key: cord-308686-tbwecf7o authors: Mortamet, G.; Morello, R.; Jokic, M.; Vabret, A.; Leroux, M.; Brouard, J.; Dina, J. title: Étude prospective de l’écologie virale hivernale dans un service de réanimation pédiatrique date: 2015-04-30 journal: Archives de Pédiatrie DOI: 10.1016/j.arcped.2014.10.025 sha: doc_id: 308686 cord_uid: tbwecf7o Résumé Le but de cette étude prospective était d’évaluer l’épidémiologie des virus respiratoires chez les enfants hospitalisés dans une unité de réanimation et de soins continus pédiatriques pendant 3 mois d’hiver, en 2012–2013. Ont été inclus tous les enfants admis en réanimation pédiatrique du centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen et ayant bénéficié d’une recherche d’infection par un virus respiratoire à partir d’un prélèvement nasal analysé par amplification génique (PCR) multiplex. Sur 105 enfants admis, 84 répondaient aux critères d’inclusion. Trente-sept enfants présentaient un ou plusieurs symptômes respiratoires à l’admission. Cinquante-quatre échantillons étaient positifs (64,3 %) avec 70 virus détectés. Le virus dont la prévalence était la plus élevée était le virus respiratoire syncytial (VRS) (n =28 ; 40,0 %), suivi par le rhinovirus (n =24 ; 34,3 %). Parmi les enfants sans symptômes respiratoires, 42,6 % étaient infectés par un ou plusieurs virus. Aucune différence de durée d’hospitalisation, de durée de ventilation mécanique n’a été mise en évidence en fonction du virus détecté. La principale limite de cette étude est l’analyse par PCR, beaucoup plus sensible que d’autres méthodes de détection, notamment chez des sujets asymptomatiques sur le plan respiratoire. Cette étude révèle cependant un taux élevé d’infections respiratoires causées par des virus chez les enfants qui ne présentent pas de symptômes respiratoires à leur admission en unité de réanimation et soins continus. Elle suggère un intérêt du dépistage de ces infections virales à l’admission des enfants et un bénéfice à l’extension des mesures d’isolement pour tous les enfants en réanimation pédiatrique. Summary Introduction Viral respiratory infections are common in children, most of which are due to a virus. They can lead to serious infections, and these children may require treatment in a pediatric intensive care unit (PICU). This prospective study evaluated the epidemiology of respiratory viruses and associated illnesses among children hospitalized in a PICU during the three winter months of 2012–2013. Methods All the children admitted to the PICU, University Hospital of Caen, France, were included. Nasal swabs were collected and specimens were tested using a single real-time PCR (polymerase chain reaction). Results Of the 105 patients admitted to the PICU during the study period, 84 fulfilled the inclusion criteria. The “respiratory group” included 37 patients with respiratory symptoms at admission while the “nonrespiratory group” included 47 patients with no respiratory symptoms. The 84 nasal swabs collected included 54 that were considered positive (64.3%) and 70 viruses were detected. The most commonly detected virus was RSV (n =28; 40.0% positive samples), followed by HRV (n =24; 34.3%). Viruses were more frequently detected in the respiratory (86.5%) than in the nonrespiratory (42.6%) group (P <0.001). Statistical analysis by subgroups revealed that RSV infections were significantly more frequent in the respiratory group (54.1%) than in the nonrespiratory group (6.4%) (P <0.001). There was no difference for HRV (32.4% and 27.7%) or for the other viruses. No difference in duration of hospitalization or duration of mechanical ventilation was demonstrated depending on the virus detected. Discussion The use of the very sensitive multiplex PCR technique increased virus detection rates in both symptomatic and asymptomatic subjects. Conclusion We have confirmed the frequency of RSV infections in a PICU and found that many patients without respiratory symptoms have respiratory infections caused by viruses. The impact of these infections on patient outcome should now be analyzed in order to demonstrate the role played by respiratory viruses. Introduction. Viral respiratory infections are common in children, most of which are due to a virus. They can lead to serious infections, and these children may require treatment in a pediatric intensive care unit (PICU). This prospective study evaluated the epidemiology of respiratory viruses and associated illnesses among children hospitalized in a PICU during the three winter months of 2012-2013. Methods. All the children admitted to the PICU, University Hospital of Caen, France, were included. Nasal swabs were collected and specimens were tested using a single real-time PCR (polymerase chain reaction). Results. Of the 105 patients admitted to the PICU during the study period, 84 fulfilled the inclusion criteria. The ''respiratory group'' included 37 patients with respiratory symptoms at admission while the ''nonrespiratory group'' included 47 