key: cord-309826-xutv2x8p authors: Baud, Grégory; Brunaud, Laurent; Lifante, Jean Christophe; Tresallet, Christophe; Sebag, Frédéric; Bizard, Jean Pierre; Mathonnet, Muriel; Menegaux, Fabrice; Caiazzo, Robert; Mirallié, Éric; Pattou, François title: Chirurgie endocrinienne au cours et au décours de l’épidémie de COVID-19: Recommandations de l’AFCE date: 2020-04-30 journal: Journal de chirurgie viscerale DOI: 10.1016/j.jchirv.2020.04.015 sha: doc_id: 309826 cord_uid: xutv2x8p Résumé La pandémie de COVID-19 impose une réorganisation majeure de l’ensemble de notre système de soins. En France, des règles générales ont été diffusées au niveau national et sont déclinées par chaque établissement, public comme privé, sur l'ensemble du territoire. Ces recommandations, rédigées par un groupe d’experts sous l’égide de l’Association Francophone de Chirurgie Endocrinienne (AFCE), ont pour objectif de proposer des principes spécifiques de prise en charge chirurgicale au cours et au décours de l’épidémie de COVID- 19, pour les pathologies chirurgicales de la thyroïde, des parathyroïdes, du pancréas endocrine, et des surrénales. Abstract The Covid-19 pandemic commands a major reorganization of the entire French healthcare system. In France, general rules have been issued nationally and implemented by each healthcare center, both public and private, throughout France. Guidelines drafted by an expert group led by the French-speaking Association of Endocrine Surgery (AFCE) propose specific surgical management principles for thyroid, parathyroid, endocrine pancreas and adrenal surgery during and after the Covid-19 epidemic. La pandémie actuelle COVID-19 impose une réorganisation majeure de l'ensemble de notre système de soins (1) . Face à l'afflux actuel ou prévisible des patients nécessitant un séjour en réanimation (2), l'objectif prioritaire à court terme a été la concentration des ressources matérielles et humaines disponibles vers les secteurs de prise en charge des patients COVID (3, 4) . Cette situation a conduit à une déprogrammation presque complète des interventions chirurgicales non urgentes (5) . Plus d'un mois maintenant après le début de l'épidémie, il devient essentiel d'assurer la prise en charge des autres pathologies, non liées à COVID mais pour lesquels le report de l'intervention au-delà de la période épidémique pourrait aggraver le pronostic, notamment sur le plan vital. Enfin, il apparaît important d'envisager dès maintenant les conditions dans lesquelles l'activité chirurgicale pourra reprendre un rythme normal, au décours de l'épidémie. Des règles générales ont été diffusées au niveau national et par chaque établissement, public comme privé, sur l'ensemble du territoire. Des recommandations ont aussi été proposées pour la chirurgie viscérale (6) . En l'absence de recommandations spécifiques, l'Association Francophone de Chirurgie Endocrinienne a réuni un groupe d'experts afin de proposer des principes de prise en charge des pathologies chirurgicales de la thyroïde, des parathyroïdes, du pancréas endocrine et des surrénales, au cours de l'épidémie de COVID-19 et au décours, lorsque l'activité chirurgicale pourra progressivement reprendre un rythme normal. Ces recommandations ont été écrites au vu de la littérature déjà publiée ; le cas échéant, elles feront l'objet d'une actualisation en fonction de l'évolution des connaissances. Quatre niveaux de programmations ont été définis afin d'établir une liste de priorisation des patients. Ces catégories pourront évoluer en fonction du contexte épidémique. Les opérations urgentes sont celles qui doivent être réalisées dès que possible, car elles mettent en jeu le pronostic vital à court terme. Les semi-urgences sont celles qui peuvent être différées de quelques semaines mais pas audelà de 3 mois sans préjudice pour le pronostic vital, carcinologique, ou fonctionnel du patient. Viennent ensuite les interventions qui peuvent