Memoires DE Mr. DES-ECOTAIS: Cy devant appelle dans l'Eglise Romaine Le Tres Venerable PERE CASSIAN de PARIS, Prestre et Predicateur de l'Ordre des Capucins. OV Les MOTIFS de sa CONVERSION. Divisés en Deux Parties. I. Que la Doctrine de l'Eglise Romaine d'apresent n'est fondée ny sur l'Ecriture Sainte; ny sur la creance de la Primitive Eglise; ny sur l'Authorité des Saints Peres. Cequi est plus particulierement et plus evidement verifié dans l'examen de la creance de Rome touchant l'Euchristie. II. Que l'Eglise Romaine n'est point la veritable Eglise; qu'elle n'a pointe de son costé exclusivement et au prejudice des autres Eglises Christiennes, ny l' Antiquite de la foy, ny la Multitude du Peuple, ny la veritable et legitime Succession des Euéques: Que son Authorite n'est point infaillible, et qu'elle est toute pleine d'Erreurs et de Corruptions. A LONDRES: Imprimé chez G. Godbid, et se vend chez Moyse Pit, à l'Ange, vis à vis la petite porte de St. Paul, 1677. Memoires OF Mr. DES-ECOTAIS: Formerly styled in the Church of Rome The most Venerable FATHER CASSIANUS of PARIS, Priest and Preacher of the Order of the Capucins. OR THE MOTIVES of his CONVERSION. Divided into Two Parts. I. That the Doctrine of the now Roman Church is not grounded neither upon the Holy Scripture; neither upon the belief of the Primitive Church, or the Authority of the Holy Fathers, which is more particularly and more evidently verified in the examination of the Belief of Rome concerning the Eucharist. II. That the Church of Rome is not the true Church; that it doth not enjoy, as absolutely its own, outshutting all other Churches, neither the Antiquity of the Belief, neither the multitude of the People, neither the true and lawful Succession of the Bishops; That the Authority thereof is not Infallible; and that it is full of Errors and Corruptions. LONDON: Printed by W. Godbid, and are to be Sold by Moses Pitt, at the Angel over-against the little North Door of St. Paul 's Church, 1677. DEDICATION. A MONSEIGNEUR Illustrissime et Reverendissime HENRY, Euéque de LONDRES, Doyen de la Chapelle du Roy, Et un des SEIGNEURS Du Conseil Priué de sa Majesté. MONSEIGNEUR, CE n'est pas d'aujourd'huy que ceux qui quittent le party de l'Erreur pour ambrasser la Verité, se trouvent exposez à la persecution du monde, et ce n'est pas d'aujourd'huy non plus qu'ils ont besoin de puissants protecteurs pour les deffendre contre l'injustice. Vôtre Grandeur sçait que St. Paul n'eut pas plûtôt le tître et la qualité de Nouveau Converty, qu'il se trouva abandonné et persecuté de toute la terre: Il a beau alleguer aux Juifs les Motifs de sa Conversion, disputer contre eux et les confondre, les Juifs n'en sont pas pour cela moins enragez contre luy: Ces méchants s'imaginent toûjours que les motifs qui ont obligé Paul à quitter la Religion de ses peres pour embrasser la pureté de l'Evangile, ne sont autres que l'inconstance de son esprit, ou le desir dela nouveauté, et dans cette pensée ils le regardent comme un Deserteur et comme un Apostat; ils luy dressent des embûches; ils font des complots et des conspirations pour le mettre à mort, et s'imaginent qu'ils ne peuvent rendre à Dieu un service plus Religieux que de s'obliger par un voeu solemnel à ne point boire ny manger, jusqu'à ce qu'ils ayent trempé leurs mains dans le sang de Paul. St. Paul est obligé de s'enfuïr, il faut qu'il sorte de Damas par dessus les murailles pour éviter la fureur de ses ennemis, et qu'il se retire à Jerusalem pour estre plus en seureté: Et là St. Paul tout Vase d'election qu'il est, il a le déplaisir de voir que les disciples même évitent sa compagnie, le craignent et ne se fient pas à luy, par ce qu'ils ont peur que sa conversion ne soit une conversion feinte, imparfaite, et dissimulée; et il saut qu'il ait recours à un Apôtre qui luy serve de Protecteur, qui le presente aux Disciples, et qui leur fasse entendre les moyens admirables dont Dieu s'estoit servy pour operer sa conversion. Voilà l'estat où se trouvoit reduit St. Paul aprés sa conversion et c'est aussi l'estat, Monseigneur, où se trouve reduit, encore en ce siecle, un homme nouvellement converty. D'un costé, ceux desquels il abandonne le party deviennent ses plus cruels et plus irreconciliables ennemis, ils ne le menacent de rien moins que de le perdre; et si leurs voeux et leurs dessins pernicieux n'estoient arrestez par la severité des Loys, on verroit bientôt les consequences tragiques de leur Zele indiscret et passionné. D'un autre côté, un grand nombre de ceux avec lesquels il fait profession dela Pureté de l'Evangile, ne se veulent point fier à luy, ils le fuyent, ils le craignent pour les mêmes raisons pour lesquelles les Disciples craignoient Paul; ils ont peur qu'il ne soit pas veritablement converty; ils craignent que sa conversion ne soit interressée et imparfaite, ou du moins ils craignent qu'elle ne soit pas de durée, et qu'aprés avoir demeuré quelque temps parmy eux, il ne retourne à son erreur et ne deviene encore une fois le Persecuteur de l'Evangile et dela Verité. Que deviendra dans cet estat un pavure nouveau Converty? Pour ceux dont il a quitté les erreurs et qui le persecutent sans misericorde et sans charité, il n'a que des prieres à faire à l'Eternel pour leur Conversion dans le temps même qu'il est le plus cruellement persecuté; et il leve incessament les mains vers le Ciel pour reconnoistre que les pechez qu'il a commis sont les seules causes, qui attirent sur sa teste toutes ces persecutions. Mais à l'égard de ceux avec lesquels il fait profession d'une même Foy, il a besoin aussi bien que St. Paul d'un puissant Protecteur qui soit son avocat, qui parle en sa faveur, et qui fasse connoistre aux peuples que sa conversion n'est pas l'ouvrage de l'interrest, de l'inconstance ou dela necessité, mais que c'est un ovurage de Dieu et un effet de ses misericordes. Quoyque, par la Grace de Dieu, il ya déja prés de trois années que je fais profession de la Pureté de l'Evangile; je puis pourtant me conter encore au nombre des nouveaux Convertis pour bien des raisons; et dans cet estat je me trouve reduit à la même fortune qu'eux: à encourir la haine et l'aversion de ceux dont j'ay quitté les erreurs, et à trouver dans beaucoup de Protestants dela froideur et dela repugnance, quand ils sçauront que j'ay autrefois fait profession de l'erreur et persecuté ceux qui embrassoient la pureté de l'Evangile. Je ne suis pas assez peu informé jusqu'où peut aller le Zele et la Passion des hommes en matiere de Religion, pour ne pas excuser mes ennemis; je leur pardonne de tout mon coeur, et je prie Dieu qu'il les éclaire et leur fasse connoistre la Verité. Je ne suis pas assez injuste nonplus pour condamner la prudence des Protestants; je reconnois qu'ils ont raison de se méfier de moy, puisque d'autres les ont trompez; et, comme je n'ay pas la vanité de me croire plus parfait que St. Paul, aussi ne les croy-je pas plus criminels que les Disciples et tous les Saints qui demeuroient à Jerusalem qui se méfioient de cet Apôtre et qui craignoient que sa Conversion ne fut pas veritable. C'est dans cet estat que je reconnois que j'ay besoin d'une puissante protection, et c'est pour implorer la uôtre, Monseigneur, que je viens me jetter aux pieds de Vôtre Grandeur. Les Disciples se rassurerent lors qu'un des Apôtres leur presenta Paul et qu'il leur raconta les merveilles que Dieu avoit operées dans sa Conversion: N'ay-je pas toutes les raisons du monde de croire que ceux qui font profession dela pureté de l'Evangile se rassureront aussi à mon égard? et qu'ils me considereront comme un veritable enfant de l'Eglise; aussi tôt qu'ils apprendront que les Motifs de ma Conversion ne paroissent en public, que sous la Protection de Vôtre Grandeur? Celuy qui presenta St. Paul aux Fidelles estoit un Apôtre qui prenoit un interrest tout particulier à l'accroisse ment du Royaume de Jesus Christ; il estoit tout transporté de Joye et de Satisfaction spirituelle, quand il voyoit les effets dela grace de Jesus Christ dans les coeurs des peuples qui se convertissoient à l'Evangile: C'estoit un homme de bien, plein du St. Esprit et de la foy de Jesus Christ; c'est en abregé le panegyrique qu'en fait le St. Esprit au 11 Chap. des Actes. C'est cequi fit, ce me semble, que les Disciples se rassurerent au sujet de St. Paul, et qu'ils le considererent comme un homme veritablement converty, puisqu'il leur estoit presenté par un Apôtre, dont la Foy, le Zele et la Vertu leur estoient si parfaitement connües. Et n'ay-je pas sujet de croire que les veritables Protestants me considereront comme un homme veritablement converty, quand ils verront que c'est Vous, Monseigneur, qui m'introduisez dans l'Eglise? Vous, à qui Dieu a donné un talent particulier pour discerner les esprits; Vous, qui n'avés point de plus grande joye au monde que de voir les operations divines dela Grace dans les coeurs de ceux qui vivoient autrefois dans l'Erreur; Vous, qui prenez tant de soin des Nouveaux Convertis, qui entrez si hautement dans leurs interrests, qui faites uôtre gloire de les élever et de les nourir, comme de jeunes plantes dont il plait à Dieu d'orner son Eglise, malgré toutes les oppositions des ennemies dela Propagation de l'Evangile: Vous, dont l'integrité ferme la bouche à tous ceux même qui (estant les ennemis de l'Eglise de Jesus Christ) sont devenus vos ennemis; enfin Vous, Monseigneur, dont le Zele et la Foy se font connoistre tous les jours si genereusement quand il s'agit des interrests de Dieu, dela gloire de Jesus Christ, et dela pureté de sa Parole. N'ay-je pas sujet, dis-je, de croire que tous les Fidelles ne douteront plus dela sincerité de ma conduitte, quand ils sçauront que c'est Vous, Monseigneur, qui m'introduisez dans l'Eglise, et que Vous avez bien voulu me recevoir en uôtre Protection. Vôtre tres Humble et tres Obeïssant Serviteur, Loüis Des-écotais. To the Right Honourable AND Right Reverend Father in God HENRY, Lord Bishop of LONDON: Dean of His Majesty's Chapel, AND ONE Of His most Honourable Privy Council. My Lord, 'TIs not of to day, that those, who leave the party of Error, to embrace Truth, find themselves exposed to the Persecution of the World; And it is not of to day neither, that they have need of dowerful Protectors, to defend them against Injustice. Your Lordship knows, that St. Paul had no sooner the title and the quality of a Man newly Converted, Act. 9 but presently he saw himself Forsaken and Persecuted of all the Earth. He doth but lose his labour, in alleging to the Jews the Motives of his Conversion, in Disputing against them, in Confounding them; Ver. 22 the Jews are not yet for all that, less mad, or less furious against him. These wicked men do still imagine, that the Motives, which have obliged Paul to leave the Religion of his Fathers, for to embrace the Purity of the Gospel, are not others but the Inconstancy of his mind, or the desire of Novelty: And in that persuasion, they look upon him as a Runaway, and an Apostata; they lay wait for him; Ver. 23, 24. they frame Plots and Conspiracies to kill him; and think that they cannot render to God Almighty a service more Religious, than to bind themselves with a solemn Vow, saying; Act. 23. v. 12.14. That they would neither eat nor drink till they had killed Paul. St. Paul is obliged to run away; Act. 9 v. 25. he must go out of Damascus over the Walls, to avoid the fury of his Enemies; he must retire to Jerusalem, that he might be more safe; and there St. Paul, though a Chosen Vessel, has the trouble to see, that the very Disciples eat his society, that they are all afraid of him, Verse. 26 and that they will not trust him, because that they are suspicious, lest his Conversion should be counterfeited, imperfect, and dissimulated. And for that reason, he must have recourse unto one of the Apostles, to be his Protector, to present him to the Disciples, and declare unto them after how marvellous a manner, Verse. 27 God had been pleased to accomplish his Conversion. This was the condition wherein St. Paul was reduced, after his Conversion; and it is also, my Lord, the very same condition, in which a man newly Converted, is reduced now in our Age. On the one side, those whose party he doth forsake, become his most bitter and most irreconcilable enemies, they threaten him with nothing less than his entire destruction and ruin; and were not their vows and pernicious designs restrained by the severity of Laws, we should see presently the Tragical consequences of their indiscreet and Passionate Zeal. On the other side, a great number of those, who do profess the Purity of the Gospel, do not trust him, they avoid him, they are afraid of him, for the same reasons for which the Disciples were afraid of Paul; they are afraid, lest he should not be truly and throughly Converted; they are afraid, lest his Conversion should be interressed and imperfect, or at least they are afraid that it should not be everlasting, and least after having stayed some while amongst them, he should return to his Errors, and become once more the Persecutor of the Gospel and of the Truth. In this condition, what will become a man newly Converted? For those, whose Errors he has forsaken, and who do persecute him without Mercy or Charity, he doth direct his Prayers to the Everlasting God, for their Conversion, in the very time when he is the most unmercifully persecuted by them; he lifts up his hands to Heaven continually, to acknowledge, that the sins, which he has committed, are the only causes, which draw upon his head all these Persecutions. But for those, with whom he doth profess the same Faith, he has need, as well as St. Paul, of a powerful Protector, to be his advocate, to speak in his favour, and make known to all the People, that his Conversion is not an effect of Interest, of Inconstancy, or of Necessity; but that it is the Work of God, and an Effect of his Mercies. Though, by the Grace of God, it is almost three years, since I professed the Purity of the Gospel, yet I may for several reasons be accounted in the number of those who are newly Converted; and in that condition, I find myself reduced to the same fortune, to fall into the hatred and detestation of those, whose Errors I have forsaken, and to find in a great many Protestants coldness and repugnancy, when they shall know that I have formerly professed Error, and Persecuted those, who embraced the Purity of the Gospel. I am not so ignorant, how far the Zeal and the Passion of Men reach in matters of Religion, as not to excuse my Enemies; I forgive them with all my heart, and I pray God, that he will be pleased to enlighten them, and give them the knowledge of his Truth. I am not so unjust neither, as to condemn the Prudence of the Protestants: I acknowledge that they have reason to mistrust me, since that others have deceived them; and, as I have not the vanity to think myself more perfect than St. Paul, so do not I think them more guilty than all the Disciples, and all the Saints, who dwelled at Jerusalem, who mistrusted this Apostle, and were afraid lest his Conversion should not be sincere. It is in this condition, that I acknowledge that I have need of a powerful Protection, and it is to crave yours, my Lord, that I come with this humble Dedication. The Disciples were satisfied, when one of the Apostles presented them Paul, and told them the Wonders which Grace did work in his Conversion: have not I all the reasons in the World to think that all those who do profess the Purity of the Gospel, will be satisfied also, and that they will consider me as a true son of the Church, as soon as they will hear that the motives of my Conversion appear in public under your Lordship's Protection? He who presented St. Paul to the Faithful, was an Apostle, who peculiarly rejoiced in the Increasing of the Kingdom of Christ; he was * Acts 11.23. filled with Heavenly satisfaction, when he saw the effects of the Grace of Christ, in the hearts of the People, who were Converted to the Gospel: * Vers. 24. He was a good man, and full of the Holy Ghost and of Faith. It is in abridgement, the Panegyric, which the Holy Ghost made of all his Virtues. It is that which caused the Apostles to be satisfied with St. Paul, and to consider him, as a man truly Converted; since that he was presented to them by an Apostle, whose Faith, Zeal, and Virtue, were so perfectly known to them. And have not I reason to hope, that the true Protestants will consider me as a man truly Converted, when they shall see, that it is you, My Lord, who receive me into the Church; You, to whom God Almighty has granted a peculiar Gift of Discerning of Spirits. You, who have no greater joy in the World, than to see the Divine Operations of Grace, in the hearts of those, who lived formerly in Errors. You, who take so much care of those, that are newly Converted; who maintain so openly their interests, who take your delight in bringing them up, in keeping them, as young Plants wherewith God is pleased to adorn his Church, notwithstanding all the enemies of the Propagation of the Gospel. You, whose Integrity stops the mouths even of all those, who (being the Enemies of the Church of Christ) are become your Enemies. You, in fine, My Lord, whose Zeal and Faith appear every day so generously, When there is something that concerns the Interests of God, the Glory of Christ, and the Purity of his Holy Word. Have not I reason, said I, to think that all the Faithful will not doubt of the sincerity of my conduct, as soon as they shall know, that it is You, My Lord, who receive me into the Church, and that you have been pleased to receive me likewise into your Protection. Your most Humble, and most Obedient Servant, Lewis Des-écotais. TABLE. INTRODUCTION. § 1. Les Raisons qui m'ont engagé d'escrire ces Memoires. Page 1. § 2. Que la Conversion d'un homme qui a vêcu dans les erreurs de l'Eglise Romaine, est un tres grand Miracle. pag. 5. § 3. De quelle maniere et par quels degrés l'Esprit de Dieu m'a fait connoître mes Erreurs. pag. 9. PREMIERE PARTIE. Que la Doctrine de l'Eglise Romaine n'est point fondée ny sur les Escritures, ny sur la Creance de la Primitive Eglise, ny sur l'Authorité des Saints Peres. CHAP. I. Commant j'ay connu que la Doctrine de l'Eglise Romaine n'est point fondée sur l'Ecriture. § 1. La Lecture de l'Ecriture Sainte me dispose à reconnoistre les Erreurs de Rome. pag. 11. § 2. Les Erreurs de l'Eglise Romaine dont j'estois persuadé me firent trouver dans l'Escriture bien des Difficultés, bien des Insuffisances, et bien des Contradictions. pag. 16. § 3. Circonstances qui contribuerent à l'avancement de ma Conversion. pag. 22. § 4. Conclusion de ce Chapitre. Que les Articles de foy de l'Eglise Romaine ne se peuvent point prouver par l'Ecriture. pag. 26. CHAP. II. Commant je connûs qu les Articles de foy de l'Eglise Romaine ne sont point fondés sur la Creance de la Primitive Eglise, ny sur l'Authorité des Saints Peres. INTRODUCTION. La Lecture des liures De la Perpetuité de la foy sur le sujet de l'Eucharistie, fut cequi me donna occasion d'examiner en particulier la Creance de l'Eglise Romaine sur cette matiere. pag. 30. Division des Erreurs de l'Eglise Romaine touchant l'Eucharistie. pag. 34. Section I. Que la Creance de Rome touchant la Presence Reéle au sens de la Transubstatiation, est une Doctrine nouvelle dans l'Eglise. I. Premiere Preuve tirée des Arguments dont les Peres de l'Eglise se sont servis en disputant contre les Idolatres. pag. 36. II. Seconde Preuve tirée des raisons dont les Peres se servoient pour Disputer contre les Heretiques. pag. 41. III. Troisieme Preuve tirée dela maniere dont les Peres s'expriment sur le sujet du Saint Sacrement. pag. 44. IV. Quatrieme Preuve tirée dela nouveauté dela Doctrine dela Transubstantiation. pag. 48. Section II. Que ceque l'on enseigne du Sacrifice dela Messe dans l'Eglise Romaine, est une Doctrine contraire àla Creance de la Primitive Eglise. I. En quel sens il est veritable de dire que le Saint Sacrement est un Sacrifice. pag. 50. II. Que le pretendu Sacrifice Propitiatoire de l'Eglise Romaine, est contraire à l'Ecriture. pag. 53. III. Cequi a donné occasion à cet Erreur et les degrés de Corruption qui ont avancé cette Creance. pag. 56. IV. Que l'abus épouvantable qui s'est glissé dans l'Eglise Romaine, d'offrir leurs Sacrifices en l'honneur des Saints, est une pratique contraire à toute la Primitive Eglise. pag. 59. Section III. Que la maniere d'Administrer l'Eucharistie dans l'Eglise Romaine est tout à fait differente et bien opposée à celle dont on se servoit dans les premiers Siecles de l'Eglise. I. Que du temps des Apôtres et dans les premiers Siecles de l'Eglise, on communjoyt tout le Peuple sous les especes du Pain et du Vin, on adoroit point l'Hostie, et on ne celebroit point les Saints Mysteres en Language inconnu. pag. 64. II. L'origine de toutes les Erreurs de l'Eglise, Romaine en l'Administration du Sacrament. p. 70. 1. L'Origine du retranchement de la Coupe. pag. 71. 2. L'Origine de l'adoration de l'Hostie. p. 74. 3. L'Origine de la Celebration de l'Eucharistie en une Langue que le Peuple n'entend point. pag. 78. Conclusion de cette Premiere Partie. Que les Articles de foy de l'Eglise Romaine ne se peuvent prouver ny par la pratique de la Primitive Eglise ny par le témoignage des Ancients Peres. pag. 80. Seconde Partie. Que l'Eglise Romaine n'est point la veritable Eglise, que son Authorité n'est point Infaillible, et qu'elle n'est remplie que de Corruptions et d'Erreurs. INTRODUCTION. La Providence fit naistre des occasions qui me firent prendre la resolution d'examiner serieusement les principes sur lesquels est fondé l'Article de l'Authorité de l'Eglise Romaine. pag. 1. 1. L'Occasion qui fut cause que j'examinay de nouveau tous les Articles de foy de l'Eglise Romaine, lesquels je reduisois tous à l'Authorité de cette Eglise. pag. 3. 2. L'Occasion que j'eus de douter de l'Infaillibilité du Pape, me fit prendre la resolution d'examiner de nouveau et sans passion, sur quoy est fondée l'Authorité dont l'Eglise Romaine se vante si fort. pag. 6. 3. Les circumstances avec lesquelles je commancay de faire cet Examen, et quel est mon dessein dans le recit que j'en fais icy. pag. 12. CHAP. I. Des pretendus fondemens de l'Authorité de l'Eglise Romaine. pag. 16. Section I. Que l' Antiquité, la Multitude, et la Succession ne sont point des privileges que l'Eglise Romaine possede par dessus les autres Eglises. p. 20. § 1. Que l'Eglise Romaine n'est pas la plus Ancienne de tontes les Eglises. pag. 21. § 2. Que la Multitude n'est pas du costé de l'Eglise Romaine. pag. 25. § 3. Que d'autres Eglises. aussi bien que la Romaine ont leur Succession d'Evéque en Euéque depuis les Apôtres. pag. 29. Section II. Que ny l'Antiquité, ny la Multitude ny la Succession, ne sont point des marques Infaillibles dela veritable Eglise, et que par consequent une Eglise peut avoir toutes ces marques et ne pas laisser pour cela d'estre Heretique. pag. 32. § 1. Que l' Antiquité n'est pas une marque Infaillible de la veritable Eglise. pag. 33. § 2. Que la Multitude n'est pas une marque Infaillible de la veritable Eglise. pag. 39. § 3. Que la Succession n'est pas une marque Infaillible de la veritable Eglise. pag. 45. Conclusion. Que c'est la Succession dela veritable Doctrine depuis les Apôtres qui est une marque Infaillible dela veritable Eglise; et que l'Eglise de Rome qui n'a point la Succession de la veritable Doctrine, n'a pas sujet de se vanter ny de l' Antiquité, ny de la Multitude, ny de la Succession. pag. 51. CHAP. II. Des fondements veritables de l'Eglise Romaine d'apresent. pag. 56. Section I. De l'Ambition des Papes. § 1. Le Pape s'éleve au dessus des Roys, au lieu que de droit il deveroit leur estre soûmis. pag. 57. § 2. Que le Pape s'éleve au dessus de toutes les Eglises en s'atribuant injustement la Primauté et le titre d'Evéque Vniversel: Et que s'attribuer ce titre c'est un Blaspheme et une Apostasie dans le Christianisme. pag. 62. § 3. Que l'Ambition des Papes va jusqu'à l'Impieté. pag. 69. 1. Que le Pape s'attribüe une Authorité aussi grande que celle qu'on attribüe à Dieu. pag. 70. 2. Que le Pape s'attribüe même des tittres que l'on attribüe qu'à Dieu et à Jesus Christ nôtre seigneur uray fils de Dieu. pag. 72. Section II. De l'Avarice des Papes. pag. 76. Conclusion de cette Seconde Partie. Que l'Eglise Romaine n'estant fondée que sur les principes que j'ay rapportés cy-devant, est tombée dans la Corruption et dans l Erreur. § 1. Corruption horrible dans ses Moeurs. p. 80. § 2. Erreurs extremement grossieres dans sa Doctrine. pag. 88. Conclusion Generale. Que j'estois engagé de sortir de l'Eglise de Rome, aprés que Dieu m'en eut fait connoître les Erreurs par les degrés que j'ay marqués dans les deux Parties de ce Discours. pag. 88. § 1. L'Occasion d'un Sermon que je préchay sur le sujet du Sacrement me rappella dans l'Esprit toutes les idées que j'avois des Erreurs de Rome. pag. 91. § 2. Les repugnances que je souffris et les difficultés qu'il me falut surmonter. pag. 94. § 3. Les raisons que je meditay dans mon esprit pour differer ma Conversion. pag. 96. § 4. Dieu par sa misericorde me fait vivement comprendre le grand peché que c'est que de s'opposer au saint Esprit, et ainsi acheve ma Conversion en me faisant genereusement abandonner la Communion de Rome. pag. 101. TABLE. INTRODUCTION. § 1. The Reasons wherefore I have been engaged to write these Memoires. Pag. 1. § 2. That the Conversion of a man who did live in the Errors of the Roman Church, is a very great Miracle. pag. 5. § 3. After what manner and by what degrees the Spirit of God made me understand my Errors. pag. 9 FIRST PART. That the Doctrine of the Roman Church is not grounded neither upon the belief of the Primitive Church, or the Authority of the Holy Fathers. CHAP. I. How I understood that the Doctrine of the Roman Church is not grounded upon the Scripture. § 1. The Reading of the Scripture disposes me to acknowledge the Errors of Rome. pag. 11. § 2. The Errors of the Roman Church whereof I was persuaded, made me find in the Scripture many Difficulties, many Insufficiencies, and many Contradictions. pap. 16. § 3. Circumstances which did contribute to hasten my Conversion. pag. 22. § 4. Conclusion of this Chapter. That the Articles of Faith of the Roman Church cannot be proved by Scripture pag. 26. CHAP. II. How I understood that the Articles of Faith of the Roman Church are not grounded upon the Belief of the Primitive Church, nor upon the Authority of the Holy Fathers. INTRODUCTION. The reading of the Books concerning The Perpetuity of Faith in the Eucharist, was an occasion to me to examine in particular the Belief of the Roman Church about that matter. pag. 30. Division of the Errors of Rome concerning the Eucharist. pag. 34. Section I. That the belief of Rome about the real Presence in the sense of Transubstantiation, is a new Doctrine in the Church. I. First Proof drawn out of the Arguments wherewith the Fathers of the Church had wont to Dispute against the Heathens. pag. 36. II. Second Proof drawn out of the Reasons wherewith the same Fathers had wont to Dispute against the Heretics. pag. 41. III. Third Proof drawn out of the manner whereafter the Fathers had wont to speak of the Holy Saerament. pag. 44. IU. Fourth Proof drawn out of the novelty of the Doctrine teaching Transubstantiation. pag. 48 Section II. That that which is taught of the Sacrifice of the Mass in the Church of Rome, is a Doctrine contrary to the belief of the Primitive Church. I. In what sense it is true to say that the Holy Sacrament is a Sacrifice. pag. 50. II. That the pretended Propitiatory Sacrifice of the Roman Church is contrary to the Scripture. pag. 53. III. What has given occasion to that Error, and the degrees of Corruption which brought forth that belief. pag. 56. iv That the horrid abuse which is slid in the Roman Church, to offer their Sacrifices in the honour of Saints, is a practice contrary to that of the Primitive Church. pag. 59 Section III. That the manner of Administering the Sacrament in the Roman Church is quite different, and very much opposed to that to which they were used in the first Ages of the Church. I. That in the time of the Apostles, and in the first ages of the Church they gave the Communion to all the People under both kinds, they worshipped not the Host, and celebrated not the Holy Mysteries in an unknown Tongue. pag. 64. II. The beginning of all the Errors of the Roman Church in the Administration of the Sacrament. pag. 70. 1. The beginning of the Abridgement of the Cup. pag. 71. 2. The beginning of the Worship of the Host. pag. 74. 3. The beginning of the celebration of the Eucharist in an unknown Tongue. pag. 78. Conclusion of the First Part. That the Articles of Faith of the Roman Church cannot be proved by the practice of the Primitive Church, nor by the authority of the ancient Fathers. pag. 80. Second Part. That the Church of Rome is not the true Church; that its Authority is not Infallible; and that it is full of Corruptions and Errors. INTRODUCTION. The Divine Providence brought forth some occasions, which made me resolve to examine the very first grounds of the Question concerning the Authority of the Roman Church. pag. 1. 1. The occasion that I had to examine anew all the Articles of Faith of the Roman Church, all which I reduced to the Authority of the same Church pag. 3. 2. The occasion that I had to doubt of the Infallibility of the Pope, made me resolve to examine again, and without passion, upon which is grounded that Authority, which the Church of Rome boasts so much. pag. 6. 3. Circumstances wherewith I began to examine the Authority of the Roman Church, and what I do design in the Rehearsal of them. pag. 12. CHAP. I. Of the pretended grounds of the Authority of the Roman Church pag. 16. Section I. That Antiquity, Multitude, and Succession are not privileges which ever the Roman Church had enjoyed above all other Churches. pag. 20. § 1. That the Roman Church is not the Eldest of all the Churches. pag. 21 § 2. That the Multitude is not on the Roman Churches side. pag. 25. § 3. That other Churches as well as the Roman, have their Succession from Bishop to Bishop, from the very Apostles. pag. 29. Section II. That neither Antiquity, neither Multitude, neither Succession, are not Infallible marks of the true Church, and consequently that a Church may have them all, and with them all be an Heretical Church. pag. 32. § 1. That Antiquity is not an Infallible mark of the true Church. pag. 33. § 2. That the Multitude is not an Infallible mark of the true Church. pag. 39 § 3. That the Succession is not an Infallible mark of the true Church. pag. 45. Conclusion. That it is the Succession of the true Doctrine from the Apostles, which is an Infallible mark of the true Church; and that the Church of Rome, which hath not the Succession of the Doctrine, has no reason to boast neither of its Antiquity, neither of the Multitude, neither of the Succession. pag. 51. CHAP. II. Of the true Grounds of the now Roman Church. 56 Section I. Of the Ambition of the Popes. § 1. The Pope rises above all Kings, whereas by right he ought to submit to them. pag. 57 § 2. That the Pope rises above all Churches, taking unjustly to himself the Primacy and the Title of Universal Bishop; and that it is a Blasphemy and an Apostasy in Christendom to take upon him such a Title. pag. 62. § 3. That the Ambition of the Pope's extends itself as far as Impiety. pag. 69. 1. That the Pope takes to himself as great an Authority as that of God Almighty. pag. 70. 2. That the Pope takes to himself the same Titles which we have used to give but unto God, and unto Jesus Christ our Saviour the true Son of God. pag. 72. Section II. The Covetousness of the Popes. pag. 76. Conclusion of the Second Part. That the Roman Church being grounded only upon the Principles which I have rehearsed, is fallen into Corruption and Error. § 1. An horrid Corruption in its manners. pag. 80. § 2. Some extremely gross Errors in its Doctrine. pag. 84. General Conclusion. That I was engaged to go out of the Church of Rome, after that God Almighty had made me know its Errors, by the degrees which I have rehearsed in the two parts of this Discourse. pag. 88 § 1. The occasion of a Sermon which I Preached about the Sacrament, called again in my mind all the Notions I had of the Errors of Rome. pag. 91. § 2. The difficulties that I suffered, and the Oppositions which I had to overcome. p. 94. § 2. The Reasons which I thought upon in my mind, to defer my Conversion. p. 96. § 4. God through his Mercies makes me understand how great a Sin it is to witstand the Holy Ghost, and so made an end of my Conversion, bringing me to forsake generously the Communion of Rome. p. 101. MEMOIRES. Mementote Mirabilium Ejus quae fecit, Prodigia Ejus et Judicia oris Ejus. PSAL. 104. Vers. 5. Cantabiles mihi erant Justificationes tuae in loco Peregrinationis meae. Psal. 119. Vers. 54. MEMOIRES. INTRODUCTION. § 1. Les Raisons qui m'ont engagé d'écrire ces Memoires. JE me Considere comme un pecheur public puisque j'ay fait profession dans l'Eglise Romaine d'une Doctrine contraire à l'Evangile, Je regarde la vie que j'ay passé dans cette Eglise comme une Apostasie formelle de la foy, et Je regarde toutes les Erreurs que J'y ay enseignées, comme des heresies Scandaleuses; mais apres m'estre regardé comme un homme qui vivoit dans une heresie Scandaleuse, Je me regarde aussi comme un homme qui ay fait Abjuration de cette heresie; apres m'estre regardé comme une personne que mes peres avoient engagé comme naturellement à estre Apostat de l'Evangile, Je me regarde comme releué de cette Apostasie par la profession que J' ay faite depuis deux Ans dela pureté de l'Evangile, Et enfin apres m' estre consideré comme un pecheur public engagé par ma profession à seduire les peuples et à obscurcir les veritéz de l'Evangile, en seduisant ceux que J'estois obligé d'inftruire, Je me regarde comme un Penitent, qui, apres avoir demeuré deux années dans le premier degré dela Penitence, dans le rang des Ecoutans (comme il estoit ordonné dans les Canons dela primitive Eglise) vient se presenter aux Evesques, leur demande la permission d'estre receu dans l'Eglise et de monter, par les degrés que demandent ces mesmes Canons, à l'estat de Lamiere et de Foy qu'il pouvoit pretendre par son Baptesme et duquel il s'estoit eloigné par ses Erreurs. Et Comme je considere Messeigneurs les Eveques comme mes Superieurs naturelles et comme autant de Juges, qui me sont assignés pour me declarer les ordres de Dieu: Je me sens obligé de leur rendre comte de ma conduitte et de leur declarer sincerement les Moyens dont Dieu s'est servy pour m' attirer à la lumiere de son Evangile. Voila la premiere Raison qui m'oblige d'écrire. Une autre Raison c'est que je me considere comme un homme sorty d'une grande Captivité et deliuré d'une obscure Prison. Quand Dieu eut deliuré St. Pierre dela Prison par le moyen d'un Ange qu'il luy envoya; l'Ecriture me fait comprendre, que les Fidelles s' assembloient autour de luy, et qu'il leur racontoit les moyens merveilleux dont Dieu s' estoit servy pour le delivrer dela Captivité: Je ne doute pas que les Ames Sainctes Zelées de l'honneur de Dieu, dela pureté de l'Evangile et du salut des Ames, si tost qu'elles entendent dire, qu'il a pleu à Dieu de delivrer un de leur Freres dela Captivité du Demon, ét dela Prison du Pape, ne s' assemblent aussi tost autour de luy, pour luy demander les Moyens dont Dieu s'est servy pour le retirer d'une si horrible Captivité. Ah! dites nous un peu, disent ces Ames Saintement curieuses, quels ont esté les Motifs de votre Conversion? N'avés vous pas eu bien dela peine à vous separer de tous vos Amis? à quitter toutes vos Connoissances pour venir viure dans un Pays Estranger? Je m'Imigine que les Peuples qui vivent sous la Domination du Pape sont dans une ignorance espouvantable des choses necessaires au salut; ah! s'il plaisoit à sa divine Majesté de les eclairer de ses lumieres! Je ne doute point que les Personnes sçavantes et tous les Prestres qui ont la liberté de lire l'Escriture Sainte, ne connoissent parfaitement qu'ils sont dans l'Erreur; ah! s'il plaisoit à Dieu de les toucher du Zele de leur Salut et de les Convertir, comme il vous a Converty. Ah! que vous aués de graces à rendre àDieu, de ce quil vous a retiré dela Tyrannie dans la quelle vous esties né. Mais enfin nous serions bien aise de sçavoir les particularités de uôtre Conversion. Et c'est pour vous les raconter que j'entreprens ce discours, afin de vous engager de joindre vos Actions de graces aux miennes pour Le remercier, pour Le loiier, pour Le glorifier, en admirant les Torrents de Grace qu'il repand et les Miracles qu'il opere dans les Ames de ceux qu'il veut sauver. § 2. Que la Conversion d'un homme qui a vescu dans les erreurs de l'Eglise Romaine, est un tres grand Miracle. LEs Chaines de St. Pieree se briser d'elles mesmes, des Avengles qui recovurent la viie, des Malades qui sont gueris, des Morts qui resuscitent, ce sont de grands Miracles, et des coups surprenants dela Main Toutepuissante de Dieu, mais les Changements divins que la Grace opere dans une Ame qu' elle convertit, sont encor des Miracles bien plus Surprenants et des Coups bien plus dignes de la Grandeur dela Majesté de Dieu. Un homme, que la Main de Dieu a touché pour operer le Miracle de sa Conversion, ne se connoist plus luy mesme, tant cette Alteration est considerable: il sent que son esprit est pleinement persuadé de certaines Verités que Dieu a revelées, les quelles ne luy paroissoient autrefois que des Mensonges, et il se voit plainement détrompé d'une infinitè de Mensonges qu'il adoroit comme des Verités. Vous apprehenderiez peutestre que les Prejugés qu'on luy a mis dans l'esprit dés son Enfance en faveur de l'Erreur, ne fussent comme de petits Tyrants et de Jeunes Demons qui le tourmentent, qui l'inquietent, qui le troublent, qui l'embarrassent et qui forment un Nillage dans son esprit, qui luy derobe quelques rayons de la Verité? Vous vous trompez: la Grace luy a donné des forces pour resister à ces Attaques. Il joüit de la lumiere, auec une Paix, une Joye et une Tranquilité qu'on ne peut exprimer, et comme les premiers rayons de l'Aurore, qui succedent à la Nuit, se font sentir à toute la Nature avec plus de douceur et d'agreement que la lumiere du millieu du Jour; de mesme J'ose dire qu'il arrive quelque fois la même chose dans l'estat de la Grace, et qu' une Ame nouvellement éclairée, goûte quelque fois la lumiere de la Parole de Dieu, avec plus de plaisir et de douceur, que ne font ceux qui ont passé toute leur vie dans les grands Jours de l'Evangile. Qu' un homme vive dans une tranquilitè de Conscience semblable à celle des Saints dans le Ciel, qu'il trouve du plaisir et de la douceur à se laisser persuader à des Verités, qu'il regardoit autre fois comme des Heresies, et pour les quelles il n'avoit que de l'horreur: c'est un coup prodigieux de la Main de Dieu, et une marque infaillible que la Grace opere bien puissament dans un Ame. Un Chrestien, qui s' est abandonné à toutes ses Passions, qui s'est plongé dans toutes sortes de Vices et de DEbauches, et qui a transgresse tous les Commandements de Dieu, quand la Grace le touche et le convetit, c'est un grand Miracle, c'est un Prodige de la Main de Dieu; mais apres tout, cet homme qui s' abbandonne à toutes sortes de Vices, n'a jamais conceu de l'horreur pour ceux qui embrassent la Vertu: il a consideré la Vertu comme une chose difficile, mais non pas comme une chose abominable, et dans le temps qu'il transgressoit formellement les commandements de Dieu, il n'a pas crû que ce fut un grand Peché que de les observer, il n'a point regardé comme des Monstres et comme de Enragez, ceux qui les observoient, il ne les a pas regardé avec abomination, comme des gens qui ne meritent quc la Malediction de Dieu et des Hommes et qu'il falloit exterminer du Monde per le fer et par le feu. Mais un homme qui a vescu dans les Erreurs de Rome, avant que Dieu l'eut eclairé de sa Grace, il envisageoit l'Eglise Reformée comme une Eglise pleine d'abomination; il ne parloit janais de ceux qui font Profession d'estre de cette Eglise, qu'avec mille Imprecations et mille Maledictions, il ne lisoit jamais une proposition de leur Doctrine, qu'il n'y adjoûta tout aussi tost un Anatheme; il eut mieux aimé la conversation d'un Diable, que celle d'un Protestant; Enfin, tout ce qu'il pouvoit amasser d'Injures, d'Imprecations, de Maledictions, d'Invectives et d'Anathemes, c'estoit pour les vomir contre ceux qui font Prfession de la Pureté de l'Evangile. Quand apres toutes ces Repugnances et tous ces Eloignements, qui sembloient faire un obstacle à la Verité, on voit un homme s' addoucir, ovurir les yeux à la Grace, changer ses Mouvements, ses Impressions, ses Lumieres, et tout son Esprit, n'est-ce pas un Prodige de la Grace? n' ay ie pas raison de dire que ce Miracle, est non seulement plus grand et plus admirable, que celuy de rendre la viie aux Aveugles et de resussiter les Morts, mais encor, que c'est un miracle plus grand que celuy qui se fait dans la Conversion des plus grands Pecheurs? § 3. De quelle Mainere et par quels Degrés l'Esprit de Dieu m'a fait connoistre mes Erreurs. LE Seigneur nôtre Dieu ne fait pas toujours paroistre tout d'un coup les Effects de sa Puissance, aussi n'opere-t-il pas toujours d'une même maniere, dans toutes les Conversions. Il parle quelque fois d'une Voix de tonnerre, qui abât et qui esbloiiit une Ame, en même temps qu'il la convertit: Et c'est de cette maniere qu'il se fit intendre à St. Paul, quand, en un moment, du plus grand Persecuteur de son Evangile, il enfit son Apôtre. D'autre fois il commance son Ouurage de plus loing, il prepare l'Esprit de celuy qu'il veut convertir, il le previent, et le met dans l'estat qu'il juge à propos pour le disposer à sa Conversion; et c'est de cette maniere qu'il convertit l'Enûque de la Rhine Candace; il ne le renverse pas de son carosse pour le convertir tout d'un coup, comme il fit depuis dans la conversion de St. Paul, mais il le dispose par la Lecture des Saintes Escritures, à recevoir la Lumiere de l'Evangile. Et c'est de cette maniere, qu'il a plû à Dieu de me retirer des Errcurs de Rome, et de m'attirer, par la Grandeur de ses Misericordes, à faire icy librement Profession de la Pureté de sa Sainte Parole. C'est ceque je pretens raporter dans ce discours. Dans la Premiere Partie, je declareray, comment j'ay compris que la Doctrine de l'Eglise Romaine d'apresent, n'est fondée, ny sur le Temoignage de l'Escriture Sainte, ny sur la Creance de la Primitive Eglise, ny sur l'Anthorité des Saints Peres. Et dans la Seconde Partie: Je feray voir, comment j'ay connû, que l'Eglise de Rome n'est pas la veritable Eglise, que son Authorité n'est pas infaillible et qu'elle est toute remplie d'Erreurs et de Corruptions. PREMIERE PARTIE. La Doctrine de l'Eglise Romaine n'est point fondée, ny sur les Escritures, ny sur la Creance de la Primitive Eglise, ny sur l'Authorité des Saints Peres. CHAP. I. Comment j'ay compris, que la Doctrine de l'Eglise Romaine, n'est point fondée sur l'Ecriture. §. 1. La Lecture de l'Escriture Sainte me disposa à reconnoistre les Erreurs de Rome. COmme J'estois dans les Ordres Ecclesiastiques de l'Eglise de Rome, Je me croyois engagé, comme tous les autres Ecclesiastiques, à reciter tous les jours le Pseaume 119. Je lisois tous les Jours ce Pseaume, Ch. 1. §. 1. avec le plus d'attention, qu'il m'estoit possible; l'obligation de le reciter si souvent, ne me faisoit point de peine, et quoyque je m'ennüiasse de reciter, ou d'entendre reciter je ne sçay combien d'Histoires fabuleuses, que l'on trouve dans le Breviaire, je ne sçay combien d'Applications de l'Escriture à contre sens, et je ne sçay combien d'Oremus et de Litanies, où l'on s'addresse aux Saints les uns apres les autres, pour obtenir d'eux ceque l'on ne doit esperer que de Dieu seul; je ne m'ennüiois jamais d'entendre lire l'Escriture Sainte toute pure, principalement ce Pseaume 119. pour lequel j'avois un Attrait tout particulier: Je me transportois dans l'Eglise avec joye, J'ouvrois mon Breviaire avec plaisir, pour reciter ce Pseaume, et j'y decovurois tous les jours quelques nouvelles Lumieres, qui m'engageoient à concevoir de l'estime pour la Parole de Dieu. C'est dans ce Pseaume, que J'apprenois, que la Parole de Dieu est un excellent Remede, pour guerir toutes les Maladies de nos Ames, en les retirant de leurs Debauches; et que c'est un admirable Preservatif, pour les empecher de retomber dans le Peché: C'est là que J'apprenois, qu'une marque infaillible, pour Connoistre si un homme craint Dieu, c'est de Sçavoir s'il est bien aise de voir et de frequenter ceux, qui mettent toute leur esperance en sa Sainte Parole: C'est là que J'apprenois, que le moyen de devenir plus sage que nos Ennemis, plus eclairez que ceux qui nous ont enseigné, et plus prudents que nos Peres: C'est d'aimer les Saintes Escritures et d'en faire, tout le Jour entier, nôtre principale Estude: C'est là que J'apprenois, que la Parole de Dieu est un Saint Contract, tout plein de Promesses obligeantes, que le Seigneur a fait aux hommes, de les Fortifier dans leurs Afflictions, de les Consoler dans leur Tristesse, de les Remplir de ses Aymables Misericordes, de les Sauver, de les Traitter avee douceur, de prendre leur Protection, et de les Delivrer de leurs Ennemis. C'est là que J'apprenois, que les Saints doivent plus faire d'estat de la Parole de Dieu, que de tout cequ'il y a d'Or et d'Argent dans le monde; Qu'ils en font le sujet de leur Meditations continnelles; Que cequi irrite davantage leur Zele; C'est de voir que leurs Ennemis, qui ne sont autres que les Ennemis de Dieu, oublient sa Sainte Parole, La banissent de leur coeur et n'en font point d'estat: c'est là que J'apprenois, qu'il n'y a rien de plus doux et de plus agreable, que la Parole de Diue; Que l'Escriture est une Lampe, pour nous conduire, une Lumiere pour nous eclairer; Que la simple Declaration de la Parole de DIEU est suffisante, pour Illuminer une Ame, et pour donner de l'entendement aux plus Ignorants; Que la Parole de Dieu est Pure, qu'elle est Veritable, et que sa durée, c'est la durée de l'Eternité. Ces Saintes Pensées d'un Prophete animé du Saint Esprit, se venioent tous les jours presenter à mes yeux, avec de nouveaux Attraits, et me firent concevoir une si haute estime de la Parole de Dieu, que Je pris resolution de faire de l'Escriture Sainte, mon estude particuliere: Je lûs d'abord plusieurs fois la Veersion de l'Escriture Sainte que l'on appelle la Vulgate, qui est celle que l'on lit ordinairement dans l'Eglise de Rome; ensuite ayant obtenu la Permission de lire la Bible en Langue Vulgaire, (comme je scavois que nôtre Langue Naturelle imprime tonjours, dans nos Esprits, des Notions plus pures et plus vives,) je lûs la Version de la Bible faite par les Docteurs de Louvain: et parceque J'entendois dire tous jes jours, à ceux avec qui je conversois, que la Bible estoit un Livre Obscur, dont la plûpart des Versions avoient esté corrompües par les Heretiques, je lûs le Nouveau Testament, dans la Langue, dans laquelle tout le monde tombe d'accord, qu'il a esté premierement escrit, et pour l'Ancient Testament, je conferay presque tous les Passages (que l'on dit avoir esté corrompües par ceux de l'Eglise Reformée) avec la Version des Septante qui me paroissoit hors de soupçon d'avoir esté corrompüe, puisqu'elle fut faite environ 272 ans avant la venüe de Jesus Christ. Mon Dieu! que les Moyens, dont vous vous servez pour operer des Miracles, sont admirables! qui m'auroit dit en ce temps-la: ha! Vous estes dans l'Erreur, et toute cette estude de l'Escriture Sainte, à la quelle la Providence permet que vous vous appliquiez avec tant d'Assiduité, sont les Operations miraculeuses du Doit de Dieu, qui commance de vous disposer à uôtre Conversion: helas on m'auroit bien surpris; cepandant il n'est rien de plus uray, que tout cela servoit à ma Conveersion; car enfin si Dieu m'avoit laissé dans une entiere Ignorance des Langues propres à l'Escriture Sainte, J'aurois eu quelque Raison, ou du moins quelque Pretexte de douter, Ch. 1. §. 2. que les Pasages de l'Escriture Sainte, qui sont formellement contraires à la Doctrine de l'Eglise Romaine, ne fussent pas conformes aux Originaux, ou que les Interpretes n'en eussent alteré le sens et la signification; ainsi que le pretendent en bien des passages ceux de l'Eglise Romaine. §. 2. Les Erreurs de l'Eglise Romaine, dont J'estois persuadé, me firent trouver dans les Escritures bien des Difficultés, bien des Insuffisances, et bien des Contradictions. LA Lecture de l'Escriture Sainte me causa bien des Difficultés; ce n'est pas que l'Escriture Sainte soit obscure en elle même; mais c'est que J'avois l'esprit remply des Erreurs de l'Eglise de Rome, et que je voulois trouver ces Erreurs, dans l'Escriture Sainte, dans les Passages, dont les Theologiens ont coûtume de les tirer, ce passage de Saint Matthieu: Tu es Pierre et sur cette pierre je batiray mon Eglise, et les portes de l'Enfer ne pouront rien contre elle, &c. Celuy cy de Saint Luc. J'ay prié pour toy afin que ta Foy ne defaille point. Et cet autre de St. Jean. apis mes Brebis, &c. Si ces paroles ne veulent dire autre chose, sinon ceque tout le monde conçoit, par l'Idée naturelle qu'elles forment, dans l'esprit de tous les hommes, ces paroles sont aisées: Mais si elle veulent dire, que le Pape est le legitime Succeseur de St. Pierre, et le Vicaire de Jesus Christ; qu'il est le souverain Pontife, le Chef, l'Espous et le Fondement de l'Eglise, ainsi que l'appelle Bellarmin; que le Pape peut faire de nouve aux Articles de Foy, comme le soutient Thomas d'Aquin; qu'il est infallible, et qu'il ne peut errer: Ah! si ces paroles veulent dire tout cela, elles sont obscures; on a raison d'avoir de la Difficulté à concevoir ces Consequences, puisqu'elles sont contraires au bon Sens. Ce Passage de St. Paul, Cecy est mon Corps: Si ce Passage signifie la même chose, et doit s'expliquer de la même maniere que cet autre du même Apôtre, dans la même Epître, au Chapitre Suivant: Vous estes le Corps de Christ: Ce Passage n'est pas difficile: Mais si ce Passage veut dire, que toute la substance du Pain dè la Cene, est Transubstantiée en la propre Chair de Jesus Christ et en sa propre Substance, ce Passage est bien difficile, il n'a pas son pareil dans toute l'Escriture Sainte, et s'il falloit donner à tous les Passages de la Sainte Bible, une explication aussi rude que celle que les Romains donnent à ce Passage cy; il faudroit dire, que toute la Substance de Jesus Christ est toute Transubstantiée, en la substance d'une Porte; que Jesus Christ est veritablement et reelement un Angeau; que la Pierre, qui suivoit les Enfants d' Israel au Desert, n'avoit que les Especes d'une Pierre, la Couleur, le Dureté et la Figure d'une Pierre, mais que veritablement et reelement, elle estoit Transubstantiée au Corps, au Sang, en l'Ame et en la Divinité de Jesus Christ, parceque l'Escriture dit que cette Pierre estoit Christ. Et quelle horrible absurditè seroit-ce de tirer de telles consequences? Ah! Il faut âvouer que l'Escriture Sainte est difficile si vous luy donnés ces sortes d'Explications. Outre ces grandes Difficultés que mes Erreurs me faisoient trouver dans l'Escriture Sainte elles me faisoient encor trouver bien des Vuides. Je pensois que ce fut un Article de Foy de croire, que l'Eglise Romaine est la Veritable Eglise, que Jesus Christ a Instituée; et je ne trouvois rien de cela dans l'Escriture, ny rien d'approchant. Je sçavois que c'est un Article de Foy dans l'Eglise de Rome, de croire que, c'est une chose Sainte, Pieuse, Agreable à Dieu et Profitable aux hommes, d'Invoquer les Saints, d'avoir de la Veneration, pour leurs Images et pour leurs Reliques: Et je ne trouvois point dans toute l'Escriture aucune Priere, qu'on adresse aux Saints quand ils sont morts; Je ne trouvois point dans aucun endroit de l'Escriture Sainte, que les Premiers Chrestiens eussent des (*) Devant les quelles ils fissent leurs Prieres. Images, des Chasses et des Reliquaires remplis des os des Saints pour les porter en Procession, et les exposer au millieu de leurs Eglises pour les y adorer. Et je disois quelque fois en moy même, en faisant ces reflexions: Ah! si nous avous la même Foy que les Premiers Chrestiens, pourquoy faisons nous ceque les Preminers Chrestiens n'ont point fait? Pourquoy Invoquons nous les Saints? pourquoy adorons nous leurs Images et leurs Reliques? Je ne trouvois point non plus, que l'Escriture Sainte parla en aucune maniere du Purgatoire ou des Indulgences; enfi je me trouvois obligé de croire beaucoup de choses comme Articles de Foy des quelles l'Escriture Sainte ne fait aucune mention; c'est cequi me faisoit croireque la Bible estoit un Livre imparfait, et que tout cequi est necessaire à Salut, n'est pas contenu dans ce liure. mais helas je ne m'apper çevois pas de mon erreur, et de la fausseté de mon Raisonnement; et que (au lieu de conclure que l'Escriture Sainte estoit imparfaite, parce qu'on y trovoit pas tous ces Articles) je devois plûtost conclure et plus raisonnablement, que tous ces Articles n' estoient pas de Foy, puisqu'on ne les trouvoit point dans la Parole de Dieu. Ces premiers Rayons de la Verité, qui se presentoient à non esprit, sous des apparances de Doutes, de Difficultés et de Negations, ne laissoinet pas que d'y faire des Impressions bien puissantes. Je trouvois même souvent dans l'Escriture Sainte des Passages qui paroissoient formels contre cequ'on enseigne dans l'Eglise Romaine. Ce Passage de St. Paul à Timothée: Or l'Esprit dit expressement qu'aux derniers temps quelques uns se separeront de la Foy, s'appliquant à seduire les Esprits, et à enseigner des Doctrines Diaboliques, parlant mensonge en hypocrisie, estant cauterisez en leur propre Conscience, deffendant de se Marier, et commandant de s'abstenir des Viandes, que Dieu a crées, pour estre receües avec Action de graces. Vous diriez que l'Apôtre St. Paul voyoit en Esprit cequi devoit arriver dans l'Eglise de Rome, et qu'il la condamne par avance, cmme enseignant une Doctrine, qui ne peut proceder que de Satan: Qui ne voit que ces paroles de l'Apôtre destruisent entierement la Doctrine des Papes, comme elle se trouve dans le Decret de Gratian, où le Mariage des Ecclesiastiques est appellé une Soüillure et un Sacrilege? Qu'elles detruisent entierement les Commandements de l'Eglise de Rome, dans lesquels il est commandé de s'abstenir de certaines Viandes, sous peine de Peché Mortél? Ces Paroles de St. Paul aux corinthians: Le Pain que nous rompons, n'est-ce pas la Communion du Corps de Christ? Nous sommes tous Participans d'un même Pain, &c. Et Dans le Chapitre suivant: autant de fois que vous mangés de ce Pain, &c. quiconque mangera ce Pain, &c. Qu'un chacun s'examine soy même, et qu'ainsi il mange de ce Pain, Ch. 1. §. 