Histoire de Pie IX, sa vie et sa mort 3 SA VIE et SA J. B. ROLLAND & Rue St. Vincent, Nos. 1878. HISTOIRE DE PIE. IX HISTOIRE AfclculO ‘îS'HSXü» DE PIE IX, SA VIE et SA MORT. DslonirM, J. B. ROLLAND & FILS, LIBRAIRES, Rue St. Vincent, Nos. 12 et 14 1878. PREMIÈRE PARTIE NOTICE BIOGRAPHIQUE DE PIE IX, JUSQU’A SON ÉLECTION AU SOUVERAIN PONTIFICAT. I Depuis saint Pierre, le 1er Pontife, institué par Jésus-Christ, pour être son représentant sur la terre, deux cent soixante-deux Papes se sont assis sur le premier de tous les trônes du monde.—C’est le 16 juin 1846 que Pie IX a été appelé à succéder au grand apôtre. II Pie IX est né le 13 mai 1792, dans une petite ville des Etats-Romains, à Sinigaglia, de la noble famille des comtes Mastaï. Dès son enfance, on admira en lui une vive in- telligence et une aptitude merveilleuse pour les choses saintes. Après avoir commencé l’étude des lettres sous les yeux de ses parents, il fut mis, à l’âge de douze ans, au collège de Volterra, en Tos- cane. Il y demeura six ans en qualité de pension- naire. Pendant ces six années, il se fit remarquer par une application constante au travail, une grande sûreté d’esprit, une finesse de bon sens au- dessus de son âge, une piété douce et éclairée. — C’est ce qu’attestent [les auteurs qui ont écrit les — 4 — premières années de la vie de notre auguste Pon tife. Ces auteurs ajoutent que tous les anciens condisciples du jeune Mastaï ont conservé le sou- venir des heureuses qualités dont il était doué, et des exemples de vertu qu’il leur avait donnés. En 1810, il vint à Rome pour y terminer ses études. La bienfaisante influence de la Ville sainte développa toutes les excellentes dispositions de son ç00^ i'_ On le vit se livrer avec ardeur aux oeuvres de charité, et surtout au soulagement des jeunes orphelins, recueillis à l’hospice de Tata-Giovanni (1). Cependant le moment approchait où, d’après le cours ordinaire des choses, il devait songer à son avenir. Depuis longtemps il avait la pensée de se consacrer à Dieu ; mais sa santé, chancelante alors, semblait lui interdire l’entrée du sanctuaire. En véritable chrétien, il s’efforça d’attirer sur lui les lumières d’ en-haut, et multiplia dans ce but ses prières et ses bonnes œuvres. Puis, pour mettre un terme à son indécision, il alla trouver le Pape Pie VII, qui lui portait un intérêt paternel et au- quel l’unissaient des liens de parenté. Après avoir écouté tout ce que le jeune Mastaï Ferretti lui raconta de ses projets et de ses craintes, Pie VII l’encouragea à s’offrir à Dieu pour travailler a la gloire et au développement de l’Eglise; et, avec une autorité quasi prophétique, il l’assura que sa santé s’affermirait. Le jeune Mastaï reçut ces paroles comme venant du ciel. Plein de recon- naissance il entreprit le pèlerinage de Notre-Dame (1) L’hospice de Tata-Giovanni esl une espèce de maison de refuge destinée à recueillir et à élever chrétiennement de jeunes orphelins. de Lorette. Là de nouvelles lumières lui étaient réservées ; il revint de Lorette entièrement décidé à entrer dans les ordres, et commença ses études de théologie. Pendant trois ans, il suivit les cours de l’Acadé- mie ecclésiastique ; et l’on raconte que le célèbre théologien Graziosi, son professeur, s’écria un jour, ému de sa charité, de sa douceur et de sa piété, que l'abbé Mastciï avait le cœur d'un Pape. C’est qu’en effet, les nouvelles. occupations de l’ahbé Mas- taï ne diminuèrent point ses bonnes œuvres. Il continuait avec plus de zèle que jamais ses visites et ses secours aux orphelins de Tata-Giovanni. III Ce fut dans l’église de cet hospice qu’il célébra sa première messe, le 11 avril 1819 : u Ce sanctuaire, dit M. de Saint-Hermel, était plus beau pour lui que toutes les basiliques ; c’était la basilique des indigents.” Jusque-là, l’abbé Mastaï n’avait été pour les pauvres enfants de Tata-Giovanni qu’un pieux et charitable conseiller. Dès qu’il eut été ordonné prêtre, il prit la direction de l’hospice, et devint le père de tous les jeunes orphelins et le guide de leur conscience. La providence voulait que cette Maison, où il avait donné tant de pieuses leçons de vertu lorsqu’il était encore jeune homme, et où il avait répandu les premières grâces de sa vocation ecclé- siastique, recueillit aussi les premiers fruits de son sacerdoce. Celui qu’elle destinait à un si sublime — 6 — ministère devait faire son apprentissage au milieu des enfants et des pauvres. L’abbé Mastaï ne resta que quatre ans environ chargé de la direction de l’hospice de Tata-Giovanm. Il la Quitta durant l’été de 1823, pour suivre, dans le Nouveau-Monde, en qualité d’auditeur, Mgr. Muzi envoyé comme vicaire apostolique au Lhiii. Ce n’etait pas sans y avoir mûrement réfléchi, que le Pape Pie VII enlevait l’abbé Mastaï ^a ses chers orphelins, pour l’adjoindre au vban 1 '- apostolique. L’obiet de cette mission dans le Nouveau-Monde était des plus délicats, et Pie VII avait discerne dans le jeune abbé toutes les qualités capables de faire réussir une telle négociation (1). La conduite de l’abbé Mastaï fit voir que le Pape ne s’était point trompé dans l’appréciation quiL faisait de lui. En vain des difficultés aussi inatten- dues que multipliées vinrent-elles paralyser 1 heu- reuse issue qu’on avait espérée : le jeune auditeur signala, en toute rencontre, cette pénétration d es- prit dont il avait donné les premiers indices au collège de Volterra ; et, constamment, on le vit ioindre à cette assurance de bon sens, qui était naturelle en lui, un courage et une fermete iné- branlables. Aussi quand, apres deux aunees d ab- sence, les envoyés du Saint-Père, épuises par ce m n s’agissait de régler d’un commun accord, au nom du Saint-Siège, avecles autorités républicaines (récemment eman- einéos du Chili, du Pérou et du Mexique, etc.), les droits et les devoirs du clergé, sa situation temporelle et spirituelle dans les constitutions nouvelles sorties de ce grand mouve- ment d’indépendance qui avait ravi à l’Espagne la moitié d un monde. — 7 — voyage, qui ne fut qu’une longue épreuve de patience, de privations et de vexations sans nombre, durent reprendre le chemin de Rome, le nom de l’abbé Mastaï les y avait précédés. IV Pie VII venait de mourir ; mais la réputation cm jeune auditeur, les services qu’il venait de rendre dans la mission du Chili, ne purent échapper à Léon XII, successeur du défunt Pape. Il reçut avec bonté le compagnon de Mgr. Muzi ; et, pour lui témoigner sa reconnaissance et sa haute estime, il l’admit aux honneurs de la prélature, et le nomma chanoine de l’église Santa^Maria-in- Via- Lata : ce fut le premier pas de l’abbé Mastaï dans les dignités. Le nouveau chanoine continua à Rome la vie qu’il avait menée dans les Missions du Nouveau- Monde. Prêcher, confesser, revoir sa famille bien- aimée des orphelins de T'ata-Giovanni, telles étaient ses occupations de tous les instants. Aussi, tandis que les hommes d’Etat le plaçaient déjà dans cette classe d’esprits supérieurs qui savent comprendre et conduire les affaires, le peuple voyait en lui un prêtre rempli de vertus et de charité, entièrement dévoué à son ministère. Peu de temps après, le chanoine Mastaï fut nommé président de la commission directrice de l’hospice de Saint-Michel à Ripa-Grande. Cet hospice est un des plus vastes établissements de charité que — 8 — possède le monde (1). On a dit avec raison que son administration demande les qualités d’un homme d’État. Le souvenir du séjour de l’abbé Mastaï à jlata-Giovanni, les services importants qu’il y avait rendus, l’activité douce, la vigilance assidue, l’es- prit d’ordre qu’il y avait déployés, motivé^ ^ choix du Souverain-Pontifej. ^aft rmin t, T pnn Vf TT nut sp nCre quilne s était point ^romné E- moins de deux ans, l’hospice Saint- Mtcnel, dont le budget était en déficit à l’arrivée de l’abbé Mastaï, avait retrouvé toute sa prospérité sous sa puissante et sage impulsion. V Le 21 mai 1827, l’archevêché de Spolète, ville natale de Léon XII, étant devenu vacant, le Pape ne crut pas pouvoir donner à sa patrie de témoi- gnage plus certain de sa sollicitude pour elle, qu en nommant l’abbé Mastaï à ce poste éleve. Ce n’est pas ici le lieu de nous étendre sur les actes du nouvel archevêque. Contentons-nous de dire avec un de ses historiens, que la ville de Snolète se souviendra éternellement de son épisco- pat et que sa présence sembla attirer sur elle, pendant ^es cinq années pleines d’orages qu il y traversa, “ une sorte de protection visible et une bénédiction céleste.” m La longueur totale de l’hospice Saint-Michel est de 375 vero-es sa largeur de 90 et son circuit de 950. Ce vaste bati- ment êccupo 8 loute la longueur du quai de Ripa-Grande (le port maritime de la ville de Rome). — 9 Monseigneur Mastaï occupa le siège de Spolète jusqu'en 1832. Le 17 décembre de cette année, Grégoire XVI, successeur de Léon XII et de Pie VIII, le transféra à