key: cord-0844227-092hnajj authors: Volpe-Gillot, L.; Michel, J-M title: HDJ gériatriques et Covid-19 Quelle gestion? Quelles difficultés? Quels enseignements? date: 2020-10-15 journal: nan DOI: 10.1016/j.npg.2020.10.001 sha: ee9f3e517774baceb774ccbfff5d75469c41b32e doc_id: 844227 cord_uid: 092hnajj La pandémie Covid-19 a engendré une crise sanitaire inédite. Pour y faire face, les hôpitaux de jour gériatriques ont payé un lourd tribut dans le cadre de la restructuration organisationnelle du milieu hospitalier avec une fermeture quasi instantanée imposée par les tutelles. Une enquête a été menée sous l’égide de l’APHJPA auprès des hôpitaux de jour gériatriques pour tirer les enseignements de la gestion de cette crise et mener une réflexion sur le rôle de ces structures dans un tel contexte. Cinquante hôpitaux de jour répartis sur l’ensemble du territoire national ont répondu. Les professionnels ont d’emblée été redéployés dans les services d’hospitalisation classique, que le bassin de population soit fortement impacté par la Covid-19 ou pas. Certains ont assuré une assistance auprès des EHPAD ou des patients confinés à domicile et de leur entourage. S’ils ont accepté les fermetures lors de la période aiguë de la crise, l’absence de lisibilité sur la réouverture de leur unité, malgré les mesures de précaution envisagées, a été mal vécue, avec souvent le sentiment d’une méconnaissance de leur rôle dans le parcours de soins de la personne âgée par les tutelles et parfois, par leur propre direction. Le confinement et les ruptures de prise en charge ont pu entraîner des « décompensations » notamment chez les patients ayant des pathologies neuro-dégénératives. Situés à l’interface ville-hôpital, les hôpitaux de jour ont un rôle majeur dans la prise en soins des personnes âgées. L’enquête met ainsi en avant une capacité d’adaptation et d’engagement des professionnels pour affirmer la place des hôpitaux de jour dans la prise en charge des pathologies chroniques (diagnostic, suivi et réadaptation) mais aussi leur rôle dans la prévention, le repérage et le suivi des patients fragiles. The COVID-19 pandemic generated an unprecedented health crisis. In the subsequent response, geriatric day hospitals paid a heavy price in the organizational restructuring of the hospital environment, with almost instantaneous closures imposed by the authorities. A survey was conducted under the aegis of the APHJPA among day hospitals to learn the lessons from the management of this crisis and to reflect on the role of these structures in contexts of this nature. 50 day hospitals throughout the country answered. Most of the professionals were immediately redeployed to classic hospitalization services, whether or not the population area was heavily impacted by COVID-19. Some of them provided assistance to nursing homes or patients confined to their homes and their families. Although they accepted the closures during the acute period of the crisis, the lack of clarity about the reopening of their units despite the precautionary measures envisaged was not well received, often with the feeling that the authorities and sometimes the management of their establishments were not well acquainted with their role in the care of the elderly. The lockdown and discontinuation of care led to de-compensations, especially among patients with neurodegenerative pathologies. Situated at the interface between the community and hospital health sectors, day hospitals play a major role in the care of the elderly. This survey highlights the ability of professionals to adapt and commit themselves, demonstrating the relevance of day hospitals in the field of chronic diseases (diagnosis, follow-up, rehabilitation) and also in prevention, identification and follow-up of frail patients. La pandémie Covid-19 a engendré une crise sanitaire inédite. Pour y faire face, les hôpitaux de jour gériatriques ont payé un lourd tribut dans le cadre de la restructuration organisationnelle du milieu hospitalier avec une fermeture quasi instantanée imposée par les tutelles. Une enquête a été menée sous l'égide de l'APHJPA auprès des hôpitaux de jour gériatriques pour tirer les enseignements de la gestion de cette crise et mener une réflexion sur le rôle de ces structures dans un tel contexte. Cinquante hôpitaux de jour répartis sur l'ensemble du territoire national ont répondu. Les professionnels ont d'emblée été redéployés dans les services d'hospitalisation classique, que le bassin de population soit fortement impacté par la Covid-19 ou pas. Certains ont assuré une assistance auprès des EHPAD ou des patients confinés à domicile et de leur entourage. S'ils ont accepté les fermetures lors de la période aiguë de la crise, l'absence de lisibilité sur la réouverture de leur unité, malgré les mesures de précaution