RHÉTORIQUE ET PROSODIE DES LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN a l'usage des élèves de l'école spéciale des langues orientales vivantes M. GARCIN DE TASSY MEMBRE DE L'INSTITUT, ETC. SECONDE ÉDITION REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE PARIS MAISONNEUVE ET C", LIBRAIRES-ÉDITEURS QUAI VOLTAIRE, 15 . MDGCGLXXIII NOUVELLE ADRESSE 198, RVSMje.main; l'*'^ (VTI*) RHÉTORIQUE ET PROSODIE LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN RHÉTORIQUE ET PROSODIE DES LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN a l'usage des élèves de l'école spéciale des langues orientales vivantes . Gj M. GARCIN DE TASSY MEMBRE DE L INSTITUT, ETC. SECONDE EDITION REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE PARIS MAISONNEUVE ET O, LIBRAIRES-ÉDITEURS QUAI VOLTAIRE, 15 MDCGCLXXIII NOUVELLE AMBSÏ 198, R d S'-Germain, F' < MR (VIP) E GAUANCILIRE, j Copy y; »/-(y 5-4? 6*> ?v M. AMÉLIE SÉDILLOT SECRÉTAIRE DE L'ÉCOLE SPÉCIALE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES ET DU COLLÈGE DE FRANCE, ETC. Monsieur et cher ami, Il y a longtemps que je désirais pouvoir vous donner un témoignage public de mon affection et de mon estime pour vos érudites publications. L'occasion s'en présente aujourd'hui en vous priant d'accepter la dédicace de ma <( Rhétorique et Prosodie des langues de l'Orient musul- man. » Il me semble en effet tout naturel devons dédier cet ouvrage, car je dois en grande partie mon goût pour la poésie asiatique aux leçons de votre savant et respec- table père, à qui ses beaux travaux sur l'astronomie des Orientaux, que vous avez continués et complétés, valurent un des prix décennaux, et qui plus tard faisait avec distinction le cours de turc à notre École. Ce cours, que je suivis avec assiduité en même temps que les cours d'arabe et de persan, me fit aimer la poésie turque, qui offre, comme la poésie hindoustanie, un reflet des pro- — IV — ductions persanes, avec lesquelles elle rivalise dans ce qu'elles ont de plus gracieux et de plus sentimental, ainsi qu'on peut s'en assurer, sinon dans l'original, du moins dans Y « Histoire de la Poésie ottomane » de J. de Hammer, ou seulement dans « la Muse ottomane » de Serran de Sugny, où on admirera sans doute nombre de morceaux parfaits de pensée et d'expression. Agréez donc cet hommage, Monsieur et cher ami, et croyez-moi Votre affectionné et dévoué GARCIN DE TASSY. AVIS PRÉLIMINAIRE Ce travail est fondé sur un ouvrage intitulé Hadâyïc ul- balâgat 3£bU! i§jl»x»>, les Jardins de V éloquence, qui est un traité persan de rhétorique d'après le système des Arabes, système qui a été adopté par tous les peuples mu- sulmans. Cet ouvrage a une grande célébrité dans l'Orient. Il est plus spécial que le Mukhtaçar ul-maanî 1 , autre traité de rhétorique rédigé en arabe sur un plan différent, et qui n'est que le développement du Talkhîs ul-miftâh 2 , de Jalâl-uddîn Muhammad. 1 Cet ouvrage a été imprimé a Calcutta par les soins de Th.Lumsden en 181 3, in-4°. Ce qu'en dit l'éditeur peut s'appliquer, à bien plus forte raison, au texte persan d'après lequel j'ai fait mon travail : « It cannot be read in the original, without exciting « in the mind of the reflecting reader, a very favorable impres- « sion of the state of perfection to which the science of rhetoric « has been carried by the Arabs. » 2 II sera aussi quelquefois question, dans ce travail, du Mu- tauiual, commentaire du même ouvrage, dont le titre, qui signifie long y contraste avec celui de mukhtaçar, court ou abrégé, donné au second. Ils sont dus l'un et l'autre à Maçûd ben-Omar, connu sous le nom de Saad-Taftâzânî. Le Hadayic ul-balâgat est divisé en six parties : 1° l'ex- position, ijLrj 9 2 ° l es f l ures -> fi**i l 3 ° l a métrique, j^^j- ; 4° la rime, SLàiS; 5° fes énigmes et les allusions, L**»; G tes plagiats, oli*-. L'auteur, Mîr Schams-uddîn-Faquîr, de Delhi, qui mou- rut vers le milieu du siècle dernier, a laissé d'autres écrits qui sont tous estimés. J'ai eu l'occasion d'en parler dans le tome I er de mon Histoire de la littérature liindouie et liindoustanie, page 442 de la seconde édition. Je traduis ici en français cet ouvrage, qui n'a jamais attiré l'attention particulière d'aucun orientaliste, ce qui le rend entièrement neuf pour les Européens. Ma traduc- tion, quelquefois un peu libre 1 pour être intelligible, offrira quelques coupures, et sera parfois un peu ab] aiin que mon travail ait le moins d'étendue possible. C'est uniquement par cette considération que j'ai retranché beaucoup de citations, m'étant généralement fait une loi de ne donner qu'un seul exemple en vers à l'appui des règles, quoique dans l'original il y en ait souvent plu- sieurs. J'ai déplacé la métrique ^p^f> et la rime XJlS, et j'en ai fait un traité à part, dont les matériaux sont pris principa- lement, comme pour la Rhétorique, dans \e Hadayic ul-ba- lâgat. J'y ai ajouté mes propres recherches, et j'ai aussi profité des travaux des Européens qui ont écrit sur ce 1 Dans cette seconde édition, j'ai suivi plusieurs bienveillantes indications du savant musulman Tantawî, de Saint-Pétersbourg, et quelques autres de M. Alex. Chodzko, professeur au Collège de France, — Vil — sujet *. Tel qu'il est conçu, mon traité est un travail neuf; il comble un desideratum de la littérature orientale. En effet, le premier j'ai appliqué les règles de la prosodie arabe aux diverses langues de l'Orient musulman, et spé- cialement à l'arabe, au persan, au turc et à l'urdû; le pre- mier, j'ai donné de nombreux exemples, tous traduits 2 , à l'appui des règles et pour en faciliter l'intelligence 3 . L'importance de la prosodie, pour ceux qui veulent lire et surtout éditer des poètes orientaux, n'a pas besoin d'être prouvée. Je répéterai même, après mon illustre maître 4 , que la connaissance des règles de la métrique arabe est absolument nécessaire à l'intelligence des poésies de l'Orient musulman comme moyen de critique, soit pour s'assurer du sens, puisqu'il dépend le plus souvent de la manière dont on doit prononcer les mots qui entrent dans la composition d'un vers, soit pour corriger les fautes des copistes, fautes qui sont d'ordinaire plus communes dans la poésie que dans la prose, à cause de l'obscurité qui 1 Spécialement S. le Clerc, S. de Sacy, G. Freytag et F. Glad- win. Les trois premiers n'ont traité que de l'arabe, et le dernier du persan seulement ; aucun d'eux n'a parlé du turc. Je ne men- tionne pas M. Ewald, qui, dans son Abhandlungen, etc., et dans le Brevis metrorum doctrina, qui termine sa Grammaire arabe, a exposé la métrique arabe au point de vue européen, ce qui ne me paraît pas devoir en faciliter l'intelligence. 2 S. le Clerc n'a jamais donné la traduction des exemples arabes qu'il a cités, et Freytag ne l'a pas toujours fait. 8 S. de Sacy, pour abréger, n'a cité aucun exemple, ce qui rend quelquefois son traité peu intelligible. * S. de Sacy, Traité élémentaire de la prosodie et de Vart métrique des Arabes. — VIII — règne souvent dans les vers orientaux par suite des méta- phores qui y abondent et des expressions peu usitées que la mesure et la rime y amènent. C'est pour avoir négligé de s'occuper de la prosodie que d'éminents orientalistes ont commis quelquefois de graves erreurs dans les textes qu'ils ont publiés. Je me conten- terai de citer en ce genre le célèbre \V. Jones, qui, dans sa Grammaire persane, avait donné fautivement nombre de vers qu'il m'a été facile de corriger dans la nouvelle édi- tion que j'ai publiée de cet ouvrage, en les scandant avec soin. RHETORIQUE DES LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN PREMIÈRE PARTIE DE L'EXPOSITION, ^Lj La science de l'exposition ( (j^-f) consiste en certains principes et règles dont l'intelligence donne la facilité d'exprimer la même chose, ^**, de plusieurs manières différentes. Or, ces différentes indications, wJbta, peu- vent être plus ou moins claires, et on les distingue en trois espèces. La première est positive , ^> 3 4 ; elle consiste en une expression qui indique tout le sens de l'objet, *y*y, dont il s'agit. C'est comme lorsqu'on 1 A la lettre, relative au ^j « le sens propre ». (Bulletin hist. et ph. de l'Ac. imp. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. X1L p. 243). 1 désigne Y homme sous le nom d'animal raisonnable. La deuxième est elliptique, *£*» ; c'est lorsqu'on ne dé- signe qu'une partie de l'objet, comme, par exemple, lorsqu'on dit seulement que Vhomme est un animal, ou bien, seulement encore, qu'il est raisonnable. La troi- sième est annexe, ^jd\, et on veut désigner par là une expression relative à un sens qui est en dehors de l'état réel de l'objet, mais qui s'y rattache. Ainsi, c'est, par exemple, lorsqu'on se sert du mot vieux pour indi- quer un homme. Quand on veut exprimer une chose de plusieurs ma- nières différentes, on ne peut pas employer l'indication positive, ^5*-^, ( I ui ne se produit que d'une seule façon, ^j, et ne peut être, par conséquent, ni plus ni moins complète. Ainsi, les mots j— 1, c>J, vi^i, ô^U>, qu'on emploie, en arabe, pour désigner le lion, j~», ne représentent cependant pas tout à fait ce dernier mot, parce que quelques-unes de ces expressions sont plus claires que d'autres pour désigner l'animal dont il s'agit. Toutefois, on peut exprimer ces différents sens par l'indication elliptique, *>»+*&) ou annexe, fj^l; car un objet, p^V, peut avoir plusieurs qualités annexes, ^jU, dont quelques-unes sont proches, y-^j*, à cause qu'elles s'y rattachent immédiatement, ^ ( Lwj cJ^ w*?~, et d'autres éloignées , J~x> , parce que leur liaison avec l'objet dont il s'agit n'est que médiate, oy£=> ^w Or, cette proximité ou cet éloignement sont une cause de clarté, ~y&*,, ou d'obscurité, L*d». Ainsi, quand on _ 3 — appelle « long de baudrier, » jLsr^' J^, un « homme de haute taille », Ji jtp, et « abondant en cendres », ï\j>j)\jj£=>, « un hôte généreux », la qualité exprimée dans la première comparaison est proche, et dans la seconde éloignée; car l'abondance de la cendre dépend de ce qu'on brûle beaucoup de bois, ce qui tient à ce qu'on fait beaucoup de cuisine, par conséquent, qu'on reçoit souvent des hôtes; ce qui indique enfin « un hôte généreux » . Une chose, y^ t peut avoir plusieurs parties, j>y&, et ces parties se subdivisent encore. Or, l'indication d'une portion de l'objet est plus claire que celle d'une partie de la portion. Ainsi, l'emploi du mot corps, *~^ y en parlant d'un animal, ^jf*-* est une indication plus claire que le même mot en parlant d'un homme, ^LJi *. Il est évident, d'après ce qui précède, que le but, f^y, de la science de l'exposition, ^*-f , c'est la considéra- 1 Parce que le corps est en quelque sorte une portion de l'ani- mal et l'animal une portion de l'homme. On appelle homme, dit Imâm Bakhsch, qui a développé en urdu les mêmes règles de rhétorique, l'être doué de la parole, c'est-à-dire celui qui est à la fois animal et doué de la parole ; et on nomme animal un corps susceptible de croissance sensible, et qui se meut de lui- même. Un tel être est donc une portion de l'homme (quant à ses qualités) , de même qu'un corps n'est aussi (quant à ses qua- lités) qu'une portion de Y animal; et ainsi le corps est la portion de la portion de l'homme. Donc indiquer Y animal par le mot corps, qui en est la portion (d'après ce qui vient d'être dit), c'est une indication claire ; mais le même mot, en parlant de l'homme, est une indication moins claire, puisque le corps n'est qu'une portion de la portion de l'homme. tion, jL^I, des dépendances, »oUjbb, ou des rapports des choses, J*X**, entre elles. Or, cette connexité, ^, peut se trouver des deux côtés, comme, par exemple, celle qui existe entre Vimâm et le fidèle, ou d'un seul, comme entre la science et la vie, la bravoure et le lion. Si, pour exprimer une qualité annexe à la chose dont il s'agit, on emploie un accompagnement, ^f, en l'ab- sence de la désignation précise de l'objet, on appelle cette expression une métaphore, jla?*, et si on présente l'objet lui-même d'une manière métaphorique, v^, on nomme cela métonymie, -jobf . Or, le rapport qu'il y a entre la métaphore et la métonymie est celui du simple, ^yj, au composé, v^V, parce que, dans la métaphore, j 1 ^, on exprime la qualité annexe, ,»j^, sans mentionner l'objet lui-même, fj)^; et, dans la métonymie, on peut les exprimer l'un et l'autre. Ainsi la métaphore représente une partie de la chose, tandis que la métonymie la re- présente toute. Dans la métaphore, il faut qu'il y ait dépendance ou correspondance, as^s, entre le sens réel, Ju*=±i et le métaphorique, ^jUs-*. Or, si c'est une dépendance de comparaison, on nomme cela un trope, tjlxL*] l ; et s'il y a encore autre chose que comparai- son, on le nomme métaphore médiate, à la lettre, ren- voyée, J~^ j'^" 2 . 1 C'est-à-dire l'emploi d'un mot dans un sens figuré, ou plutôt, ainsi que le dit Gladwin (Dissert, on the Rhet. etc., p. 58), une sorte de similitude^ comme lorsqu'on nomme lion un homme brave. 2 On trouvera en son lieu l'explication détaillée de ce genre de métaphore. — s — On voit par là que le fond de la science de l'exposi- tion, ^L-J, consiste en quatre points principaux : 1° la comparaison, a^j; 2° le trope, s.L*^!; 3° la métaphore médiate ou renvoyée, J~-j* jbx- 9 ; 4° la métonymie, ajLT CHAPITRE I er . DE LA COMPARAISON, A^»A Le mot comparaison, ***£•>', signifie assimilation de deux choses en un seul sens. On nomme la première de ces deux choses l'objet comparé, **£•*, la seconde, l'objet auquel on compare, m **£*», et le point qui les réunit, le sujet de la comparaison, &+& à^j. De plus, entre l'objet comparé et celui auquel on le compare, il faut qu'il y ait association ou parité, v*JLx&î, en quelque chose, et, sous un autre rapport, qu'il y ait éloignement ou disparité, çJ}J»*H En effet, ces objets doivent être différents dans leur essence, C^i^, et pareils quant à leurs qualités, C^i^, ou vice versa. S'il n'y a aucune espèce de différence dans les deux objets, il y a alors pluralité, ^istf ; mais la compa- raison est nulle. On a aussi nécessairement un but, ,, ou acceptation, Jui. Enfin, il y a encore l'instrument, o^î, delà comparaison. Nous avons ainsi à expliquer plusieurs choses : 1° la chose comparée, ut**, et l'objet de la comparaison, *j **£«*; 2° le sujet de la comparaison, ^ a^ ; 8° le but de la comparaison, a^Jlo j»^ï 4° les espèces différentes de — 6 — comparaison, &*JL? A~£\; 5° l'instrument de la compa- raison, JuJtf o^ï. Ce sera l'objet de cinq différentes sections. SECTIOX r° Des deux objets de la comparaison, (^Aj^ v3^ v£*4»'*5 \jj,\j& Hier l'échanson avait dans sa coupe un vin tel, que le palais trouvait qu'il avait le goût agréable de l'eau merveilleuse du paradis. Voici, pour le toucher, un vers de Khâcâni comme exemple : ,wojta ùj>^$j$ £XJ jJp ujj^ tf j) J.JiJ y *£ j**2 /wo-b yi t yS> Son sein est aussi doux que la plus fine étoffe de soie, mais son cœur ressemble au dur canevas (pâlas = filasse). Toutefois je me contente du canevas à cause de la soie. Une autre espèce de comparaison relative aux sens, c'est lorsque, par un effort de l'imagination, on effectue une réunion d'objets sensibles, réunion qui ne saurait avoir une existence matérielle. Or, comme les choses 1 L'auteur veut parler ici, je pense, du saule muscat, viAd»^ »Xj dont les fleurs odorantes fournissent une huile suave. (Voyez une note sur ce végétal dans mon ouvrage intitulé : les Oiseaux et les Fleurs, allégories arabes, p. 142 et suiv.) _ 8 — accessibles à l'imagination ne sont pas en dehors des sens, on compte aussi cette comparaison au nombre de celles qui sont relatives aux sens. Ed voici un exemple dans le vers suivant : Lorsque la rouge anémone 1 s'incline (par l'effet du vent) et se relève ensuite, on croirait voir des drapeaux de rubis déployés sur des piques d'émeraude. Les drapeaux de rubis et les piques d'émeraude n'ont pas d'existence matérielle (ou extérieure, ~y^); ma * s ce dont ces objets se composent, savoir : lus drapeaux et les rubis, les piques et les émeraudes, sont accessi- bles au sens de la vue. Quant à la comparaison intellectuelle, ,j&, c'est celle que l'esprit seul peut atteindre, et non les sens, comme lorsqu'on assimile, par exemple, la science à la vie, et comme dans ce vers d'Azrarjui a : 1 Dans le Mukhtaçar wl-maani où ce vers arabe est aussi cité, il est dit que le fS*J&, au pluriel .ojLftii», est une fleur, ^^ (ce mot, qui signifie proprement rose en arabe, se prend aussi y our fleur, comme Ji , en persan), rouge, mais noire au milieu, qui croît dans les montagnes. (Voyez les Oiseaux et les Fleur*. p. 142 et suiv. 2 Poêle persan du xn e siècle, auteur du Sindibad-nameh, poëme sur lequel feu Forbes Falconer a donuc une notice inté- ressante dans YAsiatic Journal en 1841 . — 9 — La perspicacité de ton esprit est comme la table des destinées conservées dans le ciel ; l'atome de l'oubli ne doit pas y trouver place. Ici la perspicacité est l'objet comparé, et la table mysté- rieuse l'objet de la comparaison; or, l'un et l'autre ne sont accessibles qu'à l'esprit, et non aux sens. Quant aux comparaisons dont l'intelligence dépend de la réflexion, comme s'il s'agit, par exemple, du plaisir ou de la peine, de la détresse ou de l'abondance, etc., on les compte parmi les comparaisons intellectuelles, J^. En voici un exemple dans le vers suivant de l'auteur : Les tourments de l'amour sont une autre jouissance; les peines des amants sont de nouveaux plaisirs. On compte aussi parmi les comparaisons intellec- tuelles celles qui consistent en des choses auxquelles on donne une forme conjecturale, ^ . Or, la différence qu'il y a entre les choses de conjecture, .^j, et celles & imagination, J,'-^, c'est que celles d'imagination ré- sultent de la réunion de choses accessibles aux sens, que combine la force Imaginative, comme dans l'expres- sion O^^Lj As, le drapeau de rubis, employée plus haut, tandis que les choses de conjecture, cy s> 3 , ne résultent pas d'une réunion de choses accessibles aux sens; mais elles prennent une forme particulière que leur donne la puissance imaginative : c'est comme, par exemple, lorsqu'on se figure un homme à dix têtes ou un ogre à figure et à dents de lion. — 10 - Voici un vers d'Amrulcaïs qui servira d'exemple à ce que nous disons : jiç^Usp ijyLÏÏj jJliLiL)! Me tuera-t-il, moi qui ai sous mon chevet mon épée du Yémen, et qui possède des flèches aiguës et bien trempées (bleues), semblables aux dents des ogres 1 ? Le savant Taftazânî, dans son ouvrage intitulé Mu- tawwal 2 , établit une différence entre la comparaison conjecturale, ^*3>j, et Y Imaginative, J,Là>, et il l'explique comme nous l'avons fait. Toutefois, au premier coup d'oeil, on n'aperçoit pas cette différence; car l'idée d'un homme à dix têtes et à dix chevelures, d'un ogre à figure et à dents de lion, paraît absolument pareille à celle d'un drapeau de rubis, Cjj»Ij Jb, et de lances d'émeraude, ïyj *r^j, ce qui a été cité parmi les comparaisons ima- ginatives, J,^ En effet, les éléments constitutifs, ^l)?^t, de ces deux espèces de comparaison sont em- pruntés aux objets sensibles, oL^*^, et l'imagina- tion les a associés. Toutefois, la conjecture, *»j, à pro- prement parler, c'est l'attribution d'une forme à une chose qu'on n'a pas vue, tandis que Y imagination, Jl^, se forme d'une réunion de choses sensibles. En consé- 1 Conf. Diwan d'Amrulcaïs par M. le baron de Slane, page *\\, 34 et 77; et de Sacy, Chrest. arabe, t. III, p. 52. 2 Célèbre traité arabe de rhétorique dont le titre complet est çj^r>j J*>\-** ôj^*- L'auteur mourut en 1389 de l'ère chré- tienne. — 11 — quence, la conjecture, *&j, juge des choses qui ne tombent pas sous les sens, et Y imagination, JLy^, ne va pas au delà de ce qu'ils atteignent. Ainsi, lorsqu'on se figure un ogre, un ange, ou un autre être qu'on n'a pas vu, c'est une conjecture, *a>j, car l'imagination est in- suffisante à se représenter ces sortes d'objets. Il peut se faire qu'un des deux points de la compa- raison soit sensible, 5 ~^, et l'autre intellectuel, ^p&, comme lorsqu'on assimile la justice à une balance, et Yessence de roses à un naturel généreux. En voici un exemple dans le vers suivant de Khâcânî : La vie est un pont délabré qu'un torrent menace de détruire. Tâche de traverser la brèche du pont avant l'arrivée du tor- rent. Dans ce vers, l'objet comparé est intellectuel, et celui auquel on le compare est sensible. Le résultat de ce qui précède, c'est que, dans la com- paraison, les objets comparés peuvent être de quatre sortes : 1 ° tous les deux sensibles, s~=± ; 2° tous les deux intellectuels, ,Jis; 3° l'objet comparé sensible et l'autre intellectuel ; 4° le contraire de ce dernier cas. Sur le sujet, ^-j, de la comparaison. On entend parla l'espèce de parité, ^}\y^\, qui est exigée entre les objets qui sont comparés. Or, il faut savoir que ces objets sont pareils quant aux qualité- essentielles, mais différents quaut aux qualités exté- rieures, ou vice versa. C'est comme, par exemple, deux corps pareils, mais dont l'un est noir et l'autre blanc, ou, au contraire, deux choses longues l'une et l'autre, mais dont l'une est un corps solide et l'autre une sim- ple ligne. Ces qualités, ^J>«*>, peuvent avoir d'abord rapport aux sens, ^^î JJc~#, ou à l'esprit, Jad. On range dans la première catégorie les qualités du corps relatives à la couleur, à la forme, à la dimension, ^-^ t au mou- vement, à la voix, au goût, à L'odeur, à la grossièreté, jlsjjtcL, h la finesse, J^SU, à la dureté, à la douceur, à la lourdeur, à la légèreté, à la chaleur, à la froideur, à l'humidité, à la sécheresse, et autres choses sembla- bles qui sont accessibles aux cinq sens. On range dans la seconde les qualités morales, ^Lij oLâT, telles que la perspicacité, la science, l'intelligence, la puis- sance, la générosité, la munificence, la douceur, la colère, la bravoure, et autres qualités analogues qui sont accessibles à l'esprit. D'un autre côté, la qualité, o^, peut être produite par le raisonnement, ^Usl {ou dépendante, ^j, 1 -^) : telle est la comparaison d'un directeur spirituel au soleil, parce que l'un et l'autre écartent les ténèbres (spirituelles ou matérielles) \ La qualité que l'auteur de la comparai» 1 L'exemple que je cile ici est emprunté à l'ouvrage d'Im.ïm Baklisch. 11 est destiné à éclaircir l'obscurité de la théorie toute seule. - 13 - son a en vue est évidemment une qualité d'argumenta- tion, Z& c^Juo, car il faut raisonner pour la découvrir. On peut qualifier aussi une chose purement imagina- tive, &jj~&, et coDJecturale, ^c^j, comme les dents des ogres, qui ont été mentionnées dans levers, cité plus haut, d'Amrulcaïs. La qualité peut se rapporter, enfin, à une ou à plu- sieurs choses, et la vérité qu'on exprime peut être ou simple, -ia^, ou composée, <*~^>y Ainsi le sujet de la comparaison est de différentes espèces, &*x>U , conformément à ce qui précède. Il est unique, ^-^, ou multiple, ûJoûi*; et, dans ce dernier cas, les choses dont il se compose peuvent être réunies en masse, *x=^_» &*-)$, ou rester séparées. L'objet de la comparaison unique est ou sensible, -~^, ou intellectuel, j^ £ . Pour le sensible, il est né- cessaire que les deux objets comparés soient l'un et l'autre sensibles, parce que le sujet, a^j, de la compa- raison se tirant aussi bien de l'objet comparé que de celui auquel on le compare, si un d'eux est intellectuel, Jic , il ne peut pas cesser de l'être. Mais, lorsque l'objet, à^ 3 , de la comparaison est intellectuel, il n'est pas né- cessaire que les deux objets de la comparaison soient l'un et l'autre intellectuels, parce que l'esprit peut atteindre les objets sensibles, tandis que les sens sont incapables d'atteindre les choses intellectuelles. Aussi les rhétoriciens assurent-ils que la comparaison dont le sujet est intellectuel est plus commune que celle dont le sujet est sensible. La comparaison dont le sujet est unique et sensible, — U — c'est, par exemple, la couleur rouge dans la comparaison de la joue à la rose; la douceur du son dans la comparai- son du murmure de la voix au bruit lointain des pieds des chameaux; la bonne odeur dans la comparaison des boucles de cheveux à l'ambre; le goût aijréable dans la comparaison de l'eau de Kauçar au vin; lu finesse dans la comparaison de la peau (d'une femme) à la soie. La comparaison dont le sujet est unique et intel- lectuel, c'est, par exemple, la bravoure dans la com- paraison d'un brave à un lion; la vivification dans la comparaison de la science à la vie; la direction dans la comparaison de la science à la lumière; la satisfaction (qu'on éprouve) dans la comparaison d'une bonne odeur à un naturel généreux. La comparaison dont le sujet est multiple, ->j.*^, mais en un seul faisceau, et, par conséquent, composé, ^Sy, est aussi ou sensible, £*-=>-, ou intellectuelle, jjb. Lorsqu'elle est sensible, "elle peut être de plu- sieurs sortes. La première, c'est lorsque les objets de la comparaison sont uniques et que le sujet de la comparaison est mul- tiple. Gomme dans la comparaison de V étincelle à Vœil du coq, quant à la rondeur, à la rougeur et à la dimen- sion, et comme aussi dans ce vers d'Abû-'lfarah : Le coursier rapide sur lequel il est monté est pareil à la voûte du ciel; le parasol qui garantit sa tête de l'ardeur du soleil ressemble au halo de la lune. — 15 — Ici le sujet de la comparaison est d'assimiler le cheval au ciel quant à la majesté, à l'élévation de la taille et à la célérité de la course; et le parasol au halo, quant à la rondeur et à l'éclat. La deuxième espèce de comparaison composée et sensible, c'est lorsque les trois objets (l'objet comparé, celui auquel on le compare, et le sujet de la comparai- son elle-même) sont composés et sensibles, comme dans ce vers arabe de Baschschâr 4 , où il décrit un combat : La poussière qui vole au-dessus de nos têtes et de nos épées scintillantes ressemble à une nuit dont les astres marchent en se succédant. Ici l'intention du poëte est de comparer la poussière et l'éclat d'une épée qui brille au milieu d'elle à une nuit pendant laquelle des étoiles tombantes traversent successivement le ciel; et tout cela est réuni sous un seul aspect, l'auteur ne comparant pas séparément la poussière à la nuit, et l'épée à l'étoile tombante. La troisième espèce de comparaison composée et sen- sible, c'est lorsque l'objet qui est comparé est simple, ïy*, et sensible, et que celui auquel on le compare, ainsi que le sujet de la comparaison, sont composés et sensibles, comme lorsqu'on compare le soleil à un mi- 4 Sur ce poëte, on peut consulter le Dictionnaire biographique d'Ibn-Khallican. (Voyez tome I, p. 254 de la traduction de M. le baron de Slane.) — 16 — roir que tient une main tremblante, car ici, la compa- raison est d'un seul aspect, parce qu'il résulte à la fois de la rondeur, de l'éclat et du mouvement convulsif des deux objets dont il s'agit. On trouve un exemple de ce genre de comparaison dans cet hémistiche d'Abd-ul-Wàcî-Jabali : Tes joues sont du lait mêlé à du vin. Ici on veut comparer la joue à du lait mêlé avec du vin. Le sujet de la comparaison est donc le mélange de la couleur rouge avec la blanche. La quatrième espèce, c'est lorsque l'objet auquel on compare est simple, et que l'objet comparé, ainsi que le sujet de la comparaison, sont composés, comme dans ce vers de Khàcàni : cr __>< ç ^-j c ,_^ ^ j^ Les yeux de l'ennemi font, par la blessure des armes, cent ouvertures pareilles à la plaie purulente produite par le fer. Ici, l'objet que l'on compare, ce sont les cent ouver- tures que l'œil de l'ennemi produit par la pointe des lances, et l'objet auquel elles sont comparées, c'est la blessure purulente faite par le fer. Le premier objet est composé, le second est simple, et le sujet de la compa- 1 Ici le ^ à' unité répond tout à fait au mot anglais some; ainsi ^j^> signiûe, mot à mot, somemilk. _ 17 — raison, semblable à une ruche d'abeilles, forme un en- semble qui se présente sous un seul aspect. Quant à la comparaison dont le sujet est composé, <^£=>y, et intellectuel, Me, c'est celle, par exemple, que contient le vers suivant d'Anwarî : Tu es dans le monde et tu es avant le monde, comme un sens qui se trouve dans l'explication. Dans cet exemple, le sujet de la comparaison, c'est la supériorité de la chose comprise, ILs^ (comprehensa) sur celle qui comprend, i^sH* (comprehendens). Ici en- core, il n'y a qu'un seul aspect, c/us viL . Quand le sujet de la comparaison est d'un seul aspect, mais se compose de plusieurs parties, ijaJ, soit sensibles, soit intellectuelles, on ne doit pas, dans la comparaison, avoir en vue quelques-unes de ces portions seulement et en laisser d'autres ; car, dans ce cas, la comparaison serait défectueuse. Les exemples qui précèdent feront comprendre cette observation. Lorsque le sujet de la comparaison n'est pas unique, ô^\j jJ>, mais multiple, ûJjo, et c'est ainsi, dans ce cas, qu'il se nomme, il se compose de différentes choses dont chacune d'elles isolément est peu importante. C'est le contraire du sujet de comparaison composé, mais sous un point de vue unique. On compte trois différentes espèces de la comparaison dont le sujet est multiple, La première, c'est lorsque SI — 18 — les différentes choses, Lj^s dont il se compte Bout sensibles, comme dans ce vers arabe de KMcàni : Où sont les coupes et les verres, les soleils et les lunes ? Le sujet de la comparaison dans l'assimilation de la coupe et du verre au soleil et à la lune, c'est la rondeur, l'éclat et la circulation à la ronde. La deuxième espèce, c'est lorsque ces mêmes choses sont toutes intellectuelles, comme quand on compare certains oiseaux au corbeau sous le rapport de la vue privante, de l'extrême circonspection et de la pudeur dans les rapports sexuels. La troisième espèce, c'est lorsqu'une partie de ces • ■hoses e^t sensible et l'autre intellectuelle, comme dans ce vers de iNizâniî : .-. Tantôt boire du vin pareil au sang du méchant, tantôt se re- poser sur le trône du roi. Le sujet de la comparaison dans l'assimilation du vin au sang du méchant, c'est la rougeur et le désir qu'on éprouve (de boire du vin et de répandre le sang de son ennemi); or, le premier est sensible et le second intel- lectuel. Quelquefois, en ^ulant exprimer le contraire, abfeï — 19 — (du sens ordinaire des mots), on dépouille, par suite, le sujet de la comparaison (de sa valeur première). Ceci a lieu lorsqu'on compare deux choses opposées, et qu'on prend pour sujet de la comparaison le sens opposé qui se trouve dans ces deux choses qui sont réunies. On met ainsi l'opposition, Jbsàîj à la place de la conformité, fc^c^bï. Le but qu'on se propose par ce genre de comparaison, c'est la plaisanterie et l'enjouement, ou la dérision et la moquerie, comme lorsqu'on dit qu'an poltron est un lion, ou un avare, un Hâtim *. Il est nécessaire que le sujet de la comparaison com- prenne les objets comparés, ^L^ v» (les deux côtés), c'est-à-dire qu'il doit être vrai, \ comme dans ce vers d'Ànwarî : Quel récit ferai-je de ses hanches et de sa taille, si ce n'est qu'on voit une montagne (koh) suspendue à une paille (kâh^l Ici le but de la comparaison, c'est d'expliquer Yam- 4 Et, ajoute l'auteur, qui a développé le même sujet en urdu, quant au plus ou au moins, a la force et à la faiblesse. — 22 — pleur, ç-vV, des hanches, et la finesse, ,c^, de la taille. La quatrième, c'est lorsque la comparaison a pour but de fixer l'état, JIa, ot la manière d'être de la chose qu'on compare, comme lorsqu'on compare des efforts insensés à un dessin qu'on tracerait sur la surface de l'eau. On emploie cette comparaison parce que, comme l'homme est plus habitué aux choses sensibles qu'aux choses intellectuelles, ce dont il se rend raison par le moyen des sens se fixe et se grave plus promptement dans son esprit. Le vers suivant de Kh&çâni offre un autre exemple de ce genre de similitude : A chaque plaisir correspond une peine, comme avec la main droite contraste la main gauche. La cinquième, c'est lorsque le but de la comparaison est d'embellir l'objet qu'on compare, lorsque, par exem- ple, on compare un visage noir à la prunelle de la ga- zelle. En voici un autre exemple dans un vers de Nizâmî : v^J , ^ *X_*Jali ç* àù .iiLo ^J Son corps blanc 1 , qui flotte dans l'eau, est pareil à l'hermine ondoyante au milieu d'une fourrure grise. 1 A laettre, prprc. — 23 — La sixième, c'est lorsque le but de la comparaison est d'exposer les défauts de l'objet dont il s'agit, comme si on compare les marques qu'ont laissées des boutons purulents sur un visage, à un tas de bouse de vache sur lequel s'est exercé le bec d'un coq. En voici un autre exemple dans ce vers de Sanâî 4 , contre les savants qui recherchent les honneurs : Ils sont comme les ordures du chameau, qui incommodent ceux qui le suivent, et les grosses mouches qui vous tourmen- tent. La septième, c'est lorsque le but de la comparaison est de donner une idée de la nouveauté, Jj£, et de la singularité de la chose qui est comparée, comme si on compare un morceau de charbon dont une partie serait enflammée à un océan de musc (c'est-à-dire noir) dont les vagues seraient d'or. Plusieurs métaphores pareilles à celle-ci ont été mentionnées à l'article de la compa- raison conjecturale, -t&j, et Imaginative, J?U=^. Toutes les fois que le but de la comparaison est d'em- bellir, ^tHjn, d'enlaidir, ^-rr^-S ou de singulariser, ^j\jla£~,\, l'objet comparé, il est nécessaire que l'objet auquel on le compare soit plus connu, ^j- 3 ^, et plus complet, iL»?j que le premier. Lorsqu'on a pour but, 4 Madj-uddîn-Hakîm-Sanâî est un poëte persan célèbre par plusieurs ouvrages mystiques, entre autres, le a*»li <^>^, ou le livre divin,- le iibwX^, ou jardin, et un drwân estimé. — u — dans la comparaison, d'expliquer le volume, la quan- tité ou la valeur de l'objet comparé, il Tant que ces deux objets soient également connus. Lorsque le but de la comparai.-». h est le développement do la possibi- lité de l'objet comparé, il faut que l'objet auquel on le compare soit d'une possibilité certaine et reconnu.'. Enfin, quant à la singularité, on doit faire attention de n'employer pour objet de la comparaison, aj a^>, qu'une chose difficile à se figurer. Telle est l'explication des différents genres dans les- quels le but de la comparaison se rapporte à Y objet compare, **&•*. Quelquefois aussi le but de la compa- raison se rapporte à l'objet auquel on compare, ^ i*±+ t et cela a lieu de deux manières. La première, c'est lorsque, de ce qui est défectueux dans le sujet de la comparaison, on en fait l'objet auquel on compare, aj **&•*, dans le but de faire ressortir la perfection, si*J*£==>l, de ce dernier objet, comme dans ce vers arabe : > - c. ■ C - ^ " La blancheur de l'aurore qui se lève est semblable au visage du khalife lorsqu'on le loue. Le but de cette comparaison, c'est de mettre l'éclat et l'épanouissement du visage de la personne qui est louée au-dessus de l'éclat de l'aurore. Le seconde manière, c'est lorsqu'on emploie pour objet de comparaison, aj &JU», une chose plus remar- quable (que celle qui lui est comparée). Dans ce cas, le but de la comparaison est d'appeler l'attention sur l'im- portance de la chose à laquelle on compare. Le vers suivant de l'auteur en offre un exemple : jL^i Jasr^ *Ap i5T~J ji îjjT Comme le mendiant a éprouvé la disette des bienfaits, il prend pour le bord du pain le disque de la lune, qui annonce la fin du jeûne. La comparaison est véritable, ^ibr^ (positive), lors- que l'objet auquel on compare est, relativement au sujet de la comparaison, plus parfait et plus fort, j&y, que l'objet qui lui est comparé; mais, lorsque tous les deux sont égaux, on ne doit plus l'appeler comparaison, ^f^ y mais similitude, wLào (ressemblance). En effet, dans la similitude, à l'opposé de ce qui a lieu dans la véritable comparaison, on doit rendre égal l'objet auquel on compare, m aJu*, avec l'objet qui lui est comparé, **£*», comme dans ces deux vers d'Abû-Nowâs * : j >"} JsLA».Jj L^_A_£js j-^sr'' CU-5.^ -j.La^JI ^Jj» j — ^ î^j ~A — 9 L — v -i^ — J. — s 3j y — k~ L — r 5U Ci Transparent est le verre, transparent est le vin ; mais l'affaire est obscure et ambiguë. Tantôt on dirait que c'est plutôt le vin que la coupe, et tantôt que c'est la coupe, et non le vin 2 . 1 Sur ce poëte, voyez S. de Sacy, Chrest. ar. t. I, p. 42 et suiv. 2 C'est-à-dire qu'on ne sait pas lequel est le plus transparent du vin ou de la coupe. 26 — SECTION IV. Sur les circonstances, J|*»^ (états), de la comparaison et leurs différentes espèces. Si on considère la comparaison relativement aux trois choses qui ont été développées dans les sections précé- dentes, on en distingue différentes espèces qui se ran- gent en plusieurs classes. § I. — Classement de la comparaison relativement h l'objet comparé et à celui auquel on le compare, &>) i^jLf>. Sous ce point de vue, la comparaison se subdivise en plusieurs espèces. La première, c'est lorsque les deux objets de la comparaison sont l'un et l'autre simples, ïy*, et qu'il n'y a pas de lien entre eux, JJk ^s, comme dans la comparaison de la joue à la rose, du brave au lion, de la science a la lumière, etc. La deuxième, c'est lorsque les deux objets de la comparaison sont simples, mais liés, JljU, entre eux, comme dans la comparaison des efforts sans utilité à un dessin qu'on voudrait tracer sur l'eau. La troisième, c'est lorsque les deux objets sont sim- ples, mais que le lien, JJ>, entre eux n'a lieu que de la part d'un seul de ces objets, comme dans ce vers d'Anwarî : A Ses joues sont comme un riant parterre de roses ; les tresses de ses cheveux sont pareilles (quant à la couleur) aux nègres enjoués. — 27 — La quatrième, c'est lorsque les deux objets sont com- posés, comme dans ce vers de Khâcânî : Tu auras vu dans le cristal (de la coupe) le reflet enflammé du soleil, et aussi le reflet du vin se montrer dans cette même coupe (de cristal). La cinquième, c'est lorsqu'un des deux objets est simple et l'autre composé. On en a vu plus haut des exemples. La sixième, c'est lorsque les deux objets de compa- raison sont l'un et l'autre nombreux, ao**?, auquel cas la comparaison peut être ou réunie (pêle-mêle) ^jj*âk, ou séparée, tjjjz». Elle est réunie, quand on mentionne d'abord quelques objets qu'on veut comparer, et puis qu'on énonce de la même manière quelques objets aux- quels on compare les premiers, comme dans ce qu'on nomme, en termes de grammaire arabe, ^>y j^j ^_^ , réunion et dispersion symétrique. En voici un exemple dans le vers suivant d'Abd-ul-Wâcî-Jabalî : ^-' ^y^-j jj-^j SjJ^ J&J 'jL- ^J^ Ses boucles de cheveux tortillés, ses joues épanouies et sa taille élégante, sont le musc pur, la rose rouge, le cyprès et le jardin '. 1 Le musc se rapporte aux cheveux, tant à cause de leur noirceur qu'à cause des parfums dont ils sont imprégnés ; la rose se rapporte aux joues, et le cyprès à la taille. — 28 — Dans l'espèce de comparaison qu'on nomme $ép*rée, on mentionne d'abord un objet qu'on veut comparer à un autre, puis celui auquel on le compare; ensuite, on énumère pareillement d'autres objets qu'on veut com- parer et ceux auxquels on les compare 1 . En voici un exemple dans un rubâî de Kamâl-Ismâïl : u^f ^*- lt^ *skj* ^> a ; L&5 a f_J ! ^ ^LAj-j ^t-j ^-te jj->\ Ton visage, est l'océan de la beauté, tes lèvres sont du corail, tes cheveux sont de l'ambre 2 ; la bouche est l'huître et les dents en sont les perles; ton sourcil est la nacelle 3 ; les plis de ton front, les flots ; la fossette de ton menton, le tourbillon du malheur; ton œil, la tempùte. La septième, c'est lorsqu'un des deux objets de la comparaison est unique et l'autre nombreux. Si c'est l'objet qu'on compare qui est unique, et celui auquel on compare qui est nombreux, on nomme cette com- paraison comparaison de pluralité, *?. b~*L$, Le vers sui- vant de Jâmî en offre un exemple : C'est simplement une série de comparaisons. Quant à la couleur et h L'odeur. 3 Quant à la forme. — 29 — Est-ce une joue que ceci, ou la lune, la rouge tulipe, les rayons du soleil, le miroir des cœurs? Si le contraire a lieu, on nomme cette comparaison comparaison d'égalité, *j**ô' à^J^J. Le vers arabe suivant en offre un exemple : Les boucles des cheveux de mon amie et mon état (désolé) sont également comme la nuit (noire). § IL — Classement de la comparaison relativement au sujet de la comparaison. Sous ce rapport, la comparaison se subdivise aussi en plusieurs espèces. La première est nommée comparaison de similitude, J~v (exemple), c'est lorsque le sujet de la comparaison est formé de plusieurs choses, comme il a été expliqué plus haut (à propos du sujet de la comparaison com- posée 4 ). La deuxième, nommée comparaison de non-similitude, Jjl^j j : p, est celle dont le sujet n'est pas composé de 1 Les rhétoriciens arabes ne sont pas du même avis à ce sujet. Abd-ul-Câdir-Jurjâni, dans son ouvrage intitulé àcbLJIjL*-!, les Secrets de l'éloquence, dit que pour qu'il y ait J^v, il faut que le sujet de la comparaison résulte de plusieurs choses intel- lectuelles. Au contraire, on lit dans le Miftâhet le Mutauwal, traités de rhétorique dont nous avons parlé dans la note prélimi- naire de ce travail, que les choses desquelles se tire le sujet de la comparaison peuvent être sensibles aussi bien qu'intellec- tuelles. — 30 — plusieurs choses. Nous en avons donne des exemples en traitant du sujet de la comparaison. La troisième, nommée comparaison abrégée) J^ 5 ^» est celle dans laquelle le sujet de la comparaison n'est pas mentionné, et elle se subdivise en plusieurs espèces : 1° lorsque le sujet de la comparaison, quoiqu'il ne soit pas mentionné, est évident et facile à comprendre, comme par exemple lorsqu'on compare un In-avc au Mon, il est évident que le sujet de la comparaison c'est la bravoure; 2° lorsque le sujet de la comparaison est caché, J^ (obscur), en sorte que les gens d'esprit ou d'une éducation distinguée seulement peuvent le trouver, comme dans ce vers de Khàcùni : Son royaume est désorganisé, le monde est en délire; car tu peux voir chaque jour de nouvelles crises de révolte. Ici le sujet de la comparaison, c'est le trouble et la confusion des choses. Or, on a besoin de réfléchir pour le savoir. 3° Lorsqu'il n'y a ni de l'objet qu'on compare, ni de celui auquel on compare aucune description {^y>j) qui puisse servir à l'indication du sujet de la compa- raison, comme dans ce vers de Khàcâni : ^J Crjf ^P d°T*J^ — 31 — De sa joue, de son visage, de ses cheveux, tu as à la fois le paou, le paradis et le serpent 4 . 4° Lorsque, au contraire, on indique d'une manière détournée le sujet de la comparaison. Ainsi, lorsqu'on dit, par exemple : « Le brave 2 Zaïd est un lion, » l'ex- pression brave découvre le sujet de la comparaison, qui est la bravoure. Le vers suivant de Khâcânî fournit un autre exemple de ce genre d'indication. f-w ^ j L ~ J hu?-> (r Lorsque son poignard, d'un vert (foncé), devient rouge par l'effet du sang, tu vois en même temps les traces de l'eau sau- mâtre et du vin. Par les mots rouge et vert, qui décrivent l'objet qu'on compare, il est évident que le sujet de la comparaison, c'est la réunion de la couleur rouge et de la couleur verte. 5° Lorsque l'objet qui est comparé est seul décrit, comme dans ce vers d'Abd-ul-Wâeî-Jabalî : 1 Allusion au péché originel. Selon les musulmans, le paon accompagna le serpent dans le paradis terrestre. La joue lui est comparée, le visage est assimilé au paradis, et le serpent aux tresses de cheveux. * Proprement, vertueux, J-^Li. — 32 — Sa taille est courbée, des larmes sout sur ses joues, son cœur est plein de feu : que le cou de celui qui te veut du mal soit courbé comme le firmament h cause de sa tyrannie '. 6° Lorsqu'on mentionne seulement la description de l'objet auquel on compare, comme dans ce vers de Nâbigah 2 : Tu es un soleil, et les (autres) rois (sont) des étoiles. Lorsque le soleil paraît, aucuno d'elles ne se montre. 7° Lorsqu'on mentionne la description des deux objets qui sont comparés, comme dans ces deux vers de Rùdakî 3 : J : yS JL j\ jjl-J LU 6^J J.XJ Lg-j-J ç 3 û_J -wN^dv wX-3 i 'y-X) Si y-- . jj .^ y •■ » . /. . Tes serviteurs, ô roi conquérant, sont comme des tailleurs au jour du combat, quoiqu'ils ne soient pas tailleurs de leur métier. 1 La voûte du ciel est comparée à la taille courbée ; les larmes c'est la pluie; le feu du cœur, ce sont les éclairs. 8 Sur ce poëte arabe célèbre, voyez la Chrest. ar. de Silv. de Sacy, t. II, p. 404 et suiv. et t. III, page 261. 3 Un des poètes persans les plus anciens, sur lequel on peut consulter J. de Hammer, Geschichte der Sch. Redek. Pers. p. 39. — 33 — Avec la mesure de leur lance, ils mesurent la (aille de tes ennemis; puis ils coupent avec leurs épées et ils cousent avec leurs flèches. Ici les mots mesurer, couper, coudre, décrivent élé- gamment l'objet auquel on compare (aj **£*»}, et la pique, l'épée, la flèche, l'objet qu'on compare (**£*»). La quatrième espèce de comparaison, dans le classe- ment relativement au sujet, se nomme comparaison dé- taillée, J.*^; c'est celle dans laquelle on mentionne le sujet de la comparaison, ou bien ce qui en dépend, ou y est annexé, >)Lw. Le vers suivant de Salman, de Sâwa *, offre un exemple du premier cas ; ^b ^j&j] j J? v y JjJj ïjÀ. ùjà} Par l'effet de tes lèvres de rubis, la sagesse bronche, comme le pied par l'effet du vin. Mon cœur tremble par l'effet de ton œil, comme la main par l'effet de l'ivresse. Le sujet de la comparaison dans ce vers, c'est le bron- chement et le tremblement. Un exemple du second cas se trouve dans cette sen- 1 Enlrâc ajamî. Cepoëte du xm e siècle de notre ère, est au- teur d'un diwân estimé et de plusieurs autres poésies. Azur le cite avec éloge dans son copieux Tazkira, intitulé Atasch Icadah, dont je possède un exemplaire lithographie que je dois à la libérale amitié du raja Kali Krischna. On peut voir, sur cette biographie persane, le plus étendu, de tous les ouvrages du même genre, l'intéressante notice que N. Bland a donnée dans le journal de la Société Royale Asiatique de Londres en 1843; et Sir Gore Ouseley (Biog. Notices of Pers. poels), p. 1 I7. 3 — 34 — tence arabe : *j&l' J J-~*J^ ^-~*" r^' (( Le Jiscours éloquent est comme le miel pour la douceur. » Ici le sujet de la comparaison, c'est la propension naturelle (qu'excitent l'éloquence et le miel), ce qui dépend de la douceur (qui y est inhérente). La cinquième espèce, c'est la comparaison proche. v j1 et commune, Ji-y (triviale). On en distingue plusieurs espèces, selon les différentes causes qui dé- terminent ce caractère : 1° Lorsque le sujet de la comparaison est unique. comme la noirceur dans la comparaison d'un nègre avec le charbon, et la blancheur dans celle du miel à la neige; 2° lorsque l'objet auquel on compare a un rapport pro- chain (ounalurel) avec l'objet qu'on lui compare, comme dans la comparaison de la jujube ■ à la pomme; 3° lorsque l'objet auquel on compare se présente souvent à l'esprit, comme la comparaison des cheveux à la nuit; d'un beau \isage au soleil, etc. Au surplus, dans la comparaison proche, le sujet de la comparaison n'offre pas de détails, ou du moins ils n'y sont qu'en petit nombre, comme dans la comparaison du soleil au miroir, quant à la rondeur et à l'éclat. La sixième espèce, c'est la comparaison excentrique, 3~*i (éloignée), et extraordinaire, w^, et il y en a aussi plusieurs espèces, d'après les différentes causes 1 j'jl==3. C'est, selon le Burhân-i câli, un fruit de couleur rouge qui ressemble à la jujube, mais qui est plus gros. On le nomme, ajoute l'auteur de ce dictionnaire, j3_w enara5e,et ♦*-; en hindt. Or, ce dernier mot est simplement le nom de la jujube en bindoustani. — 35 — d'excentricité et de singularité de la comparaison : 1° lorsque le sujet de la comparaison est multiple ou composé de plusieurs choses, comme il a été dit plus haut ; 2° lorsqu'il n'y a qu'un rapport éloigné entre l'objet comparé et celui auquel on compare, comme dans ce vers de Mukhtarî : ' J •• • J ». o c> J Dans ce noir nuage, cette blanche neige et cette verte terre, on voit le perroquet sortir de l'œuf du corbeau 1 . Il est évident que le nuage, la neige, le corbeau et l'œuf n'ont pas entre eux les rapports qui existent ordi- nairement dans les objets mis en comparaison. 3° C'est lorsque l'objet auquel on compare ne se pré- sente que rarement à l'esprit, à cause qu'il est du nom- bre des choses conjecturales et d'imagination. On en a un exemple dans les expressions : les dents des ogres, les drapeaux de rubis, et autres du même genre. 4° C'est lorsque le sujet de la comparaison est com- posé et intellectuel. En effet, plus le sujet de la compa- raison est composé de diverses choses, plus la compa- raison est excentrique et singulière. Cependant, cette dernière comparaison est plus commune que celle dont la composition (^.SjS) est conjecturale ou d'imagi- nation. La comparaison éloquente, *Jj, est la même que si 1 Le corbeau se rapporte au nuage noir, l'œuf a la neige, le perroquet à la terre verte. Il y a là aussi la figure orientale nommée >£~ij .k). — 36 — elle était éloignée, Xju, et extraordinaire, wo^i, et elle est le contraire de la prochaine w^y et de la commune J3j^>; car cette dernière est la moins considérée dans ['éloquence, aéHj , parce que nous préférons ce qui est loin de nos idées ordinaires '. C'est comme l'homme altéré qui éprouve plus de plaisir (qu'un autre) à boire de l'eau froide. Quelquefois la comparaison commune, J<ÂJL», se trouve, par une qualification particulière, ^j+*), empreinte de singularité, comme dans ce vers de Mukhtarî : J 9 J>j > a j \ I . »U yS\ ^l» J J~ t J J J, J ^^J Ce serait une lune, si la lune avait la taille du cyprès; ce se- rait un cyprès, si le cyprès avait un sein de lune. La comparaison d'une jeune femme à la lune et au cyprès est commune; mais, à cause de la condition que le poëte y a ajoutée, elle devient rare. § III. — Sur la division de la comparaison par rapport au but, ^js.i Sous le point de vue du but, la comparaison se divise en deux espèces : celle dont le but est reconnu ou accepté, J**&», et celle dont le but est écarté ou rejeté, S^Sy. La première, c'est lorsque la comparaison est complète, quant à la désignation du but, et que l'objet auquel on compare est, relativement à l'objet comparé, évident, complet, rationnel, et qu'il est d'une possibilité recon- 1 Omne ignotuin, pro magnifico. — 37 — nue par celui à qui on s'adresse. La seconde est celle qui est défectueuse sous ces divers points de vue. SECTION IV. Sur V instrument O^ $ 1 l de la comparaison. On nomme immédiate ou énergique, j5^, la compa- raison dont L'instrument n'est pas exprimé, et celui dont l'instrument est exprimé se nomme médiate ou privée d'énergie, substituée, J—y 9 . On distingue deux espèces de la première. En effet, on peut supprimer simplement l'instrument de la com- paraison, comme dans ce vers de Khâcânî : Le vin est le soleil qui dore (la nature) ; la coupe de cristal qui le contient, c'est le ciel. Sache (encore) que la main de l'échan- son qui verse ce vin, c'est l'orient, et que l'occident c'est la lèvre de l'amie (qui le boit). Ou bien on supprime l'instrument de la comparai- son, et on unit par l'annexion l'objet auquel on compare (w uLs) à l'objet comparé {tyLs) 2 , comme dans ce vers arabe : 1 C'est-à-dire la particule, ^4p-, ou plutôt le mot employé pour unir les objets comparés, ainsi qu'on le verra plus loin. 2 C'est la figure favorite de la Bible : la fille de Sion, le casque du salut, le bouclier de la foi, etc. , pour Sion comme une jeune fille, le salut comme un casque, la foi comme un bouclier, etc. Ace sujet, on peut consulter mon « Coup d'œil sur la littérature orientale». — 38 — J-J -bH uJ 1* \~-J$\ u_ \J " • v — - ^ " Le zéphirse joue dan- hes, tandis que L'or du boIi il coucliant passe sur l'argent de l'eau. Ici l'intention du poëte est de comparer les rayons du soleil couchant à l'or, et l'eau à l'argent, cl il ;i mis ensemble ces deux expressions, faisant de L'objet auquel on compare (w *+&+) Vantécéâent, fjr^°*t et de l'objet comparé (**£*•) le conséquent, *Jl ^Laa*. De là, l'expres- sion Vor du soleil couchant, c'est-à-dire le soleil couchant semblable à Vor; et forgent de Veau, c'est-à-dire . pareille à l'argent, La comparaison médiate ou renvoyée est celle dans laquelle on emploie l'instrument de la comparaison. Or, cet instrument est en arabe un des mots jj, comme; V', de même que; J~ j , ressemblance, et autres expres- sions analogue . n : JJjL» 3 ressemblance; ^jçv, comme; S}Jj-> , pareil (à la manière de)j ^L*j, semblable (en parité); iijï ', on dirait, etc. Les poètes persans em- ploient quelquefois d'autres expressions au lieu de ces mots, comme dans ce vers de Nazîri 2 : > jjl fi jl àJ jlj^-JCj cu-o jJ JLT A cette fidélité équivoque, je reconnais l'odeur (la manière d'agir) de mon ami. Prenez ces roses de ma main ; car elles mo sont désormais inutiles. 1 On emploie aussi S, dis. - Poëte du Khoracan cité dans YAtasch kadah. — 39 — Le but de cette comparaison est d'assimiler l'ami la rose, et l'odeur (ou la manière) de l'ami qui s'ap- proche remplace l'instrument de la comparaison. Nous terminerons ce chapitre par la classification de la comparaison sous le point de vue de la force, Oy, et de la faiblesse, ,4*^.; mais, auparavant, nous devons faire observer que la comparaison ne peut être expri- mée que de huit façons [*»£) différentes. La première, c'est lorsqu'on exprime les deux objets de la comparai- son, et qu'on supprime le sujet et l'instrument. Exem- ple : Zéïd est un lion. La deuxième, c'est lorsqu'il y a interrogation, et qu'on retranche aussi l'objet qui est comparé ^', « prends ce cheval, m et qu'on montre un livre, l'emploi de cette expression n'est pas exact, parce qu'il n'y a aucun rapport entre ces deux objets. La réalité, OJÙH^, et la métaphore, jL^ 8 , sont ou verbales, c'est-à-dire fixées par la lexicographie, ^cyi^ ou relatives aux lois, vJ^, ou spécialement notoires, j«Là> J^c, c'est-à-dire relatives à quelque science ou à quelque art particulier, ou généralement notoires, As J^c, et on les classe selon cette nomenclature. Ainsi, par exemple, l'emploi du mot lion, J-J, pour un animal particulier, est une réalité verbale ou lexi- cographique, ^i) yj^JJ^, et en parlant d'un brave, pus-k, c'est une métaphore de la même espèce, jLs^ yJlyS. De même le mot ï^, prière, pris pour «jloLs, dévotion, est une réalité de jurisprudence, ,Jjv& vJUa^; et employé pour invocation, Lo, c'est une métaphore de jurisprudence, ^j^ jLs^. Ainsi encore, dans la termino- logie des grammairiens, J.*s est un mot spécial, iàài j^c-d^, signifiant verbe, c'est ce qu'on nomme une réalité notoire spéciale, ^^ ySj & w**^ ; mais pris dans le sens de créer , ^J.^ , c'est une métaphore — kl — notoire spéciale, j©U> J^c jl^. Enfin le mot ub, pris pour signifier un quadrupède, Lj.L^., est une réa- lité généralement notoire, >lx ,1^ JuXSa., et appliqua' à l'homme, ^jL-îl, c'est une métaphore généralement notoire, *L J^e j 1 ^. Les mots Jl-I, iLU>. J*s et ub, qui ont été cités, sont à la fois des exemples de réalité et de métaphore, et les mots £.+~> et 5> ! -^, «JLOLo et lo, sont des ja^aâr* !±i}, et ^o.=v, b jL^ et jLJ!, qui ont aussi été mentionnés, indiquent le sens réel et métaphorique des quatre premières expressions. Il a été dit plus haut que la métaphore, jW^> doit avoir nécessairement un lien, ^%, quelconque avec l'objet qu'on veut désigner. Si ce lien est autre qu'un rapport de comparaison, c'est-à-dire, par exemple, s'il est relatif à la cause, *£--«, s'il est nécessaire, ç^'X, etc.. on nomme la métaphore, J~ y l . Si c'est au contraire un rapport de comparaison, à~JJ, on nomme la méta- phore trope, ijjlai-»!. Dans ce dernier cas, quand on omet l'objet comparé, fc~U», et qu'on mentionne celui auquel on compare, w kJU>, on nomme cette figure trope évident, ^>j*sô\j Sjbcu-I ; en voici un exemple dans ce vers d'Açadî ■ : \J*3) — ' 9 ^j? jr^S (3*-* »^*** ijrY 1 Proprement médiate ou privée d'énergie. Voy. plus haut, I re partie, ch. I er , sect. iv. 2 II s'agit d'Açadî, surnommé Tûci, c'est-à-dire de la ville de Tous, en Khoraçan. Voy. sect. i re , ch. I er . Sa lune 1 est parfumeuse 2 , son sucre est marchand devin 3 , ses deux narcisses 4 sont des tireurs d'arcs, ses deux roses sont cuirassées 5 . Si au contraire on laisse l'objet auquel on compare et qu'on mentionne l'objet comparé, on nomme cette métaphore trope par métonymie , ajLxSIj &jLsei**l. On en trouvera plus loin des exemples. L'essence du trope est de mettre l'objet auquel on compare, w **£*», au lieu et place de l'objet comparé, **&?, tellement, qu'il est peu important que ce dernier objet soit ou ne soit pas exprimé. Dans ces deux cas, on nomme l'objet auquel on compare V objet qui est emprunté, *x» jL*;^, et l'objet comparé, l'objet duquel on emprunte, J jLsûLw». Les rliétoriciens diffèrent d'opinion sur la question de savoir si le trope est du nombre des métaphores ver- bales, ^gji xls?