¡ É i C h . r Ç U . O f J e r s ^ c n ) l ' o e u v r e de_ lApbs +€-... BULLETIN DE L'ŒUVRE DE S A I N T J E A N - B A P T I S T E DE LA SALLE POUR LE RECRUTEMENT ET L'ENTRETIEN D E S P E T I T S N O V I C I A T S DES FRERES DES ECOLES CHRETIENNES A n n é e 1 9 1 1 . Maison Saint-Joseph L E M B E C Q . - J _ . E Z - H A L , (BELGIQUE) 1 9 1 1 Sommaire du Bulletin. I. Une Bénédiction Apostolique, p. 1; ̂ jfll. Saint Jean-Baptiste de la Salle, p. 5; — III. L'Institut des Frères des Écoles chrétiennes, de 1719 à 1910, p. 14; — IV. Échos des Œuvres de l'Institut, p. 26; — V. Les Petits Noviciats de l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes, p. 33 ; — VI. La Vision de saint Jean-Baptiste de la Salle en 1688, p. 40 ; — VII. En attendant la Messe de Minuit, p. U ; — VIII. Lettre d'un Petit Novice à l'un de ses amis, p. 48; — IX. Trois Causes de Béatification, p. 49; — X. Questions et Réponses, p. 51 ; — XI. S. E. le Cardinal Vannutelli visite deux maisons des Frères au Canada, p. 58; — XII. Si j'avais su!..., p. 61. INDULGENCES ACCORDÉES p a r S. S. Pie X a u x B i e n f a i t e u r s d e l ' Œ u v r e d e S. J e a n - B a p t i s t e d e la S a l l e . (Extrait.du Bref du 15 avril 1909.) • . . . . . . Au nom de la miséricorde du Dieu Tout-Puissant et en vertu de l'autorité de ses . Bienheureux Apôtres Pierre et Paul, à tous et à chacun des fidèles qui, appartenant d'une manière quelconque à ladite Œuvre de saint Jean-Baptiste de la Salle, aideront lesdits établissements appelés Petits Noviciats, actuellement plus nécessaires que jamais à cause.de là perversité des temps, soit en offrant à Dieu des prières, soit de toute autre manière qui leur conviendra, Nous, accordons et concédons, pour chaque année, l'Indulgence plènière et la rémission de tous leurs péchés, à la fêle de la Présentation de la très sainte Vierge, 1 fête patronale desdits Petits Noviciats, et à la fête de saint Jean-Baptiste de la Salle, si vraiment contrits, confessés et nourris de la sainte Com- munion, ils visitent dévotement une église ou un oratoire public, depuis les.premières vêpres j-usqu'au coucher du soleil desdits jours, et y prient Dieu pieusement », aux intentions ordinaires. — Ces Indulgences sont applicables aux âmes du Purgatoire. BULLETIN DE L'ŒUVRE DE SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE POUR LE RECRUTEMENT ET L'ENTRETIEN 1 3 D 3 S S PETITS NOVICIATS D DES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES A n n é e 1911. U n e B é n é d i c t i o n A p o s t o l i q u e . Les Souverains Pontifes Pis IX, Léon XIII et Pie X ont plusieurs fois fait l'éloge de ¿'Œuvre de Saint Jean-Baptiste de la Salle, établie pour le recrutement . et l'entretien des Petits Noviciats des Frères des Écoles chrétiennes. Ils ont montré son importance, recommandé sa diffusion, et signalé les services qu'elle rend à l'éducation de la jeunesse. En faveur de ses membres, ils ont plusieurs fois ouvert les trésors spirituels de la sainte Église et accordé de précieuses indulgences. Tout récemment encore, Sa Sainteté Pie X daignait donner aux Petits Novices et a leurs parents, aux Frères chargés des Petits Noriciats et à tous ceux qui favorisent le recrutement de ces pieux asiles, une marque précieuse de sa bienveillance. C'est la Bénédiction Apostolique dont nous reproduisons le libellé, écrit par le Pape lui-même. S. S. LE PAPE PIE X Glorieusement régnant. Reprod. aut. P . Petit, phot. DsacWfffed ' Ï O f r O e - ^ c A t X A j k j , leur dit-il. C'est un très grand sacrifice que le Ciel leur demandait, car Jean était l'aîné de la famille, et, sans doute, le destinait-on à la magistrature, pour succéder à son père. Néanmoins la générosité des parents fut à la hauteur de leur foi. Ils s'inclinèrent devant la volonté de Dieu et permirent à leur fils de suivre son attrait. Heureuse famille où l'on ne disputait pas au Seigneur la part qu'il avait choisie ! 6 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S S A I N T J E A N - B A P T I S T E DE LA S A L L E P R É S E N T E A J É S D S - C H R I S T LES ENFANTS DE SES ÉCOLES DES CINQ PARTIES DU MONDE Tonsuré dès l'âge de onze ans, le jeune de la Salle fréquenta le Collège des Bons Enfants, à Reims. Sa piété devint plus vive encore, et son ardeur à l'étude plus soutenue que jamais. Ses progrès, sa réussite dans les concours publics attirèrent sur lui SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE 7 l'attention. Il sembla au vénérable M. Dozet, Chanoine de la cathédrale de Reims, que cet enfant rendrait un jour à l'Église d'éminents services ; en sa faveur, le vieux prêtre se démit de son canonicât (1666). Jean-Baptiste était alors dans sa seizième année. Quatre ans encore il continua d'étudier, sans quitter sa famille. En 1670, le jeune chanoine est au séminaire de.Saint-Sulpice, à Paris. Ses parents l'ont envoyé dans cet établissement célèbre pour s'y former à la vie cléricale, et suivre les cours de théologie donnés par les éminents professeurs de la Sorbonne. Il eut pour directeur spirituel M. Tronson. Plus tard, un autre prêtre qui l'avait vu de près rendra ce témoignage, que maîtres 'et élèves admirèrent en lui une intelligence supérieure, jointe à une irréprochable vertu. Alors, comme aujourd'hui, les séminaristes de Saint-Sulpice s'exerçaient aux fonctions de catéchistes auprès des enfants de la paroisse. Jeàn-Baptiste de la Salle préludait ainsi à la grande occupation de toute sa vie : faire le catéchisme aux élèves de ses écoles, préparer aux enfants des maîtres qui, par le catéchisme, leur feront connaître, aimer et servir le bon Dieu. Le saint jeune homme souhaitait pouvoir, sans obstacle, rester à Saint-Sulpice jusqu'à son ordination sacerdotale. Mais la mort de ses parents le rappelle à Reims en 1672. Devenu le tuteur de ses frères et sœurs, il travaille à leur éducation avec la sollicitude d'un vrai père. Ce devoir de charité ne lui fait pas négliger ses intérêts spirituels. Il est assidu aux offices de la cathédrale, cpmplète ses études, et se prépare à recevoir les ordres sacrés. En 1678, il est élevé au sacerdoce et, peu après, soutient brillamment sa thèse de doctorat. Ordonné prêtre, le pieux Jean-Baptiste de la Salle n'aspire qu'à gagner des âmes à Dieu. Il prêche, il confesse, il exhorte. Les pécheurs endurcis se convertissent à sa voix ; ses larmes, sa tendresse, son immense charité, achèvent ensuite de les gagner au bien. Mais c'est vers les enfants surtout qu'il se sent incliné par un mystérieux attrait. A l'exemple de saint Philippe de Néri, il aime à les instruire et à leur inspirer l'horreur du péché. Aussi accepte-t-il avec joie de son confesseur, M. Roland, chanoine et théologal de 8 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S Reims, la direction d'une communauté de religieuses institutrices, les Sœurs du Saint Enfant Jésus, que le digne prêtre lui lègue en mourant. Un jour il se rencontra, dans leur parloir, avec deux étrangers qui arrivaient de Rouen. C'étaient des instituteurs envoyés à Reims, pour fonder une école gratuite de garçons. L'un d'eux, particu- lièrement chargé de l'entreprise, se nommait Adrien Nyel. Le S . J E A N - B A P T I S T E DE LA SALLE ENVOIE DEUX FRÈRES A R O M E ¡FOUR Y OUVRIR UNE É C O I E GRATUITE charitable Chanoine leur offrit l'hospitalité et les aida dans la réalisation de leur pieux projet. P a r ses soins, la première école fut ouverte en 1679 ; elle eut un plein succès. Rientôt on en créa de semblables dans la ville, et plus tard à Rethel et à Laon. De nouveaux auxiliaires se joignirent SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE 9 aux premiers maîtres. M. de la Salle, qui les confessait et les dirigeait depuis 1680, leur imposa la vie de communauté et rédigea pour eux un règlement. Afin de les suivre de plus près, l'année suivante il les logea dans sa propre maison, et pourvut à leur entretien avec une généreuse sollicitude. Dégagés des soucis matériels, appliqués en dehors de la classe à des exercices de piété, les maîtres d'école étaient, de fait, devenus religieux. Mais le quartier où se trouvait situé l'hôtel de la Salle était peu favorable au recueillement. Le 24 juin 1682, le Fondateur va s'établir avec ses disciples dans un endroit de la ville plus retiré, rue de Contray; c'est là que prend naissance l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes. A peine fondée, l'œuvre nouvelle semble menacée dans son existence. Nyel abandonne ses compagnons et s'en retourne à Rouen, où lui est offert le poste d'inspecteur des écoles de charité. Cette défection, loin d'abattre le courage du chanoine de la Salle, ne fait que l'attacher plus étroitement à son œuvre. Il comprend que Dieu lui demande de s'y dévouer tout entier. Dès lors, il se détermine à vivre en communauté avec ses instituteurs et à partager leurs humbles travaux. Pour les séparer davantage du monde, il les revêt de l'humble costume qu'ils portent encore aujourd'hui, et donne à leur société le nom, si connu depuisj d'Institut des Frères des Écoles chrétiennes. Que de sacrifices il a déjà faits pour sauver l'âme des petits enfants ! Riche, il s'est fait pauvre; savant, il enseigne l'alphabet; élevé dans le luxe et la délicatesse, il donne tout son temps, toutes ses forces, tout son cœur à des écoliers que le monde rebute. On se moque de lui, mais il poursuit son entreprise. Sa grande foi lui montre que le salut des âmes vaut bien ces sacrifices. A cette époque, l'homme de Dieu n'avait pas encore des vues définitivement arrêtées sur les moyens de procurer l'éducation chrétienne des enfants du peuple. Créer une association d'insti- tuteurs religieux qui renonceraient à devenir prêtres, afin de ne s'occuper que des écoles élémentaires de garçons, c'était une œuvre délicate, difficile, et qui n'avait pas été, jusque-là, sérieuse- ment essayée en France. Saint Pierre Fourrier et le Père Barré 1 0 BULLETIN DES P E T I T S NOVICIATS L A CATHÉDRALE DE REIMS . à l'époque où saint Jean-Baptiste cïe la Salle y fut chanoine. avaient établi des communautés de religieuses vouées à l'éducation des filles. A Lyon, M. Déinia s'était entouré de prêtres et de sémina- ristes, pour tenir les écoles pauvres dans la ville ; mais cette utile institution ne rayonna jamais. Elle devait être emportée par la SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE 1 1 Révolution. C'est à saint Jean-Baptiste de la Salle que la Provi- dence réservait d'établir, sur des bases solides et durables, une société de maîtres exclusivement voués à l'éducation des enfants. Les vertus qu'il allait exiger de ses disciples, ai voulut les pratiquer lui-même. Sous l'inspiration de la grâce, qui le poussait au renon- cement évangélique, il vendit son riche patrimoine et en distribua le prix aux pauvres dans une année de disette. Bientôt après il se démit de son canonicat. Désormais il placera sa confiance en Dieu seul : ce sera la pierre angulaire de toutes ses fondations. Après la première assemblée des Frères, en 1684, furent établis le Noviciat, où se formaient les aspirants à la vie religieuse, et le Petit Noviciat, composé de sujets plus jeunes. Appelé à Paris en 1688, le généreux prêtre accepte la direction des écoles de Saint-Sulpice. Bientôt, en faveur des adultes, il ouvre des écoles dominicales, ou cours du dimanche, institution jusque-là presque inconnue' en France. Ce fut un premier essai des Patronages, si florissants aujourd'hui. A la demande de l'Archevêque, il se charge aussi de l'éducation de cinquante jeunes Irlandais que Louis XIV fait recommander à sa sollicitude. Ainsi fut créé, par lui-même, le premier Pensionnat de son Institut. Le bien opéré par ce grand Serviteur de Dieu fut considérable. Mais, pour éprouver sa vertu, le Ciel ne permit pas qu'il en reçût d'autre récompense, ici-bas, que des persécutions et des calomnies. Loin de le rebuter, les obstacles ne firent qu'augmenter son zèle. Plus il souffrait, plus il s'attachait aux enfants pauvres, et plus aussi il s'efforçait de faire fleurir l'innocence et la piété dans leurs écoles. Au reste, si le saint homme sema dans les larmes, il eut la consolation de voir que ses travaux n'étaient point stériles : Chartres, Rouen, Calais, Boulogne, Moulins, Troyes, Avignon, Marseille, Darnétal, Dijon, Grenoble, Mende, et plusieurs autres villes importantes de France sollicitèrent des maîtres formés par ses mains. Jaloux de montrer son attachement au Saint-Siège et à la foi catholique, il en envoya aussi à Rome. Plutôt que de se joindre aux Jansénistes, il préféra voir ses écoles ruinées à Marseille et ailleurs. 