3. &c. tous ces Temoignages du saint Esprit m'estoient une forte tentation, pour me faire croire, que le St. Sacrament est du Pain, qui est rompu: mais enfin l'Erreur venoit au secours, pour m'arracher ce Rayon de Lumiere, qui commançoit à luïre dans mon Ame, et au lieu de reconnoistre, que la Creance de Rome doit se Modifier et se Regler selon la Parole de Dieu, je me persuadois, qu'il falloit Regler ces Passages, les Modifier et les Accommoder à la creance de l'Eglise de Rome. Et ainsi, je me trouvois obligé de regarder tous ces Passages de l'Escriture Sainte comme autant de Contradictions. §. 3. Circonstances qui contribuerent à l'avancement de ma Conversion. DAns cet estat, je me trouvay partagé et combatu, entre la Verité et l'Erreur entre la Parole de Dieu et la Creance de l'Eglise de Rome: Mais helas l'Erreur trouva des Pretextes pour s'obstiner: peutestre, disois-je, la raison pourquoy je trouve tant de Difficultés, tant de Vuides et tant de Contradictions dans la Parole de Dieu, c'est que je n'ay pas lû ceque disent les Theologiens, sur toutes ces Matieres: peut-estre que l'Estude de la Theologie denoüeratoutes ces Difficultés, remplira ces Vuides et accordera toutes ces Contrarietés, que je trouve dans l'Escriture. Ainsi J'estois Semblable à cet Aveugle, à qui Jesus Christ rendit la uüe, dont il est parlé au 8. de St. Marc. cet Aveugle voyoit veritablement, mais il ne pouvoit pourtant pas encor discerner un Homme d'avec un Arbre. la Parole de Dieu m'avoit veritablement rendu la Vüe, mais ce n'estoit qu'une Vüe foible et sujette à bien des Eblouïssements; il falloit du temps, pour m'assurer dans ces Verités de la Parole de Dieu, que je ne faisois à peine que de décovurir; et lever le pretexte d'ignorance de la Theologie, qui estoit un Nüage, dont le Diable vouloit obscurcir la Verité de la Parole de Dieu. C'est pourquoy la Divine Providence, qui prenoit un soin particulier de ma Conduitte, disposa toutes choses pour lever cet obstacle, et pour avancer ma Conversion, elle fit Arriver, (s'il est permis de parler ainsi) une multitude d'Incidents, que le Monde appelle des Hazards, mais que les Saints appellent des Coups tout expres de la Main du Toutpuissant. Premierement, je fus mis à l'Estude dela Theologie quatre Ans avant tous mes compagnons: Que des Flatteurs et des Gens du monde disent sur cela, cequ'il leur plaira; ceux qui jugent saintement des choses, conçoivent bien quel estoit, par là, le Dessein de la Providence: C'estoit de lever au plûtôt ce pretexte specieux de l'Ignorance de la Theologie, dont l'Erreur vouloit offusquer la Verité. Secondement, la Providence permit que je tombasse sous la direction d'un Habile Homme, Sçavant dans la Theologie tant Scolastique que Positive, Habile dans le Droit Canon, c'est à dire, dans les Decrets des Peres, des Conciles, et des Papes, enfin un Homme consommé dans l'Estude de la Controverse, dans l'Histoire Ecclesiastique et dans toutes les Sçiences, qui peuvent contribuer à former un parfait Theologien. Mais Elle permit aussi qu'il se rencontrast, dans ce Sçavant homme, la Candeur et la Sincerité d'un petit enfant, qui furent cause que, quelques, années apres, (quand il eut connu la Verité de la Parole de Dieu et les Erreurs de l'Eglise de Rome: Comme il ne sçavoit point deguiser) il publia partout les Verités, dont il estoit esclairé; il ne pût pas s'empecher de dire, que les Indulgences, le Purgatoire, l'Obligation de croire les Articles de Foy du Pape, et de garder ses Commandements, sous peine de Peché Mortel, estoient des Finesses que des Papes avoient inventées, pour avoir de l'argent: Il ne pût pas s'empecher de dire à tout le Monde, les Cabales, les Intrigues et les Abus dela pluspart de ces derniers Concils, que l'on fait passer dans l'Eglise Romaine pour Oecumeniques et pour Generaux; il soûtint genereusement les Verités de l'Evangile, toutes le● Verités, dont nous faisons Professions dan● l'Eglise d'Angletterre, et s'attirapar là toute● les Persecutions, qu'on luy a fait souffrir, a● millieu desquelles il est mort Martyr, pou● la cause de Jesus Christ. Ah! S'il avoit esté dans ces premie●temps aussi éclairé, qu'il le fut dans 〈◊〉 suitte, il m'auroit epargné bien des Emba●ras et bien des Difficultés; il m'auroit, sa●● doute, deliuré de la Suspension d'esprit, 〈◊〉 me reduisoit la Subtilité de ses Reponses, 〈◊〉 la Profondeur de ses Resolutions; mais h●las! dans ce temps là, Dieu ne faisoit qu● commancer sa Conversion, aussi bien que 〈◊〉 mienne; et nous éclairoit tous deux par degrés, pourtant avec ces deux differences● La premiere que la Providence le destino●● à souffrir toutes sortes de Persecutions, à e● faire un Témoin de sa Parole, un Martyr d● son Evangile; Et qu'elle ne m'a pas enco● jugé digne de cet honneur. La Seconde, que cette même Providence le vouloit mettre au nombre de ces grands Saints, Ch. 1. §. 4. dont parle Saint Paul, que le Monde afflige et persecute, et dont le Monde n'est pas digne; et c'est pour cela que Dieu a, de bonne heure, ravy cette Ame innocente, au commancement de la vigueur de son âge; depeur (comme parle le Sage) que la Malice du Monde ne pervertit son Entendement; Au lieu que la justice Divine ne m'a regardé, que comme un grand Criminel, et me laisse dans le monde, pour pleurer mes Pechez. §. 4. Conclusion de ce Chapitre: Que les Articles de Foy de l'Eglise Romaine, ne se peuvent prouver par l'Escriture. CE fut sous la conduitte de ce Sçavant Homme et de ce Saint Personnage, que je commançay de m'appliquer à l'Estude de la Theologie; je lûs tout ceque disent les Autheurs sur ces Matieres, et principalement, et avec plus d'exactitude, sur les Matieres que l'on appelle de Controverse, qui sont presque tous les Articles, que l'Eglise de Rome a reçeu de la main, ou de l'Interest, ou de l'Ambition, sans aucun fondement dans l'Ecriture Sainte. Je me formois sur ces Matieres, une multitude de Difficultés; et je venois les proposer à mon Maistre; voicy, me dispoit-il, ceque repond Bellarmin, voil● l'Explication du Cardinal du Perron, voilà ceque dit St. Bonaventure, St. Thomas, Scot, Suarez, Valentia, Boivin● Herinex et les autres; mais, quand j●luy demandois: Je vous prie, franchement qu'elle est uôtre pensee? il me répondoit presque dans toutes les Questions: à vous dir● le Vray, je ne trouve point la Doctrine d● Purgatoire, des Indulgences, de la Veneration des Images, et des Reliques, 〈◊〉 Doctrine de la Transubstantiation, &c. je 〈◊〉 trouve point tout cela bien clairement dan● l'Escriture Sainte; je ne voy pas non plus que cela se puisse tirer bien directement des Passages de l'Escriture, que les Theologiens alleguent, pour prouver ces Articles; et je ne vous les donne, que pou● vous en servir contre ceux qui veulent, qu● sur chaque sujet, on leur apporte, bien o●mal à propos, quelque passage de 〈◊〉 bible; pour avoir Pretexte de dire, que l'Escriture parle de ces Matieres, et pour satisfaire les Heretiques: Mais pour parler Clairement et en bonne Consequence, J'advoüe sincerement, que ce n'est point l'Escriture Sainte, qui m'oblige de croire, et qui me persuade de tous ces Articles; mais que la Vraye et la Seule Raison, pourquoy je les soûtiens, c'est parceque l'Eglise les enseigne. Voilà, disois je en moy mesme, bien des Difficultés retranchées tout d'un coup: il est bien plus juste et plus raisonnable d'agir dela maniere, que non pas de s'aller allambiquer la cervelle, à vouloir trouver à force de faux Raisonnements, dans des Passages de l'Escriture Sainte, ceque le Saint Esprit n'a jamais eu intention d'y enseigner: reconnoissons donc franchement, que tous ces Articles, que l'on tient de Foy dans l'Eglise Romaine, ne sont point dans l'Escriture, et qu'ils ne sont fondez, que sur l'Authorité de l'Eglise de Rome: Apres cela au moins, toutes ces Difficultés seront fort aisées à resoudre; il n'y aura quà sçavoir, si je suis obligé de croire, comme Articles de Foy, ceque l'Eglise Romaine enseigne sans fondement dans l'Escriture, ou si je n'y suis point obligé. C'est là le point, où j'en estois reduit, et. où il me sembloit que raisonnablement, toute la Theologie des Papists se devoit reduire: J'avois beau consulter les autres Professeurs de Theologie, et conferer avec ceux de mes Amis, qui estoient les uns Bacheliers, les autres Licentiés en Theologie et les autres Docteurs de Sorbonne, et Curez des principales Paroisses de Paris; ils ne disoient que du Galimatias et du Latin, contraire au bon Sens et à la Raison, quand ils vouloient fonder les Opinions de l'Eglise Romaine, sur des Passages de l'Escriture Sainte; et ils ne parloient raisonablement, que quand enfin, ils se reduisoient, comme à un Principe, au Jugement Infaillible, Deffinitif et sans Ressort, que l'Eglise Romaine donne sur ces sortes de Matieres. CHAP. II. Chap. 2. Comment je connûs, que les Articles de Foy de l'Eglise Romaine, ne sont point fondez sur la Creance de la Primitive Eglise, ny sur l'Anthorité des Saints Peres. INTRODUCTION. La lecture des Liures de la Perpetuité de la Foy, sur le sujet de l'Eucharistie, fut cequi me donna occasion d'examiner en particulier la Creance de l'Eglise Romaine, sur cette Matiere. LEs Affaires de ma Conversion estant disposees de la maniere que j●ay rapportée, dans le Chapitre precedent; la Providence qui veilloit, pour ainsi dire, à mon salut fit naître une occasion, qui contribüa beaucoup à m'obliger de reduire toutes mes Difficultez, à la Question de l'Authorité de l'Eglise de Rome: cequi m'obligea dans la suitte, apres avoir reconnu que cette Authorité estoit fausse, de reconnoiste aussi, que la Doctrine de Rome, (qui n'est fondée, que sur cette Pretendüe Authorité) estoit mal fondée, puisqu'elle ne l'estoit, que sur le Mensonge. C'estoit dans le temps, que la Dispute de la Perpetuité de la Foy, sur le sujet de l'Eucharistie, faisoit le plus de bruit, dans le Monde, parmy les Sçavants: Je lûs, avec le plus d'application qu'il me fut possible, les Liures et les Repliques, tant de Monsieur Claude, que de Monsieur Arnauld: le Triomphe de l'Eucharistie de Monsieur Pavillon; le Livre du Pere Noüet; et le Livre du Temoignage des Sens, dans l'Eucharistie. Je ne pretens point icy me faire l'Arbitre de ces Grands Personnages, qui passent, sans contredit, pour estre des plus Sçavants Hommes de France; comme je ne fais que raconter l'Histoire de ma Conversion, je ne fais aussi que rapporter quel effect la lecture de ces Liures fit dans mon Esprit; et je ne suis pas assez injuste, pour vouloir empecher le reste du Monde, de porter sur les Escrits de ces Grands Hommes, le jugement qu'il leur plaira. La lecture de ces Liures me donna bien des Lumieres, sur la Matiere du Saint Sacrement dela Cene. Je considerois l'Argument de la Perpetuité, comme un Argument, qui, ne pouvant estre de Metaphisique, devoit se resoudre à la fin, à une multitude de Convenances, dont on ne pouroit jamais rien conclure Necessairement: Quand même on supposeroit veritable, avec Monsieur Arnauld, le Principe sur lequel il est fondé; à sçavoir, la Creance de toutes les Eglises Chrestiennes, sur le point de la Re alité. Toutes les Eglises Chrestiennes, (dit Monsieur Arnauld) croyent la Presence Reéle: donc c'estoit la Creance de la Primitive Eglise; parceque, dans une Matiere de si grande Consequence, il est impossible qu'il se soit fait un Changement de Doctrine. Cet Argument trouvoit, je ne sçay quelle Repugnance, à entrer dans mon Esprit; car, quoyque j'en supposasse la premiere Proposition veritable (que depuis, par la lecture des Histoires et des Relations des Pays Estrangers, j'ay reconnu estre fausse) Je ne pouvois consentir à la Consequence, parceque la Preuve ne me paroissoit pas veritable; et, quelque effort de Rhetorique que fit Monsieur Arnaud, pour expliquer et pour appüyer sa Preuve, je conçevois pourtant toûjours, qu'il estoit fort possible, qu'il se fût fait un Changement, sur la Doctrine de l'Eucharistie, aussi bien que sur d'autres Articles, où tout le Monde tombe d'accord qu'il s'est fait de grands Changements. Au contraire, la Réponse du Ministre Claude me paroissoit tres raisonnable: Ce Changement s'est fait, dit il, donc il n'est pas impossible: Et sa Preuve l'on croit dans l'Eglise Romaine la Presence Reéle; or o● ne la croyoit point dans la Primitive Eglise● donc il s'est fait un Changement. Et e● suitte il prouve dans son Livre, par le● Authoritez de ceux, qui vivoient de 〈◊〉 temps là, que veritablement dans la Primitive Eglise on ne croyoit point la Presence Reéle de Jesus Christ au Sacrement● Cet Argument me paroissoit bien Naturel● Sincere et Veritable; les Preuves m'e● paroissoint Faciles et bien Fondées; a● lieu que celuy de Mr. Arnauld me paroissoit rude, difficile et ambarrassé, ses Preves ne me sembloient fondées que sur des Suppositions en l'air, et ne pouvoient se reduire à la fin qu'à des Convenances, qui ne prouvent rien Necessairement. Toutes ces Raisons me firent porter judgement en faveur de Monsieur Claude, contre l'Argument de Mr. Arnauld. Mais, quoyque je fusse persuadé que son Argument ne fust pas bon, je ne voulois pourtant pas avoüer, que la Cause qu'il soûtenoit ne fût pas la Verité. Il se peut faire, disois je, que Mr. Arnauld se soit un peu trop avancé, sur une Preuve fausse, et qu'il s'est, apres cela, trovué engagé d'honneur à la soûtenir; mais enfin Mr. Arnauld n'est qu'un particulier; l'Eglise Romaine pouroit desavoüer son Argument, et ne pas prendre son Party; ainsi, les Raisons de Mr. Arnauld estant fausses, il ne s'en suit pas que la Creance de son Eglise soit fausse, puisqu'elle peut avoir d'autres Preuves et d'autres Raisons; cela fu● cause que je pris la Resolution d'examiner la Question de l'Eucharistie, pour mon Eclaircissement propre. Et voicy à pe● prés la Methode que j'y observay. Division des Erreurs de l'Eglise de Rome, touchant l'Eucharistie. JE supposé d'abord, comme un Principe, que je passois sans examiner, que la Primitive Eglise devoit estre nôtre Regle, puisque cette Eglise, plus proche des Apôtres de Jesus Christ, avoit l'avantage de puiser les Veritez, dans leurs propres sources. Cela supposé, je divisois tout ceque l'on peut dire de l'Eucharistie, en deux Parties. La premiere, la Creance de ce Mystere; la seconde, la Forme de l'Administrer. Puis donc, disois-je, que la Creance du Concile de Trente sur l'Eucharistie, ne se trouve point dans l'Escriture sainte, puisque la Forme d'Administrer le Sacrement, dans l'Eglise Romaine, est si diferente de celle, qui est rapportée par St. Paul, et par les Evangelistes; Il faut examiner, si la Creance de l'Eglise Romaine, n'auroit point esté la Creance de la Primitive Eglise, et si la Messe, qui est la Forme d'Administrer le Sacrement, n'auroit point esté instituée par les Premiers christians. Cette Maniere de proceder me paroissoit assez juste; et comme la Creance de l'Eglise Romaine, sur l'Eucharistie se divise en trois Chefs. Premierement elle croit la Presence Reéle et la Transubstantiation. Secondement, elle croit que la Messe est un Sacrifice Propitiatoire pour les Vivants et pour les Morts. Troisiemement elle croit que la Messe, telle qu'elle se trouve presentement dans le Messel, est l'ancienne Forme d'Administrer l'Eucharistie. J'examinay toutes ces Questions, Ch. 2. §. 1. et je trouvay. 1. Que la Creance de Rome, touchant la Reéle Presence et la Transubstantiation, est une Doctrine Nouvelle dans l'Eglise. 2. Que la Creance du Sacrifice de la Messe, est contraire à la Creance des Premiers christians. 3. Que la Forme de Celebrer l'Eucharistie, est tout à fait differente et bien opposée à celle, dont on se servoit dans les Premiers Siecles de l'Eglise. D'où je conclûs, que les Articles de Foy de l'Eglise de Rome, ne sont point fondés sur la Creance de la Primitive Eglise. SECT. I. La Creance de Rome, touchant la Presence Reéle, et la Transubstantiation, est une Doctrine nouvelle dans l'Eglise. I. Premiere Preuve tirée des Arguments, dont les Peres de l'Eglise se sont servis, en disputant contre les Idolatres. PLusieurs raisons me persuaderent que, dans la Primitive Eglise, on ne croyoit, ny la Presence Reéle, ny la Transubstantiation, comme on la croit dans l'Eglise de Rome. La premiere Raison, et celle qui me persuadoit davantage, c'estoit les Arguments, dont se servoient les Premiers Chrestiens, pour disputer contre les Idolatres, et leur prouver que leurs Idoles n'estoient pas des Dieux: Vos Idoles ne sont point des Divinités, leur disoient ces Peres, si elles tombent à terre, elles ne sçauroient se relever d'elles mêmes; vos Dieux ont pour cela, besoin de l'assistance des Hommes; elles ne sçauroient ovurir les yeux, ny se remüer de la place, où on les met, ny donner le moindre signe de respiration; on les voit sujetes à la roüille, aux vers et à la pouriture; les souris viennent les ronger, et faire leurs nids dans ces Idoles mesme; enfin il faut fermer, avec de bonnes clefs, les. Portes de vos Temples, de peur que les Voleurs ne viennent les derober. Y-a-t-il de l'apparance que des Gens, qui parloient de la sorte, crûssent que le Corps, l'Ame et la Divinité de Jesus Christ, fussent presents reélement au St. Sacrement? N'auroient ils pas eu sujet d'apprehender, que les Payens, qui estoient des Gens éclairez, ne se servissent contre eux, du même Argument? et qu'ils ne leur dîssent; uôtre Sacrement, n'est point un Dieu non plus, et vous ne deués point l'Adorer, car il est suiet aux mêmes defauts et aux mêmes accidents que le sont nos Idoles. Un Theologien de l'Eglise Romaine, auroit il la hardiesse de se servir, contre les Idolatres, des mêmes raisons, dont se servoient ces Premiers christians? le Peuple de Paris, qui disoit il-y-a 5 ou 6 ans: On a volé anjourd'huy le Bon Dieu, à l'Eglise de St. Sculpice, à la Paroisse de Boulogne, et à je ne sçay combien d'autres Eglises; ce Peuple pouroit-il dire, avec justice, qu'une Raison, pourquoy les Idoles des Payens ne sont point des Dieux, c'est parcequ'elles, ne peuvent se deffendre contre les Voleurs, qui viennent les enlever? Ceux, qui ont composé les Rubriques du Messel, où ils enseignent ce qu'il faut faire, en cas que l'Hostie tombe à terre, ou que, cequi est dans le Calais, vienne à se répandre, voudroient-ils bien dire, que la Raison pourquoy les Idoles des Payens ne sont point des Dieux, c'est que, quand elles tombent, elles ne peuvent se relever d'elles mêmes? Thomas d'Aquin et les autres Theologiens de l'Eglise Romaine; qui supposent, que l'Hostie peut se moisir, et qu'il peut s'y engendrer des vers, oseroient-ils dire, comme faisoient les Premiers Chrestiens, que la Raison, pourquoy on ne doit pas Adorer les Idoles, c'est parce qu'elles sont sujettes aux vers, à la roüille et à la pouriture? Un homme de l'Eglise Romaine, qui sçait que le Pape Victorinus 3. fut empoisonné, en prenant cequi estoit dans le Calais; que l'Empereur Henry 7. fut empoisonné, avec une Hostie consacrée: Et que Henry Archevéque d'Yorck fut traitté de la même maniere, en prenant le Sacrement, comme le rapporte Mathias Paris, en l'année, 1154. Un homme, dis-je, qui sçait toutes ces Histoires, oseroit-il dire, que la Raison pourquoy les Idoles des Payens n'estoient pas des Dieux, c'est parcequ'on en a uû tomber par terre, se briser en pieces, écraser ceux, qui se rencontroient là autour? Les paroles sont les expressions de nos Pensées et de nos Sentiments; si l'Eglise Romaine a sur le Sacrement de l'Eucharistie la même Creance et les mêmes Sentiments, qu'avoient les Premiers Chrestiens, pourquoy n'oseroit-elle avancer, ceque soûtenoient les Premiers christians? et, si les Premiers Chrestiens avoient la même Foy que l'Eglise de Rome, pourquoy soûtenoientils des Propositions, que l'Eglise de Rome n'oseroit avancer? Il est aisé de voir, que ce premier Argument fait un grand Préjugé, contre la Creance de l'Eglise Romaine: Aussy fit-il un puissant Effet sur mon esprit. Et, comme il me paroissoit fort, je le proposay à des Thêses Publiques de Theologie, que l'on soûtenoit à Paris. D'abord le Professeur me nia, que pas un des Peres se fût jamais servy de cet Argument. Mais, comme je n'estois pas bien aise de souffrir un Dementy, en si bonne Compagnie, j'envoyay querir Arnobe, et je lûs des Passages un assez grand nombre, pour soûtenir ceque j'avois avancé, et pour lors, le Professeur, qui estoit aussi habile à donner des Distinctions et des Disparités mal à propos, qu'il estoit ignorant dans la lecture des Peres, fut longtemps à donner Distinctions sur Distinctions, jusqu'a cequ' enfin, à force de Nier, ou de Distinguer des Propositions plus clair que le jour, il eût reduit la Dispute à quelque Question de Philosophie, pour eviter de répondre à ma Dissiculté; je proposay cet Argument à plusieurs Personnes, je cherchay des Réponses et des Solutions dans les liures des Theologiens; et je ne trouvay nulle part, rien, qui me satisfît sur cette Difficulté. II. Seconde preve tirée des Raisons, dont les Peres se servoient, pour disputer contre les Heretiques. LA seconde Raison, qui me persua doit, que dans la Primitive Eglise on ne croyoit point la Presence Reéle my 〈◊〉 Transubstantiation, c'est l'Argument, don● se servoient les Chrestiens dela Primitio● Eglise, pour prouver aux Heretiques 〈◊〉 leur temps, que Jesus Christ avoit 〈◊〉 veritable Corps, et que ce n'estoit poi●● un Phantôme: Jesus Christ (dit Tertu● lien) du Pain qu'il prit et qu'il distribu● à ses Apôtres, il en fit son Corps, en d●● sant: cecy est mon Corps, c'est à di●● la Figure de mon Corps: Or ce ne s●● roit pas la Figure de son Corps, s●● n'avoit eu un veritable Corps, puisqu'●● ne chose en l'air, telle qu'est un Phan●● tôme, ne pouroit avoir de Figure Irenée, disputant contre les Heretiques qui disoient que JESUS CHRIST n'avoit pas pris la Nature Humaine Si cela est (dit il) le Seigneur ne nous 〈◊〉 point racheté de son sang, le Calic● de l'Eucharistie n'est pas la Communication de son Sang, et le Pain que nous rompons, n'est pas la Communication de son Corps: Car du Sang ne peut provenir que des Veines, de la Chair et du reste de la substance d'un homme. Si ces Peres avoient cru la Presence Reéle et la Transubstantiation, auroient-ils parle de la sorte? N'auroient-ils pas dû dire l'Eucharistie, c'est la propre Chair de Jesu● Christ, son Ame et sa Divinité; do●● Jesus Christ n'estoit pas un Phantosme puisue nous avons sa Chair propre dans 〈◊〉 Sacrement? et cet Argument n'auroit 〈◊〉 pas esté plus convainquant, que celuy do●● ils se servoient, en prouvant, qu'il av●● un Corps, parcque le Sacrement est 〈◊〉 Figure de son Corps? Irenée devoit suppo●● ser que, dans le Calice de l'Eucharistie, 〈◊〉 y-a le propre Sang de Jesus Christ, et n●● pas supposer, comme il fait, que le Cali●● de l'Eucharistie est la Communication 〈◊〉 son Sang: Il devoit dire, que le Pain q●● nous rompons est Transubstantié au Corps 〈◊〉 Jesus Christ, et non pas, que c'est 〈◊〉 Communication du Corps de Jesus Christ enfin il devoit dire, que le Sacrement c'est la propre Chair de Jesus Christ et s●● propre Substance; et, quoyque les Arguments de ces Peres soient admirables, i●● auroient pourtant trahy la cause de la Verite si, croyant les Articles de la Presence Reéle et de la Transubstantiation, comme on les croit dans l'Eglise de Rome, ils avoient oublié d'en parler. Je suis bien assuré, que si ces anciennes Heresies venoient à renaistre, dans l'Eglise, il ne se trouveroit pas un Theologien de la Communion de Rome, qui osa prouver contre ces Heretiques, (comme Tertullien faisoit contre Martion) que le Sacrement de l'Eucharistie est la Figure du● Corps de Jesus Christ, et que, par consequent, Jesus Christ n'est pas un Phantôme. Au contraire, un Protestant se serviroit hardiment, contre ces Heresies, des mêmes Arguments, dont se servoien● les Premiers Chrestiens, et il seroit, en● cela, approvué de toute son Eglise: D'o●● vient cette difference? Si non, de ce● qu'um Protestant ne croit, sur la Matiere de l'Eucharistie, que ceque l'on croyoit dans la Primitive Eglise, Au lie●● qu'un Theologien de l'Eglise Romaine reconnoist des Articles de Poy, que l'on ne connoissoit point parmy les Premiers Chrestiens, et qui l'empechent, par consequent, de parler le même Language et de se servoir des Arguments, dont se servoient les Premiers christians. Ces deux Arguments me paroissoient d'autant plus forts, que je les regardois, non pas comme l'opinion d'un Particulier, qui peut se tromper, ou comme vu Passage d'un liure, qu'on peut corrompre et auquel on peut donner un mauvois sens; ma●● comme les Arguments ordinaires d●● toute l'Eglise, et comme des Arme● communes, tant aux Sçavants qu'au Penple, pour combatre les Payens et l●● Heretiques. III. Troisiement Pruve, tirée de la ma● niere dont les Peres s'exprimen● sur le sujet de ce St. Sacrement. CE qui me confirmoit que, dans la Pr● mitive Eglise, on ne croyoit ny la Pre● scence Reéle ny la Transubstantiation, c'e● toit la maniere, dont les Peres tant Gre●● que Latins, se sont énoncés sur ces Mysteres. Theodoret dit, Que c'est une extreme Folie d'adorer ce qu'on mange 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 Et le même dans un autre endroit; Le Seigneur, dit il, en parlant du Sacrement, a fait l'honneur aux Signes Visibles, de les appeller son CORPS et son SANG; non pas ayant changé leur Nature; mais ayant adjouté la la Grace à la Nature: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. Y a-t-il de l'apparance, que ce Pere crût ce qu'enseigne le Concile de Trente? et un Theologien de l'Eglise Romaine, qui diroit, que Jesus Christ n'a point changé la Nature du Pain n'y du Vin, dans le Sacrement; que l'Eucharistie est le Signe du veritable Corps de Jesus Christ; ne seroit il pas tout aussi tost mis à l'Inquisition, et condamné à estre brulé tout vif? L'Eucharistie, disent les Peres de l'Eglise, c'est un Sacrement visible dans lequel l'Essence Divine se communique, d'une Maniere Ineffable; c'est une Nouriture capable de nous rendre immortels, bien differente des nouritures ordinaires que nous prenons; elle conserve àla verité l'Espece de la Substance corporelle; mais elle fait connoistre, par une Efficacité invisible, qu'elle possede la Preence d'une Divine Vertu. Nous sommes en Jesus Christ par la Nativité corporelle, et il est en nous par le Mystere de ses Sacrements: Le Seigneur n'a pas fait difficulté de dire: cecy est mon Corps, lorsqu'il donnoit le Signe de son Corps. Le Seigneur permit à Judas d'assister au banquet, dans lequel il recommanda et donna à ses Disciples la Figure de son Corps et de son Sang. En verité, si un Autheur Papiste se servoit des expressions, dont les Peres se sont servy, un Euéque de la Communion de Rome, Zelé pour les Interests et pour les Articles du Concile de Trente, ne luy diroit-il pas? Monsieur, ce n'est pas assez de dire, comme St. Cyprien, que l'Essence Divine se communique, dans le Sacrement, d'une Maniere Ineffable: les Heretiques, disent tout cela; il faut encore dire, que le Corps et l'Ame de Jesus Christ y sont reélement, à la place de la Substance du Pain. Il ne suffit pas de dire que c'est une Divine Nouriture, qui possede la Presence d'une Vertu Divine; il n'y a rien en cela, que les Heretiques ne nous accordent: Mais il faut dire, que l'Eucharistie contient la Presence du Corps et du Sang de Jesus Christ. Il ne suffit pas de dire, que Jesus Christ est en nous, par le Mystere de ses Sacrements, les Heretiques disent la même chose, mais il faut dire, qu'il est en nous reélement en son corps, en son Ame, en sa Divinité; enfin il faut bien vous garder de dire, que le Saint Sacrement est le Signe et la Figure du Corps et du Sang de Jesus christ, comme la dit St. Augustin; il faut dire, au contraire, que ce n'est pas la Figure du Corps et du Sang de Jesus Christ; il faut dire, que c'est sa propre Substance, que c'est son propre Corps et son propre Sang, qui sont presents Reélement dans l'Eucharistie. Veritablement cet Euéque parleroit bien, selon la Creance qu'on tient à present dans l'Eglise Romaine; mais il s'eloigneroit entierement du Sentiment des Peres, abandonneroit la Foy de la Primitive Eglise, et avanceroit des Propositions, que les Premiers Chrestiens ont entierement ignorées; il condamneroit même la creance de 330 Euéques assemblés par le commandement de l'Empereur Constantin fils de Leon Isaurus, en un Concile General de Constantinople, en l'année 754. Car ces 330 Euéques (en condamnant, comme une Idolatrie, l'Adoration des Images, en apportant leur Raisons) exhortent le Peuple, à se contenter des Images, que Jesus Christ a instituées, en donnant dans le Sacrement de la Cene, le Pain et le Vin, pour Images et Figures de son Corps et de son Sang. Et, parlant du Pain de l'Eucharistie: voila, disoient ces Peres, l'Image de son Corps Vivifiant. Et un peu aprés. Le Seigneur, disent ils, nous a commandé de mettre sur la Table cette Image particulierement choisie, c'est à sçavoir la Substance du Pain, de peur que l'idolatry ne se glissa parmy les Chrestiens s'il avoit esté representé, sous la Figure d'un homme. IV. Quatriéme Preuve, tirée de la Nouvauté de cette Doctrine de la Transubstantiation. TOutes ces Raisons me persuaderent, que non seulement la Creance de la Presence Reéle et de la Transubstantiation, n'estoit pas la Creance de la Primitive Eglise, mais encore, que c'estoient des Articles de Foy nouvellement inventés et qui n'estoient guere plus ancients, que le commancement du 13. Siecle, (quand le Pape Innocent 3. au Concile de Latran, en l'année, 1214. fit passer parmy les Articles de Foy, l'Article de la Transubstantiation.) puisque nous voyons, que sur la fin du 9 Siecle, envivon l'an 874, Bertram, ou Jean Scot, l'un des plus sçavants Personnages de ce temps là, escrivit un Livre, sur le suiet de l'Eucharistie (par le Commandement de Charles le Chauve) dans le quel il soûtient clairement, la Creance de l'Eglise Reformée. Puisque nous trouvons, dans la Bibliotheque des Peres, au Tome des Divins Offices, une Epître de Charles Magne à son precepteur Alcuinus, dans laquelle on lit encor ces Paroles Jesus Christ soupant avec ses Disciples rompit le Pain et leur donna; Semblablement la Coupe, en Figure de son Corps, et de son Sang. Et enfin, puis● que mme, dans le Canon de la Messe au lieu de ces Paroles, que l'on y lit presentement: Ut nobis Corpus & Sanguis fiat dilectissimi Filii tui, &c. o● y lisoit celles qui se trouvent, au 5. Cha● du 4 Livre des Sacrements attribué St. Ambroise. Fac nobis hanc oblati●● nem ascriptam— quod est Figu●● Corporis & Sanguinis Domini Nost●● Jesus Christi. Tout cela me fit connoistre, que po●● establir la Creance de la Realité et de l●● Transubstantiation dans l'Eglise Romaine, il avoit falu, non seulement corrompre les Escritures, et leur donner un● sens absurde, impossible et ridicule; mai● encor, s'opposer à la Creance de toute l'Antiquité, corrompre les Escrits des Saints Peres, Ch. 2. §. 2. et même le Canon de la Messe, laquelle, avant que cette Corruption épouvantable se fut glissée dans l'Eglise, n'estoit qu'un certain nombre de Prieres assez devotes, et bien raisonnables. Cette Pensée commança à me faire avoir de● l'Horreur, pour la Creance de l'Eglise de Rome, et me méfier de toute sa Doctrine. SECT. II. Ce que l'on enseigne, dans l'Eglise Romaine, du Sacrifice de la Messe est une Doctrine contraire à Creance de la Primitive Eglise. I. En quel sens, il est veritable de dire, que le St. Sacrement est u● Sacrifice. JE decovuris bientôt aprés, la suitte e●● le progrés de l'Erreur, et la fausseté d●● cet autre Article du Concile de Trente● Que la Messe est un Sacrifice Propitiatoire, pour les Vivants et pour les Morts. Afin d'éclaircir cette Question, il faut supposer avec l'Ecriture, que les Prieres, les Aumônes, les Actions de Graces, que nous rendons à Dieu, et la reste de nos bonnes Qevures, sont des Sa crifices Eucharistiques; c'es●ainsi que le Prephete Osée, appelle les Actions de Grace qu'il rendoit à Dieu, les Victimes de se Leures; c'est ainsi que le Prophete Davi● s'addresse à Dieu: Mon Dieu, dit ce pre phete, Que mes Prieres soient exposée devant vous, comme un Parsum, e● que l'Elevation de mes Mains soit devant uôtre Majesté, comme un Sacr●fice du Soir. Ainsi St. Paul, à l'imit●tion de David dit, Qu'il faut offrir 〈◊〉 Dieu un Sacrifice de Loüange, c'est a dire, le Fruit des Levres de ceux quconfessent son Nom. C'est dans ce Sens● que tous les Chrestiens sont appellez, dam l'Escriture Sainte, des Sacrificateurs Vous estes, dit St. Pierre, La Generation Eleüe, la Sacrificature Royal, la Nation Sainte, le Peuple Acquis, afin que vous annonciés les Vertus de Celuy, qui vous a appellés, des Tenebres, à sa merveilleuse Lumiere. Et St. Jean dans sei Revelations: à celuy qui nous a aymé, et nous a laué de nos Pechéz dans son Sang, et nous a fait Royaumes et Sacrificateurs à Dieu et à son Pere, à luy soit Gloire et Force és Siecles des Siecles, Amen. Par où vous voyez, que les Sacrifices des Chrestiens, sont des Prieres, des Aumônes, des Actions de Graces et de Bonnes Oeures, et que tous les Chrestiens sont eux mémes les Sacrificateurs qui les offrent à Dieu. Dans ce sens, je conçevois bien que le Sacrement de la Cene, estant la Commems ration dela Mort du Fils de Dieu, estoit u● Sacrifice d'Actions de Graces, de Loüanges de Reconnoissance et de Devoir; ainsi que j●l'ay du depuis appris plus clairement dans le liure de nos Prieres Communes, où immediatement apres avoir reçeu la Comm●nion, nous faisons cette priere à Dieu. Seigneur, Pere Celeste, nous Tes tres humbles Serviteurs, supplions ta Bonté parternelle, d'accepter misericordieusement se Sacrifice de Loüange et d'Actionsde Graces que nous T'offrons— et quoyque nous soyons indignes, de t'offrir aucun Sacrifice, nous te supplions neantmoins, d'accepter celuy cy, comme une Marque des Devoirs et des Services, que nous sommes obligés de rendre à Ta Divine Majesté. Et, dans ce temps là, j'embrassou déja tres volontiers la Doctrine, que j'ay apprise depuis, dans le liure du Sacrifice du Chrestien, composé par D. Sim. Patrick. Dans le Catechisme du D. H. Hammon. Et dans la reponse de l'Archevéque Cranmer, à l'Evéque Gardener. C'est à sçavoir: Que le Sacrifice Propitiatoire a esté fait par Jesus Christ seulement, mais que le Sacrifia de Commemoration et d'Action de Graces, est fait par le Ministre et par le Peuple. II. Que le Pretendu Sacrifice Propitiatoire de l'Eglise Romaine, est contraire à l'Escriture. LA Doctine du Concile de Trente me paroissoit estrange, sur cette Matiere● il faut croire, que Jesus Christ est Immole tous les jours, dans le Sacrement; que ce sont les Prestres qui l'offrent et qui l'immolent reélement à Dieu son pere, comme un Sacrifice de Propitiation, pour la Remission des Pechés, tant des Vivants que des Morts. He quoy! disois-je, n'est-ce pas faire tort à la Prestrise Eternelle de Jesus Christ, que de luy donner des Compagnons. St. Paul, m'apprend, que la difference qu'il y a, entre la loy de Moyse et celle de Jesus Christ, c'est que dans celle de Moyse, il falloit avoir Plusieurs Prestres, parcequ' estant Mortels, ils devoient estre les Successeurs et les Vicaires les uns des autres, mais que dans celle de Jesus Christ, Jesus Christ, qui en est luy même le Prestre, n'a pas besoin de Vicaire n'y de Successeur, puisqu'il demeure toûjours et que sa Prêtrise est perpetuelle; ah! n'est-ce donc pas faire tort à Jesus Christ, que de dire, que sa Prestrise a les mesmes imperfections, que la Prestrise de l'Ancienne Loy; que les Prestres de l'Eglise Romaine sont de veritables Sacrificateurs, et qu'ils sont les Vicaires et les Successeurs de Jesus Christ. St. Paul m'apprend, que la raison pour laquelle on reïteroit les Sacrifices, dans la Loy de Moyse, c'est parceque le Sang des Boucs et des Taureaux n'estoient pas capables de Sanctifier les Pecheurs: La Loy, dit il, ayant l'ombre des biens à venir, non point la vive Image des choses, ne peut jamais, par les mêmes Sacrifices, les quels on offre chacun An continuellement, Sanctifier ceux qui s'y adressent: autrement n'eussent ils pas cessé d'estre offerts? veuque les Sacrifians, estant Purifiez une fois, n'eussent plus eu aucune Conscience de Peché. Quoy donc! est-ce que l'Eglise Romaine vent dire, que le Sacrifice de la Croix n'estoit pas capable de Sanctifier les Pecheurs: qu'il n'a pas plus de Vertu, que les Sacrifices de Boucs et de Taureaux que l'on faisoit dans la Loy de Moyse, lesquels il falloit souvent reïterer? Est-ce qu'elle veut donner un dementy à St. Paul, qui dit, que nous sommes sanctifiés par l'Oblation du Corps de Jesus Christ, une seule fois faite. et que, par une seule Oblation il à Consacré, pour toujours, ceux qui sont Sanctifiez. Si le Sacrifice de la Croix nous a tous Sanctifiez, il ne reste plus qu'a nous appliquer, par la Foy, le Merite de la Mort et de la Passion de Jesus Christ; pourquoy donc tous ces Sacrifices si souvent reïterés? Et, si la Prestrise de Jesus Christ est perpetuelle, Jesus Christ estant toujours Vivant, pourquoy luy donner des Successeurs dans sa Sacrificature? Toutes les Messes qui se disent dans l'Eglise de Rome, ne sont-ce pas autant de Blasphémes, par lesquels on accuse la Mort et la Passion de Jesus Christ, d'Insuffisance et d'Imperfection? et tous ces Sacrificateurs de Rome, erigez sans l'Ordre et sans la Vocation de Dieu, ne sont-ce pas des Usurpateurs de la Sacrificature de Jesus Christ. III. Ce qui a donné occasion à cette Erreur, et les degrez de Corruption, qui ont avancé cette Creance. POur décovurir l'origine de cette Erreur, il faut Sçavoir, que la Coûtume des Premiers Chrestiens, estoit que devant que de participer à la Communion du Corps et du Sang de Jesus Christ, ils venoient faire leur Offrande; ils apportoient du Pain, du Vin, de l'Huile, des Fruits, &c. et ces Offrandes sont appellées par les Peres, des Sacrifices, comme il est evident par la lecture de St. Irenée, de St. Cyprien, de Theodoret, du 2. Concile de Mascon, environ l'an, 587. Et comme l'on peut voir dans le liure de Rabanus Maurus, de Insti. Clericorum: Que les Soûdiacres, dit il, reçoivent les Oblations des Fidels dans le Temple de Dieu, et les donnent aux Diacres, pour estre mises sur l'Autel. Et ce fut la raison pourquoy on appella la Table de la Communion, un Autel acause des Oblations que l'on●y Offroit. Voili qu'elle estoit la Creance, la Coûtume, et la Simplicité de la Primitive Eglise: Mais, helas! que l'Erreur a bien défiguré cette Sainte Pratique, dans l'Eglise Romaine, et qu'il est arriué un grand changement, dans la Creance des Premiers christians. Premierement, au lieu du Pain, que les Premiers Fidels offroient, sur la Table du Seigneur, on n'offre plus dans l'Eglise Romaine que des Hosties, qui n'ont ny la figure ny la forme de Pain; et c'est de quoy seplaint, l'Autheur de l'Exposition de l'Ordre et des Constitutions Romaines; au raport de Monsieur Pithou: Dans quelques Eglises, dit il, l'Oblation du Pain, qui, selo● l'ancienne Coûtume de l'Eglise, estoit offerpar le Peuple Fidel, sur la Table du Seigneur, pour l'usage du Sacrifice, est presentement reduitte à une forme tres petite et tres legere, à la forme d'une piece de Monoye, qui n'a ny la figure ny l'apparence de pain. Et c'est pour donnet vogue à cet erreur que, dans plusieurs Tableaux de l'Eglise Romaine, dans lesquels est representée la Cene que Jesus Christ fit avec ses Apôtres, vous y voyez Jesus Christ qui celebre l'Eucharistie, et tous ses Apôtres, ayant, chacun sur son assiette, une petite Hostie dela grandeur d'un Farding. N'est-ce pas un Changement considerable dans cette Eglise, de vouloir que l'on offre de petites Hosties, qui n'ont aucune apparence de pain, au lies du veritable Pain, que l'on offroit, dans la Primitive Eglise? Et n'est-ce pas une hardiesse épouvantable et digne de châtiment, que de vouloir faire accroire a● Monde, que Jesus Christ, en instituant le St. Sacrement, ne se servit point de Pain ordinaire, mais qu'il prit, pour Communier ses Apôtres, de petites Oublies semblables à celles que l'on a coûtume de Consacrer, dans l'Eglise Romaine. 2. Au lieu que dans la Primitive Eglise, les Oblations qui se faisoient, estoient des Sacrifices d'Actions de Graces e● de Reconnoissance, et que le Sacrement de la Cene, n'estoit regardé, que comme un Sacrifice de Commemoration: On a v●naître du depuis dans l'Eglise Romaine avec la Creance de la Realité et de la Transubstantiation, la Creance du Sacrifice Reé et Propitiatoire de la Messe; cequi a oblige les Interressés, à Soûtenir, comme ils ont fait ensuitte, au Concile de Trente, que Jesus Christ estoit, tous les jours, Sacrifié veritablement, une multitude de fois, pour les Pechés des hommes; et que les Prestres de l'Eglise Romaine estoient de Veritables Sacrificateurs: et tout cela, sans aucun fondement dans l'Escriture Sainte, sans l'Aveu, xy l'Autborité de la Primitive Eglise, dont la Creance estoit bien esloignée de celle de Rome, comme je le prouve dans cette Section. IV. Que l'Abus épouvantable, qui s'est glissé dans l'Eglise Romaine, d'offrir leurs Sacrifices en l'honneur des Saints est une Pratique contrire à celle de la Primitive Eglise. COmme l'erreur est la Mere de l'Aveuglement, qu'un Abysme en attire un autre, et que tout le dessein et le but de Satan, c'est d'attirer les Hommes à l'Impieté et à la Destruction du Regne de Jesus Christ: Au lieu que dans la Primitive Eglise, on ne faisoit des Offrandes à Dieu, on ne Celebroit le Sacrifice du St. Sacrement, qu'a l'honneur de sa Divine Majesté; l'Eglise Romaine a poussé son Erreur jusqu'à un tel Excez, que de Soûtenir, que le Sacrifice de la Messe, où ils pretendent que Jesus Christ luy même est Reélement Sacrifié, que ce Sacrifice dis-je du Corps et du Sang de Jesus Christ, present Reélement et Substantielement, est offert: Oserois-je reciter ce Blaspheme? Qu'il est offert en l'honneur des Saints: et on vient froidement dire à un Prestre, qui se dispose pour dire la Messe; Monsieur, il faut dire une Messe de St. Pierre, une Messe de St. Paul, de St. Jaques, ou de quelqu' autre Saint; c'est à dire, Il faut Immoler aujourd'huy Jesus Christ, en l'honneur de St. Pierre, en l'honneur de St. Paul, de St. Jaques, ou de quelque autre: et, afin que l'on ne s'imagine pas, que J'en impose à ceux de l'Eglise Romaine, vous n'avés qu'à lire, sur cette Matiere, celuy qu'il vous plaira de leurs Theologiens, ou bien écouter ceque dit le Prestre, tous les jours, à la Messe quand il lit le Canon, et vous l'entendrez dire tout bas ces Paroles, apres avoir recité les Noms de quelques Saints. Ut illis proficiat ad Honorem. Il prie Dieu que ce Sacrifice soit Profitable à leur Honneur. Si quelqu'un, dans l'Ancien Testament, avoit voulu offrir des Sacrifices à Dieu, en l'bonneur, d' Abraham, d' Isaac et de Jacob, ne l'auroit-on pas lapidé sur le champ, pour expier, par la mort, l'impieté de ce Blasphéme? Helas! dans l'Ancienne Loy, ce n'estoit que des Animaux, que l'on égorgeoit dans les Sacrifices. Lorsque Jesus Christ enseignoit à ses Apôtres, qu'il falloit qu'il allast en Jerusalem, pour souffrir toutes les Indignitez, que luy devoient faire les Anciens et les Prestres, et pour y estre Sacrifié sur la Croix, afin d'appaiser la colere de Dieu son Pere, justement irrité contre les Pechez des Hommes; Saint Pierre se laissa tout aussi tost transporter à son Zele, et ne vouloit pas soufrir que Jesus Christ allât vers Jerusalem, pour y estre Sacrifié. Seigneur, luy dit il, aye pitié de toy, cecy ne t'adviendra point. Ah! si St. Pierre estoit sur la terre, et qu'on luy dit: St. Pierre, ce Prestre qui s'en va dire la Messe, s'en va, pour vous faire honneur, Sacrifier le Corps et le Sang de Jesus Christ: N'entendroit-il pas cette Nonvelle avec horreur, ne pouroit-il pas dire, avec bien plus de raison, cequ'il disoit alors, non Seigneur, il n'en sera pas ainsi, Cecy ne t'adviendra point, quetu sois Sacrifié pour me faire Honneur. Nous lisons dans les Actes des Apôtres, que les Habitants d'une des villes de Lycaonie, anant uû le Miracle qu'avoit fait St. Paul, vouloient luy faire un Sacrifice, et que le Prestre de Jupiter fit aimener des taureaux couronnez de fleurs, devant les Portes de la Ville, et vouloit les Sacrifier à l'honneur de Paul et de Barnabas; ceque ces Saints ayant apperceu: O! Hommes, S'escrierent-ils, en déchirant leurs vêtements, et se jettant an millieu de la Troupe, pourquoy faites vous ces choses? Nous sommes des hommes sujets aux mêmes Passions que vous, nous vous annonçons dela part de Dieu de quitter toutes vos Vanitez, et de vous Convertir au Dieu Vivant. Helas! ce n'estoit que des Taureaux couronnez de fleurs, que l'on vouloit Sacrifier en leur Honneur: Et que pensez vous que diroient ces Saints, s'ils estoient sur la Terre, et qu'on leur apprît que dans l'Eglise Romaine, les Prestres Sacrifient Jesus Christ pour leur faire Honneur? N'entreroient-ils pas dans une Sainte Indignation, contre ces Nouveaux Sacrificateurs? Et ne diroient-ils pas à tout le Peuple de l'Eglise Romaine. O! Hommes, pourquoy faites vous ces choses? Nous ne sommes que des hommes semblables à vous: Ce n'est pas pour nous Honorer nous autres, qu'il faut offrir des Sacrifices, c'est pour Honorer la Majesté de Dieu, auquel Seul il est permis de les adresser. Je croy que si quelqu'un des Apôtres, ou des Premiers Chrestiens venoient à rssusciter, et qu'ils parussent dans l'Eglise Romaine, il faudroit leur apprendre presque tout leur Catechisme, tant il-y-a de difference, entre les Article de Foy que l'on enseignoit dans la Primitive Eglise, et ceux que l'on enseigne presentement dans l'Eglise de Rome. SECT. III. Ch. 2. §. 3. Que la Maniere d'Administrer l'Eucharistie, dans l'Eglise Romaine, est tout à fait Different et bien Opposée à celle, dont on se servoit, dans les Premiers Siecles de l'Eglise. I. Du temps des Apôtres et dans les Premiers Siecles de l'Eglise, on Communjoyt le Peuple sous les Especes du Pain et du Vin: on Adoroit point l'Hostie: et l'on Celebroit les Saints Mysters en Langue Vulgaire. POur cequi est de la Maniere de Celebrer l'Eucharistie, il est aisé de remarquer trois grands Defauts, dans la Maniere dont l'Eglise de Rome la Celebre presentement. La Premier Defaut, c'est le Retranchement de la Coupe. Le Second, c'est l'Adoration du Sacrement. Et le Troisieme defaut, c'est le Langage qu'on y parle, qui est un Langage que le Peuple n'entend point. Lisés toute l'Ecriture Sainte, et vous n'y trouverés point qu'on retranche aux Fidels le Sang de Jesus Christ; vous n'y trouverez point qu'on Adore le Sacrement; enfin vous ne trouverés point que Jesus Christ, ny les Apôtres, en Celebrant la Cene, se soient servy d'un Langage inconnu an Peuple. Lisez toutes les Histories des premiers Siecles de l'Eglise, et les Peres qui ont vescu dans ces Siecles la, vous 〈◊〉 trouverés point, qu'on ait Retranché any Fidels le Calice de la Cene, ny qu'on an Adoré le Sacrement, d'une Adoration que n'est duë qu'à Dieu seul, ny que les Fidels y ayent parlé un autre Langage, que cel●● du Pays dans lequel ils vivoient. Du temps des Apôtres, quand on Celebroit la Cene, on adjouta d'abord rie● autre chose à l'Institution de Jesus Christ que l'Oraison Dominicale, et quelqu●● temps apres, trois dvotes Oraisons ainsi qu'il est evident par la Lecture de Ancients. Apres la 〈◊〉 des Apôtres, le Peuple fidel s'estant assemblé, un jour de Di●● manche; le Lecteur lisoit quelque Chapi●● tre de l'Escriture Sainte, ensuite le Ministre, ou l'Evéque, celuy qui presidoit, faisoit une Exhortation qu Peuple, sur la lecture que l'on venoit de faire, et à la fin de son Exhortation, il faisoit sa● priere à Dieu; apres cela les Fidels se donnoient l'un à l'autre le Baiser de Paix, puis on mettoit sur la Table le Pain et le Vin de la Communion; en suite celuy qui presidoit faisoit la Benediction et le Priere, et apres que tout le Peuple avec répondu, Amen, les Diacres prenoient le Pain et le Vin Consacrez par la Priere 〈◊〉 par la Benediction du Ministre, et 〈◊〉 distribuoient à tous ceux qui estoient 〈◊〉 presents. Voilà quelle extoit la Simplicit des Premiers Chrestiens, dans la Cel●● bration de ce Mystere, et c'est ainsi qu● l'on le Celebroit encor, environ l'An 150 C'est à dire environ 70 Année apres l● mort des Apôtres, au rapport de Just●● le Martyr, dans sa seconde Apologie, 〈◊〉 viron sur la fin. Dans ces Maniert de Celebrer la Cene, tous les Fidel Communjoyent sous les deux Especes Le Ianguage qu'on y parloit, esto●● connu de tout le Peuple, puisqu'il répon doit, Amen; et l'on ne trouve point qu'en y Adorst le Sacrament. On a uû, dans la suitte des temps, paroistre dans l'Eglise je ne scay combien de Formules de Celebrer, que l'on a appellé Lyturgies; on a uû la Lyturgie de St. Jaques, la Liturgie de St. Clement, la Laiturgie de St. Mathieu, celle de St. André, celle de St. chrysostom: mais helas! Quel rapport y a-t-il, de toutes ces Liturgies, avec la Messe de l'Eglise de Rome; on trouve, à la verité, dans ces Liturgies, quelques Prieres, qui sont presque les mesmes, que celles que l'on dit à la Messe: Mais on ne trouve point, dans pas une de ces Liturgies, qu't fut deffendu de donner la Coupe au Peuple au contraire, on y trouve que tous le Fidels Communjoyent sous les deux Especes on sçait que le Langage de ces litu● gies, estoit un Langage que le Peupl● entendoit: et enfin l'on n'y voit, nul● part, le moindre vestige d'Adoration 〈◊〉 Sacrement. Il y a des Autheurs qui soûtiennent que toutes ces Liturgies ne sont pas An thentiques, et qu'elles n'ont pas est veritablement composées ny escrites pa●● les Saints, aux quels on les attribuë ainsi que le soôtient Bellarmin, que pourtant est obligé de confesser, qu'il 〈◊〉 est glissé une infinité de Corruptions. Ils disent qu'il y a de l'Apparence que les Peres du Concile de Nicée, en l'An 325, n'avoitent pas entendu parler de la Liturgie, que 〈◊〉 dit estre de Saint Jaques, ou bien qu'ils n'y adjoutoient pas foy, puisque, dans ce Concile, il falut soûtenir tant de Disputes et de Contradictions, pour establir le mot de Consubstantiel 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, qui se trouve si clairement dans cette Liturgie: ils disent que, l'An 431, au Concile d'Ephese, len Peres de L'Eglise ne font point mention de cette Liturgie, ny de l'Authorite de l'Apotre St. Jaques, pour prouver que la Bienheureuse Vierge doit estre appellée Mere de Dieu 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉; et ce mot se trouvant dans la Liturgie de St. Jaques, ils pretendent qu'il n'y a pas d'apparence que les Peres eussent oublié à se servir de cette Preuve contre les Nestoriens, s'ils avoient crû que cette Liturgie fut Authentique: Ensin ils font voir que dans cette Liturgie, il est fait mention de l'Encens que l'on offroit dans les Eglises, cequi leur fait croire que cette Liturgie n'est point de Saint Jaques, puisqu'au temps des Premiers Chrestiens, on offroit point d'Encens dans les Eglises, comme il est manifeste par la lecture d'Arnobe. Ils disent la même chose de presque toutes les autres Liturgies: ils font voir qu'il est fait mention (dans celle de St. Mathieu) du Concile de Nicée, et de son Symbole; qu'on y parle du Concile de Constantinople et du Concile d'Ephese; qu'on y fait mention de St. Basile, et de St. Gregoire, qui n'ont vescu que long temps aprés la mort de St. Mathieu: que dans la Liturgie de St. chrysostom, St. chrysostom luy même y est nommé entre les morts, et que l'on y trouve les noms de Sabas, d'Onuphrius, et d'Anastase d'Athos, qui sont des gens qui n'ont paru que quelque temps apres la mort de st. chrysostom. Toutesces Raisons leur font croire, que ces Liturgies sont des Pïeces contrefaites, qui ne sont point des Autheursd, à qui on les attribue, ou bien qu'elles ont esté, dans la suitte des Temps, Augmentées, Falsifiées, et Remplies de Corruptions: Mais, quoy qu'il en soit, ces Liturgies, toutes Corrompuës qu'elles soient, sont pourtant des Pieces de l'Antiquité, et puisque plusieurs, Escrivains de l'Eglise Romaine, les tiennent pour Authentiques, nous pouvons tres justement nous en servir contre eux, et leur faire voir que dans le temps, que ces Liturgies ont esté escrites, la Maniere d'Administrer l'Eucharistie, estoit bien differente de celle de l'Eglise Romaine, ainsi que j'ay fait voir cy dessus: Cequi est une Preuve considerable de la Nonenuté des Erreurs de cette Eglise. II. L'Origine de toutes les Erreurs de l'Eglise Romaine, en l'Administration du Sacrement. MAis sans m'arrester plus long-temps à toutes ces Preuves, que l'on pouroit appeller Negatives (qui ne laissent pas d'estre d'un grand poids, et d'avoir la force d'une Demonstration, dans les Questions, dans lesquelles on accuse un party d'avoir innoué) il est aisé de montrer des preuves positives, pour faire voir la Noveauté de ces erreurs, puisque l'on sçait assés au juste, le temps auquel elles sont venuës au Monde, et qu'on en connoit pour ainsi dire les Peres et les Autheurs. 