Microsoft Word - Art 13.doc 159 Entre le 24 février et le 1 mars 2011, monsieur Antony Penrose, fils du photographe Lee Miller et de l’artiste surréaliste et historien de l’art Roland Penrose, a visité notre pays dans une tournée de conférences qui allait le porter sur les pas de sa mère pendant sa deuxième visite en Roumanie, en 1946 (la première s’était déroulée en 1938), lorsqu’elle a parcouru, de long en large, nos contrées et a immortalisé la société roumaine, du haut en bas, du palais royal jusqu’à la maison paysanne et à la chaumière du tzigane. La personnalité forte et versatile de l’artiste a été évoquée avec une exactitude d’historien et une mutinerie d’enfant : toute son activité fut présentée, de sa profession de modèle pour les photos de mode des Années Folles jusqu’aux œuvres surréalistes et le reportage de guerre. Un homme de taille moyenne, bien fait, les cheveux blonds-roux, toujours en désordre, les yeux bleus, un visage doux, constamment illuminé par un large sourire, communicatif et badin, excessivement modeste et sans prétentions dans ses gouts et ses manières : tel est Antony Penrose. Qui pourrait imaginer que cet homme qui a gardé son enfance dans son cœur et la légèreté de la jeunesse dans sa conduite et sa tenue est le possesseur d’un trésor iconographique dont rêvent beaucoup des grands musées du monde? Que ses parents furent ennoblis par la reine Elizabeth II? Qu’à l’âge des interrogations, il avait comme partenaire de jeu le grand Picasso, qui lui a offert quelques- uns de ses ouvrages ? Qu’il a parcouru les continents afin d’entretenir vivante la mémoire artistique de ses parents ? Qu’il est l’auteur de plusieurs livres, best sellers, parus à la prestigieuse maison d’édition Thames & Hudson ? Historien, publiciste, conférencier, cinéaste et fermier, Antony Penrose est le directeur des Archives Lee Miller et de la Collection Penrose de Farley Farm, Chiddingly, dans l’est du comité Sussex de la Grande Bretagne. Sa carte de visite et son palmarès sont assez impressionnants. VIE SCIENTIFIQUE LE PHOTOGRAPHE LEE MILLER A BRAŞOV ET BUCAREST, le 25 février et le 1 mars 2011 J’ai fait sa connaissance en 2002, pendant la XXe édition de la Conférence Internationale ORACLE des curateurs et des directeurs des musées de photographie qui s’est déroulée à Cologne. Je l’ai rencontré de nouveau plusieurs fois, à l’occasion de la même manifestation, et, pendant notre dernière rencontre, à Arles, en 2009, nous avons mis les bases d’une collaboration de longue durée dont le premier résultat a été cette tournée de conférences promotionnelles qui préparent une ample exposition avec les photographies exécutées par Lee Miller en Roumanie. Elizabeth Miller est née en 1907, dans le nord de l’état de New York. Dans sa jeunesse, elle a adopté le nom de Lee, propre plutôt à un jeune homme qu’à une fille. Mais, de petite, elle était garçonne et elle a continué à se comporter – et même à s’habiller – comme un homme pendant toute sa vie. Elève sans application, turbulente et indépendante, elle a eu de gros problèmes à l’école. Attirée par la plastique, elle décide à suivre une carrière artistique et, à 18 ans, elle va à Paris où, sans s’inscrire dans une institution d’enseignement de spécialité, elle fréquente les musées et les galeries. Elle se sépare avec difficulté de la Ville des Lumières et revient en Amérique où, pour échapper à REV. ROUM. HIST. ART, Série BEAUX-ARTS, TOME XLVIII, P. 159–166, BUCAREST, 2011 160 l’ennui de la vie de province, elle suit les cours de scénographie et de danse d’Art Students League de New York. Avec son visage intéressant et ses proportions idéales, elle devient modèle pour les magazines de mode, posant pour le grand photographe Edward Steichen. Ce fut le début de sa collaboration avec la revue Vogue, d’abord, comme modèle, ensuite, comme photographe professionnel. En 1929, elle revient à Paris, là, où elle préfère vivre. Elle se propose d’apprendre la photographie et choisit Man Ray comme professeur. Pendant 4 ans, elle entretient une relation impétueuse avec celui-ci et lui sert de modèle et de muse en même temps. Il va l’initier dans les mystères de l’art photographique. Ensemble, ils