1 2 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S A ses yeux, ce n'était pas assez d'exciter et de diriger le" zèle de ses Frères : il voulut leur prêcher d'exemple. On le vit avec admiration remplir lui-même les modestes fonctions d'instituteur. Il fit l'école à Reims, à Paris, à Grenoble. En 1705, appelé à Rouen par l'Archevêque, Mgr Colbert, comme lui originaire de Reims, M. de la Salle y éprouva d'abord de. grandes tribulations. C'était sans doute la monnaie par laquelle Dieu voulait lui faire acheter la terre de son repos. Sans aban- É C O L E DES F R È R E S , AU CLOÎTRE S A I N T - M A C L O U , DE R O U E N S. Jean-Baptiste de la Salle y instruisit les pauvres en 1706. donner les écoles charitables de la ville, où les Frères se dévouaient aux pauvres, il fonda un pensionnat au faubourg de Saint-Yon, près Rouen. Cet établissement acquit bientôt une grande célé- brité dans la Normandie. Le Fondateur transporta dans le même enclos son Noviciat de Paris. Situé à quelque distance de la cité, l'endroit était propice au recueillement et à la prière; l'homme de Dieu en fit son séjour préféré. Il y mourut le Vendredi Saint, 7 avril 1719. S A I N T J E A N - B A P T I S T E D E L A S A L L E 1 3 « C'était un saint! le saint prêtre est m o r t ! » tels furent les cris d'admiration arrachés spontanément à ses contradicteurs eux-mêmes par la nouvelle de son décès. Ses funérailles furent un magnifique triomphe, décerné à ses admirables vertus par la ville entière de Rouen. Il fut d'abord inhumé dans l'église Saint- Sever. Mais en 1734, ses précieux restes, rendus à ses disciples, furent transportés dans la chapelle de Saint-Yon. Actuellement, les É C O L E S A I N T - J E A N - B A P T I S T E DE LA S A L L E A R E I M S Ancienne École des Frères, avant la grande Révolution. reliques de saint Jean-Baptiste de la Salle se trouvent dans la chapelle de la Maison-Mère de l'Institut, établie à Lembecq-lez-Hal (Belgique), depuis que la loi de 1904 a supprimé en France les Congrégations enseignantes. Quelles sont les vertus pratiquées par saint Jean-Baptiste de la Salle ? — Toutes et à un degré éminent. Il est le modèle des enfants, par son respect, sa docilité envers ses parents ; — le modèle des adolescents par l'innocence de sa vie, son angélique piété, son ardeur à l'étude, sa fidélité à suivre la vocation qui lui vient de 1 4 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS Dieu. Les maîtres chrétiens, les religieux éducateurs admirent en lui le parfait idéal du promoteur de la communion fréquente, l'apôtre animé d'un noble désir | conduire à Jésus-Christ l'enfance et la jeunesse. Le saint Fondateur aima uniquement Notre-Seigneur et sa divine Mère. Sa vie offre d'admirables exemples de patience et de douceur, de pardon des injures, de détachement des richesses, d'assiduité à la prière, de dévotion envers la très sainte Eucharistie. P a r un jugement infaillible, l'Église a solennellement proclamé, en 1873, l'héroïcité de ces vertus. Un grand nombre de guérisons ont été obtenues p a r des malades qui, dans leur détresse, se sont recommandés à la puissance du Serviteur de Dieu. Trois de ces faveurs ont été reconnues, par le Souverain Pontife, comme étant des miracles véritables. En 1888, l'Autorité suprême a proclamé Bienheureux le Fondateur des Frères, et, en 1900, après d'autres miracles également constatés, elle lui a décerné les honneurs de la Canonisation. Depuis lors, on le salue dans l'univers catholique par l'invocation : Saint Jean-Baptiste de la Salle, Priez pour nous ! . ' j j N j x • _ L'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes, d e 1719 à 1910. Deux siècles se sont écoulés depuis la mort de saint Jean- Baptiste de la Salle. Quels sont, durant cette longue période, les principaux événements de l'histoire de son Institut? L'Institut au dix-huitième siècle : 1719-1792. — Lorsque, après de longs travaux, disparut le saint Fondateur, sa Congrégation comptait vingt-sept maisons, deux cent soixante-quatorze Frères instruisant neuf mille élèves. Soixante-treize ans plus tard, c'est-à- L ' I N S T I T U T D E S F R È R E S D E S ÉCOLES CHRÉTIENNES 1 5 L E T . H . F R È R E P H I L I P P E , SUPÉRIEUR GÉNÉRAL, de 1838 à 1874 dire au moment où la Révolution française disperse la Société, une statistique indique cent vingt-trois maisons, neuf cent vingt Frères et trente-six mille élèves. Durant ce siècle, cinq Supérieurs généraux ont gouverné la Congrégation. Le dernier, — Frère Agathon, — fut enfermé successivement dans quatre prisons (1792 à 1794). Il 1 6 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS mourut à Tours, avant que la paix fût rendue à l'Église de France. En 1724, Louis XV accorda aux Frères des lettres-patentes, ou approbation qui leur donnait une existence légale. P a r un document pontifical solennel, une Bulle'datée du 26 janvier 1725, le Pape Benoît XIII plaça leur Institut au nombre des Congrégations canoniquement reconnues. Ces deux actes favorisèrent beaucoup l'extension des Écoles chrétiennes. Toutefois elles furent alors peu répandues hors des frontières de France, sauf à Borne, Avignon et Ferrare (dans les États pontificaux), en Lorraine, en Suisse et à La Martinique. Durant tout le dix-huitième siècle, les écoles populaires dirigées par les fils de saint Jean-Baptiste de la Salle sont de beaucoup plus nombreuses que leurs Pensionnats, et toutes sont strictement gra- tuites. Selon les méthodes données aux Frères par leur Fondateur, on enseigne alors aux écoliers la lecture et l'écriture, l'orthographe, l'arithmétique, et surtout notre sainte religion par le catéchisme. Suivant l'exemple qu'avait donné le pieux Instituteur à Saint- Yon, les Frères ouvrirent un certain nombre de Pensionnats. Sauf le latin, on y enseignait le programme alors adopté par les écoles similaires : les mathématiques, l'histoire et la géographie, le dessin et l'architecture. Pour les jeunes gens des pays maritimes, — comme à Brest, Vannes, Nantes, Boulogne, Marseille, — les Frères organisèrent des cours spéciaux de mathématiques et d'hydrographie. C'est donc une effiorescence magnifique ; la Bévolution fran- çaise faillit la ruiner à jamais. Les Frères pendant la Révolution : 1792-1800. — De 1790 à 1792, les lois révolutionnaires atteignirent les Écoles chrétiennes. Les Frères ne consentirent pas à prêter le serment schismatique que l'on prétendait leur imposer. Le 18 août 1792, l'Institut fut supprimé. L'Assemblée nationale décréta toutefois qu'il avait « bien mérité de la patrie ». Aussitôt les écoles sont fermées. Le Frère Salomon est massacré à Paris, le Frère Baphaël à Uzès, le Frère Moniteur guillotiné à Rennes. Le Frère Agathon, Supérieur général, est jeté en prison à Paris;. — beaucoup d'autres sont internés dans les L ' I N S T I T U T D E S F R È R E S D E S É C O L E S C H R É T I E N N E S 1 7 départements ; huit sont enchaînés sur les pontons à Rochefort, et quatre y trouvent la mort en d'indicibles souffrances. Mais un grand nombre de Frères, rejetés dans la vie séculière, font l'école et enseignent le catéchisme, même pendant les plus mauvais jours de la Terreur. Les Frères d'Italie furent, pendant dix ans, seuls à pouvoir por- ter l'habit religieux. Ils avaient à leur tête le Frère Frumence, que le Pape Pie VI avait nommé Vicaire général de l'Institut, en 1795. Restauration de l'Institut : 1802-1810. — En 1801, le premier Consul Bonaparte signait, avec Pie VII, un Concordat qui réglait les rapports de l'Église de France avec l'État. Pour cette Église tant éprouvée, c'était un renouveau qui allait se manifester; — pour l'Institut des Frères, c'est une résurrection. Si, au plus fort de la tourmente, nombre de Frères n'avaient pas cessé leurs saintes fonctions, c'est à titre individuel. En 1802, des communautés régulières se reconstituent à Lyon et à Reims ; én 1803, à Paris, à Soissons, à Valence, à Toulouse. Partout les municipalités rappellent les Frères, qui, peu à peu, reprennent leurs travaux dans les écoles restaurées. SCOLASTICAT E T I N F I R M E R I E DE L E M B E C Q - L E Z - H A L (Belgique) ' 1 8 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS En décembre 1803, Bonaparte autorise le rétablissement légal de l'Institut, dont le Supérieur quitte Rome et vient, en 1805, se fixer à Lyon. Les Frères reprennent alors le costume si connu qu'ils ont fait respecter partout. Huit nouvelles écoles s'ouvrent en 1805, autant en 1806, quatre en 1807 et cinq en 1808. Le Frère Frumence, Vicaire, étant mort en 1810, un Chapitre général, — le douzième depuis la fondation, — se réunit à Lyon et nomme le Frère Gerbaud à la première charge de l'Institut. Il le dirigea, jusqu'en 1822. Ses successeurs furent le Frère Guillaume de Jésus (1822 à 1830), le Frère Anaclet (1830 à 1838), le Frère Philippe (1838 à 1874), le Frère Jean-Olympe (1874 à 1875), le Frère Irlide (1875 à 1884), le Frère Joseph (1884 à 1897). Le Frère Gabriel- Marie dirige l'Institut depuis le mois de mars 1897. L'Institut des Frères, de 1810 à 1874. — Après 1810, les communautés et les écoles des Frères se multiplient, ainsi qu'au printemps la terre, enfin libérée des glaces, se couvre de verdure et de fleurs. Il y eut quinze écoles nouvelles en 1817, vingt et une en 1818, vingt-six en 1819, vingt-sept en 1821. • C'est l'année où, à la demande expresse de la municipalité parisienne, le Supérieur général et ses Assistants quittèrent Lyon pour venir s'installer dans la capitale. L'Institut comptait alors neuf cent cinquante Frères, trois cent dix écoles, six cent soixante-quatre classes où cinquante mille élèves recevaient une instruction et une éducation chrétiennes. Longtemps, — et surtout de 1816 à 1819, B - l'Institut lutte pour conserver ses