key: cord-0851227-kqdgz3ce authors: Plu-Bureau, Geneviève title: COVID-19 chez les femmes utilisant un traitement hormonal: quelles préventions? date: 2021-06-16 journal: nan DOI: 10.1016/j.lpmfor.2021.06.003 sha: e5b462e536df312caaff9956561e46f2c41d83af doc_id: 851227 cord_uid: kqdgz3ce La mortalité de l’infection SARS-Cov-2 semble plus élevée chez les hommes comparativement aux femmes. Les femmes ont une réponse immunitaire plus efficace, intense et prolongée à la fois vis-à-vis de l’immunité humorale (stimulée par l’estradiol) mais aussi cellulaire induisant des niveaux élevées d’anticorps. L’expression de l’enzyme de conversion de l’angiotensine II est stimulée par les estrogènes. L’infection par elle-même entraine des modifications de la coagulation. Les traitements hormonaux (contraception estroprogestative, traitement hormonal de ménopause, traitement hormonal adjuvant dans un contexte de cancer du sein) modifient la coagulation. Des recommandations de sociétés savantes ont été émises afin de prévenir les évènements thromboemboliques chez les femmes utilisatrices de ces traitements hormonaux. Mortality from SARS-Cov-2 infection appears to be higher in men as compared to women. Women have a more effective, intense and prolonged immune response to both humoral (stimulated by estradiol) and cellular immunity, inducing high levels of antibodies. The expression of angiotensin II converting enzyme is stimulated by estrogen. The infection induces changes in coagulation. Hormonal treatments (combined hormonal contraception, menopausal hormonal treatment, adjuvant hormonal treatment in the context of breast cancer) modify coagulation. Recommendations from learned societies have been issued to prevent thromboembolic events in women using these hormonal treatments. La mortalité de l'infection SARS-Cov-2 semble plus élevée chez les hommes comparativement aux femmes. Les femmes ont une réponse immunitaire plus efficace, intense et prolongée à la fois vis-à-vis de l'immunité humorale (stimulée par l'estradiol) mais aussi cellulaire induisant des niveaux élevées d'anticorps. L'expression de l'enzyme de conversion de l'angiotensine II est stimulée par les estrogènes. L'infection par elle-même entraine des modifications de la coagulation. Les traitements hormonaux (contraception estroprogestative, traitement hormonal de ménopause, traitement hormonal adjuvant dans un contexte de cancer du sein) modifient la coagulation. Des recommandations de sociétés savantes ont été émises afin de prévenir les évènements thromboemboliques chez les femmes utilisatrices de ces traitements hormonaux. Mortality from SARS-Cov-2 infection appears to be higher in men as compared to women. Women have a more effective, intense and prolonged immune response to both humoral (stimulated by estradiol) and cellular immunity, inducing high levels of antibodies. The expression of angiotensin II converting enzyme is stimulated by estrogen. The infection induces changes in coagulation. Hormonal treatments (combined hormonal contraception, menopausal hormonal treatment, adjuvant hormonal treatment in the context of breast cancer) modify coagulation. Recommendations from learned societies have been issued to prevent thromboembolic events in women using these hormonal treatments. Le COVID-19 est une pathologie infectieuse due à un nouveau coronavirus (SARS-Cov-2) qui entraine une réponse inflammatoire généralisée et une activation de la coagulation chez les sujets qui développent cette infection. Si les études publiées, à la fois sur la maladie mais aussi concernant la positivité de la sérologie, ne montrent pas de différence entre les hommes et les femmes, il n'en est pas de même pour la mortalité: cette dernière serait beaucoup plus importante chez les hommes. Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer cette différence de mortalité par genre et en particulier le rôle des hormones endogènes et notamment les estrogènes [1] . Les estrogènes peuvent-ils avoir un impact positif contre les formes sévères de COVID? Les infections virales différent chez les hommes et chez les femmes avec en particulier une plus faible susceptibilité chez ces dernières [2] . Les femmes ont une réponse immunitaire plus efficace, intense et prolongée à la fois vis-à-vis de l'immunité humorale mais aussi cellulaire. L'estradiol stimule la réponse humorale en cas d'infection virale en induisant des niveaux élevées d'anticorps. Par ailleurs des travaux ont montré que cette réponse immunitaire différait en fonction des phases du cycle menstruel [3] . L'utilisation de contraception estroprogestative ou de traitement estrogénique de ménopause pourraient ainsi avoir un impact positif sur cette immunité. À l'inverse la testostérone exerce des effets d'inhibition de certains paramètres de l'immunité contribuant à expliquer cette différence de genre [4] . Une deuxième hypothèse pour expliquer cet écart de mortalité est la différence d'expression de l'enzyme de conversion de l'angiotensine II (ACE2). L'expression de cet enzyme au niveau des cellules endothéliales est stimulée par les