* (figures de mots), ou des métaphores intellectuelles, Jic jU^ 8 (figures de pensées). Ceux qui pensent que le trope est une figure de mots donnent pour raison que dans cette phrase, par exemple, <^)j ~*jf t tS-wl, «j'ai vu un lion qui lançait des flèches », phrase où le mot lion signifie un homme brave, ce mot, qui est employé dans l'origine pour désigner un animal 1 C'est-à-dire, son visage. 2 A la lettre, frotteuse de musc. 3 C'est-à-dire, ses lèvres douces comme le sucre, ressemblent au vin par leur incarnat. 4 C'est-à-dire, ses deux yeux. 5 C'est-à-dire, ses deux joues sont couvertes par les boucles de ses cheveux. — 44 — particulier, est ici l'objet auquel on compare, u *-£*», et n'est pas l'objet comparé, àJLA, qui est le brave. Dans ce cas, l'emploi de ce mot, quant à la lexicographie, est fait dans un sens qui ne lui appartient pas, et c'est ce qui constitue la figure de mots. Les rhétoriciens de l'avis contraire disent en faveur de leur opinion que lorsqu'on emploie le mot lion pour indiquer l'objet comparé, qui est le brave, on met en BOD lieu et place l'objet auquel on le compare, c'est-à-dire un animal particulier. Or, dans ce cas, le mot lion est pris pour le brave lui-même, et non pour autre chose. Et comme cette manière d'employer le mot lion a rapport à l'esprit, Jae, et non à Y expression, w^, le trope est, disent-ils, une métaphore intellectuelle, c'est-à-dire une figure de pensées et non de mots. Si dans le trope on n'emploie pas pour l'objet com- paré, **£•*, même, celui auquel on le compare, w u&+, il n'est pas exact d'accompagner l'emploi du trope d'une expression d'étonnement, comme, par exemple, dans ces deux vers arabes ' : a - .A, \\ ^ •_ \\ fc v ^J3 l^— *J ^— ^-^ Elle est debout me garantissant du soleil, celte âme qui m'est plus chère que ma propre âme. 1 Mirzâ Tantawî m'a appris que ces vers, cités aussi dans le Mutauwal, sont d'Abû-'l-Fazl, fils d'Amîd. Elle est debout me garantissant, et j'ai lieu de m'étonner qu'un soleil me garantisse du soleil. Si le poëte ne prend pas la personne dont il parle pour le soleil lui-même, l'expression d'étonnement n'est pas juste ; mais des auteurs pensent que, dans l'espèce, on ne peut pas prétendre que le soleil soit pris dans le sens qui lui est ordinairement attribué, ai ^^y, car on sait bien que l'homme n'est pas identique avec le soleil; auquel cas, le poëte a pu avec raison exprimer l'étonnement du fait dont il s'agit. La différence entre le trope, b.LjL.-!, et le mensonge, ' ^_j , et on y joint un accompagnement, ^y, pour indiquer que l'expression ne doit pas être prise dans le sens qui lui est ordinairement attribué, J fy*y, ce qui est contraire au mensonge, où il n'y a ni expli- cation ni accompagnement. Quelquefois ce que je nomme accompagnement, ^ij*, consiste en une seule chose, comme dans ce vers d'Acadî : Jj *j_j__i^ ^L^jL *t 'JT'D L'âme est troublée par ce buis qui marche; la raison trouve un trésor dans ce corail qui parle. Les mots *J^jJ, « marchant, » et s^^, «parlant », sont l'accompagnement, &J*, des mots aL&^ft», «buis», pris pour la taille de la maîtresse, et de ■j'^v, « corail », pris pour les lèvres. — 16 — Quelquefois cet accompagnement, qui équivaut à ce qu'on nomme le contexte, consiste eu plusieurs choses, comme dans ce vers de Kh;Vànî : ^t_k_» jj ^ ^ j! ^ ^ \jJlj-* b-~ ô— gir* Lorsque, au moyen du croissant de la lune, tu voudras frapper Mercure, ce sera Mars que lu atteindras. Ici les mots ^, * but », et ^:>j, « frapper », sont des accompagnements, ^j*, qui indiquent que, par le croissant de la lime, il faut entendre Va . On divise le trope, «jLscl-I, de la même manière que la comparaison, *g- * &ô' , eu égard aux considérations suivantes : 1° Relativement à L'objet qui est emprunté, *i* »jL*x*w», et à celui pour lequel on emprunte, J SjL*^w». 2° Relativement au sujet de la comparaison, uA» aa.^, ce qu'on nomme dans le trope sujet comprenant, ^ 3 ^•L?., c'est-à-dire, l'idée commune aux deux objets que réunit le trope. 3° Relativement à la réunion de ces trois choses. 4° Enfin, par rapport à des considérations autres que les trois précédentes. Ces quatre considérations seront développées dans quatre sections différentes. SECTION PREMIÈRE. Classement du trope relativement à l'objet qui est emprunté et à celui pour lequel on emprunte. Sous ce point de vue, le trope se divise en deux espè- — 47 — ces. La première, noinmée ^Jl^, « concordante », est celle dans laquelle on peut réunir en la même personne ou chose les deux objets du trope, comme, par exemple, dans le verset suivant du Coran, où le trope consiste à employer vivification, «L-p^i pour direction, «JUjlj-a» 1 : sllw^li L£/> ^\-£=> ^f J', « n'avons-nous pas vivifié celui qui était mort », ce qui signifie « n'avons-nous pas dirigé celui qui était égaré. » Dans cette compa- raison, la vivification est l'objet emprunté, et la direction l'objet pour lequel on emprunte. Or la réunion de ces deux choses dans la même personne est possible. La seconde espèce, nommée opposante, *oU©, est celle dans laquelle les deux objets du trope ne peuvent pas être réunis dans la même personne ou chose. C'est,, par exemple, lorsque l'on compare à un vivant, un mort dont les belles actions sont restées sur la page du siècle; ou bien à un mort, un vivant qui est ou insensé, ou sans énergie, ou endormi. 11 est évident que dans ces deux cas la réunion de l'idée de vie et de mort dans le même individu est impossible. Une variété de cette espèce de trope , c'est l'emploi qu'on en fait par manière de plaisanterie ou de dérision, ce qui a déjà été expliqué précédemment à propos de la comparaison 2 , lorsqu'on dit, par exemple : \ J.~>! w^j, «j'ai vu un lion », et qu'on veut parler d'un poltron, et L v jLn wajIj, a j'ai vu un Hatim », en voulant dési- gner un avare. 1 Surat, VI, verset 122. 2 A la fin de la section II clu chapitre i cr , I re partie. Classement du trope par rapport & l'idée commune qui en réunit les deux objets l . Sous ce point do vue le trope se divise en quatre classes. La première se compose des tropes dont le sujet, a^Lx *&j, ou l'idée commune, est à la fois comprise et dans l'objet emprunté et dans celui pour lequel on emprunte, comme, par exemple, le mot Js3 dans ce I du Coran"-: L^l joj^ vj- *»U»kSj, « nous les avons divisés (coupés) en nations sur la terre, n En effet, le mot plcS est employé pour signifier couper [séparer) l'un de Vautre des corps qui sont réunis. Or, dans le verset (lue nous venons de citer, la division des nations. ^ ^JaÂj, est Vobjei pour lequel on emprunte, et la séparation des corps, > L«aJ ^M-'' l'objet emprunte. L'idée commune, c'est la dissolution de la jonction et de l'union, et elle se trouve comprise dans les deux objets du trope; mais elle a plus d'énergie dans l'objet emprunté que dans l'autre 3 . 1 >>^La> <^j à la lettre, le sujet comprenant ou réunissant (les deux objets du trope); ce qui équivaut h ce qu'on nomme dans la comparaison ^ *»j , le sujet de la comparaison des deux objets. 2 VII, 167. 3 L'auteur du Mutauwal dit à ce sujet que tel est le trope qui consiste a assimiler à la reprise, ^, d'une déchirure dans un vêtement, la réparation, 2*>, des mailles d'une cuirasse. L'idée — 49 — En voici un autre exemple emprunté à Abd ul-Wâcî Jabalî : A Ton discours est la preuve de ta conduite délicate ; tes action témoignent de la noblesse de ton lignage. Ce vers signifie : « tes discours et tes actes attestent ta conduite délicate et ton noble lignage. » Or cette attestation est exprimée dans le trope par les mots *!^> , « témoignage », et JJ^, « preuve ». La seconde espèce est celle dans laquelle le sujet qui réunit les deux objets du trope, f La> a^, n'est compris ni dans l'un ni dans l'autre, comme, par exemple, lors- qu'on se sert du mot lion pour indiquer un bomme brave; car ici l'idée commune, c'est la bravoure, chose qui n'est réellement comprise ni dans l'homme ni dans le lion. Le vers suivant, de Hakim Ansarî 1 , offre un exemple de ce genre de trope : ^^L-». j-~>» ^.5 sX^l— » Ô \\ . VM— Ton corbeau est devenu blanc dans la main du temps. Rien autre que la magie n'a pu changer ainsi sa couleur. commune a.*Lsr > est ici de rattacher, L&, et elle est comprise dans les deux objets du trope; mais elle a plus d'énergie dans le premier. 1 Sur ce poëte, voy. de Hammer, Gesch. der Redek. Per.s. page 46. 4 — 50 — Ici l'auteur entend par le corbeau la jeunesse, et le su- jet du trope, c'est la noirceur. La troisième espèce, c'est lorsque le sujet qui réunit les deux objets où l'idée commune est manifeste à la première vue, comme dans ce vers de Ni/.àmî : ***** J-^S JJ^ p* ^JiT* Tes nègres adorent encore le feu ; tes yeux sont encor< comme des Turcs. Le trope consiste ici à désigner, par les nègres, les grains de beauté, et par le feu, la joue. Or l'idée edm- mune est, dans le premier cas, la noirceur, cf. dans le second, Yéclat, ce qui est évident au premier coup d'œil. La quatrième espèce, c'est lorsque le sujet réumuant, a^Lv i^j est caché, et que les gens seulement d'un es- prit cultivé peuvent le deviner. Le vers arabe suivant, où l'auteur parle de son che- val, qui était bien dressé, offre un exemple de ce trope, nommé extraordinaire, a*£jê : à. >1 Â__x_J j[xl>j> 9 c'est le mot L^l, qui si- gnifie proprement lier le pied au genou de manière à for- mer un anneau, ce qui est dit ici de la bride qu'on at- tache à la selle. Or le sujet de la réunion des deux objets est caché. Quelquefois le trope ordinaire, *w»U, et commun, J 3ufr, acquiert de la singularité, CUj^c, par l'applica- tion qu'on en fait 1 , comme dans ce vers de Khâcânî, qu'il adresse au soleil : '6 De ton abondance, les deux petits nègres, dans leurs deux berceaux, se nourrissent de lait. Ici le poëte, par les deux petits nègres, entend la pru- nelle de l'œil, et par le lait, l'éclat du soleil. Il veut dire : la prunelle de l'œil tire du soleil sa faculté de voir, de même que l'enfant tire sa force du lait qui le nourrit. Or, quoique les choses qui sont mentionnées dans ce trope soient isolément communes, toutefois, à cause de leur réunion, elles acquièrent de la singula- rité ; car ici le sujet réunissant, c'est le profit que retire une chose noire et petite d'une chose blanche et bril- lante, et non pas simplement le noir et le blanc. 1 La même chose a lieu pour la comparaison. Voyez à la fin du § 2, section ivdu chapitre I« r . SECTION III. Classement du trope. tant par rapport à la chose pour laquelle on emprunte que pour la chose empruntée, et relativement à l'idée qui les réunit. Les deux objets du trope, 4J>jl*r~*»j djLjûL~», peu- vent être l'un et l'autre sensibles, ^~=^ ou l'un et l'autre intellectuels, J&, et aussi un des deux peut être sensible et l'autre intellectuel. Quant au sujet qui réunit les deux objets et qu'on nomme svjet réunissant, «^La. *a.j, il peut être de trois sortes, savoir : ou sen- sible, ou intellectuel, ou varié, j jLfcjJÎ àifi jLJ JJ^î (< et un signe pour eux 1 , c'est la nuit, de laquelle nous arrachons le jour. » Ici, l'objet de l'emprunt, *)jL*w, c'est l'apparition des ténèbres de la nuit, et la chose empruntée, &* jLjc^>, c'est un in- dividu auquel on aurait arraché la peau; enfin, le lien des idées, ^Lss. ^. j7 c'est l'agencement de l'apparition des ténèbres de la nuit et de la disparition du jour, qui est pareil, en quelque façon, à l'écorché après l'écorche- ment. Or, la combinaison de ces choses est une affaire de l'esprit et non des sens. La troisième, c'est lorsque l'objet de l'emprunt, jLxw aJ, est sensible, et que l'objet emprunté, aâp jL*^~», et le sujet réunissant, **l». ^ j9 sont intellectuels, comme dans ce vers de Maçûd-i Sad 2 : 1 C'est-a-dire une marque de notre puissance, propre à faire une impression sur eux (c'est Dieu qui parle). Ces mots sont tirés de la surate xxvi, v. 37. 2 C'est-à-dire Maçûd, fils de s Sad; car entre deux noms propres Yizafat remplace le mot ^o fils. Sur cet idiotisme, voyez mon édition de la Grammaire persane de Jones, page 17. Maçûd, fils de Sad, est un ancien poëte persan, dont J. de Hammer parle dans son Histoire de la poésie persane, page 42. — 54 — Lance dans les rang9 (de l'ennemi) la montagne mouvante (ton cheval); tire du fourreau la mort éclatante (ton épée). Ici le poëte représente l'épée par la mort, et l'idée com- mune, c'est que l'une et l'autre font périr. La quatrième, c'est lorsque l'objet emprunté, j\xl~* ù#, est sensible, et que celui pour lequel on fait l'em- prunt, aJ jU^w», ainsi que ce qui les lie, fLa. *^j , sont intellectuels, comme dans ce vers de Khâcàal : Son épce est grosse de la victoire; la voilà, regarde-la; les taches de sa face témoignent de sa grossesse. Ici le poëte a employé le trope de la grossesse en par- lant de l'épée qui va remporter la victoire, pour signifier qu'elle se prépare, et qu'elle est sur le point d'avoir lieu, et l'idée commune, £»L*. a^j, c'est la disposition et la préparation. La cinquième, c'est lorsque les trois choses sont in- tellectuelles. Ex : \jô3ja ^y LjLi*j ^p « Qui nous a ré- veillés de notre sommeil » (c'est-à-dire de notre mort)? Or le sommeil et la mort sont intellectuels ainsi que le sujet réunissant, c'est-à-dire le réveil (Tantawî). La sixième, c'est lorsque le sujet réunissant, *»L^ *aj, étant composé, il y a quelque chose de sensible et quel- que chose d'intellectuel, et que l'objet pour lequel on emprunte, <>J ,l*w, et celui qui est emprunté, jL»V M *j *y, sont tous les deux sensibles, comme lorsqu'on dit : L~^~, ^j^j'aivu un soleil, c'est-à-dire un homme pareil — 55 — au soleil par sa position brillante et son importance. Un tel trope est du nombre de ceux qui se distinguent par leur singularité, 0>^. D'ailleurs, à la rigueur, il y a ici deuxtropes, et c'est pour cela que Sukâkî 1 , dans son Miftâh ul-ulûm, ne compte que cinq espèces de tropes ou emprunts, *jl*SuJ, savoir : l'emprunt de la chose sen- sible pour la sensible, ^^sA ^j^s?* *jL*£*-i, par un lien commun sensible, ^~^ fsttf» ou intellectuel, •! ^ib &.ZS.J* ; l'emprunt de la chose intellectuelle pour l'intellectuelle, J^M Jji^ SjUcw!; celui de la chose sensible pour l'intellectuelle, Jjyùd ^j^s^ 2jU^>! ; et enfin, l'emprunt de la chose intellectuelle pour la sen- sible, /^*«sri Jj^ 8 *x*z~>y SECTION IV. Classement du trope, d'après des considérations différentes des trois précédentes. En premier lieu, eu égard à l'expression empruntée, SjU^ol Jài}, le trope est de deux espèces, le réel ou ori- ginal, à*U, et le dépendant ou secondaire, fe$£. Le pre- mier est celui dont l'expression empruntée est un nom générique, ^a. *.J, comme quand on emploie le mot lion pour signifier « un homme brave » , et le mot rose pour signifier « la joie » . Il en est de même d'un nom propre qui s'emploie comme nom générique dans un 1 Surnom du célèbre rhétoricien Sirâj uddîn Abû-Yacûb Yûçûf, qui a écrit en arabe le ^1*31 ~L&» ou jl*ù~il ; mais la comparaison n'est autre chose que la qualification, .*<*>•, de l'objet com- paré, **ÉL*, ce qui a lieu par son assimilation, feftU* ù£i, sous un point de vue, avec l'objet auquel on le com- pare, v wJL», Or, la réalité ou l'originalité, J^>î, dans la chose qualifiée, aJ^oJ', ce sont les vérités, ijfjli»., qui la font connaître. Ainsi, nous nommons blanc, y ji, comme Sukâkî l'explique dans le passage qui * C'est-à-dire le nom d'agent, ou participe présent J^Li *~J, et le nom de patient ou participe passé Jjâ? *— *. S. de Sacy, dans sa Grammaire arabe, tome II, page 527, 2 e édition, donne ce nom à un simple adjectif lorsqu'il peut être considéré comme représentant le verbe. — 57 — précède. Or, dans le trope dépendant ou secondaire, l'objet qualifié, j^y^y, c'est le sens du nom d'action du verbe et les dépendances du sens des particules. Ainsi, l'emprunt, SjIjûlJ, n'a lieu que par dépendance, C^wjuj, et n'est ni original, ni réel 1 . Il résulte de ce qui précède, que la comparaison dans le trope formé au moyen d'un verbe ou de ses dépen- dances, se tire du sens du nom d'action de ce verbe, et, dans le trope formé au moyen d'une particule, de celui qui en dépend. Or, ce qui dépend du sens de la parti- cule, c'est la chose contre laquelle on l'échange, comme par exemple, lorsqu'on dit : « ^ , de, sert (en arabe) pour exprimer le point du départ; JJ, à, pour exprimer la fin ou le terme; La bouche de ton esclave ne sourira pas agréablement, tant que le tranchant de ton épée ne pleurera pas abondamment. Ici le poëte a employé l'expression de pleurer, pour indiquer le sang qui dégoutte de l'épée, et le mot em- prunté est un verbe à V aoriste, accompagné de la néga- tion. Dans l'expression arabe, IJlSG B&U J^J\ la circon- stance s'exprime ainsi, c'est-à-dire indique telle chose, £Jb lôfi, le mot emprunté est isSbti, nom d'agent ou parti- cipe présent, et le mot remplacé est î)b. La comparai- son a lieu entre l'action de parler, ^jU, et l'indication, cJ^:>, et non entre parlant, jfUi, et indiquant, Jta. On trouve un exemple du trope exprimé par une par- ticule dans ce verset du Coran 1 : c JCJ ^jbj$ jT^ii^li Ljjp^ \ji* ^J. « Les gens de Pharaon le prirent (Moïse), afin qu'il fût pour eux un ennemi et un chagrin. » Or, ici, dans ^ JÇJ, la conjonction J, que les Arabes nom- ment le lâm de motif ou causal, JJLj ^S, est employé tro- piquement, ou plutôt : le sens qui en dépend. En effet, le but que Pharaon se proposa en prenant Moïse, ne fut pas la haine et le chagrin, mais bien l'amitié et l'inten- tion de l'adopter pour son fils. Toutefois, comme en dé- finitive cela se changea en haine et en chagrin, on a remplacé par ces deux choses, dans le texte du Coran, l'amitié et l'adoption, et le mot emprunté à cet effet, 1 Sur. xvin, v. 7. — 59 — jU^w Jsâ), c'est la conjonction J ; mais le trope se trouve en réalité dans le sens qu'on a en vue et qui dépend de J, sens que cette conjonction amène par voie de con- séquence, vJU.^o, et non par voie d'originalité ou pie réalité, c^lot. Dans le trope dépendant ou secondaire, V équivalent ou l'analogue, ^j*, de l'emprunt, SjU'xvJ, c'est donc ou le sujet, JcLè, ou le régime, J_?*^, ou un mot dépendant d'une particule, ^jf*. Par ex. : dans l'expression C^aki Ij^==*j JLsr", « la circonstance a ainsi parlé, » la rela- tion, ^L-î, de jjfiaj, parler, à Jl=^, dtaf, circonstance, est l'équivalent ou l'analogue, *^ ji, du trope ou emprunt, »jL*;^J, parce qu'en effet, J^j, parler, ne se rapporte réellement pas à JU-, eïatf. Et ceci offre un exemple du trope dépendant d'un nom d'agent, Jcli. Voici un vers arabe où il dépend d'un nom de patient, Jy^ : La justice s'est concentrée, à notre égard, en un imâm quj a tué l'avarice et vivifié la générosité. Le rapport, vJU^J, qui est ici entre J^>, tuer, et J=^, Y avarice^ entre L»J, vivifier, et ^l v -~>, la générosité, est un rapport d'analogie, tyjs, et les mots £wer et vivifier sont des tropes ou des emprunts, SjUa-.!. Les paroles du Coran : *JI ^_J\ X*> a&JLà « Annonce- leur un châtiment douloureux 1 , » offrent un exemple de l'emploi, dans ce cas, du mot dépendant d'une par- 1 Sur. m, v. 20. — 60 — ticule. En effet, le motvji^, punition, qui est un géni- tif, est l'analogue ou l'équivalent, *b J, d'un autre mot ; car *j-Aj, l'annonce, dans ce verset, est un troue ou em- prunt, pourvoit, menace-les. En second lieu, les objets du trope peuvent être ou ne pas être indiqués d'une manière détournée. C'est ce qu'on nomme ^/f\ dépouillement, et ^~rf, indica- tion détournée (proprement distillation), sous ce point de vue, le trope se divise en trois espèces : 1° Le trope non lié, aidk» UiUx-J, où rien de ce qui a rapport aux attributions, o 1 ^) ni aux qualités, o^, de l'objet pour lequel on emprunte, J jLxz^w», ni de celui qui est emprunté, a^jL»x~*», ne se trouve men- tionné, comme dans ce vers d'Abd ul-\Yà< i Jabali : • l . tu • A La fleur sur le rameau est pareille à la joue des belles. La violette au bord du ruisseau est comme le scorpion d'une beauté qui enlève le cœur. Dans ce vers, le poète a employé le trope du scorpion pour les moustaches naissantes, et il n'a mentionné en aucune façon les attributions, o^-', des deux objets du trope, ù±* *[*z*Ji}* J jl*x«4î. 2° Le trope dépouillé, *5f&* î.L^I, où l'on men- tionne seulement les qualités et les attributions de l'ob- et de l'emprunt, J x la£-~*, comme par exemple dans ce vers de Khacâni : — 61 — A cause du bruit de mes soupirs, tes amandes n'ont pas dormi pendant toute la nuit dernière. Ici le poète a employé le trope de l'amande pour l'œil, et le verbe dormir est mentionné comme une des attri- butions, oL*jÏ*, de l'œil. 3° Le trope indiqué d'une manière détournée, à ia lettre, distillé, *s^y *A*^J, où on mentionne seule- ment les qualités et les attributions de l'objet qu'on emprunte. Dans ce cas, il faut entendre par qualité, vj^^>, une expression qui en remplace une autre, *jli ,-*.>, et non un qualificatif, , qui indique le sens du mot qu'il suit. Le vers suivant d'Anwarî offre un exemple du trope indiqué d'une manière détournée, asp^j-» : Si le jardin n'avait pas secrètement le dessein de faire une atta- que, les étangs seraient-ils tous pleins d'épées et de cuirasses? Ici le poëte a employé comme trope Yepée et la cui- rasse, pour les flots de V étang. Or, l'attaque est une des 1 Jurisconsulte qui v; ait dans la première moitié du xin' siè- cle. Voyez Ibn Khallican, traduction de M. le baron M. G. de Slane, tom. II, pag. 195. attributions de l'épée ; et ce dernier mot, ainsi que la cuirasse, exprime l'objet emprunté, *j>jIjûL4I. Sukàkî* dit : Le propre du J-àjj, c'est de paraître ou- blier, ^-L^? la comparaison, *™j, et de détourner l'attention de ce qui la rappelle, comme dans ce vers d'Abû Tamâm 2 : Et il monte jusqu'à ce que les insensés s'imaginent qu'il a affaire dans le ciel. Ici l'action de monter ou l'ascension exprime la di- gnité élevée de la personne dont il s'agit, et le second hémistiche est l'attribution de cette expression tropique, Quelquefois le dépouillement, ^v=^, et l'indication détournée, ^ry, se trouvent réunis l'un et l'autre dans un même ti upe, comme dans ce vers de Khâcânî : La balle d'or déchire la robe du ciel et la coupe ; elle arrête manifestement l'aurore. Ici le poëte a employé, au lieu de soleil, l'expression balle d'or ; or les mots ciel et aurore sont convenables, JbL», à l'objet pour lequel on emprunte, d jL*x*~>, qui 1 Voyez la note de la page oo. Célèbre poëte arabe. Voyez S. de Sacy, Chrett. arabe, t. III, pag. 35. -~ 63 — est le soleil, et les expressions robe et déchirer s'adap- tent à l'objet emprunté, aj>jl*2w, qui est la balle. L'indication détournée, ^-*~y, dans le trope, ^LsûL-t, est plus éloquente que le dépouillement, ^/sr 3 , et que le retranchement absolu, ,â l'objet qui est comparé, &*£& Or, la mention des qualités qui conviennent, fe^H au pre- mier, augmente naturellement l'éloquence de ce genre de comparaison. Sukâkî dit à ce sujet dans le Miftâh : « Pour le trope réel, aJL&x*" &jlsou.bM, il faut que la comparaison entre les deux objets, dont l'un remplace l'autre, soit évidente par elle-même, ou qu'on puisse facilement la conce- voir; sans cela, le trope n'est plus trope, il rentre dans la classe de l'énigme, *.v*jtf, et des mots énigmatiques, jU3t. » Une autre espèce de trope est celle qui a lieu par mode de similitude; J~ v !>' J^~-^, c'est lorsque les ob- jets du trope, *^ ^L^j aJjLstf*^, et l'idée commune qui les unit, *s\a a^j, sont chacun tirés, *jfx#, de plusieurs choses, comme par exemple lorsqu'on dit à une personne qui hésite sur un point : *S*J ^Jj/J&î ^ÇjsAjLyj bL.j. « Je vois que tu avances un pied et que tu le recules ensuite. » Et comme aussi dans ce vers d'Anwarî : *a> .* L) &\3s& \yt> rcfa^' wa^ 9j3 ^jij *, est celui où on exprime l'objet comparé, &Ju*, et où celui auquel on le compare, ^ uLa, n'est exprimé que par un analogue, *JJ J. Or, dans ce cas, cet analogue est un trope d'ima- gination, ^fs? SjbûuJ. Le mode de ce trope consiste donc à mentionner L'objet comparé, ixL*, et à indiquer 1 Je ne traduis pas /j, qui est pour ^1 j! «h cause de cela, » ou « h cause do lui ou d'elle », parce que ces mots se rapportent à ce qui précède dans la pièce de poésie d'où ce vers est tiré. 2 Nom d'une mesure persane et de l'instrument qui sert à la déterminer. 3 Taftazânî raisonne ainsi pour prouver l'identité de ces com- paraisons c^-iv *^ K*i {*** : (( Dans I e trope, dit-il, la chose empruntée, Lx\~4! doit être le mot qui appartient h l'objet auquel on compare m a~û4i,etqui a été emprunté jj.U à l'objet comparé à™l! ; si ce mot changeait, il ne serait pas le mot qui particularise le à.* àaA*», et il ne serait plus àj %ls. 4 Sukâkî dit, dans le Miftâh, que le trope par métonymie doit avoir le parfum, aœ?.!i, de la comparaison. — 65 — quelques-unes des circonstances inhérentes à l'objet auquel on le compare, w **£*», et qui est supprimé. Ainsi, la mention de l'objet comparé, &+&«>, et la sup- pression de celui auquel on compare, w a*£*p J^^, tel est le trope par métonymie, uk£=> ; et énoncer, en rap- port avec l'objet comparé qui est exprimé, les circon- stances inhérentes, a\J, à l'objet auquel on compare, qui est supprimé, telle est la définition du trope d'imagi- nation, ^^ 5jUju*t. Cette espèce de trope se subdivise en trois variétés, à cause que les circonstances inhérentes, A^J, qui sont particulières à l'objet auquel on compare, w **&/», et qu'on exprime en vue de l'objet comparé, **£*» ^j>, sont au nombre de trois : 1 ° ou bien elles constituent l'objet auquel on compare, w a^»; 2° ou bien l'objet auquel on compare en dépend tout à fait; 3° ou bien enfin aucun de ces deux cas n'a lieu. Exemple du premier cas : La langue de mon état 1 exprime ma plainte mieux (que je ne pourrais le faire réellement). Dans cet hémistiche arabe, on compare Y état à une personne qui parle, ce qui est un trope par métonymie, wLflb &jL*jL*I, et la mention de la langue, sans laquelle on ne saurait parler, c'est le trope d'imagination Sjlx^i 1 Sur cette expression, voyez la préface de mon ouvrage inti- tulé : les Oiseaux et les Fleurs, page 8. 5 6G — Exemple du deuxième cas : *j c^J LUI wJL^ « les griffes de la mort sont tombées sur lui » . Dans cette expression métaphorique, la mort est com- parée à un lion ; mais on n'a pas mentionné l'objet de In comparaison, ôj Li* t qui est cet animal, et c'est ce qui constitue le trope par métonymie. En second lieu, on a parlé des griffes qui rendent complet le corps du lion et en font partie, pour signifier la mort, c'est-à-dire l'objet compare, *JU», ce qui est le trope d'imagination. Exemple du troisième cas : *Jj J, *CsJ' ^Uj i la bride du commandement est dans ses mains ». Ici la sagesse est comparée à une chamelle par un trope de métonymie, ajLwL *jU.:*J, et la bride, qui est une dépendance non constitutive, ^ J* f de l'objet auquel on compare, u *~L+, est mentionnée pour l'objet comparé, **£*», et c'est un trope d'imagination, Jjl*xJ Au reste, les rhétoriciens éminents ne sont pas d'ac- cord sur cette distinction du trope par métonymie et du trope d'imagination. On trouve leurs opinions expo- sées, avec les preuves à l'appui, dansleiHwtom-a/deSaad- Taftazânî. CHAPITRE III. DE LA MÉTAPHORE SUBSTITUÉE, Jm^p jUr^. On entend par là une expression qui est employée dans un sens différent de celui qui lui est ordinaire- ment attribué, J py>y, mais dans laquelle le rapport. — 67 — &%, entre le sens réel et le métaphorique n'est pas une comparaison. C'est comme lorsqu'on dit, par exemple : .^ta '*~o jfe" fjfjS ^j,^ « un tel a la main (une main) pour cette affaire » , c'est-à-dire : Il a pour cette affaire une aptitude, J*>\J$ 9 particulière. Ici le rapport entre les deux sens est celui de la chose, JL»*, avec le lieu où elle se passe, Js^ ; car la main est le lieu, J^sr*, de la manifestation dont il s'agit. Le rapport doit être général, ^y t et non individuel, -^>_^\ Il y en a plu- sieurs espèces ; nous allons en mentionner quelques- unes. La première, c'est lorsqu'on donne au tout le nom de la partie, comme dans ce vers de Sanâyî : Il fut un océan pour l'amour et une mine d'or pour le cœur, un œil pour la loi et une âme pour la religion. Ici le but de l'assimilation, J r /v, c'est d'employer le mot œil dans le sens de gardien. La seconde espèce, c'est lorsqu'on désigne la partie par un mot qui désigne le tout, comme dans ce verset du Coran* : *$îtal J, *$*jLoI ^J^. « Us mettent leurs doigts dans leurs oreilles, » c'est-à-dire ï extrémité de leurs doigts. La troisième espèce, c'est lorsqu'on exprime l'effet, w*w, par le nom de la cause, v^**-, comme dans ce vers de Sanâyî : 1 Sur. h, vers. 18. — 68 - toi qui es satisfait de toi-même, ce n'est pas la satiété mais la faim ; ô toi que courbe le repentir, c'est la prosternation. Être rassasié, est pris ici dans le sens d'être satisfait, et le rassasiement occasionne le dégoût de la nourriture. La quatrième espèce consiste à donner à la cause., , ..w, le nom de l'effet, <^-~w>, comme dans cette expression arabe, b'U «L^-Ji OjW « Le ciel fait pleu- voir des végétaux », Par végétaux on entend ici la pluie, qui est la cause de leur développement. La cinquième espèce, c'est lorsqu'on donne à une chose un nom qui ne lui convenait que dans un temps écoulé, comme dans ce vers de Attâr 4 : Louange infinie au Dieu de toute pureté qui a donné la foi à une poignée de terre ! Par cette dernière expression, le poëte entend Adam, qui fut d'abord en effet une poignée de terre. La sixième, c'est lorsqu'on donne à une chose un nom 1 Farîd-uddîn. surnommé Attâr, est un célèbre poëte mysti- que, dont l'ouvrage intitulé Pand-nâma, ouvrage qui ressem- ble à l'Ecclésiaste de Salomon, et encore plus à l'Ecclésiastique, a été publié et traduit en français par S. de Sacy. Attâr est aussi auteur du Mantie uttaïr « le Langage des oiseaux », dont j'ai publié le texte et la traduction. — 69 — qu'elle aura postérieurement, comme dans ce passage du Coran 1 : \y$~ yaj*\ ^^ ^ (< Je nie vois pressant du vin ». Par le vin, on entend ici le raisin, dont le suc de- vient ensuite du vin. La septième, c'est lorsqu'on indique le lieu, J^ 8 , à la place de ce qui s'y trouve, JL^ (c'est-à-dire le conte- nant pour le contenu), comme dans ce verset du Coran 2 : ajoIJ L±Aà : « qu'il convoque son assemblée », c'est-à- dire les gens de son assemblée. La huitième, c'est lorsqu'on nomme la chose, JL^, pour le lieu où elle se passe, J^% comme dans cet autre passage du Coran 3 : l^-j ^£i ^^j CU^-jÎ &ï^ ^j ^51 : « Quant à ceux dont les visages blanchiront (au jour de la résurrection), ils seront dans la miséricorde de Dieu ». Par le mot miséricorde on entend ici le Paradis, qui est le lieu de la miséricorde de Dieu. La neuvième, c'est lorsqu'au lieu de la chose on nomme son instrument, comme dans ce vers de Sanâyî : A Elle tient le milieu entre le corps et l'esprit. De ce côté-ci il y a la langue, et de celui-là l'oreille. Ce vers est la description complète delà parole, ^^ij. Le poëte veut dire que la parole retire ses avantages de 4 Surate xn, intitulé Surate de Joseph, verset 36. 2 Sur. xcvi, vers. 17. * Sur. m, vers. 1 03. — 70 — l'esprit, Jis, et les procure au corps; or, la langue est l'instrument de renseignement, et l'oreille, de rinstiw- tion qu'on reçoit. En résumé, dans le rapport, *SbJc, de la métaphore substituée, J--^* j 1 ^, il faut qu'on puisse trouver une relation nécessaire entre les objets. >!^J ji ^jy, et qu'on puisse s'autoriser de l'exemple des écriTâina élo- quents. CHAPITRE IV. DE LA MÉTONYMIE, ^jL^=>- Gemot, m! V^->, est le nom d'action d'un verbe arabe signifiant laisser la clarté, ^ir^ >&$% s'exprimer d'une manière obscure. Mais comme expression technique, il signifie donner au sujet, *j^, le sens qui convient à ['attribut, çjj^, ce qui est le contraire de la métaphore, jUr^, où on ne s'occupe que de l'attribut, f jjb, comme nous l'avons expliqué plus haut. La métonymie est de trois espèces : la première, c'est lorsque, par cette figure, on veut seulement faire con- naître l'essence même du sujet, ^j^>y (l'objet qua- lifié). La deuxième, c'est lorsqu'on veut indiquer une qualité, J&*>, d'entre les qualités du sujet. Et ici, par l'expression de qualité, C^», il faut entendre une chose, r^>, qui est mise à la place d'une autre, et non pas ce qu'on entend, en terme de syntaxe, par le mot qualité, w^-o, qui signifie proprement un adjectif. La troisième, c'est lorsque le but de la métonymie est l'affirmation, o^l ou la négation, Jù t d'une qualité du sujet. Quant à la première espèce de métonymie, celle dans laquelle on a pour but l'essence même du sujet, o^3 kj^y^ elle se subdivise en prochaine, w*?,^i et éloi- gnée, Xvjo. La prochaine, c'est lorsqu'on mentionne une qualité qui est particulière au sujet spécial qu'on a en vue, et qu'on a seulement l'intention d'indiquer par là l'essence même de l'objet, comme dans ce vers de Kha- cânî, où il s'adresse au soleil : Au-dessus de toi est le brave au corps d'argawân 1 , en bas la mariée musicienne. Par la première expression le poëte entend la planète Mars, qui est au-dessus du soleil, et par la seconde, Vénus, qui est au-dessous. La métonymie éloignée, Ju*j, c'est lorsqu'on men- tionne quelques qualités propres en tant que réunies à un sujet spécial. Le but qu'on se propose parla, c'est de pouvoir particulariser le sujet dont il s'agit, comme, par exemple, dans le vers suivant de Maçûd-i Saad 2 : 1 C'est-à-dire rouge. Selon le Burhân-i câti, l'argawàn est un arbre dont les fleurs sont très-rouges et odorantes, et qui pos- sède des qualités médicinales décrites dans ce célèbre diction- naire persan. Il faut entendre parla/' 'arbre de Judée {Cercis sili- quastrum). 2 A la note sur ce poëte persan, page 53, je dois ajouter qu'il — 72 — ° :U l> f ; t>' *!*** ^ b C^ *>' !l ^' l)-)* -9 c>' "b^? *^ 'j p*^ o lil Demande cette chose qui fortifie le tempérament ; demande cette satisfaction du gosier; demande cette tulipe pour les yeux ; demande cet ambre pour le cerveau. Par la réunion de ces qualités, le poëte veut désigner le vin. Il est clair qu'une seule ne serait pas suffisante pour l'indiquer. La seconde espèce de métonymie, uU£&, celle par la- quelle on veut seulement exprimer la qualité elle-même, vj^i~s (^^î et non l'essence du sujet, ^y^y ,r^7 se divise aussi en prochaine et éloignée. La première est celle qui exprime sans intermédiaire, ^ l ~~>j ^j , c'est-à-dire mé- diatement, le transport, JL&I, du sujet, >jbî, à l'attri- but, fjjfl+t et cette première espèce se subdivise encore en deux variétés : 1° celle dans laquelle la métonymie est évidente, ^\j ; 2° celle dans laquelle elle est cachée, ^i^. On trouve un exemple du premier cas dans l'expression citée page 3, abâJ! Jj f-? t « long de bau- drier » , pour signifier de haute taille. Le vers suivant, de Sanâyî, en fournit un autre exemple : Il n'y avait pas de caractère plus actif que le sien, il n'y avait pas de faquir qui retroussât davantage sa robe. a aussi écrit en hindoui et que je lui ai consacré un article dans mon « Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie », 2 e édition, t. II, p. 390 et suiv. — 73 — Retrousser sa robe ou la relever dans sa ceinture, c'est une métonymie pour signifier, se préparer à la vie spirituelle. Le proverbe arabe, LiiJ) ^if « large d'occiput », nous offre un exemple de la seconde variété ; c'est une métonymie pour indiquer un sot 1 . La métonymie éloignée, J^o, de la subdivision dont il s'agit, est celle dans laquelle le transport du sujet, *p!, à l'attribut, fjjk, a lieu par des intermédiaires, k>L-j, comme dans l'exemple cité page 3,s\jyl\ j*p« « abondant en cendres, » pour indiquer un hôte géné- reux. En voici un autre exemple, dans le vers suivant de Nizâmî : i Jïr> 3 r S'il ie faut la grandeur, attache ton cœur a la générosité, et ferme le sac de ton argent ayec des feuilles de persil. Serrer l'ouverture d'un sac d'argent avec des feuilles de persil, c'est une métonymie de l'empressement dans la générosité; or ici il y a transport, JL&JI, du sens d'at- taclier avec des feuilles de persil à celui de n'être pas serré, en parlant de l'ouverture d'un sac d'argent; parce que, de cette manière, le sac est promptement ouvert, et qu'ainsi on en distribue le contenu sans retard. La troisième espèce de métonymie, *jLx£=», avons- 1 Les Provençaux disent aussi en proverbe : « Grosso testo paou de sen. » nous dit, c'est lorsqu'on a pour but d'affirmer, o-jI, ou de nier, Ju, une qualité, ^io, dans le sujet. On trouve un exemple de l'affirmation des qualités dans ce vers arabe : La bonté, lu générosité, la libéralité, tout so trouve dans une tente qu'on a dressée pour le fils de Haschraj, L'intention du poète est ici d'affirmer que les qualités qu'il a énoncées se trouvent dans la personne qu'il loue; mais il ne s'exprime pas d'une manière claire. Voici actuellement un exemple de la négation de qua- lités dans ce vers de Ilakîm Açadi 1 . Oh! qu'a bien dit ce sage : Périssent les filles, qu'elles n'aient que la terre en partage, et pas de couronne 2 ! On distingue encore dans la métonymie, ub£=>, qua- tre espèces d'indications 1 , savoir : 1° l'indication dé- tournée. j^Wî lorsque le sujet, ,Vy^y, n'est pas mentionné, j^=>Jj» ; ainsi, lorsqu'on dit, en parlant d'un individu qui persécute la religion musulmane, àiLJj *jj £j* gj^JL- H J~- ^ *LJI a Le fidèle est celui par la main et par la langue de qui les musulmans sont 1 Sur cet auteur, voy. une note antérieure, page 6. 8 C'est-à-dire u qu'elles soient sous terre, qu'elles meurent ; 3 w>jU>i y»j ^ ^M^ « je suis venu pour te sa- luer », mais que le ton qu'il prend, et la manière dont il s'exprime indiquent suffisamment sa vraie inten- tion. 2° La désignation lointaine, ^ t jŒ\ c'est lorsque, dans la métonymie, le transport du sujet, a jS, à l'attri- but, f jji», a lieu par le moyen de plusieurs intermé- diaires, IsjL-j, comme dans l'exemple déjà cité, j~£=> v^UjJ! 2 a abondant en cendres », pour signifier un hôte généreux, 3° L'allusion, yj c'est lorsque la métonymie a peu d'intermédiaires, ou que dans la réunion du sujet et de l'attribut, ou des deux objets assimilés, il n'y a pas d'obscurité, comme dans l'exemple cité plus haut, ^pif Ua)t, « large d'occiput ». 4° L'indication, L^J, ou l'allégorie, OjU»!, lorsqu'il n'y a ni obscurité, U=k, ni plusieurs intermédiaires, jbjU-j, comme dans ce vers arabe : 1 Le mot ^rJ_jk' signifie proprement u faire briller de loin ». 4 Pages 3 et 73. — 76 — JUj J*J\ x^\ 0-j.V, L.JI N'as-tu pas vu la gloire décharger ses bagages dans la famille de Talha, et ne pas se retirer ? L'expression décharger ses bagages, en parlant de la gloire, est une métonymie, ^.l-^==>, pour exprimer la gloire de la famille dont il s'agit, et l'expression ne pat se retirer, est une autre métonymie pour signifier la durée et la continuité de cette gloire. Les rhétoriciens conviennent tous que la métaphore, jLsr' 9 , et la métonymie, wli£», sont plus éloquentes, y «-L, que la réalité, vj^Jùi^, et l'évidence, ^*j**>, et que le trope, ïjLjc-,!, est plus éloquent encore, y ^cS, que la comparaison, *™>. Ils disent que la cause pour laquelle la métaphore, jLa^, et la métonymie, *->J-*£=>, sont plus éloquentes que la simple énonciation des choses, c'est que, dans ces figures, on transporte Tattri- but, çjjb, au sujet, ^. Ainsi, lorsqu'on dit : \j ^à\ *x>ï « j'ai vu un soleil », et qu'on a l'intention de dé- signer une belle femme, c'est une expression plus élo- quente que de dire simplement : *±iS J^jt*** 1 « j'ai vu une belle femme » ; car ceci est pareil à une ins- tance en justice sans témoins pour l'appuyer. En effet, l'existence de tout attribut, p^, démontre celle du sujet, >j^, à cause qu'on na saurait séparer le sujet de l'attribut. 1 A la lettre, une maîtresse, une femme digne d'être une maî- tresse. — 77 — Et le motif pour lequel le trope, *jL*jL>I, est plus élo- quent, y ^Jè, que la comparaison, *#•&», c'est parce qu'il suffît que le sujet de la comparaison, ^ ^j, soit plus parfait, y J»K, dans l'objet auquel on compare, ^* w, que dans l'objet comparé, aa£^, tandis que dans le trope, îJjLxu-I, on emploie l'objet comparé, àJu*, précisé- ment à la place de celui auquel on le compare, w **£*», sans qu'il y ait la moindre comparaison, a**kj ; et en outre il faut qu'il y ait un accompagnement, *~|ys pour rem- placer l'objet auquel on compare, aj a^>, ce qui est pareil à une action juridique, appuyée par des témoins. II e PARTIE. LA SCIENCE DES FIGURES, ^,-^J^ £lW A ' On entend par là l'art d'employer convenablement pour l'embellissement, ^^^ , du discours, et non par nécessité, certains tours d'éloquence nommés figures de paroles ou de mots, JàâJ, et figures de sens ou de pen- sées, ^* fii - Ces deux classes de figures formeront deux chapitres distincts, et nous commencerons par les figures de pen- sées, puisque la pensée précède l'expression. 1 On distingue ces figures de celles dont il a été fait mention dans la première partie ou Exposition, .»iL?, c'est-à-dire de la comparaison, du trope, de la métaphore substituée et de la méto- nymie. CHAPITRE I e1 . DES FIGURES DE PENSÉES Bien» De l'antithèse, {£+»• On nomme antithèse, ^Lt ou a&Lk», et contraste. 3L=!)', la figure qui consiste à employer dans le discours deux mots, dont le premier a un sens opposé ou con- traire au second. Les deux mots dont il s'agit ici peu- vent être l'un et l'autre des noms. *-J, des verbes, Jj^, des particules, j^jOul'unun nom et l'autre un verbe, et ils peuvent être employés ou affirmativement, Jfj^ «^Lxj', ou négativement, wJL ^j^Jaj. On trouve un exemple de l'antithèse d'un nom avec un nom dans ce passage du Coran ■ : **j ^^) ffr:***^ :> J> « vous les croyez éveillés et ils sont endormis » : et dans ce vers d'Abd ul Wâcî-Jabalî 2 à la louange d'un cheval, vers où se trouve réunie la mention des quatre éléments : iû S^\ ^'^j ^XJj^j^ J-^j —J- 1 Sur. xvin, vers. 17. 2 Sur ce poëte distingué, on peut consulter l'intéressant ou- vrage de feu sir Gore Ouseley intitulé : Biographical Notices of Persian poets, pag. 1 08 et suiv. — 79 — toi qui t'élèves en haut comme le feu et qui descends en bas comme l'eau î Toi qui as la qualité de la terre quant a la solidité, et celle du yent quant à la vitesse. L'antithèse d'un verbe avec un verbe se trouve dans ces mots du Coran 1 : dVî e^ï. « il vivifie et il fait mourir » ; et dans ce vers de Salmân-Sâwajî : û=S. Lorsque la flamme de ton épée s'élève (se lève), l'eau se place (s'assoit) sur le feu. Lorsque la coupe de ton banquet sourit, le nuage répand ses larmes dans la mer. L'antithèse d'une particule avec une particule se re- marque dans ce passage du Coran 2 : Lfckj ^*+S U L$J vJU^>^ U « à elle (l'âme) sera compté le bien qu'elle aura acquis, et contre elle le mal dont elle se sera char- gée » ; et dans ce vers hindoustani de Saudâ cité par Imâm-Bakhsch : Je suis ce faible oiseau qui de l'emplacement du jardin ne puis arriver sans échelle jusqu'à mon nid. On trouve un exemple de l'antithèse négative ou de spoliation, ^yL , dans ce vers deNizâmî : 1 Sur. ii, vers. 260. 8 Sur. ii, vers. 286. — 80 — Qu'y a-t-il de mieux dans le monde que d'être consumé d'a- mour? Car sans lui la rose ne sourit pas et lo nuage ne pleure pas. Selon l'auteur du Talkhîs 1 , on doit distinguer doux sortes d'antithèses, l'affirmative, ^W^- ct la négative, JL-, et comme exemple de cette dernière espèce, il cite ce passage du Coran 2 : ^jLà\^ ^-^' yui-> 3j « ne craignez pas les hommes, mais craignez-moi ». Cette opinion est soutenue par plusieurs autres rhé- teurs, entre autres par Sahbâyî (Imum-Bakhsch), dans le traité de rhétorique qu'il a rédigé en faveur des habi- tants de l'Inde 3 ; mais l'auteur du traité persan qui sert 1 Lo Tallihîs ul-miftâh, par Jalâl-uddîn Mahmûd Caz\rînî, est l'abrégé du Miftàk vl-ulûm de Sukâkî. Ce dernier traité a été commenté par Taftûzânî dans deux ouvrages différents, le Mulchtaçar (court), et le Mutauioal (long), et ces ouvrages ont été commentés à leur tour par d'autres auteurs. C'est au Mutautoal et au Mukhtaçar que fait allusion Wall dans ce vers (pag. 21, ligne 24 de mon édition) : ^ JP* ^ ^jjj Sjtf v*^ (( Chaque nuit, on traitait de tes longs cheveux avec le Mutauwal (c'est-à-dire longuement) ; mais, en voyant ta petite bouche, on parlait du Mukhtaçar (c'est-à-dire petitement, en rapport avec la petitesse de ta bouche). » 2 Sur. v; vers. 48. 3 Ce traité, qui porte le même titre que l'ouvrage de Faquîr, — 81 — de base à mon travail n'est pas d'avis de distinguer l'antithèse en affirmative et négative. Il pense qu'il doit y avoir à la fois, dans toute antithèse, affirmation et négation, et que l'affirmation ou la négation seule ne constitue pas véritablement cette figure, mais que c'est la réunion de ces deux choses qui la constitue. Par exem- ple, dit-il, dans le passage cité précédemment : c^» vj>^j, « il vivifie et il fait mourir », on n'a pas seu- lement en vue l'affirmation, ^Lx^mais on a aussi en vue la négation, ^1~.. On appelle ornement, ^-*-jJj, une espèce d'antithèse où l'on mentionne les couleurs, j^, pour louer ou blâmer sous forme de métonymie, ^J-*£, ou d'insinuation, X^\ [faire soupçonner)*. Dans ce cas, il n'est pas néces- saire d'employer plusieurs couleurs, mais une seule ouvrage qu'Imâm-Bakhsch a pris pour base de son travail, sans s'astreindre à le suivre servilement, encore moins à le traduire, a été lithographie en 1845 à Dehli parles soins de F. Boutros, alors principal du collège établi en cette ville et secrétaire du Vernacular Translation SocieUj. Une des choses qui donnent le plus d'intérêt et de nouveauté au travail de Sahbâyî, c'est qu'il a partout remplacé les vers arabes et persans des traités anté- rieurs par des vers hindoustanis, qui souvent éclaircissent mieux que les premiers l'obscurité de la théorie. Au surplus, voyez l'article Sahbâijt dans le t. III, pag. 22 de la seconde édition de mon « Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie ». 1 Sahbâyî nous apprend qu'on entend par >L$j> ! une expres- sion qui a deux sens : un sens proche ou commun, v ^J » 3, et un sens éloigné ou rare, J^, et qui est employée dans le cas dont il s'agit, non pas dans le sens proche, mais dans le sens éloigné. Il cite comme exemple le mot »^», mihr y qui signifie communément soleil, et rarement amour. — 82 — suffit. Le vers suivant de Aradî-TiVî offre un exemple do cette figure: -.__>>; . <:. 3,; , JLLS Le lieu de l'embuscade est rouge par son épée, la terre est jaune par la pluie de sa main. La première expression employée dans ce vers est une métonymie pour indiquer de nombreux massacres, et la seconde est une autre métonymie pour signifier la générosité qui répand l'or à pleines mains. Une autre espèce d'antithèse consiste à réunir deux choses dont l'une dépend d'une autre qui est contraire à la première. Dans ce cas, il suffit d'une seule espèce de dépendance, ^jlao, qu'elle soit relative à la cause, *£?*•», inhérente au sujet, ^3, ou qu'elle soit tout autre. On trouve un exemple de cette figure dans ce pas- sage du Coran 1 : *$~> J-*m jliflt ^J* JjJwl « ils (les croyants) sont féroces envers les infidèles et compatis- sants entre eux. » La violence, o^>, n'est pas l'opposé de la compas- sion, vju?-j, mais de la douceur, ^J, et celle-ci, qui en est l'opposé, est la cause de la compassion. Le vers suivant d'Azraquî offre un autre exemple de cette variété d'antithèse : 4 Sur. XLVin, vers. 29. — 83 — Mon œil a emprunté à ton rubis l'usage de répandre des per- les * ; ta chevelure a emprunté son désordre à celui de mon état. Répandre des perles n'est pas l'opposé du désordre dont il s'agit dans le second hémistiche de ce vers, mais la tranquillité et le bonheur, qui y sont opposés, sont cause qu'on jette des perles. Une autre espèce d'antithèse est celle qu'on nomme jL*$ A^)i faire soupçonner le contraste. Elle consiste à exprimer deux choses qui ne sont pas opposées l'une à l'autre, par deux mots dont le sens réel est en contraste. Le vers suivant de Faquîr offre un exemple de cette fi- gure: La nuit que j'ai passée en ta compagnie s'est terminée; l'au- rore sourit et moi je pleure. Il n' y a pas d'opposition ni de contraste entre l'aurore et pleurer, mais entre la métaphore descriptive de l'au- rore et pleurer. Sukâkî distingue de Y antithèse une figure nommée proprement opposition, aLL&», et qui consiste à énoncer 4 Le rubis signifie, par métaphore, les lèvres, et les perles indiquent les larmes. L'expression répandre des perles signifie proprement la cérémonie appelée jlsi, et usitée dans le mariage; et, au figuré, les perles du discours expriment Y éloquence, ou plutôt ce que nous nommons les fleurs du discours. Parle niçâr, Tantawî dit qu'il faut entendre jeter des dragées et des fruits confits à l'occasion d'un mariage; ce qui n'empêche pas qu'on ne jette aussi des pièces de monnaie. une ou plusieurs choses concordantes entre elles, et a exprimer ensuite, parallèlement dans le môme ordre, des contrastes à ces choses; comme, par exemple, dans ce passage du Coran 1 : i^r^xJ* bîJi \jZs^J « qu'ils rient peu, car ils pleureront beaucoup ». Les mots rire etpeu exprimés d'abord, n'offrent pas d'opposition entre eux, mais ils sont en contraste avec pleurer et beaucoup, qui ont été employés dans le second membre de la phrase. Voici un autre exemple de cette figure dans le vers suivant d'Amîr-Mazi : Ses amis qui exécutent fidèlement ses ordres sont honorés à cause de leur heureux horoscope; ses ennemis sont enfermés dans ses prisons, étant avilis a cause de leur mauvais sort. Malgré l'opinion de Sukâkî, les auteurs du Talkhîs et du Mutauwal ont compté cette figure parmi les varié- tés de l'antithèse, ce qui paraît plus exact, puisqu'elle exprime, en effet, l'opposition et le contraste. SECTION II. Convenance, » -•■- Cette figure, nommée proprement j. JâJI iLot^», ce qui signifie avoir égard aux analogues, et aussi appelée t&y ou accord, consiste à réunir dans le discours des choses 1 Sur. ix, veis. 83. — 85 — qui ont entre elles un rapport de contenance et non de contraste et d'opposition. Le vers suivant d'Anwarî en offre un exemple : j, — ii îj^ — ^ ^.j ^X.^j J_S^ àS'y^ LJL» « L.V-ii. \^s~~) I ,^J, a,ha yJ aS fia vJ^^T^ . » LX*o aJ éclianson, lève-toi ! car la rose s'est épanouie et a fait honte à la constellation d'Orion ; le jardin est le paradis; le vin, l'eau du Kauçar; et le platane, le tuba. Insinuation de la convenance, v^wLj ^L^jI. Cette figure consiste à mentionner deux choses en se servant de deux expressions différentes dont Tune a deux sens, celui qu'on a en vue, et l'autre qu'on n'a pas en vue, mais qui est en rapport avec le sens de la pre- mière expression; comme dans ce passage du Coran 1 : ^jljus"**?,^sr^j C^J jL^sr^^aJij ^v^iJIj « le SOleil et la lune se meuvent d'une manière calculée, les plantes et les arbres se courbent pour adorer Dieu. » Ici le mot ^ est pris dans le sens de plante, ou plu- tôt d'herbe sans tige, par opposition à ^, qui ex- prime un végétal ayant une tige, et on n'a pas en vue sa signification plus ordinaire d'étoile, signification qui s'accorde néanmoins avec la mention du soleil et de la lune. Le vers suivant de Khâcânî offre un aut/e exemple de cette figure : 1 Sur. lv, vers. 4 et 5. Ton soufûe embaumé fait parvenir à l'odorat de tous, dans le monde hexagone, le parfum du muçallas. Ici le mot JlJ^ est employé pour désigner un parfum qui ressemble à l'encens, et on n'a pas en vue l'autre sens plus ordinaire de ce mot, à savoir la figure de géo- métrie nommée triangle; mais ce dernier sens est en rapport avec le mot ^-jL*», hexagone. SECTION IV. Ressemblance ou conformité, aJ& li»/». Cette figure consiste à exprimer une chose par le nom d'une autre chose, parce que les choses dont il s'agit sont mentionnées ensemble. Les passages suivants du Coran 1 offrent des exemples de cette figure : £~ *Kaj f&\ j&j tjj&j ï~* « la rétribution du mal est le mal; ils trompèrent, et Dieu les trompa. » Dans ces deux versets, les mots &*«, mal, et^&, trom- perie, ont le sens de w>L\s, punition, parce que ces expressions ont été employées par conformité, d£li~», avec le mal et la tromperie qui ont eu lieu de la part des infidèles. Ainsi le sens du premier verset est celui-ci : « La rétribution du mal est la punition; » et celui du second est : « Les infidèles usèrent de ruse, et Dieu les punit. » 1 Sur. xlii, vers. 38; et Sur. m. vers. 27. 87 — Le vers suivant de Sâïb 4 offre un troisième exemple de cette figure : Il vaut mieux pour le derviche que les lèvres de la demande soient cousues, que de faire des reprises a son froc. Par « la couture des lèvres » le poëte a voulu exprimer le silence, et son intention est de le recom- mander. SECTION V. Accouplement, te±yy>. Cette figure consiste à exprimer d'abord deux choses en rapport de condition, l>Ji», et de rétribution, Jj~^ (à la condition), puis à employer la même combinaison pour deux autres choses. Le vers suivant de Faquîr en offre un exemple : Lorsque tu me vois, ta douceur se change en colère; lorsque je te vois, ma patience se change en agitation. Le but du poëte, dans ce vers, c'est de mettre en re- lief la différence de l'état de la maîtresse et de celui de 1 Mirzâ Muhammad Alî Sâïb (woLs)Tabrézî, c'est-à-dire de Tauris, est un poëte persan très-distingué, et dont leDîwân jouit d'une assez grande célébrité. Il vivait dans le xvn e siècle de notre ère. (Voyez Hammer, Redek. Pers. pag. 393.) — 88 — l'amant, et il a employé, à cet effet, la figure de rhéto- rique nommée ^jj>. Indication, 3L*>ii t Cette figure, qu'on nomme aussi m&»3, jet d'une flèche 1 , consiste à employer au commencement d'une phrase une expression qui fait comprendre qu'une autre expression terminera cette phrase. Eu voici un exem- ple dans ce passage du Coran - : ^ 3 pfrJ^J ^ j^ ^>j \Jj^*ï, pfc" 1 *' ly^ (( Uieu n'était pas capable de les traiter injustement, mais ils se traitaient injustement eux-mêmes. » Ici, l'emploi dans la première partie de la phrase de l'expression traiter injustement, annonce l'emploi de la même expression dans la seconde. Dans le vers suivant, qui est tiré d'un cacîda d'Amru ben-Madîkarb*, il en est de môme pour le mot ^u^î : 1 Cette expression a quelque analogie avec celle dont on se sert quelquefois en français lorsqu'on dit : « Il a jeté une pierre dans son jardin, a pour signifier : a 11 lui a adressé indirecte- ment un mot piquant ». 2 Sur. ix, vers. 71 . 3 Ce poëte était fils du plus vaillant des Arabes, Madikarb, qui vivait sous Omar, le deuxième khalife. Son épée, la plus célèbre, à cette époque, de tout l'Orient, se nommait Somsûm A^^^£>, et no&e poëte en hérita. (DTIeibelot, Bibl. or. etc.} Lorsque tu ne peux réussir dans une affaire, abandonne-la et passe à ce qui t'est possible. SECTION VII. Rebours, ,»*«£». Cette figure, qu'on nomme aussi JjJ^' ou inversion, consiste à mentionner une chose avant une autre, puis à mettre la dernière avant la première et celle-ci à la place de la dernière, comme dans ce passage du Coran 1 : Ji* ^ vjuiî ç'y^j v ^r" c/ 8 ^5 pj^' (( ^ ^ re * e vivant du mort et il tire le mort du vivant » ; et dans ce vers d'Anwarî : ^j5 j^-. v _JS i_A«/.-^— 2> i J 3 --. J'ai un cœur qui sympathise toujours avec le chagrin ; j'ai un chagrin qui sympathise toujours avec le cœur. section vin, Retour (sur ce qui a été dit), V Cette figure consiste à annuler une chose qu'on d'abord dite, et à l'appliquer à un autre objet pour en tirer un bon mot ou une expression heureuse. Le vers suivant d'Ansarî 2 en offre un exemple : 1 Sur. xxx, vers. 18. 