méthodes d'enseignement, malgré la pression officielle qui s'exerce en faveur des Écoles mutuelles. Mais l'expansion des écoles chrétiennes croît avec la violence des obstacles. En 1829, on compte plus de deux cent trente maisons dans l'Institut, dont cinq en Italie, cinq en Corse, cinq en Belgique, deux à l'île Bourbon. Rajeunie par l'épreuve, affermie pour longtemps sur le sol de France, fortifiée par un nombre de vocations chaque année plus grand, la Congrégation pouvait, sans s'épuiser, envoyer au loin des groupes de ses membres. De 1835 à 1865, elle apparaît, pour s'y étendre bientôt, au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, en L'INSTITUT D E S F R È R E S DES ÉCOLES CHRÉTIENNES 1 9 Allemagne, en Algérie, dans les Indes anglaises, en Autriche et à l'Equateur. Cette période est celle du généralat du Frère [Philippe, le plus populaire des Supérieurs de Congrégations enseignantes au dix- ÉLÈVES DE L'ÉCOLE GRATUITE DU CAIRE neuvième siècle. Sous son administration, l'Institut marche vers sa plus grande extension. Le vénérable Supérieur a vu le nombre des 2 0 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS maisons de la Société passer de trois cent treize à près de douze cents ; — celui des Frères, de deux mille trois cents à dix mille ; — celui de leurs élèves, de cent quarante-quatre mille à trois cent cinquante mille. L'Institut des Frères, de 1874 à 1911. — Le généralat du Frère Irlide (1875 à 1884), est marqué par deux ordres de faits principaux : un effort puissant pour accroître la vigueur spirituelle de l'Institut, par l'organisation des Grands Exercices, ou retraites de trente jours; — la reconstitution, comme écoles libres, de toutes les écoles auxquelles la loi de laïcisation avait, de 1879 à 1886, fait perdre le caractère d'écoles communales. Cette période vit les Frères s'établir en deux régions : l'Irlande et l'Espagne. Ce que son prédécesseur avait réalisé par une indomptable énergie, le Frère Joseph, — Supérieur général de 1884 à 1897, — le maintint par l'ascendant d'une captivante bonté. Il fut éducateur avec une r a r e distinction et un charme exquis. Du Souverain Pontife Léon XIII, il avait reçu la mission de développer ce qu'on nomme aujourd'hui les œuvres postscolaires, et qui, dans les écoles des Frères, sont des œuvres de persévérance chrétienne pour sauvegarder la foi et les mœurs des jeunes gens, après leurs études. L'une des grandes joies du Frère Joseph fut de voir ses Frères s'employer avec ardeur dans les patronages, cercles catholiques, maisons de famille, œuvres de retraites spirituelles, associations pieuses. Le Frère Joseph établit dans son Institut le Second Noviciat, qui, chaque année, offre à une soixantaine de Frères plusieurs mois de recueillement, d'études ascétiques et de prière. Sous l'administration du T. H. Frère Gabriel Marie, la marche normale de l'Institut ne fut pas trop entravée jusqu'en 1904. L'expansion de ses œuvres est alors la plus large, lorsque vient les frapper la législation qui abolit en France l'enseignement congré- ganiste. Ni les services rendus, ni la notoriété éclatante des succès, ni la grandeur de l'œuvre sociale accomplie, ne peuvent les sauver. P a r application de la loi du 7 juillet 1904, sur les Congré- gations enseignantes autorisées, huit cent cinq établissements des Frères furent fermés en 1904; — cent quatre-vingt-seize en 1905, L'INSTITUT DES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES 2 1 — cent cinquante-cinq en 1906 ; — quatre-vingt-treize en 1907 ; — trente-trois en 1908 ; — treize en 1909 et treize en 1910. Les coups étaient rudes! N'étaient-ils pas mortels? Non! — Le bel arbre qu'est l'Institut des Frères a poussé en tous sens, dans le sol de la sainte Église, de trop vigoureuses racines pour que la blessure d'une maîtresse branche compromette la vitalité de l'or- ganisme. En maints endroits, autour de la .plaie profonde, sont apparus des bourgeons, puis des rameaux aujourd'hui développés. Par centaines hors de France, et très souvent par des Frères f r a n - çais, des écoles nouvelles ont été ouvertes, où viennent se faire instruire des enfants qui, sans la catastrophe de 1904, n'auraient peut-être jamais connu les Frères. ÉLÈVES DE L'EGOLE o'HoRTicnLTDRÊ DE'CARLSBODRĜ fBeiflfigwê L'Institut des Frères en France, dans les colonies et pro- tectorats. — En France et en Algérie, les Frères dirigent un certain nombre d'écoles. Aux vétérans de l'Institut, qui se sont fatigués à leurs méritoires besognes, un repos bien légitime est accordé dans les « maisons de retraite ». Dans les colonies et pays de protectorat, les Frères sont en Tunisie, à Madagascar*et à l'île de la Réunion, dans l'Indo-Chine, en Annam, au Cambodge et au Tonkin. 2 2 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS L'Institut des Frères en Europe et dans le Levant, r̂ r La Belgique a quatre-vingt-quinze maisons de Frères : écoles libres et gratuites, pensionnats, écoles normales, écoles de métiers d'art ou Écoles Saint-Luc. Les Frères belges ont ouvert au Congo deux écoles déjà florissantes. En Hollande et en Suisse, au duché de Luxembourg et dans la Principauté de Monaco, prospèrent plusieurs établissements dirigés par l'Institut. Les districts d'Allemagne et d'Autriche ont leurs établis- sements en Lorraine, en Autriche, en Bohême, en Hongrie, en Albanie, en Galicie, en Roumanie et en Bulgarie. L'Espagne, avec les Baléares et les Canaries, a près de cent vingt maisons de Frères, dont cent écoles gratuites. L'Italie, avec la Sicile, en compte quarante et une, dont neuf à Rome. Depuis plus de cinquante ans, les Frères se sont établis en Turquie, en Syrie et en Egypte. Ils y dirigent cinquante maisons qui font œuvre chrétienne ; œuvre patriotique aussi, car elles contribuent à maintenir l'antique prestige de la civilisation française à l'orient de la Méditerranée. Écoles de langues espagnole et portugaise hors d'Europe. — En dehors des maisons d'Espagne, l'Institut soutient encore quatre-vingts autres maisons de langue espagnole, réparties au Mexique, à Cuba, au Panama et au Nicaragua, à Porto Rico, à l'Equateur, en Colombie, en Argentine et au Chili. Bien désireuses de voir s'ouvrir d'autres écoles de langue portugaise, les maisons du Brésil ont triomphé des difficultés que connaissent tous les débuts. Elles font le bien et appellent de bons ouvriers. Écoles de langue anglaise. — Les écoles de langue anglaise sont établies dans le Royaume-Uni (Angleterre et Irlande), à Guernesey et à Malte, au Canada,, aux États-Unis, aux Indes, en Birmanie, aux Détroits malais et en Chine, au Cap de Bonne- Espérance, à l'île Maurice, en Australie et aux Philippines. En Angleterre et en Irlande, fonctionnent vingt-six maisons, dont la plupart sont des écoles populaires. * En 1848, l'Institut comptait, au Canada, cinq maisons, L'INSTITUT DES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES 2 3 soixante Frères et trois mille élèves. En 1910, les écoles françaises et les écoles anglaises réunissent, dans ce même pays, près de vingt mille enfants. Les écoles paroissiales sont gratuites, selon la tradition constante de la Congrégation. Il y a, aux États-Unis, près de cent établissements répartis en quatre florissants districts : ceux de New-York, Baltimore, Saint- Louis et San Francisco. La seule ville de New-York a près de dix mille élèves dans les écoles gratuites des Frères. Les écoles de préservation, comme le Protectory de New-York, sont une merveille de charité et d'organisation. Des milliers d'enfants y trouvent un refuge contre les dangers moraux où plusieurs avaient failli périr. Dans les possessions anglaises d'Asie, les Frères dirigent de vastes écoles, dont plusieurs groupent de huit à douze cents élèves. Colombo, Hong-Kong, Rangoon, Moulmein, Singapore, Penang, sont de ce nombre, et rivalisent avec les maisons les mieux organisées d'Europe ou d'Amérique. E s p r i t de l ' I n s t i t u t . — Chaque Société religieuse a un esprit qui la caractérise! Il lui vient de son Fondateur. Saint Jean-Baptiste de la Salle veut que ses Frères se distinguent par une foi »très vive et un zèle très ardent. La foi leur fait adorer l'action du bon Dieu en toutes choses ; le zèle les incline vers les enfants pour les instruire des connaissances humaines, des vérités saintes, ensei- gnées par l'Église catholique, et des maximes de conduite qui sont contenues-dans l'Évangile. De ces deux vertus de foi et de zèle, le Fondateur a donné d'admirables exemples. Pendant quarante années il a souffert, tra- vaillé, prié, pour que les enfants, surtout les pauvres, soient dirigés par des maîtres religieux dans le chemin qui mène au Paradis. Lés Frères ne négligent rien pour faire de leurs élèves des hommes instruits, qui puissent tenir honorablement leur place dans la société; mais l'enseignement qu'ils regardent comme principal est le catéchisme. Ils sont catéchistes par vocation, et par la volonté de la sainte Église. Sa Sainteté Pie X leur a même décerné le titre très honorable d'apôtres du catéchisme. Ainsi donc, par l'esprit même de leur institution, les Frères des Écoles chrétiennes sont des religieux éducateurs. Religieux, ils 2 4 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S émettent les vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, et ils vivent selon les prescriptions de la Règle écrite par leur Fondateur. Éducateurs, ils enseignent diverses catégories d'écoliers, et gratui- tement les enfants du peuple. Élever chrétiennement les enfants, leur faire aimer Notre- S O N ÉMINENCE LE CARDINAL F E R R A T A Protecteur de l'Institut des Frères des Écoles Chrétiennes. L'INSTITUT DES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES 2 5 Seigneur Jésus-Christ, voilà la mission du Frère. Qu'elle est belle ! Et combien est brillante la couronne qui récompense dans le ciel une vie employée à une fonction si sainte ! Administration de l'Institut. — L'Institut des Frères des Écoles chrétiennes est dirigé par un Supérieur général. Douze Frères Assistants forment son Conseil. Les Frères Visiteurs sont chargés, par le Supérieur général, de l'administration des districts, ou groupes de communautés dans une même région. C'est encore le Supérieur général qui place les Directeurs à la tête des diverses maisons. Depuis 1904, la Maison-Mère et les services généraux de l'Institut sont à Paris et à Lembecq-lez-Hal (Belgique). Recrutement et Formation. — Comment les Écoles • chré- tiennes recrutent-elles leur personnel religieux? — Dieu seul est l'auteur des vocations saintes; Lui seul incline une âme à la vie d'abnégation qui est celle des Frères. L'âge ordinaire pour entrer dans les Noviciats de la Société est de seize à vingt ans. On voit sans doute des vocations plus tardives qui sont excellentes. Il en est de plus précoces,„ qui s'épanouissent en vertus angéliques. Si l'aspirant se présente vers la treizième ou la quatorzième année, il est reçu dans un Noviciat préparatoire, ou Petit Noviciat. Pendant deux ou trois ans, il s'applique aux études. On l'entoure de soins vigilants qui développent- en lui l'amour de Jésus et de Marie, le courage à se vaincre, la résolution d'être un jour un fervent religieux et un éducateur zélé. Au Noviciat proprement dit se rencontrent des jeunes gens qui ont passé par le Petit Noviciat, et des postulants qui viennent directement de leur famille. Une année entière, leur principale occupation sera d'étudier les Règles données à l'Institut par saint Jean-Baptiste de la Salle, et de s'appliquer à les bien observer. Les jeunes Frères passent ensuite au Scolasticat. Ils se préparent, par l'étude, à la fonction délicate de maîtres, de professeurs, d'éducateurs de la jeunesse. En communauté, le religieux perfec- tionne, durant toute sa vie, ses connaissances et ses vertus. 