key: cord-0836756-64qettj1 authors: Peyrat-Apicella, D.; Molinier, P. title: Faire de la recherche en psychologie sur, pour et avec les médecins date: 2020-08-01 journal: nan DOI: 10.1016/j.inan.2020.06.010 sha: 78a4ce97094076f24ee4273e10e84ed8077f0bef doc_id: 836756 cord_uid: 64qettj1 Résumé « Faire » de la recherche en psychologie en terre médicale représente un véritable défi pour les psychologues clinicien.nes qui évoluent dans les services de soins somatiques. Qu’il s’agisse de questionnements autour de la formation des médecins, des questions d’interdisciplinarité, de la pratique de la médecine légale ou du cheminement des malades dans les services de spécialités médicales, comment élaborer autour d’un sujet d’étude qui est le même, le soin aux malades, mais qui revêt des réalités bien différentes. Le corps objectivable du patient que traite, découpe, soigne le médecin n’a en effet pas grand-chose à voir avec la subjectivité du patient à laquelle s’intéresse le/la psychologue. Le médecin, et les soignants de manière plus générale, doivent impérativement, pour endurer ce que leur travail nécessite d’actes intrusifs et parfois agressifs, se défendre psychiquement via des stratégies parfois massives qui font obstacle au travail de démêlage et de compréhension des psychologues. Alors comment est-il possible de construire (déconstruire ?) une élaboration commune ? Comment envisager le travail pluridisciplinaire de sorte qu’il permette l’interdisciplinarité et un travail « avec » bien préférable à un travail « côte à côte » ? Abstract “Doing” research in psychology in the medical field represents a true challenge for the psychologists and clinicians who practice in somatic services. Whether it deals with issues about doctors’ training, interdisciplinarity, forensic medicine, or about the progress of ill patients in specialty services, the object of study is fundamentally the same: care, even if it is composed of different realities. The body that the doctor treats, cuts, or heals has, indeed, barely anything in common with the patient subjectivity that interests the psychologist. The doctor and the nursing staff in general must, in order to bear the intrusive and sometimes aggressive acts that their work requires, defend themselves mentally, via sometimes massive strategies that stand in the way of psychologists’ work of untangling and comprehending psychic and emotional phenomena. How, then, is it possible to build (deconstruct?) a common elaboration? How can we consider multidisciplinary work so that it allows for interdisciplinarity and for a form of work “with” that is vastly preferable to a “side-by-side” work? ''Doing'' research in psychology in the medical field represents a true challenge for the psychologists and clinicians who practice in somatic services. Whether it deals with issues about doctors' training, interdisciplinarity, forensic medicine, or about the progress of ill patients in specialty services, the object of study is fundamentally the same: care, even if it is composed of different realities. The body that the doctor treats, cuts, or heals has, indeed, barely anything in common with the patient subjectivity that interests the psychologist. The doctor and the nursing staff in general must, in order to bear the intrusive and sometimes aggressive acts that their work requires, defend themselves mentally, via sometimes massive strategies that stand in the way of psychologists' work of untangling and comprehending psychic and emotional phenomena. How, then, is it possible to build (deconstruct?) a common elaboration? How can we consider multidisciplinary work so that it allows for interdisciplinarity and for a form of work ''with'' that is vastly preferable to a ''side-by-side'' work? C 2020 Association In Analysis. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Cet article se propose d'introduire les travaux issus des communications pré senté es lors de la journé e scientifique « Faire de la recherche en psychologie sur, pour et avec les mé decins » du 6 juin 2019, organisé e par Pascale Molinier, Paula Saules Ignacio 1 et Sophie Mercier-Millot 2 , du laboratoire Unité Transversale de Recherche Psychogenè se et Psychopathologie (U.F.R. LLSH de l'université Sorbonne Paris Nord), à la Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord (Ringanadé poullé , 2020 ; Patinet, Schwering, & Ricadat, 2020 ; Boursier, 2020 ; Gavard, Basier, & Pheulpin, 2020) . Les ré flexions mené es lors