2 Ansarî est un des poètes persans auxquels on donne le titre de Malik uschschuarâ ou roi des poêles. Il vivait dans la première moitié du n e siècle. (Voyez Hammer, Redek Pers. pag. 46.) — 90 — jp~ > iOj ùtj ïL» àjj *y~> *2*.j 5*3 SL» *^. »L» ^j — ! — ^J j^> 3 •. — , ^b-J L^-3 Elle était comme une lune et un cyprès; non, elle c'était ni une lune ni un cyprès, car le cyprès n'a pas de robe et la lune ne se serre pas avec une ceinture. Le but du poète, en revenant sur ce qu'il a dit, c'est d'exalter la femme qu'il aime au-dessus de la lune et du cyprès. SECTION IX. Dissimulation, m , ù>. Cette figure, qu'on nomme aussi flgl, insinuation. c'est-à-dire insinuer ce qu'on veut dire, le faire conjec- turer, consiste à employer une expression qui ait deux significations, une prochaine, et L'autre éloignée, et à employer cette expression dans sa signification éloignée, en B'appuyanl sur une analogie cachée, ^dw dJ, Il y en a deux espèces : 1° celle qui est dépouillée, *ïjs^, de ce qui pourrait indiquer le sens qu'on a en vue ; 2° celle dont le sens découle, ass^v, du contexte. On trouve un exemple de la première dans ce passage du Coran 1 : ^>y~>\ \J*yù\ ^ ^f^)^ (( I e miséricor- dieux s'est assis sur son trône. » Ici le mot ^y~>\ est pris dans le sens de ^~~^, dominer, être au-dessus de, etc., mais cette signification est éloignée, car ^£j3t~' signifie proprement être égal ou pareil, et elle n'est indiquée dans le contexte par aucune expression qui convienne à ce sens. 1 Sur. xx, vers, i. — 91 — On trouve un exemple de la seconde espèce dans cet autre passage du Coran 1 : Jjb ULyj J-^Jij, « nous ayons bâti le ciel avec puissance ». Ici le mot jj, dont jjÎ (^^jI) est le pluriel, mot qui, au sens proche ou propre, signifie main, est pris dans le sens éloigné ou figuré de puissance, et l'expression LaL^ convient à cette dernière signification. Asservissement, JjisLJ. Cette figure consiste à paraître vouloir employer dans un sens une expression qui a deux significations, et à rappeler l'autre sens par un pronom qui se rapporte à cette expression ; comme dans ce vers arabe : L J I *o.c i U_; o A* 8 1 L«\_e . Lorsque la pluie tombe sur la terre d'une tribu, nous avons fait paître cela, quoique cette tribu fût en colère contre nous. Le mot *Lf~>, ciel, est pris ici dans un sens métapho- rique pour signifier pluie, et le pronom suffixe, qui dans l'expression sL^j se rapporte, z 2 ^;, à ce mot, est pris pour les plantes, olJ. Réunion et dispersion, viWj .ô) . Cette figure consiste à exprimer d'abord différentes 1 Sur. li, vers. 47. — 02 — choses d'une manière ou détaillée, xôw, ou sommaire. ^$f, puis à mentionner, sans désignation particulière, ce qui se rapporte à chacune d'elles. Dans le premier cas, elle est ou régulière, w^, ou irrégulière, yi w*V . Elle est régulière, lorsque l'arrangement de la première partie de la phrase, c'est-à-dire de la réunion, jjJ, est conforme à celui de la seconde partie ou de la dispersion, y^i ; comme dans ce vers de Mukhtarî : i * B Le ouage, le Qrmaraent, les astn s, l'Océan, la pluie, ne sont pas comparables à sa bonté, sa majesté, son habileté, son carac- tère, sa générosité 1 . 1 Ce n'est pas seulement flans l'Orient musulman que cette Bgure est employée : En voici doux exemples tires de Pope, Essai sur Phe 1 2 Annual for me the grape, tlic rose renew, The juice nectarious,and the balniy dew. Épit. I, v, vers 135, 13C. How sliall lie keep, what sleepîng or awake, A weaker may surprise, a stronger take ? Epit. III, vr. En voici deux autres de Byron : But place again before my eyes Aught that I deem a worthy prize ; \ 2 The maid I love, the nian ï hâte, And I will hunt the stcps of fate, 1 2 To saye or slay, as thèse require, Through rending steel and rolling fire. The Giaow. — 93 - La meilleure variété de cette ligure est celle qui con- siste à réunir plusieurs réunions et dispersions, J^»- jàôj ^3, de façon que chaque dispersion, ^$j^> y, soit réunion, v ^, pour l'autre dispersion, j5o yS> ^\y % . En voici un exemple tiré de Firdaucî : ; ; J àJ a vJ^.*«Xd. a. J.J O a v^J k-J J._J,_„«>j jj-^-. J ^^^^jj--^v^- j Ce héros illustre, au jour du combat, avec son épée, son 3 i i 2 _ 3 poignard, sa massue et son lacet, tailla, déchira, brisa et lia aux braves la tête, la poitrine, les pieds et les mains. Et dans ce vers de Maçûd-i Saad, où il y a quatre ^3) jJj, qui se terminent par un cinquième : ^L_J il )_a ,jJj.-J ^-J J.--ÎJ J ÏJ-ÎJ j! Que l'esprit et le cœur de ton ami et de ton ennemi soient toujours par la promesse ou ta menace, pleins de lumière ou de feu. La réunion et la dispersion est irrégulière, lorsque l'ar- Aud clouds aloft and tides below, With signs and sounds, forbade to go. The Bride of Abydos, canto Et un enfin de Shakespeare : An oven that is stopp'd or mer stay'd Burneth more hotly, swelleth with more rage. Venus and Adonis. — 94 — rangement de la réunion, ^3, est contraire à celui de la dispersion, yJ, comme dans ce vers de Pigânl ' : Du bien-être au cœur et de l'éclat aux yeux; c'est ce que donnent la vue des belles pareilles au soleil, et le vin du matin. Ici l'éclat des yeux, »JuO i 3 jh, se rapporte à la vue.l «taj<>, des belles, et le bien-être du cœur. *Ls J:. au vin qu'on prend au matin. f+* v*!/^' Il convient actuellementSle citer des exempb s de la réunion et dispersion sommaire, J^°- En voici d'abonj un tiré du Coran 2 : ^ ^ )i\ iia^' JâJj ^3 yiip v^'w^j ^ bja> « ils ont dit, il n'entrera en paradis que ceux qui auront été juifs ou chrétiens »; ce qui signifie, en le développant : « Les juifs ont dit : il n'entrera en paradis que ceux qui auront été juifs; et les chrétiens ont dit : il n'entrera en paradis que ceux qui auront été chrétiens. » En voici un autre emprunté à Mukhtarî : jt 6 ?L à. jjj ) j-> S-Xj J-) y— Les deux côtés de son calam qui a été taillé sont le bien et le mal, la douleur et le remède. 1 Bâbâ Figânî Schirâzî, poëte natif de Schirâz, ainsi que l'in- dique son surnom, vivait vers la fin du xv e siècle et au com- mencement du xvi e . (Redek. Pers. pag. 391.) 1 Sur. ii, vers. 105. — 95 — Le poëte veut dire par là que le calam produit à la fois le bien et le mal, la douleur et le remède* SECTION XII. Association, a?-. Cette figure consiste à réunir différentes choses dans une même appréciation, comme, par exemple, dans ce passage du Coran 1 : LJjJ! i^J' k>j .or^'j ô^ (( les richesses et les enfants sont l'ornement de la vie du monde ». Ici, en effet, les richesses et les enfants sont rangés dans la même catégorie. Il en est de même dans le vers suivant d'Abdul Wâcî pour les six choses qui sont mentionnées dans le second hémistiche : De sa part, tout aujourd'hui a été agréable à mon cœur : donner et recevoir, le bien et le mal, le plus et le moins. SECTION XIII. Distinction ou séparation, ,£> J&\ Cette figure consiste à distinguer et à séparer deux choses qui sont d'une même espèce, comme dans ce vers de Faquîr : JjP- *)W. jb-5 v' *%* {ji) 1 Sur. xviii, vers. 44« — N — D'ici il tombe de l'eau, de !;i il pleut du Bang. Telle est la différence entre mes cils et le nuage printanier. non \:v. Dislribut Cette figure consiste à mentionner d'abord diff< n choses, portions de choses ou circonstances d'une i et à leur assigner ensuite ce qui >'y rapporte i ment. L;i différence entre cet .. qu'on nomme réunion et dispersion. >~-' ; w qu'ici on men- tionne les attributions, j^b^-J*, de chaque chose put- voie d'assignation ou de désignation, ^^ : . ce qui n'a pas lieu pour l'autre figure, ain?i qu'on l'a \uaupa- ravant. Les vers suivants d'Abdul Wâci Jabali fournirent un exemple de cette Qgure : à±4 ,J JL~J v - S - I .M tj ' - O JU-,1 JJ O^J* ^^ i doigts sont faits pour donner, sa lance pour agir; on le rencontre dans les réunions joyeuses, et son drapeau se voit dans champ de bataille. A cause de la première qualité, il répand ses bienfaits ; à cause de la seconde, il ôte la vie ; par la troisième, il est un capital de bonheur; par la quatrième, un gage de vic- toire. On voit qu'ici le poète a mis en rapport, sous le point — 97 ^ de vue de la générosité, les doigts de la personne dont il parle, avec la distribution des bienfaits; sa lance, à cause de la manière dont elle s'en sert, avec l'action d'ôterlavie, etc. Une autre variété de cette figure consiste à énumérer complètement les différentes faces de la chose dont il s'agit, comme dans ce vers d'Ansarî : .Lwa-cs. »i aJwo U tës^S b kJÀ-zS b De toutes façons, tes ennemis sont malheureux ; ils sont, en effet, ou tués, ou mis en fuite, ou renfermés dans ta forteresse. Dans le second hémistiche de ce vers, le poëte énu- mère, comme on le voit, les différents genres de mal- heur auxquels peuvent être en proie les ennemis du héros qu'il célèbre. SECTION XV. Association et séparation, ^ j&j *&. On réunit quelquefois ensemble deux des figures nommées association, », séparation, ^^, et distri- bution, waj"; on peut même les réunir toutes les trois. La réunion des deux premières consiste à comprendre dans une même appréciation différentes choses, puis à les séparer, en exposant leur point de vue respectif, comme dans ce vers de Raschîd-Watwat * : 4 Khâja Raschîd uddîn Watwat est un poëte persan, quoique le vers cité ici de lui soit arabe. Il est, entre autres, auteur d'un masnawî intitulé Misbâh, -X^oa, J. de Hammer en parle dans son Histoire de la littérature persane, pag. 109. 7 — 1)8 — Ton visage est pareil au feu par son éclat, et mon cœur est pareil au feu par sa chaleur. Ici l'auteur réunit, dans une même comparaison avec le feu, le visage de celle qu'il aime et son propre cœur, mais il indique ensuite la différence du point de vue de la comparaison. Association et distribution, *~~i3j p.^. Cette figure consiste à associer d'abord diverses choses dans une même appréciation, puis à rapporter chacune de ces choses à un objet particulier, comme dans ce quita d'Anwarl : Si le désir de la louange et l'amour de ton auguste beauté produisent de l'effet sur le règne végétal, la première chose procurera la faculté du langage à la langue muette du lis, et la seconde donnera la vue aux yeux inertes du narcisse. Dans le premier vers, le poëte a associé le désir de la louange et l'amour de la beauté à l'action de produire de l'effet, et dans le second, il a rapporté chacune de ces deux choses à un objet particulier. On place quelquefois la distribution, ^sJ, avant l'association, », comme dans ce vers de Nâdim Guilânî : J'ai fait un froc et Alexandre a fait de la fortune son oreiller avec le même drap que le sort nous a donné à l'un et a l'autre. SECTION XVII. Association, séparation et distribution, *^iL!)j ^jàJJj a^. Il n'est pas aisé de joindre ensemble ces trois figures dans la même phrase, on en trouve cependant des exem- ples. En voici un tiré de Khâcânî : *ju,ta L* îj f U j\j jJL> \j Jjl.^ sj>jT ^1 La compagnie m'a donné deux feux pour fruits, un silex et un cep de vigne. Le premier allume le réchaud, et l'autre 1 illu- mine la coupe. Ici l'association, », consiste à avoir réuni deux feux dans la même idée de fruits; la séparation, Jf^, à avoir dit que l'un est une pierre et l'autre un arbre ; enfin la distribution, ^~&, se trouve au second hémi- stiche. 1 C'est-à-dire le vin. — 100 — SECTION XVIII. Dépouillement ou dépossession, Jo .sr', Cette figure consiste à retrancher, 9^\ d'une chose qui a un qualificatif, une autre chose pareille à la pre- mière quant à la qualification, dans l'intention d'aug- menter la valeur de ce qualificatif pour la chose de la- quelle on fait le retranchement, aJ^ *)s4t. L'auteur que je suis donne pour exemple de cette figure le vers sui- vant d'Anwarî : *LLA tïjS J-JU ^bjO-j ^\ toi qui nages dans l'océan de l'intelligence et qui es instruit du bien et du mal de ce monde ! A cet exemple, je vais enjoindre un autre, emprunté au Dictionnaire des définitions, o 1 ^*;, de Jorjânî 1 . Cet exemple, qui fait mieux comprendre que le premier l'application de la théorie développée ci-dessus, est la phrase arabe suivante : ^ ^ji^^> j^ tf S- (( J ' a i> dans un tel, un ami pour qui j'éprouve une grande affection. » On voit en effet qu'on retranche ici d'un objet, auquel on attribue une qualité, à savoir d'un in- dividu à qui l'amitié est attribuée, un autre objet, c'est-à-dire l'ami, Jfjxdl, qui est pareil à cet individu, jj^, quant à cette qualité, et en cela le but de l'écri- vain est d'exprimer l'excès, a*)L4!, de la perfection dans 1 Tarifât, page 54 de 1" édition de Flûgel. — 101 - l'amitié de la personne, ^%, dont il parle en premier lieu. SECTION XIX. Hyperbole acceptée, Jj^» a*5L». Cette figure consiste à exprimer l'exagération d'une qualité dans la force ou dans la faiblesse, ce qui ne peut avoir lieu que par voie d'invraisemblance, JjwuJ, ou d'impossibilité, e.b&»t, c'est-à-dire en plaçant cette qua- lité dans les dernières limites de la force ou de la fai- blesse, au point qu'on n'y puisse trouver un degré de plus. On compte trois espèces d'hyperboles, ax)L», qu'on distingue par les noms de Mo, (jj/^ et^U. La première, c'est lorsque l'hyperbole exprime une chose possible, tant sous le point de vue de l'esprit, Jie, que d'après l'usage, O^bc, comme dans ce vers d'Açadî : Je garde si bien ce secret jour et nuit, qu'il ne pourra sortir de mes lèvres qu'avec ma vie. La seconde, c'est lorsque l'hyperbole énonce une chose possible quant à l'esprit, mais impossible d'après l'expérience, comme dans ce vers de Urfî*. 1 Célèbre poëte persan natif de Schirâz, qui vivait au x e siècle. — 102 — r ' ^- u Mon ennemi m'a vu /rai/e selon son désir, et son cœur en a eu compassion. Dieu fasse qu'à son tour il ne soit jamais traité comme je le souhaite ! Il n'est pas ordinaire que lorsqu'une personne voit son ennemi dans l'état qu'elle désire, son cœur en soit affligé. Toutefois, l'intention du poète est de dire : « J'ai été tellement traité comme mon ennemi le désirait, que son cœur même en a été ému. a Or, ceci peut bien être conçu par l'esprit, mais n'est pas conforme h l'habitude. La troisième, enfin, c'est l'hyperbole que l'esprit ne peut pas admettre, et qui est contraire aussi à ce qui a lieu ordinairement. Le vers suivant en offre un exemple 1 : Tu as tellement rempli de terreur les polythéistes, que ceux mêmes qui ne sont pas encore formés dans le sein de leur mère te craignent. Cependant l'esprit peut quelquefois admettre en quel- que chose l'hyperbole dont il s'agit : 1° quand on em- ploie une expression qui rapproche l'hyperbole de la vérité, comme dans ce rubâî de Kamâl-i Ismaïl. 4 Selon Mirzu Tantawî, ce vers est d'Abû Nawâs, dont le Diwân se trouve dans la Bibliothèque du Musée asiatique de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. - 103 — O .1 *^-J à_X_3 J,j ^_^j cr lJJ ! »^j ,j^ A^l ^^ vJU*^ *y à 3 &XJ LaÇS Celui qui a dessiné ton visage n'a pas à craindre de reproche, puisqu'il a fait le mieux possible l'œuvre de ta beauté. Ta per- sonne, de la tête aux pieds, est telle qu'il convient; on dirait que quelqu'un en a ordonné l'exécution d'après son désir. Il est éloigné de l'esprit et contraire à ce qui arrive ordinairement, que la création d'une personne ait lieu d'après le désir d'une autre. Toutefois, le mot by , on dirait, qui est dans le quatrième hémistiche, associe l'hyperbole à la vérité. 2° L'hyperbole nommée J& peut être admise partiel- lement par l'esprit, lorsqu'elle exprime une idée fantas- tique, mais distinguée par la délicatesse et l'élégance, comme dans ce vers, de Mukhtarî de Gazna, à la louange d'un cheval : Il est si rapide dans sa course, que, lors même qu'il passerait sur les paupières des yeux d'un homme endormi, il ne le réveil- lerait pas par le contact de son sabot. 3° Enfin, l'hyperbole dont il s'agit peut être agréée sous quelque rapport par l'esprit, lorsqu'elle est expri- — 104 — mée sous forme de plaisanterie, Jj», comme dans ce vers de Kalîm ! pour critiquer un cheval : », j ï^b a f t , \ UL C_jÏj^ J à — J jj 4 S — 9jJ J>jh ^j\y Uj grand prince, ce cheval que tu as donné à ton serviteur pour un voyage n'a jamais pu, à cause de sa faiblesse, mettre le nez h l'air. Il se rassoit sur sa croupe après s'être relevé d'une bronchade. Tu dirais que Kalîm monte le manche d'un fléau. .SECTION xx. Ordre ou règle du discours, AS" , ^.L». L'auteur du Tarifât nomme cette figure, ~/*^T w~»x», ce qui a le même sens que l'expression employée au titre de cette section. Elle consiste à insérer dans le dis- cours la preuve, JJ->, et la démonstration, j^, de ce qu'on veut affirmer, conformément à l'usage de la scho- lastique, d'après laquelle tout discours doit être une argumentation. S'il comprend une comparaison, J~*ï, 4 Abu Talib Kalîm Hamdânî, c'est-à-dire natif de Hamadan, en Perse, a été surnommé « le rossignol du jardin de la littéra- ture » . Il étudia à Schirâz, puis il vint en Hindoustan et fré- quenta la cour de Schâh Jahân. Il mourut en se rendant en Cache- myr. Il est auteur de différents ouvrages en vers et d'un Diwân. (Newbold, Brief Notice of ihe Persian poels.) — 105 — il rentre dans le syllogisme, ^L3, proprement dit, et on le nomme règle ou ordre juridique, -fë w^kL» 1 . On trouve un exemple de ce qu'on appelle la règle du discours dans ce passage du Coran 2 :^i\ SL^JI L^J ^J \j^Jô b&\. « S'il y avait dans le ciel et sur la terre d'autres dieux que Dieu, certes le ciel et la terre se- raient en désordre. » Puisque le désordre du ciel et de la terre, désordre qui aurait lieu avec la pluralité des dieux, n'existe pas, ce dont ce désordre dépendrait n'existe pas non plus. La marche de l'argumentation est ceci : s'il y avait plusieurs dieux, le ciel et la terre seraient en désordre ; or, comme le ciel et la terre ne sont pas en désordre, il s'ensuit qu'il n'y a qu'un dieu. Le vers suivant d'Anwarî offre un autre exemple de cette même figure : * — )L c v JLS O y àS $y>'jZJi y \\ x-p\ yf U ^jLa. £ ^^J\ j^v^j \jX?* On ne peut se passer de toi, car tu es l'âme dans le corps du monde, et il est certain que l'âme est indispensable. Dans cet exemple, la forme de l'argumentation est * A ce sujet, Schams-uddîn entre dans des développements que je ne crois pas devoir reproduire ici, et il cite, comme exem- ple des phrases dont il s'agit, l'argumentation suivante : Aa*j» jtyà* i£j~> ^mJ wvwi ajL» !&j~>j AiAj j$Ja* ww> ^b àjbu. « Tout ce qui est liquide est propre à laver; or, le vi- naigre est liquide : donc il est propre à laver. » 2 Sur. xxi, vers. 22. — 100 — celle-ci : tu es une ûme dans le corps du monde; or, le corps ne peut se passer d'une âme, donc, le monde ne peut se passer de toi. SECTION XXI. Éloquente indication de la cause, J-Jlxj* , . iW ^ . Cette figure consiste à attribuer à une qualité, Ju^j, une cause, Jw, qui s'y rapporte. Or, cela peut avoir lieu de deux manières. Si cette qualité est réelle OU taine, wo'J, le but qu'on se propose par l'exposition de la cause, c'est de prouver, v^Lît, que cette qualité a cette cause. Si la qualité es: incertaine, Ç-'^_5 \$ ^o 3jv^—> j3 »^)l ^j± ^j L'aurore a répandu des larmes de sang en se séparant de la nuit, et c'est pour cela que son visage a paru couleur de sang. La cause de la couleur rouge de l'aurore, c'est le cré- puscule ; mais le poëte l'a attribuée au regret que la sé- paration de la nuit fait éprouver à l'aurore, et qui lui fait verser des larmes de sang. Je citerai ce vers d'Anwarî comme exemple de la se- conde espèce : Comme ton œil a versé le sang des amants, tes cheveux ont adopté la couleur du deuil. La noirceur des cheveux est une qualité certaine, mais sa cause n'est pas connue d'une manière évidente. Ici le poëte lui en attribue une d'autant plus spiri- tuelle, qu'il le fait au moyen d'une comparaison et d'un trope. Actuellement, voici un exemple de la troisième es- pèce : censeur, toi dont la critique a été avantageuse pour moi, ta crainte a sauvé de la submersion la prunelle de mon œil 1 ! 1 C'est-à-dire, la crainte de ta censure ne m'a pas fait pleurer. — 108 — Il est bonde remarquer, au sujet de cet exemple, qu'il est possible que le mal que veut faire un critique devienne un bien à l'égard de la personne qu'il attaque. Toutefois, comme généralement le mal ne se change pas en bien, le poète a indiqué, dans le second hémistiche du vers qui vient d'être cité, la cause pour laquelle le mal qu'a voulu faire le critique s'est changé en bien. La transformation du mal en bien est une chose ou une qualité, Lîî, et la rendre possible, j&', le poète y a assigné une cause dans son second hémi- stiche. SECTION XXII. Energie de la louange par le semblant du blâme, Cette figure est de deux espèces. La première, c'est lorsque, d'une qualité blâmable qu'on nie dans une personne ou une chose, on excepte une qualité louable — 109 — sous l'apparence du blâme et de manière à faire en- trer la louange dans le blâme, comme dans ce vers de Nâbiga : Il n'y a rien de défectueux parmi eux, si ce n'est que leurs épées sont ébréchées, par suite des combats où elles ont été em- ployées. On voit qu'ici le poëte nie d'abord que les hommes dont il s'agit aient aucun défaut ; puis il tire, par ma- nière d'exception, du défaut même dont il a nié l'exis- tence, un motif de louange sous forme de blâme, en rappelant la bravoure de ces hommes dans leurs fré- quents combats. Par cette manière de s'énoncer, le poëte loue d'abord, puis il blâme, puis, par l'exception qu'il ajoute, il exprime l'énergie de la louange. La seconde espèce, c'est lorsqu'on donne à une per- sonne ou à une chose une qualité louable, *^^ w*à*», et qu'on ajoute à cette première, sous forme d'exception, une autre qualité louable, laquelle, selon les rhéteurs persans, doit avoir plus d'énergie que la première. On cite comme exemple le hadîs suivant : wyJI ^23 i Lit if*Lj* f^f v3> S~*J «Je suis le plus éloquent des Arabes, si ce n'est que je suis de Goraïsch 1 . » Les rhétoriciens persans admettent une autre espèce de cette figure; c'est lorsque, au premier abord, la 1 On sait que cette tribu était la plus noble et la plus civilisée des tribus arabes — 110 — phrase paraît exprimer le blâme, mais produit, en effet, le superlatif de la louange, comme dans ce vers de Saadî : Tu peux bieu ne pas retourner à la porto do Saadî, mais tu ne peux pas sortir de son esprit. Il semble que l'expression du second hémistiche, « tu ne peux pas sortir », exprime la faiblesse; mais le but du poète est cependant de relever par là les charmes et l'amabilité de la personne dont il parle. SECTION XXIII. Energie du blâme par le semblant de la louange. _j4! ly Ail j Cette figure est aussi de deux espèces, comme la pré- cédente. La première consiste à nier dans une personne ou une chose une qualité louable, puis à excepter de cette qualité, dont on nie l'existence, une qualité blâ- mable, comme lorsqu'on dit, par exemple : j^ ^ j^i aJI ^-oJ ^p J,î %»o ai! b3l aJ a 11 n'y a rien de bon dans un tel, si ce n'est qu'il fait du mal à ceux qui lui font du bien ». La seconde espèce consiste à attribuer une qualité blâmable à une personne ou à une chose, puis à ajou- ter, à la suite de cette qualité, un autre blâme sous forme d'exception, comme lorsqu'on dit : bîl Jjdj ^^ — 111 — JaL>. aj-1 « un tel est un libertin, si ce n'est qu'il est fou ». Pour ces deux qualificatifs, on peut employer, au lieu d'une particule dj exception, L&ui, une particule de restriction, dJîjJ^J ; ainsi on peut dire, par exemple : ^i^Lâ à^Si JaL^ j2> « il est fou, mais il est libertin » . Les poètes persans emploient une autre variété très- éloquente de cette figure. Elle consiste à attribuer d'abord une qualité louable à une personne ou à une cbose, puis à joindre à cette qualité une circonstance telle que cette louange se change en un blâme réel, comme dans ce vers de Kalîm * : Mon obéissance envers Dieu 2 ira même vers les cieux au jour du jugement, lorsqu'elle sera, avec ma rébellion 3 envers Dieu, dans les deux bassins de la balance. SECTION XXIV. Succession 4 , &Lx_x*J. Cette figure consiste à donner à un individu ou à une chose une louange telle qu'il en résulte une autre louange, comme dans ce vers de Mutanabbî : 1 Sur ce poëte, voir une note précédente, page 104. 2 En accomplissant mes devoirs, c'est-à-dire « mes bonnes actions ». 3 C'est-à-dire « mes mauvaises actions ». * Ou plutôt « faire succéder, faire suivre ». — 112 — j Il ^ ^JLjLj LJjJI vj^-j^p Tu as dévasté une telle quantité de net àet mnemtt, que, si tu les réunissais ensemble, le inonde ne pourrait que délirer la prolongation indéfinie de ton existence. Le but du poète est ici de louer la personne dont il s'agit quant à la bravoure, car ce n'est qu'un guerrier et un brave qui dévaste les vie.-. Quant à la seconde louange, elle consiste à dire que le monde désire la prolongation indéfinie de la vie de ce brave, parce que son existence est un gage d'ordre et de paix pour le monde. SECTION XXV. r.nveloppement, ~LO», Cette figure consiste à tirer d'une expression deux sens dont le dernier ne soit pas évident. Elle diffère de la précédente en ce que cette dernière n'est usitée que pour louer, tandis que celle dont nous parlons actuelle- ment a un emploi plus général. Elle diffère aussi de Y insinuation. **$>}, où on emploie une expression qui a deux ou plusieurs sens, tandis que, dans la figure dont il s'agit ici, c'est de l'ensemble du discours que doivent résulter les deux sens. Le vers suivant de Jâmî offre un exemple du ^-Loi. y (j ^ ?~^ ji J" j ^l?^ !r-" ■*■*' ^ S & J ^ — 113 — Je désire retirer de mon cœur tes dards ; mais mon cœur ne veut pas se prêter a mes efforts. « Les dards ne sortent pas du cœur », ou bien « mon cœur ne veut pas que je les en retire » ; telles sont les deux choses qui résultent de l'ensemble du vers. SECTION XXVI. Double face, à^-y. Cette figure, qu'on nomme aussi .j^^l Jv^j c'est- à-dire, « possédant les deux choses opposées », con- siste à ce que le discours qu'on emploie puisse se pren- dre dans deux sens opposés l'un à l'autre, comme, par exemple, dans ce vers arabe où il s'agit d'un borgne nommé Amrû : 'Amrû 1 m'a cousu un manteau. Plût à Dieu que ses deux yeux fussent pareils ! C'est-à-dire, qu'il soit clairvoyant des deux yeux ou aveugle. Les deux sens peuvent être admis. SECTION XXVII. Le plaisant en vue du sérieux, J^ 5 ; > vous qui faites tant de bruit, nu deuil qu/i suivra. N'ayez aucun rapport avec la prostituée du monde l , et songez au mal de l'enfer. On voit qu'ici le poëte donne des conseils très-sérieux sous une forme légère. SECTION XXVIII. Dissimulation, «VjLJI J^W 5 ^ *• Sukakî nomme cette figure tjf (jL-* f jM! L^, attendu que ce nom d'action arabe signifie proprement paraître ignorer, et que cette expression est inconvenante, en parlant de Dieu. Le double nom de cette figure indique en quoi elle con- siste, et il est facile de voir que parla on veut mettre en relief un bon mot ou une expression heureuse. L'auteur 1 C'est-à-dire, « avec le monde aussi vil qu'une prostituée». Dans le chapitre xvn de l'Apocalypse, en compare aussi Babylon^, ou plutôt Rome païenne, à une prostituée assise sur une bête à sept têtes, lesquelles représentent les sept collines de Rome. 2 A la lettre, « paraître ignorer ce qu'on sait ». — 115 — du Tarifât cite l'exemple suivant, qui est tiré du Coran * : ~^ JbLto Ja) Si)} J\ Lilj « Nous OU VOUS, nous sommes dans une bonne voie ou dans un égare- ment manifeste » . En voici un autre exemple dans ce vers de Schâpûr 2 : j-*» j~j ç-A jjjj ^JuJ» v r x^ à-Cjï {Jy^ \j J juJ MtJ S j OU-»! ^ *^ ^ *î àS" Est-ce bien que tu me tues pendant la nuit et que pendant la journée tu Tiennes auprès de moi en disant : « Hélas, quel est cet homme et qui l'a tué?» Il est évident que, par cette ignorance feinte, le poëte veut parler ici delà personne qu'il affectionne. SECTION XXIX. Indication du motif, v-^o^lb J_^s. Cette figure consiste à se servir d'une expression em- pruntée au discours d'une personne et à lui donner un sens différent de celui dans lequel elle avait été em- ployée, comme dans ce vers d'Anwarî: Tu te plains que mon cœur n'éprouve pas d'amour pour toi. Tu dis vrai, car c'est mon âme qui est animée de ce sentiment. 1 Sur. xxxiv, vers. 23. 2 Arjasp Schâpûr. Ce poëte, dont les noms annoncent un sectateur de Zoroastre,est, entre autres, auteur d'un Diwân dont la Société Asiatique de Calcutta possède un exemplaire. — 110 — SECTION XXX. Gradation, àULt 1 . Cette figure, qu'on nomme aussi •jjt' > louange exa- gérée, consiste à mentionner le nom de la pers Q louée et ceux de ses pères dans l'ordre généalogique, en les accompagnant d'épithètes laudatives; comme si on dit, par exemple : ^1 fO ^ tfr ^ *V reux, fils du généreux, fils du généreux, Bis du géné- reux; à savoir : Joseph, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham ». Jàm* dit, en parlant du sultan HuçalD, dans Yûçuf Zalîkha : ^~< fO 01 *' fi/ 1 «*' fi/ « Prince généreux, fils d'un prince généreux, Gis lui- mémo d'un père généreux. » Quelquefois on observe Tordre inverse, ainsi qu'on le voit dans ces vers de Gudcî 2 à la louange de Maho- met, de Fatime, d'Alî et des sept autres premiers imams : l|_aj SA— O « *-J Jl *—Û.--ç>. t-^5 1 C'est-à-dire, « succession de louanges ». 2 Hajjî Muhammad Khân Cudcî Maschhadl est un poète persan qui vint habiter l'Inde sous le règne de Schûh Jahân, dont il reçut l'accueil le plus flatteur. (Xewbold, A brief account of the Pers. poets.) 117 — \J~^ 3 l^cs. j-blcs. u^ h->- * çL M-JI c^j **f - j3>- JpL^ jJb 0^ ^ ^ L'Arabe Mahomet, printemps du jardin de la religion ; Alî, la splendeur des yeux; la belle Fctime 1 , la lumière de la vue; Haçan et Huçaïn, le printemps du contentement de l'esprit; l'ornement des hommes 2 (joie du cœur et flambeau de la direc- tion) ; Bâquir 3 et Sâdic * (l'éclat de la bougie de la chambre du monde), le malheureux de la terre de Khoraçân, Alî, fils de Muçâ 3 . SECTION XXXI. Admiration , ^^sr* 5 . Cette figure consiste à exprimer dans une vue ou un 1 Laj est le féminin de l'adjectif comparatif et superlatif arabe y&\\ t beau,- de là le nom de jjej^ll «^Ut", la belle mosquée, donné à un temple célèbre du Caire. Il ne faut pas confondre, par conséquent, l'épithète de \ys>\ (Zahrâ), belle, donnée à Fatime, fille de Mahomet, avec le nom arabe de la planète Vénus, tj&\ (Zuhra), comme on l'a fait quelquefois. 2 A la lettre, « des serviteurs de Dieu », le poète veut par- ler de Alî, le quatrième imâm, qu'on nomme plus ordinaire- ment Zaïn ul Abidîn, fils de Huçaïn, qui précède immédiate- ment, expression qui a le même sens que celle que le poète a employée. 3 Muhammad Bâquir, cinquième imam. 4 Jafar Sâdic, sixième imâm. s Muçâ est le septième imâm et Alî le huitième. L'épithète qui est ici donnée a ce dernier fait allusion à la fin malheureuse de ce prince, qui mourut empoisonné près de Tous, en Khoraçân. — 118 — but particulier l'étonnement sur quelque chose, comme dans ce vers de Khâcânî : J^ ^ Cette coupe est étonnante et tu dis : On croit voir s'élever l< crépuscule de la lune nouvelle. Ici cette figure est destinée à faire ressortir l'éloge de la coupe comparée à la lune 1 , et du vin comparé au crépuscule. SECTION XXXII. Incidence, -j^y-zS*. Cette figure consiste à employer, avant de terminer le discours, un mot sans lequel le sens serait complet. On nomme aussi cette figure remplissage, y^o., et on en dis- tingue trois espèces : 1 Feu Grangeret de Lagrange, élève et ami comme moi de Silvestre de Sacy, a publié un poëme remarquable sur le vin dans son intéressante Anthologie arabe (p. 82 du texte, et 41 delà traduction). Dans ce poëme, la coupe est aussi comparée à la lune. On y lit : Une coupe pareille h la lune contient ce vin, qui, semblable au soleil, est porté a la ronde par un jeune échanson qu'on di- rait être le croissant de la nouvelle lune. Puis, que d'étoiles bril- lantes paraissent quand il est mélangé avec de l'eau! * Incisum, phrase incidente. — 119 — La première, c'est lorsque le discours perd par là de la grâce; la seconde, lorsque, au contraire, il en est embelli; la troisième, lorsque ni l'un ni l'autre de ces effets n'a lieu. Dans le premier cas, cette figure se nomme mauvais remplissage, ^JLjè*^; dans le second, beau remplissage, Jb^L^ ; dans le troisième, remplis- sage moyen, )&~»y* *£*s±. On ne rencontre pas d'exemples de la première espèce chez les bons écrivains ; les exem- ples des deux autres espèces sont fréquents. En voici un du beau remplissage dans le vers suivant d'Anwarî : Si je ris, ce qui a lieu par extraordinaire, elle dit : Ris-tu de dépit? Si je pleure, ce qui a lieu journellement, elle dit : Verses- tu des larmes de sang? J Ici les expressions vju^^-cj! ^j»* et vJU^jjj *^j, que j'ai rendues un peu librement par ce qui a lieu par extraordinaire et ce qui a lieu journellement, sont ce qu'on nomme ^A*jLc±, parce que le sens de la phrase est complet sans elles et que cependant elles le développent avec art; car elles signifient que la personne dont le poëte parle dit les paroles qu'il lui attribue, quoiqu'il rie très-rarement et qu'il pleure beaucoup; et il a énoncé cette particularité pour relever l'extrême dureté du cœur de celle dont il se plaint. 1 Ce vers se trouve dans l'Histoire de Zehîr uddîn, publiée par M. B. de Dorn, p. 540; mais il_y a une variante dans le premier hémistiche, ^JL i^j r) >• — 120 — CHAPITRE IL DES FIGURES DE MOTS, J^ C^ 9 ' 1! est essentiel de recommander avant tout, aux per- sonnes qui veulent écrire selon les règles de la rhéto- rique, de faire toujours dépendre l'expression Jâi) du sens cj^», et de ne pas accommoder, au contraire, le sens à l'expression. Parmi les figures de mots, on distingue r allitération Ijinâs, (j*^, ou tajnU } ( v~Jv^ J ), c'est-à-dire, propre- ment l'emploi de deux mots pareils, quant à la pronon- ciation, tib, et différents quant au sens, ^**- On en compte plusieurs espèces; il y en a de parfaites, J3j, et de défectueuses, yj^% ainsi qu'on va le voir. SECTION PREMIÈRE. De l'allitération identique, J->^v> iTT^ • On nomme ainsi la figure qui consiste à rapprocher deux mots écrits de la même manière, et qui sont, l'un et l'autre, de la même espèce, py , c'est-à-dire, ou deux noms, +~>\ ou deux verbes, Jjô, ou deux particules, j^ 1 . En voici des exemples : 1 Les grammairiens musulmans ne reconnaissent que ces trois parties du discours dans lesquelles ils font rentrer toutes les nôtres. (Voyez la Grammaire arabe de S. de Sacy, t. I er , p. 123). 121 Le jour où le temps (saat) s'arrêtera, les méchants jureront qu'ils ne sont demeurés qu'une heure (sàat) dans le tombeau. (Coran, xxx, 54 et 55.) Un jeune homme, aux lèvres de sucre, apprenait à jouer de la flûte (naï) pour brûler les cœurs 1 , comme la canne [naï) dont on allume le feu. (Saadî, Bostan, liv. III.) j ^ yJ^ CTO 1 f^ ^ ^ O^ c Je suis pareil a une flûte {naï) dépourvue de son, à cause de ce Naï* dépourvu de son. En effet, personne n'a jamais été charmé par un naï dépourvu de son. (Maçûd-i Saad.) ->J-5 /•) 3~^ r , ~^~' Ojîj J ^x * ^~*j ïjr* ^jj** j-^ f^- *JUi viJv^W» w^jj A cause de la main de ton musicien (joueur de chang) 3 , été semblable à /a harpe [ûd] pleurante; et, par l'effet de tes cheveux, qui répandent l'odeur du musc, je suis devenu comme le bois d'aloès {ûd) qu'on brûle. (Abd ul-Wâcî.) SECTION II. De l'allitération suffisante ou imparfaite, J^w ,^s: J . C'est ainsi qu'on nomme l'allitération qui porte sur 1 C'est-à-d ; re pour y exciter des sensations vives et ardentes. 2 Nom d'une forteresse où le poète avait été enfermé. 3 Le mot s^X^v est ici synonyme de ^e dans le sens de harpe. — 122 — des mots de deux espèces différentes; par exemple, un nom et un verbe, comme dans les vers suivants: Ce qui est mort, en fait de gens honorables du siècle. vU (yahya) dans Yahya, fils d'Abd-l'llah. (Abu Tamftm.) N'aie pas l'espoir que la rotation du ciel puisse amener lo plaisir pour toi ; car môme dans les demeures hospitalières il n'y a de provision ni devin, ni d'ami. (Kamûl-i Ismâïl.) De r allitération composée, ^^Sy rJ":'?' J , ou w'-^y tA**^* Elle consiste à employer, dans le même vers ou la même phrase, deux mots pareils, dont l'un est simple. ïju» t et l'autre composé, ^£^y. Quand il y a confor- mité dans l'écriture, on nomme cette figure allitération composée identique, ^L**»^» ^£y .v-Jcs^, ou aoliX», et quand cette conformité n'existe pas, cette figure prend le nom d'allitération composée différente, s^éssy irrr^ ijjjss. Yoici un exemple de la première espèce : 13 JJ-, ^^i f l 13! — 123 — Lorsqu'un roi n'est pas généreux 1 , laisse-le, car son royaume ne tardera pas aie quitter 2 . (Abû'lfath Bastî.) Voici des exemples de la deuxième espèce de l'allité- ration dont nous parlons. Lyâ yJ-JÔ \J^\*»*)j jL-y-î» Û-J Ly-^-i-B *o y .yj $$ jz±- Tu es le huma 3 , mais tu n'as pour l'ombre du huma que les deui tresses de tes cheveux (que leur ombre dure !) (Jâmî.) ^vta j , ^ =s v -^ v ^'^ V -£j , ' J ^"^ < ,, &jri ^ J ] y A £ri b iJSH Il avait une fille qui par sa gentillesse et sa beauté charmait h les fées elles-mêmes. (Açadî.) SECTION IV. De l'allitération reprisée,^w» ^J^ . On nomme ainsi l'allitération qui a lieu entre un mot, un autre mot et une partie d'un troisième. Exemple : a-CjIj vi-L*Ji XoJ* ^vo m i5j 1 A la lettre, « possesseur de don ». 2 A la lettre, * sa fortune (sera) s'en allant ». 8 Allusion à l'oiseau fabuleux ainsi nommé, et à son ombre» que les Orientaux considèrent comme étant du meilleur augure. ô A la lettre, « privait les fées de leur cœur ». rjy — 124 — r ■* w Ne sois pas insouciant du souvenir de tes fautes, et déploie-los en versant des larmes semblables à la pluie qui tombe impétueu- sement. Représente-loi la mort et son effrayante arrivée; pense I son breuvage c/e coloquinte. (Ilarîrî, 21 e séance 2 .) section v. De l'allitération d'écriture, ^^ iTt^ • On entend par là celle qui a lieu entre des mots dif- férents quant aux figures, 0~*, c'est-à-dire aux pointe- voyelles et autres signes orthographiques, mais pareils quant à l'espèce du mot, *j, au nombre, 3.**, dei lettres et à leur arrangement, ^^iy- En voici un exemple : - *■& r^J cj 1 -^^ J 3 j ^-^ J'ai quitté ta rue, agité comme le vent, et, en me retirant, j'ai enlevé la poussière du cœur de tes poursuivants 3 . (Figânî.) SECTION VI. De l'allitération nommée râH, «XMj, c'est-à-dire allongée. Les allitérations qui ont été décrites dans les sections 1 Au lieu de ^xk*, le texte du Hadûyic ul-lalàgat porte A*^, ce qui donne un sens différent. a Extrait de ma traduction inédite de Harîrî. 3 C'est-à-dire : u Je les ai rendus contents en calmant leur jalousie par mon absence. » — 125 — précédentes se nomment parfaites, AJ, par opposition à celle-ci et aux suivantes, qui se nomment imparfaites ou défectueuses, . Celle-ci, qui porte le nom particulier de zâïd ou allongée, consiste à rapprocher deux mots, dont l'un a une lettre de plus que l'autre, soit au com- mencement, soit au milieu, soit à la fin. Voici des exemples de ces trois variétés : A cause de la majesté de la montagne de ta sévérité, le nuage pleure sur les montagnes. Par Yexistence de la générosité de ta main, l'éclair sourit sur le nuage. (SalmânSâwajî.) Quand l'aurore a déployé dans l'orient l'étendard de la lu- mière, cet étendard semble sourire dans les airs comme l'éclair. (Khâcânî.) ^j, l&jj tf^.» $-&■ ^)-x^ <^ 5 yc~* ) ^jX&b Zyh ys. y*iy £XL** ^t^Xô Lorsque tu calmes ta colère, le trouble s'élève dans la ville 1 ; lorsque tu déploies les boucles de tes cheveux, le musc s'épanche de dépit. (Azraquî.) 'i ' y-à>\ A - « i« » - a% j^— ' j— * y- s> \ 1 C'est-à-dire : a Lorsque tu te rends aimable, la ville entière est charmée et s'éprend d'amour pour toi. » — 126 — Notre oncle (Muawiah) a donné, pour le plaisir de ce monde, du poison à la lumière de l'œil de Zaluâ 4 . (Sanâî.) C'est être infidèle que d'avoir de la malignité dans le spiritua- lisme : notre coutume, c'est d'avoir le cœur aussi pur qu'un mi- roir. (Tâlib-Amalî 2 .) L'allitération défectueuse, quant à la lettre finale, se nomme spécialement tajnîs-i mutarraf, utîj ^! Entre le lieifoù je nie trouve et ma demeure, il y a une nuit ténébreuse et un long chemin. 1 Ville et district de Comis, en Khoraçân. 128 — Ils détournent (les autres) du Prophète et il? s'en éloignent eux-mêmes. (Coran, vi, 26.) Le bonheur est attaché au front des cavalière. (Paroles de Ma- homet.) dHj *~> ^**s y y** Jâmt, qui a fermé sa bouche aux futilités, parle des bouclée de cheveux (de sa mystérieuse amie). (Jâmî.) Mjfc^ _^ C. - J *-£=> »J) ^W*| r Celui qui ne s'évertue pas comme tu le fais est négligent; et celui qui n'a pas recours à toi est malheureux. (Faquîr.) Ton intérieur est, à la vérité, ton cœur; et, h l'exception de ion intérieur, tout est vain. (Sanaî.) Voici actuellement des exemples des trois variétés de l'allitération nommée lâhic ou approchante, tant en arabe qu'en persan : Malheur à tout médisant calomniateur! (Coran, civ, i.) X^ti Jji Je ^ j, -J ^)l ^ ^ — 129 — Il (l'homme) est ardent à l'égard des biens (terrestres) , et il le confesse lui-même. [Coran, c, 7, 8.) .... */^J! ,y y>\ *à*Lx jjli Lorsqu'ils reçoivent avis de quelque sécurité.... (Coran, iv, 85.) Remporte la victoire et que Dieu soit ton ami ! Que ton toit devienne une couronne et ton lit une place (d'honneur) ! (Abû'l- farahRûmî.) »j^=a L^L v r sj^j ^, ^j y 20 Tu as Zire sur mon visage les arcs de ton œillade ; tu as dé- ployé pour mon âme les pièges des boucles de tes cheveux. (KMcânî.) Mon cœur est dégoûté de ce bazar; tu peux m'en demander le serment par Dieu et par la face (de ma belle). (Nizâmî.) y Jo V^7**' "J^ iJ^ ^^ J^ Lorsque ton adversaire prépare le banquet de l'enfer, ton cœur est son rôti ; et son vin la scintillation du feu. (Faquîr.) 9 130 — IH V1I1. De l'allitération intervertie, > Ji ^vJos- 5 . On nomme ainsi l'allitération qui diffère dans La dis- position des lettres. Elle est ou complète, j£ v^Ji, ou partielle, jaau v_^sli>. La première consiste à rapprocher deux mots qui sont pareils, si on en lit un des deux an rebours, comme par exemple ^i et , ^ dans la phrase arabe qui suit : Z Son épée est pour ses amis le gage de la victoire, et pour ses ennemis l'assurance de la mort. Les mots ïy et ^, ainsi que X et «U, dans le vers suivant de Faquîr, offrent deux autres exemples de cette figure : V argent ne fera pas quitter le droit chemin à l'homme reli- gieux. Ce serpent ne mordra pas le serviteur de Dieu. L'allitération intervertie, partielle, est celle qui a seu- lement lieu entre quelques lettres d'un mot. En voici des exemples dans deux vers de Sanâî à la louange de Scliâh-Àuliyâ ■ : 1 Au sujet de ce personnage, célèbre par sa sainteté, voyi mon Mémoire sur la religion musulmane dans i'Inde, p. 97 et sur — 131 — pj sr^ jj^ jL-^-sr^ Lj A^3> îOj._J ïjj-; J—H* j^ à_£»=2 j-2> Tous les saiyids de la religion sont favorisés par lui, tandis que tous les nâ-mahrams 1 sont privés de son appui.. .. Quiconque possède un sac de pièces d'or n'a pas les hommes pour ennemis. Dans le vers suivant de Khâcânî, on trouve la réu- nion de l'allitération allongée, ^ h 2 , et de l'inversion, La bonne doctrine consiste à briser les ido/es et à ew éloigner son désir. Lorsqu'un des deux mots de l'allitération intervertie est placé au commencement et l'autre à la fin du vers, on la nomme inversion ailée, ^sr* ^^lik. Exemple : j\j-Jo C^-J \ U Ji JA f !j 1 C'est-à-dire ceux qui ne sont pas admis dans le harem. Ici cette expression est métaphorique et désigne ceux qui n'entrent pas dans le harem de la religion, c'est-à-dire les impies et les infidèles. 2 Voyez plus haut, section y. — 132 — Mon cœur obéit à celte idole trompeuse. Ses lèvres sont en- chanteresses et ses tresses de cheveux sont des serpents. (Faquîr.) De l'allitération intervertie égale, ^y^^ \ *y£* ^.J^ - Cette autre espèce d'allitération consiste à construire un vers de telle sorte qu'on puisse le lire aussi bien au rebours que dans le sens ordinaire. On en compte trois espèces : dans la première, on compose le second hémi- stiche d'un vers des mêmes lettres que le premier, pla- cées au rebours. Exemple : JiJI liljl Dieu nous a montré le croissant de la lune qui brillait. Dans la seconde, les deux hémistiches d'un vers peu- vent, l'un et l'autre, 'séparément, être lus au rebours aussi bien que dans le sens ordinaire, comme dans ce vers de Khusrau : lt — ' j — ? °rJ-5 SSyj*-* jr^ lA?-^ J-* s r^T J~r^ V* ft J~ Mets du sucre dans la balance du devoir. Sois le compagnon du rossignol sur les lèvres de toutes les belles à face de lune. Enfin, dans la troisième espèce de l'allitération dont nous parlons, le vers tout entier peut se lire au rebours aussi bien que dans le sens ordinaire. Exemple : — 133 — J^-a S^=^ ?^-> iï^y Son amitié semble à toute épreuve, mais pourra-t-elie durer? On trouve des exemples de cette figure de mots dans la prose aussi bien que dans les vers et dans le Coran lui-même. De l'allitération contiguë. J'appelle ainsi l'allitération, de quelque espèce qu'elle soit, lorsqu'elle a lieu entre deux mots qui se suivent, allitération qu'on nomme en arabe mukarrar, jj£> (ré- pétée), muzdawaj, L- $$ %$ Au milieu de ses génuflexions et de ses prosternations, il a fait le bien ; tout en se levant et en s'asseyant, il a répandu des bien- faits. (Sanâî.) r* r — ]'M — Il a été avec sa bien-aimée et la coupe de Jamsctu / '. tellement que le de'sj'r de son cœur n'a pas diminué un seul jour. [Açadt) L'angle où je réside est pour moi une bière : Dieu me délivre de ce séjour î Mon habitation est l'enfer : Dieu me garde de ce lieu! (Khâcânî.) SECTION XI. De l'allitération d'écriture, J^ ~.çç£->. On nomme ainsi l'allitération qui porte sur deux mots qui sont écrits de la même manière, quant à la forme des lettres, mais qui diffèrent par les points dia- critiques 2 . En voici des exemples : 1 C'est-à-dire en prenant du vin et en se réjouissant. 2 On donne le même nom à l'allitération qui consiste à rappro- cher des mots pareils quant aux lettres, mais différents quant aux points-voyelles et autres signes orthographiques. En voici un exemple tiré du célèbre poète hindoustani Saudâ : j£s=i&jjLj JJ ^ e renverseraien en un moment (pal.) — 135 — C'est lui qui me nourrit et qui m'abreuve; c'est lui qui, lors- que je suis malade, me guérit. [Coran, xxyj, 79.) (J^J ..^j 4 k'V~^- : n- ^t»*^ ^1 — ^__Lij L^à L t * v - Ses femmes, derrière le rideau, reçurent des blessures qui excitèrent la compassion. En le voyant, les yeux furent des sources (de larmes), et les oreilles s'enflammèrent en entendant son dis- cours. (Sanâî.) SECTION XII. De la dérivation, ^jU^i. Cette figure a du rapport ayec l'allitération. Elle con- siste à rapprocher des mots qui ont une source com- mune et un sens analogue. Exemples : 2 l£l! ^jjJJ vilj^j Jlb 1ère ta face vers la vraie 3 religion. (Coran, xxx, 42.) 1 Le premier de ces deux mots est le pluriel du mot *~^, œil, et le second est le pluriel du mot i v i^, source, fontaine. 5 Ici, en effet, les mots Je] et *J sont dérivés l'un et l'aulre du verbe *J-j A3, se lever. 3 A la lettre, droite. — 136 — Dieu a donné à tous le lait du monde, et à Fatimc il n'a donné que le sevrage*. (Sanaî.) jtX^s « « & ' • ; ^C cS ^2W Tu me dis souvent : .Renonce h son union. J'y renoncerais bien ; mais mon cœur et mon esprit n'y veulent pas renoncer. (Khâcânî.) SECTION XIII. Du semblant de dérivation, «Jj'j^l i>\L,. On nomme ainsi l'allitération qui consiste à rappro- cher deux mots qui se ressemblent, mais qui ont une oiigine différente. Exemples: Loth dit: Je suis de ceux qui détestent voire crime. (Coran, xxvi, 168.) 4 a^LLs appartient à la môme racine que JJaâ. Par l'expres- sion a le lait du monde » il faut entendre les biens extérieurs du monde. * Par le ce sevrage », il faut entendre ici l'art de se sevrer des choses du monde : l'abstinence et la piété. 3 Ici le mot Jli dérive de la racine JJ, et ^li de la ra- cine Ji. — 137 — Pareil h Alexandre, qui fut inspiré comme Khizr *, il réunira des armées et conquerra le monde. (Khâcânî.) SECTION XIV. De l'allitération par allusion, a.LiJ. C'est celle à laquelle il est seulement fait allusion sans qu'elle soit exprimée verbalement. Exemple : La barbe de Moïse a été rasée par son nom 2 , et par Aaron, en retournant ce mot*. SECTION XV. De la figure de mots nommée radd-ulujz-alassadr. Par cette expression, qu'on peut traduire en français par rappel de la fin au commencement, il faut entendre 1 Allusion à la légende musulmane d'Alexandre, développée dans Y Iskandar-nâma de Nizâmî. 2 ç~>y est le nom propre que nous rendons par Moïse, et il signifie aussi rasoir. Le poëte fait ainsi allusion à une allitération parfaite, Aj jmJ^. * En lisant le mot ,jj<-a> au rebours, on a tf.y, qui est le nom qu'on donne à une composition épilatoire. Le poëte fait ainsi allusion à une allitération intervertie, v Ji ^«Jcs-* . — 138 — l'allitération qui consiste à répéter le même motdan> If- même vers, ce qui peut avoir lieu de quatre façons, ~J>, différentes, lesquelles se subdivisent chacune en trois espèces ou variétés, oj l . La première consiste à mettre tant au sadr, c'est-à- dire, en tête du vers qu'au ujz, c'est-à-dire, à la fin du second hémistiche, le même mot, soit en le répétant tel quel avec la même signification, soit en le répétant avec un sens différent par allitération, soit enfin en employant deux mots dérivés de la même racine ou paraissant en dériver. Voici des exemples des trois espèces de cette premier' façon d'employer la figure de mots dont il s'agit : h^j fH: ^ cr^ J>\ çj.j~ Il est prompt à souffleter son cousin, mais il n'est pas prompt à i'égard de celui qui réclame ses bienfaits. 1 Pour bien comprendre la théorie qui va suivre, il faut con- naître la valeur de quelques expressions techniques de la mé- trique arabe qui seront expliquées plus loin ; mais disons en attendant: 1° qu'on nomme sadr, j-X^s, c'est-à-dire poitrine, la première partie, jV=^, du premier hémistiche dun vers; et 2° arûz, ipjjs, c'est-à-dire extrémité, la dernière partie du même hémistiche; 3° qu'on nomme iblidâ, ^JJj', c'est-à-dire commencement, la première partie du second hémistiche; et 4° ujz 9 ja&l ou derrière, la dernière partie; enfin o° qu'on nomme hascho,*ï~£±, c'est-à-dire remplissage,^ portion de cha- que hémistiche qui en occupe le milieu entre les deux parties dont je viens de parler. — 139 - —J,^ /-•K^' ' t— : - N - 1* ' 2f «AUX» ) „\^^. Je suis /ou (d'amour), mais as-tu besoin de m'attacher, moi fou, avec les chaînes des deux tresses de tes cheveux? (Maçûd-i Saad.) Cesses toutes deux de me blâmer follement; car l'amour qui me sollicite m'a appelé avant vous. ^Oi-/» \lJy-i >i &&!*•» *.*** ,)«-9 J'ai fait des pointes de tes cils un bouclier pour ma vie, a6n que tout le monde sache que fai renoncé à la vie. (Amîr Khusrau.) 1 Le premier ^U^ est l'impératif au duel du verbe irrégu- lier assimilé & J»j , laisser, avec le pronom affixe de la première personne, et le second est la troisième personne masculine du prétérit de la racine Uo, appeler, de laquelle dérive aussi le mot ^b, qui commence le second hémistiche et qui est le nom d'agent du même verbe. 2 Le premier j.^. signifie bouclier., et le dernier est le parti- cipe présent apocope de { ^^j {r >, livrer. 3 Le premier aJISo est dans le sens Punique, le second dans celui d'ami. Ce mot a en effet ces deux significations. — uo — Tu as été l'yagâna (l'unique) du monde, et toutefois le monde n'est l'yagâna (l'ami) de personne. (Ansarî.) J^J! J L^ejJ s-^lr 8 4 Lo ~^ L^i viJD .j^i L^Jla soyons pas que tu aies un ég îstées relativement à la génér Nous ne voyons pas que tu aies un égal pour les qualités que tu as manifestées relativement h la générosité. (Bakhtarî) 2 Par des efforts, la position de chacun auprès de sa bien-aimée s'améliore ; mais, quant à moi, malheureux, plus je m'efforce et plus je suis maltraité. (Figânî.) La seconde manière d'employer la figure dont il s'agit dans cette section, c'est de répéter le même mot tant dans le hascho ou remplissage du premier hémistiche d'un vers qu'à la fin du second hémistiche. On distingue encore trois variétés de cette figure, à savoir: la répétition pure et simple, jj^*, l'allitération, ^J^, et la dérivation, ^jiU^i. En voici des exem- ples: 4 Les mots v *>)*& et v^j j^> sont dérivés de la même ra- cine. Le premier est le pluriel du substantif 'Lj v^, carac- tère, etc., le second est un adjectif signifiant semblable, etc. 2 Célèbve poëte arabe de la première moitié du ix e siècle, et dont les poésies ont été réunies en un Diwân. (D'PIerbelot, Bi- blioth. or.) 3 Le substantif jiy et le verbe rf&y appartiennent à la même racine. >- — 141 — J — -^ J'J— c pr^- ^ £pr> h c .,i /> iL.û*jJi jwx-j L^i Je dis à mon compagnon, tandis que le chameau (de la cara- vane) nous descend entre Munîfa et Dimâr 1 : « Respire a ton aise le parfum de l'arâr 2 du Nadj; car, après le soir, il n'y a plus d'arâr 3 ». ^-I-Af.-i 4 J a— ijv £v" ~^"*"*^ 1 ^~^* Qui est-ce qui pourra me rendre /ï&re ici, puisque le soleil lui-même n'est pas libre 1 "? (Khâcânî.) 1 Noms de deux endroits dans le Najd. (Voyez sur cette pro- vince d'Arabie la notice spéciale de feu Jomard.) 2 Buphthalmus silvesler. 1 C'est-à-dire, « tu ne pourras plus le respirer, parce que nous partirons » . 4 Les vers qui sont cités en exemple dans les ouvrages didac- tiques orientaux sont souvent obscurs, parce que, étant pris iso- lément, le contexte ne peut servir a les éclaircir. Le vers dont je donne ici le texte et la traduction est dans ce cas. Gladwin (Dis- sertation on the Rhet., p. 12), qui l'a aussi donné d'après un autre ouvrage, sans dire qu'il appartient à Khâcânî, et avec l'addition fautive de ^ à la fin du premier hémistiche, le traduit ainsi : « Who will consider us perfect in that place, where the « sun is not (deemed) perfect? » — 142 — ■J-AL, .L^b jjsjt ^ili Lorsque les rossignols déploient l'éloquence de leur langage, chasse tes chagrins en vidant les bouteilles. fjsjs *^k ^ jtjLj c~-Li ,j~^ Mon Joseph vend actuellement des sucreries dans le bazar. abstinent, ?v/iYe ton cœur de 3 l'angle de la solitude. (Faquîr.) à; LJ a JU Si l'homme ne retient pas sa langue pour ce qui le concerne, il n'est pas de ceux qui la retiennent au sujet des affaires d'au- trui. (Amrû'lcaïV'.) 1 Le premier Jj^j est le pluriel du mot persan JJb, rossi- gnol, qui a parsé en arabe et y a pris un pluriel conforme au génie de la langue; le second est le pluriel du substantif arabe JLb, affliction, etc., et le troisième est le pluriel du substantif XUj dans le sens d'aiguière, pot, bouteille. 2 Dans le premier hémistiche, l'expression M L> signifie mar- ché, dans le second, elle forme deux mois, J \ù , c'est-à-dire porte en arrière. ' 3 Gladwin (ib.), qui a aussi donné ce vers, a traduit mal à propos ici j!, de (from), par to (à), ce qui dénature le sens. [ Les mots &j^i et àJ*j UjJ y jh) ..yrfj b-l *-$> is^ Quoique tu ne me traites pas toujours avec bonté, quelle est la personne qui ne soit l'objet de ta bienveillance? La troisième manière d'employer le radd ulujz aîas- sadr,jX est un substantif singulier qui signifie pro- prement la première surate du Coran, nommée Fâliha; le se- cond est le pluriel de J^, qui est le nom de la seconde corde du luth à quatre cordes. 2 Les mots *^a et *lJo appartiennent a la même racine. — 145 — Il n'y avait ni verdure sur la montagne, ni branche dans le jardin ; les sauterelles dévoraient la campagne, et les hommes, les sauterelles. (Saadî, Bostan, 1. I.) U^ J&J U^ Ç^ U^ /H) f° O* Je suis en souci pour ma bien-aimée, tandis que d'autres le sont pour leur pain. Dieu proportionne en effet les peines des créatures à leur énergie. (Azraquî.) Quelquefois les poètes persans emploient cette figure aux deux hémistiches du vers, ainsi qu'on le voit dans les exemples suivants : J* '3 j' .r* Je ne retire pas mon cœur de ton amour, quoique tu fasses le chagrin de mon cœur ; je ne détourne pas la tête de la fidélité envers toi, quoique tu occasionnes mon mal de tête. (Azraquî.) 1 Par contraction pour ^lû>. * jj^js) est le pluriel de *», chagrin; ^ est le pluriel de î^a», courage, force, etc. 40 — 146 — ' ta/ C'est m D,eu,ou,, c'est en Dieu qu'est la délivrance, oui la fronce du pœgnet du temps et des peines don. ,1 Uo, * cable. (Khacanî.) SECTION XVI. De la Ggure nommée luzûm ma là yalzam, ,± S : c'est-à-dire, tâche à laquelle on n'est pas obligé. Cette figure, qui se rapporte à la rime, consiste à s'astreindre à employer avant le rawt, ^ y, ou ce qui le remplace, une lettre particulière pour le caïd, fjt, m le tacts, ,j~~~iï J . Exemples : ^ & JÎUI Uj ^c Si r J! L.U Quant à l'orphelin, ne le maltraite pas ; et quant au mendiant, ne Je repousse pas. (Coran, xliii, 9, |n.) U ^ ^îj ^ ^ ^ [ -. ^ ; On nomme ainsi la dernière lettre quiescente de la rime V 1 *. Ainsi, par exemple, dans les mots .Ljl e t ,l*s le mw7t est le noun final. U " ^^~' 5 On nomme ainsi la lettre quiescente qui se trouve avant le W, excepté Yalif, le wâw et le yâ de prolongation. Ainsi dans les mots jjj et ^ le ra est Je caïd. * Tel est le nom de la lettre qui, dans la rime, est entre le rawiet un acquiescent, lettre qu'on nomme J^. Par exem- ple, dansj^^ck, le tacts est le j. ' Dans ce passage, on s'est astreint à employer la lettre *, ha avant l ej ,ra, qui est mis pour le rawi; car le mot «-tf ou tout autre aurait rimé aussi bien avec^iu. — 147 — »l .1 : ! J^-SJi J-*-^ l^vXs jls— Le voile de ce visage pareil à la lune, c'est sa chevelure sem- blable à la nuit. Béni soit Dieu qui a fait de la nuit un vêtement! (Isnâd.) SECTION XVII. De la suppression d'une lettre J ua. ^JpXt>* Cette figure consiste à s'abstenir d'employer une lettre de l'alphabet dans une pièce de vers. C'est ainsi, par exemple, que Faquîr a évité de se servir de Yalif dans le rubâî suivant : ~JJ J ,3 ^jj ^yUS ^^kj vJU~^> ^ p-^ ^ Mahomet est un chef qui eut le soleil pour bouclier 2 ; il est le sceau des prophètes, le conducteur général et particulier dans le sentier de la raison. Sa face n'est-elle pas, pour la vue de l'intel- ligence, le jardin de la sainteté, jardin dont Gabriel est le rossi- gnol? 1 Dans ce vers persi- arabe, ainsi que dans tout le gazai d'où il est tiré et qu'il commence, le poëte s'est astreint à employer un alif et un^sm devant Yalif du rawî. Sans cela, il aurait pu faire rimer L*I avec i-^-J, I4&, etc. 2 Allusion au mirâj « ascension » de Mahomet au ciel. — 148 — SECTION' XVIII. De l'emploi répété d'un ou de plusieurs mots particuliers. Quelquefois le poète s'astreint à employer dans cha- que vers, ou même dans chaque hémistiche d'un poème, un ou plusieurs mots particuliers. Je vais en citer quel- ques exemples : 1° Kamâl-i Ismâïl a fait un cacîda où il a placé le mot ^y, cheveu, dans chaque hémistiche. Voici les deux premiers vers de ce poème : C^.w! j^Ji J,^ y ^§y j~> y y & ^} cr âr- ç\S^> ^ y k*. » \^A-J vJl^xaO O — .Iju-^ j:* p jJ j,LCl ^y j'i toi qui as un cœur accroché à chacun de tes cheveux, les deux mondes ne font que la moitié de la valeur d'un seul de tes che- veux. Ta bouche, lorsque tu parles, n'a que la largeur d'un che- veu; la trace d'une fente pareille à un de tes cheveux s'y manifeste seulement. 