1. De l'Origine due Retranchement de la Coupe. On sçait, par le rapport de Cassandre et des autres Auteurs, que l'Eglise d'Orient a toujours donné la communion anx Fidels, sous les deux Especes, et que méme, dans l'Eglise Romaine, la coûtume de distribuer aux Fidels le Pain et le Vin du Sacrement, a duré plus de mille ans. La coûtume erronee, de retrancher la Coupe du Sang de Jesus Christ à tous les Fidels, est née au Concile de Constance, en la Session 13. où le Concile, apres avoir reconnu, que c'estoit la conûtume de la Primitive Eglise, de communier sous les deux Especes, establit, comme une Loy, la conûtume de retrancher aux Fidels une partie du Sacrement, et declare Heretiques ceux qui diront, que c'est une Erreur, de s'opposer à la pratique de toute la Primitive Eglise, à l'exemple et à l'Institution de Jesus Christ, et au Commandement qu'il nous a fait, de participer au Calice de son Sang. Voilà, dira quelqu'un, une Doctrine assés estrange, qu'un Concile, non-obstant la coûtume de la Primitive Eglise, l'Exemple de Jesus Christ, et le Commandement qu'il en a fait à tous les Fidels, defende à tous les Prestres de donner la Communion sous les, deux Especes, et veuille que ce soit une Heresie, d'obëir à jesus Christ, de se conformer à son Exemple, d'observer ses Commandements, et de suiure la Pratique de tous les Saints, qui ont vescu dans la Primitive Eglise: Voilà une maniere d'agir bien rude et bien extraordinaire. Mat quelles raisons a eu ce Concile, pour deffendre de Communier les Fidels sous le deux Especes? Voulés vous les sçavoir ● je les apprens du Chancelier Gerson, au traitté qu'il a fait, contr. haeres de Commun. sub utràque specie. 1. L● Barbe des hommes, qui croit fort longu● sur leur leures. 2. L'Aversion que l'o● pouroit avoir de boire apres un autre. 3. La Dépense que l'on fait en vin, et la difficulté d'en avoir. 4. L'Inconve nient de la gelée en hiver. 5. L'Importunité des moûches en Esté. 6. L'Embarras que pouroient avoir les Diacres, de distribuer le Vin aux Fidels. 7. Le Danger d'en répandre. 8. L'Indignité du Peuple, qui seroit égal aux Prestres, en la reception du Sacrement, s'il le recevoit sous les deux especes. Voil'a les Raisons de consequence, qui ont obligé ce Concile à s'opposer si directement, à l'Institution de Jesus Christ, et à la Sainte coûtume de toute la primitive Eglise. En verité, sont-ce là des Raisons, pour abolir un Commandement si exprés, que jesus Christ a fait à tous les Fidels, de boire son Sang? Sont-ce là de nourveaux Inconvenients, qui estant arriués, depuis l'Institution de Jesus Christ, et depuis le temps des Premiers Chrestiens, ont dû alterer l●● Forme de l'Institution du Sacrement? Les hommes n'avoient-ils pas dela Barbe d● temps de Jesus Christ? Ne se trouvoit il● personne du temps des Apôtres, et jusqu'as Concile de Constance, qui eut aversion de boire aprés un autre? Le Vin est il plus cher en France, en Italy, et en Espagne, qu'il n'estoit du temps des Premiers Chrestiens En Eyrie, et en Grece, à Jerusalem, et a Constantinople? Le Vin ne geloit il point devant le Concile de Constance? N'est-ce que depuis ce temps là, que les mouches ont importuné le monde en Esté? L'Embarras des Diacres et le danger de répandre le Vin, sont-ce des choses que Jesus Christ n'ait pas preuües? Et les Prestres de l'Eglise Romaine, sont-ils plus éleués en Dignité, que ne l'estoit Jesus Christ et les Apôtres? qu'il faille faire entre eux et le peuple une difference, que l'on ne faisoit point entre Jesus Christ et les Apôtres, entre les Apôtres et le reste des Fidels? 2. L'Origine de l'Adoration du Sacrement. Pourcequi est de l'Adoration de l'Hostie non seulement on ne trouve point que Jesus Christ, les Apôtres, ny les Premiers Fidels ayent Adoré le Sacrement; non seulement on ne trove point, dans toutes ces Lyturgie● dont j'ay parlé, aucun Vestige de cette Adoration; mais encore, on sçait tous les Degrés, par les quels cette Erreur s'est peti● à petit glissée, dans le monde. On sçait, que ce fut le Pape Innocent III. qut commanda le premier, que l'on eut, des Böetes, dans les Eglises, dans les quelles on conservast l'Hostie consacrée. On sçait, que ce fut le Pape Honnore III. environ l'an 1220, qui renouvella ce Decret, ave● cette nouvelle clause, que, sur ces Böetes, on y escriroit ces paroles, Hìc Deum Adora, Icy il faut Adorer Dieu: Et que ce fut ce même Pape, qui ordonna que l'on éleveroit l'Hostie. On sçait, que ce fut Gregoire IX. qui adiouta à cette Elevation, le Son d'une Petite Cloche, environ l'an 1230. Enfin l'on sçait, que ce fut le pape Innocent IV. qui ordonna, que l'on Adoreroit l'Hostie. Voilà les Degrez, par lesquels cette Erreur s'est establie dans l'Eglise Romaine. et si vous voulez sçavoir de quelle Machine on s'est servy, pour Authoriser cette Adoration; vous n'avés qu'à lire Platina, et la Bule d' Urbain IV. à une Religieuse appellée Eve, et vous trouverez, qu'environ l'an 1264, ce Pape institua la Feste, que l'on appelle La Feste-Dieu, sur la Revelation et à la priere d'une Religiense, à la quelle il envoya le Livre de l'office du Sacrement, que l'on dit avoir esté composé par Thomas d'Acquin. Vous trouverez, que le Pape Cleent V. an Concile de Vienne, ordonna, que cette Feste seroit gardée par tous ceux de L'Eglise Romaine: Et qu'environ l'an 1360 on on Commanca à Pavie de faire des Processions et des Reposoirs, cequi fut, ensuite, obserué dans toutes les Villes, qui reconnoissent l'Anthorité du Pape. Avant que l'on eut corrumpu la Parole de Dieu, les Chrestiens recevoient le Sacrement, avee Devotion, avec Zele, et avec Ardeur; c'estoit avec une joye, que l'on ne peut exprimer, qu'ils se transportoient dans les Eglises, pour participer au Vray Corps, et au Vray Sang de Jesus Chrst. Il y avoit, devant la Table de l● Communion, un grand Rideau semblable à celuy, qui estoit autrefois devant l' Arche d' Akuabce et qyabd ib turiut ce Rudeas pour exposer les Sacrez Mysteres à la vin du peuple, les Fidels s'imaginoient voir 〈◊〉 Ciel ouvert, comme parle St. Chryson stome; ils consideroient la Table de 〈◊〉 Communion, comme un Autel tout ensanglanté du Sang de Jesus Christ; ils s'oprochoient de la Sacrée Table, avec unsainte Horreur et un Tremblement senblable à celuy de Moyse, quand il s'approcha du Buisson, dans lequel Dieu parloit à luy: Ces christians, Ces Saint estoient tout penetrez des Rayons de l● Foy, et sembloient ne respirer que le Fe● de la Charité, qui les consummoit: F● c'est dans cet estat, qu'ils s'approchoient de Jesus Christ, qu'ils venoient Mange son Propre Corps, et Boire son Propre Sang; et qu'ils envisageoient celuy qui leur distribuoit le pain et le Vin de la Communion, come un Seraphin, qui venoit, comme parle le même Pere, mettre sur leur langue un Charbon ardant, pour les animer de l'Amour de Dieu et de l'Esprit de Jesus Christ. Mais si, dans ce temps là quelqu'un s'estoit advisé d' Adorer le Sacrement, au lieu d'Adorer cequi est reç dans le Sacrement; on l'auroit regardé comme un Idolatre, on l'auroit chassé de l'Eglise, et traitté comme un Heretique; ou bien, on luy auroit appris; que c'est un Erreur espouvantable d'Adorer le Sacrement, comme si le pain et le Vin estoient Transubstantiez au Corps et au Sand de Jesus Christ: Et que la Foy de la Veritable Eglise et de tous les Saints, c'est de croire, que, par le moyen du St. Sacrecrement, nous participons reélement et veritablement au Vray Corps et au Vray Sang de Jesus Christ, qui est dans le Ciel, assis à la droitte de Dieu son Pere, où nous l'Adorons en recevant le Sacrement. 3. L'Origine de la Celebration de l'Eucharistie, en une Langue, que le Peuple n'entend point. Pour la troisieme Erreur, qui se trowve dans l'Eglise Romaine, en l'Administration du Sacrement; on sacait que, ce n'est que depuis que les papes se sont erigés en Souverains, depuis qu'ils se sont faits les Arbutres des Testes-couronnées, qu'ils se sont meslés de Dethrôner les Roys, et qu'ils ont usurpé cette Puissance Temporelle, dont ils jouissent maintenant; on sçait, dis-je, que ce n'est que, depuis ce temps là, qu'ils ont voulu, comme par droit de Conqueste, obliger toutes les nations 〈◊〉 parler leur langue, pour une marque de Servitude, ainsique faisoient autrefois les Empereurs Romans, aprés avoir reduit, sous leur Juridiction, des Provinces et des Nations toutes entieres. Et cette Tyrannie, d'obliger les peuples à Celebrer le plus saint de nos Mysteres, dans une Langue qu'ils n'entendent point, est quelque chose de si contraire, à ceque nous enseigne l'Escriture, que presque toutes les Communions Chrestiennes, qui ont receu des Apôtres, leur Creance et la Maniere de celebrer le saint Sacrement, le Celebrent encore aujour d'huy dans la Langue Vulgaire des Païs, der quels ils sont Habitants. Les Grecs ont leur Lyturgie dans leur propre Langue comme tout le monde sçait. Les Chrestien de Moscovie, qui ont reçu de l'Apôtre St. André, la Foy du Christianisme, ont leu Lyturgie en Langue Slavonne, qui est le Langue vulgaire du Païs où ils habitents Les Armeniens, convertis la pluspart par l'Apôtre St. Barthelemy, parlent leu Langue propre, dans lae Celebration de leur Mysteres. Les Jacobites, qui habitent e● Syrie, parlent Syriaque, en Celebrant 〈◊〉 Sainte Cene. Les Chrestiens d'Abissin●● font leur Service Divin, et Celebrent 〈◊〉 Communion en la Langue de leur Païs. Cequi me fait croire, que toutes les Nations Chrestiennes, se sont conformées à la Pratique de la primitive Eglise, et qu'elles ont bien compris, que l'Apôtre St. Paul ne vonloit pas, que la Celebration des saints Mysteres, qui consiste en Benedictions et en Actions de Graces, se fit en une Langue inconnüe, à la quelle le simple peuple ne pouroit pas répondre, Amen. CONCLVSION DE CETTE PREMIERE PARTIE. Que les Articles de Foy de l'Eglise Romaine, ne se peuvent prouver, ny par la Pratique de la Primitive Eglise, ny par le Témoignage des Anciens Peres. TOutes ces Reflexions, que j'avois faiter pour mon Instruction particuliere 〈◊〉 pour ma propre Edification, firent un grant jour dans mon Esprit, et renerserent, e● partie, les faux Principes, dont on a coûtume de covurir les Erreurs de l'Eglise Romaine. Je commaçay d'abord à la soupconner, et puis, en suite, à tirer des Consequences et des Prejugez contre ses Erreurs Je crûs que, comme c'estoit une chose for● naturelle, de Soupconner une personne dan toute sa Conduitte, quand nous l'avons unfois surpris en quelque faute considerable Je pouvois demême, aprés avoir découver les Erreurs de l'Eglise Romaine, sur le Matiere de l'Eucharistie, la Soupçonner avec fondement dans tous les autres Articles de Foy, dont elle fait une Profession particuliere: Ainsi je ne voyois plus rien de ferme ny d'assuré dans cette Eglise. Je croyois estre en droit de soupçonner, qu'elle n'eut fait à l'égard de la Doctrine des Indulgences, du Purgatoire, de le Priere pour les Morts, de l' Invocation des Saints, et des autres Articles, cequ'elle a fait à l'égard de la Transubstantiation, de la Realité et du Sacrifice de la Messe; c'est à dire, Je craignois que ce ne fussen des Articles qu'elle eut forgés, contre l● Doctrine de l'Ancienne Eglise, le Te● moignage des Peres, et l'Authorité de l● Parole de Dieu. Davantage, il me se●● bloit, qu'ayant remarqué ses Erreurs, da● le Principal et le plus saint de tous les Mysteres du Christianisme, je n'estois pa● obligé d'examiner les autres Articles, e● que cela seul suffisoit, pour me faire supposer, par un Prejugé bien raisonnable e● bien fondé, qu'elle avoit erré, dans to● les autres Points de sa Doctrine, et qu'● falloit, par consequent, abandonner sa Communion, si l'on vouloit estre savué. Le desir de faire mon Salut, estoit une de sir, que la Grace avoit imprimé bien avant dans le fond de mon Ame, mais la Penses d'abadonner la Communion d'une Eglise, dans la quelle j'avois esté noury, estoit une Pensée bien contraire aux Inclinations de la Nature. Je ne pouvois pas m'aveugler, pour m'empécher de voir les Erreurs de l'Eglise Romaine, mais je n'avois pas encore assez de force pour les abandonner genereusement, au peril de tout ce qui pouroit arriver. Les Arguments, qui m'avoient fait voir mon Erreur, venoient tous les jours s● presenter à mon esprit avec de nouvelles Lumieres et de nouvelles Evidences. L'Eglise de Rome, que je m'estois autrefois representée, comme environée des veritez de l'Escriture, et comme appuyée sur l'A●thrité des Saints de la Primitive Englise, ●ee paroissoit, pour lors, depovillée de tous ces Témoignages. Mais enfin, le même Pretexte, qui m'avoit fait differer ma Conversion, lorsque Dieu m'avoit fait connoistre, que la Foy de Rome n'estoit point fondée, sur la Parole de Dieu, me la fit encore differer, aprés m'avoir fait connoistre, que cette même Foy de l'Eglise de Rome, n'estoit point fondée non plus, sur l' Authorité des Peres, ny sur la Pratique des Premiers Chrestiens, ainsi que le pretendent les Theologiens de Rome. Ce Pretexte estoit l'Authorité de l'Eglise Romaine, que je supposois Infaillible, et ce fut cette Authorité pretendüe Infaillible, qui me retint encore dans la Communion de Rome. Si l'Eglise Romaine est Infaillible qu'importe, disois-je, que cequ'elle determine n'ait aucun fondemnet, dans la Parole de Dieu, ny sur l'Authorité des Saints Peres, ny sur la Pratique de la Primitive Eglise; la supposant Infaillible, il faut croire tous les Articles, qu'elle nous enseigne; et il ne sert de rien de dire, qu'autrefois en a point crû un tel Article: Quand il plaira à l'Eglise de déclarer que c'est un Article de Foy, de croire que la bien-heureuse Vierge a esté conceüe sans Peché, et de tenir pour Oecumenique le Concile de Bâle, qui la determiné, il faudra croire qu'elle a esté conceüe sans peché: Quand il plaira à l'Eglise, de déclarer, que tous les Chrestiens sont reélement et veritablement Ensevelis en Jesus Christ, dans le Baptéme, et que l'Eau, dont on se sert, dans ce Sacrement, est Transubstantiée au Vray Sang de Jesus Christ, dans lequel nos Pechez sont purifiez; Que c'est une Heresie de croire, que sous les Especes de l'Eau du Baptême, il y demeure quelque chose de la Substance de l'Eau, et qu'il faut Adorer le Baptême: Quand, dis-je, il plaira à l'Eglise de dêterminer tous ces Articles, et déclarer qu'ils sont implicitement, dans l'Escriture et dans les Peres, il faudra se soûmettre à croire tout cela, sur l'Authorité de l'Eglise, parcequ'elle est Infaillible. Cette maniere d'agir; d'Avoüer simplement, que les Peres de l'Eglise, et les Premiers Chrestiens, n'ont point crû quantité d'Articles, que l'on tient presentement de Foy, dans l'Eglise Romaine, cette maniere d'agir, dis-je, me paroissoit bien plus sincere, que non pas d'aller chercher, dans les Peres, ce qu'ils n'ont jamais dit, et de faire accroire à la Primitive Eglise, qu'elle a crû des choses, aux quelles elle n'a seulement jamais pensé. Cette Methode de dire librement la Verité, paroissoit un peu hardie, mais elle estoit juste, sincere et bien aisée: Et, selon cette Methode, quand on demande à un Theologien de l'Eglise de Rome; Pour quoy croyez vous la Transubstantiation? il répond simplement, qu'il croit la Transubstantiation, comme un Article de Foy, parceque le Concile de Trente, (en la Sess. 13. c. 4.) a declaré, que c'est un Article de Foy; et prononcé Anatheme contre ceux, qui diroient le contraire. Ne vaut il pas mieux répondre de la sorte, que de s'aller tüer la cervelle à donner à tous les Peres, tant Grecs que Latins, des Explications, qu'ils ne voudroient pas recevoir, s'ils estoient au Monde; et faire acroire que tous les endroits, où les Peres se servent de ces Mots, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉; ils ont vou lu dire 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, qui est une expression que l'on ne trouve nulle part, dans pas us de ces Peres, comme on peut l'apprendre de l' Euéque de Norwich, cité par le Docte● Hammond, dans son Chatechisme. Je voy bien, disois-je, qu'apres l'Exame● de l'Escriture sainte, et des Peres, dans les quels, on ne peut pas trouver évidement le Articles de Foy de l'Eglise Romaine, le plus court chemin, c'est de s'en rapporte● à l'Authorité de l'Eglise, desorte que 〈◊〉 l'Authorité de l'Eglise Romaine est Infaillible, pour agir sincerement, simplement, et en homme d'honneur, il faut dire: Je croy, que le Peuple Chrestien, pour lequel Jesus Christ a répandu son Sang, ne doit point Participer au Calais, parceque le Concile de Constance et le Concile de Trente l'ont ainsi determiné. Je croy; qu'outre le Sacrifice de la Croix, il-y-a un autre Sacrifice Propitiatoire, qui remet les Pechez des Vivants et des Morts; parceque le Concile de Trente en a fait un Article de Foy. Et dire la même chose de bonne foy, du Purgatoire, des Indulgences, de l' Invocation des Saints, et des autres Articles; et non pas s'oppiniâtrer à vouloir trouver dans la Primitive Eglise des Articles de Foy, dont elle n'● jamais eu la moindre connoissance. De cette maniere, il ne reste plus qu'à examiner, s● l'Authorité de l'Eglise Romaine, est Infaillible, ou si elle ne l'est pas. Voilà le Point indivifible, sur lequel je fixois toute ma Religion, c'est là, où je riduisois toutes les Questions de Controverse, et le lien que me tenoit attaché à l● Communion de l'Eglise Romaine. J'exeminay dont cette question de l'Infaillibilite de l'Eglise Romaine; mais, soit que j'eusse peur de trouver cette Infaillibilité auss● mal fondée, que la Doctrine de la Transubstantiation, soit que l'Ambition que j'avois, de soûtenir avec honneur le Traité de l'Eglise (que l'on m'engageoit, en ce temps là, de soûtenir dans des Theses Publiques● m'esbloüist et m'aveugla, pour m'empécher de décovurir la Verité; soit que la Grace ne trouva pas à propos, en ce temps là, d'achever l'ouvrage de ma Conversion, et qu'elle voulut laisser meurir et enraciner, bien avant dans mon esprit, les Raisons, que j'avois meditées, afin de m'affermir davantage dans la Verité de sa sainte Parole; Je trouvay des Preuves et des Raisons, tant bonnes que mauvaises, je me persuaday le premier, afin de persuader plus aisément les autres, et je soûtins dans mes Theses, que l'Eglise Romaine et même que le Pape seul estoit Infaillible, quand il détermine quelque chose de Foy. Cette Persuasion me retenant dans l'Eglise Romaine, je commançay à m'adoucir, et à changer de discours; et (au lieu que j'avois consideré les Articles de Foy de cette Eglise comme des Erreurs, parcequ'elles n'estoient pas Conformes à la Doctrine de la Primitive Eglise et à la Creance des Peres) je ne les considerois plus, que comme des Nouvautés, qui n'estoient pas Criminelles, puisque je supposois l'Eglise de Rome, entant qu'Infaillible, dans le Droit de produire, tous les jours, ou de déclarer de Nouveaux Articles de Foy. Dans cette Pensée, lorsque quelque personne d'Estude me demandoit mon sentiment en particulier, sur quelque Question de Theologie, je répondois simplement, selon mon opinion, et je r● duisois toutes les Questions, à l'Authorit Infaillible de l'Eglise Romaine; mais quand j'estois obligé de parler en Public e● devant le Peuple, je me eroyois obligé, de peur de scandaliser les Foibles, de me servi● de la Methode, dont tous les autres o● coûtume de se servir, et d'apporter (quoyq● contre ma propre persuasion) des Passages d● l'Escriture et des Authorités des Ancien● Peres de l'Eglise, pour prouver les Article de Foy de l'Eglise de Rome. Voilà quelle estoit ma maniere d'agir, e● ce temps là, auquel la seule persuasion 〈◊〉 l'Infaillibilité de l'Eglise de Rome, 〈◊〉 retenoit dans sa Communion. FIN de la PREMIERE PARTIE. MEMOIRES. INTRODUCTION. § 1. The Reasons wherefore I have been engaged to write these Memoirs. I Do consider myself as a public Sinner, since I did profess in the Roman Church a Doctrine contrary to the Gospel: I look upon the life that I led there, as an express Apostasy from the true Faith: And I look upon all the Errors which I Taught, as so many public and scandalous Heresies; But after I have considered myself as a scandalous Heretic, I consider also, that I made against all my Heresies a solemn Recantation. After I have looked upon myself as one that was naturally engaged to be an Apostata from the Gospel, I consider I have been raised up from that Apostasy by the profession that I made two Years since, of the purity of the Gospel. In a Word, after I have considered myself as a public Sinner, engaged by my Profession to seduce the People, and to darken the Light of the Gospel, in deceiving those whom I was to Teach, I do consider myself as a public Penitent, who having been two Years in the first degree of Penitence in the Order of Hearers (as it was ordained by the Holy Canons (a) Council Nicen. can. 11. St. Basil Epist. ad Amph. cap. 26. of the Primitive Church) comes to present himself to my Lords the Bishops, beseeching them to receive him into the Church, that he might by the Steps, which are marked in the same Canons, get up into the state of Light and Faith, at which he was to aim after his Baptism, and from which his Errors drove him far away. And whereas I regard the Bishops as my natural Superiors, and as so many Judges appointed to declare unto me the Will of God; I find myself obliged to give them an account of my conduct, and to tell them plainly the means which God has used to bring me to the Truth of his holy Word. This is the first Reason which obliged me to write. Another Reason is, that I do consider myself as a Man taken out of a great Captivity, and delivered out of a very dark Prison. When God had delivered St. Peter out of Prison by the means of an Angel, whom he sent to him, the Scripture makes me understand, that the Faithful compassed him round about to hear him: to whom St. Peter (a) Act. 12.17. rehearsed the marvellous means which God had used to deliver him out of Captivity. I do not Question, but that the godly People, zealous for the Honour of God, for the Purity of his Gospel, and for the Salvation of all Men, as soon as they hear say that God has been pleased to deliver one of their Brethren out of the Captivity of the Devil, out of the Prison of the Pope, will come presently to meet him, to inquire the means which God hath used in bringing him out of so great a Captivity. Ah! tell us a little, saith that People holily curious, which were the motives of your Conversion? Was it not a very great trouble to you to part from all the Friends you had, to forsake all your Acquaintance, to come to live in a Foreign Country? I think the common People under the Pope's Dominion live without any knowledge of the word of God: Ah! that his Divine Majesty would be pleased to lighten them with his marvellous Truths. I make no Question, but that all the learned Men, and all the Priests who enjoy the liberty of Reading the Scripture, may take a perfect notice of the Errors of Rome; ah! that God would be pleased to inspire them with the Zeal of their Salvation, and to turn away their hearts out of Error as he did yours. Ah! how many thanks are you to give to God Almighty, that he has drawn you out of the Tyranny where you were born: But we should be very glad to hear the particularities of your Conversion. And it is to rehearse them, that I undertook this Discourse, to engage you to join your Thanksgivings to mine, for to thank Him, to praise Him, and to glorify Him, admiring the Greatness of his Goodness, and the Wonders he doth work in the Souls of those whom he has 〈…〉 § 2. The Conversion of a Man who did live in the errors of the Roman Church, is a very great Miracle. SAint Peter's Chains broken by themselves, many Blind men recovering their Eyes, many Sick bodies healed, many Dead raised up again, these are very great Miracles, and marvellous Deeds of the Highest's Mighty Hand: But the Divine alterations which Grace works in our Souls are a great deal more marvellous, more worthy of God's Majesty, better becoming his Almightiness. The Man whom the Finger of God has touched, to work the Miracle of his Conversion, doth not know himself any more, so considerable is that change: he feels his Soul entirely persuaded of certain Truths which God has revealed, which he regarded heretofore as so many lies; and he finds himself delivered from a multitude of errors, which he worshipped as the Truth itself. Peradventure you would have supposed that the prejudications of Error, which he found in his mind from his Childhood, might be like so many petty Tyrants and young Devils, who perplex him, who vex him, who trouble the quietness of his Conscience, and raise up in him dimness and darkness, stealing from his Eyes the very light of Truth: You are mistaken, Grace gives him strength to dissipate the evil Spirits and to withstand Error: He doth enjoy the light of the Gospel with a peace and quietness which cannot be expressed; and as the dawning of the Day which comes first after Night is received by all Creatures with more pleasant and more delightful welcome than the very Light of Noon, so, I dare say, there happens sometimes the same thing in the state of Grace. A Soul newly lightened, enjoys sometimes the Light with more pleasure and sweetness, than do those who have been all their life long in the broad daylight of the Gospel. That a man should live in such a Tranquillity of Conscience as the Saints themselves enjoy in Heaven: That he should find pleasure and sweetness in being persuaded of a Truth which he looked upon before as an Heresy, and did not think of without Horror, it is a prodigious work of the Highest, it is Almighty Gods mighty hand. A Christian, who has prostituted himself to all his Passions, who has dived into all kinds of Vices and Deboachments, who has transgressed all the Commandments of God, when Grace touches and Converts him, it is a great Miracle; yet that man who prostituted himself to all kinds of Vices, did never conceive any horror against those who follow Virtue: He did consider Virtue as a very hard thing, but not as an Abomination; and in the very same time wherein he broke all the Commandments, he thought not that it was a great sin to keep them: He did not look upon those who observed them, as so many Monsters, as so many frantics, as a people, who deserving the malediction of God, and the execration of Men, aught to be exterminated out of the World with Sword and Fire. But a Man who did live in the errors of Rome, before God had heightened him by his Grace, he looked upon the Reformed Church as a Church full of Abomination; he never spoke of those who follow that Church but with Imprecation and Cursing; he never read any proposition of their Doctrine, but presently he added an Anathema, and damned them to the pit of Hell; he had rather have the conversation of Devils, than that of a Protestant: In a word, all the Invectives, Rail, Imprecations, Maledictions, Anathematizations he could heap up, were to be poured out upon those who do profess the purity of the Gospel. When after all those Repugnancies, and Estrangements which seemed to be an obstacle to Truth, you see a Man mollified, opening his Eyes to the Grace of God, changing his Dispositions, his Notions, his Thoughts and all his Manners; Is not that a prodigy of Grace? Have I not reason to say that this Miracle is not only greater than that whereby God gives again Eyes to the Blind, Life to the Dead; but even a great deal more marvellous than that which Grace works in the Conversion of the greatest Sinners? § 3. After what manner the Spirit of God made me understasnd my Errors. THe Lord our God doth not always show altogether at once the effects of his mighty Power, nor doth he work always after the same manner in all the Conversions of Sinners: He speaks sometimes with a thundering Voice, which altogether at once beats down, dazzles, and converts a Sinner: And it was with such a Voice he spoke to (a) Act. 9 St. Paul, when in a minute of time he turned him from the most furious Enemy of the Gospel into a very Zealous Preacher of the same Gospel. Other times he gins to speak to a Sinner softly, and a great way off; He prepares him, he prevents him, and he puts him in the Dispositions he judges fit for his Conversion. It is after this manner he converted the (b) Act. 8. Eunuch of great Authority under Candace Queen of the Aethiopians; he doth not overturn him out of his Chariot, he doth not cast him to the ground to Convert him suddenly, as he did afterwards St. Paul; but he dispoes him by the reading of the Scripture to receive the light of the Gospel. And it is after this manner the Lord has been pleased to draw me out of the Errors of Rome, and to bring me through his great Mercies, to profess here freely the purity of his Holy Word. This is that which I intent to rehearse in all this Discourse; in the First Part whereof I will recite how I understood that the Doctrine of the now Roman Church is grounded neither upon the Authority of the Holy Scriptures, nor upon the belief of the Primitive Church, nor the Authority of the Holy Fathers. And in the Second Part, how I understood that the Church of Rome is not the True Church; that its Authority is not Infallible; and that it is full of Corruptions and Errors. FIRST PART. The Doctrine of the Roman Church is grounded neither upon the Scripture, nor upon the belief of the Primitive Church, nor the Authority of the Holy Fathers. CHAP. I. How I understood the Doctrine of the Roman Church to be not grounded upon the Scripture. §. I. The Reading of the Scripture disposed me beforehand to acknowledge the Errors of Rome. BEing in the Ecclesiastical Orders of the Church of Rome, I thought myself engaged upon pain of a mortal Sin, to recite every day the 119th Psalm; wherefore I did read it every day with as much application as I could: Ch. 1. §. 1. The obligation to recite it so often, did never make me to loath; and though I were weary oftentimes to Read, or to hear Read, I do not know how many fabulous Stories, which are to be found in the Roman Breviary, several thwart applications of the Scripture; several Orisons and Litanies, wherein they Pray to all the Saints one after another, to obtain of them the things which we are to hope only from God Almighty; yet I was never loath to hear the Scripture, especially this Psalm, whereunto I had some most peculiar Attractions: I went to Church with joy; I opened my Breviary with pleasure to Read that Psalm, and I discovered therein every day some new glimpse of Light, which enticed me to have a great deal of Esteem for the Word of God. Psalm 119. It is in that Psalm I learned that the Wor of God is an excellent remedy to Cure all the Diseases of our Souls (a) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 9 drawing them out of their Deboachments, and a miraculous Preservative (b) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 11. to keep them from falling again into Sin: Therein I learned that an infallible mark to be sure whether a man fears God, or no, is to know whether he be glad (a) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 74 to see and frequent those, who put all their trust in his Holy Word: Therein I learned, that a very good way to become (b) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 98. Wiser than all our Enemies, to have more * 99 understanding than all our Teachers, * 100 to be Wiser than the Ancients, is to love the Scriptures, so that our Study be in them all the day long. Therein I learned, that the Word of God is an Holy Contract full of a great many very obliging Promises, wherein the Lord has been pleased to agree with men, (c) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 50. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 82. to comfort them in their afflictions; (d) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 28. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 107 to strengthen them in their troubles; to fulfil them (e) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 41. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 58. with his loving Mercies; to save them; (f) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 81. to deal well with them, (g) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 65. to take them in his Protection, and to deliver them. Therein I learned, that the Saints are to love the Word of God, (h) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 154. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 170. above all Silver and Gold in the World; that (i) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 72. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 127. it is their Meditations all the day long: That the cause of their grief and trouble, is to see that their Enemies, which are not others than the Enemies of God (k) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 97. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 148. have forgotten his Holy Words, despised them, and banished them out of their hearts; therein I learned that the Word of God (a) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 139. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 158. is sweeter than any thing; that it is (b) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 103. a LAMP unto our Feet, and a LIGHT unto our Path; that (c) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 105. the entrance of the word of God gives LIGHT, that it gives understanding unto the simple; that this holy Word is (d) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 130. very Pure, that it is (e) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 140. true from the beginning, and that it (f) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. 160. endureth for ever. These Holy thoughts of a Prophet full of the Holy Ghost, presented themselves every day unto my eyes with some new enticements, and made me conceive so high an esteem of the word of God, that I fully resolved to make the Holy Writings my peculiar Study. I read first many times that Translation of the Bible, which is called the Vulgar Translation; then having obtained the permission of Reading the Scripture in a Vulgar Tongue; knowing that ones own Tongue prints in his mind more pure and more lively Notions; I read the Translation of the Bible by the Doctorsof Louvain: But whereas I heard say every day by those I conversed withal, that the Bible was a Book full of Darkness; that the Translations thereof had been corrupted by the Heretics: I read the New Testament in the Togue in which every body confesses it has been first written; and as for the Old Testament, the places, which they say have been corrupted by those of the Reformed Church, I conferred with the Translation of the Sventy Interpreters, which I thought free from Corruption, since it was done about 272 Years afore the Birth of our Lord Jesus Christ. Good God how marvellous are the means thou art pleased to use to act thy Miracles! would some body had told me at that time; Oh you are plunged in many Errors, and all that Study of the Scripture to which you give yourself with so great an application, it is the work of God, who gins to pluck you from the Errors of Rome: Alas! I should have been amazed very much: Yet for all that, it is very true; for, if I had been altogether Ignorant of the Original Tongues of the Scripture, I should have had some Reason, or at least some pretence to mistrust, that the places of the Scripture which are directly contrary to the Doctrine of the Church of Rome, Ch. 1. §. 2. had not been Translated according to the Originals, or that the Interpreters had changed the sense and the signification of them, as it is cried out so often by those of the Roman Church. § 2. The Errors of the Roman Church, whereof I was persuaded, made me find in the Scriptures many difficulties, many insufficiencies, and many contradictions. THe reading of the Scripture raised in my mind many difficulties; Difficulties of the Scripture. not that the Scripture is dark in itself; but because I had my understanding full of the Errors of Rome, and I did endeavour to find those Errors in the Scripture, in the places from whence the Roman Writers are wont to draw them. This place of (a) Matth. 16.18. St. Matthew: Thou art Peter, and upon this Rock I will Build my Church, and the Gates of Hell shall not prevail against it, etc. That of (b) Luke 22.32. St. Luke: I have prayed for thee that thy Faith fail not; and that (a) John 21.16. of St. John, Feed my Sheep, etc. If all these Words do signify nothing but what every body conceives by the natural notions which they do picture in our Soul, these Words are very easy; but if they do signify, that the Pope is the true Successor of St. Peter, the Vicar of Christ, the Highpriest, the Head, the Bridegroom, and the Foundation of the Church, as he is styled (b) De Pontif. Roman. lib. 2. cap. 31. by Bellarmin; if they do signify that the Pope is Infallible, that he has the power to make new Articles of Faith; (c) 2.2. q. 1. art. 10. as Thomas Aquinas doth hold: If those places of Scripture signify all these Propositions, they are very dark, we must confess, it is a very hard matter to follow these Consequences, since they are contrary even to common Sense. That place of St. Paul, (d) 1 Corinth. 11.24. This is my Body: If these Words are to be expounded after the same manner that those other words of the same St. Paul in the same Epistle, in the next Chapter: (e) 1 Corinth. 12.27. Ye are the Body of Christ: this place is very easy; but if these words signify, that the substance of Bread in the Holy Sacrament is transubstantiated into Jesus Christ his own Flesh, into his own substance, as it is written (a) Sess. 13. cap 4. can. 2. in the Council of Trent; that place is very obscure, there is not in all the Scripture such another: And if we are to give to all the Texts of Scripture which are alike to that, so rough an explication, to understand them after the same manner, the Council of Trent understands that of St. Paul; we must needs say, that all the substance of Christ is Transubstantiated into the substance of a (b) Joh. 10.7. door; that Christ is truly and really a (c) Joh. 1.29. Lamb; that the spiritual Rock which followed the Children of Israel in the Wilderness had but the appearances, the colour, the hardness, the resemblance of a Rock, but truly and really it was Transubstantiated into the Body, into the Blood, into the Soul, and the Divinity of Christ, because the Scripture saith, (d) 1 Cor. 10.4. That Rock was Christ. And how horrid an absurdity would it be to draw such consequences? Ah, we must confess the Scripture is very difficult, if we are to receive such Interpretations. Besides, that I did find in the Scripture many Insufficiencies: Insufficiencies of the Scripture. I thought it was an Article of Faith to believe that the Roman Church is the true Church which Christ has established, and in all the Scripture I did find nothing of it: I knew it was an Article of the Faith of Rom, to believe that it is an Holy thing, godly, acceptable to the Lord, and profitable to Men (a) Sess. 25. To call upon the names of the Saints; (b) Sess. 25. decr. 2. To Worship their Images, Bones and Relics, according as it is decreed in the Council of Trent: And I did not find in all the Scripture any Prayers directed to the Saints after their Death; I did not find in all the Acts of the Apostles, nor any where else, that the first Christians had any Images in whose presence they said their Prayers, neither do we read they had any Caskets or Shrines, wherein Relics were kept to bring them abroad in solemn Processions, to set them in the middle of their Churches, and to Worship them there. Wherefore I said sometimes to myself: Alas! If We keep the same Faith as the first Christians; why do We the things which the first Christians never did? Why do We call upon the names of Saints? Why do We Worship their Images and Bones? I found not in all the Scripture, Indulgencies, or Purgatory; in short, I thought myself obliged to beieve several Articles of Faith of which there is no mention in the Scripture. That made me think that the Scripture was an insufficient Book, and that every thing which is necessary to believe for our Salvation, is not contained in it. But I did not perceive my errors, nor the falsehood of my discoursing, and that whereas I did conclude, that the Scripture was insufficient, because I did not find in it all those Articles, I should rather, and more rightly conclude, that all those Doctrines are not Articles of Faith, since they are not to be found in the Word of God. These first glimpses of Truth made a mighty Impression in my Mind, though under pretences of Doubts, Difficulties, and Insufficiencies, Contradictions of the Scripture. to which were added even many contradictions which I found in the Places of the Scripture, whereby the Doctrine of the Church of Rome is utterly subverted; in that place of (a) 1 Tim. 4. St. Paul to Timothy: Now the Spirit speaketh expressly, that in the latter times some shall departed from the Faith, giving heed to seducing Spirits and Doctrines of Devils, speaking Lies in Hypocrisy, having their Consciences seared with a hot Iron; forbidding to Marry, and commanding to abstain from Meats, which God has created to be received with Thanksgivings. You would say that the Apostle did see by the Spirit the Errors of the Roman Church, which he condemns beforehand as Doctrines of Devils: Who doth not understand that these words do utterly destroy the Doctrine of the Popes, in the Decree of Gracian (a) Distinct. 82. can. Propos. & can. Propos. & can. Plurimos. (wherein the Marriage of Churchmen is styled a defiling and a Sacrilege)? Doutterly destroy the Commandments of the Roman Church, wherein it is commanded to abstain from Meats, upon the pain of a Mortal Sin? These Words of (b) 1 Cor. 10.16. & 17. St. Paul to the Corinthians, The BREAD which we break is it not the Communion of the Body of Christ? We are all partakers of that one BREAD, and in the next Chapter, (c) 1 Cor. 1●. v. 26, 27, 28. As often as you Eat that BREAD, etc. Let a man examine himself, and so let him Eat of that BREAD. All these Testimonies of the Holy Ghost were a mighty weight to incline me to believe that the Holy Sacrament was the Bread which is broken: Ch. 1. §. 3. But at last error did come again to extinguish this sparkle of Light, which began to shine in my Soul; and whereas it is the belief of Rome, which is to be ruled, modified and accommodated to the Truth of the Word of God, I did persuade myself, that these places of the Scripture were to be ruled, modified, and accommodated to the belief of Rome, and so I was obliged to look upon all those Words of Scripture as so many Contradictions. §. 3. Circumstances which did contribute to hasten my Conversion. IN that condition I found myself divided betwixt Error and Truth, betwixt the Word of God and the Belief of the Church of Rome: But Error brought forth some pretences to persist stubbornly; May be, said I, the reason wherefore I come to so many Difficulties, Insufficiencies, and Contradictions in the Scripture, is because I have not read what the Theologians writ concerning such Questions; may be the Study of Divinity will make plain all these Difficulties, supply all these Insufficiencies, and reconcile all these Contradictions. So I was like to that blind Man, whom Christ put his hand upon, (a) Mar. 8.24. he did see truly, but yet he was not able to distinguish Men from Tree; the Word of God had restored my Eyes, but they were but weak, and subject to a great many dimnesses; it was need to have some time to strengthen me in the Truth, which I had but a glimpse of, and to take away the Ignorance of Divinity, under the pretences of which the Devil would cloak the Word of God. Therefore the Divine Providence, that took care for my Conduct, disposed all things to hasten my Conversion, it brought to pass several incidents which the Profane would call chance, but the Saints style The hand of the Lord. First I was destinated for the study of Divinity four years before all my Companions; let the Flatterers and Profane say what they please, those who judge holily of things that come to pass, understand very well that the design of the Lord in that, was no other but to take away as soon as it could be, the fair Pretences, wherewith Error would have offuscated Truth. Secondly, the Lord permitted I should come to an able man, learned in Divinity, both Scholastical and Positive, perfect in Right Canon, which is the Decrees of Fathers, Councils, and Popes; in a word, a man who was marvellous in Study of Controversies, and in every thing which can contribute to make an absolute Divine: But He permitted also that there might be in so excellent a man, the fair Dealing and the Sincerity of a Child; that was the reason that some Years after, when he had known the Truth of God, and the Errors of Rome, because he knew not how to disguise Truth, he published it every where; he could not forbear to say, that Indulgences, Purgatory, and the Obligations of Believing the Articles of Faith of the Pope, and of keeping his Commandments upon ●ain of a mortal Sin, were so many ●rafty Tricks of Rome to get Money: He could not forbear to tell every Body the Mysteries, the Factions, the Impostures of the most part of those last Councils, which are accounted General and Ecumenical by the Church of Rome; he defended generously all the Truths which we profess in the Church of England, wherefore he drew upon himself all the Persecutions he suffered for Truth, so that afterward he died a Martyr for the Gospel by the severity of the Laws of Rome. Oh! had he been in the time that I conversed with him as much lightened as he has been since, he had saved me many troubles and perplexities; he had doubtless delivered me out of that Suspension of Spirit whereunto I was reduced by the subtlety of his Answers, and the height of his Resolutions: But in that time the Lod did but begin his Conversion as well as mine, and lighten us both by degrees, yet with these two differences: First, the Lord destinated him to suffer all kinds of Persecutions, to make him a Witness of his Holy Word, a Martyr of the Gospel; and he has not yet judged me worthy of Persecutions, nor of Martyrdom. Secondly, he would have him raised up to the number of those great Saints whom the World afflicts and torments; Ch. 1. §. 4. (a) Heb. 11.38. Of whom the World is not worthy: Therefore the Lord ravished betimes that innocent Soul in the liveliness of his Years, and speedily was he taken away, (b) Wisd. 4.11. as saith Solomon, Lest Wickedness should alter his Understanding, or deceit beguile his Soul: Whereas the Divine Justice has looked upon me as a grievous Offender, who am suffered to live, that I might Mourn and Weep longer for my Sons. §. 