patients with no respiratory symptoms. The 84 nasal swabs collected included 54 that were considered positive (64.3%) and 70 viruses were detected. The most commonly detected virus was RSV (n = 28; 40.0% positive samples), followed by HRV (n = 24; 34.3%). Viruses were more frequently detected in the respiratory (86.5%) than in the nonrespiratory (42.6%) group (P < 0.001). Statistical analysis by subgroups revealed that RSV infections were significantly more frequent in the respiratory group (54.1%) than in the nonrespiratory group (6.4%) (P < 0.001). There was no difference for HRV (32.4% and 27.7%) or Les infections respiratoires sont fréquentes chez l'enfant, et la plupart d'entre elles sont d'origine virale [1, 2] . Dans les pays à climat tempéré, elles surviennent principalement en hiver [2] . Ces infections sont en grande partie responsables de l'augmentation des admissions dans les services d'urgences pédiatriques pendant cette période [3] . Les virus respiratoires peuvent entraîner des infections graves et mortelles chez l'enfant, qu'il soit immunodéprimé ou non, avec parfois nécessité d'une hospitalisation dans une unité de réanimation ou de soins continus pédiatrique [4] . À titre d'exemple, en 2009 en France, environ 10 % des nourrissons hospitalisés pour une bronchiolite l'avaient été dans une unité de soins intensifs [5] . Récemment, de nouvelles méthodes de diagnostic rapides et très sensibles permettant l'identification d'un grand nombre de virus, comme l'amplification génique (PCR) multiplex, ont grandement contribué à l'amélioration du diagnostic des infections virales respiratoires. Depuis la pandémie grippale de 2009, des trousses diagnostiques permettant la détection de plusieurs cibles virales en un seul test ont été développées [6] . Les études portant sur les infections virales respiratoires chez des enfants hospitalisés en réanimation pédiatrique sont peu nombreuses ou concentrées sur l'évaluation des épidémies [4, 7] . Le but de cette étude prospective était d'évaluer l'épidémiologie des virus respiratoires chez les enfants hospitalisés dans une unité de réanimation et de soins continus pédiatrique pendant 3 mois d'hiver. Tous les enfants admis dans l'unité de réanimation pédiatrique du centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen ont été inclus, qu'ils aient des symptômes respiratoires ou non. La période d'étude a été de 3 mois, du 1 er décembre 2012 au 28 février 2013. Cette unité dispose de 12 lits (8 lits de réanimation et 4 lits de soins continus) et admet des enfants de 0 à 18 ans, pour des motifs médicaux ou chirurgicaux, à l'exception des pathologies néonatales. Tout enfant hospitalisé dans l'unité pendant la période d'inclusion et pour une durée d'au moins 24 h était éligible. Pour les patients hospitalisés plus d'une fois au cours de cette période, l'inclusion n'a concerné que la 1 re hospitalisation. Tous les enfants présentant des symptômes respiratoires (toux, rhinorrhée, apnée ou dyspnée) ont été inclus dans le groupe « respiratoire » et ceux admis pour d'autres symptômes ont été inclus dans le groupe « non respiratoire ». La recherche de virus respiratoires a été réalisée à partir d'un prélèvement nasal recueilli par les infirmières de l'unité lors des 24 premières heures sur écouvillon floqué avec milieu de transport. Les enfants n'ayant pas bénéficié d'un tel prélèvement ont été exclus de l'étude. Les échantillons ont été obtenus lors de manoeuvres de désencombrement nasal, un soin qui fait partie de la prise en charge standard et de la procédure diagnostique en cas d'infection respiratoire. Les enfants avec ou sans symptômes respiratoires, ainsi que leurs parents ont été informés par écrit de la réalisation de cette étude. En cas d'opposition de leur part, le patient était exclu. Ce travail a été validé par le Comité pour la protection des personnes (division Nord-Ouest III). Trente-sept enfants présentant un ou plusieurs symptômes respiratoires à leur admission ont été inclus dans le groupe respiratoire (44 %). Le taux de détection virale a été de 89,2 % dans le groupe respiratoire et de 44,7 % dans le groupe non respiratoire (p < 0,001). Au total, 24 enfants avaient été admis pour une prise en charge post-opératoire (6 après une intervention programmée et 18 après une intervention non programmée) et 60 pour une cause médicale, dont 29 pour un motif respiratoire. L'âge moyen de la population dans le groupe respiratoire était beaucoup plus jeune que dans le groupe non respiratoire (11 mois versus 69 mois). Le tableau I résume les caractéristiques de la population d'étude. La détection d'un ou plusieurs virus respiratoires a été plus fréquente dans le groupe respiratoire comparé au groupe non respiratoire (86,5 % versus 42,6 %) (p < 0,001). Dans l'analyse statistique par sous-groupe, les infections à VRS étaient significativement plus fréquentes chez les enfants avec des symptômes respiratoires (58,5 %) que chez les asymptomatiques (13,8 %) (p < 0,001). Il n'y