2° Kâtibî de Nîschâpûr a écrit un cacîda où on trouve à chaque hémistiche les deux mots yà, chameau, et a^, chambre. En voici le matla, Ah>, c'est-à-dire le premier vers : ( *_/> **-=£*£ ^j 1 ^ r^* w*— î (& \y er 9 s hj LJ *s ~_£=J \ï jSi — 149 — J'ai dans ma demeure (c'est-à-dire, en moi) des chagrins tels qu'on en chargerait des chameaux, mais je ne me livre pas au découragement (avoir un cœur de chameau) -, car le chagrin peut- il exister dans ma demeure? 3° On doit à Amîr Khusrau un cacîda dont chaque vers contient les quatre mots : JLj~ éléphant, jm^, ver- misseau, jr^ 9 , mouche, ^Ci5o, cigogne. Voici un vers de ce poëme : Tu es un roi à corps à.' éléphant, et sous tes auspices fortunés, il n'est pas surprenant que le vermisseau se change en tigre, et que la mouche donne la chasse à la cigogne. 4° Enfin, Khâcânî, dans les neuf vers suivants, s'est attaché à mentionner quatre objets différents au second hémistiche de chaque vers : L/vJ **-^ *J»-^ ^-f ôj^l *-?■ / toi « ■)'« ^ - r\j ^rt*4v*a . v»*J j il f S "J3 J'JJ j»^ J J" ' frfr ^ c) Lsxi J ,^-r-j ^ ^ ^ Édris, le Messie, Khizr et Klie sont réunis pour le servir et le garder. Khusrau ', Sâm, Zâl* et Rustam, s'étant ceint les reins, se tiennent courbés devant lui comme des gens à taille de cerceau. Des milliers de portiers, aussi distingués que Hâtim, Man, Saïf ei 4 i t Numân 3 , en reçoivent leur nourriture. Le Jihûn l , l'Euphrate, le .3 4 Tigre et le Nil lui demandent au moment de la détresse une gor- 1 Ou plutôt Kaï-Khusrau, roi de Perse. 2 Zâl est le père, et Sâm le grand-père de Rustam, le célèbn- héros persan. s Hâtim est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en rien dire. Man est un Arabe célèbre par sa bravoure et sa générosité. Saïf est un roi d'Yémen de la dynastie des Himyarites. Enfin Numân est un roi de Hirah en Irac, qui se fit, dit-on, chrétien, et se retira du monde. 4 C'est-à-dire l'Oxus ou le Bactrus. — 151 — gee d eau. Les monts Jûdî 1 , Jarâ, Caucase et Schahlân 2 , font le contre-poids des pierreries de sa libéralité. Les dives, les anges, les fées et les hommes le prient continuellement de leur assigner leur nourriture journalière. Par lui les substances, les esprits, les âmes et les intelligences ont pris une belle forme corporelle. L éternité, l'enfer, le temps et le paradis 3 sont les produits de sa 1 2 3 i colère ou de sa satisfaction. Par lui l'eau, la terre, le feu, l'air qui forment le monde, restent paisiblement ensemble dans un juste équilibre. SECTION XIX. Du mancût, hjLp, ou ponctué, et du gaïr mancût, byiXfi ^.c, ou non pondue. Quelquefois l'écrivain s'astreint à n'employer, dans un vers ou dans une phrase en prose, que des lettres avec des points diacritiques, lettres nommées mancût. bySj>, c'est-à-dire ponctuées, ou, vice versa, à n'employer que des lettres sans points diacritiques, lettres nommées gaïr mancût, ^y^>j^t, c'est-à-dire non ponctuées, ou, en- fin, de se servir alternativement de lettres ou de mots écrits de ces deux façons, ce qu'on nomme ractâ, «LLS» 4 , et khaïfâ, *Uô. 5 . Yoici un exemple de l'emploi de lettres ponctuées seulement : 1 Les Orientaux appellent ainsi les monts Gordiens, en Armé- nie, où, selon la tradition, l'arche de Noé s'arrêta, 2 Trois autres montagnes d'Asie. 3 Proprement les houris. 4 On donne spécialement ce nom au léopard ou à tout autre animal dont la robe est tachetée de noir sur du blanc ou vice versa. 5 On nomme proprement ainsi une femme qui a un œil noir et l'autre bleu. — 152 — Par cette fête tu reçois le don de la grâce, et non le mouve- ment de la colère. Voici actuellement un vers entièrement composé de lettres non ponctuées, vers qui est extrait d'un cacîda écrit en entier de cette manière par l'auteur du Hadâyic ulbalâgat : j\ )\j-&\ JjJ^ »ii 3j-ï fïj-f> J^ La poussière du chemin que parcourt son coursier * agile est un collyre pour les humains. Cette poussière sert même de surma à la prunelle du soleil et de la lune. Voici un exemple du racla, c'est-à-dire de l'emploi alternatif d'une lettre ponctuée et d'une lettre non ponctuée : \£ty J^ y & fi**** y j* ^ Les noires boucles de tes cheveux ont enlevé mon cœur, ô lar- ron! je n'ai jamais vu un voleur de cœur pareil à toi. Enfin, voici un exemple du khaïfâ, c'est-à-dire de l'emploi alternatif d'un mot composé de lettres ponc- tuées et d'un mot sans lettres ponctuées : 1 Duldul, le cheval d'Alî. — 153 — ] J^ www) JjsO x&x-*-) A& La science, sache-le bien, donne au cœur le discernement, comme le souffle du vent printanier, sache-le bien, donne à la terre de l'agitation. Du mucatta, xlisi* ou disjoint, et du rnuassal, J^y ou joint. De ces deux figures de mots, la première consiste à n'employer dans un vers que des lettres disjointes, mucatta, JajU, c'est-à-dire qui ne se lient pas entre elles ; la seconde, à n'employer, au contraire, que des lettres jointes, muassal, J-^y, c'est-à-dire qui se lient entre elles. Dans les vers suivants de Jâmî, le premier est com- posé de lettres non jointes, le second de lettres jointes de deux en deux, le troisième de lettres jointes de trois en trois, le quatrième de quatre en quatre, et le cin- quième de cinq en cinq : — IN — ^^ J'ai le visage pâle à cause de l'absence de cette perle, et le feu du chagrin a marqué mon cœur de l'empreinte de la brûlure. On dirait que dans la nuit de ton absence la lune a diminué comme moi, et est devenue petite et maigre. Tes poils follets rappellent Khizr ', tes boucles de cheveux tor- tillées ressemblent au saule musqué. Ton corps est de l'argent'-, le rubis des lèvres de ta petite bouche est du sucre. Le paradis de l'éternité est un avantage méprisable pour celui qui se réjouit à côté de toi et reste fidèle à ton amour. Par tes lèvres tu es le Messie, et l'éloquence se manifeste par tes discours; la beauté se déploie dans ton aspect, et tes cheveux sont parfumés d'ambre. sfxtiox xxi. Observations sur la prose cadencée. Sukûkî fait observer, avec raison, dans son Traité sur la rhétorique, que la rime existe en prose comme en poésie. Or. on distingue trois sortes de prose rimée, 1 Le patron de la jeunesse, parce qu'il est le gardien de l'eau de la vie, c'est-à-dire de la fontaine de jouvence. On le repré- sente avec une longue barbe et vêtu de vert. 2 Quant à la blancheur. — 155 — nommées mutarraf, ^Ja» 1 , mutawâzî* ,Cj|^" et muâ- x-ana. aJjiy» 5 . On nomme mtitarrafldi prose dans laquelle on emploie, à la fin des membres de phrases, des mots différents quant au nombre, ^jj\ mais identiques quant au raivî ou plutôt aux lettres finales qui forment la rime. Exemple : Qu'âvez-vous? Pourquoi ne pas espéreT patiemment en Dieu, qui vous a créés différents les uns des autres? (Coran, lxxi, 12, 13.) La prose nommée mutawâzî est celle dans laquelle on emploie, à la fin des membres de phrase, des mots pa- reils quant au nombre .j ]j, et au raïuL Exemple : 11 y aura des lits élevés et des coupes préparées. (Coran, lxxxvui, 13, 14.) 4 rSom de patient de ,3 4?» fona;^ (digitos) extremos (mil- lier) , efc. 2 C'est-a-dire parallèle. 3 C'est-a-dire cadencé. 4 Par le nombre, il faut entendre ici la mesure prosodique ; ainsi il n'est pas nécessaire pour qu'un mot ait le même nombre que l'autre, qu'il ait les mêmes voyelles brèves. Par exemple, les expressions v^ 8 et ^^ *J ont le même nombre. Ces mots forment, en effet, ce qu'on nomme dans la prosodie latine un amphimacre, c'est-à-dire, ils se composent d'une brève entre deux longues, ce qui est représenté dans la prosodie arabe par le mot mnémonique fàllûn, /jbLs. — 156 — On peut même construire deux membres parallèles d'une phrase de telle façon que les mots qui les com- posent correspondent symétriquement les uns aux au- tres, avec le même nombre, jj^, et la même finale, ^c*y C'est ce qu'on nomme tanl, *~o3 l . En voici un exem- ple : Il enrichissait les phrases de sa prose rimée des perles de sa diction, et il frappait les oreilles par les instructions de ses avis. (Harîrî, 1 r « séance.) Enfin, la prose nommée muwâzana est celle dans la- quelle on emploie, à la fin des membres de phrase 2 , des mots pareils quant au nombre, mais différents quant à la finale, et par conséquent ne rimant pas en- semble. Exemple : Il y aura des coussins mis en ordre, et des tapis étendus. (Coran, lxxxvui, 15, 16.) On peut aussi n'employer dans deux membres paral- lèles d'une phrase que des mots semblables quant au nombre, mais différents quant à la finale. Ce genre d'allitération est au muâzana ce que le tarsî est au mu- 1 Ce mot signifie proprement « enchâsser des pierreries » . Il est inutile de dire qu'on peut composer de la même manière deux hémistiches d'un vers. 2 Et dans les deux hémistiches d'un vers. — 157 — tawâzî. On le nomme spécialement mumâçala, alîL^, ou semblable 1 . En voici un exemple : Nous leur donnâmes (a Moïse et à Aaron) le livre qui manifeste clairement nos volontés, et nous les dirigeâmes dans la voie droite. (Coran, xxxvn, 117, 118.) On nomme prose rimée en vers^ ^X'i ^s^ 9 , les poè- mes dont les vers ont chacun trois rimes particulières, et une quatrième qui est commune à toute la pièce. En voici un exemple, tiré de la onzième séance de Harîrî : Jj irjlc ^i ^.^ J.^ j^y ^ pG 1 Tel est, du moins, l'avis de l'auteur du Talkhîs; mais Sukâkî, dans son Miflâh ululûm, le considère comme rentrant dans le tarsi, quoique, en effet, il en diffère. — lo8 — toi qui t'enorgueillis de ton intelligence, jusqu'à quand, ô mon frère, en proie à des idées vaines, accumuleras-tu des fautes et des actions coupables, et commettras-tu de nombreux péchés? Tu ne pleurerais pas seulement, mais tu répandrais des larme- de sang, si tu pensais qu'au jugement dernier, ni entourage, ni parents, ni amis ne seront d'aucun secours. Dans ce jour redoutable, combien de guides qui se trouveront égarés; combien de personnes illustres qui seront avilies; com- bien de savants qui glisseront et reconnaîtront la gravité de la circonstance ! Jeune homme sans expérience, hâte-toi d'adoucir l'amertume de tes mauvaises actions, par le miel (du repentir et des bonnes œuvres). Le mur de ta vie est sur le peint de crouler, et tu n'as pas mis fin à ta conduite blâmable. Garde-toi de la fierté, quand la fortune te favorise. Sache retenir tes paroles : heureux celui qui en est le maître. A celui qui est dans le besoin, donne beaucoup si tu es riche, donne encore si tu es pauvre. Ne sois pas triste lorsque tu éprou- veras des pertes, et ne désire pas amasser (des richesses) 4 . SECTION xxn. Des vers à double et à triple rime. On nomme à double rime., tfZ$& j\ un vers dont les 1 Extrait de ma traduction inédite de Hariri. — 159 — hémistiches se terminent chacun par deux mots qui ri- ment ensemble. Exemple : C'est à la fois raison et obéissance, amour et sentiment de foi. (Sanâî). Les poètes mettent même quelquefois trois rimes à leurs vers. Exemple : Sa grâce est par sa pureté le repos de l'âme; sa perfection dans la fidélité est l'arche de Noé *. (Sanâî.) D'autres fois on met le radîf, ^.^j 2 , entre deux ri- mes, et on nomme alors les vers ainsi composés : vers à deux rimes avec interstice, w^Ls^ «.* .jr^ 3^- Voici, comme exemple, un rubâî de xMuazzî 3 : 4 C'est-à-dire « embrasse tout. » 2 Ainsi qu'on l'a vu plus haut, on nomme radîf le mot ou les mots répétés à la fin d'un vers, et qui ne comptent pas pour la rime. 3 Amîr Muazzî, déjà cité page 84, mais dont le nom a été écrit mal à propos Mazî, est un célèbre poëte persan auteur, entre autres, d'un livre estimé de morale religieuse intitulé L±41 v y L ^~>* c'est-à-dire « la Consolation de la grâce » , livre sur lequel d'Her- belot donne quelques détails. — 1fi() crr-0 >— ^ -W roi de la terre, tu as posé ton trône au ciel. Ton ennemi est faible, et non pas toi. car tu as un arc très-fort. Il suffit que lu l'attaques légèrement avec ta lourde massue. Ta vieillesse est expérimentée, et ta fortune a la vigueur de la jeunesse. SECTION XXIII. Des compositions bigarrées, • ojk*. On nomme mutalawin, ^y^, ou bigarrée, variés de couleurs, les vers composés de telle sorte qu'on peut les lire sur plusieurs mètres différents. Ainsi le masnavî d'Alilî de Schirâz, intitulé Si/ir-i lialâl, c'est-à-dire la magie permise, peut se scander de deux manières diffé- rentes 1 . En voici quelques vers, où l'on remarquera, en outre, de doubles rimes et des allitérations : 1 En effet, les vers qui composent ce poëme peuvent se scander à la fois sur le mètre nommé raml-i mvçaddas mahzûf, qui se compose des pieds w-WLà .J'iisli Jj'bifili, c'est-à-dire de deux épitrites deuxièmes et d'un amphimacre, et sur le mètre nommé sari mutauwî makschûf, qui se compose des pieds ( -y j û^> > ^l&là ^A**il» ou de deux choriambes et d'un amphimacre. Voici le premier hémistiche de ces vers en caractères latins, scandé des deux manières : âï schûdâh dâr | khâaâ-ï jân | mânzâlât âï scbûdàh dâr | khânà-ï jân | mânzâlât — 161 — £r^ eHj JjtJJ* * SJ^ vj?' e;—^ v^^-j lA^ ij^ /v** ^-r— ^ o^ f ]Lc J ! ^ toi qui as pris pour habitation la maison de mon cœur, laquelle a acquis par là de la dignité ! toi dont la face est comme le soleil, l'ornement du firma- ment, qui en a reçu un transport de joie ! Mon cœur et mon âme sont les esclaves du visage de Haçan, en qui se sont manifestés la douceur du caractère et un aimable naturel. Dieu a vu, au moment du sacrifice de Huçaïn *, qu'il recevait du monde un digne sacrifice. Le vers suivant, de Saimân Sâwajî, peut être scandé de trois 2 façons différentes; et, par un autre tour de force, il se compose de lettres jointes, J^ 8 , de deux en deux : 1 C'est-à-dire de sa mort, ou, pour parler comme les musul- mans, de son martyre. 2 C'est-à-dire selon les mètres nommés raml-i muçamman makhbûn, hazaj-i muçamman makhbûn et mujtas-i muçamman makhbûn, qui se composent, le premier de quatre petits ioniens, le second de quatre épitrites premiers, et le troisième d'un double ïambe et d'un petit ionien répétés. 41 — 162 — Tes lèvres Boni une coupe Ae perles. Aupri i de tes 1 101 ! ^ I se déploie la tulipe (de tes joues). Tes sourcil-, noira comme I; 1 nuit, dominent les étoiles (de tes yeux). La lune do ton visage est entourée du halo de tes cheveux. SECTION XXIV. l'u ^»x& talmth ou allusion. C" Cette ligure consiste à employer dans les vers un mot qui rappelle un l'ait célèbre, ou qui lasse allusion à une chose mentionnée dans les livres classiques, ou connu dans tous les cas des gens lettrés. Ainsi, dans le vers suivant de Khâcânl, il est fait allusion au aucà ' qui nourrit Zàl, père de Rustam : Je parcours un cliemin pour lequel je demande le viatique de l'unité divine. Comme Zâl, fils de Zar, j'invoque le nom du aucâ. Le vers ruivant, de Saudâ, offre une allusion à Joseph, qui fut vendu en Egypte 2 : 1 Le ancâ ou simurg est un oiseau fabuleux que personne n'a jamais vu et qui, à cause de cette circonstance, est donné comme un emblème de Dieu. (Voyez, dans les Oiseaux et les Fleur?. l'allégorie qui porte ce titre et les noies qui l'accompagnent.) 2 Conf. Genèse, xxxvn, 36. — 163 — On te montre le bazar de Memphis ; mais il n'y a personne pour acheter l'objet précieux qu'on y voit. section xxv. Du siyàc uladâd, ^taeïl #jjL*~», ou réunion simultanée de plusieurs objets, La figure qu'on nomme ainsi consiste à réunir sous un même point de vue différents objets. Exemple : j? y s^Oa>l J/ «J^ ^^ ^$y** bjl*» musicien ! que sont devenus tes projets de promenade dans le jardin, au temps de la rose? Où sont ta voix, ton chant, ton luth, ta harpe? (Amîr Khusrau.) Mon cœur a arpenté trois fois les deux mondes ; et il n'y a vu personne d'honorable. (Khâcânî.) SECTION XXVI. Enumération des qualités, ^LiuJ) .jJ**Jj. Cette figure consiste à donner successivement à un objet les qualités qui lui conviennent. Exemples : — 164 — j^i\ jLJl ;yjl cW:: .J! C'est le Dieu qui est l'unique, le roi saint, sauveur, préservateur, excellent, victorieux, suprême. (Coran, lu, 23.) / L>S 5 +6*. ,.\$S àjCar*! y*\J V~- . >'--' ^ JJlJ jb «A^al CUio ^ ç>}f r \ r Ce cheval a de blanches dents, une vive allure, un cou dioil, de petites oreilles, un dur sabot, des pieds solides, une large croupe, une épaisse crinière. (Amîr Muazzî.) SECTION XXVII. Du tauscliih, ^ày 1 , ou acrostiche. C " Cette ûgure consiste à composer un poème de telle façon que les lettres initiales de chaque vers étant mites Tune après l'autre, forment un vers, un hémistiche, une phrase ou un mot. Quelquefois aussi ce sont des lettres médiales, ouïes lettres linales qui, étant réunies, forment un sens. Voici deux vers urdûs, dont les pre- mières lettres des hémistiches forment le mot persan 3^, ami: 1 Ce mot signifie proprement « meure une ceinture nommée wischâh », ~lï-j. — 165 — Ma peine et mon chagrin proviennent de la blessure de la séparation, de la douleur de l'absence. Pour moi le repos du cœur, c'est l'affliction. Voilà ce qu'il éprouve. Il ne connaît que tes rigueurs. Maintenant à qui pourrai-je les dire? Sans toi, dans l'absence, il n'y a pour mon cœur que la plainte. On peut rapporter à cette figure le muschajjar, j?^, c'est-à-dire le vers en forme d'arbre, le mndatiwar, ^Ju», vers en cercle, le murrabba, &y , vers en carré, etc., qui ne sont, de l'aveu même de l'auteur persan, que des jeux d'enfants. III e PARTIE. DES ÉNIGMES ET LOGOGRIPHKS, L£x», ET DE TOUT CE QUI CONCERNE LES COMBINAISONS ÉNIGMATIQUÊS 1 . On nomme muamma, L*<* (énigme), un discours qui désigne un mot par différentes indications relatives aux 1 Cette partie de la rhétorique musulmane, la plus obscure de toutes, et à la vérité la moins utile, n'a pas été reproduite dans la version hindoustanie du Haàâyic. J'aurais dû imiter peut- être Imâm-Bakbscb, et ne pas la donner non plus en français, à cause de la difficulté qu'il y a de développer d'une manière in- telligible ces théories compliquées, et surtout parce que l'auteur a souvent négligé d'expliquer les exemples qu'il donne, exemples dont il est ainsi quelquefois difficile d'apprécier la justesse. Mais — 166 — lettres, LC», comme, par exemple, dans le vers suivant, sur le mot Haçan. J^ P J j ^ ; ^-> S[*? j' cT*^ f. j* Mon cœur, en vue de ton beau nom, laisse le jazm du mot husn, et le remplace avec bonheur par un fatlia. Ce qui signifie simplement que de { mo. il faut faire cette partie de la rhétorique musulmane étant généralement inconnue en Europe, j'ai cru devoir la mettre en lumière, toute ridicule qu'elle puisse paraître; seulement, j'ai souvent abrégé l'ouvrage que j'ai pris pour base de mon travail. — 167 — La deuxième espèce consiste à indiquer les lettres d'un mot et leur arrangement, mais sans désigner les motions ou leur absence. Cette seconde espèce n'est pas dépourvue de perfection, et c'est à elle qu'appar- tiennent la plupart des énigmes, car l'indication des points-voyelles n'est pas nécessaire pour l'intelligence de l'énigme. La troisième espèce consiste à indiquer la matière du mot, *-J fol?, mais non l'arrangement des lettres. L'énigme de cette catégorie n'est pas exempte de défaut Enfin, la quatrième espèce, qui est décidément dé- fectueuse, consiste à indiquer sommairement, cJ^ta JyL^-i, la totalité des lettres d'un nom, mais sans dési- gnation spéciale d'aucune lettre. Tel est le vers suivant sur le mot ^i, soleil. Vj _jja. jL* (J^jJ » c'est-à-dire accessoires embarrassants; enfin, celles qui n'ont ni l'une ni l'autre de ces qualités, et qu'on nomme lawâhic-i sâlima, 4L ^y, c'est-à-dire accessoires in- dépendants. Il résulte de ce qui précède, que les lettres et les mots qui sont employés dans l'énigme appartiennent à une des cinq classes suivantes, à savoir : 1° fondements, Jj~^, constitutifs, ou 2° perfectionnants ; 3° accessoires, ; 3° Y accessoire, JjoÂj ; 4° le facilitant, J-^*"- 5 '- ^ r ' corame en réalité ce dernier n'est destiné qu'à venir en aide aux deux pre- miers, nous en traiterons d'abord. CHAPITRE I er . DES PROCÉDÉS FACILITANTS, y J^^ J 1 --*^. On en distingue quatre différents: Yinticâd, iL&Jl*; le taMZ, JJ.csr J 3 ; le tarkîb, ^^fy u ; et le taèdÊZ, Jj # 0^> 5 . On entend, par Yinticâd, la désignation de quelques parties du mot, comme devant être l'objet d'un change- ment; or, par ces parties du mot, il faut entendre le commencement, le milieu ou la fin. S'il s'agit du com- mencement, il est désigné par un des mots tête,j~>; bord, wJ (lèvre); visage, -j.j (joue); commencement, !*xw; premier, Jkt; couronne, ~-Lj, **J>! , ou ïSS*, et au- tres mots qui peuvent indiquer le commencement. S'il s'agit de ia partie du milieu, on la désigne par les mots cœur, J^; cerveau, cervelle, noyau, y*p ; centre, J^O; mi- lieu, jjL» ou la*-^, etc. Enfin, s'il s'agit de la fin du 4 Ce mot, dont le pluriel est JL^cl, signifie proprement acte, action; mais il se prend ici dans un sens particulier comme terme technique. 2 Ce mot signifie proprement toucher une somme d'argent. 3 A la lettre, V action de délier, 4 Arrangement. 5 Changement, — 170 — mot, on la nomme pied, l>, ou fJJj fui, ^Xjb ou *Lâ?>î, etc. On désigne aussi le commencement etla fin d'un Ènot par les expressions : le premier jour de la lune, il>, et le dernier, j\~>; V apogée, ~^\ et le périgée, j^^^ ; la montée, \\ê, et la descente, w^*..i ; le haut, Sb, et fo 6a*, o ;; la partie limpide, ^, et te résidu, jp;>>; /a fo^an- c/*e, ^Li», et la racine, i~j ; te mt'/tett du vêtement, y «a, et te pan aV M roôe, ^l-** etc. On se sert aussi des mots qui expriment ce qui en- toure une chose, comme peau.^~>j.\ vêtement, **[*>, etc., pour indiquer le commencement et la lin d'un mot, comme on le voit dans le vers suivant sur Mura, ç*y, Moïse. C'est ici la peau ' du muddaï (ennemi) et la moelle - du dost (ami) ; demande que cette moelle et celte peau viennent (c'est- à-dire l'ami). Si l'on a à désigner plusieurs lettres du milieu, on les nomme cœurs, L.b, centres, {*£y, etc., ainsi qu'on le voit dans le vers suivant sur le nom de Sâbit, \J^\j. J) s J-j ^~> ^ J- j- °'':-' r * 1 C'est-à-dire le mîm, qui commence, et le yé, qui termine ce mot. Le mot ~~>y commence et finit en effet par ces deux lettres. 2 C'est-à-dire les deux lettres médiales de *JU~0, à savoir le waw et le sîn. — 171 — Si celui qui épie mes actions veut connaître le nom de celle que j'aime, qu'il prenne le mot Sibât, oLj > qui a deux cœurs *, et qu'il les mette devant-derrière 2 . On se sert quelquefois, pour exprimer les trois lettres radicales d'un mot, des lettres employées à cet effet par les grammairiens arabes, c'est-à-dire du fé, ^_à, du am, p et du lam, J 3 . D'autres fois, on emploie un des mots jUS', à^r, ^y, ^J\a, côté, pour exprimer tantôt la première, tantôt la dernière lettre d'un mot, comme on le voit dans le vers suivant sur le mot Adam, *s I \ mon cœur blessé par l'amour, ne te plains pas de ton sort, puisque les cils des belles arrivent plus ou moins de mon côté 5 8 1 C'est-à-dire les deux lettres médiales du mot 0^> a savoir 1' 'ali f et le 6e. 2 En effet, oLo a une première lettre qui est se, , et une dernière qui est té, O, puis deux lettres médiales, qui sont 6e, v >, et aïlf % î; or, si yous mettez Yalif devant le 6e, vous avez vJU-oLy, qui est le mot de l'énigme. 3 Ces trois lettres forment le mot J-*% qui sert de paradigme a la troisième personne du prétérit du verbe arabe, laquelle est considérée comme la racine, non-seulement des autres temps et personnes des verbes, mais de tous les dérivés nominaux. ÂJ Ce mot signifie aussi homme. s A la lettre au côté du^rnot u». Par là l'auteur entend Yalif, qui commence le mot ^Ol. J'ai considéré le mot U comme étant le pronom possessif de la première personne au pluriel, et c'est ainsi que j'ai traduit de mon (notre) côté. On peut aussi le pren- — 172 — On entend par tahM, JJ^i l'emploi d'une expression qui ne forme qu'un mot dans le sens du poëme, mais qui, dans un sens énigmatique, se sépare en plusieurs mots. Levers suivant sur le mot khurram, *J»>, en offre exemple > -** J* ** * V Z'i O' - ' /. Ci V *_£■>>- di* - -.} Le vin pur qui nourrit l'esprit dans une agréable ivresse c'est pas le vin plein de lie qui l'incommode. Dans ce vers, le motjU», qui est l'anagramme de ^, forme un tahlîl en deux parties, à savoir à, courbé, i \ jl, impératif de ^j^, apporter. Le mot jjîjJJ)^», mâzandarân, qui est le nom d'une province de Perse, et dans lequel on trouve l'anagramme du mot ^l»t, offre un exemple d'une allusion énigma- tique par un tahlîl en quatre parties, à savoir L», nous; jj-J, femme; jï, dans, et jjl, cela. Le tarkîb est le contraire du tahlîl. C'est réunir dans un sens énigmatique plusieurs mots en un seul. Le vers suivant sur le mot beg, oi-j, en offre un exemple : Quoique mon amie paraisse fâchée contre moi devant mes rivaux, toutefois elle n'a pas de considération pour ces étrangers. dre, selon l'auteur du Hadâyic, pour le substantif arabe L», eau. Dans tous les cas, le jeu de mots est identique. — 173 — Des deux mots v*JJ L^JLSLj se forme le mot J,L$J, re- jeton, etc. , que le poëte a en vue énigmatiquement. Quant au mot viX-J, qui est le sujet du vers, il fait partie du premier mot. Enfin, on entend par le tabdîl le changement d'une lettre d'un mot en une autre. On donne le nom tech- nique de fâcid, j.**ls, altérée, à la lettre qui est changée, et celui de kâïn, ^ fe", existante, à celle qui la remplace. Le rubâï suivant sur le mot ^^, éloquent, offre un exemple de cette figure : J, ^ b- j ^*- d 1 -4) ^!j^ jJui^ ;'J j' $'. &■ f b } M r 4 pï ■J ^sS\«2J Os t*i »a. wX^v j' j_x_r_3' ' cr^H r"j *) ^ &.À ^f Mon rival a recommandé à cette belle à la taille svelte de ne pas sourire gracieusement à tout le monde comme la rose. Cet avis étant très-rigoureux, l'agaçante beauté a froncé le sourcil et baissé la tête. Par l'extrémité du sourcil, il faut entendre îà lettre nom du mot vjusjyaî, et par le tortillement (à la lettre « le nœud ») que la belle y fait, il faut entendre le changement du noun en fé i dans ce mot, qui devient ainsi ^^, en retranchant en outre le té final. 1 Ainsi que dans toutes les langues, les lettres de l'alphabet arabe ont chacune un nom : alif, v $)) ; 6a, Jj ; ta, Jj, etc.; et c'est de ce nom qu'il s'agit ici. Je ne sais, par quelle manie d'innovation, au lieu d'appeler nos lettres comme autrefois a, 6e, ce, de, effe 9 etc., on les nomme a, beu, ceu, deu, feu, etc. — 174 — CHAPITRE II. DES PROCÉDÉS PRODUCTIFS, < Jv#r?* i J^. Il y en a huit : le lawîs, fj^r ^ (explication) et le takhsîs, ^.^-dr 5 (détail) ; le tasmiya, à^^Jî (indication du nom); le tahnîh, ^Jj (allusion); le tarâduf, ^J^y (annexion, mention successive), et Yischiivùl,. jJlyxiJ (association) ; le kinâya ul£ (métonymie) ; le tashîf ^J^^ 3 (jeu d'écriture); Yistiâra, »jLjùlJ (trope), et le taschbîh, ^^^ô' (comparaison); enfin le hiçâb, ^Lo. (calcul). Le iansîs est le nom qu'on donne à la mention de quelques lettres ou de toutes les lettres d'un mot; le nom de takhsîs est réservé à l'indication qu'on fait de ces lettres d'une manière quelconque. Le vers suivant sur le mot »>£ (généreux) offre un exemple du premier cas : yrtf** * ù /j Or* *if> ç^ Je pleure et il fait rire l'ennemi; il cherche son nom *Jv^, et il est la meilleure de ses qualités. Le vers suivant sur le mot j^ (printemps) offre un exemple du second cas : " &> ij' — ?>— 3 J j , ^- J *-> sSf^d y (^ Ton visage est une rose et le jardin de ta beauté un parterre ; ton nom est un printemps qui n'a pas de fin. — 175 — 2° Le tasmiya consiste à désigner par leur nom les lettres qu'on veut indiquer dans un mot. Le premier élément des noms des lettres se nomme muçammaé an ism^ a~>Î ^l ^L^w, c'est-à-dire la lettre que nomme ce nom, et les lettres accessoires sont appelées baïyinât-i an harf, ^J>j^ y*> ^ ^Lu-j, D'après cela, le procédé du tasmiya peut avoir lieu de trois manières : 1° en désignant le mot par le nom de ses lettres ; 2° par leur description ; 3° par ses lettres ac- cessoires ou de développement. Cette dernière espèce de tasmiya a été imaginée par le célèbre rhétoricien Scharaf uddîn Alî Yazdî, qui, dans son livre intitulé : Hulal mu- iarraz 1 , a réuni beaucoup d'énigmes de sa composition. Le vers suivant sur le mot ^Jj^> scharaf, offre un exemple de la première espèce : ^J-lS ^y» Jjj ÇjL WJU >J De ce côté, vous avez schar, p >£> (la loi) ; de cet autre, kaschf, ^Ltà (la manifestation), et au milieu il y a un ré pour scharaf, ^j^ (l'illustration). 1 \jb> Jla>. Cet ouvrage, dont le titre signifie, à la lettre, vêlements brodés, est écrit en persan, et roule sur l'énigme et le logogriphe. Hâjî-Khalfa nous apprend que l'auteur, qui était natif d'Yazd, ainsi que son surnom l'indique, mourut vers Fan- née 850(1446). — 176 — Le mot scharaf, ^Jj±>t sur lequel roule l'énigme, commence par un schîn comme ? y~* et finit par un fé comme >m J^S; enfin, il y a un ré au milieu. Le vers suivant sur le mot firoz,p K $, offre un exemple de la deuxième espèce : c tS J. ^\y U J^j ^jLa. Xvûaj Une belle comme la lune a montré peu h peu son visage pareil a la lune, dans l'intention de tourmenter une âme et un cœur faibles et chagrins. Par les mots aL» y$. ^ », visage comme la lune, il faut en- tendre la lettre j>, qui commence le mot j^-i. Enfin, le vers qui suit, sur les mots imam, - L»! (celui qui préside à la prière), et amîn, ^\ (fidèle), offre un exemple de la troisième espèce : r£ij&. les Poissons, etc. Pour les jours de la semaine, t, c'est-à-dire un, est l'indication du dimanche; v_>, c'est-à-dire deux, du lundi, etc. Or, lorsqu'on veut parler de ces choses d'une manière énigmatique, on les indi- que par les lettres que nous venons de mentionner, comme dans le vers suivant sur Fîroz-bakht, c^rf \jjJ (à heureuse fortune) : Vois, par l'élévation de Jupiter et de la Lune, la noblesse de son cœur. Regarde la forme des tables astronomiques et les ac- cessoires du calendrier. Si l'on n'était pas prévenu d'avance que ce vers énig- matique roule sur un personnage nommé Fîroz-bakht, il serait tout à fait impossible d'en comprendre les allu- sions. Je pense que, pour former la première partie de ce mot, il faut prendre le fê de ^A, Yyé qui repré- sente, ainsi qu'il a été dit plus haut, la planète de Jupi- comme cipher en anglais. Le zéro des chiffres arabes est un point (♦), mais dans les chiffres exprimés par des lettres, il a une forme particulière qu'on trouve employée, entre autres, dans les Tables d'Ulug-beg, publiées par M. A. Sédillot. 1 On veut parler ici de l'emploi des lettres de l'alphabet avec une valeur numérique. Ainsi ' vaut un, i > deux, ~ trois, 3 quatre, 8 cinq, j stx,\ sept, ~ huit, L neuf, ^C dix, L> (alif et yé)onze, etc. — 179 — ter, et le ré qui indique ia Lune; puis, dans ^t et dans jt, on a le waw et le zé, et ces lettres réunies forment jjj. ; v9. Le premier hémistiche fait d'ailleurs allusion au sens de cet adjectif, et le second au sens de w*s^, 4° On donne le nom de tarâduf au procédé qui con- siste à n'énoncer, de plusieurs mots qu'on emploie ordi- nairement pour exprimer un seul sens, qu'un seul mot, et à se servir, pour le reste, de mots dont la signification soit plus vague, comme on le voit dans le vers suivant sur Bahman, ^v-tf : Tu peux répéter, au bord du ruisseau, l'indication du nom de cette idole qui plaît au cœur. Dans ce vers,j^ ^3 est pour ^ » J, « le bord de la rivière », mots plus précis et qui fournissent ainsi, par leur sens de bord du nahr,yj , le noun qui est en effet au bord de ce mot 4 ; et cette lettre, jointe à *^, complète le mot fjrtf, qui fait le sujet de l'énigme. Ce qu'on appelle ischtirâk, c'est lorsqu'un mot qui a plusieurs significations 2 est employé, non dans le sens que l'esprit a naturellement en vue, mais dans un sens qui se rapporte au sujet de l'énigme. Ce procédé ne 4 Sur les expressions de ce genre, voyez p. 169. 2 Ce mot se nomme viJv&â*^, c'est-à-dire le mot qui estl'objet de Yischlirâk, ^j\y^\, ou association. — 180 — peut avoir lieu qu'avec le tarâduf, qui vienl d'être i que. Le vers suivant sur le nom à'Ulug Beg, sjS^J *JI ', en offre un exemple : J»Jjr :: \ ^tj), que je traduis par /ew résultat, il faut entendre le vent, ab. Une manière d'employer le même procédé est ce qu'on nomme takrâr, Jj&, répétition. Elle consiste à expri- mer un sens par un mot, et un autre sens par un pro- nom qui se rapporte à ce mot. Cette figure a du rapport avec celle qu'on nomme istikhdâm, *\&sL»\ asservisse- ment*, comme on le voit dans le vers suivant sur Abou Ishâq, ^jjbsr—t^î : «5j-£S\*J J^ wL» jïj mJ^S j~> îOl^J Entre le cyprès et la taille de ma bien-aimée ne fais pas de différence; car ces deux choses ont réuni leur tête, et au milieu se trouve le cœur impatient. Le cyprès et la taille représentent les deux alifdej\ et de (jLs:*^. Par l'expression^ ***,, qui signifie, à la lettre, une trace nouvelle, il faut entendre l'odeur, y, mot qui se trouve dansai. Par le pronom ^Làol*, qui se rapporte à jj~> et à A3, que le poëte appelle deux têtes réunies, il faut entendre les deux extrémités du mot 1 Voyez II e partie, chapitre I er , section x. 2 Dans jLio'o', pour «o^i *>. — 182 — ^jLs—î, c'est-à-dire ^- 4 et .8; et par le cour, J:. il faut entendre le ~ qui est au cœur, c'est-à-dire au mi- lieu du mot. 6° Le procédé nommé tashtf consiste dans le déplace- ment des points diacritiques d'un mot, de manière à en changer la prononciation et le sens. Cette figure de mots ne peut avoir lieu qu'avec vingt-deux lettres de l'alphabet, et non avec les six autres qui sont comprises dans les mots mnémoniques, J»! *£*. On appelle poétiquement les points diacritiques perlei, f»S\ éphélides, J 1 -^; grains, ùb; atomes, &TJ, etc. Le vers suivant sur le nom de Kkizr,yÂjL % , offre un exemple du tasklf: jU 5^ w-J ^_q^ ^i' p k/^-srf j£ <0 Tu as deux points noirs sur la fouille do la rose. S'ils décorent la détresse, ils donnent le nom dont il s'agit. Les deux points sur la feuille de la rose sontles points diacritiques des lettres ~ et jd du mot^=-^, qui, lu sans points, est ^^=w, détresse. 7° Le procédé de comparaison a-jJu» et de trope *jl*ju-t consiste à mentionner un mot Jàsô et à y assimiler 1 L'alif est censé être ajouté par euphonie et ne pas faire partie du mot. 2 II s'agit ici de l'alphabet arabe, qui est composé de vingt-huit lettres. 5 Sur ce personnage, le même que le prophète Élie, voyez mon « Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde ». — 183 — une ou plusieurs lettres qui le représentent, ce qui rentre en effet dans la comparaison et le trope, les- quels ont été expliqués dans la première partie de ce travail. De même qu'il est nécessaire que dans le trope le sujet de la comparaison, *x& *=wj, soit manifeste dans l'objet comparé, JjL*xw (l'objet emprunté), et l'objet auquel on compare, jX»jLso^ (l'objet pour lequel on emprunte), il faut aussi, dans la figure dont il s'agit, que l'objet qu'on a en vue, o^^, ait avec ce qui est mentionné, j^j^, une analogie évidente, J^. Parmi les lettres qui sont le plus employées dans ces jeux de mots énigmatiques, on distingue Yalif, qu'on assimile à la taille élancée des belles, au cyprès, au dra- peau, au palmier, etc., comme dans le vers suivant sur le mot Ibrahim, ^»'jjl, Abraham : & jU &£ vju~>î *Uf àj **j£ J'ai dit à quelqu'un égaré du chemin : Nous ne savons pas ton nom. Il montre sa taille et dit en riant : f£>\y « Nous sommes dans le chemin ». Le sîn 4 est aussi une des lettres propres à ce genre de figure : on le compare à la scie, aux dents, etc. On com- pare le noun aux sourcils, au croissant de la lune, etc., le jîm, le dâl et le lâm aux boucles de cheveux, le sâd à 4 Et aussi le schîn; les points diacritiques ne comptent pas dans ces jeux de mots. — 1 84. — l'œil, le mîm à la bouche. Le vers suivant sur schams. ^j^, soleil, offre un exemple de ce genre d'énigme : Comme elle a indiqué, au moyen de sos lèvres, la ligne des dents, la forme de sa bouche s'est montrée au milieu. La double ligne des dents, c'est le schhi qui commence et le sîn qui termine le mot ^yi ; et par la bouche, il faut entendre le mîm qui est au milieu. 8° Enfin, le dernier procédé, celui du hicâb. ^La, compte, est de cinq espèces : 1° le compte nominal, c-*~>\ L~^, qui consiste «à mentionner un nom de nombre, pour indiquer par ce moyen la lettre de l'al- phabet qui le représente, comme on le voit dans le vers suivant sur Bilâl, JSj ■ : Lorsque je lui dis : a Le malheur ~\j qui a eu lieu s'est effec- tué en ton nom », elle a placé la rangée de ses dents sur ses lèvres de rubis. Par la rangée de dents, il faut entendre la lettre sîn, /r», et par les lèvres de rubis Yyé, j?. Si on réunit ces deux lettres, on a 5?, -*-, qui signifie trente, nombre exprimé alphabétiquement parle lâm, J. Or, enjoi- gnant le lâm à Sj, qui précède, on a J^j. 1 Nègre célèbre, secrétaire et muezzin de Mahomet. — 185 — 2° Le compte littéral, ^j,^ vj.*^, consiste à men- tionner une lettre pour rappeler le nom de nombre re- présenté par cette lettre, comme dans ce vers sur Mûça, cr>y, Moïse : Je lui dis : « Quel est ton nom, ô toi qui m'es cher et qui me donnes l'existence? » mais il se troubla et poussa ses moustaches vers ses joues de rose. Par les mots Ji" ^b', qui signifient, à la lettre, le pan de la robe de la rose, il faut entendre la lettre lâm, qui vaut trente, nombre qui se rend alphabétiquement ; par -~ : . Or, si on ajoute *~* à y, on a ^y, qui est le mot de l'énigme. 3° Le compte par des mots qui se rapportent à la nu- mération ^Lâ-aJ v_>Lo.. On entend par là les mots ^jj paire, $j* unique, AS entier, rfë^ défectueux, jJh excé- dant, et autres mots du même genre. Levers suivant sur Khwâja Zaïn, ^j ^^, offre un exemple de cette variété du hiçâb : Le torrent de mes larmes s'est dirigé vers le faîte du ciel, jusqu'à ce que j'aie vu à la fin les sept coupoles 1 toutes dans le sang. 1 Les musulmans comptent cependant huit cieux, c'est-à-dire huit coupoles superposées, et sept enfers. — 186 - Si on prend les unités impaires du nombre 7, vj^Aa, et qu'on les exprime par des lettres, on a alif(\), jim (3), hé (5), et %é(T) f c'est-à-dire, les quatre lettres médiales du mot qui fait l'objet de cette énigme. Par le mot >lv, fin, il faut entendre Yyé, qui termine ces lettres, et le mot j_^, sang, fournit celles qui manquent au commencement et à la fin. 4° Le compte comprenant ^jLc-srM ^Lc^ consiste à exprimer un nombre par un mot particulier qui le dé- signe. Le vers suivant sur Ahmad, o^t, en offre un exemple : fJ C Dieu ouvrit les portes du paradis pour son entretien avec Moïse, jusqu'à ce que sa noble essence dominât les éléments. Dieu est un; les portes du paradis sont au nombre de huit; l'entretien (rendez-vous) de Moïse, qui dura qua- rante jours, fournit le nombre quarante; enfin, les élé- ments sout au nombre de quatre. Or, ces nombres, re- présentés par des lettres, forment J-?-l 5° 'Enfin, le compte en chiffres, ^'^ ^L»a., consiste à employer des jeux de mots énigmatiques relatifs aux chiffres arabes. Le vers suivant sur le mot , flambeau. C'est, en effet, une sorte d'impôt que paye la lune en donnant sa lumière. Pour bien comprendre ceci, il faut se souvenir que la lettre ± vaut 600, et que, en retranchant un zéro, on a 60, qui est rendu par un ^. CHAPITRE III. DES PROCÉDÉS DE PERFECTION, J-*&' JL*ét. Il y en a trois, à savoir : la composition, ^J?)^; le retranchement, iUùJ, et l'inversion, v^të. 1° On entend par le premier la réunion, selon l'ordre des lettres d'un mot, des éléments, z\y, divers dont ce mot est composé, lesquels ont été fournis par d'autres procédés, ce qui diffère essentiellement du tansîs dont il a été parlé plus haut. Le vers suivant sur le mot jiL*», voyageur, en offre un exemple : J-2 ♦ Z Puisqu'on nomme sa couronne la couronne du soleil et de la lune, il faut que la couronne lui convienne. Le mot j.— s! et le mîm de al» fournissent les lettres qui forment le mot de l'énigme. 2° Le retranchement, .LliLJ, consiste à rejeter une ou — 188 — plusieurs lettres 1 de certains mots pour en former celui qui fait le sujet de l'énigme. On en distingue par là quelques-unes des autres, et c'est pour cela qu'on nomme aussi cette figure particularisation, L ^-^ J . Le vers sui- vant sur le mot Je 2 suis altéré et cependant le monde est plein de l'eau de la vie; ma cruche, v _^»^, est vide, et je suis au bord de l'Ku- phrate, C>U Par les mots « mon ,_£•*- est vide ». il faut entendre que ce mot perd les lettres du milieu, bé et u/aw, ce qui le réduit à g-; et par le bord du cJj> il faut entendre la première lettre de ce mot, c'est-à-dire le ^J qui, ajouté à j-, produit le mot jj^. 3° L'inversion, wJi, consiste à changer Tordre des lettres dans les mots et l'ordre des mots eux-mêmes pour en former le mot de l'énigme. Le vers suivant sur le mot t-^l, Job, en offre un exemple : J^ tf J 3 — ^ p^ ^ j' fLï ^LâJ ^j ^Lij j%jb m*Aj y J:> j?ji Je cherche son nom >u, et tout a coup mon esprit 3 est pris 1 On nomme , &Jte les lettres au'on retranche, ^ , ^JLa le mot duquel on les retranche, et J^o^, ou le résultat, les lettres qui sont conservées. - A la lettre, nous sommes. 5 A la lettre, j, c'est-à-dire l'indication des points-voyelles et de leur suppression 2 , comme dans le vers suivant sur e mot v^JX=, roi: Il n'y a rien d'étonnant si, par ce vin qui est dans ton royaume, chacun se trouve tout à coup sens dessus dessous. Par le mot ^», vin, l'auteur entend J^, qui a le 1 L'auteur du Hadâyic fait observer que, dans son M untakhab-i hilal (abrégé du Hilal mutarraz, dont il a été parlé plus haut), Scharaf-uddîn n'approuve pas la mention de ces procédés, parce que, selon lui, ils ne sont pas au nombre des choses qui appar- tiennent nécessairement à l'énigme, et qu'elle peut avoir lieu sans eux. Il pense néanmoins que ces procédés ajoutent aux charmes des énigmes, et c'est pour cela qu'il les expose. 2 A la lettre, l'indication des harakât, obj.»., ou points- voyelles, et des jazm ou sukûn, ^Js~* t — 100 — même sens et qui se trouve compris dans sJl», et, par ce dernier mot, dont l'auteur marque la prononciation par un fatha, y\, et un kesra,j9j, il entend £&>, roi. 2° Le taschdidet letakhftf, ^i^j ^i^w, c'est-à-dire, l'indication des lettres qui doivent recevoir le tasduild, et de celles qui, l'ayant, doivent le perdre, comme dans le vers suivant sur le mot -^Jâ, heureux : Lorsqu'on veut orner celte joue pareille à la lune, il est conve- nable d'y placer en haut des grains de musc nouveau. Par les grains de musc en haut de la joue, il faut en- tendre le tasc/idld au-dessus du ré dans le mot ~ i, 3° Le madd et le casr,j^ïj J^, c'est-à-dire, indiquer que le medda doit être employé dans des mots où il ne se trouve pas, et vice versa, comme dans le vers suivant sur le mot s-J-fr^, étoile : Ses boucles de cheveux, ,yj, ont été le but évident de V énigme. Elle a montré devant nous ses boucles comme un but. Les boucles de cheveux sont souvent comparées au jim, ainsi qu'on l'a vu plus haut, et c'est à quoi l'auteur fait allusion. Or, le^'im vaut « trois» selon la valeur nu- mérique des lettres arabes, et ce nombre est exprimé en persan par *-. Mais nous avons vu que souvent les points diacritiques ne comptent pas ; aussi a- est-il pour — 191 — *&, roi. Le mot U signifie eaw en arabe, et c'est dans ce sens qu'il faut le prendre ici pour l'énigme et le rendre par son synonyme persan, wJ, auquel s'appliquent les mots ^J \j , A^j Jy*a/>, que j'ai traduits par elle a montré ses boucles de cheveux comme un but, ce qui si- gnifie, dans le sens de l'énigme, a eu pour but (a attaqué) lemedda, qui ressemble en quelque chose à des boucles de cheveux, c'est-à-dire, a montré (ce mot) dépourvu du medda. 4° L'izhâr etYisrâr,j\j~>}2jLfJà\ à la lettre : la mani- festation et l'occultation. C'est lorsqu'il faut prononcer, pour le mot de l'énigme, une lettre qui ne se prononce pas ordinairement 1 , comme dans le rubâï suivant sur Mahdî. ^J^ : *V J^ fj ^ ^^ v^" 0Vv °juh — i ç — * — ? h J* J^ 1 t. i. . Devant cette idole pour laquelle mon cœur a été ensanglanté de chagrin, j'ai fait hier connaître toute la situation de mon cœur affligé et nourri de tristesse, et rien ne me reste à dire de plus, quand même je pourrais lui parler derrière le rideau du harem. Les matériaux du mot ^£^ se trouvent dans a^> et * Par exemple le hé final dans J La> et J U , et vice versa. Sur ce hé, nommé mukhtafi, ou caché, voyez mon édition de la Gram- maire persane de Jones, p. 6. — 192 — jp, en retranchant le premier hé de * v a>, et en pronon- çant le second. 5° Le marûfet le majhul, Jy.sr' 8 . ^J-y^-, à la lettre : le connu et Vinconnu. Ces mots s'appliquent au waw et au yé de prolongation. On leur donne le premier nom, lorsqu'ils se prononcent û et ï, et le second, lorsqu'ils se prononcent o et é k . Le procédé dont il s'agit ici con- siste à changer cette prononciation pour avoir le mot de l'énigme, comme on le voit dans le vers suivant sur le motjy (nûr) lumière: Quand un cœur sera désolé, il cherchera sa consolation dans le vin de tes lèvres de rubis, et il sera enivré avant d'avoir bu jusqu'à la lie cetle boisson délétère. Les deux premières lettres de çjty, prononcées nû au lieu de no, et le ré deyj forment le mot de l'énigme. 6° Le tarîb et le tajîm ^F^j v -r^ J !;*" , '• ® n e °tend par là prononcer à la manière persane les quatre lettres arabes ^ ~ ; et dJ 2 ou vice versa, comme dans le vers suivant sur j. r ~o : mon fils, tout ce que tu peux désirer est en toi ; tu es l'asile du soleil et des étoiles. 1 Voyez aussi, au sujet de cette prononciation classique con- servée dans l'Inde, l'ouvrage que je viens de citer, p. 7. 11 C'est-à-dire 6c, jîm, zé et kâf, ou pé, ché, je et yâf. — 193 — Si on prend du mot^~o le sin, qui représente le soleil , et qu'on le change en Ju, on a^.~j avec le pé persan ; puis, si on substitue au pé persan le bé arabe, on a^^, qui est le mot de l'énigme. CHAPITRE V. DU LUGZ, j*K On entend par là l'indication d'une chose par la men- tion de ses propriétés et de ses qualités, mais d'une fa- çon énigmatique, La différence 2 entre l'énigme, JjJ, et le logogriphe, II** 3 , c'est que le sujet du logogriphe ce sont les lettres et les mots, tandis que celui du lugz c'est l'essence même des choses \ Les vers suivants du célèbre Amîr Khusrau offrent quelques exemples de ces énigmes persanes : 1° Sur le gâteau indien nommé pâpar,jAj f : 1 Jos. de Hammer traduit ce mot par « charade ». (Journal Asiatique, septembre 1 849, p. 249) ; mais il indique simplement, il me semble, une sorte d'énigme. 2 On confond souvent le L^*» et \ejx$ (Introduction de « l'His- toire delà littérature hindouie et hindoustanie », seconde édition, p. 32, 33, t. I er ); mais on voit, par les explications qu'on donne ici, qu'il y a entre ces deux mots une différence réelle. 5 On le nomme aussi ^bL*^, ainsi qu'on le voit dans le vers de Khusrau cité à la page ci-après. * Quelquefois un même mot peut être envisagé sous deux points de vue, et être ainsi, à la fois, l'objet d'un logogriphe et d'une énigme. 43 — 194 — _/ a Sa couleur est celle du safran, sa forme celle de la lune des cieux; sache, ma belle, qu'il a, à la fois, pied (pâ) et plume (par), et devine ce logogriphe. 2° Sur le mot diram, ^, pièce d'argent : ^jU.^ (J^J) ^J^J WlA U-**J vj^^b ^ Sans tête (c'est-à-dire sans la première lettre), il exprime une qualité de la gazelle 1 ; sans cœur (sans la lettre du milieu), il si- gnifie la vie*', sans pied (c'est-à-dire sans la dernière lettre), il con- vient à la maison (O, porte), et il est même l'éclat du monde (Jl, perle). 3° Sur le motjjî, nuage: . Il boit l'eau de la mer; il donne l'abondance aux hommes. 4° Sur le mot £Uo>, lampe: £>} .O >' Û» O ^^awO (..^a..) US: 2, V^j—j f* ^ ^Sj 1 -' tf!> 5 1 ^ signifie, en effet, la course légère de la gazelle. * >3, souffle, respiration, et par suite, vie. — 195 — J'ai vu, le soir, une admirable apparence, telle que, si je la mentionne, personne ne voudra me croire. C'est un arbre dont la tête est un bassin plein d'eau (huile), où se trouve un serpent (la mèche) qui n'a ni tête ni queue, 5° Sur le mot ^Jj>, boule: Quelle est cette chose qui n'a ni tête ni pied? Elle chemine et elle n'est pas composée de parties. IV e PARTIE. DES PLAGIATS, olij-. Il y a deux espèces de plagiat, Uy» 9 saricat 1 : l'appa- rent, ^s>Q>, et l'occulte, j^Lt^, et ils se subdivisent en plusieurs variétés, CHAPITRE I er . DU PLAGIAT APPARENT. La première variété de ce plagiat consiste à employer textuellement, dans un poëme, des vers d' autrui, sans aucun changement ni dans le sens, ni dans l'expression, et c'est ce qu'on nomme naskh, ^~o, copier, et intihâl, 1 Ceci est le singulier ou mot qu'on lit en tête de cette partie. — 196 — JUsil, s'attribuer (les vers d' autrui). Or, ce plagiat est tout à fait réprouvé par lesrbétoriciens orientaux. L'au- teur du Hadâyic cite, à ce sujet, nombre de vers qu'on trouve à la fois dans plusieurs dîwans contemporains, sans qu'on puisse savoir au juste quel poëte en est le vé- ritable auteur. Le plagiat est quelquefois involontaire, car deux personnes peuvent avoir la même idée et l'ex- primer de même. Ce plagiat accidentel se nomme tawâ- rud, ïj\y, et non saricat, iSp*. La seconde variété du plagiat apparent consiste à prendre le sens entièrement, et à employer les mots en tout ou en partie, mais en changeant leur ordre. Exemples : $*S Lyj ^z^lSLA >y ïL» ^ j£» .3 La courbure de ton sourcil arqué a courbé (mis en deux) mon dos; elle m'a montré au doigt dans la ville comme la nouvelle lune. Ce vers, qui est de Jâmî, a été ainsi reproduit par Hazîn : 2 S L^j \J^iS-)\ ±y tu» j^. w^i* O Le poids du chagrin occasionné par l'amour que tu m'in- spires a courbé mon dos; il m'a montré au doigt dans la ville comme la nouvelle lune. La troisième espèce de plagiat apparent consiste à prendre le sens et les mots, en tout ou en partie, mais à — 197 — les disposer différemment. C'est ce qu'on nomme igâra, *)U>, attaque, et maskh, £***, métamorphose. Ce plagiat est acceptable, si le nouveau vers vaut mieux que l'an- cien. En voici un exemple : Quiconque craint les hommes ne réussit pas dans ses desseins, tandis que le brave qui affronte la mort jouit des avantages qu'il désire. Ce vers arabe de Baschschâr a été ainsi imité par Salm: Celui qui craint les hommes meurt dans le souci, et l'audacieux parvient à la jouissance des choses qu'il ambitionne. Le sens de ces deux vers est le même ; toutefois le se- cond est préférable, à cause qu'il est plus concis d'ex- pression. Lorsque le vers qui est écrit à l'imitation d'un autre n'est ni meilleur ni plus mauvais que le premier, l'avan- tage est à celui-ci, et on désapprouve tout à fait le der- nier lorsqu'il lui est inférieur. La quatrième espèce de plagiat apparent consiste à emprunter les idées, mais à les revêtir d'expressions nouvelles. Dans ce cas, aussi, le plagiat est louable, si le vers qui est fait à l'imitation d'un autre est plus élo- — 198 — quent que le vers original. S'il lui est égal, le premier doit lui être préféré, et on ne le tolère pas s'il lui est in- férieur Voici un exemple de cette espèce de plagiat. En 330 de l'hégire, Abu Schakûr composa un mas- nawî sur le mètre mutac«rib\ d'où sont tirés les vers suivants : >iv jl £» , 'J 7' J>^ î* ^l Jr-L-^ îj— -* J L - Que la vie ne le produise pas pour fruit un ennemi ; car l'en- nemi est un arbre amer de sa nature. Or, tu as beau arroser avec des choses grasses et douces un arbre naturellement amer, l'arbre n'en portera pas moins des fruits amers, et tu n'en goû- teras pas de doux. L'auteur du Livre des Rois, Firdaueî, qui a écrit pos- térieurement à ce poëte, a dit à son tour : ^M Mh • — X !> iL /.-.s .L. e _s Un arbre amer est amer de sa nature, quand même tu le pla- cerais dans le paradis; quand même, en temps opportun, tu arro- serais ses racines avec l'eau du fleuve de l'éternité et avec du miel pur. Sa nature prendrait le dessus, et il produirait encore du fruit amer. Il est évident, pour les gens de goût, que, bien qu'on puisse considérer les vers de Firdaucî comme une sorte de reproduction des premiers, ils leur sont bien préfé- rables pour le charme de la diction. CHAPITRE II. DU PLAGIAT OCCULTE. La première variété de cette seconde espèce de plagiat consiste à reproduire le sens d'un passage connu en ca- chant cette ressemblance. Ainsi Jarîr 1 a dit: Que leurs barbes ne t'empêchent pas d'exécuter ton dessein, car ces têtes à turban sont pareilles à celles a coiffe 2 . 1 Célèbre poëte arabe sur lequel on peut consulter Ibn-Khalli- caris Biographical Dict. translated by Baron M. G. de Slane, t. I, p. 294. 2 C'est-à-dire ils sont semblables à des femmes qui portent la coiffure nommée jl v ^ ou 2*4*. — 200 — Mutanabbî a dit ensuite de son côté : Celui d'entre eux qui a une pique en main est pareil à celle qui a les mains teintes de hinna. La seconde espèce de plagiat occulte consiste à donner au vers qui a été fait à l'imitation d'un autre un sens plus général qu'au premier. Ainsi Saadî a dit : vj^_âj *-5Lo > fr ».i Job aJo! Jt> Lj jb ^Jbj U ^ ^0 Jjlv J^ ^ Il faut absolument que tu ailles en une autre ville, car un cœur ne peut rester dans cette ville sans que tu l'enlèves. Amîr Khusrau a dit, après lui, d'une manière plus générale : J^ ' J^J 'j c^ J^ sjj 3 * A 11 n'y a plus personne que tu puisses tuer par l'épée de ta gen- tillesse; à moins que tu ne vivifies les gens et que tu les fasses périr de nouveau. La troisième variété du plagiat occulte consiste à transporter le sens d'une chose à une autre, c'est-à-dire à faire une application différente de la même idée. En voici un exemple. Saadî a dit : — 201 — Je ne puis me plaindre du chagrin que le cœur de pierre de mon amie me fait éprouver ; car j'ai brisé moi-même le verre de mon cœur sur l'enclume du sien. Mulla Wahschî a dit, à son tour, en substituant le froncement du sourcil au cœur de pierre : jj) àJ JoJJO] SjL jOJ $£ àfk ^y» C'est moi-même qui ai embrouillé mon affaire et non toi, car auparavant ton sourcil n'était pas froncé contre moi. La quatrième variété du plagiat occulte consiste à ex- primer, dans un vers, un sens opposé à celui d'un vers connu. En voici un exemple. Ahlî de Schirâz a dit : $j\ ^j-X-ssr> j~> j.) bL> À-a. b" mLv*-! toi qui as fait faire quelques pas par erreur à la chamelle de Laïla! Plût au ciel que ce malheur arrivât pour Majnûn! Schifâi a dit, à son tour, au contraire : à-5 Laïla ne va pas trouver Majnûn, morne par erreur; cet amant n'a pas, dit-on, cette bonne fortune. — 202 — La cinquième variété consiste à prendre quelque chose de l'idée d'un autre, mais à y ajouter de manière à l'em- bellir. En voici un exemple. Amîr Vuazzî a dit : Sa coupe do vin est l'Orient et son gosier l'Occident ; lorsqu'elle vient de l'Orienta l'Occident, elle amène toute sorte de maux. Khâcûnî a dit, de son côté, en développant cette idée d'une manière heureuse : Le vin, c'est le soleil qui lance ses rayons dorés; la coupe de cristal, c'est le ciel ; la main de l'échanson, c'est l'Orient ; et l'Oc- cident, c'est la lèvre de l'amie. CHAPITRE III. DE L'ICTÏBAS ET DU TAZM1N, { j^eS 3 ^^ < - On donne le premier nom, qui signifie emprunt, à la figure qui consiste à insérer dans un texte un passage du Coran ou d'un hadîs, de telle façon qu'ils paraissent faire partie de l'ensemble du discours. Le vers suivant de Sâhib ben-Abbâd en offre un exemple : tj\x3 J^L^' J~> ^4 ) ji J, Jli ïjfeUb ^JL ka^' jJL^aj J*ï wi* — 203 — Mon bien-aimé m'a dit : « Celui qui m'épie a un mauvais ca* ractère ; ainsi, flatte-le. » Je lui ai répondu : « Laisse-moi, ton visage est le paradis, qui est mêlé aux choses détestables. » Les derniers mots du second hémistiche du vers pré- cédent sont la première partie du hadis ainsi conçu : w>|y^b jliJI vjuAcs-j ^KJLj &2J' ^JlL « Le ciel est mêlé aux choses détestables et l'enfer aux choses agréa- bles 1 . » On réserve le nom de tazmîn, qui signifie insertion, aux vers et aux hémistiches d' autrui que les poètes in- tercalent quelquefois dans leurs propres compositions. Dans ce cas, si les passages qu'on cite ne sont pas bien connus, on doit nommer l'écrivain à qui ils sont dus, pour être à l'abri de l'accusation de plagiat. En voici un exemple : Sjï Jj-£-j bj— jj-à ^yS bS ^j-^_r \S ^fi *.