V . Wm I ■ > . * * flB Wfm L « • ' VOYAGE ARCHEOLOGIQUE et pittoresque DANS LE DEPARTEMENT DE L’AUBE ET DANS LANCIEN DIOCESE DE TROYES; PUBLIE SOUS LA DIRECTION DE A.-F. ARNAUD, PEINTRE, CORRESPONDANT DE LA SOCIETE ROYALE DES ANTIQUAIRES DE FRANCE; DEDIE CHEVALIER DE LA LEGION d’hONNEUR , PREFET DU DEPARTEMENT DE L’AUBE. ISIPRIUERIE DE E.-C. CARDONT. \ 857 . Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/voyagearcheologiOOarna PREFET DO DEPARTEMENT DE L’AUBE. ittousicur r £tuetqueesune be noe (Eoncitoyene , jalour be I’tjonneur be leur yafyie , ee eont reunie your recfyercfyer et yrobuire au granb jour be la yublicite lee ricfyeffce artiftiquee qu’elle renferme. £iuel patronage youoait tnieujc conbenir Aun lei fraoail, que celui b’un Slbminiftrateur ami bee ecteucee el bee arte, bonl le coitcoure eel affure a loulee tee ibcee ge'nereufee cl ulilee. £e fairc yaratfre eoue ooe aufyicee, c’eft yvenbve 1’engagcment be n’eyargner aucutt effort your qu’tl yuiffe eatiffatre te gout tc ylue belicat et le ylue bifftcile. £Utant a moi , en boue offvant cet pommage , tin eentiment yavficiilier m’antme , c’cft celui b’une reconnaiffance yrofonbetnent eentie your t’ayyui bicnbeillant que j’ai rencontre yrce be ooue. 3’ai I’^onneur b’etre , ayec vefyeef. SJRoneieur le ^refet, 23otre tree^umble et tree?obc'tffant 6erbifeur, ARNAUD« Ptyeujt 4 rr/140 te>y filter tty (tests ./' 4 V v ' *•: ■ /. /?/•& <2* jf •$** - i taxas %) J 7 fit/Uatern i Sf Jt+n 5 S u . fte.jfterr 6 S L Rtiny J Si ’ Vrtcu/i S $ f* E. tcrnsi*. J? j / L.tfiyj 1 apres un , 4 i Quidquid habebam in molindinis juxta balnea, in molindinis juxta Novum Castelum quod est ante ecclesiam bead Joannis. » 6 Les quatre portes etaient celle de Saint-Denis , lianquee par la tour du Chapitre; celle du Bourg-l' Eveque , stir le Pont-Ferrc; celle de la Girouarde , sur le pont qui en porte encore le nom; et celle de Saint- Quentin, qui n’etait qu’une poterne. 9 &— » \ 0 ' 3 ] a jigne de l'ancicnno enceinte au nord de la ville. On n’a pas mfmoire d’avoir retrouvfi aucun reste , aucun vestige de fondations de ce mur qu’il fait passer a travers le jardin des Cordeliers, et au moyen duquel il place, au dehors de l’enceinte, le chateau des comtes et !’ qua' re pointes, menagye dans l’e- paisseur et encadrye par un cercle qui affleure la plate-bande. A ses deux extremites, cette frise est terminye par une sorte de denticule tailly en losange sur ses faces; clle se prolonge ensuite en retour sut- les c6tys de la tour, oh elle offre encore deux disques ytoiles, enca- dri ! s par le cordon qui les surmonte et qui se replie verticalement contre le mur d’enceinte. Sur la perpendiculaire du linteau de la porte , ylevye du point de centre du petit arc, et ct dix pieds deux pouces de ce dernier, se trouve le centre d’une ouverlurc circulaire (ceil de boeuf), de vingt-deux pouces de diamytre, et dont le bord ou artMe est tailly en biseau. Cet a*il de boeuf eclaire une petite chambre situye au-dessus de la voiite de la porte. C’est de li que le custos (gardien) dominant la place du chateau , surveillait les abords de la tour. Un ornement assez bizarre entoure foeil de boeuf : c’est un cercle de trois pieds neuf pouces de diamelre, ayant cinq pouces de largeur et trois pouces neuf lignes de saillie. 11 est formy de petits coins me- nages cn relief sur lcs claveaux, et ayant chacun deux faces dont du parlement qui lui permirent de disposer du terrain du prieure et de ia chapelle. Cette derniere fut demolie en i"68, en consequence d’un dccret dc M. de Itarral, eveque de Troyes; el lcs reliques du saint , ainsi que les pierres consacrces , furent transferees ii Saint-Martin-es-Vignes , pics Troyes. 2 Dans la cliarte de fondation du chapitre de Sainl-Elieune , cc mou- liu est oppele molindiuum sub litrre (moulin sous la lour). PI. /T r ih ' Sum -Ir SB “ > 1 I <-s Tune est parallele au pavement du mur, et l’autre, incline en biseau. Les premieres sont disposes de maniere qu’elles ne se louchenlqu aux angles et forment ainsi deux rangs infgaux; les autres, toujours dans le rayon, sont egalement contraries et incliiies alternativement en dedans et en dehors. Le dessin pourra du reste en donner une juste idee. A deux pieds et demi au-dessus de cette espfece de cadre, le mur forme une retraite en plan incline, et, 5 cinq pieds et demi plus haut, la tour est terminee par une bande saillante repliee de quelques pouces aux extremites, et sous laquelle sont ranges Irente-deux dis- ques etoiles, semblables a ceux de la frise, mais d’uu plus petit dia- metre. 11 est a croire que cette tour n’a jamais eu une plus grande eleva- tion , et que l’espece de corniche, dont nous venons de parler, en for- mait le couronnement et recevait la saillie du toit pyramidal qui, dans l’origine, devait la couvrir. Nous emettons cette opinion qui nous a paru d’autant plus vraie, que M. de Caumont nous apprend qu’on n’a jamais remarque de machicoulis aux tours et donjons posterieurs au onzieme siecle. Au nord on voit le mur s’abaisser et les faces la- terals coupees obliquement, afin de donner la pente au toit en appentis dont, par un motif d’economie, on l’a recouverte 4 une fpo- que deji eloignee. On peut remarquer, dans la partie superieure de la tour, & Test, plusieurs retraites lfgeres, et du mfme c6te, a la partie inferieure, plusieurs pierres en arrachement qui ne depassent pas le cordon regnant au-dessus du grand cintre. Ces pierres faisaient partie de l’aucienne muraille. Elies peuvent indiquer approximativement quelle etait sa hauteur ; on voit qu’elle ne devait pas exceder celle du mur qui existe aujourd’hui. L’appareil de la tour est forme d’assises inegales, mais dont le parement est encore tres-beau. Autour de l’oeil-de-boeuf, on aper- *-& plan dc Troves qui a gtg perdu *; de sorte qu’il est impossible aujour- d’hui de determiner quelle gtait en cc sens sa dimension, alors qu’elle n’avait subi aucun changement. Dans sou etat actuel, elle presente encore une elevation de trente-un pieds sur une largeur de trente-sept pieds environ; elle est appuyee par trois conlreforts, dont deux sont aux angles et l’autre au milieu. A pres de dix pieds du sol, le mur forme une retraite en talus, puis encore une autre J quatorze pieds sept pouces au-dessus de la pre- miere. Entre ccs deux lignes de retraite et les contreforts, il existe deux meurtrieres plein cintre, tros-gtroites, un peu gvasges en de- hors et fort elargies en dedans 2 . Une meurtriere semblable se voit encore dans le flanc k Test de la tour qui est, ainsi que le c6te op- pose, avauce de douze pieds sur le mur d’enceinte. Les conlreforts pr&entent aussi plusieurs retraites dans leur hauteur; leur base, for- d’une espece de socle saillant sur les trois c6lgs, s’eleve jusqu’5 la premiere ligne rentrante avec laquelle elle se raccorde en talus. L epaisseur du mur prise au niveau du sol n’est pas de moins de liuit pieds, et au-dessus de la seconde retraite on a mgnagg dans cette gpaisseur, quoiqu’elle soit diminuee d’environ quinze pouces, un cou- loir ou galerie dans laquelle un homme peut passer aisement. La partie infgricure de la tour a gtg restauree vers la fin du seizieme siecle, et on a augments la saillie de la base des contreforts qui meuacaient dc se detacher. Exldrieurement, l’appareil est en moyennes pierres de taille disposers par assises inegales. A Tiutgrieur il est forme de petites roches fort irregulierement posees; il faut en excepter cependant les baies et les ciutres des meurtrieres qui sont en pierres taillges , et au-dessus desquelles on remarque les trous de scellement d’un solivage, qui prouveraient assez qu’il n’y a jamais eu devoiite.Un toil pyramidal, dont la base est un paraMogramme tres- alonge, couvre aujourd’hui cette ruine que deux boulets, lances par uue battcric franeaise, atteiguirent en 1814. L’un enleva la derniere pierre du contrefort du milieu, et 1’autre vint seulement s’imprimer dims le mur c6t«3 du premier. C’est dc cette tour que relevaient autrefois toutes les mouvances de l’ancien comte de Champagne 3 . C’gtait devant elle, dans l’enceinte close du chateau , que les vassaux de nos comtes venaient leur pra- ter foi et hommage, et sou vent ils expiaient, entre ses gpaisscs mu- raillcs, par une longue et dure captivity, leur parjure et leur felonie. Depuis la reunion du comte de Champagne & la couronne, cette tour a ele designee, dans les auciens titres, sous les noms de Tour royalc, Tour du Roy, Grossc Tour de Troyes; et lorsque l’arse- nal fut etabli dans ce chdteau, elle servait de magasin a poudre. Nous avons signale les batimens interieurs du chateau comme peu intercssans, cependant nous croyons devoir rapporter un passage de Crosley, qui les concerue ; « Des anciens bilimens de ce chateau, « dit eel ecrivain, il existait encore en 1712 une grande salle qui <( avait etc converlie en chambre de torture. Cette ehambre avait une « cheminee toute batie en pierre et dont le tuyau , dans sa partie qui « exegdait le toil, etait bati de blocs de pierre dure, perces dans leur « centre, et formant unc colonne de deux pieds seulement de dia- « metre, terminee par une lanterne entouree de petites colonnes a Dans la salle, le manteau de cette eheminge portait au milieu un « gcusson tres-antique charge de fieursde lys mal dessinees, et qui « ressemblaient a des crapauds avec les jambes et les pieds etendus; « la tgte et les deux jambes de devant faisaient les trois parties su- « perieures des fleurs de lys telles qu’on les peint actuellement. Ce « qui prouve que les fleurs de lys et les crapauds que Ton a cru voir « dans quelques anciens gcussons des ames de France ne sont autre « chose, dans leur origine et dans l’intention des premiers ouvriers « qui les ont represents, que les fers dont gtaient armees les an- te ciennes javelines fraucaises. » Tels qu’ils existent, les batimens de l’interieur occupent, sur une seule ligne, pres de la moitig du c6lg de la longue cour qui se trouve vers le milieu de l’enceinte du cha- teau. Deux chambres assez vastes, et qui communiquent entr’elles par une porte, occupent seules les deux tiers du rez-de-chaussge de la partie la plus glevge de ces batimens. Letage superieur, construit en bois et couvert d’un toit en egoiit, est terming a ses extremites par deux pignons de pierre assez aigus, dont l’un, celui du sud-est, est glevg aplomb sur le mur d’enceinte a cotg de la porte du chateau. La deuxieme chambre, qui suit immgdiatement la premiere, est dgsignge sur un ancien plan sous la denomination de chambre de la calamitd. C’est dans cel!e-ci que se trouve la eheminge dont park* Grosley; mais il n’en reste plus que la partie inferieure. Le manteau et l’ecusson aux fleurs de lys ont disparu. Une cheminee toute sem- blable se voit aussi dans la chambre qui precede ; elle est adossee a la premiere et u’a conserve, comme elle, que ses jambages sans man- teau. Les colonnes engagges qui flanquent ces jambages et les pro- fils qui les accompagnent ne permettent pas de faire remonter au-dela du seizieme siecle la construction de ces cheminges. Une grande croisge carrge, haute d’environ huit pieds et large de quatre pieds et demi, gclaire chacune des salles basses : ces croisgcs gtaient autrefois divisges par des croix de pierre qui depuis ont gtg supprimges. Elies sont placges ainsi que les cheminges d’une ma- nure fort irrgguliere vers Tangle des chambres, et ont leurs baies ornges de moulures dont les profils iudiquent aussi lepoque de la re- uaissance. Leurs porles gtroites, et a liuteau tres-surbaissg, ouvrent immgdiatement sur la cour ; au-dessus de celle de la premiere cham- bre, on lit, gravge sur la pierre, la date de 1570, qui peut gtre effre- tivemenl celle que Ton doit assigner 5 la construction de ces bitumens. On . doit bien penser maintenant que l’gcusson aux fleurs dc lys dont parle Grosley ne pouvait gtre aussi ancien qu’il l’avait imaging; Texpression de tres-antique , qu’il emploie eu le dgsiguant, nous pa- rait au moins fort exaggrge. En supposant mgme que cet gcusson ait gtg tirg d’anciens batimens du chateau et rapportg dans les nouveaux, 1 Cc plan curicux , trace sur velin, au plus tard en 1 SOO , offrait et au dedans cinq pieds de hauteur sur trois pieds trois pouces de large. I elevation dc tous les monumens de la ville de Troyes a cette epo- 3 Courlalou, tome II, page 348, fait Tenumeration de toutes les terres que. I ue notice manuscritc sur ce plan a seule ele conservee. M. Cor- el seigneuries qui relevaient dc la grosse*our de Troyes, i.ird de r, reban l’a puhliee dans le vingt-deuxieme numero des Me- 1 Dans une vue de Troyes gravee en 1021, et qui existe au cabinet moires de la Societe d’agricullure , sciences et arts du drpartement de des estampes l a Paris, on voit le ehAleau occuper le premier plan, el • Aube. l'on y remarque trcs-dislinctcment la lanterne a petites colonnes qui ter- 1 I dos ont au dehors trois pieds trois pouces snr six pouces et deiui, mine cette cheminee. 2B — > 43 «-« on ne pourrait raisonnablement lui assignor unc date antirieure h celle de la reunion definitive de la Champagne a la couronne sous Louis-le-Hutin. En effet, il est peu probable que les princes souve- rains, qui possedaient cette province ■> et assez conn us dans lhistoire par leur esprit d’iudipendance, aient eu 1 idee de faire placer dans leur chateau de Troyes I’icusson aux armes de France. Ce chateau gtait des-lors line prison, et n avaient-ils pas cux-mimes leur blason et leurs arnioiries particulieres? Selon Grosley, la Forme des Fleurs de lys est bizarre ; mais est-ce uue preuve bien certaine de leur antiquite? D’abord il a neglige de nous en donner le nombre , et il n’est pas rare d’en rencontrer du XVI e siecle qui ont leurs branches superieures recourbees en cro- chet, et dont la variete de formes n’est qu’un effet du goiit ou du caprice de l’artiste. Pourquoi l’artiste, en leur donnant la forme pri-* mitive, ne se serait-il pas propose de rappeler une epoque antericure a cclle ou il travaillait? C’est ce que Ton peut remarquer sur un bas-relief en bois trouve a Sully-sur-Loire , et qui a ete publie par la Societe royale des antiquaires de France. 1 Nous pcnsons done que la sculpture des fleurs de lys de la deuxieme salle etait contemporaine de la cheminee dont elles ornaient le manteau. Nous sommes d’autant moins surpris que Grosley se soit encore trompe sur ce point , qu’il ne s’agit pas seulement de la connaissance parfaite des vieux signes hiraldiques, mais aussi de celle des diffirens styles qui caractirisent les diverses t'poques de la sculpture en France. A la suite des deux chambrcs non vohties, dont nous venons de parler, se trouvent deux autres pieces basses vouties en aretes 5 doubles travies , avec dcs nervures tres-saillantes reposant sur des demi-cul-de-lampe places aux angles, et sur les faces des murs deux clefs de vohte de la premiere sont ornees,l’une d’un buste d’homme, ct l’autre d’une Fleur de lys. La forme assez peu elegante, ainsi que !a t^tc barbue, est d'une mediocre execution. — • En quittant ces deux cachots, nous entrons dans deux autres d’une construction plus nioderne. 11s sont aussi vohtis en arites , mais sans nervures. On y penetre par une sorte de porche voute cn berceau , et qui laissait a peine arriver un peu d’air et de lumiere aux malheureux qu’on y jetait. La chapelle, qui est vis-i-vis , est une veritable chapelle de prison. Le jour n’y enlrc que par unc espece de meurtriire ouverte a gauche de la porte. On la prendrait pour un vaste cachot, si 1’autel n’indi- quait sa destination. Elle est sans ornement ; c’est un simple carrd de murailles elevees en 1662, et recouvert d une voiite plein-cintre en planchettes que soutient au milieu un poincon appuyi sur une poutre. A ce chileau , ancienne demeure feodale , converlie en prison de ville a une epoque assez eioignee de nous, se rattacheraient sans doute de penibles souvenirs, si l’hisloire nous les avait conserve’s. Mainte- nant encore, au milieu de cette enceinte, fimagination s’effraie en se reportant i d’autres temps... Une chambre , dans ce chateau , avait s Ce bas-relief represente un combat entre les Francais et les Alle- mands. Sur la banniere de France que porte un chevalier on voit trois crapauds parfailement exprimes. Du meme cole est le roi de France tenant son ecu sur lequei sont les trois fleurs de lys lelles qu’on les re- recu le nom de chambre de la calamity Sur ce lieu, il nous reste 5 dire une scene de la Saint-BarlhOlemi. C’etait le 24 aoiit de Fannie 1570. — Charles IX itait roi de France... A Paris il y avait fetes et rijouissances : on cilibrait un mariage de prince... Et au milieu de ces joies, Medicis avait rive des massacres. — Troyes eut aussi le sien. Depuis quclques temps, les partisans de la religion riformie itaient en butte, dans cette ville, aux persecutions des catholiques. Le fanalisme est toujours cruel. ■ — • Ouelques-uus, en plein jour, sous les yeux mime des magistrats , avaient iti assassines par leurs adversaires. D’autres , a reaches de leurs maisons livries au pillage, avaient iti jetis en prison; et, con- fondus avec les malfaileurs , ils avaient pour gardes ceux mimes qui itaient leurs ennemis. A Paris, les massacres avaient cu lieu; mais l’exaspiration qu’ils avaient produile, avait ipouvanti le prince. Ordre avait ite donni de mettre cn liberie les protestans prisonniers dans plusieurs villes de France. Pierre Bilin, deputi de Troyes par les catholiques, et qui etait 5 Paris le 24 aoiit, fut charge de rapporter les lettres de gr;\ce du Boi. C’ilait un homme seditieux et pervers. Arrive 5 Troyes le troisieme jour dc septembre, il apprend que plusieurs Huguenots sont encore en prison. Il remet 5 Anne de Yaudray, hailli dc Troyes , les lettres, et en mime temps lui conseille de ne les publier qu’apres le massacre des protestans. Anne de Vaudray fut lache, et il y con- senlit. Le bourreau est appcli et regoit l’ordre de F execution. Cet homme en comprit toute Fat recite ct refusa son ministere. Alors le bailli manda Martin Debures, Fun des gardes des prisonniers, et lui fit accepter la charge de bourreau. — 11 devait creuser une tranchee profonde pour recevoir le sang des victimes et n’en pas laisser trace. 11 promit et ne fit ricn. — La nuit avait changi sa resolution , et il avait recule devant tant d’horreurs. Le bailli l’apprend et , furieux , il ordonne 5 un autre garde nommi Perrenet de lui obeir, et lc me- nace de son epic. La crainte l’entr nine , et il promet que dans une heure tons les prisonniers ne seront plus, Et bientot, quand il cut rejoint ses compagnons , quand le vin et la debauche eurent icliauffi leur sang et derangi leur raison, ils commcncerent... Une heure apres , quai’ante-neuf victimes , parmi lesquelles quelques-unes rcs- piraient encore , avaient ite jetees pile-mile dans une fosse... Elle avait iti creusee derriere la chapelle. Et le lendemain , de Vaudray lisait publiquemeut les lettres du Roi. Tout ce qu’il y a d’horrible dans ces souvenirs, va bientit itre oublii avec ce qui reste encore debout de ces antiques constructions. Si nos regrets ne doivent pas se faire entendre sur les Iiontes du passi , en amis des arts, nous ne pouvons voir sans peine disparaitre le seul souvenir monumental du XI e siecle qui soit 5 Troyes. 11 nous rappelle aussi des princes suzerains qui souvent firent le bonheur et la gloire de notre pays. — • A la place de ce cMleau , doit itre ilevi bien tit un hospice pour les alicncs du departement. Nous avons recucilli , sur le monument dont nous venons de par- presente encore aujourd’hul. L’intention evldenle de 1’arliste a done ele d’indiquer par celle difference ou par la forme tradilionnelle des fleurs de lys l’ancienne banniere francaise portee dans les combais. Ce bas-relief est du XV C siecle. rr o W <-e ler, quelques nouveaux renseignemens quc nous ajoutons comme notes explicatives. En pratiquant des fouilles au pied des murs exte- rieurs de cloture , on pourrait reconnaitrc s’ils tftaient defendus dans leur circuit par des tours comme celle dont nous avons donne la description. Nous pensons qu’ils t'taient surmonti's d’une courtine et pereds de meurtridres dans leur pourtour. Voici sur quelles raisons nous appuyons nos probabilities : Les murs actucls , bAtis en craie , ne datent que de 1746 , ct portent de 3 a 4 pieds depaisseur sur 18 A 20 pieds de hauteur. Les conlreforts ajoutds depuis cette dpoque reposent sur d’anciennes fondalions , ce qui donnait 7 pieds au moins d’epaisseur aux premiers murs. Cette epaisseur dtait suffisanle pour 1 etablissement d’une courtine. Elle devait regner A la hauteur du pave de la chambre du custos, posdc, comme on l’a vu , sur l’ex- trados dela vohle dela porte du chateau. La place qui cxiste devant le chateau etait beaucoup plus dtendue, et il se trouvait entierement isold ft l’ouest. Mais, en 1258, Ie comte Thibaut V, ayant accorde aux frfcrcs mineurs ( les cordeliers ) dtablis a cette epoque hors la porte de Cesar ou de Comportd, la permis- sion de s’t'tablir dans la ville, il leur donna une portion du terrain de cette place. En 1315, Louis-le-Hutin manda au bailli de Troyes de mettre ces religieux en possession d’une place qui avait communi- cation jusqu’A la tour royalc. Charles V, en 1378, fit rdtablir la place du jardin et la rue ou passage enlre le couvent et la tour. Enfin , Charles VI, en 1381 , leur remit une rente 5 lui due sur le jardin concede du domainc royal. Une autre observation 5 faire sur Fanliquite de ces constructions, e’est que le chateau est assis sur un terrain fort bas et qui pr&ente plusieurs inegalittfs. Le sol sous la tour d’entre’e est de trois pieds au-dessous de celui de la place qui est devant. Cet exhaussement de terrain a l’extiirieur sc relrouve dans toutes les constructions de cette Epoque , et fournit une preuve de leur antiquity. Les cours laterales , aujourd’hui plaotdes d’arbres, sont pres de Gpieds au-dessus du niveau de la cour centrale : il s’abaisse ensuite 5 Test hors de l’enceinte, et vers la rivitre au nord. MONTIER-LA-CELLE , ’ SAINT -ANDR 6 -LEZ -TROVES. Le village de Saint-Audre est situe 5 l’ouest-sud-ouest de Troyes, entre les routes de Sens et d’Auxerrc. Autrefois Ton pouvait y arriver en passant par une porte, muri'e maintenant, qui s’appelait la porte au iUistrc ou Prdat, et plus connue dans les derniers temps sous Ie nom de porte d’Auxerre. Elle etait plact'e prfcs de lVglise Saint- Nicolas , et , A l’endroit mime ofi elle etait, a Otc' i'tabli le reservoir d’une fontaine. De cette porte , en allant presque en ligne droite , on arrivait A la petite rivifcrc de la Vienne, qui prend sa source A deux heucs de 1A ; puis, laissant A gauche une ancienne chaussc'e romaine, recou verte maintenant de trois pieds de terre, on sc trouvait bientot, cn suivant un chernin ombrage', A l’abbayc deMontier-la-Celle. Lien qu’elle n’existe plus, les hommes de l’art aimeront encore A entendre dire ce qu elle fut. Cette abbaye avait ete fondle par saint Frobert , de Troyes, vers le milieu du YJI e siecle. Le lieu de son emplacement faisait partie du domaine ro} al , et s’appelait , selon quelques-uns , lie Germanique , Insula Germanica , et, selon d’autres, ile Ger- maine, Insula Germana. Doii lui vecait ce nom? nous l’ignorons. Frobert obtint du roi Clovis II ce ma recage •, et vers l’an 660 , avec quelques compagnons, il defricha ce terrain, et le premier bAtiment qui s’eleva fut un petit oratoire avec autant de cellules qu’il y avait de moines. Ce monastere fut appele d’abord monastere de l’ile Ger- maine; et quand Frobert y cut bAti une eglise di'dit’e A saint Pierre , comme la cathedrale de Troyes, il changea de nom et s’appela Saint- Pierre-dc-la-Celle , Celia sancii Petri. A la mort de saint Frobert, il fut nomme la Celle de saint Frobert. Plus tard , le moine Bobin ayant ete choisi pour evt'que de Troyes , le monastere fut appele la Celle de Bobin, Celia Bobini. Quand d’autres bencdictins , vers 837, eurent fonde l’abbaye de Montieramey, celle-ci s’appela Celia nova , et L’autre Cell a antiqua. Enfin, son dernier nom fut celui de Montier-la-Celle qu’elle garde encore. Si nous avions A raconter la grandeur et la gloire de cette abbaye, nous dirions qu’elle eut des saints pour fondaleurs , qu’elle donna des patriarches aux ordres religieux, des archeve s ques aux melropoles, des evt'ques aux villes t'piscopales , des abbes aux mouasteres , des savans aux lettres. Elle regut plusieurs fois des papes les marques de Faffection la mieux merits ; et enfin, elle fut la m£re de dix-sept prieures et la collatrice de plus de trente t'glises paroissiales. Mais nous n’avons A consigner ici , comme souvenir, que la description de lVglise, qui etait un monument fort remarquable. Grosley ( ephe- merides troyennes) va nous servir de guide. La premiere ('glise de Montier-la-Celle fut construite par saint Frobert, et l’£v£que Abbon en fit la di'dieace. Saint Bobin , en 790, la fit reconstruire sur de nouveaux plans, et saint Prudence, 1 9 la statue apparaisscnt le soleil etlalune. Yiennent ensuite de cliaque c6te les signes emblematiques designes dans les litanies , Mode , le rosier, la tour, le puits, le lys, le miroir, la fontaine etc., au bas, ft gauche le jardiu mystique; & droite la ville sainte de Jerusalem en- louree d’une longue legende que tient uu ange par une des extremi- tcs. Cliacun des autres emblemes est aussi accompagm 1 d'uu rouleau dout l’inscriptiou est efface par la dorure qui probablement a tHe re- nouvelde, car tout est dore dans cette Taste composition, a l’cxception des chairs qui sont peintes au naturel ct des fonds qui sont en bleu d’azur. II est a remarqucr quc Ton a conserve ft la statue de la vierge toute sa blancheur et que Ton a seulement dore les broderies de son manteau et les ornemens des draperies. C’est une preuve du goftt et de la re- serve avec laquelle on eu usait ft cette epoque pour la coloration des statues. Aussi cette sculpture polychrome n’a-t-elle rien de choquaut; au contraire l’effet en est doux et agreable. On voit que le travail en etait con fie 1 ft des artistes intelligens qui entendaient parfaitement le choix des teintes et qui se gardaient bien de charger d’une couche epaisse de couleurs la surface de la pierre. Ce n’est que quand de mi- sdrables barbouilleurs sout venus ensuite les retoucher, queces sculp- tures colorices ont acquis cette duretd et cette crudity de ton repous- sautes qui blessent le gout et la vue. Le portail dc l’oucst par lequel nous termiuerons la description de IVglise de Saint Andre, presente dans son ensemble deux ordres su- perposes et couronnes par un fronton. L’inferieur est corinthien et le supgrieur composite. L’entablement est soutenu par cinq colonnes cannelees elevees sur piedestal et ornt'es de guirlandes de fleurs et de fruits qui ont pour supports des teles de Cherubius et des muffles de lion. Deux arcades plcin-cintre et sc'parees par un pied-droit donnent entree ft l’eglise. On sent d’abord combien cette disposition de deux arcades accouplecs et ce nombre de cinq colonnes doit produire un mauvais effet , puisqu’il faut necessairement que leur espaccment soit inegal et qu’il s’en trouve une au milieu. C’est une licence qui tient ft l’epoque, mais qui ne peut convenir ft la noblesse de l’ordre corinthien. Les archivoltes des portes au lieu d’une viv.e arete prt'seutenl ainsi que les pieds-droits un pan coupe , orne de riches guirlandes de fleurs et de fruits. Les legumes n’y manquent pas non plus. On y remarque plus particulierement des raves, des navets, desartichauts, oiguons, pommes , poires etc. Aucun des produits du territoire de Saint Andre'; n’a ('te oubliC*. Entre les colonnes plus rapprochees vers les angles de l’entablement on voit des tablettes orn&ssui lesquelles sont grave'es des inscriptions dont la plus iuteressante est en leltres romaines. Elle porte la date de la construction du portail , la voici : Les habitas de Sainct-Andry Mot faict faire en ceste maine Dug cueur frac el non amoindry Pour a Dieu faire leur priere Vous passas ce cimytiere Advises je suis tout a neuf Dc leurs deniers en forme entiere L’an cinq cent quarante neuf L’inscription placfe ft gauche est en gothique angulaire. Elle est relative ft la fonte et au baptOne des cloches dont elle rappelle les norns, ainsi que ceux desparrainsetmarraines, sous la date de 1557. L’ordre supdrieur est aussi (res ■richement. ddeord. La corniche est soutenue, ainsi que le fronton, par des consoles orndes de feuilles d’acanthe, et le tympan estoccupd par l’dcusson de France, surmontd de la couronne et entourd du collier de saint Michel. L’inler- valle des colonnes aux angles est rempli par des niches ddcordes de pilastres et d’archivoltes couvertes d’ornement ; dans celle de droite est une statue grossiere que Ton croit dtre un saint Frobert; c’est eu effet un abbd tenant sa crosse; de l’autre efttd est une sainte qui porte un livre : elle est gracieuse et naive. Au milieu est un saint Audrd appuyd sur l’instrumenl de son martyre. La pose est noble et la tdte ne manque pas de caractere; les draperies seulement sont un peu papillotdes. Si cette statue n’est pasde Gentil, on peut au moms l’attribuer ft son dcole. Une espece dc dais, forme par un petit enta- blement circulaire couronnd de trois frontons droits, couvre la Idle du saint Ap6tre. 11 y a peu de temps qu’un ddteslable barbouilleur l’a chargdede couleurs, s’imaginant probablement l’embellir. Heureuse- mentque la jolie statue de la sainte a dchappeft cet acte destupidite. Deux croisdes plcin-cintre sont ouvertes au-dessus des portes dans l’intcrvalle des colonnes du second ordre; elles sont partagees en deux par un pilastre ldger qui soutient une traverse. Le ciutre au-dessus est divisd par des rayons. * Le portail de saint Andrd a dtd loud par Grosley dans ses Ephd- mdrides , et ces dloges lui ont vain dans le pays une sorte de cdldbritd. Telle est mdme la haute idde qu’on s’en est faite , que peu de personnes oseraient se permettre la plus bdndvole critique. Force fut done ft nous d’en parler ; ndamnoins nous tenons ft ce que Ton remarque qu’il n’offre que des beautds de ddtail recommandables, il estvrai, par un grand gout d’exdcution , mais qui ne peuvent faire oublier les ddfauts d’ensemble que nous avons sigualds. Ddjft pourtantles regies de l’art etaient plus scrupuleusement observdes; mais une imitation Irop servile avait fait perdre ft l’architecture de la renaissance ses gracieux caprices et sou originalitd, sans que pour cela il lui ail dte donnd d’atteindre ft la majestueuse beautd de l’antique. En vain s’ef- forcait-on d’y arriver; les modeles manquaient dans nos contrdes. Nous renvoyons au beau dessin aquarelle que M. Max Berthelin, architecte ft Paris, a fail de ce portail, et dont il a fait l’hommage au Musdede Troyes, sa ville natale. A c6td du portail que nous venons de ddcrire, une porte aujour- d’hui murde, commuuiquait au bas c6td gauche deleglise. Elle est ft linteau plat ornde de moulures prismatiques qui se replieut le long des pieds-droits. C’est suivant la tradition conservdeau pays, la porte particuliere par laquelle les ladi es de la Maladrerie des Deux-Eaux entraient autrefois dans l’eglise. Au lieu del’auditoire de Montier-la-CeIle,il y avait un four banal , dont I’abbaye percevait les droits. Les habitans de Saint Andrd qui y dtaient soumis , obtinrent le droit de bfttir des fours dans leurs mai- sons en abandounaut aux moines leurs usages de Laines-au-Bois. 11s avaient aussi depuis le mois de janvier 1 528 , droit de marchd dans Troyes, rue de l’Epicerie, pour leurs Idgumes et prochede la Bclle-Croix pour leurs lins. Par arrdt du conseil eu date du 19 avril lC87, ils dtaient exempts delapaie du Gros manquant. Cette com- mune, suivant un litre de 1578 , eut beaucoup ft souffrir des guerres sous le regne de Henri III. Il y est dit que le camp du roi a vdcu ? mange et consomme les bids, vius et bestiaux ; abattu plus de quatre- vingts maisons, gate les bles et emblaves, bn’ile les echalas des vignes S3 > 20 <-s et coupe les arbres fruitiers. Lcs cadavres des hommes et des chevaux produisirenl line telle infection que la pluparl des habitans eu moururent. Ce village est humide et marecageux; les habitations eparses au milieu de massifs de verdure, au lieu d’avoir uu aspect agreable, sont presque toutes de misdrables chaumieres oil le jour ne penetre que par une porle fort dtroile. On serait tentd de croireque les habitans ont oublie qu’ils sont voisins d’uue grande ville et qu’ils veulent rcster Strangers ft toulc amelioration de vie. SAINT-LAZARE, ou LA MALADRERIE DES DEOX - EAUX. Nous avons trouvd ft Saint-Andrd, ft gauche du portail, une porte aujourd’hui murde qui, selou la tradition, doimait passage aux Ladies de la Maladrerie des Deux-Eaux. 11 est presumable que cette eglisc avait etc ddsigndc aux lepreux gue'ris, dans la maison dont nous allons parler, commc lc lieu ou ils dtaient frappds, ct se relevaienl de I’espdce d’excoinmunicatiou sociale lancde contre eux« Rieu de cct antique asyle ne subsiste maintenant; niais pour tous ceux qui aiinent ft se souvenir de ce qui fut , il y aura intdrdt ft lire quelques details ft ce sujet. Au douzieme siecle il y cut en France une cruelle maladie connue sous le nom de ldpre. Le nombre des maladcs fut si grand qu’il n’y eut ui ville ni bourgade qui no batit un hopital pour les retirer. Le testament de Louis VIII nous apprend qu’il y avait deux mille lepro- series dans le royaume. Les maisous qu’on bAtit pour ces malheureux se nommerenl ladreries et les lepreux Ladies de saint Lazare , que le uilgaire appelait saiut Ladrc. La ldproseric de Troyes fut etablic par lcs habitans de la ville, assez loin pour ih iter la contagion , et assez pres pour qu’ou put procurer aux maladcs les sccours ndeessaires. File dtait ft trois quarts de lieue de distance , sur la route de Bourgogne, a l’cntree du village deBreviandc,etfut appelee maison des Deux-Eaux : de duabus aquis, hopital des Ladies ou Saint-Lazare. L’epoque de sa fondation est res- ide inconnue; mais il est certain qu’elle exislait avant 1123, puis- qu il en est fail mention sous cette amide dans une charte de Hu- gues , comic de Champagne. Les directeurs des h6pitaux y dtablirent uu eccldsiastique pour y desservir la chapelle el faire l’office aux ma- ladcs. Son logement dtait au midi et celui des infirmes au nord , ou dtait une religieuse ou recluse, pour les assisler dans leurs besoins eorporels. Eu 1123, avant que de partir pour la terre saiulc , le comle Hu- gues donna pour eelte maison , ft prendre ft perpdtuitd sur scs re- veuus, cent sous jxiur trois termes chaquc anode. Sa charte est lc plus ancien litre que l’on connaisse de eelte maladrerie. Marie , veuve du comtc Henry I cr et Henry H , son fils. Ini donndrent unc prd- bendedans I’cglisc colldgiale de Saint-Eticnne pour y entretenir lc servicedivin et soulager les maladcs. Le litre est datddc 1 180, ainsi que le consenlemcnl du doyen et du chapitre. Lorsqu un malade, par une sentence de l’officialitd, dtait ddclard lepreux ou ladrc, ou employait uu edrdmonial qui mdrite d’dtre ra- conte. Nous allons dire la maniere de recevoir le ladre , de le mettre hors du siecle et de le rendre en sa horde. C’dtait la maison des champs ou la mdtairie ofi il dtait reldgue. Le jour de la rdeeption , il se rendait ft l’dglise et assistait ft la messe qui ne devait point dtre des morts. 11 devait dtre sdpard des autres , avoir le v isage couvert et embrunchd comme jour des trdpasses , aller ft l’offrande , baiser le pied du prdtre et non la main. Au sortir de leglise , le curd armd d’une pelle, prenait de la terre du cimetiere , qu’il mettait par trois fois sur la tete du ladre , en disant : mon ami , e’est signe que tu es mort au monde , et pour ce, aie, patience en toi. Ensuite avec la croix et l’eau benitc, le meuait en procession ft sa borde , ft l’entree de laquelle il exigeait son ser- ment et lui ordonnait de ne point entrer en aucune maison , en au- cun moulin , de ne regarder en aucune fontaine , de manger seul , de ne point entrer ftl’dglise pendant le service, de ne parler ft per- sonne au-dessus du vent , de sonner de sa cliquette ou tarterelle en demandant I’aumdne, d’dtre vdtu d’une housse decamelin , de ne boire qu’ft sou ruisseau ou puits , d’avoir devant sa borde une dcuelle fichde sur uu droit baton , de ne passer ni pont ni planche sans avoir mis des gauts , enfin de ne point ddcoucher sans la permission du cure ou de l’official. Le curd devait dtre pave dc ses hoiioraires comme d’un enterre- meut , ct apres la mort du ladre , la maison , les habits , le lit et tous les meubles de la borde lui appartenaient , ainsi que ceux qu’il avait d’ailleurs. L’hopital de Saint-Lazare fut mis sous radminislralion des officiers municipaux , et en 1 335 , le roi Philippe de Valois leur en donna des letlrcs de confirmation. Chaque annde ils nommaient uu dconome pour en rdgir les biens, ft la charge de leur en rendre compte. Dds le commencement du XlV e siecle, les bouchers de Troyes donnaient tous les ans enlre Noel et la Chandeleur , ft cede maladre- rie , 25 pores, par ddvotion et dc leur pure volontd. Mais y ayanl manqud vers 1 326 , il s’dlcva enlre eux et les mattres, frdres et sceurs de la maison , une grande contestation. Ce qui n’dtait d’abord qifiuue oeuvre dc charitd , devint un droit dans lequel la ldproserie fut main- lenue par arrdt confirmatif de la sentence de Jean de Maison , alors bailli de Troyes. La contestation se rcuouvela en 1428. On prdtendit que les bou- chers dtaient tenus d’ameuer eux-memes at teles et accouplds ft un chariot de quatre roues femes , le chapelain de la maladrerie, re- vdtu de surplis et d’etole, tenant uue croix en ses mains, et de couduire en cet attirail vingt-cinq pourceaux gras et non surse- mds , bons el suffisansft faire lard, vuiddset appareillds, garnis de leur sain, sang et menuhats, le chapelain assis sur lc devant du chariot, ct chacun d’eux ayant sur la tdte un chapelet de verdure, et les mdnestriers cornant devant eux, des les (Manx de la bouche- rie jusqu’au lieu des Deux-Eaux , et illcc payer , bailler et deli veer les vingt-cinq pourceaux ct le chariot, pour et au profit de ladite maladrerie. Les demaudeurs assurdrent que cette possession dtait de temps im- memorial ct que le droit en devait dtre garde 1 et retenu. Lcs bouchers s’excusdrcnt de leur manquement ft cause des guerres qui les expo- saient ft trop de dangers ct sur la faiblesse de leur pourceaux qui n’auraieut pas eld de valeur ft dtre recus; que d’ailleurs en condui- saut le chariot , ils avaieut dtd insultdspar la populace qui les appe- Vct/m/f (rc/rW/yy/ tytte (A/// » /«•• /Jeyj*tj fietn tut if*- / ■ h/fi? /v. 2 /iff, ft risf '/j'tcriir (i£ . ' 'I h qa TF) Td^ Tn 4 Bm\ , Lib ijOJ jviii . i so nil l/i rvl 'i rJ LI lib 21 lait, vilains cerfs, boeufs brayans, et leur disait plusieurs autres gra- ves injures. Eniin , ils demanderent que cette redevance fut commuee d’une maniere inline plus profitable ft la maladrerie. Leur proposi- tion fut accepts, et par une transaction du vingt-cinq jauvier de cette anntfo , il fut convenu que la connnuuaufo des bouchers, ft perp6tuitt5, paierait ft la maladrerie la somme et quantity de douze marcs d‘ argent en douze tasses d’argent fin, signages au poincon de Paris, chacune d’un marc d’argent, verges d’or et martelces de la plus belle fegon. Cette somme a G<5 rOduite depuis en celle de deux cents livres que les bouchers paient encore tous les ans ft 1 H6tel-Dieu, le jour de saint Barnabe. Lorsque la maladie desLadres eutdisparu, les revenus dela maison furent r£unis aux autres h6pitaux de la ville , et les directeurs y nom- maientun chapelain . Mais les reparations de la maison et de lfoglise ttant devenues trop ft charge, on les fit jeter bas lorsqu’on projeta de feiie de nouveaux bfttimens ft THdtel-Dieu-le-Comte. La chapelle et la mai- son de Saint-Lazare furent aussi enlierement det mites en 1733, et une croix seule indique le lieu oil elles ont Ge. FOUCHERES. Foucheres , en lalin F alcanas ou Fulcherias, est situ6 sur la Seine , ft cinq lieues et demie de Troyes. Autrefois il y avait un mo- nastere qui , peut-Gre comme beaucoup d’autres , a (found naissance au village , mais dont la fondation est reside ignorde. Ce qu’il y a de certain, e’est que des son origine , l’dglise avait dtd consacrde ft la vierge , comme elle 1’est encore aujourd’hui. Un fait rapporfo par Desguerrois prouverait que des le Vlll e siecle elle Gait dejft en grande vdndration. Il dit que le parricide Malhere , de Melun , aprds trois annees de captivity , fut condamud ft fairc un voyage ft pied ft Notre-Damede Foucheres, portantft la main un cierge aussi haut que lui. Dans ces temps beaucoup d eglises ainsi places sous l’invocation de la vierge, devenaient lieux d’asile et d’expiation pour les grands criminels. Le nom de Foucheres est encore rappele au XII e siecle par Geof- froy, moine de Clairvaux, qui (■lait disciple de Saint-Bernard, et a dcrit sa vie en latin. Nous dirons bicntol ft quelle occasion il parle de ce village. L’histoire se tait sur Tepoque ofi ce monasfore fut change 5 en un simple prieure , et nous n’avons plus ft nous occuper que des cons- tructions de son dglise qui appartiennent ft des dpoques bien distinc- tes et d’un caractere bien tranche. La nef est du douzieme siecle et le chceur avec la travdc qui le precede furent reconslruits au com- mencement du XIH e . La porte de l’ouest qui donne scule entree ft Tdglise en est la parlie la plus inforessante ft cause des figures que Ton voit sur les chapi- teaux des deux colonnes qui l’accompagnent. Ces colonnes sont en- gagt'es au mur et foment une saillie qui excede leur diametre de plus d’un pouce. Elies soutiennent un avant-corps ouvert par un plcin-ciutre sur-deve , ft vive ardte et couronne ft six pieds au-des- sus par une corniche ou bandeau coupd en biseau. Il regne en ligne droite, sans faire relraite, sur toutela largeur de Tdglise jusqu’aux contreforts qui en appuieut les angles. Dans l’intervalle de ces der- niers et de l’avant-corps la saillie de ce bandeau est considerable , el il y a eu necessity de la soutenir de chaque cote par deux modil- lons dont la forme prdsente quelque variety. Ceux de droite sont figures dans la planche I re sous le n° 5. Ceux du c6te oppose n’of- frent dans leur masse que la partie saillante des premiers. A une epoque eloignee , cette porte a subi des changemens qui en ont altere le caractere primitif. Ainsi le bandeau qui lerrni- nait la baie superieuremeut, a ete enleve , et le tympan ouvert par un plcin-ciutre sur lequel on a continue la baguette qui regne sur l’arete des pieds-droits. Ce raccord est fait avec une cerlaine adresse, et l’on prenarait facilement le change si Ton n’examinait pas l’appareil avec assez d’attention. Un plein-cintre plus grand, apparlenant ft l’ancienne construc- tion et qui n’a qu’une tres-faible saillie, se remarque au-dessus. Il terminail probablement, avec le linteau qui lui servait de base? le contour du tympan avant la mutilation. Au-dessus de la corniche de l’avant-corps , le mur forme une retraite considerable, et finit horizon talement par une ligne droite, e’est un piguon tronqud, au milieu duquel une lucarne plein-cintre est perede. Les chapiteaux que nous venons de signaler sont charges de fi- gures d’un travail barbare et dont les parties n’ont entre elles au- cun rapport de proportion. Aussi est-il permis de prosumer que le sculpteur, independamment du temps d’ignorance ou il vivait, Gait un apprenti sans gofit sachant ft peine manier le ciseau sur la pierre. Ce n’est done que par les sujets que l’on croit y voir reprdsentds qu’ils offrent quelqu’aliment ft la curiosite. Nous commencerons par celui qui est place ft gauche de la porte. On y remarque trois figures. D’abord celle d’un dvdquc ou abbe tenant de la main gauche un bftton pastoral recourbe qui F-tait la forme pri- mitive de la crosse, et de l’aulre main donuant sa benedictiou. II a sur la fote une espece de calotte qui a un foger bord. Ouelques plis de draperie ft peine ebauches au-dessous de la fote indiquent seuls qu’elle appartient ft un corps. La proportion adopfoe par le sculpteur pour cette tftte ne lui a pas permis de reprftenter son personnage en en- tier ; il est seulement en buste. Pres de Tangle que forme le chapi- teau avec le mur, on voit une croix grecque monfoe sur un pied pen eleve, et plus pres de la figure du prGat un petit disque can- ned circulairement. Nous ne pouvons en expliquer Tusage. Son ('tat fruste et la maniere grossiere dont il est exprinfo rendent loule explication fort difficile. Sous Tangle oppose du tailloir on voit la figure d’uti enfant ft foie monstrueuse, et qui tout d’abord fait naitre l’idec desagiYable d’un foetus. Il est vu de dos , et ses jambes et ses bras sont eleves comme dans Taction de monter ft un arbre. En effet , e’est sous cet aspect qu’il parait attache 5 au corps du chapiteau. Sur Tautre face, vers la porte, on voit une figure imberbe et privde de cheveux quoiqu’elle semble assez jeune. La poitrine, au lieu de plis de draperies, est couverte d’une espece de palmette placec transversalement. Est-ce un vGement, est-ce un arbre que Ton a voulu figurer? Cn ne sait quel nom lui donner. Les figures de ce bas-relief n’ont entre elles aucune relation bien caracterise'e, et il est difficile d’en donner une explication satisfaisanle. 22 Aussi, sans nous jeler au milieu de conjectures qui pourraienl nous inener fort loin, nous nous borncrons a emettre l’opinion de quelques- uns. Oncroit voir dans cette grossiere sculpture la representation d uu miracle open! par saint Bernard & son passaged Foucheres. 11 se ren- dait a Troyes pres de lYvfeque Henri , afin de s’eutendre avee lui sur les reformes a apporter au monastere de Boullancour. Voici comment le moine Geoffroy , ami de saint Bernard et te- moin occulaire, rapporle le fait. « A l’entree du diocese de Troyes, « daus uu village nomme Foucheres , un enfant sourd et muet fut « present^ (au saint) par le people et a l’heure inline cet enfant fut « delivre de sa double infirmile *. » Ainsi d’apres ce recit, le personnage qui tienl uue crosse serai t saint Bernard, lui-mfnie ; l’enfant qui est attache au chapiteau, le petit sourd-muet, et la troisieine figure, le moine Geoffroy, temoin du miracle. La croix a laquelle on remarque un pied serait la pour indiquer que le lieu de la scene est le village de Foucheres ; ou de toutc antiquite il a exisld une croix celebre placee en face de l’eglise. Cette explication , qui offre quelqu’apparence de raison et que nous n’oserions cepeudanl ui admettre ui rejeter, ne prouverait au- tre chose sinon que cette sculpture aurait etc exccutec peu apres le passage de saint Bernard a Foucheres , vers Fan 1 1 50. On pourrait done considcrer ce bas-relief connnc uu hommage rendu par quelques moines aux eminentes vertus du saint homme , et dont ils voulaient ainsi perpetuer le souvenir. Le caractere d’archilecture de cette porte ue contrcdit point ccs explications. — II est a regretter que le tympan ait etc delimit, il etait peut-dtre aussi decord de quelque figure ou allegoric sacrt : e qui aurait pu jeter quelque lumiere sur le sujet que nous venons de decrire cl sur celui qui va suivre. Le tailloir du chapiteau est d’unc hauteur considerable relative- ment au resle. Ce soul deux bandeaux plats cnlre lesquels se trouvent trois moulures en quart de rond, separees par de legers filets et for- mant la partie renlrantc du tailloir. Elies sont couvertes de lignes ciseldes, brisdesen ardtes de poisson et contraries daus chaque rang. Au lieu de ces ornemens le chapiteau de la colonne 5 droite de la porte, qui du rcstc est de mfsme forme, prdsenlc U son tailloir trois rangs de billetles, contrarices ft chaque rang et cnclavdes les unes dans les autres. Le sujet plus que bizarre qui couvrc le de du chapi- teau n'est pas inoins difficile 5 expliquer. Deux figures y sont re- presented dans l’ctat de pure nature, vues de doset dans l’atlitude de gens qui marchent sur leurs mains. Leur tdte est post’e sur une corde likhe , attachde A deux arbres place’s aux extremities du bas-relief. Au milieu, elle est souleuuc par un troisieine place enlre les deux figures. La forme touUVfait conventionnelle de ces arbres taillds en niauiere de palmeltes n’est peut-etre , daus l’intcnlion du sculpteur, que ces arbres artificiels ou supports mobiles, que les f unambules ou bateleurs de ce temps, dans leur vie uomade, trans- portaient avec cux d’un lieu un autre. Comment caractfriser aulrement Faction de ces figures? La taillc delife de cclle de droite pourrait indiquer une fennne. La chevelure ne laisserait aucun doute 5 cet egard si la tdte n’avait pas die applafic A coups de ciseau ainsi que colic de la premidre figure. Ce n etait pas k\ ce nous 1 In i ngressn diocesis tricassinie in vieo, cui Fulcherix nonien, est oblatus it populo puer a nativilale surdus el nuilus el ab ulroque morbo sanatus est ipsa bora. semble la partie qui devait offenser un regard pudibond. La ma- ladresse du sculpteur et son ignorance complete des procedds de Fart est ici manifesle. 11 parait qu’il opdrait sans dessin arrdtd & Favance : ainsi il n’avait pas menage d’espace pour le pied gauche de la premiere figure. La place etait occupe'e par le pied droit de la seconde, mais la malencontreuse rencontre ne Farrdta point; il tourna le pied en dedans. Dans le premier chapiteau , le bras gau- che de l’abbd ne pout ait non plus recevoir tout son developpe- ment faute de place. Il s’est contente d’un poignet emmanchd au cou de la figure. C’cst absolument l’enfance de Fart. Une remarque qui ne peut dchapper , e’est l’attention constante qu’a eue le sculpteur de couvrir de vdtement et de reprdsenter de face les personnages qu’il voulait honorer,et de ue montrer quede dos et entieremenl nus les personnages d’un rang inferieur et sur lesquels il voulait ddverser le mepris. Le rapprochement d’un sujet pieux avec un sujet profane est tres-commun dans les sculptures du moyen-age. C’est souvent pour mettre en opposition l’ftat depurete qui devait ca- raetdriser la vie religieuse avec la licence et le dfbordement des gens du monde.... Probablement par esprit de conservation , ou avait couverl d une couche epaise de phUre le premier chapiteau. En le voyant pour la premiere fois il ne presenta A nos regards qu’uue pyramide ren- versfe, et ce n’est qu’apres Favoir frappd avec un couteau que nous reconmimes le platrage dont on l’avait enduit, et on pouvait d’autant plus aisfments’y tromper que la teinte uniforme de badigeon dont on a barbouillf tout le portail ajoutait encore A l’iddc que nous dimes d’abord , que ce chapiteau n’etait que degrossi. C’est ainsi que l’on comprend encore dans beaucoup de locality la conservation de nos vieux monumens. La base des colonnes n’offre qu’un seul tore ; il est travaille en forme de nalte au-dessous de laquelle est un filet puis une scotie peu sentie qui sYpanouit dans 1’aiYte d’un socle circulaire pose lui— m£mc sur un de peu flevd, enfoui en partie dans le sol qui s’est exhausse successivement devant l’eglise. Nous n’oublierous pas de signaler uue peiuture en gros rouge, sous la voussure du cinlre de l’a^ - ant-corps. C’est un ornement cou- rant, form6 de feuilles recourbccs qui naissent dune tige commune plantc’e dans un culot en forme de fleur de lys. Cet ornement est au simple trait, mais indique largement. C’etait peut-^tre pour le sculpteur un trace qui n’aurait point etc execute. En tout cas cette peinture nous a paru posterieure la construction du portail. La nef qui est romane n’a qu’un seul bas-edte , au nord, eclaire par des pleins-eintres qui ont e ! ti ! retouches et couverts par un plafond en planches. Le mur de separation est percc d’une arcade plein-cintre fort bassc , puis par une ogive aiguii elevee sur pieds-dioits sans base et couronui's d’une imposle saillante sous l’arcade seulemenl. Cette nef est ensuite terminee par un grand arc plein-cintre, perpendiculaire 5 son axe. Vieut ensuite une Iravt’e plus grande dont Fogive taillcc en biseau sur ses aretes, s’clevc d’un ebte sur le pied- droit roman qui lui est propre, et de l’autrc s’appuic sur un faisceau de colonnes engage 5 uu pilier gothique que Foil a substituc au pilier roman. C’est sur ccs cintres et ccs ogives que s’elevail autrefois le clochcr en bois qui a ete abatlu. Au c6te droit de la nef il cxiste deux fenfires ogi vales; la premiere est en brique, ouverte sculemeut depuis dix aiinfes; la seconde qui correspond 5 la travec du cloeher , n. / ■ST* 1 u " #. -J j iff Yoi/ayc Arc/ieclyitjne ifcrit.r te ftyar "' de / An tv i-C 4 ' C .T ickot DeL etLlUx swam **• i * l-'l 25 <— «s date da commencement du XVI e siecle; elle cst divisde par un meneau et 3i compartiment. Une porte plein-cintre dtroite et ft cla- vaux longs et serrds, mais aujourd'hui bouchde , se remarque aussi dans le mur. Elle cst dvidemment de la premiere construction , et communiquait au cloilre qui dtait de ce c6td. 11 occupait la place des bfttimens du prieurd qui sont detenus aujourd’hui une mdtairie. Le melange de l’ogive au plein-cintre indiquait dans la nef ces essais incertains et timides d’une dpoque de transition. Mais a par- tir de la ligne du clochcr, on reconnait qu’un changement notable s’est opdrd dans l’architecture. Les piliers, naguere si lourds, tiers maintenant de leurs nombreuses colonnettes, s’elancent avcc har- diesse et yont soutenir, ft une elevation dejft remarquable, l’ogive ft la coupe dldgante, aux nervures cylindriques, dessinant avec grftce les contours de la voftle. Le treizieme siecle commence et avec lui parait un systeme nouveau qui va enfanter des merveillcs dignes encore de toule notre admiration. L’espace qui sdpare les deux derniers piliers du clocher de ceux qui commencent le choeur est divise en deux travdes par des arcades ogivales orndes de boudins , et soutenues au milieu par une colonne isolde dont le chapiteau est ornd de deux rangs de feuilles recour- ses. Sur le tailloir octogone irrdgulier s’dleve en porte-ft-faux une colonuette qui soutient la retombde des nervures de la grande voftle. Ces nervures sont formdes par des tores auxquels une ardte ft peine sentie donne, en les divisant, plus de finesse et de Idgerete. La base des colonnettes en porte-ft-faux est soutenue par des figures vues de dos et tellement grotesques que Ton a jugd prudent de les mutiler, parce que les femmes pendant leur grossesse n’osaient en sup- porter l’aspect. Cette disposition de deux petites arcades eutre deux grands piliers, est d’un tres-bon effet , pour les petits edifices surtout. Elle permet d’espacer davantage la masse de ces gros piliers et de donner plus de legeretd ; car , sans cette division les arcades auraient paru lour- des et dcrasdes en raison de leur peu d’dlevation relativement ft leur portee. Deux travdes latdrales correspondent ft ces arcades ct fer- ment un allongement au bas-cotd. Elies sont dclairdes par des Ian- cettes et termindes par des murs droits qui joignent les premiers piliers du choeur. Comme il n’existe pas de collateral ft droite , ces trav<5es ferment une apparence dc transept; mais l’une des colonnes du pilier de l’angle, au sud-ouest, qui est visible ft Texterieur, et le mur sous l’ogive qui n’est pas lie en oeuvre , indiquent assez que Ton avait l’intention de continuer ce bas-c6te dans Thypothese d’une reconstruction complete. Le choeur a deux travees dclairdes par des lanceltes surmontdes d’ouverlures circulaires dont la baie est en ligne droite inferieure- ment. Le mur droit qui letermine, ft Torient, est ouvert aussi par des lancettes au nombre de trois. Au-dessus de celle du milieu plus dlevde est un oeil-de-boeuf ddcord extdrieurement par un cadre charge de profils et fort saillaut. Plus haut encore , une lucarne est percee dans le pignon. Les lancettes, au dehors, sont accompa- gnees de colonnettes et ddcordes d’archivoltcs ft boudins , avec des fetes saillantes appliqudes sur leur ligne de jouction , au-dessus des chapiteaux. Elies sont representees sous les n os 9 et 10 dans la planche I rc . Les nervures de la voute du choeur sont soutenues, lateralement entre les deux lancettes, par des colonnettes appliques, semblaWes ft celles dont nous avons parld, et porfees ft leur base par des grotes- ques aussi mutiles au ciseau. Dans les angles les colonnes descendent jusqu’au pave. La disposition de ces colonnettes suspendue ainsi en porte-ft-faux sur le lisse du mur avait probablement pour but de faciliter le placement des chaires ou stales, et e’est plus particuliere- ment dans les eglises des monasteres que cette remarque a pu dtre faile. On en pourrait peul-dtre tirer cette induction , que ce sont les moines de Foucheres quiont fait reconslruire le choeur de Tdglise, au commencement du XHI e siecle , ct que ce ne fut que beaucoup plus tard que le monastere fut converli en simple prieurd. A Tcxferieur, les vofttes sont appuydes par des contreforts ft double retrait qui s’dlevcnt jusqu’ft la corniche. Celle-ci n’offre dans son profil qu’uu bandeau aminci cn biseau et soutenu par des mo- dillons arrondis par le bas et d’indgale largeur. Le conlreforl des bas-eftfes , ft Tendroit oft commence les constructions du XHl e siecle soutient un arc-boutant qui appuie le cintre ogival sous le clocher. La deuxieme lancelte, ft droite, est murde et forme une espece de niche dans laquelle on a suspendu les fers d’un chevalier esclave , en Orient, et qui avait dtd miraculeusement ddlivrd en se vouant ft Notre-Dame de Foucheres. C’est du moins ce que la tradition a conserve d’age en ftge dans le pays. Ouelques pieces d’armure, que Ton dit avoir appartenu au mdme chevalier, sont aussi suspendues avec les chaines. Cclle-ci est composee de trois chainous rcutiis, aux extrdmites desquels sont trois anneaux formds de deux pieces rivdes. Au sud cst la sacristie construite entre les deux derniers contre- forts, mais posferieurement au choeur. Sa porte est une simple baie carree. Elle est voftfee en berceau plein-cintre et dclairde au midi par une fenfire ogivale dont les pierres proviennent vraisem- bablement de la premiere lancette ft gauche du choeur qui a die dd- truite. Elle est aujourd’hui remplacde par unc large fenelre ogivale divisde par un ldger pilastre dorique qui soutient deux pleiu-cintres surmoufes d’uu cercle remplissant la partie supdrieure de l’ogive. Un joli vitrail , le seul qui existe mainteuant ft Foucheres , ddcore cette fendtre. On y a reprdsente la mort de la Vierge que Ton voit plus haut dans le cercle s’dlancer vers le ciel soutenue par des anges. La figure du donataire est pciute du eftte gauche et tournde vers TOrient selon l’usage. 11 est ft genoux , les mains jointes , devant un prie-Dieu recouvert d’un tapis ornd de son blason. Une chappe tres- riche lui sert d’ornement , et il ala crosse d’or appuyde ft Tepaule. Der- riere lui est un religieux , saint Benoit , vdtu d’une robe noire el te- nant une crosse de chaque main. Quel pent dtre le premier person- nage? — Le vitrail lui-nfeme, que Ton fait parler dans une inscrip- tion mise au bas, va nous Tapprendre : Ilivcvcnd perc cn Dice, frdre Elion d’ Amocovrt , able des abbays de Saint-Martin de Troyes et de Bovlccovrl , pricer de ce liev de Fovcheres, ma fait ici poser ct mettre 1575, priez Diev pour les trespassez. Sous le vitrail on voit une jolie chapeile sdpulchrale prise dans Tdpaisseur du mur et executee dans le mdme temps par les soius de l’abbd Elion. C’est un ordre corinthien soutenu aux angles par deux pilastres ornds d’arabesques et surmontd d’un attique couronud par des palmettes. La face est divisde en cinq compartimens remplis par un ecusson armorie et entourds d’ornemens varies. Celui de l’abbd Elion occupe le milieu : il est accompagnd de deux branches d’oli- S~* 24 <— S3 vier renversees, avec la crosse adossec. Le tout est et peint don!. Au-dessous , dans trois petits cartouches, on lit le nom d’Amoncourt, r^p<*t<* plusieurs fois comuie un cri de guerre ou de ralliement. Les autres ecussons sont charges des blasons de ses alliances de famille , et sur un bandeau saillant, qui passe au-dessous , on lit : Amoncourt Anglure, Amoncourt Piepape, deux fois repute's. Les parois de la chapclle sont ornees de petits pilaslres d’ordre dorique , clevis sur un soubassement ou Ton voit encore les armoi- ries de l’abbe Elion. Dans l’intervalle il y a des tallies cintrdes par le haut, decorees d’un cadre a feuillcs d’eauet dore'es. Elies attendaient probablement des inscriptions funcraires qui u’ont point etd gravies. Le fond de la cliapelle etait couvert d’ornemens sculptes a plat, imi- tant les ancicnucs ctoffes, et au milieu etait encore l’dcusson, plus en grand, du prieur Elion. Sa tombe en marbre noir, sur laquelle on le voit gra \6 de grandeur naturelle et avec ses habits pontificaux, servait de pave a la cliapelle. Elle posait sur un soubassement ft la hauteur des pi(!destaux des pilastres places aux angles du monument. Nous sommes obliges de parler au passe , parce que loute la partie interieure de ce tombeau a beaucoup souffert. La pierre tumulaire a ete bristle el l’&usson du fond arrachd. On s’occupe aujourd’hui de la rcstauration de ce joli monument dont l’ornementation est d’ua goiit exquis et d’une puretd d’exdcution remarquablc. L’inscription de la tombe est a peu de chose pres unc repetition de celle du vitrail. On n’y lit pas la date de la mort de 1’abbe d’Amoucourt, arrivde en!587 : cc qui prouve que lui-mdme fit exdcuter son tombeau de sou vivant K Au-dessous il existe un caveau voiite en berceau ayant six pieds en lout sens. Deux tenons de pierre fixes au mur avec un de au milieu du caveau soutenaient un cercueil jadis ferine , rempli depar- fums et renfermaut le corps de l’abbd Elion , avec tous les insignes de sa dignite. Mainteuant le cercueil ouvert, ddlabrd, rend au sol humidc les ossemens qu’on avail en vain voulu lui derober. Bienlot de ces restes de l’orgueillcux prieur , il n’y aura que le souvenir de sa magnificence ct de son goiit pour les arts. Issu de la fa- mille des ancieus comtes d’Anglure , l’abbe Elion dlait ne dans l’o- pulence et il avait des goiits de prince. Les diguites eccldsiastiques lui avaient scmble un moyen sftr d’alimenler son luxe, et il les avait recherchees , certain qu’un nom antique et illustre les lui ferait obte- nir. Riche beni'ficiaire, il employa ses revenus a balir, ct passa sa v ie ft Clever de somptueuses maisons ct de magnifiques tombeaux. A Troyes, par ses soins, fut conslruit le corps de logis abbatial de Sain t-Martin-ds-A ires, ct e’est dans une des pieces principalcs de ce bailment qu’on voyait encore, il y a quelques annees, une riche cheminee decoree de son (!cussou point et charge de dorures. A Bou- lancour, il s’etait fait (’■lever dans l’dglise du couvent un superbe tombeau qui nc devait. pas recevoir sa cendre. A Foucheres, il avait ajoutd deux grandes salles ft sou prieurd, avec des cheminame be (youefjeve^. Elle est remarquablc cette ins- cription en ce qu’elle prouve, par une tradition suivie, que l’image de la vierge avait acquis une grande celebrite et etait en grande veneration dans le pays depuis un temps tres-reculc. Le passage de saint Bernard ft Foucheres pour venir ft Troyes est encore une nouvelle preuve venant ft l’appui de cette tradition. Il est dit que ce saint abbe avait unc devotion toule particuliere ft la sainte Vierge, et c’est probablement parce qu’ellc etait singuliere- ment venerec comme patronne de Foucheres qu’il s’dtait ddtourm! de sa route. — Le sujet choisi pour le fond du vitrail de l’abbe d’Amoncourt n’est aussi qu’un hommage rendu ft la Yierge patronne de Foucheres , qui y est representec au moment de sa mort. Enfin ce sont les habitaus qui ont fait clever ft leurs frais la sta- tue de la Vierge tenant l’Enfant-Jdsus que Ton voit, sur unc colon ne, ft la tote du pont. Ce monument, que Ton peut attribuer au XIV C sie- cle, est aujourd’hui incomplet. Il etait termine par unc croix de pierre decinq ft six pieds de haul ct qui portait un double Christ, l’un tourne lion en gothique angulaire est effacec en partie, nous apprend qu’elle couvre le corps d’un seigneur de Monti gny-sur- Aube ct de VUly , qui trespassa le lilt jour de juillet, l' an mil 1I1II cent trenle. Le nom a disparu , mais les armoiries placees aux angles nous apprenneni que c’est encore un d’ Amoncourt qui etait venu probablement se rendre aussi a Foucheres. Voyfiuys A e/crjt,v Y^ey?.. de / vi/z/fr . 17:3 Mh. -TT.de r Epicene, 63. ] Ti tel mSStiBk MJM i + 1 g&gi i AAVvVArA 3DJE JL P AHBIB]E TEILIKKN IIT AM4WCD ©HM’l mu!VT-£ J | V S, 1F) "f slE \ E i -* 25 k Torientet Tautrc k l’occident. Cette croix, dont lesextrdmitfs dtaient ornfes de fleurons et feuillages fut brisee par un ouvrier maladroit lorsde la translation de cette statue a la tftedu nouveau pout. — Cette image de la Vierge , haute de quatre pieds et demi , est portae sur un groupe de trois colonnettes engages a celle qui portait la croix. Elle a environ douze pieds d’flfvation. Au-dessus de la statue , qui en fait partie intfgrante, au lieu du dais oblige, un ange s’incline cn fcartant son manteau pour abriter la mere du Sauveur. La tfte manque 5 TEnfanl-Jesus. La Vierge porte son regard vers la terre et un sourire semble animer ses levres. Elle a une couronne et un voile sur la tfte. Chaque annfe les villageois font hommage 5 la Vierge des prfmices de leurs rfcoltes et attachent au bras de la statue des raisins et des tipis de bit?. — Les chapiteaux des colonnettes sont ornfs d’un rang de feuilles droites et serrfes , et leur tailloir commun est enrichi de feuilles de persil tres-finement travaillfes. Le double socle profilt? est aujourd’hui engagt? dans un massif de pierres carrf. Sur la face du nord on a gravt? le millesime 1742, epoque de la trans- lation ; k cott? est aussi gravf l’fcusson aux armes de l’abbt? Elion , avec la date de 1571; il avail fait les premiers frais de ce massif lorsque la croix ftait encore placee k la tfte de 1’ancien pont de bois dans l’axe de leglise. Ce monument k cette epoque ftait d’uue seule pierre, il a t?tt? seif? depuis en plusieurs morceaux et diminut? de hau- teur , pour facililer le transport. Leglise de Foucheres , k l’exception des baies des portes et fenf- ires et du parement des contreforls, est construite lout entiere en petites roches du pays. Nous devons terminer en remerciantM. 1’abbt? Tridon, curt? de Fouchf res , de l’empressement qu’il mit nous seconder dans nos recherches, et encourager, comme ties- utile, lezele qu’il apporte k la conservation des objets precieux que renferme son fglise. A noire prifre , il a bien voulu faire enlever la boiserie de mauvais goi'it qui couvrait le tombeau de i’abbe Elion et enveloppait les piliers du choeur jusqu’au-dessus du chapiteau. ■w nrwww wrsir^rsriRnannnnrsinsr^iriso^ TROYES. PALAIS DES COMTES DE CHAMPAGNE. Le palais sur lequel nous voulons laisser quelques notes, bien qu’il n’existe plus, ftait la demeure ordinaire de ces comtes palatins qui rfgnfrent sur la Champagne pendaut plusieurs siecles et qui avaient choisi Troyes pour capitale. Le plan de cet edifice presentait dans sa masse un carrf long et formait un retour dVquerre avec Tfglise collfgiale de Saint-Etienne, qui dfs l’origiue ftait la Sainte-Chapelle de ce palais. La facade prin- cipale, tournee a l’orient, ftait percee au premier ftage de cinq croisees et d’une porte dfcorfes de colonnes ct d’ogives prises dans Tfpaisseur du mur, qui ftait considerable. La porte, placfe irrfgu- lifrement k droite entre la troisieme et la quatrifme croisi’e, ouvrait dans une grande salle dont nous parlerons bientot. De chaque cdtf de la baie , sur une espece de socle ou soubassemeut, s’flevaient trois colonnes engagfes qui portaientla retombee d’autant de cintres ogives formfs par des torrons de mfme diametre que les colonnes. Au-des- sus de ces cintres fiail une archivolte saillante, fouillee d’une gorge profonde et portfe des deux c6tes par une espece de cul-de-lampe orm? de feuillages et d’auimaux fantastiques. Dans le fond de l’ogive, au-dessus de l’ouverturc de la porte, 26 fcnrtrcs tcrmindes cn ogive, et qui navaient d autre ornement quo leurs claveaux un peu saillans, dclairaient ces difforentcs pieces du c6fo de la grande facade. Ce palais ccssa d’etre la dcmcure des comtes de Champagne en 1220, . i “j 0, ^ V, S. ■' ^ > •<’\ 4 | ( 53 — > ces antiques monumens , la place du palais est muette et froide. Ces nouvelles constructions dont on vient de jeter les fondemens et qui parlent si haut par leur immense utility , egaleront-elles en magnifi- cence et en grandeur celles que nous avons perdues?... EGLISE ROYALE ET COLLEGIALE DE SAINT4TIENNE. Nous ne pouvons plus aujourd’hui que montrer le lieu oti s’elevait ce monument, mais le passer entierement sous silence nous etait presqu’impossible ; il se rattachait de trop pres, et par ses souvenirs ct par sa construction, au palais de nos anciens comtes, qui vient d’etre mis sous nos yeux. Cette eglise ne fut d’abord qu’une chapelle dediee A jdsus crucifix, sous l’invocation de St- Andre, et desservie par deux chape’ains. Dans la suite elle avait ete erigee en paroisse, et elleen portait encore le litre; en 1787, epoque de sa suppression, l’autel paroissial etait sous le jube, a droite de la porte du choeur. En 1 1 57 , le comte Henri I er changea cette chapelle en une grande eglise, digne de sa magnificence, et la dt'dia au premier martyr saint Etienne. II y fonda ensuite soixante-douze prebendes, en l’honneur des soixante-douze disciples de J.-C. ; a sa- priere, la nouvelle colld- giale avait ete dedarde, a plusieurs epoques, cxempte dc la juridiction des dv£ques de Troyes. Ce prince etendit ses liberalites aux chanoines qu’il appelait ses enfans, ses chapelains; filios meosj capellanos meos. II leur donna de grands biens et de nombreuses maisons avec de beaux jardins, situes entre les deux brasde la Seine qui traversent la ville. C’est le quartier qu’on appelle encore aujourd’hui le cloltre St-Etienne. En l’an 1188, l’horrible incendie qui detruisit une grande partie de la vilie de Troyes , causa de grands dommages a l’eglise de St- Etienne; si l’on en croyait la chronique de Robert, moinede St-Marien d’Auxerre , elle aurait ete entierement reduite en cendre , mais ce qui fut conserve du monument , prouve assez l’exageration de son rdcit. Le comble qui etait couvert de plomb, fut detruit, ct quelques vohtes endommag^es ; elle perdit aussi une partie de ses vaisseaux d’or et deses riches ornemens. Les comtes Thibaut III et Henri II, fils du fondateur , voulant honorer la mc-moire de leur pere et signaler leur propre piele, la relevereut de ses ruines, et la retablirent dans son premier etat. L’edifice etait extr£mement simple dans son plan ; c’etait une seule nef sans transept, accompagn^e d’un bas-c6te qui faisait le tour de l’hemicycle du choeur. En comparant 1’etendue du choeur Si celle de l’eglisc entiere, on pourrait etre surpris de la grandeur du premier; mais il faut observer que l’architecte avait dii tenir compte du nombre des prebendes qu’y avait fondles le liberal comte Henri. C’etait du reste un des caracteres des anciennes collegiales d’avoir un choeur plus grand que les autres eglises ; et la raison en est facile Si trouver, puisque les fidelesn’y venaient point entendre la messe. 11 existait Si St-Etienne, entre les differentes parties du monument, des rapports de dimension qu’il n’est peut-£lre pas sans intdr^t de signaler ici. Ainsi , la largeur de la nef et du bas-c6te, pris ensemble, se trouvait exactement trois fois repetee depuis l’enlre'e de cette nef jusqu’au fond de l’absidc ; le choeur moins cette abside et la nef, sans y comprendre l’arcade sous le clocher , se trouvaient avoir aussi , dans leur plus grande dimension , la largeur totale de l’eglise. La largeur de la nef et du choeur , prise dans l’axe des piliers , etait de viogt- neuf pieds. Cette mesure se trouvait tire aussi celle du c6te d’un carre dont les angles se seraient rapports aux axes des quatre piliers du clocher. Le diametre de ces derniers n’excrilait point celui des autres piliers , et la separation du choeur d’avec la nef , nVtait accusde que par l’arcade plus large, a laquelle ils servaient de soutien. Entre les piliers flanquesde colonnettes dont un faisceau soutenait les nervures des grandes votiles, il y avait des colonnesou des piliers plus petits qui divisaient les grandes travi'es par deux arcades. Cette division , comme nous l’avonsdit, n’existait pas sous le clocher. Au- dessus de ces colonnes isolees, s’elevaicnt des colonnettes engages au mur des trumeaux des fendres. Elies supportaient les nervures qui, consequemment, subdivisaient aussi les aretes croisSes de la voiHe. Les fenfires ouvertesdans l’intervalle etaient ogivales, geminees et encadries dans une arcade plus grande.. Une chapelle assez longue et dedide cl la vierge , existait derriere le choeur. Le pieux comte Henri y avait, des l’origine, fonde quatre chanoines ditsde Notre-Dame, qui, chaque jour, devaient chanter messe haute £> la vierge, et y entretenir une lampe ardente. L’axe de cette chapelle formait vers le nord , un angle assez prononce avec celui du choeur. C’etait encore un exemple de cette deviation dont on avait eu l’idde au moyen-%e pour imiter l’inclinaison de la tete de J.-C. sur la croix. A droite de la chapelle Notre-Dame , il y avait celle de Ste-Hoylde, vierge, dont le culte avait ete introduit a Troyes par le prince fon- dateur. Suivant le manuscvit de Duhalle, il existait sur les basses-vofites de lYglise, pres de la tribune d’ou nos comtes entendaient la messe avec leur famillc, des galeries oh se pla?aient Ieurs vassaux, seigneurs ou courtisans, les jours dc grandes solennitds. Ces galeries qui occu- paient les premieres travfe de la nef, avaient (He murees depuis pour consolider l’eglise. Deux tours carrees, inegales en hauteur et en grosseur, flanquaient le choeur vers son milieu. Leur Ovation etait mediocre, et Ton croit m6me qu’elles n ’avaient jamais ete acheve'es. Du mfme cdte etait une porte percee a peu-pres dans l’axe du clocher ; il se peut qu’clle ait exists antdrieurement, mais la decoration de celle quel’cn y voyait, lors de la demolition de lYglise , appartenait & la fin du 1 5 e siecle; le linteau en etait surbaisse et charge de moulures anguleuses qui se prolongeaient sur les montans du chambranle. Au-dessus, une archivolte ogivale encadrait un bas-relief dont lesujetet la composition avaient ete copies sur le sceau du chapitre. Le comte Henri y etait represente & genoux, offrant le modele de l’eglise qu’il avait Iritie, au saint-martyr Etienne. Un auvent en bois , enjolive de decoupures en plomb, abritait cette sculpture. Sur la meme ligne, une porte correspondait 5 la deuxieme travee de la nef ; celle-ci appartenait cl la premiere construction, et elle etait decode de plein-cintres et de colonnettes l . En general le c6tedunord n’avait eprouve ni altera- 1 Un dessin de cette porte a et£ fait par M. L. Rondot, M. C. Rondot son fils, habitant de Saint-Quenlin , en est 1c possesseur. 28 <— & tion , ni changemcns scnsibles, si ce n est dans 1 exhaussement consi- derable du sol de la place d’oh 1 on desccndait ncuf marches dans la nef. II est probable que le pave avait 3 peu-pres conserve son ancien niveau. Du meme chtd , les contre-forts avaient ete retouches et decores 3 lcurpartie superieured’un groupe d anges. Au couronnement du nmr, on avait ajoutd unc corniche saillante. Si tels etaient les changemens peu considerables qu’avait subis la partic du nord, il n’en etait pas de meme du c6te dusud. Des chapelles laterales ajoutdes 3 differentes epoques par de pieux chanoines en avaient entierement altere le primitif aspect. Celle de Saint-Martin, qui etait au sud-est et sdpardc de l’eglise, avait ete commenceeen 1370 aux frais de Jehan Bizet de Barbonne, chanoine et chantre de saint Etienne. Elle ne fut achevee qu’eu 1378 apres la mort du fondateur. A c6te de 1'autel, dans l’epaisseur du mur,on avait pratique une armoire fermde d’unepetitegrillede feroh l’on avait place la chappede •Saint-Martin dvdquede Tours. Elle fut depuis transportee au tresor. Les vitres de la chapelle avaient etc peintes et posees cn 1377 par .lacquinot Plumercux , verrier 3 Troyes. II avait cinq sols six deniers par pied r >' iftmm, A - I’omlc O'- Champs 29 Nous allions oublier de dire que plusieurs piliers du choeur et des bas-chks, offraient encore des restes d’architecture romane. On y voyait quelques plein-cintres el de fort beaux chapileaux donl un seul conserve au mustk de noire ville suffirait pour donuer une idee de la beauk et du gout de l’ornementalion de I’interieur de lkglise. L’ancien clocher en bois qui sklevait au milieu du comble a vait £td abattu cause de sa \klusl6. II n’en restait plus que la partie infe- rieure qui £tait octogone. Sur chaque face on voyait gravd en creux au trait , sur les larges tables de plomb done dies mei vincula solvo rei. « Au bas du rdglet il y a un chapelet de bronze dord, qui fait le tour du dedans du cadre , pour couvrir les clous qui tiennent le fond allachd. « Au-dessus de la figure de Notre-Seigneur sont deux anges , l’un d droite, l’autre gauche, tous deux de relief en demi-bosse, hauts chacun d’environ quinze pouces sur six de largeur : ils sont d’argent, dords en quelques endroits sur un fond aussi d’argent, semd de prlites rosettes d’argenl dord. « Au-dessus des anges, dans la parlie du cdtd de l’dpitre, en ti- rant vers l’aigle, on voit la figure du comte Henri toute d’argent en demi-bosse, haute de vingt-trois pouces sur sept dc largeur, tenant en ses mains la figure d’une dglise d’argent dord, qu’il parait prd- senter S saint Etienne, qui est auprds. La couronne est aussi d'ar- genl dord, garnie de pierrerics, qui sout, un saphir, une agalhe orientale et quatre petits grenals. 11 y au-dessus de la tdte une espece de lour accompagnde de deux petits domes : le tout aussi bien que le fond est d’argent, dord en quelques endroits, semd dc rosettes, et termini 1 de mdme que loutes les autres figures par un chapelet de bronze dord. « Dans la portion du c6td de l’fivangilc, tirant vers l’aigle, il y a la figure de saint ttienne , de mdme relief que celle du comte Henri, toute d’argent, haute de vingt-deux pouces sur environ six de large , rev^tue de l’habit de diacre , tenant en main un texte dor£, au milieu duquel est une croix sur laquelle Ji'sus-Christ est attache, et les figures de la sainte Yierge et de saint Jean, aux deux coins de la croix; de l’autre main il tient une palme dorCe, ainsi que le manipule , le collet, les cheveux , le bas des manches, lc bas de l’aube, les fleurs dont la tunique est semee : le reste de la tunique est gravi? de differens feuillages, le fond en est d’argent semi* de plusieurs rosettes dori'es, et termini 1 par un chapelet de bronze dort 1 . Dessous ce tom- beau git le corps du comte Henri 1 , fondateur de celte i'glise , mort le 17 mars 1180 : il est dans une grande pierre creus£e de la lon- gueur du corps , couverte d’une tombe. SECOND TOMBEAU. « Il est au pied du tombeau prudent , mais plus beau et enri- chi d’un grand nombrede pierreries et d’Onaux de differens dessins et de plusieurs figures d’argent qui repr^sentent la famille des comtes de Champagne. Il est tie m£me hauteur, longueur etlargeur que le prudent, et sur le meme pedestal. C'est l’ouvrage de Blanche de Navarre, et un monument de son amour pour sou mari, comme on le voit par ces deux vers qui sont graves au-dessus de sa figure : Hoc tumulo Blancha Navarros Regibus orta , Hum comitem velat quo fervcat igne revelat. « Thibault 111 du nom, comte de Champagne, £(ait cet £poux ch6ri, « La plinthe de la base est garnie d’argent, et enrichie de vingt- huit grands Onaux, dont les differens dessins et l’or rendent cet ouvrage d’une grande magnificence. Entre chacun des emaux il y a une espece de bassin , pouss6 sur l’argent, qui en fait la separation. La doucine est aussi couverte d’argenl ciseh?. Le liteau ou n'glet est couvert de bandes de bronze dore , sur lesquelles sont graves, en let- tres relevees en email, ces mots, qui commencent ft la t6te du tom- beau du c6t£ de l’Evangile: Hdc Deus arbe mori mihi contulit ut geniiori, Judeam penetrarc pium votum, meclitanti Solvere , quodvovi domino probat ista figura. Ut requies detur mihi, qui legit ista , precetur. Filius hoc tumulo , genitori proximus hceret Muniat ut stephano , duplici sua dona sigillo, Annis d Christo completis mille ducentis Me caput cevi, finis Maii claudit in urnd. « De dessus la base s’eievent trente-quatre colonues ft huit pans de bronze dor^ et cisei^ , dont le chapiteau est d’ordre corinlhien, qui , avec. leurs accompagnemens , forment plusieurs niches tres-ma- gnifiques, savoir : une ft la t£te, une aux pieds, et quatre ft chacun descoWs, dans lesquelles sont placees autant de figures d’argent d’environ quatorze pouces de haut. « Derriere chaque colonne il y a une plaque de bronze dori? et dented aux coil's. Le fond de chaque niche est couvert d’argent , ainsi que tout ce qui sert de fond ft tout le reste du tombeau. « La plate-bande est couverte de bronze dor£ , gravtf et ^maillt?. La doucine est garnie d’une plaque d’argent poussde en feuillages. Le liteau est dc bronze don? , sur lcquel sont gravies les inscriptions convenables ft chaque figure. « Au bas du liteau, dans la capacity de son demi-rond, trois por- tions du cerclc forment un l refle , l’espace, depuisle liteau jusqu’au ti efle , est couvert de plaques d’argent dor£ , pouss^es en gros feuillages ; le treble est termini par un chapelet de bronze dor6 , d’ou risulte un ornement agreable. « L’entablement est soutenu aux quatre coins par huit pilastres d’argent , dor^s en quelques endroits, et cisel^s en feuillages, dont les deux cot^s de chacun sont termini's par un chapelet de brouze don?. A chaque coin du tombeau , entre les deux pilastres, il y a une baguette de mt'mc miHal dori'e. « Les niches sont soutenues par les trente-quatre colonnes, aux cot£s desquelles, entre les vides que lai se le dehors de chaque cerele jusqu’ft l’entablemenl, il y a la figure d’un ange ft demi-corps tout d’argent, don? en quelques endroits; ces anges sont au nombrede quatorze, dont six onl les ailes Vendues, et huit dont il ne parail qu’une des ailes, parce que ces anges sont places dans les encoignures du tombeau. « Dans la niche qui regarde l’autel est la figure de Louis-le- Jeune , Yll du nom , roi de France , aieul de Thibault III , par Marie de France, fille de ce roi, Cpouse du comte Henri 1 du nom. Cette figure tient en main un sceptre avec une couronne sur la tfete, gar- nie de pierreries : au-dessus de la niche sont graves ces mots relevtls en frnail ; Rex ego Francorum gravis hostibus hostis eorum. « Dans la niche qui suit du c6t^ de I’cpitre, est la figure de Henri 11 du nom, comte de Champagne , qui depuis ful roi de Jeru- salem et de Chypre; il tient un sceptre, et a sur la tfete une cou- ronne garnie de pierreries; au-dessus sont graves ces mots ; Urbe iud, Chrisle, Rex clectus fuit iste Nobilis Henricus, divinas legis amicus . « Dans la niche suivante , tirant vers l’aigle , est la figure de Marie de France, 5-4 «— e tronc a M reconnue ^tre un reste de substances aromatiques qui avaient servi ft l’embaumement. Enfin ces restes prdcieux avaient G<5 deposes dans la salle du trdsor de Saint-Etienne, d’oit ils furent transports ft la cathedrale, avec les sarcophages qui les couvraient. L’extraitdu proces-verbal de cette translation conviendra d’autant mieux ici qu’il terminera l’histoire de nos tombeaux. « Le 27 fGrier 1792, ft dix heures du matin, l’evfque Augustin « Sibilc, ft la tfite de son clergtf, les prGidens des tribunaux , qui « s’Gaient rendus au palais cn descendirent par le grand escalier « pour suivre le cortege qui Gait precede de plusieurs compagnies « de garde nationale, ayant leur musique en tte. Les sarcophages « Gaient suivis des deux niau soles places chacun sur un chariot « traine par trois chevaux couverts de draperies funebres. Sur l’in- « vitation des officiers municipaux et maitres de cGGnonies , les « poeles des deux sarcophages ont Gd lenus, savoir : celui du comte « Ilenri, par le sieur Lalobe, maire, les prGidens du departement, « du district, du tribunal criminel. Celui du comte Thibaut , par les « prf-sidens du tribunal du district, du tribunal de commerce, du « tribunal de police correctionnelle,et celui du bureau de conciliation. » « La marche a commence ft la porte de Ieglise Saint-Etienne, et « s’est prolonged par la rue Moyenne jusque vis-A-vis l’H6tel-de- « Ville ; delft , descendant la Grande-Rue, le cortege est arrive au « parvis de la cathedrale ou les sarcophages ont ete introduits avec « toute la decence et la precaution possibles. Un service a ete chante « en musique et celebre par 1’evGjue el son clerge. Les ossemens « ont ete mis dans des cercueils de chene, deposes sous le pave de « la chapelle de Notrc-Dame, derrierc le choeur, dans des fosses « creusees ft cet effet ; et, afin d’eviter toute meprise, on a fait mettre « sur chacun des cercueils la lettre initiale du nom du prince qu’il « renfermait. » Les honneurs rendus ft la memoire de nos anciens suzerains sem- blaient etre une garantie pour la conservation des monumens qui couvraient leurs ccndres; on les avait places de chaque c6te du choeur de la cathedrale , oft ils furent quelque temps exposes aux regards des curieux ; mais peu aprfes ils furent brises, et font mit en question si Ton nc ferait pas une seconde exhumation pour jeter au vent les restes dcs bienfaiteurs de la Champagne. Xvefiov be Gaint^ticnnc. Le tn'sor de St. -Etienne etait fort remarquable. Dom Baunier savant bGiedictin 1 en parle en ces termes : « II y cn avail peu en « France qui en approchasscnt tant par la richesse de la matierc « que sous le rapport de l’art. On n’y voyait qu’or et pierreries, « qu’agathes , rubis , topazes, etc., d’unc grosseur merveilleuse, et « tallies avec tant d’adressc qu’il est difficile de l’exprimer. » II de- vail encore A la munificence des comics de champagne de prtkieux 1 Recueil des archcvdcheS , evdclies et abbayes de France. Vol. in- 4 ° 1710. Ils furent fondcs speclalement en 1188, sous la denomination de Chanoinet du tresor. Le ilorin etait de 1 1 a pieces it la livro anglaisc dc Troyes. manuscrits, des pierres gravies, des croix processionnelles d’un tra- vail admirable , une foule de reliquaires remarquables par les Gnaux et les figures en relief soit d’or, d’argent ou d’ivoire dont ils Gaient ornG. Rien n’avait (■{(•, ndgligd pour en assurer la conservation, car deux chanoines avaient G£ charges de ce soin par le comte Henri II 2 Mais aujourd’hui tant de richesses ont disparu, et s’il en est encore quelques restes, ils sont diss^minGcft et la commetant d’autres orne- mens precieux que la pietd et l’opulence avaient rGtnis dans nos vieilles eglises. Devons-nous nous Conner qne les hommes de 92 ne voulaient rien de ce que les arts du 12 e et du 13 e sidcles leur avaient ldgu6? Ici pourtant nous allons indiquer quelques-uns de ces objets precieux : nous souhaitons en conserver le souvenir, per- suades que nous sommes, qu’il y auraithonte et ignorance a renier un passe honorable. Parmi les objets les plus curieux de ce trdsor, etait une magnifique table d’or chargee de bas-reliefs et enrichie de pierres precieuses. Elle avait ete donnee par le comte Henri et dans les grandes so- lennites, elle etait placee sur le maitre-autel pour lui servir d’or- nement. Une croix d’or tres-belle et tres-grande couverte d’emaux et de pierreries donnee aussi par le liberal comte Henri etait exposee sur l’auiel aux grandes fetes. En 1223 , le comte Thibaut IV emprunta la table et la croix d’or qu’il mit en gage pour fournir aux besoins de son Etat (ce sont ses propres termes) et promit de les rendre des qu’il aurait recu son revenu des foires de St.-Ayoult,de Provins. Nous devons croire qu’il tint parole, car nous savons que le chapitre perdit depuis ces deux objets precieux. En effet, vers le milieu du 14 e siecle , la table d’or fut enlevee par lesire de Piennes, connetable de France, et par le chevalier Jean de Chalons , pour contribuer & payer une partie de la rancon du roi Jean. Si la perle fut considerable, au moins servit- elle k faire une bonne oeuvre! Des lettres-patentes de ce prince, da- tees du mois de mars 1361, constaten t cet enlevement et leprix de cette table evaluee in mille florenis auri ad scutum dc cugno nostm 3> Charles V, dit le sage, passant par Troyes en 1367, visita le tresor de St.-Etienne et fut frappe de la grandeur et de la beaute de la croix dont nous venons de parler. Le chapitre pour repondre aux sou- haits de ce prince qui avait paru dGirer l’avoir dans sa chapelle , chargea deux chanoines de la lui porter. C’est alors que le roi par reconnaissance leur fit donner deux mille Gius d’or, somrne fort considerable pour le temps. On vit , depuis , cette croix figurer au tresor de la Sainte-Chapelle de Paris. Une toque ou chapeau en etoffe de soie rouge tres epaisse par- semee de pierreries et de perles fines, et qui avail appartenu au comte Henri, Gait attacht'e ft l’aigle tous les aus le 17 mars, jour de I'obiit dc ce bon prince. Suivant la tradition , ce chapeau Gait au- paravaut conserve ft la cathedrale, qui depuis l'aurait cedt! ft lVglise Le roi , pour dedommager les chanoines dc la privation de ce riche ornement , leur accorda l’amorlissement de cent livres parisis, a acquerir pour eux, hors fief et justice , cc qui fut confirme par Charles V son fils et successeur. Les litres originaux sont en latin, et conserves a lachambre des comptes, a Paris, sous la dale du 7 avril, aprcsPaqucs, l’an 1376. f • j ) ' • Nr ’ ' ' . i /• ‘ . t . 55 Saint-^tienne , afin de rappeler d’une maniere plus sensible la me- moire du digne fondateur lorsqu’on cdlebrait son anniversaire. 11 ne sera pas, je crois, dt5sagr£able de lire l’anecdote qui donna lieu au ddpht de son chapeau 5 la cath£drale. Elle sera d’autant mieux placee ici qu’elle nous peint bien les usages du temps et le caractere du prince qui tout pieux qu’il Gait, se laissait pourtant emporter par la colere. Le fait assez piquant drjft , !e devient plus encore parce qu’il est racontd par le comte lui-m£me dans un acte authen- tique de reparation qu’il fit au chapitre de la cathedrale. Voici la tra- duction littGale de cet acte : « Au nom de la trinity saintc et in- divisible, moi Henri, par la divine mistfricorde, comte de Troyes, veux faire connaitre i toujours, a tous chretiens tant pr&ens quA venir, tant clercs que laiques, qu’il existe k Troyes un faubourg, vulgaire- ment nomine bourg Saint-Denis. Ils sauront que mes predccesseurs ont donn6 ce bourg aux chanoines de leglise eathedrale de St.-Pierre de Troyes, libre et affranchi de toute soumission k notre justice, de tout irnpbt et toute charge et de la part des comtes eux-m^mes et dela part de leurs officiers. De plus, le tres excellent comte Thibaut, d’heureuse rnemoirc, anime d’un zele pieux, a reconnu avec doge et scelld de son sceau le don fait par ses predccesseurs. Moi-mdne, apres sa mort , j’ai montrd la m6me bienveillance en continuant la concession qu’il avait si pieusement accueillie. Mais voici que bientot, dans un mouvement de colere et d’indignation j’entraide vive force dans le bourg et m’emparai d’un certain Otran, homme de 1’GAque. Enfin press6 par le repenlir et cedant a la voix et aux avis de Dom Bernard, reverend abbe de Clair vaux, je vins au chapitre de Saint- Pierre , et D en presence de l’thAque Henri , des abbt's , des clercs , en presence de mes soldats, je reconnus humblement mon forfait ; entre les mains du prdvol Odon , j’ai regularise l’acte de ma propre main, et pour confirmer la loi que je devais, j’ai offert et donn£, comme souvenir de cette action , a Guirric, archidiacre et chambrier, le chapeau que je portais. Pour que ce droit fut acquis d’une ma- niere inviolable a l’aveifir , j’ai voulu qu’il fut confirme par cette charte, par l’apposition de mon sceau et la signature des personnes presentes. Henri, dvbque ; Bernard, abbs: de Clairvaux ; Ernaud, abbe 5 de Bonneval; Pierre, abbe de la Celle; Guillaume, de Dam- pierre; Villerion, de Mont-Royal; Hilduin, de Vendoeuvre ; Rahere, de Vetzuin; Hugon,de Rumilly; Odon, de Pongy; Goeffroy-Four- nier; Mathieu, de Toquin; Pierre-Bursault; Drogon, de Pruni. Guillaume, chancelier, l’a reconnu et ecrit. Fait A Troyes, Fan de Jesus-Christ 1151 , le cinquieme jour des calendes de mars. Nous avons oubli<5 un instant l’inventaire tout gracieux que nous i Selou Sainle-Foix , celte espece de bourse elait appelee sporta. Phi- lippe-Auguste, dit-il, anime d’un sentiment vraiment pieux, fit fabriquer des bourses pour le voyage de la Palestine , afin d’y renfermer les reliques qu’il esperait y recueillir. 11 se sournit lui-meme a cette regie, et recut, des mains de Hugues, abbe de St-Deuis, avec roriflamme, la sporta, sac de voyage, que depuis nous avons appele cabas. A son imitation, les princes et les chevaliers qui se croiserent, en firent fabriquer pour eux, qu’ils enrichirent de leurs armes. — Une aumoniereou bourse, assez sem- blable a celles du tresor de St-Etienne, quant a la forme, et publiee par Moutfaucon, est ornee d’un ecusson et de dauphins. ctions en train de faire du tresor, mais nous le continuous, parcequ’il nitrite tous egards notre examen. On y trouvait trois aumimi£res ott escarcelles, attributes au comte Henri et 5 ses succcsseurs i . La premiere, reprtsentte dans la planche IV, etla moins bien con- serve, offre cependanl quelque inttrtt par le sujet qui y est brodt. Elle est orntede boutons et de glands de soie verte. Les figures, assez real dessintes, ont etc travaillfcs 5 part et cousues sur unfondde velours rouge; elles sonl relevees en bosse, au moyen de coton glisst dessous. Dans le haut, on voit un jeune homme assis 5 la maniere des orientaux , son costume aussi est tout oriental , sa ttte est raste et recouverte d’une espece de capuchon qui fait partie d’un manteau blanc, releve en arrierc sur les tpaules et dont les plis reviennent sur les genoux, e’est le bournou des Arabes. II a une vestc ronde en piqut violet et 5 manches pendantes au coude ; une large culotte lui descend jusquA mi-jambe, et il est chausst de longues panlouffles jaune-clair. Un arbuste 5 larges feuilles s’tltve devant lui , et il tient un petit vase de la main droite; peut-ttre renferme-t-il des parfums qu’il vient de recueillir. Sa figure est jeune et imberbe; dans tous ses traits Ton reconnait la fraichenr et la force de la jeunesse. Ce person- nage est proportionnellemenl plus grand que tous ceux qui sont re- prtfsentG sur la mi'me broderie; on doit juger qu’il est le h£ros du sujet. En effet, dans la partie inferieure, 5 droite, onle voit vbtu de mfime, 5 l’exception de la tGe qui est coiffce d’un bnorme turban blanc. La scene achangtf; ici il amene unmonstre enchaint 5 , aux pieds d’une femme qu’en reconnait bientht pour Gre une princesse. Elle est placee devaut un trhne pliant, 5 la maniere de cenx des anciens rois de France, d’ou elle vient de se lever pour recevoir avec plus de dignity l’hommageduvainqueur; de la main gauche elle lui pVsenteuneboule qui est le symbole de la puissance. Elle est vGue d’une robe blanche ddcolletV et relevV sous le sein par une ceinture. Ses cheveux sonl longs et frisks, ils lui desceudentj usque sur les £paules.L’animaldompt<5 qui est mis 5 ses pieds est probablement un lion; car il n’y a que cer- taines parties du corps qui soient bien caracterisees. Le sujet de cette broderie donne lieu 5 quelques explications historiques. Le costume et le caractere des personnages ne permettent gucre de douter qu’il n’ait rapport 5 la conduite scandaleuse de la reine Eldonore, femme de Louis le jeune, roi de France. Elle avait suivi son mari en Palestine, pendant la croisade. « Parmi les chevaliers, et m£me les Musulmans, « dit Michaud dans l’histoire des croisades, qui, pendant son s^jour « 5 Antioche , attirerent tour-fi-tour les regards de la reine Eldonore, « on citait un jeune Turc qui retjut d’elle des pVsens, et pour lequel « elle voulut abandonner le roi de France. Dansces choses let, remarque mgenieusement Mtfzerai, on en dit souvent plus qu’il n’y en a , mais Les bourses etaient garnies et orneesd’orfevrerie, le fond etait d’etoffe precieuse ou de velours ; elles prirent , selon leurs differences de formes et de grandeur , le nom de bourselot, de goule , d’aumonicre , d’escarcelle. Les rois, les princes, portaient des aumonieres; e’etait celles des gens d’un rang inferieur qui s’appelaient escarcelles; cependant, les hommes d’un rang distingue leur donnaient quelquefois ce nom. Elles tenaient lieu de poches qui n’etaient pas encore inventees. L’usage et le nom d’escarcelle a dure jusqu’a un temps assez recent. » (Millin, antiquites nationales, II, page i36.) 56 quelquefois aussi il y cn a plus qu’on n’en dit; et nous pouvons ajouter qu’on n’cn disait pas trop, puisquc le prince dut user dc toute son in- lluence pour arrdter ces dereglemens et sauver l’honneur royal com- promis. Le temps oil cette broderic a die faitc, tres-rapproche de cclui oil vivait cette reine ou mdme de son vivantj serait un monument de sa honte s’il n ’dtait un monument de la haiue qu’ellc avait soulevce. En effet , ses petils-fils Henri II et Thibaut 111 , apres la rupture de son manage avec le roi , avaient A lui reprocher une seconde alliance, et Ics liens de la famille ne parlaient pas assez haut pour faire taire leur ind gnation. La deuxieme aumoniere, beaucoup mieux conservde que la pre- miere, offre aussi un dessin plus availed et d’un meilleur goiit; elle est dvidemment d'une dpoqne postdrieure. Dans la partie superieure qui en recouvre l’ouverture, on voit une jeune femme mollcment couchde sur un tertre de gazon et profonddment endormie. Un adoles- cent aux cheveux blonds et bouclds, qui, du pied, effleure A peine la terre, apparait A la dormeusc, et semble, par son geste , indiquer le silence ou recommander Iadiscrdtion. Des ailes couleur de rose et do- rdes, s’adaptent gracieuscment A ses dpaules, et il est revdtu d’une longue robe verte ; devons nous dire que e’est un ange, ou 1’amour? La rdponse sera en favour du dernier, si Ton considcre le costume ga- lant de la dame qui porte une longue robe rose, relevde au-dessous du sein par une ceinture verte. Ce sujet n’est probablement que le prelude de cel u i qui est reprdsentd dans la partie inferieure. C’est dvi- demment un songe amoureux, un rdve de bonheur et d’esperance, si Ton veut faire entrer pour quelque chose la couleur des vdlemens des personnages qui semblent uc pas avoir dtd choisis sans dessein. L’a- ldolescent aux cheveux blonds retenus par un bandeau, est sans doute ’amour qu’on n’a pas voulu reprdsenter nu pour ne pas outrager la ddcence. La dormeuse doit dtre une dame de haute distinction si Ton examine sa coiffure, ses cheveux blonds sont relevds enarriere, et formds en grosses touffes nattdes sur les colds de la tdte. Si cc premier sujet nous offre lout le charme de la voluptd qui som- meille, s’il provoquecn nous de gracicuscs iddes, nous allons bientbt trouver un contraste frappaut. Dans la partie infdrieure, deux jeunes femmes assises vis-A-vis l’une del’autre sur des tertres de vert gazon, sont dans des postures tout-A-fait identiques. Elies ont une occupation assez bizarre, puisqu elles partagent, au moyen d une scie, un coeur posd sur un trdne d’argent. On devine bien que ces deux belles sont au moins d’accord pour ce singulier partage; c’est lA certes un dtrange moyen de se contcutcr rdciproquement. Mais, quel pent dtre ce coeur dont la possession est si recherchde, et auquel on attache un prix si grand qu’on puisse mdme consentir A n’en avoir que moitid. Ne serait- ce pas cclui de 1 aimable 1 hibaut, de cc prince troubadour et guerrier qui chanta toute sa vie 1 amour et les belles , joignit A sa double cou- ronne dc souverain lc laurier du poetc et faisait ses ddlices de la lecture des podsiesdOvidc. Quel autre prince pourrait meriter mieux unc expression aussi duergique d’un sentiment affectucux ! cependaut, malgre leur mutuel accord, nos deux belles ne doiveut pas possdder lc ciTur dc leur royal amant. I n bras menu cant paralt sortir d’un nuage au-dessus d’ellcs ; il est armd d une hachc et va romprela scie. Le coeur nc doit pas dtre partagd. Unc autre femme le leur dispute \ ivement cn secret, car le nuage n’est lA que pour marquer le mystdre dont cellc-ci , d’un rang plus dlevdpeut-dtrc, avait voulu s’envelopper. Nous disons unc autre femme , parce que ce bras mystdrieux est celui d’une femme facile A reconnaitre a la manche et A son pendant plus long que dans les autres figures, ce qui dtait probablement une dis- tinction de rang. Si l’intrigue du roi de Navarre avec la reine Blanche dtait prouvde, on pourrait voir dans cette broderie une allusion a cette princesse que le comte Thibaut aima toute sa vie, et qui le rendit insensible aux charmes des autres femmes. Le trone surlequel le coeur est posd suffirait bien pour designer un coeur royal, et les costumes sont bien ceux du temps de St-Louis ; mais tout ici n’est que conjectures. Ouoi qu’il en soit, on ne peut cependant, sous le voile de l’alldgorie, md- connailre une intrigue galante de la cour de Thibaut, allegorie qui dut paraitre fort ingdnieuse pour le temps, et que maintenant mdme nous ne trouvons pas ddpourvue de certain charme. Ce qu’il y a de certain , c’est que cette broderie si ddlicate, si fine et si parfaite , est l’ouvrage d’une femme qui l’aura enlreprise comme un monument de sontriomphe sur sa rivale, et cette femme occupait un rang distingud a la cour de Thibaut qui est ici le hdros du sujet. Ce qui rend cette aumdniere encore plus intdressante, c’est que ce prince cdlebre l’aura portde pour l’amour de celle qui lui avait donne lc sien. Pour former une idde plus complete des costumes reprdsentds dans ce travail, en determiner le vdritable caracldre, et surtout signaler le degrd de perfection qu’on avait pu atteindre A cette dpoque, nous donnons des details plus minutieux sur chaque partie des vdtemens des personnages. — Dans le sujet infdrieur , la figure placde A droitc, est vdtue d’une robe verte A manches dtroites et serrdes, recouverte par une autre robe doublee d’azur, dont les manches, plus larges , se termiuent au coude par un pendant ou demi-manche de la longueur du bras; sur les colds, au-dessous de l’dpaule, ily a des ouvertures oblongues qui laissent apercevoir la robe de dessous. • — L’autre fi- gure, placde en regard, a une robe verte de mdme forme, par-dessus une robe rose, dont on ne voit que les manches A l’avant-bras et une portion par l’ouverture pratiqude au-dessous de l’aisselle. Ni l’une ni l’autre ne portent de ceinture. Les cheveux sont blonds , avec des masses dpaisses et nattdes sur l’oreille. — Le nuage est formd d’une bande d’dtoffe d’argent cousue A l’escarcelle, et sur laquelle on a brodd les contours avec de la soie bleue. Le fond tout entier et brode cn fil d’or sur un tissu de soie qui imite le coutil. Les rameaux de chdne sont en soie jaune, et les feuillcsen soie verte. Les figures ont d’abord dtd travailldes A part, puis rapportdes et cousues sur le fond avec uu peu de colon dessous pour faire le relief. La manche du bras qui tient la hache est blcu-azur, et la manche pendante, qui le re- couvre jusqu’au coude, est couleur de rose. La doublure de l’aumo- niere est en soie rouge. La maniere dont les plis des draperies sont jetds, indiquent aussi uu certain degrd d’avanccment dans l'art du dessin, et est tout-A-fait du mdme style que les statues elpeintures du temps de saint Louis. La troisieme escarcelle, qui fait le sujet de la plauche VI, est dc mdme forme que les premieres , mais plus simple. Le travail est tout cn broderie. Le fond est couvert d’une suite de compartimens octo- gones,la plupart reprdsentant des auimaux, tclsque des lions, des ours, des cerfs, des faucons et des rosettes dc diffdrentes couleurs. Les details place's au haut dc la planche, pourront cn donner une idee suffisante. Elle est gravde comme les deux autres, d’une proportion moitid des origiuaux. Les boutons et les glands sont en soie verte. \n/ir ' rfe I'Avbe />rJ. umt’iiuU’ Cornier Z)c icv m \vu\Vv\ V" .o wxvv; A eecvutx Oc ^ieiivi el Oe (a. f^iiiec.vNe C )lbcx'tie t Jev ^ctuuic. 4/v/ctfZf/- y /Sc£./fc7eo? rf fc7/e f , /.i/// Art//. Zt. c/c Z A/nrez ■/< 03 . ■ ®-> 57 6ceaur be$ comfe$ be Champagne. Les deux sceaux graves au-dessous de la premiere escarcelle, dans la m6me planche , et de grandeur naturelle , sont les plus anciens que nous connaissions des comtes de Champagne. Le premier des deuxest celui de Hugues l er ; ce prince est monfo sur un cheval lancd au galop; il a la fote couverte d’un casque arrondi en calotte et ornd de bandes de fer et de gourmettes. 