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AUCÂSSIN ET NICOLETTE *» TEXTE CRITIQUE ACCOMPAGNÉ DE PARADIGMES ET D’UN LEXIGIIR PAR HERMANN SUCRIER 4 HUITIÈME ÉDITION AVEC UNE TABLE CONTENANT LA NOTATION MUSICALE REPRINT 1923 G. E. STECHERT & CO. NEW YORK TQ 14-Z- . A & 5 ? * • * * 4 iA ? # < ‘ y *' ‘ « v< -e « > * • • Table de matières. Préface. Texte accompagné de notes critiques Interprétations des abréviations . . Notes. Dialecte . Paradigmes. Lexique . .. Noms propres. Voyelles toniques à l’assonance . . Notation musicale moderne . . . . p. V p. 3 p. 43 p. 47 p. 65 p. 87 p. 107 p. 135 p. 136 p. 137 Préface. nouvelle d’Aucassin et Nicolette est une œuvre unique dans la littérature du moyen âge. Ce qui en fait le charme incomparable, c’est la peinture des deux caractères principaux, du jeune héros brave et altier qu’anime une passion ardente, et de sa gracieuse amie qui dans l’action sait se montrer si énergique et si avisée. L’auteur a tracé ces caractères avec une netteté et une précision vraiment artistiques, et il révèle un rare talent d’observation par plus d’un trait charmant, qui surprend d’abord, et qui pour¬ tant reste éternellement vrai dans sa saisissante justesse. Il a le sentiment de son art; on le voit au soin qu’il prend de ne peindre Nicolette que quand elle figure sur la scène: il ne décrit que sa tête tant qu’elle ne fait que se mettre à la fenêtre (5, 7); il la dépeint tout entière quand, s’é- chappaht de la prison, elle s’enfuit à travers le jardin (12, 19). On voit combien il est maître du sujet qu’il traite, quand il plaisante aimablement son héros (24, 2); quand il lui fait dire, avec une ingénuité ravissante, de quelle façon il se figure le ciel et l’enfer, brodant sur les de¬ scriptions des prêtres (6, 26) ; encore, quand il lui fait dire, avec une fine ironie, qu’en enfer vont les belles dames cour¬ toises qui ont eu, outre leur époux, deux ou trois amants, comme si un seul amant était inévitable et ne pouvait donc pas être une cause d’exclusion du ciel; quand il lui fait attribuer à Nicolette une puissance miraculeuse, telle que les saints eux-mêmes ne l’ont généralement exercée qu’après leur mort. En tout cela il révèle une hauteur d’esprit rare pour l’époque. VI Si ce poète était jongleur, comme Gaston Paris l’a sup¬ posé, il n'a pourtant pas manqué d'une certaine culture littéraire. Si son surnom était le viel Antif (cp. la note sur 1, 2), il l'aura reçu sans doute comme récitateur de la chanson de Roland , où le cheval du héros s'appelait de ce nom, et en même temps par allusion à son propre âge avancé. Pour l'invention du sujet, il a eu présent à l'esprit le contenu de Floire et Blancheflor. Il est possible même que, pareil aux minnesingers Henri de Morungen et Walther, il ait lu des poètes latins. L'ouvrage présente bien peu de traces d’imitation des chansons de geste; l'auteur semble plutôt en avoir évité les réminiscences. Dans une note (sur 24, 14 s.) je ren¬ voie à un passage d’Yvain (288 s.) qu’il semble avoir imité. Si l'on compare notre conteur avec Thomas, l’auteur de Tristan, on voit que tous deux ont su peindre l’amour comme une force toute-puissante, et pour ainsi dire comme l’axe du monde. En finesse d'observation, en connaissance du cœur humain, les deux auteurs s'égalent. Mais tandis que chez Thomas la passion pleinement épanouié subjugue deux êtres dans la force de l'âge et en fait fatalement les jouets de sa funeste puissance, dans Aucassin elle nous apparaît dans la délicatesse de sa première éclosion, s'emparant de deux amoureux qui sortent seulement de l’enfance. La forme de la nouvelle — l’auteur l’appelle cante- fable — est unique en son genre en France: des morceaux en vers alternant avec des morceaux en prose. Le mor¬ ceau en vers est toujours une strophe monorime, composée de vers de sept syllabes et fermée par un vers féminin de quatre syllabes. Les vers d'une laisse sont unis par l’assonance (c’est-à-dire par l'identité de la dernière voyelle tonique), à l’exception des vers de quatre syllabes, qui assonent entre eux (note sur 1, 15). L’unique manuscrit (Pa~is, Bibl. nat., fr. 2168) a été écrit en Artois dans la seconde moitié du XIII e siècle. VII Toutefois les formes phonétiques employées par Pauteur indiquent une région située plus au Nord, et probablement le Hainaut. L’œuvre pourrait avoir été composée vers le commencement du XIII e siècle. Je renvoie aux notes des pages 83 et 84. J’espère pouvoir plus tard publier une bibliographie des ouvrages concernant A. et N. Pour le moment je me borne à faire le relevé des éditions, des traductions et des imitations, et je renvoie du reste au travail de Hugo Brunner, Über Aucassin und Nicolette, Halle 1880, à Jos. Zettl, Aucassin und Nicolette in Deutschland , Eger 1911 (voir l’article de Wolfram Suchier dans la Zeitschrift fur franz. Sprache XXXIX. II p. 7—14), à la bibliographie donnée dans la 2 e édition de M. Bourdillon et aux articles mentionnés dans mes notes. A. Éditions dont le texte d’ Aucassin a été l’objet: Paris 1808 par Méon. Paris [1826, suivant Quérard] par Malo. Paris 1827 chez Renouard t. III app. p. 9—25. Suivant Du Méril, Floire et Blanceflor p. CXCIII, cette édition serait due à Francisque Michel [né en 1809!J. Berlin 1842 par Ideler. Ces trois éditions reproduisent le texte de Méon. Paris 1856 par Moland et d’Héricault. Paris 1866 par Delvau (reproduit le texte de Moland). Paris 1878 par G. Paris (l’introduction se trouve reproduite dans Poèmes et légendes du moyen âge , 1900). Paderborn 1878, 1881, 1889, 1899, 1903, 1906, 1909 par Suchier. Londres 1887, 1897, 1903 par M. Francis William Bourdillon. Oxford 1896 éd. facsimile de M. Bourdillon. Leipzig (1912) par M. Georges A. Tournoux. B. Traductions. J’omets comme privately printed une traduction anglaise imprimée à Glasgow en 1887 avec le texte de ma deuxième édition. 1752 Paris, en français par Sainte-Palaye, réimpr. 1756, 1760, 1898 (par R. de Gourmont; l’édition décrite dans le Literaturblatt fur Germ. und Rom. Fhil. f 1902 col. 52, n’existe pas). VIII 1833 Leipzig, en allemand, avec quelques omissions, par O. L. B. Wolff, réimpr. 1841. 1859 Paris, en français par Del vau, réimpr. 1866, 1869. 1865 Vienne, en allemand par Wilhelm Hertz, réimpr. 1886,1900,1905, 1912. 1878 Paris, en français par Bida. 1880 New York, en anglais par Macdonough (d’après Bida). 1887 Stockholm, en suédois par Hugo von Feilitzen. 1887 Londres, en anglais par M. F. W. Bourdillon, réimpr. en 1897, en 1903, et en 1911; aussi en décembre 1908 (mais s. d.) avec des illu¬ strations de Katharine Cameron. 1887 Londres, en anglais par M. Andrew Lang, réimpr. 1896, 1898, 1904 ; en 1905 avec douze photogravures d’après des dessins de Gilbert James. Une autre édition a été publié* à New Rochelle (New York) en 1902. Une éd. non autorisée en avait paru à Portland, Maine, en 1896 et en 1905. 1891 Leipzig, en allemand par M. Fritz Gundlach. 1893 Copenhague, en danois par M. Sophus Michaëlis. 1896 Leipzig, en allemand par M. Edmund von Sallwürk. 1896 Boston, en anglais par M. M. S. Henry et versifié par M. Edward W. Thomson, réimpr. Edimbourg 1902. 1898 Bruxelles, en français par M. Arthur Bovy. 1901 Paris, en français par M. Gustave Michaut, réimpr. 1905, 1912. 1902 Londres, en anglais par M. Lawrence Housman, illustré par Paul Woodroffe. 1903 Halle, en allemand par M. Paul Schàfenacker. 1905 Dresde, en allemand par M. Richard Zoozmann. [1905] Londres, en anglais par M. M. S, Henry, 1911 in 12° et in 16°. 1906 Parme, en italien par M. Antonio Boselli. 1909 Leipzig, en allemand dans Altfranzôsische Novellen. Ausgewàhlt von Paul Ernst. Übertragen von Paul Hansmann. Tome I, p. 144—211, 1909 Prague, en tchèque par M. Adolf Holk. 1910 Londres, en anglais, Aucassin and Nicolette par Eugene Mason, with coloured illustrations by Maxwell Armfield. 1910 Londres, en anglais, Aucassin and Nicolette and other mediæval romances and legends with an introduction by Eugene Mason. 1911 Leipzig, en allemand par M. F. v. Oppeln-Bronikowski. 1911 Londres, en anglais par Harold Child et illustré par A. Anderson, in -4°. 1912 Leipzig, Die Geschichte von Aucasin und Nicolete. Im Insel-Verlag zu Leipzig. Insel-Bücherei Nr. 14. Les jolis vers de M. Bourdillon à l’adresse de Nicolette furent publiés d’abord dans YAthenœum du 5 octobre 1889 p. 454, et ensuite dans son édition de 1897. On 'lit deux sortes de madrigaux par C. R. S. dans YAcademy du 4 août 1906 p. loi. IX C. Imitations sous forme narrative. On peut conclure, de la note sur 6, 26, à certaines influences litté¬ raires exercées par Aucassin. Une œuvre où l’on trouve quelques scènes rappelant celles d’Aucassin est le roman de Paris et Vienne, voir Kalten- bacher, Der Altfranzôsische Roman Paris et Vienne, Erlangen 1904, cp. p. 48. 1. Florent et Clarisse, en laisses de décasyllabes. Cette plate imi¬ tation a été composée au XIII e siècle par un continuateur de Huon de Bordeaux, qui habitait non loin du pays d’origine de l’auteur d’Aucassin. Le texte a été publié par Max Schweigel, dans les Ausgaben und Ab- handlungen de Stengel, fasc. 83, Marbourg 1888. Les deux récits concordent plus ou moins jusqu’au v. 5271 = Auc. 34, 7. Rédigée en prose, cette histoire a été imprimée jusqu’au XVIII e siècle comme partie du livre po¬ pulaire de Huon de Bordeaux. 2. Ismir et Etoilette, en prose, par M Ile de Lubert, inséré dans le roman de la comtesse de M... [Castelnau de Murat, née de La Force, morte en 1716] Les lutins du château de Kernosy. On en cite une édition de Leyde, 1753 in -12. La nouvelle se trouve, aussi dans les Voyages imagi¬ naires, tome 35, Amsterdam et Paris 1789 (réimpr. 1793). 3. Analyse en prose d 'A. et N. par Legrand d’Aussy, Fabliaux ou contes, éd. de 1779, t. II, p. 180—209; éd. de 1781, t. III, p. 30-61; éd. de 1827, t. III, p. 341—373. Cet ouvrage a été traduit en allemand et en anglais. 4. Autre analyse se basant sur Sainte-Palaye, dans la Bibliothèque universelle des romans, octobre 1784, premier volume p. 82—132. 5. Nouvelle en vers faite d’après Legrand dans Fabliaux choisis; mis en vers , et suivis de VHistoire de Rosemonde, par M..... [L. Mathey de Marsilian], Amsterdam et Paris 1785, p. 1—39. 6. Analyse en prose allemande, entremêlée de vers, par Gerhard Anton v. Halem, se fondant sur les Fabliaux de Legrand, paru dans le journal Deutsches Muséum, Juin 1787, p. 489—504. Réimpr. dans: v. Halem, Poesie u. Prosa, Hambourg 1789, p. 158—178; v. Halem, Kleine prosaische Schriften, t. I Erzàhlungen, Münster 1803 p. 28—62; O. L. B. Wolff, Enzyklopàdie der deutschen Nationalliteratur, t. III, Leipzig 1838, 4° p. 355—358. 7. Autre nouvelle en vers, venant de la même source, dans Choix de Fabliaux mis en vers par Imbert, Paris 1795, t. Il, p. 131—157. 8. Nouvelle en vers héroïques anglais dans Fabliaux or Taies ab- ridged from French manuscripts by M. Le Grand, selected and trans- lated into English verse [par G. L. Way] I, Londres 1796, p. 1—35, réimpr. 1815. 9. Nouvelle en prose allemande dans le Novellenbuch d’Éd. von Bülow, 3 e nouvelle du t. III, p. 30—59, Leipzig 1836. X 10. Récit en prose française par Jean Moréas, publié dans la Revue indépendante. Je n’en connais que la traduction provençale publiée par Marius André dans YAibli du 7 mars 1893. 11. Résumé en vers provençaux par Fr. Mistral, dans Le Poème du Rhône. Paris 1897, chant X, chap. 88. Le même poète avait consacré à Nicolette une strophe de sa chanson Tremount de luno, publié dans YAibli du 27 juillet 1891. 12. Je dois à M. Adolf Holk la notice suivante: Le poète Julius Zeyer (1841—1901) a publié une imitation en langue tchèque, d’abord, en 1887, dans la revue Lumir (XV, n° 15 ss.) sous le titre d’Un roman d’amour en Provence. Ensuite elle a été réim¬ primée trois fois dans la II e partie du recueil Extraits des Annales de Vamour, en 1889, 1904, 1906. Enfin Madame Ottilie Malybrok-Stieler [= Kleinschrod] en a publié une traduction allemande sous le titre d ’Au- cassin und Nicoletta dans Zeyer, Aus den Annalen der Liebe. Zwei Erzàhlunqen in episcker Form. Aus dem Bôhmischen übertraaen, Berlin s. d. [1899]. 13. Nouvelle allemande, en prose, par M. L. Orbing [Pseud., = Norbert Falk] dans Meisterbuch der ErzâMungen, Berlin [1906] p. 229— 242 1908. D. Imitations sous forme dramatique. 14. A. et N. ou les Mœurs du bon vieux temps, comédie en 3 actes par Sedaine, jouée à Versailles le 30 déc. 1779, imprimée en 1782 (réimpr. en 1813). Musique par Grétry. La première édition, imprimée à Paris en 1780 sous le titre des Amours du bon vieux temps, avait quatre actes. (Quérard, La France litt. IX p. 10). 15. Marcassin et Tourlourette, parodie en trois actes, représentée et imprimée en 1780. 16. Opéra allemand par le baron Joh. Nep. von Poissl, joué deux fois au Théâtre de la Cour à Munich en 1813, à la première fois le 28 mai (d’après la Chronik des k. Hof- und Nationaltheaters de Franz Grandaur, Munich 1878, p. 82), te texte par F. K. Hiemer. 17. J. F. Koreff, médecin à Berlin, A. u. N. oder die Liebe aus der guten àlten Zeit, romantische Oper, dans le Berlinischer Taschen- kalender, année 1820 et année 1821, et, en édition séparée, Berlin 1822; joué sous forme d’opéra à Berlin le 26 février 1822. La musique par G. A. Schneider se trouve, en manuscrit, à la Bibl. royale, Mus. Ms. 20076. C’est à cette représentation que se rapporte le sonnet de H. Heine du 27 février 1822, journal der Zuschauer 14 mars 1822 n° 32 dans le Buch der Lieder (v. l’édition d’Ernst Elster, Heilbronn 1887, p. 238). La partiture de la musique est conservée dans les Archives de To¬ pera [suivant Godeke, GrundrW 2. Aufl. VIH. 1, 1905, S. 551. Chiffre J.] XI 18. Treue um Treue, Schauspiel in fünf Akten du comte Platen, joué le 18 juin 1825 à Erlangen, imprimé en 1828. Voir Karl Heinze, Platens romantische Komodien , Marbourg 1897, p. 42—50. 19. Léon Riffard, A. et N., chantefable en trois actes et trois tableaux, Meulan 1891 (et encore en 1893 sous le titre: Pièces et morceaux ). A. et N. jouent aussi un rôle dans l’ouvrage du même auteur: Au temps des cours d'amour, fantame en cinq tableaux ou actes, Meulan 1893. 20. Sophus Michaëlis, A. og. N., lyrisk opéra, Copenhague [1896], 2 e éd. 1896; musique par Aug. Enna; joué au théâtre royal de Copenhague le 3 février 1896. Texte traduit en allemand par E. von Enzberg, Leipzig 1896. 21. M. Otto Fischer, à Berlin, a écrit une comédie A. u. N., qu’à ma demande il a bien voulu me soumettre en manuscrit. A l’heure qu’il est, elle est inédite, et elle n’a pas encore été mise à la scène. J’en avais trouvé la mention dans une notice de la Saalezeitung de Halle, du 19 octobre 1904. 22. M. Max Marschalk, à Berlin, a composé une opérette romantique (ein romantisches Liederspiel) A. u. N. en deux actes et six tableaux, Berlin 1906; elle a été représentée au Théâtre de la Cour à Stuttgart le 27 octobre 1907. 23. par M. Gailly de Taurines (Paris 1910), musique de Loen. Re¬ présenté à Paris au Théâtre des Arts en mars 1910. Pour finir, une remarque pro domo. Dans la 3 e et la 4 e édition, j’avais appliqué toute mon attention à l’examen du texte, mais je n’avais guère fait de change¬ ments à la grammaire, même aux passages où je crois moi- même avoir éclairé la grammaire historique du français. Cette fois, j’ai effectué ces corrections. J’entends ici sur¬ tout le traitement du c et du t latin assibilé, suivant la définition que j’ai été Le premier à en donner dans le Grundrift de Grober, I, première édition, p. 580, et qui, si je ne me trompe, est aujourd’hui généralement admise. La 6e édition, qui mérite encore l’épithète de 'partiel¬ lement refondue’, a surtout profité des remarques publiées par M. Wend. Fôrster dans la Zeitschr. f. Rom. Phil. XXVIII 492—512 et auxquelles j’ai répondu ibidem XXX. 513 —521 En outre, j’ai complété la bibliographie de la préface pré¬ cédente. Pour quelques autres publications récentes je renvoie au Bulletin d’hist. ling. et litt. française des Pays - Bas, années 1902—1903, p. 84— 96. XII La 7 e édition n’a, pour le texte, presque pas subi de changements. Le point et virgule 36, 10 est dû à Cornu. Walther Suchier m’a suggéré quelques améliorations dans les commentaires qui suivent le texte, comme déjà dans l’édition précédente. C’est, p. e., son conseil que j’ai suivi en indiquant toujours, dans les paradigmes et dans le lexique, la prononciation des voyelles toniques. Quelques corrections du glossaire sont dues à M. Ant. Thomas (Romania 1907 p. 147—148). J’ai ajouté une table contenant les notes musicales avec la transcription en notation moderne, à laquelle m’ont assisté deux collègues de l’université de Halle, M. Hermann Abert et M. Franz Saran. M. Bourdillon a bien voulu permettre de reproduire ces deux passages d’après son édition facsimile (dans laquelle le texte du manuscrit est un peu réduit). Pour la 8 e édition nous avons tenu compte des tra¬ vaux publiés dans cçs dernières années sur Aucassin et Nicolette, particulièrement le compte-rendu de M. Morf dans VArchiv fur das Studium der neueren Sprachen CXX. p. 249—250 (1908); l’article de M. Piccoli, L’assonanza dei vers orphelins in Aucassin et Nicolette, dans la Zeit¬ schrift fur Romanische Philologie . XXXII. p. 600—603 (1908); les Remarques de M. Acher sur le texte d 1 Aucassin et Nicolete, dans la Zeitschrift XXXIV p. 369—373 (.1910); M. Meyer-Lübke, p. 513—522, voir M. Aschner p. 741 — 743; M. Blondheim, A parallel to Aucassin et Nicolette VI, 26, dans Modem Language Notes, March 1909 p. 73—74; M. Br andin, Aucassin et Nicolete XXI, 5—8, dans Modem Language Review, tome VI, janvier 1911 p. 100—102; M. Oliver Martin Johnston, Origin of the legend of Floire and Blancheflor, dans Matzke Memorial Volume Stanford 1911 p. 125—138; M. Crescini, Per Vesordio délia canta- favola su Alcassino e Nicoletta; dans Studii pubhlicati in onore di Francesco Torraca, 7 p., 1911. «La deuxième phrase musicale d’Aucassin se re¬ trouve, note, pour note dans un lai anonyme, le Lai des XIII Amants (Musique), transposée d’une quarte.« Jean Beck, La Musique des Chansons de geste, dans VAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres, comptes rendus des séances de Vannée 1911, p. 43. Mon fils Wolfram m’a prêté son concours pour l’éta¬ blissement de cette bibliographie. Comme pour les éditione antérieures, la traduction en français est due à M. Albert Counson, Professeur à l’Université de Gand. Hermann Suchier. Aucassin et Nicolette. Er welte ûz allen èine und diente der vil manegen tac. Aucassin et Nicolette, 8® éd. I Manuscrit: Paris B. N. fr. 2168, anc. 7989 s . Pour chaque correction nous indiquons à qui elle est due (sauf quand elle est de Véditeur). M. signifie Méon (qui néglige toujours. là où il corrige, d’indiquer la leçon du manuscrit), Fabliaux et contes I 380; 0. signifie Konrad von Orelli (Altfranz. Gramrnatik, 2e éd. 1848, p. 421); N. les éditeurs des Nouvelles françoises en prose du XIII e siècle, p. 231; B. Karl Bartsch, Chrestomathie de l’ancien français 1866 col. 255 (cp. la 10 e éd., 191(7, p. 191, pièce 56); P. Gaston Paris, Romania VIII. 284 et XXIX 287: T. Ad. Tobler, Zeitschr. f. Rom. Phil. II624; F. Wend. Fôrster, même recueil, XXVIII 492. L’accent n’est employé que pour indiquer que la voyelle sur laquelle il est placé est tonique; nous ne l’employons pas pour indiquer le timbre de la voyelle, comme on le voit souvent dans des éditions d’anciens textes français. C’est pourquoi nous n’avons employé que l’accent aigu, et non l’accent grave. Le signe d’accentuation (é) n’est indiqué que pour -e ou -es final dans des mots polysyllabiques; lorsque e, dans cette position, n’a pas d’accent, il est atone. La finale -ent est atone comme terminaison de la 3« p. du pl. des verbes; dans les autres cas elle est tonique. c avec accent (c) se prononce à peu près comme le ch anglais; c avec cédille ne se trouve qu’immédiatement après s (sç) et se prononce comme s dur; c sans signe distinctif a la prononciation k. g arec accent (g) se prononce comme le j en vieux français; g sans signe distinctif a la prononciation du g de gant, gn (ign) repré¬ sente l’n mouillée sauf dans régné (prononcé soit reg,né soit rêné). Les chiffres placés à droite du texte se rapportent aux pages de Védition parue dans les Nouvelles françoises en prose dü XIII e siècle. Ün trait vertical dans les leçons (|) indique une fin de ligne dans le manuscrit. [f. 70\J (/est d’Aucasin et de Nicolete. 1. Qui vauroit bons vers oïr del déport, du duel caitif de deus biax enfans petis, Nicholete et Aucassins, 5 des grans paines qu’il soufri et des proueces qu’il fist por s’amie o le cler vis? Dox est li cans, biax li dis et cortois et bien asis; 10 nus hom n’est si esbahis, tant dolans ni entrepris, de grant mal amaladis, së il l’oit, ne soit garis et de joie resbaudis, 15 tant par est rices. 1, 2 du uiel antif — 3 petis paraît être une correction de petes — 8 corr. d’O.} biax est H d. — 11 le premier t est une correction de d — 15 rices] douce 1* 4 2 . Or diënt et content et fablent. 233 Li quens Bougars de Valence faisoit guere au conte Garin de Biaucaire si grande et si mervelleuse et si mortel, qu’il ne fust uns seux jors ajornés qu’il ne fust as portes et as murs et as bares de le vile a cent cevaliers 5 [f. 70 e ] et a dis mile sergens a pie et a ceval; si li argôit sa terre et gastoit son païs et ocioit ses homes. Li quens Garins de Biaucaire estoit vix et frailes si avoit son tans trespassé. Il n’avoit nul oir, ne fil ne fille, fors un seul vallet. Cil estoit tex con je vos dirai. Auca- lOsinB avoit a non li | damoisiax; biax estoit et gens etgrans234 et bien tailliés de ganbes et de pies et de cors et de bras. Il avoit les caviax blons et menus recercelés et les ex vairs et rians et le face clere et traitice et le nés haut et bien assis, et si estoit enteciés de bones teces, qu’en 15 lui n’en avoit nules mauvaises, se bones non. Mais si estoit soupris d’amor qui tout vaint, qu’il ne voloit estre cevaliers ne les armes prendre n’aler au tornoi ne faire point de quanquë il deüst. Ses pere et se mere li disoient : Fix, car pren tes armes si monte el ceval si deffent 20 te terre et aïe tes homes. S’il te voient entr’ex, si defen- deront il mix lor cors et lor avoirs et te tere et le miue. Pere, fait Aucassins, qu’en parlés vos ore? Ja dix ne me doinst riens que je li demant, quant ere cevaliers ne montés a | ceval, ne que voise a estor në a bataille, la u je 235 25 fiere cevalier ni autres mi, se vos ne me donés Nicholete me douce amie que je tant aim. Fix, fait li peres, ce [f. 70'] ne poroit estre. Nico- lete laise ester; que cë est une caitive qui fu amenee d’estrange terre, si l’acata li visquens de ceste vile as 2, 1 Li Walther Suchier) que li — 3 le premier ne] na — 7 fraies — 11 i de biê est une correction de e — 15 Walther Suchier ] nule mau- uaise se bone non — 16 ceualers — 17 fare — 22 Pere est , dans le manuscrit, le commencement d’un nouvel alinéa, alors que partout ailleurs la division en alinéas correspond à l’alternance de la prose et des vers — 24 montés Morf] monte 5 30Sarasins si Pamena en éeste vile, si Pa levee et bautisie et faite sa fillole, si li donra un de ces jors un baceler qui du pain li gaaignera par honor. De ce n’as tu que faire, et se tu fenme vix avoir, je te donrai le file a un roi u a un conte. Il n’a si rice home en France, se tu vix sa 35 fille avoir que tu ne Paies. Avoi, peres, fait Aucassins, ou est ore si haute honeurs en terre, se Nicolete, ma tresdouce amie, l’avoit qu’oie ne fust bien enploiie en li ? S’ele estoit enpereris de Colstentinoble u d’Alemaigne u roïne de France u 236 40 d’Engletere, si aroit il assés peu en li, tant est france et cortoise et de bon aire et entecie de toutes bones teces. 3. Or se eante . Aucassins fu de Biaucaire, d’un castel de bel repaire. De Nicole le bien faite nus hom ne l’en puet retraire, 5 que ses peres ne li laisse. Et sa mere le manace: 'Di va faus! Que vex tu faire! Nicolete est cointe et gaie, jetee fu de Cartage, îOacatee fu d’un Saisne. Puis qu’a moullier te vix traire, 237 [f. 7l a ] pren feme de haut parage V 'Mere, je n’en puis el faire. Nicolete est de boin aire; 15 ses gens cors et ses viaires, sa biautés le cuer m’esclaire. Bien est drois que s’amor aie; que trop est fine.’ 2, 37 honers — 40 asses b peu 3, 4 nuis — 8 Nicolete — 11 mouilliér O.] moullie — 12 prem feme {réclame: pren femme) — 14 Nie’ — 15 son viaire — 16 melcraire — 18 fine} doue 4, Or client et content et fablent. Quant li quens Garins de Biaucaire vit qu’il ne poroit Aucassin son fil retraire des amors Nicolete, il traist au visoonte de le vile, qui ses hon estoit, si Papela. Sire visquens, car ostés Nicolete, vostre filole. Que la 5 tere soit maleoite, dont ele fu amenee en cest païs î Car 238 par li pert jou Aucassin ; qu’il ne veut estre cevaliers ne faire point de quanque faire doie. Et saciés bien que, se je le puis avoir, que je l’arderai en un fu, et vous meïsmes pores avoir de vos tote peor. 10 Sire, fait li visquens, ce poise moi qu’il i va ne qu’il i vient ne qu’il i parole. Je l’avoie acatee de mes deniers si l’avoie levee et bautisie et faite ma filole, si li donasse un de ces jors un baceler qui du pain li gaegnast par honor. De ce n’eüst Aucassins vos fix que faire. Mais* l5*puis que vostre volentés est et vos bons, je M’envoierai en tel tere et en tel païs, que ja mais ne le verra de ses ex. Or gardés vous! fait li quens Garins. Grarns maus239 vos en porroit venir. [f. 71 b ] Il se départent. Et li visquens estoit 20 moût rices hom Si avoit un rice palais par devers un gardin. En une canbre la fist métré Nicolete en un haut estage et une vielle aveuc li por conpagnie et por soïsté tenir, et s’i fist métré pain et car et vin et quanque mestiers lor fu. Puis si fist l’uis seeler, c’on n’i peüst de 25 nule part entrer në isçir, fors tant qu’il i avoit une fenestre par devers le gardin assés petite, dont il lor vènoit un peu d’essor. 4, 1 Biaucare — 4 visquens P.] quens — 8 p. z (c.-d-rf. et) auoir — 11 n ^ ne par correction d'une autre lettre — 13 un de ces jors P.] manque, cp. 2, 31. 6, 17 — 24 s de seeler corr. de c 7 5 . Or se carde. Nicole est en prison mise, en une canbre vautie ki faite est par grant dévissé, painturee a mirabile. 5 A la fenestre marbrine la s’apoia la mescine. Ele avoit blonde la crigne et bien faite la sorcille, la face clere et traitice. 10 Aine p*lus bele ne veïstes! Esgarda par le gaudine et vit la rose espanie et les oisiax qui se crient; dont se clama orphenine. i5 c Ai mi! lasse! moi caitive! Por coi sui en prison misse? Aucassins, damoisiax, sire! Ja sui jou li vostre amie, et vos ne me haés mie! 20 Por vos sui en prison misse, en çeste canbre vautie [f. 71°] u je trai molt male vie. Mais, par diu le fil Marie! longerment ne serai prise, 25 se jel puis mie.’ 6 . Or diënt et content et fahlent. Nicolete fu en prison, si que vous avés oï et entendu, en le canbre. Li cris et le noise ala par tote le terre et par tôt le païs, que Nicolete estoit perdue. Li auquant 5 , 4 panturee a miramie — 13 oisax — 22 mol’t — 24 ms. Lon- gement l ni serai mie — 25 mie] far 6, 1 Nicolete] Aie’ (erreur du rubricateur) 8 diënt qu’ele est fuie fors de la terre, et li auquant diënf 5 que li quens Garins de Biaucaire Ta faite mordrir. Qui qu’en eüst joie, Aucassins n’en fu mie liés, ains traist au visconte de la vile si l’apela. Sire visquens, c’avés vos fait de Nicolete, ma très- 242 douce amie, le riens en tôt le mont que je plus amoie? loAvés le me vos tolue në enblee? Saciés bien que, se jë en muir, faide vous en sera demandée, et ce sera bien drois. Que vos m’arés ocis â vos deus mains, car vos m’a vés tolu la riens en cest mont que je plus amoie. Biax sire, fait li visquens, car laisçiés ester. Nicolete 15 est une caitive que j’amenai d’estrange tere si l’acatai de mon avoir as Sarasins, si l’ai levee et bautisie et faite ma fillole si l’ai nourie, si li donasçe un de ces jors un baceler qui del pain li gaegnast par honor. De ce n’avés vos que faire, mais prendés le fille a un roi u a un conte. 