découvrent la méthode de la solarisation des images. Elle connaît l’avant-garde et s’intègre dans son tourbillon : Paul Eluard, Max Ernst, Pablo Picasso, Victor Brauner et Roland Penrose (qui sera son mari) seront ses amis pour toute la vie. Picasso lui fait quelques portraits. Lorsqu’elle quitte Ray, ce dernier, bouleversé par la douleur, exécute son célèbre ouvrage Objet à détruire, représentant un métronome sur le bras duquel était collée la photo de l’œil de Lee ; il a aussi réalisé sa peinture de grandes dimensions Le temps de l’observatoire (également connue sous le nom de Les amoureux) où, les lèvres surdimensionnées de la bien-aimée flottent sur le ciel taché de nuages, au-dessus de l’Observatoire Astronomique de Paris. Après un mariage heureux – mais ennuyeux – avec un magnat égyptien, elle retrouve sa liberté toujours parmi les artistes surréalistes, partageant la maison et les voyages avec Roland Penrose. En 1938, après des vacances en Grèce, ils se dirigent vers Bucarest, armés d’une lettre de recommandation de la part de Victor Brauner adressée à son frère, le musicologue Harri Brauner. Ils parcourent ensemble le pays dans l’automobile de Lee, un Packard solide. Le folkloriste passionné a eu la grande chance de bénéficier de la collaboration d’une femme photographe douée et renommée. C’est pourquoi il lui demande de documenter cette excursion, d’immortaliser des gens, des costumes, des habitudes, des formes d’habitat, des instruments musicaux et l’atmosphère du village roumain traditionnel. Le résultat de ce voyage à Târgu Jiu, Tismana, Hurez, Sibiu, Făgăraş, Braşov, Bran, Turtucaia, Silistra, Balcic et aux monastères du Bucovine se matérialise dans plus de 500 clichés d’une grande valeur artistique et documentaire, exécutés avec un appareil Rolleiflex. Penrose, à son tour, écrit un poème surréaliste, publié en 1939, The Road is Wider than Long, illustré avec ses propres photographies. L’éclat de la Guerre mondiale surprend Lee en Angleterre. En même temps que le départ sur le front de nombreux photographes, les éditeurs du périodique Vogue engagent Lee, en janvier 1940, pour fournir le matériel illustratif nécessaire à la version britannique de la revue. En 1944, dans sa qualité de citoyen américain, elle est accréditée comme correspondent de guerre. Dans cette posture, habillée d’un élégant uniforme, de commande, elle arrive de nouveau à Paris, peu après la libération et revoit ses amis, Picasso, Eluard. Elle rend visite à la misanthrope femme écrivain Colette et lui sollicite une interview, elle prend des photos de Jean Cocteau, Jean Marais, Maurice Chevalier, Marlene Dietrich et Fred Astaire, venu en Europe pour amuser les troupes. Elle ne se limite plus à prendre des photos, mais elle écrit également les textes qui les accompagnent, avec un réel talent de journaliste. Ses articles surprenaient les réalités du moment, avec concision et humour. Ensuite, suivant les divisions américaines dans leur évolution vers l’est elle assiste à leur rencontre avec les troupes russes sur l’Elba, à Torgau. Elle est marquée par les horreurs des camps de concentration de Buchenwald et Dachau. Elle immortalise les restes du pont Hohenzollern sur le Rhin, à Cologne, puis, les ruines de Francfort et Bonn. A Munich, elle prend un bain dans la baignoire de 161 l’appartement d’Adolf Hitler et s’endort sur le lit d’Eva Braun, dans la villa si discrète et banale qu’elle avait dans la même ville. L’automne de 1945 la surprend à Vienne, le 25 octobre, elle arrive en Hongrie où elle passe les fêtes du Noël et du Nouvel An, et en janvier 1946, elle vient dans notre pays. Ses impressions de voyage, les aventures, les surprises et les rencontres avec des personnalités marquantes – tel que le Roi Michel I et la Reine Mère Hélène, les hommes politiques Iuliu Maniu, Dinu Bratianu et Lucretiu Patrascanu – ainsi qu’une sélection de photographies sont publiées dans le numéro du mois de mai 1946 de la revue Vogue, les versions américaine et britannique également, revue nommée en argot Brogue (de British Vogue). Aux appels insistants de Roland Penrose, elle revient à Londres où ils vont se marier, en 1947, peu avants la naissance de leur