attendre quelques mois mais justifient une Page 4 of 16 J o u r n a l P r e -p r o o f 4 programmation prioritaire au décours de la crise. Enfin, les interventions dont le report à distance de la crise, même au-delà de 6 mois est possible, sans que cela ne remette en cause l'indication ellemême. Pour les interventions urgentes, le rapport entre le bénéfice attendu de l'intervention et les risques liés à sa programmation au cours de la crise doit toujours être évalué en fonction de l'évolution du contexte national mais aussi local, et notamment des ressources disponibles : bloc opératoire, consommables, et capacités d'hospitalisation, notamment en cas de possible séjour en soins intensifs. Lorsqu'une indication chirurgicale a été retenue en période épidémique, il est recommandé de privilégier une hospitalisation de courte durée, voire ambulatoire (7), chaque fois que celle-ci n'augmente pas le risque de réhospitalisation. Afin de limiter le temps opératoire et le risque de complications post-opératoires, la réalisation de l'intervention par un(des) chirurgien(s) expérimenté(s) est également recommandée. Même en l'absence de symptôme, il est recommandé d'évaluer avant l'intervention le risque d'infection COVID qui semble associé à un pronostic défavorable (8, 9) . Toute intervention chez un patient suspect ou infecté doit être réalisée selon les règles établies par les équipes d'hygiène et les infectiologues de l'établissement (10). Les cancers différenciés de la thyroïde ont le plus souvent un excellent pronostic (11) et il n'existe pas un haut niveau de preuves concernant le délai optimal de leur prise charge. Au cours de l'épidémie, toute tumeur thyroïdienne suspecte de malignité (Bethesda 5 ou 6) doit être discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Lorsqu'il existe des signes cliniques ou paracliniques en faveur d'une forme agressive de cancer (présence d'une paralysie récurrentielle, envahissement local avec atteinte oesophagienne, vasculaire ou trachéale, infiltration ganglionnaire massive (12)), la chirurgie doit être programmée comme une semi urgence. En cas de suspicion de cancer anaplasique, peu différencié, ou de lymphome, une biopsie chirurgicale doit être réalisée avant toute chirurgie. Si l'un (13) . En l'absence de signe d'agressivité locorégionale, le délai de la prise en charge chirurgicale d'un carcinome différencié dépendra du statut ganglionnaire et de la taille de la tumeur. Une tumeur supérieure ou égale à 2 cm et/ou associée à des métastases ganglionnaires peut sans risque être reportée à la fin de la crise, mais doit être programmée en priorité au décours, dans un délai inférieur de 3 mois. Les tumeurs de moins de 2 cm, sans métastase ganglionnaire, pourront être reportées à distance de la crise. Bien que le pronostic des carcinomes médullaires de la thyroïde (CMT) soit légèrement moins favorable que celui des cancers de souche folliculaire (14), cela ne modifie pas les recommandations ci-dessus en terme de délai de prise en charge. La majorité des indications de thyroïdectomie pour lésion bénignes peuvent être différées sans risque. Deux situations particulières peuvent néanmoins nécessiter une programmation en semi urgence. Il s'agit des thyrotoxicoses (maladie de Basedow, nodules toxiques, goitres toxiques, hyperthyroïdie iatrogène) non ou difficilement contrôlées par les anti thyroïdiens de synthèse (ATS) (15) . Dans cette situation, le lithium, le perchlorate de potassium et en cas d'échec la plasmaphérèse, peuvent être utiles pour normaliser le taux de tri-iodothyronine (T3) et contrôler le taux de thyroxine (T4) au moment de l'intervention. Les goitres non suspects mais responsables de signes compressifs sévères (dyspnée inspiratoire par compression trachéale, dysphagie par compression oesophagienne, syndrome cave supérieur par compression veineuse profonde) devront également être opérés en semi urgence, avant la fin de la