20 [f. 71 d ] Enseurquetot que cuideries vous avoir gaegnié, se vous l’avies asognentee ne mise a vo lit? Moût i ariés peu conquis, car tos les jors du siecle en seroit vos cors honis, et apres en seroit vo arme en infer; qu’en paradis n’enterries vos ja. 25 En paradis qu’ai jë a faire? Je n’i quier j entrer, mais 243 que j’aie Nicolete, ma tresdouce amie que j’aim tant. C’en paradis ne vont fors tex gens, con je vous dirai. Il i vont cil viel prestre et cil viel clop et cil manke, qui totejor et tote nuit cropent devant ces autex et en ces viés 30 ereutes, et cil a ces viés capes esreses et a ces viés tate- reles vestues, qui sont nu et descauc et estrumelé, qui moeurent de faim et de soi et de froit et de mesaises. Iéil vont en paradis; aveuc ciax n’ai jou que faire. Mais en infer voil jou aler; car en infer vont li bel clerc, et li 35 bel cevalier qui sont mort as tornois et as rices gueres, et li boin sergant et li franc home. Aveuc ciax voil jou aler. Et s’i vont les beles dames cortoises, que eles ont deus 0, 9 en M.] e ; plus corr. de pus — 14 visquens P.] quens — 16 as] a — 17 no de nourie par corr. de m — 22 de vos à seroit suppléé par P. — 28 ci viel — 30 ereses — 31 decauc — 35 ceualiqr. corr. de ceualir — 36 bien 9 amis ou trois avoc leur barons, et s’i va li ors et li argens et li vairs et li gris, et si i vont harpeor et jogleor et li 40 roi del siecle. Àvoc ciax voil | jou aler, mais que j’aie 244 Nicolete, ma tresdouce amie, aveuc mi. Certes, fait li visquens, [f. 72 a ] por nient en parle- rés; que ja mais ne le verrés. Et se vos i parlés, et vos peres le savoit, il arderoit et mi et li en un fu, et vos 45meïsmes porries avoir toute paor. Ce poise moi, fait Aueassins. Il se départ del visconte dolans. 7 . Or se cante. Aucasins s’en est tornés moût dolans et abosmés. 245 De s'amie o le vis cler nus ne le puet conforter 5 ne nul bon consel doner. Vers le palais est aies, il en monta les degrés, en une canbre est entrés, si comenca a plorer 10 et grant dol a demener et s’amie a regreter. 'Nicolete, biax esters, biax venirs et biax alers, biax déduis et dous parlers, 15 biax borders et biax jouers, biax baisiers, biax acolers, por vos sui si adolés 246 et si malement menés, que je n’en cuit vis aler. 20 Suer, douce amie!’ 6, 47 11 P] Ise 7, 10 Ce vers est placé, dans le ms., après le v. 11, mais le déplacement est indiqué — 13 le premier b est une correction de v; uenir. Cp. 11, 33 ss . — 17 s de sui est corr. d’un o; après adolés on lit z sim (biffé) — 19 n’en] më (le troisième jambage de m est exponctué) 10 8 . Or diënt et content et fablent. Entreusque Aucassins estoit en le canbre, et il regre- toit Nicolete s’amie, li quens Bougars de Va-[/. 72 b ]lence qui sa guerre avoit a furnir ne s’oublia mie, ains ot mandé ses homes a pié et a ceval, si traist au castel por asalir. 5 Et li cris lieve et la noise, et li cevalier et li serjant s’arment et qeurent as portes et as murs por le castel desfendre, et li borgois montent as aleoirs des murs si jetent quariax et peus aguisiés. Entroeusque li asaus estoit grans et pleniers, et li 10 quens Garins de Biaucaire vint en la canbre u Aucassins faisoit deul et | regretoit Nicolete, sa tresdouce amie que 247 tant amoit. Ha fix! fait il. Con par es caitis et maleürox, que tu vois c’on asaut ton castel, tôt le mellor et le plus fort ! 16-Et saces, se tu le pers que tu es desiretés. Fix, car pren les armes et monte u ceval et defent te tere et aïue tes homes et va a l’estor. Ja n’i fieres tu home ni autres ti, s’il te voient entr’ax, si desfenderont il mix lor avoir et lor cors et te tere et le miue. Et tu iés si grans et 20 si fors, que bien le pues faire, et faire le dois. Pere, fait Aucassins, qu’en parlés vous ore? Ja dix ne me doinst riens que je li demant, quant ere cevaliers ne montés ei ceval ne voise en estor, la u je fiere cevalier në autres mi, se vos ne me [f. 72 e ] donés Nicolete, me 25 douce amie que je tant aim. Fix, dist li pere, ce ne puet estre. An|cois sofferoie 248 jo que je feüsse tous desiretés, et que je perdisse quan- ques g’ai, que tu ja l’eüses a mollier ni a espouse. Il s’en torne. Et quant Aucassins l’en voit aler, il 301e rapela. Peres, fait Aucassins, venés avant. Je vous ferai bons couvens. 8, 3 g’re corr. de g C re — 10 Biacaire — 16 defen; aiues — 18 si corr . de ci — 22 le — 23 montés Morf ] monte 11 Et quex, bta fix? Je prendrai les armes s’irai a l’estor par tex covens, 35 que, se dix me ramaine sain et sauf, que vos me lairés Nicolete, me douce amie, tant veïr, que j’aie deus paroles u trois a li parlées, et que je l’aie une seule fois baisie. Je l’otroi, fait li peres. Il li créante, et Aucassins fu liés. 9 . Or se carite. Aucassins ot du baisier qu’il ara au repairier. 249 Por cent mile mars d’or mier ne le fesist on si lié. 5Garnemens demanda ciers, on li a aparelliés. Il vest un aubère doublier et laça l’iaume en son cief, cainst l’espee au poib d’or mier 10 si monta sor son destrier, et prent l’escu et l’espiel, regarda andex ses piés: bien li sissent es estriers. A mervelle se tint ciers, 15 de s’amie li sovient, s’esperona le destrier. Il li cort moût volontiers, tôt droit a le porte en vient 250 a l’estormie. 8, 39 fu] les jambages de u sont reliés par le haut par une bavure . comme dans tu 15 Biauc’ 34, 16; lie 9, 7 dublier — 13 es manque — 16 li — 18 en] enl - 19 a la bataille 12 10 , Or client et content. [f. 72 d ] Aucassins fu armés sor son ceval, si con vos avés oï et entendu. Dix! con li sist li escus au col et li hiaumes u cief et li renge de s’espee sor le senestre hance! Et li vallés fu grans et fors et biax et gens et 5 bien fornis, et li cevaus, sor quoi il sist, rades et cor ans, et 11 vallés Pot bien adrecie par mi la porte. Or ne qui- diés vous qu’il pensast n’a bués n’a vaces n’a civres prendre, ne qu’il ferist cevalier në autres lui? Nenil nient! Onques ne l’en | sovint, ains pensa tant a Nicolete, sa douce 251 10 amie, qu’il oublia ses resnes et quanques il dut faire. Et li cevax qui ot senti les espérons l’en porta par mi le presse, se se lance très entre mi ses anemis. Et il getent les mains de toutes pars si le prendent, si le dessaisisent de l’escu et de le lance si l’en mainnent tôt estrouseement 15 pris, et aloient ja porparlant, de quel mort il le feroient morir. Et quant Aucassins l’entendi : Ha dix! fait il, douce créature! Sont cou mi anemi mortel qui éi m’en mainent, et qui ja me cauperont le teste? Et puis que j’arai la teste caupee, ja mais ne parlerai a 20 Nicolete, me douce amie que je tant aim. Encor ai je ci une bone espee et siée sor bon destrir sejorné ! Së or ne me deffent por li, onques dix ne li aït, se ja mais m’aime! Li vallés fu grans et fors, et li cevax, sor quoi il sist, fu remuans. Et il mist le main | a l’espee* si comence a 252 25ferir a [f. 73 a ] destre et a senestre, et caupe hiaumes et naseus. et puins et bras, et fait un caple entor lui autresi con li senglers, quant li cien l’asalenten le forest, si qu’il lor abat dis cevaliers et navre set, et qu’il se jete 10, 1 Aucassins] ms. uc’ avec omission de Vinitiale; con vos] ms. cün 9 , parce que le copiste avait d’abord oublié vos — 14 mannent; estrousement — 15 le P.] manque; foroient — 18 m’en] me — 23 sor O.] so — 25 ferir a O.) manque, cp. 32, 8; hiaumes] ms. li’m — 26 un] ms. i, cp. 38, 10 — 28 si P.] z 13 tôt estroseement de le prese, et qu’il s’en revient les galo- 30piax ariere s’espee en sa main. Li quens Bougars de Valence oï dire c’on penderoit Aucassin son anemi, si venoit cele part, et Aucassins ne le mescoisi mie. Il tint l’espee en la main, se le fiert par mi le hiaume, si qu’il li enbare el cief. Il fu si estonés, 35 qu’il caï a terre, et Aucassins tent le main si le prent et l’en mainne pris par le nasel del hiaume et le rent a son pere. Pere, fait Aucassins, ves ci vostre anemi qui tant vous a guerroié et mal fait. Vint ans a | ja duré ceste guerre, 253 40 c’onques ne pot iestre acievee par home. Biax fix! fait li pere. Tes enfances devés vos faire, nient baer a folie! Pere, fait Aucassins, ne m’alés mie sermonant, mais tenés moi mes covens. 45 Ba! Quex covens, biax fix? Avoi pere! Avés les vos oblies? Par mon cief! qui que les oblit, je nés voil mie obliër, ains me tient moût au cuer. Enne m’eüstes vos en covent, quant je pris les armes et j’alai a l’estor, que, se dix me ramenoit sain 50 et sauf, que vos me lairiés Nicolete ma douce amie tant veïr, que j’aroie parlé a li deus paroles [/. 73 b ] ou trois et que je l’aroie une fois baisie? Ce m’eüstes vos en covent, et ce voil je que vos me tenés. Jo? fait li peres. Ja dix ne m’aït, quant ja covens 254 55 vos en tenrai. Et s’ele estoit ja ci, je l’arderoie en un fu, et vos meïsmes porries avoir tote paor. Est ce tote la fins? fait Aucassins. Si m’aït dix, fait li peres, oïl. Certes, fait Aucassins, je sui moit dolans, quant hom 60 de vostre eage ment. Quens de Valence, fait Aucassins, je vos ai pris! 10, 34 qui — 36 hiamë — 39 gerroie; ans M.] manque ; ceste M.J ms. pest — 40 T.] ms. onques — 46 AvoiJ A est contourné ; oblies O.] obliees — 48 quant T.] ms. que | quant — 51 laroiie — 52 Ce P. T.} manque — 53 ce P. T.] ie, cp. 18, 6. 22, 24 — 54 fai — 59 je] ce: mol’t 14 Sire, voire! fait li quens. Bailiés ca vostre main, fait Aueassins. Sire, volentiers. 65 II li met se main en la siue. Ce m’afiés vos, fait Aueassins, que a nul jor, que vos aies a vivre, ne porrés men pere faire honte ne destorbier de sen cors ne de sen avoir, que vos ne li faciès! Sire, por diu! fait il, ne me gabés mie, mais metés 70 moi a raencon. Vos ne | me sarés ja demander or ni argent, 255 cevaus ne palefrois ne vair ne gris, ciens në oisiax que je ne vos doinse. Cornent? fait Aueassins, Ene coniésiés vos que je vos ai pris? 75 Sire, oie, fait li quens Borgars. Ja dix ne m’aït, fait Aueassins, se vos ne le m’afiés se je ne vous fac ja cele teste voler. Enon diu! fait il, je vous afie quanquë il vous plaist. Il li afie, et Aueassins le fait monter sor un ceval, 80 et il monte sor un autre si le conduist tant qu’il fu a sauveté. 11 . Or se cante. [f. 73<7Qant or voit li quens Garins de son enfant Aucassin qu’il ne pora départir de Nicolete au cler vis, 256 5 en une prison l’a mis, en un celier sosterin 'qui fu fais de marbre bis. Quant or i Vint Aueassins, dolans fu, aine ne fu si. 10, 62 fait Aioire fait li quens (le copiste voulait écrire fait Aueassins) — 63 fait M.] fiat — 78 du 15 10 A dementer si se prist, si con vos porrés oïr. 'Nicolete, flors de lis, douce amie o le- cler vis, plus es douce que roisins 15 ne que soupe en maserin. L’autr’ier vi un pelerin, nés estoit de Limosin, malades de Tesvertin, si gisoit ens en un lit. 20 Moût par estoit entrepris, de grant mal amaladis. Tu passas devant son lit si soulevas ton train et ton pelicon ermin, 25 la cemisse de blanc lin, tant que ta ganbete vit. Garis fu li pèlerins et tos sains, aine ne fu si. Si se leva de son lit 30 si rala en son pais sains et saus et tos garis. Doce amie, flors de lis, biax alers et biax venirs, [f. 73*] biax jouers et biax bordirs, 35 biax parlers et biax delis, dox baisiers et dox sent.irs, nus ne vous poroit haïr! Por vos sui en prison mis, en ce celier sousterin, 40 u je fac moût male fin. Or m’i couvenra morir por vos, amie!’ 257 A côté de 14, 11 se trouvent, écrits plus récemment (au XV • siècle ?), des mots que je n'ai pu lire (? Denise est cely) — 41 m’i J/.] ni 16 12 . Or diënt et content et fabloient. 258 Aucasins fu mis en prison, si com vos avés oï et entendu, et Nicolete fu d’autre part en le canbre. Ce fu el tans d’esté el mois de mai, que li jor sont caut, lonc et cler et les nuis coies et sériés. Nicolete jut une nuit 5 en son lit si vit la lune luire cler par une fenestre et si oï le lorseilnol canter en garding, se li sovint d’Aucassin sen ami qu’ele tant amoit. Ele se comenca a porpenser del conte Garin de Biaucaire qui de mort le haoit, si se pensa qu’ele ne remanroit plus ilec ; que, s’ele estoit acusee, 10 et li quens Garins le savoit, il le feroit de male mort morir. Ele senti que li vielle dormoit, qui aveuc li estoit. Ele se leva si vesti un bliâut de drap de soie, quë ele avoit moût bon, si prist dras de lit et touailes si noua l’un a l’autre si fist une corde si longe | corne èle pot, si le noua 259 15 au piler de le fenestre si s’avala contreval el gardin, et prist se vesture a l’une main devant et a l’autre deriere si s’escorca por le rousee qu’ele vit grande sor l’erbe si s’en ala aval le gardin. Ele [f. 74 a ] avoit les caviaus blons et menus recer- 20 celés et les ex vairs et rians et le face traitiée et le nés haut et bien assis et les levretes vremelletes, plus que n’est cerisse ne rose el tans d’esté, et les dens blans et menus, et avoit les mameletes dures, qui li souslevoient sa vesteüre, ausi con ce fuissent deus nois gauges, et estoit graille par mi 25 les flans qu’en vos dex mains le peüsçiés enclorre, et les flors des margerites qu’ele ronpoit as ortex de ses pies, qui li gissoient sor le menuisse du pié par deseure, estoient droites noires avers ses pies et ses ganbes, tant par estoit blance la mescinete. 260 12, 1 Aaucasins — 2 entendu lice (lice biffé) — 6 center — 8 del O.] def — 15 el T.] le — 21 le — 28 ses ganbes O.] sans ganbes 17 30 Ele vint au postic si le deffrema, si s'en isçi par mi les rues de Biaucaire par devers l’onbre, car la lune lui- soit moût clere, et erra tant qu'ele vint a le tor u ses amis estoit. Li tors estoit faelee de lius en lius, et ele se quatist delés l'un des pilers si s'estraint en son mantel, si 35 mist sen cief par mi une creveüre de la tor qui vielle estoit et anciienne, si oï Aucassin qui la dedens plouroit et faisoit mot grant dol et regretoit se douce amie que tant amoit. Et quant ele Pot assés escouté, si comenca a dire. 13 . Or se cante. Nicolete o le vis cler s'apoia a un piler [/. 74 h \ s'oï Aucassin plourer et s'arnie regreter. 5 Or parla, dist son penser. 'Aucassins, gentix et ber, frans damoisiax honorés, que vos vaut li dementers, li plaindres ne li plourers, 10 quant ja de moi ne gorés? Car vostre per es me het et trestos vos parentés. Por vous passerai le mer s’irai en autre régné.’ 15 De ses caviax a caupés, la dedens les a rués. Aucassins les prist li ber si les a mont honerés et baisiés et acolés. 20 En sen sain les a boutés si recomence a plorer, tout por s'arnie. 12, 33 faele 13, 3 Devant s’oï se trouve sapoia (biffé) — 4 a regreter cp. 7, 11 — 8 dementer — 9 plurers — 11 vostrel ure — 14 régnés cp. 14, 2 Su chier, Aucassin et Nicolette, 8e éd. 2 261 18 14. Or diënt et content et fabloient. 262 Quant Aucassins oï dire Nicolete qu’ele s’en voloit aler en autre païs, en lui n’ot que courecier. Bele douce amie, fait il, vos n’en irés mie, car dont m’ariiés vos mort. Et li premiers qui vos verroit ne qui 5 vous porroit, il vos prenderoit lues et vos meteroit a son lit si vos asoignenteroit. Et puis que vos ariiés jut en lit a home s’el mien non, or ne quidiés mie que j’atendisse tant que je trovasse coutel dont je me peüsçe ferir el cuer et ocirre. Naie voir, tant n’atenderoie je mie, ains m’es- 10 quelderoie de si lonc, que je verroie une maisiere [/*. 74 e ] u une bisse pierre, s’i hurteroie si durement me teste, que j’en feroie les ex voler, et que je m’escerveleroie tos. En¬ cor ameroie je mix a morir de si faite mort, que je seüsçe 263 que vos eüsçiés jut en lit a home s’el mien non. 15 Ai! fait ele, je ne quit mie que vous m’amés tant con vos dites, mais je vos aim plus, que vos ne faciès mi. Avoi! fait Aucassins, bele douce amie, ce ne porroit estre que vos m’amissiés tant, que je fac vos. Fenme ne puet tant amer l’oume, con li hom fait le fenme. Car li 20 amors de le fenme est en son l’oeul et en son le teteron de sa mamele et en son l’orteil del pie, mais li amors de Tourne est ens el cuer plantée, dont ele ne puet isçir. La u Aucassins et Nicolete parloient ensanble, et les escargaites de le vile venoient tote une rue s’avoient les 25 espees traites desos les capes. Car li quens Garins lor a voit comandé que, së il le pooient prendre, qu’il l’ocesissent. Et li gaite qui estoit sor le tor les vit venir et oï qu’il aloient de Nicolete parlant, et qu’il le manecoient a oéirre. 2 64 Dix! fait il, con grans damages de si bele mescinete, 30 s’il l’ociënt! Et moût seroit grans aumosne, se je li pooie 14, 4 mariis — 7 -diff- corr. de -der-9 ms. peut-être ozirre — 20 l’oeul] l’oeil B., ms. oeul; teteron Andresen ] cateron — 22 cuer JB.] eue — 26 qu’il] qui — 28 a oocirre 19 dire, par quoi il ne s’aperceüsçent, et qu’ele s’en gardast. Car s’il l’ociënt, dont iert Aucassins mes damoisiax mors, dont grans damages ert. 15 . Or se carde. Li gaite fu moût vaillans, [f. 74*] preus et cortois et sacans. Il a comencié un cant ki biax fu et avenans. 5 'Mescinete o le cuer franc, cors as gent et avenant, le poil blont et reluisant, vairs les ex, ciere riant. Bien le voi a ton sanblant: 10 parlé as a ton amant, qui por toi se va morant. Jel te di, et tu l’entens! Garde toi des souduians ki par ci te vont querant 15 sous les capes les nus brans! Forment te vont manecant, tost te feront messeant, s’or ne t’abries.’ 16 . Or diënt et content et fabloient. He! fait Nicolete, l’ame de ten pere et de te mere soit en benooit repos, quant si belement et si cortoisement le m’as ore dit. Se diu plaist, je m’en garderai bien, et dix m’en gart! 14, 32 s’il} si 15, 3 un cant B.] vn 8 cans — 7 le premier 1 par correction de b ; reluisant P., ms. auenant, voir le Lai Equitan 37 — 18 ms. ti gardes 16, 1 Le e de Re manque, ou il adisparu sous la couleur de Vinitiale 2 * m 265 20 Ele s’estraint en son mantel en Ponbre del piler, tant que cil furent passé outre, et j ele prent congié a Aucassin, 266 si s’en va, tant qu’ele vint au mur del castel. Li murs fu depeciés s’estoit rehordés, et ele monta deseure si fist tant qu’ele fu entre le mur et le fossé, et ele garda con- 10 treval si vit le fossé moût parfont et moût roide s’ot moût grant paor. He dix ! fait ele, douce créature ! Se je me lais caïr, je briserai le col, et se je remain ci, on me prendera de¬ main, si m’ardera on en un fu. Encor ainme je mix que 15 je muire [f. 75 a ] ci, que tos li pules me regardast de¬ main a merveilles. Ele segna son cief si se laissa glacier aval le fossé, et quant ele vint u fons, si bel pié et ses beles mains, qui n’avoient mie apris c’on les blecast, furent quaissies et 20 escorcies, et li sans en sali bien en dose lius, et nepor- quant ele ne senti ne mal ne dolor por le grant paor qu’ele avoit. Et | së ele fu en paine de l’entrer, encor fu267 ele en forceur de l’isçir. Ele se pensa qu’ileuc ne faisoit mie bon demorer, et trova un pel aguisié que cil de- 25 dens avoient jeté por le castel deffendre si fist pas un avant l’autre si monta tant a grans painnes, qu’ele vint deseure. Or estoit li forés près a deus arbalestees, -qui bien duroit trente liues de lonc et de le, si i avoit bestes sau- 30 vages et serpentine. Ele ot paor que, s’ele i entroit, qu’eles nôl’ocesisçent, si se repensa que, s’onle trovoit ileuc, c’on le remenroit en le vile por ardoir. 16, 7 del O.] def — 12 ele O.] il — 13 remaïn — 14 m’ardera N.] marde — 21 santi — 24 e — 26 tant qle (qle biffé) est placé avant si monta 21 17 . Or se cante. Nicolete o le vis cler fu montée le fossé, si se prent a dementer 268 et Jhesum a reclamer. 5'Peres, rois de maïsté! Or ne sai quel part aler. [f. 75 b ] Se je vois u gaut ramé, ja me mengeront li le, li lion et li sengler, 10 dont il i a a plenté. Et se j’atent le jor cler, quë on me puist éi trover, li fus sera alumés, dont mes cors iert enbrasés. 15 Mais, par diu de maïsté! encor aim jou mix assés que me mengucent li le, li lion et li sengler, que je voisse en la cité. 20 Je n’irai mie!’ 18 . Or client et content et fabloient. Nicolete se dementa moût, si com vos | avés oï. Ele269 se comanda a diu si erra tant qu’ele vint en le forest. Ele n’osa mie parfont entrer por les bestes sauvages et por le serpentine si se quatist en un espés buisson, et 5 soumax li prist, si s’endormi dusqu’au demain a haute prime, que li pastorel isçirent de la vile et jeterent lor 17, 9 li lion et li lion (li lion biffé) sengler — 10 a manque — 16 mix M .j nii — 17 me] me me {le second me est biffé) 18, 2 vint] uit — 3 sauuaces — 6 ieterent, i corr. de c 22 bestes entre le bos et la riviere, si se traient d’une part a une moût beie fontaine qui estoit au cief de la forest, si estendirent une cape se missent lor pain sus. Entreus- 10 que il mengoient, et Nicolete s’esveille au cri des oisiax et des pastoriax, si s’enbati sor aus. Bel enfant, fait ele, damedix vos i aït! Dix vos benie! fait li uns qui plus fu enparlés des autres. 15 Bel enfant, fait ele, conissiés vos Aucassin le fil le conte Garin [ f. 75 e ] de Biaucaire? Oïl, bien le counisçons nos. Se dix vos aït, bel enfant, fait ele, dites li qu’il a 270 une beste en ceste forest, et qu’il le viegne cacier; et s’il 20 l’i puet prendre, il n’en donroit mie un menbre por cent mars d’or, non por cinc cens ne por nul avoir. Et cil le regardent, se le virent si bele, qu’il en furent tôt esmari. Je li dirai? fait cil qui plus fu enparlés des autres. 25Dehait ait qui ja en parlera, ne qui ja li dira! Ô’est fan- tosmes, que vos dites; qu’il n’a si ciere beste en ceste forest, ne cerf ne lion ne sengler, dont uns des menbres vaille plus de dex deniers u de trois au plus, et vos parlés de si grant avoir.! Mal dehait qui vos en croit, ne qui ja 30li dira! Vos estes fee, si n’avons cure de vo conpaignie, mais tenés vostre voie. Ha bel enfant, fait ele, si ferés ! Le beste a tel mecine, quë Aucassins ert garis de son mehaing. Et j’ai ci cinc sous en me borse, | tenés se li dites. Et dedens trois jors li 271 35 covient cacier, et së il dedens trois jors ne le trove, ja mais ne le verra ne ja mais n’iert garis de son mehaig. Par foi! fait il, les deniers prenderons nos, et s’il vient ci, nos li dirons, mais nos ne l’irons ja querre. De par diu! fait ele. 40 Lor prent congié as pastoriaus. si s’en va. 18, 7 traien — 9 Entreusque] entreusq 1 — 12 enfant M.} ms. seulement en — 13 s de des paraît corrigé de c — 15 ele AT.] manque — 18 qu’il a M.} qla — 19 qu’il] qui — 29 Ma — 35 dedens P.] dens cp. 34 et 22, 39 — 36 de ne le à mais suppléé par P. 23 19. Or se cante. Nicolete o le cler vis des pastoriaus se parti, si acoilli son cemin très par mi le gaut failli [f. 75d ] 5 tout un viés- sentier anti, tant qu’a une voie vint, u arforkent set cemin 272 qui s’en vont par le païs. A porpenser or se prist 10 qu’esprovera son ami, s’il l’aime si com’ il dist. Ele prist des flors de lis et de l’erbe du garris et de le foille autresi, 15 une bele loge en fist. Ainques tant gente ne viî Jure diu qui ne menti, se par la vient Aucasins, et il por l’amor de li 20 ne s’i repose un petit, ja ne sera ses amis n’ele s’amie. 20 . Or diënt et content et fabloient. Nicolete eut faite le loge, si con vos | avés oï et en- 273 tendu, moût bele et moût gente, si l’ot bien forree dehors et dedens de flors et de foilles, si se repost delés le loge en un espés buison por savoir que Aucassins feroit. Et 5 li cris et li noise ala par tote le tere et par tôt le païs, 19, 3 cemin B.] cenin — 11 s’il] si — 18 la corr. de le — 21 ne M.] ne ne 24 que Nicolete estoit perdue. Li auquant diënt qu’ele en estoit fuïe, et li autre diënt que li quens Garins l’a faite mordrir. Qui qu’en eüst joie, Aucassins n’en fu mie liés. Et li quens Garins ses peres le fist métré hors de prison 10 si manda les eevaliers de le tere et les damoiseles si fist faire une mot rice feste, por cou qu’il cuida Aucassin son fil conforter. Quoi que li feste estoit plus plaine, et Au¬ cassins fu apoiiés a une [f. 76"] puïe tos dolans et tos souples. Qui que demenast joie, Aucassins n’en ot talent; 15 qu’il n’i veoit rien de cou qu’il amoit. Uns eevaliers le regarda si vint a lui si l’apela. Aucassins, fait il, d’ausi fait mal, con vos avés, ai jë274 esté malades. Je vos donrai bon consel, se vos me volés croire. 20 Sire, fait Aucassins, grans mercis! Bon consel aroie je cier. Montés sor un ceval, fait il, s’alés selonc cele forest esbanoiier, si verrés ces flors et ées herbes s’orrés ces oisellons eanter. Par aventure orrés tel parole dont mix 25 vos iert. Sire, fait Aucassins, grans mercis! Si ferai jou. Il s’enble de la sale s’avale les degrés si vient en l’estable ou ses cevaus estoit. Il fait métré le sele et le frain; il met pié en estrier si monte et ist del castel, et 30 erra tant qu’il vint a le forest et cevauca tant qu’il vint a le fontaine et trove les pastoriax au point de none, s’avoient une cape estendue sor l’erbe si mangoiént lor pain et faisoient moût tresgrant joie. 21 . Or se carde . 275 Or s’asanlent pastouret, Esmerés et Martinés, Fruëlins et Johanés, -— 20, 10 damoiseles p si — 20 Bon] au lieu du b le copiste avait d’abord écrit l’abréviation 9 (= con) — 27 vient M.] uët — 33 fai¬ soient M.] faisoiet 25 Robecons et Aubriés. 5 Li uns dist: 'Bel conpaignet, dix aït Aucasinet, voire a foi! le bel vallet, [f. 76 *>] et le mescine au corset, qui avoit le poil blondet, lOcler le vis et l’oeul vairet, ki nos dona denerés, dont acatrons gastelés, gaines et coutelés, flaüsteles et cornés, 15 macuëles et pipés. 276 Dix le garisse!’ 22 . Or diënt et content et fabloient . Quant Aucassins oï les pastoriax, si li sovint de Ni- colete, se tresdouce amie qu’il tant amoit, et si se pensa qu’ele avoit la esté. Et il hurte le ceval des espérons si vint as pastoriax. 5 Bel enfant, dix vos i aït! Dix vos benie! fait cil qui plus fu enparlés des autres. Bel enfant, fait il, redites le cancon que vos disies ore ! Nous n’i dirons, fait cil qui plus fu enparlés des autres. Dehait ore qui por vous i cantera, biax sire! 10 Bel enfant, fait Aucassins, enne me conissiés vos? Oïl, nos savons bien que vos estes Aucassins nos damoisiax, mais nos ne somes mie a vos, ains somes au conte. Bel enfant, si ferés, je vos en pri. 277 15 Os, por le cuer be! fait cil. Por quoi canteroie je por vos, s’il ne me seoit? Quant il n’a si rice home en cest païs sans le cors le conte Garin, s’il trovoit mes bués ne mes vaces ne mes brebis en ses près n’en sen forment 21 , 8 au cors corset 22, 3 qle corr. de q^e; eperons — 6 fu plus, cp. 18, 13, 24. 22, 8 — 9 Dehait a ore — 11 sauions — 17 mes] me 26 qu’il fust mie tant hardis por les ex a crever, qu’il les 20 en ossast cacier. Et por quoi canteroie je por vos, s’il ne me seoit? Se dix vos aït, bel enfant, si ferés! Et tenés [f. 76 e ] dis sous que j’ai ci en me borse. Sire, les deniers prenderons nos, mais je ne vos can- 25terai mie, car j/en ai juré. Mais je le vos conterai, se vos volés. De par diu! fait Aucassins, encor aim je mix conter que nient. Sire, nos estiiens or ains ci entre prime et tierce, si 30 mangiëns no pain a ceste fontaine, ausi con nos faisons ore. Et une pucele vint ci, li plus bele riens du monde, si que nos quidames que ce fust une fee, et | que tos cis278 bos en esclarci, si nos dona tant del sien, que nos li eûmes en covent, se vos venies ci, nos vos desisiens que 35 vos alissiés cacier en ceste forest; qu’il La une beste que, se vos lé poïiés prendre, vos n’en donriiés mie un des menbres por cinc cens mars d’argent ne por nul avoir. Car li beste a tel mecine, que, se vos le poés prendre, vos serés garis de vo mehaig, et dedens trois jors le vos covient avoir 40 prisse, et se vos ne l’avés prise, ja mais ne le verrés. Or le caciés, se vos volés, et se vos volés, si le lajsçiés; car je m’en sui bien acuités vers li. Bel enfant, fait Aucassins, assés en avés dit, et dix le me laist trover! 23 . Or se cante. Aucassins oï les mos de s’amie o le gent cors, 279 moût li entrèrent el cors. 22, 19 qu’il les M.] ql les — 23 me P.] vne, cp. 24, 65 — 24 ie parait corr. de ce — 30 mangiêns M.] mangies; les mots ausi con nos faisons ore se trouvent après tierce, mais le ms. même indique le déplacement — 33 del O.] def — 39 couien — 41 laiscie — 43 enfant] enfait; dix] dx — 44 m de me est corr. de 1 23, 1 Vinitiale A est corr. de Q 27 Des pastoriax se part tost 5 si entra el parfont bos. Li destriers li anble tost, [f. 76 d ] bien l’en porte les galos. Or parla s’a dit trois mos. 