fils unique, Antony. Ils s’installent à Farley Farm, une zone rurale tranquille, où le petit garçon gambade entouré d’animaux domestiques et découvre la nature. C’est là qu’ils étaient visités par des célébrités de la vie culturelle et artistique du temps, dont le plus cher était l’espiègle et le raisonnable Picasso sur lequel Penrose a récemment écrit un livre émouvant, The Boy Who Bit Picasso. Après la mise au monde du petit garçon, Lee n’a plus été attirée par la photographie et, pendant les dernières années de sa vie, elle a trouvé sa vocation de cuisinière inspirée. Elle est morte en 1977, en laissant derrière un fabuleux héritage iconographique, découvert dans le grenier de la maison et valorisé pendant ces dernières décennies seulement. Antony Penrose a parcouru une partie du tracé fait par sa mère en 1946. À Sinaia, il a cherché, avec obstination, la place du cimetière des aviateurs et des soldats américains morts pendant les raids au-dessus des champs pétroliers de Ploieşti, dont l’image a été conservée dans plusieurs cadres de sa mère. Il ne l’a pas trouvé, car, paraît-il, les restes ont été exhumés et enterrés ailleurs. Il a pu, en échange, visiter le cimetière militaire britannique de Tâncabeşti, près de Bucarest. Au Palais de Peleş, il a cherché les angles d’où Lee a pris les images avec la Reine Hélène, assise dans l’un des balcons au-dessus du hall d’honneur, près de l’échelle en spirale, abondamment sculptée, ou la place d’où lui a posé le roi Michel Ier, dans la Galerie des Armes, ayant, à ses pieds, un beau chien loup. Les deux conférences, accompagnées d’images éloquentes, ont été tenues au Musée d’Art de Braşov et à l’Université Nationale de Beaux-Arts. À Braşov, le sujet a été Lee Miller et Roland Penrose à Farley Farm, à Bucarest, Hand Grenades like Cartier Clips. Toutes les deux ont eu un important public universitaire et ont eu un grand succès. À la fin, les étudiants ont posé beaucoup de questions au conférencier, ils se sont intéressés quand pourront-ils visiter la projetée exposition „Lee Miller en Roumanie”, l’atmosphère a été des plus cordiales. Ainsi, l’oeuvre d’une grande artiste photographe du XXe siècle témoigne de sa pérennité par l’intérêt suscité à la jeune génération du XXIe siècle. Adrian-Silvan Ionescu CAROL POPP DE SZATHMARI – EN FOTOPIONJAR I KUNGL. BIBLIOTEKETS SAMLINGAR, Institut Culturel Roumain de Stockholm, le 4 avril 2011 Récemment, le public – roumain et suédois – a été informé de la découverte d’une belle collection d’images de Carol Popp de Szathmari (1812-1887), important pionnier roumain de la photographie. Cette découverte n’est pas nouvelle : il y a 25 ans, Dan Şafran – l’actuel directeur de l’Institut Culturel Roumain de Stockholm – dans sa qualité de bibliothécaire de la Bibliothèque Royale (Kungl.Biblioteket), a trouvé, à la cote no. 182 E 22, sous l’étiquette Paysages roumains, un 162 portefeuille rouge contenant 30 photographies de monuments et de paysages du pays. Ce qui est étonnant c’est que ce portefeuille ne se trouvait pas dans le Cabinet d’Estampes et de Photographies, comme il serait normal, mais dans un rayon, à côté d’autres livres – et c’est là, peut-être, la cause de l’absence d’informations des chercheurs intéressés par l’histoire de la photographie. La mappe avait sur sa couverture le monogramme du prince Eugène, grand collectionneur et patron des arts, qui l’avait donnée à la bibliothèque en 1903. Le prince Eugène-Napoléon-Nicolas, duc de Nericie, était le fils cadet du roi Oscar II et de la reine Sophie – qui était la tante de la reine Elizabeth de Roumanie – et frère du roi Gustav V (1858-1950). On ignore le contexte dans lequel ce précieux portefeuille est entré dans la possession du passionné prince suédois. Il n’y a que des suppositions concernant un possible cadeau fait par le roi Charles I à ses invités, le roi Oscar et la reine Sophie, pendant leur visite au Château de Peleş. Leur séjour laisse derrière un souvenir amusant, mais moins agréable pour les souverains suédois : un soir, tard après le souper, en se promenant à travers les galeries du château tout en admirant les tableaux de la collection royale, sans connaître les règles