£> ,.)*£> *~> ,.\c£ àS à-ST Dirai-je, ô Sauda ! ce que je suis d'après l'expression de Dard? Je suis ce que je suis ; en un mot, je suis malheureux. Le premier hémistiche est de Saudâ, et le second est de Dard. 1 C'est-à-dire, le ciel est la récompense de ceux qui ont com- battu les inclinations de la nature corrompue, et qui ont fait ainsi des choses qu'elle déteste ; et l'enfer est le partage de ceux qui ont suivi ces inclinations perverses, mais qui sont douces à l'homme déchu, — 204 — On donne aussi le nom de tazmîn à certaines pièces de poésie qui sont le développement d'autres poëmes con- nus 1 . Ces pièces sont généralement en strophes, dont chacune commence par le vers ou par l'hémistiche qui lui sert de thème. 1 Voyez l'Introduction de la seconde édition de mon « Histoire de la littérature hindouieethindoustanie », t. I er , p. 37. PROSODIE DES LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN SPÉCIALEMENT DE l' ARABE, DU PERSAN, DU TURC ET DE L'HINDOUSTANI CHAPITRE PREMIER. DES MÈTRES RÉGULIERS, DES PIEDS QUI LES COMPOSENT ET DE LEUR CLASSIFICATION. On nomme en arabe, et dans les autres langues de l'Orient musulman, la poésie, ou plutôt le discours me- suré et rimé, schir j*&, et la versification, arûz i j^jjz. Ce fut Khalîl ben Ahmad 2 qui le premier rédigea, d'après les anciens vers arabes, les règles de la métrique qui a été adoptée par toutes les nations musulmanes ; et ce fut lui qui établit les seize mètres originaux nom- més bahar ys^ 3 au singulier, buhûr j^srf au pluriel. Ces mètres ont des paradigmes propres à les faire retenir 4 Telle est la prononciation usitée en persan, en turc et en hindoustani ; mais, en arabe, on prononce arûd, le .ja se pro- nonçant d. 2 Ce rhétoricien vivait vers la fin du 11 e siècle de l'hégire, c'est-à-dire au commencement du ix e siècle de J.-C. * Ce mot, qui est arabe, signifie proprement mer, océan. — 206 — dans la mémoire, et qui sont composés d'un certain nombre de mots représentant exactement les piedk dont ils sont formés et qu'on nomme rukn fj^)i plur. arkân ^S ■ ; asl J-^, plur. uçûl jy*\ % \ juz •)»., pli ajzâ l}=^ 8 ; enfin tafila uUâJf, plur. tafâîl JJ^U» et a/ttU On compte dix pieds originaux et réguliers : deux de cinq lettres et huit de sept, lesquels sont représentés par les dix mots suivants, qui leur servent, en même temps, de dénomination technique, ce qu'on appelle zâbita àLLs, plur. zawâbit ^ya'% à savoir : I, ^^2*9 fâûlûn*, le bacchique des pieds latins. Exemples : a. >Uai nrAimïin\ arrangement, p. ^^ nâmudân, paraître. 1 C'est-à-dire pilier. Ce mot, ainsi que plusieurs des expres- sions techniques qui suivent, a trait à la dénomination de w**>, lente et par suite maison, qu'on donne au vers en arabe. * Fondement. 1 Portion, partie. * C'est-à-dire dérivés delà racine arabe /aa? Jji3, parce qu'en effet ces mots appartiennent à cette racine, aussi bien que tous les paradigmes des noms et des verbes en arabe. 5 C'est-à-dire règle, etc. 6 Dans ma transcription, j'ai adopté les longues et les brèves des pieds latins ; mais je dois avertir que, pour discerner les syl- labes longues des syllabes brèves, il faut avoir égard à la pronon- ciation et non à l'écriture. On trouvera plus loin des détails à ce sujet. 7 Les nunnations arabes sont longues. Lorsqu'on veut indiquer régulièrement la scansion, on les écrit en toutes lettres. Ainsi ^Lk> (pour fUai), c ^Lk5 (pour J-lai), etc. — 207 — 2. ^lùlï fàïlûn, l'amphimacre. Exemples ; a. pis âlimùn, savant ; p. ^cXl) làschkârë, une armée 3. (^cLà* rnâfaïlùn, l'épitrite premier. Exemples : a. .IjUU 4 mâfâtïhû, des clefs; p. hùj J^ gùlV rànà, rose fraîche. 4. ^'^cli fàïlâtùn, l'épitrite second. Exemples : a. jLa. JI âlrïjàlû, les hommes; p. ^Lfca-J ïsfâhànï, d'Ispahan. 5. ^l*Axw mustâfilûn, l'épitrite troisième. Ex.: a. djy £==> l ûktùbnâhû, écrivez-lui (femmes); p. y »K15" gûhàrV tàr, jardin frais, 6. .jxLLâ/9 mâfàïlàtùriy l'iambe et l'anapeste réunis. Exem- ples : a. *àû U) lânâgànâmûn, à nous (est) un troupeau ; p. ^jj j"> sûçânï châmàn, le lis du jardin, 1 Ici ce mot est censé être écrit jtiS&s>, parce que, en effet, en poésie, les voyelles brèves finales peuvent être rendues longues à volonté; c'est ce qu'on nomme phi^, saturation. Il en est de même, plus loin, pour les mots JL». ., âJU*^=>!, (Voyez la Grammaire arabe de Sacy, t. II, p. 497.) 2 Vi que j'ai ajouté dans la transcription et qui n'est pas dans le texte, est la marque de Yizâfat ou annexion, qui a lieu entre deux substantifs et entre un substantif et son adjectif. On la re- présente, en persan, en hindoustani et en turc, par un kesra (qu'on n'écrit pas ordinairement). Ce kesra, quoique bref de sa nature, peut devenir long en poésie; c'est ainsi qu'il est employé dans cet exemple. 3 Ici Yi de l'izafat est bref. — 208 — 8. 3J$yà* mâfûlàtû, l'épitrite quatrième. Ex.: a. ^LJL^ic I ùsmànânï, deux Osmans; ?. jSJlz âlârnyuîr-i l . 9. jjj ^ pli fàï-lâ-tun. 10. .J *i!> (^ mïis-tàfï-lun 2 . Or ces pieds se composent de trois éléments qu'on ' nomme sa&afr ww**, c'est-à-dire corde; watad Jtfj, c'est- à-dire clou de bois; fâcila *L?Li, c'est-à-dire division; et chacun de ces trois éléments est de deux espèces. Le sabab est ou khafîf ,4^, léger, ou saquîl J^w, /owrd. Par le sabab khafîf, on entend deux lettres dont la première est mue, c'est-à-dire affectée d'une voyelle brève, et dont la dernière est quiescente, c'est-à-dire dé- pourvue de voyelles ; comme dans ^ mus (de ^jlxâ^**»), li fâ (de ^ii), etc. Par le second, on entend aussi un groupe de deux lettres, mais dont la seconde est mue ainsi que la première, comme dans c^ muta (de Le watad est ou majmû ç>y£?, conjoint, ou mafrûc (J)jy^, disjoint. Par le premier, on entend un groupe de trois lettres dont la première et la seconde sont mues l'une et l'autre, et dont la dernière est quiescente, comme dans ^le ïlùn (de ^li). Par le second, on dé- 1 Ici, à cause de la mesure, un i bref est censé affecter le ré qui termine le mot « Alamguîr » . 2 Ces deux pieds ne sont en réalité que le h, ^3'ïAcli et le 5 J.xix*w» ; aussi de Sacy les rejette-t-il du nombre des pieds pri- mitifs. Toutefois, je les ai conservés par des raisons qui seront exposées plus loin. — 209 — signe un groupe pareil, si ce n'est que la lettre du mi- lieu est quiescente et la dernière mue, comme dans o^J làtu (de C^j*^ 8 ), *& ta fi (de ^ *su (j-^). La fâcila est ou sugrâ ^*^, petite, ou kubrâ ^£Â, grande. Par la première, on entend le groupe de quatre lettres, les trois premières mues et la quatrième quies- cente, comme Us» 1 mûtâfà (de ^Jûlis»), { jâ& ïlâtûn (de -xlcliv*). On désigne, par la seconde, le groupe de cinq lettres dont les quatre premières sont mues et dont la dernière est quiescente, comme dans ^J^ mûtâilùn 2 , pied secondaire dérivé de ^AxSCL**. Voici le tableau de ces éléments : 1 . ^V tân, sabab khafîf. 2. ^3 tânâj sabab saquîl. 3. ^ tânàn, watad majmû. 4. jjU twn% ivatad mafrûc. 5. ^Jôj tânânân, fâcila sugrâ. 6. ^xvJ* tânânânân, fâcila kubrâ. La phrase mnémologique suivante contient ces six éléments de la versification arabe : 1 En réalité, cet élément des pieds est composé du sabab sa- quîl w^ muta et du sabab khafîf li fâ. 2 En réalité, cet autre élément de versification se compose de la réunion du sabab saquîl C^ 8 muta et du watad majmû ^S^ ïlûn. 14 — 210 — G S 4 3 21 " *V- ' S& y^> Q? j\ ? Je ne vois pas un poisson sur le dos d'une montagne. Si Ton examine les pieds primitifs dont il a été parlé, et les pieds secondaires dont il sera question plus loin, on verra qu'ils se composent des éléments que nous ve- nons de faire connaître. Occupons-nous actuellement des mètres j^srf pri- mitifs et originaux, qui sont formés de la combinaison diverse des pieds dont on a plus haut la liste. Voici, à leur sujet, un quita 1 mnémonique de l'auteur du Hadûijic : j_i j^.à. * JJ^ J J-*-& ^ JÏJJ-**'. o' s -, >j- j ï^JL^i ù^i ±jXj vJU- J k r *-> j JkjJU» j Jj J? u' * &* lT-^ S~*J * -Ci! »jL ,_y^ d— L JL./3 V \ 1 lLjU '-_~n. , i ^j-„.. (j/ J w>— *~» ^-^fj &\ r =k 3) 3 ^^S 'j ^~ î <3^j fir* C'est comme s'il y avait { J^ jàbâlïn, ainsi que je 1 ai dit plus haut. Par conséquent, ce mot est identique à ^yls ïlâtûn. 2 Pour ^';£==>^~, samâkâtàn, qui correspond à ^S-xi /}/?- 3 Proprement morceau, sorte de petit poëme. (Voyez l'intro- duction de la seconde édition de mon Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie, t. î e % p. 35.) 211 .&> \ \ T L «J j^ j! ^--j^-j v^iLlS-ji ^vm-xIcj Les mèlres auxquels sont restreints les vers, selon les rhétori- ciens, sont au nombre de seize, a savoir : le tawtl, le madîd, le bacît, le kâmil; puis le wâfir, le raml, le hazaj, le rajaz, le munsarih, le muzâri, le sari, le khafîf, le mujtas. Après le mwc- tazafr, il y a le mutacârib, dont on connaîtra la forme par ce quita 2 , et enfin le mutadârik, qui en est dérivé 3 , et qui est évi- demment l'inverse du mutacârib. D'entre ces mètres, il y en a sept qui se forment d'un même pied, à savoir : le hazaj, le rajaz, le raml, le kâmil, le wâfir, le mutacârib et le mutadârik. Les neuf autres mètres se forment de deux pieds différents. Voici le ta- bleau de ces mètres : 1. Tawil Jj^b, fàulûn dy&i mâfaïlùn, ^LcLl», fâûlûn, mâfàllùn. 1 L'auteur de ces vers a mis le mètre d'approximation, s^jjliu, au lieu de le mètre approximatif, v^Lik/», à cause de la mesure. 2 Ces vers sont en effet du mètre mutacârib régulier dont il sera question plus loin. Chaque hémistiche se compose du pied fjj&s répété quatre fois. 3 A la lettre « celui qui en est dérivé par forme successive » . Cette expression trouvera plus loin son explication à l'article des cercles. — 212 — 2. Madid 3jx>, fâïlâtûn jjj'iicli, fâilûn ,Jt»li, fâïlâtîm, fùïlïin. 3. Bacit ^~j, mustàfïlûn ( lxicu»s, fâïlûn, mustàfïlûn, fâilûn. 4. Kamil J^fe", mûtà fâïlûn ^Jclijû», muta fâïlûn, mûtâfâl- lûn, mûtùfàïlûn. 5. Wafir jilj, mâfâïlâtûn .jjdUjL», mâfâïlâtûn, mâfâïlâ- tûn, ma fâïlâtûn. (3. IIazaj -. jj>, mâfàïlûn, mâfàïlûn, mâfàïlûn, mâfàïlûn. 7. Rajaz ;=wj, mustàfïlûn, mustàfïlûn, mustàfïlûn, mustà- fïlûn. 8. Raml J.pj3 fâïlâtûn, fâïlâtûn, fâïlâtûn, fâïlâtûn. 9. Sari ^jp» , mustàfïlûn, mustàfïlûn, mâfûlâtû *jl$j*&* . 10. Mdnsarih ^mw*, mustàfïlûn, màfûlàtû, mustàfïlûn, màfûlàtû. 11. Khafif v £-^> fâïlâtûn, mûs-tâfïrlûn ^J *ju ^»«», /5ï- 1 2. Muzari ç> ,L^, ma fâilûn, fâï-là-tûn ^y S oli, mâfàïlûn. fâï là tiin. 13. Muctazab ^**a&», màfûlàtû, mustàfïlûn, màfûlàtû, mustàfïlûn. 1 L. Mujtas vj>^p% mustàfïlûn, fâïlâtûn, mustàfïlûn, fâï- lâtûn. 15. Mltacarib v >jl&*, fâûlûn rfj*2 , faûlûn , faûlûn , fàû- lûn. 16. Mutadarik viJ Jj£», fâïlûn, fâïlûn, fâïlûn, fâilûn. Voici quelques observations au sujet de ce tableau. 1° Les pieds qui le composent ne forment qu'un hé- mistiche, et il faut, par conséquent, les répéter pour avoir le vers entier. — 213 — 2° Les cinq premiers mètres sont particuliers aux Arabes; les autres sont communs à tous les peuples musulmans. 3° Outre les seize mètres inventés par Khalîl et expo- sés dans tous les traités originaux sur la métrique arabe, les Persans en ont inventé trois autres 1 , dont voici le tableau : 1. Jadid >te*Xs±j fâUâfïm, fàïlàtûn, mûstâfïlûn. 2. Carib v >j y, à quatre pieds; il y en a même à trois, à deux, et jusqu'à un pied, lesquels prennent les noms de muçallas ^ta», à trois pieds; muçanna J4*, a deux pieds; miiwahhad >\ly, à un pied. Il n'y a que les vers de huit, de six et de quatre pieds qui se divisent en deux hémistiches ou misrâ oL^> 2 , c'est-à-dire entrée du vers, ou plutôt de la tente, ^^> Le premier pied du premier hémistiche se nomme sadr 1 Outre les noms sous lesquels ils sont indiqués ici, ils en ont d'autres qu'on fera connaître plus loin. 2 Qu'on écrit souvent, par abréviation, o. — 214 — jJ**, c'est-à-dire partie du devant, et le dernier aru\ ijsjjï, c'est-à-dire partie du milieu; le premier pied du second hémistiche se nomme ibtidâ »ta^, commence- ment; et le dernier ajuz V?? , c'est-à-dire partie posté- rieure, ou zarb ^y*, fixation, par allusion au nom de tente donné au vers; enfin, les pieds intermédiaires, quand il y en a, se nomment hascho J^, ou remplissage. Le vers à trois pieds est évidemment un hémistiche. Quelques rhétoriciens le considèrent comme un premier hémistiche, et ils en nomment en conséquence le pre- mier pied sadr, et le dernier arûz; d'autres le considè- rent comme un deuxième hémistiche et appliquent à ses parties les dénominations conformes à cette idée. La même chose a lieu pour le vers à deux pieds, si ce n'est qu'il n'y a pas de hascho. Les mètres sarî et khaftf ont originairement six pieds seulement et non huit; mais quant aux mètres qui sont réduits à six pieds, quoique originairement ils en aient huit, on les nomme mujarrad ^W% ou dépouillés (d'une partie de leurs pieds primitifs). On nomme sâlîmJL», c'est-à-dire sain, le vers dont les pieds ne subissent aucun changement, et muzâhif ^j^y, c'est-à-dire clochant, celui dont les pieds ne subissent aucune modification. Il y a un grand nombre de ces derniers, mais l'étudiant ne doit pas s'en effrayer, car ces mètres tlérivent des mètres originaux, de même que les pieds secondaires qui les composent dérivent des pieds primitifs. Ainsi le pied ^-f ] ^ mâfâilûn, qui est composé d'un watad majmû (pieu conjoint), \1a devant deux sabab klia- — 2ÎS — fîf (cordes légères), ^ et .J, devient J*£w mùstà- fîlïin, si on place au contraire les deux sabab khafîf ^Xp avant le watad majmû Là» ; et si on met le watad majmû Isj> entre les deux sabab khafîf ^ et ^J, on a le pied ^'^U fàïlàtûn. Le pied ^Islijfc mûtâfàïlûn, qui est composé d'un f acil a sngr a (petite cloison), Lâx* devant un watad majmû ^1&, devient, si on renverse ces deux élé- ments, ^vJ^LA/» mâfailâtïm. Le pied ^^ fâùlûn, qui se compose d'un watad majmû je, devant un sabab khafîf ^, devient ^Lli. faïlùn, si vous en renversez les élé- ments. D'après ces données, si dans le mètre tawîl, qui se compose des pieds ,JLxLi* l^j** fâûlûn mâfaïlûn répétés, on prend le watad majmû jsè du commencement du groupe, et qu'on le mette à la fin, on a yà ^) <*. \k? ^ lùn màfà ï lùn fâù, ce qui équivaut à ^bli .jJÎMeli fàï- làtùn, fàïlùn, pieds qui composent le mètre madîd. Si on commence par .^Lc ïlùn, du pied ^?^ mâfàïlùn, en rejetant le watad majmû li* mâfâ, et le plaçant à la fin du groupe, on a U* ^j** ^Xp ilùn, fàùlùn, màfà, ce qui équivaut à ^Isli ^l?iw mùstàfïlùn, fàïlùn, pieds du mètre bacît. De même les mètres sarî, khafîf, munsarih, mujtas, muzâri et mactazab dérivent les uns des autres, en tant que les quatre derniers se composent de six pieds seu- lement, comme c'est le cas en arabe ; car les mètres sarî et khafîf ne se composent, même en persan, en turc et en hindoustani, que de six pieds* Or, le mètre sarî se composant des pieds o%*i.- a ^1*à^w> ^l*i:.w mûstàfi- lùn, mùstafîlùn, mafùlàtû, si vous commencez par le — 21G - deuxième pied, et que vous mettiez le premier à la lin du groupe, \ous avez ^Ja&w ^bLxL» IxLu^» mûstàfï- lûn, màfûlàtû, mûstàfïlûn, ce qui est le mètre mmsarih à six pieds. Si de ^Ixilw^ mûstàfïlûn vous retranchez le premier sabab khaftf ^ mus, et que vous le rejetiez à la fin du groupe, vous avez -** vJ^J^e ^ Ixi'i ^u» .J^s? tâfilûn, màfûlàtû, mûstàfïlûn, mus; ce qui équi- vaut aux pieds ^'Ssli J *& ^^ ^'ÎLli fàîlàtûn, mûs- tàfï-lûn, fàîlàtûn, lesquels représentent le mètre khaftf. Si vous commencez par le watad majmû qui termine le second pied ^jbix-^ mûstàfïlûn, du mètre «art, c'est-à-dire par ^lû &Jûn, vous avez ^::~^ ^Ixtu^? oSjnài . T U gfân màfûlàtû, mûstàfïlûn, mûstàf, ou bien oï oli ..XeU* ^x^^p mâfàïlûn, fàï, làtû, màfailûn, ce qui représente le mètre muzâri à six pieds. On voit par )à que ^ «i3 ^» mûs-tàp-lûn, dans le mètre khaftf, et .y>^ pli fâlrlàtûn dans le mètre muzâri, ne doivent pas être confondus avec ^Ixj&w mûstàfïlûn et ^'^li fàîlàtûn écrits en un seul mot, car *il>' tô/î e£ oU /ïï/, dans la décomposition de ces deux mètres, cor- respondent au ivatad mafrûc (pied disjoint) de o^oxb mâfûlâtû. Ainsi sJ3 tàfï et pli /ÏÏlsont ici des ivatad ma- frûc, ce qu'ils ne sont pas dans ,J*scu~t mûstàfïlûn et ^ji'ScU fàîlàtûn, en un seul mot. Si on écrit d'abord le pied o-^*^ mâfûlâtû du groupe du mètre sa?v, on a ^Ui.'.w ^Jjà2*w> vjL^*^ mâfûlâtû, mûstàfïlûn, mûstàfïlûn, c'est-à-dire le mètre muctazab à six pieds. Si l'on commence par le second sabab khaftf de cJ$y&* mâfûlâtû, c'est-à-dire par o^y ûlàtû, on a .jjbisli ^j'b^li ,,J szij' ^~p mûs-tafï-lûn, fàîlàtûn, fàïlà- — 217 — tûn, ce qui représente le mètre mujtas à six pieds. Ici encore *£> tâfï, dans ^ *so ^m* mûs-tàfï-lîin, est un watadmafrûc. Khalîl, l'auteur des règles de la métrique arabe, a imaginé, pour faciliter l'intelligence de ces transmuta- tions des mètres les uns dans les autres, cinq cercles, en arabe tjAù dâïra, pi. y\«s daivâïr, auxquels il a donné des noms différents et appropriés à ce qu'ils of- frent de particulier. Dans ces cercles, que je vais repro- duire ici, les lettres qui sont à l'intérieur sont celles des pieds. Elles sont toutes séparées, afin de pouvoir se grouper de différentes manières pour former les com- binaisons dont il vient d'être parlé. Quant aux lettres mim * et alif I, qui sont en dehors des cercles, elles in- diquent, la première, c'est-à-dire le mîm, une lettre mue, et la deuxième, c'est-à-dire Y alif, une lettre quiescente. Ainsi, par exemple, le pied ^rj** fâïtlïm, qui commence le mètre tawîl, est ainsi marqué : C, f ( , et le pied ,.*LcUp mâfàïlûn : i\ Ç t f f. Les noms des mètres placés à la marge des cercles indiquent l'en- droit où ces mètres commencent. Les mètres tawîl, madîd et bacît forment un premier cercle, »^b; en effet, si l'on écrit quatre fois en rond les pieds ^Lc^ eA?**î et q u ' on commence par ^y*, on a le mètre tawîl Si on commence par ^, et qu'on dise^*s ^J çcLâ^ ^5, etc., ce qui équivaut, comme il a été dit plus haut, à ^jleli ^ïiîeli fàïlâiûn, fâïlûn, etc., — 218 — on a le mètre madkl; enfin, si on commence par .JL*, et qu'on dise lL> ^yà } Af etc., ce qui équivaut à jicli /Jafljuu* mûstâfïlûn fâïlûn, etc., on a le mètre bâtit. On nomme ce premier cercle mukhùdifa, **«£'', c'est-à-dire bicarré, à cause de la variété des pieds qui le composent, les uns étant de cinq lettres, les autres de sept. *y*j^ s*? Les mètres kâmil et wâfir forment à eux seuls un se- cond cercle. En effet, si on écrit quatre fois en cercle jjteljb» muta fâïlûn, et qu'on commence par L&>, on a le mètre kâmil. Si on commence par ^ 9 et qu'on dise Li& ^le, ou régulièrement ^slcLU, màfâïlâtûn, on a le mètre luâfir. Ce second cercle est nommé mutalifa aiby, c'est-à-dire assorti, parce que les deux pieds qui le com- posent sont l'un et l'autre de sept lettres. — 219 Les mètres hazaj, rajas et raml forment un troisième cercle. En effet, si on écrit quatre fois en cercle ^JLelJL», et qu'on commence par L&». on a le mètre hazaj. Si on commence par ^Le, et qu'on dise Là^Ue, c'est-à-dire ^i*a;w> 5 c'est alors le mètre rajas; enfin, si on com- mence par jj.ï, et qu'on dise ^ct&^j), c'est-à-dire ^.V^cli, on a le mètre raml. Le cercle que ces trois mètres composent se nomme mujtaliba aJ^ 5 , c'est-à- dire dérivé [du premier cercle). SJ-é j^JJ^ &>r" — 220 — Les mètres sari, munsarih, khafîf, muzâri, muctazab et mujtas, forment un quatrième cercle. En effet, si on écrit en cercle le mètre primitif sari, qui est composé des pieds c^*i» .J*k~v» Jj£w, et qu'on commence par le second pied, de cette façon, cJ^y.h ^UiûLw» A*ÂXv«/>, on a le paradigme du mètre munsarih à six pieds. Si on commence par ^*£>', et qu'on dise «J^&l { j^ ^\*ùu»fi c^h*à», ce qui équivaut à *£! { j^ ^'^^ ^j'Scli J, on a le mètre khaftf. Si on commence par jjio, et qu'on dise s _>s-w» ^Uâx***» cJSfâ* ^lc, ou au- trement ^-^ c^f ^ M^fL^, on a le paradigme du mètre muzâri à six pieds. Si on commence par o^*i», et qu'on dise ^U&w» JjdjL^ ^^L*â^, on a le para- digme du mètre muctazab à six pieds ; enfin, si on com- mence par «jl^jc, et qu'on dise .JUâx^ Ax&~* o^jc .y», ce qui équivaut à ^Vbisli .j^li ^^ ,r^> on a le mètre mujtas. Il est essentiel de se souvenir que les six mètres diffé- rents qui forment ce cercle ne peuvent en faire partie qu'autant qu'ils ne sont composés que de six pieds. En effet, les mètres munsarih, muzâri, muctazab et muj- tas, n'ont proprement que six pieds en arabe, quoi- qu'ils en aient régulièrement huit en persan, en hin- doustani et en turc ; mais les mètres sari et khâfîf n'ont jamais plus de six pieds. Ce quatrième cercle prend le nom de muschtabiha à^Lfi, c'est-à-dire ressemblant, à cause de la grande analogie qu'il y a entre les pieds ^ *& ^ et ^ï bî oLs en plusieurs mots, et .*lx£>Lw» et -ji'ScU en un seul. — 221 — Le mètre mutacârib forme à lui seul un cercle qu'on nomme munfarida tïjs6j>, c'est-à-dire séparé, distinct. Toutefois, Abu Haçan Akhfasch 1 y a joint le mètre mu- tadârik, parce qu'en effet si vous écrivez quatre .Jj^, et que vous commenciez par yè, vous avez le mètre mu- tacârib; si, au contraire, vous commencez chaque pied par ^î, et que vous disiez /J, ce qui fait ^li, vous avez le mètre mutadârik. Il est clair, néanmoins, que le 1 ,1^^ célèbre grammairien arabe du commencement du ix e siècle. On lit une curieuse anecdote à son sujet dans Mîrzâ Ibrahim, Persian grammar, p. 233 et suiv., et dans la traduc- tion allemande de cet ouvrage par le professeur Fleischer, p. 229 et suiv. — J22 — système de ce dernier cercle est différent de celui des ] cercles précédents, car il ne s'agit pas ici de l'ensemble de l'hémistiche, mais de chaque pied en particulier. Ce cinquième cercle, ainsi composé des deux mètres muta- câribei mutadârik, se nomme muUafica ^i^», c'est-à-dire concordant. CHAPITRE II. DE LA SCANSION, *A«, ET DE L'APPROPRIATION DES VERS A LEUR PARADIGME, ^J^ 9 . On entend par scansion la séparation des vers par pieds selon leurs mètres respectifs, et conformément aux paradigmes l . Dans la scansion, il faut avoir égard 1 Au premier abord il paraît impossible de trouver la scan- sion des vers, et par suite leur mesure ; mais, avec un peu de persévérance, on en acquiert facilement l'habitude. On doit s'exercer d'abord sur les mètres réguliers les plus faciles, tels 223 — à la prononciation et non à l'écriture. Par exemple, dans le vers suivant, le premier hémistiche n'a que vingt- deux lettres, tandis que le second en a quarante-trois. que le mutacârib et le Ziasaj, puis on abordera peu à peu d'autres mètres, et enfin on finira par trouver la mesure de tous les vers. Pour en venir plus aisément à bout, on doit marquer sur les syl- labes des vers dont on cherche la mesure les brèves et les lon- gues ; puis on aura recours aux paradigmes pour grouper les syllabes de manière à en former des pieds, et pour trouver enfin la mesure à laquelle ils se rapportent. Prenons pour exemple le vers suivant de la préface du Gulistan de Saadi, et mettons-y les signes des brèves et des longues. aj^i. j! ^=> ^j^=> ^j\ « être généreux qui de tes trésors invisibles nourris le guè- bre et le chrétien, etc. h Actuellement, si nous coupons chaque hémistiche en trois portions, en ne nous écartant pas des paradigmes des pieds, nous avons les pieds suivants : Aï kârïmë | kl àz khâzâ \ nâ ï gâï-b Fàïlâtûn | mâfâilûn \ fâï là-n GàbrÔ târsâ j wâzïfâ khôr \ dârï Fâïlâtûn \ mâfâilûn | fâlûn et il nous est facile de reconnaître le mètre khafîf. 1 Au lieu de prononcer nischast, il faut prononcer ici nischasîi; en effet, ainsi que je le dirai plus loin, lorsqu'une consonne quiescente au milieu d'un vers compte dans la scansion, on doit la prononcer avec un i. — 224 — Le Khûn, coryphée des hommes généreux, s'est assis dans une réunion particulière; il a demandé deux puis trois plateaux de mets; deux ou trois, quel plateau n'a-t-il pas demandé? Ce vers, qui est du mètre mujtas, doit se scander ainsi : Nïschâstï sâr \ wârî âhU \ kàrâm bâ mâj | lïcï khà-s Dôkhà 1 si khà \ do si khâ khà \ si khà chï khâ \ kl ni khà-s Ma fà ï lûn \ fâ i là tùn \ ma fâ 1 lùn | fâ 1 là-t Ainsi Yalif marqué d'un medda, I, compte pour deux lettres, comme dans ^\ ânûn, temps, x»l âmâd, il est venu 2 , qui sont de la forme ^Uâ fâlïin. Il en est de même du wâw 3, qui se prend quelquefois dans la scansion pour deux wâw; par exemple dans les mots ->jb dâwù-d, David, tf^ tâû-s, paon, qui sont de la forme ^Xaâ fàlà-n 3 . D'autres fois on compte pour une lettre une motion, 1 Ici le noun de ^y*- ne compte pas dans la scansion. Il se prononce du reste après une voyelle longue, surtout a la fin des mots, d'une manière sourde et nasale. - Dans ce cas la première lettre est censée mue et la seconde quiescenle. Ainsi ^1 est pour ^lî et >\A pour J^lf. 3 Ce pied secondaire montre l'importance des paradigmes orientaux que les longues et les brèves des pieds latins ne peuvent pas suppléer exactement. En elfet, d'après le système latin, ^Jlxi se compose de deux longues aussi bien que j^l*i, qui est bien différent, puisqu'il a une lettre de plus que le premier mot, lettre qui compte dans la scansion. J'ai tâché de rendre cette différence sensible dans ma transcription en séparant dans ce cas cette der- nière lettre par un trait d'union; ainsi je rends ^J.*i par fâlûn et .jS*è par/5/â-w. — 225 — X^a., ou point-voyelle, comme dans le mot arabe JL» Jl « les hommes», qui peut équivaloir à_JL^JI àrrïjâlû, et être de la forme ^'ilcli 1 , et dans l'expression persane J*x-j ^, « moi sans cœur », c'est-à-dire hors de moi, qui peut avoir la valeur de J-^_j ?^ mânï bëdïl, et former le pied ^LcLi». Il faudrait en effet écrire ainsi ces mots pour en fixer la scansion, et tel est l'usage suivi dans les prosodies originales. Dans la scansion, la lettre marquée d'un taschdîd compte toujours pour deux lettres; ainsi, le mot arabe bM illâ « si ce n'est », le mot persan ±f farrukh « heu- reux», etc., sont de la forme ^A*s fàlm, et pour les scander il faut les écrire ^y "^ Jî. En arabe, le noan des tanwîn ou voyelles nasales a ]a même valeur que s'il était écrit. Ainsi si» « eau » est pour j! I» ma un. En arabe, encore, dans quelques mots d'un usage commun où le fatha représente un alifde prolon- gation qui a été supprimé, la valeur prosodique de la syllabe reste la même, quoique Yalif ne soit pas écrit. Ainsi dans l«i&, qui est pour 13 La» hàzà, vJJi qui est pour ^JJti zàlïkâ, etc., la première syllabe est longue. Il y a quelques syllabes longues ou brèves ad libitum. En arabe, ce sont entre autres 2 les pronoms affixes i et », et, en persan, Vi de Yizâfat. Dans les mots turcs et 1 Cela a lieu, spécialement, a la fin des vers arabes. 2 Ceux de mes lecteurs qui voudraient connaître en détail les licences poétiques particulières aux Arabes, trouveront à ce sujet un chapitre spécial dans la Grammaire de S. de Sacy, t. II, p. 493 et suiv. 45 — 220 — hindoustanis \ les lettres alif, wâw et?/< r , servant de let- tres de prolongation ou formant des diplithongues, sont souvent brèves, ainsi qu'on s'en assurera, passim, dans les exemples. Lorsque Y alif d'union, J-^, ne se prononce pas, il n'a aucune valeur dans la scansion, et on ne doit pas l'écrire si on veut la marquer régulièrement. Exemples : Je ne me plains pas des étrangers, car ils ne me font que que mes amis m'ont fait. (Iluli/.) Ce vers est de la mesure hazaj et de la variété qui se compose des pieds ^y* <-Ar-^ mafùïlûn, ma /àVïui, faïdïui. 11 faut donc le scander ainsi : Mânâz* bëgâ | nâgâ hàrgnîz | nâ nàTâm Kt bà nul lulr | dû kàr dânà'' \.sclûnà ' l,nr Ma fa 1 lïin ] mafallïui | faïilïin 1 Pour les licences poétiques particulières a l'hindoustani, voyez a l'Appendice mon mémoire sur la métrique des Arabes appliquée a l'hindoustani. 2 Ualif àe \\ est ici un alif d'union et ne compte pas dans la scansion. C'est, en effet, ^comme^s'il y avaitJJs>». 3 Ualif des mots ^1 et Li.1 se joignant au mot précédent, il perd son medda et devient alif de prolongation. C'est comme s'il y avait L&lj \ xS . 4 En prose, on prononce aschnâ ; mais, dans les vers, on ne peut pas grouper ainsi plusieurs lettres. 11 faut donc détacher le schin et en faire une brève en le prononçant avec un i. :i Dans $£ kard, la dernière lettre ne compte pas dans la — 227 — Si, au contraire, Y alif doit se prononcer, il compte dans la scansion. Exemple : Dans ma solitude, le chagrin qui m'accable a cause de toi m'arrache des plaintes 1 . Cet hémistiche, qui est du mètre hazaj régulier, doit £tre scandé ainsi : Bûwàd fàryà \ dï saïfè dâr | gâmàt âz 2 dâs \ tï tânhàï Mâfâilïin | mâfàïlïm \ mâfàïlïm \ mâfâlïùn Il en est de même en persan, en turc et en hindou- stani pour le 5 de conjonction. Il a ou n'a pas, selon les cas, la valeur d'une lettre dans la scansion. Lorsqu'il n'a pas cette valeur, on doit le joindre à la consonne précédente, qui prend alors un zamma, comme dans les motsy ^ ^y> «moi et toi », prononcés mânô fà, qui sont alors de la forme ^1*5 fâïlïtn. Lorsqu'il a cette valeur, on doit le prononcer séparément et dire, par exemple, mânwâtû de la forme ^Joli fàïlûn. Il en est de même du yé employé pour l'izâfat après Y alif ou le wâw. scansion, et c'est pour cela que je l'ai supprimée dans ma trans- cription. On fait ainsi à la fin des hémistiches pour les syllabes longues qui ont plus de lettres qu'il n'est nécessaire. 4 A la lettre, « ma plainte relativement à ton chagrin (c'est- à-dire au chagrin que j'éprouve à cause de toi) est une épée dans la main delà solitude. » 2 Ici Y alif est conservé; il est consonne et ne sert qu'à sup- porter le fatha ou la voyelle brève a. — 228 — Exemple : ^y mûë dans le Gulistan (Préface, avant - dernier vers) : ^jX-'ij ^Cy ^ Ou6l *aO \J^c^ Le monde était troublé comme la chevelure de l'Éthiopien. Cet hémistiche, du mètre mutacârib, doit se scander ainsi : Jàhàn dur \ hamûftà \ du chït mû \ ê mnguî Dans les mots persans, lorsque le _• se trouve après un khé, comme dans sJj». « sommeil », 2>jL, « mon, ton, son », (J^à., « bon, » etc., il ne compte pas dans la scansion 1 . Quelquefois le hé » final ne compte pas non plus dans la scansion. Souvent il conserve sa valeur, et quelquefois il compte pour deux lettres 2 . Le vers suivant offre des exemples de ces trois cas : J iJ'JU ^J J_*J IsJtS Je suis tué par les lèvres de ma bien-aimée ; mais ma coup»; est pleine de l'eau de la vie. (Faquîr.) Ce vers, qui appartient au mètre raml, doit se scander ainsi : 1 En effet, on ne le fait pas sentir dans la prononciation ; aussi le nomme-t-on mukhtafi c&^ ou caché: (Voyez mon édition de la Grammaire persane de W. Jones, pag. 6.) 2 Dans le cas d'izâfat. — 229 — Kûschtàhï 1 là | lïlâbïjà \ nânâ* àm Zabi 1 hàïwà \ pur sehûdâh* pàï \ ma nâ àm Fà ï là tïin | fàïlàtïin \ fà % lûn En hindoustani, le lié final des pronoms tj et ^ ne compte souvent pas dans la scansion. Dans ce cas, ces pronoms ne représentent qu'une brève. Exemples : Les fleurs de la jâhî et de la jûhî sont tellement belles qu'en les voyant on perd le sentiment. (Arâïsch-i mahfil.) Ce vers, qui est du mètre mutacârib, doit se scander ainsi : 1 Dans ^ui, que j'ai rendu par kûschtàhï, le hé final compte pour deux lettres, c'est-à-dire pour hé et pour yé, car Fi de l'izâfat est bref ou long selon les cas. Ici, de même que dans J^3 làlï et dans < J lâbï, il est long et représente, par consé- quent, un yé. En effet, l'auteur du Hadâyik scande ainsi ce vers: 2 Ici et dans le mot aJ L v -_j de l'hémistiche suivant, le hé final ne compte pas dans la scansion. ^ 3 Zabi est pour ziâb-i, qui est pour as âb-i vJ 'X 4 Dans &sX&, le hé conserve sa valeur et rend, par consé- quent, longue la syllabe qu'il termine. — 230 — ï hài khûsch | nûmâjà \ hëjùhï \ kl pliù-l Kîdëkhùn \ ko bas sûr | iï l jâfi | haï bhû-l Fâ û lûn | fâûlûn \ fàïilïïn | fàït-l Le hé des monosyllabes persans £ ki, ^ chi, ** P our J^ ^* 2 Telle est la règle que donnent les rhétoriciens orientaux ; mais je crois que, sans recourir au retranchement d'une con- sonne dans la scansion, on peut expliquer celte anomalie en sup- posant simplement que, dans ce cas, la lettre de prolongation, qui est la première quiescente et qui forme une voyelle longue, doit être considérée comme une voyelle brève, c'est-à-dire comme un point-voyelle. Conformément à cette explication, je lirais ainsi l'hémistiche dont il s'agit : Jl C^*£=^ >*^^, du nom de son irrégularité, qui n'a lieu que dans le métré wâfir. 3° Wacf ^3j. On entend par là le retranchement de la voyelle brève du té qui termine le pied o^Lxi* mâfîdàtù, dont on fait alors ^j*^ mà[~aln-n, et qui prend le nom de maucâf o>*sy. On trouve cette irré- gularité dans trois mètres, le sarî, le munsarih et le mucta:ab. 4° Khabn ^â.. On désigne par ce mot le retranchement de la lettre quiescente du sabab khafif (corde légère) au commencement d'un pied. Ainsi les pieds jJ^li fâïlùn et ^y% ] J fâïlâtïin, lorsqu'ils sont makhJbûn (jj^% de- viennent ^xs fâilûn et ^'-1*3 fâïlâtùn 1 . Ainsi le pied ^^xiw mûstâfïlûn- devient ^J*^ mûtâfîlûn changé en #^Lâ p mâfàllïui, et le pied 0-1^*1» màfïdùtu, \JL>Jy* 1 Cette irrégularité n'a pas lieu dans le pied ^j^ pli en deux mots. 2 . Il en est de même du pied ^) *.£>' ^ séparé en trois mots. — 237 — mâûlâtû changé en cJ$j** fâûlàtû. Cette irrégularité a lieu dans tous les mètres où se trouvent les pieds dont nous venons de parler. 5° Taïy Je signifie le retranchement de la quatrième lettre quiescente de deux sabab khafîf (cordes légères) qui commencent un pied, comme, par exemple, dans J.*^w mïistàfïlïm*, qui, lorsqu'il est matwî ^£jW, de- vient ^.Uw mùstâïlùn, qui se change en ^Jjcsl* mùftâï- lûn; dans o^j*à» rnàfûlâtû, qui devient cJ%à? màfû- lâtû, changé en c^Li fâïlàtû. Quelquefois cette irrégularité a lieu dans le pied ^lelia» mùtâfàïlûn, mais il reçoit d'abord Yizmâr et de- vient .JaU^» mûtfâïlûn, puis ^jl*i£» mûtfâïlùn. On nomme alors cette irrégularité khazl J)=^, et akhzal Jjà>\ le pied qui en est affecté. Le taïy a lieu dans les mètres bacît, rajaz, sarî, mansa- rih et muctazab. 6° Cabz jeS. Ce mot s'emploie pour désigner la sup- pression de la cinquième lettre quiescente des pieds ^ivclil» mâfàlMn et ^y& fâûlûn, qui deviennent ainsi ^Icli* mâfâïlûn et Jj*è fâulû. Cette irrégularité a lieu dans les mètres tawîl, madîd, hazaj, mutacârib et muzâri. Le pied qu'elle affecte se nomme macbûz, 7° Kaff jj*. On entend par ce mot la suppression de la septième lettre quiescente dans les pieds ^V-â^ ma* fàllùn, ^y^cli fàïlâtïm et ^'^ &li fàï-lâtûn, qui devien- 4 Cette irrégularité n'a pas lieu dans le pied ^J *£) .^ en trois mots. — 238 — tient, par conséquent. J :: --i j mâfciïlû, obUi [ùiJàtu r\ O^ tli fiu-lùtù. Cette irrégularité a lieu dans les mètres ta?c//, madtd, hazaj, raml, kkaftf, wmjêat et. mu\(Vi. Le pied qu'elle affecte se nomme mahfùj 8° Taschis pression de la première 1 lettre mue du watad majmu (pieu joint), -^ Ma du pied ^S^a li finlâtun, qui devient ainsi ^Sli fùlùiùn, qu'on change en ,^-jr*^ màfûlïm. Cette irrégularité a lieu dans les mètres madîd, kkaftf, r ami et mujtas*. Le pied qu'elle affecte se nomme mit* 9° Casrj*eS, Ce mot signifie supprimer la lettre quics- cente du sabab kkaftf (corde légère) qui est à la fin du pied, et rendre quiescente la lettre précédente. Ainsi, Ja*3 fàulûn devient J**i fâû-l, -JL^Lk mâfàllûn devient J^là» mùfaï-l, ou ,jX^ fâûlâ-n, ^J^ls fàUâtûn devient ^Scli fdilà-t, qu'on change en ,j~VJ fàïlà-n; *&' .^ ^J mûs-tàfl-Vân devient JjiA^w» mùstâpl changé en tff&A mâfûlïin. Cette irrégularité a lieu dans les mètres towî/, madïd, hazaj, raml, mutacârib, muzâri t hhafif et mujtas, et le pied qui l'éprouve se nomme j~*dU macsùr. 10° Ca£ ,«Ja9 signifie retrancher la lettre quiescente du watad mafmû (pieu joint), et rendre quiescente la lettre mue qui la précède. Les pieds qui éprouvent cette 1 II y a une autre manière d'analyser cette suppression, quoique le résultat soit le même. - Elle n'a pas lieu dans le mètre muzâri, où le pied S ç- li ^>; étant écrit en deux ou trois mots, il n'y a pas le watad majmù, mais le watad mafrûc ou disjoint. — 239 — modification, et qui se nomment mactû s^kl», sont: jjLd^w mûstàfïlûn*, qui devient Jaiuw» mûstàfïï 2 changé en ^j,*^ mâfûlûn; ^A&lhfi mûtâfàïlûn, qui de- vient Jcli^» mûtâfàïl changé en ^J^h fâïlàtûn; ^kls fàïlûn, qui devient Jxli fàll, changé en ^Us fàlûn. Dans le pied ^"bLLs fâïlàtûn, on retranche d'abord le dernier sabab khafîf ^ tun; puis, d'après la règle ci- dessus, le restant du pied devient Jx!i fâïl changé en .^1*3 fàlûn, comme il a été dit au sujet de ^^Là fàïlûn. Cette irrégularité a lieu dans les mètres kâmil, raml, mutadârik, madîd, sari, khafîf, mujtas et muctazab 1 . \\° Rab *jj. Ce mot indique une irrégularité qui donne le nom de marbû 9$ y au pied qu'elle affecte. Elle consiste dans la réunion du khabn ^^ et du cat J=3 4 , dans le pied ^^ali fâïlàtûn, qui devient J*5 fâàl. 12° Jahf^sr^. On entend par là le retranchement du premier sabab khafîf et du watad majmû du pied ^'bLli fâïlàtûn, qui se réduit ainsi à ^ tûn changé en *i fâ, et qu'on nomme ^^s^, majhûf. 13° Takhlî ?-^ J . Ce mot s'emploie comme terme technique de prosodie pour exprimer la réunion du khabn ^^ et du cat J29 5 dans les pieds ^p*ti /HiZim et 1 Cette irrégularité n'a pas lieu dans ^J «&>' j«s en trois mots. 2 Le watad majmû ^Js ïlûn éprouvant le retranchement dont il s'agit. 3 Elle n'a pas lieu dans le mètre muzâri, par la raison qui en a été donnée plus haut. 4 Voyez plus haut en quoi consistent ces irrégularités. 5 Comme auparavant, mais dans d'autres pieds. — 240 — ^l*k~»p mùstàfïlïin, qui deviennent Jjà fààl et J*Sbu mutâfïl (changé en ^J^** fâùlûri), et qui prennent le nom de makhlû $>_^ p . 14° /ta/" ^ij. C'est le retranchement du premier sabab khaftf des pieds .vlxÀ^w» mùstàfllûn et o^y^ 9 mâ- /m/«/m, lesquels deviennent ainsi ^»à> tàfîlûn changé en ^ULi fàïlïm, et o^ ttJâtfô changé en J^» mâfïdù. Le pied qui éprouve cette irrégularité se nomme ?m/?/// 15° Tavfil S^y. On entend par ce mot l'addition d'un sabab khafîf au watod majmû final. Ainsi, lorsque le pied ^l*kw mûstàfUûn est muraffal Jiy, il devient ^ftzJa&Mi/i mûstàfllùntùn changé en ^jSU&u** mustâfïlâ- tun. Il en est de même des pieds .J^L* fàîlûn et ^J^li^ mùtùfâïlîui, qui deviennent ^J&ets fàïlàtïin et ^j^U^» mùtùfàllàiïui. 16° Tfacs ^j^-Sj. Ce mot se prend pour indiquer le retranchement du té quiescent du pied .J^Lâ^ mùtfai- lùn, déjà altéré par Yizmâr, comme on l'a vu plus haut, pied qui devient ainsi .^lelJL» mâfâïlûn, et qu'on nomme maucûs jj^sy. Cette irrégularité n'a lieu que dans le mètre kâmil. 17° Acl Jife. Ce mot désigne le retranchement du lâm quiescent du pied ^xl&LiL» mâfààltûn, déjà altéré par le asb, comme on l'a vu plus haut, pied qui devient ainsi ^Acli^ mâfâïtûn changé en ^A^i^ màfâïlùn, et qui se nomme macûl Jjy** 8 . Cette irrégularité ne se trouve que dans le mètre wâfir. — 241 — 18* Kasf ^_2~£ k . Ce mot se prend pour exprimer la réunion du wacf et du kaff dans le pied o^$*&» màfûlàtû. On fait d'abord subir au U le wacf, c'est-à- dire on en retranche la voyelle, puis on fait subir à ce te' le kaff, c'est-à-dire on le retranche, et ce pied devient ainsi )$jtL» màfulâ changé en ^yk> mâfûlûn. Cette irrégularité a lieu dans les mètres sari, munsarih et muctazab, et le pied qu'elle affecte se nomme maksûf 19° Khabl J*à.. Par ce mot, on entend la réunion du taïy et du khabn dans le pied ^Uà^w mûstâfllûn, qui de- vient ainsi ^^ mûtàllûn changé en { j^ fâllâtûn, et dans le pied ^zJ^j*** màfûlâtû, qui devient o^L» mâû - /échangé en c^^ fàïlâtû. Ces pieds irréguiiers pren- nent alors le nom de makhbûl Jj-<^ fi . 20° Schakl Jlû,. C'est la réunion du khabn et du kaff dans ^1*àx*w» mïistâfïlïin et dans ^i'Ssli fâïlàiûn, qui de- viennent J^&> mûtâfïlû changé en J*U* mâfâïlû et c^*s fàïlâtû, et se nomment mâschkûl J^£L». Cette irrégularité a lieu dans les mètres madîd, khafîf et mujtas*. 21° ifos/" v^J^- C'est le retranchement du sa£a& Ma- /y de la fin du pied. Ainsi, ^y* fâulûn devient ^*s fâû ou J.*s /flâZ, ^'^c^ fâïlâtûn, i&eli /aX/à ou , 5 lc
  • mûstâf, lia» mûtàfâ et li /a. Le premier de ces pieds, qui sont nommés mahzûf ^«Àsr*, se change en ^Us fàlûn, le deuxième en ^J*s fatlïui, et le troisième en & fa. Cette irrégularité a lieu fréquemment dans les mètres bâtit, kâmil, rajaz, muta- dârik; rarement dans les mètres où se trouve le pied ^^xhu^ mûstàfîlun en un seul mot, et pas du tout dans ceux où il se trouve séparé en trois mots, puisque, de cette façon, il n'y a plus de watad majmû final. 23° Salin JLo. Ce mot indique la suppression du wa- tad majmû dans le pied ^>j*x&> miïfulàtù, qui devient ainsi yà* màfu changé en ^1*9 fàlun, et nommé, dans ce cas, maslûm >X^t. Cette irrégularité a lieu dans les mètres sarî> munsarih et muctazab. 24° Catf ^1=9. Ce mot se prend pour exprimer la réu- nion du asb et du hazf dans ^'ileUl» màfàïlâtûn, qui de- vient ainsi Jsl^ màfàil changé en ^y* fâùlïin, et se nomme mactûf ^J^LSj», Cette irrégularité n'a lieu que dans le mètre wâfir. 25° Batryj. On entend par ce mot, en terme de pro- sodie, la réunion du hazf et du cat dans le pied ^«** fâûlûn, qui devient ainsi fi fà, et la réunion du jabb — 243 — C^a * et du kharm >j.à. dans le pied ^LdUa mâfâîBn, qui devient !i fà changé en «i fi, et ressemble ainsi au pied précédent. Cette irrégularité a lieu dans les mètres mutâcarib et hazaj, et les pieds qui en sont affectés prennent le nom de mabtûr j^V. 26° Tasbîg è-^'J. Ce mot se prend ici pour exprimer l'intercalation de Valif au sabab khafîf qui se trouve à la fin du pied. Ainsi, quand • J^Lâ* mâfàïlùn et ^bJcIi fâïlâtûn sont muçabbag £+*?, ils deviennent ^xalà» mâfàïlâ-n et ^USciJ fàïlâtâ-n, lequel est changé en jjllcii fâïlïyà-n. Cette irrégularité peut avoir lieu dans les mètres hazaj, raml, muzâri, mutacârib, madîd, tawîl et mujtas. 27° Izâla dtal ou toî/l/ JiH*A^ ^ n entend par là l'in- tercalation deTafo/dans le watad majmû à la fin du pied. Ainsi, lorsque les pieds ^Ja&î*** mûstâfïlûn, .^li /alto et ^JttiSU mûtâfàïlùn sont rnEdl Jii^ ou muzaïyal JJ3^ 2 , ils deviennent ^^*âx*w> mûstâfïlâ-n, ^cli fâïlà-n et lilclia» mûtâfâïlâ-n. Cette irrégularité a lieu dans les mètres ro/as, mutadârik, bac% kâmil, sarî, munsarih et muctazab. Elle se trouve ordinairement au dernier pied des deux hémistiches (le arûz et le zarb), rarement dans les pieds du milieu de l'hémistiche (hascho), et pas du tout au premier pied des deux hémistiches (le sadr et Yibtidâ). 28 e Jad &&$.* Cette expression s'emploie pour indi- 1 Voyez plus loin le numéro 29. 2 L'auteur du Hadâyic les nomme JJi. On verra ce mot employé dans les cercles du rubâï. — 244 — quer la perte qu'éprouve le pied o^*i j mâfïdàih do ses deux sabab khaftf, et, de plus, de sa voyelle brève finale, ce qui le réduit à ^ hï-t changé en &li fà-a. Si on retranche ensuite Yalif de ce pied ainsi dimi- nué, et qui prend le nom de majdû f***^*, on a le pied bilittère & fâ qu'on nomme manjûr jja&». Cette irrégularité a lieu dans les mètres sari, munsarih et mue- tazab. 29° Jabb <*L*o>. Ce mot indique le retranchement des deux sabab khafîf du pied -J^Lk» màfrûlun, qui de- vient ainsi U* màfa changé en J*3 fââl, et qui se nomme majbùb, y-^*? - *' co c I lu n ' a ^ eu ( l ne d aDS le mètre hazaj. 30° /tow ^a. Ce mot se prend pour indiquer la réu- nion du hazf et du casr dans le pied ^\à& mùfâïlûn, qui se nomme alors mahtûm sjfy, et devient pli* màfâ-a changé en Jyo fâw-l, ce qui a lieu dans les mètres tawll, liazaj et muzâri. 31° Kharm &£•*• Ce mot s'emploie, en terme de pro- sodie, pour exprimer le retranchement de la première lettre mue du watad majmû au commencement des pieds. Cette irrégularité, qui a généralement lieu au sadr et à Yibtidâ, prend, selon les cas, une dénomination diffé- rente. Ainsi, lorsque le pied de cinq lettres ^y^ fâùlûn est makhrûm ç^f^, on le nomme aslam Jil*. Dans ce 1 En arabe, on donne aussi le nom de -j=L à une addition, de quatre lettres au plus, qui a lieu quelquefois avant le premier vers d'un poëme comme liaison avec ce qui précède. 2 Cet adjectif est dérivé du nom d'action Jj salm, qui signifie fendre, etc. cas, le pied dont il s'agit devient ^y> ulûn changé en ,.J*s fâlùn. Quand, dans le même pied, il y a à la fois kharm et cabz, il se réduit à Jy> m/m changé en J*à /S/m, et on le nomme asram ^y\ l . Le nom de makhrûm vf^, ou plutôt d'akhram fjèJ, est réservé au pied ^^Lâp mâfàïlùn lorsqu'il devient JLcLs fâïlûn changé en .Jj*& màfùlûn; mais si on réunit dans ce pied le cabz avec le kharm, il devient ,JbLs fàïlùn, et on le nomme aschtar y&\\ Si on réunit dans ce même pied le kaff et le kharm, il devient J-^Ls fallu changé en Jj^à* mâfûlû, et on le nomme akhrab w^ck! 3 . Si on y réunit le hatm et le kharm., il devient c. li /a-a, et on le nomme azlal JJjt \ Lorsque, dans ^icU^» mâfàïlâtûn, on joint le kharm au asfr, on nomme ce pied acsam ^sî 5 , et il devient vJx-Ls fâiltûn changé en ^j*** màfùlûn. Quelques-unes des irrégularités que je viens d'indi- quer peuvent avoir lieu accidentellement, et ne pas se trouver, par conséquent, dans tous les vers d'un poëme. C'est ainsi qu'il est quelquefois difficile de découvrir la mesure d'un vers isolé, à plus forte raison d'un hémi- stiche. J'aurai soin de parler encore de ces irrégularités accidentelles, et on en trouvera de nombreux exemples dans mon travail. 1 Adjectif dérivé de *jï, « se casser une dent ». 2 Adjectif dérivé de j& t « retourner les paupières ». 8 Adjectif dérivé de w>j.=s., « percement ». 4 Adjectif dérivé de JJj, « bronchement, » expression qu'il nefautpas confondre avec Jb^. (Voyez le numéro 27.) s Adjectif dérivé de *^s, « briser », - 246 — Quelquefois deux lettres d'un même pied ne peuvent pas être retranchées à la fois; c'est ce qu'on nomme muâcaba *J>L*> ou incompatibilité. Le tableau qui suit mettra en relief cette théorie. Ainsi on y verra, par exemple, que le pied .j^U» peut se changer, par la suppression de la cinquième lettre, en -J^ 1 ^, et, par celle de la septième, en J-*li>». Mais ces deux altérations sont incompatibles, et, ainsi, on ne peut pas réduire ce pied à JslJL». Cette incompatibilité a même lieu entre deux pieds se suivant immédiatement. D'un autre côté, une altération en exige quelquefois absolument une autre. Ainsi, lorsqu'on retranche la quatrième lettre du pied .J^Uà», on doit supprimer aussi la voyelle de la seconde lettre, et dire ^Ui^. Enfin, on est quelque- fois obligé de faire usage de l'une des deux altérations entre lesquelles il y a incompatibilité. Ainsi, dans cer- tains mètres, on ne peut pas faire usage du pied pri- mitif régulier o^j*i», niais il faut y substituer un des deux pieds secondaires, oV p ou O^ 9 ; on nomme cet autre cas ^y ou préservation (acte de se ga- rantir). Les irrégularités qui ont lieu au dernier pied du pre- mier hémistiche prennent le nom spécial de arûz ja**s (pluriel aârîz jajjUI), dénomination de ce pied, et celles qui affectent le dernier pied du second hémi- stiche prennent le nom de zarb t*~>j& (pluriel zurûb ^jj^) } nom de ce pied. En arabe, il arrive souvent que les deux hémistiches d'un vers ne sont pas identiques quant au dernier — 247 — pied, si ce n'est cependant au premier vers d'un poème 1 , vers où ces deux pieds sont généralement pareils 2 . Quelquefois îe dernier pied du premier hémistiche d'un vers est irrégulier, et le dernier pied du second est régulier, ou bien, ce qui est plus commun, le der- nier pied du second hémistiche est irrégulier, tandis que le dernier du premier est régulier ; d'autres fois leurs irrégularités sont différentes. On trouvera de nombreux exemples de ces cas divers dans le chapitre sur les subdivisions des mètres. Les irrégularités ne consistent pas seulement dans le changement des pieds, mais aussi dans leur suppression. La suppression d'un pied à chaque hémistiche se nomme juz *)»., et le vers ainsi réduit majzû ^j^. Quand la moitié du vers est retranchée, cela s'appelle schatr jbï») et le vers ainsi réduit se nomme maschtûr xJaLfi. Il y a même, en arabe, du moins en théorie, des vers réduits au tiers, nommés manhûk >iJ?.p, et des vers à un seul pied, nommés maschtûrul manhûk jj^> CHAPITRE IV. SUR LES CHANGEMENTS DES PIEDS PRIMITIFS Voici actuellement la liste des changements dont sont 1 Dans ce cas, au contraire, le premier pied éprouve quel- quefois une addition particulière, comme je l'ai dit plus haut, et d'autres fois un retranchement. Ainsi, on trouve, par exemple, au premier pied du vers qui commence un poëme, ^S^e pour ^j*s. 2 Cette conformité accidentelle se nomme ^Jj*ûJ 9 et la non- conformité, aJLftJ>\ - 248 — susceptible en1 chacun des pieds primitifs, c'est-à-dire le catalogue complet de tous les piede guliers. I. J«x3 faïdîm. Ce pied peul ( irré- gularités, à savoir : 1. Tasbig (voir n° 26), ^y* fnulâ-n. 2 Cabz (voir n° 6) , JU** fâûlû. 3. Casr (voir n° 9), J**i fâu-L 4. Haif (voir n° 2), Jxà fàâ'l (pontyô faù). 5. Salm JJ (voir n° 31), i^r** fàlûn (pour ^JLs w/ûw . 6. Sabm > v j (voir n° 31), J-** /ÏÏ/u (pour Jj^c ûlù). 7. Batr (voir n° 25), p-$ fd. II. ^iftli />7//ûh. Ce pied peutaussi éprouver sept gularités, dont voici L'indication : 1. Izala ou tazyîl (voir n° 27), j — - fùtlù-n. 2. Khabn (voir n° 4), ^i*3 fâïlûn. 3. Cat 5*.!=3 (voir n° 10), .J** />7/f//i (pour Jcli fat/), 4. Hazaz (voir n° 22), *s /ïï. 0. Takiili (voir n° 13 , J*i /?/,'/. 6. Tarfil (voir n° 15), .j?!«li f~"l~t 7 ;n. 7. Khabn et izala (voir n os 4 et 27), ^j^*3 fàllà-v. III. ^t-V^ mâfallun. Ce pied admet les onze irrégu- larités que voici : 1. Tasbig (voir n° 26), .jjL&U* mafâllù-n. 2. Cabz (voir n° 6), .-t^'^ 9 ma fâïlûn. — «49 — 3. Kaff (voir n 9 7), J^f^ mâfàïlû. i. Casr (voir n° 9), J^-â* mâfal-l. 5. Hazf (voirn 21), ^Jfè fâûlûn (pour ^Li» mâfàï). 6. Hatm (voir n 3 30), pU* mâfà-a. 7. Kharm (voir n° 31), ,.y^*^ màfûlûn (pour ^j-^Lâ fàïlûn). 8. Kharb (voir n° 31), J^&» mâfûlû (pour J^ûli fallu). 9. Schatr (voirn 31), ^ c ^ fàïlûn. 10. Zalal (voir n° 31), o!i /5-a, 11. Batr (voirn 25), f* fà. IV. ^^U fâïlâtïin. Ce pied compte dix irrégula- rités, savoir: 1. Tasbig (voir n° 26), (jLlULs fàïUijâ-n (pour ^bbicli fàïlâtâ-n. 2. Khabn (voir n° 4), /^'^ fâïlàtûn. 3. Kaff (voir n° 7), O^Ls fàïlâtû. 4. Casr (voir n° 9), (j^sls fàïlà-n (pour o^L* fâïlâ-t). 5. Schakl (voir n° 20), Cj>^ fàïlâtû. 6. Hazf (voir n° 21), ,jbli fàïlûn (pour ^aLs fâïlâ), 7. Taschis (voir n° 8), Jj*** màfûlûn (pour ^3'^i fàlâ- tûn. 8. Cat f.^3 (voirn 10), ^Ssè fàïlûn (pour S*s fâïlâ). 9. Jahf (voir n° 12), is fâ. 10. Rab *Jj (voir n° 11), J^i /imZ. V, ^1«âjL^ mûstâfïlûn. Ce pied admet les ODze irrégu- larités suivantes : 1 . Izala (voir n° 27), ^^scu»* mustàfïlâ-n. - «50 — 2. Khabn (voir n° 4), «^UU mâfâïlvn (pour ,^*&> mùtùf- ïlûn). 3. Taiy (voir n° 5), ^*^ mûftâïlûn (pour ^^u*^ mùttàï- ITin) . 4. Cat >tîs3 (voir n° 10), Jy^ rnàfïilun (pour J*£^»~* MN.Ç/f7/7/). 5. Kaff (voir n°7), J^iuw mûstilplû. 6. Khabl (voir n° 19), ^vxl*9 fadâtun (pour .j-beu mulaï- lïtn). 1. Schakl (voir n 8 20), J^Lb màfâïlû (pour Jxo ?m^7- 8. Hazaz (voirn* 22), ..%!** /"////F/H (pour U£» mûtùll). 9. Takiili (voir n° 13), ^j** fàïilùn (pour Jj^ mûtùfll). 10. Tarfil (voir n° 15), ^2*s&mA muttàfïlâtûn. 1 1. Ràf «i. (voir n° 1i), .JUli fâïlm. VI. ^^^ mâfâllâfàn. Ce pied n'admet que quatre irrégularités, à savoir : 1. A?b (voir n° 2), jjI^Làp mâfadïm (pour ^xLLL» màfall- tïin). 2. Acl (voirn 17), .n^li" rnàfadïm (pour p^U* ma foi- fôjft), 3. Catf (voir n° 24), ^y* fâïdîin (pour ^Akfimâfâll). i. Casm (voir n° 31), ^j*^ 9 màfïdïm (pour ^Jeli fâl/tïm). VII. ^UUa» mûtâfâdïm. Ce pied admet six irrégula- rités, dont voici la liste : 1. Izmar (voir n° 1), l*s^~>> mùstâfîlùn (pour ^JsU&» mùt- fàïlûn). — 251 - 2. Cat «ialî (voir n° 10), ^^è fâïlâtûn (pour J&lku mû- tâfâïl) . 3. Wacs (voir n° 16), ^JeLi» mâfâïlûn. 4. Hazaz (voir n° 22), ^Jai fâïlûn (pour U^» muta fa). 5. Izala (voir n° 27), ^bWjb» mûtâfâïlâ-n. 6. Tarfil (voirn 15), ^J'Soli&» mûtâ fâïlâtûn. VIII, o^*â» mâfûlatù. Ce pieci admet les neuf irré- gularités suivantes : 1. Wacf (voirn 3), ^^*à* mâfûlâ-n (pour ^JijzkAmâfû- lâ-1). 2. Khabn (voirn 4), o^j*^ fâûlâtû. 3. TAÏT(voir n° 5), J^kli /a?7àZ#. 4. Kasf (voir n 8 18), ^y&* mâfûlûn (pour bîyJL» mâfûla). 5. Khabl (voirn 19), »Ji^*è fàïlâ-t (pour vJt;^* mâûla-t). 6. Salm J.*s (voir n° 23), ^1*3 /a Jim (pour^d* mâfu). 7. Jad g. Ja (voir n° 28), p Ls /a-a. 8.. Nahr (voir pag. 34), *■$ fâ. 9, Raf *.5j (voir n° 14), J^*^ mâfû-L IX. ^j S & li fâï-lâ-tûn. Ce pied admet quatre irrégu- larités, c'est-à-dire : 1. Kaff (voir n°7), o^ &.Li fâï-là-tû. 2. Casr (voirn 9), ,j^ ç-li fâï-lâ-n (pourO^ pli fâï-lâ-t). 3. Hazf (voir n 8 21), .jbli /alfôtt (pour Sali /S £-tà), 4. Tasbig (voir n e 26), ,jÇJ oli fâï-lïyâ-n (pour .jb'S pli fâî-lâtâ-n). — 252 — X. ^ *a> ^f mûs-tâfl-lùn. Enfin, ce dernier pied n'admet que trois irrégularités, qui sont : 1. Khabn (voir n° 4), ^J^L^» mùfàïîïïn (pour J «iï , mît-tùfï-lïiri). i. Kaff (voir n° 7), J «i3 -*» mus-tàfl-lu. 3. Tasbig (voir n° 26), ^ «ju ^^ mîis-tnfUà-n. Par suite de l'emploi de ces irrégularités dans les mètres primitifs, ces mètres prennent différentes formes dont les pieds sont quelquefois pareils, quoique dérivés de pieds réguliers divers. Cela tient a ce qu'on a généra- lement substitué aux paradigmes altérés des paradigmes plus conformes au génie delà langue arabe 1 . Aussi est- il essentiel d'indiquer, pour se reconnaître, le para- digme original, et c'est ce que j'ai eu soin de l'aire dans les tableaux qui précèdent. On trouvera peut-être bien compliquée la théorie des irrégularités des pieds primitifs, mais on se convain- cra, par l'expérience, que cette complication apparente s'évanouit dans la pratique. En effet, tous les pieds d'un vers ne sont pas altérés au point de ne pouvoir être re- connus; il y a toujours dans le vers quelque pied qui sert de jalon pour découvrir la mesure. On peut tâton- ner, sans doute, mais en recourant aux paradigmes, et avec un peu de persévérance, on ne peut tarder de trou- ver la mesure qu'on cherche. Voici, au surplus, une sorte de résumé de la théorie qui précède, c'est-à-dire la liste complète de tous les pieds réguliers et irré- 4 On nomme ces mots substitués ^J^u*, substitutions. — 253 — guliers classés d'abord selon le nombre des lettres qui les composent. Les numéros marquent les pieds primitifs auxquels se rapportent les pieds secon- daires* Pied de deux lettres. £* /S, 1 , 2, 3, 4, 8. Pieds de trois lettres. J*i fââl, 1, 2, 4; oU fâ-a, 3, 8. J*i /afà, 1 ; Pieds de quatre lettres. Jj*3 fâù-l, 1 ; ^»1*3 fâïlûn, 2, 4, 5, 7 ; J^*9 /aM, 1 ; ç> Uv» mâfâ-a, 3. ^J*i> /a/ww, 1, 2, 8; Pieds de cinq lettres. dyè fâûlûn, 1, 3, S, 6; J^*^ mâfûlû, 3 ; ^leli fcwfc, 2, 3, 4, 5, 9; 0^*2 fâïlàtû, 4; O^* 3 fâïlà-t (ou ^jbk^ r/-^ fâïlâtûn, 5 ; fâïlà-n) , 2* 8 ; JcliU mâfâïlû, 5. Jj^xà» màfû-l, 8 ; Pieds de six lettre?. ^^x5 fâïdà-n, 1 ; ^j*^ màfûlûn, 3, 4, 5, ^J-cLi» mâfâïlïm, 3, 5, 6, 6,8; 7, 1 ; rJ 3 ^ fâïlàtlm, 4, 7 ; J-cU» mâfaï-U 3 ; O^cU fâïlâtù, 4, 8 ; Js&L*v ma fallu, 3; J^* fàïlâ-n, 2, 4 ; — 254 - ,JjC&» mïiftùïlïtn, 5; J *â!> { j»»* mïis-tiïfi-lii, 10; Jj mïistdplû, 7; o^ ?-^ fùï-lâ-tû, 9; C^*i faïïlùlû, 8; ^ e,Ls fùUà-n, 9. Pieds do sept lettre?. ^'îAili fàïlàtïm, 2, 4 ; c,^j.x^ màfûlàtû^ 8; ^LcUp mâjmlûn, 3, G; h^*^ màfïdà-n, 8; ^Ukw mûstàfUûn, î>, G; ^3 «i3 ^» mû8-tâfï4ûn % ^ic'JL» mâfâïlâtun, G ; 1 ; ^UliJU mùtufàïlûn, 7; ^V !3 &L? jai-lù-tun, 1). Pieds de huit lettres. ^^U/» màfiulà-n, 3 ; ^ si.'/ ~^ niûs-t mâfùlû, 3 ; jjî^sê fâûlâ-n, 1 ; J^Ul» mâfàï-l, 3 ; ^)j%k* mâfûlûn,3,l, 5,6,8; ..^cLs fâïlà-n, 2,4; .S c. Là fàï-l&n, 9. Pieds de quatre syllabes. -Jf&li fâïlâtùn, 2,4; .^LcLiU mâfaïlûn, 3, 6; -iaibJw mûstâfïlûn, 5, 6; OJ^JU mâfulâtû, 8 ; jj j^*i» mâfiïlâ~n, 8 ; J «iï ^mp mùs-tâjï-lûn^ 0; ^J 3 &ls /Sï /à £wn, 9 ; jjbLeLfl* mâfàïlà-n, 3 ; .Lie Là fàïiïyà-n, 4; jjD c. li fâï-lïyân, 9; ^3*£;w mûstâfïlâ-n, 1 ; .^3 «ju ^^ mùs-tâfï-lâ-n, 0^*3 fâïlâtû, 4 ; ^Ae fâïlâtïm, 5 ; JxL&a mâfàïlû, 5 ; jicLiU mâfàïlûn } 3, 5, 6, ,7, 10; J,.vcL&^ mâfâïlû) 3 ; ^'bi*5 fâïlâtûn, 4,7; 0^*i fâïlâtû, 4, 8 ; ^Ijuà* mûftâïlûn, 5; J^â^w mûstâfïlû, 7; 0^*à fâûiâtû, 8; J «Ju ^w» mûs-tâfï-lû, 10; oS & Là fàï-lâtû, 9 ; Pieds de cinq syllabes. ^•SdcljU mâfâïlâtûn, 6 ; „jïeLib» mûtâfâïlâ-n, 7; ^Isl&U mûtâfâïlûn, 7; ^'ilx&u*^ mûstàfîlâiûn, 5. Pied de six syllabes. ^oilelijU mutâfâïlatûn, 7. 10. — 256 — CHAPITRE V. DÉTAILS SUR LES MÈTRES PRIMITIFS ET SECONDAIRES, AVEC DES EXEMPLES ARABES, PERSANS, TURCS ET HINDOUSTANIS. On nomme, ai-je dit, sain, JL-, le mètre dont les pieds, cjty, n'admettent aucune altération, s_i^j» et irrégulier, ^j=^y, celui dont les pieds sont diversement altérés. J'ai fait connaître les différentes irrégularités dont les pieds primitifs peuvent être susceptibles ; il me reste à parler des mètres eux-mêmes et à donner des exemples de leurs variétés. J'ai parlé de l'identité de quelques pieds dérivés mal- gré leur origine différente. Par suite, il y a des mètres secondaires qu'on peut rapporter à plusieurs mètres primitifs. Dans ce cas, on doit les rattacher à ceux aux- quels ils se lient le plus naturellement. L'exemple sui- vant fera comprendre cette règle. J'ai été hors do moi lorsque mon amie m'a abandonné; j'ai gardé le silence lorsqu'elle a commencé à parler. Ce vers se compose de six ^Jbli/» màfàUUn. Or, si ce pied est dérivé de [ d*&L*+ mûstàfïlùn par l'irrégularité nommée khabn, le vers que je viens de citer est du mè- tre rajaz; si, au contraire, le pied ^^ mâfâïlûn dé- rive de ^r^ mâfâïlûn par l'irrégularité nommée — 257 — cabz, le vers est du mètre hazaj. Or, comme ^Icii^ ne dérive de ^1*âw que par substitution, Jii, pour .J.