'Nicolete o le gent cors, lOpor vos sui venus en bos. Je ne cac ne cerf ne porc, mais por vos siu les esclos. Vo «vair oeil et vos gens cors, vos biax ris et vos dox mos 15 ont men cuer navré a mort. Se diu plaist Le pere fort, je vous révérai encor, suer, douce amie!’ 24. Or client et content et fabloient Aucassins ala par le forest de voie [ en voie, et li 280 destriers l’en porta grant aleüre. Ne quidiés mie que les ronces et les espines l’esparnaisçent. Nenil nient! Ains li desronpent ses dras, qu’a painnes peüst on nouer desus 5 el plus entier, et que li sans li isçi des bras et des costiés et des ganbes en quarante lius u en trente, qu’aprés le vallet peüst on suïr le trace du sanc qui caoit sor l’erbe. Mais il pensa tant a Nicolete sa douce amie, qu’il ne sentoit ne mal ne dolor, et ala totejor par mi le forest sifaitement, 10 que onques n’oï noveles de li. Et quant il vit que li vespres aprocoit, si comenca a plorer, por cou qu’il ne le trovoit. 23, 13 oiel — 16 dix 24, 1 ms. de uoie en voie (ie est placé au dessus de vo à la -fin de la ligne), déjà obscur du temps de Sainte-Palaye, puisque celui-ci a passé les mots en question ( M . N. B. P. ont lu: devers Nicolete) — 3 nient M.] ms. nie (biffé) \ nient — 4 desu, cp. 56 var. — 6 ganbes B.) gans — 8 qu’il] qui 28 Tote une vies voie herbeuse cevaucoit, s’esgarda devant lui en mi le voie si vit un vallet tel con je vos 15 dirai. Grans estoit et mervellex et lais et hidex. Il avoit une grande hure plus noire q’une carbouclee, et avoit plus de plainne paume entre deus ex, | et avoit unes [/. 77 a \ 281 grandes joes et un grandisme nés plat et unes grans na¬ rines lees et unes grosses levres plus rouges d’une car- bounee et uns grans dens gaunes et lais, et estoit cauéiés d’uns housiax et d’uns sollers de bqef frétés de tille dus- que deseure le genol et estoit afulés d’une oape a deus envers si estoit apoiiés sor une grande macue. Aucassins s’enbati sor lui s’eut grant paor, quant il le sorvit. 25 Biax frere, dix t’i aït ! Dix vos benie! fait cil. Se dix t’aït, que fais tu ilec? A vos que monte? fait cil. Nient, fait Aucassins. Je nel vos demant se por bien non. 30 Mais por quoi plourés vos, fait cil, et faites si fait duel? Certes, se j’estoie ausi riees hom que vos estes, tos li mons ne me feroit mie plorer. Ba! me conissiés vos? fait Aucassins. 282 Oie, je sai bien que vos estes Aucassins li fix le conte, 35 et se vos me dites, por quoi vos plorés, je vos dirai, que je fac ci. Certes, fait Aucassins, je le vos dirai moût volentiers. Je vig hui matin cacier en ceste forest s’avoie un blanc levrier, le plus bel del siecle, si l’ai perdu, por ce pleur jou. 40 Os! fait cil, por le cuer que cil sires eut en sen ventre! que vos plorastes por un cien puant! Mal dehait ait qui ja mais vos prisera, quant il n’a si rice home en ceste terre, se vos peres l’en mandoit dis u quinse u vint qu’il ne les envoiast trop volentiers, et s’en esteroit trop 45 liés. Mais je doi plorer et dol faire. 24, 13 ms. ceuaucoit 1 esgarda cf. 3, 16. 12, 8 , 16, 7 . 22, 33 — 17 planne — 28 fait M.] fiat — 29 ms. je, j corr. de c — 39 leurer — 40 i de sires corr. de e — 44 envoiast P.] eust 29 Et tu de quoi, [f. 77 b ] frere? Sire, je le vous dirai. J'estoie liués a un rice vilain si cacoie se carue, quatre bues i avoit. Or a trois jors qu’il m’avint une grande malaventure, que je perdi le mellor 50 de mes bues, Roget, le mellor de | me carue, si le vois 283 querant. Si ne mengai ne ne bue, trois jors a passés, si n’os aler a le vile; c’on me metroit en prison, que je ne l’ai de quoi saure. De tôt l’avoir du monde n’ai je plus vaillant, que vos veés sor le cors de mi. Une lasse mere 55 avoie, si n’avoit plus vaillant que une keutisele, si li a on sacie de desous le dos, si gist a pur l’estrain, si m’en poise assés plus que de mi. Car avoirs va et vient; se j’ai or perdu, je gaaignerai une autre fois si sorrai mon buef, quant je porrai, ne ja por cou n’en plouerai. Et vos plorastes por 60 unciende longaigne. Mal dehait ait qui ja mais vos prisera! Certes tu es de bon confort, biax frere. Que benois soies tu! Et que valoit tes bués? Sire, vint sous m’en demande on. Je n’en puis mie abatre une seule maaille. 65 Or tien, fait Aucassins, vint sous que j’ai ci en me 284 borse si sol ten buef. Sirey fait il, grans mercis! Et dix vos laist trover ce que vos querés! Il se part de lui. Aucassins si cevauce. La nuis fu 70 bele et quoie, et il erra tant qu’il vin[t près de la u li set cemin aforkent] si v[it devant lui le loge, que vos savés que] Nicolete [avoit faite, et le loge estoit forree f. 77 e ] defors et dedens et par deseure et devant de flors et estoit si bele, que plus ne pooit estre. Quant Aucassins le perçut, 75 si s’aresta tôt a un fais, et li rais de le lune feroit ens. E dix! fait Aucassins, ci fu Nicolete, me douce amie, et ce fist ele a ses beles mains. Por le doucour de li et 24, 49 le* R.] li — 56 sacie, s corr. de c; desou — 65 sous P.] manque — 70 Un morceau du feuillet est déchiré. La reconstitution du passage est de Véditeur; Sainte-Palaye a déjà connu la lacune, — 74 Derrière le se trouve dans le parchemin une place endommagée. so por s’amor me desçenderai je ore ci et m’i reposerai anuit mais. 80 II mist le pié fors de Pestrier por desçendre, et li cevaus fu grans et haus. Il pensa tant a Nicolete, se tres- douce amie, | qu’il caï si durement sor une piere, que 285 Pespaulle li vola hors du liu. Il se senti moût blecié, mais il s’efforça tout au mix qu’il peut et ataca son ceval 85 a l’autre main a une espine, si se torna sor costé, tant qu’il jut tos souvins en le loge. Et il garda par mi un trau de le loge si vit les estoiles el ciel, s’en i vit une plus clere des autres- si conmenca a dire : 25 . Or se cante. 'Estoilete, je te voi, que la lune trait a soi. Nicolete est aveuc toi,' m’amiëte o le blont poil. 5 Je quid, dix le veut avoir por la lu[mier]e de s[oir, que par li plus bele soit. Douce suer, com me plairoit 286 se monter pooie droit,] [f. 77 d J10 que que fust du recaoir, que fuisse lassus o toiî ja te baiseroie estroit! Se j’estoie fix a roi, s’afferriés vos bien a moi, 15 suer, douce amie!’ 24, 84 tout Pi] ms. tant — 86 jut T.) uït 25, 4 le] lef (f corr. en h) — 5 dix B.] que dix — 6 sv. Ici manque le même morceau de parchemin que plus haut (24, 70) 31 26 . Or diënt et content et fabloient. Quant Nieôlete oï Aucassin, ele vint a lui, car ele n’estoit mie lonc. Ele entra en la loge si li jeta ses bras au col si le baisa et acola. Biax dopx amis, bien soiiés vos trovés! 5 Et vos, bele douce amie, soies li bien trovee! Il s’entrebaissent et acolent, si fu la joie bele. Ha douce amie ! fait Aucassins, j’es | toie ore moût ble- 287 ciés en m’espaulle, et or ne senc ne mal ne dolor, puis que je vos al. io Ele le portasta, et trova qu’il avoit l’espaulle hors du liu. Ele le mania tant a ses blances mains et porsaca, si con dix le vaut, qui les amans ainme, qu’ele revint au liu. Et puis si prist des flors et de l’erbe fresce et des fuelles verdes, si le loia sus au pan de sa cemisse, et il 15 fu tox garis. Aucassins, fait ele, biaus dox amis, prendés consel,que vousferés. Se vos peres fait demain cerquier ceste forest, et on me trouve, que que de vous aviegne, on m’ocira. Certes, bele douce amie, j’en esteroie moût dolans. 20 Mais se je puis, il ne vos tenront ja. Il monta sor son [/. 78 a ] ceval et prent s’amie de¬ vant lui baisant et acolant, si se metent as plains cans. 27 . Or se cante. 288 Aucassins li biax, li blons, li gentix, li amorous, est issus del gaut parfont, entre ses bras ses amors 5 devant lui sor son arcon. 26, 8 pui — 12 au] a 32 Les ex li baise et le front et le bouce et le menton. Ele Ta mis a raison. 'Aucassins, biax amis dox, 10 en quel tere en irons nous?’ 289 'Douce amie, que sai jou? Moi ne caut u nous aillons, en forest, u en destor, mais que je soie aveuc vous.’ 15 Passent les vaus et les liions et les viles et les bors. A la mer vinrent au jor, si desçendent u sablon delés le rive.. 28. Or client et content et fabloient. Aucassins fu desçendus entre lui et s’amie, si con vous avés oï et entendu. Il tint son ceval par le resne et s’amie par le main, si comencent aler selonc [le rive. Et Aucassins vit passer une nef s’i aperçut les marceans 5 qui sigloient tôt près de] le rive. Il les acena, et il vin¬ rent a lui, si fist tant vers aus, qu’il les missent en lor nef. Et quant il furent en haute mer, une tormente leva grande et mervelleuse, qui les mena de tere en tere, tant qu’il ariverent en une tere estragne et [f. 78 b ] entrèrent el 20 port du castel de Torelore. Puis demandèrent, ques terre c’estoit, et on lor dist que c’estoit le tere le roi de Tore- 290 lore. Puis demanda Aucassins, quex hon 6’estoit, ne s’il ' avoit guerre, et on li dist: Oïl, grande. 27, 13 destor] destor i (la dernière lettre parait inachevée) — 19 les le riuage 28, 3 Dans le ms. manquent les mots (suppléés par l’éditeur) de le rive à près de, sans qu’une lacune soit visible. Le copiste a passé par inadvertance de le rive à le rive. — 6 qu’il] qui ; les F.] le ; missen — 10 Torelore] le premier r paraît être changé de i en un r ordinaire — 12 Aucassins F.] manque 33 15 II prent congié as marceans, et cil le conmanderent a diu. Il monte sor son ceval s’espee cainte, s’amie devant lui, et erra tant qu’il vint el castel. Il demande u li rois estoit, et on li dist qu’il gissoit d’enfant. Et u est dont se fenme? 20 Et on li dist qu’ele est en l’ost, et si i | avoit mené 291 tox ciax du païs. Et Aucassins l’oï, si li vint a grant mer- velle, et vint au palais et desçendi entre lui et s’amie. Et ele tint son ceval, et il monta u palais l’espee cainte, et erra tant qu’il vint en le canbre u li rois gissoit. 29. Or se cante . En le canbre entre Aucassins, li cortois et li gentis. Il est venus dusque au lit, a lec u li rois se gist. 5 Par devant lui s’arestit si parla, oes que dist. T)i va faus! Que fais tu ci?’ 292 Dist li rois: c Je gis d’un fil. Quant mes mois sera conplis, 10 et je serai bien garis, dont irai le messe oïr, si com mes ancestre ains tint, [ f. 7sq et me grant guerre esbaudir encontre mes anemis. 15 Nel lairai mie!’ 28, 15 cil le dist (cil le corr. de on li, dist biffé, cp. 13) ‘— 18 denfent — 24 en] e 29, 7 fau cp. 3, 7 — 10 serai M.] sarai — 12 de alf tint on ne peut distinguer que ..fti.t (de i on ne voit que Vaccent, de t que la barre). ï. restitue ingénieusement us tint, mais je trouve une trace de la barre de aîf dans le manuscrit. Su chier, Aucasain et Nicolette, 8e éd. 3 34 30 . Or diënt et content et fabloient. Quant Aucassins oï ensi le roi parler, il prist tox les dras qui sor lui estoient si les houla aval le canbre. Il vit deriere lui un baston. Il le prist si tonne si fiert, si le bâti tant que mort le dut avoir. 5 Ha biax sire! fait li rois. Que-me demandés vos? Avés vos le sens dervé, qui en me maison me bâtés? Par le cuer diu ! fait Aucassins, malvais fix a putain, 293 je vos ocirai, se vos ne m’afié's que ja mais hom en vo tere d’enfant ne gerra. 10 II li afie, et quant il li ot afie: Sire, fait Aucassins, or me menés la u vostre fenme est en l’ost. Sire, volontiers, fait li rois. Il monte sor un ceval, et Aucassins monte sor le sien, 15 et Nicolete remest es canbres la roine. Et li rois et Au¬ cassins cevaticierent tant qu’il vinrent la u la roïne estoit, et troverent la bataille de puns de bos waumonnés et d’ueus et de fres fromages. Et Aucassins les comenca a regarder se s’en esmervella moût durement. 31 . Or se cante. Aucassins est arestés sor son arcon a'coutés, 294 [f. 78d] si coumence a regarder ce plenier estor canpel. 5 II avoient aportés des fromages fres assés devant 30, 1 conten; fabloient M.] faboient — 3 fiert] frt — 15 ms. rais — 17 pomes, cp. 31, 7. — 19 esmervella M.] esmeuella 31, 2 ce vers a disparu avec le morceau de -parchemin sauf quel¬ ques bouts, de lettres (déjà Sainte-Palaye le passe, et de même, jusqu’ici, tous les autres éditeurs). — 6 fromage 35 et puns de bos waumonés et grans canpegneus canpés. Cil qui mix torble les gués 10 est li plus sire clamés. Aucassins li prex, li ber, les coumenée a regarder . s’en prist a rire. 32 . « Or diënt et content et fiaient . Quant Aucassins vit cele mervelle, si vint au roi si l’apele. Sire, fait Aucassins, sont ce ci vostre anemi? Oïl sire, fait li rois. 295 5 Et vouriiés vos que je vos en venjasse? Oie, fait il, volentiers. Et Aucassins met le main a l’espee si se lance en mi ax si comence a ferir a destre et a senestre et s’en ocit moût. ( Et quant li rois vit qu’il les ocioit, il le prent par le îofrain et dist: Ha biax sire, ne les ocies mie sifaitement! Cornent? fait Aucassins. Enne volés vos que je vos venge? Sire, dist li rois, trop en avés vos fait. Il n’est mie 15 costume que nos entrocions li uns l’autre; Ôil tornent en fuies. Et li rois et Aucassins s’en repairent au castel de Torelore. Et les gens del païs diënt au roi qu’il cast Aucassin fors de sa tere et si detiegneNicolete aveuc son fil; qu’ele sanbloit bien fenme 20 de haut lignage. Et Nicolete l’oï si n’en fu mie lie si comenca a dire. devant 32, 1 flab’ — 9 qu’il] qui — 11 mi — 12 Enne P ; T.] En, cp. 10, 73 — 18 Aucassins — 20 mie M.\ me 3 36 33 . Or se cante. 296 [f. 79«] 'Sire rois de Torelore,’ ce dist la bele Nichole, 'vostre gens me tient por foie! Quant mes dox amis m’acole 5 et il me sent grasse et mole, dont sui jou a cele escole, baus ne tresce ne carole, harpe, gigle ne viole ne déduis de la nimpole 10 n’i vauroit mie.’ 34 . Or diënt et content et flaboient. Aucassins fu el castel de Torelore | a grant aise et 297 a grant déduit, car il avoit aveuc lui Nicolete, sa douce amie que tant amoit. En co qu’il estoit en tel aisse et en tel déduit, et uns estores de Sarrasins vinrent par mer 5 s’asalirent au castel si le prissent par force. Il prissent l’avoir s’en menèrent caitis et kaitives. Il prissent Nicolete et Aucassin et si loierent Aucassin les mains et les pies et si le jeterent en une nef et Nicolete en une autre. Si leva une tormente par mer, qui les espartist. Li nés 10 u Aucassins estoit ala tant par mer waucrant, qu’ele ariva au castel de Biaucaire, et les gens du païs coururent au lagan si troverent Aucassin si le reconurent. Quant cil de Biaucaire virent lor damoisel, s’en fisent grant [f. 79 b ] joie, car Aucassins avoit bien mes u castel de Torelore 15 trois ans, et ses peres et se mere estoient mort. Il le menèrent u castel de Biaucaire si devinrent tôt si home, si tint se tere en pais. 33, 6 ms. p.-ê. tele, toutefois cp. ce 35, 12 et Narbonnais 2066 34, 1 dendère Torelore le ms. a et Nie’ samie — 3 estoit, e corr. d*un a — 8 Nicolete M.] Auc’ — 9 {abréviation pour ur) que —• 11 cururent 37 35 . Or se cante. 298 Aucassins s’en est aies a Biaucaire sa cité. Le païs et le régné tint trestout en quiteé. 5 Jure diu de maïsté qu’il li poise plus assés de Nicholete au vis cler que de tôt sen parenté, s’il estoit a fin alés. ioT)ouce amie o le vis cler, or ne vous sai u quester. Aine dix ne fist ce régné, ne par terre ne par mer, se t’i quidoie trover, 15 ne t’i quesisçe.’ 36 . Or diënt et content et fabloient. 299 Or lairons d’Aucassin si dirons de Nicolete. La nés u Nicolete estoit estoit le roi de Cartage, et cil estoit ses peres, et ele avoit dose freres, tox prinées u rois. Quant il virent Nicolete si bele, se li portèrent moût grant honôr 5 et fisent feste de li et moût li demanderont, qui ele estoit ; car moût sanbloit bien gentix fenme et de haut parage Mais ele ne lor sot a dire, qui ele estoit; [ f. 79 e ] car ele fu preee petis enfes. Il nagierent tant qu’il ariverent desox le cité de Cartage. Et quant Nicolete vit les murs lodel castel et le païs, ele se reconut; qu’ele i avoit esté norie et preee petis enfes. Mais ele ne fu mie si petis enfes, que ne seüst bien qu’eLe avoit esté fille au roi de Cartage, et qu’ele avoit esté norie en le cité. 35, 6 qu’il M.] qi il — 11 vous sai M.] vousai — 12 diu devant 36, 1 fabloië tout au bord — 2 estoit estoit 0.] le second estoit mangue dans le ms. — 3 ele] si; frere — 6 parage 0.] manque — 8. 11 pree — 13 auoi 38 37 . Or se cante. Nichole li preus, li sage, est arivee a rivage, voit les murs et les astages et les palais et les sales; 5 dont si s’est clamee lasse. Tant mar fui de haut parage ne fille au roi de Cartage ne cousine l’amuaffle! Ci me mainnent gens sauvages. 10 Aucassins, gentix et sages, frans damoisiax honorables, vos douces amors me hastent et semonent et travaillent. Ce doinst dix Pesperitables îôc’oncor vous tiengne en me brace, et que vos baissiés me face et me bouce et mon visage, damoisiax sire!’ 38 . Or client et content et fabloient. Quant li rois de Cartage oï Nicolete ensi parler, il li geta ses bras au col. Bele douce amie, fait il, dites moi qui vos estes. Ne vos esmaiiés mie de mi. 5 Sire, fait ele, je sui fille au roi de Cartage et fui preee petis [f. 79 1 ] enfes, bien a quinse ans. Quant il l’oïrent ensi parler, si seurent bien qu’ele disoit voir si fissent de li moût grant feste si le menèrent u palais a grant honeur si corne fille de roi. La fu 37, 5 do de ddnt paraît corr. de ta — 9, gent — 10 Aucassin 38, 1 ms. Quant — 5 fille M .] Alla — 7 bien] ms. biê corr. de b’n — 8 fissen. Four les mots de 9 roi à 11 cure de marier le ms. a roi. baron li vourent doner i roi de paiiens [cp. 39, 28—29] mais ele nauoit cure de marier \le second r corr. de f] La fu bien trois jors v .iiii. La corr. ans pour jors est due à F. 300 301 39 10 bien trois ans | u quatre, tant c’on le vaut mariër un 302 jor a un roi rice paiien, mais ele n’avoit cure de mariër. Ele se porpensa, par quel engien ele porroit Aucassin querre. Ele quist une viële s’aprist a viëler. Et ele s’enbla la nuit si vint au port de mer si se berbega ciés 15 une povre fenme sor le rivage. Si prist une herbe si en oinst son cief et son visage, si qu’ele fu tote noire et tainte. Et ele fist faire cote et mantel et cemisse et braies si s’atorna a guise de jogleor, si prist se viële si vint a un marounier se fist tant vers lui, qu’il le mist en se nef. 20 II drecierent lor voile si nagierent tant par haute mer, qu’il ariverent en le terre de Provence. Et Nicolete issi fors si prist se viële si ala viëlant par le païs, tant qu’ele vint au castel de Biaucaire la u Aucassins estoit. 39 . Or se cante. A Biaucaire sous la tor estoit Aucassins un jor. 303 La se Sist sor un perron, entor lui si franc baron. 5 Voit les herbes et les flors s’oit canter les oisellons, menbre li de ses amors, [f. 80«]de Nicholete le prox qu’il ot amee tans jors; 10 dont jete souspirs et plors. Es vous Nichole au peron, trait viële, trait arcon., Or parla, dist sa raison. 'Escoutés moi, franc baron, 15cil d’aval et éil d’amont! Plairoit vos oïr un son 38, 10 Dans le ms. le passage de tant à paiien [ms. paiie] manque ici; il suit immédiatement vieler 13 — 14 si se h’ se trouve derrière la nuit, mais est biffé 40 d’Aucassin un franc baron, de Nicholete la prous? Tant durèrent lor amors, 20 qu’il le quist u gaut parfont. A Torelore u dongon 304 les prissent paiien un jor. D’Aucassin rien ne savons, mais Nicolete la prous 25 est a Cartage el donjon. Car ses pere l’ainme moût, qui sire est de cel roion. Doner li volent baron un roi de paiiens félon. 30 Nicolete n’en a soing, car ele aime un dansellon qui AucassinS avoit non; bien jure diu et son non, ja ne prendera baron, 35s’ele n’a son ameor que tant desire.’ 40 . Or client et content et fabloient. Quant Aucassins oï ensi parler Nicolete, | il fu moût 305 liés si le traist d’une part se li demanda. Biax dous amis, fait Aucassins, savés vos nient de cele Nicolete, dont vos avés ci canté? 5 Sire, oie, j’en sai con de le plus france créature et de le plus gentil et de le plus sage [/. 80 b ] qui onques fust nee, si est fille au roi de Cartage, qui le prist la u Aucassins fu pris si le mena en le cité de Cartage, tant qu’il seut bien que c’estoit se fille, si en fist moût grant 10 feste. Si li .veut on doner cascun jor baron un des plus haus rois de tote Espaigne. Mais ele se lairoit ancois pendre u ardoir, qu’ele en presist nul, tant fust rices. 39, 17 n de Aucassin corr. d,l m — 38 non M .] manque 40, 9 bm — 10 def corr. de roi 41 Ha biax dox amis, fait li quens Aucassins, se vous voliiés râler en cele terre se li dississçiés qu’ele venist a 15 mi parler, je vos donroie de mon avoir tant con vos en oseries demander ne prendre. Et saciés que por l’amor de li ne voil je prendre fenme, tant soit de haut parage, ains l’atenc, ne ja n’arai fenme se li non. Et se | je le 306 seüsçe u trover, je ne l’eüsçe ore mie a querre. 20 Sire, fait ele, se vos cou faissies, je l’iroie querre por vos et por li que je moût aim. Il li afie et puis se li fait doner vint livres. Ele se part de lui, et il pleure por le doucor de Nicolete. Et quant ele le voit plorer: 25 Sire, fait ele, ne vos esmaiiés pas; que dusqu’a pou le vos arai en ceste vile amenee, se que vos le verrés. Et quant Aucassins l’oï, si en fu moût liés. Et ele se part de lui si traist en le vile a le maison le viscon- tesse; car li visquens ses parrins estoit mors. Ele se 30 herbega la si parla a li, tant qu’ele li gehi son afaire, et que le viscontesse le recounut et seut bien que c’estoit Nico¬ lete, et qu’ele l’avoit norrie, si le fist [f. 80 e ] laver et baignier et sejorner wit jors tous plains, si prist une | herbe 307 qui avoit non esclaire si s’en oinst, si fu ausi bele, qu’ele 35 avoit onques esté a nul jor. Se se vesti de rices dras de soie, dont la dame avoit assés, si s’assist en le eanbre sor une cueute pointe de drap de soie si apela la dame et li dist qu’ele alast por Aucassin son ami. Et ele si fist. Et quant ele vint u palais, si trova Aucassin qui ploroit et 40 regretoit Nicolete s’amie, por cou qu’ele demouroit tant. Et la dame l’apela si li dist: Aucassins, or ne vos dementés plus, mais venés ent aveuques mi, et je vos mosterai la riens el mont, que vos amés plus. Car c’est Nicolete vo douce amie qui de longes 45 terres vos est venue querre. Et Aucassins fu liés. 40 , 14 se corr. de je — 16 ms. v’ au lieu de v9 pour le premier vos — 17 uoul — 30 herbega O.] h’ga — 33 si prist] p.-ê. à corriger en Et Nicolete prist (d’après une remarque de F.) — 44 duce 42 41 . Or se cante. Quant or entent Aucassins de s’amie o le cler vis qu’ele est venue el païs, 308 or fu liés, aine ne fu si. 5 Aveuc la dame s’est mis, dusqu’a l’ostel ne prist fin. En le cambre se sont mis, la u Nicholete sist. Quant ele voit son ami, 10 or fu lie, aine ne fù si. Contre lui en pies sali. Quant or le voit Aucassins, andex ses bras li tendi, [f. 80<*] doucement le recoulli, 15 les eus li baisse et le vis. La nuit le laissent ensi, tresqu’au demain par matin, que l’espousa Aucassins: dame de Biaucaire en fist. 20 Puis vesquirent il mains dis et menèrent lor delis. Or a sa joie Aucasins 309 et Nicholete autresi. No cantefable prent fin, 25 n’en sai plus dire. 41, 4 or paraît corr. de a, derrière se trouve inc (biffé). Interprétation des abréviations. Comme les abréviations ont souvent été Vobjet d'inter¬ prétations fautives dans les anciennes éditions, fai réuni ci-dessous toutes les abréviations qui se présentent dans notre texte, quoiqu'il n'y en ait qu'un petit nombre qui puissent susciter des doutes, a avoir celles sur lesquelles on ne peut être fixé qu'en les comparant a l'usage du copiste et en tenant compte de la date et du dialecte. J'ai dû naturellement m'accommoder, pour la notation, des carac¬ tères d'imprimerie. 1. q°, q a , q 1 représentent quo-, qua-, qui. que est noté par q avec un trait horizontal, qnt avec un trait équivaut à quant (10, 16, 27). — querre 18, 38. 38, 13. 40, 19, 20, 45 et guerre 8, 3. 10, 39. 28, 13 ont une espèce déapostrophe (q’re, g’re). — gue n'est représmté par g e que dans gue res 6, 35. 2. Derrière d'autres lettres que q, la voyelle est d'or¬ dinaire placée au-dessus de la ligne quand r est supprimé: met°it 24, 52 = metroit F a nce 2, 39 — France u e melletes 12, 21 — uremelletes g i s 6, 39 = grés des^r 10, 21 — destrzr desfrer 9, 16 = destrier • c e utes 6, 30 = croûtes. 3. Un trait horizontal au-dessus de la voyelle remplace n qui suit cette voyelle: durc 3, 2 mfer 6, 23 marnent 10, 14 amme 16, 14. 26, 12. 39, 26 pamnes 16, 26. 24, 4 plaine 24, 17. Devant les labiales aussi, ce trait représente n, et non m, car le copiste a écrit canpel 31, 4 canpes 31, 8 conpagnie 4, 22 enpereris 2, 38 canbre 12, 2. 40, 36 onbre 16, 5 conforter 7, 4 et une fois seulement (41, 7) cambre. J'ai écrit con (quomodo) avec n, parce que le copiste écrit 44 con 2, 9. 6 , 27. 10, 1. 11, 11; toutefois on trouve aussi com 12, 1. 18, 1. 29, 12. Le mot fenme est écrit une fois en toutes lettres (14, 18), c'est pourquoi fai (2, 33. 14, 20. 40, 18) interprété par n le trait horizontal placé au-dessus de e, et fai écrit ferame. femme ne se trouve que comme réclame, 3, 12 où le texte a feme. demter (avec un trait) 13, 8 , argt (avec un trait) 22, 37 signifient dementer, argent. 4. p barré d'un trait horizontal en dessous de la ligne signifie par ou per (parles 2, 22 part 4, 25 paradis 6 , 24 enpereris 2, 38 espérons 10, 11 aperceuscent 14, 31 perçut 24, 74). p avec un trait recourbé qui précède, signifie pro: Provence 38, 21 aprocoit 24, 11. 5. Le signe semblable à Vapostrophe représente ordi¬ nairement er ou ier: lerbe 26, 13 tere 6 , 15 terre 2, 6 cerf 18, 27 cerquier 26, 17 deniers 18, 37 cac ier 18, 35 baisier 9, 1 dor mier 9, 9. Dans harpeor 6 , 39 hardis 22, 19 fai interprété le même signe par ar, harpe 33, 8 et hardis (f. 67 ( ) étant écriis en toutes lettres. Dans q’re et g’re, c'est-à-dire qaerre, guerre , u se trouve en même temps sous- entendu. 6. Le signe qui ressemble à un 6 représente ur ou or : harte 22, 3 aventure 20, 24 cure 38, 11 mur 16, 7 portes 8 , 6 mortel 10, 18 tornent 32, 16 mordrir 20, 8 (ms. mor- drir 6 , 5) por 4, 22. 8 , 6 honor 4, 14 amors 14, 20. Une interprétation our serait contre l'habitude du copiste (honor 2, 32 por 7, 17 amors 27, 4 etc.). 7. Le signe qui ressemble à un 9 représen te us ou os : nus 15, 15 plws 14, 16 descendes 28, 1 dasquau 18, 5 tos (totus) 14, 12 uos 5, 19. 18, 1 nos 18, 37 repost 20, 3. Des graphies comme tous uous nous (40, 33. 4 , 8 . 22, 8 ) sont moins fréquentes dans le texte que tos 16, 15. 20 , 13, 13. 24, 86 uos 2, 22. 4, 18. 5, 20 nos 18, 17. 21, 11. 22, 24. 8. Le signe 9 signifie con: con (qu'on) 16, 19 corcsel 20, 18 cowpaignet 21, 5 conplis 29, 9 con (quomodo) 8 , 13. Devant m et n j'qi toutefois interprété ce signe par cq-, car un spécialiste comme de Wailly rend même cô par cou, et 45 notre manuscrit écrit plus ordinairement cornent 10, 73 comence 10, 24 comenca 7, 9. 12, 7, 38. 24, 11 recomence 13, 21 conissiés 18, 15. 22, 10 que coumence 31, 3, 12 cou- niscons 18, 17 recounut 40, 31 ou conmenca 24, 88 com¬ mandèrent 28, 15. 9. Nous avons des abréviations de mots isolés: bn (avec un trait) 1, 9 = bien ch’rl 8, 23 ch’r 10, 8 ch r rls 2, 4, 23. 4, 6. 8, 22 ch’rs 10, 28. 20, 15 == ceualier(s), écrit en toutes lettres 2, 25. 6, 35. 8, 5 (ceualers 2, 16); les signes connus pour est et et; lib’ 40, 22 — liures; mFt 4, 20. 9, 17. 20, 2 = moût, écrit en toutes lettres 7, 2. 15, 1. 20, 2. 40, 1. 39, 26 (mot se trouve seulement 12, 37. 20, 11 moPt seulement 5, 22. 10, 59) ; n 18, 21. 24, 29 = non (négation) n 2, 10 = non (nom, écrit en toutes lettres 39, 32) ; .1. 18, 33. 24, 63 = soùs, écrit en toutes lettres 22, 23; .i. 2, 3, 31 = un (s) vre avec un trait 4, 4. 5, 18 = vostre. 10. Abréviations exceptionnelles (employées seulement au dernier mot de la ligne, où la place faisait défaut): auq a t 6, 4 = auquant q a ques 8, 27 = quanques h’m 10, 25 — hiaumes, écrit en toutes lettres 10, 3, 34 ca (avec un trait) 27, cat (avec un trait) 31 = cante flab’ 32 = flabent flaboit (avec un trait) 34 == flaboient, enfin Vabréviation qui représente aues 6, 1 et qui a à peu près Vaspect de au*. 11. Le nom du héros est ordinairement écrit Aucassin(s) à savoir 1, 4. 11, 2, 8. 27, 1, 9. 29, 1. 31, 1, 11. 32, 18. 35, 1. 37, 10. 39, 17, 23, 32. 41, 1, 12, 18; plus rarement Aucasin(s): dans le titre. 2, 9. 7, 1. 12, 1. 19, 18. 41,22. Aucasinet 21, 6 1 . Dans les autres cas il est abrégé en Aucas. 3, 1 Auss. 39, 2 A. 2, 36. 