de cette journé e par cinq doctorantes en psychologie, sous diffé rents points de vue et via des approches complé mentaires, ont eu pour ambition d'interroger la pratique et les enjeux de la recherche en psychologie dans un cadre mé dical, sur, avec des mé decins ou pour des mé decins, voire « contre » des mé decins, nous y reviendrons. Le titre de cette journé e questionne à plusieurs é gards. En effet, la (fausse) naïveté de la formulation « faire de la recherche en psychologie » interpelle : le monde mé dical, où l'agir est roi et où il faut être rapide et efficace, sollicite une hyperactivité qui laisse peu de temps et de place à la pensé e et à l'é laboration. Or, nous é tions loin d'imaginer l'an dernier que ces ré flexions seraient justement publié es durant une pé riode sans pré cé dent pour le monde mé dical et paramé dical, celle de la pandé mie du ou de la Covid-19, une maladie virale si nouvelle que même son genre est encore incertain. Dans ce contexte, on peut craindre que l'agir comme palliatif à l'angoisse et la sidé ration des processus de pensé e en ré ponse à une angoisse de mort latente occupent tout le champ. D'autant que l'activisme est rendu iné vitable pour les soignant.es par l'accumulation des contraintes, l'impré paration et la né cessité de ré inventer en permanence les façons de faire. Toute l'intelligence des soignant.es est provisoirement mobilisé e par les bidouillages et les reconversions dans le registre pratique, beaucoup ré alisant des tâches qui ne sont pas les leurs habituellement. Toute leur é nergie est tendue vers un seul but : tenir. Dans et au-delà des diffé rents mondes du soin (hospitalier, extra-hospitalier, dans les E.H.P.A.D. 3 , les C.A.T.T.P. 4 . . .), la catastrophe sanitaire dans laquelle nous sommes actuellement plongé s nourrit des dé fenses telles que le dé ni et le clivage, en ré ponse à ce qui fait effraction dans le psychisme et qui sidè re les processus de pensé e. Ces mé canismes, pré sents dans tous les domaines de la socié té , mettent en exergue la question du dedans (les « hé ros » hospitaliers) et du dehors (ceux qui n'y sont pas, les « zé ros »), comme l'exposent Peyrat-Apicella et Gautier (2020). Que peuvent faire les chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales par temps de corona virus ? Et singuliè rement les psychologues, qui sont à la fois dedans et dehors, occupant une position excentré e par rapport aux é quipes qui se dé mè nent. Ne pas se laisser sidé rer, faire le mé tier de psychologues : chercher à comprendre ce qui se passe et comment les gens le vivent, l'é prouvent, le rêvent, le fantasment, le rationalisent ou s'en dé fendent. La pensé e n'a jamais lieu hors du monde. Dans ce contexte historique où l'action s'impose à la pensé e, trop anxiogè ne, au moment où le gouvernement nous demande de faire « bloc », maniè re aussi de chercher à é carter les pé rils de l'esprit critique, les psychologues doivent, pour ainsi dire, se dé fendre de se dé fendre et continuer de ré flé chir au fonctionnement psychique en gé né ral, et pour ce qui nous concerne, à celui des soignant.es, et des mé decins, ainsi qu'à leur façon de faire face à la menace de mort, là où elle devient ré elle et omnipré sente. Les psychologues peuvent se permettre d'être angoissé s, l'angoisse ne nuit pas à leur tâche, au contraire elle lui est né cessaire en tant qu'elle signe le mouvement de la pensé e. Pour les mé decins dont le geste ne doit pas trembler, c'est une autre affaire. Quant aux infirmiè res, elles sont là pour rassurer, tâche ingrate quand tout va de travers. La question du « faire » se pose avec acuité pour les chercheur.es en psychologie car leur activité relè ve d'un travail d'invisibilité , dont la valeur est discutable et sans cesse discuté e, puisqu'en marge de la suractivité mé dicale synonyme d'utilité et aujourd'hui d'hé roïsme. De nombreux mé decins interrogé s par les mé dias ont dit « c'est dur, sur le plan personnel et professionnel, mais on y pensera aprè s. . . ». C'est vrai, le temps de l'action n'est pas le plus propice à l'é laboration. Il faut bien que les dé fenses tiennent, pour pouvoir y retourner le lendemain. Mais qu'en sera-t-il aprè s ? Les travaux pré senté s dans les quatre articles ci-aprè s peuvent-il modestement contribuer à une meilleure connaissance des processus psychiques mobilisé s par l'exercice de la mé decine ? Ou encore par la recherche en psychologie dans un milieu mé dical ? Faire notre mé