envisagées, a été mal vécue, avec souvent le sentiment d'une méconnaissance de leur rôle dans le parcours de soins de la personne âgée par les tutelles et parfois, par leur propre direction. Le confinement et les ruptures de prise en charge ont pu entraîner des « décompensations » notamment chez les patients ayant des pathologies neuro-dégénératives. Situés à l'interface ville-hôpital, les hôpitaux de jour ont un rôle majeur dans la prise en soins des personnes âgées. L'enquête met ainsi en avant une capacité d'adaptation et d'engagement des professionnels pour affirmer la place des hôpitaux de jour dans la prise en charge des pathologies chroniques (diagnostic, suivi et réadaptation) mais aussi leur rôle dans la prévention, le repérage et le suivi des patients fragiles. Mots-clés : hôpitaux de jour gériatriques ; Covid-19 ; confinement ; déconfinement ; prévention ; fragilité ; filière de soins ; APHJPA. The COVID-19 pandemic generated an unprecedented health crisis. In the subsequent response, geriatric day hospitals paid a heavy price in the organizational restructuring of the hospital environment, with almost instantaneous closures imposed by the authorities. A survey was conducted under the aegis of the APHJPA among day hospitals to learn the lessons from the management of this crisis and to reflect on the role of these structures in contexts of this nature. 50 day hospitals throughout the country answered. Most of the professionals were immediately redeployed to classic hospitalization services, whether or not the population area was heavily impacted by COVID-19. Some of them provided assistance to nursing homes or patients confined to their homes and their families. Although they accepted the closures during the acute period of the crisis, the lack of clarity about the reopening of their units despite the precautionary measures envisaged was not well received, often with the feeling that the authorities and sometimes the management of their establishments were not well acquainted with their role in the care of the elderly. The lockdown and discontinuation of care led to de-compensations, especially among patients with neurodegenerative pathologies. Situated at the interface between the community and hospital health sectors, day hospitals play a major role in the care of the elderly. This survey highlights the ability of professionals to adapt and commit themselves, demonstrating the relevance of day hospitals in the field of chronic diseases (diagnosis, follow-up, rehabilitation) and also in prevention, identification and follow-up of frail patients. -De manière nettement plus modeste et contrastée, 34 % des HDJ ont eu un fort redéploiement pour assurer une assistance au niveau des EHPAD (établissements d'hébergement pour 7 personnes âgées dépendantes), parfois dans le cadre de l'équipe mobile de gériatrie, alors que 48% n'ont assuré aucun redéploiement dans ce sens ou alors faiblement. -Ce redéploiement n'a pas été significativement différent que le bassin de population soit fortement ou pas affecté par l'épidémie. -Des téléconsultations ont été mises en place dans 58 % des cas. En dehors d'un centre, elles étaient le plus souvent audio et appréciées de manière variable. La satisfaction des patients et des aidants vis-à-vis de cette modalité de recours était forte dans la moitié des cas, d'après les professionnels interrogés. Dans les commentaires libres, 15% ont déclaré avoir mis en place, par ailleurs, des appels téléphoniques aux patients suivis et/ou familles via un personnel dédié. Cela était plus fréquent pour les HDJ SSR, prenant en charge les patients de manière itérative sur plusieurs mois. Quatre HDJ (8%) ont déclaré avoir eu beaucoup (avec une « intensité forte ») d'appels, ou mails, des patients, familles, aidants professionnels ou médecins, sans différence selon l'impact de l'épidémie sur la région. Cela signifie qu'a contrario, 92 % des HDJ ont déclaré que ces appels ou mails étaient arrivés en quantité faible ou moyenne. Pour les trois quarts des HDJ (78%), quelle que soit la fréquence, ces appels (patients/familles et/ou professionnels) ne concernaient que pas ou peu des demandes d'informations en lien avec la Covid- Une majorité n'avait pas ou peu de questions sur les thérapeutiques ou sur des difficultés à connaitre la bonne orientation dans le parcours de soins (58 et 56 % respectivement). En revanche, 62 % déclarent que les appels concernaient « fortement » ou « moyennement » une décompensation clinique et/ou une mauvaise tolérance du confinement et 52 %, avec la même intensité « forte » ou « moyenne » une décompensation de l'équilibre familial. Parmi les 84 % des professionnels ayant pu répondre à la question, l'immense majorité (93%) pensent que les patients ont dû reporter à mauvais escient la