11 est arme d’une cuirasse et de brassards en lames de fer ; une espece de jupon qui lui descend ft mi-jambe, est recouvert d’^cailles de nfome me-tal. De la main gauche il tient sa lance, et de la droite il semble indiquer l’inscription gravtfe autour du sceau : Q uod mandat scripto fmnat comes hugo sigillo (Ceque mande le comte Hugues, par cet ^crit , est confirms par son sceau.) L’dcu ou bouclier est d’une forme remarquable; il est arrondi par le haut et termini par une pointe tres-aigue avec un bord saillant, et partagS par une croix ft huit pointes qui rappelle que cc prince dtait l’un des premiers chevaliers du temple, it l’origine de cetordre, fonde en 1104, et qu’il avait vendu son comfo de Troyes ft son oncle Thibaut le grand 11 du nom dont le sceau est gravd ft c6te. Dans ce dernier , le prince est rev&u d’une cotte de maille , il a la fote arnfoe d’un casque pointu, il tient du bras gauche un bouclier semblable ft celui du comte Hugues, et sur lequel est une bande en croix. A son cdfo, on voit son ('pee pendante dfipasser le ventre du cheval qui est lancii au galop. Dans lecerclequi encadre la figure, on lit : Sigillum Teobaudi palatini comitis (Sceau de Thibaut comte palatin. ) Ce sceau est tird d’un titre de l’an 1 126. C’est un achat fait par l’abb6 de St-Remy de la vourie d’Allioncelles. Le sceau du comte Hugues est de l’an 1110, attache par une double bande de parchemin ft l’acte de fondation de l’abbaye de Cheminon. On sail que les sceaux des princes, grands feudataires de la couronne Gaient fort rares avant l’an 1000; du moins nous n’avons pu, malgre d’ actives recherches, en trouver d’anforieurs ft ceux que nous prdsenlons. C’est done par eux que nous commencerons le recueil des sceaux des anciens souverains de la champagne que nous pensons publier dans l’ordre chronologique avec ceux des princesses qui rdgnerent cornme rdgentes, ceux des princes de leur maison et de leurs grands officiers. On doit remarquer que les caracfores de ces inscriptions sont tous romains et que les princes y prennent simplement le titre de comte. Thibaut II est aussi le premier de nos suzerains qui porta le titre de palatin. L’orthographelatine Teobaudi est aussi une marque d’anciennete. on retrouve ce nom dcrit de cette maniere sur les sceaux des comtes de Blois et de Chartres dont Thibaud sortait. Au bas de la planche Y sont graves trois sceaux du comte Henri et de Marie sa femme. Dans le premier qui est tir6 d’un titre de 1150, ce prince est represents ft cheval , la tftte couverte d’un casque pointu avec le nasal et revetu d’une cotte de maille. 11 tient devant lui son ecu ter- mini en pointe, et suspenduau cou par une courroie; on voit par 1ft 1 Onse rappelle que c’est sousle regne de Louis-le-Jeuue, que la fieur de lys parut pour la premiere fois surle sceau royal de France. Une fleur quelconque, placee dans la main d’une figure, sur les sceaux, etait un signe d’integrile, et un oiseau sur le poing, la marque d’une condition distinguee. que les princes aim's des families avaient leur sceau particulier. Dans celui-ci Henri, qui n’etait encore que comte de Meaux, prend seule- ment le titre de fils du comte Thibaut, comme alnS et devant hdriter des Etats de son pere. Il n’etait point encore arme chevalier. Son cos- tume militaire est absolument le mSme que celui des guerriers reprS- sentes dans la cSlebre tapisserie de Bayeux , oft la reine Mathilde a trace toutes les circonstances de la conquSte d’Angleterre, par Guil- laume le conquSrant son t'poux. On lit autour : Sigillum henrici fdii Theobaldi comitis. ( Sceau de Henri, fils du comte Thibaut.) Dans le second sceau, quidtait attache ft une charte de l’an 1152, le prince a le mdme costume militaire; mais il a I’dpee au poing et son bouclier, qui est passe ft son cou , presente au milieu une pointe saillante que Ton ne remarque pas dans le premier sceau. On reconnait aussi quelques changemcns dans le harnais du cheval. Autour du sceau on lit ces mots : Sigillum henrici irecensium palatini co- mitis. On voit que le titre de comte de Troyes est le seul que prirent les premiers comtes dc Champagne, ft l’exemple de ceux de Blois dont ils descendaient. Il leur suffisait de rappeler le nom de la capitale de leurs Etats. Ainsi, nous verrons successivement ses deux fils et successeurs, Henri II et Thibaut III, se contenter du titre de comtes de Troyes. Thibaut IV, son petit-fils, devenu depuis roi de Navarre, a dtd le premier qui prit le titre de comte de Champagne et de Brie, sur son sceau. Le troisieme sceau, dont la forme ovale-pointue est affeetde aux femmes, et qui tient ft une charte de 1184 , est celui de la princesse Marie, fille de Louis le jeune, roi de France, et femme du comte Henri. Cette princesse, qui devint regente pendant la minority de son fils Henri II, est reprdsentee debout, un large cercle d’or ou couroune sur la fote, fixe avec des bandelettes sous le menton. Elle est vfttue d’une robe tres-serrde ft la ceinture, avec de longs pendants plissds aux manches. Elle a un mauteau rejete en arriere et attache sur lapoitrine avec un cordon; de la main droite, elle tient une fleur de lys 1 , et sur le poing gauche un oiseau. On lit : Sigillum Maries rcg. Franco, fdice treccns. comitisse. (Sceau de Marie, fille du roi des Fran^ais, comtesse de Troyes. ) Ces trois sceaux , qui sont dessine's dc grandeur naturelle, n’ont point de contre-scels , non plus que ceux dont il est parle prdeddemment. 33a$*in be culm emaiUe. Le bassin dont nous donnons le dessin de nkme grandeur que l’o- riginal, est de cuivre rouge gravd et emaille. Le bord est orne d’une dentelure dort'e et dmaillee de bleu. Au milieu est un cercle renfer- mant lecusson de France, fgalemcnt remarquable par le nombre et la forme des fleurs de lys. 2 Autour de l’t'cusson, sont quatre demi- cercles remplis par des ornemens dores sur un fond vert. Entre les cercles du milieu et le bord du bassin sont graves six autres cercles renfermant chacun un dcusson armorid. Les intervalles qui sdparent 2 Tous les successeurs de Louis-le-Jeune avaient porte les fleurs sans nombre determine; mais Charles V en avait fixe le nombre a trois, en 1’honneur de la Trinile, comme on le presume. Raoul de Presle, dediant a ce prince sa traduction des livres de la cite de Dieu. lui dit : Et ii portez les armes de trois fleurs de lys, en signe de la benoite Trinile. 58 « — S ces teussons sont remplis par des figures debout et les bras dtendus ; elles sont dories sur un fond d’azur. Prte de l’teussonqui porte une croix, on remarquesix petits trous communiquant ik line t6te de serpent dont les yeux sont emaillte de bleu. Cest une espece de gargouillc par laquelle on vidait l’eau, ce qui a fait peoser que ce bassin etait employd pendant l’office divin pour laver les mains du ptetre, et cette opinion est confirmee par ccllc de M. Millin. Cette conjecture est d’autant plus probable qu’il teait conserve au ttesor de St-Etienne comme ayant fait partie de la chapelle des comtcs de Champagne. La connaissance des armoiries a souvent servi ik fixer l’ige des monumens, et nous allons essayer, d’apres l’explication donnte par une personne verste dans l’art heraldique, de determiner approxima- tivement l’epoque de la fabrication de notre bassin. L’teusson du milieu est celui d’un roi de France qui, scion toute apparence, seraitPhilippe-Auguste. Ceuxquil’environnentoffriraient les armoiries de grands officiers de la couronne. — Parmi ces six teussons, on reconnall celui d’Albteic Clement on Henri Clement qui furent successivement matechaux de France, sous Philippe-Auguste, et porterent dans leur ecusson la croix rouge anctee. Dans celle gravee dans lc bassin de cuivre, se trouvent quatre billettes ou petites barres qui ne pourraient (Hre qu’une brisure de cadet de famille ou puinc. Cc qui coincide avec 1’epoque presume de ce bassin, e’est qu’Alberic fut tut 1 au siege de St-Jean d’Acrc, en 1 191 , et qu’Henri, son frere, lui succtfda immediatement dans la mfime dignity. Lecusson bureld de dix pieces, grave dans le m ('me bassin, pourrait £tre celui de la maison de Lusignan. Un Lusignan teait roi de Jeru- salem a l’epoque de la prise de Constantinople, par Baudoin, comte de Flandre, qui en fut elu empereur en 1204. L ecusson tehiquetd ou en echiquier, serait celui de la maison de Dreux, la brisure qui est au premier quartier de l’ecu, est sans doute celui d’un cadet de cette maison. D’apres ces donntes, notre bassin serait une piece d’orfthrerie de la fin du 1 2 C siccle, ou tout au moius du commencement du 13 e . On voil par les armoiries qu’il porte, qu’il nc peut 6tre regards comme un don des comles de Champagne. Plusieurs bassins du me'me genre que le notre, ont (He publics par de savans archtelogues. Le perc Montfaucon 1 en fit graver un divisd, comme celui de St- Eticnnc, en plusieurs cercles occupcs par des figures de rois, au lieu d’ecussons. M. Lenoir, dans son histoire des arts en France, en a aussi public un qui, dans le cercle du milieu, ptesente la reine Blanche assise sur un Lr6nc,dans l’attitude d’une femme qui ecoute. Feu M. Grivauxde la Vinccllc, garde du sceau dela pairie, en a public' un qui offre, dans lc milieu l’t’cusson de France, mi-parti de Castillc, entoute de six autres teussons 2 . Feu M. Villemin 3 eua public un quatrieme qui tepresentc, dans ' Monumens de la monarchic francaise. Tome I, planche XXXII. 1 Mouumens inedils de la Gaule. * MonuinVns francais inedils. Lc noiu la li it de cetle sainte est OthilJis, Elle clail fille de Signare, le cercle du milieu, un guerrier combattant un monstre, et sur les autres cercles, les armes de Castille. Enfin, on voit au muste du moyen-age , au Louvre, un cinquieme bassin qui a une grande analogic avec les ptetedens, quant ik la ma- tiere et ill la composition. Nous n’avons pas encore dpuis^ les riehesses du ttesor , bien que des mains avides y aient largement puisd, et nous voulons presenter ik l’attention quelques objets tout aussi intteessants que les premiers. Nous y trouvons une ancienne chasuble en soiejaune, avec des orne- mens brodte en argent et en or, puis une (Hole et un manipule attri- bute ik saint Martin, tefque de Tours, et apportte par Thibaut II qui teait comte de Blois et posse'dait la ville de Tours. Cette chasuble teait chargee d’une immense quantity de perles et de pierres prteieuses. Elle est encore conservte aujourd’hui chez un particular, et differc des autres en ce qu’elle n’est point ouverte aux deux c6tte, mais se releve et se plisse au milieu du bras du telebrant. Un petit autel en porphyre orne de bandcs d’or, venant du nteme saint, et qui lui avait servi ;k dire la messe. 11 teait large de 18 pouces et haut d’un pied. II teait orn£ d’une bordure d’or et d’un cadre rempli dc pierres prteieuses , de perles ct de trois beaux emaux. Le guidon dela noblesse de Champagne, espece d’oriflamnie que Ton venait prendre avec ctremonie lorsque Ton publiait Farriere-ban. Parmi les reliquaires, qui ^taient au nornbre de plus de cinquante, tous d’or et d’argent, ornte de pierres prteieuses et d’ivoire en relief, on dislinguait la chasse de Ste-Hoilde 1 dont le culle avait te 59 <-« a matines, le Te Deum laudamus, l’oraison dominicale, le symbole des ap6tres et celui de St-Athanase, par ou finit le livre. Chaque page contieut dix-huit lignes minuscules, occupant 5 pouces et demi de hauteur, sur 4 polices de largeur. Une miniature de m6me dimension , encadrfe d’une bande d’or , bordee d’un filet de rouge et azur, accompagne le 5l e psaume. En octobre 1700, le pere Mabillon , savant paMogue, vit ce ma- nuscrit, et decida qu’il avait plus de 800 ans d’antiquite; ce qui, au- jourd’hui, le ferait remonter a dix siecles. La couverture de ce livre etait autrefois tres-remarquable. Les ta- blettes d’argent doni qui la composaient , offraicnt d’un cdte Fimage de la vierge, et de l’autre un Christ. Aux quatre angles, on voyait les quatre <5vang&istes et leurs symboles sculpti ! s en ivoire. Les deux tablettes etaient fix^es par une etoffe de soie rouge or et argent, qui recouvrait le dos. A la revolution, cette riche couverture a etc arra- chc'e et les pieces dispersees. Le manuscrit avait etc depose & la pre- fecture de FAube, avec d’autres debris des tresors de St-Etieune et de la cathedrale. lllui a ete rendu par M. Brusle de Yalsuzenay, alors prefet, magistrat aussi distingue par son amour pour les arts, que par la douceur etla sagessede son administration. Malheureusement, ce beau manuscrit a souffert de l’humidite, dans le lieu oft il avait ete depose , et qui pis est , de la maladresse d’un relieur , auquel la fabrique de la cathedrale l’avait confie, et qui en a coupe tellement la marge , que plusieurs lettres ornees ont ete endom- magees. On conserve aujourd’hui ce livre avec le plus grand soin, comme un monument precieux de la piete et de la magnificence de nos anciens souverains. D’autres manuscrits, aussi fort anciens, etaient conserves dans la bibliotheque que le comte Henri avait fait bAtir pres du tresor. Les principaux etaient : les epitres de St- Augustin , ses livres sur la cite de Dieu et de la trinite, ses homelies et ses sermons; St-Jer6me sur Isaie, Jeremie, Ezechiel et Daniel; deux volumes des sermons de St- Bernard; le livre du souverain bien de St-Isidore, de Seville; Alcuin, sur les vertus ; l’histoire ecclesiastique d’Eusebe de la version de Rufin; une bible et un Joseph; etc. Et de tout ceci il ne nous reste que les noms. Une tres-belle et tres-anciemie patfere d’or, avec uncalice de mfime matiere et du mCmc temps, furent vendus en 1556, pour la rancon de Francois l er . Il vient d’etre vendu aussi une tapisserie, ouvrage du 15 e siecle, que l’onexposait au ehoeur tousles ans, Iejourde la fetede St-Etienne. Toutes les circonstances du martyr de ce saint y sont representees dans le meme cadre. Les figures, de grandeur naturelle ou a peu-pres, ont les costumes de l’epoque ou cette tapisserie a ete executee. Au bas de chaque groupe, on lit des vers francais, en gothique angulairc, qui en donnent Fexplication. Quelques ecussons d’armoiries, que Fon voit senses attaches aux muraiiles de la prison oil l’on conduit le saint , pourraient faire connaitre quelle famille en avait fait don A l’d- glise de St-Etienne. Malheureusement cette tapisserie, tres-bien con- servee du reste , a ete coupee au c6te droit pour ttre ajustee aux di- mensions de la piece d’appartement oil les premiers proprietaires l’avaient tendue. La memoire des comtes Henri et Thibaut s’est perpetuee a Troyes par la seule vue des monumens que ces princes y avaient laisses, ou que, depuis, la reconnaissance leur avait consacres. Dans la salle du tresor on voyait un portrait du comte Henri , peint en buste sur bois et 4 l’huile, de grandeur naturelle, avec cette inscription : Hcnricus campanice comes , fundator hujus cedes uc ob. 16, mart. 4180, cet. 53. Sur la vltre d’une chapelle, aussi dans le tresor, on voyait deux portraits peints en grisaille, dans des cadres ovales, en buste, et de proportion demi-nature; sur Fun des cadres on lisait : C’est Le noble conte Henry qui noblement gouverna ce pays. Sur l’autre : Le conte Thiebaut qui noblement apres resgna et aussi son jils. Un troisieme portrait du comte Henri se voit encore dans une des salles de notre H6tel-Dieu , que ce prince avait fonde. Il y est repre- sente en pied, vu de profil, et peint a Fhuile sur toile. Enfin, un quatrieme du meme prince, existe dans un cabinet de cette ville; il est peint sur bois, a Fhuile, de proportion demi-nature, et dans un age plus avance. Ces deux portraits, avec celui du tresor de St-Etienne, dont nous venons de parler, ont entre eux assez de ressemblance. IIs sont tous trois de profil, et du meme c6te, ce qui peut faire presumer qu’ils ont pour premier type un ancien portrait qu’on voyait a Fh6tel- dieu, et qui est tombe de vetuste. Celui qui existe aujourd’hui n’en serait qu’une copie renouveiee. Au reste, il est evident que tous ces portraits, etant d’une epoque fort posterieure a celle oil vivaient nos princes, ne peuvent presenter qu’une ressemblance fort alteree, et aussi douteuse que celle de Guillaume le conquerant, dans le portrait que Fon conserve a Caen. Leur nombre prouve seulement que Henri et Thibaut avaient mi ! rite, par leurs bienfaits, que la posterite s’oe- cupat d’eux. Le grand sceau en bronze du chapitre de St-Etienne, que nous possfidons , rappelle encore le souvenir du prince fondateur; il y est rcpreseule a genoux, offrant au saint martyr le modele de Feglise qu’il lui avait dediee. Les coins avec lesquels Thibaut IV faisait frapper ses monnaies a Troyes, etaient aussi au nombre des curiosites du tresor de St-Etienne; ces pieces qui etaient, il y a quelques annees, entre les mains d’un particulier, ont ete egarees. L’abbaye de St-Loup avait recu du comte Henri , en 1 1 53 , un livre precieux d’evangiles , couvert de lames d’argent poussees en bas-relief. Une peinture placee en tete, offrait le portrait de Henri, fils dece prince, depuis Henri II, et roi de Jerusalem, represente fort jeune, offrant ce meme livre a St-Loup, en action de graces de sanaissance, arrivee le 29 juillet, jour de la fete de cet eveque de Troyes. Enfin, deux inscriptions peintes sur verre, et relatives au comte Henri , se voyaient dans une chapelle pres du tresor a St-Etienne. Sur la premiere, la date de sa mort etait exprimee en quatre vers : L’an de grace mil neuf vingt ans Du niois de mars le dix-sept jour Henri comte fondateur de ceans Lors trepassa sans plus faire sejour. Sur l’autre on lisait : Lux , via, vita, Dens mills , pater, arbiter cequus, In tribus ens unus, servi ne despice munus Henricus campanice comes , hujus ecclesice Fondator et canonicorum institutor. 20 — ► -40 <— s (£atne'e$ et pierres grahces antiques. Inddpendamment des objots curieux du moyen-ftge que nous venons d’dnumdrer , le trdsor possedait encore un nombre considerable de camdes et d’intailles antiques dont Torigine, toute historique, offrait encore, sous le rapport de Tart, un veritable intdret. C’etait pour le pays un souvenir authenthique de la prise de Constantinople, en 1 204, par l’armee des Latins , et ils rappelaient aussi la part active qu’y avaient prise les princes, alors souverains de la Champagne. Le comte Thibaut HI, qui devait dtre le chef de cette memorable expe- dition, etant mort en 1201 , avant le depart des croises, ses troupes partirent neanmoins sous les ordres de Renaud de Dampierre; qui acquit en cette occasion le renom d’un preux chevalier. Gamier de Trainel , dvdque de Troyes, s’etait croise avecles seigneurs Champe- nois, et avait ete nomme grand aumdnier de l’armee Latine. Geoffroi de Vilhardoin, marechal de Champagne, appelle cet dvdque BdnicrK Aussi brave qu’il etait pieux, ce prdlat , accompagnd de l’dvd- que de Soissons, toucha un des premiers la terre ennemie, et l’un des premiers planta Tdtendart du christ sur les remparts de Bizance 1 2 . Les richesses immenses en or, argent 3 et pierres prdcieuses, qui decoraienl les reliquaires des eglises de Constantinople, provoquerent Tavidite des vainqueurs, et ils emporterent avec eux les reliques, afin de les drpouiller de leurs ornemens. Le legal du pape ddfendit, sous peine d’excommunicalion , de garder ces reliques, et ordonna de les remettre toutes ft Gamier, dvdque de Troyes, & qui Ton en confia la garde; ce qui, selon Ducange, donna ft ce prdlat le moyen de gratificr son dglise de quelques reliques exquises. L’dvdque Gamier dtant mort vers la fin de 1205, comme il se disposait au retour, la part qui lui (Hail dchue dans le pillage, passa 5 la cathedrale de Troyes, et celle du comte de Champagne fut partagee par son successeur, entre la colldgiale de St-Etienne, qui etait la sainte chapellc des comtes, et la maison de Clairvaux. Les camdes et pierres gravdes, qui faisaient partie des richesses apportdes ft Troyes, etaient au nombre de trois cents, reparties dans les tresors de St-Pierre et St-Etienne. Mais depuis la suppression de la derniere de ces eglises , ces pierres ayant did reunies ft celles de la cathedrale, il est devenu impossible de distinguer celles qui ont ap- partenu ft la colldgiale. Nous nous contenterons de rapporter celles qua ddsigndes le comte de Caylus que,du reste, nous copions presque texluelli ment dans cet article. Ce savant qui n’a connu nos pierres que par les empreintesde 162 intailles qui lui avaient did envoydes, n’a pu rien dire des camdes dont il n’avail pas eu communication. « L’intaille indiqude sous le n° 1 , prdsente Apollon avec sa lyre. La disposition de cette gravure n’est pas nouvelle sur les monumens; mais la figure de femme drapdc ct placde debout ft ses cht?s, n’est pas ordinaire, etj’avoue que son explication passe mon intelligence. 1 Dans son hisloire de la prise de Constantinople, on lit que l’aa i 1 99 , en la terre du comte Thibault, se croisa Renters li evesque de Troyes. * Aussitot apris la prise de cette cite celebre, Baudouin, comte de Flandre.quivenoil d’etre elucmpereur,ecrivit a I’arclievequede Cologne. Dans sa lellre datee de iao4 , il dit de noire Gamier et de Nevelon de Clicrisy , evique de Soissons : Dttae naves colligata e , pariter nostros episcopas siiessicnscnt ct Trecenscm defendebant, quorum erant insignia , Je ne parlerai done de ce monument que comme artiste, et je dirai que cette derniere figure est non-seulement sans proportion, mais encore sans dessin et sans aucune action. Cette pierre est un nouvel exemple de ce que j’ai vu plusieurs fois , avec un dtonnement toujours dgal , sur des gravures grecques, dont la figure dominante ne laissait rien ft de'sirer du cold de la precision et de l’dldgance, et dont l’acces- soire donnait lieu ft une critique plus forte encore que celle que peut meriter cette pierre. On ne peut se rendre compte dune pareille dis- parate , qu’en disant que la figure principale dtant copiee , selon l’usage des Grecs, d’apres une "statue recommandable, l’artiste qui nesavait pas travailler d’original, exdcutait tres-mal l’augmentation que le particulier ddsirait. Comment l’artiste osait-il la presenter apres l’avoir faite? Comment celui qui l’avait ordonnde la recevait-il? Les yeux et les inflexions de l’art rendent ces faits impossibles ft comprendre. Cette pierre est du trdsor de St-Etienne. « N° 2. Une des plus belles pierres gravdes que j’ai vues , est , sans contredit celle que prdsente ce numdro, et sur laquelleon voit un Grec combattant sur un vaisseau. Je croirais volontiers que ce sujet reprd- sentequelque dvdnement de l’histoire d’Athenes, car le bouclier du guerrier parait ornd de la tdte de Minerve casquee. L’exdcution rdpond ft la beautd de l’expression, et la disposition ne peut presenter plus de grandeur et de justesse dans l’action. Cette pierre est du trdsor de St- Etienne. « N° 3. J’ai rapportd tous les enlevemens du palladium que j’ai pu rencontrer. 11 n’est pas dtonnant que les Grecs aient rdpdtd une cir- constance, de laquelle le sort des troupes ddpendait, selon leur religion. La diffdrence de la composition m’a engagdft rapporter cette gravure, dont le travail est d’ailleurs tres-bon. L’action de Diomede est trds- juste et plus convenable, peul-dtre, que celle de Dioscoride et de Solon, pour 6ter cette statue de dessus son autel. Cette pierre est du trdsor de St-Etienne. « N° 4. L’dldgance et la position simple et grande de cette figure, mdritent d’etre prdsentdes comme un des exemples que le gdnie des Grecs a donnes ft toutes les nations. Le sujet de cette gravure est d’ailleurs peu piquant. C’est un homme sans aucun attribut qui puisse servir ft le distinguer, et qui tient un oiseau sur une de ses mains. Cette disposition voudrait designer, chez lesEtrusques, un prtHre ou un Augure; chez les Grecs je ne crois pas qu’il y ait rien d’indiqud. Cette pierre est du trdsor de St-Pierre. « N° 5. Les courses de chevaux, si cdlebres dans la Grece, reprdsen- tdes par un homme et un cheval seul, sont plus rares ft trouver; les chars ft deux et quatre chevaux sont plus communs. Cette raretd rend done le sujet de cette pierre plus agrdable ft rapporter. Il est vrai que l’homme est bien droit sur son cheval, et qu’il ne parait point du tout animd du desir de vaincre; mais Touvrage est grec, e’est-ft-dire tres- beau. Cette pierre est du trdsor de St-Etienne. » paradisus et peregrina , primaj scalis suis scalas turricem attigerunt , et felici auspicio peregrinos pro paradiso certantes , liostibus admoverunt : Pnma muros oblinent vexilla pontificum , minis trisque Senetorum codes- litim prima de ccelo conceditur Victoria. Litt. Bald , ad Arc/uep. Colon. s Selon Villohardoia , il relrouva 4oo,ooo marcs d’argent pour les France ne fut que le 5 mars 1506 qu’ils abolirent entierement cette RHe et , le 23 du mAme mois , !e jeu des pelottes qu’ils avaient continue de faire le jour de piques. La fete des Fous avait cessg A la catht'drale dans le milieu du 15 e siecle sur la demande de Jean L 46 Positis autem , etc. Adonc hautement s’dcria Genoux en terre et proslernd Et pour les Juifs Dieu pria Car ils dlaient trop obstines. Domine, ne statuas , etc. Createur Dicu tres glorieux Pardounc a ces faux Juifs pervers Je ne crains leurs coeurs odieux Puisque j’ai vu les cieux ouverls. Nous avons promis unc explication du sujct dela curieuse minia- ture que renfernic le manuscrit du comte Henri, la voici telle que nous la tenons de l’une dc nos premieres autorites en archeologie, M. Didron, secretaire dc la commission des arts a Paris. Dans le bas du tableau, le prophete Nathan vient reprocher a David son adullere et la mort d’LTrie. Ces deux criminelles injustices rappelecs au Psalmiste expliquent le told die justitiae, la justice qu’un roi doit avoir en vue pendant la journee entiere. Nathan montre a David J.-C. cntourd de nuages, adore par des anges et contemple par des saints nimbes; les saints ont seuls la gloire de voir Dieu, et les injustes ne peuvent partager cctte gloire, ce qui explique le videbunt justii, qu’on lit pres du groupe dans le haut du tableau. Le messager que Ton voit se presenter au roi et qui semble lui adres- ser la parole, cst celui que lui envoie Joab pour lui porter la nou- vellc de la mort d’Urie, et les soldats armes de lances que Ton voit pres de la tente du roi sont simplement des gardes. On peut remar- quer que David tient son epee sur ses genoux, et que celte epee n’est point tiree du fourreau; e’est peut-etre pour faire allusion ft cette menace du prophete « et l’epde ne sortira point de voire maison. » Deux autres inscriptions selisaient sur cette peinture, dies sont au- jourd'hui illisihles; on doit penser au moins qu’elles sont inutiles ft Implication du sujet. On peut remarquer que les costumes des figures ct la forme de la tente de Dav id sont tout-ft-fait dans le style bizanlin ; il se peut que cc manuscrit ait ete rapporte de Constantinople par le comte Henri qui Taurait recu en present de l’empereur Manuel, auquel saint Bernard l’avait recommande comme un prince digne de son tslime. Avant de sorlir de Teglise dc Saint-6 tienne, nous reviendrous sur 1 un des chapitcaux que Ton voit aujourd’hui conserve au muse’e de '1 royes, comme le seul souvenir de la construction primitive de cette collegiale. L’ordre corinthicn avail etc pendant la periodc romane l’objct de la predilection des architcctes chretiens, et notre chapiteau offre un des nombreux exeniples de l’emploi qu’ils fireut dc la feuille d’acan- thcet dc cellc du laurier. Cinq rangs des premieres de ces feuilles enveloppent sa corbeillcdans loute sa hauteur, el e’est encore l’unc d’elles qui, plus longue ct plus recourse, remplace la volute et sou- ticnl le seul angle conserve du tailloir: les cfttOs de celui-ci, formes d une platc-bande bordee d un filet, di’crivent une courbe rentraute, comme dans lc chapiteau antique. Au milieu, au lieu dc la rose, cst unc saillic carrt'c qui effleurele bord de lacorbcille; cebord profile cu quart dc rood, acrompagnO dc filets, est couvert d un double ruban plieeu zig-zag; un double rang dc cct orncmcnt r£gne aussi dans Et dim hoc , etc. Je vous requiers leur pardonner Car ils me font ce grand blftme, Cela dit, bien le retene's, II trepassa et rendit fame. Or prions le bon saint Etienne A genoux sans autre examen Oue de nous souvent lui souvienne Amen, Amen, Amen, Amen. toute Tetendue des c6tt ! s du tailloir, et sans discontinuer sur la saillie du milieu. Les feuilles d’acanlhe ne sont point sculptees sur toute la circon- f(?rence du chapiteau, et leur saillie n’est pas m£me mdnagde dans la partie non aehevee. Cette circonstance peut faire prosumer, avec vrai- semblance, que ce chapiteau appartenait ft une colonne appliqu£e contre un pilier. Une cavite de quelques pouces carr^s , creusc'e dans l’axe du chapiteau, recevait le tenon de la pierre qui donnait nais- sance aux cintres qu’il soutenait, et un trou perce inferieurement servait, au moven d’une broche de fer, ft le fixer ft la colonne. L’eglise Saint-Etienne avait ete dediee une deuxieme fois en 137G, probablement ft cause des retouches et reconstructions qui auront etc faites dans l’interieur. A celte epoque on cite beaucoup d’exemples de dcdicace nouvelle pour semblable motif. Elle avait ete aussi benie de nouveau en 1431, parce qu’un nomme Odon, de la ville de Dijon, y avait maltraite ua chanoine jusqu’ft effusion du sang. Pour en finir, hfttons-nous de dire un mot d’un accessoire oblige de toute abbaye et de toutchapitre qui avaient une juridiction etendue; e’est du bfttiment de la prison de la mairie de Saint- Etienne dont nous voulons parler. 11 en subsiste encore une salle au premier etage tenant ft une grange batie en pierre, au coin de la rue des Trois-petits-EcuSj et qui appartenait autrefois au chapitre. La porte de cette salle, placee dans Tangle de la piece au midi, est un cintre ogival coupe en bizeau et dont le timpan, ft bandeau plat, est souteuu par deux consoles ornCes de gorges et de baguettes brist'es en angles obtus. Un vauteau en fer battu , renforcC de bandes croisces, de mauiere ft former des panneaux quadrangu- laires , ferme cctte porte. La piece de petite dimension est eclain’e au nord par deux croisCcs longues, tHroites et garnies de grilles de fer. On arrive ft cette porte par un escalicr de pierre lougeant le mur de face. A Test, en retour, une autre porte plein-cintre donnait entree ft une autre chambre dclairde au midi par d elroites meurtrieres et dont unc partie du mur de face subsiste encore. II est en pierre de taille avec un gros cordon regnant sous les ouverlures. Au-dessous de cette prison est Tentn'c d’une cave dtHruite, il y a quelques annees, et connue sous la denomination de care percCe ; elle (Mail vraiment curieuse : voitti’c en ogive, composec de plusieurs galerics parallelcs avec une infinite de caveaux qui en faisaient un veritable labyrinlhc , elle regnait sous le tcrrc-plein de l ancien rempart de la ville, depuis Tangle marque A dans le plan jusqu’ft la prison dc la mairie de Saint-Etienne. Elle avait donne son iTLmssjeit,. Pi./. Details an Dorche Plan de l’E^lise c > 47 nom a la rue qui lui ytait paraMe et apparlenait autrefois aux chanoines. TOTnrsrainwKnrirmirOTirinnannnnnnrmTrinrOTinr!!^^ MOUSSEY. En qui Kant le village de Foucheres, nous avons rameny nos lee- teurs a Troyes, ou ils savaient bien a l’a vance devoir revenir pour y continuer l’examen des monuments de cette vieille cite'. Poursui- vant nos excursions, nous les transporterons maintenant au mo- deste village de Moussey,dont l’yglise paroissiale, plus modeste encore, doit nous arr£ter quelques instants; elle formera un contraste frap- pant avec l’opulente collegiale dont nous venous de nous occuper. LVglise de Moussey est petite, basse, sans vohte et dt'nufe de tout ornement; aussi l’int^r^t qu’elle inspire n’est-il point attach*? a toutes ces brillantes superfluites dont on croit parer nos temples aujourd’hui, ct qui ne peuvent eblouir que Ie vulgaire ignorant. On n’y voit ni marbre, ni dorure, enfin aucun de ces contre- sens de l’art moderne, qui semblent bien plutot appartenir a un culte qui commence, qu’a une religion dont vingt siecles ont consacre les sublimes V(5ritds! Ce qui frappe dans l’dglise de Moussey, c’est l’extr^me simplicity et le caractcre vraiment religieux de son architecture ; on sent que la foi des premiers temps a pu seule creer ce premier type et le con- sacrer ; on comprend que , pour prier, nos peres n’avaient pas be- soin du luxe des arts, et que si plus tard ou vit ce luxe dominer les id(?es religieuses, et cette heureuse simplicity des premiers ydifices sacrt’s se perdre, c’est que la foi qui se perdait avec elle pouvait seule la conserver ; on voit done que si pauvre et si petite qu’elle soit, l’yglise de Moussey ne manque pas entiyrement de beauty, et cette beauty, elle la doit enticement h la simplicity, a la rygularity de sou plan, a cette unity, source de toute beauty, qui distingue les monu- ments religieux de la pthiode romane. Cette unity si long-temps myconnue, on la recherche aujourd’hui, que Ton sait mieux ap- prycier Ie passy, et cet heureux retour portera ses fruits, car telle est la sagesse et la convenanee de ces premieres donne'es des architectes de cette ypoque, que ceux de nos jours ne peuvent faire aussi bien qu en les imitant, et font toujours plus mal lorsqu’ils s’en ycartent. On peut voir la preuve de cette verity dans la jolie yglise de Saint- Jean-de-Bonneval, qu’un architecte, homme de goi'it, yleva il y a dix ans dans nos contryes. Le motif de son plan est absolument le m^me que celui des petites yglises des XI e et XII e siecles, dont celle de Moussey offre un modele complet, et il est assez intyressant de pou- voir aujourd’hui comparer ces deux monuments, ylevi's a sept sie- cles de distance, dans des styles bien diffyrents, et qu’une m^me inspi- ration a rapprochys d’une maniere si frappante. L’clge de l’yglise de Moussey lui donne encore un degry d’inter^t que ne peuvent offrir celles qui furent elevees beaucoup plus tard ; l’aspect seul de ses mu- railles peut rappeler a i’imagination de pieux souvenirs et ins- pirer un plus grand respect. « Plus les yglises sont anciennes, dit Millin, plus elles sont vynyrables, parce qu’elles paraissent nous re- porter a ce temps oh la religion ytait a son berceau ; on est porty a croire que les premiers aphtres les ont habitues, et que leurs murs sont encore teints du sang des martyrs , etc. » La nudity que nous avons signalye ajoute m6me au profond sen- timent de piyty que Ton yprouve dans son intyrieur; aucun objet ecla- tant ne vient distraire les regards et occuper l’esprit, on n’y voit pas un seul fragment de cette peinturelumineusequi brille dans toutes nos yglises, ses murs ne sont point couverts de ces sculptures souvent grotesques que Ton voit aussi partout ailleurs, elle est restye pure de toute souillure de l’art, et saint Bernard eut fait une exception lorsqu’il ylevait sa voix puissante contre ce luxe des images, qui dyja de son temps envahissait jusqu’au sanctuaire. « On voit de toute part, s’ycriait-il avec douleur, une si grande quantity de sculptures, les sujets en sont si variys, les formes si di- verses, qu’on peut lire plus d’histoires sur ces marbres que dans les saintes ycritures, et que les religieux consacrent leurs journyes h les admirer, plutot qu’a myditer la parole du seigneur. Grand Dieu! si Ton n’est pas honteux de ces futilitys, comment du moins ne pas regretter tant de dypenses? Ouel fruit retirons-nous de la magnifi- cence de nos temples? 6 vanity, 6 folie ! l’yglise est brillante dans les ydifices et dysolye dans les pauvres; les curieux trouvent de quoi re- paitre leurs yeux, et les miserables ne trouvent pas de quoi rassasier leur faim. » Trois nefs terminyes par des absides circulaires et pryce’dees par un porche ou vestibule qui en occupe toute la largeur, composent l’ensemble de 1’edifice. Sept arcades la divisent dans sa longueur ; il y en a cinq pour la nef, une pour le choeur, et une pour le clocher qui se trouve a l’in- tersection des deux premieres. Cette petitessedu choeur relativement h la nef, est un des caracteres des yglises anciennes; elle s’explique par les usages plus simples des premiers temps de l’yglise, oil le celebrant ei ses deux acolytes occupaienl seuls le choeur; on se gardait bien alors d’y admettre des laiques comme on le fait aujourd’hui, cela n’eut pas yty regardy seulement comme une inconvenance, mais comme une profanation; un voile derobait l’autel aux regards pendant la con- sycration. Les arcades de la nef sont toutes ct plein-cintre du cote droit, el les trois premieres du coty opposy sont ogivales. Cette bizarrerie qui ne touche en rien S la beauty du plan n’est point ici l’indice d’unc cons- truction postyrieure, ni mcme, nous le croyons, celle d’une ypoque de transition. L’emploi simultany de I’ogive et du plein-ciutre est bien constate, et la premiere n’est ici qu’un accident; sa forme aigue, ses arr^tes creusys en cannelure, et le pilier court et carry surmonte d’un archivolte , qui la supporte aussi bien que le plein-cintre, ne peuvent appartenir qu’a l’ypoque romane. Les quatre piliers du clocher, dont le plan forme une croix, sont plus ylevys que ceux de la nef, leur disposition en carry parfait, a determiny uue travye plus grande, qui accuse d’autant mieux la syparation de la nef d’avec le choeur ; les arcs qui relient ces quatre piliers sont en demi-cercle, dans le sens parallele au grand axe de 1 y- glise, et ogivalsdansle sensperpendiculaire; ces derniers arcs sont ap- puyysde chaque coty par des arcs plein-cintre qui dessinent l’avant-der- niyre travye des collatyraux. Ces travyes, nycessairement plus grandes, terminyes a l’extyrieur par des murs qui s’ylevent & la hauteur de celui de la nef, lui donnent 1’apparence de transepts qui n’existent pas 48 riellcment , ct qui nc sont sensibles ft Tintirieur que par la forme tie la croix quo dessine l’ensemble des arcades. L’unique travie cousacric au choeur est voiltie avec des nervures croisies assez legercs, qui finissent dans les angles renlrants sur de Iegers supports en cul-de-lampe. Mais cette voftte a iti faite seulement en 1 74 7, aux frais, dil-on, d’un seigneur du lieu; peut-ilre cn rempla- ce-t-elle une plus ancienne qui sera lombie.On sait que dans les iglises romanes de peu d’importance, le choeur ^tait souvent la seule parlie voiltie, mais aussi on a de nombreux exemples que ces voiites, comme cclle de Moussey, ont iti ajouties postirieurement pour la conve- nance ; l’abside du coeur est voiltie en cul-de-four et ielairie par trois fenfires ft plein-cintre, longues, itroites et fort ivasies en dedans ft cause de l’ipaisseur du mur qui est considerable dans cette partie de Tidificc. Deux contreforts larges et peu saillants appuient cette voiite au-dehors. La derniere Ira vie du collateral droit est voiltie en berceau plein- cintre et l’abside qui le termine en cul-de-four, comme celui du choeur. Un mur ftl’occident ferme cntierement cette travie destinie des l’ori- gine ft servir de trisor et de sacristie. Sa porte d’entrie qui commu- nique au choeur le prouve ividemment; elle est ft linteau plat, et le mur derriere ce linteau est iligi par un plein-cintre. L’abside du bas-c6ti, ft gauche, a iti ditruit et remplaci par un mur droit qui finit oil commence la courbe de celui du choeur. Les collatcraux sont iclairis par des fenitres ft plein-cintre, dont la baie a iti elargie dans une retouche, el qui ripondent ft chaque arcade ; la nef recoit le jour ft gauche par des fenitres de mime forme, mais plus petiles ; du c6ti droit on y voit milies plusieurs ogives; la porte qui correspond ft la grande nef est la seule entrie qui exis- tait dans le principc, elle est ft plein-cintre sans ornement et fut agrandie postirieurement. Au-dessus de la porte il existe une petite fenitre ogivale divisee par un meneau et par deux ogives trilobics; elle a die ajoulie dans le XV1 C siecle comme enjolivement ; peut-itre mime rcmplace-t-elle un petit plein-cintre que Ton voit communi- ment au-dessus de la porte principale de petites iglises de la mime ipoque que cclle de Moussey. Le vestibule ou porche qui pricide est formi par un simple mur sans ornement , couvert d’un toit en appentis appuyi ft la base du piguon de Tiglise, dont il occupc toute la largeur, comme nous l’a- vons dit; son cntrie principale n’a ni cintre ni linteau, c’est seule- ment une interruption de ce mur; de chaque citi de cette entrie sont deux ouvertures ou fenilrcs divisies chacune par deux plein- cintres hordes d’un liger cordon, et que soutiennent au milieu des petites colonnes trapucs posies sur l’appui, mais qui offrent quelques differences dans leur disposition ; ft la premiere fenitre vers Tangle ft gauche, la colonne est isolie; sabase formde dedeux tores est ar- mic de griffes, et d’une ilivalion exagirie, relativcment au flit de la colonne, dont elle igale le tiers au moins. Les autres fenitres de la facade sont divisies par un liger pilier flanqui, ou plutftt cnveloppi par quatre colonetlcs, dont les bases et les chapiteaux sont dans le mime goiit que celui de la colonne isolie de la premiere fenitre, c’cst- ft-dire qu’ils sont ornis de feuilles droites poinlues et peu variies: ce sont les seuls ditails de sculpture que Ton remarque dans toute Tiglisc. La planchc que nous lui avons consacric pourra en donner une idee suffisantc. Une fenitre pareille aux autres est ou- vcrle sur la face miridioualc du porche; mais au lieu dc colonne, le support de ces deux arcs n’offre qu’un pilastre sans base ni chapi- teau, dont les arrites ft Textirieur sont ornies d’un cordon, lequel est le mime que celui qui entoure les cintres, et qui se continue jus- qu’en has. Toutes ces ouvertures n’occupent qu’une parlie de Tipais- seur du mur, celui-ci itant ividi ft Tintirieur par des arcs surbaissis. Une porte plein-cintre est ouverte au nord dans Tangle du mur, proche celui de Tiglise. C’itait primitivement un passage pour le prieur ou curi du lieu; la porte latirale, qui du mime cdlidonne entrie ft Ti- glise, est tout-ft-fait moderne, et nous nous sommes abstenus de la figurer dans le plan. La tour ou clocher qui s’ileve ft Tintersection de la nef et du choeur, ne dipasse que de cinq ou six pieds le comble de ceux-ci; chacune de ces quatre faces est percee de deux plein-cintres siparis par un pied-droit couronni d’un imposte en biseau, et profili seulement dans la baie des arcades. Un toit piramidal couvre cette tour; il est sur- monti d’une croix en plomb, d’une forme assez iligante et travaillie dans le XVI e siecle. Plusieurs parties de cette tour ontiti retouchies en briques, ce qui est d’un mauvais effet ; il serait d’autant plus facile de la mieux res- taurer que Tappareil de tout Tidifice ne prisente que de fort petits matiriaux. Ses dimensions, nous l’avons annonci,sont tres-peu elendues, petites; sa longueur n’excede pas qualre-vingl-dix-huit pieds, et sa largeur trente-sept. Disons un mot du village, qui pourtant nous intiresse moins que Tiglise, dont il tire seul aujourd’hui la preuve de son ancienneti. Moussey ou Moucey, en latin Monceium , Molceium , Muceium ou Mulceium , est silue ft deux lieues sud de Troyes, sur une petite col- line, dans un terrain fertile en bids, mais d’une culture difficile. Un titre de l’an 1496 nous apprend qu’outre le curi il devait y avoir un chapelain attachi ft Tiglise de Moussey. Le patron est saint Martin ; mais le lendemain de la Pentechle, le peuple de la ville et des environs yallait autrefois en grand concours rivirer saint Clair, pour la conservation de la vue; c’itait en quelque sorte une seconde fete patronale qui tournait au profit du pays. L’histoire de ses paisibles habitants ne sera pas longue : elle sc borne ft un seul fait, que nous ne rapportons ici que parce que des noms historiques s’y rattachent. Dans le XVI' siecle, les habitants de Moussey pritendant droit d’usage au hayer de Jugny, eurent un proces avec Jean de Laval, sieur de Chftleaubriant, et messire Meuault de Mathery, ivique de Couserans, tuteur des enfants du feu sieur de Lautrec et Charlotte d’Albret, appelants d’une sentence des requites du palais; les abbis et religieux du couvent de Montier-la-Celle, joints ft Pierre Cuisin, Jacques Renoard, et consors. Les habitants furent diboutis du droit d’usage du hayer, saufle droit de vains pdturages es-usages ct forets d’ Isles. L’arrit fut exiculi ft la requite de ceux de Mon- tier-la-Celle, en aofit 1547. La paroisse de Moussey comprend dans son itendue les hameaux de Bierne au sud-ouest, de Savoie ft Toccident, terres qui ont ap- partenu aux frires Pithou; Villetard, autre hameau sur la rive droite de l’Ozain, ft gauche de la grande route de Bourgogne. 11 y a une iglise dans ce dernier oh le curi de Moussey dit la messe les jours dc fetes. Villeberlin est aussi un hameau dipendant de Moussey; il est situi vers la fourchc qui forme la route de Bar-sur-Seine et cclle de a—* 49 Chaource; on y voit un joli chateau qui a donne son nom A une branche.de la famille de Mesgrigny, 1’une des plus anciennes de la province. Eustache de Mesgrigny, si honorablement connu dans 1’histoire de Troyes, est le premier qui l’ait possed6 dans Ie XVl e siecle, A litre de baronie. M. le comte Francois de Mesgrigny, l’un de ses descendants, en est le possesseur aujourd’hui. La chapelle du chateau renfermait autrefois plusieurs tableaux curieux par les su- jets qu’ils repr6seutent ; ils ont et6 la plupart transposes £i Briel , autre terre de la maison de Mesgrigny. Nous les mentionnerons en leur lieu. La garenne de Villebertin renferme une fontaine ferru- gineuse : il serait peut-6tre utile d’en analyser les eaux. Villemereuil est situe entre Moussey et Villy-le-Mare'chal, sur une petite colline , A un quart de lieue ouest de la petite riviere de Mogne. On y voit un chateau bati partie en briques et flan que de deux gros pavilions : l’6poque de sa construction ne parait guere remonter au-delA du regne de Henri IV. II a toute la pesanteur dcs maisons de cette epoque ; le rez-de-ehauss6e y est sacrifie au premier 6tagc ou Ton monte par un escalier exterieur. La justice de ce lieu avait d’abord 06 exerc6e par un maire , au nom du roi, et depuis environ deux siecles, la terre, justice et seigneurie, avant 06 alienee avec droit de rachat, la justice 6tait alors exerc6e au nom de ceux qui l’avaient achet6e , avec appel au bailliage de Troyes. Ce domaine ful engag6 A M. Mol6 de Villy, qui en jouit comme 6taut aux droits de Gaucher de Foissy, A qui il avait 6t6 vendu par contrat du 19 juillet 1574. Cette terre engag6e a appartenu ensuite 5 la famille de Corberon. Le dernier qui l’a poss6dee est Nicolas de Corberon , fils de Nicolas, qui avait 6t6 premier president du conseil sup6rieur d’Alsace, mort 5 Colmar en 1729. 11 avait r6signc Villemereuil 5 son fils ain6, homme d’un m6rit6 distingu6; cclui-ci 6lait n6 A Metz le 30 avril 1090, fut avocat gen6ral en 1 7 1 2 , premier president d’Alsace en 1723, etmourut 5 Troyes le lOoclobre 1764. Son corps fut transf6r6 5 Moussey, ou il est inhum6 dans le cimetiere pres de la croix. Son 6pitaphe , qui nous apprend ces faits , se voyait sur une pierre noire A un pillier de l’6glise. t>J5S55 M51T55 « S5 OT5BTI5I5 SSWfftToTi sum srarmretnjs SAINT-GERMAIN-DE-LINCON. Saint-Germain-de-Lincon de Ligonnio, est un village situe dans une prairie sur la route d’Auxerre, 5 une grande lieue sud-ouest de Troyes. Autrefois il 6lait de la mairie royale des Noes et de toutes les autres juridictions de la ville. L’abcsse de N.-D.-aux-Nonaius 6tait dame du lieu. Et le cur6 prOre-cardinal. 1 L’6lendue de cette paroisse comprend Ie village de L6piue, on est le plus grand nombre des habitants, et on se trouve une chapelle de- i I,e litre de cardinal etait autrefois aecordeaux plus anciens cures du diocese de Troyes. Ils etaient au nombre de treize, et soul denommes dans un aneien rituel manu'crit de l’eglise de cette ville. Leurs fonctions elaient d’assister Teveque lorsqu’il consacrait le chreme le jeudi-saint. di6e il saint Barth6lemy. Courcelle, sur Ie ruisseau de la Profonde, au sud-est; Lincon, entre Saint-Germain et L6pine. Labb6-le-Bceuf pr6tend que le Latfcr de la vie de saint Loup, n’est autre que ce dernier village, et soutient que le saint 6v6que n’est pas sorti de son diocese apres avoir conduit Attila jusqu’au Rhiri. 2 Sans accorder 4 Linton une aussi ancienne origine, nous pensons qu’il fut connu avant Saint-Germain. Ce dernier, comme tant d’autres villages, n’offre autre chose 5 mentionner que son 6glise : celle-ci, quoique rebatie dans les der- niers temps du gothique, c’est-A-dire dans le XVI e siecle, a conserv6 pourtant cette simplicite de plan qui distingue les monuments religieux des 6poques anterieures, et que Ton aime toujours il retrouverdans ceux qui furent 6lev6s plus tard, quclque soit d’ailleurs le style de leur architecture. C’est bien encore le motif original, (rois nefs et trois aulels ; mais avec des d6viations sensibles, quant au rapport dcs parties entre elles. L’idee de la croix presque toujours indiqu6e par la disposi- tion int6rieure des piliers, est ici entierement perdue, et l’intersection du choeur et de la nef n’y est plus accus6e, par une voilte plus 6le- v6e, ainsi qu’on le remarque encore dans les 6glises des XIV et XV e siecles. La nef est trop large pour sa longueur, les bas-cotes ont Ie liii'me defaut, et les trav6es ont trop de porl6e pour la hauteur des voiites qui est mediocre. Il est vrai de dire pourtaut que l’6difice de- v ait avoir plus d’etendue, comme Ie l6moiguent suffisammeut les nervures en arrachement que l’on voit en dehors au premier pilier de la nef. Dans son 6lat actuel, l’6glise est divis6e en quatre trav6es sculement, la demiere qui r6pond au sanctuaire est moins grande ; cette diff6rence est motiv6e sans doute, et l’on voulait rendre moins brusque le raccord des arcades avec l’abside, dont les cinq c6t6s sont n6cessairement plus petits. Chacun de ces cotes est perc6 d’une fe- n6tre ci un seul meneau, et celui-ci soutient au milieu deux ogives treffiees. Au-dessus on voit des compartimenls irr6guliers remplis- sani le hautde la fen6tre ; les nervures de la VObte sont soutenues dans les angles par des demis culs-de-Iampes k’gers. Les bas-cotes sont termin6s par des murs droits qui joignent l’ab- side, et qui sont perc6s d’une fencHrc A deux meneaux. Des piliers cngag6s au mur vecoivent le poids des arcs doubleaux qui dessinent les trav6es. Les piliers de la nef sont cyliudriques, et leur base peu 6lev6e repose sur un socle octogone. Il n’existe aucune sculpture A l’6glise de Saint- Germain ; nous avons fait dejA reniarquer que les chapiteaux 6taient supprim6s dans le gothique des deruiers temps, et que les filets qui composent le profil des arcades venaient s’6panouir dans le filt arrondi des piliers. La voilte de la nef n’excede pas celle des bas-cotes, ce qui a dispense d’y avoir des fen6tres ; ce moyen, employ6 frequem- ment pour 6pargner la depense, 6tait fort peu favorabie A Telegance, et souvent rendait obscur Tint6rieur des 6glises. Il n’en est pas ainsi pour celle de Saint-Germain, elle est parfaitement 6clair6e, trop 6clair6e peut-6tre pour r6pondre A sa destination ; la lumiere, qui n’y arrive pourtant que par lesfen6tres des bas-cot6s, y est trop L’ancien pontifical qui servait atix eveques de Troyes, il y a plus de cinq siecles, fait mention des cures-cardinaux. 8 Voir l’bisloire de saint Loup. 10 s — > 50 <-« g^neraleraent repandue, ct Ics reflets qu’elle projelte sur ses murailles blanches de badigeon faliguent le regard et distraient la pen. see ; on sent bien encore que ce lieu est destine a la priere, mais qu’on peut y prier plus a son aise, plus galment pour ainsi dire, ete’est un grand defaut. Comme on I’a fait remarquer dejA, la nef n’est point achevce, et il n’existe pas conscquemmcnt dc portc ornee ; A l’orienl, cette nef est fermec par un mur en retour d’equerre , couvert d’un toit en ap- pends qui la prolonge d’environ neuf pieds, et une porte basse et surbaissee, ouverte dans ce mur, forme la principale entree ; les has- cdtes de l’eglise sont fermes aussi par un mur dans l’alignement du premier pilier; du cole gauche, on voit une petite porte surbaissee comme celle de la nef. Sous la fenAtre A large base, qui eclaire la deuxieme travde, au midi, est une troisieme porte divide en deux vautaux par un pi- lastre ou trumeau. Sa baic est orndc exterieurement de gorges et de filets qui, se croisant A angles droits souslc bandeau, vont ensuite s epanouir sur une base chargee de profils, et que supporte un socle en angle obtus. Toutes les fencHres du sanctuaire sont garnies de vitreaux peints d une bonne facture. 11 en manque malheureusement plusieurs pauueaux. Yoici les sujets de ceux qui reslent : A la premiere fenfire du c6l<3 droit, est l’arbre de Jesse ou ge- nealogie de J.-C., qui en occupe toute l’etendue. Dans la fenAtre du milieu, on voit le calvaire occupcr le haut de 1 ogive, ct dans le pauneau au-dessous le portementde croix. La figure du donateur est peiute au bas avec celle d’un saint evtique , son patron. t e qui suit A droite de 1’autel, nc prdsente dans le panneau d cu haut que des figures isolees, on y voit saint Jacques, saint Bar- thelemy, tenant un large couleau, instrument de son martyre, puis saint Denis portant sa ItHe, et saint Germain dvAque, patron du lieu. A la place de la tCle de saint Denis, brille une aureole lumi- ii( use, que le peintre a eu l’heureuse idee d’y placer, pour cacher la \ ue peu agrcable d un col coupe. A droite, dans le panneau au-dessous dc ces figures, est le martyre de saint SAbastien : on le voit piacd cnlic deux archers qui tirent sur lui A bout portant. Sur le panneau suivant, les compagnons dc saint Denis sont de- capiies en sa presence : on sail qu’il le fut le dernier. Le peintre, peu scrupoleux sur le costume, a donnd aux figures ceux qui dlaient en usage de sou temps, ct il est assez elonnant de voir les archers et les bourreaux avec le pourpoiut et le haut-de-chausses creves et coiffes de la toque A longues plumes, comme les gardes de Francois I er . La ehapclle qui icrmiuc le collateral A droite du cliceur, a con- scivc dc lort beaux fragments de pcinlures, mais il ne reste que la paitie superieure des ajuslemenls qui encadraient les figures, la fiei le de 1 execution de ces ornemcnls fait virement rcgreller que ces figures aient etd enlevees. Dans la leuAtre qui est au-dcssus dc la porte du mAmc cAU ! , on a i epi escnle Adam et Eve chassis du paradis par un ange qui les poussc de 1’epc-e : le peintre a donne A celui-ci une couleur de leu qui m mble plutot appartenir A un auge dOchu. Ce n’est pas au reste le pn micr exeniple dc cette bizarrerie; elle servait probablement A dis- tinguer les anges charges de punir : pourmieux exprimer encore qu ils etaient iudignes de la presence de Dieu ; le peintre a repre- scutd Adam ct Eve fuyaul dans le sens oppose A l’aulel, et Ton re- marque qu au contraire les saints sont toujours iourn^s Al’nrient. Sur la meHne ligne dans le panneau A cotd (la fenAtre est divisive par deux meneaux), on voit un pape marchant aecompagnd d’archevA- ques et d’evAques, et suivi d’une foule d’empereurs et de rois. Les trois premieres travees de chaque cote sont terminles A l’ex- terieur par des pignons aigus, mais sans ornement. Un clocher octogone en bois ct couvert d’ardoises s’dleve sur la derniere de ces travdes, sa base est ouverte sur chaque face par une arcade terminde en trefle, et il est surmonte de la croix et du coq obliges. Il est fort commun de voir les eglises elevens A la ini' me epoque que celle de Saint-Germain, chargees d’ornements sculptes a l’extd- rieur, et n’en pas offrir de trace interieuremenl. Ici il n’en existe nulle part. Au dehors la baie des fencHres offre seulement des gorges A vives aretes qui eu suivent le contour, et le couronnement du mur de l’abside et des chapelles collaterales est forme de deux gorges pareilles que surmontent un bandeau. LAISNES-AUX-BOIS. Laines-aux-Bois, Lance ad Ncmus , ou Lana in Nemore, est situe A deux lieues sud-ouest dc Troyes ; de cette paroisse dependent le hameau de Chevilleles ou Ton voit un chateau avec une chapelle domestique, celui de Galilee, aucienue seigncuric achet^e du domaine par un maire de Troyes, la ferme de Brcban , Lafolie, les Crocs, Hurtcbise, la Grande el la Petite Vallee. Laines-aux-Bois t-tait autrefois une prevote du bailliage de Yau- chaussis et de toute la juridiction de Troyes. La terre a cle possedee au commencement du XY1 C siecle par la famille de Yilliers, puis par M. de Clermont-Tonnerre, ensuite par madame de Lauuiou , qui l’avait remise au marquis de Pons sou geudre, dernier seigneur. 11 y avait anciennemeat A Laines-aux-Bois une communaute de rc- ligieux de Sainte-Croix-de-la-Bretonuerie, dout les revenus avaient dtt5 rcunis A la manse episcopale; c etait encore avaut les evenements de 93 un litre de prieure, A la collation du prieur dc Saiute-Croix- de-la-Bretonnerie. Cette commune aujourd’bui fait partiedu troisieme canton de Troyes. L’eglise de Laines-aux-Bois , qui est A bien des t'gards une repeti- tion de celle de Saint-Germain, a (5tt5 aussi bAtie A la mCmc epoque dans le m6me style et presque daus les mc'rnes dimensious. Une nef large, basse et sans fencHres; des bas-edte's presque aussi larges, la longueur divisee dc memc en quatre travees, et, jusqu’A 1’eflet de lumiere de l’inlericur, tout coucourt A l’illusiou , et 1'on croirait vo- lontiers n’Otrc pas sorli de la derniere des deux tfglises. Apr^s uuleger examen ccpcndaut,ou remarque quelque difference; le bas-cote A gauche se prolonge d’uue travee qui repoud A celle qu’occupe le choeur et qui est fermec de chaque cote. A droite, il se termine au premier pilier du choeur par un mur droit; derriere ce mur il existe une petite sacristic voulec cu artHe et construilc cn mtHue temps que l’eglise; sa porte, qui est percee daus lc mur plciu qui ferme le cliceur, est A baudeau, mais sans ornement. Cette arcade fermec est remarquabic en ce qu elle offre une disposition qui «rn v f-k'l > _ mw dim * ^ uia n’avait lieu ordinairement que pour les t'glises conventuelles et pour les collegiales : aussi doit-on se rappeler qu’une communaute de ref- gieux fut Gablie autrefois ft Laines-aux-Bois, probablement ce sout eux qui auront fait clore le choeur de l’eglise. L’abside n’a que trois cdtes ; ils sont ouverts chacun par une fe- nGre ogivale partagde eu deux par un nieneau ; celui-ci se bif urque pour former deux accolades trc’flees , et soutenir les compartments irrc^guliers qui remplissent la partie supG’ieure de la fenCtre. 11 existe aussi une legerc difference entre les pilicrs de l’eglise dc Laines-aux-Bois et ceux de l’(5glise de Saint-Germain : au lieu d’etre tons cylindriques comine dans cette derniSre , ils presentent de larges cannelures avec des arGes arrondies dont la saillie remplirait juste- ment le creux des premieres. 11 faut excepter pourtant les deux premiers piliers, auxquels, par une sorte de bizarrerie, on a conserve la forme ronde , les bases sont aussi peu elevecs et sur un socle ft huit pans. Les voiites de Feglise sont partout ft simples nervures croisces; ft la troisieme travel de la nef , on remarque de plus un comparliment quadrilatere dont les an- gles se terminent sur les autres nervures, et forment un encadrement ft la clef de la voiitc : e’est ia seule indication qui puicse servir ft fixer les limites du choeur et de la nef dans Is plan tel que l’a ccncu i’sr- chitecte. La seule trace de sculpture que Ton puisse citer dans I’intc- rieur de Saint-Pierre de Laines-aux-Bois, e’est la clef symboiique du chef des apotres, que i’on vcit ea relief ft l’intersection des ner- vures de la r oute de la derniere travee au c6te du nord. Cette clef est ft double panneton avec l’anneau en losange; toujours au nord il existe une petite porte ft lintcau plat, et ornee ft l’extdrieur de cor- dons legers et de filets qui, se contournant aux angles, viennent s’epanouir dans la base Gevce sur un socle qui est taille ft angle ouvert. Cette porte parait aujourd’lmi fort basse, parce qu’il faut descendre quatre marches eu entrant dans i’eglisc. Ce defaut provient de l'ex- haussement des terres du cimetiere qui entoure Tddifice , et oui de ce cole, plus parlieulierement , compromettent la solidity des inurs; car il ne faut pas chercher d’autre cause au surplomb que i’on y remarque, et lorsque 1’humidilc qu’apporte cette terre aura eafia dGruit les faihlcs matGiaux qui composent la base dc ce mur, l’eglise sera ren- versde infailliblement. Un respect religieux et bicn iouable sans doute s’oppose ft ce qu’on vienne troubler la cendre des morts ; mais lorsqu’il s’agit de la sUrete des vivants et qu’il est facile de dGruire un mal qui va s’augmenlant tous ies jours, devrait-on balancer un instant? Au sud , en face de la porte dent nous venons de parler, il exisle une porte plus grande et qui pre'sente ft TextGaeur plusieurs details de sculpture ornementale qui feraient peuser que c’Gait autrefois la principale entree de Tdglise, le village setrouvant en effet tout eu- tier de ce c6td. Cette supposition peut d’autaut mieux Gre admise , que Tentrde ft l’ouest est d’une epoque assez rdeente; mais nous re- vienarons sur ces deux portes, et nous nequitterons pas l’interieur de Teglise sans signaler quelques panneauxde peinture sur verre qui ddeorent le sanctuaire, et les deux tombes en pierres gravies cn creux mGees aux dalles du pave du choeur : la premiere, qui est fort us 55 ceux qui aiment les fables pretendent que ce bourg fut biiLi par Brennus , chef des Gaulois SCnonais , que ses expeditions out rendu fameux. Aujourd’hui mtlme on prononce encore quelquefois Brenne , ce qui semble rappeler le nom de ce guerrier. On croit que c’est des habitants de ce pays que Cesar a parle dans ses commentaires sous les noms de Branovii et de Branoviccs. Mais le plus ancieu ccrivain qui ait fait mentiou de Brienne d’une nianierc non Equivoque est l’auteur de la vie primitive de Saint-Loup. M. Breyer, savant cha- noine de Troyes , qui a donnd uu abrCge de la vie de ce saint, a tres- bien prouve que c’est des peuples de ce canton dont il est parle dans l’histoire lorsqu’il y est dit que vers le milieu du cinquieme siecle les Brions furent emmenes captifs par les allemands qui avaient ravage ce pays. Cependant Saint-Loup, dv6que de Troyes, interceda pour ses diocCsains aupres de GCbaoulte, roides Allemands, qui, en con- sideration du saint pontife , rendit la liberty aux Brions et les renvoya gdnereusement sans rangon. C’est du comte de Brienne que doit s’entendre le tumultus Brionensis , dont parlent Hinemard et les annales de saint Bertin , ainsi que in duobus Brionisis, Brionisus, Brionensis des capitulaires de Charles-le-Chauve et des autres rois du neuvieme siecle ; car il est a remarquer que Brienne est encore aujourd’hui divise en deux bourgades. Flodoard nous apprend qu’au milieu du dixieme siecle deux bri- gands, Golbert et Angilbert son frere, bditrent sur le coteau qui domine le bourg, une forteresse assez redoutable pour devenir un objet de crainte aux rois de France. Louis d’Outremer en forma le blocus, la pritet la ruina de fond en comble en 951. Elle fut rebAtie dans la suite et donnCe a des seigneurs qui la tinrent en fief des comtes de Champagne , et Brienne devint un des comtes-pairie de cette province. C’etait aussi un des trois comtes qu’avait achetes le pape Urbain IV pour doter le chapitre de Saint-Urbain qu’il avait foudC 5 Troyes, sa ville nalale. La mortdu pontife arrCta 1 ’execution de ces projets , et le comte de Brienne resta alors a ses posscsseurs naturels. Les anciens comtes de Brienne jouissaient de tres-beaux droits qui se sont perdus insensiblement, lorsque les rois sont devenus seuls maitres de leur royaume. Le chateau Gait fortifie , et ces seigneurs avaient des homines d’armes a leur service et une garde reglCe. Erard II fut assez puissant pour faire la guerre a Thibaut , comte de Champagne, pour soutenir les droits de sa femme Philippe , fille de Henri II dit le Jeuue, oncle de Thibaut. L’affaire fut portCe a la cour des Pairs oh Erard fut condamnC en 1216, et, par transaction du mois de novembre 1221 , Thibaut et ses successeurs furent mainte- nus dans la possession du comte de Champagne. 1 Void a quelle occasion ces choses eurent lieu : Ce comle ayant re- presente au roi que dans son comte de Brienne, situe dans la Cham- pagne et dans le fiefs et arriere -fiefs et gardes qui en dependent, il s’ est venu etablir plusieurs aubains, nez dans d’autres pais et d’autres per- sonnes qui se sont advouez bomnies et femmes de la juree du roy, qu’il y a eu plusieurs bommes et femmes qui se sont affrauchis de la servi- tude et de celle de ses vassaux en fiefs et arriere-fiefs en s’avouaut bommes et femmes de la juree du roy, et qu’il y a aussi dans les terres des personnes qui se disent maires on majeurs du rov qui engageut hommes et femmes a se desavouer de lui et de s’advouer bommes et femmes de la juree du roy et qui exercent leur juridiction sur eux, ce Pendant les guerres des Anglais, sousle regne de Charles VII, le chateau de Brienne fut rCduit par la famine et dcmoli en 1451. Ayant Cte rebAti , il fut encore assiege pendant les guerres civiles, puis enfin dCtruit dans le dernier siecle. Les seigneurs m^me ont fait abaisser la hauteur du coteau pour construire le chateau qu’on y voit aujour- d’hui. La perspective en est des plus agrCables; il domine toute la plaine,et le chatelain, d’un coup-d’oeil, pouvait, en quelque sorte, embrasser toute l’etcudue de ses domaiues. Ce chateau est d’une cons- truction solide : il est accompagne de deux pavilions detaches et il est remarquable encore par ses souterraius, par la grandeur et le nombre de ses appartements; Le premier seigneur, connu pour avoir possede Brienne 5 titre de comte, est Airard ou Erard, qui vivait au onzieme siecle. Ses descendants prirent le nom de cette terre et furent reconnus pairs du comte de Champagne. Cette famille ne manqua pas d’illustration. Un des descendants d’Erard, Jean de Brienne, acquit une grande gloire en Palestine, lors dela croisade qui se forma pour combattreles infi- deles, sous le regne de Philippe-Auguste. li epousa l hCritiere de Jerusalem et fut , en 1209 , sacrC et proclaim; roi de cette ville. Plus tard, en 1229, il devint empereur de Constantinople. Erard II, petit-fils d’Erard I er , dont il vient d’etre parle, avait eu deux fils, Gauthier I et Jean , dont la desliuee fut si glorieuse, eomme nous venons de le dire.De ces deux enfants d’Erardfurent fonnees plusieurs branches. Gauthier IV, qui desccndait en ligne directe de Gauthier I, comte de Brienne et connetable de France , fut tue 5 la bataille de Poitiers, en 1356, et laissa le comte de Brienne aux enfants de sa soeur Isabelle d’Enghien , avec le titre de due d’Athenes. C’est en faveur de Gauthier IV que le roi Jean cfda tous les droits qu’il pou- vait avoir sur ceux qui, dans le comte de Brienne et dans les autres terres du comte de Brienne, situCes en Champagne, s’etaient avoues bourgeois du roi L Siger ou Sohier, Shine des fils d’Isabelle, fut comte de Brienne et cut pour successeur Gauthier V. Celui-ci eut pour heritier son oncle Louis d’Enghien , qui laissa cette seigneurie 4 sa fille Marguerite, femme de Jean de Luxembourg , comte de Ligny , chef de la branche des Luxembourg Saint-Paul. C’est de son petit- fils Louis de Luxembourg que sortit Antoine, qui forma la branche des Luxembourg-Brienne. Antoine fut suivi de Charles, d’Antoine II et de Jean , qui mourut le l cr juillet 1576. Guillemette de la Marck fut marie en secondes noces 5 Bernard de BCon, marquis de Boutte- ville, de qui sortit Louise de BCon-Luxembourg, marie;; 5 Auguste de Lomenie, originate du Limosin, secretaire d’Etat, prCvot et grand-maitre des ceremonies de l’ordre du Saint-Esprit. Marguerite- qui lui cause tin grand prejudice e! donne lieu a plusieurs proces entre lui et ces hommes et femmes et le procureur general du roy, il advint que le roy ceda au comte de Brienne et a ses successeurs, tout le droit qu’il pouvait avoir sur ces aubains et sur tonics les personnes demeu- rantes dans le comte de Brienne qui s’etaient advouez bourgeois du roy, sauf la superiority du roy. Il fut mande au bailly de Troyes de faire exe- cuterles lettres qui furent accordees a cet effet ; elles sont datees d’Amiens^ en novembre i355. — On nommait aubains ceux qui venaient s etablir dans un lieu lorsque Ton ne savait de quel en droit ils venaient , soit du royaume, soit du dehors. Ou les nommait aussi espavesj ce mol signifiait droit d’aubaine. »-> 56 €S Charlotte, duchesse de Pinev , et Marie Liesse , duchesse de A enta- dour, filles de Henri de Luxembourg-Piney ct de Madeleine de Montmorency, vendirent le eomttf de Brienne ft Lom^nie, qui acquit par lft le titre de comte de Brienne , que ses descendants por- terent jusqu’ftla revolution. 11 cut pour fils Ilenri-Louis, aussi secre" taire d’litat, qui £pousa, en 1656, Henriette Boulhillier de Chavi- gny, de laquelle il eul Louis-Ilenri, comte de Brienne, mort en 1 743. Celui-ci fut pere de Nicolas-Louis et d’Antoine-Luc. Le premier fut comte de Brienne, et fyousa, en 1723, Anne-Gabrielle de Chamil- lart Villate, dont il eut 1° Louis Benignc, colonel du regiment d’Artois , tuden l747,ft l’affairede l’Assiette, pres d’Exiles, conlre les Piemontais. Son courage le suivit jusqu’ft sa derniere heure ; car, ayant eu le bras fracasse, il monta 5 l’assaut en disant : qu’importe, il m’en reste encore un pour mon roi et ma patrie; 2° Charles- £tienne, qui fut archeveque de Toulouse; 3° Louis-Marie-Athanase, comte de Brienne, lieutenant general des armees du roi, mort vic- timede la revolution. 11 avail epouse, en 1757, Etiennette Fizeaux de Glemont, morte en 1812. Ce dernier comte n’ayanl point laissd d’enfants, il arriva que madamede Montbreton, ht'ritiere d’Etien- nette Fizeaux, eut le chateau en partage, et le possede aujourd’hui. Son affabilite et sa bienveillance 4 regard desetrangersqui viennent visiter ce chateau, devenu surtout edebre, depuis l’echec qu’y recut Napoleon en 1814, sont dignes d’un eloge beaucoup plus long que celui que nous en faisons. Madamede Montbreton est belle-sceur de M. de Norvins, auteur de la vie de Napoleon, et il est assez singulier que ce grand homme qui vit, pour ainsi dire, commencer et finir sa carriere ft Brienne, ait trouve un digne historien dans la famille du dernierpossesscurde ce chateau , pres duquel il avait passe son jeune ftge. En 1805 Napoleon, traversant la Champagne, viut visiter Brienne : e’etait un lieu qui lui ctait cher. 11 se porta a cheval sur Fern placement de cette ecole mililaire oil il avait etc eleve, et n’y trouvant plus que des mines, il s’ccria : les barbares, its ont lout detruit! Plusieurs geographes donnent 5 Brienne le titre de ville, mais il uc jouit d’aucun droit de cite. C’est un bourg, autrefois chef-lieu d’un archidiacone et doyenne de son nom. Le comte de Brienne avait de drige en duche Pairie,en 1587, sous le regne de Henri III, mais les lettres n’ayant point ete enregistrees au parlement, il demeura simple comte. Des litres de 1595 nous apprennenl qu’il y avait alors unc election. Brienne rcssorlissait par rapport ft ses dependances, ft different* endroits, dans le comte de Champagne, au siege de Chaumont et ailleurs. 11 fut ensuite ordonne que Brienne el toutes ses dependances ressorliraient devant le Bailly de Troyes au siege de Troyes, taut qu’il plairait au roi. Mais comme le comte de Brienne est regi par les coutumes du bailliage de Chaumont, le roi Jean ordouna par lettre, datee de Rheims, du mois d’oetobre 1363, que ce comte et toutes ses dependances ressorliraient devant le bailly de Chaumont au siege de Chaumont. (?ijliec be S3vicnnc, LVglisc paroissiale de Brienne, qui est sous l’invocation de saint Pierre et saint Paul, est grande et spacieusc; mais clle est res tec inachcvec ; le choeur n est pas voiite. On doit fairc remonter son origine ft une epoque fort ancienne; mais il ne subsiste aucun do- cument qui puisse servir ft determiner , meme approximativement , l’epoque de sa fondation. Ce que Ton peut seulement reconnaitre aujourd’hui, c’est que lYglise, telle que nous la voyons maintenant, a ete rebfttie ft peu pres sur le meme plan et ft la place d’une eglise plus ancienne, dont il reste encore quelques piliers , avec un aredou- bleau ft l’extremite de la nef. Encore ces parties anciennes peuvent hien n’etre elles-memes qu’une reconstruction, et ne jioint appar- tenir ft l’eglise primitive. On ne peut guere les reporter plus haut que la fin du Xll e siecle, epoque de transition. Bien que les causes qui ont amene et determine la reconstruc- tion presque entiere de ce monument religieux soient inconnues, on ne peut guere l’attribuer qu’ft la vetuste. Il est evident, du reste, que Ton a conserve les dimensions en largeur de l’ancienne eglise, puis- que les piliers de la nouvelle sont dans l’axe des piliers anciens, que les bas-cotes ont conserve aussi la largeur primitive, et qu’enfin lelevation des voiites reconslruites se raccorde parfaitement avec celle de la quatrieme travee, du collateral droit, qui a ete conservee. Les reconstructions sont de deux epoques bien distinctes. La partie inferieure de la tour qui donne entree au bas-cote gauche, et la nef, appartiennent ft la fin du XIV e siecle, ou au commencement du XV e . Le choeur et les chapelles qui l’environnent ne remontent point au- delft de cette epoque qui preceda la renaissance : nous voulons parler de la derniere periode du style ft ogives. La nef comprend quatre arcades ou travees, edairees par autant de fenetres ogivales , dont les meneaux flamboyants paraissent d’une date posterieure, e’est-ft-dire qu’ils auraienl ete renouveles lors de la reconstruction du choeur. Les deux efttes de l’eglise sont parfai- tement identiques , et cette regularite en est la seule beaute. L’en- semble compense un peu le defaut d’harmonie que Ton remarque dans les details. Lc premier pilier isole de la nef est flauque ft chacun de ses angles d’une grosse colonne, et sur chacune de ses faces de trois autres colonnes plus petites, pour soutenir les nervures croisees des vofttes. Ces colonnes sont peu ek'vees et les chapiteaux sont ornts de feuilles droites, pointues et serrees, qui n’offrent qu’une tres-le- gere saillie. Lin pilier, engage 4 cote de la porte, presente justemeut la moilie de celui-ci , et soutient avec lui la premiere arcade. Les deux piliers suivants sont plus simples et plus legers. Ouatre co- lonnes seulement y sont engagecs et l’orncment des chapiteaux est tout different; ce sont des feuilles de chicort'e, de choux, et des bran- ches de chftne qui entourent transversalement la corbeille, laquelle n’a que peu d’ddvation. Ces piliers nous paraissent postdieurs aux deux premiers de quelques annds : ils dalent lous au reste d’une i s poquc oil dt'jft les innovations en architecture marchaient vite et lendaient visiblement vers une di'generesceuce qui plus tard devint complete. Au-dessus des arcades, dont les profils sont composes de legers cordons accompagues de filets , il regne une espece de corniche creusd d’une gorge. Au-dessus de cette corniche , les bases des fendres sont fort devices , et celles-ci qui l’etaient fort peu, out peut- fttre d< 1 diminuds, ft cause du toil des collaleraux qui vienl exld rieurement s’y appuyer. La nef se lermine au quatriftme pilier que nous avons signals dejft, comme apparlenant ft une construction anterieurc. Il est aussi Hanque de colonnes cl de colonnettes peu elevees, ft l’exceplion toute- 5 7 <-« fois de celles qui supportent les nervures de la grande voute el l’arc- doubleau dont nous avons park 1 . Cet arc-doubleau, qui n’offre dans son profit qu’un simple biseau, est en contre-bas de cinq pieds envi- ron du dessous dela voi'ite recouslruite, raais une archivolle ogivale, qui se Irouve ft peu-pres trois pieds au-dessus de 1’arc etqui soute- nait tlvidemment l’intrados de la voi’ite ancienne, prouve que la hau- teur de celle-ci ne differait pas considerablement de la hauteur de la nouvelle. La force des deux piliers et la position de l’arc-doubleau ft trois pieds au-dessousderarchivolte,indiquentcertainementunedes grandes divisions de l’ancienne dglise. L’entree du choeiir, par exeniple, ou bien le clocher, qui se trouvait tres-fi( ! quemment, ft cette ( ! poque , plac£ ft l’intersection du chceur et de la uef. Le cinquieme pilier, qui commence le choeur reconstruit , est beau- coup plus gros que ceux qui suivent, et l’arcade qui le rallache ft la nef a beaucoup plus de portae que toutes les autres , circonstance qui pent faire penser que ce pilier a etc eleve sur les fondalions de l’un de ceux qui porlaient l’ancien clocher, et qui peut d’aulant plus fortifier noire opinion sur la place qu’occupait ce dernier. On a pu remarquer en effet que les lignes qui joignent les axes des piliers qui portent les clochers places eutre les transepts , formaieut gfnt 1 - ralement un earre parfait qui avait presque toujours pour cote la largeur de la uef. En suivant exactement la marche des reconstructions, on verra que Ton a d’abord commence par relever la nef tennince au vieux pilier; que plus tard le choeur, que Ton avait vraisemblablement laiss6 subsister jusque-lft, aura 61 <5 repris en connnen^ant par le sanc- tuaire comme il 6tait d’usage , et qu’ainsi on sera arrive ft ce pilier nouveau qui se trouve lie ft l’ancien par la cinquieme arcade dont les profils , ainsi que ceux de la base du pilier, appartient ft la renais- sance. Cette marche des travaux explique suffisamment pourquoi se trou vent ainsi jointes et rapprocWes, au milieu de leglise , la parlie la plus ancienne et la partie la plus nouvelle ; elle explique encore la conservation du vieux pilier qui a servi pour ainsi dire de pivot et de point d’appui ft la reconstruction successive de di verses parties de l’6difice. Le cordon ou corniche qui regne au-dessus des arcades de la nef se remarque aussi aveclesmemes profils au-dessus de l’arcade inter- mediate qui forme la cinquieme travee. Le prolongement de ce cor- don au-delft des limites de la uef suffirait seul pour faire penser qu’un plan general de reconstruction avait 6te adoplc lorsque l’on re- bfttit cette derniere. Mais on voit que pendant le laps de temps qui s’etait ecoulecnlre la fin des travaux dela nefet le commencement de ceux du choeur, l’architecture religieuse avait subi des change- ments notables , ct que ce plan ne fut pas suivi pour le dernier. On voit encore par 1ft que la cinquieme arcade n’est qu’une reprise en sous-oeuvre, et c’est par cette raison qu’ou a ete force de la faire plus basse que celles de la nef. Ce ddfaut est d’autanl plus remarquable que les voiites laterales qui lui correspondent sont plus larges et plus devees que celles des bas-cotds. De cette plus grande largeur donnde ft lYglise, il resulte intdrieurement unesorte de transept qui, ft l’ex* terieur, ne dt'passc pas la saillie des contreforts des collateraux de la nef. Avanl d’aller plus avant, on doit s’arreter devant un bas-relief divis6 en trois sujets. 11 est mutil6 , mais on peut remarquer la jus- tesse des poses et la legeret6 des draperies ; d’un c6t6 est la Nativity , de l’autre l’annonce aux Bergers, et, au milieu, l’adoration des Mages. nota. Une explication plus complete de la miniature du Psautier du comie Heuri ayant cti oublice, nous pcnsons devoir la joindre ici sous forme de nole. Dans le has du tableau, le prophete Nathan vieut reprocher a David son adullere et la mort d’Urie. Ces deux criminelles injustices, rappelees au psalmisle, expliquent le told die justilia, la justice qu’un roi doit avoir en vue pendant la journee enliere. Nathan montre a David Jesus-Christ , distingue par le nimbe croise , entoure de nuages, adore par des anges et conlemple par des saints nimbes. Les saints out seuls la gloire de voir Dieu, el les injustes ne peuvent parlager cette gloire : ce qui explique le videl/unt justi qu’ou lit pres du groupe des saints dans le haut du tableau. David est assis sur un troue a l’entree de sa tente : il porte en tele une couronne d’or fleuronnce, et tienl de la main gauche un long sceptre d’or. Il a la main droile a son epee, qui est posee sur ses genocx. Il est velu d’une tunique, et un long manleau de pourpre est agraffe sur son epaule droile. Le inessager que 1 on voit se presenter a lui , et qui semble lui adresser la parole, est eelui que lui envoya Joab pour lui porter la nouvelle de la mort d’Urie; et les soldats armes de lauces, qui sont ranges pres de la tente du roi, sont simpleruent des gardes. On pent remarquer que le prince tienl son epee non tiree du fourreau; c’est peul-etre pour laire allusion a cette menace du prophete : « Et l’epee ne sortira point de votre ■> maison. » Au-dessus de la tente de David on lit : Proptered Deus , qui se rapporte a Nathan. It rappelle qu’il est envove de Dieu. En meme temps qu’il indique au roi, par un geste energique de la main gauche, le Christ entoure d’anges, il lui montre un instrument trauchant semblable a un croissant renverse : cet instrument est tres-significalif ; il semble completer l’idee quo presente ce passage du psaume Lingua tua, etc. Derriere le groupe de saints on voit , e gauche, un olivier, avec ces mots a demi effaces : Ego autem sicut oliva , qui fait parlie d’un verset du psaume. En bas du tableau, derriere Nathan, un tronc d’arbre parait coupe en plusieurs morceaux. Le peinlre peut encore avoir eu l’intenlion de tracer le sort fulur de la maison de David. Le costume des figures, comme on peut le remarquer, ainsi que la tente de David, sont tout-a-fait dans le style byzanlin. Un ornemeni, qui rappelle la forme primitive des fleurs delys, surmonte le fronton de cette tente. II ne serait done pas impossible que ce mauuscrit eu t ete rapporte de Constantinople par le comte Henri, qui l’aurait recu en present de l’empereur Manuel, auquel saint Bernard 1’aurait recommanue comme un prince digue de toute son eslime. Il exisle a la bibliolheque du roi un Evangiliaire , dont la couverture est ornee d’un relief en ivoire. On y remarque, d un cole, la personnifi- cation de la religion chretienne, et de l’aulre celle de la religion juive ; cette. derniere figure tient a la main un instrument toul-a fail semblable a eelui tpie le peintre a mis a la main du prophete Nathan dans la vignette de noire manuscrit. Un savant orientaliste pense qu’il est la caracteristique, et qu’il servait a la Circoucision. 12 &— > 58 * — e Les bas-c6tfs du choeur sont ouverts par une arcade dont la portfe excessive est soulenue, 59 la rose rfcgne un cordon taille en larmier, et au-dessous de celui-ci on voit dans la maqonnerie nn grand arc surbaiss^, d’une date assez rteente, sans aucune saillie, el qui montre le moyen employ^ pour soutenir la partie supteieure du portail ft l’epoquc de la reconstruc- tion de la porte centrale dont nous parlerons bienlot. Ouatre grands contreforts appuient ce portail et le diviseut eu trois parties dgales. Ceux de ces contreforts qui appuient la tour s’elevent seulement jus- qu’au haul de la partie ancienne de celle-ci qui ne d£passe pas la base du pignon. Les retraits des contreforts sont accuses par des larmiers joints par un bandeau ft chaque 6lage de la tour. Ces stages, au nombre de deux, sont (Plain's par des fenfitres qui different entre elles. Superieurement c’est un ogive dont la baie est ornfc de colon- nettes ct d’un boudin de nfome diametre. Au-dessous c’est une simple lancette en porte-ft-faux avec la premiere, et dont les aretes couples en biseau u’offrent aucun ornement. Ces ouverlures sont reproduites exactement sur chacune des faces de la tour. A la partie iuforieure, mais au nord seulement, il exisle une grande fenfire ogivale sans meneau, en rapport avec celles qui <5clairent les bas-cdtte. La partie supteieure de la tour est entierement moderne : c’est probablement un achevemeul, et I’on ne pourrait supposer aucun motif de reconstruction. Elle est diviste en deux stages siiparte par deux corniches, flanqute aux angles par des pilastres, etouvertspar des pleins-cintres avec archivoltes. Elle est termince par une balus- trade ft jour que soutiennent quatre massifs en maniere de pu'deslaux. La porte centrale est ouverte par un voussoir plein-ciutre creus6 d’une large gorge avec une clef en console. Deux pilastres d’ordre dorique, avec un entablement surmonfo d’un fronton triangulaire, encadrent cettc porte dont on peut attribuer la construction au XVll e siecle. Les portes latteales, d’aussi mauvais goftt et de la m6me cpoque sont, moinsle fronton et en raccourci, une repetition exacte de la porte du milieu. Quelque motif futile a sans doute cause la des- truction des portes anciennes qui devaient etre dans un etat parfait de conservation. D’apres l’usage, on les avait trouvees trop petites, et Ton a cru ajouter beaucoup ft la decoration de l’eglise en leur substituant l’ajustement qu’on y voit aujourd’hui. II y est complete- ment deplace , et avec la partie superieure de la tour il fait de ce por- tail un ensemble de parties incohereutes qui ne peut manquer de choquer l’oeil le moins exerce. Le courounement de la nef est forme d’un simple bandeau sou- tenu de modillons termines en pointe. Du c6te du midi on voit, me- lees ft ces modillons, quelques tetes gifotesques. La pointe de l’ogive des fenetres presente aussi une de ces tetes , mais d’une proportion un peu plus forte. Deux arcs-boutans, reduits ft leur plus simple expression , appuient de chaque c6te les voi’ites de cette nef. Les transepts et le choeur n’ont pour courounement qu’une cor- niche fort peu saillante, et il n’existe pas de balustrade au-dessus. On doit se rappeler que le choeur n’est pas voftfo : ce qui se devine d’a- bord ft l’exforieur par le peu d’tdevalion du comble relativement ft celle de la nef. Les fenOres ont leurs baies creusces de gorges rent- plies de feuillages fogers ; elles sont couronnees d’archivoltes termi- ntes par une accolade tronqute qui devait s’appuyer ft la balustrade si elle eut tee exteiutte: ; car il est Evident qu’elle entrait dans le pro- jet de l’architecte, et elle cHait un ornement assez commun de l’epoque. Les trumeaux des fenetres sont dteorte de pilastres ft retraits , diviste dans leur partie superieure et termines par des pyramides ornees de crochets. Ces pilastres repondent aux murs de refends des chapelles , sur lesquels devaient s’elever les contreforts charges de souteuir les arcs-boutants des voi’ites du choeur, si celles-ci eussent existe. Une goulliere sous forme de monstre, se remarqueft chaque pilastre ft la hauteur du couronnement des chapelles qui environ- nent le choeur. Au nord de l’eglise est la sacristie, bfttiment tout moderne et qui n’offre que de simples murailles. A l'ouesl on y a cncastre un bas- relief mutile. Il represenle le Christ assis sur un trdne et accompagne de deux anges en adoration. Il se peut que cette sculpture provieime du tympan de l’une des portes de l’eglise, et plus probablement de celle du milieu. Il existe une analogic frappante entre le style des diverses pariies de lYglise de Brienne, et quelques parties des differeutes eglises de Troyes. Ainsi les anciens piliers du XII e siecle , rappellenl absolu- ment ceux de la partie ancienne de la Madeleine ; les deuxieme et troisieme piliers de la nef, ceux de Saint-Remi de la partie cortes- pondante, et enfin le pourtour du choeur, taut ft l’intteieur qu’ft l’extteieur, l’eglisc de Saint-Jean, moins la balustrade. Apres lVglise paroissiale de Brienne qui est le seul monument du moyen ftge de ce pays, il convientde citer pourtant deux maisons de bois qui existent dans le voisinage et dont les supports d’encor- bellement sont ornes d’arabesques de la fin du XVI e siecle. On pou- vait y voir autrefois un assez grand nombre de maisons de bois ornees de sculptures, mais les agrandissements des rues, et ce besoin d’in- novation qui s’est fait partoutsenlir, les ont fait disparailre entiere- ment. 11 existe dans le chftteau moderne, une chapelle sous l’invocation de Sainle-Croix. Ce nom pourrait bien rappeler une fondation plus ancienne; elle existait vraisemblablement dans l’ancien chftteau, au temps des croisades. Slbbatie be Contain e. Les comtes de Brienne, dont nous connaissons d^jft l’antique illus- tration, s’teaient fait encore remarquer par une rare pick 1 ; et des bienfails abondants distribute aux ordres religieux, avaieut toujours te£ le complement de ces pieux sentiments. Ainsi leurs riches re- venus servirent souvent ft doler et ini' me ft erter des abbayes. Ces princes paraissaient surtout favoriser, d’une maniere toute speciale, l’ordre des Fremont res, iustitue par saint Norbert. Il est vrai que les religieux de cet ordre s’teaient toujours distingute par une teni- nente pited, par une integrity de moeurs irr<5prochabIes ; toute leur vie enfin avait ce caractere de candeur et d’innocence, dont on avait probablement voulu donuer une embfome dans la couleur blanche desvteements qu’ils portaient. De tels motifs avaient certainement dteermind le choix des gtetereux bienfaiteurs, et ils appelerent, dans l’abbaye de Basse-Fontaine, qu’ils venaient de fonder it de pourvoir d’abondants revenits,ces religieux, assutement digues de leurs faveurs. Presque dans le m£me temps, ils avaient teabli deux autres mo- nasteres ft tres-peu de distance de Brienne ; l’un etait l’abbaye de Beaulieu, l’autre de la Chapelle-aux-Planches. C’^tait de l’abbaye de Beaulieu qu’&aient sortis les religieux venus pour peupler Basse- Fontaine. Flic avail recu ce nom du site plein de charme oil elle se trouvail placf-e, entouree des terrains les plus fcrliles et sur les rives ombragees de la riviere d’Aube. Tous ces fails sont constates dune maniere indubitable, par des charles fort auciennes dont nous aliens donner le coulenu. La premiere charte est relative A la fondation de l’abbaye de Basse-Fonlaine ; elle en est en quelque sorte le litre legal. puisqu’il est reconnu qus la fragility humaine a de frequents besoins, il est de toute necessity que les homines, dans l’etat d’a- baissement oil les mellenl leurs fautes, trouvent du soulagement dans quelques bonnes actions. Qu’il soit done connu de tous ceux qui sonl et seront, que Valter, comle de Brieuue, pour porter re- mede it son Ame et ii celles de ces pi edecesseurs , a cede et doom- A l’abbaye et it leglise , bAties en 1’honneur de la Vierge mere de Dieu , la dixieme partic de ses revenus sur son chateau de Brieuue, c’esl- it-dire le droit d’aunage, vente et mesurage, la dime de tout le ble de son grenier , excepts de l’avoine qu’il aurait achetee pour ses chevaux, la dime du vin , excepte dc celui qu’il aurait achete pour vendre. II lui concede et donne de plus la dime de ses revenus de Piney, de ses revenus provenant du hois en argent et en bk ! , excepte celui sur lequel il a droit pour forfaitures, et encore la dime des pitturages , la dime de ses terres si legalement et qu’elle n’ait point 616 octroyde par quelqu’un de ses pred^cesseurs, sinon la dime de la dime. Avec tout cela , il lui cede l’espace de terrain qui s’etend du ruisseau nomine Ponton au ruisseau nomine Prosel, et la rive de la riviere d’Aube qui est libre et sur laquelle personne n’a dc droits. Ouant au bois qui est entre les deux ruisseaux susnommt's, il lui cede depuis le chemin qui passe devant le bois, une jetee de trait jusqu’au-dessous, et autant de terrain entre le pout des marais de Mastilie el d’Albert. Sur la limile de nos biens, entre les ruis- seaux dont il a (ltd question, il nous a permis dc construire, sur la riviere d’Aube, un moulin pour nos besoins et sans nuire aux siens propres, et il nous a laissd toute liberty sur la riviere au-dessous de 1’enceinte dc ses domaines. Enfin il nous a cede le droit d’usage dans ses eaux et dans tous ses bois , excepte pres de notre abbaye , dans le bois qu’on appelle Aicion; le droit d’y mener nos troupeaux, A condition toutefois que la nuit ils contiuueront de l'evenir A la fermc , et que leurs gardiens ne bAtiront , sans leur consentement et leur permission , ni maison , ni habitation quelconque. Pour con- lirmer la fondation dc cc don, nous avons soin de prendre des temoins, et nous placons au-dessous leurs noms. Ont signd Erard son fils; Andre son fils; Marie sa fillc, etc Ainsi defiui et confirmd , nous faisons notificr cet acle, l’an de l’lncarnation du Verbe 1143, le 1 1 des ealendes de fdvrier, et de la bine le 23, Louis etant roi de France, et le venerable Baton , 6v6que de Troyes. I.etlre d'Uaton, dvdque de Troyes, pour confirmer la fonda- tion de T abbaye de Basse-Fontaine, ii Baton par la volonte de Dieu, humble ministre de lVglise de (i Troyes, a Anchor, venerable abhe de Basse-Fontaine, ct A ses « successeurs qui doivent le remplacer d’apres la regie des canons, (i Parce que la passion des homines pervers, par l’instigalion du « (liable , est souvent enflammi s e de telle sorte, qu’ils usurpent par « des fraudes les possessions et les droits des eglises dc Dieu, il est « nfeessaire que les eglises les plus faibles vienuent se mettre sous « la protection des evttques du siege principal. C’est pour cela tres- « cher fils Aneher, que, ayautvu, par une faveur de la clemence « divine, votre maison de Basse-Fontaine, elevee au noble litre « d’abbaye, vous etes veuu, avec Valter, comte de Brienue , pres « de nous, humble serviteur, et nous avez demaude avec prieres « que les donations faites par ce prince A cette abbaye, cornnie il l’a ft reconnu en notre presence et nous a remis leglise , fussent con- « firmt'es par la puissance de notre privilege. Nous avons done « consenti A vos jusles demandes, et voici quelles sonl les donations « qui vous furent faites : le susdit Valter, comte de Brienne, pour « porter remede a son ;ime , ct A celles de ses predecesseurs , a ce’d<5 « et donne A Dieu et A leglise bAtie en l’honneur de la Vierge mere « de Dieu, au lieu dit Basse-Fontaine, la dime de ses revenus de « son chAleau de Brienne, c’est-A-dire du droit d’aunage, vente et « mesurage , la dime de tout le ble de son grenier , exceplt 5 de I’a- « voiue qu’il aurait achetee au besoin pour ses chevaux, la dime du « vin, excepte de celui qu’il aurait achete pour vendre, etc. Ont « cede et approuve cette donation en notre presence , les fils du « comle Valter, Erard et Andre, et Marie leur soeur. Acte en fut « dressy l’an de l’lncarnation du Verbe 1145, de la papaute d’Eu- « gene I er , et sous le regne de Louis. » Lettres d" Erard , comte de Brienne, publides en faveur de Vabbayc dc Basse-Fontaine, « Moi Erard , comte de Brienne , je fais savoir A tous ceux qui « sonl et seront que, d’un consentement rCciproque , nous avons « termine de cette maniere les differends qui sVtaient eleves entre « les religieux de Basse-Fontaine et moi, au sujet des chemins et « des bois voisins de cette abbaye. Tout ce qu’ils possedaient A « Prdcy, taut en terres qu’en pres, ils me Font cede A perpetuity A « moi et a mes heritiers. Ils n’ont garde que la grange qui est « dans la ferme avec la manse et une parlie de la dime de ces biens « el d’aulrcs qui leur appartenaient. 11s ont dispense, moi et mes « successeurs , pour toujours de partager les terres qui sont depuis « le vieux chemin de Basse-Fontaine au bois jusqu’A la portee d’un « trait. Et moi , A la gloire d’Agnes mon epouse et de Gaiter mon « fils, et aussi pour le salut de mon Arne, en compensation des « biens plus haut enumeres, j’ai donne A l’eglise plus haut uommee, « ma vigne de Bertremout et les terres que les moiues de l’abbaye « ont defrichees aux finages de Basse-Fonlaine et de Maisnot. Je « lui ai donne le chemin qui separe le champ du haut et les vignes; « je leur ai donne le bois et tout le terrain qui, depuis ees memes « vignes jusqu’A Petrocclle, est renferme entre le nouveau chemin « ct la riviere d’Aube, pour qu’ils le defrichent et le cultivent, et « pour qu’ils en fassent A leur gre un tout autre usage. Je leur « ai donne le pre de Maisuol jusqu au bout et une partie du bois « adjacent , selon que le chemin qui part du haut du pre vient « aboutir au grand champ de Maisnol. J’ai continue ainsi tous ces « aclcs, el j’ai promis que desormais mes heritiers auraient soin « que personne n’cut la permission de defricher et d arracher dans « aucune parlie du bois. Cepeudaut il gardera sou droit d'usage « dans lYglise susnommee. Afin que ces promesses soient lermes et « durables, nous les avons fait ecrirc et nous y avons appose nos 61 « deux sceaux. Out M lemoins Jean mou frere , abbe de Beaulieu, « Etienne, etc. Cecifut faitl’ande l’lncarnation duYerbe 1185 >. i PRIMARIA CIIARTA. Fundationis monasterii Bassifontani. Cum multa sint necessaria human* fragililali, maxime necessarium esl hominibus, ut quia peccatis deprimunlur, aliquibus bq^eficiis subleventur. Notum sit ergo omnibus lam prajsenlibus quam posteris, quod Vualterus Brenensis Comes, ob remedium anim* su® et pr*decessorum suorum , dono concessit domo et ecclesi® in lionore S. Dei genetricis et virginis Mari® fundal®, in loco qui dicilur Bassafoulana , decimam redituum suorum de Brena castello, videlicet Ginovalici sui et vendilionis fori ac minagii, decimum quoque vas totius annon® Cellarii sui, excepta avena si ad opus equorum suorum quandoque emerit, vini quoque decimam concessit, excepto quod ut vendat emerit. Concessit etiam dono decimam redituum Pisnei,ac redituum nemoris in denariis et in annona , excepta ilia qu* est sumpta de fore factis, atque decimam pasnagii, necnon etiam suarum culturarum decimam si legaliter nec antea alicui sit con- cessa ab aliquo pr®decessorum suorum , sin aulem redecimam. Cum bis etiam concessit a rivo qui dicitur ponton, usque ad rivum qui dicitur prosel terram interviam et ripam albul® fluvii jacentem liberam et abso- lutam. De nemore etiam intra supradictos rivulos, a vi*aute nemus quan- tum arcus jactare potest infra ipsum nemus tantumque de curcellis intra pontem Mastilii el Alberti magnolium. In divisioue etiam tentorii noslri inter rivulos commemoratos molendinum pr®descript* ecclesi® ad usus nostros super fluvium albulam construere concessit , suis nullatenus no- civum molendinis, ipsumque fluvium liberum iufra septa atrii. Denique nobis concessit usuaria in omnibus aquis suis , et in cunctis nemoribus suis , excepto nemore quod dicitur Aicium ad sedificia nostra et pecora nostra degenda , ita videlicet quod ad villas noclu quiescere pergant, nec aliquam domum , aut aliquod edificium in eis nemoribus absque suo con- cessu ac licenlia eorum pastores faciant. Ad banc autem doni instilutio- nem confirmandam testes adbibere curamus eorumque nomina subscri- bendo signamus, Signum Airardi fdii sui. S. Andre* filii sui. S. Mari® fili® su® , etc. Hoc autem definilum et coroboratum notificamus anno ab Incar. Domini ii43. n. Cal. Feb. luna 23. Ludovico rege Francorum regnante, pr*sidenle quoque venerabili Hatoue Trecensis urbis pr*sule. LITTEIUE HATONIS. Trecensis eptscopi pro confirmatione institutionis ccenobii Bassi- fontani. HatoperDei patientiam Trecensis Ecclesi® humilis minister, Anchero venerabili abbati Imifontis ej usque successoribus canonice substiluendis imperpetuum. Quoniam perversorum bominum cupiditas diabolo insli— gante s®pe adeo inflammalur ut ecclesiarum Dei jura et possessiones quibusdam fallaliis usurpant, minores ecclesias ad prim® sedis episcopos ob lutelam confugere necesse est. Ea propter fili charissime Ancbere cum locus Imifontis divina propitianle dementia , in abbaliam sublimatus esset, adjuncto tibi Yalterio Brenense Comite parvilatem nostram adiisti suppliciter postulans, ut donatione* quas ecclesi* in pr*dicto loco sit* idem princeps contulerat , pro ut in pr*senlia nostra ipse recognovit et nobis reddens ecclesiam investivit privilegii nostri muuitione firmaremus. Nos autem justis petitionibus tuis annuiraus donationes igitur liujusmodi sunt, pr*dictus Valterus Brenensis Comes ob remedium anim* su® et predecessorum suorum dono concessit Deo et Ecclesi* in lionore Sand* Dei genilricis et virginis Mari* fundat* in pnediclo loco Imifontis deci- Nous veuons de voir les seigneurs de Bricnne, k lame devote et genfrcusc , doter richemcnt cette abbaye de Basse-Fontaine, et lui mam reddituum suorum de Brena Castello videlicet Ginovalici sui et venditionis fori ac minagii , decimum quoque vas totius annon* cellarii sui excepta avena , si ad opus equorum suorum quandoque emerit vini quoque decimam concessit excepto quod ut vendat emerit etc., laudaverunt etiam hoc et concesserunt in presentia nostra filii predicli Comilis Valteri , jErardus et Andreas, et Maria soror eorum. Actum est hoc anno Incar - nati verbi 1 145 Eugemi pap® anno I, regnante in Francia Ludovico. LITTER.