période épidémique. c. Hyperparathyroïdie (Fig.4) Le traitement chirurgical de l'hyperparathyroïdie (HPT) primaire n'est généralement pas urgent (16) . Dans le contexte épidémique COVID, sa programmation dépend de la présence ou non d'une hypercalcémie sévère, définie par le niveau très élevé de la calcémie > 3,5 mmol/l (140 mg/) (17) et/ou J o u r n a l P r e -p r o o f 6 la présence de complications cliniques (pancréatite aigüe secondaire à l'HPT, tumeur brune osseuse, calciphylaxie, ostéopénie fracturaire, troubles du rythme cardiaque (raccourcissement du QT sur l'ECG, bradycardie avec risque d'asystolie) avec insuffisance cardiaque (17) (18) (19) (20) . Dans tous les cas, un traitement hypocalcémiant doit d'abord être instauré. Dans le contexte épidémique, l'utilisation du cinacalcet est recommandée (21) . En cas d'hypercalcémie sévère, l'intervention doit être programmée en semi urgence, sans attendre la fin de la période épidémique, voire en urgence, lorsqu'elle n'est pas contrôlée par le traitement médical. En l'absence d'hypercalcémie sévère, l'intervention pourra être reportée sans risque après la fin de la crise. Ces recommandations sont les mêmes en cas d'HPT primaire génétiquement déterminée. Pour l'HPT tertiaire, le seuil de calcémie définissant l'hypercalcémie sévère doit être abaissé à 2.8 mmol/l pour protéger le greffon rénal (néphrocalcinose, nécrose tubulaire aiguë, lithiase) et limiter le retentissement osseux et vasculaire (22, 23) . Pour l'HPT secondaire, le traitement chirurgical n'est pas recommandé pendant la période épidémique, en raison du risque supérieur d'infection COVID chez les patients dialysés (24) . Lorsqu'elle est indiquée, l'intervention devra être programmée en priorité, dans les trois mois suivants la période d'épidémie en cas de douleurs osseuses invalidantes, de tumeurs brunes, ou de contre-indication temporaire à une greffe rénale (25) . (37) . L'intervention est alors programmée en semi urgence, avant la fin de la crise. Les patients présentant une tumeur neuroendocrine du pancréas bien différenciée (Grade G1, G2 ou G3) et non sécrétante peuvent être reportés à distance de la crise. En cas de syndrome sécrétoire associé, un traitement médical devra d'abord être instauré (38) . Si ce traitement ne permet pas un contrôle satisfaisant du syndrome sécrétoire, la pancréatectomie sera programmée en semi urgence, avant la fin de la période épidémique. Si le traitement médical est efficace, l'intervention pourra être reportée à distance de la période épidémique. Lorsqu'elle est (42) . Si ce traitement permet le contrôle du syndrome sécrétoire, la surveillance étroite pourra être poursuivie jusqu'à la surrénalectomie qui sera programmée en priorité, à la fin de la période épidémique. Si ce traitement ne permet pas un contrôle satisfaisant du syndrome sécrétoire, l'intervention pourra être programmée en semi urgence, avant la fin de la période épidémique, dans un centre expérimenté. Pour les autres lésions surrénaliennes sécrétantes (notamment hypercorticisme, hyperaldostéronisme), un traitement médical adapté (inhibiteurs de la steroïdogénèse, antialdostérone) sera d'abord instauré. En l'absence de contrôle du syndrome sécrétoire ou de retentissement grave, la surrénalectomie pourra être programmée en semi urgence, pendant la période épidémique. Dans les autres cas, la surrénalectomie pourra être programmée à distance de la période épidémique. En période d'épidémie, la laparoscopie reste la voie d'abord privilégiée pour la surrénalectomie. En revanche en cas de lésions suspecte et/ou d'une taille supérieure à 10 cm la laparotomie est recommandée (43). COVID-19: what is next for public health? High prevalence of obesity in severe acute respiratory syndrome coronavirus-2 (SARS-CoV-2) requiring invasive mechanical ventilation Critical Care Utilization for the COVID-19 Outbreak in Lombardy, Italy: Early Experience and Forecast During an Emergency