key: cord-0834453-ejldjdts authors: Hébert, V. title: COVID-19 et maladies bulleuses auto-immunes en 2022 date: 2022-02-16 journal: Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC DOI: 10.1016/j.fander.2022.02.001 sha: 240de5897ab8797bfd8970ff40902281aad4fa78 doc_id: 834453 cord_uid: ejldjdts La pandémie provoquée par la COVID-19 évolue quotidiennement, obligeant les autorités sanitaires et médecins à s’adapter. Les patients atteints de maladies bulleuses auto-immunes (MBAI), très souvent âgés ou immunodéprimés, constituent une population à très haut risque d’évolution vers une forme sévère. Ce travail de recueil sur l’impact de la COVID-19 sur les patients atteints de MBAI a permis de ressortir plusieurs messages clés : i) la prescription de rituximab est associée à un surrisque de mortalité contrairement aux immunosuppresseurs conventionnels ; ii) la prescription de rituximab doit être réservée à des patients en poussée de leur maladie, sans alternative thérapeutique ; iii) la vaccination du patient et de son entourage est, encore aujourd’hui, la meilleure arme afin de diminuer le risque d’évolution vers une forme sévère. The COVID-19 pandemic is evolving daily, forcing health authorities and physicians to continuously adapt. Patients with autoimmune bullous diseases (ABD), who are often elderly and/or immunocompromised, constitute a population at very high risk of developing a severe form. This study on the impact of COVID-19 on patients with AIBD has brought out several key messages: i) the prescription of rituximab is associated with an increased risk of mortality, contrary to conventional immunosuppressants; ii) rituximab should only be prescribed for patients in flare-up of their disease, in the absence of any therapeutic alternative; iii) vaccination of patients and their entourage is still the best solution for reducing the risk of progression to a severe form. L'épidémie COVID-19 due au coronavirus SARS-CoV-2 a bouleversé la prise en charge des patients atteints de maladies bulleuses auto-immunes. Les patients atteints de MBAI sont très souvent considérés à haut risque d'infection sévère du fait de leur âge et des traitements immunosuppresseurs fréquemment utilisés pour traiter leur maladie. A l'instar de l'épidémie, les recommandations concernant la prise en charge évoluent presque au jour le jour et les mesures d'aujourd'hui ne seront probablement plus celles de demain. Ce travail a donc pour but de renseigner sur l'impact de la pandémie sur les patients atteints de MBAI et de fournir des conseils simples concernant la prévention primaire, qui semble à ce jour, la mesure ayant l'impact le plus significatif. Outre l'âge avancé qui a largement été démontré comme un facteur de risque de mortalité au cours de la pandémie [1] [2] [3] et qui concerne bon nombre de patients atteints de MBAI (principalement les pemphigoïdes bulleuses et cicatricielles) [4, 5] , les patients atteints de MBAI sont très souvent traités par des thérapies immunosuppressives et donc susceptibles de développer des infections opportunistes faisant craindre une plus grande sensibilité à l'infection par le SARS-CoV-2 ou une évolution de la maladie défavorable par rapport à la population générale. Il est important de préciser que la majorité des articles parus à ce jour dans la littérature se rapportent à des faits antérieurs à 2022 et donc à l'émergence du variant Omicron qui a littéralement rebattu les cartes à une vitesse incroyable. Assez peu de travaux traitent spécifiquement de l'impact de la COVID-19 sur les patients atteints de MBAI. Une première revue systématique de 732 patients atteints de MBAI dans 3 pays (Chine, Italie, Iran) s'est intéressée à l'impact de la COVID-19 chez ces patients recevant divers traitements immunosuppresseurs dont le rituximab. Ce travail a montré que les patients recevant de tels traitements ne semblaient pas présenter de taux plus élevés d'infection manifeste par le SARS-CoV-2 ou de formes de COVID-19 plus sévères que la population générale [6] . Par la suite, un travail rétrospectif de septembre 2019 à juin 2020 mené par le Groupe J o u r n a l P r e -p r o o f COVID-19 chez 5180 patients atteints de MBAI, avec un intérêt particulier concernant l'utilisation du rituximab. Le principal résultat de cette étude est le risque nettement plus élevé d'infection par la COVID-19 chez les patients atteints de MBAI traités par rituximab, correspondant à une incidence plus de 5 fois supérieure à celle des patients atteints de MBAI mais n'ayant pas reçu de rituximab [7] . Plus généralement, les patients atteints de MBAI et de COVID-19 avaient un risque de décès 5,9 fois plus élevé pendant la première vague de la pandémie en France que les patients atteints de MBAI sans COVID-19. Ces résultats ont été ensuite confirmés dans d'autres