4, 2 Ac. 24, 29. Dans tous les autres passages où il apparaît, nous trouvons Vabréviation Au. ou Auc. t rai toujours interprété ces abréviations par Aucassin(s). Nicolete se trouve, outre Ventête, 3, 8 (Nïcolete). 11, 4, 12. 13, 1. 17, 1. 1, 18. 19, 1. 23, 9. 25, 3. 39, 24, 30. Nicole 5, 1. Par contre, on trouve Nicholete 1,4. 2, 25. 35, 7. 39, 8, 18. 41, 8, 23 Nichole 33, 2. 37, 1. 39, 11. Dans tous les autres 1 On s?aperçoit facilement de Véconomie du copiste, qui n* écrit guère les noms en entier que dans * les vers, où il avait un espace suffisant. 46 passages ce nom est écrit N. ou Nie., (Nïc. seulement 3, 14) abréviation que fai rendue chaque fois par Nieolete, sauf 3, 3 où la mesure du vers exige Nicole. Pour Biaucaire nous trouvons Biauc. 34, 13. 38, 23. Biae. 8, 10. Pour Bougars on trouve dans un cas B. 10, 31; dans un autre, Bor. 10, 75, que fai interprété par Borgars. Cartage est représenté par Cart. 38, 1, Garin(s) en plusieurs endroits par G. (4, 17. 6, 5. 8, 10. 12, 8, 10. 14, 25. 18, 16. 20, 7, 9. 22, 17), lhesum par Ih’m 17, 4. 12. J’ai écrit en toutes lettres les noms de nombres notés par des abréviations dans le manuscrit. Celui-ci ne pré¬ sente la forme en toutes lettres que dans les passages sui¬ vants: deus 1, 3 dex 18, 28 andex 9, 12. 41, 13 trois 8, 37. 10, 51. 18, 28, 35. 23, 8. 34, 15. 38, 10 set 19, 7 mile 2, 5. J’ai signalé la reproduction du manuscrit en héliotypie de M. Bourdillon. Les caractères du manuscrit sont dis¬ gracieux et négligés, et souvent on ne peut les lire qu’en comparant soigneusement les lettres et en examinant de près Vusage du copiste. Il y a surtout souvent une très grande ressemblance entre o et a (dans auoit f. 70 e roi f. 70 d po- roit f. 71* cropent f. 71 d aumosne f. 74 e soumax f. 75 h etc.). Très souvent le copiste, à la fin des lignes, écrit des lettres au-dessus de la ligne: auoi e f. 7P iama is ibid. ami e f. 71 à câ te f. 72 e maisie re f. 74 h allouent f. 75 a auo ir f. 75 e de uoie en vo ie f. 76 d esto^le f. 77 e . Voici les passages de ma quatrième édition corrigés dans la cinquième: 1, 2 variante, 15. 3, 18. 4, 13, 17. 5, 13, 24, 25. 6, 22. 9,19. 10, 68. 15, 7, 18. 16, 14. 18, 35, 36. 21, 8. 25, 7, 8, 9. 27, 19. 30, 17. 36, 9. 37, 4. 39, 9; et ceux de la cinquième corrigés dans la sixième (abstraction faite du g): 1, 9—10. 2, 16, 24. 6, 17 var, 35 var 8 , 16, 23, 34. 9, 7. 12,6. 13, 9. 14, 28. 16, 14, 21, 24. 20, 20 var, 29. 22, 6,11 var, 24,4 var, 13, 29 var, 39. 28, 6,12,18. 30,1. 34,3 var 9,11, 16. 36, 3. 37,5 var. 38,5,7 var, 9—13. 39, 17 var. 40, 7,32,33 et var. Gaston Paris avait fait lui-même le relevé des passages où son édition s’écartait de la mienne (Romania 8, 285). Notes . 1 1, 2 Je ne puis croire que le poète ait voulu ici présenter une énigme à ses auditeurs. Le passage tel qu'il est conservé n’a son analogue dans le début d’aucun ancien poème français. Le changement que j’ai fait de du viel en du duel est justifié au point de vue paléographique aussi bien que par le sens. L’objection de M. Tobler (Z. If 625), d’après qui caitif, appliqué à un être impersonnel, signifierait ‘chétif, pauvre, mesquin (küm- merlich, gering, karglich)’, ne s’applique pas à plusieurs exemples fournis par le Dict. de Godefroy. Il me semble que ce mot signifie plutôt 1 misé¬ rable, pitoyable’, et cette signification convient aussi au passage suivant (Barlaam et Jos., p. 339): Par tôt preechent sans dotance E as gens mostrent a vois vive Corne nostre vie est cheitive. On pourrait aussi alléguer des passages de la Chrest. prov. de Bartsch. Pour du uiel M. Stengel a proposé du mel, Jen. Lit.-Zeitg 1879 p. 152. M. Cloètta m’a écrit à ce propos: ‘L’m de mel rappelle celle du mot âmes f. 74 e 7, et mal à côté de mel se trouve ailleurs à l’assonance (v. Huon de Bordeaux p. 80. 169).’ M. Alfred Schulze, qui a le mérite d’aoovr reconnu antif comme leçon du ms., fait (dans TArchiv für das Studium der neueren Sprachen CIL 224 ss.) de savantes réflexions sur le sens du deuxième vers. Il fait re¬ marquer que le Viel Antif est le nom du cheval de Roland. Il voudrait corriger du en dun et traduire ‘ d’un vieillard aux cheveux blancs’. Je mt demande si le Viel Antif n’est pas peut-être un nom de jongleur. Si ce jongleur venait à être découvert dans un document quelconque, le deuxième vers, del déport du Viel Antif, serait clair et le nom de l’auteur de la cante- fable retrouvé du coup. 4 Aucassins. L’apposition est parfois, en ancien français, au nomi¬ natif alors même qu’elle accompagne un mot au cas oblique. Cp. von he- binski, Die Deklination der Substantiva in der Oïl-Sprache (Posen 1878) p. 47. 7 M. Tobler nie qu’il y ait ici une question, et considère Qui comme signifiant 1 si quelqu’un’. Mais il semble qu’alors l’idée exprimée dans la seconde partie de la phrase se trouverait pour le sens un peu éloignée. Il est vrai que M. Tobler pourrait citer à l’appui de son opinion le com¬ mencement de Gaydon. 15 Quinze (7. 11 13. 17—25. 29—41) des 21 laisses d’Aucassin 1 Une fois pour toutes je renvoie aux savantes notes de Wilhelm Hertz dans le Spielmannsbuch, I e éd., Stuttgart 1912, p. 435—455. Je cite par VB. les Vermischte Beitrâge de Tobler, par Z. la Zeitschrift für Romanische Philologie. 48 pourvoient le petit vers qui marque la fin de laisse d’une assonance féminine en i. Parmi les treize dernières une seule, la 27™ e , est sans rime. Serait- ce un pur hasard que tant de laisses se terminent par la même assonance ? Ce n’est guère admissible. J’ai donc essayé de rétablir l’assonance dans les six vers qui en sont dépourvus. Les voici suivant le manuscrit: 1, 15 tant par est douce B, 18 que trop est doue 5, 25 se iel puis far 9, 19 a la bataille 15, 18 sor ne ti gardes 27, 19 les le riuage Pour ces six vers je propose les corrections suivantes que j’ai intro¬ duites dans le texte: 1, 15 tant par est rices 3, 18 que trop est fine 5, 25 se jel puis mie (je remplace le mie du vers précédent par prise,). 9, 19 a l’estormie 15, 18 s’or ne t’abries 27, 19 delés le rive. Je crois donc que le poète a employé l’assonance en i pour les petits vers de toutes les laisses. Les corrections que je propose me semblent assez naturelles, et la facilité même avec laquelle elles se présentent est un argument en faveur de leur authenticité. Ce qui me confirme dans cette opinion , c’est que dans le Lai de la rose du Perceforest (publié par Gaston Paris dans la Romania en 1894), où chacune des 43 strophes se termine aussi par un petit vers, chacun de ces petits vers rime en ie. Le poète a encore marqué l’unité de son ouvrage en faisant assoner en i la dernière laisse comme la première. 2, 6 argoit, pour ardoit lat. ardebat. Voir sur cette formation Tobler dans les Sitzungsberichte der Berliner Akademie 1902, p. 98, M. Risop dans la Z. VII. p. 56, 64—65, M. Ebeling dans Auberee II p. 119. détor¬ dant, de détordre, se trouve Romania XVII. 392 v. 218, 394 v. 348, ter- doit (RThèbes, voir le glossaire de l’édition). Des formes comme torjant, dans les Chansons et dits artésiens p. p. Jeanroy et Guy, p. 85, semblent plaider pour la prononciation palatale de g. 12 menus recercelés est pour menuëment recercelés, qui se disait aussi. De même droites noires 12, 28. Voir VB Z 2 82, 79. Cp. Il ot blonde le poil, menu recercelé, Parise la duchesse 1156. 15 Voir sur l’emploi de se — non (ne — se — non) VB. III. p. 71, et Ebeling dans le Jahresbericht de Vollmôller V. 213 sv. 22. 8, 21 qu’en parlés vos ore? (une kônnt Ihr nur davon reden?) Bida traduit : Que dites-vous là ? Voir sur cet emploi de ore Alfred Schulze, Fragesatz p. 81, M. Tobler dans le Literaturblatt f. Germ. u. Rom. Phil. 1888 col. 354, M. Meyer-Lübke Gr. III § 519. 49 23 Ici et 8, 22 M. Thurneysen propose d'introduire j’ devant ere (Z. XVI. 292—294), et de même qu’ele au lieu de que 36, 12. M. Tobler, que j’ai consulté, me déconseille ces changements. 24 ne que voise. Suivant M. Thurneysen, l. c., ne voise (sans que> 8, 23 correspond mieux à l’usage du poète. Sur que, qui remplace le quant précédant, voir Tôlier, Berliner Sitzungsberichte 1901 p. 240. 39 Colstentinoble doit se prononcer comme Coustentinoble. Cp. molt 5, 22. 10, 59 au lieu de moût. Nous avons des exemples de cette graphie dans les Sermons de S. Bernard, éd. Fôrster: polt 7, 12. 92, 14 chacevols 5, 30 palisinols 5, 32 besoignols 27, 11. 61, 41 haïnols 116, 31 hon- tols 118, 20. Cp. aussi avelc avelques (au lieu de aveuc aveuques^ dans le Recueil des mon. in. de l’hist. du tiers état I. 1, 132. Elle est aussi très répandue en normand (v. mon étude Über die Matthaeus Paris zu- geschriebenes Vie de seint Auban, p. 14). 3, 7 di va, de même 29, 7, ‘dis donc’. Ce va. se trouve aussi après d’autres impératifs que di, cp. lai va ! Renart UT 466. guerpis va ! S. Lorenz 424. 13 ‘Par rapport à cela je ne puis faire autre chose.’ 4, 7 Voir sur que répété après une incidente la note dans les VB. II 2 35. J’ai réuni les passages en question à l’art, que du glossaire. 9 tote peor, cp. 6, 45. 10; 56 rien que de la peur, une peur in¬ finie. Voir sur ce tout (en allemand lauter) Ebeling, Problème I, p. 68. Le tox de 36, 3 se retrouve encore en français moderne. 10 ce poise moi que est suivi plus souvent de l’indicatif que. du sub¬ jonctif. Voir Ebeling dans la Zeitschr. für Franz. Sprache XXIII. 2, 109. 11 qu’il i parole ‘qu’il lui parle* (à elle, Nicolette). i pour a lui (a li, a eus, a eles) se rencontre souvent auprès du verbe parler, voir Ebe¬ ling dans Auberee, p. 77. 5, 4 Le mot miramie (que Lacurne de Sainte-Palaye traduit par ‘à la Mosaïque’, et que d’Héricault interprète ‘mirum in modum’ ou ‘à l’orientale’) m’était inconnu, P est pourquoi je l’ai remplacé par mirabile. Ce dernier mot se trouve plusieurs fois dans ‘les Enfances Guillaume du manuscrit de Boulogne: par mirabile sont li entaillement f. ll d Tibaus esgarde les plus grans mirabiles ibid, la siele fu a mirabile faite f. 17 Ce mot se trouve encore De Venus 220 et à la rime, rimant avec mile, Gaimar 2580, avec fille, Gaimar 1284 et Disc. cler. p. 73. — mirabile a un dérivé mirabellous, Aiol 6152. 14 se clama orphenine. orphenme est probablement le nominatif sou¬ vent employé avec soi clamer. Voir Diez Gr. III. 120 [p. 109 de la trad. fr.J. 6 , 1 si que, ordinairement si com. M. Tobler d rassemblé des exemples de cet emploi de que, rare au moyen âge, VB. II 2 .60, cp. aussi 104 et I 2 174. 3—4 li auquant — li auquant, mais 20, 6 li auquant — li autre, Suchier, Aucassin et Nicolette, 8e éd. 4 50 au). quelques-uns — d’autres, les uns — les autres. Voir sur cet emploi Meyer-Lübke Gr. III § 85. 26 A cette description du paradis M. Baist (Z. XV1I1. 276) compare un passage de Ludolphe de Sudheim (Suchem), De itinere terrae sauctae (un peu après 1340), chap. XIV: Unde de ipso monte in Sicilia commune est proverbium : Malo esse in Monte Bel cum regibus et principibus quam in coelo cum claudis et caecis. Dans les Macaronea de Merlin Coccaie XXI (éd. de Toscolano 1521 p. 215-216), Teofüo Folengo fait dire à Pasquin, dont l’avberge se trouve à la porte du paradis: Inganatur homo, paradisum qui putat esse deliciis plénum, solazzis atque richezzis. Sunt quadraginta atini quod ego plantando tavernam ostus eram non per Romçum quippe viazzum, ante sed hospicium paradisi semper habentis mille cadenazzis portas stanghisque seratas, et sua taccarunt passim velamina ragni. Yarcabat giorni septem quandoque vel octo, nemp forasterus bandas veniebat in illas; si tamen ullus erat qui tandem accederet illuc, vel gobbus vel zottus erat vel lumine sguerzus vel cantans vacuus, coram latrone segurus. Dans l’édition de Cepeda, de [15] 33, le passage cité se retrouve sous une forme remaniée à la feuille 243. Voici un passage encore plus rapproché du nôtre, qui se trouve dans une collection de nouvelles composée au XV « siècle dans les environs de Sens. J’en dois la communication à M. le professeur Vossler, qui a traité de ces nouvdlès dans les Studien zur vergleichenden Litteratur- geschichte de Max Koch , II p. 22. Il dit : ‘Je rapporte du bon et de bel assez; car, depuis que ne me veistes, j’ay esté a l’entree de paradiz et en enfer. Est ce pas bien exploittié?’ Lors dist le duc: Veez en cy une bien nouvelle! Or nous en comptez!’ ‘Premièrement’, dist Malbruny, au regard de paradiz: il n’y a que povres chétifs. Ils semblent tous malades, tant ont les visages fades et pâlies et les cuers faillis. Ils ne boyvent ne menguënt ne font que regarder l’ung l’autre. Il n’y a que mort a cuer, comme gens qui ne font que jeûner et pleurer et prier et comme gens qui sont honteux, tous nus et dessirez, et n’ont ne maille ne denier, et n’est que toute povreté. En enfer fait meilleur: la sont lez grans seigneurs, grans guerroyeurs et oultrageux, belles dames et da- moiselles et gens de tous estas, qui font tous leurs plaisirs et désirs sans estre de nul repris. La est orgueil et toute magnificence, grandeur de courage et puissance, qui gouverne ire la vaillant avec sa suer envie. La est toute richesse, qui garde couvoitise. La est habondance de vins et de viandes, de quoy gloutonnie sert, et plaisance qui gouverne luxure, et si 51 y est joieuseté qui maintient oysiveté. Pour ce je dy qu’il y fait bon. (ms. de la Vaticane, Reg. lat. 1716 llr Nouvelle V e : De messire Gaultier de Ruppes, chevalier, et de Malbruny [nom sous lequel se cache le diable]) J Après la mort de Machiavel, on lui a attribué cette peinture du ciel et de Venfer, voir Blondheim, dans Modem language notes 1909, p. 73. M. Jules Cornu me renvoie encore au Simplicius SimplicissimUs de Grimmelshansen, livre II, chap. 21. 28—30 Sur cel dans le sens de Varticle, voir Diez Gr. III. 79 [p. 71 de la trad. fr.]. 30 creute, mentionné par Sainte-Palaye et Du Gange (sous le mot crùta^ est le creutte actuel dit pour grotte dans le Laonnais (Revue des sociétés savantes, VP série, t. IV, p. 395). Comme le poète emploie aussi waumonner, mot d’origine germanique, ce qui indique la frontière septentrionale du domaine linguistique français, on ne peut pas contester non plus taterele. Ce mot se rattache évidemment au nord, tôttur, bas-allem. tater, angl. tatter (haillon), ital. tattera, sur lesquels on peut comparer, outre Diez, Skeat, Etym. dict. of the Engl, lang., Édouard Millier, Etym. Wôrt. der Engl. Spr., 2* éd., et Thumb dans Ger- manistische Abhandlungen Hermann Paul zum 17. Mârz 1902 dargebracht, Strasbourg 1902, p. 245. M. Meyei'-Lübke croit que le mot ne se trouve qu’en Italie (Einführung in das Studium der Romanischen Sprachwissenschaft, Heidelberg 1901, p. 48 ; 1909, p. 52). 32 de soi peut encore être considéré comme la leçon du manuscrit. On trouve un o ressemblant fort à c aussi dans douce 11, 13. Gaston Paris m’indique un passage d'Alexis 80 e . J’ajouterai celui de Charles d’Orléans, éd. d’Héricault, I, p. 116. 37 que eles est une façon négligée d’exprimer le relatif. On trouve de même que — en pour dont 22, 35. D’anciennes langues germaniques emploient des périphrases identiques. Des exemples tirés des langues ro¬ manes sont fournis par Diez Gr. III, 380—1 [350 de la trad. fr.]. J’y ajouterai: Chus vaslés si fu fix l’empereur Kyrsac de Coustantinoble, que uns siens freres li avoit tolu l’empire de Coustantinoble par traïson, Rob. de Clari p. 17, comme pluseurs femmes sont, qu’i (éd. qui> ne leur chault ou elles s’abandonnent, Deux rédactions du Roman des Sept Sages de Rome pp. G. Paris, p. 31. Le pronom personnel peut aussi être supprimé: une partie de l’ost que deus out tuched les quers (pars exercitus quorum teti- gerat deus corda), Quatre livres des rois p. 35. D’autres exemples de ce dernier cas sont donnés par M. Iobier dans les VB. I 1 2 123. Voir encore Meyer-Lübke Gr. III § 628. 43 Se vos i parlés, et vos peres le savoit. La même suite des temps se trouve dans un vers du Roman de la rose, éd. Michel 8893, éd. Marteau 1 Les Nouvelles françaises inédites du quinzième siècle ont été pu¬ bliées par M. E. Langlois, Paris 1908, voir p. 36— 37. 4 * 52 8457: Se vous vives et ge moroie (communication de M. Jules Cornu). Le premier fait est supposé réel, le second irréel. 8, 7 Sur le sens technique de aleoir (galerie sur le mur de fortification) dp. le passage suivant du Roman de la Violette (p. 129): Li dus n’i fist plus atendue, un cor fait sonner de laiton. / Cil de la vile oënt le ton, isnielement as armes salent, ki bien cuident que Saisne asalent; as murs montent et se granisent, ces aleqirs de pierre emplisent. D’autres exemples se trouvent dans Godefroy. 28 que tu] ‘que’ a le sens de quam quod, voir Tobler, VB. I 2 226, 34 sv. Le troubadour Cercalmon se promet qu’un baiser aura le même effet que décrit ici Aucassin (Per fin’amor, Bartsch Chrest. prov. 6 e éd., col. 54): Toz mos talens m’ademplira ma domna, sol d un bais m’aizis, quen guerrejera mos vezis e fora lares e donera em fera grazir e temer e mos enemics bas chader e tengral meu el garnira. 36 Sur l deux’ comme petit nombre indéterminé, voir Ebeling Z. XXIV. 513 — 515. { trois’ (23, 8) n'est pas moins fréquent, surtout avec mos. 39 Auprès des datifs li et lor on supprime ordinairement l’accu¬ satif le, la, ou les. li est ici pour les li. Le participe s’accorde avec l’accusatif les non exprimé (comme dans les exemples cités, par M. Ebeling, Auberee, p. 139). 9, 12 regarder ses pieds, voir Tobler Z. JJ 145 et Schultz-Gora , Zwei Altfranz. Diohtungen, éd., p. 91, v. 159\ 10, 5 sor quoi, le neutre du pronom relatif appliqué, d’après l’usage de l’ancien français, à un animal, considéré comme chose. 14, 29 estro(u)seement. Voir sur la signification et sur l’origine de ce mot la noté mise par M. Wend. Forster au vers 5592 d’Erec (éd. de 1890). 17 fait il intercalé dans le discours direct, bien que la période soit introduite par une proposition subordonnée (Et quant Aucassins l’entendi). De même 30, 11. 40, 25. Cet usage que le français moderne a conservé a été étudié par Ebeling dans le Krit. Jahresbericht de Vollmôller V. 1, 184. 17. 16, 12 douce créature se rapporte à l’Enfant Jésus. Le moyen âge ne fait pas de distinction bien tranchée entre Dieu le père et Dieu le 53 fils. Le Christ est appelé deus dans le Voyage de Charlemagne 139, et le Créateur est appelé salvator au commencement du Jeu d’Adam. 24 remuans, le pronom réfléchi est sous-entendu auprès du participe présent et du gérondif, .VB. IP 97. 26, 36 La barre de fer appelée nasel, mha. nasenbant, était fixée au milieu de la partie frontale du casque et couvrait le nez jusqu’ à son extrémité. On la trouve dès 1066; elle disparaît des sceaux en 1230. Voir Marignan, La tapisserie de Bayeux, Paris 1902 p. 69, et Lanore dans la Bibliothèque de l’Ecole des chartes LX1V. p. 90. 39 ans manque dans le ms. et a été ajouté par l’éditeur . Stengel, qui avait proposé vint mois (Jenaer Literaturzeitung du 15 mars 1879) aurait pu se référer à un passage cZ'Aymeri de Narbonne, v. 615. 53 II est peu probable que tenés soit ici Vindicatif, vouloir que ne se construisant guère avec ce mode. 1 C’est peut-être un indicatif comme forme, mais un subjonctif pour le sens. Voir VB. I 2 p. 29 et cp. je vous pri, sire, que . . . vous le tenez touzjours par le poing, Joinville § 332. Sui¬ vant les observations de M. Tabler, l. c., l’impératif s’employait autrefois, dans la proposition subordonnée ; toutefois il était alors accompagné assez rarement du pronom sujet. bl Hertz traduit: ( Ist das Euer letztes Wort?’ 1 Est-ce là votre der¬ nier mot ?’ Voir des exemples de ce est la fins dans un article d’Ebeling, Z. XXIV. 533. 11, 15 soupe est sans doute une soupe au vin; 'WürziveM suivant la traduction de Hertz. Cp. [11 rois] màngoit en coupes d’or fines soupes en vin, Ph. Mousket 21670—1. 18 Le mot esvertin est attesté de, bonne heure, comme le montre un passage de Samson de Nanteuil: Se jeünout com si veisin, el chef l’en ferreit esvertin (f. 57*). Cp. aussi Tobler, dans les Miscellauea in me- moria di Caix e Canello p. 71. 40 u je fac moût male fin. J’ai noté les exemples suivants de cette expression (significant : se démener) : eriënt et braient et mainent male fin, Enfances Guill. f. I3 b . Tant cria, tant fist dure fin, Qu’a son cri vindrent li voisin, Juitel 205—6. La mere de l’enfant cria et mena si forte fin, que grant planté de Crestiens et de Juifz se y assemblèrent (E. Wolter, Der Judenknabe. Halle 1879. p. 123). Onques mais femme en tout le monde Pour amours ne mena tel fin, Jehan et Blonde 1257 faire male fin, Aeneas 8142 forte fin faire, Vie Greg. 2098 (Romania VIII) et Loseth, Le Roman en prose de Tristan, p. 385 § 547 a . Un tout autre faire fin est expliqué par M. Paul Meyer, Romania IV. 393. 12, 6 La forme garding, qui prouve une prononciation mouillée de n, se trouve aussi dans les Chartes d’Aire G 54 et dans Renart le novel 3203. 1 Voyez pourtant le vers 82 de Gormund et Isembart: Ne voil que [ja] un sol s’en vante, et De Venus p. p. W. Fôrster 82 b . 54 Cp. aussi gardignet ibid. p. 314. en garding (sans article) est comme l’italien in giardino, le roumain în gradin. 33 faelé, aujourd'hui fêlé, dont Diez (Et. Wôrt.) donne une expli¬ cation certainement fausse, est encore usité aujourd'hui en wallon, cp. Grandgagnagc Dict. I. 200 II. 589, et le prov. faia dans le Trésor de Mistral. 14 , 10 de si lonc que je verroie une maisiere, gallicisme que la langue moderne n’a pas encore oublié, cp. d’aussi loin qu’il me vit. Racine Brit. 1, 1. 16 que vos ne faciès mi. Voir, sur cet emploi du subjonctif, Fritz Bischoff, Der Conjunctiv bei Ghrestien, Halle [1882], p. 95. 16, 18 Ici faire est employé comme verbum vicarium, c'est-à-dire qu'il remplace un verbe précédent dont il prend la forme exacte. Ainsi faciès 2pl. subj. prés, est pour amés 2pl. subj. prés., et fac 1 sg. ind. prés, est pour aim 1 sg. ind. prés. 20 La correction de cateron en teteron est due à M. Hugo Andresen (Z. XIV. p. 175, cp. en outre Romania XIX. 618, XX. 285, XXXVI. 131). 15, 12 tu l’entens! Indicatif dans le sens de l’impératif, comme dans le Oz mei pulcele de J 7 Alexis (14°). Cp. aussi ‘Urbain’, dist la vois, ‘or entans, Et ne soies pas alentans’! Manekine, 7587, et Os! Aucassin 22 , 16. 24 , 40. 17 faire messeant se trouve aussi dans Auberi 81, 3: Qu’il ne m’ocie ou face messeant. D'autres exemples de messeant devenu substantif sont fournis par W. Forster (Z. IV. 380) et Godefroy. 16 , 24 cil dedens se disait pour cil de dedens; de était omis devant les adverbes commençant par la syllabe de. Cp. Fors s’en eissirent li Sarrazin dedenz. Roi. 1776. 31 si se repensa l et d'autre part elle réfléchit'. De même que re- est ici rendu exactement par l d’autre part’, il correspond dans d’autres passages à ‘aussi’, cp. E Hyra de Hyeter, e Gareb ki refud de Hyeter, Quatre Livres des Rois, p. 215 . E refist faire (lot. fecit quoque) dous cenz lances d’or, e fist faire treis cenz escuz de altre baillie, e cez refurent de or fin e esmered, ibid.p. 273. Moÿses ki la lei dona Quarante jurs primes juna . . . Gist nostré frere rejuna Quarante jurs, Théophile d'Adgar, v. 947 sv. Li quens de Sansore i revint (y vint aussi), Rom. de la Violette p. 279. 17 , 2 monter le fossé, cp. 19 , 3 si acoilli son cemin . . . tout un viés sentier anti. L’accusatif désigne le terrain sur lequel s'étend le mouvement exprimé par le verbe. Cp. Charles chevalchet et les vais et les munz, Roland 3695. Voir Diez Gr. III 112 [102 de la trad. fr.], Meyer-Lübke Gr. III § 355. 18, 5 s’endormi dusqu’au demain a haute prime ‘elle s’endormit [et elle continua de dormir] jusqu’au matin à six heures’. J 7 ai suppléé entre crochets le membre omis. Voici un cas pareil: (ele) acoilli son cemin . . ., tant qu’a une voie vint 19 , 3 . ‘Elle se mit en chemin, [et elle continua de 55 marcher] . . jusqu'à ce qu'elle vînt à une voie.’ Voir Eljeling dans la Zeitschr. für Franz. Spr. XXV. p. 35, note au vers 325. Les horae canonicales (prime — 6 h. matin, tierce = 9 h., midi, none = 3 h. soir, vespre — 6 h., complie = 9 h.), lorsqu'elles tombent dans la journée, reçoivent les désignations de haut (haute) et de bas (basse) suivant la situation élevée ou basse du soleil, en sorte que haute prime se rapproche de tierce et basse none de vespre. Voir Gustav Bilfinger, Die mittelalterlichen Horen, Stuttgart 1892. p. 22—39. 6 sv. Noire poète mêle indistinctement le présent historique et le parfait. De même qu'il fait suivre ici jeterent de traient et estendirent. il fait alterner (23, 5 sv.): entra anble porte parla et il écrit (30, 3): Il le prist si torne si fiert si le bâti. 13 Cp. qui est un peu plus empariez que les autres, Lôseth, Le roman en prose de Tristan p. 90. 21 non ‘non pas même’. Cf. Qu’il a en vous tant de savoir, Tant de valour, tant de bonté. Que n’en poroit estre conté La disme part, non la centisme, Manekine 5728 — 31. M. le Z> Dittmar, de Magdebourg, a eu Vobligeance de me communiquer encore les passages suivants: en set milliers n’en a quatre, non trois de bien parfaites, Amis 1221. Ja certes ne verrés demain, non le vespre, Ferg. 19, 11 por l’avoir de Normendie ne le vendist, non por tôt l’enpire de Rome, 187, 23 si n’a çai ens nul si haut home, ma dame, non jusques a Rome, Guil. Pal. 7795. Ajoutez encore Berte 738, Aiol 5430. 25 Pour fantosme cp. et si pensa et douta que ce ne fust fant- •osmes, Weston, The Legend of Sir Perceval II, 56, 15. Ils trouvèrent ceste tant belle damoiselle qui estoit ens. Dont ils furent si esbahis qu’ils ne seurent que penser, et disoient li ungz a l’autre que c’estoit fantosme, Wauquelin, Manekine en prose, dans les Œuvres poétiques de Beaumanoir èd. Suchier, 1. p. 297. Et finalement ils doubterent que ce ne fuist aucune phantosme, ibid. p. 335. Pour fee cp. Vair Palefroi 1181. 27 Quand dont employé comme génitif du pronom relatif se rapporte à un substantif, il est de règle que ce dernier soit au nominatif ou à l'accusatif. Ici il se rapporte à les menbres précédé de la préposition de. Voir des cas semblables dans VB. III 2 . 50 et dans Meyer-Lübke Gr. III. § 616. 19, 6. 88, 10. 40, 8 Sur tant que, et tant que au sens de ‘et enfin', ‘et un jour' voir Ebeling dans la Zeitschrift für Franzôsische Sprache XXV p. 24 sv. 7 Sept voies aboutissant au même endroit forment ce qu’Ernest Desjardins, Géographie de la Gaule romaine I p. 312, IV p. 27—30, appelle un septemvium. On en connaît plusieurs en Gaule remontant à l'époque romaine. Voir, outre l'ouvrage cité, où il est question du septem¬ vium de Bavai dans le Hainaut, région que je me crois autorisé à con¬ sidérer comme étant à peu près la patrie de l'auteur d’Aucassin, le Krit. 56 / Jahresbericht de Vollmôller, tome V, III p. 11, Ernst Maass, Die Tages- gôtter, Berlin 1902, p. 112 — 113, de Courson, Gartulaire de l’abbaye de Redon, 186B, p. CXXXVII note 1 11 Suivant Vobservation de M. Fôrster, Z- XXVIII. 506, il vaut mieux écrire une apostrophe après com suivi d’une voyelle (com’il)./ 13 C’est de garris, d’après Littré, que vient la forme du français: moderne garics, 1 et celle du provençal moderne agarru. Honnorat (Vocab. fr.-prov. p. 1104) indique comme nom latin ilex aquifolium. D’après Reclus (Nouvelle Géogr. IL p. 408) les Monts Garrigues, dans lès Cévennes, doivent leur nom au chêne coccifère fiat, quercus coccifera, ail. Kêrmes- eiche). Pour plus de détails, v. Leys d’amors I. 56, Diez Et. Wôrt. 2, 316, Du Cange s. v. garricae, Godefroy s. v. jarris. On en faisait des marchepieds: cf. un marcape de garric del long de la taula (1447). Mahul Gartulaire . . de Carcassonne VI. 350, et des fléaux.: cp. le flael fud d’un grant jarit fendu {ms. fenduz), Ch. Guill. 3212. 20, 12 Sur quoi que au sens de \pendant que’ voir VB. III 2 p. 9. 21. 