strictes imposées par le sobre monarque de Roumanie, ils se sont soudainement trouvés dans le noir. À 23 heures précises, pour que tous les locataires – qu’ils soient d’origine royale ou personnel de service, tout simplement – bénéficient des heures nécessaires de sommeil, sans perdre la nuit dans des futilités, le roi avait l’habitude d’interrompre le courant électrique dans l’entier édifice ; il le faisait de sa propre chambre où se trouvait le commutateur. Les invités suédois ont passé une nuit misérable, étendus sur les banquettes froides, en marbre, dans l’impossibilité de trouver leurs chambres. Le temps est passé et, préoccupé par d’autres affaires, le découvreur a oublié sa découverte. Il y a un an, en 2010, l’historien de l’art Alexandru Baboş, qui était en train de soutenir sa thèse de doctorat, a trouvé les mêmes images lorsqu’il complétait sa documentation académique. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée d’organiser une exposition sous le titre Carol Popp de Szathmari – en fotopionjar i Kungl.Bibliotekets samlingar, ouverte le 4 avril 2011 dans les beaux salons de l’Institut Culturel Roumain de Stockholm. Grâce à mes contributions liées à l’œuvre photographique de Szathmari, je fus invité à voir les ouvrages, à les encadrer dans la période de création de l’auteur et à tenir une conférence sur son activité dans le monde des arts visuels. À l’ouverture de l’exposition, une table ronde fut organisée et le prof. dr. Mircea Iliescu, dr. Anna Dahlgren, chercheur à Nordiska Museet, Leif Wigh, historien de la photographie et nous-mêmes, nous avons pris la parole. Mircea Iliescu, réputé chercheur du Moyen Âge, a tenu son discours en suédois et il a mentionné la contribution de Szathmari à la connaissance, autant dans le pays qu’à l’étranger, des monuments médiévaux de Roumanie grâce aux albums ou aux planches disparates présentées aux expositions ou commercialisées aux amateurs. Ensuite, ce fut le tour de notre exposé, en anglais, accompagnée de projections. L’œuvre de Szathmari a été placée dans le contexte de l’époque, en soulignant ses contributions à la diversification du langage plastique et à l’évolution de la photographie d’art, ainsi qu’à l’exploration de nouveaux genres, tel que la photographie de guerre et l’ethno- photographie. Nous avons également présenté une étude comparée entre les planches conservées dans le patrimoine de la Bibliothèque Royale et celles qui se trouvent dans les collections roumaines. Szathmari qui, depuis 1863 était peintre et photographe de la Cour princière des Principautés Unis, ensuite de la Cour royale de Roumanie, a réalisé plusieurs albums pendant sa longue et riche carrière. Il a commencé et a gagné sa célébrité avec l’album dans lequel il a présenté les premières images de guerre et les visages des commandants de la campagne 163 danubienne avec laquelle avait débuté la Guerre de Crimée et qu’il avait prises, en avril 1854, à Oltenitsa et Silistra, entre les lignes des combattants russes et ottomans – risquant de devenir la cible des canonniers turcs qui l’ayant pris pour espion, ont ouvert le feu sur lui, mais, heureusement, sans le blesser. Grâce à cette réalisation qui le consacre en tant que premier photoreporter de guerre, il est reçu en audiences privées et amples par l’empereur Napoléon III de France et par la reine Victoria de la Grande Bretagne, qui l’ont comblé de louanges et de décorations. L’album a été remarqué, comme une pièce précieuse, à l’Exposition Universelle de Paris, en 1855, à laquelle l’auteur avait participé en qualité d’exposant privé, sans affiliation aux pavillons nationaux. Un autre album, aux images de petites dimensions, du type carte de visite, avait été offert, en 1863, à la princesse Elena Cuza. Sur la page de titre, l’auteur avait écrit, en encre de chine et aquarelle, le titre Souvenir de la Roumanie. Les tonalités suggéraient le drapeau national. Il y a eu ensuite un album dans lequel il avait rassemblé, en 1867, des images document avec la métropolie Curtea de Arges qui allait être restaurée – à l’aide d’une méthode radicale comportant la démolition jusqu’à la fondation et la reconstruction – par l’architecte André Lecomte