensemble, que, parmi les enfants qui eurent la rougeole, ii s'en trouva beaucoup qui ne furent point atteints de la coqueluche. Tous en auraient et6 exempts, et pour toujours, aussi bien qu'inaccessibles desormais a la contagion de la rougeole, si la coqueluche n'etait pas une maladie qui ne ressemble qu'en partie a la rougeole, c'est-a-dire si elle avait un exantheme analogue a celui de cette derniere; voila pourquoi la rougeole ne put garantir homoeopathiquement de la coqueluche qu'un certain nomnbre d'enfants, et ne put le faire que pour la duree de l'epidermie presente. Mais quand la rougeole rencontre une maladie qui lui ressemble dans son sympt6me principal, l'exantheme, exemples d'affections chroniques, guiriecs par la gale, qui d'apries les ddcouvertes dont j'ai fait part au public dans mon Traite des maladies chroniques (deuxierme tdition, Paris, 1846, t. ler), ne peuvent etre considdrdes que sous un ceirtain point de vue comme des guerisons hommopathiques. Les grands maux ainsi cffaces (des asthmes suffoquants et des phthisies ulcereuses) 6taient deja d'origine psorique dies le principe; c'etaient les syrnpt6mes, devenus menaqants pour la vie, d'une ancienne psore deja conplhitement ddvelopp~e dans l'intdrieur, que l'apparition d'une druption psorique, determinde par une nouvelle infection, ramenait a la forme simple d'une maladie psoirique primitive, ce qui faisait disparaitre le mal ancien et les symptomes alarmants. Ce retour a la forme primitive ne peut done efre regardd comme moyen curatif hommopathique des symptimes tris-d&veloppis d'une psore ancienne, qu'en ce sens que la nouvelle infection place les malades dans la situation, infiniment plus favorable, de pouvoir ddsormais etre gudris plus facilement de la psore entiere par l'emploi des medicaments antipsoiriques. (1) E/iments de me'decine pratique de Cullen, p. 11, 1. III, ch. vii. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 139 elle peut sans contredit l'an'anlir et la guerrir homoeopa-. thiquement. C'est ainsi cju'une dartre chronique fut guerie (1) d'une maniere prompte, parfaite et durable par l'&ruption de la rougeole, comme l'a observe' Kortur (2). Une eruplion miliaire qui, depuis six ans, couvrait la face, le con et les bras, oi elle causait une ardeur insupportable, et qui se renouvelait toutes les fois que le temps venait a changer, fut reduite par l'apparilion de ]a rougeole ' un simple gonflement de la peau; apres la cessation de la rougeole, l'eruption miliairc se trouva gue'rie, et elle ne reparut plus (3). 47. Rien ne peut mieux que ces exemples enseigner an medecin d' une maniere claire et per suasive, la methode qui devra le guider dans le choix a faire entre les puissances capables de susciter des maladies arlificielles (les medicaments), pour guerir d'une maniere certaine, prompte et durable, a l'instar de la nature. 48. Tous les exemples qui viennent d'd're rapportes font voir que jamais ni les efforts de la nature ni l'art du 'mdecin ne peuvent gue'rir un mal quelconque par une puissance morbifique dissemblable, queclque e~nergique qu'elle soit, et que la cure n'est executable qu'au moyen d'une puissance morbifique apte a" produire des symptomes semblables et un peu plus forts, cc qui est conforme aux lois eternelles et iri-e~vocables de la nature, qu'on a meconnues jusqu'a present. 49. Nous trouverions un bien plus grand nombre de (1) Ou du moins ce symnptome ftit enleve. (2) Dans le Journal de medecine par Hufeland, XX, in, p. 50. (3) Rau, loc. cit., p. 85. 140 EXPOSITION ces veritables gu6risons homcopathiques naturelles, si, d'un c6t, les observateurs y avaient fait plus d'attention, et si, de l'autre, la nature avait a sa disposition plus de maladies capables de gucrir homceopathiquement. W0. La nature elle-meme n'a presque pas d'autres moyens homeopathiques A sa disposition que les maladies miasrnatiques peu nombreuses qui renaissent toujours semblables a elles-memes, comme la gale, la rougeole, la variole, et le miasme exanthe'matique qui coexiste avec celui de la vaccine dans la lymphe vaccinique. Mais, parmi ces puissances morbifiques, les unes, la variole et la rougeole, sont plus datngereuses et plus effrayantes que le mal auquel elles porteraient remide; et l'autre, la gale, exige elle-meme, apres avoir opere la guerison, l'emploi d'un traitement capable de l'aneantir ' son tour, circonstances qui, toutes deux, rendent Icur emploi comme moyens homieopathiques difficile, incertain et dangereux. Et combien peu, d'ailleurs, dans le nombre des maladies de l'hommne, s'en triouve-t-il qui auraient leur reminde homniceopathique dans ]a petite verole, la rougeole et la gale! La nature ne peut done guerir que tres-peu de maladies avec ces moyens aventureux. Elle ne s'en sert qu'avec danger pour le malade; car les doses de ces puissances morbiliques ne sont pas, comme celles des medicaments, susceptibles d'etre allttenu(es en raison des circonstances. Pour guerir l'ancienne nialadie analogue dont un homme est atteint, clles accablent celui-ci du lourd et dangereux fardeau de la maladie tout entihre, variolique, rubeolique ou psorique. Cependant on a vu qu'une semblable rencontre a produit parfois de belles DE LA DOCTRINE HOMOIEOPATHIQUE. 141 cures homoeopathiques, qui sont autant d'irr6cusables preuves a l'appui de cette grande et unique loi therapeutique de la nature: gudrissez les maladies par des remedes produisant des symptomes semblables aux leurs. i1. Ces faits auraient suffi deja pour reveler au genie de l'homme la loi qui vient d'6tre enoncee. Mais voyez quel avantage l'homme a ici sur une nature grossibre, dont les actes sont irreflechis! combien les medicaments repandus par toute la creation ne multiplient-ils pas les puissances morbifiques homoeopathiques dont ii peut disposer pour le soulagement de ses freres souffrants! En eux, ii trouve les moyens de faire naitre des etats morbides auissi variks que les innombrables maladies naturelies auxquelles ils doivent servir de remedes hom(eopathiques. Ce sont des puissances morbifiques dont la force vitale triomphe, et dont l'action s'6teint d'ellemime apres la gubrison operee, et qui ne r"clament pas, comme la gale, d'autres moyens pour les aneantir a leur tour. Ce sont des influences quie le medecin peut tendre, divisor, dynamiser a l'infini, et dont il lui est facultatif de diminuer la dose au point de ne leur laisser qu'une force un peu superieure a celle de la maladie naturelle semblable, pour la gu6rison de laquelle elles doivent travailler. Avec de si precicuses ressources, on n'a pas besoin d'atteintcs violentes portees h l'organisme pour extirper un mal ancien et opiniatre, et le passage de l'dtat souffrant a la santa durable se fait d'une manihre douce et insensible, quoique souvent rapide. w. Apris des exemplcs d'une 6vidcnce si palpable, ii est impossible a tout m6decin qui raisonne de pers&t6rer encore dans l'application de la methode allopathi 1.42 EXPOSITION que ordinaire, dans l'emploi de medicaments dont les effets n'ont aucun rapport direct ou homceopathique avec la maladie, et qui attaquent le corps dans ses parties les moins malades, en provoquant des evacuations, des contre-irritations, des derivations, etc. (1). II lui est impossible de persister dans l'adoption d'une mdthode qui consiste a provoquer, au prix des forces du malade, la manifestation d'un dtat morbide tout " fait different de l'affection primitive, par des doses e'1evees de melanges dans lesquels entrent des metdicaments inconnus pour la plupart. L'usage de pareils melanges ne peut avoir d'autre re'sultat que celui qui ddcoule des lois ge'nerales de la nature, quand une maladie dissemblable se joint "a une autre dans l'organisme hunain, c'estli-dire que l'affection, loin de guerir, se trouve aut contraire tonjours aggravee. Trois effets pourront alors avoir lieu: 10 Si le traitement allopathique, quoique fort long, est doux, la maladie naturelle restera la meme, et le malade aura seulement perdu de ses forces, parce que, comme on l'a vu plus haut, l'affection existant anciennement dans le corps ne permet pas "a une nouvelle affection dissemblable, qui es( plus faible, de s'y edtablir aussi. 20 Si les reme~des allopathiques attaquent 1'economie avec violence, le mal primitif semblera ce~der pour quel.. que temps, et reparaitra anime de la meme force au moins, de~s qu'on interrompra le traitement, parce que, ainsi qu'il a e'te" dit e'galement, la nouvelle maladie, edtant forte, fait taire et suspend pour quelque temps celle plus faible et dissemblable qui existait avant elle. (1) V. ci-dessus, 1'[ntroduction, p. 12 et 1'opuscule sur 1'Allopathie dars Ies.Etudes de medecine homceopathique. Paris, 1855, t. I. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 143 30 Enfin, si les puissances allopathiques sont mises en usage iA des doses 61ev6es et pendant longtemps, ce traitement, sans gu6rir jamais la maladie primitive, ne fera qu'y ajouter de nouvelles maladies factices, et rendra la guerison plus difficile a obtenir, parfois meme impossible, parce que, comme on l'a encore vu, lorsque deux affections chroniques dissemblables et d'6gale intensite" viennent h se rencontrer, elles prennent place l'une a c6te de l'autre dans l'organisme et s'y Atablissent simultandment. 53. Les guerisons v6ritables et douces ont donc lieu uniquement par la voie homoeopathique. Cette voie, comme nous I'avons deji. reconnu plus haut (7-25), en consultant l'experience et nous aidant du raisonnement, est la seule par laquelle l'art puisse gu6rir les maladies de la maniere la plus certaine, la plus rapide et la plus durable, parce qu'elle repose sur une loi 6ternelle et infaillible de la nature.,54. J'ai dejLi fait remarquer pricedemment (43-49) qu'il n'y a de vraie que cette voie homceopathique, parce que, des trois seules manibres dont on puisse employer les medicaments contre les maladies, il n'y a non plus que celle-la, qui mene en ligne droite a une guerison douce, sire et durable, sans nuire au malade d'un autre c6to, ou sans l'affaiblir. La m thode homceopathique pure est aussi sirement la seule par laquelle l'art de l'homme puisse opdrer des guerisons, qu'il est certain qu'on ne peut pas tirer plus d'une ligne droite d'un point "a un autre. 55. La seconde manibre d'employer les m6dicaments 144 EXPOSITION dans les maladies, celle que j'appelle allopathique ou heterop~athique, est celle qu'ofl a le plus ge'neralement employ&' jusqu'a' pre~sent. Sans nul (egard "a ce qui est "a proprement parler malade dans le corps, elle atlaque les parties que ]a maladie a le plus me"nage"es, afin, dit- on, de deriver ou de de~tourner le mal -vers elles. J'ai de"jit traike' de cette m~thode dans l'n trod uction, et je n'en parlerai plus ici. 56. La troishe~me et dernie~re (1) manie~re d'employer Jcs me'dicarnents contre los maladies est la me~thode antitpathique, i6nantiopathique ou palliative. C'est celle au mioycn de laquelle les me'docins ont jusqu'at present 1ceussi le nioux "a so donner F'air de soulager les malades, fet Sur laquelle uls ont Je plus compte pour gagner lour confianco, en les leurrant d'un soulagement instaniane. Nious allons montrer combien elle est pou efficace, "a quel point me"rne elle est nuisible dans los maladies qui n'ont point un cours trii~s-rapide. A la -verite', c'cst la soule chose qui, dans l'exe'cution du plan de traitement des allopathistes, se rapporte 'a une pantic des souflfranices causees par la maladic naturelic. Mais en quoi consisle ce rapport? NouLs allons voir qu'il est tel quo cetto pratique est pre'ise'mcnt celle qu'on doyrait le plus e6viter, si lYon -voulait ne pas tromper les malades ci ne point so moquer d'eux. (1) On poinrrait admettreh'a a vedrite' uri quatrieme, manii're d'employei- les medicaments contit les maladies; savoir-, la me'thode isopathique, celle de traiter uric maladie pat- Ie meCte miasine qUi lFa produite. Mais en stipposant rit nne qtie ]a chose fdlt possible, et cc sei-ait Md certainement one d~cotiveric pidocicuse, comme on n'administre Ie miasme auix nalades qu'apreds lyavoit' modifie' jtsqu'h un certain point par les pre'parations qtu'on. mi fait SUI)il', la gue'rison ii'aw'ait lieu dans ce cas qu'cn opposant simillimium simillimo. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 145 57. Un medecin. vulgaire qui veut proceder d'apres la methode antipathique, ne fait attention qu'a un seul sympt6me, celui dont le malade se plaint le plus, et neglige tous les autres, quelque nombreux qu'ils soient. II prescrit contre ce symptnme un remede connu pour produire 1'effet directement contraire; car, d'apres l'axiome contraria contrariis, proclame depuis plus de quinze cents ans par I'ancienne &cole, ce remede est celui dont il doit attendre le secours (palliatif) le plus prompt. Ainsi, il donne de fortes doses d'opium contre les douleurs de toute espece, parce que cette substance engourdit rapidement la sensibilite. 11 prescrit la meme drogue contre les diarrhees, parce qu'en peu de temps elle arrete le mouvement peristaltique du canal intestinal, qu'elle frappe d'insensibilite. II l'administre egalement contre l'insomnie, parce qu'elle plonge promptement dans un etat de stupeur et d'hhbetude. 11 emploie des purgatifs quand le malade est tourmente depuis longtemps deija par la constipation. 11 fait plonger la main echaudde dans l'eau froide, qui, par sa froideur, semble enlever tout a coup, et comme par enchantement, les douleurs cuisantes de la brilure. Quand un malade se plaint d'avoir froid et de manquer de chaleur vitale, il le fait entrer dans un bain chaud, qui le rechauffe sur-le-chanip. Celui qui accuse une faiblesse habituelle, regoit le conseil de boire du vin, qui aussit6t le ranime et semble le restaurer. Quelques autres moyens antipathiques, c'est-adire opposes a des symptomes, sont egalement mis en usage: cependant, apres ceux que je viens d'enumerer, il y en a peu encore, parce que le medecin ordinaire ne connait les effets primitifs speciaux que d'un tres-petit nombre de medicaments. 10 146 EXPOSITION 5i8. Je n'insisterai pas sur le -vice (vtoyez ~ 7, la note) qu'a cette me~thode de ne s'attacher qu'aL un seul sympto'me, et par consequent qu'a" une petite partie du tout, conduite de laquelle on ne doit e'videmment rien attendre pour le soulagement de 1'ensemble de ]a maladie, qui est ]a seule chose "a laquelle le malade aspire. J'interrogerai cependant 1'experience pour savoir d'elle si, parmri les cas oii 1'on a fait ainsi une application antipathique de medicaments contre une rualadie chronique ou continue, elle pourrait nous en citer un seul dans lequel le soulagyemient de courte dur~e q u'on obtient par la" n'ait point e'te suivi d'une aggravation manifeste, non-seulement du sympto'me ainsi pallie' d'abord, mais encore de la maladie tout entih~re. Or, tous ccux qui ont observe' avec attention s'accorderont "a dire qu'apre~s ce k6cger amendement antipathique, qui ne dure pas longtemps, le'tat du malade empire loujours ct sans exception, quoique le me'decin vulgaire cherche ordinairement "a expliquer cette augmentation trop ervidente en 1'attribuant "a la malignit6' de la maladie primitive, ou "a la manifestation d'une maladie nouvelle ('1). (1) Quoique les mt'decins ii'aient point 640 jusqu'a' prisent dans 1'usage d'observer, cependant ii n'a pu. leur dchapper que P'emploi des palliatifs est inlrailliblement suivi d'une aggravation dui mal. On trouve un exemple frappantde ce gen re dans J. H. Schulze (Diss. qua corporis hurnani momentanearumn allerationumn specimnina qucedam expenduntur. Halle, 1741, ~ 28). Quelque chose de semnbla~bie nous est attestd par Willis (Pharm. rat., sect. 7,. cap. i. p. 298): Opiata dolores atrocissimos plerurnque sedant atque indolentiam... procurant, earnq.e... aliquamdiu et pro stato qiodam tern pore continuant, quo spatio elapso, dolores mox recrudescunt et brevi ad solitam ferociam au~gentur. Et p. 2905: E xactis opli viribus i/lico redeunt lormina., nec atrocitatem suarn remittunt, nisi dum ab eodem pharmaco rursus incant('rur. De mehne J. Hunter (Traite' de la maladie ve'n~rienne) dit que le yin DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 147 59. Jamais encore on n'a traite aucun sympt6me grave d'une maladie continue par de tels remides opposes et palliatifs, sans qu'au bout de quelques heures le mal ait reparu, evidemment meme aggrave. Ainsi, pour dissiper une tendance habituelle a s'assoupir, on donnait du cafW, dont I'effet primiif est de tenir eveille; mais, dis que cette action dtait qpuisee, la propension au sommeil reparaissait plus forte qu'auparavant. Quand un homme tait sujet a se reveiller, sans prendre nul souci des autres symptomes de sa maladie, on lui faisait avaler, au moment de se mettre au lit, de l'opium, qui en vertu de son action primitive, lui procurait, pour la nuit, un sommeil d'engourdissement et de stupeur; mais I'insonimnie n'en devenait que plus opiniatre les nuits suivantes, On opposait I'opium aux diarrhees chroniques, sans egard aux autres symptomes, parce que son effet primitif est de resserrer le corps; mais le cours de ventre, apris avoir 6it16 suspendu quelque temps, reparaissait plus fAcheux que par le passe. Des douleurs vives et revenant par acc.s frequents se calmaient momentandment sous l'influence de l'opium qui engourdit la sensibiliter; mais elles ne manquaientjamais de se renouveler axec plus de violence, souvent meme " un degre insupportable, on bien clies Ctaient remplacees par un autre mal beaucoup plus fdcheux. Le modecin vulgaire ne connait rien de meilleur contre une ancienne toux dont les quintes reviennent surlout pendant la nuit, que l'opium, dont I'efaunmenIte l'dnergie chez les personnes faibles, sans leur communiluer ane veritable vigueur, et tue les forces baissent ensiiite dans la mieme proportion qu'ellesavaient ateexcitdes, de fadon que le sujet n'y gagne rien, et qu'au contraire ii y perd la plus grande partie de ses forces. 1488 EXPOSITION fet primitif est d'e6teindre toute espece d'irritatioij; ii se peut faire que le malade 6prouve du soulagement ]a premiere nuit; lais les nuits suivantes la toux renaitra plus fatigante que jamais, et si le me'decin s'obstine "a la cornbatire par le meme palliatif, en augmentant graduellement la dose, de la fie'vre et des sueurs nocturnes viennent s'y joindre. On a cru dissiper ]a faiblesse de la vessie et la retention d'urine qu'elle entraine 'a sa suite en administrant la teinture de cantharides, qui en vertu de la loi de contrarie" e', stimule les voies urinaires; de Ia' re~sultent bien d'abord quelques evacuations forcees d'urine, iais la vessie n'en devient ensuite que moins irritable, moins susceptible de se contracter, et elle est a la veille de tomber en paralysie. On s'est flatte' de pouvoir combattre une disposition invetere~e 'a la constipation par des purgatifs 'ahautes doses, qui provoquent d'abondantes et frequentes& dejections; mais ce traitemeni a pour effet secondaire de rendre le ventre encore plus resserre. Un medecin vulgaire conscille de boire du vin pour faire disparaitre une faiblesse chronique; mais ce liquide ne stimule que pendant ]a duree de son effet primitif, et la reaction qui s'ensuit a toujours pour resultat de retduire encore davantage les forces. On espere echauffer et fortifier un estomac froid et paresseux par 1'usage des amers et des e"pices; mais l'etfet secondaire de ces pallialifs, qui n'excitent que durant leur action primitive, est d'accroitre encore 1'inactiou du visce~re gas-. trique. On s'est imagine que les bains chauds convenaient pour reme'dier au manque habituel de chaleur vitale, mais, au sortir de l'eau, les nalades sont encore plus accabhes, plus difficiles "a rehautfer et plus frileux qu'ils ne l'd'taient auparavant. L'irnmersion dans l'eau DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 149 froide soulage bien instantanement les douleurs causees par une forte brilure; mais ensuite cette douleur augmente a un degr6 incroyable, 1'inflammation s'etend au loin dans les parties environnantes, (voyez l'introduction) et n'en acquiert que plus d'intensite. On pretend guerir un enchifrenement chronique par des sternutatoires, qui excitent la secr6tion des mucositbs nasales, et I'on ne remarque pas qu'en dernier resultat cette methode finit toujours par aggraver 1' accident, et qu'en vertu de la loi d'opposition ii arrive, pendant la reaction, que le nez s'obstrue davantage encore. L'U1ectricite et le galvanisme, puissances qui de prime abord exercent une grande influence sur le mouvement musculaire, restituent promptement la facult6 d'agir a des membres affaiblis depuis longtenips et presque paralyss; mais l'effet secondaire (la reaction) est l'aneantissement absolu de toute irritabililt6 musculaire et une paralysie complete. La saignde est propre, dit-on, a faire cesser I'afflux habituel du sang vers la tdte; mais ii s'ensuit toujours de son emploi que le sang se porte en plus grande abondance aux parties supdrieures. La seule chose que le commun des mrdecins sache opposer a l'andantissement presque paralytique du physique et du moral, qui est un symptime predominant dans beaucoup d'especes de typhus, c'est la valiriane ' hautes doses, parce que cette plante est un des plus puissants stimulants qu'on connaisse; mais ii leur a dchappd que l'excitation produite par la valeriane est un pur effet primitif, et qu'apres la reaction de l'organisme, reaction qui est opposee a l'action, la stupeur et l'impossibilite d'agir, c'est-a-dire la paralysie du corps et l'affaiblissement de l'esprit, aug-0 mentent infailliblement. Ils n'ont pas vu que les malades 150 EXPOSITION auxquels on a prodigu6i la valkriane, en pareil cas opposee ou antipathique, sont precisement ceux que la mort moissonne presque a coup silr. Quand le pouls est petit et vite, dans les cachexies, les medecins de l'ancienne &cole (1) parviennent a le ralentir pour plusieurs heures avec une premiere dose de digitale pourpr6e, dont I'etret prirnilif est de procurer le ralentissement de Ia circulation; mais le pouls ne tarde pas " reprendre la mnme vitesse que par le pass6, des doses redpetees et chaque fois plus fortes de digitale reussissent de moins en moins et finissent par nc plus pouvoir parvenir a le ralentir; loin de la meme, le nombre des pulsations devient incalculable pendant la riaction, le sommeil so perd, avec I'appetit et les forces, et une mort prompte est inevitable, si la manie ne se declare pas. En un mot, I'ancienne ocole n'a jamais compt6 combien de fois ii arrive aux m6dicaments antipathiques d'avoir pour effet secondaire d'accroitre le mal, ou inmme d'amoner quelque chose de pis encore; mais l'experience nous en donne des prouve;s capables de jeter l'effroi dans l'ame. 60. Quand ces resultats ftcheux, auxquels on doit naturellement s'attendre de la part des medicaments antipathiques, viennent h so manifester, le midecin vulgaire croit se tirer d'embarras en donnant une dose plus forte chaque fois que le mal empire. Mais ii ne suit de lI qu'un soulagement de courte durie; et de la ncessit6 dans laquelle on se trouve d'augmoienter incessamment la dose du palliatif, re3sulte tant6t qu'une autre maladie plus grave se declare, tantot que la vie est mise en peril, et (1) Voyez Hufeland, dans son opuscule, intituld: Die Homaeopathie, p. 20. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 151 mene que le malade succombe. Mais jamais on n'obtient ainsi ]a gue~rison d'u~n nal. existant de'j~a depuis quelque temps, on "a plus forte raison inve~tere6. 6 1. Si los me~decins eussent e~te capablos de re'flechir sur los tristos re~sultals de l'application des rem edes antipathiques, depuis longltemps 11s auralent trou-ve cette grande ve'rite6, que c'est ent suivant une?'narche directement oppos& da celic-id. qu'on doit arriver a une methode de traiteinent capable de p)rocurer' des puerisons re'elles et durabics. uis auraient coinpris que, ainsi qu'un etfft me' dicinal con Irairo aux sympto~mes de la maladie (reume~d adminislr6" ant ipatliiquemenl) ne procure qu'un soulagement do courte dur~e, I a la suite duquol le mal empire constarument, do n emne la inVibode inverse, c'est-it-dire l'application bommeopathique des me~dicaments, leur administration b~asee sur 1'analogie entre les sympto'mes qu'ils provoquenl ot ceux do la iraladie, doit procurer une guerison parfaite et dUrable, pourvu. qu'oni ait soin de sutIIsituer aux doses ePnormnes dont uls font usagye los plus faiblos qu'il solt possiJ)1 d'employor. Mais, mnalgr"& le pou. do difficjlt es quo presontent cello s~rie do raisonnemonis, malgreP Ie fail quo nul me~decin n'a oper6 do guerison. durable, dans los maladies chroniquos, qu'au.tant quo sos formulos renforniaiont par hasard un me'dicament homoropalbique predominant, malgre" cot autre fail, non momts posilif, quo la nature n'a jamais accompli do gue~rison rapide et comp] e~e qu.'au.rnoyen d'une maladie semblable ajoute'e par ie tlle" 'ancienne (46), malgre" tout cola, fs n'onl pas pu, durant une si longrue suite do sie~cles, arriver at une verite' dans laquelle seule on trouve ho salut dos malades. 1522 EXPOSITI:ION 62. On peut expliquer d'une part les resultats pernicicux du traitement anlipathique ou palliatif, de l'autre les heureux effets que produit au contraire la methode homceopathique, par les con siderations suivantes, qui de"coulent de fails nombreux, et que personne n'a trouvees avant mol, quoiqu'on les eut pour ainsi dire sous la main, qu'elles soient d'une evidence parfaite, et qu'clles aient une importance infinie pour la me'decine. 63. Toute puissance qui agit sur la vie, tout me~dicament, de'saccorde plus ou moins la force vitale, et produit dans 1'horme un certain changement qui pent durer plus ou moins longtemps. On appelle cc changement 1'effet prirnitif. Quoique produit 'i la fois par ]a force medicinale ci par la force vitale, ii appartient cependant davantage " aa puissance dont l'action s'excrce sur nous. Mais notre force vitale tend toujours a deployer son rinergie contre cette influence. L'effet qui re'sulte de h, qui appartient 'a notre puissance vitale de conservation, et qui depend de son activite" automatique, porte le non d'effet secondaire ou de reaction. 64. Tant que (ure 1'effet primitif des puissances norbifiques artificielles (nehdicamcnts) sur un corps sain, la force vitale parait jouer un r6Ic purement passif, comme Si elle etait oblige'c de subir les impressions de la. puissance qui agit du dehors, et de se laisser modifier par elle. Mais plus lard (Ale semble se re~veiller en quelque sorte. Alors, s'iI existe un Ntat directement conitraire " 1'effet primitif, ou "a l'impression qu'elle a recue, elle manifeste une tendance " le produire (action secondaire, reaction) qui est proportionnelle et i sa propre energie, et au degre' de I'influence exercee par la puissance morbide DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 153 artificielle ou m6dicinale; s'il n'existe pas dans la nature d'etat directement oppose a cet effet primitif, elle cherche a etablir sa propre pr6ponderance en effsaant le changement qui a et6e opere6 en elle par une action du dehors (celle du medicament), et en y substituant son propre etat normal (action secondaire, action curative). 65i. Les exemples du premier cas sautent aux yeux de chacun. Une main qu'on a tenue plongee dans l'eau chaude a bien plus de chaleur d'abord que l'autre qui n'a pas subi l'irnmersion (effet primitif); mais, quelque temps apres avoir 't retirne de l'eau et bien essuyee, elle se refroidit, et devient enfin beaucoup plus froide que celle du cot6 oppos6 (effet secondaire). La grande chaleur qui provient d'un exercice violent (effet primitif) est suivie de frissons et de froid (effet secondaire). L'homme qui s' tait echauff6 hier en buvant largement du vin (effet primitif), est aujourd'hui sensible au moindre courant d'air (effet secondaire). Un bras qui est reste longtemps dans de l'eau " la glace, est d'abord bien plus pile et plus froid que l'autre (effet primitif); mais, qu'on le retire de l'eau et qu'on I'essuie avec soin, ii deviendra non-seulement plus chaud que l'autre, mais meme brilant, rouge et enflamm6 (effet secondaire). Le caf6 fort nous stimule d'abord (effet primitif), mais ii nous laisse ensuite une pesanteur et une tendance au sommeil (effet secondaire) qui durent longtemps, si noUS ne les chassons pas de nouveau pour quelque temps, et d'une maniere purement palliative, en prenant derechef du cafe. Apres s'etre procure du sommeil, ou plut6t un engourdissement profond, a l'aide de l'opium (effet primitif), on a d'autant plus de peine a s'endormir la nuit suivante (effet secondaire). A 154 EXPOSITION la constipation provoqube par l'opium (effet primitif) succede la diarrhee (effet secondaire), et aux evacuations determinees par des purgatifs (effet primitif), une constipation, un resserrement de ventre, qui durent plusieurs jours (effet secondaire). C'est ainsi qu'a l'effet primitif des hautes doses d'une puissance qui modifie profondement l'etat d'un corps sain, la force vitale, par sa reaction, ne manque jamais d'opposer un tat directement contraire, quand elle peut en faire apparaitre un. 66. Mais on concoit aiscment que le corps sain ne donne aucun signe de r6action en sens contraire apris F'action d'une dose faible et homoeopathique des puissances qui changent le mode de sa vitalit6. II est vrai que mnme une petite dose de tons ces agents produit des effets primitifs faciles ' apprecier quand on y apporte 1'attention necessaire; mais la reaction qu'exerce ensuite l'organisme vivant ne depasse jamais le degr6 necessaire au retablissement de Il'.tat normal. 67. Ces verites incontestables, qui s'offrent d'ellesmemes a nous quand nous interrogeons Ia nature et l'experience, expliquent d'un c6te pourquoi la methode homoeopathique est si avantageuse dans ses resultats, et demontrent de l'autre l'absurditl de celle qui consiste a traiter les maladies par des moyens antipathiques et palliatifs. Ce n'est que dans des cas extremement pressants, oh le danger que ]a vie court ct I'imminence de la mort ne laisseraient point le temps d'agir a un medicament homoeopathique, et n'admettraient ni des heures, ni parfois meme des minutes de delai, dans des maladies survenues tout a coup chez des hommes auparavant hien portants, DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 155 comme les asphyxies, Ia fuloguration, ]a suffocation, Ia conge'lation, la submersion, etc., qu'il est permis et convenable de commencer au moins par ranimer 1'irritabilit6 et la sensibilike h l'aide de palliatifs, tels que de keg'gres coimmotions electriques, des lavements de caf6 fort, des odeurs excitantes, 1'action progressive de ]a chaleur, etc. De~s que ]a vie physique est ranimee, le jeu des organes qui 1'entretiennent reprend son cours regulicr, parce ciu'il n'y avait point ici maladie (1), mais seulement suspension on oppression de la force vitale, qui d'ailleurs se trouvait par elle-meme dans 1'etat de santa. Ii se rangent encore divers antidotes dans des empoisonnements subits: les alcalis contre les acides mine~raux, le foie de soufre contre les poisons rnmtalliqucs, le cafW, Je camphre (et l'ipecacuanha) contre les empoisonnements par l'opium, etc. II ne faut pas croire qu'un renmhde homowopathique ait e'te mal choisi contre un cas donne' de maladie, parce que quel(ues-uns de ses symptemcs ne correspondent qu'antipatliiquement "a quelques sympt6rns morbides de moyenne ou de faible importance. Pourvu que les autres sympt6mes de ]a maladie, ceux qui sont les plus forts et les plus narques, cetix enfin qui ]a caracterisent trou.vent dans le remeade des syrptomcs qui les couvrent, les kteionent et les ane~antissent, les symptomes antipathiques en petit nombre qui ont pu se manifester, disparais(1) La nouvelle secte dclectique (celle des insurficientistes) s'appuie, mais en vain, sur cette remarque, pour admettre paitout des exceptions h la reigle, dans Ics maladies, et pouvoir appliquci des palliatifs allopathiques; on diiait qu'elle n'agit ainsi que pour s'e6pargner la peine de chercher le reemade hommeopathique qui convient exactement ' chaque cas morbide, ou plutot pour ne pas se doniter celle dc devenir medecin hommeopathiste, tout en ayant 1'air de I'i tre; mais ses faits repondent " ses principes, et ils se reduiscnt ' peu de chose. 156 EXPOSITION sent d'eux-m6mes apres que le remade a cesse d'agir, sans retarder le moins du monde la guerison. 68. Nous voyons, a la verite, en examinant ce qui se passe dans les guerisons homoeopathiques, que les infiniment petites doses (~ 275-287) qui suffisent pour surmonter et detruire les maladies naturelles, par l'analogie existante entre les symptomes de ces dernieres et ceux des medicaments, laissent d'abord dans l'organisme, apres l'extinction de la maladie primitive, une 16gere affection medicinale qui survit a celle-ci. Mais l'exiguite des doses rend cette maladie tellement legere, passagere et susceptible de se dissiper d'elle-meme, que l'organisme n'a pas besoin de deployer contre elle une reaction superieure a celle qui est necessaire pour dlever letat present au degre habituel de la sante, c'est-a-dire pour relablir completement cette derniere. Or tous les symptomes de la maladie primitive etant eteints, il ne lui faut pas de grands efforts pour arriver a ce but (V. 65). 69. Mais le contraire precisement a lieu dans la methode antipathique ou palliative. Le symptome medicinal oppose par le medecin au symptome morbide (comme l'engourdissement qui constitue l'effet primitifde l'opium, oppose6 une douleur aigu6), n'est pas tout a fait etranger et allopathique A ce dernier. II y a entre ces deux symptomes un rapport evident, mais inverse. L'aneantissement du synpt6me morbide doit etre effectue ici par un sympt6me mA dicinal oppose, ce qui est impossible. II est vrai que le remede antipathique agit precisement sur le point malade de Forganisme, tout aussi bien que le ferait un remade homoeopathique; mais il se borne a couvrir en quelque sorte le sympt6me morbide naturel, et a le DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 157 rendre insensible pour un certain laps de temps toujours tres-court. De sorte que dans le premier moment de l'action du palliatif, l'organisme ne ressent aucune affection desagre'able ni de la part du symptome morbide, ni de celle du sympt0me nidicinal, qui semblent sdere aneantis re'ciproquement et neutralise~s d'une maniere pour ainsi dire dynamique. C'est cc qui arrive par exemple "a la douleur et "a la faculte' stupefiante de l'opium; car, au premier abord, ]a force vitale se sent comme en sanke", n'&prouvant ni sensation douloureuse, ni engourdissement. Mais le symphbme medicinal oppose" ne pouvant pas occuper dans 1'organisme la place meme de la maladie deja existante, comme il arrive par ]a me'thode homecopathique, o le remmde provoque une inaladic artificielle semblable "a Ia maladie naturelle, et sculement plus forte qu'elle, la force vitale ne pouvant point par consequent se trouver affectee, par le medicament qu'on emploie, d'une maladic nouvelle semblable "a celle qui la tourmentait jusqu'alors, cette derniere n'cst point re'duite an neant par le palliatif qui agit seulement par opposition en produisant un Ntat tout 'a fait distinct de la maladie. La nouvelle maladie rend bien l'organismc insensible dans les premiers moments, par une sorte de neutralisation dynamique (1), si l'on peut s'exprimer ainsi; mais elle (1) Les sensations contraires ou oppose'es ne se neutralisent pas d'une maniere peimanente dans le corps de 1'homine vivant, comme des substances douees de propriet(s oppose's le ront dans un laboratoire de chimnie, oii l' o voit, par exemple, l'acide sulfurique et Ia potasse former en s'unissant uin corps tout a fait diffrlient d'eux, un sel nentre, qui n'est ni acide, ni alcali, et qui ne se d~compose meme point au feu. De telles combinaisons, produisant quelque chosede stable et de neutre, n'ont jamais lieu dars nos organes sensitifs, par rapport a des impressions dynamiques de nature opposee. II y a bien au 158 EXPOSITION ne tarde pas a s'eteindre d'elle-meme, comme toute affection me'dicinale; et alors non-seulement elle laisse la maladie dans le meme 6tat oii elle etait auparavant, mais encore, les palliatifs ne pouvant jamais dtre donnes qu'a hautes doses pour procurer un soulagement apparent, elle met la force vitale dans la n6cessit6 de produire un tat oppose (V. 63-65) a celui qu'avait provoqu' le m dicament palliatif, de determiner un effet contraire a celui du remide, c'est-4-dire de faire naitre un dtat de choses analogue a la maladie naturelle non encore ddtruite. Done cette addition provenant de la force vitale elle-meme (la reaction contre le palliatif), ne peut manquer d'accroitre l'intensitk et la gravitk du mal (1). Ainiisi le sympt6nme morbide (partic de la maladie) s'aggrave aussitolt que le pallialif a cesse son effet, et d'autant plus que ce palliatif avait ete administrad d des doses plus elevees. Pour ne pas sortir de l'exemple dont nous avons deja fail usage, plus la quantite' d'opium donn6e pour couvrir la douleur a 6te commencement une apparence de neutralisation ou de destruction r'dciproque, mais les sensations opposees ne s'effacent pas l'une l'autre d'une mani're durable. Un affligd ne suspend qu'uu instant 'expression de sa douleur ' la vue d'un spectacle amusant: il oublie bientot les (listractions, et ses larines recommencent a couler plus aboiindantes que jamais. (1) Quelque claire que soit cette proposition, elle a cependant dtd inal interprdtde, et I'on a objectd contre elle qu'un palliatif doit tout aussi bien gudrir par son eflet consdcutif qui ressemble a la maladie existaiite, qu'un roemede hIomoeopathique le fait par soni effet primitif. Mais, en dlevant cette dilfficultd, on n'a pas redflchi que l'effet consdcutifn'est jarnais un produit du mddicarnent, et qu'il rdsulte toujours de la redaction qu'exerce la force vitale de l'organisue, que par consdquent celtte rdaction (Ie la force vitale a l'occasion de l'enmploi d'un palliatif, est un tLat semblable au sympt6me de la maladie, qui a etd laissd intact par le metdicament, et qui se trouve encore augmente par lui. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHJQUE. 159 forte, plus aussi la douleur s' accroit au. deht" de sa violence primitive, apre's que l'opium a cesse" d'agir (1). '70. D'apre~s ce qui vient d'eCAre dit, on ne saurait me"connaitre les Yerites suivantes 10 Le ne'decin n'a pas autre chose "a guerir que les souffrances du malade et les alterations du rhythmne normal qui sont apprerciables aux sens, c'est-a'-dire la totalite' des sympto~mcs par les(1ue15 la maladic indique le ni'dicamnent propre 'a Iui porter secours; toutes le s causes internes qu'on Ipourrait attribuer "a cette maladie, tons les caracte'res occultes qu'on serait tent6" de lui assigner, tous les principes mate'riels don1t on voudrait la faire de~pendre, sont autant de yains songyes. 20 Le de~saccord que nous appelons maladie ne pent Atre converti en santh3 que par un autre d'scodpoo qu6 anuinoyen de medicamnents. La veitu curative de ces derniers consiste donc uniquement dans le ciangrement qu'ils font subir "a l'hornre, c'est-h'-dire dans la provocation de sympto~mes morbides spe'cifiques. Les experiences faites sur des suijets bien portants sont le meilleur et le plus stitr rnoyen de reconnaitre cette vertu. 30 D'apre's tous les faits connus, ii. est imipossible de gnerir une maladie natur-elle "a l'aide de rmedicaments qui posse~dent par eux-rrii*mes la faculte' de produire, chez l'homnme bien portaut, un e&tat morbide on. un sympt onie (t) Ainsi, dans 1'obscur cachot oji le prisonnhr, reCOnnait 'A pcine les objets qui 1'entourent, de lalcool allurnd tout hi coup repand autour de lui une clartt.~ consolatite; uais quaiid laIa imme vicid a s'e'tcindre, plus dile a 06 brlillante, et plus les htindbres qui enveloppent rinfortune' lii apparaissent profondes; aussi a-t-il beaucoup plus de peine qu'auparavant 'a distimguci tout ce qui so trouve autour de lui. 160 EXPOSITION artificiel dissemblable. La methode allopathique ne procure donc jamais reellement la guerison. La nature ellememe n'opere jamais non plus de guerison dans laquelle une maladie se trouve aneantie par une seconde maladie dissemblable ajoutee a l'autre, quelque forte que puisse etre cette nouvelle affection. 40 Tous les faits se reunissent aussi pour demontrer qu'un medicament susceptible de faire naitre, chez F'homme en sante, un symptome morbide oppose6 la maladie qu'il s'agit de guerir, ne produit qu'un soulagement passager dans une maladie deja ancienne, n'en procure jamais la guerison, et la laisse toujours reparaitre, au bout d'un certain temps, plus grave qu'elle n'etait par le passe. La methode antipathique et purement palliative est done tout i fait contraire au but qu'on se propose dans les maladies anciennes et de quelque importance. 5o La troisieme methode, la seule qui reste encore a laquelle on puisse s'adresser, I'homoeopathie, qui, calculant bien la dose, emploie contre la totalite des sympt6 -mes d'une maladie naturelle, un medicament capable de provoquer, chez l'homme bien portant, des symptomes aussi sernblables que possible a ceux qu'on observe chez le malade, est la seule reellement salutaire, la seule qui aneantisse les maladies, ou les aberrations purement dynamiques de la force vitale, d'une maniere facile, complete et durable. La nature elle-meme nous montre l'exemple a cet egard, dans certains cas fortuits oui, en ajoutant a une maladie existante une maladie nouvelle qui lui ressemble, elle la gu6rit avec promptitude et pour toujours. 71. Comme on ne peut plus douter que les maladies DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 161 de l'homme ne consistent qu'en des groupes de certains symptimes, et que la possibilite de les detruire par des m dicaments, c'est-a-dire de les ramener i la sante, but de toute veritable guerison, ne depende uniquement de la facultei inhdrente aux substances mddicinales de provoquer des symplimes morbides semblables i ceux de l'affection naturelle, la marche qu'on doit suivre dans le traitement se reduit aux trois points suivants: 10 Par quelle voie le mddecin arrive-t-il ' connaitre ce qu'il a besoin dc savoir relativernment a la maladie, pour pouvoir en entreprendre la cure? 20 Comment doit-il dtudier les instruments destinds a la gudrison des maladies naturelles, c'est-a-dire la puissance morbifique des medicaments? 3" Quelle est la meilleure mani"re d'appliquer ces puissances morbifiques artificielles (les medicaments) i la gudrison des maladies? 72. Pour cc qui est du premier point, ii exige que nous entrions d'abord dans quelques considerations g6 -nerales. Les maladies des hommes forment deux classes. Les unes, sont des operations rapides de la force vitale sortie de son rhythme normal, qui se terminent dans un temps plus ou moins long, mnais toujours de nmediocre durde. On les appelle maladies aiguis. Les autres, peu distinctes et souvent mdme imperceptibles ' leur debut, saisissent l'organisme chacune a sa maniere, le desaccordent dynamiquement, et peu i peu l'dloignent tellement de l'dtat de santd, que l'automatique energie vitale destinie au maintien de celui-ci, qu'on appelle force vitale, ne peut leur opposer qu'une resistance incomplle, mal dirigde et inutile, et que, dans son impuissance de les Rtein11 162 EXPOSITION dre par elle-mime, elle est oblige~e de les laisser croitre jusqu'a ce qu'enfin elles ame~nent la destruction de I'organisme. Celles-la sont connues sous le nom de maladies chroniques. Elles proviennent de 1'infection par un miasme chronique. 753. A 1'egard des maladies aiguis, on peut les distribuer en deux catetgories. Les unes attaquent des hommes isoes, a l'occasion de causes nuisibles dont ils ont eu " supporter 1'influence. Des exces dans le boire ct le manger, ou la privation des aliments necessaires, de violentes impressions physiques, le refroidissement, 1'e~chauffement, les fatigues, les efforts, etc., ou des excitations, des affections morales, sont frequenmment la cause de ces fie" vres aigues. Mais la plupart du temps elles dependent des recrudescences passageres d'unc psore latente, qui retombe dans son e"tat de sommeil et d'engourdissement quand la maladie chronique n'est point trop violente, ou lorsqu'elle a e"t& gueric d'une mani "re pronpte. Les autres attaquent plusieurs individus 'a la fois, et sede'veloppent ca et lat (sporadiquement), sous l'cmpire d'influences meteoriques ou telluriques dont il ne se trouve, pour le moment, qu'un petit nombre d'hommes qui soicnt disposes i ressentir l'action. A cette classe tiennent de pres celles qui, saisissant beaucoup d'hommcs it la fois, deipendent alors d'une meme cause, se manifestent par des symptomes fort analogues (epide~mies), et sont dans 1'usage de devenir contagleuses quand elles agissent sur des masses serrees et compactes d'individus. Ces fie~vres (1) (1) Le medecin homoeopathiste, 1ui ne partage pas les prejuge's de e'~cole ordinaire; c'est-i-diie, qui n'assigne pas comme elle k ces fib.vres un nombre au deli duquel la nature n'en puisse produii'e d'au DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUES 6 163 sont chacune- de nature spe~iale, et comine les cas indi-M viduels qui s'en manifestent ont la meme origine, constamment aussi elles mettent ceux qu'elles atteignent dans un etat morbide identique partout, mais qui, abandonne at 1-mme, se termine en un assez court espace de temps par la mort on la guerison. La guerre, les inondations et la famine sont fre~quemment les causes de ces maladies; mais elles peuvent de'pendre aussi de miasmes aigus, (ID reparaissent toujours sous la me~me forme, et auxquels par consequent on donne des noms particuliers: miasmes dont les uns n'attaquent 1'homme qn'nne seule fois dans le cours de sa. vie, comme la variole, la rougyeole, la coqueluche, la fie~vre scarlatine de Sydenharn (1), etc., et dont les autres penvent 1'atteindre 'a plusieurs reprises, comme la peste du Levant, la fievre jaune, ic chobe~ramorbus asiatique, etc. 74. Nous devons maiheureusement compter encore au nombre des maladies chroniques, ces affections si r&' tres, et qui no leur impose pas des nomns d'aprcbs lesquels ii ait 'a ssuivre telle ou. telle mai'che de'termind'e dans le traiteinent,, ne recojinait. point les de'norninations de rie'vre des prisons, fie'vre bilieuse, typhus, fie~vre putride, fle'vre nerveuse, fhw're mutqueuse; ii gruedit toutes les maladies, en les traitant chacune d'apres ce qu'elle olffe de particulier. (1) Apre~s 1801, les meddecins ont conf'ondu une miliaii'e pourpr~e venue de P'ouest (roodvonk) avec ]a ficvre scarlatine, quoiquie Jes sigues de ces deux affections fussent tout 'a fait dit~rents, que laconit fi~t le moiyen curatif et pre'servatif de la preinin're, et la belladone celui de la secoride, entiii, que la premieiwe affeetalt toujours la forme epid~nique, tatidis qite 1'autre n'apparaissait. la. pILpart du temps que d'urie rnanie're sporadique. Ces deux aftections paraissent s'e'tie, sur les derniers temups, confondues, dans quciques Iocalite's, en une fie'vre d'rtptive, d'espiece particulkw'e, contre laquelle in 1'un ni I'aitive des deux reini~es n'a plus etc' trouve' parfaitement homwoopathique. 164 EXPOSITION pandues que les allopathistes font naitre par l'usage prolong6 de medicaments hi roiques " doses elevees et toujours croissantes, par l'abus du calomelas, du sublime corrosif, de I'onguent mercuriel, du nitrate d'argent, de l'iode, de l'opiutm, de la valiriane, du quinquina cet de la quinine, de la digitale, del'acide prussique, du soufre et de l'acidesulfurique, des purgatifs prodigues pendant(des annues entieres, des saign'es, des sangsues, des caut res, des setons, etc. Tous ces moyens debilitent impitoyablement la force vitale, et, quand elle n'y succombe pas, ils agissent peu a peu et d'une maniere particuliere a chacun d'eux, alt rent son rhythrme normal a tel point que, pour se garantir d'atteintes hostiles, elle est oblig&e do modifier l'organisme, d'eteindre ou d'exalter outre mesure la sensibilite et l'excitabilite sur un point quelconque, do dilater ou resserrer, ramollir onu endurcir certaines parties, de provoquer c et 1ch des lesions organiques, en un mot de mutiler le corps taut a l'exterieur qu'h I'interieur. 11 no lui reste pas d'autre ressource pour preserver la vie d'une destruction totale, an milieu des attaques sans cesse renaissantes de puissances si destructives. Si le malade succombe enfin, celui qui I'a traite, decouvrant, a Fouverture du cadavre, les desordres organiques qui sont le resultat de son imp6ritie, ne manque jamais de les presenter aux parents inconsolables comme un mal primitif et incurable. Les trait4s d'anatomie pathologique contiennent les produits de ces diplorables erreurs. 75. Ces bouleversements de la sante, dus aux malencontreuses pratiques de l'allopathie, et dont on n'a jamais vu de plus tristes exemples que dans les temps modernes, sont DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 165 les plus fAcheuses et les plus incurables de toutes les maladies chroniques. Je regrette de dire qu'il parait impossible de jamais decouvrir ou imaginer un moyen de les guerir, quand ils sont parvenus a un certain degrf. 76. Le Tout-Puissant, en creant l'homoeopathie, ne nous a donne( des armes que contre les maladies naturelles. Quant h ces desordres qu'un faux art a fomentes souvent pendant des annees entieres dans l'interieur et a l'exterieur de l'organisme humain, par des mkdicaments et des traitements nuisibles, c'est la force vitale scule qu'il ajparliendrait de les reparer, quand elle n'a pas tce par trop epuis~e, et qu'elle peut, sans que rien la trouble, consacrer plusieurs ann6es a une oeuvre si laborieuse. Tout an plus est-il permis d'appeler A son secours des moyens dirigcs contre quelque miasme chronique qui pourrait bien encore se trouver sur l'arriere-plan. 11 n'y a point et ii ne peut pas y avoir de medecine humaine pour ramener a l'etat normal ces innombrables anomalies enfantees si souvent par la methode allopathique. 77. C'est fort improprement qu'on donne l'Fpithete de chroniques aux maladies dont viennent a tre atteints les hommes qui sont soumis sans relache i des influences nuisibles auxquelles ils pourraient se soustraire, qui font habituellement usage d'aliments on de boissons nuisibles a1 l'conornie, qui se livrent a des exces ruineux pour la sante, qui manquent a chaque instant des objets necessaires " la vie, qui vivent dans des contrees malsaines, et surtout dans des endroits marecageux, qui n'habitent que des caves ou d'autres reduits fermis, qui manquent d'air on de mouvement, qui s'epuisent par des 166 EXPOSITION travaux immodorws de corps ou d'esprit, qui sont continuellement devores par l'ennui, etc. Ces maladies, ou plut t ces privations de sante, que l'on s'attire soi-meme, disparaissent par le seul fait d'un changement de regime, a moins qu'il n'y ait quelque miasme chronique dans le corps, et on ne peut pas leur donner le nom de maladies chroniques. 78. Les veritables maladies chroniques naturelles sont celles qui ldoivent naissance a un miasme chronique, qui font incessamment des progres lorsqu'on ne leur oppose pas des moyens curatifs sp~cifiques contre elles, et qui, malgre toutes les pracautions imaginables par rapport au regime du corps et de l'esprit, accablent l'homme de souffrances toujours croissantes, jusqu'au terme de son existence. Ce sont 1l les plus nombreux et les plus grands tourments de l'espice humaine, puisque la vigueur de la complexion, la r&gularite du genre de vie et l'energie de la force vitale ne peuvent rien contre eux. 79. Parmi ces maladies miasmatiques chroniques qui, lorsqu'on ne les guerit pas, ne s'6teignent qu'avec la vie, Ia seule qu'on ait connue jusqu'a present est la syphilis. La sycose, dont la force vitale ne peut 6galement point triompher seule, n'a pas ete considerde comme une maladie miasmatique chronique interne, formant une espece ai part, et on la croyait gu6rie apres Ia destruction des excroissances a la peau, ne faisant pas attention que son foyer ou sa source existait toujours. 80. Mais un miasme chronique incomparablement plus important que ces deux-l", c'est celui de la psore. Les deux autres decelent l'affection interne specifique d'oii ils decoulent, I'un par des chancres, I'autre par des DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 167 excroissances en forme de choux-fleurs. Ce n'est non plus qu'apre~s avoir infecte" 1'organisme entier que la psore annonce son immense miasme chronique inter ne par une eruption cutane~e toute particulie're, qu'accompagnent un prurit voluptueux insupportable et une odeur speciale. Cette psore est la seule vraie cause fondarnentale et productive des innombrables formes morbides (1) qul, sous les noms de faiblesse nerveuse, hyste'rie, hypochondrie, manie, mdlancolie, demence, fureur, e~pilepsie et spasnies de toute espece, ramollissement des os ou rachitisme, scoliose et cyphose, carie, cancer, fongrus hematode, tissus accidentels, goutte, he~morrhoides, jaunisse et cyanose, hydropisie, ame~norrhee, gastrorrhagyie, 6pi(1) 11 m'a fallu dotize ann~es de recherches pour trouver la source de ce iiombre iiieroyable d'affections chroniques, de'couvrir cette graride v~rite', demcuree incounue 'a towsrues, pr~de'cesseurs et contempoi'aitis, 6taIblir les b)ases de sa d~monstration, et reconnalitre en meione temps les pi'incipaux moyetis cutiatifs propres "a combatire toutes les formes de ce monstre "a mulle tetes. Mes observations "a ce sujet sont consigud~es dans mon Traite' des maladies chroniques (Pat-is, 1846, 3 vol. in-8). Avant d'avoii approfondi cette imyportante matiere, je ne pouvais enseigner 'a combattre toutes his maladies chronijucs que comnme des individus isod~s, par les subsitances me'dicinales connues jusqu'alo)rs d'apre's Icurs offets siir lhomme, en sante', de mankere que mes disciples traitaieiit chaque cas d'aflection chronique comme. une maladie ' pa-t, comme uncgrouipedistinict de symnptones, ce p11 n'empechait pas de les soulager souvent assez pouir quc l'hurnaniht souffr-ante eit 'a so, louer des hienfaits de Ia nouvelle me'decine. Combien I'dcole moderne ne doit-elle pas, etre plus satisfaite, maintenant qu'elle s'est approche'e davantage du but, et qu'elle a tiouv6, pour la gue'rison des maux chi-oniques dus it lapsore, des remwdies plus hommeopathiques encore (les anti psoriqucs), depuis que j'ai donne' Ia vdritable metthode de les prelparer et de les appliquer, de sorte qu'un me'decin habile peut choisir parmi les antipsoriqucs celui dont les symptolincs sont le plus seunbiables "a ceux de la maladie chronique qu'il faut gue'rir, et qui est le plus capable do mener 'a une guerison coniplette et durable. 168 EXPOSITION staxis, hemoptysie, hematurie, mdtrorrhagie, asthme et suppuration des poumons, impuissance et sterilitk, migraine, surdite, cataracte et anmaurose, giavelle, paralysie, abolition d'un sens, douleurs de toute espice, etc., figurent dans les pathologies comme autant de maladies propres, distinctes et ind6pendantes les unes des autres. 81. Le passage de ce miasme a travers des millions d'organismes humains, dans le cours de quelques centaines de generations, et le developpement extraordinaire qu'il a du acquerir par 1a, expliquent jusqu'a on certain point comment il peut maintenant se deployer sous tant de formes differentes, surtout si l'on a egard au nombre infini des circonstances (1) qui contribuent ordinairement a la manifestation de cette grande diversitk d'affections chroniques (symptimes secondaires de la psore), sans compter la variete infinie des complexions individuelles. 11 n'est done pas surprenant que des organismes si diff6rents, penetres du miasme psorique et soumis iA tant d'influences nuisibles, extericures et interieures, qui souvent agissent sur cux d'une maniere permanente, offrent aussi un nombre incalculable d'affections, d'alt&rations et de maux, que l'ancienne pathologie (2) a jus(i) Queolques-unes de ces causes qui, en modifiant ]a manifestation de la psore, lui irnpriment la forine de maladies chroniques, tiennent dvidernment, soit au cliinat et la constitution naturelle spkciale du lieu d'habitation, soit aix diveisitis quo prdsente l'dducation pliysique et morale d(e la jeunesse, ici nglige, la I tr op longtemps retardde, et ailleiurs poussoe ' a'exces, l'abus qu'on en a fait datis les relations de la vie, au rIgime, aux passions, aux maeurs, aux usages et aux habitudes. (2) Combien, dans le nombre de ces noms, ne s'en trouve-t-il pas qui sont a double entente, et par chacun desquels on ddsigne les ma DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 16 169 qu'ah present cite's comme autant de maladies distinctes, en les de~signant sous une multitude de noms particuihers. ladies fort diffhrentes, nayant souvent de rapport les unes avec les antres que par un setil symptolne, cornme: fibvre intermittente, jaunisse, hydi'opisic, phithisie, lencorrhe'e, he'morrho~ides, rhu matisme, apoplexie, spasm(,, h'ste'ric, h ypochond nc,, mt'lancolie, manie, angine, paralysie, etc., qii'on donne pour- des maladies fixes, touijouris semblablels "a elles-in~mcs, et qn'en raison du nomn qu'elles portent on traite toujouis d'apre's le menime plan? Comment justifier 1'identite' du traitement mridical par ladoption d'un pareil nomn? Et si le traitement ne doit pas e~tie toijours le rile^ ne, pourqucoi tin norn identique, qui suppseoitieidenee aussi davis la rnani~ie d'tre attaqud pat- les agents e'diciiaiix? Ni/ili sane' in artem medicam pestiferum magis unqudm irrepsit malurn, qudim generalia quaedam nomina morbis imponere, Hsqzie aptare velle general(?m quanidam mnedicinam. C'est aiinsi qure s'exprime Iliixliarn (Opp. phys. med., tL 1), me~decitn aussi Oclaire' que consciencicuix. Fritze so plaint auissi (A4nnalen, 1, p. 80) de cc qu'ofl donne le me~me norn ai des maladies essentiellement diflkrentes. (( Les malad ies C'pide'miqiies mi emes, d it-il, quii probablement se proapagent pai- un mniasme spie cifiquie dans chaquc e'piddmnie, reqoiv'ent ades nomns de lXe~colc m("dicale re'gnaite, corvme si elies ectaient des amaladies stables, de~j~t conuucs, et se re'petatat toujours sous ]a mehme aforme. C'est ainsi qu'on panle d'une fie'vrc des holpitaulx, d'uic fie'vre ades prisons, d'une fie'vre des camyps, d'unc fie~vre puti'ide, d'unc fie' avie 1)ilietise, d'une fie'vrc nerveuse, d'une fii~vre muqucuse, quoique achaqie ('pidefflie de ces fle'vres erratiquies se montre sous Ia forme Widinc rnaladie notivelle, n'ayant encore jamais existe', et variant abeaneounp, taut daris son cours que dans ses sytupto~mes ics plus ((mar~quanls et(lails tonte Ia manie're dont dlle se comporte. Chacune a dellcs dilire 'a tel point de toutes les 6pide'mies ante'ricnies, qui W lein portent pas momns ic me'me nom, qu'il faudrait vouloir heurten de front les pnincipes de Ia logriquie pour imposer 'a des maladies aSi diverses uii des noins qnii ont Re' introdufits davis la pathologic, ct ralerge ensuute sa conduite mddicale d'api-es le, nom dont on aurait ((ailisi a~ilse'. Sydenham est le seul qui ait comnpris cette v&nit (Opp., acap. 2, de. Morb. epid., p. 43); car il. insiste sur cc point qtu'oH ne ~(doil jamyais croire hi l'identitd' d'une maladic epidemiqice avec unle a autre qui s'est de'j'a' manifeside, et la traiter cin cons~quence de cc 170 EXPOSITION 82. Quoique la decouverte de cette grande source d'affections chroniques ait fait faire a la medecine quelques pas de plus, surtout a l'egard de la psore, et pour ce qui concerne le choix du medicament homoeopathique specifique, et quant a la connaissance de la nature du plus grand nombre des maladies qui se presentent a guerir, cependant, pour 6tablir ses indications dans chaque maladie chronique (psorique) qu'il est appel6 " traiter, le medecin homoeopathiste ne doit pas moins s'attacher, comme auparavant, a bien saisir les sympt6mes appreciaa rapprochement, parce que les pidemies qui out eclate en des temps a divers, ont toutes Rte diffdrentes les unes des aiutres: Animum admia ratione percellit, quam discolor et sui plane dissinilis morborum epic demicorum facies; que tam aperta horum morborum diversitas tum ( propriis ac sibi peculiaribus symptomnatis, turn etiam medendi raa tione, quam hi ab illis disparem sibi vindicant, satis illucescit. Ex a quibus constat, morbos epidemicos, ut externa quatenus specie et a symptomatis aliquot utrisque pariter convenire paulo incautioribus a videantur, re tamen ipsa, si bene adverteris animum, aliencc esse ada modum indolis et distare ut aera lupinis. ) II est clair, d'apres tout cela, que ces inutiles noms de maladies, dont on abuse tant, ne doivent avoitr aucune influence sur le plan de traiteinent adoptd par un vrai medecin, qui sait qu'il ne doit pas juger et traiter les maladies d'apres la ressemblance nominale d'un sym ptme isold, mais d'apres l'enseinble de tous les signes de l'6tat individuel de chaque malade; done son devoir est de rechercher scrupuleusement les maux, et non de les priesumer a la faveur d'hypotheses gratuites. Cependant, si l'on croit avoir quelquefois besoin de noms de maladies pour se rendre intelligible en peu de mots au vulgaire, quand on parle d'un malade en particulier, qu'au moins on ne se serve que de mots collectifs. 11 fant dire, par exemple, le malade a tine espece de choree, une esphce d'hydropisie, une espece de fibvre nerveuse, une espece de fievire intermittenle. Mais on ne doit jamais dire: 11 a la choree, L'hydropisie, la fievre nerveuse, la fivire intermittente, etc., parce qu'il n'existe certainement pas de maladies permnanentes et toujours semblables " elles-mmrnes qui meritent ces ddnominations. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 171 bles et tout ce qu'ils ont de particulier; car il n'est pas plus possible dans ces maladies que dans les autres, d'obtenir une veritable guerison sans individualiser chaque cas particulier d'une manibre rigoureuse et absolue. C'est seulement apres avoir trace ce tableau, qu'il faut distinguer si la maladie est aigiue ou si elle est chronique, parce que dans le premier cas, les sympt6mes principaux se dessinent plus rapidement, le tableau de la maladie se trace en beaucoup moins de temps, et ii y a beaucoup moins de questions a faireau malade,la plup art des signes s'offrant d'eux-memes aux sens de l'observateur (1); tandis que dans les maladies chroniques qui ont fait des progris journaliers pendant des ann6es entibres, ces sympt6mes se reconnaissent avec plus de peine. 83. Cet examen d'un cas particulier de maladie, qui a pour but de le priesenter sous les conditions formelles de l'individualite, n'exige, de la part du mn6decin, qu'un esprit sans prevention, des sens parfaits, de l'attention en observant, et de la fidelitk en tracant le portrait de la maladie. Je me contenterai d'exposer ici les principes g6neraux de la marche qu'on dolt suivre; on ne se conformera qu'a ceux qui sont applicables a chaque cas sp&cial. 84. Le malade fait le r&cit du developpement de ses souffrances; les personnes qui l'entourent racontent de quoi il s'est plaint, comment il s'est comport6, et ce qu'elles ont remarque en lui; le m6decin voit, 6coute, en un mot observe avec tous ses sens ce qu'il y a de chang6 (1) D'aprbs cela, la marche que je vais tracer pour aller a la recherche des sympt6mes ne convient qu'en partie aux maladies aigues. 172 EXPOSITION et d'extraordinaire chez le malade. 11 inscrit tout sur le papier, dans les termes memes dont ce dernier et les assistants se sont servis. I1 les laisse achever sans les interrompre (I), a moins qu'ils ne se perdent dans des digressions inutiles. I1 a soin seulement, en commencant, de les exhorter 'a parler avec lenteur, afin de pouvoir les suivre en e~crivant ce qu'il croit necessaire de noter. 85. A chaque nouvelle circoustance que le malade on les assistants rapportent, le me~decin commence une autre ligne, afin que les sympt6mes soient tous 3crits sepate("ment, les uns au-dessous des autres. En proce~dant ainsi, ii aura, pour chacun d'eux, la facilite" d'ajouter aux renseignements vagues qui lui auraient e~te communiques de prime abord, les notions plus rigoureuses qu'iI pourrait acquerir eusuite. 86. Quand le malade et les persounes qui l'eutourent ont achev6 ce qu'ils avaient " dire de leur propre impulsion, le me"decin prend des informations plus precises sur le compte de chaque symptome, et proce'de "a cet egard de ]a mani "re suivante. 11 relit tous ceux qu'on lui a siguakls, et s'appesantit sur chacun d'eux en particulier. I1 demande, par exemple: A quelle e'poque tel accident a-k-il eu lieu? etait-ce avant l'usage des medicaments que le malade a pris jusqu'a pre~sent, ou pendant qu'il les prenait, on seulement quelques jours apres qu'it en a cesse F1emploi? Quelle doulcur, quelle sensation, exactement de~crite, s'est manifeste~e en telle partie du corps? (1) Toute interruption brise la chaine des idees de celui qui panle, et les choses ne lui reviennent plus ensuite 4 la ndmoire telles qu'il voulait d'abord les dire. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 173 Quelle place occupait-elle au juste? La douleur se faisaitelle sentir par acces seulement? ou bien Mtait-elle continuelle et sans relache? Combien de temps durait-elle? A quelle epoque du jour ou de la nuit, et dans quelle situation du corps etait-elle le plus violente, ou cessaitelle tout a fait? Quel etait le caractkre exact de tel accident, de telle circonstance? Tous ces renseignements doivent etre notes en termes clairs et precis. 87. Le m6decin se fait preciser ainsi chacun des indices qu'on lui avait donnes d'abord, sans que jamais ses questions soient coneues de mani"re i dieter en quelque sorte la reponse (1), ou & mettre le malade dans le cas de n'avoir a repondre que par oui ou par non. Agir autrement, cc serait exposer celui qu'on interroge a nier ou a affirmer, par indiff6rence ou pour complaire an medecin, une chose ou fausse, ou i moitik vraie seulement, ou tout a fait diff6rente de ce qui a lieu reellement. Or, ii resulterait de 1a un tableau infiddle de ]a maladie, et par suite un mauvais choix de moyens curatifs. 88. Quand le medecin trouve que, dans cette relation spontan&e, mention n'a point ete faite, soit de plusieurs parties ou fonctions du corps, soit des dispositions de l'esprit, ii demande si l'on n'a pas encore quelque chose a dire relativement a telle partie, a telle fonction, non plus que relativement i la disposition morale on intellectuelle; mais il a grand soin de s'en tenir a des termes generaux, afin que la personne qui lui fournit les eclaircissements (1) Par exemple, le mddecin ne doit pas dire:Est-ce que telle ou telle chose n'a pas cu lieu ainsi? Donner une pareille tournure a ses questions, c'est suggerer au malade des rdponses fausses et des indications mensongares. 174 EXPOSITION soit oblig6e de s'expliquer d'une inanikre catFgorique sur ces divers points. Par exemple: Le malade va-t-il " la selle? comment urine-t-il? comment est le sommeil pendant le jour, pendant la nuit? quelle est la disposition de son esprit, de son humeur? jusqu'h quel point est-il maitre de ses sens? oji en est la soif? quel gouAt eprouve-t-il dans la bouche? quels sont les aliments et les boissons qui lui plaisent le plus? quels sont ceux qui lui repugnent davantage? trouvet-il " chaque aliment, a chaque boisson, la saveur qu'il dolt avoir, ou un autre gouit dtranger? comment se sentil apris avoir bu ou mang6? a-t-il quelque chose a dire relativement a sa tete, a ses membres, a son bas-ventre? 89. Quand le malade (car c'est a lui, except6 dans les maladies simulees, qu'on doit s'en rapporter de pref6rence pour tout ce qui a trait aux sensations qu'il 6prouve) a ainsi de lui-meme fourni tous les renseignements necessaires, et assez bien comple6t le tableau de la maladie, le m6decin est en droit de lui adresser des questions plus sp6ciales, s'il ne se trouve pas encore suffisamment,claire. Par exemple: Combien de fois le malade est-il all6 la selle? de quelle nature 6taient les matieres? les dejections blanchatres 6taient-elles glaireuses ou f6cales? la sortie des excrements 6tait-elle accompagne6e de douleurs ou non? quelles sont precis6ment ces douleurs, et oui se faisaient-elles sentir? qu'est-ce que le malade a rendu par le haut? le mauvais gouit qu'il a dans la bouche est-il putride, amer, acide ou autre? se fait-il sentir avant, pendant ou aprbs le boire et le manger? a quelle 6poque de la journ6e l'6prouve-t-on plus particulibrement? quel gobt DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 175 ont les renvois? l'urine sort-elle trouble, ou ne se trouble-t-elle qu'au bout de quelque temps? de quelle couleur est-elle au moment de sa sortie? quelle est la couleur du sediment? comment le malade se comporte-t-il en dormant? se lamente-t-il? gemit-il? parle-t-il? crie-t-il? se reveille-t-il en sursaut? ronfle-t-il en inspirant ou en expirant? se tient-il toujours sur le dos, ou sur quel co6t se couche-t-il? se couvre-t-il bien de lui-meme, ou ne souffre-t-il pas les couvertures? s'eveille-t-il aisement, ou bien a-t-il le sommeil par trop profond? comment se trouve-t-il au moment de son reveil? Telle ou telle incommodite se manifeste-t-elle souvent et a quelle occasion? est-ce quand le malade est assis, couche, debout, ou en mouvement? est-ce seulement a jeun, ou du moins le matin, de bonne heure, ou seulement le soir, ou bien apres le repas? quand le froid a-t-il paru? etait-ce seulement un sentiment de froid, ou bien y avait-il en meme temps froid reel? dans quelles parties du corps le malade sentait-il du froid? sa peau etait-elle chaude, tandis qu'il se plaignait d'avoir froid? n'eprouvait-il qu'une sensation de froid, sans frisson? avait-il chaud, sans que sa figure filt rouge? quelles parties du corps etaient chaudes au toucher? le malade se plaignait-il de chaleur, sans avoir la peau chaude? combien de temps a dure le froid, et combien la chaleur? quand la soif est-elle venue? pendant le froid, la chaleur, avant ou apres? 6tait-elle vive? que desirait boire le malade? quand la sueur a-t-elle paru? est- ce au debut ou i la fin de la chaleur? combien de temps s'est-il ecoule entre dlle et la chaleur? a-t-elle eu lieu pendant le sommeil ou durant la veille? quelle etait son abondance? etait-elle chaude ou froide? a quelles parties du corps se manifestait-elle? quelle odeur avait 176 EXPO SITIION elle? de quoi le ialade se plaint-il avant on pendant le froid, pendant on aprels La chalour, pendant on apres la sueur, etc.? 90. Aprets que le medecin a fini do meltro en ercrit toutes ces reponses, ii note encore ce que lui-melrne observe choz le malade, et cherchoe i savoir si ce qu'il voit avait lieu on non pendant que celui-ci jouissait encore do ]a sante. Par exemple: Comment le malado s'ost-il comport6" pendant la visito? a-t-il 6't6" de mauvaise humeur, cmportk, brusque, larmoyant, craintif, de~sespe're3 on triste, calme ou rassure', etc.? tait-i1 plon(. dans ]a stupeur, ou, en general, n'avait-iI pas La teate "a lui? est-il enroue'? parle-t-il tre~s-bas? dit-il des choses de'place1ecs? y a-I-il quelque chose d'insolito dans sos discours? quelle est la couleur du visage, des yeux, do la peati en ge'ne~ral? quel est le degre d'expression et do vivacite" de la face et des yeux? comment sont la langue, La respiration, l'odeur do l'haleine, l'ouieo? les pupilles sont-elles dilatees ou resserrees? avoc quelle promptitude et jusqu'i quel dcgrC se meuvent-olles an jour et dans l'obscurite'? quel est l'tat du pouls, du bas-vontre? ]a peau ist-elie moite on chaude, froide on seche, sur telle ou teole partie du corps on partont? le malade ost-il couche Ia tate rcnvorsee en arrie're, avec la bouche " demi on enti~romoant ouverte, avec los bras croise's par-dessus la tdte? est-il sur le dos, on dans touto autre position.? a-t-il plus on moins do peine 'a se mettre sur son sdant? En un mot, lc md~decin tient compte do tout cc q'il a Pu remarquer et qni parait meriter d'dtre no t. 91. Los sympidmes accidentols et l'Mtat dans loquel so DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE* 7 177 trouve le malade pendant qu'il fait usage d'un me'dicament, ou peu de temps apres, ne. donnent pas l'image pure de la, maladie. Au contraire, les sympto'mes el les incommodite's qui se sont manifeSte~s avant l'emploi des meudicaments, ou plusicurs jours apres qu'on a cesse d'en administrer, donnent une ve~ritable notion de la forme originaire de cette maladie. Ce sont donc ces derniers clue le me'decin doit noter de pre~f~rence. Aussi quand l'affection. est chronlique, et que le malade a d(eja' fait usage de reme~des, on peut le laisser pendant quelques jours sans Iui en donner aucun, ou du moins sans lui administrer autre chose que des substances non rn'dicinales, et l'on diff~re d'autant l'examen rigoureux, afin d'avoir les sympto~mes permanents dans toute leur purete', et. de pouvoir se. faire une image fide~le de la.nialadie, sans, aucun melange d'effets de nai'dicament. 92. Mais lorsqu'il s'agit d'une maladie aigue, r en tant assez de dangyer pour ne permeltre aucun de'Iai, et que le me'decin ne peut rien apprendre "a l'egard de 1'e'tat qui a pre'cede" l'usagye des reme~des, alors it doit se contenter d'observer l'ensemble des sympto'mes tel que ces derniers F'ont niodifie", atin de saisir au moinsYl'etat present de la, maladic, c'est-at-dire de pouvoir embrasser dans un seul et m&~me tableau IFaffection primitive et l'affection m-ndicinale conjointe. La premie~re ayant ent, l,g-rneral, rendue plus g-rave et pIlus dangoereuse qu'eue ne l'A~ait 'a son origine par des moyens la. plupart du temnps coniraires "a ceux qu'on aurait, d U" administrer, re'clame souvent des secours tres-prompts et 1'application rapide du remeade homoeopathique approprie', pour que le malade ne pe~risse pas du traitement irrationnel qu'il a subi. 12 178 EXPOSITION 95. Si la maladie aigue a te recemment occasionnee, ou si la maladie chronique l'a 6te il y a plus ou moins longtemps, par un 6v6nement remarquable, que le malade ou ses parents interrog6s en secret ne devoilent pas, il faudra que le m6decin use d'adresse et de circonspection pour arriver a connaitre cette circonstance. Si les causes de la maladie ont quelque chose d'humiliant, et que les malades ou ceux qui les entourent h6sitent les avouer, ou du moins a les declarer spontan6 -ment, le m6decin doit chercher ia les decouvrir par des questions faites avec management, ou par des informations prises en secret. Dans le nombre de ces causes se rangentl'empoisonnement et les tentatives de suicide, I'onanisme, I'abus des plaisirs de l'amour, les debauches contre nature, les exces de table ou de boissons excitantes, comme le vin, les liqueurs, le punch ou le caf6, l'abus d'aliments nuisibles, I'infection v6n6rienne ou psorique, un amour malheureux, la jalousie, des contrari6t6s domestiques, le d6pit, le chagrin cause par des malheurs de famille, les mauvais traitements, l'impossibilit6 de se venger, un orgueil froisse, une colre impuissante, une frayeur superstitieuse, la faim, une difformit6 aux parties genitales, une hernie, un prolapsus, etc. 94. Lorsqu'on s'enquiert de 1'e6tat d'une maladie chronique, il est necessaire de bien peser les circonstances particuliebres dans lesquelles le malade a pu se trouver sous le rapport de ses occupations ordinaires, de son genre de vie habituel, de ses relations domestiques. On examine s'il n'y a rien, dans ces circonstances, qui ait pu faire naitre ou qui entretienne la maladie, afin de contri DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 179 buer a la guerison en &cartant celles qui seraient reconnues suspectes. Dans les maladies chroniques des femmes, ii faut surtout avoir egard a la grossesse, a la sthrilit6, a la propension a l'acte venerien, aux couches, aux avortements, a l'allaitement el a l'6tat du flux menstruel. Pour ce qui concerne ce dernier, on n'oubliera jamais de demander s'il revient a des 6poques trop rapprochees ou trop bloignees, combien de temps il dure; si le sang coule sans interruption ou seulement par intervalles, quelle est la quantit6 de l'&coulement, si le sang est fonc6 en couleur, si la leucorrhee se manifeste avant qu'il paraisse on apres qu'il a cess6 de couler; mais on cherchera surtout a savoir quel est I'6tat du physique et du moral, quelles sensations et douleurs se manifestent avant, pendant et apres les regles; si la femme est atteinte de flueurs blanches, de quelle nature elles sont, quelle en est l'abondance, quelles sensations los accompagnent, enfin daus quelles circonstances et a quelles occasions elles out paru. 95. L'examen des sympt6tnes dnumrners pr&cedemment et de tous les autres signes de maladie doit done, dans les affections chroniques, etre aussi rigoureux que possible, et descendre meme a des minuties. En effet, c'est dans ces maladies qu'ils sontle plus prononces, qu'ils ressemblent le moins a ceux des affections aigues, et qu'ils demandent h tre 6tudies avec le plus de suoin, si l'on veut que le traitement reiussisse. D'un autre c6to, les malades ont tellement pris l'habitude de leurs longues souffrances, qu'ils font peu ou point d'attention a de petits sympt4 -mes, souvent caract6ristiques et meme d6cisifs par rapport au choix du remade, les regardant pour ainsi dire 180 EXPOSITION comme lies d'une maniere neicessaire " leur Mtat physique, comme faisant parlie de ]a sanhe", dont As ont oublie le veritable sentiment depuis quinze on vingt anne'es qu'ils souffrenl, et "a 1'egard desquels ii ne leur vient m me pas dans la pensee que la. moindre connexion puisse exister entre eux et I'atfection principale. 96. D'ailleur~, les malades eux-memes sont d'humieur tellement diff~rente, que quelqnes-uns, notamment les hypochondriaques et antres personnes sonsibles et impatientes, peignent leurs souffrances sous des couleurs trop vives, et so servent d'expressions exagerees, pour engager le medecin " les seconrir promptelnent. L'hypochondriaque meme le plus insupportalle n'imagine jamais d'accidonts et d'incommodites qu'il ne ressente reellement. On pent s'en assurer en comparant les plaintes qu'il fail entendre "i des eipoqles diffk~rentes, landis que le medecin no lui donne rien, on dn moins ne lui administre aucnne substance medicamenteuse. On doit seulement retrancher queoque chose (10 ses lamentations, ou metlre au moins l'energie des expressions dont ii so sort snr le comple de son excessive sonsibilih1". A cel egard, 1'exagy ration mefi0 (inu tableau (u'il fait de ses souffrances devient un sympth'me important dans Ia se~rie de cenx dont se compose l'imago de la maladie. Le cas est tout " fait diffltrnt chez los raniaques ot chez ceux qui feignent d'etre malades par malice on autroment. 97. D'autres, an contraire, soit par paresse, soil par nne pudeur mal entendue, soiL enfir par une sorte de douceur on de timidilt, gardenl le silence snr une quantile de leurs maux, no los indiquont qu'en termes obscurs, oU los signalent comme ayant pen d'importance. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 181 98. S'il est done vrai qu'on doive s'en rapporter surtout a ce que le malade lui-mene dit de ses maux et de ses sensations, et prdfirer les expressions qui lui servent a les peindre, parce que ses paroles s'altbrent presque toujours en passant par la bouche des personnes qui l'entourent, il ne l'est pas moins que, dans toutes les maladies, mais plus specialement dans celles qui ont un caract"re chronique, le medecin a besoin de posseder a un haut degre la circonspection, le tact, la connaissance du cceur humain, la prudence et la patience, pour arriver a se former une image vraie et complkte de la maladie et de tous ses details. 99. En general, la recherche des maladies aigues et de celles qui se sont declardes depuis peu, presente plus de facilite, parce que le malade et ceux qui l'entourent out I'esprit frappe de la diffrence entre l'Ftat de choses actuel et la santa detruite depuis si peu de temps, dont Ia m6rmoire conserve F image encore fraiche. Le medecin doit egalement tout savoir ici; mais ii a moins besoin d'aller au-devant des renseignements, qui, pour la plupart, lui arrivent d'eux-mirmes. 100. Pour ce qui concerne la recherche de l'ensemble des sympt6mes des maladies pidemiques et sporadiques, il est fort indiff6rent que quelque chose de semblable ait deja existe ou non dans le monde sous tel ou tel nom. La nouveaut6 on le caractere de specialith~ d'une affection de ce genre n'apporte aucune diff6rence, ni dans la mani"re de l'Ftudier, ni dans celle de la traiter. En effet, on doit toujours regarder l'image pure de chaque maladie qui domine actuellement comme une chose nouvelle et inconnue, et Fetudier a fond, en elle-meme, si l'on veut 182 EXPOSITION Were veiritablement me'decin, c'est-h- dire nejamais mettre l'hypothese ~'aIa place de 1'observalion, et ne jamais regarder un cas donne de maladie comme connu, soit en totalite, soil m me seulement en partie, qu'apr s en avoir approfondi avec soin toutes les manifestations. Cette conduile est d'autant plus nercessaire ici, (jue toute epidemie regnante est, sois beaucoup de rapports, un ph&' nomene d'espe~ce particuliere, qui, lorsqu'on l'examine avec attention, se Irouve diffirer beaucoup des autres epidemies anciennes auxquelles on avait l atort impose" le meme noMn. 11 faut cependant excepter les epidemies qui proviennent d'un miasme loujourssemblable "a 1ui-m me, comme la variole, la rougeole, etc. 101. 11 peul arriver pie le medecin qui traite pour la premie~re fois un homme atteint de maladie epide"mique ne Irouve pas sur-le- chamip 1'image parfaite de 1'affection, attendu qu'on n'arrive 'a bien connaitre la totalitd des symptomes et signes de ccs maladies collectives qu'apres en avoir observe' plusicurs cas. Cependant, un nm'decin exerce pourra souvent, des le premier ou le second malade, s'approcher lellenent du veritable (%at des choses, qu'il en concoive une image caracteristique, et cjue deja mu~me ii ait les moyens de de'terminer le rema~de hornomopathique auquel on doit recourir pour combaltre l'6epidemie. 102. Si 1'on a soin de mettre par kcrit les symptomes observe's dans plusicurs cas de cette cspeice, le tableau qu'on a trace" de la maladie va toujoursnn en se perfectionnant. 11 ne devient ni plus etendu, ni plus verbeux, mais plus graphique, plus carackeristique, ct i ernbrasse davantage les particularite's de ]a maladie collective. D'un DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 183 c6te, les sympt6mes g neraux (par exemple, d"faut d'appetit, perte de sommeil, etc.) acquierent un plus haut degr6 de pr6cision; de l'autre, les symptkmes saillants, speciaux, rares dans l'epidimie mrnme, et propres d'ailleurs a un petit nombre d'affections seulement, se dessinent et forment le caractere de la maladie (1). Les personnes atteintes de l'Ipidemie ont toutes, ii est vrai, une maladie provenant de la meme source et par consequent semblable; mais l'etendue tout enti"re d'une affection de ce genre et la totalite de ses synmptmnes, dont la connaissance est necessaire pour se former une image complte de l'etat morbide, et choisir d'apris cela le remnde homceopathique le plus en harmonie avec cet ensemble d'accidents, ne peuvent 6tre observees chez un seul malade; il faut, pour arriver jusqu'a elles, les tirer par abstraction du tableau des souffrances de plusieurs malades doues d'une constitution differente. 103. Cetlo m3thode indispensable a suivre dans les minaladies bpidemiques, qui sont aigues pour la plupart, j'ai di' l'appliquer aussi, d'une maniere plus rigoureuse qu'on ne l'avait fait encore jusqu'h present, aux maladies chroniques produites par un miasme qui demeure toujours semblable a lui-mnme quant au fond, et particulibrement h la psore. Ces affections demandent en effet qu'on recherche I'ensemble de leurs sympt6mes; car cha(ue malade n'en presente que quelques-uns, n'offre pour ainsi dire qu'une portion des phenombnes morbides (1) C'est aloirs que l'tudde ds cas subsdquents montrera au madccin qui, par le secours des premiers, a dUji tiouve un 1ertmede approximative:nent homoeopathique, si le choix 'tait hon, on s'll doit recouricr a un moyeii mieux approprid et plus hommopathique encore. 184 EXPOSITION dont la collection entiere forme le tableau complet de la cachexie considerbe dans son ensemble. Ce n'est done qu'en observant un tris-grand nombre de personnes atteintes de ces sortes d'affections qu'on parvient a saisir la totalite des sympt6mes appartenant a chaque miasme chronique, a celui de la psore en particulier, condition indispensable pour arriver a la connaissance des medicaments qui, propres a guerir homoeopathiquernent la cachexie entiere, surtout des antipsoriques, sont en mieme temps les veritables rem'des de tous les maux chroniques individuels dont elle est la source. 104. La totalitk des symptomes qui caracterisent le cas present, ou, en d'autres termes, l'image de la maladie, etant une fois mise par &crit (1), le plus difficile est (1) Les mddecins de l'ancienne kcole se mettent fort a leur aise sous ce rapport. Non-seulemnent ils ne se livrent pas a une invesligation rigonreuse de (outcs les circonstances de la maladie, mais encore ils inteirrompent souvent le nialade dans le recit ditaillI qu'il venct faire de ses souffrances, pour se hiter d'eiireune recette coinposce d'ingredients dont le vCritable effet ne leur est point connu. Nul in'deciii allopathiste ne s'informe avec precision de toutes les particularits de la maladie qu'il a sous. les yeux, et nul d'entre eux ne sonqe bien moins encore d les mettre par icrit. Quand il revoit le malade an bout de plusieurs jours, it a en grande partie ou totalement oublid les faibles renseignements qui Iui avaient tR donnis, et que ses visites multiplides aui re d'autres personnes ont effiacs de son esprit. Tout est entre par une oreille et soirti par l'autre. Dans sa nouvelle visite, il se borne 6galement i qtielques questions g6ndrales, fait rine de tbter le pouls au poignet, regarde la langue, et sur le-chamnp, sans motif rationnel, ii kcrit une autire recette, ou fait continuer l'aiicienne pendant longtemps encore. Puis, prenant poliment congd, ii court chez les cinquante ou soixante autres malheureux entre lesqiels sa matinee doit Atre partagee, sans que son intelligence se fatigue par le moindre effort. Voilt comme ce qu'il y a de plus sdrieux an monde, 1'examen consciencieux de chaque malade et le traitement hasd sur cette exploration, est traitd par des gens qui se disent medecins, qui DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 18 185 fait. Le me~decin doit ensuite avoir toujours sous les yeux cette image, qui sert de base au traitement, surtout dans les maladies chroniques. 11 peut la conside'rer dans loutes ses parties, et en faire ressortir les signes caract("ristiques, afin d'opposer 'a ses syrnpto'ines., c'esI-hi-dire 'a la maladie elle-me'me, un reme~de exactement, homceopathique, dont le choix a e~te'determine par la. nature des accidents morbides que lui-me'me fail naitre dans son action pure. Pendant le cours du traitement on s'informe des effets du remeade et des changrements surve-nus dans e'~tat du malade, pour effacer du tableau primitif des symptomes ceux qui ont disparu, en totalitk., noter ceux dont ii reste encore quelque chose, et ajouter les nou-velles incomrnodite~s qui ont pu survenir. 103. Le second point de 1'office du vrai me'decin est de reeherelier les instrumients destines a' la gue~risoln des mialadies naturelles, d'etudier la puissance morbifique des me'dicarnents, afin, (uand ii s'agyit de guerir, de pouvoir en trouver un dont la se~rie des symptomes consiume une maladie factice aussi seinbiable que possible h l'tensernble des principaux symptrnies de la maladie naturelle qu'on a en -vue de faire disparaitre. 1063. On a besoin de connaitre dans tout son de~veloppement ]a puissance morbifique de chaque medicament. En d'autres termes, ii faut que les sympt O"mes et changements qui sont. susceptibles de survenir par I'action de pre'terdeiit faire une me'decine rationnielle. Le re'sultat est presque genntialement niauvais, corure on doit bien s'y attendre, et cependant les malades sont oblige's de s'adi'esser "a ces gens- H 7a soit parce qu'il nly a fieio de mieux, soiL j-oni' suivi~e 1'diquette. 186 EXPOSITION chacun d'eux sur 1'e~conomie, surtout chez un homme, sain, aient e'e" autant pie possible, tous observe's avant qu~on puisse se livrer h l'espoir de trouver parmi eux des reme'des homceopathiques conire la plupart des maladies naturelles. 10 7. Si, pour arriver 'a ce but, on ne donnait des me'dicaments qu.'a des personnes rnalades, meme en les prescrivant simiples et un 'a un, on ne saurait pie pen. de chose de precis relativernent 'a Icur action Ye'ritable ou rien, parce que les sympto~mes de Ia maladie naturelle deja' existante, se melant avec ceux que les agents me'dicinaux souL aptes "a produire, ii serait fort rare que l'on put apercevoir ces derniers d'une mani're bien claire. 108. 11 n'y a donc pas de moyen plus si'r et. plus naturdl, pour trouver infailliblement les effets propres des medcmnt u 1hmi, que de les essayer separe& ment les uns des autres, et "a des dloses mode" rees, Sur des personnes saines, et de noter les chiangem ents, les sympto'rnes et les signes qui resultent de leur action primitive surtout Sur le'tat physique et Sur le moral, c'est-a-dire les elements de maladie que ces substances sont capables de produire (1); car, ainsi qu'on l'a vu plus hiaut (1) Aucun nin'decin, 'a ma c lniaissance, autre que le grand et immortel A. Hailer, n'a, dans le cours de vingt-cinq siecles, SOUp~ofne4 cette is&thode si naturelle, sabometnesar, et si un iquement vraie, d'observer les effets purs et propres de chaque medicament, pour conchive de hIa queules sontitles maladies qu'iI serait apte "a giidriir Hailer scul, avant inoi, a. compris IanDecessite' de snivre cette marche (voy. pr~race de sa Pharrnacopwa lielvet., BMe, 1771, in-folio, p. 12) Nempe prirnum in corpore sano medela tentanda est, sine peregrina ulla miscela; odoreque et sapore ejus exploratis, exiyua illius dosis ingerenda et ad omnes, quwe inde contingunt, affectiones, quis pulsus, quis calor, quce respiratio, quw~nam excretiones, attendendurn. Inde ad duc.. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 187 (V. 24-27), toute la vertu curative des m6dicaments est fondee uniquement sur le pouvoir qu'ils out de modifier I'etat de l'homme, et ressort de l'observation des effets qui risultent de l'exercice de cette facult&. 109. Le premier j'ai suivi cette route avec une pers&v6rance qui ne pouvait naitre et se soutenir (1) que par l'intime conviction de cette grande v6rite, si precieuse pour le genre humain, que l'administration homoeopathique des m&dicameiits est la seule methode certaine de guerir les maladies (2). 110. En parcourant ce que les auteurs out 6crit sur les effets nuisibles de substances medicinales qui, par negligence, intention criminelle ou autrement, etaient tum phenomenorum, in sano obviorum, transeas ad experimenta in corpore wgroto, etc. mlais niul mindecin nia profik( de ce pricicux avis, personiie ineme n'y a fait attention. (1) J'ai depose les premiers fruits de ines travaux, tels qu'ils pouvaient tre, dans un opuscnle itititihlh: Fragmenta de viribus medicamentorunm positivis, sive in sano corpore humano observatis, p. 1, 11, Leipzig, 1S05, in-8. i)'antres plus iI s lont ýtd dalns ia derniire idition de mtn Traite de matiere medicale pure (Paris, 1834, 3 vol. in-8) et dans mon Traite' des maladies chroniques (Paris, 1886, 3 vol. iln-8). (2) line pent pas plus y avoir (l'autre viaie mdticdde (Iegueir lesmaladies d ynamiques (c'est-h-dire nonet chirur Igicales) quee Pl'bommopathie, qu'il n'est possible de tirer plus d'une ligne dirite entre deux points donnes. Ii faut done avoii lienI pen approfondi l'dtude de I'hommopathie, ni'avoiir jamais vu aucunii traiternent homwopathique bien motivd, n'avoir point su juger a quel point les nidthodes allopathiques sout denueds de fondemnient, et iguiorer queles snites, les unes mauvaises, les autres meme effrayantes, elles entrainent, pour vouloir faire marcher ces ddtestables nmthodes (ie pair avec la vdritabhie mddecine, et les reprdeenter comme des souirs dout elle ne saurait se passer. L'hoinmopathie pure dont la decouerlte m'appartient, qui ne manque presque jamais son but, qui rdussit presque toujours, repousse toutte association de ce genre. 188 EXPOSITION parvenues en grande quantite dans l'estomac de per-.sonnes saines, j'apercus une certaine coincidence entre ces fails et les observations que j'avais recueillies sur moi-mime et sur d'autres, a l'occasion d'expe'riences dont le but etait de reconnaitre ]a maniere d'agir des memes substances chez l'homme en sante. On les cite comme cas d'empoisonnement et comme preuves des effets pernicieux inherents ia l'usage de ces agents &nergiques. La plupart de ceux qui les rapportent ont eu en vue de signaler un danger. Quelques-uns aussi les 6noncent pour faire parade de l'habilete qu'ils ont deploybe. en trouvant des moyens de ramener p peu i lpuaa sant& des hommes qui l'avaient perdue d'une manihre si violente. Plusieurs enfin, pour decharger leur conscience de la mort des malades, allieguent la malignit6 de ces substances, qu'ils nomment alors poisons. Nul d'entre eux n'a soupconnc que les symptimes dans lesquels ils voulaient voir seulement des preuves de la v6nm"nosit6 des corps capables de les produire, efaient des indices certains, devoilant l'existence dans ces memes corps de ]a facult6 d'aneantir, i titre de reinedes, les sympt6mes semblables de maladies naturelles. Aucun n'a pens6 que les maux qu'ils excitent sont l'annonce de leur homoeopathicite salutaire. Aucun n'a compris que l'observation des changements auxquels les medicaments donnent lieu chez les personnes hien portantes, etait l'unique moyen de reconnaitre les vertus curatives dont ces derniers sont doues, parce qu'on ne pett arriver ia cc rsultat, ni par des raisonnements a priori, ni par l'odeur, ]a saveur ou 1'aspect des substances medicinales, ni par l'analyse chimique, ni par l'administration aux malades de recettes dans lesquelles ils sont associes a un plus ou moins grand DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 8 189 norubre d'autres drogues. Aucun enfin n'a pressenti que ces relations de maladies me'dicinales fourniraient un. jour les elements d'une ve~ritable et pure matie~re me'dicale,. science qui, depuis son origine jusqu'a" ce jour, n' a consiste' qu'en un amas de conjectures et de fictions, ou qui, en d'autres terrues, n'a point encore eu. d'existence r~eele (1). 111. La conformite' de mes observations sur les effets purs des medicam~ents avec ces anciennes remarques, qui avaient e'e faites dans des -vues bien diffh~rentes, et meme celie de ces dernieres avec d'autres du me~me genre qu.'on trouve e~parses dans les ecrits de divers auteurs, nous donnent aise~ment ]a conviction 'que les substances medicinales, font naitre un changement morbide chez 1'hom~me qui se porte hien, suivant des lois positives et eterizelles, et qu'en vertu de ces lois, elles sont capables de produire, chacune 'a raison de son individualite', des symtoines morbides certains et posilifs qu'elles ne matn(luent jamais de provoquer. 112. Dans les descriptions que les anciens auteui's nous ont laisse'es des suites souvent funestes qu'entra*inent les medicaments pris "a des doses si exagyere'es, on rernarque aussi des symptornes qui ne se sont pas montr("s au. debut de ces tristes e'venements, mais seulemeut vers la fin, et qui sont de nature tout a% fait oppos~ee a ceux de la pe'riode cornrencante. Ces syptmes, contraires ~i 'a efft prim ilnif (V. 63) ou "a1Faction proprernent dite des medicaments sur le. corps, sont dus "a la re'ac(1) Yoyez ce que j'ai dit 'a ceeL 'gai'd dans mon Examen des sources de la nzatib-e rn'dicale ordinaire (Etudes de medecine homceopathique, Paris, 1855, t. 1). 190 EXPOSITION tion de la force vitale de 1'organisme. Ils constituent 1'effet secondaire (V. 62-67), dont rarement on observe des traces Iorsqu'on emploie des doses mode~re'es a titre d'essai, et dont on ne voit jamais ou presque jamais aucun vestige quand les doses sont faibles, parce que, dans les cures hoinceopathiques, la reaction de 1'organisme vivant ne va pas au dela de ce qui est rigoureusement ne~cessaire pour ramener I'd~tat naturel de sante (V. 67). 115. Les substances narcotiques sont les seules qui fassent exception a cet egard. Comme, dans leur effet primitit, elles d'teignent aussi bien la sensibilite et la sensation que 1'irritabilite, ii arrive assez souvent, lorsqii'on les essaye sur des personnes bien portantes, m.m e me doses moderees, que l'on observe, pendant la reaction, une exaltation de la sensibilite" et un accroissement de 1'irri tabilite. 114. Mais, exceptd les narcotiques, tous les me'dicaments qu'on essaye "a des doses roderles sur des sujets bien portants, ne laissent apercevoir que leurs effets primitifs, c'est-a-dire les symptornes indiquant qu'ils modifient le rhythme habituel de la sant6, qu'ils provoquent un etat morbide destine a durer plus ou moins longtemps. 113. Parmi les efYets primitifs de quelques medicaments, ii s'en trouve plusieurs qui sont opposes en partie, ou du moins sous certains rapports accessoires, "ad'autres sympt6mes dont l'apparition a lieu soit avant, soit apres. Cette circonstance ne suffit cependant pas pour les faire conside'rer comme des effets conse'utifs proprement DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 191 dits, ou comme un simple resultat de la reaction de la force vitale. Ils forment seulement une alternation des divers paroxysmes de l'action primitive. On les appelle effets alternants. 116. Quelques sympt6mes sont frequemnment provoques par les nmdicaments, c'est-a-dire chez un grand nombre de sujets; certains le sont rarement, ou chez peu d'hommes; quelques-uns ne le sont que chez un tris-petit nombre d'individus. 117. C'est a cette derni"re categorie qu'appartiennent les soi-disant idiosyncrasies. On entend par la des constitutions particulibres qui, bien que saines d'ailleurs, ont de la tendance a se laisser mettre dans un ftat plus ou moins prononc6 de maladie par certaines choses qui semblent ne faire aucune impression sur beaucoup d'autres personnes et ne point produire de changements en elles (1). Mais ce defaut d'action sutir telle ou telle personne n'est qu'apparent. En effet, comme la production de tout changement morbide quelconque suppose dans la substance medicinale la faculte d'agir, et dans la force vitale qui anime l'organisme l'aptitude ai tre affectee par elle, les alterations manifestes de la sant6 qui ont lieu dans les idiosyncrasies, ne peuvent point *tre mises uniquement sur le compte de la constitution particulibre du sujet. On est oblig46 de les rapporter en miiime temps aux choses qui les out fait naitre, et dans lesquelles doit resider la faculte d'exercer la m'me influence sur tous les (1) L'odeur de la rose fait tomber certaines personnes en defaillance, d'aitres sont atteintes de maladies, quclquefois dangereuses, apres avoir mang6 des moules, des kcrevisses on du frai de bairbeau, apres avoir touchd les feuilles de certains sumacs, etc. 192 EXPOSITION hommes, avec cette difference seulement que, parmi les sujets jouissant de la sante, iA ne s'en trouve qu'un petit nombre ayant de la tendance a se laisser mettre par elles dans un etat aussi evidemment morbide. Ce qui prouve que ces puissances font reellement impression sur tous les hommes, c'est qu'elles guerissent homceopathiquement, chez tous les malades, les memes symptomes morbides que ceux dont elles-memes paraissent ne provoquer la manifestation que chez les personnes sujettes aux idiosyncrasies (1). 118. Chaque medicament produit des effets specifiques dans le corps de 1'homme, et nulle autre substance m"dicinale ne peut en faire naitre qui soient exactemrnent semblables (2). 119. De meme que chaque espece de plante diff~re de toutes les autres dans sa configuration, son mode propre de vegeter et de croitre, sa saveur et son odeur, de meme que chaque mineral, chaque sel diffbre des autres par rapport a ses qualites exthrieures et a ses proprietk s chimiques, circonstance qui aurait d6jh diu suffire seule pour 6viter toute confusion, de meme aussi tous ces corps diffbrent entre eux " l'egard de leurs effets morbi(i) C'est ainsi que la princesse Marie Porphyroge'nete, en pretsence de sa tante Eudoxie, faisait reveniir h lui, en l'aspergeant d'eau de tose (ro rov 'Uv r a-h xeyr.i), son frere, I'empeireur Alexis, qui tait sujet ti tornmber en syncope (Hist. byz. Alexias, lib. XV, p. 503, ed. Posser.), et Horstius (Opp., 111, p. 59) a trouv6 le vinaigire rosat tris-efficace dans la syncope. (2) Cette vdritd avait 6td reconnue aussi par Hiller, qui dit (prdface de son Hist. stirp. Helvetim): Latet immensa viriumrn diversitas in iis ipsis plantis, quarum facies externas dudum novimus, animas quasi et quodcumque ccwlestius habent, nondum perspeximus. DE LA DOCTRINE~ HOMrOEOPATHIQUE. 193 fiques, et par consequent de leurs effets curatifs (1). Chaque substance exerce sur la sanhie de 1'homme une influence particulie~re et de'erminee, qui ne permet pas qu'on la confonde avec auc.-une autre (2). (1) Cclui qui sait coinbien. 1'action. do chaque substance sur P'homme dif~re de cclle deC tontcs ics autres, et puil appre'cic l'incportance de.ce fa it, n'Ya pas do. peine non. plus "a comprendr~e pie, ne'dicalement parlant, it no pent pas I avoii' de succ~dane's, c'cst-h-dire de medicaments e~quivalents et capables de se reroplacer mutuellement. 11 n'y a que celui 'a qui les effets put's et positifs des substances mddicinales sont inconnuns, qui puisse e~tre assez insensed pout' chercher "a nous faire croire qu'un remeade petit en. reniplacer un antre, et produire le m~me effet salutajie dans un cas donne" de maladie. C'est ainsi que des enfants, dans lent' simplicite", confondent. les choses ics plus essentidlleinent diff~rentcs, parce qu'ils les connaissent A peine d'api-Cs leuir cxt~liienr, et qn'ils n'oiit aucicnc idt'e de Icurs proprie'tes intimes, de letir ver'itable valcut' intriiise'que, non plus que des signes qui les distingo en t. (2) Si c'est hla' exacte vedrit6., comme cc l'est cfl'ectivement, un m6 -decin jaloux de passer pour un homme raisonnable et de mettre sa. conscience en repos, no peut d~sormais prescrire d'autres medicaments que ceux dont it connalit parfaitement la veritable valcur, c'est-ai-dire dotit it a e'tudie ' IIaction sni' des hommes bien portants, avec assez de soin poo tir e r persuade' que tel on tel d'ctr-e cux est ccliii de tons qui penit provoquer l'ttat morbide le pins analogue A la maladie naturelle qu'il. s'agit de gn~i-ir; car, ainsi qn'on l'a vu plus hant, ni l'omrnme ni ]a niature ne procurent jamais de gudrison complkte, prompic et du.i'able, antremnent qu'avcc le sccours d'nn moyen homceopathiqne. Nul m'decin ne pent donc d'viter 'a Pavenir dc se lIjrer h des recherches de ce genre, sans lesquclies ii ne saurait acqueriir, h 1'gard des me'dicaments,, Ics connaissances qui soot indispensables 'a l'exercice de. son art, et qui ont. dt6 ndglige'es jusqu' a predsent. La. poste'rit6 aura de la. peine hi croire quc jnsqu'ici les praticiens s so Slent tons et dans tons les sie'lcs conteritts de donner aveugid~ment, dans Ics maladies, des r'emedcs dont uls ignoraicut la veritablc valeur, dont uls navaient jamais Ratdied les effets purs et dynamiqucs snr l'homme en santed, dflets tr~simportants et. ti-es-caracti'ristiques; qu'Ils aient en l'hahitude d'associer dans one i-nene forniule plusicurs de ces snlbstances inconnucs, dont F'action est si diversifi~e, et qo'ils aien~t cnsnite abandounnd an 13 194 EXPOSITION 1920. Il faut done bien distinguer les mndicaments les uns des autres, puisque c'est d'eux que dependent la vie et la mort, la maladie et la sante des hommies. Pour cela, ii est necessaire de faire avec soin des experiences pures, ayant pour objet de devoiler les facultes qui leur appartiennent et les veritables effets qu'ils produisent chez les personnes bien portantes. En procedant ainsi, on apprend a les bien connaitre, et a eviter toute meprise dans leur application au traitement des maladies, car 11 n'y a qu'un rem'de bien choisi qui puisse rendre au malade, d'une maniere prompte et durable, le plus grand des biens de la terre, la sante du corps et de l'ame. 121. Quand on etudie les effets des medicaments sur l'homme bien portant, on ne dolt pas perdre de vue qu'il suffit d&ja d'administrer les substances dites hWroiques A des doses peu 61evees, pour qu'elles produisent des changements dans la sant6 mnime des personnes robustes. Les medicaments d'une nature plus douce doivent tre donnes a des doses plus elevees, quand on vent aussi eprouver leur action. Enfin, lorsqu'il s'agit de connalitre celle des substances les plus faibles, on ne pent choisir, pour sujets d'experience, que des personnes exemptes de maladie, il est vrai, mais douees cependant d'une constitution delicate, irritable et sensible. 19292. Dans les experiences de ce genre, d'oiu dependent la certitude de l'art de guerir et le salut de toutes hasard le soin de rigler tout ce qui pouvait rdsulter de 14 pourie malade. C'est ainsi qu'un insenste entre dans l'atelier d'un artiste, saisit " pleines mains tous les ouitils qui se trouvent a sa portde, et s'imagine qu'avec leur secours ii pourra achever iun ouvrage qu'il voit dbauchd. Qui peut douter qu'il le gatcra par sa ridicule inaniire de travailler, que peut-6tre mi^m ii ie mutilera irripalableLent? DE LA, DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 9 195 les ge'n erations 'a venir, on n'emploiera que des me~dicaments qu'on connaisse bien, et "a 1l~~gard desquels on ait ]a conviction qu'ils sont purs, qu'ils n'ont point e~e falsifie~s, qu'ils posse~dent. toute leur e6nergie. 125. Chacun de ces rmedicaments doit e'tre pris sous une forme simple et exernpte de tout artifice. Pour cc qui est des plantes indige~nes, on en exprime le suc, que 1'on ma"le ave~c un pen d'alcool, afin d'empe"cher qu'il ne se corrompe (1). A 1' egard des vgeg'taux 3~trangers, on les pulve~rise, ou bien on en prepare une teinturo alcoolique, qu'on me'e avec une certaine quantit6' d'eau avant de la faire prendre. Les set1s et. les gommes, enfin, no doivent e&tre dissous dans l'eau qu'au moment Meme oii" l'on va en faire usagre. Si l'on no pout se procurer ]a plante qu'at ' 1etat sec, et que de sa nature elle ait des -vertus peu e'nergiques, on Ilessaye sous la forme d'infusion, c'est-h-dire qu.'apre~s l'avoir hachee menu, on 'verse dessus de l'eau bouillante, dans laquelle on la laisse plouigee pendant quelque temps; linfusion doit etre bue imwe~diaternent apre's sa preparation et tandis qu'elle est encore chaude; car tous los sucs de plantes et toutes les infusions -ve"gYtales auxquels on n'ajoute point d'alcool, passent rapidement "a la fermentation, 'a la corruption, et perdent ainsi leur vertu me'dicinale. 12~4. Chaque substance me~dicinale qu'on soumet "a (1) Nouvelle pharmacope'e et posologie homceopathiques, ou histoire naturelle et pre'pai'ation des ine'dicarnents homweopathiques et de P'administration des doses, par le docteur G. H. G. Jahr et A. Catellan, pharinacien hornceopattie. Nouvelle edition, corrige'e et augrnent'e., accompagiu~e de 1305 planches, iitercaldes dans lo, toxte. Paris, 1853, in- 12. - Voyez aussi Codex des Ali'dicaments ho-meopathiques, 1)dl G. Webei-, pharinacien homocopatihe. Pairis, 1854, hi-12. 196 EXPOSITION des essais de cc genre doit Otre employee seule et parfaitement pure. On se garde bien d'y associer aucune substance etrang"re, ni de prendre aucun autre m6dicamnent, soit le jour mime, soit moins encore les jours suivants, tant qu'on veut observer les effets qu'elle est capable de produire. 12i. 11 faut que le r6gime soit tris-modere pendant toute la duree de l'exp6rience. On s'abstient autant que possible des epices, et I'on se contente d'aliments simples, qui ne soient que nourrissants, en evitant avec soin les legumes verts (1), les racines, les salades et les soupes aux herbages, nourritures qui, malgre les preparations culinaires qu'elles out subies, retiennent toujours quelque peu d'energie medicinale, qui troublerait I'effet du medicament. La boisson restera la mime que celle dont on fait journellement usage; elle sera seulement aussi peu stimulante que possible (2). 126. Celui qui tente l'experience doit 5viter, pendant tout le temps qu'elle dure, de se livrer a des travaux fatigants de corps et d'esprit, a des dehauches, a des passions desordonnees. 11 faut que nulle affaire pressante ne l'empeche de s'observer avec soin, q.ue de Jui-meme ii porte une attention scrupuleuse a tout ce qui survient dans son interieur, sans que rien l'en ddtourne, afin qu'il unisse a la sante do corps le degre d'intelligence nuces(1) Oti petiut permettre les petits pois, les haricots verts, et rnmme les carottes, comme dtant les ligumes verts qui ont le moins de vertus m6dicinales. (2) La personne qui se soumet aux expdriences doit ne point etire accoutumde a I'usage du viii pur, de 1'eau-de-vie, du caf, ou du thd, ou du moins s'etre ddshabituie ddji depuis longtemps de ces boissons nuisibles, donit Ics unes sont excitantes et les autres mddicamrnenteuses. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 197 saire pour pouvoir designer et decrire clairement les sensations qu'il eprouve. 197. Les m6dicaments doivent Otre experimentes tant sur des hommes que sur des femmes, afin de mettre en 6vidence des changements relatifs au sexe qu'ils sont aptes ' produire. 1928. Les observations les plus recentes ont appris que les substances medicinales ne manifestent pas a beaucoup pres la totalite des forces cach6es en elles, lorsqu'on les prend a l'dtat grossier, ou telles que la nature nous les offre. Elles ne deploient complktementleurs vertus qu'apres avoir ete amenees a un haut degre de dilution par le broiement et la succussion, mode tres-simple de manipulation qui developpe a un point incroyable et met en pleine action leurs forces jusqu'alors latentes et en quelque sorte plong6es dans le sommeil. 11 est reconnu aujourd'hui que ]a meilleure maniere d'essayer meme une substance reputee faible, consiste a prendre pendant plusieurs jours de suite quatre a six petits globules imbibes de sa trentierne dilution, qu'on humecte avec un peu d'eau, et qu'on avale a jeun. 129. Si une pareille dose ne produit que de faibles effets, on peut, pour rendre ceux-ci plus prononcis et plus sensibles, ajouter chaque jour quelques globules, jusqu't ce que le changement devienne appreciable. Car utin medicament n'affecte pas tout le monde avec la meme force, et il regne une grandc diversik h cet Agard. On voit quelquefois une personne qui parait delicate n'Ilre presque point affect6e par un medicament qu'on sail etre tres-energique, et qui lui avait etW donne a dose 198 EXPPOS ITI ON niode'rete, tandis qu'elle l'est assez fortement par d'autres substances bien plus faibles. De meme, ii y a des sujets tre's-robustes qui e~prouvent des symptomes morbides conside~rables de la part d'agents metdicinaux doux en apparence, et qui au contraire ressentent peu les effets d'autres medicaments plus forts. Or, comine on ne sait jamais d'avance lequel de ces deux cas aura lieu, ii est "a propos que chacun de~bute par une petite dose, et qu'iI 1'augmente ensuite de jour en jour, si la chose est jugie necessaire. 130. Si d s le principe, et pour la premi "re fois, on a donne' une dose assez forte, ii re~sulte de Vt un avantage, c'est que la personne qui se soumet " a'experience apprend quel est l'ordre dans lequel se succ edent les symptames, et peut noter avec exactitude le moment oii chacun apparait, chose fort importante pour la connaissance du genie des medicaments, parce que l'ordre des effets primitifs et celui des effets alternants se montrent ainsi de ]a maniere la moins equivoque. Souvent ainsi une tre~s-faible dose suffit, quand le sujet mis en expe~rience est doue' d'une grande sensibiliti, et qu'il s'observe avec beaucoup d'attention. Quant "a la dure'e de l'action d'un medicament, on ne parvient 'a ]a connaitre qu'en comparant ensemble les resultats de plusieurs experiences. 131. Quandon est oblige., pour acquerir seulement quel~qes notions, de donner pendant plusieurs jours de suite des doses progressivement croissantes du medicament h une rneme personne, on apprend bien par j gconnaitre les divers ~ tats morbides que cette substance peut produire en gnenral, mais on n'acquiert aucun renseignement sur les s uccessions, car la (lose DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 199 suivanfe gue'rit souvent l'un oui.'autre des sympt6mes provoques par la pr~cedente, ou produit a sa place un tat oppose~. Des symptbmes de cette nature doivent ^tre not"s entre deux parentli ses, comme etant e'quivoques, jusqu'li ce que de nouvelles experiences plus pures aient de'cid6 si l'on doit voir en eux une reaction de l'organisme, un effet secondaire ou un effet alternant du medicament. 132. Mais lorsqu'on se propose uniquement la recherchie des symptoimes qu'une substance me"dicinale, faible surtout, peut produire de son chef, sans avoir (4rardl i" la succession de ces symptoimes et " la dure~e de I'action du nWhdicament, ii est prefCfrable d'augmenter journellement la dose pendant lplusieurs jours de suite. L'effet du i-nedicanent encore inconnu, meme le plus doux, se manifestera de cette manie're, surtout si on 1'essaye sur urce personne sensible. 155. Lorsque la personne qui se soumet 'i l'exp&. rience e3prouve une incommodit~ lquelconque de ]a part du medicament, ii est utile, ne'cessaire meme, pour la determination exacte du symvnptome, qu'eIle prenne successivement diverses positions et observe les changemnents qul s'ensuivent. Ainsi, elle exaniinera si par les miouvements imprim's " la fartie souffrante, par la inarche dans la chambre on en plein air, par la station str ses jamIes, par la situation assise on couchiee, le symptome augmente, diminue on se dissipe, et s'ii revient ou inon en repretant ]a premiiere position, s'il change en huvant ou mnangeanten parlant, toussant, ePternuant, on remnplissant une autre fonctioii quielconque du corps. lie doit remarquer Pgalenent 'a quelle 200 EXPOSITION heure du jour ou de ]a nuit il se montre de prefrence. Toutes ces particularites d&voilent ce qu'il y a de propre et de caracteristique dans chaque sympt6me. 154. Toutes les puissances exterieures, et principalement les medicaments, out la propriete de produire, dans l'etat de l'organisme vivant, des changements particuliers, qui varient pour chacune d'elles. Mais les symptomes propres a une substance medicamenteuse quelconque ne se montrent pas tous chez la meme personne, ni simultanement, ni dans le cours d'une meme experience; on voit au contraire une meme personne eprouver de pref6rence tantot celui-ci et tantit celui-lh dans une seconde, une troisieme experience, de manibre toutefois qu'a la quatrieme, huitieme, dixieme, etc., personne, peut-etre verra-t-on reparaitre plusieurs symrpt6mnes qui se sont montres deji chez la seconde, la sixieme, la neuvieme, etc. Les symptomes ne se remontrent pas non plus aux mimes heures. 135. Ce n'est que par des observations multipliees, sur un grand nombre de sujets des deux sexes convenablement choisis et pris dans toutes les constitutions, qu'on parvient & connaitre d'une maniere a pen pres complkte 1'ensemble de tous les elenents morbides qu'un medicament a le pouvoir de produire. On n'a la certitude d'etre au courant des symptomes qu'un agent m6dicinal pent provoquer, c'est-h-dire des facultes pures qu'il possede pour modifier et altCrer la sante de l'homme, que quand les personnes qui en font une seconde fois fessai remarquent peu de nouveauix accidents auxquels i1 donne naissance, et observent presque toujours DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 201 les memes sympt6mues seulement qui avaient 6te apercus par d'autres avant elles. 136. (Quoique, comme il vient d'dtre dit, un mcdicament mis en experience sur l'homme bien portant ne puisse manifester dans une seule personne toutes les alt6rations de sant6 qu'il est capable de produire, et ne les mette en evidence que chez un certain nombre de sujets diff6rents les uns des autres a l'egard de la constitution physique et des dispositions morales, cependant il n'en est pas moins vrai qu'une loi 6ternelle et immuable de la nature a mis en lui la tendance a exciter ces symptnimes chez tons les hommes (V. 110). De Ia vient qu'il op're tous ses effets, mime ceux qu'on le voit rarement produire chez les personnes en santl, quand on le donne a un malade atteint de maux semblables " ceux qui naissent de lui. Administre meme alors aux doses les plus faibles, ii provoque chez le malade, s'il a et6 choisi homueopathiquement, un Mat artificiel voisin de la maladie naturelle, qui guerit celle-ci d'une maniere rapide et durable). 137. Plus la dose du medicament qu'on veut essayer sera moderee, sans cependant depasser certaines bornes, plus aussi les effets primitifs, ceux qu'il importe surtout de connaitre, seront saillants; on n'apercevra mime qu'eux, et it n'y aura aucune trace de reaction de la force vitale. Nous supposons d'ailleurs que ]a personne a laquelle 1'experience se trouve confiee, aime la verite, qu'elle est mod&rde a tous 6gards, qu'elle a une sensibilite bien developpee, et qu'elle s'observe avec toute I'attention dont elle est capable. Au contraire, si la dose est excessive, non-seulement ii se nmontrera plusieurs 202 EXPOSITION reactions parmi les symptomes, mais encore les effets primitifs se manifesteront d'une maniere si precipitie, si violente c si confuse, qu'iI sera impossible de faire aucune observation precise. Ajoutons encore le danger qui peut re'sulter de la pour I'expe'rimentateur, danger que ne saurait envisag'er avec indifference celui qui respecte ses semblables et vout un fre~re jusque dans le dernier homme du peuple. 138. En supposant que toutes les conditions assigne"es prece~demment "a une experience pure pour qu'elle soil valable (V. 124-127), aient ette remplies, les incommodites, les accidents et les alterations de la santiP qui se m-ontrent tant que dure F'action d'un medicament, dependent de cette substance seule, et doivent Oire not"s comme lui appartenant en propre, quand bien meme la personne aurait longiemps auparavant ePprouve spontanement des symptomes semblables. La re'apparition de ces symptemcs dans le cours de 1'expeirience, prouve seulement qu'en vertu de sa constitution propre, cette personne a une pre"disposition toute spe'ciale ' ce qu'ils se manifestent en elle. Dans le cas present us sont des effets du medicament, car on ne peut admeitre qu'ils soient venus d'cux-memes dans un moment oi un.puissant agent me~dicinat domine l'Pconomie cntietre. 139. Quand le nehdecin n'a pas ePprouvP le reme~de sur lui-m~me, et qu'on 1'a fail essayer par une autre personne, ii faut que celle-ci Pcrive les sensations, incommodit~s, accidents et changements qu'elle Pprouve, a l'instant m(Ame oi elle les ressent. 11 faut aussi qu'elle indique le temps ecoule depuis qu'elle c apris le medicament jusqu'h la manifestation de cliaque sympt me, et DE LA DOCTRINE HOMOEOPATIIIQUE. 203 qu'elle fasse connaitre la duree de celui-ci, s'il se prolonge beaucoup. Le medecin lit ce rapport en presence de celui qui a fait l'experience, immediatement apres qu'elle est termin&e; ou si elle dure plusieurs jours, ii fait la lecture chaque jour, afin que l'experimentateur, ayant la memoire fraiche encore, puisse repondre aux questions qu'il sera dans le cas de lui adresser relativement a la nature precise de chaque sympt6me, et le mettre en etat soit d'ajouter les nouveaux details qu'il recueille, soit d'operer les rectifications et modifications necessaires (1). 140. Si Ia personne ne sait point &crire, ii faudra que chaque jour le m6decin I'interroge pour apprendre d'elle cc qu'elle a eprouv6. Mais cet examen doit se borner en grande partie I entendre la narration qu'elle lui fait d'ellemime. Le medecin se gardera soigneusement de chercher a rien deviner ou conjecturer:il questionnera le moins possible, ou, s'il le fait, ce devra &tre avec la mime prudence et la mime r6serve que j'ai recommand6es plus haut (V. 84-99) comme autant de precautions indispensables dont on a besoin pour former le tableau des maladies naturelles. 141. Mais, de toutes les exp6riences pures relatives aux changements que les medicaments simples produisent dansla sante de l'homme et aux sympt6mes morbides dont ils peuvent provoquer la manifestation chez les per(1) Celui qui communique aui public medical les rdsultats de paricilles expiriences est irespoiisable dui cairactire de la personne qui s'I est s(oumise ct des assertions In'il 'met d'apres elle. Cette resi onsabilith est de droit, p[is lU'il s'agit du hien -tre de I'humanite souffiante. 204 EXPOSITION sonnes bien portantes, les meilleures seront toujours celles qu'un mefdecin doue' d'une bonne sante, exempt de prejuge's, et capable d'analyser ses sensations, fera sur lui-meme, avec les precautions qui viennent d'etre prescrites. On n'est jamais plus certain d'une chose que lorsqu'on l'a eprouvee par soi-meme. Les expeiriences fadles sur soi-meme out encore tin avantage qu'il est impossible d'obtenir autrement. D'abord, elles procurent la conviction de cette grande verite', que la vertu curative des reme~des se fonde uniqueement sur la faculte6 dont ils jouissent de provoquer des changements dans P'etat physique et moral de l'homme. En second lieu, elles apprennent a comprendre ses propres sensations, ses pense'es, son moral, source de toute ve~ritable sagesse (yviOc asocur0v), et font acque'rir le talent de I'observation, dont un medecin ne peut se passer. Les observations faites sur autrui n'ont point le rneme attrait que celles failes sur soi-meme. Celui qui observe les autres doit toujours craindre qu'ils n'e'prouvent pas precise~ment ce qu'ils disent, ou n'exjriment pas d'une manie~re convenable ce qu'ils ressentent. 11 n'est jamais certain de n'avoir point ette trompe, du moins en partie. Cet obstacle "a la connaissance de la verite, qu'on ne peut jamais ecarter entie~rement lorsqu'on s'informe des symptomes morbides provoques chez un autre par l'action des medicaments, n'existe point dans les essais qu'on fait sur soimeme. Celui qui se met en expefrience sail au.juste cc qu'il sent, et chaque nouvel essai qu'il tente sur sa propre personne est pour Iui un motif d'etendre davantage ses recherhes, en les portant sur d'autres nehdicaments. Certain, comme ii l'est, de no pointt se tromper, ii n'en sera que plus hiabile dais F'art Si impo.rtant d'observer, DI)E LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 205 et sonii ze1e redouble en ninme temps, parce qu'il lui apprend a connaitre la veritable valeur des ressources de l'art, dont la penurie est encore si grande. Qu'il ne croie pas d'ailleurs que les petites incommodites qu'il contracte en essayant des medicaments soient prejudiciables a sa sant6. L'expearience prouve, au contraire, qu'elles ne font que rendre I'organisme plus apte a repousser toutes les causes morbides, naturelles ou artificielles, et qu'elles endurcissent contre leur influence. La sante en devient plus solide, et le corps plus robuste, comme toutes les experiences le prouvent. 142. Quant a savoir comment s'y prendre, surtout dans les maladies chroniques, qui la plupart restent semblables ' elles-memes, pour decouvrir, parmi les sympt6mes de l'affection primitive, quelques-uns de ceux qui appartiennent au medicament simple applique a la gu&rison (1), c'est li un sujet de recherches qui exige une grande capacite de jugement, et qu'il faut abandonner aux maitres dans l'art d'observer. 145. Lorsque, apr's avoir eprouv6 de cette mani"re un grand nombre de medicaments simples sur l'homme bien portant, on aura note soigneusement et fiddlement tous les 616ments de minaladie, tous les sympt6mes qu'ils peuvent produire d'eux-memes, comme puissances morbifiques artificielles, alors seulement on aura une veritable matiere mr6dicale, c'est-a-dire un tableau des effets purs (1) Les symptomes qui, dans le cours de la maladie entibre, ne se sont fait remarquer que longtemps auparavant, ou meme n'ont jamais dtti observes, qui par consequent sont nouveaux, appartiennent au remide. 2w06 EXPOSITION et infaillibles (1) des substances medicinales simniples. On possedera ainsi un codex de la nature, dans lequel seront inscrits un nombre consid6rable de symptomes proprcs a chacun des agents qui auront ete mis en experience en suivant cette methode et qui auront ete ainsi rev1eils a l'attention de l'observateur. Or, ces sympt6mes sont les elements homneopathiques des maladies artificielles avec le secours desquelles on guerira un jour ou l'autre ces maladies naturelles semblables. Ce sont les seuls vrais instruments homceopathiques, c'est-a-dire sp6cifiques, capables de procurer des guerisons certaines et durables. 144. Que tout cc qui est conjecture, assertion gratuite ou fiction, soit sevierement exclu de cette minatire medicale. On n'y doit trouver que le langage pur de la nature interrogee avec soin et bonne foi. 145. 11 faudrait assurement un nombre tres-consid&rable de medicaments dont on conmit bien l'action pure sur les personnes en sante, pour que nous fussions en etat de trouver contre chacune des innombrables maladies naturelles qui assiegent l'homme, contre chaque diathese un remnde homceopathique, c'est-a-dire une puissance morbifique artificielle (curative) qiui lui ffit analogue (2). (1) Dans ces derniers temps, on a confid le soin d'expdrimenter les m'dicaments a des personnes inconnues et iloignees, qui se faisaient payer pour remplir cette tache, et dout on publiait ensuite les observations. Mais cette rmdthode semble ddpouiller de gairantie morale, de certitude et de toute valeur reelle, cct important travail sur lequel doivent reposer les bases de la seule vraic mddeciue. (2) Jc fMs d'abord soul i faire de 1'tlude des effets puis u ies sindicaments ]a priucipale et la plus irnportaulte do, mes occupations. Depuis, j'ai 't6 aidW par quelques jeunes mudecius, dout j'ai scrupulousemnint DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 207 Cependant, grace a la multitude d'61kments morbides que cliacun des medicamnents energiques dont on a fait l'essaijusqu'd present sur des sujets sains, a de'jh permis d'observer, il ne reste plus des aujourd'hui que peu de maladies contre lesquelles on ne puisse trouver, parmi ces substances, un remede homceopathique passable (1), suffisamment 3prouve quant a ses effets purs, qui retablisse la sante d'une maniere douce, sire et durable, sans devclopper d'accidents particuliers, c'est-h-dire avec infiniment plus de certitude qu'on n'en aurait en recourant aux th6rapeutiques generales et sp&ciales de la medecine allopathique, dont les melanges de medicaments inconnus ne font que denaturer et aggraver les maladies chroniques, et retardent plut6t qu'ils n'accelekrent la guerison des maladies aigues. 146. Le troisihme point de la tache d'un v6ritable medecin est d'employer les puissances morbifiques artificielles (medicaments) dont on a constate les effets purs sur l'homme sain, de la manidre la plus convenable pour operer la gudrison homowopathique des maladies naturelies. -147. Celui d'entre ces medicaments dont les sympt6mes connus ont le plus de ressemblance avec la totalite de ceux qui caracte~risent une maladie naturelle donnee, celui-la doit tre le remede le mieux approprie, examind les observations. Mais que ne parviendra-t-on pas " ope'rer, en fait de gudrisons, dans l'immense domaine des maladies, quand de nombreux observateurs, sur lexactitude desquels on pourra compter, auront contribud de leurs recherches sur eux-mnemes ' enrichir celte matiere mddicale, la seule qui soit vraie! L'airt de gueir se rapprochera alors des sciences mathdmatiques, sous le rapport de la certitude. (1) Voyez ci-dessus, 121, la note. DE LA DOCTRINE IIOMOEOPATH[QUE. 209 a e't bien faite. ]a maladie naturelle aiguc dont on veut se debarrasser, quelque maligne et douloureuse qu'elle puisse e"'tre, se dissipe en peu d'heures, si elle est re"cente, et en un petit nombre de jours, si elle est un peu plus ancienne; sans qu'il reste aucune trace de malaise. On n'7 apercoit alors aucun ou presque aucun vestige de la mainemes, qu'on proce~de avec beaucoup de circonspection, et qu'on ne prenne, enfin. son parti qu'apre's avoir se'rieusement pesd une, multitude de circonstances diverses. La plus belle rdeompense de celui qui s'y livre est le repos d'une conscience assur~e d'avoir rempli fide~lement ses dcvoirs. Comment un travail si minuticux, si pdnible, et cependant seul apte "a mettre en dtat de gue'rir sctrernent les maladies, pourrait-il plaire aux partisans de la nouvelle secte baltarde qui prennent le noble titre d'homoieopathes, paraissent donner leurs mddicaments sous la forme que prescrit 1'hornoeopathie et 'a son point de vuc, mais qui en re~alite' prescrivent les medicaments pour ainisi dire 'a la vole'e (quidquid in buccam venit), et qui, lorsque le remeade choisi h faux ne soulage pas sur-le-champ, s'en prennent non h leur impardonnable incurie, "a leur n~gligence, 'a leur medpris des intedrets les plus grands de l'homnme, mais h ]a doctrine elle-me~me, qu'ils accusent d'imperfection? (Celle-ci, il est vrai, ne leur enseigne pas, saris qu'ils se donnen tqueique peine, quel est le remede reellement hommoopathique "a un cas dounne de maladie.) Ces habiles gens se consolent biento~t de l'insucce~s des moyens a peine a demi homoeopathiqucs quL'ils emploient, en recourant de suite, aux proce'des de l'allopathie, qui leur sont plus familiers, a quelques douzaines de sangsues, a d'innocentes saignecs de huit onces, etc. Si le malade survit, ius prennent 1'air tout 'a fait important, vantent leurs, sangsues, leurs saign~es, etc.; s'e'crient qu'on n'aurait pu le sauver par aucuine autre me'thode, donniant clairement a entendre que ces moyens cmnprunt6s, sans grand travail de teate, 'a la routine de 1'ancienne e'colc, ont eu au fond tout l'honneur de la cure. S'iI succombe, ce qui nWest pas rare, uls consolent de leur mieux Ics proches, en disant qu'on n'a rien ni6glige" de cc qu-'il e'tait liumainemnent possible de faire pour le sauver. Qui voudrait faire h ces homnnies inconside'rds et dangereux Phonn11-eur dc ics admeltre parmi les adeples dcelFart pednible, mais salutaire, auquci on donne le* nomn de m~decine homoeopathique? Ils mdriteraient, pour Icur clidtirnent, qu'on les traitalt de mrnie n ils sont malades. 14 210 EXPOSITION ladie artificielle ou medicinale, et la sante se retablit par une transition rapide, insensible. Pour ce qui est des maux chroniques, et principalement de ceux qui sont compliqus, ils exigent plus de temps pour guerir. Les maladies medicinales clhroniques que la mnudecineallopathique engendre si souvent i% cct6 de la maladie naturelle qu'elle n'a pu d6truire, en demandent surtout un tres-long, et sont meme frequemment renducs incurables par les soustractions de force et de sues vitaux qui sont le resultat des pretendus moyens de traitement dont les partisans de cette medecine affectionnent l'emploi. 150. Si quelqu'un se plaint d'un ou deux sympt6mes peu saillants, dont if ne se soit apercu que depuis pen, le medecin ne doit pas voir en cela une maladie parfaite, qui reclame serieusement les secours de l'art. Une petite modification apportee an r6gime et au genre de vie suffit ordinairement pour dissiper de si 16geres indispositions. 151i. Mais 'quand les symptomes peu nombreux dont se plaint le malade ont beaucoup de violence, le madecin observateur en decouvre ordinairement plusieurs autres encore, qui sont moins bien dessines, et qui lui donnent une image complkte de la naladie. 152. Plus la maladie aigu est intense, plus les sympt6mes qui la composent sont ordinairement nombreux et saillants, et plus aussi il est facile de trouver un rem'de qui lui convienne, pourvu que les mndicaments connus dans leur action positive, entre lesquels on doit choisir, soient cn nombre suffisant. Parrmi les series de synipt6mes d'un grand niombre de medicaments, ii n'est DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 211 pas difficile d'en trouver un qui contienne des elements morbides dont on puisse composer un ensemble de caracteres tres-analogue i la totalite des sympt6mes de la maladie naturelle qu'on a sons les yeux. Or c'est justement ce medicament qui est le remnde d6sirable. 153. Quand on cherche un rembde hommcopathique specifique, c'est-a-dire quand on compare l'ensemble des signes de la ma lladie naturelle avec les series de symptAmes des i:ndicaments bien connus, pour trouver parmi ces derniers une puissance morbifique artificielle semblable au mal nalurel dont la guerison est en problkme, ii faut surlout et presque exclusivement s'attacher aux sympt6mes frappants, singuliers, extraordinaires et caracteristiques (1), car c'est t ceux-la principalement que doivent repondre des symptomes semblables dans la serie de ceux qui naissent du mn6dicament qu'on cherche, pour que cc dernier soit le remede a l'aide duquel ii convient le mieux d'entreprendre la guerison. Au contraire, les symptlmes g6neraux et vagues, comme le maique d'appdtit, le mal de tAte, la langueur, le sommeil agite, le malaise, etc., meritent peu d'attention, parce que presque toutes les maladies et (1) M. de Benninghausen a rendu un grand service a l'homceopathie, par la publication de ses ouvrages. (Tableau de la principale sphere d'action et des proprieftes caracieristiques des remedes antipsoriques, trad. de l'allemanid, Paris, 1834, in-8. - L'Appendice " la derniie're 6dition de son Repertoire systematique et alphabdtique des medicaments antipsoriques compretnd aussi les mrndicaments antisyphilitiques et antisycosiques. - Manuel de tlihdrapeutique medicale homceopathique pour servir de guide au lit des mnalades et a l'dtude de la matiere medicale pure, traduit de l'allemand par le docteur Roth, Paris, 1846, in-12.) 212 E(XPOSITION presque tous les irn~dicaments produisent quelque chose d'analogue. 154. Plus la contre-iinage forme~e avec la se~rie des symptbmes du medicament qui parait meriter ]a pref&f6 rence, en renfermera de semblables 'a ces symptornes extraordinaires, marquants et caracte'ristiques de la maladle naturelle, plus la ressemblance sera grande de part et d'autre, et plus aussi ce medicament sera convenable, homceopathique, spe~cifique dans la circonstance. lne maladie qui n'existe pas de tre~s-longue date ce~de ordinairement, sans de graves incommoditis, a la premie~re dose de cc remeade. 155. Je dis sans de graves incommodites, parce que, (uand un remeade parfaiterent homceopatliique agit sur le corps, ii n'y a que les symptomes correspondants i" ceux de la maladie qul soient efficaces, qui travaillent a aneantir ces derniers en prenant leur place. Les autres symptomes, souvent nombreux, q.ue la substance medicinale fait naitre, et qui ne correspondent 'a rien dans la maladie pre~sente, ne se montrent presque pas, et le malade va mieux d'heure en heure. La raison en est que ]a dose d'un me~dicanient dont on veut faire une application hornoeopathique n'ayant besoin pie d'etre tre~s-exigue, la substance se trouve beaucoup trop Caible pour manifester ceux de ses symptomes qui ne sont point homoeopathiques dans les parties du corps exeiptes de la maladie. Elle ne laisse donc agir que ses sympt6mcs homocopatbiques sur les points de l'organisme qui sont d'j* ci"e proie h l'irrilation resultant des symptomes analogues de Ia maladie niaturelle, afin d'y provoquer la force vitale nalade a faire DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 213 naitre une affection medicinale analogue, mais plus forte, qui eteint la maladie naturelle. 156. Cependant il n'y a presque pas de remede homoeopathique, quelque bien choisi qu'il ait ete, qui, surtout a dose trop peu attenuee, ne produise au moins, pendant la duree de son action, des incommodites legeres, ou quelque petit sympt6me nouveau, chez des malades fort irritables et tres-sensibles. II est presque impossible, en effet, que les symptomes du medicament couvrent aussi exactement ceux de la maladie qu'un triangle peut le faire a l'egard d'un autre qui a des angles et des c6tes egaux aux siens. Mais cette anomalie, insignifiante dans un cas favorable, est effacee sans peine par l'energie propre de I'organisme vivant, et le malade ne s'en apercoit meme pas, a moins qu'il ne soit d'une delicatesse excessive. Le retablissement de la sante n'en marche pas moins, s'il n'est entrave par des influences medicinales etrangeres, des erreurs de regime, ou des passions. 157. Mais, quoiqu'il soit certain qu'un remade homoeopathique administre a petite dose aneantit tranquillement la maladie aigue qui lui est analogue, sans manifester ses autres sympt6mes non homoeopathiques, c'est-a-dire sans exciter de nouvelles et graves incommodites, cependant il lui arrive presque toujours de produire, peu de temps apres avoir ete pris par le malade, au bout d'une ou plusieurs heures, une sorte de petite aggravation (mais qui dure plus longtemps, si la dose a ete trop forte), qui ressemble tellement a l'affection primitive que le sujet lui-meme la prend pour un redoublement de sa propre maladie. Mais ce n'est en realite qu'une ma 214I EXPOSITION ladie me'dicinale fort analogrue an mal primitif et le sur-. passant un peu en intensit6. 158. Cette petite aggravation homceopalhique du mal durant les premie'res heures, heureux presage qui la plupart du temps annonce que la maladie aigue** ce'dera "' la premh "re dose, est tout 'a fait dans la retgle: car la maladie m, dicinale doit naturellement Atre un peu plus forte que le mal t l'extinction duquel on la destine, si l'on veut qu'elle le surmonte et le guerisse, comme aussi une maladie naturelle ne pent en de"truire et faire cesser une autre qui lui ressemble que quand elle a plus de force et d'intensite qu'elle (~ 43-48). 159. Plus la dose du remade homoeopathique est faible, plus aussi l'augmentation apparente de la maladie, dans les premhe'res heures, est legriere et de courte duree. 160. Cependant, comme ii est presqne impossible d'attk~nuer assez la dose d'un remeade homceopathique pour que celui-ci ne soit plus susceptible d'amender, de surmonter et de gue'rir parfaitement la maladie naturelle qui lui est analogue, pourvu que celle-ci n'existe pas depuis longtemps, et qu'elle ne soit pas sans ressources (voyez la note 249), on con~oit sans peine que toute dose de ce medicament qui n'est pas le plus petite possible, puisse encore occasionner une aggravation hornmwopa-. thique durani la premie~re heure qni s'e'coule apre~s que le malade I'a prise. Cette pre"pond erance des symptomes medicamenteux sur les syrptoiines miorbides naturels, qui ressemble "a uiie exaspeiation de ]a maladie, a e'ti. remarqtuee aussi par d'autres me'decins, quand le tiasard les mettait sur la voic d'un reme~de homceopathiqne. Lorsqu'apre1 s avoir DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 215 pris du soufre, le galeux se plaint de ce que 1'eruption augmente, le medecin, qui n'en sait point la cause, le console en lui disant qu'il faut que la gale sorte tout entiere avant de pouvoir guerir; mais ii ignore que c'est un exantheme provoque par le soufre qui prend l'apparence d'une exasperation de la gale. Leroy (Me'decine maternelle, ou l'Art d'e'lever les enfants, pag. 376) nous assure que la pensee (viola tricolor) commenta par faire empirer une eruption a la face dont elle procura plus tard la guerison; mais ii ne savait pas que ce redoublement apparent du mal provenait uniquement de cc qu'on avait administire a trop forte dose le mbdicament qui, dans ce cas, se trouvait homoeopathique. Lysons (Med. Trans., vol. II, Londres, 1772) dit que les maladies de peau qui c'dent le plus siirement i l'ecorce d'orme, sont celles que cette substance fait augmenter au commencement. S'il n'avait pas, suivant l'usage de la medecine allopathique, administr(6 l 'corce d'orme " (des doses enorrmes, mais que, comme l'exigeait son caractere homceopathique, il l'euit fait prendre a des doses extremement faibles, les exanthemes contre lesquels il la prescrivait auraient gueri sans eprouver cet accroissement d'intensite (aggravation homoeopathique), ou du moins n'en auraient subi qu'un tres-peu prononc6. 161. Si je rapporte ia la premiere ou aux premieres heures 1'aggravation hommopathique ou plutt l'action primitive du remede hommPopathique paraissant accroitre uin pen les sympt6mes de la maladie tiaturelle, ce delai s'applique aux affections aiaues et survenues depuis peu (1). Mais (quand des niedicaiuents dont IVaclion se (0 Quoiquc l'effet des midicarnmts qui sont dloues par tcix-mnrmes 216 EXPOSITION prolonge beaucoup ont a combattre une diathese ancienne et tres-ancienne, que par consequent une dose doit continuer a agir pendant plusieurs jours de suite, alors on voit saillir de temps en temps, durant les six, huit ou dix premiers jours, quelques-uns des effets primitifs de ces medicaments, quelques-unes de ces exasperations apparentes des sympt'ines du mal primordial, qui durent une ou plusieurs heures, tandis que l'amnendement gdneral se prononce d'une pianiere sensilble dans les intervalles. Ce petit nombre de jours une fois ecoule, 1'ameilioration produite par les effets primitifs du medicament continue encore pendant plusieurs jours, presque sans que rien la trouble. 162. Le nombre des medicaments dont on connait exactement F'action veritable et pure etant tres-limith encore, il arrive quelquefois qu'il n'y a qu'une portion des sympt6mes de la maladie a guerir qui se rencontre dans la s6rie des symptUimes du medicament le plus homoeopathique, et que, par consequent, on est olblige d'employer cette puissance morbitique artificielle imparfaitement connue, i defaut d'une autre qui le soit davantage. 163. Dans ce cas, il ne faut pas esperer du remede dlont on se sert une guerison complete et exemple d'inconvenients. On voit survenir pendant son emploi quelques accidents qui ne se remarquaient point auparavant de l'action la plus prolongde, se dissipe rapidement dans les maladies aigues, et tres-rapidement dans les maladies sur-aigues, ii duire longtemps dans les affections chroniques (provenant de la psore), et de Ia vient que les midicaments antipsoriques n piroduisent souvent pas cette exaspiration homoeopathiqiie dans les prernmires houmes, mais la ddterminent plus lard et ai des houres diff6rentes des huit ou dix premiers jours. DE 1A DOC"TRINE 1!IOMOFOPATIIIQUE. 21 217 dan s la maladie, et qui sont des symptomes accessoires de'pendants d'un me~dicament imparfaitement approprie". Cet inconvenient n' eMpeche pas, ii est -vrai, que le remede n'aneantisse une grande partie du mal, c'est-at-dire les sympto~mes morbides semblables aux symptomes medicinaux, et qu'll ne re'sulte de lai un commencement Ibief prononce' de gue'rison; mais on Ii'e observe pas moins la provocation de quelques inaux accessoircs, qui senlernent sont toujours tre~s-mode~res quand on a soin d'atte~nuer assez la dose. 164. Le petit nombre de sympto*mnes hiomceopathiques qju'on rencontre parmi ceux dii medicamnent auquel l'absence d'un autre mieux approprier oblige de recourir, ne nuil jamais h 'I]a gue~rison, quand ii se compose en grande partie des syrnplo'mes extraordinaires qui distinquent et caracterisent la mnaladie; la gue'rison ne s'ensuit pas momns, sans de grandes incommodite~s. 165i. Mais quand, parmi les sympto'mes du me'dicament choisi, ii ne s'en trouve aucun qui ressemble parfaitement aux sympto'mes saillants et caracte~ristiques de la maladie, que le me~dicament ne correspond a cette dernie~re quU~ 'a"1g'ard d'accidents ge'neraux et vyagues (mal de cceur, langueur, mal de teate, etc.), et que, parmi les mehdicaments connus, ii n'y en a pas de plus homceopathiqiue dont on puisse faire choix, le rn~decin ne doit pas s'attendre "a un re'sullat a-vantageux imme'diat de l'adrmini stration d'un reru~de si peU homeeopathique. 166. Ce cas est cependant fort rare, parce que le nomibre des miedicantents dont on counai~t les effets purs a beaucoup augmente' dans ces derniers temps, et qi.iand 218 EXPOSITION ii se rencontre, les inconvenients qui en decoulent diminuent des qu'on peut employer ensuite un rem de dont les sympt6mes ressemblent davantage a ceux de la maladie. 167. En effet, si l'usage du remede imparfaitement homoeopathique, dont on se sert d'abord, entraine des maux accessoires de quelque gravitd, on ne permet pas, dans les maladies aiguis, que la premiere dose accomplisse son action tout entiere; avant qu'clie F'ail epuisee, on examine de nouveau 1'etat modifie du malade, et l'on joint ce qui reste des symptomes primitifs aux sympt6mes recemment apparus, pour former du tout une nouvelle image de la maladie. 168. On trouve plus aisement alors, parmi les medicaments connus, un rembde analogue, dont ii suffira de faire usage une seule fois, sinon pour detruire tout h fait la maladie, du moins pour rendre la guerison bien plus prochaine. Si ce nouveau medicament ne suffit pas pour ramener complhtement la sante, on recommence a examiner cc qui reste encore de l'etat maladif, et 1'on choisit ensuite le remrde homoeopathique le mieux appropri6 a la nouvelle image qu'on obtient. On continue de mrme jusqu'd ce qu'on soit arrive au but, c'est-a-dire a rendre au malade la pleine jouissance de la sante. 169. II peut arriver qu'en examinant une maladie pour la premii"re fois, et choisissant pour la premiere fois aussi le remede, on trouve que la totalite (les symptoimes n'est pas suffisamment couverte par les clements morbifiques d'un seul mkdicament, ce qui tient an petit nombre de ceux dont F'action pure est hien conmiue, et que deux rem'des rivalisent de convenance, 'un (tant homtcopathique poiu telle partie des sympt6mes de la maladie, le DE LA DOCTRINE IOMOEOPATHIQUE. 219 second I' tant davantage pour telle autre. Cependant ii n'est pas proposable d'employer d'abord celui de ces deux remePdes qu'on jugrerait 1re ' le plus convenable, puis de donner aussitot aprers le second, parce que, les circonstances ayant change, celui-ci ne conviendrait plus au reste des symptomes encore subsistants. En pareit cas ii faudrait examiner de nouveau 1'eAat de ]a maladie, pour juger, d'apres 1'image qu'on s'en formertait, le reme~de qui homwcopathiiqumrent conviendrait alors le mieux " son nouvel Mtat. 170. Ici, comme tontes les fois qu.'un changement a eu lieu dans h'etat de la maladie, ii faut donc rechercher ce qui reste encore actuellement des symptrmes, et choisir un remelde aussi convenable, aussi homceopathique que possible au nouvel edat present du mal, sans avoir nul e'gard an me~dicament qni, dans t'origine, avait paru 'tre le reileur apr's celni dont on s'est re'ellement servi. 11 n'arrivera pas souvent que le second des deux rem des qu'on avait d'abord juge's convenwhies, le soil encore " ce moment. Mais si, apre's un nouvel examen de l'edat du malade, on tronvait qu'alors encore il lui convint, cc serait un motif de plus pour lui accorder la prefirence. 171. Dans tes maladies chroniques non veneriennes, celles qui par consequent proviennent de la psore, on a souvent besoin, pour gue'rir, d'employer t'un apre~s l'autre plusicurs reme'des, dont chacun, soit qu'on n'en donne qlu'une seute dose, soil qu'on le re'pede plusicurs fois de suite, (toil du1te choisi hionweopathique au groupe de symptolmes qtui subsiste encore apre's que le precedent a Vpuise son action. 172. ITne difficiliu' scmhlabhle naiL diu trop petit 220 EXPOSITION nombre des symplrnes de la maladie, circonstance qui merite (egalement de fixer l'attention, puisqu'en parvenant a l'ecarter, on lIve presque ltoutes les difficultls qu'a part la penurie de remndes homoeopathiques connus, peut presenter cette medecine la plus parfaite de toutes les mdthodes curatives. 173. Les seules maladies qui paraissent avoir peu de symptomes, et par 1I se preter plus difficilement a la gu&rison, sont celles qu'on pourrait appeler parlielles, parce qu'elles n'ont qu'un ou deux symptimes principaux et saillants, qui masquent presque tons les autres. Ces maladies sont la plupart chroniques. 174. Leur sympt6me principal peut dtre ou une douleur interne, par exemple une cephalalgie datant de plusieurs annbes, une diarrhee invedtrie, une ancienne cardialgie, etc., on une lesion externe. Ces derni res affections sont celles qu'on appelle plus particulibrement maladies locales. 175i. Pour ce qui est des maladies partielles de la premi"re espice, le defaut d'attention de ]a part du medecin est souvent la seule cause qui l'empiche d'apercevoir completement les symptomes a l'aide desquels it pourrait completer le tableau de la maladie. 176. 11 est cependant quelques maladies, en petit nombre, qui, malgre( tout le soin avec lequel on les examine dans le principe (~ 84-98), ne montrent qu'un ou deux symptlmes forts et violents; tons les autres n'existant qu'a un degr6 peu prononc6. 177. Pour traiter avec succes ce cas, qui d'aillcurs se presente fort rarement, on commence par choisir, d'a DE LA DOCTI~iNE HOMOEOPATH IQUE. 21 22t pries l'inidication des symptom-es peu nombreux qu'on apercoit, le medicament qui parait e're le plus homoeopaihique. 178. 11 pourra se faire quelquefois, 'a la ve'rit6', que ce remede, echoisi en observant avec soin la loi homoeopathique, offre la maladie artificieiie que son analogyie avec ]a mnaladie naturelle rend propro "a ope~rer ]a destruction do cette derni "re, et cola sera d'autant Iplus possible, que. les rares sympto~mes do ]a maladic seront plus saillants, lplus prononce~s, plus caracte'risti( ines.179. Mais ce qui arrive bien Iplus fre"querntnen1, c'est (1u~e ce me1dicament no con viendra qu'en partie "a la maladie, et qu'il ne s'y adaptera pas d'une manie~re exacle, parce que lo choix n'aura pu e&tre failt d'apre~s un nombre suffisant de sympto'mes. Alors, ce nmedicament qui avail d6te choisi aussi exacteinent quo possible, mais (lui n'e'ail pas comple~lement homceopathique, n'd'ant pas, dans sos ediets purs, tout "a fail analogue h' la maladie, cola pour les motifs. quo j'ai indique's plus haul, provoquera dos maux accessoiros, comme dans le cas (V. ~ 162 et. suivants) oh" le choix est rendu imnparfait par la penurie do reme~dos homoeopathiques. 11 fera donc nai'tro plusiours accidents apparlenant. "a la se~rie do sos propros symplomes. Mais ces accidents sont e'yalemiew lprOJpCesa" la maladie elle-me'me, bien quo le malade no s'en solt point apercu jusqu'a" ce moment, ou qu'iI no los ail eicore eprouves quo raremont. Co soul ou des symptonies nouveaux qui viennent "a so de'velopper, ou d'auti~os (jUi. acquie~rent une intonsite" plus grande, ajpres avoir C'chafpp' au ralade qui los avait jusque-lh mie'connjus ou a porno retmatques. 222 EXPOSITION 181. On objectera peut- tre que les nmaux accessoires et les nouveaux sympt6mes de maladie qui paraissent alors, doivent 6tre mis sur le compte du remede qui vient d' tre administr6. Telle est leur source en effet (1). Sans doute ils proviennent de cc remnede (V. ~ 105); mais ils n'en sont pas moins des sympt6mes que la inaladie etait apte, par elle-mime, a produire chez Ic sujet; et le midicament, en sa qualit6 de provocateur d'accidents semblables, les a seulement fait lclore, les a determines a paraitre. En un mot, la totalit6 des symnptmes qui se montrent alors doit &tre consid6ree conmme appartenant a la maladie meme, comme etant son veritable 6tat actuel, et c'est sous ce point de vue qu'il faut l'envisager aussi en la traitant. 182. C'est ainsi que le choix des medicamients, presque inevitablement imparfait a cause du tres-petit nombre de sympt6mes presents, rend cependant le service de completer l'ensemble des symptimes de ]a maladie, et facilite de cette mani"re la recherche d'un second remide plus homoeopathique. 185. A moins done que la violence des accidents nouvellement developpes n'exige de prompts secours, cc qui doit Atre rare, a cause de l'exiguitk des doses homoeopathiques, et l'est surtout dans les maladies tris-chroniques, il faut, quand le premier medicament n'opere plus rien d'avantageux, tracer un tableau nouveau de la maladie, decrire avec exactitude le status morbi, d'apres lequel on (1) A moinris qu'ils ne soient dus a un girand (cart de rdgime, h une passion violente, ou h utin motivement tumnultueux dans l'organisine, comme l'dlablissernent ou la cessation des regles, la conception, I'accouchement, etc. C__ DE LA IDOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 2 223 choisit un second rem de homoeopathique qui soit justement conforme a son etat actuel. Ce choix sera d'autant plus facile que le groupe des symptomes est devenu plus nombreux et plus complet (I). 184. On continue de m&me, apris l'effet complet de chaque dose, a noter I'tat de cc qui reste de la maladie, en signalant les sympt6mes encore subsistants, et I'image qui resulie de 1M sert h trouver un nouveau remcde aussi hommopathique que possible. Celte marche est celle qu'il faut suivre justqu'a Ia guerison. 185. Parmi les maladies partielles, celles qui sont appelkes locales tiennent une place importante. On entend par 1a les changements et les souffrances qui surviennent aux parties exterieures du corps. L'ecole a enseign) jusqu'ici qu'il n'y avait que ces parties extkrieures qui fussent affectees en pareil cas, et que Ic reste du corps ne prenait point part " la maladie, proposition absurde en theorie, et qui a conduit aux applications therapeutiques les plus pernicieuses. 186. Celles des maladies dites locales dont I'origine est recente, et qui proviennent -uniquement d'une blessure extkrieure, semblent etre les seules qui aient des titres reels a ce nom. Mais il faut alors qie la lesion soit fort peu grave et sans importance; car, quand elle est (1) Un cas tris-rare dans les maladies chroniques, mais qiui se rencontre assez souvent dans les affections aigues, est celui oil, nialgrd I'exiguitd des symptimes, le malade so sent ndanmoins foirt mal, de maniere qu'on peut atltribuer cot tat i l'engourdissement de la sensibilitd, qui ne permet pas an sujot do percevoir nettement ses douIcuirs. En patoil cas, l'opium fait cesser cet elat de stupeur du systime neriveux, et les sympl6nies de la maladie se dessinent clairement pendant la rdaction de l'organisme. 224 EXPYOSITION plus profonde, 1'organisme vivaut tout entier s'en ressent, la fievre se declare, etc. C'est "a la chirurgie qu'il appartient de traiter ces naux, en taut qu'il faut porter des secours mkcaniques aux parties soufirantes pour e~carter et anieantirles obstacles &galement me aniques "i la gue"rison, qu'elle-nerne ne doit atteudre que de la force vitale. Ici se rangent, par exemple, les reductions, la reunion des plaics, l'extraction des corps e3trangers qui out penetr6 dans les parties vivautes, l'ouverture des cavike~s splanchniques, soil pour eulever un corps qui est "a charge " l' Yconouie, soil pour procurer issue "a des e"panclhenients ou collections de liquides, la coaptation des bouts d'un os fractur6, ]a consolidation d'une fracture, au moyen d'un bandage approprie", etc. Mais quand, " a'occasion de pareilles lesions, I'orgauisme entier re~clame des secours dynamiques actifs pour e'tre mis en e&tat d'accomplir l'oeuvre de la guerisou, ce qui arrive presque toutjours (uand, par exemple, on a 1esoin de recourir " des tuedicaments internes pour meltre fin i" une fid'vre violeute provenant d'uue grande meurtrissure, d'une dilace~ratioii des parties molles, chairs, tendons et vaisseaux, quaud ii faut coinbattre la douleur cause& par une bri'lure ou par une cauteirisation, alors commenceut Jes fonctions du medeciu dynamiste, et les secours de I'homeeopathie deviennent ne'cessaires. 187. Mais ii en est tout autrement des maux, changements et souffrances qui survienneut i" la surface du corps sans avoir pour cause une violence exerce&e du dehors, oti du moins ' la suite d'une ldsion extrieure presque irsignifiaute. Ces maladies ont, leur source dans une affection inteIr ieure. 11 est doiic aussi absurle que dangereux Dh LA DOCTRINE LIOMMOEOATLIQUI~. 22 2 2 5' de les donner pour des syrnpt omes purement locaux, et de les traiter exciusivenient, on 'a peu pres, par des applications topiques, coinme s'il s'agissait d'un cas chirurgical, ainsi que l'ont fait jusqu'a& present les me'decins de tous les si ecles. 188. On donue & " ces maladies l'e'pithe'te de locales parce (ju'on les croit des affections exciusivement fixees aux parties exthiieures; on pense que l'organisme y prend peu ou point de part, en qucique sorte coinme s'iI en 0ignorait l'existence (1). 189. Cependant it suffit de la moindre re'lexion pour concevoir qu'un mal externe qui n'a point ete6 occasionne' par une grave violence exerce~e du dehors, ne peut ni naitre, ni persister, ni moins encore empirer, sans une cause interne, sans la cooperation de l'organisme entier, sans, par consequent, pie ce dernier soit malade. 11 ne saurait se manife-ster si la sante generate n'd" ait de'saccorde'e, si la force vitale doininante, toutes les parties sen. sibles et irritables, bus les orgranes vivants du corps n'y prenaient part. Sa production ne serait me"me pas concevable, si ielle 'etait le re~sultat d'une alte~ration de ]a vie entie~re, tant les parties du corps sont intimernent 1ie~es les uties aux autres et forment un tout indivisible, eu egard "a la sensibilite" et "a l'activit6. II1tie peut pas survenir une eruption aux kevres, un panaris, sans que, pr~cedemment et sirnultane'ment, il y ait,(quelque de'rangement, inte'rieur chez le sujet. 190. Tout veritable traitetnent ine'dical d'un maf sur01) C'st Ft utie des nonitweuses el periicieuses ahsurdit~s de I'anciewie koei. 16 226 EXPOSITION venu aux parties exterieures du corps sans violence exercee du dehors qui y ait donne" lieu, doit done avoir pour but l'anebantissement et la guerison, par des remides internes, du mal general dont l'organisme entier souffre. C'estde cette manibre seulement qu'il peut tre rationnel, stir, heureux et radical. 191. Cette proposition est mise hors de doute par 1'experience, qui montre que dans ces soi-disant maladies locales tout rembde interne 6nergique produit, immrdiatement apris avoir t6e administr6, des changements consid6rables dans l'6tat general du malade, et en particulier dans celui des parties exterieures affect6es (que la m6decine vulgaire regarde comme isolees), lors meme que ces parties sont situees aux extr6mit6s du corps. Et ces changements sont de la nature la plus salutaire: ils consistent dans la guerison de l'homme tout entier, laquelle fait disparaitre en meme temps le mal local, sans qu'il soit necessaire d'employer aucun remede extlrieur, pourvu que le rembde int6rieur qu'on dirige contre l'ensemble de la maladie ait e6t bien choisi et soit parfaitement homoeopathique. 192. La meilleure manibre d'arriver a ce but consiste, quand on examine le cas de maladie, a prendre en consideration non-seulement le caractere exact de l'affection locale, mais encore toutes les autres alt6rations qui se remarquent dans l'6tat du malade sans qu'on puisse les attribuer a l'action des m6dicaments. Tous ces sympt6mes doivent Ptre r6unis en une image complkte, afin qu'on procede at la recherche d'un rembde homceopathique convenable parmi les medicaments dont on connait les sympt6mes morbides artificiels. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 227 193. Ce remade, donna uniquernent a I'interieur, et dont une seule dose suffira, si le mal est d'origine recente, guerit simultanement ]a maladie genDrale du corps et I'affection locale. Un pareil effet de sa part doit nous prouver que le mal local dependait uniquement d'une maladie du corps entier, et qu'il faut le considerer comme une partie inseparable du tout, comme un des sympt6mes les plus considerables et les plus saillants de la maladie generale. 194. It ne convient ni dans les affections locales aigues qui se sont developp6es rapidement, ni dans celles qui existent deji de longue date, de faire l'application sur la partie malade d'aucun topique quelconque, fit-ce m me la substance qui, prise interieurement, serait homceopathique ou specifique, et quand bien rmine on administrerait simultandment cet agent medicinal a l'interieur. Car les affections locales aiguis, comme inflammations, drysipeles, etc., qui ont te produites non par des lesions externes d'une violence proportionnee a la leur, mais par des causes dynamiques ou internes, cadent d'ordinaire aux remedes interieurs susceptibles de faire naitre un 6tat de choses interne et externe semblable a celui qui existe actuellement (1). Si elles ne disparaissent pas tout a fait par 1l, si, malgre la regularite du genre de vie, il reste encore quelque trace de maladie que la force vitale n'ait point le pouvoir de ramnener aux conditions de l'etat normal, alors l'affection locale aigu6 tait, ce qui arrive assez souvent, le produit du r'veil d'une psore jusqu'alors comme assoupie dans l'interieur de l'organisme, (1) Par exemple I'acoiiit, le rhus, la belladonne, le miercuret, ci.Voyez P'ouvrage du docteur A. Teste, Syslematisation pratique le ela matiere mdicale hoanceopathique, Paris, 1853, in-8. 228 EXPOSITION et qui est sur le point de se manifester sous la forme d'une maladie chronique. 193. Dans ces cas, qui ne sont point rares, ii faut, pour obtenir une gue~rison radicale, diriger un traitement antipsorique approprie " la fois et contre les affections qui persistent encore, et contre les symptomes que le malade eprouvait ordinairement par le passe, comme je l'ai indique" dans mon Traite des maladies chroniques. Du reste, le traitement antipsorique interne est seul necessaire dans les affections locales chroniques qui ne sont pas manifestement ve~ne~riennes. 196. On pourrait croire que la gue~rison de ces maladies s'effectuerait d'une mnaniere plus prompte, si le moyen reconnu homoeopathique pour la totalit6 des sympt6mes etait employe non-seulement "a l'interieur, mais encore a l'exte'rieur, et qu'un muedicamnent applique sur le point malade meme y devrait produire un changement plus rapide. 197. Mais cette mnkthode doit tre rejete'e non-seulement dans les affections locales qui dependent du miasme de Ia psore, mais encore dans celles qui proviennent du miastne de la syphilis ou de celui de la sycose. Car 1'application simildanee d'un nued'cament a' l'inde'rieur et a l'extrieur, dans des maladies qui ont pour syrnplome principal un mal local fixe, a l'inconve~nient grave que l'affection exterieure (1) disparait d'ordinaire plus vite que la maladie interne; ce qui peut faire croire "a tort que la gue'rison est comple~te, ou du moins rend difficile et parfois meme impossible de juger si la maladie totale a ete aneantie par le reme~de donne interieuremeiit. (1) L'6ruption psoriquc I'ece[Jte, les chanicres, ICs fics. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUIJE. 229 198. Le mime motif doit faire rejeter I'application purement locale aux symptoines exterieurs d'une maladie miasmatique, des medicaments qui out le pouvoir de guerir cette derniere, quand on les donne a l'interieur. Car, si l'on se borne a supprimer localement ces sympt6mes, une obscurite1 impenetrable se repand ensuite sur le traitement interne ndcessaire au rftablissement parfait de la sant6: le sympt6me principal, I'affection locale, a disparu, et ii ne reste plus que les autres symptomes, beaucoup moins significatifs et constants, qui souvent sont trop peu caractlristiques pour qu'on puisse en tirer une image claire et complete de la maladie. 199. Si le remade homoeopathique a la maladie n' tait point encore trouve (1) lorsque le sympt6mne local a ete detruit par la cauteirisation, l'excision on des applications dessiccatives, le cas devient beaucoup plus embarrassant, a cause de I'incertitude et de l'inconstance des symptomes qui restent encore; car le sympt6me externe, qui, mieux qu'aucune autre circonstance, aurait pu guider dans le choix du remede et indiquer combien de temps on devait l'employer a l'interieur pour aneantir entierement la maladie, se trouve soustrait a l'observation. 9200. Si ce sympt6me existait encore apres un traitement interne, on aurait pu trouver le remade homoeopathique convenable a l'ensemble de la maladie; ce remade une fois d6couvert, la persistance de l'affection locale annoncerait que Ia cure n'est point encore par(I) Comme c'dtait le cas avant mnoi pour les rcmedes antisycosiqucs et antipsoriques. 230 EXPOSITION faite, tandis que sa disparition prouverait qu'on a extirpe le mal jusqu'aux racines, et que la guerison est absolue, avantage qu'on ne saurait appreicier. 201. Il est evident que ]a force vitale chargee d'une maladie chronique dont elle ne peut triompher par sa propre energie, ne se decide 'a faire naitre une affection locale dans une partie exte~rieure quelconque, qu'afin d'apaiser, en lui abandonnant des organes dont l'int&grite' n'est pas absolument nDessaire "a l'existence, un mat interne qui menace de briser les rouages essentiels de la vie et de de'truire la vie elle-meme. Son but est de transporter en queique sorte ]a maladie d'un lieu dans un autre, et de substituer un mal externe 'a un mal interne. L'affection locale fait taire de cette facon la maladie intkrieure, mais sans pouvoir la gue'rir ni la diminuer essentiellement (1). Le mal local n'est cependant jamais autre chose qu'unc partie de la maladie gennerale, mais une partie que la force vitale organique a fort agrandie, et qu'elle a reportee sur la surface extk'rieure du corps, oii le danger est moindre, ain de diminuer d'autant l'affection int~rieure. Mais cette dernietre n'est rien moins que guerie pour cela: au contraire, elle fait peu a peu des progre~s, de sorte que Ia nature est forcee de grossir et d'aggraver le sympt6me local, afin qu'il continue a pouvoir la remplacer jusqu'a un certain point, et lui (4) Les caute~res des mddecins de I'ancicnne 6cole produisent quelque chose d'analogae. Ces iilceres que l'art fait naitre a Il'ext('rieur apaisent hien plusleurs maladies chroniques intteiieures, mais ne les r'duisent an silence que pour un laps de temps tr~s-court, sans pouvoir les gudrir; d un autie cotd, ils affaiblissent l'organisme, et lui portent ine atteinte bien plus profonde que ne le feraient la plupart des mdtastases provoqudes instinctivement par la force vitale. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 231 procurer une sorte de soulagement. Ainsi, les vieux ulceres aux jambes s'agrandissent tant que la psore interne n'est point guerie, et les chancres augmentent d'etendue tant que la syphilis interne reste sans guerison, a mesure que, par les progres du temps, la maladie totale prend plus de developpement et acquiert d'ellemime plus d'intensite. 209. Si le medecin, imbu des prkceptes de l'ecole ordinaire, detruit le mal local par des remedes ext&rieurs, dans la persuasion oui il est de guerir ainsi la maladie tout entiere, la nature remplace ce sympt6me en donnant l'eveil aux souffrances intYerieures et aux autres sympt6mes qui, bien qu'existant deja, semblaient n'avoir fait que sommeiller jusqu'alors, c'est-a-dire en exasp&rant la maladie interne. II est done faux que, comme on a coutume de s'exprimer, les remedes extkrieurs aient fait alors rentrer le mal local dans le corps, ou qu'ils l'aient jete sur les nerfs. 203. Tout traitement externe d'un sympt6me local qui a pour but de l'eteindre a la surface du corps sans guerir la maladie miasmatique interne, qui, par exemple, se propose d'effacer l'eruption galeuse de la peau au moyen d'onctions, de faire cicatriser un chancre en le cauterisant, de detruire un fie par la ligature ou l'application d'un fer rouge, cette pernicieuse methode, si generalement employee aujourd'hui, est la principale source des innombrables maladies chroniques, portant des noms ou n'en ayant point, sous le poids desquelles gemit I'humanite entiere. C'est une des actions les plus criminelles dont la medecine ait pu se rendre coupable. Cependant on a gen'ralement agi ainsi jusqu'a ce jour, 232 EXPOSITION et fon n'enseigne meme pas d'auitre regle de conduite dans les ecoles. Car tous les medicaments qu'on prescrivait de donner A l'interieur en pareil cas, ne servaient qu'h aggraver le mal, puisqu'ils ne poss6daient point la vertu specifique de le guwrir dans sa totalite, mais que cependant ils attaquaient I'organisme, I'affaiblissaient et lui attiraient d'autres maladies medicamenteuses chroniques. 204. Si l'on excepte les maux chroniques qui tiennent " l'insalubrite du genre de vie habituel, et ces innomnbrables maladies medicamenteuses (V. 74) qui sont produites par les fausses et dangereuses methodes de traitement dont les medecins de I'ancienne cole airnent tant a prolonger l'emploi dans des affections souvent 1egares, toutes les autres maladies chroniques, sans exception, d6pendent d'un miasme chronique, de la syphilis, de la sycose, mais bien plus souvent de la psore. Ces virus se trouvaient en possession de l'organisrne entier et en penetraienrit toutes les parties des avant mime l'apparition du sympt6me local primitif, 1'eruption de la gale pour la psore, le chancre et le bubon pour la syphilis, le fic pour la sycose, et qui, lorsqu'on lui enl"ve ce sympt6me, eclate inuvitablement tot ou tard, en faisant naitre une multitude d'affections specifiques de leur nature, une foule de maux chroniques, lesquels se repandent sur I'hunianit' et la tourmentent depuis un si grand normbre de siecles, mais qui ne seraient pas aussi frequents si les medecins s'dtaient toujours attaches ai guerir radicalement ces trois miasmes eux-meines, et a les aneantir dans I'organisme, par des remedes homoeopathiques internes, sans attaquer leurs symupt6mes locaux par des topiques. DE LA DOCTRINE IOMOEOPATHIQUE. 2 233 205. Le rn'decin homnoeopathiste ne traite jamais les symptomes primitifs des miasmes chroniques, non plus que les maux secondaires resultant de leur de~veloppement, par des royens locaux agissant d'une nanie~re soit dynamique, soit mecanique. En consequence, je ne puis conseiller, par exenple, la destruction locale du cancer aux levres on a la face (fruit d'une psore tre~s-developpee?) par la pommade arsenicale du frere Come, nonseulement parce que cette mei'tode est extremement doulourense et &choue souvent, mais encore et surtout parce qu'un pareil royen dynamique, lien qu'il de'barrasse localement le corps de l'ulcere cancereux, ne diminue pas le moins du monde ]a maladie fondamentale, de sorte que ]a force conservatrice de ]a vie est oblig~e de reporter le foyer du grand mal qui existe a l'inte'rieur sur une partie plus essentielle (comme ii arrive dans toutes les me'astases), et de provoquer ainsi la ce'cite', la surditPC, la de~mence, l'asthme sutfoquant, l'hydropisie, l'apoplexie, etc. Mais la pommade arsenicale ne parvient mnme t detruire l'ulceration locale que quand cette dernie're n'est point tre's-e'tendue et que la force vitale conserve une grande energie: or, dans un tel e~tat de choses, ii est encore possible de guerir le mal primitif tout entier. L'extirpation du cancer, soit a la face, soit au sein, et celle des tumeurs enkyste~es, donnent absohument le meme resultat. L'ope'ration est suivie d'un e'tat un pen plus fAcheux encore, on du moins l'dpoque de Ia mort se tronve avance'e. Ces effets out en lieu dans une quantite innombrable de cas, mais l'ancienne ecole n'en persiste pas moins tonjours dans son aveuglement (1). Quand (1) Bulletin de l'Acade'mie royale, de me'deci-ne, Paris, 4844, t. IX, p.:30 et suiv., et 1~i55, t. XX, p. 7 et suiv. 234 EXPOSITION les uns ou les autres viennent a paraitre, l'homoeopathe s'attache uniquement a detruire le grand miasme qui en est la base; de cette maniere les sympt6mes primitifs et les sympt6mes secondaires disparaissent d'eux-memes. Mais, comme cette methode n'dtait pas celle qu'on suivait avant lui, et que malheureusement ii trouve la plupart du temps les sympt6mes primitifs (1) dejia effaces a l'extIerieur par les medecins qui 1'ont precede, ii a le plus souvent a s'occuper des sympt6mes secondaires, des maux provoques par le developpement des miasmes, et surtout des maladies chroniques nees d'une psore interne. Je renvoie sur ce point a mon Traild des maladies chroniques, dans lequel j'ai indiqu6 ]a marche a suivre pour le traitement interne de ces affections, et cela d'une maniere aussi rigoureuse qu'il dtait possible a un seul homme de le faire aprbs de longues annies d'exp6rience, d'observation et de meditation. 206. Avant d'entreprendre la cure d'une maladie chronique, ii est necessaire de rechercher avec le plus grand soin (2) si le malade a ete infecte de la syphilis ou de la gonorrhee sycosique; car s'il en 63tait ainsi, le traitement devrait recevoir utine impulsion speciale en ce (I) Eruption psorique, chaiicres (buhons), fics. (2) Quand on prend des informations de ce genre, ii ne faut pas s'en laisser imposer par les assertions des malades et de leurs parents qui assignent pour causes aux maladies chroniques, mIme les plus graves et les plus iuvdtdrdes, un refroidissement subi de longues annies auparavant pour avoir dtd mouill6 on pour avoir bu le corps etant on sueur, une frayeur pirouvee jadis, un effort, on chagrin, etc. Ces causes occasionnelles sont beaucoup trop faiblis pour engendrer une maladie chronique dans un corps sain, I'y entretenir pendant des annoes entiires, et la rendre plus grave d'annie en annee, comme ii arrive h toutes les affections chroniques provenant d'une psore dive DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 235 sens, et meme ne point avoir d'autre but, s'il n'existait que des signes de syphilis, ou ce qui est plus rare, de sycose, encore ces deux affections ne se roncontrent-olles seules que fort raroment aujourd'hui. Mais dans le cas meme oi l'on aurait a guerir la psore, il faut e~galement chercher "a savoir si uno infection do ce genre a eu lieu, parce qu'alors il y aurait complication des deux maladies, ce qui a lieu quand los signos do chacune d'elles ne sont pas purs; car toujours, ou presque toujours, lorsque le mi'decin croit avoir so-us los youyw une ancionne maladie venerienne, c'ost principalemont une complication de syphilis et de psore qui s'offre ai lui, le miasmepsorique interne e'tant la cause fondameniale la plus fre'quent e des maladies chroniques. Ce miasmo se presente dono oU complique avoc la syphilis ou ]a sycose, dont le malade aura t infect' autrofois, on, cc qui ost bion plus fre'quent, comme la cause unique fondamentale des autres maladies chroniques, quel que soil leur nom; maladies que les avonturouses manrnuvros de l'allopathie viennent trop souvont encore defigruror et monstruousomont exasperer. 207. Si ce qui pre'cde est vrai, le me~decin homocopathisle doit encore s'informor dos traitements allopathiques auxquels ]a porsonne attointo do maladie chronique a pu etro soumisc jusqu'alors, dos medicaments qui ont 6te miis on usago do prefirence et le plus frequemment, dos eaux mine~rales auxquolles on a eu recours et des effots quu'on a produits l'usage. Ces renloppee. Des causes bien autrement impoitantes que celles-ci doivent avoir piesidd a Ia naissawce et aux progre's d'un nial chronique grave et opiniatre, et ces prctetcdues causes occasionnelles sont propres tout au plus a tirer on miasme clhIolliqjlle de son assoupissement Jethargiqtie. 236 EXPOSITION seignements lui sont necessaires pour concevoir jusqu'a quel point ]a maladie a d'gen'r' de son 'tat primitif, corriger en partie ces alterations artificielles, s'il est possible d'y parvenir, ou du moins eviter les medicaments dont on a fait abus jusqu'a cc moment. 208. La premiere chose a faire ensuite, c'est de s'enquerir de I'Age du malade, de son genre de vie, de son regime, de ses occupations, de sa situation domestique, de ses rapports sociaux, etc. On examine si ces diverses circonstances contribuent i accroitre le mal, et jusqu'd quel point elles peuvent favoriser le traitement ou lui ^tre d"favorables. On ne negligera pas non plus de rechercher si la disposition d'esprit et la manibre de penser du malade mettent obstacle a la guerison, s'il faut leur imprimer une autre direction, lesfavoriser ou les modifier. 209. C'est seulement i la suite de plusieurs entretiens consacris a se procurer tous ces renseignements pr alables, que le medecin cherche e tracer, d'apres les regles exposees precedeninent, un tableau aussi complelt que possible de ]a maladie, afin de pouvoir noter les sympt6mes saillants et caracteristiques d'apres lesquels il choisit le premier remide antipsorique ou autre, en prenant pour guide, au debut du traitement, l'analogie aussi grande que possible des symptomes. 210. A la psore se rapportent presque toutes les maladies que j'ai appelkes autrefois partielles, et qui paraissent plus difficiles a guerir en raison de ce caractkre meme, consistant en ce que tous leurs autres accidents disparaissent devant un grand sympt6me predominant. Ici se rangent les pr'tendues maladies de l'esprit et du moral. Ces affections ne forment cependant point une DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 237 classe a part et tout a fait separbe des autres; car 1'6tat du moral et de l'esprit change dans toutes les maladies appelies corporelles (i), et l'on doit le comprendre parmi les sympt6mes principaux qu'il imporle de noter, quand on veut tracer une image fidele de ]a maladie, d'apris laquelle on puisse ensuite la combattre homoeopathiquement avec succes. 211. Cela va si loin que l'tat moral du malade est souvent ce qui decide surtout dans le choix " faire du remede homoeopathique: car cet etat est un sympt6me caracteristique, un de ceux que doit le moins laisser echapper un medecin habitu6 a faire des observations exacles. 212. Le createur des puissances medicinales a eu singulikrement kgard aussi " cet e"16ment principal de toutes les maladies, le changement de l'6tat du moral et de l'esprit: car il n'existe pas un seul medicament heroique qui n'opere un changement notable dans l'humeur et la maniere de penser du sujet sain auquel on (1) Combien de fois ne rencontre-t-on pas des malades qui, bien qu'en proie depuis plusieurs annees ' des affections tres-douloureuses, ont conserve ntanmoins une humeur douce et paisible, de sorte qu'on se sent pnkii-d de respect et de compassion pour eux! Mais, quand on a triomphd du mal, ce qui est souvent possible par la methode hommopathique, on voit par fois declatei le changement de caractere le plus affheux, et repaiaitte l'ingratitude, la duretd de curur, la m chancet6 raffinde, les caprices rivoltants, qui dtaient le lot du sujet avant qu'il ne tombat malade. Souvent un homme, patient quand ii se portait bien, devient emportd, violent, capricieux, insupportable, ou impatient et disespuir6, lorsqu'il tombe malade. 11 n'est pas raie que la maladie heibble l'liomme d'espri, qu'elle fasse d'un espiit faible une tate plus capable, et d'un atre apathique un homnie plein de prdsence d'esprit et de rdsolution. 238 EXPOSITION 1'adrninistre, et chaque substance me'dicinale en produit un diffrrent. 