8 Je rétablis dans ce vers la leçon de ma première édition*(au corset), abandonnée, suivant le conseil des critiques (K. Bartsch, G. Paris, A. Tobler), pour au cors net dans la troisième. La leçon du ms. est et le mescine au. cors corset. Il faut donc supprimer une syllabe. Au point de vue paléoyraphique. il est peu probable que le scribe ait remplacé net par- corset, mais il peut fort bien avoir, par méprise, répété la syllabe cors. Le lecteur voudra bien se rappeler que Nicolette. avait mis un bliàut de soie (12, 12), avant de quitter la prison. Or le corset semble avoir été une partie du bliaut des femmes. Je renvoie aux images dans Léon Gautier, La chevalerie, 3« éd., p. 402—407 note, aux exemples du mot corset tiré de documents antérieurs à 1250 par Victor Gay, Glossaire archéologique, art. corset, et surtout au mot mha. kursît. M. Maxeiner a démontré fZeitschr. für Deutsches Altertum, XXXVII, Anzeiger ’XIXp. 49) que kursît provient du mot français corset. Le kursît est souvent mentionné par Wolfram d’Eschenbach, et antérieurement à lui il se trouve dans le roman du Comte Rudolf (2, 13). On Sait qu’en français bliaut a signifié un habit, d’homme ou de femme, mis au-dessous du manteau, mais clans la plupart des cas au-dessus des autres vêtements. En mha. pliait ou pliât signifie non pas le vêtement même, mais l’étoffe de soie dont on le fabriquait de préférence (p. ex. Rolandslied 1611. Konrad ne traduit pas les vers — 303, 2172 où blialt se rencontre dans la Chanson de Roland). Cp. Apollonius 542: sîn kursît was ein pliât. Le mot allemand qui cor¬ respond pour le sens au mot français bliaut est kursît (de corset, pars pro toto). On a des passages où bliaut est- traduit par kursît; Ainsi 1 et non pas gariès, voir Rom. XXXVI. 148. 57 le mot bliàut (Aliscans 2567) est traduit dans le Willehalm 125, 19 par kursît. Deux autres passages se trouvent au commencement du Moniage Rainoart (ms. de Berne f. 113 al >). Rainoart somme un moine qu’il ren¬ contre en chemin de lui céder ses draps noirs en échange de sa cote et de son bliaut: se te donrai ceste cote entallie et cest bliàut de soie d’Auinarie, et quand le moine refuse, Rainoart le force à coups de poing d’accepter l’échange. Le moine s’en plaint auprès des bourgeois, disant mais cest bliàut, qui ci est gieronés, me fist viestir tôt maleoit mon gre. Ulrich de Türheim, dans son Willehalm (ms. de Heidelberg f. 15é bc , ms - de Cassel f. 127), traduit le premier passage: ir traget doch wol min korsît, et l’autre: so sûre ougenweide gesach ich nie bî miner zît, als an ime lit des was daz kursît. La couleur favorite du bliaut comme celle du kursît est le pourpre. Je t'en¬ voie encore à Viollet-Le-Duc, Dict. du mobilier III, art. bliaut et corset, à Ahvin Schultz, Das hôfische Leben, 2. Aufl., I. 258. 263, II. 57. 58 r à Max Winter, Kleidung und Putz der Frau, Marbourg 1886, p. 22— 24 r et à Murray, New English Dictionary, art. corset. Dans l’édition précédente cFAucassin j’avais cité les deux passages suivants. Dans Lecoy de la Marche, Bagage d’un étudiant en 1347 [dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de France, vol. 50, p. 7 et 19J on trouve mentionné un corset de drap sur fleur de peschier fourré d’une panne blanche d’aigneaus. et Lecoy explique corset: ‘courte tunique sans manches’. Le second est un passage de Clément Marot (éd. d’Héricault 1867, p. 311): Elle vous avoit un corset D’un fin bleu, lassé d’un lasset Jaulne, qu’elle avoit faict exprès. J’en ajoute ici un troisième: un corsset reond a pourfil (de Van 1316) cité par Godefroy s. v. pourfil. 14 M. Ed. Wechssler me renvoie à une pastourelle (dans Bàrtsch r Romanzen und Pastourellen p. 199), oit les bergers parlent des mêmes instruments (pype achetée, fleüste-, macue). 22, 11 Malgré le passage de Roi. 1146 (mult bien le saviëz) j’ai, avec M. Tobler, mis savons, à cause de l’autre phrase 24, 34 et parce que , dans les autres cas, la 1 ère p. du pl. de l’impf. se termine, dans, notre texte, en -iens. 19 ‘Nul ne serait assez hardi pour les en chasser, même au risque de perdre les yeux, même si on le menaçait de lui crever les yeux s’il ne Les chassait pas.’ Voir une phrase analogue dans Aliscans 4649. 23, 3 el cors dans le corps, c.-à-d. au fond de lui-même: il en fut profon¬ dément touché. On trouve un passage semblable dans la Ch. Guiîl. 910. 58 24, 4 Sur nouer cp. Tobler Z. III. 619. 17 entre deus ex. De même, Aliscans 2745. On s’attendrait à trouver l’article. Peut-être est-il supprimé par suite de l’influence de l’expression entredeus, que Fôrster étudie dans le Chev. as deus espees 3685. Cp. aussi Tobler VB. Il-, 110 note, et Clef d’amors 328. Sur l’écartement des yeux large d’un empan, v. B. Ueinzel, Über die Ostgotische Heldensage, Sitzungsberichte der Wiener Ak., Phil.-hist. Kl., vol. 119, p. 83 note, Über Orendel, ibid. vol. 126 f p. 124, Loubier, Das Idéal der mànniichen Schôn- heit, Halle 1890, p. 76, et Fritz Wohlgemuth , Riesen und Zwerge, Tü- bingen 1906, p. 30. Toute la description du bouvier rappelle Yvain 288 sv. 19 Cp. les levres sanblent carbonnees, Fergus 77, 21 et les passages cités par M. Wilmotte dans le Bulletin de l’Ac. roy, de Belgique, Classe des lettres, 1905, p. 835 en note. 21 sollers . . frétés de tille dusque deseure le genol, souliers . . at¬ tachés par des frétés en écorce de tilleul jusqu’au-dessus du genou. Les frétés sont des cordes enroulées autour de la jambe en s'entre-croisant. Voir Tobler dans les Sitzungsberichte der Berliner Akademie 1896, p. 864 et G. J. Eckhart, De rebus Franciae Orientalis, II, p. 410. On voit souvent des frétés figurées sur les miniatures de l’époque carolingienne, comme sur celle de la Bible de Vivien (Z. XXIX. 671 note) et sur celle de la Bible de Charles le Chauve dans Suchier et Birch- Hirschfeld, Geschichte der Franz. Litteratur T 2« êtl., p. 3. La miniature de la Bible de Vivien se trouve également dans la seconde édition de cet ourage, page 24. 33 me conissiés vos? La construction qui place le pronom atone en tête de la phrase interrogative est encore inconnue à Chrétien et se rencontre à partir du Nicolas de Bodel (Alfred Schulze, Fragesatz, p. 223. 225. 228). 41. 60 Cp. Mau dehait ait, ja mais vos prisera! Aliscans 1280. 47 Les verbes locare et jocare sont primitivement soumis aux varia¬ tions du radical et ont donc dans tes formes à radical accentué liue lieue, jue giue gieue, dans les formes à finale accentuée louons, jouons, cp. aliut collocet Ps. deMonteb. 112, 7Ps. de Cambr. 7, 5, mais lepf. aluat Ps. de Monteb. 22, 1 aload 142, 4 juent Roi. 111 (avec un autre u que celui de juer 1638) je geu Parten. 1, 3 (il) jeue relevé par Roq. et Gachet jou gieu (dieu) Best. de Guillaume, Cahier et Martin 2, 194 je gieue (: tieue) Bodel, dans le Théâtre français au moyen âge 185 jeue Rustébuef 2, 312 jeuwe (: lieuwe) Richard le biel 1669 giuent Voyage de Charlemagne v. 702 lieue Littré s. v. Flus tard les formes présenter,t des fluctuations, celles qui sont accentuées sur le radical (joue, loue) aussi bien que celles qui sont accentuées sur la terminaison (jeuwoient Richart le biel 2628 lieuer Huon de Bordeaux p. 219. 258; encore aujourd'hui éliûë dans les environs d’Arras, Enf. pro¬ digue 467, 15). C’est une forme de la dernière espèce que nous avons dans le liués de notre texte. 59 56 a pur Testrain ‘sur la paille toute nue’, ‘sur la paille sans plus’. Cp. puis se li osta on ie mantel e puis le pâlie, si remest en pure le cote, Robert de Clari p. 96. en pur le cors sans armeüre, R. de Ham p. 274. em pur les cors, Jehan et Blonde 3587. Cp. Grandgagnage Dict. II217, Riese, Etude syntaxique sur Froissart, Halle 1880, p. 15—16, Meyer-Lübke Gr. III § 137. 70 Le nombre des lettres suppléées est calculé exactement d’après l’espace du manuscrit. 77 le doucour de li, pour sa doucour. Voir sur de avec le pronom personnel employé dans te sens du possessif Diez Gr. 111 p. 70 [63 de la trad. fr.], Meyer-Lübke Gr. III. § 74. 77—79. Comparer à ce passage Amis et Amiles 916—918: Tout por le lieu qui est biaus et fïoris Et por l’ainor au baron que je di, si dormirai or endroit un petit. [Communication de M. Hugo Andresen.] 83. 26, 10 Pour hors du liu cp. Se une femme se mespasse le pied, telement qu’il soit estors et comme hors du lieu, Evangile des que¬ nouilles p. 88. 86 II. semble qu’Aucassin parvient dans la loge en se tramant. Il tombe à terre en descendant de cheval, se démet l’épaule, attache comme il peut, sans se relever, son cheval à un buisson, et se tourne sur le coté de façon que dans la loge il est couché sur le dos (jut au lieu de vint ëèt une conjecture de M. Tobler, qui d’ailleurs considère ce passage comme pi'ésentant une lacune ). Voir aussi les observations de M. W. Fôrster, Z. XXVIII. p. 497. 25 Cette laisse repose sur une vieille croyance populaire, d’après laquelle l’étoile de Vénus dépassant la lune en clarté peut amener la réunion des amants séparés. Le désir dans le calme de la nuit peut facilement amener l’idée que l’étoile qui luit, et que Vamoureux regarde, est vue en même temps de la bien-aimée et forme ainsi un intermédiaire entre elle et lui. Sur cette superstition reposent clés paroles magiques relevées par Félix Liébrecht, Des Gervasius von Tilbury Otia imperialia (Hanovre 1856, p. 220) dans Jean-Baptiste Thiers, Traité des superstitions, Paris, 1697 (j’ai aussi examiné la quatrième édition de 1741, appartenant à la bibliothèque de Gœttingue, et qui contient l’incantation au t. I, p. 157). Voici le passage: Les autres se mettent à genoux devant une étoile, et cherchent celle de .. . qu’il faut saluer , la regardent fixement, et disent: Je te salué mille fois, ô étoile plus resplendissante que la Lune. Je te conjure d’aller trouver Beelzebuth ... et lui dire qu’il m’envoye trois esprits, Alpha, Rello. Jalderichel, et le Bossu du Mont Gibel . . . afin qu’ils aillent trouver N., fille de N ... Et que pour l’amour de moi ils lui ôtent le jeu, et le ris de bouche, et fassent qu’elle ne puisse ni aller, ni reposer, ni manger ni boire, jusqu’à ce qu’elle soit venuë accomplir la volonté de moi N., fils de N. etc. 60 La ressemblance avec la situation d’Aucassin saute aux yeux. Au- cassin est couché à terre; dans Thiers, l’invocateur doit être agenouillé. U invocation s’adresse dans les deux textes à une étoile petite, mais bril¬ lante dans le voisinage de la lune, donc l’étoile de Vénus. Aucassin a à peine adressé ses vœux à l’étoile, que son amante lui saute au cou et l’embrasse. On dirait que c’est l’invocation qui a amené la présence de Nicolette, alors qu’en réalité il n’y a ici qu’un badinage du poète, qui nous montre Nicolette présente depuis longtemps tout près de la loge avant l’arrivée d’Aucassin. L’idée qui est au fond de cette superstition parait être antique; c*est du moins ce que semble indiquer le rapport entre desiderare et sidus. Pott explique la notion de ce verbe comme un désir plein de regret de ce qu’on a perdu, et qu’on redemande à un faustum sidus (Zeitschrift ftir ver- gleichende Sprachforschung XXVI. 242), et Bréal et Bailly (Dict. étym. latin, p. 346) considèrent aussi desidero, de même que considero et contemplor, comme un terme emprunté au langage de l’astrologie — Quant à la citation d’Apulée faite par Landau (Quellen des Dekameron, 2 e éd. p. 338), elle est erronée d’après ce que m’écrit un savant compétent, M. K. Dilthey, professeur à Gœttingue: car il s’agit là (III, 16) d’un enchan¬ tement amoureux d’une tout autre espèce. L’édition que Landau ne pré¬ cise pas est celle d’Oudendorf. Une incantation d’amour adressée à l’étoile du soir, en ancien alle¬ mand, est publiée par Schonbach dans les Analecta Graeciensia (Graz 1893), p. 48, n. 35. Cp. aussi Calderon, La vida es suebo III, 607 sv. et le poème de Gœthe : An Lun a. Pour, ne rien omettre, je mentionnerai encore ici la délicate élégie de Walafrid Strabus. éditée en dernier lieu par Dümmler, Poëtae Latini aevi Carblini II 403. Toutefois le titre, qui dans l’édition antérieure était Ad amicam, est maintenant corrigé en Ad amicum et ainsi ne présente plus guère de ressemblance avec notre passage. 26, 6 Soiés li bien trovee ! Sur l’emploi de l’article dans cette tournure voir VB. III 2 . 148. 6 11 s’entrebaissent et acolent est pour II s'entrebaissent et s’entra- colent. Sur cette suppression devant le second verbe du pronom réfléchi et Centre, voir Ebeling, Auberee, p. 115, note du vers 430. JLY Le verbe porsachier (tirailler), qui est assez rare, se retrouve dans un passage d’Aliscans 2109: Molt le porsache par sa targe .florle. 28, 10 Torelope est évidemment formé comme tirelire, turelure (v. Lit¬ tré). 1 D’habiles gens très-versés dans la connoissance de ce pays ont uconjecturé avec raison que Torelore étoit Aiguemortes, port de mer d tems de S. Louis, qui encore aujourd’hui est appelé vulgairement pays de Turelure 1 à cause des singularités qui regardent le pays et ses habitons’ 1 Dans le Historisch-geographischer Handatlas de Spruner (1846) on trouve sur la carte 25 (la France de 1180 à 1461), sous Aiguesmortes, 61 (Sainte-Palaye, Les amours du bon vieux tems, p. 48, où les ‘singularités' sorit Indiquées plus au long). Sismondi (De la litt. du midi de l’Europe 1, 321) suppose qu'il faut entendre par là là Sardaigne, à savoir Logo- doro ou le Torri! Le Grand d’Aussy (Fabliaux ou Contes 1781. 3, 71) affirme ce qui suit: L'expression du Roi de Torelore devint une in¬ jure qu'on appliquait à l'homme fanfaron qui promettait beaucoup et ne tenait rien. 18 Pour plus de détails sur les hommes en couche, voyez Hertz, Spielmannsbuch 4 p. 440 , Lei Grand et d'Hêricault. Le terme de couvade -que l'on a employé pour designer cette étrange coutume provient, suivant H. A. H. Murray , d'un passage mal compris de la Luciniade, poème français sur l'accouchement par Sacombe, de Carcassonne, 1792. Cp. Academy, 4 sept. 1886, p. 149, 29 oct. 1892, p. 389, et 19 nov. 1892, j). 458; Liebrecht dans les Englische Studien de Kôlbing IV, 133 ; Nissen, Ital. Landeskunde, I, p. 552; Landau, Quellen des Dekameron, 2e éd., p. 153; Max Millier, Essays, II, Leipzig 1869, p. 244 — 251; Fritz Gund- lach, Aucassin und Nicblette übersetzt, Leipzig [1891, Reclam], p. 61 — 62; Monseiir dans le Bulletin de folklore wallon, tome II, 1895, p. 378—380 (extrait amplifié de la Revue de l’hist. des religions XXXI. 301—2). Wirth, Danae, p. 38, renvoie au mythe de Sèmélè. Dans le roman en moyen néerlandais de Heinric en Margriete van Limborch gedicht door Heinric (VIII 842 — 854) se trouve une. description qui rappelle singu¬ lièrement celle que présente notre poème: Pauca die conincginne, die wide bekint es, vrouwe van Pauca, brachte .ViU M . vrouwen wel na, die aile haers mans meester siin; hare man en moghen gheen gepiin, maer ghemac moet hare wesen, want aise die vrouwen ghenesen van kinde, gaen die man ligghen, entie vrouwen, horic sigghen, moeten hem dienen dien ternit al wt, ende ghemac heeft die cornuut, entie vrouwen moeten orloghen, want die man der pinen niet vermogen. Michel, Pays basque, p. 201, mentionne un proverbe ( que l'on emploie en parlant d'un homme mou' : il se met au lit quand sa femme est en couches. 30, 2 Sur houler lancer, jeter', cp. Romania VIII, 453 , Métivier, Dict. entre parenthèses Turelure. Ce nom est sans doute pris dans Sainte- Palaye. 62 franco-normand ... de Guernesey p. 293, wall. holeter ‘secouer’, DC sv . holeta ({frç. mod. houlette), Diez, Et. W. 1, 293, Grandgagnage Dict. ét. de la langue wallone I, p. 301, Wilmotte dans la Zeitschrift für Fran- zôsische Sprache II 188. A ce groupe appartient dussi le substantif holle, cp. Geste de Liège 37521 — 2: Une hameide (cf. tnha. hamît) prentqui astoit de beolle (c.-à-d. de bouleau), vers Baldwin s’en vat pour donneir une holle. 4 ‘tant qu’il fut sur le point de l’avoir tué, tant qu’il faillit le tuer\ Ce sens de devoir est étudié par Ernst Weber, Gebrauch von de¬ voir, laissier, pooir (Berlin 1879) p. 12. 17 Pour waumonner (waumonés 31, 7) cp. le wallon wâmer, waumer ‘ flamber, passer sur la flamme’. Grandgagnage, Dictionnaire étymologique de la langue wallone 2, 473. L’origine du mot est l’ancien allemanâ walm ‘chaleur, ardeur’. Le combat à coups de pommes sauvages grillées rappelle l’usage d’autrefois de jeter aux mauvais comédiens des pommes cuites qu’on ven¬ dait comme rafraîchissement à Ventrée du théâtre (cp. Vépigramme de Racine de 1680: De l ? origine des sifflets). En Normandie il existe un dicton: Du temps du roi Guillemot on faisait la guerre à coups de pommes cuites (Lecœur, Esquisses du bocage normand, p. 197). 33, 6 escole (? humeur) rappelle le mha. zuht de Wolfram, Parz. 148, 26 — 27: Got was an einer süezen zuht, Do’r Parzivâlen worhte. Littré cite le passage suivant du Roman de la rose 2691 — 2, où escole paraît avoir la même signification: Moût sui, fet ele, â bonne escole, Quant de mon ami oi parole. Cp. aussi Moût a esté a nice escole Mes cuers qui ainsi m’amonneste, Manekine 1692. Je renvoie en outre aux savantes remarques d’Alfred Schulze dans Z’Archiv für das Studium der neueren Sprachen CIL 228., 8 viole se trouve déjà dans Folque de Candie (v. 1897, à la rime en — oie): son ne lai de viole. 34, 1 Ici, comme 36, 3 et 38, 9, le texte a certainement subi des alté¬ rations; mais on n’a aucun moyen sûr de reconstituer le texte primitif '. Après le mot Torelore G. Paris (Romania XXIX, p. 290) suppose la perte d'un morceau en prose et d’une laisse. ‘A la fin du § 32 nous voyons les gens de Torelore dire au roi qu’il devrait chasser Aucassin hors de sa terre et garder Nicolette pour en faire la femme de son fils. 1 .. . Dans leS §§ perdus, on racontait comment Aucassin avait appris (sans doute par Nicolette) les mauvais desseins du roi, les avait prévenus en le chassant ou tuant avec tous les siens, et était resté maître du château de Torelore.’ A consulter aussi les remarques de M. W. Fôrster sur ces passages, Z. XXVIII, p. 498-500. 1 II est possible que le voi veuille la garder auprès du nouveau-né sans avoir pour cela l’intention d’en faire sa belle-fille. H. S. 63 4 uns estores. C’est à tort qu’Orelli voit une difficulté dans le masculin de estores. Ce mot est susceptible des deux genres. Cp. li estoires, Jourdain 2137 Robert de Glari p. 13; il est tantôt masc., tantôt fém. chez Vïlléhardouin. 5 asalirent au castel. Orélli propose le castel. Toutefois cp. assalir a le chité, Robert de Glari p. 116 as murs asaillent, Aimeri de Narbonne 1087 asallir au chastiel, Froissait éd. Luce II. 125. 25. 11 La mer s’étendait autrefois plus avant du côté de Beaucaire. Cp. Cartaïlhac, La France préhistorique, p. 226: Autrefois un grand lac allait du Rhône au Louériou, immense bassin encore navigable et pois¬ sonneux vers le XI« siècle. Il baignait la haute Crau et ce dernier ressaut des Alpines qui forme la montagne de Fontvielle [sic]. Trois îles le dominaient: les collines rocheuses de Montmajour, de Cordes et du Cas- tellet. Cp. aussi Lenthéric, Les villes mortes du golfe de Lyon, 2« éd., Paris, 1876, p. 320 sv. et Le Rhône, Paris, 1892, t. II, p. 461 — 2: La navigation maHtime pouvait remonter par le Rhône jusqu’à Beaucaire, et Arles était entourée d’eau de toutes parts. Je renvoie aussi à Desjardins r Géographie historique et administrative de la Gaule romaine, I. 194. 12 Le lagan (droit de bris, droit d’épave, en ail. Strandrecht) est défini dans les termes suivants dans l’acte de Philippe Auguste de l’an 1191 qui abolissait ce droit (acte publié dans le Recueil des monuments inédits de l’histoire du tiers état, 1.-115): Quod, si navis aliunde veniens et fluctibus maris forte agitata scopulis sive harene maris illisa frangeretur, res in ea existentes in dirreptionem hominum cederent et praedationem. La défi¬ nition que donne le droit anglo-normand est un peu différente (Les termes de la ley, éd. 1641, f. 193 »): Lagan est tiel parcel des biens, corne les mariners en le péril del naufrage jectont hors del niefe, et pur ceo que ils scavoient que les biens sont ponderous et voilont sinke, ils liont as eux un boy ou corke, al intent que poient eux trover et reaver. Si apres le niefe soit merge ou auterment perish, ceux biens sont appels Lagan ou Ligan à ligando, et cy longement corne ils continue sur le mere, ils apperteinont al admirai, mes s’ils sont jects sur le terre, adonque ils sont appels wrecke et apperteinont a celuy que avoit le wrecke, corne appiert en Cok. lib. 5 fol. 106. L’origine du mot n’est pas bien établie, pas plus que la question de savoir s’il est en rapport avec le prov. lagan (dans Mistral, Trésor). 36, 12 fille au roi de Cartage, c.-à-d. fille de l’homme le plus riche, dans une poésie de 1191, de Conon de Béthune (éd. Wallenskôld, Helsing- fors 1891, p. 243). 37, 8 l’amuaffle. Le mot, usité dans les chansons de geste, provient de l’arabe almodaffer (victorieux), surnom de Hakam roi de Cordoue et con¬ temporain de Charlemagne. 38, 13 Ce n’est pas le seul cas d’une femme qui part à la recherche de son amant et qui, déguisée en jongleur, chante sa propre histoire. JSx- 64 actement comme Nicolette, Josianey dans Beuve d’Hanstone, emploie aussi tme herbe pour se peindre la figure et plus tard pour se laver (cp. Stimming, dans les Abhandlungen Herrn Prof. Dr. Adolf Tobler dafgebracht, Halle 1895, p. 31, et Hist. litt. XVIII. 701). Maugalie, dans Floovant p. 55. 62. 66 - 67, *ai pris une erbe si an oint sa figure pour s'e déguiser en jouglaour; elle prétend savoir des enchantements, mais elle ne chante pas. Rosemunde s’habille en jongleur et prend avec elle un domestique habillé en femme (dans Namnlôs och Valentin utgifven af Klemming, Stockholm 1846, p. 53). Marthe, l’amante d’Ysaïe le Triste, chante, habillée d’abord en homme, puis en femme, sa propre histoire (voir Zeidler dans Z. XXV. 210). Tharsia, la fille d’Apollonius de Tyr, quand elle chante sa destinée devant son père, est appelée, du moins dans la version en ancien espagnol, juglaresa. 39, 12 trait viële, trait arcon. traire signifie: tirer (d’un sac, d’un étui -ou d’un objet analogue); cp. La chartre trait, puis li a presentee, Auberon 361 (communication de M. Tobler). J’ajoute le passage suivant des Nar- bonnais 4308: Huevre une boite et tret un ongnement. L’omission de l’article devant viële et devcmt arcon est expliquée dans les VB. II 2 . 109. 14 On chante aussi sa propre histoire devant le héros dans le Mon. Guill. I, v. 446—450, et dans Herpin de Bourges (cp. Scholvien, Weitere -Studien zur Chanson Lion de Bourges, Teil III, Greifswald 1905, p. 32). 40, 19 l Et si j’avais su où la trouver, je n’aurais plus à la chercher maintenant (je serais allé la trouver depuis longtemps)’. Sur le sens de plus-que-parfait qu’a ici seüsçe, cp. Diez Gr. III. 356 [328 de la trad. fr.J et 1 obier, Darstellung der lat. Conj. in ihrer rom. Gestaltung, p. 25. 34 Sur la chélidoine on peut rapprocher de ce passage celui-ci: un malingreux qui préparait avec de l’éclaire et du sang de bœuf sa jambe de Dieu du lendemain (V. Hugo, Notre-Dame I, chap. 11); en outre Romania XIV. 466 et Eugène Rolland, Flore populaire I. ‘ (1896) p. 190—199. 37 cueute {de culcita), auj. couette coite, angl. quilt. Voir God. Suppl, couette. {JDem. keutisele 24, 55). 41, 17 En France on consacrait autrefois les mariages le matin (Altcin Schultz, Das hôfische Leben I 2 . 628). C’était souvent le lendemain des fiançailles (Ebeling, Auberee, p. 70, note du v. 69). I. Dialecte. Suchier, Aucassin et Nicolette, 8e éd. 5 La prononciation est écrite en caractères majuscules. Les formes supposées, qui ne servent qu’à l’explication des formes françaises, sont marquées d’un astérisque (*). Les consonnes sont étudiées avant les voyelles, les voyelles simples avant les diphtongues et les triphtongues. Les consonnes sont rangées d’après la place où a lieu l’articulation, en commençant en arrière; les voyelles sont rangées d’après le timbre, en commençant par le plus sombre _ On distingue le timbre des voyelles par des signes convenus: un point signifie la prononciation fermée (o, e) ; un crochet la pronoyvciation ouverte ( 9 , 9 ), â représente a nasal; ë e nasal, etc. e correspond à e long provenant de Va. latin et ayant probablement une prononciation très fermée. e sourd, dans les monosyllabes, est marqué par 9. J’appelle picard le domaine nord-ouest de la langue d’oïl, qui est borné à l’est par le wallon, au sud par le champenois « le francien (parler de l’Ile-d'e-France) et le normand. Nous ne considérons comme traits caractéristiques du dialecte, en règle générale t que les traits qui n f appartiennent pas à tout le domaine de la langue d’oïl, ni même à la plus grande partie de ce domaine. Nous analysons d'abord le dialecte tel qu'il nous est fourni par le manuscrit, dialecte que nous pouvons con¬ sidérer comme celui du copiste, pour poser ensuite la ques¬ tion du dialecte primitif, du dialecte de l’auteur. Remarquons que la graphie -us alterne avec la graphie -x, qu’il faut prononcer comme si l'on avait -us. C’est ainsi qu'on trouve tour à tour les formes maus et max, dius et dix, etc. Dialecte fourni par le manuscrit. I. Changements phonétiques. A. Changements non aeeomplis. 2. c latin non précédé de voyelle et placé devant un a primitif demeuré intact devient, généralement, dans les anciens dialectes français, ch (TCH). Dans les dialectes picard et normand c garde cependant sa valeur latine dans la prononciation et dans l'orthographe. La frontière des deux sons est dessinée sur la IV e carte du Grundriss de Grôber. Aucassin appartient au domaine de ca-. Exemples: caitif 1, 2 cans 1, 8 caviax 2, 12 acata 2, 29 castel 3, 2 eanbre 4, 21 car 4, 23 caut 12, 3 cacier 18, 35 le second c de cevauca 20, 30. 2. c latin non précédé de voyelle et placé devant e, ie, i ré * sultant de a, devient dans la plupart des dialectes ch (TCH); 5* 68 mais dans les dialectes mentionnés au § précédent, et de même dans Aucassin, c garde, dans ce cas aussi, le son latin (écrit parfois qu, k, mais ordinairement c). Exemples: cerquier 26, 17 aforkent 19, 7 ceval 2, 19 cevalier 2, 25 baceler 2, 31 ciers 9, 5 cief 9, 8 vaces 10, 7 civres 10, 7 cien 10, 27 cemisse U, 25 ciere* (subst.) 15, 8 ciere (adj.) 18, 26 cemin 19, 7 sacie 24, 56 cevauce 24, 69 bouce 27, 7 marceans 28, 15 cevaucierent 30, 16 ciés 38, 14. C'est exactement le même traitement qui est appliqué au k germanique et arabe devant e et i primitifs, cp. rice 2, 34 france 2, 40 teces 2, 41 hance 10, 4 fresce. 26, 13 tresce 33, 7 raescine 5, 6. Cas contraires: manquent. Il n'y a qu'une exception apparente dans l'abréviation ch’rl, ch’r : il faut la résoudre, comme le montre le manuscrit même, par cevalier. 3. g non précédé de voyelle et placé devant a latin ou germanique devient, généralement, dans les anciens dialectes français j (DZH), mais reste inaltéré dans les dialectes mentionnés ci-dessus. Exemples: ganbes (du grec xayny paturon) 2, 11 gan- bete 11, 26 gorés 13, 10 gaunes 24, 20 gardin 4, 2L Les seuls cas contraires sont: joie 1, 14. 6, 6 joes 24, 18. Là aussi où a devient e, ie, i, notre texte présente g. Exemples: longe 12, 14 longes 40, 44 renge 10, 3. 4. t isolé s'est maintenu dans le domaine picard, wallon et lorrain, particulièrement derrière u, jusqu'à une époque oie il avait déjà disparu dans les autres dialectes. Le seul exemple est: jut (part.) 14, 6, 14, ou toutefois il faut peut- être voir l'influence du parfait, cp. Z. II, 272. Cas contraires: entendu 6, 1 perdu 24, 39 etc. 5. Les sons intercalaires d et b, qui en normand et en francien se développent d'habitude au milieu de certains groupes de consonnes (1-r, n-r, m-1) manquent en picard et en wallon (Wilmotte, dans la Romania XVII. 566). Exemples: vauroit (du lat. volo) 1, 1 vouriiés 32, 5 vauroit (du lat. valeo) 33, 10 saure 24, 53 sorrai 24, 58 remanroit 12, 9 tenront 26, 20 asanlent 21, 1. 69 Cas contraires: ensanble 14, 23 sanbloit 32, 19. 36, 6 et constamment dans m-r: menbre 39, 7. Le voldret d’Eulalie interdit déjà d’attacher grande importance à ce phénomèn , qui s f étend jusqu’en Lorraine (Serm. de S. Bernard) et en Champagne (Récits d’un mé¬ nestrel de Reims). 6*. 1 et 1 mouillé derrière ï sont tombés en normand et en francien devant s, avant que se produisît la vocali¬ sation de 1. Ces dialectes se comportent donc ici comme ceux de l’Est de la France, qui d’ordinaire laissent tomber 1 partout au lieu de le vocaliser. En picard 1 derrière î n’est pas tombé et est par conséquent devenu u lors de la vocalisation. Exemples: fix 8 , 26 gentix 27, 2. 36, 6. 37, 10. Seul cas contraire: gentis 29, 2. 7. o (— 6 lat.), au lieu de la diphtongue usuelle ue (plus tard eu), apparaît dans: fillole 2, 31. 