tier, ne pas se laisser sidé rer, implique en l'occurrence de ne pas se laisser distraire par l'actualité et revenir à ce qui é tait à l'origine de ce travail de recherche collectif. La psychologie et la mé decine mé ritent, pour le dire dans les termes de Prigogine et Stengers (1979) , une « nouvelle alliance ». En effet, si le couple mé decins-infirmiè res est fondateur de l'hô pital moderne, on sait aussi que la subordination des unes -des femmes qui devaient être « dociles et mallé ables » -a é té longtemps imposé e sur un mode inconditionnel. L'attente des mé decins vis-àvis des psychologues (à nouveau des femmes en majorité , comme en té moigne d'ailleurs les articles suivants) n'est pas forcé ment diffé rente, même s'ils saisissent sans doute moins directement leur utilité . Infirmiè res et psychologues n'ont cessé d'amé liorer leur niveau de formation et d'augmenter leur autonomie. C'est un long dé gagement pour les premiè res, les sciences infirmiè res peinant à exister en France. Pour les psychologues, la controverse autour de la psychothé rapie qui, pour être remboursé e, devrait être prescrite par des mé decins, n'est pas é teinte, ce qui placerait de facto les pratiques des psychologues sous l'autorité mé dicale. On peut dire que dans le domaine de la recherche, de la même façon, les mé decins attendent avant tout que les psychologues traitent les questions qu'ils ont eux-mêmes pré alablement identifié es. On constate une hié rarchie des savoirs et des mé thodologies, les mé thodologies quantitatives é tant jugé es plus scientifiques que les mé thodologies qualitatives et d'une maniè re gé né rale une préfé rence est accordé e à tout ce qui se mesure, s'objective et peut s'é noncer toute chose é gale par ailleurs. La psychologie de la santé s'est d'ailleurs calqué e sur ce type de modè le acceptable pour les mé decins et sur les objets qu'ils ont dé coupé : l'observance, par exemple. Mais la recherche en psychanalyse, psychodynamique ou psychologie clinique ré pond à une autre é pisté mologie, clinicothé orique. Les problè mes à traiter naissent d'une certaine façon d'é couter ce qui effleure des processus psychiques à travers une parole individuelle ou collective qui nous est adressé e, et que nous interpré tons avec les gens, dans des allers et retours qui impliquent un maniement du transfert. La question de la monté e en gé né ralité s est dé licate, l'incertitude n'est pas dé nié e, le sens n'est jamais tout à fait assuré . Là où les infirmiè res rassurent, les psychologues inquiè tent. Une D. Peyrat-Apicella, P. Molinier / In Analysis xxx (2020) xxx-xxx type de dialogue existe parfois. Comme dans le champ santétravail, où les é pidé miologistes savent que seul le travail de qualiticiens permet de mettre en é vidence de nouvelles formes de souffrances ou de pathologies en lien avec des transformations des organisations du travail. C'est ainsi qu'on a pu commencer ensuite à mesurer quantitativement l'impact du travail é motionnel dans les activité s de services sur la santé somato-psychique, ou encore celui de la souffrance é thique par exemple. La recherche en psychologie sur, pour et avec les mé decins doit assumer aussi d'aller contre les mé decins, contre leur volonté de contrôle et de ré sultats, contre leur pouvoir de dicter les agendas de la recherche dans le domaine de la santé , pouvoir largement accentué par les directives des A.R.S. 5 , et aussi contre leur volonté de ne pas devenir objet de la recherche en psychologie, ce qu'ils sont pour partie ici. OEuvrer à cette nouvelle alliance implique donc d'oser s'aventurer sur de nouveaux terrains, transgressifs des tabous mé dicaux, qui sont des terrains proprement psychologiques, et c'est ce que proposent de mettre au travail les quatre articles à suivre, portant sur les enjeux de la formation des mé decins (Ringanadé poullé , 2020), de l'interdisciplinarité de la recherche en contexte hospitalier (Patinet et al., 2020) , de la pratique de la mé decine lé gale (Boursier, 2020) et du cheminement des malades dans des services de soins de suite cancé rologiques et d'urologie (Gavard et al., 2020) . Le premier point commun de ces quatre articles est assuré ment la tendance des mé decins à dé subjectiver le malade pour pouvoir l'appré hender en tant que corps à soigner. Là où ré sonne la distinction de Canguilhem (1966) entre la maladie du mé decin et celle du malade, nous pouvons en effet nous questionner sur l'articulation -plutôt la