® ERARDI. Comitis Brenensis in favorem ccenobii, Bassifontani expediter. Ego Erardus Brenensium Comes, presentibus et futuris notum facio , quod inter me et fratres Bassifontis super viis et nemoribus terrisque ibi adjacentibus, pari utriusque partis assensu omnes in bunc modutn con- troversias terrainavimus. Quod quicquid ipsi apud Prisceyum tam in terris quam in pratis et censibus atque terragiis habebant , mihi et beredibus meis in perpetuo possidendum concesserunt. Grangiam tanlum suam qu* in villa est cum manso et partem decimationis ipsa ruin et aliarum perti- nentium sibi retinuerunt. A divisione itaque terrarum que ab anliqua via Bassifontis in nemus ad jaclum unius arcus pr*tendi debebat me el suc- cessores penitus absolverunt. Ego vero laude Agnetis uxoris mecum et Galterii filii mei pro salute anim* me® et supradictarum possessionum recompensatione pr*nominat® donavi ecclesi® vineam meam de Bcrtre- monte , terrasque quas in finibus Bassifontis et Maisnolii eradicaverunt. Viam quoque superiorem campum et vineas dividentem. Nemus etiam et quidquid ab eisdem vineis usque ad Pelrosellum inter novam viam el albam fluvium concluditur ad eradicandutn et excolendum sive ad proprios usus pro libitu suo reservandum. Pratum enim calceate de Mainol et partem nemoris quod eidem adjacet sicut via a summilate prati versus magnum campum Maisnol tendit. Enim vero super omnis confirmavi et ab h*redibus meis imperpetuum observandum promisi quod in nulla nemoris parte extirpare seu eradicare alicui amplius licebit. Nihilomimus aulem supradict* ecclesi* solitum usuarium suum ibi retinebit. Ut li*c igitur firma et inconcussa permaneant Cbirograpbo tradidimus et utro- rumque sigillis in robur firmissimum conflrmavimus , hujus rei testes sunt Joannes frater meus Abbas Belliloci, Stepbanus etc. Actum est hoc anno incarnati verbi 1 185. Privilegium confirmationis Ecclesice Bassifontis ab Eugenio Papa 3, omniumque bonorum eidem Ecclesice a quibuscunque collatorum et etiam conferendorum. Eugeoius Episcopus servus servorum dei dilectis filiis Balduiuo abbati de Bassofonte ejusque fratribus tam presentibus quam futuris regularem vitam professis imperpetuum. Quolies a nobis illud petitur quod ralionl et bonestati convenire dignoscitur, animo nos decet libenti concedere , et petenlium desideriis congruum impartiri suffragium. Eapropter dilecti in Domino filii, vestris justis poslulalionibus clemenler annuimus, et Ecclesiam S. Mari* de Bassofonte in qua divino mancipaii estis obsequio sub B. Petri et nostra protectione suscepimns, et presentis scripti pri- vilegio communimus. In primis si quidem slatuentes, ut ordo eanonicus secundum B. Auguslini regulam et Pr*mostratensium fratrum institutio- nem in vestra ecclesia futuris perpetuo temporibus inviolabililer conser- vetur. Pr*terea quascunque possessiones, qu*cunque bona in agris, vineis, pratis, sylvis, pascuis terris ctiltis, vel incultis, decimis, sen 62 4 — €E garantir ces donations par des litres indubitables : ils ne furent pas les seuls animus d’aussi pieux sentiments. A la mfme £poque, des personnages d’une haute distinction, suivant un tel exemple, se signalArent par des liWralit^s envers le mAme monast£re. On lit qu’en effet, l’an 1 146 , 5 l’exhortation du comte Gauthier, Jacques, seigneur de Chasscricourt, du consentement d Agues, son Spouse, et A la solicitation de la mere de son Spouse, Agnes de Baudement ', et de dame A...., comtesse de Brienne, donna a Basse-Fontaine toute la part des dimes qu’il avait au village de Bligny. Ce don fut ap- prouvd par Geoffroy, 6v£que de Langres, qui remit aux religieux, en presence de Hugues, abbe de Pontigny, alors £vt'que d’Auxerre, et de Bernard, abbe de Clairvaux, les dimes de Yitry qu’il tenait en don du mfme seigneur de Chassericourt. Ensuite, afin que ces donations fussent plus assumes, Tabbe Ancher les fit confirmer, deux ans aprfcs, par Hatton, 64 < — e toinr avec les legendes a l’eutour. En suivant, a droite, sa nativite, puis un panneau rempli de figures, qui provient de la partie inferieure d’un crucifiement ; puis un saint Jean, un saint Pierre, tires d’une autre fenftre : ces figures sont plus grandes que les precedentes. A la vitre de la deuxieme chapelle, aprfs la sacristie, on voit, en haut, les trois personnes de la Trinite. La bordure est une simple grisaille posee en 1611. Ce millesime est deux fois repete dans les petits cadres intcrmediaircs. Dans la quatrieme chapelle, en suivant, on voit Dieu le pfre coiffe d’une thiare, Jesus-Christ est assis a cftf , et plus bas on voit Mo'ise et Aaron ; ces figures, d’une assez grande dimension, sont des grisailles rehaussf.es d’or et d’une fort bonne execution. Un tableau point sur bois dans le XVI e siecle dfcore l’autel ; sur le premier plan on voit Judith qui instruit les vieillards de Samarie de la resolution qu’elle a prise de dflivrer cette ville ; dans le fond, elle est representee venant d’accomplir sa mission, et montrant au peuple la tfte d’Holopherne. Au-dessus de la porte meridionale, dans la fenftre qui surmonte cette derniere, on voit, en petit, un saint tire a quatre chevaux conduits par autant de cavaliers qui les excitent vivement a coups de fouets. Dans la partie inferieure on distingue les figures de saint Pierre, de sainte Savine et de saint Frobert, abbe de Montier-la-Celle. On sait que l’eglise de Sainte-Savine dependait de cette maison. Dans la chapelle suivante, vers l’ouest, trois fragments d’une fort belle grisaille rehaussee d’or : c’etait la genealogie de Jfsus- Christ. Sur l’autel, un tableau peint sur bois, divisf en trois sujets par des colonnes peintes et dories sur le fond. Au premier, est une sainte nimbfe , et accompagnee de trois religieux debout ; elle est prosternfe devant un autel , sur lequel est un chandelier a cinq branches. Au milieu, la naissance de la vierge; sainte Anne est au lit, assislee par des femmes ; son nom, en lettres d’or, se voit ainsi f'crit au-dessus de sa tfte A A N N. Le troisifme panneau offre pour sujet la presentation de la vierge au temple. Ce tableau est d’un dessin plus pa'if que ceux dont nous avons parlf. La fenftre de la premiere chapelle, en suivant toujours vers l’ouest, est restfe presque intacte; en haut est la resurrection de Jesus-Christ au milieu des soldats endormis. A gauche, au-dessous, il apparalt aux trois Maries. A droite, la parabole du bon Jardinier.Plus bas encore on le voit benissant les saintes femmes. Puis a c6te, il benit saint Pierre. Dans les trifles , au-dessus des panneaux inferieurs de la fenfire, sont plusieurs saints. D’abord saint Lye, abbe, puis ensuite la vierge tenant l’enfant Jesus. A droite, saint Bernard, la grande figure historique de nos contrees, que nous avons dfja si- gnalee plus d’une fois , et qui est reproduite dans presque toutes nos eglises; il est debout, en habit de son ordre; de la main gauche il tient sa crosse, et dessus sa droite le modele d’une fglise, signe dis- tinctif d’un fondateur. Les noms de ces saints se lisent prfs des tftes des figures. Des trois panneaux inferieurs il n’en reste plus qu’un, celui de droite : on y voit la donatrice du vitrail en robe violette , et agenouillfe devant un prie-dieu ; elle est accompagnee de ses deux filles dans la mfme posture. Derriere le groupe est saint Jean-Porte- Latine, tenant une palme : c’est le patron de la donatrice. Sur le panneau correspondant etait probablement represente le donateur avec ses fils : les chefs de families etant toujours, par honneur, places plus pres de 1’autel. Cet autel est decore d’un tableau peint sur bois dans le XVI e sifcle. Le sujet qu’il nous parait assez difficile d’expliquer, represente au milieu d’une place publique deux hommes assis sur une pierre & la- quelle ils sont enchaine's. Un jeune saint nimbe, qu’un riche vftement doit faire presumer d’une illustre famille, conduit deux vieillards, probablement les deux fpoux , vers les deux captifs, qui semblent surpris agrfahlement a leur approche.Le saint est en pourpointbroche d’or, avec la toque ;1 plume et l’epee au cOtf. Au fond , des femmes de tout age accompagnees d’enfans semblent attendries a la vue de cette reconnaissance. Parmi ces spectateurs, un enfant nu porte un panier de fruits suspendu a son epaule , au moyen d’un baton. Cette der- niere figure est d’une naivete charmante : on la croirait copife sur quelque dessin de Raphael. Le revers du tableau est aussi peint en grisaille : le donateur y est represents a genoux devant sainte Savine, a laquelle il est pre- sents par 1’SvSque saint Guillaume, son patron. Ce personnage est un prftre, et sa figure est identique, ainsi que ses armoiries, avec celles que nous avons signalSes a la croisSe, a la droite de l’ab- side. Devant l’autel sont les funds baptismaux, donnSs en 1640 par un curSde sainte Savine, nommS Nicolas Lhosle. Au-dessus de la porte est une tribune en charpente qui supporte l’orgue : la date de 1618 est gravSe sur une piece de bois. A 1’extrSmitS du collatSral du nord , a Touest , on voit une figure de sainte Savine peinte sur verre : c’est une grisaille de grande di- mension. Elle a la tfte couverte d’un chapeau de bergfre, etmarche en lisant, appuyfe sur son baton de voyage. Cette peinture est d’un dessin incorrect, et le ton de coquetterie prelentieuse qui regne dans la pose, annonce les derniers temps de la peinture sur verre. Les bons maitres de notre fcole troyenne n’existaient plus. L’eglise de Sainte-Savine , outre ses vitres peintes , renferme plusieurs tableaux peints sur bois, dans leXVI e siecle. Sur le mur, pres de la sacristie, on en voit un partagf en trois sujets, s£ parf s par des colonnes cn balustres peintes et dorfes sur le fond 15 SH* 70 «-e et dont la partie inforieure est chargee d’arabesques ; le sujet a gauche est la rencontre de saint Anne et de saint Joachim, sous la porte dofoe ; au milieu la nativity de la Vierge , et a droite sa pre- sentation au Temple ; ce tableau est du nombre de ceux appeks tripliques : il (it ait autrefois recouvert de volets qui en ont M en- levCs, comme le temoignent les charnieres restdes aux cotes du cadre. Une inscription en vers du temps et en lettres d’or qu’on lit sur la plate-bande de ce cadre, fait connaitre qu’il n’a point ete fait pour la place qu’il occupe aujourd’hui , et que probablement il ornait un re- table d’autel dans une des eglises de la ville. Yoici cette inscription avec son ortographe : Lan trante troys cinq cens avecq mille — dvn bon vovloir et amovr charitable — par femmes fvt tovtes de ceste ville — ici postc ceste presente table — ov par histoyres dvne dame notable royne du del svnt la conseption — • Nativity loyevse — • vie lovable — et puis au temple sa presentation. Sur l’autel placd a c6td, a rextr£mit£ du collateral , on voit un autre tableau , divise de mfime en trois sujets par des colonnes ba- lustres peintes et dorees. A gauche est le portement de la croix , au milieu le crucifiement et a droite la descente de croix. L’execution de ce tableau est bien plus soignee que celle du precedent ; on compte plus de quarante figures dans les trois sujets, mais il en est deux qui meritent surtout l’attcntion) oo 3out celles du bon et du mauvais larron , leurs poses et leurs expressions sont profondement senties et vraiement remarquables ; aussi plusieurs peintres voyageurs les ont dessinees. Ils pourraient d’autant mieux s’en faire honneur que la source du plagiat serait peu connue. Le tableau est encadre par un entablement soutenu par deux pi- astres ornes d’arabesques sculptes , au milieu desquels il y a un tillet ou tablette portant le millesime de 1547, grave en creux et dore, que Ton a lkpete de chaque c6t<5. Un troisieme tableau, de mfime forme et de la m£me epoque, se voit encore & l’autel oppose? , au nord. 11 etait aussi couvert de volets peints en grisaille qui en ont ete arraches. Le martyr de saint St?- basticn en occupe toute l’etendue. La scene se passe dans la galerie d’un palais , decorec de colonnes de marbre et d’un riche pave?. Le saint, debout et depouille de ses vfitemens, est attache? ee l’une de ces colonnes; dCja il a le corps traverse? par plusieurs fleches sans qu’il paraissc le moins du monde emu ni blesse? ; aussi , deux vigoureux archers, hardens de fer et irrite-s, s’apprfttent-ils , l’arc teudu, Se lui cn di'cocher de nouvelles et 5 tirer sur lui de plus pres ; un troisieme archer bande son arc, et un quatrieme, ageuouiile? derriere ce groupe, parait assez embarrasse? pour rajuster une arbaletc a rouet. A droite on voit un autre groupe d’homme et de femmes , de tous les Ages, exprimer la piticfc (cmajur A. cferrts le 1 )*jj * 74 < — S DESCRIPTION. Sur un plateau en macannerie de 15 pouccs d’dldvation s’dleve un pedestal triangulaire surmor.ld d’un pilastrede mdme forme dont les faces sont ddcordcs de statues uichdes dans son dpaisseur; la base dece pilastre est formdede diverses moulures, ornde de feuillages, et terminde par un double socle en talus charge d’ecussons sculplds en relief. Sur son chapileau, qui n’est qu’un simple plateau orne de moulures, pose la tige de la croix dont la base est & huit pans; trois petits piliers terminds en fleche s’dlevcnl autour de cette tige qu’ils appuient au moyeu d’arcs-boutans ornds de petits feslons moresques. A chaque angle du pidJestal triangulaire, il y a un moyen pi- lastre dont lc chapitcau ornd de feuilles d’acanlhe s’dleve jusqu’a la base de celui qui porle la croix; ct sur chacun de ces trois pilastres un autre plus petit, dc mdme forme, au bas duquel il y a une figure en roude bosse : on y distingue Satan , le serpent tentateur avec une l6te dc femme, ct Simon le magicieu, que le peuple de Troyes appelait Simon Mogul. Chacun de ces derniers pilastres cupporte a son tour un petit pilier ci huit pans, termini? en pointc, et dont la base est formde par un groupe de pelites figures qui semblcnt le porter sur leur tete. Ces piliers se rattacheut en bas au grand pilastre du milieu , ct cn haut aux petits piliers qui accompagnenl la croix par des arcs-boulans ornds de festons, etservent Amainleuirla grande tige conlre l’effort du vent. A quelques pieds au-dessus des petits piliers qui l’accompagnent, cette tige forme une grosse pomme dont la moilid infdrieure est or- nde de feuillages. Sur cette pomme est post? un petit piedeslal & huit pans, au-dessus duquel est attache le crucifix, sur la croix proprement dite. Les croisillons et le haut de cette croix sont ler- mines par des pommes de bronze dore contenant plusieurs reliques et enveloppes de feuilles d’acanthe diversement contournees. Sur la grosse pomme, au bas de la croix, on voit une figure de femme agenouillee qui tient le piedeslal embrassd, e’est celle de la Madeleine. Cn peu au-dessous de cette pomme, deux branches courbes ter- mindes par un chapiteau, se ddtachent de la grande tige et portent chacunc une statue que l’ou a pensd etre la Vierge et saint Jean. Ces branches 6ont soutenucs d’en haut par de legers supports recourbes et ornds de festons moresques comme ceux des arcs-boulans. Cn mdmoire dressd en 1530, sur ce monument, ct rapportd par Grosley, nous apprend qu'il elait dans l’originc surmonte d’un bal- daquin ou dome en ma^onneric, portd sur des eolonnes qui devaient dire de la plus grande proportion. ( Le tout fort triumphant ct tloJJ'd dc pcinlures d’or ct d’azur, ct garni d’imaigcs ctautrcs beaux outrages A Tadvcnant . ) Lc mdmoire ajoute : Que cellc croix cn rcmplaqait une de pierre dure , garnie d’imaiges , laqucllc dlanl venue cn mine ct decadence , Jut dtmolic ct transporlce au cimeticre dc TIIdtel-Dicu-Saint~Esprit , et Jut illcc coUoqutc ct drcssicat- tenant de la stpullurc dc noble homme NIC. BOUT IF LART , en son vivant bourgeois dc Tropes , Icqucl par scs bons ct ver- tueux mope ns osta et dcslivra les habilans d’icellc dc la servi- tude des fours bannaux. Si que en recognoissance dc ce bien- fail, et pour en perpttucr la memoirc, lesdits liabitans out fondd audit H 6 1 el-Dieu-Sa in t-Es prit , un anniversaire perpe - tucl, pour lc remede du salutdc Tame dudit Nicolas , le pape- ment duquel sc fait par chacun an par lc Vopcur d'icellc ville. Depuis tres-long-temps , ajoute Grosley, a did supprimd cet anni- versaire : il pouvait cependant d’autant mieux dire perpelud, que les Boutiflaut sont plus rares l . En 1541, les maires et dchevins firent marchd avec un nommd Loys Pocheux, pcinturcur dc son mestier , pour peindre et redorer les plats-fonds de la Bellc-Croix , en fin or, mopennant et parmi lc prix cl somme de quatre-vingt-dix lures tournois. L’original de ce marchd., que Ton conserve aux archives dc 1'Hotel- de-Ville, nous donne les details suivans : le plafond du ddrne qui la couvrait dlait divisd en douze petits parquets ou compartimens ornds dc moulures, six de ses compartimens dtaient roods et les au’.res carrds ; les premiers dtaient remplis par des culs-de-lampes dords, et les derniers par des pannaux enrichis d’arabiques et Jlcurs , dords sur un fonds de laque. Des culs-de-lampes dords, raais plus petits que les premiers , ornaient les baudes qui sdparaient ces parquets. Enfin, au milieu de ce plafond, il y avait tin comparliment ou caisson plus grand qui se voultait sous le ddme. Parmi les figures qui ddcoraient la Belle-Croix, on remarquait outre celles dont nous avons parld, saint Pierre, saint Loup, saint Louis, plusieurs prophetes, Mahomet, et autres dont la tradition ne nous a rien trausmis. Le mercredi 5 ddeembre 1584, le ddme qui couvrait la Belle- Croix, les trois gros piliers de pierre qui le portaient, quoique lids Puna l’aulre parde grands barreaux de fer, furent poussds par un vent si impdtueux que, malgrd le gros arbre de fer carrd qui dtait dans sa tige , la Belle-Croix se rompit et fut renversde par terre. Ainsi parle de cel accident un nomrnd Georges Bcrlhicr,arpenteur, demeurant a Pouilly, qui dcrivait en especc de rimes tout ce qui ar- rival de son temps . En Tan degrdee Mil cinq cent quatre-vingt-quatre L'ng si grand vent jc me remembre F aid lc cinquicsme de Dcccmbre Vcillc dc la Saint Nicolas A dcrompus la Belle-Croix L’ung des riches jopau de Tropes Et les iglises et les clochcrs Quasi a deini dccouvcrs Et les maisons dedans la Ville Dcrompus cheminies ct thuille. La chute de la Belle-Croix facilila la visile des reliques qu’ellc renfermait; ou trouva, dans la Idle de l’image de la Vierge qui est derriere le crucifix, une petite boite de laitou fermde ct allachde avec 1 Yoj ez les Ephdmerides , page 014. 75 un fil d’archal ; elle contenait plusieurs reliques de la Passion avec celle inscription gravbe sur unc lame de cuivre : La belle ct digne Croix de Troyes assise cn la Grande-Rue Van mil quatre cent quatre-vingt el quinze *. Le liuit dbcembre 1 585, jour de la conception de la sainte Yierge, on redressa la Belle-Croix ; le dbme fut supprimb, et on mit dans la pomme qui est au haut un petit vase de crislal renfermb dans une bolte ovale en laiton , et coutenant plusieurs reliques de la Passion, donnbes par le roi Henri 111 a M. Bessart, son aumbnier et chefcier deSaint-Etienne de Troyes. Ces reliques furent placbes par Nicolas Format, docteur de Paris, chantre et chanoine de lYglise de Troyes 2 . La pomme ou il la mit fut fermee et rivbe avec une cheville de Per 3 . Vers ce temps , les maisons , sur la place de la Belle-Croix , avaient leurs diages supdrieurs en saillie, portdes sur des poteaux ou pi- astres, et formaient des espbees de galeries appeldes allours ou alloirs. On y lenait le marchd aux tiretaines ou treillis. Ces alloirs furent supprimds en 1734. En 1793, la Belle-Croix fut brisde et fondue; les diffdrentes pieces de bronze qui la composaient formaient un poids de huit mille cent quarante-deux livres : ce qui prouverait que, eu dgard b la grande dimension du monument, la fonte en dtait trbs-Ibgere 4 . ABBAYE DE NESLE. L’abbaye de Nesle, dont il ne reste plus que des mines, se trouve mainlenant dans le ddpartemenl de la Marne. Nous en parlons ndan- moins ici parce qu’elle appartenait au doyenne 1 de Pont, l’une des di- visions de l’ancien dioebse de Troyes. Elle est & treize lieues nord- ouest de cette ville. Sa situation dans un fond assez resserrb , enlre deux montagnes et dans un lieu couvert de bois , l’avait fait sur- nommer Nesle-la-Reposte ( Nigclla abscondita vel reposita). Au jugement de Desguerrois, qui l’a visilbe en 1632, cette abbaye et son 179 <— ® nages quel’on voyait repre’sentds au portail; mais ils u’ont ni cou- ronne, ni sceptres pour exprimer le pouvoir royal. Lcst ! p<5es qu’ils liennent hors du fourreau indiquent la puissance et la protection qu’ils accordent au monaslere fondil par eux. Sont-ce les fils de Clovis, Clovis y est-il lui-m6me ? C’est ce qu’il est impossible d’affirmer. Les medaillons des apdlres que Ton voit daus les arcades, enlre les figures, y ont die places postdrieurement et sont estampds en carton. Cette chAsse , dont on trouve le modele mieux conserve au musde du Louvre , dans l’une des salles consacrees aux objets du moyen Age, est fort curieuse et mdrite plus de soins qu’on ne parait lui en donner 5 Villenauxe, ou elleest rcldgude dans lc coin d’une chapclle et conirne un objet de rebut. Le style en est tout byzantin et les figures des ar- cades donnent une idt’e plus vraie de celles du portail, dont dies sont probablement contemporaines, que les gravures du livre ds Mabillon. Elle renferme encore le chef et plusieurs ossemens de saint Albain. Void les dimensions de l’dglise de Nesle lelles que nous les avons rclevdes. Longueur totale, 139 pieds; longueur de lanef, 79; largeurde la nef, 18; longueur du choeur, 32; largeur du choeur, 20; lon- gueur des transepts, 72 ; largeur des transepts, 21. Les murs de leglise ont 3 pieds depaisseur, ceux de la tour ont 4 pieds, et les faces de celle-ci ont 28 pieds pris exterieurement. fisuucagjtsj-Stajtajta-gfljLSLaag5Lflaag..fiSLagttgggaflgaaj>ogQoaoQgQopopooQooqpQopopoooQPQopQooog ISLE- AUMONT. Aumont, autrefois isles, Altomontiurn Insulae , est situe ft deux lieues sud-sud-est de Troyes, A la pointe que forment les pelites rivieres d’Hozain et de Mogne, d’ofi lui etait venu le nom d’Isles. Ce village est fort ancien; la vie monastique y fleurissait vers le milieu du lV e siecle,sous l’dpiscopat d’Optatien,deuxieme6v6que de Troyes; sur son lombeau fut balie une eglise ou les religieux continuaienl leurs pieux exercices. Aventin , l’un des vdndables abbes de ce monaslere, qui vivait dans le mAme temps, rachela saint Pliale de captivity; apres sa mort, ce fut ce dernier qui gouverna le monastere dont leglise etait sous l’in vocation de Notre-Damc, en meme temps qu’elle etait dddie'e A saint Ursion. Vers la fin du IX e siecle, les Normands delruisirent cette maison, et les religieux furent disperses. On croit qu’ils se retirerent A Monlier-la-Celle, oil ils transporlerent les reliques de leur Eglise. Environ deux cents ans apres, saint Robert, nalif de Troyes, fondateur de Molesme et de Citaux, retablit le monastere d’lles, y fonda un prieurd dans leglise paroissiale, en 1104, et y mit des religieux qui suivirent la regie de ceux de Molesme. Philippe, dvdque de Troyes, lui donna plusieurs droits sur les paroisses d’Isles et de Saiut-Thibaut ; ce couvent fut delruil dans la suite, et il ne reste plus que le litre de prieurd joint A leglise paroissiale. En 1776 il a dte rduni au grand sdminaire de Troyes, A lapriere de M. de Barral, dvdque de cette ville. Au commencement du XIll° sidcle, des religieux de Grammont quillerent les bois d’Ervy, Nemus de Hcrvico , et se retirerent A Isles, ou Henri II, comte de Champagne, leur donna des biens dont ils jouirent d’abord paisiblemcnt; mais ayant etc troubles par la guerre, son filsThibaut les dedommagea par d’aulres bienfaits. En 1224 ils etaient connus sous le nom de Bons-Hommcs ; ils furent aussi redevables de plusieurs bienfaits Si Andre; et A Erard, comtes de Brienne. En 1317, le pape Jean XXII unit leur couvent au prieurd dc Macheray, du mCme ordre. On voyait encore, il y a peu dc temps, A Aumont, le reste d’un ancien chAleau sur une motle de terres rapportdes contenant plus de deux arpens, de la hauteur de trente pieds. Les rues qui sont aulour forment des fosses qui semblent avoir servi A defendre le chAteau et le couvent. L’abbd d’Expilly altribuait ce chateau aux Romains; mais c’dtait une erreur commune A l’dpoque ou il vivait, car tous les vieux monumens dont on trouvait les debris, ne pouvaient trouver de plus illustres fondateurs que les anciens maitres de la terre. Dans le XVP sidcle, les calvinistes dtablirent A Isles un prdche en faveur de ceux de leur religion; mais ils eprouverent de la resistance de la part des catholiques. Ceux-ci envoyerentP. Belin, muni de pou- voirs qui devaient conlrarier les assemblies des rdformistes; aussi nous ne voyons pas que l’execution de leurs projets ait eu lieu, et peut-etre que la Saiut-Barthdlemy ne les epargna pas plus que biens d’aulres. Aumont etait de toules les juridiclions de Troyes. La justice etait plus anciennement une simple chatellenie; e’etait depuis un baillage ducal d’oii relevaient soixante-douze villages et hameaux. Les appella- tions se faisaient au baillage, siege et prdsidial de Troyes; celle de la gruerie se porlaient A la table de marbre de Paris. Les audiences se lenaient dans l’ancicn chateau, et le bailli avait le litre dc commissaire- enqueteur-examinatcur civil et criminel, juge-gruyer, mailre, rd- formateur des eaux et forels du duche-pairie. 11 y avait un lieutenant- general, un heutenant-parliculier,unprocurcur-general fiscalelaulres officiers. La seigneurie d’Amnont fut drigee en marquisat par Henri II, en faveur de Jacques de Cleves, qui rdunit sur sa tele la propriete des quatres chutdlcnies d’Isles, dc Villemaur, Maraye et Chaource, lesquelles retournerent h Henriette de Cleves, duchesse de Nevers, princesse de Mantoue, veuw de Ludovic de Gonzague, due de Nevers, gouverneur de Champagne. Elle aliina la terre de Chaource au profit de Charles de Choiseuil, marquis de Praslin, par contrat du 2 fdvrier 1601, et la terre de Villemaur A Jacques de Villemaur. Apres la mort d Henriette, Charles de Gonzague, son frere, due de Nevcrs et Rhetelois, fut marquis d’lles et seigneur de Maraye en 1 628 , et vendit cette derniere terre A M. de Bullion , surin- tendant des finances, avec la reserve de la mouvance A Isles. Le due de Nevers laissa, par son testament, la terre d’Isles A la princesse Marie, mariee au roi de Pologne. Alors le marquisat d’Isles retourna A Charles II de Gonzague, due de INevers; mais ce seigneur elant passd au duche de Mantoue, vendit cette terre A Antoine d’Aumont de Rochebaron, par contrat du 12 mai 1648; celui-ci fut mardchalde France en 1651, gouverneur de Paris en 1662. Louis XIV, pour le rccompenser de ses services, erigea son marquisat d’Isles en duche- pairie, par lettres-palentes du mois de novembre 1665, sous lc nom de duche d’Aumont, dont Isles, qui endevint le chef-lieu, prit le nom qu'il porle aujourd’hui. On a rndme rduni les deux nonis, et on dit vulgairement I sics- Aumont, Cette terre fut possedee en dciuiei lieu par le due de Villequier, premier gentilhomme de la chambre du roi,et commandeurde l’ordrcdu Saint-Esprit, fils du due d’Aumont, mort dans le dernier siecle. Lcduchd d’Aumont dtait mouvant du roi a cause de sagrossetour de Troyes, cYlait un des plus considerables du bailliage de cette ville. Ses droits domaniaux ne le eddaient en rien il l’dlendue de sa justice et de son ressort; il avail cinq licues de circonfdrence et comprenaitles terres dc Saint-Thibaut, de Chappes, Clerey, Courberon, Saint- Parres, Villemoyenne, Saint-Jean-de-Bonneval, Assenay, Maupas, la Vendue-Mignot , les Bordes, le Beaucaron, Cliermelz, la Loge- Margucron, la Vendue-l’Evdque, les Ventes, Fontaines, Paluau et Crogny; il avait, dans sa mouvance, quatre-vingts villages et ha- meaux. Tous les demeurans dans le detroit du duchd payaient au due un droit dejurde, et «?taient les justiciables en tous cas personnels, civils et criminels en premidre instance, de sorte que les seigneurs des justices infdrieures ne devaient y avoir que la police, excepts celles de Yerrieres, Bhcheres, Monlabert, Rouilly, Rouillerot, Daudes, Menois, Bierne et Savois,qui sont des ddmembremens du marquisat d' Isles. LYtendue du finage d’lsles-Aumont, comprend les hameaux de Virloup, desHautes-Ventes, de Cromot, Courlansou,la Trinitd-aux- Bois, les Bordes, les Basses-Logcs , Palluavel, Vannes, Bray, oil dtait une maladrcriedc saint Antoine, Marguas, Bastilly, le Buisson, Yodcs, la Vendue-l’Evdque, la Vcndue-Mignot, la Vieille-Fordt, Chantemerle et Roche en partie. Il y avait autrefois droit de foircs il Aumont ; mais elles ne s’y tenaient pas i cause de la proximild de la ville de Troyes. Les constructions du cbAteau et de l’abbaye ont entidrement disparu. LVglise paroissiale , dddide A Saint Pierre et situde sur le point culminant du village, dtait dans le style roman dn XH e siecle, mais elle a subi, it la fin du XV e et au commencement du XVI 0 , des changemens qui en ont a!t6rC le caracldre. Elle avait autrefois trois nefs ; celle du nord a dte ddmolie il y a une quaranlaine d’anndes, a cause de sa vdtustd. La nef centrale est divisde cn qualre travees , par autant de plein-cintres peu dlevds, soutenus par des piddroits , a l’exception du dernier qui repose sur un pilier rond, sans base et forme de pelites pierces plates comme des briques. Au-dcssus de ces arcades ddpourvucsd’archi voltes sYldve. un simple mur dclaird de chaque cote par de petiles fenetres plein-cintrc. Du c6te du nord, on a mure les arcades, parce que les bas-cdtds avaient ete detruits; dies se dcssinent sans saillie au dehors comme h l’interieur. Il y a it l’intersedion de la nef et du choeur une tour massive, portee sur quatre piedroils, relies par des plein- cintres, lcsquels sont soutenus par des arcs en ogive et surbaisses, construits au XVI e siecle pour les consolider. Ces ogives sont sou- tenues elles-mdmes par des jambages appuyes aux piedroits ; ce qui diminue d’autant la baie des arcades romanes. L’abside est dcmi-circulaire et suit immediatement la tour; il est appuye exterieurement par quatre contreforts it retraits , it base saillanlc, et edaird par trois fenetres plein-cinlre, dont la baie est formdc de plans renlrants, il face oblique, et orndc dans tout son contour, d’un rang de teles de clous. Inldrieurement la baie plus large est flanqude de colonnettes que soutiennent une imposte, laquelle se continue sur toule la largeur du trumeau. Au milieu, celle imposte forme une saillie circulaire, qui serl dc chapileau it une colonnette plus forte. Celle-ci recoit les nervures tailldes en bi- seau de la route demi-sphdrique de l’abside qui vieunent se reunir au sommet de l’arc demi-cercle qui soutient la face orientale de la tour. La fendlre romane dc l’abside, au sud-est, a ete agrandie, refaite en ogive a compartiment et divisde par un meneau. Cette retouche maladroite avait compromis la soliditd de cette partie de l’ddifice et on a ete oblige den murer la moitid pour soutenir l’aulre. Le mur du bas-edtd meridional a ete entidrement reconstruit ; il est pered de plusieurs plein-cintres modernes et soutient comme celui de la nef un plafond en planches. Cependant les deux dernieres travees dont l’une repond & la tour sont voiltdes en ar6tes , A doubles pendenlifs, et separees par des arcs profiles , en ogive. Des fendtres, ayant la mdme forme et en partie murees, donnent le jour au midi et & l’orient, & la derniere travde qui est une chapelle, et se termine a Test par un mur droit. La portc unique qui donne entree dans la nef, n’a rien de re- marquable, elle ressemble il plusieurs que nous avons dejA ddcrites. La baie est accompagnde de deux pilastres appliques, offrant plu- sieurs retraits avec des filets verticaux , qui s’ajustent avec de petits pignons ornds de crochets. Entre ces pilastres, la baie, en lignes rentrautes , est creusde de gorges, sdpardes par des filets qui s’dlevent sur une base commune et se rdunissent en ogive, il peu prds il la hauteur des bas-c6tds. Au-dessus, des moulures analogues, s’dlancent des pilastres en courbes rentrantes et se joignent il une espece de chapiteau qui autrefois portait une statue. Celle de la Yierge , soutenue sur un cul-de-lampe applique sur le linteau droit de la porte, orne aujourd’hui le timpan. Des feuilles de choux tres- dlabordes se voient sur les courbes rentrantes de l’accolade entre les- quelles on remarque l’dcu aux trois fleurs de lys; entre ces courbes et les pilastres appliques, on voit deux autres dcussons dont le blason a die efface au ciseau. La tour ne ddpasse pas beaucoup en hauteur le comble de 1’dglise. Sur chacune de ses faces il y a quatre ouvertures; elles sont en plein-cintre, dlroiles, et prennent naissance sur un bandeau en biseau, profile seulement dans la baie des arcades. Le couronnement est forme de mdme par un bandeau taille en biseau et soutenu de modillons. Un toil pyramidal couvre cette tour; il est trop peu eleve pour mdriter le nom de flcche. SAXNT-THIBAULT. Saint-Thibaut est un petit village dont 1’dglise est une succursale d’Aumont, il une demi-lieue duquel il est situd. LYglise ou plu(6t la chapelle dYdidc il saint Thibaut, patron du lieu, est fort petite. Elle forme une seule nef, sans bas-cdlds, re- couverte par une voilte ogivale en planchelles, et dclairde par des fendtres plein-cintrc et des ogives sans meneaux. L’abside ou vert par unplein-cintre roman est en forme decul-de-four; au midi , il y a un fort joli vitrail reprdsentant saint Thibaut par- tant pour la chasse , ainsi qu’on le voit toujours sur les monumens. 81 Seulement il y a dans Ie costume de celui-ci une variante notable. Au lieu du cbapeau a la Francois I er , richemment ornd deplumes, il a la tGe couverte d’un bonnet ou toque a la Louis XII, et ccinlc d’une aurdole radide comme le soleil. Son manteau est violet : il a une robe brochde d’or, des hotlines a retroussis et des dperons avec des dtriers de couleur blcue claire; on a voulu probablement desi- gner de l’argeut. De la main gauche il porle l’oiseau de proie obligd, et de l’aulre il guide le cheval blanc sur lequel il est montd. Une nieute de chiens de chasse l’entoure, et au milieu des chiens, devant lui, est uu lion priv<3, lancd a la course. C’est le signe de la puis- sance. L’abside est appuyd de contreforls arrondis, a base carrde et couronnd d’un bandeau avec denticules. La porle, qui a quelque ressemblance avec celle de l’dglise d’Isles-Aumont, est flanqude comme elle de deux pilastres ou contreforls d’un goiit analogue. La baie, creusde de gorges etornee de filets, dessinc une ogive dont les contours sont ornds de feuilles de chicorde. Au-dessous, un arc surbaissd remplace le bandeau. Dans le timpan sont pratiques trois niches peu profondes qui conlienncnt des statues ; dies sont ter- minus infdrieurement par des demi-culs-de-lampe, et supdrieure- ment par des clochetons lagers. Dans celui du milieu , on voit J.-C. tenant un roseau; dans les autres des statues en bois, qui y ont dtd placdes posldrieurement : le mur au-dessus de l’ogive, est aussi une niche et plus grande et plus simple, dans laquelle est placde une jolie statue dquesfre de saint Thibaut. 11 est toujours reprd- sentd J cheval, comme haut et puissant seigneur, l’oiseau sur Ie poing et suivi d’un levrier. Son costume est fort dldgant. Le haut du portail dtait probablement termini par un pignon; il est aujsurd’hui tronqud et surmonld d’une croupe bordde d’une lourde doucine qui s’incline latdralement et produit l’effet le plus ddsagrdable. Ou apergoit au-dessous, dans le mur, plusieurs pierres ornees, sur lcsquelles sont sculptdes des feuilles de choux qui de- vaient ddcorer les rampants de ce pignon. Une fleche ldgere en bois s’dleve sur le comble de la nef. YAUDES. Vaudes, dont le nom latin est Vaudcc , est situ^ ci trois lieues de Troyes, au sud-ouest, enlre les prairies de l’Hozain et la route de Bourgogne. Ce village existait dans Ie XIl e siGle, et le moine Geoffroy, qui Gait compagnon de saint Bernard, en parle dans la vie de ce saint , dcrite en latin. La seigneurie de Vaudes a dtd pos- sible anciennement par la famillc de Berrey, originaire d’Ecosse, dont le premier fut Ferry , petit-fils de Pierre et d’Edmde Delestre , dame de Monceaux. Leurs armes sont d’azur, au chevron d’argent, accompagnd de trois molettes d’dperon de mdme. Claude Dare, maire de Troyes, en 1676, Gait seigneur de la moitid de Vaudes; l’autre moili^, selon Pilliou, appartenait au roi. Cette paroisse ressortis- sait du bailliage ducal d’Aumont, et Gait de toutcs les juridictions de Troyes. De la paroisse de Vaudes, dependaient les communes et hameaux de Serres , de Monceaux, du Croc, du Moulin, et la parlie du village de Chemin. La marquise de Lambert, qui a acquis quelque cdldbrite par ses ouvrages, Gait nde & Vaudes. L’dglise paroissialc n’a r ien de retnarquable ; la nef, qui apparlient Q l’epoque romane, n’a point de bas-c6tds : ce sont de simples murailles percdes de petiles fenGres plein-cintre, et couronndes, i l’extdrieur, par un bandeau soutenu d’un quart de rond ; comme presque toutes les nefsromanes, que nous avons ddja signaldcs, celle-ci n’a pas de voiltes; un plafond en planches en tient lieu. Dans le mur ii droite , on remarque une arcade murdc plein-cintre , qui elait ou une entree Iatdrale de l’dglise ou celle d’une chapclle dGruite. Celle nef se lermine par une grande et large travde du style ogival, flanqude de deux chapelles carries termindes extdrieurement par des pignons. L’ensemble de ces trois travees forme une nef trans- versal, dont les voiites, peu dlevdes, sont soutenues de nervures simples, i l’exception de celles de lachapelle au nord, qui sont mul- liplides et formeqt des doubles pendentifs. Des fenGres en ogive, di- vides par des meneaux et offranl divers compartimens dans leur parlie supGieure, dclairent ces chapelles l’orient, au midi et au nord; de ce c6l6 entre la fenGre orienlale et le gros pilier qui commence l’ab- side, ily a une niche de l’dpoque de la renaissance, remarquable par la profusion des ornemens qui l’accompagnent, beaucoup plus que par le go fit qui a preside U l’ensemble de cet ajustemcnt. Elle reuferme une Notre-Dame-de-Pilie ! ,si nous nousle rappelons bicn. Une travG vohtde en arGe ;i nervure simple et peu profonde prGede celte chapelle; elle semblerait indiquer l’intention d’un bas- cdtd dans l’hypothese de la reconstruction entire de la nef. L’abside, qui a cinq pans, est dclaird par aulanl de fenGres ogi- vales, dont les Irois derniGes, plus larges, sont divisGs par deux meneaux, au lieu d’un seul que Ton remarque aux premieres de chaque chid. Six nervures qui prennent naissance dans les angles rentrans sur des culs-de-lampe applique's et ornds de figures d’ani- maux, prGent leur appui £i la vofite et se rdunissent ci une clef com- mune au-dessus de l’autel. Les vilres du sanctuaire sont toutes ornGsde peinturede la bonne dpoque, c’estA-dire du XVI e siGle ; on y voit saint Clair ou Cler , palron du lieu : car c’est ainsi qu’il est Grit sur le vilrail ou il est reprdsentd en pied. Tons les pauneaux sont remplis par des sujets tirG de la vie de ce saint, qu’il ne faut pas confondre avec saint Clair, contemporain et ami de saint Martin de Tours, ni avec un autre saint Clair, qui Gait aussi un dvdque francais. On le voit d’abord quittant la Mdsopotamie, sa patrie, ets’embar- quant avec sept autres jeunes gens qui avaient consenli cl le suivre. Arrivd ci Rome et prdsenld au pape Eugene, saint Clair est ordonnd par le souverain pontife avec fous ses compagnons. Ayant quittd Rome, ilprGhe les payenset renverse les idoles, gudrissant les ma- lades et chassant les demons du corps des possddds. Arrivd a Cologne, ilannonce la foi aux habilans assemblds ; ensuitc il est dlevd h la pre- miere dignitd sacerdotale de cetle ville, saerdet inlronisd. Une jeune fille nommde Astdrie , qui dtait possedde de plusieurs ddmons , est gudrie par lui en prdsence de prdtres des faux-dieux, s— * 82 <— <3 Dfes-lors le christianisme eommencait 5 latter avec avantage conlre les vieilles superstitions. Dans d’autres panneaux, on le voit amene devant l’empereur Gallien et devant le pr^fet, puis ballu de verges par ordre de ce der- nier et conduit en prison oil il est console par des angcs et par les fideles qui venaient lc visiter. Dans un autre vilrail il est an temple de Mars, oil, par la seule vertu de ses priercs, il fait lomber la statue du dieu. On le voit ensuite trains les pieds dans des ceps, places sur un che- valet et battu de fouets armCs de plomb, eniin, ramene au pied du tribunal oil il fut condamnd A mort; puis livri; au bourreau qui s’ap- pr^te A le decapiter. Dans lc dernier panneau, le saint a la lAle tran- che , et au lieu de sang on en voit sortir du lait. Au-dehors , lVglise est des plus simples. Inutile de dire que l’abside et les transepts sont appuyes de contrefortssur les angles; la porte de la nef n’est qu’une baie moderne A linteau plat; une fleche ou clocher qui est assez Planed s’eleve sur le combledc l’eglise et sefait aperce- voir de loin dans la plaine. SAINT-PARRES-LES-YAUDES. Saint-Parres-les-Yaudes, Sanctus Patroclus propc Vandas , est situi5 ii troislieues et demie sud-sud-est de Troyes, enlre la Seine et la route de Bourgogne. Cette paroisse, dont l’abbtl de Molesmes dtait autrefois collateur, et dans laquelle se trouve une chapelle de Notre-Dame-aux-Bcaux-Mets, qui etait a la collation de 1’dvAque, res- sortissait du bailliage ducal d’Aumont, et 6lait de toutes les juridic- tions de Troyes. Un Francois le Pellrat etait seigneur de Saint-Parres- les-Yaudes, en 1580. L’eglise de Saint-Parrcs est, sous bcaucoup de rapports, une repe- tition de celle de Yaudes, mais clle est plus petite. La nef n’offre de mftme que de simples murailles perches, A droite et a gauche de pelilcs fenfitres, dont les trois premieres sont en plein-cintre, dtroiles en dehors et fort evasi'es en dedans, cl la derniere en ogive. La porte est des plus simples; c’est une baie A angle droit avec le mur, et dont les aretes sont oruttes d’une baguette; elle est terminde par un cintre en demi-cercle, et lc timpan au-dessous est soutenu par un linteau de bois qui remplace, sans nul doule, celui en pierre qui devait cxislcr auparavant. Un porche dcrasd, couverl d’un toit cn appentis et appuyd sous le pignon , precede cette nef. Sa construction n’offrc qu’une muraille avec relour, perede d’ouvertures plciu-ciutre, fort basses et sans le moindre ornement. Une nef transversale vient, comme A 1’dglise de Vaudes, A la suite de la nef romane : clle se compose aussi dc trois travdes assez basses voiildes en aretes, et toutes A nervures croisecs et A doubles penden- tifs, ainsi que celle de l’abside qui est A cinq pans el termine l’dglise. Les chapellcs carries qui flanquentla travee centrale ou qui formeut l’cxlrdmitd des transepts, sont termindes exterieurement par des pi- gnons. Les fendtres sont cn ogive, A doubles mencaux, A compart iuiens varies et de formes lourmentdes, tels qu’on les faisait, en un mot, A la fin du XV e et au commencement du XVI* siecle. C’est encore la peinture sur verre qui a fait lous les frais de la de'- coration de l’eglise de Saint-Parres , lors de la reconstruction du chocur et des transepts. Dans la chapelle A gauche, dddide A saint Nicolas, on voyait loutc la legende de ce saint reprdsentde dans les divers panneaux de la vilre.Ces peinlures viennenl d’dlre enlevees pour dire replacees dans la fendlre A droite du sanctuaire, ou il n’existait que des verres blancs. On a voulu, par celle transposition, retablir l’uuite d’effet ; c’est ce A quoi on doit se borner aujoura’hui dans une paroisse peu riche, lorsqu’il n’en resulte pas dc mutilations. Dans la fenfire opposee, toujours au sanctuaire, on voit loule la vie de Jesus- Christ. Dans la troisieme fendlre est la mort de la vierge, la con- secration de saint Nicolas; plus bas il ressuscile les trois enfans; et au-dcssous, l’enfer, represent par une dnorme gueulc de diable, en- gloulit les rdprouvds des deux sexes que des demons cornus et A lon- gues queues y prdcipitent avec violence. Dans la parlie superieure du panneau on voit 1’archange saint Michel, arme du glaive menacant; ce vitrail est mutile en parlie, il provient aussi de la chapelle A gauche du choeur. Les fenetres des chapellcs lateralcs qui elaient ornecs de ces vi- traux sont aujourd’hui murees, remplacees par des niches en Lriques et accompagutes de lourds placagcs en menuiserie d’un gout moderne, qui font le plus mauvais effet avec l’architeclure de style ogival de lYglise. Le choeur est aussi placards d’une iguoble boiserie qui de- robc aux yeux une niche ou piscine orne'e dans le goht de la renais- sance, et que Ton voit A droite, pres de la porte de la sacristie. Des arrachemens de voiites d’areles que Ton remarque du cote de la nef aux piliers qui supporleut la voAle centrale des transepts, prouvent que Ton avail l’inlention de remplacer les simples murailles de cette nef par une construction qui flit cn harmonie avec les nou- vellcs. C’cst aussi un plafond en planches soutenu par des poutres badigeonn^es qui tieut lieu de vohte. Ou remarque au-dessus de la porte d’enlrfie une tribune cn bois, sculpts A jour,et dans la baie d’une fenfire niurec, au-dessus dc la sacristie, unc jolie statue en pierre re- presentant Saint-Michel terrassanl le diable ; le groupe est de grandeur demi-nature. Les conlrcforts qui appuient l’abside et les transepts soul A retraits; et la cornichc de couronnemcnt n’est qu’un bandeau coupe en biseau soutenu de gros modillons. Un clocher A six pans et fort peu eleve surmonte le comble de la nef dont la hauteur t s galc picsque celle des murs. LY’glise, comme ou voit, n’annouce, A 1’extdrieur, rien d cldgnnt ni de monumental. VILLEMOYENNE. Yillemoyenne, Villanudia , A qualre licucs sud sud-est de Troyes, sur la rive droite de la Seine, enface de Saint-Parres-les-Yaudes. Celle commune dlait autrefois de la mouvance de Chappes, au profit du due d’Aumont, qui u’avail cepcndaut que les trois cinquiemes de 83 «-« la seigneurie. L’dvdque de Troyes avait un cinquiemc et M. de Mauroy l’autre. En 1509, un Nicolas de Monccaux dtait seigneur de Villemoyenne; dans le siecle suivant, MM. de Vilel, originaires de Troyes, possddaient cette terre. Leurs armes sont d’azur, au che- vron brisd d’or, accompagndcs de Irois roses dc indrne. Plusieurs hameaux dependent de la paroisse de Villemoyenne : Courbelon , dont un M. de Bar etait seigneur; Bresson 1 , lcs Rups, Beaumont, Chevry, la Haute et la Basse-Villeneuve. Villemoyenne dependait du bailliage ducal d’Aumont et autres juridictions de Troyes. La paroisse de Villemoyenne est ancienue : son dglise, dont la construction apparlienl 5 l’epoque romane, en est un litre incontes- table. Comme toutes les dglises dc cette dpoque que nous aurons 5 signaler dans nosconlrdes, elle est prdcddde d’un porche en appentis appuyd au pignon et dont le toit repose laleralement sur deux murs qui sont comme le prolongement de ceux de la nef, et le resle sur des poteaux. La nefest composee de deux travdes seulement; la pre- miere £5t un grand arc plein-cintreft vive arete, suivi d’un autre qui est profile et portd par un pied-droit commun ; suit la nef transver- sale dont les extrdmitds foment des chapelles carries, comme 5 Vaudes et ft Saint-Pari es. La voiite de celle du nord est oruee d’ardtes croisees 5 boudins et souteuue par des piliers rouds engages aux angles; la cleprdsente,dansun medaillon , unc etoile 5 cinq poiutes dvidde. Une fendtre ogivale, sans meneau, eclaire cette chapelle. Celle du midi regoit le jour par une fendtre de mdme forme, mais divisde par deux meneaux avec des compartimens irrdguliers, qui renperment les seuls restes de peinture sur verre qui existent dans l’dglisede Villemoyenne. On y voit Dieu le pdre dans une gloite, accompagnd de deux anges adorateurs. La voiite est aussi ft compar- timens, dans le gout du XVP siecle. Ces voiltes sont fort pen dlevdes ; la naissance de celle du cote du nord commence 5 quatre ou cinq pieds du pavd seulement. Les fendtres ogivales qui eclairaient ces deux chapelles a l’orient sont murdes , et peut-dtre on a sacrifie des peintures sur verre pour y substiluer les lourds rdtables en bois que Ton y voit aujourd’hui. La nef et son bas-edtd, au sud, sont couverts d’un plafond en planches. L’abside, qui tout enlier appartieut au style roman, est ouvert par . un grand arc plcin-cinlre en biseau appuyd sur des piliers appliques, dont les aretes sont taillees de mdme; et la voiite, qui eslen bois, vient s’appuyer ft cet arc. On ne remarque interieurement d’autres ouverlures qu’une croisde plcin-cintre dlroite, dont l’appui a dtd abaisst?. 11 est Evident qu’autrefois ilen exislait trois, comme on le voit partout ailleurs. La saillie de l’abside, 5 l’exterieur, forme la moilid d’une ellipse et deux contreforts 5 deux retraits, avec un socle saillant, appuient la voiite; ils sont couronnes d’un bandeau coupd en biseau ; il y a sur l’un une torsade, et sur 1’autre des billettes et des poiutes de diamant, allernativement. Au-dessus des fendtres plein-cintre dont le contour s’aper^oit, il y a des ouvertures circulaires ou ceils-de-boeuf qui ont aussi dtd murds. Le couronnemenl de cet abside est, ainsi qu’aux transepts, un ban- deau ii biseau soutenu dc modillons arrondis par le bas et sdpards par des gorges verticales, comme on en voit 5 lous les mouumensdela derniere moilid du XVI e sidcle qui est, comme on sait, la derniere dpoque du style ii ogives. L’extrdmitd des transepts est lerminee par des pignons aigus, et Ton remarque au cdtd droit, ii l’ouest, des arrachemens de voilles d’ardes ii nervures angulcuses,qui annoncent le projet de continuer la reconstruction de la nef et d’y joindre des bas-cdtds. Une porte ii linteau plat fermee d’une dnorme pierre, se voit dans le mur au nord de la nef; elle a did murde depuis quelque temps; celle quidonueentrde ii celle nef, et qui est l’unique aujourd’hui, est tout- A-fait modernc, elle est en arc fort surbaissd avec unc clef saillante hors de toute proportion. Un muigre clocher ou fleche cn bois re- couvert d’ardoises, s’dleve sur le centre des transepts qui n’est pas voiite ; il peut seul dtre apcrcu de loin au milieu des arbres qui en- tourent l’dglise : l’dldvalion de celle-ci est si mediocre qu’elle ddpasse 5 peine celle des habitations qui l’avoisinent. fimamimammmjyuuiaaamftmamsimjimsmAmamsmammmam CHAPPES. Chappes, en latiu Cappce, quelquefois Caput , dtait des les premiers temps de la monarchic un lieu important, et par sa situa- tion comme frontierc dc l’ancien royaume des Bourguignons, et par sou fort qui commandait le passage de la rividre de Seine, et par son port sur cette riviere qui favorisait le commerce entre les deux royaumes ety fixait lcs marchands et les artisans. Au neuvidme sidcle, lcs Normands, apres avoir ravage les plus fameuses villes, menaedrent de remonler la Seine jusqu’ft Chappes. Dans une de ses lettres, adressde 5 Fulchrique, dvdque de Troyes, Loup, abbd de Ferrieres, dit : Vastat'is longe lateque cclebern- mis locis, etiam sedem ncgociatorum Cappas sc petituros jactabant. Bonamy, de l’Academie royale des belles-lettres, crut reconnaltre le village de Chappes dans les Cappce de Loup-de-Ferrieres. La raison qu’il en donne est que.ee lieu depend de levdchd de Troyes, et que la la lcltre ofi il est mentionnd est adresse’e 5 1’evdque de cette ville. L’Evdquc de la Ravilliere, de la mdme acaddmie, ayant de nouveau examind la question, conclut qu’il fallait chercher ailleurs les Cuppa de l’abbd Loup. 11 prouva, dans un mdmoire, que le lieu nommd Cappw devait dire dans le voisiuage de Ferrieres, et decida que ce devait dtre Ccppoi, village sur lc Loris, entre Ferridres et Mon- targis; lieu encore peuplede marchands, sedcs ncgociatorum. Nous n’avons pas la pretention de decider entre ces deux savans sur un fait historique qui peut dtre couteste ; nous nous bornerons au simple exposd de ceux qui sont plus probables. Dans le Xl c siecle , les comtes de Troyes avaient usurpd les droits de l’abbaye de Saint-Loup. Sous le rdgne du roi Robert ils s’en des- saisirent et les edderent aux chAtelaius de Chappes ; ceux-ci n’en comprirent l’usage qu’en vexant les religieux, ce qui eutlieu jusquA Cldrembaut l er , mari d’Alis et pere de Cldrembaut-le-Ladre, qui vi- vait en ce temps ; mais a cause de l’affreuse maladie dont son fils dtait frappd, Cldrembaut l or vendit ses droits 5 Pierre de Marey , prdvot de Saint-Loup et archidiacre de Troyes. Ce dernier, sur l’avis du comte Iiugues, offrit ft Cldrembaut une piece d’argent, ct racheta ainsi le s — > 84 *-« droit deconfGer lcs prdbendes de Saiut-Loup, afinque lui, chef des chanoines, la pht donner canoniquement, comme c’Gait son office. Les theologiens permcttaieut alors cette facon de racheler, qu’ils nommaienl redimere vexalionem. On peut voir, dans Desguerrois, l’acte par lequel Clerembaut reconnait son usurpation et fail la re- mise de la collation des prebendes de Saint-Loup; il est ainsi (er- mine 5 : « Fait A Troyes, dans le chceur de Saiut-Loup, du temps du pape Pascal, du roy de France Louys, de Philippe, <$v£que de Troyes, et de Hugues, comte, l’an de l’incarnation 1114. Chappes Gait partagt? en haute et basse ville, dont la premiere, sur la rive droile du fleuve el de 5 fenduc par le chAteau, avait un prieur6 ; la seconde remplissait un espace considerable sur la rive opposde, ct renfermait l’dglise paroissiale, di'dide il saint Loup , £v£que de Troyes. L’une et I’aulre Gaient habitues par des artisans et des ma- nufacturiers, aux differens corps desquels Gaient assignees diffGentes rues qui en portent encore le nom. La haute ville etait de la mou- vance immediate des comtes de Champagne, avant que la chAtellenie d’lsles eut Gd distraite de leurs domaines directs. La basse ville re- levait de l’abbaye de Monlier-la-Celle, soit par concession des rois, soit par usurpation lors de l’anarchie du dixieme siecle. Le pricurc 5 , sous le litre de Saint-Michel, etait a la nomination de 1’abbd de Monlic 5 ramey. Le prieur, moine de cette maison, Gait soulenu par l’abb; 5 dans des pretentious seigneuriales, que les anciens barons de Chappes, fondateurs du prieur^, ne souffraient pas tranquillement. En 1 289, Jean , sire de Chappes, refusait an prieur des droits sur les foulons et sur les moulins il bit 5 et il papier. Pour donner plus d’odieux il ce refus, le prieur se plaignit que le sire de Chappes lui avait en- levt 5 sou calice el ses reliques. Apres de longues et vives contesta- tions, l’affaire fut mise en arbitrage : Lambert de Paris , archidiacre de Bricnne, et Jean, dit le patriarche, clercs-tabellions du comte de Champagne, choisis pour arbitres, re 5 tablirent la paix entre le prieur et son seigneur. Cc Jean, sire de Chappes, Gait fils de Clerembaull II, fils de Cle- rembault l cr , qui eut part, avec les Yillehardouin , dont ils Gaient parens, il la foudaliou et dotation de l’abbave de Larrivour '. Ces deux seigneurs brillerent parmi les croises qui, au commencement du treizieme siecle , conquirent Constantinople. Geoffroy de Villehar- douin leur donne une part distingude dans cede conquGe ; et il cede occasion, le savant Ducange a insure, dans ses observations sur Ville- hardouin, la gGiGtlogie de cede maison. File exercait il Chappes tous les droits imagines , Gendus et consacrG par les lois feodales. Dans le quatorzieme sificlc, Dreux de Chappes y voulut ajoutcr celui d’obliger toutes les femmes et filles de sa seigneurie A fagonner ses chanvres, et A lui fournir, chaque femme ct fille, quatre livres de fil, dont il leur donnerait la matifcre. Sur les plainles des gens de Chappes, poru'es au parlement, par arrG du 6 aout 1 378 , le baiily de Troyes fut commis pour informer des fails; l’affaire ne fut point suivie, et le sire de Chappes abandonna ses pretentions. La terre de Chappes * It exisle, tant aux archives du departement qu’a cedes de l'Holel- Dieu de Troyes, plusieurs litres latins de ces deux cbalelains de Chappes, l’un de ccs litres, dale de 1149, pent etrc attribute a Clerembaut l er , ct 1'autre, dale de 1213, a Clerembaut II, sou successeur. Aces pieces son t appendos leurs sceaux , ou ils sont represented a clieval lances au galop, passa de la maison qui en avait porle le nom il Pierre de Montaigu, sire de Malain, qui, ayant £pous6 Jeanne de Chappes, fille de Dreux, et hGitiere de cette maison, en fournil son aveu au marquisat d’lsles, le 4 juillet 1382. Le sire de Malain la vendit depuis a Hutin d’Au- mont, conseiller, premier chambellan du due de Bourgogne, qui, par leltres du 9 novembre 1397, lui fit remise de la somme de deux cents livres, qui lui Gait due pour cette acquisition, comme mar- quis d’lsles. Il en fournit son aveu le 22 novembre 1402. Dans les aveux fournis par la maison d’Aumont, sont compris differens droits qui indiquent, 1° Mat florissaut du commerce el de l’induslrie, par un corps subsislant de mesureurs et auneurs, pour tout ce qui se vendait aux foires et marchds de Chappes ; 2° Mablissement de la navigation de la Seine de Troyes a Bar-sur-Seine, par la forme du port de Chappes, et les droits d’avalage sur les bateaux montans et descendans. Les bois, le merrain, la pierre et aulres marchandises, devaient, par chaque batelet, deux deuiers tournois; ce qui pouvait monter a la somme de quatre livres de noire monnaie d’aujour- d’hui; 3° la singularity de certains droits, tels que celui du rapt de bcllon , qui csi que lcs seigneurs peuvent alter ou envoy er par la ville , ct tuer au bdton les poules dudit lieu 1 et peuvent em- porter lcs poules quits tuent en pay ant, pour chacune poule , six deniers En 1431, le chateau de Chappes Gait au pouvoir des Anglais, il fut assiegy et pris par les Francais, malgrd les Bourguignons, qui Gaient venus pour en faire lever le siege. Void comment Alain , chartier, dans sa chronique du roi Charles VII, raconte le fait : « En ce temps fut noble homme , messire Regnault Guillaume, seigneur de Barbazan , gouverneur de par le roy en sa coml£ de Champagne , et vint mettre le siege devant le chastel de Chappes , ct quatre ou cinq lieues de la ville de Troyes. Et luy estant audit siege, vint it son siege le due Ren<5 de Bar , frere du roy Loys de Cecille, due d’Anjou , it tout cinq cens combatlans ou environ , ct fut ainsi que les Bourguignons s’assemblGent A grand puissance pour venir secourir ladicte place, qui eslail A un tenant leur party nommt? Jacques d’Aumont. Et esloient en somme tous lesdits Bourguignons, tant de la duchd que de la comte, et des pays d’environ, dix-huit cens che- valiers elGmyers, vindrent pour cuider lever ledit sifcge, et ferirent dedans leurs baunieres et estendars desployez, et ?e meirent ft passer une riviere, et 1A trouvArent des gens dc monseigneur de Barbazan, lesquels combattircnt mains A mains les uus contre les aulres, sur ladicte cha tissue, en telle maniere que lesdits Bourguignons tour- nerent tous en fuile , et y fut prius un chevalier nommd messire Salladin d’Euglenne y , et s’en rctouruGent , lesdits Bourguignons, en desarroy, et puis montereul it clieval ct s’en retournerent en leur pays. Et a done fut rcnduc ladicte place audit seigneur de Barbazan, ct les deux plus vaillans francois que D estoient, furent messire Paillart Dulphe 4 , chevalier du pays d’Auvergue , et le sire de Rousay , du pays de Normandie. » l’ccu au col el l’epee an poing , coiume de vaillans el preux chevaliers La dimension de ccs sccaux , qui egalerait celle de reux des comtes de Champagne de la meme epoque, etait pcul-elrc une marque de leur puis- sance. — 2 OEuvres iuedites de Grosley , lome 1 , page 224 . — s Saladin d’Anglure. — 90 mur, au sud-ouest, un autre contrefort place obliquement soulient la pousstfe de 1'ar^le de la premiere trav£e. Entre ces contreforts un pan de mur consolide le portail, plus ilevg que la voiite, au moyen d’un arc-boutant. En general ce portail ne nterite pas la grande reputation de beaute qu’on lui a faite : il est lourd dans son ensemble , et il n’offre que de la maigreur dans ses details. On y voit une imitation incomplete et bien imparfaite de celui de la cathedrale de Troyes , que l’on cons- truisait a la nteme epoque. Rien , dans cette construction toute gothique , n’annonce l’inten- tion delever une seconde tour, comme Font avance plusieurs dcri- vains. On pretend d’ailleurs que, scion la hierarchie etablie alors, les eglises metropolilaines avaient seules le droit d’eriger deux tours; quelques chefs d’ordres rcligieux possedaient trois clochers, et les autres couvents inferieurs ou moins anciens n’en avaient que deux et merne un seul. Mais on n’a nullcment besoin de se lancer dans les conjectures pour prouver que jamais on n’a songea une seconde tour. Car, s’il en etait ainsi , il aurait fallu , pour la supporter, des points d’appui aussi solides que ceux de la tour qu’on a elevee , et l’examen de ces derniers va demontrer qu’ils n’existent pas. Deux contreforts a sept retraits indiques par des larniers et par des cordons qui relient les diffcrens stages, appuient cette tour jusqu’a son couronnement. Au bas, unc petite porte surbaissde et de- code de filets et de gorges disposes sur une ligne rentrante, donnait entrt'e au collateral. Au-dessus de cette porte il y a une fen^tre ogivale orntfc aussi de gorges daus son contour; elle est muree dans une parlie de son tfpaisseur et sert ainsi de niche & une statue (;questre de saint Martin. En avant du cheval on voit Jean Colei a genoux de- vaul un prie-dieu recouvert d’un tapis armoirte, et sur lequel est pos6 un livre de prieres. 11 est represents en costume de chanoine, ayant l’aumusse sur le bras. Den iere la figure de Colet est celle d’un chevalier avec le costume du temps de Francois I er ; il est coiffe de la toque; il porte un pourpoiut. et un haut-de-chausses ornes de crevSs, et il tient a la main son SpSe dans le fourreau. Ce chevalier est peut- 6tre un seigneur de Rumilly, coniemporain de Jean Colet, et qui est h\ comme protecleur. Ces deux figures sont tailtees dans la nteme pierre, mais ellcs sont rapportees aussi bien que celle du saint Martin. Quoiqu’ellcssoient de la nteme Spoqueet probablement de la m6me main que cette deruiere , rien ne prouve qu’elles aient apparlenu au mfime groupe. Au-dessus de cette feitetre, un arc ogival a vive-arSte et trfcs- saillaut s’appuie aux deux contreforts; il est couronne par une coruichc et par la balustrade d’une galerie qui sert de communication entre la tourelle de l’escalier qui oceupe l’angle nord-ouest de la tour avec la galerie qui surmonle le portail ct les bas-c6tes, comme I’indiquenl des ouvertures percSes en biais dans l’epaisseur des conlre- forls. A l’etage au-dessus, un arc plein-cintre, sans oruement, porte une galerie parcillc qui conduit au grand comble de l’Sdifice. Le troisieme Stage est SlS^LSX 11 11 11 11 StSL 1 1 11 00 00 11 11 a CLEREY. Nous revenons un peu sur nos pas pour nous occuper de Clerey, appele anciennement Clainti. Ce village est situe ft treize kilometres (3 lieues 1 quart ) sud-est de Troyes , sur une eminence proche de la rive droite de la Seine et a gauche de la route de Dijon. Ses noms latins, que Ton trouve dans les vieux tilres, sont Cla- reyum et Clarenna. En 1122, Hatton , dv£qne de Troyes, donna cette paroisse ft Gauthier I", abbe de Montieramey. C’est cette do- nation qui avait confer ft Tabbaye le droit de presentation ft la cure de Clerey. Les hameaux de la Grande-Vacherie , sur la route, oil etait une chapelle dediee ft saint Jacques et ft saint Christophe ; de la Petite- Fachcrie , dans une lie que forme la Seine; et de Courcclles, oil il existe un chftteau bftti sur le bold de la riviere , sont les dependances de Clerey. On pretend qu’il y a dans les environs de Clerey une mine de- tain. Cette opinion est fondee sur ce que l’eau des fontaines en a le goilt, et que, dans les terres lirees lors de la construction des puits, on a effeclivement trouve des parcelles de ce metal. L’ancieune na- vigation etablie sur la Seine avait fait conserver aux meuniers de Clerey et de Courcelles un droit sur cette riviere , qu’on appelait droit d avalage. La scigncurie de Clerey faisait partie du duche d’Aumont , dont nous avons dejft parle ; elle ddpendait de la meme chfttellenic et de toutes les juridiclions de Troyes. La paroisse de Clerey a donne uaissance ft Edouard V allot , uomme ft l’eveche de Nevers en 1666, et mort ft Paris en 1706. LVglise de Clerey, dont la construction n’a lien de remar- 93 quable , est le seul monument que nous ayons a faire connaitre. Le vaisseau est peu ftendu , et Ton peut juger, au style, que son archi- tecture appartient a la premiere fpoque de l’ogive , e’est-ct-dire a la fin du XII s sifcle. Nous allons d’abord en faire la description extfrieure. Les murailles sont appuyfes de contreforts peu saillants, a un retrait, et places entre les deuxiemes, troisieines et qualriemes fe- nfires. La porte, toute moderne, est un arc surbaissf ayant une grosse elf ; elle est accompagnfe de pilastres qui soutiennent un entablement : ces ornements, par leur peu de saillie, ressemblent presque a du placage. Au-dessus de celte porte, et a la hauteur des murs lalfraux, regne unc corniche qui sert de base a uu pi- gnon : des contreforts , reconstruits , appuient latfralement ce mur de face. Une tour carrfe, de mfme largeur que la nef , s’flfve a la suite; elle ftait peref e sur “chaque face de deux ouvertures plein-cintre , avec impostes en retour; mais les cintres et lecouronnement,ftant en mauvais flat, ontftf supprimfs entierement. Le toit, qui couvre aujourd’hui cette tour tronqufe, repose sur les trumeaux que Ton a conservfs avec les impostes. Du reste, cette tour flail peu flevfe , a moinsde supposer qu’elle avail deux ftages,ce qui n’est pas probable, puisque la base de ses ouvertures se trouve de niveau avec l’arfle du comble de l’fglise. Des contreforts a trois retraits viennent, jusqu’a cette hauteur, appuyer la tour qui, au nord et au midi, est perefe inffrieurement d’une fenfire plein-cintre, divisfe par deux meneaux , et remplie a la partie supfrieure par trois cercles qui se touchent. Le choBur, qui suit immfdiatement la tour, forme presque un carrf dans son plan; il est terminf , a Test, par un pignon tres simple et peref d’une lucarne oblongue. Le sanctuaire est fclairf , au sud, par deux lancettes a baie rentranle et a gorges; au nord, par deux fenftres plein-cintre; et, a Test, par trois' aulres lancettes groupfes, dont celle du milieu prf sente plus d’elfvation que les aulres : disposition que nous avons dfja remarqufe a Fouchfres, et qui , a ce que Ton prfsume, a, dans son origine, servi a reproduire l’idfe mystique de la Trinitf. De chaque c6tf , regne une corniche composfe de plates-bandes en retrait, et soutenues de modillons en quart de rond, alternativement ornfs de consoles et de teles grima- (jantes; au nord, l’un de ces modillons est couronnf par un rang de tftes de clous. Des contreforts a un seul retrait appuient les angles de ce sanctuaire. Maintenant que nous avons terminf la description extfrieure, en- trons dans l’fglise. La nef, comme celles de tant d’autres eglises de la mfme fpoque, n’a ni vodtes ni collatfraux, et prfsente seulement des murailles percfes,de chaque cotf, de quatre petites fenftres plein-cintre. La partie inffrieure de la tour est portfe par deux arcs plein- cintre , qui prennent naissance sur des pilastres appliques et ornfs de chapiteaux; sa voute a des arf tes A boudins, et la elf est peref e pour opfrer le montage des cloches. A gauche de la tour, on remarque, altachfe au mur, une fpi- taphe barbouillfe de badigeon, et qui par celle raison est entifre- ment illisible ; mais, aux profils qui l’encadrent, on reconnait qu’elle doit ftre du XVI 0 ou du XVII 0 siecle. Vient ensuite la premiere travfe du choeur. Elle est fgalement vofitfe en arftes ornfes de trois torons ou baguettes et d’une elf en rosace. Le sanctuaire est ouvert par un arc ogival , appuyf sur des eolonnes et des colonnettes appliquf es au pilier. Cet arc , n’offrant dans son profil qu’une plate-bande ornfe de cordons sur ses arftes , a ftf construit, a ce que nous croyons, dans le mfme temps que le plein-cintre. Mais , comme on lui a donnf pour supports des eolonnes au lieu de pilastres, cette nouveautf ne serait-clle point une dis- tinction dont on aurait voulu faire hommage3i cette partie, regardfe comme la plus sainte de l’fdifice. Le retable de l’autel est en bois sculptf et dorf. 11 reprfsente trois sujets saerfs : la Nativitf et la Circoncision de Jfsus-Christ , et la Prfsentation au Temple de la Vierge. Ces bas-reliefs sont du XVI 0 siecle. Le c6tf droit , sous la tour, est ouvert par un plein-cintre assez bas, et ayant une imposte. II donne entrfe 31 une chapelle carrfe, qu’il f claire et qui n’est pas vofitfe. Au lieu de vohte, e’est un pla- fond en bois et peint. Au-dessus du cintre, on voit une inscription laline, peinte et presque enlifrement effaefe. On y lit encore avec beaucoup de difficultf : In lavdem crucif, Maria: pis I Ilia Saccllvm faciebat Mathevs Boneton. Trecan. et hvivs cede a. . . . cvrio anno 1583 Cette chapelle est unique dans l’fglise de Clfrey : e’est probable- ment la mfme que celle fondfe en 1349, sous l’invocation de la Vierge, par Joffroy, sire chevalier de Clfrey. COURTENOT. Courtenot est un village peu considfrable, situf , comme Chappes et Foucheres, sur la rive droite de la Seine. Son fglise, comme celle de Moussey, offre un modfle complet, moins la porte , de ces petites fglises romanes dont le XH e sif- cle avait dotf nos campagnes. Elle est prfcfdfe d’un porche qui oc- cupe toute la largeur de la nef. L’entrfe est un simple plein-cintre 5 vive arf te, accompagnf dc chaque cotf d’une ouverture formfe de deux arcs junteaux , soutenus au milieu par une colonne trapue , dont le chapiteau est ornf de feuilles pointues et peu saillantes. La base est une imitation grossifre de la base attique; mais elle a en plus des feuilles ou griffes qui s’fchappent du tore inffrieur et re- couvrent les angles du socle. Ces arcades foment uue saillie sur le tailloir du chapiteau. La pierre oil elles prennent naissance est taillfe en console des deux c6tfs dans le sens de l’fpaisseur , ce qui donne 3i cet ajustement un caractere qui n’est pas dfnuf d’agrfment ni de pittoresque. On voit aussi sur les eftfs du porche deux ouvertures toutes semblables ; mais la colonne de celle du midi a ftf dftruite etremplacfe par une pierre brute. On aura une idfe assez juste de l’effet de cette dfcora- s— * 94 tion dans la planche de detail que nous donnons de cette partie de Tdglise. La porte de la nef , agrandie dans le XV' ou XVI' siecle, est ac- compagndc de gorges el de filets grdles qui se coupent $ angle droit avec ceux qui sont profiles sur le bandeau. Cesmoulures se terminent infdrieurement sur le socle dispose en ligne oblique dirigde vers l’axe de Tdglise. Au-dessus de la porle,on voit encore le ciutre ro- man qui encadrait le tympan. Deux petites fcndlres plein-cinlre et fort dloigndes du sol, dclairent la nef du chtddu nord. A la premiere, on voit en peinture sur verre le baptdme de Jdsus-Christ. Au midi , il existe un bas-chtd qui est dvidemment une addition it la nef ro- mane; il est ouvert par trois arcades ogivales soutenues par deux piliers cam's, sans base ni chapiteau, et qui n’offrent, ainsi que les ogives, d’aulrcs profils que lesardtes coupees en biseau. La tour qui vient ensuite dale de Tdpoque romane; elle est carree et moins large que la nef; sa partie inferieure forme une travde votilde en ardte, et consacrde au choeur. Celui-ci est ouvert sur la nef par une arcade en ogive. Il en est de mdme du cold meridional qui est accompagnd d’une chapelle dddide & la Vierge, comme A C16- rey , et qui est aussi voiltdc en ardte ornde de nervures. Au midi , cette chapelle est dclairde par une fendtre en ogive , divisde par un mcneau. A l’orient, c’est une fendtre de mdme forme, mais elle est plus dtroite. Des contreforts A un retrait appuient exldrieure- ment lapoussde des votile; dans le sens des nervures. A l’orient, cette chapelle communique avec le bas-c6ld par une ar- cade ogivale, semblable A celle qui ouvre sous la tour. Mais, comme nous l’avons dit, la lour dtant plus dtroite que la nef, il en rdsulte un defaut de raccord trds-choquant. La troisieme arcade, qui sdpare celle-ci d’avec le bas-chtd, vient se terminer en arc-boutant au tiers a peu pres de l’arcade de la chapelle. L’effetque cette malheu- reuse rencontre produit, est d’autant plus ddsagreable qu'on a did oblige, & Tdpoque de Taddilion de cette chapelle, d’dever inldrieu- rement un contrefort A Tangle de la tour pour appuyer Tarcade ouvcrte au midi, qui est probablement anldrieure A I’addition du bas- chtd. Toule la nef et le bas-chtd, qui n’est closextdrieurement que par un simple mur, sont plafonuds en planches badigeon odes. Le choeur n’est dclaird, au nord , que par une petite fendtre en plein-ciutre , au-dessus de laquelle il y a une ouvcrlure carree et dtroite en dehors comme une meurlrierc. L’abside, qui suit irnmd- diatement, est bas, voiilden cul-de-four, et construil en trds petits malcriaux sur un plan presque demi-circulaire. Trois petites lan- celles, ouvertes dans 1c mur qui est assez t'pais, donncnt un jour doux et harmonieux , qui commande le respect et invite au recueillement que Ton doit avoir dans ce lieu ou se celebrent les divins mystdres. La tour est extrdmemcnl simple A Tcxtdrieur ; son couronnement est forme d’un bandeau soutenu de modillons , et au-dessus duquel sont percdes, sur chaquc face, des petites ouvertures pleiu-cintre ; un toil pyramidal peu dlevd ter mine le tout. LVglisedeCourlenot, malgrd la pelilessedes malcriaux employe's d sa construction, prdsente un assez bon dal de conservation , qu’elle doit peut-dre A sa position sur un point dlevd. 11 serait A ddsirer pourtant que Ton enlevAt les terres du cimelide, qui, du chid du sud, s’dldvent jusqu’A la base des fendres du porche, et qui seront dvidemment une cause de destruction assez prochaine de cette partie de Tdglise. Mais le respect pour les morts, qu’on pourrait dans cette circonslance faire taire sans profanation, s’opposera probablement A cette amelioration , d'oii depend cependant la conservation de Tedifice. VIREY-SOUS-BAR. En quittant Courtenot pour se rendre A Virey-sous-Bar, on passe la Seine A Leuclos, joli hameau dependant de ce dernier village, et qui n’en est eloigne que d’un quart de lieue. Virey-sous-Bar est situd, sur la route de Bourgogne, au sud de Troyes, A six lieues et demie de cette ville et A une lieue et demie de Bar-sur-Seine. L’dglise paroissiale est, ainsi que celle dont nous venons de nous occuper, prdcedde d’un porche couvert en appentis ; mais, comme celui de Saint-Parres-les-Vaudes, de la plus grande simplicild. La porte de la nef est la partie la plus intdressante de Tddifice; elle est toute romane, et, si elle offre des degradations, elles sont tout entieres Touvrage du temps : la main de 1’homme n’y a fait aucune de ces retouches incorwenantes qui rompent Tharmonie du style. Si elle a dchappd aux actes du vandalisme , elle le doit peut-dtre A la dimension de sa baie , qui excede de beaucoup celles des portes ro- manes dont nous avons parld jusqu’ici. Ces dernidres n’ont dtd mu- tildes ou detruiles qu’A cause du peu d’dldvation de leur bandeau, qui s’opposait au grand ddveloppement des edrdmonies du culte , deve- uues beaucoup plus pompeuses qu’A l’dpoque de la construction de ces dglises; et il ne fallait, pour se livrer A de semblables mutila- tions , pas d’autre motif que le ddsir de faire sorlir dans une pro- cession, sans les incliner, une croix dlevde ou une bannierc gigan- tesque. La baie de la porte , disons-nous, est formde de pieds-droits trds- larges, et d’un bandeau soutenu aux angles par de ldgeres consoles; de chaque cold sont trois colonnettes, disposdes en ligne renlrante, avec leurs chapileaux orncs de feuilles deoteldes,et de feuilles rou- ldes en volutes sous les angles du lailloir. Celui-ci , assez riche de profils, supporte la retombdede trois pleins-cintres, formant aulant de retraits et rdpondant au nombre des colonnettes. Ces arcs, qui dessinent enlre eux des angles droits, sont creusds de gorges et ornds d’un bandeau accompagnd de filets sur les angles saillants. Le tout est encadrd par une archivolle que ddcore un rang de petites cavitds quadrilatercs, dont l dpreuve au moulage formerait une petite pyramide tronqude. Nous avons parld de colonnes qui n’existent plus, mais leurs cliapi- teaux sont restds suspendus, et Ton relrouve dans Tintdrieur de lVglise quelques troncons de leurs flits qui servent A soutenir plu- sieurs bancs vermoulus. On doit regreller que cette dglise nc soit pas suffisamment en- trelenueextdrieurement, et que Ton nepensepas plus sdrieusemenl A la conservation de sa porte romane qui ne manque pas d’dldgance , — ™ - V -« mn et qui serait restaurde ft peu de frais, en raison du peu de depense ft faire pour la pierre qui n’est pas rare dans le pays. La nef , dcl.airde au nord par un plein-cintre et par une fenfire ogivale & un meneau, est sdparde, au midi , d’un bas-cdte dont elle est accompagnee , par deux grandes arcades en ogive prdcdddes d’un petit plein-cintre, et soutenues par un pilier octogone, le seul qui soit isold dans tout l’edifice. Ce bas-cdtd , de construction toute ro- mane , est ouvert ft l’ouest par une porte plein-cintre , et eclaird par trois fendtres de mdme forme; et il n’a, ainsi que la nef, qu’un plancher au lieu de voitte. A la suite de la nef, il existe une travde voutde en ardte ft ner- vures , ouverte sur lesquatre cotds par des arcs en ogive qui joiguent l’abside et deux chapelles collatdrales, voutees de mdme , terminees extdrieurement par des pignons ornds de denticules, et dclairdes par des fendtres ogivales divisdes chacune par un meneau. L’abside, terminde par un mur droit surmontd d’un pignon semblable ft ceux des chapelles , regoit le jour par trois fendtres plus grandes que les autres et divisdes en trois panneaux dans leur largeur. Toutes ces dcrnieres parties de Tdglise appartiennent ft la fin du XV e siecle ou au commencement du XVl e . Cependant on remarque, aux angles des contreforts qui appuient la voute de l’abside, quel- ques masques grimacants et une tdte de chat, qui sont certainement d’une dpoqud antdrieure et qui ont dtd mises oh elles se trouvent, lors de la reconstruction de cette partie de Tdglise. BOURGUIGNONS. Le village de Bourguignons est situd sur la rive gauche de la Seine, ft une lieue nord-ouest de Bar-sur-Seine. Avant d’y arriver, en venant de Virey-sous-Bar, on trouve le hameau de Foolz, qui est une ddpendance de Bourguignons, el qui dlait, avant la revolution, un litre de vicomtd, et une seigneurie qui relevait du roi ; ils avaient toujours appartenu pour la justice aux seigneurs dePolisy,et pour les droits utiles, ils apparlenaient ft I’hopital general de Paris; ’ Madame Marguerite deDinteville, epouse de messire Joachim de Din- teville, seigneur dudil lieu, Thennelieres, Laubtessel, Bourguignons, baron de Saint-Bry, souverain de Fotigerolles, Spoy et Meurville, che- valier des deux ordres du roi, conseiller de ses conseils prive et d’etat, capitaine de ciuquante bomntes d’armes et de ses ordonnances, et lieu- tenant de sa majesle aux gouvernemens de Champagne et deBrie; ladite dame avait, par acte passe en aoilt i5g6, donne la lerre et sei- gneurie de Bourguignons et vicomte de Foolz en dependant, sise en Bourgogne, pres Bar-sur-Seine, tant en foods que revenus , pour fon- der audit Bourguignous un hopital qui serait appele hopital du Saiot- Esprit, et a i’imitalion de celui de Beaune, en laveur des pauvres'et malades dudit Bourguignons, specialemenl et par preference, et apres eux,en taut que les revenus dudit hopital le pourraient porter, en faveur de ceux des paroisses de Thenuelieres , Laubresstl, la Vacherie-sous- les administrateurs de cet hdpital les avaient vendus et cddds, dans le dernier sidcle, au marquis du Thil, dont la fille, veuve du comte de Chalelux, a possddd cette terre dans les derniers temps *. A Tangle que forme avec la grande route un chemin qui conduit ft ce hameau, on remarque une ancienne borne, peu dlevde et fort peu monumentale, qui rappelle la division de la France en provinces : on y lit, d’un cotd , Champagne , et, de l’autre, Bourgogne. L’dglise de Bourguignons, qui est sous Tinvocation de Saint-Plet, n’offre rien d’intdressant; c’est une reconstruction qui date du com- mencement du XVI 0 siecle, et qui est restde inachevee. Le corps de Tdglise, jusqu’ft Tabside, se compose de deux murailles qui devaient comprendre quatre travdes ; mais les deux dernieres sont seulement indiqudes par des piliers engagds portant des arra- chemens d’arcs-doubleaux , et par des nervures de vofites qui sont restees en projet. Au midi, ces travdes sont accompagndes de deux autres travdes formant bas-cotd. A en juger par les harpes que Ton remarque en dehors de l’dglise , au mur de Touest, il devait fire prolongd dans toute Tdtendue de la nef. Ces travdes collatdrales sont vohtdes en ardtes ft nervures croisees, avec des rosaces ft leurs points d’inter- section ; elles sont dclairdes au sud par des fendtres en ogive orndes de comparlimens en trdfles, et divisdes dans le sens de leur largeur par trois meneaux. A Torient , le mur droit qui termine ces travdes est dgalement percd d’une semblable fendtre , au-dessus de laquelle on lit la date de 1549, gravee dans la pierre. A Touest , une porte ft linteau plat soutenu de consoles, donne entrde ft ce bas-c6td qui est ouvert sur la nef par deux arcades ogivales. Trois petites fendtres aussi en ogive dclairent cette nef du cotd du nord, et rdpondent ft peu prds aux travdes. Sur la vitre de la deuxieme fendtre on lit : Messire Nicolas Breiard, prestre curd de Bourguignons , a fait faire ceste verriere. Priez Dieu pour l up, 1625. Le vitrail , qui reprdsentait probablement Saint-Nicolas , patron du donaleur, a did enlevd. Sur la troisieme fendtre , qui est trds-petite , on voit Saint-Denis ddcapitd et tenant sa tdte. Une quatrieme fendtre, rdpondant ft la quatrieme travde, est une grande ogive divisde dans sa largeur en quatre panneaux, sur lesquels sont peints le Christ, sainle Anne, une Nolre-Dame et sainle Marguerite. lies, Vanlay et leurs dependences, Atixon, Dinteville, Spoy et Meur- ville. En iG36, M. Francois de Cazillac, vicomte de Cessac, herilier de la maison de Dinteville, a cause de sa mere, Claude de Dinteville, dame de Polisy, unit l’hopital du Saint-Espril de Bourguignons a celui de Notre- Dame-de-Pilie , du faubourg Saint-Victor a Paris, a la condition qu’on y recevrait qualorze enfans males de Bourguignons, qu’on y ele- verait jusqu’a l’age de vingt-un ans. a qui ou apprendrait des melierset meme les bonnes leltres, si on lesen jugeait capables. L’hopital de Paris devait encore leur donuer ciuquante livres tournois en argeul , au mo- ment de leur sortie. Mais les habitans de Bourguignons n’ont jamais joui de cet avautage. La chapelle de i’hopital de Bourguignons subAstait encore avant la revolution. &—* 96 L’abside, qui pr&ente dans son plan la moitig d’un hcxagone, est ouvert par un arc doubleau en ogive et vohte en ar6le avec des nervures recroisdes, qui forment divers pendenlifs. Devaut la petite porte qui est au sud de lYglise, on lit sur la pierre d’une tombe : Messy re Joachim Le Coraguier , de Quimper, premier curt de ce lieu. Nous ne pouvons terminer sans signaler, quoiqu’avec regret, une de ces prtHendues decorations, dont la conception et le mauvais goiit de l’ex£cution allestent combicn certaines personnes comprennent mal aujourd’hui la dignity du culte. Au-dessus de 1’autel principal de lYglisc de Bourguignons, on voit, suspendue It la vofite au moyen de cordes et de poulies, une statue de la Vierge, moulee en pltilre, et ne faisanl qu’une seule piece avec son pi^destal, qui se trouve ainsi avoir change de role, puisque, au lieu de souteuir la statue, c’est lui qui est suspendu & ses pieds. Pour dissimuler ce que presentait de ridicule ce piedcslal ainsi sus- pendu, on a imagine de l’environner d’une enorme couronne de cinq St six pieds de diametre, et formee de lys peinls au naturel. Mais, comme on le voit, on n’avait fail qu’augmenter l’embarras, puis- qu’en sus du piedestal , la Vierge avait encore h porter la couronne; on comprit qu’il fallait creer un support apparent it la couronue. Deux anges peiuts sur tole decoupee , anges aux jambes grosses et courleset aux t£tes relativement trop petiles, furent accroches par leurs mains St la couronne. Cc n’est pas tout, l’arliste, s’apercevant bienlht qu’il fallait soutenir ces anges puisque leurs ailes n’avaient pa.s de mouvement, imagina judicieusement de leur metlre sous les pieds des pelils nuages routes, et ressemblans par leur ton de cou- leuraux flots d’une <5paisse funtee. C’est aux f6tes solenuelles qu’on metenjeu celte machine, et alors toutle groupe descend et remonte d’une seule pifcce sans que les ailes des anges fassent le moindre mouvement, et que leurs draperies re^oivent la plus tegere agitation. II n’eHait pas possible, selon nous, d’imaginer rien de plus gras- sier et de plus burlesque que ce ridicule assemblage, digne tout au plus d’un tlte&tre de la foire. Pour faire illusion, il fallait un effort de g^nie. Le g^nie a manqite, et Ton est tomb6 dans le grotesque et le ridicule. Nous le tYpetons, c’est avec le plus vif regret que nous nous voyor.s obliges de signaler de pareils fails, qui, loin d’ajouter a la majeste du culte, tendent la dimiuuer, puisqu’ils appelleut la cri- tique sur des choses qui ne doivent commander que le respect et la veneration. Puisse cette lecon, que nous donnonsSl ceux qui la mc- ritent, porter ses fruits, et empCcher la contagion de l’exemple si jamais ils devaient avoir des imilateursl... auauuiMMmmftmmmaflamjimmmauuimiuuiiuimmiuuauuuimmaiuuu. BAR-SUR-SEINE. En quittant le village de Bourguignons, et suivant la route qui le traverse, apres avoir parcouru une plaine A laquelle on a laisse le nom de Cere, pour qu’on n’oubli^t pas probablement qu’autrefois Cer£s y avait eu un temple nous nous trouvonsaux portesde Bar- sur-Seioe. L’aspect que presente la ville en elle-m£me n’a rien de bien remarquable. Elle se trouve assise aux pieds d’une coll'me dont la vue, assez piltoresque pourtant, donne au paysage un ornement qu’il n’a- vait point eu depuis T royes. Bar-sur-Seine est une ville fort ancienne, et sans aller cherchcr son origine jusque dans les temps fabuleux, il lui reslera, sous ce rapport, assez decelebrite, car il est certain que les Bourguignons, qui m£lerent leur sangau sang gaulois,en furent les premiers habitans.Plusieurssiecles ne nous laissent rien 3i dire sur ceque flit celte cite sous les premieres races de nos rois, cependant son agrandissement s’accomplissait en silence etavec surete. Ellesemble tirer son nom de la montagne qui la couvre et qui peut £tre consi- der comme une barre ou barriere qui lui servait autrefois de defense, ou comme une limite au-deli de laquelle elle ne pouvait sYtendre davantage. Cette etymologie, qu’on ne peut donner comme cerlaine, mais qui a quelque vraisemblance , parait d’autant plus nalurelle, que les aulres villes de France qui s’appellent Bar sont aux pieds de quel- quesmontagnes, comme Bar-le-Duc, Bar-sur-Aube. Celte ville avait autrefois, le title de comte ; elle a toujours eu ses comtes particuliers, jusqu’au moment de l’extinction de la maison des comtes de Champagne, qui en ontete possesseursSt litre de propria. Les premiers comtes heredilaires de la ville et comte de Bar-sur-Seine, connus dans l’histoire, commencent & Renaud 1 "', fils de Milon 11 , comle de Tonnerreetde Bar-sur-Seine, sous le roi Robert; Hugues, petit-fils de Renaud l er , laissa pour hYritier du comte de Bar-sur- Seine, Eustachie, sa fille, qui epousa en 1030 un Gauthier, pre- mier du nom, de la maison de Brienne, dont son sortis les rois de Jerusalem. De ce mariage est issu Milon, premier du nom, qui fit la branche des comtes de Bar-sur-Seine. Nlilon epousa Malhilde, dont il eut plusieurs fils, entr’aulres Guido, ou Guy, qui lui suc- ceda,ct Rainaud, religieux de Clairvaux et abbe de Citeaux, en 1153. Guy epousa Petronille, fille d’Anseric, seigneur de Chacenay ; il eut de ce mariage Manasses et Thibault. Manasses lui succeda en 1105; il fut ensuile doyen et evYque de Langres en 1 1 74, et mourut en 1 103. Hugues de Pulheolo, neveu de Manasshs, lui succeda au comte de Bar-sur-Seine; il epousa Petronille, et eut un fils nomme Milon 11, qui lui succeda en 1197. Milon epousa Elissande, et en eut deux fils, Hugues et Gaucher, *qui moururentavant leur pere. Gaucher epousa Elisabeth de Courtenay, fille de Pierre. Elissande survYcut a son mari, et vivait encore en 1230. Depuis ce temps, le comti s de Bar-sur-Seine est passe aux comtes de Champagne, qui l’ont con- serve jusqu’i l’extinction de leur race. 11 y a grande apparence que le comte de Bar-sur-Seine passa aux comtes de Champagne pendant la viduite meme d’Elissande. Ou voit en effet, aux archives de l’hotel-de-ville dc Bar-sur-Seine, un titre en original de Thibault, comte palalin de Champagne et de Brie, du mois d’avril 1227, qui affranchit les habitans de cette ville, et de loute la chAtelleuie qui en depend, du droit de main-morte. Ce titre d'affranchissement est encore confirmi 1 par le iiteme Thibault, en 1231 , et par Thomas , roi de Navat re, comte palatin de Cham- » On voyait autrefois unechapelle ala place de ce temple; elle a cle deiruiie a la revolution. »-> 97 pagne et de Brie, au mois de janvier 1258. Ces trois titres sont latins, et expddids l’un 5 Troyes et les autres 5 Bar-sur-Seine. Les dvdques de Laogres, qui (ftaient alors tres-puissans, semblent dgalement avoir eu dans ce temps, ou peu de temps aprds , un droit de suzeraineld sur la ville de Bar-sur-Seine et sur plusieurs autres de la Champagne et de la Bourgogne. Ce fut Louis XI qui la fit rentrer dans le domaine de la couronne ; mais depuis cette dpoque , comme prdcddemment , le comte de Bar-sur-Seine a dtd plusieurs fois pos- sddd 5 tilre.d’apanage et d’usufruit. Le premier qui cn ait joui 5 ce litre est Jean de Vienne , qui rendit de grands services aux rois Charles V et Charles VI , dans les guerres qu’ils eurent coutre les Anglais. Jacques de Denteville lui succdda et mourut en 1506. De- puis, ce sont toujours des princes ou princesses du sang qui ont posst'dd lous ces droits. Choppin rapporte que Bar-sur-Seine fut 6te 5 Jeanne d’Orldans en lui rendant ce quelle l’avait achetd du roi , et rduni au domaine par arrdt du parlcmcnt de Paris, en mars 1532. Anne-Louise d’Or- ldans, duchesse de Montpensier, est la derniere princesse qui ait eu ce comtd 4 titre d’usufruiliere. Louis VI, roi de France, en favorisant l'dtablissemcnt des com- munes , reprit pour lui-radme une partie de I’autoritd dont les grands vassaux s’dtaient empards, et donna ainsi aux villes elles-memes un pouvoir qui etait alors tout-A-fait inconnu. La creation de la railicedes communes, pour arreter les violences et les depredations que les bri- gands commettaienl dans les campagnes ct au milieu nteme des villes , fut encore un autre moyeu d’agrandir le pouvoir des particuliers , tout en le couvrant du spdcieux prdtexte de 1’ulilitd publique. Et en die- vant ainsi l’influence cemmune centre la puissance des grands sei- gneurs, le roi y trouvaitson compte, puisqu’il reprenait insensible- menl l’autoritd qui avait did trop long-temps aux mains des grands seigneurs. Ce fut 4 l’abri de ces belles institutions que Bar-sur-Seine commenca 4 s’accroitre et s’dtendre. II faut le dire, l’etablissement des communes n’avait pas tout fait , car les habitans de la plupart des villes ou villages ^taieat encore plus ou moins esclaves. Usn’avaient ni juges, ni lois ; leurs seigneurs dtaieut tout pour eux, la loi et le juge. Mais bientot les temps changerent._Les nobles s’dtaient ruinds dans les guerres d’Orient : leur luxe et leurs ddpenses n’avaient plus d’ali- mens. En proposant aux villes d’acheter leur affranchissement , ils s’en procurerent de nouveaux , mais ils sentirent peu 4 peu leur puis- sance s’affaiblir et s’dteindre. La feodalitd dlait vaiucue. Les hommes commencdi ent 4 travailler pour eux , 4 vivre pour eux ; ils eurent des lois qu’ils avaient accepters librement pour les gouverner. Alors s’or= ganisa le tiers (-tat ; le peuple eiit voix deliberative au milieu des as- sembldes du clergd et de la noblesse. Bar-sur-Seine fut une des pre- mieres villes qui jouit des bienfaits de l’affranchissement ; elle les dht au gdndreux Thibaut, comte de Champagne, qui, en 1227, s’em- pressa de ddcharger les habitans de la main-inorle, et bientot aprds leur accorda le droit d’allodialitd, ou franc-alleu. Ce droit libdrait non-seulemcnt les personnes, mais encore les biens. Par 14, on dlait dispense de faire foi et hommage 4 aucun seigneur, et de payer des rentes annuelles. Ces changemens, dansl’dtat des personnes comme dans celui des choses , f urent avantageux au royaume. Les historiens du treizieme et quatorzieme siecles en parlent avec une profonde con- viction. Les villages se multiplierent ; on ne vit plus de bonnes terres rester incultes. Le paysan, devenu maltre de son industrie, se rendit fermier des terres que son seigneur ndgligeait auparavant , ou qu’il avait cultivdes comme esclave. Les villes se peupldrent; les habitans s’y adonnerent aux arts et au commerce , et jusque-14 les Francis s’en dtaient peu mdlds ; tout se faisait par les Grangers qui enlevaient For du royaume. Avec de telsdldmens d’agrandissement et de durde , la ville de Bar- sur-Seine se placa bienlht au premier rang parmi les villes fibres ; assez souvent elle recut des rois de France d’importans privileges ; nous ne pouvons indiquer ce fait qu’en passant, sans entrer dans les details. Mais au milieu de sa grandeur elde sa fortune, elle fut frappde de crucls ddsastres. Bien que couverte et ddfendue par une monta- gne, elle trouvait ses dangers dans sa position mdme, car les bois qui 1’environnent , les ravins et les escarpemeus de collines qui en accidentent le terrain, offraient un sur asile 4ceux qui fesaient une guerre de partisans, et c’dtait celle du temps. Elle a dtd plusieurs fois ravagde, pillde et presque enlierement reduite en cendres par les Anglais. Sous le roi Jean, dont le regne ne rappelle presque que des malheurs, elle fut 4 peu pres ruine'e par un aventurier lorrain , nommd Fenestrange , qui s’etail mis 4 la solde de ce prince. Mecontent du peu d’argent qu’il y faisait , il menaga le roi et lui envoya audacieusement un cartel, en lui declarant la guerre ainsi qu’au royaume de France. 11 nes’en tint pas aux menaces; ilmontra qu’il dtait vraiment un en- nemi redoutable, et commenga les hoslilitds par la prise de Bar-sur- Seine, qu’il pilla etbrhla, 11 y eut, dit Froissard, plus de neuf cents bons hotels de brutes, ce qui peut faire conjecturer qu’elle dtait cinq ou six fois plus considerable qu’aujourd’hui. Le roi Jean, iustruil de ce malheur , accorda 4 cette ville une foire franche 4 la Ste-Luce , avec ses droits, pour aider 4 la r 98 « /e.f Javelle et les Henault d’Avirey-le-Bois, ct d’autres ; mais « qu’enfia ils se rendirent & composition , savoir : les gens de « guerre armes et enseignes di’ployGs, leur vie et bague sauves, « et tous ceux qui s’Gaient retire's audit chitleau semblablement ; « mais que ces mGhans et maudits Troyens ne tinrent leur parole « qu’aux gens de guerre; qu’ils prireut les hommes, femmes et en- « fans de la ville, et les mirent tous prisonniers en une grande « maison appelt'e la Salle, qui est au marchd du bled , et que quand « tous ces pauvres gens furent tous enferrG et bien enferm£s, ils « vinrent 4 s’assembler et lenir conseil sur ce qu’ils feraient de « ces Bourguignons. « Que les Jaquinot de Troyes , furent les premiers qui parle- « rent et donnerent avis, qu’il fallait, pour bien faire metlre le feu « en ladite Salle, pour brhler tout vifsces pauvres Bourguignons « caplifs; mais qu’un bon capitaine, nomm(5 Loisel de Baligny, « ayanl pilid d’eux , et voyant qu’on ne leur avait tenu parole se « mit en colere, et comme homme d’autorild qu’il Gait, leur dit « qu’il ne consentirait jamais qu’on us3t de si grande rigueur et « cruautd envers ces pauvres gens. « Oue Ton vint & demander l’avis des cordeliers de Troyes qui « ttaient presens, que n ay ant point d'Sgard d Dieuni A la « Joi quon leur avait promise, voyant que ce bon capitaine n’a- « vait point voulu acquiescer & leur mauvaise volout6 de les faire « mourir si misGablement, que lesdiis cordeliers si animis d'a- « varice , quits jirent condescendre ces pauvres habitans « caplifs , pour la rangon de leur vie settlement , A la somme « de dix-huit mille francs; 1 qu’ils n’avaient plus de moyens, car « on leur avait 6td tous leurs bagues et joyaux, or , argent et tous « leurs meubles. « Ou’ils amenirent d Troyes huit des plus nobles ct hono- « rabies bourgeois de la ville pour btages, et qu’incontinent que « le chateau fiU rendu , les Troyens firent venir grande quantity « de charettes, et emmenerent tous les plus riches meubles des ha- « bitans de Bar-sur-Seine. a Oue Dieu leur enrendeautantICe fut sousleregnede Louis XI. » Ce n’Gait pas alors que les habitans de Bar-sur-Seine auraient pu vaniteusement rappeler les deux vers de Froissard : Que la grande ville de Bar -sur-Seigae A fail tremljler Troies en Champeigne. Apres des ravages aussi violents il n’Gait gufcre possible que Bar- sur-Seine pbt coDserver son ancienGat de splendeur, mais ce qui acheva de la rGluire, ce furent les guerres qu'elle eiil ii soutenir contre les huguenots et dans lesquelles se renouvelerent les monies horreurs. En 1591 , M. de Praslin , depuis marshal de France, surprit cede ville ct son chateau ; les maisons furent pillt’es et saccagi'es , et les Troyens y resterent six mois ii discretion. Les habitans de Bar-sur-Seine savaient bien que ce brave officier * Le clerge de Troyes avait fourni de I'argent au roi pour le siege de Bar-sur Seine, et il paraii <|ue les Cordeliers leuaieut a reutrer dans leurs fuuds. menacait la ville; ils s’attendaient 5 ce qu’il en ferait le siege en rf'gle, et que leur courage ou leur resistance pourrait amener cegd- nGal a quelque honorable composition ; mais leur trop grande s6- curitd, ou, pour mieux dire, leur negligence les forca de lui ouvrir leurs portes au moment oil ils le croyaient endormi dans le sein des plaisirs. Ce fut la nuit m£me de ses noces qu’il vint prendre Bar- sur-Seine. Ceci s’explique , si Ton r^fldchit que les terres et seigneuries de Praslin, dont ce hGos portail le nom, n’est distante de Bar-sur- Seine que de deux lieues et qu’il t?tait facile 5 ce g£n£ral de laisser ignorer sa marche pendant l’obscurit£ de la nuit. En 1592, au mois de novembre, la ville de Bar-sur-Seine fut encore prise et saccagG par les troupes duduede Guise auquel clle filt obligee de lui donner huit mille Gus par capitulation. Renon- $anl alors au parti de la ligue, les habitans firent d^molireux-mGnes leur forteresse, cause de leur malheur, et implorerent le pardon de Henri IV. Ce pardon qu’ils obtinrent fut beau et gGGeux, puisqu’ils furent maintenus et conserves dans tous leurs privileges et m£me de nouveaux lui furent accordG. Mais il Gait impossible 5 la muni- ficence royale de lui rendre toute sa splendeur , et un projet concu & la suite de ces guerres dt ! sastreuses,en 1 665, par M. Choiseul Duplessis- Praslin, marcchal de France, alors seigneur de Polisy et Polisot, pouvait seul la relever de son abaissement : c’Gait de rendre la Seine navigable depuis Polisot jusquA Nogent. Cette proposition fut exa- minee au conseil et fut reconnue tres-avantageuse aux provinces de Bourgogne etde Champagne. En effet, 1’exGution de ce projet devait faciliter le commerce de ces deux provinces. Lorsqu’on eut visits et reconn u la riviere de Seine depuis le village de Polisot jusquA No- genl , les ingdnieurs nomrnG par la cour constaterent qu’elle pouvait facilement Gre rendue navigable, et en consequence, par arret du conseil du 1 1 avril 1665, il fut permis a ce seigneur de faire tra- vailler 5 ses frais a cet ouvrage, depuis Polisot jusquA MGy-sur-Seine. Daus cet arrGe, revaluation specific monte i 264,000 livres, suivant le proccs-verbal du devis fait pardevantl’intendant de Champagne. La morl a empGhd ce seigneur de remplir des vues si louables. Assu- Grnent, si parlout, depuis cette epoque, il y a cu tanl de progrfcs, on se< ait tent£ dc croire que la Champagne veut s’en eloigner. Un Granger qui lirait cet arrGd, croirait-il que nous demandons encore ce qui fut accords il y a si long-temps a nos bons aieux. Avant les Genemens de 93, il y avait dans la ville de Bar-sur- Seine une niairie royale, dont l’Gablissement Gait tres-ancien. Cette juridiclion Gait composG d’un maire que nommaient les Gats de la province de Bourgogne, de qualre Ghevius, d’uu procureur syndic et d’un secretaire. Elle Gait plus anciennement composG d’un maire ou maieur , et de douze Ghevius , ou jurt's. Ces officiers exenjaient la justice civile et criminelle , non seulement daus la ville, mais encore dans tout le comtc 1 de Bar-sur-Seine; ils avaient Gd confirmds dans cette au- torite, par Thibault , coinle de Champagne et de Brie , au mois de join 1231. Celle charte est en original aux archives de l’Hdlel-de- Ville. Ils onl exerct 1 cede juridiclion jusqu’au XV* siecle, ('poque de l’Gablissemenl d’un baillage royal, dont les appellations ressortis- saientauparlcmenide Paris, ct pour Its cas prGidiaux au prGidial de Troyes, dont la coulumeGail suivic aubaillagede Bar-sur-Seine. 99 <— e La ville de Bar-sur-Seine avait conserve jusque dans l’avant dernier si£cle l’ancieu usage de faire sonner, a huit lieures du snir en hiver, Ie beffroy ou principale cloche de la paroisse. Ce beffroy servail autrefois pour assembler les milices de la commune ou pour 1’avertir it l’approche desennemis : on le nommait cowre-feu. Le plus ancien litre qui se trouve aux archives de l’Hdlel-de- Ville, sur cet usage, est un acte du 24 avril 1479, doom? par An- toine Lcfaucheur, pour lors ma'ieur de Bar-sur-Seine, qui laisse « a titre d’accensement et d’emphythdose, perpftuellement, £i Etienne « Popelard et Simone sa femme, demeurant eu cette ville, une « maison proche la porte de Seine, moyennant vingt-six sols huit « deniers, payables par chacun an aux mai'eurs et i 5 che\ins, le pre- « mier jourde mai, f6te de saint Jacques et Philippe, et encore & « la charge de payer la fagon des cordes des cloches de lYglise de « Bar-sur-Seine ; de baillcr et administrer toutes cordes ncces- « saires pour faire accomplir justice , et enfin de sonner le « couvrcfeu , 1 depuis le jour el f£le saint Beini, chef d’oetobre, j us- ee qu’au jour de la purification de Nolre-Dame. » Les h^ritiers Pope- lard jouissaient encore de cette maison en 1772. 11 parait encore, par le m6me acte, que ledil Popelard devait jouir, pour l’indemniser des charges qui Iui dtaient imposes, « du plat de « noces des dpous&s 1 2 , et du droit de rouage appartenant A la « ville. » II y avait aussi un maitrise des eaux et for£ls dont I’&ablissement &ait plus ancien que celui du baillage. On voit encore sur les bords de la Seine un h6tel fort joli , bAti par la compagnie des arquebusiers de Bar-sur-Seine. Cette compa- gnie, lr£s ancienne, dtait composite des plus notables habitans de la ville, comme officiers de justice, genlilshommes , mililaires et fi- nanciers. 11 y avait encore a Bar-sur-Seine un chapitre de chanoines regu- liers; c’dtaient des Mathurins ou religieux de l’ordre de la Trinity, pour la redemption des caplifs; cette maison s’appelait la maison Dieu : son premier titre de fondation est du mois de juin 1210 ; e’est Milon 111 , dernier comte de Bar-sur-Seine , tin* au siege de Damiette en 1219, qui en est le fondateur. Cette maison avait de trfcs beaux droits seigaeuriaux que ce comte lui avait- accords ; entr’autre celui d’avoir un four banal, oil tous les habitans de la grande rue de Bar-sur-Seine et ceux de Villeneuve 6taient obliges de cuire; le bois n&essaire a l’aliment de ce four, £tait pris dans les for&sdu comte, a titre gratuit. Elle avait aussi droit de pressoirs bannaux oh tous les habitans de Bar-sur-Seine de Yilleneuvc et les seigneurs meme (Haient obliges d’aller faire leur vin ; 1 Dans la plupart des villes policees du royaume, on averlissait autre- fois , par le son des cloches , les haLiians de se renfermer chez eux et d’eleindre leurs feux; la quantile de bois employe dans la construction des maisons de nos a'ieux rendait cette mesure necessaire. Apres que cette cloche etait sonnee , il n’ctail plus permis d’aller dans les rues, a moius qu’on edt de la lnmieie, aliu de ptevenir les brigan- dages qui auraient pu se commetlre dans l’obscurile. Dans ce temps, la garde des villes ne se faisail pas avec cette regularite qui eu fait aujour- d’l.ui la surele. elle avait de plus un droit dc feu et de poule sur la (erre de Poithier; un droit de foire, la veille de la decollation de saint Jean-Baptiste et le jour de la Nalivitf, et plusieurs autres rapportds dans ce titre, mais dont elle nejouissait plus depuis long-temps. Cette maison avait d’abord dte fondle pour des religieux de Ron- cevaux , esp£ce d’ordre hospitalier ^tabli particuli^rement pour le soin et soulagement des malades des hopitaux ; elle a t?t<5 ensuite dchan- g& au mois de septembre 1303 , par autoritd de Philippe-le-Bel , roi de France, avec les Mathurins, qui y ont 6t€ jusqu’et la suppres- sion de tous les chapitrcs religieux , en 1791. On appelait ministre le sup^rieur de cette maison, composde seulement de quatre reli- gieux. Dans la grande histoirede Bourgogne, on lit que Philippe-le-Bon passant 5 Bar-sur-Seine en 1423, fit saprifcre en la chapelle de Fou- chaus , il ne reste rien aujourd’hui de ce monument. II y avait encore une communaut6 de religieuses ursulines ; sous la regie de Sainl-Augustin fondle par M. Zamet, £v6que de Langres. Cette communaul6 , dit un £crivain , semblait n’exister que pour faire le bien et pour ^difier. Le college avait £t£ t*tabli par lettres patentes de Henri IV , du 27 octobre 1594 , registres au parlement le 17 janvier 1600. Ce col- lege est pour l’inslruction de la jeunesse dans les belles-lettres. Il n’existe plus rien aujourd’hui de l’ancienne enceinte de Bar-sur- Seine ; les murailles et les portes ont £galement disparu. Celle dite porte de Seine, 5 cause de sa position sur le bord de cette riviere, pres du pont , pr£sentait une masse carr£e ouverte par des pleins- cinlres en arcs doubleaux , avec une chambre du guet au-dessus, et flanqu£ede torn elles en encorbellement, qui rappelaient, dit-on, celles de la porte dc Saint-Jacques de Troyes. L’dtendue de la ville, dans la direction du nord au sud, est limit£e maintenant par deux arcs couronntfs d’un entablement assez lourd , et dont le mauvais gout du profit di'cele l’oeuvre du g^nie de I’avant-dernier siecle. Ces arcs remplacent les anciennes portes ditesde Troyes et de Chatillon. Le vieux chateau qui commandait la ville et dont il reste encore quelques ruines , qui ne j euvent aujuurd’hui donner aucune id£e de sa forme et de son gtendue , dtait situd sur la montagneh laquelle la grande rue est appuyee, et se trouvait presque en face de lYglise. Une tour carr£e, perefe d’uu arcade surbaissee et de deux pans de muraille assez considerables, composent ces ruines. La tour, qui presente it sabase une surface de 7 metres 50 centimetres de Test & l’ouest, et de 4 metres sur l’aulre face, est mcdiocrement blevee; elle est perceed’une vohte surbaissde d’environ 3 metres d’uuverture, puis d’un arc egalement surbaisse de 3 metres 20 centimeres de largeur, i Ce plat des epousees etait quelques mets, du pain et du vin, prove- nant du premier banquet des noces qu’on donnait au maire, comme uue prestation d’hommage a la justice qu'il exercait alors. Depuis, la valeur de ce plat avait ele Gxee a cinq sols, qui etaient payes par le detenteur de cette maison. Dans les derniers temps, l’usage du plat des epousees subsisla encore longlemps dans plusieurs lieux de la Bourgogne ; il etait dii ou au seigneur haul justicier, ou au principal officier qui exercait sa justice. 100 «— ® et levg de 3 metres au-dessus du sol : ce dernier formait la base d’une porte. Celle tour donnait tfvidemment entree A l’enceinle exte- rieure du chateau; il est probable nteme qu’elle n’est qu’une addition des temps posterieurs. Le chateau ^lail assis sur le point le plusllevg de cette extfemite de la lignc de montagnes qui suit A peu pres pareil- lement la grande rue de la ville. On arrived ltelage supteieur de la tour, ensuivantle plan ascen- dant du terrain. La porte de cet tilage, perteo A la face de l’ouest , renferrae danssa baie plusieurs degrt's qui conduisent sur Textrados de la vohte du rez-de-chausstie : c’cst la chambre du guet ou se te- Dait le gardien ou custos. Cette piece est telaitee par trois lucarnes ou meurlrieres A linteau plat el 6vas£e a l’exte'rieur. On y a dans les derniers temps praliqud une cheminte. Une loge en charpente couverle en bAtiere domine cette tour; elle en remplace peuttetre une plus ancienne qui formait saillie avec des machicoulis, tels qu’on en voit encore it d’anciens chAleaux du moyen Age et aux portes des vieilles cite §3r JVJ. 1 II HI Li, ■ ' ‘S' ,1111 / 'V .Ilf/ 1 J 1 NJL'JIUJU □ (?