*^ mùtâjïlûn, et que, au contraire, il dérive de c ^lÂ' s sans substitution, il est plus naturel et plus simple de le ratta- cher au mètre hazaj. C'est ainsi qu'on doit agir dans tous les cas où des pieds irréguliers dérivés peuvent se rapporter à plusieurs pieds primitifs. Les cas dont je parle n'ont pas de rapport avec la ver- sification nommée mutalauwan jjjta, ou bigarrée, et qui consiste à composer des vers de telle façon qu'on puisse les scander de plusieurs manières, et ainsi les rapporter à plusieurs mètres différents. J'ai parlé de cette sorte de figure de mots dans la deuxième partie de la Rhétorique, chapitre n, section 24, et j'ai cité quelques vers qu'on peut scander de deux manières. Voici, du célèbre Faïzi, deux vers 1 qu'on peut scander de quatre manières, et rapporter ainsi à quatre mètres différents, à savoir : 1° au sari (matwî, maksûf); 2° et 3° au raml à six pieds, makhbûn, mahzûf et simplement mahzûf; 4° au khafîf {makhbûn et mahzûf). 1 Gladwin, Dissertation, pag. 145, a cité le gazai entier, mais sans traduction. 2 Voici la quadruple scansion de ce premier hémistiche : 1° aï khûmï ab \ rûï tu tè \ guïjâfâ mûftâ ï lûn | mûftâïlûn | fâ ïlûn M — 258 — Ton sourcil arqué est, y>owr / pour ^.UL^p, de .yJbLi>> pour ^JcU*, et autres petites irrégularités qui seront indiquées dans l'occasion. * Voici la scansion de ce premier hémistiche : kwlri% | cii là hàllun | làdal kâ | wa là ràbtûn (a û lûn | màfâ 1 lûn \ fa ïi lûn \ ma fà l lûn Dans v-Jj->J ladaika, le fatfta final est censé suivi d'un alif de prolongation et rend, par conséquent, la syllabe longue. 3 Ces vers ont déjà été cités dans l'Anthologie arabe de feu mon ami J. Humbert (de Genève), p. 13. — 261 — stiche qui est macbûz, c'est-à-dire réduit à ^jleU* ma- fâïlûn. La plante verte que produit le jardin de Kâfûr 2 remplace, pour nos cœurs, les effets d'un vin vieux et généreux 8 . (Zaïn uddîn.) Voici actuellement un exemple du tawîl, pareil au précédent, si ce n'est que le dernier pied du deuxième hémistiche est réduit à ^j*s fâûlûn (pour ^Isu» mâfiïï) : *J\xli U (il LJjJ) Jo >bL 1 Voici la scansion du premier hémistiche de ce vers : wâ khàdrâ \ û kâfû ri \ y a tïn nâ \ bâ fï lu hâ fâ û lûn | mâfâ ïlûn \ fâ û lûn \ mâfâ ï lûn 2 11 s'agit ici de Kâfûr Ikhschidî, amîr d'Egypte, dans le jar- din duquel on cultivait le haschisch, végétal que célèbre la pièce de vers dont ce baït est extrait. 8 Chrestomathie arabe de S. de Sacy, t. II, pag. 44. 4 Voici la scansion de ce vers : sâlâmùn \ âlàddûnyà \ ïzâ ma | fâquïdtûmû=mâfâïlûn bânl bar | mâkïn min râ \ ï hï nâ \ wâ gâ dm fâ û lûn | mâfâ ï lûn | fâû lûn \ fâ û lûn (pour mâfâi) Dans *J'*x£s, il est permis d'ajouter, d'après une des licences poétiques particulières aux Arabes {Grammaire arabe de S. de Sacy, t. II, pag. 498), un zamma final, qui représente ici un u long; c'est ainsi que j'ai mis, dans ma transcription, fâquïd- tûrnû. Dans ^œtM», le fatha final représente aussi un à long, et c'est ainsi que j'ai écrit ràhïhïnâ. — 26Î — Lorsque le monde tous aura perdu, ô fils de Barmek, on cessera do voir des voyageurs dans les routes depuis le matin jusqu'au soir*. (Abu Nawûs.) Quoique le mètre tawll soit particulier aux Arabes, il a été cependant employé quelquefois, par fluptafeie, par des poètes appartenant à d'autres nations musul- manes. Ainsi, voici un vers persan du bahr tawîl ré- gulier : Le monde admire ta beauté. Le regard est dans l'ivresse l'extase à cause do tes lèvres de rubis mouillées de vin. (Faquîr.) ; 2° Dans la pratique, on n'emploie en arabe le mètre madid qu'avec six pieds seulement. En voici un exemple régulier: Bakrides*, rappelez à la vie ma Kulaïb; et dites-moi où nous devons fuir. Voici un exemple où le dernier pied des deux hémi- stiches est réduit à ^ ] à (pour ï$li). 1 Chrestomathie arabe de S. de Sacy, t. I, p. 9. * Nom d'une tribu arabe. — 263 — Sachez que je fus pour tous un gardien, soit que je fusse ab- sent, soit que je fusse présent. Voici un autre exemple pareil* si ce n'est que le der- nier pied du second hémistiche est réduit à ^Jii fàlûn : ^ JHi_j .UJjJ! UJ! A coup sûr cette jeune beauté au nez retroussé est une pierre précieuse sortie de la bourse d'un villageois (c'est-a-dire est la fille d'un villageois '). 1 Je reproduis ici la traduction de feu Et/ Quatremère {Jour- nal des savants, 1853, p. 381). Dans ma première édition, j'avais cru pouvoir lire *LâJj pour aaJj, et donner un autre sens à ce vers, déjà traduit par le Clerc {Pros. ar., p. 45) et par Freytag (Ar> verskunt, p. 181). En effet, le coquillage nommé aiij me paraît répondre au caurî ^£\y> des Indiens, qui est, comme on sait, le nom qu'ils donnent au petit coquillage appelé 'porce- laine, lequel sert chez eux de menue monnaie. Celte explication est d'autant plus plausible que ce mot existe en syriaque avec le sens de monnaie^ ainsi que me l'avait dit feu M. Ferrào de Cas- telbranco, qui s'était occupé avec succès de plusieurs langues orientales. En effet, Michaelis, dans son dictionnaire syriaque, traduit ce mot par monetœ genus et illud duplex : majus valet octantes oboli; minus septem. Le mot Ai);, dans ce passage, équivaut au Xsutoc [minuta) de la veuve du Nouveau Testament (saint Marc, XII, 42), et le sens du vers rentre dans celui de la sentence de Notre-Seigneur, loc. cit< « Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc. » — 264 — Voici encore un exemple du mètre madîd avec le der- nier pied du premier hémistiche réduit à ^^icLi (pour iicli), et le dernier du second à j^ 1 *-* fàilâ-n (pour Jl^eli fdllâ-t) : Que la vie ne séduise pas l'homme, car toute vie finira. Enfin, voici un exemple où le dernier pied des deux hémistiches est réduit à { J^ fàUïm (pour ^*j) : J^ ! ^ J" \^i J Lorsque le terme de ma vie arrivera, je serai, hélas! couvert de honte et de confusion. (Mucaddécî 1 .) Quelques poètes persans ont voulu suivre le para- digme primitif de ce mètre. En voici un exemple dans levers suivant, qui se compose, en effet, des pieds ^j'^li ^Ls répétés quatre fois 8 : ^j^ j-jbîi ^L- L^Je JLLj oyt tente de Maïya dressée sur la hauteur, puis sur la pente de la montagne, tu es abandonnée * et déserte depuis longtemps. (Nabiga 2 .) Quelquefois le dernier pied du second hémistiche est même réduit à ^1*3 fâlûn, outre les licences acciden- telles autorisées en arabe. En voici un exemple : 1 A la lettre « elle est abandonnée ». Le changement de personnes est fréquent, dans les cas analogues, chez les poëtes orientaux. 2 Chrestomathie arabe de Sacy, t. II, p. U3. — 266 — Regarde un vaisseau, sa vue t'enchantera ; il ost 1 rival do l'éclair dans sa course légère. (Alf laïla 1 .) On trouve aussi fréquemment le second et le qua- trième pied de chaque hémistiche réduits à .^1*3 fdllïïn. Exemple : v ... t» rsb V^Ji viJj^ ir*^J Lorsque tu redresses les branches, elles croissent comme il faut; mais c'est en vain que tu chercheras à redresser le bois sec. (Vers arabe cité dan? leGulistan, liv. VII.) On emploie très-fréquemment ce mètre avec six pieds seulement, trois à chaque hémistiche. En voici 1 Voici la scansion de ce vers : ânzur uà \ mâr kâbln \ yâsbïkâ mâti \ zàruhû mus tàfilun \ (à i lun \ mùstâfï lûn \ fadûn Yu sàbïqûl \ bàr cà màs \ râ an wà màj \ rà an mû tàf ïlûn | fâ ï lïin \ mû tâfî lun \ fà lûn Dans le second hémistiche, nous avons mâfàïlùn ^JL&Lfty» (pour ^jJj^ 9 mûtàfllûn). On peut en effet remplacer acciden- tellement Jlxi^*»/3 par ce pied dérivé. On trouve aussi quelque- fois, dans le même cas, { J^>^> mûftàllûn et ^*i fàïlâtûn (pour mûtàllun), et, à la fin du vers, on peut faire, à la dernière syllabe des pieds, l'intercalation Jo! d'un alif. 2 Anthologie Humbert, p. 14. — 267 — un exemple régulier, c'est-à-dire composé des pieds { J^scu^ v *^li ^W^ répétés. M £?j J* J^j » L. Pourquoi demeurerais-je auprès d'une habitation qui est vide, que dis-je, qui est rasée, effacée et muette? Voici un vers persan écrit dans le mètre bâcit ré- gulier : Ton union rend mon cœur satisfait de la révolution du ciel; ton absence est pour mon esprit comme le sel sur la blessure dont tu es l'auteur. 4° Le mètre kâmil régulier à six pieds est, entre autres, celui de la célèbre Muallaca de Lebîd publiée par S. de Sacy 1 , et qui commence par le vers suivant : L^_j»L^và L^_j© ^b b^-j Ils sont évanouis des lieux où ils avaient établi leur campe- ment, les vestiges de leur demeure. Mina 2 , Gûl et Rijâm 3 sont devenus déserts. 1 A la suite de son édition de Kalila et Dimna. 2 Nom d'un lieu que le commentateur Zouzéni distingue de la vallée de ce nom, vallée que le pèlerinage de la Mecque a rendue célèbre. 3 Montagnes connues des arabisants. — 268 — Il est bon de faire observer qu'on admet dans ce mè- tre, comme licence permise, le pied mûstâplùn JixÂ^w» pour ^leli&» mûtfàïlûn, au lieu de ^Jsli^» mïitàfàïlûn, ainsi qu'on le verra dans le vers suivant, où le troisième pied de chaque hémistiche est^réduit à ^f^f faïlàtùn (pour Jslix/» mùtàftul) ou ^jà* màjûlun (pour Jsli^» mût f ail). 1 ibi^Jo •**+•& à. JJslx J> Lève-toi, présente-moi cette plante verte produite dans le jar- din de Kafour et qui remplace le vin le plus délicieux. (Abû'l Izz Magrabî*.) Voici deux autres vers mactû, au dernier pied seule- ment, qui prend, par conséquent, la forme ^/^ faï- làtùn. toi qui brûles le visage de ton ami, continue à ton aise, car j'ai assez de larmes pour éteindre ce feu. Embrase mon corps 4 Voici la scansion de ce premier hémistiche : Cûm àtïrii \ khàdrà a kâ [ fû ri yàt mus ta filùn \ mus ta fi lûn \ màfû lûn 2 Chrestomathie de Sacy, t. II, pag. 45. — 269 — et tout mon être ; ménage seulement mon cœur où tu es. (Ibn Hujjat 1 .) En voici un avec le dernier pied de chaque hémistiche réduit à ^^Lo fâïlûn (pour U&» mûtàfà), qui peut même devenir ^J*s fàlïin (pour Li^» mûtfà) : L'hiver est passé, il s'enfuit à la hâte; le mois du printemps s'avance vers toi. Voici un exemple du kâmil à quatre pieds seulement, réguliers, sauf les licences autorisées : Je désire ardemment la présence de ma bien-aimée, et, lors- qu'elle paraît, je baisse les yeux par respect 2 . Voici un dernier exemple du kâmil à quatre pieds, le premier de chaque hémistiche muzmar et le dernier mu- raffal, c'est-à-dire le premier devenu ^^li^ 3 mûtfàllûn et le second ^%\J&* mûtâfâïlàtûn : Vis longtemps au gré de tes désirs et dans une santé parfaite à l'ombre des palais les plus élevés. (Abû'latâya 1 .) 1 Anthologie Humbert, pag. 7. 2 Anthologie G. de Lagrange, pag. 137. * Chrestomathie de Sacy, t. II, pag. 3. — 270 — Quoique ce mètre soit particulier aux Arabes, quel- ques poètes persans modernes, Jàmî entre autres, l'ont employé, mais seulement à huit pieds, dans sa forme primitive, telle du moins que je l'ai donnée d'après le Hadâyic. En voici un exemple : ïjj Lij ^Sy*^ *»*? cV Lia. *~MJ ifdï ù *J) ^ U~* ^ J^j ^ Jo *° J^ J 3^ v-5^J ** Son cœur ne quitte pas un instant ses manières tyranniques, même par hasard, pour s'avancer du côté de la fidélité, tandis que la fidélité ne se retire pas de mon cœur opprimé, malgré les nombreuses injustices de cette belle. 5° En arabe, on ne trouve pas le wâfir employé régu- lièrement. Ordinairement les deux premiers pieds sont réguliers, avec les licences permises (c'est-à-dire ,J>k>lL> mafaïltùn (pour .^lali* mafadatun), et le dernier pied estmactûf, c'est-à-dire réduit à ^yà fàûlûn (pour J^li^» ma f ail). Le chemin de la mort est le but de tous les vivants, et ce che- min appelle à haute voix les habitants de la terre. (Extrait du Hamâça*.) Le wâfir est quelquefois réduit à quatre pieds seule- ment. Exemple : 4 Anthologie Humbert, pag. 1 6. — 271 — 1 fjf^v ^à*j cJLa. ^%] te^-fj w*-^ ^ Rabiya sait bien que ta corde est faible et usée. Par exception, on trouve quelques vers persans sur ce mètre. En voici un régulier : O mon idole, pourquoi ne regardes-tu personne d'un œil de bienveillance? Tu ne cesses pas d'employer la tyrannie, et tu n'entres pas dans la voie de la fidélité. Du mètre hazaj ~y*. Ce mètre, à huit pieds réguliers, c'est-à-dire composé de huit ^jL& U* mâfâïlïm, est très-fréquent en persan, en turc et en hindoustani. En voici un exemple arabe tiré de Harîrî, p. 108 (éd. de Sacy). tjmjl LâJ b S jH » — ^iJl jH* ^ \J O toi qui t'enorgueillis de ton intelligence, jusques à quand, ô mon frère, en proie à tes fausses idées, accumuleras-tu des fautes et des actions blâmables ? * Il faut scander ainsi ce vers : Làcâdàlïmàt | râbiyâtûàn | nâhàblâkâwà | hïnûn khâlïcûn mâfâ lia tûn \ mâfâïlâ tûn \ ma fâï la tûn j ma fâ ï la tûn 272 — Son poil naissant 1 m'a enfin écrit une pétition avec le sang des amants. Pour la première fois son cœur amoureux m'a donné ce témoignage. (Figânî.) Exemple turc ^y î-^c***' J M L^ B sj. ,i JLJjI m ^n - — > C^j V iliJ (— « r~- j JT. L'amour que je ressens pour ma belle est un tigre ; ma cheve- lure embrouillée lui sert de foret, et ma tête est la contrée mon- tagneuse de la douleur et du désespoir. (Bâquî*.) Exemple hindoustani : 1 Isa».. Ce mot, qui signifie proprement écriture, s'emploie pour exprimer des moustaches naissantes. En effet, ces poils noirs sur une peau blanche ressemblent en quelque chose à l'écri- ture sur la feuille de papier. Ce double sens forme, dans le texte, un jeu de mots intraduisible. * Voici la scansion de ce premier hémistiche : Pâlânguï ïsch \ qui yârïin bï \ schâ sï dur mû \ ë jô H dâm ma fà l lûn | ma fâ ï lûn \ ma fâ ï lûn \ ma fax lûn 1 Les œuvres de Baquî, le plus célèbre des poètes ottomans, sont inédites. J. de Hammer a donné la traduction allemande de son Diwân. Le vers que je donne ici a déjà été publié par Lumley Davids dans sa Grammaire turque, mais sa traduction diffère de la mienne. — 273 — 1 L -~° j¥ V' yjX^ &* ^ \j *& ^ Ù*À L'éphélide de ta joue est à mes yeux la pierre noire de la Caaba ; par la fossette de ton menton, j'ai une idée du puits de Zemzem. (Walt) Exemple persan du hazaj à huit pieds aschtar' 1 , c'est- à-dire, quatre pieds par hémistiche : le premier et le troisième aschtar 3 ; le deuxième et le quatrième régu- liers, c'est-à-dire composés des pieds ^^Lk J©li ré- pétés : 1 Voici la scansion de ce premier hémistiche : Yû tïl tûjh mûkh | kë kàbë më J mûjhë âswàd \ hâjàr dis ta ma fâ ï lûn | mâfà ï lûn \ mâfà ï lûn \ mâfà ï lûn 2 II est d'usage de donner aux mètres dérivés les noms des pieds irréguliers qui y sont employés quand même, comme c'est ici le cas ; il y a des pieds qui sont réguliers. 8 Je dois, une fois pour toutes, avertir le lecteur que ces dé- nominations techniques, que j'emploie en parlant des pieds dé- rivés dans les mètres irréguliers, s'appliquent au pied primitif qu'on devrait régulièrement employer. Ainsi il faut se souvenir, pour appliquer exactement ces dénominations, du pied primitif, et, en ce cas, avoir recours au tableau des mètres réguliers pour le connaître. Ici, par exemple, le mot aschtar s'applique au pied JLcUl», qui devient, par l'irrégularité nommée schatr y£>, AcLs fâïlûn. Cette observation est essentielle, parce que la même expression technique peut s'appliquer à plusieurs pieds, ainsi qu'on l'a vu plus haut. 18 — m — Fièrc de la beauté, tu oe fais pas attention a L'âme d'un monde entier; par ce molif, lu ne inciuls pas garde à la vie de nom- breux amants. [Faqutr.] Exemple hindoustani : j> s^-k-ff r jb 1^1 ^ jjj pj; Mon amie est étonnée que je quitte les autres compagniee la sienne, mais je crois que c'est l'amour qui m'attire auprèê foUe. Exemple persan du hazaj à huit pieds akhrab, c'est-à- dire, le premier et le troisième de chaque hémistiche réduits à Jysu> mâfulû, les an lies réguliers : Tu as dit que tu voulais donner une fois du sucre à Khâcânî. Voici le temps de le faire, je le jure, sien effet tu veux faire ce don. (Khâcânî.) Exemple hindoustani du même mètre : J>" ^ \jr* y' J v^ d/ ^^ ^>" "T^r* Tu rends jaloux l'éléphant par ta niarche gracieuse, ô* aga- çante beauté; tu jettes le trouble dans le monde lorsque tu dé- ploies ta coquetterie. (Walî.) Exemple persan du hazaj à huit pieds aklirab, makfûf et mahzâf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, — 275 — f 9 f des pieds ^p* J^' L ^ S*^ ôj*^ mâfïdû, ma fallu, ma- fallu fàulûn : schaïkh, tu m'as montré le chemin des tavernes; mon cœur a désiré le vin et tu m'as montré des miracles. Exemple turc : Ne laisse pas échapper l'occasion; quelquefois le délai est un crime; supporte avec patience la peine, elle est quelquefois la clef du plaisir. (Schâliidî.) Exemple hindoustani : Si le bazar est peuplé de roses, c'est que les femmes y font leur promenade. (Wall) Exemple du hazaj à huit pieds makfûf elmahzûf, c'est- à-dire composé, à chaque hémistiche, de trois JU^ 3 ma fallu, suivis d'un ^y* fâùlîin : iJbj \ c.Lj 2?; — 276 — le beau jardin I le beau jardin qui s'est déployé sur les hauteurs I la belle apparence, ô la belle lune! qu'elle soit bénie et exaltée ! (Maulawî Kûmî.) On ne trouve pas le hazaj à six pieds réguliers; mais il est toujours affecté de quelque irrégularité. Exemple persan du hazaj à six pieds malnùf, c'est- à-dire composé, à chaque hémistiche, de deux ^J^i* mâfâilûn, suivis d'un ^yy^ fàùlûn (pour ^ LA* ma fui Jkj J-% ^ tfi Tous les amis ne sont tels qu'a cause de tes viandes succu- lentes; ils te sont dévoués parce qu'ils sont à la poursuite des friandises que lu leur donnes. Rompre avec celle poignée d'amis hypocrites vaut mieux que de rester lié avec eux. (Anwâr-i su lt a (IL) Exemple turc : -Ji , .u \ cr~s-* ^r-*^ o^ 5Lt 1 Cette variété du hazaj est très-commune en persan et en hindouslani. Le poëme persan de Yiïçuf o Zalîkhâ de Jûmî et celui d'Amîn en hindouslani sur le même sujet, sont écrits sur cette mesure. 11 en est de même du poëme de Khusrau o Schîrîn de Nizûmî, de Laïla o Majnûn de Jàmî, du Tuhfat ularifîn de KhAcânî, du Bârah mâça do Jawûn, et de beaucoup d'autres masnaivis. — 277 — j5yw3 S^i ^v^ ^-^v" v^}»^ ^^ s^^? {jrfj-* rj^ ch vi) c La violette prit en main sa massue, le lis ceignit son épée. Ces fleurs, rangées en bataille dans la plaine, attendaient le roi du siècle pour passer en revue sous ses yeux. La tulipe s'était revêtue de son bonnet rouge comme celui des azab 1 , l'anémone brandissait sa hache ; la rose avait couvert d'un bouclier son visage, pour ne pas voir les pointes acérées de ses boutons à pei-ne éclos; l'odo- rant œillet avait élevé sur sa tête une lance d'émeraude 2 . Ceux 1 Ce mot, qui signifie à la lettre célibataire^ est le nom d'une sorte de milice. 2 Les fleurs sont souvent mises en scène dans les poésies orien- tales. Voici, par exemple, des vers qui ont de la ressemblance avec ceux de Sa'ad uddîn et qui sont dus au poëte urdu Malûl, sur lequel on peut consulter mon « Histoire de la littérature hindouie et hindouslanie », 2 e édit., t. II, p. 270. Ces vers, que Gilchrist a fait connaître [Grammar, p. 243), sont du mètre raml, dont il est parlé un peu plus loin : ils ont trait à la mort de Huçaïn : — 278 — qui virent celle année exprimèrent leur admiration. [Extrait du Tâj uttawartkh 1 .) Exemple hindoustani : o 2 ^. — -V <■ ♦. J ^j.' — ^JL^ I^Ls.) La Les admirateurs de la beauté s'approchent de toi comme les mouches se précipitent sur les sucreries. (Walt) Exemple persan du hazaj h six pieds macsûr, c'est-à- dire composé, à chaque hémistiche, de deux ,JL*U» mâfailûn, suivis d'un ij«*j** fàxdà-n (pour J-;- 1 -^* mafal-l) : r- L ' ; -T îr ; J' ^ cô» ^ c^ v~ A l'instant l'iris se couvrit de sa robe bleue, le pin se mit à trembler en courbant sa cime. La belle de nuit immédiatement aussi pâlit en apprenant la funeste nouvelle; sur toutes les (leurs enûn se répandit un deuil profond et général 1 Cette chronique estimée, due au célèbre historien turc Saad- uddin, n'a pas encore été publiée. J'en ai traduit plusieurs mor- ceaux, que j'ai donnés dans le Journal Asiatique et dans h Bibliothèque des croisades de Michaud, t. IX. Les vers que je cite ici sont tirés de la relation de la prise de Constantinople par Mahomet II. 2 C'est par erreur qu'on a imprimé ^X dans mon édition des œuvres de ce poëte. — 279 — .sr* yslcsw ».sO Jjl .ai i^ «J^* La parole est une perle, et l'homme éloquent est le plongeur. Ce n'est qu'après bien des peines qu'il peut s'emparer de cette perle précieuse. (Nizâmi) Exemple turc de la même variété : Le monde est une maison dont les ornements sont nombreux ; mais celui qui y entre perd sa tranquillité. (Extrait de YHumâyûn nâma 1 .) Exemple du mètre hazaj à six pieds akhrab et makfûf, c'est-à-dire qui se compose, à chaque hémistiche, des pieds ^UeU* J^^- s J^^ 9 mâfûlû, mâfâïlû f mâfâïlûn. ç$>\j à», jj! *? jta ^»l à v a> OjlT Celui qui désire est recommandable ; ainsi je souhaite que ton affaire réussisse selon tes vœux. (Anwâil) 1 Ce vers et les autres que j'ai cités plus loin du même ou- vrage turc m'ont été indiqués par feu Adrien Rover, membre de la Société Asiatique, qui s'occupait d'un travail spécial sur cette excellente traduction de YAnwâr-i suhaïlî. Le même regrettable savant m'a donné son avis sur quelques autres vers turcs. — 386 — Exemple persan du haxajh six pieds ahbraboA mêcfcU, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^X&li* .•JclA* Jj*i" màfuliï. mdfaltùn, mufTCdûn: La douleur que tu ' occasionnes fait resplendir le cœur do l'amant; la blessure que tu fais est la lampe qui éclaire son rendez-vous *, Exemple hindoustani : «j Lj! iLSLS ^. kS , »— s> ~-z-j5" J> ]Jux ^ 3 j> a Sjj.3 Lj On dit que relte belk arrive, quel avantage y trouve rai -je. puisque je meurs? Exemple persan du hazaj à six pieds. Le premier akhrab, le deuxième macbûz i et le troisième me c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, de JyJ* J-xLÂ" ^^^ niiifuln. tndfaUûin t mnjài-l. 1 Le mot à mot étant impossible, j'omets la traduction de l'in- terjection. 2 Pour comprendre ce singulier jeu de mots, il faut se rappe- ler que le mot ç>b, que je traduis par blessure, signifie propre- ment la marque d'un fer rouge sur la peau, par suite de l'appli- cation qu'on en fait pour opérer un vésicatoire. Cette marque se nomme Ji', rose, mot qui se prend aussi pour le lumignon de la lampe et même pour sa clarté. De là la comparaison de la blessure avec la lampe. — 281 — \$£ f'* tf^j f ^ ^ ^ A A (J>J ' T^ ^ ^ *^ vj"^ ^ Ton rôle change 1 sans cesse; tantôt tu es Laïla, tantôt Maj- nûn. Exemple hindoustani : L'image de ma bien-aimée est toujours devant mes yeux, je ne recherche ni le jardin, ni le parterre. Exemple arabe du hazaj à six pieds, dont trois à cha- que hémistiche, le premier akhrab, le deuxième macbûz, et le troisième mahzûf, c'est-à-dire ^y* i^'-â* Jj*^* màfûlû, mâfâïlûn, fâûlùn. L'âne qui est dans la société des hommes ressemble au veau d'or qui mugissait 2 . (Gulistan.) Exemple hindoustani : 1 Ici encore je n'ai pas traduit ^i. 2 C'est-à-dire qu'un ignorant est comparable au veau d'or, qui, selon la légende conservée par les musulmans, avait la faculté de mugir, mais n'avait pas l'intelligence. (Conf. Coran, VII, 146.) — 283 — Ton front brillant est pour moi comme la clarté de l'aurore. (Watt.) Exemple persan du hazaj à six pieds, dont trois à cha- que hémistiche : Le premier akkrab, h second moefttis, et le troisième muçabbag, c'est-à-dire : ^J^U* ^^Lk J^*^ mùfûlù, ma fini un, màfâilâ-fl : .1 j, ,. Tout chagrin qui a lieu sous le c'y 1 MBQM du trouble à hi porte de mon cœur. (Klulcânî.) Exemple hindoustani de la même variété: Elle me dit : « Cesse de soupirer, car les soupirs ont trouvé la voie de mon cœur. » On rencontre quelquefois dans des vers persans et hindoustanis, entre les deux hémistiches d'un même vers de ce mètre, les différences suivantes. Le premier pied du premier hémistiche est akhrab, et le premier du second a khram; le second pied du premier hémistiche est macbûz, et dans le second hémistiche le même pied est aschtar; enfin, le dernier pied du premier hémi- 1 Dans ce vers, le noun final de «jL*—! et le hé de %$S et de SJp' ne comptent pas dans la scansion. — 283 — stiche est régulier, et celui du second est muçabbag, ce qui donne la mesure : màjïdû, màfàïlïm, màfaïlïm, mâfulUn, fâïlûn, mâfàîlà-n. Exemple : s±~\ V U f% ^\ J&» ^b La fortune n'a pas secondé ma science. La science est une vierge que la fortune ne peut posséder. (Khâcânî.) Exemple hindoustani : »' ^jT*^ *^=> J^ ^- ,-g l# Comme elle est assise auprès de mon rival, mon cœur en a éprouvé une telle peine qu'il en a poussé des soupirs. Exemple du hazaj à six pieds, trois à chaque hémi- stiche : le premier akhrab, le second macbûz et le troi- sième macsûr, ainsi : 1 II est bon de faire observer, en passant, que lorsque le pied qui termine le premier hémistiche est un des pieds ^LcLiL» ,a*âx**»* ^AelijU AsU; celui qui termine le dernier peut recevoir l'intercalation de Yalif au dernier pied, laquelle se nomme izâla, et devenir ainsi ^%b&cli&s ^^cli ^bLaUL»,etc; c'est ce qui fait que dans la table des mètres employés dans les poésies de Walî, je n'ai pas fait de différence entre les pieds finaux muzâl et les pieds finaux réguliers. — 284 - ,0^7*5 •JW-i' Jjj*** màfûlû. màfâltwn fâûlâ-n (pour J^liU màfâûrl) : v£*J jJ-A^j ^-^ ;^fc jjlil L'amour et la beauté se manifestent partout, je veux dire la douceur et l'attrait de la beauté de l'amour. Exemple du hazaj à six pieds, trois par hémistiche : le premier akhram, Le second aschtar et le troisième mahzftf. c'est-à-dire: .Jjjaà rJ^li nrJ*^ 1 m <~'[ul~uH, fàllûn, fâûlûn : o j j j * Tu peux te voir dans toi-même et contempler ainsi clairement le secret qui est caché. Exemple de la même variété, si ce n'est que le dernier pied de chaque hémistiche est macsûr, c'est-à-dire ^-yiy* fàûlâ-n : 3 », h a_2w ^,.1 O 2 ^,-^ X*t> 1 Ici encore le noun ne compte pas dans la scansion. (Voyez, à ce sujet, une observation antérieure.) 2 Dans ce second hémistiche, le dal de .5 j* ne doit pas comp- ter dans la scansion, soit a cause de la règle que donnent quel- ques rhétoriciens et qu'on a vue plus haut, soit plutôt, selon moi, — 285 — Si Schîrîn avait voulu élever un édifice, elle aurait eupour ce travail cent sculpteurs comme Farhâd. (Faquîr.) Les poètes arabes n'ont généralement employé le hazaj qu'avec quatre pieds seulement. En voici un exem- ple où chaque hémistiche se compose de deux i^LcU* mâfâïlûn : Je vois bien que la fortune ne reste jamais dans le même état; c'est pourquoi, cherchant à lui ressembler, tantôt j'éprouve ses malices, tantôt elle éprouve les miennes. (Hamadânî 2 .) Voici un autre exemple arabe de la même variété, si ce n'est que le dernier pied est réduit à ^yè fâûlûn (pour yj;\.i* mâfâi) : parce que le dal final de mard et le dal iniiial de dar se réu- nissent dans la prononciation comme nos lettres doubles. Voici, au surplus, comment il faut scander cet hémistiche : Sâdmârdâr (pour marddar | àwàràd \ chûfàrhà-d Ma fû lûn | fà ï lïin | fâ û lâ-n 1 Voici comment on doit scander cet hémistiche : Fâyàumâ schàr \ rû hà fïyà Mâfâ ï lûn | ma fâ ilûn 2 La séance de laquelle ce vers est extrait a été publiée et tra- duite par feu Grangeret de Lagrange, p. 180 et suivantes de son Anthologie arabe. 3 Voici comment il faut scander ce vers : Mon dus n'es! pM un dos obéissant pour celui qui 11 le mal. 31 1 non in. Du mètn raja%y±y Les poëtes persans, turcs et hindoustanis emploient souvent ce mètre régulier à huil pieds, tandis qui poëtes aralx - ne L'emploient ordinairement qu 1 six, quelqu <|n itre, et même avec tro deux seulement. Quand lespremien emploient \trajaz irrégulièr< ment, il- n'admets : larités nommées khabn et taïy. Exemple persan du raja» régulier à nuit .JLài** tàfïlûn . j* >/ &L r>»J$ •> r «w^A* j- */ c * jt "Un ^ Mi r »Jj j - Le musicien a fait entendre son chant à mon oreille et j 'ai attristé par mes gémissements. L'échanson m'a donné du vin et je lui ai rendu une coupe de sang. Wàmà \nhrl \ lîbâguîddài \ mï lUzxàhrlz \ zàlûh Ma fâ 1 lûn [ màfà l lûn | ma fa 1 lûn j fâûlûn On a déjà vu et on voit, par cet exemple, qu'en arabe un mot peut être séparé en deux hémistiches, de façon que la première partie do ce mot appartienne au premier hémistiche, et la deuxième au dernier. 1 On trouve aussi le môme mètre avec le dernier pied muzâl, c'est-à-dire devenu ^yjàz»*» mûstàfïlâ-n. — 287 — Exemple turc : Oroi, le monde, d'un bout à l'autre, a pris le signe du bon- heur depuis que le soleil de ton visage a lancé à l'horizon la lu- mière et la splendeur. (Schâhidî.) Exemple hindoustani : Perce le cœur de Walî de l'épée de tes yeux; car ce gibier a été élevé dans ton parc à cet effet. (Walî.) Exemple persan du rajaz à huit pieds matwî, c'est-à- dire composé de huit ^U^ mûftàïlïm ' : f ^Lj -JlJj-} ^j <3»/»l .££.0 vJ^Jj^ J'étais mort, et j'ai recouvré la vie ; ]e gémissais, et j'ai repris ma gaieté. Le bonheur de l'amour m'est échu, et ainsi j'ai parti- cipé à l'éternelle félicité. (Murschid-i-Rûm.) Exemple hindoustani : 1 On emploie aussi le même mètre avec le dernier pied muzâl. comme dans le rajaz régulier. — 288 — En voyant le visage de mon idole, la lune brûle aussitôt de dépit. Exemple persan du rajaz matwi et makhbûn alternati- vement, c'est-à-dire composé des pieds ^U* ,J^k mûftàïlûn mtifd'dïui, répétés deux fois à chaque hémi- stiche : Il vivifie par une seule gorgée celui qui a élé tué depuis bien des années, lorsqu'il lui fait savourer la coupe de vin de les lèvres. (Figûnî.) Exemple turc j**)H v-^-y T. y J* Jr l/°~ luJjl a*ll iJJLjâ. ilL- /^y Si je pouvais apprendre de tes nouvelles de mes oreilles, plût alors à Dieu qu'elles eussent la valeur de mon argent pour payer ces nouvelles. (Baquî.) Exemple hindoustani : i) >.ï_!.ô' ^j,i JSj] ,.v-^ iX*«ds. .*«^s J /.t^ c~^ f" 1 ^ jr* 1 cr* Toi qui as fait périr mon cœur et mon foie innocents, ils se vengent tous les deux de loi, qui es aussi blessé. D'autres fois, on met au contraire le pied makhbùn avant le matiuî, c'est-à- dire qu'on répète ^seà» ^^'-^ — 289 — mâfàilûn, mùftâïlùn à chaque hémistiche. Voici un exem- ple de ce cas, qui est rare : Chaque matin je passe auprès de la rue en soupirant ; comme je ne puis l'approcher, je regarde le toit de ta maison. Exemple arabe du rajaz régulier, mais composé seu- lement de six ^S*s&*»fi mûstàfïlûn : vous tous qui aimez Dieu, marchez avec courage à la suite du Prophète pur et sanctifié. (Mucaddécî '.) Exemple persan : La lune dans le firmament est honteuse au sujet de ton visage dont la beauté surpasse la sienne; le cyprès tient humblement son pied dans la boue en présence de ta taille. Exemple hindoustani : L^=5,L_J Jj-Ç==> ^la] j-^ X' *,- L=sjU.ir ^3> j^y ^^=5 l^> ^ z»yyj ^ ^j. 1 Les Oiseaux et les Fleurs, allégories morales, pag. 99 et 107 de mon édition. 19 — 290 — Le bien-être que j'ai éprouvé do la pari de mon amie i '-il comparable à celui queressenl le zéphyr de la part du jardin? Exemple arabe delà même variété, Bi ce D'est que le dernier pied est réduit à rfjà* màfûlûn (pour J- mûstâfU) : Son cœur est tranquille et calme, et le mien est passionne et soucieux. Exemple persan du rajaz a six pieds matwî, c'e dire composé de six ftàïlûn : Celte belle à ligure de lune ne veut pas se reposer un seul in- stant sur ma poitrine ; c'est ainsi que je me plains beaucoup d'elle. Exemple bindoustani • L^S=> 2- ^iJ J.f .«. ^ ^J\ L£=s *li Est-il h propos de se plaindre à elle-même de sa tyrannie? Puisqu'elle ne veut rien entendre, quelle ost l'utilité do la plainte? Enfin voici un exemple arabe du rajaz à quatre pieds seulement réguliers ' : 1 En réalité, ces prétendus vers ne sont que des hémistiches. Il en est de même de ceux à trois pieds et à deux pieds, dont on trouve quelques exemples que je crois inutile de citer. — 291 — ^_jj — > — fi wU.\_c ,j— u Ne désespère pas de trouver au milieu des malheurs quelque satisfaction qui efface les chagrins. (Harîrî, xix e séance.) Du mètre raml J, Ir Les rhétoriciens arabes n'admettent en théorie ce mè- tre qu'avec six pieds seulement. Toutefois, on en trouve des exemples à huit pieds chez des poètes arabes cé- lèbres. Ainsi, le cacîda de Tantaranî, publié par S. de Sacy 1 , appartient à ce mètre à huit pieds réguliers, si ce n'est que le dernier est macsûr. Chaque hémistiche se compose donc de trois ^ïiiôli faïlàtûn et d'un jj^Li fàïlâ-n ou O^sli fàïlâ-t final 2 . Voici les deux premiers vers de ce poëme : JU JLJLJLj cJij j3 JUI ^U b jli Jlxà^l Joli, ^ks ^jb\j ^£y}\ J, 1 Clirestomathie arabe, t. 11, pag. 158 et suiv. 2 Un célèbre poëte anglais contemporain, Tennyson, a écrit sur un mètre pareil son poëme intitulé : Locksley Hall : v_/ - -|-w--|-v^- - | - V* - Locksley Hall that in the distance overlooks the sandy flats. (Ed. Fitz Gerald, lett. partie.) — 292 — loi dont l'âme est exempte de tout souci, tu as livré mou cœur au trouble et aux angoisses; et dans le tremblement que m'a cause ton absence, ma raison m'a abandonné. Ta (aille droite et élégante a courbé mon dos sous le poids des chagrins. Sois donc droite en amour et ne me fais pas d'infidé- lité ; car la passion qui me perd occupe mon cœur tout entier. Du reste, on n'emploie pas, même en persan, en turc et en hindoustani, ce mètre à huit pieds réguliers; le dernier des deux hémistiches est toujours ou macsi'u-, comme on vient de le voir, ou mahxùf, ou mactù, ou muschaas, ou mnçabbay. Voici un exemple persan de la même variété que le vois arabe de Tantaranî : ;jj ^v— J^JJJ LTf ^ L'ami même du roi qui se permet l'injustice envers ses sujets devient pour lui un ennemi formidable au jour do la détresse. (Saadî, Gulistân, liv. I er .) En voici un exemple turc, tiré du célèbre poëme de Macîhî sur le printemps ' : y^j f y ^jir s ^ ^ jjj j^ ,Lt-J A^> iU;i Làsl ,.Mi' *—> «cjJJ A' fyj?>**j^ (^ ^' Lr^J ur^ 1 W. Jones, Poeseos asiaticœ commentarii. — 293 — Ecoute le chant du rossignol qui annonce l'arrivée du prin- temps. A l'occasion de cette saison, la foule se porte dans tous les jardins où les fleurs printanières de l'amandier répandent de l'argent. Sois joyeux et content avant que ce temps passe, car il ne dure pas. Exemple hindoustani : Lorsque des inconnus me disent d'abandonner une amie qui m'est chère, je les regarde, et je m'attache encore plus à cette amie. Quelquefois le dernier pied des deux hémistiches est mahzûf, c'est-à-dire réduit à .J^li fàïlûn. Exemple persan : u5C.^ j~, j^-S ôJÀ.3 j\ k^=> ^Ia à5o ±+e Je regarde cent fois de tous côtés le lieu où elle réside, afin que, rapproché par le regard, je sois comme à ses côtés. Exemple turc : p x c~>lzjz ^Ua. (3=^1 ^i£=>.XO vJUVtL, 4 Ici -*- est bref aussi bien que dans le premier hémistiche de ce vers. C'est comme si on écrivait /-». (Voyez p. 226.) — 291 — Le bonnet de la libellé religieuse est la couronne du conten- tement. Ce qu'on nomme royauté est un grand trouble temporel, (Saad uddin.) Exemple liindoustani : Kjl— ^r^ jjh^ ^ [tf& ^- ^>r*^ bjw~0»j sJÇST* \lXttj y3 [OS* - ' <- ft ]£y Alla 11 n'y a dans le monde aucune beauté pareille à toi. La lune est jalouse dans le ciel de li'dat de ta joue. (Wali.) On peut employer le raml à huit pieds tous maLhbïni, c'est-à-dire réduits à ■o?^«'« Dans ce cas, le premier pied de chaque hémistiche peut rester régulier. Il en est ainsi, dans le vers suivant, pour le sadr ou premier pied du vers. .•. *_^_Cj j..V \j J,5 *£ JLj c»qv *5jj y:±ï Je me suis promis de te dire, lorsque lu viendras, le chagrin do mon cœur; mais que pourrais-je le dire? puisque, lorsque tu viendras, ce chagrin se dissipera. (Saadî.) Exemple turc avec le dernier pied de chaque hémi- stiche mactv, c'est-à-dire réduit à ^\x3 fâlûn : &* &* y) 13 fo ^ )P cM ')' Celle coquette œillade dispose les rangs de l'armée de ses cils ; on dirait que des archers rangés en bataille se préparent au combat. (Bàquî.) c — 295 — Cette variété du raml ressemble au mètre kâmil mactû, 'est-à-dire dont le pied primitif ^Jetis* mùtâfâïlùn de- vient «^'^ fâïlâtùn (pour Jslia» mûtâfâîl). Toutefois, comme le paradigme du pied altéré ressemble plus à ^Al&li fâïlâtùn, à cause du changement qu'on y intro- duit pour le rendre moins barbare, qu'à ^Icli^» mùtâ- fâïlùn, il est plus naturel de le rapporter à fâïlâtùn, et ainsi au mètre raml, et non au mètre kâmil. On emploie aussi le raml à huit pieds maschkûl, c'est- à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds o^s ^ô'blcli fâïlâtû, fâïlâtùn, répétés deux fois. Exemple persan : Qu as-tu fait, de toi-même, pour t'égaler à moi? Par Dieu, il est a propos que je t'évite désormais. Exemple hindoustani : Dieu n'est pas satisfait de moi, et cette idole non plus n'a pas d'inclination pour moi. Je suis pareil au voyageur fatigué qui ne sait quelle route prendre. Exemple persan du raml à huit pieds makhbûn et mac- sûr, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds m)»&*3 •j.ViLâ ^/^ ^.VbLli fâïlâtùn, fâïlâtùn, fâïlâtùn, fâïlâ-n (pour &%& fâïlâ-t) : — 200 — • - • | 4 | Je soupire s chaque instanl ce ; maifl il esl fâcheux que le rentnc porte pas jusqu'à toi mesplainti missements. (ILÏÏiz.) Biemple turc «le la même variété : ..>C^.~/9 JJJ,I Le eéphjr printanier a rendu la vie à la nature, comme aux morts le souffle du Messie. Les fleurs ont ouvrit leurs veux que fermait le sommeil du néant. (Bâqut.) Exemple hindoustani : — • -»' 1/ ^ L j: /: : J. J C7 -•--' ~~ (y-^ 'j v-.- > J , ::- ) ' J -jj-^ ^ i 6 Ouel éclat reste désormais à la bougie allumée en de ta face? Ton visage coloré est , en effet, un soleil qui éclaire la nuit. Exemple persan du raml à huit pieds makhbûn et mactû* ou mahzûfet makhbûn composé, à chaque hémi- 4 Ici la dénomination de tnactû î^j-^ 5 , dérivé de cat *-l^, expression qui a été expliquée plus haut (voir la dixième irrégu- larité des pieds), s'applique au dernier . r :^Vj fâïlâtùn en tant qu'il est d'abord réduit a ^*l^Li faïlûn pour Scli fâllâ, qui devient, par le cat, Jcli /ÏÏ7/ changé en Jbti /ÏÏ/û/z. S. deSacy donne à ce pied irrégulier le nom de abtar &\ dans son Traité élémentaire de prosodie aiabe. — 297 — stiche, des pieds ^!*s ^'^ ^'^ * ^.'AUli fàïldtûn, fâîïâtûn, fâïlâtïm, fâlïm ou fâïlûn : Qu'importent à l'amant les critiques de ses rivaux? Le feu fait-il attention aux reproches que lui fait l'épine qu'on brûle? (Sâib.) Exemple turc : Ne cache pas tes frais pétales dans le bouton*; ou, pour mieux dire, ne dérobe pas ta poitrine (à mes regards); mais ouvre le bouton (de ton vêtement). Bâquî.) Exemple hindoustani : O-r* ^^ t±M JL „ ya jb^» ^^, Li= tejl J JA* , ^ d j==> U^ J Lorsque l'amour dium a dirigé le cœur passionné, il s'est sé- paré de tout et est entré dans la voie du spiritualisme. (Walî.) On trouve en arabe des vers écrits dans ce mètre à six pieds réguliers, si ce n'est que le dernier pied du 1 Le premier pied peut aussi être ^!j'^x9, ainsi qu'on le voit au second hémistiche du vers hindoustani cité en exemple. 3 Allusion au bouton de rose. — 188 — premier hémistiche est réduit à .J^li fâUun (pour Seli *5U5). En voici un exemple : ^Axi! v^^ Jj-« *ta» ,y • j^,1 ,U ^ JUI j*U Celui que Dieu dirige dans les sentiers de la vertu se laisse conduire avec un cœur docile et soumis ; mais Dieu égare qui bon lui semble. (Labîd 2 .) En persan, en turc et en hindoustani, il y a pour le mitre raml à six pieds les mêmes ^a!i^''t<'■^ que pour celui à huit. Celle qui se compose à chaque hémistiche de deux ^--'J fâîUUùn et d'un ^ ] ^ fàïlûn (ou .^ïeli fàîlà ). 6f1 la plu- commune. Beaucoup de poèmes per- sans sont écrits sur « mètre; entre autres, Le célèbre masnawî de Jalâl uddîu Rûmt, le Pan&nâma d'Attâr, le Nantie uttaîr du même auteur, et le Quissa-i Salmûn p Absâl de J.îmî. En voici un exemple turc : Que celui qui est doué de bonnes qualités jouisso du bonheur des deux mondes. (Scbahidî.) 1 Je prononce ces deux derniers mots comme s'il y avait uLi. jLtol, conformément aux licences poétiques particulières aux Arabes, et je scande ainsi cet hémistiche : Nàïmàl bà \ Il wà m un schîi \ à àdâllà Fàl là tan \ fa 1 là tïin \ fâïlà tûn 2 Chrest. ar. de S. de Sacy, t. II, p. 471. — 299 — Exemple hindou stani : Le souvenir continuel de ce précieux ami est pour mon cœur amoureux une tâche journalière. (Walî.) Voici un exemple turc de la même variété, si ce n'est que le dernier pied de chaque hémistiche est jbicli fàïlâ-n ou ^l?S©li fàïlà-t : t. Son amour fidèle plaît aux héros, et il plaît a moi, son humble esclave. (Bâquî.) La variété de ce mètre, qui est composé, à chaque hé- mistiche, des pieds ,J*3 ^y^s ^î%ls fâïlàtûn, fâïBMn, fâïlûn, est celle sur laquelle est écrit le joli poëme de Mîr Taquî dont j'ai publié la traduction sous le titre de Conseils aux mauvais poètes. Voici un exemple d'une autre variété qui ne diffère de celle-ci qu'en ce que le dernier pied des deux hémi- stiches est à la fois muschaas et macsûr, c'est-à-dire ^%è fàlà-n : C'est pour le jardin le jour de la gaieté et de la joie ; c'est le jour du marché de la rose et du basilic. (Anwarh) — £00 — On trouve aussi des vers arabes du mètre ram/ à quatre pieds seulement. En voici deui composés de quatre y%\à f&ttâfim réguliers : o mes amU, rép ad ■/ avec franchisa II ce que je fona de- mande : a Est-ce lo sort de tous les amants éloignée de celle qu'ils aiment, d'être a ce point malheureux ? » (Mukiî '. Du mètre sar~i .,„. Ou no trouve pas re mètre employé régulièrement. En arabe, le dernier pied des deux hémistiches, com- posés chacun de trois pieds, est généralement ou matwi ou maucùf, ou maksûf. En persan, en turc et en hin- doustani, les autres pieds mêmes sont généralement ir- réguliers. Exemple persan du sari matwi et maksûf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds : rJ^&» (J*^ iz.i muftadïui, mu/tatlûn. faïlùn* : 1 AntJlologte de J. Humbert, pog. 54. " Ici ,-v^~ est pour -jii^, formé de c^-*^, pied matwîde C^jLxi^. On peut aussi rapporter ce vers nu mètre rajaz h six pieds, les deux premiers matwi et le troisième marfû. Alors le pied ,lcL3 est pour ,-A*^j> et dérive de .JUj:Um<» et non de — 301 — Par ta grâce, la goutte d'eàu devient une perle ; par ta puis- sance, la terre devient de l'or. Exemple turc : ^ju! ^Yy Oj.^_cs. àZSuL v^^Ji vj*?^ ^ , '" 5 ' à -^-_^' Il était brûlé des feux de la splendeur divine; il était plein d'amour pour le Seigneur. (Humâyûn-nâma.) Exemple persan du sari matwî et maucûf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds Jhz& ^i*^» (j^cLi mïiftâïlûn, mûftâïlûn, fàïlà-n 1 : Je préfère brûler avec toi dans les tourments, plutôt que d'être dans le paradis avec une autre. (Saadî.) Exemple hindoustani : \j iLj A Lî l£= , ^^' ^ l<= ^^^ ^ Quelle description ferai-je de sa personne? ma langue est muette dans ma bouche. i Le Maklizan ulasrâr de Nizâmî, le Tuhfat ulahrâr de Jâmî et plusieurs autres poëmes célèbres sont sur ce mètre. 302 — On trouve quelquefois des différences entre les hé- mistiches d'un même vers du sari. Ainsi, dans le sui- vant. Le premier hémistiche se compose des pieds c ^*^' {jSftli .•*«&** inu{tadun, luujludun, [adâ-ii, et le Second, de M-*ftli tff&* rr; 5 ^ mû fui un, mâfùlûn, fàllâ-n : \ " c ^1 ^-^r I La clef de la porta «lu Irétoi du Bagt, c'est le nom do Dieu clément ci miséricordieux, (Niz&mt.) Dans le vers suivant, le premier hémistiche se i pose des pieds L *J»li ^^^ mJW* t>iu[tiuhui, mùftàïlûn, [adïui, et le second, des pieds j~^ ^yfo rr*^ "W- tailun, mùfulun, fadà-n : Si un anneau n'csl pas aussi parfait quo les boucles de les cheveux, tu dois considérer la bague de Jamschîd comme l'équi- valent. (Khacânî.) Exemple persan du sari matwî, mactû et majdù, c'est-à- dire composé, à chaque hémistiche, des pieds { J^^ &U ^**& mûftâïlûn, màfïdun, fâ-a : - 303 — La rose de Ion visage relève le nard de tes cheveux, et leurs noires boucles criblent 1 le feu qui anime tes joues. Exemple hindoustani : OJ-^ sj? u jr b'p 4 S v^jLL <-> Ma plainte est cadencée, elle ensanglante la pierre elle- même 2 . Exemple persan du mètre sâfi, makfûf et manhûr, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds : as Jjê&u* ijlzzsLfi mùftâïlïin, mûstâfïlû, fà : Si tu prends avec grâce ton épée dans ta main, que ma vie n'y serve pas de bouclier. (Faquîr.) Exemple persan de la variété composée, à chaque hé- mistiche, des pieds ^^ ^Uâ^w ^Axà;^/» mûstàfïlûn, mûstàfilïm, fâûlùn, ce dernier pied étant à la fois makhbùn et maksûf : 1 C'est-à-dire « Tes cheveux laissent voir, à travers leurs boucles, ton visage comparable au feu. » 2 C'est-à-dire « J'exprime ma plainte en vers, et, par là, je rends sensible la pierre elle-même au point de la blesser au cœur et de l'ensanglanter. » — 804 — O charruanlo amie, passo dans ma rue ; ô toi dont lo front est pareil à la lune, regarde-moi. Exemple hindoustuni : J fi- u J tO^i 1^ â> J mon cœur, n'erre pas dans les cheveux de cetto idole, car chaque boucle est un lien préparé par M tyrannie. Les poètes persans, turcs et hinduustanis, n'emploient pas d'autres variétés du sari; mais les poètes arabes en admettent quelques autres régulièresaui deux premiers pieds de L'hémistiche; mais irrégulières au dernier, qui subit différentes altérations '. Exemple où le dernier pied des deux hémistiches est réduit à ,J«li fâïlùn pour Siâ* mâfûlâ : Va, mon ami, dans la prairie; si tu es affligé, elle te délivrera de la rouille du chagrin. Tu y verras le zéphyr s'embarrasser dans sa robe traînante, et la fleur enlr'ouvrir son bouton pour sourire. (Soyûiî 2 .) 4 Je ne parle pas de quelques vers arabes où ce mètre a élé réduit à trois pieds, c'est-à-dire à un hémistiche seulement dont le dernier pied est ,j^*3 fùùlà-n pour O-j-*^ mâfûlâ-t ou fjyjj* mâfûlûn pour Sj*i» mâfulâ. 2 Anthologie de J. Hurobert, pag. 78. — 305 — Exemple du sari, semblable au précédent pour le pre- mier hémistiche, mais dont le dernier pied du second est ^l*i fâlm pour^*^» màfû : Dieu ! ces jours de félicité, qu'ils ont été glorieux et riches en bienfaits ! Ils sont évanouis, et il ne nous est resté, après eux, que le désir de les revoir encore. (Omar ben Fâred 1 .) Exemple du sarî> pareil aux exemples précédents, si ce n'est que le dernier pied du second hémisti- che est «o^sli fàïlâ-n, ou O^li fàïlà-t pour o^*à» màfûlà-t : quels heureux instants nous avons passés avec des compa- gnons dont les paroles étaient comme des perles ! (Hadicat ula- frâh 2 .) Du mètre munsarih T j~^>> Les poètes arabes n'emploient ce mètre qu'à six pieds. Les poètes des autres nations musulmanes, au con- traire, l'emploient rarement avec six pieds seulement, 1 Anthologie de G. de Lagrange, pag. 166. 2 Ces mots, qui signifient « le jardin des délices, » sont le titre d'un choix de morceaux arabes en prose et en vers, édité a Calcutta en 1812, par lescheïkh Ahmad-ulyaraâoî. 20 — 300 — mais ordinairement avec huit pieds IfrrégtilieH. Jfel ,i. réguliers. Ku effet, ledcrnhT pied des deux liénii- est, ou maucûf, ou maksûf, ou majdù. ou munltùr, i autres sont matwt 1 . En voici un exemple maiwi et W0&- sûf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds • Uéli ^^ mûftadïin, fâïlïui, répét Parle-moi par tes regards, no pnrlo pas h mes rivaux. Écoute mes vers, n'écoute pas un autre gazai. (Wali.) Exemple du munxarih matwt et mnucvf. eVst-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^jtli ^^^ mïiftaïlïuî, fadà-u, ou cJÙcj fàïla-t répétés: O roi 3 , monté sur Duldul, salut à toi, ô roi. lion, armé du zulficar, salut à toi, ô roi. Au lieu du premier ^~^ ou o^sLà, on peut em- * Au lieu du pied matwt { j^'^ 3 y on emploie quelquefois a sa place lemactû, c'est-à-dire ^y-z* mùfûlïui\)our Jjdx~.,> jnûstâf- ïl. Cette licence et les licences analogues sont fréquentes. 2 II faut dans ce vers, à cause de la mesure, prononcer ce mot sàhlmûn avec le tanivïn zamma, comme en arabe littéral. * Il est ici question d'Ali. Duldul était le nom de son cheval, Zu llicâr de son épée, qui était à deux pointes et h deux tran- chants, et qui lui avait été donnée par Mahomet. — 307 — ployer ^^Li fàïlûn, qui est pour îi*^ 9 màfûlâ, c'est-à- dire o^*à* matwî et maksûf: Exemple persan : Ce qu'on goûte sur tes lèvres de rubis détruit la valeur du sucre 2 . Tes cheveux bouclés anéantissent l'éclat de l'ambre gris». (Anwarî.) Exemple hindoustani : mon cœur, ne t'ai-je pas dit bien des fois, qu'il est dur d'être enchaîné par les boucles de chereux des belles ? 1 îl faut ainsi scander cet hémistiche : Nôschï lâbï | loti tu \ quïmâtï schâk | kàr schïkàs-t mûf toi lûn | fàïlûn \ mùftâ ï lûn \ fà ï là-n 2 C'est-à-dire « La douceur de ces lèvres est tellement préfé- rable à celle du sucre qu'il en perd tout son prix et devient sans valeur. » 5 C'est-à-dire que les cheveux dont parle ce poëte sont d'un noir plus brillant que celui de l'ambre gris ou plutôt noir. 4 Dans ce second hémistiche, on a employé une licence auto- risée, c'est-à-dire que le troisième pied est ^»l*i&» mûtâjllûn au lieu de JbdU mûftàïlûn. Il faut scander, en effet, ainsi cet hé- mistiche : Tûrràï khû \ bân kl cal \ dï sâkhtï haï | dûschûâ-r mùftâï lûn | fà ï lûn \ muta fï lûn \ fà ï là-n — 308 — Exemple du munsarik matwî, mankûr et majdù ainsi composé : • w w** • ^ -' ' Co n'est pas une chose merveilleuse que de tisser du fil, mais admire le miracle de David, qui faisait des tissus avec du fer*. tKhûcânî.) Voici un exemple arabe du munsarik régulier 1 à six pieds : J'ai souffert de l'ardeur de leur guerre ce qu'un homme glacé de froid souffre des rigueurs de l'hiver 1 . Autre exemple, avec le dernier pied réduit à .JUs** mûftdïlûn pour ( J^w mûstàïlûn : 1 Les deux hémistiches peuvent être aussi tout à fait pareils. 2 Allusion à une légende orientale. * Sauf les licences dont les pieds originaux sont susceptibles. 4 Chrestomathie de S. de Sacy, t. II, p. 388. — 309 — Le fils de Zaïd ne cesse pas de faire du bien ; il répand ses bienfaits dans sa ville 1 . Il y a quelques vers arabes qu'on rattache à ce mètre, et qui n'ont que deux pieds. Ils se composent de ^1*âx»~> et de o^j*àp, ou ^y^ pour ^àfh. J'en cite le para- digme pour mémoire. Du mètre khafîf v £*ià.. En arabe, on emploie ce mètre régulier, c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds *iw ^%ls ^ij^eli J fâïlâtûn, mûstâfï-lûn, fàïlàtûn, avec les li- cences accidentelles autorisées de ^jlcU* mâfâïlûn pour ^î a&w, et de ^jS*s fâïlâtûn pour ^"^Ls. Exemple : Jamais les hommes ne verront un second Mutanabbî. Le pre- mier né de ce temps peut-il trouver son semblable? Dans ses vers il est prophète 2 sans doute, et ses miracles sont dans ses pensées*. 1 Le mot de misr ou, comme on le prononce aujourd'hui en Orient, masr est souvent pris dans le sens de ville. 2 Allusion au surnom de Mutanabbî (celui qui se dit pro- phète) sous lequel est connu le célèbre poëte arabe Abûtaïyib- Ahmad de Kûfa. 1 Anthologie de Grangeret de Lagrange, p. 1 02. — 310 — Quelquefois les deux hémistiches se terminent par ^vLLi fàïlïui, pour -V-3 faïlâ* Exemple : J\J tel.) ^ bJ>~* ^__^a-^_i_J Si un jour je réduis Amir en mon pouvoir, jo verrai si je dois lo traiter comme il le mérite ou vous lo renvoyer. D'autres fois, le dernier pied du second hémistiche seulement est réduit à .J^i et le dernier pied du pre- mier hémistiche reste régulier, Exemple : Je voudrais bien savoir si je les atteindrai là, ou si la mort m'en empêchera. En persan, en turc et en hindoustani, on n'emploie le hhapf qu'irrégulier, à six pieds. Le premier de cha- que hémistiche est ou régulier, ou makhbûn, ou muçab- bag, et le dernier màcsûr, mazhùf, muschaas, mactû et makhbûn. Voici des exemples du khafîf makhbûn composé à cha- que hémistiche des pieds ^J^uà .JUli* ' ^jîïîôU fâïlà- tûn, mâfadûn, fâUàtwi. Exemple arahe : * Ce pied peut être aussi accidentellement makhbûn^ c'est-à- dire réduit à t.^^**. — 311 — Je n'aime pas voir l'encrier plein de caîams; c'est là, selon moi, une chose blâmable pour les écritoires. (Kuschajim 1 .) Exemple persan : W. )* c?°) Clî cW>aJ L^? ^' W j^ - ft^ ^ ^ &S*ji ■ » Zéphir, baise sa porte de ma part, pourvu que ses lèvres aussi douces que le sucre n'en soient pas blessées. Exemple hindoustani : A la vue de cette belle a visage de lune, mon cœur s'est agité; hélas ! il n'a pu se sauver de ses mains. Exemple du khafîf makhbûn et macsûr*? c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds ^klil» ^!>^cli jïxs fâïlâtûn, mâfâïlûn, fâïlâ-n, ou fâlâ-n. Exemple arabe : *-* ,*jjy> Ls v ^b ajsr*° ôowj^ C'était un jardin avec un ruisseau d'eau limpide ; c'était un bosquet où le chant des oiseaux était cadencé. (Saadî, Gulistan.) Exemple persan : 1 Chrestomathie arabe de S. de Sacy, t. II, p. 333. 2 Cette irrégularité est très-commune dans le dernier pied. — 312 — \ù *-> ! JU il _*i Ali était à la foia l'héritier et le gendre du Prophète. L'œil de Mahomet •'■tau content de sa beauté. (Sanât.) J*- w| Le roi deviendra-t-il, sans voyager, le conquérant du monde? La Inné deyiendra-t-elle, sans se déplacer, pleine et brillante'' [Hwnâyûn-nânM.) Exemple liiro : rtp J? *i _JL' .JJ ^P Exemple hindoustani : Ce voile sur ta lace, ô charmante amie, brille comme l'aurore qui annonce le soleil. (Walî.) 1 Telle est, je pense, la véritable leçon, et non ^L, qu'on lit dans mon édition. Cette nouvelle leçon m'est indiquée par un manuscrit que j'ai acheté depuis l'impression des oeuvres de Walî. Ce manuscrit paraît avoir fait partie de la bibliothèque impériale de Dehli, car il porte l'empreinte du cachet de l'empereur mogol Mohammad Schâh. Il est excellent et il m'a souvent donné, a mon cours, l'occasion de proposer des leçons meilleures que celles que j'avais adoptées. Je puis aussi actuellement consulter un manuscrit du même écrivain dont Samuel Lee voulut bien mo gratifier, et un autre qui a appartenu à D. Forbes. — 313 — Exemples du khafîfmakhbûn et mactû, c'est-à-dire com- posé, à chaque hémistiche, des pieds mjU* jjiûLia ^J'^ûL* fâïlâtûn, màfàïlùn, fâïlïin ou fâlwn *. Exemple persan : ^~ h ^r^ j-^ z y (* S 6 A chaque respiration, une parcelle de la vie s'échappe. Si j'y fais bien attention,;^ verrai qu'il n'en reste que peu. (Saadî, Gulisîan.) Exemple turc s*x-j! ^Ljls-J àJL^. J-^3_i Je veux me confier 5 en la bonté de Dieu et aller, au sein de 1 C'est sur ce mètre que sont écrits, entre autres, le Saïsalat uzzahab et le Subhat ulabrâr de Jâmî, le Hadîcat de Sanâî (v.Jbj), le Haft Païkar de Nizâmi et le Jâm-i Jâm d'Auhadî. 2 Le poëme turc de Fazlî intitulé Gui o bulbul dont feu le baron de Hammer Purgstall a donné une édition accompagnée d'une traduction allemande, est un masnawî écrit sur ce mètre. Ainsi ses vers ne se composent pas, comme l'a cru le célèbre orientaliste de Vienne, des pieds fâïlâtùn, fâïlâtùn, fàlûn, qui formeraient d'ailleurs un paradigme inusité. 3 Mot a mot : « Faisons appui » ou « appuyons-nous. » C'est le sultan Murâd qui est censé prononcer ces vers lorsqu'il se décide à abdiquer. Voyez le récit de la bataille de Varna, — 314 — la retraite, invoquer son nom. Jo veux éloigner ma main . Or, les mots Jaï et *» sont deux noms du chat. Fn retranchant la dernière partie de vSè, c'est-à-dire *, on a JaS, qui signifie le bois d'aloès. (Chrest. arabe, III, 164.) — 31o — Autre exemple, avec le dernier pied réduit à ^jsà fâùlûn (pour J*â^» mûtâfïl) : Toute chose est facile, pourvu que vous ne vous fâchiez pas. SECTION VIII. Du mètre muzâri ojLs* On ne trouve pas ce mètre employé régulièrement. Les poètes arabes ne l'emploient jamais qu'avec quatre pieds, quoiqu'il en ait huit dans les tables des para- digmes primitifs. En persan, en turc, en hindoustani, au contraire, on l'emploie à huit pieds. Voici un exemple persan akhrab, c'est-à-dire com- posé, à chaque hémistiche, des pieds ^$ pis Jj^ô» mà- fûlù, fâï-lâtïm répétés 2 : 4 Voici comment on doit scander ce vers : Kûllû khâtbîn | ma làm tâkù \ nu gâdïbtûm \ yâcïru fa ï là tïin | mus ta fl-lïin \ fâ ï là tïm \ fâïdïin Ainsi qu'on le voit par la scansion, les deux premières syllabes du mot \yS'j appartiennent au premier hémistiche du vers et la dernière au second. Ces coupures ne sont autorisées qu'en arabe. 