prise en soins d'une pathologie chronique par peur de la Covid-19 (dont 64 % pensent que cela s'est fortement manifesté). Ce pourcentage diminue à 68 % si la question concerne une pathologie aiguë (28 HDJ sur 41 ayant pu répondre considèrent que ce report s'est fait avec une intensité moyenne à forte). Pour cette question, le pourcentage varie si on prend en compte la situation géographique de l'HDJ. Ainsi le pourcentage est de 78% pour les HDJ issus de bassins fortement affectés par l'épidémie, contre 58% dans les bassins moyennement ou faiblement affectés par l'épidémie. Au moment où le questionnaire a été rempli, seuls 24 HDJ avaient une date prévue de réouverture. Celle-ci s'étalait entre le 11 mai pour le plus précoce, et le 2 juin. Soixante-quinze pour cent de ces HDJ avaient prévu une réouverture partielle, avec une réduction de l'offre d'accueil. Pour les autres, certains espéraient une reprise de l'activité à partir de mi-juin, sans savoir si cela serait possible, d'autres envisageaient plutôt septembre pour une réouverture. Quant au troisième groupe, il ne pouvait se projeter. Quatre-vingt-six pour cent des HDJ ont néanmoins pu répondre sur l'organisation mise en place ou envisagée pour la réouverture. De ces 86% (que ce soit de l'HDJ MCO ou SSR) : -Seuls deux HDJ SSR prévoyaient d'avoir recours à la télé-réadaptation. o Pour d'autres, la distanciation sociale est difficilement compatible avec la taille ou la configuration des locaux. Dans près des trois-quarts des HDJ (72%), les patients sont majoritairement désireux de revenir « dès que possible ». Dans le quart restant, soit les HDJ ne peuvent répondre à la question, soit pour 50% des patients ou plus, le souhait est plutôt de reporter ou différer la prise en charge le plus souvent du fait d'une peur Page 11 of 18 J o u r n a l P r e -p r o o f 11 Près de deux-tiers des professionnels des HDJ (64%) pensent qu'à côté de la réanimation, des services d'infectieux ou de pneumologie, très médiatisés, la place de la gériatrie dans la gestion de cette crise a été sous-« évaluée », ou plus exactement, qu'il y a eu une sous-reconnaissance du rôle joué par cette discipline. Les soignants ont mal vécu la fermeture quasi instantanée et l'absence de visibilité sur la réouverture de leur structure, considérée « une fois de plus » comme une variable d'ajustement du système hospitalier, état de fait qui préexistait toutefois à la pandémie. Ils ont le sentiment que leur place dans Si les HDJ ont fait preuve d'une grande capacité d'adaptation dans la crise, il serait nécessaire, pour l'avenir, en cas de nouvelles vagues de la pandémie ou de nouvelles crises sanitaires, d'anticiper, de mener une réflexion, une analyse bénéfices/risques, avant d'acter une fermeture complète des HDJ gériatriques sur tout le territoire. Il s'agit d'éviter un afflux inconsidéré des personnes âgées vers les services d'urgence ou, au contraire, la désaffection de ces patients pour les structures de soins entraînant des décompensations, dont il est parfois difficile de sortir. Maintenir une activité hospitalière ambulatoire, même partielle, c'est éviter les pertes de chance en cas de report prolongé pour certains patients nécessitant un suivi, permettre un diagnostic, une prise en charge, une orientation optimisée dans le parcours de soins en fonction des priorités, et offrir une alternative à l'hospitalisation complète surchargée en contexte épidémique. Il apparaît nécessaire de garantir la continuité des soins pour tous les patients et donc le maintien d'activités non-Covid-19. Les hôpitaux de jour de soins de suite et réadaptation gériatriques en France : enquête descriptive et état des lieux Actualités réglementaires et enjeux médico-économiques des Hôpitaux de Jour Gériatriques. 39èmes journées de formation annuelle de l'APHJPA Recommandations pour le secteur SSR dans le contexte de l'épidémie COVID-19 Réflexions sur la place de l'hôpital de jour dans la filière de soins gériatrique Etat des lieux et réflexions sur la place des hôpitaux de jour au sein de la filière gériatrique Organisation, filières et recherche au sein des HDJ gériatriques en France : résultats de l'enquête nationale de l'APHJPA. 37èmes journées de formation annuelle de l'APHJPA Gestion des cas groupés -Clusters de Covid-19 pour les établissements de santé et les établissements médico-sociaux. Guide méthodologique Liens entre UCC et HDJ notamment dans la prévention et gestion des situations de crise Évaluation et prise en compte de la fragilité en hôpital de jour : une enquête sur les pratiques de l'Association pour la Promotion des Hôpitaux de Jour pour Personnes Agées. 1er Congrès sur la fragilité Repérage et maintien de l'autonomie des personnes âgées fragiles. Toulouse, Editeur IAGG GARN & Société Française de Gériatrie et Gérontologie