■ * y \ "H ) I i nvrl Mil ruv 1 1 1 III ' 1111 D J> -! . r,c/,cl A/: f VUel.J tn’// /<' r/r l'Z!jJirr/'LC J 63. ^J)cco'ccvUou cxtccieutc d Line ^ciictve ?c 105 de deux cottices potencies , contre-polenci.es d'or de treize piices. Le comte de Bar a pour armes d’azur it trois bars d‘ argent rangis de face , ii la bordure componie d’or et de sable. TROYES. ANCIENNE EGLISE, CHAPELLE DE LA PASSION ET BIBLIOTHLqBE DES CORDELIERS. Nous avions pris l’engagement avec nos lecteurs de nous occuper de Troyes , alternativement avec les autres communes du departe- ment ; nous quitterons done un inslant l’arrondissement de Bar-sur- Seine pour decrire l’un des monuments les plus remarquables de la premiere de ces deux cites, la chapelle de la Passion dtifruite seule- ment depuis quelques annees. Les frfcres Mineurs, connus sous le nom de Cordeliers, furent etablis a Troyes en 1237 par Thibault IV, comte palatin de Cham- pagne; d’abord ils log^rent hors de la ville, proche de la Porte de Cisar , appelee depuis de Comporte et aujourd’hui Porte de Preize. Vers 1258 ilsobtinrent du comte Thibault V un «5tablisse- ment dans la ville mfeme. Ce prince leur donna l’emplacement que leur maison, transform^ en prison, occupe encore aujourd’hui dans le quartier appele anciennement la Broce-aux-Juifs. (Locum de Brocift). En 1271, le comte Henri 111 fit acheter en son nom quelques mai- sons et places pour augmenter le couvent et l’enfermer de murailles. Louis Huttin, en 1315, manda au bailly de Troyes de faire jouir ces religieux d’une place qui avait communication jusqu’ft la Tour Rojale x . Mais en 1378 Charles V fit retablir le passage entre ce couvent et la tour. Lesdiverses parties du couvent furent faites ft plusieurs reprises. Vers 1523, le gardien Banqueville fit bfttir l’aile du cloUre du cote du refectoire; en 1546, le provincial Morelli, natif de Troyes, fit cons- truire l’autre aile du c6te de la sacristie avec le bfttiment qui regarde la rue du bois. La chapelle de la Passion etait enticement isolee de lVglise ainsi que les galeries couvertes ou promenoirs qui en dependaient; son fondateur Nicolas Guiotelli, docteur et ministre provincial des Cor- deliers dc France, en jeta les premiers fondements en 1476. 11 sut intCesser & sa construction le pape Sixte IV , avec lequel il avait etudieen theologie ft Paris; ce pontife lui accorda des secours en in- dulgence et en argent pour continuer son enlreprise. Le plan de cette chapelle etait un carre long formaut une seule nef 4 Nous avons deja parle des restes de ceite tour qui existent sur le bord de l’eau , pres du moulin qui porte le nom de Moulin de la Tour. divisde en cinq travdes; chacune de ces travdes rdpondait au midi ft une arcade formde en ogive dont la premiere ft gauche etait enticement ouverte et servait d’entree principale; elle n’etait fermee que par une grille en bois et communiquait avec l’aile de la galerie couverte qui de ce c6te etait baignC par le bras de la Seine qui traverse la ville ; les autres arcades formaient les fenCres et etaient en consequence divisdes par des meneaux reunis par des ogives ornes de treffles et qui, se croisant en tous sens par des courbes, remplissaient la partie superieure de cadres ou compartiments varies et fort irreguliers. On avait donne a celle du milieu la forme d’une elegante fleur de lys que 1’on admirait pour la purete du trait. Les meneaux de la deuxiCne fenCre, vers l’ouest, descendaient jusque sur un soubassement fort peu eleve, et formaient une espece de grille destiuee sans doute a edairer davanlage l’entree de la cha- pelle rendue obscure par l’addition de la galerie couverte dont nous avons parle. On avait menage une porte dans cette fermeture pour entrer de la cour sans passer par cette galerie. Au nord , le mur etait enticement feme et couvert de pcintures ; on y remarquait une genealogie du Christ qui remplissait la largeur d’une travee. Ces peintures avaient ete executees aux frais du pro- vincial Regnault de Marescot. Une ouverture circulaire ornee de pro- fils etait percee sous l’ogive ft l’occident. Les voiites de la chapelle et celle de la bibliotheque qui lui etait superposee de maniere 5 ne former qu’un ensemble , etaient forte- ment contrebutees 5 1’extCieur par de grands contreforts places aux angles et sur chaque face du monument. Ceux qui occupaient l’inter- valle des croisees etaient decores de niches peu profondes que termi- naient des clochetons delicatement travailles et ornes de fleurons ; au bas des niches, etaient groupees en forme de culs-de-lampe des figures grotesques de vieillards et de demons qui portaient autrefois des statues de saints, dont on vit long-temps les debris aux pieds des contreforts. On y retrouvait l’archange St-Michel, revCu d’une riche armure, St-Francois reconnaissable ft son cordon et aux sligmates de ses mains, etc. Les iCes manquaient 5 toutes ces statues abattues a la revolution; elles avaient deux metres trente centimetres de hauteur. A c6te de la premiere niche, a droite, il existait une petite tour crenelee, ft double etage et portee par un cul-de-lampe semblable ft ceux dont nous venous de parler ; e’etait probablement un acces- soire oblige de la figure qui occupait la niche. Les croisees qui edairaient la bibliotheque, au nombre de dixde chaque cote, etaient de forme carree, coupees de croisillons, decorecs de chambranles charges de moulures, et disposees deux ft deux dans les intervalles des contreforts. Celles qui occupaient l’inlervalle du milieu differaient des premieres ; elles etaient en ogives et partagees en deux par un pilastre fort delie qui soutenait deux petits arcs en forme de trefle. Une grande ogive chargee de profils, et dont la pointe se ter- minait dans la corniche du couronnement s’elevait au-dessus de ces croisees; sa derniere moulure se brisait en plusieurs portions de cercle reunies par des fleurons, et forraait comme une couronne autour d’un crucifix qui etait sculpte dans le champ de l’ogive avec deux autres figures; la trace de la croix se distinguait encore sur un fond d’azur seme d’etoiles d’or. 24 106 Entre les deux croisdes carries qui , de chaquc c6td , dtaient plus rapprochdes du Christ, on voyait une niche semblable ct celles des contrcforts; les statues en avaient dgalement dtd renversdes. Sous 1’appui de ces mdmes croisdes, on remarquait des especes de cadres de forme surbaissde; le dedans, creusd en maniere de niche, dtait rempli par desdcussons que soutenaient desanges agenouillds; celui aux armesde Troyes, qui dtait le premier a gauche, avait dtd seul conservd; les autres, qui ont dtd ddlruits a coups de ciseau, dtaient ceux du pape Sixte IV, de Louis XI, de la reine Charlotte de Sa- voye et celui du dauphin, depuis, Charles VIII. Unedldgante tourelle, terminde en cul-de-lampe profild en quarts de ronds, dtait constru'd e dans l’epaisseur du contrefort de Tangle, a main droite ; elle renfermait un escalier qui, du premier dtage de la maison conventuelle , conduisait au comble de la bibliothdque. Autrefois , ce comble dtait dclaird au midi par deux croisdes en charpente ddcordes de frontons aigus et de pilastres terminds en fleches, et orndes de fleurons; elles avaient dtd supprimdes depuis long-temps a cause de l’entretien. La mdme raison avait ddtermind la ddmolition d’une partie du cloltre qui prdcddait la chapelle. L’intdrieur de celle-ci dtait remarquable par son effet pitto- resque et par la puretd des courbcs que formaient les ardtes des voutes ; la retombde de ces courbes dtait soutenue par des colonnes engagdes, dont les chapiteaux dtaient ornds de sujets de TAncien et du Nouveau Testament , et de figures de vieillards vdtus de longues robes et tenant des rouleaux a la main, la plupart coiffds de bon- nets en forme de turbans. Sur l’un des chapiteaux, entre les fcndtres, le sculpteur avait reprdsentd Samson endormi sur les genoux de Dalila , qui lui coupailles cheveux. Sur un autre, Satan prdsentait une pierre a Jdsus-Chrisl pour le tenter. Puis, toujours au midi, vers le sanc- tuaire, on voyait saint Paul et saint Antoine, ermites, nourris par un corbeau qui leur apportait un pain. (PL 4.) Sur les chapiteaux des angles de la chapelle, c’dtaient des anges tenant des dcussons : surl’un de cesdcussons, on voyait un renard qui emportaitune poule, sujet fort peu ddifiant pour le lieu. Mais c’dtait siirement le blason d’un personnage qui avait contribud la construction de la chapelle. Sur les clefs des voi'ites dtaient sculptdes en relief des allegories sa- erdes et des armoiries peintes et dordes. Aux intersections des nervures de la voilte centrale, qui dtait & double pendentif, on voyait cinqmddail- lons, dont les plus petits, en forme de trefle, dtaient ornds des figures assises des pdres de I’figlise. Celui du milieu, forme de quatre portions decerclc rdunics par des fleurons, renfermait la figure du prophete filie, debout sur un charriot A quatre roues el environnd de flammes; toutes ces figures dtaient nimbdes. A la quatridme travde, la clef dtait ornde du monogramme du Christ, au milieu des rayons d’un solcil; et celle de la cinquidme travde, d’une sainte face, au milieu des rayons d’uue gloirc. Le mddaillonde la voiitedc la premidre travde, en entrant, n’avait rien de saerd : il avait deux sauvages pour supports, et Ton y voyait reproduit l’dcu d’azur avec le renard d’or qui emportait la poule, au bee et aux ongles aussi d’or. L’dcu dtait surmontd d’un heaume couronnd d’une torque et somrnd d’un renard tenant une poule dans sa gueule. (PI. 5 et suivantes.) II est inutile ici dc faire remarquer combien ces armoiries dtaient ddplacdes dans une chapelle; mais, dans le XV e sidcle, la vanitd avait souvent bien plus de part que la foi dans la fondation des mo- numents religieux; et les fondateurs, quel que flit d’ailleurs leur dtat, nefaisaient pas difficultdde se faire reprdsenter par leur blason d c6td de l’image de la divinitd. On voit qu’il y avait ddj& loin de ces temps a la primitive Eglise, ou la reprdsentation des saints personnages mdme dtait ddfendue dans l’intdrieur des dglises. L’ancien retable en pierre, construit avec le mur, dtait peint et dord; la partie infdrieure formait une espdee de soubassement ou piddeslal dlevd d’environ 2 metres 30 centimdtres; au-dessus de l’autel, le corps de ce piddestal dtait decord d’un bas-relief dont le travail avait dtd trds-soignd; il reprdsentait Jdsus-Christ mort au bas de la croix et environnd de la Vierge, de Saint-Jean, de la Madeleine, et d’autres personnages qui, dnasdiverses attitudes, pleuraient sur lui. Les draperies, ajustdes avec beaucoup de vdritd, faisaient regrelter que les tdtes des figures eussent dtd cassees par les malveillants ; dans le cadre du bas-relief, de chaque c6td, il y avait une petite niche ac- compagnde de pilastres ddlids,et dont le fond dtait peint en bleu cdleste. Sur la corniche du piddestal, qui dtait ornd de feuillages, s’dle- vaient deux pilastres terminds en pyramides; ils soutenaient une espece de dais travailld ii jour , dont la partie infdrieure dtait divisde cn trois petits arcs ornds de culs-de-lampe et de fleurons. Entre les pilastres, il existait trois statues que les vandales du dix-huitidme sidcle avaient fait disparaitre; les places qu’elles occupaient dtaient marqudes par autant d’enfoncemens Idgers dont le fond dtait peint en bleu. De chaque c6td du retable, i la hauteur du piddestal, on voyait dans le mur des demi-culs-de-lampe de pierre ornds de moulures et soutenus par des figures d’anges tenant en main des ldgendes et des dcussons; au-dessus, dtaient des clochetons semblables St ceux dont nous avons parld : ils couvraient la tdte des statues. (PL 3.) A droite de l’autel, on remarquait une niche du genre de celles appelees piscines ou l avoirs ; au bas, dtait une tablette i pans et creusde en forme de bassin avec un trou au milieu pour vider l’eau. La partie supdrieure, qui formait une saillie, dtait soutenue par deux pilastres et ddlicatement travaillde a jour dans le goht de celle du relable, dont elle dtait presque une rdpdtilion en petit. Le pavd de la chapelle dtait composd, en gdndral, de petits carreaux de faience d’un rouge brun, sur lesquels dtaient peintes enjaunedes fleurs de lys et d’autres ornements ; on y remarquait en outre plu- sieurs tombes gravdes en creux; pres de la croisde qui dclairait le sanctuaire, au midi, on en voyait une en pierre qui offrait la figure d’un homme reprdsentd debout , sous une arcade, ayant les mains jointes et l’dpde au c6td, et cn costume du temps de Louis XII. Au- dcssus de l'arcade, dtait gravde une tdte de mort avec ces mots : • Mors omnia vincit; et, de chaque cdtd, on voyait l’dcusson des armes de ce personnage, qui dtaient un chevron accompagnd de trois roses. Son dpitaphe,qui remplissail le cadrede la tombe, dtait ainsi congue: Ci-gist noble homme Pierre dc Vdliers cn son vivant Seigneur de Plaisy les Chas 1 qui Ircspassa le premier jour d’ Joust Van de grace mil cinq cens et xxjjj. Priei 1 Cliaas, hatneati prei da Bucey, & quinze kilometres de Troyes. Chapiteaux dela Chapelle dela Passion aux Cordeliers . 40 7 <— « /)/«« pour son atne et tous les trespasses en disant : Requiescant in pace L La tombe qui suivait dtait en marbre noir , au bas on lisait : « Cy « gisent Anthoine Pi thou , escuyer seigneur de Luydres et com- « missaire ordinaire des guerre s , qui dicdda le quatricmc « jour de mai MD. CXIX , et damoisellc Jeanne dc Hault sa « femme , qui trespassa le..,. » Us avaient inhumes dans un caveau qui 6tait sous cette tombe. Dans le m£me caveau, reposaient les corps de deux’Troyens c£l6- bres dans la r^publique des lettres : Pierre Pithou, sieur de Savoye, conseiller au parlement de Paris, mort en 1596, et Francois Pithou, sieur de Bierne, conseiller au mfime parlement , fondateurdu college de Troyes, mort en 1621 ; tous deux fibres d’Antoine dont nous venons de parler. Leurs dpitaphes ddcordes de cadres et d’armoiries ornaient autrefois le mur de la chapelle ; elles avaient dtd detrudes des le commencement de la revolution. Voici celle de l’aine qui l’avait composite lui-mdme : PETRI. PITHOEI. P.F. J.C.BENE. DE.SUA. BENE. DE. POSTERA. A2TATE. MERITI. CORPUS. MAJORUM. SEPULCRO. CONDITICM. RESURECTIONEM. ET. IMMORTALITATEM. HIC. EXPECTAT. R. I. P. CATHARINA. PALUDELLA. CONJUX. AMANTISSIMO. CONJUGI. LODOICA. ET. MARIA. FILI^. PATRI. OBSERVANDISS. La troisidme tombe du sanctuaire couvrait Robert de Chantaloe, i 2 sieur de Baire, mort en 1535, et Catherine Dorigny, sa femme, morte en 1530; elledtait en marbre noir, et, comme celle d’Antoine Pithou , decode d’dcussons aux armes du mari et de la femme , avec tous les accompagnements du timbre, cimier, etc.; les inscriptions dtaient gravies en relief et en beaux caracteres romains . 3 La plus ancienne et la plus curieuse de toutes ces tombes dtait celle du fondateur, Nicolas Guiotelli, mort en 1494; il y dtait repre- sent^ debout, sous unportique de style ogival, les mains jointes et revfitu desa robe de Cordelier, sur son bras gauche, <5tait pose un i Lors de la demolition de la chapelle, on trouva sous les tombes, a c6te descercueils, plusietirs petits vases en terre cuite a anse, qui, d’apres les cendres et le charbon qu’ils contenaient, avaient du vraisemblable- ment servir a bruler des aromates. » Robert de Chantaloe , aieul maternel des freres Pithou et l’un des bienfaiteurs des Cordeliers, avail donne le vitrail de la croisee du sanc- tuaire, sur lequel etait represente J.-C. lavant les pieds de ses apolres. Au-dessus de cette peinture on voyait les armes des Chantaloe avec celles des Dorigny. Sur la vitre de la croisee qui precedait, on avait retrace l’epouvanlable histoire d’une femme qui, pressee de la faim pendant le siege de Jeru- salem par Titus , fit rotir a la broche son propre fils etle mangea. rouleau portant ce passage dupseaume : Miserere met, Deus, et salva me. Autour de la tombe on lisait : II lc sub lamina jacet fratrumminorum pretiosa corona fr. Nicolaus Guiotelli virfama prmcitatus, dator insignis atquc minister provincial Francicc , annorum qui quinque et trigenti rector hujusce capellce et consecutus ken obiit anno domini millesimo quadringcntesimo nona- gesimo quarto , die quinta ociobris. Orate pro eo. Non loin de la tombe du docteur Guiotelli avait dtd inhume en 1499, mais sans aucune marque distinctive, le provincial Regnault de Marescot , qui contribua puissamment de ses deniers 5 Pachfcve- ment de la bibliotheque qui fut terming en 1481. 11 avait fait orner la chapelle de diverses peintures, dont il restait encore quelques traces litres, et fait mettre une inscription que nous n’avons pasvue, mais qui a dtd conserve par Courtalon : Sit , Francisce Pater , commendatus tibi frater Hie Reginaldus qui dedit illud opus. Sacra sit hose ara , paritir picturaque sistit Anno quem breviter hie numcrare potes. 1487 4 . Sur la mdme ligne, 4 gauche, on voyait une autre tombe en pierre consacrde & deux amis; ils etaient reprdsentds debout, sous un dou- ble portique, vdtus de longues robes et se tenant par la main. Au- dessus de leurs tdtes, on lisait d’un c6td Pair ou Rien, et de l’autre Trois sont Ung , qu’ils avaient pris pour devise. La date del534, qui est celle de leur mort, dtait gravee sur un pilastre du portique ; au bas de la tombe on lisait ces vers : (?Ubessoubs gisent inhumes £es corps be beur parfaits amps &ui en leur temps se son! airnes , Slutant que Staple's et Simps 5 pierre be £oemtj premier mis fut, puis Nicolas SKaurop, ^>our ces beur amps cUsoubmis ^riej 3 c6ll$ puissant 9^op. s Cy gisent Robert de Chantaloe , en son vivant escuytr , seigneur dt Baire , et damoiselle Katherine Dorigny sa femme , lesquels trespasserent a savoir ledict escuyer, le cinquiesme jour d'avril mil cinq ccns trente cinq, ct ladite damoiselle, le vingt-cinquiesme jour dudict moys cinq cens et trente. Priez Dieu pour les trespasses. 4 Regnault de Marescot avait donne a la chapelle de la Passion un pu- pitre en cuivre richement travaille et un beau calice en vermeil qui por- tait ces mots graves sur le pied : Non venundetur , ce qui empecha qu’il fut vendu, en i689, lorsque le roi de France fit vendre les argenteries des sacristies. 5 'Voyez le roman intitule Miles et Amys. Paris, anth. Verard, in- fol. gothique, fig. 108 Enfin,une autre tombe en pierre, plac^e A la tftte de cette derntere, couvrait le corps de Jacques Hennequin, docteur et recteur en theo- logie de la maison de Sorbonne 1 ; il etait repr&enUi sous une arcade d’ordre ionique, en pied, le bonnet en t£te et tenant unlivre A la main. Jacques Hennequin £tait n6 A Troyes, et il avait laissd a sa patrie un souvenir de son attachement pour elle en donnant A la mai- son des Cordeliers tous les livres qu’il posssidait A Paris , A condi- tion que la bibliotheque serait publique et que ses coucitoyens en jouiraient & perp6tuit£. Le contrefort oblique proche l’entr^e de la chapelle , sous la gale- rie du clottre, <5tait couvert d’anciennes peintures fort curieuses que le temps avaient alterties, mais dont le sujet se distinguait encore parfaitement : c’&ait le jugement dernier. Dans la partie sup^rieure, on voyait le Christ revAtu d’un manteau de pourpre, assissur un trAne et les deux bras Atendus. A sa gauche, Atait une ApAe nue avec ces mots : Ite maledicti, et, & sa droite, une tige de lys, avec ceux-ci : Venite justi , Perils sur des rouleaux dAployAs. Autour de lui Ataient des groupes de chArubins, et ses pieds posaient sur le globe du monde. Au-dessous, les sept anges de l’Apocalypse, revAtus de robes blanches, sonnaient de la trompette. A la gauche du Christ, on voyait Saint-Michel, tenant d’une main la balance d’or, dans laquelle des anges plagaient les Ames des Alus, de l’autre main, l’Archange combattait Satan avec la croix, et le foulait A ses pieds. Au c6tA oppose, des demons entrainaient des reprouves. La partie inferieure de la composition representait une vaste prai- rie remplie par une multitude de figures des deux sexes, dans des attitudes varies de suppliants, la plupart nues et plus ou moins hors de terre, pour exprimer le moment de la resurrection. On remar- quait que les seules figures qui fAssent entierement vAtues etaient couvertes d’une robe de Cordeliers; on pense bien, du reste, que le peintre par courtoisie avait place ces bons peres du bon c6te. La salle de la bibliotheque etait, pour 1’etendue et la construction des voAles 2 , une repetition presque entire de la chapelle sur laquelle elle regnait; elle n’en differait, nous l’avons dit, que par le nombre et la forme de ses croisees , etant edairee des deux c6tes ; deux de ces fen6tres qui correspondaient Ala travee du milieu, au midi, etaient ouvertes en ogive, divisAes par un meneau soutenant deux arcs plus petils , aussi de forme ogivale etornesde trefles. A lameme travee, la voAte n’offrait comme le reste que de simples nervures croisees. On y remarquait encore aux clefs des voAtcs des ecussons armoi- ries, peints et dores. Sur l’un, un chAne d’or surmonte d’un chapeau de cardinal, et, sur un autre, tenu par un auge, etaient peints deux bras nus croisesavec les stygmates aux mains; e’est le symbole de Saint-Frangois. La date de 1591 etait gravee sur ce dernier ecusson, ce nc peut etre celle de 1’achAvemcnt de la bibliotheque, car cet ecus- son paraissait rapporte. Les colounes assez peu AlevAes etaient appliquAes comme cellcs de la chapelle, et les chapiteaux, composes de figures drapees, reprAsen- i Cj gist venerable discrette personae maitre Jacques Hennequin, doc- teur et lecteur de la maison dc Sorbonne , lequel decida le dernier iTaout. MDC. LXl. • La voQte, comme celle de la chapelle, avait sept metres de hauteur tous clef. taient des docteurs tenant de grands rouleaux deployes; l’une deces figures portait des lunettes. (PI. 5 et suivantes.) L’entree de cette salle etait percee, A l’orient, precisement au-dessus de l’autel de la chapelle; e’etait une porte surbaissee dont la baie etait fouillee de gorges separees par des filets qui se reunissaient sous le linteau creuse en pointe d’ecu renverse , avec une corniche A quel- ques centimetres au-dessus ; on y arrivait par un large escalier de bois place sur le plancher du premier etage de la maison conven- tuelle. Au bas de cet escalier etait la porte de la tourelle, A demi suspendue en encorbellement, qui menait aux combles de l’edifice. Les deux vantaux de la porte, en panneaux pleins dans leur partie in- ferieure, etaient ou verts A jour dans le haut et formaient des petites arcades ogivales reunies par des trefles; la serrure sculptee, en fer, etait parfaitement conservee. Comme celui de la chapelle, le pave de la bibliotheque etait com- pose de petits carreaux de faience disposes en grands compartiments et encadres par des lignes de carreaux de terre tout unis. Les pre- miers etaient ornAs de fleurs-de-lys peintes en jaune; on y remar- quait de plus des figures grotesques dans le genre de celles de Callot, dont elles n’etaient peut-etre que des copies. Toute la boiserie de la bibliotheque merite d’etre menlionnee. C’etait aux deux extremites un ordre dorique dont les pilastres avec entable- ment etaient surmontes d’un attique et couverts de guirlandes de fruits; apres chacune d’elles, on voyait grimper un enfant nu qui ne manquait pas degrAce et de naturel, et, entre les fenetres, sur un soubassement uniforme, s’elevaient des especes de buffets, alternali- vement couronnes de frontons triangulaireset circulaires, surmontes d’un vase. Le cloitre formait un retour d’equerre avec la chapelle de la Pas- sion, sur le bras de la Seine qui en baignait les murs ; puis, retournant parallelement A cette chapelle, sur la rue du Chant-des-Oiseaux, il etait ferme d’une suite de piliers de forme bizarre, poses alternative- ment avec des colonnes A six pans sur un soubassemeut commun. Ce soubassement etait interrompu en trois endroits pour donner passage A une voiture au besoin. Une vohte ogivale en planchettes, dont toutes les courbes etaient profilees, couvrait ce promenoir et reposait sur une espece d’architrave fouillee de gorges , assembles avec des pieces de tirage chargees de filets, sur lesquelles s’appuyaient les aiguilles ou poingons qui en soutenaient le faite. Les chapiteaux des piliers etaient charges de feuilles de choux et de chicorees, tres-soigneusement elaborees. Ceux des colonnes prA- sentaient des figures d’animaux du plus mauvais choix, et bien peu propres A leur servir de decoration. On y voyait deux oiseaux combattant,dout l’un saisissait l’autre par le col; un chien et un chat se disputant des aliments dans un plat ; deux chiens s’arrachant un os; et, enfin, deux pores se mordant reciproquement la queue. Ce choix ignoble ne dAplaisait pas aux moincs; alors les artistes avaient le champ fibre poursuivre leurgoAt, et il faut convenirque si leur intention a ete d’exprimer quelque allegorie, ils 1’ont rendue d’une maniere assez grossierc. On retrouvait encore sur plusieursde ces chapiteaux, l’Acu avec le renard emportant la poule, probablc- ment que le personnage que ce blason rappelait, avait aussi contribuA puissamment A la construction de ce promenoir. Sur les faces extArieures des gros piliers, on voyait des petites ni- s— > \ 09 « — E ches termim'es en cul-de-lampe, en’our^es de branches mortis cu du cordon de Saiat-Frangois dont les noeuds muliiplit's formaienl Tor- nement. Une porle d’entr^e ^lait ouverle sur la rue du Chant-des-Oiseaux, enface de lacroisfe centralede :a chapelle-, la baie en etait coniine toutes celles de ceite fyoque , creustie de gorges sfpar^es par des filets qui se repliaient sur le bandeau droit, pais sVIevaient pour se nhinir en accolade rempliepar un ecu fchiquete, suspendu a une courroie et charge du monogramme du Christ ea majuscules gothiques. Tous ces profils ne formaient au dehors aucune saillie it cause du pen de largeur de la rue en cet end: oit. Lc pout qui exisle encore a Tangle de ce cloilre est appelk Pont des Cordeliers. Sur Tun des bouts du parapet fait en dos d’ane, est gravee la datede 1G73. Au milieu, au midi, une pierre d six pans se remarque sur ce parapet dont elle fait parlie, c’dtait le pied d’une croix de pierre abaltue en 1792. \ Nous allions oublier de parler d’un groupe dc ncuf figures qui offrait quelqueint par le sieur Gauthier , sculpteur du Roy ; il cite encore avec la meme complaisance, une allegorie , ouvrage en bronze dore, applique sur marbre blanc, relative a l’attental du 5 janvier 17.V7, sur la personne de Louis XV, executee aussi par le meme staluaire, et aux frais de M. de Chauvelin, qui fut abbe du monastere pendant trenteaus. » 120 < — 52 a la fois. 11 n’y a que le peu d’ornement qu’on y trouve et les ogives des grandes voiltes de la nef qui rappellent l’epoque de tran- sition. Nous avons dit que la nouvelle construction etait sur un plan plus large que la nef, ce qui rendait le raccord difficile, ou presque impossible, aussi le moyen qu’a employe rarchitecte est-il aussi bizarre que singulier ; il a imagine d’obliqucr la dernitlre arcade romane de la nef, et de la briser ft son sommet pour aller chercher le pilier qu’il avait construit plus en arriere , ce qui l’a oblige de refaire le dernier arc doubleau des bas-chtes, puis de reconstruire au-dessus le mur en pan oblique en supprimant les fenfires. Cette direction oblique qui se voit au dehors de legiise , ne pouvait pro- duire, ou le pense bien, qu’un tres-mauvais effet. La porte de la nef, qui appartient aussi au style roman, est dc'cori’e de coloncltes .engages dans des angles droits rentranls ; m^naggsdans labaie,ces colonnettes, au nombre de deux de chaque cot6, supportent un plein-cintre ornd de boudins et de filets de diffe- rent grosseurs, qui en forment la parlie supt'rieure. Les chapiteaux sont garnis de feuillcs plates lfgerement roulees i leur extremity, et le tailloir arrondi forme imposte en se prolongeant sur le mur. Les pieds-droits , ainsi que linteau, sont ornes d’un talon sur leurs artHes, et un double socle, dont la base est forage de deux tores mtfplats, supporte les colonettes. 11 se peut qu’il y ait exists autre- fois des sculptures sur le tympan , mais nous n’avons pu en decou- vrir aucune trace 5 cause ds la couche epaisse de badigeon dont il est recouvert. Le portail dtait assurement termini; par un pignon , mais il a dtd detruit pour appuyer le mur de la tour qui precede la nef, et qui a t s td construite il y a environ une soixanlaine d’anndes. A l’ext^rieur, les murs de la nef et ceux des bas-c6tfs sont cou- ronnes par une corniche saillante, formsle d’une doucine raide et soutenue par des modillons de formes varies, dont le dessin peut scul donner une idCc bien exacte. Les uns sont ornds de zigs-zags ; piusieurs sont profiles en quart de roud et en consoles roulc’es i leur extri-miti;; enfin, on voit sur les autres dcs billettes et d’autres or- nements. Quelques contreforts anciens ont conserv6 leur forme pri- mitive , e’est-i-dire qu’ils ont tres-peu de saillic, et que leurs retrails sont iudiqiu5s par des plans inclines et sans larmiers. Le cceuret les transepts, rebAtis au XVI e .siecle, sont d’une con- struction bardie et pousstle meme jusqu’A la temerity. L’arcliilecte n’a employe que quatre piliers isolds et tr£s-legers pour soutenir une <5teudue de vohte de plus de vingt metres en tout sens ; un scul de ces piliers occupe l’espace entre la nef romane et le sanctuaire golhique: cet espace, ainsi divise , forme deux travees accompa- gnees dc bas c6l(is aussi larges et aussi elevtfs que la voiile centrale. Il rt'sulle de cette disposition simple et belle un double transept qui donne bcaucoup de lcgeret6 et de grandeur il l’inWrieur de ledifice, que de belles fenelrcs ogivales cclairent trop vivement peut-Atrc , pri- vies qu’elles sont de leurs vitraux peints. L’intrados dcs voAtes est soutenu par des nervures il profils mul- tiples, et dessineul par leurs intersections des comparliments et des tHoilcs d’un effet gdui'ralemenl agreable. Mais comme nous 1’avons fait remarquer, ces vofites ont trop de portae, et les contreforts, malgrii leur Olevation et leur saillic, n’ont pu rOsister J la pousse'e des arceaux , ni empfeher les deux pi- liers isolds des transepts de se dieter eonsiderablement. Ce mouve- ment a ebranlg loutes ces belles voiltes, sous lesquelles on n’ose plus passer aujourd'hui sans fyrouver un vif sentiment de crainte. Dans piusieurs endroits, elles ont fait disjonction avecles murs,et elles sont tombees en laissant leurs nervures suspendues et il jour comme les cdles d’un immense squelctte. A une epoque drjA recuse, on a tenti 5 de soutenir les piliers par des murs dc refend et par des arcs-boutants ; cette operation n’a pas empGche le mal de faire des progres, et ils sont aujourd’hui si rapides qu’il est il craindre que, faule de reparations faites a temps, cet edifice ne croule entierement et ne puisse jamais etre re- leve. Celle crainte est d’autant mieux fondee que les habitants de Montieramey, comme ceux de tous les villages qui se sont formes autour des abbayes, n’ont pas un centime de revenu. Le retable scu'pte en bois de ch£ne du principal autcl provient de l’eglise abbatiale demolie, comme on l’a dit, il la revolution : e’est un ordre corinthien il colonnes torses, couvertes de pampres, portant ressaut d’entablement , surmonte d’un fronton circulaire coupe, et dont chaque partie est terminee par une rosace d’ou s’echappe une guirlandc de fruits. Du tympan nail un aniortissement en ligne courbe rentranle portant corniche, et surmonte d’un vase de fleurs. Deux vases semblables, d’ou sortent des flammes, sont places a l’A- plomb des colonnes. Cet autel est un ouvrage du XVIl e siecle. Les cinq grandes fenetres de l’ubside sont il deux meneaux ; elles etaient ornees de beaux vitraux peints qui malheurcusement sont, la plupart, mutiles. Dans la premiere, il gauche, on voit en haut le martyre de saint Sebastien, puis celui de saint Etienne; au bas un Saint-Victor avec les figures des donateurs; dans la croisce suivante, un Christ avec la Madeleine au pied de la croix. La fen^tre du milieu a 6U 5 rnur^e dans toute son ^paisscur, en 1674; on a seulement mc 5 nag<5 un ceil-de-bceuf dans la parlie sup<5- rieure. A la premiere fenfire, il droite du sanctuaire, est une gri- saille exteutfe en 1549, comme on le voit par le millOsime tract 5 sur le verre. Dans le haut, le Pere kernel cn tiare et en chape papale ; au-dessus le Saint-Esprit ; au-dessous Jt'sus-Christ avec le nimbe, et plus bas la Yierge tenant l’enfant Jt ! sus , au milieu d'une gloire flamboyaule, et le croissant sous ses pieds. Dans les panneaux il droite et il gauche du Christ sont les apolres, tous nimbes, et les comparli- ments, de chaque cotd de Dieu le pfcre, sont occupfs par dcs anges tenant des harpes d’or. A la parlie inferieure de la fentHre c'taicnt les figures dcs donateurs, dont il ne reste plus que quelques frag- mens. La deuxieme fenClre du sanctuaire n’offre plus de mCme que des fl agmens d’une teinte fortement eolortfe. Un clochcr ou fleche recouvertc d’ardoise s’elevait au-dessus de la voiite centrale de legiise de Montieramey ; il a etc detruit cn 1838 , lors des reparations faites il l’cxti 5 rieur de l’edifice. En descendant la butte sur laquellc legiise se trouve placfc , on peut voir le billimcnt abbatial au fond d'une cour que traverse la Barsc. Cette maison modernc, dont est aujourd’hui pcssesseur M. Lcrouge, maire dc Montieramey, n’offre qu’un premier etage 5 neuf croisi'cs de face, avec uc fronton. Une partie du logement des moines se voit aussi sur la droite , un peu en avant ; il est construit en bri- ques du pays . avee des bossages en pierre de taille aux angles et aux baies des portes et fenetres. Sur un pignon aigu qui[s’ i27 employees qud des strangers qui V emportaienl , el ne saurait- on Id oh ; ce sont les termes du mandement qu’il fit publier a cet effet. L’csperance de Raguier nc fut point trompee : les habitans de Troyes et les autres diocdsains contribudrent avecjoie 5 l’achevemeut deleur dglise Cathddrale. Dt s ji les travaux avancaient avec rapidity, forsqu’un incident les fit interrompre. Les fouilles qu’il fallut faire pour asseoir les fondements ayant intercepts le passage de la Grande- Rue sur laquelle se trouve la tour qui est achevSe, les officiers mu- nicipaux s’opposerent 5 ce qu’elles fussent continuees de ce cdtS, jusqu’ti ce qu’ils eussent fait vender le terrain. Pendant quel’affaire Gait en suspend, le roi Louis XU passa & Troyes, et les chanoines le supplierent de faire cesser l’Slat d’incertilude ofi ils se trouvaient. Ce bon prince vSrifia lui-mSme le fait , et donna au Chapitre des lettres-patentes datSes du mois d’avril 1510, par lesquelles il l’aulo- risait ci faire continuer les travaux, taut eu consideration de la grande devotion el rdverence qui etaient cn ladile iglisc Calhcdrale pour la benoite Vierge Marie , mire du Sauveur et saint Pierre el saint Paul , que pour la grand largeur force et espesseur des fondements qui sont desia hors de terre en tris-grandc et singuliere grosseur et beaulte. En 1511 , les chefs des compagnies et de la bourgeoisie furerit consults par 1’SvSque pour decider s’il convenait de continuer la tour commencde, ou de commencer celle qui etait 5 Sieve r du cote de le- veche. Martin Cambiche, Garnaches, Jean Railly et Jean de Sois- sons, magons, furent appelds 5 cette deliberation dont le rdsultat fut que la tour du c6te de l’dvdchd serait commencde. Le pape Ldon X, par une bulle datdedu 15decembre 1515, ac- corda des indulgences a ceux qui contribueraient de leurs deniers h la construction de l’eglise de Saint-Pierre de Troyes. Le 24 octobre de la mdme aunde , le chapitre fit donner huit ecus d’or pour gratification a Martin Cambiche qui dirigea les travaux jusqu’au 8 juin 1519, et Jean de Soissons alors lui succdda dans la conduite des outrages de maqonnerie ; ses gages furent arrdtds 5 40 sous par sema:ne,ci la condition qu’il n’abandonnerait pas les travaux qu’ils ne fussent acheves, hors le cas de mort. Le 8 juillet 1550, Jean Bailly qui venait de succdder 5 Jean de Soissons , fut appele au chapitre pour y exposer les moyens d’achever la tour, etle 5 janvier de l’annee suivante, les chanoines ddciderent qu’on affermirait la base du clocher par des poutres buttantes contre l’effort des vents qui menagaient de le renverser '. Ce clocher, sur la construction duquel nous nous sommes eleudus prdsentait aux nudes une poiute perpendiculairement dlevde 5 la hauteur dc 324 pieds ; il ddpassait de 180 pieds le comble de l’dglise, et la croix avait 9 pieds 9 pouces de hauteur. La propridtd qu’ont les pointes aigiies d’attirer le feu du ciel , causa plusieurs accidens, dont le dernier faillit ruiner l’dglise en- tire. 1 Le clocher, avec ces poutres buttantes, est represente dans quel- ques vues de Troyes, gravees poslerieurement a 1600, el notamment celle qui porte la date de 1621, dans laquelle on voit plusieurs des anciens monumens de la ville qui n’ existent plus aujourd’hui. s l'rancois De Chavigny, et Denis-Frangois De Chavigny, soil neveu, En 1526, il fut frappd du tonnerre qui l’endommagea ldgere- ment. Le 25 mai 1556, le tonnerre y occasionna une reparation considerable. Le 29 avril 1579, il n’enleva que quelques ardoises. Le 28 avril 1618, il le frappa h une heure apres midi , et mil le feu & une fendlre qui dtait au-dessous de la croix. Le clocher et l’dglise durent leur conservation au zele de Pierre Dadier , grand- chantre et neveu du cdlebre Rend Benoit, curd de Saint-Eustache de Paris, nomtnd par Henri IV, en 1595, & l’dvdchd de Troyes. 11 osa aller dteindre le feu avec uneseringue de niardchal. Le 30 septembre 1640, le feu du ciel l’endommagea considdra- blement. Le 6 mars 1677, il le toucha, et lui donna une violente se- cousse. M. Mallier, qui dtait alors 5 une fendtre de son dvdchd, vil tomber le tonnerre. Le 3 juillet 1697 , il le frappa vers les cinq heures du soir, et y occasionna quelques rdparations. Enfin, la nuit du 7 au 8 octobre 1700, 5 uue heure apres mi- nuit, il toucha l’exlrdmitd de la fldche, et y rnit le feu au-dessous de la croix. Il ne parut, pendant plus d’une heure, que comme la lumidre d’un flambeau qui brOle sans se communiquer. Plusieurs personnes se rairent en devoir de l’dteindre avec des seringues et des dponges ; mais le plomb qui commengait 5 |ondre les obligea de se retirer , malgrd la precaution que quelques-uns avaient prise de s’armer la tdte d’un casque. Prds de trois heures se passerent avant que le feu flit descendu jusqu’ii la base du clocher. Lorsqu’il y fut arrivd, son activite, animde par la fonle des cloches et du plomb qui environnait toutes les parties de cette base, agit en nidme temps sur les quatre parties de la couverture et sur la charpentc qui la soute- nait; tout fut rdd iit en cendres dans l’espace de trois-quarts d’heure; Fair dtait alors tres-calme. La tour courut un grand danger, mais elle fut defendue du feu par le pignon du mur qui fermait 1’dglise en 1492. La statue colossale de saint Michel, qui terminait ce pi- gnon, altdrde par le feu, se ddtacha la nuit suivante avec la barre de fer qui la tenait 5 lacharpente, perga la vohte et dcrasa trois ouvriers qui buvaient alors ensemble. Les vohtes, les vitres, le corps mdme de lVglise se trouvdrent dans l’dtat qu’il est aisd d’imaginer , el le 10 octobre, le Chapitre reprit le service divin dans la chapelle de l’dvdchd, par les matines dont les legons dlaient du 4 me chapitre du l er livre des Machabdes. Le 20 du mdme mois fut celebi e par une station 5 Saint-Jean, & la fin de laquelle tous les ordres de la ville, avec les deux dvdques 2 5 leur tdte , vinreut en procession gdnerale chanter sous le portail de la Cathddrale , au milieu des ruines et des ddbris de l’incendie, les traits Dominc , non secundhm, etc. , et Miserere , Dominc, populo tuo, etc. : edrdmonie touchante qui fut , A diverses reprises, interrompue par les sanglots de toute la ville assemble dans la place 3 . en faveur duquel il se demit de son eveche en 1697, et se retira aux Chartreux de Troyes. 3 Voir la Iettre d’un ecclesiastique de Troyes a un de ses amis, sur l’incendie de la Calhedrale de la meme ville, arrive le 8 octobre 1700, imprimee a Troyes, cliez Charles Briden et Jacques Oudot, rue dn Temple, 1700. 128 <-« L’tfglise resta quelque temps couverte seulement de perches, de planches et de paille , que sur l’invitation de l’dv^que on y amenait de tous c6fos. Mais les secours considerables accordes par Louis XIV, ceux des personnes en place et des gens riches , les collectes que fit faire le Chapitre par ses deputes ', les bois fournis en pur don par M. Bouchu, abbe de Clairvaux, M. de Mesgrigny, marquis de Vendeuvre, ct les PP. Chartreux, hbterent le retablissement de ce grand edifice, qui fut remis en l’etat ou nous le voyons, vers la fin de l’annee 1705. M. Feuillet, charge de ce qui regardait la macon- nerie, employa, pour la reparation des vobtes, des echafauds vo- lans de son invention , tres-ing£nieusement imagines. On lit sur une lame de cuivre attachee a l’aiguille de la charpente du rond-point , au-dessus du grand autel , l’inscription suivanle : ANNO DOMINI M. DCC. 1111. Materiaria hoius XEMPLI STRECTURA, VIII OCTOBRIS M. DCC. FCLMINE TACTA ET INCINERITA , RESARC1RI COEPIT LIBER ALITATE ET MUNIFICENTIA LCDOVICI MAGNI, BENEFI- CENTIA ILLUSTRISSIMORUM PRiESCLCM , DlONYSII FRANCISCI Bouthillier de Chavignytrecensis episcopi et Francisci Boutuillier de Chavigny illius patrui et antecessoris CORA ET SEMPTIBCS HE1CS ECCLESIjE CAPITELI , LARGITATE CIVIUM, CONSPIR ANTI BUS AD RESTRUENDUM jEDI SACRJE PRISTINUM DECUS OMNIUM VOTIS. En 1 718, pendant la vacance du siege , le Chapitre fit retablir les vobtes du choeur, qui avaient considerablement souffert de l’incen- die du grand comble. Pendant cette reparation , qui dura depuis le 25 avril jusqu’au 30 juillet suivant , l’office divin se fit dans la nef Ob I on avaitdresse un autel. En 1750, on travailla encore 5 ces vohtes qui n’avaient pas ete parfaitement consolidees, et on profita des echafauds pour retenir les vitres qui etaient, comme on l’a dit, fort endommagees. Le succes de cette operation est dt't au zele et aux soins de M. l’abbe Michelot, chanoine, que le Chapitre avait prie d’y veiller. EXTERIEUR DE L’EGLISE. GRAND PORTAIE, PORTES EATERALES, ROND-POINT. La facade priucipale, qu’on appelle vulgairement le grand portail, presente dans son ensemble une largeur de cent cinquante-neuf pieds, compris la saillie des contre-forts lateraux, sur une elevation de quaire-vingl-dix-huit pieds six polices depuis les dalles du parvis jusqu’A l’appui de la balustrade qui r£gne au-dessus de la rose ; la tour a de hauteur perpendiculairc jusqu’i sa plate-forme, cent qua- 1 Suivant nos Memoires, les gens originaires de Troyes, et 6tablis ailleurs, se firent nu devoir de conlribuer a cette collecle. Ils parlent nommement de M. Corps, marchand etabli a Paris, qui donna 2,000 livres. * Dans les premiers temps du chrislianisme, ces portes, qui corres- pondent aux trois divisions interieures de l’eglise, avaient une destination speciale; celle du milieu, ou la grande nef, etait reservee aux ceremo- nies religieuses; l’aile droite etait deslinee aux bomme et celle de tre-vingt-douze pieds , et les deux tourelles qui la surmontent ont chacune trente pieds d’^fovation. Ouatre grands contre-forts qui s’devent d’un c6fo jusqu’au cou- ronnement de la tour, divisent cette facade en trois intervalles occu- py par des voussures ou porliques, sous lesquels sont perches les trois portes obligees que Ton remarque ordinairement aux £glises de cette importance, et particulierement aux Callfodrales Ces portes sont partag^es chacune en deux ouvertures par un pilier ou trumeau qui , formant une double baie , soutient de chaque cbfo un linleau dont la ligne en arc surbaiss6 indique d^jA la deca- dence de cette belle architecture religieuse des XIl e etXllI* siecles. Devant chaque trumeau il y a un pfodeslal hexagonal, engage et dleve de terre de neuf pieds quatre pouces. Ces pfodestaux portaient autrefois des statues qui ont ete brisees 5 la revolution. Sur celui du milieu etait celle de N.-S.-J.-C., Sauveur du monde, represente tenant de la main gauche un globe surmonte d’une croix, et de la droite donnant sa benediction. Du cdte gauche on voyait saint Pierre, et de l’autre c6te saint Paul , du nom des deux tours sous lesquelles ces statues etaient placees. La tradition les attribuait tk Francois Gentil, sculpteur habile qui florissait & Troyes vers le milieu du XVl e siecle 3 . Les deux baies de chaque porte sont decodes d’une sorle de chambranle compose de filets de moulures entre lesquels est une gorge remplie de feuillages, de figures d’enfans et d’animaux ailes presqu’entierement detaches du fond. Un arc surbaisse compose des memes moulures et des memes ornemens, relie ensemble ces deux chambranles dont les profils font aussi tout le tour de l’ogive au- dessus; dans le champ de cette ogive, qui est absolument plat, on voyait en relief des piliers ldgers ou menaux entre lesquels dlaient placdes,3t difforentes hauteurs, des petites statues porfoes sur des demi-culs-de-lampe ornes de feuillages. La decoration interieure du trumeau de la porte du centre servi- rait 5 constater lepoque dc sa construction, si d’ailleurs elle n’etait caracierisde dans tout le portail par le style qui lui est propre. Ce sont les figures repefoes du porc-dpic, de l’hermine et de la Sala- mandre, embfomes de Louis XII, d’Anne de Bretagne et de Fran- gois I er , que 1’on voit sculpfoes en bas-relief entre les petits pilastres qui correspondent aux angles que formeut entre elles les difforentes faces de ce trumeau. Les voussures qui forment les porliques se fotrecissent a mesure qu’elles se rapprochent dc l’ouverture des portes ; cette disposition en ligne oblique, dont l’idde, comme nous le verrons plus tard, appar- tientaux siecles antdrieurs, est d’un assez heureux eflFet ; elle pcrmet 5 l’ceil de saisir lout ii la fois l’ensemble des lignes ct toute la ri- chesse des details. gauche aux femmes. Description de la Catliedrale dc Reims, par M. De Jolimout. * Dans la Description de la France, composee vers la fin du seizieme siecle par Fraucois Desrues, et depuis imprimee a Troyes, Chez Yves Girardou, il est parle, a Particle Troyes, de F. Gentil, sculpteur tant renomme par les outrages qu il a si bien fails, tant en ladite ville en plusieurs places, que hors d'ycellc. , Jy- 1 2 , J." ' / I I £ ' 1 - - l£' ift t ’ * m a— > 129 Le portique du milieu, beaucoup plus grand , est aussi plus onk; la coupe de l’ogive est trftskkgante, et les contours inkrieurs de la voussure sont enrichis de nombreux filets de moulures qui , retom- bant verlicalement sur la base des contre-forts, occupent ici la place des colonnes que Ton voit ordinairement soutenir les arceaux dans les constructions ankrieures au XV e siecle ; mais il n’en a pas ek employ^ une seule dans toute la decoration de ce portail. A cette epoque, par le tksir peu reflcchi de creer, ou bien pi u tot dans rim- puissance de ctker, on substituait, aux formes gracieuses et arron- dies , les formes anguleuses et tourmenkes. Qualre rangs de riches festons dont les courbes sont kunies par des culs-de-lampe ornes de feuillages, decorent les arceaux formes par les filets de moulures dont nous avons park. Les iutervalles que laissent ceux-ci entre eux forment des gorges assez profondes, remplies en haut par deux rangs de petits dais ft plusieurs pans, delicatement travailles. 11s abritaient et portaient altcrnativement des figures d’anges et de vieillards sculptes A mi-corps, que Ton y voyait avant la revolution ; elles etaient au nombre de dix-huit au premier rang , et de seize au second. Des pkdestaux engages , ft plusieurs pans et au nombre de trois de chaque c6k , remplissent en bas la cavik de ces gorges. Leurs bases sont supporkes par celles des contre-forts, dont elles n’en excedent pas la saillie, et leurs difkrentes faces sont decokes de pilastres kgers et d’ogives, dans l’intervalle desquelson remarque des arabesques d’un travail extkmement d&icat. Le goftt du dessin peut indiquer le moment pkcis de la renaissance, auquel n’appartient pas , comme nous l’avons fait remarquer , l’architecture de ce por- tail , ankrieure de trente ans ft la sculpture de ces jobs arabesques. Au-dessus des pkdestaux, on voit dkkgans clochetons travailles J jour, ajusks de nkme dans la profondeur des gorges oft ils abri- taient de grandes statues qui n’ont pas, comme on le pense bien, (5k dpargn^es par les iconoclastes de 1793. Une branche de chCne contourike en rinceau, remplit l’inter- valle des deux premiers filets de moulures dans tout le contour de la voussure ; mais on remarque surtout un cep de vigne charge de fruits et de figures d’oiseaux presqu’entierement dtitaclks du fond. Le sculpteur a indiqm 1 . au bas de ce cep lkpoquc de la vendange par un homme debout foulant le raisin dans une cuve, avec un autre qui y monte, le dos charg<5 d’une hotte pleine. La decoration des portiques lakraux est absolument la nkme que celle du portique du centre, et ne differe qu’en ce que les premiers dtant moins profonds, il n’y a dans la voussure que deux rangs de festons et qu’un seul rang de petits dais. Un rinceau de vigne, charge de fruits, remplit de nkme jusqu’ft leur base l’intervalle des filets de moulures. Les quatre grands contre-forts du portail sont aussi couverts d’or- nemens , mais ils pksentent entre eux quclques varkks : ceux qui s^parent les portiques ont une forme arrondie, et leurs difkrentes faces sont decokes jusqu’ft la hauteur de la deuxkme galerie de plusieurs rangs de longues niches, accompagnks de pilastres ter- mines en fleches fleuronnks , et fouilks eux-nkmes de plusieurs petites niches surmonkes aussi comme les premiers de clochetons fort riches, et d’une grande delicatesse de travail. A la hauteur des pkdestaux du portique, on en voit trois aulres dans la partie la plus avanck du contre-fort; leur forme est arrondie, et ils portaient de nkme des statues de grande proportion, entre lesquelles on remar- quait celles de saint Louis et de saint Charlemagne, exkukes en 1550, aux frais de deux bourgeois de Troyes, qui en avaient de- mands les pierres au Chapitre de la Cathedrale, le tout pour em- beltirlc frontispice des tours et du portail de ladite cglisc , aiusi qu’i! est dnonci5 dans le rcgistre. Immediatement au-dessus des portiques, regne une galerie bor- dt-e d’uue balustrade divisee en trois parlies par les contre-forts entre lesquels elle forme comme autant de tribunes sepakes; celle qui surmonte la porte centrale est beaucoup plus eleke , et communique aux deux autres par des escaliers pratiques dans lkpaisseur des con- tre-forls '. D ekgantes fleurs de lis ajuskes dans des trefles decoupds ft jour, et reunis par des petits pilastres, composent la decoration de cette balustrade. Un pignou aigu, dont les rampans commencenl ft la naissauce des ogives , forme le couronnement pyramidal des por- tiques ; celui du centre est onk, dans la base du triangle qu’il forme avec la balustrade , de trois niches decokes comme toutes celles que nous avons dkrites, de petits piliers et de kgers cloche- tons. Celle du milieu £tait occupk par un groupe de la Vierge , tenant le Christ mort sur ses genoux; les autres lktaient par les figures de saint Jean et de la Madeleine , repksentks debout. Le haut du tympan est divis6 par de kgers meneaux ou montans relks ft difkrentes Jiauteurs par des ogives et des trefles, dont les intervalles sont perces entierement ft jour. Les rampans de ce pignon sont enrichis de gros chardons, et alternativement de figures d’a- nimaux du genre appek dragon. Sur l’arkte de ces rampans, skle- vent des petits pilastres tounks sur Tangle , rattaclks par des cour- bes ou festons ren verses , enrichis de trefles, et qui se prolongent sur Tappui de la balustrade. Chacun de ces pilastres 6tait destine ft porter une statue, ainsi que le sommet du pignon qui est resk tronqud. Dans les intervalles triangulaires que laissent les lignes de la voussure et du pignon , on voit des aigles aux prises avec des sala- mandres, peutktre par allusion ft la lutte de Charles V etde Fran- cois I er . Dans les parties correspondantes des portiques lakraux, le sculpteur a repksente des aigles ddchirant des serpens dont ils sont entortilks. On voit par les registres capitulaires que les chanoines traikrent au commencement de juillet 1546, avec Jean Soudan, vitrier, de- meurant ft Troyes, pour faire et parfaire la vitre qui est au-dcs- sus de la grande porte de I’cglise, au bout de la nef (la rose) que ledit Soudan a commence & y travaillcr audit mois de juillet de la mcme annee , et Va achccde au mois de juillet 1547. Ces dates nous font connaitre que le portail 6tait achevd lorsque Jean Bailly cut seul la direction des travaux. La rose que Ton voit derriere ce pignon en est S(5par6e par un intervalle de onze pieds , largeur de la plate-forme au-dessus du grand portique ; sou diametre est de vingt-six pieds , et elle est divi- s£e en douze feuilles kunies au milieu par un cercle qui correspond direclement au sommet du pignou. Le mouvement des lignes de cette rose qui sont repikes sur elles-nkmes avec toute la souplesse d’un ruban, est remarquable. C’est un badinage de Tarchitecture i Ces escaliers ont chacun 17 degres de 8 pouces de hauteur, ce quj etablit uue difference de 1 1 pieds 4 ponces entre la hauteur des parties laterales avec cede du centre de cette galerie. 25 150 «— ® gothique qui rend plus iHonnante encore la beautd de l’appareil et la puretd des profils qui enrichissent ses rayons L Au-dessous de la rose, le cadre est rempli par huit petites arcades en tiers-point enrichies de trifles, et dont la hauteur decroit a me- sure qu’elles se rapprochent du diamdtre perpendiculaire. La partie supdrieure du cadre qui est en ogive, laisse entre la demi-circonfd- rence de la rose un croissant ft jour occupd par quatre petils cercles garnisde vilraux de couleurs. Au-dessus, un grand arc appuyd sur les contre-forts abrite la rose et soutient au milieu la balustrade de la plate-forme qui rdgne au-dessus de la grande voiite ; les deux courbes de cet arc sont chargdes de riches profils et de festons con- tournds en serpenteaux, forme singuliere et peu commune. Les inlcrvalles des contre-forts au-dessus des portiques laldraux sont occupds par un rang de quatre niches serrdes, accompagndes chacune de deux pilastres, et surmoutdes de riches clochetons dont la pointe s’dldve jusque sous la seconde galerie,et s’ajuste avecles plein-ceintres et les trefles sculptds immddiatement au-dessous de la balustrade. Cette balustrade , que Ton voit rdgner sur une ligne de niveau dans toute la largeur du portail, est formde d’une suite de pctits piliers et d’ogives remplis par des fleurs de lis ; au-dessus de la rose, elle est surmontde d’une espdce de pignon tronqud, termini 5 autrefois par une couronne royale, avec l’dcusson de France, de- cord des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Pen- dant la revolution , on a fait de cet dcusson les tables de la loi dans une gloire , telles qu’on les voit encore aujourd’hui. Les contre-forts qui appuient les angles du portail et les faces Ia- tdrales des tours, ne prdsentent & leur base aucun ornementjusqu’et la hauteur de seize pieds, oil il rdgne un cordon, au-dcssus duquel on voit un rang de niches series accoupldes sur chaque face des con- tre-forls, et rCp^tees sans interruption dans l’intervalle qui les sd- pare a Tangle des tours. Ges niches sont accompagndes de pilastres termini's en fldches, et, commetoutes celles du portail, surmontdes de riches clochetons appliques d’une forme dont le dessin donnera une id6e plus exacte que la plus ample description. Les pilastres s’ajustent dans leur partie supdrieure avec la balustrade de la pre- miere galerie, figurde seulement en demi-relief sur la saillie des contre-forts. Des culs-de-lampe applique's, ornds de figures d’enfans, d’animaux chimdriques, et de fcuilles de chicorde terminent les niches ft leur partie infdrieure. t On retrouve line imilalion de celte rose dans celle de la croisee seplentrionale de I’eglise melropolilaine de Sens, etdans celle de la parlie correspondanle de la Cathedrale d’Auxerre. a Ce millesime est grave sur un rouleau que lient une tigure de vieillard, sculptee sous la corniche, a Tangle au sud ouest de la tour. Pres de cette figure cn reinarque, dans la gorge de celte corniche, les trois croissans enlaces de Diane de Poitiers , mailresse de Henri II, deux petites figures d’anges tenant un ecusson , et sur le relour des deux cotes, des griffons, des chimeres, des lions, des aigles , des dauphins , des sin- ges , et des fcuilles de chardon alternativement 5 On lit dans les registres capilulaires, que le 24 aoiit 1064, le Chapitre traita avec Pierre Bellory, horloger, demeurant a Troyes, pour la premiere horluge qui hit placce dans la tour. Quelqties annees apres, a I'occasion du passage de la reine Marie de Medicis, ce Bellory ayant eu la hardiesse de descendre sur une corde teuduc du taut de cede Au-dessus de celles dont nous venons de parler, on remarque d’autres niches dont le peu de profondeur indique assez qu’elles n’ont dh jamais recevoir de statues. Ces niches sont terminus par des ogives et des clochetons entre lesquels les contre-forts prennent une forme angulaire, et se terminent par une pyramide ornde de chardons sous la corniche qui regne au-dessus du cadran , et dans Iaquelle s’ajuste un arc plein-ceintre ornd de profils, qui encadre ce ’dernier. A cette hauteur se lerminerent , en 1554 2 , les travaux de Jean Bailly, 1’un des premiers architectes de ce portail ; cet habile constructeur mourut le samedi 19 aofit 1559; il fut inhume dans la Cathi'drale, pres du troisieme pilier de la nef, 5 main droite. Suivant son dpitaphe, le Chapitre lui fit cet honneur tant 5 cause de l’estime singuliere qu’il avait pour ses talens, que pour les bons services qu’il en avail reijus. Le millesime 1574 3 , gravd en gros caracteres au-dessous du cadran, se rapporte 5 1’i'poque ou if est tracd tel qu’on le voit en chiffres gothiques qui alors etaient dords, et au placement de la premiere horloge dans cette partie de la tour. Il existe dans l’intdrieur de la tour, 5 la hauteur de la seconde galerie, plusieurs indications d’une vohte projetde : ce sont des piliers arrondis engages sur les faces et daus les angles des murs, dont la partie supt'rieure donne naissance aux ardtes de la vofite , et qui sont soutenus 5 leur base par des demi-culs-de-lampe oral's de festons, de rinceaux de vigne et de figures d’animaux. Cette vofite devait dtre a compartimens et 5 doubles pendentifs. La fin du seizidme siecle et le commencement du dix-septieme furent employes 5 la construction de la partie moyenne de la tour; mais les travaux n’avancdrent qu’avec lenteur a cause des guerres civiles et de religion qui troubldrent les regnes de Henri 111, de Charles IX et de Henri IV 4 . Elevde sur la partie construite par Jean Bailly, avec Iaquelle elle se raccorde assez mal dans sa coupe horizontale, la parlie moyenne de cette tour offre un des nombreux exemples de ce genre mixte qui, n’dtant d'aucun ordre, montre la degradation de tous, genre bizarre que Ton voit trop souvent entd sur les constructions du moyeu-age, avec lesquelles il est si peu en harmonie 5 . Les quatre faces sont perci'es chacune de longues ouvertures en plein-ceintre, dont la baie dlargic en dehors pour donner issue au son des cloches, est ornde d’un grand nombre de moulures qui ne prt'sentent ndanmoins que tres-peu de saillie. Les angles rentrans que forment tour, tomba et ful tue sur la place. L’horloge que Ton voit aujourd’hui fut refaile en 1774, par Simon Caretle, horloger a Sezanne, comme le porte 1 'inscription gravee sur les ferremens. < On lit dans les memoires du temps, qu’en mars 15C2, les chanoiues de Troyes, les cordeliers et les jacobins faisaienl garder leurs eglises avec canons, batons d'arti/lene et arquebuses d croc; les huguenots etaient alors mailres des portes de Sainl-Jacques et de Croncels; et que le mercredi 2 avril 1560, le Chapitre, pour eviter les dangers auxquels se trouvaient exposes les ecclesiastiques, quand les huguenots les reucon- t'aient pendant la unit, ordonnerent qu’on ne sonuerait a lavenir les matines le jour de Paques, qu’a trois lieures et demie. 5 Nous citerons entr’a litres exemples a Troyes, le bailment de la bibliotheque des Jacobins, el la porte du parvis de l’aneienne eglise de Saint-Loup. 131 <— «s les contre-forts avec les c6t<5s de la tour, sont occupy en bas par des colonnes cannefoes eu spirale, qui devaient porter des statues, et au- dessus desquelles on voit des petits domes qui devaient leur servir d'abri. Le couronnement de la tour, quoique d’un meilleur goht, cst plus nial raccordd encore, quant aux details, avec la partie moyenne : c’est un entablement corinlhien avec consoles formant ressaut sur chacun des contre-forts, dont les faces sont d&ortfos de trois petits pilastres du mfime ordre, post's en porle-ii-faux sur des especes de colonnes ou longues baguettes qui flanquent les angles et les cdfos de ces mt'mes contre-forts. On arrive au sommet de la tour par un bel escalier en spirale de trois cent qualre-vingts marches, dont on peut suivre progressive- ment les travaux par les dates que les ouvriers de cliaque dpoque ont gravies avec leurs noms, dans la baie des lucarnes qui e'claircnt cet escalier. Du haut de la plate-forme on jouit de la vue du riant panorama des environs de Troyes, qu’embellissent le cours de la Seine, de la Barse ; les fraiches plantations qui bordent ces rivieres, tels que les bois de Fouchy et de Saint-Julien , et les villages environnans, de Pont-Sainte-Marie, la Chapelle-Saint-Luc,Saint-Parre, Saint-Andre', Sainte-Maure, Barberey, Creney, Saint-Germain-de-Lincon , Tlien- nelieres, Torvilliers, les Noes, etc., etc. D’apres Grosley, le couronnement de cette tour el les deux tou- relles qui la terminent, ne sont que le commencement de l’exdcution d’un dessin donnt 1 en 1636, par Lemercieret Debrosses, architectes i Paris *. Suivant ce dessin, il devait y avoir aux angles opposes deux autres tourelles semblables aux premieres, entre lesquelles de- vait s’dever au milieu unddme de soixante pieds de haut, portd par des colonnes. Mais il serait difficile d’expliquer sur quoi aurait 6fo porfo ce ddme, n’y ayant aucune indication de votite dans la partie supgrieure de la tour, qu’il eiit 6fo d’ailleurs dangereux de surcharger d’un poids aussi considerable lorsqu’aucun appui exforieur ne pouvait en soutenir la poussee. Quant aux deux tourelles projefoes, elles n’ont i 02 potence permanente qui s^parait probablement le terriloire du monaslere de ce nom,de celui du chapitre de Saint-Pierre l . C’est sur la place de la Calhedrale qu’eul lieu, en 1590, un combat sanglant eulre 400 cavaliers de TarmtEe royale commands par le comte de Grandpr6, Eustache de Mesgrigny, etc., contre les ligueurs de la ville, St la fote desquels (Etaient les capitaines Desbans, Launoy, Frampas et Hennequin, plusieurs Chanoiues de la CathiEdrale et le doyen de Saint-Etienne, avec quelques arquebusiers. Ces cava- liers, ayant eu leur guidon tu(E par un de ces derniers, et se voyant attaquiEs de tous cbfos par les habitans, se retirerent par la porte de Saint-Jacques, donl ils s’&aient d’abord rendus les maltres, en laissant un grand nombre des leurs tues ou blesses. Plusieurs cha- noines furent aussi tut's ou blesses mortellement pendant Taction. Le due de Chevreuse, qui (Etait cach£ dans le palais Episcopal que les royalistes avaient forc6 dans Tintention de le prendre, fut sauvd par la ruse d’un enfant qui leur cria : Le prince que vous chercliez est au jar din; ils y accoururent; mais, pendant ce temps, on fit mettre le due en sfiretd dans un endroit secret de la Calhedrale. Un incident assez leger, mais qui devait £tre particulier St la ville de Troyes, contribua St le sauver 2 . COTE DU NORD. On communique de la premiere galerie du portail St celles qui bordent les combles des chapelles de la nef, par une plate-forme (Etablie au m6me niveau entre les contre-forts latiEraux de la tour, perc^s d’ouvertures St cet effet, et sur lesquels s’appuie un arc en tiers-point d6cor£ de profils et de festons, qui porte la saillie de la balustrade; ensuite par une pareille plate-forme, mais plus petite, qui joint le contre-fort de la tour & Tangle de la premiere chapelle, et acheve la ligne de communication. Ces chapelles, au nombre de cinq , sont £clairt5es chacune par une fenthre decode de meneauxdont la reunion St leur parlie sup6rieure dessine plusieurs cadres de formes varies , qui recoivent les vitraux peints. Les ogives des fen&res sont surmonttEes de pignons aigus qui traversent la balustrade , et se terminent par un large fleuron. Dans les trumeaux des fenfitres, il y a des pilastres dont la saillie n’excede pas celle du socle du mur, et qui, se retournant sur Tangle vers leur partie supgrieure , se terminent par des pyramides orniEes de chardons, engages aux faces des contre-forts clevis sur les murs de refends des chapelles. Ceux-ci sont surmontds chacun d’un obi- lisque dont les angles sont dicortEs de petites colonnes, et le sommet 1 Dans line notice mannscrite, sur un ancien plan de la ville trace sur velin vers 1500, on lit : •< Que ces potences claient en grand nom- bre a Troyes; qu’elles claient placees sur la limite des differenles justices; que celle dont il s'agit etait a portee du lieu de la hache oil le grand maire du chapitre tenait le pretoire, et non loin du pretoire de Saiut- Loup qui etait devaut la porte du monaslere, et depuis 1725, translere a cole de la porte de TEglise. » i On lit dans le manuscrit de Duhalle, t. l er , p. 108, qu'uue des causes qui empeclierent la prise du due de Chevreuse, c’est que les royalistes, instruils par Eustache de Mesgrigny de la delicatesse des audouillelles de Troyes, s’amuserent a en chercher dans les maisons des termini par des fleurons; ils correspondent 5 d’autres contre-forts clevis sur les piliers qui siparent les deux collatiraux de la nef, et soutiennent la poussee des voiites de cetle derniere au moyen d’arcs- boutans places dans les intervalles. Le cotide la cinquieme chapelle, comme Tindique le plan, forme, avec celui de la nef transversale, un angle rentrant fort aigu. Nous u’avons pu trouver dans cette bizarrerie d’autre motif que celui de manager le jour d’uue fenitre tEtroite percee dans le mur de cette nef, au-dessous des galeries. Les fenfires de la grande nef sont, comme celles des chapelles, dicories de meneaux entre lesquels sont divers sujets peints sur verre, dont nous aurons occasion de parler dans la description in- ttErieure de TtEdifice. Les trumeaux de ces fenitres sont appuyis par des contre-forts decores dans leur partie inferieuro de petites colonnes et d’ogives qui recoivent la retombie des arcs-boutans. Ces derniers sont percis de petites arcades enliers-points qui divisent leur masse, et leur donnent plus de ligereti. La partie supirieure des contre- forts est retournie sur Tangle, et se (ermine au-dessus de la balus- trade qui borde le grand comble par des pyramides surmonties de fleurons. Cette balustrade, compost de petils piliers entre lesquels sont alternativement des croix de Saint-Andre, ornees de trifles, et d’autres ajustemens avec des fleurs de lis, est portie par une corniche enrichie de feuillages dans lesquels on remarque des bourses pleines, ornement assez singulier que le sculpteur a reproduit assez fre- quemment pour signifier, peut- 155 le projet de l’architecte de 1’exGuter en pierre, comme dans tous les monumens de ce genre, oh il complete le systeme pyramidal gGGalement adopts. II se peut toutefois qu’il ait existe et qu’il ait G6 ddmoli vers la fin da XIV’ siecle, lorsque le chapitre songea & faire visiter ltglise, dont quelques parties avaient dtqft £prouv6 u n tassemeut considerable. Ce fait piouverait que le surplomb que 1’on remarque ft ce portail existait dejft, et qu’il Gait des-lors urgent de diminuer la charge. Un pignon en pierre cependant aurait «?t<3 lie en oeuvre avec la tourelle, et il n’existe aucune trace de cette liaison; ce qui s’expliquait par la date de la construction de ces dernieres, plus recente que le reste du portail, et qui pourrait coincider avec l’epoque d’une restauration ou plutot d’une addition considerable faite ft la partie inferieure de ce portail vers le milieu du XVe siecle. Cette addition est indiquee dans des mGnoires manuscrils sous la date de 1-474, comme l’epoque de l’achevement de ce portail est une assez grave erreur pour Grc relevee ici. Cette partie de l’edi- fice Gait bien complete pres d’un siecle auparavant, et ce n’est que pour remedier au surplomb qui deja menagait, comme on l’a vu, que les 6v6ques Etienne de Givry et Jean Leguise pensGent ft faire elever contre ce portail et entre les contre-forts qui flanquent ces angles, deux autres contre-forts relies par un arc ogival sur- montd d’un pignon que Ton y voit aujourd’hui f . La direction inclinde d’avant en arriere de cette nouvelle construc- tion est trop prononcde pour quel’on puisse mGonnaitre sa destina- tion qui est d’opposer une forte resistance a la poussG des murs. Loin done qu’elle soit un achevement, une decoration, elle ne doit paraitre, malgre l'habilete de 1’architecte, qu’un hors-d’oeuvre qui detruit l’ensemble et l’harmonie, mais que pouvail alors permettre la necessite. La base des nouveaux contre-forts forme un piedestal haut de ncuf pieds, decore sur les trois faces apparentes de k'gers meneaux ap- pliques, d’ogives et de trefles qui s’elancent du socle jusque sous la corniche. Au-dessus il y a deux niches ou habitaclcs sepals par un leger pilastre termine en fleches et surmontes de clochetons py- ramidaux , ddicatement travailles ft jour. On voyait autrefois dans ccs niches des statues qui y avaient ete placees postericurement, Grosley cite un saint Andre, qu’il dit avoir ete copie ft Rome, un saint Thimolhee, un saint Pierre et un saint Paul, qu’il atlribuait ft Frangois Gentil, artiste troyen qui vivait en 1580. Au-dcssus des niches le contre-fort retourne presente son arete, et ses faces sont flanquees de petits pilastres termines en fleches sous des ogives surmontes des frontons qui couronnent les contre-forts sur chaque face; ce dernier, retourne de nouveau, presente un de ses chtes et se termine par une pyramide ornee de crochets sur le cha- pileau d’un pilastre auquel il est applique et qui est eleve sur le dallage de la galerie. Ce chapiteau est orne de feuiflage delicate- ment travaille , e’est le gothique fleuri; il soulenait une statue tran- sfortnee, ft l’epoque de 92, en un petit obelisque en pierre. Le grand arc ogival qui relie les deux nouveaux contre-forts suit exactement les contours de l’ancien voussoir du portail; il est com- pose de nombreux filets de moulure, d’une gorge profonde et de fes- 1 Voir la planche. tons inclines de bas en haut, disposition qui n’est pas d’un heu- reux effet, mais qui etait motivee par la destination de cette cons- truction nouvelle. Les rampans d’un pignon aigu qui surraonte cet arc, prennent nais- sance dans les courbes memes de 1’ogive, dont ils emprunlent les profils, et courbes eux-m£mes en lignes rentrantes, ils vont se rdu- nir a la hauteur de l’appui de la deuxieme galerie, sous un large chapiteau enrichi de feuillages tres-delicatemeut Gides. Ce chapi- leau couvert d’un large tailloir octogonal etait surmonte d’une statue de saint Pierre, chaugee depuis en faisceau consulate; or- nement assez deplace aujourd’hui dans un edifice destine au cube religieux. Le triangle qui resulte de 1’ajustement du grand arc avec les contre-courbes du pignon, est rempli par un cercle penetre par d’au- tres portions de cercles ornes de trefles qui remplissent les trian- gles; au milieu etait une figure en demi-relief qui a ete detruite et remplacee par un Jehova sculpte dans une gloire. Des feuillages legers couvrent exterieurement les rampans du pi- gnon, et sur les aretes plus saillantes on voit naitre de chaque cote quatre grosses feuilles de chardon repliecs sur elles-memes et d’un travail singulierement elabore. Pour relier ce pignon avec les contre-forts, 1’architecle a ajoute sur le portail, un peu en avant de l’ancienne galerie & colonettes, une balustrade 5 jour, decoree de fleurs de lis et de clefs en sautoir. De chaque cote une niche profonde entouree d’un cadre, formG par une brisure du cordon infGieur de la balustrade, coupe perpendiculaire- ment cette derniere et s’ajuste avec elle. Un petit dais ou dome cou- ronnait autrefois ces niches, mais il a Gd supprimd. La partie infd- rieure est terminde par un cul-de-lampe appliqud que recouvre une des feuilles de chardon du pignon. Les statues de la Vierge et de saint Jean qu’on remarquait dans ces niches avant 92, ont Gd changes en trophies 5 !a romaine par un mauvais sculpteur, charge ft cette epoque de muliler tout le portail ; e’est une inconvenance qu’il serait bien temps de faire dis- paraitre, aujourd’hui que Ton cherche 5 rendre au monument son ca- raclere primitif. Entre le cordon inferieur de la balustrade et le cadre des niches, on voyait d’un cote l’ecusson aux armes de l’evdque Etienne de Givry, mort en 1426. 11 porlait d’argent it trois tGes de lion arrachdes d’azur lampassdes de gueules. De l’autre cote celui aux armes de Jean Ldguisd, son successeur, mort en 1450, qui Gait d’azur ft la tGe de leopard d’or lampassde de gueules. Les dales de la mort de ces deux dvdques, qui passent pour avoir fail construire cette addition au portail du nord, ne coincident point avec une note manuscrite de I’abbd Tremet, qui ddsigne cette partie de l’dglise comme ayant die achevde en 1474; ce qui ne pourrait s’appliquer qu’aux temps de lepiscopat de Louis Raguier qui occupa le sidge de Troyes depuis 1450 jusqu’en 1488. Il faut supposer alors que le travail entrepris par Etienne de Givry et de Jean Ldguisd aura dtd interrompu par l’invasion an- glaise; que Louis Raguier l’a fait achever dans le temps qu’il cons- truisait le portail de l’ouest, et qu’il aurait fait poser les dcussons en question ; ce fait est d’autant plus probable que ceux-ci Gaient rap- ports et fixds au mur avec du fer, indice d’une restitution. Sur le dallage qui couvre la premiere galerie et au bas^de la rose, 15G il y a une balustrade A jour, orn^e, comme celle au-dessous, de fleurs de lis et de clefs en sautoir : l’identit6 du style doive faire rap- porter sa construction a la m£me ^poque, c’est-ft-dire qu’elle aura \ 37 *— ® choeur sont remarquables par leur caractfcre sdtere : c’est une suite de cr^neaux alternativement massifs et a jour, oru(?s de filets saillants, d’ogives et de trefles soil <5vidc ! s, soit appliques, et interrompue par des piliers ou obi'-lisques t'levite a l’aplomb de chaque trumcau. La corniche qui soutient cette balustrade est ornite de deux rangs de feuilles droiles et recourses. Les chapelles du c6t6 du midi offrent la mfrne disposition que cedes du cdt£ oppose; seulement cede qui commence le pourlour est remplac^e par un btUiment carr6 de construction primitive, appel<3 le Trtsor. Ce batiment est cl deux Stages egalement vohtfe ; l’infe- rieur est de Salmanazar et de Senacherib , rois de Juda, qui y sont repr£senfos. Au bas de la fenCtre on lit : 3el)an $reminef , marct)anb et bourgeois be £roi;c$, et Senisctte fa femme, ont bonne cesfc Derriere en I’an mil et CCCCC. fpriej Sicu pour les trespasses. Le premier panneau du rang inferieur est occupe par la figure de la donatrice , en robe noire , devant un prie-Dieu recouvert d’un tapis brun avec un livre dessus ; derriere elle sont ses quatre filles places par rang d’age dans la mt'me attitude que leur mere , et values de robes rouges. Saint Denis , patron de Denisette , est re- pr&enfo debout sur le deuxieme plan, tenant sa t6te dans sa main gauche et sa crosse de la droite. L’£cu mi-parti en forme de lo- zange , qui est au cdfo du prie-Dieu sur le tapis , est presque enticement efface. Sur le panneau suivant, en tirant vers le choeur, est represent!' Jean Freminet, aussi a genoux, en robe noire bord£e de bleu azur, devant un prie-Dieu couvert d’un tapis rouge, charge de l’ecu de ses armes qui sont d’azur aux trois fotes de levrier d’argent, posees 2 et 1. Derriere lui est son fils post! dc m£mc et v6tu d’une robe bleu clair. Au c6fo gauche du pere est saint Jean-Baptiste , avec l’a- gneau , le livre et la croix qui le caracforisent ordinairement. Dans la parlie ogivale de la fenetre on voit des figures d’anges et de rois quien remplissent les cadres irr^guliers; et dans le compar- timent qui forme la pointe de l’ogive , Dieu le pere tenant le globe symbolique surmonfo de la croix. Dans les trifles qui terminent les ouvertures du fond de la tribune au-dessous de la fenetre, est rtipete plusieurs fois , sur un fond d’or, le chiffre en noir de Jean Frdminet , et alternativement le mono- grame d’or de J£sus et de Marie au milieu d’un soleil. Les compartimens de l’ogive de la cinquieme fenCre sont remplis par des lozanges rouges s£par&s par des bandes bleues avec des rosettes d’or et d’argent comme 1 la fenetre en regard. On y remar- que l’dcu deux fois rgpgfo de l’6v£que Louis de Lorraine 1 , qui est d’or a la bande de gueules chargee de trois alCions d’argent, et la crosse d’or adossec. Au-dessous sont des figures d’anges en attitude d’adoration. L’intervalle des meneaux est occupe par deux rangs de figures de saints , grandes comme nature et detaches sur un fond d’etoffe bleue broche de feillages. Dans le premier panneau , en haut, on voit preincrement saint Jean-Baptiste devant lequel est agenouilld saint Pierre , en chappe papale de couleur pourpre et bordee de perles. Derriere le prince des apotres est une grotte ouverte dans un rocher. Aux deuxfome et troisieme panneaux, saint Pierre, loujours en chappe papale et avec !e nimbe entoure de perles d’or , est amend devant Agrippa assis sur son trdne et eoiffe d’un turban. Saint Pierre a la fote chauve entouree d’un nimbe horde; de perles avec une chappe rose bordee de mdme. Aux quatrfome et cinquieme panneaux, saint Pierre, vCu de nCme, gudrit une femme en presence de son mari. Au deuxieme rang , on voit d’abord saint Etienne v6tu en diacre, tenant une palme d’or et portant dans un pli de sa tunique plusieurs pierres pour rappeler le genre de son martyre. Vient ensuite un saint archevdque au nimbe de pourpre , tenant une croix et un livre ouvert sur lequel il a les yeux baisses. Aux troisteme et quatrieme panneaux, on voit un personnage ri- chement vCu, coiffd d’un turban, qui accompagne un jeune homme prosternd aux pieds de saint Pierre, assis sur un tronc d’or a dossier, revetu d’une magnifique chappe verte avec la tiare orn£e des trois couronnes, et tenant a la main les deux clefs, signe caracteristique dela puissance qu’il a recue du Christ. Ces trois dernieres figures n’ont pas de nimbe. Dans les cinquieme et sixieme panneaux sont encore les figures de saint Pierre tenant une dnorme clef d’argent ; sa tdte est ddtachde sur un nimbe vert entourd d’un cercle d’or. Puis celle de saint Jean, en manteau rouge, et tenant une croix d’or ; de la bouche de ces deux saints partent de longs rouleaux charges descriptions. Les figures des sujets superieurs dont nous venons de parler ont aussi de semblables rouleaux ddployes autour de la tdte. Le fond des douze panneaux de cette derniere fentMre est une dtoffe bleu fence , brochee a fleur, d’un dessin assez riche. Dans les arcades des tribunes au-dessous , on voit d’abord des figures incompletes de vieillards, qui remplissent les deux premiers panneaux. Au troisidme, un vieillard prds de la tdte duquel est dcrit un nom que quelques letlres transposes ou enlevdes rendent illi- sibles. i Louis de Lorraine, eveque de Troyes en i 54 i>, niourut le 28 mars 1578, sous le nom du cardinal de Guise, apres avoir etc arcbeveque de Sens et abbe de Saint-Victor de Paris. 27 146 <-€2 Au troisieme panneau est reprdsentde la vraie croix, qui en oc- cupc toule la hauteur , ct aupres un vieillard debout , qui indique du doigt le signe de la redemption autour duquel est un rouleau charge d’une inscription. Auquatrieme panneau, saint Antoine, avec soncompagnon, tient un livre ouvert et scmble lire cn marchant. Le fond est line dtoffe bleue brochde et d’un dessin fort riche. Les cinquidme ct sixidme arcades sont occupees par des figures auxqueltes on a rapporte quelques pidces qui sont tout a fait etran- gdres au sujet. La derniere est celle d’un dvdque , dont il ne resle que la parlie supdrieurc. Dans les cercles a jour, au-dessus des figures , sont multiplies les bandes de gueules chargdes des trois alerions d’argentde Louis de Lorraine. Ce blazon rdpetd, du mdme dvdque, peut faire prdsumer avec quelque vraisemblance qu’il est le donateur de tout lc vitrail de cette fendtre. En 1736 la nef avait did repavdeen carreaux de pierre de Mo- lesmes. Ce pavement nouveau avait donnd lieu au ddplacement de plusieurs pierres tombales gravdes en creux. La plupart de ces pierres ont did depuis eniploydes a des travaux de reconstruction. On y voyait celle qui couvrait Odard Hennequin, licencid es-lois, grand archidiacre de Troyes, doyen de Saint-Etienne ct curd de saint Jean dela mdme ville, mort le 2 aoht 1483. Celle de Jean de Yoton , rnaitre ds-arls, chanoine de Saint-Pierre, et aussicurd de Saint-Jean-au-Marchd , mortle 16septembre 1538. Et proche le troisieme pilier de la nef, 5 droite, celle de Jean Bailly qui fut long-temps architecte de la Cathddrale , mort le lundi matin 19 aoht 1559. Enfin celle de Claude Robert , natif de Langres , chanoine de Chalons-sur-Sa6nc, qui mourut 5 Troyes, et fut iuhumd dans la Cathddrale en 1637. Claude Robert estl’un des auteurs du Gallia Christiana. Au pilier , 5 main gauche de la chaire, on lisait dans un cadre l’dpitaphe laline dc Guillaume de Taix , doyen de l’dglise de Troyes, composde et dcrite sur vdlin par le docte Nicolas Camusat , chanoine de la mdme dglise. Elle dtait ainsi contjue : MEMORISE SACRVM » Domino Guillelmo de Taix viro clariss. ex oppidulo Clcssenli apud Vindecinos nobili et ingenuam familiendam oriendo d primoribus annis Trccas misso. Ibidem ab avunculo Je.c. Al- nelo , doctorc medico , Pasta laureato , demumque ecclcsice Sti. Stephani Trecensis canonico et cellario suscepto Ipsius curam optimarum artium linguarumque studii, turn Precis , turn Lutecice Parisiorum non vulgariter instructor adamplh- simam dccanalAs hujus ecclcsice dignitatem ob eximios mores. V itce integritatem , eruditionem propc singularem et summum cloquentia; candorcm clecto ct promoto. Eo munere 24 anno- rum spatio illoesd famd feliciter pcrfunclo ; monasterii Beatce maria; Bassifuntis instituti Prcemonstratcnsis Diocesi Trccensi administratori perpetus ; in comitis totius Gallia; prioribus Bla-sis sub Henrico III. Rege christianissimo indict is ct cc~ lebratis ; ab ordiue ecclesiaslico Balliviatus Trecensis et, dicta; Diaeresis procuratori delegalo ; vilce suce cuniculo ad LXX annum functo; tendem anno supra sesqui millesimum nonagesimo anno septembris ulus septimo placide dejuncto , omnibus musarum alumnis acerbissimo sui desiderio reliclo juxta hanc columnam ut testamento jusscrat religiosd sepulto. N. C , Tricassinus mcerens posuit. On voyait encore dans la nef la riche tombe de Nicolas de la Place, abbd de Montier-la-Celle , mort en 1488. En 1 840 le pourtour du chceur ayant dtd repavd en compartimens, on a eu l’idde d’y placer, dans chacune des travdes , les tombes gra- vdes qui se voyaient aux bas-cdtds de la nef et de les ranger 5 peu prds dans un ordre chronologique ; e'est peut-dtre le troisidme ou quatrieme ddplacement qu’elles dprouvent. Nous allons les restituer ici ti la place oil elles se trouvaient auparavant. Sur la premiere, qui se voit encore devant la porte d’entrde du collatdral, a droite, on lit cette inscription dans le cadre qui entoure la tombe, au milieu se trouve la figure du personnage prcsque effaede. Cy gist honorable el discrete personne messirc Jehan Calot, presire , natij de Cluny , chanoine de ccans ct curd dc Saint-Remy de Troyes , lequel a donne d cestc dglise la maison decant Saint-Remy pour son anniversaire , qui tres- passa lc XI P de decembre M CCCC I II I xx Dieu Ini face pardon. Amen. Sur une autre tombe , qui se voyait en suivant , on lisait : Cy gist vdndrablc ct discrete personne , messire Pierre Guillaumot , prestrCj jadis chanoine dc ccans , qui trespassa le second jourdu mois dc Janvier Van mil CCCC LX VII. Dieu par sa grdee , de scs faulles pardon lui face. Amen. Au milieu du cadre est reprdsentde sans accompngnement la figure en pied du chanoine Guillaumot, en habit de chceur, les mains jointes. A la travde suivaute se trouvait une pierre tombalc plus grande consacrde 5 un chanoine de Notre-Dame, c’est-A-dire de la chapelle de ce nom qui existe dans l’dglise, derridre le chceur. Le personnage est representd sous un arc ogival, revdtu de la chappe, les mains jointes au-dessus d’un calice, et accompagnddc deux anges placds en haut de l’arcade de chaque c6te , et tenant des encensoirs. Dans le cadre , autour , on lit l’dpitaphe laline suivante : jacet £>oimnu$ fpefvue bclocevi pvesbitev qtton= bam canantcue altavib bcatc SDfamc in ccclcsia tve; ccnei qui obiif bie meveuvii in fvattblacionc bcafi marfivii anno Domini miUe»inio tviccntefiimo tvicc; simo bevto cujus anima vcquicbcat in Slmcn. Une autre tombe couvrait le corps de Nicole Coiffart , doyen de < Guillaume de Taix portail pour armes , d’argenl it deux faces d’azur, superieure , elant descendu d’uu puine. Voir son elogc historiqne’, avec I addition d’un petit croissant de gueules sur le milieu de la face Almanack dc Troyes , anuee 17 S 6 , page 49. •' 1 47 <— « 1’^glise de Troyes. II est reprdsentd dans un cercle, vu H mi-corps , en costume, la tGe nue, et au moment oft il consacre l’hostie les mains jointes au-dessus du calice. Autour de sa tGe est un rouleau deploy^ sur lequel on lit : Beus propicius esto mielii pcccatori; dans le cercle, cet acte de foi : Credo quod redemptor, meus vivit in novissimo die de terra surrecturus sum ct rursum cir- cumdabor pella mea et in came mea videbo Deum salvatorcm meum. Et au-dessous du cercle l’^pitaphe ainsi disposee : Cy gist vcndrablc ct discrete personae maistre Nicole Coiffart, prestre , licencie ds-lois ct ddcrets, doyen ct cha- noine en ceste iglise , en laquclle a fondd en son vivant la feste de V Ascencion notre Seigneur, festcc le jour et le lende- main , vne messe de requiem solemnclle , qui trespassa l an mil CCCC IIIIxx et XIII , le FIN jour du mops de may. Bemantlons a Dieu que par sa grace , De ses peches pardon lui face. Amen. La dalle posG sur le puils creusd sous 1’arcade du premier bas- cGe, est le fragment d’une tombe qui couvrait lc corps de Louis Bude , oncle du savant Guillaume Budd L Sur cette tombe Gait gra- vee la figure en pied du personnage, intdressante a cause du cos- tume, il n’en reste plus aujourd’hui que la partie supGieure. Elle Gait placde , avant 92 , devant l’autel de saint Savinien , sous la croisee de l’eglise avec celle de son frere Etienne Bude. Yoici les (5pi- taphes des deux freres , qu’on lisait autour de leurs tombes. « Hie jacet vir quondam et cxi stima tissimus , Stephanus Budceus in jure cirili, poniificioque licentiatus , Pontisque Audomari in ccclesia Lexioeiensi arehidiaconus , in hac deni- que canonicus ac sub antistes , anno 1501, 7 kal. August i preematuro Jato raptus. » « Hie situs est Liulovicus Budceus , utrdque lingud doctus , juris utriusque consultus , trecensis canonicus, et archidia- conus Arceyensis , qui diem suum obiit ann. 1517, mense novembri. Recte conditos manes esse, lector, precari nc gra- veris. » Le plan de la cathcdrale de Troyes, qui est l’une des planches que nous avons consacrGs & ce monument, peut donner une id£e juste de sa forme et de ses dimensions ; e’est, comme aux £glises Episcopates de Sens, d’Auxerre et d’ Amiens, une croix latine formEe par la reunion de la nef du choeur et des transepts; mais elle a de plus, comme les Eglises mGropolitaines de Paris et de Bourges, cinq nefs dont les plus petites , appelees vulgairement bas-cotcs , sont accom- i On doit en grande partie a Guillaume Bude l’honneur de la restau- ration des lettres en France, et I’etablissement du college royal, oil il n’avait en vue 1’avanlage des professeurs que subordonnement a celui des etudiants. Guillaume Bude avail de grandes relations avec la ville de Troyes, par Jaquetle Bude, sa sceur , mariee a Antoine Raguier , frere de Louis, cveque de Troyes, et par des fils, des freres et des neveux , ebanoines de la calhedrale et de la collegiale de Saint-Elienne. Parmi ses lettres grecques et latines , quelques uues sont datees de Troyes. Guil- laume Bude elait en grande faveur et fut Homme prevot des marcliands de Paris. Voir Grosley, ceuvres inedites, a Particle Bude. pagnEes de chapelles perches de belles fenGres ornees de peintures sur verre dont nous donnerons plus tard l’indication. La decoration intErieure des portes qui donnent acces aux nefs latGales , differe de celle de la porte de la grande nef. Le trumeau qui les sEpare en deux vanteaux a sa base arrondie et fort ElevEe ; il se termine en fteches ornees de crochets sous un plein-cintre qui sou- tient le mur au-dessus et dont les profils , ornes de filets et de gorges profondes, s’epanouissent sur les parois entierement lisses de la baie. Du haut du trumeau naissent deux courbes ornees defeuilles, profi- lees de meme que le plein-cintre avec lequel elles s’entrecroisent de maniere it former deux ogives reliees par d’autres courbes formant des trefles. Les portes des tours sont en arc surbaisse creuse de gorges pro- fondes avec des filets continues dans les parois de la baie. Un pilastre applique, termine en fleches , soutient de chaque c6te la naissance d’un archivolte en courbes rentrantes reunies par une touffe de feuilles roulees; l’intervalle entre ces pilaslres et ces courbes est rempli par des meneaux appliques , qui se terminent par des ogives sous une corniche saillante qui joint l’extremite superieure des pi- astres. A la porte de la tour du nord cette corniche n’existe pas, et les meneaux appliques qui occupent 1’intervalle d’un pilastre it l’au- tre , sont d’une forme tourmentee qui tient plus particulierement au style flamboyant. Le mur des tours, it la suite de ces portes, est entierement lisse. Sa base , jusqu’au pilier applique qui suit , est formee d’une esp6ce de banc it profil arrondi qui avait, dit-on, pour objet d’offrir un siege aux pauvres mendians qui se placent ordinairement it l’entree de l’eglise. Il y a aussi de ces sorles de bancs dans la partie rentrante de la base des gfos piliers qui portent les tours. Le dessous de ces dernieres , n’etant edaire que par les portes , peut Gre consider comme une sorte de vestibule pour chacune des nefs latGales. Les voutes des deux premieres travGs des collatGaux, tant au nord qu’au midi , Gaient restGs inachevees jusque vers la fin du 18 e siGle et remplacGs par des planches seulement, lorsqu’un chanoine de la cathfdrale , M. Bouczo , entreprit de les faire cons- truire it ses frais. Il en fit la proposition au chapitre le 5 mai 1780, et le 23 novembre de la mfime annG deux de ces voiites Gaient achevGs. L’annG suivante il fit faire les deux autres. Les armes de cet homme genGeux, que le chapitre avait par reconnaissance fait placer aux clefs des vofites , en ont G£ enlevces it la revolution i 2 . La chapelle de l’Assomption , qui suit immGliatement la tour mGidionale, est GlairG par une grande fenGre ogivale divisG dans sa largeur par cinq meneaux qui forment, par leur reunion dans la partie superieure, des compartimens ou Ton reconnait des coeurs, des trefles , et sont remplis par de belles peintures sur verre dont le principal sujet est la Vierge consideree comme reine dn ciel. En haut de J’ogive, on voit Dieu lc p6re assis sur un trdne d’or, * La construction des qualre voutes avait coiite 4,ooo liv. a M. Bouzo. Ce digne ecclesiastique avait d’autant plus de merite a faire cette depense, qu’il etait Granger a Troyes. Sa generosile alia meme jusqu a offrir une somme de 5o,ooo fr. pour contribuer a l’achevement de la tour mert- dionale, si cette entreprise, proposee au chapitre par un architecte italien, avait eu lieu; mais la depense, suivant le devis presente par ce dernier, eiait exageree et s’elevait a un million six cent mille trancs. *-» 148 donnant sa bdnddiction. De la main gauche il ticnt le globe symbo- lique surmontd d’une croix; il est couvert d’une chappe papale or- nde de perles, et il a sur la Idle la tiare d’or aux Irois couronnes. Un choeur d’angcs groupes deux A deux 1’environne , ils tiennent des livres ouverts et chantent sa gloire. Les robes de ees anges sont de nuances varices et des tons les plus riches. Les figures des quatre compartimens qui sont de chaque cdtd ont malhcureuscment dtd enlevdes; dies reprdsentaient le Christ et saint Jean , son disciple bien aimd , puis Moise et Elie. Les petits com- partimens, plus bas, sont remplis par un dcu d’argent a Irois tdtcs de renard arrachdes de gueules, ou simplement d’une seule tdte de cet animal, lcrsque l’espace ne peut contenir l’dcu en entier. Ces tdtes de renard sont aussi reproduites sur toute la bordure des pan- neaux et dans toute la hauteur de la fendtre. Au bas des bordures, des clefs d’argent a double penneton , symbole de saint Pierre. Dans un grand compartiment, a gauche, est un ange aux ailes d’azur tenant l’dcu aux armes du chapitre de Troyes , et au milieu , sur la mdme ligne, un autre ange tenant l’dcu de France surmontd d’une riche couronne d’or sur un fond violet damassd et entourd d’un ccrcle bordd de perles. Au-dessous immddiatement , dans le mdme compartiment, l’dcu aux armes de la ville de Troyes, ddtachd sur un fond vert, avec les trois fleursde lys en chef, ce qui carac- tdrise une dpoque. Dans le troisidme compartiment , a droite , un ange aux blanches ailes tient un dcu dont le blason tout mystique paralt difficile a ex- pliqucr. Il est entourd de la couronne d’dpine verte avec une crosse d’or adossde, et partagd naturellement en quatre quartiers par une croix latine d’or chargde de quatre fleurs de lys d’azur et au milieu d’un dcu de sable avec des larmes d’argent, surmontd de trois clous de mdme. Au premier quarticr, qui est d’azur, sont trois dtoiles de gueules placdes dans un nuage en forme d’aurdole. Au deuxidme quartier, qui est de sable, un nuage d’ofi sortent trois dards ou fldches d’argent, posees en bande. Au troisidme, de sable, trois vers de terre posds l’un sur l’autre, et le quatridme, d’azur, avec une langue de feu ou flamme ardcnte posde en bande. Entre les meneaux, vers le milieu de la fendtre, sur un fond d’a- sur parsemd d’dtoiles d’or, est la Vicrge dans une gloire rayonnante , posde debout sur un croissant ; elle est vdtue du manteau bleu ornd d’une bande rouge perlde avec une magnifique couronne d’ar- gent ornde de perles d’or sur la tdtc. Elle a les mains ouvertes ft la hauteur de la poitrine , et de longues meches de chevcux sur les dpaules. Iluit anges agenouillds , disposes sur deux rangs et soutenus sur des nuages, formcnt un choeur autour d’elle en chantant les litanies dcrites sur des rouleaux ddployds que tiennent quatre de ces auges ; les autres s’accompagncnt d’instrumens de musique con- nus alors,tels que le violon, la viclle, la cornemuse, la flftte ft bee. Les nuages sur lesquels posent les anges forment une bande plissde assez scmblable ft un ruban tortilld ; de ceux du premier rang des- cended des flammes ou langues de feu qui expriment les grftces que la reine des anges repand sur la terre par sa prdseuce. Au bas de ce groupc il reste un cspace blanc qui dtait pcul-dlre occupe par les figures des donatcurs. L’encadrement de cette peinturc est forme par une espdee d’ordre d architecture compost d’un soubassement et d’un entablement sou- tenu par deux eolonnes. Ces demises ont des bases de couleur rouge avec des tores dords. Le fht, ornd au milieu d’un anneau de feuilles de couleur verte , est formd par deux tiges noueuses d’argent, qui tournent autour d’une tige droite qui est d’or et de mdme remplie de noeuds, semblable ft un arbre dont on aurait coupd les branches. Le chapiteau est rouge avec le tailloir et l’astragale en or; l’architrave est ornd d’une arabesque en grisailles ou l’on re- marque des tdtes de chdrubins, et la frise divisee en trois comparti- mens probablement ft cause des trois intervalles de meneaux qu’oc- cupe le sujet. Chaque compartiment est accompagnd de deux pe- tits pilastres ornes d’arabesques en or, et rempli par deux figures d’oiseaux fantastiques en regards , sdpards par un culot et dont la queue est terminde en feuillages roules. Au-dessus de chaque com- partiment est une espece de fronton circulaire termind en rouleau sur la corniche, le fond du tympan est creusd et caneld comme le haut d’une niche. Cet amortissement est surmontd d’une tdte de chdrubin avec des feuillages de chaque cdtd, et remplit le trefle qui joint les meneaux. Ces derniers, dont la saillie ddpasse celle du mur, traversent l’appui en larmier dela fendtre et se terminent au-dessous en forme de cul-de-lampe ornd de feuillages. Immddiatement sous la base de la fendtre, vers Tangle ft droite, on voit une piscine ouverle par une ogive et aecompagude de deux pilas- tres appliques termines eu fldches et supportds par des culs-de-lampe ornds de feuilles. Aux courbes de l’ogive sont suspendus des espdccs de meneaux terminds inferieurement par des touffes de feuillages et rdunis par des arcs et par des trefles. Un archivolte ft contre-courbe s’dleve au-dessus de l’ogive et se termine par trois grosses feuilles rouldes en crochets. Au fond de ce lavaboest une tablette profilde, et la pierre dans laquellc est creusd le bassin servant ft dcouler l’eau forme une saillie profilde aussi en manidre de talon. En face de Tau- tel est une petite sacristie de forme pentagonale pratiqude entre les contre-fbrts de la tour mdridionale, avec laquelle elle a dtd construite; elle est dclairde par une petite fendtre ogivale divisde par un me- neau ; sa voiitc est remarquable par la combinaison et le nombre de ses nervures qui reposent sur des culs-de-lampe appliques, ddcords de feuillages et de figures d’enfants. La porte est plein-cintre creusd, ainsi que la baie des trois gorges profondes , sdpardes par des ba- guettes et des filets. La forme dvasde de cette baie , qui Test moins ft Tendroit du cinlre , a donnd lieu ft une difficulte d’appareil dont le construcleur a triomphd habilement. Les ventaux de bois de la porte et ses ferrures sont conservds intacts, les murs de cette jolie petite pidee ont dchappe jusqu’ici ft la souillure du badigeon, aussi le travail du ciseau est si fin, si pur, qu’on le dirait fini d’hier. A droite de la porte est un groupe de six figures peintes et do- rdes, de proportion au-dessous de nature; il reprdsente le baptdme de saint Augustin; cette sculpture, qui porte la date de 1565, est eu pierre de Tounerre; elle se voyait dans Tdglise abbaliale de Saint- Loup, d’ou elle a dtd lirde lors de la demolition de cette dernidre, et placde ft la cathddrale en 1811, comme le marque Tinscriplion peinte sur le mur au-dessus du groupe que Grosley atlribue faussc- ment au ciseau de Gentil. AUGUSTINUS A S°. AMBROSIO BAPTISATUS BEST. AN. MDCCCXI. »-» 149 Le ratable de l’autel est ddcord d’un tableau peint sur pauneau , et qui, malgrd les nomhreuses Readies et les mauvais repeints qui les recouvrent, offre encore assez d’intdrG pour mcriter au moins d’etre mentionnd, e’est une curieuse copie de la fameusc Cene que Leonard de Vinci peignit 3t fresque dans le refectoire du couvent des Graces 3i Milan 1 . La composition est conserve, mais le copiste s’est donnd plcine liberty pour les details et particulidrement pour le fond du tableau qu’il a change enticement. Au lieu de la salle carrde et du plafond que Ton remarque dans l’original , ce sont cinq pilastres ornes d’arabesques lagers , disposes sur une seule ligne parallele au cadre et partageant en deux la salle du Cenacle. Les trois pi- lastres du milieu supportent deux arcades plein-cintre orndes d’ar- chivoltcs qui ouvrent chacun une vohte en berceau. A la jonction de ces arcs, sur les chapiteaux, qui n’offrent que de simples profils, sont posds de petits anges nus, agenouillds et peints au naturel. Ils soutiennent des Gius armories dont les Gnaux sont exprimds en cou- leur : celui de droite prdsente les armes du chapitre ; sur celui du milieu le peintre a reproduit ce blason mystique que nous avons signals sur le vitrail de la chapelle, circonstance qui prouve incontes- tablement que cette copie de la cene a Gd exdcutdc par ordre du mdme donateur et pour la place qu’il occupe encore aujourd’hui; l’ecu du c6td gauche vient encore ajouter a cette preuve , puisqu’il est aussi chargd de la croix avec la couronne d’dpine que l’ou voit du cotd droit au haut du vitrail. Sur le cou des anges qui soutien- nent les ecussons sont poshes des guirlandes vertes lides avec des rubans rouges passant d’un pilastre a l’autre et formant une decora- tion de bon goiit , qui rappelle celles des salles de festin parses aux jours de fetes a l’dpoque de Louis XII et de Francois I cr , car e’est au commencement de la renaissance des arts qu’il faut reporter l’exd- cution de cette copie. Dans les frises de chaque c6td des arcades , on lit des inscriptions latines imitant la gravure en creux ; cclle de de droite est tirec de l’Eccldsiaste , et celle de gauche du livre d’Es- dras. Sur le mur fuyant a gauche du tableau, est une espece d’affiche blanche sur laquelle sont dcrites, en caracteres grecs en partie effa- ces , plusieurs sentences morales tiroes d’Isocrate ; la dernicre peut se traduire ainsi : « Obeis aux lols. » Au cotd oppose est un buffet ou dressoir sur lequel sont post’s par Gage de riches vases d’or et d’argent, et dans le fond une hor- loge dans le goiit du temps, anachronisme que n’eiit siirement pas fait l’auteur de la fresque du couvent des Graces. La peinture a dte exdcutde sur un enduit a la craie, et il existe comme nous l’avons dit, de nombreuses parties dcailldes qui , ayant dtd repeintes sur le bois , presentent autant de cavils; les draperies sont en gdndral d’une execution seche, mais les tGes et les mains qui ont peu souffert , sont peintes avec beaucoup de finesse et de soin ; 1 II u’est personae qui ne connaisse aujourd’hui celte composition celebre que Leonard avait peinle a fresque pour le couvent de Nolre- Dame-des-Graces a Milan , et que la merveilleuse estampe de Morghen a portee a la connaissance du monde civilise. II a ele fait du tableau ori- ginal plusieurs copies qui sont appreciees aujourd’hui en raison de leur anciennele ; on en connait une dans le refectoire des orphelins a Milan, qui est datee de i5oo, et dans laquelle le peintre, dont le nom est reste inconnu, n’a adopts que la composition et a fait plusieurs changements. le Christ est nimbd d’or b la croix fleuronndc ; sur la bordure de sa robe, autour du cou, on lit ces mots : salvator mundi. Le cadre du tableau est en bois peint, les moulures du bord, plus saillantes, sont orndes de feuilles d’eau et de perles, et se terminent infdrieurement par une base gothique sur une espece de soubassement ou pedestal qui en occupe toute la largeur ; l’on voit encore aux cGds la moitid des charniercs qui servaient St fixer les volets de ce triptique ; une bande plate forme les parties intdrieures du cadre , elle est chargee d’arabesques avec des mddaillons aux quatre angles et sur les traverses. Au milieu, en haut, est celui de la Vierge vue de profil; en has, celui du Christ vu de face; les ornemenls sont des sirenes dont les jambes se terminent en rinceaux de feuilles d’a- canthe. En haut du ratable , des vases avec des oiseaux en regard, tenant des guirlandes dans leur bee. Au-dessus du rGable est placd une copie du tableau de la Visita- tion de la Vierge , d’Andrd-del-Sarte , que 1’on voit au musde du Louvre, et de mdme proportion que 1’original. Cette dimension , jointe h la forme pesante des profils du cadre, produit un fort mau- vais effet. II serait assurdment mieux placd ailleurs que sur la copie de la edne du Vinci. Sous la fenGre, on peut remarquer une suite de six panneaux encadrds, peints sur bois des deux cdtds et qui ont peut-Gre servi de volets il quelque tableau de rGable. La fabrique a eu l’heureuse idde de les faire monter sur pivot, afin qu’on les puisse voir des deux colds. Sur le premier panueau versl’autel, on voit unpatriarche pasteur en manteau rouge, les mains et les regards dlevds vers un ange aux ailes couleurs de 1’iris, qui plane au-dessus, et tient un rouleau dd- ployd, pres de lui est sa houlette, puis un chien couchd i ses pieds, dans le fond un troupeau avec plusieurs bergers. Au revers, Saint-Loup, dvdque de Troyes, en habit pontifical, la mitre en tGe et la croix il la main, met en fuite les diables d’An- gleterre, loges dans la mGure d’un navire dont ils s’efforcaient d’ar- rGer la marche; le saint, placd sur le rivage, d’un signe dpouvante les demons; l’un d’eux, plongd dans l’eau jusquA mi-corps s’accroche 3 l’ancre du vaisseau, il 1’avant duquel est un saint abbd en robe noire avec une crosse d’or il la main. Cette peinlure est d’un assez beau fini quoique d’un faire facile. La tGe de Saint-Loup parait Gre un portrait ; les diables, qui sont reprdsen tds avec des queues de ser- pents et des ailes de chauve-souris , sont tres-bien rendus et d’un models remarquable : la conservation de la peinture est parfaite. Les deux panneaux suivants sont remplis par un seul sujet : l'en- trde de Jdsus-Christ tl Jerusalem. On remarque Zachde sur le sico- more; cette peinture est d’une autre main que celle du premier pan- neau. Le dessin en est plus sdvdre, mais l’exdcution plus seche. Au revers du premier panneau, la naissance de la Vierge, et derriere le Une autre, faile par Luiui, existe a Ponte Capriosco. On en conserve une a Paris au musee du Louvre , mais la plus celebre de ces copies est celle que fit faire le cardinal Gallas Arcouali par Andre Bianchi sur- nomine II Vespino , artiste milanais. Celle de la cathedrale de Troyes est bien cerlainemeut une des plus ancieunes. L’ecu armorie pourrait peut- etre un jour aider a en fixer la date. Sa proportion est de beaucoup au- dessous de celle de l’original. La longueur est de 2 m. 17 c., et sa hau- teur de 1 m. 22 c. 28 150 second, la rencontre sous la porte dorde grisailles. Les quatrieme et cinquidme panneaux , qui sont de la mdme main que les prdcddents, ne presented de mdme qu’un seul sujet : Jdsus-Christ lavant les pieds ft ses ap6lres; le fond est ornd d’un ordre pilastre; sur la face de l’un de ces derniers sont de charmants arabesques imitant le relief, et au milieu desquels est le milldsime 1542, dpoquc de l’exdcution de ces peintures dvidemment postdrieures 5 celle du ratable; la couleur de ces qua /re panneaux a peu d’dclat, et le dessin rappelle entiere- ment celui des vitraux grisailles de St-Pantaldon, qui sont d’une date uu peu plus ancienne (1536). Derriere chacun de ces panneaux il y a aussi des sujets en gri- saille : au premier la Salutation angdlique, et au revers du second, la Presentation de l’cnfant Jdsus au temple; l’altdration de ces pein- lures permet de voir dessous le premier travail du peintre ; les con- tours sont traces a la plume , avec de grosses hachures , pour indi- quer les ombres. Sur le sixieme panneau qui parait dtre du mdme faire que celui du Saint-Loup. On voit le donateurft genoux, les mains jointes, cou- vert d’un rochet avec l’aumusse ou pelisse sur le bras gauche : cette derniere partie du costume designe un chanoine; la tete qui est loin d’etre d’un beau caractere est pleine de veriie et d’un fini precieux, 1c peintre avait mis tous ses soins a ce portrait, le reste est traitd tres-Iibrement. Le fond represeute la naissance de la Vierge. Le re- vers forme le pendant du premier panneau, e’est Saint-Loup quittant sa femme Pimdniole. On voit cclle-ci la tete paree d’un riche diademe de perles, en robe rose, avec des joyaux sur sa poitrine et une lon- gue chaine d’or pendant a sa ceinture, marcher tristement entre deux personnages barbus; l’un d’eux, en riche pourpoint, et couvert d’un manteau de riche etoffe brochde d’or, lui tient la main. L’autre, dans un costume analogue, coiffd d’une toque noire ornee d’or et d’une plume blanche, est a sa droite ; devant elle, un jeune chien blanc, et derriere plusieurs femmes ses suivantes. Le fond est curieux, il reprdsente le sanctuaire d’une dglise avec tous les ornemenls d’autel de l’dpoque ; sur un soubassement ou pe- destal tout en largeur est placde une statue de la Vierge, tenant dans ses bras l’cnfant .Jdsus la tdte ornde du nimbe. Ce groupe est accom- pagnd de deux grands anges deboul, dont les robes sont peintes en vert. Aux deux cdtds de l’autel sont des courtines ou rideaux. Atta- ches a des tringles fixdes au retable a peu pres comme sont aujour- d’hui nos fleches de lit, un prdtre est agenouille sur les premieres marches; e’est probablement saint Loup qui vient de se vouer ail sacerdoce : deux chandeliers d’or aux extremites sur l’autel, un chan- delier d’or plus grand, place en avant de chaque c6td; dans une niche du fond ou piscine, deux burettes d’or; derriere le prdtre est un lutrin dont les supports sont formes par des chimeres, telle etait la maniere dont l’autel etait decore au XVl e siede. La chapelle est fermee par six arcades elevees snr un soubasse- ment et couronnecs par un entablement coriulhien : ce dernier forme ^ 1’endroit des piedroits des ressauts supports par des colonnes can- nelecs, avec piedestal ct ft l’aplomb desqucllcs est un vase elegant de- coupe il jours et rempli de fleurs et de fruits. Dans la frise au-des- sus de chaque arcade, sont des branches de lauricr et d’olivier en sautoir, et sur l’entablementune petite fenfire plcin-cintre, entouree d’un cadre ft crosscltes, surmontee d’un fronton circulate, et ac- compagnee de consoles renversees ornees des feuilles d’acanthe. Sur l’arcade du milieu (la sixieme fait retour) s’dleve une espdee d’attique, couronne d’un fronton en courbe surbaissde a jour, sou- tenu par des consoles, et sur lequel dtaient deux figures couches ; l’une d’elles paraissait, selon Grosley, « reprdsenter l’Abondance et la paix de l’ftme qui l’accompagne ou doit l’accompagner , et l’autre la Pauvretd, l’inquidtude et les angoisses qui les suivent. » Le vide des arcades est rempli par une colonnade dorique dlevde sur le piddestal continu; dessus l’entablement de cet ordre en minia- ture, s’dlevent encore trois petites arcades couronndes du fronton. DEUXIEiME CHAPELLE. La deuxieme chapelle dite de St-Arnould ou de St-Louis, prdsente quelques diiffdrences dans la disposition des meneaux de sa fendtre; au lieu de se terminer sous l’appui immddiatement , ils descendent appliques au mur jusque sur le pavd oil leur base forme ressaut, sur un socle continu qui fait le lour de la chapelle. Ces meneaux sont formas de groupes de colonettes , et dessinent dans la partie supdrieure trois ogives divisdes eu deux par d’autres ogives Irilo- bdes, l’intervalle des courbes est rempli par trois fleurs de lis et par des trefles. Le fond du vitrail est formd par une espece de rdseau, composd de bandes bleues enlacdes dont les vides sont remplis de fleurs de lis d’or. Dans les trefles qui remplissent en bas l’intervalle des grandes et des petites ogives on remarque trois sujets : au milieu, Dieu le pere assis sur un nuage, vdtu d’une robe de pourpre, et la tdte ornde d’un nimbe rouge avec la croix d’or; de la main gauche il tient le globe croisd qu’il doit remettre a son fils, comme symbole de sa puissance, et de la droite il donne sa bdnddiction ; la figure est ddtachee sur un fond bleu. Il est it remarquer qu’il n’a point sur la tdte la tiare aux trois couronnes, dont on 1’a coiffd plus tard; le nuage qui le porte est en- tourd d’un rouleau deployd sur lequel on lit , hie est Jilius meus dilcctus. Dans le trdfle de droite sur la mdme ligne, Saint-Christophe en robe rouge, traverse un fleuve, portant sur ses dpaules l’enfant Jdsus dont la tdte est minbee de rouge avec la croix d’or. A gauche, le trifle renferme un saint en robe violelte, manteau bleu clair. Il tient ft la main un long biton, peut-dtre une crosse dont la partie supdrieure manque; dans le premier eas, il serait en voyage; de la main droite, il porte suspendu ft une courroie un livre d’or ft fermoir d’argent ; le fonds pour ces deux derniers sujets est un rouge vif. Deux dcussons armorids se remarquent dans les petites ogives trdfldes sur un fond rouge, it Test il est d’azur ft la croix double en or, au cdtd opposd le mdme dcu est mi-parti d’azur 5 trois tdtes de mouton d’argent. Au-dessous reste encore la partie supdrieure de trois clochetons en grisaille rehaussde d’or, pour attestor que plusieurs figures existaient auparavant; c’dtait probablement le baptdme de J.