l’évêché d’Imola, poste^ en ap- parence moins considérable que celui de Spolète, mais, en réalité, d’une importance plus grande, et qui, au milieu des agitations auxquelles la province était alors en proie, demandait un homme de choix et d’un caractère aussi ferme que sage, aussi conci liant que pieux. Mgr. Mastaï remplit les espéramces de Grégoire. XVI : tout le monde savait en Italie combien l’évêque d’rmola était vénéré et aimé dans son diocèse. Tant de vertus et une si sage administration appe- laient Mgr. Mastaï au Cardinalat. Réservé in petto dans le consistoire du 23 décembre 1839, il fut pro- proclamé le 14 décembre 1840, et reçut le titre de saint Pierre et saint Marcelin. Le nouveau Cardinal dut venir à Rome pour recevoir le chapeau ; mais il ne fit qu’y paraître : il retourna bientôt à son troupeau qu’il croyait ne devoir jamais quitter, et auquel il se dévoua avec plus de zèle encore. Mais Dieu en avait disposé autrement : il destinait Mgr. Mastaï à succéder à Grégoire XVI. On dit que le peuple romain avait comme un pressentiment de cette élévation future. Lorsqu’un devoir impérieux appelait le pieux évêque dans la capitale de la chrétienté, on enten- dait ces paroles du milieu de la foule : Voilà le futur Pape ! Dieu nous le donnera ! Dieu l’a donné effectivement à l’Eglise ! — 10 — DEUXIÈME PARTIE. récit de l’élection de pie ix le 16 , juin 1846 . I C’était pour obéir à l’un des plus impérieux de- voirs de sa haute dignité, que le cardinal Mastaï avait dû quitter Imola, dès qu’il avait appris la mort de Grégoire XVI. Il était entré dans Rome sans la moindre préten- tion dans le cœur. Malgré les marques de sympa- thie qu’il avait reçues sur son passage et 1 enthou- siasme qui l’avait partout accueilli, il ne paraissait pas même soupçonner qu’il pût être question de lui pour succéder au Pape défunt. Un voyageur français écrivait quelques jours après le conclave : “ Les fenêtres de mon apparte- ment se trouvaient situées vis-à-vis de la maison où le cardinal-évêque d’Imola, venait de descendre, sans que je m’en fusse douté. Un matin, j aperçus, dans une des pièces, un personnage inconnu . la soutane rouge qu’il portait me révéla tout aussitôt que c’était un cardinal. Je m’informai de son nom, et j’appris que c’était le cardinal Mastaï Ferretti. Au peu d’éclat qui l’entourait, j’étais loin de penser que ce pût être notre Pape futur. Il préludait cependant par l’humilité et le silence au choix de Dieu. Béni soit le Ciel de nous l’avoir donné ! ” — 11 — L’entrée du cardinal au Conclave fut tout aussi- modeste que son arrivée à Rome. Autour de lui rayonnait, comme une auréole, la renommée de ses vertus ; mais il semblait vouloir se soustraire à tous les regards. Aimé du peuple, qui n’avait pas oublie les pre- mières années de son ministère, et qui savait combien on le chérissait à Imola, il était presque inconnu dans les salons de Rome et dans les chan- celleries. Plusieurs membres même du Sacré- Collége (qui, d’ailleurs, honoraient le nom de Mastaï sur sa réputation populaire), le connais- saient à peine ; et sans doute ils eussent été étonnés si on leur eût dit que c’était l’élu de Dieu, qu’ils devaient eux-mêmes proclamer deux jours après. , . Parmi les personnages sur lesquels était hxee l’attention publique et qui semblaient devoir se disputer les suffrages, le cardinal Lambruschim occupait le premier rang. Le cardinal Lambruschini avaif été le confident et le ministre intime de Grégoire XVI. Pendant dix-huit ans, il avait pour ainsi dire régné avec le vieux Pontife, qui semblait se décharger sur lui des fatigues et des soucis du pouvoir. Suivant les calculs de la politique il devait être élu ; mais que peuvent toutes les combinaisons de la diplomatie devant les décrets du ciel? Ce fut le soir du 14 juin 1846, que les cardinaux réunis au Quirinal, au nombre de cinquante, virent se fermer sur eux les portes du Conclave. Le lendemain, à neuf heures, après la messe du Saint-Esprit, le premier scrutin s’ouvrit. — 12 — La majorité canonique devait être de trente- quatre voix. f . Au dépouillement, le nom de Lambruschini sortit quinze fois de Turne : treize suffrages por- taient le nom de Mastaï. Les autres voix s’étaient perdues. Dieu commençait à se montrer. u Quel prodige (1) de voir l’homme d’Etat du « dernier règne, le prélat le plus influent du Sacré-. - Collège, le tout-puissant de la veille et du jour, “ accueilli par une minorité de suffrages telle, u qu’elle ne s’élevait pas à la moitié du chiffre a canoniquement nécessaire ! ” . N’était-ce pas un autre prodige de voir le plus humble, le plus modeste des cardinaux, recherché et poursuivi jusque dans l’ombre même de sa mo- destie par treize suffrages non contestés ? Quelle inspiration surhumaine allait donc éclai- rer et diriger un scrutin qui débutait ainsi contre toutes les prévisions humaines et les conjectures les plus habiles ? L’imprévu commençait.—Et, on le sait, u dans les choses de ce monde, il arrive que bien souvent c’est LA PART DE DIEU !” Le scrutin du soir fut un nouveau triomphe pour le cardinal Mastaï ; il avait gagné quatre voix ; et le cardinal lambruschini en avait perdu deux. Au troisième tour de scrutin, qui eut lieu le lb, à neuf heures, le nom de Lambruschini n’avait été proclamé que onze fois : Mastaï avait obtenu vingt- sept suffrages. Ainsi la candidature de l’arche- ( l) M. de Saint-Hermel, Vie de Pie IX. — 13 — vêque-êvêque d’Tmola se recrutait et s’augmentait,, à chaque tour de scrutin, de tous les suffrages qui désertaient le concurrent que patronait la diploma- tic. Par une de ces coïncidences que Dieu seul sait amener au moment marqué, le cardinal Mastai venait d’être désigné par le sort, pour etre lui- même un des trois scrutateurs chargés de dépouil- ler le scrutin et de proclamer les votes. II Pendant que le nom de Mastaï allait de plus en plus s’illuminant, “l’impatience la plus inquiété u régnait dans Rome. C’était 1 anxiété des classes “ éclairées qu’un nom allait rassurer ou conster- “ ner. C’était la curiosité savante et raffinée du “ corps diplomatique se préparant à deviner les “ influences du règne futur et à dresser des plans u de campagne. C’était aussi la curiosité de la “ foule, attendant son premier pasteur et son sou- u verain (1).” . , Deux jours de suite, la grande procession du clergé romain s’était rendue de l’église des Saints- Apôtres au palais Quirinal, adressant aux auditeurs de Rote, solennellement rangés dans la chapelle, la fameuse question : Habemus-ne Pontificem ? Deux fois, la procession s’en était retournée en chantant le Veni Creator, et témoignant ainsi que le Conclave avait encore besoin du secours et des lumières de l’Esprit-Saint. (1) M, de Saint-Hermel, Vie de Pie IX. — 14 — Pour la troisième fois, la multitude assemblée sur le Monte-Cavallô, venait de voir s’échapper une légère colonne de fumée au-dessus de la chapelle Pauline, annonçant que le scrutin était nul, et que la volonté secrète de Dieu ne s’était point encore manifestée. L’impatience publique croissait d’heure en heure. Je ne sais quel vague pressentiment avait saisi tous les esprits ; on sentait que le dénoûment ap- prochait. u Le scrutin de ce soir sera le dernier,” avaient murmuré quelques voix, et la foule avait accueilli avec empressement cette espérance. Elle ne se trompait pas : à trois heures, s’ouvrit le quatrième scrutin. L’émotion la plus grande régnait dans le Conclave. L’action de Dieu se ren- dait de plus en plus sensible. Chacun des membres du Sacré-Collége comprenait qu’il allait proclamer son élu. De même que les précédentes, la séance com- mença p#r le chant du Veni Creator ; puis les car- dinaux écrivirent leur vote et le déposèrent dans l’urne du scrutin. En ce moment, le silence de l’auguste assemblée, déjà si solennel, devint plus solennel encore. Tour à tour, les yeux se portaient sur le calice déposi- taire des secrets de Dieu, et sur Mastaï. Il était debout, à la table du dépouillement, où le sort l’avait désigné pour la journée. A ses côtés se tenaient les deux autres scrutateurs :—l’un avait pour fonction de lui présenter les suffrages qu’il devait proclamer ; l’autre était chargé de les véri- fier après lui et de les inscrire. — 15 — Une pâleur causée par l’émotion était répandue sur ses traits. Le résultat de l’épreuve du matin avait effrayé sa modestie ; et, bien qu’il eut passe en prières tout le temps qui s’était écoule entre les deux scrutins, son âme n’avait pu calmer la pro- fonde appréhension dont elle était dominée. On eût dit une victime à qui Dieu allait imposer un fardeau d’honneur et de responsabilité auquel elle voudrait se soustraire. La nécessité même de pro- clamer son nom augmentait son effroi : cependant il fallait obéir. . . Le nom de Mastaï était sur le premier, bulletin ; il était sur le second, sur le troisième.