4. The Conclusions of this Chapter. How I came to know that the Articles of faith of Rome, cannot be proved by Scripture. IT was under the Conduct of that learned and holy Man, that I began to give myself to the Study of Divinity: I read what Authors do write concerning those Questions; but specially and more exactly concerning the Questions which are controverted, which are for the most part the Doctrines the Church of Rome hath received out of pride and covetousness without any ground in the Scripture. I found in those Questions several difficulties; I came to propound them to my Master: there is, said he, what Bellarmin Answers; there is for this matter the Exposition of Cardinal du Perron; there is what Bonaventure; what Thomas Aquinas; what Scotus; what Suarez; what Valentia; what Boivin; what Herincx; what others say touching that difficulty: But when I asked him, Tell me, I beseech you, freely, what do you think? He Answered me almost to every one of those Questions. To tell you the truth, said he, the Doctrine of Purgatory, of Indulgences, of Worshipping Images and Relics, the Doctrine of Transubstantiation, etc. I do not find all these Doctrines very evident in the Scripture; I do not see neither how they can be drawn very directly out of those places of the Bible, th' Authors of Rome are wont to produce, to prove them by; I give them you, said he, only to allege to those who would have a place of the Bible he brought forth in every matter, to have some pretence to say (seasonably or unseasonably) the Scripture speaks of that Matter, and to content the Heretics: But to speak plainly, I do sincerely confess it is not the Scripture which obliges or persuades me to believe all those Articles, but the true and the only reason why I do hold them, is, because the Church teaches them so. There are, said I in self, at once a great many difficulties abridged; it is a great deal more just and more reasonable to deal after this manner, than to consume all our brain, to find in the Scripture, with great pains of false discoursing, what the Holy Ghost had never intention to teach therein: Let us acknowledge then freely, that all the Articles of the Faith of Rome are not in the Scripture, nor grounded upon any thing else, but upon the Authority of the Church: After that, all these difficulties may be very easily resolved: All the business will be but to know whether or no I am obliged to believe as an Article of Faith, what the Roman Church teaches without any ground from the Scripture. This was the pass to which I was reduced, to this I thought all the Theology of Rome was to be reduced: I did but lose my labour in consulting other Professors of Divinity, in Conferring with those Friends of mine who were, some Bachelors, some Licentiates, some Doctos of Sorbon, and Curates of some chief Parishes in Paris: They spoke but Gibberish, or some Latin words contrary to the good common Secne and Reason, when they would have grounded the Doctrine of the Church of Rome upon the Scriptures; and they never spoke with reason; but when at last they reduced themselves, as to a Principle, to the infallible definitive and final Judgement of the said Church in such matters. CHAP. II. Chap. 2. How I understood the Articles of Faith of the Roman Church not to be grounded on the belief of the Primitive Church, neither on the Authority of the Holy Fathers. INTRODUCTION. The Reading of the Books concerning the Perpetuity of Faith in the Eucharist, was an occasion to me to examine in particular the belief of Rome about that matter. THus the affairs of my Conversion depended, when Providence, that watched after the means to work out my safety, brought forth an Occasion that did contribute very much to reduce all my Difficulties to the Question of the Authority of the Church of Rome, to the end, that this Authority being proved false, the Doctrine of Rome, which is grounded upon it, might be presently destroyed. It was in the Time when the Dispute of the Perpetuity of Faith concerning the Eucharist, made a great Rumour in the World among learned Men. I read with as much application as I was capable of, the Books and the Replies both of Mr. Claude, and of Mr. Arnaud; the Triumph of the Eucharist, by Mr. Pavillon; the Book of Father Noüet; and the Book of the Testimony of our Senses in the Eucharist. I do not intent to make myself an arbitrator, to judge those rare men who are accounted without contradiction, the most Witty and Learned of France. Since I do but tell the History of my Conversion, I do only rehearse the effects, the Reading of those Books wrought in my Soul; and I am not so unjust as to hinder the rest of the World to think what they please of those learned men's writings, and to judge them at liberty. The reading of those Books brought me abundance of light in the Question of the Holy Sacrament. I did consider the Argument of Perpetuity as an Argument which being not Metaphysical, was to be reduced at last to a multitude of Probabilities, from which one could never conclude any thing with necessity; though he would suppose as true with Mr. Arnauld, the Principle whereupon it is grounded; to wit, the Belief of all the Churches in the point of * Which in the Sense of the Roman Church, is Transubstantiation. reality. All the Christian Churches, saith Mr. Arnauld, believe the real Presence, therefore it was the belief of the Primitive Church; for in a matter of so great Importance, it is impossible there should have been made any alteration in Doctrine. This Argument found I know not what repugnancy to be received in my mind: for, though I supposed the first Proposition to be true, which since, by the Study of the Histories and Relations of several Countries I acknowledge to be false; yet I could not consent to the consequence, because the proof of it was not true to my thinking, and what endeavour soever of Rhetoric Mr. Arnauld Used to expound and sustain his Thought; yet I did ever conceive, that it was very likely some alteration had been made in the Doctrine of the Eucharist, as well as in other Articles, in which every body acknowledges there has been. On the contrary, I found Mr. Claude's Answer very reasonable: This alteration has been made, saith he, therefore it is not impossible; and his proof: the Church of Rome doth believe the real Presence with Transubstantiation, but they did not believe so in the Primitive Church; therefore there has been made an alteration; and afterwards he proves in his Book, by the Authority of Authors, who lived in that time, that truly in the Primitive Church they did not believe the real Presence of Christ in the Holy Sacrament. This Argument seemed to me very natural, sincere, and true; the proof of it easy, and well grounded. But for that of Mr. Arnauld's, it seemed to me rough, uneasy, intricate; the proofs of it grounded upon suppositions in the Air, which could not be reduced at last but to some appearances of truth proving nothing necessarily. These Reasons incited me to judge in favour of Mr. Claude against Mr. Arnauld's Argument. But though I was persuaded his Argument was not good, yet I would not confess the Opinion he was for, was not true: May be, said I, Mr. Arnauld hath proceeded a little too far in a false proof, and afterwards he hath been engaged for his honour sake to hold it earnestly: But in fine, Mr. Arnauld is but a private man; the Church of Rome may disclaim his Argument, and not hold with him: So Mr. Arnauld's Reasons being false, it doth not follow from thence, that the belief of his Church is false, since it could have other Proofs, and other Reasons: That was the cause why I resolved to examine the Question of the Eucharist for my own clearing, and here is very near the Method I observed in it. Division of the Errors of the Roman Church concerning the Matters of the Eucharist. I supposed first as a principle which I received without examination, that the Primitive Church was to be our Rule, since that Church nearer to the Apostles and our Saviour Jesus Christ, had the advantage to suck Truths out of their Source: That being supposed; I divided all that is to be said of the Eucharist in two parts. First, The Belief concerning the Sacrament. Secondly, The form of the Administration of it. Since then, said I, the belief of the Council of (a) Consil. Trid. sessi. 33. Item sess. 13. cap. 4. can. 2. Trent touching the Eucharist, is not to be found in the Scripture, since the Form of Administrating the Sacrament in the Roman Church is so much different from that which is related by St. Paul, in the First to the Corinthians, chap. 11. and by the Evangelists, we are to examine whether the Belief of Rome had not been the Belief of the Primitive Church, and whether the Mass, which is the Roman Form of Administering the Sacrament had not been instituted by the first Christians. And whereas the Church of Rome believes the (b) Consil. Trid. sess. 33. & sess. 13. real Presence with (c) sess. 13. cap. 4. can. 2. Transubstantiation, believes that the Mass is a propitiatory (d) Sess. 22. cap. 1, & 2. can. 1, 2, 3. Sacrifice both for the quick and for the dead, believes that the Mass, as it is now ordained by the Pope, is the ancient Form of Celebrating the Eucharist; I examined every one of those Questions, Ch. 2. §. 1. and I found 1. That the Belief of Rome about Real Presence with Transubstantiation, is a new Doctrine in the Church. 2. That the Sacrifice of the Mass is contrary to the belief of the Primitive Church. 3. That the manner of Celebrating the Eucharist is very much different and quite opposed to that which Christians were used to in the first Ages of the Church. From whence I concluded, that the Articles of Faith of Rome are not grounded upon the belief of the Primitive Church. SECT. I. The Belief of Rome about the real Presence with Transubstantiation, is a new Doctrine in the Church. I. First proof drawn out of the reasons wherewith the Fathers of the Church were used to dispute against the Heathens. SEveral Reasons persuaded me, that in the Primitive Church they did not believe the real Presence with Transubstantiation as the Roman Church Teaches it. The first of all was the Argument which the Holy Fathers used to prove the Idols of the Heathens not to be Gods. The Idols you Worship so earnestly, (said (a) Arnobi. lib. 6. Lactant. lib. 2. cap. 2. they to the Heathens) are not Gods. If they fall to the ground they cannot raise up again by themselves, therefore they need the help of Men; they can neither open their Eyes, nor stir out of the place where they have been set, nor give the least sign of respiration. They are subject to Rustiness, Worms, and Corruption; Mice come to gnaw them, and work their holes even in the Idols themselves: In fine, The Doors of your Temples must be shut up with good Locks, lest Theives should steal those Gods of yours. It is to be believed that men who spoke thus, would hold the Body, Soul, and Divinity of Christ to be Really Present in the Holy Sacrament? Would not they have had reason to fear that the Heathens, who were very able men, would use against them the same Argument, and tell them; Your Host is not a God neither, you are not to Worship it; for it is subject to the same conveniencies and accidents as our Gods are? Would a Divine of the Church of Rome have the boldness to dispute against the Heathens, with the same reasons which the first Christians used? The People of Paris said about five or six years ago; They have stolen to day God Almighty out of St. Sulpitius' Church, out of the Parish of Boulogne, out of, I do not know how many other Churches; could that people say by right, that the reason why the Idols are not Gods, is because they cannot defend themselves against the Theives, who come to take them away? Those who have composed the Rubrics of the Missal, wherein they Teach what is to be done in case the Host is fallen upon the Ground, in case that that which is in the Chalice be spilt; would they say, that the reason why the Idols are not Gods, is, because when they are fallen, they cannot rise up by themselves? Thomas Aquinas, and other Doctors of the Roman Church, who do suppose the Host may grow mouldy, that Worms may breed in it; should they dare say, as did the first Christians, that the reason why we are not to Worship Idols, is, because they are subject to Rustiness, Worms, and Corruptions? A Man of the Church of Rome, who knows that the Pope (a) Platina. in. Victori. Victorinus the Third, was Poisoned in Drinking that which was in the Chalice: That Henry the Seventh, Emperor, was Murdered with a Consecrated Host; and that (b) Math. Paris. an. 1154. Henry, Archbishop of York, was used after the same manner in taking the Sacrament: Durst One, who knows all these Stories, say, the reason why the Idols are not Gods, is because some of them falling out of their places have bruised and hurt those who usually walked about them? Words are the Expressions of our Thoughts; if the Church of Rome hath the same belief, and the same Doctrine concerning the Eucharist, as the first Christians, Why doth it not dare to urge the same things which were maintained by the first Christians? Or if the first Christians had the same Faith as the Church of Rome now, how came they to urge Arguments, which the Church of Rome now dares not maintain? It is easy to know how great a prejudice this Argument is against the Belief of the Roman Church; so did it work a mighty effect in my Soul: And because I thought it very hard to have a resolution to it, I proposed it in public Disputes at Paris, and first, the Professor denied that ever any of the Fathers had used such Arguments: But for as much as I could not abide to take a Lie before so many People, I sent for Arnobius his Book, and I read therein proofs enough to maintain the Propositions I stood for; then the Professor, who was as much able to give Distinction to no purpose, as he was ignorant in reading the Fathers, brought distinctions upon distinctions, till at last in denying or distinguishing propositions clearer than the Sun itself, he had reduced the Dispute to some Philosophical Question to avoid Answering my Argument. I proposed it again to several Learned Men, I looked for some Answer and Solution in the Books of Divines; and I found nothing no where that could satisfy me in that Difficulty. II. Second Proof drawn out of the Reasons wherewith the same Fathers were wont to dispute against the Heretics. THe second Reason that persuaded me, that in the Primitive Church they did not believe the Real Presence with Transubstantiation, was the Argument the first Christians used to prove against the Heretics of their Age, that Christ had a true Body, and that he was not a Ghost. Jesus Christ, saith Tertullian, (a) Lib. 4. Cap. 40. cont. Marci. Took the Bread, and divided to his Apostles; he made his Body of it saying, This is my body; that is to say; The Figure of my body: But it could not be the Figure of his. Body, if he had not had a true Body; since a thing in the Air, such as a Ghost, is not capable of any Figure. And (b) Lib. 5. Cap. 1. Irenaeus disputing against the Heretics, who said Christ had not taken the Human Nature: If it be so, says he, the Lord has not Redeemed us with his Blood; the Chalice of the Eucharist is not the Communication of his Blood; and the Bread we break, is not the Communication of his Body, for the Blood cannot proceed but from Veins, Flesh, and the rest of the Substance of a Man. If these Fathers had believed the Real Presence with Transubstantiation, they had spoken thus: Had not they said, the Eucharist is Christ's own Flesh, his own Soul, his own Divinity, therefore Christ was not a mere Ghost, since we have his Flesh in the Sacrament? Had not this Argument been stronger than the other, wherein they proved, that Christ had a true Body, because the Sacrament is the Figure of his Body? Irenaeus ought to have supposed in the Chalice of the Eucharist, Christ's own Blood to be; and not as he doth, that the Chalice of the Eucharist is the Communication of his Blood; he should have said, the Bread we break is Transubstantiated into Christ Body; and not, that it is the Communication of the Body of Christ: In a word, he should have said that the Sacrament was Christ's own Flesh, Christ's own Substance. And though those Arguments of the Fathers are admirable, and most cogent, yet they would have betrayed the Truths, if, being persuaded of the Articles of the Real Presence with Transubstantiation of the Roman Church, they had forgotten to speak of it. I am very sure if the Ancient Heresies should come again into the Church, there would be never a Divine to be found in the Roman Church, who durst prove against them, as did Tertullian against Martion, that the Sacrament of the Eucharist, is the Figure of Christ's Body; and that consequently, Christ was not a Ghost. On the contrary, a Protestant would be able to bring against those Heresies the same Arguments which the first Christians used, and he would be warranted therein by all his Church: From whence comes that difference? if not from that that a Protestant believes nothing concerning the Sacrament, but what they believed in the Primitive Church; whereas a Divine of the Church of Rome acknowledges several articlesof Faith, which were unknown among the First Christians, and which consequently are the cause he cannot speak the same Language, nor use the same Arguments they used. These two Reasons seemed to me so much the stronger, because I looked upon them not as the opinion of a single man, who may be deceived, or some place of a Book, which may be corrupted, and drawn into an ill sense; but I looked upon these Reasons as the Reasons of all the Church, and public Weapons both of Learned Men, and of the People, to fight the Heathens and the Heretics with all. III. Third Proof drawn out of the manner whereafter the Fathers were wont to speak of this Holy Sacrament. THat which confirmed me that in the Primitive Church they did not believe the Real Presence with Transubstantiation, was the manner wherewith the Fathers both Greek and Latin, were wont to speak of those Mysteries. Theodoret (a) In 55 Quaestiosuper genesim. says, It is an extreme foclishness and extravagancy to Worship what one Eats: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. And the same in (b) Dialog. 1. Entitled, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 another place; The LORD, says he, did the honour to the visible Signs, to call them his BLOOD, and his BODY, not having changed their Nature, but having added Grace to Nature. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. Is there any appearance that the Fathers believed what the Council of Trent teaches? A Divine of the Church of Rome, who should say, that it is an extreme extravagancy to Worship what one Eats: That Christ hath not changed the Nature of Bread and Wine in the Sacrament, would he not presently be sent to the Inquisition, and condemned as an Heretic, to be burnt a live? The Eucharist, say the Fathers of the Church, (a) Cyprian. de Caena cap. 6. is a visible Sacrament whereupon the Divine Essence imparts itself after an unutterable manner. It (b) Idem cap. 2. is an Holy Nutriment, capable of rendering us Immortal, which is very much different from the ordinary Nutriments we are daily fed withal; It keeps indeed the kind of a corporeal substance, but it makes known by an invisible efficacy that it possesses the Presence of a Divine Virtue. (c) Hilary de Trinit. lib. 8. we are in Christ by his corporeal Birth, and he is in us by the Mysteries of his Sacraments. (d) August. cap. 12. cont. Adimant. The Lord did not doubt to say, this is my Body, when he gave the Sign of his Body. He (a) Idem in Psal. 3. permitted Judas to be present at the Banquet wherein he committed and gave to his Disciples the Figure of his Body and Blood. If a Roman Author should use these expressions which the Holy Fathers used, would not a Bishop of the Roman Church zealous for the Interests of the Council of Trent, say to him; Sir, 'tis not enough to say with Cyprian, than tthe Divine Essence imparts itself in the Eucharist, after an unutterable manner; the Heretics say all that: You must say furthermore, the Body and Soul of Christ are there really in the room of the substance of Bread? 'Tis not enough to say the Eucharist is an Holy Nutriment of a Divine Virtue, the Heretics do confess all that: You must say moreover it contains the Real Presence of Christ's Body and Blood. 'Tis not enough to say that Christ is in us by the Mysteries of his Sacraments, the Heretics do believe the same thing; but you must say, he is in us really his, Body, his Soul, his Divinity. In fine, you must have a very great care of saying, the Sacrament is the Sign and the Figure of Christ's Body and Blood; as St. Austin said, you must say to the contrary, that it is not the Figure of Christ's Body and Blood, you must say that it is Christ's own Body and Blood, into which the Bread and Wine of the Lord's Supper is Transubstantiated. Certainly this Bishop would speak well according to the belief of the new Roman Church, but he would be far from the Doctrine of the holy Fathers: He would forsake the Faith of the Primitive Church; he would bring forth propositions of which the first Christians have been wholly ignorant; he would even condemn the Belief of 330 Bishops of a general Council held at Constantinople, in the year 754. for those 330 Bishops condemning as Idolatry the Worshipping of Images, among the Reasons they brought, did exhort the People to be contented with the Images that Christ has instituted, giving in the Holy Sacrament, Bread and Wine, as Images, and Figures of his own Body and Blood: and speaking of the Bread of the Eucharist: Behold, there is, said those Fathers, the Image of his lifegiving Body; and a little after: The Lord, say they, has commanded us to put upon the Table this Image especially chosen, to wit, the substance of Bread, lest Idolatry should slip in among the Christians, if he had been represented under an Human Figure. IU. Fourth Proof drawn out of the Novelty of the Doctrine teaching Transubstantiation. ALl those Reasons persuaded me not only, that the belief of the Real Presence with Transubstantiation was not the belief of the Primitive Church, but furthermore, that they were Articles of Faith newly devised: And I knew afterwards they were no older than the beginning of the thirteenth Age, when Pope Innocent the Third, in the (a) Scotus in 4. Sent. dist. 11. quaest. 3. Council of Lateran, in the year ●214. set among the Articles of Faith, the Belief of Transubstantiation, since we see, that in the end of the Ninth Age, about the Year of our Lord, 870. Bertram, or John Scot, one of the most learned Men of that time, wrote a Book, by the command of Charles the Bald, King of France, touching the question of the Eucharist, wherein he maintains openly the Belief of the Protestant Church: since we (a) Biblioteca Patr. de Diu. Offi. find a letter of the Emperor Charles Magne, to his Teacher Alcuinus, wherein these words are to be read: Jesus christ supping with his Disciples, broke the Bread, and gave it to them; likewise the Cup, in figure of his Body and Blood: In fine, since even in the Canon of the Mass, instead of these words which are to be found there now: Ut nobis Corpus & Sanguis fiat dilectissimi Filii tui, etc. That it may become to us the Body and Blood of thy most wellbeloved Son, etc. These other words were to be read: Fac nobis hanc oblationem ascriptam, rationabilem, acceptabilem, quod est Figura Corporis et sanguinis Domini Nostri Jesu Christi: which is the Figure of the Body and Blood of our Lord Jesus Christ. All that made me know, that to establish the belief of Reality with Transubstantiation in the Church of Rome, there hath been need, not only to corrupt the Scriptures, and to give them an interpretation which is absurd, impossible, and ridiculous; but moreover, to withstand all Antiquity, Ch. 2. §. 2. to pervert the Writings of the Holy Fathers, even to suborn the Canon of the Mass, which, afore such monstrous corruption was slipped into the Church, was but a certain number of Prayers, devout enough, and very reasonable. Those horrible alterations which I discovered, caused me to look with detestation upon the belief of the Roman Church, and to mistrust it in every thing. SECT. II. The Belief of Rome about the Sacrifice of the Mass, is contrary to the belief of the Primitive Church. I. In what sense it is true to say that the Holy Sacrament is a Sacrifice. A Little while after I discovered the consequences and the progressions of the Error and the Falsehood of this other Article of the Council of Trent: (a) Sess. 2.2. cap. 1, 2. can. 1, 2, 3. The Mass is a propitiatory Sacrifice for the Quick and for the Dead. To explain this Proposition, we must suppose with the Scripture, that Alms, Prayers, and Thanksgivings, and the rest of our good Works, are Eucharistick Sacrifices; so the Prophet (b) Cap. 14. v. 3. Hosea calls the Thanks which we give to God, The Calves of our Lips: So David directs his Prayers unto God, saying; (c) Psal. 141.2. Let my Prayer be set forth before thee as incense, and the lifting up of my Hands as the Evening Sacrifice. So (d) Ad Heb. 13.15. St. Paul following after David, says; Let us offer the Sacrifice of Praise to God continually, that is, the fruit of our Lips, giving thanks to the Name: It is in that sense that all the Christians in the Scripture are called Priests: Ye are, (e) 1 Pet. 2.9. says St. Peter, awchosen Generation, a Royal Priesthood, an Holy Nation, a peculiar People, that ye should show forth the Parises of him who has called you out of Darkness into his marvellous Light: And St. John, in his (f) Rev. 1.6. Revelations: He has made us Kings and Priests unto God and his Father. From whence you see that the Sacrifices of the Christians are Prayers, Alms, Thanksgivings and good Works, and that all the Christians are themselves the Priests, who offer them to God. In that sense I conceived very well, that the Holy Sacrament, being the Commemoration of the death of the Son of God, was a Sacrifice of Thanksgiving, of Praises, of bounden Duty and Service, as I have learned since more perfectly in the Book of Common-Prayer; wherein immediately after having received the Holy Communion, we say: O Lord and Heavenly Father, we thy humble Servants, entirely desire thy Fatherly Goodness, merceifully to accept this our Sacrifice of Praise and Thanksgiving:— And Although we be unworthy through our manifold Sins, to offer unto thee any Sacrifice; yet we beseech thee to accept this our bounden duty and service. And then I did embrace very willingly the Doctrine I took since out of D. D. H. Hammond, his (a) Lib. 4. Sect. 4. Practical Catechism: out of Archbishop Cranmer his (b) Lib. 5. p. 377. Answer to Bishop Gardner: D. Sim. Patrick in his Christian Sacrifice, viz. That the Propitiatory Sacrifice had been made by our Lord Jesus Christ only, but that the Sacrifice of Commemoration and Thanksgiving, is made now by the Minister and the People. II. The pretended Propitiatory Sacrifice of the Roman church, is contrary to the Scripture. THe Doctrine of the Council of Trent, touching this Question, seemed to me very harsh: They must believe that Christ is Immolated every day in the Sacrament; that a Roman Priest doth offer the Son of God unto his Father, and that he doth offer him as a Propitiatory Sacrifice for the Quick and the Dead. Alas! said I, is not that to wrong Christ's Priesthood, to give him so many Fellow-Priests and pettisacrificers? St. Paul (a) Ad Heb. cap. 7.23. Teaches me, that the difference betwixt Moses' Law and Christ's consists in this, that in the Law of Moses, there was need to keep several Priests, for as much as being Mortal, they were to be Successors one to another, but in the Law of Christ our Saviour, Jesus Christ, who is the Priest himself, has no need of a Successor, since he is living for ever; since he is Priest for ever after the order of Melchisedec. They truly were many Priests, saith he; because they were not suffered to continue by reason of Death; but this Christ, because he continueth for ever, hath an unchangeable Priesthood. after that, who doth not see that the Roman Church, which says, that her Priests are true Sacrificers, and Christ's Successors in his Priesthood; wrong Christ our Lord, supposing that his Priesthood has the same Imperfection, as that of Moses' Law? St. Paul teaches me, that the Reason why in Moses' Law, they reiterated their Sacrifices; because the Blood of the Beasts which were offered, was not able to sanctify Sinners: The Law, Ad Heb. 10.1. saith he, can never with those Sacrifices which they offered year by year continually, make the comers thereunto perfect: For than would they not have ceased to be offered: Because that the Worshippers once purged, should have had no more conscience of Sins. What then? Doth the Church of Rome mean that the Sacrifice of the Cross was not able to Sanctify Sinners; that it has no more virtue than the Sacrifices of Moses' Law, which were to be very oft reiterated; doth that Church intent to give the Lie unto the Apostle, who says: (a) Ad Heb. 10.10. That we are sanctified through the offering of the body of Jesus Christ once for all: And that (b) Ad Heb. 10.14. By one offering he has perfected for ever them that are Sanctified. If the Sacrifice of the Cross of Christ has sanctified us all, there remains nothing to do, but to gain to ourselves by Faith, an interest in the Merit of his Death and Passion. What do then signify all those reiterated Sacrifices? And if Christ's Priesthood is everlasting, Christ being living for ever; why do they appoint Successors in his Priesthood? Are not all the Masses of Rome, as many Blasphemies, which accuse the Death and Passion of Christ of insufficiency and imperfection? And all those Romish pettiSacrificers, erected without any Order or Vocation of God, are not they the Usurpers of Christ's Priesthood. III. What has given occasion to that Error and the Degrees of Corruption which brought forth that Belief. TO discover the stock of that Error, we must know that the custom of the First Christians was thus: Before they might participate of the Communion of the Body and Blood of Christ, they came to present their Offerings, Bread, Wine, Oil, Fruits, and other things, and those Offerings were called by the Fathers of the Church, Sacrifices, as it is evident, by the reading of (a) Lib. 4. cap. 32.34. St. Ireny, (b) Epist. 34. Item Lib. de Oper. et Eleem. St. Cyprian, (c) Lib. 5. cap. 17. Theodoret, the second Council of (d) Can. 4. Mascon about the Year 587, as it is to be seen in (e) Lib. 1. cap. 7, 8. Rebanus Maurus his Instructions of Churchmen: Let the Subdeacons, says he, receive the faithful People's Oblations in the Temple of God, and give them to the Deacons to be put upon the Altar, and this was the reason why they called the Table of Communion, an ALTAR, because of the Oblations they offered upon it. Such was the belief, the use, and the simplicity of the Primitive Church. But alas! how much has error defaced this Holy Practice in the Roman Church? How great alteration is happened from the belief of the first Christians? 1. Instead of Bread the First Faithful offered upon the Lord's Table, they offer in the now Roman Church only some slender Hosts like to Wafers; and it is that of which the Author of the Exposition of the Roman Order, and Constitutions complains, as (a) In his Comment upon the Capitular. of Charlesmagne lits. B. Monsieur Pithou relates: In some Churches, says he, the Oblation of Bread, which according to the Ancient Custom of the Church was offered by the Faithful People upon the Lord's Table for the usage of the Sacrifice, is at this time reduced to a very small and very light form, to the form of a little piece of Money, which has neither the Figure, nor appearance of the true Bread. And it is to authorise such error that in several Pictures of the Lords Supper, Christ is to be seen with all his Apostles, having every one upon his Plate, a little Host of the bigness of one Farthing. Is not that a mighty alteration in the Roman Church to offer to the Lord some little Hosts, that have not any appearance of Bread, instead of the true Bread which was offered in the Primitive Church? And is it not a monstrous boldness worthy of punishment, to make the World believe that Christ instituting the Holy Sacrament, hath not taken ordinary Bread, but some little Wafers alike to those they use in the Roman Church? 2. Whereas in the Primitive Church the Oblations which were made, were Sacrifices of Thanksgiving, and Duty, and that the Holy Sacrament was looked upon but as a Sacrifice of Commemoration according to the belief the Church of England keeps still, we have seen since altogether with the belief of Reality and Transubstantiation, the belief of a Real and Propitatory Sacrifice in the Mass, which has obliged the interessed to hold as they-did since in the Council of Trent: That Christ was every day truly Sacrificed; I do not know how many times for our Sins; and that the Roman Priests were true Sacrificers, and all that without any ground in the Scripture, without any advowing or authority of the Primitive Church, whose belief was very far from that of the Roman Church, as it is proved in all this Section. iv The horrid abuse of the Roman Church to offer Sacrifice in the honour of Saints, is a practice contrary to that of the Primitive Church. FOr as much as Error is the Mother of Blindness; as one deep calleth another; Psal. 42.9. and all the design of the Devil is to bring men to Impiety, and to the Destruction of the Kingdom of Christ: Whereas in the Primitive Church they directed their Oblations only to God Almighty, they celebrated the Sacrifice of the Lords Supper only for the honour of his Divine Majesty; the Church of Rome carried on Error to such excess, as to hold, that in the Sacrifice of the Mass, which they do pretend; Christ himself is Really Sacrificed, that that Sacrifice of the Body and Blood of Christ Really and Substantially present, is offered: Durst I rehearse such a Blasphemy, that it is offered in honour of Saints; and one comes boldly to say to a Priest, who prepares himself to say the Mass; Sir, you must say the Mass of St. Peter; The Mass of St. Paul; Of St. James; or some other, that is to say: You must Immolate Jesus Christ to day to the honour of St. Peter, to the honour of St. Paul, of St. James, of St. Barnabas, or of some other: and that you may not think that I do impose upon the Church of Rome, you are but to read upon that matter, which you please of the Books of the Roman Theologians, or to hear what the Priest says every day in his Mass, when he reads the Canon thereof, and you shall hear him, saying with a low voice these words, after he has recited the names of several Saints; Ut illis proficiat ad honorem: That it may profit them to honour; he doth pray God that this Sacrifice be profitable to their honour. If in the Old testament any should have offered Sacrifices to God in the honour of Abraham, Isaac, and Jacob, would not they have stoned him in that very instant, to expiate by his death the Impiety of this Blasphemy? Alas! in the Law of Moses there were in the Sacrifices only some Beasts, whose throat were cut, When Christ began to show unto his Disciples, how that he was to go unto Jerusalem, and suffer many things of the Elders and Chief-Priests, and be killed to appease the wrath of his Father, provoked against the Sins of Men: St. Peter was presently filled with Zeal, and could not abide that his Master should go unto Jerusalem to be Sacrificed there: (a) Math. 16.22. Be it far from thee Lord, said he, this shall not be unto thee. Oh! should St. Peter be upon the Earth, and some body should come to tell him; Peter, this Priest, who goes to say the Mass, is going, for your sake, to worship you, to Sacrifice Christ himself, his own Body and Blood: Would not he hear the news with a mighty horror? Would not he say with much more reason: Be it far from thee, Lord, this shall not be unto thee, thou shall not be Sacrificed for my sake, for my honour? We do read in the Acts of (a) Cap. 14. the Apostles, that some people of Lycaonia having seen the Miracle that St. Paul had wrought, were ready to offer a Sacrifice to him, and that the Priests of Jupiter brought Oxen, and Garlands unto the Gates, and would have done Sacrifice with the People, in honour of Barnabas and Paul, which when these Apostles heard of, they rend their Clothes, and ran in among the People, crying out, and saying, Sirs, why do ye these things? we also are men of like passions with you, and preach unto you, that ye should turn from these Vanities unto the living God: But alas! the things which they brought to do Sacrifice withal were only Oxen with Garlands: And what you think would these Saints say, if they were now upon the Earth, and some body should come and tell them, that in the Church of Rome the Priests do Sacrifice Jesus Christ to honour St. Barnabas and St. Paul? Would not they be very angry with those new Sacrificers? would not they rend their ? would not they say to all the People of the Roman Church? Sirs, why do you these things? we also are men like you, it is not for our honour you must offer your Sacrifices; it is for the honour of God's Majesty to whom only it is lawful to offer them. I do believe if some of the Apostles, or of the First Christians should rise again, and appear in the Church of Rome, they would have need to learn almost all their Catechism; so great is the alteration of the Articles of Faith of the now Roman Church from those of the Primitive. Sect. III. Ch. 2. §. 3. The Manner of Administering the Sacrament in the Roman Church is quite different and very much opposed to that which they used in the First Ages of the Church. I. In the time of the Apostles and the First Ages of the Church, they gave the Communion to all the People under Both Kind's, they Worshipped not the Host, nor celebrated the Holy Mysteries in an Unknown Tongue. AS for the manner of celebrating the Eucharist, it is easy to take notice of three great faults in that after which the Church of Rome celebrates it now. The first, is the Abridgement of the Cup. The second, is the Adoration of the Sacrament. The is the Unknown Language, which they do use in the Church of Rome in the celebration of the Eucharist. You may read over all the Scripture, you shall never find that the Faithful were cozened of the Chalice of Christ's Blood; you shall not find that the Christians are to Worship the Sacrament; you shall not find that Christ or this Apostles in the celebration of the Holy Mysteries, ever spoke in a Tongue Unknown to the People. You may read all the Histories of the First Ages of the Church, and the writings of the Fathers, who lived in those Ages, you shall never find the Abridgement of the Cup, never the Adoration of the Eucharist, never the Celebrating of the Holy Sacrament in an Unknown Tongue. In the Apostles time, when they Celebrated the Lord's Supper, they added first nothing to the Institution of Christ but the Lord's Prayer; and some time after, three devout collects, as it is manifest by the reading of Ancient Authors. After the Apostles death, the faithful People being gathered together upon a Sunday, the Reader did read some Chapter out of the Scripture; afterwards the Minister, or the Bishop, who did preside, made an exhortation unto the People upon the Scripture that had been read, and at the end of his exhortation, he made his Prayer unto God; After that the Faithful gave one to another the Kissing of Peace; then they set upon the Communion Table Bread and Wine; then the Pastor used the Prayers of Consecration, and after the People had Answered, Amen, the Deacons took the Bread and Wine, Sanctified through the Minister's Blessing and Prayers, and divided it to all those which were present there, Such was the Plainness of the first Christians in the Celebrating of this Holy Mystery, and after the same manner they celebrated it, till the year, 150. that is to say, about 70 years after the Apostles death, as it is reported by Justin Martyr, in his second Apology, near the end. In this manner of celebrating the Holy Sacrament, the faithful People received the Communion under both kinds; the Language which was spoken was known of all the People, since the answered, Amen, and it cannot be found that they worshipped the Sacrament. We have seen afterwards in the Church several forms of Celebrating the Eucharist, which have been called Liturgies. We have seen the Liturgy of St. James, the Liturgy of St. Clement, the Liturgy of St. Matthew, of St. Andrew, of St. Chrysostom: But alas! What agreement is there betwixt those Liturgies, and the Mass of Rome? we do find indeed in those Liturgies some Prayers which are almost the same with them that are said in the Mass; but we do not see in one of those Liturgies that it was forbidden to give the Cup to the People; on the contrary, we find there that all the Faithful did receive the Sacrament under both Kind's. We know that the Language of those Liturgies, was a Language understood among the people, and we cannot see any where therein, the least trace of the Adoration of the Sacrament. There are some Authors who do not hold all those Liturgies as authentical, neither as being written indeed by the Saints, to whom they are attributed, as (a) De Scrip-Ecclesi. Bellarmin maintains, who nevertheless is constrained to confess, that an infinite multitude of Corruptions have slid into them. They say, that it is very likely, that in the Year 325. the Fathers of the Council of Nice had not heard of that Liturgy, which they say is St. Jame's, or if they had heard of it, they did not believe it true; since in that Council there were so many Disputes and oppositions about establishing this word 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, Consubstantial, which is to be found in that Liturgy: They say that in the Year 431. in the Council of Ephesus, the Fathers of the Church made no mention of that Liturgy, neither of the Authority of the Apostle St. James, to prove that the Blessed Virgin Mary was to be called 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, Mother of God; This word being in the Liturgy of St. James, it is not likely, say they, that the Fathers would have forgotten to use it, as a proof against the Nestorians, if they had believed that Liturgy to be an Authentical Book: They say, that in the same Liturgy, mention is made of Incense, which is offered, which makes them believe that that Liturgy is not St. James', since in the times of the First Christians, they offered not Incense in their Churches, as it is manifest by (a) Lib. 6. & 7. Arnobius. They say the same of almost all the other Liturgies; in that of St. Matthew, mention is made of the Council of Nice, of its Creed, of the Council of Constantinople, of the Council of Ephesus, of Basil, of Gregory, who did live many Ages after the Death of St. Matthew: That in the Liturgy of St. Chrysostom, who lived in the end of the Fourth Age, St. Chrysostom himself is named among the dead; that we find therein the names of Sabas, of Onuphrius, of Anastasius, of Athos, and of some others, who lived a great while after the death of St. Chrysostom. All these reasons make them believe, that either these Liturgies are counterfeited works, and not the Authors to whom they are attributed, or that they have been thereafter increased, adulterated, and filled with Corruptions. But let it be what it could, these Liturgies, though corrupted, are nevertheless works of Antiquity; and since many of the Authors of the Roman Church hold them all authentical, we may rightly urge those works against them, to make them to acknowledge, that in the time those Liturgies were written, the manner of administering the Eucharist was entirely different from that of the Church of Rome, in the abridgement of the Cup, in the worshipping of the Host, and in Celebrating in an unknown Tongue, which is a strong Proof against the novelty of the now Roman Church. II. The beginning of all the Errors of the Roman Church in the administration of the Sacrament. BUt without farther insisting upon Proofs which may be said to be negative only, which nevertheless are of great weight, and have almost the force of a Demonstration, in Questions wherein one Sect is accused of Innovation; it is very easy to produce positive Proofs to show the Novelty of those Errors, since we know the time when they were brought into the World, and that we know their beginning, and their Authors. 1. The beginning of the abridgement of the Cup. We know, by (a) Consult. de utraque spec. pag. 1025. Cassander's report, that the Eastern Church has always given the Communion, under both kinds, to every one of the Faithful, and that, even in the Roman Church, the custom of distributing to every body, the Bread and Wine of the Sacrament, did last more than a Thousand years; the erroneous custom of Abridging the Cup of Christ's Blood to all the People, was born in the Council of Constance, in the 13. Session, wherein the Council, after having acknowledge, that it was the custom of the Primitive Church, to communicate under both kinds, established, as a Law, the custom of taking away from the People, a part of the Sacrament, and declared heretics those who say, That it is an error to withstand the custom of the Primitive Church, the Example and Institution of CHrist, and the Commandment to which he has boud us, upon ternal Damnation, viz. the Commandment of Drinking of the Chalice of his Blood. This is, will some say, a very strange Doctrine; that a Council, notwithstanding the Custom of the Primitive Church, Christ's Example, and the Commandment he has enjoined unto all the Faithful, should dare forbid all Priests to give the Communion under both kinds, and would have it be an heresy, to obey our Lord Jesus Christ, to be conformed to his Example, and to follow the practice of the Saints who lived in the primitive Church. This is a very Churlish and ungentile manner of dealing: But what Reasons had that Council to forbid to administer the Communion under both kinds? Are ye curious to know them? I have learned them of Chancellor * Tract. contr. Haeres. de Cons. sub utraque specie. Gerson: 1. The men's Beards, which grow on their Lips. 2. The loathsomeness which one should have to drink after others. 3. The costliness and difficulty of getting Wine. 4. The inconveniency of Frosts in Winter. 5. The importunity of Flies in Summer. 6. The trouble that the Deacons should have, to bring Wine to the Faithful. 7. The danger of spilling. 8. And the People's unworthiness to equal Priests, in receiving the Sacrament, if he received it under both kinds. These are the Reasons of great moment, which have obliged that Council to withstand so directly the Institution of Christ, and the holy Custom of all the Primitive Church. Truly are these Reasons sufficient to abolish so express a Commandment, which Christ has enjoined to all the Faithful, to drink his Blood? Are there some new inconveniencies, which have happened since, to alter the Form in which Christ has instituted the Sacrament? Had not Men their Beards in the time of Christ? Was there no body to be found, in the Apostles time, till the Council of Constance, who had loathsomeness to drink after others? Is Wine dearer now in France, Italy, and Spain, than it was then in Syria, Graecia, jerusalem, and Constantinople? Did not Wine freeze before the Council of Constance? Is it but since that time Flies have vexed the People in Summer? Are the trouble of the Deacons, and the danger of spilling wine, such things as Christ had not foreseen? And are the Priests of the Roman Church more elevated in Dignity, than Christ himself was and his Apostles, that there should be need to set betwixt them and the People a difference, which was never set betwixt Christ and his Apostles, betwixt the Apostles and the rest of the Faithful. 2. The Beginning of the Worshipping of the Host. As for the worshipping of the Host, not only we do not find that Christ or his Apostles ever worshipped the Sacrament, or that this was the use of the first Faithful; not only we do not find, in all these Liturgies whereof I have spoken, any footstep of that worshipping: But furtheremore we do know all the degrees, whereby this Error fair and softly slid into the World. We know that it was Pope Innocent III. who first commanded, that some Boxes should be kept in the Church, wherein the consecrated Host should be conserved: That it was Peope Honorius III. about the Year 1220, who renewed that Decree, with this new Addition; that upon those Boxes these words should be written, Hìc Deum adora, Here adore God; and that the same Pope ordained, that the Host should be Elevated. We know it was Pope Gregory IX. who added to that Elevation the Sound of a little Bell, about the Year 1230. And in fine, we know that it was Innocent IV. who ordained, that the Host should be worshipped. These are the degrees, whereby that Error has been established in the Roman Church. And if you would know what Engines they have used to give Authority unto that Worshipping, you are but to read Platina, and the * Ad Evam reclusam, data apud Vrb. Vet. 6. Id. Sept. An. Pontif. 3. Bull of Pope Urban iv directed to a Nun called Eve, and you shall see, that about the ear 1264 this Pope Instituted the Feast which is called Corpus-Christi-Day, upon the Revelation and the Request of that Nun, to whom he sent the Book of the Office of the Sacrament, which is said to have been framed by Thomas Aquinas. We know, that afterwards Pope Clement V in the Council of Vienna, ordained, that this Festival Day should be kept by all those of the Roman Church: And that about the Year 1360 they began at Pavia to make Processions and Tabernacles, which was afterwards observed in all Towns that submitted to the Pope's Authority. Before the time that the Roman Church had corrupted the Word of God, the Christians did receive the Sacrament with devotion, with zeal, and an holy greediness; it was with a joy which cannot be expressed, that they met in the Churches to participate of the true Body and true Blood of Christ jesus. There was before the Table of the Communion a great Curtain, like to that Veil which was in the old time before the (a) Exod. 26.33. Ark of the Testimony, and when the Curtain was drawn, to set open to the sight of the People the Holy Mysteries, the Faithful imagained they saw the Heavens opened, as (b) Homil. 3. sup. Epist. ad Ephes. St. chrysostom speaks; they considered the Table of Communion, as an Altar imbrued all over with Christ's Blood; they came to the Sacred Table with an holy horror, and a trembling like to that of Moses, when he came nigh to the bush, out of the midst whereof God spoke with him; they were all penetrated throughout with the light of their Faith, and they breathed nothing but Fire of Charity, which consumend them. And in this manner they came near our Lord J. Christ, to eat his own Body, and to drink his own Blood; they regarded the Minister, who divided to them the Bread and the Wine of the Holy Sacrament, as a Seraphin, who was to put upon their tongues a coal of fire, to quicken them with the Love of God and the Spirit of Christ. But if somebody in that time should have worshipped the Sacr ament, in stead of worshipping Christ, who is received in the Sacrament, he would have been looked upon as an Idolater, he would have been rejected out of the Church, and dealt with as an Heretic; or else they would have taught him, that it is a dreadful Error to worship the Sacrament, as if Bread and Wine were transubstantiated into Christ's Body and Blood; and that the Faith of the True Church, and of all the Saints, is to believe, That, by the means of the Holy Sacr ament, we are truly and really partakers of the true Body, and of the true Blood of Christ, who is in Heaven, settled at the Right Hand of God his Father, where we worship Him, in receiving the Sacrament. 3. The Beginning of the Celebration of the Eucharist in an unknown Tongue. Now for the third Error, which is to be found in the Roman Church in the Administration of the Sacrament, we know that it is but since the Popes have made themselves Sovereigns, since they have raised themselves to be Arbitrators of Crowns, since they took upon them to depose Kings from their Thrones, and usurped that Temporal Power which they now enjoy: We know that it is but since that time, that they have endeavoured (as by Right of Conquest) to oblige all Nations to speak the Roman Language, as a Mark of their Bondage to the Pope, following the Example of the old Roman Emperors, who after they had reduced several Provinces and Nations under their Jurisdiction, constrained them to speak the Roman language. That Tyranny of constraining the People to celebrate the holiest of our Mysteries in a Tongue which they understand not, is a thing so evidently contrary to that which the Holy Ghost teaches us in the * 1 Cor. 14.16. Scripture, that almost all the Christian Churches, which have received from the Apostles their Belief and the Form of Celebrating the Eucharist, do celebrate it unto this day in the Vulgar Tongue of the Countries whereof they are Inhabitants. The Greeks have their Lyturgy in their own Tongue, as every one knows; the Christians of Moscovia, who received of the Apostle St. Andrew, the Faith of Christianity, have their Lyturgy in the (a) Guagn. de Relig. Moscov. pag. 250. Slavonian tongue, which is the vulgar Tongue of the Country they inhabit. The Armenians, converted for the most part by S. Bartholomew, speak their (b) Cassander Lyturg. cap. 13. pag. 31. own Tongue in the Celebration of the Holy Mysteries. The Jacobites, who dwell in Syria, speak 9c) Brerewood pag. 194. Syriack, in celebrating the Eucharist. The Abissine Christians celebrate the Divine Service and the Communion in the (d) Chytraeus. pag. 28. Tongue of their Country. Which makes me believe, that all Christian Nations conformed themselves to the practice of the primitive Church, and that they have well perceived, the Holy Ghost frobid the celebration of these holy Mysteries (which consist in Blessings and Thanksgivings) in an unknown Tongue, to which the Unlearned could not answer, Amen. CONCLUSION OF THE FIRST PART. The Articles of the Roman Church cannot be proved, either by the Practice of the Primitive Church, or by the Authority of the Ancient Fathers. ALl those Reflections, which I made for my own particular Instruction and Edification, brought a great Light into my Soul, and overthrew in part the false principles, wherewith the Errors of the Roman Church are ordinarily intricated and darkened. First I began to mistrust that Church, and then afterwards to draw some Consequences against the Errors thereof. I thought, since it is a thing very natural to mistrust one in all his Conduct, after we have once surprised him in a Dault, that after having discovered the Errors of the Roman Church concerning the Question of the Eucharist, I might reasonably mistrust it in all the other Articles of Faith, of which it makes a particular profession; and so I saw nothing sure, nothing fast in the Church of Rome. I believed I might justly mistrust, that this Church had done in the Doctrine of Indulgences, Purgatory, Prayer for the Dead, and Invocation of Saints, the same that it has done in that of Transubstantiation, Reality, and Sacrifice of the Mass; that is to say, I feared they were Articles which had been framed against the Doctrine of the Ancient Church, the Testimony of the Holy Fathers, and the Authority of the Word of God. Moreover, I thought that (having remarked the Errors of Rome in the chief and most holy of all the Mysteries of Christianity) I was not obliged to examine the other Articles, and that that only was enough to make me suppose, that it had erred in all the other Points of its Doctrine, and that one must consequently forsake its Communion, if he doth desire to be saved. The desire of my Salvation, was a desire which Grace had rooted very profoundly in my Soul; but the thought of forsaking the Communion of a Church within which I had been brought up, was a thought very contrary to my natural Inclinations. I could not blind myself from seeing the Errors of Rome, but I had not yet strength enough generously to forsake them, to the peril of whatsoever could happen. The Reasons which made me understand my Errors, came every day to present themselves to my mind, with some new Lights and Evidences. The Church of Rome, hereupon I looked before, as if it had been encompassed round about with the Truths of the Scripture, grounded upon the Authority of the Saints of the Primitive Church, appeared to me at that time bared of all those fine Testimonies. But at last, the same Pretence which caused me to defer my conversion, when the Grace of God had made me understand that the Romish Faith was not grounded upon the Word of God, caused me to defer it again, after it had made me understand, that this same Romish Faith was grounded neither upon the Authority of the Holy Fathers, nor upon the Practice of the Ancient Christians, according to the pretensions of the Roman Theologians. This Pretence was the Authority of Rome, which I supposed Infallible, and it was that pretended Infallible Authority which kept me still in its Communion. If the Roman Church be Infallible, what matter is it whether the Articles determined by it have any foundation in the Word of God, or upon the Authority of the Fathers, or Practice of the Primitive Church? As long as we suppose it Infallible, we must believe all the Articles it teaches; and it signifies nothing to say, that such or such an Article of Faith was not heretofore believed. When the Roman Church shall declare it an Article of Faith to believe, That the blessed Virgin Mary was conceived without any original sin; and that we must hold as oecumenick the Council of Basil, that * Sess. 36. teaches us this Doctrine: When this Church shall declare, That all Christians are truly and really buried in Jesus Christ in Baptism; That the Water used in that Sacrament is transubstantiated into Christ's own true Blood, wherein our sins are purified; and That it is an Heresy to believe, that under the appearances of the Water of the Baptism there remains something of the substance of Water; That Baptism must be worshipped: When the Church shall be pleased to determine all these Articles, and to declare that they are implicitly in (a) Rom. 6.3, 4. Col. 2.12. Gal. 3.27. Scripture and in the (b) St. August. Epist. 