-C. Cette opinion peut s’expliquer par la prdsence de Dieu le pdre dans la partie supd- rieure, et des paroles dcrites sur le rouleau qui est ft ses pieds. Sur l’autel on voyait autrefois la statue d’un dvdque reprdscntd assis de grandeur naturelle et mariant deux personnages figurds en petit ft ses pieds. Le peuple de Troyes appelait cet dvdque St-Etcr- non , quelques vieilles femmes, ft ce que racontc Grosley, ’vivaient 151 de ncuvaines que faisaient faire en secret, i ce saint, les jeunes per- sonnes qui se trouvaient de la vocation pour le mariage; le concours devenait si grand, dit-on, que le chapitre jugea convenable de faire enlever la statue L Le martyrologe cite un saint Etern , efeque en Irlande ou en Ecosse; sur la porte de la collegiale de Luzarches, on voyait avec les figures de St-C6me et St-Damien, patrons de la ville, celle de Saint- Eternon , 6v6que d’Evreux, massacre en 653. C’est probablement le nfeme que le Saint-Eternon r£v&fe 5 Troyes, mais la notice ne dit pas s’il etait represents mariant deux personnes. En 1642 , on avait place en haut de cet autel cette inscription dcrite sur une planche : Autel du Jubile. On lit dans les memoires manuscrits de l’abbe T remet, chanoine de St-Pierre, qu’en 1697 le tonnerre tomba sur le clocher de la cathe- drale, entra par la porte du nord et traversant la nef alia droit 5 la chapelle de St-Arnould, dont il cassa un panneau de vitre. TROIS1EME CHAPELLE DITE DE SAINT-LAZARE. Cette troisieme chapelle est une repetition de la prdcddente, elle n’offre de changements que dans la forme des compartiments qui rem- plissent la partie supSrieure de la fenStre. Cinq meneaux appliques qui descendent jusqu’au pave engendrent plusieurs ogives , l’inter- valle des courbes est occupy en haut par des quatre-feuilles et plus bas par des trifles. Dans un cercle borde d’un feston qui cccupe le centre du quatre-feuilles superieur est point sur un fond rouge Jesus- Christ, couronnant la Yierge sa nfere assise 5 sa droite ; les figures sont nimbSes et vStues de robes d’or et de manteaux bleus. Dans le cercle des quatre-feuilles a gauche, sur un pareil fond, est peinte une assemble de saints personnages au milieu desquels on remarque un efeque ; dans le quatre-feuilles en regard ce sont les apbtres. Des figures de saints remplissent les trefles places dans l’intervalle, celui du milieu tient un grand couteau, instrument de son martyre , la bordure est en general fornfee d’une It’gere bande rouge avec des rosettes d’or. D’autres trefles renverses sous les quatre-feuilles sont remplis par des figures d’anges 5 mi-corps avec des ailes rouges et or detaclfees sur un fond bleu. Dans les trefles renverses du rang inferieur sont des petites figures de saints en pied. Celui du milieu tient une croix, c’est probablement un pape ; de chaque c6fe, ce sont des evSques, mitre en fete et leur crosse & la main; le fond est ouvre en grisaille etdans chacune des trois portions de cercle qui composent le trefle, il y a une rosace bleue. Entre les meneaux sont repfesenfes des portiques en ogives trilo- bes, accompagnSs de pilastres terminus en pyramide, ornSs d’expan- sions v^tales , et surmontes d’une rosace et d’un pignon 5 jour dont les rempans sont garnis de feuillages ainsi que le sommet. Cet ajustement , tout-5-fait dans le goiit de celui des pierres tombales que nous avons publics , est surmonfe d’un toit dont l’afete est or- nSe de trefles d’or. Sous ces quatre portiques sont des figures de saintes martyres tenant des palmes, 5 l’exception de la premiere qui 1 Le groupe entier fut enleve en 1782 et transports dans une maison voisine de la calhedrale. Depuis, un clianoine le fit placer dans son jar- din au faubourg de Preize, oil peut-etre on pourrait le retrouver. tient un vase de parfums, et dont la fete a ete visiblement rapporfee Les couleurs dominantes des robes et des manteaux sont le jaune, le rouge, le bleu et le violet. Au-dessus des portiques, sur les chous qui les terminent, on voit d’autres figures de saintes d’une proportion plus petite et tenant des palmes. Il existait au-dessous un deuxieme rang de figures et de portiques, mais ils ont disparu entierement ; dans la bordure qui est fortune en partie de pieces rapporfees, on remarque des croix d’argent sur fond azur, et des petits dcussons de sable charges de trois etoiles d’ar- gent avec d’autres qui sont de gueules aux trois tours crdnelees d’or, puis ce sont des fragments d’arabesques et d’inscriptions poshes en tous sens. QCATRlilME CHAPELLE DITE DE LA NATIVITE DE LA SAINTE-VIERGE. M6mes meneaux que les precedents, et nfeme disposition dans les compartiments qui remplissent l’ogive. Ces derniers renferment des sujets peints et des armoiries dont l’ensemble offre la reunion des tons les plus riches ct les plus chauds ; en haut, deux figures assises que Ton reconnalt pour des saints au nimbe qui entourc leur fete, paraissent converser ensemble, leur geste est aninfe. Dans l’un des quatre-feuilles, vers l’est, sont deux figures de saintes, assises de nfeme sur un long siege, l’un d’elle tient une quenouille. Dans le centre du quatre-feuilles, au cote oppose, une sainte age- nouilfee aux pieds de J.-C. debout, et tenant une croix. Un arbre aux feuilles d’or est plact5 entre les deux ; autour des cercles qui ren- ferment les sujets, il y a des fleurons qui remplissent le quatre- feuilles ; la bordure est fornfee d’une bande rouge chargee de rosettes d’or. Les trifles droits et renverses qui sont au-dessous, sont remplis par des ecus jjlasonnds dont l’entourage est fort riche, le premier est lozange d’argent et d’azur, et applique sur un trefle rouge en- tourS d’un feston d’or. L’Scu qui occupe le trefle du milieu est de gueule 5 deux faces d’argent, celui qui est 5 droite est lozangS d’argent et d’azur 5 la bande de gueules charges de trois coquilles d’or, ces ecus sont en- toufes des nfemes ornements que les precedents. Dans les petits trefles renverses, on remarque encore les nfemes blasons, savoir : le premier, en commen^ant , vers I’est, de gueules 5 deux faces d’argent, le deuxieme echiquefe d’argent et d’azur et le troisfeme de nfeme que le premier. Au-dessous entre les meneaux, un rang de six portiques, repro- duction de ceux de la chapelle prefedente, a quelques variantes pres, et dans chacun de ces riches portiques deux figures sur fond ou- vre en grisaille, la bordure est une bande rouge chargSe de rosettes d’or. Dans les angles aigus que laissent entre elles les courbes des ogives, il y a une tiged’herbe 5 trois feuilles d’or; au-dessous de ce premier rang de figures il en existait un second qui a ete enlevS il y a plus d’un dcmi-siecle , il est rempIacS aujourd’hui par des fonds en grisaille fornfes de cercles enlaces dans des lozanges, sur un fond senfe de feuillages; ces grisailles qui sont d’une Spoque anferieure aux autres peintures de cette chapelle ont ete tiroes de celle de No- tre-Dame, derriere le chceur. Sous l’appui de la fefetre entre les meneaux appliques, est ou- S3— ► 152 verte unc porle qui donnc entrde a la salle de reunion du chapitre. Ce bailment, dont la construction peut remonter a la fin du seizidne sidle, est un long rectangle perpeudiculaire a la nef, et qui dait autrefois Maid de chaque c6t6 par huit fendres, dont la baie longue ct droite est termini par un linteau plat avec Ies aretes couples cn biseau. Intcrieuremcnt la baie est en arc surbaisse, et un corbeau de pierre cliargd de profils, saillant a chaque trumeau, supporte une poutre ornd de moulures sur les ardes aussi bien que les solives qui sont apparentes. Une petite porte, situ6e a Tangle sud-est de la salle capitulaire, donnait sortie sous une galerie de bois qui existait dans la cour , en face le portail meridional, et une autre porte, situd a Tangle nord-ouest, donne encore aujourd'hui acces dans une autre cour qui conduit a la forge et aux magasins de la fabrique. Paimi les dalles qui formaient le pave de cette cour, on remarque deux epitaphes sur marbre noir; Tune, en latin, est devenue presque illisible, et l’autre, qui provient d’une chapelle de la nef, est en francais; la void : Cy gist Edme Bovrgeois Fji.z, de nigolas Bovrgeois C oMMISSAIRE DES PoVLDRE 5 Et salpetres povr Le Roy en champagne Brye et Bovrgogne A v MAGAZIN DE TrOYES Qvi DECEDA LE l5 AOVST Mil six cens trante Reqyiesoat in pace. On remarquait a ces fendres quelques peintures sur verre, mais depuis les changemenls que le chapitre a fait faire dans ce batiment elles ont presque entierement disparu 1 . CINQUIEME CHAPELLE D1TE DE l’aNNONCIATION DE LA SA1NTE-VIERGE. Cette dernide chapelle latfrale de la nef a une forme toute par- t iodide; le mur en est brisd vers Touest, pour ne pas rencontrer la fendre du transept meridional ouverte a la suite de Tarcade du deuxitme bas-cold 2 ; probablement le plan primitif ne eomportait pas de chapelles. Les deux pans de mur formCs par Tangle rentrant sont pereds cha- cun d’unc fendre divisee par deux meneaux formant trois ogives A la deuxieme fenelre, le porirait en pied et en petit de Pierre Co- meslor, premier doyen de l’eglise de Troyes, mort en 1178. An-dessus dc la figure on lisait : Pctrut Comestoris trecens canonic us et de Trecis. I,e personnage porte sur l’epaule gauche unc chausse noire et son au- musse sur le bras du siege sur lequel it est assis. A la troisieme croisee, dans un cercle de 20 centimetres de diametre environ, un autre personnage, assis sur unc chaise a dossier eleve, est vein d’une robe longue et place devant un large pupitre sur lequel est un livre et du papier, pres de la tete on lit : Nicolaus de Lyra. Sur la qualrieme fenetre, saint Thomas d’Aquin avec son nom ccrit : trtffld a leur reunion, et surmontes par trois cercles remplispar des quatre-feuilles. Dans celui du haut, a la fendre du midi, le Christ en croix, avec la Vierge et saint Jean. A gauche , un ange auxailes d’or et en robe rouge tient dans ses mains un rouleau de- ploy'd A droite , un autre ange dont la robe est de couleur bleue ; ce dernier est une restauration et provient de la manufacture de Choisi. Dans les portions de cercles, autour de la figure, des rosaces a quatre-feuilles et des fleurs de lis d’or. La bordure du milieu est rouge , avec de petits trefles d’or. Entrc les meneaux , un portique gothique dans le goiit de ceux que nous avons signals, mais plus riche de couleur, renferme une figure de saint nimbd, en robe rouge, un chapeau sur la tde et uu livre sous le bras. C’est vraisembla- blement un pderin en voyage. II devait y avoir six figures ainsi logds dans des portiques; mais celles qui daient de chaque c6td , aussi bien que celles du rang inf6- rieur, ont disparu. 11 est bon de remarquer ici que ce n’est pas le temps, ni la foudre, ni les rdormistes, qui ont ddruit ces vilraux dans la partie infdieure de toutes les fendres : ils n’auraient pas certainement proeddd avec tant de rdgularitd ; mais bien les cha- noines titulaires des chapelles qui , a une epoque deja doignde, les trouvant trop sombres, jugerent tout simple de faire enlever lespan- neaux pour se donner du jour. Du moment que Tun s’dait permis cet acte de vandalisme, les autres Timitdent et firent successivement le tour de T^glise. Au bas de la figure du saint pderin il existe une grisaille rehaussd d’or, reprdentant le crucifiement. La Vierge ct saint Jean sont debout, et la Madeleine est agenouilld au pied de la croix; le fond represente un paysage, le soleil et la lune se voient aux c6td de la tde du Christ. Cette peinture , qui provient d’un oratoire particulier , est d£plac<5e dans la chapelle, tant cl cause de la dimension des figures, du ton de couleur et du temps 0(1 die a 61c 1 exfeute'e. COTE GAUCHE DE LA NEF. PREMIERE CnAPELLE. Comme dans la chapelle de droite, & laquelle clle correspond, les meneaux de la fendre sont terminus sous 1’appui par des culs-de- lampe orncs de feuillages. Ils forment trois ogives i contre-courbes, divistfes par deux plein-cintres trilobc's. Les comparlimenls flam- boyants qui remplissent la partie sup<5rieure de la fendre, et dont au- cune description ne peut donner l’iddc, ne renferment d’autres peiu- tures que des «5cussons armoric's : on y voit celui de France sur- monlt' d’une couronne d’or fleuronn^e et entoure'e d’une couronne Sanctus Thomas de Aquinatus. Sur la cinquieme, un saint Nicolas sans inscription. Sur la sixieme, un saint Jerome avec le chapeau de cardinal. Sur la septieme, le roi David avec ces mots : David rex. Et sur la hui- lietue, un saint Pierre sans inscription. Du cote droit, les fenetres sont murees depuis long-temps, a l’excep- tion d une scule sur laquelle est uue figure de Jesus-Christ dans un cercle, en huste seulement et de profil; dans le fond on lit ces mots : hie est firma Christi. Toutes ces peintures sont des grisailles ou camayeux ton de bistre, avec les oruements rehausscs de jaune d’or. a Yoir le plan. 5 &~> 155 «-« de feuillage; en pendant, celui aux armes de Troyes, entour<3 de nifeme et surmoiUe d’une t6te de cherubin aux ailes ddploytles. Dans les trifles, sous les ogives vers 1’ouest, les armes de l’e- vfeque Odard-Hennequin, qui sont vair£ d'or ct d’azur, au chef de gueules chargd d’un lion passant d’argent, avcc la crosse d’or adossde. II est enlourd de mfimc par une couronne de feuillage. Au milieu, l’dcu de famille des Hennequin, mais il est presque dd- truit. Vers Test, le rnftme 6cu dcartcliS, au premier et quatriemc vaird d’or et d’azur, au chef de gueules chargd d’un lion passant d’argent, Si la bande d’argent, en t£te ct en pointe un dragon vo- lant d’or. Ce sont les armes de la famille Baillet , allide des Hen- nequin 1 . Au-dessus des ^cussons, dans le vide des trefles, sous les arcs plein-cintre , on voit des petites figures d’anges tenant des in- struments de musique. Le mot 1NRI , qu’on lit au-dessous, indique qu’il y avait un Christ en croix; la bordure est bleue et or sur fond noir. Une piscine Si contre-courbe est praliqufe dans le mur du nord , vers l’endroit oh devait 6tre l’autel. On a pu remarquer Si l’inspection du plan la saillie que formait intfrieurement le mur des tours, saillie qui r<5trdeit d’autaut l’entrde des bas-c6t<5s. C’est dans ce massif que se trouve l’entrde d’un caveau depuis longtemps muree, dont le souvenir s’est conserve traditicnnellement, sans qu’on ait pu savoir de quel cdte le re- trouvcr, tcllcs recherchcs qu’on ait pu faire depuis 2 . DEEXIEME CHAPELLE DITE DE SAINT-JEAN L’EVANGELISTE. Les cinq meneaux qui divisent la fen£tre forment en haut des ogives Si contre-courbe, divis&s par d’autres ogives avec des arcs tri- lobds. Les (icus blasonmis des Hennequin, mais simples et sansac- compagnement, celui du chapitre dejSi signals dans la chapelle des fonts, puis celui mi-parti des Hennequin, forment seuls la richesse des vitraux peints de cette chapelle. La partie superieure des clo- chetons en grisaille que l’on voit entre les meneaux indique que plusieurs figures peintes manquent h ce vitrail. TROISiLME CHAPELLE DITE DE I, A CONCEPTION. Les compartiments de cette fenfstre sont une repetition exacte de i C’est probablement Jean Hennequin sieur de Lanlages, avocat du roi a Troyes, avec Jeanne Baillet sa femme, desqucls sont issus i° Jeau Hennequin, grand arcbidiacre de l’eglise de Troyes, abbe de Basse-Fon- taine et doyen de Saint-Urbain de Troyes ; 2 ° Odard Hennequin, aumo- nier du roi Francois I® 1 , qu’il avait suivi en Ualie et en Espagne, ct qui ful eveque de Senlis eu i526, eveque de Troyes en 1527 , abbe de Sainl-Loup et de Saint-Marlin-es-Aires de Troyes, de Basse-Foutaine, et qui mourut en t 544 . Millin, dans ses anliquites nationales, reporle l’epitaphe d’un Nicolas Hennequin, bourgeois de Paris et ne a Troyes, qni etait evidemmcnt de la meme famille, puisque ses armes sonl les meines. a 1, ’existence de ce cavcau est constatee par une note exlraite des me- moires manuscrits de l’abbe Tremet, cbanoine de Saint-Urbain, mort dans le dernier siecle. On y lit que le i 5 oclobre 1678, les quatre pe- tites chasses plaeees dans un caveau sous la tour pour les soustraire aux insultes des calvinisles en furcnt retirees par l’eveque Claude de Bauf- fremont et replacees au-dessus du maitre-autel sur la tribune elevee par Guillaume Parvi sous l’arcade du sanctuaire. Le memoire ne dit pas sous laquelle de ces tours est pratique ce caveau, a moins qu’on entende sim- celle du cote dioit qui lui correspond, preuve qu’il existait un plan uniforme avant la reprise des travaux par l’evfque Jacques Raguier. Dans la partie supt'ricure , les vitraux points offrent le Christ assis sur son trdne, couvert d’ttn manteau bleu et nimbi! d’or; ses bras sont 6lev 154 < — K doit remarquer surtout, c’est la figure agenouillde du donateur, grande comme nature, placde A Tangle infdrieur et au c6td gauche du tableau; c’est Jean Pincau, chanoine, accompagnd de soil patron, saint Jean-Bapliste. A Tangle oppose, dtait la figure de Francois Pineau, son frdre , aussi donateur de ce vilrail , reprdsenle aussi A genoux, les mains jointes, en manteau eten fraise. II ne reste plus de ce pan- neau que lapartie supdrieurc de saint Francois, son patron, recon- naissable aux stigmates des mains ; la tdle de Jean Pineau est belle, d’une execution large, et doit offrir un portrait tres-resseniblant ’. Entre ces figures, on voit Jdsus-Christ couchd sur le pressoir, dont la croix forme la pidce de pression. Le sang du rddempteur jaillit de sa plaie dans un caliced’or placd sur le devant,et de son sein nait un ceps de vigne dont les diffdrents rameaux sont lerminds par des coupes on calices de fleurs portant chacun une figure d’apdtre reprdsentd A mi-corps, avec ses attribus. La partie ogivale de la fendtre est remplie par les armoiries de personnages contemporains, eininens en dignitd. En haut, sont celles du papc surmontdes dc la tiare, avec les deux clefs d’argent en sauloir. Sur une mdme ligne, au-dessous, on voit l’dcu de France accolle avec celui de Navarre, surmontds de la couronne fleuronnde d’or et entou- rds du cordon de Saint-Michel. Puis lecu ovale aux armes de Cham- pagne, placd au milieu d’un cartel, et surmontd d’une tdlede chd- rubin. Dans un rang infdrieur, lecu fort richement blasonnd de Charles de Choiscuil-Praslin, marshal de France et gouverneur de la pro- vince de Champagne; il est surmontd d’une couronne ducale et en- tourd d’un cordon de l’ordre du Saint-Esprit. Au milieu, les armes dc Tdvdque de Troyes, Rdnd de Brcslay, mort en 1G41, qui sont d’argent au lion rampant de gueules, cantonnd A dextred’un croissant d’azur. L’ecu est surmontd de la mitre ornde de perles, avec la crosse adossde ; il est entoure de la couronne d’dpine pour marquer que ce prdlat appartenait & la socidtd de Jdsus. Au cotd de l’ouest, un magnifique blason que Ton croit appartenir A la maison de Montmo- rency. L’dcu, entourd du cordon du Saint-Esprit, est surmonte du heaume, avec un lion issant, et cettc devise : F1DES. Le milldsime 1625, deux fois rdpdtd, occupe les trefies dans Tintervalle. Enfin dans les treflcs renverses du rang infdrieur, on voit l’dcu deux fois reproduit des donateurs du vitrail. 11 est d’argent au chevron de gueules, avec trois raisins de pincau au nature!, posds, deux en chef et un en pointe. L’ecu est entourd d’un cartouche soutcnu par une tdte de chdrubin. Au milieu, dans un cartouche analogue soutcnu et entourd de mdme, sont les armes du chapitre que Ton connait ddjA. Les angles aigus, forme's par Ieseourbes des ogives et des trrfles, sont tous remplis par des raisins de pineau. Les rameaux de vigne qui portent les apotres sont charge's de fruits de mdme espece, et c’est encore un rinceau de vigne avec ses raisins alternant avec l’e'cu precis qui forme la bordurc du vilrail. Cette ostentation A multiplier ainsi leurs armes parlantes prouve que la pensile religieuse ne dominait pas scule dans le don fail A Te'glise, et que, dans ce temps, la foi s’affaiblissait sensiblcment ; car, du moment qu’il fut permis aux parliculiers de placer leurs portraits A c6ld des images de la divinity et des saints, on ne mit plus de rdserve dans celte prdtenlion et bienldt la place fut envahie. L’alldgorie du pressoir offrait aux donateurs le moyen de multiplier leur blason sans trop d’incon- venance, puisqu’il se raltachait en quelque sorte au snjet dont le choix n’est dA peul-dtre qu’A cette seule consideration. CINQUIEME CHAPELLE DLTE DE SAINT-MICHEL. L’ogive de la fendtre est divisd par trois cercles ou roses dans lesquels il y avait des figures en petit et en pied. 11 ne reste plus que celle de saint Pierre vers Test. Au-dessous, il existait aussi deux rangs de figures placdes sous des porliques semblables A ceux de la troisieme chapelle que nous avons decrits; celles du rang supdrieur sont seules conserves. Au premier panneau, l’archange saint Michel, armd d’une croix et d’un bouclier sur lequel est encore le signe saerd, dompte Satan renversd A ses pieds. Les deux panneaux suivans contiennent un seul sujet : dans le premier, on voit deux rois debout, et dans le dernier, la Yierge assise tenant sur ses genoux Tenfant Jesus, auquel un des mages, agenouille et la tdte nue, pnlsente un vase de parfums; au-dessus du groupe, on voit briller Tetoile conductrice des mages. Une piscine en arc trilobi* est ouverte dans le mur vers l’autel , ainsi qu’aux deux chapelles pre'e^dentes. Toutes les chapelles de la nef e'taient, avant la revolution, fermees par des colonnades ou par des arcades d’un goht analogue A la elbture de la chapelle de 1’Assomplion dont nous avons parle; ces clbtures e'taient toutes d’un dessiu varid , et exdcutdes dans le XVI e siecle. On admirait Tune d’ellcs A cause dc sa k'geretd et du travail delicat des feuillages entreruek's de figures d’oiseaux qui entouraient les colonnes. Nous ne quilterons pas la nef sans signaler parmi lesvdgdtaux et les figures capricieuses qui en forment Tornementation , un escargot monstrueux que Ton voit sculptd au premier pilier qui sdpare les collate’raux au nord , non que Texe'cution matdrielle de ce limaeon soit remarquable , ni qu’aucun fail ait pu motiver son admission que Ton peut regarder mdme comme deplacde. Mais Tadmiration du vulgaire ne peut suffire pour ce prdtendu chef- d’oeuvre. On l’a eutendu ciler A plus de cent lieues dc Troyes; et il existe grand nombre d’honndtes voyageurs qui, apres avoir visitd noire belle cathedralc, n’cu ont conserve d’autre souvenir que celui de cet escargot i 2 . Le cold gauche de la nef et ses bas-c6lds n’dtaient pas moins riches en pierres tombales que le c6td droit. Nous rapportcrons ici les inscriptions des plus inldressantes, et les dpilaphes que Ton y remarquait. Au pilier dc la tour, en entrant, ou voyait une table de marbre qui rappclait le don fait, A Tdglisc Saint-Pierre, de la somme de douze cents livres, par Claude Fay, chanoine de la mdrne dglise, i Nous possedons le dcssia lave original de Gonlliier , qni offre la dans la planrhe; le pcintre a fait quelques changemenis dans rexeculion premiere penscc de cette composition el ou la figure de Francois Pineau en grand. est indiquee; c’est le fac simile de ce dessin que nous avoDS reproduit * Voir le n° 9 de la planclie des chapileaux. c / '/tuL Fac - Simile d un D e s sin de Linard Gon\hier, (‘jc.erttk array**/ I5G < — K (Ft; qi$t pierre SCftalot fil$ be 6imon 9)7alot enfant be coeur be ceofe cqlise qui beceba le 10 juillct 1572. 9\equic$cat in yace amen. Sur une autre pierre, non loin de la, se voit une main tenant un calice avec un rouleau aulour, portant une inscription latine. L’t'pi- taphe gravfe au-dessous est ainsi concue : <£i; qi*t me$$irc 3 158 . «-* cst Evident quc si ellc eftt tfgalcment reproduite en dedans , i’cffct d’ensemble cht 616 plus complet : il semble qu’il dtait d’autant plus facile de l’obtenir, cet effet, que le dallage qui surmonte le mur & la hauteur de celte galcrie , est d’une largeur plus que suffisante pour y dablir ces pelites arcades qui d’ailleurs auraient encore con- tribute a la solidity de celles qui supportent la rose. Les voi'ttes des six travees qui composent les transepts sont & ner- vures simples formtees d’un tore avec une arete mousse ; leurs in- tersections au cotd du nord sont orndes de feuillages , et au transept meridional ce sont des medaillons avec figures; sur le premier on voit le Christ retirant les times du I’urgatoire; sur le second, un saint il cheval, amid d’une £p6e et d’un bouclier, vient de terrasser un monstre. A ce litre , ou peut reconnaitre saint Georges; sur le troisifcme , plus rapproche de la rose, est sculpts un Agnus Dei. La voiite centrale est ti doubles pendentifs, et les nervures sont formt?es de moulures ou profils anguleux ; au milieu est une ouver- ture bordee d’une couronne de feuillages qui servait de passage pour les cloches. La reconstruction de cette voiite a diverses fpoques explique la difference que Ton remarque dans la forme des ner- vures : d’abord en 1669 , parce que la chute du clocher qui eut lieu en 1365, l’avait considdrablement dbranltie: puis en 170l,ayant ete crevee l’annee prdc&iente par la chute des cloches, lors de l’in- cendie qui detruisit de nouveau le clocher et tout le comble de l’c- glise. Un habile macon , M. Feuillet, qui fut charge de cette reconstruc- tion, avait imagine une tour roulante formee de poutres debout de quarante-deux picds de hauteur , sur laquelle il avait etabli son echa- faud. i Nous avons retabli ici l’orlhographe des noms de ces deux artistes d’apres les comptes de 1’ueuvre, ecrits sur parchemin; ils avaieut etc alte- res au commencement de cet article. Le rnarche passe entre le chapitre et Henri Soudan etait conserve en original sur parchemin aux archives deparlemen tales. Cette piece cu- rieuse, apres avoir ete vendue en 1827 avec les comptes de I’oeuvre, avait ccliappe au ciseau du relieur; elle est passee depuis en Angleterre avec d’autres fragments de nos archives. Nous croyons etre agreable a nos lec- teurs en la reproduisant ici d’apres une copie fort exacle que nous de- vons a l’ohligcance de M. Gadan, amateur de paleographie. « C’est le marchie que messigneurs Dean et chapitre de l’eglise de Troyes ont fait a Henri Soudan macon demourant a Paris en la rue de Joy de- vant loslel au gros Thomas prez de loslel maistre Jehan des Marelz et a Henri de Bruisselles macon , le xviij e jour dottobre lan mil ccc iiij xx ct deux pour faire ung jube en la ditc eglise par la maniere quit est pour- trait et gutie en une Pel de parchemin de la main doudit de Bruisselles — Primo les diz macous doiuent ouurer oudit jube continuellement yuer et estesenz ouurer autrepart pour quelque maniere que ce soil se n’cst dou cougie et licence de mesdissigneurs jusques il soit parfaits et assouvis de tout ouvraige de maconnerie senz les ymaiges les quelles messigneurs ferout faire a leur plaisir et a leurs propres coux el depens pareillemcnt uug mouton dor que uug chascun des dix deux macous aura pourchasque sepmaine de tout lan a commencier au jour quil entreront oudit ouuraige soient feste ou autres jours ouurans, ct ou cas que lesdiz macons ou l’un deux cessa douurer a ung des jours ouurans soit de sa volente pour nia- ladie ou aulrement il luy sera rabattu et descompte pour chascun jour "V s. t s (5 sols tournois) pour "V 0 parlie dun mouton dor~~ Item ont pro- mis les diz macons de continuer ledit ouuraige des la Nativite notre Dame Quelques anne'es apres, son fils, charge de consolider le premier grand arc du choeur qui avait souffert , s’en tira aussi avec habiletd au moyen d’un echaffaud volant suspendu avec des cordes. Des corbeaux de pierre saillants & differentes hauteurs se remar- quent aux colonnes des quatre gros piliers du clocher. On presume qu’ils y ont 6t6 fix£s pour appuyer 1’^chafaudage lors de la pre- miere reconstruction de la voiite cenlrale. Nous avons ddjti signals l’existence d’un jube construit devant le choeur, vers la fin du quatorzieme siecle et qui se voyait encore avant les dvdnemenls de 1792. Ce jube dont il ne reste maintenant d’autre souvenir que le plan, etait tout en pierre de Tonnerre, il se composait de cinq arcades ogivales sur sa face principal et d’un ar- cade en profondeur qui formait saillie sur les gros piliers. Ces ar- cades etaient supportees par des pieds-droits de forme angulaire avec des filets et des gorges qui se reproduisaient aux contours des ogi- ves, le tout surmontd d’une balustrade a jour. L’intersection des nervures des voiites correspondantes a chaque arcade, dtait ornde de m i 59 <— 8E digne de ddcorer 1’dglise 6piscopale. On voit mfime qu’il y eut dans le temps, une sorte de concours public 6tabli pour obtenir le meil- Ieur projet possible. A l’article ddpcnsc pour maconnerie dans les comples de l’oeuvre de 1380 St 1382, on lit : Pour fairc le pourtrait dou jubd en un pel de parchemin , par Michelin et Jehan Thierry pour monstrer & messeigneurs , pource vs. Et dans un autre article plus bas Primo; pour ung pourtrait fait en parchemin pourledit jube par henry de Bruisselles maqon dou commendement de Messei- gneurs, pour monstrer aux bourgois ct aux ouvriers de la ville , encontre ung autre pourtrait fait par Michelm le ma- qon auquel pourtrait fait par ledit Henry lesdits bourgeois sc sont tenus pour dire le meilleur , pour cc payd audit Henry dou commandcment de Messeigneurs xx s. Afin que la richesse du pave rdpondit ik la richesse ornementale du jubd on avait placd devant trois des plus belles pierres tombales de l’dglise. Eiles ont 6t6 brisdes lors de la derniere chute de la voi’ite dont nous avons fait mention. Deux chapelles orndes avaient 616 dtablics sous les arcades latt 5 - rales du jubd. A droite celle dite de saint Augustin , et de l’autre c6td celle dite de saint Denis. Au dernier pilier vers le midi , etaienl attaches deux lames sur lesquelles se lisait en latin l’dlogc ftmebre de Nicolas de Mesgrigny , abbd de Saint-Maurice en Blasimont, de- signd dvdque de Troyes, et de Jacques Vignier, son parent, aussi designd au mdme dvdchd. Au gros pilier 2t droite du choeur, est attache l’dpitaphe latine et gravde sur marbre noir de Nicolas Camusat, savant troyen, auteur du promptuarium. Grosley l’avait composite pour l’dglise paroissiale de saint Frobert d’oik elle provient ; la voici : 1IIC JACET NIC. CAMCSAT TREC. ECCLESlvE CANONICUS VITA , SCRIPTIS , MORIBES SACERDOTALIS ORDIN1S EXEMPLAR ET NONA NOSTRAT1S HISTORIC ALTER A PIT1KE O PARENS OBIIT OCTOGENAR1IJS XIU KAL. FEB. AN. M. D. L. V. P. J. GROSLEY T. R. L. 1770. marriglier prelre en ladite eglise proviseurs de ladite oeuvre, des le di- manche apres la Magdeleiue mil ccc iiij xx et deux jusques audit dyman- clie l’an mil ccc iiij xx et trois ensuyvant. On voit encore par un article du meme compte que : « Pour faire venir de Paris Henry Soudan macon a la requeste doudit Henry de Bruisselles a Troyes pour marchander doudit jube et lui retour- ner a Paris pour ses despenses baill par le commandement de messi- gneurs s. Et plus loin : « Pour la lettre oblig. soubz le seel dou Chastelet de Paris en laquelle est oblig. Henry Soudan macon et Marguerite jadis femme de Jehan de Les grandes fenetres ik l’ouest sont presque enticement privies de vitraux. Ceux qu’on y voit mdritent a peine d’etre mentionnds , les couleurs eu sont faibles et le dessin mediocre, le bleu pMe et le jaune y dominent. Ils ont du reste souffert de restauralions mala- droites. Au transept nord, a la fendtre du milieu, on voit une grande figure de sainte Catherine, tenant l’dpde et la roue. Le clocheton qui surmonte la figure indique cctte t'poque ddcolorde qui prdedda la re- naissance. Quelques bordures insignifiantes et des rosaces compo- sed toute la decoration de deux autres fenetres. Nous avons ddjik signals en passant les figures d’dvangdlistes pla- ces dans les cercles aux angles du cadre de la rose du nord. En haut , d’un c6te, e’est saint Matthieu avec l’ecu de France et celui du chapitre dans les cercles plus petits qui accompagnent le premier. De l’autre c6te e’est saint Jean, puis l’ecu de Navarre et celui du chapitre repete. Au centre de la rose sont les armes de Troyes ou de champagne qui sont les mdmes; et au bas J gauche, saint Luc, avec deux dcussons armories; celui du cercle supdrieur est d’azur ik trois erdnaux d’or avec une crosse de mdme. Celui du cercle infdrieur est d’argent ik la fasce d’azur chargee de trois coquilles d’or. Ce dernier blason est reproduit du cdtd droit au-dessus de la figure de saint Luc ; l’dcu qui remplit le cercle au-dessous est coupd de gueules et d’or, a la bande componee d’argent et de sable. Du c6t<5 de Test , en compensation, la peinture sur verre offre une grande richesse de sujets et de couleur , mais e’est seulement aux fenfires, qui de chaque c6td sont plus rapprochdes du choeur, qu’il faut la chercher; la premiere fendtre vers la rose en est entie- rement ddpourvue, et l’oeil n’apercoit quA peine deux dcus armo- ries, sans accompagncments, qui existent au bas : le premier est dc gueules charge de deux lions leopardes d’or, poses Fun sur l’autre. Le second, entoure d’une couronne verte, est ecartele au premier et au quatrieme d’argent au chef de gueules , et au deuxieme et troi- sieme de gueules charge d’un besant d’or au chef de meme fasce d’un b;kton, moitie de gueules aux trois croissants d’or, et d’or aux trois etoiles de sable. Les compartiments de l’ogive de la deuxieme fenetre sont rem- plis par des lozanges formes de bandes d’azur et remplies par des etoiles d’or. Au-dessous, dans l’intervalle des menaux, sont des figures d’ap6tres et d’autres saints , grands comme nature , au nom- bre de dix-huit, disposecs sur trois rangs superposes; elles sont logees dans des especes de niches flanquees de colonnettes et deco- des & la partie superieure de branches de feuillages detachees sur un fond rouge vif et du plus beau ton jaune d’or que Ton puisse ima- giner. Le fonds est tapisse d’une riche etoffe bleue damassee , sur Huy bourgois de Paris pour faire ledil jube par la maniere contenue en laditte oblig. pour ce paie par mons. Larced. Darcies a Paris, xx s. x d. 1 Ces eloges sont rapporles dans le tome XII e de la Gallia chaistiana Jacques Vignier etait fils de Jacques Vignier, baron de Juilly, de Ville- maur, seigneur de Chennegy et de Sainl-Liebault, conseiller du Roy, et de dame Marie de Mesgrigny, il fut, a cause de son rare merite, nomme a l’eveche de Troyes des l’age de 20 ans par Louis XIII. II mourut a Rome en 1622 , trois mois apres. — 11 etait prieur commandalaire de Saini- Marlin-des-Cbamps et de N.-D.-d’Argenteuil au diocese de Paris. Il por- tait pour armes seme de France au surtout d argent cousu d’un chef de gueules a la bande echiquele d’argent el de sable brochant sur le tout. 1 GO laquclle se defachent parfaitcmcnt les figures. Le peintre ayant eu {’attention d’dviter cette couleur dans les vdements. Au rang suptfrieur, en commencant vers le nord, paralt saint Pierre tenant un livre et une grosse clef d’argent. Son manleau cst vert et sa robe d’un violet foncd Yient ensuite saint Andre , recon- naissable S la croix en X qu’il porte ; sa robe esl aussi de couleur violettc et son manteau rouge. Le troisieme apotre est saint Jacques. 11 est, comme d’usage, en costume de pelerin , coiffe d’un chapeau rouge & large bord, avec un large collet ou pelerine de mfeme couleur, sous lequel est un manteau vert; il tient & la main son billon de voyage, mais sans le bourdon. Le quatrieme est saint Jean-Porte- Latine. 11 tient le ealice d’ofi s’echappe un serpent ail6 ; sa robe est rouge et son manleau vert. Le cinquieme est saint Thomas ; il est v£tu d’une robe verte et tient un bilton d la main avec uu livre sous le bras. Le stxieme est saint Jacques- le-Mineur, avec un manteau vert double de rouge et une palme & la main droite. Au deuxieme rang saint Barnabe, tenant un livre et des pierres, est couvert d’un manteau violet avec une robe rouge, enrichie d’une bordure. Vient ensuite saint Barthelemi tenant un couteau. Il est en manteau blanc double de rouge. Saint Jude qui suit tient une hache, sa robe est blanche et son manteau violet; saint Simon te- nant un livre et une scie est habille d’une robe verte et d’un manteau violet. Saint Philippe avec une croix et un livre, il porte une robe et un manteau de m6me couleur que le precedent. Vient en dernier lieu saint Matthias qui est aussi en robe verte Si collet rouge rabattu, il tient la lance dont il fut perak Au rang infdrieur, en commencant toujours au c6t<5 gauche du vitrail, on voit : 1° un personnage coiffe d’un large turban rouge et en robe verte Si larges manches bordees, sous lcsquelles paraissent d’autres manches blanches et serrdes au poignet. Il tient un grand rouleau deploy^ sur lequel est une inscription Iatine; 2° saint Jean, l’dvangdiste en robe jaune el en manteau rouge, avec l’aigle Si ses pieds; 3° saint Matthieu, tourne en regard et accompagne de l’ange, a pour costume une robe violette bordee d’or ; 4° saint Luc, en robe d’un ton violet tr£s-fouc6, tient un livre, le boeuf, son symbole, est Si ses pieds ; 5° saint Marc, en manteau vert-clair et en robe rouge tient un rouleau et un stylet , il est accompagne du lion qui le ca- racterise ; 6“ un saint en robe rouge avec un large collet vert rabattu, il tient un rouleau deployd sous son bras. Les apdtres ont leur nom ecrit en noir pres de la tde. Toutes ces figures sont d’une grande vigueur de ton, les contours en sont forlement accuses , etelles produisenten general un grand, effet , mais il est facile de voir que les costumes sont de fantaisie et que le peintre a plutdt charge 1 ceux de son t'poque que suivi ceux que la tradition donne aux personnages du Nouveau-Testament. La troisieme fenetre pres du chceur, est remplie de figures repre* sentant la plupart les saints honori’s particulierement dans ledioefese de Troyes , disposes de m^nie qu’ft la fenetre prCcCdente sur trois rangs superposes, et detaches sur une tenture d’etoffe bleue ouvre'e avec une bordure rouge semec de perles. La partie ogivalc dela fenetre, e’est-i-dire les corapartimeuls irregu- liers qui la remplisseutsontgarnis d’un reseauformedc bandes rouge- cerise, etsemees d’etoiles d’argent. Sur une ligne plus has on voit l’ecu dc l rance, puis le memo encore mi-parlide Bretagne, ce qui indique lerfegnede Louis XU, et enfinl’ecu aux armes de la ville de Troyes. Sur une ligne au-dessous un ecu d’or avec un monogramme de sable, puis un ecu d’azur a trois etoiles d’argent avec un croissant d’or en pointe, puis un troisieme de gueules avec deux epees en sautoir, au chef d’or, charge de deux hures de sables affrontes; enfin un quatrieme mi- parti des deux precedents et alternant avec le monogramme precite. Le premier rang des figures commence par saint Savinien l’un des premiers ap6tres de T roves ; son manteau est rouge double de violet, et sa robe jaune brun, il tient a la main un biton de voyage pour montrer qu’il est etranger ou qu’il est venu de loin, son nom est ecrit en lettres d’or pres de sa tite. 2° Saiute Malhie, patrone de la ville, en robe verte et en man- teau rouge , elle tient une palme d’or symbole du martyre , son nom se voit aussi ecrit pres de sa tCle. 3° Saint Pierre qui vient en- suite est couvert d’une robe violette et d’un manleau ecarlate , il tient en main un livre et une enorme clef d’argent son symbole oblige, le prince des apotres figure ici comme patron de l’eglise de Troyes. 4° La Vierge tenant l’cnfant Jesus, elle est repr^sentee avec une robe rose et un manteau vert. 5° Saint Loup, £v£que de Troyes, en chappe rouge et tenant sa crosse d’une main et de 1’autre une £pee dont il perce un dragon symbole del’her£sie. 6° Une Sainte tenant une fleur, elle a pour v6tement une tunique jaune floltanl sur unejuppe blan- che et un manteau double de vert, e’est peut-etre sainte Hyo'ilde vierge. Au deuxieme rang, 1° sainte Savine, soeur de saint Savinien, elle tient un livre ouvert et un long bilton de peieriuage. Sou manteau est rouge et elle porte sur sa robe blanche une tunique floltanle cou- leur orange ; 2° un saint couvert d’une armure d’argent et tenant une lance avec une flamme rouge, il s’appuie de la main gauche sur un bouclier en forme d’ecu dont le fond pourprd , est charge d’une large croix d’argent ; 3° sainte Catherine , une couronne d’or sur la tete , tenant un livre et une epee. Elle porte une tunique rouge sur une robe blanche et un manteau violet, il ses pieds la roue instrument de son martyre ; 4 ° saint Nicolas et les trois enfants, la porte une chappe rouge double de vert sur un v£tement de dessous blanc; 5° sainte Marguerite agenouille sur le monstre qu’elle a vaincus, sa robe est rouge et son manteau vert; G° saint Edme, £v£que, en chappe verte doublec de jaune et le reste du vetement blanc, un enfant nu est posit il ses pieds sur un petit piedestal. Au rang inferieur, 1° la donatrice en robe violette, agenouilke devant un prie-Dieu, couvert d’un tapis vert oil Ton remarque l’ecu de gueule avec les epees en sautoir? Sa robe est d’un ton violet fonett, ouverte sur le cote et laissaut paraitre une juppe dessous couleur orange, elle porte sur la like une sorte dc voile noir ; deux jeunes fillesplact'esderrkre, dies ont un costume absolument identique sauf la couleur des robes qui est rouge. Au bas de ces figures commence une inscription incomplete dispo - sec sur plusieurs lignes 1 ; 2° en suivant, un saint en chappe verte doublec dc rouge et de perles avec une robe violette dessous ; Il tient une croix il la main ; 3° saint Jean Baptiste avec l’agneau son sym- bole, il porte un manteau rouge double de vert, ses cheveux sont longs et blancs ; 4° sainte Barbe portaut sur sa maiu la tour qui lui 1 Elle commence, par ces mots : Van mil cinq..., elc. Elle indiquail probablement le nom des donaleurs et la dale du vitrail. 161 «-« servit de prison, elle a pour costume une robe violet-clair avec un manteau vert et sur la t6te un voile blanc comme toutes les autres figures de saintes; 5° l’archange saint Michel, couvert d’une riche armure dont la cuirasse est d’or, les autres pieces d’argent ; d’une main il tient son bouclier bord6 d’un cercle d’or , et de l’autre il frappe de l’£p6e Satan renverstS A ses pieds. Ses ailes sont vertes. 6° sainte Gudule en robe rouge avec un manteau violet double de jaune et bord6 d’argent; elle a sur la t6te un voile blanc, et tient de la main droite un livre et un cierge qu’un diable dteint et qu’un ange aux ailes vertes rallume sans cesse. A la fenfetre du transept meridional la plus rapprochee du chceur, sont peintes quatre figures debout, grandes comme nature; dies re- presented des apAtres et autres saints. Au has du premier panneau, on voit un personnage A geuoux devant un prie-Dieu couvert d’un tapis armorid; il est revAtu d’une casaque bleue aussi chargee de son blason et porte les cheveux courts. Saint Pierre, son patron , dont la tete est nimbee d’or, est place pres de lui; il tient A la main des clefs , son attribut oblige. Au deuxieme panneau , on voit un AvAque en chappe blanche , tenant un livre et une crosse. Au IroisiAme, saint Paul avec un li- vre et l’epee son symbole, sa robe est d’uu beau ton violet et son manteau jaune orange, cette figure est vraiment remarquable par sa pose et par le jet des draperies. Au quatrieme panneau , est la donatrice A genoux , les mains jointes , et tournee en regard de son mari ; sa robe est d’un violet clair A larges manches bordees de fourrures, et sur sa tAte elle porte une piece d’Atoffe plide A la maniere des Italiennes. Le tapis du prie- dieu est d’une riche teinte de pourpre et charge d’un ecu en lo- zange ( forme que Ton sait Atre particuliAre aux femmes ), il est d’a- zur au chevron d’or avec deux roses«d’argent et mi-parti aux armes de son mari, qui sont aussi d’azur A la croix de Lorraine, d’or. Der- riere la figure de la donatrice est saint Jean son patron, representA avec un calice A la main , et couvert d’une robe jaune d’or avec un manteau pourpre. Le groupe est detachA comme celui du donateur, sur un fond vert ; et celui des figures intermAdiaires est d’un tres- beau ton de pourpre, imitant une Atoffe damassee A grandes fleurs. Cet ensemble est entourA d’un espece de cadre forme de deux colonnes jaspAes AlevAes sur un soubassement et supportant un en- tablement ; sur ce dernier, A l’aplomb de chaque colonne sont placAs des petits anges nuds , et au dessus de chacune des grandes figures un espece de petit ddme ou fronton circulaire sous lcquel est une autre figure en buste. Des cu!s-de-lampe A feuillages verts se voient encore au soubassement A l’endroit de chaque figure. En haut de la fenAtre sont peints les ecussons du donateur et de la donatrice , puis un troisieme qui est d’azur A trois tAtes de levrier arrachAes d’argent, on croit, nous ne savons sur quel fondement, quece sont les armes d’un saint Belin, comte de Bielle, seigneur de Vaudremont. Dans le blason qui est peint sur le prie-dieu. On reconnait Guil- 1 Celte votile, qui vient d'etre enlevee a cause des Iravaux de recons- truction , prenait naissance sur une espece d’archiirave en relour d’e- querre, et profile de gorges a l’exterieur coimne a l’interieur. Elle formail un berceau ogival jusqu’au mur de la librairie, et se terminait par des nervures reunies a 1’arele par une clef pendanle en forme de cbapiteau. L’archilrave etait appuyee d’un cote aux colonnettes du portail ct de laume, l’archcr, Bourgeois dc Paris et Madeleine Ilennequin, sa femme, parente de 1’AvAque de Troyes, Odard Henncquin donateur du vitrail de la fenfire suivanle oft il est represents aussi en pied,de gran- deur nalureile. Ce portrait est le plus mtAressant de tous ceux que nous avons cilA, sous le rapport historique, Odard Ilennequin est A genoux devant un prie-dieu et lournfi vers le choeur, sa mitre et sa chappe sont ornees de plusieurs raugs dc perles et sa crosse d’or est appuyee contre son epaule, il est accompagnA de saint Augustin, car un AvAque mAme ne pouvait se faire ainsi reprAsenter de son vivant dans une Aglise, que sous le patronage d’un saint prolecteur, qui le faisait admettre en presence de la divinite. Dans les panneaux A la suite tirant vers le choeur, sont les trois autres percs de l’Eglise, saint Jerome en cardinal, saint GrAgoire et saint Ambroise avec les attributs de leurs dignites. Ces figures sont belles, d’un grand caraclere eteucadrAes par un ajuslement semblable A celui de la fenAtre prAcAdente dont le vitrail est Avidemment de la mAme main. Sur une tablctte ou tillet suspendu A 1’ime des colonnes est Acrit le millesime 1521. En haut de la fenAtre on voit l’Acu de 1’AvAque Hennequin avec sa crosse adossAe, ct en bas celui aux armes de sa famille avec leurs alliances telles que nous les avons signa- ldesA l’une des chapelles au nord de la nef. Toutes ces figures sont d’une beautA de couleur et d’un gofit de dessin qui dAcAle la renais- sance. La troisieme fenAtre est un dessin arabesque en grisaille ins- ide de quelques points de couleur qui rappelle encore la derniere Apoque gothique. A la fenAtre de l’ouest on voit une grande figure de l’archange saint Michel arme de la croix et d’un bouclier sur lequel est aussi une croix rouge, au-dessus de la figure un clocheton grisaille re- haussA d’or, ainsi qu’une espece de piAdestal qui est sous les pieds. Cette figure est du mAme ton de couleur que celle de sainte Cathe- rine qui est du cotA opposA, elle est Avidemment aussi de la mAme facture. En dAcrivant le portail meridional, nous avons parlA de sa deco- ration interieure et fait connaitre les causes qui necessitent aujour- d’hui sa reconstruction. Mais en constatant son premier etat, il nous paralt convenable de signaler les modifications et amelio- rations, toutes dans 1’intArAt du monument, que doit y apporter le projet de M. Bouche, architecte du dApartement, qui est charge de cet important travail. Premierement, il doit donner A la baie de la porte les rndmes dimensions qu’A celle du nord qui est relativement beaucoup plus grande, et mettre au niveau du pavd de l’eglise le sol de la cour qui precede le portail et qui dans l’etat actuel est plus elevd de pres d’un metre. Mais ce qui doit surtout conlribuer A re- tablir l’harmonie et par consequent rendre A I’edifice son caractere primitif, e’est la reconstruction de la rose, semblable en tout A celle du nord ; telle qu’il est probable qu’elie a dft exister avant l’accident arrive au seiziemc siede, ainsi que nous 1’avons dit plus haut. De la porte meridionale on passe sous une petite vohle ogivale, en planchettes ’, qui conduit au bAtiment dit la Librairie; il fut com- l’aulre par deux piliers a six pans. Celui de Tangle, dont le cbapiteau est orne de deux figures d’anges tenant un ecusson non armorie, est conserve maintenaut au Musee de la ville* L autre , qui avail ete delruit depuis long-temps, est remplace par un poteau. Ces piliers reposaient sur un soubassement a hauteur d’appui, dont la base et la corniche etaient le- geremenL creusees de gorges ou cavels, ss-> 162 <— s mencf' en 1477, par T£v£que Louis Raguier, qui Tacheva en 1479. Ce btltiment correspond, par sa situation, cl la premiere trav£e du collateral du choeur, et se compose de deux salles contigues. Un couloir couvert d’un plafond en dalles, Si la hauteur de deux metres, est retranche sur la premiere piece et sert de vestibule k toutes deux. La porte d’entree se trouve sous la voftte dont il vient d’etre parle, elle est en arc surbaisse avec un archivolte saillant , fouilie de gorges et appuye sur deux especes de consoles formees de figures de vieillards barbus, coiffes d’un bonnet et tenant des rouleaux em- ployes. Une ogive surhaussee, appuyi'e sur les memes supports que l’archivolte et engendree des memes profils, se dessine sur le mur et se termine sous un larmier qui regne au-dessus. Dans le tympan, on voit une niche accompagnee de pilastres qui supporlent un clo- cheton pyramidal, et, ft la partie inferieure de la niche assez peu profonde, un cul-de-lampe orne de feuillage. A droite de la porte, a la hauteur du larmier qui forme ressaut pour l’encadrer, est percee une ouverlure carrt'e qui eclaire le dessus du couloir. La baie de celte espece de fenetre est ouverte par une gorge profonde, avec des filets qui se croisent a angle droit. Ce qu’il y a de particulier, e’est que la baie de la porte, ainsi que la niche et l’ogive qui la surmontent, suivent la direction oblique de la vohte en planchettes. Ce biais a sans doute pour motif de faciliter facets de la pifece principal dont la porte estplact'e dans Tangle a Textr£mit£ du couloir. La porte dc la premiere chambre sc trouve en face de l’entr<5e ext£- rieure, e’est une simple baie a linteau plat avec les aretes mousses, et fermant par un vantail de fer. Au fond, vis-a-vis, est une cheminee en arc surbaissd avec des profils, mais saus aucune saillie sur le La cathedrale de Troyes a toujours passe, avant cette epoque si fatale aux arts, pour une des p'us riches du royaume en reliques et reliquaires precieux dont la plupart avaient une origine bizanline et se rattachaient a une epoque glorieuse de notre histoire. Ce qui a fait dire a Lebe dans sa relation en vers du passage de Charles YIII dans notre cite, que : Troyes est de corps saints adornee (enrichie) De saincles vierges, dont encore a present Est le corps entier de la tres-honoree Saincte Helene, qui fut de Grece nee, Que l’on peut voir tout en chair et en os : Icelle vierge est de grant renommee, Et ung joyau de tres grant prix et lotz : Saincte Mathie, qui pres d’elle a repos; Saincte Hoylde et eufin saincte Maure ; Sainte Savine pour veuir a propos ; Etsaiucte Syre qui feit prez sa demore Et plusieurs aullres qu'a Troyes on lionore. Parmi les reliques on dislinguait une parcelle de la vraie croix, longue de huit a dix pouces et apporlee de Constantinople a Troyes, en iaog. Le rcliquaire qni la renfcrmail etait en forme de croix , sur les deux branches dc laquelle il y avail deux cmatix avee des caraclcres graves qui attcstaieul son anliquite. En 1771, le chapitre, cedant a cette mauie de tout traveslir a la moderne, fit delruire cet ancien reliquaire sous pre- texte de donner une cnveloppe plus brillante a la relique precieuse qu’il renfermait. Deux orfevres de Troyes furent charges d’eu refaire un autre enrichi dc diamants; mais les connaisseurs , avee raison, regrettaieut toujours le premier. Le crane de saint Philippe, apotre, qui a echappe a la rage des des- mur. Du c6t£ de lVglise, il existe une large fenfire, divisge par une croix de pierre ; exterieurement, la baie est encadree par des gorges et des filets se croisant a angles droits, et prenant leur naissance sur une base commune, disposfe en ligne rentrante. Au-dessus, regne un larmier fort saillant, filegi par des moulures creuses. La votite se compose de deux travdes a simples nervures croisdes, avec des profils fort saillants qui s’appuient aux murs sur des culs-de-Iampe arrondis qui n’ont d’autre ornement que leur profil. A leur intersection se voient deux mddaillons historids, dont la sculp- ture, vierge encore du badigeon, parait sortir du ciseau de Tartiste. Le premier de ces mddaillons, en entrant, reprdsente Jdsus-Christ armd du signe de la rddemption, et retirant les times de 1’enfer fi- gurd par une dnorme gueule de diable; sur le second, on voit Jdsus- Christ couronnant la Vierge dans le ciel. C’est dans cette chambre, dite des prddicateurs , parce qu’on y recevait ordinairement les prddicateurs dtrangers , que se rendaient autrefois les comptesde la fabrique, et que Ton conservait les regis- tres dans un meuble en bois de chdne, qui se voit i Tangle pres de la fendtre, et dont la forme indique assez qu’il a dtd fait pour la place qu’il occupe entre les contreforts du portail apparents dans cette piece. C’est aussi sous le manteau de la cheminde que furent consu- mdes, dans la nuit du 8 au 9 janvier 1794, toutes les parties com- bustibles des belles chasses, reliques et reliquaires prdcieux que possddait Tdglise, ainsi que celles des deux tombeaux des comtes de Champagne Henri I er et Thibaut 111 son fils, qui avaient dtd trans- portds a la calhddrale, lors de la suppression de la colldgiale de Saint- Etienue, ou ils se voyaient auparavant 1 . tructeurs, est encore conserve en entier a la cathedrale; selon Alberic, ce fut Gamier de Traiuel, dveque de Troyes et aumonier de l’armee la- tine, qui, vers Tan i2o5, en gratifia son eglise. Il etait place dans un reliquaire d’argent de forme octogone et orne de figures en vermeil, la partie superieure de ce reliquaire renfermait une dent de saint Pierre, apotre, et etait surmontee de la couronne du comte Henri que ce prince y avail deposee par piete. Cette couronne etait d’or, enrichie de pierres precieuses, toutes enchassees dans de pelites couronnes aussi d’or, et en haul de la couronne, une medaille ou medaillon tres ancien sur iequel etait grave le nom de saint Philippe. Autour du reliquaire on lisait six vers latins en caractere du temps, que nous rapportons ici, d’apres le comte de Caylus. Si milii pro pretio rubet aurum, gemma diescit. Intra quod capio pretii comercia nescit. Petre, tuo denti, capitique, Philippe dicatum, Pas ego, Deus summe, caput ima parte localum, Hunc Roma: captum, comes Henrice, tulisti. Hoc Gra;cis rap turn Prccsul Garnere, dedisti. On voit que c’est le reliquaire qui parle et qui dit, « que ce qu’il >• contieut est sans prix, qu’il est destine a renfermer nue dent de saint « Pierre et le chef de saint Philippe; que la dent est dans la partie supe- « rieure du reliquaire, et que le chef de saint Philippe est au-dessous; « que la dent fut apporlee de Rome par le comte Henri, et que le chet « pris chez les grecs de Constantinople, fut donne a l’eglise de Sainl- « Etienne de Troyes, par Teveque Gamier. >• Caylus, antiquites grccques, tom. v, page 4 r. Le comte Henri, dont il est question dans ces vers, est Henri I, comte 163 <— ® La salle de la librairie, proprement dite, est la plus grande; c’est un rectangle remarquable par sa voi'ite dont les nombreuses ner- vures s’dpanouissent sur le frit d’un pilier rond placd au milieu, et retombent tout autour sur des culs-de-lampe ornes de deux figures d’anges tenant un £cusson non armorid , places aux angles et sur les faces des murs. La base du pilier est octogone, et les nervures, au lieu d’avoir un point commun d’intersection , se r^unissent isol6- de Champagne, qui s’etait arrelea Rome, a son retour de la terre sainte, en 1180, et qui avait recu du Pape Alexandre III, la dent de saint Pierre. Cette inscription, dit le comle de Caylus, prouve en general la verite de la tradition etablie dans la ville de Troyes, a 1 ’egard de plusieurs reliques et autres objets precieux que l’on dit avoir ete envoyes par l’e- vcque Gamier, ou apportes depuis par Jean Langlois son cliapelain. La chasse de sainte Helene, l’un des reliquaires les plus curieux de l’ancien tresor, avait aussi ete apporte de Constantinople a Troyes, en 1209, avec le corps de la sainte, conserve en entier. Cette chasse, Lrisee comme on l’a vu en 1227, par la chute du rond point de l’eglise, avait ete retablie par ordre de Jean d’Auxois, deuxieme du nom. Desguerrois cite une quittance donnee a cet eveque, par Jehan d’Orlcans, orfevre, par la- quelle ce dernier confesse avoir recu du chapilre la somme de huit cents livres, pour la faqon de la chasse de saincte Helene, et promet de ne rien demander d’avantage. Fail au samedy avanl le dimanche qu’on chanle Judica, ran 1339. « Le dessus de cette chasse etait fait en dome et couvert, dit Grosley, « de resles de peintures en miniature que leur haute antiquite rend pre- « cieuses pour l’histoire de l’art, soit qu’elles aient ete execulees a Cons- « lanlinople meme; soit qu’elles soient l’ouvrage d’un pinceau francais. « Leur fini, le beau caractere de plusieurs teles, peuvent donner une « idee de l’etat de la peinture dans les siecles qui ont precede le renou- « vellement des arts. Onze pannaux ou compartiments qui partagent les « deux cotes de la chasse dans sa longueur; offrent la parabole des vierges « sages et des vierges folles. Dans les compartiments du couvercle ou « dome sont represents des miracles dont il ne reste que des fragments. « Des anges avec des encensoirs a la main remplissent les entre-pannaux. <■ Ces peintures sont appliquees sur un enduit tres fin, menage avec le ■> plus grand soin, mais qui n’a pu resister au frottement d’un tres lourd « tapis que Ton promene sur la chasse toutes les fois qu’on la decouvre • pour ensnile la recouvrir. ■> La chasse de sainte Helene fut ouverte en i 63 o, a la priere d’Acne d’Aulriclie, mere de Louis XIV, qui passait alors a Troyes. Kile le fut encore le 8 mai 1754, en presence de l’abbe Tremet, chanoine de Saint- Urbaiu, qui a donne sur la relique quelques details qui different en quel- ques points de ceux laisses par l’abbe Maydieux, d’apres un temoin ocu- laire, sur l’etat oil le corps de la sainte fut trouve a l’ouverture de la chasse, par ceux qui la detruisirent. Ces details nous ont paru meriler d’etre conserves. *< En ouvrant la chasse, la premiere chose qu’ou trouva fut un grillage >• de fer, a branches entrelacees, de la grosseur du petit doigt . Ce gril- <■ lage ayant ete casse a coups de marteau, la premiere couverture qu’on « vit etait de drap d’or, sur lequel etaient poses trois pelils carraux d’une « etoffe de soie rayee a raies d’argent et de vert, avec quatre petits glands « en argent, un a chaqtie angle de chaque carreau. Le premier etait a la « tele du corps, le second sur 1’estomac, et le troisieme sur les pieds. " Apres le drap d’or, se trouvaient deux draps de soie blanche, et dessous « un suaire de toile blanche enveloppait tout le corps. Le suaire ote, le « corps desseche se trouva tout entier sans qu’il y manquat autre chose « qu’une phalange du petit doigt de la main gauche. Les bras etaient « croises sur la poitrine. Le corps etait couvert d’une chemise qui ne ment aux angles d’un compartiment quadrilatfcre qui affecle les m6mes profils. La salle est £clairde d l’ouest par deux belles fenfires st'parecs par un trumeau, et divis^es autrefois par une croix de pierre qui a 6t6 detruite. Le cadre de la baie, ft l’extt'rieur, est une repetition de celui de la fenfitre de la premiere chambre et se termine de m6me J l’int^rieur, par un arc surbaissd. 0 descendait que jusqu’aux genoux. Au-dessus de la tete etait une aureole » de cuivre dore en forme de couronne. Derriere la tete, au chevet de « la chasse on voyait une plaque de cuivre avec une gravure represen- « tant une personne qui tenait un sceptre a la main droite et avait une <■ couronne sur la tete. La sainte etait coiffee de trois coiffe de toiles, a « barbes nouees sous le menton par de petits rubans de fil comme les “ coiffes des comtoises. Le front etait ceint d’un bandeau de* toile, en « forme de diademe. Les ongles des doigts de la main et ceux des pieds, « etaient bien conserves et tres blancs. Kile portait aux pieds des souliers « a petits talons d’un pouce de hauteur. L’empeigne etait de cuir noir, et « le quartier de peau blanche tachelee de noir. A la parlie exterleure d e <• la jambe gauche, et a la naissance de la cheville du pied jusqu’a six « pouces environ vers lehaut, on voyait un morceau de roseau, de cinq « a six lignes de large sur six pouces de long, attache avec des fils, comme •• une ligature faite pour prevenir ou pour assujelir les fractures que cette • parlie de la jambe avait sans doute eprouvees par accident, lors de la • deposition du corps dans la chasse. A cette description, le manuscrit de l’abbe Tremet ajoute que le cou- vercle etait ferme de deux serrures, et qu’a l’exlremitc ou sont les pieds il y avait une petite porte qu’on ouvrait lorsqu’on les donnait a baiser, mais que depuis on avait fermee et scellee, que la petite grille de fer dont il est parle etait fermee de trois serrures et recouverte d’un tapis de cuir bouilli a fleur d’or, cloue tout autour du cole du pied. Que le de- dans de la chasse etait doublee d’une etoffe d’or et d’argent sur laquelle etait representees des vierges a cheval. A deux doigts de la lisiere de cette etoffe, ail -dessus des figures etaient brodes plusieurs caracleres grecs qu’ou ne put lire en entier. Le corps etait enveloppe d’un drap de damas blanc par-dessus lequel en etait un autre de damas vert et le tout recouvert d’une etoffe couleur de pourpre legere comme de la gaze. La premiere coiffe de dessus qui couvre la tete, est de damas rouge cerise. Voyez dans les oeuvres inedites de Grosley, l’arlicle Helene ou il cherche a prouver que le corps de cette sainte etait celui de la mere de l’empe- reur Constantin. Si toutes les riches etoffes et autres objets que renfermait la chasso etaient surajoutes et ne provenaient pas de l’envoi fait par l’eveque Gar nier, ils prouvaient au moins tout le soin que l’on apportait a la couser vation de la relique. Au nombre des reliquaires qui furent detruits ou disperses a cette epoque, on regrette un vase de porphire en forme de palere antique qui avait un pied et demi de diametre compris un bord d’argent d’environ trois pouces de large, dont il etait enloure. Le fond, au milieu, etait en- riclii d’une croix d’er fixee a la circonference par ses quatre exlremites, et au centre de laquelle on voyait une belle pierre, espece d’emeraude appelee smarayde. Sur le bord en argent etaient graves en relief quatre vers grecs iambiques en leilres maigres et allongees, assez semblables aux capi tales grecques que Ton voit sur les manuscrils de l’epoque de Charlemagne. Sur le titre de la croix, au lieu du mot INRI, il y avait ces initiates IC XC du mot christos en grec. Le chapilre de Troyes, dit Grosley, ignora jusqu’en 1707, ce que signi- fiait cette inscription. On consulta alors un pelerin grec, apres lui avoir fait part de la tradition suivant laquelle ce vase avait servi a noire Sei- a-» 164 Au pied da pilier, on voit deux tombes plates, gravies en creux, et qui proviennent d’autre part, puisque leur date est de beaucoup antdrieure 4 la construction de la librairie. Sur la premiere, est une grande croix processionnelle, qui signifie que le personnage qui gi- sait dessous dtait mort en fidele chretien. Dans le cadre, autour, on lit lYpitaphe laline qui suit, gravde en golhique ronde : $tc jaccf matjbfcr 3vtcolau$ be bccanus quonbam arcl;ibiaconu$ be bvenco qui bccc^eit anno bomi. M. CC. LIX. La deuxieme tombe a dtd brisee et n’cst pas complete. On ne lit plus que ce fragment description : £ic jacet maqiofcv ^etruo be (TljacUtO quonbam avcl)ibtaconu$ Slvceia v in uujilta beaie Relate Autour de la salle regne un lambris de bois de chdne , ft double rang de pelits panneaux entoures d’un cadre rapportd et termind, a la hauteur de deux metres, par une frise et une corniche dont les profils ldgers indiquent ddja 1’oeuvre dela renaissance. Un banc, dont le siege forme une suite de coffres fermant & clef, rdgne aussi tout gneur, pour le miracle des cinq pains ct des deux poissons. Le pelerin aus-i peu grec que pen latin, douna celle explicalion : Est vas in quo duo pisces ante D. J. C. in mensa portati, et post illud vas f'uit in quo corpus Domini deponebatur. De plus habiles grecs, ajoute le meme Grosley, l’ont depuis ainsi rendue : Prius quidem inserviebat ista Parophi Domino Ccena discipulos exipienli dilectos. Nunc aulem inservit particulii Domini Testis hoc donum affabrce factum. Ce vase rappelle le fameux bassin d’emcraude qu’un aucien doge de Genes eul pour sa part dans le buliu de Cesaree, lorsque celte ville fut reprise sur les Sarrazins, en i tor, et qui est conserve dans l’eglise metro- politans de Saint-Laurent de Genes comine le plus precieux joyau de la seigneurie. C’esl ce meme vase appele sacro catino, dont, selon la tra- dition, se servit Notre Seigneur, lors de l'institution de l’Eucharistie, et qui fut apporte a Paris, parrni lesobjcts precieux, fruits des conquetes de l’armee fraucaise en Italie. Le cbef de saint Loup, eveqtie de Troyes, qui fut brise dans la meme nuit du 10 au n janvier 1794, elait d’uue grandeur et d’une ri- cbesse surprenanle, n’ayant pas moins de cinq pieds de baut sur aulant de large. L’abbe Forgeot n’avait epargne aucune depense pour rendre ce reliquaire digne du saint evoque auquel il etait consacre. C’elait un grand busle lout d’argent et orne de diamauts soutenus par des an- ges sur 1’uu desquels, (celui qui souteuait la main droile de l’eveque) brillait une cscarboucle tuillee en curre long, ayant de longueur environ uu pouce et qui etait estimce plus de trois mille pieces d’or. Le saint eveque elait, ainsi que les anges, elevc sur un piedestal d’un ouvrage pared, lout dore el revelu d’emaux d’un travail delical, represenlaut au naturel loute la vie de saint Loup. Ce reliquaire precieux, qui avail tile acbevc en i 5 o 5 , elait d uuc valeur d’au moins deux cents mille francs. M. de Saintc-Martbc et le pere Mabillou, savants antiquaires, passant autour de la salle, appliqud au lambris qui n’en est v^ritablemeut que le dossier. Vers la porte d’entrde de la salle, qui est a lioteau plat et arrondi tegerement vers les angles, est creus£e, dans le mur, une espece d’armoire ou de niche revYtue de bois intdrieurement, et fermant au moyen d’une porte garnie de trois serrures munies d’un verrou. II est a prdsumer que celte petite armoire ou placard, comme on voudra l’appeler, renfermait ordinairement quelques objets precieux, puisque trois personnes devaient en avoir une clef diffdrente. La corniche du lambris, interrompue par cette armoire dont la base couvre la moitid des panneaux du rang supdrieur, se brise J angle droit pour former un cadre autour de la porte qui n’est formde que de simples planches jointes par des rainures. Au trumeau, entre les deux fendtres, est fixd un petit meuble en forme de boite alongde, ouverte par un cadre en doucine rentrante, et fermant par le moyen de deux vantaux tout unis et appliquds sur le cadre sans autres ferremcnts que deux charnidres couddes qui servent a les fixer. L’intdrieur est divisd en deux cases dans cha- cune desquelles on voit deux petits cylindres placds horizonta- lement et creusds d’une rainure qui servait, dit-on, & fixer les ma- nuscrits roulds, au moment oft Ton voulait les lire. Du mdme c6td, dans Tangle de la salle opposd a la porte, on voit a Troyes, declarerent qu’ils n'avaient vu que le chef de saint Lambert, de Liege, qui approehait de celui de saint Loup pour la beaute, et le car- dinal de Bouillon qui l’avait examine avouait qu’il n’avait rien vu de com- parable en Italie. Un grand reliquaire garni d’anciens emaux representant la vie de sainte Marguerite, au milieu duquel elait place un pied en vermeil, de grandeur naturelle, contenant l’un des pieds de la sainte en son entier, avail aussi ete brise par les memes hommes a la meme epoque. II parait qu’au bas du reliquaire il y avait un tronc ou Ton metlait les offrandes. Dans les comples del’ceuvre de l’annee 1376, a l’article recepte extra- vagant, on lit : Dou don fait au pie sainte Marguerite, par Jehan d'Aillefot, 17 s. 6 d. Enfin, une grande croix processionnelle, en filagramme d’or, enrichie d’emaux et de pierres fines, avec les chasses de sainte Mathie, de saint Savinien, qui elaient ornees de petites figures en argent dore, de sainte Hoylde, qui elait toule garnie en argent, celle de saint Aventin, surmontee de sa figure en meme metal, furent brisees comme le reste a coup de mar- teau et de hache. Dans toutes les localites oil Ton a eu a deplorer de pareils actes de van- dalisme, c’est gcneralement a la fureur populate qu’il faut les altribuer. Il n’en est pas ainsi a l’egard de la ville de Troyes, oil la memoire d’un seul bomme est entacbee de cette iniquite. Cet homme elait d’autant plus coupable qu’il n’etait pas etranger aux arts et qu’il jouissait d’une fortune honnete. Nomine agent national de la commune de Troyes, et se croyant assez fort de ce titre pour croire a l’impunile , il s’introduisit la nuit , dans la calhedrale , suivi de quelques ouvriers qu’il avait ga- gnes a prix d’argent et auxquels il donna ordre de briser indistincte- ment tons les objets precieux dont il vienl d’etre parle, ensuile ayant fait transporter chez lui les debris et fait foudre toutes les matieres d’or et d’argeut, sans poids ni mesure, il s’ est bale d’envoyer a la convention quelques marcs d’or et d’argent et quelques quintaux de cuivre, afin de n’elre point inquiele pour le reste. C’est lui aussi qui avait fait detrnire toutes les sculptures du petit porlail. Il est mort repentant, mais le me- pris public l’a suivi jusqu’au-dela de la tombe. ZuA JtECcUU'ty f 1 — n ,--■ — — - 1 f „.- — - — fi nf ^x/ / /y'j w ^ A\ (««>(/ oyS=>) at ~JA WTW^ a FicJurt tU- X CoUe/ M (fii^ltfir (latljfit&lf . D eWils ie l’interieur. hr r \ c\ ■> tu%'lrnlc>« rotr bit lU^cnir. * Jit eft Of t/rf K ft /ft Ju/t-.tfr/\. SW/rtys " , 165 encore un autre meubleenbois de chAne, plus large que liaut, cou- ronn6 par une doucine et termini par un encorbcllement charge de profils, appliqu6 sur le dossier du banc ou Iambris en comparti- ments. Ce meuble est, de mAme que les prfcydents, fait expres pour la place qu’il occupe; il ferme par deux chassis grilles et ornfs de moulures. Nous nous sommes appesantis sur ces details minutieux afin de donner une idee du mobilier primilif conserve jusqu’ici , mais qui est menace dune prochaine destruction. Pour rendre A la salle de la librairie, du moins en pensfe, tout le pittoresque de son intyrieur au quinziAme si£cle, il ne manque plus que de replacer autour de son unique pilier les pupitres charges de livres enchainfs qu’y avait fait mettre l’dvfique Raguier, et qui en out yty retires seulement en 1706. On completerait le tableau en y reprfsentant le maitre en theologie , revAtu de son costume de docteur et donnant ses lemons aux jeunes clercs ranges tout autour sur les bancs L L’escalier du comble de l’i ! glise, pratique dans la tourelle engage & Tangle du portail, donne, au moyen d’une porte ouverte apres coup, acces dans un beau grenier regnant sur les vofttes du bNti- ment de la librairie. Ce grenier, dont le. comble A double croupe est tr£s eleve et la charpente fort belle, est Claire par liuit peliles fe ni- tres carries. La baie forme intt'rieurement un arc surbaiss£,‘ et les aretes sont extyrieurement adoucies par un biseau: Ces fenAtres, ja- dis couples par une croix de fer, ferment au moyen d’un chassis vitre, orny d’une bordure dont une flew de lys d’or et une clef d’ar- gent , d<5tach£es sur un fond brun et disposes alternativement, tor- ment tout le dessin. A Textdrieur, les vofites du bAtiment sont appuy^es de contre- forts ci base ylevee, avec un retrait en larmier. Enlre ceux-ci, le cordon larmier dont nous avons parle se continue au-dessus des fenfires. Les murs sont formas d’assises de pierres tailkes, alternant avec des zones de briques qui sont apparentes A Tinkrieur, et Tedi- fice est couronny par un bandeau soutenu d’une moulure qu’on pourrail appeler un talon , et qui est creus£e outre mesure dans sa partie inKrieure. LE CHCEER ET LES CH APELLES 1>E POERTOER. Les archt'ologues et les artistes s’accordent presque tous pour fixer vers le milieu du douxieme stecle lYpoque de Tintroduction ou de la naissance du style ogival dans nos contrdes occidentales ; quoiqu’il en soit, il est certain que c’est au commencement du treizieme que ce genre d’architecture apparalt dans toute sa beauts, plus ylygant, plus svelte dans ses proportions, plus gracieux dans ses courbes et plus recherche dans ses details. Le choeur de la calhydrale de Troyes, qui appartient a celte heu- reuse fpoque, justifie pleinement cetle opinion, et Ton pourra apprd- cier facilement la superiority des architectes de ce temps, si Ton compare le caract£re simple et grandiose de Tarchitecture du sanc- tuaire avec celui des aulres parties de Tedifice que nous venous de passer en revue, et qui sont d’une ypoque bien postdrieure. On verra 1 La salle de la librairie elait aussi appelee la Theologale, a cause des lecons de theologie qu’on y donnait. Mais depuis 1714, elle avait ele converlie en sacrislie, et les leqons avaient cesse. clairement que Tart chreticn se perdait insensiblement avec les croyances religieuses, a mesure que le temps avancait ; ainsi qu’un fleuve dont l’eau est d’autant moins pure quelle est plus eloignye de sa source. Le choeur de lVglise de Troyes se compose en (out de treize ar- cades, nombre delerminy peut-Ore en Thonneur de .lesus-Christ et des douze apAtres, car tout ytait symbolique dans Tarchitecture rcli- gieuse au treizieme sifcle. Les piliers sont flanqufs de colon nes et de colonnettes appiiqufes et couronndes de chapiteaux. Cinq de ces dernieres, les plus rappro- chees de l’axe du choeur, sont group<$( S en faisceau et sclancent , appuyfes aux trumeaux des fenfires, jusqu’A la naissance des grandes vofites dont elles recoivent les nervures. Aux deux premieres travdes, le flit de ces colonnettes est pour ainsi dire coupf, A la moitie environ de la hauteur du pilier, par un chapileau Si feuillage sur lequel repose la base d’une autre colonnette qui n’cst autre que la continuation de la premiere, et simplement une superposition. Au troisifme pilier, la disposition n’est plus la mfme. Le groupe des cinq colonnettes qui soutiennent la voiite s’eleve sur le chapileau de la colonne appliqude au pilier, A la hauteur de la naissance des ar- cades. Une particularity de leur base , c’est que le socle est orny de feuillage. Les cinq arcades du sanctuaire, dtant plus ytroites A cause de la disposition circulate, sontnycessairement surhaussdes. Elies se dessi- nent en fer de lancelte et ferment un retrait dont les arrftes sont ornyes de tores ou boudins dytaches par des gorges. Celui de ces toivs qui dessine Tare supyrieur n’aurait pas produit un grand effet s’il eut yty appliquy simplement sur la face du cintre infyrieur; c’est ce que Tarchilecte a judicieusement senti en lui donnant une certaine saillie et en Tisolant par une gorge inapercue. De grosses colonnes au lieu de piliers soutiennent les arcades de Tabside. Elies sont accompagnyes dedeux colonnettes disposyes scion les lignes rayonnantes des nervures des vofites, et qui ne sont ryunies aux premifres que par leurs bases et leurs chapiteaux. Sur ces derniers s’ylyve un groupe de trois colonnettes appliquyes qui soutienuent les vofites du sanctuaire , et dont le ffit, A la hauteur de trois A quatre metres, est aussi interrompu par un chapiteau. Celui-ci n’est que le support apparent d’un dais hexagonal decoupd en ogives trilobees et prysenlant, sur chaque face, trois petits frontons ou couronnements d’ydifice avec des fenytres carryes t elles qu’on en remarque au-dessus de la fete des figures de saints, aux portails des fglises cathfdrales de Paris et d’Amieus 1 2 . Avant lYpoque si fatale de 92, on voyail encore huit statues de saints yvfques de Troyes, plus grandes que nature, appliquyes et placfes sous ces dais. On peut juger qu’elles formaient corps avec Tedifice, par les coups de ciseaux dont sont sillonnycs les colonnettes d’ou elles out ete dflachees. !1 est vraiment fAcheux que ces statues n’aient pas echappe au marteau destrueleur des iconoclastes de cetle ypoque; elles formaient une decoration tout- A-fait convenable, religieuse, et qui rappelait le saint des saints du tabernacle de Moise, qui avait bien pu en donner la premiere idfe. Les premiers yvfques de Troyes qui furent honoryscommesainls, » Ces dais n’ont point ele badigeonnes el conservent des Iraces de pein- ture et de dorure, 52 »-» 166 <— €2 furent : saint Amator ; saint Melain ( Melanus ) ; saint Urse ( Ursus)-, saint Loup Lupus ); saint Camelien ( Camelianus ); saint Vincent ( Vhicentius ); saint Leugon ( Leuconius ); et saint Prudence ( Pru - dentius ) dont la vie a gtg gcrite par le savant Remi Bi eyer. Parmi lcs gvgques, on voyait, dit Courtalon, les statues de Louis et Jacques Raguier, que la reconnaissance y avait fait admettre comme bienfaiteurs de leglise de Troyes. On sait qu’independam- ment du grand portail qu’ils ont fait glever, ils ont encore laissg des biens considerables 4 la fabrique qui fait encore aujourd’hui cglebrer leurs anniversaires. Courtalon nc dit pas si ces statues des deux gvgques Raguier avaient gtg ajoutges au nombre precite, ou si elles en remplagaient d’autres, ou bien si les noms de celles-ci avaient seuleraent ete chan- ges comme on en voit plusieurs cxemples , ce qu’il y a de certain, c’est qu’ellcs ont toutes disparu. On a remarque que les bases des piliers du sanctuaire sont relati- vement plus elevees que celle des autres piliers de l’edifice; cette re- marque s’applique 4 un grand nombre d’eglises, ou cette base, comme 4 la cathedrale d’Auxerre, par exemple, repose sur un sou- bassement ou picdestal conlinu. Cette particularity indique simple- ment. que, des le principe, on placait l’autel principal sur un point plus eleve. Les bases sont unitbrmes dans toute la partie ancienne de leglise de Troyes. C’esl-4-dire au choeur, aux transeptset aux premiers piliers de la nef, ce sont partout deux tores dont le supgrieur, assez maigre, ftb- creuse d’une rainure, puis une scotie profonde qui le sgpare du tore inferieur. Celui-ci est fort saillant, aplali en forme de lentille, avec une expansion vcgetale qui recouvre les angles du socle dont les faces sont depassees toujours par la saillie de ce tore. On retrouve encore le motif antique, mais il faut en convenir, la forme en est singuligrement altgrgc. Les chapitaux sont presque tous orngs de plusieurs rangs de tiges recourses en crosse et terminges par des touffes de feuillcs, alternant avec des trefles et autres feuilles de plantes indigenes *. Au-dessus des arcades, le dallage sur lequel repose la galerie, forme une saillie profilge d’un cordon interrompu par les faisceaux des colonnes aux deux premigres travges, puis qui se continue en se contournant sur les colonnettes du sanctuaire. La galerie, nous l’a- vons dit, est semblable a celle des transepts. Ce sont, sous chaque fengtre, quatre ogives portges par des groupes de colonnettes; les plus saillantes sont appliquges aux mencaux , et lcs autres soutien- nent deux arcs trilobgs qui reposent en commun sur une colonnette isolge, dont la base et le chapiteau se prgsentent sur Tangle. Un trgfle renversg et dgcoupe 4 jour remplit Tintervalle entre Togive et les deux arcs trilobes. Au fond de la galerie, a chaquc travgc, le mur est pereg de huit petites fengtres ogivales qui correspondent aux huit entrecolonne- ments du devant ; et entre ces dernigres est ouvert un ceil de boeuf qui correspond au trgfle renversg. Les grandes fengtres sont divisges en quatre dans leur largeur par i Voir ia vue prise au bas cote du chceur, et la planche de details de linlerieur; le chapiteau n° 1 apparlient a 1'uue des colonues du sauc- tuaire, el le n° 2, a Tun des piliers du chceur. les meneaux qui, rgunis, forment par des ogives triiobges; la partie supgrieure est remplie par trois roses 4 six feuilles disposces en triangle. Les nervures croisgesde la vohte sont formges d’un boudin muni d’une argte mousse, et accompagng de lggers filets. A leur intersec- tion, aux deux premigres travges du choeur, elles gtaient ornges de mgdaillons qui en ont gig dgtachgs. A la troisigme, on voit Tagneau tenant la croix. A la quatrigme, qui est le point de rgunion des ner- vures rayonnanles de la vohte de Tabside, le mgdaillon reprgsentele Christ assis sur un tr6ne, donnant sa bgngdiction,et tenant le globe sans la croix dont on l’a depuis surmontg ; A sa droite est une gpge flamboyante, la pointe en haut ; et, 4 sa gauche, un vase de fleur, sym- bole de douceur et de clgmence, comme l’epge ardente hors du four- reau est le symbole de la colgre et de la justice, et 1c globe, celui de Tomnipotence divine. C’est ct cause de celle signification que les em- pereurs et les rois, qui prgtendent tenir leur puissance de Dieu, ont adoptg ce dernier altribut. Si le choeur de la cathgdrale de Troyes peut gtre considgrg comme la plus belle partie de l’gdifice, 4 cause du caractgre de son archi- tecture, il en est encore la plus remarquable par l’effet vraiment ad- mirable de ses treize grandes verrigres qui sont heureusement par- venues jusqu’4 nous, sans avoir souffert d’altgration sensible : on peut avancermgme qu’il est peu d’gglises en France qui puissent prg- senter en ce genre un ensemble aussi magnifique. Les figures des grandes fengtres sont disposges dans le mgme ordre qu’aux transepts et 4 la nef, c’est-4-dire sur trois rangs su- perposgs; les costumes sont rendus dans tous leurs dglails avec la plus scrupuleuse exactitude, mais ce sont seulement ceux de l’gpoque oh ces vitraux ont gtg exgcutgs, on sait que les artistes du moyen- 4ge ne se piquaient pas d’grudition 4 cet ggard. A la premigre verrigre, en commengant par le cg(g gauche du choeur, ou remarque dans le triangle que laissent entr’elles les rojes de Togive, trois ch4teaux d’or sur champ de gueules. Duhalle si- gnale ce blazon comme giant celui de l’gvgque Jean d’Auxois, l e ' du nom, glu en 1314, et qui fit achever le choeur. Mais ilest plus pro- bable que ce sont les armes de Caslille, ainsi que les sujets de la verrigre semblent le confirmer. La date de Tachgvement du choeur coincide d’ailleurs avec les rggnes de Louis VIII et de Blanche de Castille sa femme. Dans le premier panneau, au rang du milieu, une reine de France enfante un jeune saint; dans les panneaux suivants elle le fait bap- tiser, l’glgve, le marie. Circonstances que Ton ne peut atlribuer qu’4 Tenfance de saint Louis et 4 Ia reine Blanche, qui, comme on sait, prit un soin tout particular de l’gducation de son fils. Dans la rose 4 gauche, Adam et Eve chassgs du paradis par Tange; 4 droite, reproches faits 4 Adam, et dans la rose supgrieure Jgsus-Christ parlant 4 un saint. Dans les ogives de la galerie au-dessous , plusieurs saints et saintes tenant des livres et des rouleaux. Une des figures reprgsenle la Reli- gion catholique , portant une riche couronne d’or , nimbge , avec un calice et une croix d’or. Deuxigme verrigre. Hisloire de saint Savinien, Tun des premiers apblres de Troyes, martyrisg par ordre d’Aurglien. On voit d’a- bord le saint dans une cuve baptismale, en haut parait Ia main de Dieu pour marquer que c’est par inspiration divine que Savinien se \ 67 <— ss converlit , ensuile il est dlendu sur un gril ardent, un bourreau altise le feu avec une fourche. Le mdme, ament' devant Aurdlien, qui l’en- gage de nouveau a sacrifier aux idoles; puis attache a un poteau, et condamnd 31 dtre percdde fleches, une fleche rebroussant dans l’oeil d’Aurdlien qui commande le supplice; le mdme Savinien est flagella, puis ddcapitd ; on le voit enfin tenant, comme saint Denis, sa tdte couple dans ses mains. Dans chacune des deux roses infdrieures, quatre busies de rois disposes sur deux rangs et sous des petites arcades plein-cintre. Dans la rose du sommet, un ange et un archange. Les huit panneaux du fond de la tribune, au-dessous de la fenfire, pn'senlent autant de figures de saints et de saintes, representes de- bout, sous des arcades treffl^es et surmontdes de petits domes ou frontons. On y remarque la religion juive, personnifide par une femme tenant un dlendard brisd et dont la flamme vient lui couvrir les yeux. Les cercles a jour qui correspondent aux treffles renversds du devant de la galerie, sont occupes par des figures d’anges et d’ar- changes, sur foud bleu , et plac&s alternativement. Ces mdmes figures sont rdpdtdcs tout autour du choeur et du sanctuaire. On remarque parmi elles, dans plusieurs tribunes, un groupe de deux figures re- prdsentant un saint qui a la tdte tranche et qui est reproduit sur le mdme dessin. On y voit aussi des times de ces martyrs jouissant de la beatitude celeste dans le manteau d’Abraham. Troisieme verriere. Aux quatre panneaux du rang infdrieur sont quatre abbes, tenant chacun un livre fermd et ayant la main droite dlevde 3i la maniere des orateurs. Au deuxieme rang, deux dvdques debout, le premier est Hervde, qui fit biUir le choeur de l’t'glise et qui en fut peul-dtre l’architecte. II n’a point de crosse et tient un livre fermc', ce qui, selon quelques antiquaires, est l’attribut des fondateurs. Pres de sa tdte, on lit EPISCOP. HERVEUS (Hervde evdque). Le deuxieme dvdque est en regard, mais son nom est illisible. 11 tient sa crosse en main et sem- ble parler du geste a Hervde. Le troisieme personnage est un roi as- sis. 11 a une couronne d’or et un manteau de pourpre ; prds de la Idle on lit REX. PHILIP. Ce ne peut dtre que Philippe Auguste, roi de France, alors regnant. La quatridme figure est un dvdque assis qui semble converser avec le roi. On lit pres de sa tdte EDS. HERVE. C’est encore l’dvdque Hervde. Le peintre-verrier n’aurait-il pas iouIu reprdsenter ce prdlat disputant avec Philippe Dieudonnd sur les droits de regale que ce prince s’etait attribud pendant la vacance du sidge Episcopal, et qui appartenait a l’dvdque. Au rang supdrieur, on voit quatre personnages debout; le pre- mier est vdtu d’une robe bleue avec une riche bordure, et d’un man- teau de pourpre. 11 a sur la tdte une belle couronne d’or en forme de mitre du temps, c’est-i-dire peu dlevde, avec une bordure bleue ornce de perlcs ; il tient un sceptre d’argent ou d’ivoire. Pres de sa t6te on lit H : 1MP-ATOR. Le second est un pape; il a une chappe pourprde et tient de la main gauche une croix simple en or, sa tiare est conique et d’argent, avec un bord rouge et terminde par une pe- tite croix. 11 semble par son geste adresser la parole & l’empereur avec lequel il est en regard. Son palium blanc est semd de petites croix noires. Le troisidme personnage est encore un empereur dont le costume est le mdme, moins le sceptre et la couleur du manteau qui est jaune. Prds de sa Idle, on lit B : IMP-ATOR. C’est ties probablement Baudoin, comte de Flandre,qui venail d’etre du empereur de Cons- tantinople, aprds la prise de cette ville, par l’armde des lalins, en 1204. Cet dvdnement, regardt' alors comme un grand triomphede l’dglise laline, avait dd frapper les esprils et produire it Troyes sur- tout, une sensation d’autant plus vive, que son courageux dvdque Gamier de Trainel avait l’un des premiers arbord lV'tendard de la croix sur les murs de la ville imperiale, et que la plupart des Sei- gneurs Champenois avaient aussi pris une part active a cette me- morable expedition. 11 ne seraitdonc pas dlonnant que 1’on ait pensd & en conserver le souvenir sur les vilraux de la cathedrale, dont les premiers travaux furent commences au milieu de l’enthousiasme et de la ferveur religieuse qu’avait excites cette magnifique conqudte. Dans ce cas, le premier empereur reprdsentd serait Henri, frdre de Baudoin, qui lui succeda immediatement, et fut le second empereur latin. La presence des deux papes (qui pourraient dtre Innocent HI et Cdlestin III), leur attitude surtout, est significative , ils sanctionnent l’dlection des deux empereurs. Les souverains pontifes durenl d’au- tant mieux l’approuver, cette election , qu’elle dtendait leur pouvoir spirituel jusque sur l’ancienne capitale de l’empire d’Orient. Dans la rose a gauche, deux dvdques debout, et dans la rose & droite, un dvdque et un roi assis, dans la rose supdrieure, deux de- ques, dont l’un est debout et l’autre assis. Quatridme verriere. Vie de saint Nicolas. Saint Nicolas ressuscite les trois enfants hachds par un homme; celui-ci, dmerveilld du mi- racle, s’incline en joignant les mains, pres de lui est sa hache san- glante, et derriere lui sa femme joignant aussi les mains. On voit ensuite saint Nicolas enfant, Diacre, Evdque, et jetant sa bourse au pere des deux filles, puis opdrant le miracle du bid. Dans les huit ogives treffldes du fond de la tribune, au-dessous de la fendtre, sont autant de personnages debout, la plupart nimbds et coiffds de calottes et de bonnets pointus. Il liennent des livres ou des rouleaux ddployds. Ces figures, qui en remplacent de plusanciennes, depuis long-temps ddlruites, ont dtd calqudes sur d’autres prises de la mdme galerie et exdcutdes a Choisi eta Troyes, dans l’annde 1839. COTE DROIT DU CHOEUR. Premiere verridre. Dans la bordure de chacun des quatre pan- neaux, sont reproduites les trois tours de Caslille dans des cercles sur champ de gueules, et alternativement une fleur de lys d’or sur fond d’azur. Si cette bordure n’a pas dtd transposee par des vitriers maladroils, il est certain qu’elle convenait mieux a l’histoire de l’en- fance de saint Louis, representde comme on l’a vu sur la fendtre vis-a-vis. Les sujets qui occupent les panneaux sont difficiles a expliquer. Au rang infdrieur, ua moine dont le mouvement exprime l’effroi, regarde deux diables ; le premier, de couleur verdiUre, tdte et pieds rouges, avec des ailes jaunes aux talons, cherche a iucendier une dglise au moyen d’une torche allumde qu’il tient a la main, tandis que l’autre qui est violet, avec des corues jaunes, enleve le toit de l’ddifice 1 . Dans les panneaux suivants, deux moines en regard sem- i C’esl peut-elre l’incendie de la cathedrale , en 1 1 88, que le peiutre a voulu figurer. a — > 168 4 S blent sc parlcr du geste. Au rang du milieu, premier panneau, un homme assis sous une arcade trilobee et couvert d’un manteau, fait un geste de surprise a la vue d’un gros poisson que dans le panneau suivant un homme en robe brune et incline lui prdsente sur une tablelte blrue. Derriere ce dernier, un moine blanc souleve une dra- perie jaune qui couvrait ce poisson. Au-dessus de la Idle du pre- mier personnage, une piece de bois placde en travers de l’arcade, soulient une draperie blanche disposee avec symdtrie, puis au mi- lieu un vase d’or couvert. Dans le troisieme panneau, en suivant, un homme barbu,vdlu d’uce robe brune, tient une grande bourse pleine. Le quatrieme panneau est occupe par un jeune homme en conversa- tion avec satan : ce dernier a le corps verdure, la tdte et le cou rou- ges, des cornes blanches etdes pattes d’oiseau de proie. Au rang su- pdrieur, dans le premier panneau, une sainte, nimbde de rouge, avec une riche couronne d’or, tient une longue croix. Dans le deuxieme, un jeune homme agenouilld aux pieds de la vierge qui porte aussi une couronne d’or. Aux deux suivants, la vierge debout, dans le mdme costume, prie Jdsus-Christ son fils d’accorder la grAce de saint Theophile, car e’est l’histoire de ce saint qui est represents sur la verridre. Dans les roses de l’ogive on voit en petit Adam et Eve, mangeant du fruit ddfendu. — Dieu faisant des reproches a Adam et Eve. — Dieu ou Jesus-Christ avec un saint dans la rose supdrieure. Les huit ogives de la galerie, au-dessous, sont occupfe par des figures de saints, parmi lesquels on remarque la vierge; e’est peut- dtre la continuation de l’histoire de saint Thdophile. Dans les cercles ouverts, entre les ogives, on voit des Sdraphins, couverts d’ailes, ainsi que les reprdsente l’dcriturc sainte, puis des anges qui encensent alternativement. Deuxieme verridre. Au premier panneau, en has, commencant a Test, un Diacre en robe rouge avec un manipule bleu surle bras, tient unc Idle coupee sur un linge blanc , et se retourne vers Jdsus- Christ, qui est de face dans le panneau suivant, en attitude de don- ner sa benediction. 11 a un manteau violet, une robe jaune, et le nimbe croise. Pres de la Idle du Diacre, on lit, en grosses lettres, HVG-VO. On croit que e’est saint Hugues, nd en Bourgogne, en 1140, et mort en 1200, dvdque de Lincoln, en Angleterre. En suivant, un dvdque en manteau violet avec une fleur de lys d’or vers la l6le d’un c6ld , et de l’autre un besan d’or. Le peintre a voulu peut-dtre indiquer qu’il ctait de la famille royale de France. Au qua- trieme panneau, est un autre evdque en regard, qui semble lui parler du geste et qui de mdme n’a point de crosse. Au rang du milieu, on voit d’abord un saint nimbd de rouge, cn manteau brim qui tient un calice, et porte un palium avec des croix noires. Au panneau suivant, Jdsus-Christ vu de face, commela figure qui est dessous, au rang iufdrieur. Au troisieme panneau, un archi- tecte en robe rouge fait bdtir une dglise, il tient a la main une espdee de sceptre blanc et Ton voit sur l’ddifice un macon qui prend un aplomb. La quatrieme figure est un dvdque en chappe violette, sans crosse; il tient de la main droite, sur uucoussin rouge, un reliquaire ou petite ch;lsse en or, pits de sa tdte, on lit GARNERIVS. C’est Gamier, i On croit que eelte Cgnre a ele trausposce et qu’elle elait a la place de celle de Hervee dont on a parte, ct que celle derniere se trouvait en regard de I’archilecte qui balit une eglise, ce qui s’accorderait avec dvdque de Troyes, qui Gait aumonier de l’armde latine, et qui donna a son eglise calhddrale un grand nombre de reliques et de reliquaires prdcieux, provenant des depouilles des dglises grecqucs de Constan- tinople x . Au rang supdrieur, un dvdque en chappe violette, tenant sur ses bras une tunique ou manteau jaune, ornde d’une bordure de couleur ; ne serait-ce pas encore Gamier, qui fut 1’un des dlecteurs, tenant le manteau imperial? puis un saint nimbd portant sur une nappe blanche des espdees de pains ou quelque chose qui y ressemble. En sui- vant, un religieux tient un livre, et au dernier panneau, une sainte nimbde de rouge, en robe et voile blancs, avec un manteau jaune fixd sur les dpaules avec des cordons. Troisidme verridre. Elle est consacrde toule enliere St la parabole des vierges folles et des vierges sages. Les cinq folles sont prdeeddes d’un satan violet, velu, a pattes d’oiseau de proie, grises et ensan- glantdes. 11 a la face grise, ensanglantde, avec un bee d’oiseau et des comes de taureau jaunes. De la main droite il tient un double crochet. On remarque parmi les folles deux femmes du monde avec des cos- tumes de princesses et ayant chacune deux fleurs de lys prds de la tdte, pour designer la famille royale de France. Les trois autres, les plus dloigndes de satan, sont des religieuses, la derniere tient sa lampe presque droite, car il faut remarquer que les vierges folles sont toujours reprdsentdes avec leurs lampes renversdes, ainsi qu’on le voit dans la voussure de la porte principale de l’dglise Saint-Ger- main-l’Auxerrois, & Paris. Les cinq vierges sages sont nimbdes et prdeddees de Jesus-Christ. Bel adolescent de dix-huit ans en longs et beaux cheveux dords ; son nimbe est entourd d’un nuage ou gloire. Les vierges sages sont toutes en costumes de religieuses. Dans la rose des folles on voit deux dvdques assis , dans celle des sages un dvdque et un roi assis, et dans celle du sommet deux dvdques assis. Les huit panneaux trilobds de la galerie comprennent chacun un saint pldbe'ien ou late, dans les cercles de l’intervalle, sont des sdra- phins et des anges qui encensent ou jouent du violon , comme dans tout le pourtour du chceur et du sanctuaire. Quatrieme verridre. Le martyr de plusieurs saints se voit dans les diffdrents panneaux. Au rang infdrieur, un dvdque en chappe vio- lette, crossd et mitrd, donne sa bdnddiction. Vient ensuite une sainte voilde et nimbde, puis un saint nu, plongd jusqu’a la ceinture dans une cuve d’huile bouillante. Le dernier personnage est un lai'c, tdte nue, robe violette, avec un manteau bleu et une longue ceinture, il paralt s’dloigner avec tristesse du lieu du supplice. Au rang du milieu, en allant toujours de 1’oucst 5 Test. On voit un saint dvdque debout, nimbd de rouge, avec la crosse a la main ct la mitre en tdte, puis un roi debout qui semble donner des ordres a un homme debout, placd en regard dans le panneau suivant. Cet homme est armd d’une colte de maillc qui lui careloppe la tdte, ct pardessus unc tunique ou cotte hardie rouge et une ceinture, il tient de la main droite une masse d’armes appuyde a l’dpaule. la tradilion qui altribue a l’eveque Hervee la recoDstruclion du ebaeur du la calliedrale aclaelle. 