—Le scruta- teur dut dix-sept fois de suite le proclamer sans interruption. Sa main pouvait à peine soutenir les papiers qui lui étaient présentés. Sa voix était tremblante. Quand, sur le dix-huitième billet, il aperçut encore son nom, ses yeux se voilèrent, la parole expira sur ses lèvres. Après un moment de silence, un torrent de larmes s’échappa de ses yeux ; il supplia l’assem- blée de le prendre en pitié, et de remettre a un autre le soin de lire le reste des votes. Mastaï oubliait qu’un scrutin interrompu eut annulé l’élection : le Sacré-Collége s’en souvint. “ Reposez - vous un moment, lui cria-t-on de toutes parts ; calmez votre émotion : nous atten- drons ” En même temps, plusieurs cardinaux quittèrent leurs sièges ; ils s’empressaient autour de lui, et le faisaient asseoir. Pour Mastaï, toujours silencieux et tremblant, il n’entendait rien, ne voyait rien, et les larmes con- — 16 — tinuaient à conter de ses yeux. L’épreuve avait été trop forte : il y avait succombé. Cependant, après quelques moments de repos, il revint à lui : une force nouvelle semblait lui avoir -été rendue. Il se releva et rejoignit le bureau sou- tenu par deux de ses collègues. Le dépouillement s’acheva lentement ; au dernier bulletin Mastaï avait lu son nom trente-six fois ! L’élection était faite par les suffrages, elle fut ratifiée par l’acclamation. D’un commun élan tous les cardinaux se levèrent et l’on entendit retentir sous les voûtes de la chapelle Pauline le nom de Mastaï. Tous ensemble le proclamaient, aussi bien ceux qui l’avaient inscrit sur leurs bulletins que ceux qui jusque-là lui avaient refusé leur voix. Attendris par tout ce qu’ils avaient vu de modestie, de sensibilité, d’oubli de sa propre grandeur dans Pélu de leurs confrères, ces derniers voulaient s'associer à une élection si sainte, et y donner leur assentiment par un acte solennel et authentique. Telle fut l’issue de cette dernière réunion du Conclave, qui avait donné à Rome un souverain, au monde catholique un pasteur et un père. III Abordons le récit des faits qui signalèrent les premières heures du pontificat de Pie IX. Pendant que tous les cardinaux, acclamaient l’élec ' tion du cardinal Mastaï, le nouveau Pape s’était jeté au pied de l’autel. Là, perdu dans une silen- cieuse adoration, il demandait à Dieu de le soutenir — 17 — contre les défaillances de son cœur et les troubles de sa raison bouleversée à la vue d’un honneur si terrible et si grand. . Cependant la sonnette du cardinal doyen avait annoncé aux prélats assemblés aux portes de la chapelle que le Pape était nommé. Déjà les maîtres des cérémonies étaient entrés avec le secrétaire du Sacré-Collége ; on allait commencer les formalités prescrites pour l’acceptation que doit faire publi- quement l’élu. Mastaï restait toujours au pied de 1 autel, abîme et anéanti dans sa prière : le sous-doyen cardinal Macchi s’avança vers lui, escorté des . maîtres des cérémonies et des principaux cardinaux, et lui adressa la question solennelle : Acceptas-ne electionem de te fcictam in Summum Ponti^icenx ? A cette demande, Mastaï se releva, et, fortifié par la prière, il déclara qu’il acceptait (1). Aussitôt, tous les baldaquins placés au-dessus des cardinaux s’abattirent, selon l'antique cérémonial, pour ne laisser suspendu que celui du nouveau Pape. Seul désormais, il devait être honoré des marques du Souverain-Pontificat. A la seconde question qui fut adressée au nouveau pape : Quel nom voulez-vous prendre ? il annonça qu’il désirait emprunter son nom à Pie VU, son glorieux prédécesseur au siège d’Imola. Les deux (1) Nous avons suivi dans cette narration la plupart des historiens de Pie IX.—D’après quelques récits de l’élection du Pontife, lorsqu’on lui présenta la question solennelle d’ac- ceptation, il aurait demandé quelque temps de réflexion, et ce ne serait que deux heures après le scrutin qu’il aurait donne son assentiment. 2 — 18 — actes de l’acceptation et de la nomination furent immédiatement dressés par le notaire du Saint- Siège apostolique, Mgr. de Ligne. Aussitôt apres, Pie IX fut revêtu des insignes de sa nouvelle dignité : le cardinal Riario Sforza, camerlingue de la sainte Église romaine, lui mit au doigt 1 anneau du Pêcheur, et la première adoration des cardinaux commença. n , Il était neuf heures et demie du soir, lorsque toutes ces cérémonies furent terminées. A dix heures, Pie IX, se retira dans sa cellule . le silence et la prière, après toutes les émotions qui avaient partagé cette longue et sainte journée, lui rendirent une paix et un calme parfaits. Avant de prendre son repos, il fit une légère collation avec son aumônier, et écrivit à ses trois frères, à Sinigaglia, pour leur annoncer son élec- tion. « Il a plu à Dieu, qui exalte et qui humilie, leur disait-il, << de m'élever de mon insignifiance à la dignité la plus u sublime de la terre : que sa volonté soit faite l Je sens toute « l’immensité de ce fardeau et toute la faiblesse de mes u moyens. Faites prier et priez, vous aussi, pour moi. « Si la ville voulait faire quelque démonstration publique a « cette occasion, je vous prie, car je le désire, de faire en « sorte que la totalité de la somme soit appliquée aux œuvres « que le gonfalonier (le maire \ et les anziam (adjoints), “ iugeront utiles. . , « Quant à vous-mêmes, mes chers freres, je vous embrasse a de tout mon cœur en Jésus-Christ. Ne vous enorgueillissez “ pas ; mais prenez plutôt en pitié votre frère, qui vous donne “ sa bénédiction apostolique.” Admirable lettre ! elle peint l’humilité de Pie IX, sa foi profonde, son abnégation. Songez qu’il était — 19 — minuit moins un quart lorsque le nouveau Pon- tife écrivait à ses frères, et que quelques heures à peine nous séparent des grands événements qu’on vient de lire. La nuit du Saint-Père fut paisible : dès le matin, il célébra la sainte messe comme à son ordinaire. — Tous ceux qui l’ont vu à l’autel savent avec quel recueillement et quelle piété il offre le saint sacri fice : ce recueillement et cette piété étaient plus intimes encore le lendemain de ce jour si plein d’émotions, au matin d’une journée qui devait les renouveler toutes. Sur les neuf heures, devait avoir lieu la présen- tation du nouveau Pontife au peuple. IV Avant de la raconter, détournons un moment nos pensées du Conclave, qui nous a occupés jus- qu’ici, et disons ce qui s’était passé dans la ville. Depuis la veille au soir, Rome toute entière était dans la plus grande agitation. La multitude qui couvrait le Monte Ccivallo , pendant que les cardi- naux procédaient au dernier scrutin, avait bien compris, en ne voyant pas paraître la mystérieuse fumée, que le Pape était élu. Dès cinq heures, la nouvelle s’en était répandue dans tous les quartiers ; à chaque moment, de nou- veaux flots de peuple venaient grossir la foule, déjà si nombreuse. Chacun espérait assister, ce soir-là même, à la présentation du Pontife et recevoir sa — 20 — première bénédiction.—Mais, quel était cet élu, ce nouveau père, ce nouveau prince . Mille bruits divers circulaient dans les groupes , tous voulaient savoir quel serait le dernier mot de l’énigme. Les espérances, on le sait, furent deçues. La longueur de la dernière séance du scrutin, les formalités qu’on avait dû remplir la suite des cere- monies de la première adoration, les intervalles de silence et de délibération laissés au nouveau Pape, selon quelques écrivains, avant son acceptation . tout cela ne permit pas de présenter immédiate- ment Pie IX à ses sujets. D’ailleurs aucune mesure îvavait été prise : rien n’était prêt pour une si prompte élection : il eût été même difficile, a cette heure de se procurer les ouvriers, qui devaient abattre le mur élevé, deux jours auparavant, devan la Loggia du palais sur laquelle les nouveaux Papes doivent être présentés. , , Quels nue fussent l’impatience du peuple, et le désir des cardinaux de satisfaire cette impatience légitime, il fallut remettre au lendemain la solen- nelle cérémonie. . . . . Durant la nuit, les faux bruits, qui avaient pris naissance au Monte Cavallo , s’accréditèrent dans la ville. Le nom de Mgr. Gizzi, Fun des cardinaux les plus aimés, était partout répété, et partout ce nom ptait accenté avec joie. Par un secret de la Pioii- dence, on oubliait celui de Mastai. Au matin, les conjectures avaient pris un tel caractère d auto- rité, que l’on finissait par tenir pour certaine 1 elec- tl0 Dèsl^pointe Z du jour, la grande place du Monte Cavallo était envahie. C’est à peine si la procession — 21 — du clergé romain, qui, cette fois, vint prendre place en face du Quirinal, en chantant l’hymne de reconnaissance, le Te Deum , avait pu se frayer un passage. . , L’impatience croissait de moment en moment. Enfin, neuf heures sonnèrent : c’était le signai donné. Les maçons se mirent à l’œuvre ; et, bien- tôt les derniers obstacles furent enlevés. La bonne nouvelle, captive jusque-là sous le secret du Con- clave, allait être manifestée. Le