estrogènes [5, 6] . Enfin, certains récepteurs de type Toll-like codés sur les chromosomes X peuvent détecter les acides nucléiques du SARS-CoV-2, conduisant à une réponse immunitaire innée plus forte chez les femmes [7] . Quel impact des traitements hormonaux sur le pronostic du COVID-19? À notre connaissance, aucune étude n'a rapporté de résultats concernant l'utilisation des traitements hormonaux chez la femme et le pronostic du COVID-19. En revanche, une récente étude analysant 31 patients masculins atteints de pneumonie SARS-CoV-2 et hospitalisés en soins intensifs respiratoires à l'hôpital «Carlo Poma» de Mantoue ont été analysés. Leur résultat ont montré que des niveaux bas de testostérone prédisent un mauvais pronostic et la mortalité chez les hommes infectés par le SARS-CoV-2 [8] . Si les femmes ont une certaine protection à la fois contre les formes sévères de COVID-19 et sa mortalité, l'infection par ellemême entraine des modifications de la coagulation [9] . Se pose alors la question de la prise en charge des femmes utilisant un traitement hormonal que ce soit une contraception estroprogestative, un traitement hormonal de ménopause ou un traitement hormonal adjuvant dans un contexte de cancer du sein (Tamoxifène par exemple). En effet, la plupart de ces traitements hormonaux augmentent le risque d'évènement thromboembolique veineux en raison de modifications induites de la coagulation. La contraception estro-progestative quelle que soit sa voie d'administration ainsi que la contraception progestative intramusculaire par acétate de médroxyprogestérone augmentent le risque de maladie veineuse thromboembolique (MVTE). Les autres types de contraception progestative seule (comprimés, implant ou dispositif intra-utérin) ne modifient pas la coagulation et ne sont pas associés au risque de MVTE [10] . Le traitement hormonal de ménopause utilisant de l'estradiol par voie orale augmente ce risque alors que l'administration d'estradiol par voie transdermique associée à la progestérone naturelle est neutre [11] . Enfin le tamoxifène utilisé chez les femmes ayant un cancer du sein -récepteur des estrogènes positifs en traitement adjuvant est associé à une augmentation du risque de MVTE [12] . . Elles divergent dans certaines situations cliniques, d'autres sociétés savantes étrangères, notamment vis-à-vis de l'arrêt des traitements contraceptifs à risque où la prévention par HBPM est proposée beaucoup plus rapidement puisque la normalisation de la coagulation après l'arrêt des traitements hormonaux n'apparaît qu'après au moins 6 à 8 semaines, date à laquelle l'infection (dans le contexte des femmes non hospitalisées) est guérie. Il est important aussi dans ce contexte d'évaluer l'ensemble des facteurs de risque vasculaire afin de déterminer précisément le niveau de risque. Il est de plus rappelé que le maintien d'une contraception (hormonale ou non hormonale) est importante dans le contexte de la pandémie afin d'éviter le risque de grossesse non désirée. Si les femmes, notamment en période d'activité génitale ont un meilleur pronostic de l'infection COVID-19, des précautions doivent être prises chez celles souffrant du COVID-19 et utilisant un traitement hormonal qui augmente le risque d'évènement thromboembolique veineux. Ainsi chez les femmes non hospitalisées mais ayant des symptômes sévères, il est nécessaire d'avoir recours à des stratégies précises. Déclaration de liens d'intérêts : l'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts. The gendered impact of coronavirus disease (COVID-19): do estrogens play a role? Sex drives dimorphic immune responses to viral infections Distinct follicular and luteal transcriptional profiles in engineered human ectocervical tissue dependent on menstrual cycle phase Sexdependent outcome of hepatitis B and C viruses infections: synergy of sex hormones and immune responses? Organ-protective effect of angiotensin-converting enzyme 2 and its effect on the prognosis of COVID-19 Could sex/gender differences in ace2 expression in the lungs contribute to the large gender disparity in the morbidity and mortality of patients infected with the SARS-CoV-2 Virus? Molecular mechanisms of sex bias differences in COVID-19 mortality Low testosterone levels predict clinical adverse outcomes in SARS-CoV-2 pneumonia patients Coagulation disorders in coronavirus infected patients: COVID-19, SARS-CoV-1, MERS-CoV and lessons from the past Contraception hormonale et risque vasculaire. RPC Contraception CNGOF Risk of venous thrombosis with oral versus transdermal estrogen therapy among postmenopausal women Toxicity of adjuvant endocrine therapy in postmenopausal breast cancer patients: a systematic review and meta-analysis Managing thromboembolic risk with menopausal hormone therapy and hormonal contraception in the COVID-19 pandemic: recommendations from the Spanish menopause society, Sociedad Española de Ginecología y Obstetricia and Sociedad Española de Trombosis y Hemostasia Contraception during coronavirus-COVID-19 pandemia. Recommendations of the Board of the Italian Society of Contraception