9213. On ne gu~rira donc jamais d'une manie~re con-. forme 'a la nature, c'est-ai-dire d'une manie're homceopathique, tant qu'a' chaque cas individuel de maladie, meme aig'u, on n'aura pas simultane'ment e'gard au sympkome du changement survenu dans l'esprit et le moral, et qu'on ne choisira point pour remeade un me'dicament susceptible de provoquer par lui-me~me, nonseulement des syptmes pareils "a ceux de la maladie, mais encore un etat moral et une disposition d'esprit semblables (1). 9214. Ce que J'ai "a dire du traitement des affections de l'esprit et du moral se re'duira donc "a peu de chose: car on ne peut pas les crue'rw autrement qwe toutes les autres maladies, c'est-a'-dire que, dans chaque cas individuel, it faut leur opposer un ren-iede ayant une puissance morbitique aussi semblable que possible "a celle de la maladie elle-meme, eu egard "al'efket qu'il produit sur le corps et sur l'arnie des personnes en sante. 9215. Presque toutes les maladies qu"'on appelle affections de l'esprit et. du moral lie sont autre chose que des maladies du corps dans lesquelles l'alte'ration des faculte's morales et intellectuellcs est devenue tellement pre~dominante sur les autres sympto~mes, dout la diminution a lieu plus ou momns rapidement, qu'elle finit par prendre (1) L'acoriit produit i'arement, jamiais FriOlle, uric guerison rapide et durable, quarid I'humneur du malade est i6gale et paisible; ni ] a noix vornique, quarid le caract~re est doux et flegrnatiqiic; ni ]a pulsatille, quand ii est gai, serein et opinialtre; ni la f6,e de Sainit-Igunace, quand 1'hlurneur est invariable et pcu suijette 'a se resscentir soit dij chagrini, soit de la frayeur. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 239 le caractere d'une maladie partielle et presque d'une affection locale ayant son siege dans les organes de la pensee. 216. Les cas tie sont point rares, dans les maladies dites corporelles qui menacent I'existence, comme la suppuration du poumon, l'alleration de tout autre viscere essentiel, dans les maladies fort aigues, comme la fievre puerperale, etc., oih, le sympt6me moral augmentant rapidement d'intensite, la maladie dege'nere en une espice de manie, de melancolie ou de fureur, ce qui dloigne le danger de mort resultant jusque-la des symptomes physiques. Ceux-ci s'amendent au point d'en revenir presque a l' tat de santa, ou plutbt ils diminuent tellement qu'on ne peut plus s'apercevoir de leur presence qu'en mettant beaucoup de perseverance et de finesse dans ses observations. De cette maniere, ils degenerent en une maladie partielle et pour ainsi dire locale, dans laquelle le sympt6me moral, auparavant tres1kger, a pris une preponderance telle qu'il est devenu le plus saillant de tous, qu'il tient en grande partie ia place des autres, et qu'il apaise leur violence en agissant sur eux laa maniere d'un palliatif. En un mot, le mal des organes grossiers du corps a PtP transport6 aux organes presque spirituels de l'aime, qu'aucun anatomiste n'a pu atteindre encore et n'atteindra jamais de son scalpel. 9217. Dans les affections de cc genre, ii faut proceder avec un soin tout particulier a la recherche de l'ensemble des signes tant sons le rapport des symptomes corporels, que notamment sous celui du sympt6me principal et caracteristique, l'etat de l'esprit et du moral. C'est le seul moyen de parvenir ensuite a trouver, dans le nombre des 240 EXPOSITION medicaments dont les effets purs sont connus, un rem.de homoeopathique ayant la puissance d'eteindre la totalite du mal a la fois, c'est-a-dire dont la serie des symptomes propres en contienne qui ressemblent le plus possible non-seulement aux symptomes corporels du cas present de maladie, mais encore, et surtout, a ses symptomes moraux. 218. Pour arriver a posseder la totalite des symptomes, ii faut en premier lieu decrire exactement tous ceux que la maladie corporelle offrait avant le moment oil, par la predominance du symptome moral, elle a degener6 en affection de l'esprit et de 1'Ame. Ces renseignements seront fournis par les personnes qui entourent le malade. 219. En comparant ces precedents symptomes de maladie corporelle avec les traces qui en subsistent encore aujourd'hui, mais presque effacees, et qui, meme a cette epoque, redeviennent parfois assez sensibles quand il y a quelque moment lucide, ou que la maladie mentale eprouve une diminution passagere, on se convaincra pleinement que, quoique voiles, ils n'ont jamais cesse d'exister. 220. Si l'on ajoute a tout cela '6etat du moral et de 1'esprit que les personnes placees autour du malade et le medecin lui-meme ont observe avec le plus grand soin, on a une image complete de la maladie, et l'on peut ensuite proceder a la recherche du medicament propre a la guerir, c'est-a-dire, si l'affection mentale dure deja depuis quelque temps, de celui des moyens antipsoriques qui a la propriete de produire des symptomes semblables DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 24 241 et principalement un de'sordre analogue dans les faculte's morales. 2~21. Cependant, si l'e'tat de calme et de tranquillite' ordinairc au malade a Rt' subitement remplace", sous 1'intluence de la peur, du chagrrin, des boissons spinitueuses, etc., par la de'mence ou par la fureur, offrant ainsi le caracte're d'une maladie aiguc", on ne pent pas, quoique 1'aflection provienne presque toujours d'une psore interne, chercher 'a la combattrc sous cette forme par l'emploi des rcm~des antipsoniqucs. 11 faut d'abord lui opposer les me~dicaments apsoriques, par exemple 1'aconit, la belladonne, la pomme d~pineuse, la jusquiame, lc menctire, etc.,) a des doses extremernent faibles, afin de l'abattre assez pour rarnener la psore 'a ]a pr~ce'dente condition latente, cc qui fait-paraitre le malade re~tabli. 222 Mais qu'on seo garde bien de regyarder commec gyUdri lo sujet qju'on a ainsi dedivre' d'une maladie aigui6 du moral ou do l'espnit par des remn~des apsoriqucs. Loiri de la', ii faut se htiter de lui faire slilbir un traiternent antipsorique prolongfe, pour le de~barrasser du miasmew chronique, qui est redevenu latent 'a ]a ve'rit6", mais qui n'en est pas momts tout pr't 'a reparaitre de nou-veau ('I), bien qu'il n'y ait point 'a redouter d'acce's pareil "accitii (1) 11 at-rive tre's-rarement qu'une affection de l'esprit on du moral qui dure de'jai depuis quelque temps, cesse d'el1c-me~me (par le tranisport de la maladie interne sin' les orgranes plus grossiers du corps). C'est dans ces cas peu commons qu'on voit des hommes quitter une maison d'alicne's, en apparence gue'ris. Hors de la, les edtahlissemetits derneurent encombres, et les nouveaux alidud~sn'y trou'vent de place qu'autant que ]a mort y ktablit des vacances. Nul nWen sort gue'ri d'ane ~naniere reielle et durable! Preove edclatante, entre tant d'autres, (Iu neiint de la ruddecine 'a laquelle on a ridiculement donne', PI p it hC' e de rationnelle. Combien de fois, an contraire, la pure et vraie mc'de16 242 EXPOSITION qu'on a fait cesser, quand le malade demeure fidele au genre de vie qui lui a 6t6 prescrit. 232. Mais si l'on s'abstient de recourir au traitement antipsorique, on peut etre presque certain qu'il suffira d'une cause bien plus l6gere encore que celle qui a provoque la premiere apparition de la manie, pour en ramener un second acces plus grave et plus long, durant lequel la psore se developpera presque toujours d'une mani"re complete, et degenerera en une alienation mentale periodique ou continue, dont ensuite il sera plus difficile d'obtenir la guerison par les antipsoriques..,24. Dans le cas oi' la maladie mentale ne' serait point encore tout ta fait formee, et oi Il'on serait en doute de savoir si elle resulte reellement d'une affection corporelle, ou si elle n'est pas plut6t la suite d'une education mal dirigee, de mauvaises habitudes, d'une moralite pervertie, d'un esprit n6glige, de la superstition ou de l'ignorance, le moyen suivant pourra tirer d'embarras. On fera au malade des exhortations amicales, on lui presentera des motifs de consolation, on lui adressera des remontrances serieuses, on lui proposera des raisonnements solides: si le desordre de l'esprit ne provient pas d'une maladie corporelle, il cedera bient6t; mais si le contraire a lieu, le mal empirera rapidement, le melancolique deviendra encore plus sombre, plus abattu et plus inconsolable, le maniaque plus malicieux et plus exasper(,, I'homme en demence plus imbecile (1). cine, l'homoeopathie, n'a-t-elle pas rdussi h remettre de malheureux alidnds en possession de la sante du corps et de l'esprit, i les rendre a leurs parents et au monde pour lequel ils etaient perdus! (1) I1 semble que l'esprit sente h regret la vdritd de ces representations, et agisse sur le corps comme s'il voulait rdtablir l'harmnonie DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQIE. 243 225. Mais ii y a aussi, comme on vient de le voir, cquelques maladies mentales, en petit nombre, qui ne proviennent pas uniquement de la degrYne~rescence d'une maladie corporelle, et qui, par un proce'de" inverse du premier, le corps lui-me'me etant fort peu atteinl, tirent leur source d'affections morales, telles qu'un chagrin prolonge, des mortifications, le de~pit, des offenses graves, et surtoutla crainte et la fraycur. Celles-lit, aussi, influent avec le temps sur la sante du corps, et la compromettent souvent ' un haut degre'. 226. Ce n'est que dans les maladies mentales ainsi engendrbes et alirentees par I'ame elle-mmne, qu'on peut compter sur les remedes moraux, mais seulenient aussi iongtemp~s qu'elles sont encore recentes et qu'ellrs n ont pas irop alter'e le'tat du corps. Dans ce cas, ii esi possible que la confiance qu'on temoignc au malade, les exhortations bienveillantes qu'on lui prodigue, les discours senses qu'on lui tient, et souvent une de~ception masque~e avec art, re'tablissent promptement la sarnke de l'ame, et, avec 1'assistance d'un regime convenable, ramenent aussi le corps aux conditions de 1'etat normal. 227. Mais ces maladies ont souvent aussi pour source un miasme psorique, qui seulement n'd~tail pas encore de'veloppe d'une manie~re comple'te, et la prudence exige qu'on soumette le sujet " un traitement antipsorique radical, si 1'on veut viter qu'iI retombe dans la meme affection mentale, cc qui n'arrive pie trop aisement. detruite; mais celui-ci reagit par sa maladie sur les organes de 1'esprit et de L'Ame, et augmente le ddsordre qui y rigne ddj* en rejetant ses propres souffrances sur eux. Comparez Esquirol: Des maladies mentales considre'es sous les rapports medical, hygie'nique et medicolIgal, Paris, 1838, 2 vol. in-8, atlas. 244 EXPOSITION 2928. Dans les maladies de l'esprit et du moral produites par une affection du corps dont la guerison s'obtient uniquement par un medicament homceopathique antipsorique, aide d'un genre de vie sagement calculk, ii est bon cependant de joindre a ces moyens un certain regime auquel l'Ame doit tre assujettie. 11 faut que, sous ce rapport, le medecin et ceux qui entourent le malade tiennent scrupuleusement envers lui la conduite qui aura 6te jugoe convenable. Au maniaque furieux on oppose le calme et le sang-froid d'une volontl ferme et inaccessible a la crainte; a celui qui exhale ses souffrances en plaintes et en lamentations, on t6moigne une muette compassion par l'expression jdes traits du visage et le caractbre des gestes; on ecoute en silence le bavardage de l'insense, sans cependant avoir Fair de n'y porter aucune attention, comme on le fait, au contraire, envers celui dont les actes ou les discours sont revoltants. Pour ce qui est des d6gats qu'un maniaque pourrait commettre, on se borne a les prevenir et a les empecher, sans jamais lui en faire reproche, et ii faut tout disposer de maniere a ne jamais recourir aux cha'timents et tourments corporels (1). Cette derniwre condition est d'aulant plus facile a remplir que I'usage des moyens coercitifs ne trouve mime pas son excuse dans (1) On ne saurait trop s'dtonner de la duretd et de l'ahsurditd que ddploient, dans plusieurs maisons de fous, en Angleterre et en Allemagne, des medecins qui, satis connaitre la soule vraie mithode do giirir les maladies mentales, l'emploi contre elles des medicaments homoeopathiques antipsoriques, se contentent de torturer et d'accabler de coups les tres les plus digoies de compassion parini tous les infortunds. En usant de moyens aussi rdvoltants, ils se rabaissent bien au-dessous des ge6liers dans les maisons de correction; car 'est en raison de la mission qu'ils en out reque, et sur des criminels, que DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE2 9.,/. V la repugnance des malades ' prendre les remndes, ce qui est le seul pre~texte qui puisse permetire d'y recourir; car, avec la nehthode homoeopathique, les doses sont si faibles que janais les substances me~dicinales ne se dec&ce lent au goi't, et qu'on pent les faire avaler au malade, dans sa boisson, sans qu'il s'en doute. 229. La contradiction, los admonitions trop vives, les rernontrances trop acorbes et la violence conviennont aussi peu qu'une condescendance faible et timide, et ne nuisent pas moins dans le traitement des maladies mentales. Mais c'est surtout 'ironie et la deception dont ils peuvent s'aporcevoir qui irritent les maniaques et aggravent leur e~tat. Le medecin et celuti quti les surveille do,; vent lonjo ours avoir l'air de croire qut'ils jouissent (de leur raison. On s'attache aussi " d 'oigner d'eux tons les oljets exte~rieurs qui pourraient porter le trouble dans leurs sens on lour anme. 11 n'y a point de distractions pour leur esprit entoure' d'un nuage. Pour lour ame re' voltee ou languissante dans les chaines d'un corps malade, ii n'y a ni r~creations salutaires, ni moyens de s'&clairer, ni possibilite de se calmer par des paroles, des lectures ou autrement. Rien ne peut leur procurer du calme, si ce n'est ]a guerison. La tranquillite" ot le bien'tre no rentrent dans lour Atme que quand leur corps est revenu i la sante. 250. Si le reme~de antipsorique dont on a fail choix pour un cas donne" d'alietnation mentale, affection qu'on ceux-ci agissent, tandis que ceux-la, trop ignorants ou trop paressetix pour chercher une mdthode convenable de traitement, sembletIt nwexercer tant de cruautd sur d'innocents malades que par depit de ne pouvoir les gudrir. 246 EXPOSITION sait &tre diversifiee a l'infini, est parfaitement homcpopathique " l'image fiddle de l'etat de la maladie, conformite d'autant plus facile a trouver, quand le nombre des m'dicaments bien connus est assez grand, que le symptome principal, c'est-a-dire l'tat moral du malade, se prononce hautement, alors la plus petite dose suffit souvent pour produire en pen de temps une amdlioration tris-prononcee, qu'on n'avait pu obtenir de tous les autres moyens allopathiques administres aux doses les plus fortes et prodigu6s presque jusqu'au point d'amener la mort. Je puis m'me affirmer, d'apris une longue exp&rience, que la sup6riorit6 de I'homoeopathie sur toutes les autres mdthodes curatives imaginables, ne se montre nulle part avec plus d'eclat que dans les maladies mentales anciennes qui doivent leur origine a des affections corporelles, ou qui se sont d6veloppees en meme temps qu'elles. 231. Ii est encore une classe de maladies qui m6ritent un examen particulier; ce sont les maladies intermitlentes. Non-seulement celles qui reviennent a des epoques fixes, comme les innombrables fievres intermittentes et les affections en apparence non f6briles affectant la meme forme, mais encore celles dans lesquelles certains 6tats morbides alternent avec d'autres " des epoques irregulieres. 232. Ces dernieres, les maladies alternantes, sont egalement tres- diversifiees, mais clles appartiennent toutes A la grande serie des maladies chroniques. La plupart sont un resultat du developpement de la psore, quelquefois, mais rarement, cornmpliquee avec un mniasme syphilitique. C'est pourquoi on les guerit, dans lepre DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 247 mier cas, par des medicaments antipsoriques alternant avec des antisyphilitiques, comme je l'ai enseigne dans mon Traite des maladies chroniques. II est possible que deux ou trois etats diff6rents alternent ensemble. II peut se faire, par exemple, en ce qui concerne l'alternance de deux etats divers, que certaines douleurs se manifestent aux extremites inferieures des qu'une ophthalmie disparait, et qu'ensuite celle-ci revienne aussit6t que les douleurs cessent; ou que des spasmes et des convulsions alternent immediatement avec une autre affection quelconque, soit du corps entier, soit de quelqu'une de ses parties. Mais il est possible aussi, en cas d'une triple alliance d'etals alternatifs dans une maladie continue, qu'a une surabondance apparente de sante, une exaltation des facultes du corps et de l'esprit (gaiete inaccoutumne, vivacite excessive, sentiment exagere de bien-etre, appetit immoder6, etc.), on voie succeder brusquement une humeur sombre et melancolique, une insupportable disposition a l'hypochondrie, avec trouble de plusieurs fonctions vitales, de la digestion, du sommeil, etc., et que ce second ktat fasse place, d'une maniere plus ou moins prompte, au sentiment de malaise que le sujet eprouve dans les temps ordinaires. Souvent, il n'y a plus aucune trace de l'etat anterieur quand le nouveau s'etablit. Souvent, aussi, il en reste encore quelques vestiges. Dans certaines circonstances, les etats mnorbides qui alternent ensemble sont, de leur nature, entierement opposes l'un a l'autre, comme, par exemple, la melancolie et la folie gaie ou la fureur. 255. Les maladies intermittentes proprement dites ou 248 EXPOSITION typiques sont celles dans lesquelles un 6'tat morbide sernblable "a celui qui existait ante"rieurement, reparait 'a la suite d'un ititervalle assez regulier de bien-e'tre apparent, et s'e~teint de nouveau apre's avoir dur6' un laps de temps e'galement de"termine6. Ce phenom ene a lieu, nonIseulement dans les nombreuses varie'tes de fie~vres intermittentes, mais encore dans les maladies en apparence apyretiques qui paraissent et disparaissent at des epoques. fixes. 254. Les etats morbides en apparence apyre'tiques qui affectent. uu type bien prononce", c'esL-hi-dire qui reviennent "a des epoques fixes chez un me'me sujet, et qui, en general, ne se manifestent point d'uue manie're sporadique ou e~pide~mique, appartiennent toUs "a ]a classe des maladies chroniques. La plupart tiennent "a tine affection psorique pure, rarement compliqud~e avec la syphilis, et on les combat avec succd's par le genre de traitement que rectame cette maladie. Cependant il est quelquefois necessaire d'employer comme moyen. intercurrent une tre~s-petite dose homceopathique de quinquina., pour eteindre comphe'ternent leur type intermittent. 233i. A I'egard des fievres intermittentes (1) qui re"(i) Jusqtii'hi present, la pathologic qui n'est point encore sortie de l'tat d'enfance, ne connalit qu'une seule fie'vre intermittente, qu'elle appelle aussi fie'vre froide. Elle n'admet non plus d'autre diffhience que celle du temnps daiis Icquel reviennent les acce's, et c'est h1-dessus que sont fonde's les denominations de fip'vre quotidienne, fibvre tierce, fieiwre quarte, etc. Mais, outre la diversite' qu'elles offrent relativemnent 'a leuirs e'poques de retoui', les fie'vies intermittentes pre'sentent encore d'autres difft~rences plus importantes. Parmi ces fivres, ii en est une foule auxquelles on ne pent donnei' le nomn do froidcs, parce que. leurs acci's consistent uniquernent en chaleur; d'autres ne sont caracte'risedes que par du froid, suivi ou non de sueur; d'autres DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 249 gnent d'une mnanie~re sporadique ou pidemique, et non de celles qui sont endemiques dans les contrees marecageuses, nous trouvons souvent que chacun de leurs acces ou paroxysmes est egalement compose de deux dtats alencore glacent tout le corps du imalade, et lui font cependant eprouver une sensation de chalcur, ou bien excitent en lui la sensation du firid, quoique son corps paraisse tres-chaud h la main qui y touche: dains plusieurs, I'un des paroxysmes se borne a des frissons ou a du fioid, que remplace immddiatement le bien-etre, et celni qui vient apres ne consiste qu'en chaleur, suivie on non de sueur; lh, c'est la chalcur qui parait d'abord, et le froid se declaire ensuite; ici, le froid et la chaleur font place h une apyrexie complite, tandis que le paroxvsme suivant, qui n'a souvent lieu qu'au bout de plusieurs heures, est marque uniquernent par des sueurs; dans certains cas, on n'observe aucune trace de sueur; dans certains autres, I'acces se compose uniquement de sueur, sans froid on sans chaleur, on de sueur coulant seuleineint pendant ]a chaleur. 11 existe de meme une infinitd de diffirences relatives surtout aux symptomes accessoires, au caractdre particulier du rmal de tite, au mauvais golit dans la bouche, au mat de coeur, an vomissement, I ]a diarrhee, a l'absence on an degir de la soif, au genre des douleurs qui se font sentir dans le corps et les membres, au sommeil, au ddliire, aux alterations de P'humeur, aux spasmnies, etc., qui se manifestent pendant ou apres le froid, pendant ou apris la chaleur, pendant on apres la sueur, sans compter uine multitude d'autres diversitis encore. Ce sont ]h assuridnient des fievres intermittentes bien diffdrentes les unes des autres, dont chacune rnclame naturellement un mode de traitement homoeopathique qui lui soit propre. 11 est vrai, on doit l'avoner, que presque toutes elles peuvent etre supprimees (ce qui arrive souvent) par de grandes, par d'ty ormes doses de quinquina on de sulfate de quinine, c'est-h-diire que ces substances empechent leur retour piriodique et detruisent leur type; mais quand le medicament a et6 mis en usage contre les fievrcs intermittentes auxquelles il ne convenai point, le maladen'est point gudiri parce qu'on a dteint le type de son affection, il est malade d'une autre maniere, et souvent il l'est beaucoup plus qu'auparavant; i est en proie t une maladie quinique spiciale et chronique, que la viritable mddecine a souvent bien de la peine a guerir dans un court espace de temps. Et c'est la ce qu'on voudrait appeler guerir! EXPOSITION ternants contraires, froid et chaleur., ou chaleur et froid; mais le plus fre'quemment iil 'est de trois, froid, chaleur et sueur. C'est ponrquoi, aussi, ii faut que le remede qu'on choisit contre elles, et qu'on prend en general dans Ia classe des apsoriques e~prouve's, puisse e~galement, ce qui est le plus sii*ir, exciter, chez les personnes en sante", deux de ces etats alternants semblables (ou bous les trois), on du momns qu'il ait la faculte" de provoquer par luimeme, avec tons ses sympto'mes accessoires, ccliii de ces deux on trois etats alternants, froid, chaleur et sueur, qui est le plus fort et le plus prononce6. Cependant, c'est principalement d apre~s les sympth~mes de l'dat du malade pendant l'apyrexic qu'on doit se guider pour choisir le m~dicament homoeopathique (1). 9256. La me'hode qui convient le mieux et qui est ]a plus utile dans ces maladies, consiste "at doniner le rem ede imme~diatement, on du moins trei~s-peu de temps apre~s la. fin de l'acce's. Adruinistr6 de cette maniei~re, ii a le temps de produire dans 1'organisme tous les effets qui dependent de lni pour redablir ]a sante" sans violence et sans oragre; landis que, si on le faisait prendre imme'diatement avant le paroxysme, ftlt-il me~me honiceopathique on spe~cifique au plus haul degre", son effet coinciderait avec le renonvellement naturel de Ia maladie, et provoquerait dans l'organisme un tel combat, une reaction si vive, que le malade pcrdrait an moins beaucoup de ses forces, et que (1) M. de BMnninghausen, celuiAdo mes Ml'ves qui a le plus contribud' aux progides de riotre nouvelle et bionfaisante doctrine, a Jo premier discute' cc sujet si vaste, et facilite' par sos recherches lecbcoix dui medicament qui convient daus los divorses edpiddmios de fie'vres intcrmittenles. (Essai d'une the'rapie homacopathique des fie'vres intermnittentes, Paris, 1833, in-8.) DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 251 sa vie pourrait meme courir des dangers (1). Mais quand on donne le mndicament aussitot apris la fin de l'acces, an moment oiI l'apyrexie est le plus complkte et avant que le paroxysme prochain so prepare, mnme de loin, i paraitre, la force vitale est dans la meilleure disposition possible pour se laisser tranquillement modifier par le remnde et ramener ainsi i l'etat de sante. 237. Si le temps de l'apyrexie est tres-court, comme dans quelques fievres graves, on s'il est marqu6 par des accidents qui se rattachent au paroxysme precedent, alors ii faut administrer le remede homoeopathique des que la sueur ou les autres sympl6mes indiquant la fin do l'acces, comnmencent ta diminuer. 238. Ce n'est que quand le medicament convenable a, par une seule dose, an anti plusieurs paroxysmes et ramen( manifestement la santa, mais que cependant on voit reparaitre au bout de quelque temps des indices d'un nouvel acces, qu'on peut ot qu'on doit repdter le mnme renmde, pourvu que la totalit6 des sympt6mes soit encore la meme. Mais cc retour de la meme fievre, apres un intervalle de sante, n'est possible que quand la cause qui a provoqun la mnaladie pour la premiere fois continue encore a exercer son influence sur le sujet, comme ii arrive dans les contr~es marecageuses. En pareil cas, on ne parvient souvent a obtenir une guerison durable qu'en 'loignant le sujet do cette cause occasionnelle; par exemple, en lui conseillant d'aller habiter un pays mon(1) On en a la preuve dans lescas, malheureusement trop peu irares, oi uine dose noddrde d'opium, administrde pendant le froid de Ia fivie, a cause d'une maniere prompte la mort du malade. 22D'2 EXPOSITION tagnteax, Si la fkevre dont ii etait atteint a e~e produite plar' des effluves, de marais. 9239. Comme presque tons les medicaments, dans 1'exercice de lear action pure, excitent une fie~vre particulie~re, et me'me une sorte de fie~vre intermittente, qul diff~re de toutes les fievres provoquees par d'autres me'dicaments, 1'imrnense. lisle des substances me'dicinales nous offre les moyens de combattre h-omceopathiquemeni toutes les fie~vres initermitlentes naturelles. Deja M m~re nous en trouvons d'efficaces contre une foule de ces affections dans le petit nombre de me~dicaments qui ont, " e essaye""s jusqu a present sur des personnes bien portanles. 240. Lorsqu'on a reconnu qu'un remede est homceopathique ou spe~ifique dmns une e~pide~mie re~gnante de fie'v-res intermittentes, qa'on rencontre, cependant, un. malade qui ne guer.-it pas d'ane rnanie're comple'te, et que ce n'est pas 1'influence d'une contre~e marecageuse qui I'op 'sla. ague'rison, 1'olbstacle vient, constamment alors d'un miasme psorique occulte, et 1'on doit par conse~quent inettre les medicaments an tipsoriques en. usage jasqu'a" ce que la sant6" soit parfaiternent re'talblie. 241. Les fievres interinittentes qui se de~clarent eapide"miquement dans les con tre~es oh' d'ailleurs elies ne sont point ende~miques, sont des maladies chroniquies coniposees d'acces aigus isok6's. Chaque epide~mie s-pdciale a son caracte~re propre, commun 'a toas les individus qu'clle attaque, et qai, lorsqu'on l'a reconnu d'apre's l'ensemble des sympt o'mes communs 'a tous les malades, indique le remde h lomceopathique on spe~cifique convenable aussi dans ]a totalite" des cas. En eflfet, ce re-ne~de gyue~rit presque generalement les malades qui, avant l'e~pid'niie, DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 253 jouissaient d'une sante supportable, c'est-h-dire n'Wtaient point atteints d'une affection chronique due au developpement de la psore. 242. Mais si, dans une epidemie de fievres intermittentes, on a laisse passer les premiers acces sans les guerir, on si les malades ont 6t6 affaiblis par de faux traitements allopathiques, alors la psore, qui malheureusement existe chez un si grand nombre d'individus, quoiqu'a I'Ftat de sommeil, se d6veloppe, rev t ici le type intermittent, et joue en apparence le rale de la fievre intermittente epid6mique, de sorte que le medicanment qui aurait ete salutaire dans les premiers paroxysmes, et qui rarement appartient la classe des antipsoriques, cesse de convenir, et ne peut plus Otre d'aucun secours. Dis lors, on n'a plus sous les yeux qu'une fievre intermittente psoriquc, dont on triomphe ordinairement avec une trispetite dose de soufre on de foie de soufre, donn6 e une dynamisation elev0e, qu'on est rarement oblige de repeter. 245. Dans les fievres intermittentes, souvent fort graves, qui affectent un individu isolk, hors de toute influence des mnanations marecageuses, on doit bien, conmme dans les maladies aigues en gyneral, dont elles sc rapprochent sous le point de vue de leur origine psorique, commencer par essayer, pendant quelques jours, un remade non antipsorique, homceopathique au cas qui se pr6scnte; mais, si la guerison se fait attendre, on saura qu'il s'agit d'une psore qui est au moment de se developper, et que les antipsoriques sont des lors les seuls moyens dont on puisse attendre un secours efficace. 244. Les fievres intermittentes endemiques dans les contrees marecageuses et dans les pays sujets aux inon 15 A EXPOSITION dations, embarrassent beaucoup les me'decins de l'ecole regnante. Cependant, un homme peut s'accoutumer dans sa jeunosse ' l'influence d'un pays couvert do marais, ct y vivre en sante, pourvu qu'il s'astreigno ' un genre de vie me~gulier, et qu'il ne soit pas assailli par la misere, les fatigues on des passions dostructives. Les fie~vrcs intormittontes endemiques l'attaqueront tout au plus a son arrive~o dans le pays; mais une ou deux petitos doses de quinquina prepar(. solon ]a m~thodo homceopathique, c'est-a-dire dynamise~es, suffiront pour F'en delivrer prornptement, si, du reste, ii no s'e'carte point de la re" gularitk" dans sa mani "re do vivre. Mais quand un horme qui prend assez d'exercice et qui suit un regime convenalle dans tout cc qui a rapport "i l'esprit et au corps, no guerit point d'une fie~vre intermittente dos marais par I'influenco do ce soul moyen, on doit Ctre certain qu'il existe chez lui une psore sur le point de se de'velopper, et que sa fievre intermittente no cedera qu'h un traitement antipsorique (1). II arrive quelquefois, si cot homme quitte sans de'ai la contr~e nareccageuse pour on aller habiler uno autre scche et montuouso, qu'il semble renaitre " la sant", quo la fievre l'abandonne, quand elle n'avait pas encore jete do profondes racinos, c'est-t-dire que la psore repasse "a l'etat latent, parce qu'elle n'etait point encore arrive'e atson dernior degr6 do developpemont; mais jamais ii no gue~rit, jamais ii ne jouit d'uno sante parfaite, s'ilne se soumet " 1' usage des rem edes antipsoriques. (f) Des doses considdrables et souvent ripdttes de quinquina, et le sulfate de quinine, peuvent bien ddlivrer le malade des acces typiques de la fiUvre intermittente des marais, mais ii n'en demeure pas moins malade d'une autre manibre, tant qu'on ne lui administre pas de remides antipsoriques. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 255 245. A.pres avoir vu quel egard on doit avoir, dans les traitements homoeopathiques, aux diversites principales des maladies et aux circonstances particulieres qu'elles peuvent offrir, nous passons aux remides eux-memes, a la maniere de s'en servir, et au genre de vie que le malade doit observer pendant qu'il est soumis h leur action. Toute amelioration, dans les maladies aigues ou chroniques, qui se dessine franchement, et fait des progrrs continuels, est un Mtat qui, aussi longtemps qu'il dure, interdit formellement la rtp~tition d'un m6dicament quelconque, parce que celui dont le malade a fait usage continue encore i produire le bien qui peut en reisulter. Toute nouvelle dose d'un remede quelconque, meme de celui qui a ete donne en dernier lieu, et qui jusqu'h ce moment s'est montr6 salutaire, n'aboutirait alors qu'a troubler l'ceuvre de la guerison. 246. 11 arrive bien quelquefois, quand la dose du medicament homceopathique est tris-exigu6, que, si rien ne trouble ce rem de dans son action, il continue lentement t ambliorer l'6tat du malade, et accomplit, en quarante, cinquante, cent jours, tout le bien qu'on peut attendre de lui dans la circonstance oii on l'emploie. Mais, d'un c6to, ce cas est rare, et de l'autre, il importe beaucoup au medecin comme au malade que cette longue periode soit raccourcie de moiti6, des trois quarts ou mime plus, si faire se peut, afin d'obtenir une gu6rison beaucoup plus prompte. Des observations faites depuis peu, et rep6te'es un grand nombre de fois, nous ont appris qu'on peut arriver ' ce r6sultat, sous trois conditions cependant: d'abord que le choix du medicament ait th parfaifement homeopathique "a tous (gards; en second lieu, qu'on le "' Ji EXPOSITION donne "' la dose la plus exigu6, celle qui est la momns susceptible de revolter la force vitale, tout en conservant assez d'e'nergie pour la modifier convenablement; enfin que cette faible mais efficace dose du medicament choisi avec un soin scrupuleux soit re'petee aux intervalles (1) qiie 1'expe'rience enseigne convenir le mieux pour acce& le"rer au tan t que possible la gue'rison, sans que ne"anmoins la force vitale, qui doit cre~er par la' une affection ne'dicinale analogue ' a lanaladie naturelle, puisse se sentir psse' ' des r('actions contraires au but qu'on veut atteindre. p247. Sous ces conditions, les doses minimes d'un remede parfaitement homcieopathique peuvenit etre rep etees, avec un succes nmarque, souvent incroyalble, 'a des distances de quatorze, douze, dix, huit et sept jours. On pet -ne les rapprocher davantag-e dans les maladies chroniques qui diff~r'ent peu des affections aig'u~s et qui demandent qu'on se ha'te. Les intervalles peuvent diuninuor encore dans les maladies aigu~s, et se re~duire "a xingytquatre, douze, huit et quatre hieures. Enfin, ils peuvent etre d'une hieure et meme de cinq minutes seulement dans les affections extremement aigyu~s. Le tout est re'gk" d'ap~res la rapidite6 plus ou moins grande du cours de hi maladie et de l'action du mehdicament qu'on emploic. 248. La dose d'un Wine medicament est repe~t~e ký plusieurs reprises en raison des circonstances. Mais on ne la re~ite~re que jusqu'a' ]a guedrison, ou jusqu'ad cc quc, ic reinede cessant de produire aucune amdlioration, ic reste (1) Yoyez dans Etudes deMedecine flomceopathique, de S. Hahnernaniv. Paris, 1805~, t. 1, le chap. sur la IRepe2tition d'un medicament howrnopathique. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 257 de la maladie ofre utin groupe different de syrnpl6mes, qui rdclame le choix d'un autre remede homeopathique. 249. Tout m.dicament prescrit pour un cas de maladie qui, dans le cours de son action, provoque des sympt6mrnes nouveaux, non inherents a l'affection qu'on veut gue'rir et graves, n'est point habile a procurer une veritable guerison (1). On ne peut pas le regarder comme homceopathique. En pareil cas, ii faut, si l'aggravation est considerable, s'empresser de recourir a l'antidote, pour l'eteindre en partie, avant de choisir un medicament dont les sympt6mes ressemblent davantage ' ceux de ]a maladie, ou si les accidents ne sont pas trop graves, donner de suite un autre remade qui ait plus de conformite avec l'Ytat actuel du mal. 250O. Cette conduite sera prescrite plus imperieusement encore si, dans un cas pressant, le medecin observateur, qui epie avec soin les 6venements, s'apercoit, au bout de six, huit ou douze heures, qu'il s'est trompe dans le choix du dernier remade, parce que l'etat du malade empire un peu d'heure en heure et qu'il se manifeste de (1) L'expirience ayant prouv6 qu'il est presque impossible d'atIdnuer assez la dose d'un remade parfaitemrnent homoeopathique pour qu'elle ne suffise point a produire uine amdlioration prononede dans la maladie contre laquelle on la diirige (V. ~~ 161, 169), ce serait agir en sens inverse du but qu'on se propose, et vouloir nuire au malade, que d'imiter la mddecine vulgaire, qui, lorsqu'elle n'obtient pas d'amendement, ou voit meme les choses empirer, idpete le meme mddicament, en redouble mime la dose, dans la persuasion oii elle est qu'il n'a pu servir parce qu'on l'avait donnd en trop petite qpantite'. Si Ic malade n'a commis aucun cart, soit an physique, soit an moral, toute augmentation qui s'annonce par de nouveaux symptoines atteste seulement que le remede dont on a fait choix n'dtait point adaptd au cas, mais elle ne prouve jamais que la dose en ait dtd trop faible. 17 258 EXPOSITION nouveaux sympt6mes. En pareille occurrence, il lui est permis, ii est mime de son devoir de reparer la faute qu'il a faite, en choisissant un autre remiede homueopathique qui ne convienne pas seulement d'une maniere passable " l'atat present de la maladie, mais qui y soit aussi appropri6 que possible (V. 167). 251. Ii est quelques m6dicaments, par exemple la f4ve Saint-Ignace, la bryone, le sumac ven6neux, et peut'tre aussi la belladonne, dent la faculte de modifier I' tat de l'homme consiste principalement en effets alternants, sorte de sympt6mes d'action primitive qui sont en partie opposes les uns aux autres. Si, apris avoir prescrit une de ces substances, en consdquence d'un choix rigoureusement homceopathique, le medecin ne voyait survenir aucune amelioration, une seconde dose, tout aussi exigue que la premiere, et qu'il pourrait faire prendre au bout de quelques heures deji, si la maladie 6tait aigu&, le conduirait promptement an but, dans la plupart des cas (1). 252. Mais si, en ce qui concerne les autres me"dicaments, on voyait, dans une nialadie chroniquc (psorique), le remade le mieux hoinmeopathique (antipsorique), administre a la dose convenable (le plus petite possible), ne pas procurer d'ame1ioration, ce serait un signe certain que la cause qui entretient la maladie subsiste encore, et qu'il y a, dans le genre de vie du malade, ou dans ce qui l'entoure, quelque circonstance qu'on doit commencer par ecarter, si l'on veut rendre la guerison durable. 253. Parmi les signes qui, dans toutes les maladies, (1) Comme je 1'ai ddveloppd dans les Prolhgomines de 'article consacri t la feve Saint-Ignace. (Traitd de mnatire nm'dicale pure, Paris, 1834, t. II, p. 378.) DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 259 celles surtout dont le caracte~re est aigu, annoncent un keger commencement d'ame'lioration ou d'aggravation que tout le monde n'a pas le talent d'apercevoir, les plus manifestes et les plus sirs se tirent de l'humeur du malade et de la manie~re dont ii se comporte en tous points. Si le mal commence i s'amender, quelque peu que cc soit, le malade se sent plus i" son aise, ii est plus tranquille, ii a plus de liberte" d'esprit, le courage renait en lui, et toutes ses manieres deviennent, pour ainsi dire, plus naturelles. Le contraire a lieu si la maladie empire, neme tries-legerement; on apercoit dans I'huueur et F'esprit du malade, dans toutes ses actions, dans tous ses gestes, dans toutes les positions qu'il prend, quelque chose d'insolile qui n'e'happe point "a un observateur attentif, mais qu'on teprouve beaucoup de peine 'a decrire (1). 254. Si I'on ajoute encore, soit l'apparition de nouveaux svmpt mes, soit l'exaspe'ration de ceux qui existalent de3jat, on, au contraire, la diminution des symptomes primitifs, sans (u'il s'en soit manifeste' de nouveauxN, (I) Les signes d'amelioratioin relatifs 'a humeur et 'a ]esprit du malade se manifestent pen de temps apris qu'il a pris le remn~de, quand la dose a etd convenablement attenude, c'est-a-dire aussi petite quo possible. Une dose plus forte que la necessit6 ne l'exige, nemec da reme'de le phls honcncopathique, agit avec trop de violence, et porte de suite un trouble tr-op grand et trop prolongd dans los fa-,cultds intellectuelles et moirales, pour qu'on puisse reconnaitre de bonne heure l'ameIioration dans 1'dtat de ces dernie'res. Je feiai rernar(uer ici que cette rc'gle si imiportante est une de cellos contre lesquelles pechent le plus los hommopathistes qui dedbutont et les me'decins qui passent de o'ancienne eole 'a la nouvelle. Ceux-ci, aveugltes par les pr-6juges, craignent en par~eil cas de recourir aux plus petites doses des dilutions les plus fortes, et se privent ainsi des grands avantagres et des bienfaits immenses qu'on en a mille et mille fois retirds; ils ne peuvent faire ce qu'accomplit la vdritable homnopathie, et se donnent "a tort pour ses adeptes. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 261 vant, et ii aura lieu bient6t de s'en convaincre par ses propres yeux. 257. Le vrai medecin se gardera de prendre en affection certains rembdes que le hasard lui a procure souvent I'occasion d'employer avec succ s. Cette predilection lui en ferait souvent negliger d'autres qui seraient plus homoeopathiques, et par cons6quent plus efficaces. 258. 11 6vitera @galement de se prevenir contre des remides qui lui auraient fait eprouver quelque ec'hec parce qu'il les avait mal choisis, qu'ils n'etaient pas exactement homoeopathiques, c'est-h-dire par sa propre faute, et non pas a cause de leur faiblesse ou de toute autre minauvaise raison qu'il serait tente d'allkguer. Sans cesse il aura presente a I'esprit cette grande verite que, de tous les medicaments connus, un seul m6rite la pref6rence, celui dont les symptomes ont le plus de ressemblance avec la totalith de ceux qui caracterisent la maladie. Nulle petite passion ne doit etre 6coutee dans une affaire si se'rieuse. 259. Comme ii est necessaire dans la pratique honmeopathique que les doses soient tres-faibles, on conmoit aisement qu'il faut ecarter du regime et du genre de vie des malades tout ce qui pourrait exercer sur eux une influence medicinale quelconque, afin que l'effet de doses si exigues ne soit eteint, surpass6 ou trouble par aucun stimulant etranger (1). 260. C'est surlout dans les maladies chroniques qu'il (1) Les doux sons de la flite qui, de loin et dans le silence de la nuit, disposent un cour tendre a Penthousiasme religicux, firappent I'air en vain quand ils sont accompagnes de cris et de bruits discordants. 262 EXPOSITION importe d'dloigner avec soin tous les obstacles de cc genre, puisque deja elles sont ordinairement aggravees par eux, ou par d'autres erreurs de r6gime souvent me"connues. Par exemple, le caf6, le th6, ]a biere contenant des substances vegrtales douees de propri6t6s m6dicamenteuses qui ne sont point appropriees ai l' tat du malade, les liqueurs preparees avec des aromates medicinaux, toutes les sortes de punch, les chocolats 6pices, les eaux de senteur et parfumeries de toute espece, les bouquets tris-odorants, les preparations dentifrices, pulv6rulentes ou liquides, dans lesquelles it entre des substances medicinales, les sachets parfumes, les mets fortement assaisonnes, les patisseries et les glaces aromatishes, les ligumes consistant en herbes, racines ou pousses rnmdicinales, le fromage fait, les viandes faisandies, la chair et la graisse de porc, d'oie et de canard, le veau trop jeune, les aliments aigres. Toutes ces choses exercent une action medicinale accessoire, et doivent 'tre dloignbes avec soin du malade. On ddfendra aussi l'abus de toutes les jouissances de la table, meme du sucre et du sel. On interdira les boissons spiritueuses, la trop grande chaleur des appartements, les vetements de flanelle sur la peau (qu'il faut remplacer dans la saison chaude par d'autres vetements d'abord en coton, puis en toile), la vie s'dentaire dans un air renfermd, l'abus de l'exercice purement passif (du cheval, de la voiture, de la balancoire) et de l'allaitement, I'habitude de se mettre au lit pour faire la meridienne et de dormir longtemps, les plaisirs nocturnes, la malpropret6, les voluptes contre nature, les lectures 6rotiques. On evitera les causes de colere, de chagrin et de depit, le jeu pousse jusqu'a la passion, les DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 263 travaux forces de tete et de corps, le sejour dans les contrees marecageuses, l'habitation dans des lieux ou I'air ne se renouvelle point, les besoins pressants, etc. Toutes ces influences doivent &tre, autant que possible, evitees ou eloignes, si I'on veut que Ja gu'rison ait lieu sans obstacle, ou mime qu'elle soit possible. Quelques-uns de mes e1eves semblent, en interdisant d'autres choses encore qui sont assez indiffrentes, rendre inutilemnent le r6gimne plus difficile a observer aux malades, ce qu'on ne saurait approuver. 261. Le regime qui convient le mieux dans les maladies chroniques, pendant qu'on fait usage des medicaments, consiste a eloigner tout cc qui pourrait entraver la guerison, et a faire naitre au besoin les conditions inverses, en prescrivant par exemple les distractions innocentes, l'exercice actif au grand air et sans egard au temps (des promenades quotidiennes, un exercice manuel modere), les aliments convenables, nourrissants et prives de vertus medicinales, etc. (1). 262. Dans les maladies aiguLis, au contraire, l'alienation mentale exceptke, l'instinct conservateur de la vie, alors surexcite, parle d'une mani"re si claire et si precise que Ie m'decin n'a qu'a recommander aux assistants de ne point contrarier la nature en refusant au malade cc qu'il demande avec instance, on en cherchant ia lui persuader de prendre des choses qui pourraient lui nuire. (1) Voyez Mie'decine homceopathique domestique, par le docteur B. HeIring(de Philadelphie), ried igde d'apries les meilleurs ouvrages homooopathiques et d'apris sa propre experience, avec additions des docteurs Goullon, Gross et Stapf, traduite de l'allemand et publie'e par le docteur L. Marchant. Troisieme edition corriigde cet augmenide, Paris, 1855, 1 vol. in-12. 264 EXPOSITION 263. Les aliments et les boissons que demande une personne atteinte de maladie aigue ne sont pour ]a plupart, ii est vrai, que des choses palliatives et aptes tout au plus "a procurer un soulagement momentani"; mais ils n'ont pas de qualites "i proprement parler medicinales, et re'pondent seulement "a une espece de besoin. Pourvu que la satisfaction qu'a' cet egard on procure au malade soit renferm'e dans de justes bornes, les faibles obstacles qu'elle pourrait mcttre 'a ]a gue'rison radicale de la maladie (1) sont couverts, et au deki, par ]a puissance du reme'de homceopathique, par la mise en liberte de la force vitale, et par le calme qui suit la possession d'un objet ardemment desire. La temperature de l'appartement et Il nombre des couvertures doivent egalement &tre reglks d'apre~s les desirs du malade, dans les maladies aiguis. On aura soin d'eloigner tout ce qui pourrait Iui causer quelque contention d'esprit, ou e3branler son moral. 264. Le vrai me~decin ne peut compter sur la vertu curative des me~dicanents que quand ii les a entre les mains aussi purs et aussi parfaits que possible. II a donc besoin de savoir en appr'cier lui-merme la purete (2). p265. C'est ud' cas de conscience pour lui d'avoir F'itime conviction que le malade prend toujours le reme~de qui lui convient reellement. (1) Cependant, ce cas arriverarement. Ainsi, par exemple, le malade n'a presquejamais soif que d'eau pure dans les maladies franchement inflammatoires, qui re'clament si imperieusement 1'acorit, dont I'action serait de'truite par l'introduction dans l'organiisme de boissons aiguisdes avec des acides vdgdetaux. (2) Voyez G. Weber, Codex des medicaments homoeopathiques ou pharmacopge pratiquc ct raisonnee, Paris, 4854. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 265 266. Les substances pro-venant du re'gne animal et du recrie ve'e~ta ne jouisen pleinement de leurs ventus me'dicinales que quand elles sonL crues (1). 26~7. La manie~re la plus parfaite et la plus cerlaine de s'emparer de la v~ertu me~diciiiale des plantes indige~nes et qu'on peut se procurer fraliches, consiste a en exprimer le suc, qu'aussi16t on mdcl exactement av~ec parties egalcs d'alcool. On laisse le me'lange en repos pendant -vingi-quatre heures, dans un flacon bouche', et, apre's avoir de~cante6 la liqueur claire, au fond de laquelle se (i) Les substances anirnales et ve'getales crues ont toutes plus ou miois de veitus me(Iicinales, et peuvent modifier l'etat de 1'Liornre, chacune th sa manic're. Les plantes et les animaux dont les peuples civjljseýs se nolirrissent ont sur les autres l'avantagre de contenir une plus grande quantite' de parties nutritives, et d'avoir des vertus m~dicinales momns energiques, qui diminuent encore par les pre'parations culinaires qu'on leur fait subir, comme l'expression dui suc nuisible (la cassave, en Ame'rique), la fermentation (celle de la phtc dont on fait le pain, de la choucroiuite pre'par~e sans vinaigre, etc.), les fumigrations, la cuisson, la toirrfaction, etc., qui de'truisent on. dissip~ent les parties anxquelles ces vertus adhe'rent. L'addition du sel (salaison) et du vinaigire (sauces, 'salade) produit aussi cet effet Stir cCMes^irne s substances, mais ii en r~sultc d'autres inconve'nients. Les plantes doun'es des vcrtus me'dicinales les plus e'nergiques, s'en de'pouilleni. J'galement en tout on. en partie, lorsqu'ou les traite de la meme maniiilre. Les racines d'iris, de raifort, de peidiveau. et de pivoine deviennent piesque incites par la dessiccation. Le suc des ve'getaux les plus violents se rdduit souvent en une masse totalement inerte par l'action de la chialeur qui sert "a pre'parer Lt-s extriats ordinaires. 11 suffit me'me de laisser qucique temps en repos le suc de la. plante la plus datigereuse, pour qu.'iI perde toutes ses propriktds; de lui-nie~me, iA passe rapidetnent 'a la fermentation vineuse, quand la temperature est mod~r~e, et aussitolt apre's, iA s'aigrit, puis se putrdfie, ce qui ache've de d~truire eni lii toute vertu. midicinale; le seddimeiit qui se depose alors au fond nWest plus qu'une fdcuLe imerte. Les herbes vertes qu'on met en tas perdent me'rne de'j' la plus grande partie, de cc qu'il y a de me'dicinal en elles par l'esp~ce d'exsndation ou de sueur qu'elles eprouvent. 266 EXPOSITION trouve un sediment fibreux et albhumineux, on la conserve pour 1'usage de la medecine (1). L'alcool ajout6 au sue s'oppose au developpement de la fermentation, pour le present comme pour l'avenir. On tient la liqueur a I'abri des rayons du soleil, dans des flacons de verre bien bouchds. De cette mnaniere la vertu medicinale des plantes se conserve entiere, parfaite, et sans la moindre alteration (2). 6(8. Quant aux plantes, &corces, graines et racines (1) Bucholz (Taschenbuch fur Scheidekuenstler und Apotheker, 1815, 1, VI) assure a ses lecteurs (et celui qui a rendu compte de son livre, dans la Leipziger Literaturzeitung, 1816, no 82, ne le relive point) qu'on doit cette excellente maniere de prdparcr les m6dicaments a la campagne de Russie (1812), d'oii elle est venue en Allemagne. Mais en la rapportan t dan s loes propres termes de la premiere edition de mon Organon, ii oublie de dire que c'est moi qui en suis I'auteur; je l'avais pourtant publide deux annies ddjh avant la campagne de Moscou (en 1810). On aime mieux feindre de croire qu'une dtcouverte soit venue des d6serts de 1'Asie, que d'en faire hoiineur h un compatriole! Dans quel temps vivons-nous! Quelles mreurs sont Ics noties! Jadis, ii est virai, on inelait de I'alcool aux sues des plantes, par exemple, afin de pouvoir les conserver quelque temps avant d'en prdparcr des extraits; niais jamais on n'a fait cette addition dans la vue de donner ensuite le mrlange lui-meme a titre de remede. (2) Quoique parties Cgales d'alcool et de sne rdcemment exprimd soient genrralement la proportion qui convienne le mieux pour de'dterminer la matier'e fibreuse et I'albumine a se ddposer, cependant it est des plantes tris-chargkes de mucus etd'albumine, comme la consoude, la pensee, etc., qui exigent, pour 1'ordinaire, le double d'alcool. Quant aux plantes pen riches en sue, comme le laurier-rose, le buis, ]a sabine, le gale, le ledum, etc., it faut commencer par les broyer en une pate homogione et humide, ' laquelle on ajoute ensuite une quantite double d'alcool, qui s'unit an sue vegital, et permiet de 1'obtenir par l'action de la pressc; mais on pent aussi brover ces plantes seches avec du sucre de lait, jusqu'au millionieme degrd d'attdnuation, dissoudre alors un grain de cette poudre, et se servir de la dissolution pour obtenir los dilutions subsdquentes (V. 271). DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 267 exotiques, qu'on ne peut avoir a l'tat frais, un m6decin sage n'en acceptera jamais Ja poudre sur la foi d'autrui. Avant d'en faire usage dans sa pratique, ii voudra les avoir entieres et non preparees, afin de pouvoir se convaincre de leur purete (1). 269. Par un proced5 qui lui est propre et qu'on n'avait jamais essay6 avant elle, la m6decine homceopathique developpe tellement les vertus medicinales dynamiques des substances grossieres, qu'elle procure une action des plus penetrantes a toutes, mnme a celles qui, avant d'avoir L6t traitekes ainsi, n'exercaient pas (1) Pour les conserveir sous la forme de poudre, on a besoin d'une precaution inusitee jusqu'h ce jour dans les pharmacies, oh I'on ne peut garder dans des flacons bien bouchds, sans qu'elles s'alterent, les poudres miime bien dessochees de substances animales et vogetales. C'est que les matieresvegitales, meme quand elles paraissent parfaitement seches, retiennent encore une certaine quantitd d'humiditd, condition indispensable ia la cohdrence de leur tissu, qui n'empiche pas la drogue de rester incorruptible tant qu'on la laisse entiire, mais qui devient superflue dis (ju'on la pulverise. 11 s'ensuit qu'une substance animale et vegetale qui tait bien seche dans son entier, donne une poudre lIgerement humide, qui ne tarde pas i s'altdrer et A se moisir dans des flacons, meme bien bouchis, si l'on n'a pas eu soin de lui enlever prdalahlement son humiditd. La meilleure mani're d'y parvenir consiste i l'dtaler sur un plateau en fer-blanc, a bords releves, qu'on chauffe au bain-marie, et la remuer jusqu'a ce que ses parties ne s'agglombrent plus ensemble, mais glissent les unes sutir les autres comme du sable fin. Ainsi dessdchdes ct tenues dans des flacons bouchis et cachetis, les poudres sont a jamais inaltdrables et conservent la totali t de leurs vertus primitives, sans jamais se moisir ni engendier de mites. It faut avoir soin de tenir les flacons a l'abri de la lumiire, daiis des boites ou des tiroirs. Quand l'air a acces dans ces vases, quand ils sont exposes h l'action des rayons du soleil ou de ]a lumiere diffuse, les substances animales et vigitales perdent de plus en plus avec le temps leurs vertus midicinales, ce qui leur arrive ddji quand elles sont en grandes masses, et a plus forte raison sous forme de poudre. 268 EXPOSITION la moindre influence me~dicamenteuse sur le corps de 1'homme. 270. On prerid deux gouttes du me'lange ~ parties egales d'un sue ve'gd~a1 frais avec de l'alcooi, on les fait tomber dans quatre-vingrt-dix-huit gouttes d'alcool, et on donne deux fortes secousses an flacon contenant le liquide. On a ensuite viugrt-neuf autres flacons aux trois quarts remplis de quatre-vingt-dix-neuf gouttes d'alcool, et. dans chacun desquels on verse successivement une goutte du liquide contenu dans le prece~dent, en ayant soin de donner deux secousses "a chaque flacon (1). Le dernier, on le trenthieme, renferme la dilution au de~cillionie~me degre' de puissance (x), celle qu'on emploie le plus souvent. 271. Toutes les autres substances destine~es aux usages de la me~decine homceopathique, 'a l'exception du souf're qui a et' dans ces dernieres annees, prepare en teinture et porte at la trentierne dilution, c'est-ai-dire les rnetaux purs, les oxydes et les sulfures mertalliques, les autres sub(1) Me fondant sur des experiences multiplie'es et des observations exactes, et voulant fixer un terme precis et moyen au de'veloppement de la. vertu des medicaments liquides, j'en suis venu ai prescrire de ne donner que deux secousses ht chaque flacon, au lieu qu'autrefois j'en imprimais davantage, ce qui d~veloppait trop la puissance des reme'des. 11i-y a des homoeopathistes qui transportent avec eux les m~dicaments homucopathiques sons forme liquide, dans le cowns de leurs visites, et qui pre'tendent que les vertus n'acqtiierent point par ]a" d'exaltation avec le temps. Soutenir une pareille thi'se, c'est prouver qu'on ne posse~de point un esprit d'observation bien rigroui'eux. J'ai dissous un grain de natron dans une demi-once d'eau m e~c avec un peu d'alcool, et pendant une demi-heure j'ai secoue', sans interruption, le flacon, rempli aux deux tiers, qui contenait la liqueur: j'ai trouve' ensuite que celle-ci edgalait la trentie~me dilution en energie. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 269 stances minerales, le petrole, le phosphore, les parties et sues de plantes qu'on ne peut se procurer qu'd l'etat sec, les substances animales, les sels neutres et autres, etc., sont amenees au millionieme degr6 d'attenuation pulverulente, par un broiement qui dure trois heures; apres quoi on dissout un grain de la poudre, et l'on traite la dissolution dans vingt-sept flacons successifs, de la meme maniere qu'on fait a l' gard des sues vegaetaux, afin de l'amener jusqu'au trentieme degrr du developpement de sa puissance (1). 272. 11 n'est, dans aucun cas, necessaire d'employer plus d'un medicament a la fois (2). 275. On ne concoi1 pas que le moindre doute puisse s'e1ever sur la question de savoir s'il est plus raisonnable et plus conforme a la nature de n'employer a la fois, dans une minaladie, qu'une seule substance medicinale bien connue, ou de prescrire un mrlange de plusieurs mcdicaments diff6rents. 274. Comme le vrai medecin trouve dans les medicaments simples et non melangas tout cc qu'il peut desirer, c'est-a-dire des puissances morbitiques artificielles qui, par leur facult& honoceopathique, guerissent completement les maladies naturelles, et que c'est un precepte fort sage de ne jamais chercher a faire avec plusieurs (1) Comme ii est dit plus an long encore dans les discours qui prdc'dent P'exposd des sympt6mnes des m'dicaments que comprend le premier volume de mon Traite de matiwre mndicale pure. (2) A la vWritd, quelques homacopathistes out essaye, dans les cas oii un mndicament convenait A une partie des syrnpt6mes, et un second a une autre partie, de donner les deux mtdicaments A ila fois, ou presque en meme temps; mais je prdviens serieusement de se mettre en garde contre cette mancnuvre, qui ne sera jamais nDecessaire, quland bien meme elle semblerait parfois devoir etre utile. 270 EXPOSITION forces ce qu'on peut accomplir avec une seule, ii ne lui viendra jamais a l'esprit de donner comme remide autre chose qu'un seul m6dicament simple a la fois. Car ii sait que, quand bien meme on aurait etudie sur l'homme sain les effets sp6cifiques et purs de tousles medicaments simples, on n'en serait pas moins hors d'6tat de prevoir et de calculer la maniere dont deux substances medicinales mA61es ensemble peuvent se contrarier et se modifier reciproquement dans leurs effets. II n'ignore pas non plus qu'un medicament simple, donna dans une maladie dont l'ensemble des sympt6mes ressemble parfaitement aux siens, suffit a lui seul pour la guerir d'une mani"re parfaite, s'il a 6te choisi bien exactenment. 11 est bien convaincu enfin que, dans le cas m me le moins favorable, celui ou le remade ne serait pas tout a fail en harmonie avec le mal, sous le rapport de la ressemblance des symnpt6mes, ii procurerait au moins quelque profit a la mali"re m6dicale, les nouveaux sympt6mes qu'il exciterail en pareil cas, confirmant ceux qu'il avait provoquns ailleurs, dans des exp6riences sur des sujets sains, avantage dont on se prive en faisant usage de medicaments composes (1). 27 5. L'appropriation d'un m6dicament ' un cas donne de maladie ne se fonde pas seulement sur son choix parfailement homoeopathique, mais encore sur la precision on plut t sur l'exiguitn de la dose a laquelle on le donne. Si l'on administre une dose trop forte d'un remede, (1) Le midecin qui raisonne se contente de donner, h l'intirieur, le remede qu'il aura choisi aussi hommPopathiquc que possible; it Iaisseira aux routiniers les tisanes, les applications de sachets d'heirbes, les fomentations avec les dicoctions vdgetales, Ies lavements, les frictions avec telle ou telle sorte d'onguent. DE LA DOCTRINE IIOMOEOPATHLQUE. 271 ineme tout 'a fait homoeopathique, elle nuira infailliblement, au malade, quoique la substance me'dicinale soiL salutaire de sa nature; car l'impression qui en r&~sulte est trop forte, et d'autant plus vivernent sentie, qu'en -vertu de son caracte're homceopatbtique, le reme~de agit pre~cisement sur les parties de l'organisme qui dej~ai ont le plus ressenti les atteintes d'une maladie naturelle. 276. C'est pour cette raison qu'un medicament, rneme homceopathique, devient touijours nuisible quand on le donne 'a trop haute dose, et nuit d'autant plus que la dose est plus forte. Mais 1~1le'vation de la dose culern11me porte d'autant plus pre"judice au mnalade, que le reme'de est plus homceopatliique, que sa puissance dynamique a ete' plus de~veloppe~e, et une forte dose d'un me"dicament semblable fera plus de mal qu'une dose ('',gale d'une substance me'dicinale allopathique, c'est-a-dire sans rapport aucun de convenance avec la mnaladie; car alors F'aggravation homuropathique (V. 15~7-1 60), c'esta-dire la maladie artificielle, Lres-analogyue "a la maladie naturelle, que la force -vitale re~volt('!e par la dose exube',raute du remn~de a excitee dans les parties les plus souffrantes de l'organisme, va jusqu'au point de nuire, Landis que, si ielle etait demeure~e dans de jusics limites, cell aurait etffectu6" doucement ]a guerison (1).-Le malade, 'a la verite6, ne souffre plus de la maladie primitive, qui a eThe (1) Les 6ioges que quelques hornwopathes peu nombreux out doniids dans ces derniers temps aux fortes doses, tienment, d'une part, 'a ce qu'ils avaient choisi les premie'res dilutions du me'dicamenf, "a peu pr~s comme je le faisais moi-m eine, ii y a vingt ans, quand je n'avais pas encore ete dclaire par 1'expe'rience; d'un antrec c6t, a ce que les rnD'dicarnents choisis par clix n'edtaient point parfaitement boniweopathiques. 272 EXPOSITION ddtruite homceopathiquement; mais ii souffre d'autant plus de la maladie medicinale, qui a ete beaucoup trop forte, et de la debilitation qui en est la cons6quence naturelle. 277. Par la m-me raison, et parce qu'un remade donne " dose assez faible se montre d'autant plus merveilleusement efficace qu'on a eu soin de le mieux choisir homceopathique, un medicament dont les sympt6mes propres s'accorderont parfaitement avec ceux de la maladie, devra dtre d'autant plus salutaire que sa dose approchera davantage de l'exiguite i laquelle elle a besoin d'dtre reduite pour amener doucement la guerison (1). 278. 11 s'agit maintenant de savoir quel est le degr& d'exicguite qui convient le mieux pour donner a la fois le caractere de la certitude et celui de la douceur aux effets secourables qu'on veut produire, c'est-a-dire combien on doit abaisser la dose du remdde homceopathique a un cas donne de maladie, pour obtenir la meilleure gu'rison possible de cette dernidre. On concoit aisement que ce n'est pas aux conjectures theoriques qu'il faut s'adresser pour obtenir la solution de ce problhme, que cc n'est pas par elles qu'on peut dtablir, eu gard 'i chaque medicament en particulier, a quelle dose ii suffit de le donner pour produire l'effet homocopathique et procurer une guerison aussi prompte que douce. Toutes les subtilites imayginables ne serviraient "a rien ici. Ce n'est que par des experiences pures, par des observations exactes, clqu'on peut arriver au but. 11 serait absurde d'objecter les (1) Voyez les ouvrages du docteur Jahr: Nouveau Manuel de madecine homwopathique, 6e edition, Paris, 1855, 4 vol. in-12. - Nouvelle Pharmnacopee homeopathique, 2e edition, Paris, 1853, in-12 avec fig., - et 1'ouvrage du docteur Teste: Systimatisation pratique de la maticre medicale homceopathiqpe, Paris, 1853, in-8. DE LA DOCTRINE IIOMOEOPATHIQUE. 27 273 hautes doses qu'emploie la pratique allopathique vulgaire, dont les medicaments ne s'adressent pas aux parties, soulirantes elles-numeme, mais seulemnent "a celles qui ne sont point attaquees par la maladie. On ne peut rien conclure de kt' contre la faiblesse des doses dont les experiences pures dernontrent la nc('cessite' dans les traitements homceopathiques. 279. Or, les expe'riences pures e~tablissent d'une manid~re absolue que quand la maladic ne depend pas manifestement d'une alteration proforide d'un organe important, fitit-elle me me de la classe des affections chroniques les plus complique~es, et qn'on a soin d'e&loigner du malade toute influence meddicinale e'trangedre, la dose du remde Izhomwopaihiqne ne saurait jamais eire assez faible pour le rendre inftrieur en force a' Ia maladie iia~trelle, et pour l'empe'cher de dombiuer, d'eteindre et de giterir ceute dernie~re tant que cette dose coniserve 1 Izergie necessa ire pour provoquer, immediatenentitapre~s avoir e~tI rise, des syrnpt6mes pareils 6 ceux de la maladie et an peui pluts intenses (aggrravation homceopathique, V. 157-160). 280. Cette proposition, solidement edtablie par 1'expd'rience, sert de redgl e pour attenner la dose de bous les m~dicaments hornweopathiquies, sins exception, jutsqu'4 un degre tel qu'apre~s avoir e'e*iniroduits dauis le corps, uls ne produisent qut'unie aggravation presque insensible. Peu importe alors que I'attk'nuation aille jusqu'au point de paraitre impossible aux me'decins -vulgraires dont I'esprit ne se nourrit que d'idedes maidrfielles et grossiedres (1). (4) Qni'ils apprenvient des inathe'rnaticiens qu'en qciqucy nornbre de parties qu'on divise une substance, chaque portlion con Iieid ((epefdant encore un peu de cette substance, que, palr coiisdquent, la plus j18 274 EXPOSITION Les d6clamations doivent cesser quand l'infaillible exp&rience a prononce son arret. 281. Tous les malades ont, surtout en cc qui regarde leur maladie, une incroyable tendance a ressentir l'influence des puissances medicinales homoeopathiques. 11 petite parcelle qu'on puisse imaginer ne cesse point d'^tre quelque chose, et ne devient pas rien! Q'ils apprennent des physiciens qu'il y a des puissances immenses qui n'ont pas de poids, comme le calorique, la lumiere, etc., et qui, par cela meme, sont infirniment plus l6geres encore que le contenu m'dicinal des plus petites doses de 1'homoeopathie! Qu'ils pesent, s'ilslepeuvent, les paroles outrageantes qui provoquent une fievre bilieuse, ou la nouvelle affligeante de la mort d'un fits unique, qui fait perir une tendre mrnre! Qu'ils touchent, pendant un quart d'heuire seulernent, un airnant capable de porter cent livres, et les doulcurs qu'ils ressentiront leur apprendront que des influences impond'rables pcuvent aussi piroduire sur l'homme les effets rne'dicinaux les plus violents! Que ceux d'erutre eux qui sont d'une complexion faible, se fassent appliquer' doucement, au creux de l'estomac pendant quelques minutes, l'exti~mite du pouce d'un magnetiseur qui a fixj sa volonte, et les sensations desagrdahles qu'ils 6prouveront, les feront biertit repentir d'avoir voulu assigner des bornes a l'activite de la nature! L'allopathiste qui, en essayant la methode homoeopathique, n'ose prendre sur lui de donner des d(oses si faibles et si attdnudes, n'a qu'a se demander seulement quel risique ii court en les prescrivant. S'il n'y avait de reel que ce qui a dii poids, si tout ce qui ii'en a pas devait itre estim6 egal a zero, une dose qui lui parait n'etre rien ne pourrait avoir d'autre r1sultat fichcux que de ne prodnire aucun effet, ce qui du moins est une chose beaucoup plus innocenfe que les rdsultats auxquels conduisent les fortes doses des medicaments allopathiques. Pourquoi vent-il croire son irinexpirience, flanqu5e de prijugis, plus competente qu'une expirience de plusieurs anntees q(ui s'appuie sur des faits? D'ailleurs, le medicament hoineopathique, " chaque trituration et & chaque dilution, acquiert un nouveau degr6 de puissance par Ia secousse qu'on lui imprirne, noyen inconnu avant moi de developper les vertus inherientes aux substances mddicinales, et qui est tellement energique que, dans ces derniers temps, l'expi'ience mn'a forcd de reduire A deux le nombre des secousses, dont auparavant je prescrivais dix " chaque dilution. DE LA DOCTRINE IIOMOEOPATH1QUE. 275 n'y a pas d'homme, quelque robuste qu'il soit, qui, atteint me'me seulement d'une maladie chronique, ou de ce qu'on appelle un mal local, n'apercoive bient6t un changement favorable dans la partie malade, apre~s avoir pris le remede honmcopathique convenable, "a la plus petite dose possible, qui en un mot n'Wprouve, par 1'effet de cette substance, une impression superieure 'a celle qu'elle ferait sur 1'enfant n6 depuis vingt-quatre heures, mais bier portant. Qu'elle est donc ridicule, 1'incre'dulite' purement therorique qui refuse de se rendre ' a1'vidence des faits 282. Quelque faible que soit ]a dose du remicde, pourvu qu'elle produise la plus leg're aggravation homoeopathique, pourvu qu'elle ait ]a puissance de faire naitre des symiptomes semblables "a ceux de la maladie primitive, mais un peu plus forts, elle atfecte de pr&fC - rence, et presque exclusivernent, les parties dejh soif'fraiantes de 1'organisme, qui sont fortement irrihees tit tre's-predispose~es a recevoir une irritation si semblabk i la leur,. La force vitale substitue alors "i ]a mnaladie naturelle une auti-e maladie artificielle qui Iui ressemble beaucoup et qui est seulement un peu plus forte. L'organisme vivant ne soufire pills que de cette dernie~re affection, qui, d'apre~s sa nature et en raison de l'exiguhtC de la dose par laquelle elle a (46 produite, ce~de bientt aux eflorts de ]a force vitale pour reitablir 1'ordi~e norm~al, et laisse ainsi, quand l'affection 6tait aigue6, le corps exempt de souffi'ances, c'est-h-dire sain. 285. Pour proce~der d'une maniere conforme ' la nature, un veritable medecin n'administrera le reniwde hornoeopathique qu'a" une dose assez faible pour se borner 276 EXPOSITION a surpasser et aneantir la maladie presente, de maniere que si, par une de ces erreurs pardonnables a la faiblesse humaine, on avait fait choix d'un medicament qui no convint pas, le dommage qui en resulterait serait presque insignifiant et si l6ger qu'il suffirait, pour le reparer, de l'energie de la force vitale, et de I'administration rapide d'un autre remade plus homceopathique, donne luimime A Ia plus petite dose possible. 284. L'effet des doses ne s'affaiblit pas non plus dans la mmne proportion que la quantit6 mat6rielle du medicament diminue dans les preparations homowopathiques. Huit gouttes de teinture prises a la fois ne produisent pas sur le corps humain un effet quatre fois aussi grand qu'une dose de deux gouttes; elles n'en operent qu'un a peu pris double. De meme une goutte de melange d une goutte de teinture avec dix gouttes d'un liquide sans proprie'tes medicinales, ne produit pas un effet decuple de celui d'une goutte dix fois plus ýtendue, nmais seulement un effet a peine double. La progression continue ainsi suivant la mnme loi, de sorte qu'une goutte de la dilution la plus ltendue doit encore produire et produit rhellemnent un effet tras-considerable (1). (1) Supposons qu'une goutte d'un mdlange qpi contient un dixieme de grain de substance midicinale, produise un effet = a; utine goutte d'un autre mi.lange contenant settlement un ceiitieme de girain de cette mArne substance, ne piroduira qu'environ un effet = "; si elle contient un dix-millime de grain du rnmdicament, I'effet sera =-; si c'est iin millioniimrne, il sera =, et ainsi de suite. A egal volume des doses, I'effet du remitde sutir le coirps humain tie s'affaiblit qie de moiti6 environ chaque fois que sa quaritite ditninue des neuf dixiemes de ce qu'elle 6tait auparavant. J'ai vu tres-souvcnt une goutte de teinture de noix voinique ani decillionitime degir de dilution, produire cactcnient la nioitit de I'effet d'une antrie au quintillioni nie degrd, VI.E LA DOCTRINE HOMOFOPATHIQUE. 277 ~283i. On attk~nue aussi ]a force du me~dicarnent en di-. minuant le volume de la dose; c'est-t-dire, que quand, au. lieu de faire prendre une goutte entie~re d'une dilution (juelconque, on ne donne qu'une tr("s-petite fraction de cette groutte (1), le but auquel. on vise, celul de rendre I'offot imois prononce", se trouve parfaitement atteint. La raison en. est facile "a concevoir: le volume de ]a dose avant e~e dimiinu6, it s'ensuit qu'elle dolt toucher nomns do. ncrfs, et que ceux avoc losquels cule entre en contact commiuniquent, bien &"galemnent la vertu du rem ede 'a ]'orgranistno entior, mais ]a liii trausmojttont "a un. dogrr6 beaucoup plus faible. 286. Par la nm'ýme raison, l'offet d'une dose homceopathique s'accroi't en proportion de ]a masse du liquide dlans lequel ohi a dissout pour la faire prendre an malade, quoique la quantite' de substance me'icinale reste la me"me. Mais alors le reme~de so trouve mis on contact avec une surface beaucoup pit-s e~tendue, et le nombre des nerfs qui en rossentont l'oflet est plus considerable. Quoique los th("oriciens pre~tendent qu.'on affaiblit I'action du me~dicament en e~tendant sa dose d'une grande quan(I je les adminiisti'ais june et l'autre 'a une meme personne et datis Pes me~rnes circonistaiices. (1) Cc qu'il y a de mnieix 'a faire pour cela, c'est d'employcr de petites drage'es en. sucre, do ]a grossetir d'1une graine dc pavol. IUne de ces drage'es, imbibe'e dui mddicarenet et iiitroduiite dlans le Nvdhicule, forrinetirne dose qui contient environ la trois ceiitie'me piritie l'uflC goutte, car' trois cents driagees de la. sorte sont surfisarnurent imbibedes par une gotitte d'alcool. Eniinettant unie semblable drag~ee sur la langue, sans rien boire ensurte, on dirimine cotnsiddrablemerit la dose. Mais si, Ie malade e'iant tri-s-sensible, on 4prouIVe IC [besoin d'employer la plus faibic d~se possib~le, et cependant d'arriver au. r~sultat le plus prompt, on se contenite d'une simple et unique inspiration. 278 EXPOSITION quantite de liquide, l'experience dit precisement le contraire, au moins pour ce qui concerne les moyens hornceopathiques (1). 287. On doit cependant remarquer qu'il y a uine grande difif6rence entre miler imparfaitement ]a substance nm6dicinale avec une certaine quanttie de liquide, et op6rer ce melange d'une maniere si inlime (2), que les nmoindres fractions de la liqueur contiennent une quantite de medicament proportionnellement Pgale a celle qui existe dans toutes les autres.En effet, le mnlange a bien plus de puissance mindicinale dans le second cas que dans le premier. On pourra deduire de la les ragles a suivre dans l'amnnagement des doses, quand ii sera (1) Le vin et I'alcool, les plus simples de tous les excitants, snnt les seuls dont I'effet echauffant et in briant diminue quand on les etend de beaucoup d'eau. (2) Quand je me sers du mot intime, je veux dire qu'en secouant une fois la goutte de liquide nmdicinal avec cent gouttes d'alcool, c'est-a-dire qu'en preriant dans la main le flacon qui le contirent tout, et le faisant mouvoir avec rapidittd en ramenant uine seule fois Icl bras de haut en has avec force, j'obtiendrai deji un mndlange exact, imais que deux, trois ou dix moruvements pareils rendront le mnlange plus intime encoire, c'est-a-dire developperont davantage ila veritu inedicinale, deploieront en quelque sorte la puissance du medicament, el en rendront I'action sur les nerfs beaucoup plus pndtraniite. Lors donec qu'on prochde i la dilution des substances niciicinales, on fait bien de ne donner que deux secousses a chacun des vingt on trente flacons successifs, quand on veut ne ddvelopper que mode'iment la puissance active. 11 sera bon aussi, en eteindlant Cles poudres, de ne pis tirop insister sur le broiement dans le moirtier: ainsi, qiand ii faudra meler tin grain di mddicament entier avec les premiers cent grains ide sucre de lait, on ne broiera avec force que pendant une hecure, laps de temps qui ne sera pas non plus depassd dans les attnationsii subsmquenfes, afin que le dvceloppement de ia force du ernemde ii'aille pas an dela de toutes hoirnes. Cc procidd a did suffisamrment ddcrit danis ]a pidface de la troisieme Mdition de la Matire medicale pure, publide cin 1833. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE6 279 necessaire d'atfaiblir autant que possible l'effet des remedes, pour les rendre supportables aux malades les plus sensibles (1).288. L'action des medicaments liquides (2) sur nous (1) Plus on porte, loin ]a dilution, en ayant soin do lul imprimer chaque fois dciix secousses, plus Il'action me'dicinalo que Ia preparalion exerce stir ]a force vitale en l'~tat du suje aataq~r dora pidit6 et dovenir pe'netraute. Sa force no diminue quo tre's-peu, par Ia, nieme lorsqu'on pousso la dilution1 tre's-1oin, et qu'au lieu de s'arre~tei', comine d'ordinaire, "a X, qoi cst prosque toujours suffisant, on va jusqu'a XX, L, C, et au eii do: it ny a quelIa dure'e doelFaction qu i sernble alors diminuer do plus en plus. (2) C'est surtout sous5 forme vaporOusO quo los m~dicaments hor-noeopathiques agissent le plus scirement et Ie plus puiissamment. 11 faut pour, cola aspirer los e6iianatiorus nndicamenteuses d-'un globule, imbibed d'une dilution tre's-active, et r,ýnfrrnid sec dans tin petit flacon. L'homopthiso, pr~savor dbouch ' le flacon, met l'orifice sous I'uno des nariucs dui malade, qui on aspire t'air, qui ope~re do me~me avec l'autre narine, si Ia dose doit e~tre plus foite, et qui inspire avoc plus on mons (de force, stiivant l'exigeiico(lu cas, apre's quoi on reb~oucho toe flacon, ot on le reinet dans son 6tui, pour qu',on Weon puisse, point abuser'. Do cello rnani~re., si lo mieleciui vent, iItn'a pas bosoin de phairm-acien pour, ace(-mplir scs gue'risons. Un globule, dont dix hi vingt pesent uin grain, imnbibe' de ta trenti~mo dilutiion, puis s~chU, conserve sa ploine efficacite' pendant anurrohins lix-huit 'a vingi atus, ter-me~jusqu'oil rernon tent mos experiences,. et it n'en perd rien, quand 1)ief rneme to flacon aurait e'tOouvort mille fois, ponrvu qu'on tail garanti do ta chalour ot (du soledl. Si les deu.ix narinos sont obstru~es par- un. enchif'renoment on pat, des povlypos, le malade respire par Ia boucho, en tenant P'orifico du flacon entro los lc'vrcs Lorsqu'it s'agit do petits enrfants, on lout' tient, to flacon sous l'nne et 1'autre narino pendant qu'its dorment, e1t 'on petit e~tre certain do 1'effot. Ainsi rospire'es, los emanations des me~dicamerils entront en contact sans obstacle avec los riorfs dans los parois des cavite's spaciouses qu'elles parconrent, et irnprimorit Ia modification i-ndicat rice 'a Ia force vitate do Ia manie're ]a plus douce, quoiquc Ia plus C'neigiquo, ei Lion ptus su~remerit que quand on fail prondre to rne'dicamont en substance par ]a bouche. Cette inspiration est to plus sOr moyen do gue'rir tout cc qui pout e^tre gu6vi par- l'homceopathic (et qwelles maladies Ini re'sislent, A l'oxcep 280 EXPOSITION est si pindtrante, elle se propage avec tant de rapidite, et d'une maniere si generale, du point irritable et sensible qui a regu le premier 1 impression de la substance medicinale, a toutes les autres parties du corps, qu'on serait presque tente de 1'appeler un effet spirituel, dynamique ou virtuel. 289. Toute partie de notre corps qui posse'de le sens du toucher est egalement susceptible de recevoir 1'impression des medicaments, et de la propager aux autres parties (1). 290. Apres I'estomac, la langue et la bouche sont les parties du corps les plus susceptibles de recevoir les influences medicinales. Cependant 1'interieur du nez, le rectum, les organes genitaux et toutes les parties douees d'une grande sensibilite, ont presque autant d'aptitude " ressentir I'action des miidicaments. La mmrne cause fait que ces derniers s'introduisent dans le corps tion de celles qui exigent l'application des moyens chirinrgicaux?), mais surtout les aflfeclions chroniques, (quand elles n'nt point,t1 entiererment dernaturies par 'allopathie; les maladies aiguis sont aussi dans le mieme cas. Deptis plis d'un an, mai 1833, je pourrais h peine, parmi les nornhbreux malades qui rciament mes soins on ceux de mes disciples, en cite tin sur' cent dont les so uffrances chroniques ou aiguis n'aient point et gueiies, avec le plus Mlatant succes, par le seul fait de cette olfaction. Je me suis convaincu depuis peu, cc que personne n'aurait cru aupairavant, (u'appliqlide ainsi, la vertu des melicaments agit an moins avc aittat de force, mais certainement avec plus de calrne, et tout aussi longtcmps, sur Ics rnmalades, que la substance elle-meme piise pai la houche, et que par consiequent Irs intervalles a laisser entre les inspirations ne doivent pas ictre moindres que ceux exiges entire les doses (u'oti fait prendre par la voic de l'estomac. (1) L'abshence de l'odorat chez tin rmalade n'empiche pas les mddicaments qu'il fluire d'exercer completemnrnt sur lui leur action medicinale et curative. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 281 par la surface des plaies et des ulceres avec presque autaut de facilite que par la bouche ou les voies aerieinnes. 291. Les organes mnmes qui ont perdu le sens auquel ils 6taient sp6cialement destinis, par exemple, la langue et le palais prives du gout, le nez priv6 de I'odorat, communiquent i toutes les autres parties du corps l'effet des remindes qui n'agissent imrnediatement que sur eux, d'une inaniere aussi parfaile que s'ils 6laient en possession de leur faculte propre. 292. La surface du corps, quoique couverte de peau et d'epiderme, n'est point non plus inhabile ' recevoir I'action des medicaments, surtout de ceux qui sont liquides. Cependant les portions les plus sensibles de cette enveloppe sont aussi celles qui ont le plus d'aptitude a la ressentir (1). 295. Je crois nDcessaire de parler encore ici du magn6tisme animal, dont la nature diff&re tant de celle des autres remedes. Cette force curative, qu'on devrait appeler Mesmeirisme du nom de son inventeur, sur la realite de laquelle des insenses seuls peuvent lever des douites, et que la volonte ferme d'un homme bienveillant fait (1) Le frottement parait ne tiavoriser laction des nedicamnents (]u'en cc qu'il rend la pean plus sensible et la fibre vivanite plus apte nonseulernetit sentir en quceique sorte la vei'ri rnemdicinale, maisk etcore a conmun;iquer au restant de l'organisrne cotte sensation mnodificatrice de 1'dtat gd iral oi ii so tirouve. Quand on conunence par brotter le dedans des cuisses, ii suffit ensuite d'y appliquer sinmplement la pomma(lde mercuriTele pourr obtenir le minme rsultat medicinal que si on avait frictioimnd directement avec Ponguent. Car on ignore erncore si cette derniere op('ration a ou non pour effet suit de faire ptentlrer le mItal (idanis le corps, suit (de le faire adnmet Ire par ls lymphall iqes. Cependant, I humwopalhieri n'a presque jamnais besoin, pour guerir, d'avoir Irecours l'emploi d'aucun mddicameinit en frictions. 282 EXPOSITION aftluer dans le corps d'un malade, au moyen d'attouchements, agit d'une manie~re homweopathique en excitaut des sympto'mes semblables "a ceux de ]a maladie, but auquel on parvient "a ['aide d'unc scule passe exe'cute',e, la volonte' mediocrement tendue, en glissant lentement le plat des mains sur le corps, depuis le sommet de la le~te jusqu'au dela du bout dcs pieds (1). Sous cette forme, le inesmierisinc convient, par exempie, dans les he~morrhagries -Lte'rines, me'rne a leur dernhie'e pe~riode, quand cules sont sur le point de causer la mort. 11 ag~if aussi en re'partissnnt ]a force vitale avec uniformit6' dans 1'organist-ne, quand cite se trouve en exce's sur un point et en dedfaut sur un autre, commc Iorsque le sang se porte "a ]a tfte, quand un sujet affaibli e~prouve une insomnie accomrpagud'e d'ag-itat ion et de malaise, etc.. Dans ce cas, on pratique une seule passe semnblable a la pr'ce'dente, mimis un pen plus forte. Eufin, ii agil. en comniuniquant imme'diatement de la force -vitale "a une partic affaiblie on "a l'orgyanismne entier, effet que nul autre mnoycn ne produit d'Une manie~re si certaine et momns propre "a troubler Ic reste du traitement medical. (It) Cette p~isseý conistitue, la (lose hornomopathique la pin-s rninimo de rnagyie'tisme, qn i ne'ai rioins olpere son vent des mniracles Iorsqn'elle est convenablemjeit plac 'e. 11 W'est lpas iare 'jil les rne'decinis incornphe'[eineiit hoirimopaih isles s'iniag-itie-t redoubler (le sagesso en prescrivanit aux inaladles atteinis d'affc-tions grav~es des doses tre's-peu d istantes de me'dicanients divers., dailletirs choisis homnoopathiquement et emiploe's 'a des dgre's 6les (1o dilution. fis les plongent ainsi darns tin tel e'tat do surexcitation, quo la vie et la molt so. tron vent aux prises ensemible, et qu'il sn flit en suite du rnoindi'e me'dicamnent pour atnener une miort int6vitable. En pareil cas, ii suffit d'une passe magrnitique douce, ou (1e lapplication, rnais pen prolongee, do, la main d'un horn me bieti inlentionie', sur ]a partie qnii sonifre plus spkcialoment, pour id'tablii l'harmonio daris ]a ripartitioii do ]a force vitale, et procurer ainsi repos, sormneji et guecrison. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 283 On remplit cette troisieme indication en prenant une volonte fixe et bien prononcee, et appliquant les mains ou le bout des doigts sur la partie affaiblie dont une affection chronique interne a fait le siege de son principal sympt6me local, comme, par exemple, dans les ulceres anciens, a goutte sereine, a paralysie d'un membre, etc. (1). Ici se rangent certaines cures apparentes qu'out operees dans tous les teminps les magnetiseurs doues d'une grande force naturelle. Mais le resultat le plus brillant de la communication du magndtisme a l'organisme entier est le rappel a la vie de personnes plong~es depuis longtemps dans un etat de mort apparente, par la volonte ferme et bien tendue d'un homme plein de force vitale (2), sorte de resurrection dont lhistoire rapporte plusieurs exemples incontestables (3). (1) Quoique l'operation de compldter localemeut la force vitale, opiration q 'il faut reitedrer de tempsen temps, ne puissepas pirocuier de guirison durable lorsque l'affection locale, Mtant ancienne, depend, comme ii arrive toujours, d'un miasme interine general, cependant cette corroboration positive, cette saturation immddiate de force vitale, qui n'est pas plus un palliatif que le I boire et le manger ne le sont dans la faim et la soif, 'est pas d'un faible secours dans Ic traitement rdel de l'affection entieLre par tles medicaments honimoeopathiques. (2) Principalement d'un de ces hommes comme il y en a pen, qui, avec tine constitution robuste et ine grande hont6 d'ame, ont peu de propension aux plaisiis de l'amour, peuvent, meme sans beaucoup de peine, imposer silence a leurs desiis, et chez lesqiiels, par consequent, tous les esprits vitaux, employes chez d'autres ' la stcr.tion du sperme, sont disposes, et en grande abondantice, a se cornmuniquer aix autres hommes, par l'effet d'attouchemnents fortifies d'une volont6 ferme. Quelques-uns des miagneliseurs douds du pouvoir de guirir, que j'ai eu occasion de contnaltre, ze trouvaient plac6s danscette catgor'ie. (3) Voyez les ouviages de M. A. Teste, Manuel pratique du Magndtisme animal, 4e edition, Paris, 1853, in-18. - Le Magnetisme animal expliqued, Paris, 1845, in-8. 284 EXPOSITION 294. Toules ces me~thodes de praliquer le mesme'risme reposent sur l'afflwx d'une plus ou momns grande quantite" de force vitale dans le corps du malade. Elles out recu d'apre~s cela le nom. de mesme~risme positif (1). Mlais ii en existe une autre qui me~rite celui de mesme~risme ne~gatif, parce qu'elle produit 1'effet inverse. Ici se rapportent les passes usite'es pour faire sortir un sujet de l'e"tat de somnnambulisme, et toutes les ope~rations manuelies dont se composent les actes de calmer et de ventiler. La manie're la plus si^ re etlla plus simple de decharger, par le mesm&. risme ne~galif, la force vilale accumnule'e eni exces dans une partie du corps d'un sujet qui n'a point e'e affaibli, consiste 'a rnouvoir rapidement la main droite e~lendue, 'a un pouce de distance du corps, depuis le sommet de la tae~t jusqu'au deh "dui bout des pieds (2). Plus cefte passc se fail vite, et plus la de'charge qu'elle opere est forte. File pent, par exemple, Iorsqu'une femme auparavant lbien portante (3) a e~te pionge'e dmns un eSlat de mort apparenle par la suppression de ses recgles due "a une commotion (1) En trajiant ici de ]a vertu cuirative, certaine et ddcide'e doi mesmerisme positif, je ne parle pas dceI'abus qiion en twit si souivcnt lorsque, re'petant ces passes pendant des demni-heurles, des henres enti6,es, on me're des journees, on arnjeie, chz (Ies personnes dont les iierfs sont faihies, cet e'norme houleversernent de 1l9,conomie humainie tout entieNre qui porte le nom (de somnnambulismne, e'tat (ms lequel1 I'homrne, soustrait an.rnonde des sons, semble appartcnir da.vantage "a ccliii des esprits, e'at contraire "a la nature, et extr(^-rmemnent dangereux, an moyen duquel on a phins d'une lois osj tenter de guei'ir des maladies chroniques. (2) C'est une re'g-e connuje que la pensonne qu'on vent magno~tiser, positivement ou nwgativemnent, ne doit porter' de soie sun aucune partie de son corps. (3) Par conist'quent, imne passe ne~gative, surtont tui~s-raplide, serait extrmemrerent nuisitble "a une personine atteinite de faiblesse chronique et chez laqUelle la vie n'aurait guere d'Cdnergie. DE LA DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE. 285 violente, la rappeler a la vie en enlevant la force vitale probablement accumukle a la region precordiale et retablissant I'equilibre dans tout l'organisme (1). De meme une lekgre passe negative moins rapide apaise l'agitation souvent tres-grande et l'insomnie fatigante qui resultent d'une passe positive trop forte pratiquee sur un sujet tr s-irritable, etc. (1) Un jeune et robuste campagnard, Agd de dix ans, fut magne'tise, a cause d'une Igeire incommoditd, par une femme qui lui fit plusieurs fortes passes, avec le bout des deux pouces, a la riegion pr'cordiale, au-dessous des c6tis; sur-le-champ, ii tomba, pile comnime un moirt, dans iine telle insensibilitd et immobilite, que tous les moyens furent inutiles pourle rappeler a la vie et qu'on le crut mort. Je lui fis faire par son frere aine une passe negative aussi rapide que possible depuis le sommet de la ltte jusqu'au dveld des pitds; aussiltt ii revint a lui, plein de santd et dispos, comme si rien ne lui fit arrivi. COM1MENTAI RES PAR M. LE DOCTEUR LEON SIMON PERE. L-'ouvragre publie' par SAMUEL HAHNEM ANN sous Je titre d'Organon de 1'ar't de gtuerir contient 1'exposition des principes de la doctrine me~dicale "a laquelle it a donne' le nom d'Ilornwopathie. Quciques-uns de ces principes ont recu,(le nombreux deiweloppcments dans plusieurs des e~crits de Hahnernann; d'autres sont reste's ai I'etat de simples e~nonce~s (1). Les commentaires qui vont suivre ont pour objet de fixer le sens attache a chacun d'eux par 1'auteur, et de justifier leur port~e l he'oriqUe et pratique, expe~rimentale et logique. Au point de de'veloppement oii 1'homceopathie est arriv~e, ce travail m'a pam necessaire. Les principes de Hahinernann ont ke tellement de~Wigure~s par les controverses e'1eve~es "a leur sujet, qu'il importe aux progres ulte~rieurs de la nouvelle doctrine de remettre en lumiere le point de vue rveritable sous lequel I'hiomeeopathie doit etre etudi~e; (1) Le dytiamisme vital, pat, exemple, a Me pose' par llahnemann comme Principe premier, et comme tel n'a ~te ni justifie', ni explique On se rappeilera qu'"en tout,, it Paut pairtir d'un fail oui d'un Prin-. cipe rendant raison de IonS les autres faits, et qu'aucun d'eux ne saurait expliquer. COMMNIENTAIRES. 