key: cord-1028707-auo9qm02 authors: Rello, Jordi; James, Arthur; Reyes, Luis Felipe title: Le Syndrome Post-COVID (SPC): une urgence de santé publique date: 2021-06-05 journal: Anesthesie & Reanimation DOI: 10.1016/j.anrea.2021.05.004 sha: fb9feab189e340071609ac94e28f8e7040e30093 doc_id: 1028707 cord_uid: auo9qm02 nan Anaesthesia Critical Care & Pain Medicine (ACCPM) a réagi rapidement à l'émergence de l'infection par le SARS-CoV-2 (COVID-19) en publiant début avril 2020 un travail relatif au devenir à deux semaines des patients pris en charge en unité de soins intensifs (USI) [1] et en anticipant les conséquences dévastatrices de la COVID-19 au-delà de la Chine [2] . Dans le même temps, d'autres revues ont mis en avant la nécessité de standardiser les prises en charge [3] et l'importance de privilégier une approche personnalisée des soins et ce dès avant la publication de l'étude RECOVERY [4] démontrant l'utilité de la dexaméthasone pour les patients nécessitant une oxygénothérapie. Cette approche personnalisée permet de plus l'identification de deux phénotypes différents ayant été identifiés chez les patients ayant bénéficié d'une ventilation mécanique [2] . Les infections des voies respiratoires inférieures, dont la grippe, ont été la cause la plus fréquente de décès d'origine infectieuse au cours des deux dernières décennies dans le monde [5] . Chez les survivants, l'inflammation persistante a été associée à des complications systémiques au long cours, réduisant la survie à un an (notamment en raison d'événements cardiovasculaires) ainsi qu'à une importante dégradation de la qualité de vie [6] . Tout comme ceux qui ne connaissent pas leur passé et sont condamnés à le répéter, il est important que nous nous souvenions de ce que nous savons depuis avant la pandémie de COVID-19 concernant ces complications à long terme de la réanimation [7] . Nous savons par exemple que les principaux événements indésirables cardiovasculaires surviennent dès la phase aiguë de l'infection et jusqu'à 10 ans au décours [8] avec un risque maximal au cours des 30 premiers jours [9] . Il est alors important de noter que la gravité de l'épisode infectieux était directement liée au développement de ces complications [10] . La physiopathologie de ces évènements cardiaques chez les patients ayant présenté un épisode de pneumopathie infectieuse a été explorée en particulier dans les cas du Streptococcus pneumoniae et du virus de la grippe [8] . Il a en effet été démontré que ces agents pathogènes ont un tropisme spécifique pour le coeur et peuvent induire une nécroptose (voie de mort cellulaire hautement pro-inflammatoire) des cardiomyocytes. De plus, il existe des preuves que le pneumocoque entraine au cours des pneumonies sévères des cicatrices myocardiques qui pourraient être responsables d'évènements cardiaques au long cours [11] . Ainsi, envisager que les patients infectés par la COVID-19 pourraient développer des conséquences à distance n'est pas surprenant et devrait inviter les chercheurs à mieux comprendre les mécanismes en jeu afin d'identifier des cibles thérapeutiques potentielles. Nous pouvons faire l'hypothèse qu'un patient survivant sur dix ayant présenté une forme symptomatique de la COVID-19 développera un syndrome post-COVID-19 (SPC) [12] . Cela implique une urgence de santé publique majeure. En effet, les patients qui survivent à une hospitalisation en unité de soins intensifs vivent souvent avec des séquelles cognitives, psychologiques et physiques pendant des mois au décours de leur sortie de soins intensifs avec un impact significatif sur leur qualité de vie et ce même en cas de rééducation bien conduite. En 2010, la société internationale de médecine en soins intensifs (Society of Critical Care Medicine) a organisé une conférence définissant le syndrome post-soins intensifs (SPSI) comme "une altération nouvelle ou aggravée de la cognition, de la santé mentale ou de la fonction physique après une maladie grave, persistant au-delà de l'hospitalisation en soins aigus" [13] . En 2014, une seconde conférence d'experts a identifié les obstacles à la mise en place de stratégies de prise en charge des patients au quotidien et a identifié les ressources nécessaires ainsi que et les lacunes existant en recherche [14] . Les symptômes persistant au long cours peuvent être le reflet de situations très diverses comme des altérations immunologiques dont certaines seraient influencées par le génotype, l'implication de vascularites, les effets indésirables des traitements, les conséquences de l'immobilisation prolongée ou encore des dysfonctionnements au niveau mitochondrial. La dépression, les troubles du sommeil et les troubles cognitifs sont des conséquences graves. Il est donc crucial de mettre en place des programmes de suivi à la sortie des unités de soins intensifs [15] , d'améliorer la prise en charge de ces patients et de connaitre l'incidence réelle du SPSI. [20] . Ainsi, nous soutenons fortement un appel à ce que l'OMS intègre rapidement dans la classification internationale des maladies le « syndrome de soins post-réanimation », et ce en particulier à l'ère de la COVID-19. SARS-CoV-2 in Spanish Intensive Care Units: Early experience with 15-day survival in Vitoria Clinical phenotypes of SARS-CoV-2: implications for clinicians and researchers COVID-19: First Do No Harm Dexamethasone in Hospitalized Patients with Covid-19 Hot topics and current controversies in community-acquired pneumonia Inflammatory markers at hospital discharge predict subsequent mortality after pneumonia and sepsis Complication of Community-Acquired Pneumonia (Including Cardiac Complications) Pneumonia as a cardiovascular disease Acute Infection and Myocardial Infarction Association between hospitalization for pneumonia and subsequent risk of cardiovascular disease Severe Pneumococcal Pneumonia Causes Acute Cardiac Toxicity and Subsequent Cardiac Remodeling Sinuhe and clinical research assessing post-COVID-19 syndrome Improving long-term outcomes after discharge from intensive care unit: report from a stakeholders' conference Exploring the scope of post-intensive care syndrome therapy and care: engagement of non-critical care providers and survivors in a second stakeholders meeting Follow-up program after intensive care unit discharge What is the recovery rate and risk of long-term consequences following a diagnosis of COVID-19? A harmonised, global longitudinal observational study protocol Four-Month Clinical Status of a Cohort of Patients After Hospitalization for COVID-19 Symptoms and functional impairment assessed 8 months after mild COVID-19 among Health Care Workers (letter) Risk of posttraumatic stress symptoms in family members of intensive care unit patients A Call for the World Health Organization to Create International Classification of Disease Diagnostic Codes for Post-Intensive Care Syndrome in the Age of COVID-19