2 6 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS A dix-huit ans, il prononce des vœux d ' u n ^ a n ; ^ à vingt- trois, des vœux de trois ans; — à vingt-huit, les vœux perpétuels. Ce sont les engagements définitifs au service de Dieu. D'autres Congrégations ont des ministères plus en vue, des travaux brillants parfois ; les labeurs du Frère des Écoles chrétiennes sont le plus souvent obscurs aux yeux dès hommes: Mais la part qui lui est faite, au milieu des ouvriers du bort Dieu, est assez belle pour transporter de joie un cœur épris du zèle des âmes. La lutte acharnée qui se livre autour de l'école, pour en proscrire l'çsprit chrétien, suffit, d'ailleurs, à montrer combien cette vocation est noble, utile et méritoire. f ' ' , , Echos des Œuvres de l'Institut. Une nouvelle église dédiée à saint Jean-Baptiste de la Salle à Paris. — Le 28 juin 1910, Sa Grandeur Mgr Amette, archevêque de Paris, a béni, dans le quartier de Vaugirard, une nouvelle église dédiée à saint Jean-Baptiste de la Salle. C'est là que, il y a deux cent vingt ans, le Fondateur a établi son Noviciat ; c'est là qu'il a tant prié, tant souffert. Une sorte de justice lui est rendue, en le glorifiant au lieu même de ses épreuves. « Il convenait, a dit Monseigneur, de réparer l'ingratitude qui a voulu, en leur défendant de continuer leur œuvre de dévouement, proscrire les Fils de saint Jean-Baptiste de la Salle. Mais ils reconnaîtront, dans cette église élevée sous son vocable, l'hommage de notre reconnaissance, en même temps qu'ils y prendront l'espoir que, par l'intercession du Saint, la liberté leur sera bientôt rendue de se dévouer à nouveau, ici, à l'éducation des petits et des pauvres. » * Archieonfrérie du Très Saint Enfant Jésus à Bethléem. — Sa Sainteté Pie X a daigné établir, dans la chapelle des Frères de Bethléem, le siège de Y Archieonfrérie du Très Saint Enfant Jésus. « Nous érigeons et constituons à perpétuité en Archieonfrérie, dit ÉCHOS D E S ] ' Œ U V R E S D E L'INSTITUT 2 7 le"Pape, avec les privilèges habituels, l'Association dite de l'Enfant Jésus, canoniquement établie dans la ville de Bethléem en[-Palestine., par les soins des Frères des Écoles Chrétiennes. Nous voulons que cette Archiconfrérie soit le centre et la mère de toutes les associations de ÉLÈVES CHINOIS DE HONG-KONG (Chine) même nom existant ou devant exister dans tout l'univers catholique. » Tous les enfants des écoles catholiques, leurs parents et toutes les personnes qui comprennent la nécessité de l'éducation chrétienne, peuvent se faire inscrire à Bethléem dans ladite Association. Elle n'a 2 8 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S qu'un an d'existence et compte plus de cent mille membres. Le premier numéro de son Bulletin a paru en janvier 1911. * Quelques v i s i t e s honorables faites aux Maisons des Frères. — Son Éminence le Cardinal Vannutelli, Légat du Saint-Père au Congrès eucharistique de Montréal, a visité le Noviciat des Frères à Maisonneuve (province de Québec). « Je ne voulais pas quitter Montréal sans venir saluer les Frères, É C O L E GRATUITE DU S A C R É - C Œ U R , A MONTRÉAL a-t-il dit. Je les ai vus en Italie, en Espagne, en Belgique, dans l'Ancien et le Nouveau Monde. Partout, mes chers Frères, vous conservez cet esprit de . dévouement qui est le propre de votre Institut, et que vous a légué en héritage votre saint Fondateur ; l'esprit de fidélité à l'Église, de zèle pour ses œuvres, de constance dans le travail pour le bien des âmes. Au nom du Pape et de l'Église, je vous remercie de tout ce que vous faites. » Le Cardinal-Légat s'est également rendu au Pensionnat des Frères ÉCHOS D E S ] ' Œ U V R E S D E L ' I N S T I T U T 2 9 de Montréal. Aux États-Unis, il a visité le Collège des Frères de Saint-Louis et l'école Saint-Patrick, dirigée par les Frères à New York. Son Éminence le Cardinal Logue, Archevêque d'Armagh et Primat d'Irlande, après avoir assisté au Congrès de Montréal, s'est rendu au Collège de New York et au Noviciat des Frères de Pôcantico Hills. Parmi les autres visites épiscopales, très nombreuses, faites aux maisons des Frères en 1910, signalons les suivantes : de S. E. le Cardinal Ferrari au Pensionnat de Milan ; — de S. G. Mgr l'Évêque de Tournai au Pensionnat de Jemappes ; — de S. G. Mgr l'Évêque de Namur au Pensionnat de Malonne; — de S. Or. Mgr de Pol à Gerona; — de S. G. Mgr Lobbedey, Évêque de Moulins, à la Maison de retraite des Frères; — de NN. SS. les Évêque et Auxiliaire de Brooklyn au Noviciat de Pocantico Hills; — de S. Exc. Mgr Zaleski, Délégué Apostolique des Indes, au Collège de Colombo ; — de S. G. Mgr Rivera, Évêque de. Querétaro, au Liceo Católico de cette ville; — de S. G. INDIENS DE L ' É C O L E GRATUITE DE GRAY H O R S E (États-Unis) 3 0 BULLETIN D E S P E T I T S NOVICIATS Mgr l'Évêque de Santa Fé à, l'école des Frères ; — de S. G. Mgr l'Évêque de Massa Carara pour la bénédiction de la nouvelle école; — de S. G. Mgr Delamaire, Coadjuteur de Cambrai, aux pensionnats de Froyennes et de Givry. Le 12 octobre 1910, Sa Majesté François-Joseph, Empereur d'Autriche, a daigné honorer de sa présence la pose et la bénédiction de la première pierre de la nouvelle chapelle de l'Orphelinat impérial, dirigé à Vienne par les Frères des Écoles Chrétiennes. Citons encore la visite de Son Altesse Royale l'Infante Marie- Isabelle, sœur de S. M. Alphonse XIII, au Collège de Gi.jon ; — de S. Exc. M. le ministre de l'Instruction publique de Belgique à l'école Saint-Luc de Gand ; — de S. E. M. le Gouverneur de Guernesey au P E T I T NOVICIAT DE PREMIA DE MAR (Espagne) Noviciat de Vimiera ; de LL. EE. MM. les Gouverneurs des possessions anglaises à Singapore, Penang, et Hong-Kong. * Audiences et bénédictions pontificales. — S. S. Pie X a daigné recevoir en audience particulière, le 19 septembre 1910, le Très Honoré Frère Gabriel-Marie, Supérieur général de l'Institut des Frères. Après une conversation qui avait duré plus de vingt minutes, le Saint- Père a béni l'Institut, ses Supérieurs et Directeurs, ses Maisons de formation et ses religieux qui, loin de leur pays natal, portent aux enfants la bonne nouvelle du salut par l'enseignement du. catéchisme. ÉCHOS DES]'ŒUVRES DE L'INSTITUT 3 1 A l'occasion de la soixantième année de la fondation du Collège des Frères de Rome, une nombreuse députation de cette maison a eu l'honneur insigne d'être reçue en audience spéciale par Pie X. Les paroles pontificales ont été des plus paternelles pour ce Collège, dont la réputation à Rome est très grande. Le Pape a également accueilli le groupe des Catéchistes volontaires de l'Institut technique de Rome. « Nous remercions le Seigneur, leur a-t-il dit, pour la consolation qu'il Nous fait goûter en ce moment de voir les plus jeunes de Nos fils comprendre l'honneur qu'il y a d'être les porte-flambeau de la vérité et les apôtres de son Évangile. D'autres, mal intentionnés, vous diront que vous dérogez en vous occupant des misérables et en instruisant de pau- vres ignorants. Eh bien! non, chers et bien-aimés Fils, non! vous ne vous avilissez pas en faisant le catéchisme. N'était-ce pas l'occupation de Notre Seigneur Jésus-Christ et des Apôtres? » Sa Sainteté a envoyé la bénédiction apostolique aux Frères d'Irûn pour l'inauguration du Noviciat; — aux Frères de Moulins, pour le deux centième anniversaire de l'arrivée des Frères dans cette ville ; — aux Frères de Massa Carara, pour l'inauguration de l'école ; — aux Frères de Philadelphie, pour l'école de Germantown. * Noviciats. — Les Noviciats et Petits Noviciats sont des maisons trop calmes pour que des incidents soient à signaler. Les jours s'enchaî- nent aux jours, sans tristesse ni souci ; la piété et le travail y répandent le bonheur. Les fêtes liturgiques sont célébrées avec un grand éclat et une ferveur intime. Les plus récemment ouverts de ces établissements sont les Noviciats d'Irûn (Espagne) et de Bockryck (Belgique). A Lembecq-lez-Hal arrivent, en septembre, des Petits Novices venant de Belgique, d'Italie, d'Espagne et des Baléares. Les nationalités diverses semblent en quelque sorte se fondre dans un esprit de confra- ternité aimable et dévouée. * Levant. — Les écoles chrétiennes du Levant, établies en Egypte, en Syrie et en Turquie, sont très florissantes. Elles comptent plus de treize mille élèves, dont sept mille en Egypte; A Kadi-Keuï (Constantinople), au Caire, à Alexandrie, les Frères ont établi des écoles commerciales qui ont aussitôt atteint une très 3 2 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S grande prospérité. Elles répondent, d'ailleurs, aux nécessités de ces régions où les transactions commerciales sont très actives. A la fin de chaque année scolaire, ies jeunes gens subissent un examen devant un jury dont les membres appartiennent aux banques et aux grandes administrations locales. Ils reçoivent un diplôme des plus estimés dans le pays. * Congo belge. — La fondation des écoles du Congo belge est récente. Les Frères ont, comme élèves, de vrais noirs de l'Afrique, pour É L È V E S DE LA COLONIE SCOLAIRE DE BOMA (Congo). qui la civilisation chrétienne et européenne est chose toute nouvelle. A Borna et à Léopoldville, les classes se sont organisées et disciplinées avec beaucoup moins d'obstacles qu'on ne l'aurait cru. Un grand nombre de noirs ont déjà reçu le baptême ; d'autres se disposent à la régénération. La docilité des enfants et leur attachement aux Frères permettent de bien augurer de l'avenir de ces écoles, et du bien qu'elles sont appelées à produire dans la région. * É c o l e s d'Extrême Orient. — En Extrême Orient, les Écoles sont établies, soit dans les possessions françaises, comme à Saigon, Mytho, LES PETITS NOVICIATS 3 3 Hué, Haïphong; — soit dans les possessions anglaises, comme- à Colombo, Rangoon, Moulmein, Hong-Kong, Singapore, Penang. Ce sont des écoles extrêmement prospères, par le nombre de leurs élèves et les succès obtenus dans les études. Il s'en faut que les élèves soient tous catholiques, mais, chaque année, un certain nombre de baptêmes de bouddhistes récompense le zèle des prêtres et des éducateurs. * Maisons nouvelles ouvertes en 1910. — En 1910, des maisons nouvelles ont été ouvertes dans les pays suivants : Argentine, Baléares, Belgique, Bohême, Canada, Canaries, Chili, Colombie, Congo, Equateur, Espagne, États-Unis, Hongrie, Italie, Mexique, Syrie. Les Petits Noviciats de l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes. Après les Petits Noviciats ouverts par saint Jean-Baptiste lui- même à Reims et.