6, 17 avoc 6, 40 à côté de aveuc 6, 36, dans voil 6, 34, 40 volent 39, 28 dol 7, 10 à côté de duel 24, 31 deul 8, 11, dans foille 19, 14. 20, 3 à côté de fuelles 26, 14. Je n’essayerai pas de donner ici une délimitation géo¬ graphique de ce phénomène. Je signalerai toutefois qu’il apparaît dans le Dialogus anime et rationis (? Vosges; cp. sofres I. 7 ovre III. 15 voil V. 8 doil XXVII. 7 re^ prove XXXV. 14), dans les Sermons de S. Bernard p. p. W. Fôrsten (? Metz, cp. orgoilles 2, 26 orgoil 2, 29 voil 4,23 soffret 77, 36 avoc 92, 32. 117, 6), dans les Dialogues de saint Grégoire (? Liège, cp. ovre 71, 5 avoc 5, 8 soffre 5, 13 iloc 22, 4 bos 29, 18 poroc 163, 9), dans la Chronique de Mousket (Tournai, cp. fol: aiol 695, folles feuilles 10353, le son suum: Charlon 2547, dol 13110. 13542. voil 11971). o apparaît particulièrement devant c, r, f, v, 1. 8. Encore après le milieu du XIII e siècle, les sources picardes , au lieu de remplacer ai par e, présentent cette diphtongue avec une telle régularité, qu’il n’est pas témé¬ raire d’en » tirer une conclusion sur la prononciation: ai en picard était encore diphtongue à une époque où ai en normand 70 et en francien avait depuis longtemps perdu sa valeur dé diphtongue. J'ai remarqué ce fait pour la première fois dans le Cartulaii*e de Flines p. p. Hautcœur (Lille 1873). J'en trouve la confirmation dans les Enfances Guillaume du manuscrit de Boulogne, six laisses (12. 21. 25. 31. 42. 77), comprenant au total 118 vers, assonent en e ouvert et ne présentent que deux fois un ai primitif (repaire l. 25, aresne 1. 77), tandis que la diphtongue ai est très fréquente dans les laisses en a. Il serait facile de montrer qu'il ne faut pas voir dans ce phénomène, en comparaison de l'état lin¬ guistique de la Chanson de Roland, un caractère archa/ique. A ce qui vient d'être dit se rattache le témoignage de Théo¬ dore de Bèze, d'après lequel la première syllabe du picard aimer était encore diphtongue au XVI e siècle (De Francicae linguae recta pronuntiatione, éd. Tobler, p. 46). Exemples: vairs 2, 13 traitice 2, 13 aim 2, 26 laise 2, 28 faire 2, 32 donrai 2, 33 mais 2, 15. 4, 14. 6, 33. Les mots placés à la rime dans le § 3 fournissent d'autres exemples du même fait. Des formes comme lairai 29, 15 laisçiés 6, 14 dehait 18, 25 faisoit 2, 1 sont même plus archaïques que telles formes du manuscrit de la Chanson de Roland et du Psautier de Cambridge (lerrat, Roi. 574. 785 lessez 279. 569 dehet 1047 fesanz, Ps. de Cambr. p. 12, 19). Cas contraires: aucun dans notre texte. Qu'il y en ait dans d'autres manuscrits picards (Huon) et dans des poèmes picards (Chronique de Mousket), c'est ce dont ne s'étonnera pas quiconque a une idée du développement des anciens dialectes français B. Changements accomplis. 9, Les mots latins terminés par une voyelle + x ont généralement, dans les anciens dialectes français, changé le c de la terminaison de l'accusatif -cem en -z (TS), et e de la terminaison, sous l'influence de c, fut changé en i (nuce[m] *nuci cp. cëra[m] cire) et ensuite reporté sur la syllabe accentuée (*nuci nuiz cp. focu[m] fou[g], caecu[m] 71 cieu[g]). En picard et en wallon le c de ces mots fut changé en -is. De là, au lat. nucem vervecem imperatricem vicem correspond en normand noiz brebiz, Rou 2, 1061 empereriz feiz, QLR p. 274, 359, mais en picard nois Auc. 12, 24 brebis 22, 18 enpereris 2, 38 fois 8, 37. c suivi de i ou e devient TCH derrière une consonne, p. e . calcem pic. cauch, Rec. de mon. in. du tiers état 1, 176. 10, Le son TS, en picard (et sur une partie des terri¬ toires normand et wallon) TCH, a les sources suivantes: a) il provient de ci suivi d'une voyelle. Exemples: traitice 2, 13 postic 12, 30 France 2, 39 faciès 10, 68 descauc 6, 31. h) il provient de c soit initial soit précédé d'une con¬ sonne, mais suivi de e ou i. Exemples: cil 2, 9 cerf 18, 27 ci 10, 38 cainst 9, 9 ocioit 2, 6 douce 7, 20 recercelés 2, 12. c) il provient de t précédé d'une consonne et suivi de i (e) précédant une voyelle. Exemples: cacier 22, 35 cancon 22, 7 Valence 2, 1 cac 23, 11. Les sons c et ti entre des voyelles donnent is: raison pris (de prieis) maisiere plaist. Le suffixe -itia donne régulièrement -oise (prouoise). Cependant vers le septième siècle il a été de nouveau emprunté au latin sous la forme -ece: prouece 1, 6. Cas contraires: pour c médial seulement le mot d'em¬ prunt provençal Limosin 11, 17, le subjonctif 3. p. sg. cast 32, 18 (où s a remplacé le c devant t), dansellon (? avec s douce) 39, 31 ; pour c final seulement ains 8, 3 (: darrains Mousket 5257, est peut-être égal à aine Mousket 4180 -f- s). Dans dose 16, 20 quinse 24, 43 s est sonore (Z) et provient de z (DZ). 11. t (d) + s à la finale deviennent, dans les anciens dialectes français, z (TS), en picard s. La lettre z est in¬ connue à notre texte. 1 1 Toutefois cp. la variante de lé, 9. 72 Exemples: dis 1, 8 dolans 1, 11 grans 1, 5 cans 1, 8 ajornés 2, 3 donés 2, 25 assés 2, 40 biautés 3, 16 liés 6, 6 viés 6, 30 tos 6, 22 vois (vides) 8, 14 pues 8, 20 escus 10, 2 ens 11, 19 blons 2, 12. De même pour -sts on trouve en picard s, dans d'autres dialectes z: ces 2, 31 cis (de cist + s) 22, 32. Cas contraires: aucun. 12. La métathèse de consonne + er en consonne -f- re dans quelques mots est très fréquente dans les textes picards. Elle n'apparaît qu'en syllabe atone. Exemples: deffrema 12, 30 vremelletes 12, 21 brebis 22, 18; exemples tirés d'autres textes: frété, Rich. le bel 882. 1042 fremeté 3414 gouvrenoit vregier vremeil cp~ Knauer dans le Jahrbuch 8, 391 Fôrster dans le Chev. as II esp. p. XLIX vregant, Eracle 765 vreté 868 (= éd. Lôseth 876) escrelate Huon etc. Cas contraires: dervé 30, 6 esvertin 11, 18 etc. 13. Là où, à la 3 e pers. du pl. du part, de l'ind., s et r entraient en contact, le normand et le francien ont intercalé un t (-str-: pristrent mistrent defistrent, mais toujours firent); le picard, le wallon et le lorrain ont laissé tomber r. Exemples: sissent 9, 13 missent 18, 9. 28, 6 fisent 34,13. 36, 5 fissent 38, 8 prissent 34, 5—6. 14. Dans le groupe bl (pl), en wallon, en picard et en lorrain, Vexplosive devient fricative (v) ; celle-ci peut devenir u et disparaître. Exemples: pules 16, 15 afulés 24, 22. Ailleurs notre texte ne connaît que bl: fablent 2 fa- bloient 12 oublia 10, 10 estable 20, 28 honorables 37, 11, tandis que d'autres textes emploient des formes comme honoravles ouvliër paisivle paisiule. 15. -es au lieu de -els: tes (lat. taies) 10, 41 ques (lat. qualis) 28, 10 canpés 31, 8 apparaît occasionnellement dans presque tout le domaine de la langue d'oïl. A côté on trouve tex 2, 9 quex 8, 33. 16. o se change en u, sous l’influence d'une labiale 73 voisine, dans les mots furnir 8, 3 (à côté de forni 10, 5) pun 31, 7 (pomum) puin 10, 26 (pugnum). Cas contraires: point 40, 37 mosterai 40, 43 bore 27, 16 etc . 17. Comme propres au picard, signalons les accusatifs du pron. poss. men 10, 67 ten .16, 1 sen 10, 68 (à côté desquels on trouve mon 10, 46 ton 11, 24 son 10, 32). Peut-être ces formes sont-elles soi'ties de mon ton son ( lat. meûm tuum suum) comme en (homo) de on, nen de non, denne de don(c) ne, volenté de volonté, Rencesvals de Roncesvals, tandis que la forme mien provient régulière¬ ment de méum. 18. Là ou o ouvert se trouvait devant 1 entravé, la vocalisation de 1 produisit d’abord la dipthongue ou (avec o ouvert). Celle-ci devint, en picard et en wallon, au, et se réduisit dans les autres dialectes à p. Exemples: vauroit 1, 1 faus 3, 7 vautie 5, 2 cauperont 10, 18 caupee 10, 19 caupe 10, 25 saure 24, 53 vaut 38, 10. Cas contraires: sous 22, 23 sorrai 24, 58 vouriiés 32, 5 vourent 38, 9 var. 19. Un caractère picard est l’e des formes féminines le (art.) 2, 4 le (prori.) 4, 8 me 2, 26 te 2, 21 se 2, 18. A côté de ces formes on trouve aussi la (art.) 4, 4 ma 10, 50 sa 2, 31. Mais le pronom personnel est toujours le, jamais la. 20. Tandis qu’en francien et en lorrain tout ë a passé de bonne heure à a, le picard et le wallon ont gardé ce son ë intact, et même ils ont opéré parfois le change¬ ment inverse, de à en e. Sur l’extension de ce changement phonétique, voyez le Grundriss de Grôber, 1 2 , p. 762 et carte IX. â se trouve dans: blanc lance ganbe fantosme mantel avant — créante dolant souduiant serjant etc. ë se trouve dans: ens venge venjasse menbre covent talent sergent etc. à pour ë ne se trouve que dans: ensanble 14, 23 asan- lent 21, 1 sanbloit 32, 19 sanblant 15, 9 tans 2, 8 sans 22, 17. J’ai corrigé santi 16, 21 (cp. senti 10, 11. 12*11). 74 <5 picard pour ü se trouve dans asognentee 6, 21 asoignen- teroit 14, 6 mengoient 18, 10 (et, à côté, mangoient 20, 32). J’ai corrigé center 12, 6 (cp. canter 39, 6) et enfent 28, 18 (cp. enfant 22, 22). 21. Dans le Hainaut, à Cambrai, Maubeuge, Namur, Liège et au nord de la ligne formée par ces villes (cp. le Grundriss de Grôber I 2 , p. 764), ç (ë lat. entravé) passe à ie. Un seul exemple dans Aucassin: iestre 10, 40 (à côté de estre 2, 27). 22. e atone suivi d’une voyelle est devenu muet plus tôt en picard et en wallon et en lorrain que dans VIle-de- France. Exemples: vesture (de vesteiire) 12, 16 jut (de jeüt) 14, 6, 14 benie (de beneïe) 18, 13. 22, 6. 24, 26 benois (de beneois) 24, 61. A côté de ces formes on trouve vesteiire 12, 23 benooit 16, 2 maleoite 4, 5 etc. border et bordir, s’ils sont réellement sortis de behorder et behordir, se présentent toutefois aussi dans d'autres textes qui gardent e v , p. e. RMahon 1219. 23. el + consonne provenant de ïl lat. + consonne devint dans la plupart des dialectes eu, mais en picard (éal, eâl, eau) iau. el provenant de el + consonne et el provenant de il -J- consonne donnent donc le même son en picard: ciaus (ecce illos) biaus (bellos), et aussi en wallon (eeaz beaz) ; ils donnent des sons différents dans les autres dialectes: ceus biaus en norm. et en franc., ceos be(l)s en lorr. Les seuls exemples sont: caviax 2, 12. 13, 15 caviaus 12, 19 ciax 6, 33; le seul cas contraire est: ex (illos) 2, 20 ax 8, 18 (mais pas iaus, qui apparaît pourtant dans d’autres textes). 24. A la diphtongue ou (avec o ouvert) du normand et du francien correspondent, dans les dialectes picards, au et eu. Notre texte ne présente au que dans trau 24, 86; ailleurs il a eu : peu 2, 40. Cet eu apparaît surtout dans les formes à radical accentué des six parfaits habui pavi 75 placui potui sapui tacui: eut 20, 1 peut 24, 84 seut 40, 9 «eurent 38, 7. Cas contraires: pou 40, 25 ot 39, 9 pot 12, 14 sot 36, 7 etc. oi et ei atones devant ss deviennent i en picard. Cp. counisçons 18, 17 conissiés 10, 73. 18, 15 (pisson poisson Elie 1451 Brendan éd. Wahlund). De même en wallon et en lorrain (Serm. de S. Bernard). Le changement observé à Liège, mais aussi en Artois (Aliscans, Enf. Guillaume, Huon), de ie en i, lequel se produit le plus fréquemment devant r, n'apparaît que dans destri i* 10, 21 civres 10, 7. Ailleurs notre texte présente toujours ie. Le lorrain aussi connaît des formes semblables (Thiry, livres, chivre), cp. Guerre de Metz en 1324 p. 40. 27, Le changement de -iee en ie, qui est à la fois picard, wallon et lorrain, se présente dans bautisie 2, 30. 4, 12. 6, 16 enploiie 2, 38 entecie 2, 41 baisie 8, 37. 10, 52 quaissies 16 f 19 escorcies 16, 20 puïe 20, 13 sacie 24, 56 lie 32, 20. 41, 10. Cas contraires: aucun. 28, ieu passe à iu, ce qui est une particularité propre au picard. Exemples: mix 2, 21 dix 2, 22 diu 5, 23 vix (vetulus) 2, 7 vix (2. sg. de voloir) 2,34.3, 11. La triphtongue ïqvl n'apparaît pas dans notre texte, mais bien vex ( 2 e p. sg. de voloir) 3, 7 à côté de vix. C'est sans doute un pur hasard qu'on ne trouve pas ix à côté de ex (oculos) 4, 16. 12, 20; on ne trouve non plus que veut 4, 6. 40, 10 et canpegneus 31, 8. D'autres dialectes picards changent iu en ieu (ententieus fieus). Je n'ai pas réussi à délimiter le domaine de iu et celui de ieu d'après les documents du moyen âge. Aujour¬ d'hui on dit dans le département du Pas-de-Calais fiu, dieu, vius (lat. vetulus), à Arras et à Amiens fiu, diu, vius, à Cambrai fui, vius, mais plus au nord, à Mons, fieux, 76 vieux, à Saint-Omer fieu (à Liège fi(ls), vy, à Namur fi(fs) diet vy, à Malmedy fi(ls), vî). J'emprunte ces formes aux traductions de /'Enfant prodigue. 1 Que Von consulte aussi les cartes 404 et 572 de /'Atlas linguistique de la France- IL Changements morphologiques (formations analogiques). A, Changements non accomplis. 29. La formation nouvelle, qui en Normandie et dans VIle-de-France introduit -ons (-uns) à la terminaison de la I e personne du pluriel de tous les temps et de tous les modes (sauf la I e p. plur. du passé défini), a épargné, en picard, en wallon, en lorrain et en champenois, quelques formes qui ont gardé la terminaison -iens (iemes). Cette terminaison -iens apparaît dans tous les dialectes picards à la 1* p. plur, de Vimparfait de Vindicatif, et du conditiomiel (p. e. Huon de Bordeaux et le ms. d’Oxford de Thaïs ne Vont que dans ces formes), mais quelques-uns de ces dialectes Vont en outre à la I e p. plur. de Vimparfait du subjonctif (Chartes d’Aire, Chartes du Ponthieu, Dialoge Grégoire) et à la I e p. plur. du présent du subjonctif. Exemples: estiiens 22, 29. mangiëns 22, 30 desisiens 22, 34. Cp. aillons 27, 12 (à Vassonance). 30. s intervocalique dans les formes du parfait a dis¬ paru de bonne heure, tandis que cette s est d y ordinaire con¬ servée en picard encore au 13 e siècle. Exemples: fesist 9, 4 ocesissent 14, 26 ocesisçent 16, 31 desisiens 22, 34 dississçiés 40, 14 quesisçe 35, 15 presist 40, 12. Le manuscrit de Robert de Clari, écrit au com¬ mencement du 14 e siècle, ne contient que des formes comme fesisse, ochisisse, quesisse. Il en est de même des Sermons de S. Bernard, où, à côté de presissent 3, 39 leisimes 26, 26 1 La- forme infer 6, 34 ne se trouve guère gu’en picard et en wallon (Huon de B., Mousket, Ren. Nouv., Dial. Grég. etc.); de même la forme caviaus 12, 19 caviax 13, 15 avec a. Mais ce peut être un effet du hasard, puisque le lorrain aussi (Serm. de S. Bernard) connaît chamin, et le normand chavals (Psaut. de Montebourg). 77 desist 76, 22 mesisses 59, 18, on ne trouve qu’un deïs 7, 5 tout à fait isolé. On trouve fessissent encore dans la Chronique de Stavelot, p. 368. B. Changements accomplis. 31. Signalons comme picards les féminins miue 2, 21 siue 10, 65 (du masculin perdu *miu, *siu -|- e), et en outre les formes invariables no 41, 24 vo 6, 23 (pour nostre, vostre atones) nées de la forme déclinée nos, vos. 32. Le nominatif ecce-iste, dans plusieurs documents picards et wallons, est constamment augmente de s; il de¬ vient ainsi dans les . Dial. Grég. ciz 11, 3, dans Aiol éis 1204. 2104. 2125, dans ÀUcassin cis 22, 32. 33. Le picard, termine volontiers la I e p. sing. du prés, et du parf. en c, qui n’est étymologique que dans fac (fado), et qui est dû dans les autres cas à l’analogie de fac. Exemples: senc 26, 8 sieé 10, 21 atenc 40, 18 bue 24, 51 — et à côté, atent 17, 11 fui 87, 6 sui 33, 6 etc. Les verbes de la I e conjugaison résistent à ce c, pour adopter la formation en -e (ainme 16, 14 afie 10, 78 à côté de aim 17, 16 demant 24, 29). D’autres textes, il est vrai, con¬ naissent aussi des formes comme aine (p. e. Jahrbuch XII. 158. 176. 177. Cp. Bartsch Chrest. 330). Notre texte, en tous cas, nou$ présente, comme tant d’autres anciens textes français, bien plutôt des traces dialectales que des traits dialectaux réguliers et constants. On ne trouve de régularité constante que sur des points isolés; en beaucoup d’endroits on voit déjà triompher le dialecte dominant, qui au 14 e siècle devait refouler les dia¬ lectes populaires. De l’examen d’autres pièces écrites par le même copiste (il a écrit les f. 47 a — 82 a , et au delà, de notre manuscrit) on peut conclure que plusieurs traits (ia pour iau 10, 36 a pour ai 2, 7, 17. 4, 1. 5, 4, 25, 10, 14. 24, 17) appartiennent au copiste et que c’est par ce dernier qu’ils ont été introduits dans le texte. C’est ainsi que le Lai 78 Graelent, primitivement normand, contient , dans le même manuscrit, les formes: biaté f. 65 d , 68 e , gerra (au lieu de germai) ôT, bassiés 59*, fontanne 66 d . Quelques phénomènes linguistiques picards manquent dans notre texte: ainsi la I e p. du plur . en -mes (notre texte ne connaît que -ns), ainsi encore w qui est usité ailleurs pour g ou gu (seulement dans waucrant 34, 10 wali¬ mon nés 30, 17 waumonés 31, 7), et -ius de -ivus (Aucassin ne présente que -is: vis 7, 19 caitis 8, 13); en outre, raccen¬ tuation auuîsset Eulalie 14 a , awissent (PMeyer, Rapports, p. 196), que la langue du Hainaut et de Cambrai partage avec le wallon. Il manque aussi à notre texte ei pour a latin (peire, ameir), qui apparaît dans ces mêmes contrées, comme aussi à Saint - Quentin, et qui abonde dans la France de VEst. Faut-il rattacher sauvaces 18, 3 au passage de g à ch en picard moderne (rouche de rouge Diez Gr, I, 398) ? H est vrai que ce dernier changement apparaît aussi ailleurs (p. e. dans le Dialogus Anime et Rationis). Pour ceux qui s'étonneraient de ne pas trouver parmi les traits dialectaux tel ou tel détail, je ferai remarquer que j'ai fait à dessein mainte omission. Ainsi des formes comme esparnaisçent 24, 3 (à côté de donasse 4, 13), fuisse 25, 11 (à côté de fust 2, 3); ce sont là des formes cou¬ rantes dans divers dialectes. C'est pour la même raison que je n'ai pas mentionné -iau correspondant au français moderne -eau. L'article féminin li s'étend même jusqu'au provençal. Le pronom mi, les infinitifs veïr, chaïr se trouvent à la rime dans les Lorrains. J'étais encore plus fondé à laisser de côté des particularités comme le maintien de 1 dans lorseilnol 12, 6, ou l'assimilation de e atone au premier son de la syllabe tonique dans benooit (de beneoit) 16, 2, dans une étude où je n'examine que les traits caractéristiques du dialecte. J’ai aussi, à dessein, passé sous silence la forme astage 37, 3 (à côté de estage 4, 22). Estragne 28, 9 (à côté de estrange 2, 29. 6, 15) se présente aussi dans des textes non picards (Amis 2044, Gaimar 21). 79 11 se Produit occasionnellement des échanges de s et de ss dans tous les domaines de là tangue d'oïl. A part la Lorraine, où la substitution de ss à s est un trait dialectal, cette permutation a sa source uniquement dans la pro¬ nonciation défectueuse d'individus isolés, qui ne parvenaient pas à distinguer s douce de s forte. J'appliquerais volon¬ tiers cette explication aussi à notre texte, où on lit prese 10, 29 et presse 10, 11, laise 2, 28 et laisse 3, 5, misse 5, 16 et mise 5, 1, fissent 38, 8 et fisent 34, 13. Que le texte tel qu'il nous est conservé présente des formes picardes, rénumération ci-dessus de ses caractères dialectaux l'a prouvé à plusieurs reprises . Le manuscrit a dû être écrit dans le Pontkieu ou en Artois. Des dé¬ partements actuels, ceux du Pas-de-Calais; de la Somme et de l Oise sont les seuls qui puissent être en jeu . Dialecte primitif. De ce çtr'Àucassin nous a été transmis avec les traits dialectaux caractérisés ci-dessus, il ne s'ensuit nullement que ces traits lui aient appartenu de tout temps, qu'il soit sorti exactement avec ce vêtement de la plume ou des livres du poete. Nous devons au contraire considérer tous ces traits comme pouvant avoir été introduits dans le texte par le copiste de Vunique manuscrit dans la seconde moitié du 13 e siècle (ou par le copiste du manuscrit que le dernier avait sous la main), et nous devons admettre qu'en même temps des traits primitifs ont été, au cours du temps, éliminés du texte. Une nouvelle recherche nous mettra en état de juger du dialecte primitif du poème. Nous avons deux routes à suivre à ce sujet; en d'autres termes, nous n'avons que deux critères qui nous permettent une conclusion au sujet des formes linguistiques du poète : le nombre invariable de syllabes des vers, et l'identité de la voyelle tonique dans les assonances de chaque laisse. Le nombre des syllabes nous renseigne sur les points suivants: 80 1. Les noms en -e, qui ont pris, avec le temp>s, s au nom. sing., se terminent-ils chez notre poète en -e ou en -es? A la seule place où un nom. sing. de cette espèce se trouve devant une initiale vocalique, apparaît Vancienne forme: sire 39, 27. 2. Les adjectifs de la troisième déclinaison latine ont- ils pris -e au féminin, ou non? Trois passages présentent Vancienne forme: riant 15, 8 quel 17, 6. 27, 10. La prose ne donne pas non plus d’exemple de formes en e: car verdes 26, 14 et grande 2, 2 (à côté de grans 1, 5) sont anciens (cp. verte, Roi. 1569 grande Alexis 122 e Gormond 66. 70 Voyage de Charlemagne 788 Roi. 302), et tele 33, 6 n’est pas sûr. 3 . Nous voyons apparaître comme formes trissyllabiques prendera 39, 34 et acatrons 21, 12. La première vient de prendra, la seconde de aeaterons. prendera s’explique par l’introduction d’une voyelle auxiliaire. Quant à acatrons, on disait d’abord meterai à côté de métrai, baterai à côté de batrai, mais uniquement acaterai, et on a ensuite appli¬ qué à acaterai la permutation justifiée dans les autres verbes, formant à côté de acaterai un acatrai. Cet e entre une explosive ou une fricative et r apparaît a Voc¬ casion dans tous les domaines de la langue d’oïl, mais plus abondamment chez les poètes picards que chez d’autres. L’inverse, la chute d’e, est beaucoup plus rare; on peut toutefois l’observer au Nord-Est (comandrons, portra cp. Cloëtta, Poème moral, p. 112, Wilmotte dans la Romania XVLII. 217) et au Nord-Ouest (aidrai, Huon de Bordeaux p. 198, Comte de Poitiers p. 12, gardroie Huon p. 207). 4. Le caractère monosyllabique de ie à la I e et à la 2 e p. du pl. de l’imparfait et du conditionnel est général en picard et en wallon. Nous le trouvons ici dans la forme afferriés 25, 14. 5. Notre poète ne se permet plus de faire compter comme syllabe e de la 8 « pers . du sing. des verbes devant une ini¬ tiale vocalique: recomence 13, 21 repose 19, 20 baise 27, 6. 41, 15 entre 29, 1 coumence 31, 3, 12 aime 39, 31. 81 6. e atone précédant une voyelle peut-il aussi devenir muet dans la langue du poète (comme dans celle du copiste) ? L’unique ameor 39, 35 à forme trissyllabique ne suffit pas pour trancher la question. 7. no au lieu de nostre 41, 24 et vo au lieu de vostre 23, 13 appartiennent à la langue du poète. Les assonances permettent de faire les constatations suivantes. 8. Dans le 3 e paragraphe, a et ai paraissent à la rime de la même laisse. Le poète a peut-être prononcé manaice, Cartaige, paraige au lieu de manace, Cartage, parage, sages rimant avec sales (37), nous devons admettre que la langue du poète ou bien avait -âge à côté de -aîge, ou bien associait a et ai. e ouvert n’apparaît pas comme voyelle d’assonance, ce qui laisse ouverte la question de savoir si ai pouvait assoner avec e. 9. a nasal n’apparaît qu’une fois comme voyelle d’as¬ sonance; les mots de la laisse en question (15) ont tous a primitif, sauf un seul (entens, lat. intendis). 10. e provenant de ï latin en syllabe fermée avait à T origine le son mi-ouvert, intermédiaire entre le son fermé (pere, amer) et le son ouvert (vers, estre). e mi-ouvert n’a pas encore passé à e ouvert; car il forme une laisse à lui seul (21). 11. e + i devient i, non pas ei: lit 11, 22. 29, 3 li 19, 19 gist 29, 4. 12. La forme (lat. ego) jou est attestée par l’assonance (27, 11). On la trouve chez les Picards et p. e. aussi à Namur. 13. De la forme du subj. prés, aillons 27, 12 on peut tout au plus induire que le poète n’employait pas la forme lorraine ailliens. 14. La laisse 17 présente deux fois le (lupi) rimant à e fermé. Je ne puis signaler d’autre exemple de la forme le, mais bien de la forme leu (contenant la diphtongue eu). Celle-ci se trouve le plus fréquemment dans des textes picards Suchier, Aucassin ei Nicolette, 8e éd. 6 82 (à la rime chez Mousket 7551. 30685, dans Ren. Nouv. 2719, dans /'Evangile aux femmes éd. Keidel, version A, str. 23); elle apparaît aussi dans le manuscrit normand de Rou ZI, 707) et dans le poème anglo-normand de la Vie de sainte Modwenne (leu: venu 75 b ). 13. Dans la laisse 29 le parfait arestit se trouve à la rime en i. Comment faut-il expliquer cette forme? Aurions-nous déjà ici cette .formation analogique, si fré¬ quente au 15 e et au 16 e siècle, du parfait de la première conjugaison d } après celui de la seconde et de la troisième? La forme arestit (3 e p. sg. parf. de Vind) apparaît (Ro- mania VI, p. 16, v. 151) dans un texte bourguignon, la forme trovit dans un texte lorrain , Floovent, v. 6. Mais ces deux textes se trouvent dans des manuscrits du 14 e siècle, qui par beaucoup de traits font déjà songer à la négligence des patois actuels. Il vaut donc mieux ne pas en tenir compte ici, où il s'agit de la première moitié du 13 e siècle. Mais au 13 e siècle aussi je trouve la 3 e p. du sing. encarqui (dans le Jeu de saint Nicolas de Bodel, Théâtre français au moyen-âge p. 202) en dehors de la rime, et obligi, dans Renart le nouvel v. 6750, rimant avec ensi. Les deux cas se présentent donc dans des textes picards; dans l’un et Vautre il s'agit de verbes dont l’infinitif, en Artois et dans d'autres régions du Nord, changeait son -ier en -ir (encarquir, obligir), et l’on est fort tenté de supposer que cette terminaison de l'infinitif, qui rappelle les verbes latins en -ire, a entraîné la transformation du parfait en question. Toutefois cette explication ne peut pas s'appliquer à arestit de notre texte. Dans ces conditions, je crois pouvoir regarder arestit comme la transformation d’un plus ancien arestiut, forme qui était primitivement connue dans tout le Nord du do¬ maine d'oïl (cp. là-dessus mon étude: Die Mundart des Leodegarliedes, Z. IL), arestit est le fait du copiste, qui a voulu rapprocher arestiut des autres rimes de la même laisse, l’ancienne assonance ayant, à cette époque, fait place à la rime exacte. C'est par la même tendance qu'il 83 aura changé (17, 8, 17) leu en le, et (29, 2) gentius ou gentix en gentis (cp. 27, 2. 36, 6. 37, 10 fix 8, 26). Quatre données (3. 4. 12. 15) indiquent avec vrai¬ semblance que notre poète appartenait au Nord du do¬ maine d’oïl. Ces données, combinées avec celles des n os 7 et 11, sont plutôt en faveur du Hainaut que de la région walloue. De même e prothétique, que notre poète connaît (7, 12. 31, 4. 37, 3) et qui n’a pas été adopté par exemple à Liège (cp . les recherches de M. Wilmotte dans la Remania, t. XVII. XVIII, et dans le Moyen âge III, 28—30). Le dialecte tel qu’il nous est conservé est donc, du moins approximativement, identique au dialecte primitif, et il faut rejeter les opinions différentes, qui ont cherché la patrie de notre nouvelle dans la Champagne (Sismondi, De la littérature du midi de PEurope 1, 310) 1 ou dans l’Ile- de-France (Nouvelles françoises, p. XLI). On ne peut pas tirer d’objection de la forme moi, 25, 14, car dans le manu¬ scrit d’Oxford de Thaïs mi et moi alternent, et Garin le Loherenc nous montre les deux formes à la rime. D'après les formes linguistiques que notre poète em¬ ploie on ne pourrait guère déterminer sûrement la date de l’œuvre. Plus instructive à ce point de vue est la forme qu’il a choisie pour les parties versifiées. Sa strophe nous montre que de son temps les anciennes épopées populaires 1 On a récemment soutenu à nouveau que la Champagne était la patrie de V auteur. Effectivement reciui est relevé à Reims (par 1). Behrens, Unorg, Lantvertretüng, p. 41), mais le vocabulaire de notre texte ne parle pas en faveur de la Champagne, cp. les notes à 6, 30. 12, 33. 24, 56. 30, 2, 17. La particule d’affirmation oie se trouve encore au 13* siècle à Amiens (v. Godefroy), et n’est pas connue de Chrétien de Troyes. Le monosyllabique pun (pomum) 31, 7 est de tout temps, et en¬ core aujourd’hui, usuel dans le Hainaut; cp. aussi puns de grenades, dans le Perceval de Mons, p. p. Potvin, v. 4504. Sur le mot nimpole voir Romania XXIX. p . 290 note 4. Le poète Brisebarre de Douai emploie oie et louseignols (voir Otia Merseiana III, Liverpool 1903). On Ut lousingnols aussi dans le Livre des mestiers [composé à Bruges avant 1350] p. p. Michelant, Paris 1875, p. 8. 