cardinal camerlingue s’avança sur le balcon, et vint l’annoncer en ces termes : u Je vous annonce une grande joie. Nous avons “ pour Pape l’Eminentissime et Révérendissime » Seigneur Jean-Marie Mastaï Ferretti, jusqu’ici u cardinal de la sainte Eglise romaine : il a pris le “ nom de Pie IX.” La sympathie publique s’était tellement portée, depuis la veille au soir, sur la nomination suppo- sée de Mgr. Gizzi, qu’à la proclamation du choix réel du Sacré-Collége, il y eut dans la foule, éton- née du nom inattendu qu’on lui annonçait, un mo- ment de désappointement. Mais quand, après tous les cardinaux, qui se présentèrent tour à tour sur le balcon, on vit appa- raître le Souverain-Pontife, les yeux baignes de larmes, dans l’émotion la plus sainte : quand on lui eut vu lever les mains au ciel dans une sorte d’extase pour bénir le monde et son peuple, et que l’on eut entendu sa voix si douce et si paternelle, chacun se rappela combien le cardinal Mastaï était aimé, de quel respect il était entouré, comment autrefois on pronostiquait son élévation future ; — 22 — et l’enthousiasme succédant tout à coup au silence, les applaudissements éclatèrent comme une tem- pête et toutes les voix s’élevèrent dans les airs, répétant comme d’un commun accord : Viva Pîo nono ! Du Monte Cavallo l’enthousiasme . et les applau- dissements se répandirent dans la ville. Le nom de Mastaï et de Pie IX volait dans toutes les bouches : chacun s’empressait de l’associer aux plus doux souvenirs de sa vie. Les nombreux ouvriers qui avaient vu autrefois l’ahhé Mastaï à l’œuvre, soit à la Tata-Giovanni, soit à l’hospice Saint-Michel, se plaisaient à répéter mille traits naïfs de sa jeunesse sacerdotale. Ils disaient qu’il était bon, qu’il était sensible ; que les malheureux trouvaient accès auprès de lui ; que chaque douleur, accueillie par lui, s’en retournait consolée ; qu’il avait été le père de toute une gé- nération d’orphelins. a De leur côté, les habitants de Spolete et dl- mola, qui se trouvaient a Rome, racontaient à l’envi cette sainte légende du Prélat, arrêtant d’un seul mot deux régiments autrichiens, désarmant d’un regard cinq mille rebelles, sauvant les coupa- bles en jetant au feu la liste de proscription, cal- mant les passions émues, et réalisant en bienfaits chacune de ses pensées (1).” Tous ces récits, multipliés par l’affection, mais non exagérés, exaltaient les cœurs, enivraient les imaginations : Rome toute entière était dans les transports du bonheur et delà joie. Il semblait que M. de Saint-Hermel, Vie de Pie IX. — 23 — l’on n’eût pas assez de voix pour célébrer les louan ges du vénéré Pie IX. , Heureux Pontife ! qui, après avoir ete eleve a la suprême dignité du monde, par un concours de circonstances si providentiel et si divin, voyait les premières heures de son règne signalées par de telles sympathies et consacrées par de semblables marques d’amour ! Pontife plus heureux encore de setre rendu digne de fixer les regards du ciel par ses vertus, et d’avoir mérité que les bonnes œuvres de ses pre- mières années fussent pour lui, en ce moment, un titre à la reconnaissance de tous, et que sa jeunesse sanctifiée devint comme un présage fortuné de son Pontificat ! V La seconde et la troisième adoration se succédè- rent le jour même à la chapelle Sixtine et à Saint- Pierre. Toutes deux furent entourées d’une pompe et d’un enthousiasme que l’on ne saurait exprimer. Le peuple, dans le désir de voir son nouveau Sou- verain, se pressait en foule sur le passage du Saint- Père : partout c’étaient des élans de joie, des témoi- gnages de respect et d’amour. Quatre jours après, le 2 L juin, eut lieu la belle cérémonie du couronnement. Quand, pour la pre- mière fois, le front ceint de la tiare, Pie IX donna sa bénédiction solennelle du haut de la loggia de Saint-Pierre, a l’émotion était générale ; le cœur u du peuple monta vers le Pontife en un immense — 24 “ applaudissement : c’était comme un délire d’a- “ mour filial.” . . Le soir il y eut grande réception an palais pon- tifical : tous les monuments publics furent illumi- nés ; les palais des cardinaux, des ambassadeurs et des magistrats romains, rivalisaient de splendeur et de clartés ; l’immense coupole de Saint-Pierre était tout en feu. u La joie était partout : toutes les “ âmes étaient à l’allégresse, à la confiance, au M bonheur.” _ 25 — TROISIÈME PARTIE. RÉSUMÉ DES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS DU PONTIFICAT DE PIE IX. Depuis les dates mémorables du 16 et du 21 juin 1846, trente -deux années se sont écoulées. "Vous n’ignorez pas, mon cher lecteur, ce qu’elles ont été pour Pie IX. Tout l’univers catholique sait combien le saint Pontife s’est montré, en toute occasion, digne du rang auguste où la Providence l’a appelé. Tout l’univers catholique sait de même comment Dieu a marqué le règne de Pie IX par d’importants évé- nements ; comment il a départi tour à tour à ce grand Pape des ovations et des honneurs presque sans antécédents, aussi bien que des amertumes et des douleurs qui ressemblent à celles du Calvaire. Au reste, si vous voulez vous remémorer en quelques lignes toutes les merveilles de la vie de notre bien-aimé Pontife, et la mystérieuse action de la Providence à son égard, parcourez les pages qui suivent : vous y trouverez résumé tout le pon- tificat de Pie IX. LES TRENTE-DEUX ANNÉES DU PONTIFICAT DE PIE IX. C’est à la source la plus authentique, à la collec- tion des Acta Pii Noni qu’ont été puisés les docu- ments rassemblés ici. Ils ont été recueillis par le 26 — courageux directeur de V Unita cattolica de Turin ; il les a publiés en deux articles le 16 et le 21 juin 1875, avec cette devise : LAUDENT EUM OPERA EJUS ! Dans la traduction que nous donnons de VUnita , nous avons cru devoir ajouter au texte de nom- breuses explications supplémentaires qui en facili- teront l’intelligence. 1846. l’année de l’élection. Par la volonté mystérieuse de la Providence, le Conclave commencé le 14 juin au soir, s’accorde deux jours après dans un choix unanime, et ap- pelle au suprême pontificat le cardinal Jean-Marie Mastaï Ferretti, qui prend le nom de Pie IX.— Le nouveau Pape inaugure son règne par une amnistie des détenus politiques : elle est publiée le 16 juil- let, jour anniversaire de l’élection.— Peu après il établit un sénat et une assemblée consultative composée de députés des provinces. Ces mesures sont accueillies avec enthousiasme.— Le 27 juillet, Pie IX se plaît à faire remarquer l’action providen- tielle de son élection, la première fois qu’il adresse la parole en présence du Sacré-Collége (allocution consistoriale). Le 9 novembre, il notifie à tout l’é- piscopat et au monde catholique son exaltation au trône pontifical par l’Encyclique : Quipluribus . — Dans cette même lettre, il affirme sa mission de docteur universel et de pasteur des pasteurs, en dévoilant les erreurs modernes et confirmant les constitutions de ses prédécesseurs contre les sectes — 27 — maçonniques ; il y excite également l’Episcopat à défendre l’Église avec plus d’empressement que jamais, et à lui donner de bons prêtres.—Peu après, le 20 novembre, il promulgue un Jubilé universel, pour attirer sur le peuple chrétien le secours de Dieu. Le saint Pontife n’ignore pas combien le génie du mal travaille sourdement, pour la destruc tion de la Société, dans tous les pays du monde, et spécialement en Italie. 1847. l’année des applaudissements. L’année 1847 est marquée par de continuelles acclamations à Pie IX. Tout l’univers en retentit ; mais le saint Pontife, peu soucieux de ces félicita- tions, (1), s’applique tout entier au gouvernement de l’Église.—Le 25 mars, il demande des secours et des prières pour la malheureuse Irlande (Encycl. Prœdecessores ).—Peu après, il complète l’adminis- tration pontificale par la création d’un conseil des ministres, et notifie cette utile innovation aux car- dinaux, le 11 juin. (Alloc. Cumveluti.)—Le 17 juin, les ordres religieux reçoivent de lui une Encycli- que dans laquelle ils les excite à l’observance de leurs règles. (Encyc. Ubi primum.)—Le même jour cette Encyclique, adressée aux généraux d’ordre est communiquée à l’épiscopat. — Le 23 juillet, il rétablit à Jérusalem l’antique juridiction du Pa- ît) Un jour qu’en présence de Pie IX, on parlait de l’allé- gresse avec laquelle le peuple exaltait ses bienfaits : “ Plaise à Dieu, dit le saint Pontife, que ces joies soient réelles ! Elles pourrai u nt peut-être bien nous présager que la tiare sera bientôt changée en couronne d’épines.” Hélas ! celle triste prévision ne devait pas tarder à se réaliser. — 28 triarche latin. Le 4 octobre, il annonce cette sage mesure aux cardinaux et fait le vœu que tous les fidèles se distinguent par une sincère, obéissance aux puissances temporelles dans ce qui est du res- sort de ces puissances. (Alloc. consistor.)