à Paris, mais abandonnés par suite de difficultés matérielles, il ne semble pas qu'au dix-huitième siècle les Frères aient jamais renouvelé l'essai de leur Fondateur. Même au dix-neuvième siècle, ce n'est pas aux premières années de la réorganisation de l'Institut en France, qu'il faut rattacher la création des Petits Noviciats. A la vérité, l'idée en fut émise plusieurs fois dans les Chapitres généraux, ou réunions des principaux Frères. On reconnaissait insuffisant le nombre des Novices, pour répondre aux nombreuses demandes d'ouverture d'écoles adressées à la Congrégation. Et, d'un autre côté, parfois des enfants très pieux, à la fin de leurs classes, demandaient à être admis dans les rangs de leurs maîtres, dont ils admiraient la mission. Mais, trop jeunes pour être reçus au Noviciat, ils se voyaient forcément ajournés. Au contact du monde, bien des résolutions faiblissaient, et le nombre était petit de ceux qui, l'âge venu, répon- daient à l'appel de Dieu. 3 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S L E T . H . F R È R E JOSEPH, S U P . G . A L DE 1 8 8 4 A 1 8 9 7 (Il fut Petit Novice à Paris en 1836.) Le 1 e r octobre 1835, un Petit Noviciat fut enfin ouvert à Paris dans la communauté du Saint Enfant Jésus, qui était la Maison- Mère de la Congrégation. Le Frère Philippe, alors Assistant du L E S P E T I T S N O V I C I A T S 3 5 Supérieur général, en fit son œuvre. II organisa les études de ces chers enfants, leur donna lui-même des leçons, et surtout voulut présider à leur formation religieuse. Par ses soins, le Petit Noviciat, prolongation de l'école chrétienne, devint un foyer intense de travail et de vertu. De généreux protecteurs s'intéressèrent à ces jeunes étudiants, et, par des offrandes charitables, pourvurent à leur entretien. Au nombre des plus dévoués se place M. l'abbé de Dreux-Brezé, devenu depuis Évêque de Moulins. Et parmi les COUR D'ENTRÉE DE LA MAISON S A I N T - J O S E P H , A L E M B E C Q - L E Z - H A L premiers Petits Novices se distingua Joseph Josserand, candide et pieux adolescent qui, plus tard, fut le Très Honoré Frère Joseph, Supérieur général de l'Institut, et treizième successeur de saint Jean-Baptiste de la Salle. Le siège de Paris, pendant la guerre de 1870-1871, obligea les Petits Novices de se disperser en province. Ils reçurent une cordiale hospitalité au pensionnat de "Moulins, puis à. celui de Clermont. Rentrés dans la capitale après la paix, ils reprirent aussitôt leur vie calme de prière et d'étude. Par leur dévouement comme brancardiers sur les champs de bataille, les Frères avaient attiré sur eux l'attention des hommes, et 3 6 BULLETIN D E S P E T I T S NOVICIATS sur leur Institut les bénédictions du ciel. Leur nom, déjà sympa- thique, devint plus populaire. Les aspirants à leur Institut se présentèrent plus nombreux. Comme il y en avait de très jeunes et de toutes les provinces, les Supérieurs résolurent de créer des Petits Noviciats régionaux. A partir de 1875, c'est comme une éclosion sur le sol de France : Besançon, Béziers, Bordeaux, Cambrai, Clermont, Lyon, Marseille, Moulins, Nantes, Le Puy, Quimper, Rodez, Saint-Omer, Toulouse, voient presque simulta- nément s'élever des Petits Noviciats. Rénies de Dieu, ces maisons se maintiennent jusqu'en 1904, Prévoyant le vote de la loi qui allait fermer leurs écoles de France, les Supérieurs songèrent à assurer l'existence des Noviciats et des Petits Noviciats, désignés par l'expression générale de « Maisons de formation ». Pour elles, et peu à peu, ils trouvèrent un accueil hospitalier en Belgique et à Guernesey, en Italie et en Espagne. NOVICIAT DE MAISOUNEUVE (Montréal-Canada) LES PETITS NOVICIATS 3 7 C'est ainsi que le Petit Noviciat d'Annappes s'est réfugié à Kain (Belgique), ceux.de Nantes et Quimper aux Vauxbelets et à Vimiera (Guernesey), ceux de Clermont, de Bayonne et de Béziers à Premiâ de Mar, à Irun et à Hostalets (Espagne), ceux de Marseille, de Lyon et de Saint-Maurice à Loano, à Favria et à Bivalta (Italie). De plusieurs autres Petits Noviciats, celui de Lembecq-lez-Hal reçoit des sujets qui viennent y faire une étude spéciale de la langue anglaise. Voici la liste de tous les Petits Noviciats de l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes : PETITS NOVICIATS DE L'INSTITUT ET DISTRICTS DONT ILS DÉPENDENT Belgique. Lembecq-lez-Hal. Kain-lez-Tournai (Cambrai). Sterpenich (Allemagne). Baerle-Duc (Belgique-Nord). Òveryssche (id.) Bookryck (Belgique-Sud). Chaumont-Florennes (id.) Espagne. Pont-d'Inca (Baléares) (Avignon). Irùn (Bayonne). Hostalets de Llers (Béziers). P r e m i â de Mar (Clermont). Calaf (Toulouse). Lés, au Val d'Arân (id.) Cambrils (Barcelone). Bugedo (Madrid). Italie. Loano (Marseille). Albano (Rome). Grugliasco (Turin). Favria-Canavese (Alexandrie et Jéru- salem). Rivalta-Torinese (Constantinople). Grand-Duché de Luxembourg. Bettange-sur-Mess (Reims). Guernesey. L e s Vauxbelets (Nantes). V i m i e r a (Quimper). Irlande. Castletown (Angletem-Irlande). Autriche-Hongrie. Strebersdorf (Autriche) ) (Autriche- N y i t r a - B a j n a (Hongrie) ) Hongrie). Palestine. Bethléem (Jérusalem). Indes anglaises. Colombo (Ceylan) (Indes). Annam. Hué (Indo-Chine). Canada. Maisonneuve (Montréal). Toronto (id.) États-Unis. A m m e n d a l e (Baltimore). Glencoe (Saint-Louis). Martinez (San Francisco). Pocantico-Hills (New York). Amérique latine. Cuenca (Equateur). Copacabana (Colombie). Santa F e (Argentine). • Santiago (Chili). 3 8 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S Puisque le Petit Noviciat de Paris f u t rétabli en 1835, l'année 1910 ramenait le soixante-quinzième anniversaire de sa fondation. Il pouvait, comme toute autre institution, célébrer ses Noces de diamant. En cette circonstance, non seulement les Petits Noviciats, mais la Congrégation entière se joignit à l'heureux jubilaire. Un nuage planait sur bien des fronts : c'est hors de France que se célébrait la fête. Mais toute la terre n'est-elle pas au Seigneur ? L ' É C O L E NORMALE DE W A T E R F O R D (Irlande) Une Circulaire du Très Honoré Frère Gabriel-Marie, Supérieur général, envoyée aux diverses communautés de l'Institut, rappela la date mémorable. Elle les invita surtout à remercier Dieu pour la conservation d'une œuvre si humble en ses débuts, et miraculeu- sement protégée dans son existence. A l'action de grâces, les Frères devaient joindre la supplication pour les besoins actuels des Petits Noviciats. A l'occasion de ce pieux anniversaire, Sa Sainteté le Pape Pie X daigna écrire au Très Honoré Frère Supérieur général et lui envoyer une bénédiction toute paternelle. Voici cette lettre : LES PETITS NOVICIATS 3 9 A NOTRE CHER F I L S G A B R I E L - M A R I E , Supérieur Général des Frères des Écoles Chrétiennes. P I E X , P A P E . C H E R F I L S , SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE. V O U S Nous avez fait connaître, par les lettres que vous Nous avez remises, que vous allez prochainement célébrer le 75e anniversaire du rétablissement des maisons destinées à préparer des novices, pour la Société que vous gouvernez avec tant de zèle, ce qui sera l'occasion d'une grande joie, non seulement pour vous et les membres de votre Congrégation, mais aussi pour Nous-même. Nous savons très bien que ces années n'ont pas été sans épreuves; mais elles n'ont pas manqué non plus de produire des fruits précieux. Il est superflu, en effet, de rappeler pour quelle part ont contribué au développement de l'éducation chrétienne des enfants du peuple, les jeunes sujets sortis desdites maisons après y avoir reçu une. excellente formation, et quel profit a retiré de leur charitable dévouement la société religieuse et civile. Nous Nous réjouissons de tout cœur d'une œuvre si excellente, et Nous avons la confiance qu'elle prendra de jour en jour de plus grands dévelop- pements, et que, grâce à votre sollicitude et à la bienveillance des Évêques, s'accroîtra le nombre des novices.qui, se distinguant par leur savoir et leur sainteté, viendront en aide aux Frères consacrés aux labeurs de l'enseignement. Les temps que nous traversons, o ù ' t a n t d'embûches sont tendues au jeune âge pour l'éloigner de bonne heure de la religion et de' la vertu, préparent au zèle de ceux qui se dévouent au bien des enfants une riche moisson. Puissent les ouvriers ne pas faire défaut, pour la cultiver avec soin et la cueillir très abondante! Nous le demandons instamment à Dieu ; et afin que Nos vœux se réalisent conformément à Nos désirs, Nous profitons de l'occasion de la fête que va célébrer votre famille religieuse pour bénir de tout cœur vous, cher Fils, et tous les membres de votre Institut; car Nous savons que la bénédiction du père affermit les maisons des enfants, et leur assure'une postérité sans fin. Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 23 février 1910, la septième année de Notre Pontificat. P I E X , P A P E . 4 0 B U L L E T I N DES P E T I T S NOVICIATS Plus encore que les ressources matérielles, les vocations sont nécessaires pour maintenir florissantes dans le monde entier les œuvres de l'Institut. Sans doute, comme par le passé, Dieu parle toujours à de jeunes cœurs. En dépit des hommes, il se choisit une élite. Mais aujourd'hui, il faut aux élus plus de courage, à leurs familles plus de générosité. Pour les uns et les autres, les grâces de sacrifice doivent être plus fortes. Afin de les obtenir abondantes à tous, Frères, Novices et Petits Novices s'unissent, dans le monde entier, pour demander à Notre-Seigneur de susciter des ouvriers pour cette belle œuvre, de les bénir et de les animer de son esprit. La Vision de saint Jean-Baptiste de la Salle, e n 1 6 8 8 . ÉCOLE RUE PRINCESSE, A P A R I S où S. Jean-Baptiste de la Salle fit la classe aux pauvres. En 1688, sur les instances de M. de la Barmondière, curé de Saint-Sulpice, à Paris, M. de la Salle se décida à quitter Reims LA. VISION 0 E SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE 4-1 pour se fixer dans la capitale. Il accepta la direction de l'école ouverte par le clergé pour les enfants pauvres de la paroisse. Parfois, dans la pénurie de maîtres où il se trouvait, lui-même dut faire la classe aux écoliers de la rue Princesse. S'inspirant de ce souvenir historique, un poète de talent, admirateur du Saint et ami de ses disciples, a composé la légende suivante, dont sa pieuse imagination lui a fourni tous les détails. LÉGENDE Le soir venait, soir pâle et morne de novembre ; Paris semblait dormir et la neige tombait ; Les écoliers quittaient, en jouant, l'humble chambre f Où pendaient au mur gris le Christ et l'alphabet. On entendait leurs pas sur la pierre glissante Et les rires, échos de leurs combats joyeux : Deux camps s'étaient formés, — trente contre soixante ; Et la neige pleuvait sous la neige des cieux. C'était au vieux et noir quartier de Saint-Sulpice, Une rue allongée en dédales étroits (1); Pais, tout au fond, l'école, ayant pour frontispice Un écriteau de tôle, enchâssant une croix. Bientôt rires et cris de la bande envolée, Pareils au bruit d'oiseaux qui s'en vont par les airs, Se font lointains. La Salle, en sa classe isolée, S'est penché, pour prier, sur un des bancs déserts. — Pauvre réduit ! Trop riche encore, au gré du prêtre, Qui songe à Dieu, couché sur la paille pour nous... Au plafond, où la poutre aux poutres s'enchevêtre, Une lampe de fer se cramponne à deux clous. Les quatre murs, jadis lavés à la détrempe, Crevassés par le haut, bâillent aux quatre coins, Voilant leurs trous béants de quelque jaune estampe, Que, pour les jours de fête, on baptise : Bons points. Au-dessus de l'estrade où le maître prend place, Du pupitre bancal, de l'escabeau boiteux, (1) R u e Princesse. 