du Nouy. Enfin, l’œuvre majeure de sa vie fut l’ouvrage monumental, datant de 1869, Roumanie. Album de SM le Prince Carol I, dans lequel se retrouvent les images des églises les plus importantes de Bucarest et de la Valachie. Un pays dans un album c’est le titre, très inspiré, choisi par la feue chercheuse allemande d’origine roumaine Karin Schuller-Procopovici (1954-2011) pour son étude dédiée à cette œuvre imposante, publiée dans le volume Silber und Salz, édité, en 1989, à Cologne, à l’occasion de la fête de 150 ans depuis la découverte de la photographie. Et telle était la réalité : un pays concentré dans un seul album dans lequel on pouvait admirer, sur des planches de dimensions appréciables (30 x 36 cm), des monuments, des paysages sauvages et des types humains dans des costumes traditionnels. Pour obtenir des images aussi grandes il fallait employer un appareil sur mesure, parce que la technique était celle du cliché sur verre, couvert de collodion humide. Les négatifs étaient copiés, par contacte, sur papier sensible, traité d’albumine. Les 30 photographies exposées à l’Institut Culturel Roumain représentent une sélection du fond plus grand qui constittue l’album Roumanie. L’exemplaire qui se trouve à la Bibliothèque de l’Académie Roumaine contient plus de 60 planches. Pour le portefeuille de Stockholm on a choisi les compositions avec les églises et les monuments d’architecture, en excluant les paysages naturels – tels que les Bucegi, la Vallée de Prahova, les sources de Bistritsa, Dâmbovicioara – et les groupes de paysans costumés pour la fête. Szathmari faisait une documentation systématique, en prenant d’abord des images d’ensemble du complexe monastique, placé dans un cadre naturel, ensuite, il continuait avec une focalisation sur le bâtiment principal, pour passer, finalement, aux détails – le porche, la porte, les sculptures sur les encadrements des fenêtres, les tours, les joyaux de l’église respective. Il a également surpris des moments de la festivité de l’accueil du prince régnant Carol I aux monastères de Nămăeşti, Cernica et Pasărea – manque l’accueil de Rucăr et Petroşiţa, qui figure dans l’exemplaire de Bucarest. Dans ces photographies ne figurent pas le prince et sa suite, il n’y a que les moines ou les religieuses, les hiérarques, l’évangile à la main, quelques paysans et les officialités locales en train d’accueillir le prince. La nature statique, non plus, formée des joyaux de la métropolie de Câmpulung ne figure pas dans l’exposition. Il y a, en échange, des planches qui ne se retrouvent pas dans l’album de la Bibliothèque de l’Académie, provenant d’autres portefeuilles du maître bucarestois : les églises Bucur et Radu Vodă, la Tour Coltsea, les crânes des 164 princes Radu Vodă et Michel le Brave du Monastère Dealul, l’église métropolitaine de Curtea de Argeş en trois variantes, provenant de l’album dédié par Szathmari, à cet édifice, en 1867. On peut également admirer les monastères Cozia et Hurezi et des détails de leurs porches, le Monastère Bistritsa, le Monastère Sinaia, surpris d’un angle plongeant, la Tour Baraţie et la Métropolie de Câmpulung, ainsi que la croix de Matei Basarab, dans la même localité, l’église Flâmânda, les ruines du palais princier de Târgovişte, les monastères Peştera et Cernica, la Métropolie de Bucarest, les églises Coltzea, Antim et St. Spiridon le Nouveau. Tout comme dans les autres albums, chaque image porte la légende écrite par la main de l’auteur, en encre de chine noire, en lettres capitales d’imprimerie. De plus, elles sont signées, à droite, en bas, toujours en majuscules, C. Szathmari. Au long de sa vie, Szarhmari a été une personnalité marquante, de taille internatio- nale. Ernest Lacan, l’un des premiers chroniqueurs de la photographie et principal signataire des articles de la revue La Lumière, organon de presse de la Société Française de Photographie, avait reconnu son mérite de premier reporter de guerre et lui avait consacré tout un chapitre dans son ouvrage Esquisses photographiques. A propos de l’Exposition Universelle et de la Guerre d’Orient (Paris, 1856). En 1864, Szathmari était reçu membre de la Société Française de Photographie, où