11 faul , pour l'ordre des fails bistoriques, reprendre les sujets a pariir du sauctuaire. 169 Derrihre cet homme, qui parait 6 1 re nn soldat , un sainl diacre, nimbh de rouge, occupe le dernier panneau. Au rang suphrieur, un roi assis commande le supplice d’un saint auquel le soldat , dans un costume semblable 5 celui dont on vient de parler, tranche la thte. Ce pourrait htre saint Parre ou Patrocle, martyrise pres de Troyes vers Fan 259. Un rayon de gloire s’hchappe d’un nuage pour marquer que le sacrifice est agrhable & Dieu. Au dernier panneau, une sainte nimble s’incline vers le bourreau et semble attendre aussi le martyre, ce que semblerait indiquer un nuage perch d’un rayon lumineux que Ton voit au-dessus de sa thte. Ce qui signifie que sa place est aussi marquee dans le ciel. Au-dessous de cette quatrieme verriere, les arcades trilobees de la galerie sont remplies par des figures du seizieme siecle, rapportees sans ordre et mutilees. On y distingue un ange aux ailes rouges, saint Guillaume, archevhque, jesus-Christ, et sainte Elizabeth, dont on lit le nom 5 c6te. Au-dessus des figures, quatre ecussons, celui de France, aux trois fleurs de lys avec la couronne d’or, le meme, avec des fleurs de lys sans nombre. Le troisieme est d’azur aux trois htoiles d’argent avec un croissant d’or en point e. Le quatrieme mi-parti de ce dernier, et de celui que nous avons signals au transept nord, qui est de gueules avec deux hphes d’argent en sautoir, au chef d’or chargh de deux hures de sable en regard. SANCTUA1RE. Premiere verriere, en commencant du c6th gauche et suivant vers le c6th droit. L’Annonciation, — la Naissance, — 1’ Adoration des Mages, — le Massacre des Innocens, — la Purification. Tous ces sujets sont ajusths dans des cadres elliptiques. Dans la rose, des anges encensent. 11 faut se rappeler que les cinq fenhtres du sanctuaire sont seule- ment divisdes en deux par un meneau et n’ont qu’une seule rose dans la partie suphrieure, et quatre ogives seulement dans la tribune au- dessous. Deuxieme verriere, la mort de la Vicrge occupe les deux pan- neaux infhrieurs. La mhre du Sauveur est assists, dans ses derniers instants, par les apotres. Au chevet du lit on voit saint Jean, le dis- ciple bien aimh, — de l’autre cot(5 saint Pierre agenouille, et au pied les autres disciples. Au-dessus de ce tableau la Vierge mise au sepulcre par deux ap6tres (ici la legende est althrhe). La Vierge entre les bras de son fils. Elle monte au ciel une palme 5 la main, entouree de nuages ou grand nimbe de gloire que portent des anges. Elle est couronnee par son fils en presence de la lune et des htoiles. Dans la rose, la fuite en Egypte. Troisieme verriere. C’est celle du centre, on y voit reprhsenthe l’histoire de la Passion. Preincrement, le couronnement d’hpines, — la flagellation, — - la crucifixion, — Marie et Jean a la croix, — l’embaumement. — Voici le lieu ou il a ete pose, — la resurrection. La rose devait montrer Jhsus-Christ dans sa gloire, mais cette fi- gure a etd brisee L 1 La fabrique vienl de commander un Pere-Eternel a M. Marechal , de Metz, pour la remplacer. QualrCme verriere. Histoire de saint Jean : il ecrit, — il est plonge dans une cuve d’huile bouillante, — il tient un calice 5 la main, • — il va y boire, — il assiste un roi & la mort. Dans l’un des panneaux inferieurs, un roi assis sous des arcades montre du doigt une hphe nue 5 un jeune homme place du c6te oppose. Dans la rose, deux anges encensent. CinquCme verriere. Histoire de saint Pierre: il peche, — Jesus lui donne un clef d’or, — il parait devant un empercur, tenant sa clef d’or comme un sceptre, — il est cruclfie la tete en bas, — saint Paul est decapite. Les sujets sont disposes dans des cadres de forme elliptique, en hauteur, comme dans la fenfitrc correspondante du c6te oppose. Dans la rose, au-dessus, jesus-Christ assis parle a saint Pierre qui tient la clef d’or, c’est saint Pierre dans sa gloire 1 2 . Les figures qui remplissent les fonds de la galerie du sanctuaire sont beaucoup moins anciennes que celles des autres parties du choeur, elles ont ete enlevees aux galeries de la nef et a la premiere fenetre du transept, du nord a l’ouest. Voici ce qui a donne lieu a cette transposition : a l’epoque de la revolution, on avait imagine d’elever derriere l’autel principal, consacre alors a la deesse Raison, une tribune ou orchestre en charpente, afin de celebrer en musique les mariages republicans. Les musiciens, que la teinte colorde des vitraux empechaient de voir, demanderent et obtinrent que ceux-ci fussent remplaces par du verre blanc. Lorsque la cathedrale fut ren- due au culte, on trouva que ces derniers jettaient une lumiere trop vive et qu’ils detruisaient entihrement 1’harmonie, mais les vitraux peints ne se trouvant plus, on en prit ou Ton pensait que leur enle- vement blesserait le moins les yeux. Les figures furent plaches sans ordre et sans choix, et Ton est assez surpris de voir celle du juif Mar- dochhe dans la premiere ogive de la premiere tribune 5 gauche, avec son nom en grosses lettres d’or. Dans les trois ogives suivantes, Jhsus portant sa croix suivi de saintes femmes et prhchdh d’un groupe de soldals. Au-dessus des figures sont deux ecussons : le premier est d’or au chevron d’azur, et au chef de mhme charge de trois htoiles d’or, avec une ancre de sable en pointe. A l’ogive suivante le mhme hcusson mi-parti d’azur 5 trois chandeliers d’or avec une htoile de mhme en chef. Ce dernier blazon est celui des l’Argentier, famille Troyenne qui avait acquis une grande fortune dans le commerce. A la deuxieme tribune, saint Shbastien perch de fleches, occupe deux panneaux. Saint Loup avec sa crosse et une hphe, saint Pierre tenant une grosse clef d’or appuyhe 5 l’hpaule. Les fonds sont ouvrhs rouges et bleus, avec de grandes fleurs. Au-dessus de la thte des fi- gures sont des feuillages en or delachhs sur un fond rouge et de la plus grande richesse. A la tribune du centre, sainl Antoine en manteau violet, et nimbe d’or, il tient un long b5ton, un livre ouvert et est suivi de son pour- ceau. Saint Guillaume en chappe rouge vient ensuile, il tient une riche croix d’or. A ses pieds, un personnage en robe violette est agenouille devant un prie-dieu 5 tapis vert chargh d’un hcu de gueules aux deux htoiles d’or avec un croissant d'argent en pointe. » Nous devons , pour la plus grande parlie, l’explicalion des sujels de ces verrieres a 1’obligeance de M. Diderou , secretaire du comile des iravaux liistoriques pres le ministere de l’inslruclion publique. 55 2#— > 170 Au troisifeme panueau, saint Frobcrt, fondaleur de Montier-la- Oelle, en robe blanche de son ordre, tient de la main gauche une crosse d’or, et sur l’autre le modele d’une dglise surmontde d’un clocher termini par une croix dorde. La qualrieme ogive est occupG par une sainte Catherine en man- teau rouge et en robe bleue azur, elle tient de la main droile une palme et une £pde, et de l’autre un livre ouvert. On voit 5 ses pieds une portion de la roue brisG qui avait servi a son martyre. A la premiere tribune, a droite du sanctuaire, saint Etienne en tunique rouge avec une pierre sur la tGe, se dGache sur un fond bleu ouvrG Puis saint Jacques le majeur, en manleau rouge et en robe vertc. A ses pieds est la donatrice, a genoux, vGue d’une robe violet foncG Le tapis vert de son prie-dieu est chargd d’un Gusson en lozange, mi-parti de celui dont nous venons de parler, et d’azur au coq d’or. — Saint Nicolas avec les trois enfants : il tient une riche crosse d’or. — Un saint abbd lisant et tenant aussi une crosse d’or. Qette figure est mulilde, la partie infdrieure est remplacG par le corps d’une autre figure d’abb£, posde sens dessus dessous. Ces quatre figures sont surmonldes de clochetons ou dais fort riches, en or sur fond rouge et d’un dessin varid. A la deuxifcmc tribune en suivant, saint Louis en grand costume royal, tenant son sceptre et la sainte couronne d’dpine; il a un nimbe couleur orange. Saint Gond, abbd, en robe noire et nimbe de rouge, tient une crosse d’or et un livre ouvert; pr£s de sa tGc on lit son nom. Saint Prudence, dv( s que de Troyes, dGache sur un fond rouge ouvre, tient une crosse d’or et un livre. La derniere figure est celle de sainte Maure, dont le nom est Grit en lettres d’or; elle est dGachG sur un fond bleu ouvrG Son manteau est violet, sa robe rose, elle tient une palme et un livre ouvert, ses cheveux blonds pendent en longues tresses sur ses dpaules, et son nimbe est vert. L’autel principal, qui Gait autrefois dans le style gothique, Gait accompagnt; de quatre colonnes de cuivre, donnGs en 1543, par l’€v£que Odard Hennequiu. Chacune de ces colonnes Gait surmonlG d’un ange de cuivre dord, les ailes deployGs. 11s soutenaient des trin- gles auxquelles dtaient iixGs, au moyen d’anneaux, aussi de cuivre dor£, les courtincs ou rideaux que Ton tirait pendant la consecra- tion, suivant l’ancien usage. Cette decoration, tr£s convenable, a ete mal 5 propos supprimee en 1780. DerriGe cet ancien antel on voyait une tribune gothique en bois dord, exGutG en 1521, aux frais dc l’dGque Guillaume Parvi. On arrivait 5 cettc tribune au moyen de deux escaliers de bois faits en rond, places de chaque c6te de l’autel; l’un servait 5 montcr et l’autre 5 descendre pour dviter 1 Celle trouvaille eut lieu le 24 mai 1726 dans la vigne des Fallels pres la porte Saint- Jacques. Il y avait, dit Grosley, 212 pieces d’or de la plus belle conservation, depuis Neron jusqu’a Marc-Aurele inclusive- mem, et du plus beau temps de l'empire romain. ( Ep heme rides trojennes , t. II, p. 288). ’ Elies sent Cgurees dans un dessin fourni en 1779 , par un archi- lecie nomine J.-B. Gentilz, represeniant le grand autel avec un groupe du Christ plac 6 sous les yeux de la Vierge . accompagne de saint Jean et de sainte Madeleine. C’est le mime qui figure aujourd’bui dans la clia- pelle de la commuuion. la confusion lorsque dans les files solennelles les fiddles Gaient admis 5 venir baiser les pelites chesses de sainte Hdldne et de saint Savinien. Celles-ci Gaient placGs en haut dans la baie de l’arcadedu milieu qui Gait murG. Ce mur et cclte tribune ont Gd dimolis en 1732 lorsque Ton placa autour du sanctuaire les grilles de fer donnGs par le roi Louis XV, en compensation de deux mille md- dailles d’or trouvdes dans la vigne des fallets et que le chapitre avait envoydes au cabinet de sa majestd l . Cette grille, assez Idgere, et dans le goiit du temps, dlait, dans chaque arcade, surraontde des armes de France, poussdes en bosse, entourdes des colliers des ordres royaux, et surmontdes de la couronne. Dans le panneau superieur dtaient les initiales LL et, dans le panneau inferieur, les clefs de saint Pierre en sautoir. Ces grilles avaient dte faites par Nicolas Chappuy de Be- zantjon et Claude-Frantjois Chappuy, son fils aind, serruriers; le dernier demeurait 5 1’abbaye de Morimont. Le marchd fut passd le 5 avril 1727, et elles avaient dtd posies dans le mois de septembre 1729. La hauteur de ces grilles sans le couronnement Gait de dix pieds. Les mimes firent aussi les portes laterales du chceur , moyen- nant dix mille livres 2 . Depuis Fan 1381, on voyait appendu 5 l’ancien autel un plat d’ar- geut du poids de quatre marcs, qui Gait D pour constater les droits de l’dglise et en mdmoire d’une punition infligde en 1378 5 Jean de Renneval, prdvostde Troyes. Ce magistrat ayant fait arriter et fait mettre 5 la question Guillaume de Creney, Jean de Bar, et autres clercs , sans avoir acquis le corps du ddlit et malgrd la revendication des juges d’dglises, l’dvdque Pierre d’Arcies prit l’affairc 5 coeur et la fit instruire par les juges tenant les grands jours, elle fut renvoyde au parlement de Paris, qui condamna le prevot 5 faire amende hono- rable. C’est 5 savoir, dit l’acte 3 , qu’au jour de la Toussaint pro- chaine, ledit prdvdt, sans chaperon, robe ni ceinture, portera publi- quement dans sa main, 5 la procession de l’dglise calhedrale, un plateau d’argent du poids de quatre marcs, et dans le plateau une torche de 4 livres de cire. « La procession achevde, il enlrera dans la nef, et D, en presence de 1’dvdque ou de son promoleur, et des clercs, s’ils vculent s’y trouver, il s’amendera en disant : J’ai indii- ment tourmente et questionne Guillaume , etc... qui sont clercs, ct je vous supplie humblement de me le pardonner. Cela fait, il entrera dans le choeur, et devant le grand autel, il offrira ledit plateau, et dans le plateau ledit cierge toujours ardent. Ce cierge brfilera jusqu’5 ce qu’il s’Geigne, et le plateau y rcslera perpGuel- lement appendu, etc., etc., ce qui fut execute 4 . L’dvdque Odard Hennequin avait encore donnd, en 1538, un aigle de cuivre qui Gait placd au milieu du choeur, et que le chapitre fit vendre en 1780, avec les tombeaux de plusieurs dvdques couverts s Archives departementales de l’Aube, par M. A. Vallet de Viriville. 4 Trois plats d’argent richement travailles elaient autrefois appendus de meme devaDt le maitre-autel de l’ancienne rathedrale de Cambrai avec Irois cierges ardents durant l’office; e’etait un don gracieux, fait en 1370 , par Guillaume comle de llainaut, pour reparation d’uu lort en- vers l’eveque Robert de Geneve. ( Rccherches sur la calhedrale de Cam- brai, par A. Le Glai , page 27. Le chapitre de Chalons, a peu pres Jans le meme temps, avait con- damne a une pareillc amende le prevot de Vitry, qui avail fait pendre uu habitant dc Saint-Amand. »-*• 171 de lames d’airain, pour subvenir aux frais du nouveau pavement en carreaux de marbre de couleur. Parmi ces tombes on voyait celle de Nicolas de Brie, mort a Troyes, le 24 mars 1269, age de plus de 70 ans. II fut inhume dans la cathedrale, au pied de l’aigle, sous une tombe d’airaiu oil Ton voyait son effigie et autour de laquelle 6tait gravde cetle ins- cription, en caracteres du 13 e siecle. Anno millcno bis ccntenoque noveno Cum sexageno sub aprillis tempore pleno Prce Marci festo, tu qui legis hccc memor esto Quod linquens mundum miserum nimis et moribundum, Prcesul Trecensis Nicolaus, gchte Briensis Fons decretorum , patriae lux, forma bonorum, Annis ter denis numero junctis sibi sCnis, Nobilis Antista patria prcesulsit in ista, Vos qui transitis, toticns que venitis et itis. In prece cos sitis, quod Christus sit sibi mitis. L’ev£que Nicolas de Brie portait pour armes de gueules a six fleurs de lys d’or, trois, deux et une. Jean d’Auxois, soixante-sixieme evfque de T royes, est aussi in- hume dans le cceur de la cathedrale, devant le grand autel. Sa tombe etait couverte d’une lame d’airain en partie rompue, ce qui empS- chait de lire la date de sa mort, on y voyait neanmoins qu’il avait ete professeur en lois et en droit, et qu’il avait fonde un anniver- saire. Cet evftque portait pour armes, de gueules a trois tours d’or, cre- nelles, poshes deux et une. Henri de Poitiers, 70 e dv£que de Troyes, mort le 24 aodt 1370, fut aussi inhume dans la cathedrale, vis-a-vis le grand autel. 11 re- posait sous une lame de cuivre artisteraent burintie, oil on lisait son epitaphe ainsi congue : Jiic Jacct nobilis et potens air dominus Henricus de Pic- tavia olim Dei gratia episcopus Trecensis, filius quondam no- bilis potentis principis domini Aymari de Piet avia comitis valentinensis et Diensis qui obiit in civitate Trecensi, in suo hospitio vocato gallicd de la montdc die 25, mensis augusti, anno 1370. Henri de Poitiers portait pour armoiries six besans d’argent, trois deux el un au chef d’or. Une tombe en marbre noir couvrait l’£v£quc Pierre d’Arcies, mort le dimanche de Quasimodo de l’an 1395. II avait ordonne parson testament que Ton ne gravdt que ces mots sur son tombeau : Hie Jacet bona’ memoriae Petrus de Arceiis Trecensis epis- copus, Avec cet acte de foi : Credo quod redemptor meus vivit et in novissimo die de terrd surrccturus sum. i Pierre d'Arcies avail fonde une messe quotidienne perpetuelle a l’au- lel qui elait dessous lejube; ducotedu septenlrion on lisait sur une lame ces mots releves en bosse : Homme de bonne memoire messire Pierre d’Arcies, jadis ivesque Les armes de Pierre d’Arcies elaient d’azur au canton dextre d’or 1 . La tombe d’Etienne de Givry, 74® ev^que de Troyes, mort it 92 ans, le 26 avril 1426, se voyait aussi dans le choeur, pres de celle de Jean d’Auxois, comme il l’avait demands. On y avait grave l’tipitaphe suivante : Hie Jacet excellent is memoriae Stephanus de Givriaco Rhe- mensis quondam Trecensis ipiscopus qui postquam an. 20. Parisiis in regio parlemento sedit et in episcopali cathedral gregem suum laudabilitcr rexit. JEtatis an. 92., spiritum reddidit Domino , an. Dom. 1426. Die april. 26. R.I. P. Etienne de Givry portait pour armes d’argent a trois t£tes de lion arrachees d’azur et lampassdes de gueules. L’6v6que Louis Raguier, qui s’etait signals par tant de liberality envers son eglise, mourut en 1488, et fut inhume aussi dans le choeur proche le grand autel, sous une grande tombe de cuivre, du C6te du midi, avec cette epitaphe : Cy git R. P. cn Dieu , noble sieur messire Louys Raguier , ivesque de ceste iglise , du temps du tres chretien et victorieux prince Charles, roy de France, 7 e de ce nom, fut son con- seillier en sa cour de parlement, et depuis fut president en la chambre de la justice dcs aides cl Paris, lequel trespassa le dix-neufvieme d’Aoust 1448. Dieu en ait I’ame. Jacques Raguier, neveu du precedent, et son successeur a l’ev6che de Troyes, fut inhume proche son oncle avec cette epitaphe : Cy gist R. P. en Dieu, noble sieur messire Iaques Raguier, jadis ivesque de Troyes et administraleur perpctuel des Ab- bayes de Monstier-Ramey et Sainl-Iaques de Provins, qui di- cida le 1 4 novembre 1518. Jl fonda pour sa divotion par chascun an dans le choeur de St. -Pierre de Troyes le premier dimanche de V Advent apris Complies, le Responds , Missus et Gabriel quoti chante solen- nellement, et son anniversaire le 14 novembre , pour ce faict donna par son neveu M. lean Raguier, archidiacre de Si- zane, tout le droit qu’il avait es seigneuries de Macey, de Magny-Vallon , avec mille livres tournois; il y a une lame de cuivre contre un pilier qui le dicl are plus amplement : bcl exemple d’un neveu qui satisjait par sa piitie au testament de son oncle , faisait pricr Dieu pour son dme. Le dernier dv^que inhume dans le chceur est Frangois Malier, sur sa tombe qui etait couverte d’airain, on lisait cette epitaphe : Hie Jacet reverendissimes in christo pater d. d. Franciscvs Maeier Trecensis episcopcs lxxxv oei ©but XI OCTOB. jETATIS LXXV ANNO VERO A VERBO INCARNATO 1678, A CONSECR AT IONE 44. 11 portait pour armes d’argent a la face d’azur, accompagnee de trois roses de gueules. de Troyes, a fondi a chascun jour une messe perpetuellement pour I’dme de luy, ses pere et mere, ses parens et amis , par laquelle chanter oil faire chanter sont obligez doyen et chapitre : pries pour lui. <— 4 E 172 Eufin, devanl la place du doyen ^tait enlerr^ Pierre de Molay, doyen de l’eglise de Troyes, mort le 13 octobre 1333, sur sa lombe on lisait l’epitaphc suivante : Hie de Molay o Petrus jacet istc decanus Trecensis spatio longo vivens, homo planus, nobilis, urbanus , pulcher , sapiens neque vanus, sed factis humanus, moderatus, tempore canus. Hie flendus grauiter martii inwit iter. Suivant la tradition, e’est aussi dans le choeur que fut inhum6 Edouard, duede Bar, qui mourut a Troyes, en 1343. La revolution, qui a cause la perte de beaucoup d’objets precieux du tresor de la calhedrale , a debarrasse le choeur de deux enormes tombeaux qui y etaient deplaces et qui en obstruaient l’entree late- rale du cote du nord. Le premier lombeau etait celui de Charles de Choiseul, marquis de Praslain, baron de Chaource, marechal de France et gouverneur de la ville de Troyes oft il est mort, le 11 fevrier 1626, age de 63 ans. Madame Claude de Cazillac, sa veuve, avait donn6 en 1630 une somme de six mille francs a lYglise de Troyes, pour la fondation d’un anniversaire, et pour la permission de faire placer au choeur, du cdU gauche, une sepulture en relicj contenant huit pieds de longueur sur cinq de largeur et environ dix de hauteur. C’etait, dit Grosley, un grand sarcophage eleve sur une base rectan- gulaire chargee d’inscriptions et de trophees : le tout en marbre noir et gris. La statue du marechal, en marbre blanc, grande comme nature, surmontait le monument. II est represente a genoux, joignant les mains et en grand costume de l’ordre du Saint-Esprit, avec le man- teau relevd sur l’epaule gauche. Ses traits sont fortement pronon- ces, il a les cheveux frisks, tres epais, de fortes moustaches et la barbe pointue. Devant la statue etait place un prie-dieu fait en console, en marbre blanc, couvert d’un tapis frange et sur lequel est un livre ouvert. L’ecu armoirie du Praslin, avec le biton de marechal en sautoir et surmonte d’uue couronne ducale est sculpte sur le devant. Le deuxieme tombeau etait celui de Roger de Choiseul de Praslain, fils du precedent, lue & la bataille de Sedan, en 1641, i l’Oge de 36 ans. Le corps de ce guerrier ayant ete apporte & Troyes, il fut inhume dans le caveau pratique pres du sanctuaire, sous le mausole de sou pere. Madame de Guenegaud, sa soeur, lui fit elever aussi un tom- beau. mais plus petit que le premier, en raison du peu d’espace qui restait 1 . La statue de Roger etait aussi en marbre blanc et age- nouillee. Il est couvcrt d’une armure complelte et porte un manteau frange, releve sur l’epaule. La t6te qui dit-on etait fort belle avait dans le principe ete rapportee. Ce raccord, dissimule par le bord de la cuirasse , avait facilitd le vol de cette t6te & l’epoque de la revo- lution. i On a vu long-temps les deux statues et les fragments de marbre des tombeaux des dues Praslain, deposes sans soin sous un appends dans une cour, en face du portail meridional. Depuis, le chapitre de Troyes les a ce- des a litre de depot au musee de la ville avec les inscriptions sur marbre noir. La statue de Charles de Cboiseuil n’a souffert de mutilation qu’au nez qui a ete ecrase a coups de marleau, et aux mains qui ont ete cassees. Outre la tile, il manque a la statue de Roger, qui est plus petite que la premiere, les bras et un pied ; ces dernieres parties etant rapportees. Selon Grosley, la statue enliere de Roger de Cboiseuil etait de la main En 1732, le chapitre de Troyes ayant couqu le projet de faire construire, de chaque c6te du choeur une porte en maconnerie a l’imitation de celles que Ton voyait dans le temps au choeur de l’e- glise de Chalons, voulut, pour dCgager la place, faire enlever les tombeaux des dues de Praslain. Mais la famille obtint un arrG du conseil d’etat qui portait defense de deplacer ces tombeaux. Le cha- pitre fit cependant construire les portes, et les deux monuments se trouverent engages dans la maconnerie. Le bon gout a fait plus tard justice de cette lourde construction. Le tapis morluaire dans lequel Roger de Praslain avait G6 apportd de S&lan a Troyes Gait conserve ct la calhedrale, et on le placait sur son mausolC chaque fois que Ton cClCbrait son anniversaire. Voici les inscriptions telles que nous les avons trouvdes sur trois tables de marbre sdpartles , plus de quarante ans apres le dCplace- ment des tombeaux. Hoc Augvslo tvmvlo capitvr maximus celsissimus poten- tissimus Rogerivs de Choiseul, marchio de Praslain de Chaource, Pargves, Lantages , Hillers Merderay, etc. Cam- panice prorex, vrbis Trecensis moderator, castrorum pnefectus et equestrium levioris armatunc cohortium imperator. Cvjvs sicut virtvlem dvm viveret et Jamam vix capiebet orbis universes sic el memoria superavit omnium soeculorum invi- diam si dvbitaueris affixum parieti marmori que insculptum elogium, vide, lege. Fortitudini Rogerii rex inuictissimus primarium rcgice co- hortis vexillum scepius credidit cum adltuc fere militice tyroci- nium poneret quasi suis nihil metuendum duceret providus princeps vbi Jidelissimus marchio ante signanus pugnaret in Italia, Belgio , Germania, Gallici , imperii, aut amicorum fcederatorumque principum hostes projligauit semper vel ter- ruit, nusquam victus armis aut labore. Augusta Trcvirorum, Nancceum , Motta , Landrecium , Malbegium, Danuillcrium, Attrebatum totquc urbes expugna- tce tot hostes castris exuti, casalis principi suo asserta Vic- toria Avcnncca , innumercc alive quarum ipsi triumphus debe- batur gallici nominis decus auxere ingenti Rogerii gloria. Campanice prorex trccensium vrbis moderator , prvvfcctus castrorum et equitum per illustria facinora ad altius honorum fastigium ascendebat , et si fata aspera rupisset sicut patre non crat inferior virtute, ita nec fuisset dignilate , si non superassel. Sed qui tot pracliis, tot obsidionibus sine vulnere victor evaserat ad Sedanum dum inclinatam acicm sustinet et victricium armorum insolentiam rctundit , trajecto a-neis glandibus cordc , annos natus trigenta sex obcubuit recusata cliam indecora vita; conditione. de Bernin qui l’avait executee a Rome, apres avoir pris a Paris des arran- gements avec la famille; mais le Bernin ne vint a Paris qu'en 1655, et il est peu probable que madame de Guenegaud, qui en avait fait les frais, ait voulu attendre vingt-cinq ans le loisir del'artiste romain quand elle avait sous sa main , a Paris, plusieurs sculpteurs de merite qui au- raient pu remplir ses vues. C’est done un conte fail a plaisir par Grosley qui aimait le merveilleux. (V. Mimoires sur les Troytns celebres, tom. I, page 239. m Cui a Perducllibus accepter pulchra vulnera honestamque mortem prcctulit et suo sanguine testamentum scripsit se vitam despicerc qua; patrice quce regi forel inutilis. Repetitas ab hostibus chari s simi filii mortalitatis exuvias mater optima illustrissima que Claudia de Cazillac cligna plane proprid et avitd virtute , ac nobilitate , qua; tantce families accesserit post quam feelicibus ejus manibus more christiano Parentavit isto tumulo in quo ex proximp marmore patrem jacere intelligis , composuit kalend. avg. ann. salut. M.VPXLI. Celsissimi autem ac potentissimi conjuges Hen- rievs de Guenegaud regia sanctioribus consiliis etunus e qua- tuor qui sunt ipsi a secretis, vir summis honoribus atqueomni fortunce prosperitate eo dignior quo hi» omnibus generose ac christiane majorat que officii dumtaxat et virtutis ami- corumque studiose cupidus nec non Elisabeth de Choyseul de Praslain piissima et amantissima defuncti soror , mulier feemineo pectore plusquam virilem animurn gerens par virtuti paternce fraternaque monumentum hoc , ut saltern ccri ac marmori cequalis sit Rogerii memoria qua; ceternitate digna est ma; re rites posuere addicto venerabilibus insignis et cathe- dralis hujusce Ecclesice canonici ad preces annuas pro de- functi quiete deo persolvendas amplo stipendio , ut publicis tabulis cautum est quarum hie exemplar marmori insculptum tibi exhibetur. HEROI MORTVO SALVTEM ADPRECARE ET ABI. Parmi les plus beaux ornemenls du choeur on remarquait quatre grandes pieces de tapisseries donntes en 1463 par Tevtque Louis Raguier. Ces tapisseries, qu’on ne plagait qu’en hiver, au-dessus de l’entablement des stalles, reprtsentaient plusieurs sujets de la vie de saint Pierre, distributes dans deux pieces que Ton mettait plus prts du sanctuaire. Sur les deux autres pieces on voyait les figures de tous les tvtques de Troyes qui avaient ttt canonists, avec leurs noms tcrits au bas. Louis Raguier, qui ttait reprtsenlt ct genoux, les mains jointes et en grand costume dans Tangle de chacune de ces tapisseries, avait devant lui Ttcu de ses armes qui sont d’argent, au sautoir de sable cantonnt de quatre perdrix de gueules. Au bas de chaque tapisserie on lisait les quatre vers suivauts dont plusieurs lettres ttaient en rouge et en bleu d’azur. 1. Joins la lettre d’azur de ces vers cy 2. Ainsi le nom du donneur trouveras 3. Mais pour s avoir quel temps fat fait cecy. 4. Met les rouges et aussi le sqaras. Pour comprendre cette esptce d’tnigme il faut savoir qu’il y avait alternativement un vers tcrit en caractere beaucoup plus gros que ceux des autres vers et que ce vers ttant lu de suite indiquait la ma- nitre de trouver le milltsime. Effectivement, en prenant les premitres lettres de chaque piece de vers, qui ttaient d’azur et rouge, on trouvait ce qui suit : Lettres d’azur. — Louis Raguier , dvdque de Troyes. Lettres rouges. — L’an mil quatre cent soixante-trois. On voit qu’au quinzieme sitcle, on recherchait deji 1’esprit et les jeux de mots dans les inscriptions, et que le langage plus grave, plus convenable des siecles prtetdents, se perdait insensiblement avec le beau caracttre de Tarchitecture religieuse 1 . Les comptes de T oeuvre, de 1381 a 1382, nous apprennent qu’il y avait auprts du principal autel des piscines en pierre : & Particle , Ddpenses pour forge , on lit : Pour deslier et relierle trelis de fer dou cuer endroit les pis- cines et pour le rapparillier pour ourer de massonnerie esdites piscines par Thomas Grossetdte sarrurier et pour iceux re- mettre. Pour ce 7 s. 6 d. On voyait aussi, selon l’usage de ce temps, des livres ou missels fixts sur les pupitres au moyen de chaines , ct on lit encore dans le mtme compte que : Pour 5 mailles de chaienne pour le breviaire dou revestiaire et 3 mailles et le cloet du diurnal qui est enchaesnez ou cuer. Pour ce 2 s. 6 d. Que pour relier a nuef les agendes qui sont encliesnees ou cuer destre mettre aisselles neuues couuir de cuir de serf mett. fermours et une assiete de 7 cloz de cuivre tous neuf par maist. P re Quatre-Cornes tant pour estofe com. pour sa painne 7 s. Que pour escrire plusieurs messes qui faillaient au messel du grant autel et une oraison dix huit feuilles de parche- min achetdes par Mess. Guillaume de Varrach, on avait payt 15 s. Et pour enluminer lesdites messes et ladite oraison paid d Colin Lesgele 7 s. 6 d. Les hautes stales du choeur, au nombre de vingt-six, ttaient d’un goi'it de dessin en harmonie avec Ttdifice. Elies avaient ttt faites dans Tannte 1529 et achevtes de poser le 3 janvier 1530. Les basses stales, au nombre de dix-huit, ne furent achevtes et po- stes qu’en ftvrier 1532 II y en avait cinq de chaque c6tt, plactes plus prts de l’autel , qui ttaient a dossier tlevt et termintes par des dais ou clochetons A jour. C’ttait des places pour les dignitaires du chapitre , pour le ctltbrant et pour les diacres qui Tassistaient. Ces dernieres avaient ttt faites par maitre Manhieu , dit Romilly, et ne coiiterent que trois cents francs. Lors de la pose des grilles dont nous avons parlt (1732), elles furent enlevtes et plactes au bas-edtt mt- ridional , d’oil elles disparurent enfin avec celles qui reslaient au choeur a la rtvolution. Celles qu’on y voit aujourd’hui proviennent de Ttglise de Tabbaye de Clairvaux. II existait des orgues a la cathtdrale de Troyes avant 1378, puis- que Ton voit que , pour cette annte , Ton a payt : A Jehan de Foigniez pour mettre ins les orgues et rappa- rillier tous les tuaus ei remettre tous sur ct vrai accors par marcliie fait d lui en tache pour sa painne et son salaire par Erard de Vitel. Pource 10 /. Pour le vin du marchd beu chez les cordeliers. Pour 2 s. 6 d. II est a prtsumer qu’en 1483 cet orgue ttait hors d’ttat de ser- 1 La negligence des homines auxquels on avait conGe le soin de ces tapisseries les Gt perdre en 1765. Elles etaient a demi pourries et hors d’etat de servir. 34 m vir ou trop petit, puisque 1’oq voit, cette mdne ann£e, l’£v£que Louis Raguier donner un orgue St son £glise ; et c’est probablement de cet instrument dont il est question dans la relation en vers du pas- sage de Charles VIII 5 Troyes, en 1486 : Les belles orgues d’un doux chant antonne, Avec les chantres ont chante Te Deum. II avait 6td retouch^ par un ing^nieur, nomm6 Marc, du temps de Jacques Raguier, mais ce n’dait qu’un jeu imparfait. L’6v6que Guillaume Parvi donna en 1523 cent 6cus d’or pour le perfectionner. Plus tard il fut encore augments , et on grava sur les touches le mil- I6sime 1593. Au commencement du dix-septi£me stecle, il avait refait par les Dormans, et depuis l’incendie de 1700 par un nomm6 L’hote, facteur de Paris. Cet orgue, qui n’dait qu’un huit pieds , dait plac6 en encorbel- lement au-dessus de la premiere arcade , au c6t6 gauche du chceur ; il dait abrit6 par une espece d’auvent golhique , que Ton fit enlever en 1780 comme dant inutile et de mauvais goilt. L’orgue fut lui- mfimc supprim6 lors de la destruction du jube, par l’escalier duquel on montait pour le toucher. Enfin , le grand orgue que l’on voit aujourd’hui place au-dessus de la porte principale, sur une vohte en brique, provient de l’ab- baye de Clairvaux ; apres avoir d£ long temps laissfi dans une sorte d’abandon sous la tour mdidionale de la cathedrale. 11 a de mis en place par M. Cochu, facteur d’orgues dabli 5 Troyes. Cet excellent instrument fut execute 5 Clairvaux en 1732 par M. Cochu, son grand-pere, artiste tres-habile dans son art ; il avait de considda- blement augments en 1788 par M. Clicquot, facteur d’orgues du roi. Les travaux du replacement de l’orgue, commences en 1806, ont d<5 terminus en 1809. M. Cochu a non-seulement remis cet instrument en bon dat , mais encore il est le premier qui ait imaging ou reproduit en France un nouveau genre de soufflets, appelt's souf- Jlets d lanlernes, qui prdentent l’avantage d’dablir cette 6galit£ si precieuse dans la distribution du vent ndessaire & la r6sonnance desluyaux, et au moyen desquels un seul homme suffit pour faire mouvoir huit soufflets 5 la fois. Ce mdanisme ingdieux, exdutd avec infiniment de succSs, a mdit£ it M. Cochu les doges de MM. S6,an, cdebre organiste, et Granier, facteur d’instruments , dont le suffrage suffit pour prouver les talents de l’auteur de cette invention. Les grilles que Ton voit aujourd’hui autour du choeur ont de executes en 1808 par M. Bollendorff, serrurier it Troyes ; elles sont couronndes par une frise 5 jour, ornte de elds en sautoir et de pal- mettesen cuivredord Quoique cette grille soit d’ungoht moderne, elle n’a rien de choquant , parce qu’elle ne prdente que des lignes simples. Mais il n’dait pas possible d’imaginer rien de plus tour- meut6, de plus grGe et de plus mesquin, que celle qui ferme l’en- trd du choeur et qui provient de la grande t'glise de Clairvaux. Ou’on nous pardonne ici la eomparaisou ; mais tel est l’effet ddsagrdtblc que produit cette grille ridicule que, chaque fois que nous sommes en presence de ce chef-d’oeuvre de mauvais goiit, il nous rappelle ces fils tendus devant les th&Hrcs de figure de bois pour dissimuler ceux qui les font mouvoir. Le chapitre de la cathedrale trouverait suremeut des amateurs, i>’il voulait vendre celle grille, qui convicndrait mieux l’entnle d’un pare ; il pourrait la remplacer avantageusement par une autre en fer fondu , plus en harmonic avec IVdifice. Les statues colossales en carton-pierre de saint Pierre et de saint Paul, qui sont de chaque c6t£, pres des grospiliers du choeur, ont d6 donnds il y a quelques ann6es par M. l’abbd Legrand, doyen du chapitre. Elles ont dd mouses 3 Paris, par M. Romagndi, sur les originaux de M. Bra, statuaire. COLLATERACX. — CHAPELLE DO ROND-POIKT. Dans plusieurs cathdlrales comme celles de Paris, de Chartres, etc., les deux collatdaux font le tour delVmicycle du choeur; mais ci Troyes comme it Reins et 5 Rouen le second bas-cdt6 s’arrde ou commencent les chapelles du pourtour et se termine en forme de demi-abside. Cette premiere chapelle qui, avec les deux suivanles, occupent l’emplacement de l’ancienne chapelle dn Sauveur, fondle au troizieme siecle par saint Potentien, est Cclair£e par deux lancettes vitre'es seulement en verres blancs, mais qui sont entoures de riches bordures du treizieme siecle. Celles-ci sont formds par des demi- cercles combines avec des triangles et renfermant des enroulements etdes fleurons d’un fort bel effet. A l’endroit ou dait l’ancien autel on voit, au-dessus de 1’arcature, une espece de pignon 5 contre-courbe applique et termini par un chapileau ; au-dessous sont des meneaux dessinant trois niches, ter- mimies par des culs-de-lampes , ornd de feuillages. C’est sur le cha- piteau qu’etait placd encore avant 1780 un Christ en argent tr£s- ancien , appel6 lb Sauvelr. La cathedrale possedait autrefois trois anciennes statues de Jdus- Christ : l’une le reprdentait enfant, et la seconde Dieu et homme, jugeant les vivants et les morts. La troisieme , dont il vient d’etre question, dait un Christ mourant sur la croix , haut de cinq pieds , avec une couronne royale sur la tde. Il dait vdu d’une tunique 3 manches qui descendait jusqu’aux pieds L Sa ceinture dait oru£e de perles fines que Ton avait enlevds en 1627 a la mitre de 1’dCque ' Hervd , alors conserve au tresor. Ce Christ dait attache de quatre clous et avait les pieds separd, ils posaieut sur une espece de cof- fret renfermant une petite boiterondeen metal, contenant plusieurs reliques dela Tcrre-Saiute, avec des inscriptions. Cette curieuse statue , echappee comme par miracle & 1’incendie de 1188 et il l’eboulement de 1227, pouvait, selonledire des con- naisseurs,appartenir au huitieme et auneuvieme siecle. En 1536 un doyen du chapitre, Nicolas Lebascle, dedaradans un harangue, nous ne savons sur quelle autorite, que l’image du Sauveur avait ete donnee it l’eglise de T royes par l’empereur Char- lemagne. Ouoi qu’il en soit, lorsde l’invasion anglaise, en 1420, le cha- pitre craignant que la precieuse statue n’exciuU la cupidite des insulaires , la fit peindre en noir. Elle resta dans cet etat plus de trois siedcs. Pendant ce laps de temps on avait perdu toute idee de sa va- leur intrinseque, et ce ne fut qu’en 1 779 qu’un ouvrier charge de reparer les vitres de la chapelle, heurta par megarde avec son echclle, i Ou commit le Christ en hois donne au septieme siecle a la cathedrale d’Amiens, par St-Salve ou Saulve, ev6que de celle ville; il est aussi re- velu d’une luuiquc longue, plissee a petils plis et liee au milieu du corps par uue ceinture. La tele est d’un caractere severe et saisissant. > \ 7 5 <— as la statue du Sauveur. Etonn6 du son qu’elle rendit, il gratia la dra- perie avec son couteau et reconnut qu’elle etait d’argent. Le chapitre informe de cette decouverte , la regarda comme un secours envoys du ciel , pour subvenir aux frais de pretendus embellissements proje- tds et fit vendre la statue immediatement. Dans une note manuscrite, l’abbe Fremet, ancien chanoine de Saint-Urbain, parle de cette figure du Christ comme etant plac^e dans la chapelle dite encore aujourd’hui de Sainle-Mathie qui oc- cupe la place du chevet de l’ancienne chapelle du Sauveur, et qu’elle etait &ev£e sur un retable decore de quatre colonnes. Un pouille moderne designe aussi la chapelle du Sauveur, oil devait fit re na- turellement cette statue, comme etant situde entre celle de la Vierge et celle de Saint-Nicolas , au cdte gauche du choeur. Pr£s de l’autel ancien, avant que la lourde et plate boiserie du retable de celui du Sacre-Coeur n’existat, on voyait une statue d’Ecce- Homo executee sur la fin du quinzieme sifecle ; elle est aujour- d’hui adoss£e au pilicr a droite. Sur le socle , on lit , en caracteres menages en relief, eelte inscription : D1TAT F1DES SERVATA. Suivant la tradition le bienheureux Menassfes de Pougy , ev6que de Troyes, mort le 11 juin 1190 , est inhume dans la chapelle du Sauveur. Jean d’Aubigny, 58 e evtique , mort en 1341, y avait ete aussi enterre sous une dalle de marbre dont on n’a pas conserve l’epitaphe. Sous une grande pierre , recouverte d’une lame de cuivre, gisait l’ev^que Jean Lc ! guise , son epitaphe etait ainsi cougue : Nicolas , en laquelle sont le Sauveur Saint e-Hiline et Sainte- Mathie et sont en lailite forme IIP LXXIIII pies de verre blanc et II' piez de verre imagine pierre Vine et pierre de Verdun on paie pour ce LXXIII 1 XVI s . P our courtoisic f Ul au dis Valles pour assoir ledit verre que li dis maist. Guill. s’en itait departi de ce pais et pour assoir ladite forme du commandemenl de mess. XX s . Au diz Valles dudit maist. Guill. pour verrer la tierce forme de la parlic dess, dite , en laquelle est imaging la gessine Notre-Dame et Y sont IIP LXVIII s pies de verre blanc et couste chascun pie dudit verre blanc 1111 s . Et de imagine Xf I s - Plus , lequel plus maistre J ehan Blanchet et sa femme out paie et donne a ladite ceuvre pour chase, pie blanc 1111 s . Val LXXIIP XII s . On voit que dans ce temps de bons paroissiens contribuaient vo- lontiers aux frais d’entretien des vilraux peints. Si cet exemple avait ete suivi plus tard , il est a croire que nous n’aurions pas a deplorer aujourd’hui la perle d’un grand nombre de morceaux precieux en ce genre. Sous la premiere travf'e du bas-c6tt ! on voit une tombe de marbre noir dont la figure est enticement efface ; dans le cadre, autour, on lit cette inscription grave en creux : Noble homme M r Iean de Hault, viyant grand archidiacre ET CHANOINE EN l’eGLISE DE CEANS DECEDE LE XXII 0 AOUST 1634. Est inhume soubs ce marbre. Priez Dieu pour ley. Cy gist le corps de feu iris-prudent et tres-noble sieur monsieur M.-I. Lesguisi, jadis ivesque , et ni de Troyes , laquelle iveschi il govverna honorablement par 24 a ns jus- qu au 3 aout 1450, quit trespassa d Paris , dont le corps fut amend tout entier cy-dessous inhume. Jean Leguise portait pour armes d’argent , a la face de gueules , ainsi qu’on le voit a la vitre dela rose du nord. En 1480, le chapitre permit a Nicolas Leguise, marchand, de- meurant a Troyes, de faire construire un caveau dans la chapelle du Sauveur, proqhe la tombe de son pCe. Par suite, lous les membres de cette famille y ont eu leur sepulture. Le dernier ev£que qui fut inhume dans la chapelle du Sauveur est Rene de Breslay, sous une tombe en marbre noir, placC prfcs du marche-pied de l’autel. 11 mourut en 1 641 , a 77 ans, ainsi qu’on le lisait sur son epitaphe posee a gauche en entrant dans la chapelle. En 1555 le chapitre de Saint-Pierre permit a M. Liebaut, cha- noine dicelle iglise et cure de Sompsois , de faire mettre une croix au-dessus de l’autel de la chapelle Saint-AdCald pour plus grande dicoration de ladite chapelle , a condition que les ymaiges quiy itaient y demoreraient. L’autel Saint-AdCald etait dans cette chapelle du Sauveur, mais cette croix et ces images ont disparu. Il parait qu’aussi des vitres peintes que l’on voyait aux deux premieres fenCres ont ete enlevCs ou brisCs, car on lit a i’arlicle dipenses pour verriii es ncufves , dans les comptes de l’oeuvre de 1378. Cette tombe a deja ete change de place plusieurs fois. Sur un pe- destal place sous les pieds de la figure sont graves des vers illisibles aujourd’hui. Sous la deuxieme travee du premier collateral est une autre tombe de marbre noir avec une inscription latine, en huit lignes, mais en partie efface ; on y voit qu’elle couvrait le corps du aoc- teur Nicolas Format, mort le 3 octobre 1597. Cette tombe , que nous avons vue au collateral meridional , a ete deplacec peut-etre pour la troisieme fois, comme toules celles de la cathedrale. Aussi ne peuvent-elles plus aujourd’hui etre considerees que comme un simple ornement du pave. Dcvant l’entree laterale du choeur, on voit aussi une tombe en pierre gravee en creux et assez bien conservee ; elle est consacree & une femme ; le sculpteur l’a represent les mains jointes, vetue d’une robe 5 larges manches avec un voile sur la tete. Sous ses pieds est un jeune chien, symbole de la fidelite. Dans le cadre dont les angles sont orn( ; s des medaillons des quatre symboles dvangeliques , on lit son epitaphe ainsi congue : d\) 176 collantes A la tailie, avec des manteaux doubles de petit vair, voices, les mains jointes et ayant chacune un jeune chien sous les pieds. Elies sont places sous deux arcades en ogive , r^unies par un cul-de-lampe et surmontdes chacune d’un pignon d^core d’une rose A jour. Entre ces pignons est le Christ assis sur son trone et recon- naissable au nimbe crucifAre ; il tient dans son manteau les Ames des dgfuntes. De chaque c6td on voit un ange dans Taction d’encenser. Autour, dans le cadre , on lit : <£»; gi$f bame .ftatfyertiu be la 9^avd;e femme 3d;an Staple. bourgeois be Xvopes qui Ivcfpaffia Ian mil CCC LX I le X III a jour be feptembve et 3el)annc leur fille jabis femme 3 £ f) rtn *> e ©avmoisc bourgeois be £rot;es qui frespajsa lan mil CCC LX le premier jour be feplembre bieur apt merep bes ames belles amen. Cette tombe , remarquable pour sa belle conservation , et inlS- ressante A cause des costumes , mfriterait d’etre conserve au mu- sSe de la ville. CHAPELLE SAINT -MICHEL. Les fenfitres qui dclairent cette chapelle sont en verre blanc , A l’exception de celle du milieu qui a conserve une belle bordure du treiziemc siecle, compost d’enroulements detaches sur un fond bleu. II y a aussi des rosaces au milieu. On peut croire, et il est tres-probable , que les autres fenetres etaient aussi ornees de bordures qui ont disparu avec le temps. Au pied de l’autel en bois et du tres-mauvais retable qui l’accom- pagne, on voit un carreau de marbre noir sur lequel est gravee l’epi- taphe de l’un des plus dignes prelats qui ait occupe le siege episco- pal de Troyes, la void : CI GIT M™ MARC-ANT. DE NOfc ANC. EV. DE L’ESCAKD l re EV. DE TROYES APRES LE CONCORDAT DE l’AN X. 1 802. MORT LE 23. SEPT. 1803. DANS LA 78 e DE SON AGE. REQ. IN. PACE. Il y avait deux chapelains sous le titre de Saint-Nicolas d’ete et de Saint-Nicolas d’hiver daps la chapelle de Saint-Michel. CIIAPELLE SAINTE-MATHIE. Cette chapelle, fondde en 1225 par Renier de Bar, chantre de Saint-£tienne et chanoine de la cathedrale, n’offre dans les cinq fenetres ou lancettes qui l’edairent que trois cartouches armories , points posterieurement A 1600. Au milieu, celui auxarmesdu cha- pitre , et A droite et A gauche Ics armes de France et de Navarre. Les autres fenetres sont vilrees lout en verre blanc, A l’exception de bordures legdes oil Ton voit des fragments d'arabesques dans le goilt de la renaissance , alternant avec l’ecu armoirie de l’dvfique Rent 1 de Breslay , qui sont comuie on l’a ditdOjA , d’argent au lion rampant dc gueule cantonnd Adexte d’un croissant d’azur. Aubas de la cinquieme fenetrevers l’orient, on lit dans un petit cartouche le millesime 1631. Anciennement on voyait au milieu de la chapelle le tombeau de la sainte, porte sur qualre piliers, et sous lequel on passait par de- votion. CHAPELLE SAINT-NICOLAS. Des cinq fenetres qui edairent cette chapelle , il n’y en avait, des le principe, que trois qui fussent ornees de vitraux peints. Les pre- mieres de chaque cote etaient de simples dessins au trait sur verre blanc , pour menager du jour, ainsi qu’on le voit aux autres cha- pelle> du pourtour. Il n’y en a plus aujourd’hui que deux qui possedent d’anciens vi- traux; les sujets en petit qu’on voyait A celle du milieu, ayant ete remplaces par une Vierge de proportion demi-nature et executee au commencement du dix-seplieme siecle. Cette peinture, attribute A Linard Gonthier, provient de I’tfglise coll^giale de Saint-Etienne, supprimte, comme on l’a dit, en 1791. La Vierge, en robe rose avec un manteau blanc, est placde au milieu d’une gloire et environnde de ch^rubins, son regard est abaiss6 vers les mortels, et les. mains jointes elle semble prier pour eux ; ses pieds sont appuyds sur le croissant. Au-dessus et au-dessous sont des m^daillons representant en grisaille et en petit les principaux traits de la vie de la mere du Sauveur ; malheureusement un bon nombre de ces mi ! daillons ont <5t6 disperses et perdus. La bordure est formee des attributs indiquds dans les litanies ; la fontaine , Mode , le puits , le miroir , etc. Au-dessous , on voit le jardin celeste distribute selon le godt du temps oil le peintre vivait- Au bas de la fen&re est une jolie grisaille enlource d’un cadre elliptique dont le grand diametre est en largeur ; un abb6 A genoux devant un prie-dieu y est represents en petit avec son patron place* derriere lui. A droite du tableau, on voit au second plan sa mitre et sa crosse posees sur un coussin. Le fond offre une riche colonnade de marbre. Sans doute une inscription accompagnait cette peinture ; mais elle n’existe plus. Il est probable que le personnage est un abbs de St-Loup : ce joli vitrai! provenant de l’Sglise abbatiale de cc nom. Au sommet de la fenStre du cots gauche, on voit dans un cadre A quatre lobes la Vierge sur son lit, mourante et assistSe par les apdlres ; elle est entource d’un nimbe et avec une couronne d’or. Au-dessus, son Arne est enlev^e au ciel par deux anges. Au-dessous, dans un cadre semblable, un empereur, accompagn^ de satellites arm6s de lances, commande le supplice de deux saints qui sont attaches en sa presence sur deux croix poshes horizontale- ment. Au-dessous l’ua des saints, accompagni' de gardes et de bourreaux , est ageuouilte devant la croix instrument de son sup- plice. On voit , dans des quarts de cercles , des assistants et des homines armes dc haches qui font partic du tableau. Au basdc lafeu6lrc,plusieurs figures rapportdes, mais anciennes, se voient places pAle-mele ; on y reniarque Jiisus-Christ, un aphlre, un ange, etc. Au bas vers la bordure, le prophfcte Habacuc, nimbt 1 dc vert, en robe blanche avec une yrs /,//, <6 / v itratl br la vi allied rate Xlll™' Siecle. 179 terre pour marquer Ie ddnuement des dpoux, paratt lft pour servir la Vierge. Dans l’un des quarts de cercle au-dessous, l’ange avertit les bergers de la naissance du Sauveur, et dans I’autre les rois ar- rivent pour l’adorer. Le premier est barbu el indique du doigt le berceau; le second suiten tenant son cheval par la bride ; celui-ci est imberbe, c’est encore le roi d’Ethiopie quele peintre a voulu designer. On remarqne deux t6tes de cheval a c6td du premier; le peintre qui n’avait place que pour deux rois a voulu apparemmenl indiquer par lei qu’il y en avait trois. Dans les deux derniers quarts de cercle, on voit Hdrode qui or- donne aux Mages d’aller s’enqudrir de la naissance du Messie. Dans le lozange au-dessous, (’Adoration des Mages , mais diffd- remment composde que le mdme sujet dont il vient d’dtre parld. Le premier quart de cercle ft gauche , prdsenle Moi'se et le buis- son ardent. Dieu parait avec un nimbe d’or; Moise parte un man- teau blanc ft la maniere des Arabes, et s’occupe d’6ter sa chaussure ainsi que Dieu le lui avait commands Devant lui sont des mou- tons. Dans le quart de cercle en regard , Ic songe de Nabuchodonosor. II est couchd sur son lit, en costume royal, et semble profonddment endormi ; au pied du lit parait Ie colosse dont, selon TEcrilure, la tdte est d’or , le corps d’argent , les cuisses d’airain et les pieds d’ar- gile. Au bas on lit : nabvchodenosor. Les deux quarts de cercle infdrieurs ne renferment qu’un seul sujet : la Presentation au Temple. D’un cdtd, Joseph, et Marie qui tient dans ses bras l’enfant Jdsus, s’avancent pour le presenter au grand-prdtre ; de l’autre c6te celui-ci s’incline pour le recevoir sur un linge blanc qu’il tient sur ses bras, selon I’usage. Au-dessus de l’aulel briile une lampe d’or, et derriere le vieillard est un levite tenant a la main un cierge allume. Dans Ie lozange au-dessous, la Fuite en Egypte. La Vierge, as- sise sur l’ftne, regoit dans ses bras l’enfant Jesus, que saint Jo- seph son epoux, place derriere, lui presente. Un jeune homme im- berbe marche en avant et mene l’ftne par la bride : il porte sur l’epaule un long bftton charge d’un manleau. C’est un guide par lequel Ie peintre a voulu designer sans doute que les voyageurs al- laient en pays etranger. La Vierge et l’Enfant Jesus ont seuls Ie nimbe. Il est rouge pour la Vierge et couleur de pourpre avec la croix pour son fils. Quelques morceaux de verre manquant & ce sujet, ils ont ete remplaces par des fragments de la renaissance. A gauche, dans Tangle infdrieur, le quart de cercle presente le prophete Elisee assis, la main droite elevee sur une fleur qui est de- vant lui. Sur un rouleau est ecrit son nom : elisevs. Dans le quart de cercle oppose , deux statues de faux dieux entid- rement nus et tenant des globes lombent des colonnes sur lesquelles elles etaient placees. A la sixieme croisee, dans l’ogive, il y a un cercle partage en deux horizontalement dans le cercle supdrieur; Jesus-Christ assis prds d’un puits et accompagne d’un apdtre, converse avec la Sama- ritaine. Celle-ci lire de l’eau au moyen d’une manivelle telle qu’on en voit aux puits de nos villages. Dans le demi-cercle iufdrieur, on voit la femme adulldre amende devant Jdsus-Christ. Le Fils de Dieu est assis sur un siege comme juge et s’incline pour dcrire sur le sable ces mots : Qui vertum vos. Il tient de la main gauche un livre ouvert oft les lignes de TE- crilure sont sdpardes par des lignes droites, comme on le voit dans qnelques anciens manuscrils. Derriere Jdsus est saint Pierre de- bout. Le cercle au-dessous occupe loute la Iargeur de la fendtre ; le sujet est Jesus-Christ baptisd par saint Jean et servi par deux angesdont Tun porte les vdtemenls. Dans Tangle du tableau ft gauche, un jeune homme imberbe, presque nu tient une urne dont il verse l’eau dans le fleuve. C’est probablemenl le fleuve lui-mdme que le peintre a reprdsentd d’une maniere alldgorique empruntee au paganUme. Le demi-cercle infdrieur renferme deux sujels sdpards par une grosse fleur. Au premier, Satan prdsenle des pierres ft Jdsus, en lui disant de les changer en pain. Au second il depose ft ses pieds un vase rempli de pieces de monnaie d’or et d’argent marqudes d’une croix. La moil id du dernier cercle a eld enlevde dans le dernier sidcle pour obtenir plus de jour, comme ft la fendtre correspondante du cdtd gauche. La portion infdrieure qui a did haussde reprdsenle Jd- sus assis au milieu des docteurs. Ces derniers , au nombre de cinq, sont revdlus de manteaux et coiffds de bonnets pointus. Le fond est ddcord d’arcades surbaissdes portdes sur des colonnettes. A gauche, la Vierge tenant un livre et suivie de Joseph son dpoux, arrive sous la porte qui est surmontde d’un fronton. Son gesle marque la surprise qu’elle dprouve , en apercevant son fils en cette compagnie. Une lampe ardeule est suspendue sous Tarcade pres de Jdsus. En gdndral, la lampe indique Tinldricur du Temple. A la partie infdrieure de la fendtre , sont des figures isoldes rap- portdes d’ailleurs, et qui formaient une suite avec celle de la fendtre vis-ft-vis. Elles sont de mdme aussi renfermdes dans une espece de cadre ogival et le fond rempli par des enroulements ou feuillages d’un dessin parfaitement identique. La premidre de ces figures est le roi David assis sur un trdne, la couronne d’or en Idle ; il tient un grand violon tout droit sur ses genoux, et joue avec un archet d’une longueur ddmesurde qui occupe loute la Iargeur du cadre. La deuxieme figure est Ie roi Salomon : il est assis de mdme avec un costume analogue et tient de la main gauche une tablelle sur laqueile il dcril avec une plume. Les bordures d’enlre-las de la premidre fendtre de chaque c6td de la chapelle ont did copides ft Saint-Denis et exdcutdes ft Choisi. Plusieurs personnages cdldbres reposent sous le pavd de cette chapelle. Le plus ancien est saint Vincent, dvdque de Troyes, mort vers le milieu du VI e sidcle. Son tombeau existait dans Tdglise pa- roissiale de Saint-Avenlin oft il avail dtfc inhumd ; mais son corps fut apportd ft la cathddrale lors de la suppression de cette paroisse. On regrette qu’aucune inscription ne rappelle cette translation. Au c6td gauche sont enterrds les restes des comtes Henri I er et Thibaut III, extraits de Saint-Elienne, comme nous l’avons dit, lors de la suppression de cette colldgiale. Leurs dpitaphes, que Ton voit gravees sur marbre noir, et que sur noire demande on a fait placer sous Tarcalure du mdme c6ld , proviennent aussi du chceur de Saint-Etienne. Elles avaient dtdmisesft la place qu’occupaient dans le choeur les tombeaux des deux princes qu’on avait changds. La date de la translation a dtd ajoutde au bas. Transl. ex Ecc am sancti StEPHANI IN EcC am CATHED am 17 FEBV. 1792. 180 Un monument bien regretable est celui de l’dvdque Hervde qui fit construire celte mdme chapelle de Notre-Dame et lout le pour- tour du choeur. Voici comment Grosley raconte la pertc de ce mo- nument dans ses Troyens cdlebres : « En 1206 Hervde acheta une place vague enlre les raurs de Troyes et I’ancieune cathddrale, et il bilit sur ce terrein la cha- pelle Notre-Dame qui est derriere le choeur. A sa mort, en 1223, le rond-point du choeur, c’est-4-dire la partie la plus belle el la plus delicate de IVdifice, dtait dt'jA dlevd, et ce travail immense fut 1’ou- vrage de dix-sept anndes. Soil qu’4 ce litre Hervde se crut digne des regards el de la mdmoire de la posldritd, soit que le chapitre ait voulu lui consacrer un monument de sa reconnaissance, son tombeau, aux pieds de la chapelle de Notre-Dame, portait sa figure en relief, couchde par terre, au milieu d’un porlique ou arc de triomphe d’architecture arabesque, cantonnd de figures et entourd d’un cadre conlenant Fdpilaphe d’Hervde; le tout d’un seul jet de fonte verle de huit pieds de long sur cinq de large , et un pied d’d- paisseur. « Ce morceau, prdcieux par la mature, par le travail et par l’homme qu’il reprdsentait , avait did respectd lors de la prison du roi Jean et de celle de Francois I er . « Pour coutribuer au rachat de ces princes, le chapitre avait vendu des reliquaires, des calices et des pieces Ires-prdcieuses de son trdsor. 11 avait dpuisd toutes ses ressources lors du grand incendie de 1700, qui avait presque ddlruit son dglise; mais il n’avait point allenld au tombeau d’Hervde, qu’il regardait comme uu immeuble inalienable. Vu depuis d’un autre oeil, il fut ddplacd vers 1766; la venle en dtait rdsolue pour fournir aux frais d’un nouveau grillage pour la chapelle Notre-Dame. Les clameurs de quelques connais- seurs en imposdrent aux auteurs du projet de destruction, etil fut replacd. En 1777, on le ddplaca de nouveau, sous prdlexte de com- modild pour le reposoir du Jeudi-Saint, qui n’avait jamais did dressd dans la chapelle Notre-Dame, et qui cette annde y fut placd ad hoc. 11 ne s’est pas relevd de cette derniere chute ; et sa destruction, con- ceive entre un artisan et un paysan, a did consommde dans le mois d’octobrc 1778. Pour l’envoyer au poids-lc-roi et ensuite au fon- deur, on a saisi l’absence d’un chanoine qui avait manifesto son opposition 4 cet attentat. Enfin, pesant deux milliers environ , il a did livrd pour 1200 livres. Les besoins de l’instant naissaient, soit d’une entreprise de monture dconoraique dans laquelle le chapitre a jeld une somme de 200,000 livres , et qui a eu le sort des enlre- prises de ce genre formdes sous l’abbd Terrai ; soit du projet formd d'orner le choeur de la cathi'drale d’embellissements de goht, sous la direction des destructeurs du tombeau d’Hervde ; soit de prendre un suisse et de le harnacher a l’instar de celui de la cathddrale de Paris L » Voici Fdpilaphe : Praesul Treccnsis , prius autcm Parisiensis V erbi divini doctor , dc curte-morini \ La ealhedrale d’Amiens a conserve la tombe en bronze d’Rvrard , eveque de la meme ville, morl en 1223 comme l’evdque Hervce. Le tombeau de ce dernier avait necessairement quelque analogic avec celui d’F.vrard, et il serait possible de composer d'apres, le dessin d’une tombe gravee en creux, qui sans causer d’embarras et a peu de frais, Paupcre genie satus , jaeet Heneus hie tumulatus, Cilicium , cordet ,je junta , lamina ferti Cum rcr.tis cordc Jaciunt me ad sydera ferri , Anno milleno bis centendque Viceno Tcrno , reddo polo spirilum , et ossa solo , Anno septeno deus quoque Pontificatus Et sexto nonas julii transmigro beatus. Le chanoine Pierre d’Arbois, mort en 1 376 et loDg-temps provi- scur de l’oeuvre , est aussi iuhumd dans la chapelle N.-D. II avait dotmd 300 florins d’or A la cathddrale pour rdtablir les quatre fdtes de la Vierge : la Purification, la Nativild, l’Annoncialion et la Con- ception a!ors fort ndgligdes. Levant la chapelle N. D , prds du puils qui existait derridre le choeur, est enlerrd Jean Braque, 7l e dvdque de Troyes, qui mourut le 10 aoht 1375. On voyait sur sa sepulture une lame de cuivre sur laquelle dtait gravde son dpilaphe ; mais elle avait did enlevde depuis long-temps. En 1720, lors de rdparalions faites au pavd, on ddcouvrit les ossements de ce prdlat. CHAPELLE DE L’ASSOMPTIOIV. Cette chapelle est une rdpdtilion symdtrique de celle de Saint- Nicolas , et il n’y a que les vilraux qui prdsentent ndeessairement une difference pour les sujets. A la lancette du milieu , en haut, dans un cercle, la mort de la Vierge; elle est sur son lit, entourde des apdtres, et l’on voit son 4me dans un grand nimbe, enlevde au ciel par deux anges. D’aulres anges placds dans les angles que forment le cercle et l’ogive , sont dans Faction d’encenser. Dans des quarts de cercle au-dessous, on voit la fuite en Egypte, Jdsus enfant, le Christ prdsentd au Temple. Le resle des vitraux a did enlevd. t Dans les lanceltes, des deux cdtds , sont six cercles renfermant plusieurs sujets de la vie de saint Pierre. Au cold gauche, on le voit en prdsence de Jdsus-Chrisl ; — gudrissant un malade ; — amend devant Agrippa; — puis devant Ndron, nero; — avec Simon le magicien, au bas est dcrit : Saxctus Petrus Simon Magus; — enfin crucifid la tdte en bas. Le cercle infdrieur de la lancette provient d’une autre chapelle; il reprdsenle le sacrifice d’Abraham. Le fond, qui est bleu , est da- roassd : ce travail indique une dpoque posldrieure. Le cercle supdrieur de la lancette, 5 droite, reprdsente Moise et le buisson ardenl. 11 est de mdmetirdd’autre part, ainsi que le cercle in- fdrieur qui offre pour sujet le serpent d’airain. Les fonds sont aussi ouvrds en maoidre de rinceaux. Les bordures modernes de ces vi- traux, rdsullat d’un premier essai, onl dtd exdculdes 4 Troyes, il y a quelques anndes, par MM. Arnaud et Beibdder, qui en ont pris le dessin sur une bordurede l’dglise de Chartres. La premiere lancette de chaque c6td dtait vilrde eu verre blanc, grisailles composdes de cercles et de lozanges enlacds ; on les a enlevdes mal 4 propos pour les placer dans une chapelle de la nef oh nous les avons signaldes. remplacerail le tombeau d’Hervee dont on rapporlerail exaclement 1’epi- taphe. La fabrique pourrail d’aulant plus faeijement sc faire bonnetir de celte restitution, qu’elle possede plusieurs lombes eulieremeut effaeees parmi lesquelles ou pourrait thoisir la plus conveuable. 181 Avant les Svdnements de 1792, on voyait dans celte chapelle le tombeau de Jacques de la Noe , chevalier qui avail fondd , dans cette mdrne chapelle de l’Assomplion , la fete de la Conception de la Vierge. II (Hail represents a genoux , ayant a son cote Marguerite de Potangis, sa femme, tous deux de grandeur naturelle. A son bras gauche il tenait suspendu son ecu ou bouclier, groupd avec son SpSe passde en bande derriere. Ses armes peintes et gravies surl’Scu, Staient d’azur , SchiqudSes d’argent , a la bande de gueules char- gee de trois coquilles d’or. Jacques de la Noe mourut en 1374. II avait fondS aussi , a cause de sa femme, la chapelle Sainte-Mar- guerite, a Saint-Urbain. De son temps vivait son frere Henri de la Noe, chanoine et doyen de la cathddrale, a laquelle i! avait laissS une somme considerable, pour des fondations pieuses. Le tableau du ratable qui repfesente l’Assomption, est une copie du Guide qui , dit-on , a StS apportSe de Rome ; la toile de ce ta- bleau Stant en trSs-mauvais Slat , la peinture en a StS transportSe sur une toile neuve, par feu Cossard, peintre a Troyes. Le ratable, compose de deux colonnes d’ordre corinlhieu , sup- portant entablement avec fronton, est fort peu en harmonie avec l’ar • chitecture de la chapelle qu’il obstrue par son volume enorme; on a lieu d’esperer qu’il sera bientht enleve. La decoration que va rece- voir la chapelle N. D. en fera bien mieux sentir la necessite. II se- rait aussi a desirer que la fabrique adoptat un dessin uniforme , mais simple, pour toules les chapelles du pourtour du choeur. Devant la chapelle de 1’Assomption a etS inhume Claude Yeslier, doyen de 1’Sglise de Troyes. Son epitaphe gravee sur une table de marbre noir, et qui se voyait tout proche, avait ete enlevSe, mais elle va etre replacSe par les soins de la fabrique. La voici : CLAUDI1 TESTIER qcem families nomen et cicica maiorvm mvnia Cl are m Trecis fecerant fecit virtvs propria clariorem. Pietate in deurn non soliun emievit, sed clero et choro evi ad fit semper pro fit , et LXV annis canonicvs et LIII. Decanes ecclesice huic Pres fit nvsqvam defit. C cites dicini avides et non invidvs y Emulator , pueros choristas dvos Sumptibes Sc is qeateor millc librarvm ad cceteros perpetco adivnxit, altarisqve prcecipci. Areee antea hemilis ad decentem eminentiam, pictcrarcmqce circcm cetcstate. Offscalarcm reformalioni contribcit. HANC JEdicvlam beatoe Virgini conceptce dicatam marmore et aero crestatam Adstrcxit, ac processione annea eodem conceptionis festo, et sacrifcio Solemni die obitvs, in perpeteem fondato et indie to, ctremque illcstracit Excitandisqce posterorem beneficis animis , nonnclla ter res Icgcra ac Prcedia fabricce ecclesice testamento legacit. Thecam Beatce Mastidice sacrum und Sanctce Genocefce argented Maginc sea liberalitate decoracit, et ne qcem piclatis et mcni- ficentiee Haberct seperstitem act victorem , ornamenta serica , pvrpcrea auro et Argento intexta qcantcrn scjfecerint sacerdoti cclebranti et asscclis Memorabili largitate suce ecclesice consecravit , cci nec non alia extant Ejus zeli moncmenta Qcem terra piem, amieem, sincervm vidit mors incidit, et qci pietatis Opes vice ns absolv'd, natvrae debitvm solvit. VI 0 KAL. MART. Ao M° DC" LIII 0 . /?. /. P. CHAPELLE SAINT-PIERRE ET SA1NT-PACL. Cette chapelle , qui est une repetition exacte de celle qui est vis- a-vis au c6te du nord , n’a conserve que trois paneaux d’anciens vitraux du XIII e siecle : a la partie superieure de la fenetre du mi- lieu, sous l’ogive, la creatiou de l’homme et de la femme; au-des- sous, reproches fails a Adam; Adam et Eve chasses du paradis. Ces peintures sont d’un ton tres-colore ; mais le dessin est altefe par l’effet d’un feu trop vif lors de la recnisson. Depuis 1806, la chapelle de Saint-Pierre et Saint-Paul est dediee a saint Appolinaire et a saint Pie , en memoire du passage du pape Pie VII a Troyes lorsque ce ponlife retournait en Italie apres avoir sacr6 Napoleon a Paris. Le souvenir de cette visite du sainl-p£re est consacr^ par un tableau que nous devons au pinceau de M. de Mon- tabert, auteur d’un traite complet de peinture. Pie VII est represents au moment oil, arrivS devant la porte principal de l’Sglise cathS- drale, il y est reyy^ m imptfriale , et la princesse que Ton voit sur la porte de la ville , assis- tant a ce depart , n’est autre qu’une impgratrice qui vient de rece- voir le pouvoir supreme des mains de son £poux , pendant le temps de son absence. Ce qui est exprinfe par le diad^me imperial qu’elle tient enlre ses mains, comme la cuirasse et la lance dont le prince est arufe, indique que c’est pour une expedition guerrtere qu’il s’eloigne de son palais. Rien ne s’opposerait, dans ce cas, a ce que la cite figuree ne soil la ville imperiale, Constantinople elle-meme , designee par le ddme de l’eglise de Sainte-Sophie , son plus bel edifice. Le bas-relief du devant du coffret represente une chasse au lion. Le fier animal que Ton voit occuper le milieu du tableau et dont le cou est deja perce de deux ffeches, se dresse furieux contre un cava- lier lance au galop, qui, en se retournant, s’apprete a le frapper de son epee. Ce cavalier que Ton voit a droite est arme d’une cuirasse imbriquee semblablea celle des figures du dessus du coffre, et d’un bouclier rond passe au bras. Au cote oppose, un autre cavalier dans un costume pareil, a l’exception du casque qui est orne d’uue criniere, decoche une fleche au lion , en se retournant sur son cheval lance aussi au galop , dans un sens oppose au premier. Sous les chevaux, le sculpteur a represente un buisson prive de feuilles, peut-6tre pour indiquer la saison dans laquelle cette chasse eut lieu. Au costume du chasseur, aux harnais perils de son cheval qui , quoique plus simple que celui du bas-relief superieur, ne convient qu’a un prince souverain , il faut reconnaitre encore un des empe- reurs grecs d’Orient qui ayant tue un lion de sa main , a dfe repre- sente dans cette action courageuse. La double effigie n’a pas ici simplement pour but de remplir le champ du cadre , maisd’exprimer deux circonstances de cette chasse oti le prince combattit le lion de de loin d’abord, a coups de Arches, ensuite de pres, & coups d’epee. Le bas-relief sculpte derriere le coffret offre encore, sans nul doute, le meme personnage, mais seul, Spied, et combattant un dnorme sanglier qu’il perce de sa lance. II est arme d’une cuirasse toute semblable a celle des’ autres bas-reliefs, et d’un casque sans cimier. Son manteau, tombe sous ses pieds , indique probablement une des circonstances de la lutte aninfee qui eut lieu. Le champ du cadre est rempli par trois chiens qui, le col orne d’un collier avec un grelot , sont lances sur le terrible animal ; le premier se trouve place au c6te gauche au-dessous du chasseur, car il n’y a aucune idee de perspective dans cette sculpture; le second dans une pose absolument la meme , mais retourne , attaque le sanglier par der- riere, et le troisieme, lance de Tangle superieur du cadre semble lui tomber sur la croupe. Au milieu du tableau est un arbre, dont le tronc est cache en partie par le corps du sanglier : il est forme de quatre branches chargees de feuilles et recourbees symetriquement des deux c6tes. Au centre s’eleve une tige terminee par unegrosse fleur, pour designer peut-etre le printemps , saison oh cette chasse aurait eu lieu. Les deux extremites du coffre presentent le meme ornement, a de tres-legeres differences pres. Au milieu du cadre est un oiseau fan- tastique pose sur une cspece de culot d’ou naissent deux tiges de- liees dont les rameaux routes en volutes, et charges de feuilles et de fleurs , remplissent le champ de chaque c6te. Lorsque ce coffret curieux fut apporte & Troyes , il contenait des reliques et la cathedrale doit a cette seule circonstance de Tavoir au- jourd’hui en sa possession. Son antique usage etait bien different. II etait destine , comme tous les coffrets de ce genre, a contenir les bijoux et autres objets precieux des princesses de la cour, ou des imperatrices auxquelles les empercurs les offraient ordinairement en present , apres y avoir fait representer quelques-unes de leurs prouesses. Tout porte done a croire que notre coffret bizantin avait une pareille destination, et qu’il provient du mobilier imperial, comme semble le prouver la couleur de pourpre dont il est encore empreint,cou!eur qui, comme on sait, etait affectee exclusivement aux empereurs et aux rois. Quant a 1’epoque oh le travail du coffret aurait pu Gtre execute , onne pourrait laconnaitre qu’al’aidede documents historiques dont nous sommes prives ; les faits qui y sont representes sont simples en eux-memes, et l’hisloirc que nous avons consultee n’a pas pris soin de les enregistrer. Il est a regretter , sous ce rapport , que ce cu- rieux petit coffre ne porte pas d’inscription , comme cela est assez ordinaire aux ouvrages en ivoire. Le seul nom d’un personnage nous eht aide a determiner le sujet d’une maniere plus positive et a fixer son dge, consequemment. Dans cette incertitude, nous avons reclame Tassistance de deux erudils membres de TAcademie des inscriptions, et tres- verses dans l’etude des monuments du genre de celui-ci : ce sont MM. Emeric David et Hase. Le premier, d’apres Tinspection du costume des deux cavaliers du bas-relief superieur, ainsi que de Tarchiteclure du chateau et des dhmes qui le surmontent, en attribue Texecution a la fin du I0e sfecle , ou tout au commencement du ll e ; c’etait aussi Topinion de M. Hase , mais ces deux savants , par une sage reserve , se sont abstenus de rien decider pour le sujet. Ouoi qu’il en soit, le precieux coffret du Tfesor de la cathedrale a pour la ville de Troyes un inferet tout particulier, il est aujour- d’hui le seul souvenir, Tunique monument qu’elle ait conserve de cette memorable conqueie de Constantinople, a laquelle son eveque et ses plus nobles habitants avaient pris une part aussi active que glorieuse. On peut voir encore au Tresor une soixantaine de pieces de cuivre emaillees, ciselees etdorees, ouvrage du douzieme siecle, qui proviennent des tombeaux detruits des comtes de Champagne Henri I e ret Thibault III son fils ; elles represented pour la plupartdes ornements, des sujets de la Bible et de Thistoire du christianisme jusqu’a Constantin. La fabrique les conserve avec soin dans le but tres-louable de les appliquer plus tard a une chasse qui serait , par sa forme, susceptible de les recevoir. On remarque aussi plusieurs autres pieces, 1° une grande plaque de cuivre jaune dorde, cisefee, d6coupee comme un quatre-feuilles , et autrefois couverte de pierreries qui formaient , dit-on, le milieu d’une grande croix processionnelle ; 2° Un coussin dVtoffe de soie couleur jaune d’or. Le fond reprc- sente des feuillages fegers dont les tiges parallels sont terminus par une grosse fleur du genre des tulipes et de couleur bleue ; d’un chfe ce coussin est traverse par une bande large de deux a trois pouces, de couleur vert clair divis^e par un ornement en maniere de lettres arabes , alternant avec la figure d’un paon qui fait la roue, et de la queue duquel naissent des espfcces de rinceaux legers 23 — » 186 « — e qui remplissent Ie fond. On pretend que cette etoffe a ete fabriquee en Orient, du temps des croisades. Le coussin, du reste , etait place 5 dans une chAsse , sous la t6te d’un des corps saints apportes A Troyes, au commencement du treizteme siede. Nous citerons encore parmi les objets curieux du Tr£sor , inde- pendamment du livre de Psaumes du comte Henri, unEvangeliaire in-4° , ecrit dans le douzieme sifecle , avec de fort belles lettres capi- tales peinles et dories. Un lexte d’Evangiles , manuscrit moderne , mais dont la reliure est enrichie de cornalines intailles, qui ornaient, dit-on , plusieurs reliquaires apportes d’Orient a Troyes, A la mAme epoque que le colfret. Parmi ces intailles, on retrouve la figure de l’Apollon public par le comte de Caylus. La chAsse de saint Loup, ouvrage prdcieux du 15' ou com- mencement du 16 e siecle, a ete detruite avant la revolution, par suite de la manie qu’on avait alors de tout refaire A la moderne. Celle qui existe aujourd’hui n’est qu’un ouvrage insignifiant et de mauvais gotit; ce qui la rend interessante, c’est la suite d’emaux prc'cieux de 4 pouces et demi de haut sur 4°de large, qui proviennent de l’ancicnne chAsse, et que Ton a conserves. Ces emaux sontd’une finesse d’ext 5 cution admirable et d’ungoiit de dessin qui rappelle les premieres tfcoles d’ltalie. 11 y a des parties rehaussees d’or, et les pier- reries qui ornent les chappes ou aulres costumes, sont simulees en relief. 11s sont disposes autour de la chAsse dans une suite d’arcades demi-circulaircs ; mais on voit aux traces qui restent qu’ils avaient occupy des cadres en arc trilobe 5 . 11 y a cinq emaux sur chaque grande face de la chAsse et trois seulement aux extremes ; en tout seize. Dans le soubassement au-dessous de chacun des sujets, on lit une legende en gothique angulaire ; mais il n’y en a que quatorze de conserves. Les lettres sont bleues , sur un fond blanc. On y voit : (Bommant 6ainb£oup l up e$tanf cfymlier efpousa la *cur be mon*eign?ur AS.s^plaire Gommant 6.?£mtp pvpnt congie be fa femme pour enfrev en vclpgpon <£ommant 6.?£ottp cnfva en religion ef print labbif d le*niau*c (Sommant 6.=£oup lui; eftant rcligieur fut eflctt pottr cftre cwefque (Tommant 6.;£oup fut facre msquc be la cptee be 2.ropc$ Gommant 6.z£oup z 6.;@ermain baillercnt labbit be religion d sainctc ©encoicfoe Gommant le$ biable* oolurent ampefc^er p, eleve rijapelain be@aincfe ^elene en ce$te egli$c nepveu be SCftefs. 3 acc ) ue$ SRofft^not presfie epanoine fcelleuv be £rope$, qui trefpaffa le VII C jour be SRouembre I’an be grace mil JII1 C LVI1 . ‘•pries Sieu pour lup. Sous la m6me votite , une autre tombe en marbre noir et d’assez grande dimension , offre cette inscription menagie en relief : Nobili et erudito viro Joanni Curlio supremo; parisiensis. curiae Advocalo singulari amico , qui obiit Tertio idus decembris 1 562 posuit , Jacobus de Villemel hujus ecclesice Decanus hoc Marmore posuit. Qui obiit anno 1560 die ix mensis Decembris duorum anima In pace requiescant. C’est sous la mfime voftle , aussi, que Ton voyait autrefois appli- que au mur, sous la fen^tre, un monument de tres-grande di- mension que la tradition populaire attribuait a quelques person- nages anglais morts il Troyes pendant 1’invasion , sous Charles VI. C’etait , selon Grosley que nous copious ici textuellement : « Un tombeau sans inscription , formant un massif de sept pieds de longueur sur cinq de largeur ; on y voit couchees deux figures de grandeur naturelle , joignant les mains : celle qui est a droite reptfsenle un homrne arrne, l’autre une femme; les armes et les habillements de ces deux figures paraissent appartenir au qua- torzieme siCcle. Derri^re la tile est un Pire Eternel , cantonni de deux an ges; et trois niches appliquies au mur sont remplies par Mlir une chambre au-dessus de 1’autel de Champigny, pour y loger les marsuillers presires. Mais ce projet n’eut pas d’execulion. Ces marguil- liers-prelres etaient au nombre de deux et gardaient l’eglise chaeun une semaine tour a tour. Ils furent remplaces depuis par un gardien ou custos, qui fut loge dans la chambre au-dessus de la sacristie ou choeur. 188 les figures de Jdsus-Christ , de la Vierge et d’un ange qui lient un encensoir : le lout de grandeur naturelle. Au-dessus du tombeau s’d- Ifcve , dans sa longueur et largeur , un baldaquin carry , en forme de grand voile, dont les deux angles exterieurs sont soutenus et pa- raissent enlev^s par deux figures d’anges. Ce baldaquin est d’une hardiesse et d’un gout de dessin qui tient peu du gothique ; il est d’une seule pierre encastrfe dans le mur. La partie du massif qui rdpond aux pieds des figures , est presque entierement remplie par deux grands ecussons accoles. L’un est d’or 3i la fasce d’azur, l’autre est mi-parti, au premier, d’azur au lion d’or rampant, le fond de Mu charge de billettes sans nombre; au second de gueules , a deux tetes de rateau d’argent & cinq dents poshes 1’une sur l’autre. Le second ecusson prysente les armes de Bourgogne-Rythel. Le premier est de quelque seigneur qui s’elait alli6 dans cette maison , et A la connaissance duquel doit couduire celte alliance. Si e’etait un lord d’Angleterre qui fbt mort it Troyes, dans le temps de l’occupation des Anglais, eette decouverle justi- fierait la tradition d’apres laquellc on appelle ce monument le Tom- beau des Anglais. » On sait que 1’ancienne maison de Brienne portait d’azur au lion d’or seme de billettes de m£me. Nous avons fait remarquer que plusieurs sujets peints sur verre, avaienl yty donnas par divers personnages ; celles qui dtaient aux fenfitres du collateral meridional sont detruites , et on n’y voit plus que les armes de France, celles de la ville et celles du chapitre, executees dans le xvi e siecle. Dans les comptes de l’ceuvre de l’annee 1379, on lit que : Jean de Darner j terrier, avail marchandd de verrer la forme du milieu de la rameure devers chappre. au couste devers le revertidre, mais qu’il s’eu etait alii. Et que l’anuee suivante on avait paye pour le mfime objet : A Jacquemin le terrier pour la forme du milieu de la ra- meure par devers chapitre au coste par devers le revertidre en la quelle est lymaige de la resurrection n re S. oh il a iiii c xxxviij piez et demi de terre blanc pour chascun piez hi s nil d. — 73 /. 1 s. 8 d. Pour remettre un pencl de verridre en la forme ou est lymaige de S. Berthelmiel que le vent avait rompu les liens le 27 jour de novembre par Jacquemin le terrier . . . 3 s. A d. A Jehan Thierry , enla sepmaine aprds occuli, pourmettre un quarlcron rondel et les barreaux de fer en la forme que a fait terror Robert Damance trdsorier de monseigneur de Bour- goigne , pour 3 jours 3 s. 9 d. — 1 1 s. 3 d. Et ii l’article recepte (1381 & 1382 ) : Pour 1X XX XI (191 )piez de poincturc qui sont sur ledit terre blanc cs ymaiges de ladile rdsurr. de sire Guill. de Hannetel et de sa Jemmc par piez xd — Pal. 7 /. 19 s. 2 d. On remarque aux chapiteaux des premiers piliers du bas-edte me- ridional, plusieurs tetes sculptees de grandeur presque naturelle. Ces tetes portent un caraclere d’individualite qui a fait penser que ce pourrait etre les portraits de plusieurs maitres de maconnerie, qui ont construit le choeur de la cathedrale, mais ce ne sont que des conjectures. Il n’y a , du res'.e , aucune indication de costumes, le col de ces figures se trouvant engage dans les feuilles du chapiteau. Les cbeveux sont courts , plats et coupes de diffdrentes manieres. Pour n’oublier aucun des noms connus des maitres de maconne- rie de lVglise, nous rapportons ici 1’fyitaphe d’une tombe qu’on voit 3i Saint-Nizier. CY GIST HONORABLE ET SCIEN11FIQVE PERSONNE M E GABRIEL FAVEREA EN SON VIVAN'T M E MASSON DE LEGLISE S T . PIERRE DE TROYES DECEDA LE XX DE NOVEMBRE 1576. La derni&re inscription funebre que nous ayons ii relever est celle de la tombe de Nicolas de Mesgrigny, designe 6v6que de Troyes, par Francois l er . En haut de la tombe est gravy Mu aux armes de la famille de Mesgrigny , l’une des plus anciennes de la noblesse du pays , avec la mitre et la crosse adoss£e. Au-dessous on lit celte simple inscription grav^e en grands ca- racteres romains : HIC IACET NICOLA VS DE MESGRIGNY. RESVRRECTIONEM EXPECTANS OB1IT XXIV. 1ANVA. ANNO M DC XXIV. Les nombreux details par lesquels nous terminons cet article lui ont donne beaucoup plus d’exlension que n’en comportait peut- ytre le cadre de notre ouvrage, mais nous avons pensy qu’il n ’etait pas sans utility comme sans intdret, de rappeler, autant que possi- ble, Mat primilif du plus beau et du plus graud monument religieux que possede le department. Ces details, nous le croyons, ne seront pas perdus pour l’avenir, le retour bien sincere qui sc manifesle au- jourd’hui vers les idees religieuses, et Mude des monuments de moyen-itge, de laquelle on s’occupe serieusement, donnent lieu d’es- p6rer qu’un jour des hommes de foi et de goilt, viendront coulinuer l’oeuvre commence, en rendant it I’interieur de noire belle calhd- drale, l’harmonie qu’il peut recouvrer, par le complement de ses vitraux peints, par la suppression de tous les pnHendus embellisse- ments modernes, qui le deparent, autant que par la conservation de la noble simplicity de lignes qui conslitue sa grandeur et sa veri- table beauty. S3 — > 189 TROYES. EGLISE PAPALE ET COLLEGIA LE DE SAINT-URBA1N. Vers la fin da xm e si6cle , un patriarche de Jerusalem , nommd Jacques Pantaloon, filsd’un pauvre cordonnier de Troyes, ou il iait n?, fut <5lev6 sur la chaire de Saint-Pierre. Suivant l’usage des pon- tifes de Rome, il changea son nom a son av£nement, et prit celui d’Urbain IV e . Son dilation ne lui fit pas oublier sa ville natale, et des le com- mencement de son pontificat, il rt’solut de la doter d’un splendide monument et d’dever, sur l’emplacement m6me de la maison de son perc, un temple au vrai Dieu, afin de perpduer le souvenir de son exaltation. Le 20 mai 1262 il 6crivit, aux abbesses et religieuses de N.-D.- aux-Nonains de Troyes, une lettre pleine d’onction ofi il leur expose les motifs qui l’ont ddermind a cette pieuse fondation. Cette lettre curieuse commence pour ainsi dire l’histoire de notre monument, et il nous a sembl£ aussi convenable qu’intiessant d’en rapporter ici les principaux passages et de laisser parler le fondateur lui-m6me L Apres avoir annoni aux religieuses qu’il venail d’etre choisi pour irele chef des fiddles, il leur dit : « Le jour que nous sommes mont6 sur la chaire apostolique, nous nous sommes, par une nomi- nation et une vocation celeste , impost le nom du bienheureux Urbain, pape et martyr. Voulant done perpetuer it jamais, mdne apres notre mort, dans la ville de Troyes, la memoire de ce nom-, dans cette ville ft qui, parce qu’elle nous a donnii naissance, Ton peut dire avec raison : Et toi, ville de Troyes , tu nest pas unc des moindres parmi les plus fameuses cites de la France, puisque •cest de toi quest sorti le chef qui gouverne et conduit le peuple chnHien ; nous avons, a l’exemplc de celui qui, comme on lit dans l’Ecclesiaste : a exaltd notre demeure sur la terra, resol u de rendre a jamais edebre le lieu de notre naissance daus notre maison palernelle que nous vous avons dounfie il y a quelques temps par un effet de notre bienveillance pour vous; nous avons, ais-je, rcsolu de faire de cette maison, qui nous a regu dans son enceinte lorsque nous avons commence le pderinage de cette vie, un lieu d’oraisons au Seigneur, et de la consacrer a l’honneur et au culte du saint martyr dont nous avons fait mention, etc. » 11 ajoute plus bas : « Mais ce n’est pas seulement, nos (res chores filles en Jius-Christ, l’ardeur de la devotion dont notre coeur est continuellcment embrfts^ pour le saint martyr, dont nous portons le nom et dont nous tenons le siege, qui nous pousse a dever un temple a 1’honneur du Dieu d’Israel; nous y sommes encore agriblement 1 Nous rapporlons ici cette lettre d’apres la traduction de Grosley. 2 Les maisons acquises par les deux cornmissaires d’Urbain occupaient l’espace depuis la rue des Mauberts, qui n’existe plus, jusqu’a celle de la Vierge; on devait, suivant les intentions du fondateur, y balir douze maisons canoniales, d’une construction symelrique, avec cliacune un pe- tit jardin , dont I’ensemble aurait forme, en avanl de l’eglise, une espece entrainC par la suave odeur des exemples de quelques saints pontifes qui, dans diffd'euts temps ont occupy le siege apostolique, et dont nous sommes le successeur, malgre 1 l’imfiiorild de notre me ! rite. En effet, nous voyons que le pape Grt 5 goire, dont la mdnoire sera tou- jours sacr£e, sorti d’une illustre famille de Rome, fit dever dans cette ville, sur son propre palrimoine, un temple au Tr6s-Haut, qui, dt’did sous son nom, a rendu la memoire de ce saint edibataire cd^bre et chie it tous les fiddes de N. S. J.-C. « El notre prddiesseur, d’heureuse memoire, le pape Gigoire IX, fit dever, dans le territoire d’Anagny, sur son patrimoine, un ce- lebre monastere, et hors de l’enceinte de cette maison, une £glise en l’honneur de la bienheureuse Marie, qu’il prit soin de doter riche- ment. » II reprend : « Mais comme il y a d^jA long-temps que nous avons cru devoir faire ft votre monastere une donation de cette maison pa- ternelle, dont nous avons appliqu^ le miite au soulagemeut des times de nos parents; voulant relirer ce bienfait pour pouvoir achever l’oeuvre religieuse que nous avons entreprise, el pour construire un temple & Dieu notre sauveur de la main de qui nous reconnaissons tenir notre vie, notre dig nit 6, enfin ce que nous sommes. « C’estavecla plusgrandeconfianceque,parcettelellreaposlolique, nous vous prions de vouloir bien vendre, tant cette maison pater- nelle avec ses ddpendances et appartenances, que toutes autres mai- sons et places que vous pourriez avoir aux environs. De les vendre, dis-je, & nos chers fils maitre Je3n Garcie, notre chapelain, et Thi- baut d’Acenay, citoyen de Troyes, que nous dablissons it cet effet nos procureurs pour les acheter en notre nom sans difficult^ et a juste prix. Et pour vous faciliter I’ex&ution de ce que nous vous mandons, nous vous donnous, par ces prtfsentes, pleine et entiere liberty de vendre, tant ladite maison avec ses dtfpendances et appar- tenances, que toutes les autres maisons et places que vous pourriez avoir aux environs, et d’en employer le prix aux besoins du monas- tic, nonobstant tous slatuts ou coutumes ft ce contraire, fussent-elles confirmees par serment ou de quelqu’autre maniere que ce soit; et si vous, notre Ires chere fille abbesse, vous avez jure de ne point alie- nee les biens du monastere, nous vous delions pleinement de votre serment, par la vertu de ces presentes. « Donne ft Viterbe, le troisiemedu calendrier de juin, la premiere annee de notre pontificat. » Apres l'achat de ces maisons, Urbain envoya les ordres et l’argent necessaires pour commencer les travaux de cloilre. Au chevet, dans l'emplacement qn'oecupail l'ancienne liolel- lerie du Chaudrou, il y avail un fief qui relevail de la duchesse de Ne- vers, que celle princesse affranchit depuis de loules redevances el hom- niages en faveur des ebanoines. Le chapelain Garcie el Thibaut d’Aceriay achelerenl encore de Monlaigu et de Marguerile sa femme une balle et demie, sise a Troyes, pres les maisons oil les drapiers de Croncels avaicnl coutume d’elaler pour vendre leurs marchandises. * *-* 190 II avail oblenu de Thibaut V, comle de Champagne el roi de Na- varre, la permission d'acheter, sur ses lerres el seigneuries, jusqu’A Irois cents livrcs de rentes pour doler le chapilre *. Le prince, en sa consideration, contribua aussi de ses dons k cet itablissement- Parmi les autres bienfaileurs de l’eglisc Saint-Urbain, on pent ciler encore le roi Jean. Jeanne de Navarre, femme de Philippe-le- Bel, comtesse de Champagne. Isabelle, reine de Navarre ; Isabelle, dame d’Enghein; le cardinal Guillaume de Bray; Thomas de Beau- metz, archevique de Bheims ; les iviques de Troyes Henry de Poi- tiers et Pierre d’Arcyes. L’ivique de Soissons Jean Milet et autres. La construction de l’iglise avancait rapidement,mais Urbain n’eiit pas la satisfaction de voir son enlier achevement ; il mourut & Pi- rouse, le 2 octobre 1264. L’argent qu’il envoyait pour payer les seigneuries qu’il avait fait acheter fut arriti au-delJ des Alpes, et lament a la cour de Rome. Heureusement il avait charge un autre Troyen, le cardinal Ancher de St.-Praxede, son neveu, de continuer son oeuvre et de remplir ses intentions. Celui-ci affectionnait aussi sa patrie et faisait suivre les travaux avec activity, lorsque l’auda- cieuse entreprise d’une femme les fit suspendre pendant quelques temps. L’abbesse de Notre-Dame-aux-Nonains , croyanl les interits de son monastire Iisis par la fondation de Saint-Urbain , se trans- porta dans l’iglise, suivie de ses religieuses, de ses hommes et de ses partisans arrays qui, par son ordre, renversirent l’autel, arracherent les portes, brisereut ou emporlerent les instruments employes il la construction : la troupe furieuse ne se rctira enfin qu’apris avoir ditruit tout ce qui ne put roister k ses efforts sacrileges. En 1268, deux ans apres , le pape ayant ordonni il l’ivique de Troyes et a l’archevique de Tyr, legat en France, de binir le cime- liere de Saint-Urbain, l’abbesse de Notre-Dame regardant celte be- nediction comme une nouvelle entreprise contre ses droits, se rend line seconde fois sur le lieu avec les siens, et dans sa colere s’oublie jusqu’a frapper le prelat au visage. Celui-ci, voyant son autorite mi- connue, se retira poursuivi jusque dans la rue, accable d’injures et de coups. Enfin r l’abbesse et ses complices furent excommuniees et la sentence fut solennellement prononcee dans l’eglise de Saint-Etienne, le 30 mars 1268. Uu aclc passe entre le chapilre de Saint-Urbain et l’abbesse de Notre-Dame, nous apprend qu’en 1280 la querelle n’etait point en- core terminee. Vers la mime epoque, le pape Martin IV manda il l’ivique de Troyes, par une bulle, de procider la benediction qui n’avait point ete faite encore ; mais prevoyant le refus de celui-ci, il chargea de cc soin l’eveque d’Auxcrre. Enfin, une autre bulle de 1289 ac- corde des indulgences il ceux qui visileront l’iglise le jour oh sera dedie le maitrc-autcl , et ce fut sculement en 1389 que Pierre d’Arcies, ivique de Troyes, celebra celte consecration. Les travaux, gnlces aux bienfails du cardinal Ancher, sc poursuivirenl jusqu’en 1 290. En 1 29 1 , le pape Nicolas IV du nom, expidia de Vilerbe une bulle par laquelle il donnait il lous les chriliens des dioceses de Langres el de Troyes, qui, durant l’espace de cinq annies, domic- raicnt et elargiraicnl de leurs biens pour parfaire l esglisc Saint-Urbain de Troyes, un an et quarante jours de pardons. Eu 1430, leglise de Saint-Urbain fut visitie par Philippe-lc-Bon, 1 Au itombre de ces seigneuries etail le comle de Brienne. due de Bourgogne, qui tecait pour le roi d’Anglcterre : c’elail le jour de Piques; l’office fut cilebri par Henri de Savoisy, archevique de Sens. Le noble due avait diposi i l'offrande un mouton d or, qui deviot une pomme de discorde entre le chapilre et l’archevique. Ce dernier pritendait que la piece de monnaie lui appartenait , le chapilre soutenait ses droits avec inergie; la querelle enfiu dura huit annies, et ce ne fut qu’en 1429 que le doyen Nicolas de Lin- telles oblint contre Odon Bourgoin, aumonier de l’archevique , une sentence des requites du palais qui lui adjugea l’offrande du prince bourguignon. DESCRIPTION. LVglise de Saint-Urbain se compose de trois nef-s, terminees cha- cune par un abside en demi octogone, et coupies par des transepts qui n’excedent pas la largeur de l’idifice. Le portail principal, qui n’est ilevi que jusqu’i la hauteur des basses voiltes, est appuyi de quatre puissants contre-forts entre les- quels sont ouvertes les portes qui correspondent aux trois nefs. La porte cenlrale, plus grande, est partagie en deux par un trumeau sur lequel repose le bandeau. Celui-ci est chargi de profils brisis k angle droit, et qui descendent le long du pied droit formant la double baie. Ce bandeau est soutenu en outre par des consoles ornies d’une figure d’ange & mi-corps sorlanl d’un nuage. Au trumeau est appliqui un piidestal vu d’angle, dont les faces apparentes sont ornies de colonnettes, d’ogives et de frontons appli- ques qui se terminent sous une corniche creusie d’une gorge rem- plie de feuilles de chine avec leurs glands. Entre les rempans des frontons sont sculptees des figures humaines et d’animaux fantasli- ques, tels qu’un bilier k queue de poisson, un homme dont le corps est termini en forme de serpent. Deux piideslaux appliquis, mais vus de face, et dicoris de mime que le pricident, cccupent les citis opposis de la double baie. Ils forment un ressaut, puis se continuent en maniere de soubassement jusqu’aux contre-forts qui appuient les murs de la nef. Une suite de trois dais k plusieurs pans, decoupis en trifles surmontes de frontons et ornis de figures d’animaux, abritaient autant de statues placies autrefois sur le soubassement de chaque coti. Au-dessusde la porte regne une espece d’entablement dont I’ar- chilrave est ornec de rinceaux de feuilles de fraisier et relevi aux angles ou l’on voit une tile de uegre d’un cdli et une tile de diable cornu de 1’aulre. La corniche est creusie d’une gorge ornie d’un rang de feuilles de vigne renversies. Une suite de petiles figures drapies qui sorlent de leurs tombeaux, dont nous parlerons ci-apris, occupe la frise dans toute sa longueur. Au-dessus de l’enlablement se dessine un grand arc ogival chargi de profils, divisi par deux autres ogives et surmonli d’un cercle qui en remplit le sommet. Ce cercle renferme un quatre-feuillcs dans lequel est un bas-relief dont les figures sont trcs-saillanles ; au mi- lieu, on voit Jisus-Christ couronni, nimbi, couverl d’un manleau et assis sur un trine dont le marchepied est termini en cul-de-lampe et orni de feuillages. Le fils de Dieu a la main droitc levie pour benn- ies justes, et de 1’aulre il indique au-dessous de lui le gouffre de l’enfer ou sont plongis les riprouvis. A ses chtis sont deux anges debout tenant en leurs mains les instruments de la Passion, et sous . I t HB ?■ P BB 1 i & r Plan ie l’EjSlise Paroissiale Je S! Urlain Co (CciyoiXt DixvyS it) \b ^ JS-ecto ycXA v Cu \i V. Uvluun, Details Aela porte principal e. fni/rnjr « frtAf/rfojiyut.' ifPilfofflW' (doaglt ./)(/ ■ df ‘ ' ' "" C Main Details dela porle -principale s — > 191 «—■ fig ses pieds, les douze apdtres represents en petit, assis, et (Impost's sur deux rangs. Ils tiennent tous les instruments de leurs martyres. Leurs pieds sent appuyds sur uue large console ornee d’un masque juvenile et dc feuilles replies. Le triangle forint par la jonction du cerclc supdrieur et les deux ogives cst occupy par uu ange il mi-corps, pose horizoutalement, sor- tant d’un nuage et tenant un rouleau ddployd, et dans l’espace que laisse de chaque cold le cercle avec le grand arc, un ange sonnant de la trompette. Les deux ogives qui occupent le timpan sont divisds comme le grand arc par un cercle au sommet renfermant un quatre-feuilles, et par deux autres ogives trilobdesau-dessous. Dans le quatre-feuilles, ci la droite du Christ, on voit la Vierge agenouillde sur un nuage, les mains jointes et intereddant pour les humains dont elle est la mddia- trice. Du c6td opposd, saint Jean, le disciple bien-aimd du Sauveur, dans la mdme attitude, prie aussi son divin maitre en faveur des rdprouvds. Dans lesquatre petits arcs trilobes de la partie iufdrieure, on voit autant de bas-reliefs rapportds, reprdsentant diverses scenes du juge- ment dernier; d’un cotd les peiues iufligdes aux rdprouvds, et de l’autre la recompense accordde aux dlus. A parlir du milieu, le groupe a droite prdsente un roi, un mauvais riche et un dvdque enticement nus, la corde au col, tires et pousses par deux demons vers le gouffre de l’enfer, represente dans le bas- relief suivant. Le roi a une couronne sur la tete, et ses regards sont tournes vers le ciel; le mouvement de ses bras indique qu’il a le sen- timent de sa nudite. L’avare est represente avec une enorme bourse pleine pendue au col et dont il tient le haut presse eutre ses mains, ses regards sont abaisses sur ce tresor qui fut son unique dieu sur la terre, et qu’il semble encore craindre de voir lui echapper au moment supreme du dernier jour. L’eveque est dans la meme pose que le roi, mais tourneen regard; la mitre qu’il a sur la tete iudiquescule sa dignite L Le demon a figure hideuse qui tire la corde et coiffe d’une espece de toque plate fixee sous le menlon, & la maniere des femmes de l’d- poque, esten effelune diablesse reconnaissable a ses mammelles pen- dantes. Au-dessus de ce groupe, un diable vu il mi-corps tient un damne par les cheveux. Le sculpleur a donne il tous ces rdprouvds une expression de douleur et de honte assez bien senlie, malgre la mediocrite de l’execulion i 2 . Le groupe suivant reprdsentc l’enfer, figure suivaul l’idde du temps par une dnorme gueule de diable de laquelle sortent des flammes 3 un roi et une jeune femme sont plongds dans ce gouffre , leurs traits expriment la douleur et le ddsespoir. Devant, la gueule bdante, est assis il lerre un ddmon il la face hideuse, au nez rongd, son corps est couvert d’dcailles et ses pieds et ses mains armes de griffes : son rire est moqueur et son gesle exprime tres-bieu la raillerie, ainsi que l’a reprdsenld le sculpteur, frollant l’une de ses mains dans l’aulre, et temoignanl sa joieen voyant amenerde son cote les grands pdcheurs du groupe precedent. Aux pieds de ce demon, on voit Tam- per un lizard et un crapaud. En haut du bas-relief, un demon expri- i On croit que le sculpteur a voulu, dans ee groupe, figurer les trois ordres de Petal : la noblesse, le clerge et le peuple. mant aussi par son rire une joie moqueuse, tient un reprouvd par le corps, la l6tc renyersde et les jambes en l’air passdes autour de son col. Au premier bas-relief, du chid droit, deux anges debout el couverls de longs manteaux agraffes sur la poitrine, placcnl les times des jusles dans des bosquets de rosiers qui figurent ainsi le jardind’Eden : les iimes sont reprdsentdes, suivant l’usage du temps, par de petites figures nues sans distinction de sexe. Au-dessus des anges parais- sent trois figures juveniles en buste et ayant sur la Idle une cou- ronne fleuronnde : e’est peut-dlre la Trinitd que le sculpteur aura voulu personnifier. Au quatrieme bas-relief est un vieillard assis sur un tr6ne et te- nant dans son manleau replid sur ses genoux trois petites figures nues, sans indication de sexe : ce sont les ames des jusles jouissant de la beatitude cdleste dans le sein d’Abraham. Dans la frise, au-dessous, la resurrection est exprimde par vingl- quatre petites figures sorlant de leurs tombeaux; on reconnait parmi elles des papes, des dvdques, des rois et d’autres personnes des diffd- renles conditions de la vie; ils sont pour la plupart groupds deux it deux, soulevant le couvercle de leurs cercueil. Trois de ces figures seulement sont reprdsentdes entierement nues : ce sont probablement des femmes prostitutes que le sculpteur a voulu reprdsenler. On remarque dans ces bas-reliefs que le sculpteur a donnd une proportion relativement plus forte aux figures qui occupaient une place plus dlevde dans la hidrarchie celeste. Les artistes du moyen- ;lge suivaient en cela l’excmple des anciens qui donnaient a leurs dieux et a leurs hdros une taille plus grande qu’aux autres person- nages. De chaque colt de la porte et dans les angles rentranls que fer- ment les conlre-forts, il existe des arrachements de nervures de voi'ites qui indiquent que ce portail devait tire precede el abrild par un porche, comme les portes des transepts dont nous avons ddjil parld. En suivant l’indicalion de ces voi'ites projetdes, on voit qu’elles devaient former trois parties ouverles par des arcs en ogive, dont la plus grande rdpondrail a la porte de la nef. Ces arcs devaient tire ap- puyds aux contre-forls et soutenus par deux colonnes isoldes dont l’intervalle comprenait la largeur de la double baie. Les portes qui donnent entree aux basses-nefs n’ont qu’une baie simple linleau plat, ddcorde des mdmes profils que la baie de la porte cenlrale, avec des consoles orndes d’anges et de figures d’dvdques qui en supportent les angles. Au-dessus est ouverte uue fendtre ogivale divisde en deux par un meneau.Celui-ci engendre deux ogives surmontdes d’une rose a cinq feuilles qui en remplit la partie supdrieure. Enlre les contre-forts des angles du portail et ceux en retour, il existe des escaliers ou verts inldrieurement par une porte il linteau qui conduisent aux basses voi’ites. On voit encore ii la naissance des nervures indiqudesdans les angles rentranls, que les portes latdrales devaient etre aussi abritdes par un porche voille ouvert par un arc ogival compris entre les contre-forls. A l’exldrieur, les voi'ites des basses-nefs sont appuydes de contre- 2 Voir la planclie. 