6 * 84 en laisses de vers courts n’avaient pas encore cessé de retentir. De sa façon d’accoupler les mots à la rime il res¬ sort que Vassonance était encore en usage, mais elle laisse déjà voir la tendance à y substituer la rime. {ny a des strophes (3. 21. 33) presque purement riméesjj D’autres y tendent cherchant particulièrement à limiter la diffét'ence des consonnes qui suivent la voyelle assonante, à la pré¬ sence ou à l’absence de s (pu de z). Le même caractère se présente dans les rimes de Girard de Vienne et de Huon de Bordeaux, qu'on place vers le commencement du 13 e siècle. Cest sans doute dans la même période qu’il faut placer la composition de notre nouvelle2 La présente édition n’est une édition critique qu’au point de vue du sens et de l’expression, non en ce qui con¬ cerne les formes de la langue. Je n’ai corrigé que ce qui était incorrect au sens du scribe, tandis que j'ai laissé intactes les formes linguistiques qui se distinguent des formes primitives par des transformations dialectales. Il me semble qu’il importe beaucoup plus, pour un éditeur, d’exposer sa conception des iormes linguistiques et de faire les recherches préparatoires au traitement philologique de son texte, que d’appliquer pratiquement les résultats de cette étude en corrigeant le texte conservé. [ Je considérerais peut-être comme justifiées la régularisation de la notation de 1 mouillé, celle de s et ss, de ne et eu, et la suppression de quelques formes rajeunies ou singulières (feüsse 8, 27 lorseilnol 12, 6 be- nooit 16, 2 trove 18, 35 trouve 26, 18 astage 37, 3 le 17, 8, 17 gentis 29, 2 arestit 29, 5). Peut-être un autre aurait-il toléré les formes moullie 3, 11 esmevella 30, 19, étant donné que dans ces cas la chute de r se produit dans le voisinage de 1 et est donc fondée sur une cause phonétique. Cette cause peut avoir agi aussi dans eue, car ce mot est immédiatement précédé et 1 La date du 12e siècle a déjà contre elle ce qui a été dit au n° 5 et dans la note faite au passage de 24, 38. Il ne saurait être question que de la fin du 12e siècle. 85 suivi de 1 (el eue plantée 14, 22). J'ai corrigé le texte dans ces cas, parce que je les considère comme dus à l'in¬ advertance, et que leur incorrection, pour reposer sur des causes phonétiques, n'en reste pas moins une incorrection. Mais j'avoue que je ne me suis décidé à agir ainsi qu'après avoir beaucoup hésité. Au surplus, on lit aussi, dans le ms., so 10, 23 pour sor, où la même explication n'est pas applicable. II. Paradigmes. Les formes, pour lesquelles nous n’indiquons pas de passage où elles, se trouvent, ne se présentent pas dans notre texte. Dans ce qui suit j’indique toujours la prononciation des o et des e toniques. N’ayant indiqué la prononciation que des voyelles toniques (sauf pour s toujours atone), fai cru pouvoir omettre l’accent sur la voyelle dont la prononciation est indiquée. I. Déclinaison. Notes appelons thème la forme de l'accusatif singulier . A. Nom. Première déclinaison du masculin. lot. pater. Sg. N. pere 2, 18 PL N. pere A. pere 10, 37 A. peres A cette déclinaison appartiennent tous les paroxytons masculins dont le nom. sing. ne se terminait pas en s en latin et dont les autres cas n’avaient des formes ni allongées (hômo, hôminem) ni déplaçant l’accent (senior, seniôrem). A une époque plus récente de la langue, on trouve au nom. sing. l’adjonction de s: peres 2, 27, 36. 3, 5 fantçsmes 18, 25 vçspres 24, 11 autres 2, 25. 8, 17 (et à côté fr§re 24, 25, 46). Deuxième déclinaison du masculin. lot. munis. Sg. N,. murs 16, 7 PI. N. mur (12, 3) A. mur 16, 7 A. murs 37, 3 Troisième déclinaison du maseulin. lat. senior. Sg. N. sire 31, 10. 39, 27 PI. N. seignor A. seignor A. seignors A cette déclinaison appartiennent les mots suivants de notre texte: Sg. N. ancçstre 29, 12 A. ancissor amere ameçr 39, 35 90 harpere joglere ber 13, 6. 31, 11 H énfes 36, 8, 11 hom 1, 10. 3, 4 hon 4, 3 quens 2, 7 visquens 2, 29 harpeor (6, 39) jogleor (6, 39) baron 39, 17, 28 félon 39, 29 enfant 11,2 home 2, 34 oume 14, 19 conte 2, 1 visconte 4, 3 Tous les nominatifs sg. appartenant à cette déclinaison, et qui à Vorigine n’avaient pas s à la finale, peuvent prendre s. Dans notre texte on ne trouve que sires 24, 40 qui soit dans ce cas. Première déelinaison du féminin. lat. filiam. Sg. N. fille 36, 12 PL N. filles (6, 37) A. fille 2, 8 A. filles (10, 10) C’est ainsi que se déclinent tous les paroxytons féminins. Le nom. sing. correspondant à putain 30, 7 est putain ou pute. Deuxième déelinaison du féminin. lat. amorem. Sg. N. amors 14, 20 PL N. amors 39, 19 A. amor 2, 16 A. amors 27, 4 C’est ainsi que se déciment tous les oxytons féminins. Prous a cette forme aussi à l’acc. sing. 39,18 prox 39, 8. riens a, à l’acc. sing., riens 2, 23. 6, 9 et rien 20, 15. Troisième déelinaison du féminin. Excepté le pron. ele, acc. li, le seul féminin dont le nominatif latin se soit maintenu en français dans l’emploi de nominatif est le latin soror. Sg. N. suer 7, 20. 23, 18. 25, 15. A. serçr PL N. serors A. serors 91 B. Pronom. 1. Pronom personnel. Cas sujet. 1® personne. Sg. j§ 2, 23 jou 27,11 jo ne se trouve que 8 , 27. 10,54. 1 PI. nos 18, 17 nous 27, 10 2 e personne. Sg. tu 2, 34 PI. vos 5, 19 vous 6, 20 3 e personne. Sg. m. il 1, 5 f. ele 2, 38 n. il 4, 25 PL m. il 4, 19 f. eles 8, 37 I e personne. Sg. Dat. m§ 2, 23 Ace. 5, 19 PI. Dat. nos 221, 33 nous A ce. nos, nous 2 e personne. Sg. Dat. tç 2, 33 Acc. tç 15, 16 PL Dat. vos22,25 vous 10,78 Ace. vos 10,61 vous 10,38 Cas régime, a. Forme atone. 3 e personne. Sg. m. Dat. li 2, 18 Acc. 1§ 3, 6 f. Dat. li 2, 32 Acc. le 4,16 (jamais la) n. Acc. le 8, 44 Pl. m. f. Dat. lor 28, 11 leur Acc. les 10, 46 Réfléchi: Dat. se 12, 8 Acc. s§ 9, 14 j§ et nç avec le neutre deviennent i§l 5, 25. 15, 12, n§3 24, 29. 29, 15. nç avec 1§ m. reste 7, 4. 9, 4. n§s 10, 47 est pour n§ les. I e personne. Sg. moi 25, 14 mi 2, 25 Pl. nos, nous 2 e personne. Sg. toi 25, 3 ti 8, 18 PL vos 40, 21 vous 26, 18 b. Forme tonique. Accusatif. 3 e personne. Sg. m. lui 2, 15 f. li 2, 40 Pl. m. ex 2, 20 ax 8, 18 aus 18, 11 f. eles Réfléchi soi 25, 2 si 1 8, 28. 92 2. Possessif, a. Forme atone. Masc. Sg. N. mes 17, 14 PL N.. mi 10, 17 A. mon 10, 46 men 10, 67 A. mçs 10, 44 Fem. Sg. N. ma 2, 37 mç 24, 76 PL N. mes A. ma 6, 8 mç 2, 26 A. mes 22, 18 Ainsi se déclinent tes 24, 62 et ses 2, 18. — Nçstre et vçstre 13, 11 se déclinent comme pere, fille. Les formes abrégées du masc. nçs 22, 11 vçs 4, 15 sont traitées comme murs, celles du fém. nç 41, 24 vç 6, 23 comme fille. Içr 2, 21 leur 6, 38 n’a pas de flexion. b. Forme tonique. miens 14, 7 tiens, siens 22, 33 sont traités comme murs] les fém. miue 2, 21 tiue, siue 10, 65 comme fille. Nçstre et vçstre 5, 18 sont traités comme pere, fille, ior, leur n’a pas de flexion. 3. Démonstratif. a. Article défini. li le. Masc. Sg. JV. li 1, 3 A. lç 1, 7 Fém. Sg. N. la 4, 4 lç 6, 2 li 5, 18 A. la 5, 5 1§ 2, 33 Fl. N. li 6, 34 A. les 2, 12 PL N. les 12, 25 A. les 10, 12 Le masculin lç, outre l’élision de § devant un mot commençant par une voyelle, subit les changements suivants après les prépositions a, d§, en : a 1§ devient au 9, 2 dç lç devient dçi 1, 2 du 1, 2. 2, 32 en lç devient çl 2, 19. 10, 34 u 10, 3. 17, 7. En outre, a les devient as 2, 4 d§ les devient des 18, 10. 1, 5 en les devient es 30, 15. (9, 13) 93 b. cis ce. Masc. Sg. N. cis 22, 32 Pl. N. cist A. cest 4, 5 ce 11, 39. 31, 4. 35,12 A. ces 2,31 Fém. Sg. N. ceste PL N. ces A. ceste 2, 30 A. ces 6,29 Neutre cç 2, 27 cou 20, 11; co ne se trouve que 34, 3 De même se décline la forme icis, qu f on trouve à côté de cis. c. éil celui, ce(. . . -là). Masc. Sg. N. cil 22, 6 Pl. N. cil 6, 28 A , cel 39, 27 A. ciax 6, 33 Fém. Sg. N. cele PL N. celes A. cele 10, 32 A. celes De même se décline la forme icil 6, 33, qu'on trouve à côté de cil. 4. Relatif. a. Pronom relatif. N. qui 2, 16 ki 5, 3 A . qu§ 2, 23 Neutre qu§ (25, 10); après une préposition quoi 10, 5 Le terme qui remplace ordinairement le latin de quo ou de qua est dont 14, 8. 17, 10, 14. 20, 24. 21, 12. 40, 4, 36. b. Adjeotif relatif. li quex (lat. qualis) à flexion de substantif. Acc. m. le quel, f. le(la) quel. 5. Interrogatif, a. Emploi de substantif. N. qui 1, 1 A. cui Neutre qu§ 3, 7; après une préposition quoi 22, 15 coi 5, 16 b. Emploi d’adjectif. quex 8, 33 (lat. qualis) à flexion de substantif. Acc. m., f. quel. 94 C. Traitement de la finale du thème devant Y s de flexion. Les thèmes en s ri admettent aucune flexion. c, (? sc,) c, t, st, p, f, à la fin du thème, tombent devant V s de flexion. 1 tombe derrière u et eu. Derrière une autre voyelle, 1 devient u, ce qui amène les changements suivants: çl + s devient -aus, -çl + s et -çl + 8 (lot, -ell.s et -ill.s) deviennent -iaus, -uel + s devient -eus, iel + s devient -ius. 1 mouillé est réduit de la même façon. Quelques autres modifications sont indiquées dans les exemples ci-dessous . Exemples. Forme du thème. Forme déclinée. Thèmes en s. vçrs vçrs 1, 1 cortois 1, 9 cortois vies vies 6, 30 nés 2, 13 nés enpereris enpereris 2,38 Thèmes en c. sac sas sec ses Thème en gc. ? fresc fres 30,18.31,6 Thèmes en c. doue dous 7, 14 dox 1, 8 traitic traitis brac bras 2, 12 postic 12, 30 postis Thèmes en t. déduit 34, 4 déduis 33, 9 vallet 2, 9 valles 10, 4 part 10, 32 pars 10, 13 mprt 14, 4 mprs 14, 32 Forme du thème. Forme déclinée. blont 15, 7 blons 12, 19 argent 10, 70 argens 6, 38 Thèmes en st. cest 6, 13 ces 6, 29 forçât 18, 2 forçs 16, 28 çst 28, 20 ps Thèmes en p. drap 40, 37 dras 12, 13 galpp galçs 23, 7 Thèmes en f. nef 28, 4 nés 34, 9 caitif 1, 2 caitis 8, 13 buef 24, 66 bués 10, 7 sauf 8, 35 saus 11, 31 cçrf 18, 27 cçrs Thème en -ul. nul 2, 8 nus 1, 10 Thèmes en -al. mal 1, 12 maus 4, 17 ceval 2, 24 cevaus 10, 5 cevax 10, 23 val 30, 2 vaus 27, 15 95 Forme du thème. Forme déclinée. Thème en -eul. seul 2, 9 seus 1 Thèmes en -q1 (lot. Ôl c ). fçl faus 3, 7 cçl 10, 2 caus sql saus 2 Thèmes en -çl ( lat . ell-). bel 3, 2 biaus 26, 16 biax 1, 8 damoisçl 34, 13 damoisiax 2,10 pastoral 18,6 pastoriaus 18, 40 pastoriax 18, 11 oisel oisiax 10, 71 18, 10 Thèmes en -el (lat. ill-). 8 cavel caviaus 12, 19 caviax 2, 12 cel 39, 27 ciax 6, 36 Thèmes en -el (lat. al-), pel 16, 24 peus 8, 8 Forme du thème. Forme déclinée. tel 4, 16 tex 2, 9 * 4 quel 10, 15 quex 8, 33 5 nasel 10, 36 naseus 10, 2£ canpel 31, 4 canpeus 6 Thèmes en -uel canpegnuel canpegneus 31, 8 duel 24, 31 deus Thèmes en -iel. espiel 9, 11 espius ciel 24, 87 cius Thèmes terminés par 1 mouillé, genol 24, 22 genous travail travaus soumeil soumax 18, 5 orteil 14, 21 ortex 12, 26 fil 2, 8 fix 2, 19 gentil 40, 6 gentix 13, 6 7 œul 14, 20 eus 41, 15 œil (23, 13) ex 2, 13 viel 6, 28 vix 2, 7 D, Remarques sur la déclinaison» 1. Le nominatif y aux deux nombres, est aussi employé comme vocatif. 2 . Le neutre n'est représenté que par des adjectifs et des pronoms. La forme neutre des adjectifs ne se distingue de la masculine que par Vabsence de l y s de flexion. 3. L’adverbe se forme à l'aide de Vadjectif\ en ajoutant à la forme féminine la terminaison -ment: durement 14, 11 (de dur), doucement 41, 14 (de doue). La forme du neutre 1 seux 2, 3. 2 sous 22, 23. 8 II se peut que le -el en question ait eu, dans le parler représenté par notre texte , le son -çl. De même pour les formes cel cele celes du pronom cil. 4 tes 10, 41. 6 ques 28, 10. 6 canpes 31, 8. 7 gentis 29, 2. 96 peut aussi s’employer comme adverbe: cler 12, 4 parfont 18, 3. 4. La distinction essentielle entre la déclinaison de l’an¬ cien français et celle du français moderne consiste en ce que la forme accusative de T ancien français a éliminé la forme du nominatif et en a pris la fonction. La tendance vers ce développement est déjà, dans des cas isolés, sensible dans la langue du copiste (son viaire 3, 15 venir 7, 13 lié 8, 39 dementer 13, 8 diu 35, 12 Aucassin 37, 10). 5. Les pronoms terminés par a (pic. e) ou par § perdent leur voyelle devant une initiale vocalique: ma ta sa la (art.) la (pron. pers.) = sous la forme picarde me tç s§ 1§ (art.) le (pron. pers.), puis me t§ s§ lç (art.) le (pron. pers.). De même les particules n§ (lat. non), dç (lat. de). Par contre, cç je li (nom. sing. de l’art.) peuvent être abrégés ou se trouver en hiatus, de même que si se (lat. sic), s§ (lat. si), quç (lat. quid ou quod), n§ ni (lat. nec). li (datif de la forme atone du pron. pers.) n’est abrégé que devant en (Pen). Il est probable que Ve de ces monosyllabes, quand il persiste devant une voyelle, a été e. IL Conjugaison. On divise les conjugaisons romanes d’après la for¬ mation du parfait. Celle-ci est faible quand, à la I e et à la 3 e pers. du sing. et à la 3 e pers. du plur. de Vindicatif, la terminaison est accentuée, et forte quand, dans les mêmes formes, le radical est accentué. Il y a six conjugaisons, trois à parfait faible: lat. am-âvit, perd-édit (de perdidit), aud-ivit, et trois à parfait fort: lat. féc-it, âr-sit, hâb-uit. Le parfait faible n’a jamais que des formes accentuées sur la terminaison (p. e. gardai); dans le parfait fort les formes à radical accentué alternent avec les formes à finale accen¬ tuée (p e. ars, 2 e p. sg. arsis). Le parfait fui est le seul en français qui n’ait que des formes à radical accentué. On appelle verbe faible le verbe à parfait faible, et verbe fort le yerbe à parfait fort. 97 A. Verbes faibles. Première conjugaison. lot. *guardare, laxare. Comme type de cette conjugaison nous prendrons garder. Les formes de laissier ne sont mentionnées que quand elles présentent une formation différente. Indicatif. Présent. sg- PL I e p. gart (2, 23) 1 2 e p . gardes (15, 18) 3 e p. garde (3, 5) I e p. gardons 2 e p. gardes (6, 43) laisçiés (10, 6) 3 e p. gardent (5, 13) Sg. PL Imparfait. gardoie (6, 9) gardoies gardoit (8, 1) gardiiens (22, 29) gardiiés (22, 36) gardoient (12, 23) Les imparfaits de toutes les conjugaisons se conjuguent, de même. Parfait. Sg. gardai (6 f 15) gardas (11, 22) garda 16, 9 \ ' Futur. Sg. garderai 16, 3 2 garderas gardera (2, 32) PL garderons (22, 24) garderes (6, 42) garderont (17, 8) PL gardâmes (22, 32) gardastes (24, 41) gardèrent (18, 6) laisçierent (30, 16) Conditionnel. Sg. garderoie (14, 12) garderoies garderoit (14, 5) 4 Pl. garderiiens garderiiés (22, 36) garderoient Le futur et le conditionnel de toutes les conjugaisons se conjuguent de cette manière. 1 afie 10, 78 ainme 16, 14 à côté de aim 2, 26. 17, 16. a plou- erai 24, 59 mosterai 40, 43. 3 acatrons 21, 12. 4 remenroit 16, 32. 5 enterriés 6, 24, mais affermés 25, 14. Su chier, Aucassin ei Nicolette, 8e éd. 7 98 Présent» Sg. gart 1 gars gart 2 Pl. gardons 3 gardes (14, 15) laisçiés (37, 16) gardent Subjonctif. Imparfait. Sg. gardasse (4, 13) gardasses gardast 14, 31 Pl. gardissiens gardissiés (14,18.22, 35) gardassent 4 Impératif. Sg. garde 15, 13 PL gardons gardes 4, 17 laisçiés 6, 14 Infinitif. garder (4, 25) laisçier (16, 17) Gér. et part. prés. gardant (26, 12. 15 16) Part, passé. garde, e (2, 3) laiscié (6, 20), f. laisçie. Deuxième conjugaison. lat. perdere. Indicatif. Présent. Imparfait. Sg. pçrt 4, 6 pçré^ perdoie (12, 26) pçrs 8, 15 pert (10, 28) PL perdons (22, 30) perdes (30, 6) pçrdent (27, 18) 1 ne se trouve que dans mont 2, 24. 8, 23 — venge 32, 13 3 ne se trouve que dans gart 16, 4 laist 22, 44. 24, 67 cast 32, 18 oblil 10, 47. 8 ne se trouve que dans aillons 27, 12. 4 esparnaiscent 24, 3. 6 atené 40, 18, mais atent 17, 11 deffent 10, 22. 99 Parfait. Sg. perdi 24, 49 perdis perdi (10, 16) PL perdîmes perdistes perdirent (18, 9) Futur. perdrai, perderai (24, 78) Conditionnel, perdroie, perderoie (14, 9) Présent. Sg. pçrde perdes perde PI. perdons (32, 15) perdes pçr4ent Subjonctif. Imparfait. Sg. perdisse 8, 27 perdisses perdist PI. perdissiens perdissiés perdissent Impératif. Sg. pçrt (2, 19) PI. perdons, perdes Infinitif, perdre (40, 12) Gér. et part. prés, perdant (15, 14) Part, passé, perdu, e 6, 3 Troisième conjugaison. lai. partire, *guarire. Quand la forme de garir n’est pas mentionné , c’est qu’elle concorde avec la forme correspondante de partir. Indicatif. Sg. part, parc, 1 garis PL partons, garissons pars, garis partes, garissiés part 23, 4 garist (12, 34) partent 4, 19 garissent 2 1 séné 26, 8. 8 dessaisisent 10, 13. 7 * 100 Imparfait. partoie (12, 11), garissoie Futur. partirai Parfait. parti (12, 11), == perdi Conditionnel. partiroie Subjonctif. Présent. Sg. parte, garisse Pl. partons, garissons partes, garisses partes (10, 53), garissiés parte, garisse 21, 16 partent, garissent Imparfait. partisse, = perdisse Impératif. Sg. part, garis Pl. partons, garissons partes, garissiés Infinitif. partir 11, 3, garir (6, 5) Gér. et part. prés, partant, garissant Part, passé, parti, e (10, 11) B. Formation du parfait fort. Première conjugaison. lot. vid-i. Ind. Sg. vi 11, 16 Pl. veïmes veïs veïstes 5, 10 vit 4, 1 virent 34, 13 Subj . veïsse 9, 4, = perdisse Part, veü, e 5, 8 A cette conjugaison appartient seulement [feci] fis fesis fist 1, 6 fesimes fesistes 5, 10 fisent 34, 13. 36, 5. Subj. fesisse 9, 4 Part, fait, e 5, 8. 101 Deuxième conjugaison. lat. ar-si. Ind. Sg. ars PL arsimes arsis arsistes arst arsent Subj. arsisse, = perdisse Part, ars, e A cette conjugaison appartiennent les verbes suivants de notre texte: [occidi] ocis ( 2 e p. sg. ocesis) [cinxi] cains [dixi] dis (2 e p. sg. disis, desis) [duxi] duis [mansi] mes [misi] mis (2 e p. sg. mesis) [reposui] repqs [prehendi] pris (2 e p. sg. presis) [quaesivi] quis (2 e p. sg. quesis) [rasi] res [sedi] sis (2 e p. sg. sesis) [tinxi] tains [traxi] trais [unxi] oins. Les participes sont: ocis caint dit duit mes mis repçst pris quis res sis taint trait oint. Il faut placer ici [vixi] vesqui, part, vescu, [benedixi] beneesqui part, beneoit. 1 Troisième conjugaison. a. Type hab-ui. Ind. Sg. oi, eue PL eûmes 22, 34 eus eüstes 10, 48 çt 39, 9 eut 20, 1 çrent eurent Subj. eüsse, 2 = perdisse Part, eü, e A cette conjugaison appartiennent seulement [pavi] poi [placui] ploi [potui] poi [sapui] soi [tacui] toi. b. Jype deb-ui. Ind. Sg. dui, dué 3 Pl. deümes deüs deüstes dut 10, 10 4 durent Subj. deüsse (2, 18), = perdisse Part, deü, e A cette conjugaison appartiennent les verbes suivants de notre texte: [appercepi] apercui [bibi] bui [debui] dui [jacui] jui [cognovi] conui [steti] estui. i benooit 16, 2 benoit 24, 61. 2 eüsçe 40, 19. 2 e p. sg. eüses 8, *28. 8 bue 24, 51. 4 arestit 29, 5. 102 c. Type vol-ui. Ici se rangent seulement, outre yolui, veni et tenui. De volui nous n’avons ici que la 3 e p. sg. vaut 26, 12 [et la 3 e p. pi. vourent 38, 9 var.\. La conjugaison de veni est: vig 24, 38 venis vint 8, 10 venimes venistes vinrent 27, 17. Subj. venisse 40, 14. De même se conjugue tenui (3 e p. sg. tint 9, 14). d. Type val-ui. Ind. Sg. valui, value PL valûmes valus valustes valut valurent Subj. valusse, = perdisse Part, valu, e A cette classe appartiennent [cucurri] corui [Parf. de morior] morùi [Parf. de tollo] tolui. Les cas mentionnés ci-dessus (p. 94 — 95), où la finale du radical tombe ou où 1 est vocalisé, se retrouvent aussi en partie dans le verbe: cp. 3 e p. pi. ronpent 3 e p. sg. ront 3 e pi. partent 3 e sg. part 3 e pl. valent 3 e sg. vaut 3 e pl. asalent 3 e sg. asaut 3 e pl. tçlent 3 e sg. taut 3 e pl. sçlvent 3 e sg. saut 3 e pl. vuelent, vplent 39, 28 3 e sg. veut 25, 5 C, Formes de habere et de esse. habere. Ind. prés. Sg. ai 6, 25 as 15, 6 a 2, 34 Pl. avons 18, 30 aves 6, 1 ont 6, 37 Imparf. a voie 24, 55 Parf. oi (cp. ci-dessus, p. 101) Fut. arai 40, 18 Cond. aroie 1Ô, 52 Subj. prés. Sg. aie 3, 17 aies 2, 35 ait 18, 25 Pl. aioos aiiés, aies 10, 67 aient Imparf. eüsçe 40, 19. 2 e sg. eüses 8, 28 Inf. avoir 2, 33 Part. prés, aiant Part, passé eü, e. esse. Ind. prés. Sg. sui 5, 16 iés 8, 19 et es 1 8, 13 est 1, 8 Pl. somes 22, 12 çstes 22, 11 sont 6, 35 Imparf. estoie 24, 47 Parf. Sg. fui 37, 6 fus fu 3, 1 Pl. fumes fustes furent 16, 6 Fut. serai 5, 24 esterai (— garderai) I e sg. 1 prononcé es ou çs? 103 aussi ere 2, 23. 8, 22 3 e sg. aussi iert 14, 32. 17, 14. 18, 36 et ert 14, 33. 18, 33 Coud . seroie, esteroie 26, 19 Subj. prés. Sg. soie 27, 14 soies 24, 62 soit 1, 13 PL soions soiiés 26, 4 soient Impart, fusse (aussi feüsse 8, 27 fuisse 25, 11), = perdisse Inf. çstre 2, 27 (iestre 10, 40) Part. prés. estant Part, passé este. On trouvera au glossaire les formes des autres verbes forts ou irréguliers. D. La variation du radical du verbe. La plupart des voyelles ont subi un autre traitement en syllabe accentuée qu’en syllabe atone. De là, dans tout le vocabulaire, donc aussi dans le verbe, mie variation de la voyelle radicale, suivant qu’elle se trouve en syllabe tonique ou en syllabe atone. On trouvera ci-dessous les exemples de cette variation qui se rencontrent dans notre texte. Comme forme à ter¬ minaison accentuée nous prenons la I e p. du pl. du prés, de l’ind., comme forme à radical accentué la 3 e du sg. du même temps (exceptionnellement la 3 e du pl.). Ici l’expli¬ cation détaillée peut être laissée de côté, car elle relève de la phonétique. Les seules voyelles qui ne subissent pas la variation sont: ü ï lat., ô précédant une nasale, et, en syllabe fermée, ü ô ô a ë ë ï. Liste des exemples classés d’après les conjugaisons. Verbes faibles. acenons (28, 5) aidons alons 10, 43 amons (14, 19) baons (10, 42) clamons (5, 14) courecons (14, 2) crevons (22, 19) deffremons (12, 30) demorons (16, 24) desiretons (8, 15) I. acaine aïe (2, 20) aïue 8, 16 va 4, 10 aime 10, 22 bee claime courouce crieve defferme demeure demore deserite 104 enbrasons (17, 14) errons (12, 32) honorons (honerons) (13, 7, 18) jouons (11, 34) lavons (40, 32) levons (2, 30) louons 1 mengons (18, 10) menons (2, 28) nouons (12, 13) parlons (2, 22) pesons plorons (7, 9) preons (36, 8) provons (19, 10) trovons (40, 19) enbrese oire honeure honçre jue leve lieve 8, 5 Hue mengut (17, 17) mengue maine 8, 35 neue parple 4, 11 poise 35, 6 pleure 40, 23 plçre proie prueve trueve 2 A herbega 38, 14 correspond sans doute, comme forme accentuée sur le radical, herbçrge, ou hebçrge? (hebçrge Guischart de Beaujeu p. 11 herbegié p. 24). II. créons croit 18, 29 vencons vaint 2, 16 III. caons (24, 7) kiet coillons (19, 3) 3 3 e pi. cueillent ferons (32, 8) fiert 30, 3 goons (13, 10) g 1, 12. 11, 21 krank machen — rendre malade; part, passé, erkrankt — affligé, frappé, malade. ame v. arme. amener (3sg. amaine) ffbl 2, 28, 30 herbeiführen — amener. ameç>r mlll 39, 35 Liebhabei' — amoureux. éhner ffbl 14, 19 prs . lsg. ainme 16, 14 ord. aim 2, 26. 3sg. ainme 26, 12. 39, 26 ord. aime 19, 11 liebcn — aimer; part. prés. Lieb■* haber — amoureux 15, 10. ami mil 6, 38 Freund, Geliebter — ami, bien-aimé. amie fl 1, 7 Freundin , Geliebte — amie , bien-aimée. Dim. amiete 25, 4. amont adv. 39, 16 oben — amont, en haut. amor fil 2, 16 de préférence au pl. 4, 2. 37, 12 Liebe, Minne — amour; pl. Gegenstand der Liebe — objet de Vamour 27, 4. 39, 7 por l’amor de 19, 19. 24, 78. 40, 16 um . . willen — pour Vamour de , à cause de. amorous, e 27, 2 verliebt — amou¬ reux. amuaffle mll%l, 8 Sultan — sultan. anbler fbl 23, 6 FaÊ gehen — ambler. anéiien, (n)ne 12, 36 ait — ancien . anéissor mlll n. sg. ancçstre 29, 12 Vorfahr, Ahnherr — ancêtre. anéois adv. 8, 26.40,11 eher — plutôt; a. . . que bevor — plutôt . . que. andex 9, 12. 41, 13 beide — tous deux (andex ses , . = ses deux . .). anemi mil 10, 12, 17 Feind — ennemi. anti, e 19, 6 {ms. antif var. de 1, 2) aus der Vorzeit stammend, uralt — antique, ancien. anuit adv. 24, 78 heute abend, heute nacht — ce soir, cette nuit. aparellier ( 3sg. apareille) fbl 9, 6 herrichten — apprêter, ajuster. apeler [3sg. apçle) fbl 4, 3. 40, 37 rufen, nennen, anreden — appeler , aborder. apercevoir {3sg. aperçoit) fft Illb subj . impf. 3pl. aperceüsçent 14, 31 (aussi réfl ) bemerken, gewahr werden — apercevoir. apoiier ( 3sg. apuie) fbl 5, 6. 18, 2 stiltzen — appuyer; soi apoiier s'appuyer. aporter [3sg. apçrte) fbl 31, 5 her- beibringen — apporter. aprendre ft II pf. 3sg. aprist 38, 13 part. pf. apris 16, 19 lernen — apprendre. aprçs prp. (6, 23) 24, 6 nach, hinter . . her — après, derrière . aprooier (3sg. aproce) fbl 24, 11 herannahen — approcha. arbalestee fl 16, 28 Armbrustschuâ — portée d'arbalète. arçon mil 27, 5. 31, 2. 39, 12 Sattel- bogen — arçon; Fiedelbogen — archet. ardoir ft II 16, 32. 40, 12 ind. impf. 3sg. ardoit (argoit 2, 6) fut. lsg. arderai 4, 8. 3sg. ardera {ms. arde) 16, 14 cond. lsg. arderoie 10, 55. 3sg arderoit 6, 44 verbrennen — brûler; in Brand stecken — in¬ cendier. arester {3sg. arçste) fblftlllbpf. 3sg. arestit 29, 5 aresta 24, 75 part, passé arestés 31, 1 réfl. stehen bleiben — s'arrêter. argent mil 6, 38. 10, 70 Silber — argent. argoit v. ardoir. ariere adv. 10, 30 zurück — en arrière. ariver fbl 28, 9. 34, 10. 37, 2 landen — aborder. arme fl 6, 23 ame 16,1 Seele — âme. armer fbl 8, 6. 10, 1 waffnen — armer. armes fl pl. 2, 17, 19 Waffen — armes. asalir ( 3sg. asaut 8, 14) fbIII a 8, 4. 10,27 angreifen — assaillir {a 34,5). asanler fbl 21, 1 versammeln — assembler. 111 asaut v. asaîir. asaut mil 8, 9 Angriff — assaut. asis v. asseïr. aso(i)gnenter fbl 6, 21. 14, 6 zur Beischldferin (soignant) machen — prendre pour concubine (soignant), assel'r (3sg. assiet) fft II pf. 3sg. assist 40,36 part, passé assis 12,21 (asis 1, 9) setzen — asseoir; bien asis wohlgesetzt — bien placé , beau. assés adv. 2, 40. 4, 26. 12, 38. 17, 16. 24, 57 genug — assez; ziemlich — assez, passablement; (avec un contpar.) weit — beaucoup. astage v. estage. ataoier fbl 24, 84 befestigen, an- binden — attacher. atendre fb II 14, 7, 9 ind. prs. lsg. atenc 40, 18 atent 17, 11 warten — attendre; erwarten — attendre. atorner ( 3sg. atome) fbl 38, 18 zw- reçhtmachen — accoutrer, ajuster. aubçrc mil 9, 7 Panzer — haubert. aumçsne fl 14, 30 Almosen, gutes Werk — aumône, bonne œuvre. auquant 6, 3, 4. 20, 6 (aussi avec Vart.) einige — quelques-uns. ausi adv. 12, 24. 20, 17 ebenso — ainsi; ausi con als ob, une wenn — comme si; ausi fait... con 20,17 (le) même que. autel mil 6, 29 Altar — autel. autre 2, 25. 8, 17 ander — autre. autresi adv. 10, 27. 19, 14 ebenso — de même, ainsi. aval 12, 18. 16, 17. 30, 2. 39, 15. adv. unten — en bas; prp. hindb — en bas de, à travers. avaler fbl 12, 15. 20, 27 hinunter- lassen — laisser descendre; hin- untergehen — descendre. avant adv. prp. 8, 31. 16, 26 vor — avant. avenir (3sg. avient) fft IIP pf. 3sg. avint 24, 49 subj. 3sg. aviegne 26, 18 part. prs. avenant an- genéhm, gefitllig — agréable 15,4,6 ; (impers) geschéhen — advenir, arriver. aventure fl 20, 24 Zufall — aven¬ ture; par a. zufâllig — d’aventure, par a. avçrs prp. 12, 28 gegen — en com¬ paraison de. aveuc prp. 4, 22. 6, 33 aveuques 40, 43 avQc 6, 40 mit — avec; bei — avec. avoi 2, 36. 10, 46. 14, 17 ohol — oh.1 avoir ftIIP vPar. avoir; a es gibt, (temporal) es ist . . her — il y a .2, 34, 40. 4, 25. 14, 2. 17, 10. 24, 48 inf. subst. Habe, Geld — avoir, bien, argent 2, 21. 6, 16. 18, 21. B. ba 10, 45. 24, 33 bah! baceler mil 2, 31. 4, 13 Bursche — jeune homme. baer ( 3sg. bee) ffbl 10, 42 streben (a nach) — songer (à — ), projeter. baignier fbl 40,33 baden — baigner. baillier bailier fbl 10, 63 geben — bailler, donner. baisier fbl 8, 37 (baissier 37, 16. 41, 16) inf. subst. 7, 16. 9, 1. 11, 86 küssen — baiser. bal mil 83, 7 Tanz — danse. bare fl 2,4 Verkéhrssperre — barre, barrière. baron mlll 6, 38. 39, 28, 34 Mann, Held — homme, homme vaillant (souvent traité comme adjectif 13, 6); Gatte — époux. baston mil 30, 3 Knüppel — bâton. bataille fl 2, 24. 30, 17 Schlacht — bataille. batre fbll 30, 4, 6 schlagen — battre. bautisier fbl 2, 30. 4, 12 taufen — baptiser. be 22, 15 entstellt aus de Gott (wie l Potts Blitz’ aus l Gottes Blitz’) — déformation de de Dieu (comme 1 parbleu’ de l par Dieu’). br leur pron. poss. vPar. lqr adv. 18, 40 da — alors. losseignçl mil (lorseilnol 12. 6), Nachtigall — rassignol. lués adv. 14, 5 sofort — aussitôt. luire ftll 12, 5 impf. 3sg. luisoit 12 , 31 leuchten, scheinen — luire. lumière fl 25, 6 Licht — lumière. lune fl 12, 5, 31 Mond — lune. JM. m — m§, ma. ma pron. poss. vPar. maaille fl 24, 64 Rappen (Hâlfte eines denier) — maille (moitié du denier). macue fl 24, 23 Keule — massue, dim. macueîe 21, 15. mai mil 12, 3 Mai — mai. main fU 6, 12. 10,13 Hand — main. maint, e 41, 20 manch — maint. mais conj. adv. 2, 15. 