il avait déjà exposé en 1859, et, en 1870, membre dans l’organisation similaire de Vienne. Après notre exposé, il y a eu un dialogue avec les autres invités, modéré par Anna Dahlgren. Ella a affirmé qu’elle n’a trouvé aucune autre documentation en anglais sur Szathmari, à l’exception de notre étude, publiée en 2009, dans la revue Centropa. Elle a comparé entre eux ce portefeuille du maître roumain et les quelques volumes de l’imposant The North American Indian de Edward S. Curtis, qui, grâce à l’intérêt pour l’ethnographie, se trouvent dans la bibliothèque de Nordiska Museet. Leif Wigh a offert plusieurs détails techniques liés à la photographie avec collodion humide, employé par Szathmari et tous ses contemporains. La découverte, dans la Bibliothèque Royale Suédoise, de cet album oublié témoigne de l’intérêt dont bénéficiaient l’œuvre photographique et le style documentaire que le réputé artiste a pratiqué avec dévouement pendant toute sa vie, en l’abordant dans des techniques diverses, du crayon aquarelle et huile jusqu’au cliché avec collodion humide et ayant comme résultat des images d’une grande force évocatrice. Adrian-Silvan Ionescu DOCUMENTATION AUX ARCHIVES LEE MILLER DE FARLEY FARM HOUSE, CHIDDINGLY, EAST SUSSEX GRANDE BRETAGNE, 14-22 MAI 2011 Entre le 14 et 22 mai 2011, j’ai été invité par M. Antony Penrose, directeur des Archives Lee Miller de Farley Farm House, Chiddingly, East Sussex, à entreprendre une recherche dans ces archives. On sait bien que sa mère, le photographe Lee Miller, a visité deux fois la Roumanie, en 1938 et en 1946 lorsqu’elle a fait une suite de photographies particulièrement intéressantes autant dans le milieu rural que dans le milieu urbain, en finissant par portraiturer la famille royale elle-même et quelques personnes politiques importantes. Dans sa première visite, elle a exécuté plus de 500 images, et pendant la deuxième, presque 400. J’ai eu de longues conversations avec M. Penrose au sujet des archives photographiques de sa mère, on m’a présenté les dépôts, le fichier et la manière d’inventorier dont s’occupe une équipe de jeunes muséographes et archivistes. J’ai eu l’occasion d’étudier les manuscrits de Lee Miller, prêts à paraître dans la revue Vogue, pour laquelle elle avait été correspondent de guerre et à laquelle elle avait contribué 165 avec des photos, accompagnées de textes témoignant qu’elle était, également, une bonne journaliste. En dehors de ma propre documentation – qui va se finaliser par une étude sur les impressions de voyage et les photographies de Lee Miller et, éventuellement, par un livre – j’ai pu me rendre utile à l’équipe coordonnée par M. Penrose par le procès d’identification de certains personnages immortalisés par sa mère en Roumanie, tel que Corneliu Coposu, dr. Ion Jovin et Aurel Leucuţia, ancien ministre de l’Economie Nationale dans les gouvernements Sănătescu et Rădescu, qui apparaissaient à côté de Iuliu Maniu, chef du Parti National Paysan. J’ai établi la location de certaines images prises au pays auprès de divers monuments historiques ou dans de diverses zones ethnographiques. Le musicologue Harri Brauner, un proche du photographe Lee Miller, qui avait établi son trajet à travers le pays et l’avait accompagnée dans ses pérégrinations, en même temps que sa femme, Lena Constante, apparaissaient dans plusieurs cadres, où la sympathie de l’invitée vis-à-vis de ses hôtes attentionnées était évidente. Etant donné que, pendant ma visite, à Farley Farm se déroulait une manifestation liée à l’éclat de la Deuxième Guerre mondiale lorsque, dans la première phase du conflit, Londres était bombardée par Luftwaffe, j’ai eu également l’occasion de voir la collection de photographies réalisées pour un album de propagande, Grim Glory : pictures of Britain under fire. Quoique destiné à relever les conséquences tragiques de l’agression et la courageuse résistance des Britanniques, l’album avait aussi des images avec un message pluri- sémantique qui se prêtait à des décodifications variées, en fonction du bagage culturel de celui qui regarde. Les cadres qui s’offraient à l’immortalisation étaient lus dans une manière très personnelle par l’inspiré photographe, contaminé