conflictualité ? -entre vie psychique du sujet et ré alité scientifique et mé dicale du corps. Comment faire co-exister ces deux ré alité s parfois si é loigné es ? Van Meerbeeck et Jacques (2009) é crivent : « Entre la maladie qu'on nous apprend à soigner en Faculté et les malades concrets que nous rencontrons, l'é cart est exaspé rant et donne le sentiment d'une mise à l'é preuve quotidienne, d'un dé chirement qui se ré percute dans la vie des mé decins eux-mêmes ». Si un espace de rencontre peut exister entre ces deux ré alité s à travers une co-construction des é quipes soignantes et du patient (Peyrat-Apicella, 2020), l'objectivation du patient par le mé decin -afin de pouvoir le traiter -ne doit pas être oublié . En effet, « la technicité de chacun (son art de faire), alors qu'elle se veut finalement bienveillante, demeure toujours au minimum intrusive, voire agressive, pour le malade. Depuis l'impudeur de l'examen du corps et de la nudité , en passant par le ré cit de la vie intime et des angoisses, jusqu'à l'ouverture du corps (simple injection ou incision chirurgicale), aucun soin n'est agré able au premier degré pour aucun patient. (. . .) il ne reste au soignant qu'à dé cider transitoirement d'objectiver son patient » (Caillol, 2019) . L'art de ce processus ré side dans le « transitoirement ». Ré ifier le patient afin de le soigner -de le « techniquer » disent parfois les infirmiè res -annihile de fait toute perception d'une vie psychique, dont il vaut mieux ne rien savoir. En d'autres termes, « plus l'activité implique de transgresser les frontiè res du corps et de jouer avec la vie d'autrui, moins le professionnel est apte à se soucier de la personne malade » (Molinier, 2012) . Les personnes malades cependant insistent à exister comme sujets auprè s des psychologues. En terre mé dicale, il n'y a pas (ou peu) de place pour l'appareil psychique : il mettrait en jeu trop d'angoisse et de fantasmes risquant de nuire à l'efficacité du geste. Mais cette dé subjectivation n'est pas sans risque : la perte d'identité , tant du soignant que du patient, qui en dé coule peut s'avé rer dé lé tè re (Chocard, 2003; Foucault, 2011 & Leopold, 2008 . Ainsi Margaret Cohen, psychanalyste anglaise dans un service de né onatalogie, montrait comment, tandis que l'interne prenait en charge le geste technique sur le corps du pré maturé , elle-même parlait à celui-ci pour ne pas l'abandonner à l'intensité dé vastatrice de la douleur (Cohen, 1993) . Au regard de ces diffé rents travaux, il est frappant de constater à quel point le clivage est la dé fense qui se retrouve partout : endedans ou en-dehors du milieu mé dical, en-dedans ou en-dehors du corps-objet de la science, en-dedans ou en-dehors d'un appareil psychique qu'on tient à distance, qu'il s'agisse du sien ou de celui qu'on soigne. Le clivage semble paradigmatique de l'ethos mé dical : la violence de ce qui se joue en termes de vie ou de mort, les traumatismes multiples renvoient certes à une ré alité trop anxiogè ne pour ne pas gé né rer de solides dé fenses. Il demeure que celles des mé decins sont trè s diffé rentes de celles des infirmiè res qui s'accommodent autrement de ré alité s au fond assez peu diffé rentes, à ceci prè s qu'elles n'entament pas autant les corps, ni n'endurent le même poids de la dé cision à prendre. Les mé decins peuvent douter, mais ils et elles ne doivent pas le montrer, sous peine d'inquié ter leurs é quipes, leurs patients et leurs familles 6 . Le clivage est ainsi au service d'une omnipotence, une de ces illusions leurrantes mais qui rassurent tout le monde. On notera que durant la pé riode que nous traversons, cette omnipotence est mise à mal par l'impré visibilité d'une nouvelle maladie. Qu'en est-il du clivage ? Ré siste-t-il aux identifications ? Neufs mé decins morts contaminé s dans l'exercice de leur travail, à l'heure où nous é crivons. Pour infiltrer cet univers (et donc être dedans), il faut comprendre, voir, parler le même langage : l'immersion, le compagnonnage, l'accompagnement, la pré sence au fil des jours et des mois, sont des moyens né cessaires pour les chercheur.es en psychologie afin de travailler sur, pour et avec les mé decins. Mais à condition de ne pas devenir mé decin ! De ne pas partager le clivage. Aussi ce travail conduit-il à une confrontation : en reconflictualisant ce qui est mis à distance pour se dé fendre, les psychologues confrontent les mé decins à leurs angoisses, dé placent le clivage, mettent en