287 et de rappeler a tous, amis et ennemis, le but unique que se proposait le maitre dans la poursuite de la reforme par lui entreprise. En composant les commentaires qui vont suivre, je n'ai eu qu'uue pensee: celle de rendre un nouvel hommage B la m6moire de l'hornme que je considbre comme le premier et le plus hardi refformateur des medecins de notre Age; a celui qui a su faire de la raison, de l'observation et de l'experience en m'decine, l'usage le plus complet, le plus exact et par consequent le plus 1kgitime qui ait te fait jusqu'ici. Je n'entends done point reveiller des polkmiques dont le temps a fait justice, ni repondre a de pueriles objections. Depuis plus de vingt ans que l'hornaeopathie a penetre en France, cette tache a ete remplie avec une haute raison, avec beaucoup de lumieres et de talent par un grand nombre des disciples de Hahnemann. J'ai moi-meme apporte mon faible tribut a cetle lutte ingrate et toujours renaissante. Qu'est-il resulte de nos communs efforts? C'est qu'aujourd'hui, comme ii y a vingt ans, cc sont les memes objections n6cessitant les memes reponses, et que la controverse, roulant toujours dans le meme cercle, devient d'une stlrilit6 d'plorable. Celte sterilit6 de la controverse s'cxplique par la difference des points de vue de l'une et de l'autre ecole. 11 est digne de remarque, en effet, que tout le travail des ecoles modernes et plus patticuliArement des &coles fraincaises depuis soixante ans, a ete exciusivement anatomique et pathologique. Ce fut done une grande surprise de voir Hahnemann nier du mime coup les sysiemes pathologiques et les pretentions excessives de 1'anatomie pathologique. On declara indigne du titre de 288 COMMENTAILES. medecin l'horme assez audacieux pour ne pas suivre les voics battues, et avoir refuse a la pathologie et l a'anatomie pathologique le privilege d'dtre la base de tout systerme medical. Les disciples de Hahnemann essaye'rent inutilement de relever 1'autorite' du maitre du discredit jete' sur son nom et sur ses ceuvres. Aux objections qu'ils proposerent contre les syste'mes pathologiques, en general, et particulie'rernent contre ceux qui ont cours dans les e&coles actuelles, on opposa un froid d'dain; c, pour ne rien taire, Ia pole'mique ne fut peut-etre ni asseZ nette, ni suffisamnent tranche'e de la part des disciples tie lahnemann. En Allemagne, surtout, Griesselich et ses amis ne dissimulerent as cc qu'ils crurent Wtre une exag'ration de l'homoeopat~hie. N'e'tant pas suffisamment convaincus de l'exactilude des principes hahnemanniens en ce qui touche ' la pathologie, ils eurent la faiblesse de laisser ' croire que 'liomceopathie, tre~s-forte sous les rapports'pharinacologique et the'rapeutique, etait d'une extrerne faiblesse au double point de vue de la physiologie et de la pathologie. Ils crurent que la conciliation entre les deux e'coles se ferait a l'aide de concessions re~ciproques, ne s'apercevant pas qu'ils precipitaient la nouvelle doctrine vers une ruine inevitable, sous le prdtexte de ]a sauver d'un danger imaginaire. Yen demande pardon ' Griesselich eta ceux qui prouveraient la tenlation de recueillir son heritage, ils n'ont compris ni le caractiere, ni l~etendue de la refforme entreprise par Hahnemann. Reprenant jusqu'en ses fonderents l'e'dificc des connaissances rnedicales, cc maitre illustre a pris son point de depart dans ]a fin derni "re de toute me~decine: la guerison des maladies. Pour une COMMIENTAIRES. 289 ceuvre si haute et d'une telle importance, ii convient sans doute de connaitre l'ennerni qu'on pr&'tendcombattre (1); mais ii n'importe pas moins de connaitre les vertus des agents de la guerison, et ii importe plus encore de savoir le rapport vrai qui lie ces deux termes: le medicament et la maladie. L'harmonie entre ces trois termes de la connaissance medicale (pathologie, pharmacologie et therapeutique), fait la force du medecin au lit du malade; et le degre de sa puissance est la mesure rigoureuse de la science qu'il possede. Que si l'un de ces termes recoit de grands developpements, tandis que les deux autres restent dans une extreme faiblesse, la science du medecin ne fait aucun progres, puisque sa puissance n'en recoit aucun accroissement. En m6decine, I'homme le plus savant est celui qui guerit plus et guerit mieux. Les connaissances qui ne mi'nent pas a cette fin derniere, constituent ce qu'avec beaucoup d'esprit Sydenham disait de la medecine de son temps, lorsqu'il la qualifiait: Ars garrulandi potius quam sanandi. Convaincu, comme je le suis, que le caractere de la riforme hahnernannienne a ete souvent meconnu par plusieurs de ceux qui, i l'exemple de Griesselich et de ses amis, out adopte un on plusieurs des principes hahnemanniens, en rejetant les autres; qu'il n'a pas 6te meme soupconn6 par les ennemis de l'homoeopathie; que, cependant, cette reforme est compl te dans son enonce; qu'elle a besoin d'etre developpie et perfectionnee, mais qu'elle repugne a toute alliance avec cc que j'appellerai l'erreur en medecine, j'essaye dans Ics commentaires qui vont suivre, de rnettre en lumiere ces differents points de vue. (i) V. Organon, ~ 2, p. 105. 19 290 COMMENTAIRESO A cet effet, j'examine dans autant de commentaires separ~s, les lois physiologique, pathologique, pharmacologique et the'rapeutique posees par llahner-nann. 11 yessortira, je 1'espe-re, des dwe'veoppements dans lesquels j'9entrerai, que ces quatre lois ouvrent "a l'art de gue~ir un champ vaste, lui promettent une moisson abondante et de nombreuses conque'es. Mais je dirai, d'abord, quelques mots de l'esprit dans le~quel 1' Organon a Me'CODnCU ce qu.'a voulu son auteur, et ce qu'il n'a pas vouin; comment Ai a compris et exe~ute6 la tatche qu'il s'etait impose'e. 1. CE QU'EST L'ORGANON. Ainsi que le mot 1'indique, l'Organon n'est pas un traite' dogmatique, encore nhoins un ouvrage didactique: c'est une logique me'dicale. 11 ne s'agrit dans cet ouvrage, ni d'imposer un systeme nouveau, ni de faire pre~valoir une ide'e concue a priori, mais de donner aux niedecins un instrutment, un secours, une ',n~ihode pour les diriger dans l'art si difficile de guerir et soulager les infirmite~s humaines. Le mot et I'idee soul e~videmment emprunlk~s au chancelier Bacon. Ce dernier ayant e'tabli dans la premie~re pantic de l'hislauratio magnia Ie bilan des connaissances humaines, et inontre" les -vices de la science telic qu'on I'enseignait depuis des sie~les, essaya d'entrer dans la route qu'il conseillait de suivre. Le Novum organum, ouvrage reste' incomplet et destine" a " former la seconde partie de l'Istaw-alio mnagnia, comme le De augrnentis scientiarum en d~ait la. prem-ie~re, Contient la me'thode nouvelle, l'instrument nouveau "a l'aide duquci, scion Bacon, iA etait possible au philosoplic et au CE QU'EST L ORGANON. 91 savant d'atteindre a la v6rit6 philosophique on scientifique. Le titre donn6 par Bacon pour d6signer la seconde partie de sa r6forme philosophique, avait cela d'heureux qu'il exprimait par une locution gan6ralement recue dans l'6cole l'objet qu'il se proposait. Sous le nom d'Organon on designait les six trait6s d'Aristote qui se rapportent " ]a logi(que, sans quc ce philosophe ait jamais pense6 a les rounir sous un titre unique (1). Toute la philosophie baconienne ne fut, on le salt, qu'une longue et 6clatante r6volte contre la philosophic aristotelicienne. Le Novum Organum 6tait done la nouvelle logique que Bacon opposait a la logique p6ripat6tienne. Je n'ai pas " examiner ici la valeur relative des systemes d'Aristote et de Bacon. Je d6sire seulement observer que le titre choisi par Hahnemann, exprime suffisamment l'ohjet qu'il se proposait. L'Organon de l'art de guerir 6tait 6videmment dans la pensee de son auteur, pour la medecine cc qu'avaient 6t1 pour la philosophie le Novuin organum et les six trait6s d'Aristote dont j'ai parl6. P6netre6 des vices de la science medicale telle qu'on I'enseignait depuis des siecles; ayant recherch6 la cause des erreurs nombreuses qui avaient cours de son temps, se croyanten possession de la v6rit6, Hahnemann d6bula par oiu dbutent tous ceux qui veulent parcourir une large carri"re: ii fit un retour vers la rnm6thode; ii remonta jusqu'a I'cxamen du vaste et redoutable probleme de la certitude en mrdecine. En un temps bien 6loign6 de nous, puisqu'il nous re(I) Les Categories, 1'Hermendia, les premiers et les derniers Analytiqucs. les Topiqtues et les Ifaitiations des sophistes, forment les six Iirait&; qui compp saiernt I'Oranon (Voir I'edition d'Aristote doiine par M. Barthilemy Saint-Hilaire.) 292 COMMENTAIRES. porte presque A l'origine historique de la science, Hippocrate, dont le nom toujours respecte a traverse les si cles, voulant affrianchir la m6decine de la pernicieuse influence des ecoles philosophiques et particulierement de l'&cole d'Ilee, ne put y reussir qu'en faisant dans le traite de l'Ancienne mddecine, ce que Hahnemann a fait depuis d'un tout autre point de vue, et en se mesurant avec d'autres adversaires. Ce fut done en haine des hypotheses philosophiques, et en faisant un solennel appel a l'observation et a l'exp6rience, qu'Hippocrate parvint a constituer la medecine une science separee, ayant son objet, ses principes et sa m6thode, distincts de l'objet, des principes et jusqu'a, un certain point des m6thodes philosophiques. Hahnemann n'6tait plus en presence des philosophes; mais des medecins successeurs d'Hippocrate, que du reste ceux-ci fussent amis ou ennemis des doctrines enseign6es par le p"re de la m6decine. I1 les interrogea tous, comme il en avait le droit, sur l'usage qu'ils avaient fait de l'observation et de l'experience, vante'es par tous et mrnconnues de tous; et les resultats de cet examen sont consignes dans l'introduction de 1' Organon. Dans tous les traitements entrepris par l'ecole allopathique, sa prl1ention est d'atteindre la maladie dans sa cause premibre. Vain espoir! prtetention d6risoire! La cause premiere des maladies ne pouvant tomber sous les sens, nul ne peut la connaitre, ni par consequent la rencontrer. 11 est loisible Ba chacun ('en imaginer une. Parlant ensuite des hypotheises diverses imaginees pour expliquer ce qu'on a nommen prima causa morbi, Hahnemann fait une large critique des pretentions de chacune d'elles t penetrer cette cause, a plus forte raison "a la detruire. Cette critique de Hahnemann CE QU'EST L'9ORGANON. 293 a beaucoup scandalise" les opposants "a I'homoeopathie. Ils 1'ontjugoe superficielle, n'atteignant pas "a son objet, affeclant soit tn profond me~pris, soit une grande ignorance de ]a tradition. Si Hahnemann avait voulu faire une critique historique ou philosophique, ce qu'il dit de 1' cole allopathique mit ete' insuffisant, mais telle n'e'4ait pas sa pensee. " Sans me'connaitre, dit-il, les services qu'un grand nombre de mnedecins ont rendus aux sciences acces" soires de l'art de guerir, a la physique, "a la chimie, a I I'histoire naturelle dans ses diff~rentes branches, et a celle de 1'homrne en particulier, & ''anthropologie, & ~ la physiologie, "I l'anatorie, etc., je ne m'occupc ici Sque de ]a partie pralique de la rruedecine, pour mon~ trer conbien est imparfaite ]a mani "re dont les mala(I dies ont e't& traite~es jusqu'& ce jour (1). ) Ce n'dtait douc pas dans le but de juger au point de vuc de la thmiric les systeimes anciens, qu'il les citait ' la barre de sa critique, mais pour les apprecier dans leur resultat pratique. Que lui importait, des lors, que dans la succession historique, ii rencontrit des solidistes et des hurnoristes, des dogmatiques, des empiriques et des e'clectiques! Apportant ' la me'decine une base nouvelle de certitude, ii avait moins ' s'occuper de ce que ses pre ecesseurs avaient pense' que de ce qu'ils avaient fait, des systemes quc de leurs rersultats. Lorsque dans le traihe de ["Ancienne medecine, Hippocrate s'attaque aux nedecins qui, sous l'influcnce de 1'ecole d'flie, cherchaient dans un element unique, ou le jeu regulier de la vie, ou les alterations de ha maladic (2), ii ne (I) V. Organon, introduction, p. 10. (2) V. OEuvres com wtes d'Hippocrate, traduction de Littr'", t. I, p. 559. 294 COMMENTAIRES. se perdit point en longues discussions sur les doctrines des Ileates, ni sur les,crits des medecinis qui avaient subi leur influence; ii les combattit dans leur pratique et dans leurs tendances. Peut-on dire de lui qu'il ait ignore les doctrines de Parmknide, de Xenophane, de Zenon et de Melissus, et les ouvrages des medecins qui recevaient d'eux leurs inspirations? Peut-on dire qu'il les ait didaign's? On ne combat pas ceux que l'on meprise, et la voix des siecles a prouv6 qu'Hippocrate avait compris ceux qu'il combattait. De iume, lorsque Hahnemann est allW saisir l'ecole allopathique dans sa pr6tention de connaitre et d'avoir puissance de ddtruire le prima causa morbi, il a pris les systimes divers qui se sont succed6e depuis Hippocrate jusqu'd Broussais, dans ce qu'ils ont eu d'essentiel et de fondamental, renversant du mime coup la coction d'Hippocrate, le strictum et le laxum de Themison, l'humorisme de Sylvius de Lebo6, l'&clectisme de Bo rhaave, la dichotomie de Brown, et l'irritation de Broussais. Qu'on renvoie a une alteration des solides ou des liquides, la cause premikre des maladies, ou que l'on croie voir cette cause dans l'althration simultanDe des uns et des autres; que cette cause agisse en produisant I'asthbnie on l'irritation, qu'importe! Toutes differentes et souvent contradictoires que soient les reponses faites h la question posee, ces reponses etaient vaines. puisque, comme Hahnemann l'a prouve, on s'attaquait i une question insoluble, a un probleme que ]a faiblesse humaine ne pent atteindre. Et cependant, depuis Hippocrate jusqu'a nos jours, a-t-on fait autre chose que rechercher cette cause premiere, quel que soit l' 1kment oii on l'ait placiee? Est-ce a dire que la medecine soil perpeluellement CE QU'EST L'ORGANON. 295 condamn'e " l'incertitudc des systemes? Non, repond Hahnemann. La me'decine possede trois sources de connaissances dont la le~gitimite" est incontestable, puisqu'elle les posse~de en coinmun avec les autres connaissances humaines. Elle a 1 01]'observation et l'experience; 20 la raison; 30 le temoignage. 10 L'observation et l'experience. Toutes les &coles Iui out fait appel; toutes out prC"tendu la prendre pour guide; aucune ne lui cst reste&e fid Ae. S'agit-il de Ia connaissance des maladies? l'observation nous les re"vdle par leurs symptdimes; et les symptomes sont aux maladies cc que les caracheres sont pour les naturalistes dans la detterrination des Ores soumis " leur dtude, ce que les prop~riete's sont au physicien et au chimiste dans l'etude des corPs. Quel que soit, pense Hahnemann, le changement invisible produit par la maladie dans les profondenis de l'organismyie, cc changement impenedtrable se traduit par des symptomes morbides. Pour connaitre d'une maladie tout ce U'il est possible et utile d'en savoir, il suffit de tenir compte des symptomes qui l'expriment en les prenant danis leur universalihi. L'dtude d'uue maladic dans l'universalite des symptdm1CS, voila done Ia base "la fois logique et experimentale de la pathologic hahuemannienne. Cette base est indestruCtible: on peut l'dargir; la renvcrser,jamais. En effet, comme Hahuemannie reconnait Iui-rnmme, au milieu des sp(~eulations medaphysiques auxquelles les me~decins se sont abandonnes, sur la nature essentielle des maladies, tons out pris pour base les sympt0m's (1); mais laissant pr"dominer ]a spF ulation sur l'observalion, aucun ne s' est attache a Il'universalite de ceux-ci. Du plus an (1) V. Introduction, p. 13. 296 COMMENTAIRES. moins, tous ont trace des tableaux de maladie; mais en regard de ceux que fournit la nature, ce ne sont que des abstractions &videntes, semblables Ba celles qu'on rencontrait dans les descriptions des botanistes et des naturalistes avant que les de Jussieu et les G. Cuvier eussent trace les conditions de ce qu'on a nomme la mithode naturelle. On a souvent invoque comme un moddle du genre, les caractres assign6s par Sydenham a l'hydropisie. Ces caractbres sont, en effet, fondamentaux; mais ils ne conduisent a aucune application pratique. Or, s'il convient de distinguer dans la pratique une maladie donnDe de toutes les autres maladies, il est encore plus important de I'individualiser, puisque l'indication i remplir est surtout dict@e par l'individualitP de chaque cas du meme genre. L'histoire de la thbrapeutique allopathique le prouve surabondamment. D'oui viennent ces milliers de recettes et de formules preiconisees pour combattre une maladie donne'e? Evidemment de ce que chacune d'elles a guiri un ou plusieurs des cas du mime genre. Pourquoi ne suffit-il pas d'une seule formule pour les guirir tous? Parce que chacun d'eux diffbre des autres par des caracteres qui lui sont propres, et que ces diff6rences en font une individualite irreductible aux autres. L'individualisation absolue des maladies, la consid&'ration des sympt6mes pris dans leur universaliteP comme moyen d'individualisation, la negation positive non pas de la nature essentielle des maladies (Hahnemann ne l'a pas niee), mais de la possibilit6 d'atteindre jusqu'a elle, telle est la base logique et experimentale de la pathologie hahnemannienne. S'agit-il de la pharmaco-dynamie? Ici, Hahnemann fait encore appel at l'observation et a l'exp6rience. 11 nie 298 COMMENTAI RESO les donne~es de la tradition et par un appel fait la l'observation etat l'experience. Les faits de gjuerisons homceopathiques dues au hasard, dont ii a rappele' un certain norbre dans la seconde partie de son introduction, faits qu'il lui eiit t6 facile de multiplier, de'posenl suffisamment en faveur de la loi posee. Mais la loi des semblables envisagee du point de vue de la logique se presente encore comne la conclusion necessaire de pre'misses anterieures. En effet, la gue~rison de loute maladie ne peut resulter, quels que soienl sa nature et le moyen curatif employe, que de l'alliance des deux lermes: la maladie et le medicamenl. Si 1'experience et la raison prouvent que les maladies ne sont connues que par les symptomes qui les caractk'risenl, symptones qui constituent leurs qualites positives; si les medicaments ne sont connus, "a leur tour, que par les symptomes inorbides qu'ils de'veloppenl artificiellenenl sur l'homme sain, ce qui constitue leurs verlus egalemenl positives, il est evident que dans l'ceuvre de la gue~rison, nous devons mettre en regard l'un de l'autre ce qui est positif dans ces deux lermes, meidicament el maladie; car aucune base certaine ne peul Alre produite par des qualite~s negatives. Si, pour juger d'une rnaladie, on prenait pour point de depart sa ne~galion qui est la sant%, jamnais on n'arriverait 'a une notion pathologpique quelconque. De meine, si, connaissant par l'expe'rimentation pure, les propriete's reelles d'un agent therapeutique, proprie4te~s qui sont toutes des symptomes morbides, on voulait juger de sa puissance par la ingation de ces sympl~res, ii ne resterait plus rien qui servit de regle pour 1'application qu'on en voudrait faire. Ce serail nier "a plaisir les donne'es de 1'expe't-ience. Si, pour obe~ir CE QU'IEST L'IORGANON. 9 299 au principe contraria conlrariis curanlur, on pretendait appliquer "a la, gue~rison des mnaladlies les medicaments en prenan t le contre-pied des propriektes pathogd~nd"iques ante'rieurernent connues, on serait encore oblige~, procedant en vertu du principe de contradiction, d'opposer les syrnpto'mes fondam-entaux de la rnaladie auix sympto'mes du medicament; et l'expe~rience pathogfene~tique prouive que celte opposition fondamentale est impossible; tandis que la ressemblance des syplmes morbides et, des symp, omes patlhog-Cnetiques pris danS leur universalite' et surtout dans les conditions de leur de'veloppernent, est toujours possible. La loi similia similibus curanhur est donc, "a la fois une donne~e expe'rimentale et une ne~cessite" logrique de la me~thode liahnemannienne. 110 La raison. Nous -vivons en uin termps oii les prd~entions au rationaliswcine dical se sont A'evees plus haut que jarnais. Cette locu tion viejeuse, emprunt~e'h"aIa mauvaise philosophic du commencement de ce sie~cle, n'a aucun sens, ou veut simplenuent dire que les md~hodes, les proce"des et les trait erents adopke's par les me'decins qui se qualitient de rationalistes, sont fonde's sur le raisonnement. Pour etre justifie~e, une itele pretention suppose deux faits confre lesquels s'd"Ievent tous les ternoignages. 10 Que, dans ses re'velations, l'expe~rience ne devance jamais le de'veloppement de ]a raison; 2o ou que la, raison humaine est, assez souple et assez preste pour saisir et pe~netrer les enseigynements que re'v elent les donne"es, experimentales aussito't qu'elles se produisent. S'il en est ainsi, le rationalisme medical a une base kegitime; dans le cas contraire, iinWest qu'une dangereuse illusion. Mais quel, systue me redical petit se vanter, dans le passe' ou dans le present, d'etre vraiment rationnel? Quel me. 300 COMMENTAIRES. decin oserait dire qu'il est en mesure de soumrnettre au raisonnement, je ne dis pas sa methode, mais les procedes qu'il applique et les traitements qu'il emploie? Aucun assurement. Considcre du point de vue pratique, le rationalisme medical n'est done qu'un non-sens et une pretention orgueilleuse. Ce serait bien pis encore, s'il existait un medecin assez confiant dans l'infaillibilite de sa propre raison, pour pretendre arriver a la verite en medecine, sans jamais recourir a l'observation, a 1'experience ou au temoignage. GrAces a Dieu, jamais un tel homme ne s'est rencontr6 parmi les medecins d'aucun age. Mais beaucoup out pense et pensent encore, que l'Ytendue de leur entendement et la ddlicatesse de leurs sens, aides des moyens d'analyse connus de leur temps, sont la mesure de toute vYrite en medecine. Tout principe qui repugne aux principes par eux adoptes, tout fait qu'ils n'ont pas observe ou qui risiste a leurs moyens d'investigation, ils le nient avec confiance et resolution; ils le nient au nom de leur idole, le rationalisme medical. On leur montre qu'un grand nombre de leurs guerisons et des plus positives, des plus durables, et par consequent des plus belles, sont autant d'applications de la loi des semblables, applications faites insciemment; ils prefirent en renvoyer l'honneur a la loi des contraires, par cela seul que leur raison n'a jamais compris ou cru comnprendre que cette loi. Comme les procede's d'analyse chimique sont sans puissance aucune pour mettre a nu le medicament contenu dans les doses infinitesirnales, ils nient leur action, parce qu'ils se croient en droit de nier, dans ces doses, la presence de l'agent therapeutique. Chacun, se faisant ainsi la mesure de toute verite, pose a l'ordre CE QU EST L'ORGANON. 301 naturel les limites 6troites de son intelligence ou les fluctuations de son caprice. Sans doute, la raison a son domaine en medecine comme dans toutes les sciences naturelles. Hahnemann l'a prouv6 par I'usage qu'il en a fait dans l'exposition de ses principes et dans la pratique de son art. C'etait faire un acte de haute raison que de soumettre cette derniere'a l'observation et "al'experience,et de F'y soumettre sans retour et sans defaillance. Jamais aucun medecin n'est reste aussi invariablement fidble a ses propres principes que le fut Hahnemann. Si, dans le Traite de l'ancienne medecine, Hippocrate a trace une m6thode irr&prochable,si la critique dont il s'est servi reste vraie apris tant desiecles ecoules, il n'en est pas de meme du systeme de pathologie humorale, par lequel il termine son livre. Si dans l'Organon de Hahnemann, on retrouve une critique et une mn]thode, le systime manque absolument. On ne peut, en effet, qualifier de systeme, ni l'explication qu'il donne de la loi des semblables (1), ni ce qu'il dit dans un court opuscule de la possibilite d'action des doses infinitesimales (2), ni la doctrine qu'il a expos@e sur la nature et le traitement des maladies chroniques (3). Ce n'est pas en presentant sous la forme de conjecturc (4), ou d'essai d'une explication de la maniere dont s'opere une gu6rison homceopathique qu'on peut qualifier I'auteur de l'homceopathie d'esprit syst(matique. II1 declare que cette loi etant l'expression d'un fait positif, (1) V. Organon, ~ 28 et 29, et passim. (2) Etudes de M-decine Homoeopathique, Paris, 1855, t. I. De l'efficacitd des doses infinitesimales. (3) Doctrine et traitement des maladies chroniques, Paris, 18416, t. I. (4) Organon, ~ 148. 302 COMME~NTAIRESS peu lui importe la the~orie scientifique de la maniiiere dont ii a lieu, et que celle qu'iJ propose ne lui parait Wtre la plus vraisemblable que parce qu'ellc repose sur des donne'es fournies par l'expc'rience. Eahuemann n'a pas essaye davanlage de donner une explication rationnelle de l'action des doses infinite'simales dans le trop court opuscule oii il essaye de faire pressentir less changements extraordinaires que subissent les agents m'dicamenteux soumis ai Ia succussion et au frottement, et oii it repousse les objections proposees contre 1'action tre's-re~elle des doses infinitýsirnales. La doctrine sur la nature et le traitement des maladies chroniques n'est "a son tour qu'une exposition de faits. On a conteste, et on contestera longlemps encore la prdtention ieeve'c par lahnemann, de ranener a trois causes fondamentales la longue serie des maladies chroniques. On peut dire et soutenir, nous dirons plus loin notre sentiment a ce sujet) qu'il a mal interprt& la tradition; que les faits sur lesquels it appuic sa doctrine sont sujets " discussion, et qu'ils n'e~tablissent pas suffisanment la the~se qu'il s'agit de prouver. Mais ii se pent aussi que dc nouveaux temoignages historiques et de nouveaux faits mettent en lumie~re cc point si essentiellernent pratique de la pathologrie hahunemannienne; et dans tons les cas, on n'y Ieut voir la moindre pre~tention systeinatiflail. Ainsi que nous Ic protiverons en son lieu, llahncmann fut fidele, sous le rapport pathologique, a sa melhode gonerale. Cette methode consisle: 10 oi constaler les falts; 20 a remonter ' leurs causes; 30 'aformuter les lois de leur prodluction. A mesure que nous avancerons, il nous scra facile d'invoquier de noinbreux exemplels " cet kgard, et ii en ressorlira avec evidence quo CE QU'EST L'ORGANON. 303 Hahnemann est reste dans toute sa carriere comme praticien et comme savant, l'esclave heureux et soumis de la methode qui a porte si haut et si loin toutes les sciences naturelles. C'est surtout en merdecine qu'il convient de dire que tout doit partir de l'observation et de l'experience pour revenir a la pratique; que le medecin le plus raisonnable, dontla pratique est la plus heureuse, est celui qui s'6carte le moins de cette direction, que tout raisonnement en medecine doit s'appuyer sur des faits saisissables, perceptibles, et que dans cette science, ii n'y a aucune place pour la speculation. Illo La tradition. On a reproch6 avec amertume a l'auteur de l'homoeopathie la virulence de sa critique et ce qu'on a nomme son mepris affecte pour la tradition. On aurait voulu trouver chez Hahnemann des formes plus courtoises dans sa polemique, et probablement aussi, qu'infidele a sa methode et a ses convictions, il retint ou parut retenir quelque chose des syst emes contemporains ou des systemes de ses devanciers. C'etait demander Vimpossible. Hahnermann n'oppose pas, je le rpiete, systeme a systeime; ii les repousse tous, et il combat I'esprit d'ou ils decoulent. Pour lui, la tradition tout entiere est dans les faits observes par ses contemporains et ses devanciers. S'il avait ecrit sur l'histoire de la medecine, force lui eiilt "t de se jeter dans I'examen des doctrines qui se sont succede. S'il avait produit une oeuvre dogmatique, il se serait vu dans l'obligation de la comparer aux oeuvres du meme genre. Mais voulant faire connaitre une mnthode nouvelle dont ii s'est dit i juste titre l'inventeur, la tradition n'avait de prix a ses yeux, qu'autant qu'elle lui fournissait des fails se rapprochant des principes qu'il voulait etablir. Sous ce rapport, a-t-il eit injuste envers 304 COMMENTAIRES. elle? CeLx qui soutiendraient cette opinion, se montreraient fort ignorants des secours que Hahnemann a emprunte's aux toxicologistes, aux auteurs de matie're medicale, depuis Dioscoride, et me'me aux praticiens. Sans doute, ii est loin d'avoir epuise' cette mine d'une ficonditepresque ine'puistable, mais ii a trace" la voie: que ses disciples fassent le reste. I1 a nontr' que dans ]a vaine succession des syste~mes se rencontraient des fails qui ne devajent pas pirir; qu'il fallait de'gager ces fails des explications dont on les avait surcharges, et des theories pqu trop souvent atlterent leur valeur, les prendre dans leur simplicit6 r~elle et les utiliser comme autant de mate"riaux. Ce qu'il a dit, ii 1'a fait; c'est " nous de le completer. Pour ceux qui reprochent "i Hahnemann cc qu'ils nomment son mL~pris de la tradition, se fondant sur cette fausse doctrine, que l'expe'riencc individuelle aidee de la raison individuelle sont incapables de trouver par ellesmemes Ia ve~rite en nu'decinc; qu'clles doivent la demander 'a ia raison genemrale qui scule aurait le privildgc de l'infaillibilit", ils se trompent; les disciples de Hahnemann ne peuvent les suivre sur un terrain qui serait la ruine de I'homceopathie. La raison et l'observation de tons ne sont pas pius infaillibles que la raison et l'obscrvation d'un seul. Comment se pourrait-il que la certitude scientifique put jaillir plut6t d'unc multitude d'esprits faillibles par nature que de l'esprit d'un seul? Cette opinion qui, dans un autre ordre dc connaissances, a cssaye" de s'erigcr en syst'me, a montre sa faiblesse et ses dangers. En mL'decine et dans Ics sciences naturelles, elle est sans application. Qu'importaient "a Lavoisier, 'a Newton, et aux deux de Jussieu, CE QU'EST L'ORGANON. 305 les theories qui les avaient pr6ced6s en chimie, en physique et en botanique? chacun d'eux arrivant avec une methode nouvelle et des principes qui leur 6taient propres, tournbrent leurs regards bien plus vers l'avenir que vers le passe. Ainsi fit Hahnemann, dans tous ses 6crits et dans tous ses enseignements. L'homoeopathie, doctrine essentiellement experimentale et logique, n'a rien h esp&rer de la tradition, consid6rbe dans ses principes souvent errones, dans ses m6thodes toujours incomplhtes et dans ses applications le plus souvent fautives. Un retour vers le passe l'dloignerait du but qu'elle doit poursuivre. Une fois engag6e dans la voie traditionnelle, elle aboutirait n6cessairement, soit h un dogmatisme nouveau ou r6veill des anciens, soit " un 6clectisme impuissant comme tout,clectisme, soit a un monstrueux accouplement de l'une ou de plusieurs parties d'elle-mnme avec quelques lambeaux mal cousus des doctrines anciennes. C'est le privilege des hommes de genie d'offrir dans leurs ceuvres une unite qui ne se brise pas impune"ment. Cette unite est evidente dans la doctrine de Hahnemann; elle se resume en deux points: un e6loignement profond pour toute speculation m6taphysique et toute pr6tention dogmatique; un amour sans bornes de l'observation et de l'experience. C'est dans cet esprit que 1' Organon a ete concu et execut6; c'est la disposition d'esprit qu'il faut apporter a sa lecture et h l'h1tude qu'on en fera. Hahnemann s'est constitu6 l'historien fidele de la nature; il s'est refus6 e lui priter les ressources de son imagination, assez puissante et assez riche, s'il avait voulu lui donner carribre, pour enfanter un systeme qui aurait v6cu ce que vivent les systbmes, lui aurait epargn6 bien des douleurs personnelles et aurait entraine a sa suite une cohorte autre20 DYNAMISME VITAL. 307 Il n'y a done pas, dans la methode hahnemannienne, de principe plus elev6 et plus general que le dynamisme: c'est de lui que tout part, c'est a lui que tout revient. Comment Hahnemann l'a-t-il entendu? Pour cornprendre sa pensee, ii faut peser les termes de l'6nonc6. Enlevez a l'organisme materiel la force vitale, ii ne peut plus ni sentir, ni agir, ni rien faire pour sa propre conservation (1). Hahnemann ne dit pas que l'homme prive de la force vitale ne pourrait ni penser ni vouloir, ce qui est Ic propre de l'intelligence, le caractere distinctif de l'amie; ii dit encore moins que l'organisme materiel cesserait d'obbir aux lois physiques et aux affinites chimiques, mais seulement qu'il serait depourvu de sensibilite et d'action, et qu'il ne pourrait rien pour sa propre conservation. 11 se separe ainsi du mat6rialisrne physiologique dans ce qu'il a de moins acceptable (2), du pantheisme physiologique vers lequel Griesselich semblait incliner (3) et de l'animisme medical represenle dans l'histoire de la medecine sous des formes diverses et en des temps diff6rents (4). 11 semble plut6t se raj)procher de Barthez et de l'ecole de Montpellier qui, eux aussi, voulaient, comme Hahnemann, etablir une distinction profonde entre l'Ame, la force vitale et cet agregat d'elements divers auquel on a donne le norn de corps. Hahnemann met un tel scrupule dans son enonce que, pour eviter toute 6quivoque, it ne rapporte point la force vitale a l'homme, mais seulement a cette partie de l'homme, sujet de ses 6tudes, et qu'il (1) V. Organon, ~ 9, p. I10. (2) BiLtAlD, Cours de physiologie, t, I, p. 105 et passim. (3) Manuel pour servir ad l'etude critique de l'lumorcopathie, PaiL, 1849,in-12. (4) V. Theoria med. vera, de Stahl, t. I, Physiologia. 308 C OMM MENTAIR ES nomme I'organisme materiel. I1 laisse ainsi, en dehors du cercie qu'il s'6tait trace", tout ce qui est 6tranger au but qu'iI se propose, et n'ambitionne rien de plus que de penetrer la cause profonde, mais toujours experimentale, des phbnome'nes physiologiques, pathologiques et therapeutiques dont l'homme est le sujet. Que cette cause ne soit pas la raison derni"re de l'existence humaine; qu'on puisse la rattacher "a une autre cause plus 6Ievee encore, Hahnemann ne le conteste pas; it ne I'affirme pas davantage; mais it dit: oNous ne pouvons connaitre ]a vie a que d'une maniere empirique, par ses manifestations a ou phenome'nes, et ii est absolument impossible de a s'en faire une idee a' priori par des speculations me"a taphysiques. Jamais les mortels n'apercevront, jamais Sits ne decouvriront, par des conjectures, ce que la vie a est en elle-mmrne et dans son essence intime (1). )) En effet, le medecin ne peut connai'tre de la vie physiologique que ses manifestations phenomenales. J'ajoute que, pour atteindre le but A'leve' que le medecin se propose, i1 ne doit pas chercher au dela. Ce n'est pas que Hahnemann nie l'Ame. 11 confesse, an contraire, son existence de la facon la plus explicite (2). Mais it refuse absolument "a I'homme de pouvoir pene&trer jusqu'ai l'essence intime de la vie, et surtout qu'il puisse acque~rir cette connaissance en s'abandonnant aux speculations metaphysiques. Constatons ici ]a rigueur de la methode hahnemannienne, la fide'lite' absolue que Hahnemann lui a gard~e et l'extreme frconditi! de cette me~thode. (1) V. Esprit de la doctrine homceopathique danis Etudes de Madecine homaeopa/hique, Paris, 1855, t. 1, p. 257. (2) V. Oryanon, ~ 9, p. 110. DYNAMISME VITAL. 309 I1 eut et e facile au fondateur de l'homceopathie d'inventer, comme tant d'autres 1'ont fait avant liii et depuis lui, un syste'me oii tout euit e'te ramen a I'unite. Mais alors ii aurait depass6 les faits, et, au lieu de nous donner une methode que le tenps saura respecter, ii n 'ei't fait qu'ajouter une hypothese nouvelle aux mille hypotheises dont la medecine surabonde. S'il est un fait incontestable et incontestei, c'est que l'horme exprime, manifeste trois ordres de phinome'nes d'espece, ou si I'on vewt, de nature tellement differente qu'il est impossible de les re'duire les uns aux autres et de les ramener sans violence "a l'unite. Chacun de nous se sait et se sent doue' d'intelligence et de volonte:; et tous les phe~nornmnes intellectuels et volontaires dont notre ame est le th6eatre, ont pour caracteie conmun d' tre des faits de conscience. L'observation inte~rieure donne ce premier fait ou cette premi "re ve'rite 'i l'observateur le moins attentif. 11 n'est pas moins incontestable que les fails intellectuels et volontaires ne sont pas P'homme tout entier; qu'en lui s'observent une multitude de phenome~nes appartenant " l'ordre physique et chimique, et pouvant etre ramenies aux lois de Ia pesanteur et de l'affinite. II est rgalement certain, qu'en dehors de ces deux ordres de faits, s'en pre'sente un troisieme qui ne peut Ore experinentalement confondu ni avec les uns ni avec les autres: ce sont les faits de l'ordre physiologique. Ils ont leurs caracte~res propres, et Hahnemann les a indiquies L" sa maniere. La sensibilit6 physiologique, que les tns ont appelee irritabilite avec Glisson et Hailer, incitabilit' avec Brown, irritation avec Broussais, qui eut le tort de donner une notion pathologique pour principe " son svs 310 COMMENTAIRES. teme physiologique, est une propriete de l'6tre vivant qui ne peut etre ramen@e ni aux proprieths de la matiere brute, ni aux facultes de l'ordre purement spirituel. Pour avoir essayP une entreprise aussi temeraire que celle du materialisme en physiologie, il fallait s'Ptre forme de longue main aux arguties de la sophistique; car entre l'affinitP chimique, la gravitation physique et la sensibilite physiologique, existe un abime qu'aucun effort de la raison, de l'observation ou de l'experience ne saurait combler. D'un autre co6t, s'il est en nous des phenomPnes qui s'accomplissent sans que l'homme sain en ait conscience et sur lesquels l'intelligence et la volontP n'aient aucune prise, ce sont bien les phenomrnes physiologiques. Sans doute, l'intelligence peut accorder on refuser au corps les aliments necessaires a son entretien et a sa conservation; elle peut activer la circulation par la violence des mouvements, jusqu'a un certain point, favoriser ou contrarier les secretions et les excretions, resister ou provoquer l'impulsion instinctive qui porte l'homme a l'acte de la procreation. Mais 1I s'arr"te son empire. La nutrition, la circulation, les secretions, les excretions et la proc6ration, s'accomplissent en dehors de toute influence de l'intellect et de la volont6. C'est en raison de cette distinction bien sentie par Hahnernann, que, tout en reconnaissant l'autocratie de la force vitale, il la declare d'un autre c6te' aveugle par elle-mtme, et le plus souvent incapable de rietablir l'harmonie de l'organisme materiel, une fois que cette harmonie a *6ti d6 -truite par la maladie. Faits de conscience, faits materiels, faitls de l'ordre physiologique, voilh l'homme tout entier dans les conditions de l'existence terrestre. Ces faits sont donn6s par I'experience de facon qu'aucune negation ne DYNAMISME VITAL. 311 peut les atteindre, qu'aucune theorie, aucun systeme n'a pu les ramener a une unite factice. Cette donne experimentale est tellement &crite de la main de Dieu dans le monde, qu'elle ne se retrouve dans l'homme qu'aprbs avoir ete observee dans la nature sur une plus vaste echelle, dans les tres appartenant a la nature inorganique d'une part, et dans les Otres des rignes vegetal et animal, d'autre part. De 1l resulte que le materialiste qui attribue la vie, avec Griesselich (1), a tout ce qui est cree, et ne voit dans les diff6rences que presentent les etres que divers degres de vie, ramene la confusion 1i oii la distinction etait necessaire. 11 tombe dans les faux systimes auxquels on a donne les noms de pantheisme et de synchr6tisme; systemes vains comme l'6cole d'Alexandrie, que le christianisme avait juges et ddtruits, et qui reparaissent aujourd'hui sous une forme nouvelle et avec un v~tement nouveau, sans cesser d' tre eux-memes et sans rien perdre deleurs erreurs. Lorsque Burdach, youlant examiner l'origine et Il'essence de la vie, nous dit qu'elle a pour origine l'univers (2), et pour essence l'amour (3), on se demande si de pareilles solutions valent qu'on s'y arrite, et meritent l'honneur d'une refutation. Faire sortir l'homme de l'univers sans meme definir ce dernier, lui donner pour essence l'attrait qui pousse les deux sexes a un rapprochement, sans penser que cet attrait n'est que 'occasion de d&veloppernent de la vie, c'est vraiment abuser des mots et des idees. Comment se pourrait-il que l'univers, cr&e pour l'homme et destine a lui (I) GRIESSELICH, Manu2el pour servir& i 'histoire critique de la medecine homaeopathique, Paris, 1849, in-I 2. (2) Physiologie de Buidachi, Paris, 1837, t. IV, p. 147. (3) Loc. cit., p. 147. 312 COMMENTATRES. servir d'habitation, fiit l'origine et par consequentla cause de I''tre qui doit re'gner sur lui? Autant dire que ]a maison que nous habitons est 1'origine de ceux qui l'habitent. Si le mate~rialisme physiologique en est r&~duit "a d'aussi tristes explications, ii se juge 1ui-n71"me, et ne me'rite aucune consideration: c'est du roman et non pas de la science. Que dire maintenant de l'opinion opposee, de celle qui a pretendu ramener les faits de l'ordre phySiologique a I'ame intelligente et pensante? Apres bien des tentatives infructueuses, inutiles 'a rappeler en ce moment, ErnestGeorges Stahl essaya de lever toute incertitude en renvoyant "a Iame tous les actes physiologiques et pathologiques. II fit plus, et en cela ii 6ttait consequent, ii dit: Le principe gejne'ral de la vie on l'd'me se construit lui-me1me son corps. Ainsi, Stahl coupe le noeud qu'il ne peut de'lier, et croit avoir dissipe" tous les mysteres pour avoir place ]a science en face de la solution la plus mystkerieuse (1). Sans s'arr'ter aux difficulte's insurmontables que souleve un pareil systeme, sans rappeler la discussion qui s'dleva entre Stahl et Leibnitz, et qui eut pour resultat de conduire F'auteur de l'animisme medical a doter l'ame de I'e~tendue et de la mate'rialilk', c'esta-" dire des caracte~res les plus inconciliables avec la nature de l'esprit, bornons-nous "a faire remarquer les vices de me'hode dont ce syste'me est empreint. A considerer les choses du point de vue scientifique, il n'est pas possible d'aller au de1ai des manifestations phenome'nales et des lois qui les reggissent. be passage (1) STAHL, Theoria medica; - Negot. Otios.; - Propempticon inaugurale. Ces difftrents kcrits de Stahl veulerit eike 4udie's pour cornprendre son systerne et son caractere. DYNAMISME VITAL. 313 dui phenom ne a la nature essentielle des etres ou des forces qui re~gissent les phe~nomenes est ceuvre de metaphysicien et non pas de savant. Pour ce dernier, la rigueur de la me~thode lui impose l'obligation de poser un ou plusicurs principes comme expression abregee des donne'es que lui a fournies l'experience, et ce principe une fois e4abli, de proce'der par voie de deduction. C'est cette marche, cc proce'de, qui ont edeve a aa hauteur qu'elles occupent les sciences physiques, chimiques et naturelles. L'attraction, 1'affinitk et la force vitale sont des expressions d'une grande precision en ce qu'elles s'appliquent a des causes dont les effets sont d'une e'tude facile. Elles ont une signification precise toujours pratique et qui conduit la science de decouvcrtes en de~couvertes sans 1'7 garer jamais. L'attraction n'est qu'une tendance d'un corps pesant a tomber vers tin centre; 1'affinitlk, la puissance que possedent deux corps 'a se combiner entre eux; la force vitale, une tendance de 1'etre vivant a maintenir dans un juste equilibrc les forces diverses dont I'e'nergie se de~ploie dans 1'organisme humain. L" oiu des actions aussi difrfrentes que les actes intellecluels c volontaires et les actions physiques et churniques se rencontrent dans e me'me individu, chacune avec ses tendances auraient pour resultat, ou de ramener 1'etrc vivant aux conditions de la mati "re inorganique on de le separer de e'~tre spirituel, ii y a ne'cessite' qu'il existe une troishe~me force, qui, par ses reactions sur les autres, les maintienne dans cette harmonie et cet equilibre sans lequel la vie terrestre serait impossible. C'est le rale de la force vitale (1). Hahnemann I'a conpris ainsi, et par ce cote encore, ii se rattache es(1) Lorsque dans les dif'irents paragraphes de I'Organon dejA cites, 11ahnemann arrive A se piotoicer sur la tiatire de la force vitale, 314 COMMENTAIRES. sentiellement a l'esprit qui gouverne la science moderne. Comme Newton disait que les choses se passent comme si les corps s'attiraient entre eux en raison directe des masses et en raison inverse du carre des distances; comme les chimistes parlent de l'affinite de la meme facon que Newton parlait de l'attraction; de meme Hahnemann parle de la force vitale dans le mnme sens en tenant le meme langage. Comme Newton, ii ne definit pas la nature essentielle de la force qu'il nomme. A son exemple, il la pose comme un fait et se borne & indiquer comment elle se comporte dans l'etat de sante et dans Fl'tat de maladie; et comment elle revient de l'etat de maladie a l'etat de sante L I'aide des secours de la therapeutique. Si le caractere de la science se resume dans la simplicite des principes unie a la rigueur de la methode et a la puissance des resultats, nul medecin et nul physiologiste n'a 6t6 plus savant que Hahnemann. Unite de la force vitale, voila pour la simplicite du principe; separation de cette force de tout ce qui lui est etranger, etude de la vie dans ses phenomenes sans rien prejuger de sa nature; voila pour la rigueur de la methode; application du principe reconnu a l'etude de la pathologie et de la therapeutique; voila les resultats. Qui franchira ce cercle ne peut que s'egarer et fourvoyer l'homoeopathie; car celui-la sortirait de la science pour tomber dans le il dit: a Ce qui unit cls parties vi antes du corps humain de manidre a A en faire un si admirable organisme, cc qui les determine ai se t comporter d'une maniere si directement contraire a leur primitive a nature physique ou chimique, cc qui les anime et les pousse a de si s importantes actions automatiques, cette force fondamentale, enfin, a ne peut point etre repriscntde comme un etre a part. ) (Valeur des systemes en meldecine, dans Etudes de medecine homxeopathique, t. 1.) DYNAMISME VITAL. 315 systeme; et tout systime est plus 'troit qu'une methode. Par la fidelit6 que Hahnemann a su garder aux principes qu'il avait etablis, il a indique a ses disciples la route qu'ils doivent suivre pour perfectionner son oeuvre, et donner de plus en plus A la medecine les moyens les plus efficaces de guerir et soulager les infirmites humaines. Pour bien juger de 1'esprit qui le dirige, il faut suivre Hahnemann dans la d6duction de ses propres principes. La force vilale une fois admise, comment se comportet-elle dans l'un des trois diff6rents 6tats oii l'homme peut se trouver:1'6tat de sante, l'dtat de maladie et le passage de l'un a l'autre? Sur le premier point, Hahnemann ne s'arrete pas; il trace brihvement quelques caracteres, laissant aux physiologistes de profession le soin de construire l'&difice de leur science. Ce qu'il a entrepris et ce qu'il a execute, c'est utine oeuvre de mr6decin et non pas de plhysiologiste. La science qu'il a cultivee et a laquelle ii a doiinn un inebranlable fondement, c'est la inedecine considerie comme art et comme science. Les caracteres de la force vitale sont necessairemrnent de deux ordres: caractbres negatifs, caracteres positifs. N6gativement, cette force n'est ni instinctive, ni intelligente; elle est automatique; elle est aveugle. Hahnemann le dit de la facon la plus explicite et revient sous plusieurs formes a cette idee, non-seulement dans I'Organon, mais dans tous ses &crits. Tout autonmatique et aveugle que soit cette force, elle est aulocratique; c'esta-dire qu'elle seule gouverne et regit tous les phenomines physiologiques; c'est-ai-dire encore, qu'elle puise 316 COMMENTAIRESO dans son einergie la puissance qu'elle deploie, sans emprunter cette dernie*re "a 'action des forces physiques et chimiques au milieu desquelles nous vivons. Teis sont ses caracte~res negatifs. Positivement, la force vitale est dynamique; c'est-a-dire qu'elle est dans une continuelle activike; et que cette activite" se manifeste sous deux formes, la sensibilite et 1'action, qui, dans 1'dat de sante, ont pour resultat la conservation de 1'individu et de 1'esp'ce. Hahnemann s'arrte ' cet enonc('. Sans doute, ii est fort incomplet:j'en ai dit les motifs. Nots, me~decins, devons-nous nous en plaindre? Si nous re~fl~chissons aux consequenccs desastreuses des doctrines me~dicales qui ont ]a pre~tention de se fonder, non pas sur une notion physiologique toujours indispensable, mais sur un systi-me physiologique preconcu et pr&~Iabli; si nous youions rappeler "D nos souvenirs Broussais et sa doctrine, Stahl ci sa the~orie me'dicate (1), deduite, pour ainsi dire d'une plysiologie me~taphysico -thetologique, Van Heliront, maitre de Widek, qui avait enseign6 Stahl, Van Helhmont avec ses arche'es, ses bless et ses (ermens, et le syste~me de chemiatrie tbeologique qui en est r'sulte" (2), Hoffrnann (3) avec ses monades dont ii eniprunta l'idee ' Leibnitz; si nous reflechissons aux consequences de ioutes ces speculations, nous comprendrons mnieux comment l'homme qui fonde une doctrine me~dicale, doit toucher en passant au probk.eme physiologique, et ne s'y arreter pas. La question posee et resolue par Hahnemann fut celle de savoir si la medecine ilait une science ou un art; el (1) STAHL, Theoria 7nedica vera, pars. I, Physiologia. (2) VAN HELIMONT, Ortus redicinw. (3) FR. HOFFMANN, Op., vOL. 1, p. '289. DYNAMISME VITAL. 317 sa reponse fut qu'elle etait l'une et l'autre; Si elle avait un objet propre, inddpendant des autres sciences naturelies; et sa re~ponse fut encore qu'il en e'tait ainsi; si elle avail un champ d'observation n'appartenant qu'a elle; et ii prouva que ce champ existe, que les medecins peuvent le cultiver en lui-meme et pour Iui-meme; qu'ils doivent conslituer la science et 1'art de ]a medecine inde~pendants des autres sciences et des autres arts; que, par consequent, ces derniers peuvent s'eogarer a travers les fausses methodes et les systemes incomplets sans que les destine~es de la medecine en soient autrement aflecte'es. Quel plus grand service pouvait &lre rendu "a la science de la medecine, que de la soustraire aux influences etrangieres "a son objet, influences qui, dans tous les temps, ont domine l'art de guerir sous le pretexte de l'&lairer et de lui servir de fondement? Par ce cotte, encore, Hahnemann se rattache aux grands observateurs qui, de~daigneux de tout syste'me, ont recu les noms de me'decins empiriques, litre de gloire quoique loujours meprise des systiematiques, me'decins qui prirent pour une force reelle les reveries de leur imaginalion. La force vitale, une fois de'finie dans ce qu'elle est et dans ce qu'elle n'est pas, Hahnemann avait " ]a suivre dans les modifications qu'elle subit lorsque se declare 1' eat de la maladie. Ici, ii devient plus explicile. Xinsi que je I'ai rappele", loute maladie qui n'esl pas du ressort de la chirurgie consiste dans un desaccord de la force vitale (1). Cette force immake'rielle, active par elleIunme, et partout pre'sente dans le corps, esl au premier (1) V. Organon, ~ 12-ti, p. I11, 112. 318 COMMENTAIRES. abord la seule qui ressente l'influence dynamique de l'agent hostile a la vie (1). Les ph6nomines morbides, accessibles a nos sens, expriment en mrme temps tout le changement interne, c'est-h-dire la totalite du d6saccord de la puissance int6rieure (2). Ils mettent la maladie tout entibhre en evidence. Ces enonces contiennent les principes essentiels de la pathologie ganerale hahnemannienne. lIs se reduisent a trois points": o caract"re dynamique ou vital de toute maladie qui n'est pas du ressort de la chirurgie; 20 action dynamique des causes morbides; 30 correlation exacte entre les svmptbmes observables et la maladie; de telle sorte que ceux-ci ayant disparu, la maladie n'existe plus (3); et que tant qu'il existe un seul sympt6me, si faible qu'il soit, on est fond6 t' dire que la maladie n'est pas gu6rie. Quiconque reconnaitra l'existence de la force vitale sera conduit a admettre le caractere dynamique de la maladie, et ne verra dans cette derni"re, au moins a son origine, qu'un d6saccord de cette force. En quoi consiste ce desaccord? Ici commence le mysteire, parce que les donnrees exp6rimnentales ne conduisent pas plus loin. Ici il convient de s'arreter. Mais n'y aurait-il pas, dans cette manibre de proceder, une sorte d'artifice de m6thode, artifice qui consisterait a conclure l'existence de la force vitale d'une notion preconque de la maladie, ou t deduire le caractere dynamique de cette dernibre de l'existence de la force vitale hypothetiquement admise? S'il en e(tait ainsi, Hahnemann aurait commis la faute de resoudre la question par la question, de deduire une hypothbse d'une (1) V. Organon, ~ 11. (2) Loc. cit., ~ 12. (3) Loc. cit., ~ 15. DYNAMISME VITAL. 319 premiere hypoth se; il aurait "t' infiddle i ses principes, et, d s le debut, aurait abandonn6 ]'experience dont il se declare l'esclave sourmis. Heureusement, ii n'en est pas ainsi. L'experience prouve que dans le d'veloppement de toute maladie l'affection precide la Ilsion, ce qui revient a dire que les sympt6mes dynamiques sont anterieurs aux caracteres anatomiques. Or, lorsque Hahnemann a dit que la maladie n'etait qu'un desaccord de la force vitale, il n'a pas eu la pretention de donner une definition, mais seulement d'indiquer le caract're fondarnental de toute maladie, tel que l'experience le revdle. En effet, s'il est un fait general en pathologie et qui paraisse ne supporter aucune exception, c'est qu'anterieurement a tout desordre morbide caracterise, chaque malade, quelle que soit la maladie dont ii doive etre bient6t affecte, presente certains desordres mal definis auxquels on a donne le nom de prie'curseurs. Ces precurseurs, generalement negliges dans la medecine ordinaire, parce qu'ils n'indiquent rien pour le traitement, sont precieux pour le medecin homecopathe, en ce qu'il peut les combattre et souvent faire avorter un etat morbide plus ou moins grave, les sympt6mes qui les expriment trouvant leurs correspondants dans la matiere mrndicale (1). 11 n'est point de maladie qui n'en offre quelqucs(1) Pour qui est familier avec I' tude de la matihre mnmdicale pure, ii cst facile de comprendre comment Ic medecin homoeopatlie iWest jaimais condarnen a l'inaction. 11 n'a pas besoin, pour combattre une maladie, d'attendre que cette derniere soit arrivde a son dtat, comme le fait journellement l'allopathie. J'ai vu dernieremerint un enifant arrive au quarante-cinquicme jour d'un 6tat typhoide, chez lequiel les m'decins qui le soignerent, ne diagnostiqurent la maladie que le quarantiene jour, parce que les pitechies n'apparurent que ce jour 320 COMMENTAIRES. uns. Chacun sait quels sont les precurseurs des maladies aigu&s et ceux des maladies chroniques; combien, en particulier, s'expriment clairement ceux des fiewres eruptives et des diff6rentes especes de fievvres typhoides; combien sont nombreux les caractlres generaux et constitutionnels par lesquels se traduisent les maladies her'ditaires, ces maladies dont on pr'voit la venue et l'issue funeste quinze et vingt ans a I'avance. En declarant toute maladie dynamique a son origine, Hahnemann n'a done fait que resumer, sous une formule abregoe, les donnees fournies par l'experience. Pour mieux appre'cier la valeur du principe emis, ii faut le juger par comparaison. Celui qui refuserait d'admettre le caractere dynamique de la maladie, serait forcement conduit a l'une des hypotheses suivantes sur l'origine de tout etat morbide: ou it serait organicien, ou ii se declarerait partisan de l'essentialite' morbide, telle que la comprenaient les anciens. On sait aujourd'hui ce que vaut I'organicisme; ce serail perdre un temps precieux que d'en essayer une refutation en forme. Rien de plus grossier et de moins scientifique que la pathologie sortie de ce systime. Laissant de cote les discussions qu'il a soulevees et nous replacant en face de l'observation et de l'experience, les objections serieuses qui peuvent lui etre adressees se resument dans les faits suivants: 1 Si on juge des maladies par leurs sympt6mes, Cvidemment il n'en est aucune qui ne presente des caractlres IA. Pendant quarante jours, on se borna a la diete et aux hoissons d&layantes, par I'unique raison que n'ayant pas de sympt6mnes dvidents de dothinenterie, on ne se croyait pas en droit de diagnostiquer uine fiUrc typhoide et d'agir en consdquence. DYNAMISIE VITAL. 321 generaux avant que les sympt6mes locaux se fassent jour. Toute ke~sion, 'i plus forte raison toute alteration d'organe, est poskerieure, dans 1'ordre de de~veloppement, aux alterations gene'rales de sensibilite. 20 Les symptornes generaux qui signalent la maladie a son debut, persistent pendant sa duree: et lorsqu'ils viennent "a cesser, la maladie est juge'e, lors meme qu'un ou plusieurs groupes de sympt6mes organiques persis-. teralent encore, quoique deja fort aflaiblis. 30 Ce qui caracte'rise essentiellement tout 6tat morbide, cc sont pre~cisernent les alte"rations de sensibilit6 ou les symptomes generaux dont je parle; et ce sont eux aussi qui donnent les signes caractknistiques pour le choix du medicament AN lui opposer. C'est sur eux, enfin, qu'il faut s'appuyer pour tracer, en horoneopathie, les indications therapeutiques. Les pnincipes qui prece~dent trouveront leur justification dans les commentaires suivants. Mais si on vent les adrettre, au moins provisoirement, on est force de reconnaitre que toute pathologie qui se fonde str 1'organicisme est erronee en ce qu'elle donne un re~sultat pour une cause, et prend dans toute maladie le point d'arrivee pour le point de deipart. En effet, apre~s Finfluence exterieure, cause d'une maladie, et la predisposition individuelle qui favorise ou contrarie son action, c'est l'altdratiou de la force vitale qui imprime aux organes et aux appareils les 1essimns et les alterations qu'ils presentent. Les indications therapeutiques se deduisant en allopathie des donnees pathologiques, et la pathologie issue de l'organicisme etant fausse, la therapeutique qui en decoule est ne~cessairement entachee des me~mes vices. 21 322 COMMENTAMES, L'essentialit& morbide- est e~galement repoussee par Hlahnemann dans les termes oii elke a et pose~e par les anciens. It lui a substitue' la spe~cificite6. La. difft~rence entre l'essentialit6 et la spe'cificik consiste en ce que. les ontologistes, contre lesquels Broussais a Si longtemps de~clame' sansý les comprendre, -voyaient ou semblaient voir dans les maladies-des etres distincts de l'or-. ganisme. Halinemanri repousse ce systerne qui s'est represente6 sous toutes les formes iinaginahles aux diffi~rentes e6poques de la science. 11 le repousse comme e'tant entache' de cc qu'iI nomme speculations me~taphysiques, ne reposant ni ne pouvant reposer sur 1'expe~rience. 11 n'y a pas At insister, de nos jours, sur un principo pathologique depuis longtemps tomb-6 en discredit, et qui, d'ailleurs, ne parai'trait reposer que sur un malentendu.. Les partisans de 1'essentialite" etant oblige~s, comme les, vitalistes, de s'appuyer sur l'observation et sur l'exp&rience, force leur serait de prendre les s.p~e o U les caracte~res de la maladie en tre's-se'rieuse conside'ration; non pas tel ou tel groupe de sympt6mes pris en particulier, mais l'universalit6" de ceux-ci; exactement comme le fait Hahnemann. Que si, de l'universalitd" des sympto'mes, its pre'tendaient conclure 'a ce qu' on a nomm6" I'eniit6" morbide, uls seraient dans lFobligation de dire par quel proce~de de me'thode et d'observation uls croient pouvoir passer legitimement de 1'at-tribut ýi 1'e~tre, ce qui deviendrait une question de philosophic avant d'etre un probkeme medical. Dans ces termes, la question offrirait sans doute un tres-haut intere~t; dile pourrait animer la con troverse; son utili1e' reelle serait des plus contes-~ tables.I DYNAMISME VITALV 323 Au surplus, jusqu'i ce que cette preuve soit faite, la doctrine de l'essentialite des maladies, si fortement representde dans le pass6 et aujourd'hui generalement abandonniee, ne peut nous interesser. Hahnemann, en lui substituant le principe de la sp6cificit6, a &chapp6 aux erreurs dans lesquelles furent entraines les partisans des deux systimes oppos6s. Aux yeux de Hahnemann la spdcificitd repose sur deux bases experimentales: specificite' de la cause; individualite' des caracteres ou symptomes, qui sont l'expression de l'Ylat morbide. Lorsque dans le commentaire suivant, je deroulerai l'&conomie de la pathologie hahnemannienne, nous verrons comment ii a entendu ces deux faits. Retenons seulement que si la doctrine hahnemannienne se justifie sous ces deux rapports, le rapport etiologique et celui des formes symptomatologiques, la specificit6 est autre chose que I'organicisme, autre chose que la doctrine de l'essentialit6; que ce principe reste absolument exp&rimental, absolument m6dical, et qu'il est impossible d'adresser "a I'honmoeopathie le reproche que Kurt Sprengel renvoyait si justement i toutes les doctrines du pass6 lorsqu'il disait: ( De tout temps les theories meudicales (( ont emprunte leurs bases a la philosophic domio nante (1).) L'action dynamique des causes morbides est le second element de pathologie generale reconnu par Hahnemann. 11 ressort evidemment des principes antkrieurement poses. L'experience le justifie-t-il? comment doit-il tre entendu? Les causes morbides derivent, selon Hahnemann, de cinq sources diff6rentes. Elles sont teleologiques, selon (1) Hist. de la mddecine, Paris, 1815, t. V, p. 382. 324 COMMENTAIRES. I'expression ancienne, ce que les modernes traduisent par I'action des modificateurs externes, ou elles proviennent de F'action d'un miasme aigu, ou de celle d'un miasme chronique, ou des troubles de l'Ame, ce qui donne les causes psychiques; ou elles proviennent de l'usage abusif et longtemps prolong6 de substances medicamenteuses. Parmi ces sources diverses oix s'alimentent les maladies qui, du plus ou du moins, desolent l'existence de chacun de nous, il ne peut y avoir de contestation que sur l'une d'elles. Je veux parler de l'existence des miasmes chroniques; c'est-a-dire de la psore, de la syphilis et de la sycose, trWs-positivement reconnues par Hahnemann comme 6tant les trois causes auxquelles se ramenent la longue se'rie des maladies chroniques. De serieuses et de longues objections ont 6t6 faites " la doctrine profess6e sur ce point par le fondateur de l'homoeopathie. Je me propose de les examiner dans le commentaire suivant. Je me bornerai en ce moment a presenter deux courtes observations. 10 En supposant que Hahnemann se soit trompe en attribuant "a la psore, i la syphilis et a la sycose les nombreux Otats morbides qu'il leur a rapport6s, ceux qui se sont 61ev6s contre ce point de pathologie n'ont r6ussi qu'h presenter des difficultehs, 6lever des doutes, produire des negations sans avoir jamais d6montr6 l'erreur dans laquelle ils supposaient que Hahnemann 6tait tombe'. Pour qu'une semblable demonstration fMt acquise, il aurait fallu opposer au principe hahnemannien une autre doctrine plus rigoureuse dans son 6nonc6, mieux justifibe par i'observation et d'une application pratique plus f6conde. Une semblable doctrine est encore i produire. Personne jusqu'ici DYNAMISME VITAL. 325 n'a essayb de prouver que la th'orie de la psore rdpugne r la raison ou " l'experience. Or, quelque nombreuses que puissent tre les antipathies soulevees contre l'&tiologie des maladies chroniques, telle que Hahnemann l'a enseignee, ii n'a rien i redouter de ses adversaires, tant qu'ils n'auront pas elev6 un 6difice plus solide et plus reguliec au lieu et place de l'Fdifice qu'ils veulent detruire. 20 La demonstration dont je parle, dit-elle 'tre jamais acquise, Hahnemann devrait etre considere comme ayant fait une application erronue d'une methode excellente en elle-rnmme et d'une incontestable rigueur. En effet, rapporter les maladies chroniques a la psore, a Ja syphilis et a la sycose, c'est toujours rester fidle laa nmethode exp6rimentale, mal interpretee, si l'on veut; c'est aussi maintenir la rupture entre l'homceopathie et les hypotlihses metaphysiques, physiologiques et physico-chimiques par lesquelles on a pretendu decouvrir la cause des maladies chroniques. En ce sens, la solution hahnemannienne pourrait etre repoussee, sans que la methode de Hahnemann en filit aucunemrnent ebranlke. Nous verrons plus loin cc qu'il faut penser des objections proposies contre la doctrine dont nous parlons. Lorsque le fondateur de l'homoeopathie parle de l'action dynamique des causes morbides, ii entend indiquer la modification generale imprimee par ces causes ' a'organisme: il n'entend pas leur attribuer une force vitale leur appartenant en propre, c'est-a-dire leur accorder une propriete autre que celles reconnues a la matiere. Ceci demande explication. Independamment des proprietes g6nerales de la ma 326 COMMENTAIRES. tiire, tout agent susceptible de modifier la force vitale au point de developper une maladie n'agit point par ses qualites physiques ou chimiques, mais le plus souvent par une sorte d'infection par ses qualites pathoge~nitiques. Pour n'e~tre pas de meme ordre que la pesanteur, l'impeiidrabilite, etc., ces proprietes ne sort pas moins de 1'ordre materiel. Elles ne possedent aucune nergie qui leur soit propre; elles ne sont susceptibles ni de sensibilih%", ni d'action, bien qu'elles aient puissance de produire des alterations de la sensibilite et de l'action telles que lI nialadie s'ensuive. En parlant de l'action dynamique des causes morbides, ii faut done entendre la modification imprimn~e a Ia force vitale par les agents exterieurs sanas accorder a ceux-ci une force particulie~re qui serait de meme ordre que le dynamisme humain. 11 faut d'autant mieux se garder de l'opinion que je combats qu'elle tend davantage a s'introduire dans ]a science, et surtout en physiologie. Parmi le petit nonihre de physiologistes qui ont trait6' avec detail la question du dynamisme, tous inclinent par des voics diflkrentes a douer la matie~re d'activike et a ne voir dans Ia -ie qu'un plus haut derveloppement des forces propres aux corps inorganiques. C'est la doctrine explicitement enseignee par M. Berard en France et par Burdach en Allemagne. Mueller incline a 1'adopter, et Griesselich, dans son Manuel, l'exprime avec une certaine crudite6. Cette opinion, posee sans etre scientifiquement e~tablie ni justifiee, est une preuve, parmi tant d'autres preuves, de ce que disait Kurt Sprengel, que de tout temps les me'decins se sont laiss6 diriger par la philosophie dominante. Guide par l'esprit philosophique du dix-huitieme siecle, 328 COMMENTAIRES. l'affecter que d'une manitre purement dynamique (1). C'est la son premier principe. Quand l'homme tombe malade, cette force immaterielle, active par elle-m6meet partout presente dans le corps, est au premier abord la seule qui ressente l'influence dynamique de l'agent hostile d la vie (2). C'est le second principe de l'dtiologie hahnemannienne. 11 ressemble beaucoup au premier et n'en diffire que sur un point qui consiste a dire, que non-seulement la cause agit dynamiquement, mais encore que son influence n'est primitivement ressentie que par la force vitale. Elle seule, dit-il encore, apris avoir 6td disaccorde'e par cette perception, peut procurer d l'organisme les sensations disagreables qu'il dprouve, et le pousser aux actions insolites que nous appelons maladies (3). Dans cette phrase se trouve exprimene toute la genise pathologique selon la doctrine hahnemannienne. La cause morbide impressionne la force vitale. 11 y a dans ce mot et dans l'id6e qu'il repriesente comme une reminiscence de la doctrine de Cullen. Cette perception d6saccorde la vie. Quel en est le r6sultat? ce sont des sensations d6sagr6ables et des actions insolites. Ainsi, perception de la cause morbide par la force vitale, d'oui modification de la sensibilit6 et consecutivement troubles fonctionnels, entrainant ta leur suite les alterations organiques; tel est l'ordre hi6rarchique du developpement de la maladie. Ce n'est pas tout encore. En suivant l'action dynamique de la cause morbide sur l'organisme, Hahnemann pose en principe qu'il existe une correlation exacte et (1) V. Orgacon, ~ 16, p. 112. (2) V. id., ~ ~1, p. I10. (3) V. loc. cit. DYNAMISME VITAL. 329 parfaite entre la cause et ses effets. ( De tous les changew ments morbides invisibles qui surviennent dans l'intea rieur du corps et dont on peut esperer la guerison, ii a n'en est aucun que des signes et des symptimes ne a fassent reconnaitre a l'observateur attentif (1). ) Les signes et les symptomes sont done l'expression rigoureuse de la maladie; ils constituent, pour me servir des expressions du maitre, le total de la maladie, la maladie elle-merme (2). Ce n'est pas qu'il confonde la maladie avec les signes et les symptomes qui l'expriment. Mais comme il a precedemment reconnu l'impossibilite de penetrer l'essentialite morbide et qu'il condamne toute recherche, portant sur ce point, evidemment le total de la maladie, la maladie elle-meme, n'ont d'existence reelle et pratique que dans la collection des signes et des symptomes qui les caracterisent. Enlever ceux-ci, c'est faire cesser le desaccord morbide; c'est retablir la sante. Un principe aussi simple dans son enonce, d'une verite incontestable et d'une si grande utilite pratique, a valu a Hahnemann les plus ameres critiques. On a cru, d'une part, que par l'ensemble des signes et sympt0mes, il n'entendait parler que des alterations de la sensibilite et des troubles fonctionnels et qu'il ne tenait aucun compte des alterations organiques. On a cru aussi qu'il repoussait les moyens d'exploration si vantes en ces derniers temps, moyens d'une incontestable valeur, dont il ne s'est point servi parce qu'il les ignorait. 11 serait impossible, cependant, de trouver dans aucun (1) Organon, ~ 14, p. 112. (2) Id., ~ 12, p. 11. 330 COMM ENTAIRES. des ecrits de Hahnemann, tne seule ligne, un seul mot, qui justifiat cette pensee. Plus loin-, nous montrerons en quoi les critiques qui lui ont 6te adressees portent a faux. be dynamisme physiologique et le dynamisme pathologique d'ablis, ii reste "a dire comment Hahnemann entendait le dynamisme mniedicamenteux. ( INotre force vitale, dit Hahnemann, e"tant une puis" sance dynamique, l'influence nuisible sur l'organisme c sain des agents hostiles qui viennent du dehors troua bier l'harmonie du jeu de la vie, ne saurait donc l'afa fecter que d'tne manie~re purement dynamique. Le a medecin te pett donc non plus remedier a ces desaca cords des maladies qu'en faisant agir sur elles des suba stances douees de forces modilicatrices egalement a dynamiques ou tvirtuelles, dont elle per~oit l'impression a ] l'aide de ]a sensibililA nerveuse presente partout. a Ainsi, les medicaments ne peuvent redtablir et ne rd~ta~ blissent rc'ellement la sante et l'harmonie de la vie a qu'en agissant dynamiquement str elle (1)... ) L'action dynamique des medicaments est un des principes fondamentaux de I'homceopathie. C~est au point que Gross disait que, de toutes les decouvertes de cette doctrine, ce qu'il appelait la loi du potenziellenvent d'ait la propriit6 imprescriptible de Hahnemann' (2). Ce dernier, en effet, de'clarait de la mani"re la, plus explicite, quo le dyveloppement et l'exaltation de la vertu (1) -Esprit de la mWd. hor. dans Etudes de rndecine homceopathique, Paris, 1855, t. 1, p. 257, oji la meme pensee est exprimde sous une autre forme. (2) Journal de rnkl. horn., publid par la Soc. hahnemannienne de Paris, t. I, p. 13; Geoss, Mes dernieres expe'riences sur l'homceop. DYNAMISME VITAL. 331 dynamique des medicaments, consequence du frotterent et des secousses employiees dans leur preparation, merite d etre mis au nombre des plus grandes de'cou-,vertes de notre epoque (1). Que faut-il donc entendre par ces expressions, le potentiellement dzi medicament, l'action dynamique des agents lhe'rapeutiques? Un seul et me'me fait: c'est qu'in-,dependamment des propriekts physiques et chimiques que possedent les nmedicaments en commun avec tous les -corps, ii y a encore d'autres proprie'tes, loxiques lorsque ces medicaments sont employe's sur 1'homre sain, curatives lorsqu'on les administre 'a1'horm e malade, propriet'es qui se rev~ivent avec d'autant plus d. nergie et de puissance que par le frottement et les succussions elles ont e~te' mises en plus libre expansion. Hahnemann avail une telle ide~e de la puissance de ces propridktes qu'il dit ailleurs: ( Les substances nle'dicales i ne sont pas des matie~res mortes dans le sens vulgaire t( qju'on attache 'a ce mot; leur veiritable essence est dynao( mique, au contraire. C'est une force pure que le frotc tement homoeopathique peut exalter jusqu'a I'infini (2).)) Et ailleurs, encore, cornparant les causes morbides 'i 1'action des medicaments, ii ajoute: ((Tout vrai me'dica((ment aoit en tout temps, dans toutes les circonstances, <( sur tous les corps vivants et animes, et ii excite dans ces "derniers les symptornes qui lui sont particuliers (meme c susceptibles de frapper les sens lorsque la dose a e"fe o(assez forte), de sorte qu'e'videmrent tout organisme (I) Esprit de la med. hor. dans Etudes de mMd. homwop., t. I, p. 257. 122 EfficacihN des doses danis Etudes de me'd. homineop., t. I. 332 COMMENTAIRES. Shumain vivant doit 6tre, en tout temps et d'une maa niere absolue, saisi et en quelque sorte infecte de la a maladie medicamenteuse, cc qui, comme on sait, n'est Snullement le cas des maladies naturelles (1). ) Ainsi, les agents therapeutiques possedent des propri&tes pathologiques et curatives, leur appartenant en propre; ces propriePts sont distinctes des autres qualites de la matiere; elles de pendentLd'une force quele frottement developpe a l'infini; elles jouissent d'une action absolue sur l'organisme sain ou malade, et cette action se developpe a la maniere de F'action des causes morbides; car elle produit une sorte d'infection de l'organisme par la maladie medicarnenteuse. II n'y a pas a insister sur le premier fait: tout le monde reconnait, en effet, dans les mrndicaments, les propri6tes qui les font m6dicaments; et personne ne confond leurs vertus avec les proprietes g nerales de la matiere. Mais on n'est pas aussi generalement d'accord sur ]a cause d'oii procede leurs vertus curatives. 11 semble, au premier abord, qu'il y ait quelque hardiesse a les rapporter a une force pure, a voir en eux une essence dynamique. Cependant, si on veut peser la valeur des expressions employees par Hahnemann dans l'une des citations qui precedent, it deviendra plus facile de pnentrer sa pensee. Les expressions force pure, forces dynamiques on virluelles, essence dynamique, expriment sous des formes diff6rentes un seul fait, a savoir: que F'action des substances mi6dicinales sont d'espece particuli"re, et que, le plus souvent, latentes dans les corps qui n'ont pas subi (1) Organon, ~ 30, p. 122, et Esprit de la doct. horn. dans Etudes de mod. hom., t. I, p. 274. DYNAMISME VITAL. 333 le mode de preparation homoeopathique, elles n'acquierent toute leur virtualit6 qu'apris cette preparation. Telle etait, au fond, la pensee de Hahnemann. En effet, si la force peut 4tre definie en mathematique une cause quelconque de mouvement (1), ii faut bient6t sortir de ces termes abstraits, et rechercher comment la force se comporte dans les difflrents modes d'existence des corps. Cette cause quelconque de mouvement a laquelle les mathematiciens donnent le nom de force, s'exerce en physique a distance et a pour resultat, soit les mouvements de translation des corps, soit les attractions moleculaires auxquelles on a donne les noms de forces atomistiques ou constitutives des corps (2). La force qui preside a tous les ph&nom nes chimiques a pour caractere de se developper, non plus & distance, mais au contact immediat; et pour resultat, des phenomenes de composition et de decomposition (3). 11 en est autrement de la force vitale. On ne peut dire d'elle qu'elle s'exerce soit i distance, soit an contact immediat: ce serait en donner une idee incomplkte. Elle penetre et anime tout 1'organisme, et developpe en lui des phenomenes de sensibilite, de mobilite' et d'organisation, ce que Hahnemann avait si bien exprime en disant que, prive de la force vitale, le corps humain ne peut ni sentir, ni agir, ni se conserver. Ainsi, cette cause quelconque de mouvement appelke la force, qui se developpe "a distance par voie d'attraction soit mole~culaire, soit de totalite en physique, an contact immn6diat en chimie et par voie d'affinit6, d'oiu resultent les compositions et les dB(1) POINSOT, Ejlments de statique, p. 2. (2) POUILLET, Eliments de physique, t. 11, p. 8 et 9. (3) Lettres sur la chimnie, par Justus Liebig. 334 COMMENTAIRES. compositions que cette science 6tudie, se developpe par voie de pendtration, d'animnation chez les 4tres vivants, et produit en eux les ph6nomenes que je viens de rappeler. Comment agissent les m6dicaments? sous quelque forme qu'on les administre, depuis l'olfaction jusqu'aux doses les plus massives, les forces therapeutiques qu'ils recdlent se d6veloppent par voie d'impression, c'est-aidire au contact imm6diat, et ont pour resultat des modifications variables selon la substance employee, dans la sensibilite, la motiliti, et l'organisation du sujet auquel on les administre. Ce n'est done point par les forces physiques ou chimiques que les m6dicaments sont m6dicaments; car ces dernibres ne peuvent modifier la sensibilite, lamotilite" et l'organisation des dtres vivants dansune direction telle que l'homme sain tombe malade, ou que l'homme malade devienne bien portant; mais en vertu d'une force ou propriete' sp6ciale tellement diffirente des autres forces ou propri6t6s, que leur action pathog*n6tique et curative sera d'autant plus puissante que, par le mode de preparation, on aura d6truit plus compl6tement les forces physiques et chimiques de la substance employ6e. En effet, si dans les medicaments employes, ces forces pr6dominent, elles feront aussitat ressentir leurs effets et il se fera des compositions et des d6compositions chimiques, qui ne permettront pas "i l'agent therapeutique de d6ployer son action avec l'energie et dans la direction voulue pour le r6tablissement de la sante. Ces faits sont d6ja un argument en faveur de 1'emploi des doses infinitesimales. Ce que Hahnemann a pr6tendu dire lorsqu'il a employ6 les expressions que nous avons rapportees, comme DYNAMISME VITAL3 335 celles de force pure, force dynzamique, force virtuelle, a ete d'indiquer que la cause des effets therapeutiques ne peut ni ne doit tre confondue avec la cause ou les causes des phenonienes physiques ou chimiques que ces memes substances pourraient produire. Cette pensee tait si profondement enracinee dans son esprit, que par le mode de preparation qu'il a conseilke, ii ne se proposait autre chose que d'aneantir, autant que possible, les proprie'te's simplement materielles des substances medicinales; et cela dans le double but d~eviter les eftets perturbateurs; et de mettre en plus libre irradiation les proprietes th~rapeutiques, les seules qui soient directement curatives. C' tait le but qu'il se proposait d'atteindre, et qu'il atteignit effectivement en conseillant de soumettre 'ala trituration prolongee tous les medicaments homc*opathiques. Le frottenent d'une substance active me'le '" une substance inerte a pour effet direct d'affaiblir et meme de de~truire dans cette substance, si l'ope~ration est poussee assez loin, les proprhetes physiques et chimiques de cette substance. L'experience prouve qu a mesure que ces proprietes s'aflaiblissent, la force the'rapeutique s' accroit et se developpe. It y a meme ceci de remarquable, que cette force pure, dynamique ou virtuelle. comme I'appelle Hahnemann, se comporte en raison inverse des autres propriekes materielles. A mesure que les unes decroissent, l'autre grandit; et ses effets curatifs sont d'autant plus puissants que ses effets physiques et chimiques se rapprochent plus de zero. 11 y a done dans les agents therapeutiques quelque chose de special, de particulier, qui fait qu'ils se comportent i l''gard de l'orgarisme sain ou malade d'une facon qui 336 COMMENTAIRMS soustrait cette action aux lois communes qui re~gissent les corps. C'est en ce sens, mais en cc sens seulement, que Hahnemann se refusait ' voir dans les me~dicaments des substances mortes dans le sens vulgaire de l'expression, et qu'il les de'clarait doues d'une force pure, dynamique ou virtuelle. Les me"dicaments jouissent encore dans la pensee de Hahnemann d'un autre privile'ge. Contrairement aux causes morbides qui ne produisent leurs effets qu'autant que 1'individu sur lequel elles frappent est dispose a les ressentir, les medicaments, convenablement administres, developpent leur action sur tous, independamment des conditions d'aYge, de sexe, de temperament; en un mot, ils agissent dans tous les temps, dans toutes les circonstances et sur tous les hommes (1). Cette action absolue, reconnue dans les me~dicaments de la manie~re la plus explicite, a excite' de nombreuses contradictions, parce (u'elle n'a pas ete" comprise. Je ne veux pas m'e'tendre, en ce moment, sur ce principe, qui sera plus utilement developpe dans le Commenlaire sur les doses infinitesimales; je me bornerai A dire que, par l'action absolue dont ii s'agit, Hahnemann a entendu deux choses: 10 que chaque me~dicament manifestait toujours et chez tous l'action dynamique qui lui tait propre; 20 que cette action dynamique se developpait chez tous les hommes sains, dans quelque condition qu'ils pussent se trouver, et chez les malades, pourvu que le medicament fiit appropriei a leur etat. Mlais ii n'a pas dit et n'a pas voulu dire que cette action, consider'e dans son intensite6, serait la metme chez (1) V. Organon, ~~ 31 et 32. DYNAMISME VITAL. 337 tous, et que, chez tous aussi, elle se developperait en employant les memes doses, ni les memes attenuations. Ainsi, 1'effet absolu, c'est l'action sp'cifique de chaque substance; et cette action se deploie avec plus d'intensite, de rapidit6 et 'i des doses plus ou moins fortes, ou plus ou moins repetees, selon les individus et la condition de sante ou de maladie dans lesquelles its peuvent se trouver. L'action dynamique des substances medicinales ainsi 'tablie, reste a dire comment se produit la gu6rison. S'il s'agit de determiner le mode par lequel elle s'opere, Hahnemann l'a fixe en proclamant la loi de similitude. Mais la loi des semblables n'exprimnant que le rapport entre les caractares de la maladie et les propridt's therapeutiques du m6dicament, ii ne suffisait pas de l'indication du mode de la guerison, ii fallait encore preciser l'action produite. On retrouve ici 1'eternel dualisme de l'organe ou des organes et de la force vitale. Selon que l'on s'arreted l'un ou ' l'autre de ces termes, on change aussit6t de doctrine et de pratique. Pour Hiahnemann ct d'apres cc qui precede, le choix ne pouvait etre douteux, et quiconcque voudra suivre les errements de l'homeopathie, devra s'arrter a cc precepte du maitre: Une affection dynarnique dans l'organisme vivant, est eteintle d'une maniere durable par une autre plus forte, lorsque celle-ci sans tre de meme espace qut'elle, lui ressemble beaucoup quant 6 la minanire dont elle se manifeste (1). Ce qu'il y a donc " rechercher et a produire dans l'ceuvre de la guerison, ce sont des modifications dynamiques dans Fe'tat de l'organismne huinain. Ce second (1) Voy. Organon de la me'decine homceopathique, ~ 55. 22 338 ' COMMENTAIRES. pr6cepte de Hahnemann est la cons6quence rigoureuse de toute sa doctrine sur le dynamisme vital. II conduit a des cons6quences pratiques rigoureuses, et l'exp6rience le justifie. Pour ceux qui font de l'organe un principe et de la vie un r6sultat, si jamais its voulaient appliquer la th&rapeutique homoeopathique, ils iraient emprunter aux modifications organiques la caractkristique des mcdicaments subordonnant " ces dernibres les modifications dynamiques. Ils mettraient ainsi au second plan des caractires qui appartiennent au premier; et au premier plan ceux qui appartiennent au second. Renversant ainsi les donnies du probleme, l'insucces r6pondrait a leurs efforts. C'est l'6cueil devant lequel viendront se briser tous les organiciens qui voudront aborder l'etude et la pratique de l'homoeopathie. Pour ceux, au contraire, qui voient dans la vie une cause active comme toutes les causes, et dans les organes un r6sultat, ils 61abliront leur diagnostic sur la consideration des modifications dynamiques que pr6sentent les maladies, et fixeront d'apres elles leurs indications th6rapeutiques. La diffirence des deux points de vue de l'organicisme et du dynamisme est done tellement tranch6e sous le rapport pratique, qu'il n'existe entre eux aucune conciliation possible. De toute n6cessit6, l'un des deux termes est subordonn6 a l'autre; et comme consequence, les modifications organiques seront, pour le vitaliste, subordonn6es aux modifications dynamiques et engendrees par elles. Les indications seront done forc6ment empruntees aux caract res dynamiques avant tout, et secondairement aux sympt6mes organiques; car ii ne faut pas perdre de DYNAMISME VITAL. 339 vue que dans la methode hahnemannienne aucun caracthre n'est exclu. Tant pour le choix du miidicament que pour le diagnostic des maladies, c'est 1'universalit6 des sympt6[nes que le mrndecin homeopathe doit utiliser. Sans en negliger aucun, ii y a, cependant, a les hierarchiser entre eux; et cette hierarchie des sympt6mes s' tablit d'apr's la loi de leur developpement; c'est elle qui donne le degre de leur importance. C'est la une des grandes difficultUs del'homoeopathie, I'un des principaux obstacles i cequ'elle penitre dans les rangs de l'allopathie. Lorsqu'on aborde I'etude de l'homceopathie apres avoir e te faconn6 de longue main aux habitudesallopathiques, ii est difficile de s'affranchir complktement des principes qul gouvernent I'ancienne mrdecine, de voir dans ce qu'on nomme la pleur'sie et la pneumonic autre chose qu'une phlegmasie du poumon et de la plevre; et dans les fiIvres typhoides, autre chose qu'une ruption folliculaire de l'intestin. 11 est plus difficile encore de ne pas considerer les alftrations organiques qui ont servi " decouvrir ces etats comme le point de depart de tous les autres sympt6nmes, de tous les troubles fonctionnels existants. Plus difficile devient-il encore d'aller chercher les indications a remplir ailleurs que dans les altirations organiques. Abordant de cc point de vue l'etude de la matiere m6dicale homoeopathique, on est forcement condamne a ne pas rencontrer cette similitude exacte entre le medicament et la maladie, condition premiere du succes. Car l'expbrimentation pure donnant toujours dans les plus grands details et avec une precision qui ne laisse rien a desirer, les modifications dynamiques produites par chaque substance, donne rarement avec la m.me precision les mo 340 COMMENTAIRES. difications orgraniques qui en sont les conserquences. Alors, on essaye de s'aider des fails cliniques trop souvent confondus dans les repertoires avec les donnees de 1'experimentation pure; et ces faits souvent inal definis, plus mal appr'ceies, ajoulent aux difficulte's du choix du medicament, bien loin de le simplifier. En resum: 1'homme est un etre vivant. Comme tel, ii ne se passe rien en lui, qui puisse Otre rapporti iA I' tat de sante" on de maladie qui n'ait la vie pour racine et pour point de depart. Le dynamisme humain devient donc ]a loi supreme de tous les actes phyvsiologriques qui se passent en lui. Lorsque l'homme tombe malade, c'est la vie humaine qui est sortie de son rhythme normal. Lorsque 1'homme revient ' aa sante", c'est encore la vie qui revient "ases conditions reguliejres. L'influence sous laquelle s'ope~re ce retour a la sant6 n'est, c son tour, ni une action physique, ni une operation chimique, mais une action dynamique produite par la force pathoge;ne& tique que recelent les agents the'rapeutiques, force distincte des autres forces, et qui constitue ]a vertu de chaque medicarnent. Voila le dynamisme hahnemannien. Au moment oii je terminais ce qui pre &e'de, la question du dynamisme vital etait portee devant I'Acade'mie de m'decine, et donnait lieu A 1'une de ces discussions solennelles dans la forme, stidriles dans leur rd~sultat, dont cet illustre aredopage ne se montre pas avare (1). Un memoire de M. Piorry, sur le traitement de ]a variole, fut I'occasion du dedbat. Comment de la variole et de son traitement est-on arrive a parler de la nomenclature me"dicale, de 1'unite morbide, des abstractions et, enfin, de (4) Bulletin de l'Acad. imp. de me'decine, Paris, 1855, t. XX, p. 549. DYNAMISME VITAL.,4 341 ]a force vitale? Rien de plus simple. 