pathologies traitées par rituximab comme les lymphomes B non-hodgkinien et la polyarthrite rhumatoïde [8, 9] . Plusieurs évaluations monocentriques n'ont signalé aucune augmentation du risque de COVID-19 sévère chez les personnes prenant des médicaments immunosuppresseurs à long terme [10] [11] [12] [13] . Certains suggèrent même la possibilité théorique que de tels médicaments puissent atténuer l'orage cytokinique associé aux formes sévères de COVID-19, sans pour autant que cela n'ait pu être étayé par la suite. Récemment, une étude rétrospective américaine utilisant les registres de santé a montré sur plus de 200 000 patients, qu'à l'exception du rituximab, il n'y avait pas d'augmentation du risque de ventilation mécanique ou de décès à l'hôpital parmi les patients recevant un traitement immunosuppresseur [10] . Enfin, la majeure partie de la littérature ne porte que sur de petits échantillons de patients, empêchant l'évaluation de classes de médicaments spécifiques. Au total, durant la pandémie, la prescription de rituximab doit être discutée en réunion Enfin, il n'a été décrit que très peu d'apparition de néo-MBAI ou poussée de MBAI préexistante à la suite de la vaccination [14] [15] [16] . Ce phénomène bien connu d'autres vaccins reste souvent à prouver pour la COVID-19 étant donné le risque inévitable d'une association fortuite du fait du très grand nombre de personnes vaccinées. Se pose alors la question de réaliser les rappels vaccinaux. Cela a été réalisé et publié chez quelques patients, montrant l'absence d'aggravation de la maladie dans la moitié des cas et une nouvelle aggravation dans l'autre moitié, confirmant ainsi l'imputabilité du vaccin dans ces cas précis [16] . Là encore, un suivi sérologique et une RCP pour décider de la nécessité de réaliser les rappels vaccinaux paraissent indispensables. Finalement, fait rassurant, il y a eu presque autant de cas décrits de découverte de MBAI à la suite de l'infection que de la vaccination [17] [18] [19] [20] . -l'antiviral nirmatrelvir/ritonavir (Paxlovid®) [24] . Dans tous les cas, le dermatologue doit se rapprocher de l'équipe d'infectiologie de son hôpital pour discuter la meilleure stratégie thérapeutique possible pour le patient. Au total, les patients atteints de MBAI doivent être considérés avec une grande L'évolution rapide des connaissances sur la COVID-19 devrait voir modifier ou adapter ces recommandations et informations dans les mois qui viennent. Aucun lien d'intérêt Is older age associated with COVID-19 mortality in the absence of other risk factors? General population cohort study of 470,034 participants Case-Fatality Rate and Characteristics of Patients Dying in Relation to COVID-19 in Italy Presenting Characteristics, Comorbidities, and Outcomes Among 5700 Patients Hospitalized With COVID-19 in the New York City Area Incidence and Mortality of Bullous Pemphigoid in France Incidence and Mortality of Pemphigus in France COVID-19 outbreak and autoimmune bullous diseases: A systematic review of published cases Group on auto immune bullous skin diseases, and the French network of rare diseases in Dermatology (FIMARAD) Prolonged in-hospital stay and higher mortality after COVID-19 among patients with non-Hodgkin lymphoma treated with B-cell depleting immunotherapy Biological agents for rheumatic diseases in the outbreak of COVID-19: friend or foe? Association Between Chronic Use of Immunosuppresive Drugs and Clinical Outcomes From Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Hospitalization: A Retrospective Cohort Study in a Large US Health System Outcomes of COVID-19 in Solid Organ Transplant Recipients: A Propensity-matched Analysis of a Large Research Network But Not TNF Antagonists, Are Associated With Adverse COVID-19 Outcomes in Patients With Inflammatory Bowel Diseases: Results From an International Registry Impacts of immunosuppression and immunodeficiency on COVID-19: A systematic review and meta-analysis Bullous pemphigoid triggered by COVID-19 vaccine: Rapid resolution with corticosteroid therapy A case of bullous pemphigoid after the SARS-CoV-2 mRNA vaccine The first dose of COVID-19 vaccine may trigger pemphigus and bullous pemphigoid flares: is the second dose therefore contraindicated? New Bullous Eruptions in a COVID-19 Positive Patient in an Intensive Care Unit Pemphigus Vulgaris After COVID-19: a Case of Induced Autoimmunity Case of bullous pemphigoid following coronavirus disease 2019 vaccination New-Onset Bullous Pemphigoid in a COVID-19 Patient An infectious SARS-CoV-2 B.1.1.529 Omicron virus escapes neutralization by therapeutic monoclonal antibodies The Omicron variant is highly resistant against antibody-mediated neutralization: Implications for control of the COVID-19 pandemic COVID-19 : accès précoce accordé au Xevudy® en traitement curatif