3 Voir la planche. So — > 192 c — 5 5 forls assez saillants avec retraits J larmier, enlre lesquels on en voit d’autres plus faibles dont l’office est de soulcnir une nervure en quart de cercle qui intdrieurement divise en deux chaque travee et s’dlance d un pilier appliqud pour s’appuyer au point commun de reunion des nervures croisi'es. A la hauteur des basses voiites, les contre-forts sont percds par l’dcoulemcnt des eaux pluviales qui s’d- chappent par des gueules d’animaux fantastiques formant les gout- tidres. Trois jolics fendtres, dont les deux dernieres sont plus rapprochees eutre dies, dclaireut le bas-cotd ; leur ajustement extdrieur est rernar- quable : l’unique meneau qui les divise dans leur largeur entendre deux ogives couronnees chacune par un fronton aigu termini par un fleuron appliqud ii la balustrade qui devait exister et renfermant un trefle it jour. Le meneau est surmontd d’une petite aiguille flanqude de colonnettes, ornde de crochets, et appliqude de mdme ii la balustrade. A l’inldrieur, l’arc ogival qui soutient la voiite sc trouve en con- trebas de la partie supdrieure des fendtres et la coupe ddsagrdable- ment. On voit que 1’on a sacrifi<5 a l’effet du dehors. En trai^ant le plau de l’eglise Saint-Urbain, rarchiteclc a eu egard a sa situation entre deux rues principalesde la ville : il a ouvert aux extrdmilds des transepts qui n’excedent pas la ligne des bas-c6tds, deux portes jumelles, qu’il a fait prdcdder d’un porche avancd de telle sorte que la largeur de l’ddifice occupe entierement l’intervalle compris entre ces rues. La longueur, qui n’est pas en rapport avec cetle largeur, est un defaut commun ii beaucoup d eglises collegiales qui, n’ayant pas de droits de paroisse, u’avaient pas besoin de place considerable pour les assistants. II n’est pas presumable en effet que le terrain ait manque & l’architecle. La baie des portes est decode de moulures accordees et ternhnees superieurement par un arc trilobe, applique sur un leger bandeau qui s’ajuste dans une ogive surmontee d’un trefle, le tout a jouret occu- pant le vide d’un pignon dont les rampes sont ornees de feuilles serrecs el le sommet tcrmine par un triple fleuron. Derriere ce fleuron naissent deux arcs en ogive, trilobes, qui supportent un quatre-feuille remplissant la partie superieure d’une fenetre ogivale regnant au-dessus de la porte Cet ajustement, comme on voit, n’est pas d’une grande purete, mais le beau temps de l’architeclure go- thique etait ddjii passe, le treizidme si6cle finissait. De chaque c6te de la porte, il y a un piedestal decore dans le meme goht que ceux de la porte principale, et au-dessus des niches lermindes par des dais ii trois faces, decoupes en trefles avec des pignons fleuronnes. Entre les deux portes, les niches appliquees au trumeau sont accouplees et sdpardes seulemeot par un faisceau de trois colonnettes qui soutient au milieu la voiite du porlique; celui-ci se compose dc deux arcades en ogive qui repondent aux deux portes et que surmonlent des pignons it jour dont le vide est rempli par un cercle et un trefle occupds par un masque humain cnlourd dc feuillages. Le sommet des pignons se termine, comme celui au-dessus des portes, par un fleuron i triple rang de feuilles. Les deux arcades sont supporldes par trois colonnes sans chapiteau, surmontdes de clochelons piramidaux, et sur lesquels viennent s’dpanouir les mou- lures des ogives qui se prolongent en descendant jusquA la base. Les points de rdunion des nervures des voiites de ce porche sont ddcords de mddaillous oil sont sculptdes des figures d’anges tenant des rouleaux ddployds. En avanl du porche, sur l’alignement de la rue, trois puissams contre-forts surmontds d’aiguiiles, flauquds de colonnettes el de pelits frontons fleuronuds, appuient au moyen d’arcs-boutants servant aussi d’aqueducs, la voiite du portique qui ne pourrait sc soutenir sans cet etaiement. Latdralement, le porche est ouvert par une arcade sem- blable ii celles que prdsentent la face. Les angles du transept sont appuyds de contre-forts elevds jusqu’aux graudes voiites, el sont & chaque retrait ornds de plusieurs faisceaux de colonnettes surmontds d’ogives trilobees, de pignons et de pyra- mides appliques suivant le systeme adopld pour loules celles de l’d- glise, par des fleurons dlagds. Au-dessus des portes sont ouverles deux grandes fendtres jumelles divisdes chacune par trois ogives trilobdes qui soutieDnent trois cer- cles disposes en triangle et renfermant des quatre-feuilles dont les courbes sont orndes de feuillages a leur point de rdunion. Au-dessus, deux grands arcs, qui s’appuient latdralement aux contreforts , au milieu sur le trumeau et qui sont entierement ddtachds du mur, abri- tent ces fendtres, ils sont surmontds d’un pignon dvidd a jour par un trefle, et qui se termine par un gros fleuron. Au milieu, le trumeau est surmontd d’une aiguille oil espece d’obdlisque vu d’angle, flanqude de colonnettes et d’ogives appliqudes, et au sommet un riche fleuron a deux rangs de feuilles. Les arcs et les pignons s’appliquent a une ba- lustrade dont ils sont les supports rdels. Celle-ci est A jour et prdsente dans sa ddeoupure une suite de trefles renversds et droits alternati- vement. Au-dessous, le triangle qui le forme avec les contreforts et les rampans du pignon, est rempli par un cercle avec un quatre-feuilles entierement ddtachd du fond. Au-dessus, le portail est termind par un pignon bordd d’un lar- mier et perce d’ouvertures ogivales dont les ardtes sont coupdes en biseau. Au midi, ecs ouvertures, rduniesau nombre de trois, dessi- nent une ogive dans leur ensemble. Au nord, elles sont seulement gd- mindes. Le pignon est termind par une pomme surmonlde d’une pe- tite colonne ii six pans et flanqude de quatre masques barbus coiffds d’une mitre. En gdndral, le porche mdridional est plus soignd que celui du nurd dans son ornementation, et Ton relrouve aux piddestaux, qui offreut dans leurs faces des champs fleurdclysds, de nombreuses traces de do- rure et de peinture. Les transepts sont dclairds ii Test et ;i l’ouest par une large fendtre divisde en cinq dans sa largeur et dont les meneaux ldgers rdunis en ogives s’ajustent avec des trefles et des quatre-feuilles qui en occupent la partie supdrieure. Le choeur, qui devait dtre proprrtionnd au nombre des ebanoines, n’a que deux arcades eu profondeur. A l’intdrieur, la deuxieme dtait murde jusquA la hauteur du soubassement qui soutient la galerie du sanctuaire ; au-dessus elle est partagde en deux ogives ren- fermant un trefle. La premidre est ouverte en mauidre de fendtre, et la seconde, qui rdpond it la tourelle qui conduit aux combles, est simulde par application. Les feudlres qui surmonlent ces arcades sont divisdes d’abord par deux ogives surmontdes d’une rose ;i quatre-feuilles, et les deux ogives divisdes ellcs-indmes par deux aulres surmontdes d’un trifle. La voiite est appuyde entre les fendtres par un arc-boutant, dvidd ;i jour par un cercle el creusd en canal pour l’dcoulement des eaux pluviales. Cet arc s’dlance d’un dldgant conlre-fort flanqud de co- l'ROYKS pisruu’ iiu Onnir, l^l.sr .V llrltii. i 195 lonneUes, surmontb d’une aiguille, et qui remplit encore la fonction de soulenir la voiile des chapelles auxquelles ii cst appliqui'. Les feniHres du sanctuaire, au nombre de cinq, ne prt'sentent qu’une seule varianle dans rajuslement de leur parlie superieure : au lieu de trifles, ce sonl trois roses qui en remplissent l’ogive. Aux chapelles, les fenfires sont dbcordes de pignons renfermant des trefles a jour et termini's par des fleurons appliques ft la balus- trade qui borde le comble. Cette balustrade prt'sente uue suite de trefles droits di'coupt's a jour. A l’iritersection des combles de la nef et des transepts , s’elevait jadis un blbgant elocher qui depassait leur faite de quatre-vingts pieds, sans y comprendre la croix qui en avait quinze et qui tHait d’un travail ft jour admirable. En juillet 1560, le tonnerre frappa le clocher de Saint-Urbain et y fit de grands d^gftls. Les chauoiues proposerent alors de l’abattre, mais ce projet ne fut pas ex^cutb. En aoftt 1587, la fbudre tomba sur ce clocher, abattit deux chevrons et le decouvrit enticement. En 1650, on le vit encore frappb par le tonnerre qui y causa de grands dommagcs. Le 18 juillet 1660, il tomba une quatrieme fois et ne fit qu’enlever quelques ar- doises. Enfin, en 1761, il en fracassa la couverture tellement, que le chapitre, dans la crainte d’un pareil accident, se dCermina 5 faire raser le clocher au-dessus des cloches. On le couvrit alors d’un toit pyramidal peu elevi 5 , surmontb d’une croix, tel qu’on le voit aujour- d’hui. A sa base, ce clocher a environ vingl-quatre pieds de circon- fCence. L’abside du choeur est appuyb de t res- beaux conlre-forls a re- traits et terminus ft la hauteur des voiitcs par des aiguilles legeres. Depuis le soubassement jusqu’ft la naissauce dc ces vohtes, ccs con- ire-forts sont isoltis des trumeaux et permettent de circuler autour. Un arc k'ger entierement di'tachb du fond prend naissauce sur des colonnettes appliqubes aux angles du contre-fort, se dessine en ma- nure d’archivolte sur 1’ogive des fenbtres, et s’ajuste dans un pignon surmonlb d’un trifle qui s’applique 5 la balustrade du comble, celle - ci est dbcoupi'e & jour par une suite de trefles allernativement droits et renversC. Un cercle <5vid<5 aussi 5 jour occupe le triangle forme par le pignon, le contre-fort et la balustrade. A la hauteur des voutes et 5 celle de la galcrie inft'rieure , les conlre-forls sont percbs pour donner issue aux eaux pluviales, au moven de lances ou gargouilles qui se prc'sentent sous toutes sortes de formes bizarres et varies : on y voit un moine qui vomit 1’eau par la bouche; plusicurs singes et diables ; et enfin, au sud-est, une truie qui ailaite trois pelils cochons. La construction de 1’abside a bib admirablement soignee : le fer et le plomb n’y onl pas tHb I'pargm's ;Texcellente quality de la pierre surlout a permis 5 1’architecte d’atleindre au nec plus ultrd de la Ugbretb dans ce genre de construction. La teinte rembrunie ct tout 5 fait basaltique de cette pierre donne ft l’edifice un air dAtrangetb qui conlrasle avec les autres bglises de la ville, et qui frappe au premier aspect Nous avons dit que 1’i'glise de Saint-Urbain , malgrd son 6iat d’inachevemint , offrait l’exemple assez rare d’un monument devb entierement sur son plan primilif ; il faut en excepter pourtant deux piliers de l’inlt'rieur , le premier de chaque c6t<5 en entrant dans la nef, qui par sa forme et la suppression des chapiteaux vient dbtruire kfiarmonie. Ce sonl des aretes saiilantes qui remplacent les colon- nettes et qui, suivant les courbes de l’ogive, vont s’appuyer au cha- piteau du pilier suivant, dc sorte que celle arcade, soulenue inbga- lement, produit un mauvais effct. L’ornementation inlerieure est en general trbs-pauvre; il n’exisle de sculpture qu’aux chapiteaux, et encore ceux-ci sont-ils courts et sans caraclere. Les feuilles sont disposes sans ordre et sans goftt : on peul les croire d’une bpoque plus rbcente que celle de la construc- tion du monument. Une piscine pratique dans le mur ft droite du choeur ini'rite pourtant d’etre citee; elle est ouverte par deux ogives trilobdes sou- tenues au milieu par un pilier isold surmonlb d’un groupe de co- lonnettes et d’une aiguille ainsi que les deux piliers appliques des cbtfis. Les ogives sont couronnees de pignons ora's de feuilles sur les rampans et termini's par un riche fleuron. Dans l’intervalle sont places des dais ft trois pans dbcoup^s en ogives trilobbes, surmonti's de frontons ornbs de crochets. La partie superieure de ces dais est terming par des crt'neaux hordes d’un larmier comme le couronne- ment d’une tour ; ft chaque erbneau , on voit des figures d’horames en busle places en simples spectateurs, et parmi lesquels sont des guerriers laucant des traits, et d’autres tenant des masses d’armes. Entre les colonnettes qui surmontent les pilastres et le rampant des frontons qui couronnent les ogives, on voit plusieurs figures en relief dont les tetes ont ete cassees par les malveillans. A gauche, vers l’autel , le pape Urbain IV, en habits ponlificaux avec le pec- toral sur la poitrine, comme les patriarches de Jerusalem, tient dans ses mains le modele en petit du choeur qu’il a fait bfttir et qu’il sem- ble offrir ft la divinile. Du cotb oppose, le cardinal Ancher de Saint- Praxbde, neveu d’Urbain, tournb en regard dans la mbme attitude , prt'sente la nef de la mbme eglise qu’il avait fait construire L Au mi- lieu , entre les deux pignons , le Christ assis sur son trone pose une couronne sur la t6te de sa mere qu’il recoit dans le ciel; on re- marque de chaque cbtb du groupe un auge ft mi-corps tenant un flambeau allumt 5 . Le plafond de la niche simule une voCite dartre ft nervure croisbe soutenue au fond par un pilier applique doul la base repose sur uue tablette couptie en biseau , qui est aussi appliqui'e au fond de ladite niche. A droite de cette jolie piscine, dont la mutilation est si regret- table, est une porte ft linteau plat et sans ornements; elle conduit ft la sacristie, piece fort basse, voftltie en arbte avec des nervures qui se brisent vers leur point de reunion pour former une clef pendante ornee d’un mt'daillon avec figure. Le sujet est le mbme que celui du milieu de la piscine, e’est-ft-dire la Vierge couronnde par son fils. Au chU 1 gauche du choeur, une porte pareille, fermt'e par un pan- neau de fer, donne entri'e ft une autre piece appelee le trdsor; elle est d'egale etendue, sur un mbme plan et voftlbe de mbme, moins la clef pendante. Aux murs des chapelles qui terminent les basses-nefs de chaque cot<5 du choeur, on voit aussi une piscine ft ogives trilobbes, couron- nbe d’un archivolte , et dont la base est uue table saillante profile d’un cordon et d’une gorge au-dessous. Le pavb de l’bglise Saint-Urbain, malgrb son etat de degradation, offre encore un grand nombre de pierres tombales , qui , presque 1 Le cardinal Ancher en avail fonde douze. 58 194 «-e touies , sont inU’ressantes sous le rapport du costume et du travail. Leur date ne remonte pas au-deD du quatorzieme siecle. Ces tombes out (H6 plusieurs fois deplanes, de sorle qu’aujourd’hui il ue serait pas SLirprenant que la tombe d’un chanoine couvrit le cercueil d’une femme. La plus grande de celles qui se voient dans la nef couvre la se- pulture de Benaus du Colombier, doyen du chapitre, mort en 1336. II est represents en grand costume sacerdotal , sous un riche por- tique ogival termind par un pignon dans lequel on voit le Christ assis sur son trone surmontd d’un-dais, etaccompagnd de deux anges agenouilles tenant des flambeaux allumSs. Aux angles sont des quatre-feuilles occupes par les symbolcs Svangdiques : les mains et le masque sont incrustSs en marbre blanc '. On voit encore dans la nef la tombe d’Elienne Morle, quatrieme doyen de Saint-Urbain ; il est aussi sous un portique surmonlS, au lieu d’un pignon ordinaire, decinq petites arcades ogivales couvertes d’un toit : celle du milieu est occupSe par le Christ assis et nimbS, et les aulres par des anges debout tenant des flambeaux allumds 2 . Aulour on lit : Gt; gift feu mefsire Gfttenne SDZovte fabis quart beau be ccete cglise et chanoine be 6tzG»tienne be Xropes, qui trefpa$$a Fan be grace M CCC II1I XX et XI le XXVI jour be nowembre. priej pour lui que £>ieu en ait I’ame. amen. Tout proche est celle de Jean Maulery , bourgeois de Troyes et notaire des foires de Champagne et de Brie, mort en 13 sa femme est prds de lui. Plus proche est encore une tombe fort riche , celle d’un autre notaire des foires avec sa femme ; le c6te du midi est couvert d’une lame qui ne permet de lire que cetle partie de l'inscription : £e 23refon notaire be$ foires et marguillier be ceste eglise qui trefpassa le treijiemcjour be becembre I’an mil CCC et quatrezoingt et bouje et Xaurefte SDverille sa femme laquelle trefpassa le XX III I. four b’aoril I’an CCCC quatrezoingt Ces personnages sont places sous un portique it double arcade surmontS de pignons reufermant de jolies rosaces i\ jour 3 . Les inscriptions de ces tombes ont causS l’erreur de plusieurs auteurs gCographes qui en citant Saint-Urbain comme un monu- ment remarquable , ajoutent qu’on y voit plusieurs tombeaux des comtes de Ch impagne. Un examen plus attcntif aurail dSmonlrS cependant qu’iudependammeu' du caractere du dessin , ces pierres tombales ne peuvent seules composer un lombeau digne des princes qui porlaient la couronne de Navarre, et combien il est peu vrai- semblable qu’ils aient ehoisi pour leur sepulture l’t'glise coilSgiale de Saint-Urbain lorsqu’ils avaienl celle de Saint-Etienne leur de- votion, laquelle dSpendail de leur palais, et oil Staient dSjA deux tom- 1 Voir la [ilanelic. * Yoir la planclie. 5 Voir la planclie. beaux prScieux de leurs predScesseurs , qui en elaient fondateurs. Et ne sait-on pas d’ailleurs que Thibault V, sous le regne duquel fut commencSe l’Sglise papale, mourut en 1270 a Trapany, oil il fut inhumd, et que Henri 111, son fils, se fit enterrer a Pampelune, en 1271, ne laissant qu’une fille hSritiere de sa couronne el qui devint reine de France ? Devant la chapelie de la Yierge, on voit la tombe de Pierre d'Her- bice, bourgeois de Troyes, mort en 1323, dont nous avons donne le dessin. A c6ld, celle d’une femme, un peu rStrScie vers les pieds mais sans figure; le cadre est ornS de liuit quatre-feuilles places aux angles et sur les c6tSs, renfermant l’Scu de ses armes et celui mi-parti de celles de son mari. Dans la bande de ce cadre , on lit : Gp gist 3acole fabi» femme Robert bantoi»elle bourgeois be Xropes et mavguilltev be eeste eglise laquelle trespassa le II e join* bit mois b’oetobre I’an be grace mil III quatvezoingte. Sieu ait mem be Fame b’elle. Slrnen. Devant la chapelie Saint-Joseph , a gauche du choeur , est imc belle tombe ci double figures, dans le goht de celle de Jean Maulery, mais plus grande et plus riche : la femme y est coiffSe d’un bonnet poinlu. L’inscription qui Slait incrustSe de marbre ainsi que le mas- que et les mains a (He enlevSe. Pres de la porte du nord, celle d’un prStre represents en costume sacerdotal, avec 1’tHole et le manipule, et tenant dans ses mains un calice; sa tSte est couverlc du camail et ses pieds reposent sur un marchepied ou degrS d’autel , au-dessus un arc en trefle £i conlre- courbe ornS de crochets est termini par un fleuron ; cet arc prend naissance sur un chapiteau ou cul-de-lampe H feuillagc. La tombe est rStiScie vers le pied : sur les bords du cadre on lit : Gp gist Nicolas be SOXejvobcvt prestre fabis be'z nefteiaire d Faufel 6ainte ? Gvoir en ce^fe eglise lequel trefpassa le XX VIII* four b’aout Fan be grace mil CCC IIII XX XII. ^riej pour Fame be lui. amen. En remontant du m£me c6tS, vers la porte de la basse-ncf, on trouve celle d’uue femme, les mains joinles, la tSte voilc?e ; elle est vSlue d’unc longue robe & manches series el d’un manleau fixS sur la poitrine au rnoyen d’un cordon, et qu’elle lient retrousse sous les hanches par la pression du bras; cette figure est placSe sous un arc trilobe soutenu de eolonnes surmonlSes de clochetons ; de chaque c6lS, sur les rampans du pignon, un ange agenouillS dans 1’actiou d’encenser. Dans le cadre on lit l’inscription suivante dont le com- mencement et la fin sont sSparSs par des fleurs de lys placSes it Tangle. Gp gist Stbeline bite chatelaine be ^■onbane qui trefpassa Fan be grace mil CCC et bir le lenbemain be la feste 6aint 9vicolaS bioer. ^priej por li. Dans les regislres de Saint-Urbain, on lit qu’Adel ne dile la cha- telaine de Fouvennes, a foude t\ Saint-Urbain la chapelie de Saint- Jean levangdiste devant laquelle elle est inhumSc. /%. tfn'/te flcuMf . . ■ I •• h. } r 'icAoi i/e/t Jr/M , be 5> l Urbaut . Tombe du XIV 1 ? Srecle. _ Jroys'S /.rtA (It/:- Cs>7/et. Voyuyt- J rcAevlootyioe/ & Pi Moresque darts JJe/d de, l i 4ule (fqlisr 3$ * Ur bum . TomW iePierre 1) erWe. Bourgeois leTroyes.y(IV Specie . r> apfY® s ‘ 0/ Inyeryr 'sfrcAeo /oy/yae 195 < — «s A c6te de cette tombe on en voit une autre retrdcic vers les pieds, et entourde d’un cadre renfermant celte inscription : dt) gift 3 ac 9 u ‘ ua u$ U 23ecgue* covbouaniey* qui tvefpa**a fait mil — Aa bas de la tombe : et Margot *a femme qui tvcfpa$$a I’an mil Dans le haut celte autre inscription : d\) gist 5^amti$ Xevrible fib be labile Margot qui tvefpa**a en Tan mil CCC L z II le mevcvebi jour be fe*te saint pcve en aoust pej pojc li. Au-dessous sont graves un couteau ct un couperet 5 tailler le cuir , avec la semelle taillde, insignes de la profession du ddfunt. Devant la porle pi incipale de Test, une simple pierre avec cette inscription dont les lignes d’dcriture sont sdpardes par des lignes gravies en creux. d\) gist feu SOJavguevite la Gaillatfe be ©elannes jabis cousine bu quart bean be ceste eglise laquelle tvefpassa I’an be grace mil CCCC et XI le III 0 jour be nooembre. priej pour clle que bieu en ait I’ame. Slmen. Les letlres gravies en creux sont incrustdes en mastic rouge. Devant la porte de la basse-nef & Test, on lit celle-ci disposde de mdme : <£t) gift 5°^>Dte jabis femme be feu ^peireron Sannemat qui trefpassa le XXVI. jour be map fan mil CCCC z quatre pries abieu pour clle. Puis celte autre encadrde par des lignes aussi, pres la porte nie- ridionale. dt) gist Xsabeau la ^ucelle bame be £argeroust qui trespassa fan be grace mil CCCC IX laquelle a ccans faict mestre ceste lame le II. jour b’octobre. Devant le choeur , on voit la tombe plate qui couvrait lc sculp- teur Jacques Juliot , auquel on attribue les nombreux rtMables sculpts que Ton voit dans les dglises du diocese. G’est une table de marbre carree entourde d’un cadre renfermant un cartouche ellepti- que, au milieu duquel on lit l’dpitaphe en gothique angulaire et gravde en creux : di) gist noble porntne 3 ac 9 uc $ 3uliof maistre seulpteur et marigl. be ccans lequel a bonne la table bu granb fyostel il beceba lc XII. jor be nooebre 1576 priej por les trefpassej. Avant les devastations de 93 , on voyait dans la travde oft sont les fonts baplismaux l’dpitaphe d’Augusliu Paupelier, menuisier- sculpteur 5 Troyes, mort en 1559. Cet artiste avail laissd dans les maisons religieuses des retables et des chaires 5 prdcher, sculptds de sa main. 11 existe plusieurs dessins 5 la plume signes de lui, qui sont touches et croques avec esprit. Augustin Paupelier fut pere de Pierre Paupelier, peinlre de genre, qui apprit a Louis XIV S peindre les fleurs. 11 fut agrege a l’academie de peinture el mouruta Troyes, le 15 janvier 1666, l’Age de 43 ans. On voyait son epitaphe sur bois attachee un pilier du sanctuaire dans l’eglise Saint-Remi , ou il fut inhume. Vers 1645, dit Courtalon, les peinlres, vitriers et brodeurs de la ville etablirent dans l’eglise Sainl-Urbain une confine de Saint-Luc, 5 la chapelle de la croix ou du prince. 11s firent faire de leurs de- niers un nouvel autel : Deletain fit et donna le grand tableau du retable ; Pierre Brissot ou Briffet , celui qui est sur 1’ailc a droite de l’autel ; Nicolas Passot , celui de I’aile gauche ; Jacques Morel , aussi peiutre, fit et donna, en 1666, le Saint-Jacques qui est sur la droite; enfin, Jacques Cldment fit present, cn 1685, du Saint-Jean dans file de Pahtmos qui ctait 5 gauche. Tous ces tableaux ont dte disperses. Devaut la chapelle Saint-Joseph , une tombe en marbre noir qui n’offre qu’une inscription renfermde dans le cadre autour, et aux quatre angles les armes des Hennequin, gravies en relief ainsi que les letlres. Voici l’inscription : dt) gi*ent feu* noble tyomme 6t;mon ^ennequin, mavguilltev be rcglise be ee'an* ct bamoiselte £ienavt ©ovnot sa femme aocc bculr be leur* enfant*, la= quelle trefpassa le XX. jonv be jutn M V XVII , et lebit fyenneqnin tvefpassa le XVIII be noocmbve M V c z XIX. px iej bieu pouv eitlr. Au trumeau de la porte latdrale du nord est encash'd dans le mur un bas-relief fuucbre en pierre dont le travail rappelle le ciseau de Francois Gentil. Sur un sarcophage soutenu de deux consoles orndes de muffles de lion, et eutre lesquelles est une Idle juvenile entourde de drape- ries et d’uoe guirlande de fruits, un voit une femme couchdc, la tdte appuyde sur la paume de sa main gauche, tandis que la droite est mollement posde sur le boi d du lombeau ; son expression est celle du repos pendant un profond sommeil. Les jambes sont croisdes l’une sur l’autre , le pied droit ct le bras gauche ddgagds d’un long voile qui enveloppe toute la figure sont nuds. Les plis du voile , dvidemment dludids sur la nature ainsi que la figure elle-mdme, sont rendus avec beaucoup de mollesse et de vdritd. De 1’dpaule gauche de la figure se ddploie un philactere ou rou- leau sur lequel on lit : DIMITTE ME PAVLVLPM VT QVIESCAM DONEC OPT AT A PEN I AT DIES. 1570. « Laissez-moi reposer un peu jusqu’a ce que vienne le jour ddsird. » Job. XIV, 6. 26 — ► 196 < — Un cordon saillant ct ornd de moulures encadre le bas-relief. Au milieu au-dessus est un dcu ddcoupd cn cartouche surmontd d’une palmette avec des pendants de perles terminds par un gland. Le bla- son a (516 detruil A coups dc ciseau pendant la revolution ; mais on distingue encore la trace du griffon qui en faisait la seule et unique piece. Grosley a fait graver ce bas-relief pour ses (5ph<5mt ! rides, il serait ;i ddsirer qu’il fut plus exactement rendu. La peinlure sur verre, comme on doit s’y atlendre, joue un r61e important ft l’dglise Saint-Urbain, toutes les fenGres en sont parse- rodes, mais elles ont beaucoup souffert. Celles du sanctuaire sont les mieux conserves. A la verriere du milieu, on voit le Christ en croix. Aux c6tds, la Vierge et saiut Jean. A la rose du sommet, J.-C. assis sur son trone. Aux deux roses inferieures, un ange sonnant de la trompette. La bordure est fort riche, elle est formt5e par les armes du chapitre qui sont de gueules & la croix d’argent, cantonnds de quatre clefs d’or, et de France aux fleurs de lys sans nombre. Le fond de la fenGre A droite est une grisaille d’eutre-las, semd de petites rosaces. Une seule figure occupe chacun des trois panneaux. Ce sont des prophGes dont les noms sont Merits prds des tGes. Dans les roses qui remplissent le sommet, on voit le Christ assis et deux p6res de 1’eglise. La bordure est formde par les armes de Champagne, alternant avec celles de Navarre. Les deni fenGres du choeur offrent aussi des figures de prophGes, sur un seul rang, comme les prdeddentes, avec des bordures plus simples; dans les roses, plusieurs saints martyrs parmi lesquels on voit saint Andre dtendu sur sa croix. Au c6td du nord, les mdmes bordures se trouvent reproduites en regard, avec des figures de prophGes dispsosdes de mdme. Les roses sont aussi remplies de figures de saints en petit. Les verrieres des transepts n’offrent que des enlre-las en grisailles formds par les raiuures de plomb. Les trois roses sont occupies par des pelites figures; au midi, on distingue deux papes assis, tenant une croix, et au nord, saint Martin, ill cheval, donDant la inoilid de son manleau. Les chapelles latdralcs ont aussi leurs fenfires vitrdes dans le mGne systeme, c’est-A-dire que les dcssins du fond sont formes par les rai- nurcs de plomb, avec quelques points rouges et bleus, la bordure est rouge : on y renr.arque des fleurs de lis et les trois lours d’or de Cas- lille. Au milieu du panneau, un sujet de la vie du Christ. La suite de ces sujets est continue dans le fouds de la galeriedu sanctuaire qui rdgne sous les fenfires. Les fenfires des nefs basses sont ajustdes de mdme, mais elles ont b aucoup souffert. Les bordpres de plusieurs sont bleues, avec des rosettes ou des fleurs de lis d’or. Au-dessus des porlcs latdrales de l’ouest, il v a aussi des fragments de vitraux peints, mais ils soul d’une dpoque beaucoup plus rdeente. L’histoire nous apprend que le pape Urbain, fondateur de notre collegiale, Gait nd en 1 185, et qu’il fut baplisd dans l’dglise de Notre- Damr-aux-Nonains, qui Gait alors une paroisse. Que depuis le grand incendie de (188, les religieuses ne voulant pas Gre gdndes dans leurs’ offices, leur dglise fut partagde en deux par une muraille, et qu’alors la partie occidentale devint la paroisse de Saint-Jacqucs dit aux Nonains, oil les fonts baptismaux furent transfdrds. La cuve de ces fonts, que Ton croit Gre la mGne qui servit A la rdgdndration d’Urbain, Gait appliquee A un pilier de la nef, sur lequel on avait grav’d cette inscription : Jlic fait ablulus purd baptismatis undd o Jacobus Urbanus nomen et iiule tulit. Cette cuve, lors de la destruction de l’dglise de Nolre-Dame, avait G6 acquise par un ma^on de Troyes qui la vendit & un boulanger pour en faire une margellede puils , elle fut alors defonede et servit A cet usage jusqu’en octobre 1842, que le propridlaire, M. Vincent, eut l’heureuse idde de la rdserver en quittant la maison, et de la donner A sa paroisse, oii elle vient d’Grc rendue A sa premiere desti- nation. Sa forme est octogonale, et elle est ddcorde sur chaque ardte d’un petit pilier applique termind en poiute et par un fleuron sous le bord qui est saillant et fouilld d’uue gorge. Sur chaque face sont deux ogives A contre-courbe soutenues au milieu par un cul-de-lampe, les courbes sont orndes de crochets et termindes par une touffe de feuilles. Dans ce cadre , plusieurs sujets en bas-reliefs : le premier est le Bapldme de J.-C. par saint Jean, en prdsencc d'un ange; — J.-C. couronnant la Vierge dans le ciel; — Saint Christophe pnrlant l’enfant Jdsus sur ses dpaules. Les autres figures sont des apolres groupds deux 5 deux sur les autres faces de l’octogone. 11 faut excepler Celle qui, dans I’origine, dtait appliqude au pilier, que le sculpleur a laissde toute brute. Quant au travail du monument, il nc faut pas Gre bien avaned dans l’dtude de l’archdologie du moyen-Age pour le jnger postdrieur A l'dpoque on Jacques Pantaldon fut baptise. II ne pent remonter au-delA du quinzieme siecle. La tradition est en defaut cette fois A cet dgard comme elle I’est pour lant d’aulres mo- numents que le vulgaire croit conlemporains de personnages his- toriques qui vivaienl plusieurs siecles auparavant. Le support au pied de la cuve baptismale dont nous nous oecu- pons, existait en deux pierres, mais il n’a point did conserve; nous en avions dans le temps fait un dessin cottd qui va Gre exdcutd pour compldler ce petit monument dans le style de son epoque. Icyncre . /rc/ie'c/ojufuc tt-Pe&aresyiie e/ansfc/Se/i Ic&Muie. \ • r be la JVlabelcmr v- SB — » i 97 <— S£ TROYES. EGLISE PAROISSIALE ET JURE DE SAINTE-MADELEINE. L’yglise de la Madeleine est aujourd’hui le plusancien monument religieux que possede la ville de Troyes. 11 a subi, fi diffyrentes ypo- ques, des restaurations considerables et des mutilations qui lui ont fait perdre celte harmonie, cette unite d’ensemble qui, seules, peu- vent conslituer la perfection d’un edifice, de quelque genre qu’il soit. Ge qui resle de l’ancienne construction, c’est-S-dire la nef, les transepts et la premiere trav^e du choeur, apparlient au douziyme siede. La coupe heureuse des ogives, la richesse des chapiteaux, la disposition noble et simple des grandes lignes, forment une opposi- tion remarquable avec le rond point et les chapelles environnantes rebaties'en 1501. Dans cette parlie de l’ydifice, la suppression des chapiteaux, la forme surbaisstie descinlres, la multiplicity des ner- vures dans les vofitcs, la maigreur des filets de moulures qui les for- ment, tout concourt & caractyriser l’appauvrissement de 1’architecture ogivale dans les deux derniers siteles qui ont prycdde la renaissance. Quoi qu’il en soit, celte diversity a doune & l’intyrieur de la Ma- deleine un aspect pitloresque, une richesse de details, que n’eussent pas produits une plus grande purely de lignes et plus de symytrie; outre le Juby, plusieurs parties de l’ydifice myritent d’ytre publiyes. La planche ci-jointe offre le dessiu des chapiteaux des bas-cotys droits du choeur : elle mettra J myrac dc comparer 1c caractere simple et syvere, la noblesse des details de cette ancienne architecture, avec les lignes lourmentyes et les ornemenls appauvris dc la portion recons- truite dont on voit les piliersdans la planche du juby. Nous avons parle de mutilations ; le nombre de celles qui existent dans les ygiises de Troyes est surprenant : ce sonl des chapiteaux tronques ou dytruits, des colonnes dont le flit est supprimy en partie ou en to'alile, d’autres dont les bases sont ruinyes ou entailiyes jus- qu'au sol. La raison se refuserait ii voir ici 1’ouvrage du temps, si d’ailleurs la trace du ciseau ne d^celait la main de l’homme; mais qui a pu le porter li exercer d’aussi ytranges degradations? La pensye s’arrytc sur les Vandales de 1792 : il parait tout simple de les leur attribuer, et on se garde bien d’imaginer qu’elles ont yty provoquees tout rt'cem- ment encore par ceux-lii myme qui ont plus d’intyryt 5 les pryvenir ; que, dans 1’uuique but de cryer une place nouvelle et d’ajuster un banc fixe dont le pro iuit annuel est de trois 5 quatre francs, on sappe un ydifice dans ses principaux souliens. Dans les ygiises de Saint-Jean, de Saint-Urbtwn, de Samt-Remi surtout, plusieurs piliers sont tellement mutiltls qu’ils ne conscrvent plus, pour ainsi dire, que le noyau, et menacent de crouler sous le poids qn’ils supportent. ’ Ces stnlucs sont pour la plupart conservees el se voienl anjotird’hui a Saint-Pantaleon. Une des colonnes existe encore dans i’ancien cimeliere de la Madeleine, elle est surmoutee d’une petite croix de I’er dote, Les 11 n’est aussi que trop ordinaire de voir dypenser en dycoralions f utiles et de mauvais goht l’argent qu’on pourrait employer en ry- parations urgenles, indispensables, qui conserveraient dans leur ytat primitif des ydifices prycieux dont la destination est sacrt ! e. Heureux encore si ces prytendues dycoralions n’amenaient pas loujours de nouvelles dygradations ! C’est ainsi que, dans la seule vue de faire ouvrir de quelques pouces de plus la porte d’un tambour qu’on aurait pu faire moins grand, nous avons vu, il la Madeleine, couper le fut d’une des grandes colonnes qui portent la votile de la croistle ; ailleurs on a dytruit les chapiteaux et coupy les cintres pour envelopper les piliers d’une boiserie du plus mauvais goilt, et entailly une colonue de tout son diametre pour y enclaver ia coupe d’un bdnitier. L’ineptie de ceux qui, dydaignant les avis des gens de l’art, or- donnenl ou tolerent de pareilles dygradations, ne leur permet pas, sans doule, de voir que cette deplorable raanie a failli causer la ruine d’une partie de l’yglise Saint-Jean, qui rt'clame encore d’impor- tantes ryparalions. En sigualant un abusfuueste el sans exemple qui acct'iyre chaque jour la ruine de nos monuments religieux, nous sommes loin d’ac- cuser d’indifference les personnes ydahyes qui pouvaient exercer quelque influence sur cet objet ; mais plusieuts fois leurs gyntheux efforts ont yiy repoussys par les menyes de l’amour-propre, de l’i- gnorance et de Ia cupidity. La plupart des ygiises de Troyes ytaient autrefois dycoryes de tribunes ou jubi ! s , construits il diffyrentes dpoques et remarquables par la richesse des ornemeuts ou l’ylegance de leur structure. Le plus ancien de res jubes ytait celui de la catluklrale , commency en 1385 par ordre de l’yvyque Pierre d’Arcyes , qui en posa la pre- miere pierre, et achevy en 1400 sous la conduite de Henri Nardan , magon, demeurani ii Paris. Ce monument , qui ytait d’une construc- tion fort legere et dt’cory de bas-reliefs represenlant des allegories sacryes, fut dytruit en 1793. Le collygiale de Sainl-Etienne possedait aussi un juby que le cha- pitre fit construire en 1549 par Dominique Rocour, Florenlin, et Gabriel Fabro, son gendre, magons Troyes. 11s avaient donny ii cejuby la forme d’un arc de triomphe antique, compose de trois porliques d’ordre corinthien decort's de colonnes avec des chapiteaux dorys , le tout terminy par un atlique orne de bas-reliefs et de jolies statues attribuyes A Francois Genlil, de Troyes L Ce juby, que 1’on admirait particulieremeut pour la beauty de l’exyculion, fut demoli en 1792, lors de la suppression de leglise Saint-Etienne. Dans l’eglise de Saint-Jean, on voyait un juby construit au milieu bas-reliefs de l’allique se voienl au cote meridional de 1’cglise de Bar sur- Seine. 39 Sw — > 198 <— S2 de la nef , an-dessus de la place du banc des ancieus marguilliers ; ceux-ci le firent abattre eu 1648 , pour £tre vus plus a decou- vert. Dans l’ancienne t ! glise des Cordeliers il exislait aussi un jube con- struit en pierre, d’ordre dorique et chargd d’ornements dorfs. II a et£ d£mo!i avec IVgliseit l’dpoque desastreuse de 1793. Le jub(5 de lYglise des Jacobins, qui Gait fait cn charpente, pas- sait pour un ouvrage excell nt dans sa structure. Sa facade Gait couverte de plusieurs bas-reliefs et aulres ornements dor£s de fort bon gout; il fut dGruit en 1762 parordre de J.-B. Piiras, prieur du couvent, sous prGexle qu’il niasquail l’autel. LVglise abbaliale de Saint-Martin-es-Aires avail aussi un ancien Jubd de bois avec des ornements peinls et dort’s; il fut supprimd en 1760 par ordredu Prieur Francois Bobin qui le trouvait hop an- tique, et qui fit faire a sa place de chaque c6tt3 de la porte du choeur une petite tr ibune d’un goiit plus morderne. Enfin, entre tant de .lubes dGruits, un seul, le plus riche de tous, cel u i de l’eglise paroissiale de la Madeleine, est restd debout. Son exis- tence peul Grc rcgaidee aujourd’hui comme un probl^me si Ton con- sider les diffGenles causes qui ont amend la destruction des pre- miers. Aussi ce n’est pas sans avoir dprouvd quelques mutilations ct sans avoir Gt5 menace plus d’une fois d’une ruine complete, que ce monument a traversd trois sidcles et est parvenu jusqu’a nous '. Outre la richesse des details, sa construction est remarquable, il est absolument plat et termind en sous-oeuvre par trois culs-de-lampe it jour, et sans aucune apparence de voute. Chacune des deux faces se compose de trois arcs ou archivoltes orudes de moulures et de festons & jour dont les courbes sout rdunies par des pommes de pin. La retombde des arcs au milieu reste suspendue en Fair, et se termine par des doubles culs-de-lampe dont les plus saillants por- taient jadisdes statues parmi lesquelles on voyait saint Longin tenant la lance, et des anges tenant les autres instruments de la passion. Les clochetons ornds de fleurons et ddcoupds il jour, que Ton voit dans l'intervalle des archivoltes. abritaientces statues. Entre les clochetons, sur chaque arc, estposd un cadre it plusieurs pans, rempli par de petites figures de saints en bas-relief; autour des 1 On se persuadera difficilemeut que beaucoup de personnes desirent la suppression de ce Jube ; naguere encore sa demolition a ete provoquee sous le pretexte frivole que les Jubes ne sont plus de mode : heureuse- ment ces prelendus amateurs du bon godt ont consentia ce qu’on le lais- sat subsister, a la condition toutefois qu’on lui donnerait un air plus rno- cadres le champ est occupd par diverses fleurs et feuilles d’orne- ment. Au-dessus regue la rampc ou galerie, qui est entierement decoupde 5 jour. La forme dldgante des fleurs de lis couronndes qu’on y re- marque suffirait pour faire connaitre l’Age du monument, si nous ne savions d’ailleurs qu’il fut construit vers 1506, it la mdme dpoque oft Ton jelait les fondemenls des tours de la Calhedrale. Sur la rampe on voyait autrefois quatre statues qui accompa- gnaient le Christ ; il n’en reste plus que deux, cclle de la Vierge et de saint Jean. Aux angles il y avait des vases it parfums munis d'un couvercle. A chaque extremity, le Jub6 est termine 1 par une construction cn forme de chapelle appuyee aux gros piliers du choeur. Ces chapelles sont dGorGs dc chaque c6t£ par un pilastre chargd d’arabesques. Au milieu il exisle un eufoucement considerable de forme carree avec des angles renlrant dans la partie superieurc; cet enfoneemeul Gait autrefois rempli par un bas-relief qui en a Gd arracht 5 et dGruit 2 * * . Au-dessus, on voit trois niches sans statues dont le haut est ter- ming par des petits domes et des pyramides c'vides it jour avec beau- coup de ddicatesse. L’escalicr est habilement dispose it droite sous la premiere arcade du choeur, de manure it ne pas 6tre apercu de la nef et it ne pas gt j - ner le service. Il s’deve sur une base octogone engag^e dans le gros pilier et autour dc laquelle la rampe, formde de petites arcades en ogives, se eontourne en formant un eucorbellement ; le dessous de cette saillie est orne de moulures et de gorges profondes remplies par des feuilles d’ornement et des figures d’animaux fantastiques. Sous ce jubd a dtti enterre 1 Jean Gualde ou Gaylde, son auteur ; on y voyait autrefois son ('pitaphe gravt^e sur un carreau de marbre. Il s’y ddsignait lui-m^me par la quality de maistre magon, et semblait nous donner une garantie de la soliditd de son ouvrage, en ajoutanl qu’il attendait dessous la resurrection bicnheurcuse sans crainte d’etre 6cras6.. Le jube 1 de la Madeleine a de largeur, compris les deux chapelles qui en font partie , trente-six pieds , et de hauteur, jusqu’au haut de la rampe, dix-neuf pieds dix pouces. derne, au moyen d’uue couche on deux de badigeon, ce qui vient d’etre execute. * On croil qu’il en exisle un a Paris qui etait conserve par les heriliers de M. Hubert, architecte. * * ■ *1 • • •' « ll ... * 7 ' &>t * V * 4 i TROYES. CEqlier Lie S tc JHcu) L'lciiu‘ 4 n 2 /S (DelaiCb dv D&aE i&jy Dcy A 9Ua7)eC, etiie (/z/z (III X/7* Sidcle.) LlUi t4' Collet, u- Troyes . Vet, 'ucztf* 4 ix'/itWvtf It* m&j£- Ck .Fickot del S' Litk Lilk cle E. Collet 8cC i. SMS1M Ptl® .... ... SPSOTSW'"** nZ^JJTjfB ■JmT'ViTfi tTiTyifiTtni R raWWlJOftn fifeM Portcik laitctm (TtmcUcreik la iHabelcinr 199 TROYES. EG USE SAINT-DENIS. La petite dglise de Saint-Denis, aocicnne paroisse des bouchers de Troyes, existait sur la place de ce nom, au Quartier-Bas de la ville. Elle a did demolie en 1792; et il n’en reste d’aulres souvenirs, aujourd’hui, que les trois jolis chapiteaux, la base et Ie fragment de nervure de vohte que prdsenle la planche consacrde ces details. Les deux premiers chapiteaux sont dvidemment une reminiscence ou une imitation libre de l’anlique; la ligne du lailloir est eu courbe reulrante ornee de feuilles d’eau , avec une rosette au milieu. Au-dessous des volutes pendent des grappes et des palmetles. Dcs feuilles d’olivier naissent sur la corbeille d’une lige droite ornde de perles et d'ofi s’dchappent d’autres tiges qui s’cnlacent et donnent naissance i d’autres palmettes du mdme genre, mais renversdes et rdunies au bas par une rose a cinq feuilles. Le deuxidme chapiteau prdsente trois rangs de palmettes et de feuilles d’olivier ; ces dernieres sont droites et e’est un alongement recourbd de ces mdmes feuilles groupdes en maniere de palmettes, qui lient lieu de volute. Les roses sont it pen prds une rdpdtition de celles du chapiteau precedent; mais le tailloir, dont la forme est la mdme, n’est point ornd. Les tiges des grandes palmettes sont lidesvers le bas par une espece de chevron brisd ornd de tdtes de clou, et, au- dessous, ciuq petiles feuilles formant aussi une sorte de palmelte couvrent la naissance des tiges. Le troisidme chapiteau presenlc, dans sa composition, beaucoup plus d’originalitd et ne conserve de la forme antique que le tailloir en courbe rentranle. 11 est ornd d’un rang de perles troudes ; et la rosace est remplacde par une saillie carree taillde en biseau et avec des feuilles d’eau. La corbeille est entourde de rubans enlrelacds ornds de Idles de clou, de trous et de canelures. Deux de ces rubans rdunis par un culot d’ou s’dchappe une palmelte recourbde sur elle-mdme, forment la volute. Au bas, d’un cote, deux tiges replides engendrent une palmette renversde; et de l’autre, deux rosettes naissent de deux tiges enlacdes; au milieu, des feuilles droites cou- vrent l’origine de ces tiges. La forme du tailloir qui est en lozange, et la sculpture de l’ornement qui ne couvrent que deux tiers de la corbeille, sont com- munes & ces trois chapiteaux et motivdes par la place qu’ils occu- paient dans les angles rentrants de l’abside de l’eglise d’ou ils provien- nent. Cette forme sera mieux senlie dans le dcssin de la base que nous avons joint a celui des chapiteaux; celle-ci rappelle particulierement la base attique, mais grossierement imitde. Le listel, qui accompa- gne ordinairement le tore supdrieur, est remplacd par une raiuure; et le tore infdrieur n’offre, dans son profit, qu’un quart de rond renversd. Une particularitd qui rapproche encore ces chapiteaux du chapiteau antique, e’est que 1’astragale ou cordon infdrieur n’en fait pas partie, puisqu’il appartient £i la colonne, tandis que dans les monuments dlevds durant la pdriode ogivale il en est rarement sdpard. Le diametre infdrieur de la corbeille est absolument le mdme que celui de la base. Ainsi la colonne n’dtait pas diminude, et e’est Tun des caracleres de l’architecture du moyen-flge , depuis la pre- miere dpoque romane jusquA la fin de la derniere pdriode ogiva’e qui prdedda la renaissance. Les chapiteaux de la petite dglise Saint-Denis sent un exemple du style roman du commencement du douzidme siecle. BAR-SIJR-AUBE. La ville de Bar-sur-Aube, l’une des plus anciennes du ddparte- ment , existait ddj& au commencement de la conqudte des Gaules par jules-Cdsar. Elle possddait alors un fort sur la montagne Sainte-Germaine qui dominait la ville au-dek\ de la rividre, et Ton retrouve encore la trace d’un triple fossd qui l’enlourait. Bar passa ensuite, comme les aulres cilds gauloises, sous la domination des rois de France jusqu’au dixieme siecle, oil elle devint le partage de comtes parliculiers, dont le premier fut Erard, l’undes fils d’Herbert, comle de Yermandais, qui, en 923, s’empara de la ville de Troyes et des autres villes de la province de Champagne. Bar-sur-Aube devint alors la capitale du vallage et un comtd considdrable. Le deuxidme comte de Bar fut Notcher qui, vers 1’an 980, la fit clore de murailles de six pieds d’dpaisseur sur vingt de hauteur, avec qualre portes, des ponts-levis, des tours et un fossd de quatre- vingt pieds de largeur sur vingt-cinq de profoudeur. En 1094, le comtd de Bar-sur-Aube fut rduni au domainede la province de Champagne par Thibau.t II, dit le Grand; et en 1231, Thibaut IV, dit aux Chausons, donna a la ville de Bar, moyennant finances, des lettres d’affranchissement avec dtablissement de l’une 9 — » 200 < — $s des foires franches de Champagne et de Brie. Depuis il fut rduni a la eouronne par le mariage de Jehanne de Navarre avec le roi Phi- lippe-le-Bel. Sous le regne de Charles V, un chef d’avenluriers nomine Ff- neslranges, mecontent de n’avoir point yty rfcompensy des services qu'il avail reudus an roi , brftla Bar-sur-Seine et vint assk'ger Bar- sur-Aube, dont il incendia aussi une parlie. L’autre nc fut fpargnfe que parce que les habitants consentirent ft payer ft ce brigand une forte contribution. Sous les rois successcurs de Charles V, l’ordre sclent rt’labli en France, la ville de Bar n’eut plus ft souffrirdes fureursde la guerre ; mais, en 1636, elle fut eu grande parlie dfpeuplye par la pesle qui eut encore un rc’sultat dfsastreux pour le commerce de celte cilC La contagion avait durf douze ans, circoustancc qui determina Louis Xlll ft supprimer les foires franches et ft les reunir aux foires de Lyon. Les armes de l’aucien comld de Bar-sur-Aube ytaient un bar ou barbeau, poisson fort comrnun dans la riviere d’Aube. EGLISE SAINT-PIERRE. Avaul les dfsaslres de 92, la ville de Bar-sur-Aube possedait, en raison de son ftendue, un assez graud nombre de monumeuts religieux du inoyen-ftge qui offraienl tous de l’intyrft. 11 nc reste plus aujourd’hui que deux eglises : Saint-Pierre et Saint-Maclou. La premiere, qui esl la plus imporlante, rappelle, par la disposition de son plan et la simplicity de son ornementation, la belle yglise de Pontigny, qui fut bfttie dans le 1 2 e siecle. On y trouve aussi de mftxne l’emploi simultane du plein-cinlre et de l’ogive; mais ce qu’il y a de particular, e’est que le premier se trouve superposy ft la dernifre. Les porles seulement appartienuent au style roman, sans melange ; mais aucune parlie de l’fdifice, ainsi qu’on l’a cru, ne remontc ft lY-poque de sa fondation comme paroisse. On sait par uu acte de 1008, que les religieux de Saint-Oyan,du Mont-Jura, connus aussi sous le nom de Saint-Eugende ou Saint-Claude, lesquels ytaient dyjft ytablis dans la chapelle Saint-Eticnne, sur la montag ne de Bar, obtinrent d’un yvfque de Langres, par la protection du comte Eudcs , la desserte de la paroisse de Saint-Pierre, qu’ils conserverenl jusqu’en 1093 qu’il fut defendu aux religieux de Saint-Claude de sorlir de leur cloltre. Celte derniere epoque se rapproche, nous lepensous, de celle des plus anciennes constructions de lYglise actuelle. Nous venons de dire que le plan de lYglise Saint-Pierre etait une imitation de celui de l’eglise de Pontigny et de celle de Clervaux. C’est de mfime une nef principal , sepai-de du choeur par des transepts avec des basses-nefs qui se reunissent eu faisant le tour de 1’hymycicle, avec des chapelles formant couronne autour de ce dernier. La porte occidentale de la grande nef est ouverle sous un large voussoir plein-cintre qui forme un porche avancy. La baie qui va en rt s lrycissant est flanquye de colonnettes lesquelles soutiennent des lores ou boudins se dessinant en demi-cerclc au-dessus du limpan. Ce!ui-ci est absolument plat, sans ornement et terminy inffrieurc- ment par un bandeau, que les pied-droits recourbi's en consoles sup- portent vers les angles. Au-dessus du porche est une rose ft huit feuilles couronnye d’un archivolte avec imposle soutenu par une colonnette de chaquc cdtf. Cet ajustement est repi'ty ft l’inlericur. Le portail est terminy par un pignon orny de modillons inclinys et surmontys d’unc croix. La base de ce pignon est simplemeut une ligne saillante non-raccordyc aux angles, mais qui cependant lui donne le caractfrc d’un fronton. A l’endroit des basses-nefs il y avait aussi des porches ouverls par des plein-cinlres, mais il n’y a pas de traces de portes. A la place qu’elles devaient occuper esl line petite fenyiredemi-circulaire, et le voussoir u’elait probablement qu’un prolongement du porche central regnant des deux eftfs. Au nord, le cintre a fte dYlruit et remplacy par la sacristie actuelle dont la porte lerminee en conlre- courbe parait dater du quinzieme ou seizieme siecle. LYglise Saint-Pierre est aujourd'hui encaissye et entourye d’un fossy couvert par un appentis d’un effet dysagryable et qu’a nyces- site l’exhaussement du pavf intyrieur, lequel est encore de dix ft onze marches au-dessous du sol de la place. Six arcades ogivales portyes par des piliers fianqufs de colonnes comprennent toute la longuenr de la nef ; elles se dessinent par des retraits dont ies aretes sont ornys de lores ou boudins de diffyrenles grosseurs si'parfs par des gorges et de Iygers filets. Les s ofties sont ft simples nervures croisfes formyes de deux lores. Les nervures des basses-nefs prysentent une variantc. Ce sont trois boudins disposys en triangle, le plusgrosau milieu. Au-dessus des arcades, entre les piliers, regne un cordon creusd d’une gorge, sur lequel s’yleve une arcature plein-cinlre, ft vive arfle, soulenue de pelites colonnes accouplees au milieu de chaque travfe. Celte arcature regne aussi sur la grande poite, aux transepts, et lout autour du choeur. Au-dessus de celte galerie simulye, le profit du (ailloir des chapiteaux se continue en maniere de corniche, sous les fentitres ; celles-ci sont yiroites , ft baie y vasye , ornye de boudins et ft base inclint'e en coulre-bas de celle corniche, et lerminyes sous les points de 1’ogive de la grande vofttc. Les arcades du sanctuaire, au nombre de sepl , sont supposes par des colonnes isolyes dont la base octogone repose sur un socle circulaire qui fait tout le tour de l’hymicycle. L’arcature qui rfgne au-dessus prysenle encore un cxemple du plein-cinlre et de l’ogive employys simullauyment. Tout le choeur et les transepts sont voftlfs en plauchelles ; la voi'ile en pierre etant tombee faule d’entrelien. Les sept chapelles du rond-point sont ouvertespar uu plciu-cinlre, voutyes derriere en berccau , el ydaWes par une fentHre demi-circu- laireornye decolonnetlesct en manure d’archivolte avec un imposle et des tores. L’exlrymity du transept nord est ydairt'e par une grande fenfire plein-cintre ornye de colonnettes et de boudins. Autrefois cette fe- nfire setrouvait ft la hauteur du dorloir des moines qui en avaient Vcyayi dnchcobjjupie &£Pitlore?yue ctansleDeji l oh llAubt PI J (fqitsr S! piL'CTr, IJraWe be la Jlej , l[V\v-sw-A\\L EGLfSE S l PIERRE (Porche Meridional. ) 201 fait une porte pour descendre de l’office de nuit au moyen d’un esca- lier de bois. Au midi est une tour carrde appliqude au mur, et appuyde de coutre-forts aux angles. Elle esl bAtie comme !e reste de 1’dglise, en petits matdriaux, et ne f ut jamais achevde ; on l’a surmontde de deux dhmes en bois superposes, de forme octogonale, batis cn 1722, et terminds par une fleche. A l’inldricur, le mur a dtd double pour soutenir le beffroi. Des fenetres ogivales,dont les baies en angle ren- trant et decordes de colonnettes et de boudins, sont ouvertes sur les trois faces apparentes de la tour. La porte meridionale repond 5 la troisieme travde de la nef. Elle est pratiquee sous un large voussoir plein-cintre orne de tores, soulenus par des colonnes engagees dans les retraits de la baie. Le timpau est termine par un bandeau plat supporte par des consoles entierement privees d’ornement. Cette porte est precedee d’un porche route en arete et ouvert par une ogive dont les profils se composent de plusieurs boudins en retraite les uns sur les autres, et qui retombent sur des groupes de colonnes courtes appliquees au pilier de chaque c6te. Ce porche, termine par un pignon, parait etre d’une construction posterieure, mais pourtant dejA ancienue. Les bases des colonnes se trouvent juste 5 la hauteur des deux tiers du fht de celles de la porte ; circonstance qui prouverait que depuis plusieurs sidcles l’eglise de Saint-Pierre est encaissee par le sol de la place. Dans le mur du collateral nord, sous la deuxieme travee, est mdnagde une niche qui contient la mesure matrice des grains de Bar-sur-Aube ; elle est creusee dans une pierre de taille. Autour, on lit cetle inscription : Hie ab antiquo Justam frumcntoruin Mensuram c'wes Barri deposuerunt. Cette mesure contient trente pintes. Au cbte gauche de la nef, on remarque plusieurs chapelles additionnelles construites dans le seizieme siecle, entre les contre- forts. La premiere, qui occupe la troisieme travde, renferme les fonts baptismaux. La croisde est divisde par deux meneaux et des compartiments. Sa vohte a plusieurs uervures croisdes ct recroisdes avec des mddaillons aux intersections. A la quatrieme travee rdpond une chapelle dite des Figueroas. La voftte est en berceau en anse de panier, divis<5e par trois bandes transversales couples par des bandes courbes formant plusieurs compartiments. Sur la bande du milieu sont sculpts des pampres de vignes et des serpettes avec un instrument en forme de fer de lance recourbd, ayant un manche , et qu’oc appelle fosseux ; il sert planter la vigne et 5 la cultiver. La porte latdrale nord est un large plein-cintre ornd d’un bou- din ; elle rdpondait aux b;Uiments des religieux dont on retrouve encore quelques restes dans deux petites arcades plein-cintre borddes d’un boudin et souteuues de colonnettes. Parmi les dalles du pavd de la chapelle qui termine le collateral 5 droile du choeur, on voit la tombe de Notcher, comte de Bar, et celle de Mathilde , dpouse de Simon, comte de la mdme ville. On vient de couvrir le pavd d’un parquet qui prive les curieux de la vue de cette tombe. A l’exldrieur, l’abside est demi-circulaire et terminde par une corniche formde d’un tore, avec gorge au-dessus, soutenuede petits modillons arrondis ; 1’arete des fenetres est coupee en biseau , sans autre moulure. A leur base rdgne un cordon en larmier qui fait tout le tour du choeur, se contourne sur les contre-forls en ligne inclinde, suivant la pente du toil des chapelles du pourtour. II n’exisle pas un poucede peiuture sur verre daus l’dglise Saint- Pierre ni dans aucune dglise de Bar-sur-Auhe. EGUSE SAINT-MACLOU. Une ch3rtre de 1075 et d’ancieus litres constatent que l’dglise de Saint-Maclou n’<5tait dans son origine qu’une chapelle des comles de Bar, desservie par des religieux et ensuite par des cha- noines. Plus petite que celle de Saint-Pierre, elle n’offre pas, comme cette derniere , une harmonic complete dans tout son ensemble. Ses constructions datent de trois dpoques distincles : la nef avec ses bas-cot(?s , les transepts, la premiere travee du choeur et celles des chapelles qui l’accompagnent appartieunent 5 la deuxieme moi- tid du douzieme siecle, c’est-5-dire au commencement de l’inlroduc- tion de l’ogive. Le choeur a dtd rebAti ou achevd au qualorzierae, et le portail principal qui est compose d’un ordre dorique pilastre avec un ordre ionique superposd, prdsentc loutes les conditions du mauvais goht qui rdgnait dans l’avant-dernier siecle. II fut cons- truit aux frais d’un chanoine nomine 5 Manchin , qui, pcut-dlre, a fait ddtruire l’ancien portail. Trois travees seulement forment l’dtendue de la nef; elles sont sdpardes par des arcs doublcaux 5 vive-arete, ainsi que celles des bas-colds, et les nervures croisdes de la vohte sont formdes de bou- dins accouplds et accompagnds de ldgers filets. Les arcades se des- ‘sinent par un triple cintre; celui du milieu est orne de boudins sur es a^t es? e t i es deux autres, qui sont plus grands, sont coupes 5 angles droits. Les piliers sont robustes, flanquds de colonnes ap- pliqudes de diffdrentes grosseurs, el leurs bases, formdes de deux tores, reposeut sur un socle profile d’une doucine renversde vers son milieu. Les chapiteaux sont fort riches, d’un beau travail et d’une composition varide 1 . En general , Tarchilecture de la partie ancienne de l’ddifice est male, severe, et porte un caractere de force sans pesanteur; elle a une aualogie frappanle avec i’archilec- ture de la nef de Saint-Eusebe-d’Auxerre. Les colonnes, compris le chapiteauet la base, out environ cinq metres de hauteur. Au-dessus des arcades regne un bandeau orne de fleurs de bour- rache dpanouies el de zig-zags qui fait tout le tour de I’cdifice et forme des ressauts sur chaque faisccau des longues colonnes appli- qudes qui portent les grandes voiites 2 . Sur ce cordon s’dleve une ar- cature composfe de trois plein-cintres pour chaque travde et que soutiennent des petits pilastres cannelcs. Au-dessus est ouverte une fendtre demi-circulaire, longue et fort elroite. A l’extrdmitd des transepts l’arcature n’a que qualre cintres plus larges qui en occupent toute la largeur. ' Voir la plariclie. 2 Voir le n. 5 de la planche de details. 40 202 < -■ g La premiere travee da choeur, qui est plus grande, est fermfe par uu mur dans lequel est ouvert extfrieurement, ft moitie de son fpaisscur, un arc plein-cinlre borde d’un boudiu. Dans l’autre moi- lit? est une ouverture carrfe cn forme de meurtriere qui permettait aux assistants places dans la chapelle lalfrale de voir le cflebrant a 1’aulel. On sail qua une certaine epoque, et particulierement dans les collegiales et les eglises couventuelles, l’autel flait toujours placf en avail! du choeur, etles religieux ou chanoines au fond dans 1’hf- micycle. Au-dessus de cede premiere trave’e du chceur se continue 1’arcalure comprenant cinq petits plein-cintres hordes de tores ou boudins. Entre les pilastresqui la supportent sont gravees plusieurs t?pitaphes des doyennes de Sainl-Maclou ; maiselles sont aujourd’hui presque effaces. La voiite, qui a flf refaite lors de la restauration du choeur, est & nervures anguleuses, ainsi que celie de 1’abside; celle-ci est ft cinq pans et fclairfe par autant de longues fenftres ogi- vales divisees par un meneau leger qui soulient deux ogives trilo- bees sermonises d’un quatre-feuille qui en remplit la partie supe- rieure. Au-dessus sont ouvertes de longues fenfires circulates ac- couplSes, et sSparSes sculemeut par un pilastre sans chapiteau. Les trumeaux sont appuyds extfrieurement par de beaux contre- forls saillants a plusieurs retraits et (ermines par des frontons or- nes de trefles et surmontds par une petite pyramide ft fleuron. On re- marque au point de jonction de la premiere travee du choeur et de 1’abside des chapelles laterales un contre-fort ancien dont la direction pourrait faire presumer que lYglise ftail dans le principe terminde par un mur droit. Le couronnement du mur de l’abside est forme d’un bandeau , d’un cavel avec un tore au-dessous; la saillie est soutenue par de petits modillous. Les transepts sont (ermines par des pignous bordds d’uu cordon profild avec des modillons perpendiculaires aux rampans et SclairSs par une fenStre semi-circulaire plus grande que celles de la nef. Les supports de la vortte , aux angles, sont formSs par trois colonnes Stagees ruue sur l’autre. La porte latSralc du nord , qui repond ft la troisieme travSe de cette nef, est une baie carrSe ornee d’un gros boudin brisS ft angle droit et qui forme une espece de chambranle. De chaque cole deux colonnes, dont les bases ont SlS refailes auquinzieme siecle, soutien- nentles plein-cintres qui couronnent le timpan.Ces cinlres sontpro- filSs de boudins accompagnes de filets et d’un rang de fleurs de bourrache Spanouies cotoySesde zig-zags. Les chapiteaux sontassez riches et composes de feuilles reeourbSes formant des touffes ar- rondies L La porte mSridionale, qui est aussi toute romane, est ft bandeau droit, avec un limpan entierement nu ct couronnS par deux cintres; le plus saillant est borde d’un boudin et soutenu par deux colonnes dont les chapiteaux portent un caractere sfvere 2 : ce sont des rubans ornr fctfei ®§pi .'i^3/iS5**W5ffi IlillP Wm gp^’i - ■ &jfr ' &mFM foyaye> - 'zrx^C’^y^^ e£2&foresy&& c/eP YcKof ■/>/ «, .%>>* &*. iVWlou Tomle du XV e 5iecle rroy'iJ. t/* *< r r< ]/t/ a Pi.it . ./ /. / //<■ . frc//- ’/po ■ y rr v ? * .r-™r.’T>r? WSW!o^ ; - -r ‘ lu/u 115^5.6 Da4 ^ tE$L S’. Mad™. - 7.W wJ» Isbte l u &*U» tw* ^ <* y: '«— 8 . Fenelre au \)a\mw\\ ayyele le yeU Ha 1 airvaux 59 — » 205 bc^onb *on fils cbanoine ef bc^uis boijenbe ce'ans qui Ivefpassa le XIII. jour b’awil M CCCC LX XL La deuxieme tombe represent le ddfunt sous un aspect moins re- poussant; il est debout, les mains jointes, en robe courte,& larges manches et bordtle de fourrure, les pieds sont appuyes sur deux jeunes chieDs. De chaque cold de la I6te on voit IVcu de ses armes, qui sont trois tours er^neltfes poshes deux et uue. Dans le cadre au- tour de la tombe on lit : (£t) gift noble l) online 5 c hieu ait l euro antes amen. Une troisieme tombe placSe devant le choeur est consacnfe H uu chanoine. On lit autourl’epitaphe suivante : Cp gift uene'vablc et bisevete pevfonne mefsive 5eb an BJontbeliarb preftve jabis chanoine et sous?ct)antrc be ce'ans qui trefpassa I’an mil CCCC LXXXI le V. jour bu mois be aopil priej pour lut;. Devant la chapelle de la Vierge est une autre tombe avec cetle inscription gravde autour : Ct) gift honnefe femme 5 ert *ine jabib femme be honorable fyomme 23artt)e'lemp Burette uivant mar? cl)ant bemeurant a Bar?sur?2lube qui beceba le premier jour be becembre 1595. SRequiescat in pace. Dans les transepts on voit plusieurs aulres tombes dont nous rapporterons sculement les inscriptions : Ct; gift mefsire mile Bertioot be Cfyaitmont jabis chanoine et sous?chantre be ceans et cure be Biezmlle qui trefpassa le feconb jour be jitillef I’an mil CCCC VXIII pricj pour lui. Ensuite cette seconde : Cp gift oenerable et biferete perfonne mefsire Nicolas Chore preftve jabis el)anoine be ceans cure be £ arret) et notaire apoftolique qui trefpassa le troifieme be juin I’an mil V c quatre IT et XVIII pries ©ieu pour lui. Puis cetle troisieme : Cp gist mefsire 6pmon Sambert be Courteron preftre jabis etjanoine ef tresorier be I’eglisc be ceans qui trefpassa le cinq, jour bu mob be becembre Pan mil quatre cens XLII1 bieu ait son dmc amen. Et enfin cette dernifere : Ci) gif ent nobler perfonnes .fjuguenin Boitolle :Dtarie ©rappinel sa femme et 3 c h an Soitolle leur fib lequel trefpassa le premier jour be map Dans le cadre cette autre epitaphe : (Ft noble perfonne ^ierre Boitolle bourgeois be Bar?sur4lube fils bubit 5<-'h an grit beceba le XXVII mars 1568 et seicntiftqite personne mefsire ^pierre Boitolle bocteur mebecin son fits qui trefpassa le ATT HI. b’aoust 1572 et bemoifelle Slnne be Bceure femme bubit Boitolle bourgeois qui trefpassa le XV. feborier 1573 pricj 2Heu pour eulr. CHAPELLE SAINT-JEAN. Ce monument est un rectangle & deux travSes dont la voiUe H nervures croisces , boudins , est soutenue par des piliers appliques aux angles et vers le milieu. A droite est une sacrislie dont la porle est d linteau plat avec une inscription en gothique angulaire, et d cot£, dans le mur, uue triple niche dont les ornements gothiques sont peints et dorSs. C’Stait D qu’etait place 5 l’autel. Les piliers appli- ques se composent, au milieu, d’un groupe de trois colonues, dont celle du centre, plus forte, soutient un arc doubleau aux aretes tailkles en biseau qui separe les deux travees. Les chapiteaux offrent une sorle de nudile 5 dans leurs corbeilles H peine recouverles de feuilles qui semblent avoir eld jeldes au hasard. A ceux des grosses colonnes on voit deux tiges plates a cdtes terminces par des touffes de feuilles frisdes qui rdpondenl aux angles du tailloir. La base est formde d’un cordon saillant qui couronne une espdee de talon ren- verse coupd d facetles multiples el termindes dans nn socle carrd qui affecle, mais plus grand, le mdme profil. Aux angles de la chapelle il n’existe qu’une seule colonne accompagnde de deux especes de pi- astres dont les angles seuls sont apparents. Les profils et les ornements dont nous venons de parler paraissent appartenir au quinzidme sidcle. La voute,par sa nervure, semble dtred’une construction antdrieure, quoiqu’on y voie lecu de France aux trois flours de lis de Tdpoque de Louis XII. On va voir, au reste, que la chapelle Saint-Jean offre dans sa seule facade sur la rue plu- sieurs details de styles diffdrents. Cette facade est exlremement simple : le mur est appuyd de trois lourdscontre-forts dont 1’un est vers Tangle sud-est. Entre les deux premiers est ouverle la porte plein-cintre dont le contour est ornd d’un tore soutenu de deux colonnes menues et canneldes qui en ou- vrentlabaie. Plus haut regne un cordon il larmier qui se contourne sur les conlre-forts et qui forme une brisure anguleuse au-dessusdu cintrede la portc. Trois fendtres de formes et de dimensions diffd- rentes soul ouvertes sur la facade au-dessous du cordon larmier. La premiere est une baie ogivale pen clevee et sans ornements. Elle est divisde par deux autres ogives plus peliles supportees au milieu par une colonnette assez courte. La deuxieme fenfire , posde au-des- sus de la brisure du cordon qui surmonle le cinlre de la porte, est s— » 204 <— s une ogive toule simple couronnee par une archivolle creus£e en lar- mier, (crminle en accolade ou pointe dYcu renverse et souteuu par deux culs-de-lampe appliques. La troisieme fenfire, plus grande et plus riche, repond i la deuxieme travee oil i?iait 1’autel. C’est une baie ogivale fouillee de gorges orne’e de baguettes el de filets qui se terminent par des socles ii facettes sur le plan incline de la base ou appui , lequel descend jusque sur le cordon larmier. L’ouverture est partag£e ensuite en deux ogives trilobi/cs soutenues par un meneau qui affecle les tnou- lures des parois de la baie et sont surmontees d’une rose a cinq feuilles inscrite dans un cercle qui occupe le haut de I’ogive. Cette jolie fenfire est couronnee d'une archivolle saiilanle qui preud nais- sance sur deux teles de jeunes hommes dont les cheveux sont longs, lels qu’on les portait du temps du bon Louis XII. La chap lie Saint-Jean dependait de la commaudcrie de Thors et de Corgebin. Les lempliers en ont M possesseurs jusqu'en 130G, epoque de leur suppression , sous le regne de Philippe-le-Bel. Ce prince avait fail donation de cette chapellc aux chevaliers de l’ordre de Malte, qui enjouirent long-temps apres. Aujourd’hui elle sert de grange et de grenier, et 1’. n a bris£ le meneau de la jolie fenfire du sancluaire pour passer les bottes de paille. CHAPELLE SUR LE PONT D’AUBE. Sous le regne de Charles VII, la France etait ravagtV par des troupes de bandits qui caus^rent de grands dommages dans la pro- vince de Champagne, l’histoire cite Alexandre, dit le bAlard de Bour- bon , capitaine d’une compagnie de ces baudits , qui £tait avare et cruel, et ne faisait la guerre que pour piller. En 1440, le roi Charles, apr6s sYlre repose & Troyes, se rendit i Bar-sur-Aube, et fit arrtHer ce seigneur, qui (5tait venu l’y trouver. On coin- men ca sur-le-champ 1’instruction de son proems. II fut , dit Monstre- let, condamnt d etre rut et jettt dedans un sac d la riviere et tanl que mort fut aceomplie ; et ainsi fut fait. Les amis du bcllard firent retirer son corps de l’eau , donnerent de 1’argent pour le faire inhumer honorablemcut et pour faire conslruire sur le pont, en mihnoire de cet evenement, une chapelle qui existe en- core aujourd’hui sur un des avant-becs. Ou voit dans cette chapelle un dieu de pilit?, et les armes de la maison de Bourbon, gravies en dehors. En memoire du bAtard qui fut noyY en cet endroit, on y a cdArc long-temps la messe. La planche ci-jointe represente fide- lemenl ce petit monument, tel qu’il 6tait avant les lourdes reslau- rations qu’il vient de subir. Dans la rue Neuve, au coin de celle des Chfcvres, on voit un batimenl appelt 1 le Petit-Claiivaux, qui, dit-on, est un reste de la maison de ville des abbds et moines de cette abbaye. On dit qu’il existait au-dessous unc eglise souterraine dont les religieux ont de- puis fait des caves remarquables aujourd'hui par leurs voutes et leurs solides piliers. Mais ce qui porte veritablement un caractere d’antique construction, ce sont deux fenfires plein-cintres qui e'clai- rent lYtage superieur. Les aretes de la baie sont bordtfes d’un ldger cordon, et le cintre est couronne par deux gorges ou cannelures accompagndes de filets et eutre lesquelles est un autre cordou; le tout sans la moindre saillic sur 1c mur. Chacune des tenures est ensuite divisdc par deux petits plein-cintres 5 vive arete dont la naissance re- pose sur uue colonne trapue appliqude A un trumeau portant une feuillure qui recevait les volets. En dedans le mur est 6kgi par un arc plein-cintre. Les feuilles droiles et radices du chapiteau dont le lailloir est un simple earn? taille en biseau, et la rusticity dc la base enveloppi?es de grossieres expansions vi'gtkales qui repondent aux angles du socle, donnent ;1 ces fenfires un caraclbre austere et tout- A-fait clauslral; on peut les atlribuer 5 la fin du onzitime silicic ou au commencement du douzieme L 1 Voir la planchc. Ce batiment avait £te donn6 par testament aux moines de Clair- vaux vers la fin du douzieme siecle. Dans Facte lalin , le testateur dit : « Jc donne mon dine d Dieu , ma maison de pierre dc Bar-sur-Aube et ma maison du Ccllicr au mouslicr Sainl- Bernard pour preserver mon dme d’habiter avec les boucs. » On peut voir encore au-deli du pont d’Aube, & l’extr^mite du faubourg Saint-Nicolas, une petite eglise ou chapelle qui a con- serve, dans les piliers de son clocher etdans les plein-cintres qui lc soutiennent, un reste d’architecture de lVpoquede transition vers la fin du douzieme steclc. Les chapiteaux de ces piliers sont ornes de feuilles de vigne et de grappes de raisin. La vofile centrale que supportent cesquatre piliers est £i nervures croisee? formees de trois tores ou boudius. De chaque c6t£, une travdc formant transept et dclairde par une fenetre ogivale avec des meneaux , compose la partie la plus dlendue de leglise. Le choeur, ouvert par l’un des plein-cintres du clocher, n’a qu’une seule travdc avec un abside A trois pans eclairt* par autanl de fenfires ;’i ogive divisees par un meneau. Les voutes sont a nervures anguleuscs recroisees cl com- partimenls de la derni£re epoque ogivale. Ce qu’on peut appeler la nef est sans vodle et tfclairt? par de pe- lites ouvertures en ogive et 5 plein-cintre. La porte aussi est un plein-cinlre avec des gorges et boudins. Au-dessus est une fenthre ogivale ii deux meneaux, el le tout est termini? par nn pignon. A l’ex- terieur, la chapelle est appuyec sur tous ses angles saillants par des contre-forts dont les retraits et les bases sont profiles de talons ren- versi 5 s. Sur la monlagne qui domine la ville ' /e Z^ifcZe /, lude Pi. S. C/?. Z*ccfo&£. r/ef- Zsttf?. CbtlcL fC ~ Eglise S! Maclou, TOMBS DU XV. SIECLE y°ira /z/k/svy y/ss a&s/slr . iUaiscm bu lb ' -Snitle 205 II y a quelques aunties qu’on a trouve au revers de la montagne Sainte-Germaine un fragment de bas-relief romain portant une in- scription. Nous l’avons fait figurer sous le n° 7 dans la planche de details de Saint-Maclou. Cette sculpture est. tellement fruste, qu’il est presque impossible de Texpliquer : on croit qu’elle provient d’uu tombeau. Bar-sur-Aube possddait, avant la revolution de92, une dglise paroissiale, Sainte-Marie-Madeleine, de fondation fort ancienne. On en altribuait les premieres constructions au huitieme siecle. Du reste, une transaction de l’an 1078, sur le patronage de cette dglise, prouve qu’elle existait comme paroisse des cette dpoque. Les maisons de Bar-sur-Aube sont presque toutes construites en bois. On en remarque plusieurs, dans la rue Notre-Dame, qui ont des alloirs ou des galeries couvertes, telles qu’en avaieut encore, il y a peu de temps, les villes de Troyes et de Bheims. Sur les po- teaux de support on voit de grandes figures de saints sculptdes, mais fort mulildes. Les maisons de pierre sont toutes modernes; il faut en excepter une qui est situde rue Saint-Michel, en face la rue Saint-Maclou, et que nous avons fait dessiner. Toutes les ouvertures en ont dtd changes , et elle ne conserve plus de sa decoration primitive qu’une balustrade qui borde le comble et une tourelle a Tangle en retour sur une petite ruelle qui longe la maison. La balustrade est i> jour et formde par la lettre H, iniliale du roi Henri II, et les DD enlaces de Diane de Poitiers, sa maitresse. La tourelle sur laquelle se conti- nue cette balustrade est terming par un cul-de-lampe formd de tores et de bandes plates qui vont en ddcroissant. Au-dessus du cor- don infdrieur est une petite niche en saillie oh Ton voit une statuette de la Vierge. Dans la ruelle au retour, les fenfires sont de petite dimension; mais elles ont conserve leur caraddre primitif. Cette maison Gait, dit-on, la demeure du gouverneur du comtd de Champagne 5 Bar , dont le dernier fut M. Dupont de Com- piegne, mort en 1737. On ne sait sur quelle autoritd on atlribue la construction de la maison au rdgne de Charles VII ; dans ce cas, la balustrade qui borde le comble aurait dtd ajoutde postdrieure- ment. Nous avons trouvd, dans une rue de la ville, un fragment de tombe en beau marbre noir portant cette inscription incomplete : HIC 1ACET ILLH STRISSIM A DOM1NA MATILDIS UXOR PHILIPPI COMIT1S FLANDRIj®. La tombe est encadrde de filets ct porte un bon mdtre de largeur , on ne sait pas si elle provient d’une des dglises de Bar. Nous Tavons rapportde a cause de la qualitd des personnages. Elle ne peut toule- fois dtre bien ancienne , 5 en juger par la forme des caractdres de Tinscription. Ce n’est probablement qu’une restitution. ROSNAY. Rosnay,ou Rosnai, en latin Ronasium, Rosnacutn, ou Ro- nascuin , dtait une petite ville murde , devenue aujourd’hui simple bourg avec ce qu’on appelle les faubourgs de Saint-Nicolas , de Champagne et de Saint-Sauveur. Son dglise paroissiale , dont les premieres constructions remontent au douzieme siecle, est double, c’est-d-dire qu’elle a une cryple qui occupe en dtendue la moitidde la nef, le chceur et trois chapelles qui Taccompagnent. L’dglise su- pdrieure a dtd reconstruite en partie sous le rdgne de Charles IX, et consacrde par Tdveque de Troyes, Carracioli, sous le titre de TAs- somption. Il parait, par une chartre de Tdvdque Mainard, de Tan 1035, qu’elle existait ddji dans le dixidme sidcle, et qu’elle dtait alors desservie par des chanoines. Ce prdat, d la sollicita'ion du comte Isambert, la combla de bienfaits. L’dglise Notre-Dame dtait alors dans le chateau , comme il parait par ce passage de la chartre : Ecclesia in honore sanctce Maria; dedicata Concederemus canonicis illic Deo servientibus , qua; est sita in castcllo quod Vulgo Rosnaicum muncupatnr. L’dglise infdrieure a dtd dddide & saint Etienne, par saint Thomas de Cantorbdry, lors de son sdjour & Ponligny, et il est regardd comme second patron par les habi- tants. Saint Bernard, suivant Tauteur contemporain de sa vie, a rendu la vue & une femme dans Tanciennc dglise supdrieure. La seigneurie de Rosnay fut drigde en comtd-pairie de Cham- pagne, par le comte Thibaut V, en favcur de Henri 111 , son frdre. Celui-ci dtant mort sans enfants, le comtd de Rosnay fut rduni 5 la Champagne, et ensuite 5 la couronne lors du mariage de Jeanne de Navarre avec Philippe-le-Bcl. Au quatorzieme siecle , Rosnay fut joint au chateau de Moymer, avec Vertus etla Fertd-sur-Aube, et drigd en nouveau comtd-pairie sous le nom de Vertus, en 1361, par le roi Jean. Ce prince le donna en dot 5 sa fille Isabeau, pour son mariage avec Galdas Visconti de Milan. Il fut ensuite donnd 5 Valentine de Milan, leur fille, maride au due d’Orldans, frdre du roi Charles VI, en 1393, pour le tenir nucment et en pairie de France , avec pouvoir d’en faire tenir les grands jours dans telle ville qu’il leur plairait de Champagne et de Brie. En 1420, Marguerite d’Orldans, leur fille, porta ce comtd 5 son mari, Richard de Bretagne, dans la famiile de qui il est demeurdjusqu’au commencement du dix-septidme sidcle. Il passa alors 5 la maison de Luxembourg, qui le vendit, en 1640, au mardchal de (’Hospital. Aprds ce seigneur, il fut adjugd par decret a sa veuve, et fut ensuite possddd par Ignace de Lorraine, duchesse d’Elboeuf, qui, par son testament, le laissa 5 Charles de Lorraine , prince de Commercy. Enfin, en 1701, il fut adjugd au profit de Claudc-Gdddon Berbier ilu Metz, president cn la chambre dcs comptes de Paris, etde Marie Mcllet, son dpouse. 11 dtait encore dans la famille avant la revolution. Rosnay a donnd naissance, en 1638, 5 Claude Berbier du Metz, qui parvint , par son mdrite , au grade de lieutenant-general d’ar- tillerie et des armees du roi. 11 fut tud4 la bataille de Fleurus, en 1690, et fort regrette de Louis XIV. En 1356, apres la prise du roi Jean , 5 la bataille de Poitiers, les troupes des divers partis couraient la campagne, maltraitaient les paysans et ravageaient les propridtds. Des coureurs de la compagnie de Dandel, partisans anglais, etant arrives devant Rosnay, le pille- rent. L’un d’eux , ayant pdndtre dans l’eglise pendant que le curd disait la messe, lui arracha le calice des mains et le frappa si violem- ment au visage avec son gantelet, que le sang rejaillit sur l’autcl. Get homme fdroce sort'it , mais embarrasse des vases sacres qu’il emportait, il se platia mal sur son cheval, qui se renversa sur lui et le tua par sa chute. Des 1561 , le calviuisme avait fait de grands progres 5 Rosnay et aux environs , et le nombre des sectaires y augmenla considdra- blement. En 1616, une troupe de religionnaires, au nombre d’environ trois cents, tous armds, s’dtaient retires 4 Rosnay et forties dans l’dglise. Ils y furent assidgds le 19 ddeembre par le sieur Dan- delot, lieutenant du roi en Champagne, et le marquis de Renel , qui y vint avec son regiment de cavalerie et du canon empruntd aux habitants de Troyes. Apres cinq jours de sidge, le chef Brunei se rendit et sortit avec sa troupe ; mais pendant Taction, 1’eglise avait dtd fort maltraitde , particulierement le clocher , oil les assidgds avaient placd une petite piece de canon. L’ancien chateau de Rosnay a did entierement ddtruit , et il ne reste plus aujourd’hui qu’une butte de terre jaunc situde au nord de l’dglise, et sur laquelle dtait assise une partie de l’enceinte fortifide. Depuis des anndes celte butte est bien diminude, parce qu’elle obstruait un chemin ; et qu’dtant cn terre propre 5 b4tir, on en enleve chaque jour quelque peu '. Le plan de l’dglise infdrieure offre une disposition peu ordinaire. Autour du choeur, il y a trois chapelles circulaires rdunies par des murs droits et formant, dans leur ensemble, une sorte de trefle. L’intdrieur de ces chapelles est 5 trois pans, et elles sont dclairdes chacune par des fenfires evasdes cn dedans, avec une base en plan incline’, coupd par des redans ou degrds dont l’ardte est taiilde en biscau. Une semblable fenfire existe aussi dans les pans de mur qui joigneut ces chapelles. A Textdrieur, elles sont appuydes par de robustes contrc-forts qui se terminent sous un cordon 4 la hauteur des vofites. La porte d’cnlrde de la cryple est ouverte au nord par un plcin- cintre 4 plusieurs retraits, avec boudius, imposte et archivolte. De chaquc chid, un contre-fort soutient le mur. Celui du c6td gauche, plus grand , renferme un escalier qui), de Tdglise supdrieure, conduit au comble. Dans les angles rentrants du mur, la cage de cet escalier forme une saillie arrondic et soulenue en encorbellement par un corbeau ou console ornde d’unc figure grotesque 1 2 . A la face nord 1 Voir la planclie. a Voir le n. 9, planclie de details. du contre-fort, une meurtriere, au-dessus de laquelle un gros cordon ou tore se brise 4 angle droit, dclaire l’escalier. Ce cordon se continue suivant le contour du contre-fort, au-dessous des fendtres du bas- cotd de la nef , dans toute l’dtendue de la partie ancienne. On le voit aussi rdgner , mais plus bas , au-dessus des fendtres de la cryple et ceindre toute la partie orientate de l’dglise ; e’est 4 sa hauteur que se terminent de ce cotd les constructions du douzieme siecle. Comme on sait ddja, l’dglise supdrieure a did en grande partie reb4- tie. Quatorze piliers isoles, de forme octogonale, cylindrique et de diffdrentes grosseurs, soutiennent la voute 4 nervure anguleuse et surbaissde. Les chapiteaux, dont l’ornement se compose de feuilles courantes comme seraient celles d’une frise, indiquent assez une reconstruction. 11 faut en exempter, toutefois, ceux des piliers appliquds au mur, 4 1’ouest, qui, par leur ornementation, paraissent appartenir 4 la dernidre moitie du douzieme siecle, dpoque de transition. On voit que presque tous les supports intdrieurs ont dtd reconstruits,etqu’iln’ya gudre que l’ancienne enceinte de conservde. Les n os 1, 2, 3 et 4 de la planche de ddtails offrent le dessin de ces chapiteaux et de quelques-uns de l’dglise haute. Les n os 5 et 6 appartiennent 4 la chapelle mdridionale de l’dglise basse dddide 4 saint Thomas de Cantorbdry. Une clef de voute ornde de quatre fleurs de lys apparlient aussi 4 la cryple. A Tangle opposd, 4 Tentrde, c’est-4-dire au midi, on voit un arc plein-cintre ornd d’un boudin, et ouvrant sur un escalier qui conduit 4 la nef de l’dglise haute et arrive pres du troisieme piJier , oil il est couvert par une trappe. L’dglise supdrieure a dte, comme nous Tavons dit, presqu’entiere- ment reconstruite. On n’a conserve seulement que la deuxieme travde et le mur des bas-colds. L’ancien pilier qui subsiste est d’une proportion dldgante et flanqud de huit colonnes et colonnettes appliqudes, dont les chapiteaux sont assez riches d’ornementation. La base est formde d’un tore d’ou s’dchappe une expansion vdgdtale qui vient couvrir les angles du socle. L’arc doubleau ogival , adouci d’un biseau que supporte ce pilier, est d’une forme agrdable et particulidre 4 Tdpoque dc transition 4 laquelle il apparlient. La colonne appliqude au mur qui en soutient la retombde, du cdtd opposd, offre une singularity remarquable : elle est brisde au-dessous du chapiteau et coudde comme un tuyau de poele qui pdndtrerait le mur. Ce qui a molivd celte brisure est une petite porte ogivale ouverte prdcisdment 4 Fendroit de cette colonne, et qui communi- quait probablement au chdteau. En dehors, la baie qui dessine cette ouverture est plein-cintre, ce qui peut fairc prdsumer que, dds l’origine, la suppression du filt de la colonne avait eu lieu 3 . A la suite de cette porte, aujourd’hui bouchde, le mur est ddcord, ainsi que la travde suivante, d’une jolie arcalure plein-cintre, qni apparlient au style roman pur. Cette arcature, composde de trois cintres pour chaque travde, est ornde de boudins et soulenue de colonnettes appliqudes 4 un pied-droit. Au-dessus, sont des fendtres ogivales sans meneaux. A la suite de cette arcalure, on voit une petite 3 Les nervures croisces ile la voute sont supporlees par des figures grotesques appliquecs au mur. Voir la planclie ilc la vue du bas-cote gauche de 1’cglise. . - . .. ‘ • • . '• ■ ' ' . ■ kvV‘ ' • aasn?^ a jbtt pj) j aij aaxyug) 7 */ p Y ;o f SVJ ^°iZ WT iL f 3 Y°S' *& !j X PXV 'Srpw. 7 Itya^^rcJi/otoarwiu. if Pitloresyue dans Ufle/ij; del' Jube, Pi 3 ibe MglW auykientt . . tf , JrektobjyM It Pilloresyue dmr le Dtji\ de t'JuZe Gh.Ftchot del/ cl liih Troyes', LilA It P. Collet iT CT Derails de l'E^lise basse 38 — » 207 ^ — ag£ porte a bandeau droit adouci par un biseau ; c’est celle de l’escalier qui conduit au comble i . Viennent ensuite les chapelles supperpost'es a celles de la crypte, et gclairges de mgme par trois fengtres ogi vales, avec un meneau qui donne naissance a deux ogives trilobges combines avec des compartiments irrgguliers qui remplissent le haut de la fengtre. A la chapelle centrale, la fengtre du milieu est plus grande et divisge par deux meneaux. La voute est a nervure a double pendentif , avec des medaillons aux intersections. Les voiites des chapelles laterales sont a nervures croisges. Presque toutes les tenures des chapelles et celles intermediaires du pourtour du chceur sont garnies de vitraux peints ; mais ils ne sont pas d’une execution soignee ni bien conserves. A 1’une des fengtres, au-dessus del’arcature, au nord, on voit la Vierge avec une donatrice, un gvgque, puis un gcu armorig, au lion d’or, sur champ d’azur. A la fengtre du mur, suivant la premiere chapelle, sont plusieurs sujets de la vie de la Vierge. Dans la chapelle centrale, a gauche, la vie du Christ. A la fengtre du milieu , le calvaire ; et, a celle de droite, un saint Thomas. Au-dessous de cette derniere fengtre, on remarque, dans le mur, une piscine ornge. A la fengtre du mur qui continue le pourtour du chceur, en suivant, est peinte une gengalogie. Avant de quitter ce pourtour, on peut lire deux gpitaphes gravges sur des tables de marbre qui sont appliquges au mur. Voici la premiere qui existe dans la chapelle a gauche du coeur. Elle est gravge sur un coeur en marbre noir, accompagnge de deux figures de pleureuses. Ici repose le coeur de messire Jaques du Metz seigneur de Chalette, conseillcr du Roy en ses conscils , t re soviet' general de ses revenus casuels dontle corps est enter) d en Veglise St- Paul & Paris auprds de celui de dame Marguerite Lcgrand sa femme deeddde le 12 e mars 167.... L’exercice des armes quit a portdes long-temps avec honneur et succds na pas empcchd qu’il n ait reussi en celui des finances oil son mdrite i a ap - pclc apres avoir setvi 22 ans Anne d’Autriche reine rdgente de France dont il dtait estimd. II a dprouvd la bonne el la mauvaise jortunc avec une fermetd et une dgalitd d‘ ame qui Vont fait chdrir de ses amis et considdrcr de ceux qui I’ont connu. L’ union de sa femme et la bonne dducation de ses enfants dont il dtait honord out faict son principal bonlieur. II est mort entre leurs bras avec une rdsignation digne de sa vie le 14 novembre 1669., d Vdgc de 65 ans 5 mois 3 jours. Mitis et humilis corde. L’autre gpitaphe se voit a la travee suivante sur une (able de marbre blanc eucadrfe de noir et cintrge par le haut. On y voit en plus un gcu armorig accompagne de deux pleureuses; ce sont trois perdrix , avec la mitre et la crosse adossges. Cy gist Messire Louis Berbier du Metz conseillcr aumosnier du Roy, abbd de Saint-Martin de Huyron et de Sainle-Croix de Guin- 1 Voir la planche qui represente ce bas-cole de l’eglise. guan, prieur de ce lieu de Rosnay , et de celui de Chalette , cy decant doyen de Saint-Maclou de Bar-sur-Aube lequel aprds avoir toujours mend une vie innocente et sage vint mourirle 7 e novembre 1699, au lieu oil il dtait nd le 12 mai 1628. Aymd de ses parents quil honorait, clidri de ses amis quil respectait, pleurd des pauvres quil assistait et regretld gendralement de tous. Priez pour luy. Messire Gdddon Berbier du Metz chevalier comte de Rosnay , conseillcr du Roy en son conseil prdsiilent en la chambre des comptes a fait poser cette dpitaplie en mdmoire de son cher frdre. Le sanctuaire est formg par sept arcades ogivales supportges par des piliers cylindriques au-dessus desquels s’glevent des colonnettes qui devaient soutenir la votile du choeur tumble par accident, ou qui, peut-gtre , n’a jamais gtg achevCe , les arcs doubleaux cxistant seuls dans Mat actuel. Les piliers du choeur sont flanqugs de colon nes et de colonnettes ; et ceux de la nef qui appartient il la reconstruction du seizigme siecle sont d’un seul filt, sans chapiteaux du c6tg gauche, et avec un chapiteau fort riche du cotg droit. Les voiites, ainsi que celles du choeur, ne sont que commences et iudiqudes par les seuls arcs doubleaux. La porte principal est a double baie surbaissi'e, avec un trumeau auquel est appliquge une longue colonne dont le chapiteau supporte une niche saillante appliquge au timpan et surmontge d’un dais, ainsi que deux autres niches qui Faccompagnent. De chaque cote de la porte les parois sont creusgs de gorges ornges de filets qui se recourbent en ogive pour couronner le timpan; cette ogive se termine en accolade sous une ouverture circulaire ou ceil-de-boeuf qui existe au-dessus. Deux piastres d’un goiit semi-golhique encadrent l’ogive et soutiennent un attique d’ordre dorique qui la surmonte, et au milieu duquel est ouvert l’oeil-de-boeuf. Le tout est terming par un fronton triangulaire aux angles et au sommet duquel sont des vases allonggs. Le timpan est occupg par une niche ajustge entre deux pilastres et surmontgs aussi par un fronton. De chaque cote 5 de cette niche on voit deux cartouches, sur Fun desquels est gravg le millgsime 1557. Entre le pilastre qui flanque la porte et la courbe de l’ogive , est une corniche lgggre qui en traverse le sommet, et passe sous l’oeil-de-boeuf, on voit, d’un c6te, au-dessus d’un chou, la lettre H, initiale du roi Henri II; et de l’autre, les trois croissants enlaces de la fameuse Diane de Potiers, sa maitresse, et qui prgeisent l’epoque ou fut construit ce portail. La tour carrge , qui rgpond au bas-c6tg nord , n’a rien de remarquable ; elle est a plusieurs stages et couverte d’un toit pyramidal. Deux contre-forts glevgs , et a plusieurs retraits, l’appuyent a chacun de ses angles ; cette tour porte encore les traces des balles dont elle fut atteinte lors du siege de Rosnay, en 1616. Au midi, on voit une petite porte dont la baie, formge d’une gorge profonde, rgpond a la troisieme travge. Par cette porte on pouvait sortir de l’gglise basse au moyen d’un embranchement de l’escalier qui, de cette derniere, communique a l’gglise haute. La sacristie qui rgpond a la trayge suivante est vohtge en arete et 208 construite par une vohle surbaissee construite cntre lcs contre-forls, pour manager le jour de Teglise infdrieure. A Textdrieur, Tancienne dglise de Rosnay est fort simple. Les murs n’ont point de couronnement, et le toit en tuile de la nef descend jusque sur les collatdraux, ce qui lui donne un aspect lourd et pesaut. Aussi, 2t 1’intdrieur, les fendtres qui surmontent les arcades sont-elles bouchees dtant devcnues tout h fait inutiles. Les murs de Tdglise basse sont humides, surtout depuis qu’on a supprimd plusieurs fenfires pour dtablir un hangar et loger la pompe a incendie. Partout il prend cette teinte verdure , indice de destruction. Les pierres de parements poussent au vide, des Idzardes se fbrment; et ilest 5 craindre que, malgrd leur dpaisseur, ces murs ne croulent et n’entrainent avec eux la chute de Tdglise supdrieure dont ils forment le soubassement. 11 est enfin de la plus grande urgence que cette partie de Tddifice soit assainie et rdpa- rde. VILLEMAUR. Villemaur Villasmauri , autrefois petite ville, chef-lieu d’une puis- santc baronnie, dtait cnlourde de murs avec un chateau fort, est rd- duite aujourd’hui au rang de simple village, par suite des malheurs qui se sont pour ainsi dire accumulds pour eonsommer sa ruine, et il est bien peu de communes qui aient autant souffert ; d’abord dans les treizidme et quatorzieme sieeles, pendant la guerre des An- glais, puis en 1440, par un incendie qui ddlruisit presque toute Tdglise et causa dans le pays une desolation gendrale. En 1564, elle fut incendide de nouveau et en partie ddpeuplde. En 1588,1a ligue y tenait une garnison ruineuse pour les habitants. En 1594, elle fut prise et abandonee au feu et au pillage. Enfin, en 1613, elle fut la proie d’un troisidme incendie qui consuma la maison du chapitre et plusieurs titres manuserits qui y dtaient deposes. 11 ne rcstc plus d’autre trace du chateau qu’une immense cave, veritable dddale par ses detours , et dans laquelle on remarque un caveau plus grand avec une pierre saillante a hauteur d’appui ; cette pierre a, dit-on, servi d’autel pour cdlebrer la messe pendant les guerres et lorsque les habitants dtaient rdfugids dans le chateau. Une maison du village, dont cette cave est aujourd’hui une ddpen- dance, est designee sous le nom de maison Jc la grande cave. Plusieurs actes nous apprennent qu’avaut l’an 1230 il y avait a Villemaur des marches et quatre foires franches, rdtablies en 1648, mais qui ont entierement cessd depuis a cause de la diminution de la population. La suite des seigneurs de Villemaur est divisde en six races, dont la premiere commence avant les comtes de Champagne et la der- niere en 1647, au chancelier Siguier, qui fit driger cette terre en duchd-pairie trois ans aprds. En 1665, il fit transfdrer le sidge de la justice a Saint-Lidbaut , aujourd’hui Eslissac; dds-lors Villemaur ne fut plus qu’une terre adjacente a cclle d’Estissac, chef-lieu du duchd, et perdit toute son importance. L’ancienne dglise colldgiale, aujourd’hui paroissiale, ayant dtd, comme on vient de le dire, consumde par l’incendie de 1446, fut reconstruite en partie et rdparde en 1512 , et dddide en 1519, sous le litre de TAssomption, par Tdvdque Guillaume Parvi. Le chapitre qui avait eld fondd par les ancieus seigneurs existait encore dans son premier cHat en 1445. Mais le nombre des chanoines avait suc- cessivement diminud par suite de la perte des biens occasionnde par les guerres. En 1619 il dtait ddjS rdduit a trois prdbendes, et en 1715 Tdvdque Bouthillier de Chavigny supprima entierement le chapitre, qu’il unit au doyennd sous un seul et mdme titre. L’dglise, dont le plan est de la plus grande simplicity, est une croix formee d une seule nef sans bas-c6tds et sdpardc du choeur par des transepts. La porte principal, ouverteil l’ouest, est en arc sur- baissd. La baie est creusde de gorges accompagndes de filets ter- mini's sur le plan inclind d’un socle 5 angle droit par des bases allongdes et 5 facettes qui indiquent la derniere pdriode ogivale, i laquelle appartieut toute la nef, seule partie reconstruite de I’ddi- fice. Au-dessus de cette porte, il existe une petite fendtre en ogive sans meneaux. Le mur est ensuite termind par une corniche, couvert d’un toit en croupe et appuyd aux angles par un contre-fort dont la direction oblique et peu agrdable ax ait pour double but d’appuyer en mdme temps le mur en retour et les nervures croisdes de la voute. Au midi, une petite porte ouvre aussi dans la premidre travde; sa baie est creusde de deux gorges dont la premiere se dessine en ogive, et la seconde en arc surbaissd pour soutenir le timpan qui existe dans l’intervalle. Ce dernier est decord d’une petite niche accompagnde de pilastres saillants et terminde par un cul-de-lampe. L’ogive qui dessine le timpan est elle-mdme couronndc d’une archi- volle brisde a sa naissance pour former une sorte d’imposte et dont le profil est coupd en larmier. Au-dessus de cette porte est ouverte une fendtre ogivale sans meneaux, dout les contours sont creusds de gorges avec des filets 5 vive-areles, ajustds infdrieurcmcnt dans le plan inclind de la base. Au nord, le mur, appuyd par deux contre-forls , comprend trois travdes qui forment la longueur de la nef; la premiere est dclairde par une fendtre en ogive toute simple; 5 la deuxidme travde, l’ogivc est trilobde. Au-dessous de cette derniere on remarque un grand arc ogival fermd aujourd’hui par un mur, mais qui devait, dans le temps, dtre une voie de communication avec quelquc partie des bitimeuts du chapitre. La corniche de courouuement de ce cold de la nef est creusde de deux gorges sdpardes par des filets angulcux. En suivanl toujours au nord, Tangle du transept est appuyd par deux conlre-forts droits et termind par un pignou en charpente. A / ;.JK (Tl^sse cn ruto cmaiHf .... vine * t f . J ss — > 209 1’ouest , il est percg d’une fenfire en ogive sans meneau, trgs-gtroite, et de celte forme que les antiquaires appellent lancetle. Au-dessous on voit encore une petite porte surbaissge assez moderne , qui est aussi fermge par un mur, elle glait devenue inutile dcpuis la destruc- tion des bailments capitulaires. Le mur, sous le pignon, est double d’gpaisseur A sa parlie infgrieure, et on n’apergoit de ce c6tg aucune trace de fengtre; si elle n’a pas exist* 5 , c’estque trgs-probablement, dans l’origine, quelque construction s’appuyait au mur de IVglise. A Test, une grande fengtre en ogive gclaire le transept. La corniche du mgme cote se compose d’une bande plate , au-dessous est creusi'e une espgce de doucine qu’une rainure sgpare infgrieurement d’un boudin, celui-ci porte immgdiatement sur des modillons arrondis par le bas et dont les argtes sont adoucies en biseau. Le choeur a conserve a Texlgrieur son caractere primitif; il se compose de trois travges appuyges par des contre-forts & plusieurs retrails, deux aux c6tgs et deux a chacun des angles. Au nord, les deux premieres travges out des fenfires ogivales sans meneaux avec les aretes taillt'es en biseau. Le couronnement du mur ne differe de celui du transept que par les modillons a trois facettes droites, puis rgunies en pointe. A Tes* de l’abside, qui est terming par un mur droit, sont trois lancetles dgcorges de colonnettes glevges sur un socle along* 5 , bordces d’un boudin et couronnges d’archivoltes, profiles en larmier. A leur naissance, ces dernieres sont rgunies par une brisure et supporlees par un cul-de-lampe a facettes et termini en pointe. Au-dessus de ces trois fengtres, que Ton voit, dit-on, toujours rgunies et perches a l’orient comrne symbole de la Trinity, regnc un bandeau ou larmier sur lequel s’glgvent deux colonnettes a chapileaux feuillgs ; elles supportent un arc plein-cintre creusg d’une gorge et orng d’un boudin qui encadre un oeil-de-boeuf. Cette ouverture, dont la baie, chargee de profils analogues, va en s’glrgcissant, est couple par une croix simple , placge postgrieurement , si Ton en juge par la teinte plus fraiche de la pierre. Au-dessus le mur est terming par un piguon en charpcnte sans saillie comme ceux des trausepts. Au midi,ce sont deux lancettes accouplges qui gclaireut chacune des travges ; elles sont couronnges , comme celles de l’abside, par une archivolte profilge en larmier dont les courbes rgunies a leur nais- sance sont supportges par des culs-de-lampe termings en pointe aigue. L’intervalle qui sgpare les deux premieres lancettes de la premigre travge du choeur giant plus grand, les courbes des archi voltes ont chacune un support sgparg. L’extrgmitg du transept est gclairge par une fengtre plein-cintre ingnagge dans la baie d’une grande fengtre ogivale qui a gtg bouchge a cause du mauvais gtat du mur. C’est aussi pour le consolider que Ton a glevg des contre-forts dans les angles rentrants que foment les transepts avec le choeur et la nef. L’intgrieur de l’gglise offre partout des traces de l’incendie. Toules les voittes sont remplacges par des berceaux plein-cintre en planchettes, maintenus par des poutres de tirage et soutenus par des aiguilles a base profilge. La voilte centrale devant le choeur est seule anervures croisges; un soleil a rayons flamboyants , qui devait pro- bablement gtre dorg , couvre' leur point de rgunion. Un grand arc doubleau ogival a profils anguleux termine la nef, c’est le seul cintre en pierre de l’gdifice. La naissance de deux arcs semblables qui se voient au mgme pilier , diriggs de l’ouest a l’est pour joindre le choeur, indique le projet d’une reconstruction plus complgte. Les parties saillantes du pilier, dans la direction des cin- tres , prgsenlent trois faces, elles reposent sur une base a deux tores glevgssur un socle carrg dont Tangle est raccordg par un plan incline 5 dgcoi'g d’uu boudin avec un angle rentrant qui sgpare ce pilier. Les deux pilierscorrespondanls qui ouvrent le choeur sont formgs par un faisceau de colonnettes, dont il ne reste plus guere que les chapiteaux a feuilles droites et pointues, lesquels sont aussi fort mu- tilgs. Les piliers appliqugs aux trumeaux qui suivent ont gtg encore plus maltraitgs, les futs sont dgformgs et il ne reste plus trace de chapiteaux. Les argtes des baies des fengtres sont de mgme tellement gmoussges qu’on ne peut plus distinguer la pointe de l’ogive. Ce sont encore des traces de Tincendie de 1446, que la couche gpaisse de badigeon dont on a couvert les murs n’a pu faire disparaitre, aussi bien que la teinte de la pierre noircie par lesflammes. La difference qui existe entre le nombre et la decoration des fe- ngtres du nord et celles du midi ne peut avoir d’autre motif que ce- lui de dgcorer plus richement le c6tg de l’gglise en vue du pays, l’aulre regardait seulement les anciens bAtiments du chapilre, qui gtaieut clos. C’est par cette mgme raison que la porte latgrale de la nef est ouverte aussi au midi. Avec les onze ouverturcs que nous avons citges, on concevra ai- sgment que le choeur de 1’ggTse de Villemaur re?oit une lumiere beaucoup trop vive, et qu’il faudrait qu’elle fot tempgrge par des vitraux peints qui produiraient un trgs-bon effet. 11 ne reste plus de ceux qui s’y voyaient autrefois que de rares fragments , parmi lesquels on distingue un gcu aux armes de quelque seigneur de Vil- lemaur, dans le seizigme siecle ; il est mi-parli de gueules au chef d’or chargg de trois gtoiles de sable avec un tourteau d’or en pointe, et d’azur avec un chandelier d’or. Plusieurs tombes gravges en creux se voient encore parmi les dalles du pavg de la nef; mais aucune d’elles n’est enligrement con- servge. La plupart sont consacrges Si des chanoines et poslgrieures Si 1500. Une gpitaphe, qu’on lit sur une autre, nous apprend qu’elle couvre le corps d’un messire Jehan F amadou , mort en 1423. La sacristie renferme plusieurs reliquaires qui mgrilent d’glre mentionngs; premigrement une petite chasse en cuivre dorg avec des figures gmaillges de bleu et de blanc. Les differeutes faces que nous avons dgveloppges de grandeur d’exgcution offrent pour sujet 1° le Christ en croix, avec la Vierge et saint Jean, et Moise et Aaron, puis deux aphtres. Sur le couvercle, Jgsus-Christ dans le ciel entre deux anges ; il est assis sur l’ai c-en-ciel, et tient dans sa main gauche le livre de TEvangile, et de l’autre main donne sa bgngdiclion. Au- tour de sa tgte est le nimbe croisg qui le caractgrise. Aux extrgmitgs de la chAsse, il y a une figure d’ap6tre plus grande, encadrge comme les autres par un quatre-feuille; les fonds sont parsemgs de roses et de feuilles dgtachges ; aux couvercles, on remarque de plus des pe- tites croix C 2° Une autre chAsse de mgme dimension et de mgme forme que la premigre, mais d’un travail moins riche, n’offre sur ses faces que des lignes croisges 5 angle droit, de mauigre 5 former des cam's remplis par des rosaces. Celles-ci sont disposges sur cinq rangs; il y en a deux sur le couvercle et trois sur la face antgrieure de la chAsse, chaque rang contient sept rosaces. Le travail de ces deux chAsses i Voir la plauelie. 42 210 <— 02 peut remonter au commencement da treizteme siecle ; epoquc ou les ouvrages des Caailleurs et despeinlres sur verreconservaient encore quelque chose du style bizantin. 3° Un fort joli reliquaire en argent, supports par quatre petits lions, et execute dans le seizieme siecle. Dans un cercle, & travers un cristal, on voit la relique avec cette inscription : 25c capUUs bcate Slavic SDtagbelene. 1 4° Un autre reliquaire en vermeil, qui paraitCredu quinziCne siccle, reprt'sentd aussi de grandeur d’exCution. Daus la m£me planche, nous avons joint le dessin de deux paix : l’une en ivoire, sur laquelle est en relief la Salutation angdique; l’autre en cuivre dord, sur laquelle est le Christ en croix avec la Vierge et saint Jean. Avant de quitter le choeur, on peut voir encore le lutrin en bois, que nous avons fait figurer dans la planche ci-jointe avec les fonds baptismaux de Seffonds. Ce lutrin, de forme triangulaire, est sur- montd d’un aigle en bois ex Voir la planche ou ce reliquaire est figure de grandeur d’execution avec son profit. qui sont aujourd’hui diHruites, ainsi que les murs, que Ton a rem- places par une plantation d’arbres qui forment une promenade fort agreable. Le faubourg de Dival, autrefois simple village, est maintenant joint 5 la ville, dont il dtait enticement s6par<5. 11 forma long-temps une commune qui , en 1608, avait son maire et ses dchevins par- ticulars. LVglisc paroissiale de Villenauxe est remarquable par sa gran- deur et Mlgance de ses proportions; mais c’est seulement son iutd- rieur qui peut la faire cousidCer comme l’une des plus belles du dC partement. On ne sait rien de posilif sur lYpoque de sa fondation ni sur la date de sa construction. Ce qu’il y a de certain, c’est que les //, /ta W ** Crf&Lifo' 3/ubr br l U'^lisr , Sculpture en bois du XVI""’ Siecle. Ki’litjuairr nt A rapht . XVI' Siede . ' * f'C&ot c/e/‘ LUA. Troy**, /-itf. f Cff'CC . rf'S . 