42 B U L L E T I N D E S P E T I T S NOVICIATS Le Christ, livre adoré, que, dès l'entrée en "classe, Ces chrétiens de dix ans voient s'ouvrir devant eux. Au-dessous s'étalait un tableau noir, trois planches, Avec triple A B C d'inégale hauteur ; Où les yeux des petits lisent les lettres blanches Que leur épelle un Saint, maître ès-arts, et docteur ! S . J E A N - B A P T I S T E DE LA S A L L E FAISANT L'ÉCOLE AUX PAUVRES Or, le Saint, dans la nuit, épanchait sa prière Pour ses gais écoliers, pour ses bien-aimés fils... Tout à coup, sur le mur sombre, un jet de lumière Eclate aux pieds, aux mains, au front du crucifix. Les lettres du tableau dardent des étincelles A reflets d'or, d'argent, de pourpre et de carmin ; Sur l'estrade du maître, un Ange étend ses ailes LA VISION DE SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE 43 Devant un lourd volume, où se pose sa main ; Au titre, ces trois mots flamboient : Livre de vie... « Quoi ! se peut-il, songea La Salle, heureux, tremblant, » Confus, qu'à ses festins d'en-haut, Dieu me convie? » L'Ange tourna du doigt un large feuillet blanc ; Puis, sur le tableau noir, cueillant, l'une après l'autre, Les lettres, fleurs de feu, l'Ange écrivit ceci : Jean de la Salle, élu, prêtre, martyr, apôtre. Et le Saint sanglotait, disant : « Jésus, merci!... » Qui suis-je, moi, Seigneur? rien ; malice et misère : » Qu'ai-je fait? rien ; j'enseigne aux petits l'alphabet : » Que sais-je? rien ; hormis égrener mon rosaire... » Et bien bas, jusqu'au sol, La Salle se courbait. Son cœur battait, les pleurs débordaient sa paupière ; Mais il lisait toujours les mots toujours écrits, Quand des bruits au-dehors troublèrent sa prière : C'étaient des voix d'enfants, des rires et des cris. Le jour était venu, jour d'hiver, longue aurore : Les écoliers.jouaient sur le ruisseau glacé... Le Saint, bientôt, le front tout rayonnant encore, Répétait, au tableau, sous le Christ : A R C. 0 Frère, ange de Dieu, vrai docteur populaire, Qui, sous la croix divine, ébauches des savants, Doux maître sans orgueil, travailleur sans salaire, Frère, ton nom s'écrit au livre des vivants. Tu fais germer la foi que sema le baptême, Moisson d'éternité dans des âmes en fleurs, Aux pieds du Dieu qui fut enfant, qui voit, qui t'aime, On compté ces épis, et l'on pèse tes pleurs. D'autres vont trafiquant de l'école pour vivre, Vendent leur savoir neutre et l'alphabet qui ment ; Ils effacent le ciel et la vertu du livre : Toi, tu sauves l'enfance, et l'instruis en l'aimant. Jésus te dit : « J'ai lu, grâce à ta main Adèle, » Aux cœurs mon nom, aux fronts le signe du chrétien ; » Je sais écrire aussi, moi ton maître et modèle; » Frère, épelle en mon cœur ; lis ce nom : — c'est le tien. » P . V . DELAPORTE, S. J . 4 4 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S En attendant la Messe de Minuit. Vers Pâques, Henri a demandé à ses parents l'autorisation d'entrer au Petit Noviciat de ***. On lui a répondu : « Nous verrons à Noël. Continue d'étudier à l'école. Sois pieux, et, si tes projets ne changent pas, on pourra y donner suite. » Les vacances ont passé. La rentrée est venue. De nouveau, Henri fréquente les classes où il fait bonne figure par sa piété, son application, ses succès. — Voici Noël. P E T I T NOVICIATDE P O N T D'INCA (Iles Baléares) A la veillée, en attendant la messe de Minuit, on se chauffe en famille. On cause, on chante les naïfs refrains d'autrefois. De sa voix fraîche et timbrée, Henri vient de dire le cantique : Allons, bergers, partons tous : L'ange nous appelle. La bise souffle au-dehors. Pendant que frères et sœurs se rapprochent du "feu, le jeune chanteur entraîne sa mère à l'écart : « Maman, dit-il, sur un ton de confidence où perçait une résolution, je veux partir... — Pourquoi sitôt? interrompt la mère. Il n'est guère que EN ATTENDANT LA MESSE DE MINUIT 4 5 onze heures. Dans une demi-heure, nous pourrons encore trouver des places. Je craindrais que le froid t'incommode si tu restais trop longuement à l'église, en un pareil temps. — Maman, vous ne m'avez pas bien compris. Ce n'est pas de ce départ que je veux parler. r-SÎIS- Duquel donc? — Yous souvient-il d'une conversation que nous avons eue ensemble à Pâques ? fc A Pâques, comme en tout temps, nous en avons eu beaucoup, répond la mère en hésitant un peu, comme si elle craignait de trop bien comprendre cette fois. — Il s'agissait de mon avenir, et vous m'avez dit : « Nous en reparlerons à Noël'. » Voici Noël venu et je vous en reparle. J'ai travaillé, j'ai prié, suivant vos conseils, et je suis toujours dans la résolution de me faire Frère pour me sauver plus sûrement et gagner une belle place au Paradis. — Tu veux te sauver ; moi aussi. Ne peux-tu le faire en restant avec nous ? — Mère, on devient plus sûrement un saint quand on est religieux. — Henri, je ne te connaissais pas tant d'ambition. Il y a beaucoup de places au paradis. Crois-moi, toutes sont bonnes. — Sans doute, mais j'en veux une très bonne pour moi, pour vous, pour toute la famille; et il faut que je les-achète. — Tes intentions sont louables, mais si les bons chrétiens se font tous religieux, qui est-ce qui restera, pour édifier la paroisse? Tu veux gagner des âmes au bon Dieu : reste dans le monde, où il y a tant d'âmes à sauver. Dans les communautés, les âmes se sauvent toutes seules. — Vous le dites très bien, en communauté les âmes se sauvent plus facilement; c'est pourquoi je veux y entrer. Dans le monde, il y a de grands dangers; je veux les éviter. Ensuite, devenu Frère, je ferai connaître et aimer à mes élèves l'Enfant. Jésus qui vient sur la terre pour les racheter. — Tu veux être Frère? Mais pourquoi pas prêtre? Tu serais placé à la tête d'une paroisse, et nous te verrions souvent. — Ce n'est pas mp. vocation. 4 6 B U L L E T I N DES P E T I T S NOVICIATS — Mais, mon pauvre enfant, les jeunes écoliers sont turbu- lents ; ils ne t'écouteront pas. • g - Croyez-vous ? On me dira comment m'y prendre avec eux. — Pour les instruire, il faut être savant, et tu ne l'es pas encore. L E TRÈS SAINT ENFANT JÉSUS • au Noviciat de Bugedo (Espagne) — Oh! j ' e n conviens; mais j'espère que dans les Noviciats, et par la'suite, je le deviendrai. EN ATTENDANT LA MESSE DE MINUIT 4 7 — Mais tu as tant de défauts ! Tu es étourdi, brouillon, impatient, parfois susceptible. — Merci, chère maman, de m'avoir préparé pour ce soir la liste des demandes que je dois présenter au petit Jésus... Depuis un an, ne me suis-je donc pas un peu corrigé ? — Sans doute, mais mon Henri n'est pas encore parfait. — Quand je serai Frère, je tâcherai d'y arriver. — Enfin, pourquoi veux-tu partir si jeune? — Justement, pour travailler plus tôt mon caractère et faire de bonne heure beaucoup de bien. Attends encore un peu, et tes idées seront plus mûres. . — Vous rappelez-vous, maman? C'est avec cette belle raison que l'on a retenu le fils de M. X..., qui voulait devenir jésuite. Qu'a-t-on gagné à le faire attendre? Tout le monde sait qu'il a mal tourné à Paris-. Quand il revient au pays, il ne met plus les pieds à l'église. Ne m'avez-vous pas dit que vous aimeriez mieux me voir plutôt mourir que d'imiter un si mauvais sujet? — Mais je pense que tu ne ferais pas comme lui! — Qui sait? Quand on est infidèle au bon Dieu, est-on plus disposé à se gêner pour ses parents ? • Ainsi c'est bien décidé, tu veux partir? Où est alors cette affection pour nous dont tu parles si souvent? — Elle est plus grande que jamais^ et je sais que vous ne vous offenserez pas de me voir mettre le bon Dieu à la première place. » Dig, din, don! Dig, din, don! Dans la nuit claire, les joyeuses volées des cloches portent au loin la bonne nouvelle : Un Enfant nous est né; un Sauveur nous est donné! Les enfants quittent le coin du feu, répétant une dernière fois, pour secouer le sommeil qui les gagne : Allons, bergers, partons tous, L'ange nous appelle. Un Sauveur est ne pour nous : L'heureuse nouvelle ! Ët toute la famille prend le chemin de l'église. 4 8 BULLETIN D E S P E T I T S NOVICIATS « Prions bien l'Enfant Jésus dans sa crèche », a recommandé la mère au moment du départ. Qu'a demandé Henri? — Les enfants pieux le devinent sans effort. Trois semaines après, le 15 janvier, Henri, au comble de ses vœux, prenait le chemin du Petit Noviciat où, déjà, habitaient ses impatients désirs. Lettre d'un Petit Novice à l'un de ses amis. M O N C H E R Y V E S , Je me souviens de ta dernière parole, quand j'ai quitté notre village : « Surtout, no t'ennuie pas! Dis-nous la vérité sur ce que tu penses de ton séjour là-bas. » Je vais donc te dire toute ma pensée. NOVICIAT DE VIMIERA (lie de Guernesey) TROIS CAUSES DE BÉATIFICATION 4 9 J'ai un regret : devine lequel? — Dame! ce n'est pas difficile à trouver, me réponds-tu. Ton regret, c'est d'avoir quitté notre Bretagne. — Eh bien; mon cher, tu n'y es pas, oh ! mais pas du tout. Je regrette de n'être pas venu au Petit Noviciat six mois plus tôt. Vois-tu, je suis heureux comme je voulais l'être. J'ai du temps pour bien prier, beaucoup de temps pour bien étudier, et il en reste encore pour bien jouer. Je l'ai écrit à maman, qui en est toute contente. Puis, tu le sais, nous autres Bretons, nous n'avons pas peur d'aller loin. « La terre ? disait un marin de chez nous, ça n'èst pas si grand qu'on croit ! » Moi, j'ai toujours rêvé d'être missionnaire. Je serai missionnaire sans être prêtre ; et là-bas, dans un pays que j e vois sur mon atlas, je ferai la classe, je ferai le catéchisme, je parlerai du bon Dieu et de la très sainte Vierge à des enfants qui ouvriront leurs oreilles et leurs yeux. Dans cinq ou six ans,, je t'en écrirai des nouvelles. Si tu savais combien je suis heureux, tu viendrais le voir. Je suis sûr que je te garderais aupiès de moi. Tu salueras de ma part M. le Recteur, à qui j'écrirai bientôt. Aux amis qui demandent de mes nouvelles, dis-leur qu'il n'y a plus guère de places ici, mais qu'en se serrant, on peut en trouver encore deux ou trois. J E A N - M A R I E X . . . Trois Causes de Béatification d a n s l'Institut d e s F r è r e s d e s É c o l e s C h r é t i e n n e s . L'une des gloires des Congrégations religieuses est de voir l'Église proclamer la sainteté de quelques-uns de leurs membres. L'Institut des Frères n'est pas privé de cet insigne honneur. Son Fondateur est invoqué comme Saint. La vie de trois de ses membres est, en ce moment, l'objet des procédures longues et sévères par lesquelles doivent passer les Serviteurs de Dieu, avant que leurs vertus soient proposées à l'admiration des fidèles. 