par l’esprit surréaliste. Lee Miller trouve des motifs d’amusement, en dépit du dramatisme de la situation, comme, par exemple, les deux oies photographiées à travers une grille en fil de fer, ayant au fonds un énorme ballon captif employé contre les attaques aériennes. La légende elle-même est admirablement choisie par l’emploi d’un amusant jeu de mots faisant allusion à la forme d’œuf qu’a le ballon, Eggceptional Achievement – egg ayant en anglais la signification d’œuf. Au cas d’une machine à écrire Remington, détruite pendant le bombardement, elle a choisi la légende Remington Silent. Pour cet événement j’ai aidé M. Penrose à monter sur des mannequins les uniformes de ses parents portées pendant la guerre, respectivement, la tenue de correspondent de guerre américain de sa mère et le veston de capitaine dans Home Guard de son père. Je considère que cette documentation a eu des résultats salutaires concernant l’œuvre photographique de Lee Miller. Adrian-Silvan Ionescu *** Ioana Vlasiu, chef du Département de l’art moderne et contemporain de l’Institut d’histoire de l’art «G. Oprescu», a participé a l’Assemblée Générale de RIHA (International Association of Research Institutes in Art History) qui a eu lieu entre le 4 et 7 novembre 2010, à Bruxelles, à l’invitation de l’IRPA/KIK (Institut Royal du Patrimoine Artistique). *** Contemporary Art Practices on Printmaking: A short survey of an inclusive medium is the lecture held by Marcelo Balzaretti (Mexico) on 24th of November 2010, organized by Olivia Nitis and C. Cinalea in the frame of Experimental Project Association in partnership with the Institute of Art History “G. Oprescu” of the 166 Romanian Academy. Marcelo Balzaretti was born Mexico City where he lives and works. He is founder of the Printmaking Workshop at Mexico City Arts and Crafts Factory FARO where he teaches since 2000. His work has been shown in important museums and art centers in the world and he was recipient of the National Fund for Arts and Culture Young Artists Fellowship two times, in 2002 and 2006. In 2007 he was awarded with the first prize of the National Biennial of Art in Yucatan, Mexico. His lecture was a relevant insight in the field of experimental printmaking taking into account the techniques and materials used in contemporary Mexican printmaking in a close relation to the way in which printmaking has evolved and shifted during the centuries of art history. Printmaking is not only influenced by the new media in contemporary times, but it is also used with different purposes. An important aspect of his lecture was the analysis of the printmaking techniques as an expression of error in a fully conscious or unconscious manner. *** Intitulée A documenta realul. Fotografiile, filmele si picturile lui Ion Grigorescu, la conférence d’Ileana Pârvu, tenue le 7 mars 2011 à l’Institut d’Histoire de l’Art «G. Oprescu» , examinait principalement les œuvres de l’artiste datant des années 1970. Dès lors que le choix du médium photographique est compris comme une tentative d’enregistrement objectif du réel, il s’agit de situer la pratique de Ion Grigorescu par rapport à l’art conceptuel américain. Dans l’œuvre de Grigorescu, la veine documentaire ne se limite pas aux travaux portant sur la vie et l’habitat dans diverses villes roumaines et la conférencière s’est interrogée sur ce qu’il en est du fait de documenter dans les films dont le matériau est le corps de l’artiste. L’aspect vieilli que l’artiste imprime à ses œuvres induit une interrogation sur la construction de leur temporalité et soulève la question des rapports du document avec le passé. *** With the support of the Romanian Cultural Institute in London Olivia Nitis, research assistant in the Institute of Art History “G. Oprescu”, had a two weeks residency in April 2011 that allowed her to research the n.paradoxa archive and to meet Katy Deepwell, n. paradoxa editor. n. paradoxa is the only academic publication dedicated to feminist art theory and practice, founded in 1998. This archive comprises relevant aspects also reflecting the Eastern European feminist art theory and practices before and after the fall of the Iron Curtain.