— Le 17 décembre, dans une semblable occasion, il réfute les calomnies déjà lancées contre lui,, déplore les hostilités de la Suisse contre le catholicisme,^ et la guerre dite du Sunderbund, et exhorte les évêques à défendre l’Église. (Alloc. consist.) 1848. l’année de la trahison. Les applaudissements continuent durant l’année 1848; la ruse et l’hypocrisie les inspirent à plu- sieurs. Pie IX ne se laisse pas plus séduire que l’année précédente à ces louanges hypocrites. Le 6 janvier, il exhorte les schismatiques d’Orient a revenir à l’unité. (Lett. In suprema.)—Le 29 avril, il proteste de ses sentiments bienveillants pour l’Autriche et refuse de lui faire la guerre. (Alloc.) —Le 2 juin, il pourvoit à la censure des livres dans les Etats pontificaux ei signale ceux que l’Index a récemment prohibés (Lett.).—Le 3 juillet, il ex- pose aux cardinaux le triste état du catholicisme en Russie, et leur annonce ce qu’il vient de faire pour l’améliorer (Alloc. consist.) : ce meme jour, par sa lettre Universalis il crée en Russie les cir- conscriptions des diocèses.—Le 11 septembre, en consistoire, il confirme l’autorité du patriarche chaldéen de Babylone, pleure la mort, de Mgr. Affre, archevêque de Paris, (Allocut consist.) et lait célébrer pour lui un service funèbre dans la basi- - 29 - lique Libérienne.—Cependant les ferments de sédi- tion vont chaque jour se développant dans la Vill sainte; les troubles de la France ne les ont que trop favorisés. Au commencement de novembie rinsurrection éclate. Le 15, le comte de Rossi, pre- mier ministre de Pie IX est poignarde, et le Quni- nal où le Pape s’est retiré est investi.— Le M, Pie IX se voit forcé de quitter Rome devant la révolu- tion triomphante et de partir en exil : il est ac- cueilli par le roi de Naples. 1849. l’année de l’exil. Retiré à Gaëte, la première pensée de Pie IX est pour la sainte mère de Dieu. De ll février, il de- mande à tous les évêques de lui faire connaître quel est le caractère de la croyance a la Conception Immaculée de Marie dans les divers diocèses de la catholicité. (Lett. Encyc.)-Le 20 avril, il signale au monde les menées de la révolution a Rome, et l’inutilité de l’appel du chef de l’Eglise auprès des princes, et remercie le peuple catholique des se- cours qu’on lui a de toutes parts adresses sous le nom de Denier de Saint-Pierre. (Alloc. consist. : Quibus tantisque .')— Le 8 décembre, prévoyant la guerre acharnée qu’on prépare à l’Eglise en Italie, il engage les évêques à résister avec courage aux assauts de l’enfer. (Encycl. Noscitis .) 1850. l’année du retour a rome. Le règne de la Révolution à Rome avait duré neuf mois (15 nov. 1848.—2 juillet 1849). Dès le — 30 — 25 avril 1849, les armées catholiques, à la tête des- quelles se distinguait l’armée française, comman- dée par le général Oudinot, étaient venues faire le siège de la ville sainte. Rome était délivrée le 2 juillet. Pie IX y rentra triomphant le 12 avril 1850. Le 20 mai dans une allocution consistoriale, il re mercie les princes qui l’ont secouru, et déplore les premières agressions du Piémont contre l’Eglise, notamment la condamnation de Mgr. Franzoni, ar chevêque de Turin.—Le 29 septembre, il rétablit la hiérarchie en Angleterre. (Bulle apost.)—Le 1er. novembre, il se plaint de nouveau du gouvernement piémontais, et l’accuse de violer les concordats. (Alloc. consist.) — Le 19 novembre, poursuivant l’œuvre commencée en Angleterre, il y institue des chapitres canoniaux. (Lettre apost.) 1851. l’année des concordats. Un Français, résidant à Lima, Paul Vigil, ose attaquer dans un écrit « les prétentions de la curie romaine ; » le 10 juin, Pie IX condamne cet écrit. — Le 22 août, il condamne également le docteur Nuytz, professeur à l’Université de Turin, accusé de fausser dans son enseignement le droit canon. (Lett. apost.) — Le 5 septembre, il annonce avec joie aux cardinaux qu’il vient de conclure un con- cordat important avec T Espagne. ( Ail. consist.) (1). — Peu après, il publie le texte de ce concordat. (I) Bien que Pie IX ait conclu durant son pontificat beau- coup d’autres concordats avec des puissances catholiques, l’importance de celui qui fut signé avec l’Espagne en 1851 a fait donner à cette année le titre d’année des concordats. — 31 — (Lett. apost. Ad vicarium æterni pontifias.),— Le 21 vrovembre, il promulgue un second Jubilé dans le but de multiplier les prières et les bonnes œuvres pour sauver l’Eglise. (Encycl.) 1852. l’année des saints conseils. Désireux de maintenir dans l’épiscopat le spec- tacle édifiant pour tout l’univers de la plus parfaite union, Pie IX adresse successivement les conseils de sa paternité aux évêques d’Irlande (Encyc. du 25 mars) et cà ceux d’Espagne (17 mai) parmi lesquels la concorde semblait un moment troublée. — Le 27 septembre, il signale les agissements de la franc- maçonnerie de la Nouvelle-Bretagne contre la sainteté du mariage et la liberté de l’Eglise. (Ail. consist.)—Le 1er octobre, il béatifie Jean Grande et Paul de la Croix, et déclare que le monde chrétien doit apprendre de l’exemple de ces saints per- sonnages, comment il faut savoir lutter et combattre pour le Seigneur. (Lettre apost.) 1853. l’année des belles institutions. Le 4 mars, Pie IX rétablit la hiérarchie épisco- pale en Hollande (Lett. apost.) — Le 7, il signe un concordat avec la république de Costa-Rica et le notifie en consistoire. — Le 21, dans une lettre encyclique, il loue les évêques de France pour leur dévouement à l’Eglise et les invite à protéger les écrivains catholiques qui ont le courage de prendre la défense du Saint-Siège et de ses enseignements. — 32 — (Encycl. Inter multipliées ) (1). — Le 28 juillet, il fonde à Rome un nouveau séminaire auquel il donne son nom, le séminaire Pie. (Lett. apost.) — Le 1er septembre, il crée un collège à Sinigaglia, sa ville natale. (Lett. apost.) — Le 3 octobre, il publie un admirable règlement pour les études dans le séminaire romain, dit de Saint-Apollinaire. (Lett. apost.) — Ce même mois et les suivants, il établit deux nouveaux sièges du rite catholique grec, fait un concordat avec la république de Guatemala, et déplore en consistoire les outrages faits à l’Eglise en Suisse et dans le Piémont. 1854. l’année de l’immaculée-conception. En vue et comme préparation à la définition du dogme de la Conception Immaculée de Marie, Pie IX accorde un troisième Jubilé. (Ency. du 1er aopt.) — Le 1er décembre, il annonce aux car- dinaux qu’il se propose de décréter prochainement le dogme de l’Immaculée-Conception. — Le 8 du même mois, en présence de tout le Sacré-Collége, d’une grande partie des évêques du monde ca- tholique et d’un nombre considérable de prêtres et de fidèles accourus à Rome, il promulgue ce dogme par la bulle Ineffabüis. — Le lendemain, _ il déclare que le 8 décembre restera le plus beau jour de sa vie et annonce que la définition touchant l’imma- culée Conception de Marie sera le grand et puissant antidote des erreurs contemporaines. (Alloc. Sin- gulari quadam.) (1) Cette Lettre encyclique parut au moment ou le journal V Univers venait d’être condamné par Mgr. Sibour, archevêque de Paris. —La coïncidence n’échappa à personne. 33 — 1855. l’année de la révolte Piémont aise. Depuis quatre ans, Pie IX souffrait avec une admirable patience les outrages du Gouvernemen piémontais. Le 22 janvier, il se décidé a parler : avec une liberté tout apostolique il expose les maux que souffre l’Eglise dans le Piémont et ce qu’il a fait pour y remédier. (Ail. consist . Probe memineritis.) — Mais la parole du Samt-Pere est méconnue ; on ne tient aucun compte de ses avis ; l’hostilité à l’Eglise s’accentue de plus en plus, la révolte s’affiche ostensiblement. Pie IX tait en- tendre à ce sujet de paternels gémissements dans le consistoire du 26 juillet. - Un heureux con- cordat conclu avec l’Empereur d Autriche vient le consoler. Le Pape en fait part aux cardinaux le 3 novembre. — Cette année 1855 a été aussi marquée nar une intervention toute particulière de la tres- sainte Vierge sur le saint Pontife. Un grave acci- dent pouvait compromettre ses jours, le 12 avili. Il a été providentiellement sauvé. 1856. l’année du chaos européen et du congrès de PARIS. Au milieu des complications qu’entraîne pour l’Église le Congrès de Paris, Pie IX accédant a la demande d’un grand nombre d’évêques français, étend à l’Église universelle la fête du Sacre-Gœui. (Décret du 23 août.) C’est dans la protection du Sacré-Cœur de Jésus que le saint Pontife cherche consolation et espérance contre la politique de Napoléon III en France et de Cavour en Piémont, — 34 — et contre les tentatives des impies dans le duché de Bade, au Mexique, dans les républiques de l’Amérique méridionale et en Suisse. (Ail. consista du 15 décembre.)1857. l’année du voyage triomphal. Dans le but de répondre à l’accusation men- songère et hypocrite des politiques qui prétendent que Pie IX est détesté de ses , sujets, le pieux Pontife se décide à parcourir ses États. Son voyage est un long triomphe qui dure du 4 mars au 5 septembre. — Le 25 septembre, il raconte aux car- dinaux l’accueil enthousiaste qu’il a reçu de ses peuples et des souverains voisins. (Alloc. Cura primum.') Jamais l’Italie n’avait eu et elle n’aura jamais un plébiscite aussi sincère et aussi décisif. 