11 est dans la nature de M. Piorry de toucher "a tout lorsqu'il s'occupe de quelque chose. A piropos de la -variole et de son traitement, ii a voulu aider "a la fortune toujours douteuse de sa nomenclature, et faire nai'tre une occasion, que sans doute ii cherchait, de donner sa profession* de foi physiologrico-pathologique, en s'avouant le disciple de Stahl. A ]a tournure que prit ]a discussion, de's le debut, ii fut aise' de voir que M. Piorry entrait dans les preoccupations de 1'Acadc'mie, et que le dd~at, en se prolongeant, se concentrerait biento't sur ]a seule question d'un veritable inte'ret, sur le dynamisme -vital. En effet, les moyens proposes par At. liorry, pour le traitement, de ]a variole, ont le triple tort de ne pas lui appartenir, de n'~tre pas nouveaux et de n'e'tre pas efficaces (1). La nomenclature qu'il a propos~e h tmoigyne, sans doute, d'un e~norme travail et metne d'une certaine perspicacit6; mais elie repose sur uric fausse doctrine, I'onomo-pathulogjisinc, ou ]a consideration des Mtats oryano-paihiques. Cependant, comme cette nomenclature est l'expression de ce que M. Piorry croit e'tre itne doctrine; qu'iI se permit de toucher "a l'organicisme en se de~clarant aniMiste; qu'il le fit avec ]a bonne foi qui le carackw'ise et l'aban(1) Chose remarquabl)e! M. Pioitry pr~oclame, avec le consentement de tous SeS illustres colle'gues, que la vaijule confinente est de~cide"ment inicurable. (( On 6tudie, dit-il, ]a petite v~role, ruals,1Yon combat 'a peirie les accidents qu'elle cause; contre l'e'ruption vaccinate, on ne fait ionun, on n'oppose aucun moyen 'a la variole; la variololde est ahandotine'e eiee-rne~ine; ]a petite -vdrIe discriCte sernble, pour ]a plupait, ne pas tneiiter, de traitement; on ne peut maiheureusement rien conire la variole con fluente )) (p. 480). JFen dernande pardon 'aIl'Acaddn~ie et a Al. Piot'ry, arsenic suivi de niercure peuvent beaucoup. Hep-suiph. pent encore davanitagc j'eii ai des preuves tons, les ans. La variole confluente est curable. 342 COMMENTAIRES. don dont ii a une longue habitude; comme au sein de 1'Academie se trouvent des organiciens ai nuances varides, mais qui tiennent a leur idole d'autant plus quii'elle vieillit davantage, et des 41"ves de l'6cole de Montpellier qui, pour avoir garde longtemps le silence, ni'ont pas deserte leur drapeau; on pouvait.tre s'r que le gant jetb par M. Piorry serait relev&. Nous avons done assiste a un spectacle curieux sous plus d'un rapport, 6trange sous beaucoup d'autres. Nous avons vu 1'organicisme battu en ruine par ceux-li" mmtnes qui l'avaient defendu dans kurs &crits avec le plus de force et de perseverance; l'animisme se poser sans essayer de justifier ses pretentions; le vitalisme prendre a la discussion la part la plus large et la plus mode6re. Stahl, Barthez et Broussais etaicnt en presence dans les personnes de MM. Piorry, Bousquet, Parchappe et Bouillaud. 11 etait inevitable, qu'en cette circonstance, le nom de Hahnemann fNit prononc6. M. Bouillaud se chargea de ce soin; et ii le fit avec son habituelle ignorance de l'hornmoeopathie, et les expressions injurieuses, accompaguement oblige de toute discussion entre rmedecins (1). Plusieurs faits ressortent de ce debat; ils sont d'une telle importance; ils marquent si bien l'etat des croyances en m6decine en dehors de l'homceopathie, qu'il est bon de les examiner en peu de mols. L'organico-vitalisme de M. Bouillaud, I'animisme de M. Piorry et le vitalisme de MM. Bousquet et Parchappe, sont des systimes qui abondent en contradictions, interessant a la fois la thdorie et la pratique de la mindecine. Quel que soit celui d'entre eux qu'on adopte, ii est impossible d''difier a leur aide un systeme regulier, propre (1) Bulletin de I'Academie, t. XX, p. 700. DYNAMISME VITAL. 343 a guider le medecin au lit du malade, et a le conduire " de nouvelles decouvertes. Un second fait ressort encore du debat. Ce sont les nombreux emprunts fails par chacun des combattants a cette homceopathie, tant ignoree et tant meprisee; emprunts qui, s'ils sont faiLs sans connaissance de cause, tnmoignent du mouvement irresistible qui entraine l'cole de Paris vers l'homceopathie. a En physiologie, a dit M. Bousquet, nul n'est plus a spiritualiste que M. Piorry. SEn pathologic, nul n'est plus matkrialiste. ( Spiritualiste au point qu'il fait tout venir de l'Ame, a non-seulement la pensee, mais les organes eux-mimes. a L'ame, dit-il, est le point de depart de I'organisation. SCe sont ses paroles! EL c'est I'influence de lIame Squi ddtermnine les phenomenes qu'on a coutume de a rapporter au principe vital. Stahl n'aurait pas mieux ( dit. (( En pathologie, ce n'est plus cela, la transformation est complkte; M. Piorry n'adrnet, ne voit que des organes (1). ) On se demande, en effet, comment, si l'rne est tout, si elle informne le corps, ainsi qu'on l'a avance et soutenu depuis longtemps sans le prouver jamais, i1 est possible de rapporter a l'organe le point initial de la maladie. Viton contradiction plus forte? L'organisation deriverait de l'ame; la vie et les organes eux-memes seraient sous sa dependance, et la maladie qui ne serait qu'un Mtat de ces m~mes organes echapperait i l'Ame, par qui seule les organes vivent, se conservent et sont alteres! (1) V. loc. cit., t. XX, p. 549. 344 COMMENTATRES. Aussi, MM. Bousquet et Bouillaud n'ont-ils pas eu de peine "a triompher de M. Piorry, en lui demandant cc que devient 1'ame apres que, sous l'influence divine, elle a e'te' le promoteur de 1'organisation. Us ont obtenu de lui, pour toute re'ponse, que lui adresser une parcille demanae, c'est poser une question insoluble; mais que cependant ii preftre admcttre que cette Atme continue ' presider a 1'harmonie des organes et des sensations que de supposer 1'existence d'un principe vital... Ceci revient a dire, que M. Piorry est animiste par desespoir. Ne pouvant tre satisfait des solutions purement materialistes des ~coles modernes,ni de la solution de Barthez, et ne sachant oii aller, ii se jette dans les bras de I'animisme, faute de micux. Jusqu'ici, la question fait peu de progre~s; et les deux discours prononce's par M. Bouillaud la laissent retomber lourdement sur elle-meme. Le savant academicien parailt pr1occup1 beaucoup moins de M. Piorry et de son animisme que de repousser les e~pithe~tes de mate'rialistes, de cadale'ristes, infligees " aI cole de Paris par les re'dacteurs de la Revue nm'dicale, journal qui essaye, sous la dired~tion de M. Cayol, de conslituer ce que M. Bouillaud appelle I'&~cole n&zo-vii alisle. He'as! cette ecole n'a de nouveau que le nom, si mn'me ce nomn a quelque chose de neuf. Par une inqialifiable imprudence, les ecrivains de la Revue essayent de placer leur neo-vitalisme sous le patronage de saint Thomas d'Aquin, qu'ils out lu, je le crois, mais dont ils n'ont pas conpris le sens et la haute porte'e:c'est au moins a craindre. Par un ze'Ae imprudent, ils comprornettent, la cause qu'ils entendcnt servir; cause qui se soutient assez par elle-meme et n'a pas becoin du fragile appui des opinions flottantes des sa DYNAMISME VITAL. 345 vants. Cette cause esl celle de la religion. Cette dernie're nous appelle tous; elle exigre que nous examinions la science "a son om-bre; mais avec le cortk'ge de preuves et de fails qui ne permeltront plus de nouvel abandon. De ineme qu'elle a re~pudie' ceux qui ont nie" sa ve~rite et sa puissance, elie renierait ceux qui, par une exage~ration kgalement coupable, tenleraient d'imposer une solution aventureuse, parce qu'elle ne serait pas suffisammenl justifie& (1). Quoi qu'iI en solt, M. Boujilaud est venu prononcer le panegyrique de I'&cole de Paris, et ii faut le dire, ii a tenteh une oeuvre impossible. Seloni lui, entre Barthez et Bichat, ii n'y a aucune difference. Comment assirniler 1'un "a l'autre, cependant, Barthez, qui fail de la force, 'vitale une cause, et Bichat, qui detfinit la vie un re~sultat? Tout l'esprit de M. Bouillaud n'a pu suffire "a Si redoutable entreprise. Aussi, malgre" cette assimilation force~e, a-b-it abouti "a une profession de foi qui n'est que la reproduction de la doctrine ~le Barthez, faite en d'autres termes et de fa~on niois precise et momns claire. M. Bouillaud admet que l'homme est tin tre dont l'unite" se de~comnpose en elements; que ces e6lements sont un corps organise ou cornpose d'orgranes, c'estli,-dire d'instruments varie's, destine's chacun a remplir une fonc.(1) Nous lisons danis le tome It des Prwulectiones philosophicw, onvrage adopte' pour 1'enseignement de la philosophie dans le sedminaire de Clermont-Ferrand, de sages enseigrnements sui- cette question. L'auteur I discute 1'opinion de saint Thiom-as d'Aqtnin qu'iI rapproche du sentimnent d'Aristote sur les trois almes intellectuelle, sensitive et vý9gataire, qu'Aristote smblait adm-ettre en nous. 11 rappelle aussi cette parole de saint Paul aux T'hessalonicienis: Deus c((pacis sanctificet vos per omnnia ut integer spiritus vester et anima et corpus sine querela, in adventu Domnini nostri Jesu Christi 9 (v. 23):' 346 COMMENTAIRES. tion speciale; 20 de forces, de puissances, de principes qui meuvent, vivifient, animent cette merveilleuse et divine machine; que ces forces, ces puissances, ces causes peuvent Mtre ratnendes a deux principales cate'gories, ainsi que l'ont fait, selon M. Bouillaud, Barthez, Bichat et M. Lordat; que pour avoir une idee complete de toutes les forces qui agissent sur l'agregat rnatlriel appelk corps humain, ii suffit d'ajouter la pesanteur et l'affinitk, forces que Bichat et Barthez n'avaient point oublides (1). Tel est le symbole philosophico-physiologique de M. Bouillaud, re"digt en quatre articles. 11 diff~re quelque peu des idees de Bichat, beaucoup plus encore des doctrines de son maitre, Broussais; mais ii s'identifie si bien avec les principesde Barlthez eltladernihreformule qu'ena donnee M. Lordat, qu'on se demande oii est la diff6rence. 11 en est une cependant qu'il faut signaler. M. Lordat ddfinit I'homnmen double dynamisme. 11 dit que (( c'est un etre dont l'unith se decompose didactiquea ment et de has en haut: l en un agrogat materiel, le a corps; 20 en une Aime de seconde majeste, mortelle et a neanmoins de l'ordre metaphysique, laquelle fait la vie Sde cc corps et que Barthez appelait principe vital; ( 30 en une Ame intelligente et immortelle qui dessert la a raison et la volontk (2). a Dans la formule de M. Lordat, les choses sont au moins de&nommees d'une facon claire et precise. Les mots forces, puissances, principes, facultes, sorlent du vague des expressions mal definies; elles s'appellent I'dme, le principal vital, le corps, toutes choses que cha(1) V. loc. cit., p. 706. (2) V. loc. cit., p. 718. DYNAMISME VITAL. 3 47 cun comprend, et nelaissent aucune place pour la retraite. Ce n'est pas que la formule de M. Lordat soit irreprochable. Detfinir l'homme un double dynamisme est une faute. Le dynamisme s'entend de la spontanihit de la force vitale, spontaneit6 qui n'implique ni raison, ni volonte, attributs essentiels de l'ame. Cette confusion de langage et de pens6e se retrouve encore dans les autres termes de la formule de M. Lordat. S'il fait de Fuamne raisonnable un dynamisme, bienlt6t ii qualifie le principe vital d'ame de seconde mnajeste:il la fait perissable. Une ame qui perit, une Ame qui ne pense ni ne veut, voila de ces expressions qui accusent une grande incertitude de doctrine. Mais l'organico-vitalisme de M. Bouillaud se r'duisant a la reproduction incomnprise des principes de Barthez, peut etre consider6 comme un commencement de retraite operee par l'cole de Paris, un premier pas vers de meilleures doctrines. Disons-le, cependant: ce retour n'est pas heureux, et ii ne portera aucun fruit. Abandonner Broussais pour emlbrasser Barthez, c'est passer d'une solution A une autre solution; c'est changer de principe sans changer de methode. La science ne peut rien gagner a ces variations que M. Bouillaud reproche, avec tant d'amertume, ai M. Piorry, dans la derniere replique qu'il lui adresse (I). Si les principes de Stahl, de Barthez et de Broussais n'ont pu soutenir I'action du temps, c'est qu'ils elaient mal tablis; c'est quie la mBthode suivie par leurs auteurs,tait fausse, et dans la science, toute fausse methode porte de mauvais fruits. 11 est fort indifferent, pour la physiologie, qu'on passe (1) V. loc. cit., p. 817 et passim. 348 COMMENTAIRES. de 1'animisme au vitalisme, ou de celui-ci au materialisme, si, en meme temps qu'on change de drapeau, on ne change pas de terrain. Hahnemann l'avait parfaitement compris. C'est pourquoi, ii ne se laissa pas entrainer sur les pas des systlmatiques qui donnent des solutions sans s'inquieter d'assurer la methode qui les justifie. Le dynamisme hahnemannien diffhre de l'animisme et de la doctrine de Montpellier, sons deux rapports essentiels: 1 en ce que ces deux doctrines nomment leurs principes, et que Hahncmann prespnte le dynamisme vital comme l'expression abrig6e de faits positifs; qu'avec Hahnemann, ii est toujours facile de remonter du fait l sa cause ou de descendre de la cause au fait et de verifier l'un par I'autre, tandis que l'animisme est dans I'impossibilitk de combler l'abirie infranchissable qui separe l'ame de l'organisme, et d'6difier sur ce principe une pathologie et une thdrapeutique. D'uin autre c6t6, si le vitalisme, plus avance que l'animisme en ce qu'il est plus vrai, a pu constiluer, avec ses donnies, la doctrine des elements morbides (1), ii a laiss6 la pharmaco-dynamique et la th&rapeutique dans leur obscurit6 premiere. 2( Le merite du dynamisme hahnemannien estpricisement de projeter sa lumikre sur tous les k16ments du probleme medical et de suffire a constituer (ceuvre de temps et de labeur) une physiologie, une pathologie, une mati"re medicale et une therapeutique, unies entre elles par le lien d'une methode commune en conservant a chacun de ces e1ements son domaine et sa sphere propres, sans que l'on puisse dire que l'un d'eux se conclut d'un autre, et n'en est qu'une consequence logique. Animistes, vitalistes et (I) Le vitalisme de Montpellier n'a rien su faire pour la matibi'e m'dicale et la thdrapeutique. DYNAMCISME VITALO 3499 materialistes tourbillonneront longtemps encore autour de la ve~rite' hahnemannienne, mais ils finiront par oii finissent toutes les luttes scientifiques, c'est-h-dire qu'ils s'absorberont dans ]a me~thode hahnemannienne, prise dans son unite" et dans toute sa corplexite. Le discours le plus remarquable prononce' dans cette discussion est evidemrnent Celui de M. Parchappe. I1 a nettement posei la question du vitalisme, se bornant ai ]a discuter d'un seul point de vue, le point de vue pathologique. A ses yeux, entre 1'organicisme et le vitalisme, ii n'y a aucune conciliation possible. D'un mot, ii a donc renverse les esperances de M. Bouillaud, et reduit a neant sa profession de foi et son credo formuIe en quatre articles. ( (La conception de la maladie, a-t-il dit, repose ((essentiellement sur 1'idee d'une reaction de la vie, de Sla force ou des forces qui la representenL, contre F'ac((lion des causes morbifiques. Cette conception implique, comme expression de la areaction vitale, un de'veloppement de phe~nomtiies de'termine's pour leur nature, leur siege et leur duree, ((avec tendance vers un but, ]a suppression de ]a cause "morbifique et de ses effets; elle suppose la subordina((tion de ces phe~nomenes ou sympl6mes de la maladie n qui comprennent les alte~rations fonctionnelles et les c altk'rations roraniques, h' a'action de ]a cause et i la ree action de la vie. x c(Dans une autre classe de doctrines pathologriques,Ia conception de ]a maladie repose exciusivement sur F1'ide'e d'un changernent produit dans les organes ou in~(struments de la vie, par l'action des causes morbifiques; elle implique, comme expression de ce changrenent, a un de'veloppement determine' d'alte'ations fonction 350 COMMENTAIRES. nelles, qui sont les syrnpt6mcs de ]a maladie;elle sup~ pose la subordination des alltrations fonctionnelles 'a l(Ia nature et au shege des changements organiques (I). Dans les termes qui preccedent, M. Parchappe indique avec une grande precision les diffhrences qui separent, au point de vue de la pathologie, le vitalisme, tel que, depuis longlemps, ii est enseigne ' 'aMontpellier, de 1'organicisme comme il est concu, enseign6 et pratique' dans I' cole de Paris. Ces differences sont telles, qu'entre les deux &oles, aucune conciliation n'est possible; c'est Al. Parchappe qui le dit, et " cet e'gard, I'homeeopathie dirait comme M. Parchappe et comme Montpellier. Mais 1'hornceopathie se se~pare aussitot de l'ecole de Montpellier sur deux points que Voici: Elle ne croft pas que la conception de la 'maladie repose essentiellemeut sirtI'idee d'ne reaction de la vie, de la force ou des forces qui la representent, coutre Itaction des causes morbi/itques (2). Si pour la premi"ere fois cette conception a &'t& formuIle daiis le naturisme hippocratique, si toutes les doctrines vitalistes du passe" I'ont admise, I'homceopathie la repousse, et repousse en meume temps ics deux cons&quences imme~diates qui de'coulent de cette conception, je veux parler de la doctrine des crises ci dos jours critiques; et de la doctrine de la force medicatrice. Dans la trop longue re~ponse qu'il a faite aux critiques qui lui ont ete' adressees, M. Piorry a triomphe" sans peine de M. Parchappe et du naturisme hippocratique; de rnme que M. Parchappe avait re~duit " ne~ant le credo de M. Bouillaud et ses efforts conciliateurs. M. Piorry a un tort immense: i veut avoir tout trouve, tout de'cou(I) V. loc. cit., p. 753. (2) Ibid., p. 757. DYNAMISME VITAL. 351 vert, tout vu en m6decine; et cela avant tout le monde. A l'entendre, ii a trouve" avant M. Bouillaud la formule des saign'es coup sur coup. En defendant la doctrine de la force me'dicatrice, M. Parchappe n'aurait fait que r6peter l'une des theses soutenues par M. Piorry dans un concours pour l'agr'gation, et ce qui est mieux encore, il reproduit comme chose tirce de son fonds Jes critiques de Hahnemann sur ce que ce grand maitre appelait la cure du nom, critiques pleines de finesse qui s'adressaient aux nosologies du passe, et niaient l'unit6 morbide telle que l'avaient concue les anciens et la concurent les modernes sans nier la maladie, comme le fait M. P1iorry, sans proclamer qu'il n'existe que des malades et que la maladie n'est qu'un mythe; sans en venir ta plus forte raison a cette burlesque conclusion, la doctrine des stats organo-pathiques. 11 ne faut pas desesp6rer que dans un moment ou dans un autre, M. Piorry arrive a prouver de la faCon la plus satisfaisante pour lui, mais pour lui seul, qu'il a trouve avant Hahnemann la methode exposee dans i' Organon. D'un autre c6te, ii y a dans le vitalisme de Montpellier tel que M. Parchappe l'expose, un caractbre de fatalisme dont la pens6e premiere semble plut6t emprunt6e au Coran de Mahomet, qu'a la pens6e chretienne qui domine la science de notre temps etde nos contr6es.Toute maladie serait une simple reaction de la vie contre l'action des causes morbifiques. Cette reaction aurait ses lois et une marche necessaire que le inmdecin doit respecter, ce qui r6duit son r6le a celui d'interprete et d'auxiliaire de la nature. (... 11 y a, dit-il, dans le de6veloppement morbide qui, constitue ia maladie, quelque chose de n6cessaire, 352 COMMENTAIRES. (( soit pour ]a manifestation des alterations fonctionnela(les et organiques dans un ordre determin6 de succesca sion et d'entrainement, soit pour le passage de l'dtat ( morbide a travers diverses phases, dont 1'ensemble Srepresente la marche et la duree de ]a maladie. ( Aussi tout en ne negligeant pas 1'indication commune ai toutes les doctrines, de chercher 6 supprimer ou a Sneutraliser autant que possible, la cause ou les causes Smorbifiques, les doctrines vitalistes repoussent comme Stemeraire et impuissante, la pretention de mettre oba stacle au developpement morbide une fois qu'il s'est e videmment tabli, et elles empruntent les indications a therapeutiques principales a la convenance de secona der les efforts medicateurs de la nature, en favorisant a soit la marche r6guliere du developpement morbide a dans sa tendance generale vers la guerison, soit la a direction des mouvements vitaux, qui produisent les p phnomines appelks critiques, et de n'intervenir tresSactivement que pour remr6dier aux accidents et aux a complications (1). ) 11 est impossible de formuler avec plus de clarte le fatalisme en therapeutique que ne le fait ici M. Parchappe, et de maintenir avec plus de nettete les fausses donnees de la medecine expectante. II y a dans cet expose de la doctrine de Montpellier une contradiction qui choque les esprits les moins prevenus contre le vitalisme. En physiologie, il admet la vie comme une force doude de spontaneitu; et, en pathologie, ii accorde que cette force dtant fatalement soumise au d6roulement d'un nombre determine de phenomenes, doit les par (1) V. loc. cit. t. XX, p. 758. DYNAMISME VITAL. 353 courir dans un ordre r6egulier, seul moyen d'arriver a la suppression de la cause morbifique et de ses effets. Cette marche de la maladie doit e"tre respectee, dans tous les cas, sous la r6serve des accidents et des complications qui pourraient survenir. Les enseignements de l'homceopathie sont tout autres, il faut en convenir. Au fatalisme de Montpellier, elle oppose l'intelligente activit6 de ses moyens et de sa methode. Sans attendre que la vie soit menac6e par ce qu'on nomme assez vaguement des accidents et des complications, elle combat la maladie, des son debut, en raison de ces deux principes: que toute cause morbide peut Atre directement atteinte par les agents homceopathiques, et que toute maladie consistant dans une alteration dynamique, les efforts du m6decin doivent tendre incessamment a ramener a son type normal la vie sortie de son 6tat r6gulier. L'homoopathie nie absolument qu'il y ait n6cessitl de laisser les maladies parcourir toutes leurs phases, toutes leurs p6riodes; que ce soit le prix auquel on puisse obtenir l'extinction de la cause morbifique et de ses effets. La discussion solennelle a laquelle l'Acad6mie a consacr6 un si grand nombre de s6ances, n'eut qu'un r6sultat: mettre en evidence l'impossibilite6 oh est l'organicisme de d6fendre le drapeau qu'il avait si fierement elev6, et montrer qu'il ne peut vaincre et r6duire au silence le vitalisme de Montpellier. D'un autre c6te, Montpellier, si fort contre Paris, devient d'une extreme faiblesse, lorsque, abandonn6 ses propres forces, il se produit dans la formule de M. Lordat, rappel6e par M. Bouillaud, ou dans les d6ductions pathologiques et therapeutiques exprim6es par M. Parchappe. Entre ces deux ecoles au23 354 COMMENTAIRES. cune conciliation possible,. entre elles et 1'homoeopathie: toute conciliation essaye'e ne serait qu'une vaine complaisance. Enfin, le resultat dernier de cette longue et grave discussion a e e d'offrir le bilan exact de l'ftat de la m'decine fran~aise, tant par les doctrines des orateurs qui ont pris part "a ce de~bat solennel, que par celles des absents dont les noms et les principes out te rappeiks. Nous avons donc vu en presence l'animisme mal defini de M. Piorry, et M. Piorry n1est pas une voix isoke"e qui preche dans le deisert. I1 a de rares disciples; mais enfin ii en a. Nous avons eu aussi l'organicisme mitige de M. Bouillaud auquel se rattachent par divers e~crits, et surtout par un silence prudent en cette circonstance, ceux qui ont anterieurement professe6 l'&~clectisme; le vitalisme de Montpellier, repre~sent' par MM. Bousquct et Parchappe, viralisme que personne n'a attaque. Nous avons eu enfrn le ne~o-vitalisme de M. Cayol et de la Revue m&dicale. Quant " l'organicisme pur, personne n'a os6 le proteger et entreprendre de le soutenir. Est-ce 'a dire qu'il n'ait plus de representants? Apr es la discussion de l'Academie, nous aurions voulu le croire, ou au moins l'espe"rer, mais l'illusion n'a Pu tre de longue duree. Voici que la Faculte de Strasbourg, dont personne n'avait parks, et dont l'influence sur le mouvement de la science est si peu marque, a cru devoir dire son mot. M. le professeur Forget se pre'sente " l'arrie're-garde, arme d'une lettre adressee " M. L. Peisse. Celui qui serait de~sireux de connaitre les derniers arguments de l'organicisme trouverait de quoi se satisfaire dans la lettre de M. Forget. II regretterait, sans doute, le style dans lequci elle a lte DYNAMISME VITAL. 355 &erite; mais ii verrait, apres tout, que Strasbourg ne s' loigne gue~re de Paris; et que M. Forget n'est pas e1oigne' d'adopter le symbole de M. Bonillaud. Au-dessus de l'organicisme et du vitalisme planent, selon M. Forget, deux principes corrd'latifs qui constituent les deux p6les eternels de la philosophic universelle: cc sont le spiritualisue et le mate~rialisre, ces irreconciliables enneris, selon l'auteur, qui, semblables au geant de la Fable, peuvent etre un moment abattus, mais reprennent des forces nouvelles en touchant la terre. ~ Taut que persisteront ces deux syste~mes domina~ teurs, continue M. Forget (et je voudrais qu'il put nous ((dire quel jour ils cesoseront de persister, et comment ((I'un des deux disparaitra), ii y aura des vitalistes et des " organiciens, des esprits positifs et des abstracteurs de ~ quintessence, comme dit Rabelais. Cette doctrine du Nvitalismc, avec ses forces en l'air, sa mythologie natua riste, ses entites et ses uniteks md~taphysiques, nous reI(porte aux luttes scolastiques du moyen age et me ((rappelle exactement, comme "a vous, ces ardentes ((collisions des realistes et des nominaux. La git, en ~ effet, le nceud du probkrnme: pour le vitaliste, la vie, <(les forces vihfdes, la nature me'dicatrice, les unite's a morbides, sont autant de t-e'alite's, d'entites positives, Sinde~pendantes et dominatrices des organes (I). ) M. Forget se fait ici des illusions en entassant les grands mots les uns sur les autres, a l'imitation de Rabelais son mode~le. Oh a-t-il vu que les vitalistes fisscit de (1) La philosophie mkdicale devant l'Academie. Lettre du professeur Forget 'a M. L. Peisse; Strasbourg, 1855. 356 COMMENTAIRES. la force vitale, une entite positive independante des organes? Autant dire que Newton fit de la pesanteur une entite independante des corps; et que les chimnistes pensent comme lui de 1'affinit6. 11 oublie que Barthez denomme la force vitale une cause exp6rimentale. a Pour l'organiciste, dit ensuite M. Forget, ces memes a puissances ne sont plus que nominales, de pures modaSlites fonctionnelles, d6pendantes et reliees aux organes a vivants, comme la densitk et la pesanteur a la maa tikre inerte. ) Voilk bien le mnatrialisme medical dans toute sa naivete originelle. L'auteur saura-t-il s'y tenir; saura-t-il deduire des principes qu'il pose les consequences forcees qui en decoulent? Non. Comme M. Bouillaud, ii condamnera implicitement ses doctrines en assurant qu'elles ne peuvent engendrer des cons6 -quences pratiques. SSi, theoriquement, la conciliation est impossible a entre le vitalisme et l'organicisme, s'obstinant, 1'un " Sprendre pour la cause ce que l'autre envisage comme l 'effet, ii n'en est plus de meme dans la pratique. Ici, Sii suffit que les deux doctrines consentent a tenir a comple de l'effet comine "lement; ii suffit que le vitaa lisme admette des k6sions organiques, et I'organicisme ( des lesions fonctionnelles, a titre d'el6ments seconSdaires; peu importe. Car, alors, il arrivera que, cedant Saux n&cessites de la pratique, le vitaliste consentira " ( traiter les organes l6sds, et I'organiciste les fonctions a alterees, dans les cas obligatoires (1).) C'est ce que depuis dix ans, M. Forget a essay6 de faire dans sa doctrine des Eldments pratiques, doctrine qui a (1) Loc. cit., p. 17. PATHOLOGIE. 357 eu peu de retentissement et n'en miritait gu"re: car les IlIments pratiques de M. Forget semblent empruntes A la doctrine des elements morbides de Montpellier comme pensee premiere, et offrent bien quelques liens de consanguinit6 avec la doctrine des etats organo-pathiques de M. Piorry. Si l'on etudie ces diff6rents systmnes dans leur enonce, dans leur tendance et leurs deductions, ii n'y a sans doute aucune ressemblance entre chliacun d'eux. Mais si on les examine dans l'intention qui dirigeait leurs auteurs, on y voit deux erreurs commises: c'est que l'organicisme, ne pouvant se soutenir et se suffire A luimeme, s'est retourn' du c6th du vitalisme, a essaye de 1'absorber en lui, et de le defigurer pour se l'approprier plus facilement. Organiciens de toute couleur, animistes de tous les temps, vitalistes de Montpellier, neo-vitalistes de nos jours, produisez vos doctrines; donnez-en, si vous le pouvez, un exposei clair; montrez les methodes qui vous dirigent; descendez de vos principes A l'application pratique; 6tablissez le lien qui unit vos principes aux applications qui en decoulent; I'honioeopathie ne redoute rien de vos concessions obligoes. Appuyee sur sa mkthode, forte de ses principes, decidee A repousser les transactions dont vous offrez le triste spectacle, elle se rit de vos efforts impuissants, et vous appelle tous de l'Academie oi yous discutez si bien, A l'observation et A l'experience. Le temps fera le reste. ~ III. - PATHOLOGIE. J'ai dit precedemment: L'auteur de l'Organon ne s'est jamais propos6 d'exposer un systdme; it a donna une 358 COMMENTAIRES. meihode. La diff6rence entre ces deux points de vue consiste en ce que tout systeme, a moins de se renoincer luimeme, est dans 1'obligation de resoudre les problkmes qu'il se pose ou qui ressortissent de la science qu'il pr6 -tend eclairer. La methode, au contraire, pose des problhmes et ne les resout pas; elle indique ]a route qui conduit a la v'rite, et permet d'y atteindre avec certitude sans donner de conclusions. Le systame affirme; la methode donne les moyens de distinguer entre les affirmations vraies et celles qui sont fausses; entre 1'hypothese et la verite demontree ou justifiee; entre les produits de l'imagination et ceux de ]a raison. La m6thode est done anterieure et sup6rieure au systime. Avant de conclure, d'expeirimenter ou d'observer, tout esprit juste et droit doit s'interroger sur la route & suivre pour que ses observations et ses experiences soient fruclueuses et ses conclusions 1kgitimes. Tout systeme qui ne s'appuie pas sur une methode est un 'difice sans base, un vaisseau qui n'a pas d'ancres sur lesquelles il repose, et qui lui permnettent de braver Ja fureur des flots. Avant d'Wcrire les Principes de philosophie, Descartes a donn6 le Discours sur la meIthode pour bien conduiire sa raison et chercher la verit4 dans les sciences. Apris avoir fait la critique de 1' tat des sciences a son epoque, Bacon, je 1'ai dit, a donn6 sa methode qu'il intitule, Novium Organurm; et pour mieux faire comprendre sa pens&e, il ajoute: Aphorismi de interpretatione naturw et regno horninis. Avant le Traite de I'iinme et la Miaphysique, Aristote donne les Categories, 1'Ierme'nia, lesAnalytiques, etc., et dans ces derniers terrips, F'un des penseurs les plus profonds de notre age, Balmhs, fait pr&ceder sa Philosophie fondamentale de l'Art d'arriver au vrai. PATHOLOGIE. 359 Si la distinction que j'itablis avait 't' bien comprise, on n'aurait pas detverse sur Hahnemann et sur l'homceopathie les critiques immerite's dont ils ont e I'objet, surtout "a propos de la pathologrie. S'appuyant sur la methode suivie par Hahnemann dans I'Clude de cette science, et la rattachant ' sa doctrine gene'rale, on aurait vu comment et pourquoi, it n'a Pu developper sa pathologie au meme degr(e que sa thberapeutique, et ce que ses disciples devaient faire pour completer ce qu'il a laisse inacheve. On a trouve' plus simple de dire de P'homucopathie qu'elle etait une doctrine sans pathologie, de l'accuser d'ignorance sons cc rapport, que de rechercher si des principes pathologiques emis par Hahnemann, it pouvait ou non ressortir une pathologic en parfait accord avec sa matie~re medicale et sa therapeutique. On a me~connu le caractere de la reforme hahnemannienne, comme pour se donner la joie de faire deux parts de I'homoeopathie: une therapeutique ' laquelle ii pouvait &'tre utile d'emprunter quelque chose; et des idees, des vues sur Ia pathologie qu'on. rejetait in globo. Ces emprunts forces faits " l'homoeopathie, onl eu de tristes resultats. La me"dhode substitulive de MM. Pidoux et Trousseau en est la preuve. En. Allemagne, comme en France, ceux qui ont tcnt 'd'ajuster ]a pathologie courante " ]a tiahrapcutique homocopathique, n'ont reussi non plus qu'ai donner de fausses indications. Quoi qu'il en soit, voyons comment Hahnemann avait compris la pathologic; cc qu'it a fait pour elle; et cc qu'il laisse " faire "a ses successeurs. Envisagee d'un certain point de vuc, Ia pathologic esl une science ayant ou devant avoir une mdhtliode et des proce~de's lui appartenant en propre; ayant aussi ses prin 360 COMMENTAIRES. cipes et ses conclusions. Consid"rfe sons le rapport logique, cette science se re'duit " un probke'me unique, problkime qui peut et doit tre ramen' aux termes suivants: Comment le medecin doit-il s'y prendre pour savoir d'une maladie lout ce qu'il est possible et utile d'en connaitre? A cette question, Hahnemann a re'pondu: Que le metdecin pouvait se croire en possession de la connaissance d'une maladie quelconque, lorsqu'il avait Pu ptenetrer ]a cause occasiontnelle et la cause fondanmentale de celle-ci; et qu'il avait recucilli l'enserble des symptomes, image re~fl'chie au dehors de l'essence intk~rieiire de la maladie, expression des deviations du pre~ce~dent etat de sante, senties par le malade, remarque'es par les personnes dont ii est entoure", observees par le midecin (1). Etiologie et symptomatologie, tels seraient donc, aux yeux de Hahnenann, les deux facteurs du probkrme pathologique. Est-ce tout? Non e~videmment. Bien qu'en definitive, dans l'etude des maladies,tout puisse Otre ramen a une cause et " des effets qui sont des symptomes, tous n'ont pas une eogale valeur. I1 en est de fondamentaux, il en est de secondaires, ii en est qui sont indicateurs des agents the~rapeutiques ' employer; ii en est qui pris en eux-mnnmes n'indiquent rien et semblent n'avoir d'autre importance pratique que celle de zeros qui, places A la suite de l'unite, ajoutent "a sa valeur sans la determiner. La consequence de ceci est que les sympt6mes morbides peuvent et doivent eMre e'udies, sous deux rapports tre's-distincts: En eux-memes, d'abord, et presque independamment de toute application pratique. De cette (1) Organon, ~ ~5, 6 et 7, p. 107 et 108. PATHOLOGIE. 361 fahon, on arrive a tablir le diagnostic d'un etat morbide d'une mani"re absolue, comme ferait un naturaliste, plus prioccupe de ce qu'il voit que de remedier a ce qui est; a suivre la marche de la maladie dans toutes ses phases et toutes ses periodes; a prevoir son issue et decrire ses modes de terminaison, condition essentielle du pronostic. Les sympt6mes morbides doivent encore tre etudiks dans leurs rapports avec les ressources de la therapeutique. 11 y a done deux espices de diagnostic et de pronostic: l'un absolu, l'autre comparatif; F'un physiologique, l'autre pratique; I'un qui est plus particulibrement du ressort du naturaliste, et I'autre qui interesse surtout le medecin. Independamment de l'6tiologie et de la symptomatologie, le probleme medical n'est donc puise qu'& la condition d'avoir interprete les sympt6mes, les avoir groupes d'apres I'ordre de leur importance a la fois physiologique et therapeutique; qu'autant, en un mot, qu'on aura etabli le diagnostic et le pronostic de la maladie qu'on 6tudie; ou dont on poursuit le traitement. Ce n'est pas tout encore. Selon les idies qu'on s'est formees des maladies; qu'on en ait fait une entite ou une fonclion, on a juge utile de les classer. Les naluralistes et les chimistes out leur nomenclature; la pathologie a voulu avoir ]a sienne. De ha, les systemes nosologiques tres-divers qui depuis Linne se sont succede en m6decine, sans grand avantage pour cette science, avec peu d'utilit& pour la pratique. Le probleme pathologique n'est done considere comme entikrement epuise, qu'autant que toute doctrine a produit son &tiologie, sa symptomatologie, ses principes en matiere de diagnostic et de pronostic; qu'autant qu'elle a produit sa nomenclature; et toute methode qui, sans 6tre arriv6e encore a 362 COMMENTAIRES. 'etat de doctrine formulee, veut etre consideree comme une methode complkte, doit egalement satisfaire, de son point de vue, a ces exigences. Voyons jusqu'a quel point Hahnemann a repondu aux differentes conditions du probleme. 10 Etiologie. En ecartant sans pitie, comme l'ont fait tous les bons esprits en medecine, la recherche de ce qu'il nomme prima causa morbi, Hahnemann a reduit I'etiologie a la recherche de la cause occasionnelle et de la cause fondamentale ou determinante. Selon lui, les causes occasionnelles sont fournies par les mille et mille influences dont nous sommes entoures et au milieu desquelles nous vivons. Par cause fondamentale, il entend la condition sine qua non de l'existence d'une maladie donnee. 11 Yeut que dans la recherche de la cause occasionnelle ou predisposante, on ait egard a la constitution physique du malade, a la tournure de son esprit et de son caracteire, a ses occupations, a son genre de vie, A ses habitudes, ses relations sociales, son age, son sexe, en un mot a tout ce qui fait l'individualite du malade, et par consequent de la maladie. Dans la recherche de la cause fondamentale, que Hahnemann dcsigne indiff6 -remment par les expressions de cause ou de nature de la maladie, il exige que le medecin determine avec precision l'espece de l'agent capable d'engendrer la maladie qu'il s'agit d'etudier. S'agit-il des maladies aigues? il dit que toujours elles derivent de trois sources: ou des influences teleologiques, ou de la presence de ce qu'il nomme un miasme aigu, ou des affections de l'ame. S'agitil des maladies chroniques? il les rapporte a trois sources tres-distinctes qu'il appelle la psore, la syphilis, la sycose. Ainsi, dans la recherche des causes fonda PATHOLOGIE. 363 mentales, et ceci est le premier point A observer, Hahnemann n'imagine rien, ne systematise rien. La cause d'une maladie lui est connue lorsqu'il a Pu saisir l'agent exte'rieur " 1'homrne malade, dont l'action a trouble' la sant6 et determine la serie d'accidents soumis a 1'observation du medecin. Jusqu'ici, ii n'avance et ne soutient rien qui ne soit avance par tous les me'decins. Le dibat s'ouvre au moment oii ii nomme les causes, c'est-a-dire aussitot que, sortant de la methode, ii donne le resultat de ses observations. Sur les maladies qui de'rivent des influences telkologiques, de la pre"sence d'un miasme aigu ou de 1'action des causes morales, 1'accord est assez complet pour que je n'aie pas a insister. La discussion s'est etablie sur l'd~tiologie des maladies chroniques, et plus particulie~rement sur celle de ces causes a laquelle Hahnemann rapporte les sept huiti mes des maladies de cet ordre; c'est ce qu'on a appel6 la thbooie de la psore. Ici trois choses sont a considerer: 10 L'idele que Hahnemann se faisait des maladies chroniques; 20 Les fails sur lesquels ii base son opinion a leur e'gard; 30 Les te'moignages historiques sur lesquels ii pre"tend l'appuyer. A ses yeux, une maladie n'est pas chronique parce qu'elle dure depuis longtemps, ou qu'ayant de'bute" par un etat aigu qui est alle en s'atlaiblissant toujours, le malade ne presente plus que quelques incommodites qui ne sont ni la sante' ni la maladie, mais un e" at interm6 -diaire entre l'une et l'autre. On rencontre journellement dans la pratique des malades qui, ayant e'te' atteints de fi~vre typhoide plusou moins grave, restent en prole a des 364 COMMENTAIRES. constipations opiniatres alternant avec des diarrh6es irregulibres et une extreme d6bilit6 des fonctions digestives; d'autres qui, a la suite du cholera, sont rest6s dans un 6tat de prostration extreme et avec des troubles tr s-varies des organes digestifs; d'autres qui, aprbs avoir 6te soumis a l'influence d'une cause traumatique, ont gueri des blessures que cette cause avait produites, tout en conservant une partie des sympt6mes dynamiques, appel6s symptbmes de reaction; d'autres encore qui, a la suite d'un rhumatisme articulaire aigu, conservent des courbatures, des roideurs et des endolorissements dans les membres et les articulations, ou quelques faibles sympt6mes d'endocardite. Quel que soit le nombre, ou l'espbce des incommodit6s ressenties par le malade, quelle que soit leur ancienneth, et par consequent leur persistance, Hahnemann considbre de tels malades comme 6tant toujours atteints de maladie aiguyd, et non pas de maladie chronique. (( C'est aussi fort improprement, dit-il, qu'on donne, l'6pithete de chroniques aux maladies dont viennent, d'etre atteints les hommes qui sont soumis sans reSlhache 'a des influences nuisibles auxquelles ils poura raient se soustraire, qui font habituellement usage, d'opium et de boissons nuisibles a l'6conomie, qui se a livrent ta des excis ruineux pour la sant6, qui man-, quent a chaque instant des objets necessaires a la vie,, qui vivent dans des contrces malsaines et surtout dans a des endroits mar6cageux, qui n'habitent que des " caves ou d'autres reduits fermes, qui manquent d'air a ou de mouvement, qui s'epuisent par des travaux ima mod6res de corps ou d'esprit, qui sont continuelle-, ment devores par l'ennui, etc.; ces maladies, ou plut6t a ces privations de sante que l'on s'attire soi-m6me, dis PAT HIOLOGIEO 365 paraissent par le seul fait d'un changement de regime, a moins qu'il n'y ait quelque miasme chronique dans " le corps, et on ne peut pas leur donner le nom de maa ladies chroniques (1). )) Ainsi, toutes les incommodike's qui deirivent d'une maladie aigu6 anterieuire, mais affaiblie dans ses symptomes, quel que soil le tenps depuis lequel elles existent et les alterations organiques qu'elles ont engendre~es; les d~tats pathologiques reconnaissant pour cause l'actior prolongee d'influences physiques ou morales longtemps pro1onge es, qui crrent autour de nous comme un milieu pathologique artificiel, ne peuvent etre ramenes " ala grande classe des maladies chroniques; elles doiveut done etre e&carte'es du debat. Que sont les maladies chroniques, et 'a quels caracte~res peut-on les distinguer des maladies avec lesquelles on s'obstine "a les confondre? I-,coutons Hahnemann: i Les ve'ritables maladies chroniques naturelles sont a celles qui doivent naissance "a un miasme chronique, a qui font incessamment des progre~s lorsqu'on ne leur a oppose pas des moycus curatifs spe~cifiques, et qui, malgre" toutes les preicautions imaginables par rapport a au regime du corps et de l'esprit, accablent 1'homme a de soultrances toujours croissantes, jusqu'au terme de a son existence (2). )) La seule de ces maladies connue jusqu'ici, est la sy(1) V. Organon, ~ 77, p. 1653. La doctrine sur les maladies chroniques est comprise et exprim~e dans les ~~ 77 et 83, p. 171 de l'Organon. Cetax qui out pai-l6 de la guerison spontamee des maladies chroniqucs, qui ont dit, par exeniple, que la folie gudi'issait souvent spontan6ment, ont souvent confoijdu les dMires resultant d'un chagrin prolong&,, avec 1'alie'nation mentale veritable. (2) V. Organon, ~ 78. 366 COMMENTAIRES. philis. Elle a done At6 le type qui a servi de mesure a Hahnemann pour distinguer les 6tats pathologiques chroniques de ceux qui ne le sont pas. Voici maintenant les caracteres par lesquels ii les distingue. 11 n'imagine pas, ii n'invente pas, il raconte. a Le fait que les maladies chroniques non vYneriennes, a traitees homceopathiquement, mime de la meilleure a maniere, reparaissent cependant apris avoir ete mises a plusieurs fois de c6te, qu'elles renaissent toujours sous Sune forme plus ou moins modifiee, et avec de nouveaux a sympt6mes, et qu'elles se reproduisent meme chaque a annee avec un accroissement notable dans l'intensite de a leurs sympt6mes. Cette observation si souvent renoua velhe, fut la premiere circonstance qui me donna " a penser que dans les cas de cc genre, et meme dans a toutes les affections chroniques non vYneriennes, on a n'a pas seulement affaire a l'etat morbide qui se desa sine actuellement, qu'il ne faut pas considerer et traia ter cet Mtat comme une maladie a part, puisque, si tel a etait son caractere, l'homocopathie devrait les guerir a en peu de temps et pour toujours, ce qui est contraire Sa l'exp rience (1). Reapparition de la maladie primitive avec aggravation ou modification de l'etat primitif, tel est done selon Hahnemann le premier caractere experimental et distinctif de toute maladie chronique. (( Mais, ajoute-t-il, ce qui montrait clairement en oua tre que le mal primitif, a la recherche duquel j'dtais, ( devait tre de nature miasmatique et chronique, c'est (1) V. Doctrine et traitement des maladies chroniques, Paris, 1846, t. I, p. 8. PATHOLOGIE. 367 a que jamais ii ne lui arrive d'etre vaincu par l'energie " d'une constitution robuste, de ceder au regime le plus a salubre, au gence de vie le plus r6gulier, on de s'6tein( dre de lui-mn me, mais que, jusqu'a la fin de la vie, il ( s'aggrave sans cesse avec les ann6es, en prenant la ( forme d'autres sympt6mes plus ftcheux, comme ii ara rive a toute maladie miasmatique chronique (1). ) Incurabilit6 des maladies chroniques, lorsqu'on les abandonne aux seules ressources de la force vitale plac6e dans les meilleures conditions qu'il se puisse imaginer; tel est, encore selon Hahnemann, le second caractare des maladies chroniques. 11 en arrive ainsi de la syphilis, lorsque par l'incurie des malades elle est abandonnee a elle-meme, ce qui arrive quelquefois; ou que, par un traitement mal dirig6 ou mal observ6, ce qui arrive journellement, les moyens employes n'ambnent pas le r6sultat d6sire. La similitude entre la syphilis et les autres maladies chroniques 6tait done le point de depart et la base sur laquelle Hahnemann s'appuyait pour 6difier la doctrine des maladies chroniques. Ceci deviendra plus evident encore, par la consideration des caractbres empruntks at l'ordre de developpement des sympt6mes morbides. ( La manifestation de ces trois exanthbmes miasma( tiques chroniques (la psore, la syphilis, la sycose) a pr6sente, comme celle des affections miasmatiques c aigu6 s, trois points principaux, qui reclament une (( attention beaucoup plus s6rieuse que celle qu'on y a a consacr6e jusqu'ak present. J'entends par l", d'abord le " moment de l'infection; en second lieu, l'6poque a ]a (1) Ibid., p. 9. 368 COMIME NTAI1ReS, c quelle 1Forganisme enlier est pe~ne'tre par la maladie Scontacrieuse, jusqu'ai ce que celle-ci soil tout ' fait Sforme~e dans l'inlkrieur; et, en troisieme lieu, ]a ma((nifestation du mal exkw'rieur, par laquelle la nature an"nonce que la maladie miasmnatique s'est inkwrieurerent developpe"e et repandue dans l'organisme entier (1). )) L'infeclion, ajoute Hahnemann, a lieu dans un moment indivisible; c'est ce qu'on voit pour la rougeole, ]a variole, le vaccin, la syphilis; et les choses se passent de la meme manimre pour la psore et la sycose. L'incubation, moment oii la maladie interne se forme et se comple~le, moment dont la duree est variable selon les individus et J'espe~ce du miasme, prece'de l'apparilion du symptome exterieur qui annonce l'entiere formation de la maladie. Cela fail, apparait la fie'vre d'erruption, qui se rencontre dans Ia syphilis et dans la psore, aussi bien que dans les fie~vres e'ruptives proprement dites, bien qu'avec une moindre dure'e et des caracheres differents. Une fois, dit Hahuemaun, que, dans l'infection psorique, les deux pe'riodes d'infeclion et d'incubation sont ecoulees... "(apre's un froid plus on moins vif qui se declare le soir, et auquel succe~de, pendant la nuit, une chaa leur genedrale, terminee par des sneurs, petite fie~vre q que beaucoup de personnes altribuent "a un refroidis"sement, et a% laquelle elles ne font aucune attention; a on voil paraitre sur la peau des pustules psoriques, (d'abord tres-petiles et miliaires, qui grossissent peu na cpeu (2). ))Il en est de meme de la syphilis, ainsi que F'a observe' Hunter, et tant 'd'antres, avant et apre's lui. Tels sont done les fails emprunt's "a l'expe'rience et (1) V. Doctrine et traite des maladies chroniques, t. I, p. 49. (2o) Ibid., p. 57. PATUOLOGIE. 369 sur lesquels Hahnemann s'cst fonde pour etablir la distinction entre les maladies aigues et les maladies chroniques. Trois d'entre ces caracteres sont empruntes a la marche de la maladie; deux sont pris a la consid6ration de la cause. Pour la syphilis, on ne conteste pas. Quant a la sycose, peu etudi&e par Hahnemann et plulbt indiquee qu'etablie, la discussion l'a epargnee; toutes les forces et les ressources de la critique se sont deployees contre la psore. Les ennemis de l'homoeopathie et ses amis douteux, n'ont rien epargne sous ce rapport. Les uns out combattu, au norn de leur idole, I'organicisme; les autres ont eu la faiblesse de croire qu'ils sauvaient I'homoeopathie en niant un point de doctrine qu'ils jugeaient Mtre faux, et que les plus bienveillants gratifiaient d'exageration. Griesselich, dans son Manuel, a trace un tableau assez fidele, quoique trop abreg6 et nullement concluant, des controverses qui se sont elevees au sujet de la psore. Ces controverses furent nombreuses, et s'attaquerent aux questions secondaires de la doctrine de Hahnemann, sans arriver a ce que j'appellerai la racine de la question. Ainsi que nous l'avons vu, les maladies chroniques separees des autres 6tats pathologiques, avec lesquels on les confond trop souvent, sont de nature virulente. Le virus, une fois introduit dans l'organisme, se comporte exactement de la meme maniere que le fait le virus syphilitique; c'est-a-dire, qu'il offre les trois periodes d'infection, d'incubation et d'eclosion. Hahnemann a defini et caracterise ces trois etats. 11 a fait plus: il a donna le tableau des sympt6mes primitifs et celui des sympt6mes secondaires de la psore interne. Ces tableaux sont incomplets; il serait a desirer 24 370 COMMIENTAIRESO que les symptumes dont ils se composent fussent pre" sentks dans un ordre plus physiologique et momns anatomique (1). Mais ces defauts une fois reconnus, ajoutons que cette description de la psore interne a le merite d' tre le resultat de 1'observation personnelle de son auteur, et qu'elle doi etreprise en se'rieuse consideiration; car, je le dirai avec Griesselich: Un prahicien aussi consomine, n homme aussi rIosilif que Ilahnemann, n 9 tait pas fait pour enfanter de vaines theories et lancer des hypoloueses dans le vide (2). Croirait-on, d'ailleurs, qu'il fi't si facile de triomnpher de la doctrine de Hahnemann, relative aux maladies chroniques, parce qu'on retrouverait des antecedents historiqucs ' ce qu'iI a nomn"I la theorie de la psore? Non vraimcnt. Junker, Autenrieth et bien d'autres avant eux, avaient observe' les Iristes resultats de ]a re~trocession de la gale. Tout le monde en convient, et le fondateur de l'homeeopalhie le premier. La doctrine homecopathique, sur la nature et le traitement des maladies chroniques, dcvrait-elle 'tre repouss~e parce qu'on viendrait i" prouver que son auteur lui a donne une extension exag(ree? N'est-il pas dans la nature de ceux qui font des decouvertes do rapporter a l'id~e qui les domine des fails (li ne peuvent se concilier avec leurs principes? Apres tout, cette preuve n'est pas faite. Les th6ories de Rau, de Wolff, los propositions capitales de Schroen, ne sont pas des preuves contre Ia doctrine de Hahnemann; mais de simples limitations de cette doctrine, limitations que rien no justifie. (1) V. Doctrine et trait des maladies chroniques, t. I, p.76 et passim. (2) Manuel pour servir a l'hist. crit. de la medecine homceopathique, p. 183 et passim. PATHOLOGIE. 371 Enfin, faudrait-il rejeter cette doctrine, parce que son auteur indique, sans s'y arreter, qu'apries les formes primitive et secondaire de la psore tout n'est pas dit encore; ct qu'il se tait sur les formes tertiaires de toules nos infirmitks les plus graves et les moins accessibles i la therapeutique? Autant vaudrait exiger de Fracastor et d'Astruc qu'ils eussent trac6 un tableau de la syphilis aussi complet que celui qui fut donna par J. Hunter, tableau qui s'est considerablement agrandi sous la plume de M. Ricord (1); tableau sur lequel on efface et on ajoute chaque jour, apries les observations si multiplides d'un nombre considerable d'observateurs. Ce n'est pas avec d'aussi petites difficultes qu'on arrivera a faire oublier le beau Iravail de Hahnemann sur l'Ftiologie des maladies v'ritablement chroniques. Ces dernieres sont elles dues a une infection virulente? Cette infection constitue-t-cllt leur cause fondamentale? Consid6r(es dans leur marche, ces maladies offrentelles les trois p6riodes que j'ai indiqudes? Sont-elles susceptibles de transformations variables en nomrnbre et en caracteres, selon l'espice de chacune d'elles? Peut-on dire qu'elles jouissent du ficheux privilege d'exister dans t'organisme " 1'e'tat de sommeil ou latent; qu'abandonntes ' elles-inmmes, ou, cc qui est la mnime chose, qu''tant mal traitees, citelles n'abandonnent l'organisme qu'apris son enti're destruction; que, communicables par voie de goneration, clles traversent les si cles sans rien perdre de leur violence, tout en changeant de forme? Voila les diff6rents facteurs du probleme A resoudre, les principes qu'il faut renverser, non par de (1) Traite de la maldie vindrienne, par J. Hunter, nouvelle edition, avec des additions par Ph. Ricord, Paris, 182, I vol. in-8. 372 COMMENTAITES. vaines d~clamnalions ou les argulies de la sophislique, mais par des faits, d'abord; puis par une thetorie qui resume ces faits et les expli(Iue. Si on avaiL suivi cette mrnthode, si la doctrine des maladies chroniques de Hahnemann avait l t plus serieusement eludi(ee t. controh e par les fails, certes, de nombreuses rectirications auraient ete" faites " la description qu'iI en a donne&e. Mais on a suivi une autre marche. Les allopathes ont ni6 la theorie de Hahuemann et l'ont qualifnee de reverie; non pour la syphilis eltla sycose, mais en ce qui touche " la psore. Beaucoup d'homoeopathes ont adopl6 cetle ne~galion et consider la the~orie dont ii s'agit comme tne application mnalheureuse de la rad'liode hahuemannienne; une doctrine d'aulanl moins imporlanle qu'on ]a jugeaii devoir exercer une noindre influence sur la pratique. Cependant, cc qu'on niait pour la psore, on l'accordait pour la syphilis ci on ne le conlestail pas pour la sycose. La description de la syphilis est tellement avance~e, celle de la sycose l'est si peu et touche par tant de points au domaine de la chirurgie, qu'il 6tail impossible de nier la premi"re, et qu'on n'd'ail pas en nesure d'allaquer la seconde. Toutes les ressources de la critique fureni donc, comme je 1'ai dii, diiniges conire les maladies psoriques. Hahnemann rapporla la longuc se'rie de ces maladies a la gale comme "a leur source primitive ci unique, ct ii fit de la gale une de'gaene'resccnce de la kepre. 11 y avail une grande hardiesse 'ajeter ces deux fails dans le domaine de Ia science, en pcmin xixe sic'cle, a une epoquc oii la gale n'esi plus consideree que comme une maladie locale, due "a ]a prsence sui la peau d'un insecte appele' l sarcopic, au moment oim la doctrine de la localisation des PATHOLOGIE. 373 maladies prenait les proportions d'un principe general, et oii toute l'activite des medecins se portait sur I'ohservation directe en affectant un certain mepris pour les recherches historiques. Cependant, s'il est un point de la doctrine homoeopathique oii Hahnemann se rapproche de la tradition et paraisse en recueillir fidilement les enseignements, c'est bien celui qui nous occupe. S'il a eu un tort dans I'expos6 de ses principes, c'est de conserver dans la d6nomination des maladies qui nous occupent, le mot de maradies chroniques. Cette denomination aussi vieille rque la science, puisqu'on la rencontre dans plusieurs des &crils d'Hippocratc, que Celse en parle assez longuement et en fait Ia critique (1), ne fut veritablement mise en usage qu'h dater d'Aretee (2), et Bichata presente sur cc sujet des observations aussi justes que fondoes dans son Anatomie generale (3). Avant lui Sauvages l'avait r6feute en disant: Dividunitur speciatim mnorbi diverso modo, sed potissimiam juxia quatuor diversas methodos, scilicet alphabeticam, temporariam, anatomicam et cciiologicam, quibuS omnibus symlnpitomalicam anteponendam ccnsemrs. C'est a la methode temporaire, pour parler comme Sauvages, qu'il faut rapporter la division dont ii s'agit. Or, Hahnemann n'a jamais pretendu suivre cette methode; il la repousse, au contraire, pour (1) De re med., lib. 111, c. I. (2) V. Aretei lib. I. (3) Rien n'est plus vague, dit Bichat, en medecine..., que les expressions aigues et chroniques, par rappoit aux inflainmations des divers tissus. Le plus communrment, elles parcourent rapidement leurs periodes dans les tissus dermoide, cellulaire, sireux, rnuqueiix; au contraire, elles sonit lentes dans les cartilages, les fibro-cartilages. (Auat. gin. cons. gin., ~ VIl, t. 1, p. 48, Par is, 1818.) 374 COMMENTAIRES. adopter la m6thode~ ~ti-ologique. L'expression de maladies chroniques etait donc impropre, celle de miasme chronique dont ii se sert souvent dtait plus juste. 11 est facile de voir, en effet, que Hahnemann ne 1'emploie que par opposition " celle de miasme aigut par laquelle ii designe Jes maladies qui, " 1'exemple des fiWwvres exanthematiques et des diffhrents typhus, reconnaissent pour cause l'intoxication de I'organisme par un venin, quelle que soit sa nature, sans qu'il y ait ne~cessite" de contact. Les maladies chroniques de Hahnemann reconnaissent pour cause un virus se communiquant par voie de contagion, et offrant tous les caracteres cue j'ai pre&cedeinment rappeles. La tradition lui fut donc utile sous ce rapport. Lorsque ensuite Hahnemann a voulu prlciser sa pensee, et nommer les difibrents -irus qu'il conside~rait comme arrents producteurs de maladies chroniques, ii s'est trouve, en ce qui touche i la psore, le seul dont je veuille m-'occuper en cc moment, en face de deux difficulte~s que la science n'a pas encore compketement resolues malgrre les pre'tentions contraires d'un grand nombre d'observateurs. L'experience prouve-t-elle que les maladies appehees psoriques par Hahnemann, reconnaissent pour origine commune ]a gale, et que cette derni "re soit une degen& rescence de la ke~pre? Sur le premier point, Ilahnemann invoque la tradition et son expe~ricnce personnelle. Sans pre'tendre conside'rer comme dtant tous e'galement concluants les faits qu'il emprunte 'a ses devanciers, un grand nowbre de ceux-ci, cependant, prouvent suffisamment en faveur de la theise qu'il a avanc~e. Ses observations personnelles et dont ii PATHOLOGIE. 375 resume les caractlres dans les tableaux dont j'ai parlk, viennent encore aI l'appui de son opinion. Elles sont nombreuses: car, ainsi qu'il le dit lui-meme, elles egalent en nombre celles qu'il a puisaes dans les ceuvres de ses devanciers. Depuis la publication de la doctrine de Hahnemann sur les maladies chroniques, l'histoire entomologique du sarcopte si souvent commencee, abandonne et reprise depuis Avenzohar, est devenue assez compliete et assez bien suivie dans toutes ses phases, pour qu'il soit impossible de nier son existence. II n'y a done aucune utiliti a retracer ici l'historique des debats et des m6comptes aux(quels a donn6 lieu la recherche de cet insecte. Grace a la ce1kbre mystification dont M. Galks rendit victimne une commission de l'Inslitut et aux travaux de M. Raspail (1), travaux qui donnerent lieu a une foule de recherches d'un trds-haut interet et d'une trds-grande precision, ii me parait difficile, sinon impossible de nier que la pr&sence du sarcopie ne soit ]a cause premiere et par consPquent fondamentale de l'infection psorique. Les faits sur lesquels s'appuie cette opinion paraissent Pire tellement concluants, que les observateurs les plus autoris6s, ceuxIa memes qui, comme MM. Cazenaveet Schedel, I'avaient nide, la confessent aujourd'hui de la fa<on la plus explicite (2). Mais les difficultis commencent au moment oii il s'agit de determimer I'action produite par le sarcopte. Cette action est-elle locale, ou est-elle generale? En un mot, le (1) Nouveau systeme de chimie organique, 2e edition, Paris, 1838, t. 11, p. 598 et shiv. (2) Abregi pratique des maladies de la peau, Paris, I 817. - Chausit, Traitw elementaire des maladies de la prau, Paris, 1853, p. 386.. 376 COMMENTAIRESO sarcopte n'agit-il que par la piqire qu'il determine ou 'comme agent porteur de venin? Dans la premibre hypothese, ii suffit d'imiter le procede des vicilles femmes de Corse qui, au rapport de M. Renucci, armees d'une epingle, se mnettent a la recherche des acarus, et les enlkvent un a un de la peau du sujet infecte; ou ce qui est plus exp6ditif, d'employer la pommade d'Helmerick, puisqu'il suffit, dit-on, d'une friction pour tuer tous les insectes existants sur la peau (1). Mais ii ne semble pas, d'apres le temoignage meme des partisans les plus absolus de l'action locale de l'acarus, que les choses soient aussi simples que d'abord on I'avait pense. 11 ressort de l'observation commune de tous ceux qui se sont livr6s aux recherches de pathologic entomologique, que tous les insectes capables de troubler la sante de l'homme pour peu ou pour beaucoup, ne le font que par le venin dont ils sont porteurs. Pour plusieurs d'entre eux, tels que la guepe, l'abeille, le scorpion, la tarentule, la chenille poilue, ce venin a ete recueilli et mis en evidence. Nous ne sommes pas aussi avances pour le sarcopte. Les observateurs n ont dte occupes que d'une chose: ils ont lutt6 pour faire admeltre son existence, sans se preoccuper de son mode d'action. En second lieu, les sympt6mes generaux et meme les sympt6mes locaux que determinent les piqiires des insectes varient selon l'espece de chacun d'eux. La chenille donne lieu i des plaques drythbmateuses; l'abeillc, la guepe et le cousin, a des tumefactions variables en intensite et sous le rapport de leurs formes; pour le scorpion, la scolopendre et la tarentule, les sympt6mes sont (1) Rapport sur le traitement de la gale, adresse au ministre de la guerre, par le conscil de santd des armtes, Patis, 1852, in-8. PATHIOLOGIE, 377 plutot gen'eraux que locaux, et accusent par I"I meme une plus grande violence d'intoxicalion. Le sarcopte est dans le cas des autres insectes venimeux; ii developpe sur l'enveloppe cutane~e une plus ou moins grande quantil6 de vesicules discre4es, acuminees, transparentes au sommet, plus larges et rosees "i la basc, d'oii part un sillon droit ou tortueux, ' l'extre"mit6 duquel se trouve le sarcopte. Si done les symplornes ganeraux et locaux produits par les piqiues d'insectes varient en raison de 1Fespe~ce qui les a produiles, c'est au venin dunt its sont porleurs, et non "a la blessure m'canique qu'il faut atiribuer ces symptornes. 11 y a done en chacun d'eux un element particulier qui donne aux maladies resultant de Jeur presence un carackere spe'cifique, caracte're si bien reconnu par Hahnemann pour toutes les maladies et surtout pour les maladies chroniques. I1 y a done infection. Ce qui le prouve mieux encore, c'est que la gale offre, cornme toutes les maladies virulentes, une periode d'incubation. On lit dans le memoire du docteur Wdbra, de Yienne, qu'ayant place un sarcopte vivant h la face interne du doigt m dius de la main gauche, ii vit apparaitre au bout de huitjours, pendant lesquels ii prouva une forte de'mangeaison, les premiers boutons de la gale aux deux mains et en meeme temps. Joseph Adams ayant mis deux cirons entre les doigts de sa main gauche, oii ii avait eu soin de constater l'integrike de I'epiderme, n'y decouvrit rien deux heures apres. Les cirons avaieiit disparu, et 1'on n'y remarquait qu'une lege're ebrasure de I'epiderme.... ce ne fut que trois semaines plus tard que des de'mangeaisons se firent sentir dans divers points du corps; et cc ne fut qu'environ un mois "a dater de 1'introduction des cirons, que les 378 COMMENTAIRES. bras et 1'abdomen se cou'vrirent d'une efflorescence ge~ne& vale avec queiques rares ve'sicules. A 1'infection succede donc l'incubation. Si dans les recherches faites re~cemrnent "a propos de l'acarus, ii n'est rien dit de cette pe~riode de la maladie, cela tient "a ce que toutcs les observations publie's n'ont eu. qu'un objet: dd'montrer la presence de l'acarts; et 'a ce qu'on ne s'est pas occup6" de la manie~re dont ii agit, ainsi qu'en conviennent MM. Cazenave et Chausit (1). L'enseignement donne par Hahncmann nWest donc point e'branle' par la de'inonstration de Uexistence du sarcopte comme cause fondamentale de ]a gale. Mais, dit-on encore, ii suffit. de se mettre "a larecherche de l'ins-ecte et de 1'enlcver, pour que les accidents cessent, si on n'aime niiieux, cc qui est encore plus expe'ditif, faire une on plusicurs frictions avec ]a pommade d'Helmerick. Dans l'hyvpoth Cse d'une action simplemnen t locale, l'argurnent est victorieux; dans la supposition d'une infection ge~nerale, ii ne prouve pas plus quela caute'risation du chancre ne prouve contre l'infection syphiflitique. On sait, aujourd'hui, combien de syphilis secondaires et de syphilis constitutionrielles sont dues "a cette pratique cou.pable et ge~neralernent abandonnte'e. Sur quels faits s'appuie-t-on pour affirmer qu'il suffise de nettoyer la peau des galeux des acaruts qui s'y yencontrent pour gue'rir la gale? Sur cc qu'apre~s leur ablalion le prurit cesse et les v~sicules psoriques se desse~chent et s'e6teignent. Mais s'il y a infection, la maladic interne, pour parler comme Hahnernann, n'est pas gue~rie pour cela. Tout au plus a-I-on obtenu d'empe'cher qu'elle (1) V. Annales des maladies dp la peau, L. 1; et Trait e'e'lmentaire des atadies de la peau, de AIA. Cazenave et Chausit, Par~is, 1853, p. 386. PATHOLOGIE. 379 ne s'aggrave, et qu'il ne se joigne des infections successives a une premiere infection. Dans ce cas l'eruption psorique n'est plus que le sympt6me exterieur et local d'un 6tat interne et general. Mais, diront les partisans de la localisation de la gale, qui prouve qu'apres l'enlivemnent des acarus, ou leur destruction par un medicament externe approprie, ii reste dans l'organisme une maladie quelconque? A priori, cela doit etre, puisque le sarcopte n'agit, comme nous l'avons vu, qu'en qualith de porteur de venin; que tout venin donne lieu a utine infection, et que toute infection est une maladie gAnfrale et non pas locale.A posteriori, les faits, qui prouvent cette infection sont nombreux. Tous les praticiens non -revenus en ont observ6; et chaque jour la pratique nous en apporte de nouveaux. D'ailleurs, n'estce pas & ceux qui nient des faits gen6ralement recus dans la science a fournir la preuve de leur negation? Or, cette preuve n'est pas faite, et je crois que la pratique des h6 -pitaux est moins propre a la fournir que la pratique civile. Une fois que les malades ont te renvoyes de l'h6 -pitai comme etant gueris, s'il y a re'apparition de I'9ruption psorique, ils reclament d'ordinaire d'autres conseils que ceux qui leur ont 6te primitivement donnes. Si la psore interne continue sa marche envahissante, les malades ne sont plus diriges sur les 6tablissements specialement affectes au traitement des dermatoses; et comme l'ancienne &cole ne reconnait ni psore, ni influence pserique la ohi ii n'y a plus trace de vesicules galeuses, ces malades sont traites pour une maladie nouvelle, sans que le m6decin se doute du lien qui existe entre l''ruption primitive et la maladie qu'il a sous les yeux. La grande gen6ralit6 des medecins ayant reconnu et 380 COMMENTAIRES. signalM plusieurs des etats pathologiques qui sont la consequence forc~e d'une gale mal traitke; Hahnemann ayant ajoute par ses observations personnelles a celles de ses devanciers, en precisant ce qu'il y avait de vague et de mal ddtermine chez les anciens; et en ramenant a des tableaux symptomatologiques ce qu'ils dsoignaient par des expressions nosologiques; rien, jusqu'ici, ne peut 'branler la t.liorie de la psore, telle que Hahnemann l'a posee. Que dans les 6tats pathologiques, rapportes a la psore, ii y en ait qu'il faille renvoyer a la syphilis; que d'autres puissent etre rapportes a la sycose, dont l'histoire est a peine ebauchee, cela se peut. Qu'on imagine encore, si on le veut, que plusieurs des maladies reconnues par Hahnemann pour Ore psoriques, doivent 'tre rapportkes a un quatrieme virus, si l'observation le prouve, il faudra l'admettre. Mais de croire que les d&couvertes modernes sur l'etiologie de la gale, &branlent en quoi que ce soit la doctrine de Hahnemann, c'est une these impossible a soutenir, au moins dans l'etat present des connaissances acquises. Lorsque Hahnemann a pr6tendu ramener la psore a la lkpre des anciens et ne voir dans la gale qu'une degenerescence de l'affection 1kpreuse, ii a emis une opinion qui etait de croyance assez ganeralement repandue avant lui, opinion tris-contestable, et qu'il est aussi difficile de nier que de soutenir. De la lIpre des Hebreux, nous ne connaissons que ce que Moise en rapporte aux chapitres xui et xiv du Le'vitique. Moise a parl6 en 16gislateur, non pas en medecin. 11 n'a pas prdtendu donner une description scientifique de cette maladie; mais, comme l'indique un commentateur, faire connaitre les differentes espices de lipre et les indiquer PATHOLOGIE. 381 par leurs signes les plus sensibles. Cela suffisait " son objet, qui 6tait de donner les caractires auxquels on pouvait reconnaitre la nDcessit6 de la s6paration du 1kpreux du reste de la societe juive. De plus: Moise ne decrit pas la lhpre comme dtant un etat toujours semblable ' Jui-mime chez tous les 1kpreux. 11 reconnait en elle plusieurs especes, ou plusieurs periodes d'un seul et meme Mtat. Loin de rapporter la gale a ]a I pre, ii les distingue au point de declarer tout 1kpreux impur, et de reconnailtre pour pur celui qui n'(tait atteint que de la gale (1). La sequestration a laquelle Moise condamnait les 16preux n'avait pas seulement pour objet leur guerison, mais leur purification, et de s'opposer a cc que la maladie se communiquit des individus malades aux individus sains. 11 est certain que pendant leur separation du reste de la communaute, les 16prcux recevaient les soins que necessitait leur etat: cela ressort des versets 24 et 25 du chapitre xiii du Levitique (2). D'ailleurs, il faut appricier le recit de Moise beaucoup plus du point de vue religiocuxque du point de vue scientifique. Si la l1pre etait souvent consideree comme une maladie, souvent aussi elle lait jugie comme etant une punition de Dieu (3). (M) Et die seplimo contemplabitur: si obscurior Cuerit lepra, et non creverit in cute, mundabit eum, quia scabies est: lavabitque homo vestimeniita sua, et mundus erit. - Quod si postquarn a sacerdote visus est, et redditus munditiao, iterum lepra creverit, adducetur ad eumn. (Lev., c. xxii, v. 6 et 7.) (2) Caro autem et cutis quarn ignis exusserit, et sanata albam sive rufam hatbuerit cicatricem, considerabit eam sacerdos, et ea versa est in alborem, et locus cjus.reliqua cute est ihumilior, contamiinabit eum, quia plaga leprae in cica(rice orta est. (ibid., v. 24 et 25.) (3) Dico primo, ait Cornelius " Lapide, lepram hane fuisse morbum sive vitium supe naturale, sepe eliam ex speciali Dei providentia Judaeis immissum maxime ad punienda graviora corunm peccata, vel 382 COMMENTAIRESO Sans nous arre'er plus longltemps sur ce point, bornons-nous ai constater qu'a' tort ou "a raison, Moise distinguait laIa lpre de la gale, loin de les confondre; qu'il declarait impur tout le~preux et pur celui qui n'avait que la gale, parce que, sans doute, ii jugeait la preiniere contagieuse, et, qu'ai ses yeux, la seconde ne l'e&tait pas. Ce ne fut que plus tard, c'est-at-dire partni les me'decins grecs, que l'assimilation entre ]a lkpre et la gale comnmenca a se produire, Ainsi, le traducteur de Willan remarque dans Leonard Fuchs, au rapport de MM. Danielssen et Wilhelm Boeck, que la I epre des Gre cs est beaucoup plus be~nigne quie celle des Arabes, et ne difk~re pas beaucoup de la gale; car 1la Ilepre ronge la peau plus profonde'ment et, par des 6rosions circulaires; et "a la manie~re des poissons elie se de'pouille de ses squames (I). Selon les me"mes auleurs, la plupart des me'decins les plus anciens placaient dans la Mm~re cake'gorie le lichen, la kepre, la psore ou. la gale, 1' impe'tigo, de maniiire qu'ils ne voyaient, dans chacune de ces especes successives, qu'un plus haut de~veloppement de Ia pr'ce'dente. Les modernes dermatologues, et plus particulie~rement Mi. Rayer (2), ont soutenu que le miot +wpopc des Grecs et celui de scabies des Latins ne pouvaieut e&lre appliqu~s 'a ]a grale; qu'ils avaient servi 'a desig-ner des impe'tigos, des lichens, des affections squammeuses. Ils se fondent sur cc qu'aucun des auteurs anciens n'avait parle' de la prosimnonioe.... vel sacrilegrii.... vel hiomicidii.... vel muirmuiis et rebellionis, pi'aw3ertimn contra sacerdotes.... Lepra ergro ha~c sw-pc non tam fuit naturalis moi-bis, quamn plagra divina.... (CORNELIUS A LAPIDE., Commentarium in Loviticum.) (1) Traite de la sp~dalsked, ou 61eiphantiasis des Grecs., Paris, 1848, p. 7. (2) Traits thorique et pratique des maladies de la peau, Paris, 1835.. PATHOLOGIE. 383 pagation de la gale par' contagion, caracte're essentiel de cette maladie. -M. Dezeitneris acombattu cette opinion dans ]a bibliographic de I'article GALE du Diclionnaire de medecine. On convient, dit-il, que la gale se trouve dans Guy de Chauliac. Or, le chapitre de cc me'decin se trouve textuellement dans Avicenne, Haly Abbas et Rhaze~s, lesquels n'ont pas fte moins fidd"Ies que le nn~decin grec du moyen age a reproduire des opinions emprunte~es aux Grecs leurs preddecesseurs. ) L'e~tude attentive des auteurs grecs, dit encore le merne auteur, rontre que la +wpm Mail une maladie de la peau difftlente du lichen, une inaladie contagieuse, une maladie compagne de la malproprete, une maladie essentiellement prurigineuse, une maladie contre laquelle le soufre a une propridte curative particuliere. A ces caracteres pent-on me'connaitre la gale? II y aurait un long travail " faire, travail de controverse par rapport aux pre~tentions des modernes dermatologues qui croicut tre les seuls ayant sn dislinguer les espe'es des dermatoses; travail qni aurait pour r&-. sultat de montrer que nos conteinporains n'ont eu d'autre merite que de caracte~riser un peu mieux que leurs preddcesseurs des espe~ces deJiar reconnues et admises, de se~parer cc que la nature reimit tre~s-souvent et de porter dans l'6tudc des dermatoses un esprit d'analyse qni leur a fait attribuer le caractere de maladie "a de simples groupes de symphomes. Mais cette etude historique et critique depasserait les bornes dans lesquelles ces commentaires doivent etre renfermn's. Elle offre assez d'intre't pratique pour me~riter d'd'tre traitle en elle-meme et pour elle-mnme. Jo me bornerai en ce mioment A une courte observation. 384 COMMENTAIRES. Les dermatologuiies modernes out obei au courant qui entraine depuis longtemps tons les pathologistes vers la recherche de l''61nment anatomique considere comme moyen de distinguer les espices morbides. On retrouve done dans leurs divisions et leurs classifications, surtout depuis Willan qui fut leur maitre a tous, 1'esprit que je signale. Ce mode de classification purement anatonmique ne tient aucun compte de l'dtiologie. 11 a eu pour consequence de faire considerer comme autant d'6tats pathologiques comnpliques ceux dans lesquels on rencontrait plusieurs el6menerits anatomiques simultan6 -mnent affectks. Ainsi, lorsque la miliaire coexiste avec la scairlatine ou la rougeole; lorsque sur le meme individu on observe en mnme temps l'acne' ct 1'eccama, on jugeait dtre aux prises avec des maladies complexes exigeant l'emploi simultane de moyens d'ordre difftrent. C'est contre cet esprit d'analyse pouss6 a des lirnites extrirmes que s'(leve la thdorie de Hahnemann. Elle a le merite incontestable de reporter I'attention du medec n sur les transformations variecs dont les dernmatoses sont susceptibles et de faire rentrer dans I'etude de ces affections un germe d'esprit synthetique devenu plus que jamais necessaire. La theorie de la psore qui n'est certainement pas le dernier mot de la pathologie, doit Ctre consideree comme un essai, un type, non de description a imiter, mais de methode & suivre dans la determination des especes morbides. Ainsi, lorsqu'on voudra s'occuper s6rieusement et d'un point de vue plus large que ne 1'ont fait les anatonmo-pathologistes, de l'tude de la pathologie, toujours ii faudra prendre 1'tiologie comme base premiere de classification et de description, et degager des mille et une con PATHOLOGIE. 385 tingences auxquelles on donne le nom de causes occasionnelles, celle qui est cause fondamentale, ou condition sine quai non de la maladie dont on s'occupera. II faudra, ensuite, etudier les caract res ou les sympt6mes de toute maladie donnee, de l'origine de celle-ci ' sa terminaison; la suivre dans toutes ses p6riodes et ses complications; etudier les formes diverses qu'elle peut revetir. C'est ce qu'a fait Hahnemann; ce que beaucoup d'autres avaient tente avant lui; ce que personne, jusqu'ici, n'a conduit aussi loin, ni aussi regulierement qu'il I'a fait en cc qui touche aux maladies psoriques. Mais ii faut le dire, pour eviter toute fausse interpretation: dans cc que Hahnemann a dit et &crit sutir a pathologie, tout est indique; rien n'est acheve. La rnmthode que devront suivre ceux qui voudront developper I'celment pathologique, au point de vue hahnemannien, est suffisamment tracee pour que les disciples de ce grand mailre n'aient pas i s'egarer en tentatives impuissantes. Quelle est done cette mrthode? Ainsi que je Vai dit, elle a pour base Fe6tiologic. Apres celle-ci, vient la symptomatologie sutir laquelle ii convient d'arrdter tin moment notre attention. Poutr Hahnemann, toute maladie est caracterisbe par l'univcrsalitk des sympt6mes qui l'expriment. Ceux-ci sont de trois ordres: alteration de la sensibilit6, alteration des fonclions, alteration des organes. Personne n'a suivi avec plus de fidelite et de soin Fetude des sympl6mes considre's en eux-memes, et dans toutes les nuances qu'ils peuvent revetir, ainsi que dans les conditions tresdiverses qui peuvent favoriser ou contrarier leur developpement. Personne, cons6quemmnent, n'a mieux trac les conditions auxquelles doivent satisfaire ceux qui voudront 25 386i COMM ENTA IR ES tracer des tableaux nosographiques. Evidemyen t, aprýs Hahnemann, ii n'est plus permis de se conlenter des descriptions conterues dans les &~crits de la multitude des nosographes qui sc sont succede. Dans la methode hahnernannienne tudiee sous le rapport symptomatologique, tout change. Ce que les nosographes considerent comme essentiel, Hahncmann le regrarde comme accessoire; ce dont ils nc tiennent qu'un faible compte, lorsqu'ils ne le negli gent pas absolument, Hahnernann le prcnd comme 616ment diagnostique de premier ordre et souvent comme base d'indication therapeutique; ce qui passe sous leurs yeux comme chose inapercue, ii I'enregistre avec un soin particulier. Rien de plus facile a comprendre. Aux yeux de Hahnemann le diagnostic d'unc maladic n'est complet qu'a la condition de conduire "a des indications therapeutiques exactes et pre'ciscs. Or, cc n'est pas "i Ia connaissarce des symptomes appel6s pathognomo niques quc ces indications pourront ~tre pnis cs; car ces symptomes sont precise' ment ceux que pre~sentcnt en commun tons les individus d'un nieme genre. Ce qui individualise cette maladie et cc qui fournit les indications "a remplir, ce sont les sympt6mes g&~neralement consid6re's comme e"tant secondaires. Dans la pneumonie, par exemple: le point de c0te, Ia toux peniblc s~chc d'abord, puis accompagcyn d'expcctoralion visqueuse, plus tard dc crachats rouilkis, sanglants, ou jus de pruneau; la matit&" relative; le rdle crepitant d'invasion suivi du souffle tubaire et de bronchophonie, suffisent, sans doute, avec les frissons au de"but, la fi vre vive et les sucurs souvcnt profuses dans la pe~riode d'etat pour caracteriser cette maladic. IUs permettent de dire quc le sujet sur lequel ccs diff6rents symptmes se ren PATHOLOG[E. 387 contrent est atteint de pneumonic. Sont-ils egalement indicateurs de l'agent a employer? Non evideinnment. Si le travail d'individualisation, n''tait pas pousse plus loin, I'esprit du medecin pourrait flotter incertain entre plusieurs m6dicaments. Au debut, sans doute, ii y aurail peu d'inconvenietut; mais a mesure que la maladie se daveloppe l'incertitude aurait de st'rieuses cons6quences. Aconit, bryone et phosphore trouvent facilement leur application; mais lorsqu'il s'agit de se determiner entre rhus et pulsatilla, sulphur et lachesis, mercure et senega, arsenic et l tartre emitique; c'est alors qu'on 6prouve le besoin de tenir compte non-seulement des sympt6mes fondamentaux pathologiquement parlant; mais aussi de ceux qui signalent les differentes periodes de la maladie; de ceux qui se rapportent a l'attitude ext6rieure du corps et que les nosographes enregistrent avec soin; mais encore des nuances de chaque sympthme et des conditions sous lesquelles chacun d'eux se produit. C'est alors qu'on sent jusqu'a quel point le succes depend de cette appr&ciation; et que ces caractbres, tout secondaires qu'ils puissent tre dans une description, deviennent primordiaux au lit du malade. Autre exemnple: Tous les homoeopathes connaissent le beau travail de M. deBoenninghausen sur les fiheres, travail qu'il a reproduit en y ajoutant toujours dans son Manuel de the'rapeutique homoeopathique (1). Quel rapport est-il actuellement possible d'dtablir entre les travaux des pyretologistes allopathes et cette analyse si exacte d'un groupe de maladies dont l'dtude est d'autant plus neglig6e de nos jours que sa th6rapeutique est renfermee dans (1) Traduit en frangais, par le docteur Roth, Paris, 1846. 388 COMIMENTAIRES, le cercie trop ettroit du sulfate de quinine, de l'arsenic et d'un tres-petit nombre d'autres agents? Croit-on que ce soit tine analyse superflue que celle qui varie ses royens en raison des diffrences que pre~sente chacun des stades de la fie~vre; et plus souvent encore en raison des nuances vari~es sous lesquelles se presentent les symplomes conside&es comme accessoires? Quand on a lu le travail de M. de Boenninghausen et medite' dessus, et qu'on reporte ensuite sa pense~e sur les descriptions des fievres d'acces telles que les nosographes les presentent, on est en droit de se demander qui a le niieux compris et e&ludie' la symptomatologie, de Hahnemann ou de ses pre~de'cesseurs? Et cependant, si riches que soient, sous ce rapport, les travaux sortis de 1'Ncole hahnemannienne, ce ne sont encore que des travaux analytiques, 1'enregistrement fidd'e des donnees erpiriques. Mais aussi, sur quoi se serait exerce~e la synthese, si I'analyse ne l'avait pr~ce'de~e? oU donc aurait-elle pris son support? Autre exemple encore: Dans l'6ttude des maladies chroniques Hahnen iann veut aussi qu'inde~pendamament des syniptomesactuels que pre~sente le malade, ii soil tenu un compte rigoureux des phases principales de la maladie, de la constitution du sujet, de la tournure de son esprit et de son caractrre, de son age, de son sexe, de ses occupations, de son genre de vie, de ses relations domestiques et sociales (1). De toutes ces conditions, R fait autant de sympto'mes qui entrent ou doivent entrer dans le tableau de la maladie. De neume que lorsqu'il s'agit de maladies hbere~ditaires, iA veut qu'on s'enquiere de 1'e'tat des engendreurs. Et les renseignenents qu'on peut obte (4) V. Organon de l'art de gue'ir, ~ 5, p. 106. PATHOLOGIE. 389 nir, a ce sujet, deviennent autant de sympt6mes indicateurs propres h fixer les indications et les moyens qu'il convient d'employer. Sans doute, on ne peut dire de Hahnemann qu'il ait poursuivi l'application de sa methode jusqu'a sa derniere limite sutir aucun des principes pathologiques qu'il a emis. 11 y aurait, en verite, une injustice profonde a exiger du fondateur de l'homceopathie qu'il ei't acheve son oeuvre dans le court espace d'une carribre d homme si loin qu'elle se prolonge, a moins de produire un systeme, euvre facile pour pcu qu'on ait de I'etude et de l'irnagination. Quel m'decin a jamais parcouru dans son entier le cadre si ctendu des connaissances medicales? Aucun observateur n'y a reussi. Mais quel que soit le mbdecin dont on bludie les &crits, en est-il un seul qui ait produit une m'thode pathologique plus severe et plus comprhensive tout a la fois? Qu'on mette en regard des conseils donnes par Hahnemann les descriptions produites par ses conlemporains et par ses pred6cesseurs; qu'on fasse le bilan de nos connaissances reelles sous le rapport pathologique; tout en accordant une immense valeur aux travaux modernes, tout en appreciant ce que vaut I'anatornie pathologique et sachant ce qu'elle ne vaut pas, on admettra, que pour s'Mtre etendue sur quelques points, la nosographie a perdu sur beaucoup d'autres; que la mdthode qui la dirige est trop etroite; que ses recherches n'embrassent pas l'homme malade danstoutes les conditions oiu il peut se presenter; qu'enfin sa m6 -thode est plusgraphique que physiologique; ce qui estle contraire chez Hahnemann. En effet, dans la nosographie allopathique, les symptomes qui occupent le premier rang, tout autant qu'ils 390 COMMENTAIRES. existent, ce sont les sympt6mes anatomiques; ceux qui viennent a la suite, ce sont les troubles fonctionnels; et on renvoie sur le dernier plan les lesions de la sensibilite. Le merite de cette melhode consiste a avoir un symptome unique appele tubercule, ou matiere encephaloide, plaque ulceree de Peyer, auquel on rattache tous les autres symptomes. Son vice est d'intervertir I'ordre de developpement des caracteres de la maladie, et de confondre un produit morbide avec la maladie ellememe. Hahnemann, au contraire, en placant en premiere ligne les lesions de sensation, a le merite incontestable de prendre les caracteres morbides dans l'ordre oil ils se presentent, de les hierarchiser entre eux selon leur importance a la fois physiologique, diagnostique et therapeutique. En effet, ce qu'il y a de primitif dans toute maladie, c'est evidemment la douleur. Les troubles de fonctions et les alterations d'organes ne viennent qu'a la rsuite, quelquefois assez rapidement, mais souvent apres un temps assez long. Ces symptomes auront done une enoime valeur a la fois diagnostique et thirapeutique. Sous le rapport diagnostique, ils donneront aux autres caractlres de la maladie leur valeur reelle; et sous le rapport the"rapeutique, ils conduiront directement a tracer les indications et a faire choix de 1'agent therapeu-.tique. Telle est la diff6rence essentielle entre la symptomatologie hahnemanniennienne et la symptomatologie allopathique. Cette difference se resume dans les faits suivants. 10 La pathologie allopathique est exclusive dans sa methode d'observation; la pathologie homoeopathique admet tous les caracteres. 11 arrive rarement a la pre PATHOLOGIE. 391 mie~re de tenir compte de tous les sympto'mes, plus rarement encore des ditfhrences individuelles qu'ils peuvent pre~seriter. 20 Dans la recherche.