avait pas de différence significative pour tous les autres virus (tableau II). Par ailleurs, en dehors du VRS qui était plus fréquent dans le groupe respiratoire, la répartition épidémiologique dans les deux groupes était comparable. Selon le virus détecté, aucune différence de durée d'hospitalisation, de durée de ventilation mécanique, qu'elle soit invasive ou non invasive, n'a été mise en évidence (tableau III). Cette étude prospective a été réalisée sur des sujets admis en réanimation, qui sont par définition les enfants les plus sévèrement atteints. Les résultats épidémiologiques sont comparables à ceux d'études antérieures, y compris chez des enfants admis dans des unités de pédiatrie générale [8] . Notre analyse a en effet confirmé l'importance des infections causées par le VRS. Ce virus reste le principal agent responsable des infections virales respiratoires en réanimation pédiatrique. Il engendre une morbi-mortalité importante, notamment chez les enfants de moins de 3 mois qui développent le plus souvent un tableau clinique de bronchiolite [9] . Le virus arrivant en seconde position dans notre étude était le rhinovirus. Cet agent, dont l'incidence varie en fonction des sérotypes circulants, ne subit pas vraiment de variations saisonnières. Il touche principalement les enfants de moins de 2 ans et la morbi-mortalité qu'il provoque est moindre que celle du VRS [10, 11] . Le taux de détection des autres virus a été relativement faible mais cela peut s'expliquer par la faible prévalence de ces infections à cette période. Tout d'abord, cette information peut nous amener à interpréter différemment l'évolution clinique d'un malade. Par exemple, après une intervention chirurgicale, la fièvre n'est pas nécessairement liée à une infection post-opératoire, mais pourrait être le signe d'une infection virale chez un patient sans symptômes respiratoires à l'admission. De plus, comme le souligne notre travail, la fréquence élevée des infections respiratoires virales peut justifier de les rechercher à l'admission en réanimation ou avant une chirurgie programmée. L'intérêt d'un tel dépistage a été montré dans plusieurs études [16, 17] . Il diminuerait le risque d'infection nosocomiale post-opératoire d'origine virale. Néanmoins, son coût doit être mis en balance avec l'économie du nombre d'infections nosocomiales évitées. Enfin, au vue de nos résultats, il semblerait nécessaire en hiver d'étendre les moyens de prévention des infections nosocomiales d'origine virale, comme l'isolement protecteur et le port de masque pour tous les patients admis en réanimation pédiatrique, quelle que soit leur symptomatologie. Cette étude confirme l'importance des infections à VRS dans une unité de réanimation pédiatrique mais surtout elle révèle un taux élevé d'infections virales des voies respiratoires causées chez des enfants ne présentant pas de symptômes respiratoires à leur admission. Même si l'imputabilité d'une infection par un virus respiratoire isolé par PCR est discutable, cette observation suggère un intérêt au dépistage des infections virales respiratoires à l'admission des enfants et un bénéfice à l'extension des mesures d'isolement préventif pour tous les patients hospitalisés en réanimation pédiatrique. Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article. The burden of respiratory viral disease in hospitalized children in Paris Viral etiology of acute respiratory infections in hospitalized and outpatient children in Infectious disease hospitalizations among infants in the United States Serious and lethal respiratory tract infections of viral etiology in children Bronchiolite du nourrisson aiguë en France : bilan des cas hospitalisés en 2009 et facteurs de létalité RespiFinder: a new multiparameter test to differentially identify fifteen respiratory viruses An investigation into the prevalence and outcome of patients admitted to a pediatric intensive care unit with viral respiratory tract infections in Cape Town Viral epidemiology and severity of respiratory infections in infants in 2009: a prospective study Paediatric intensive care admissions for respiratory syncytial virus bronchiolitis in France: results of a retrospective survey and evaluation of the validity of a medical information system programme Rhinovirus associated with severe lower respiratory tract infections in children Les virus des bronchiolites aiguë Influenza burden in children newborn to eleven months of age in a pediatric emergency department during the peak of an influenza epidemic Clinical utility of PCR for common viruses in acute respiratory illness New molecular virus detection methods and their clinical value in lower respiratory tract infections in children Persistence of rhinovirus and enterovirus RNA after acute respiratory illness in children Peri-operative management of pediatric patients undergoing cardiac surgery-focus on respiratory aspects of care Pediatric cardiology respiratory syncytial virus in patients with congenital heart disease