Response Blueprint for Restructuring a Department of Surgery in Concert With the Health Care System During a Pandemic: The University of Wisconsin Experience Covid-19: all non-urgent elective surgery is suspended for at least three months in England Strategy for the practice of digestive and oncological surgery during the Covid-19 epidemic At last a step forward toward ambulatory care for endocrine surgery in France? Clinical characteristics and outcomes of patients undergoing surgeries during the incubation period of COVID-19 infection Cancer patients in SARS-CoV-2 infection: a nationwide analysis in China Propositions pour la prise en charge anesthésique d'un patient suspect ou infecté à Coronavirus COVID-19 2020 American Thyroid Association Management Guidelines for Adult Patients with Thyroid Nodules and Differentiated Thyroid Cancer: The American Thyroid Association Guidelines Task Force on Thyroid Nodules and Differentiated Thyroid Cancer Effect of primary treatment on survival in anaplastic thyroid carcinoma Revised American Thyroid Association guidelines for the management of medullary thyroid carcinoma The Graves' disease, consensus of the French Society of Endocrinology A 10-year prospective study of primary hyperparathyroidism with or without parathyroid surgery Parathyroidectomy for hypercalcemic crisis: 40 years' experience and long-term outcomes The association of primary hyperparathyroidism with pancreatitis Cinacalcet hydrochloride maintains long-term normocalcemia in patients with primary hyperparathyroidism Tertiary hyperparathyroidism: is less than a subtotal resection ever appropriate? A study of long-term outcomes Characteristics of Persistent Hyperparathyroidism After Renal Transplantation Minimizing the risk of COVID-19 among patients on dialysis Executive summary of the 2017 KDIGO Chronic Kidney Disease-Mineral and Bone Disorder Guideline Update: what's changed and why it matters Is it possible to limit the risks of thyroid surgery Morbidity of total thyroidectomy for substernal goiter: A series of 70 patients COVID-19 pandemic: effects and evidence-based recommendations for otolaryngology and head and neck surgery practice. Head Neck SARS-CoV-2 Viral Load in Upper Respiratory Specimens of Infected Patients Does intraoperative neuromonitoring of recurrent nerves have an impact on the postoperative palsy rate? Results of a prospective multicenter study International neural monitoring study group guideline 2018 part I: Staging bilateral thyroid surgery with monitoring loss of signal Randomized controlled trial of alfacalcidol supplementation for the reduction of hypocalcemia after total thyroidectomy ENETS Consensus Guidelines Update for Gastroduodenal Neuroendocrine Neoplasms COVID-19 epidemic: proposed alternatives in the management of digestive cancers : A French Intergroup clinical point of view Dig Liver Dis ENETS Consensus Guidelines for High-Grade Gastroenteropancreatic Neuroendocrine Tumors and Neuroendocrine Carcinomas Pancreatic neuroendocrine tumors: the impact of surgical resection on survival ENETS Consensus Guidelines for the management of patients with digestive neuroendocrine neoplasms: functional pancreatic endocrine tumor syndromes European Society of Endocrine Surgeons (ESES) and European Network for the Study of Adrenal Tumours (ENSAT) recommendations for the surgical management of adrenocortical carcinoma Adrenocortical carcinoma: Impact of surgical treatment Adrenalectomy Risk Score: An Original Preoperative Surgical Scoring System to Reduce Mortality and Morbidity After Adrenalectomy Long-term survival after adrenalectomy for stage I/II adrenocortical carcinoma (ACC): a retrospective comparative cohort study of laparoscopic versus open approach Adrenal insufficiency Hypocalcemic emergencies Combined levothyroxine plus liothyronine compared with levothyroxine alone in primary hypothyroidism: a randomized controlled trial