- des syrnplmes qu'on constate, l'allopathie n'utilise au profit de la the'rapeutique qu'une partie de ceux-ci; landis que Il'howee( pathie les utilise tous; que chez dile, bous les synlmes sont plus ou momns indicateurs de la conduite que le me~decin doit tenir. Ces differences entre les deux e&oles sont radicales; et queules que soient les tentatives de systk~matisation pathologique qui puissent etre essaye~es dans l'avenir, toutes 6choueront devant les difficuhtes de Ja pratiquc, "a momns qu'elies ne tiennent un compte rigroureux de l'universalih~" des syrnpto"mcs sans exciure aucun d'eux. C'est la" un e'norrne 6cueil devant lequel xviendront echouer bien des efforts. Gi-esselich et son spe''ificisme ont succemb6 "a ]a Etche. Harimaun, mnalgre ' 1tifiite'relative de ses productions, est venu s'y perdr-e. Bien d'autres pourroni y succomber. Tout le secret et Lou t Javenir de la pathologie homoelopathique sont renferrnes dans ces deux Mekments chaquie cause fondamen tale trouve~e donne lieu 'a une mnaladie non susceptible d'etre ramene'e " aucune autre; ch aque cauase fondamentale engendre des symptes essentiels lui appartenant en propre, comme le chancre ve'nerien pour la syphilis, la puIstule psorique pour ]a gale, le fie pour la sycose; la fie~vre continue pour les phiegrmasies; la fie~vre re~mittente continue pour les affections typhoides, etc. Et dans le tableau (Iu'on youdra tracer de chacune des gYrandes families pathologriques, ii faudra sa-voir utiliser, en les subordonnant d'apre~s leur degre' dnimportance diagnostique et the'rapeutique, tous 392 COMMENTAIRES. les sympto'm~es donn@e par l'observation. Tant qu'un pareil travail ne sera pas fidd~ement execute', l'homceopathie re'sistera a toute tentative de syste'rmatisation, si inge'nicuse qu'elle puisse etrc. Elic re'sistera au nomn des inte're's de la pratique, et des ressources que lui offre le principe d'individualisation absolue des maladies. Elle resistera encore au nom de sa me'thode compromise. Quc repondre, en effet, ai ceux qui rcpousseraicnt une pathologyie syste~matiqtue, lorsqu'ils argueraient d'u n ou de plusieurs sympto^mes ne'glige's dans un inte'ret de syste~me, et qui les auraient d termine~s dans le choix- d'un agent Ihe~rapeutique dont l'emploi aurait amene' d'incontestables succe~s? Rien, kvidemment. En me'decine, tout doit d~re subordonne' "a l'inte're pratique. Devant cci inte'ret doivent s'incliner les vues inge~nieuses, oie nme I'ordonnance logriquc la micux e'tablic en apparer ce, parce que tout doit Ilk'chir devant l'observaiiou et le succes, pratique lorsqu'iI est incon testable. On ne peut done parler des erreurs, paihologiques de Hahnemnann: car ellebs sont encore "a mettre au jour. 11 esi permnis de dire ce qu'il y a d'incomplci dans les travaux quill nous a laisses sous ce rapport; mais encore faul-il distinguer entre ce qu'il a fad it tcc qu'il a conseillk' de faire. Ce qu'iI a ex~cute", c'est ]a doctrine des maladies chroniques; cc qult a conseille" de faire, c'cst de rester fidde le "a ln eihode pathologique trace~e dans, l'Orqaiion. Au point (lc vue de ]a paihologie, ]a doctrine des maladies chroniques esi pluhM' un specimen qu'un travail achcve'. La pharmaco-dynamie et ]a the'rapeutiquc furent ]a pre~occupation constante de Hahncmann, hien plus que la pathologie. Deux cent treize pages sur trois volumes consacrees, non a Ia description des ma PATHOLOGIE. 393 ladies chroniques, mais i indiquer ]a manihre dont elles doivent tre tudices, ne suffisent pas A 1'btude nosographique de ces maladies. Si Hahnemann avait jamais pretendu faire autre chose qu'indiquer la marche a suivre dans l'etude de ces maladies, et donner de nombreux moyens de les guerir, il meriterait les reproches qui lui ont ete adresses. Des reproches plus severes, quoique de nature differente, retombent sur ses contradicteurs qui viennent lui demander compte de ce qu'il n'a pas dit et de ce qu'il n'a pas fait, de ce qu'il ne voulait ni dire ni faire. Ce que voulait Hahnemann, c'etait de montrer 1'accord parfait existant entre ses decouvertes en matiere medicale et les maladies telles que les donne l'observation. Ce qu'il voulait encore etait d'indiquer la route a suivre pour tracer des monographies de chaque maladie donn&e; montrer comment des etats pathologiques considerrds avant lui comme diff6rents par nature, devaient dtre ramenes sous la dependance d'une meme cause; comment ces differents &tats se succedent dans un ordre regulier; comment, enfin, il n'est possible de les guerir qu'autant qu'ils sont connus dans toutes leurs transformations. Sur toutes les questions pathologiques, Hahnemann est accuse d'ignorance profonde. On aurait voulu qu'iI fit I'impossible; c'est-h-dire que, sortant du cercle de la mdthode qu'il s'etait tracee, et qu'abandonnant le point de vue sous lequel l'etude de la matiere medicale lui avait revele les caracteres des maladies, ii cherchAt le lien entre Ia direction qu'il s'etait tracee, et la route que, depuis Morgagni, suivait l'ancienne ecole. On s'est beaucoup etonn6 de ce que Hahnemann avait nie, disait-on, la maladie et les maladies; de cc qu'il ne 394 COMMENTAIRES. tenait qu'un faible compte de l'anatomic pathologique et des sympt6mes fournis par les alterations de texture; de ce que dans l'etude des maladies et dans celle des medicaments, ii ne faisait aucun usage des moyens d'investigation r6cemment decouverts, et qui donnent au diagnostic moderne une assez grande pr6cision. Mais on oublie, d'une part, le caractere de la reforme hahnemannienne; de l'autre, comment, domino par la nature de ses recherches, Hahnemann a dui negliger tout ce qui ne se liait pas directement A l'objet de ses etudes. Le caract"re dominant de la reforme hahnemannienne, cc fut de remeltre en honneur la methode experimentale et de la suivre dans la direction oh elle avait ete le plus mIconnue. Je veux parler de fl'tude de la pharmaco-dynamie. Or, l'experimentation pure ne pouvait ni ne devait lui fournir aucune des donnees recueillies par les anatomo-pathologistes. 11 connaissait leurs travaux; et s'il negligea de s'en servir, ce ne fut point par ignorance; ce fut par impossibilit' de les concilier avec ses propres decouvertes. Le second caractere de la reforme hahnemannienne, ce fut d'dtre essentiellement pratique. Or, tout medecin de bonne foi sera oblig6 de reconnaitre que les travauiv des anatomo-pathologistes, pris dans leur ensemble, ont ete d'un bien faible secours, jusqu'ici, a la pratique m6dicale; qu'en faisant de ces travaux la base du diagnostic medical ils out contribue " jeter la pathologle et la therapeutique dans la voie la plus fausse et la plus sterile. Ce fut au point qu'on vit autant de maladies distinctes qu'il y avait sur un malade d'organes affectls; et que, renversant les termes de tout problirme pathologique, on fit de l'effet une cause et de la cause un effet. PATHOLOGIES 395 Dans ces termes, Hahnemann pouvait-il professer un grand respect pour l'anatomie pathologrique? Est-ce "a dire, cependant, que tant de travaux accumules puissent d're 'a jamais inficonds.pour la pratique medicale? Non, assurmrnent. Du moment oui on se de'cidera a faire de l'anatomie pathologrique un fait subordonne; oii on ne verra dans les alterations de texture que le produit d'un travail pathologique ante'ieur; et dans les sympt6mes qui expriment ces alltrations que des symptomes secondaires posterieurs dans 1'ordre de deiveloppemeut aux lesions de sensation et aux troubles de fonctions, inf~rieurs i ceux-ci quant 'a leur importance pratique, ]'anatomie pathologique deviendra d'un secours puissant pour fixer I edianostic, simplifier ]a pharmacodynamic et fixer les indications the'rapeutiques. Ce n'est donc quc par l'hornceopathic suivie, de~vcloppe~e, pratiquee de ]a facon enseignee par son fondateur, que 1'anatomie )athologiquc pourra porter tous ses fruits. D'ailleurs, ii est souverainerent injuste d'attaquer un reformatcur sur des points de detaiI impliciternent r'solus par les principes qu'il a poses, bien qu'ils ne soient pas explicitement indiques par lui. Or, au point de vue hahnemannicn, l'anatomic pathologique ne fournit au pathologiste que des caracte~res secondaires, importants sans aucun doute; pre'cieux Iorsqu'il est possible de les constater sur le vivant, comme ii arrive "i 1'aide de la percussion, de l'auscultation ct du spe'culum; caractelres que Hahnemann n'a pas nDegligis Iorsqu'ils se sont presentes " ali, et qu'iI n'a jamais repousses coMMne utiles. Les alterations de texture ne sont que des sympt6 -mes. Celui qui professe qiue toute maladic s'exprime par l'universalite de ceux-ci, admet implicitement toutes les 396 COMMENTAIRES. de~ouvertes re~elles ou possihies de l'anatomie paihologique. Que, pre'occupe' d'autres soins, it n'ait pas marche' dans ses, recherelies pathologiques l'oeil continuellement arme6 du microscope, dui steithoscope ou du spe'culum; que me'me la. patholog-ie n'ait pas e'( 6, etudie'e par lui au rnerne degrr6, ni avec le meme soin que la the'rapeulique et la matie~re me'dicale, tout cela est vrai; mais ne prouve pas que la me" hode hahnemannienne soit incomple~te, encore momns qu'elle soit exclusive. 11 y a plus: quiconque voudra, utiliser, au profit de 1'homiceopathie, les de~couvertes nombreuses et re~centes de l'analomie pathologique, devra proce~der comme l'a fail Hahnemann; c'est-a'-dire mettre au premier rang, les le~sions de sensation, et conside'rer celles-ci comme essenliellement caracte~ristiques dans la dd~errnination des maladies; an second rang, les troubles de fonctions; et an troisie~me, les alterations de texture. C'esl ce que fail ltout me~decin. dans la pratique, inalgrre les pre" entions contraires de l'e&ole. Si elie enseigyne que e'~ruption psorique et la g'ale soul tine seule et me~me chose, elle se pre'occupe iieanmoins de fe"tat ge~neral du sujet, lorsque celleci -vient "a disparaitre. Ceux qUi croient que les eruptions -variolique, rubeolique, scarlatineuse, suffisent at diagnostiquer la variole, ]a rougreole on la scarlaline, ne croient pas que ces ditfhrents exanthe~t-es soient suftisants pour etablir le pronostic et le traitement de ces maladies. La gravite' d' une pneumonie, d' une pe'ritonite, s'induisent bien momns de 1'~lat du poumon et du pe'itoine, que de I'6tal ge~nera1 du sujel. Si la presence constate'e des Inhercules dans les ditffrents tissus oii ius se produisent esl chose importante pour diagnosliquer un Mat pathologique, celte constalation n'indique rien sur la marche plus PATHOLOGIE.O 397 ou moins rapide de ceux-ci. En un mot, qu'on utilise au profit de l'homceopathie toutes les donnees que peut fournir l'anatomie pathologique, 1'utilite de celle-ci sera toujours bornte aux yeux du praticien. Dans un grand nombre d'4tats pathologiques, l'alteration de texture est precis6ment ce que le mtedecin dolt prevenir, ce dont il doit conjurer le d6veloppement. Cette alteration est done prec6dee par d'autres symptrmCs indicateurs du danger possible. Ceci est vrai du tubercule et des diff6rentes maladies cancereuses. Dans les fievres ruptives, l'eruption est toujours pr6ce6d6e d'un ftat pathologique auquel on a donna le nom de prodromes de l'ruption, prodromes qui permettent de prevenir la venue prochaine d'un exantheme aigu, et forment un Dtat pathologique complet, ainsi qu'il arrive dans ce que Frank appelait variola sive variolis, rubeola sive rubeolis. En principe, Hahnemann, en admettant que toute maladie est caraclkrisde par l'universalit6 de ses symptomes, a done fait pour l'anatornie pathologique tout ce qu'il y avait a faire. En fait, ii n'a pas utilise au profit de sa therapeutique, autant qu'il est utile et n'cessaire de le faire, les resultats auxquels sont arrives les anatomo-pathologistes. Ses disciples sont appelks i combler cette lacune. Mais chacun de nous est en face d'un Acueil. Prenons garde de nous laisser emporter par les fausses lueurs de cette science trompeuse qu'on nomme l'anatomie pathologique. N'allons pas croire qu'elle exprime et risume toute la maladie; qu'il soit possible, en partant des caractires qu'elle fournit, de jamais induire les autres sympt6mes, et qu'ainsi elle soit le fondement du diagnostic. Ne croyons pas davantage que ses donn6es suffisent jamais a fixer le choix du medicament " employer. En un mot, absorbons 398 COMMENTAIRES. I'anatomie pathologique dans ]a methode hahnemannienne; ne mettons jamais celte m6thode " la suite de cette science. Surtout d6daignons les vaines clameurs de ceux qui out refus6 e Hahnemanr la qualit6 de medecin, parce qu'au lieu de suivre l'Ncole dans la voie oii elle s'etait cigagee, il lui a ouvert une voie nouvelle. Le medecin est celui qui gu6rit, et procede m6thodiquement. a l'ceuvre de la guerison. Prenez les ceuvres de Hahnemann; considdrez les rdsultats de sa pratique, et comparez ses principes a ceux de Corvisart, de Bayle, de Laennec; et, parmi les contemporains, comparez-les a l'enseignement de MM. Andral, Louis, Chomel, et mime a l'enseignement de M. Bouillaud; comparez sa pratique a celle des notabililks que je viens de citer, et d&cidez de quel c6te, meme en pathologie, se trouve la mrnthode la plus large et la plus comprehensive; celle qui lie le plus directement la pathologie i la therapeutique. Evidemment, en considerant les ceuvres de Hahnemann dans les deux premiers elements du problkme pathologique, l'tiologie et la symptomatologie, aucun n'a d6t aussi precis et aussi complet que lui. Mais, a-t-on dit, Hahnernann nie la maladie et ne tient comple que des sympt6mes morbides. Sans doute, ce maitre illustre s'est 61ev6 contre ce qu'il a nomm6 la cure du nom; ii a repousse toutes les denominations imposees aux maladies jusqu'a lui, ii a nic les m6thodes pathologriques generalemnent suivies et leurs resultats. Mais a-t-il nie la maladie consid6rbe in abstracto, a-t-il nib qu'il fit possible d'arriver a la determination des especes morbides? Loin de produire de pareilles negations, Hahnemann a exprim5 des affirmations contraires. Lorsqu'il a dit que, pour le m6decin, la maladie ne PATHOLOGIE. 399 consiste que dans la totalike' de ses sympto~mes (1), ii n'a voulu dire autre chose, si ce n'Iest qu'il fallait s'appuyer sur ces derniers pour reconniaitre-les maladies et les distinguer les, unes desýa-utres. La maladie est donc qucilque chose aux yeux de, Hahnemann, puisqu'il. donne les moyens de I a reconnai'tre. I1 n'y a donc pas que des sympt~mes dans les Mtats pathologiques. 11 va plus loin: ii admet des maladies dissernblables (2) et reconnait qu':elles difk~rent en'tre elles ne'ccssairement et par leurs caracte~res et par. leu~r forme. Des maladies qui diffrent los unes des autres ne sont pas une seule et me~me chose. Hahnemann n'a donc point nie' ]a maladie. 11 a fait mieux, it a reconiu. des espe~ces. morbides tellement dif-. ferentes les unes des autres, qu'il est impossible de les confondre..;(( Les maladies des hommes, dit-il, forment deux f( classes. Les unes sont des operations rapides de la Sforce vitale sortie de son rhylhme normal, qui se ter. (minent dans un temrps plus ou momns long, mais toua jours, de me'diocre dure'e. Les autres, peu distinctes et Ssouvent me"me imperceptibles, "a leur debut, saisissent a l'orgyanisme chaciine ai sa maniere, le de'saccordent Sdynamiquement, et peu "a peu l'e'loigrnent tellement, de a l'~tat de sante', que l'automatique e'nergrie -vitale des-. a tine~e au maintien de celui-ci... ne peut leur opposer Squ' une re'sistance incompkete, mal dirigre'ece inutile, et Sque dans son impuissance de les Nteindre par elle-. 'meme, cue est oblig-ree de les laisser croitre jusqu'at ce (qu enfin diles, ame'nent la destruction de l'organisme. (1) V. Organon, ~ 6, p. 107. (2) V. Organon, ~~ 36, 438, 40, p. 124, 125, 130. 400 COMIMENTA IRES. SCelles-hai sont connues sous le nom de maladies chroI1 va plus loin encore, lorsqu'il dit ((A l'e"ard des Smaladies aigue*s, on peut les distribuer en deux cat'c gories. Les unes attaquent des hommes isohes 'a l'occa((sion de causes nuisibles dont ils ont eu "a supporter F1influence..., les autres attaquent plusieurs individus At la fois et se de'veloppent ca" et la (sporadiquement) c sous I'empire d'influences met'eoriques ou telluriques ((dont ii ne se trouve, pour le moment, qu'un petit ((nombre d'hommes qui soient disposes " ressentir l'ac((lion. A cette classe tiennent de preis celles qui saisis" sent beaucoup d'homrnes 'a la fois, dependent alors (d'une menie cause, se manifestent par des syrptomes fort analogues (enpidecmies) et sont dans l'usage de deo venir confagieuses quand elles agissent sur des masses c serrees et compactes d'individus. Ces maladies et ces Sfie~vres sont chacune de nature speciale, et coinme les ((cas individuels qui s'en manifestent ont la me~me ori(( gine, constamment aussi elles metteut ceux qu'elles ((atteignent dans un etat morbide identique partout, c mais qui, abandonne a ui-meme, se termine en un "assez court espace de temps par la mort ou la gue'ri((son. La guerre, les inondations et la famine sont frec quemrnent les causes de ces maladies; nais elles peu((vent deipendre aussi de niasmes aigus qui reparaissent ( toujours sous la mnme forme, et auxquels par cons - ((quent on donne des noms particuliers; miasmes dont ((les uns n'attaquent 1'homne qu'une seule fois dans le "cours de sa vie, comme la variole, la rougoole, la co (I) V. Organon, ~ 72 4~r I COMMENTAIRES. cez 1nialadies ou fievres ont la meme origine. En pathologi, une meme origine, en d'autres termes, une meme cause produit done sur tous les individus qui ressentent soil influence des effets identiques; et celte communaut6 de cause et d'effets, d'origine et de sympt6mes, est la condition dont ii n'y a pas a se departir dans la d6terninatlion des espices morbides. Voila ce qu'enseigne Hahremann. Est-on bien fond a dire qu'il ait ni6 la mialadie? Si on entend parler de ces tableaux factices yie nous ont retraces les nosographes de tousles temps; j'en conviens, la negation est absolue. Si on pr6tend que cette ndgation embrasse a la fois le pass6 et I'avenir de la science, je nie qu'elle ait jamais ete dans la pense~e ni daiis Fenseignement de Hahnemann. Mais, dira-t-on, que devient alors le principe de l'individualisation absolue des maladies? Comment concilier les piragraphes 72 et 73 de l'Organon avec les paragraphes 7, 14, 17 et 18 du meme ouvrage? Rien de plus simple. Que dit Hahnemann dans les paragraphes indiques? Que, hors de l'ensemble des sympt6mes, ii n'y a rien a trouver dans les maladies par quoi elles soient susceptibles d'exprimer le besoin qu'elles ont de secours; d'oi on doit conclure qu'il ne peut y avoir d'autre indication du remade a choisir que la somme des sympt6mes observes dans chaque cas individuel (1). Ici, ii emet un principe therapeutique qui laisse dans son integrite le problrnme pathologique, et ne contredit en rien les enonces des paragraphes 72 et 73. Au paragraphe 7, ii dit que l'ensemble des sympt6mes, image reflechie au dehors de l'essence interieure de la maladie, doit tre ]a principale (1) V. Organon, ~ 18, p. 114. 404 COMMENTAIRES. personne ne le nie, que ces difficultes aient ete jusqu'a produire de courts instants de decouragement, qu'elles aient fait naitre chez beaucoup le desir d'en allhger le poids et les aient portes a chercher les moyens de simplifier les recherches, je le comprends. Je crois m~me que, du plus au moins, tous les homoeopathes out subi cette influence. Mais ii y a loin de li a nier les principes hahnemanniens, et a priter au mailre des erreurs pathologiques qu'il n'a point commises. D'ailleurs, le principe d'individualisation absolue des Ctats morbides resterait debout, lors mime cque 'homoeopathie aurait produit un systinme pathologique complet et r6gulier. D'abord, pour ce qui est des maladies chroniques, aussit6t qu'elles ont franchi leur forme primitive, elles se caracterisent par des sympt6mes tres-variables d'un individu i un autre individu. La raison est que tout virus qui a jet6 de profondes racines dans un organisme humain, exprime les symptimes qui lui sont propres, met en jeu et developpe les predispositions morbides exislant chez tous, s'ajoute souvent i des maladies prtexistantes et forme un tout qui defiera perpetuellcment les descriptions du nosographe le plus subtil. Quant aux maladies d6rivant de la presence d'un miasme aigu, ii est rare qu'elles se presentent sous la meme forme et avec les memes caracteres fondamentaux pendant deux annies de suite. Cette mobilit& des epidemies faisait dire " Sydenham qu'il plaignait les malades qui les premiers recouraient a ses soins lorsque survenait une epidemie nouvelle; et dans les constitutions epid6miques dont il nous a transmis les tableaux, ii notait avec un soin particulier les differences qu'elles prdsentaient d'ann&e en annee. Le mrme fait se reproduit sous nos yeux. 11 n'est pas PATHOLOGIE. 405 d'hiver oii nous n'observions tous la grippe. Pour ceux qui ont t6 temoins de l'Fpidemie de 1839, qui com parent ce qu'ils observent avec les observations qu'ils on[ pu faire a cette epoque, quelles differences ne remarquentils pas? Hahnemann nous parle aussi des medecins qui, apres 1804, confondirent une miliaire pourpree venue de l'Ouest avec la fievre scarlatine. Ces deux affections, dit-il, paraissents'etre, surles dernierstemps, confondues dans quelques localites en une fibvre eruptive d'espice particuli"re, contre laquelle ni l'arsenic, ni la belladonne n'ont plus ete trouves parfaitement homoeopathiques (1). Je doute fort que ces deux medicaments, associes dans la meme prescription, eussent mieux reussi, tandis que bryone et mercure, mais bryone surtout, r6ussissent parfaitement, cornme chacun de nous a pu le remarquer. Chaque annee nous pr6sente des cas isolks oii ces deux especes sont confondues. Hahnemann avait done raison de presenter comme un principe absolu en homoeopathie Ja n6cessite d'individualiser les maladies; et ce principe, loin de le conduire B ne voir dans les elats morbides que des groupes de sympt6mes, ne l'a pas empich6 de tracer 1'esquisse d'une nosologie que le temps agrandira et complitera lorsqu'on voudra s'en occuper s6rieusement. Mais du jour oil un pareil travail sera produit, pour devenir d'une application plus facile, le principe d'individualisation ne sera pas abandonn&. On s'y rattachera d'autant plus fermuement qu'il produira des fruits plus abondants et plus faciles " obtenir. Si l'dtiologie et la symptomatologie hahlinemanniennes (I) V. Organon, note du ~ 73, p. 163. 406 COMMENTAIRSO sont irreprochables, si ]a methode indiqu~e par le fondateur de l'homceopathie pour arriver "a ]a determination des especes morbides ne 1'est pas moins, comment Hahmremann a-I-il compris cette autre partie de la pathologie qu'on nomme le diagnostic? Si le diagnostic peut etre de'fini cette partie de la pathologic qui a pour objet Ia distinction des maladies (1), on peut dire que Hahuemaun a beaucoup fait sous cc!apport. Si on pre"dend que la science du diagnostic est!celle qui a pour objet de faire coinaitre l'existence, le siege et la nature des maladies, ainsi que le degr6 auquel elles sont parvenues et leur Mtat de simplicite ou de complexihe (2), on peut dire encore, sauf " definir les termes de la proposition, que sur chacun de ces ehements, ii nous a laisse les plus sages lecons. Pour ceux qui deamandeiraient oji trouver dans les e~crits de lahnemann un enseignement complet sur cette partie de la pathologie, -je leur repondrais qu'ils ne le trouveront pas dans ses ueuvres. Hahnemann n'a pas plus e~crit de traite" sur le diagnostic que sur toute autre branche de la me'decine. J1'formateur de I'art de guerir, ii a donne une methode. C'est i nous de posseder assez l'instrument qu'il a mis en nos mains pour construire l'e'difice dont, habile archi-tecte, ii nous a trace le plan. &"Ate science du diagnostic, que les me~decins de tous des temps ont pris ee si haut, que chaque sie~cle, ou plu*t6t chaque e'cole recommence sur de nouveaux frais,:a sa methode et puise " des sources determinees. Se pourrait-il quo Hahnemann ne nous ei't rien dit " cc isujet? (1) V. Chornel, Ele'ments de pathologie ge'nerale, p. 421. (2) V. Rade, Tradte de diagnostic medical, Paris, 1854, p. 5. PATHOLOGIE. 4A07 Quant A la m thode, il suffit de lire 1'Organon, diu paragraphe 84 au paragraphe 104, pour en connaitre le mniecanisme. 11 est fort simple, et ii repond aux exigenes des cas diff6rents qui peuvent se presenter. Seulement, comme tout concorde dans la doctrinehahnemannieiine, que cette doctrine est essentiellement exp6rimentale. sons le rapport du diagnostic comme A l' gard de la syniptomatologie, Hahnemann ne va pas au dela de ce lqui est necessaire A la therapeutique, objet essentiel de ses recherches, terme dernier de tous ses travaux. Nous verrons, en 6tudiant la matiere m6dicale, que toute sa mniethode pharmaco-dynamique se reduit A la constatation des propri6tes des medicaments au moyen de I'expirimentation pure; de mnme sa m6thode en matiere de diagnostic se reduit A la constatation des signes et sympt6mes des maladies. Pour cela faire, ii exige comme premikre condition que le malade et ceux qui l 'assistcnt fassent au m6decin le recit des souffrances endurees ( 8-5). Ce recit achev6, il exige du medecin qu'il prenne des informations precises sur chacun des symptomes accuses, et, qu'a l'occasion de chacun d'eux, ii s'informe de l'Ipoque de leur apparition, de l'espice de douleur ressentie et des conditions sous lesquelles chaque sympt6me se presente. 11 recommande de relever soigneusement les sympt6mes de la maladie, soit avant que le malade ait fait usage d'aucun m6dicament, soil quelques jours apres qu'il en a cesse l'emploi, afin d'avoir une image pure de la maladie (~ 91). La chose est toujours facile pour les maladies chroniques, ces dernieres laissant une certaine latitude. Aussi, peut-on profiler du ddlai qu'elles laissent pour les 6tudier avec toute la rigueur desirable, rigueur qui doit aller jusqu'a descendre A des minuties, 410 CO MMMENTAIRRES O these; par consequent caractk'riser cette maladie, d'une part, par les symptomes gen'eraux, diathesiques que pre"_ sente chaque individu qui en est atteint; de 1'autre, par les symptomes particuliers i" chaque malade, syrptomes qui varient d'un sujet "a un autre sujet, aucun d'eux n'offrant, soil daus les maladies e~pide'miques, soil dans les maladies chroniques, tous les sympt6mes de la diathiese. 30 Distinguer autant que possible, dans les souffrances du malade, l'affection primitive de l'affection medicinale conjointe, lorsque celui-ci a ett sournis "a tin traitement allopathique avant de re~clamer les secours de I'homoeopathie. 40 ' tudier chaque cas de maladie qui se presente "a 1'observation du niedecin. comme un fait nouveau, ressemblant sous plusieurs rapports "a d'autres cas du meme genre, sans leur d~tre identique. La n cessit6 de cette dtude de~coule de ce fait qui e'tait ]a pensee profonde de Hahnemann en matie~re de diagnostic, "a savoir: que toute maladie se carackerise autant par les symptomes parliculiers que par les symptomes communs i tous les malades d'un meme genre. La methode diagnostique de Hahnemann offre done ceci de particulier, (lu'elle est concue en vue de la therapeutique, bien plus qu'en vue de la pathologie proprement dite; que cet illustre reformateur ne s'ecarte jams nais de 1'objet essentiellement pratique de sa re'forme; et qu'ainsi, on ne peut lui appliquer la mesure communi~ment adopt e en nosographie. Car, ii faut bien remarquer, qu'it l`encontre des pathologistes de l'ancienne e'cole qui concluent d'une maladie connue et des guerisons obtenues aux propriedtes des agents therapeutiques qu'on suppose avoir amene la guerison, Hahnemann, sans con. PATHOLOGIE. 411 clure precisement des proprietes connues du medicament a la nature de la maladie qu'il s'agit de traiter, est toujours domine par le point de vue therapeutique. De la vient, que la meithode par lui enseignee sous le rapport du diagnostic est a la fois plus precise, plus nette et plus pratique que la methode communeiment adoptee. Sans doute, on n'y trouve pas de longs developpements sur la maniere de determiner la nature et de fixer le siege d'une maladie donnee. Niant au medecin la possibilite de penetrer la nature essentielle des maladies, le fondateur de l'homoeopathie n'avait pas a rechercher ce qu'il croyait introuvable. Declarant toute maladie generale, il ne pouvait, a l'exemple des organiciens, faire equation entre un groupede symptomes et une maladie. La rigueur de sa methode diagnostique consistaiten deux points: agarantir le medecin contre les erreurs possibles qu'il pourrait commettre dans l'etude des sympt6mes, que ces erreurs vinssent du malade ou de lui-me; "a indiquer les conditions auxquelles tout sympt6me peut etre converti en signe therapeutique, c'est-a-dire devenir un elkment d'indication. II a constitue de son point de vue ce que, depuis, on a appele la semeiotechnie ou l'art du diagnostic; et personne n'a etudie plus profondement les symptomes des maladies en eux-memes et dans leurs nuances diverses que ne le fit Hahnemann. Ce que les anciens faisaient pour la maladie prise dans sa totalit6, lorsqu'ils etudiaient les moments de redoublement et de remission, Hahnemann l'a fait pour chacun des symptomes dont une maladie se compose, lorsqu'il signale les conditions diverses sous lesquelles ces symptomes sont aggraves ou soulages. Lorsque les pathologistes cherchent a caract'riser I'espece de douleur ressentie, comme la douleur pon 412 COMMENTAIRES. gitive dans la pleuresie, les douleurs terebrantes, lancantes, etc., dans d'autres maladies, sans que jamais ces caractbres les conduisent a tablir aucune indication precise, ils sont dans une voie d'analyse pathologique feconde en resultats pratiques. Ce qu'ils font quelquefois, Hahnemann le fait toujours; el on peut dire que, sous le rapport symptomatologique, base et operation premibre du diagnostic, il a atteint la limite du possible. Mais la simdiotechnie n'est pas tout le diagnostic. Apris les sympt6mes viennent les signes; apris l'observation des changements survenus dans l'organisme par suite de l'action d'une ou plusieurs causes, il reste a apprecier la valeur diagnostique, pronostique et therapeutique de ces changements. Tout symptdme est signe, disait Fernel, celui de tous les me"decins qui, apris Galien, a fait le plus d'efforts pour distinguer l'un de l'autre; mais lout signe n'est pas symptdome (1). (( Un malade, dit aussi Zimmermann, peut ytre instruit de tous les sympt6 -mes de sa maladie, sans neanmoins la connaitre, parce que quoique le sympt6me tombe sous les sens, la maladie ne se de'voile que par le raisonnement (2). )) La connaissance des sympt6mes constitue ce que certains commentateurs d'Hippocrate appelaient l'tpilogisme, par opposition a l'analogisme, qui comprenait la connaissance des signes. Qu'est donc un signe, et en quoi differe-t-il du sympt6me? ( Signum, dit Galien, est id quod, cognito, alterius < ignoti notitiam inducit. (( Le signe, dit Double, est ( tout ce qui, venant "i frapper notre esprit, nous instruit (1) Omne symptoma signum est, non tamen omne signum sNmptoma. (Lib. II, de symptomatum differentiis.) (2) Zimmermann, Traite de I'expirience, t. I, p. 164. PATHOLOGIE, 413 par la" de ce qui est cach6" au dedans sur 1e'(4at passe", Spresent et "a -veriir de la maladic (1). On comprend v sous le nom. de signes diagnostiques, dii M. Chomel, ~toutes les circonstances propres at eclairer sur le genre ((et l'esp~ece d'une maladic (2).)) ((Un signe, diiN. Racie-, "est... toute circonstance de quelque nature qu.'elle soit, ~qui peut aider, coniribuer "a e'tablir le diagnostic (3). ) Apre~s la. definition de Galien, e'tait-il ne'cessaire d'en proposer d'autres, beaucoup pilus vagyues, ci trahissant une compbe~e inintelligTence du problk'me dont on cherche ]a solution? Lorsque Galien a de'ini le sigrne utne chose connue conduisant a' la connaissance d'une autre chose inconnue, ii a pose' les deux ternies du sympho'*me et du sigrne; du symptome, caracte~re donne" par 1'observation directe, quc le malade resseni et que le me~dccin observe; ci du sigrnc, qui n'est quc le sympio'mc ou les sympto'mcs intcrpredts; mais doni 1'inicrpre~ation se peut faire sons trois points de -vue diff6rents: l'un relatif a 1'espe~ce de la maladie; 1'auire, 4t son issue certaine on probable; le troisie~me, an traitemeni 'a employer. Eh bien, a-t-on dii queiquc chose, Jorsciu'avcc Double on d" finlit le signe, cc qul nouis instruit de cc qui esi cache" on obscur sur 1Y~tat passe', present on 'a venir de la maladie? Une parcilic definition, e"iani purement diagnostique, sans rien laisser 'a penser do la valeur pronostique ci ih~rapeutique du sigrne, ne rcnfcrrnc-t-elle pas la semediologie dans un cercic trop e'troit? C'est, cependant, cette de'finition qui a servi de mod~e l " toutes celles qui oni ete donne~s depuis, ainsi qu'il est facile de s'en apercevoir (11) Double, Seme'iologie g~n'rale, t. 1, p. 157. (2) Chomel, 1~h'ments de pathologie ge'ne'rale, p. 428. (3) Racle, TraiW du diagnostic, p. 8. 414 COMMENTAIRES. en lisant M. Chomel, et M. Racle, le dernier venu en date. On a dit de Hahnemann que sa doctrine e'tait depourvue de tout diagnostic; ceci est faux, au moins "a I gard de ]a symptomatologie. Serait-ce plus vrai "i l'egard de la se'meiologie? Si le diagnostic n'est vrai, n'est complet qu'h la condition d'e'tablir la nature essentielle d'une maladie, ou de ]a localiser en un point quelconque de l'orgranisme; si l'ceuvre de ]a sme'niotique consiste "a rechercher les signes propres "a cette double determination, &videmmcnt on ne trouvera rien dans les e'crits de Hahnemann sous le premier rapport; c quant au second, on trouvera une foule d'indications qui, le plus souvent, seront presentees sous ]a forme de syrptomes et non pas sous la designation de signes. Si la vesicule psorique, le chancre ye'ne~ricn, le fic, sont donne~s par lahnemann corme signes caracteristiques de la gale, de la syphilis et de la sycose; si les eiruptions propres "i la miliaire, a la scarlatine, a la rougeole, "a la variole, sont reconnues par lui comme aulant de signes de ces affections diverses; s'il caractirise avec un soin particulier en d'crivant les symptornes dans leurs nuances au lieu de se contenter de les nommer, I' ysipedle, le lichen, l'impe'tigo et les autres dermatoses, cc n'est pas qu'il fasse equation entre ces sympt8mes et Ia maladie dont ils sont I'expression: car ii sait qu'apre~s la disparition de I'6ruption psorique, du chancre et du fic, ]a gale, la syphilis et la sycose existent encore le plus souvent, quc les fikvres eruptives parcourent quelquefois toutes leurs peiriodes sans qu'apparaisse 1'exantheme qui leur est propre; ii sait que le signe ou les signes d'une espece morbide ou d'une maladie doivent $tre emprunte's, avant tout, aux sympt6 - 416 COMMENTAIRES. gards, enflamm6s, il s'&6cria aussit6t qu'on y prit bien garde, qu'il itait menac6 du delire, et il demanda qu'on lui administrit des rembdes en consequence. Ici, dit Double, les assistants virent bien les sympt6mes; mais Galien quoique malade en d6duisit seul le signe du d61lire (1). Cette partie de la s'dineiologie, tres-bien connue de Hahnemann (car Hahnemann n'a pas 6crit tout ce qu'il savait), n'a recu dans ses ecrits ni sanction nouvelle, ni nouvel accroissement. Les indications qu'il est possible de tirer de ce qu'on a appele les signes diagnostiques et pronostiques, se trouvent virtuellement exprime'es dans sa manibre de concevoir la maladie, dans les especes par Jui reconnues et 6tablies, dans les transformations dont plusieurs d'entre elles sont susceptibles. L'homoeopathie peut done emprunter beaucoup " l'allopathie, sous ce rapport; et Hahnemann lui empruntait tous les jours. Pourquoi les disciples feraient-ils autrement que le maitre? Mais ces emprunts ne peuvent jamais aller jusqu'a mettre sur le premier plan ce qui naturellement doit 'tre plac6 sur le second plan, jusqu'a faire predominer les signes diagnostiques et pronostiques sur les signes therapeutiques. La raison en est simple: le point culminant du diagnostic, n'est pas la connaissance de l'espece morbide dont un sujet est affecte6; mais la place que l'individu occupe dans l'espice. Qu'il s'agisse d'une maladie aigue ou d'une maladie chronique, d'une maladie sporadique ou d'une maladie 6pidemique, l'observation prouve que, dans tous les cas, chaque malade ne presente qu'une partie des signes et sympt6mes de la maladie. Le tableau d'une 6pid6mie est autrement 6tendu que les observa (1) Double, Semdiologie gendrale, t. I, p. 170. PATIIOLOGIE. 417 lions particulie~res qui en sont les edlements. Le tableau general de ]a psore ou de la. syphilis est bien plus vaste qu'un cas donne' de psore on de syphilis si cornpliqu6 qu'on le suppose. Raltacher chaque cas donne" de maladie "a 1'espe~ce dont it est une dd~pendance, 1'individuauiser, aujtant que possible, cc qui revient "a dire, constater sur chaque malade 1'existcnce des signes diagnostiques propres aI 'espe'e morbide, comme on 1'enseigne en allopathie, sauf "a rcnvoyer mux syrnptomes ce que les nosographes de 1'ancienne e'cole de'corent du nom de signe et aux signes ce qu'ils appellent un symplo'me, ainsi que 1'a souvent fait Hahnemann; conslater ensuite les signes diagnosliques propres 'a 1'individu; se servwr des uns et des autres pour fixer les indications the"rape uliques et, sans rien- exelure, faire pre~dorniner les signes individuels sur Jes signes coruruns cti faire de ceux-c~i ce que j~appelais les signes th 'rapeu~iques, -voila' les bases de la semeiologie honmeopaihique, lelle qu'elle est indiqu~e dans les d~crits de Ilahnernann; -voila sa.rrikthode dia-. gtioslique. Je ne sache pas qu'il y ait rien "a reprenidre danis cette, mauie~re de piroce'der dont queiqucs exeruples feront encore micux senlir la -vv'rit el tla porteke. Quelle que soit ]a maladie "a laquelle on s'adresse, qu'ellc soil aigu6 ou chroniquc, sporadique oti epidedmique, de quelle facon doil-on. s'y prendre au lit (lu malade, pour de~terininer ce qu'elle est, fixer les indications qu'elle pre'sente et faire ch~oix du medicament approprie'? La. cause qui l'a produite etant connuie et je le suppose, misc hors de doute, Hah-nernann veul que, d'abord, on recucille ceu~x des symplwrnes qu'il nonirne generaux, c' est-h"-dire, qu'on s'enqui4~re de lout cc qui est relalif "a 27 PATHOLOGIE, 4619 loi: Donner le moyen de convertir le symptome ou les sympgdrnes en signes. Pour cette operation tout intellectuelle, 1'allopathie n'9a encore rien trouve. Lorsqu'elle a 6tabli La forme, le siege et le caract "re de la rnaladie, et setpare de l'ensemble des symptones ceux qui expriment ces conditions; lorsque, sur chacun de ces points, elle a Irouv6 ce qu'elle nomme les signes vrais, suffisanis, univoques oupathoynomoniqucs, chose souvent difficile, elle n'a repondu encore qu'at une on tout au plus 'a deux des conditions de tout hon diagnostic; c'est-ai-dire, qu'elle a trouv6 les signes indicateurs de la maladie et ceux du pronostic; rnais elle n'a rien fait pour trouver les signes the" rapeutiques. Or, la therapeutique n'est pas une deduction de ]a pathologie. Du moment oh, comme 1'a prouve lahnemann, la pharmacologie est une science distincte, je ne dis pas separeee, des autres branches de la meade.. cine, ayant sa meithode propre et ses lois particuli~res, la pathologie est insuffisante h fournir les indications therapeutiques. Or, la semeiologie, en d'autres termes, la conversion des syrpt6mes en signes, n'est regulie~rerent Caite, qu'autant que dans un tableau de sympt6mes on a trouve les signes indicateurs de l'esp ece morbide qu'il s'agit de combattre, cetx qui perrettent de fixer le pronostic de chaque cas individuel, ceux, enfin, qui pernettent de fixer les indications thewapeutiques et de choisir l'agent appropri6'. Except6" Hahnerann, personne n'a rempli ces conditions, et personne ne pouvait les remplir. Humble servante de la pathologie, la matiere medicale flottait incertaine au gre" de tous les systeimes, comme nous le verrons dans le commentaire suivant. Que pouvait-elle fournir an diagnostic; quels syrptomes d'une maladie pouvaient devenir signes therapeutiques? Hahnemann potvait seul 420 COMMENTAIRES. donner la loi du passage de la symptomnatologie a la semniologie; et ii 1'a fait, lorsqu'il a indiqu6 les voies a suivre pour fixer la diathese morbide et individualiser chaque cas particulier d'une meme diathise. Les signes gfneraux sont, a ses yeux, caractkristiques del'espitce morbide; les sympt6mes frappants, singuliers, extraordinaires, ceux qui, dans une meme espdce, donnent a chaquc cas sa physionomie particuliere, deviennent signes th rapeutiques. Sans doute, IHlahnemann n'a paspoursuivi l'application de ses principes dans toute I'&tendue du cadre nosologique. Ce n'6tait pas la tache qu'il s'etait imnposee. Homme de principe et de nmuthode, r'formateur de la science et de F'art, consideres d'un point de vue goneral, son euvre 6tait accomplie du moment oii ii avail indiqu6 la voie ' suivre et trac6 les conditions " remplir pour atteindre ia ]a v6rit6 sur tous les points. En matibre de diagnostic, et plus particulierement sous le rapport simeiologique, Hahnemann n'a pas failli " son oeuvre; ii a enseign6 queI le diagnostic purement pathologique 6tait cuvre de naturaliste plut6t que de nmedecin; que pour donner a ce dernier toute sa valeur, ii fallait joindre aux signes generalernent consid&res comme diagnostiques, ceux qui ont une valeur therapeutique; que ces derniers ne pouvaient,tre empruntis seulement a la triple consideration de la forme, du sidge et de la nature de la maladie, mais surtout et presque exclusivement a la Pharmacologic, branche des connaissances medicales, qui m6rite le norn de science seulement depuis que Hahnemann lui a donn6, dans le principe de l'exp6rimentation pure, une base indestructible. Le pronostic est un autre 6lement du problrnme pathologique. Si une maladie peut tre diagnostiqu&e ou con PATHOLOGIEf 421 nue, ce qui revient au meme, ' I'aide de 1'etiologie, de la symptomatologie et de la semimiotique, ii reste encore " prevoir la marche qu'elle suivra ct l'issue qu'elle aura sur le sujet qui en est affecke. Cette partie de la m" ecine, comme le dit Joseph Frank, tient un peu de la divination, et est 'a juste titre, pour le vulgaire, un grand sujet d'admiration (1). Le pronostic, continue le nmeme auteur, Iorsqu'il ne porte que sur le presage de la vie ou de la mort, peut tre e'tahli d'apres les seuls symptares de ]a maladie. Aussi, n'est-il pas rare de voir des pretrcs, des gardes-malades c des personnes qui ont l'habitude d'assister les malades sur leurs lits de douleur, porter souvent sur les maladies des pronostics parfaitement justes (2). Tout ccci est d'une exactitude parfaite; mais cc n'est pas la que reside particulierement 1'art du pronostic; autrement, ii faudrait dire que le tact nu"dical, cette sorte d'instinct qui &ehappe h toute regle et 'i toute de"finition, serait le premier e'16ment, pour ne pas dire ]a source unique du pronostic. Pre"sager ]a vie ou la mort d'un malade, dans un moment donne, est toujours chose importante pour le malade et le me~decin; mais ii est bien plus interessant encore 10 d'e'tre parfaitement e&laire sur les conditions qui ajoutent " ]a gravihe' naturelle d'une maladie; 2' sur cc que les anciens nommaient les crises; 30 sur les transformations possibles dont une naladie pent 6tre le sujet. C'est lh ce qui constitue F'art du pronostic; ce jue ni le tact personnel, ni l'instinct du m'decin ne peuvent donner; ce qui a sa regle et ses lois; c'est "i ces sources diverses qu'il faut aller puiser pour e&tablir scientifiquement le pronostic. (1) Pathiol. int. par Joseph Frank, tome I, p. 87, initroduction. (2) ibid., p. 88. 422 COMMENTAIRES. Sur le premier point, c'est-a-dire sur I'art de presager de la vie ou de ]a mort d'un malade, Hahnemann n'a rien dit qui lui soit particulier. Dans sa pratique, ii s'inspirait, nul ne peut en douter, de ce que l'experience et l'Itude approfondie des anciens lui avaient appris, et je ne sache pas, qu'a cet egard, ii filt inf6rieur i qui que ce soit; mais nous ne trouvons dans ses ecrits rien qui le separe de la generalite des praticiens. Comme tous les medecins de toutes les e'coles, il recommande de tenir un compte sevire dans l'appreciation de la gravit6 relative d'une maladie des antecedents de la famille dont est issu le sujet; de son dge, de son sexe, du clirnmat sous lequel il a vecu ou vit encore; de son genre de vie, de la constitution pide'mique regnante; en un mnot, de toutes les conditions pathologiques dans lesquelles le malade peut etre plac6:et, sous sa plume, ces conditions diff6rentes acquierent une tout autre importance que sous celle de la generalite des medecins. S'il s'agit des antec&dents de famille, il s'en preoccupe, d'abord, pour rechercherles similitudes d'organisation qui peuvent exister entre les individus de plusieursgenerations; mais, avant tout, dans le but de retrouver chez les engendreurs l'origine de la maladie chronique qu'il observe, et de prevoir ce que deviendra cette maladie si on l'abandonne i elle-meme. L'allopathie, ii faut le dire, ne neglige pas ces preoccupations, mais, aux yeux de Hahnemann, quelle importance elles acquierent! Lui qui avait I'intime conviction quetoute maladie veritablement chronique n'abandonne un organisme qu'apres l'avoir compl6tement detruit; qui notait avec un soin scrupuleux les transformations diverses auxquelles ccs maladies sont sujettes; lui qui avait donn6 le conseilde les suivre dans leurs develop PATHOLOGIE. 423 pements successifs " travers les g6nerations et les sieicles; lui qui avait recherch6 et decouvert les moyens d'6teindre ces virus dans leur cause, qui savait comment plusieurs d'entre eux peuvent coexister sur le meme sujet et donner naissance aux maladies les plus terribles, savait tirer des antec6dents de famille d'autres pr6sages que ceux indiques communement dans les auteurs. 11 ne se contentait pas de donn6es ge6nerales, comme de reconnaitre qu'il est des familles qui jouissent dil privilege de vivre longtemps, tandis que d'autres semblent vou6es h une mort prematuree (1), ni de dire qu'il est une condition h6r6ditaire qui rend certaines maladies beaucoup plus graves ou mme constamment mortelles chez tous les individus d'une minme famille, ni que la variole est aussi dangereuse dans certaines familles que la peste elle-mnme (2). Sa sollicitude s'6tend au dela de ces limites 6troites. Avant retrac6 le tableau de la psore interne, ayant dit qu'elle se communique d'une generation h une autre, ii fait de cette condition un signe pronostique de premibre importance. L' ge, le sexe, le climat, le genre de vie, constituent autant de signes pronostiques auxquels Hahnemann attachait une importance bien plus grande comme indication therapeutique, que comme signes de prognose. 1 en est autrement de la constitution 6pid6mique regnante. Pour lui, toute 6pid6mie venant a frapper sur un sujet psorique, avait pour premier effet de riveiller la psore de son sommeil. (( C'est ici le lieu, dit-il, d'appeler l'atten( tion sur un ph6nom ne remarquable, savoir, que les a grandes maladies e'pid6mriques, la variole, la rougeole, (1) V. Joseph Frank ddjh cite, p. 88. (2) V. ibid., p. 89. 424 COMMENTAIRES. ((1e pourpre, ]a fie'vre scarlatine, la coqueluche, ]a dysv scnterie, et autres espd~ces de typhus, lorsqu.'elles at(teignent leur terme, principalement sans avoir et (soumises "a un traitement homceopathique, laissentlI'or"gauisme dans un tel e~tat d'e'branlement et d'excitatjon, Gque, chez beaucoup de ceux qui viennent d'en etre *de'barrasse's, ]a psore, pr'ce~demment latente dans I'in* te~rieur du corps, s'e~veille tout "a coup et se prononce (rapidement en exanth emes analogues "a Fl' ruption pso(rique, on en d'autres affections chroniques qul, lors(qu~on ne les soiimet pas 'a un traitement antipsorique, ~ne tardent point, l'orfaanisme e'tant encore e~puise, a ~acquerir tin hauL dcgre' d'intensith'. Eu pareil cas, quand ~le malade succombe, Ce qui arrive souvent, le md~decmn a allopathiste ordinaire dit qu'il est mort des suites de (la coqueluche, de ]a rougeol e, etc. Mais ces suites (ne sont autre chose que ]a psore de~veloppe~e sous la ((forme d'innombrables maladies chroniques, dont jusq' ce jour la cause fondamentale a ete6 ignore~e, et Squi, par consequent, sont denueUrees incurables (1).)) Voici d~j* " quciques signes prognostiques gene~au x dont ii est impossible, de nier quo ilalinemaun n'ait le me~rite de la de~couverte. 10 La psore interne est susceptible de nombreuses transformations. 'Elle est communicable par voie do g'neration, et plus grave en cot e6tat que si elie existe sur le sujet qui l'a primitivement acquise. 20 Un sujet psorique d'ant atteint d'une e'pide'mic re'gnante, ii est "a craindre que ce'lle-ci ayant atteint son. terine, la psore ne sorte de son sommeil et ne de'veloppe, sur le suj~et, une affection chronique souvent mor-telle. Que do sigrnes pro(1) Doctr. et traitement des mat. chron, t. 1, p. 160. PATHOLOGIE. 425 nostiques ne pent-on pas tirer de ces deux principes! On a dit des maladies aiguis qu'elles ont presque toujours un cours regulier et se terminent, soit par la sante, soit par la mort, soit en se changeant en une autre maladie, a des jours qu'on a appeles jours critiques; que ces crises s'accompagnent souvent d'une 6vacuation quelconque, ou au moins de quelque ph6nom ne extraordinaire, auquel on a donne le nom de signcs critiques. Des jours et des signes critiques on a fait deux e61ments de pronostic, qui ont joue, depuis Hippocrate, un r6le immense dans la therapeutique allopathique. Hahnemann nie les premiers, et n'accepte les seconds qu'avec de grandes reserves. II ne croit pas que les maladies aiguis, pas plus que les maladies chroniques, soient soumises a un cours invariablement regulier; au moins rien n'indique que telle ait et6 sa pens6e; tout dans ses 6crits, dans sa conduite comme m6decin, implique une opinion contraire. Sans entrer dans l'examen detaill6 de la doctrine des jours critiques, chose inutile, puisqu'elle est abandonnee de tous les bons esprits, remarquons que cette doctrine, fille de la medecine expectante, est en opposition directe avec la mddecine homoeopathique, qui est agissante an plus haut degre daus le traitement des maladies aigues; que la thborie des crises suppose les maladies aigu s, fatalement assujetties au d6ploiement oblig6 d'une serie de phenomenes morbides se succedant dans un ordre determine. L'homceopathie s'inscrit formellement contre cette maniere d'etudier les maladies aigues et de diriger leur traitement. Elle ne croit pas "a la nrcessie de ces p6riodes arrivant & jour fixe; elle conjure leur venue, et elle y r6ussit trop souvent pour accorder aux 426 COMMENTAIRES. jours critiques la moindre valeur pronostique. Posse'dant dans ses agents de guerison des moyens d'atteindre toute maladie aigue", dans sa cause, ii n'y a pas necessite, pour que la gu'rison soit radicale, que la maladie parcoure toutes ses phases, ni surtout qu'elle les parcoure dans un nombre de jours fixe. Sans doute, toute fie~vre eruptive passera par les diff6rents d~tats de formation de la maladie interne, d'eruption, et cette derni "re aura ses periodes d'invasion, d'augment et de de~clin; mais ii n'est pas "i dire que 1'eruption augmentera ne'cessairement pendant au moins quatre jours, ni qu'elle devra mettre trois jours pour que Ia desquamation commence. Dans les maladies aigu~s appelees sporadiques, cette regularite' dans ]a marche des symptomes est encore bien moins marquee. Ne voyons-nous pas journellement des pleuresies, des pneumonies, des bronchites et des ent&rites aigu &s, arre ees de~s leur debut, lorsqu'on les combat par des agents completement homucopathiques? Que de pleuresies et de pneumonies guerics avant d'avoir atteint le second degare! que de bronchites qui disparaissent avant d'arriver 'a Ia periode de coclion! Toutes ne sont pas dans ce cas, ii faut le reconnaitre, alors mneme qu'elles sont traiteres par les moyens les micux appropries. Mais la raison de cet insucces apparent ne depend ni' du traitement employe, ni de ]a maladie aigu6, elle depend du sujet malade. Chez ce dernier, la psore, la syphilis, ou la sycose, sortent de leur sommeil ce viennent se joindre "a ]a maladie aigu&, 1'entretenir et favoriser son developpement. Ainsi s'explique comment, sur vingt bronchites aigue~s, ii y en aura un certain nombre qui disparaitront comme par enchantement, selon I'expression des malades; landis quc d'autres resisteront PATHOLOGIE. 427 aux moyens les mieux choisis en apparence. Et la preuve que, dans ce cas, un nouvel element est venu se joindre a la maladie aigue, c'est que celle-ci, non-seulement perd de son intensit6, mais se r6duit le plus souvent h un sympt6me unique. C'est le cas de ces toux appelees nerveuses par les malades, qui persistent apris que les autres sympt6mes de la bronchite aigu" ont disparu, et durent quelquefois pendant le reste de la saison. Mais si l'on veut tenir compte de l'helment psorique, joindre aux caract res de la toux persistante, ceux qui de'notent, chez le sujet, 1'existence d'une psore interne, soit acquise, soit hereditaire, et choisir le medicament de ce point de vue, la fatalith cesse et le malade guerit. Pour ce qui est des jours critiques, ii est remarquable que cette doctrine a perdu de son influence et a vu s'cclaircir les rangs de ses partisans, a mesure que les maladies ont te' mieux connues et mieux traities. Pour tout homceopathe, c'est une theorie sans valcur, et que chaque jour dement. Que peut-on dire des crises et des signes qui les expriment? On reconnaissait une sueur critique, c'est-a-dire jugeant une maladie (car dans I'opinion des anciens une crise n'6tait qu'un jugement), des urines critiques, des diarrhdes critiques, des dpistaxis critiques et un sommeil critique. Chacune de ces manieres dont une maladie se jugeait, avait ses signes precurseurs et ses sympt6mes propres. En fait, ii arrive souvent que de semblables crises se produisent dans le cours des maladies aigue*s. Hahnemann ne le nie pas, parce qu'il n'a jamais ni6" les faits; ii ne uie pas non plus qu'une sueur critique s'annonce par la souplesse et la demangeaison de la peau, l'ondulation du pouls ou l'augmentation dans la force de 428 COMME~INTAIRES* ses battemeuts, ]a constipation et la raret6 de l'urine; que les diarrhe'es critiques s'annoncent par des borborygnes, des douleurs abdominales intercurrentes, des flatuosites, par l'inkgalit6 dans la force ou dans le rhythme du polls; que le prurit du nez, le pouls dicrote, la rougeur et la paleur alternatives de la face, annoncent 1'9 pistaxis critique, et ainsi des autres crises. Mais tous ces fails admis, et bien d'autres qui se rencontrent et (jue l'homceopathie n'a jamais nips, ont-ils une o'rande valeur pronostique? En admettant, cc qui n'est pas, que les crises dont je parle, jugent toujours favorablement une raladie, Hahnemann n'a jamais cru qu'elles fusscnt necessaires " la guerison. 11 prend donc ces signes pour autant de symplomes de la maladie, et les coiiside're genneralement comme etant de favorable augure, sans jarais les provoquer, ni les desirer. Les signes diagnostiques ou les crises, n'ont donc qu'une -aleur secondaire le plus souvent relative au traitement employi. Ce n'est pas "a dire qu'e~tudie~e dans sa marche, une maladie n'oflre pas une certaine regularite dans le daveloppement de ses caracte~res; de meme qu'un medicament soumis "a l'experirentation pure offre aussi une regularitek tries-marquee dans l'expression des symptomes qui le caracle'risent. 11 est des sympt6mes pathog(3ue4iques qui se pre~sentent le matin et d'autres le soir; ii en est qui surviennent apre~s avoir mang6;-d'autres apparaitront de.s le premier jour de l'expe'rimentalion, landis que certains ne se presenleront que Ie quatrie~me ou le septieme. Mais, dans le traitement d'une maladie aigue, les jours deviendront souvent des heures; et toutes ces donne~es fournies soil par la maladie abandonne'e a elle 430 COMMENTAIRES. ladies (de morborum successionibus). Aussi declarait-il, qu'a ses yeux, ce sujet 6tait enti'rement neuf (novum omnino est). Cependant, avant comme apres lui, on trouve dans tous les ecrivains des notions fort etendues sur ce qu'il nomme lui-me'me les causes, les signes et la prognose de la conversion d'une maladie en une autre, et particulibrement sur la conversion des maladies aigues en maladies chroniques, et de celles-ci en maladies aigues. Cette ietude a certainement une grande valeur pronostique. Hahnemann a contribue dans la mesure de ses principes a l''lucidation de ce problhme. Toute sa doctrine sur la nature et le traitement des maladies chroniques a precisement pour objet de montrer la succession des Mtats morbides. Faire, comme il le disait, le tableau de la psore, de la syphilis, des diverses e6pidemies qui peuvent re'gner, c'est suivre chacune de ces maladies dans tous leurs modes et dans toutes leurs transformations; c'est pre~cisement le point oii la pathologie hahnemannienne se rattache a la pathologie allopathique, c'est le terrain sur lequel l'homoeopathie et l'allopathie se rencontrent. Mais il faut distinguer ici entre la succession des Mtats divers qu'une meme maladie peut revetir et la transformation d'une maladie en une autre maladie. La succession des etats morbides est une vrite1 fbconde; la transformation des maladies n'est qu'une chim"re. La psore ne peut devenir syphilis, bien qu'elle puisse coexister sur le meme sujet; ce qui est fort different. La fihvre typhoide peut revetir successivement les difftrents etats qui lui sont propres; passer de l'6tat inflammatoire i l'tat adynamique ou ataxique; mais elle ne peut se transformer en aucune autre maladie, elle ne peut que rester elle-m me. Ce que Baglivi appelait la succession PATHOLOGIE. 431 des maladies, n' tait autre chose que ce que Broussais appelait la reaction sympathique d'un organe OH d'un appareil sur un autre organe ou sur un autre appareil. Sous ce dernier rapport, lahnemann ne dit rien de plus que ce qui avait e~te dit avant lui. Pour ce qui est de la partie materielle du pronostic, ce qu'on a appele6 les conditionis du pronostic, comme les conditions de sexe, de constitution, d'age, d'etat ante'rieur physique ou moral, d'habitude, de climat et de saison, et d'autres, Hahnemann n'a rien dit que d'autres avant et depuis lui n'aient dit egalement. Mais si on veut se rappeler que le pronostic est nonseulement relatif aux conditions pathologiques e'numer'ees plus haut, et avant, tout, "a la puissance de la nature et de F'art, on comprend comment le pronostic fut de tous les 'I'ments du probkeme pathologique celui sur lequel Hahnemann a tiYt le moins explicite. Reformateur de la m&. decine dans tons les elkements dont cette science se compose, ayant de~couvert une loi therapeutique meconnue jusqu'ai Iui, le sentiment qui le domina par-dessus tous les autres fut celui de la puissance nouvelle dont ii tait en possession. Contrairement aux me'decins de notre temps, qui ont fait de ]a pathologie la base unique et essentielle de la science et de l'art, et dont la mission semble accomplie du moment oii ils ont decrit une maladie dans sa marche, ses phases diverses et ses terminaisons possibles, et dont le role purement historique se termine par un aven d'impuissance, Hahnemann reprend le cotte du probke~me meudical qu'ils ont ne~gliga. Les ressources de la thlerapeutique devenant abondantes en ses mains, an cri de desespoir et d'impuissance que laissent echapper les allopathes, il oppOse les esperances que font 432 COMMIENTAIRES. niaitre en lui, et la loi 1he~rapeutique qu'il a decouverte et la puissance jusqu'ici inde~firiie que lui procurent ses, de'couvertes en mati~rc rn~dicale. Pour les pathologistes, allopathes, le pronostic est le plus souvent f~tcheux; pour Hahnernann,lesespe~rances de gue'rison n'ont pas de lirites arretees. Ce qu'on ne gue~rissait pas avant 1'homceopathie petit kre gue~ri dans un grrand nombre de cas, et personne ne pent (lire avec rigueur on s arre~te sa. puissance. Que souvent l'esperance du me'decin homceopathe soiL de&cue, qe le succe~s ne re'ponde pas toujours at ses efforts, ii pent I avoir de la faute de l'hornceopathie; mais souvent aussi, 1'inexpe~rience ou l'inhabilete6 de I'lhomceopathe doit &tre prise en consideration. Ce qu'un homceopathe ne gnui'it pas au debut de sa carriere homceopathique, ii le gue~rit plus lard; les difficultk~s qui I'arre"tent apre~s quelques ainnees de pratiquc s'e~vanouissent au bout d'un certain temrps. Le pronostic, pris dans le sens du re~sultat final de chaque maladie, vanie donc en raison des ressources que le me~decin posse~le et de l'habilete avec laquelle ii sait les manier. Le pronostic de ]a cataracte, du calcul ve~sical, de la syphilis, est devenu beaucoup plus favorable, grace aux progres Loujours, croissants de ]a chirurgile et de la the'rapeutique syphilitique. 11 fut un temps oiil la mort e~tait la terminaisoni prompte et ine~vitable des fievres pernicieuses, Landis, qu'aujourd'hiui ]a mort, est devenue l'exception, lorsqu'elles sont auss,-itO't reconnues qii'observe~es. 11 ne faut donc pas s'e~tonner que, gra'ce "a la de~ouverte de I'ho-- moeopathie, dont la thai apeutique s'applique 'a toutes les maladies, le pronostic homieopathique soit beaucoup plus favorable qu'il ne l'a e'e dans toute autre doctrine, et que surtout les homoeopathes, tout en reconnaissbant la PATHOLOGIE. 4S33 gravitd relative des cas soumis a leur observation, ne se httenlt pas de declarer l'incurabilitU absolue d'une maladie donn6e. Enfin, peut-on dire de Hahnemann, que la nosologie, resume et terme dernier de toute pathologie, ait e16 neglig(e par lui? Sans doute, ii n'a rien edabli de d6finitif sous ce rapport. Ses &crils ne presentent aucune nomenclature systematique; mais on trouve dans l'organon deux choses d'oii jaillira avec le temps une classification complbte: d'abord un principe de classification, le principe eitiologiqlle. C'est de cc poiit de vue que Hahnemann a distingue les especes morbides qu'il a admises. Puis, la reconnaissance d'un certain nombre de ces espices, et leur division en classes. Ainsi, il admet deux classes de maladies: les maladies aigu-s et les maladies chroniques; deux ordres dans les maladies aiguis, celles que communement on nomme maladies sporadiques, et celles qu'il dit tre dues l'aaction d'un miasme aigu. 11 admet ensuite trois ordres de maladies chroniques, qu'il d6 -signe par les expressions de maladies psorique, syphilitique, sycosique. Enfin, et comme appendice, ii etablit une classe de maladies m6dicinales dues a l'usage abusif et longtcmps prolong6 de substances mndicamnenteuses; ce soit de lenies intoxications. Dans sa maniere de concevoir la nosologie, Hahnemann ne considerait les maladies medicinales que comme-des maladies transitoires qui, par Ic progres du temps, l'amdlioration des habitudes sociales et la disparition des mauvaises pratiques de la therapeutique allopathique, sont destin&es a s'effacer. Comme ces maladies resultent des vicieuses habitudes, des faux instincts on de Ia volonte depravee des hornmes; qu'il leur est loisible de les dteindre on de les multiplier, 28 431 COMMENTAIRES. comme elles ne reclament qu'une mnudication antidotique, ii n'y a pas a leur accorder une place dans un cadre nosologique regulier. L'61ement 6tiologique, adopt"6 par Hahnemann comme principe de classification, a, sur toutes les autres m6 -thodes, deux avantages incontestables: le premier, de donner a la nosologie une base fixe et beaucoup plus logique que les autres methodes pr@c6demment admises; et de se lier beaucoup plus directement qu'aucune autre a la therapeutique. Sans doute, on a abus6 de cette methode de classification et les critiques que Sauvages lui adressait sont fonde!es en ce qui touche au passe. Il est 6vident, que si I'on part d'une vue hypothetique sur la cause des maladies; que si avec Galien, on rapporte la fibvre au feu qui s'allume dans le cceur et se r6pand dans tous les membres; que si on rAve avec Paracelse que toutes les maladies sont produites par le soufre, la terre, le sel, le mercure ou l'influence des astres; et que de ce point de vue, on divise les maladies en sulfureuses, salines, mercurielles, etc., on ne donne pas 'a la meadecine cette base fixe et au-dessus de toute cointestation dont parle Sauvages. Mais le feu de Galien n'6tait pas une cause; c'e6tait un effet, tout au plus un sympt6me de la fibvre. Les principes alchimiques de Paracelse n'e6taient que des emprunts faits a" la science chimique de son temps, et non pas le r6sultat de l'observation directe. L'un a done peche, pour avoir confondu un sympt6me avec une cause; et l'autre, pour avoir pretendu appliquer a la nm6decine les principes et les resultats fournis par une autre science. Ce n'est point ainsi qu'a proced, Hahnemann. Pour lui, la cause est l'agent extk'rieur toujours susceptible d'etre observe',dont Flaction sur l'homme 436 COMMENTAIRES. science; elle puise en elle-meme son principe et ses resultats, n'entreprend sur aucune science, se d6veloppe sur son propre terrain, dans toute la force et la certitude qui decoule de la rigueur de son principe. Concluons. La pathologie hahnemannienne est compldte dans son enonc6. Ceux qui out declar6 que Hahnemann etait ignorant de cette science, et qu'il fallait separer 1'homeopathie en deux hemispheres: celui des erreurs et celui des v6rites; que l'hlmisphere des erreurs se trouvait du c6te de la pathologie, tandis que la therapeutique embrassait l'hmniisph"re des xerit6s (1), sont tomb6s dans une faute grave i 1'endroit de Hahnemann. Ils ont confondu ce qui est incomplet avec cc qui est errone; ils ont exig6 de Hahnemann plus qu'ils ne pourraient donner eux-memes: car, du la conception d'une idee ou d'un plan a son execution, la distance est souvent un abime. L'homoeopathie les attend i l'oeuvre; bien plus qu'aux luttes toujours faciles de la controverse. IV. PHARMACOLOGIE. " Apres la connaissance de l'objet de la gurison, de a cc qui est a guerir dans les maladies, c'est-a-dire dans a chaque cas morbide pour lequel les secours de I'art Speuvent etre reclamnis, ii ne saurait y en avoir qui soit Splus necessaire an praticien que celle des instruments ( de guerison, de cc que chaque medicament est apte A a guerir d'une maniere certaine (2). ) C'est l'objet de ]a (1) V. De la pneumonie et du choldra, traitds selon la mithode hahnemannienne, par le docteur J. P. Tessier. Paris, 1 851, preface. (2) Examen des sources de la matibee mddicale ordinaire dans Etudes de med. homaeop., Paris, 1855, premiere ste'ie, p. 523. PHARMACOLOGIE. 437 Ynathe're rne'dicale, ou, pour parler avec plus d'exactitude, de ]a pharmacologic. Pour se faire une id&~ de la. pailyrete" de cette partie dle la science jusqu'ai Hahnemann, ii suffit de rappeler 'a notre m~moire les anathe'mes Iance~s contre elie par Bicliat, Barbier, Sch-wilgu4", anathiemes qui tous sont la re~petitiol), queiquefois atfaiblie et souvent exageree, de ce qu'avaient dit et pense6, Cullen, llildenbrand, MurraN, ef beaucoup d'autrcs. Dans l'honmeopathie e~tudie~e sous le rapport de la. ma. tie~re me'dicale, trois der ouvertcs se'rieuses ressortent des travaux. de Hahneniann: 10 tine id~e nouvelle du me~dicamnent; 20utnemneuI~hode 5gralernentinouvelle de consiumer ]a pharmnacologic, md'hode seule vraie et hors de laquelle cette partie de la nehdecine n' a aucune existence qui Iui soit propre; 30 les proce'des, les re'gles "a suivre pour donner a la methode toute ]a certitude et la frcondite qu'elle rec~el ((Quaw corpus mrer' nutriunt, alimenta; quaT ver6o sa~nuin homninis statum (-vel parva' quantitate ingesta') in wagrotumn ideoque et awogrotum in sanum mutare va(lent, nzedicamenta appellantur (1). Dans cette definition du medicament, ii y a tout un monde, une e~re nouvelle pour la thd'rapeutique. Son premier caract "re est d'identifier le poison et le me~dicament; le second, d'eilever un mur d'airain, une separation de~sormais infranchissable entre le me'dicatnent et I'alirnent. Tout corps, tout agent susceptible de nourrir un e^ re -vi(1) Fragrmenta de viribus rnedicamentortim positivis, etc., 'a Saniuele Hahnernann, MI. ). Londini, 1834, edidit H. F. Quin), M. D. pra~fatio auctoris. PHARMACOLOGIEO 3 439 sonnement par cette force spe'iale pie les chirnistes nomment catalyse on action de pr~~sence. De meme pie pour s'c'tablir, la fermentation a besoin du contact de l'x-o, e le se suspende s'arrd'e si l'on poet au sein de la matie~re en transformation tin acide fort, tin alcali, un poison tel pie l'acide arsenieux, l'acetate de cuivre, le bichiorure de mercure, I'acide prussique, etc. ((Ces a~yents dit M. Flandin agissent nar ]cur action de id presence; uls Iroublent los attractions en vertu desquelles ] a fermentation se manifestait... De nierne, dans l'or"ganisme, tout phe'nome'ne e'tant le re'ultat d'un mou"vement ou d'une mutation, repre'sente los eA1ments chimiques en rapport; ce mouvomenit, cette mutation, "sont trouble", suspendus, arrd'tes par I'intervention d'a(gents propres 'a ifaire nai'tre de nouvelles affinite's, et, (par suite, des combinaisons irupropres "a la. nutrition et 'a la -avie. Les consequences de ce trouble, de cetto sus~pension dans les actes de 1'orgranisme sont la maladie Pour l'auteur, laction des poisons W'est autre chose que cette perturbation rneme (2). Et plus loin, il ajoute: "... Si les poisons soul aussi (les ni'dicaments; si les sub"Stances toxi(Iues ou autres exorcent sur I'orgranisme des (actions spe~ciales; sN cues ne soul point portees indis"tinctement par l'absorption dans toutcs los parties de l'organisme, et si cules no s'en &hbappent point par les Menimes voies de se~redion on d'excrd'ion; quol parti la Mnidecine, guide'e par la chimie, ne pourra-t-elle pas tirer de ces connaissances donne~es par ]'experience? On noe pent Iceflier de'j* a": le fer, l'antimoino, I'iode sont (1) V. loc. cit., P. 211 et 212. (2) V. ibid.,ý p. 213. 440 COMMENTAIRES. a entraines rapidement par les urines; tandis que le cuiavre ne s'echappe point par cette voie, mais sort par Ila scretion salivaire ou par la transpiration brona chique (1). ) De I'action du m6dicamncnt et de a spcificit6 de cette action entrevues l'une et F'autre par M. Flandin, Ilahnemann avait une id6e plus 6levee, plus jusle et plus complte. Ne se contentant pas d'analogies souvent trompeuses, mais se reposant sur l'experience, ii affirme tout cc que croient les toxicologucs, a savoir: que les mouvements vitaux sont troubles, quelquefois suspendus et mime arret6s par l'intervention d'agents propres, non pas a faire naitre de nouvelles affinitks, et, par suite, des comn-1 binaisons impropres a la nutrition et a la vie, mais, avant tout, des troubles dynamiques ou vitaux; et que, consecutivement a ces derniers, ii peut se produire et ii se produit, en effet, de nouvelles alfinites et des combinaisons nouvelles impropres a l'entrelien de la nutrition et de la vie. Evidemment, la perturbation produite par I'action du poison et du m6dicament est antericure, dans l'ordre de developpement, a la production des affinit's nouvelles et des nouvelles cormbinaisons qui se d6lveloppent sous leur influence. L'action vitale pr&cede done et domine l'action chimique. Ce qui le prouve, c'est toute la pharmacologic hahnemannienne. II ya maladie par suite de l'administration des medicaments, 1I oh les toxicologues ne reconnaissent pas encore l'empoisonnement, puisque ce dernier ne commence qu'au moment oii la vie est directement et immediatement menache, et oii cette derniere, venant a s'dteindre, ii leur est possible de (1) '. ibid., p 216. PHARMACOLOGIE4 4141 netire en eividence la presence mate'rielle de,'agent toxique, qu'au moment oii le fait qu'ils,tudient tombe sous la puissance de la loi. De ce point de vue, les naladies "a marche chronique, appeke'es par Hahnemann maladies iedicinales, ne seraient pas des empoisonnements; mais lles sont au moins des maiadieE treis-re~elles et tresdangereuses, puisque sous leur influence la vie s'cteint. Ce qui prouve mieux encore l'action dynamique des agents toxiques, c'est la mani "re dont on combat leur influence. Au debut, et taut qu'on suppose que le poison ing r6 n'est pas entik'rement absorbe, on cherche 'a le neutraliser par des re'actifs chimiques ou ' le faire e'vacuer par le vomissement. Mais ]a maladie cu'il a deaveloppee, et qui persiste apres sa neutralisation ou son e'vacuation, exige l'emploi des antidotes dynamiques, vu (LUe les antidotes chimiques seraient sans elfet sur elle. Ainsi, la force de catalyse on d'action de presence, ne suffit ' expliquer ni I'action du medicament, ni sa spe~cificite". It faut remonter jusqu'a l'effet dynamique, qui embrasse dans sa sphi"re etendue toute 1'action pathogenetique des agents de la guerison, depuis le trouble le plus keger, jusqu'at ]a plus comple~te de'sorganisation. La notion nouvelle du myidicament, introduite dans la science par Ilahnemaun, repose donc sur I'ide'e de force, comme ii le dit dans son opuscule sur la possibilite' d'action des doses infiniulesimales, et sur la faculte que posse'de l'agent toxique de rendre malade l'homme bien portant et de ramener a la santek celui qui est malade. Et comme les maladies varient selon l'espece de chacune d'elles, les medicamentsjouissent h leur tour d'une action specifique, ainsi que le prouvent les eflets engendres par chacun d'eux. De ce point de vie, le medicament se distingue a 442 COMMENTAIRES. la fois de l'aliment, du miasme et du virus. L'aliment nourrit, comme le dit Hahnemann; le medicament ne contient aucune partie qui soit assimilable; le miasme et le virus ont puissance de rendre l'homme malade, mais ils sont incapables de le ramener a la sante. L'action du vaccin et l'inoculation du virus syphilitique ne prouvent point contre ce principe. En admettant, chose impossible, tout ce qu'on a ecrit a leur sujet, ils auraient une action prophylactique et non pas curative. Or, cette action est devenuc au moins douteuse pour la vaccine; elle est encore plus contestable pour la syphilis. La vaccine ne preserve que temporairement; l'inoculation syphilitique, graces a Dieu, ne preserve pas du tout. Si quelque chose peut surprendre en un temps oii se sont produites tant d'inventions d'une remarquable excentricite, c'est la doctrine sur laquelle repose la theorie de la syphilisation. Lorsque tout le monde sera saturd de verole, dit, au rapport de M. Begin, l'auteur de cette thdorie, la ve'role n'existera plus nulle part (1). Ce qui reviendrait a dire: lorsque tout le monde sera debauche, il n'y aura plus de ddbauche; dans une socikte uniquement composee de voleurs, le vol deviendra impossible; il n'y aura plus d'assassinats parmi les assassins. Helas! depuis un demi-siecle, le monde est sature de virus vaccin, et cependant la variole se montre encore defiant la vertu prophylactique du vaccin lui-meme. Nous laissons done aux toxicologues le soin de ranger les miasmes et les virus parmi les poisons, en leur accordant quie ces causes pathogonetiques se comportent sur l'organisme humain d'une facon analogue aux (i) De la syphilisation et de la contagion des accidents secondaires de la wyphilis, rapport dA M. Begin A I'Acaddrnie imphriale de Medecine, seance du 20 juillet 1852. Paris, 1853, p. 29. PHIARMACOLOGIE. 443 poisons veritables. Je dis analogue et non pas semblable; en effet, le caractere essentiel du medicament, misen "vidence par Hahnemann, est de developper une minaladie artificielle, qui, dans sa marche, tend toujours a s'eteindre; le caractere essentiel du virus est, au contraire, de suivre une marche toujours envahissante et do n'abandonner l'organisme qu'apres son entihre destruction. L'un tend a '1'limination par toutes les voies d'excretion et de secretion que prescnte le corps humain; I'autre agissant, a la mani"re des ferments, tend " croitre, a se d6velopper, a se multiplier, pour ainsi dire, jusqu'a cc quel'intervention du medicament l'arrete dans sa marclihe et le ddtruise absolumnent. La notion du midicament, telle que F'a produite Hahnemann, reste done entiPre. Cependant, on a produit contre elle quelques objections qui se resument en une seule et que nous repousserons brikvement. Tout en reconnaissant que c'est parmi les poisons qiue la matiere mindicale choisit la plupart de ses agents iergiques, on vent qu'elle compte aussi au nombre de ses ressources une foule de substances tire's des trois regnes de la nature ct dont les proprictes ne sonlt utilise'es par le m(Idecin que pour modifier, stimnuler, par exemple, certains actesphysiologiques (1). Ces nmdicaments, dil-on, ne produisent pourtant pas d'action morbide. On cite, a ce sujet, la menthe, qui, administree a un sujet sur lequel la circulation languit, la caloritication est dimiiinude, la digestion ne s'acconiplit pas, et sous l'influence do laquelle cos trois fonctions affaiblies se ranimnent. C'est encore la rhubarbe, qu'on suppose trionipher toujours d'une dyspcpsic simple (1) V. Pidoux, De la reforme m idicale moderne considere'e dans son influence sur la matiere medicale et la tidrapeutique, p. 63. 444 COMMENTAIRES. 444 CMMENTIREI accompagnue de constipation, sans produire d'action morbide. Et cependant, s'e& rie-t-on, la rhubarbe est un me"dicament. Sans dou te, ]a rhubarbe et ]a menthe, et beaucoup d'autres.- substances analogues sont des mcnediCan1Cnts. Si le rn~decin n'a su les utiliser, jusqu'ic-i, que pour renu~dier ai des indispositions passageres, c,'est qu'il ne connaissait ni toute leiii puissance, ni l'edendue de leur sph"ere d'action. Que M. 1Pidoux uise dans la Mati~e re nedicale pure 1'article consacrce ' la. rhubarbe, et i1 ver-ra que ces substances sont des poisons ve~ritables, puisqu'elles jouissent d'une action pathoge'netique qui leur est propre. SEnfmn, dit M1. Pidoux, A cst une trois~iene classe de (nMedicamnents, dont aucune des proprie~tes sur 1'homme Ssamn ne pent permettre d'annoncer les effets dans cer~taines maladies. SParm-i eux, les uns ne produisent sur 1'organisme "a a~ Fe [at n ormal que des effe ts nu isibles, morbides; us ne ((j ouissent d'aucune proprie'te saine on hygie'nique. Tels ((sont le mercure, IFat-senic, l'iode, etc., et I curs compo((ses. De plus, et maigre' les dogmes si precis de 1'ho((meopojthie, leuras propi-iete~s xeneneuses sont loin de ((pouvoir laisser pffjuger leurs propriedtes tbe~rapeutiques ((es momns incontestables; car, si, d' apre~s les effets alh3"((rants et fluidifiques du mercure adn'inistre sous cerlaines "formes, on peut pressentir son action anti-phlogistique, (61 est impossible de prevoir son action anti-syphiliti((que, etc. (1). ) Comme on le voit, la critique de M. Pidoux n'est (jU'un plaidoyer en faveur de l'observation clinique contre les donne'es de l'experrim-nentation pure. Je dirai plus loin comment Hahnemann a su faire la part de 1'9une et de l'au(1) V. loc. cit., p. 6z"'. PHARMACOLOGlE. 445 tre. Qu'il me suffise pour le moment de nier & M. Pidoux sa majeure et de lui dire que le tableau des effets pathogenetiques du mercure a la main, ii est non - seulement possible de prevoir, mais encore d'affirmer son action antisyphilitique dans la limile oui le mercure suffit a guerir ]a syphilis. Lui qui pretend qu'un malade peut n'offrir qu'un seul sympthme d'une maladie donnee, tout en etant affect6 de la maladie tout entiere (1), comment refuserait-il aux maladies artificielles que les mndicaments developpent sur I'hliomme sain, la puissance d'exprimer par un certain nombre de leurs caractbres, les maladies a la guerison desquelles ils sont appropris? Ce n'est le cas, ii est vrai, ni pour le mercure, ni pour l'arsenic, ni pour l'iode. En lisant la pathogynesie de ces medicaments, on y rencontre les caracteres fondamentaux des maladies qu'ils sont aptes a guwrir. Mais en fct-il, comme on le dit, qu'il n'y aurait rien " en conclure contre la notion du medicament introduite par Hahnemann. Le dernier exemple cit6 par M. Pidoux n'est pas plus probant que les precedents. De ce que 8 grammes de poudre de quinquina jaune arretent ou peuvent arrdter une maladie pernicieuse qui allait foudroyer l'organisme, et de cc qu'un homme sain peut prendre la meme dose sans s'en apercevoir, on ne pent dire du quinquina qu'il ne prod uise sur la sante que des effets favorables (1). Tout le monde sait que F'dtat de maladie cree en nous une plus grande susceptibilite a ressentir les effets des m6dicaments. Mais cette innocuit@ relative du quinquina a la dose de 8 grammes cesserait bient6t, si on la rep6tait pendant quelques jours; elle cesserait plus vite encore, si, au lieu de donner du quinquina en poudre, (1) V. loc. cit., p. 66. 446 COMMENTAIRES, C'7est-iai-dire "ai 1'dat brut, on l'administrait sous la forrme de sulfate de quinine; elle serail, enfin, de plus courte di-u ree, si onl Padministrait sous ]a forme des preparations homocopathiques, dont le re~sultat dernier est de deavelopper la. solubilite' des substances rmedicinales. Toutes, ces ob~jections adresse~es "a ]a notion dui medicament telle que l'a donn~eellahnemann, reviennent donc at ce que M. Pidoux n'a aucune ide du phe~nonehne de F'intoxication. A 1'exernple des toxicologues, ii ne reconnait d'ernpoisonnement que Ia oii la -vie est se~rieusement et actuellement menace'e. (( Lempoisonnement,, dit-il, n'est qu'un ~accident, et n'a pas en nous ses racines, sa cause Sefficiente, car celle-ci est exte~rieure, et ii ne tire de Snous que ses effets toxi(Iues, ses sympto'mes (I). ) En effet, l'empoisonnement compris "a la manie~re de certains toxicologues, n' est qu'un accident, le re'sultat d'une action coupabic ou d'une meprise; c'est pourquoi, Orfila donnait le nom de poison ((a touic substance qUIi, ((prise inte'rieurement ou appliquc'e de qucique rnanie~re ~que ce soil stir un corps -vivant, et "a petite dose, de'truit "la. sante' ou ane'antit eutie~rement la -vie (2). )) Des 1801, Plenck avail dii: ( Ens quod per exigua"I dosi, corpori "humano ingestum, aut extus applicatum -vi qua'dam (peduhiari, morbum gravem vel mortem causat venenum Sseu toxicum audit (3). )) La seule dif'Rence entre Plenck et Orfila, c'est (jue l'un veut (juC le poison de'truise ]a santeP, tandis que l'autre se contente de lui faire produire une maladie grave (morbum gra-vem). Souvent on (1) Loc. cit. (2) Traite' de tovicologie. Cinquie~me edition, Paris, 1852, t. 1, p. 12. (3) Pletick, Toxicologia, sive doctrina de venenis et antidotis, p. 5, Yiceinw, 1801. PHARMACOLOGIEO. 447 resiste a une maladie grave; une santk ddtruite est un mal sans remade possible. Dans ces termes, I'empoisonnement n'est, en effet, qu'un accident, qui dans tous les cas, produit en nous les plus serieuses perturbations. Mais on peut dire aussi que le Inmdicarnent n'a pas plus ses racines en nous, ni sa cause efficiente, que le poison. Laissons donec ces arguties et reportons notre pensde sur la belle definition donn&e par le professeurG. Taddei de Florence. ( Lorsqu'on pense, dit-il, que les substances ( reconnues pour vNnineuses, etant administr es dans ( des limites determinees, a divers animaux affect6s de Smaladies, peuvent produire sur leur organisation, des " changements salutaires et ramener AI l'quilibre leurs a fonctions troublkes; et que, par contre, les substances a reputees medicamenteuses, peuvent quelquefois (surStout lorsqu'on les emploie inopportunement et hors de a toute mesure), faire devier la sant6 de son rhythme Snormal, il ne doit pas sembler etrange de voir confonSdre les poisons avec les m6dicaments, et qu'envisagos Sde ce point de vue les uns et les autres ne soient a qu'une meme chose (I). Longtemps avant Taddei, J. V. Hildenbrand avait dit: Diiu hesitavi, quo venena ( relegarem. Dum corpori humano nocent, ad medica(1) Ogni qual volta riflettesi che le sostanze, le quali per velenose ritengonsi, amministrate che siano, dentro certi limtniti, a diversi animali affetti da malattia, possano operare nel loro corpo dei cambiamenti salutari, e ricondurre le funzioni gia disordinate all' equilibrio, e che le sostanze, all' opposto, le quali di commune accordo sono riputate medicamentose, possono talvolta (e soprattutto quando usate siano inopportunamente e fuor di misura) far deviare la salute dallo stato suo normale, non ci dee sembrare strano che coi rimedii vedanrisi confondere i veleni, e che coniiiderati sotto questo punto di vista si gli uni che gli altri vengano ad essere la cosa istessa. (G. Taddei, Veleni e contraveleni, t. 1i, p. 1.) 4488 COMMENTAIRES. ((minum tribum minimea pertinent; dum cautat mann " adhibita morbis nedentur, venena non sunt (1). )) On voit donc que la definition tres-catkgorique donne'e par Hahnemann du medicament, repose ' aa fois sur un fail experimental (car ainsi que chacun le sail, c'est "a I'expe'rience qu'iI emprunle ]a notion des vertus des me dicaments), sur 1'identification du medicament et du poison; et sur la distinction entre le m~dicament et 'aliment; et sur la diffiYrence qui se'pare le niasme ci le virus du me~dicamenl. tette notion est neuve; elle appartient en propre 'a Hiahnemann, bien que quelquesuns 1'aient entrevue avant Iui; ct qu'aprecs lui, d'autres se ]a solent appropriee et 1'aicnt ficonde'e par leurs proprcs observations. Le medicament une fois de'fini, " quelles sources le me'decin doit-il puiser pour acqunrir Ia connaissance des propridles que possede chaque substance? Habnemann repond d'un mot: a 'l'expe'rihentauion stir l'honime sain; et sur cetle base, s'appuyant sur cc principe, ii dote la science d'une nouvelle methode propre i constituer une pharmacologie nouvelle. Le principe de l'experimentation pure est-il nouveau; est-il scientifique ci justifie; est-il exciusif de tout autre principe? Sur le premier point, ii importe de faire une distinclion. Avant Hahnemann, on a pari6 de 1'experimentation pure. De~s 1793, Murray la prisenta comme lan meilleure voie "a suivre pour de'couvrir les propridktes dcs agents de guerison. ((Colligitur inde&, dit Murray, consistere om((nibus reliquis investigandi vires medicaminurn modis (1) V. Hildenbrand, Institutiones pharmacologhce, sive mat. med. Vicnnw, 1805, cap. v. PHARMACOLOGIEV 449 " experientiam, in ipso humano corpore susceptam (1). I renvoic ' Haller le merite de cette decouverte. a Nempe a primiim in corpore sano medela tentanda est, sine perea grina ulli miscella; odoreque et sapore ejus exploratis, ( exigua illius dosis ingerenda, et ad omnes qua ind& ( contingunt affectiones, quis pulsus, quis calor, quae ( respiratio, quanam excretiones attendendum. Inde ad a ductum phlenomenorum, in sano obviorum, transeas ( ad experimenta in corpore cgroto, parvis pariter prme((aliis, et horum eventus sollicit& notandi, aucta dein a dosi. ) Dis 1776, Vicat (2) avait recueilli de precieux faits d'enimpoisonnement, ainsi qu'on le peut voir en lisant les articles qu'il consacre a plusieurs poisons vegetaux, entre autres, a la jusquiame et a la renoncule scMldrate. Mais de toutes ces tentatives, la plus remarquable et je crois la plus ancienne, fut l'exp6rience si connue que tenta Matthiole sur l'aconit, experience rapportee dans ses Commentaires sur Dioscoride. Mais tous les faits rapportks dans Matthiole, MIurray, Vicat, et ceux plus nombreux encore que M. Bayle a rassemnbles (3) sur la belladone, la noix vomique, la digitale, etc., joints aux articles consacres par MM. Trousseau et Pidoux (4) a ce qu'ils nomment l'action physio(1) V. Murray, Apparatus medicaminum, t. I, Prcefatio auctoris, p. 27 et 28. On a souvent rappeld le passage de Haller relatif ' 1'expdrimentation pure. Haller n'a point publid de pharmacopde helvdtique. 11 a seulement ecrit une prdface de treize pages destinde 'a tre mise en tate de la pharmacopde projet'e. Je n'ai pu me procurer cette preface, publide " Bile en 1771. (2) V. Vicat, listoire des plantes ve'ndneuses de la Suisse, Yverdun, 1776. (3) Bibliotheque de thWrapeutique, Paris, 1830, t. 11, p. 128 et suiv. (4) V. Traite de thdrapeutique, par Trousseau et Pidoux. 29 450 COMMENTAILES. logique des medicaments, diffirent essentiellement de 1'experimentation pure, telle que Hahnernann l'avait concue et execute~e. Aucun d'eux ne peut 'tre consider6 comme 6~tant la mise en ocuvre du conseil donne par Haller. Dans les experiences dont je parle, on ne suit aucune methode; et leur re'sultat est de donner une serie de perturbations desquelles ii serait impossible de tirer un tableau de maladie quelconque. On y rencontre des kesions de fonction et de texture, et quelquefois de sensation, sans pouvoir jamais saisir i'ordre dans lequel les phenomenes se de"veloppent, encore moins ]a de" pendance sous laquelle ii sont les uns par rapport aux autres. Aussi ces donne~es n'ont excrc3 aucune influence sur la the~rapeutique. Ce qui distingue l'expenimentation pure, selon Hahnemann, de toutes les tentatives incompke~tes quej'ai rappekees, c'est, d'une part, la me~thode qui preside " cet ordre dc recherches; de l'autre, la doctrine generale 'i Jaquelle cette methode se rattache. La methode consiste dans 1'obscrvance d'un petit nombre de regles ou de pre'ceptes quej'enume'rerai bientot; la doctrine qui soutient cette me'tlhode et que j'ai pre&cedemment examinee, c'est le dynamisme vital, qui exige des sujets soumis 'a 1'expe'rience qu'ils se placent dans des conditions telles que, sun eux, la substance experimentee puisse deployer toute sa sphere d'action, permette de saisir 1'ordre de developperent des phe'nonenes, de distinguer entre ceux qui se produisent les effets pnimitifs des effets secondaires; les conditions qui ajoutees aux sympt6mes observes diminuent ou aggravent Jeur intensit6; enfin, les regles a suivre pour mettre l'observateur a I'abri de toute erreun. Qu'il y a loin de cette manie're do concevoir l'experimentation pure aux observations gros PHARMACOLOGIE. 451 sibres rapporties dans les auteurs que j'ai cit6s. La nouveaut6 d'un principe ne git pas dans son enonce. A ce compte, ii n'y aurait rien de neuf sous le soleil. Ce qui constitue une d6couverte, c'est lorsque le principe emis se resout en une application pratique, ayant sa rigle et ses lois. Ce merite ne peut etre conteste ' Hahnemann. Mais si le principe de l'experimentation pure est nouveau, sinon dans son enonce, au moins dans ses moyens, doit-il etre considere comme 6tant justifi6 par la raison et par l'experience? La raison indique que, dans la recherche des proprikt4s des medicaments, it faut arriver a la connaissance de ces dernieres d'une facon positive et sans mAlange d'aucun autre e616ment. Or, le medecin ne peut puiser cette connaissance qu'd trois sources diverses: ou ii interrogera l'experimentation sur l'homrnme sain, ou it s'adressera h l'observation clinique, ou it conclura des propridtks physiques ou chimiques de Flagent de la guerison a ses proprikts therapeutiques. La raison et l'experience s'accordent pour condamner la troisieme des sources que je viens d'indiquer. La raison prouve que I'homme vivant est autre chose qu'un laboratoire de chirnie ou un instrument de physique; que si on observe en lui des actes pouvant etre rapportes et expliques par ces deux sciences, de semblables ph6nomenes sont subordonnes a un fait qui leur est superieur, a la force vitale; que dans toute maladie, c'est l'homme qui est malade; que, par consequent, la saut6 ne peut 'tre rMtablie qu'autant que l'homme malade aura ete modifie dans son Ctat dynamique; et que la guerison ne peut tre obtenue qu'a l'aide d'agents dont les proprietes galement dynamiques seront parfaitement connues. 