1858. l’année des sages avertissements. La Révolution vaincue en 1849 n'a pas perdu courage. Pie IX prévoit qu’elle pénétrera avec Garibaldi en Sicile, et de là dans les États ponti- ficaux. — Le 20 janvier, dans une Lettre encyclique, il annonce les malheurs qu’il appréhende et donne aux évêques de Sicile et à l’épiscopat tout entier de précieuses admonitions. (Encyc. Cura nuper.) — Heureux le roi de Naples, s’il eût su alors profiter des avertissements du Saint-Père ! 1859. l’année de l’annexion piémontaise et du DENIER DE SAINT-PIERRE. Tandis que la guerre se prépare entre la France et l’Autriche, et que paraît en France (4 février) — 35 — la brochure célèbre intitulée : Napoléon III et VItalie, brochure qui propose de séculariser les Etats pon- tificaux, Pie IX inaugure l’année par une admirable lettre à l’empereur Alexandre II de Russie, en faveur des catholiques opprimés (31 janvier). — Dès que la guerre éclate, dans une nouvelle en- cyclique du 27 avril, il demande partout des prières pour la paix du monde. — Un mois après, le 12 juin, un soulèvement favorisé par le Piémont, éclate à Bologne (1), et immédiatement rinsurrec- tion s’étend à Ravenne et à Pérouse, et Victor- Emmanuel se fait décerner la dictature des Lé- gations et de la Romagne. En apprenant cette nouvelle, Pie IX adresse à tout l’univers (18 juin) une encyclique dans laquelle il proteste contre tout ce qui s’est passé et déclare qu’il est prêt à tout souffrir plutôt que de faillir à son devoir. — Deux jours après, il renouvelle les mêmes pro- testations devant le Sacré-Collége. — Cependant l’insurrection s’accentue de plus en plus ; bientôt toute i’Émilie est en feu, et le 6 septembre, l’anne- xion de cette province aussi bien que des Romagnes au Piémont est sollennellement décrétée. Pie IX, dans une allocution consistoriale du 26 septembre, proteste de nouveau contre les attentats du Pié- mont et résume tous ses griefs contre ce gouverne- ment, cause de tant de maux. — L’univers catholique répond à la voix et aux plaintes de Pie IX par des témoignages de dévouement et d’amour et en renouvelant des temps anciens Y Œuvre du Denier de Saint-Pierre. (I) La veille, les Autrichiens qui occupaient cétte ville, menacés par l’armée française, avaient dû l’évacuer. C’était l’heure propice pour les révolutionnaires. — 36 — 1860. l’année des excommunications et de CASTELFIDARDO. 1859 s’était terminé au milieu de l’agitation produite par la brochure le Pape et le Congrès. Cette brochure, qui était un véritable hommage rendu à la révolution, selon l’aveu d’un diplomate anglais, allait achever de faire perdre au Pape plus de la moitié de ses domaines et empêcher la réunion d’un nouveau congrès européen, attendu depuis plusieurs mois. Pie IX, dès le 1er janvier 1860 stigmatise cette brochure dans la réponse qu’il adresse aux félicitations d’heureuse année que lui offre le général de Goyon, commandant de l’armée française ; le saint Pontife ne craint pas d’appeler cette brochure a un monument insigne d’hvpocrisie et un tissu ignoble de contradictions.’ L0 g janvier, Pie IX, dans une lettre adressée à l’empereur des Français rejette avec indignation la proposition que ce souverain avait osé lui faire de renoncer à ses droits sur les provinces envahies. —Quelques jours après, le 19 janvier, Pie IX notifie au monde catholique la proposition impé- riale et la réponse qu’il a cru devoir y faire. (Encyc. Nullis certe verbis.)—La lettre du Pape est publiée en France, le 29 janvier, par le journal Y Univers qui est supprimé le même jour sous de spécieux prétextes d’ordre public. Le 14 levnei, Pie IX repousse une proposition analogue a celle de Napoléon III qui lui a été faite par Victor-Em- manuel. (Lett. apos.). 1 Le 26 mars, l’œuvre de la Révolution se pour- suivant dans les Etats pontificaux, malgré les avertissements de Pie IX, le saint Pontife lance 37 — contre les envahisseurs et tous leurs complices",, la célèbre bulle d’excommunication : Cum Catholica Ecclma (1).—Le 2 avril, nouvelle Lettre de Pie IX à Victor Emmanuel, après le prétendu suffrage universel qui a consommé la spoliation des Roma gnesl le Pontife y renouvelle ses justes protesta- tions, jet laisse sur la conscience du prince toutes les conséquences de l’usurpation. Cependant de jeunes catholiques accourent de toutes parts pour défendre le Saint-Siège et lui conserver les Marche et rOmbrie qu’on menace d’envahir. Le général Lamoricière est placé à la tête de l’armée pontifi- cale ; le 8 avril il adresse une proclamation dont l’heureux effet est de grossir considérablement les rangs des défenseurs de la Papauté.—Au mois de mai, la révolution reprend le cours de ses entre- prises, soutenue par Victor-Emmanuel et GaribaldL —Invasion de la Sicile. Pie IX raconte les nou- veaux attentats du Piémont dans le Consistoire du 13 juillet. (Ail. consist.)—Le 29, oubliant ses pro- pres malheurs, il écrit aux évêques de Syrie per- sécutés, pour les encourager.—Le 11 septembre, invasion des Marche et de l’Ombrie. L’armée pontificale est odieusement massacrée à Castelfb dardo près de Lorette, le 18 septembre.—Le géné- ral de Pimodan est mortellement blessé sur le (1) Plusieurs de ceux qui plaisantèrent alors de l’excommu- nication du vieillard du Vatican,.en expient peut-être aujour- d’hui les dures conséquences. Si tel ou tel en plaisante encore, ce sera pour peu de temps : l’heure de la justice de Dieu vien- dra. Quoi qu’il en soit, le Parlement qui siège au Monte Citorio est vraiment la Chambre des excommuniés. Tel est le titre sous lequel la désignait, il y a peu de mois, un député italien. — 38 — champ de bataille. Lamoricière traverse les lignes de l’ennemi et arrive à Ancône, dernier retranche- ment de l’armée pontificale. Après une admira- ble défense et dix jours de bombardement, la place est obligée de se rendre le 29.—Douleur de Pie IX en apprenant ces tristes nouvelles. La veille de la capitulation qui désarmait ses derniers soldats dans les Marche et livrait cette province _ aussi bien que l’Ombrie au roi du Piémont, Pie IX, dans une allocution consistoriale, avait de nouveau protesté contre l’invasion et en avait appelé à toutes les puissances catholiques. La voix du Pontife ne devait pas être écoutée par les souve- rains ; mais on vit de toutes parts, les évêques des deux mondes protester, avec Pie IX, contre la spoliation de ses Etats, et les accroissements admi- rables que prit V Œuvre du Denier de Saint-Pierre vinrent aussi consoler le saint Pontife. 1861. — l’année du royaume d’italie. C’était le but avoué de la Révolution de faire de l’Italie un seul royaume. En conséquence, le comte de Cavour fait déclarer, le 26 février,^ par le Sénat, et le 4 mars, par la chambre des députés, Victor-Emmanuel, roi d’Italie. La reconnaissance du nouveau royaume par la France et les autres puissances viennent consolider l’œuvre. Pie IX voit ainsi se multiplier ses épreuves. Sa force d’âme n’en est pas abattue.—Le 30 septembre, dans la célèbre encyclique : Meminit unusquisque , Il raconte l’origine sacrilège du nouveau royaume, et termine ce triste récit en avouant que Dieu — 39 — daigie consoler son cœur de Pontife par l’union admirable de tout l’épiscopat, par la piété des peuples, par la fidélité des Romains et par des marques sensibles de sa miséricorde, notamment dans la conversion des Bulgares séparés depuis longtemps, par le schisme, de l’Eglise catholique (1).—Du reste Pie IX déclarait en cette circons- tance qu’aucune puissance ne pouvait l’empêcher de conserver son indépendance et de pourvoir aux (1) L’œuvre de cette conversion avait eu son prélude le 30 décembre 1860. intérêts de l’Eglise. Les faits l’ont démontré. Au milieu des tristesses de la présente année, Pie IX, dès les premiers mois, réglait le culte catholique dans le Danemarck, sacrait l’évêque des Bulgares et créait un nouveau siège épiscopal à Goa. (Lettre apost. Suprema auctoritas .)—Le 6 juin, il manifes- tait à l’évêque de Varsovie son amour pour la Pologne. Peu après, il organisait le service reli- gieux de la république d’Haïti et créait un arche- vêché à Port-au-Prince. Enfin, le 23 décembre, il annonçait aux cardinaux qu’il préparait la cano- nisation des martyrs japonais. (Alloc. Inter plurima.) 1862.