4 5 0 BULLETIN D E S P E T I T S NOVICIATS Le Frère Salomon avait été, au dix-huitième siècle, Secrétaire du Supérieur de l'Institut. Emprisonné à Paris, en 1792, il fut massacré le 2 septembre au couvent des Carmes, avec l'Archevêque d'Arles, les Évêques de Saintes et de Beauvais, et un grand nombre d'autres victimes. La Cause de ces nobles héros du courage chré- tien est étudiée à Rome depuis plusieurs années. On espère qu'elle aboutira à leur faire décerner le titre de « Bienheureux ». Le Vénérable Frère Bénilde dirigea pendant vingt et un ans l'École gratuite de Saugues (Haute-Loire). II y pratiqua d'admi- L E VÉNÉRABLE BENILDE Frère des Écoles chrétiennes. rables vertus, fut entouré de la vénération universelle, et mourut saintement le 13 août 1862. Une première ^série d'informations, QUESTIONS ET RÉPONSES 5 1 d'études et de procès canoniques s'est terminée le 22 avril 1903, Le titre de Vénérable était alors décerné au Frère Bénilde. D'autres informations et d'autres études se poursuivent, en vue de sa Béati- fication. De nombreuses faveurs, des guérisons extraordinaires, ont été obtenues par des personnes qui se sont recommandées à l'intercession du Vénérable. Le Frère Scubilion se dévoua pendant trente-quatre ans à l'île de l'a Béunion, où il mourut le 13 avril 1867. Avec un zèle infatigable, une patience que rien ne pouvait lasser, il s'occupait de l'instruction religieuse des noirs, esclaves ou affranchis. Sa mémoire est restée, en bénédiction. Sur son tombeau, un très grand nombre de malades viennent demander leur guérison. Beaucoup disent l'avoir obtenue. Pendant plusieurs années, l'autorité diocésaine de Saint-Denis s'est occupée à recueillir les témoi- gnages de tous ceux qui ont connu le Frère Scubilion, et qui affirment l'éminence de ses vertus. Questions et Réponses. Qu'est-ce qu'un Petit Noviciat? C'est le vestibule de la vie religieuse, dans l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes. C'est un asile d'étude et de piété où des adolescents, qui se croient appelés à devenir religieux éducateurs, se préparent, sous le regard du bon Dieu, aux épreuves du Noviciat. Le Frère Joseph, treizième Supérieur général de l'Institut, avait été Petit Novice à Paris, en 1836. Cinquante ans plus tard, il écrivait : « Le Petit Noviciat est une arche préservatrice où furent recueillis, encore enfants, beaucoup d'entre nous, qui avons trouvé, dans ce sanctuaire, une sauvegarde pour notre innocence, et une préparation à la grâce sublime de la vocation religieuse. » * Qu'est-ce qu'un Petit Novice ? Les Congrégations religieuses peuvent être comparées à des plan- 5 2 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S tations dont les arbres portent d'excellentsjfruits. Mais, dans les domai- nes les mieux tenus, des arbres meurent, les uns de vieillesse, d'autres brisés par l'orage. Il faut les remplacer. Comment s'en procurer d'autres ? Les pépiniéristes sèment des graines, toutes petites, qui lèvent et croissent lentement. Lorsque les nouveaux plants se sont un peu développés, on les transplante dans une terre favorable. Là ils sont soignés et se fortifient, attendant d'être définitivement placés dans le verger, pour en combler les vides. On peut comparer le Petit Novice à la graine cachée dans le sillon. Là il développe ses bonnes dispositions, en attendant le Noviciat où des sbins spéciaux le formeront aux vertus religieuses. GYMNASTES DU PATRONAGE L É O N X I I I , A V E N I S E * Vers quel âge peut-on être admis dans un. Petit Noviciat ? D'ordinaire, les enfants qui sollicitent leur admission dans un Petit Noviciat peuvent y être reçus entre la treizième et la quinzième année. * Pourquoi entrer si jeune au Petit Noviciat ? Parce que Dieu aime les prémices, les âmes innocentes, et que, s'il appelle à la vie religieuse un adolescent tout jeune encore, c'est pour Q U E S T I O N S E T R É P O N S E S 5 3 le mieux préparer à la mission de religieux éducateur. — D'ailleurs le Frère des Ecoles chrétiennes a besoin de beaucoup étudier avant d'instruire les enfants. Au Petit Noviciat, l'aspirant à la vie religieuse s'étudie lui-même et se laisse étudier par ceux qui le dirigent, afin que la question de sa vocation soit résolue avec le calme et les lumières qu'il faut y apporter. COLLÈGE DE FAGGALAH, AU CAIRE Qui doit décider de ma vocation ? Avant d'entrer au Petit Noviciat, c'est vous-même d'abord, cher Enfant, puisque l'appel à une vie parfaite vous concerne; c'est en même temps votre confesseur et vos parents. A11 Petit Noviciat, ce sera encore vous-même, puisque vous jugerez si votre attrait pour la vie religieuse persiste; ce sera aussi votre confesseur, et le Frère Directeur à qui est confiée l'éducation des Petits Novices. * 5 4 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS Comment un enfant qui désire entrer au Petit Noviciat doit-il se préparer à y être admis ? L'enfant qui souhaite entrer au Petit Noviciat se fera un devoir d'être, jusqu'à son admission : Io dans la famille, obéissant, serviable et pieux; 2° à l'école, attentif, respectueux et travailleur; 3° à l'église, assidu aux offices, pieux et fidèle à faire la sainte communion aussi souvent que son confesseur le lui permettra. La préparation indispensable consiste dans les efforts que fait l'aspirant pour se corriger de ses défauts et pour éviter tout ce qui offense le bon Dieu. Pourquoi se fait-on Frère des Ecoles chrétiennes ? C'est d'abord pour assurer son salut, puis, peu à peu, devenir un saint, plus facilement que si l'on avait embrassé une carrière dans la vie civile. On se fait Frère pour devenir un religieux éducateur qui instruit les enfants, et qui surtout leur apprend à connaître et à, aimer Notre-Seigneur Jésus-Christ. * La mission du Frère est-elle toujours aussi utile ? En plusieurs pays, on ne veut pas de Congfêganistes pour instituteurs. Les efforts mêmes que l'on fait, en plusieurs pays, pour supprimer des programmes scolaires l'enseignement religieux, et pour détruire dans l'école l'esprit chrétien, montrent combien la vocation du Frère demeure toujours opportune. Les résultats que donne l'éducation sans Dieu prouvent mieux encore peut-être l'utilité des Écoles chrétiennes, telles qu'en dirigent les Frères. D'ailleurs quand une région expulse les Congréganistes, dix autres les accueillent et favorisent leurs œuvres. Peu importe aux religieux le coin de terre où ils travaillent, pourvu qu'ils fassent connaître le bon Dieu à la jeunesse. Que fait-on au Petit Noviciat ? Au Petit Noviciat, les enfants s'appliquent beaucoup à l'étude ; ils prient de tout cœur aux moments fixés par le règlement ; ils se récréent avec entrain et entretiennent, entre eux, les rapports aimables d'une chrétienne confraternité. * Q U E S T I O N S E T R É P O N S E S 5 5 Quelles sont les vertus d'un Pelil Novice? Un Petit Novice qui cherche à plaire au bon Dieu vit dans une grande pureté de cœur. Il travaille avec courage, obéit avec simplicité, ne s'offense de rien, prie de toute son âme, communie souvent- et avcc ferveur, et conserve toujours la gaieté des enfants de Dieu. O R P H E L I N A T IMPÉRIAL DU NORBER'IINUM (Autriche) * Quel modèle le Pelil Novice cherche-t-il à reproduire? Le modèle que le Petit Novice cherche à imiter, c'est Jésus vivant à Nazareth, caché aux hommes, aimé de Dieu, et faisant très bien toutes choses. La journée du Petit Novice est remplie d'actes très simples; mais, pour plaire à Notre Seigneur, il les accomplit avec pureté d'in- tention et beaucoup de soin. * Quelles sont les joies du Petit Novice ? La première et la meilleure joie du Petit Novice fervent, c'est d'avoir la certitude de plaire à Jésus et à l'Immaculée Vierge Marie. Il 56 B U L L E T I N D E S P E T I T S N O V I C I A T S évite le péché, il communie très souvent, il est l'objet des attentives sollicitudes du Frère Directeur et des professeurs, il n'a que des amis parmi ses condisciples : comment ne se sentirait-il pas heureux? * Quel est le mérite des parents qui accordent à un de leurs enfants l'autorisation de se donner tout au bon Dieu? Il est très grand. Un père et une mère peuvent-ils faire à Dieu une offrande plus méritoire que de consentir à la vocation de leur L E JOHANNINUM ou PENSIONNAT ALLEMAND DE G R A N D - H A L L E O X (Belgique) enfant? Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité : aussi bénit-il d'une manière spéciale les familles qui lui accordent volontiers la part qu'il s'est choisie. Les vocations religieuses sont un honneur et une récompense pour des parents chrétiens, en même temps qu'un motif de confiance en la bonté divine. * Le Petit Novice oublie-t-il ses parents ? Non, il leur demeure fllialement attaché, comme c'est d'ailleurs son devoir. Il prie pour eux, il leur écrit, et s'ils lui font le plaisir de venir le voir, ils sont reçus avec] grande cordialité. Q U E S T I O N S E T R É P O N S E S 5 7 Prières faites à perpétuité dans l'Institut, . pour les Parents des Frères et l e s Bienfaiteurs. Quelles prières fait-on, dans l'Institut, pour les parents des Frères? Chaque jour, on prie en commun pour les parents vivants, afin que Dieu les bénisse et leur accorde avec abondance les grâces dont ils ont besoin. > V É C O L E GRATUITE S A I N T E - B R I G I D E , A MONTRÉAL Chaque jour, on intercède deux fois pour les parents qui sont morts. Tous les ans et dans chaque maison, on fait célébrer le saint' sacrifice et les Frères communient pour eux. Un Frère apprend-il le décès de son père ou de sa, mère, la com- 58 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS munauté récite l'Office des morts, fait célébrer la sainte messe et communie pour le défunt. * Quelles prières offre-t-on à Dieu, dans l'Institut, pour, les bien- faiteurs des écoles et des Petits Noviciats? Pour les bienfaiteurs vivants, les Frères récitent chaque jour, en communauté, les litanies de la très sainte. Vierge. Pour les bienfaiteurs morts, on récite deux fois par jour le De Profundis ; — chaque mois, on offre pour eux une communion dans tout l'Institut. S. E. le Cardinal Vannutelli visite deux maisons des Frères au Canada. Visite du Cardinal-Légat au. Mont de la Salle. — A l'issue du Congrès eucharistique, Sa Grandeur Mgr Bruchési, dont les délicates attentions pour les religieux de son diocèse sont bien connues, ménagea aux Frères des Écoles chrétiennes une visite de son Éminence le Cardinal Vannutelli. Accompagné de Nos Seigneurs Touchet, évêque d'Orléans, Légal, évêque de Saint-Albert, et du Révms Père Abbé de la Trappe d'Oka, le Cardinal fut conduit par Mgr Bruchési au Noviciat du Mont de la Salle, à Maisonneuve, où étaient assemblés les Frères de Montréal. Pour la circonstance, le Noviciat s'était élégamment paré. Aux fenêtres de la maison et jusque dans les arbres du parterre, on voyait, mêlés aux couleurs pontificales, l'azur fleurdelisé du drapeau Carillon, le tricolore français et les drapeaux de l'Angleterre et de l'Irlande. Les Frères formèrent aux augustes visiteurs une double haie, qui les entoura jusqu'à la porte de la chapelle. Sous la main bénissante du Cardinal, tous les fronts s'inclinaient respectueusement. La réception eut lieu dans la grande salie du Noviciat. « Éminence, dit Mgr Bruchési, j'ai l'honneur