164. ad Emerit. Fathers, we shall be obliged to believe them, because the Church is Infallible. This way of dealing, to acknowledge plainly, that neither the Fathers of the Church, nor the first Christians, believed many Articles of Faith which are now believed in the Church of Rome, seemed to me a great deal more sincere, than to seek in the Fathers what they never said, and to make the Primitive Church believe things which it did never so much as think of. This way of dealing freely was a little bold, but it was just, sincere, and very easy. According to that Method, when one asks a Theologian, Why do you believe Transubstantiation? he presently answers, that he believes Transubstantiation as an Article of Faith, Because the Council of (c) Sess. 13. cap. 4. Trent hath declared that it is an Article of Faith, and pronounced Anathema against those who should hold the contrary. Is is not better to answer thus, than to break one's brain to give unto the Fathers, both Greek and Latin, several Explications, which they would not avow, if they were alive, and to make the World believe, that in those Passages of the Fathers, wherein they use these words, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, they have intended to say 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, which is an Expression not to be found in any of those Fathers, as it is observed by a late (a) 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, Orig. Eccles. tom. 1. part. post. p. 247. Bishop of Norwich, cited by Dr. Hammond in his Catechism. I see very well, said I, that after the Examination of the Scripture, and of the Fathers, wherein it is impossible to find evidently the Articles of Faith of the Roman Church; the shortest way is to refer all the business to the Authority of the Church. Thus, if the Authority of the Roman Church be Infallible, to deal fairly, simply, justly and honestly, we must say: I believe the Christian People, for whom Christ shed all his Blood, ought not to partake of the Chalice of his Blood, because the Council of (b) Sess. 13. Constance and the Council of (c) Sess. 21. Trent have so determined: I believe, that besides the Sacrifice of the Cross, there is another Propitiatory Sacrifice, viz. the Mass, which blots out the Sins both of the Quick and the Dead, because the Council of * Sess. 22. chap. 1, 2. can. 1, 2, 3. Trent made that an Article of Faith: And say the same honestly and in good earnest of Purgatory, of Indulgences, of Invocation of Saints, and of other Articles, and not headily drive on to find in the Primitive Church Articles of Faith, whereof it had never so much as the least knowledge or Notion. Thus there remains nothing, but to examine if the Authority of the Roman Church be Infallible. This was the indivisible Point whereupon I fixed all my Religion; thither I reduced all the Controversial Questions; wherefore I examined that Question of the Infalliblity of the Roman Church; but, whether because I was afraid to find the Infallibility of Rome as ill grounded as the Doctrine of Transubstantiation; whether because the greediness I had to maintain with credit and reputation the Authority of the Church, which I was engaged at that time to sustain in Public Disputes, had distracted and blinded me; whether because Grace was not pleased at that time to make an end of my Conversion, but would have me grow ripe, and root very profoundly in my mind the Reasons I had meditated, to fasten me more and more in the Faith of the Holy Word; I devised many Proofs and many Reasons, both good and bad; I persuaded myself first, that I might persuade others more easily; and I maintained in my Public Theses, That the Roman Church, even that the Pope alone was Infallible, when he determins something that belongs to the Faith. That Persuasion kept me still in the Church of Rome; wherefore I began to be assuaged, and to change my Discourse; and whereas I had considered the Articles of Faith of that Church as so many Errors, because they were not agreeable with the Doctrine of the Primitive Church, and the Testimony of the Fathers, I considered them at that time only as some Novelties which were not criminal; since I supposed, that Church being Infallible, had right to produce every day, and to declare new Articles of Faith. In that Supposal, when some Learned Man asked me my Sentiment in particular upon some Question of Divinity, I soon returned, according to my Opinion, and I reduced all the Questions to the Infallibility of Rome. But when I was obliged to speak in public, and before the People, I thought myself engaged, for fear of scandalising and discontenting weak minds, to use the Method which others use every where, and to bring (though against my own persuasion) some Passages of the Scripture, and some Testimonies of the Ancient Fathers of the Church, to prove in particular every Article of the Roman Faith. Such was my dealing at that time, when the only Persuasion of the Infallibility of Rome fastened me in its Communion. The END of the FIRST PART. THE SECOND PART. SECONDE PARTIE. Que l'Eglise Romaine n'est poin● la Veritable Eglise, que so● Authorité n'est point Infaillible, qu'elle n'est remplie qu● de Corruptions & d'Erreurs. INTRODUCTION. La Providence fit naistre des occasion qui me firent prendre la resoluti● d'examiner serieusement les Pri● cipes, sur lesquels est fondé l'Artic● de l'Authorité de l'Eglise Romaine UNE même Verité peut av● differents Rayons de Lu● ere, selon les divers Aspect dans lesquels on l'envisage. On 〈◊〉 garde une Verité d'une autre m● niere, quand on l'Enseigne, quand 〈◊〉 la Preche, & qu'on en Confere avec 〈◊〉 personnes sçavantes, que quand ●● l'Examine en son particulier, ou bi●● que l'on en escrit dans son cabin●● toutes ces Manieres pourtant, ont ch●● cune leur Lumiere & leur Force par●● culiere, qui contribuë à affermir so●● dement un esprit: &, comme la Gr●●● vouloit m'establir, dans la Connoissan de la Verité, d'une maniere solide ●● inébranlable, (la même chose se c●● noissant, quasi toujours, aussi parfai●● ment, par la connoissance de son C●●traire, que par sa propre connoissan●● dans le même temps, que j'enseign●● & que je Prechois les Articles de 〈◊〉 de l'Eglise Romaine, les Erreurs ●● cette Eglise parûrent distinctement mon esprit, avec tout ce qu'elles 〈◊〉 de plus caché, de plus secret & de pl●● mysterieux; & dans le temps, 〈◊〉 j'escrivois pour l'Authorité infailli● du Pape, je commançay d'apprend●● que le Pape n'estoit point infaillible, 〈◊〉 de Foy de l'Eglise Romaine, que je fo●● dois sur cette infaillibilité, estoire● fondez sur un Mensonge. 1. L'occasion, qui fut cause que j'e●● minay de nouveau tous les Arti● de Foy de l'Eglise Romaine, lesqu● je reduisois tous à l'Authorité cette Eglise. JE n'avois pas encore l'âge que les●● nons de l'Eglise demandent p●● estre ordonné Prestre, lorsque j●● acheué le Cours de ma Theologie, & General de l'Ordre dont j'estois, o●● la Permission de Precher l'Evang que l'on a coûtume de donner à c●● que l'on juge avoir les Qualitez ne●● faires, pour Enseigner & pour Ed●● les autres; m'envoya une Permis● Extraordinaire de precher la Pa●● de Dieu au peuple, quoy que je ne f●●● encore que Diacre. On m'envoya 〈◊〉 année là demeurer en un Monastere, d●● la Ville Capitale de la Champagne; le Superieur de ce Monastere, qui est une Personne d'une Capacité ex●● ordinaire & d'une Vertu consomm● me commanda de faire la Catechis●● dans une des Eglises de cette Ville. J●● fis, & comme la concurrence des ●●ticles de Foy, que je traittois, m'ob●● geoit à traitter des Questions de Controverse, j'eus occasion de les examiner, d'en considerer toutes les raisons, pour & contre, de m'instruire à loisir de toutes les Verités de la Parole de Dieu, & de découvir les Erreurs de l'Eglise Romaine, toutes en particulier. Je ne publiois pourtant pas, en Chaire, les Lumieres dont Dieu éclairoit mon Esprit, & je préchois les Articles de Foy de Rome, desquels je n'estois que tres peu persuadé. Il faut icy, mon Dieu! que je fasse Reparation d'honneur à uôtre Verité. Beaucoup de Gen● de Guerre, qui estoient en Quartier d'hyver, dans cette Ville ou je préchois, venoient entendre mes Catechismes. Deux d'entre eux qui estoient de la Religion Reformeé, l'un Officier & l'a●tre simple Soldat, natifs l'un de la Province de Languedoc, & l'autre de celle de Poictou, me vinrent dire, que mes raisons les avoient persuadez qu'ils estoient prests de quitter & d'abjurer leur Heresies, & qu'ils me prioient de les instruire plus à fond, dans les Principes de l'Eglise Romaine; je le fis, je les instruisis, pendant quelque temps, & je leur fis faire, ensuitte, Abjuration, selon les Formes de cette Eglise, entre les mains du Superieur de ce Monastere. Ah! Si je croyois qu'ils pussent entendre ma voix, je leur crirois de tout mon coeur; Revenez, mes Freres, Revenez au giron de l'Eglise, que je vous ay fait quitter; les Raisons, que je vous alleguois, je reconnois presentement plus clair que le jour, que ce sont des Sophismes; les Autheurs, que je vous citois, je les faisois parler contre leur propres Sentiments, en leur donnant de mauvaises Constructions & de mauvais Tours, enfin les les Passages de l'Escriture, que je vous faisois remarquer, lisez les encore & les relisez sans Preoccupation, & vous trouverez, qu'ils n'enseignent rien moins, que ceque l'on enseigne dans l'Eglise Romaine. Cette Antiquité, que j'attribuois à cette Eglise, n'a commancée, que depuis que la pureté de l'Evangile à esté corrompuë par les Evesques de Rome; cette Eglise, que je disois estre l'Image dela Primitive Eglise, c'est veritablement l'Eglise des Derniers Temps, de laquelle parle St. Paul; une Eglise qui deffend de se Marier, qui soûtient qu'il-y-a du peché, à manger de certaines Viandes, & par consequent une Eglise toute corrompuë, avec laquelle la Primitive Eglise n'a point de Commerce, ny de Conformité. Enfin, je leur dirois franchement, que je ne croyois pas moy même, en ce temps là, que les Articles de Foy de l'Eglise Romaine, fussent fondez, ny sur l'Authorité de l'Escriture, ny sur l'Authorité des S. Peres de la Primitive Eglise: & que, tout cequi me retenoit dans la Communion de Rome, c'estoit la creance que j'avois, que l'Eglise de Rome, que le Pape même tout seul, estoit Infallible; ceque j'ay, depuis ce temps là, reconnu estre une Fausseté & une erreur. 2. L'Occasion que j'eus de douter de l'Infaillibilité du Pape, me fit prendre la Resolution d'examiner de nouveau & sans Passion, sur quoy est fondée l'Authorité, dont l'Eglise Romaine se vante si fort. APres avoir continué une année entiere, à faire le Catechisme dans cette ville, mes Superieurs me destinerent, pour faire ma demeure an Monastere de Sens en Bourgogne: J'y arrivay, dans un temps où Mr. l'Archevesque de Sens estoit dans le dessein de pousser à bout le different, qu'il avoit, depuis si long temps, avec les Religieux, touchant le Droit, qu'il pretend avoir, de faire la Visite dans leurs Eglises: il avoit déja commancé d'agir par Voye de fait, dans quelques uns des Monasteres, qui sont dans son Diocese, & le Provincial, craygnant qu'il ne se comporta dela même ●aniere, à l'egard du Convent de Sens, & qu'on ne luy resistast, an scandal de tout le Penple, donna ordre au Superieur de ce Convent, d'aller trouver Mr. l'Archevéque, & luy representer les raisons qu'ont les Religieux, de ne pas souffrir que les Euéques fassent la Visite dans leurs Monasteres; le Superieur qui m'auoit prié de l'accompagner, luy exposa ses raisons, selon l'ordre qu'il en avoit du Provincial. Mr. l'Archevéque, qui estoit un Esprit sublime, un Homme sçavant, tres Eclairé dans toutes les mattieres Canoniques, fit ses réponses à tout cequ'on luy avoit proposé. j'entendis parler ce grand Archeuéque, avec tout le respect que je devois, & je demeuray dans le silence, jusqu'a cequ'il luy plût de s'addresser à moy, & me commander de parler, si j'avois quelque chose à répondre à tout cequ'il avançoit: je luy dis en peu de paroles, ceque je trouvois dans ses Réponses, qui ne me satisfaisoit pas, & je répndis à ses raisons le plus succinctement, qu'il me fut possible. Quelque temps apres, le Provincial m'escrivit, & me pria de luy mander le Resultat de la Conference avec le dit seigneur de Sens, & de luy escrire, ceque je pensois moy même, en moy particulier, d● different que nous avions avec tous les Euéques, sur la matiere dela Juridiction. J'examinay la question dans ses Principes, je reduisis la Conference avec Mr. l'Archevéque de Sens en certaine Points Capitaux, sur lesquels j'escrivis tout au long mes Remarques, en forme de Reflexions, que j'envoyay au Provincial, ainsi qu'il le souhaitoit; sur quoy il m'escrivit une lettre fort obligeante. Ce furent ces Reflexions, que j'avoi● faittes, qui me donnerent envie d'examiner la grandeur de la Puissance, que l'on attribue au Pape, dans l'Eglise de Rome, & ce qui me fit naistre l'occasion d'examiner, avec plus de maturité que je n'avois fait jusques à lor● les Raisons, sur lesquelles je me fondoi● pour soùtenir, que le Pape estoit infail lible. Helas! disois-je, toutes 〈◊〉 Raisons, qu'ont les Religieux, pour refuser d'obeir aux Euéques, c'est que, 〈◊〉 Pape les a dispensez de leur jur●● diction; he quoy! le Pape poura-t-il dispenser les Enfants d'obeir à le●● Peres? poura-t-il dispenser les Ser●● teurs de servir leurs Maistres? le P●●● peut-il separer les Membres de l'influence de leur Chef, sans les exposer 〈◊〉 mort? peut il retirer les Brebis de so●● la conduitte de leur Pasteur, sans 〈◊〉 poser tout le Troupeau à la fureur 〈◊〉 Loups? enfin peut-il dispenser les Re●●gieux de la jurisdiction naturelle leurs Euéques, sans renverser tout bel ordre de l'Eglise, & la met●● dans une Confusion inevitable? Ne voit on pas tous les jours les bea●● effects de ces Dispenses, qui sont an●● par consequent, les effect de cette Puissance, que l'on attribue qu Pape? Si●● l'Evéque veut faire sa Visite dans un●● Eglise de Religieux, on luy ferme 〈◊〉 porte au nez, au scandal de tout 〈◊〉 Peuple. S'il est question d'entrer dan une Eglise de Religieux, pour y fai● quelques functions Ecclesiastiques, 〈◊〉 faut auparavant se battre, comme 〈◊〉 rent les Prestres de St. Roch, il y environ 6 ans, devant le portail 〈◊〉 l'Eglise des Capucines à Paris, a●● Funerailles de Madame la Dunche● de Vandôme; on se sert de Manc● de Croix, en guise d'Hallebardes, 〈◊〉 se bat à coups de Torches & de Ch●● deliers, on brule les Surplis des Pr●●tres, on déchire leurs ornements, 〈◊〉 sin les plus forts l'emportent; les 〈◊〉 y perdent leur Bonnets à cornes, 〈◊〉 les autres leurs Chapeaux; &, d'●●● Action qui deveroit remplir les Ass●●tants de Pensées de la Mort, du Ju●●ment & de l'Eternité, on en fait 〈◊〉 Bouffonnerie, un Combat de Marion●tes, une Action si ridicule, que 〈◊〉 plus serieux ont bien de la peine s'empecher d'éclatter de rire, qui 〈◊〉 de mattiere à je ne sçay combien Satyres & de Vers burlesques; sur laquelle il faut faire de part & d'autre des Procez Verbaux, & obtenir d●●● Roy une deffense expresse, pour empécher qu'on n'en fasse des Chansons s●●● le Pont-Neuf & des Farces pour sai●rire le monde, sur les Theatres 〈◊〉 l'Hostel de Bourgogne & du Palai● Royal. Ces Consequences tragiques & scandaleuses, qui sont les effects de 〈◊〉 Puissance du Pape dans l'Eglise, 〈◊〉 mettoient en colere, & choquoient●● raison; cela fut cause, que je form●● le dessein d'examiner, si cette Auth●● rité, que l'on donne au Pape, esto●● fondée, sur des Principes raisonn●bles, & de l'examiner, s'il estoit possible, sans Prejugez, pour mon instruction propre, & pour establir solid● ment les Fondements de ma Religion Mais Dieu, dont les Jugements so●● impenetrables, permit que la resolution, que j'avois prise, fut encore tr●● versée, pour quelque temps. Messiem les Curez du diocese de Sens devoiem en ce temps là, s'Assembler tous les moi● au Synode, où presidoit Mr. l'Archev que de Sens, & là donner leur Répon & leurs Opinions, sur les questions Ecclesiastiques & Canoniques, que l'on avoit proposées à l'Assemblée precedente: plusieurs de ces Messieurs, qui crûren● que j'avois une connoissance particuliere de l'history Ecclesiastique & des Canons de l'Eglise, me venoient trouver, & me prioient de leu● éclaircir les Propositions, dont on devoit répondre à La prochaines Conference, & de leur en donner les Resolutions & les Preuves: & comme j● leur donnois leurs Conferences, to●● les Mois, par escrit, cela m'occupa to●● entier, & ne me donna pas le loisir d● faire autre chose, pendant six ou sep● mois, que de feuilleter la Bibliotheq● des Peres, les Decretales des Papes & l● autres liures de Droit Canon, que je p● trouver dans le Monastere où j'étois. 3. Les Circonstances avec lesquell● je commancay de faire cet Exame● & quel est mon dessein dans le R● cit que j'en fais icy. A La fin la Providence me fourn● une occasion qui me mit en est● de vaquer serieusenment à l'examen q● je m'estois proposé de faire. Je fus demeurer avec l'obedience du General, à un Monastere que l'on appelle Font-Evrauld, sur la riviere de Loire, environ à 3 lieuës de Saumur: Ce fut là que j'eus le loisir d'examiner à fond, la question de l'Infaillibilité du Pape, qui estoit l'unique Principe qui me retenoit dans l'Eglise Romaine, Toutes choses contribuoient à mon dessein; la solitude, & la commodité d'une belle & grande Librairie dont j'avois la disposition, me donnerent toute la facilité possible de m'appliquer à cet Examen; & je ne fus pas long-temps sans lier une amitié estroite avec un des plus habiles hommes de cette Province, je veux dire, Mr. le Prieur Pavillon, qui, entre les Ouvrages qu'il à composez, a fait une réponse à Mr. Claude sur le sujed de la Perpetuité. Je prenois un plaisir tout particulier à m'entretenir avec luy, & il se donnoit la peine de venir presque tous les jours, de plus d'un quart de lieuë, à l'endroit où je demeurois, où nous restions les journées toutes entieres en Conference & en Disputes, sur les matieres dela Religion; ce fut avec tous ces advantages & la commodité que j'avois d'apprendre les Pensées & de pezer les Raisons des Sçavants, tant des vivants que des morts, que j'examinay cette question de l'Infailliblité d'où dependoit toute ma Religion & par consequent mon Salut. Il seroit assez difficile de rapporter icy toutes les Questions dont je fis l'examen, que je crûs avoir quelque connexion aves celle que je m'estois proposée, & qui me sembloient en estre ou les Principes ou les consequences; & je serois trop long si je voulois rapporter icy les Pens'ees de tous les Autheurs que je lûs sur cette matiere; toutes les Raisons que j'examinay dans leurs principes; les Difficultez que je developay; enfin ceque je lûs, ceque j'écrivis & ceque je pensay pendant l'espace de prés d'une année. Comme je ne pretens que raconter icy aux Fidels les Moyens dont Dien s'est servy pour me retirer dela Captivité de Rome, & pour me faire naistre dans une Eglise, qui fait profession de suiure la Pureté de sa Parole, Je ne rapporteray que les Motifs, qui firent en ce temps là le plus d'Impression dans mon esprit, & qui furent comme les Influences celestes dela Grace qui presiderent à ma Conversion. Et mon dessein dans tout ce Discours n'est autre que d'inviter les Ames Saintes à loër Dieu & à luy rendre des Actions de Graces éternelles, pour les Merveilles qu'il opere, en éclairant de ses Divines Lumieres ceux qui cheminent dans l'éloignement de sa Sainte Parole, & en faisant Misericorde, même à ceux, qui cherchent des Pretextes pour demeurer dans leurs Erreurs. CHAPITRRE I. Chap. I. Des pretenduës Fondements de l'Authoritè de Eglise Romaine. JE conçevois bien qu'il y avoit dans le Monde, une Maniere veritable de servir Dieu, & je supposois, comme un principe incontestable, reçeu de tous ceux à qui Dieu a don●● dela raison pour se conduire, qu● cette veritable Maniere de servir Die● estoit celle, qui avoit estè instituée d● Jesus Christ. Mais (comme toutes le● Congregations Chrestiennes ne s'acco●● dent pas ensemble) de sçavoir laquell● d'elles toutes, a la veritable Foy & l● veritable Religion instituée de Jes●● Christ, c'estoit là le point de ma Diff● culté. Dans cetter Partie de l'Europe, da● laquelle Je me trouve par le hazat de ma naissance, je vois deux Congr● gations, deux Eglises Chrestiennes, L● glise Romaine & l'Eglise Reformé● qui se vantent toutes deux d'avoir cette veritable Foy, à l'exclusion l'une de l'autre: le moyen de vuider ce grand Different, & de connoistre laquelle des deux a la Verité de son costé. L'Eglise Romaine se vante d'estre l'aânée, elle comte une multitude de peuples qui se conforment à sa Doctrine, & qui embrassent sa Communion: & nous montre une longue Liste de Papes qui se sont succedés les uns aux autres, dans la Chaire de Rome: mais si on lu● demande de mettre au jour ses Articles de Foy, d'examiner s'ils sont conformes à la Parole de Dieu, à cette veritable Foy qui nous a esté enseiguée par Jesus Christ; elle crie, elle tempeste, elle ne veut point entrer dans cet examen, & veut qu'on la croye sur s● parole. Au contraire l'Eglise Rrformée ne se vante de rien; elle pouroit dire que c'est elle qui est veritablement l'aînée, puisque la Doctrine qu'el● enseigne est conforme à celle qu'ense● gnoit Jesus Christ luy même: elle po● roit montrer dans tous les Siecles ● dans tous les Pas du Monde, d● Nations toutes entieres, qui sont co●● formes à la Même doctrine, que cel● qu'elle a apprise de Jesus Christ; elle pouroit montrer de longues Listes d'Evéques, d'Archevéques, & de Patriarches, qui se sont succedés les uns aux autres dans des Sieges, que les Apôtres eux mêmes ont estably, qui ne font avec elle qu'une même Communion; & sur tous ces Prejugez demander aussi bien que l'Eglise Romaine d'en estre cruë à sa parole. Mais, comme elle sçait que ce procedé est injuste, & qu'elle est assurée, qu'elle n'enseigne rien, qui ne soit conforme à la parole de Dieu, elle ne demande pas mieux que d'estre examinée à la reigle de l'Ecriture Sainte, & donne la Liberté à tout le monde de comparer la Doctrine qu'elle enseigne, avec celle qu'on enseignoit dans la Paimitive Eglise, avec celle qu'ont enseigné les Apôtres, avec celle qu'enseignoit Jesus Christ luy même, quand il estoit sur la terre. A uôtre âvis, laquelle de ces deux Eglises agit le plus sincerement, & laquelle est-çe que l'on a droit de soupsonner d'Erreur, de Malice & de Fausseté? Si quelqu'un venoit vous faire un payement & que vous ne fussiez pas assuré si la monoye qu'il vous apporte est bonne ou fausse, ne vous serviriez vous pas du trebuchet & de la pierre de touche pour l'examiner? &, s'il se faschoit contre vous, de ceque vous pretendez faire cet examen, & qu'il vous alleguast, pour ses raisons, que la monnoye qu'il vous donne, est une monnoye qui paroist fort ancienne, qu'il y a dans le monde un grand nombre de pieces semblables, & que c'est de l'argent, qui s'est conserué dans sa maison de pere en fils, depuis son bisaïeul; ne luy diriez vous pas? Monsieur, il y a quantité de monnoye Ancienne, qui ne laisse pas que d'estre fausse; si cette monnoye n'est pas bonne, toute celle qui est dans le monde, qui luy est semblable, n'est pas bonne non plus; & enfin, si ces pieces sont fansses, vous pouriés les donner à vos enfants de pere en fils, jusques à la fin du monde, qu'elles n'en deviendroient pas, pour cela, meilleures: mais, si, nonobstant toutes vos raisons, il vouloit en estre crû à sa parole, s'il ne vouloit pas souffrir que vous en fissiés l'examen, ne prendriez vous pas delà sujet de croire avec fondement que cet homme vous veut tromper? SECTION I. Que l'Antiquité, la Multitude & la Succession, ne sont point des Privileges que l'Eglise Romaine possede, pardessus les autres Eglises. Voilà la maniere d'agir de l'Eglise Romaien; qui est un grand prejugé qu'elle veut tromper le monde & que ce quelle enseigne n'est pas conforme à la Parole de Dieu, puis qu'elle ne peut souffrir, que l'onexamine sa Doctrine à cette reigle. Elle se vante d'avoir de son costé l'Antiquité, le plus grand Nombre & la Succession, &, à force de rebatre souvent ces beaux Principes, qui ébloüssent le monde, de les dire souvent & hardiment, de les faire publier par tous ses Controversistes, & de les escrire dans les liures de ses Theologiens; elle a, quasi, fait croire au monde, qu'elle est la plus Ancienne de toutes les Eglises Chrestiennes; que, de toutes les Congregations qui croyent en Jesus Christ, il n'y en a que tres peu, qui ne soient pas soûmises au Siege de Rome; & enfin, que le Pape est le seul legitime Successeur de St. Pierre: qui sont les trois beaux Principes, sur lesquelles pretend estre appuyée l'Eglise Romaine, & qui n'ont point d'autre fondement, que la hardiesse avec laquelle les partisans de cette Eglise, ont coustume de les publier. § I. Que l'Eglise Romaine n'est pas la plus Ancienne de toutes les Eglises. NOus apprenons des anciens Ecrivains Ecclesiastiques, Origene, Eusebe, St. Hierosme, Isidore & les autres, que les Apôtres, aprés avoir receu le St. Esprit, avec ordre d'aller preécher l'Evangile par tout le monde, se disper serent comme des torrents plains de l'Esprit de Dieu, pour aller porter la Parole à toutes les Nations. St. Pierre précha en Judée, à Antioch, en Capadoce, en Bitinie & à Rome. St. Jaques fils de Zebedée précha en Judée & en Espagne. St. Jean dans l'Asie mineure. St. André en Scythie, dans l'Epire, dans la Thrace & dans l'Achaie. St. Jaques frere de nôtre Seigneur précha à Jerusalem. St. Philippe eut pour son partage, la Scythie & la Phrygie. St. Barthelemy précha aux Indeses, & dans la grande Armenia. St. Mathieu en Ethyopie. St. Thomas précha aux Parthes, aux Medes, aux Perses, aux Brachmanes, aux Hircaniens, aux Bactries & aux Indiens. St. Simon précha en Mesopotamie & en Perseus. St. Judas en Egypte. St. Mathias dans la haute Ethy opie. St. Paul & St. Barnabé en plusieurs contrées de l'Europe & de l'Asie. Maintenant, je voudrois bien sçavoir, sur quoy fondé l'Eglise Romaine veut qu'on la croye la plus Ancienne de toutes ces Eglises: si quelqu'une de ces Eglises, qui sont toutes fondées par les Apotres, a droit de se dire l'aînée de ses autres soeurs; il semble, par toutes sortes de raisons, que ce soit l'Eglise de Jerusalem: car c'est à Jerusalem que Jesus Christ luy même a fait la pluspart de ses Predications: c'est là qu'il a exercé sa Prestrise & son Episcopat: c'est dans cetter Ville qu'il a esté offert en Sacrifice pour nos Pechez: c'est là que les Apôtres ont premierement annoncé la Parole de Dieu, comme on le peut voir dans St. Luc: c'estoit de cetter Eglise que St. Jaques fut crée le premier Euéque: c'est l'Eglise de Jerusalem, qui est appellée par Theodoret, la Mere de toutes les autres Eglises: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, & c'est l'Eglise de Jerusalem, qui doit estre reconnuë la Premiere de toutes les Eglises, selon le témoignage de tous les Peres qui assisterent au Concile de Constantinople, au rapport de Baronius, anno 382. Que si l'on ne doit donner l'Antiquité qu'à une Eglise qui ait esté instituée par St. Pierre, l'Eglise d'Antioche en Syrie doit avoir en cela le Privilege sur l'Eglise de Rome, car elle est la plus Ancienne de toutes les Eglises que St. Pierre ait jamais gouvernée: c'est à Antioche que St. Pierre a fait la fonction d'Evéque sept ans durant, auparavant qu'il eut jamais esté à Rome, au rapport de Baronius: c'est à Antioche que les Fidels furent premierement appellés christians, comme il est rapporté aux Actes des Apôtres; & c'est l'Eglise d'Antioche que St. chrysostom appelle la Capitale de tout le Monde enties: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉: Enfin, si la mere est plus Ancienne que la filie, & la source devant le ruisseau, l'Eglise Greque est plus Ancienne que l'Eglise Romaine: l'Eglise Greque fut erigée par St. Paul & par St. André, & ce fut de cetter Eglise, comme d'une source sacrée, que le Nom de Jesus Christ se repandit ensuitte, dans je ne sçay combien de Royaumes & de Nations: c'est de l'Eglise Greque, que la Romaine a reçeu le Nouveau Testament, le Symbole des Apôtres, le Symbole de Nicée, le Symbole de St. Athanase: c'est de l'Eglise Greque, que la Romaine a appris même les noms de Baptême, d' Eucharistie, d' Euéque, de Prestre, & de Diacre, &c. Jusque là que l'Evéque de Bitonto reconnût au Concile de Trenter que l'Eglise Greque est la Mere de l'Eglise Romaine, & que c'est d'elle que celle cy a receu tout ce qu'elle a: ea igitur Graecia mater nostra, cui id totum debet quod habet Latina Ecclesia. Jugez presentement sur quoy sont fondez tous ces beaux Titters d' Aînelle de l'Eglise Romaine, dont on fait tant de bruit & tant de vanité. §. 2. Que la Multitude n'est pas du costé de l'Eglise Romaine. LA vanité qu'elle se fait d'avoir la Multitue de son costé, n'est pas mieux fondée que son Antiquité: á la verité si vous demeurés au millieu de Paris ou de Rome, & que, sans vouloir prendre connoissance de cequi se fait dans le monde, vous vouliés vom en rapporter aux Predicateurs de l'Eglise de Rome, ils vous feront accroire, que tout cequ'il y a de Chrestiens an monde sont de l'Eglise Romaine, & qu'il n'y a qu'un tres petit nombre de gens qui ne veulent point se soûmettre au Pape; mais pour peu que vous leviés les yeux, & que vous regardies cequi se passe dans le monde, vous trouverez, que des trois grandes Parties du monde, qui ont esté connuës à nos Peres, L'ASIE est toute pleine de Chrestiens qui ont reçu la Foy des Apôtres, & qui n'ont jamais reconnu & ne reconnoissent point encore la Domination du Pape: vous y trouverez les Chréstiens de la Palestine soûmis au Patriarche de Jerusalem; les syrians & les Melchites soûmis au Patriarche d' Antioch; les Armeniens & les Georgiens soûmis à leurs Patriarches & Metropolitains, qui ne reconnoissent point la Domination du Pape: vous y verrez les Mingreliens, les Circassiens, & les Chrestiens de l'Asire mineure soûmis au Patriarche de Constantinople; les Jacobites, & les Chrestiens de St. Thomas soûmis à des Patriarches particuliers & non point au Pape de Rome. Sivous jettés les yeux sur l'AFFRIQVE & sur ceux de cette Partie du monde, qui ont reçu l'Evangile; les Egyptiens & les Cophtes sont sujets au Patriarche d' Alexandrie; les Ethiopiens ou Abissins ont leur Patriarche, qui ne reconnoist point encor aujourdhuy la juridiction de Rome, quelque conte que quellques Missionaires du Pape en ayent voulu faire; & pour cette Province dont les Jesuits font tant de bruit, & qu'ils appellent le Royaume de Congo, dont ils ont soûmis les Gouverneurs à la juridiction du Pape, il est aisé de voir que ce n'est qu'une Mission de Jesuiste semblable à celles qu'ils ont erigées à Goa, au Japon, dans quelques places de l'Amerique & en Angleterre même au millieu de la ville capitale de ce Royaume, où ils conservent un germe de corruption, en depit de tout cequil y a de Loys & de Magistrats. Enfin, dans l'EVROPE même, les Grecs sont soûmis au Patriarche de Constantinople; les Moscovites out un Patriarche à Moscow, qui ne dépent point du Pape: les Chrestiens Protestants & Reformez en Angleterre, en Dannemarck, en Suéde, en Hollande, en Allemagne & en Hongrie, sont sujets à leurs Euéques & Metropolitains, lesquels ne sont point soûmis au Pape; & l'on sçait que, dans la Bohéme, dans la Pologne, dans la France méme & dans quelques endroits d'stalie, tout est plein d'Eglises Reformées qui ne reconnoissent point la juridiction du Pape. De sorte que cette Multitude dont on fait tant de bruit, c'est l' Espagne, une grande partie de la Pologne, de la France & de l'stalie, quelques Cantons des Swisses, partie des Pays-Bas & de l' Allemagne: voilà cette grande Multitude de peuples, dont on se vante dans l'Eglise Romaine: Parturiunt montes, &c. qu'est ce que cela à l'égard de tout le monde entier. Et, afin que l'on ne s'imagine pas que ces Eglises, qui ne sont point soûmises au Pape, ne sont que de petites Eglises, ceuxz qui voudront se donner la peine de lire les Historiens, trouveront que le seul Patriarchat de Coustantiople a contenu jusqu'à 80 Euéchez & prés de 40 Archeuéchez; l'Eglise d' Antioch 150 tant Evéchez qu' Archeuéchez; celle de Jerusalem plus de 76; & qu'il y a eu dans l' Affrique seule, jusqu'à 420 Euéchez & Archeuéchez qui n'ont jamais suivy la Creance de l'Eglise Romaine, au rapport des Historiens. Jugez du reste par le denombrement que je viens de vous faire. §. 3. Que d'autres Eglises, aussi bien que la Romaine, ont leur Succession d'Evéque en Euéque depuis les Apôtres. POur cequi est de la Succession, à entendre parler ceux de l'Eglise Romaine, il semble qu'il n'y ait que dans l'Eglise de Rome, que les Euéques se soient succedés les uns aux autres, depuis le commancement du Christianisme, & vous diriez qu'ils veulent faire croire au monde, que les Euéques, qui ne sont point de leur Communion, n'ont ny Vocation, ny Titter, ny Ordination, ny poar consequent, aucun Droit dans les Fonctions Ecclesiastiques, dans l'Administration des Sacrements, & la Predication de la Paole de Dieu. Mais il ne faut qu'ouvir les yeux & lire Nicephore, Cedrenus, & les autres Historiens; & vous trouverez (dans des Eglises, qui n'ont jamais esté soûmises au Pape, & qui ont toujours conserué la pureté de la Parole de Dieu) des listes d'Evéques & de Patriarches qui se sont succedez les uns aux autres depuis les Apôtres. En Jerusalem, où Jesus Christ nôtre seigneur, fils de Dieu, le Saint des Saints a commancé la Fonction d'Evéque Eternel qu'il continüera d'exercer pendant toute l'Eternité: St. Jaques fut le premier Euéque; en suitte Simon Cleophas, & puis, Justus le Juif, &c. & ainsi successivement d'Evéque en Euéque, de Patriarche en Patriarche, jusqu'à Germanus & Theophanes, qui de nos jours à gouverné cette Eglise en qualité de Patriarche. Dans l'Eglise d' Antioch, St. Pierre fut le premier Euéque, qui eut pour legitime successeur Evodius, & puis Ignace, puis Hero, puis Cornelius & les autres successivement, lesquels ont sibien conserué la Doctrine de la Primitive Eglise avec la Succession legitime de St. Pierre, que celuy de ces Euéques quivivoit environ l'an 1237 s'unit avec le Patriarche de Constantinople pour excommunier le Pape & prononcer anatheme contre ses Erreurs. Dans l'Eglise d' Alexandrie le patriarche Gelasius, qui gouvernoit encore cetter Eglise en l'année 1636 avoit succedé à Cyrile, Cyrile avoit succéedé à Meletius, Meletius à Joachim, & ainsi d'Evéque en Euéque à l'Apôtre St. Marc qui fut le premier Euéque d' Alexandrie. Enfin dans l'Eglise de Constantinople, l'Apôtre St. André, qui en fut le premier Euque, au rapport de Nicephore, eut pour son successeur Stachys; Stachys, Onesimus; celuy cy Policarpe: & ainsi successivement 177 Euéques, la plus part grands personnages & gens sçvants jusques à Cyrille & Methodius qui de nos jours ont gouverné cette Eglise & Parthenius qui la gouverne maintenant. Ce fut à l'un des Patriarches de cetter Eglise que les Ministres qui préchoient l'Evangile en Allemagne environ l'an 1576, envoyerent leur Confession de Foy, pour marque de l'uniformité de Doctrin equ'ils avoient avec tout l'Orient. SECTION. II. Que ny l'Antiquité, ny la Multitude ny la Succession ne sont point des Marques Infaillibles de la Veritable Eglise, & par consequent qu'une Eglise peut avoir toutes ces marques, & ne pas laisser d'estre Heretique. IL est aisé de voir, par tout ceque j'ay rapporté cy dessus, que (si l'on doit juger de la Verité & du Droit d'une Eglise par l'Antiquité, ou par la Multitude de ceux qui font profession de sa Creance, on par la Succession de ses Euéques) ce n'est point en faveur sde l'Eglise Romaine que l'on doit porter judgement, preferablement aux autres; puisque vous voyez des Eglises plus anciennes que l Eglise Romaine, des Eglises infiniment plus vastes & plus nombreuses, & dont la Succession est aussi legitime pour le monis, & sans comparaison bien moins interrompuë, & bien moins traversée, que ne là esté celle de l'Eglise de Rome, par des Schismes de je ne sçay combien d'années, par les Heresies de ses Euéques & par la vie monstreuse de je ne sçay combien de Papes. Mais, comme la Verité de la Religion ne depent point d'une question d● Chronologie, de Geographie, ou d'Histoire, je feray voir icy que ny l'A●tiquité d'une Eglise, ny la Multitu●● de ceux qui en font profession, ny 〈◊〉 longue Succession de ses Euéques, 〈◊〉 sont point des Marques, Infaillibl● qui nous obligent de croire qu'une 〈◊〉 glise est la veritable; puisqu'elle po●roit avoir toutes ces Marques & 〈◊〉 pas laisser pour cela d'estre Heretique. §. 1. Que l' Antiquité n'est pas u●marque Infaillible de la Veritab●● C'Est une Loy receuë de tous 〈◊〉 Jurisconsultes, que les choses q●● n'ont rien valu du commancement, 〈◊〉 deviennent pas meilleurs en vieill● sant: quae ab initio non valueru●tractu temporis convalescere non p●● sunt. Et Tertullien soûtent, com● un principe, que la Prescription 〈◊〉 années n'a point de droit contre 〈◊〉 Verité: Veritati nemo Praescrib● potest. Si vous estiés en possession d'une Maison, d'un Champ, d'une Terre, & que vous l'eussiez possedée paisiblement, pendant une centaine d'a●nées, quand vous auriés perdu vo● Tittres, ou que vous n'en auriez j●mais eu la Possession de cent années● vous establiroit legitime possesseur de ce Champ, de cette Terre, de cette Maison. Mais il n'en est pas de même● l'égard de l'Erreur & de la Verite● vous seriés en possession d'une Erre●, depuis le commancement du monde, que toute cette longue suitte d'années ne vous donneroit pas droit de deme●rer dans l'Erreur; parceque contre 〈◊〉 Verité il n'y a point de Prescription: & une chose, qui a esté fausse au comma●cement du monde, ne peut devenir veritable, quand elle demeureroit auta●● que l'Eternité, & sera toujours no●● velle à l'égard de la Verité; au co●traire, ce qui est veritable porte to● jours avec soy le Caractere d'une An●● quité legitime, selon la pensée du 〈◊〉 me Tertullien, qui dit; que la Veri● est Eternelle, veritas sempiterna & a●tiqua res est; & c'est de ce princi●● qu'aprés avoir supposé qu'il y a d● choses, qui paroissent nouvelles, qui pourtant sont fort anciennes, il concult que ce n'est pas tant la Nouveauté, que la Verité, qui fait que l'on décovure & combat les Heresies: Haereses non tam Novitas quàm Veritas revincit. Desorte que, suivant ce Principe, pour prouver, que les Prieres que l'on adresse aux Saints, que l' Adoration de Images, que la Creance de l● Transubstantiation, &c. sont des Erreurs, c'est beaucoup de montrer que ce sont des Articles de Foy de nouvelle Impression; mais cela ne suffit pas, il faut montrer encore, que ce sont des Articles contraires à la Verité, c'est à dire, à la Parole de Dieu: au contraire, qu'une Doctrine vous paroisse tant nouvelle qu'il vous plaira, si les Articles qu'elle contient sont veritables, s'ils sont conformes à la Parole de Dieu, à ce que nous ont enseigné les Apôtres, c'e! t une Crence Ancienne. Ne dites donc point, que la Doctrine, que lo● enseigne dans les Eglises Reformées est une Doctrine nouvelle; examinez auparavant si elle est Veritable, si elle est conforme à la parole de Dieu, & si vous la trouvez telle, dites que c'est une Doctrine Ancient: Mais si dans ces Eglises, qui tirent leur origine des Apôtres, on y en seigne une doctrine qui n'est pas conforme à l'Evangile, le Privilege de l'Antiquité ne les dispense point de l'Erreur, ce sont des Malades inveteréz, d'anciens Paralitiques, que le Privilege d'estre Vieux ne peut pas guerir. Y a-t-il quelque Religion au Monde plus Ancienne, que celle des Idolatres? cepandant quelqu'un osera-t-il dire, que le Privilege qu'elle a d'estre Ancienne, luy donne celuy d'estre Veritable & d'estre Infaillible? & croyez vous que les Ancient Peres de l'Eglise qui disputoient contre les Payens, eussent voulu avançer contre eux, que, des Religions & des Eglises, celle qui est la plus Ancienne, est toujours celle qui est la plus Veritable? c'estoit ancontraire ce que les Payens leurs objectoient contre l'Evangile: Quoy donc, disoient ces Avengles? laisserons nous nos Idoles, la Religion qui nous a esté laissée de pere en fils par nos Ancestres? Et c'estoit à cet argument d'Antiquité, que les Peres avoient coûtume de répondre, que l' Antiquité ne servoit de rien, en matiere de Religion, & que la coûtume d'Adorer des Idoles estant un erreur, l'Antiquité, dont ils se vontoient, estoit une Antiquité d'Erreur, selon ce principe de St. Cyprien: consuetudo sine Veritate, vetustas Erroris est. Ensin, leur disoit St. Clement d'Alexandrie; si ton pere a esté un voleur, ou un débauché, faudra-t-il que tu sois voleur & debauché, parceque ton pere l'a esté? & y a-t-il fquelques crimes que l'on ne commist impunément, si leur Antiquité les rendoit impunissables? Les Prophetes apparament ne sçavoient pas cette belle Doctrine, sur laquelle les Papes ont pretendu fonder leur Religion; car, pour exciter les Juifs à abandonner leurs Erreurs, & à quitter leur pechez, ils leur disoient qu'il y avoit long-temps, qu'ils traittoient avec mépris la Parole de Dieu: J'ay parlé à toy en ta prosperité, dit le Seigneur, mais tu as dit je n'écouteray point: tl est ton train dés ta jeunesse, tu n'as point écouté ma voix. Les Enfants d'Isael & de Juda n'ont rien fait que du mal devant moy dés leur jeunesse— Car ●ette cité m' esté en ire & en indignation depuis le jour qu'ils l'ont édifiée jusqu'a ce jour-cy, pour la ruiner de ma presence: pour toute la malice des Enfants d'Israel & des enfants de Juda, qu'ils ont fait en me provoquant à couroux, eux & leurs Roys, leurs Princes, leurs Sacrificateurs & leurs Prophets, les hommes de Juda & les habitants de Jarusalem, &c. Où il est aisé de voir, que l'on ne croyoit pas en ce temps là que le peuple d'Israel fut en droit de mépriser la Parole de Dieu, parcequ'il l'avoit meprisée pendant je ne sçay combien de siecles, ny que les Roys, les Prestres, les Prophetes, & le Peuple peussent pretendre de demeurer dans leur avenglement, parceque de tout temps il s'estoit trovué des Roys, des Prestres, des Prophetes & du Peuple qui s'estoit éloigné de la Loy de Dieu pour s'abandonner à l'Erreur. Enfin Jesus Christ luy même ne sçavoit point cette belle Maxime de Rome, que l'Antiquité est une marque de l'Infaillibilité: car quand les Scribes & les Pharisiens luy disoient, qu'ils estoient Enfants d'Abraham, il leur disoit que leur Genealogie estoit encore bien plus Ancienne, puisqu'ils estoient Enfants du Diable; mais il ne croyoit pas que toute cette belle Antiquité les rendit Infaillibles, leur donna droit de rejetter sa Parole & les Veritez qu'il venoit leur annoncer. §. 2. Que la Multitude n'est pasune marque Infaillible de la Veritable Eglise. SI la Multitude est une marque de la Veritable Eglise, il faudra dire qu'il n'y avoit point d'Eglise du temps d' Enochm, du temps de Noé, du temps d' Abraham; qu'il n'y avoit point de Veritable Eglise, ny pendant que Jesus Christ vivoit sur la terre, ny du temps des Apôtres, ny du temps des Ariens: il faudra dire même que quand l'Antichrist paroistra dans le monde, l'Eglise & le veritable Culte de Dieu sera entierement aboly: ou bien (ce qui seroit encore plus horrible à penser) il faudra dire que ce sera l'Eglise de l' Antechrist qui sera la veritable Eglise; que du temps des Ariens c'estoient ceux qui njoyent la Divinité de Jesus Christ qui composoient la veritable Eglise; que du temps des Apôtres & des Martyrs, c'estoient les Payens qui conservoient la veritable Maniere d'adorer Dieu; que les Apôtres avec Jesus Christ n'estoient pas la veritable Eglise, mais que c'estoient ceux qui l'ont crucifé qui avoient raison; & que du temps d' Enoch, de Noé, & d' Abraham, le veritable Culte de Dieu, c'estoit d'adorer des Idoles. E● qui ne voit que toutes ces Propositions sont des Blasphemes, qui s'ensuivent veritablement en bonnes consequences des Principes de Rome, mais qui sont horribles & pleines d'impieté. Que ces Propositions sont éloignées des Pensées des Peres & de la Verité. St. Augustin dit, que la veritable Eglise à esté un temps qu'elle estoi● toute renfermée dans la seul●e personue d' Abel, un temps, dans la seule per sonne d' Enoch, un autre temps qu'elle n● consistoit que dans la seule famille de Noé, & depuis dans celle d' Abraham. Je serois honteux de prouver icy parmy des gens raisonnables, que c'estoit parmy le Peuple d' Israel, devant l'Avenuë de Jesus Christ, & parmy les Fidels dans l● Primitive Eglise, qu'il falloit chercher la veritable Religion, & non pas parmy les Idolatres & les Payens; & vous me prendriez pour une homme qui croit que les Chrestiens sont bien pe● zelez pour l'Amour de Jesus Christ, s●, ayant à parler à des gens, qui font Profession de la suiure, je m'engageois 〈◊〉 prouver, (ce que tout le monde doit supposer, comme un Principe incontestable) que, pendant que Jesus Christ vivoit sur la terre avec les Apôtres, c'estoit dans ce Sacre College de Jesus Christ & des Apôtres, que se trouvoi● la veritable Eglise, & non pas dans l● Synagogue des Juifs, qui estoit tou●e composée de gens, qui ne respiroien● que le sang du Juste, & qui ne che●choient qu'à opprimer la Verité. Po●● ce qui est du temps des Ariens, il e●● uray, au rapport de Theodoret, q●● l'Empereur Constance parloit d' Athanase comme d'un scelerat, dont toute 〈◊〉 terre avoit horreur, parce qu'il soûte noit la Divinité de Jesus Christ, qu● es tu? disoit cet Empereur à Liberius quelle partie du monde fais-tu? de ve●● tout seul avec un scelerat troubler le repos de toute la Terre? il est uray que de ce temps là, au rapport de St. Hilaire, dans les dix Provinces d' Asie, il n'y avoit que l'Evéque Eleusius & un tres petit nombre de gens avec luy, qui demeuroient dans la Connoissance de la Verité: il est uray, au rapport de St. Hierôme, que dans tout l' Orient il n'y avoit qu' Athanase & Paulin qui ne suivoient point les erreurs d' Arius; cepandant laveritable Eglise n'estoit point détruite, elle n'estoit pas non plus dans la Communion des Ariens, quoy qu'ils fussent la Multitude; elle estoit dans le seule Euéque Eleusius; elle estoit dans Athanase & dans Paulin; parceque comme repondoit Liberius à l'Empereur Constance: la Parole de la Foy n'est pas diminuée par le petit Nombre de ceux qui en font Profession, ny par leur Solitude: non diminuitur solitudine mea verbum fidei, disoit cet Euéque au rapport de Theodoret; & parce que, selon le témoignage de Tertullier ce n'est pas par le grand Nombre des Eveques qui fait l'Eglise; l'Eglise peut consister dans une ou deux personnes, dit le même Pere; & St. Gregoire de Nazianze; où sont ces gens, dit il, qui definissent l'Eglise par la Multitude? ils ont le Peuple pour eux, & nous la Foy; ils ont abondance d'Or & d'Argent, mais nous avons la veritable Doctrine. Où vous voyez qu'en ce temps là, la veritable Eglise ne consistoit pas dans la Multitude. Ce ne sera non plus dans la Multitude que l'on trouvera la veritable Eglise, sous le regne de l' Antechrist; la veritable Eglise sera reduitte à un bien petit nombre & la Multitude sera du costé de l' Antechrist, selon le témoignage du Seigneur: pensez vous que le fils de l'homme, quand il viendra, trouve encore sur la terre quelque reste de Foy. St. Hierome dit qu'en ce temps là l'Eglise sera reduitte en solitude; elle sera livrée aux Bestes sauvages & souffrira tous les maux dont le Prophete Sophronias fait la description; & St. Chrisostome dit que, quand l'impie Heresie qui est l'armée de l' Antechrist viendra s'emparer des Eglises, il n'y aura point d'autre preuve du Christianisme, point d'autre refuge pour les Chrestiens, qui voudront connoistre la Verité, que les Escritures Saintes, que la Parole de Dieu: en effect dans ce temps là aussi bien que dans tous ceux que j'ay marqués cy dessus, la Multitude suivra le party de l'Erreur, & la veritable Eglise sera reduitte à un petit troupeau, qui ne s'armera que dela Parole de Dieu contre tous les Stratagémes & toutes les Persecutions de l'Antechrist. Pour achever cette peuve, je rapporteray cequi se passa au Concile de Nicée, au rapport de Sophronius. Tous les Euéques avoient pensé d'introduire dans l'Eglise une Loy nouvelle, à sçavoir que ceux qui estoient dans les Ordres Sacrez garderoient le Celibat: le bon Prestre Paphnutius un venerable Vieillard d'une Sainteté à l'épreuve de toutes les calomnies, se leve au millieu de cette multitude d'Evéques. Il ne faut pas, dit il, imposer un joug si pesant, sur les espaules de ceux qui sont dans les Ordres; vous devez considerer ce que dit St. Paul, que le Mariage est un estat honorable pour tout le monde & une couche sans sovilleure. A cette voix une multitude innombrable d'Evéques, de Prestres, & de Diacres qui estoient là presents ayant fait attention, considererent ce Saint Vieillard, comme un Apôtre qui venoit leur annoncer la Parole de Dieu; tout sur le champ ils changerent de resolution, & concevant par la Doctrine de St. Paul & du St. Esprit, que le Mariage est honorable pour tout le monde, laisserent tous les Ecclesiastiques viure dans l'estat de Mariage, comme ils faisoient auparavant. Jugez si dans ce temps là la Multitude l'emportoit par dessus la Verité, & si les Peres de ce Concile estoient de l'opinion de l'Eglise Romaine, qui pretend que la Multitude de ceux qui soûtiennent une Doctrine, est une marque Infailliable de la Verité de cette Doctrine. §. 