452 ("OMM ENTAI RES. L'experience confirme ce que la raison indique. On sait aujourd'hui, et nous, homceopathes, le savons mieux que personne, ce que valent les traitements qui ont pour objet d'agir sur 1'@tat chimique de 1'homme malade. Nous savons cc que valent les alterants, les fluidifiants et les pretendus reconstituants. Pour qui ne voit dans les maladies que des de~sordres organiques et ne recherche dans les traitemenis entrepris que des effets palliatifs et de courte dur~e, le but est souvent atteint par les preparations mercurielles et ferrugineuses administrees pendant longlemps. Mais lorsqu'on vent e~tendre le champ de 1'observation au deha de ces lirnites etroites, que de mecomptes on remarque! ce n'est point en satisfaisant "a de pareilles indications, ni par l'emploi de ces medications, qu'on arrive 'a vaincre les diatheses morbides qu'on est appek" "a combattre. Tout au plus reussit-on "a defigurer la maladie, ainsi que nous le voyons chaque jour dans la pratique. Ce n'est donc point sur une base aussi fragile qu'on peut e~tablir la methode propre 'a constituer une matiere me~dicale nouvelle. Y reussira-t-on mieux par 1'observation clinique? Comme le dit Hahnemann (1), la medecine pratique a toujours procede de trois manie~res diffirentes pour adapter ses moyens curatifs aux maux du corps hurnain. La premie~re consistait "a detruire les causes fondamentales des maladies; la seconde " supprimerles sympt6mes existants par des medicaments qui produisent un effet contraire; dans la troisie~me, les moqens speciflques. Aucune de ces trois directions n'est suffisante pour constituer une pharmacologic nouvelle. Lors meme qu'on (1) V. Etudes de me'decine homoeop., 2f sdi'ie, p. 29 et passim. PHARMACOLOGIE. 453 parviendrait a decouvrir les causes fondamentales ou essentielles de toutes les maladies, iA resterait encore a rechercher les moyens curatifs les plus propres a les d - truire. La question resterait done entiere. De ce qu'on a su que la syphilis provient de l'infection de l'organisme par le virus syphilitique, la gale de l'infection psorique, la rougeole, la scarlatine, le cholera de l'infection miasmatique qui leur est propre, on n'est pas plus avance qu'avant de posseder cette connaissance pour fixer le choix des agents de la guerison. On a tres-certainement employe le soufre dans le traitement de la gale avant de s'etre assure de l'existence du sarcopte. Les Peruviens, qui guerissaient la fievre intermittente avec le quinquina, ignoraient tres-probablement que ces fievres fussent dues a une infection paludeenne. Ils savaient que (cet agent guerit semblable maladie, et, sans qu'ils pussent en regler l'application et l'usagce aussi savamment que le font les medecins de nos jours, ils n'obtenaient pas moins des guerisons certaines. L'etiologie pathologique, si avanc~e qu'on la suppose, euit-elle meme atteint a ses limites les plus reculees, ne peut rien nous apprendre des vertus des medicaments. Entre elle et ces dernieres, il y a un abime. La seconde methode, qui consiste a employer des medicaments produisant un effet contraire, pourrait etre appelee la Methode symptomnatique. Ici les meidecins, comme le dit Hahnemann, cherchent a supprimer les symptomes existants par des medicaments produisant un effet contraire (1). Ils pretendent vaincre la constipation au moyen des purgatifs; l'inflammation du sang au (1) V. dans Etudes de med. hom., 2e shie, Essai sur un nouveau principe, Paris, 1855, p. 29. 454 COMMENTAIRES. moyen des saignees, de la glace et du nitre; les aigreurs d'estomac par les alcalins; les douleurs par l'opium (1). C'est ce qu'on nomme la mrndecine palliative. Mais lorsqu'on ne se contente pas de combattre un etat morbide sympt6me a sympt6me, ainsi qu'il arrive dans les cas que j'ai cites; lorsqu'on prend la maladie dans son unite nosographique, comme seraient la pneumonie, la pleuresie, la fievre typhoide, par quel chemin arrivera-t-on, en dehors de l'empirisme ou de la methode hahnemannienne, a connaitre ceux des m6dicaments qui, par voie de contrariete ou de similitude, sont aptes a gu&rir ces maladies dans leurs diverses p6riodes? Evidemment, il n'en est aucun. La nosographie, tout indispensable qu'elle soit a la medecine pratique, ne peut donc fournir a la pharmacologie la methode nouvelle propre a la constituer. Enfin, la recherche des specifiques n'est encore que l'empirisme therapeutique. Tout le monde le sait et en convient. Or, l'empirisme qui attend du hasard la connaissance des propri6tes des medicaments, 1'empirisme qui se mettrait a la recherche du sp&cifique absolu de chaque unite nosographique, qui verrait dans l'&metique, par exemple, le specifique de la pneumonie, ainsi que le faisait Rasori, ou dans le mercure et le soufre, les sp&cifiques de la syphilis ou de la gale, ainsi que beaucoup le professent encore en allopathie; celui qui ferait de l'arnica le specifique absolu de toute lesion traumatique, de la bryone et du phosphore les specifiques de toute pneumonie, celui-la ne ferait qu'obdir a la routine. De la routine, du hasard, on ne fera jamais sortir une (1) V. dans Etudes de metd. hornm., Paris, 1855, 2* sdrie, p. 29. PHARMACOLOGIE. 455~ m'thode nouvelle propre " constituer la pharmacologie. Je ne parle ni de la doctrine des signatures, ni de la physique ou de la chimie comme principe d'une methode nouvelle propre 'a constituer la pharmacologie. Je ne pourrais que reproduire des objections admises par tous. A quoi bon combattre ce que personne ne defend (I )? It ne reste donc plus, comme Je disait Hahnemann, qu'a experimenter stirl'organisme humain les medicaments dont on veut connaitre la puissance medicinale. Comment doit-on s'y prendre? Le but et les conditions de l'experimentation sur 1'homme sain sont tr s-suffisamment indique's dans 1'Oryanon, du ~ 121 au ~ 146. Je ne veux donc insister ni sur 1'un ni sur les autres; je desire seulement montrer avec quelle precision Hahnemann a determine" les conditions de la rnethode qu'il proposait. Quant au but, voici comme it s'exprime: ((On a be"soin de connaitre dans tout son de~veloppetnent la puisa sance morbifique des me"dicaments. En d'autres termes, a it faut que les sympt6nies et changements qui sont susceptibles de survenir par f'action de chacun d'eux sur "1'economie, aient e'te' autant que possible, tons obseraves, avant qu'on puisse se livrer "a 1'espoir de trouver aparmi eux des reme'des hornmeopathiques contre la plupart des maladies naturelles (2). Les conditions generales de 1'experimentation sont (1) J'aurais peut- tre d A dire quelque chose de ]a doctrine 'noncde par M. Pidoux, dans sa brochure intitulde: Des vrais principes de la mat. med. et de la the'rapeutique. Mais ii regne une telle obscuritd dans cet dcrit, qiue l'auteur prtsente comnme l'anteccdent d'un ouvrage plus complet, que je crois plus juste d'attendre que la pense'e de l'auteur soit exprimde d'une fa~on plus intelligible. Je crois que M. Pidoux se cherche sans avoir Pu se fixer. (2) V. Organon, ~ 106, p. 185. 456 COMMENTAIRES. 6galement indiqu6es, lorsque Hahnemann dit que, pour trouver infailliblement les effets propres des m6dicaments sur l'homme, il faut: 10 les essayer s6par6ment les uns des autres; 20 les employer a des doses moderees sur des personnes saines; 30 noter les changements qui r6sultent de lh dans l'6tat physique et moral, c'est-a-dire les 6ldments de maladie que ces substances sont capables de produire. Quant aux conditions mat6rielles et detaill6es de l'exp6rimentation pure, je ne m'y arrite pas et me borne a renvoyer aux paragraphes que j'ai indiqu6s plus haut. Mais je desire faire remarquer le d6veloppement et la filiation de cette m6thode pharmacologique. Depuis Matthiole, dont les experiences sont devenues c6l1bres sur I'aconit, jusqu'" ces derniers temps, on peut remarquer trois moments divers ou plut6t trois phases diff6rentes pour l'exp6rimentation sur l'homme sain. Dans la premiere, on recueille avec un soin plus ou moins grand tout ce que l'observation a donne6 sur les effets produits par les substances toxiques employ~ees "a titre de substances ven&neuses. Ce n'est pas de l'experiimentation, c'est de l'observation. Ici, l'observateur est passif et se borne 'a enregistrer ce qu'il rencontre. Cette premii&re phase a prepar6 les beaux d 6veloppements qu'a pris en ces derniers temps la toxicologic, et a pu mettre sur la voie de l'exp"rimentation pure, sans atteindre jusqu'h elle. On trouve les r6sultats de cette premibre moisson dans l'Histoire des plantes veneneuses de la Suisse, due a la plume de Vicat, ouvrage r6dig6 sous l'inspiration de Haller, cc disciple illustre de Bcerhaave, et dans l'Histoire des plantes vindneuses de la France, par Bulliard. Lorsqu'au commencement de ce siecle, la physiologic est devenue exp6rimentale, c'est-a-dire, lorsque du rl1e PH ARIMACOLOG I S 4577 d'observateurs passifs, des savants, 'a la tete desquels ii faut placer Magendie, hientot suivi par MM. Serres, Flourens, Cl. Bernard et beaucoup d'autres, ont sollicike, par leurs vivisections, la nature vivante "a devoiler les myst~re* des fonctionsphysiologiques, bientot les toxicologues et les therapeutistes sont entre~s dans cette voie. Ils ont demandi 'a 1'expe"rimentation, et non plus seulement ' l'observation, les moyens de deicouvrir le crime et ]a connaissance des propriettes curatives des medicaments. On connait, sous le premier rapport, les beaux travaux d'Orfila et ceux plus larges et mieux concus de M. Flandin; et sous le second, les travaux de Giacorini, de toute l'ecole italienne, et les experiences faites depuis par Magendie sur les alcaloides. C'@tait un pas fait en avant dans la voie de 1'experimentation pure; mais cc n'e'tait pas encore elle. L'ecole italienne, et les experirentateurs francais qui suivirent cette direction, commirent deux fautes: la premi "re, d'experimenter d'abord sur les animaux et de croire qu'il e~tait possible et ke~gitime de conclure de l'animal " a'homme; la seconde, d'employer les substances experimente~es 'a des doses toujours de plus en plus e~leve~es, jusqu'a' ce qu'ils eussent amene6 la mont de l'animal sur lequel ils experimentaient. Or, Hahnemann a parfaitement prouve que la voie d'experimentation sur les animaux etait fausse et surtout incompkete, parce qu'il est des substances qui sont medicament pour l'homme, et n'ont aucune action perturbatrice sur les animaux; en second lieu, parce que, sur 1'animal, on ne peut recueillir que les lesions de fonction et de texture, sans rien savoir des lesions de sensation, non plus que des changements produits dans l'e~tat moral du sujet observe; en 458 COMMENTAIRES. troisibme lieu, parce que les experimentateurs n'ont pu trouver que ce qu'ils cherchaient, c'est-a-dire l'action generale de la substance experimentee et ses effets organiques, et non pas, comme le voulait Hahnemann, les elements de maladie qu'elle avait puissance de developper. Or, rechercher les elements de maladie (1) que peut produire chaque substance medicinale, c'est l'experimentationpure. Toute maladie se traduit par l'universalite de ses symptomes. Ceux-ci se groupent entre eux en vertu d'une certaine affinite pathologique, qui permet, l'un de ces symptomes etant donne, de soupponner, sinon d'affirmer l'existence des autres. La toux seche et incessante unie au point de co6t et a la fievre inflammatoire, permet de soupconner avant toute auscultation, les sympt6mes sthetoscopiques de la pleuresie aigue. Voila ce que Hahnemann appelait les e'lements de maladie. Par cette expression, it n'entendait pas faire allusion, encore moins s'approprier ce que, dans l'ecole de Montpellier, on nomme la doctrine des elements morbides, doctrine qui, pour etre beaucoup plus vraie, plus pratique, plus large que la medecine enseignee dans Fl'cole de Paris, a le tort de creer des types abstraits, types dont la generalite est le contre-pied de l'individualisation hahnemannienne (2). Les experimentations physiologiques tentces sur les animaux, par M. Giacomini et ses disciples, par Magendie et les siens, ne sont pas plus l'experimentation pure (1) V. Organon, ~ 24 et 25, p. 117 et 118. (2) V. Quissac, Doctrine des elements morbides; mais avant tout F.4Bdrard, Hist. de l'Ncole de Montpellier; Dumas, Maladies chroniques et ses Consultations, publides par L. Rouzet, ouvrage oui son auteur applique la thdorie de I'dcole sur les indications et les medications, PHARMACOLOGIEO 459 qu'une ebauche n'est un tableau. Sites cantharides admi.. nistre~es sur les animaux ou sur 1'hornme sain, donnent naissance "a cc que MM. Bouillaud et More1-Lavalle~e (1) ont appeke une cystite cant haridienne, ou meme 'a une alburninurie cantharidienne, comme le reconnait M. Rayer, ce resultat admis comme vrai ne donne qu'une des proprie'te's des cantharides, et ne fait pas connaitre toute leur sphe~re d'aclion. La cystite ou l'albuminurie cantharidiennes n'indiquent que l'action des cantharides sur l'apparcil urinaire, sans rien nous apprendre de sa puissance sur 1'appareil digestif et sur l'appareil pulmonaire non plus que sur le cerveau; sans rien nous dire de ses proprideits generales. Car l'albuminurie et Ja cystite se developpant cons'cutivement "i l'administration des cantharides, ne sont que le re~sultat de son action dynamique, au meme litre que le satyriasis et le priapisme, certaines coxalgies et certaines angines phiegmoneuses contre lesquelles cette substance s'est montree toute-puissante. Ce n'est point aux sympt omes purement orgraniques qu'il faut aller puiser pour connaitre 1'action dynamique de la cantharide comme de tout autre medicament; mais aux syrptt6mes g'ne'lraux, d'une part, et de l'autre, aux symptomes de la fie'vre, de i'e'tat moral, du somtimeil, puis aux conditions diverses de chacun de ces caracte~res; et finalement aux symptomes organiques, indiquant la presence d'une cytiste, d'unc albuminurie, de 1'angine, de l'encephalite, etc. Ces derniers ne viennent donc qu'en derniAre ligne. En effet, its ne peuvent jamais etre motif de"terminant pour le choix d'uu me"licament quelconque. Pour cela it faut encore qu'aux symptomes de cystite ou d'albu(1) Bulletin de l'Acadrnmie de mgdecine, Paris, 1847, 1. X(I, p. 744, 779, 812. 462 COMMENTAIRES. excellence et l'appellent assez plaisamment la saignie des homoeopathes, ou qui verraient dans la bryone et le phosphore un antipleuro-pneumonique infaillible, verraient dans le coffea la panacee de toute insomnie, etc., tomberaient dans les plus graves erreurs, et aboutiraient forcement a cette heresie homceopathique appelee le specificisme allemand. Ils reviendraient par la voie la plus te6nbreuse aux errements de l'ancienne ecole. Je ne sais pas de moyen plus sir de detruire et de ruiner l'homoeopathie, si jamais une semblable direction pouvait prevaloir. Le moment est venu pour nous de penser s6rieusement aux destinees de l'homoeopathie et aux directions diff6 -rentes dans lesquelles on pourrait l'engager. Le merite de la doctrine de Hahnemann, mnirite qui n'a pas ete assez remarqu6, est d'avoir cr"' en pathologie de larges diatheses morbides, ayant pour base des causes facilement saisissables et nettement determinces, et des caracteres ou sympt6mes egalement precis, caracteres propres a chaque diathbse et ne se rencontrant dans aucune autre; d'avoir trouve en pharmacologie des proprietes qui differencient les medicaments de facon a ce que, dans la pharmacologie homceopathique, il n'y ait aucune place pour les succedanes. Ainsi. les influences atmospheriques pour les maladies sporadiques, I'action des miasmes aigus pour les fievres eruptives et la grande famille des affections typhoides; la psore, la syphilis et la sycose pour les maladies chroniques; voili une etiologie vraie, exacte, quoique tres-compreihensive; etiologie indestructible, mais qui n'enferme pas cette partie de la science dans un nouveau cercle de Popilius. II se peut, qu'avec le temps, I'experience devoile d'au PRARMACOLOGIE. 463 tres causes, jusqu'ici meconnues ou mal interpr6tees, ayant pour compagnon oblige un ou plusieurs symptomes toujours dependant de l'action de cette cause. Alors surgit une diathese nouvelle qui prend place a c6to de celles precedemment reconnues, quand meme elle lui emprunterait un ou plusieurs des etats morbides que Hahnemann aurait pu rattacher a l'une ou ' l'autre des diatheses precedemment reconnues. Ce serait un d6doublement des classes admises par Hahnemann et rien de plus. De mime dans l'etude des medicaments, une seconde serie d'exp6riences complitera ce qu'une premiere n'avait fait qu'e'baucher; et avec le temps, les pathogenDsies s'6pureront, se complkteront, sans quejamaisl'economie de la doctrine pathologique ou pharmacologique hahnemannienne en soitaffectee. Pourquoi? parce que Hahnemann a ouvert a la medecine le champ des decouvertes et qu'il ne lui a pas trac6 de limites. Or, quelques perfectionnements qu'on apporte a la pathologie ou ' la pharmacologie hahnemannienne, tant qu'on s'appuiera en pathologie sur la d6couverte d'un nouvel agent producteur, engendrant toujours uu meme symptome ou une meme serie de sympt6mes primitifs; en pharmacologie, sur l'experimentation pure, on sera halhnemannien, on restera fidle a l'homoeopathie. Alois lam6decine, qu'onla considere comme science ou comme art, subira de constantes ivolutions, restant I'abri des rievolutions qui sillonnbrent son histoire. Mais du moment oh on abandonnerait la methode large et s6vire que nous devons au genie de Hahnemann, et oui on voudrait retenir quoi que cc soit des methodes medicales qui out prec6d6 l'homceopathie, et a plus forte raison des resultats que ces methodes out produits, on 464 CO MMENTAIRES. perdrait 1'homceopathie sans sauver son orgueilleuse et puissante rivale de la ruine inevitable qui 1'attend. De I'edifice medical du passe", rien n'est a conserver que de riches mate~riaux assembles " grand'peine et avec une rare perspicacite". Pathologie, pharmacologie, therapeutique, tout est 'a refaire, exciusivement du point de vue de la methode hahnemannienne. Qu'on n'aille done pas, comme Griesselich et ses adherents, nous parler de la rigucur pathologique de l'ancienne e&ole. Nous en savons et nous en voyons assez, pour oser dire que les obscurites sont grandes pour les m6decins de 1'ancienne 6cole, quand ii s'agit d'e~tiologie et de diagnostic proprement dits. Nous avons asscz vu de malades traites par eux, pour savoir l'enorme difThrence a de ablir entre les affirmations ecrites dans les livres et les doutes qui affligent les praticiens les plus justement renomme's quandu is sont au lit du malade. Gardons-nous de croire "a leur superiorite' sur un seul point des trois elements dont se compose le probkeme meidical. C'est pourquoi, toute concession, si minime qu'elle soit, serait au moins une faiblesse. Les destinu'es de 1'hornceopathie doivent M're de se developper sur son propre terrain, par la puissance de sa methode. Elle doit resister a toute direction qui 1'iecarterait de ]a voie exciusivement exp&Thimentale que lui a kegu~e son fondateur. L'homceopathie a jete' les fondements d'une pathologie nouvelle, elle est arrivee a une notion aussi neuve que frconde du medicament; elle a cr66 une nouvelle me"thode propre a constituer la pharmacologic; elle a donne les procejde~s et les re~grles, a asuiVre pour obtenir de cette methode nouvelle tous les resultats qu'elle peut fournir. Mais si l'expe~rinentation pure est la base de toute PHARM[ACOLOGIED 465~ pharmacologie veritable, est-ce "a dire qu'il faille repousser de la science les lumieres emprunnh~os "a I'observation clinique? Ici une distinction est ' faire. Si, par observalion clinique, on entond les resultats obtonus par les medicaments employes a doses allopathiques, et d'apres les principes do cotte &'cole, e'videmment 1'homoeopathie n a rien a puisor a cette source. 11 n'est pas un soul medicament, meme parri coux dont l'action curative parait le mieux ktablio, dont la mati'reo mdicale homcopathique puisso s'enrichir ' moins d'avoir e'te' soumis au contr'le de l'experimentation pure. Si on re~fle'chit que los cspe'ces morbidos sont dettermine~es en allopathie par d'autros principos que coux adoptes en homoiopathie; quo souvont los allopathos donnont lo nom do maJadie ' ce qui n'a, pour los homoeopathes, qu'uno valour do synptorome, on concovra qu'il est difticile d'enprunter " une therapoutiquo basoe sur une pathologie aussi (ifferente. D'un autro cote, lo probleime de la que'rison est compris diffhremmont dans los doux &coles. Pour l'allopatho, gu&rir, n'est souvent que faire disparaitro un groupo do syrnptmes. Ainsi, los rnedecins do cette o cole consideront comnie gue~rio toute chiorotique choz laquelle le pouls s'est releve, los palpitations do caour, los douleurs do tete ont cesse"; l'appltit est rovenu et la constipation a cede; les muquenses et le teint so sont colores do nouveau, et lo sang monstruel est redevonu normal. S'ils out obtenu ce re' sultat " a'aide des preparations forruginousos, uls concluent que le for est un reconstituant souverain dans le traitement de oa chloro-ani(mi. I1 est cependant deuxi conditions qui infirmont ce re'sultat. D'abord, lorsqu'on cesse l'erploi des preparations forrugineuses, ii arrive 30 466 COMMENTAIRES. souvent, et meme tres-souvent, que les accidents reparaissent ce qu'ils 6taient primitivement. Pour ces cas, au mnoins, I'homoeopathe ne peut conclure du rmsultat obtenu par l'allopathie aux propri6tds vraies du mn'dicament propos6: car, pour lui, toute maladie qui se reproduit sans que le sujet ait 616 soumis de nouveau a I'influence de la cause qui I'avait rendu malade une premiiere fois, est une maladie palliee et non pas guirie. Il en est de mime des blennorrhagies qui reviennent sous l'influence d'un exces qui n'en est pas un, euo "gard aux habitudes des malades; de cc qu'on nomme les suites d'une fivre typhoide, d'une rougeole, d'une variole, de la disparition d'une dermatose que le printemps oul'hiver suivant ramnineront avec la menie intensike. Gu6rir, pour l'homeeopathe, c'est atteindre la maladie dans s_ cause et par consequent dans ses effets. Le moyen de savoir si la maladie qu'on a ceu " traiter est gui(drie ou seulement palli&e, c'est de recucillir avant tout trailemeit l'universalit6 des sympl6mies par lesquels chaque etat morbide so caracterise, et de n'abandonner le malade qu'autant que tous ces sympto6mes out disparu. Alors, m6decin et malade peuvent dtre en repos. Mais encore faut-il que la maladie ait et6 traitee hommopathiquement: car l'allopalhie emploic souvent des moyens periturbateurs, comme les injections dans les blennorrhagies, les caut6risations dans le traitement de l'ulcire syphilitique, pratiques qui ne peuvent donner de s6curite nii aux malades, ni au medecin. L'expdrience ne le prouve quo trop. Enin, I'homeopathie et I'allopatlhie, diff6rant quant aux principes th6rapeutiques qui les dirigent et a l'emploi fail par les deux ecoles des agents de la guerison, ii est 468 COMMENTAIRES. battre la dyssenterie. Que de fois ii m'a suffi d'employer une medication antidotique sur de semblables malades pour les amener & une entiere guerison, et permettre a plusieurs d'entre eux de retourner sous leur drapeau recueillir leur part des dangers et de la gloire de notre arme! Ce qui est vrai des maladies que j'ai rappelbes ne peut Otre considere comme une exception. C'est I'expression generale de la pratique allopathique. Combien ne voyonsnous pas de syphilis primitives converties en syphilis secondaires, par les traitements auxquels on les soumet; de pleuresies primitivement aigues passees a l''at chronique, malgr6 des mois et des annees de traitement, malgre les saigneles et les sangsues ripetees, les vesicatoires et les eaux minerales prises d'annee en ann6e et repet es pendant quatre, six et dix annies, ainsi q ue je l'ai vu; de rhumatismes aigus passes l'"'tat de rhumatismes chroniques avec endocardite Cgalement chronique, se prolongeant pendant des annees et finissant par entrainer la mort, malgre les saignees coup sur coup, les vesicatoires, la digitale, la saturation par les eaux minerales et l'hygihne la mieux entendue! Que de scrofules n'ont 6t6 ni arrit es dans leur marche, ni, a plus forte raison, d6truites malgr6 l'usage longtemps continue de l'huile de foie de morue ou des preparations iod6es! Une 6cole dont la therapeutique repose sur un principe faux, qui n'a aucune notion exacte ni de la maladie, ni des propri6l6s du medicament, qui n'a d6fini avec exactitude ni la gu6rison, ni les conditions sous lesquelles elle se produit, qui dans le choix et l'application de ses moyens obeit a la mode, au point que je sais telle pension " Paris oii les trois quarts des 6lkves prennent leur PHARMACOLOGIE. 469 dose d'huile de foie de morue chaque matin, sans autre motif qu'une constitution plus ou moins lymphatique; une ecole qui n'a ni methode pathologique arrit6e, ni m6thode pharmacologique precise; qui touffe les grandes vwrites medicales sons le poids de ses minuties anatomopathologiques, microscopiques on chimiques; et fait que ces grandes vdrites souffrent violence en elle, tant elles aspirent i se faire jour; une telle cole, quelle que soit l'abondance de ses observations cliniques, ne peut rien offrir a la pharmacologie hn omcopathique. 11 en est autrement de l'observation clinique homoeopathique. Hahnemann a trace son dtendue et ses limites, dans les prolkgomines de chacun des medicaments contenus soit dans sa Matikre mddicale pure, soit dans son ouvrage intitul6: Doctrine et traitement des maladies chroniques. A propos de chaque substance, ii indique avec un soin minutieux les etats morbides et meme les groupes de synpt6mes qui out te gueris par le medicament dont ii traite. Dans son Precis des medicaments antipsoriques, M. de Boenninghausen a ajoute les indications recueillies dans sa vaste pratique aux indications donnees par Hahnemann; et chaque jour ajoute a cette mine deji si fbconde. Mais ce ne sont encore que des indications d'un ordre secondaire, necessairement subordonnees aux donnees de l'experimentation pure, par la raison que l'homme malade ne pent reve1er que la puissance curative d'un medicament dans un cas determine, et par consequent tris-limite par rapport t la sphere d'action de la meme substance employee sur l'homme sain. L'homme malade n'etant affecte que d'une maladie d6terminee, ne peut tre gueri que de l'affection qui le tourmente; et la maladie limite en nous du plus au 470 COMMENTAIRES O moins 'action des agents de guerison. L'homme sain, au contraire, par cela seul qu'il n'est affect6 d'aucune maladie, n'offre aucun obstacle "a ]'action pathoge'ne'ique des medicaments. 11 en est de meme, et pour d'autres raisons, des donnees fournies par la toxicologic. L'histoire des empoisonnements est riche en malk'riaux; assez pauvre en mateiiaux susceptibles d'&Mre utilise's, si on les compare aux ressources que presente 1'experimentation pure. Tout empoisonnerent est une violenle perturbation de 1'organisme, entrainant assez souvent des alterations organiques profondes, voire me~mc de compk etes desorganisations. II arrive donc toujours que les actions physiques, chimniques et les alterations organiques l'emportent de beaucoup sur les effets dynaruiques; et mrnie que ces derniers ne se produisent qu'incompletement. Nous axons vu plus haut que dans tout nu'dicament, les symptomes dynamiques sont les plus imporlants, ceux qui servent, avant tout, ' fixer le choix du medicament, rendent raison de ]a guerison obtenue et de l'insucce~s d'un traitement. Or, ]a toxicologic ne peut rien donner sous tous ces rapports. Les symprnphies que nous pourrons saisir 'a son aide et dont Llahnemann s'est souvent servi, sont du nombre de ceux qu'un peu plus haut je placais en derni "re ligne. Ce n'est pas sans doute une raison pour les ne'gliger; mais c'est un motif pour ne pas attendre de la toxicologic plus qu'elle ne peut fournir. La matie're medicale a bien plus de profit " retirer de ces lentes intoxications qu'on nomme les nwaladies me'dicinales. Precisement parce qu'elles se de'veloppent lentement, que 1'organisme est relativemen t niunag6' dans I'administration des substances qui les produisent, les effets dynamiques PHARMIACOLOGIEO 471 se dessinent d'une facon plus compl'te cet plus franche. A cet e~gard, la pratique allopathique nous offre une riche ct abondante mnoisson, depuis qu'abandonnant les erreurs dc l'&cole de Broussais, elle s'est pr'cipit'c, sans trop savoir pourquoi, dans l'usage des moyens he~roiques. L'obscr-vation des maladies me'dicinales peut rendre 'a 1'homeneopatlie des services importants: le premier, de confirmer les resul tats obtenus par 1'experimentation pure; le second, de nous faire connaitre ceux de nos agents de gue'rison dont la pathogun.nsie est incomphe~te. Pour cola, nous pouvons puiser " deux sources bgalement certaines: 'i l'observation des malades qui ont @t3 satures d'iode, de fer, de mercure, de quinine et meme d'arsenic; ' l'Itude des nmetiers insalubres, devenus si nombreux de nos jouis, gCrices aux proguids toujours croissants de l'indusliie, de cette maraitre qui de'vore ses propres en fants. Mais ici encore, ii faut savoir choisir avec discr&tion; clistin uer, par exemple, entre les ce'phalalgies qu'on observe si souvent sur les doreurs sur mdtaux, les exostoses qu'ils pre'sentent ci les douleurs musculaires et articulaires qi' on observe chez eux,symptomes qui seralent dus 'a icur industrie, c ceux qui pourraient de'pendre d'une syphilis mal gue'rie. De meme, chez les plitiriers, ii faut faire la part des phihisies (maladie si commune chez eux), mianifestement dues " leur travail, ci les constitutions sur lesquelles le maniement du platre n'aurait.e e qu'occasion de ddvcloppemcnt d'une diathese latente. Dans le premiier cas, la matie~re me'dicale pent emprunter t l'aFtude des professions insalubres; dans le second, les faits observes ne sont pas concluants. Dans un voyage que je fis dernilrement ' Bayeux, je visitai une riche manufacture de porcelaines. Je fus frappe de voir 472 COMMENTAIRES. ceux qui peignent sur la porcelaine et qui emploient beaucoup d'acide nitrique, tous atteints de phthisie laryngee. En les interrogeant, j'appris qu'il existait dans leurs families des membres qui avaient succombk% i cette maladie. Je conclus de ces faits que F'action de l'acide nitrique avait developpe chez eux une maladie qui aurait ete retard&e et rnmime aurait pu ne pas se developper si la fortune les avait places dans de meilleures conditions hygieniques. Ne resulte-t-il pas de ce qui precede, qu'en faisant a chacune des sources de nos connaissances pharmacologiques ]a part qui ui revient, I'exp6rimentation pure est la seule base sur laquelle on puisse asseoir un systeme regulier de mati"re medicale; que la clinique allopathique ne peut l'enrichir sous aucun rapport; que la clinique homoeopathique, la toxicologic, I'observation des maladies me~dicinales et celle des professions insalubres, sont autant de sources auxquelles l'homewopathie pent puiser sous les reserves que j'ai indiqudes et dans la mesure des illusions qu'elles peuvent faire naitre? C'est ici le lieu d'examiner la haute et difficile question des doses infinitesimales. Si leur emploi se rapporte hien plus a la thlrapeutique qu'd la pharmacologie proprement dite, tout ce qui touche au mode de preparation et de dispensation des medicaments a toujours tenu une place considerable dans les traites de matiare m6dicale. Personne ne sera tent6 de nier " Hahnemann qu'il ait innov6 sous ce rapport. Loin de 1a: ses innovations lui out et6 imputkes a crime ou taxdes de folie. On s'est de PHARMACOLOGIE. 473 mand6 de quel droit, en vertu de quel principe, lui, midecin, venait preconiser une pratique contre laquelle s'elevent toutes les lois reconnues dans les sciences naturelies; et c'est en s'appuyant sur la nullit6 d'action des doses infinitesimales; on a dte plus loin: sur l'impossibilite de leur action, qu'on en vint a taxer Hahnemann de cerveau malade, parfois mrnme de charlatan; et l'homceopathie de renouvellement habilement deguise des deceptions de la m6decine expectante. Ces accusations violentes, devenues banales par leur r6p6tition, n'ont point arrt IIahlinemann. Se fondant sur des faits exp'rimentaux, son courage n'a jamais faibli pour soutenir ce que l'expe6rience lui avait appris, nmalgr6 l'6trangetr apparente des r'sultats obtenus. L'action curative et perturbatrice des doses infinitesimales lui 6tant prouv6e par l'experience, il la soutint comme un fait auquel ii ne pouvait refuser sa creance sans tre infiddle A la verit6. Aussi, dans 1' Organon, se borne-t-il 't indiquer le fait sans chercher i l'expliquer. Dans son opuscule sur l'efficacitk des faibles doses des medicaments ii ne s'etonne pas du fait qu'il a decouvert, et loin d'eii tirer vanite, ii semble douter, au contraire, qu'on puisse lui en attribuer ou la honte ou l'honneur. ( Le frottement, dit-il, exerce une influence si puis(sante que non-seulement il developpe les forces phySsiques internes des corps de la nature, comme le calo( rique, I'odeur, etc., mais encore, ce qu'on avait ignore ( jusqu'a present, ii exalte A un point dtonnant la puis( sance medicinale des substances naturelles. ( I parait que c'est moi qui ai decouvert cette derSniere proprit6, dont l'influence est telle, qu'a sa fa" veur, des substances auxquelles on n'avait jamais re 474 COMMENTAIRESO ( connu de proprietes medicinales acqui rent une 6nergie a surprenante (1). > Quant A rendre raison du fait en lui-meme, Hahnemann ne ]'a jamais essaye. II a laiss6 la critique s'exercer sur ce point; et toutes ses reponses se sont bornees A deux consid6rations. 11 a montr6 que des m6laux tels que l'or, I'argent, le platine, le charbon de bois, sans action sur l'homme dans leur Mtat ordinaire, acquierent une tres-grande nergie th'rapeutique lorsqu'ils ont t6 soumis A la trituration prolongee; et que cette 6nergie va croissant A mesure qu'on 616ve le chiffre de cc qu'il nommait une attenuation ou une puissance. II a ensuite avance, mais il s'est born6 e anoncer le principe que la v6ritable essence des medicaments est dynamique, que c'est une force pure, que le frottement peut exalter jusqu'h l'infini. Depuis Hahnemann, le problkme a ete souvent examine par des amis et des disciples de l'homceopathie; et si la discussion n'est pas etpuis~e, ii faut dire qu'elle prend de plus en plus de la consistance; pque les faits sur lesquels on l'appuie deviennent de plus en plus nombreux; que les theories g6nerales auxquelles on la rattache, sont de plus en plus conformes aux donnees de la science generale. A ne considerer la question des doses infinitesimales que du point de vue de la pratique medicale, ]a question est aussiltl resolue que posee. C'est un fait qu'elles agissent, c'est encore un fait qu'elles guerissent plus promptement, plus silrernent, plus doucement que les memes (1) Comment se peut-il que des faibles doses de medicaments aussi &tendus que ceux dont se sert l'homieopathie aient encore de la force? dans Etudes de medecine homeopatique, Paris, 1855, Ire shrie, p. 578. PHARMACOLOGIE. 475 medicaments employ's ' doses massives. Devant les fails, ii faut s'incliner alors meme qu'ils sont de nature "a revolter notre esprit borne, on qu'ils contrarient la constitution scientifique d'une c'poque ou d'un si cle. La science peut et dolt expliquer Ics faits observes; jamais elle ne prevaudra contre eux. Produit de l'intelligencc hurnaine, la science participe des infirmids de 1'esprit humain qui F'a engendree. Wins les fails, c'est ]a voix de D)ieu qui se fait entendre; dans la science, c'est la voix de l'hornme qui balbutie queiques ve'rite's me"Ie~es de beaucoup d'erreurs; de Fhomme qui, en sa qualit6 de savant, renverse les terres de la creation en voulant faire Dieu, leI monde et ses semllalles " son iaimage, tandis qu'il fut cree simplement I'image de Dieu. L'action des doses infi nit'sirmales est donc une ve'rite' de fait, c'est le premier point "i soutenir, et que nous soutenons de la maiiic're ]a plus absolue. Est-il vrai, maintenant, que cc fait repugne aux connaissances acquises dans les sciences naturelles? On a invoque" les sciences mathematiques, physiques, chimiques et la physiologic; et on a ktabli, cc que personne ne pent nier, qu'an point de vue mathenatique, la matikre est divisible "a 1'infini, quo la plus petite particule mate~rielle peut encore tre divise' par la pense~c en fragments plus petits, cc qui tendrait ' prouver qu'aucun effort du raisonnerent no pent &tablir que dans les preparations homccopathiques, ii y ait absence de la substance m(Aicamenteuse. Mais sa presence incontestable ne pronve pas son action: car, ii so pourrait qu'amenee a 1'etat de division extrerne, elle filt sans action sur l'organisme 'vivant. On a ensuite emprunte ' Ia physique uno se'rie d'ana 476 COMMENTAIRES. logies qui ont bien leur m6rite, sans cependant equivaloir a des preuves directes. Si un aimant peut aimanter une quantit6 indefinie de fers, sans rien perdre de son poids; si un grain de musc pent encore affecter l'odorat, lorsqu'il est divise" en 320 quadrillions de parcelles; si un grain de carmin colore jusqu'a 30 kilogrammes d'eau, et que chacune de ces molecules colorees n'a que 1/30,000,000 de pouce, tous ces faits prouvent la presence possible et rdelle du mrdicament dans les preparations homnceopathiques, mais ne prouvent pas leur action therapeutiquc. 11 en est de meme des arguments emprunt"s a la chimic. Qu'a 1'aide de 1'analyse, on parvienne ai constater la pr6sence des m'taux a des degrns de division variables pour chacun d'eux; qu'h l'aide de r6actifs appropriks, on ait pu retrouver 1/1,024,000 de soufre, 1 2,048,000 de chlore. 1/4,000,000 d'iode, 1/512,000 de platine, ce sont autant de preuves materielles de la divisibilit6 indefinie de la mati"re et rien de plus (1). J'aime mieux, je 1'avoue, les preuves physiologiques. parce qu'ici il s'agit non plus de la presence reelle du m~dicament, mais de son action sur I'organisme vivant. (I) V. Codex des medicam. homrnop., par G. Weber. Jahr, dans la premiere edition de sa Pharmacopee, presente la comparaison entre le miasme et Paction du mddicament comme dtant la plus digne de fixer 1'attention. 11 est a regretter que dans la deuxieme edition publide en commun avec M. Catellan, ii ait cru devoir supprimer la lettre q::e lui cecrivit M. Poudra, professeur an corps d'dtat-major. L'auteur de cette lettre fait jouer un rdle important a l'dlectricitd dans le ddveloppement de la puissance des agents thdrapeutiques. Pour une question aussi difficile que la thdorie des doses infinitesimales, ii est bon de l'Ftudier sons tons ses points de vue. Du reste, MM. Jahr et Catellan reproduisent dans la deuxieme ddition ]a theorie prdsentde dans la premiere. Cette thdorie a le mdrite d'une grande prudence. PHARMACOLOGIE, 477 Qu'a l'aide des mathematiques, de la physique et de la chimie, nous arrivions "a justifier la presence du medicament dans les preparations homceopalhiques, chose facile et inddniable, la question qui divise les deux &coles n'a pas fail un pas. On nous accordera ce fail, tout en conlinuant " nier que des me~dicaments ainsi prepares puissent avoir une action et surlout une action curative sur I'organisme vivant. C'est la', ii faul le dire, tout le probleme. Hahnemann 1'avait bien coinpris lorsqu'il posait en principe que les nmedicanenls ne soft pas des matihrres morles danis le senis vulgaire qu'on attache a" ce mot (1); et lorsqu'il conseillait de diviser autant cjue possible et non pas de detruire, chose impossible, les parties materielles d'une substance medicinale, afin de rettre en plus libre expansion ses vertus dynariques ou therapeutiques; cc qui, dans sa pense~e, (tait une seule et merne chose. Dans une question aussi ardue que l'est celle des doses infinihesimnales, la rigueur et la precision du Iangagre sont d'absolue necessite. La pr'paration horncopatllique detruil autant qu'il est physiquenent possible, ]a force de cohesion qui retient les mokectules d'un mnedicament dans I'aggrecgation qui les constitue un corps;;elle ne dedruit pas ces mokecules elles-me8nres. Hahnemann a parle de l'augmentation progressive des vertus dynamiques de ces me~mes substances, comme si ces derniekres etaienl avec les propriekkes physiques dans un rapport de continuel antagonisme. Cet antagonisme est reel jusqu'a' un certain point; car, ii est de fail qu'un medicament est d'autant plus actif que la force de coh& sion est moindre en lui en d'autres termes, que les (1) V. dans Etudes de me'd. hor., 2e sdrie. 478 COMMENTAIRES. molecules dont ii se compose out plus de mobilite les unes sur les autres. Mais la vertu dynamique d'un medicament ne se decdle qu'autant qu'elle est mise en contact avec l'organisme vivant. Or, I'6nergie de son action est et sera toujours la resultante de sa puissance et de l'organisme sur lequel cette puissance se diploiera. Autre sera done I'action d'une dilution donn6e sur l'homnime sain; autre sera-t-elle sur l'li'homme malade. Elle diffircra egalement selon la diff6rence d'organisation, de force de r6action que presenteront les malades, ct scion une multitude de constringences que j'indiquerai en parlant de la therapeutique. Pour le moment, je n'ai qu'un d6sir: c'est de faire remarquer que les expressions d'attiinuation des medicaments homneopathiques, de dynamisation, sont impropres en ce que chacune d'elles n'exprime qu'un seul des resultats de la preparation homccopathique. Sans doute, ii y a dans ces priparations altitnuation de la force de cohesion et par conse'qucnt des proprite's physiques et chimiques du corps attinu6; mais il n'y a pas attenuation de ses proprie(cs thiraipeukiques. Au contraire, ii y aurait augmentation de celles-ci. Dans ces mimes preparations, vyous mettez en evidence les propridtes curatives toujours plus on moins disfinctes du medicament; mais vous ne le dynamiscz pas dans la signification rigourcuse du mot. Dynamiser un corps serait developper la force qui le fait Ctre cc qu'il est, developper la vie qui est en luii. Eh bicn, prenez un vege'tal; vous commencez par le detruire, precis(ment pour mettre en libre expansion ses vertus mr6dicinalcs; prenez un corps inorganique et vous le ramenez a l' tat atomistique, condition souveraine de l'enliere manifestation de ses propri6t6s curatives. Si de mime vous prenez PHARMACOLOGIE.0 479 une substance animale, comme serait la seche, vous tuerez 1'animal avant toute pr6paration. Si, comme dans la preparation du lachesis, vous prenez un produit secr6t6, vous agirez de meme. L'expression de dynamisation doit done etre prise pour ce qu'elle vaut, c'est-a-dire pour uine mtaphore et rien de plus. Quant a celle de puissance, elle exprime un resultat; et en ce sens, elle est de toutes la plus convenable. Encore, convient -il de dire, qu'elle n'exprime pas une action absolue, mais seulement une action thirapeutique; en d'autres termes, relative. Si la preparation honmoeopathique donnait en resultat une progression arithm6tique, 6videmment, a la trentinme ou " la centieme puissance, cette action pathoganftique toujours croissante, deviendrait toxique ou d'une energie telle qu'elle entrainerait une perturbation si forte qu'aucune reaction vitale n'6tant possible, la mort suivrait in6vitablement; ce qui n'est pas. Ce que veut, ce querecherchel'homceopathie dans les mn6dicaments, c'est, d'une part, la plenitude de l'action curative; de l'autre, son rapport avec les forces organiques. En d'autres termes, elle vent que le medicament modifie l'homrnme mralade pris dans sa totalilt et dans son unite, et non pas seulement dans l'un ou plusieurs de ses appareils organiques, et que la modification produite soit suffisante pour developper les reactions curatives et rien de plus. Lorsqu'on parle en homceopathie de la dixi'me, de la vingti me, de la trentieme puissance, et lorsqu'on dit que t'une d'elles est pref6rable dans une maladie donnee, tandis que les autres doivent 6tre employees de pref6 -rence dans d'autres maladies d6terminees, on entend dire que ces puissances sont celles qui guerissent le mieux les maladies dont il s'agit. Mais on ne peut ni ne 480 COMMENTAIRES. doit vouloir faire entendre que les unes sont plus fortes que les autres d'une maniere absolue. Si on avait tenu compte des diff6rences que je signale, on n'aurait pas compare l'action des medicaments homceopathiquesa celle des miasmes. Procedant ici par voie d'analyse, on mettait en regard deux inconnues: le miasme dont nous ignorons la nature, dont il nous est impossible de determiner la quantite en poids pour qu'il infecte un organisme; et la dose infinitesimale dont il s'agit d'expliquer l'action mysterieuse. On sait ou on croit savoir que Ie propre des miasmes et des virus est de se regenerer, a l'instar des etres vivants, par la multiplication. Rien de semblable ne se passe dans les doses infinitesimales. Elles resultent tout simplement de l'attenuation de la masse a laquelle on les emprunte, et cette attenuation met en liberte les forces curatives qui etaient en elles. Pour comprendre quelque chose a cc probleme ardu au plus haut degre, il ne faut pas sortir des faits susceptibles d'etre constateIs par l'experience. Or, ceux-ci sont nombreux, et reviennent tous au principe de l'ancienne chimie: Corpora non agunt nisi soluta. Qu'est-ce done que donner a un corps la solubilitYe qui lui manque lorsqu'il en est dcpourvu, ou accroitre celle qu'il possede lorsqu'il est soluble? Evidemment, c'est detruire sa force de cohesion et rendre toujours plus mobiles les unes sur les autres ses molecules composantes. Au point de vue chimique et physique, il ne se passe rien de plus. Au point de vue therapeutique, on observe un autre fait: c'est que plus la solubilite d'un medicament est grande et plus son action est puissante. Exemples: Le sulfate de quinine est plus soluble que le quinquina. On l'emploie 482 COMMENTAIRESO partiennent pas, bien qu'elle soil la condition indispen-. sable de leur manifestation. La distinction entre la cause d'un ph~enome'ne et les conditions sous lesquelles ii se produit, nous ramene de suite an dualisme matic're et force, sans lequel ii est impossible de rien comprendre, je ne dis pas seulemeni au probke'me des doses intinite~simales, mais 'a toule action the~rapeutique queule qu'ellc soil ct sons F influence de quciquc systerne qu'ellc se produise. Du moment oii l'on a fail cc premier pas, ii s'agrit ensuite de constater ics conditions sons lesquelles ics forces en ge~nieral, et les forces the" apeutiques en parlicuhier, se de'veloppentlei plus comple~lemenl. Ainisi que le dit avec grande raison M1. Charles Desmoulins, president de la Societe" linne~cnne de Bordeaux: En divisant unie substance on eu nmuluiplie les surfaces; la division inultip~lie les forces (1). Lc premier de ces principes est un AXIOMNE, dit 1'aiiteur, constal6" par les sciences, par touttes les sciences. (1) V. Discours sur le'volution des forces vitales dans la nature, par M. Charles Des Moulins, pre'sident do la soci~e' Linndenne dc Bordeaux,, dans les actes de cette societw. m. le docteur Costes, professeur "a Pdcole seconidaire de Bordeaux, a ese;aye' de refuter' M. Charles Des Moulins. 11 se sentit blessed de F'appui indirect dotm6 'a ihommoopathie par un homnme qui jouit d'iine reJ)iltation europedenne corn-iei naturaliste. M. Des Moulins paila. de 1e'dVOIltion des forces vitales en naturaliste spiritualiste. A]. Co,.tes crut dev'oir faire la contre-partie. Pour nier I'accroissemnent des forces vitales dans la nature, M. Costes s'appuya sur l'autoritdb de Virey, qui soutienit que de nos jours, ii n'y a plus de g~nd ration veritable; mais seulement des modifications successiveS et toujours semblables dans le m4me ordre de matire; que ce que nous appelons generation W'est qu'une e'rnanation e'ternelle de cette source. Virey et M. Costes permettent hs Dieu de crd'er une fois dans son e'ternelle existence; apre's quoi, uls le condamnent au repos. Queule autorite' que M. Virey! Quel choix heureux a fait M. Costes en s'appuyant PHARMACOLOGIE.O 483 S((En divisant une substance, on en multiplie les surfaces. a Mais cju'est-ce a dire les surfaces? A coup sir, ce n'est Spas l'dtendue materielle, intrinsique, du corps qui a recevra le moindre accroissement par l'effet de la divi( sion. II n'y aura rien de multiplic dans le corps luia minome. Ce no sont point, je le repete, les 6l6ments a constitutifs du corps (pqui seront miultiplics, ce seront a uniquoment les surfaces libres, les surfaces agissantes, a surihces d'absorplion, surfaces d'exsudation, surfaces a de rflexion, surfaces doe rifraction, surfaces do coloSration, surfaces d'inifcction du gocit ou de l'odorat, a surfaces accessibles it la dissolution. surfaces de re" pecussion du son, surfaces de transmission des agents t lcctriques, etc., etc. SElt (qu'est-ce que tout cela... si cc n'cst des surfaces o d'action? Et si ls surfaces d'action sont multipliees, Sn'est-il pas incontes!ablement, iirrifraga-blement vrai o de dire que oaction V'est aussi? M ais qu'est-ce encore ( Iue 'action, si cc n'est la qualitk', la vertu propre " o chaque chose, ia puissance, la force enfin qui reside e on elle? o La division multiplic les forces. Ce sout toutes les o sciences qui nous Ic disent: ia geom6trioe, la clrimie, ]a physique, I'optique, etc., etc. L'hoinoeopathie peut o bien venir I la suite, ajoute l'auleur, pour nous be dire o aussi, sans pour cela donner un dementi a Ia verite, a la nature, car c'est de la nature elle-mieme et de la sur lui! En face d'une philosophie de cocte force, comme M. Des Moulins a du' rire de son antagoniste! tout cela wi'tait qu'un prdambule aux arguments dont M. Costes prtdtendait dcraser Hahnemann. Ce dernier est un visionnaire; I'honmoeopathie une mystification. Rdpondez, si vous en avez le goult, ' des arguments do cette nature! 484 COMMENTAIRES. Snature seule que la geometrie, la physique, la chimie, a l'optique out appris cette verite (1). Eh bien, la pratique homceopathique prouve a tout observateur de bonne foi que la division multiplie les forces therapeutiques des substances medicinales; ce qu'on ne pent faire qu'en multipliant les surfaces. Mais I'experience homrweopathique prouve encore que la multiplication des surfaces et des forces, n'est pas la raison derniere du problkme des doses infinitesimales: car, dans tout traitement homoeopathique bien dirigu, alors que le m6dicament a eteA bien choisi et la dose convenablement fixee, I'wction produite est une action d'approprialion pluit6t cique d'ednergie. 11 me semble qu'en attendant une explication, on si l'on vent une thiorie des doses infinitesimales, la notion d'appropriation de la dose d'un medicament aux besoins de la maladie domine toutes les autres. La diff&rence entre I'ecole allopathiquc et l'cole homwopathique, revient a ceci: que les allopatlies nient laction des infinitesimaux parce qu'ils n'observent, apres leur emploi, aucun des effets que presente leur pratique. Ainsi: point d'effets physiques, comme seraient ceux lu'entraine l'usage des caustiques; point d'effets chimiques, ainsi qu'il arrive par Ics moyens emtnployes dans le but de modifier 1'dtat des humrneurs ou les produits secretes. L'emploi du fer dans la chlorose, du bicarbonate de soude contre les acidites d'estomac, le regime d'une severit6 presque cruelle imnpos6 aux diab6tiques sont dans ce cas. Point d'effets physiologiques perturbateurs, comme ii arrive consecutivement a l'emploi des vornitifs (C) Ch. Desmoulhns, tirage a part, pag. 3 et 4. PHARMACOLOGIE O 485 et des purgatifs; non plus que d'effets se~datifs primitifs, comme ii arrive a la suite des opiace's et des preparations etherees. En l'absence de ces phe'nonehnes divers, ii n'y a plus rien d'apercevable ni de susceptible d'etre observe aux yeux du medecin allopatlie. Si, en effet, 1'action des infinitksimaux ne pouvait etre constahee que par de semblables caracte'res, comme ils n'existent pas, on serait autorise ""a ]a nier. Mais, ainsi que nous le verrons bientot, les infinite"simaux expriment leur action par des signes qui leur sont particuliers. Les eflets observe's par les allopatlies dans leurs traitements manquent ' l'homoeopathie parce qu'elle n'en vent pas; et que, loin. de les rechercher, elle les condamue. Si, cons~cutivement a 1'administration de I'ip& cacuanha, on du tartre e'meltique, des voinissements surviennent; si, apres l'administriation de la noix vomique, l'honeeopathe observe une purgation, des tranchetes violentes apr~s l''emploi de la coloquirnte, ii conclut qu'il a employe' une dose trop forte, et ne se flicite pas de l'effet produit. Ce qu'il veut, c'est une action dynainique, en d'autres termes une modification dans ]a vitalite" du sujet affecte&. Or, ]a vie humaine etant une, tout agent lhe~rapeutique qui agit dynamiquement modifie Ic malade dans son unite, W'abord; et conse~cuti-vement dans les organes ou les appareils aflectks; c'est-a1-dire dans les organes on appareils reconnus pour malades par les allopathes; et dans ceux qu'ils jugent e'tre sains. Celui qui, Iraitant un malade par la methode homceopathique, jugerait Jes infinitesimaux sans action, parce que du jour au lendemaain, je le suppose, le point de cote n'aurait pas disparn chez un pleure~tique,ou le ra'lecr("pitant n'aurait pas cess6 dese faire PHARMACOLOGIE. 487 La forme et la dose les plus appropriees au traitement d'une maladie sont celles qui provoquent l'action dynamique la plus complite. Je dis I'action dynamique, et je le dis par opposition" I'faction organique. Eh hien! I'experience do tous les siecles et celle des deux ecoles prouvent que si la division multiplic les surfaces, elle multiplie les forces CURATIVES d'un medicament. Elle prouve aussi: J clue plus une substance est pure, plus elle a d'action, doe puissance, de force; 20 que pour r(parer l'effet periur'lbaeur des molanges (qiii pouvent ]'avoir aduiterde, ii faut le depart des 61kmoents de ces melanges; 30 que plus une substance ecst divisee, plus ses 61rnments ont la facilit6 d'atteiniidre I'4tat de puret6 absolue. C'est en ce sens et a ces trois conditions que la division niultiplie les forces. Que si l'allopathie n'est pas encore engagOe, sous ce rapport, dans les voies que l'homweopatlhie lii a ouvertcs, qu'elle nous donne done le secret de ses fformulos; et qu'elle nous dise le hut g(ineral, avou6, de toutes ses priparatiois pharmaceutiques. Pourquoi abandonne-t-elle chaque jour davantage les formules composbes; pourquoi ses preparations chimiques, si ce n'est pour avoir des produits d'une plus grande pureto; pourquoi ses dissolutions, si co n'est pour donner plus d'activit6 aux produits dont elle se sert? Pourquoi, enfin, va-t-elle chercher les principes immediats de certains v1gcetaux, princijies dans lesquels reside, selon elle, toute 'action curative du medicament, si ce n'est pour separer cc principe des melanges qui out pu l'adultroer? Jo vis, l'an dernier, un jeune homme atteint de rhumatisme articulaire aigu, qui fut traite par la veratrine. Etant employde a dose allopathique, ii survint de foudroyantes heimoptysies et de cruelles douleurs PHARMACOLOGIE. 489 nombre d'effets locaux; celles oh I'action du medicament sera le plus diffuse; cello oh" son action se deploiera dans 1'organisme sur une plus grandc surface et aura le moins dc fixite. Eli bien! l'action que vous rechercherez et que vous obtiendrez, l'experience prouve qu'clle est donnee par les infinite'simaux. La distance qui se'pare les granules des globules n'est pas telle pie vois ne puissiez la franchir. En recherchant une action dynamique et dirocte dans vos gue~risons, ii ous faut un effet qui soit un. 11 vous sera facile d'accorder que 1'unite d'action ne peut etre donneue que par un agent qui soil un aussi, c'est-a'-dire par une substance aussi pure que possible. Comnme vous voudrcz uno action dynamique, ii faudra que le corps employe soit aussi diffusible que possible; car, la diffusion d'une substance est en raison inverse do sa cohlesion. Vous voila douc condamne a trituror, e pendant lo1ngrtomps, vos mcdicaments. Arrivesla, VOuIS formulerez deja sous ]a forme homoeopathique. 11 restera ]a dose. L'experionce vous conduira par ]a main au point oji elle a conduit Ilahnemann. Car vous no croyez pas qu'i ait de'butuk par les infinitesimiaux, et surtout par la 30' puissance. Une fois lu'il cut arr(46 le but qu'il se proposait d'atteindre et los principes qui dcvaient Iui sorvir do re'g'le, il fut conduit i" baissor la dose, non par caprice d'imagination on par ide3e preconeue, mais par la seule raison (11, voulant gue6rir sans perturbation aucune, tant quo ces derniiercs so pre"sentaient i lui, ii en conclut la ne~cessit6 d'"6lver la puissance, ce que vous appelez baissor Ia dose. Du moment oji los infinitersimaux sont une question oxperimentale et non pas the'orique, du moment surtout oh" ils so lient 't l'cnsemble do la doctrine, ii faut los accepter 490 COMMENTAIRES9 sous peine d'aboutir "a des consecquences que l'&ole allo~. pathique renicrait elle-meme. En effct, elle serait obli.. ge'e de flier la nature dynamiquie des maladies consid&rees dans Icur nature et Icur origrino; de nier quc toute guerison ve~ritable n p entdro obtenue qu'en modifiant ]a vitalite" du sujot; que cette modification dans la vitalite" du malade est d'autant plus assuree que l'action th'Thapeutique est plus grene'rale ot plus douce; et qu'enfin I'agent?L 'aide duquel on obtient. cello action ost d'autant plus puissant quc ses ediets p("ne~tr~ent davantagejUsqu aux racinies de la -vie. Ton tos cos niicgations conditiraient i'ricolo allopathique au mate'rialismo en physiolog-ic, h'a orgranicisnic en pal hologic, any modifications orgraniqucs en tle~rajpeuliquc aux doses les plus massives en pharmacologic. Jo ne sache pas qu'elle ait Ia pilus le~r("ro ten tation do revenir "a des orremoents dont cule est "a peine aifranchiie; et que si meine quclque vieux deb_,ris (e10 1('-cole Brotissaisienne pretendait 'a relever Ile(irapean (10 son malitre, ii oscIt (lire qu'iI so laisse allor au, courant scion tifique dc son sie~clc. Concluons L'Uemploi des doses, intinitfrsimales est, avant tout ct exciusivemoint, u no question do fail et (l'cxperience. Los arguments emprunh"s, pour justifier lour puissance, Can domianie dos sci(ences mathe'matiquos, physiques, chimiquos et me"me phyvsiologriqucs, no sont qcue des prenvyes (analogiqiios on nl-ilirectos. Hcahnomann, fut conduit jusqui'anx, infinite'simaiix par los principos do sa doctrine ot los ne~essite~s do 1'obsorvation. Quiconque admetira, SOS prinicipos physi ologyiquos, pathologriques, the'apoutiqnos, et rocevra avec docilite" los onse"ignements doel'obsorvation. arrivora oh i ilelst arrive' Iui-me~me; c'est-a'-dire "a I'emploi des doses infinite'simales. 492 COMMENTAIRES. ques en un sens oppose a celui dont ils sont affectes; et pour remplir cette indication generale, a administrer les moyens que l'experience lui a montr6s adre les plus propres a remplir cette indication. Elle emprunte ces moyens a la dietetique, a l'hygiene, a la pharmacologie; et quelquefois "a la chirurgie. L'&cole homceopathique puise aux memes sources, mais d'un point de vue tout different. Ayant pour principe therapeutique general la loi des semblables, ii faut que la similitude entre la rmaladie et les agents de la gu&rison soit aussi complete que possible. 11 ne lui suffit done plus dans ]a reconnaissance de la maladie de savoir le mode selon lequel le malade est affect6 et le degre auquel l'affection est arriv6e; mais encore toutes les circonstances qui accompagnent I'affection et 1'individualisent, afin de deduire de cette connaissance les indications que la maladie presente; et que de la comparaison de ces indications avec colle des proprit6s reconnues dans les medicaments, elle puisse faire une heurcuse application des uns ia la guirison de l'autre. Ainsi, de mine que l'6cole allopathique, si elle 'tait appele a t&moigner de la vrit(6 de sa therapeutique, devrait justifier la loi des contraires qui lui sert de houssole et de principe recteur; prouver que sa m6thode diagnostique est complkte et qu'il n'y a rien ia chercher au delit; que les indications qu'elle en tire sont suffisantes pour la guerison des maladies; et qu'elle a une connaissance exacte des vertus des medicaments et une mdthode assuree pour les bien choisir; de meme l'&cole homceopathique doit justifier la loi dles semblables qu'elle oppose ia la loi des contraires, dire comment elle applique et met en oeuvre sa methode diagnostique; la mar THfRAPEUTIQUE. 493 che qu'il convient de suivre dans la fixation des indications; ]a mani "re dont elle s'y prend pour choisir 1'agent ou les agents approprues ' la guerison qu'elle poursuit; exposer sa dietetique et son hygie'ne; et dire les ressources qu'elle emprunte "i la chirurgie et les circonstances dans lesquelles elle lui fait appel. 1' Loi des semblables. II n'y a que les medicaments qui dans le traitement d'une maladie jouissent d'une action curative positive et directe.- Les agrents hygie~niques et les moyens chirurgicaux ne posse~dent qu'une action indirecte. Lorsque, sous leur influence, la sante' se reta-. blit, cc n'est pas "a eux quje l'honneur en revient; nmais 4 la force vitale dont la puissance de conservation et la tendance a 1'Fequilibre se sont de'ployees aussitot que par l'hygkene ou la chirurgie ont e~te leve~s les obstacles qni s'opposaient "a ce quellle reagit contre la cause morbide qui l'opprimnait, el les effets produits par cette cause. Lorsqu'on parle de loi tlu'rapeutique, ii faut done entendre le mode selon lequel agissent les me~dicamcnts, et ne voir dans ia chirurgie et les agents hygie'niques que des auxiliaires heureux, souvent necessaircs, qui favorisent ou contrarient l'action therapeutique. Que souvent ils suffisent au r'tablissemncnt de la santa, c'est chose incontestable; mais si large que leur part soit faite, elle ne penit janiais e"' tre assimikeC'a laction energrique et directe des medicaments. Que plus souvent encore le mernlis on I'oubli des preceptcs hygikniques contrarie l'action the'rapeutique et aille jusqu'a l'annuler, personne nc le niera; et nous, homocopathes, le nierons moins quc d'autres. Mais, enfin, cc n'est point " ces moyens secondaires que s'adressc cc que nous axons a dire des lois theirapcutiques qui divisent les deux 6coles. 494 COMMENTAIRES, Toute puissance, a dit Hahnemann, qui agit sur la 'vie, tout medicament de'saccorde plus ou moins la ~ force vitale, et produit dans 1'homme un certain changeoment qui pout durer plus ou moins Iongtemps. On " appello cc chatigernent l'effet prirniuif. Quoique pro~ duit "a la fois par ]a force me'dicinale et par la force Svitalo, ii appartient cepondant davantage 'a la puissance dont 1'action s'exerce sur nous. Mais notre force vitale ~ tend toujours "i deployor son e'norgyie cotitre cotte in< fluence. L'effet qui re'sulte doe la, jUi appartient "a notre puissance vitale do consorvation, et qnti depend do son " activit6' automiatique, porte 41 nom d'c/fet sccotidaire 0 O1 (le re'action (1). )) C'est donc sur La distinction ontre loefft prirnitif et 1'effet secondaire des medicanionts, ct avant tout sur la puissance dont jonit cc dernicr do desaccorder la.force vitale, que repose la notion the"oriquc de ola loi des semblables. Tout poison pouvant e'tre me'dicamient et tout me'dicament pouvant dcvenir poison, ainsi quo nous l'avons vu et queo outes les oles le confessent, on ne opout nier que le caracte~re fond( ameui- tal du. niimdicamont no soit dans la puissance qu'iI possede de de'saccorder la force vitale. Ce de saccord s'oxprine par des sympto~mos morbides; ce qu'on a nomm6 la putissantce aimhogenietique des agents the'apeutiques. Or, toutes los fois qu'un do ces agents sera mis on contact avec l'organisme, sa tendance absolue, necessaire, sera do de~veloppor son action. D'abord passifsous l'action du medicament comme it I'est sous 1'influence des autres agvents qui L'ontouront, l'organisme commence par subir les impressions qu'il recoit, et apres (1)Y. Organon, ~ 63, p. 152. THiRAPEUTIQUE. 495 s' tre laiss' modifier par eux, il reprend son activit6 et reagit contre ces impressions et le desaccord venu " leur suite. Avant toute exp6rience, le raisonnement indique done que puisqu'il est impossible d'&chapper a l'effet primitif du medicament, ce dernier etant pathog'netique de sa nature, ne peut dtre en meme temps curatif: car deux actions oppos6es et contradictoires ne peuvent se rencontrer dans la meme substance; que l'action curative git essentiellenment dans l'effet secondaire onu de reaction, c'est-h-dire dans l'action de la force vitale; que dans toute action itherapeutique, le medicament n'a d'autre effet cque de solliciter la reaction de celte force et d'imprimer h cette derni re la direction qu'elle doit suivre, pour se debarrasser de la mnialadic qui l'opprimne. Que si, par impossible, on emploic dans le traitement d'une maladie un m6.dicament dont Peffet primitif soit oppos6 aux symptcjmes de ]a nialadie, I'etTfet secondaire ou de reaction lant sembIlable, les sympt6nes morbides calmes pour un moment reparaitront avec plus d'6nergie qu'auparavant, toujours en vertu de cette loi que la reaction est proportionnelle " Faction. Que dit l'exp6rience a cet egard? fcoutons Hahnemann. " L'homme qui s'dtait 6chauf&l hier, en huvant a largement du Yin (effet primitif), est aujourd'hui sena sible au moindre courant d'air (effet secondaire). Un a bras qui est rest6 longlemps dans l'eau "i la glace, Sest d'abord bien plus pile et plus froid que l'autre a (effet primitif); mais qu'on le retire de l'eau et qu'on Sl'essuie avec soin, ii deviendra non-seulement plus a chaud que l'autre, mais meme brilant, rouge et ena flammn (effet secondaire). Le caf6 fort nous stimule 4~98 COMMENTAIRES* la figue une vertu telle que si on l'applique sur un corps sain, elle fait naitre "a la peau un ulcere putride. Pline le Jeune et les talmudistes recommandent aux personnes mordues par un chien enrage de manger le foie, les poumons ou quelque autre partie des chairs de cet animal; ce serait une guerison non plus homoeopathique, mais isopathique, si le fait etait exact. Mais plusieurs docteurs juifs, et entre autres Baschi et Maimonides, ont attaqu I la ve~racite6 du fait. Quoi qu'il en soit, de~s la plus haute antiquike, le principe de similitude fut admis non comme un principe justifie, mais comme un principe devant servir de guide dans les recherches. Ainsi, au livre XXXe de son Histoire naturelle, Pline rapporte que les Mages conseillaient de guerir le mal de dents "t l'aide d'une dent de taupe extraite pendant la vie de l'animal. I1 se moque de ces amulettes et des precautions prises dans leur confection, ce qui ne I'empeche pas d'affirmer un peu plus loin ~ que les maux du foie s'apaisent quand on mange, ~ soit une belette sauvage, soit son foie, ou bien encore ~ un fuiret cuit comme un cochon de lait (1). Tout ce livre est rempli de 1'enumeration de moyens analogues. I1 n'est pas jusqu'aux graines des orchidees donnees comme specifiques dans le traitement des maladies du testicule, qui ne soient rappehees par I'auteur. C'cst la doctrine des signatures, doctrine aussi ancienne que les mages de 1'Orient, qui se represente ici sans autre fondement que la ressemblance de forme entre l'agent de gue'rison et 1'organe malade. Tous ces faits de guerison pretendue, qu'a bon droit nous (axons de reveries, prenaient ileur source dans les (1) C. Plinii Secundi Hist. nat., lib). XXX, c. xxix. THýRAPUUTIQUE. 499 systemes philosophiques qtii ragne'rent tour "a tour dans 1'Inde et en Grece. Diogene Laerce nous apprend que dans la philosophie de Leucippe, l'attraction des semblables presidait 'a la formation ies corps. ( Similium at( tractione formata corpora esse Leucippus detexit. ) We~mocrite, qui "i la suite de Leucippe et d'Anaxagore avait embrass6 la philosophie atomistique, posail en principe general: Similia in similia aqere posse, similia similiaque petere. Mais ce ne sont la que des temoignages fort e'loignis, qui peuvent expliquer plusieurs faits de l'antiquite medicale sans qu'on puisse les invoquer en faveur du principe halnemannien. II en est de meme des diff~rents passages empruntks 'ala collection hippocratique, et qui ont e~te trop souvent invoqueis en faveur du principe halnemannien. I resultc de la discussion tres-lumineuse et tresapprofondie ' laquelle le docteur Bleekrode s'est Iivre, que jamais Hippocrate n'a pre" endu e4ablir un principe general de therapeutique; que seulement, it a montre qu'un meme remede n'agit pas toujours de la meme maniere, qu'un meme sympt me pent tre engendre par des causes diverses qui obligent "a le traiter par des moyens diff~rents. Lorsque Hippocrate parle des contraires, l'auteur pense qu'il entendait par la seulement le contraire de ]a cause qui avait rendu le sujet malade; mais que jamais ii n'a entendu employer des agents doues de proprietes opposees aux symptomes de la maladie existante. ((Quand on prend une nourriture plus abon-. dante que la constitution no le comporte, cela produit " une maladie, le traitement le montre. )) - ((Les mala" dies qui proviennent do plenitude sont gud'ries par dva( cuation, colles qui proviennent( de vacuild" par repldtion, 500 COMMENTAIRES. < et, en general, les contraires par les contraires. ) - " Dans tout mouvement du corps, se reposer aussit6t < que l'on commence 'a souffrir, dissipe la souffrance (1).) Dans ces diff6rents aphorismes dont il serait si facile d'augmenter le nombre, il est evident qu'Hippocrate ne fait autre chose que d6velopper le fameux principe: Sublata causa, tollitur effectus. Ce n'est ni de la contrarie~t, ni de la similitude therapeutique; mais simplement de la dietetique. Reste done le precepte si souvent cite: Vomitus vomitul curatur. C'est justement dans le passage auquel ce precepte a e"te emprunte, qu'il est facile de voir que le peire de la mndecine n'avait point de principe therapeutique g6neral, que ses affections se partageaient e6galement entre la loi des contraires et la loi des seniblables. La douleur, dit-il, se produit et par le, froid et par le chaud, et par l'exces et par le defaut., Elle se produit chez ceux qui out (3prouve un refroia dissement par le r&chauffement; chez ceux qui ont e (prouve un echauffement, par le refroidissement; elle a se produit chez les personnes de constitution froide a par le chaud, de constitution chaude par le froid, de a constitution se'che par l'humide, de constitution hu" mide par le sec. Car les douleurs surviennent toutes Sles fois qu'il ya changement et et corruption de nature. a Les douleurs se guerissent par les contraires; chaque a maladie a ce qui lui est propre; ainsi, aux constitua tions chaudes devenues malades par le froid, conviena nent les echauffants, et ainsi de suite. Autre proced6: a La maladie est produite par les semblables; et par les a semblables que l'on fait prendre, le patient revient de la maladie a la sant6. Ainsi, ce qui produit la stran(1) V. Aphorismes, traduction de Littrd, t. IV, sect. 11, 17, 22, 48. TH9RAPEUTIQUE* 503C ((membrum junctum majori interiori honinis membro(l). ) Pour comprendre ces preceptes de Paracelse, ii faut se rappeler que, selon lui, le corps humain e'tait compose de sel, de soufre et de mercure, principes auxquels ii accordait la puissance d'engendrer les maladies. 11 voulait que les maladies fussent denommees, ou par le nom de l'organe affecte, ou par le metal qui les produit, ou par le nom de la plante ou du metal propre "a les gue'rir. Ainsi, ]a fie~vre etait gt ses yeux morbus ninri sidphAuris; ii appelait l'apoplexie morbus mnercurius cachymialis sublimalus, parce que, disait-il, la matie're peccante est du meme genre que lui. I1 voulait qu'on appehat l'epilepsie viridellus, quia, disait-il encore, eadeni viridello curatur. Qu'il y a loin de cette the~rapeutique incoherente "a l'unite et A la simplicit6 de la doctrine homceopathique! quelle distance de cette doctrine au me~lange d'alchimie, de chiromancie et me'me un peu de magie qui fait le fond de la doctrine de Paracelse! Cependant, le coup e~tait porte6; et le gale'nisme ne pouvait se relever des critiques que Iui avait porke~es son fougueux adversaire (2). Van Helmont repoussa aussi la loi des contraires comme absurde et oppos'e " la volonte6 de Dieu, qui cr~a toutes choses par l'amour, la concorde et la paix et hait la discorde et la contrariettt, a ce point que s'il avait Pu fonder 1'univers en dehors des rixes et des contrarie'tks, sans aucun doute ii l'aurait fait. II rejette e~galement ]a similitude comme supposant la farniliarike, l'union, ]a p&. nItration. Reinedia, dit-il, non sunt agenhia ad sanationem requisila, sunt saltem media occasionalia externa sive conciliatrices medelce (3). (1) Paracelsi Chir. magn., tract. 1I, c. [v. (2) V. Paracelsi Chir. magn., part. 4, tract. I. (3) Van Helmont, Art. med. lib. 1. 506 COMMENTAIRESO que decouverte fut toujours associee aux systemes divers qui se succe~de~rent, jusqu'at ce qu'enfin, par lassitude et par impuissance, on en revint "i l'expfrience; c'est-a-dire, a la methode hippocratique generalement desertee en therapeutique depuis Sydenham et Baglivi, quoique fidd'lement retenue dans l'dude des autres branches de 1'art me dical. Le grand, l'immense merite de Halnemaun fut de donner 'a la loi des semblables le fondement de l'expefrience; de l'expfrience sans melange d'aucune vue syste'matique; et de faire que toutes les parties de la science m'dicale, physiologie, pathologie et pharmacologie, concourent "a en demontrer ]a verite. Yoyons maintenant comment ii ]a mit en action. 20 Milthode diagnostique. - Le but du diagnostic est de reconnaitre l'objet du traitement;'en d'autres termes, ]a maladie. Dans cette dernie~re, deux choses sont "a conside~rer: I'esp~ce et F'individualite dans l'espece. L'espece morbide une fois trouve~e, on connait l'ennemi avec lequel on est aux prises; l'individualitef une fois 6tablie, et rattachfe "a l'espece dont elle fait partie, on posse~de tous les elements imaginables pour le choix de I'agent ou des agents the"rapeutiques "a I ui opposer. Ces deux ef Ic'ments du diagnostic pratique se pretent donc un concours mutuel et Hahnemann, quoi qu'on ait dit de lui, a tenit de touw les deux un compte rigoureux. En effet, puisqu'iI distingue les unes des autres les maladies sporadiques et les maladies miasmatiques, qu'iI separe de ces dernieres celles qui sont epid"miques et celles-ci de celles qui ne le sont pas; qu'il rattache les maladies chroniques, dans leur variete' inde'finie, "a trois causes fondamentales dont j'ai parle assez au long (Jails le commentaire sur la patho THI'fiRAPEUTIQUE. 507 logie, pour qu'il soit inutile d'y revenir ici, on est mal fonde a lui reprocher de ne voir dans les maladies qu'une collection de symptomes sans autre lien que leur coexistence. On est 6galement mal fonde a lui reprocher de s'etre contredit, jusqu'a un certain point, lorsqu'il reconnaissait, d'un c6te, des especes morbides, en mime'temps que, d'un autre c6te, il proclamait comme principe absolu en mati"ere de diagnostic ct de therapeutique la necessite de l'individualisation, egalement absolue, de tout etat morbide. La maladie toute entiere, ainsi que Hahnemann, I'a judicieusement observe, se traduit ou s'exprime par les symptomes. Au dela de ces derniers, il n'y a rien que le medecin puisse apercevoir, soit pour fixer l'espece morbide que l'on recherche, soit pour determiner l'individualite d'une espece. Loin done qu'il y ait contradiction dans les preceptes donnes par Hahnemann, on ne peut y voir qu'une parfaite concordance, puisque sans les sympt6mes il serait aussi impossible de juger d'une maladie quelle qu'elle soit, que du caractere individuel qu'elle revet d'un malade a un autre malade. C'est done une bien futile objection que celle qui fut adressee par Rau (1), a l'homoeopalhie, lorsqu'il objecte a Hahnemann, qu'il y a des maladies qui ne presentent pas de symptmrnes exterieurs, ou qui n'en presentent que de si legers qu'il est impossible de les apercevoir; et que les symptl6mes offrent de trompeuses apparences. Tout le monde conviendra, avec Rau, que dans les organes peu sensibles, tel que le foie, il puisse exister pendant des ann es, des tubercules, des ramollissements et d'autres vices, sans que leur existence ait ete soupconnee; (1) V. Rau, Nouvel organe de la medecine specifique, Paris, 1845, 2e partie, ~ 32, p. 110 et 111. 508S COMMENTAIRES. que dans le cerveau, Ie cceur et les gros vaisseaux, on ait trouve" des desorganisations qui n'avaient pas ete" apercues, Morgagni, comme le dit Rau, et comnme chacun le sait, cite de nombreux exemples de fails semblables; ct ii n'est aucun de nous qui n'en ait rencontr' dans sa pratique. Est-ce 'i dire que ces de"sorganisations De se traduisaient par aucun sympt6mc? par aucun symptome local, la chose est douteuse, bien qu'au debut deIa desorganisalion elle soil possible, mais par aucun sympIome general on diathesique, c'est cc qui n'est pas. La preuve est que le nombre de ces desordres, ainsi nieconnus, dirninue a mesure que les moyens d'investigation diagnostique se perfectionnent; et qu'ils diminueront encore plus lorsque ]a pathologic, entrant de plus en plus dans les voics ouverles par Hahnemann, saura mieux rattacher les altelrations organiques aux diatheses dont elles dependent. La emme reponse peut tre faite aux faits rapporte's par Rau, relativement ' I'apparence trompeuse des sympl'nies. Certes, la gangrene de 1'estomac trouvee "i 1'aulopsic par de Iain, elt qu'il n'avait pas soupconnee pendant ]a vie du malade, ne prouve pas qu'il soil impossible de reconnaitre cet e" at morbide. Que pendant deux ans, on ait traite a 1'ho'pital Saint-Louis une femme pour une maladie du coeur qu'elle n'avait pas; et que l'autopsie ait monlre' le cocur sain c le poumon parsem6 de tubercules; que dans le meme dtablissement on ait pris un ane'vrisme de 1'aorte pour une phihisie trache'ale, ainsi que le rappotte M. Huguier (I), cela prouve qu'en malie~re de diagnostic organique 1'erreur est possible et mime assez frequente; mais de l'er (1) V. loc. cit., p. I11. 510 COMME NTA IRESO, d'Waircir et de completer par ses interrogrations le rapport qui lui a e~te" fait. 11 n'y a rien encore en ceci que ne fasse ou ne doive faire tout medecin attentif. La diff6rence entre l'homceopathie et l'allopathie consiste en ce que ]'exanen et l'interrogation du rn~decin allopathe portent sur la certitude de la determination de la maladie a guerir; sur la pe~riode plus on moins avanc~e de celleci et sur l'appre~ciation des forces du sujet malade; ]a thetrapeutique n'6tant, en allopathie, qu'une pratique empirique ou une deduction pathologique. En homceopathie, au contraire, l'examen et 1'interrogation du m'decin se font en vue du choix du metdicament. Or, la nature de oa douleur ressentie, les circonstances qui l'accompagnent ou la modifient, les antece'cdents de farille, l'e'tat de la constitution, la consideration des maladies anke~rieures, sont autant d'e&le Ments dd~terminants pour le choix du mmedicanent. Si 1'homceopathe cherche atfixer, comme 1'allopathe, l'espe~ce morbide, le degr6e auquel lle est arrive'e; si de plus et mieux que Iui ii sait individualiser les espeices qu'il e~tudie, c'est toujours et uniquement en vue de la therapeutique. S'il tient un compte rigoureux de ]a somme de forces qui restent au malade, c'est en vue de mesurer la puissance de reaction que possede encore le patient et de proportionner F'e"nergic de son action curative "t l'energie de vitalike du malade. L'art du me'dccin est un; et l'unit6' de 1'art doit 6tre emprunte~e ' sa fin derni"ere. La guerison est et doit tre la fin dernietre de toute medecine. L1hysiologie, pathologie, pharruacologie, ne sont donc dans la main du medecin qu'autant de inoyens et d'instruments qul doivent converger vers la fin dernhewe de l'art; " savoir la theirapeutique. THgRAPEUTIQUE. 511 Recevoir le ri'cit du malade et le completer, tels sont done les deux et uniques conseils generaux que Hahnemann avait i donner en matiere de diagnostic. Reste a dire quelques mots des preceptes particuliers. Its se rapportent tous aux especes morbides. II est des maladies aigues; ii est des maladies chroniques. Les premieres sont sporadiques ou miasmatiques; enfin plusieurs d'entre ellies peuvent coexister sur le meme sujet, ce qui donne lieu aux maladies compliquees. Comment arrive-t-on " distinguer entre elles ces diff6rentes espices? Hahnemann emprunte a deux sources les ehlements de sa determination: a lai cause et aux sympt6mes. Si un malade a et6 expos6 a ce que Hahnemann nomme une influence tellurique ou qu'il ait abus6 de ce qu'on a nomme les materiaux de l'hygidne, l'esp ce morbide est deja presumee par la cause d'oio elle derive, et les sympt mes par lesquels elle se traduit confirment bient6t dans l'opinion qie la maladie dont ii s'agit est du nombre de celles qu'il a appelees sporadiques. Si, au contraire, on peut supposer que le sujet soumis A l'observation a ete expos6 a un influx miasmatique et que les sympt6mes de la maladie concordent avec cette supposition, on conclura & l'existence d'une infection par un miasme; de meme que pour les maladies chroniques, on presume leur existence avant la constatation de tout symptbme, des circonstances dans lesquelles le sujet s'est trouve. Mais souvent ii arrive que la cause ne peut etre facilement, ddtermince; alors, ii ne reste d'autre ressource que les sympt6mes pour reconnaitre l'espice inorbide; taut ii est vrai que de quelque point qu'on veuille partir pour etablir le diagnostic d'une maladie, toujours ii faut S14 COMMENTAIRES. bleau de la maladie par les sympt6mes propres aux etats morbides dont le sujet malade peut avoir ete precedemment affecte, et s'il (s'agit d'un Mtat hereditaire, il demande d'ajouter, autant que possible, a ces elements de determination, tout ce qu'on a pu savoir de l'etat maladif des engendreurs anterieurement a la naissance du sujet en observation. Cette derniere condition du diagnostic est le plus souvent difficile a remplir. Mais il est toujours possible de relater les antecedents de l'etat actuel et les symptomes individuels de l'etat present. Toute observation homoeopathique qui ne relatera pas ces conditions differentes devra done etre tenue pour une observation fautive, incomplete, alors meme que le succes aurail repondu & l'attente du medecin. Ainsi, la diagnose homceopathique repose sur deux elements: la cause et les symptrnes. Ceux-ci doivent etre etudies sous le double rapport de la connaissance de I'espece morbide et de l'individualite dans l'espece. Les sympt6mes communs servent a fixer l'espece; les symptomes speciaux ou individuels sont determinants pour fixer les indications therapeutiques et choisir les agents propres a remplir ces indications. Tous concourent au m6me but; mais envisages dans leur predominance, on peut dire que les premiers l'emportent sur les seconds lorsqu'il s'agit d'etablir le diagnostic pathologique, tandis que les seconds doivent Otre preferes aux premiers dans le choix des moyens de guerison. 30 Indications. - D'apres ce qui precide, je n'ai pas a m'etendre sur les indications therapeutiques. Evidemment, ces dernieres ne peuvent etre donnees que par les mimes Alkments qui out servi a fixer le diagnostic; c'est-a-dire, par l'etiologie et la symptomatologie. 516 COMMENTAIRES. ladies regnantes, l'existence de la psore, de la syphilis ou de ]a sycose; et d'autres circonstances dont ii sera bient4t fait mention. Le reproche fait par Schrom a l'honceopathie est des plus inconcevables. Lorsque Hahnemann donnait le conseil de tenir compte des diff~rentes conditions ci-dessus rappelkges, n'Wtait-ce pas en s'appuyant sur les signes on symp1omes qui leur sont propres, qu'il arrivait "a s servir de ces conditions pour fixer le cloix du me'dicament? Comment se traduit 1'individualite6 d'une maladie on d'un sujet malade, si ce n'est par les signes et sympt6 -mes des maladies? Si vous voulez faire entrer les maladies re'gnantes, la psore, la syphilis et la sycose, comme moyen dans le choix du me~dicament, ne faut-il pas qu'au prealable, ces diff~rentes maladies vous soient connues; et comment le seraienl-elles si ce n'etait par les symptomes qni les expriment? Et la cause occasionnelle ellememe, comment savons-nous qlu'elle est couverte par un medicament plut6t que par un autre, si ious n'avons observe' souvent les effets produits par elle sur l'organisme et si nous n'avons compare ces etfets avec ceux des medicaments qui les couvrent? Evideniment les symphomes sont, en derniere analyse, 1'unique noyen de fixer le choix du rem eade. Mais ils ne s'equivalent pas entre eux. 11 en est que llahnemann a appekes, caracte~ristiques on deiterminants; 11 en est qu'on peut appeler symptomes communs, en cc sens qu'ils appartiennent a plusieurs maladies difftrentes et souvent aussi a un grand nombre de me~dicaments. De quelque point qn'on parte, quels que soicit les 6Iements de'teimninants qu'on veuille prendre en conside'ration, toujours ii faut en revenir an principe de la THý,fAPEIJTIQITE. 517 totalitk des symptames quand ii s'agit (le choisir le me'dicament. Ainsi que je 1'ai dit, totis ne s'equivalent pas entre eux; ceux qui sont particulie~rement caractk~ristiques, ce ne sont pas les sympt6mes exprimant 1'espce morbide, mais l'individualite" dars l'espe~ce; ce que Hahremann appelait les symptomes rares, speciaux, individuels; c'est la grande loi " observer dans ]a recherche du rn dicament pour toute maladie, quelle qu'elle soit. Ce principe, reproduit partout dans les ecrits de Hahnemann, indique' dans toutes ses conversations de son vivant, est 'i la fois la grande difficulte" et ]a force de ia the~rapeutique honceopathique. Pour le bien comprendre, ii faut se rappeler les points de vue divers sous lesquels ]a recherche du medicament peut tre envisage'e. Ces points de vue sont au nombre de trois: J-O on Je me'dicament sera recherche" du point de vue de la pathologie, telle que l'allopathie l'a constitue~e jusqu'ici; 20 ou ii le sera du point de vue de la pathologie homceopathique, pathologie plus compre~hensive, parce qu'elle ii'est pas syste'matique, et par consequent plus vraie que la derniere; 30 ou ii le sera du point de vue de la pharniaco-dynamique. Dans le premier cas, ii y a impossibilitik de determiner rationnellement le choix du me~dicament: car, ou on suivra les errements de l'organicisme, ou le tableau de la maladie sera trace" du point de vue de I'e&cole de Montpellier, on ii le sera d'apre~s les vues de I'empirisme. Chacune de ces e'coles ne tenant compte que des signes et symptomes qui concordent avec les principes qu'elles dedfendent, on relevant les uns et les autres selon le caprice individuel, ii est impossible qu'un pareil tableau de maladie soitjamais exactement convert par un medica 518 COMMENTAIRES. ment homoeopathique quel qu'il soit. En effet, chacune de ces directions n'appuyant sa the'rapeutique que sur la consideration de l'espice morbide, et cette derni"re etant complktement insuffisante aux exigences de la therapeutique, conduit forcement ou aux erreurs du specificisme allemand, ou " ce que Hahnemann nommait la cure du nom. Ceux qui suivraient de pareils errements arriveraient de toute necessite a traiter les malades atteints de pneumonie, de coqueluche, de rougeole, de scarlatine, de syphilis, etc., et non pas des individus atteints, comme le disait Hahnemann, d'une espece de pneumonie, de coqueluche, de rougeole, de scarlatine, etc. Les expressions dont se servait Hahnemann meritent d'ttre pes6es. Comme il voulait retenir dans son integrite le principe de l'individualisation absolue des maladies en meme temps qu'il faisait entrer en ligne de compte l'espece morbide, dont les allopathes sont si fiers, il exprimait "a la fois ces deux faces de la question en parlant des sujets atteints d'une espice de pneumonie, de rougeole, de scarlatine, etc. Et il tait fonde ai tenir ce langage parce qu'il est rare, tres-rare, que deux malades atteints de pneumonie, de rougeole, de scarlatine, etc., offrent des e'tats pathologiques assez ressemblants entre eux pour qu'il n'y ait pas a varier de l'un a' l'autre dans le choix du medicament. S'il est vrai que bryone et phosphore soient quelquefois suffisants pour gu6rir une pneumonie, il ne l'est pas moins que pulsatille, soufre, mercure et lachesis soient tris-souvent utiles, alors que bryone et phosphore sont restes sans effet. 11 est 6galement tres-vrai que, dans beaucoup de cas, il est utile, indispensable de negliger ces deux medicaments et d'attaquer la maladie par l'un de ceux que je viens de rappe THfRAPEUTIQUB. 519 ler. L'espbe morbide n'est pas et ne sera jamais un fait immuable, dans quelque periode qu'on l'observe, auquel correspondent immuablement certains medicaments determines. S'il en est ainsi pour les maladies sporadiques, ii faut se rappeler aussi la parole de Hahnemann & propos des maladies epidemiques. 