de vous présenter ceux qui furent mes premiers maîtres. » Le Frère Visiteur se fait alors l'interprète des sentiments de grati- VISITES DE S. E. LE CARDINAL VANNUTELLI 5 9 tude de l'assemblée et rappelle l'attachement traditionnel de l'Institut à la personne du Pontife Romain. Son Éminence répond que l'attachement de l'Institut des Frères à 6 0 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS l'Église romaine lui est bien connu. C'est même parce que le Cardinal a souvent admiré leurs oeuvres en Italie, en Espagne et ailleurs, qu'il est heureux d'en constater l'épanouissement au Canada. « Avec plaisir, je constate que vous avez beaucoup contribué au succès du Congrès. Je vous ai vus nombreux, surtout à la procession dos enfants : spectacle des plus émouvants, dont je garderai toute ma vie un impérissable souvenir. » Je ne manquerai pas de parler de vous au Pape, et je n'aurai pas besoin d'un très long discours pour dire ce que vous êtes. Il me suffira de vous nommer, car il vous connaît et vous aime beaucoup ; il me suffira de dire que vous avez formé un élève tel que Mgr de Montréal. » Afin que vous conserviez toujours l'esprit de dévouement à l'Église et à ses œuvres, je vais appeler sur vous les bénédictions de Dieu. » Au sortir de la salle, Son Éminence eut encore quelques mots aimables pour les jeunes : « Je vous accorde, dit-il, un congé extraor- dinaire, un congé cardinalice, ou plutôt papal. » Mgr'Bruchési en ajouta un second, en l'honneur de l'évêque de Jeanne d'Arc (Mgr Touchet) ; enfin un troisième en son propre nom. Les Zouaves Pontificaux au Mont Saint-Louis. — L'Union Allet, de Montréal, et les Zouaves Pontificaux de 1860-1868 ont saisi une occasion unique de célébrer les Noces d'or de leur régiment. Au •lendemain des fêtes du Congrès, un grand dîner les réunit au Pensionnat des Frères du Mont Saint-Louis. Ce fut une joie sans pareille lorsque Son Éminence le Cardinal Vannutelli et Monseigneur Bruchési firent leur entrée dans la salle. Toutes ces poitrines de vieux et de jeunes soldats lancèrent de vigoureux vivats, en l'honneur du Légat et du Pape. Monseigneur présenta la nombreuse assemblée au Légat, en s'écriant, la voix toute émue par l'enthousiasme : « Ce sont nos zouaves, Éminence, pas tous de la campagne romaine, car il en reste à peine deux cents, mais accompagnés de leurs enfants. Les pères ont su donner un exemple de catholicisme et de courage qui se perpétue dans leurs descendants. » Monseigneur ajouta que la journée d'hier lui avait procuré la plus grande émotion de sa vie. Il n'en demande pas de plus heureuse, puisqu'il a été témoin de la plus grande glorification de Dieu, de l'Eucharistie, de l'Église et de son Pape. Après une émotion comme celle-là, il est absolument heureux, et pourrait mourir content d'avoir vu ce spectacle unique. Il se souvient d'avoir eu une autre émotion intense, alors qu'il n'avait que dix ans, lorsqu'il assista au départ de s i J'AVAIS S U ! . 6 1 ceux qui s'en allaient mourir pour la défense du Pape. Ils ne sont pas morts tous; les survivants continuent d'aimer le Pape et partiraient encore, si on le leur demandait. Ils sont restés des zouaves, toujours fidèles au Pape et au Christ. Monseigneur termina en demandant au Légat la Bénédiction apostolique pour toutes les personnes présentes. Le Cardinal Yannutelli accorda de grand cœur, et séance tenante, cette Bénédiction, puis il parla paternellement, raconta des anecdotes intéressantes ayant trait aux zouaves. Il aima ces derniers dès sa jeunesse, quand il lui était donné d'approcher Sa Sainteté Pie IX. 11 avait alors un de ses cousins, portant exactement son nom, qui était aumônier des zouaves, et un autre, général d'une division de zouaves. Son Eminence a été grandement touchée de la foi robuste des Canadiens, et Elle n'hésite pas à dire que le Congrès eucharistique de Montréal est le plus beau de tous ceux qui ont encore eu lieu. Si j'avais su!... Depuis trois mois, Edmond R... a quitté la maison paternelle, blottie sous de grands arbres qui lui tamisent la lumière crue du chaud soleil de Provence. Sans doute, ses parents ont donné leur^ consentement à son entrée au Petit Noviciat de *** ; mais que de| prières et d'insistance pour l'obtenir!... Il est parti après un dernier embrassement des siens, après un dernier regard sur les coteaux boisés qui dévalent, par ondulations, vers la mer qu'on aperçoit dans le lointain, au pied du sombre Esterel. Ses lettres, venues d'Italie, sont toutes radieuses de joie. « Je me plais fort bien ici, écrit-il. Ne vous inquiétez pas. Je suis comme dans un vrai paradis. » De toutes ces protestations, le père d'Edmond ne veut rien croire : « Edmond cherche à nous rassurer, mais quelque chose me dit qu'il regrette sa détermination. - Puisqu'il écrit, au contraire, qu'il est heureux, répond la maman, plus calme et plus chrétienne, pourquoi nous tourmenter? 6 2 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS — Il écrit ce.qu'il veut, et môi je pense ce que je crains fort être la vraie vérité. Je crois qu'il s'ennuie. D'ailleurs j'en aurai J e cœur net ! » jj L'hiver touche à sa fin, un hiver pas bien froid dans ces régions, mais mouillé de longues averses et secoué par de furieux coups de mistral. Déjà le printemps poudre de rose amandiers et pêchers. La brise est tiède, rien ne presse dans les travaux des champs : la belle occasion pour voyager ! Un matin de mars, le père d'Edmond se dirige vers le train d'Italie : « Dans trois jours, affirme-t-il, nous saurons la vérité. Je n'ai pas averti l'enfant, je vais donc le surprendre triste ou joyeux... » Le long de la Côte d'Azur, le voyage est un enchantement perpétuel, une fête pour les yeux. A droite, cent baies capricieuse- ment creusées, fouillées, déchiquetées, où les vaguelettes de la Méditerranée viennent déposer leur dentelle d'écume frissonnante ; — à gauche, les coteaux où les oliviers jettent la grisaille légère de leur ombre fluette ; — de ci, de là, des agaves dont la hampe P E T I T NOVICIAT DE CAMBRILS (Espagne)J s i J'AVAIS S U ! 6 3 géante surgit à quinze pieds ; — partout, ou mieux sur tout, le soleil jette sa belle lumière qui fait paraître splendides jusqu'aux pierrailles des éboulis. Mais, pour notre voyageur, c'est bien de tout cela qu'il s'agit ! La pensée invinciblement tendue vers le Petit Noviciat où il va surprendre son Edmond, il trouve interminable cette route de la Corniche. Voilà tout ! Quatre heures, cinq heures, six heures ; « Vintimille ! tout le monde descend pour la douane ! » Lés formalités remplies, un léger repas achevé, le père monte dans un train italien qui se hâte modérément le long de la mer ensoleillée. Enfin ! voici la gare, et, là-bas, dans la verdure, le nid où tout le long du jour, dit-on, ce n'est que chansons. A la porte du Petit Noviciat, un Frère accueille le voyageur : « Que désirez-vous, Monsieur? — Je voudrais voir Edmond R... Je suis son père. — Quelle joie ce sera pour lui ! Et quelle surprise aussi ! Il ne vous attend pas. Je vais annoncer votre visite. » En attendant qu'arrive le cher Edmond, le père regarde les bâtiments que, dans son imagination, il s'est figurés maussades, tristes, avec des airs de geôle... Et voilà qu'ils n'en ont pas l'aspect. Dans la maison, beaucoup d ' a i r ; au jardin, de l'espace et des fleurs. Quelques Petits Novices traversent la cour, gais enfants s'en allant au travail. Voici Edmond; il arrive, il accourt, suivi du Frère Directeur du- Petit Noviciat : « Papa! r - j l ^ E d m o n d !... •— Monsieur, dit le Frère Directeur, je vous présente mon res- pect. Vous avez fait bon voyage?... Nous sommes enchantés de l'heureuse surprise que nous cause votre visite. Voyez la bonne mine d'Edmond! Et son bonheur de vous recevoir!... Je vous laisse avec lui, et vais faire préparer un goûter très simple, en attendant le souper. » Pendant que le Frère Directeur s'éloigne : « Il est aimable, ton Frère Directeur ! — N'est-ce pas qu'il fait bon vivre avec lui ! — Il est toujours comme cela? — Toujours. Et les autres Frères aussi. 6 4 BULLETIN DES PETITS NOVICIATS — Maintenant que nous sommes seuls, Edmond, dis-moi la vérité : tu t'ennuies d'être venu ici... — Mais pas du tout! — N'aie donc pas peur de me le dire. . p P Je ne m'ennuie nullement. — Tu n'as pas regretté, même un jour, d'avoir quitté le pays? — Pas même une heure ! — Tu sais, Edmond, que si tu reviens, nous te recevrons avec joie. — Papa, n'y comptez pas : je suis très heureux au Petit Noviciat. — C'est ta vocation? Bien sûr? — Bien sûr ! Je le crois. » On est venu chercher les deux convives pour le goûter, qui fut très gai. Plus gai encore le souper. Et le lendemain sembla bien court, tant la conviction se faisait à chaque instant plus complète dans le cœur du père : « Mon Edmond est heureux! » — Il fallut se séparer... « Ta mère sera contente des bonnes nouvelles que je vais lui rapporter... Nous ne serons plus inquiets. — N'ayez pas d'inquiétude, cher Papa. Je suis trop bien pour que vous craigniez quoi que ce soit à mon sujet. Merci, merci d'être venu. Dites à maman que je l'embrasse de tout mon cœur. * Regagnant la gare, le voyageur se disait : « Cet enfant est plus heureux que nous. Si j'avais su, je ne me serais pas tant tracassé en songeant à lui. » IMPRIMATUR : Toinaci, 17 Januarii 1911. -V. CANTINEAU, Can. cens. lib. INDULGENCES ACCORDÉES par S. S. L é o n XIII, a u x B i e n f a i t e u r s d e l ' Œ u v r e d e s a i n t J e a n - B a p t i s t e d o la S a l l e . (Extrait du Bref du 8 mars 188L} « . . . Nous donc, qui désirons qu'une Œuvre si avantageuse fleurisse de plus en plus, mû par la charité qui nous porte à favoriser la dévotion des lîdèles et le salut des âmes, en ouvrant les trésors célestes de l'Eglise, Nous confiant en la miséricorde du Tout-Puissant, et en l'autorité des Bienheureux Apôtres Pierre et Paul, Nous voulons aussi accorder miséricordieusement dans le Seigneur, à tous les fidèles de l'un et de l'autre sexe inscrits dans cette Association, ainsi qu'à ceux qui le seront dans la suite, L'indulgenceplènière à l'article de la mort... » Pourvu que, véritablement pénitents, confessés et fortifiés par la sainte communion, ou, si cela ne se peut, pourvu au moins que, contrits, ils invoquent dévotement de bouche, s'ils le peuvent, ou du moins de cœur l^nom de Jésus. » Nous accordons encore aux mêmes Associés actuels et futurs, une indulgence plènière et la rémission de tous leurs péchés, à la fête de Noël, au dimanche de la Pentecôte, et à la fêle de l'Immaculée Con- ception de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, ainsi qu'aux fêtes de saint Joseph, Époux delà Mère de Dieu, des SS. Apôtres Pierre et Paul, et de là Nativité. de saint Jean-Baptiste (aux conditions ordinaires), » En outre, Nous remettons aussi, en la forme accoutumée dans l'Eglise aux susdits fidèles, au moins contrits de cœur, 300 jours de pénitence à eux imposés, ou-dont ils seraient redevables en quelque manière que ce soit, chaque fois qu'ils viendront au secours de ladite Œuvre des Noviciats, soit en adressant des prières à Lieu, ou de toute autre manière à leur convenance. » Braine-le-Comte. — ZKCH ET FII.S.