4, 14. 5, 23. 24, 79 aber, sondern — mais , mais que 6, 25. 27, 14 tvofern nur — pourvu que; (temporel) ~ fortan, mehr, noch — encore. maisiere fl 14, 10 Gemâuer — mu¬ raille. maison fil 30, 6. 40, 28 Haus — maison. maïsté fil 17, 5, 15 Majestàt — majesté. mal mil 1,12. 4,17 Übel, Weh — mal. mal, e 5, 22. 11, 40 übel, schlecht — mauvais, misérable. malade 11, 18. 20, 18 krank —• ma¬ lade. malaventure fl 24, 49 Miûgeschick — mésaventure. rnaleïr fblll h part, passé maleoit, e 4, 5 verftuchen — maudire. maleürox, use 8, 13 unglücklich — malheureux. malvais v. mauvais mamçle fl 14, 21 Brust — mamelle, sein, dim. mamelete 12, 23. manaéier \3sg. manace) fbl 3, 6 manecier 14, 28. 15, 16 bedrohen — menacer, mander fbl 8, 3. 20, 10. 24, 43 besenden — mander, envoyer chercher; verlangen (a von) — de¬ mander. mangier v. mengier. maniier fbl 26, 11 anfassen, strei- cheln — manier, caresser. manke 6, 28 verkrüppelt — estropié. manoir ( 3sg . maint) fftllpart, passé mes 34, 14 bleiben, wohnen — demeurer. Comp. re-. mantçl mil 12, 34. 16, 5 Mantel — manteau. mar adv. 37, 6 zum Unglück — pour le malheur de qn. marbre mil 11,7 Marmor — marbre. marbrin, e 5, 5 marmorn — de marbre. marc mil 9 , 3. 18, 21. 22, 37 Mark — marc (marc d’or ein Pfund Gold — une livre d’or, marc d’argeni ein halbes Pfund Silber — une demi-livre d'argent). marceant mil 28, 15 Kaufmann — marchand. margerite fl 12, 26 Sternblume, Orakelblume (chrysanfhemum leu- canthemum) — marguerite. 123 marier fbl 38, 10 vermàhlen — ma¬ rier; Vinf. au sens réfléchi 38, 11. marounier mil 38, 19 Schiffer —- marin. maserin mil 11, 15 Schale (aus Maserholz) — coupe (en bois madré) matin mil Morgen — matin; par m. 41, 17 morgen — matin; adv. hui matin 24, 38 heute morgen — ce matin. mauvais, e mil 2, 15 malvais 30, 7 schlecht — mauvais. m§ pron. poss. vPar. meéine fl 18, 32. 22, 38 Arznei — médecine, remède. mehaig mil 18, 36 mehaing 18, 33 Wunde — blessure , mal. meïsme 4, 8. 6, 45 selbst. — même. mellor 8, 14. 24, 49, 50 besser — meilleur; best — meilleur. men pron. poss. vPar. menbre mil 18, 20, 27 Glied — membre. menbrer/’ô/ 39, 7 (impers, avec le dat.) gedenleen — souvenir. mener ffbl 7. 18. 3sg. maine mainne 10, 36. 3pl. mainent mainnent 37, 9 (10, 14) führen — mener; behandeln — traiter; m. délit 41, 21 sich der Freude hingeben — se réjouir. m entier mangier (3sg. mengue man ¬ gue) ffbl ind. impf. Ipl. mangiëns 22, 30. 3pl. menaient (mang.) 18, 10. 20* 32. pf. lsg. mengai 24, 51. fut. 3pl. mengeront 17, 8, subj. Spl. mengucent 17, 17 essen fressen — manger. mentir fbIII a 10, 60. 19, 17 lügen — mentir. menton mlll 27, 7 Kinn — men¬ ton. menu, e 12, 22 klein — menu, petit (adj. employé avec le sens adver¬ bial 2, 12. 12, 19). , menuise fl (menuisse 12, 27) der schmale Teil des FuSes, der Spann, die Wrist .— partie étroite du pied, co'u-de-pied. mer fil 13, 13. 27, 17 Meer — mer. merci fil 20. 20, 26 (aussi au pl.) Dank — merci. mere fl 2, 18. 3, 6 Mutter — mère. merveille mervelle fl 16, 16. 28, 21. 32, 1 Wunder — merveille, a m. 9, 14 wunderbar — à mer eSlle; Verwunderung — étonnement. mervellex, use 2, 2. 24, 15. 28, 8 wunderbar, gewaltig — merveil¬ leux, prodigieux , mes v. manoir. mesaise fl 6, 32 Ungemach — més- aise, incommodité. mescin, e hilflos — misérable; me- seine fl 5, 6. 21, 8 Mâdchen — jeune fille, dim. meseinete 12, 29. 14, 29. 15, 5. mescoisir fbIIF> 10, 33 übersehen, nicht seken — ne pas voir. messe fl 29, 11 Messe — messe. messel'r {3sg. messiet) fftU schlecht sitzen, übel anstehen — messeoir; faire messeant (part, prs.) a 15,17 einem Ungeziemliches tun — causer des désagréments, faire du mal. mestier mil Bedürfnis — besoin; mestiers est 4, 24 es ist notig — il est besoin. métré ftll 4, 21, 23 ind. prs. 3sg. met 10, 65 Spl. metent 26, 22. pf. 3sg. mist 10, 24. 12, 35 {3pï. missent 18, 9). cond. 3sg. metroit 24, 52 meteroit 14,5 impér. 2pl. metés 10, 69. part, passé mis, e 5, 1. 11, 5, 38. (f. misse 5, 16, 20) legen, setzen — mettre; (réfl.) sich begeben — aller, se rendre 26, 22 : métré a raison 27, 8 anreden — aborder; m. en prison 5, 1 ge- fangen nehmen — mettre en prison; m. a raencon 10, 69 Lôsegeld auf- erlegen — rançonner. mi Mitte — milieu, seulement dans en mi 24, 14. 32, 7 mitten in (auf, unter) — au milieu de; entre mi 10, 12 mitten zwischen — au milieu de; par mi 10, 6, 11. 12, 24 mitten dur ch, mitten in — à travers, au milieu de. mie fl Krümchen — miette; irgend — mie, le moins du monde (5, 25.) 22, 19 [avec ne: gar nicht — ne . . point 5, 19. 22, 12). mien pron. poss. vPar. mier, e 9, 3, 9 lauter — pur. mil pl. mile 2, 5. 9, 3 tausend - mille. mirabile fl 5, 4 (ms. miramie) Wunder, Zauberei — (merveille,) magie. 124 missent v. métré, miue pron. poss. vPar. mix adv. 2, 21. 8,18 besser —» mieux; (avec amer 14, 13) mehr; compar. au lieu du superl. (Gr. 3, 12) 31, 9; au mix que 24, 84 so gut aïs — du mieux que. moeurent v. morir. mois mil 12, 3. 29., 9 Monat — mois. mçl, e 33, 5 weich — mol(le). moullier fil 3, 11 (ms. moullie) mollier 8, 28 Weib, Gattin — femme, épouse. molt v. mot. mon pron. poss. vPar. mont mil 6, 9, 13 monde 22, 31. 24, 53 Welt monde. mont mil 27, 15 Berg — mon¬ tagne. monter fbl 2, 19, 24. 7, 7. 17, 2. 24, 28 (mtr.) steigen — monter; angehen — concerner, faire, im¬ porter; (tr.) hinaufsteigen — monter. mot drir fbIII b 6, 5. 20, 8 ermorden — tuer. morir (3sg. muert) fftIW 10, .16. 11, 41. ind. prs. lsg. muir 6, 11. 3pl . moeurent 6, 32. subj. prs. lsg. muire 16,15. part. prs. morant 15, 11. part, passé mqrt, e d, 35. 14,4 (aussi réfi.) sterben — mourir; part, passé au sens actif: getôtet — tué 14, 4, 32. 30, 4. mqrt fil 10, 15. 14, 13 Tod - mort; de m. 12, 8 tôdlich — à mort. mortel 2, 3. 10, 18 tôdlich — mortel. mostrer (3sg. mostre) fbl fut. lsg. mosterai 40, 43 zeigen — montrer. rnqt mil 23, 1, 8 Wort — mot. mot adv. 1.2, 37. 20, 11 moût 4, 20. 6, 21. 11, 20, 40. 15, 1 molt 5, 22. 10, 59 sehr — fort, très. muir muire v. morir. mur mil 2, 4. 8, 6 Mauer — mur. N. nagier fbl 36, 8. 38, 20 rudern — ramer. naie 14, 9 nein — non. naistre ftll (avec un parfait de formation secondaire) part, passé ne, e 11, 17. 40, 7 geboren werden — naître uarine fl 24, 18 Nasenloch — na¬ rine. nasel mil 10, 26, 36 Nasenstange am Helme — partie du casque qui protège le nez. V. la note. navrer fbl 10, 28. 23, 15 verwunden, — blesser. ne conj. 2, 17. 4, 6, 25 ni 1. 11. 2, 25. 8, 28. 10, 70 noch — ni; ne .. ne 2, 8 weder . . noch — ni . . ni; dans des phrases exprimant un doute ou une interrogation: oder, und — ou, et 2, 23, 24. 4, 10. 6, 10. 10,8. 11, 15; servant à coordonner de telles phrases 14, 4. n§ adv. 1, 10, 13 nicht — ne. nef fil 28, 6. 34, 8 Schiff — na¬ vire, vaisseau. nçl 24, 29. 29, 15 = nç lç(w.). nenil 10, 8. 24, 3 nein — non. neporquant conj. 16, 20 nichtsdesto- weniger — néanmoins, pourtant . nés 10, 47 — ne les. nés mil 2, 13. 12, 20 Nase — nez. net, e hübsch — joli. ni v. ne. nient mil 22, 28. 24, 29 nichts — rien por n. 6, 42 fur nichts und wieder nichts, vergebens — en vain; durchaus nicht — pas du tout 10, 8, 42. 24, 3. nimpçle fl 33, 9 ein Spiel (welcher Art ?) — espèce de jeu (de quelle sorte?). Voir Romania XXIX. 290. nouer (3sg. neue) ffbl 12, 13, 14. 24-, 4 knüpfen — nouer; heften, ndhen — coudre. noir, e 12, 28. 24, 16 schwarz — noir. nois fil 12, 24 Nufi — noix. noise fl 6, 2. 8, 5. 20, 5 Gerausch — bruit, fracas; Gerücht — bruit, rumeur. non adv. 2, 15 nicht — non, ne .. pas (se . . non — sinon); selbst nicht — même pas 18, 21. non mil 2. 10 (39, 32) Name — nom. none fl 20, 31 die None. neunte. Stunde (3 Uhr nachm.) — none, la neuvième heure (3 heures après midi). 125 norrir fblll & 40, 32 norir 36, 11 nourir 6, 17 erziehen — élever. nos nous pron. pers. vPar. npstre pron. poss. vPar. novçle fl 24, 10 Nachricht — nou¬ velle. nu, e 6, 31. 15, 15 nackt, blofi — nu. nuit fil 6, 29. 12, 4 Nacht — nuit. nul, e 1, 10. 7, 5 hein — nid, au¬ cun; irgend ein — auqun. 0 (OU). o prp. 1, 7. 7, 3 mit — avec. ou v. u. obliër fbl 10, 46, 47 oublier 8, 3. 10 , 10 vergessen — oublier. ocirre ftll 14, 9 (28). ind. prs. 3sg. ocit 32, 8. 3pl. ociënt 14, 30. impf. 3sg. oéioit 2, 6. fut. lsg. ocirai 30. 8. 3sg. ocira 26, 18 subj. impf. 3pl. ocesissent 14, 26 ocesisçent 16, 31. impér. 2pl. ocies 32, 11. part, passé ocis, e 6, 12 tôten — tuer. Comp. entr-. oeil mil { 23, 13) oeul 14. 20. 21, 10. pl. ex 2, 13. 12, 20 Auge — œil. oie 10, 75. 24, 34 40, 5 ja — oui. oïl 10, 58. 18, 17 ja — oui. oindre ftll pf. 3sg. oinst 38, 16. ! 40, 34 salben — oindre. oir mil 2, 8 Erbe — héritier. oïr ffblIP 1,1. 11, Il ind. prs. 2sg. qs 22, 15. 24, 40. 3sg. Qt 9, 1. oit 1, 13. 39, 6 pf. 3sg . oï 10, 31. ! 3pl. oïrent 38, 7. fut. 2pl. orrés j 20, 23, 24. impér. 2pl. oes 29, 6. ! part, passé oï, e 6, 1. 10,. 2 hôren I — ouïr, entendre. oisçl mil 10, 71 (5, 13) Vogel — oiseau, dim. oisellon mil 20, 24. 39, 6. home mlll 4,.3. 8, 17. 14, 7, 14 oume 14, 19, 22 Mensch, Mann — homme; Lehnsmann, Vasall, Dienstmann — vassal, homme lige. N. sg. on 4, 24. 24, 7 man — on. on v. home. onbre fl 12, 31. 16, 5 Schatten — ombre. oncor v. encor. honor fil 2, 32. 2, 37 {ms. honers). 4," 14 honeur 38, 9 Ehre — hon- ! neur; Lehen, Herrschaft — fief t pouvoir. honorable 37, 11 chrbar — hono¬ rable. honorer ( 3sg. honeure honore) ffbl 13, 7 honerer 13, 18 ehren — honorer. onques adv. 10, 9. 24, 10. 40, 6, 35 jemals —jamais (avec ne : niemals — ne . . jamais). qr mil 6, 38. 9, 3 Gold — or. pf 3sg. perçut 24, 74 gewahren — apercevoir. Comp. a-, pçrdre fbll 4, 6. 6, 3 verlieren — perdre. pere ml 2, 18, 22 Voter — père. perron mil 39, 3 peron 39, 11 Fret- treppe, erhôhter gepflasterter Plats vor dem Hause, von welchem Stu- fen niedergéhen — perron. peser (3sg. poise) ffbl 4, 10. 6, 46 (impersonnel) lastig sein, leid sein (de um) — faire de la peine. petit, e 1, 3. 4, 26 klein — petit; un p. 19, 20 ein wenig — un peu. peu 2, 40 un peu 4, 27 pou 40, 25 wenig (temporel 40, 25) — peu; (dusqu’a pou 40,25 binnen kurzem — sous peu, bientôt). pié mil 2, 5, 11 Fuê — pied. pierre fl 14, 11 piere 24, 82 Stein — pierre. piler mil 12, 15, 34. 13, 2 PfeiUr — pilier. pipet mil 21, 15 Pfeifchen — pipeau. plain, e 20,12.40,33 (f.plainne42,17) voit — plein, entier; stark be- sucht — qui a beaucoup de monde r animé. plain, e -26, 22 eben — plain (as plains cans en plaine cam¬ pagne). plaindre ftU (inf. subst. 13, 9) kla- gen — se plaindre. plaire ftlID prs. 3sg. plaist 10, 78 cond. 3sg. plairoit 39, 16 gefallen — plaire. planter fbl 14, 22 pflanzen — planter. plat, e 24, 18 platt — plat. plenier, ç 8, 9. 31, 4 ausgcdehnt, gewaltig — étendu, vaste. plenté fil Fülle — abondance; a pl. 17, 10 in Fülle — en abondance, en grand nombre. plouerai v. plorer. plor mil 39, 10 Trâne — pleur larme. 127 plorer {3sg. pleure 40, 23 plore) ffbl 7, 9. 13, 21 plourer 12, *36. 13, 3 (inf. subst. 13, 9 ms. plurers) fut. lsg. plouerai 24, 59 weinen — pleurer. plus adv. 8, 14. 11, 14. 12, 9 mehr — plus; servant, devant un adj., à former le comp. et le superL; compar. au lieu du superl. ( Gr. 3, 12) 6, 9, 13. 20, 12. 40, 44; au plus 18, 28 hôchstens — au plus. pou v. peu. poil mil 15, 7. 21, 9 Kopfhaar — chevelure. poin mil 9, 9 Knauf (des Schwertes) — pommeau (de l’épée), cp. puin. poindre ftlî part, passé point, e 40, 37 stechen — piquer, poindre; steppen — poindre. point mil 20, 31 Punkt, Zeitpunkt — point, moment; adv. 2, 17. 4, 7 irgend ètwas — point. pome fl (30, 17 var.) Apfel — pomme. pooir fftlll a ind. prs.lsg. puis 3, 13. 4, 8. 2sg. pués 8, 20. 3sg . puet 3, 4. 2pl. poés 22, 38 impf. lsg. pooie 14, 30. 3sg . pooit 24, 74. 2pl. poïiés 22, 36. 3pl. pooient. 14, 26. pf. 3sg . pot 10, 40. 12, 14 peut 24, 84. fut. lsg . porrai 24, 59. 3sg. pora 11, S. 2pl. porrés 10, 67. 11, 11 porés 4, 9. cond. 3sg. por- roit 4, 18. 14, 5 poroit 2, 27. 2pl. porries 6, 45. eubj. prs. 3sg. puis! 17, 12. impf. lsg. peüsçe 14, 8. 3sg. peüst 4. 24. 2pl. pe- üsçiés 12, 25 kônnen — pou¬ voir. por prp. 1, 7. 5, 16, 20. 4, 22. 8, 6 ’ für — pour; wegen, um . . willen — pour, à cause de; (devant l’inf.) um zu — pour; por cou (6e) 24, 39, 59 deshalb — pour cela, c’est pour¬ quoi, por cou que 20, 11. 24, 11. 40, 40 weiî — parce que. pçrc mil 23, 11 Schwein — porc. porparler ( 3sg . porparçle) ffbl 10, 15 besprecken, verabreden — discuter. porpenser fbl 12, 7. 19, 9 (réfl.) überlegen — penser, songer, ré¬ fléchir. porsacier fbl 26, 11 zerren — ti¬ railler. V. la note. port mil 28, 10. 38, 14 Hafen — port. portaster fbl 26, 10 befühlen — tâter. pçrte fl 2. 4. 8, 6 Tor — porte. porter ( 3sg. pçrte) fbl 10, 11. 23, 7. 86, 4 tragen — porter; darbringen — rendre (des honneurs). postic mil 12, 30 Hinterpfortchen — petite porte de derrière. pçvre 38, 15 arm — pauwe. pre mil 22, 18 Wiese — pré. preer ( 3sg. proie) ffbl 36, 8, 11 er- beuten, rauben — enlever (comme proie, comme butin). premier, e 14, 4 erst — premier. prendre ftlî 2, 17 ind. prs. 3sg. prent 9, 11. 3pl. prendent 10, 13. pf. lsg . pris 10, 48. 3sg. prist 11, 10. 3pL prisent (prissent 34, 5. 6. 39, 22). fut . lsg. prendrai 8, 34. 3sg. prendera 39, 34. Ipl. prenderons 18,37. cond. 3sg . pren- deroit 14, 5. subj. impf. 3sg. pre- sist 40, 12. impér. 3sg. pren 2, 19. 3, 12. 8, 16. 2pl. prendés 6, 19. part, passé pris, e 10, 15 (prisse 22, 40) nehmen, ergreifen — pren¬ dre, saisir; gefangen nehmen — prendre; prendre consel 26, 16 überlegen — réfléchir ; avec le datif de la personne: soumax li prist 18, 5 {Gr. 3, 130) elle fut prise de sommeil, elle s’endormit; soi prendre a 11, 10. 17, 3. 19, 9 beginnen — se prendre à, com¬ mencer à. Comp. a-, entre-, sou-, près adv. 16, 28 nahc — tout près. presse fl 10, 11 (prese 10, 29) Ge- drânge — presse, mêlée. prçstre ml 6, 28 Priester — prêtre. preus prex n. sg . m. 15, 2. 31, 11 preus n. sg. f. 37, 1 prous 39, 24 prous prox acc. sg. f. 39, 8, 18 edel, brav — preux, noble, vail¬ lant. priier fbl 22, 14 bitien — prier. prime fl 18, 6. 22, 29 Prime, erste Tagesstùnde (6 Ühr morgens) — prime, première heure du jour (6 heures du matin). prince mil 36, 3 Fürst — prince > prisier fbl 24, 42, 60 achten — priser, estimer. 128 prison fil 5, 1. 16 Gefàngnis, Haft — prison. prissent v. prendre. prouece fl 1, 6 Heldentat — prouesse .• prous prox v. preus. pucçle fl 22,31 Màdchen — pucelle, jeune fille. puet v. pooir. puïe fl 20, 13 bühnenartige Erho- hung — estrade. puin mil 10, 26 Faust — poing, cp. poin. puïr fblll a part. prs. puant 24, 41 stinken — puer. puis adv. 4, 24 dann — puis; puis que conj. 3,11. 4,15< 10,19. 14, 6 nachdem — après que; da nun einmal — puisque. pule mil 16, 15 Volk — peuple. pun mil 30, 17 (ms. pomes) 31, 7 Àpfel — pomme. pur, e 24, 56 rein — pur. putain f 30, 7 Hure, Dirne — pro¬ stituée. Q. qeurent v. corre. quaissier fbl 16, 19 brechen, stoâen — casser, blesser. quanque rel. neutr. 2, 18. 4, 7 quan- ques 8, 27. 10, 10 wieviel auch immer, ailes was — si grande quantité que, tout ce que. quant adv. conj. 2, 23. 4, 1. 8, 29. 13, 10. 16, 2. 22, 16. 24, 42 qant 11, 1 wann — quand; al s — lorsque; weil, da, denn — parce que, car; tvenn — quand, si. quarante 24, 6 vierzig — quarante. quarçl mil 8, 8 Quaderstein — car¬ reau, pavé. quatir fbl 11^ 12, 34. 18, 4 ducken — blottir. quatre 24, 48. 38, 10 vier — quatre. qu§ pron. rel. et interr. vPar. qu§ conj. 2, 1, 14. 4, 24 daâ, so dais, damit — que; que . . ne 2, 3. 10, 68 ohne daâ, ohne zu — que . . ne, sans que; que 12, 3. 18, 6 wann, als, wo — que; 2, 28. 3, 18. 24, 52 weil, denn — car; répété après une incidente 4, 8. 8, 35. 10, 49. 14, 26. 16,30, 31 ; re¬ présentant une autre conjonction: quant (fr. mod. quand) tvenn — que 2, 24; als daâ (quam quod) — que de voir (apprendre, permettre etc.) que 8, 28. 14, 13. 16, 15. 17, 19; (après si, tant et les com¬ paratifs 6, 1. 14, 18. 12, 21) wie, als — que; après un relatif dans un sens de généralisation (lat. •cunque) : qui que 6, 6. 10, 47. que que quoi que 25, 10 cp. quanque; quoi que (avec Vind.) wàht'end — pendant que 20, 12; ne ... que 14, 2 nur — ne . . que; tant que 10, 50, 80. 18, 2. 19,- 6 so lange bis, und einmal, und schlieâlich — jusqu'à ce que, et un jour, et enfin; en co que 34, 3 indem — tandis que; por éou que v. por. V aussi c’. quel pron. rel. et interr. vPar. quçrre (3sg. quiert) fftll 18, 38 ind. prs. lsg. quier 6, 25. 2pl. querés 24, 68. pf. 3sg. quist 38, 13. subj. împf. lsg. quesisçe 35, 15. part, prs. (gér.) querant 15, 14. 24, 51 suchen, hegehren — chercher, qué¬ rir. Comp. con-. ques 28, 10 n. sg. f. de quel, quester (3sg. quçste) fbl 35, 11 suchen — chercher. qui pron. rel. et interr. vPar. quidier v. cuidier. quinse 24, 43. 38, 6 fünfzehn — quinze. qui que v. que. quiteé fil 35, 4 Ruhe — tranquil¬ lité, paix. quoi, coi pron. rel. et interr. vPar. quoi, e 24, 70 coi 12, 4 ruhig — coi, calme, tranquille. R. rade 10, 5 stürmisch, schnell — ra¬ pide à la course, vite. raencon fil 10, 70 Auslôsung — rachat; Lôsegeld — rançon. rai mil 24, 75 Strahl — rayon. raison fil 27, 8. 39, 13 Vernunft, Gedanke — raison, pensée; Rede — discours, propos métré a r. adresser la parole à, aborder. râler (3sg. reva) ffbl 40,- 14. pf. 3sg. rala 11, 30 zurückgehen — retourner. 129 ramé, e 17, 7 ilstig, dicht — rameux, bran chu, touffu. ramener ( 3sg. ramaine) ffbl 8, 35. 10, 49 wieder herführen — ra¬ mener. rapeler (3sg. rapçle) fbl 8, 30 zurück- rufen — rappeler. recaoir (3sg. reciet) fftl II d 25, 10 zurückfallen — retomber. recerceler ( 3sg. recercçle) fbl 2, 12. 12, 19 ringeln, locken — boucler, friser. reclamer ( 3sg. reclaime) ffbl 17, 4 anrufen — invoquer. recoillir ( 3sg. requeut) ffbl lia pf . 3sg. recoulli 41, 14 aufnehmen — accueillir. recomencier fbl 13, 21 wieder an- fangen — recommencer. reconoistre fftIIJb ind. pf. 3sg. re- conut 36, 10 recounut 40, 31. 3pl. reconurent 34, 12 erkennen — reconnaître; (réfl.) sich erin- nern — se rappeler. redire ftll impér. 2pl. redites 22, 7 wieder sag en — redire. regarder fbl 9, 12. 16, 15 betrachten — regarder, considérer. régné mil 13, 14. 35, 3 Konigreich — royaume. regreter \3sg. regrete) fbl 7, 11. 8 , 1, 11 èine geliebte Per son, die man verloren hat, bejammernd anrufen — adresser des lamenta¬ tions à une persoime aimée qu’on a perdue (cf. G. Paris, note d’Alexis 26 e ). reborder ( 3sg. rehorde) fbl 16, 8 (eine Mauer) mit Flechtwerlc (hort) und Schutt wiederherstellen — réparer (une muraille) avec un clayonnage (hort) et des gravats. reluire ftll part. prs. reluisant 15, 7 (ms. auenant) gldnzen — reluire. remanoir ( 3sg. remaint) fftll ind. prs. îsg. remain (16, 13) pf. 3sg. remest 30, 15. cond. 3sg. remanroit 12, 9 zurückbleiben — rester. remener (3sg. remaine) ffbl cond. 3sg. remenroit 16, 32 zurüelcführen — remener, reconduire. remuer fbl bewegen — remuer; part. prs. 10, 24 beweglich — remuant, rendre fbll 10, 36 iibergeben — rendre, livrer. Suchier. Aucassin et Nicolette, 8* éd. renge fl 10, 3 Schwertgurt — cein¬ turon. repaire mil 3, 2 Heimkehr — re¬ tour; Heimat — patrie; Aufent- halt — séjour. repairier fbl 32, 17 (inf. subst. 9, 2) zurückkehren — retourner (inf. subst.: retour). repenser fbl 16, 31 wieder bedenlcen — penser d’autre part, v. la nqte. reponre ftll pf. 3sg. reppst 20, 3 verbergen — cacher. repQs mil 16, 2 Ruhe — repos. reposer ( 3sg. repose) ffbl 19, 20. 24, 78 ruhen — reposer. repost v. reponre. resbaudir fblllb 1, 14 wieder munter machen —• remettre en belle hu¬ meur. rçsne fl 10, 10. 28, 2 Zügel — rêne. retraire ffll 3, 4. 4, 2 zurückziehen — arracher, détourner. reveïr ( 3sg. revoit) fftl fut. Isg. révérai 23, 17 wiedersehen — revoir. revenir fftl 11 e prs. 3sg. revient 10, 29. pf. 3sg. revint 26, 12 (aussi réfl,.) zurückkommen — revenir. rice 1, 15 (ms. douce) 2, 34. 4, 20. 6, 35. 20, 11 machtig, reich — riche, puissant; prachtig — bril¬ lant, superbe. rien(s) fil 2, 23. 6. 9. 20, 15. 39,23. 40, 43 Ping, Wesen — chose; (avec la négation) nichts — rien. rire ftll 31, 13 part. prs. riant 2, 13. 12, 20 lachen — rire. ris mil 23,14 Làcheln — ris, sourire. rivage mil 37, 2 XJfer — rivage. rive fl 27, 19 (ms. riuage) 28, 5 ÏJfer — rivage. riviere fl 18, 7 Fluû —- rivière. rouge 24, 19 rot — rouge. roi mil 2, 33. 6. 40 Kônig — roi. roide 16, 10 steif — roide; st'eil — roide, escarpé. roïne fl 2, 39 Konigin — reine. roion mil 39, 27 Konigreich — royaume. roisin mil 11, 14 Traube — raisin. ronce fl 24, 3 Brombeerstrauch — ronce. ronpre fbll 12,26 brechen — rompre. rçse fl 5, 12. 12, 22 Rose — rose. rousee fl 12, 17 Tau — rosée. 9 130 rue fl 12, 31. 14, 24 Straâe — rue. ruer fbl 13, 16 werfen — jeter. S. s’ « s§, sa. sa pron. poss. vPar. sablon mil 27, 18 Ufersand — sable du rivage, grève. sacier fL 24, 56 ziehen — tirer, arracher. sage 37, 1, 10 klug — sage. sain mil 13, 20 Busen — sein. sain, e 8, 35. 10, 49 gesund — sain. sale fl 20, 27. 37, 4 Saal — salle. salir fblll a 16, 20. 41, 11 springen — saillir, jaillir, sauter. sanblant mil 15, 9 Aussehen, Blick — apparence, aspect. sanbler fbl 32, 19. 36, 6 scheinen, aussehen wie — sembler. sanc mil 16, 20. 24, 5, 7 Blut — sang. sans prp. ohne — sans; aufier — excepté 22, 17. sauf, ve 8, 85. 10, 60 wohlbehalten — sauf. saure ftll 24, 53. fut. lsg. sorrai 24, 58. impér. 2sg. sol 24, 66 Ibsenj bezahlen — solder, payer. sauvage 16, 29. 37, 9 wild — sau¬ vage. sauveté fil 10, 81 Sicherheit — sûreté. savoir ( 3sg . set) fftIII ° 20, 4 ind. prs. lsg. sai 17, 6. Ipl. savons 39, 23. 2pl. savés 40, 3. impf. 3sg. savôit 6, 44. pf. 3sg. sçt 86, 7. seut 40, 9. 3pl. seurent 38, 7. fut. 2pl. sarés 10, 70. subj. prs. 2sg. saées 8, 15. 2pl. saéiés 4, 7. 6, 10. impf. lsg. seüsçe 14, 13. 40, 19. 3sg. seüst 36, 12. part. prs. sacant 15, 2 (wissend, klug — prudent) wissen, erfahren — savoir, appren¬ dre. se v. si. se pron. poss. vPar. se, s§ conj. 1, 13. s’ 19, 11 ivenn — si; se — non 2, 16. 14, 7, 14. 40,18 wenn nicht, au fier . . allein, sondern nur — sinon; ob — si; se dix t’aït 24, 27 wenn Gott dir helfen soll — si tu veux que Dieu t’aide. seeler ( 3sg. seçle) fbl 4, 24 ver- siegeln — sceller. segnier ( 3sg . saigne) fbl 16, 17 mit dem Kreuz bezeichnen, bekrmzen — signer (faire le signe de la croix). seignor mlll (ne se trouve qu’au nom. ou voc. sing. sire 4, 4, 10. 39, 27) Herr — seigneur; renforcé par plus 31, 10 ( Gr. 3, 16). geïr (3sg. siet) fftll ind. prs. lsg. siée 10, 21. impf. 3sg. seoit. 22, 16, 21. pf .• 3*9» sis! 1°; 2, 5. 39, 3 (3pl. sissent 9, 13) (aussi réfl.) sitzen — seoir , être assis; an- stehen — seoir, convenir. Comp. as-, mes-. sejorner ( 3sg. sejorne) fbl 40, 33 ausruhen, Kraft gewinnen — re¬ poser, reprendre ses forces; sejorné 10 , 21 dur ch Ruhe gekrâftigt — reposé, fortifié par le repos. sçle* fl 20, 28 Sattel — selle. selonc prp. 20, 22. 28, 3 làngs — le long de. semonre ftIII d prs. 3pl. semonent 37, 13 auffordern, antreiben — exciter, stimuler. sen pron. poss. vPar. sençstre 10, 3 link — gauche; a s. 10, 25 zur Linken — à gauche. sengler mil 10, 27. 17, 9 Kber — sanglier. sens mil 30, 6 Ver stand — sens, raison. sentier mil 19, 6 Pfad — sentier. sentir fbllla 10, 11. 12, 11. 16, 21 ms. santi (inf. subst. 11, 36) filhlen, empfinden — sentir. sergent mil 2, 5 serjant 8, 5 ser¬ vant 6, 36 Knappe — écuyer. seri, e 12, 4 still — tranquille, serein. sermoner fbl 10, 43 (aucun) j. vor predigen — sermonner. seror fl IL (ne se trouve que sous la forme du nom. voc. sing. suer 7, 20. 23, 18. 25, 15) Schwester — sœur. serpentine fl 16,30. 18, 4 Schlangen- gezücht — engeance de serpents, de vipères. sçt 10, 28. 19, 7 siében — sept. seul, e 2, 3, 9 einzig, allein — seul seurent, seut v. savoir. 131 si adv. conj. 1, 10. 2, 2 se, s§ 10,12, 83. 18, 9. 24, 27. 30,' 4. 40, 26 s’ 34, 13 so — ainsi, et, alors; dans le second membre de la proposition , introduisant la con¬ séquence: 2, 20. 22, 1. 25, 14. 34, 13. 36, 4; derrière un membre de phrase précédant le verbe 4, 24. 11, 10. 24, 69; so, so wahr (introduisant Vaffirmation ou le veau) 10, 58; dock — si (réponse affirmative) 18, 32. 22, 1,4; et si und ferner, und — et 4, 23. 6, 37, 39. 28. 20. 34, 8; si und — et (toujours immédiatement devant le verbe ou le pronom qui en dé¬ pend) 2, 5. 4, 12, 20 aussi devant une phrase qui a un autre sujet: 2, 29. 18, 30. 34, 9. siée v. seïr. siècle mil 6, 22, 40 Jahrhundert — siècle; Welt (im Gegensatz zum Rimmel) — monde (par opposition au ciel). sien pron. poss. vPar. sifaitement adv. 24, 9. 32, 11 der- gestalt — de telle façon. sigler fbl (28, 5) segeln — faire voile. sissent v. seïr. siu v. suïr. siue pron. poss. vPar. souduiant mil 15, 13 Verrater — traître. sofrir (3sg. suefre) ffbllfa ind. pf. 3sg. soufri 1, 5. cond. lsg. sofferoie 8, 26 leiden , ertragen — souffrir. soi fil 6, 32 Durst — soif. soie fl 12, 12. 40 ; 36 Seidc — soie. soing mil Sorge — soin; n’avoir soing de 39, 30 sich nicht küm- mern um — ne pas se soucier de. soir mil (25, 6) Abend — soir. soïsie fil 4, 22 Gesellschaft — so¬ ciété, compagnie. sol v. saure. sqI mil 18, 33. 22, 23. 24, 63 Gro- schen (Miinze im Werte von 12 deniers), zwanzigster Teil der livre — sou (pièce de monnaie de la valeur de 12 deniers), vingtième partie de la livre, soulever v. souslever. soller mil 24, 21 Schuh — soulier. soumeîl mil 18, 5 Schlaf — som¬ meil. son pron. poss. vPar. son mil 39, 1.6 Mélodie — air. son mil Spitze , Gipfel — sommet; en son 14, 20; 21 oben auf — en haut de. soupe fl 11, 15 Weinsuppe — soupe au vin. souple 20; 14 gebeugt, niedergeschla- gen — abattu. sou prendre ftll part, passé soupris 2, 16 erg reif en — saisir. sor prp. 9, 10. 10, 1. 18, 11. 24,24 auf — sur; auf . . zu — vers; sor costé 24, 85 zur Seitc — sur le côté. sorcille fl 5, 8 die Brauen — les sourcils. sorrai v. saure. sorveïr ( 3sg. sorvoit)) fftl pf. 3sg. sorvit 24, 24 übersehen, betrachten — regarder. sous v. sol. sous prp. 15, 15. 39, 1 unter — sous. souslever (3sg. souslieve) ffbl 12, 23 soulever 11,23 aufhében — soulever. souspir mil 39* 10 Seufzer — soupir. sosterin, e 11, 6 sousterin 11, 39 unterirdisch — souterrain. sovenir fftlll 6 prs. 3sg. sovient 9, 15 pf. 3sg. sovint 10, 9. 12, 6 (impers.) sich erinnern — se sou¬ venir. sou vin, e 24, 86 auf dem Rücken — sur le dos. suïr ( 3sg. siut) ffbIII a 24, 7 prs. lsg. siu 23, 12 folgen —■ suivre. sus adv. 18, 9. 26, 14 hinaufdur¬ ant' — dessus. T. ta pron. poss. vlar. taillier fbl schneiden — tailler. bien taillié 2,11 hübsch gewachsen — bien taillé, bien bâti, bien fait. taindre ft.II part.passé taint, e 38,16 farben — teindre. talent mil 20, 14 Lust, Verlangen — envie , désir. tans mil 2, 8. 12, 3 Zeit — temps. 9 * 132 tant adj. 39, 9 so groti — si grand; so viel — en si grande quantité, tant; so tnanch — si nombreux, tant de . adv. 1, 11, 15. 40, 12, 17 so viel — tant; so sehr tant, si; so lange — tant, si long¬ temps; (avec le subj.) noch so — si . . que. taterele fl 6, 30 Lumpen — haillon. taure ftlll * <■ , • 1 ‘ , “ ► % 4 //• ÜO G / e, ^(l-WHUi* vl|WUi V Q 7 ni^ ^tiivl v '»4t»*> ttcfilCl > ur^btU-l tu 1 c*\uttVK Cc'iW- AA* -tu^k^c P0~ ktuT X am“tr lv U4c* ( kwçt»a'-Wr S ^ ilmAumr //• 7° d f r 4**»^’ v- —*•-*■ ri- -4 ~i f- 30 u< ap. f -n A> (■ au ftM « y »^r^L ± rr^j— ^ v // 7/V J tu Petite ^ çî»c « ewri^Ml v 4 fi»K ri î^. = -ô?^icwr> n , rsa ri tp*r ju n«pdW*»tA j\tlAT (»/fkl x ^»tt*wf x ^Wu 4 Il iicJ^tr'A* C~ PitiM! ritn’ A?PAw*Ai|\ tui*. J rwulK- AuutCA»tuv Àf le talc »JP^ ^a»i çlVtJinrfilAiwU-Ciy >fu| v e maxeg/twe , (&tu imi-mt ê&m vert a- 2V .. & * -J * ~ * J r =1= =f= oUi de-part du duti oax -tlfy- d <£& nUSodd de c/euxu&r$ du fie écuMe ^emdrutie * & r ri r r i J ** rf.. 0,* Jr 41.:^,. Jia - Cas - Unide fôiau - Ceû. -rC U ife £ cCwtveàA-t/£ de Se£ re-paj.-'re tf j&t 'Tri e éo die da_^£^t_ vert. tfcna£ ■ l : ** * , % v * * ^ * : v v * ** ^ ".4^ '” Aï? • eS^'t'v «,** * *» ^ r 11 <5> r ^ V fc * °, v^ ; #*% -. •■.6 r A *.\' C° y&sû?i? O K æwmzz* * ^ , «*<3* t # ^t\ycsy * ^ ... % '*•*••* *0° v'*'<’•' J * • ^ A** • \/ -m a ^ % / /* - 'fi MÉ 3 * v^ As s * aV*\ 4 O „ ç, Sp_ 0 » , V^>> * *«. --llfSv■%. Ww.* ** *+ i * /> <\ '*’■'* t »* - 0 V O *0 * > * A <* ^ V 0 0 * « 4 <{>. ^ .Vi», *?A ,<*> 0 « O „ <6 .° 4 IIà" ^o”* .«fl»- ?*»!“ a. « • o_ •» V ' A *‘ o <£ ^ « ** ^ A o v G » A » >° 'A * •* .0° %-*... .0 % »’*■>» A v' , - #*\ l -mË> /\ l * A ^ av *r. 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