3. Que la Succession n'est pas une marque Infaillible de la Veritable Eglise. SI la Succession donnoit le droit destre Infaillible, il n'y a point d'Eglise dans le monde qui eut plus de droit de se vanter de l'estre que l'Eglise de Jerusalem: c'est de Jerusalem qu'il est dit: mon nom sera dans Jerusalem éternellement: dans cette maison & dans Jerusalem que j'ay choisie en presence de toutes les Tribus d'Israel, c'est là que j'établiray mon nom pour toujours, mes yeux, & mon coeur y seront attachez perpetuellement: le Seigneur a choisi Zion, il la souhaité pour en faire son Tabernacle; c'est là, dit-il, le lieu de mon repos pour toujours; c'est la que je feray ma demeure ainsi que je l'ay souhaitté, &c. Et je revestiray aussi ses Prestres de mon Esprit & de mon Salut. C'est sur toutes ces belles Promesses que se fondoient les Prestres pour s'opposer à la Verité qui leur estoit annoncée par les Prophetes, & cequi les faisoit escrier à tout propos: Le Temple du Seigneur, le Temple du Seigneur, le Temple du Seigneur. Mais escoutez ce que le Seigneur luy même leur répond: Ne vous fiez point sur des paroles trompeuses en disant c'est icy le Temple de l'Eternel— He quoy! la maison dans laquelle on invoquoit mon nom est-elle devenüe à vos yeux une retraitte de voleurs? & moy même, dit le Seigneur, je l'ay uû, &c. Allez voir ce qui est arriué à Silo, je l'avois au commancement choisië pour ma maison, & voyez ce que je luy ay fait à cause de la malice de mon Peuple; aussi maintenant, parceque vous avez fait toutes ces oevures, dit le Seigneur, & que j'ay parlé à vous, &c. Je vous ay appelleé & vous n'avez point répondu. J'en feray autant, dit le Seigneur, au Lieu que je vous avois donné à vous & à vos Peres, à ce lieu dans lequel mon nom estoit invoqué, & auquel vous vous fiez. La même chose se peut voir dans le Prophete Esaie Chap. 5. & 33. & dans le Prophete Ezechiel au Chap. 5.6. &c. où Jerusalem apres avoir esté establie de Dieu comme un Tabernacle qui ne sera point transporté, il est dit ensuite que pour ses abominations elle est transporté en Babilone. Si Silo a cessé d'estre la Maison de Dieu: si Jerusalem est reduite en une Solitude où il ne croist que des ronces & des espines, & sur la quelle Dieu a deffendu aux nuées de laisser tomber une goutte d'eau, l'Eglise Romaine aurat-elle sujet de se vanter que parcequ'-elle a esté autrefois la Nourice des Martyrs & le Seminaire des Saints, il s'ensuit qu'elle est encor à present dans le même estat où elle estoit dans les premiers Siecles? & n'a-t-elle pas plûtôt sujet d'apprehender qu'aprés toutes les abominations dont elle a esté remplie par ceux qui en ont eu le Gouvernement, elle ne soit devenuë comme Jerusalem, une retraitte de Brigants, une horrible Babilone, une Solitude épouvantable, où il ne croist que des chardons & des espines, & sur laquelle Dieu permet que le Ciel de l'Escriture Sainte soit fermé, & qu'il ne tombe pas une seule goute de sa divine Parole sur ceux qui s'obstinent dans ses abominations? Enfin doit elle esperer d'avoir plus de Privileges que je ne sçay combien d'Eglises qui ont esté bâties par les Apôtres dans l' Orient qui ont conserué pendant une longue suitte d'années, une Succession legitime d'Evéque en Euéque, de pasteur en pasteur, & quinon obstant tout cela ont esté puis aprés par les Turcs convertis en Mosquées où ces Infidels font à present les Exercices de leur Religion. Que si l'Eglise Romaine soûtient qu'il faut embrasser sa Doctriue, parceque les Papes qui regnent presentement se sont succedés les uns aux autres d'Evéques en Euéques dans la Chaire de St. Pierre. Je répons que pour la même raison, du temps de Paul de Samosate il falloit estre heretique, parceque Paul de Samosate estoit legitime Evéque & Patriarche d' Antioch, qu'il avoit succedé legitimement à Demetrius, Demetrius à Fabius, Fabius à Babilas, celuy cy à Zebinus, à Philetus, à Asclepiades, à Serapion, à Maximinus, à Theophile, à Cornelius, à Hero, à Ignace, à Evodius, lequel avoit legitimement succedé à St. Pierre. Je répons que dans le siecle o● vivoit Nestorius, il falloit estre Nestorien, parceque Nestorius estoit legitime Evéque & Patriarche de Constantinople, legitime successeur de Sisininius, d' Atticus, d' Arsatius, de S● Jean Chrisostome, de Nectarius, d● Gregoire de Nazianze, & ainsi d'Eveque en Euéque le 36 selon la Chron● que de Nicephore qui avoit legitimement succedé dans cette Chaire 〈◊〉 l'Apôtre St. André. Enfin pour sui●sans partialité le Principe de Ro●● & pour luy donner toute l'estend● que doit avoir une proposition com● celle cy (qui est toujours fausse, si 〈◊〉 n'est universelle & capable de faire● premiere proposition d'un Syllogism je répons que les Papes doivent re● quer les foudres qu'ils ont lancez contre l'Eglise d' Angleterre, confesser qu'ils ont tort de l'avoir excommuniée, que cette Eglise est infaillible, & qu'elle a la veritable Foy, puisque dans les Sieges des Eglises de ce Royaume on y conserve d'Evéque en Euéque depuis les Apôtres une Succession legitime dans tous les pouvoirs Ecclesiastiques. Mais ce n'est point sur la Succession simplement que se fonde cette Eglise pour prouver qu'elle fait profession de la Verité, elle veut bien qu'on l'examine à la reigle de l'Evangile & ne se fonde pas comme fait l'Eglise Romaine sur un principe qui peut estre faux. CONCLUSION. Que c'est la Succession de la veritable Doctrine depuis les Apôtres qui est une Marque Infaillible de la Veritable Eglise, & que l'Eglise de Rome qui n'a point la Succession de la veritable Doctrine, n'a pas sujet de se vanter, ny de l' Antiquité, ny de la Multitude, ny de la Succession. IL est uray que les Peres se sont servy de l'argument de la Succession contre les Heretiques: Tertullien s'en est servy contre ceux de son temps: Optatus contre les Donatistes; & St. Augustin contre les Manicheens, les Ariens, & les Pelagiens. Mais a fin que vous ne vous y trompiez pas, lisez bien ces Peres, & vous trouverez qu'-avec une Succession d'Eglise & d'Evéques, il demandoient encore une Succession de Doctrine (que Tertullien appelle une Consanguinité, une Affinité de Doctrine) pour prouver qu'ils estoient la veritable Eglise; ceque St. Augustin disoit ne se pouvoir prouver definitivement que par l'Escripture. Qu'ils produisent donc, disoit Tertullien, les origines de leurs Eglises, qu'ils nous monstrent l'ordre & la succession de leurs Euéques, depuis le commencement, desorte qu'enfin ils puissent montrer quelqu'un des Apôtres, ou quelque homme instruit par les Apôtres qui soit Autheur de leurs Eglises. Mais quand ils auront fait ce pas & qu'ils auront trovué quelque Liste de Succession encore n'auront-ils rien avancé; car leur Doctrine comparée avec la Doctrine des Apôtres, fera connoistre par la diversité & par la contrarieté qu'elle a avec elle, que ce ne sont ny les Apôtres ny ceux qui ont esté instruits par les Apôtres, qui en ont esté les Autheurs; ils seront même condamnez par les Eglises, qui, quoy qu'elles n'ayent pour Autheur ny aucun des Apôtres, ny personne qui ait esté instruit par eux immediatement, parce-qu'elles sont posterieures au temp des Apôtres & erigées de nos jours, ne laissent pas pourtant d'estre apostolics, acause de la Consanguinité de la Doctrine qui est la même que celle que les Apôtres ont enseignée. Et St. Gregoire de Nazianze montre que la Succession doit estre estimée par la Pieté plutost que par le Siege: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 Que celuy qui fait profession de la même Foy, est participant du même Siege, & que celuy qui en embrasse une contraire, fut-il assis sur le même Siege, c'est un ennemy directement opposé & contraire à ce Siege sur lequel il est assis: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 Que la Succession de la Foy, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, doit estre estimée la veritable Succession, puisqu'elle en a la Verité, au lieu que l'autre n'en a que l'apparence. Où vous voyez que même par le témoignage des Peres, pour estre une veritable Eglise, il ne suffit pas d'avoir la Succession de la même Chaire & la Succession des Personnes, dont l'Eglise Romaine se vante à tout propos & mal à propos, pui squ' une Eglise peut avoir une grande liste de Succession & estre une Heretique, comme vous voyez par Tertullien, puisque l'on peut estre assis sur une Chaire qui estoit autrefois Catholique & ne pas laisser pour cela que d'estre ennemy juré de cette Chaire, comme nous l'apprenons de St. Gregoire de Nazianze. Mais il faut avec cela avoir la Succession de la Foy, la Succession de la Creance & de la Pieté & montrer, comme parle Tertullien, une Consanguinité de Doctrine, Consanguinitatem Doctrinae; & c'est dont l'Eglise Romaine ne se vante pas; puisqu'elle ne peut même souffrir que l'on parle d'examiner sa Doctrine par la Parole de Dieu, & de la comparer à la Foy de la Primitive Eglise & à la Creance des Apôtres. Que ceux de l'Eglise Romaine ne se vantent dont plus d'avoir possedé presque toutes les plus belles Eglises du monde, les Ariens les ont possedé aussi bien qu'eux, & St. Hierosme ne laisse pas que de les traitter d'Heretiques: l'Eglise, dit ce Pere, ne consiste point en murailles & en bâtiments, mais en la Verité de la Doctrine; l'Eglise est où est la uray Foy: il y a quinze ou vingt ans, disoit ce Pere, que les Heretiques possedoient tous ces bâtiments & meme toutes ces belles Eglises: mais en ce temps là la veritable Eglise estoit, où estoit la uraye Foy; Ecclesia autem ibì vera erat, ubì fides erat. Et ne pouvons nous pas dire la même chose dans ce Royaume? Il y a 120 ou 160 ans passez, avant le regne d' Henry 8 me ou dela Rhine Elizabeth les Papistes possedoient tous ces bâtiments, même toutes ces Eglises, mais dans ce temps là, la veritable Eglise estoit où estot la veritable Foy: Ecclesia autem ibì vera erat, ubì fides erat. Qu'ils ne nous disent donc point que le Pape a succedé à St. Pierre: car nous leur répondrons que Neron estoit Successeur d' Auguste, & cepandant Neron estoit un Tyrant, Auguste estoit un bon Prince; nous leur dirons que le Roy Manassés estoit Successeur d' Ezechias, & que cepandant Manassés estoit un Prophane, Ezechias estoit un Saint; enfin nous leur dirons que les Evéques Ariens avoient succedé aux Catholics, que l'impie Nestorius estoit legitime Successeur de St. André dans la Chaire de Constantinople; que le fameux Heretique Paul de Samosate estoit legitime Successeur de St. Pierre dans la Chaire d' Antioch, & que tous ces gens là, aussi bien que le Pape, n'ont succedé à ceux qui ont gouverné devant eux, que comme la nuit succede au jour, la maladie à la santé, & la mort à la vie. CHAPITRE II. Des Fondements veritables de l'Eglise Romaine d'apresent. Chap. 2. AVssi tost que j'eus renversé ces trois grands Phantosmes l' Antiquité, la Multitude & la Succession dont on a coustume de covurir les Erreurs de l'Eglise de Rome, il me fut aise de reconnoistre les veritables Pivots, sur lesquels elle roule, & les Fondements sur lesquels elle est bâtie. Et ces fondements n'estant ny l' Authorité de l'Escriture, ny la Docrrine de la Primitive Eglise, ny l'Antiquité, ny la Multitude, ny la Succession des Eglises ou des Euéques, je reconnus aprés avoir bien examiné, qu'ils ne pouvoient estre autre que l' Ambition, & l' Avarice de ceux qui la gouvernent; & que c'estoit delà que sont procedez toutes les Erreurs & toutes les Corruptions de cette Eglise. SECTION I. De l'Ambition des Papes. §. 1. Le Pape s'éleve au dessus des Roys, au lieu que de droit il deveroit leur estre soûmis. IE Pape Gregoire 7 me dans un Synode tenu à Rome l'an 1076. establit 27 propositions sur lesquelles effondée toute la grandeur de Rome qui sont appellées la Dictature du Pape, & que l'on peut voir dans Baronius, entre lesquelles on trouve les Propositions suivantes. Les Princes doivene baiser les pieds du Pape. Il est permi●● au Pape de déposer les Roys & le Empereurs, & d'absoûdre des suject dela fidelité & de l'obeissance qu'il doivent à leurs Princes comme à leu Seigneurs & Superieurs naturels. C'est pour establir ces belles Propo●tions que le Pape Innocent III. 〈◊〉 rapport de Durand, compare le Pape l' Arche d'aliance, & dit que les Ca●dinaux Diacres ont la charge de po●ter le Pape sur leurs espaules, parcequdans l' Ancient Testament c'estoit la charge des Levites de porter sur leurs épaules l'Arche du Seigneur. C'est pour cela que dans les Processions publiques qui se font à Rome, on porte le Pape & le Sacrement en Procession, avec cette difference que le Sacrement, qui dans l'opinion de Rome est transubstantié au Corps de Jesus Christ, est attaché sur le dos d'un mulet, au lieu que le Pape est porté auéc Magnificence par les Princes & par les Roys qui sont là presents, ou bien par leurs Ambassadeurs s'ils n'y sont pas presents en personne, ainsi qu'il est escrit dans le Livre de leurs Ceremonies. C'estoit pour mettre en pratique cette belle Maxime de déposer les Roys, & de dispenser leurs sujets de l'obeissance qu'ils leur doivent, que le Pape Gregoire 7 me deposa l'Empereur Henry 〈◊〉 & Bolesläus 2d Roy de Pologne: qu les Pape Zacharie déposa Chilperic Roy de France, dispensa les François d● la fidelité qu'il devoient à leur Roy legitime; & mit Pepin en sa place, c'estoit pour la même raison que Bon● face VIII. deposa Philippe le Bel; prenonça contre luy la sentence d'Excommunication dans cette belle Decretale qui commance: Unam Sanctam Ecclesiam; où le Pape luy même déclare, qu'il est necessaire de necessité de salut à toute creature humaine, d'estre soûmise au Pape de Rome: c'estoit pour cela que le Pape Innocent Ill. déposa l'Empereur Othon IV. qu' Innocent IV. déposa l'Empereur Frederic II. que Jules II. osta la Royaûme de Navarre à son Roy naturel pour le donnere au Roy d' Espâgue. Enfin, c'estoit pour maintenir toutes ces belles Maximes qu'environ l'an 1200 le Pape Innocent III. qui avoit déposé l'Empereur Othon; déposa aussi Jean Roy d' Angleterre, déclara qu'il avoit perdu le droit de regner, dispensa les Anglois du serment de fidelité qu'ils avoient juré à leur Roy, fit cesser le servi● Divin par tout le Royaume d' Angleterre, fit fermer toutes les Eglises & les Cymetieres l'espace de six ans & demy, excommunia le Roy & donu le Royaume d' Angleterre à Philip Auguste Roy de France, à condition de le conquerir à ses propres perils & fortunes. En un mot c'estoit pour maintenirces Principes que Paul III. excommunia Henry VIII. Roy d' Angleterre, & Pie V. la Rhine Elizabeth d'heureuse Memoire. Au lieu que de droit les Empereurs Chrestiens sont les Seigneurs & les Superieurs des Papes. Les Papes eux mêmes ont reconnu qu'ils sont les sujets & les Vassaux des Empereurs, & qu'ils devoient leur obeïr & les honorer comme leurs Seigneurs & leurs maistres, ainse qu'il est aisé de voir par les lettres de Gregoire le grand, & des autres Euéques de Rome aux Empereurs qui viovient de leur temps. De droit les Empereurs Romans faisoient Election des Papes, donnoient les Reglements qui devoient estre observez par le siege de Rome; c'estoit des Empereurs que tous les Euéques & les Archevéques devoient reçevoir leur Investiture, & c'estoit aux Empereurs que les Papes mêmes estoient obligez de payer une certaine somme d'argent pour estre confirmez dans la Papauté au rapport d' Igebert & de Luitprand qui sont Historiens Papists. De droit les Empereurs déposoient les Papes, au rapport du Roy Jaques. L'Empereur Othon déposa le Pape Jean XII. pour divers crimes & specialement pour ses impudicitez; & l'Empereur Henry III. en peu de temps déposa 3 Papes, à scavoir Benoist IX. Silvester III. & Gregoire VI. tant pour leur Avarice, que parcequ'ils abusoient de leur Authorité contre les Princes & contre les Roys. Enfin, de droit tous les Ecclesiastiques & le Pape luy même aussi bien que les autres, sont sujets aux Roys comme à ceux qui sont immediatement aprés Dieu les Suprémes Gouverneurs de l'Eglise: puisque l'Apôtre veut que tout homme soit soûmis à une puissance superieure, &c. Lisez sur ce passage tous les Peres de l'Eglise, & ils vous diront que les Ministres, les Euéques, & les Pontifs n'en sont pas exempts. St. Chrisostome soûtient que pas un des Ecclesiastiques n'est exempt dela juridiction des Roys. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, &c. Et en suite: fussiez vous un Apôtre, dit il, fussiez vous un Evangeliste, ou un Prophete, personne n'est exempt dela juridiction des Roys. Theodoret, St. Bernard & les autres soûtiennent la même chose. Le Pape est-il plus qu'ún Prophete? est il plus qu'un Evangeliste? est il plus qu'un Apôtre, pour s'élever au dessus de tous les Roys dela terre? & non seulement refuser de leur obeïr, mais encore vouloir se mesler de regler leurs Estats, de les déposer, de les excommunier, & de pretendre avoit droit de revolier des Sujects contre leurs Princes naturels? § 2. Le Pape s'éleve au dessus de toutes les Eglises en s'attribuant injustement la Primauté & le Tître d' Euéque Vniversel; & que s'attribuer ce Tître c'est un Blaspheme & une Apostasie dans le Christianisme. UNE autre de ces 27 Propositions qui font la Dictature du Pape, c'est; qu'il n'y a que l'Evéque de Rome qui doit esire appellé Euéque Vniversel; où l'on peut voir l'Ambition mon streuse de cet homme que l'on appelle le Pape, lequel aprés avoir éleué le l'ouvoir Eeclesiastique au dessus de la Majesté des Roys, veut encore s'élever au dessus de tous ses Consreres, au dessus de toute l'Eglise. C'estoit pour commancer d'establir cette belle Maxime, que dans le 4 me concile de Carthage trois Euéques de Rome l'un aprés l'autre, aprés avoir falsifié le Decret du 1 er Concile de Nicée, produisirent les Articles du Concile de Sardes, pretendants que l'on peut appeller des autres Euéques à l'Evéque de Rome: mais les Peres du Concile ayant eu recours aux originaux & reconnu par là la fourberit des Euéques de Rome firent un Decret tout contraire à cette grande authorité que les Euéques de Rome vouloient s'attribuer. En effect il n'y a rien de plus mal fondé que cette Primauté & ce tître d' Euéque Universel que les Papes de Rome veulent avoir par dessus les autres Euéques. St. Pierre ny pas un des autres Apôtres n'a jamais pretendu avoir cette juridiction & ce tître d'Evéque universel, & quoy que l'on observasi un ordre dans l'Eglise parmy les Apôtres & dans la suite des temps parmy les Euéques qui leur ont succede; cela portant n'a jamais esté à la destruction de l'Authorité des autres Apôtres ny des autres Euéques, puisque parmy les Apôtres, St. Pierre qui estoit le premier ne presidoit point au Concile de Jerusalem, mais St. Jaques qui estoit Euéque du lien où se tenoit ce Concile; & qu'au témoignage du Chancelier Gerson on assembla du temps des Apôtres 4 Conciles où St. Pierre ne fut point present; or selon la doctrine de Rome le tître d'Evéque universel donne droit de presider à tous les Concils; d'où la consequence est manifeste que St. Pierre ne pretendoit point avoir cette Primauté que les Papes s'attribüent. Pour les temps qui ont suivy celuy des Apôtres, on sçait que ce ne sont point les Papes qui ont presidé à tous les Concils Generaux & que la seule pensée d'estre éleué par dessus les autres Euéques & de se dire Vniversel estoit une abomination parmy tous les Ancients, une chose qu'ils envisageoient comme une Apostasie & comme une Erreur monstrueuse procedée du fond de l'Enfer pour planter l'impieté & l'idolatry au milieu du Temple de Dieu. Sur la fin du 5 Siecle, environ l'an 600 Jean Patriarche de Constantinople voulut s'attribuer le tître d'Evéque universel, & estoit en cette entreprise, appuyê de la faveur de l'Empereur Maurice; à la nouvauté de ce tître monstrueux tout le Christianisme fut esmû d'horreur; le Pape Gregoin● le Grand poussé du Zele de l'honnem de Dieu s'oppose vigoureusement à lestablissement de ce nouveau tître, i● escrit à Eulogius Patriarche d' Alexandrie & à Anastase Patriarche d' Antioch: pas un de mes predecesseurs leur dit il, n'a voulû consentir à n? tître si profane que celuy d'estre appellé Euéque Vniversel, en s'attribuant la Primauté par dessus les artres; à Dieu ne plaise que les Esprirdes Chrestiens soient jamais empestes d'une telle opinion, que de croire qu● y ait dans le monde quelque Euéque qui puisse s'attribuer le tître d'univ● sel. Et dans une autre épître à 〈◊〉 mêmes Patriarches: sans parler, le● dit il, du tort qu'on vous fait, 〈◊〉 quelqu'un estoit appellé Euéque Universel, & que cet Euéque Univervint à tomber, toute l'Eglise Univeselle tomberoit par terre; & que folie, quelle legereté que de se laiss aller à une telle Doctrine? Il escrit à l'Empereur Maurice, il luy proteste que ce n'est point pour son interest particulier qu'il s'oppose à cette Primauté pretenduë de l'Evéque de Constantinople; il luy fait entendre que c'est la cause de toute l'Eglise; que ce tître est contraire aux ordonnances de l'Evangile, aux sacrez Canons de l'Eglise, & que c'est une usurpation: Nunquid ego in hac re, piissime domine, propriam causam defendo? &c. Causam Universalis Ecclesiae ago. Ce tître est nouvean dans l'Eglise, dit il, pas un de mes predecesseurs n'a voulu consentir à ce tître de singularité, de peur de priver par là les autres Prestres de l'honneur qui leur est dû. Et dans une autre épître au même Empereut il declare tout ouvertement que si que que Euéque se fait appeller ou desu d'estre appellé Euéque Vniversel, il 〈◊〉 precurseur de l'Antechrist. Ensin, 〈◊〉 escrit à l'Evéque de Constantinople même, il le prie, il le conjure, il l'ex● horte de ne point consentir à ce tître plein d'erreur, de superbe & de folie que c'est une tentation du diable del● quelle il faut bien se donner de gard● que consentir à recevoir ce tître scelerat, n'est autre chose que de perdre la Foy & devenir un Apostat du Christianisme. Mais helas! ces paroles pleines de Zele & de verité furent les dernieres paroles de la veritable Eglise Romaine; cette Eglise cessa avec Gregoire le Grand, & il ne succeda à sa place quune Eglise Romaine corrompuë, dont l'Evéque voulut s'attribuer ce nom monstreux plein de blaspheme & d'Apostasie, auquel ses predecesseurs s'estoient opposé si genereusement. L'Empereur Maurice fut assasiné par Phocas, phocas usurpa l'Empire & se fit Tyrant, & pour avoir quelque appuy dans sa tyrannie il donna à Boniface III. pour le faire sa creature, le tître d'Evéque Vniversel: & ce beau tître que l'Evéque de Rome avoit usurpé s'establit peu à peu par les intrigues de ses successeurs, desorte qu'environ l'an 642. on commança dans la superscription des lettres que l'on escrivoit au Pape Theodore d'y mettre ces parolet au rapport de Sygebert: Au Saint Pere des Peres, & Souverain Pontife des Prelats. A ce nom monstreux plein de Blaspheme & d'Apostasie, pour me servir des termes de Gregoire le grand; les Eglises de Grece, de Dace, & d' Illirie firent leurs oppositions; & la France, l' Espâgne & l' Angleterre furent long temps sans vouloir se soûmettre à cette Primauté & à cette Vniversalité de l'Evéque de Rome. Voila lhistoire, la naissance & le progrés de cette Primauté & de cette Vniversalité de l'Eglise Romaine, & de ses Euéques; & c'est sur ce bean tître d'Evéque Vniversel & de Sou" verain Pontife que cette Eglise se fondt pour dire que le Pape est Infaillible: que, de droit, c'est à son jugement que les autres Euéques doivent s'en rapporter; & qu'au contraire, il n'y a personne sur la terre qui soit capable de trouver à redire à ce qu'il ordonne, ainsi qu'il est contenu dans l'une de ces 27 Propositions qui composent le Dictature du Pape. § 3. Que l'Ambition des Papes va jusqu'à l'Impieté. VOus vous imagineriez que cette proposition est un Paradoxe, de dire que la religion Romaine est fondée sur l'Impieté; parcequ'il n'y a rien de plus contraire à la Religion que l'Impieté: cepandant tout paradoxe qu'elle est, elle ne laisse pas d'estre veritable; ou bien s'il faut détruire un des membres de cette Proposition pour empécher que ce ne soit un Paradoxe, il faut dire que l'Eglise Romaine n'est pas une Religion, car pour l'autre membre de la Proposition, à sçavoir qu'elle esT fondée sur l'impieté, il n'y a rien de plus veritable & de plus aise à prouver. L'Eglise Romaine est toute fondée sur l'Authorité des Papes, or cette Authorité des Papes est injurieuse à la Majesté de Dieu & establit une impieté manifeste; donc il est évident que la Religion on l'Eglise Romaine est fondée sur l'impieté. Pour prouver la seconde Proposition de cet argument, il n'y a qu'à montrer que les Papes s'attribuent le pouvoir de dispenser de l'Evangile & des Commandements de Dieu; & qu'aprés s'estre attribué un pouvoir plus grand que celuy de Dieu même; ils ont bien la temerité de prendre des tîtres que l'on ne donne qu'à Dien seul & à Jesus Christ. 1. Que le Pape s'attribue une Authorité aussi grande que celle que l'on attribue à Dieu. SElon la Maxime d' Optat: qu; il n'y a que Dieu qui soit au dessus des Roys & des Empereurs, & que celuy qui s'éleve au dessus de ces tesTes conronnées s'éleve au dessus des hommes, & se fait égal à Dieu: Cum super Imperatorem non sit nisi solus Deus qui fecit Imperatorem; cum se Donatus super Imperatorem extollit, jam quasi hominum excesserat metas, & se ut Deum non ut hominem aestimârat. Il s'ensuit que le Pape se fait égal à Dieu, puisque, comme j'ay montré cy dessus, il s'éleve au dessus des Roys & des Empereurs. Mais il ne se contente pas de cela: il soûtient qu'il a droit de dispenser de tout ceque les Apôtres ont ordonné, de tout ce qui esT contenu dans l'Ancient Testament & dans l'Evangile même; Papa dispensat contra Apostolum: Papa dispensat contra Vetus Testamentum, disent les Interpretes du Pape dans la Glose, sur le Chapit. [Proposuit] & sur le Canon [sunt quidam] Papa, disent ils, dispensat in Evangelio interpretando ipsum: & Thomas d' Aquin, dans sa somme, soûtient que l'Edition d'un nouveau Symbloe appartient à l'Authorité du Pape. Ce ful sur tous ces beaux Principes en partie que l'on condemna Martin Luther, parcequ'il soûtenoit qu'il n'estoit point du tout en la puissance de l'Eglise, n'y eu celle du Pape de faire des Articles de Foy, ainsi que l'on peut voir en la bule de Leon X. qui commance [Exurge] la quelle se trouve à la fin du dernier Concile de. Latran. Donnez à toute cette Theologie le nom qu'il vous plaira, mais pour moy il me-semble, que, donner des dispenses des Lois de l'Apôtre St. paul; dispenser les gens d'observer ce qui esT escrit dans le Vieux & le Nouveau Testament, cela doit s'appeller plus que Judai sme & plus que Mahometisme, cela doit s'appeller le Paganisme & l'Impieté. 2. Que le Pape s'attribute même des Tîtres que l'on attribue qu'à Dieu & à Jesus Christ nôtre Seigneur, uray fils de Dieu. DAns le liure des Decretales de Gregoire IX. nous trouvons la pensée du Pape Innocent III. qui dit que le Pape sur la terre ne tient pas la place d'un homme, mais qu'il tient la place de Dieu même; & c'est pour cela que sur une des portes de Rome, on y trouve ces paroles: Paulo III. optimo maximo in terris Deo: aprés cela quels tîtres peut on donner à Dieu: tres bon, tres grand—. Attribuer ces tîtres à des hommes, qui osera soûtenir que ce n'est pas une Impieté? & afin qu'on ne s'imagine pas que c'est la faute de celuy qui a bâti cette porte qui a donné au Pape des tîtres que le Pape ne pretend point, il ne faut que lire les tîtres que le Pape se donne luy même. Martin V. envoye des Embassadeurs à Constantinople, & au commancement des Instructions qu'il leur donne, touchant les affaires dont il leur commande de traitter, voicy les tîtres qu'il se donne luy même: Sanctissimus & beatissimus, qui hab●t coeleste arbitrium, qui est dominus in terris, Successor Petri, Christus domini, Dominus Universi, Regum Pater, orb●● Lumen, &c. Celuy qui est tres Sain● & tres heureux, l'Arbitre du Ciel & le Seigneur de la terre, le successe●● de Saint Pierre, le Christ du Seineur, le Seigneur de l'Vnivers, le Per●● des Roys, la Lumiere du monde, &c En verité en entendant to us ces grand tîtres ne croiriez vous pas que c'e●● Jesus Christ luy même? celuy q●● est tres saint, tres heureux— Il n'y que Dieu qui soit tres saint & tres he●● reux: qui est l' Arbitre du ciel & le Se● gneur dela terre? à uôtre âvis n'est ●● pas Dieu? & n'est-ce pas luy donner ●● rival & un competiteur, que de do●● ner au Pape des tîtres qui n'appartie● nent qu'à la Divinité? enfin ces ●● tres tîtres qui suivent, le Christ ●● Seigneur, le Seigneur de l'univers, Pere des Roys, la Lumiere du mon●● &c—. TRove-to-on ans l'Escriture & dans les Peres des tîtres plus magnifiques, pour exprimer le Royaume, la Souveraineté, la Divinité & la Grandeur de Jesus Christ? Que si le Pape s'attribüe les mêmes tîtres & la même puissance que l'on attribüe à Dieu, n'ay-ie pas sujet de dire qu'il est coupable d'une Impieté manifeste? & si l'Eglise Romaine est toute fondée sur le pouvoir du Pape, n'ay-ie pas raison de dire que l'Eglise Romaine est toute fondée sur l'Impieté? Voila quelle est la Religion de Rome; ce n'est point dieu que l'on adore dan● cette Eglise, c'est le Pape; Paulo Ill optimo maximo in terris Deo: ce n'est point la Parole de Dieu que l'on re● connoit pour la parole de la Verite● c'est la parole du Pape: Papa dispensa● super Evangelium. Dans l'Eglise Remaine ce n'est point Jesus Christ q●● est le Saint des Saints: c'est Marti●● c'est Innocent, c'est Clement, c'est Aleandre, c'est Sixte, ou tel autre qu●● vous plaira qui est Evéque de Rome Sanctissimus & Beatissimus, &c. Da●● l'Eglise Romaine ce n'est point Jesus ●● Nazareth qui est le Christ du Seigneur, le Seigneur de l'univers, le Pere des Roys, la Lumiere du monde, &c. c'est le Pape Martin, le Pape Innocent, le Pape Clement: Christus Domini, &c. Enfin ce n'est point Jesus Christ (si j'ose reciter ce Blaspheme) qui possede la Nature divine & la Nature humaine; c'est le Pape, qui participe ces deux Natures, ainsi qu'on le prouvoit dans la Theologie des Romans, environ le temps que Luther parut au monde & mesme ancore depuis. Peut on pousser l'Impieté plus avant? le Diable luy même pouroit-il inventer quelque chose de plus profane? & l'ambition qui le precipita dans les Enfer● estoit-elle plus criminelle & plus opposée à la Majesté de Dieu, que l'est l'ambition des Euéques de Rome? SECTION II. De l'Avarice des Papes. LE second pivot sur lequel roule la machine de l'Eglise Romaine c'est l'Avarice: c'est pour amasser de l'argent que le Pape Boniface VIII. commança à faire trafic d' Indulgences & de pardons, & à declarer que ses Bulles avoient vigeur & estoient executées fort exactement dans le Purgatoire, en faveur des ames pour la deliurance desquelles on luy donne de l'argent: c'estpour amasser de grands trésors que l'Eglise de Rome publie, que le Pape, moyennant une somme d'argent, dispense des degrez dans lesquells il est deffendu par la Loy de Dieu de contracter Mariage: c'est moyennant une certaine somme d'argent, que dans cette Eglise on donne l'absolution des plus grands crimes: c'est pour amasser de l'argent que l'Eglise de Rome vend les Euéchez, les Archeuéchez, les Chapeaux de Cardinal, les Dispenses & tous les Benefices Ecclesiastiques; Eufin c'est pour amasser de l'argent qu'il envoye ses Legats dans tous les Royaumes qui les veulent recevoir pour précher des Croisades & des Jubilez, & pour y distribuer toutes sortes de Bulles, dont la fin principale est de tirer l'argent des Royaumes pour en enrichir le Pape: sur quoy le Pape Sixte IV. avoit coûtume de dire, qu'il ne manqueroit jamais d'argent pour uû qu'il peut toujours avoir une plume & de l'encre pour escrire. Il ne faut qu'ouvrir les Historiens & vous y trouverez les finesses dont les Papes se sont servy pour tirer de grandes sommes de deniers sur les Royaumes qui reconnoissoient leur jurisdiction. Envoir la 1216 que l' Angleterre gemissoit encore sous la tyrannie de Rome, le Pape envoya ses Legats dans ce Royaume, on y précha la Croisade contre les Infidels, & la Bulle du Pape accordoit la remission de tous les pechez & un degré de gloire dans le Cie● par dessus les autres, à tous ceux qu●● feroient voeu d'aller en la Terre Saint● recouverer le St. Sepulchre: àla predication de cette Bulle tout le monde s'arm●● quantité de Noblesse vendirent ou engagerent leurs biens pour s'équiper pour ce grand voyage de la Terre Sainte; mais dans le temps que la pluspart estoient prests de partir pour cette belle execution, le Pape envoya un autre Legat qui dispensoit tous les Anglois du voeu qu'ils avoient fait & leur accordoit les mêmes graces & les mêmes indulgences sans sortir de leur maison, pouruû qu'ils donnassent au Pape autant d'argent qu'ils en auroient dépensé dans leur voyage. Ce sont là les beaux moyens dont le Pape se servoit pour tirer de l'argent d' Angleterre: il ne se passoit pas une année au rapport des Historiens que les Papes n'envoyassent dans ce Royaume quelques nouvelles Commissions, quelques Bulles, quelque nouveau Pretexte de lever de l'argent; cequi faisoit que le Pape appelloit l' Angleterre son Jardin de plaisir, & son tresor inépuisable. Ce sont de ces mêmes moyens, Bulles, Indulgences, Dispenses, Pardons & semblables Marchandises, dont le Pape se sert pour tirer de tous les Royaumes qui reconnoissent sa juridiction, des sommes innombrables d'or & d'argent. Du temps du Pape Martin cinquiéme on apporta de France à Rome 9000000. neus millions d'Escus, qui font 2250000l deux millions deux cent cinquante mille liures sterling: desorte qu'à present les Papes ont coûtume de se plaindre de la France, & les Italiens disent ordinairement qu'elle est heretique ou demy heretique, parceque le Pape ne tire plus tous les ans de ce Royaume que 28 tonnes d'Or, qui sont 560000l cinq cent soixante mille liures sterling; & 1690000l seize cent quatrevingt dix mille liures sterling moins que ceque l'on avoit coûtume de reçevoir. Jugez de là cequ'il a tiré, cqu'il tire, & cequ'il pretend tirer de tous les autres Royaumes qui luy sont soûmis. Conclusion de cette seconde Partie. Que l'Eglise Romaine n'estant fondée que sur les principes que j'ay rapportez, est tombée dans la Corruption & dans l'Erreur. §. 1. Corruption horrible dans ses Moeurs. QVE peut on attendre d'une Eglise qui n'est fondée que sur, l' Ambition, & sur l' Avarice, sinon qu'elle tombe infailliblement dans une infinité d'erreurs & qu'elle s'abandonne à toutes sortes de corruptions? aussi est-ce ce qui est arriué à l'Eglise Romaine d'apresent: Lisez la vie des Papes qui l'ont gouvernée depuis sa chûte, vous n'y trouverez que des Histoires qui vous feront horreur & telles qu'à peine en pouriez vous trouver de semblables, dans les vies des Turcs & des Idolatres. Le Pape Jean XI. qui estoit Bâtard du Pape Sergius, gouverna l'Eglise de Rome environ l'année 931. c'estoit un monstre, comme Baronius même le tesmoigne, & ce monstre pourtant c'estoit le chef de l'Eglise roman: he! quelle pouvoit estre cette Eglise dont la teste estoit un monstre? Le Pape Jean XII. prit le gouvernement de l'Eglise de Rome environ l'an 955. i● n'avoit que 18 ans quand il fut fait Pape; Baronius parle de luy avec execration & avec horreur, & si vo●● voulez sçavoir les particularitez de ●● vie de ce Pape, lisez Luitprand, Sygebert & St. Antonin, & vous y apprendrez que ce Pape estoit pire qu'●● Turc & qu'un Idolatre: il faisoit prendre des enfants pour les consacre Euéques; il conseroit les Ordres Sacrez dans une escurie; il beuvoit à ●● santé du Diable; son occupation esto●● de passer le temps à joüer aux déz ●● à d'autres semblables jeux, & c'esto●● dans ce beaux passetemps qu'il avo● coûtume d'invoquer Jupiter & ●● nus: Enfin la mort de ce Pape fut ●● sez conforme à la vie qu'il avoit ●● née, car lorsqu'il estoit au millieu ses debauches les Historiens rapp●● tent que le Diable le batit tant q●● il en mourut. l'Eglise Romaine n'esto●● elle pas bien fondée d'estre fondée sur l'Authorité d'un tel Pape? & n'est. ce pas quelque chose d'assez bien sensé que de dire qu'un Pape qui invoque les Diables, joüit d'une Authorité infaillible, & que l'Eglise qui est appuyée sur son Authorité est incapable d'errer. Il ne faut que lire Platina, On●phrius & les autres, qui sont Historiens Romans, pour devovurir les mechancetez des Papes: le Pape Boniface avoit tué deux Papes pour estre le● successeur en la chaire de Rome; Benoist IX. qui n'avoit que dix a● quand il fut éleué à la Papauté p●● la faction de son pere, estoit un monstre assis dans la chaire de Rome, arrapport de Baronius, Platina & d●autres. Il y a eu des temps où l'on a uû tr●● Papes tout à la fois s'excommunit les uns les autres; on a uû dans 〈◊〉 Chaire de Rome, des Papes meurtr●ers, des Papes adulteres, des Pap●● sorciers, des Papes parjures, des Pap●● Symmoniauqes, des Papes remplis ●● tous les autres crimes qu'on peut s'im●giner; & dire que de tels Papes soie● infaillibles, qu'ils soient les Gouverneurs de la veritable Eglise de Jesus Christ; à la verité cela n'est pas contradictoire d'une évidente Cóntradiction Metaphisique, non plus qu'il n'est pas contradictoire d'une évidente Contradiction Metaphisique, que Jesus Christ se serve des Diables pour en faire les predicateurs ordinaires de son Evangile & les organes du Saint Esprit, & qu'il choisisse Lucifer po●● estre le Gouverneur de son Eglise: neantmoins, quoyque ces Propositions ne contiennent point des impossibilites en rigueur, on peut dire pourtant q●elles contiennent une infinité d'inconvenients & d'impossibilitez. Morales qui font que tout le monde auroit bie● de la peine à croire que Dieu vo●lut choisir Sathan entre toutes 〈◊〉 creatures, pour en faire le Gouverne● de la veritable Eglise. Je dis la m●● me chose des Papes; tout le monde 〈◊〉 ra dela peine à croire que Dieu da●● tout l'univers choisisse les bons a● du Demon, ces hommes que les pl●● moderez d'entre les Romans appelle● des monstres, pour en faire les Orga● du Saint Esprit & les chefs dela 〈◊〉 ritable Eglise. Jugez des membres par leur chef, & enquerrez vous de ceux qui ont esté en Italie quelle vie menent la plus part des Cardinaux & des autres Princes de cette Eglise, ou bien lisez les escrits d' Honorius d' Autun, de Sygebert & de St. Bernard; voila pour la coruption des moeurs. §. 2. Erreurs extremement grossieres dans la Doctrine de l'Eglise Romaine. POur ce qui est des Erreurs qui sont bâtis sur les principes que j'ay rapportez, il faudroit faire un grand volume pour les rapporter toutes en particulier, & pour montrer que c'est sur ces principes qu'est fondée la sçience du Purgatoire, la Doctrine dela Messe, la Corruption & l'Augmentation des Sacrements de l'Eglise, l'Ignorance de l'Escritures Sainte, & l'Invocation des Saints, qui dans l'Eglise Romaine est passée jusques à l'idolatry. Et afin que l'on ne s'imagine point que j'en impose à l'Eglise Romaine quand je l'accuse d' Idolatrie, ou bien que l'on ne croye point, ceque les Romans ont coustume de dire, qu'il n'y a que le menu peuple qui fonde son esperance sur le merite des Saints, & que les gens sçavants & les personnes éclairez ne tombent point dans des erreurs si grossieres: vous n'avez qu'à lire ce beau Pseautier de la Vierge qui se trouve dans les escrits de St. Bonaventure, où ce Cardinal adresse à la Vierge, tout ce que le Prophete David adresse à Dieu dans les Pseaumes; & met le nom de la Vierge dans presque tous les endroits des Pseaumes, où il y le nom de Dieu: à uôtre âvis se peut-il quelque chose de plus impie? Et ne me dites point que cet erreur est l'erreur d'un particulier, car je vous répons que c'est un erreur publique dans l'Eglise de Rome, & l'erreur de l'Eglise même; puisque dans le liure de la Messe en la feste de St. Nicolas, tous les Prestres qui disent la Messe ont ordre de l'Eglise de prier Dieu, que par les merites & les priere● de St. Nicolas ils soient deliurez d● feu de l'Enfer: ut ejus precibus & meritis à gehennae incendiis liberemur: une Eglise qui fait cette priere, ne croitelle pas que c'est par les merites & les prieres de St. Nicolas que nous sommes deliurés de l'Enfer? & croire cela n'est ce pas croire une Impieté? Au même liure de la Messe en la feste de St. Pierre & St. Paul, toute l'Eglise Romaine prie Dieu, que par les merites de ces deux Saints elle puisse obtenir la vie Eternelle: Ut amborum meritis, aeternitatis gloriam consequamur; c'est donc une erreur de toute l'Eglise Romaine & non pas d'un particulier de croire, que c'est par les merites des Saints que nous obtenons la vie Eternelle? Enfin le 14 me de Juillet en la feste de St. Bonaventure, l'Eglise romaine prie Dieu de l'absoudre de tous ses pechez par les merites de ce Saint: ejus intercedentibus meritis, ab omnibus nos absolve peccatis. Et je vous prie, une Eglise qui croit que c'est par les merites des Saints que nous sommes deliurez de l'Enfer; que c'est par les merites des Saints que nous parvenons à la vie Eternelle; que c'est par les merites des Saints que nos pechés nous sont pardonnez; est-ce une Eglise Chrestienne? & les Mahometans & les Idolatres peuvent-ils avoir des pensées plus outrageuses aux merites & à la gloire de Jesus Christ, & des Erreurs plus opposés au veritable Christia●isme? CONCLVSION GENERALE. Que j'estois engagé de sortir de l'Eglise de Rome, aprés que Dieu m'en eut fair connoistre les Erreurs par les degrez que j'ay marquez, dans les deux Parties de ce Discours. APrés avoir fait cet Examen des Principes sur lesquels est fondée l'Authorité de l'Eglise Romaine; aprés avoir découvert la fausseté & la nullité des raisons qu'elle apporte pour obliger le monde à s'en rapporter à elle; aprés avoir connu que l'Antiquité, la Multitude & la Succession ne sont point des privileges que l'Eglise Romaine ait pardessus les autres Eglises; aprés avoir connu que, quand même elle joviroit de tous ces beaux tîtres au prejudice de toutes les autres Eglises Chrestiennes, il ne s'en suiuroit pas pourtant pour cela qu'elle fut la veritable Eglise & une Eglise exempte d'erreur; apres avoir découvert que toute l'infaillibilité dela religion Romaine n'est fondée que sur l'Authorité des Papes, & que la Grandeur & l'Authorité des Papes n'est fondée que sur l' Ambition & sur l' Avarice, Je conceûs bien qu'il n'y avoit point d'autre fondement dela veritable Religion que la Parole de Dieu. Je reconnûs la verité de ce bel Axiome de St. chrysostom: que l'ignorana des Escritures engendre les Heresies; & la pensée de ce même Pere qui dit, que les Escritures nous conduisent à Dieu, chassent les Heretiques & ne permettent pas que nous tombions dans l'erreur. Cette pensée s'imprima bien vivement dans mon Espri● & acheva de dissiper les nüages do●● la Verité me paroissoit envelopée: Je connus plus clair que le jour, q●● tout ceque l'on appelle Articles de F●● dans l'Eglise Romaine, & qui n'●● point fondé dans l'Escriture, sont d●● Articles de l'interest & de l'Ambit●● on de ceux qui la gouvernent & n●● pas des Articles de Foy, c'est à di●● des Articles de la Parole de Die●● je vis que ce que l'on enseignoit da●● cette Eglise estoit la Parole des hommes & non pas la Parole de Jesus Christ, & que n'ayant point de fondement dans l'Escriture Sainte, ce ne pouvoient estre des Articles suffisants pour obliger tous les hommes à se soûmettre à ce qu'ils enseignent; mais bien davantage en examinant en particulier & sans preoccupation to us ces Articles de Foy qui sont speciales à l'Eglise Romaine, je trouvay qu'elles estoient contraires à l'Escriture Sainte, Cela fit que, ne reconnoissant pour lors que la Parole de Dieu pour la veritable regle de ma Foy, je conclus que tous ces Articles estoient des Erreurs, & qu'ayant une obligation naturelle de quitter l'Erreur aussi tost qu'on la connoit, pour embrasser le party dela Verité, j'estois obligé de sortir de l'Eglise Romaine, pour abandonner ser Erreurs. §. 1. L'occasion d'un Sermon que je préchay sur le sujet du Sacrement me rappella dans l'Esprit toutes les idées que j'avois des Erreurs de Rome. CEst ainsi que j'examinois les Articles de la Creance de l'Eglise Romaine, lorsque le temps de mon Obedience estant finy, je partis du Monastere où je demeurois prés de Saumur pour m'en revenir à Paris, où le P. Provincial, qui avoit disposé de son Secretaire pour le faire Superieur d'un des Monasteres de nôtre Province, me parla de me faire son Secretaire; mais la Providence en disposa d'une autre maniere: car le P. Provincial voyant que le P. General se chargeoit du soin de la Province pour tout le temps qu'il avoit à demeurer à Paris, crut qu'il luy seroit inutile de prendre un Secretaire; cela fut cause qu'il me commanda d'aller précher à la paroisse de Meudon qui est un village à environ deux lieux de Paris. Ce lieu où la Grace avoit commancé autrefois les premiers fondements de ma Conversion, & où j'avois esté éclairé des premiers rayons de la Verité, me parut le sejour du monde le plus agreable: Je préchois tous les Dimanches & les Festes commandées dans l'Eglise Romaine, jusqu'à ceque environ le temps que l'on celebre la Feste que l'on appelle la Feste-Dieu, estant obligé de précher à mon Ordinaire, je relus ceque j'avois autrefois escrit en faveur de la Creance de Rome sur la matiere du Sacrement: & j'eus de la confusion à lire ceque j'avois escrit. He quoy! disois-je, faut-il que j'abuse ainsi les peuples qui se fient à mon estude & à ma sincerité? j'ay esté longtemps à douter, long-temps à examiner; passe que pour le temps de mes doutes j'aye enseigné au peuple une Doctrine dont je n'estois pas assuré; mais presentement que Dieu m'a détrompé & qu'il m'a ouvert les yeux pour me faire voir la Verité de sa Sainte Parole; ah! faudra-t-il que je m'aveugle volontairement & que je sois rebele à la Verité? Il fallaut pourtant que Dieu m'abbandonna encore pour cette fois; je n'eus pas assez de fermeté ny de constance pour m'opposer ouvertement aux Erreurs de cette Eglise. Ah! il salloit monter en Chaire; il falloit dire à tout ce peuple que certainement il vivoit dans l'Ignorance & dans l'idolatry; il falloit luy dire que l'Eucharistie est de veritable Pain; que Jesus Christ est present corporellement dans le Ciel, & qu'il n'est present sur la terre que par la Foy dans les ames des Fidelles qui reçoivent saintement & dignement le Saint Sacrement de l'Eucharistie. Mais il falloit aussi m'attendre à estre lapidé sur le champ, ou bien si ce peuple plus moderé eut voulu proceder contre moy selon la forme de ses lois, il falloit m'attendre à oüir prononcer contre moy une cruele sentence de mort, ou à estre condamné sans misericorde à passer le reste de mes jours miserablement au fond d'un cachot, entre les mains des Ennemis de la Foy, qui ne m'auroient jamais regardé qu'avec horreur & execration; & vous ne me donnastes pas, O mon Dieu! la force & la constance que vous donnez aux Martyrs & dont vous avez coûtume de revestir les Saints. Je préchay encor quelques Sermons, dans lesquels j'évitay autant que je pûs de parler de matieres de Controverses: & ensin ne me trouvant pas assez fort pour faire une profession publique de l'Evangile, au millieu des Ennemis de la Foy, je pris la resolution de me retirer dans un päis, où il me fut permis de professer ouvertement la pureté de la Parole de Dieu. §. 2. Les repugnances que je souffris & les difficultés qu'il me fallut surmonter. IL me falut pour cela donner bien des combats & surmonter bien des difficultés: je me trouvois dans un establissement tres honorable, assuré pour ma vie, & commode pour l'estude, pour la societé des gens sçavants & des personnes de qualité; Mes Superieurs avoient de l'amitié pour moy; mes confreres me consideroient & me cherissoient; les viellards & les jeunes gens recherchoient ma compagnie & ma conversation, & tout le monde me traittoit avec estime & avec honneur; je ne pouvois pas me boucher les oreilles pour ne pas entendre mes amis qui me venoient dire qu'on estoit bien edifié de mes Sermons; ceux de mes Superieurs qui venoient m'entendre avoient assez de bonté pour me flatter; & quoy que je supposasse que les louanges qu'ils me donnonient, estoient mal sondées, je ne pouvois pas pourtant m'empecher d'en reçevoir quelque atteinte de Vanité. Helas! disois-je en moy même, en resvant tout pensif, il me saudra quitter tous mes amis, abandonner mes parents; je seray peutestre dans un estat à n'avoir aucune assurance pour les choses dela vie; je seray taitté d'Heretique & d'Apostat; on forgera contre moy tout ceque l'on poura s'imaginer d'Injures & de Calomnies; les personnes de mes amis les plus zelez dans la Religion de Rome croiront rendre un grand service à Dieu de me souhaiter tous les malheurs & de me donner mille maledictions; ma propre Mere me regardera comme un monstre, elle maudira mille fois le moment au quel elle m'a mis au monde, & l'on me viendra dire tous les jours qu'à mon sujet elle se meure de deplaisir & d'affliction. Il me falloit rappeller toute ma raison, toutes mes lumieres, tous les attraits & les Charmes que la Grace m'avoit fait sentir dans le fond de mon coeur, pour contrebalancer les monvements de la nature & pour resister à ses fortes impressions; il me falloit opposer les attraits de Dieu aux attraits de la Chair, la Grace à la Nature, & mon Salut à mon Plaisir. §. 3. Les Raisons que je meditay pour retarder ma Conversion. IE ne rougiray point icy d'avoüer mes foiblesses; je balançay, je cherchay des raisons pour demeurer dans l'Eglise Romaine que je connoissois estre la veritable Babilone, & je crûs en avoir trovué d'assez bonnes. Ce n'est pont la Volonté de Dieu, disois-je, qu'un homme s'epxose evidement à mourir de faim; nous ne sommes point les maistres de nos vies, Dieu ne nous en a fait que les depositaires, & nous ne pouvons pas nous exposer à la mort quand il nous plaist. Je ne sçay point labourer la terre, on ne m'a jamais fait apprendre aucun métier pour gaigner ma vie; je ne peux pas en France aprés avoir esté Prestre & Religieux, faire profession de la pureté de l'Evangile, sans me rendre en même temps criminel de leze Majesté; il faudra que je passe dans un Päys estranger, & là demeurer sans amis, sans connoissance, ny moyens pour viure; n'est. ce pas s'exposer sans l'ordre de Dieu & tenter la Providence? Je viuray dans l'Eglise Romaine comme n'estant point de l'Eglise Romaine; les Saints viven● bien dans le monde, comme s'ils n'estoient point du monde; ils usent de ce monde, dit Saint Paul, comme n'en abusant point. Je feray profession dans le fond de mon coeur de la pureté de l'Evangile Dieu est un Esprit, je l'adoreray en Esprit; il se contentera de ma volonté; je luy feray, tous les jours, dans le fon● de ma conscience, des protestation● secrettes, que je renonce à toutes le● Erreurs de Rome, & que je ne pretens point participer à toutes les Super stitions dont elle est remplie. Je 〈◊〉 précheray que des matieres de Morale je ne parleray jamais dans mes Ser● mons ny dela Presence reéle de Jes● Christ dans le Sacrement, ny de l'I● vocation des Saints, ny de l'Adoration des Images, ny de l'Authorité 〈◊〉 Pape pretendüe infaillible, à determiner des Articles de Foy, & à Canonizer des Saints; enfin je ne parleray jamais des Indulgences ny du Purgatoire, puisque je connois manifestement que ce sont des Articles que le Pape a inventées comme des moyens pour amasser de l'argent & qu'ils n'ont aucun fondement dans la Parole de Dieu: quand je seray obligé de flechir le genoüil en presence du Sacrement, j'éleveray mon Esprit dans le ciel pour y adresser mon adoration à Jesus Christ Dieu eternel plein de majesté qui y regne au millieu des Anges. Quand je seray obligé de dire la Messe, ne pouray-je pas m'acquitter de cette fonction comme d'une ceremonie toute pure que des peuples ont inventé pour honnorer Dieu? & quelqu'un ne pouroit-il pas bien s'imaginer que les tours & détours que l'on y fait, ne sont pas plus criminels devant Dieu que les tours & les sauts que faisoit David quand il dança devant l'Arche po● honnorer la Majesté de Dieu? Est-●ma faute deceque les peuples veulen● estre trompez, & de ce qu'ils ne veulent pas ovurir leur coeur à la pureté del● Parole de l'Evangile? seroit-il possible que Dieu me demandast conte du salut d'un peuple qui veut viure dans l'erreur, & qui est tout disposé à me mettre en pieces, si je luy publie la Verité? Suis-je meilleur que ne sçay combien de gens sçavants qui vivent en France, qui connissent les Erreurs de l'Eglise Romaine, & qui ne laissent pas de demeurer dans cette Eglise? suis-je meilleur que je ne sçay combien de Docteurs de Sorbonne, qui sont persuadez, que l'Eglise Romaine est tombée dans une multitude d'Erreurs & de Corruptions, comme plusieurs d'entre eux l'ont souvent declaré à leurs amis? suis-je meilleur qu'un grand nombre d'Evéques & d'Archevéques de France, qui ne reconnoissent point la Superiorité de l'Evéque de Rome, & qui ne croyent point que ses Decrets soient infaillibles? Enfin suis-je meilleur que tous ces Messieurs qui composent cette compagnie celebre des Jansenistes, qui sont presque tout cequ'il y a de plumes sçavantes, de grands hommes & de gens d'Esprit dans le Royaume? suit-je meilleur, dis je, que to us ces grands personnages qui passent même parmy les Romains pour estre convaincus de toutes les Veritez dont on fait profession dans l'Eglise Protestante; que les Romans accusent de vouloir establir la pureté de l'Evangile, abolir les Sacrements nouvellements inventez dans l'Eglise de Rome; que l'on croit vouloir introduire dans le Royanme le Service en langue vulgaire, detruire les superstitions de la Messe, & revoquer l'obligation pretendue de confesser tous ses pechés à un prestre? Car tous ces Messieurs, quoy qu'ils connoissent manifestement les Erreurs de Rome, ne laissent pas de dire la Messe, de precher, d'escrire des liures, même sur la matiere de l'Eucharistie & en faveur de la Doctrine de Rome; ils ne laissent pas d'administrer les Sacrements selon la Forme de cette Eglise; & bien davantage, ils Dedient même leurs Liures au Pape, comme pour ébloüir les peuples, & faire semblant de reconnoistre sa juridiction & son Authorité. Si tant de grands personnages & tant de gens scavants dissimulent, ne puis je pas dissimuler aussi bien qu'eux? s'ils trompent le peuple, ne puis-je pas le tromper aussi? & ne m'acquitter qu'exterieurement de toutes les fonctions que l'on exigera de moy? §. 