Écritures féminines et dialogues critiques : subjectivité, genre et ironie / Writing Women and Critical Dialogues : Subjectivity, Gender and Irony by Françoise Lionnet (review) Écritures féminines et dialogues critiques : subjectivité, genre et ironie / Writing Women and Critical Dialogues : Subjectivity, Gender and Irony by Françoise Lionnet (review) Nadège Veldwachter L'Esprit Créateur, Volume 53, Number 1, Spring 2013, pp. 170-171 (Review) Published by Johns Hopkins University Press DOI: For additional information about this article [ Access provided at 6 Apr 2021 02:53 GMT from Carnegie Mellon University ] https://doi.org/10.1353/esp.2013.0014 https://muse.jhu.edu/article/507893 https://doi.org/10.1353/esp.2013.0014 https://muse.jhu.edu/article/507893 gratitude had played in upholding social cohesion. The book examines the tension between these two changes and their rhetorical expression in the works of Challe, Marivaux, Rousseau, and Diderot. Each of these writers advances the transformative effect of one or both of the two emotions. Bridging the classical era and the beginning of the Enlightenment, Challe’s treatise, Difficultés sur la religion, focuses on the author’s anger in his existential relation to God. In La Vie de Mar- ianne, Marivaux explores how Marianne’s gratitude toward her benefactors inspires the recogni- tion of her independence and moral worth as a human being. Rousseau plays the key role, invok- ing both sentiments to powerful effect. Anger and gratitude figure prominently in both his personal social encounters and in his works, the fiction as well the discursive texts. From the moment of his inspiration on the way to visit Diderot incarcerated at Vincennes, anger serves the polemics of his attack on injustice and inequality. Rousseau’s anger will have an illocutionary force on his readers, inspiring their gratitude to him and redefining their sense of self in relation to Rousseau the man. His anger and his discomfort at the way gratitude in a relation of patronage weakens personal liberty and identity will lead him to propose the neutral rule of law to govern all ranks in society equally. His works will thus exceed their descriptive value to have a far last- ing effect in reshaping personal relations, first between author and reader, and second, extended to other social and political relations. Anger, resentment, and the vicissitudes of gratitude resurge in the polemics between Lui and Moi in Diderot’s Le Neveu de Rameau, as each provokes the anger of the other and Lui suggests that Moi should gratefully acknowledge his debt to Lui as an inspiration for Moi’s own genius. By the close of the century, these two sentiments, described and dramatized in the texts of major authors, succeeded in redefining the individual in his relation to the social and political sphere. One can question whether Voltaire or other Enligthtenment writ- ers should have been included. What is clear is that Coleman’s monograph lays the groundwork for exploring bourgeois drama or novels by women, such as Graffigny’s Lettres d’une Péruvi- enne, where the bourgeois or marginalized individual who expresses anger or gratitude merits respect and the recognition of his or her rights as a social being. JANIE VANPÉE Smith College Françoise Lionnet. Écritures féminines et dialogues critiques : subjectivité, genre et ironie / Writ- ing Women and Critical Dialogues : Subjectivity, Gender and Irony. La Pelouse, Trou d’Eau Douce, Ile Maurice: L’Atelier d’écriture, 2012. Pp 314. ISBN 99903-36-68-7. Cette collection d’essais rassemblant textes français et anglais est l’un des deux volumes qui retracent l’évolution de la pensée critique de Françoise Lionnet, l’une des chercheuses les plus respectées dans les études francophones, au cours de ces vingt dernières années. L’intention derrière ce recueil est formulée sans ambages. Il s’agit d’ « un effort de réévalu- ation de l’histoire littéraire et de ses lacunes » (19). Pour ce faire, Lionnet déploie une méthodolo- gie exemplaire résolument ancrée dans l’interdisciplinaire. Le livre, divisé en deux parties, suit une chronologie et une thématique distinctes. La première partie allant de 1991 à 2001 s’ouvre sur la dénonciation de la « misogynie ordi- naire » (19) qui imprègne la tradition poétique des pontes de la littérature française et francoph- one : Breton, Senghor, Césaire, de Chazal et Maunick. Lionnet déplore le poids patrimonial d’une littérature où la femme est réduite à un ‘signe’ métaphorique vidé de toute subjectivité. Les trois chapitres suivants sont dédiés, respectivement, à Humbert, Devi et Collen, auteures mauriciennes, qui répondent à ce discours masculin. « Le principe organisateur de l’auto-portrait » (61) dans À l’autre bout de moi d’Humbert fait naître un dialogue innovant avec Nietzsche où psychanalyse et philosophie informent le concept de fragmentation identitaire ; plus avant, le contexte de la condition ouvrière féminine des années 1980 dans There is a Tide de Collen révèle l’éclatement 170 SPRING 2013 L’ESPRIT CRÉATEUR culturel des nouvelles nations postmodernes à la merci de modes de consommation mondiaux qui ne laissent guère de fonctionnalité à l’expression du ‘local’. Couvrant la période de 2002 à 2012, la deuxième partie élabore une topologie fertile pour soulever et éclairer les interrogations autour du concept de littérature-monde en français. La mul- tiplicité des sujets abordés donne à la fois une vision globale et comparative de la littérature fran- cophone dans toute sa richesse intertextuelle. Prenant une position adverse aux préceptes du mouvement de la littérature-monde, Lionnet adopte trois axes de démonstration. Les relations translinguistique et transhistorique entre Maryse Condé et Emily Brontë ainsi qu’entre Marie-Thérèse Humbert et Jane Austen sont examinées à travers les réécritures ‘périphériques’ du canon anglais. Dans Le Dernier Frère d’Appanah, Lion- net révèle la résonance ‘multidirectionnelle’ des mémoires juive et mauricienne de la seconde guerre mondiale. L’auteur conclut sur les notions de mimétisme et d’ironie retracées dans l’hom- mage rendu à l’œuvre de Devi. C’est en vertu d’un chevillage narratologique assuré que l’argu- mentation convainc. Au lieu du racornissement critique d’une pensée de la francophonie soumise aux diktats du centre parisien, Lionnet offre une relecture de « codes et pratiques rhétoriques qui ont toujours été le sceau philologique […] de nombreux textes francophones» (176) chez des écrivains voyageurs des 17e et 18e siècles (Bernardin de Saint-Pierre). Ceci lui permet de dévoiler les formes déjà présentes, à l’époque moderne, de créolisation et mondialisation propices à l’avènement de ce qu’elle nomme la relation « transcoloniale » (183). L’atout majeur de cet ouvrage est de faire (re)découvrir un critique incontournable des études postcoloniales dont l’œuvre explore et met en pratique les notions d’hybridité et cosmopolitisme littéraire dans un souci constant de renouvellement de sa pensée. NADÈGE VELDWACHTER Purdue University VOL. 53, NO. 1 171 BOOK REVIEWS