exergue ce face à quoi ils sont rentré s en ré sistance lorsqu'ils ont endossé leur blouse. Daune (2019) é crit : « Une interaction somaticien-psychothé rapeute est une mise en commun de l'objectivité de l'un et de la subjectivité de l'autre montrant ainsi la complexité du sujet. » Sauf que cette mise en commun ne peut aboutir à quelque chose de nouveau qu'à la condition d'une demande de la part des mé decins de penser autrement, c'est-à -dire de baisser leur garde, sans perdre de leur efficacité . Mais est-il possible de ré aliser certains actes, chirurgicaux notamment, sans cliver ? Comment peut-on « couper » le corps au scalpel s'il devient « vivant » aux yeux du chirurgien ? Ce clivage peut cependant être amé nagé dans un dispositif où il sera possible de modifier la division du travail (hospitalo-universitaire) en consé quence. Si la consolidation du clivage, en effet, dé pend pour une large partie d'une dé lé gation du travail relationnel aux infirmiè res et aux psychologues, ce clivage peut être maintenu, dans la mesure où il est utile à la ré ussite du geste ou de la dé cision mé dicale, mais à la condition qu'il ne soit pas opaque au point de dé nier/dé pré cier complè tement le travail relationnel et psychologique. À la condition que le rôle de chaque mé tier soit reconnu à sa juste valeur et non jugé à la seule é chelle de la mé decine. L'une d'entre nous se souvient qu'un mé decin proche lui avait dit à 5 Agences ré gionales de santé . 6 Sur le poids de la dé cision, voir le remarquable ouvrage d'Anne Paillet, Sauver la vie, donner la mort Paillet (2007) fondé sur l'ethnographie d'un service de ré animation né onatale où elle montre comment les dé cisions d'arrêter les ré animations sont prises par les mé decins sans les infirmiè res pour proté ger celles-ci qui doivent mener le dé licat travail d'aider les familles à investir un enfant dont on ne sait pas s'il vivra et qui pour se faire doivent s'attacher à l'enfant et à ses parents. annonce de la soutenance de sa thè se : « Neuf ans d'é tudes : mais pourquoi n'avoir pas fait mé decine ? ». Il é tait sincè rement navré de ce mauvais choix (et pas seulement é conomiquement Il s'agit d'un pré alable pour envisager une posture qui correspondrait davantage à celle d'un « côte à cô te » plutôt que d'un « avec » : ne partageant ni le même langage, ni le même objet d'é tude, ce « cô te à cô te » apparaît plus pertinent et moins dangereux. La pluridisciplinarité , au sens des é changes et du partage, est fondamentale, mais d'un point de vue é pisté mologique, il est important de garder à l'esprit que certaines lignes de pensé es ne peuvent se rejoindre Comment se ré gule-t-il dans les diffé rents systè mes d'activité (entre la vie personnelle et professionnelle, les loisirs -pratique d'un art ou d'un sport -ou certaines formes de bé né volat) ? Comment se module-t-il aussi dans le temps, sur le long terme d'une carriè re ? Quelles seront les incidences de la crise actuelle sur les formes de subjectivations mé dicales ? Sur les maniè res de pratiquer la mé decine ? De considé rer la place des autres soignants et leur utilité ? De s'identifier aux patients ? Les ré flexions issues de cette journé e d'é tude suggè rent que ce champ d'investigation est neuf, passionnant et destiné à se dé velopper Ré fé rences Des mé decins qui ne gué rissent pas : enjeux du travail en mé decine lé gale L'objectivation né cessaire dans la pratique soignante. Cancer(s) et psy(s) Le normal et le pathologique Le suicide des mé decins : revue de litté rature. Revue française de psychiatrie et de psychologie me´dicale Histoires de naissances et de mort. Autrement, Se´rie Morales Le psychothé rapeute au pays mé dicalisé des patients et des soignants. Cancer(s) et psy(s) Le beau danger É couter la vie psychique aprè s une annonce de maladie grave ou d'aggravation : immersion en services de soins de suite et d'urologie Suicide des mé decins : un risque deux fois plus é levé Chirurgie : une mise à distance né cessaire des é motions -Commentaire. Sciences sociales et sante´ Sauver la vie, donner la mort : une sociologie de l'e´thique en re´animation ne´onatale Interdisciplinarité de la recherche : subjectivité du chercheur et confusion des langues Donner du sens a`la maladie grave : repre´sentations et the´ories explicatives en cance´rologie Covid-19 : aux frontiè res de la folie La nouvelle alliance -Me´tamorphose de la science « On apprend la mé decine dans la douleur L'inentendu