2 Les pieds des deux hémistiches ne sont quelquefois pas bien pareils; ainsi l'auteur du Hadâyic ulbalâgat cite un vers de Khâcânî, dont le premier hémistiche est conforme au paradigme que je donne ici, mais dont le deuxième doit, selon lui, se scan- der ainsi: •>*■> ^ ft-à J-^'JL» ob$ &li J^*iU mcifûlû, fai- lâtû, mâfâilû, failâ tïin. Toutefois, je pense qu'on peut le scander régulièrement comme le premier, Voici ce vers : — 316 — jjr- il* ' jt_j ^C_) ib ^r- j;< - \ 5Jo ,; v j -■' 1 v/*J cyprèfl h risage de lone, lune h taille do cyprès, tu m'as abandonné ; mais aussi cent afflictions m'ont assailli. Exemple turc : y *r- Jj 1 'jjj' J 1 * J 1 ^ J*' ^j^ 1 vISjL^m Sur ta joue est cette ôphélide, sur cotte éphélide ce poil noir; on dirait que c'est de l'ambre gris sur du feu, et qu'il y a sur l'ambre une odorante fumée*. (Scbabidî.) Tu sais bien que tu as pris antérieurement un engagement avec moi, mais je sais bien que tu ne le tiendras pas. Je lis J^, conformément à une correction manuscrite que je trouve en marge de mon exemplaire, au lieu de JJL» que porte le texte imprimé, et je scande ainsi cet hémistiche : Dânâm bâ \ nnhi bar sûr \ ! Cette femme gentille est une véritable merveille ; elle se dis- tingue, par sa beauté, de toutes ses compagnes. (Walî.) Exemple turc du muz-âri makfûf, akhrab et mahzûf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds jj pli J-elJL» O^ pLi Jjxb màfïdû, fàv-lâtû, mâfàllû, fai-lïm: y — OL— ^-iu>) O Ùi\j=s. \$L,o fjj^j^ Je suis soumis, au péril de ma vie, à l'ordre de l'amour; ma résistance est tout à fait impuissante contre le destin. (Bâquî.) Exemple hindoustani : I ^ ^— £$ J-r^jJ !r* -- «i— ire? A Si ces bouclei de cheveux sont du musc, pourquoi me refusent- elles leur odeur? Si ce visage est la luno, pourquoi s'esl-il dé' tourné de moiî Ekemple bindoustani : mon cœur, ne va pas te perdre dans les boucles des cheveux de mon amie, de crainte que tu n'y douves du poison. Voici actuellement des exemples du muzâri à six pieds tikkrab et makfûf, c'est-à-dire composé à chaque hémi- stiche des pieds ,J^LjL« o~ pli J^' màfûlù, fât-tâtû, niufàVu.n. Exemple parsan : Jb\-tj-~} cr^ rt-U — 319 — beauté charmante, qui tourmentes mon cœur, regarde au moins de mon côté ayec amitié. Exemple du muzâri à six pieds a-khrab, makfûf et mac- sûr, c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds 1 ^-LU J^ lii» Jj*jL» mâfùlû, mâfàïlû 1 fâïlâ-n : cr— r— N — "j (j L v-; v ,-^ w^ jj Viens voir que, bien qu'il soit Àçaf et Jani, il est assis sur le trône solide de Salomon. (Anwarî.) Voici actuellement un exemple arabe du muzâri à quatre pieds composé à chaque hémistiche des pieds ^If^ g Là ^jlsUU mâfàïlïm v fâï-lâtûn* : * On peut aussi employer le pied ^-ULs, c'est-à-dire que le pied primitif ^.ïbS c.li peut devenir mahzûf au lieu de macsûr. Au reste, on voit par le paradigme de ce mètre dérivé, que ce n'est pas le dernier pied de l'hémistiche qui est retranché, mais le second. 2 II est essentiel de remarquer seulement : 1° qu'on emploie quelquefois J^&Lw mâfailû au lieu de .JlsUp, et même qu'au commencement du vers on peut substituer à ces pieds .*dfili fàllùn et Jj*i» mâfïilù (pour J^Li fallu) \ 2° que ^'S clh peut, à la fin du premier hémistiche, se changer en o$ p Là fàï-làtû. 3 Le ^ de wA et le J de J'lcwj sont longs; il faut donc scander ainsi : Wâ càd râaï | tûr rîjàlâ ma fâ xlûn \ fà ï-làtûn — 320 — J'ai vu les hommes, mais je n'en ai vu aucun comme Zaïd. SECTION II. Du mètre muctazab » .s^^jj». En persan, en turc et en hindoustani, on n'emploie ce mètre qu'irrégulièrement des deux manières sui- vantes : 1° A huit pieds matwls, c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds ^JudLi vi^Lj fâïlàtu, mûftàîlûn répétés. Exemple persan : Tu es mon cyprès aux joues de rose et mon nouveau prin- temps ; quoique je puisse te faire honte, toi, tu me fais honneur et tu es ma gloire. Exemple turc : » la » * l - 9 àL.^^\ \S S) ^jlijilS' ,L> Si ma bien-aimée aux joues de rose jette sur moi un regard furlif, que mon cœur et mon âme soient pleins de joie et chan- tent ses louanges soir et matin ! (Schâhidî.) Exemple hindoustani : ^CjB> J-^ 3~J») wO ^£jB> J-*=>J <«V' V^ — 321 — Quel espoir puis-je avoir d'être jamais uni à une amie infi- dèle, à une coquette qui se fait un jeu de séduire les cœurs. 2° A huit pieds matwîetmacsûr, c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds ^j*fo co^cli fâïlàtû, màfùlûn répétés. Exemple persan : 1 j}ï u cu-l >jX Jl^ ,j\ oLa* J-*U. Autant que tu le peux, considère le temps comme une proie dont il faut se saisir ; car la vie, ô mon âme, autant que tu peux le savoir, n'est qu'un instant. Exemple hindoustani : Hélas, quel sort malheureux, pour moi qui suis plein de dé- sirs ! Ne viendra- t-elle pas au moins après ma mort passer une fois sur ma poussière ? En arabe, quoiqu'en théorie les rhétoriciens admet- tent le muctazab à six pieds, il n'en a jamais que quatre dans la pratique, à savoir : .^Ixàw o^j*^ màfûlàtû, mùstâfïlùn à chaque hémistiche; encore ces pieds ne sont-ils employés que dans des formes altérées, ainsi qu'on le voit dans les vers suivants, dont les hémistiches 1 On pourrait aussi scander ce vers par .^LdLjU ^kli jâï- Iwri, mâfâllûn répétés quatre fois, et alors il appartiendrait au mètre hazaj aschtar. 21 — m — se composent des pieds : i >y*& Lt \JL*»li* innfulatu. mùf- ta tlïni : Elle s'approcha el ses joues brillaient comme du jais; pttû elle recula, et je lui dis, tandis que mon cœur était enflammé : Hélas, lorsque je plaisante, est-ce que je commets un crin: Du mètre mujtas j^x^ 3 . Le pied ^J juS ^~* mus-tùfi-lmi, dont ce mètre se compose en partie, ne peut pas devenir matwi LJf&i») comme ^Uix,-*» mûstàfiluti; parce que ici *& ta fi est un watad mafvûc (pieu disjoint) entre deux sababs khafîf (cordes légères). Cette particularité indique assez la différence qu'il y a entre ^ *& ^ en trois mots et ^jUi^w» en un seul. Exemple persan du mujtas à huit pieds réguliers, c'est- à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds *# ^ ,t}?3eli ^ mm-tàfl-lun , jàUàtun répétés : j^-~ f!?* "^* y «3^ ^ ! s o— y cr- O- *>L_-^ aj! I - beauté à visage de fée, je veux perdre la raison dans ton amour; non, non, je me trompe, je veux être sage désormais. — 323 — Exemple persan du mujtas à huit pieds makhbûn, c'est- à-dire composé, à chaque hémistiche des pieds ^JdÂn ^wVSjî3 mâfàïlûn fâïlâtûn répétés : 1^1 — * j-J ^jj-> jJàJ j^fi cu~J jj^j LLs y ji j! &\ ^Ixl ^,~>\ oJj^ *^ Il m'est difficile de voir ta face de loin. (0 Dieu !) heureuse est ta robe qui enveloppe tes formes charmantes. Exemple hindoustani : &*}jk s4à>' £& y S? ^r J> ç^j j> o^i &*> viiji ^ ^ v5 - d)*< ^ j^l La rose acquiert son incarnat par la blessure de mon cœur ; et le nuage verse ses eaux par l'effet de mes larmes. Exemple persan du mujtas à huit pieds makhbûn et macsûr, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds j^** (v^li* ^'S*3 ^icLà> mâfàïlûn, fâïlàtûn, mâ- fàïlûn, fâïlâ-n: { j^.j^ wL^j ,*^= iJ-Vj (***' j^ *? Je tombe sur mon lit et je fais semblant de mourir. Je pour- rai peut-être ainsi par cet artifice l'attirer dans ma maison. (Figânî.) Exemple hindoustani : ^ y ^5**^ jl5* f^ 3 -^ ç^ -^ «4^ - 32 i- - Selon moi, tu n'es pas au-dessous des houris immortelles; non, je ne quitterai pas la rue où tu demeures pour aller vers le paradis. Dans l'hémistiche turc suivant, le second pied est, comme le dernier, réduit à L) ^xs fâlâ-n : Plût à Dieu que je fusse avec toi, plut à Dieu que je fusse avec- Exemple persan de la variété composée, à chaque hé- mistiche, des pieds ^1*3 .J^Ut» i^-**' rj^^ màfùïlïm, fâilâtûn, mufâïlïui, fàUûn ou fatum : ih ■i ><*> v^V fr Puisque ton approcho donne la santé à celui qui est amou- reux de toi, sors de ta demeure ; mais prends garde de blesser tes pieds délicats. Exemple hindoustani : J -"■ >^ * \J " ^ Ne crois pas avoir des poursuivants qui soient pareils à moi ; car autres sont les gens de plaisir, autre je suis, moi qui ressens pour toi une si vive sympathie. (Walî.) i A la lettre : « Ne crois pas dans ton cœur. » Dans le texte imprimé, il y a ^^y, mais mes nouveaux manuscrits portent s&'jii et je n'hésite pas à admettre cette leçon. — 325 — Le mujtas peut avoir le premier et le troisième pied de chaque hémistiche makhbûn, le second muschûs ou mahhbûn, et le quatrième mahziîf ou macsûr; c'est-à-dire que chaque hémistiche peut se composer des pieds i*£ ^jlcU* .Jj*â* i^kLiL» mâfâïlûn, mâfulûn, mâfâïlûn, fâïlûn, et qu'au lieu de ^j*à> et de ^xï, on peut em- ployer ^J^i fâïlâtûn et J> o ^jJ jjl^J Il n'est sans doute pas resté de flèches dans le carquois du destin, puisque le ciel n'a pas attaqué mon cœur avec la main de l'épreuve. (Abd-urrazzâc *. ) Quoique les rhétoriciens arabes admettent en théorie le mujtas à six pieds, les poètes qui ont écrit en arabe ne l'ont employé qu'à quatre pieds. Exemple du mujtas à quatre pieds réguliers, c'est-à- dire composé de ^sSeli ^ &$ i^ mûs-tâfï-lûn, fâïlâ- tûn à chaque hémistiche : ^> bxx*&-i s. 5 V r.1 JLsr? % 4 II s'agit ici de Jamâl-uddin Mohammad Abd-urrazzâc d'Is- palian. — 326 — Le bien ne m'arrive ni par la faveur des destinées ni par If- travail de mes mains. Que d'ignorants dont le front touche aux pléiades ! que d'hommes instruits cachés ! (Alf luïla '.) Le pied ,J *ij .^ mûs-tùfï-ïïn devient quelquefois J jÛ3 ^a mïis-tùft-Iù. et donne ainsi une autre variété. Exemple du mujtas à quatre pieds makhbùn, c'est-à- dire dont les hémistiches se composent des pieds oli ^ r 'A\*3 J mà-fàï-lun, fuïlàtun : Tu et attaché a Salma, quoique tu saches qu'elle mourra. Au lieu de ^ ©li *, on emploie aussi J c-U * ma- Du mètre mutacârib y >»JLjU. Ce mètre est fort employé par les poètes musulmans, mais le plus souvent irrégulièrement. Généralement l'irrégularité n'a lieu qu'au dernier pied des deux hé- mistiches, pied qui devient fréquemment macsûr ou mahzûf. Voici d'abord des exemples de ce mètre régu- lier. Exemple arabe : ' S - ' 'il ' . 4 Anthologie de J. Humbert, pag. 1 0. — 327 — Il (Mahomet) est un intercesseur exaucé, un prophète géné- reux, beau de visage et de corps, aimable et marqué du sceau de sa mission. (Vers tiré du Gulistan.) Exemple persan : Si mon cyprès 1 prenait place dans le jardin, il serait étonnant que le cyprès conservât sa posture verticale â . Exemple turc : *X_&L*» **.+*> Jji \\l*o b^jï {•>!?' La révolution du ciel ne m'est pas propice, les constellations ne me sont pas favorables, cette belle à la jambe d'argent 8 ne jette pas son bras à mon cou. (Bâquî.) Exemple hindoustani : ,/ >jr> J$ y^ J >&** v l w*- * r 4 C'est-à-dire : a Ma bien-aimée dont la taille est pareille au cyprès. » 2 C'est-à-dire : « Il se courberait devant ce cyprès vivant; il confesserait son infériorité. » 3 C'est-à-dire: « D'un blanc mat comme l'argent. » — 328 — Je pleure en voyant sourire la rose; car mon infidèle avait l'habitude de sourire ainsi 1 . Exemples du mutacârih régulier, si ce n'est au qua- trième pied de chaque hémistiche, pied qui devient macsûr ou mahzûf, c'est-à-dire jL*i fau-l ou J*s fàâL Le Schâh nâma ou Livre des Rois, VIskandarnâma de Nizâmt, le Firâe nàma de Salmân Sâwajl, Le Boston de Saadî, le Sihr ulrboyân, les Aventures de Kâmrûp et plu- sieurs autres poèmes célèbres, sont écrits sur ce mètre. Exemple arabe* : ta^l .' li -V ^1 tf" ^X.***^ 3 J^ *^*«ÀJ I l* >CJ' £*> Jjj v-^- J 1 wÂâ. yj"h J'ai défendu a ma bien-aimée de se servir de l'éventail, et voici ma raison : j'ai craint que le zéphyr, en touchant ses joues, n'en blessât la délicatesse". Je donnerai comme exemple persan de cette variété 1 A la lettre : « L'habitude de quelqu'une était de sourire de la même manière. » L'auteur veut dire que le sourire de la rose, lui rappelant ce sourire chéri, renouvelle ses regrets. 2 Quelquefois, en arabe, c'est seulement le dernier pied du vers qui est altéré ; on le trouve môme réduit h *i fâ. 3 II faut prononcer hâsbàk pour avoir la mesure. 1 II faut prononcer, pour avoir la mesure, lâmls et kha- daïhï. 6 Anthologie de G. de Lagrangc, p. 13o. — 329 — les vers suivants de Saadî, qui sont gravés sur une pierre tumulaire que feu mon ami le général Harriot a rapportée de l'Inde : yL^ sSjsj "*r* j^? j o ... ^ J ^^bj Lj *j.__j ^r vj^.àjt^ a> jjiju^-j JoO Jo -*vO l* \î wmJ .p. j^J.v3u-SLj l~* v_JL-__ y-ij jJv.jL.v_j Un jour, deux (quelques) vers, qu'un chanteur récitait en s' accompagnant de son rabâb 1 , rendirent mon cœur pareil au kabâb 2 . Hélas! sans nous, pendant longtemps, la rose croîtra, et de nouveaux printemps se développeront. Bien des mois de juillet, de décembre et de mai paraîtront, tandis que nous serons de la terre et de la poussière. Après nous, le jardin produira bien des roses, et les amis se- ront assis ensemble. 1 Sorte de guitare d'où vient le nom de rabâbiya qu'on donne, en Afrique, aux femmes qui en jouent, et, par suite, aux danseuses. 2 Morceaux de viande grillée. — 330 — Bien des gens qui, aujourd'hui, sont encore clans ta néant, viendront et passeront sur notre poussive. Exemple turc : J^ wSj J^l d ; j >l ^b mon cœur affligé, sache supporter le malheur. Quelque chose qui t'arrive de la part de ta bien-aimée, agrée-le volontiers. (Schâliîdî.) Exemple hindoustani : _ ï J • » y s .-/>-/ Je no veux solliciter de personne aucune faveur; c'est de toi seul (u mon Dieu!), que j'attends l'accomplissement de mes dé- sirs. Oui, je vivrai avec honneur et avec considération, je con- serverai l'estime de mes amis, (Haçan.) Quelquefois le premier et le troisième pied de cha- que hémistiche prennent l'irrégularité nommée salm Jj, c'est-à-dire deviennent ^xi fàlïin (pour tftf). Exemple : ^_, 13 ji jfi iv Jjf On ne peut quitter facilement sa rue; on a des roses jusqu'au cou. et de la boîte jusqu'aux genoux. (Razî Artîmalî.) — 331 — Avec le salm, on emploie quelquefois le tasbîg au deu- xième et au quatrième pied, c'est-à-dire le pied j^?** fâùlâ-n, avec lequel on peut employer parallèlement le pied régulier ^yè fâûlùn. Exemple : Si l'épée dévaste la rue qu'habite cette lune, je courberai 2 la tête ; car c'est l'ordre de Dieu. (Hafîz.) Exemple du mutacârib à huit pieds macbûz et aslam, c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds Axè J^xs fâùlû, falûn répétés : Quel remède apporterai-je a la peine de l'absence? je me fonds comme la bougie. On trouve aussi en persan le mutacârib avec six pieds réguliers seulement. Exemple : 4 &\ est proprement pour o'i Allah. En effet, l'auteur du Hadâyic scande ainsi ce second hémistiche : Gârdân \ nïhà dï-m | ûl hûk \ mû allâ-h falûn | fâ û là-n | fa lûn \ fâûlâ-n 2 11 y a, dans le texte, le pluriel pour le singulier. 3 Dans *)L^, la deuxième syllabe est brève. En effet, le hé est mukhtafî ou caché, et, par conséquent, ne rend pas la syl- labe longue. (Voyez mon édition de la Grammaire persane de W.Jones, p. 6.) — 332 — ._JL:^ JU* s,j j Je suis tellement malheureux par ton absence, que je suis sur le point de rendre l'âme. (Saïfî.) En arabe, on emploie aussi le mutacârib k sii pieds, mais avec le dernier irrégulier. Dans le vers suivant, par exemple, le dernier pied du premier hémistiolio est J*9 fââl 1 , et le dernier du second J_**s fùû-l : V^' J^ J»^ l —*s) ?f— * Jj Ses joues sont comme un jardin qui ressemble au paradis. (Ata Mohammed.) SECTION XII, Du mètre mntadârik ^J Jx^. Exemple arabe du mntadârik régulier, c'est-à-dire composé de huit ^[3 fâïlûn : Amir est venu nous trouver sain et sauf et chargé de butin, après avoir terminé son expédition. Exemple persan : à~J*j yJ^fi J*W &JJJ ItJ . ^Wj /.t*** =V 1 Quelquefois réduit h «i /a au dernier pied du vers. — 333 — Le soleil et la lune ont été les esclaves de ta gentillesse ; le musc du Khotan a été pareil à la poussière du chemin au prix de tes poils follets et de tes éphélides. Exemple turc : JLk — 1 — L — 9 . £»*, »> v^J JuLS' JJLj Le rossignol des roses, le chef 1 des esclaves, le compagnon des cœurs, le guide des routes 2 est fàïlûn, fâïlûn, fàïlûn, fâï- lûn, ô esclave de Dieu, ô roi des contrées. (Sarwari K) * L'auteur fait allusion à son nom. Ces deux vers sont extraits de son Arûz ou Prosodie arabe appliquée au turc. 2 L'auteur de ces vers s'exprime ainsi à cause du bourdonne- ment et du tintement que ce mètre représente. Selon les musul- mans, il ressemble surtout au tintement des cloches chré- tiennes. Ils racontent, à ce sujet, qu'Ali, traversant un village de Syrie avec Jâbir l'ansarî dit a ce dernier, en entendant son- ner la cloche d'une église : « Cette cloche semble prononcer les mots : Ls'sX-o Lij,/^> lij^» lè £>^ L^»l maison printanière, rends-moi heureux; qu'à ton abri je mène une vie paisible. En voici un autre exemple avec le dernier pied mu- zaîyal, c'est-à-dire développé en jiteli /51/ô-fi ': Cette maison qui leur appartenait a disparu comme un écrit qu'ont effacé les siècles. non mu. Des mètres carlb \^j3 t jadld ^^ Qirnuschâkil J^slk». Ces mètres sont inconnus aux Arabes, et n'ont pas été employés non plus par les auteurs classiques des 1 La mesure exige a^, par contraction pour tfu*, qu'on a mis mal à propos dans l'édition du Hadâyic. 2 Voici comment on doit scander cet hémistiche : an nâ \ ma sï yak | khàtà | kàrdà-r fa lïtn | fd ï lïin | fâ âl | fâ lâ-n 3 Le livre du jugement dernier. ; Quelquefois ce pied final prend aussi la forme ^ViAsli fâï- làtïin. — 337 — autres nations musulmanes. L'auteur du Hadâyic les traite d'innovations et ne les mentionne que pour mé- moire. Toutefois, je dois remplir en peu de mots cette lacune : Le mètre jadîd 1 ne s'emploie pas selon le paradigme régulier. En voici un exemple makhbûn, c'est-à-dire com- posé, à chaque hémistiche, des pieds ^'^i ^^ ^vlsU* fâïlàtûn, fâïlàtûn, mâfàïlûn: Le pin est honteux à cause de ta stature, et la nuit est con- fuse à cause des boucles de tes cheveux 2 . Le mètre carîb z n'est pas non plus employé réguliè- rement, mais seulement dans des formes dérivées. En voici deux exemples : 1° carîb mahzûf, c'est-à-dire com- posé, à chaque hémistiche des pieds ^"^eli J^U* J*©Là» mâfàïlû, mâfàïlû, fâïlàtûn : 1 C'est-à-dire nouveau. Il est, en effet, nouveau, relativement aux mètres plus anciens ; mais l'invention n'en est pas d'une date récente, car on l'attribue à Buzurjmihr, ministre de Nûs- chirwân. On nomme aussi ce mètre w^ *& ou étranger (aux Arabes.) 2 C'est-à-dire que le pin est honteux d'être moins droit que la belle dont il s'agit, et que la nuit est confuse d'être moins noire que les boucles de ses cheveux. 3 Ce nom, qui signifie proche, est donné à ce mètre, selon l'auteur du Hadâyic urdû, parce qu'il se rapproche des anciens mètres et surtout du hazaj et du muzârî. On en doit l'invention a Yuçûf Arûzî, qui vivait deux siècles après Khalîl. Les Turcs nomment ce mètre J-s****" 9 , c'est-à-dire prompt. 22 — 338 — >(T 3lj w^ ^ >l*^ seigneur dispensateur des biens du monde, ô souverain juste, roi des rois, à heureuse forlune et aux qualités accom- plies ! ±° Carîk ahhrab et mal;[ùf, c'est-à-dire compost'-, h chaque hémistiche, des pieds ^'ï&lJ J^Li» Jj«k ww- /Ï u!>3Uli 1 fallu tu, ma fallu, ma fallu : Dans la nuit obscure /;«;■ l'absence de la lune, je me suis livré au chagrin 2 ; en effet, dans cette triste unit, le chagrin ne s'éloigne pas de l'amant. 1 C'est-à-dire pareil, à cause qu'il ressemble au mètre cai'ib. En effet, les pieds sont les mêmes, l'ordre seulement est dif- férent. Les Turcs nomment ce mètre j=sh^, c'est-à-dire le dernier. 2 A la lettre : « J'ai été l'ami du chagrin. » — 339 — CHAPITRE VI. DU RUBAI A-ij- Le rubâî ou quatrain est un petit poëme * particulier aux Persans et à leurs imitateurs. Il consiste en deux vers, c'est-à-dire en quatre hémistiches, dont le pre- mier, le second et le quatrième doivent rimer ensemble, et dont le troisième ne rime ordinairement pas avec les trois autres. Ce qu'offre de particulier ce petit poëme, relativement à la prosodie, c'est qu'il est écrit sur des mètres très-irréguliers, quoique dérivés néan- moins du mètre hazaj, ce qui en rend la scansion dif- ficile à trouver. Je vais faire connaître le plus briève- ment possible les différentes mesures de cette espèce de quatrain. On compte vingt- quatre fermes différentes de rubâî, lesquelles se distinguent les unes des autres par neuf espèces d'irrégularités du pied fondamental ^^>Lk mâ- fàïlwi, irrégularités qui se divisent en deux classes ou schajra tj^ (arbre), chacune de douze espèces; la pre- mière, nommée akhram *f^, du nom du pied irrégu- lier ^j*L» màfulûn, et la seconde akhrab v^^j du nom du pied irrégulier Jj*à* mâfïdû, selon que le premier ou le second de ces deux pieds commence les quatre hémistiches du rubâî. Voici le tableau de ces paradigmes en forme de cercle, tel que le donnent les auteurs ori- ginaux : 1 On le nomme aussi do-baïtî <-V?J^ et tarâna *jy\ (Voyez la préface de mon « Histoire de la littérature hindouie ethindoustanie », 2 e édition, t. I er , p. 38 et 37.) 1 C'est-à-dire, cercle des rubâï, akhram au premier pied du premier et du second hémistiche des deuxyers. — 341 >j J\aj)>^ j «XaaH c^à-Î Owjîs Jj^i I^^UIkJ ^f'^ rf %-^C^ -&'*<**" ?*sÇy*!*ffi 1 C'est-à-dire cercle des rubâïs, akhrab au premier pied du premier et du second hémistiche. J'ai reproduit le tableau du Hadâyic, quoiqu'il ne s'accorde pas bien avec les explications du texte; et qu'il diffère de la liste de Gladwin. - 342 - Dans les listes circulaires qui précèdent, j'ai eu soin de mettre un numéro d'ordre aux différents paradigmes. Les mots ^y^ et Jj*k, qui sont au milieu des deux cercles, doivent précéder les paradigmes rayonnants pour les compléter. Les mots qui sont au-dessus des pieds en désignent les irrégularités 1 . Exemples de rubâts de la première classe : ,>._£=> J:> ,i Up V_£=> J> r— - • ac* A --- *- 3 -:-:- 2 ^ uf* y rf^ rtr 3 Ton absence a fortement ensanglanté mon cœur; lo chagrin qu'elle m'a occasionné y a établi sa demeure. Mais jusqu'à quand * On en trouve l'explication au chapitre III. 2 Bien que aJ ne se trouve ni dans le lladûijic ulbalûgat ni dans Gladwin, je l'ai ajouté d'après l'avis de mon savant élève M. G. Garrez, le sens l'exigeant en effet. 3 Voici la scansion de ce rubaï : Hîjrânât 1 màfû lûn Wàndûhàt 2 ma fûlûn Dlgàr ta 3 màfïi lûn Kàs hàrguïz 4 ma fù lûn | kfiït bàcè | mârâ dàr dll \ kàr-d » fà Uïni | mùfà 1 lûn | fâ-a | dàr slnci \ ï mân mânzïl \ kàr-d | màfà ï lûn | fâ-a | ïyïm mïhnà | gâm | mùfà 1 lu | fà-àl | nâ bà bë dll | kàr-d | ma fà 7 lûn \ fâ-a | ma fïdû | ka~i fâzà | fà ïlïin | ï su k h an | fà ï lïui Les quatre hémistiches qui précèdent présentent un exemple des quatre premières variétés du rubâï akhram. — 343 — augmenterai-je eu douleur et en affliction? Personne n'a jamais tenu à un homme désolé le discours que j'entends. _£ s Ô À jL> Xj>\ jLj ^j»\ ,Lj Hélas ! ton amie est venue, ton amie est venue, ton amie est venue, et tu restes ainsi assis dans l'insouciance ! Ne demeure pas un seul instant éloigné de cette belle au visage de lune, si tu veux goûter à la coupe de ses lèvres de rubis. ' t. «T>J U3J. ^ ^j J^j yjj^j,3 1 Voici la scansion de ces vers : Yàr âmâd \ yâr âmâd \ yâr âmâd | km 5 ma fû lûn \ ma fûlûn | màfïi lûn \ fà Bïnschlnï \ bë khâbàr \ bâdï sa ta | kaï 6 ma fïdîin \ fâ ï lûn \ mâfà ï lûn \ fâ Yâk sàât | âzà màhï \ jâbï dûrï | mâbâ-sch 1 1 ma fû lûn \ màfâ ï lu \ mâfà ï lu \ fâ û-l Ta y à bï \ âz jâmï \ lâbï làldsch \ mal 8 ma fû lûn \ ma fû lu \ mâfà ï lûn \ fà 2 Voici la scansion de ces vers : Jà dàdâm \ dâr ràhï \ ivàfàï sa j nânïl 10 mâfïdûn \ màfûlû \ ma f al lu | fâàl — 344 — J'ai sacrifié ma vie dans la voie do la fidélité envers ma belle ; je lui ai offert entièrement mon cœur en holocauste. Si, par ha- sard, je ne réussis pas, pourquoi me livrerais-je au chagrin? je me contenterai d'avoir des larmes dans les yeux et du feu dans le Exemples de rubâïs de la seconde classe : -O Cher amour, tu as mille prétendants comme moi qui désirent ta face pareille à celle de Joseph d'Egypte. Lorsque tu es absente, j'éprouve mille peines et mille chagrins; il vaut bien mieux que tu ne te sépares pas de moi. DU kârdâtn | cûrbànâsch [ b<~ bëschâ | kâmï 9 mâfûlun \ mâfûlun | ma fû lu | fâ âl àz dàstâm | kàrï gàr \ nyâyâd dû \ gâmàs-t 1 1 ma fû lïui | fâ l lïin \ màfâ l lu \ fùû-l Bar dldâ \ 6 dil bâçàs | tï sôzï 6 \ nâmï 3 ma fît lùn | màfâ ï lùn \ ma fâ ïlû \ fâ âl Le quatrième hémistiche, que je rapporte au n° 3, offre une irrégularité au second pied, 1 Ceci offre un exemple frappant de la figure de rhétorique orientale nommée laf o naschar. (Voyez la « Rhétorique », II e partie, chapitre I, section xi, p. 91 et suiv.) 1 Ces quatre hémistiches offrent précisément un exemple des quatre premiers paradigmes du second tableau. — 345 — jl — * — J A i îj JS Ojj;l jj ^wwJ J^ Je t'ai offert mon cœur suppliant. J'allonge (j'étends) mes bras en rapport avec tes cheveux et mon espoir 2 . Comme il n'y a, dans le monde, personne qui soit plus abattu que moi, il faut bien que je te sollicite, ô toi qui es compatissante envers ceux qui te sont dévoués. ,}j-a_j j'-X-J &_y O ^-•C" 5 3-5 f 35 g** 1 •> (O^j f?r*** J 1 Voici la scansion de ces vers : Dârpëschï | tu àwàrdàm \ dll râbâ | nïyâ-z 5 ma /B /# | mâfà ï lûn \ ma fû lu \ fâù-l Dâstï ma \ nô zùl fi tu \ ô ûmmëdï | dïrâ-z 6 ma fû lu | ma fâ ï lu \ mâfà ï lu \ fâù-l Dâr âlâ | ml bëschâzmân \ dârmândâ \ chu nè-s S màfïïlu | mâfà ï lûn \ màfû lu | fâù-l à bïhkï nâwâzïïm | tûaïbàndâ \ nâwâ-z 8 mâfùlû | mâfâïlûn \ mâfà ï lu \ fâù-l 2 A la lettre : « mes bras, tes cheveux et mon espoir sont longs. » 3 Ces vers, dus à Schaïkh Ibrahim, auteur persan moderne distingué, sont cités dans les intéressants mémoires d'Alî-Hazîn — 346 — H n'y avait pas pour moi de confident dans lo jardin du monde; il n'y avait pas, dans le banquet du Stède, un musicien qui pût, do son instrument, accompagner mes plaintes. Je ne pouvais pas même gémir en secret; aussi ai-je retenu ma lan- gue, puisque je ne trouvais de sympathie chez personne. Il me paraît inutile de citer des exemples de rubâi en turc et en hindoustani. Ceux qui en voudront connaître dans cette dernière langue en trouveront un grand nombre dans mon édition de Walî, Les poètes arabes modernes ont écrit quelques rubâis à l'imitation dei P irsans. En voici un de la seconde classe : vJ^w*_Us LA ^_Cy Jyil y**Ji ^ que j'ai expliqués à mon cours do persan au Collège de France. En voici la scansion : Dàr (jïihchà \ ni dàhrï màk \ ru ml rà\i | nàbû-d 8 ma fîi lu | ma fà ï Uni \ ma fallu | faïi-l Dur bàvml | i&mânà n&g \ mâpârdazï \ nàbïi-d 8 màfïi lu | ma fà ï lûn | ma fà ï lu | fà û-l Pin hà nâ \ tu wà %âm%â \ para \ kàr-d 12 mû fît lu | ma fà 1 lu | ma fùWn | fà-a Bàstlmï | zàbà kàeè \ hâm àwàzl \ nâ Vûrd 8 màfûlû | màfà Mm \ ma fàl lu \ fà û-l 1 Voici la scansion de ces vers : 347 Si, après ma mort, celle que j'aime vient visiter mon tom- beau, je lui adresserai la parole à haute voix pour l'assurer de mon dévouement; puis je lui dirai tout bas : « Ne vois-tu pas à quel état m'ont réduit tes beaux yeux? )> Mais ce ne sera pas un reproche. (Ebn-Fâred 1 .) CHAPITRE VIL DE LA RIME. On entend par la rime A-ili cafîya, au pluriel ,3^9 cawâfî, la répétition, dans des mots différents, à la fin des vers ou des hémistiches 2 , des mêmes lettres et des mêmes motions. Ces lettres et ces motions ont des dé- nominations spéciales et sont soumises à des règles par- ticulières. ïnmûttû | ivâzârâtûr \ bâtïmânâh \ wà 1 mâfû lu | ma fâ ï lûn j mâfâ ï lu [ fâ Lab baïtû | mûnâjïyân \ bï gûïrïn nâj \ wà 1 ma fû lu | ma fâ ïlùn | ma fâ ï lûn \ fâ Fïssïrrï | âcûlû ma | tara ma sa \ nâât 7 mâfû lu | mâfâï lûn \ mâfâ ï lu | fââl àlhâzû ) kâblwâ laï \ sâhâzâschâk \ wâ 1 mâfûlû | ma fâ ï lûn j ma fâ ï lûn \ fâ 1 Chrestomathie de S. de Sacy, t. IIÏ, p. 62. 2 Quand les hémistiches riment ensemble, la rime change h chaque vers ; quand ils ne riment pas, elle est permanente pour tout le poëme; mais le premier vers de tout poëme rime tou- jours aux deux hémistiches. — 348 — Des lettres qui forment la rimo. La lettre la plus essentielle de la rime, c'est celle qu'on nomme rawt ^jj l . Les explications qui suivent feront mieux connaître ce qu'il faut entendre par ce mot que les définitions embrouillées des auteurs ori- ginaux. La rime peut comprendre, outre le rawt, huit autres lettres de suite, quatre avant et quatre après, dont les deux dernières ne sont pas connues des Arabes. Voici un quatrain destiné à fixer, dans la mémoire, les noms qu'on a donnés à ces différentes lettres : tjj\ù L^lj^SS^A ^1 ur J ji^j j^J ; U ^_cj, Oo! ^-rr^j l3^'j J a **^J iT-'.r"'^ ^J^ - VjJLj « XJj-*j iJ^a—J prJtP^ J"°J Seli et d'un ,^Li. — 349 — On met d'abord les lettres nommées tacîs, dakhîl, ridf et caïd, puis le rawî que suivent les lettres nommées wasl, khu- rûj, mazîd et nâïra. 1 ° On nomme ridf j, ^ , ou vulgairement radif ^jj ^ , Yalif quiescent après un fatha, le waw quiescent après un zamma, et Yyé quiescent après un kesra; c'est-à- dire les trois lettres alif, waw et yé servant de lettres de prolongation et placées avant le rawî, ainsi qu'on le voit dans les mots qui terminent les hémistiches des vers suivants : SL> ^l v ^ y ^j ^-X_j! jJ.^ _X» Sanâï, par la force de la foi, chante les louanges d'Ali qui succéda à Osman. Le premier était par sa vertu la terreur dupa- lais de l'orgueilleux. Le second était le porte-drapeau du pro- phète et avait la science en partage. Ce n'était pas du prophète qu'il avait appris l'explication du Coran, mais elle avait été ré- vélée à son esprit, 1 Ce vers est du mètre kiiafîf makhbùn et macsûr, c'est-à- dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^>icLà^ ^oocli ij-w. Dans le premier vers, Yalif est le ridf et le noun le rawî; dans le second, le waw est le ridf et le lâm le rawî et, dans le troisième, le yé est le ridf et le lâm le ? ïrawi. — 350 — Lorsqu'après le ridf il y a deui lettres quiescei comme dans les mots vJ^iL», « il a trouvé, » vj^-o, a ami » w-^.j (( il a versé, » etc., quelques rhétori- ciens pensent que la première l'ait partie du ridf, et la nomment ridf zâîd, SS\\ ^JS* ou ridf superflu; d'autres, au contraire, la considèrent comme faisant partie du rawi*, et la nomment rawi muzâtf ^JfiLta* j™ ou ravit additionnel. En persan et en hindoustani le waw et Vyé prennent deux sons différents : ou et i; o et é. Dans le premier cas, on les nomme marûf, J^v*- ; dans le second, ma- jhûl J^^ar". Ainsi on prononce tjjs hâta, (creuset) et bj> bota (jeune chameau), ^ schîr, (lait) et scher (tigre), cte. Malgré la différence de ces deux prononcia- tions, il est permis de faire rimer ensemble des mots dont le ridf est un waw ou un yé prononcés ou et i avec des mots dont le ridf est un waw ou un yé prononcés o et é. Exemple persan : 3 ; 6 , fi^ / iuJ u «L»î jJLa a^=> 1 Telle csl l'opinion de Nacîr-uddîn Tûcî dans sûtijU^Jl j 1 -^ ou « Pierre de touche des vers. » - Cette double prononciation du waw et du yé, qui existe aussi en turc, est tombée en désuétude dans le persan moderne. A ce sujet, voyez la préface de mon édition de la Grammaire de W. Jones. 3 Dans ces deux hémistiches, le Waw est le ridf et le zê le rawl Or, le waw de \y yûz est marûf, c'est-à-dire se pro- — 351 — Les dents de l'once sont émoussées pour l'homme dont il * mange, seulement pendant deux jours, le fromage. (Saadî, Bostan, liv. II.) Exemple hindoustani : Le ministre Mitarchand attentif dit : Sumit, racontez quelque autre chose. (Aventures de Kâmnîp.) 2° On nomme caïd jJ la lettre quiescente placée immédiatement ayant le rawî, à l'exception des lettres qu'on nomme ridf, et dont il vient d'être parlé. Il est à propos d'employer la même lettre pour le caïd, comme dans le vers suivant où les mots J& et J^ qui terminent les deux hémistiches ont pour caïd un lâm, *_Lsrf JU&j-J *^H_J ^-*-*-J A-i-f Les deux mondes (le visible et l'invisible) sont une goutte de l'océan de sa science (de Dieu). Il voit le crime et il le couvre avec le manteau de l'indulgence. (Saadî, Bostan.) nonce o, et cependant ces deux mots riment ensemble. Ce vers., comme tout le poëme du Bostan, est du mètre mutacârib mahzûf. 1 La même observation a lieu pour les mots CU ; ^- W et C^v~>; le yé du premier est majhïd, et celui du second marûf. Cette lettre est le ridf et le té le rawî. Ce vers est du même mètre que le précèdent. — 352 — Si l'on n'emploie pas précisément la même lettre, il faut au moins en employer une dont la prononciation soit analogue, comme on le voit dans levers suivant, où le caïd consiste aux lettres ~ et » qui appartiennent au même organe : »s^ ^5 ► > ^r>3 #»Lm* ^^>j y^' à^*. j—^—ï- )\j-~*j J -^iLa-^» jj *-*-» Non-seulement l'Egypte et la Syrie, non-seulement la terre et la mer, mais tous recherchent ta face aussi bien que Schirâz. (Saadî. ) Enfin, il est même cependant permis d'employer pour le caïd deux lettres entièrement différentes, comme dans l'exemple suivant : c Tous savent que cet homme n'a jamais de sa vie conçu le des- sein de faire des vers. (Extrait du Gulschaii-i-râx-.) Dans ce vers, le mim et le aïn des mots ^ et jxà> sont la lettre qu'on nomme caïd. i Ce vers est du mètre hazaj mahzùf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^*1*3 wLcU^ ^LsLiL». 2 Le nom de l'auteur de cet ouvrage est inconnu. Tholuck (Sufismus) pense que c'est Azîzî, mais S. de Sacy croit plutôt que c'est Ilâhî ou Mahmûd. (Voyez le Journal des savants, 1821, p. 720.) — 353 — 3° et 4°. On nomme tacts rj^^ ïalif quieseent avant le rawî, mais suivi immédiatement d'une lettre mue par une voyelle-lettre, qui est celle qu'on nomme dakhîl. Exemple : Dieu accorde tant de biens aux ignorants, que le savant en demeure étonné. (Saadî, Gulistân, liv, I.) Dans les mots jJL»j raçânad et «^jL^j bimânad, qui terminent les deux hémistiches de ce vers, Yalif est ce qu'on nomme le tacîs, le noun le dakhîl, et le dâl le rawî. L'emploi de la même lettre pour le dakhîl n'est pas nécessaire ; ainsi, on peut faire rimer ensemble j^à khâwar, « soleil, » et ,^L>- châdar, «rideau, » v^Llâ. khâtib et w^=>!j râkib, etc. 2 Si l'on s'astreint à em- ployer la même lettre pour le dakhîl dans une pièce de vers, on considère cette obligation comme appartenant à la figure de rhétorique nommée >ji» $ L» ^jJ, « tâche à laquelle on n'est pas tenu 3 . » 5° La lettre nommée uw$Z J~j est celle qui suit im- médiatement le rawî ; ainsi, dans le vers suivant, c'est le yé final des deux hémistiches : 1 Ce vers est du mètre hazaj mahzûf, c'est-à-dire composé, a chaque hémistiche, des pieds ^yj»^ tiTC ^ cU „ ^' , 2 En arabe, les poëmes dont les rimes ont le tacts se nom- ment ip^y muassas. 3 Voyez la « Rhétorique », section xvi, p. 146. 23 — 351 — Celui à qui il n'est pas resté de corps comme à la bougie se rira de loi lorsque tu voudras lui couper le cou. (Sanûî.) Dans cet autre vers, c'est le hé final * : /■ J^ homme l , tu es comme l'insouciante tulipe, le cœur noir, la vie courte, et lu souris! On voit, par ces exemples, que le wasl est une lettre additionnelle au mot principal. Ainsi, en persan, c'est Yyé nommé ^Lk^ ou allocutif, c'est-à-dire exprimant la seconde personne du singulier du verbe, comme dans 1 Ce vers est du mètre khafif maklibùn et ma/tzïif, c'est-à- dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^klis ^JfScli J^3. Tané, qui termine le premier hémistiche, rime avec zant; ce vers offre ainsi un exemple du yé marùf rimant avec un yé majliûl. *- 11 en est de même en arabe. Ainsi, dans awSc pour k»Sc, « son esclave; » le hé est la lettre nommée wasl. 3 Ce vers est du mètre khafif makhbûn et mactû, c'est-à- dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ,.,lcli* ^julpli «A* 4 A la lettre, « serviteur de Dieu. » Or, serviteur est sou- vent pris, par les auteurs musulmans, dans le sens d'homme, comme dans l'épitre de saint Paul aux Philippiens, n, 7, etc. — 35b — 3j, « tu coupes » ou « tu couperas, » de r avant- dernier vers ; dans , « tu as enlevé, » ^j^, « tu as mangé, » etc. ; Yyé formatif du nom abstrait, nommé ^jj^^, comme ^Çj « bonté, » ^^, « méchan- ceté; » l'î/e d'unité JS-^j, comme dans ^->, dans l'avant- dernier vers ; c'est encore le mîm de la première personne du singulier, ou *&&», comme *ta, « mon cœur; » le té de la seconde personne du singulier, nommé wn-LLs-*, comme dJi, « ton cœur; » le scMw du pronom de la troisième personne du singulier, etc., nommé j*+& ^à, comme ^ysJû, « son cœur; » le hé final non radical, comme dans *&*} et sjJd. du vers pré- cédent; enfin, le noun de l'infinitif, comme dans ,j&p., « voir, » ^jj^viv, « entendre, » etc. 6° On nomme khurûj ^jj^- ^ a lettre qui se joint immé- diatement au wasl, comme, par exemple, l'addition du té, du mîm et de Yyé aux mots déjà augmentés du wasl. Ex. : JjuX&, « une audition, » c*v»Jj>), « je t'ai vu, » rf^jj^j « nous avons mangé *. » 7° On nomme ma^fd jj j^> une lettre qui peut être en- core ajoutée aux deux précédentes ; tel est le schîn dans le mot ,j^^i « nous l'avons enlevé. » Les vers sui- vants offrent à la fois des exemples du khurûj et du ma- zïd dans les mots ju-h^a. et j^b^j 2 . 1 En arabe, on peut citer comme exemple le mot Lfc»Sè, son esclave (en parlant d'une femme); en effet, dans ce mot, le mîm est le rawî, le hé le wasl et Yalif le khurûj. 2 Dans ces mots, l'a/e/ est le rawî, le sm le wasl, le te' le khurûj et le yélemazîd. - 356 — S-- *N 3*f fft j> P r c ' *-** J~^ *»~ ^ j« S'il y avait un jardin au firmament, Jupiter en serait la tulipe; si, rtw contraire, le firmament était dans le jardin, son rosier serait Orion; et ne prendrait-on pas ses roses charmantes pour les étoiles du Chariot, si celles-ci étaient odorantes et les pre- mières brillantes? (Ansari.) 8° Le nâira *jfU est une quatrième lettre qu'on peut encore ajouter aux précédentes ; tel est le schln final de L ^xwj>^k, « je l'ai mangé. » Ce qu'on pourrait ajou- ter de plus ferait partie du nâira. Quelques rhétoriciens orientaux considèrent les trois dernières lettres dont nous venons de parler comme une addition à la rime, addition qui rentre dans la figure de rhétorique nommée radif ^ :>, - ; mais, selon l'auteur du Hadâyie, il faut que ces lettres constituent un mot distinct pour qu'on doive les considérer ainsi. SECTION II. Sur les motions O^a de la rime. 1° On nomme taujîk i^y la motion, c'est-à-dire la 1 Ces vers sont du mène raml mahzûf, composés, à chaque hémistiche, de trois .J-AcLs suivis d'un ,^1-3. 2 Voyez la a Rhétorique » , chapitre II, section xxni, p. 17o. - 357 — voyelle brève qui précède immédiatement la lettre rawî, lorsque cette lettre est quiescente et qu'elle n'est pas accompagnée d'une autre lettre de la rime. Dans ce cas, la motion ne doit pas varier dans les mots qui riment ensemble. Ainsi, par exemple, dans le vers sui- vant, le bé de bas et le kaf de kas d ont l'un et l'autre la même voyelle : Lr — J^ *— 1 — H c y- r Vj j^ u [ yj> Ù *^, wX-*( yX\\ J-*0> 6J A la fin, par le pouvoir de ces mots : Dieu me suffit, je n'ai plus fait attention ni aux choses ni aux personnes. (Saadî, Bostân 1 .) Si le rawî se joint à la lettre wasl, et que cette dernière lettre soit mue, la voyelle taujîh peut changer. Ainsi, dans le vers suivant, dilé rime avec gulé. \ Sous son règne il n'y eut au cœur de personne, je ne dirai pas une épine, mais le pli de la feuille d'une rose. (Saadî, Bostân. ) 2° La motion ou voyelle de la lettre qui précède le ridf ou le caïd se nomme hazw ji^. C'est un fatha, lorsque le ridf consiste en un alif, un zamma lorsqu'il 1 Dans ces deux mots, le sin est le rawî, 2 J'ai indiqué le mètre du Bostân, p. 328. — 358 — consiste en un icaw, et un kesra lorsqu'il consiste en un ye. Le hazw avant le caïd peut prendre aussi une des trois voyelles brèves, ainsi qu'on l'a vu dans plusieurs vers précédents. Il est évident qu'on ne peut pas changer le hazw devant le Hdf; mais il n'en est pas ainsi devant le caïd, quand la lettre du rawî est mue. Exemple : Ta ruo est jonchée des cils de tes amants, cils pareils h des épines; ainsi, si tu sors de la demeure, appuio avec précaution tes pieds pour ne pas être blessée. Le jardin a été couvert de plaies* a cause do ta promenade; toutefois, son sein brille de diverses couleurs comme les plumes du paon, et ses mains sont pourvues de bouquets. (Mîr, I er diwan.) Dans ces vers, les mots *::**.&! âhista et *z~>±SS guldasta riment ensemble. Dans ces deux mots, le té est le rawî, le hé final le wasl, le sîn le caïd, et la voyelle de la lettre précédente est, dans âhista, kesra, et, dans guldasta, fatha. 1 Ces vers sont du mètre hazaj régulier, c'est-à-dire com- posés de huit ^LsU/>. 2 Par jalousie, à cause que sa beauté a été surpassée par celle de la bien-aimée du poète. — 359 - 3° On nomme ras ^j le fatha qui précède le tacts; et la voyelle du dakhîl, lorsque cette lettre en prend une, se nomme isehbâ pUkî, c'est-à-dire o saturation ». Cette voyelle peut changer, comme on le voit dans les vers suivants : J_i , ^ w~ iJ 3 ^_=s. i^_>v9j »Liolj ^t ^j-;b- -, ,ju JL -gj? j;i*-i b vJ _y ]i)j Jt*-1 ftâ&J r* •^jf jUr ,j3y * ^jj.1- i i-S&D J b «JL-J Lj Sire, lorsque tu auras cessé de régner 2 , tu seras pareil au malheureux qui mendie devant ton palais. Ne crois pas qu'il suffise pour occuper dignement sa place dans le genre humain d'être en possession de la force physique ou de la puissance; si lu es élevé par ton esprit, je sais seulement alors que tu as du mérite. (Saadi.) Dans ces vers la rime a lieu entre s£f}j> bârâbârï et jjjLU. schatïrï. Le fatha, c'est-à-dire Va bref qui pré- cède Yalif et en détermine la prononciation est le ras; Yalif est le tacts , le bè et le toc sont le dakhîl, qui prend dans le premier mot un fatha et dans le second un kesra; le ré est le rawî ; et Yyc est le wasl. Lorsque le rawî, comme on le voit dans les deux vers 1 Ces vers sont sur le mhtremuzâri akhrab, makfitfet mah- zûf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds Jj^*à* 2 A la lettre, « roi àutemps, lorsque ton temps a passé: » — 360 — précédents, se joint au wasl, on nomme la voyelle qu'il prend mujra ^S/f* *. Or, cette voyelle est kesra dans les vers précédents. On nomme nafâz itiî la voyelle du wasl, aussi bien que celles du khurûj et du maud. Quant au nâïra, il ne prend pas de voyelle. SECTION III. Des différentes espèces de rawt. Classification des rimes. On nomme le rawt quiescent, c'est-à-dire sans motion ou voyelle brève, mucaïyad jû**, ou : « ressemblant au caïd. » Tel serait par exemple le noun dans ^^ chaman (jardin), et dans { j^ m sukhan (discours), si ces mots fi- nissaient un vers. Lorsque le rawt reçoit une motion ou voyelle par l'effet de son union avec le wasl 1 , on le nomme mvtlac jj>^ vijj» c'est-à-dire rawt indépendant avec ridf, etc. 1 Qu'on prononce aus?i en persan mujré et môme mujrh 2 En arabe, le raivî peut prendre, dans ce cas, une motion seulement, mais elle est censée suivie de la lettre qui lui est ana- logue. Tel serait, par exemple, le mot \—>ys? ' àlhârbù qui, proprement, devrait être écrit, dans ce cas t yjsr. — 361 — Il y a ainsi, d'après ce qui vient d'être dit, quatre es- pèces de rimes ^\? ] 3 qui sont nommées : la première mujarrada s-»-^, la seconde muraddafd ùàj*, la troisième muassaça uJLy, et la quatrième muassala Gomme la lettre nommée caïd est de la nature du ridf, on nomme la rime qui a lieu avec le caïd, murad- dafa aussi bien que celle qui a lieu avec le ridf. On nomme muassala la rime qui comprend les lettres khu- rûj, mazîd et nâïra, aussi bien que celle qui comprend le wasl. SECTION IV. Des défauts de la rime. On en distingue onze différents, à savoir : 1° Le gulûSi, qui consiste à employer dans des mots rimant ensemble un rawî quiescent, c'est-à-dire sans voyelle, et un autre mu, c'est-à-dire affecté d'une voyelle. Exemple : 4 Ces trois derniers mots sont des adjectifs dérivés des mots ridf, tacîs et wasl que j'ai expliqués. - Ce vers est du mètre mu j tas makhbûn etmahzûf, c'est-à- dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^-**s ^»1cIâp ixs ^LUla. Le mot Lsr, qui termine les deux hémistiches, ne fait pas partie de la rime; c'est ce qu'on nomme radîf y £.0,. La rime a donc lieu entre w>[p- fit , »u. Mais je trouve que, à : - 961 — L'affaire pourra4-eUe s'arranger ? que deriendrai-pa, malheu- I \ t ladil rence d< Miment elle peut aToir lien. (Il . La lettre nomm< me être quies- dans un mol et mue d ins L'autre, Ce défaut prend le nom particulier de Utad _--*-'. 3° L'icwâ »ljil ou ^--?'. Ces! l'emploi do différents ton/fA, c'est-à-dire de voyelles différentes sur la lettre qui préoède l»' rau • '. ainsi dans le ?ers que j'ai donné ;, Bi an lien de J-- et de Jjj£ y il y a\ait Ja M et J5 gui, la rime aurait dans sa plénitude le défaut Dommé icwâ. i° L'ikfâ »u£»t. On entend par là une différence dans le ratvt, ce qui est toul à fait prohibé. Cependant quelqi lent d'empl une lettre Epabe avec une lettre persane qui en modifie la prononciation, ainsi de faire rimer, par eiemple: i.'\iv. el — ---. niche; 2J& doute et tiX», chien, l.i rigueur, la défaut dont il l'agi! n'exisl ■ ii qu'il aoil m. ii que, mu grammaucalem< ni r aaion du rare, an su] : ne. 1 aairemem le aon d'un kesra ou d'un n*. in : ;. nd. 1 Bukâki dit, dans son Miftâh, que beaucoup de ri i de la rima, aaaii qu'il vaut mieux, néanmoins, le tenir comme léL — 363 — d'un même organe comme ^U*», matin, avec «L-., armée; ^^ secours, avec ip-LJ, vêtement; oa^, trône, avec i^s, excès, jbl avec /«>Uèi (dans le Mantic uttaïr); mais, dans ce cas, pour ne pas choquer l'œil, on adopte quelques fois une mauvaise transcription d'un des deux mots; ainsi, dans l'exemple ci-dessus, on a écrit ^L>! pourjbî. Ceci est surtout commun enhin- doustani ; il y en a plusieurs exemples dans Kâmrûp, comme on le verra dans l'Appendice. Non-seulement les poètes hindoustanis se permettent ces licences; mais ils font, de plus, rimer les lettres nommées cérébrales ou linguales, avec les dentales qui leur cor- respondent 1 , 5° Un autre défaut, c'est la différence du riclf, ce qui est tout à fait prohibé en persan, en turc et en hindous- tani. Toutefois, cette différence est permise en arabe, car on peut y faire rimer ensemble un waw et un yé de prolongation, comme par exemple : J^, beau, et JjjJ, descente; v^, éclatant, et j^Jj, des lunes; v^J' ^ési- reux, et v^o des talons, etc. 6° On compte parmi les défauts de la rime l'emploi de lettres différentes pour le caïd, ce qui est cependant permis à la rigueur, ainsi qu'on l'a vu plus haut. 7° La différence dans le hazw est aussi signalée parmi les défauts de la rime. Ainsi ^ dur (éloigné) ne peut pas rimer avec j^ S daur (motion circulaire). Toutefois, il paraît qu'on tolère les rimes entre les waw etyémajhûl 1 Voyez à l'Appendice les particularités de la métrique arabe adaptée à l'hindoustani. — 364 — et les diphthongues qui leur sont analogues. Ainsi, dans l'Appendice, on trouvera un vers du célèbre Mîr Haçan, vers où le mot ^ aur (et) rime avec jjSsyç. chaukor [quadrangulaire.) 8° La différence dans Vischbâ est aussi interdite lors- que le rani esl mucatyod^ c'est-à-dire quiescent. Ainsi, mi oe peut pas faire rimer, par exemple, J>li==> hâmil (parfait) avec J^'^ tajdhul (sottise). On appelle ce der- nier défaut imâd jLuJ. î)° Le défaut nommé itâ JJwl en arabe et tckayigân jlSlii en persan, consiste en une répétition ayant le même sens 1 . Ce défaut peut avoir lieu de deux manières : ou d'une manière cachée, Jâ., comme : lita (Bayant) et Lu-j (clairvoyant), ^t-o» (stupéfait) et ^sj>j~> (pris de vertige), etc.; ou d'une manière apparente, J^-, comme : A*0 (affligé, possesseur d'affliction) et Jusy2a>La> (besoigneux, possesseur de besoin), £j~* (tyran, faiseur de tyrannie) et ^£J*~J| (fascinateur, faiseur de fascination), sfi bikard (il a fait) et ^aU nakard (il n'a pas fait), ^55 bikun (fais) et ^X> mal, un (ne fais pas), »J turâ (à toi) et \y> marâ (à moi), etc. Il faut aussi ranger dans cette catégorie les désinences nominales en ^1 an, en ^ In et en b» hâ, Ex. : jl.u (les amis) et ^li&L (les amants), ^^ (d'ar- 1 Lorsque la répélition a un sens différent, son emploi produit la figure nommée tajnîs ou allitération, sur laquelle on peut consulter la « Rhétorique », deuxième partie, chapitre II, sec- tion i re , p. 120. — 363 — gent, argénteus) et ^j (d'or, aureus), ^-f-^ (triste) et (^^r» (honteux), etc. Vitâ apparent ou manifeste, ^J.^, est un défaut très-censuré par les rhétorieiens orien- taux et qu'ils ne tolèrent pas dans un vers isolé. Toute- fois, on peut se le permettre, en passant, dans le ca- cîda, le gazai et même le quita. 10° Le tazmîn \^à^, ou insertion. On nomme ainsi la rime qui dépend, quant au sens, de ce qui suit. Ex. : — «r- 0"* LH cT Lv . 4' dV? jS> à£==5 J.^ -JJP- La ju- •si y ^J Jj£=> c^ 1 k *X*vy b' *£=> j'Or «j ^ JLJ Personne ne peut demeurer devant ta beauté, si ce n'est Je soleil, qui sort chaque matin pour te servir et te baiser les pieds, car ce n'est pas toi qui vas de son côté pour qu'il te baise les pieds. (Amîr Khusrau.) Dans ces vers, les mots qui terminent les trois pre- miers hémistiches et qui forment la rime, à savoir : b)t, \j et l*\ ne signifient quelque chose qu'autant qu'ils sont joints à ce qui suit. A ce sujet, je ferai observer, en passant, que généra- lement le sens finit avec le vers, et que l'hémistiche forme un membre de phrase. C'est un avantage qu'ont les vers sur la prose dont les phrases en persan, et 1 Ces vers forment un rubâï de la branche akhrab. Voyez le tableau. — 366 — surtout en turc, sont souvent d'une longueur déme- surée. 11° Le onzième et dernier défaut, qu'on nomme ma- mùl J^**» ', consiste à faire rimer un seul mot avec deux mots. Exemple : jj ! — : » iL*-î 3^.: ,> Je suis encore ivre du vin quo j'ai bu cette nuit, et mon échan- sun n'a pas quitté la maison. Tu m'attires h toi et tu me dis avec une œillade : Te repens-lu encore de m'aimer, oui ou non? (Ilâfiz. ) Une autre espèce de mamûl répréhensible consiste à prendre la rime dans un mot dont une partie sert au radîf, c'est-à-dire à une répétition régulière dans le poème, comme on le voit dans les vers suivants : 1 L'auteur du Hadâyic place aussi, parmi les défauts de la rime, le changement de la rime dans le cacîda et les autres poëines dans lesquels la môme rime est exigée, excepté quand le poète annonce lui-même ce changement. Mais ceci me semble rentier dans les règles particulières aux divers genres de poèmes. 2 Dans ces vers, qui sont du mètre khapf, composés, à cha- que hémistiche, des pieds .J^Là/» ^J'^U et J*à ou ,jï*9 , la rime a lieu entre &îuà et îiL»», qui ne forment, l'un et l'autre, qu'un seul mot, et à; L>, qui forme deux mots. — 367 — Plus elle me fait des agaceries, plus mon pauvre cœur fait des supplications ; mais je désire que désormais cette belle, malgré mon rival, ne tourmente plus mon esprit. (Faquîr.) section v. Division de la rime par rapport à la mesure. D'après ce qui a été dit plus haut, on a pu voir qu'il faut, pour former la rime, deux lettres quiescentes; et c'est ainsi qu'il y a cinq sortes de rimes relativement à la mesure : 1° Celle qu'on nommemttrMfvJ^, et qui consiste en deux quiescentes contiguës. Exemple : 1 Dans ces vers qui sont du même mètre que les précédents, le mot Jt.îjLJ doit se séparer en deux portions, dont la pre- mière, ;LJ, offre la rime, et dont la seconde, c'est-à-dire û»!, fait partie du râdif ou de la répétition. J'ai eu l'occasion de par- ler d'un cas pareil à l'article sur la tajnîs ou l'allitération, article que j'ai déjà cité. * Ces vers sont du mètre khafîf. makhbûn et macsûr, c'est- à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^aWJl» ^'i&cli — 368 — Au joui du l'allocution du Prophète ;i\ec AU (au lac do Gadtr 4 ), Mahomet le nomma son vicaire et prince de sa religion. (Sauàï.) 2° Celle qu'on nomme mutaivâtïr y\y^, et qui con- siste en deux lettres quiescentes séparées par une lettre mue. Exemple : \ 3 w » ( )) » — > J • ,,_^ ,\ L-e. y\ J, y. Son pied est solide dans les rangs du combat et son ûmc est fidèle à l'ordre du souverain. (Sanâï.) 3° Celle qu'on nomme mutadârik jJj'jX», et qui con- siste en deux lettres quiescentes séparées par deux lettre mues. Exemple: .^aCs. 1 Voyez, dans mon Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde, l'article au sujet de la fête qui porte ce nom, p. 71 , 2 e édit. 2 Ce vers est du même mètre que le précédent, si ce n'est que le dernier pied est réduit à ^y^, fàlûn. 3 II est essentiel de remarquer qu'ici, le noun de ^$y ne compte pas dans la scansion, et qu'ainsi on prononce mardâ comme pâ de pâdsc/tâh. 1 L&OLJ et mis ici au lieu de kâob, pour la satisfaction de l'œil, car la prononciation est la même. En effet, Yalif et le hé final ont, comme je l'ai fait observer dans mon édition de la Grammaire persane de Jones, p. 51, un son identique. Ce vers est du mètre raml mahzûf, c'est-à-dire composé, à chaque hé- mistiche, de trois .J'iJcli et d'un ^J^lè. — 369 — Débarrasse- toi de la cuirasse des choses extérieures et entre dans ia compagnie des hommes dignes de ce nom. Étudie ton cœur et tu pourras devenir le souverain de sa maison. (Khâ- cânî. ) Les deux lettres mues sont, dans le premier hémi- stiche, le dâletle ré, et, dans le second, le dâl qui, pour la scansion, doit être mu par un kesra, et le schîn, et ces lettres séparent les deux alif quiescents. i° Celle qu'on nomme mutarâkib, <^£\j>, et qui con- siste à placer trois lettres mues entre les lettres quies- centes de la rime. Exemple : Sa force a brisé de toute éternité les idoles, sa main a frappé de Tépée le sommet de la planète de Saturne. (Sanâï. ) 5° Enfin, on nomme mutakâwis, ,-»j&w», la rime com- posée de deux quiescentes séparées par quatre lettres mues. Cette dernière espèce n'existe qu'en arabe. Le mot X£ftjJI_, « la dépense (ce qu'on dépense), » en offre un exemple. En effet, dans ce mot qui se prononce ^X&iJot ànnâfâcâtû, le premier noun quiescent qui repré- sente le lâm de l'article est séparé, par quatre lettres mues, du wâw quiescent qui représente le zamma. 1 Ce vers est du mètre khafif, makhbûn et mahzûf, c'est- à-dire composé, a chaque hémistiche, des pieds .Isli» .o^LLi 24 — 370 — Ces différentes sortes de rimes ne peuvent pas s'employer indistinctement pour tous les mètres, mais seulement pour ceux dont les paradigmes offrent, à leur dernier pied, les combinaisons dont il vient d'être parlé*. SECTION VI. Sur le radîf ,3^1 • On entend par cette expression un ou plusieurs mots indépendants qu'on place après la rime à la lin des h - mistiches ou des vers, mots qui doivent être les mêmes dans tout le poème. La même chose a lieu quelquefois en anglais : c'est ce qu'on nomme Vhypermètre. Voyez les vers de Swift, cités dans la Poétique anglaise par Hennet, t. I er , p. 68; et ces vers de Th. Moore : There shone such truth about thee 1 did not dare to doubt thee. J'en ai donné plusieurs exemples dans la Rhétorique -. En voici encore un : i En consultant la liste des mètres primitifs et dérivés, il sera facile de trouver les paradigmes qui permettent l'emploi de ces différentes rimes. * II e partie, ch. II, section xv, p. 1 37 et suir. 3 Ce vers est du mètre hazaj à six pieds mahzûf, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, de deux ( J~sLi» et d'un ,V**2- — 371 — Je n'ai pas épargné mes gémissements et mes plaintes ; mais à quoi bon? Je n'ai pas songé à obtenir le moindre résultat. (Zubûrî.) Dans ce vers, l'expression ^Oj.£J est répétée à chaque hémistiche et la rime a lieu dans les mots précédents. On trouve même des vers composés seulement de la rime et du râdif, comme dans le rubâï suivant : ïy*j o^ éXàj** pr^-^ ^J> b Je suis dans le cbagrin de l'absence, maïs mon cœur jouit de ta vue ; mon corps languit dans le chagrin, mais mon cœur jouit de ta vue. Jusqu'à quand mon œil répandra- t-il des larmes de regret? Je suis dans le cbagrin de l'absence, mais mon cœur jouit de ta vue. (Jâmî.) On donne le nom particulier de hâjib ^.=-L^ auradîf placé entre deux rimes. J'ai parlé de cette figure de mots dans la Rhétorique, II e partie, ch. II, sect. xxn, p. 152 et suiv., et j'en ai donné un exemple : L'usage du radîf a été introduit par les poètes per- sans, et les poètes arabes modernes l'ont adopté à l'imi- tation des premiers. Le poëte ne doit pas changer de radîf dans un même poëme, à moins qu'il n'en avertisse lui-même, comme * Ce rubâï est de la branche akhrab. (Voyez le tableau.) — 372 — on le voit dans un caclda de Kamàl Ismâîl qui com- mence par le radlf «x*l ç* (il est venu), et où, plus loin, le poëte emploie Jun ^ (il vient) de cette façon : J^>1 ^ ,Lj +~~J (V—-"*> ,0 25»X- 1 A l'aurore, lorsque le zéphyr printanier est venu, j'ai regardé, et j'ai vu que ma bien-aimée était arrivée Je crois de bon augure de passer du prétérit au futur, car le fu- tur est, en effet, plus agréable à l'humanité CHAPITRE VIII. La nomenclature des différents genres de poèmes adoptés par les nations musulmanes serait un utile complément à la prosodie, mais elle donnerait trop d'étendue à ce travail. ! Les vers de ce poëme sont du mètre mujtas makhbûn et mahzûf, c'est-à-dire composés, à chaque hémistiche, des pieds ( 1»3 JblL» ,-j)^** l^^' — 373 — Je me bornerai à indiquer ceux qui sont le plus usités en persan et en hindoustani. Ces genres sont les suivants : 1° Le ga%al, Jjc, sorte d'ode sur laquelle on peut con- sulter l'introduction de la seconde édition de mon His- toire de la littérature hindouie et tiindoustanie, t. I er , p. 31. C'est la réunion des pièces de ce genre disposées selon l'ordre de l'alphabet par la lettre finale des vers qui forment proprement ce qu'on nomme un diwân ^y n ï. Hâfiz, Sauda, Bâqui, et une foule d'autres écri- vains persans, turcs et hindoustanis, ont écrit un ou plusieurs- diwâns. Mir Taquî, le plus fécond des poètes hindoustanis 1 , en a écrit six. On trouve des gazai dont chaque vers se compose d'un hémistiche hindoustani et d'un hémistiche arabe. Le vers suivant est extrait d'une pièce de ce genre, écrite par le poète Faïz 2 : J^ ktf U ~ C^ ^ f ^ Par l'effet du chagrin provenant de l'amour que tu m'as ins- piré, des pleurs coulent de mes yeux ; je suis comme le rossignol qui gémit dans le jardin. 