—l’année des martyrs japonais. La canonisation des martyrs japonais est signalée à juste titre comme le grand fait religieux de cette année. Elle eut lieu le 6 juin. Les allocu- tions du 7 avril : Si semper , et du 22 mai : Quanto studio , en avaient fait pressentir la grande pensée. Pie IX la résume dans la saisissante allocution du 6 juin : Mirabile quoddam. En présence de la — 40 — persécution dont l’Eglise est victime en tant de lieux, la canonisation de ces héros martyrs et du saint pénitent Michel De sanctis doit apprendre à tous, comment il faut savoir souffrir pour l’Eglise et pour la vérité.—Le 9 juin, Pie IX entretient de nouveau les nombreux Evêques accourus de toutes parts ; dans une éloquente homélie prononcée dans la Basilique vaticane, il les exhorte à combattre par la parole, par les écrits, par tous les moyens en leur pouvoir, les erreurs dominantes. (Ail. Exulta- tur nostrum.)— Le 11 décembre, il avertit l’Arche- vêque de Munich de l’hérésie qui menace d’infec- ter l’Allemagne (lett. Gravissimas m£er).—Dans le même temps, il écrit à l’épiscopat portugais pour lui recommander le zèle et la vigilance. 1863. l’année de la Pologne. Avec un courage, qui excite l’admiration de ses ennemis eux-mêmes, Pie IX soutient seul la Polo- gne persécutée contre le Czar. Dans le consistoire du 16 mars, il raconte les malheurs de ce pays (ail. Omnibus notum.)—Le 22 avril, il écrit au Czar lui-même, une lettre en italien, en faveur de la Po- logne (lett. Non dove meravigliare'). — Quelques semaines après, il célèbre le troisième centenaire du Concile de Trente, et adresse, à cette occasion, deux lettres à l’Evêque de Trente, le 1er et le 15 juin.—Le 10 août, il condamne, dans une ency- clique, les catholiques libéraux.—Le 22 décembre, il écrit de nouveau à l’Archevêque de Munich, au sujet de l’enseignement de plusieurs docteurs de Bavière, et démasque les erreurs de Dœllin- ger, l’orgueilleux père des vieux catholiques en Allemagne. — 41 — 1864. l’année du syllabus. Continuant la lutte commencée contre l’erreur Pie IX écrit le 14 juillet à l’Archevêque de Fri bourg en Brisgau, pour le féliciter de son attitude héroïque.—Le 30, il écrit de nouveau aux Evêques de Pologne pour les encourager et flétrir de nou- veau la persécution russe contre l’Eglise.—Le 18 août, nouvelle lettre dans laquelle il complimente l’Episcopat bavarois de sa noble fermeté.—Le 19 du même mois, il béatifie Marguerite-Marie Alacoque, la fervente propagatrice de la dévotion au Sacré- Cœur.—Après la triste convention du 15 septembre, qui, sous prétexte de maintenir l’indépendance du Pape, devait livrer ses Etats à la merci du Pié- mont, Pie IX prononce cette mémorable parole : u Je plains la France... mais Dieu saura défendre sonEglise.” Le saint Pontife termine cette année, en publiant son immortelle Encyclique Quanta cura et le Syllabus des erreurs contemporaines. Le 8 dé cembre, dixième anniversaire de la promulgation du dogme de l’immaculée-Conception est choisi à dessein par le pieux Pontife pour la publication de ces deux documents d’une si capitale importance. 1865. l’année des francs-maçons. Bien que dès son avènement, Pie IX eut con- damné cette secte dangereuse, voyant ses conti- nuels et désastreux progrès, le saint Pontife renou- velle contre elle en 1865 toutes les anciennes con- damnations. En effet après avoir successivement pourvu aux besoins de l’Eglise, notamment à la Plata (5 mars), au Pérou (17 mars), en Orient — 42 — (27 mars), aux îles Philippines (27 mai), par son allocution consistoriale Multipliées inter du 25 sep- tembre, il signale au monde les perfides agisse- ments des sociétés maçonniques et conjure les fidèles de s’en préserver. 1866. l’année de sadowa. La Révolution s’efforce d’affaiblir les puissances catholiques, de les détruire même ; elle s’unit aux protestants de tous les pays pour combattre partout l’Eglise : Pie IX redouble d’ardeur pour soutenir la lutte. Par sa lettre apostolique Gravissimum su - premi , il fonde à perpétuité dans la compagnie de Jésus un collège d’écrivains chargés de défendre la religion et le Saint-Siège.—Dans le consistoire du 22 juin, il crée neuf nouveaux cardinaux.— Le 25 juillet, il reconnaît Alger comme métropole et érige les deux sièges d’Oran et de Constantin© (lett. apost. Catholicœ Ecclesiœ).— Les mois suivants, il confirme l’élection du patriarche des Syriens d’An- tioche. 1867. l’année du centenaire de saint-pierre. En cette année, Pie IX est inondé de joies extra- ordinaires, que Dieu lui accorde pour soutenir de nouvelles luttes. Tous les évêques du monde ac- courent à Rome pour le dix-huitième centenaire du martyre de saint-Pierre. Pie IX les réunit en consistoire, le 26 juin. Par son allocution : Singu- lari quidem , il leur manifeste le bonheur qu’il éprouve à les voir ainsi unis au Siège apostolique. La fête triomphante du prince des apôtres a lieu le — 43 — 29 Pie IX y canonise les martyrs de Gorcum e- plusieurs autres saints. A roccasion de cette solen nité et en réponse à l’allocution apostolique du 26 les évêques souscrivent une Adresse, où ils pro- testent de leur fidélité au Pape et proclament la nécessité du pouvoir temporel. Le 30, Pie IX ré- pond par l’allocution Pevjucuudci et annonce un concile œcuménique. Ce même jour, il érige en arcliiconfrérie l’Association des chaînes de saint Pierre.—Dans le consistoire du 20 septembre, il gémit sur la spoliation des couvents en Italie. (Ail. Universus catholicus orbis .)—Le 17 octobre, il no- tifie avec douleur l’entrée de Garibaldi dans les Etats pontificaux, et dévoile la ruse et les machina- tions perfides de ces nouveaux envahisseurs et de tous les ennemis de l’Eglise. La persécution de la Pologne obtient aussi en cette circonstance un nou- veau blâme. (Ail. Levate.) Le 4 novembre, Pie IX apprend l’heureuse issue de la bataille de Mentana /livrée la veille) ; le territoire pontifical venait d’être délivré des bandes révolutionnaires. Le Souverain-Pontife donne des larmes aux jeunes héros qui ont succombé dans la lutte. 1868. l’année de préparation au concile. Dans son désir d’augmenter ses conseillers et de pourvoir à tout l’ensemble du gouvernement de l’Eglise, Pie IX, nomme de nouveaux cardinaux au consistoire du 13 mars. — Le 22 juin, il con- sulte le Sacré-Collége sur plusieurs questions relatives au futur concile. (Ail. Notum vobis .) Le 29 juin, il donne publication des Lettres apos- — 44 — toliques Æterni Patris , par lesquelles il indique le Concile pour le 8 décembre 1869. 1869. l’année du concile du Vatican. Les premiers mois de cette année sont marqués par la célébration des noces cVor de Pie IX (la cinquantaine de son sacerdoce), et par l’ouver- ture d’un Jubilé universel. Un décret apostolique du 26 mars, commençant par ces mots : Quod in maximis , publie ce Jubilé destiné à attirer les grâ- ces du Ciel sur le Concile. Le 4 septembre, Pie IX refuse l’entrée du Concile aux schismatiques qui prétendaient s’arroger ce droit (Lett. apost.) ; tou- tefois, par une nouvelle Lettre, du 30 octobre, il les invite à discuter avec des théologiens qu’il désignera. — Le 27 novembre, il publie un très- sage règlement à l’usage des Pères du Concile. (Lett. apost. Multipliées inter.) — Le 2 décembre, il inaugure les Congrégations du Concile par une admirable allocution ; ce même jour, il fait pa- raître la Constitution apostolique Cum Romanis par laquelle il pourvoit à l’élection de son succes- seur, si la mort venait à le frapper lui-même pen- dant la réunion des évêques ; enfin, le 8 décembre, il ouvre dans la Basilique de Saint-Pierre le saint Concile, par l’allocution : Quod votis omnibus. 1870. l’année de la brèche de la porta-pia. Pendant les premiers mois de cette année, le Concile poursuit ses travaux, au grand avantage de l’Eglise et de la société. Le 24 avril, Pie IX — 45 — promulgue la Constitution dogmat^n^16 Dçi filius sur Dieu, sur la foi, sur la **sœon, sur la révéla- tion Le 18 iuii lofc > H promulgue une seconde Constitution Pater æternus sur la primauté de Lierre, la perpétuité du Saint-Siège et l’infaillibi- lité pontificale. Mais ce même jour, éclatait la guerre entre la France et là Prusse. — Le 20 sep- tembre, par suite du retrait des troupes fran- çaises, Rome est envahie par l’armée piémon- taise ; elle y pénètre par la Porta-Pia. — Le 1er novembre, Pie IX notifie au monde catholique cette sacrilège invasion. Il termine son lugubre récit par une solennelle protestation et par la promesse non moins solennelle de ne jamais pactiser avec l’envahisseur. L’histoire peut dire s’il a manqué à sa parole. 1871. l’année des garanties. Les envahisseurs veulent donner au Pape des prétendus gages de sécurité, en lui offrant ce qu’ils appellent des Garanties. Pie IX les refuse noblement par sa Lettre apostolique Ecclesia Dei , adressée, le 2 mars, au cardinal-vicaire, Son Em. Patrizzi. — Depuis ce moment, par de continuels discours et par tous ses actes il ne cesse de com- battre la révolution. — Le 4 juin, il remercie Dieu, qui daigne lui accorder les longues années de saint Pierre. (Encycl, Bénéficia Dei.) — Le 7 juillet, il proclame saint Joseph, protecteur de l’Eglise. — Dans une nouvelle Encyclique du 5 août, il voit dans l’unité du monde catholique le gage du triomphe futur. — Le 8 aoûts, il — 46 — refuse un trône d’or que la piété des catholi- ques se propose CLe lyi offrir et le titre de grand qu’elle veut lui décerner. _ Le 27 octobre, il pourvoit aux nombreux sièges cpic^onaux va- cants en Italie. 