4. Dieu me fit vivement comprendre le grand peché que c'est que de s'opposer au Saint Esprit, & ainsi acheva ma Conversion en me faisant genereusement abandonner la Communion de Rome. PEV s'en fallut que toutes ces belles suppositions qui se presentoient en foule à mon Esprit, ne me fissent rester encore dans l'Eglise Romaine. Passer sa vie dans le repos, dans l'assurance & dans la tranquilité, au millieu de ses parents & de ses amis, au millieu d'un peuple qui vous adore; ces pensées faisoient dans mon ame des prejugez bien puissants qui m'empéchoient quasi de découvir l'Erreur & la fausseté de toutes ces suppositions. Mais enfin la Grace fit un dernier effort pour me détacher; elle me fit vivement conçevoir que Dieu est la Verité même, & que le Men songe & la dissimulation n'ont point d'autre pere que le Diable. Quoy donc? passeray-je le reste de ma vie à seduire les peuples, & à leur persuader ceque je ne croy pas moy même? Helas! ces pavures gens s'imagineront que je leur parle du fond de mon coeur, que je leur annonce les volontez de Dieu, que je leur ●anifeste ses ordres; & je ne serois que l'instrument du Demon? Ces peuples, qui n'ont ny le temps ny l'occasion de s'instruire eux mêmes dans les Saintes Escritures (parceque ce sont des tresors que le Pape leur à cachés) viendront me consulter sur leur doutes: J'appercevray quelquefois dans ces ames innocentes les divins rayons de la Grace qui se plaist d'operer puissament dans les ames simples, comme le soleil dans des terres incultes: he quoy! faudra-t-il que j'aye l'insolence de resister à l'Esprit de Dieu, & d'opposer un grand Mensonge appuyé de plusieurs Sophismes pour estouffer les Veritez naissantes que la Grace aura produites? auray-je la temerité de dire que Dieu parle quand Dieu ne parle pas? & ne seroit-ce pas estre bien scelerat que de tromper & d'abuser des gens qui s'addressent à vous avec tant d'innocence, & de sincerité? Les examples de tous ces Sçavants que je me suis proposés, ne me serviront de rien, pour répondre au Tribunal de la Justice de Dieu; leurs pechez ne me seront point une excuse. Il me sembla pour lors que j'entendois sonner à mes oreilles toutes les maledictions que Dieu donne aux faux Prophetes & à ceux qui seduisent son peuple. Et que fait un Prestre qui dit la Messe dans l'Eglise Romaine & qui est pleinement persuadé dela Verité dela Parole de Dieu? ne fait-il pas accroire au peuple qu'il sacrifie tous les jours Jesus Christ? ne leur fait-il pas accroire que dans le Sacrement il n'y a plus de Pain, mais que le Pain est Transubstantié au Corps & au Sang de Jesus Christ? & n'est-il pas coupable devant Dieu de toutes les Idolatries du peuple & de toutes ses Erreurs, & c? Ces derniers obstacles estant renversez, & la Grace m'ayanht fait voir l'Erreur de toutes ces fausses suppositions qui s'estoient éleuées en faveur du sang & de la chair, je pris ma derniere resolution de quitter-l'Eglise Romaine & de me retirer dans quelque päys, où je pûsse estre libre de faire publiquement profession de la Purité de l'Evangile. Je prévoyois bien qu'il me falloit dire un Adieu Eternal à toutes les satisfactions du monde, prendre congé de tous les divertissements, & ne m'attendre plus qu'à des traversses, des troubles & des ennüis & à toutes les persecutions que me feront les ennemis de l'Evangile, je voyois bien que j'enterprenois la plus grande affaire de ma vie: mais l'esperance de mon salut estoit cequi m'animoit; & la consolation interieure que je ressentois de suiure les lumiers de l'Esprit de Dieu, me sit passer par dessus toutes sortes de difficultez. Voilà comme j'abbandonnay la Communion de Rome; voilà les moyens dont la Grace s'est servy pour me convertir, voilà quelle a esté la conduitte de Dieu sur moy, & voilà quelle a osté l'abondance de ses misericordes: non seulement il m'a esclairé des plus pures lumieres de son Evangile, & m'a fait connoistre mes Erreurs; mais encore il m'a retiré de ces Erreurs par la force toute puissante de son bras, & m'a porté dans un pais plein de lumiere & de Verité, dans lequel Jesus Christ fait son Royaume, & où l'on entend parler des Erreurs de l'Eglise de Rome que pour en concevoir de l'horreur & de la detestation. Le Seigneur de toutes les Grandes Misericordes nous conserve dans la pureté de son Evangile, rappelle ceux qui volontairement ou par Ignorance se sont égarez du droit chemin, & leur fasse la grace de recevoir de tout leur coeur l'amour dela Veritê; afin que le nombre de ceux qu'il a choisis de toute Eternité, s'accroisse tous les jours de plus en plus, à la gloire & à l'honneur de son Saint Nom. Amen. FIN. SECOND PART. The Church of Rome is not the true Church, its Authority is not infallible, and that it is full of Corruptions and Errors. INTRODUCTION. The Divine Providence brought forth some occasions, which made me resolve to examine the very first grounds of the question concerning the Authority of the Roman Church. THE same truth may have different aspects of light, ccording to the divers sides whereby it is looked upon. Truth is otherwise looked upon when it is Taught, otherwise when it is Preached, otherwise when it is Examined with learned men, otherwise when in particular by private writings, or meditations; yet all those ways bring every one of them their ●●ght and peculiar strength, which contributes extremely to fasten ones Soul. And forasmuch as Grace intended to establish me in the knowledge of the ●ruth, after a solid and ●anner, (a thing being almost always ●s well known by its contrarie's knowledge, as by the knowledge or notion of its own self) in teaching and preaching the Articles of Faith of the Roman Church, the errors of the Roman Church came to present themselves distinctly to my mind, with the most hidden, most secret and most mysterious ●ricks they be clothed withal; and in ●vriting for the infallible Authority of ●he Pope, I began to learn that the Pope was not infallible, and by consequent that all the Articles of Faith of the Church of Rome, which I grounded upon such an infallibility, were grounded upon a lie. 1. The occasion I had to examine anew all the Articles of Faith of the Roman Church, which I reduced all to the Authority of the same Church. I Had not yet the age that the Canons of the Church required to be ordained a Priest, when I had made an end of my Course of Divinity, and the General of the Order of which I was, besides the ordinary permission of preaching, which he uses to give to those who were judged to have the necessary aptitudes to teach and edify the people, sent me an extraordinary permission, to preach the word of God, though I was but a Deacon. I was sent that year to dwell in the Monastery of the chief town of Champagne, and the superior of that Monastery, who was a person of an extraordinary capacity, and consummated virtue, appointed me to teach publicly the Catechism in one of the Churches of that town. I did it, and whereas the concurrence of the Articles of Faith, which I discoursed of, obliged me to discourse of matters of Controversy, I had occasion to examine them, to consider all the reasons both for and against, to instruct myself leisurely of all the truths of the word of God, and to discover all the errors of the Roman Church every one in particular. Yet I did not publish in the Pulpit the light of truth wherewith God Almighty lightened my mind, and I did preach the Articles of Faith of the Roman Church, whereof I was but a little persuaded. I must needs here, O my God, give satisfaction for the wrong I did to truth. Many people that followed the Wars, who Wintered in that Town where I preached, came to hear my Catechisms: two of them, which were of the Protestant Religion, one an Officer and the other a common Soldier, born on in the Province of Languedoc, the other in that of Poicton, came to tell me that the reasons I brought forth for the defence of the Faith of Rome, had persuaded them, that they were ready to forsake and forswear their heresies, and that they prayed me to instruct them farther in the Principles of the Roman Religion: I did it, I instructed them a while, and I made them to forswear, according to the forms of Rome, unto the Superior of that Monastery. Ah! could those men hear my voice, I would cry unto them with all my heart; Come again, Brethren, come again into the lap of the Church from which I plucked you out: the reasons I alleged to you, I acknowledge now they were but Sophisms, the Authors I cited, I made them speak against their own minds, expounding them after some ill constructions; in fine, the places of the Scripture which I caused you to take notice of, read them again and again without preoccupation, and you shall find that they teach nothing less, than what is taught in the Church of Rome. That antiquity, which I attributed to that Church, began only after the purity of the Gospel had been corrupted by the Bishops of Rome; that Church which I said, was the image of the Primitive I said, was the image of the Primitive Church, is truly the Church of the lattertimes, whereof St. Paul * 1 Tim. 4. speaks; a Church which forbids to marry, a Church which holds that it is a sin to eat certain meats in certain times, and by consequent a most corrupt Church, wherewith the Primitive Church hath no commerce or conformity; in short I should tell them freely, that I did not believe myself, at that time, that the Articles of the Faith of Rome were grounded either upon the Authority of the Scripture, or the Authority of the Fathers of the Primitive Church, and that all that I was detained withal in the Communion of Rome, was the belief which I was persuaded of, that the Pope was infallible, which belief I have discovered since to be false and a great error. 2. The occasion I had to doubt of the infallibility of the Pope, made me resolve the examine again and without passion, upon what the Authority, which the Church of Rome boasts so much of, is grounded. AFter I had continued to teach the Catechism in that Town, my Superiors destinated me to dwell in the Monastery of Sens in Burgundy: I arrived there in the time whereat the Lord Archbishop of Sens had resolved to make an end of the difference he had had a great while with all the Monks of his Diocese, concerning the right he stood upon, to make his visitation in their Churches: he had already begun to deal compulsively with some of the Monasteries which are in his Diocese, and the Provincial of our Order, fearing that my Lord Archbishop would deal after the same manner with the Monastery of Sens, and that the Monks should withstand him, to the scandal of all the people, gave order to the Superior of that Monastery to go to my Lord Archbishop, and to inform him of the reasons which the Monks insisted upon, to withstand the Bishops, and not suffer them to hold any visitation in their Monasteries; the Superior desired me to come with him, he went to my Lord Archbishop, discoursed to him his reasons according to the order he had received of the Provincial, and my Lord of Sens, who was a learned man, a sublime spirit, skilled in all Canonical matters, gave his answers to all that the Superior had proposed to him; I heard that great Archbishop with all the respect and veneration I was to do, and I stayed holding my peace till his Grace was pleased to begin to me, and desire me to speak if I had any thing to answer to what he had said; I told his Grace, as compendiously as I could, what I had remarked in his answers, which I was not contented with, and I answered to his reasons as succinctly as it was possible. Some days after the Provincial wrote to me, and desired me to send him the result of the Conference with my Lord Archbishop, and to write him withal what I myself in particular thought of the Contention we had with the Bishops concerning the matters of Jurisdiction; I examined the question in its principles, I reduced the Conference we had with my Lord Archbishop to some Capital Arguments, whereupon I wrote fully, and at length all my remarks in form of Reflections, which I sent to the Provincial, as he desired me to do, whereupon he wrote to me the most obliging letter in the world. Those Reflections I had made, give me a great desire to examine the greatness of the Power, which is attributed to the Pope in the Church of Rome, and gave me the occasion to weigh with more maturity the reasons, whereupon I was persuaded to hold that the Pope was infallible. Alas! said I, all the reason the Monks have to refuse to obey the Bishops, is because the Pope has held them excused from their jurisdiction; what then? could the Pope release Children from obeying their Fathers? could he release Servants from their duty to their Masters? can he free men from obedience to their Superiors? can he take away the Sheep out of the conduct of their Pastors, without exposing the flock to the fierceness of the Monks from the natural jurisdiction of the Bishops, so that all the order of the Church shall not be overthrown and disturbed with inevitable confusion? Doth not one see every day the effects of those dispensations, which are altogether the effects of that mighty power, which is attributed to the Pope? If a Bishop comes to make his visitation in some Churches belonging to the Monks, they shut the door against him, to the scandal of all the people. If the matter comes into some of the Monk's Churches, to perform therein some Ecclesiastical Functions, there must be a great fight before, as it happened about 6 years ago, with the Priests of St. Roch, by the Capucin Nun's Church at Paris, at the Burials of Madame la Duchesse de Vandôme; they use the handles of Crosses instead of Halberds, they fight with Links and Candlesticks, they burn the Surplesses of the Priests, they rend their Ornaments, in fine, the strongest beat down the others; some lose there their square Caps, some their Hats; and of an action which should be to replenish all the assistants with thoughts of death, of eternity, of the judgements of God, they make it a Buffonery, a Puppet's fight, an action so ridiculous that the most serious can hardly forbear to burst with laughing, a jesting which is the subject of I know not how many Satyrs and mock Poems, so far that they must make of each side some verbal reports, and obtain from the King an express inhibition, to hinder the people from making Ballads thereupon, and interludes to make the people laugh at it on the theatres of the King's or the Duke's Playhouses. These tragical and scandalous consequences which are the effects of the power of the Pope in the Roman Church freeted me, and went against my mind, which was the cause that I resolved to examine again whether that Authority, which is given to the Pope, was grounded upon some reasonable principles, and to examine it, if it was possible, without any prejudice, for my own instruction, and to establish solidly the grounds of my Religion: but God Almighty whose judgements are impenetrable, permitted that the resolution I took was crossed again for some while. The Curates of the Diocese of Sens at that time were to meet every month in the Synod where in my Lord Archbishop presided and there give their answers and opinions upon the Canonical and Ecclesiastical questions, which had been propounded in the precedent meeting; many of those Gentlemen who thought I had a peculiar knowledge of the Ecclesiastical History and of the Canons of the Church, came to me and desired me to explain the propositions to which they were to answer in the next Conference, and give them the resolutions and the proofs of them; and so whereas I gave them every month their Conferences in writing, that employed me wholly, and gave me no other leisure, during six or seven months, but to study hard the Holy Father's writings, the Pope's decretals and the other Books of the Canons, which I could find in the Monastery that I lived in. 3. Circumstances wherewith I began to examine the Authority of the Roman Church, and what is my design in the rehearsal of them. AT last the divine providence furnished me with an opportunity, which set me in a condition to give my self to the inquiry I intended to make; I went with the obedience of our General to live in a Monastery, which is called Font-eurald, by the River of Loire about nine miles from Saumur: there I had the leisure to examine throughly the question of the Authority of the Roman Church and of the infallibility of the Pope, which was the only principle which kept me in the Roman Church; every thing did contribute to my design: the solitude and the commodity of a fine and great library which I had at hand, gave me all the facility that could be, to give myself to that examination, and I was no great while before I had acquaintance with one of the most learned men of that province, who is Mr. Prior Pavilion, who among the Books he has written, made an answer to Mr Claude Minister of Charanton, concerning the matter of the Eucharist: I took an extreme delight to converse with him, and he took the pains, as to come almost every day from about a mile off, to the place where I dwelled, and there we passed all the day long in Conferences and disputes upon matters of Religion; it was with all those advantages, having the convenience to learn the thoughts and to weigh the reasons of the learned men both of the quick and the dead, that I examined that question whereupon depended my Religion and consequently my Salvation. It would be a very hard matter to rehearse here all the questions which I thought to have some connection with that that I had proposed to examine, and which I thought, were either the principles or the consequences thereof, and I should be tedious if I should rehearse here the thoughts of all the Authors I read upon that matter, the reasons I examined in their principles and in their sources, and the difficulties which I unwrapped; in fine, what I read, what I wrote and what I thought during the space of almost one year. Since I do intent here but to tell the faithful, the means, which God Almighty has used to draw me out of the captivity of the Roman Church, and to make me one of his Church, which professes to follow the purity of his word; I will relate here only the motives, which made at that time a mighty impression in my mind, which were like Celestial influences of grace, which ruled my conversion; and my design in all this discourse is no other but to entice the holy and faithful people to praise God, and to give thanks to his majesty for the marvellous things he works, enlightening with his divine lights, those who walk in the wandering of the truth, and in being merciful even to those who seek after pretences to remain in their errors. CHAPTER I. Chapt. I. The pretended grounds of the Authority of the Roman Church. I Did understand well that there was in the world a true manner of worshipping God, and I supposed as a principle not to be contested, received of all those to whom God has given reason, to govern themselves; that the true manner of worshipping God was that, which had been instituted by Christ: but, forasmuch as all the Christian Congregations do not agree together, to know which of them has the true Faith and the true Religion instituted by Christ, that was the point of my difficulty. In that part of Europe, wherein I find myself by the chance of my birth, see two Congregation, two Christian Churches the Roman and the Reformed, which both boast to have that true Faith, excluding the other: now how to resolve that difference, and to know which of them has truth of its side? The Roman Church brags itself to be the eldest, it reckoneth a multitude of people and nations who conform themselves to its Communion; and shows a long Catalogue of Popes, who have been settle one after another in the Seat of Rome: but if it be asked, to set open to the light its Articles of Faith, and to examine, whether or no they be agreeable to the word of God, to that true Faith which has been taught us by Jesus Christ our Lord, it cries out, frets and is disturbed, it cannot abide to come to that examination, and would be believed upon its own word. On the contrary the Reformed Church brags of nothing, she could say that it is she truly that is the eldest, since the doctrine she teaches if conformable to that which Christ himself taught us; she could show in all ages and in all parts of the world, whole nations which are conformable to the same doctrine, which she has learned from Christ; she could show long Catalogues of Bishops and Patriarches, who have succeeded one another in the Chairs, which the Apostles themselves have established, which are with her in Communion; and upon all those accounts, she could demand as well as the Roman Church to be believed upon her own word, without coming to the examination of her doctrine: but, forasmuch as she knows that this manner of dealing is unjust, and that she is sure she teaches nothing but what is agreeable to the word of God, she desires nothing so much as to be examined by the rule of the Scripture, and gives leave to all the world, to compare the doctrine she teaches, with that which they taught in the Primitive Church, with that which the Apostles, with that which Christ himself taught when he was upon the earth. Now which of these two Churches acts more sincerely, and which of them have we most reason to suspect of error and falsehood? If fomebody should come to a payment with you, and you could not know surely whether his money were good or false coin, would not you use weights, and a touchstone to examine the money? And if the man should be angry and allege to you, that the money which he pays you seems very acnient, that there is in the world a great deal more such as that, and that he has received it successively from his great great Grandfather: Would you not say to his; Sir, there is great quantity of ancient money which is false for all that; if this money be not good, all the money in the world, which is alike to it, is not good neither; and if these pieces be false, you may give them your Children success, sively to the end of the world, but they would not grow better for all that: but if notwithstanding the man would be believed upon his word, and could by no means abide you should bring his money to the trial, would not you take occasion from thence to think, not without cause, that such a man intended to cheat you? SECTION I. Antiquity, Multitude, and Succession are not Privileges of the Roman Church, above all other Churches. Such is the manner of dealing in the Church of Rome; which is a great argument that the doctrine she teaches is not agreeable to the word of God, since it cannot abide by any means, that it should be examined by that rule: she brags, that she has on her side Antiquity, the greatest number, and succession; and in repeating often those fine principles which dazzle the world, in saying them over and over, and boldly, in causing them to be published every where by her controversial and Theological Writers, she has made the World almost believe, that she is the eldest of all the Christian Churches, and that among all the Christian Congregations, there are but few which are not submitted to the Church of Rome; and in fine that the Pope is the only true Successor of St. Peter: these are the three false principles upon which the Roman Church grounds itself, but which have no other foundation than the boldness wherewith those of that Church have used to publish them. § 1. The Roman Church is not the Eldest of all the Churches. WE learn of the ancient Ecclesiastical Authors, Origine, Eusebius, Hierome, Isidore and others, that the Apostles, after they had received the Holy Ghost, which an order to go to publish the Gospel in all the world, were scattered abroad as so many floods full of the Holy Ghost, to preach the word of God in all the Nations. St. Peter, preached in Judea, Galatia, cappadocia, pontus, Bythinia and Rome. St. James the son of Zebedee, in Judea, and Spain. St. John, in Judea, and Asia the less. St. Andrew, in Scythia, Europea, in Eprius, Thracia and Achaia. St. James the brother of our Lord, in Jerusalem. St. Philip, in Scythia and Phrygia. St. Bartholomew, in the Indies and Armenia the great. St. Matthew, in Ethyopia. St. Thomas preached to the Parthians, Medes, Persians brahmin's, Hyrcanians, Bactrians, and Indians. St. Simon in Mesopotamia, and Persia. St. Judas, in Egypt, and Persia. St. Mathias, in the higher Ethyopia. St. Paul and Barnabas in many Countries of Europe and Asia. Now I would very fain know upon what ground the Church of Rome would be accounted the eldest of all those Churches, which have been erected by the Apostles of Christ; if one of them have the right to be accounted and called the eldest of the Sisters, it seems in all reason, that it must be the Church of Jerusalem, for it was in Jerusalem that Christ himself preached the greatest part of his Sermons; there he exercised his Offices of Priest and Bishop; 'twas in that City he was sacrificed for our sins; 'twas there the Apostles first declared the word of God, as it is to be seen in (a) Chap. 24. v. 47. St. Luke; it was of that Church St. James was created the first Bishop in the world; it is the Church of Jerusalem which is called by Theodoret, (b) Hist. Ecclesiast. lib. 5. cap. 9 Mother of all Churches, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, etc. it is the Church of Jerusalem which is to be acknowledged as the first of all Churches, according to the Testimony of all the Fathers, who were present at the Council of Constantinople, as Baronius himself testifies in the year of our Lord 382. If the right of Antiquity is to be given only to a Church instituted by St. Peter, the Church of Antioch in Syria is to have in that the privilege above the Church of Rome: for it is the most ancient of all the Churches which have been ever governed by St. Peter; in antioch St. Peter executed the function of Bishop, even according to Baronius, seven years before he had ever been at Rome; it was in Antioch that the faithful were first called Christians, as it is reported in the Acts of the Apostles; and it is the Church of Antioch which is called by St. Chrysosthome, the chief and Capital of the whole world: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉. In fine, if the Mother is more ancient than the Daughter, if the Spring is before the Brook, the Greek Church is more ancient than the Roman: the Greek Church was erected by St. Paul and S. Andrew, and it was from that Church, as from an holy Spring, the name of Jesus Christ was scattered abroad afterward through the Kingdoms and Nations of the earth; it was from the Greek Church the Roman received the New Testament, the Apostles Creed, that of Nice, and St. Athanasius; it was of the Greek Church that the Roman learned the very names of Baptism, of Eucharist, of Bishop, of Priest, of Deacon, etc. So that the Bishop of Bitonto (c) lib. de acts conc. Trident. pag. 18. acknowledges, in the Council of Trent, that the Greek Church is the mother of the Roman, and that it is from that, Rome has received all it possesses: ea igitur Graecia mater nostra, cui id totum debet quod habet Latina Ecclesia. You may judge now upon what are grounded those fine Titles of Eldership of the Roman Church, of which they make so much noise and so much boasting. §. 2. That the Multitude is not of the Roman Church's side. THE vanity the Church of Rome is puffed up withal to have Multitude of its side, is not better grounded than the Antiquity of it. Truly if you should dwell in the middle of Paris or of Rome, and without taking any notice of the things which are acted in the world, should take the word of the Preachers of the Church of Rome, they would make you believe, that all the Christians in the world belong to the Roman Church, and that there is but a very small number of those who will not submit themselves to the Pope's jurisdiction. But if you will lift up your eyes and look upon that which is done in the world, you shall find that of all the three great parts of the world which have been known to our Fathers, ASIA is all full of Christians who have received their Faith from the very Apostles, and who never have received nor receive yet the domination of the Pope: you may find there the Christians of Palestine submitted to the Patriarch of Jerusalem; the Syrians and the Melchites under the Patriarch of Antioch; the Armenians and Georgians subjected to their own Patriarches and Metropolitans, who do not acknowledge the dominion of the Pope: you may see there the Mingrelians, the Circassians, the Christians of the less Asia submitted to the Patriarch of Constantinople; the Jacobites, the Christians of St. Thomas submitted to their peculiar Patriarches and not to the Pope of Rome. If you set your eyes on AFRICA, and on those in that part of the world who have received the Gospel, you may find there the Egyptians and the Cophtes to be subjected to the Patriarch of Alexandria; the Ethiopians or Abissins' have their own Patriarch, who doth not acknowledge yet unto this day the jurisdiction of Rome, what relation soever the Pope's Missionaries had made of it. As for that Province, whereof the Jesuits make so much noise, which they call the Kingdom of Congo, the Governors whereof have submitted to the Pope's Dominion, it is very easy to know, that it is nothing but a Mission of Jesuits such as those which they have erected in Goa, in Jappan, even in England in the very chief Town of this kingdom, to root therein in spite of all the Laws of the Kingdom and all Magistracy. In EUROPE, the Greeks are submitted to the Patriarch of Constantinople, the Moscovites have a Patriarch at Moskow, who relies not on the Pope: the Christian Protestants and Reformed in England, in Danemark, in Swedeland, in Holland, in Switzerland, in Germany and in Hungaria are subjected to their Bishops and Metropolitans, who are not subjected to the Pope: and every body knows that in Bohemia, in Poland, even in France, even in some Countries of Italy all is full of Reformed Churches, which do not acknowledge the jurisdiction of the Pope: So that all that great huge multitued, whereof the Roman Church boasts so much, is Spain, most part of Poland, France and It aly, some Cantons of Switzerland, part of the Low-Countries and of Germany: this is that great multitude of people: parturiunt montes etc. what is that in respect of the whole world? And lest some body should think that those Churches, which are not submitted to the Pope, be some small Churches; those who will take the pains but to read the Historians, shall find that the only Patriarchat of Constantinople has contained 80 Bishoprics and 40 Archbishoprics; the Church of Antioch 150 both Bishoprics and Archbishoprics; that of Jerusalem more that 76; and that there have been only in Africa 420 both Bispopricks and Archbishoprics, according to Myraeus' relation, (a) Pag. 94. which have never followed the belief of the Roman Church: from thence you may Judge of the rest. §. 3. Other Churches, as well as the Roman, have their Succession from the very Apostles. AS for the matter of Succession, if you harken to those of the Church of Rome, you would think, that only in the Church of Rome, the Bishops have succeeded one another, from the beginning of the Christendom. Those Gentlemen would make all the world believe, that the Churches, which are not of their Communion, have neither Vocation, nor Title, nor Ordination; and consequently, no right in the Ecclesiastical Functions, in the Administration of the Sacraments, or Preaching the word of God. But if you will but open your eyes and read Nicephorus, Cedrenus and other Historians, you shall find, in the Churches which have never submitted to the Pope, which have ever kept the purity of the word of God, several Catalogues of Bishops and Patriarches, who have succeeded one another, from the Apostles time. In Jerusalem, Jesus Christ our Lord the Son of God, the Holy one began the function of an Everlasting Bishop, which he will continue to exercise during all Eternity. St. James was the first Bishop afterwards, next Simon Cleophas, than Justus the Jew, etc. and so successively Bishop, after Bishop, Patriarch after Patriarch, unto Germanus and Theophanes, who in our days have ruled that Church being the Patriarches thereof. In the Church of Antioch, St. Peter was the first Bishop, whom succeeded Evodius, than Ignatius, than Hero, than Cornelius and others successively, who have so well conserved the doctrine of the Primitive Church with the right succession of St. Peter, that he of those Bishops who lived about the year 1237 agreed together with the Patriarch of Constantinople to excommunicate the Pope Gregory the 9th and pronounce Anathema against his Errors. In the Church of Alexandria, the Patriarch Gelasius, who ruled that Church in the year 1636 succeeded Cyrillus, Cyrillus succeeded Meletius, Meletius Joachim and so from Bishop to Bishop, they succeeded the Evangelist St. Mark, who was the first Bishop of Alexandria. In the Church of Constantinople, the Apostle St. Andrew, who was the first Bishop of it, as relates Nicephorus, had for his successor Stachys, Stachys had Onesimus, Onesimus Polycarp, and so successively 177 Bishops, the most part great personages and learned men, unto Cyrillus and Methodius who ruled that Church in our days, and Parthenius who rules it unto this very day. It was to one of those Patriarches that the Ministers, who Preached the Gospel in Germany, sent their Confession of Faith in the year 1576 for a token of Uniformity of Doctrine they had with all the Eastern Church. SECTION II. That neither Antiquity, nor Multitude, nor Succession are infallible marks of the true Church, and consequently that one Church may have them all, and, with them all, be an Heretical Church. IT is very easy to know by all that which I have rehearsed before, that, if we must judge of the truth and of the right of a Church by its Antiquity, or by the Multitude of those who profess the same belief, or by the Succession of its Bishops, it will not be in favour of the Roman Church shutting out all others; since you may find some Churches more Ancient than the Roman Church; some Churches more large and more numerous, and whose Succession is as sure at least, and without comparison a great deal less interrupted, and less disturbed, than that of the Church of Rome has been, by Schisms of I know not how many years, by the Heresies of its Bishops, and the Monstrous life of a great many Popes. But for as much as the truth of a Religion doth not depend upon a question of Chronology, Geography or History, I will show that neither the Antiquity of a Church, nor the Multitude of those who stand of its side, nor the Succession of its Bishops, are infallible marks, which oblige us to believe that such a Church is the true Church of Christ; since it may be very possible that such a Church may have all those marks, and for all that be an Heretical Church. §. 1. Antiquity is not an infallible mark of the true Church. IT is a rule receive by all Lawyers; that things which have been worth nothing in the beginning can never grow better in time: (a) L. quae ab initio. ff. de reg. Juris. quae ab initio non valuerunt, tractu temporis convalescere non possunt: and Tertullian (b) de virg. veland. holds for a principle: that there is no Prescription against truth; veritati nemo praescribere potest: if you be a possessor of a house, of a field, of land, and you have enjoyed it peaceable during a hundred years, though you should have lost all your Evidences, or suppose you had never any, the prescription of a hundred years would establish you rightful possessor of that field, land or house. But it is not the same in regard of error and truth; if you have been in an error from the beginning of the world, all that long Prescription of years will not give you a right to maintain such an error; because error cannot be strengthened by Prescription, and a thing which was false from the beginning of the world, can never become true by continuance, though it should last as long as Eternity itself; it would be always new in respect of truth: on the contrary the things, which are true, bring always with themselves the character of a right Antiquity, according to that principle of the same Tertullian; that truth is altogether ancient and everlasting; veritas sempiterna & antique res est: and is it from that principle that, after he has supposed, that there are several things, which seem new, which nevertheless are very Ancient, he concludes that it is not so much novelty as truth that confutes throughly all Heresies: Haereses non tam novitas quàm veritas revincit. So that following this principle, to prove, that Prayers directed to Saints, that the worshipping of Images, that the Belief of Transubstantiation, are so many errors, 'twill go a great way to show their novelty that they be Articles of Faith of a New impression; but yet it is not enough barely that they are new, wemust moreover show that those Articles are contrary to Truth; that is to say, the word of God: let a matter of Belief seem to you, as much new as can be; if the Articles it contains be true, if they be agreeable to the word of God, to that Doctrine which we have received from the very Apostles, it is an Ancient belief: therefore do not say, that the doctrine they teach in the reformed Churches, is a new doctrine, you are to examine first, if it be true, if it be agreeable to the word of God; and if you find it such, you are to say, that it is an Ancient doctrine: but if so be that, in one of those Churches which derive their Original from the Apostles, they should teach a doctrine, which is not conformable to the Gospel, the privilege of antiquity will not excuse them from error, they would be ancient inveterate diseases, whom the privilege of being old would not be able to heal. Is there in all the world a Religion more ancient than that of the Idolaters? yet dare any say that the privilege it hath of being old gives it that of being true and Infallible? and do you think that the ancient Fathers of the Church, who disputed against the Heathens, would have urged against them, that among all Religions and Churches, that is always the most true which is the most Ancient? it was on the contrary what the Heathens objected to them against the Gospel, as (a) lib. 4. Recognit. Clement Alexandrinus relates; What then? said those blind men, shall we forsake our Idols, the Religion which hath been given us from hand to hand by our great great Grandfathers? And it was to that argument of antiquity the Fathers used to answer; that antiquity signifies nothing in matter of Religion; that the custom of worshipping Idols being an error, the antiquity they boasted of, was an Antiquity of error, according to that of (b) Epist. 74. ad Pomp. St. Cyprian: consuetudo sine veritate vetustas erroris est. In fine, said St. Clemens, if your Father has been a Thief, a debauched and a dissolute, shall you be obliged to be a Thief, a debauched and a dissolute, becave your Father was so? is there any crime in the world which would not be committed without punishment, if Antiquity could privilege wickedness and free it from punishment? The Prophets knew not this fine doctrine whereupon the Popes pretend to ground their Religion; for, when they would have excited the Jews to forsake their errors and to give over their sins, they said to them, that a great while ago, they had entertained the word of God contumeliously: I spoke unto thee in thy prosperity (c) Jerem. 22.21. saith the Lord, but thou saidst, I will not hear: this has been thy manner from thy youth, that thou obeyedst not my voice. (d) Jerem. 32.30, 31, 32. The Children of Israel and the Children of Judah have only done evil before me from their youth— for this City hath been to me as a provocation of mine anger and of my fury, even unto this day that I should remove it from before my face: because of all the evil of the Children of Israel and of the Children of Judah which they have done to provoke me to anger; they, their Kings, their Princes, their Priests and their Prophets, and the men of Judah and the inhabitants of Jerusalem, etc. Whereby it is very easy to see that the Prophet believed not that the people of Israel had any right to deal wrongfully with the word of God, because they had done so during I do not know how many ages; neither that the Kings, the Princes, the Priests, the Prophets and the People could pretend to stay still in their blindness, because in all ages before there had been found many of the Kings, of the Priests, the Prophets and the People, who had gone astray from the Law of God to prostitute themselves to errors. In fine, jesus Christ himself knew not that fine maxim of Rome, that antiquity is a true mark of Infallibility, for when the Scribes and the Pharisees said (e) Joh. 8. that they were Children of Abraham, he answered them that their Genealogy was a great deal more Ancient, since they were Children of the Devil himself; but he thought not all that fair Antiquity could render them Infallible, could give them right to reject his holy word, and the truths he came to preach to them. §. 2. Multitude is not an infallible mark of the true Church. IF the Multitude be a mark of the true Church, we must need say that there was no true Church in the time of Enoch, in the time of Noah, in the time of Abraham; that there was no true Church, neither whilst Christ Jesus lived upon the earth, nor in the time of the Apostles, nor in the time of the Arians, if the accounts we have received of their numbers be true. When the Antichrist shall appear in the world, the Church and the true worshipping of God shall be almost destroyed: or what would be yet more horrible to imagine, we must say that the Church of Antichrist, shall be the true Church; that, in the time of the Arians, those who denied Christ our Lord's Divinity, were the true Church; that in the time of the Apostles and the Martyrs, the Heathens had the true manner of worshipping God; that Christ and his Apostles were not the true Church, but that it was those who Crucified him who had reason on their side; and who doth not see that all these propositions are so many Blasphemies, which yet are good consequences from this principle urged by the Romanists? but are horrible impieties and falsehoods. How far be these propositions from the thoughts of the Fathers and from truth! St. Augustin (a) In Psal. 128. faith, that the true Church was for a while enclosed in the single person of Abel, a while in the single person of Enoch, a while it did consist all in the family of Noah, and since in that of Abraham. I should be ashamed to prove here among reasonable people, that it was among that people of God before Christ his coming, and among the faithful in the Primitive Church that the true Religion was to be sought after, not among the Idolaters and the Heathens; and you would look upon me as a man who thinks all the Christians very little zealous for the love of Christ, if speaking to those who profess to follow him, I would engage myself to prove what all the world ought to suppose as a principle not to be contested, that whilst Christ lived upon the Earth with his Apostles, it was in that holy College of Christ the true Church was to be found, not in the Synagogue of the Jews, which was all compacted of men, who gasped but for the blood of the righteous, who sought but to oppress the truth. As for the time of the Arians it is true, as Theodoret witnesses, (b) Lib. 2. Hist. Ecclesiast. cap. 16. that the Emperor Constantius spoke of Athanasius as of a naughty fellow whom all the world looked upon with detestation, because he held Christ's Divinity: Who art thou? said that Emperor to Liberius, what part of the world art thou? to come all alone to trouble the quiet of all the Earth? It is true, as Hilary (c) In lib. de Synod. witnesses, that in all the ten Provinces of Asia, there was but the bishop Eleusius and a very small number of people with him who persisted in the true knowledge of God: it is true, as St. Hierome (d) Contra error. Joan. Jerosolim. witnesses, that in all the East, there was but Athanasius and Paulinus who followed not the errors of Arius: nevertheless the true Church was not destroyed; it was not in the Communion of the Arians though they were the Multitude: it was in the single Bishop Eleusius, it was in Athanasius, it was in Paulinus, because as Liberius answered to the Emperor Constantius, the word of Faith is not lessened by the small number of those who profess that Holy word, neither by their loneliness: non diminuitur solitudine mea verbum fidei; and according to the witness of Tertullian, (e) De pudicitia. it is not the great number of Bishops that makes the Church; the Church may consist in one or two, saith (f) De poenit. cap. 10. the same; and Gregory of Nazianze; where are those, saith he, (g) Orat. count. Arian. who describe the Church by the Multitude, they have the People for them, and we have the Faith, they have abundance of Gold and Silver, but we have the true doctrine of Faith: whereby you may see that in that time the true Church did not consist in the Multitude. Neither shall it be in the Multitude that the true Church shall be found in the time of Antichrist; the Church shall be reduced to a very little number, according to the testimony of Christ: (a) Luke 18.8. when the Son of man cometh, shall he find Faith on the Earth! St. Hierome (b) In Sophron. 2. saith, that in that time the Church shall be reduced to a Wilderness; shall be deivered to the wild Beasts, and shall suffer all the evils whereof the Prophet gives a description; and St. chrysostom (c) In Mathaeum homil. 49. saith, that when the ungodly Heresy, which is the Army of the Antichrist, will come to lay hands on all the Churches, there will be no other proof of Christianity, no other shelter for the Christians, who shall desire to know the truth, than the Holy Scriptures, than the word of God; and truly in that time, as well as in all those which I have marked heretofore, the Multitude will follow the part of error, and the true Church shall be reduced to a little flock, which shall be strengthened only with the word of God against all the Stratagems and the persecutions of Antichrist. To make an end of that proof, I will rehearse what happened in the Council of Nice, according to that which Sophronius (d) lib. 1. cap. 8. relates: all the Bishops thought to introduce into the Church a new Law, which was, that those who would be in the Sacred Orders should lead a single life: the good Priest Paphnutius a venerable old man, of a holiness and purity free from all slanders, risen in the middle of that multitude of Bishops: You must not, saith he to them, lay so heavy a burden upon the shoulders of those who are in the Sacred Orders; you are to consider what St. Paul (e) ad Hebr. 13.9. saith, that Marriage is honourable in all and the bed undefiled: to that voice a numerous multitude of Bishops, Priests and Deacons, who were present there vouchsafing their attention, considered that Holy old man as an Apostle, who came to declare to them the word of God, and changed their resolution; so knowing by the Doctrine of St. Paul, that Marriage is honourable in all, they left all the Churchmen free to live in the state of Marriage as they had used to do before. Do but judge now if in that time the Multitude got the advantage over truth; and if the Fathers of that Council were of the opinion of the Roman Church, that the Multitude of those who hold one and the same Doctrine is a mark of the truth of that belief. §. 3. Succession is not an Infallible mark of the true Church. IF Succession could give the right of being Infallible, there is no Church in the world which had more right to be esteemed such, than the Church of Jerusalem; it is of Jerusalem that it is said (f) 2 Chron. 33.4, 7. in Jerusalem shall my name be for ever. In this house and in Jerusalem which I have chosen before all the Tribes of Israel, will I put my name for ever. (g) 2 Chron. 7.16. I have chosen and sanctified this house that my name may be there for ever, and mine eyes and mine heart shall be there perpetually. (h) Psal. 132.13, 14. The Lord hath chosen Zion, he hath desired it for his habitation, this is my rest for ever, here will I dwell, for I have desired it, etc. and I will also cloth her Priests with Salvation; it was upon all those fair promises the Priests proceeded in withstanding the truth which was preached to them by the Prophets; it was for that reason they exclaimed so often upon all occasions: (i) Jerem. 