key: cord-0742883-xvsmrarf authors: Mrozovski, Jean-Michel; Guerriaud, Mathieu title: Le pharmacien et le consentement éclairé date: 2021-09-24 journal: Actual Pharm DOI: 10.1016/j.actpha.2021.06.038 sha: afc48af175df136f2909520814464216d72c0d5e doc_id: 742883 cord_uid: xvsmrarf During the implementation of the Covid-19 vaccination, the issue of consent was widely commented upon. Many confusions arose between the withdrawal period, the obligation to collect written consent and many other more or less fanciful concepts. Informed consent is one of the founding stones of health democracy. It deserves to be understood in order to be intelligently applied. The pharmacist and informed consent . During the implementation of the Covid-19 vaccination, the issue of consent was widely commented upon. Many confusions arose between the withdrawal period, the obligation to collect written consent and many other more or less fanciful concepts. Informed consent is one of the founding stones of health democracy. It deserves to be understood in order to be intelligently applied. L a démocratie sanitaire est un concept désormais ancien. Deux principes sont inscrits depuis 2002 dans le Code de la santé publique : le consentement libre et éclairé du patient aux actes et traitements qui lui sont proposés, ainsi que son corollaire, son droit d'être informé sur son état de santé [1] . Le Code civil énonce, en outre, à l'article 16-3, alinéa 2, que « le consentement de l'intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n'est pas à même de consentir » [2] . Le consentement du patient relève à la fois d'une obligation, pour le praticien, et d'un droit, pour l'usager. Ce principe sous-entend qu'aucun acte médical ni aucun traitement ne peuvent être pratiqués sans que le consentement libre et éclairé de la personne ait été recueilli. Cette dernière peut, en outre, se dédire à tout moment. Consentir équivaut à « se prononcer en faveur de l'accomplissement d'un projet, d'un acte, etc. » [3] . Le consentement est donc une action positive du patient. Il ne peut être contraint et ne peut pas être issu du travail de persuasion du professionnel de santé. Ce dernier doit faire preuve d'une absolue neutralité, même s'il considère agir pour le bien de la personne. En quoi un consentement est-il éclairé ? Pour que le patient puisse prendre sa décision en toute connaissance de cause, il doit être informé, le plus complètement possible, des avantages et des inconvénients de la proposition thérapeutique qui lui est faite, notamment des potentiels effets indésirables associés. Dans le cadre de la vaccination anti-Covid-19, il convient donc d'expliquer qu'elle protège contre la pathologie et particulièrement contre ses formes graves, mais qu'un syndrome pseudo-grippal est relativement fréquent. Les renseignements communiqués doivent être validés et impartiaux. L'information doit être « loyale, claire, appropriée et compréhensible, adaptée aux facultés de compréhension de la personne, quel que soit son degré d'autonomie » [4] . Le patient dispose ainsi de tous les éléments nécessaires à la compréhension de sa situation médicale personnelle. Il convient également de le tenir au courant de l'évolution des connaissances, dans la limite des possibilités. Les relations entre les acteurs de soins et les patients se sont transformées. Il est désormais complexe d'affirmer détenir un savoir. Les différents scandales et crises sanitaires, ainsi que la circulation d'informations de toute provenance sur Internet et sur les réseaux sociaux ont entamé la confiance des usagers dans le système de santé [5] . La confiance est une « croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, profession-nelle… d'une autre personne, qui fait que l'on est incapable d'imaginer de sa part tromperie, trahison ou incompétence » [6] . Elle est aussi associée à l'acte de confier quelque chose à un tiers et, dès lors, à la notion fondatrice de confidentialité : ce qui est dit ne peut être divulgué. La santé est du domaine de l'intime, il y a une pudeur à avouer une souffrance. Il faut avoir confiance en son interlocuteur pour confier que l'on est en situation de faiblesse et demander de l'aide. Différencier l'acquis du spontané n'est pas facile tant la construction consciente ou inconsciente d'une croyance est complexe. Une croyance se définit comme une « adhésion de l'esprit qui, sans être entièrement rationnelle, exclut le doute et comporte une part de conviction personnelle, de persuasion intime » [7] . Hier, la confiance accordée aux professionnels de santé était spontanée et, encore aujourd'hui, les enquêtes d'opinion donnent une image flatteuse du pharmacien, qui est crédité d'un taux de confiance de 91 %, pratiquement identique à celui attribué au médecin traitant ou à l'infirmier (95 %) [8] . Bien que la réponse ait pu être différente si la question avait porté sur la confiance que l'on porte à "son" pharmacien, ce taux de satisfaction est relatif puisqu'il exprime plus le fait que les usagers font « plutôt confiance » (60 %) que « tout à fait confiance » (30 % versus 54 % pour le médecin traitant et 39 % pour l'infirmière). Le fait de pouvoir "choisir" un interlocuteur parmi les membres de l'équipe officinale augmente le niveau de confiance. Ce sentiment émane très certainement d'un mélange entre la représentation d'un statut (la profession de pharmacien) et la personnalisation d'une relation ("mon" pharmacien) [9] . Doit-on tout dire ? Il est difficile de trancher tant cette question est en relation avec une diversité de situations et de comportements. L'un des moyens permettant d'envisager une solution à cette problématique est de définir l'utilité que peuvent avoir, pour la personne, les renseignements qu'on cherche à lui communiquer. Un dialogue ouvert, démontrant un intérêt pour le questionnement du patient, permet de délivrer une information plus ou moins complexe. La confiance procède de la démonstration que l'individu est pris en compte. Sa rupture résulte de la manifestation d'un inintérêt. Il faut aussi tenir compte du cadre légal qui oblige le professionnel à donner les renseignements portant sur les différentes phases de l'acte de soins 2 . La vaccination contre la Covid-19 ne peut pas être un acte bénin. Ce qui paraît être évident et aller de soi peut cacher une contre-indication ou une fragilité. Il serait erroné de ne pas prendre en compte le capital de confiance du pharmacien. Pour autant, il est aussi inadéquat de penser qu'il est suffisant en période de forte tension sanitaire et sociale. L'établissement d'un dialogue de qualité est primordial. Il est donc nécessaire d'adapter son discours et de dispenser une information complète en remettant des documents validés, avant de recueillir le consentement en bonne et due forme. w Code de la santé publique Article 16-3, alinéa 2 Centre national de ressources textuelles et lexicales. Défi nition de "Consentir Portfolio "Vaccination anti-Covid" à destination des pharmaciens Le droit à l'information du malade Centre national de ressources textuelles et lexicales. Défi nition de "Confi ance Centre national de ressources textuelles et lexicales. Défi nition de "Croyance Les Français et leurs attentes vis-à-vis des pharmaciens La confi ance dans tous ses états Déclaration de liens d'intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts • Aucun acte médical ni aucun traitement ne peuvent être pratiqués sans que le consentement libre et éclairé de la personne ait été recueilli.• Les pharmaciens ont le devoir de communiquer des informations loyales aux patients.• L'information concernant le vaccin contre la Covid-19 doit être personnalisée et le pharmacien doit vérifi er que son interlocuteur est éligible à la vaccination.• La confi ance est une croyance spontanée ou acquise.• Le dialogue permet d'adapter son discours.