1872. l’année de éa guerre aux couvents. La confection de lois oppressives pour les cou- vents signale les progrès de la révolution dans la ville sainte durant l’année 1872; en même temps la servitude dans laquelle la révolution prétend tenir Pie IX, prend chaque jour un caractère plus manifeste. Le saint Pontife domine la situation et déjoue toutes les ruses de ses ennemis. — Le 16 juin, par une lettre adressée au cardinal An- tonelli, il se déclare prisonnier du gouvernement italien, mais prêt à mourir plutôt que de céder à des exigences ou à des concessions incompatibles avec les devoirs que lui impose la charge du sou- verain pontificat. — Le 23 décembre, en présence du Sacré-Collége, il condamne la conduite des spoliateurs des biens de l’Eglise et les . excommu- nie ; il affirme de nouveau que pour lui il s’aban- donne à la justice de Dieu et compte sur sa mi- séricorde. (Ail. Justus et misericors .) 1873. l’année DE LA PERSÉCUTION UNIVERSELLE. A Limitation du gouvernement italien plu- sieurs gouvernements se mettent à persécuter ouvertement l’Eglise : cette persécution est en partie le triste résultat des sourdes menées de la maçonnerie ; de son côté, le catholicisme libéral — 47 — s’efforce de semer la division contre Rome. Pie IX, pour opposer au mal un remède efficace par ses lettres apostoliques Dum insectationes du 10 février, encourage partout les sociétés ou as- sociations sincèrement catholiques : notamment celles de la France, de PAllemagne, de la Belgique et de l’Italie reçoivent ses félicitations. — Allant plus loin, le 29 mai, il renouvelle la condamna- tion des francs-maçons par sa lettre Quanquam clolores adressée à l’évêque d’Olinda, au Brésil. — En même temps, il démasque et condamne le catholicisme libéral dans des lettres de félicita- tion adressées à plusieurs sociétés catholiques, notamment à celle de Saint-Ambroise, de Milan (Lett. Per tristissima) , et à celles d’Orléans et de Belgique. — Enfin, le 21 novembre, il publie l’Encyclique Etsi luctuosa , par laquelle il dénonce au monde catholique ce que souffre l’Eglise à Rome, en Italie, en Suisse et en Prusse. 1 874. l’année des alliances impies. Soulevée par les sectes, l’Autriche semble se préparer à persécuter l’Eglise comme la Prusse. En pilote attentif et vigilant, Pie IX, pour contre- balancer ces malignes influences, adresse le 7 mars à l’épiscopat autrichien l’encyclique Vix dum a nobis.—Le 13 mai, dans une nouvelle encyclique adressée à l’épiscopat rutbène, il recommande le maintien de la véritable Liturgie que les schisma- tiques russes veulent corrompre. (Encyc. Omnem sollicitudinem).—Voyant le mal s’étendre de plus en plus, dans le Consistoire du 21 décembre, il — 48 déplore l’aveuglement des gouvernements qui par- tout s’unissent aux ennemis de l’Eglise. Il cite le malheureux exemple de l’Allemagne, de la Suisse, des divers Etats du nord et du sud de l’Amérique, et signale en particulier la persécution de la Turquie contre les Arméniens. (Alloc. Conspicientes )—Le 24 décembre, il convie les peuples à la péni- tence et publie le grand Jubilé que ramène chaque période de vingt-cinq ans. 1875. l’année des dernières conspirations. A la persécution vient s’ajouter la conspiration hypocrite. On fait des calculs impies sur l’éven- tualité de la mort du Pape ; les divers gouverne- ments cherchent à s’entendre pour entraver, le cas échéant, la liberté du futur conclave. Pie IX dédaigne ces sacrilèges combinaisons de ses enne- mis. Tout entier aux douleurs de ses enfants, il écrit aux évêques d’Allemagne prisonniers (Lettr. ap. Quod nunquant) puis au clergé et aux fidèles de Suisse (Lett, ap. du 23 mars) pour consoler et encourager les uns et les autres.—Dans le même mois, avec une sainte indépendance, il se plaint devant le Sacré-Collége de l’excès de l’intolérance de ses ennemis : Ils vont jusqu’à prétendre em pêcher en Italie la publication des discours pontifi- caux et veulent lui enlever ainsi la liberté de ses actes et de sa parole.—Mais pendant que les gou- vernements s’éloignent du Vicaire de Jésus-Christ, les peuples accourent à ses pieds pour fêter les anniversaires de sa naissance et de son couronne- ment, et puiser auprès de lui la force dont ils ont — 49 — besoin. Pie IX ne cesse d’accueillir avec sa bonté ordinaire les nombreux pèlerins ; il les invite tous à mettre leur appui dans le sacré Cœur de Jésus, à se consacrer à lui. Il les bénit avec paternité, et fortifie leur confiance en l’assistance que Dieu a promise à l’Eglise : l’épreuve ne servira qu’à la purifier, à la faire resplendir de plus d’éclat. Tel est le résumé des nombreuses et éloquentes allo- cutions que les visiteurs de Pie IX ont le bonheur d’entendre. 1876 , l’année des pèlerinages. Pendant que la révolution règne au Quirinal, que les gouvernements font la guerre à l’Eglise, des milliers et des milliers de fidèles viennent de toutes les parties du monde protester de leur dévouement au Saint-Siège. Les offrandes abon- dent, les vœux pour Pie IX sont universels. Et quelle est l’attitude de tous ces pèlerins ? C’est l’attitude même des Saints. On sent, en les voyant, qu’ils sont poussés par le vent de la foi, qu’un même zèle les anime, qu’un même amour filial déborde de leurs cœurs. Là, plus de distinctions humaines, les princes coudoient les négociants, les industriels, les paysans, les ouvriers, les men- diants ! oui, les mendiants eux-mêmes veulent baiser les pieds de l’auguste captif. Ces grandes manifestations des sentiments de la catholicité, montrent aux puissances que les fidèles protestent contre la situation qu’elles ont faite ou laissé faire au Souverain-Pontife et que sur cette question ils ne transigeront jamais. Un des plus — 50 — haut placés parmi les ennemis de l’Eglise a avoué dans un discours public “ Que la durée de la per- sécution n’a pas brisé le courage des fidèles”. Il ignore donc que le propre de la persécution est de ranimer la foi ! 1877. l’année des noces d’or. Le 2i mai, Pie IX célèbre ses noces d’or ou le cinquantième anniversaire de son élévation à l’épiscopat. Le Pape reçoit des députations de tous les diocèses de France, du Canada, de la Belgique, de l’Allemagne et du monde entier, qui viennent par leur présence protester contre les oppressions auxquelles l’Eglise est en butte dans la personne de son Souverain Pontife, de ia part du gouvernement usurpateur de Victor-Emmanuel et autres. 1878. SA mort. Le plus sombre et le plus triste événement de l’époque actuelle, celui qui nous frappe tous, vient de nous être annoncé par les dépêches de Rome. Le grand et bien-aimé Pontife de l’Eglise catho- lique, Notre Saint Père le Pape, Pie IX, est mort! Tout le monde catholique apprendra avec une douleur profonde cette perte inattendue. Voici comment la dépêche annonce la dispari- tion du plus grand génie de notre époque. Rome , 7 Février 1878. c< Le Pape était bien hier. Il a pu même faire “ quelques pas dans sa chambre. On croit que cet — 51 - “ exercice lui a fait dommage, car sa plaie à la u jambe s’est fermée, et immédiatenent la douleur “ est montée à la tête.” “ Ce matin, à quatre heures l’agonie a commencé. u Les cardinaux se sont réunis d’abord dans la “ chambre voisine, avec les dignitaires de la Cour “ Papale, mais aux derniers moments de l’auguste “ Pontife, tous les cardinaux étaient autour de son “ lit. Le Cardinal Panebianco lui a administré “les derniers sacrements. Pie IX a dit à ses « médecins : “ la mort l’emporte cette fois.” “ Il a conservé toute sa connaissance jusqu’à « son dernier soupir. Avant de mourir, il a dit “ aux cardinaux : “ Protégez l’Eglise que j’ai tant aimée.’-’ “ Il est mort à cinq heures, ce matin.” r ! . £ '"v ;.ii.TO/; . ; i ; • : ' . U- 1 '- ^ .v ; ; - : ? .• • • :f j :'<(-• • : ,! ' : Vtf T»lîNj -i m - » /î ^ ilï - • V ; ;/v. ! ; ! ' . j • ' ; : • /, •i rj * , » • • • , * { •*'V * • • « V' i H * «7 ! . 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LE SOUVERAIN PONTIFE, par Mgr. de Ségur, in-18 bro . 30 c. DE LA SOUVERAINE ET INFAILLIBLE Autorité du Pape, dans l’Eglise et dans ses rapports avec l’Etat, par le R. P. Paul Bottalla, S. J., 2 vols, in-8 bro...., $3.00 LES NOCES D’OR DE PIE IX, souvenirs, impressions et récits, etc., par l’abbé A. Ricard, in-12 bro 40 c. PIE IX AVANT ET PENDANT SON PONTIFICAT, Pages d’histoire Contemporaine et récits anecdotiques, par l’abbé Dumax, in-12 bro 50 c. CE QUE GARDE LE VATICAN, par Gabriel de Belcastel, in-12 bro . 75 c. HISTOIRE POPULAIRE des Papes, depuis St. Pierre jus- qu’au Pontificat de Pie IX, par M. l’abbé J. Chantrel, 24 vols, in-! 8 bro. $6.00