11 conseille, comme nous l'avons vu, de faire, au debut de chaque epidermie, le tableau des sympt6mes qu'elles presentent et de rechercher les medicaments qui leur sont appropri's, sans s'arreter de pref6rence a ceux qui auraient plus particulibrement reussi dans le traitement de precedentes epidemies de mame espice. Veratrun, arsenicum, carbo vegetabilis, ne sont pas plus des medicaments destines h gu6rir dans toutes les epidemies de cholera, que phosphorus, acidum phosphoricum, ipecacuanha ne sont appel6s a gu6rir toutes les cholerines. Ainsi que le remarque tres-justement M. de Boenninghausen dans ses lettres au docteur F. Perrussel (1), lors de l'Apidemie de 1854, sulphiur et pulsatilla ont gueri plus de cholkrines que phosphore, acide phosphorique, et ipecacuanha, tandis que, dans l'epidemie de 1849, j'ai vu produire & ces derni wres substances un tres-grand nombre de guerisons rapides (2). Dans l'epidemie d'angine couenneuse observye & Paris, cette annCe (1855), j'ai observ6 la parfaite inutilit6 de belladone, foie de soufre, pulsa(1) V. Revue mndicale homcwopathique, publide a Avignon, t. II, p. 510 et passim. (2) Au moment oh j'dcris ces lignes, la piresse mddicale et la presse politique retentissent de l'dchec reel on prdtendu subi par l'homecpathie a 1'H6tel-Dieu de Marseille. Je n'ai pas a m'expliquer ici siur une affaire de cette importance, qui souleve des questions d'oirdre diffirent, ainsi que le remarque le docteur Bdchet, d'Avignon. (V. Revue mddicaleshomcopathique, no 9, t. 11.) Le fait imputd au docteur Charge ~IV29 -COMMENTATRES. tihue, que j'avais vus rn'tssir complkternent dans d'autres circonstauces, tandis que mercure et carbonate de baryte m'ont reussi au deki de toute esperance, tawt le re' sultat fut prompt. I1 en est de meme des maladies chroniques. Le mercure, sous quelque forme qu'on 1'administre, ne guerit pas toujours la syphilis chancreuse; de meme qu'il s'en faut de beaucoup que la gale primitive ce~de toujours "i 1'emploi du soufre. Si le tableau de la maladie, releve' au point de vue de la pathologie allopathique, ne peut remplir la condition fondamentale de toute bonne the'rapeutique homceopathique; le meme tableau, relev6 du point de vue de la pathologie halnemannienne, serait sans aucun doute plus satisfaisant. Mais, dans ce cas encore, ii faudrait satisfaire "a toutes les conditions indiquees par Hahnemann. En de~pit des assertions contraires, ce maitre doit Atre eclairci et expliqud. Quel que soit le resultat de l'examen auquel se livre, en cc moment, la commission centrale homceopathique, t'homoeopathie n'en petit tre sdrieusement affectee. L'experience a cu lieu dans un h pital allopathique; l'cxp~rience a dure six jours; sur vingi-six malades, ii y a eu six gudrisons. Une salle, dans un hopital allopathique, est un mauvais lieu pour experimenter. Chacun en pressent les motifs. Une exp~rience de six jours ne peot rien protiver pour on contre une rnethode de traitement, quand ii s'agit d'une epiddmie. II y aurait eu vingt gudrisons sur vingt-six malades, que P'hommopathie n'aurait pas plus "a se glorifier qu'elle ne doit se laisser abattre. En supposant, cc que je n'ai pas "a examiner en cc moment, puie Pdechec soit aussi reel qu'on le dit, 11 constituerait tout au plus un fait ne'gatif, en regard de tant de faits positifs et authentiques dont l'homoeopathie peut arguer. L'exptrience de Fleischmann, A Gumpendorf; celles de Quin, 7 Londres; de Biagio Tt-ippi, i Palerme; celles qui out eu lien dans 1'armec antrichiennie, en ltalie; les experiences plus recentes faites dans le duch6 de Parme, sont autant defaits positifs qu'un fait ne'gatif ne pett effacer. Au surplus, quelle est la valeur de ce fait negatif? La discussion dcvra l'dtablir en toute verite. 522 COMMENTAIRES. qui parait tre particulier, peut et doit,tre gendralise, et ramen a celui-ci: prendre pour caracteres determinants dans le choix d'un midicament les sympt6mes de l'apyrexie quand ii s'agit des fievres, ceux qui signalent les intervalles des crises dans les maladies qui en offrent, comme dansl'~pilepsie et I'hyst'rie,les incommodites devenueshabituelles aux malades dans les cas de psore latente. Dans la meme lettre, M. de Boenninghausen ajoute: ( Pour la maladie achev6e, c'est-a-dire le cholkra, veraa trum est toujours le remnbde principal, quand les crama pes sont toniques. Quand celles-ci sont cloniques, c'est Scuprum, mais cela arrive rarement. Arsenic, quand ((les diarrhees sont bridantes dans I'anus; ainsi que a carbo vegetabilis quand I'haleine devient froide. Quand u la langue est visqueuse, ac-phosphoricium ou phosp hoa rus. Quand la figure devient rouge et brilante avec Sdd1ires, hyoscyamus ou opium. Dans ces derniers cas, a on a fait aussi usage de lachesis avec succes (1). > Dans ce second passage, on trouve quelques exemples empruntes I ]a matiere medicale pure sur la maniere d'individualiser un etat morbide. Combien ne rencontre-t-on pas, dans l'oeuvre de Hahnemann, de sympt6mnes et meme de groupes de sympt6mes auxquels sont rattachees les conditions sous Icsquelles ils existent, conditions qui donnent au symptome toute sa valeur therapeutique! Quant a present, ii n'y a pas a chercher d'autre guide dans l'operation du choix du medicament. Que ce guide soit purement empirique, cela est vrai; mais ii est le seul que, dans l'dtat actuel de l'homceopathie, ii soit permis de considerer comme 6tant rationnel, (i) V. Revue mgdicale homceopathique, t. 11, p. 512. 626 COMMENTAIRESO tions affirment, obtenir de l'emploi de ces, dernie'res, de tre~s-grands avantages, quel que soil le me~dicament em.ploye' et le malade auquel on 1'adresse. Je ne puis, nI n'entends contester les fails avance's par des praticiens respectables par leur savoir et, leur habilete", et, dont, quelgues-uns ont, viejili dans la pratique de 1'homceopathie. Je reconnais me'me avoir oblenu des re~sultats, tre~s-. positifs, des tre's-hiautes dilutions dans le traitement, d'un grand nombre de maladies aigue~s et, chroniques. Mais je confesse, aussi, q[u'en eruployant les dilutions dontje panle, je ne pourrais, dire maintenant 'a quel chiffre de ]a pre' paration halinemannienne cules correspondent. Jenichen a enveloppe' ses proce~des d'un myste~re regrettable. 11 re'suite de 1'igniorance oth nous sommies du proc~de" employ6 par ce preparaleur, pie nous ig-norons si la 6000e dilution des me'dicainents pre"pare"s, re"pond ou ne repond pas "a ce que donnerail, une 60ooe alttenuation preparee scion les formules, hahnemannienncs. 11 se pourrait, meme que le chiffre si e'Aeve" qu'elles indiquent put eCtre re'duit de beaucoup; et que la supe'riorite' accord~ee " ces preparations putI ~tre cxphiquce par une considerable reduction du chjifre, sous lequel Ailels designe. Quoi qu'il en soil, je crois impossible a? qui que ce soil de dire avec exactitude ce que sont, los preparations de Jenichen. Lo myst "re dont, j'ai parke", mainteun dans un inte're' purement, ve~nal, myste~re auquel ne so raltacho aucun inke~ret scientifique, ne peul e're justifie'. leureusoment, Jeniclien n'ertait pas e'decin. En resume': la question du choix des dilutions ne peul, elre resolue qu'en tenant un compt~e rig-oureux de l'espece de maladie "t laquelle on applique los unes de pr'f&rence aux autres; doel'esp *cc du medicament employ&"; rHfjRAI'EUTIQUE. 129 traule, aussi dyunamique, aussi appropriee a la maladie qu'il s'agit de guerir, qu'une dilution plus haute on plus basse. Si la dilution est relative au me~dicament employe", a la nature de la maladie et " la receptivite du malade, la dose n'Wchappe pas non plus "a ces conditions. Elke i'evient done a la question du choix de ]a dilution bien plus qu'a la quantil6' de substance me'dicamenteuse de la dilution choisie; car, ii ne faut pas metlre en oubli que ia, the~rapeutique homoeopathique recherche des actions et des effets dynamiques. C. Mode d'administration. Le mode d'adniinistralion des medicaments embrasse les plus difficiles pro. blemes de la thetrapeutique hoinceopathique. Au dibnt, Hahuemaun administrait une dose de 1, 2 ou 3 globules d'un medicaament donne' et lui laissait parconrir loule sa splihere d'action. Plus tard, ii administra ]a mneme dose en dissolution aqueuse dont il faisait prendre Line on plusieurs cuillere~es chaque jour an malade selon (11'il le jugeait utile. Plus lard, encore, il alla jnsqu'at prendre une cuilleree d'nn medicament dissous dans nne cerlaine quantih3 d'eau, cuilleree qu'il faisait meltre dans un second verre dont ii prenait une cuillere~e qu'il mettail dans un troishe~me verre; et c'dtait de ce lroisieme verre qn'il se servait pour la medication. Jamais, je dois le dire, Ilahnemann n'adopta aucun de ces modes d'administration exciusivement 'a tons les autres; ias plus qn'il ne vanta l'olfaction,dont it faisail deji un frequent usage, comme moyen devant lequel tons les autres devaienl s'effacer. Ces divers modes d'administration, auxquels beaucoup d'autres peuvent e:tre ajoutes et le seront par le progre's du temps, constituent une se~rie d'experiences et de tAtonnements; experiences indispensables dans une 34 530 COMMENTAIRES. therapeutique nouvelle; tcttonnements ine'vitables, lor'qu'il s'agit d'e'tablir cette therapeutique avec la precision qu'exige la ve~rite qui est en elle. En allopathie tant de precautions ne sont pas nDcessaires. Lorsqu'on a trouv6 le point oil un medicament agit sur le malade sans determiner de symptomes toxiques, lorsqu'on a fixe les susceptibililk~s individuelles qui font varier ]a dose de quatre ou cinq grains a un grain, un demi-grain ou un quart de grain, tout est dit. En honceopathie ii en va autrement. II faut trouver le point oh" le malade est soulage ou gueri sans eprouver de perturbation. Baisser ou augmenter ]a dose n'est done pas le seul probkrnme ' resoudre; mais approprier cette dernie're 'a la maladie et au sujet malade, telle est la difficulte du mode d'administration. II est certain que dans les maladies chroniques, ii y a toujours avantage " laisser un me~dicament agir assez longtemps pour qu'il puisse deployer toute. sa sphe're d'action; que ce medicament soit donne en une seule fois et a a' tat see, ou qu'il soit administre en dissolution aqueuse et par cuillere~es repe~te'es. 11 n'est pas moins certain que lorsqu'il s'agit des maladies aigue~s, on ne peut abandonner le malade pendant des jours, a plus forte raison pendant des semaines, a l'action du medicament choisi. II est e~galement suir qu'il est des malades affliges d'une telle susceptibilite pour les medicaments homeeopathiques, qu'une premiere dissolution les perturbe trop encore, et qu'il est utile de moderer, pour eux, une action qui serait insuffisante pour d'autres. Ces malades se rencontrent surtout dans nos grandes villes, oii tout concourt a developper ele'l~ment nerveux au delA de toute proportion. Enfin, ii en est aussi chez lesquels l'olfaction est le THIRAPEUTIQUE,. 331 moyen le plus suir de les conduire a un prompt soulagement. Je ne puis rapporter ici, cles faits pratiques sur lesquels j'appuie cette opinion. Cela m'entrainerait a des d6veloppements qui ne peuvent trouver leur place dans un commentaire. Je me bornerai " donner le resume des circonstances qui me semblent devoir faire pi'f6rer un mode d'administration i tous les autres. Chez les malades faibles et irritables, de constitution nerveuse, malades affaiblis par une maladie chronique dont les symptomes remontaient a de longues anndes; j'ai vu souvent l'olfaction etre le seul mode sous lequel ils pouvaient supporter la medication. Lorsque sous 'influence de l'olfaction, le nervosisme tombait, j'ai vu ces memes malades supporter les m6dicaments pris intkrieurement avec une grande facilite. Les malades affaiblis par une maladie de long couirs, mais de constitution molle et lymphatique, chez lesquels l'61lment nerveux est accidentellement developpe", soit par des fatigues corporelles longtemps prolongees, on par des inquidludes vives, et par des chagrins, offrent egalemnent une grande susceptibilit6 a l'action des medicaments. J'en ai vu chez lesquels une cuilleree de la dissolution de 3 globules de belladonne a la 18e dilution dans 120 grammes d'eau, avait amend des sympt6mes toxiques 6vidents. Le meme medicament donn6 an mime malade place dans de meilleures conditions fut tris-bien tolhr&. J'ai rencontre des malades " temperament nervososanguin, d'un esprit vif et mobile, chez lesquels aussi les m'dicaments avaient une action tellement prononc~e qu'il fallait les toucher avec une grande precaution, sans z3 ( COMMENTAIRES. qu'on pit accuser ni lagravite de la mnaladie,ni aunciennete de leurssouffrances.J'ai eu a soigner un malade d'une constitution athlktique: it ltait atteint d'un rhumatisme aigu et de coliques flatulentes. II avait l"te aux eaux de Bagneresde-Luchon, pensant reussir, par ce moyen, a triompher de son rhurnatisme. Comme ce rhumatisme occupait les muscles de la cuisse, des douches lui furent administrees loco dolenti. L'une d'elles mal dirige"e vint a frapper sur le cordon testiculaire; it en resulta un varicocele pour lequel ii r6clama mes soins. Apres l'arnica que je lui donnai au debut, j'employai surtout le carbo vegetabilis et le lycopode. Je lui fis prendre les m6dicaments a sec, les laissant reagir entre chaque dose. J'employai ces mndicaments a diff6rents degres de dilution. Que j'employasse sur lui des 30e, des 300e ou des 60Oe dilutions, toujours ii me fallut attendre un tres-long temps avant que se terminat l'aggravation homnceopathique. Elle durait douze, quinze et dix-huit jours. Ce n'etait qu'au bout de ce temps, que la reaction curative se produisait. De cc fait relatif au degre d'impressionnabilite de certains sujets relativement aux medicaments homeopathiques et de beaucoup d'autres du meme genre, je maintiens qu'il est impossible de fixer le dosage exact en prenant en consideration soit l'espece morbide, soil le degr6 auquel on est arrive, soit la condition de constitution, de temperament, d'age, de sexe ou autres de mime nature. 11 m'a semblh que le plus ou moins de developpement intellectuel et moral exprimait chez beaucoup de malades le plus ou le moins de susceptibilite a dtre affecte par les medicaments homnceopathiques. Et meme, sous cc dernier rapport, ii est une observation a ne pas perdre de vue. 11 y a des natures inlellectuelles et morales tres a341 COMMENTAIRES. malade, relevait dc nouveau le tableau de la maladie, et proc'dait, d'apr's ce dernier, "a la recherche d'un me'dicament nouveau, poursuivant ainsi jusqu'at complete extinction de la maladie. Plusieurs avantages re'sultaient de ce mode d'administration. D'abord, si le medicament dtait bien choisi, on avait une action dont ii d tait facile de saisir le point de depart et le point d'arrive'e; ii. dait surtout trieS-facile de bien distinguer l'aggravation due au medicamnent de celle qui appartenait 'a ]a marche de la maladie. Ayant une action qui ne se repetait pas, mais parcourait ses phases diverses sans que rien put entraver son developpement, on pouvait toujours savoir si les accidents qui survenaient au troisie~me, au quatrie~me ou au septie~me jour apre~s l'administration du me~dicament, lui appartenaient ou devaient edre conside~re~s comme de~pendant d'une aggravation morbide. Dans le traitement des maladies chroniques, et surtout dans les maladies 'a longues periodes, ce mode d'administration est toujours le plus simple et le plus concluant. Pour dtre assez generalement abandonn6 depuis plusieurs anne~es, ii n'a rien perdu de sa valeur; et je ne sais si mes pressentiments me trompent, mais je crois qu'il finira par pre'valoir dans la therapeutique des maladies hereditaires, et dans celle des e'tats secondaires et tertiaires des maladies chroniques. Plus tard, Hahnemann, qui dejit avail fait de nombreuses expeiriences sur l'olfaction, en vint "a donner les medicaments en dissolution aqueuse. Ii va meme jusqu'it dire, que l'expeirience lui a montr "((que dans les mala((dies d'une certaine importance, sans excepter meme ((les plus aigu *s, et, "a plus forte raison, dans les maladies Schroniques, le mieux est d'employer les medicarents THfRAPEUTIQUE. 535 ~ homoeopathiques sous forme de dissolution dans sept ( ou vingt cuillerees d'eau, sans nulle addition, et d'ada ministrer la liqueur par doses fractionn6es au malade, a c'est-a-dire, d'en faire prendre une cuilleree a bouche a toutes les six, quatre ou deux heures, meme toutes a les demi-heures si le danger est pressant, et de reduire " cette dose de moitie ou plus chez les sujets debiles et a chez les enfants. a Dans les maladies chroniques, j'ai trouve, continue a Hahnemann, que le mieux etait de faire prendre les ( doses de cette dissolution, par exemple, une cuilleree, (a( des intervalles qui ne depassent jamais deux jours, et a communement de les administrer tous les jours (1). ) Ce second mode d'administration du medicament homoeopathique n'etait chez Hahnemann qu'un developpement de sa pensee premiere. Lorsqu'il donnait primitivement le medicament a sec et qu'il abandonnait ensuite le malade a son action, c'est qu'il pensait que la force vitale ne supporte guere qu'on fasse prendre deux fois de suite la meme dose du meme medicament. Mais s'etant apercu que la repetition est souvent indispensable, surtout dans le traitement des maladies chroniques, ii dut aviser au moyen de re6pter le medicament tout en changeantladilution. II suffit, disait-il, pour operer un leger changement dans le degre de dynamisation, de secouer fortement, a quelques reprises, le flacon qui renferme la dissolution (2). De cette facon, Hahnemann trouvait le moyen de repeter le medicament en changeant la dilution, ce qui repondait A toutes les discussions elevees entre (1) V. Doctrine et traitement des maladies chroniques, deuxieme edition, Paris, 1846, tome Jer, prface, page iv. (2) V. loc. cit., p. v. 538 COMMENrTAIRESO o thiques font beaucoup plus de bien dans les maladies chroniques et procurent bien phis vile la guerison, q que quand on se borne "a les faire avaler (1). )) La seule contre-indication qu'il admette est celle oii le malade est atteint d'ulce'rations et d'eruptions cutane'es. Dans ce cas, les frictions repoussent, dit-il, le mal au dedans, de sorte qu'apre~s quelque temps d'un bien-ýtre apparent, la force vitale le fait reparaitre dans quelque autre partie du corps plus importante, provoquant ainsi des cataractes, des amauroses, la surdike, des douleurs de tout genre, I'alte~ration du caractetre, le trouble des faculte~s intellectuelles, l'asthme, l'apoplexie, etc. (2). Dans 1'opinion de Hahnemann, I'emploi du mindicament "a 'exherieur chez les malades atteints de maladies des yeux et des paupie~res, pratique qui a 3te suivie pendant quelque temps ct par quelques-uns, les applications topiques du meme me'dicament sur les ulcerations c les eruptions, sont chose mauvaise de leur nature. 1MIais, dans ce cas encore ii ne repousse pas 1'usage des frictions faites sur les parties saines de la peau. Que d'observations ne reste-t-il pas 'i faire, dans l'&cole homoeopathique, sur les diff~rents modes d'administration du medicament et sur les formes diverses sous lesquelles ii peut et il doit etre donne"! On a conseilhe d'alterner des medicaments diffirents. Ce mode d'administration a et' ernploy6 de deux manie'res. Tantot on a donne" deux medicaments comme seraient nux vomica et pulsatilla alternativement, en ce sens qu'a' midi, je suppose, le malade prenait une cuilleree de nux vomica, tandis qu'a deux. heures ou "a trois (1) Doctr. et trait. des mal. chroniques, preface, p. v w. (2) V. loc. cit., id. HYGIENE.* 543 f'action de la belladonne. 11 y a done " introduire le principe d'individualisation dans le regime homeopathique, aussi bien que dans sa pathologie et sa therapeutique ce qui condamne d'une mani're absolue ces regimes gelnraux, absolus, qui etaient formulks au d6but de l'introduction de l'homoeopathie en France, et faisaient que le regime 6tait le meme pour tous, quelle que fitt la maladie qu'il s'agissait de traiter, quels que fussent les medicaments employes. A ce sujet, it y eut des homoeopathes d'une telle rigueur, que le regime eitait considere comme la pierre de touche du plus ou du moins d'intelligence de la doctrine. Ceux-la, ii faut le dire, 6taient plus rigoureux que le maitre. Hahnemann ne voulait pas que le r6gime et le genre de vie du malade, dans le traitement des maladies chroniques, fussent les memes pour tous. -( C'est au medecin a homocopathiste, dit-il, de prescrire la marche qu'on a doit suivre sous ce rapport, dans chliaque cas particua lier (1). ) Si le regime doit varier d'un sujet " un autre, it doit varier aussi selon la diff6rence des maladies, la position sociale du malade et les habitudes contractees. Hahnemann l'avait si bien compris, qu'ailleurs ii ajoute: a.... Afin de rendre la cure possible et praa ticable, le m6decin homocopathiste doit accommoa der le regime et le genre de vie aux circonstances. a En agissant ainsi, it atteint au but du traitement d'une Smani"re bien plus certaine, et par cons6quent beaucoup a plus complkte, que s'il s'en tenait obslin6ment a toute a la rigueur des preceptes, qui sont inapplicables dans a une multitude de cas (2). (1) Organon, ~ 254. (2) Doctr. et traitement des mal. chlroniques, t. 1, p. 18. 544 COMMENTAIRES. Daiis ]a premiere citation, i1 s'agissait d'iuidividualiser le rgo'ime; ici, Hahnerann conseille de se relacher de ]a rigueur des pre~ceptes en raison de certaines positions; en raison aussi des habitudes contractkes. Pour mieux saisir sa pense'e, suivons-le dans les exemptes qu'il rapPorte. SLe journalier, quand ii en a la force, doit continuer ai se livrer 'i ses travaux; le mantfacturier, de remplir ((ses occupations; le campagnard, de veiller "a la culture ((des champs; la femm'i, de soigner son me~nage. 11 fauSdra seulement interdire ce qui compromettrait la santa (d'une personne meme bk(;iportante, point qui doit etre abandonne a ]a sagacite& du medecin (1). Pour les hommes livres ' des travaux qui n'exigeni pas un grand deploiement de forces, mais "a des occupations se'dentaires, it veut que pendant le traitement its prennent l'air de temps en temps, sans pour cela mettre tout 'a fait de c6te' le genre d'induslrie auquel its se livreni. 11 re~gle aussi le genre de vie de ceux que la fortune a combke~s de ses dons; et it le regle avec la meme iuodetration que pour les autres classes de la socie'te6. II leur impose 1'exercice 'a pied, leur perinet les distractions ci les e'tudes propres 'a cultiver leur esprit sans le fatiguer. Mais comme ii avait tre~s-bien compris que l'excitation du syste~me nerveux est l'edle'ment dominant chez tous les malades qui appartienuent aux classes dtleve'es de la societe", it s'occupe avec grand soin d'e&arter d'eux tout ce qui contribuerait " d(velopper encore 1'excitation nerveuse d~jh exube'r-ante. llne leurpermetdonc que rarement le spectacle et leur interdit absolurnent le jeu de cartes. Les agaceries sans butt se'rieux des deux sexes l'un envers (I) Doctr. c traitement des mal. chroniques, t. i, 1). 149. HYGIENE. 545j l'autre, la lecture des romans graveleux, des poesies erotiques, et celle de ce que Hahnemann appelait les livres de superstition, leur doivent etre totalement interdiles (1). Pourles hommes du siecle, Hahnenmann redoutait avant tout l'action du moral sur le physique. Toutes ses prescriptions l'indiquent. Malheureusement, it n'a pu donner le moyen de vaincre, sons ce rapport, ]a resistance des inalades. Allez done exiger d'un joueur de profession qu'il renonce aux cartes et aux 6motioiis si funiestes qu'elles lui procurent; des libertins quu leur fortune condamIne a une vie de loisir, d'abandonner leur desir des con-luItes plus ou moims facile! A moins que la maladie no los reduise a l'impuissance ou n'am ne chez eux de serieuses rdflexions, toute tentative en cc genre sera peine perdue. 11 est unri seul preicepte de Hahnemann que je n'ai pu comprendre: c'est l'interdiction de la lecture des livres de superstition. S'il a entendu par cette expression la lecture des livres de revenants, ou les trop nombreuses publications auxquelles a donn6 lieu la funeste folie des tables tournantes oii celle des recits contenus dans les ecrits des theosoplies comme Jacob Bodhm on LouisClaude de Saint-Martin, le precepte est sage; mais le mot superstition est trop dlastique pour dtre admis sans explication. Aux yeux de certains hommes imbus du philosophisme du xvyiLC siecle, tout livre qui porte un caractere religieux est un livre de superstition. Loin d'interdire de semblables lectures aux malades qui ont aggrav6 leur 6tat par l'abus des jouissances de toute sorte, ou qui sont domines par une passion quelconque, fiut-ce meme celle de joueur, elles doivent leur tre reconlmandles,avec l'indication d'apporter a leur vie pra(I) Jlaladies chroniques, t. 1, pag. 149. 046 COMMENTAIRES. tique une modification en rapport avec I'enseignement qu'ils puiseront dans des lectures nouvelles pour eux. Je sais des malades que la pratique des tables tournantes mit sur la limite qui s6pare la raison de la folie, et qui durent leur guerison aux lectures de piA6t et aux pratiques qui en sont la conseqjuence; non pas la gu("rison des maladies chroniques anterieurement contractdes, mais celle de 1'6tat nerveux et mental auquel ils etaient arrives. Apres avoir parl6 du genre deI vie, Hlahnemann s'occupe du regiime proprement dit. a Qutant a cc qui cona cerne le rgrimen, poursuit-il, les hommines dIe toutes les a classes qui veulent se debarrasser d'une maladie chro( ni(que doivent s'astreindre iA quelques privations. Si Scette maladie no consiste point en affections du hasa ventre, it n'est pas ndcessaire d'imposer des restrictions Strop severes aux personnes des classes infdrieures, prina cipalement lorsqu'elles peuvent continuer d'exercer leur Sprofession et de se livrer aux occupations qui mettent a leur corps en mouvenient. Le pauvre peut aussi gu6rir Spar les nmedicaments eni mangeant du sel et du pain; a chez lui l'usage mod"d6re des pomnies de terre, des bouil( lies, du fromage frais, ne met point obstacle a la gu&rison, pourvu qu'il soit plus avare d'oignons et de poia vre pour relever le goilt de ses maigres aliments (1). Comme on le voit, la tolerance en matibre do r6gime alimentaire est relative an genre de vie des malades et ai leurs occupations. IIahnemann indique dans cc paragraphe les exceptions aux rigyueurs donnaes dans Ia note qui fait suite au ~ 255 de I'Orgauion, et aux motifs sur lesquels elles reposent. (1) Doctrine ct traitement homwopathique des 'maladies chroniques, t. 1, pag. 151 It dit encore Ce qu'iI y a do plus difficilo, pour (le mu'decin homoeopathiste, c' est de re~gler los boissons. SLe caf6 exorce sur la sante' du corps et do l'Aime ]a plu(part des fttchoux offets que 1j'ai e'nonces dans ma petite Sbrochure sur l'usago do cetto liqueur (1); mais it est Stelloment pass'e en habitude, it est devenu un bosoin si "impe'rieux chez la plupart dos nations ditos ci-viiisees, oqu'on no parxiondrait pas plus "a lo supprimer qu'a' ex"tirper los pr' jugYs et la superstition. Lo me3decin honliopathisto no 1)Olt done point songcer 'a l'exlirpor Sd'une rinaire gVie i etciabSOIlue.dans lo, traiternont ((dos maladies chroniques (2). Plus loin ii ajoute encore: (( (M pout en dire autant Sdu the", qui, tout. en flattant le syste'rnie nryeux, y porte Ssourdement tine attointo h Ila fois Si prof'ondo et si deSbilitanto. ))llalinmenam consoille do le faire abaiidonner aux malades progyressiveinent et d'y substituer une autre boisson innocento. Mais i1i veut quo le me' decin soeinontro plus facile "a 1>gard du vin. Jamiais it no doit e'tro supprirn6 ontie'rement aux malades attehits do maladies chroniquos; on doit seulement leur interdiro 1'usage du -vin pur. Quant "a l'eau-do--vie et aux autres liqueurs alcooliquos, "a l'habitudo desquellos Hahuomaun jugoe qu'iI. est hien plus indispensable do rononcer, il vout quo 10 me'decin use d'autant do circonspoction. pour affaiblir cetto habitude quo do porse-.verance pour y re~ussir. La raison est, quo chez cortains malados, la supprvession totale de l'eau- de-vie nuit sensiblement aux forces. Ii vent donc qu'Jon la remiplace pen(1) DES, EFFETS DU CAFI1ý, dans Etudes de ]Iedecine Homccopathique, premie're se'rie., Paris, 1 8515, pag. 606 'a 632. (2) Malcadies chroniques, t. 1, pag. 152. MOYENS ACCESSOIRES. 549 VII. - MOYENS ACCESSOIRES. Sous ce titre, ii me reste a examiner les moyens que Hahnemann admettait on proscrivait a titre de palliatifs on moyens accessoires. II me parait d'autant plus utile d'en dire quelque chose qu'on a vu surgir dans l'6cole ce quej'appellerai deuxexagdrations oppos6(es.Quuelques-uns, et cela s'est vu dans tous les pays, ont profess6 et pralique que le m6dicament ou I'agent dynamique devait suffire 4 tout; et ils ont semblC croire que l'organisme ne pouvail jamais se trouver dans des conditions telles qu'il y ei t I favoriser l'action du m6dicament par 1'emploi de moyens auxiliaires, pourvu que ces derniers ne fussent pas medicamenteux. Ainsi, j'ai entendu blamer et mime taxer d'hordsie ceux qui se permettaient d'appliquer un cataplasme sur un phlegmon dans le but de calmer les douleurs du patient et de hater le momtent oui, la suppuralion devenue evidente, ii serait permis de pratiquer une incision. On poursuivait du mime blame ceux qui appliquaient des cataplasmes suir le venire dans les inflammations gastro-intestinales en prescrivant l'admniistration de lavements simples. On a mime cit6 des praticiens qui defendaient d'ouvrir un abcas avec le bistouri ou la lancette. Cette premiere exagcration a disparu, graces h Dieu, du sein de l'dcole; personne n'ei ferait, aujourd'hui. F objet d'un precepte ai suivre. D'autres, pensant que dans beaucoup de cas de pen d'importance ii suffit de donner un coup de fouel t l'Forganisme pour qu'il revienue ah 'equilibre de la sant&, se sont permis d'employer certains mnioyens allopathiques, quelquefois avant ou apris l'usage des noyenlls homt1eopathiqlues, queliquefois coincurremment aaNe eux. Dans le a"50 COMMENTAIRES. premier cas, ils se bornaient a pratiqcuer l'allopathie avant de recourir a I'homceopathie; dans le second, ils sortaient complktement de la voie homoopathique. Sans nier cc qui est consacre par une experience s6culaire, a savoir, que de 1kgeres indispositions cedent quelquefois et assez promptement ai I'action d'un perturbateur, je ne crains pas non plus d'avancer que 1'homceopathie obtient d'un m6dicament, toujours facile A choisir en parcille circonstance, un resultat beaucoup plus complet et tout aussi prompt. Elle a m6me 1'immense avantage de mettre le malade A l'abri de toute consequence ulterieure fAicheuse; cc cque les perturbateurs de I'ancienne ecole ne garantissent jamais. Par la meWne raison, l'homcopathie blame l'emploi des topiques susceptibles de r6percuter un mal externe et I'usage des diuritiques, dans le hut de provoquer une crise artificielle. L'hIomnopathie accepte les crises qui surviennent naturellement; elle ne les provoque pas. Aussi, Hahnemann disait-il avec une profonde raison: ( L'homoeopathie ne verse pas une seule goutte a de sang; elle ne purge pas et ne fait jamais ni vomir a ni suer; elle ne repercute aucun mal externe par des a topiques et ne prescrit nii hains chauds ni lavements a medicamenteux; elle n'applique ni vesicatoirecs, ni si" napismes, ni setons ou cauteres; jamais elle n'cxcite Sla salivation; jamais elle ne brule les chairs jusqu'a l'os ( avec le moxa ou le fer rouge (1). Jamais, en effet, I'homeopathie ne se livre ' aucune de ces pratiques dans Ic but d'obtenir uneo gu6rison; et dans 1'enumeration asset hyperholique faite par Hahne(1) V. Organon, ~ 186, p. 241. 11 est a rermarqcuer que la condamnation prononcde par Hahnemann a 1'dgartl des lavemenits, no s'adresse qu'h ceux qui sont mddicamnenteux. MOVENS ACCESSOIRES. 551 mann des diff~rents moyens qu'iI proscrit, it en est peu que l'allopathie elle-Mmem emploio autroment qu.'hltitre de palliatifs. Si elic continue 'a pratiquor les e&-acuations sanguines comme moyen de gue~riSOn directe, si elie emploie les topiques externes et los vesicatoires et les sina. pismes "a titre de moyens curatifs, elle saiL copendant combien it y a pou. 'a coinpter sur do scrublables moyens. Elle n'en fait usage qu' a defaut de meillours qui lui sojent connus. La. preuve est qu'elle a pris soin e11o-me"me do faire la critique des e"missions sanguinos (1), qu'ello n'uso des vomitifs, des purgatifs ot des sudorifiques qu'h ltitre do moyens accossoires; qu'ello ne recourt aux ve'sicatoires, aux caute~ros, aux moxas et aux se~ons qu'a-,u moment oii la maladie ayant re'siste aux premicrs ag'ents emn oes, elie se rabat sur ceux qu.'elle jugoe pouv~oir user une maladie qu.'ello n'a Pu de'truiro. L'emploi do paroils proc&'ders ramenant l'honueopathie dans le, courant do la tbe'rapeutique allopathique, constituerai( un ve"ritablo &f art (les principos de la me~thodo. Los employer ne serait plus une simple exag'eration, mais une dc'fianco do la puissance (1e l'homorieopathio. Mais it so pre~sente souvent deux circonstances ge'ne"rales oit les proce'des doe1'allopathie, loin d'etre blAme~s par ilahuounann, sont posit ivement recommande's par lui. Le premier, lorsqu'il ox isle une cause occasionnolle, qu'avant tout i1 faut C'carior of dont la dostruction suffit sonvent an. retahlissoment do la santea. Ie second, Iorsqu'unI danger pressant no laissorait point le temps d'agir "a un me~dicament homocopa thique. Halinomaunn enumere los circonslances principales. oil (1) V. Louis, Rechterches sur les effets de la saiqude'edares quciques maladies ietflammatoires'. ParisI8i, in-8. 552 COMMENTAIRES. sionnelle. a Ainsi, dit-il, on &loigne les fleurs trop odoSrantes qui determinent la syncope et des accidents hyst&a riques; on extrait de la cornee le corps @tranger qui deStermine une ophtlialmie; on enl"ve, pour le reappliquer Smieux, I'appareil trop scrr6 qui menace de faire tomber Sunmembre en gangrine; on met a decouvert et on lie a 1'art"re dont la blessure donne lieu a une h6morrhagie a inqui6tante; on cherche a faire rendre par le vomissea ment les baies de belladone qui out pu etre avalkes; on a retire les corps etrangers qui se sont introduits dans les Souvertures du corps (le nez, le pharynx, 1'oreille, 1'ure tre, (( le rectum, le vagin); on broie la pierre dants la vessie, a on ouvre l'anus imperfore du nouveau ne, etc. (1). ) Administrer des bains chauds a ceux dont la peau est devenue malade par suite de la malpropret6 du corps, donner un pen de cafe noir on de the aux malades qui souffrent de l'estomac par suite d'une penible digestion, passer une sonde aux malades soumis auix tourments d'une retention d'urine, quelle qu'en soit la cause, sauf A traiter ulterieurement cette dernire par les moyens qui lui sont appropries: n'est-ce pas toujours proceder a P'entevement (Ie la cause occasionnelle? Ailleurs, Hahnemann dit encore: Ce n'est que dans Sles cas extremement pressants, ou le danger que la vie a court et I'imminence de la mort ne laisseraient point le a temps d'agir " un m6dicament homoeopathique, et a n'admettraient ni des heures, ni parfois meme des a minutes de ddlai, dans des maladies survenues toul a a coup chez des hommes auparavant bien portants, a comme les asphyxies, la fulguration, la suffocation, la ii y a lieu Ide procider a l'enlhvement de la cause occa1) V. O(rqanon, notet (Iii ~ 7, p. 108. MOYENS ACCESSOTRES. 553 Scongelation, la submersion, etc.; qu'il est permis et o convenable de commencer au moins par ranimer l'irSritabilit et la sensibilit6 a l'aide de palliatifs, tels que Sde lgeres commotions electriques, des lavements de Scaf6 fort, des odeurs excitantes, I'action progressive Sde la chaleur, etc. DWs que la vie physique est ranimee, a le jeu des organes qui l'entretiennent reprend son a cours regulier, parce qlu'il n'y avait point ici de malaSdie, mais seulement suspension ou oppression de la a force vitale, qui, d'ailleurs, se trouvait par elle-meme Sdans l'eta1 de santa (1). Trois conditions sont donnees ici par Halhnemann pour autoriser l'emploi des palliatifs allopathiques: 10 il faul que le cas soit tellement grave et pressant qe ueuelqcues heures, a plus forte raison quelques minutes de ddlai, puissent compromettre la vie; 20 qu'il y ait suspension ou oppression de la force vitale; 30 qu'il n'existe pas de mnialadie rhelle, mais seulement une perturbation assez forte pour exiger un prompt soulagement. C'est an medecin a juger de ces diff6rentes conditions. Je dis a dessein de ces conditions diff6rentes; car, si toutes trois peuvent se rencontrer sur le meme malade, souvent aussi il arrive qu'une on deux d'entre elles se presenteront en meme temps que la troisieme manquera. Dans les cas cites par Hahinemann, on trouve des exemples de la premiere des trois conditions; et ces exemples ne sont pas les seuls qu'il soit permis d'invoquer. Je me souviens d'avoir ete appel6, I'an dernier, pour une fievre intermittente pernicieuse algide. J'arrivai an milieu de la nuit; la malade 6tait an troisieme ac (I) V. Organon, ~ 67, p. 4,55. MOYENS ACCESSOIRES. 555 la malade ne succombit dans la periode algide. Mais on ne peut dire que la force vilale se trouvait par elle-meme dans l' tat de santd. 11 y a vingt-neuf ans, c'est-a-dire dans les premieres ann6es de ma pratique, je donnais mes soins a une jeune dame, enceinte de son premier enfant. Elle dtait au huitieme mois de sa grossesse. I y a vingt-neuf ans, je ne savais rien de l'homceopathie, pas mime son existence. J'en etais, comme tant d'autres, a la doctrine de Broussais, ne mnanageant a aucun malade les evacuations sanguines, et n'epargnant pas les saignees aux femmes grosses. Vers le mi-terme, j'avais pratique une saignie a la malade dontje parle. Dans le cours du huitieme mois, un dimanche, je fus appelk pros d'elle en toute hite; me trouvant absent, on appela le medecin le plus voisin. J'arrivai au moment oii ii liait le bras pour pratiquer une saignee. Je trouvai la malade coucheue, la face vultueuse et plutot noire que rouge; les levres noires et gonflkes; sans parole et sans connaissance; les dents serrhes; Ic pouls fort, large, plein et fr6quent. La veine ouverte, tous ces symptomes s'effacerent graduellement; et avant que ]a saignee fiit arrdtke, la malade avait repris connaissance et recouvre la parole. Je la revis le lendemain, et ne fus pas mediocrement surpris de ]a trouver levee, allant et venant dans son apparltement sans autre incommodit6 qu'un pcu de faiblesse, suite ordinaire des emissions sanguines abondantes. Trois semaines plus tard, cette dame accouchlia heureusement. 11 y avait, ici, violente congestion cerebrale, et certainement danger imminent et oppression de ]a force vitale; mais cette derniere se trouvait par elle-mdme dans i'dat de sant4. Une violente perturbation di syst'me circulatoire ne 556 COMMENTAIRES. constitue pas une maladie chez une femme enceinte, hien qu'elle cree un danger imminent. Aujourd'hui, apris trente-trois ans de pratique m6dicale et vingt-deux ans de pratique homceopathique, je saignerais encore en un cas semblable; car, je ne pourrais administrer de medicaments que par olfaction; et je ne voudrais pas risquer que l'olfaction restit sans effet. Enfin, il est des cas oui l'action vitale est suspendue, sinon dans tout l'organisme, au moins dans un ou plusieurs appareils organiques. Ceci se rencontre dans certaines maladies graves, sans qu'il y ait un danger aussi imminent que dans les deux cas precedemment rappel6s. Dans le cours du mois dernier, j'eus a donner ines soins a deux malades, qu'on jugeait atteints de syphilis constitutionnelle; syphilis qui fut longtemps combattue par les mercuriaux "i doses dlevces et longtemps continuees. L'un de ces malades 6tait un homme, et je ne trouvai sur lui aucun sympt6me syphilitique; mais il avait une paralysie mercurielle sans aucune douleur sur le trajet de la colonne vertebrale. Je lui donnais mes soins depuis huit jours, lorsqu'il fut pris soudainement d'une r6tention d'urine complite. Je jugeai cette retention d'urine n'&tre qu'un sympt6me de la mye(ite mercurielle qu'avait d6veloppee sur lui le traitement allopathique. Je trouvaila vessie tellement remplie d'urine qu'elle s'elevait jusqu'a deux travers de doigt au-dessous de l'ombilic. L'anxiete du malade 6tait pouss6e h un degrd extreme. Je reservai les m6dicaments homawopathiques pour le traitement de la maladie principale, et m'empressai de soulager le patient en lui passant une sonde. L'autre malade est une dame porteur d'une exostose chacun tides tibias, et d'une auire situce sur l'os MOYENS ACCESSOIRES. 57 frontal; maladie contre laquelle des medecins russes et napolitains out employe le protoiodure de mercure a des doses elfrayantes. Elle m'est arrivee avec une paraplkgie complete; et ces jours derniers, elle est restee vingt-quaIre heures sans rendre une goutte d'urine. Je lui tirai, au moyen de la sonde, un plein vase de liquide. Dans ces deux cas, je crois quie a sonde etait le palliatif le plus prompt et le plus direct qu'il convint d'employer, parce qu'il y avait suspension de l'action vitale d'un organe. L'utilit6 de ces moyens accessoires on palliatifs 6tant reconnue dans les limites indiquees par Hahnemrnann, ii en est un encore qui jouit en homeopathie et en allopathie d'une vogue momentanee, et dont ii est bon de fixer la valeur et d'indiquer les limites. Je veux parler de!'hydrothe'rapie. L'eau froide ni'est pas un mendicament dans la rigoureuse acception du mot. C'est un agent general, comme le calorique, l'61ectricite, I'air atmospherique. 11 serait difficile, en effet, d'appliquer i l'eau froide l'identification entre le m6dicament et le poison dont ii a et3 question dans le Commnentaire sur la Pharmacologie. On peul, on doit utiliser cet agent hygienique an profit de la therapeutique, au meme titre qu'on utilise dans I'inter't du malade les autres agents dont j'ai rappele les noms. L'hydrotherapie sera done un auxiliaire quelquefois indispensable, souvent utile et parfois nuisible dans un traitement homceopathique. L'eau froide n'dtant pas medicament, jamais elle ne peut contrarier, alterer ou d'truire l'effet de ceux qu'on pourra employer; et ii arrivera que, sous son influence, ii se fera une meilleure distribution de l'niergie vitale. C'est tout ce qu'on peut esperer de cc proc6d6. On peut done meiployer utile 558 COMME NTAIRES. ment chez les malades de faible constitution, chez ceux qui sont affaiblis par une vie se'dentairc ou laborieuse et chez ceux qui ont ruiner leur santer par l'abus des joulssances du monde. Quant "a dire de l'lydrothe'rapie qu'elle ait jamais gu'ri, c'est-t-dire (rteint uno diathese rorbide quelle qu'elle soit, je le nie absolumeont; et je trouve la preuve do mon opinion dans los nombreux malades quo j'ai vus apres qu'ils avaient use' do cc moyen pendant un temps as-sz long(. Pans mon opinion, 1'hydro-therapio a tu les nialados atloints do maladies appelees organiques plus 161 (jue cos maladies ne I'auraient fail si on los avait abandonnfCes (- eles-memos. J'en ai do tristos et nombreux exemples. Si l'on examine avec soin coux qui so fd'icilont le plus des bons resultats do l'hydro-therrapie, et qui so vantent d'avoir 6te' afiranchis par elle de leur disposition ' contractor ce qu'ils nomment des rhurnos, des maux do gorgo, la goutte, le rhurnatismo, on acqluiert bionlot la certitude qu'ils ont reussi " transformer lour mialadie, mais non pas ' la d&r truire. Si l'on croit que la, goutto et le rlhumatisme soul lout ortiers compris danis los symptomesp articulaires, musculairos ou tendineux sous lesquels ils se inontrent; ciue los difierentes especes d'angine et bon nombre d'affections bronchiques sont des maladies qui no so rattachent jamais "a un eblat diathe'sique plus ge'neratl qu'ellesmemomes, sans doute l'hydrothe~rapie produit le bion qu'oi: lui attribue. Mais ii n'en est pas ainsi; et je no vois pas c( que los inalades gagnent " changor do symptomes sans arriver 'a la sante6. Pour ceux-lh' memes auxquels l'hydrolh&~ rapie semble le mieux re"ussir, ii faut encore user ave( menagenent d'un moyon auxiliairo d'une energie aussi re. doutable. Contlione pendant longtlomps, ii use la vie qu'i Soo COMMENTAIRES. que toute gu'rison entreprise n'ait pas de funestes consequences, distinguant avec un soir* pai1'ficulier la palliation de la guerison; et cette derni"re de la transformation des maladies.Ayant compris le lien qui uni tes.3n6rations dans la solidaritk de la douleur, comme ell0s.sont liees entre elles dans la solidarite du bien, seule hodihceopathie a porte un regardpuissant surles plus terribles infirmites qui affligent notre espice. Je veux parler des maladies hli6reditaires. On disputera longtemps encore sur l'hoinmopathie,sur sa valeur et sur son innocuite. Les uns lui nieront sa therapeutique, en reconnaissant en elle un systeme pathologique regulier (1). D'autres lui refuseront toute pathologie en reconnaissant ]a puissance de sa therapeutique. D'autres, enfin, lui nieront tout; et se placeront ainsi en face d'un mystbre inexplicable: celui d'une doctrine qui n'a rien et grandit tous les jours. Les partisans de cette derniere opinion font ainsi la critique la plus amere de leur propre systmrne. En effet, une medecine qui in'en serait pas une et produirait plus de bien qu'une iumdecine reunissant tous les caracteres de la science, 1tmoignerait an moins du mal que fait sa rivale. L'homwopathie marche, se developpe et marchera " traveris toutes ces contradictions. Dans le but de hAter son triomphe, j'ai public ces commentaires, resurnm d'un enseignement de dix annees. Si, comme je fespere, ii m'est donna bient6t de reprendre le cours de mes lecons, elles porteront sur d'autres questions et auront pour objet la solution d'autres probdlmes. (1) V. dans la France me'dicale du 15 novembre 1855i, un remarquable article de M. Marchal (de Calvi), qui reconnait dans Hahrncmann le seul systirme pathologique rnegulie( qu1i existe. FIN. TABLE ANALYTIQUE DES MATlERES. AVERII~SSEMENT de cette quatrie'me 6dition.......................... I NOTICE HISTORIQUE ET lAI9DICALE SUJR LA VIE ET LES TRAVAUX DE SAMUEL HAHNEMIANN.................................................... III I. Vice t travaux (le Hahnemann........................ II 11. Doctrine de Halinemann.................................... XXIII 111. Ouvrages de Hahneinann.................................... XLIV PRE9FACE DE L'AUTEUR...............................................1 INTRODUCTION.....................................................9 Coup d'ceii sur les inkthodes allopathique et palliative des 6cotes qui out domine' jusqu'5- ce jour en mddecine........................lIb. Esxemples (Ae gu~risons homooopalhiquies op~rdes ilivolontairement par des meddccins de l'ancienne 6cote............................... 58 Parmi tes personnes dtrangedres A l'art de gudrhir, ii s'en est trouv6 aussi qui ont reconnu quoC les traiteulents homccopfithiquies 6taient les souls cificaces.................................................. 97 Isopathie........................................................ 98 J1 y a medme CU, (tans tous les temps, des m~decins qui out regard6 cette manidie do trailer les maladies comme la ineilleure de tontes. 100 Organon de la ni'decine. 1-2. La seuile mlission do me'dec~in est de gudrir les maladies d'une manidre prompto, douce et durable............................... 105 Elle tie consiste pas A forger des thories, des systdmes et des explications......................................................lIb. 3-4-5. Le mddecin doit rechercher, dans les maladies, cec qui est it gu6 -rir, et, dans les divers inddicamnents, ce qui exerce le pouvoir curatif, afin de pouivoir approprier celui-ci it celui-la'. it doit aussi savoir conserver la sant6 des hommes. Pour gu~rir, on s'aide de tout ce qu'on pent appreudre sur ]a cause occasiounelle, Ia cause fondamentale et autres, circonstances................................ 106 6. La maladie ne consiste, pour le mý,decin, que daris Ia totalit6 de ses sympt~mes.................................................. 107 Inutilit6 des efforts de l'anoienne 6cole pouir dconivir l'essence on la cause premid're de Ia Inaladie...........l............ b. 7. En Ryant 6gard aux circoustauces (5), Ic nMdecin u'a besoin, pour gudrir Ia. maladie, que de faire dispar'aitre la totalit6 des symptb~mes. 108 11 faut 6carter Ia. cause qni dvidemment occasionne et entretient Ia maladie. La mdethode palliative, qui nWest dirigde que contre unf seut symptome, doit edire rejetfe..................................109g 8. Quand tons les symptbmes out disparu, la. maladie cst gudrie. C'est ittort que l'anciennc dcole nie cette proposition.................l. 36 562 TABLE ANALYTIQUE DES MIATIHRES. 9. Pendant la sante, une force spirituelle (autocratie, force vitale) r6 -git I'organisme, et y entretient l'harmonie........................11to 10. Sans cette force spirituelle, qui le vivifle, l'organisme est mort.... lb. 11. Dans la maladie, ii n'y a originairement que la force vitale qui soit desaccordde d'une manibre morbide, et elle exprime sa soutfrance (le changement interne) par des anomalies dans le mode d'agir et de sentir de 1'organisme........................................... lb. 12. 11 est inutile, pour gudrir, de savoir comment la force vitale prodoit les symptames.......................................... I111 La disparition de Ia totalitd des sympt6mes met fin aussi a la souffrance de la force vitale, c'est-A-dire A I'etat morbide tout entier, interne et externe................................................ b. 13. Admettre que les maladies non chirurgicales sont des choses sp6 -ciales et A part, qui s'6tablissent ou se logent dans le corps de I'homme, est une idWe absurde, A laquelle l'allopathie doit d'avoir produit taut de mal.......................................... 112 14-15-16. Tout ce qui, dans ]a maladie, est susceptible de gu'rison, se deicle au medecin par des sympt6mes. La souffrance de la force vitale et les sympt6mes morbides qui resultent de 1i sont un tout indivisible, une scule et mdme chose. Notre force vitale spirituelle ne pcut devenir malade que par I'influence virtuelle des causes morbifiques, et ne petit non plus dtre ramende A la sant6 que par I'action dynamique des medicaments................................... lb. 17. Le mddecin n'a qu'A enlever la totalitd des symptomes pour ddtruire la totalite de la nialadie. Exemples A l'appui de cette proposition................................................,..... 113 18. La totalitd des symptimes est la seule indication d'apris laquelle on doive se guider dans le choix du rembde..................... 114 19. Le changement que les maladies produisent dans la manidre de sentir et d'agir (l'ensemble des symptbmes) ne peut dtre gudri par les m6dicaments qu'autant que ceux-ci ont la faculte de determiner egalement un changement dans la manibre d'agir et de sentir de l'homme................................................lb. 20. Cette facultd qu'ont les medicaments d'apporter des changements dans la manikre de sentir et d'agir, ne peut dtre reconnue que par leur action sur des hommes bien portants........................ Ib. 21. Les sympt6mes morbides que les mddicaments produisent chez l'homme en santd sont la seule chose A quoi l'on puisse reconnaltre la vertu curative qu'ils possddent............................. 115 22. Si l'expdrience prouve que les mddicaments faisant naitre des symptimes semblables A ceux de la maladie sont les agents thdrapeutiques qui gudrissent cette dernibre de la manidre la plus sflre et la plus durable, c'est A ces mddicamerints qu'il faut recourir pour opdrer la gu6rison. Si, au contraire, elle d6montre que la guorison la plus certaine et la plus durable est celle qu'on obtient par des substances mddicamenteuses dkterminant des sympt6mes oppos6s A ceux de la maladie, les agents capables de produire ce resultat seront ceux dont on devra faire choix....................................... lb. L'emploi de medicaments dont les symptimes n'ont point, A proprement parler, de rapport avec ceux de la maladie, et qui affectent Ic TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES. 563 corps d'une tout autre maniere qu'elle, constitue la mdthode allopathique, qui doit etre rejete...................................... 116 23. Des symptomes morbides qui sont opiniAtres ne peuvent etre gudris par des symptomes medicinaux d'un caractdre oppose au leur (mdthode antipathique)..................................... 117 24-25. La mithode homoeopathique, on celle qui emploie des m6dicaments produisant des sympt6mes semblables a ceux de la maladie, est la seule dont l'experience d6montre la constante efficacild...... Ib. 26. Cette prdeminence de sa part est fondde sur la loi thdrapeutique de la nature qui veut que, dans l'homme vivant, toute affection dynamique soit kteinte d'une manidre durable par une autre plus forte qui lui ressemblebeaucoup et ne diffdre d'elle que comme une espece s'6loigne d'une autre espece du meme genre...................... 118 Cette loi s'applique aux maux physiques tout aussi bien qu'aux affections morales..................................... 119 27-28-29. La vertu curative des medicaments repose done tout entikre sur la ressemblance de leurs sympt6mes avec ceux de la maladie. Essai d'une explication de cette loi thdrapeutique de la nature...... 120 30-33. Le corps de l'homme est beaucoup plus accessible a l'action perturbatrice des puissances mddicinales qu'A celle des maladies naturelles..................................................... 122 34-35. La justesse de la loi thdrapeutique naturelle ressort de ce que les traitements homoeopathiques ne sont pas toujours couronnds de succes dans les maladies inv&et&res, et de ce que deux maladies naturelles coexistantes dans le meme corps ne peuvent s'andantir et se guerir mutuellement des qu'elles sont dissemblables.............. 124 36-37. - I. Une maladie existant dans le corps en repousse une maladie nouvelle dissemblable, pourvu qu'elle ait plus ou du moins autant d'intensite qu'elle. Par la meme raison, les cures non homacopathiques qui ne sont pas violentes, ne guerissent point les maladies chroniques.................................................... Ib. 38-39. - II. Une maladie nouvelle survenue chez un homme ddji malade, lorsqu'elle surpasse en intensit6 celle qui la prdcedait et ne lui ressemble pas, suspend cette derniere tant qu'elle-meme dure, mais ne la guerit jamais. Par la meme raison, un traitement allopathique violent ne guerit point les maladies chroniques, mais les suspend seulement aussi longtemps que dure l'6nergique action de mddicaments qui ne peuvent produire des symptomes semblables a ceux de la maladie; apres quoi cette derniere reparait avec autant et plus de gravite qu'auparavant.......................................... 125 40. - III. II peut arriver aussi qu'aprds avoir agi pendant longtemps sur le corps, la nouvelle maladie s'adjoigne A celle qui existait avant elle et qui ne lui ressemblait pas; de 1 resulte une complication de deux maladies dissemblables, dont aucune ne detruit I'autre............ 130 41. Plus souvent encore que dans le cours de la nature, ii arrive, dans celui des traitements dirig6s d'aprds la milhode ordinaire, qu'une maladie artificielle produite par l'usage prolong6 d'un m6dicament allopathique violent se joint A l'ancienne maladie naturelle qui ne lui ressemble pas, et qui,' d'apres cela, n'etait point curable par elle; de sorte que l'homme atteint de l'affection chronique se trouve alors doublement malade................................ 132 564 TABLE ANALYT[QUE DES, MAT[ ARES. 42. Les maladies qui se compliquent, ainsi, prennent, (" raison die leur dissemblance, la place convenable A ebacune d'elles dans l'organisme.............................................. 133 43-45. Mais it en est autrement lorsqu'A une maladie de'j4 existante vient s'en joindre une semblable plus forte, car alors cette dernidre an~antit et gudrit lautre. Explication de ce ph~inom~ne.................. 134 46. Exemples de maladies ebroniques qui ont ktd guenres par l'apparition accidentelle d'une aut~re maladie semblable, mnais plus intense. 135 47-49. Parmi les maladies melmes qui s'associent ensemble par le seul fait de la nature, ii n'y a que celles entre les symptdrfnes desquelles existe de ]a ressemblance, dont It'une pulisse an~antir et gufrir I'autre. Cette facult,6,n'appartient jamais A Ia maladie dissemrblable. D'odtle mddecin conclut quels sont les mddieamnents avec; lesquels it peut gudrir d'une mani~re certaine, c'est-a'-(ire les reme'des homoeopathiques.................................................... 139 50. La nature n'a qu'un treds-petit nombre de maladies qu'elle puisse employer homocopathiquernent contre d'autres, et encore cette vole de salut, quand cite s'y engage, pr~sente-t-elle une multitude d'ineonvenients........................................... 140 51. e m~ec., au contraire, possdde dinnombrables agents de guSrison, qul ont de grands avantages sur ceux. dont Ia nature petit disposer.....................................................hi4 52. Ce qul se passe dans la nature lui apprend qu'it ne doit traiter les maladies qu'avee des remddes hommopathiques, et non avec dles agents allopathiques, qui nie gu~rissent jamais le malade, et ne font qu'empirer sa situation................................z...... 142 53-56. It n'y a que trois manie'res possibles (1'employer les medicaments contre les maladies 1: lo homoeopathique, seuile efficace et salutaire. 20 L'allopathique on hdtdropathique. 3o L'antipathique ou e'nantiopathique, qui nest que palliative.............................. 143 Essais aventureux avec l'isopathie............................... 144 57. Exposition de la m~tbode suivant laquelle on presenit, contre un sympto~me isolS de maladie, un reme'de produisant un effet oppose (contraria contrariis). Exemples.............................. 145 58. Cette m~thode antipathique W'est pas vicieuse seulement, parce qu'en se conformant A ses preceptes on ne oombat quuna seut symptb~me, mais encore parce que, dans les maladies chroniques, aprds avoir, pendant quelqtie temps, diminu6 le mat en apparence, elle le laisse ensuite reparalire plus grave qu'iI n'6tait auparavant. TS-_ moignage des auteurs........................ 146 5.9. Effets nuisibles de, quclques traiternents antipathiques............ 147 60. L'acerolssement graduet des doses, quand on insiste sur l'emploi d'un palliatif, ne gu~rit jamais non pl us les maladies ebroniques, et ne fait qu'exaspdrer Ve6tat du malade.......................... 150 61.- Les mddecins auraient d U juger, d'apre's cela, que la seule bonne marche A suivre S'tait d'adopter Ia m~tbode directemeuit contraire, ou ibhomeeopathique........ 06.......... 0.........0.00......... 62. Ralson qui fait que la m~tbode p~alliative est nuisible, et la m&, thode homowopathique seule salutaire...................14*...90.0152 fi3-t41.6. Elie se fonde sur la difl'renee qui existe entre leflet primitir TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES. 565 produit par l'action d'un medicament quelconque sur le corps, et l'effet consecutif determind ensuite par la reaction de l'organisme on de la force vitale. Explication de l'effet primitif et de l'effet consdcutif. Exemples de l'un et de l'autre................................. 152 66. Les plus petites doses possibles de medicaments homomopathiques sont les seules qui fassent que la reaction de la force vitale se manifeste uniquement par le retablissement de l'dquilibre de la sante.... 154 67. De ces vgriteis, ii suit que la methode hommopathique est ]a seule salutaire, et que la mithode antipathique ou palliative agit en sens inverse du but qu'on se propose. Seuls cas dans lesquels ii puisse encore etre utile de recourir I l'administration antipathique des medicaments................................................ Ib. 68. Comment, de ces veritts, decoule l'excellence de la m6thode homoeopathique.................................... 156 69. Comment it en d6coule le caractere nuisible de la m.thode antipathique. Des sensations opposees ne se neutralisent point dans le sensorium de l'homme; elles n'agissent done point l'une sur l'autre comme font, en chimie, des substances doudes de proprietbs opposees. Exemples b l'appui de cette assertion...................... Ib. 70. IdWe sommaire de la mdthode homceopathique................... 159 71. Trois choses sont necessaires pour gu6rir: 10 connaitre la maladie; 2o connaitre l'effet des medicaments; 30 savoir employer ceux-ci A propos......................................................... 160 72-73. Coup d'ceil g6ndral sur les maladies aiguis et chroniques. Maladies aiguiis sporadiques, 6pidimiques; miasmes aigus.......... 161 74. Les plus ficheuses de toutes les maladies chroniques sont celles que produit le faux art des allopathistes.............................. 163 75. Ce sont les plus incurables de toutes........................... 164 76. Il n'y a que la force vitale, quand elle est encore suffmsante, qui puisse rdparer les ddsordres causes par l'allopathie, et souvent meme elle a besoin d'un trbs-long temps pour cela, lorsqu'en mdme temps on ditruit le miasme primitif par des moyens homcoopathiques.................................................. 165 77. Maladies improprement appelbes chroniques..................... Ib. 78-79. Maladies chroniques proprement dites; elles proviennent toutes de miasmes chroniques. Syphilis et sycose..................... 166 80-81. Psore. Elle est la mere de toutes les maladies chroniques proprement dites, les syphilitiques et sycosiques except6es. Maladies nominales de la pathologie vulgaire................................. Ib. 82. Chaque cas individuel de maladie chronique exige qu'on fasse un choix rigoureux parmi les remddes specifiques qu'on a d6couverts pour ces miasmes chroniques, notamment pour la psore.......... 170 83. Qualitis nicessaires chez celui qui veut faire le tableau de la maladie..................................................... 171 84-99. Manibre dont le m6decin doit s'y prendre pour chercher les traits de la maladie et en tracer le tableau.............................. 172 100-102. Recherche des maladies 6pidimiques en particulier.......... 181 103. 11 faudrait suivre la mdme marche pour trouver la cause fondamentale des maladies chroniques non syphilitiques et tracer le grand tableau general de la psore.................................. 183 TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES. 567 dicaments coflfus est trop petit pour qu'on puisse trouver un remn~de parfaitemnent homoeopathique............................. 90*00a00oa216 172-184. Marche A suivre dans le traitement des maladies qul ont trop peu de sympt6mes.......................................... 219 185-203. Traitement des maladies qui ont des symptolmes locaux; le traitement local est toujours prd'Judiciable dans cc cas............. 223 204-205. Toutes les maladies chroniques proprement dites, celles qul ne sont pas cause'es et entretenues par un mauvais genre, de vie, doivent dtre traitees uniquement par des m6dicaments hommopa-. thiques approprie's au miasme qui les fomnente et administr's A Yi'nt~rieur............................................. 232 206. Recherche pr~liminaire dui miasme qul fait la base de la maladie, qu'il soit simple ou compliqu6 avec un second, mc'me avec un troisime..................................................... 234 207. Informations relatives aux traitements qul ont 0t6 mis pr'ce'demment en usage......................... 235 208-209. Autres informations pre'liminaires qu'il est ndcessaire de prendre avant de tracer le tableau de la maladie chronique......... 236 210-230. Traitement des maladies dites mentales..................lb. 23 1-232. Les maladies alternantes............................. 246 233-234. Les maladies qui reveltent uri type...............247 235-244. Les fie'vres intermittentes....................... 248 245-25 1. Manie're d'entployer les rem~des....................... 255 252-256. Signes de l'amtiuioration comnmenqante................... 258 257-258. Preidilection aveugle pour cerlains rem~des favoris, et injuste, aversion pour d'autres....................................... 261 259-261. Rtigime dans les maladies ebroniques. Choses nuisibles tians la manie're tie vivre.........................................lb. 262-263. It6gime dans les maladies aigues........................ 263 264-266. Choix ties m~dicaments les plus e'nergiques et les plus purs. Changemerits produits dans quciques substances par les preparations qui les rendent aptes 'a servir d'alimnent......................... 264 267. Preparation des reme'des les plus S'nergiques et les plus durables avec les herbes qu'on petit avoir fraliches........................ 265 268. Substances veg6.tales se'ches. Preparation des poudres qu'on veut conserver........................................so.... &... 266 269-271. Mani~re de preiparer les reni~tes homeopatbiques avec les drogues simples, pour d&~velopper autant que possible leurs vertus m~dicinales...................................... 267!272-274. 11 ne faut donner au malade qu'un seul mtidicament simple a ]a fois............................................. 269,275-287. Force des doses pour les traitements bomtieopathiques. Manib're de les augmenter on tie les diminuer. Manie're Wien aceroitre I einergie.................................................. 270 288-292. Quelles parties dui corps sont plus ou moins aceessibles 'a l'action des m~dicarments........... 004........... I*........0. 279 293-291. Magn~tisme animal. Son emploi positif et son empici n~gatif. 281 ftats. - De ]a satisfaction de nos besoins matdriels. - Lettres et discours. - lttudes cliniques, par le docteur Hartung, recueil de 116 observations, fruit de vingt-cinq ans d'une grande pralique. DOCTRINE ETTRAITEMENT HOMOEOPATHIQUE DES MALADIES CHRONIQUES, par Ic docteur S. Hahnemann. Traduit de I'allemand, sur la derniire 0dition, par A.-J.-L. Jourdan, membre de I'Academie nationale de medecine. Seconde ddition entierement refondue et considerablement augmentec. Paris, 4846, 3 vol. in-8, chacun de 600 pages. 23 fr. Le Traite des maladies chroniques est, de tous les ouvrages de Hahiemann, celui auquel ii attachait le plus d'importance. 11 a conuacre les dernieres annees de sa vie Li la compositioti de ce livre; car c'est h Paris qu'ilu refait, en graniide partie, la secounde ddition allermanide, dot nous publions aujourd'huiune nouvelle traduction. Cetteseconde edition est en rdalitd un ouvrage nouveau. Non-seulemeint l'auteur a refondul'histoire de chacun des vingt-deux medicaments dont se composait Ia premiLre. et a presque doubld pour chacun d'eux le nombre des sympltmes, mais encore ii a ajouteld vingt-cinq substances nouvelles, de sorte que le nombre total des medicanients antipsoriqies se trouve prtId aujourd'hui a quarante-sept. M1DECINE HOMOEOPATHIQUE DOMESTIQUE, par le docteur C. Hering (de Philadelphie), redig~e d'apres les meilleurs ouvrages hommeopathiques et d'apris sa propre exprience, avec additions des docteurs Goullon, Gross et Stapf. Traduit de l'allemand sur la dernire edition, publice par le docteur L. Marchani. Troisieme 6dition corrigee et augmentee. Paris, 1855, 1 vol. in-12 de 535 pages. 5 fr. Cet ouvrage enseigne la nmaniere de se soulager dans uiin grand ionibre de inaladies, soit par des moyeiis donmestiqutes, soit, lorsque ceuix-ci sont instafisants, par des renides honiceopatbhiques qui tie nuisent jamniais et sent toujours utiles lorsqu'ils soot convenablemente admninistres. C'est pour cela que la Miedecine honzwopalhique domiestique s'adresse I t.olsd: a'boni ii cetix qui ouiit coinvallcus par leiir l propie experience des availiages reetls des p-ici1ipes hinelielmaniaieiis, et puis ceux quiii iin'ont pus en occasion d'acquerir cette conviction, de iim6me aussi qu'a ceux qui 'ont entleud qune mal parier de I'homceopathie. CODEX DES MEDICAMENTS HOMOEOPATHIQUES, on PlharmacopCe pratique et raisonnee 6 l'usage des medecins et des pharmniaciens, par G.-P.-F. We'Vber, pharmacien hommopathe ' Paris. Paris, 1854, in-12 de 440 pages. 6 fr. TH9RAPEUTIQUE H1OMOEOPATHIQUE DES MALADIES DES ENFANTS, par le docteur Fr. Har'tmann; traduit de l'allemand, avec des notes, par le docteur Lion Simon fils, membre de la SocidtC gallicane de medccine homwopalhique. Paris, 1853, 1 vol. in-8 de 700 pages. 8 fr. Cet ouvrage est i'oeuvre d'un praticicn experimente, IFun des premiers discipljis de IIahnemann, d'un homne initi tpar le niatre aux difficultes de la doctrine. On tiouvera dalls ce livre une application claire, exacte et precise des priniicipes de tIhoinceopathiic aux maludies des enfints, souvent si difficiles a reconnoiatre. THMRAPEUTIQUE HOMOEOPATHIQUE DES MALADIES AIGUES ET DES MALADIES CHRONIQUES, par le docteur Fr. Harlmann, traduit de l'allemand sur ]a troisieme edition, par le docteur A.-J.-L. Jouwdan. Paris, 1847-1850, 2 forts vol. in-8. 16 fr. Le principe qui sert de base A la doctrine meudicale homaeopathique, et que Ill. Harltmann a applique an traitement des maladies aigues et des maladies chroniques, peut tre formuli en ces termes: Si vous voulez obtenir une guirison prompte, certaine et durable, choisissez is niedicament qui, administrd i une personne bien iportaunte, suscite chez clle des synmptines annalogues t ceux de la maladie dont vous entrepireiez le truitement. Trois editionsdec'ouvragede Hartmannen pentie temps disent asscz I'iuporlancedaii sujetctavec quel talent d'observation it a dl6 traite. Ce livre est ui complidment indispensuable des oiivrages ae Huhnematnnet place son outeur au prpemier rang des disciples du fundatleir de I'lioniceoputhi.c, DU TRAITEMENT HOMOEOPATHIQUE DES MALADIES DES FEMMES, par le docteur G.-H.-G. Jahr. Paris, 1856, un vol. in-12 de 496 pages. 6 fr. DU TRAITEMENT HOMCEOPATHIQUE DES AFFECTIONS NERVEUSES ET DES MALADIES MENTALES, par le docteur G.-H.-G. Jahr. Paris, 1856, in-12 de 660 pages. 6 fr. Cet importtit ouvrage comprend: ltI la description sym plonatologiqiue de ld maladie, ses diversec varietds, le diagnostic et le prosostic; 2o toutes les inidications symplomatologiiques et pharmacologiqlues que la mnatiere medicule et les exprieunces clinuiqjues fournissent pour Ic trai. tetnent de ces affections. DU TRAITEMENT IIOMOEOPATHIQUE DES MALADIES DE LA PEAU et des 1lsions exterieures en general, par le docteur G.-G-H. Jahr. Paris, 4850, 1 vol. in-8 de 500 pages. 8 fr. erpare par de loigues et coisciencieuses d6ides, ii apporlenait Li MX.le doclear Jahr d 6lucider -5 - LlIHOMOEOPATHIE en prt~sence des ant res inielloidcs curatives, par le docteur L 1 Vecrivey; fraduit du hlollandais par 1P. dc Molinari. Paris, 1856, in-12. I fr. 5 0 HISTOIIIE DE LA DOCTRINE M1DICALE HOMOEOPATLIIQUE, son O~at actuel dans les principales contres tde lEuirope. Application pratique des principes et des movens die cette doctrine au trailement dles maladies, par le docleur Aug. Rapou, m~decin Ai Lyon. Paris, 1847, 2 "oris vol. in-8. 45 fr. DE LA HIUVE TYPHOIDE et de son traitement liomaeopathique, par le docteur Aug. Rapou. Paris, 1851, in-8 de 408 pages. 3 rrf. NOUVEAU MANUEL DE M8DECINE VIftI2RINAIRE HOMOEOPATHIQUE, ou Traitemeni bomoiopathique des mialadies du cheval, dlu bceuf, de Ia brebis, du pore, de Ia cli~vre et du clilen, 5t l'usage des v'~terinaires, des propritltaires ruraux, des fermiers, tdes olliciers de cavalerie et de toutcs les personnes chlarg~es dlu soin des animaux domestiques, par F.-A. Gunthei. Traduit de l'allemaiid, sur ]a troisi~mc 6dition, par P. -J. ]l'ai-iin, m~decin-v~trinaire, ancien Wlve tdes 6coles v0l6rinaires. Paris, A1846, 1 vol. in-S de 460 pages. 6 fr. Aujouird'hiii pi,'un giand nombre de personncs ont lparfailement crimp its limportance de ]a lltleie vitt(strinaire poptilaire, elquc Icurs efforts Icrideul t "alii imprimer la vtiritable tiireclion qu'eule ilit preudi e, ii va vailt tiliitd de pitilier le Nouwen"e Manitel tie mcdeciutc vetile'-i nonie lto~noeopaatlhiqu ar. 'Ithomopalhie suitotit ii tail reserve(le tnt on crir ureim iiviwlce ratrrjite Ien liii apprettant 'a indiviftia user Ics imaladlies, 'iles regarter citit let trailer cmmmc des fails particithlers, 5t ne plas croire qusoo en concaltt le remtidc dJts qoon est piarvenu ti cur imp)oser' Ut) 110. STATISTIQUE DE LA MItDEC1NE HOMOEOPATHIQUE, par le docteur C. Croscrio. Paris, 4848, in-8. *2 fr. 5 0 NOUVEL ORGANE DE LA ME'DECINE SPECIFIQUE, on exposition de l'6tat actuel de Ia mddiode hoinwopatilique, par Ie docteur J.- L. Rau; suivi des Nouvelles cxptýr-icneets sun Ics doses dons la pratique de L'homscopat/tie, par Ie docteur G. Gr-oss. Traduit de l'allemnand par le (locteur D. R. Paris, 1845, in-S de 304 pages. 5 fr. EXAMIEN TH90RIQUE ET PRATIQUE DE LA MMTODE CURATIVE du doeteur Hahnemansi, noinmt~e hoinceopathique, par Ie docteur Bigel. Varsovie, 4827, 3 vol. in-8- 9 fr. EFFETS TOXIQUES ET PATHOUINITIQUES DE P'LUSTEURS MfIDICAMENTS sur lP~otioinie animale dans 1'ýLat de sante, par Ie docicur Beauvais (de Saint-Gralien>. Paris, 18.45, in-8 de 420 pages avec huit tableaux in-folio. 7 fr. CLINIQUE HOMOEOPATHIQUE, ou recucil de tontes Ics observations pratiques publir~s jusqu'A nIos jolirs, par Ie docteur Beauvais (de Saint-Gratien). Paris, 4836 -1839. Ouvrage contplet. 9 forts vol. iti-8. 45 fr. Cette vaste collection cemlrasse ittesairic de 5,15,9 observations deailailais ties maladies lrailttes par la mctftnte lomoeopttfithiice retieitlies en Alfetaitge, en Franceen, itAnrgielerre. ent halie, etc., et rlassccs par oirdrc alphahitaiqtic de maladie. Ctest aiiisi que Povn Irtnvet a d;ns cci ottvragc f 04 observaiiotns tAiatination mentale. 57 oabservatitons I'Anz'inori-hie. 20 oltservaiiott a d'Apoplexie. 41 observatiionis cdA't /a ite aign e nt cronique. 41 oubservattions d'Astltme. 68 observationis de Thainc/tue aigitaiet citroniqne. 20.)observations de Cance,.Ill1115 bsersaiiots tie Cerpialalgie. 97 tabservatintas de Cltolrta. ý27 obseivsaititas tie Cltoree. -)36nlascrvattionts dc Coliqte. 37 tb. tervations (le Coviatisions. 501 observatitots de Coquelncltc. 5*6 tuluser-Vattiasts dc Cnonp. 74 obiservationts de Dar-tresr. 131 oblservattionis de Diarrihe~e el die Dysentetrie. 87 obsservatiionis d'Ente'roao. tltie aigztti et chitoniqite (titatatties douluas-venire). 61 obsersatiotns d'Epilejasie. 61 observattions d'Erysipe~le. 89 obscrvatiions d'Exa~tltnine citroniqne (utaltadics tic la lean ). 255)nibservatittiss de Fieanes interniittentes. Et aiitsi pour toutes Its maltadies ejii embrassenti le ratire siosologique. L'onvratgv esi terminti patr tite table des meiticamnents employes dons les maladies avec retivois aux Obsservationis. DE L'INTOLCRANCE ET DE LA LIBERTI2 SCIENTIFIQUE dans les concours de m~decine, par le docieur Aiph. Mlilcent. Paris, 4854, in-8 de 46 pages. 50 C. LA MATItRE MLRDICALE PURE, publi~e par Ia Socidlh gallicane lsomeeopatluique. Paris, 4852, tome 11, in-8 de 572 pages. 40 fr. HISTOIRE DE LA MUSCULATION IRR9SISTIBLE, on Chor~e anormale, par le docteur D. Roth. Paris, 4850, dc 230 pages. 3 fr. 50 LECONS DE MIEDECINE HOMOEOPATHIQUE, par Ie docteur Ldot Simon. Paris, 1836, 1 fort vol. in-8. 8 fr. Cet ouvratgc esl atinti divisd: programme do coors. - Vue gaindrale de Ia doclrine homeeopa. tbiqoc. - Dc ]a m~tlhodc homceopatiique. - Loi de spdcificili6. - Dynrimisme vital. - Itistitua Lion de I'expirimentatioin pure. - De la pathologie,du diagnostic et dii pronostic hommeopathique. - Theorie et coosiderations pratiqties sur le traitement des maladies chroniques. - Moyens de connailtre les vertiis riuatives des m6diremeots.-Thrpcupetiquice gdeiirale hornmopathique. - Repetition des doses homnoepathirpies. - Iode tde pr(;paration et d'aduiinistration des mnidica. mewis. -Hygiine. - Physiologie homeopathique DU CHOL8RA-MORBUS IPIDIMIQUE, de sonil traitement preservatif et curatif, selon la mtlhode bomcaopathique. Rapport publit par la Societe hahnemanienne de Paris (M. Leon Simon, rapporteur). 1848. In-8 de 94 pages. 1 fr. 25 LETTRE A M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, en rdponse au jugement de l'Acad6mie nationale de mrdecine sutir la doctrine hommopathique, an nom de linstitut hommopathique de Paris, par Ic docteur Lion Simon. Paris, 1835, in-8. 1 fr. 50 LETTRE A MESSIEURS LES MEMBRES DE LA FACULTi3 DE MIDECINE DE PARIS, en rdponse au discours de M. le professeur Trousseau, par le docteur Ldon Simon. Paris, 1843, in-8 de 126 pages. 1 fr. 50 L'HOMOEOPATHIE sanls I'allopathie, lettre A M. le docteur F6lix Andry, par le docteur Leon Simon fils. Paris, 1856, in-S de 38 pages. 1 fr. NOTE SUR LA PHTHISIE PULMONAIRE en Algerie, par le tdocteur J.-J. Feuillet, d'Alger. Paris, 1856, in-8. 1 fr. TRAITEMENT COMPARIE DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, incertitude et dangers des medications officielles. Certitudle et securite dans la methode hommopathique, par le docteur Escallier. Paris, 1855, in-S de 120 pages. 2 fr. 50 DES INDICATIONS THIRAPEUTIQUES fournies par le rhythme des phenomnenes morbides, par le docteur Escallier. Paris, 1856, in-8. 1 fr. DEMONSTRATION CLINIQUE de I'action des doses infinitesimales, par le docteur Escallier. Paris, 1855, in-8. 1 fr. 25 POURQUOI JE FAIS DE L'HOMOEOPATHIE, par le docteur Escallier. Deuxieme edition. Paris, 1855, in-8 de 32 pages. 1 fr. 50 HOMOEOPATHIE ET ALLOPATHIE. Lettre A M. le docteur J.-P. Tessier, par le docteur Felix Andry. Paris, 1856, in-8 de 15 pages. 75 c. DE L'HOMOEOPATHIE et particuliirement dIe F'action des doses infinitisimales, par le docteur A. Ma1gnan. Paris, 1855, in-8. 2 fr. 50 DES SP8tCIFIQUES EN MfIDECINE, par le doctcur iiolin filts. Paris, 1847, in-A. 2 fr. 50 L'ESPRIT DE LA MIDECINE ancienne et nouvelle comparee, par le docteur Rucco. Quatrieme 6dition, augmente d'un m6emoire sur le cholera. Paris, 1856, in-8 de 460 pages. 6 fr. LA MEDECINE DE LA NATURE protectrice de La vie humaine, par le docteur Rucco. Paris, 1855, in-8. 4 fr. LA VIEILLE MEIDECINE et ses dangers, surtout dans l'apoplexie, la fluxion de poitrine, les fievres typhoides et cerebrates, par le docteur C.-A. Ginestet. Niort, 1847, in-8. 2 fr. 50 GUIDE DES GENS DU MONDE dans le choix d'une mtdecine, par Auguste Guyard. Deuxieme edition. Paris, 1857, in-18. 3 fr. RECHERCHES SUR LE TRAITEMENT DE L'ALIINATION MENTALE, par le docteur IHermel. Paris, 1856, in-8. 2 fr. 50 ETUDE SUR LE VENIN DES ARACHNIDES et son emploi en therapeutique, suivie d'une dissertation sur le tarentisme et le tigretier par le docteur Ch. Ozanam. Paris, 1856, in-8 de 88 pages. 2 fr. 50 GUIDE DE L'IOMOEOPATHE, on traitement de plus de mille maladies gudries, contenant: I0 I'indticationl par ordre alphabetique des maladies sous les denominations nosologiqi.ies de l'ancienne 6cole, les symptomes de ces maladies et les remn~des qui leur out ete opposes avec succes; 20 la liste des medicaments par ordre alphabitique, et la suite du nom de chaque substance les affections gutries par son emploi, etc., par le docteur A.-J. Ruoff. Traduit de L'allemand par G.-L. Strauss. Deuxikme edition. Paris, 1850, in-I8 de 460 pages. 5 fr* -7 -- CONSEILS IYD'UN MDECIN HOMOEOPATHE, ou moyens de se trailer soi-m6me homocopathiquement dans les affections ordinaires, et premiers secours A administrer dans les cas graves, par le docteur Bertholdi. Traduit de 1'allemand par s'arrazin. Paris, 1837, in-18. 2 fr. 25 MANUEL DE MRDECINE V8TERINAIRE HOMOEOPATHIQUE, indiquant le traitement de tous les animaux domestiques, la composition d'une pharmacie hommopathique v4tlrinaire et le moyen de se la procurer; publi6 sous les auspices du baron de Lotzbek. Traduit de I'allemand par Sarrazin. Paris, 1837, in-18. 3 fr. 50 LE MEDECIN HOMOEOPATHE DES ENFANTS, ou conscils sur la manidre de les diever et de traiter leurs indispositions, par le docteur Harilaub. Traduit de l'allemand par Sarrazin. Paris, 1837, in-18. 1 fr. 50 TRAITEMENT HOMOEOPATHIQUE DES MALADIES DE LA PEAU, considdries, sons le rapport de leurs formes, des sensations qu'elles produisent, et des parties qu'elles affectent, pIar le dlocteur IRuckert; prkc6d6 des notions gbnbrales et importantes sur la symptomatologie, le regime lomeopathique, la force et la r6p6tition des doses, etc.; suivi du Trailemcnt homaeopathique des maladies ve'ineriennes, par le docteur Atiomir. Traduit de l'allemand par Sarrazin. Paris, 4838, in-18. 4 fr. 50 NOTICE SUR LA MfDECINE HOMOEOPATHIQUE, ou expos6 de la nouvelle doctrine medicale, par le docteur de Boret. Paris, 1837, in-8. 75 c. EXPOSITION SYSTAMATIQUE DES EFFETS PATHOGfiNETIQUES PURS DES REMLDES, par le docteur G.-A. Weber. Traduite et publihe par le docteur Peschier. Geneve, 1835-1863, sept parties in 8. 27 fr. 50 L'HOMOEOPATHIE ET SES DITRACTEURS, 3 I'occasion de l'6piddnie de cholIra qui a r6gnd a Marseille en 4854, par le docleur A. Charge. Paris, 1855, in-8. 3 fr. TRAITEMENT HOMOEOPATHIQUE DU CHOLIERHA-MORBUS, d'aprbs plusieurs m6decins du Nord, par le docteur Gueyrard. Lyon, 1832, in-8. 60 c, COUP D'OEIL SUR LE CHOLERA-MORBUS ASIATIQUE. Trailement preservatifet curatif de cette maladie, par le dlocteur Varlez. Bruxelles, 1848, in-12. 1 fr. 50 DU TRAITEMENT HOMOEOPATHIQUE DU CIIOLERA, par F.-F. Quin, mrdecin ordinaire de S. M. Leopold, roi des Belges. Paris, 1832, in-8. 2 fr. L'HOMOEOPATHIE et la vieille ntidecine, par le docteur Achille Hoffmann. Paris, 1850, in-8. 50 c. L'HOMOEOPATHIE expos&e aux gens du monde, par le docteur A. Hoflmann. Paris, 1855, in-8. 1 fr. L'HOMOEOPATHIE DANS LES FAITS, par le cotnte H. de Bonneval, docteur en m6decine. Paris, 1853, in-8 de 176 pages. 2 fr. 50 L'HOMOEOPATHIE mise la portee de tout le monde, ou I'art de se gu6rir sans mndecin, par le docteur Th. Oriard. Paris, 1854, in-12 de 316 pages. 4 fr* LETTRE A UN MEDECIN DE PARIS sur une question du plus haut intbrlt, par J.-C. P. Marseille, 1845, in-8. 75 ca L'HIIOMOEOPATHIE ET SES AGRESSEURS, fait au nom de la Soci&t homnmopathique de Lyon, par J. -M. Dessaix, docleur en nmdecine, 1886, in-8. 2 fr, OBSERVATIONS PRATIQUES SUR L'HOMOEOPATHIE, par le docteur L. Scuderi (de Messine). Paris. 1837, in-8. I fr. 50 LA MEDECINE ET LA LOI de I'altlraction universelle, par le docteur F. Perrussel, Deuxieme 6dition. Paris. 1847, in-8. 2 fr, 50 DE L'HOMOEOPATHIE, de sa doctrine, de ses prescriptions et du rbgime 4 suivre pendant le traitement des maladies aigues et chroniques, par les docteurs F. Pera russel et D. de lonesltrol. Paris, 1853, in-12. I1 fr$ LA GOUTTE. MWmoire sur les causes des maladies goutteuses et sur leur traitea ment par ]a melhode homeopathique, par D. de Monestrol. Paris, 1855, in-8 de 96 pages. 1 fr. 50 CONSERVATION DE LA SANTE. Manuel d'hygibne 3 I'usage de tons, mais princi. palement des personnes qui out adoptd la doctrine dIe Hlahnemann, par le docteur Monestrol, Paris, 1851, 1 vol. in-12, a fr DI CHOLURA-MORBUS iPIDEMIQUE el de son Iraitement curatifet prbservatif, par le docteur P. Pitet. Paris, 4854, in-S de 88 pages. 1 fr. 09 -8 -- MI9MOIRE SUR LA MiETHODE CURATIVE DITE HOMOEOPATHIQUE, prbsentd Ia Facult6 de Montpellier, par M. Dezauche, docteur en m~decine. 1833, in-8. 60 c. OBSERVATIONS SUR L'HOMOEOPATHIE, par un hlomme qui n'est pas m~decin. Paris, 1835, in-8. 1 fr. 50 CLINIQUE HOMOEOPATHIQUE A I'usage des mddecins et des gens du monde, par le docteur L. Malaise. 1837, in-8. 6 fr. 30 LETTRE AUX MEDECINS FRANCAIS SUR L'HOMOEOPATHIE, par le docteur Comte S. des Guidi, introducteur de l'Iiomoeopathie en France. Troisidme idition, enrichie de pr6face des traducteurs de cette lettre, des biographies et portraits de S. Hahnemann et de S. des Guidi, et de plusieurs lettres importantes, par le docteur F. Perrussel. Paris, 1852, in-8 de 144 pages. 3 fr. 50 LETTRE A MM. LES MEMBRES DE L'ACADgMIE ROYALE DE MWDECINE, sur la riponse qu'ils ont adressee an ministre de l'instruction publique au sujet de I'homuopathie, par le docteur des Guidi. Lyon, 1835, in-8. 75 c. L'HOMOEOPATHIE, SES RAISONS ET SES ERREURS, par le docteur Nivelet. Paris, 48a0, in-8. 2 fr. REVUE HISTORIQUE ET PRATIQUE des doctrines et des systemes de mbdecine de la DOCTRINE HOMOEOPATHIQUE, et de ses rapports de concordance avec la force et la loi d'attraction universelle, par F. Desclhamps, docteur-mddecin. SaintLO, 4851, 4 vol. in-8 de 340 pages. 4 fr. 50 RIPONSE 4 M. le docteur Th. Labbey sur ses rnflexions critiques sur I'homoiopathie, par F. Deschamnps, D. M. Sainlt-L6, 1854, in-8. 1 fr. 50 RIPONSE 4 M. le docteur Th. Labbey. Rdfutation de ses r0Iexions critiques sur l'homceopathie, par le tdlocteur A. Leboucher. Paris, 1855, in-8. 1 fr. 50 DU CHOLERA EPID.MIQUE, de sa prdservation et de son traitement hiomcuopathique, par le docteur V.-E. Lecoupeur. Paris, 1854, in8 de 43 pages. 1 fr. 50 LA VARIOLE, son traitement et sa preservation homwopathique, par le docteur V.-E. Lecoupeur. Paris. 1854, in-8 de 38 pages. I fr. 50 MEDECINE HOMOEOPATIIQUE DES FAMILLES, Journal consacrd S la propagation de 'liomieopatlhie parmi les mddecins et les gens du monde, rddig6 par une sociWtd de mndecins de Paris et des d~partements, publid par le docteur Lecoupeur. 4 852-1853. 2 vol. gr. in 8. 14 fr. JOURNAL DE LA SOCIHTr GALLICANE DE MIEDECINE HOMOEOPATHIQUE (commenc le er mai 4850), parait depuis le 4e mai 1855, les 4re et le 15 de chaque mois, par cahiers de 4 feuilles in-8 (64 pages). Prix de I'abonnement pour un an, a Paris, 20 fr. franco; pour les departerients, 23 fr. Chaque annie s6parement. 20 fr. Par suite de laI fusion de la Socid e hahnemannienne et de la Socitid h iomneopatliiqiue de Paris, Ae Journal et le Bulletin, orgaiines do ces deux Sucitds, ont cessti de paraire. I)e la rdunion de cts deux Sociades est nde Ie Journal de la Socieie gallicande ie medecine hlomaoprathique que nous announons. C est dans cc recuticil que tons les midocins poutrrot suivire les progdhs de I homonopathie, connaire la pathioginie des nouveaux nmddicamenis, etc., 4e. BULLETIN DE LA SOCIETE HOMOEOPATHIQUE DE PARIS. Ce Journal a Oid publi6 tous les mois, de janvier 1845 5 dkcembre 18149; il forme 7 volumes in8. Prix de la collection. 50 fr. Prix de chaque annie s6par~ment. 12 fr. JOURNAL DE MIDECINE HOMOEOPATHIQUE, publid par la Soci6td Ihahnemannienne. Ce journal a 06d publid tous les mois, de novembre 1845 au mois d'avril 1850; il forme 5 forts volumes in-8. Prix de la collection. 50 fr. Chaque annde sdpardment. 42 fr. L'ART MEDICAL. Journal de mndecine gdndrale et de mddecine pratique. Parait le lcr du mois par cahiers de 5 feuilles, formant par annde 2 volumes grand in-8 de 680 pages chacun. Prix: un an, pour Paris, 15 fr. - Pour la France, 18 fr. - Pour l'Ntranger, le port en sus, suivant les tarifs. GAZETTE HOMOEOPATHIQUE DE PARIS, publide par Ie docteur Iloth. Janvier & octobre 1850.. vol. in-4 de 286 pages 4 2 colonnes. 8 fr. ANNALES DE LA MIIDECINE HOMOEOPATHIQUE, publices par les docteurs Ldon Simon, G.-H. Jahr et Croserio. Paris, 4842, 2 vol. in-8, publi6s en 10 cahiers. 20 fr. ARCHIVES DE LA MIPDECINE HOMOEOPATHIQIUE, publides liar tine socidtd de madecins de Paris, collection de 4834-1837. 6 vol. in-8. 30 fr. Paris. - Imprimerie de L. MARTINET, rue I-cigon, 2. II ~t;j b4;;:: t.: 1: * ~i~i~i~i~~:ii hi"~. r:-..s.:I* P..i \:~:~-:~~ I-ii~.i; CI:-. "-:::: -::;:: --- ~i'~~ ~ j ~a " ~ ~i.:~ ~;j;f~ ~::r' ~-~ - i`' 1~ -: 'r _I+-;I:~~J~::,~:~;~. '~' i+ ~ F sc r i-: I:t_~T~J'::::~ ~~, /~~ -~, ':~~.* I.r:~:;i -~-~.1. ~ ~i!r~-'~li -'~~~~:.i ~~~-~.:,?,.; ~::I~ ~-g:~ i-~.+~ ~.1~--... ~Pur D EPI ~Ls 3:z~: i ftates A616inetarems dhomeoatte, complWteas a. titds pratiquesf l'pusage des mddioa, des etastie nauths relifieuses, des faailfles etc I par Is F. Aw s Esrp in-12 de 380 pages. Du traitemsameI Mathqe 41e auladies le doctaur G. 04101 Prs, 188, 1 vol. bi-12 dP 601T Dak t10 imtlumt b desk atfeedoes dest aladies a le docteur GI. 11.0. Jhu 1 Vo1,1f6 t,"d600 Get lportAut ouvragecoWdto Ii deaprio simptow aes diverse. tsrwit, le diap i ile pronbotice to2besIi i q es t pharsi odeltolutae tItre mdei ties e poor le trateSnie de aeetioss Iiso 04 db"i,.ias homeo *siha do. ala Idies a t A et des lipaigs eattrledes en g#nrdiil par le dooteNr 0.i.G. JASR, ris, JS 0, I Ad1L. 14 de 680 ages. -. ft. r.p4r* 6 pa 4 d Io0$0ues at conacienciieses dtades, i epagirtenalt - k t* ah d'ieider I gjustion des atios catandes, de cesanaladies 1 soueta4bo tra.. etelet " t qei tout to ddesoi esp demalades et des twedecins. Cet ouvrsag dwis4pa ttoi parties:1o Thrapeutique des waladies de 1a peau;.to Matire mfthilse; MalWpoe sysptoatalogique. ThM a pentique homaeopathitque es maladles eis eu0, par it doeteur Fa. HARTSANS, traduit de l'allemand, avec des notes, par le doeteur LION SIMON fils, membre de Ia Socidt6 gallicanb de mdledae Iho. moeopathique. Paris, 1863, 1 vol. in-8 de 700 pages. fr. TherapeutiquS homatopathique des maladiess aignls de maladies chroniques, par Is docteur Fa. IhaRTMAl &tr 4aolemnand sur Ia troisibme Mdition, par le docieur A. J. L oas aris, 1847-1860,9 2forts olin8. i8 f. Wrait8 hoomesmpthiqt*e des maladies alga$etu des enftants, par i doeteurt A. TEsTE. Secoide ddit, corrIde et augment6e. Paris, 1856, in-12. de 400 pages. 6 fr. Syst6matisation pratique de Iatt matthe mbdlealt aomeopq. thique, par le doeteur A. TESTE, membre de Ila Socaetd gallbe de do nd*' decine homweopathlque. Paris, 1863, f1 vol. in- 8 de o00 pages. 8 fr weanell de thfirapea tique midleale homesopathiqv por servirt degude 'au lit des malades et r titrde de la matidre wdae pure,.rt le doctedtr C. BaENN AUmJSEN. Tradult de 'allemand pe 8 dootet L orn. Paris, 1846, I Vol. grand indln de 600 pages. 7 f. aada U e po k vir 1'6tude critique de Il'hom a tk pa I -4 ooter Guas4icAirdacteur du journal l'Hygea, tradilt t i nird, par,#oetert Scamassn a. ParisN,849, I vol. rn-42. S 4 i 'ltatistiquo 4 1a deeie homaeopathUei p e lote C. CRosMss iO.r. 148,, lu-8. -, 1 >.L as de amj uRei4 hOmoeopapthique, par le doter 40 &aot. Pris, 1830, fort l8-8.. 1f rkbei, iaaprtimerie cdtc c%. ?r M.