7.4. The Temple of the Lord, the Temple of the Lord, the Temple of the Lord are these. But hear what the Lord answers: (k) v. 8, 11, 12, etc. Behold ye trust in lying words that cannot profit— Is this house which is called by my name, become a Den of Robbers in your eyes? behold even I have seen it, saith the Lord; but go ye now unto my place which was in Shiloh where I set my name at the first, and see what I did to it for the wickedness of my people Israel. And now because you have done all these works, saith the Lord— Therefore will I do unto this house, which is called by my name, wherein ye trust, and unto the place which I gave to you and to your Fathers, as I have done to Shiloh, and I will cast you out of my sight, etc. The same is to be seen in the other Prophets, where Jerusalem after it had been established by the Lord as a Tabernacle which should never be removed, it is said afterwards that for its abominations it is transported into Babylon. If Shiloh hath ceased to be the house of God, if Jerusalem be reduced into a Wilderness, where nothing grows but Briers and Thorns, where (a) Isaiah 5.6. God will command the Clouds that they rain no rain upon it: hath the Church of Rome any reason to brag so much because it hath been in times past the Nurse of Martyrs, the Seedplot of Saints? doth it follow from thence that it is still at this time in the same condition it was in the first Ages of the Church? Hath not the present Church of Rome a great deal of reason to fear, that after all the abominations it hath been filled withal, by those who have had the government thereof, it may be dealt with like Jerusalem? that it may be made a Den of Robbers, an horrible Babylon, a dreadful Wilderness where grows nothing but Briers and Thorns, and where God hath permitted that the Heaven of the Holy Scripture should be shut up, and that there should not fall a drop of his word upon those who stubbornly persist in its abominations? In fine, could the Church of Rome be in hope of having more privileges, than many other Churches, which have been built by the Apostles in the Eastern part, which have conserved, during long space of years, their right succession preserved from Bishop to Bishop, from Pastor to Pastor, and which, notwithstanding all that, have been since by the Turks turned into several Mosques, where those Infidels have the exercise of their Religion? If the Church of Rome would say, that the Doctrine it teaches is to be followed, because the Popes who do govern at this time have succeeded one another, from Bishop to Bishop, in St. Peter's Chair: I answer, that for the same reason in the time of Paul Samosatenus, it was necessary for every body to be an Heretic, because Paul of Samosate was right Bishop and Patriarch of Antioch, that he had succeeded lawfully Demetrius, Demetrius Fabius, Fabius Babilas, who succeeded Zebinus, he Philetus, he Asclepiades, he Serapion, he maximinus, he Theophilus, he Cornelius, he Hero, he Ignatius, he Evodius, who succeeded lawfully St. Peter. I answer, that in the Age wherein lived Nestorius, every body was engaged to be a Nestorian, because Nestorius was rightful Bishop and Patriarch of Constantinople, right successor to Sisinius, to Atticus, to Arsatius, to John Chrysostomus, to Nectarius, to Gregory of Nazianze, and so from Bishop to bishop the 36th according to the Chronicles of Nicephorus who had lawfully succeeded in that Chair the Apostle St. Andrew. In fine, to follow without partiality that principle of Rome, and to give it the extent such a proposition ought to have, which is always false, if it is not universal and capable to be the first proposition of a Syllogism; I answer, the Popes are to revoke the Thunderbolts they have thrown against the Church of England, and must confess that they did wrong when they excommunicated it, and that the Church of England is infallible, and has the true Faith, since in it they do conserve from Bishop to Bishop from the times of the Apostles a right Succession in all the Ecclesiastical powers. But it is not upon Succession only, that churches are to ground the Doctrines they profess; the Reformed Churches are very willing to be examined after the very rule of the Gospel, and do not defend a false principle by antiquity, as those of the Roman Church do. CONCLUSION. That it is the Succession of the true Doctrine from the Apostles, which is an Infallible mark of the true Church; and that the Church of Rome which hath the Succession of Doctrine, hath no reason to boast neither of its Antiquity, nor of its Multitude nor Succession. IT is true that the Fathers used the Argument of the Succession against the Heretics: Tertullian (a) De praescrip. cap. 32. urged it against those of his time: Optatus (b) Lib. 2 & 3. against the Donatists: Augustin against the Manichees, the Arians, and the Pelagians: but lest you should be mistaken, do but read exactly those Fathers, and you shall find that with the Succession of Churches and Bishops they required a Succession of Doctrine, which Tertullian calls a Consanguinity and an affinity of Doctrine, to prove they were the true Church, which St. Augustin said it was impossible to prove throughly, but by the Scripture. Let them produce, said Tertullian, (c) De praescr. cap. 32. the beginning of their Churches; let them show us the order and the succession of their Bishops from the beginning, and at last bring forth some of the Apostles or some instructed by the Apostles, who were Authors of their Churches, etc. But though they should have dispatched that step, though they should have devised some Catalogue of Succession, yet they should not have got very much by that, for their Doctrines compared with that of the Apostles will make it appear, by they diversity and the contrariety there is betwixt them, that neither the Apostles nor those who have been instructed by them, were the Authors of their Churches; even, saith he, they shall be condemned by those Churches, which though they have not for their Author, neither one of the Apostles, nor one instructed by them immediately, as being erected after the time of the Apostles, begun in our days, are nevertheless Apostolical because of the Consanguinity of the Doctrine they teach, which is the same with that which was taught by the Apostles. And St. Gregory of Nazianze (d) In laud. Athan. shows that the succession is to be esteemed by Piety sooner than by Seat: 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, that he who professes the true faith, is partaker of the same Seat; he who doth the contrary, though he doth sit in the same seat, is an enemy directly opposed to that Chair, which he sits on, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 that the Succession of the Faith, 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, aught to be esteemed the true Succession; for it hath the truth of it, whereas the other hath but the appearance thereof. Thus you see that even by the testimonies of the Fathers, To be a true Church, it is not enough to have the Succession of the same Chair, and the Succession of the Bishops, which the Roman Church boast of upon all occasions; since one may show a long Catalogue of Succession, and be an Heretic for all that, as you see by Tertullian his Testimony; since one may sit upon the same Chair, which was Catholic heretofore, and for all that be the sworn enemy of that Chair, as it is manifest by the testimony of St. Gregory of Nazianze: but a Church ought to have the Succession of the Faith, the Succession of the Piety, and show, as Tertullian speaks, a Consanguinity of Doctrine, Consanguinitatem Doctrinae; and this the Church of Rome doth not boast of at all, since it cannot abide, that we should speak of examining its doctrine by the word of God, and of comparing it with the Faith of the Primitive Church, with the belief of the Apostles. Let not therefore the Church of Rome boast, that it hath possessed almost all the finest Churches in the world; the Arians have possessed them, as well as they; and St. Hierome for all that calls them Heretics: The Church, saith that Father, (a) In Psal. 133. consisteth not in walls and buildings, but in the truth of the Doctrine; the Church is where the true Faith is; 'tis not above 15 or 20 years passed since the Heretics possessed all these buildings, even all these glorious Churches, but in that time the Church was there, where the true Faith was: Ecclesia autem ibi vera erat, ubi fides erat. Can not we have said the same in this Kingdom? 'Tis not above 120 or 160 years past, before the time of Henry the 8th and Queen Elizabeth, when the Papists possessed all these buildings, even all these Churches: but in that time the true Church was there, where the true faith was: Ecclesia autem ibi vera erat, ubi fides erat. Do not let them say that the Pope hath succeeded St. Peter, for we will answer, that Nero was Successor of Augustus, and notwithstanding Nero was a Tyrant, Augustus was a good Prince; we will answer, that the King Manasses succeeded Ezechias, and yet for all that Manasses was a wicked King, Ezechias was a Saint: In fine, we will say that the Arian Bishops had succeeded the Catholics, that the impious Nestorius was the right Successor of St. Andrew in the Chair of Constantinople; that the famous Heretic Paul of Samosate was the right Successor of St. Peter in the Church of Antioch; and that all those, as well as the Popes, have succeeded others, who had ruled before them, but as the night succeeds the day, sickness good health, death life. CHAPTER II. The true Grounds of the now Roman Church. Chap. 2. AS soon as I had overthrown those three false imaginations of Antiquity, Multitude and Succession, wherewith they used to cloak the Errors of the Church of Rome; it was very easy to know the true grounds and foundations whereupon it is built; and those grounds being neither the Authority of the Scripture, nor the Doctrine of the Primitive Church, nor Antiquity, nor the Concurrence of the Multitude, nor the Succession of Churches or Bishops; I knew after a diligent examination that they could not be other than the Ambition and Covetousness of those who govern it; and it is from thence that all the corruptions and all the errors of that Church have proceeded. SECTION I. The Ambition of the Popes. §. 1. The Pope exalts himself above all Kings, whereas by right he ought to be submitted to them. POpe Gregory the 7th in a Synod held at Rome in the year 1076. established 27 Propositions, upon which is grounded all the greatness of Rome, which are called the Dictatorship of the Pope, and which are to be seen in Baronius (a) An. 1076. Num. 31, 32, etc. . Among them the following propositions are to be found: Princes are to kiss the Pope's feet: It is lawful for the Pope to depose Emperors, and to absolve their subjects from their fidelity, and the obedience, which they own their natural Lords and Superiors. 'Tis to establish these fine Propositions that Pope Innocent the 3d, witness Durandus (a) Lib. 1. myster. cap. 5. , compareth the Pope with the Ark of the Covenant, and saith, that the Cardinal Deacons have the care of carrying the Pope upon their shoulders, because in the Old Testament it was the duty of the Levites to carry the Ark of the Lord. 'Tis for this reason that in the public Processions which are made at Rome, they carry the Pope and the Sacrament, yet with such difference, that the Sacrament, which in the opinion of Rome is transubstantiated into the body of Christ, is tied upon the back of a Mule, whilst the Pope is carried with Magnificence by the Princes or the Kings who are present there, or else by their Ambassadors, if the Kings be not present, according as it it written in the (b) Lib. 2. sect. 2. cap. 3. Book of their Ceremonies. It was to put in practice the Maxims of deposing Kings and absolving their subjects from the obedience they own them, that Pope Gregory the 7th deposed Henry the 4th Emperor, and Boleslaus the 2d King of Poland; that Pope Zacharias deposed Chilperick King of France, absolved the French from the fidelity they owed their natural King, and put Pepine into his place; that Boniface the 8th deposed Philip le Bell King of France, and excommunicated him in that decretal which gins (c) Extravagant. de majorit. & obedi. Vnam sanctam Ecclesiam: In which the Pope himself declares, That it is of necessity to Salvation for every humane creature to be subjected to the Pope of Rome; that Innocent III. deposed the Emperor Otho IU. Innocent iv deposEd the Emperor Frederick II. Julius II. took away the Kingdom of Navarre from its natural King, to give it to the King of Spain: In fine, it was to maintain all these ambitious Maxims that about the year 1200 Pope Innocent III. who deposed the Emperor Otho, deposed also King John of England, declared him to have lost the right to his Kingdom, absolved his subjects from the Oath of Allegiance, caused Divine Service to cease throughout all the Kingdom, and Churches and Churchyards to be shut up, which continued by the space (d) Mat. Paris. of six years and a half, excommunicated the King and gave the Kingdom of England to Philip Augustus' King of France, upon condition to conquer it at his own peril and fortune; in short, it was to maintain those principles that Paul III. excommunicated Henry VIII. King of England; and Pius V Queen Elizabeth of blessed memory. Whereas by right (e) King James in his premonition to all Christ. Monar. pag. 23. Christian Emperors are the Lords and the Superiors of the Popes, even the Popes have acknowledged themselves their subjects and vassals, and that they were to honour and obey the Emperors as their Lords and their Masters: as it is to be seen by the Letters of Gregory the great and other Bishops of Rome to the Emperors, in whose time they lived? The Roman Emperors used to Elect the Popes, and make Laws which were to be observed by the Roman Seat; it was from the Emperors all the Bishops and Archbishops of Rome were to receive their Investiture, and it was to the Emperors the Popes themselves were forced to pay a certain sum of money to be confirmed in the Papacy, witness Igebert and Luitprand with other Popish Historians. The Emperors deposed the Popes, as relateth King James; the Emperor Otho deposed Pope John XII. for divers crimes and vices, especially of Lechery: the Emperor Henry III. in a very short time deposed three Popes, to wit Benedict IX. Silvester III. and Gregory VI both because of their Covetousness, and because they abused their Authority against Kings and Princes. In fine, all the Churchmen and the Pope himself with them, is subject to Kings, who are immediately under God Supreme Governors of the Church: since the Apostle (f) Ad Rom. 13.1. saith, Let every soul be subject to the higher Powers, etc. Do but read the Comments of the Fathers upon that verse, and they will teach you that Ministers, Bishops and High-priests are not excused from that upon any terms. St. chrysostom (a) Homil. 23. supper epist. ad Rom. maintains that the greatest Bishops are not exempted from the jurisdiction of Kings. 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉 〈◊〉, etc. And afterwards, Should you be an Apostle, saith he, should you be an Evangelist, or a Prophet, no body is exempted from the King's Jurisdiction: Theodoret, St. Bernard and the others hold the same. Is the Pope more than a Prophet, is he more than an Evangelist? is he more than an Apostle, to rise above 'bove all the Kings of the earth, and not only deny to them his obedience, but furthermore to take upon him to rule, and dispose of their Estates, to depose and excommunicate the Kings themselves, and to Commission the subjects to rebel against their natural Princes? § 2. The Pope exalts himself above all Churches, taking unjustly to himself the titel of Universal Bishop; That it is a Blasphemy, and an Apostasy in Christendom to take upon him such a title. ANother of those 27 Propositions which do compose the Dictatorship of the Pope, is this, that the Bishop of Rome is to be called Universal Bishop; where you may see the monstrous ambition of that man, who is called the Pope, who after he hath elevated his power above the Majesty of all Kings, would rise above all his fellows, and above all Churches. 'Twas in prosecution of this Maxim, that in the 4th Council of Carthage, three Bishops of Rome one after another, after having falsified the decree of the first Council of Nice, produced the Articles of the Council of Sardis, pretending that one might appeal from other Bishops to the Bishop of Rome; but the Fathers of that Council, having had recouse unto the originals and known by that means the foul-play of the Bishops of Rome, made a decree quite contrary to that exorbitant Authority, that the Bishops of Rome would have taken upon themselves. Truly there is nothing so ill grounded as that Primacy, and that Title of Universal Bishop which the Pope's challenge to themselves: neither Peter nor any of the Apostles ever took upon themselves such title or jurisdiction, and though they observed among the Apostles and in the Primitive Church, the order of first and second, etc. yet such an order was never for the destruction of the Authority of the other Apostles or Bishops; since among the Apostles St. Peter who was the first presided not in the Council of Jerusalem, but St. James who was Bishop of the place, where that Council was held; since, according to the Authority of the Chancellor (b) Tom. 4. in propos. utilibus ad exterminat. schismatis. Gerson, in the Apostles times four Councils were held where St. Peter was not present: now it is a principle in the Doctrine of Rome, that the title of Universal Bishop gives one the right of presiding in all Councils, from whence the consequence is manifest. As for the times which have followed those of the Apostles, we know that the Popes have not always presided in all general Councils; and that the only thought of being elevated above other Bishops and styled UniversAl, was an abomination among all the Ancients, and a thing looked upon as an Apostasy, and a monstrous error proceeding from the bottom of Hell to plant Impiety and Idolatry in the middle of the Temple of God. About the end of the fifth Age about the year 600. John Patriarch of Constantinople would have challenged to himself the title of Universal Bishop, and was in that enterprise supported by the favour of the Emperor Mauricius: at the novelty of that monstrous title all Christendom was stricken with horror; Pope Gregory the Great, stirred up with the zeal of the honour of God, withstands vigorously the establishment of that new title; he writes to Eulogius Patriarch of Alexandria, and to Anastasius Patriarch of Antioch (a) Epist. 36. : Never a one of my predecessors, saith he, has been willing to consent to a title so profane as that of universal Bishop, challenging to himself the primacy over the other; God forbidden that Christian minds should ever be infected with such an opinion as to believe that there may be in the world some Bishop who could by right take to himself the title of Universal. And in another (b) Epist. 24. lib. 6. epistle to the same: Without speaking, saith he, of the wrong which is done to you; if some body be called Universal Bishop, this Universal Bishop being fallen, all the Universal Church must need fall to the ground together with him; and what madness, saith he, what levity is it to run after such a Doctrine? To the Emperor Mauricius (c) Epist. 32. lib. 4. , he protests that it is not for his own particular interest that he withsTands that pretended Primacy of the Bishop of Constantinople, he makes him understand that it is the business of all the Church, that such a title is contrary to the ordinances of the Gospel, to the Holy Canons of the Church, and that it is an usurpation: Nunquid ego in hac re piissime domine, propriam causam defendo? etc. Causam Vniversalis Ecclesiae ago, etc. That such a title is new in the Church; never one of my predecessors, saith he again, has been willing to consent to that title of singularity, lest other Bishops should be thereby deprived of the honour which is owing to them; and in another Epistle (d) Epist. 30. lib. 4. to the same Emperor, he doth openly declare, that if any Bishop desires to be called Universal Bishop, he is the forerunner of the Antichrist. In fine, he writes to the Bishop of Constantinople himself, he prays him, he beseeches him, he exhorts him not to consent to that title full of error, of ambition and madness, he says that it is a temptation of the Devil of which he must beware, and that to consent to receive so mischievous a title, is nothing else but to lose the Faith, and to become an Apostate from Christianity. But alas! those words full of zeal and truth were the last words of the true Roman Church; that Church ceased with Gregory the Great, and there succeeded in its place a corrupted Roman Church, whose Bishop challenged to himself that monstrous name full of Blasphemy and Apostasy, which his predecessor withstood so generously. The Emperor Mauricius was murdered by Phocas, Phocas usurped the Empire and made himself a Tyrant, and to have some prop for his tyranny, he gave Boniface III. to make him his creature, the title of Universal Bishop; and that title which the Bishop of Rome thus usurped was established by degrees, fair and softly by the Pope's cunning tricks, so that about the year 642. they began in the superscription of Letters, which were written to the Pope Theodorus, to set these words, which are related by Sygebertus in his Chronciles: To the holy Father of Fathers, and Sovereign Prelate of Prelates, etc. Against that monstrous name full of Blasphemy and Apostasy, the Churches of Greece, of Dacia, and Illyrium made opposition, and the Kingdoms of France, Spain and England were a long while afore they could abide that huge and heavy burden of the Pope's dominion, and submit themselves to that primacy and universality of the Roman Bishop. This is the story and the progress of that primacy, and it is upon that title of Universal Bishop and sovereign Prelate that the Church of Rome asserts the Pope to be infallible: that it is by his judgement that the other Bishops must be governed; and likewise on the contrary, that there is none upon earth capable of redressing what the Pope has once ordained, as it is written in one of those 27 Propositions in which consists the Dictatorship of the Pope. § 3. That the Ambition of the Pope's extends it as far as Impiety. YOU would imagine that proposition to be a Paradox, viz. That the Roman religion is grounded upon Impiety; since there is nothing more contrary to Religion than Impiety: but as much paradox as it is, it is very true for all that; or if one of the members of that Proposition is to be destroyed to hinder it from being a Paradox, we are to say that the Romish is not a Religion. As for the other member of the proposition, to wit, that it is grounded upon Impiety, nothing is more true and more easy to to be proved. The Church of Rome is all grounded upon the Authority of the Popes, now the Authority of the Pope's is injurious unto God's Majesty, it doth establish a manifest Impiety; therefore it is evident that the Religigion or the Church of Rome is grounded upon Impiety. To prove the 2d Proposition of that argument, I have nothing else to do but to show that the Pope's challenge to themselves the power of dispensing with the Gospel and the commandments of God, and after they have taken to themselves a power as mighty as that of God Almighty, they had the temerity to take also to themselves the same titles that we use to attribute only to God or to Jesus Christ our Saviour. 1. The Pope takes to himself as great an Authority as that of God Almighty. ACcording to the Maxim of Optatus (a) Lib. 3. , That there is none but God about Kings and Emperors, that he who exalts himself above those anointed of God, raises himself above all men, and makes himself equal with God: Cum super Imperatorem non sit nisi solus Deus qui fecit Imperatorem, dum se— super Imperatorem extollit, jam quasi hominum excesserat metas, & se ut deum non ut hominem aestimârat: from thence it is manifest that the Pope makes himself equal to God Almighty, since as I have showed before he raises himself above Kings and the Emperors. But he is not contented with that; he maintains he may give dispensations against that which the Apostles have ordained, even against that which is contained in the Old and New Testament: Papa dispensat contra Apostolum, Papa dispensat contra vetus Testamentum, say the Interpreters of the Pope in the Gloss upon the Chap. (b) Decretal In. 3. lib. 8. de concess. praebendis. Proposuit: and upon the Canon, (c) Causa 25. q. 1. sunt quidam] Papa dispensat in Evangelio interpretando ipsum: and Thomas Aquinas holds, (d) 2a 2 a● quest. 1. Artic. 10. that the edition of a new Crred belongs to the Authority of the Pope. According to those principles Luther was condemned, because he held, that it was not at all in the power of the Church, nor in the power of the Pope to establish new Articles of Faith, as it is to be seen in the Bull of Leo X. that gins, Exurge, which is to be found in the end of the first Council of Lateran. You may give to that Theology what name you please, but for my part, I cannot choose but think that to give dispensations against the Laws of the Apostle St. Paul, to release men from observing what is written in the Old and New Testament, may well be called more than Judaisme, more than Mahometism, must be styled Heathenism and monstrous Impiety. 2. The Pope takes upon himself the same Titles that we use to give but to God Almighty, and unto Jesus Christ our Saviour, the true Son of God. IN the Book of Decretals of Gregory the IX. (a) Titul. 7. ad caput quanto personam. , Innocent III. says, that the Pope upon the earth holds the place, not of a mere man, but of God himself; and according to that, upon one of the Gates of Rome these words are to be found: Paulo III Optimo maximo in terris Deo: To Paul III. the best and mightiest God upon the earth: after that what title can one give to God Almighty: Optimo maximo: to attribute those titles to men, who dares maintain that it is not an Impiety? And lest some should believe that it is the fault of him who built that Gate who gave to the Pope titles which the Pope does not assume, we are but to read the titles which the Pope takes to himself. Martin V sends his Ambassadors to Constantinople, and in the beginning of the instructions he gives them, concerning the business, of which he commands them to treat, these are the titles which he takes upon himself: sanctissimus & beatissimus, qui habet coeleste arbitrium, qui est dominus in terris, successor Petri, Christus domini, dominus universi, Regum pater, orbis lumen, etc. The most holy and most blessed, who has celestial Authority, who is Lordin the earth, successor of Peter, the Christ of the Lord, the Lord of the Universe, the Father of Kings, the Light of the World, etc. Truly when you hear those great Tibles, do not you believe that it is Christ himself which is spoken of: the most holy and most blessed? there is none but God who can be the most Holy and the most Blessed; who is Arbitrator of Heaven, and the Lord of Heaven and Earth. What think you? is it not God Almighty? is it not to give him a Rival and A Competitour in his mighty power, to give unto the Pope titles which belong but to the Divinity? In fine, these other titles following, the Christ of the Lord, the Lord of the Universe, Father of Kings, the light of the World etc. Can you find in all the Scripture and in the Holy Fathers, more stately and more magnificent titles, to express the Kingdom, the supreme power, the goodness and the highness of Christ our Lord? If the Pope doth attribute to himself the same titles and the same power, which are attributed only to God Almighty, is not this a good cause to say that it is a manifest Impiety? And if the Roman Church be grounded upon the power of the Pope, is there not good cause to say that it is grounded upon Impiety? Such is the Religion of Rome, it is not God Almighty who is worshipped in that Church, it is the Pope: Paulo III. Maximo optimo in terris Deo: it is not the word of God, which is received there for the word of truth, it is the word of the Pope, dispensat super Evangelium: in the Roman Church it is not Jesus Christ who is the most holy one, it is Martin, it is Alexander, Sixtus, Innocent, Clement or some other which you please, who is Bishop of Rome: Sanctissimus & Beatissimus: in the Roman Church it is not Jesus of Nazareth who is the Christ of the Lord, the Lord of the Universe, the Father of Kings, the Light of the World; it is the People Martin, Alexander, Innocent, Clement: Christus Domini, etc. And to be brief, it is not Jesus Christ, if I may dare rehearse that Blasphemy, who participates the human and the Divine nature; it is the Pope who participates those two natures, as it was proved in the Theology of the Papists about the time that Luther began to be known in the world * Erasm. in Epist. ad Timoth. , and some while after. Can ever Impiety have been raised up to an higher degree? could the Devil himself have devised any thing more profane? and do you think, that the ambition which cast him down headlong into Hell, was more criminal, and more opposed to God Almighty's Majesty, than the ambition of the Bishops of Rome? SECTION II. The Covetousness of the Popes. THE second point whereupon doth turn all the frame of the Roman Church is covetousness; 'Twas to heap up riches that Pope Boniface VIII. began to traffic with Indulgences and Forgivenesses, and to declare that the Pope's Bulls had efficacy even in Purgatory, and that they were therein exactly executed in favour of those souls for whose deliverance a sum of money was given; 'tis to heap up great Treasures that the Roman Church doth hold that the Pope, for a certain sum of money, may dispense in the degrees in which it is forbidden by the Law of God to contract Matrimony; 'tis by reason of a certain sum of money, that your sins are forgiven you how great and horrid soever they be; It is to heap up riches that the Church of Rome sells Bishoprics, Archbishoprics, Cardinalships, all kind of Dispensations, and all kind of Ecclesiastical preferments; in a word it is to heap up riches that the Pope sends his Legates into all the Kingdoms which would receive them, to preach there Croisadoes, and Jubilees, and to distribute all kind of gainful Bulls: whereupon Pope Sixtus iv was wont to say, That he should never want money, if so be that he should never want Pen and Ink to write. Do but open the Historians, and you shall find there the crafty tricks, which the Popes have used to draw huge sums of money out of the Kingdoms that have acknowledged his jurisdiction. About the year 1216 whilst England overcharged and almost oppressed groaned still under the tyranny of the Pope, the Pope sent his Legates into this kingdom; they Preached a Crosadoe against the Turks, and the Bull of the Pope granted those who would make a voew to go into the Holy land to recover the holy Sepulchre, the forgiveness of their sins, and a degree of Glory in Heaven above the rest; upon this a great multitude of Gentry sold and mortgaged their Lands and Estates for the charge of that journey; but as they were armed and furnished for their journey another Legate came that dispensed the English from their vow, and gave them the same graces and indulgences without budging from their own houses, provided they would give to the Pope as much money as was necessary to have been spent in their journey. These are the fine devices which the Pope used to draw money out of England; never a year passed but the Popes sent over into this Kingdom some new Commissions, some new pretences to raise money, in so much that the Pope called England, his garden of pleasure, and his bottomless treasure. It is by the means of Bulls, Indulgences, Forgivenesses, Dispensations and other such stuffs the Pope has used to draw from other Kingdoms as well as from England innumerable sums of money. In the time of Martin V they brought out of France to Rome 9000000 nine millions of Crowns, which are 160000 two millions two hundred fifty thousand pounds sterling; and at this time the Popes are wont to complain of France, and the Italians style it Heretic or at least Semiheretick, because the Pope has now out of that Kingdom every year but 28 Tuns of Gold: which are 1690000 five hundred sixty thousand pounds sterling; and 1000 sixteen hundred ninety thousand pounds sterling less than they had used to receive. Do but judge from thence what he has, what he had, and what he intends to have out of all the other Kingdoms which are submitted to his dominion. Conclusion of the second Part. That the Roman Church being founded upon the principles which I have rehearsed, is fallen into Corruption and Error. §. 1. Horrid Corruptions in its Manners. WHat can we expect of a Church, which is grounded upon Ambition, and Covetousness, but that it must fall into abundance of Errors, and prostitute itself to all kind of corruption? and so it is happened to the Church of Rome. Do but read the lives of the Popes, who have ruled it since its fall, you shall find there such dreadful and horrid stories, as scarcely could you find amongst Turks and Idolaters. Pope John XI. who was Bastard to Pope Sergius, governed the Roman Church about the year 931. he was a Monster, (as Baronius himself relates) yet for all that he was the chief of the Roman Church; Do but judge now what could that Church be whose head was a monster? Pope John XII. had the government of the Roman Church about the year 955. he was but 18 years old when he was made Pope; Baronius speaks of that Pope with horror and execration, and if you would know the particularities of the life of that Pope, you are but to read Luitprandus (a) Lib. 6. cap. 11. Sygebert (b) An. 963. and Antonin (c) In his Cronicl. Tom. 2. tract. 16. §. 16. , and you shall learn that that Pope was worse than a Turk or an Idolater: he took Children to make them Bishops: he conferred the Sacred Orders in a Stable; he drank to the Devils good health; his occupation all the day long was to spend the time in playing at Dice or other sorts of games, and it was in those pastimes he used to call upon the name of Jupiter and Venus; after which the death of that Pope was conformable enough to the life he had led; for whilst he was in the middle of his dissolutenesses the Devil beat him so much that he died of it; was not the Roman) Church well grounded upon the Authority of such a Pope? and is it not a thing well contrived, to say that a Pope who calls upon the name of Devils, enjoys an infallible Authority, and that a Church which is grounded upon such an Authority is unable to receive or conceive any error? We are but to read Platina, Onnphrius, and others, who are Historians of the Roman Church, to discover the wickednesses of the Popes: Pope Boniface murdered (a) Baron. an. 985. two Popes to be their Successor in the Chair of Rome; and Benedict IX. who was but ten years old when he was made Pope, by the faction of his Father, lived a monstrous life all the while he sat in the Chair of Rome, witnesses Baronius, Platina, and others. There has been a time that they have seen three Popes at a time excommucating one another; they have seen in that Chair, Pope's Murderers, Pope's Adulterers, Pope's Sorcerers, perjured persons, simoniacal, and full of all other crimes that can be imagined: and to say that such Popes are infallible, that they be governor's of the Church of Christ; truly if we speak strictly, there is not an evident Metaphysical contradiction; no more than there is an evident Metaphysical contradiction, in saying, that Jesus Christ might take even the Devils to make them the ordinary preachers of his Gospel, and the Organs of the Holy Ghost, and that he might choose Satan to make him the governor of his Church. Nevertheless though those propositions contain not a strict impossibility, yet we may say that they contain an infinite number of inconveniences and impossibilities in Morality; and men can hardly believe that God almighty should have chosen Satan among all his creatures to make him the governor of his Church. I say the same of the Popes; Men can hardly believe that God should have chosen the good friends of the Devil, those creatures, which the most moderate among the Papists, call monsters, to make them the Organs of the Holy Ghost and the Chiefs of the true Church. Judge of the members by their Chief, and inquire from those who have traveled into Italy what life lead the most part of the Cardinals and other Princes of that Church, or else read what Honorius of Authun, Sygebert and St. Bernard have written; this is for corruption of manners. §. 2. Some extremely gross errors in the doctrine of Rome. AS for the errors that are built upon those principles which I have rehearsed, I should write a great volume if I should relate them all, and show that it is upon those principles that the discovery of a Purgatory, the Doctrine of the Mass, the Corruption and Augmentation of the Sacraments of that Church, the Ignorance of the Holy Scripture, and the Invocation of Saints, which in the Roman Church is gone as far as Idolatry, are all grounded; and lest some body should believe that I charge falsely the Church of Rome, when I accuse it of Idolatry, or lest some body should believe, what the Papists use to say, that it is but the common people, that ground their hope upon the merits of the Saints, and that the learned men, who are lightened, do not fall in so gross errors; do but read the Psalter of the blessed Virgin Mary in the works of St. Bonaventure, and you shall see that this Cardinal attributes to the blessed Virgin Mary all that which is attributed to God Almighty in David's Psalms, and every where where the name of God should be, he puts in the room the name of the Blessed Virgin; pray can any thing be more impious and more wicked? Neither can you say that that error is an error of a private man, for I answer that it is a public error in that Church and the error of the Church itself, since in the book of the Mass, upon St Nicolas' day (b) Decemb. 6. the Priest who says the Mass, hath an order from the Church, whereby he is engaged, under the pain of a Mortal sin, to pray God, that, by the merits and prayers of St. Nicolas they may be delivered from the fire of Hell: ejus precibus & meritis à gehennae incendiis liberemur: a Church which makes that prayer, doth it not believe, that it is by the prayers and merits of St. Nicolas that we are delivered from Hell? and to believe that, is it not to believe an horrible Impiety? In the same book of Mass, on the day (a) The 6th of July. of St. Peter and St. Paul, all the Roman Church prays to God, that by the merits of these two Saints, all men may obtain Eternal Glovy: amborum meritis aeternitatis gloriam consequamur; then it is the error of all the Roman Church and not of a private man, to believe that it is by the merits of Saints we are to obtain eternal life. And on the day (b) The 14 July. of St. Bonaventure the Church of Rome prays God he would be pleased to absolve all men from their sins by the merits of that Saint: ejus intercedentibus meritis ab omnibus nos absolve peccatis. Now a Church which believes, that it is by the merits of Saints, that we are delivered from Hell; that it is by the merits of Saints that we obtain eternal life; that it is by the merits of Saints that our sins are forgiven, is that a Christian Church? could the Mahometans and Idolaters hold or think any thing more destructive of the merits and more opposite to the Glory of Jesus Christ? could they invent an error more contrary to the truth of Christianity? GENERAL CONCLUSION. That I was engaged to go out of the Church of Rome, whereof God Almighty made me know the errors by the degrees I have rehearsed in the two parts of this discourse. AFter I had made that examination of the principles whereupon is grounded the Authority of the Roman Church; after I had discovered the falsehood and the nullity of the reasons which she alleges to oblige the world to commit itself into her hands; after I had found, that Antiquity, Multitude and Succession are not privileges which the Church of Rome possesses above all other Churches; after I had known that if the Church of Rome should enjoy all those privileges above other Churches, yet it would not be a good consequence from thence, that it be the true Church and a Church freed from errors; after I had discovered that all the infallibility of the Roman Church was grounded only upon the Authority of the Popes, and that the greatness and Authority of the Popes was grounded but upon Ambition and Covetousness, I understood that there was no other foundation of the true Religion but the word of God, I acknowledged the truth of those Axioms of St. chrysostom (a) Homil. de Lazaro. : That the Ignorance of the Scripture procreates Heresies; and that (b) Homilia 38. sup. Joann. the Scriptures bring us to God Almighty, drive away Heresies, and keep us from falling into error: that thought imprinted itself upon my mind very strongly, and made an end of scattering away the Clouds which Truth seemed to be wrapped in: I knew manifestly that all points which are called Articles of Faith in the Roman Church, but are not grounded upon the Scripture, are indeed Articles of the Interest and of the Ambition of those who rule it, and not Articles of Faith, which are to be no other than Articles of the Word of God; I understood well that that which was taught in that Church, was the word of man, not the word of God, and that having no foundation in the Scripture, they could not be sufficient Articles, to oblige all men to believe them; moreover, in examining particularly and without preoccupation the Articles of Rome, I knew them to be contrary to the Scripture; so, whereas at that time I acknowledged nothing but the word of God for the true rule of my Faith, I concluded that all those Articles of Rome were so many errors, and that having a natural obligation to forsake error assoon as we know it, I was obliged to go out of the Roman Church, to forsake altogether and faithfully all the errors which it stands for. §. 1. The occasion of a Sermon about the Sacrament called again in my mind all the notions I had of the Errors of Rome. THus I discussed the Articles of the Belief of Rome, when the time of my obedience being finished, I left the Monastery where I was near Saumur to come again to Paris; there the F. Provincial, who had disposed of his Secretary to send him to govern one of the Monasteries of our province, spoke of making me his Secretary; but the Divine Providence ordered it another way: for the F. Provincial, seeing that the F. General had taken upon himself all the care of our Province, for the while he was to stay at Paris, thought that it should be needless to take a Secretary; that was the reason why he commanded me to go to preach at the Parish of Meudon, which is a Borough six miles out of Paris. That Place where God Almighty had begun some years before to lighten me with the light of his Truth, seemed to me the place of all the world the most pleasing and the most well liked. I preached every Sunday and every Holiday which is kept by the Church of Rome, till at last, about the time that they Celebrate the days which are called Corpus-Christi-days, being engaged to preach as I used to do; I read again what I had written afore upon the matter of the Sacrament, and I was troubled in reading what I had written: What! said I, must I abuse the people who trust to my knowledge and sincerity? I have been a long while in doubt, a long while examining; 'tis enough, while I doubted, I taught the people certain Doctrines of which I was not sure; but now that God Almighty has lightened my eyes, must I still withstand the light? be stuborn and rebellious against truth? Yet for all that, God forsook me once more, or rather I could not persuade myself, I was not constant enough to oppose myself openly to the errors of the Roman Church. Ah! I should have gone up to the Pulpit; I should have said to all that people, that certainly they lived in ignorance and Idolatry; I should have said that the Eucharist is true Bread, that Christ is in Heaven present corporally, and that he is present upon the Earth, only by Faith in the souls of the faithful who receive the Sacrament of his body and blood holily and worthily. But I should have been sure in the mean time to be stoned presently, or else if that people had dealt with me more moderately according to the forms of their laws, I should have been sure to have heard pronounced against me a severe sentence of death, at least a condemnation without mercy to be kept in a dark hole of a Prison, and there make an end of a woeful life, in the middle of the Enemies of the Faith, who would have unmercifully looked upon me with horror and execration: and thou didst not give me, O my God at that time the strength and the constancy wherewith thou hedgest and cloathest thy Martyrs. I preached again afterwards some Sermons, wherein I avoided as much as I could to speak of matter of Controversies; at last, finding myself not strong enough to make a public profession of the gospel in the middle of the Enemies of the Faith, I took a resolution to go dwell in a Country, where I should be free to profess openly the purity of the Word of God. §. 2. The difficulties I suffered and the oppositions I had to overcome. I Was to sustain for that several combats, and to overcome several difficulties: I found myself in a very honourable establishment, very convenient for a sure entertainment, for study and for the Society of learned men and persons of quality; all my superiors loved me; I was very acceptable to all my fellows; men both old and young earnestly sought to be acquainted and to converse with me; every body treated me with very much esteem and honour; I could not forbear to hear my friends saying, that the people were well edified with my Sermons; those of my Superiors who came to hear me were obsequious enough to flatter me; and though I supposed the commendations which were given to me to be ill grounded, yet I could not forbear to receive from them somewhat of vanity: Alas! said I with myself, altogether thoughtful, I shall be engaged to leave all my friends, to forsake all my kinsmen; may be I shall be reduced to such a condition that I shall have no provision nor security for the things of this present life: I shall be called a Heretic and Apostate; they will forge against me all that can be imagined of injuries and slanders; those of my friends themost zealous for the Church of Rome will believe that they do a great service to God, in cursing me with all kind of woes and curse; my own Mother will look upon me as a monster, she will curse a thousand times the day wherein she brought me forth into the world, and I shall hear from her every day that she is dying with the displeasure and the troubles she suffers upon my account. Then it was I had need to call up all my resolutions, all the attractions and the charms, which grace made me feel in my heart to counterbalance the inclination of nature, and to overcome all its powerful impressions: there was need to oppose God to the flesh and blood, grace to nature, and my salvation to all my natural satisfactions. §. 3. The reasons which I thought upon in my mind to defer my conversion. I Will not blush to confess here my weaknesses, I tottered, I sought after reasons and pretences, to stay in the profession of the Roman Church, which I knew to be the true Babylon, and I thought I had found some. It is not the will of God, said I, that a man should abandon himself evidently to be starved; we are not masters of our lives, God made us but Guardians of them, and we cannot expose ourselves to death when we please: I cannot husband the ground; I was never taught any trade to get my living; I cannot in France, after I have been a Priest, profess the purity of the Gospel, without making me guilty of a crime of high treason in that kingdom; I shall be obliged to remove from thence into a strange Country, and there dwell without Friends, without acquaintance, and without any help to live; and is not that to destroy one's self without any order of God, and tempt his Divine providence? I will live in the Church of Rome as if I was not of the Church of Rome; the Saints live in the world, as if they were not of the world; (a) 1 Cor. 7.31. they use this world as not abusing it; I will profess in the bottom of my heart the purity of the Gospel; (b) Joh. 4.24. God is a spirit, I will worship him in spirit, he will be satisfied with my good will; I will protest before him every day secretly in the bottom of my soul, that I abjure and forsake all the errors of Rome, and that I do not intent to be partaker of all the Superstitions which it is stuffed withal; I will never preach but matters of Morality, I will never speak in my Sermons either of the Transubstantiation of Christ in the Sacrament, or of the Invocation of Saints, or of worshipping Images, or of the infallibility of the Pope in making Articles of Faith, or in canonising whom he pleases, or of Indulgencies, or Purgatory; since I know manifestly that they are errors, which the Popes have devised as means to get money by, which have no foundation in the Word of God; when I shall be obliged to bend by knees in the presence of the Sacrament, I will lift up my spirit towards Heaven, to direct my worshipping to Jesus Christ the Everlasting God full of majesty, who reigns there in the midst of his Angels; at last when I shall be obliged to say the Mass, could not I rid myself of that function as of a mere ceremony by which a blinded people has used to worship God? and could not somebody imagine all the turn and walkings of the Mass not to be much more criminal before God, than David's dancing and leaping, when he danced before the Ark to honour God Almighty his Majesty? Is it my fault if the people will be deceived? and will not have their hearts opened to the Purity of the word of God? Can it be possible that God should ask of me an account of the Salvation of those men, who will stubbornly follow errors, and who are all disposed to tear me in pieces if I dare publish the truth? Am I better than I know not how many learned men, who live in France, who know weary well the errors of Rome, who notwithstanding continue in the communion of that Church? Am I better than a great many Doctors of Sorbon, who are persuaded that the Church of Rome is fallen into a multitude of Errors and Corruptions, even as many of them have often declared to their friends? Am I better than several Bishops and Archbishops of France, who suppose themselves equal in every thing to the Bishop of Rome, who do not repute his decrees to be of an infallible determination? In fine, am I better than all those Gentlemen, who compose that famous Society of Jansenists, who are almost all the most learned writers, the rarest men and most witty in all that kingdom? Am I better, said I, than all those excellent men, who are accounted even among the Papists as if they were persuaded of all the truths of the Protestant Church, whom the Papists themselves accuse as if they intended to establish the purity of the Gospel, to abolish those pretended Sacraments newly found out by the Church of Rome, who are looked upon as if they intended to introduce into that kingdom, prayers in a vulgar tongue, overthrow the Superstitions of the Mass, and destroy the obligation of the secret confession unto a Priest? For those Gentlemen, for all that they know evidently the errors of Rome, do not forbear to say the Mass, to preach, to write Books even in the matter of the Eucharist for the very doctrine of Rome, to administer the Sacraments after the form of that Church, and more than that, they Dedicate their Books to the Pope himself to dazzle the people, and to make as if they would have acknowledged his jurisdiction, and his Authority. If so be that all those excellent and learned men do dissemble, may not I dissemble withy them? If they do deceive the people, may not I deceive them also? and perform but outwardly all the functions they expect of me? §. 4. God makes me understand, how great sin it is to withstand the Holy Ghost, an●●●●so makes an end of my conversion, and brings me out of the Communion of Rome. THese thoughts brought me into such a condition, that I was very near staying still in the Roman Church; the mind which one may have to live in quietness and security in the middle of his friends and kinsmen, among a people of whom he is almost worshipped, was a mighty prejudice which hindered me from discovering the error and falsehood of all those considerations. But at last the grace of God did perform its uttermost endeavour to take me out; I understood that God is Truth, and that lying and dissimulation have no other Father than the Devil. What! shall I spend all my life in seducing the people, in persuading them what I do not believe myself? Alas! those good people will think that I speak from my heart, that I preach the will of God, that I declare to them his heavenly orders, and I all the while should be but the instrument of the Devil? those, who have no convenient time, nor opportunity to instruct themselves in the Holy Writings, because they are treasures which the Pope has hidden from them, will come to me to take advice upon their doubts. I shall perceive sometimes in those innocent souls the rays of Grace, which is pleased to work sometimes mightily in the simplest Consciences, as the Sun on the untilled lands, shall I then withstand the Spirit of God? deceive the ignorant with a lie coloured with several Sophisms to suffocate springing truths which Grace would have produced? shall I say that God doth speak this when God doth not speak it? and should not I be the most wicked in the world to abuse thus and deceive men, who should come to me with so much of innocency and sincerity? The examples of all those learned men whom I proposed to myself just now, signifies nothing to answer at the great tribunal of God's severe Justice: their sins will not be an excuse for me. I thought then I heard all the maledictions (a) Jerem. 14.15. Ezech. 23.6. which God has pronounced against the false Prophets who seduced his people. And what doth a Priest who says the Mass in the Roman Church, and who is fully persuaded of the truth of the word of God? doth he not cause the people to believe that there is no bread in the Sacrament? that the bread is Transubstantiated into the body and blood of Christ? is not such a Priest guilty before God of all the Idolatries of the people and of all their errors, & c? Those last hindrances being overthrown, after Grace had overcome the shifts which my natural inclinations had before devised, I took the resolution to forsake entirely the Church of Rome, and to retire into some country where I might freely and publicly make profession of the purity of the Gospel. I did very well foresee, that I was to bid an everlasting farewell to all the satisfactions of this world, to take my leave of all the delights and recreations of the earth, and wait for nothing but crosses, troubles, sorrows and all kind of persecution from the Enemies of the Gospel: I did foresee that I undertook the greatest and most important business of all my life; but the hope of my eternal Salvation quickened me, and the inward comfort I felt in following the light of the Spirit of God made me undergo all kinds of troubles and difficulties. Thus I went out of the Church of Rome: these are the means wherewith God Almighty has been pleased to work my conversion: such has been the goodness of God towards me, this is the fullness of his abundant mercies; not only he made me understand my errors, lightened my mind with the marvellous light of his Holy Word; but furthermore he drew me out of those errors by the Almighty strength of his arm; and brought me into a land full of light and truth, a Church which is Jesus Christ's peculiar kingdom, where we disown, detest and abhor those impious and pernicious errors of the Church of Rome, those doctrines which are destructive of true Christianity. The God of all mercies keep us in this Holy faith, and call home such as are wilfully or ignorantly gone astray, and give them grace to receive the love of the truth, that the number of those, whom he has chosen from the beginning, may increase more and more to the Honour and Glory of his most Holy Name. Amen. FINIS.