2° Le poëme arabe nommé cacîda s -\^>, consacré à la louange et à la satire, est très-usité dans les langues de â La collection de ses œuvres forme un volume très-grand in-4° de 1 088 pages, imprimé à Calcutta en 1811. 2 Le mètre de ce vers est le J.->, réduit aux pieds ^tJ^Li — 374 — l'Orient musulman. La plupart des poètes qui ont écrit en urdû, en ont composé plusieurs qui se lisent ordinai- rement à la suite de leur diwan. Il est inutile de donner des détails sur ce genre de poëme, que (iladwin a l'ait connaître dans ses Dissertation* 1 . Je ferai seulement observer qu'en hindoustani, le dernier vers des cacidah contient toujours le nom portique de l'écrivain, OU takhalku ^^ , comme on le voit dans ce vers final d'un cacidah de Walî* : ç,> il .0 j*jr c^ r^ *$rt Jj Les spiritualistes applaudiront de cœur et de boucho lorsque A\'alî répandra, pour te louer, les perles de l'éloquence. 3° La pièce nommée quitâ uuaS est fort employée dans les ouvrages en prose entremêlés de vers. En voici un, extrait de la traduction hindoustani de VAnwâri suhaïlî i : K Dissertations on the rhetoric. prosody and rhyme of the Persians, pag. 2. 2 Cette pièce est du mètre J^« dont le dernier pied est réduit 3 Pag. 57, édition de Madras, ville nommée en hindoustani Mand-raj et Cliinapatan. Les vers cités ici sont du mètre — 375 — lL^> & v^o, f ^\j 5 l b Tandis que d'un côté l'avare s'interdit les jouissances que l'or pourrait lui procurer, de l'autre son héritier le jette au vent et ne se souvient souvent de celui qui l'avait amassé que pour en dire du mal. b° Les pièces nommées rubâ'î ^bj et fard Sjb sont autant usitées en hindoustani qu'en persan; j'en ai parlé loco citato. 5° Le masnavi jy^» (muzdawij ^^'y en arabe) est un poëme dont chaque vers a une rime particulière, chaque paire d'hémistiches rimant ensemble. En persan, en turc et en hindoustani, les poëmes épiques, historiques, mo- raux, en un mot, toutes les compositions poétiques d'une certaine longueur, sont des masnavi, généralement écrits dans les mètres J^» ~y> et ^li^». Pour ce genre de vers, le dernier pied des deux hémistiches doit être pareil. Il n'en est pas de même dans les hémistiches qui ne riment pas. Voilà pourquoi, dans la Prosodie arabe de S. de Sacy, on voit généralement une différence dans les derniers pieds des deux hémistiches d'un vers, par exemple { J^3 et yji^xb. 6° Le tarjî band 3^> fif^y est un poëme composé de strophes de cinq à onze vers. Les vers des strophes res- pectives riment entre eux, et au bout de chaque strophe se trouve toujours le même vers qui sert de refrain jus- qu'à la fin du poëme. Le vers qui dans la dernière stro- phe précède ce refrain contient, comme dans les gazais et les cacîda, le takhallus ou nom poétique de l'écrivain. — 376 — On trouve deux pièces de ce genre à la suite du diwan de Walî : une sur Mahomet, et l'autre sur le contem- platif Wajih uddîn. 7° Le maçammat i^w est un poème en stances de trois, quatre, cinq ou six hémistiches. Les hémistiches de la première stance riment tous entre eux; mais dans les stances suivantes les premiers hémistiches seulement riment entre eux, et le dernier rime avec la première stance. La dernière contient aussi le nom poétique ou takhalhis, de l'écrivain. Les t^w les plus usités sont ceux qui ont quatre hémistiches et qui sont nommés mu- rabbâ *jy, et de cinq hémistiches, nommés mukhammas jr-is^. On en trouve aussi de six qui portent le nom de muçaddat ^-I*~\ Il y a de ces genres de composition à la suite de la plupart des diwans. Les marcia èJy, sortes d'hymnes élégiaques, où l'on retrace les souf- frances d'Huçaln et de ses compagnons, sont en stances de quatre hémistiches 1 . 8° Enfin le mustazâd ^y~>* est un poëme composé de vers qui riment à la manière des gazai, et dont chaque hémistiche est suivi de quelques mots en prose. L'addi- tion du second hémistiche est souvent terminée par une nouvelle rime qui est la même dans toute la pièce. Ce qui fait le mérite de ces poèmes, c'est qu'il faut pouvoir les lire à volonté avec ou sans l'addition dont il s'agit. De là vient qu'il y a des manuscrits qui contiennent, sans s\y~+ comme de simples gazai, certaines pièces que d'autres portent avec cette addition. Je terminerai 1 Gilchrist, Hindoostanee grammar, pag. 273. - 377 — mes observations par un ï\yu~> * de Walî, écrivain dont j'ai publié les « OEuvres » et qui est surnommé à juste titre le père de la poésie hindoustanie : &z?l\ Jr^« {j? ijlr *J** U" l - *pri £-*"> çj- 4, \jr Lx-J! J "j^ J-^ fjr ^r cr" ï)j—i (X j> yj* ^ ^ ^ *£ \Ù£* ^ ^J-* é.ta L-jj ^*» (vr 9 ^ ^ ^3^' j y tsJtf _j a '-k J^ 5lL_^ j ^ ^5* e^ 5 " (3^^ >y c** r JU «* c^ cJlr -4 ^ 4 11 est du mètre ~.;a> composé des pieds J-^U* J^xi» — 378 — sjj — s-* & — Ir- Jo j^h~ i$& U-^ ^5* ^ fW" Jfr ^ V* u^ ° L^ 2, "^ J'ignore encore laquelle de ces agaçantes beautés a touché mon cœur; j'ignore qui l'a agité parmi nos femmes gentilles dont la taille est aussi déliée qu'as cheveu. Si ce n'est pas cotte œillade attrayante, ah! dis-le moi, quel de ces regards enchan- teurs a pu me faire perdre la raison ? A l'extérieur, il est frais et vigoureux; mais la blessure que lu lui as faite, demeure au dedans de lui. Parmi les amants dont le cœur est ensanglanté, il est semblable à la tulipe, et lui a même donné sa couleur. Pour tout capital de discernement, l'amant n'a autre chose que la faiblesse et l'impuissance du cœur; toutefois il est du oombre des insensés, celui qui a vécu paisiblement dans le monde amour. échansoo d'ivresse, Walin'est pas seul enivré de ion amour: tous ceux qui dans ce banquet ont bu à ta coupe, sont du nom- bre de tes adorateurs passionnés. APPENDICE OBSERVATIONS PARTICULIÈRES A L'HINDOUSTANI. Les différents peuples qui se sont convertis à la reli- gion de Mahomet, ont adopté, pour écrire leur propre langue, les caractères dans lesquels est tracé le Coran, et avec eux un grand nombre d'expressions relatives sur- tout à la religion, les mots techniques de la grammaire, et enfin le système métrique des Arabes. Ce système est donc celui qu'ont suivi les poètes qui ont écrit en hin- doustani * ; car, bien que cet idiome soit parlé dans toute l'Inde, tant par les Hindous que par les musulmans, comme il fut l'ouvrage de ces derniers, forcés de se mettre en relation avec les natifs, il reçut le cachet de leurs caractères sacrés, et doit être considéré comme une langue musulmane, avec l'arabe, le persan, le turc, le puchtou, le sindhî, le malais, le madégasse, etc. Et de même que, pour la forme extérieure, la poésie hindoustanie ressemble à celle des Persans, à laquelle elle a emprunté le système métrique des Arabes, de 1 II ne s'agit ici que de l'hindoustani proprement dit ou de l'urdû. Uhindouï ou brajbhakha est soumis à d'autres règles de versification qu'on trouve exposées dans plusieurs traités nommés Ping al J&J. — 380 — môme, aussi, elle a beaucoup d'analogie, quant au fond, avec celle de ce peuple. Les poètes hindoustanis sont cependant loin d'avoir servilement imité les Pen Leurs productions, comme celles des poëtes tur< distinguent de celles des premiers par des peinturas d'un autre climat, des métaphores résultant d'autres idées, des pensées empreintes d'une autre teinte. Enfin, leur merveilleux n'est pas seulement puisé dan- la théologie et l'histoire musulmane, il est encore emprunté à la mythologie indienne 1 inconnue aux poëtes de la Perse. Waiî s'exprime ainsi dans son masnavî sur Surate, sa ville natale : .» — T — c »«> S vjj-jy? -» S jjJj L^— u— * f*— * J> \ô3* : *~* j^ W J — J\ ^-j J£ # tjL^J y*- ^ A chaque pas vous trouvez «les groupes de femmes char- mantes, tels que si Indra les voyait, il se cacherait et plongerait dans le néant sa cour céleste. Ces beautés délicieuses sont les prototypes des bergères de Krichna. bien loin d'être de leur race. Et A! -os, en décrivant une d use de bayadères, parle en ces termes : 1 Les poëtes chrétiens ont souvent tiré de même leurs im.iges des allégories grecques et romaines ; bien plus, quelques-uns se sont permis de mêler la théologie biblique à la mythologie d'Hé- siode et d'Ovide. — 381 — ^_a s^£-b j^£l ^ J j^>\ *£=> Le saint patriarche Joseph, si célèbre par sa chasteté, aurait ouvert son cœur au plaisir, s'il eût pu contempler un spectacle aussi beau. Les Apsaras d'Indra sont elles-mêmes ravies d'éton- nement, en voyant le coup d'oeil enchanteur qu'offre la réunion de ces aimables danseuses. Le D r Gilchrist a bien consacré un chapitre de sa Grammaire hindoustani imprimée à Calcutta en 1796, pag. 261-276, à l'exposition des règles de la versification arabe, appliquée à l'hindoustani : mais il ne parle que d'une manière générale et en quelques lignes de ce qui est spécial à cette langue, et c'est précisément ce que j'ai voulu développer ici. J'ai fait néanmoins au travail du célèbre docteur, quelques emprunts que je n'ai pas manqué d'indiquer dans les notes. Licences poétiques et règles relatives à la scansion en urdû. Les règles relatives à la scansion peuvent se confondre avec les licences poétiques, lesquelles se réduisent aux suivantes : I. Ajouter une lettre. IL Omettre une lettre. III. Substituer une lettre à une autre et les assimiler. IV. Faire longue une voyelle brève. — 382 — V. Faire brève une voyelle longue. VI. Augmenter Le nombre des syllabes dans un mot. VII. Le réduire. VIII. Compter ou non certaines lettres dan- la scan- sion. Je vais expliquer en quoi consiste chacune de ces li- cences. I. Et d'abord les lettres qu'on peut ajouter dans les vers hindoustanis sont : 1° Valif à la lin des mots, pour représenter Va bref indien, comme dans ce vers du poème des AvMtem de K ïJ-w ..»Jl A_U» , i\Zà±J&A 1 Ce poëme est du mètre nommé C^jL&û», irrégulier au der- nier pied seulement, qui est réduit à yè ou Jjti. — 383 — Mitarchand ayant entendu ces mots, revint à lui et dit : Faites-moi connaître votre nom. 3° On peut aussi, comme se le permettent les Arabes eux-mêmes 1 , ajouter une lettre quelconque au moyen du teschdid, ainsi que dans le vers suivant de Mir 2 , où le lâm de ^jîAà, doit être doublé : j!^ J L^ ^ ^ émir, celui que vous fîtes fustiger ce jour-là, sollicite, à votre porte, la faveur d'être introduit. IL Lorsque les lettres dont je viens d'indiquer l'addi- tion comme permise, ont été introduites par un usage constant, et par conséquent doivent être écrites et pro- noncées, on peut les retrancher en poésie. Il en est donc ainsi : 1° De Yàlif final représentant Va bref, comme dans ce vers du poëme des Aventures deKamrûp, oùjL^j' est pour 1 S. de Sacy, Grammaire arabe, t. II, p. 372. 2 Ce vers est du mètre J^>j, réduit à trois pieds, et le dernier a .^Jcli. 5 On trouve aussi ^TflT pour ^pTTTT dans la traduction hindouie du Mahâbharata (not. 52, 17), et cette forme paraît être usitée. — 384 — Alors il dit : prince, je suis Archaraj, ton pandit, un do tes six amis. 2° Du nûn représentant Yanuswara, comme dans le vers suivant du même poème, où ^'«-^-a. est mis pour Ils se réjouirent ensemble pendant deux répétés deux fois. 2 Le mètre de cet hémistiche est celui qui est nommé ^)*. Il est ici composé des pieds ^îy^ J^lâ* J^li/» Jj*&*. 25 — 38G — 1° Le noun dental, qu'on peut mettre à In place fin womh représentant Vanmswêm ; et au contraire, cdui-ci, qu'on peut employer au lieu du premier. L'hémistiche suivant, tiré du poème des Aventures de KCunrùp, offre un exemple de ces deux licences poétiques : de la pre- mière dans la postposition ^ dans, dont le noun forme la première syllabe de Pavant-dernier pied; et de La seconde dans l'adjectif persan ^.XJ!, dont le noun De compte pas dans la scansion : J> J^ 3 & LT ] WJ uft^ 1 11 y a du j'is de raisin. 2° Lea consonnes propres à l'arabe et au persan, sont prononcées en hindoustani comme celles de l'alphabet indien qui s'en rapprochent le plus. Par suite, on fait rimer ensemble des syllabes d'une prononciation iden- tique, mais d'une orthographe différente, et pour les rimes on emploie identiquement le ré arabe et le ré indien, c'est-à-dire cérébral. Ainsi on fait rimer Jj^ip avec )f£,J»J avec j— 1 . Dans ce cas quelques copistes croient devoir changer les lettres arabes pour rendre la rime visible, comme on l'a vu plus haut, et substituer Yalif au s, comme Ijjj pour fjjj, etc. Tel est, dans le vers suivant du poëme des Aventures de Kâmrûp, le mot tflxi (~Lx> selon le copiste), regard, attention, etc., qui rime avec ^^U*, avis, etc. { Hâtini, préf. orig. do son Diwân-Zâda. — 387 — Karamehand ayant entendu cet ordre, dit : Je veillerai jour et nuit sur le prince. IV. En hindoustani ainsi qu'en arabe, on peut rendre longues les voyelles brèves, en ajoutant à la motion la lettre de prolongation qui lui est analogue, comme dans le mot j*>±Ai employé pour ^aol dans les vers suivants d'un gazai de Gudrat * : yjfcF* ^jtf ^? ^?S {jr ^_a> ^jj ^j j~> j& L5 pj viU» ^ If Hier ces désirs agitaient mon cœur. Quels beaux pays, me disais-je, que la Turquie et la Russie! Si la chose était possible, j'y passerais délicieusement ma vie. Là, au bruit du tambour guerrier; ici, au son retentissant de la timbale. Y. On peut rendre brèves : 1 ° les voyelles longues soit • 3j *** soit J^f-% ainsi que les diphthongues, tant au commencement qu'au milieu et à la fin des mots. Dans l'hémistiche suivant d'Afsos 2 , par exemple, les mono- syllabes 8* S ^J* sont brefs : 1 Gilchrist, Rindoostanee grammar, pag. 249. — Ces vers sont du mètre nommé J^j dont le dernier pied est réduit à 2 II est du mètre v >,Lib» avec le dernier pied réduit a J-*s. — 388 — L'hindoustani s'est formé là. L'hémistiche suivant du Sikr ulbayân d'Haçan * offre un exemple de L&j employé pour une brève : C'est son cœur que je ne cesse d'admirer. Dans le vers suivant de Walî 2 , la première syllabe de S\ est brève : j\ ji ^3 ^ bl gb J> ^1 rose du jardin de la beauté, le cyprès, en présence de ta charmante stature, n'offre à tout contemplatif que la figure d'une lime. Lorsque les voyelles nommées JU-^, c'est-à-dire J ïït et ^ V, sont employées comme brèves, au com- mencement ou au milieu des mots, on les change quel- quefois, surtout dans les ouvrages imprimés, aux voyelles brèves qui leur correspondent. Ainsi on écrit \y> pour L-» de moi, \j> pour \j3 de toi, Uo pour \s^ù sorte de voile, etc. Hâtim, dans la préface du Diwân-zâda, cite aussi aJIxj pour ^S^j. Il en est de même des voyelles ^^j**- Le même auteur cite aJ^ pour *Jj^p. 1 Ce poëme est du même mètre que le précédent hémistiche. s Ce vers est du mètre Jj^w* régulier. — 389 — Dans ce premier vers d'un charmant masnavi de Mîr *, jji est mis pour ^ÀjI : L'amour crée sans cesse de nouveaux pièges ; il produit par- tout quelque acte nouveau. Ces voyelles longues ne laissent pas d'être considérées comme brèves, quoiqu'elles soient suivies d'un noun nasal lequel, comme on le verra plus loin, ne compte pas dans la scansion. Ainsi -^ est bref dans cet hémi- stiche de Mîr 2 : ^Jl> vils-*» ^ jy» ^ ^\ Le mépris qu'on a pour les anciens est tel que, etc. Par suite de cette abréviation des voyelles longues, on trouve dans un vers du poëme des Aventures de Kâmrûp, le mot ^Sj^jr^ joaillier, de deux syllabes; la diphthongue j\ n'ayant que la valeur de ! et le * étant réuni dans la scansion à cette diphthongue : 1 Cette pièce est du mètre ^^^^ composé des pieds ^!> blûli ^J^jè ^leUL». Elle se trouve pag. 897 et suivantes de l'édition des œuvres de Mir Taquî. 2 II est du mètre J^» réduit aux pieds ^jbLLi .^j^Ii 3 II faudrait écrire ^j-t^ pour représenter la manière dont ce mot doit être scandé. — m — Le joaillier ayant reconnu le | àm il tant observer que ces voyelles longues étant consi- dérées comme brèves, nu JJj»>k -■»'- ou trochée com d'une consonne, d'une voyelle longue et d'une autre consonne, peut devenir un ^fcii _,.— un une -impie longue; comme, par exemple, La syllabe *lLj du mot viljjj dans cet hémistiche de Wa I ' : j-A? >!■* ;lr y -V^ J d* d& Ja Wali, taifl ii Pieu mille prières et mille supplications. 2° Une Byllabe Longue termine'' par une consonne, étant suivie d'une -vllalje commençant par une voyelle, mi; ou un ^£ consonnes, peut être jointe avec elle dans La BCansion et devenir brève. Ainsi, par exemple, dans le vers suivant de Wali : , tes mots ^J JJ45 doivent se scander comme s'ils étaient écrits ^Jjj, et ils forment les trois premières syllabes du pied ^^jâlcii : L-*— • >4 ^ ^ ^4 L^ ! J-* 1 - 5 Aucune rose dans le monde ne peut donner une idée de ton visage vermeil ; le zéphyr du matin le déclare. 4 Cet hémistiche est du mètre ^J^sr* composé des pieds 2 Le mètre de ce vers est le ,4~^ composé des pieds ,j£*LJ JL*3 ^Lâ*. — 391 — 4» Dans cet autre vers du même écrivain *, les mots j$ v^L&l doivent se lire comme s'il y avait ^J-'^y. : V'Ui' j* ,& ^jj wjLw LJ 2 ^y»»j& En yoyant l'éclat de ta beauté l'emporter sur le sien dans le monde, le soleil, confus, a couvert sa face d'un voile doré. Dans le vers suivant, encore du même écrivain, du mètre s^lia» régulier, ^X*j* est un pj*^ 9 XJj ou un ïambe : J>J gg vJUlo £ ^^O JgS* \$fj En décrivant les charmes de ton visage, Walî a placé sur cha- que feuille de papier une perle unique pour la beauté. Dans le vers suivant du même poëte distingué s , b^a est aussi un ïambe : Il mettra en agitation l'océan de son cœur j en versant des pleurs mêlés de sang, il en rendra les perles aussi rouges que le corail. 4 Ce vers est du mètre pJLssfi composé des pieds Jj^*à* ^%li> J^li, o^li. C 2 Le « ré se prononce très-faiblement dans l'Inde, c'est ce qui fait que i*£. ne compte que pour une longue, comme s'il était écrit «&. 3 II est du mètre J^»» , irrégulier au dernier pied seulement, qui est réduit à ^J^Li. — 392 — Enfin dans ce vers d'Haçan 1 , les mots Jl\ ,J jjj forment un épitrite second, c'est-à-dire, une longue, une brève, puis deux longues : Sji J~ ^1 ^ J & ^ J^ L'ouverture du puits est fermée par une pierre du poids de quelques cent mille mans. VI. On augmente dans un mot le nombre des syl- labes : 1° En détachant le hé a des consonnes aspirées et le considérant comme une lettre à part. Ainsi dans l'hémi- stiche suivant du poëme dos Aventures de Kdmrùp, l^ racine du verbe U!^ manger t est un dissyllabe composé d'une brève et d'une longue, comme si c'était le prétérit du verbe \±i£ dire qui se lit aussi dans cet hémistiche : Ayant pris de la nourriture, il dit au prince. 2° En changeant en dissyllabes certains monosyllabes arabes et persans de trois lettres; ou, pour mieux dire, en les rendant des ï*^' JJj ou ïambes de ^y^ ^'j ou trochées qu'ils sont régulièrement 3 . C'est ainsi que 1 Si/ir ulbayân, page 99, ligne 7. Ce poëme est du mètre 2 Ce mot devrait être écrit L^f, si on voulait représenter la manière dont il doit être scandé. 3 Ces mots ne sont proprement monosyllabes qu'en prose : car — 393 — dans le vers suivant du poëme des Aventures de Kâmrûp, v*Jl» est employé comme un ïambe : gtj )3 \ JU vjjL ^ yjf? J'abandonnerai ce royaume et mes richesses ; je laisserai mon gouvernement, et vous l'administrerez pour moi. Cette prononciation, usitée en poésie lorsque la me- sure l'exige, est, du reste, généralement adoptée dans le langage parlé. On dit en effet Ji^ j$j J&» ^jj vllU jii, etc., et non j Si Jie^J J&. ^îj dlb, etc. 3° En plaçant Yizâfat persane entre un mot persan et un mot hindoustani; tandis que cette construction n'est autorisée parla grammaire qu'entre deux mots persans. Ainsi dans le vers suivant de Walî, du mètre ^^, le mot jy est un spondée : C^ôLot ^ (j?,* ^r^ ^jJ jy J}\ &Ls b — a (j^** ' ^;j-° **** v-5;^' ^)J-^ (3^ c lumière de mes yeux, c'est parce que tu aimes l'humanité que j'ose t'offrir mon amour humain. VII. On réduit le nombre des syllabes : 1 ° En attachant le hé s, lettre indépendante de l'al- phabet, à la consonne qui le précède, lorsqu'elle est du ils sont considérés comme dissyllabes en poésie et forment un trochée. La licence dont je parle ici consiste donc plutôt en une transposition qu'en une addition. — m — nombre de celles qui sont susceptibles de recevoir L'as- piration. Le hé ne forme alors avec cette MMnM qu'une seule lettre aspirée, et se prononce en une seule émission de voix, sans voyelle intermédiaire. Ainsi tf^Ht qui est proprement trissyllabe, ne compte que comme dissyllabe dans cet hémistiche de Mîr ' : ^ & f ** 2 je** r± *à Lorsque cette nouvelle parvint dans tout le marché, etc. Il en est de même de } j^f i aoriste du verbe b^dirc, qui est monosyllabe et se prononce par conséquent khun, et non kahun, dans cet bémistiche de Walî 3 : Que dirai-je de ton absence aux autres compagnons? 2° On se permet même d'unir le hé » avec des lettres autres que celles qui viennent d'être indiquées. Ainsi jjLftj là ne forme qu'une seule syllabe dans cet hémi- stiche de Walî ' : 1 La pièce d'où est tiré cet hémistiche, est du mètre J^»i réduit aux pieds ^J^'-i ^'--^ ..^'^li. 2 Si on veut représenter la manière dont ce mot doit être scandé, il faut l'écrire *&$• 3 II est du mètre vj^£x^ composé des pieds ^v^ji td&A* 4 II faudrait écrire ^jj-Ç pour représenter la manière dont ce mot doit être scandé et prononcé. 5 II est du mètre c »L^» composé des pieds o^cL* Sf** — 39o — Je te vois là où tu résides. Et i j*tf non est employé deux fois comme monosyl ■ labe dans cet autre hémistiche du même écrivain, qui est du mètre ~ j.a> régulier : c?«V ]Ji / f*j jt ^ oi^ ^ ^i yj ^ Il n'entend aucun discours, il n'a pitié de personne. On se permet aussi, lorsqu'un mot commence par un ké s, de l'unir à la dernière consonne du mot précédent, qui devient ainsi aspirée. Le s de jy> et, est, dans ce cas, dans ce vers de Walî, du mètre p.y* régulier : ^ jjà cJj g* J>/y^ ^Jjfj^ ^ ^H j{> Ceux qui parcourent nuit et jour la route de l'amour, ceux- là ne considèrent le monde que comme le puits obscur de Baby- lone 1 . 3° Dans les mots où une syllabe brève de sa nature est suivie d'une voyelle longue formant une autre syllabe, il arrive qu'on fait de ces deux syllabes une seule lon- gue, comme dans l'hémistiche suivant de Mîr 2 , où Jl'/ devient J^ : 1 Selon le Coran (sur. n, v. 1 02), les anges Harût et Marût se tenaient cachés dans ce puits, dans l'intention de séduire les mortels. 2 II est, ainsi que le suivant, du mètre J^ réduit aux pieds — 39G — Si on lo pouvait, on les anéantirait. Le mot ^^, contraction de ^\ i£, est dans le même cas, dans l'hémistiche suivant déjà cité, où il ne forme qu'une seule longue : j\jk jjSa ¥ j v ^J jf\ * ^ prince, celui que vous fîtes fustiger ce jour-là, etc. J participe passé irrégulier féminin du verbe LiU., est aussi d'une seule syllabe dans ce vers d'Haçan * : ^ J'^ {j^ Jï ^J? s^S /*&' y Comme ses yeux étaient ûxés, dans le môme état, elle l'aper- çut plongé dans la peine. De même, la dernière consonne d'un mot qui, déta- chée, dans la scansion, de la syllabe avec laquelle elle se prononce en prose, forme une syllabe brève, cette consonne, dis-je, se joint quelquefois à un I bref, qui com- mence le mot suivant, et, dans ce cas, cette syllabe 1 ^xCj! est pour ^o < -CJl. Il a été dit plus haut qu'on substitue souvent aux voyelles jy^s* employées comme brèves, les motions qui leur correspondent. 2 On devrait écrire <£=> pour représenter la manière dont ce mot doit être scandé. 3 Sihr ulbayân, pag. 99, lig. 2. — 397 — «omposée reste brève. Les mots lliïjxjJ en offrent un exemple dans cet hémistiche de Walî, du mètre J^j : La coupe de l'amour est pleine du vin des soupirs. Il en est ainsi de^> et S^\ dans cet hémistiche de Walî « : S j£j jjs*** ,3' y j* ^*»?\ j\ fi J Toi dont l'haleine embaumée rappelle le zéphyr matinal, ne diminue pas ton amour pour moi. 4° Souvent deux voyelles longues n'ont la valeur que d'une seule. Par exemple, Jj* est monosyllabe dans l'hémistiche suivant de Walî, qui est du mètre J^j : Les secrets de la maison du cœur te seront dévoilés, si tu cherches a les pénétrer , Et Js t j* est aussi monosyllabe dans le vers suivant £ du même écrivain : . ' Le mètre de cet hémistiche est le c. jLa» composé des pieds ^>bLli jj*^ répétés deux fois. 2 II est du mètre ^j^ composé des pieds ^Jeli* ^'bJcLs ^U — 398 — Comment ces sourcils agaçants ne feraient-ils pas de l'effet sur moi, puisque le croissant de la lune lui-même semble s'incli- ner pour les saluer? Le substantif ^*& est également monosyllabe dans ce vers 4 du célèbre poète que je viens de citer : \jj U-^-^ &£ ^J^ yj* J*** £- ] y;r> Les larmes des gens humbles sont agréables à Dieu, comme la rosée de la terre l'est au soleil. Dans le vers suivant*, encore du même poète, ^j> est aussi monosyllabe : JL* jft, ^.O jS\ JjCLJ ^ *_^o Après avoir comparé tes lèvres au sucre, je suis dans l'im- puissance de rien ajouter de plus. Le pronom indéûni Jjf est souvent aussi monosyl- labe • comme dans cet hémistiche * de Walî : 1 II est du mètre J^», composé des pieds ^'-w i>)^Li 2 II est du mètre c. jLc^» composé des pieds O^LU Jy^ * Lorsque Jj£ est monosyllabe, on l'écrit^, dans certains manuscrits. 4 II est du mètre c. »La* composé des pieds ^'jisli Jj^*i/» répétés deux fois. — 399 — Il n'est personne qui n'ait laissé son cœur dans la rue où tu habites. Enfin, dans l'hémistiche cité dans le paragraphe sui- vant, jifijh est de deux syllabes seulement, les voyelles I et j\ se contractant conformément à la règle dont il s'agit. Quelquefois même ces deux voyelles longues de leur nature, réunies ainsi en une seule syllabe, sont em- ployées comme une simple brève. L'hémistiche suivant de Walî en offre un exemple dans ^j* qui forme la première syllabe du troisième pied 4 : Jusqu'au jour de la résurrection, leur course sera plus rapide que celle du vent qui précède l'orage. 5° Une licence toute contraire à celle dont il a été question à l'article 2 du paragraphe précédent, a lieu dans des mots hindoustanis composés de trois lettres et de deux syllabes; elle consiste à les rendre monosyllabes ou pour mieux dire ^jjj^ &j ou trochées de ^jvF"* -^ ou ïambes qu'ils sont proprement. Le mot ^y t baras, année, est dans ce cas dans l'hémistiche suivant de Walî, du mètres régulier, où il se prononce bars : 4 Ce vers est du mètre sà^&s? composé des pieds ^Li» — 400 — Depuis combien d'années ne suis-je pas désireux de to voir, à infidèle? On dit de mime marz pour maraz j^y* ÇO>r% pour 1 garaz \?jb y etc. C'est d'après le même système qu'on prononce barhat pour barakat w^V>. VIII. Les lettres qu'on ne compte pas généralement dans la scansion sont : 1° Le hé i ajouté à la consonne tenue pour la rendre aspirée. Par exemple *>-$> frère, qui représente *n7\ se compose d'un spondée ou de deux longues (et non d'un bacquique, c'est-à-dire d'une brève et de deux longues), comme dans l'hémistiche suivant de Saudâ * : Les enfants dirent : Cher frère, ordonnez. 2° Le Iu f s final nommé J&, soit dans les mono- syllabes, où il n'est placé que parce qu'un mot ne peut consister en une seule lettre, comme dans ^ *fù 2 ,etc; soit dans les polysyllabes, comme le » de tj^ dans ce vers de Wall 3 : }J S j:y> »jJLa> jjjJ jl ^ij* u*jft m * jj j^ ***** j=^ -jy* yt ^ j* ^ 1 11 est du mètre ^i5. composé des pieds L J«U^ .jj-lcli 1 Dans à^a. six, le premier t ne compte pas, parce qu'il aspire le ~- ; et le second ne compte pas non plus, parce qu'il est 3 II est du mètre «.Va composé des pieds J^Li* J^*-^ — 401 — Celui qui a obtenu un regard de ton amour, pourra voir à chaque instant l'éclat de ta beauté. On retranche même dans l'écriture le s final, après un alif. Ainsi par exemple on écrit Làob pour *UoL>. Je trouve aussi cette orthographe, d'autant plus irrégulière que le s semble être ici radical, dans le Bostân (p. 350, édition Graf). Une femme belle et obéissante fait un Roi du derviche auprès de qui elle est. 3° L'yé j; précédé d'une consonne et suivi d'une voyelle, comme dans l'hémistiche i suivant de Walî, où Li^ ne forme qu'un ïambe : Je ne me soucie en aucune manière de tous les biens du monde. Il en est de même des mots très-usités, ^jf^ comme, hl?t pourquoi, %-j amant, iS quoi, etc., lesquels ne comptent que comme monosyllabes. Ainsi on trouve dans l'hémistiche suivant de Mîr 2 L£==> employé comme ^^ w*-«> ou simple longue. 1 II est du mètre ? Xa&> composé des pieds ^j'jlcU ^y&* répétés deux fois. 2 Cet hémistiche est du mètre J^»* composé des pieds , >t S^cli 26 — 4.02 — Combien cet emplacement n'était-il pas purgé d'ordures ! Cette règle s'applique aussi à VyS euphonique qui, dans le dialecte hindoustani du Décan, se place avant Valif final du participe passé et les terminaisons du plu- riel ^1 et ^1. Ainsi La. pour la, participe passé du verbe Uaj rester, est un ïambe dans ce vers de Walî ' : Les amandes 2 ont demandé a tes yeux leur forme. Comme j'ai entendu cette demande, je suis resté muet d'étonnement. Et le pluriel J-^CJ I est aussi un ïambe dans ce vers ■ du même écrivain : Comment pourrions-nous trouver au nombre de tes amants ce jeune homme au visage vermeil, qui n'eut jamais ses yeux mouil- lés du sang de son cœur? 1 Ce vers est du mètre 9 ^~&> composé des pieds JU*L» JLlj J-*l* o^Li. C * Les Orientaux comparent fréquemment la forme des yeux à celle des amandes. 3 Ce vers est du même mètre que le précédent, mais de la va- riété composée des pieds ^3jUt3 )j*à* répétés deux fois. — 40$ — 4° Le nûn j des mots hindoustanis et sanscrits qu représente l'anuswâra. Par exemple, J-*^ (sUIH ) est un ïambe ou ïj*^ ^j dans cet hémistiche de Walî 4 : J'ai erré pendant longtemps dans les bois comme un insensé. Toutefois, ce nûn compte aussi quelquefois dans la scansion, comme dans ^ de l'hémistiche suivant déjà cité, où il forme la première syllabe de F avant-dernier pied : ^ If** C^ LT WJ *£jfi* 5° Le noun qui vient après une voyelle longue, n'est généralement pas compté non plus dans la scansion ; quelquefois même dans les mots arabes où il est radical. Par exemple, dans l'hémistiche suivant de Walî 2 , le mot fjy^ est simplement un spondée : ^f j^i J ^3 ] ) Jjê Les tresses de tes cheveux ont servi de lien à la troupe des insensés. Il est même permis de ne pas compter le noun dans la scansion, toutes les fois qu'il est quiescent, quand même il serait précédé d'une voyelle brève de sa nature. Ainsi, 1 Cet hémistiche est du même mètre que le vers précédent. 2 Cet hémistiche est du mètre J^ composé des pieds ,.f>^sli — 404 — e mot arabe *~e ambre est employé comme un ïambe dans cet hémistiche de Walî, qui est du mètre J^, : Qu'importe le musc et l'ambre a celui qui recherche les tresses de tes cheveux? 6° La lettre arabe ahi t qui n'a pas de correspondante dans l'alphabet nagart, et qui, dans ce caractère, ne se rend que par la voyelle brève qui l'accompagne, ne compte quelquefois pas plus dans la scansion que dans cette écriture et dans la prononciation ordinaire on ne la fait pas sentir du tout. Ainsi dans l'hémistiche sui- vant de Walî, qui est du mètre » y* régulier, le p du mot J^-Li doit être omis dans la scansion : C'est de la vérité même qu'il (Mahomet) a acquis un langage agréable à ceux qui aiment Dieu '. 7° Dans des mots généralement d'origine sanscrite, deux consonnes se suivent quelquefois sans voyelle in- termédiaire. Ces consonnes sont alors groupées dans l'écriture dévanagarî; mais quoiqu'on soit obligé de les 4 Je trouve un exemple de la même licence dans cet hémistiche du Bostân (p. 324, édition Grafj : qu'il faut scander ainsi selon le mètre mutacârib : Bar 'âïb-ï \ pârï-rùkh | zàbân bar \ kûschûd Il délia la langue sur les défauts de cette belle personne. — 405 — écrire séparément dans l'écriture hindou-persane, elles se prononcent néanmoins sans voyelle intermédiaire, n'équivalent ainsi qu'à une seule consonne. Le mot o^ krut en offre un exemple dans ce vers du poëme des Aventures de Kamrûp : L3 \jjg g ^j ^J s^J ^J, jjf Lo J*-iï £ ^ J^ ^ù±>\ 0^9 Alors le prince prit un peu de ce jus, et en donna quelques gorgées aux Duâl-pa. Tel est encore le mot O^ ambrit (pour Oyl amrit), ambroisie et nectar, dans cet hémistiche de Walî * : J*j sl^jl ^a> lij pj £ v Le rubis de tes lèvres d'ambroisie est aussi rouge que la flamme de la bougie qui éclaire l'assemblée de la fidélité. Il est bien entendu qu'on peut aussi scander ces mots comme si la première des deux consonnes, qui s'arti- culent ensemble, avait une voyelle. Ainsi dans le vers suivant de Walî 2 , lequel est gravé sur un cachet dont feu Reinaud avait vu l'empreinte quelque part, le mot sJL>j? ; [prit), amour, est dissyllabe 3 : 1 Le mètre de cet hémistiche est le ,4-^ composé des pieds 2 Ce vers est du mètre c, \..^i? composé des pieds Jj*^ ^ub&cli répétés deux fois. 3 II se prononce vulgairement il est vrai pirat en dakhnî. — 406 — Wali, l'amour remplit la caaba de ton cœur, de ce cœur dont le harem n'a d'autre mahrem que Dieu. Et dans l'hémistiche suivant 1 , ^r*^ (brahman) est trissyllabe : !** cJrs*" j'j^ V? ^ ^ ^ J cr^ ^ brahmane, en te voyant, le lecteur du Véda est devenu fou. Des mètres usités plus particulièrement en hindoustani. Les mètres les plus usités en cette langue sont : I. Le ~'j* qui est extrêmement employé surtout dans les gazai. 1° Le régulier, comme dans ce vers de Walî : L'homme qui aime le monde ne ressent aucun goût pour les choses spirituelles; les plaisirs, en effet, dont il jouit, forment pour lui le trésor des biens célestes. 2° Le dernier pied de ce mètre est quelquefois changé en ^jSUUL», comme dans ce vers cité par le D r Gilchrist ■ : 1 II est du mètre Jj>* dont le dernier pied est réduit a il y^^* 2 Hindoostanee grammar, Calcutta. 1796, pag. 268. — 407 — J-if cr^ L - J W A ^ cm? j» ^> Les cruels instants de l'absence deviennent plus supportables pour mon cœur, puisque je puis passer actuellement sans Elle des jours entiers; tandis qu'autrefois je n'aurais su rester quelques heures sans la voir. 3° On emploie fréquemment cette même mesure composée des pieds ^V^ Jj*^ répétés deux fois, comme dans cet hémistiche d'Yaquîn i : 1g LT £ j,\^ j, J:> LS ^ LT Qu'as-tu fait, ô mon cœur? Mais que dire à un insensé? 4° Du pied Jj*i» suivi de trois Jjf U* ou de deux J-f li* avec ^yè pour dernier pied. Le vers suivant, extrait du premier gazai du diwan de Saudâ, offre un exemple de ces deux variétés du mètre ~ys> qui sont souvent employées concurremment dans les mêmes poëmes : cheikh, viens voir un moment le temple de l'objet de mon amour. La beauté de mon idole y brille comme la bougie qui éclaire le temple de la Mecque. 4 là. ibid. — 408 — 5° Chaque hémistiche peut être réduit à trois pieds et former entre autres la variété qui se compose des pieds ^Luf ^Lf li* ^^Lb laquelle est très-usitée. Le poème de Joseph et Zaltkhâ, d'Amin, est écrit sur cette mesure ; le vers suivant en est tiré : y->!>\ JL* & ^ Lsjj ^[aj Le monde ne reste pas dans le môme état : le firmament ne présente pas toujours le même aspect. 6° J'ai trouvé aussi employée la variété composée des pieds ^Jyè ^iL» J^*L», comme dans ce vers de Walî : Lui ï Jï~ 6X~~» i& -. \ . > L ^ h j£>? Quelqu'un verra-t-il ses yeux sous le mihrab du sourcil? musulmans, la boutique du marchand de vin est-elle dans la mosquée ? 2° La variété composée des pieds ^'^ ^^** ^'^Ls ^1*3. La première gazelle du diwan de Walî, d'où est tiré le vers suivant, est écrite en ce mètre : ^U- J Jis ^ J^e J* a Depuis que mes yeux étonnés ont contemplé cette idole, le feu de l'amour a embrasé mon cœur. ' C'est-à-dire, Schams-uddin Tabrîzî, — 410 - 3° On l'emploie aussi, réduit aux pieds .v^li m^I* ^ULs, comme dans ce vers de Sajjâd : LA^ J- yj? tftf J^) ^ ^} Les nuits de l'absence sont aussi passées, le temps ne reste pour personne dans la môme situation. 4° Et aux pieds ^^ ij>^** ^^'^ comme dans le vers suivant de Walî : l/jrf 15 wi \&** ^r^ &£* Lorsque l'amour a fait impression dans mon cœur, il a rendu inutile l'écriture du destin. IV. Le mètre ^j—^ est très-rarement employé en hindoustani. On trouve cependant quelques pièces sur ce mètre. Le vers suivant, extrait d'un gazai de Walî, dont les vers se composent des pieds ,J^li { J^cJ^ répétés deux fois, en offre un exemple : jliïjj J~s J^ ^1 ^S wJ j& ^_Cj~> jjL U*_j Ja-Î .>»£~^ J-*~s *> ( J-*= , i *^-^ On doit comparer tes lèvres de sucre, au miel; bien plus, les considérer comme son essence. V. Le mètre pjl^, composé primitivement des pieds jv'j^cti • Jl&U* répétés deux fois à chaque hémistiche, est fort usité en hindoustani, dans toutes ses variétés. 411 1° Dans celle où le pied dérivé Jj*à» remplace le pri- mitif ^^pU» ; le vers suivant en offre un exemple : I — > — 'A as — > j — j J-JL^ js> ^> ta! UJy S Il est bon de parler peu ; mais non au point de ne pas ouvrir les lèvres lorsque ton amant ferme les yeux * . 2° Dans la variété composée des pieds cAli Jj*à» J*cLà» et o^cLâ ou ^kli; l'hémistiche suivant de Mir offre un exemple du premier cas : Nous devons tous quitter le monde pour être ensevelis sous la poussière. Et le suivant de Walî un exemple du second : Daigne m' adresser la parole, ô printemps du jardin de l'amour. VI. Le mètre v^^s^ est assez peu usité. En voici un exemple tiré d'un gazai de Walî, qui est écrit sur ce mètre composé des pieds ^1*3 ^bLi^ ^^ ^^ : La place digne de cette beauté à la taille élancée, c'est la ri- vière de l'amabilité et de l'enjouement. 1 Gilcbrist, Hindoostanee grammar, pag. 270, — 412 — VII. Le mètre &j~* est extrêmement peu usité; le D r Gilchrist ' cite cependant un hémistiche de la variété de ce mètre qui est composé des pieds ^>^ ^*^> Ce maudit habite la Grèce. VIII. Le mètre «3^ est employé quelquefois en hin- doustani; mais on ne le trouve guère que dans la variété composée des pieds ^*3 ^U^ ^ïbicli, comme dans ce vers de Walî : Jette un regard du côté de Walî ; il l'attend depuis ce matin avec impatience. IX. Le mètre wjw. nier pied est réduit à ^y*3, s'emploie fréquemment dans les poëmes nommés masnavî, principalement dans ceux qui ont une certaine étendue, tant moraux qu'héroïques, historiques, didactiques, descriptifs, etc. Les Aventures de Kâmrûp, le Sihr ulbayân d'Haçan, le Sarafrâz nâma de Hadic et le Saquî nâma de Dard-mand 2 sont de ce mètre, comme le Bostân et le Schâh-nâma. On trouve aussi d'autres pièces sur cette même mesure; tel est le Tarjî-band de Walî, dont le vers suivant est extrait : 1 Hindoostanee grammar, pag. 270. 2 Hindoostanee grammar, pag. 271. — 413 — tfjf ^k l5^ Lc "VF* JL3JJ ^- L ^ }/—s-** cMr*' th^f Ton occupation jour et nuit est de m'oublier, moi ton amant sincère. X. Le mètre ajX» est peu usité; mais on le trouve néanmoins employé quelquefois dans les bons écrivains, comme dans le gazai de Walî, d'où est tiré le vers sui- vant : Celui qui a demeuré dans l'angle de ton amour, considère la natte déchirée comme le trône de Salomon. XI. J'ai rencontré le mètre J^K : 1 ° Régulier, comme dans l'hémistiche suivant : ^Jjj* ]j> «j ^ jb J,j ^ ^L^ ^jj* ^^f J/ Aucun champ, dans le monde, ne saurait être frais sans eau. 2° De la variété composée du pied dérivé ^ïbïclip, répété quatre fois à chaque hémistiche. Le vers suivant de Walî en offre un exemple : - 414 — Le soleil n'est autre chose qu'un rayon de ta beauté qui est allé répandre la lumière dans le ciel. Le sel ne tient sa saveur pi- quante que de ton agaçante vivacité. |JX> i Les autres mètres nommés ^ J^^i jjj et iu~o sont très-rarement employés en hindoustani. J n'en ai pas rencontré d'exemple. Quant aux mètres ^if ^^ et J^-^? ils sont par- ticuliers à la langue persane et paraissent tout à fait inusités en hindoustani. : Observations sur la rime. Les observations particulières à la rime en hindou- stani, peuvent se réduire aux suivantes : 1° On fait rimer quelquefois les mots terminés par un noun nasal représentant Yanuswara, avec des mots qui n'en ont pas, comme dans le vers suivant des Aven- tures de Kâmrûp, où ( c^l— rime avec fj^J : j^L. J ^ W \f tf-r^ Jjl^ sjr u jljL^ Étant allés auprès du Maharaj, ils lui dirent : Il vous est né un prince béni. V En général, les poètes hiadoustanis évitent de faire rimer les voyelles nommées J^=^ avec les ^J>j/^ qui leur correspondent, c'est-à-dire, j' ^ o avec J ~£ û; — 415 - Jgl ^ ê avec ^J ^ î. Néanmoins ils prennent quel- quefois cette licence. Ainsi on trouve un gazai de Walî où les mots qui contiennent la rime sont : ^jLL tâûs, U*yJs\ afsos, /j-^Jli fanûs, «-^>L^ pabos, t^»J&. jaçûs, U*}* bas, etc. On trouve ailleurs dans le même écrivain S ké rimant avec cf kl. On voit même dans le célèbre poëme d'Haçan, intitulé Sihr ulbayân, page 137, ligne 7, la diphthongue y ^ft au rimer avec la voyelle ^ îft o, dans ce vers : ISS* JJ^ * r )u J J^ Il y avait là un siège resplendissant, recouvert d'un tapis carré d'une beauté parfaite. 3° Les lettres nommées cérébrales peuvent rimer avec les dentales qui leur correspondent, comme dans ces vers métaphoriques de Walî l : Qui pourra le disputer de puissance avec tes regards animés? 1 Ces vers sont du mètre ~V& composé des pieds Jj**-» ^xs J^U* J*&Lâ». — 416 — Ces lèvres sont pleines de l'eau de la vie : qui pourra y aborder sans le béra de Khizr 1 ? Dans ce cas, les copistes écrivent quelquefois les con- sonnes dentales avec les quatre points qui distinguent les cérébrales, ou avec le toé i arabe, servant de points diacritiques. * Voyez au sujet de cette allusion mon Mémoire sur des par- ticularités de la religion musulmane dans l'Inde, pag. 82. FIN. TABLE DES MOTS TECHNIQUES ORIENTAUX RANGÉS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE ARABE w l - Jjjul Page 138, 214 £ Lk>! 364 J^Lj! 71, 74, 106, 108 pîl 245 A:\ 244 UûJ 10, 17, 206 ( 24b, 339 y±] 245, 339 J^J 237 Ob! 5, 37 'o^i 6 -loi H2 Jljl 243 ïLoA 88 .&\| 206, 213, 256 et non) ibux*J (jjU^J loi &Lwîi*ol 111 ftaiL-ï 91, 181 ^rljj^t ni o> iSL-! 23 IjUsJ 4,5,40,42,45, 46,55,57, 59, 63,76,77,174, 182 ^.j^^Jbï.Uxw! 42 AjL^Ij »jL*^-| 43, 65, 66 àJùas tfjl*!.vw| 63 JlsJ ^l*X**| 64, 65, 66 tSfs* &il.3yuJ 60 27 — 41! u*?*^ -y à&LL» SjIxjL»] 60 55 2 191 187 H 78, 120 55 56 56 59, 364 166 ou Ojl «1 VjUJ 75, 137 &L>-w] 207, 359 245 5, 11, 179 • SLSLj&I 135 140 v^JLcl 59 J-i 56, 206 àJ-o! 56 j>»i 167 , 168,206 Là^fr dy^ 168 bj>Ju> J^=>i 1G8 J^us! 40 jL^i 235 ^\jL\ U6 jîlM 63 jl^il 1^1 jl^-ljjL^I 191 jajjUi 245 J?%La»l a 2 Jflt^et H8 Jy-Ï JL^1 174 J^uO JL^I 169 JjgÛf JL^I 187 3jli! 197 J-jsli! 206 ^Lpl 202 iwwJlô' >L*%3J 6 ^ai>| 245 ^yl OU Jj\ 362 ^y| 39 — 419 — .U^t 362 M J 35 sJUJl/l 24 ,,L_î 1, 3, 5, 77 *$)Jt)J 2, 70 vJU-J 213 ^». jJI vJIjLAwwJ 175 J^J 379 jUJ! 63 ^Kp! 108 «jb 6i JLSSJ1 196 jWm^L!)' 146, 353 *tj&1 100 fiJI ^u>* ûl&jl 169 J! no Jl-Ju»! Juilj 108 ■iJlj 187 JL&JÎ 73 ^UsJ| 186 v_>Lsf,! 78, 81 ^Lj' 120, 124 jL^I 80 ^Lj 209 L^l 75 JjjLj 45 *L|j| 31, 85, 90, 112 JjJ-ô' 89, 169 ^Là> J^t 83 vJi^x.0' 57, 59 ^LSJ^jI 85 ^JLj 101 <0 242 JsLsrJ 114 jsrf 205 ^Ul) Ja>Ls->' H4 jaS-J 205, 230 JJ^' 60, 62, 63, 5^tj,J 77 ijt&s? 120, 140 • O^M 104 fLy M^sr' 134 JjO 5 v Jls ,j»*Jec* 130, 137 J.^O 2,34, 71, 72,81 O^ u*H? m ... ■ ' se-" (J 4 *— T. r U"l .J^> 122 ^oXamP jao.^S-' 121 lt; Use* 132 un-F"' 124 W^> ^ 126 yy ^«Jesr' 123 v^yX» ^uJ^ 131 ^_£y*w» 132 JÎIV L/ -^p> 120 éXjjS? 189 ^^SC* 77 Jw^ 169 JJLsJ 169 jvalsr' 374 ijoia? 188 «idH 239 ^~Jjj 81 — 420 — JjJjJ 243 J~> Jj 169 ^J^' 1™ *jLj 339 v^aJJ 124, 166 Ô^ v^j 3 16fi JJJ JL£a»j3 375 -*i»|J 60, 62, 03 ?-~-o y* l 56 Jjjjf 240 s^aSJ 3b, 169 jLj^J 174, 243 ^Jlj 189 JjrH 169 iiUS 25 *j 5,25,46,62,77, 182 MjmS 29 JsJt^i' 8U ,«Ai" 64 JjJJLS 190 v^vjdJ 238 L*^' 174 — 421 — 1^' 76, 247 [£?y£ 13, 36 SLïS 19 iY ~f*& 2 , 202, 365 w>i* 117 (#*" 192 _S^' o 192 J 74 e*~ 96 J^l£>* 206 ,j> Jï 95, 97, 99 J*$ 240 iU 506 iw^Lw 211 ^wsOJ 23 ~~£> 77, 99 ftfl pey 247 j\j& U0, 181 J^' 187 O- J*£ 3 169 IsSli* 120 ^JK 162, 174 ^ 75 Jï 23, 186 jLV 29, 63, 67 ^209 g 209 v_^a«»Uj 84 ^-bS 62 ^fl/^ÀJ' 174 \A*d\ 163 ^ 209 ^209 ^^j 209 ^!y' 196 i^J 113, 356 Ujy 90 164 ^jjy 84 vj^jlj 106 (f 248 Jjy 208 Jî 248 jîU 4 243, 244 oj.^ 243, 251 JJwXa. 213, 336, 414 (jV=0 *}&> 3 > 138, 20G, 247 4)^ 87 JL 183 «..^ 95, 97, 99 Jfcj^ïj ^ 97, 99 a»**&Jj ?-ç>- 199 fJ.'^ 120 Lia. 127 U». 127 45 ^ 3 Uj^ 18 .ibt**..^ 193 JLa. 59, 67, 69 ws^L. 371 (Àss) ij^ 242 v^JJo. 241 J^=s. ^3^. 147 4J il^w» ^îa. 65 f' 143 Ô>J 349 jtfl ,3 ^ - Ai V 143, 159, 349, 356, 361, 370 VI m J) 240, 250, 251 .UJj isi — 424 — ^b 106 JjtO» y jK J^ 212, 291, 374, 375, 383 387, 389, 391 394, 395, 397 398, 101, 403, 406, 409 ^Cj. 140, 348 J-. sis** ^L Ô^^^ySjJ 350 Jj\ i&Uas ^«i 360 300 C^ ^ jjjj 124, 131 ^Uj 233, 256 ^L, 234 JLw 214, 256 v Ou- 67, 82 390 42, 82 oLSp» 193 A3p» 193, 196 ajj-w 212, 300, 411 Ol^Xw 166 wl~. 78, 81, 208 ^yc 214, 246, 257 — 425 — et non) 236 Jjb 12, 14, "70, 240 lis 8,9,11,14,17, 53 ^Si 89 è3% 4,41, 42,67,70 > 106 le 239, 242 ^jv° 40 Lo 244, 248 ^) j£ 245, 247 àjOUs 47 j^c 5, 20, 36 " d°f 5 w^/ 34 ' 36 J> 373 ^s 101, 361 .XsJj^i 17 J^S^s .^ 151 |J 242, 243 J^Lâ 173 *L©li 208 — 426 — l_*>L_i ,j.Uj 253 et passim l5>^ 208 jLxè 237 eJ passim ^yS J-oLS 208 JLxi 253 ci passim & 244 e£ passim ..Jyè 206 et passim J>\i 150 e£ passim ^Jjcjè 254 et passim d,%\è 237 e£ passim ^bLx3 248 et passim osa* ^B 251 e£ passim AJli 347, 361 207 e£ passim ^Jo JLî 61 ^B 208 et passim vJ^JUs *jL5 61 ^B 253 e£ passim jûJ 237 , ) $ e. Là 254 et passim Jj^ 5 ^CULi 249 et passim . v>/* «JjS 90 o^ 241 e£ passim ^ 39, 138 vJL^* 241 e£ passim w^9 238 iJ&s 253 ef passim ïl^i 373 ci»* 236 e£ passim ^y 242 J2W 224 e£ passim «JaS 238, 239, 248, lt¥ 253 ef passim 249, 250, 251 ^ 224 ef passim iAS 374 JS 131, 187 427 — a) 92, 93, 94 m J^> J 35 ' 91 ' ^ ta) 77, 120 L>S 348 — 428 — Jjw^/» 51 jJ.La» 202, 332, 368, 414 y-*jl&> 211, 212, 326, 375,382,387, 392, 411 ^Ixkï 254 Xz» 369 ^^ 160, 257 g- U&» 63 pyï* 13 yîy* 368 ^j!^, 155 v^Jlfc 213 ^213 ^^ 375 J&» 213 ;Lc» 4, 40, 41, 42, sU 42 ">Id 41 J&jLsr' 8 43 ^y) jL^ 4i J-ww»\Ls^ 4, 5, 66, 70 v^S^. jLsr^ 62 y^ 244 ^£sr» 212, 322, 390 394, 399 Jb&s* 219 ^J^srS^ 239 CjJ^ 244 ^jap» 360 ^Jrs^ 214 îOjac* 9 90, 361 JJ^ 59 CJ J^ 247 J^rsr^ 30, 92, 94 J^s* 8 350, 387, î 396, 414 429 — ou >-*> ^asJ^ J-^- ^J^JI 113 et non) ^j^-s^ (^J^sr* 242, ligne 10 ^[ w gW» 10 J^ 17 kcsr-* 67, 69 J^ 241 ^ 236, 400 J^> 228 J&^ 52 ail^r- 3 21 S ^ 127 p y^ 244, 245 pjl^ 240 1» 190 : J-5' & 190 \* 165 ^ 104 jjj> 212, 387, 393, 413 S' J?J^ 243 jf±> 74, 185 £ï\y> 180, 367 ^k)i »Wy 84 ui\y 246 «Jp 145, 213, 376 viy 239 ^y 92 àJjfi 376 «.^.y 3 i3y 133 èiSy 361 J^y 37, 42, 161 ûsS"*** *.>» 61, 90 Zjy 4, 13, 14, 17, 122 J^ly 214, 256 ^J\y 87,88 — 430 — ~ 3 $y 133 ^Iw 213, 376 Jjj^ 355 ».a,Uv8 243 J^>» 213, 276 kJrV 376 ^UXvu/9 376 J^Liv» 213, 336, 414 , .&*»? 242 J$"L.> 86 v^JL^ 67, 68 *JL/» 5, 6, 20, 33, 37, .JU^aAv» 238 38, 39,42,43, lw 197 J jUs*** 46, 52, 53, 54, 44,45, 56,63, 64, 65, 66 56,60,62,183 4J 1, 70, 77, 120 £ytoj* J 40 s Up 253 lcUp 236 et passim $${$,» 207 et passim J^U* 253 LsUp 232 e£ passim ÏLcU* 243 ef passim Le Là» 207 et passim JAÀa 237 ef passim Jo*âp 251 e* passim J ^âp 253 e< passim &%*** 254 ef; VJ ^» 236 et passim su» 238 ef passim c* €* àjSLfi b, *-*> 26, 122 ^ 27, 208 Jift» 33, 92 aJblJL» 83 js^JU 237 ; U^ 12, 21 ^ Vj Up 13 1 ^£, 212, 320, 4U iyûW 183 jjaûW 238 ftiîAP 153 C 432 — r Uo'j 239 jlftP 3G0 ^j_^X 240 jJSC» 133 J& 23S & 4 i ^U 62, 63 ^y ^l»j&» 4 fi oL^bL 60, 61 foJU 2, 4, 70, 72,73, 75, 7G ^jjjfiU 27 aUL^p 157 f^V» 106, 108 ^ 10C o^> 100 jjp*» 244 ^^ 212, 305, 410 8^Â^ 221 i^ 151 0^;î^ 252 wt^-P 247 Jj-p 247 w;!^» 155 iiby" 218, 21*J jiL^» 213 vM~>y» 353 ^j*^** 153 àJws^jya 3G1 ,jj*«y 57, 70, 74 4^3o<^»i9 56 ' & y&Y* 45, 60 u-» 2i0 >^jfiy 236 JJ^ 37 L^ 348 îy'Li 35G ^39U 120, 125 ys* 20 Oj^J S5 ^ i 193 59 j±j 92 ^Jsj 58, 59 — 433 — 3U5 360 15b, 156 ^ tfj 391, 392, 399, J^ ^ 390, 392, 399 «jU ^J 46 ' 48 ' * 9 ' 5 °' 52, 53, 63 ^^5, 46, 48, 77, j 183 «J Ï-Sj) i7 A3. 236 f ^9, 10, M ^ 9, 10. 13 ' ^ f £> , 244 212, 271, 375, 385,395,403, 406, 415 Jj^ 101, H3 ïîb 348 TABLE DES MATIÈRES Avis préliminaire v Rhétorique des langues de l'orient musulman ... 1 I re Partie. De l'exposition 1 Chapitre I er . De la comparaison 5 Section i re . Des deux objets de la comparaison. . . 6 Section n. Du sujet de la comparaison 11 Section m. Du but de la comparaison 20 Section iv. Des circonstances de la comparaison . . 26 Section v. Classement de la comparaison. ... 29 Section vi. De l'instrument de la comparaison. . . 37 Chapitre II. Du trope 40 Section i re . Classement du trope par rapport a l'objet emprunté 46 Section n. Classement du trope par rapport à l'idée commune 48 Section m. Classement du trope par rapport aux deux . choses précédentes. . 52 Section iv. Classement du trope par d'autres considé- rations 55 Chapitre III. De la métaphore substituée ..... 66 Chapitre IV. De la métonymie 70 II e Partie. De la science des figures 77 Chapitre I er . Figures de pensées 78 Section i re . De l'antithèse 78 Section u. De la convenance 84 Section m. Insinuation de la convenance .... 85 Section iv. De la ressemblance 86 Section v. De l'accouplement 87 — 43G — Section vi. Indication 88 Section vu. Rebours 89 Section vm. Retour sur ce qui a été dit 89 Section îx. Dissimulation 90 Section x. Asservissement 91 Section xi. Réunion et dispersion 91 Section xn. Association 9o Section xm. Distinction ou séparation 95 Section xiv. Distribution 9(5 Section xv. Association et séparation 97 Section xvi. Association et distribution 98 Section xvn. Association, séparation et distribution. . 99 Section xviu. Dépouillement 100 Section xix. Hyperbole acceptable 101 Section xx. Ordre du discours 104 Section xxi. Eloquente indication de la cause. . . 10G Section xxn. Louange avec semblant de blâme. . .108 Section xxm. Blâme avec semblant do louange. . . 110 Section xxiv. Succession 111 Section xxv. Enveloppement 112 Section xxvi. Double face 113 Section xxvii. Le plaisant en vue du sérieux . . . 113 Section xxvm. Dissimulation 114 Section xxix. Indication du motif. 115 Section xxx. Gradation 116 Section xxxi. Admiration 117 Section xxxn. Incidence 118 Chapitre II. Des figures de mots 120 Section i re . Le l'allitération identique 120 Section n. De l'allitération imparfaite 121 Section m. De l'allitération composée 122 Section iv. De l'allitération reprisée 123 Section v. De l'allitération d'écriture 124 Section vi. De l'allitération allongée .124 Section vu. Autre espèce d'allitération défectueuse. . 127 Section vm. De l'allitération intervertie 130 — 437 — Section ix. De l'allitération intervertie égale . . . 1 32 Section x. De l'allitération continue 1 33 Section xi. De l'allitération d'écriture 134 Section xn. De la dérivation 135 Section xm. Du semblant de dérivation 136 Section xiv. De l'allitération par allusion .... 1 37 Section xv. Du retour de la fin au commencement. . 1 37 Section xvi. De la tâche à laquelle on n'est pas obligé. 1 46 Section xvii. De la suppression d'une lettre. . . . 147 Section xvm. De l'emploi d'un ou de plusieurs mots particuliers 148 Section xix. Des lettres ponctuées et non ponctuées. 151 Section xx. Des disjointes et des jointes 153 Section xxi. Observations sur la prose cadencée . . 154 Section xxn. Des vers à double et à triple rime. . . 1 58 Section xxin. Des compositions bigarrées . ... 160 Section xxiv. De l'allusion. 1 62 Section xxv. De la réunion simultanée de plusieurs objets 163 Section xxvi. Enumération des qualités 163 Section xxvii. De l'acrostiche 164 III e Partie. Des énigmes et logogriphes . . . , . . 165 Chapitre I er . Des procédés facilitants 1 69 Chapitre II. Des procédés productifs 1 74 Chapitre III. Des procédés de perfection 1 87 Chapitre IV. Des procédés accessoires 189 Chapitre V. Du lugz. 193 IV e Partie. Des plagiats 195 Chapitre I er . Du plagiat apparent 195 Chapitre II. Du plagiat occulte 199 Chapitre III. De Yiclibâs et du tazmîn 202 Prosodie des langues de l'orient musulman .... 205 Chapitre I er . Des mètres réguliers, des pieds qui les composent et de leur classification 205 Chapitre II. De la scansion et de l'appropriation des vors a leur paradigme 222 — 438 — Chapitre III. Des irrégularités dans les pieds des vers. Chapitre IV. Sur les changements des pieds primitifs. . Chapitre V. Détails sur les mètres primitifs et secon- daires Section f e . Des mètres taicîl, bacît, Lâmil et wéfir, 289 Section n. Du mètre haxaj 271 Section m. Du mètre rajaz. 286 Section iv. Du mètre raml Section v. Du mètre tari 300 Section vi. Du mètre muns'trih 305 Section vu. Du mètre kkaftf 309 Section vin. Du mètre muzârï. 318 Section ix. Du mètre muctaxab Section x. Du mètre mu j tas 322 Section xi. Du mètre mulacârib Section xn. Du mètre muladdrik 332 Section xiu. Des métrer âkU. . 336 Chapitre VL D» rubâti 339 Chapitre VII. De la rime 34*3 Section i ,e . Des lettres qui forment la rime. . . . 348 Section n. Des motions de la rime 356 Section m. Sur le rawt, classification des rimes. . 360 Section iv. Des défauts de la rime 361 Section v. Division de la rime par rapport à la mesure. 3G7 Section vi. Sur le radîf 370 Chapitre VIII. Genres de poèmes les plus usités en persan et en hindoustani 373 Le gazai (et non gazelle, erratum de la p. 409, 1. 1 8). 373 Le cacîda 373 Le quitâ , 374 Le rubâ'î 375 Le fard 375 Le masnauî 375 Le tarfi band 375 Le muçammat 376 Le mustazâd 376 — 439 — Appendice. Observations particulières à l'hindoustani. . . 379 Licences poétiques et règles relatives à la scansion en hindoustani 381 Mètres plus particulièrement usités en cette dernière langue 406 Observations sur la rime. 414 Table des mots techniques 417 PARIS, — IMPRIMERIE ORIENTALE DE VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRE, EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE par GARCIN DE TASSY. Rudiments de la langue hindouie. Paris, Im- primerie royale, 1847. Grand in-8" 6 fr. — Histoire de la Littérature hindouie et hindoustanie. 1" édit. 2 vol. grand in-8° 30 fr. — Le même, 2«édit., 1870, 3 vol. in-8° 36 fr. — Un chapitre de Tlnde musulmane, ou Chronique de Scher-Schah, sultan de Delhi, 1865. ln-8° br 5 fr. — Œuvres de Wali, célèbre porte du Décan. Texte, traduction et notes. )n-4° 25 fr. — Les Aventures de Kamrup, par Tahcin-Uudin, publiées en hin doustar.i. Paris, Imprimerie royale, 1835. ln-8 8 br fr. — Le même, texte romanisé par l'abbé Bertrand, In-8*. ... 3 fr. 50 — Grammaire persane, de sir William Jones; seconde édition fran> revue, corrigée et augmentée par M. Garcin de Tassy. 1 vol. in-12. 4 fr. — Mantic-Uttaïr, ou le langage des oiseaux, poème de philosophie reli- gieuse par Farjd" Uddin Attar. Texte persan, gr. in-8°. ... 10 fr. — Le même, traduit en français. Paris, lmprim. impér., gr. in-8\ 10 fr. — La poésie philosophique et religieuse chez les Persans, d'après le Mantic Uttaîr. Complément des deux volumes précédents. 1 vo- lume in-8° broché 5 fr. Les trois volumes pris ensemble 2 i fr. — Chrestomathie hindoustanie 'urdu et dahnî). Paris, 1847. Grand in-8° 8 fr. — Chrestomathie hindie et hindouie. Paris, 1819. l volume grand in-8° 8 fr. — Manuel de l'auditeur du cours d'hindoustani, en deux par- ties o fr. QUERRY (A. . Droit musulman. Recueil de lois concernant les Musul- mans Schvites, Imprimerie nationale. I87t. 2 vol. grand in-8°, br. 30 fr. CLÉMENT MILLET (.1. 5.). Le Livre de l'agriculture d'Ibn-al- Awam 'Kitab-al-Felahah', traduit de l'arabe. Paris, 1804-67, 3 vol. in-8° br 22 fr. NICOLAS (J.-B.). Les Quatrains de Kheyam, traduit du persan. lm- prim. impér. 1867. Grand in-8° 15 fr. — Dialogues persans-français, accompagnés de notes et des princi- pales règles de la grammaire française et sur certaines locutions et idio- tismes propres à cette langue, à l'usage des drogmans, des négociants et des voyageurs. 1869. ln-8° br 15 fr. PAVET DE COURTE1LLE (A.). Mémoires de Baber (Zahir-ed-din- Mo- hammed) fondateur de la dynastie mongole dans l'Hindoustàn, trad. pour la première fois sur le texte djagataï. Paris, 1871. 2 vol. in-8 # , br. 18 fr. ABOULFÉDA. Géographie, traduit de l'arabe en français par Reinaud, et accompagnée de notes et d'éclaircissements. Paris, Imprimerie nationale. 1848, tomes 1 et II, l re partie.. ln-4° br. avec planches 42 fr. BIBLIOTHÈQUE ORIENTALE Chefs-d'œuvre littéraires de l'Inde, de la Perse, de l'Egypte et de la Chine. Paris, 1872, 2 vol. gr. in-8°, à 2 colonnes, format de Panthéon, contenant la matière de. 8 vol." in-8° 30 fr. Vol. 1. RIG-VEDA, ou Livre des hymnes, traduit du sanscrit par A. Lan- glois. Deuxième édition, revue, corrigée et augmentée d'un index analy- tique par Ph. Ed Foccaux. 620 pages. Vol. IL — Hymnes sanscrits, per.-ans, égyptien?, assyriens et chinois. — LE CHI-KlNG,*ou Livre des vers, traduit pnur la première fois en français par G. Pauthier. 425 pp. Illt». VICTOR GOUFY, HUE CaKANCILRE, — . LIBRARY OF CONGRESS A) Il II II II II NI Ml II II II [0 027 250 805 1 H H ***vé 1 -v fc * ■ H **»/ 1 ^v **• ■ * *.i ^E PB SE I ■ ■