9r& ixi.V’ucV i*c V)^)oi£ II Dc P online . r 21 i plus anciennes parlies de l’t'difice ne remontent pas au-deli de la fin du quatorzi&ne si^cle ou au commencement du quinzieme; elle a et<5 d(5dide en 1449, sous le vocable de saint Pierre et de saint Paul, apbtres, par Jacques Raguier, £v6que de Troyes. Une inscription gravee sur marbre noir , que Ton voit incrusfee inferieurement dans Ie mur, adroite de la porte de l’ouest, constate cette dedicace, la voici : Anno Din 1449 Die Vcro Dnica 30 post Pascha 21 mensis aprilis dedicatus est Presens ecclesice Parocliialis de Villanoxa Magna in honorem beatorum Petri et Pauli Aposlolorum per referendum in chro Patrem et Ducum lacobum Raguicr Dei et sanctce sedis Apostolicce Gracia trecem Episcopum. L’edifice forme uneseule nef sans transepts avecun bas-edfe qui fait Ie tour du sanctuaire. Ce dernier comprend cinq arcades soute- nuespar descolonnes leg£res dont les chapiteaux sont orn£s de larges feuilles avec un tailloir qui se trouve r6pc ! te pour les chapiteaux du choeur *. Surceux-ci s’el6vent des colonnettes jusqu’a la hauteur d’un cordon qui regne tout autour de l’abside et qui termine les cons- tructions en pierre. En suivant les lignes de la nef, on peut ais&nent achever Tedifice par la pens^e, et rcconstruire ainsi la voiite du choeur avec les nervures crois^es que remplace un berceau ogival en bois au sommet duquel est une arete profile souienue par des ai- guilles appuy^es sur des poutres de tirage. Aux extremity de ces poutres des gueules de monstres d’oh elles paraissent sortir ; elles sont poshes sur des sablieres ou architraves profiles de gorges 1 2 ; et sur Textremife d’autres pieces de bois qui soutiennent les courbes de la voiite sont des fetes humaines grotesques que le sculpteur s’est efforce a rendre laides en les faisanl grimacer. 3 4 Ces cinq arcades du sanctuaire sont tellement etroites, que la retombee des tores dont elles sont bordecs est soutenue par deux co- lonnettes superposies sur le chapileau des colonnes. Cet ajustement force n’est pas d’un effet agriable. ' Autour du sanctuaire sont des chapelles peu profondes edaifecs par des fen&tres divisies par deux ogives surmonfees d’une petite rose a cinq feuilles. Au-dessous des fenitres le mur est decore d’une arcature ogivale soutenue par des colonnes fegeres detachees du fond. Ciest dans l’une de ces chapelles que Ton conserve la curieuse ch&sse byzantinede saint Alban, vulgairement saint Blanchard, que nous avons dicrite it l’article de l’abbaye de Nesle, d’oii elle provient La premiere travie du choeur seule est devie jusqu’au haut des fenitres ; celles-ci sont , comme celles de la nef, partagies en trois par deux meneaux et divisies dans la partie ogivale par des compar- liments du genre flamboyant. Aux bas-cofes , le mur est dicord aussi d’une arcature ogivale qui differe de celle des chapelles du rond-point en ce que les colonnettes sont ^ pans, appliquies et dlevdes sur un piedestal continu; l’ogive 1 Voir les numeros 2, 3, 4 de la planche de details. 2 Voir le n. 1 1 de la meme planche. z Voir les numeros 6, 7, 8, 9, 10 de la planche de details. 4 Voir la planche de cette chasse. est de plus bordie d’un liger boudin menage entre deux gorges. Les fenilres au-dessussont, comme celles des chapelles du rond-point, divisies par deux ogives surmonfees d’une rose it cinq feuilles. A la voiite de la premiere travie du bas-c6fe meridional est une inorme clef pendante formant une espfece de dais a huit pans, & jour, au milieu duquel est un midaillon fort bon reprisentant saint Jean baptisant Jisus-Christ dans le Jourdain et assists par un ange. Ce sujet indiquait le lieu des fonts baptismaux, qui sont en effet places au-dessous. A Texferieur , toutes les fenitres sont couronnies d’une archivolte brisie a sa naissance pour former l’imposte. Un bandeau it larmier rigne a leur base en faisant ressaut sur les contre-forts , dont il ac- cuse un retrait. Les arcades de la nef prisentent en general dans leurs profils , comme celles du choeur, une plate-bande it deux rentries ornies de ligers boudins. Les deux premieres it droite u’offrent que des gorges siparies par des filets anguleux, telles qu’on les remarque dans les monuments qui datent des derniers temps de l’architecture it ogives. Aux trois derniers piliers de la nef au nord , et au dernier du cdtd oppose, les feuilles des chapiteaux sont couchies comme un ornement courant, et la hauteur du tailloir varie singulferement; mais malgrd cette difference, ils appartiennenta une mime epoque, il n’y a que les deux premiers piliers au nord qui derangent l’harmonie; les tailloirs portent le profil dorique et affcctent la forme octogone. Au-dessous on voit des fetes de dferubins et alternativemeut des fetes de morts servant de support 5 des guirlandes de fleurs dont la courbe laisse un intervalle rempli par des palmeltes lides avec des rubans tortillas. Les grandes votites sont & nervures anguleuses croisees et recroi- sees, a doubles pendanlifs et a compartiments varies. Ces nervures prennent naissance sur des groupes de colonnettes et simultanement sur des pilastres appliques, eleves sur les chapiteaux des colonnes qui flanquent les piliers. Cette nef manque de jour , les fen^tres etant toutes boudfees par le toit du grand comble qui descend jusque sur les murs des basses nefs, tellement, que les arcs-boutants se trou- vent aussi recouverts par ce prolongement du toit. L’edifice , vu la- feralement, parait nt'ccssairement lourd et ecrase. Aux deux derniers piliers les chapiteaux sont oru£s de rinceaux de vigne charges de fruits , et d’un large tailloir a plusieurs pans. Les piliers appliques aux murs des collateraux sont formas d’un faisceau de cinq colonnettes avec des bases dont les socles sont a faces multiples et assez saillauts. Les portes Iaferales n’ont rien de remarquable ; eelle du midi , ouverte sous un mauvais porche moderne, repond a la troisfeme travi'e. Celle du nord, ouverte dans la cinquidne, est flanquee de deux colonnettes et bordee d’un boudin. La porte principale , a l’ouest, est, sauf la difference des details d’ornement, une imitation de celles des basses nefs de la cathedrale de Troyes, qui , probablement, auront servi de modele a l’architecte; elle peut bien aussi dater de Tepiscopat de Jacques Raguier, qu:, comme on l’a vu , a dedie Teglise de Villenauxe. La tour , situee a Tangle nord-ouest de Tedifice , occupe la premiere travde du bas-cofe ; elle est construite en gres pour la plus grande partie, et sa hauteur, qui est considerable, est divisee en cinq stages. Au rez-de-chaussge , a l’ouest, elle est edairee par une grande ogive, et a Mage au-dessus, par une plus petite. Au dernier etage enfin, elle est ouverte sur ses 212 <-« laces par deux ogives gdmiudes pour donner issue au son des cloches. Sur la corniche de courounement s’dleve une balustrade formde de petites arcades trilobdes remplies par des fleurs de lis. Sur les angles de cetle balustrade sont post's des vases cam's, et au bas, des lances ou goultieres sous forme d’animaux monstrueux. Deux contre-forts posds a angle droit appuient chacun des angles de la tour; ils sont a six relraits et s’dldveut presque jusqu’i la cor- niche. Au nord est une tourelle engagi'e 5 plusieurs pans; elle ren- ferme l’cscalier qui conduit aux diffdrents etages et jusqu’au sommet de la tour, lequel est termini par une plate-forme. Sur cette dernidre s’dldvent deux ddmes en bois superposes revdtus en plomb, et termi- nus par une croix couverte d’ornemenls du mdme mt'tal. Du sommet dela tour, enfin, on dt’couvre tous les environs de la ville, qui, d’un cdtd, offrent desc6teaux hoists, et de l’autre, de riantes prairies. Sur la limite qui sdparail Dival de Villenauxe, i l’extrdmitd de la rue ditedu Ilaut-Perrt', on rencontre 5 droite une petite chapelle dd- diee 5 la Trinity. Elle est construite en gres et voiitdeen planchettes. Sa porte a plein-cintre est ornde d’un cordon sur l’arete, et sa fagade est terminde par un pignon que deux contre-forts disposes oblique- ment appuient aux angles. A l’intdrieur, e’est une seule travee suivie d’une abside en demi- cercle, appuyde de trois contre-forts. De chaque cotd sont ouverles deux fendtres plein-cintre sans meneau , et le trumeau est soutenu aussi par un contre-fort. Le toit est surmontdd’un petit clocher octo- gone recouvert d’ardoises, et la porte est prdcddde d’un porche en appentis; i droite de la premidre ou voit une piscine en arc sur- baissd ornd d’un boudin. A I’un des vantaux de la porte est adhdrent un petit pilastre sur lequel on remarque, du cdle de Villenauxe, les clefs de saint Pierre, et le bourdon de saint Jacques, du cdtd de Dival, dout cct apdlre est le patron. L’dreclion de la chapelle de la Trinitd ne remonte pas, i ce que Ton croit, au-deD de 1607, ou a 1600, suivant quelques-uns. La chapelle Notre-Dame-de-Lorette , que Ton trouve de 1’autre cdtd de la mdme rue, en face de celle de Mont-Robert, est une rd- pdlition presque complete de celle de la Trinitd; elle ne differe que par son abside, qui estterminde par un mur droit. Elle est de mdme bAtie en grds, mais d’une construction beaucoup plus rustique. La dale de 1608, gravde en creux sur le cintre de la porte, peut rendre probable celle i laquclle on altribue l’autre chapelle. L'dglise de Dival, situde 5 l’extrdmitd du faubourg, se compose d’une seule nef sans bas-c6tds; elle est terminde & Test par deux grandes arcades d plein-cintre, soutenues par un seul pilier ou pied- droit. A la suite de ce pilier, dans l’axe mdme de l’dglise, deux autres arcades en ogive aigue soutenues par un pilier formant la croix et qui correspondent 5 deux travdes laldrales dout la dernidre forme deux absides jumelles. Les vodles, assez basses , sont a nervures croisdes d vivc-ardtes. Dans l’abside mdridionale, qui a plus de pro- fondeur, on remarque une piscine double en arc surbaissd bordd d’un boudin. Ces deux absides, lermindes par un mur droit qui forme unc brisure bien senlie a l’extdrieur , sont dclairdes chacune par une fendtre ogivale, divisdes par deux autres ogives soutenues par un meneau et surmontdes d’une rose a cinq feuilles. Au cdtd du nord , sur la pierre de l’autel, est gravde la date de 1634. On prdsume que les deux arcades plein-cintre perpendiculaires h l’axe de l’dglise dont il vient d’dlre parld sont les restes d’une dglise romane non orientde, que l’on aurait conservds lors de la recons- truction. Si Ton en juge par les piliers appliquds aux murs et dlevds seule- ment de trois a quatre metres , la nef devait avoir des bas-cdtds; mais les piliers isolds qui devaient les sdparcr d 13 cette nef n’ayant pasdtd dlevds, il en est rdsulld une largeur disproportiounde avec la longueur, tellement qu’elle n’a pu dtre vodtde qu’eu planchettes; il faut mdmeen excepter la premiere travde, qui n’est encore couverte que par le toit. Les fendtres sont en ogive avec un meneau surmontd d’un cercle. La tour, placde a gauche de la nef, devait repoudreau bas-cotd, comme a l’dglise de Villenauxe; elle est tres-dlevde, divisde en cinq dtages avec deux contre-forts a chacun des angles. Le dernier dtage est ouvert sur trois de ses faces par deux ogives gdmindes avec im- poste et archivolte. Au nord se trouve la tourelle qui renferme l’es- calier et s’dldve jusqu’au sommet de la tour. Le couronnement de celle-ci est soutenu de modillons arrondis et surmontd d’un toit pyra- midal a deux dpis terminds par des vases de plomb. Le rez-de-chaussde de cette tour est ouvert inlerieurement par une grande ogive a profil arrondi et dclaird a l’ouest par une fendtre ogi- vale sans meneau. Du cdtd gauche se trouve la porte de l’escalier dont on a parld, et sur le linteau est gravde cette inscription en leltres gothiques : M. V° ct XX le XII mat. La cloche, qui est du poids dedeux a trois mille, a dtd donnde en 1596 par un rnembre de la famille de Villemontd, seigneur de Vil- lenauxe. La porte principale est une ogive taillde en biseau et surmontde d’un plein-cintre saillant tailld de mdme. Une grande partie de la tour et les contre-forts de l’dglise sont construits en gres, comme la grande dglise de Villenauxe et la plu- part des maisons du pays. On a plantd, il y a quelques anodes, des alldes d’arbres autour de l’dglise ; mais ces arbres en sont beaucoup trop rapprochds, et leur voisinage devient d’autant plus nuisible, qu’ils ont pris plus de crois- sance. Us eutretiennent l’humiditddes mursddji exposds d dlrerui- nds paries eaux pluviales qui, souvent, descendent avec la rapiditd d’un torrent de la monlagne au pied de Iaquelle est construit l’ddi- fice. Plusieurs habitations de Villenauxe, bities dans le seizidme sidcle, conservent des sculptures que nous avons fail dessiner. Ce sont principalemer.t les supports d’cncorbellement places aux angles des maisons qui sont ornds de figures. Voir la planche que nous avons consacrde d ces ddlails. 2S— > 21 o VENDEUVRE « Vendeuvre est une petite ville silue'e sur la route de Troyes a Bar-sur-Aube et qui parait avoir une origine fort ancienne. « Quelques auteurs, s’appuyant sur une de ces analogies de nom si souvent trompeuses, ont pretendu quc Vendeuvre avail 6t6 fonde au commencement du cinquieme sifecle par les vandales qui, Si celte 6poque, envahirent la France. Suivant eux, Vendeuvre, ou son nom latin Vandopera , signifie ceuvrc dcs vandales, mais cette opi- nion a 616 r6fut6e par M. le baron dc Vendeuvre dans une savante dissertation historique publi6e en 1812. « Leplus ancien monument qui fasse mention de Vendeuvre est un acte de Fan 6 64. En 865, Ingiltrude, qui s’6tait enfuie avec un amant, fut regue h Vendeuvre sous la protection de Charles-le- Chauve, roi de France et de Bourgogne. Le pape se disait seigneur de Vendeuvre, en vertu d’une donation qu’il pr6tendait lui avoir 6t6 faite, soit par Louis-le-Germanique, soit par un ancien cointe de Vendeuvre nomm6 G6rard. Malgr6 ses pr6tentions, un prince Boson s’empara de Vendeuvre et y 6tablit un de ses vassaux nomm6 Arem- bert. Le pape Jean VIII, informe de cette usurpation, 6crivit pour s’en plaindre 5 Hugues, il Rodolphe et a Boson lui-m6me. Dans sa letlre il appelle Vendeuvre Viliam Suam Vandearam. « 11 ordonna aussi il Isaac, 6v6que de Langres, d’excommunier Bo- son s’il ne rendait Vendeuvre au couvent de Poultieres. Precedem- ment le m6me pape, Jean VIII, ayant appris que des difficulles s’6- taient 6lev6es entre l’6v6que de Langres et celui de Troyes, pour savoir il quel diocese devait apparlenir Vendeuvre, avait decide dans un concile tenu & Troyes en 878, oil il se trouvait en per- sonne, que celte petite ville dependrait de leveche de Langres. « Quoi qu’il en soit des pr6tenlions du pape sur la terre de Ven- deuvre, il est certain qu’elleeut plus (ai d des seigneurs parliculiers. En 1121, Roulin et H6douin dc Vendeuvre, fibres, il la priere de Hugues, comte de Troyes, donnent aux moines de Poultieres tout ce qu’ils ont au-dessus du ruisseau de Thi6lou, vers l’abbaye de Monti6ramey, et le paturage dans toutes les for6ts de l’aulre c6l6 dudit ruisseau jusqu’au chateau de Vendeuvre « A pen pres ilia m6me6poque, les seigneurs de Vendeuvre aide- rent, par leurs bienfails, il la fondation du couvent de l’Arrivour. En 127 1, ils se signalerent par une liberalil6 plus utile. Guillemette et G6rard son fils, alors seigneurs de Vendeuvre, affranchirent leurs hommes de Vendeuvre, il la charge de la corvee pour l’ceuvre du chdteau , une fois par semaine. » On peutpenser, d’apr6s ces derniers mots, que les premieres cons- tructions du chilleau ne remontent qu’au 13 e si6cle. Mais, ind6pen- damment de l’acte de 1121, qui constate 1’exislence d’un chateau plus ancien ft Vendeuvre, on en a une preuve mat6rielle dans la porte i Le but que nous nous proposons dans cet ouvrage, etant la descrip- tion des monuments plulot que l’liistoire des localiles oil ils se trouvent, nous nous bornerons, a l’egard de Vendeuvre, a la reproduction d’une notice historique loute faite que nous emprunlons au Guide pittoresque du V oyageur en France. de l’ancienne chapelle caslrale, dont la construction toule romane in- dique positivement le commencement du douzieme siecle. Cette porte vient d’etre d6molie par n6cessite, et nous la pr6sen- tonsdans le dessin telle qu’elle 6lait restee apres la chute du piguon qui la surmontait. Elle est il plein-cintre, fianqu6e de trois colonnettes en retraite de chaque c6l6, le linteau qui est droit, et le tympan sont form6s d’une seule pierre. La voussure qui dessine cc dernier est or- n6e de tores accompagn6s de filets, et s6par6s par des gorges dont la naissance est accus6e par des feuilles treflees et dcs masques d’ani- maux. La gorge qui occupe le milieu du voussoir est en outre remplie par un ornement r6p6t6 et ressemblant it la fleur de bourrache 6pa- nouie. Les chapileaux sont 6legants,envelopp6s de feuilles droites, I6ge- rement recourb6es et trilob6es il leurs extr6miles. Le tailloir est tres- 6lev6, fort saillant et charge de profils arrondis. Les colonnes qui exis- taient encore il y a environ vingt-cinq ans se sont d6tach6es depuis ; elles reposaient sur des bases imit6es de la base altique, et sur des socles carr6s assez peu 6lev6s. Les pieds-droits qui sont adoucis sur l’ar6te par un double biseau, se courbent il l’endroit des consoles or- n6es de feuilles qui soutiennent le linteau, puis se dessinent en arc trilobe sur le fond du tympan. Au-dessous de cet arc on remarque un 6cu simple et non blasone. La chapelle, que nous avons visilee apr6s la chute de sa porte, est maintenant en 6tat de ruine. Elle se compose d’abord d’une tra- vee voht6e en arete avec des nervures 5 trois tores, support6es par des pieds-droits ou pilastres engag6s, couronn6s par une doucine raide et par un talon ; de chaque col6 6lait uue fen6tre en ogive. Le sanc- tuaire qui suit est plus etroit et ouvert par un arc ogival il vive arete; la voilte est enberceau de m6me forme, et soutenue au milieu par un aredoubleau aussi A vive arete : lal6ralement, cette partie de l’edifice est 6clair6e par deux fen6tres plein-cintre, et 5 l’orient elle est termin6e par un pignou et par une grande fenfitre ogivale, sans doute,ouverte post6rieurement. A l’ouest le pignon il large base etail perce d’une petite fen6tre ogivale, flauquee de deux colonnettes et d6cor6e d’un boudin; au- dessous, a l’aplomb du cintre de la porte, elait un oeil-de-boeuf ouvert dans un quadrilatere avec des ornements aux angles. Puis, au c6l6 gauche de la porte, une petite tour carr6e, renfermant un escalier qui conduisait 5 une tribune construite interieurement au-dessus de la porte. La naissance d’un arc, qui se remarquait dans Tangle de la lour et du mur de face, indiquait la suppression ou le projet non ex6cute d’un porche. On voit que cette chapelle avait 616 retouch6e il differentes 6po- ques, et que la porte seule peut 6tre consider6e comme un reste de la chapelle primitive du chateau. 2 L’acte conlient en oulre cetie clause curieuse : « Et i’abbe Gauthier « a donne auxdits Roulin et Hedouin deux bons chevaux et a leurs « femmes quatre livres, une vache et un gobelet neuf, de peur qu”ils « ne disent que c’etail par force et par conlrainte que le comte de Troyes « leur avail fait faire les concessions ci-dessus , etc. » 45 s— > 214 <-« Ce dernier, qui presentait encore en 1614 une masse irnpo- sanle de fortifications, ne conserve plus aujourd’hui que les corps- de-logis silubs A l’ouest dela chapelle et de la grande tour ou donjon que prbsenle le dessin. C’cst vers celte bpoqueque Henry de Luxem- bourg, seigneur de Vendeuvre, fit dbcorer une salle de lambris points on 1’on remarquait le chiffre de Henri IV, ct plusieurs vieux chAleaux-forls des environs parmi lesquelson voyaitcelui deBrienne; la vue du chAleau de Vendeuvre ne fut pas oublibe, mais elle a etc; seule conservbe, et c’est un caique de ce tableau que nousdonnons ici au simple trail. Le chateau de Vendeuvre n’offre A l’extbrieur aucune sculpture, et sa portc A plein-cintre est la seule partie decorbe de quelques pro- fils; elle est accompagnee de deux pilastres avec piedestal et d’un entablement d’ordre dorique, mais d’une faible sail lie. A l’intbrieur, on remarque un fort bel escalier conslruit entre des pieds-droils relies par des arcs surbaissbs, et qui, du foud des caves qui sout fort grandes, s’bleve jesqu’A I’elage superieur. Situd sur le point le plus blevb de la ville, le chateau domineune vaste prairie de gazon, terminee par des coleaux couverts de planta- tions. La richesse de la vegetation est d’autant plus belle quelle est entretenuepar leseaux de la Barse qui prend sa source dans les fon- dations mbme du chateau. En dernier lieu, la lerre de Vendeuvre avait appartenu A la famille de Mesgrigny, en faveur de laquelle elle avail btb brigbe en marquisal. Aujourd’hui elle est la propriety de M. le baron de Ven- deuvre, pair de France, ami des arts, et des artistes qui n’ont jamais en vain reclame son appui et sa protection. L’eglise paroissiale de Vendeuvre n’offie rien de remarquable dans son architecture. Elle a bib entierement reconstruite pendant la derniere periode ogivale, et se ressent de celte limiditd etde celte indecision qui se remarquent dans lous les monuments construits A celte bpoque, et qui accusenl souvent la pbnurie d’argent ; la nef , qui se compose de trois travbes seulement, n’a point de fenbtres; les voiites, A doubles pendenlifs, manquenl d’blbvalion, et les bas-edtbs n’ont pas de chapelles : ces dernieres sont bclairbes, aux extrbmitbs et laK'ralemenl, par des fen tires ogivalcs A un seul meneau. Le choeur, qui comprend deux travbes, est accompagnb aussi de collatbraux termiubs en partie par un mur droit, nous disons en partie, pareeque vers le milieu, ce mur se brise et s’isole du dernier pilier du choeur qui s’y trouve seulement rattaehb par une arcade blroite, il forme ensuile un autre angle rentrant qui dessine le con- tour du sanctuaire; ce dernier est compost 5 de cinq cdlbs percts d’aulanl de fentlres ogivabs A deux meneaux. Les voiites du sanc- tuaire, les voiites du choeur, cellos de la premiere travee du colla- teral, sont ainsi que celks de la nef, celles du centre et des extrb- mitbs des transepts, A nervines recroisbes, formant des comparti- ments. Toutes les basses-voiites, A I’exceplion du bas-cotb meridional de la nef, oil il n’en exisle pas , sont simplement A nervures croisbes. Les piliers sonte 11 partie cylindriques A bases polygonales, et en partie formes de colonues engagbes les unes dans les autres, de ma- niere A former, dans leurs sections horizontales, quatre demi-cercles rcunis. A la premitre travee du bas-ebte 5 du choeur, au nord, est joinle une chapelle voiilte en arete simple, et bclairbe de deux feudtres A deux meneaux, ainsi que cellcs ductile 5 opposbdu choeur. L’eglise de Vendeuvre etait dbcorbe de peinlures sur verre comme toutes celles qui avoisinent Troyes, mais elles sont toutes mulilbes : on y relrouve des sujets de la viede la Vierge, de celle du Christ, puis des saints patrons de donateurs. Parmi les dalles du pave, on remarque aussi plusieurs pierres tombales, du seizieme .siecle, avec des inscriptions en lettres gothi- ques, mais elles sont en partie brisces. Une seule, dalee de 1 599, mbrite d’btre cilt'e, c’cst celle d’une femme; elle porte celte inscription naive et touchanle : Qui bien aime lard oublic. Au dernier pilier dc la nef, en face de la chaire, est appliqube une sorte de retable dans le gout de la renaissance ; on y voit des colonnettes accouplees, un bas-relief, des niches et des vases qui de- vaient former un ensemble assez riche, mais tout cela est dans un tel btat de mutilation qu’il serait difficile d’en apprecier le mbrite. Au soubassement de ce retable est appliqub un tableau point sur bois dans le seizieme siecle. 11 reprbsenle l’arrivbe des onze mille vierges A Cologne, et leur martyre sur le port de celte ville; le Bliin est couvcrt des navires qui les porteut. Plusieurs de ces vierges viennent de toucher le sol, et dbjA leur supplice commence; rordonnateur de cette boucherie, monlb sur un cheval blanc, excite les bourreaux; quelques tbtes des saintes filles sont tombbes, et l’on voit deux anges enlever leurs Ames pour les placer dans le ciel. Le fond du tableau reprbsentc les murs de la ^ ille de Cologne flan- qubs de tours A triple btage ; au milieu de la place, en avant de ces murs, s’blbve une colonne A base et chapileau dores, et surmonlbe de la statue du dieu Mars. Dans les angles infbrieurs du cadre, lequel est ornb d’une grec- que dorbe, on lit ces deux inscriptions en lettres golhiques angu- laires. £e$ tmze mil merges sc afsemblcnt por cralfcr ri)on r be la fop be 9t re feigneuv bontsainctc Ursttlc cftait la pvinctpalc. (Hies avviuees a Cologne sur le 5\in fuvent mars f trees por la fop be SHeu et leurs antes portees par les attics en parabis. La porte de la nef, en arc surbaisse, n’a rien de remarquable, le luxe de la sculpture a bib rbservb pour la porte latbrale du nord, ouverle sous la tour, et qui est veritablement l’enlrbe principal de l’eglise, eu bgard A la situation de cclle-ci par rapport au pays. Cette porte est A deux vantaux, sbparbs par un trumeau ornb de deux niches ajustbesdans des gorges qui se coni inuent avec les feuillages et les figures dont elles sont remplies sur le linleau, cn arc surbaissb, et sur les cotbs opposes de la double baie. II est prbsumable que ce porlaii, appuyb de deux pilastres golhiques, est restb inachevb pen- dant quelques temps, ainsi que la partie supbricure, qui appaiticnt enlibrement au style de la renaissance, donne lieu de le penser. Cette superposition, qui dbtruit entierement l’harmonie, commence A quelques centimetres au-dessus des cinlres surbaissbs des porles. C’est d’abord une frise avec un lbger couronnement qui formeut un rcssaut A l’endroit des pilastres; A la place de ceux-ci, sont des especes tie pelits temples circulaires sitrmonlbs, de domes dont Ten- . - d/t/c-' L De^f t tZA d '/ i /i Z e> - i'sjnxfO $/'d&/layu^ut' d: ft llorfjyu. && gra ut/us Dekulr de &z verb/. Ke Je lanavi CAa&au.d'afrej a/r TaMtaa, eMcufc eji /£/*/ 2k £3 de la cliainbre do reunion do It dos \ig'nerons a Kioov- haul. i corpor ation > 21 5 ®s semble forme un clocheton, destind a couvrir line statue adossde a des pilastres surmontds d’un enlablement. Dans les angles rentrants de chaque cotd, on voit des petites colonnes accompagndes de pi- astres, sur lesquelles prend naissance un large plein-cintre ou ar- chivolte ornd de profils ldgers. Le champ du tympan est occupy au milieu par unc niche cin- trde, flanqude de deux colonnettes avec piedestal et ressaut d’enta- blement, sur laquelle prend naissance le cintre de la niche dont le fond est ornd d’une coquille et les cdtds appuyds de petits pilastres ; la partie supdrieure de cet ajustement n’a pas dtd terminde. De chaque cdtd il y a une petite fendtre cintrde avec imposle et archivolte, et accompagnde de deux pilastres ornds de filets qui sup- portent les ressauts d’un entablement regnant au-dessus. Un fronton triangulaire couronne ces deux fenfires, cl son sommet est un petit vase alongd et appuyd de deux accolades imitant des dauphins ou des serpens a queue de poisson. Les niches latdrales contiennent les statues de deux apdtres, et celle du milieu, la statue de Saint-Pierre, posde sur un cul-de-lampe appli- que ; cette derniere porte le costume de pape, audouzieme stole, avec la chape, le pallium et la tiare conique; celle figure est ancienne et rndrite d’etre conservde. Les deux autres sont modernes et d’une assez mediocre execution. La tour est appuyde de grands conlre-forts a cinq retraits, qui s’dldvent jusqu’au bas de l’elage supdrieur. Celui-ci contient les cloches, et sur chacune de ses faces sont ouvertes deux fendtres plein- cintre garnies d’abat-sons. Le toit est une pyramide tronqude, surmontde d’une lanterne cl huit cotes ouverts par des arcades, et terminde par une fleche dldganle, au sommet de laquelle est une croix. LES RICEYS. II est peu de localitds en France qui n’aient la pretention , quel- quefois hasardde, de faire remonter Ieur engine aux temps les plus reculds. Les Riceys , qui sont trois bourgs de l’arrondissement de Bar-sur-Seine, peuvent avec quelque raison, d’apres les anciennes chroniques et la tradition, reporter leur fondation a l’occupation des Gaules par Cesar, et de l’etablissement des Bo'ieus sur les con- fins de la Bourgogne. 11s s’appuient, pour juslifier cette origine, d’un passage de la chronique de Langres. Les mceurs, le langage et l’habillement des habitans, surtout celui des femmes, ont con- serve, jusqu’au commencement de ce .siecle, une physionomie par- ticuliere et en font une peuplade exception nelle au milieu des pays voisins. Les Riceys ont ete ancienneraent fortifies, et Ton retrouve encore quelque vestiges des murs et des fosses qui les entouraient. Les portes ont disparu depuis peu de temps. Chacun des trois bourgs possdde une eglise remarquable par ses dimensions ou par ses gracieux details de sculpture, mais aucune d’elles n’est de construction ancienne, et on ne peut guere les faire remonter au-dela de la fin du quinzieme siecle. Le seizidme parait avoir ete, pour ces trois communes, une epoque d’accroissement etde prospdritd : non-seulement les constructions religieuses peuvent lui etreattribuees, mais encore la partie conservee de l’ancien chateau, ainsi que plusieurs maisons oh l’on retrouve quelques traces d’orne- ment dans le goilt de la renaissance, avec des inscriptions et de- vises, toujours accompagnees de millesimes, caracterisant l’esprit du temps. RICEY-HAUT. Le bourg de Ricey-Haut, qui est le plus considerable, est sitiui au-dessus des autres, par rapport au corn s de la Laignes. C’ctait une ancienne seigneurie, avec un chdteau appeld Chclteau de Saint- Vincent , dont il ne reste plus aujourd’hui que l’emplacement, ap- peld le Vieux-Chateau. 11 en est fait mention des le dixieme siecle, dans un acte de donation de cette seigneurie au monastere de Fla- vigny (923;, sous le regne du roi Raoul. Plus tard, en 1217, on voit Guido, seigneur de Ricey, et Bea- trice son dpouse, reporter, du conseulement de ses fils Odon et Hugo, A Sainl-Benigne de Dijon, des droits qu’ils avaient sur le prieurd de Saint-Marcel. Cette terre appartint ensuite il Marguerite, reine de Sicile, puis a Pierre, comte d’Auxerre, qui fut du empereur de Constantinople. Eu 1 220, son fils, qui lui succdda, fit don, en parlant, de la terre de Saint-Viucent de Rici (Ricey), a l’dvdque de Chalons ; de ce dernier, elle passa a Odet, comte de INevers, dont les successeurs payaient an- nuellement au sidge Episcopal quarante pieces d’or pour ce fief. Puis, en 1227, a Jean, fils de saint Louis, aussi comte de Nevers, qui en fit hommage & Guido, dvdque deChdlons, l’an 1267. 11 y a deuxdglises bien distincles a considdrerdansl’dglise parois siale de Ricey-Haut : 1’une, plus ancienne et rdgulierement orienlde, et l’autre, dont la nef n’esl qu’un prolongement du transept nord de la premiere, & laquelle elle est soudee perpendiculairement. La nef de l’ancieuce dglise n’a que deux travees dont les voiUes, a nervures croisdes, ont dtd refaites eu bois, par suite de dommages occasiounds par le tonnerre. Les voutes des transepts sont en pierre, il nervures, il l’exceplion de celle du centre qui n’est qu’en pDtre et ^ vives aretes. Lechoeur n’a qn’une seule travde, et le sanctuaire qui est tres-beau offre cinq cotds d’un oclogone dclaird par autant de belles fenG res ogivales il deux meneaux, avec des compartiments varids. Ces fenfires sont partagdes dans leur hauteur par des frises a jour, d’un tres-bon effet. Dans la partie supdrieure de celle du centre, on voit le Christ, peint dans une rose, en manteau de pourpre et accompagnd du lys et de l’dpde symboliques. Les figures qui l’accompagnaient ont dtd brisdes. Sur un vitrail, a cdtd, est reprdsenlde la edne. C’est dans l’angle rentrant a droite du sanctuaire que Ton voit la piscine ornde qui fait s > — > 216 < — e le sujet de la planche ci-jointe. Elle est la seule sculpture ornemen- tale qui existe daus l’eglise. De chaque cdtd du choeur il y a une petite ported liDteau droit, avecla baie ornee de gorges et de filets. Ces porlcs sont celles des sacristies. Les vofites sont & nervures anguleuses, forment des doubles pendentifs qui, des angles rentrants de l’abside, s’dlancent et se courhent vers un poiut common de reunion. Deux chapelles termi- nus par un mur droit, aecompagoent la premiere travee du choeur; celle du efitd meridional est suivie d’une sacristie vofitde dont le toit pyranvdal en pierre est surmonle d’une croix; fi l’angle sud-est la vofite est appuyde d’un contre-fort oblique couvcrt en bfitiere , it tra- vers lequel passent les eaux pluviales pour s’elancer ensuite par la gueule enorme d’un monslre. Les deux l rav3 rfe/ Ur if re (gUsSU . . . 217 cription qui provient vraisemblablement d’une aulre habitation dc'truite : DE SOD AIN VOLIIOlR LONGVE REPENTANCE. 1576. RIGEY-HAUTE-RIVE. LVglise de ce bourg, dedit'e 5 saint Jean-Baplis!e, est la mieux assise, la plus l^gere et la plus ek'gante dans sa construction. Son plan offre cette disposition simple en croix latine qni plait toujours et donne plus de grandeur au vaisseau. [/inscription Jinis coronat opus, avec la dale 1563, gravr'e sur ses murs, s’accorde parfaite- ment avec le style de son architecture, 5 laquelle il serait difficile d’assigner une origine plus reculcc que le commencement duseizieme siecle. La nef comprend quatre arcades assez devt'es et dout les pro- fils anguleux s’t'panouissent sur le fht des piliers et sur celui des co- lonnettes sanschapileau, qui y sont appliqudes en forme de faisceau. La base de ces piliers, qui est 5 plusieurs faces , parait trop dlevee, peut-6tre, relativement 5 celle des piliers appliques aux murs des collateraux qui leur correspondent. Les vohfes des bas-c6tt j s sont 5 nervures erodes simples, ainsi que celles de la nef dont la premiere travee frappe'e de la foudre, il y a quelques annt'es, n’a pu eucore £lre remplacee que par un plafond en planches. Cette reparation, que nous considerons comme provisoire, a necessity la demolition des arcs-boutants. Le plan, ainsi que nous venons de le dire, est simple, r^gulier : ce sont trois nefs terminees par des absides et couples par des tran- septs. Ceux-ci sont edair^s par de grandes et belles fenfires ogivales, divist'es par trois meneaux. Celle du midi a des meneaux cam's re- lics 5 differentes hauteurs par des traverses en pierre avec de petits pleins-cintres; c’est une restauration du dix-septieme siecle. Au nord, la fenfire a conserve enticement son caractCe primitif. Les trois meneaux engendrent des ogives trilob^es, puis des compart- ments irr^guliers appartenant au style flamboyant. A l’extdrieur, les transepts sont termini's par des pignons aigus, perci's d’une petite fendre plein-cintre et appuyls aux angles par des contre-forts a plusieurs retraits. Ceux du cotc' droit, au midi, sont fit's en oeuvre avec une lourellc polygonale a sa base, et rondc dans sa partie supCieure ; elle renferme 1’escalier qui conduit aux combles. La porle plact?e sous la fenetre de ce mt'me transept est en arc surbaiss£, avec la baie creuse'e de gorges s^part'cs par des moulures anguleuses. De chaque cold est applique un piluslre termini par un fronton orue de crochets , iis soutiennent un arc plus saillant en contre-courbe qui dessine le tympan. Sur les rampaus de cet arc on voit des figures d’auimaux fantastiques en grand relief, dont les corps sont replies de manure 5 presenter dans leur masse la forme des grosses feuillcs roulees avec lesquelles ils altcrnent. Dans l’inlervalle des pilastres appliques et des courbes, il y a, de chaque c6te, une niche ou habitacle (ermine par des culs-de-lampe ornes de larges feuillagcs et superieurement par de jobs clochetons a jour, d’un goilt qui annonce latransition enlre le style golhique et celui de la renaissance, alors que 1’on conservait encore les motifs du premier en employant les details du second. La base de la porte meridionale est totalement ruinee,et il est de toute nt’cessite qu’clle soit promptement repart'e, si Ton vcut prd- venir l’accident arrive a la porte du m£me cotede l’eglise de Ricey- Haut. Au nord, la porte du transept est dt'coree dansun gofit analogue Ce sont aussi des pilastres appliques couronnt's de clochetons. Une voussure profile de gorges et de nombreux filets de moulures qui couronnent le tympan, mais cette porte est plus elevte et beaucoup mieux conserve que cclle du midi. Au-dessus de l’ogive on fit une inscription que les couches successives de badigeon qu’on y a appli- quees n’ont pu encore faire disparaitre; elle constate qu’en l’an ii de la rt'publique, le peuple fran^ais reconnaissait l’Cre supreme et l’immortalile de lame ! Le choeur, construit par les moines de l’abbaye de Monlier-Saiut- Jean, qui dtaient di'cimateurs de celle dglise, n’a que deux IravCs cn profondeur; le sanctuaire a cinq cote's et cinq fenCres 5 Ugers me- neaux et 5 compartiments varies; 5 la verriCe de celle du centre, est peint un calvaire malheureusement mutik 5 . La vohte est 5 ner- vures recroisees formant des doubles pendentifs. A gauche du sanc- tuaire, s’ouvre la porte de la sacristie, elle est en arc surbaisstS 5 la baie, creusee de gorges accompagnCs de filets qui se coupent 5 angle droit avec ceux du Iinleau chargd des mfimes profils. La tour qui surmonte la voflte centrale ayant occasions , par son poids, un tassement dans les quatre gros piliers qui la portent, on fut oblige de flanquer ceux-ci de pieds-droils, et de soutenir les ogives par des pleins-cintres en contre-bas, qui retrecissent lcdi- fice vers son milieu et detruisent Cidemment l’effet harmonieux de son intdrieur. Ces arcades plein-cintre sont surmontdes d’un ceil-de- boeuf , et n’exislent que sur trois cotes; au cotd du nord l’arc ogival est restd fibre. Celui qui lermine le bas-coti ! , au midi de la nef, et celui qui commence le collateral du choeur, ont dtd repris de la mdme manure en sous-ceuvre par des pleins-cintres. A la clef du dernier est gravd le millesime 1644 qui est 1’i'poque de cette mal- heureuse restauration. Au-dessus des arcades, dans la nef, rdgne un cordon-larmier qui touche 5 la base des fenfires; celles-ci, assez peu elevdes, sont ogi- vales et divisdes par deux meneaux avec des compartiments irrd- gulicrs. Avantde sortir de l’e'glise Saint-Jean, on peut voir dans un cadre en pierre, ajusld avec des cariatides et des tdtes de chi'rubins, l’dpi- taphe de Jacques Maison, homme simple de moeurs et qui employait sa fortuue, acquise parle travail, au soulagement des pauvres ha- bitants de sa commune, 5 ce point qu’il payait de ses derniers les trois quarts des impots 2 . Voici l’inscription : REQUIESCANT IN PACE. CY DEVANT G1SENT LES CORPS DE HONORABLE HOMME JACQUES MAISON MARCIIAND DEMEURANT ARICEY QUI DECEDA LE PREMIER JOUR DE JANVIER 1630. * Recueil de Holes et de pieces historiques, pour servir a l’hisloire des Riceys, par M. L. Coulam. — Paris, Ebrard , iibraire, rue des Malhu- rins-Saint-Jacques, 24 . — 1840. 44 Sc > 218 < — e ET IIOXFSTE FEMME MADELAINE ROBELIN SON ESPOUSE Oil DECEOA EE 5 e OCTOBRE 1626. ETAUSSI IIOAFSTE FEMME M AH IE M A I SON LEER FII.EE QUI DECEDA EE 7 e OCTOBRE 1634 PRIEZ DIF.V POVR EULX. La (our est beaucoup plus (’■levee au-dessus du comble que celles des < ! glises de Ricey-Bas et de Ricey-Haut. Son tflage superieur est decore d’un ordre dorique-piiastre avec deux ouverlures sur cbaque face; !a baie de ces derniercs est orn£e de lagers profils. Sur celte tour s’eleve une fleche octogone recouverte d’ardoises, dout le sommet est encore 5 75 metres au-dessus du pavd de lVglise. La foudre eu avait consume vingt pieds en septembre 1782, et elle ne fut complelement reparee qu’eu 1836. Les voilles sont appuy^es 4 l’exldrieur par des contre-forts tflevds, ttplusieurs retraits, et sur mouths de pyramides orn£es de crochets. Les deux derniers de l’abside sont en outre orn^s de niches sur- monle’es de jobs clochelons 5 jours, dans le gobt de ceux des portes lakrales. Celui de la niche, au nord, est divist? en trois portions avec autant de coquilles au-dessous, et terming inferieurement par trois culs-de-lampe imitant 5 la leltre ces lampes de verre que 1’on voit suspendues dans les chapelles ; ils sont presqu’entkrement ddtaclks du mur, avec un leger rinceau de vigne qui passe sur Ie bord superieur. La sacristie, placc 5 e au nord de lVglisc, est £claire'e & l’est par une eu&lre surbaissiie 5 la baie, creusde de gorges, avec des filets qui se re'unissent 5 contre-courbes sur le liuteau. La porte principale est divisfe en deux vanlaux par un pilastre, et les parois de la double baie sont fouilkes de gorges bordtks de filets qui se continuent 5 la parlie sup^rieure. Une petite colonne sans base, destince 5 supporter une statue, et dont le chapiteau est fornk d’une t6te de ch^rubin, est appliqu£e au pilastre; et au-dessus, dansletimpan, il cxisteun petit ddme fort sail- lant qui devait abritcr la statue. C’est d’abord une petite arcade ap- puyee sur deux especcs de consoles carries et cannekes, sur laquelle s’eleve une autre arcade portde par des pieds-droils et couronnfe par un entablement, que soutiennent deux colonettes cannekes, avec un d6mc sur le tout. Cette decoration, absolument dans le goi'it de la renaissance, est execute avec ce tact et cette adresse de main qui n’apparliennent qu’aux ornemanistes de cette dpoque; maisle sculpleuramanqud de sens en voulant donner, au dessous des arcades et des entablements, 1’apparence d’une degradation perspective dont l’effet ne peut £(re que desagrt ; able, allendu qu’en sculpture cette degradation s’opere na- turellement. De chaque c6ld de la baie on voit une niche il clochelons, disposed sur un plan oblique, avec une colonne appliqike, rdpetant cellc du trumeau; puisun pilastre applique, dont les faces multiples sont dtl- cori’es de frontons aigus et de pyramides orniies de crochets. Un grand arc plein-cintre, soutenu dans son contour par des con- soles can neldes, prend naissance sur les clochelons dont il vienl d’etre park 1 , el dessinc le tympan dc la porte. Dans une large frise qui rtgne tiu-dessus, on voit trois niches plein-cintre, ddcordes de coquilles, et contenant un piedouebe desting 5 porter des statues. La frise est domiike par une cornicheit larmier, au-dessus de laquelle estouverte une large fenfire cinlr^e; celle-ci est divisge par des meneaux et des arcs plein-cintre et par des cercles enlaces et 4 jour, suivant le con- tour de la fenfire; ces derniers, avec le grand arc inferieur. sont des ouvrages de reparation posterieurs 4 1 600. Le portail est appuyk de d ux grands contre-forts et d'une tourelle, conslruile a Tangle meridional, et contenant un escalier De cliaque c6te de la porte, une fen£tre ogivale (xlaire les bas-c6- tes ; ces deux fenfires sont parlagtks par des meneaux qui paraissent aussi avoir (He refaits poslerienremint. Les basses-iofites sont con- treboutees aux angles du portail, par des contre-forts lalcraux en parlie elevessur les murs, et dont la parlie saillante est terming par des pyramides onkes de crochets avec un fleuron au sommet. Pendant les devastations de 92, on a delruit une croix colossaleen pierre qui glait placce au milieu du cimetiere devant le portail. Cette croix, qui appartenait 5 lVpoque gothique, gtait hislorige et dtkorik de niches ou habitacles contenant les statues des douze apolres. Ouelques maisons du bourg de Ricey-IIaute-Rive, conslruites dans les scizieme et dix-seplieme siecles, ont conserve 5 Texlerieur leurs decorations primitives; Tune d’elles, placeeau fond d’une cour, est dikorde d’une galerie ft deux rangs de colonnes superposes, 5 Texlremitd de laquelle se trouve une jolie tour polygonale dont le toit a £ld delruit. Tout piks, est la porte d’entr^e de la maison , ft baie chargee de moulures, avec un linteau droit surmontr d’un ecus- son accompagm5 d’accolades sur lesquelles on lit ces mots : RECOVRS EN DIET. Au-dessus de la porte d’une petite maison, dans la nkme rue, on voit, sur un rouleau di ! ployt 5 , trois inscriptions gravies Tune au-dessous de Tautre, et exprimant la nkme peustfe en autant de langues : la premiere est en grec, mais elle est en parlie effaede. Nous transcrivons les deux dernieres : EX VOEUPTATE INFOEEICITAS. DE VOEVPTE MAEHEVRT. Et sur le haut d’un £cu ^chancre, au-dessus de la fentkre, 5 droite de la porte, on voit une croix grecque, sous laquelle est gravd le milksime 1561, et, 5 Iapoiute, le monograme VF. La datede 1555 sc lit encore sur une autre petite maison, du c6tg oppose, dans la mime rue. Sur une autre maison du bourg : QVI ENDVRE n’EST VAINCV. 1619. Sur une autre, rue de TAllouelte : P. ESPERIT 1621. Sur line autre encore, au milieu d'uu ovale qui renferme un emur : EN DIET EE COEUR 1623. Et sur une dernkre eufin : QVI R1S ET MORDS QVI MED1TE ET RAPPORTE NENTKE SEANT L JE LVI DEFEND LA PORTE 1649. 219 < — S2 RICEY-BAS. L’dglise de Ricey-Bas est de fondation fort ancienne. Sous Ie roi Lolhaire, elle avait (fid donnee St l’abbaye de Fleury par Achard, dvdque de Laogres; plustard, elle ddpendit de Saint-Pierre-le-Vif, de Sens, J qui Rdnald, oncle de saint Bernard, la relira en 1113; puis elle revint i Saint-Pierre, de Sens, qui la conserva jusqu’au seizieme siecle. 11 n’existe aujourd’hui aucune parlie de l’ddifice primitif ; il a did rcconslruit enlierement dans le quinzieme sidcle, puis considdrable- ment augmentd dans le siecle suivant. Les seigneurs des Riceys conlribuerent beaucoup & son embellissemenl ; et Ton cite notam- ment la famille Viguier qui fit achever la nef 5 ses frais. Le portail occidental est la parlie la plus nioderue de l’dglise, mais il ne manque pas de caraclere dans son ensemble ni de beauld dans ses derails ; c’est la derniere expression de la renaissance. 11 est composd d’abord dedeux lours jumelles, de forme carree, ddcordes de pilastres de diffdrenls ordres superposds et dlevds sur un socle rustique et couronad d’une grecque ; °lles renferment chacune un escalier. Enlre les tours, tk la hauteur du premier ordrc, mais un peu en retraite, se dessine un grand arcplein-ciutre avec un archivolte. La voussure de cet arc est ornde de caissons alternalivement hexa- gones et carrds. Ils encadrent des bas-reliefs qui rappellent encore la bonne dpoque. Au milieu, on voit Dieu le pdie coiffe d’une tiare papale, tenant son fils crucifid entre ses genoux,et Ie globe croisd d’une main. A gauche est le sacrifice d’Abraham ; et au c6td opposd, le crucifiement de saint Pierre, patron de l’dglise. Les autres com- partiments sont occupes par les figures des dvaugdlistes. Sous la voussure sont ouvertes trois portes qui loutes corres- pondent & la nef. Celle du milieu est plein-cinlre et flanqude de deux colonnes avec entablement. Les deux portes laldrales sont de simples baies carrdes sans aucun profil ni ornement, et ouvertes sous lc bandeau qui soulient le cintre de la premiere. La cornichede l’entablement du premier ordrc, qui est dorique, se continue entre les tours au-dessus de l’archivolte ou elle est sup- portde par de grosses consoles orndes de cannelures. Sur cette corniche regne une balustrade qui est formde d’une suite de petites arcades. Au premier dtage, c’est encore l’ordre dorique-pilastre avec son architrave seulement qui ddcore les tours. Enlre ces dernieres, il y a trois fendtres plein-cintre sdparees par des pilastres cannelds; celle du milieu , plus grande, est divisde par deux meneaux. Au deuxieme etage, c’est uu ordre ionique avec entablement com- plet, qui regne dans toute la largeur du portail. Mais les pilastres sont un peu courts et taillds en gaine. Dans l’intervalle de ces dcruiers, on voit des niches peu profondes et orndes de coquilies. Au milieu, sur cet ordre, est une espece d’attique dlevd sur uu soubassement ddcore de pilastres et d’un joli entablement ; il dessine un carrd dans lcquel est inscrit un cercle cnlourd d’un cadre dans lequel est tracd un cadran. Cet ajustement est surmonte par unelanterne polygonale terminde par un dome circulaire decord de pilastres. Les deux tours, qui ne sont de fait que des cages d’escalier, sont aussi (ermindes par de pelits domes ddcords de pilastres et de niches alternant avec de petites arcades h jour; mais on leur a donnd moins d’dlevation qu’ii ceux du centre, pourconserver le systeme pyramidal. Eufin, les ouverlures qui eclaireut l’escalier i la base des tour sont encadrdesde pelits pilastres cannelds et d’un entablement Idger. Cet ajustement, qui est reproduit sur les faces laldrales, se continue sous la voussure o(i il encadredes niches cintrdes. Les portes des basses-nefs , & l’oucst , sont antdrieures 5 celle du portail ; mais elles different enlre elles par leur decoration. Celle du cdtd droit est gothique, et celle du cold gauche, dans le goht de la renaissance. Elles sout ouvertes toutes deux dans un mur qui ne ddpasse pas le pignon de la nef auquel Ie portail est appliqud. La porle de la nef mdridiouale est en arc surbaisse, creusd d’une gorge ornde de rinceaux de vigne et de raisins entre lesquels on voit des escargots. Les filets qui accompagnent cette gorge se continuent sur les parois de la porle, et se terminent par une base alongde dans le plan incline d’un socle profild et dispose en ligne oblique. De chaque cold sont appliquds des piddestaux couronnes de fcuillages et de figures de monstres; puis, sur le dd, des branches ou rameaux lids avec des cordes sculptdes. Au-dessus, on voit des clochetons golhiques a jour, deslinds 5 couvrir les statues qu’attendent encore les piddestaux. Une archivolte creusfe d’une gorge qui prend naissance sur ces clochetons, couronne la porte et se termine par des conlre-courbes orndes de feuilles rouldes, et de figures de monstres ailds qui remplacent les crochets que d’ordinaire on voit sur les rampans. Le triangle resultant de toutes ces courbes est rempli par une rosace qui en affecte la forme. Le mur au-dessus de cette porte est couronnd par une lourde doucine, et par une balustrade appliqude, dont le dessin forme une suite de demi- cercles remplis par des courbes rdsumant le trefle. La porte du bas-c6td, au nord, est un plein-cintre ct trois retraits, ainsi que les pied-droits; ces derniers sout creusds en compartiments lozanges, et les voussures orndes de caissons avec des rosaces. La baie est accompagnde de deux colonnes d’ordre composite avec piddestal. Sur 1’entablement qui est sans ornement, est une espece d’ddicule cintre, ddcore de pilastres courts et d’un fronton au sommet duquel est un petit vase appuyd d’accolades ou consoles renversdes. Cet ajustement se termine, sous la doucine qui couronne le mur, comme au cote oppose au portail. En suivant, au nord, on voit des contre-forts, sous forme dc pilastres d’ordres corinthien et ionique, appuyer lemur deschapelles ; ces pilastres ont de fort beaux chapiteaux et ddpassent beaucoup la hauteur du couronnement. Ils sont surmontds d’especes de cande- labres ornds qui ajoutent encore ill la ddcoralion exterieure de 1’ddifice; mais ce qu’ii y a de plus rcmarquable sont les habilacles surmontds de dais it jour, appliquds sur Ie fht de ces pilastres. Les details toujours Idgers, toujours heureusement varies alteslent la prodigieuse feconditd des oi nemanistes du seizieme siecle. Sur la partie infdrieure de l’habitacle du premier pilastre, est gravd le milldsime 1543. Les fendtres sont en ogives brisdes ii la naissance, et divisdes par des meneaux rdunis par des trilobes et des compar- timents irrdguliers. La quatrieme et derniere chapellc forme retour, 5 l'est, pour se raccorder avec I’extrdmitd du transept qu’elle ddpasse de toute sa profondeur. Toutes les chapelles sont, it l’extdrieur, termindes par des piguons sans ornement. On remarque l’ajuste- ment d’uue gargouiile qui est figuree par un lion devorant un horn me. Au cotd mdridional , les chapelles de la nef sont couronndes par s— > 220 une jolie balustrade avcc des rampansil jour, appuyds aux piliers ou obdlisques qui sont orndsde frontons etde crochets et qui surmon- tcnt les murs de refend. A 1’endrcit de ces rnurs, Ies trumeaux sont decores d’habitacles dans le goht de ceux quc nous avons signales, et qui prdsentent la mdme varield ct la mdme finesse d’exdculion. Sur un tillet qui fait parlie de la decoration de l’un d'eux, on lit la date de 1522; cl, au sommel d’un autre, on voit une figurine tenant deux guirlandes dc fleurs, auxquellcs sont attaches des tillels portant celle de 1 527. Les fendtres de la nef sont 5 plein-cintre, di visees par des meneaux surmontds d’un rdseau de compartiments irrdguliers. La corniche est lourde, peu saillanle et se ressent ddji de la decadence qui eut lieu sous les successeurs de Francois 1". Cette parlie supdrieure de Tddifice ne fut achevde qu’en 1603, selon que le rapporte un manuscrit du temps. Les transepts, qui appartiennent a l'ancienne eglise, ne comprenant que la largeurde la nef et des bas-cotes, se trouvent ddpassds par les chapelles, et foment une sorte de retrait desagrdable qu’on aurait pu corriger au moyen de porches couverls. En suivant toujours au midi, la porte, ouverte sous le pignon du transept, es! 5 linteau plat ornd de gorges et de filets qui se conli- nuent sur les pied-droits, ct sc termiuent sur un socle en ligne renlranle. Au milieu du linteau, on voit un ange tenant l’dcu aux trois fleurs de lys, puis une niche vide terming par un cul-de-lampe sur le fond du tyrnpan. Ce dernier est couronnd par une archivolte ogivale creusee d’une gorge et brisde 5 sa naissance pour former l’imposte. Au-dessus, 5 une cerlaine dldvation , est une fenfire ogi- vale, longue, etroile el divisde par un seul mcneau qui engendre deux ogives trilobees. Le pignon est percd d’une ouverturecarrde et taillde en biseau, pour donner le jour aux comblcs. Les angles de ce portail sont appuyds de contre-forts lies en oeuvre avec le mur des cha- pelles add tionnelles qui sont au nombre de trois de chaque cdte du choeur. A Tangle de la premiere, au sud,on voit une petite niche avec une statue de saint Pierre, au-dessus de laquelle ont lit celle date, I Old, probablement celle de la construction de ces chapelles. Elies sont surinontdes de pignons et perches de fenelres cintrdes avec des meneaux et des compartiments. Sous l’appui de Tune de ees fenelres, ou voit la baie profile d’une petite porte 5 linteau droit, que Ton a bouchde depuis long-temps. Le cordon qui regne sous la base des fendtres forme ressaut au-dessus de cette porte, puis se brise en ligne inclinde, ainsi que le socle du mur, pour suivre la petite du terrain, qui est considerable. L’exlrdmild du bas-cotd, 5 Test, est lerininde par un mur droit, percd d’uue fendtre 5 ogive, profilde de gorges, el couronnd par des modillons. L’abside du choeur prdsente trois faces d’un oclogone, appuydes de beaux conlre-forls 5 relraits accusds par des larmiers, et dlevds jus- qu’it la corniche qui est profilde de gorges legdrement prononcdes. ’Trois longues et belles feudtrcs a ogives dclairent cel abside; elles sont di visees par des meneaux ddlicals, rdunis par des ogives & conlre-courbes trilobees et surmonldes d’un rdseau de compartiments irrdguliers, qui en remplii la parlie supdrieure. Leur baie est creusde de gorges accompagndes de filets qui se lerminent par un socle polygonal sur le plan inclind de la base. A u nord, les chapelles prdscnlent les mdmes dispositions, et ne different guere que par le couronnemcnt qui parait avoir did refait postericurement. L’extrdmitd du bas-c6ld est de mdme termind par un mur droit avec une fendtre ogivale. Une porte est ouverte aussi de ce c6td, 5 Texlrdmitd du transept ; elle est partagee en deux baies par un trumeau. Le linteau est droit, arrondi Idgerement vers les angles, et creusd de trois gorges ddcroissantes qui se continuent sur les pieds-droits. L’ogive du tyrnpan est chargee de profils et couronnee d’une archivolte appuyde sur deux culs-de-lampe. Le champ de ce tyrnpan est entierement privd d’ornemcnt ; sa base est un plan inclind Idgerement creusd de deux canaux et termind par un filet sur le linteau de la double baie. La porte est basse et sans grtice, mais il serait possible de remddier 5 cet inconvdnient, en baissant un peu le terrain et en supprimant les trois marches par lesquelles on descend dans Tdglise. Au-dessus de la porte, est percde une grande fendtre ogivale, 5 deux meneaux legers, et ddcoupde en compartiments irrdguliers qui en renferment de plus petits. Une tour reclangulaire est construite sur la voule centrale des transepts, et se trouve appuyee par les grands combles de Tdglise; mais 5 Torient, celui de la nef, dtant plus dlevd, Tencaisse dece cold jusqu’5 son couronnement. Sur ces faces sont deux ouvertures cin- trdes pour Tdmission du son des cloches. Elle est surmontde par une fleche un peu grele, dont le sommet est dlevd 5 soixante-treize metres au-dessus du sol, et les cdlds sont flanqudsde quatre autres fitches plus petites et orndesde fleurons en plomb. Pour conserver au pavd de la nef, le niveau de celui du choeur qui se trouve sur un sol plus bas, on a construit 5 l’entrdede Tdglise un perron qui cn occupe la premiere travde; 5 ce perron sont joints trois escaliers de huit degrds : ceux placds laldralement rdpondent aux bas-cdtds, et par celui du milieu, qui est demi-circulaire, on descend dans la nef. A la base des fendtres de cette derniere, regne une balustrade dd- coupde 5 jour, dont le motif est une suite de carrds remplis par deux S ornds, renversds et adossds en maniere d’accolade; le support de cette balustrade est une corniche formde decavets et d’autres moulures. Les voiites de la nef sont 5 nervures recroisdes, 5 doubles penden- tifs el 5 compartiments; les arcades sont profildes de gorges avec des filets qui s’dpanouissent sur le flit des piliers enlourds de colonnes appliqudes sans chapiteau. Les bases reposent sur des socles douze cotds, et fort dlevds. Le pavd des chapelles est dlevd de quatre marches. Cette disposi- tion, motivde sans doule par Tdldvation du sol exterieur, a permis de placer la base des fendtres 5 une hauteur convenable; les voiites soul t\ nervures croisdes, simples et rdunies par des clefs pendantes en forme de candelabre renversd. Au midi, elles sont recroisdes et ti doubles pendentifs. La premiere chapellc, au c6td mdridional, est occupde par un sd- pulcre fermd par un mur, ddcord de corniches et dans lequel sont ouverles deux portes 5 linteau plat. La voiite est trds-surbaissde et formde de larges caissons disposds sur quatre rangs. Cet intdrieur ne regoit de jour que par deux trous pereds sous la base de la fend- tre, celle-ci dclaire au-dessus une espdee de tribune ;i laquelle on arrive par un escalier praliqud it droitc de Tentrde. Une piscine ornded. 1 pilaslres, qui se voit dans le mur, indique assezque le sdpulcrc n’en- trait pas d’abord dans le projet de Tarcbitecte qui a construit cette chapelle. »-» 221 Sur un sarcophage orne d’un bas-relief, on voit le Christ concha. II est entoure de la Vierge, de saint Jean et de la Madeleine avec d’autres figures qui occupent le fond , mais ces dernieres sont restdes a Mat d’ebauche et sont fort mutildes ; le s^pulcre est de- venu un ddpht de toules sortes de matdriaux jetds pdle-mdle et qui entreliennent l’humiditd de ce lien et accusent l’insouciance de la fabrique. A la deuxieme chapelle , celle des Fonts , on voit un vitrail re- prdseotant le baptdme de J.-C. La partie supdrieure de la fenfire est remplie par un choeur d’anges qui chantent en s’accompagnant de violons et de triangles. Une jolie piscine, dans le goht de la renais- sance, nitrite d’etre remarqude par son ajustement. A la troisieme chapelle,estuncharmantretab!een boisdord, on Ton voit les principales circonstances de la vie du Christ. 11 est divisd en six cadres, couronnds de dais & jours et accompagnds d’une foule d’ornemenls lagers et d’un goht varid. Le calvaire occupe le com- parliment du milieu qui est plus dlevd et termini en demi-cercle. Autrefois cesjolies sculptures etaient prdservdes par des volets peints qui en ont did arrachds. A la quatrieme chapelle, on voit au mur de refend une sorte de cor- niche saillante ornde de feuillages el de figures d’anges tenant un dcusson dchiqueld, puis au sud une jolie piscine plein-cintre avec ajustement de pilastres surmontds de canddlabres enflammds; entre ceux-ci, il y a une frise ornde d’dcus armories avec un mddaillon a buste de femme aa milieu. Cette corniche devait porter des statues. Les chapelles au nord de la nef sont vohtdes dans le mdme genre que celles du midi, et closes par des arcatures et des colonnades. A la fendtre de la premiere, il existe un reste de peinture en grisaille, oh l’hisloire de la Sainte-Hostie est represents en dix panneaux; on remarque entre tous celui ou la femme va communier ; le lieu de la scene est I’intdrieuc d’une jolie dglise gothique parfaitement en perspective. Sur le haut de la fenfire, est peinte la date 1549 deux fois rdpdlde, ce qui prouverait que ces chapelles furent tcrmindes bien avant la partie supdrieure de la nef qui n’est peut-dlre qu’une reconstruction. La deuxieme chapelle n’a riende remarquable; hla troisidme, on voit un retable dans le goht de la renaissance, exdcutd en bois peint et dord. Il est divisd de mdme que celui dont nous venous de parler, en six sujets superposes et scares en bas par de pelits pilastres charges d’arabcsques, et en haut par des colonnes balustres ; le com- partiraentdu milieu renferme aussi le calvaire et se termine par une arcade plein-cintre surhaussee. On serait assurement lente d’ad- mirer ce joli retable si Ton n’avait pas vu le premier ; le vitrail est malheureusement trds-mutild, il a ete donne par messire Jchan Lecler, prestre, cure de ce lieu en l' an mil V.... La quatrieme chapelle est 5 moitie obstruee par une tourelle h pans qui contient Mealier des basses-vohtes. La porte de cette tour est ouverte extdrieuremeut h Test. Les vohtes des transepts et du choeur, dtant beaucoup moins dlevdes que celles de la nef, on n’a pu raccorder cette derniere partie de l’d- difice que par un arc-doubleau en contre-bas de plus de trois metres, et qui produit ndeessairement un effet ddsagidable. Les vohtes des transepts sont h nervures croisdes, simples, soute- nues au nord par des colonnes engagdes dans les angles, et au midi par des culs-de-lampes. Sur la verriere, au-dessus de la porte du nord, on voit tous les sujets de la Genese, reprdsenlds en quinze panneaux jusqu’h la chute d’Adam. Le erdateur y est figure couvert d’une riche chape rouge, avec un liare d’or sur la t6te : il est au milieu d’un choeur d’anges qui chantent les merveilles de la erdation. A la fendtre du transept meridional, sur un fond d’azur ouvrd, on voit sainte Elisabeth en robe violette et en manteau rouge, ensei- gnaut h lire h la Vicrge qui porte une robe rose et le manteau tradi- tion nel, de couleur bleue. Ces figures sont placdes sous un arc sur- baissd; et, sous des clochetons ou dais dtagds, on distingue un saint ar- chevdque avec quatre donateurs et douatrices, reprdsentds h genoux. Les deux piliers qui ouvrent le choeur ont des bases semblables h celles des piliers de la nef et regnant h la mdme hauteur; ils sont flanquds de huit colonnes appliqudes dont les chapileaux sont ornds defeuilles routes, continues et mdldcs de figures de monstres. Au cot6 gauche, ce sont des branches torlilldes avec toutes sortes de fcuilles entre lesquelles on voit des glands. Les chapiteaux de ces co- lonnes qui soutiennent les nervures du bas-cotd nord, sont entou- rds de grosses feuilles avec des anges tenant des rouleaux tortillas; on y remarque aussi un aigle de profil, puis un homme cou- chd, vdtu d’une large robe h collet rabattu, et coiffd d’un bonnet. Il tient une bourse de la main gauche, et a le bras droit dtendu. Sa chevelure est trds-abondante et forme de chaque chid de la tdte une touffe volumineuse. Aux chapiteaux du pilier correspondant au midi, 1’ornement se continue de meme sur trois colonnes, ou plutht sur leurs chapiteaux qui ont aussi untailloir continu. C’est d’abord un monslre h quatre pattes, repliant le cou sur le dos, et de la gucule duquel sort un rinceau de vigne & larges feuilles et chargd de raisins, puis un oiseau qui vient les attaquer h coups de bee. En suivant, h la colonne sous la pre- miere arcade du choeur, on voit deux anges enfants, tenant l’e'cu aux trois fleurs de lys : ces chapiteaux sont les seuls ornements que Ton remarque aux piliers dans toule l’etendue de l’dglise. Les arcades du choeur, au uombre de trois en profondeur, sont en ogive surbaissde el profildes de plusieurs gorges. Les fendtres manquent aux deux premidres travdes, et la troisieme n’en a qu’une fort petite ; elle est en ogive divisde par un meneau qui en- gendre deux trilobes surmontds d’un rdseau de comparliments irrd- guliers, rdsumant loujours la forme des trefles; les piliers sont cy~ lindriques, et Ieur base octogone est fort peu dlevde. Les vohtes du sanctuaire sont recroisdes et foment des doubles pendentifs. A la verriere de la fendtre centrale de l’abside, on voit, sous un dais magnifique, Jdsus crucifid et accompagnd de deux anges qui recueillent dans des calices le sang jaillissant de sesplaies; aubas, la Madeleine aux longs cheveux blonds, est debout embrassant la croix; d’un chid, la vierge Marie tenant un lys, et de I’autre, saint Jean, le disciple bien-aimd. Au bas du calvaire, est toute la vie de saint Pierre, reprdsenlde en neuf panneaux avec des legendes au-dessous. Le fond imite une dtoffe pourpre, damassee et ornde de perles blanches dans le haut, et de perles d’or dans le bas, avec des frangesvertesetbleues. A la fendtre, h droile, une gdndalogie de J.-C. sur fond azur ; elle est incomplete. 45 222 A la fenfire opposde, les personnages sont disposes sur Irois ranges, mais il en manque une grande partie; en bas, au milieu, on voit saint Pierre assis sur un trone, vdtu en pape avec la tiare aux trois couronues d’or. 11 lient en main deux dnormes clefs d’argent, et il a Ie li vre de I’dvangile ouvert, sur les genoux. Le deuxieme rang manque enlierement ; au troisieme, il reste deux apotres ou pro- phdles tenant des rouleaux : ces figures sont surmonldes de dais fort riches; enfin, a la partie supdrieure de la fenfire, on voit un chceur d’anges en robes blanches, sur un fond rouge. Le bas-c6ld droit du choeur est vodld Si nervures croisdes, simples et profiles de larges boudins. Au cote opposd, les nervures sont anguleuses comme celles du choeur. Les chapelles, au c6t^ droit dece dernier, sont ouvertes par des pleins-cintres sous l’ogive des fendtres qui dclairaient le bas-c6td, avant l’addilion de ces chapelles ; la votite est Si compartimenls avec des nervures ldgeres, reunies par un clef pendante. La deuxieme chapelle est voOlde en plein-cintre avec cinq rangs de caissons sdpards par des bandes orndes de doubles filets. Dans le mur, est pratiqude une piscine decor de d’un petit ordre dorique sans fronton. La derniere chapelle est ouverte par une ogive dtroitequi paralt avoir eld retouchde ; la votile est Si vive arete, mais en pliltre seule- ment; la fendlre qui est cintrde n’a point de meneaux. Les chapelles collatdrales, au nord du chceur, sont voices et ddco- rdes dans un godit analogue Si cellesdu cold meridional, et n’offrent rien de particular Si signaler. Les historiens attribuent la fondation de l'ancien chiteau de Ricey-Bas Si Robert, seigneur de cc lieu, qui vivait en l an 1086, et qui y avait fait construire une grosse tour. Dcpuis, Marie d’Amboise, fiemmo d’un autre Robert, baron de Ricey, y avait fait ajouler, en 1450, deux tours et un grand escalier. En fan 1506, Anne de Laval, femme de Georges de Crdqui, II e du nom, baron de Ricey, fit faire une galerie et la grosse tour du chateau ; les autres parlies des batimenls avaient did dlevds par les aulres seigneurs de la rnaison de Crdqui : ony comptait sept tours, dont la plus grosse, dite Tour de Laval, avail douze metres de dia- metre hors d’ceuvre, et scs murs deux metres quarante cenlimdtres d'dpaisseur. ties lours, qui dtaient bAties de fortes pierres de taille et de briques, contenaient des chambreset des cabinets; elles dtaient jointes par de grands corps-de-logis dont les murs avaient pres de deux metres d’dpaisseur. Toutes les chambres, au Dombre de plus de vingt, dtaient ddsi- gndes par les noms des families des seigneurs qui avaient possddd le chateau, et par ceux de leurs alliances. Les armes de ces families dtaient peintes sur les lambris et sur les cheminees. On y remar- quait de riches tapisseries et beaucoup de tableaux, parmi lesquels dtaient les portraits des quatre dues de Bourgogne de la dernidre race, savoir : Philippe-le-Ilardi, Jean-sans-Peur, Philippe-le-Bon et Charles-le-Guerrier ou le Temdraire. 11 y avait, en outre, une grande galerie ou salle d’armes, et une prison dtablie dans une tour, pour y loger les prisonniers de deltes et ceux qui chassaient dans les bois du seigneur. De cet immense et pompeux chateau, il ne reste plus aujourd’hui qu’un angle avec retour d’dqucrre, et une tour; le comble en est fort dlevd, et les murs sont tres-dpais ; les ouverturesdes fendtres sont cou- pdes par des croix, et chargdes de profils qui indiquent une construc- tion du seizieme siecle. Depuis la rdvolution, on a bAli un corps de Iogis plus rdgulier, 5 la suite de ces resles de l’ancien manoir fdo- dal, mais il est 5 ce dernier, quant aux dimensions, ce que serait une chevre Si cold d’un dldphant. Plusieurs maisons de Ricey-Bas conservent encore quelques traces d’ornementation , d’aulres portent ides inscriptions que nous allons reproduire. Dans la rue dite de Choiseuil, on trouve celles-ci : MIEVX VAVT VH PEV AVEC JVSTICE QVE CROISSEMEHT SAHS EQVITE. 1610 . HI LES BIEHS HI l’hOHHEVR VAIH DICI BAS JE HE DESIRE RESOLVMEHT ET JE HASPIRE QVAV PARADIS c’EST MOH CAIH. PATIEHSSE PASSE SIEHCE 1750 . MUSSY. Mussy, qu’on dcrivait anciennement Muxi , est une petite ville situde sur la Seine, pres d’une fordt qui porte son nom. Lois de [’occupation des Anglais, en 1433, Mussy, qui dtait restde fidele ft la Fiance, fut assidgde et prise par le due de Bourgogne, et elle souffrit, selon Monslrelet, tous les maux que la guerre traine apres elle. Les dvdques de Langres possddaient la terre de Mussy depuis un temps fort rcculd, ce qui a fait douner 5 cette ville le nom do Mus- sy-l’Evdque qu’elle a long-temps portd. Cette possession leur fut dispulde par Hugues IV, due de Bourgogne, mais ils furent mainle- nus dans leurs droits par un jugement que rendil saint Louis, au bois de Vincennes. Peu aprds, l'dvdque Gui, de Rochefort, vendil au due de Bourgogne moilid de sa terre de Mussy; mais en 1467, Gui Bernard, 1’un de ses successeurs, racheta cette moilid, moyennaut 3.000 livres provenant de l’affrauchissement de certains droilsquecet dvdque avait accordds pour cette somme aux habitants de Langres. s-> 225 Gui Bernard habila souvent le chateau de Mussy et y signa, ea 1463, une charte en faveur de 1’abbaye de Redme. Ce ch5leau fut rdpard 5 la fin du quinzieme sidcle par l’bvdque Jean d’Amboise , premier du nom , qui fit entourer la viile de murailles et de fosses. Ddtruit par un incendie, en 1617, il fut reconstruit par l’dvdque Sdbaslien Zamet. Louis de Clermont-Tonnerre l’embellit encore eu 1700, et fit exdcuter de grands travaux dans les jardins. 11 reste aujourd’hui de ces constructions la chapelle, la salle du Synode et la bibliotheque. Depuis le quinzieme sit?c!e, la plupart des dvdques de Langres ha- bilerent le chateau de Mussy, qui dtait leur maison de predilection pendant la belle saison. L’dvdque Michel Boudet, aumbnier de la reine Claude, et ambassadeur en Espagne, y mourut le 22 juillet 1529. Le cardinal de Givry, son successeur,y mourut aussi au mois d’aoht 1561. Eufin, le cardinal de la Luzenne, y composa la plupart des ouvrages qui l’ont place au rang des plus illuslres dcrivains eccldsiasliques de France. Aux litres de due de Langres, pair de France, marquis de Cou- b!anc,comle de Monsaugeon, baron de Lusy et de Gergy, les dvdques de Langres joignaient celui de baron de Mussy. On lit dans le ddnombrement des propridlds des dvdques de Langres, fburni au moisde mars 1566, par Pierre de Gondy : Item aeons la viile de Mussy ainsy quelle sextend tant en Jermetle comme en tout le finage et teritoirc diez le chaslel et maisons estant au dedans de ladite viile ainsy ~ quits se ex t ai- de nl , auquel lieu et au finage nous aeons toute justice et ju- risdiction haulte moyenne et basse seul et pour le tout siege de baillage et d' assises ou ressortissent lisle plaine et saint Langis j preeost et sergens tenant court de jurisdiction taille sur lesdits habitants rouaige corvdes fouaige, etc. En 1600, l’dvdque Charles d’Escars avait dtabli & Mussy un tri- bunal de l’officialitd. Mais sur les reclamations adressdes par la viile de Langres et l’official de cette viile, le parlement cassa l’institution d’uue officiality 5 Mussy et la rdtablit 5 Langres comme viile royale et metropolitaine L Mussy a donnd naissance, en 1638, au podte Eden Boursault, auteur du Mercure galant , d’Esope d la cour et d’aulres ou- vrages. L’dglise paroissiale de Mussy, deditee a Saint-Pierre-es-Liens, est l’une des plus remarquable du ddpartement. Suivant la tradition, elle aurait did fondde dans le treizieme siOcle par un chevalier qui avait suivi saint Louis 5 la Terre-Sainte. Nicolas de La Brosse, gentilhomme bourguignon, dit (dans sa descriptiou de la terre et baronie de Riceys) « qu’on voyait aux ambris de la salle dite de Vignier, dans le chateau de Ricey-Bas, les armes de cette maison, qui sont d’or, au chef de gueule, 5 la bande componnde de six pieces d’argent et de sable »; puis il ajouie « que cet dcusson se voit & la vohte de 1’dglise de Mussy, et l’histoire du pays, dit cette dglise avoir dtd fondde par messire Gilles Vignier, oh il est encore reprdsentd dans les vilres du choeur avec sa colte d’armes 1 Nous devons ces documents a l’obligeance de M. Pistollet de Saiut- Ferjeux, proprietaire a Langres, et qui s’occupe en ce moment d un travail hislorique sur la curieuse calhedrale de cette viile. semde des mdmes armes. Le brave chevalier fut 5 la Terre-Saiute Fan 1240, avec le roi saint Louis, et, dit un vieux manuscrit, qu il amcnait en lost grande compagnic du pays de Bour- gogne. » Fauchet, dans son recueil des anciens poetes frangais, cite le tes- tament de Humbert, fils de Gilles Vignier, ou il ordonne « de prier Dieu pourl’dme dudit Gilles, son pdre, lequel est fondateur de I’e- glise colldgiale de Mussy, comme il appert par ses armes qui sont aux clefs de la voiite de ladite dglise et par les vilres du choeur oil ledit Gilles est reprdsentd avec sa colte d’armes semde des mdmes armes el blason, ainsi qu’elles se portent encore aujourd’hui. » Ces deux dcrivains, qui se sont accordds pour citer la figure du vitrail, n’ont point parly de deux statues de grandeur naturelle qui se voyaient aussi dans le choeur de l’dglise de Mussy, etque la tra- dition conservde au pays, designe comme ytant celles de Gilles Vignier et de sa femme. Il est d’autant plus fbcheux qu’ils aient gardd le silence & cet dgard, que de leur temps ce groupe devait dtre conserve dans toute sou intdgritd, et que l’inscription qui I’accompa- gnait, aujourd’hui perdue, aurait pu jeter quelque lumiere sur l’ori- gine de l’eglise de Mussy. La place honorable que ces figures occu- paient dans le sanctuaire, place qu’on n’accordait dans le moyen-bge qu’aux seuls fondaleurs, ou tout au moins d d’augustes bienfaiteurs, prouverait assez que les deux personnages qu’elles reprdsentent sont les fondaleurs de notre dglise colldgiale. Du reste, les costumes et le travail de la sculpture sembleut s’accorder avec l’dpoque que la tradition assigne & cette fondation, sur laquelle ou n’a aujourd’hui rien de prdcis. Toutefois, en suivant cette tradition, et 5 l’aide d’une dpitaphe ddjft ancienne, qui est gravde au mur du transept meri- dional, nous pouvons hasarder quelques conjectures. Voici l’dpi- taphe : -j- Cxj gist sire Henriz Quialloz de Muxi q. trespassa Van M. CCC XXXVIII et fuannete : sa femme q y out ceans fondeune chapelle ppcrtuelle laquelle doit III messes la semaine a Vaulel Saint-Jehan-Bapt. et done XL s. cliascu. anp. Ill anniversaires et autres tombes des II gis Andres lor fix q. ha fonde une cha- pelle de III messes audit autel et done LXs. chasqu. an p. Ill anniversaires et trespassa VanM. CCC LXI et gisent li hoirs aussi ccant R : C : I : PAG. A la date de 1338, lorsque mourut cet Henri Quialloz, il est prd» sumable que l’dglise etait enlieremenl terminee, et que ce fut quelque temps avant sa mort qu’il songea 5 y fonder une chapelle. Or, si l’on admet la tradition conservde par les habilanls de Mussy, que leur dglise paroissiale a dtd Mlie en (rente-cinq anndes, on pent eu reporter les premieres constructions 5 la fin du treizieme siecle, Et, quoique l’ddifice n’offre aucuu ornement de sculpture, on est d’autant plus affermi dans cette opinion, que, par la disposition de son plan et par l’ajustement de l’abside du choeur, I’dglise colldgiale de Mussy a des rapports frappants avec celle de Saint-Urbaiu de Troyes, commencde, comme on sail, en 1263. La porte occidentale de l’dglise est ouverte sous une tour rectan- gulaire 5 quatre blages et qui dgale en largeur celle dc la nef. Le dessous de cette tour est voditd en arete et forme un porche divisd en Sr - » 224 <— S trois arcades, lesquelles joigneuf. en retour les bas-c6t£s, dont la premiere trav< ! e, pour cette raison, a £[(■ m£nagee plus grande que les autres. La nef comprend quatre arcades ogi vales, profiles seule- nient d'un bisea u ; elles sont soutenues par des piliers de forme hexagonale avec un leger cordon sur les aretes. Ce cordon se pro- longe au-dessus et vient , se conlournant en ogive, dessiner la baie des fenfires : ces dernieres sont divisdes par des meneaux et dcs ogives surmontees de pelites rosaces; un cordon ou lore regne aussi leur base tout autour de lYglise , et coupe le premier 5 angle droit. Les quatre premieres chapelles des bas-c6t£s n’apparliennent pas au plan primilif; elles ont 6t£ ajoul6es dans le scizieme siecle, comme il est facile de le voir, et sont construites entre les conlre- forts dont elles ne d£passent pas la saillie, en g£n£ral assez grande. L’archilecte a simplement abaiss£ jusqu’au sol la base des ancienncs fen&res pour ouvrir ces chapelles; il y a ajould une vohte l£gere et au fond une fenfire dans le goht de son t’poque. Elles sont ferm£es pour la pluparl de grilles en bois dont les panneaux inferieurs sont or nes d’arabesques. Dans celle qui correspond & la quatrieme travde au nord, on lit cette inscription grav£e sur le mur : M E. BKEIARD P. C. I)E CEANS A FAIT FA1RE CESTE CIIA- PKLLE. PIUEZ D1EV POVll LVI ET POVK LES TUESPASSEZ. 1594. Sur le support d'une statue de la Vierge, adhiYant au mur dans la deuxieme cbapele du mfime coldest grave le milh'sime 1552, et dans celle qui precede, sur le socle de la statue d’uu chanoine, grande comme nature, on lit ces mots : I ; MART : hvi ecclle. CA O. I.C.9. HOC OPVS FECIT : AMIXO. DIM. 1549. Pres de cette statue on voitun graupe repr£senlant Saint-Michel, arme de la croix et lerrassant un grand Satan peint en vert De l’aulre main, I’archange lient une balance dans laquelle sont places deux times de i’un et de l’autre sexe. A scs pieds, on voit un cha- noine de Mussy, 5 geuoux el l’aumusse sur le bras : e’est le dona- teur de ce groupe. Dans une autre cliapelle, toujours au nord, on remarque un saint Libaria environne de moulons. Le saint pasteur pr£sente manger 5 un jeuue agneau qui se dresse pres de lui. Les dernieres chapelles, de chaque c6te de la nef, appartiennent 5 l’ancienne construction, elles sont enlierement fernnies par un mur, dans lequel sont ouverles une porte basse 5 linteau plat, et une fe- n£tre carr£e plus large que haute, garuie d’une grille aussi bien qu’une autre ouverture dem£me forme, perede dans un pan coup£ & Tangle sud-ouest de la chapelle. La vohte, plus basse que celles des collatt'raux, conlribue encore 5 lui douner I’aspect d’un veritable ca- chot. Ces chapelles, diles de Saint-Michel et de la Trinity, eMaient probablement, dans le principle, destinies a renfermer les objets pr£- cieux de 1’eglise; leurs murs exlerieurs sont lr£s-6pais etdepassent la saillie des conlre-forls qui s£parent les chapelles pr£c£dentes. Les grandes et les basses voiltes sont toules d nervures crois£es, simples ; on remarque 5 leurs points d’inlersection , principalement aux der- nieres, plusieurs ecussons armories, dont quelques-uns sont mi- parli. Les transepts exciident d’une lrav£e la Iargeur des trois nefs de Yglise. Ou y p£n£tre par deux porles toutes semblables, l’une au midi, dite de Notre-Dame, et l’autre dite de Saint-Nicolas. Elles sont parlagees en deux vantaux par un trumeau ou pilastre qui soulient au milieu le bandeau droit de la double baie, et la reunion de deux ogives trilob£es surmontees d’une petite rose qui remplissent en application le champ du tympan; ce dernier est couronnd par un voussoir ogival, eu ligne rentrante, profile de plusieurs boudins. De chaque cot£, ce voussoir prend naissance au-dessus d une niche cintr£e mais fort simple qui d£core la parois oblique de la baie- Au- dessus de cette porte est une belle fenfire ogivale, divis£e par des meneaux r£unis en trilobes, et surmoutds de petites roses qui occu- pent la partie superieure. Le choeur comprend seulement deux travees ou arcades ; elles £taienl autrefois ferm£es par un mur, perc£ d’ouvertures obliques et 6lroites, esp&ce de meurtrieres 6vas6es en dedans et en dehors , afin que les assistants, places dans la chapelle laterale, pussent voir le c£- ldbrant et surlout pussent entendre les voix du choeur. Celle disposition, ainsi que nous avons eu dejft l’occasion de le si- gnaler a lYgard de Saint-Urbain de Troyes, el de Saint-Maclou de Bar-sur-Aube, est parliculiere aux anciennes eglises collegiales. Le sanctuaire, qui offre cinq col£s d’un octogone, est eclaire parautant de fenfires ogivales, divtes par des meneaux et des compartimcnls divers. Au-dessous, est menag£e,dans lYpaisseur du mur, une ga- lerie ogivale dont le fond est 5 jour, et qui s’ajuste avec les fentHres, par le prolongement des meneaux. Parmi les fragments de vilraux dont ces fenfires 6taient autrefois garnies, on remarque l’ecusson aux armes de la familie Vignier qui, probablement, accompagnait la figure de Gilles qui a £16 bris£e; et dans lesbordures des trois fenfires du milieu, les fleurs de lys de France, alternant avec les trois lours d’or de Castille qui caract£risent les regnes de saint Louis et de Blanche, sa mere, pendant lesquels l’e- glite de Mussy a et£ commence. Les vohles du choeur n’ont rien de particulier, elles sont 5 simples nervures comme celles de la nef. C’estsousla premiere fen£tre du sanctuaire, & gauche del’autel, que Ton voyait autrefois le groupe mouolilhc des deux figures dont nous avons parl£; il 6tait plac£ debout etl’onavait hauss£la base de cette fenfire afin qu'il ne la d£pass5l pas. 11 y a lieu de croire qu’il 6tait auparavant couchd sur un sarcophage au milieu du choeur, et que le chapitre, trouvaut qu’il g£nail, l’aurait fait appliquer au mur. Le guerrier est rcpr£sent6 tele nue, lescheveux coupes lout droit sur le front, puis pendants et roul£s de cht£ et derriere la l£te. Il a les mains jointes el les pieds pos£s sur un chieu couch£ sur le c6l£. Son armure se compose d’une cotie de mailles 5 longues manches et qui forme autour du cou une sorle de capuchon raballu. Ses jambes et ses pieds sont defendus de m£me, et il porte des£perons fix£s par une courroie passOe sur la jointure des pieds. Pardessus sa cotte d’armes, il a une tunique sans manches qui lui descend jusqui mi-jambe, et les manches d’un vehement de dessous sont relev£es sur le bord de celles de la cotte de mailles. Son 6p£e, dont la poignee est bris£e, est suspendue au moyen de courroiesi sa ceiuture. Celle-ci est bouclt'e, vers le milieu du corps, et orn£e de rosaces travaill£es avec un soiu et une recherche qui rappellent 1’orfevreriedu temps. L’epouse du preux chevalier est plac£e a son c6t£ gauche comme d'usage, et pos£e de nu'me les mains jointes. Elle est v£tue d’une lon- gue robe qui d£passe les pieds, et pardessus, d’un long manteau fix£ sur la poilrine par un double cordon et relevt* sous son bras gauche. sstt Xeycri/c . / / cZu’c>focft(/?uz ctctns / Attire 5p1uIz del eh Lilh s»-> 225 Sous les manches de sa robe qui ne couvrent pas entifrement l’a- vant-bras, on en voitd’aulres plus longues et plus serrees qui vien- nent jusqu’au poignet. Un voile assez court lui couvre la tfte, et elle a par dessous une guimpe qui ne laisse apercevoir que le visage, et descend assez bas sur la poi trine par dessus le manteau. Une remarque qui ne pent fchapper a person ne, c’est que la statue du guerriera les yeux clos tels que ceux d’un homme mort, landis que sa femme est representee les yeux ouverts cornme dans Tftat de vie. C’est que probablement, on peut le penser, cette dame ayant survfcu a son mari aura elle-mfme fait exfculer ce tombeau, ou bien que le noble chevalier ftant revcnu de la Terre-Saiule, privf de la vue, on aura voulu rappeler cette circonstance dans son effi- gie. Au-dessus des figures est une espece de fronton ornf de crochets, qui lient toute la largeur du monolithe. Dans le tympan on voit les times des defunis dfposees dans le sein d’Abraham par deux anges places en dehors, et qui les transportent dans un linceuil dont ils lien- nent d’une main les extrfmitfs, en indiquant le ciel de l’autre. Pres du sommet du fronton terminf par un fleuron, on voit encore deux anges plus petits, en altitude de prier. Derriere ces derniers, on re- marque une saillie considerable, brute et fragments, qui annoncerait qu’un ornement qui devait couvrir ce tombeau, tel qu’un dais, par exemple, n’aurait pas re?u son execution ou bien aurait ete detruit. Au-dessus, une pierre rapportee offre un ecusson entourf d’un cadre en courbes rentrantes et bordees de trifles. Leblason en a ete gratte, mais il est aist5 de voir ii l’ornement qui l’entoure qu’il est d’une epoque posterieure au travail des statues. Celles-ci sont loin d’etre remarquables pour l’cxecution, le soin avec lequd les menus details sont traites ne pent racheter le defaut de proportion de la fi- gure du chevalier. Le corps est gros, les jambes beaucoup trop courtes; la tete large et plate, et 1’on esttente de croire, en voyaut la figure de la femme, beaucoup mieux traitee dans son ensemble, que le sculpteur n’a fait que reproduce des dffauts corporels dans la figure du mari. Au pied du mailre-autel, plac«5 en avant du sanctuaire, sonten- terrcsle coeur et les enlrailles d’Etienne Bourdet, quatre-vingt-neu- vieme fvfque de Langres. Une lame de cuivre qui les rccouvrait au- trefois a ftf enlevee a la rfvolution. Lesbas-cftcs du choeurcomprennent deux travfes et sout termi- nus par un mur droit, peref d’une fenftre ogivale. Au -dessous de cette derniere, dans Tangle, est une porte a linteau plat et rt'petee au collatfral oppose ; elle dunne eutrfe a uu passage ou galerie pla- fonnfe en dalles, qui permet de faire le tour du sanctuaire sanssor- tir de lVglise. L’intfrieur de cette galerie rappelle tout-a-fait le style fgyplien, taut par sa forme que par Tobscuritf qui y regne. Car, entre chacun des contre-forts qui sont perefs d’especes de portes pour livrer le passage, il y a seulement deux petites ouvertures f'troiles comme des meurtrieres, qui permetteut a peine a la lumiere d’y pc’nctrer. A la base de ce mur on voit rfgner un banc de pierre qui fait partie de la maconnerie,semblablea ceux que Ton remarque tout autour de l’fglise, a l’exception du choeur ou l’exhaussement du pavf l’a fait disparaitre. Vers Tangle nord-est de cette galerie, on voit, a Textfrieur, une pierre remarquablement plus grande que les autres, sur laquelle est gravfe une croix. On pense que c’est celle qui f ut posf e par le fon- dateur. — Cette opinion est d’autant mieux fondfe, que c’ftaic ordi- nairement par Tabside et le choeur que Ton commengait la construc- tion des fglises. Au collateral droit du choeur, est jointe un chapelle dite de Saint- Jean-Baptiste, qui differe essentiellcment des autres, en ce qu’au lieu d’etre carrfe, elle est octogonale a Tinterieur ; elle est decorfe, dans ses angles rentrants, de colonnettes appliqufes qui soutiennent la retombfe de lfgers tores accompagnfs de filets qui forment les nervuresde la vohte, reunies au point central par unejolie rosace. Au sud, elle est fclairfe par une fenfire ogivale, et, au nord, par une autre, ouverte sur le collateral. Rien n’indiquait mieux uu bap- tistaire que cette jolie chapelle dedife au saint qui baptisa Thomme- Dieu dans les eaux du Jourdain. Et nul doule que ce fut sa pre- miere destination. Aussi M. I’abbf Bacquias, ancien curd de Mussy, pfnflrf de cette idee, a-t-il fait enlever les lourds lambris qui en dissimulaient la forme, pour y replacer les fonds baplismaux qu’on avail relegues daus la premiere chapelle au nord de la nef. A la suite de la chapelle Saint-Jean-Baptisle, est une petite sa- cpistie de forme carree, qui dessert la chapelle dite de Notre-Dame, placfe ct Textrfmitf du collateral; c’est pres de la porte mfridionale qui prend son nom de cette chapelle, qu’est fixf , dans le mur, le curieux bas-relief de la descente de croix, que nous avons fait dessiner L Au cdtf du nord , la place correspondante it la chapelle Saint-Jean est occupfe par la sacrislie. Cette piece est carrfe, grande, voiitfe et fclairfe a Torient par une large fenftre ogivale, et au nord par une plus petite. Sa porte est ouverte sous le bas-c6lf. Dans Tangle ren- trant du transept, du mfme eftf, on voit celle d’une tourelle & noyau construite eutre les contre-forts, et qui renferme uu escalier a plusieurs pans qui mene aux voiites. La saillie de cette tourelle est enclose dans la sacrislie , dont les murs s’alignent avec les contre- forts. Pres de cette porte est applique au mur un autel dedie a Saint- Christophe, et devant cet autel se voit aujourd’hui couche, e’est-a- dire dans sa veritable position, le groupe des deux figures que nous avons decrit. La tour qui surmonte la porte de la nef est a quatre ftages : les trois premiers sont fclairfs par une petite fenfire ogivale, et le der- nier, accuse par un cordon, est pence, sur ses grandes faces, de trois ouvertures ogivales a deux fen trees, et divisees en deux autres ogives par uu pied-droit. Sur les autres faces, qui sont plus petites, on re- marque seulement deux ouvertures semhlables , destinees aussi a Temission du soil des cloches. La corniche est formee d’un simple bandeau coupe en biseau, avec de petits modiilons qui sont repro- duils dans toute Telendue du courounement de leglise. La flfche en bois qui surmonte cette tour , tronquee par la foudre il y a quel- ques aunees, est accompagnee de quatre clochetons assez grfles qui sont loin de composer un ensemble agreable. Au resle, cette flecheparait ftre d’une epoque posterieure a la tour, et nous n’a- vons pas cru devoir la reproduce daus le dessin, afin d’eviter une trop grande reduction. A Tangle sud-ouest, entre les contre-forts qui appuient la tour jusqu’au second etage, est construite une tourelle de mfme hauteur, a plusieurs pans et qui renferme Tescalier conduisanl aux voiites. 1 Voir la planche n. 1 (arrondissement de Bar-sur-Seine). 46 2*26 Primitivemenl , !a porte de cet escalier dtait ouverte a l’inldrieur; on l’a bouchde depuis pour en ouvrir une aulre au dehors. La face de la lour qui rdpondft la dcF, esl percde de deux ouverturcsogi vales, a la haulcur de la galerie qui regne sous les fenfires, par laquelle on peut Fail e loul le lour de 1’dgiise en Iraversant la lour percde lald- ralemenl de porles qui y commuoiquent. La porle de la nef, ouverle sous cetle tour, est absolumenl une rdpdtilion de celles des trausep's; mais le pilaslre central en a did eulevd Les bas-colds sont appuyds de pelits contre-forls, el n’ont pas de fendlre ft lest, comme on en voit dans beaucoup d’dglises; e’est qu'avanl l’addiliou des chapelles, ils recevaient suffisamment de lu- miere par celles ouverles au nord et au sud, danstoutes les Iravdes. II est presque superflu d’ajoulerque les grandes voftles sout ap- puydes par des arcs-boutants qui s’Olancent des conlre-forts, et que toule I’dglise est couverle en luile. Le cole meridional est dejetdd’une manidre sensible et rdclame de promples rdparalions, si Ton ne vent, plus tard, en faire de plus dis- pendieuses. En considdrant l’dglise de Mussy ft l'inldrieur et A l’exldrieur, on est surpris de cede absence complete d’ornemenlalion, et de l’exlrdme simplicitd de ses lignes qui semblent n’apparlenir ft aucune dpoque connue de l’archileclure ogivale. On esl lentd d’accuser les Fonda- teurs de parcimonie. Mais, ft la inflexion, on trouve que loul a dtd prdvu et sagement calculd, que l’ddifice est complet dans toutes ses parlies et dans tous ses aicessoirrs. Si done ils ont commandd cetle excessive sobridld d’ornemenls, il faut croire qu’ils pensaient, avtc saint Bernard, qu’on devait voir seulement dans un temple chrdlien un lieu consacrd ft la priere et non dcstiue ft reorder la vue par le travail des hommes. En avanl du portail, au lieu de la place publique qui existe, il y avait encore, il y a peu d’anndes, une vaste cour ou parvis, fermde par une porte charreliere, ouverte en face de la tour,et close de chaque cote par une ligne de six maisons uniformes, avec des jardins. Elies dtaient destindes aux chanoines, logds ainsi autour du temple, comme 1’dtaient autrefois les ldviles. Il reste encore quelques parlies de ces anciennes maisons. Elies recevaient le jour par de petiles fendlres carrdes avec les ardtes laillees en biseau, se dessinant en arc trilobd sur la pierre du linleau. Ces constructions apparliennent au seizieme siecle. Dimensions de I'Eglise de Mussy : Longueur, dans oeuvre, depuis le pilastre de la porte principal jus- qu’au fond du sanctuaire 45 m » Largeur de la nef et du choeur, compris les bas-c6lds. . . 18 20 Longueur de la nef 21 76 Longueur de la croisde ou trausept 27 93 Largeur des transepts 7 79 Longueur des deux Iravdes du choeur 9 74 Profondeur du sanctuaire 6 17 Largeur de la galerie, derridre le sanctuaire 2 04 Largeur des bas-cdlds de la nef, prise de l’axedes piliers. 4 70 Hauteur des grandes vohles 16 30 Hauteur des basses vofttes 7 04 Du pavd ft la base des fendtres de la nef 7 08 Du sol au haul des grands conlre-forts 11 27 Hauteur de la tour 38 50 Saillie des grands conlre-forts du portail 3 06 Plusieurs anciennes maisons de Mussy, bftlies en bois, conservent encore des traces de sculpture : ce sont pour la plupart des gro- tesques. POLISY, GIE, NEUVILLE ET PLAINES. Les dglises paroissiales de ces communes offrent peu d’intdrdt ; elles ont toutes did rebftties daus le seizieme siecle. Cependant quel- ques parties, conservdes des premieres const ructions, at leslent qu’elles dtaient beaueoup plus anciennes : ce sont des portions de voiites soutenues sur des encorbellemenls appliquds aux pieds-droils, ou sur des colonnes, etc. Dans la grande rue de Neuville, on remarque une tour ddtruite vers la fin du quinzienie siecle pendant Tinvasion anglaise, sur la- quelle est gravde cetle inscription : Cette tour a 616 bnl/6e par les Anglais en 1474 et rebdtie la mdme ann6e par Claude Gujrot-Colichon. L’dglise de Plaines, outre quelques Idgers ddlails, conserve encore dans son bdnitier un fragment intdressant d’architecture romane qui provient, dil-on, d’une dglise abbaliale du voisinage. C’est un joli chapiteau ornd de palmeltcs renversdes, dont la corbcillc a did creusde pour contenir l’eau-bdnile; la base de la colonne sur laquelle il est posd, est ft double torse avec des expansions vdgdtales relevdes sur les angles du socle. Ces fragments sont reproduils sous le n° 5, dans la planche de details que nous avons fait dessiner. Nous les mentionnons ici pour accuser leur date et constater l’existence d’d- glises plus anciennes que celles qui les remplacent aujourd’hui. AVALLEURS. ( COMMANDER I E Dl) TEMPLE.) Sur la montagne qui domine la ville de Bar-sur-Seine, du cdtd de l’ouesl, il existe une enceinte de bfttimenls conslruits en pierre, defen- dus par des tours rondes placdes aux angles; ft Test, est une chapelle dlevde sur un plan reclangulaire et partagde en trois travdes par des arcs-doubleaux, et dont la voftle est ft nervurcs croisdes, profildes de I Arc/eolir'datts lc Dept de ZAzi/v /'/ r k-.^wwto^WSwaisat* ; V :■ ' ■• -lisi': !:sV!iteSl y^citxiFc^ r* ICtVc (i ilecUice. 10 . 1 9TI? LK3^>1|/, 2.3. 4. i'S c 5 ii. s -i'l 6. 7. MVo / ' * * - Js\//r<‘A ‘(//yn. */**/> <■ A- /Ay * f/c A, Iff At" 227 <-« boudins et appuyees sur des chapi(eaux-culs-de-Iampe au lieu de co- lonnes. Chaque travee est c^clairtT-e par une lancetle, et Ie mur, a l’orient, est perce de autres fenfires de m^me forme ; mais celle du milieu est plus grande. Dans ces ouvertures ainsi disposes, plusieurs archdologues voient un symbole de la Trinitd : ce peut £lre en effet l’idee des constructeurs du moyen-Age ; mais il se peut aussi que ce ne soit simplement qu’une affaire de goht, et que la udcessil<5 d’avoir un milieu ait determine ce nombre de Irois fenfires dans uneabside termiuee par un mur droit. Une seule n'eut pas suffi, en raison du peu de largeur qu’on leur donnait alors, et deux seulement auraient produit un mauvais effet par le massif qu’il eut bien fallu laisser au milieu. L’ensemble des bitiments joints a cette chapelle, et le terrain qui dilpendail de cette maison, formaient uneancienne commanderie du temple, fondle en 1179 par Manassee, ev£que de Langrcs, et au- paravant comte de Bar-sur-Seine. Aujourd’hui c’est simplement une ferme, et la chapelle en est devenue la grange. La porle de cette derniere est detruile et ces murs laleraux sont rui- ne's ; son architecture fait prosumer qu’elle dale de la fondation. Les bailments n’offrent ancune decoration exterieure et n’ont qu’un seul rez-de-chausstle. Le linleau des portes est charge d’ecussons armories des different prieurs du temple qui ont habite Avalleurs. Mais ces constructions ne remontent pas au-deli de la fin du quinzieme ou au commencement du seizieme siecle. La cheminee de la grande salle, dans le style golhique, est tout ce qu’on y remarque i l’interieur; son manteau, fort saillant suivant I’usage du temps, est charge de profils anguleux et appuye sur des colonnettes appliquees qui per- mettaient d’en approcher facilement et meme de se placer debout sous cette cheminee. C’est a peu de chose pres une reproduction de celle du prieure de Bar-sur-Seine dont il a ete parle. ERVY. AUXON. MONTFEY. La petite ville d’Ervy est fori ancienne et Ton a des preuves qu’elle existait des les premiers siedes de l’ere chr&ienne. Dans le principe, ce n’etail qu’un chateau construit sur lesommet de la montagne et autour duquel elaient groupies les maisons. Le surnom d’Ervy-le-Chatel, qu’elle a long-temps porle, lui venaitde ce chateau qui fut delruit en 1443 par les troupes du due de Bour- gogne suivant alors le parti des Anglais. En 1199, Ervy avaitetd affranchie par le comte Thibaut 111 qui en etait possesseur. Depuis les comtes de Champagne, elle a eu des seigneurs particuliers qui font gouvernee sous le litre de barons qu’ils lenaient du pouvoir royal. L’emplacement du chateau est occupy maintenant par un pale de maisons assez mal baties, sCpari 5 , par une rue presque circulaire, du reste de la ville beaucoup mieux construit. Des maisons baties au revers meridional de la colline, on jouit d’une vue magnifique : c’est une prairie large d’une demi-lieue, et sYtendant depuis Chaource jusqu’a Saint-Florentin. L’horizon est borne par des monlagnes boi- sees, d’un effet aussi varie qu’agreable. Au nord, la vue s’arrete avec plaisir, au lointain, sur la foret d’Olhe et sur une infinite de vil- lages places au sommet des tertres qui couvrent le contour. Il exisle encore a Ervy une porte formee d’un pavilion flanque de deux tours en demi-lune , et qui est precedte d’un pont jete sur le fosse. Au bas de la cote sur Iaquelle est bAtie la ville, entrele chemin de Davrey et la riviere d’Amance, on voit deux tumulus d’egales di- mensions et entoures de fosses : sur Ie premier qui est reste intact on a etabli un calvaire, l’aulre est presque delruit. LYglise paroissiale d’Ervy, dediee a Saint-Pierre-es-Liens, n’arien de remarquable : construite a la derniere epoque de l’architecture golhique et pendant les premiers temps de la renaissance, elle ne peut done offrir dans son ensemble cette unite qui conslitue la per- fection. Aussi ne doit-on voir dans Teglise de Saint-Pierre que quelques jolis details de sculptures : a I’intdrieur, dans les piscines des chapel les, et, au dehors, dans quelques habitacles qui avoisinent Ie choeur. Elle se compose, en general, d’une nef, et d’un bas-cote qui fait le tour de Themicycle du choeur, avec des chapelles edairees par de longues fenfires diviseespar des meneaux,et que dessinent des com- partments varies. Les vodtes du choeur sont a doubles compartiments formas de nervures Ifgeres et reunies par des clefs pendantes. Les vodtes de la nef sont conslruites en bois, mais on a imite avec assez de bonheur les nervures des vodtesconstruites en pierres. Au c6te meridional, on re- marque exterieurement plusieurs ecussons armories, parmi lesquels il y en a un charge d’instruments des vignerons, et qui repond a une chapelle construite aux frais de la corporation de ceux d’Ervy. La tour, qui est surmontee d’un petit ddme, est placee a Tangle nord-ouest de l’eglise, et a ete balie de 1623 a 1688. Ce qui peut fixer Tattention des curieux, dans Teglise d’Ervy, ce sont les verrieres,malheureusement toutes un peu mutilees. Dans une chapelle laierale du choeur, au nord, il y a un Jugement dernier ; et la fenetre d’une autre, au pourtour du choeur, est toute parsemee de bourdons , d’escarcelles et de vannels , altribuls de peierinage ; mais c’est surtout dans Tune des chapelles meridionals que se trouve le plus curieux de ces vitraux : ce sont des allegories qui ont pour but de dc'montrer Texcellence de la chastete et les dangers de la concu- piscence. Cette idt ! e est exprimee de la maniere la plus bizarre, au moyen de personnages empruntes a la Mythologie, tels que Cupi- don et les Parques, etc. On voit encore a Ervy plusieurs maisons, baties en bois dans le seizieme siecle, qui offrent des details sculptes assez curieux : ce sont, comme a Troyes, les poteaux corniers et les supports d’encor- ss — > 228 «-« bellemenls qui en sont ornes. Nous en avons fait dessiner quelques- uns dans la planche de details ci-jointe Le village d’Auxon possede une eglise vaste, bien <5clair(?e. bien entrelenue, maisqui n’offre a l’interieur aucun detail curieux ; elle a ete enlierement reconstruite dans le seizieme siecle, et ses portes seules presentent quelques ornements. A celle de la nef, on voitdes m'daillons et des Salamandres i 2 , emblemesde Frangois I er ; puis au porlail meridional, dans le (ympan , des rinceaux legers, et , dans une large frise au-dessus, une suite de bustes encadres dans des cercles 3 . Montfey est un village situd sur la monlagne, entre Ervy e Auxon. Son dglise paroissiale a did aussi rebalie dans le seizieme siecle, et sa porle principal refaite il n’y a que quelques annees ; on a conserve A un augle du choeur, au nord, une tdte grimagante qui temoigne seule de l’existence de l’dglise anterieure, elle est fi- gure dans la planche sous le n° 8. Au-dessus de la porte latdrale du nord, il y a une petite peinlure sur verre, remarquable par le dessin et par le travail du pinceau ; elle represente allegoriquement, en deux figures, la religion juive etla religion chretienne. SEFONDS OU CEFFONDS. LYglise paroissiale de Sefonds, Sigiffons, village de l’ancien dio- cese de Troyes et situd pres de Montierendcr, merile par ses jolis de- tails de fixer l’attention du voyageur. Elle a ete presque cntiere- ment reconstruite dans le quinzieme siecle, et ce qui reste de l’eglise ancienne apparlient au commencement du douzieme, c’est-a-dire au style roman de la plus belle epoque. Telle est la jolie tour carn'e, surmontee d’une fleche en bois qui s’eleve en avant du choeur sur la voiite centrale, et que Ton voit percee de pleins-cin- tres divises par une colonnette et couronnes d’archivoltes oruees. L’abside et les transepts appartiennent a ce gotliiquc fleuri qui, par sa lt'gereie et la delicatesse de ses ornements, forme un conlraste frappant avec le caraclere grave du clocher roman qui le domine. Les lancettes de l’abside sont longues, etroiles et ornc’es de vitraux peinls, d’une grande beaute de couleur. Les sujets sont, pour la plupart, tires de la legende don5e, et les autres sont seulement ornt's dVcussons armories, assez curieux a consuller parce qu’ils offrcnt le blason de quelques anciennes families du pays. Celui de ccs vitraux que nous avons fait dessiner, represente le martyre de saint Btienne. On voit ce saint v£lu en diacre , la tfite inondee du sang qui jaiilit de ses blessures, avec ses bourreaux coiffes de toques ornees d’elegauts panaches, et v6tus de pourpoinls a crcvt?s. Mais les peintres de celte epoque , on le sait , ne se piquaient pas d’une grande exactitude sous le rapport des costumes. Au has du vitrail sont pcinles les figures des donaleui s, tous deux a genoux, comme de coutume, devaut leur pric-dieu, en regard et accompagnes de leurs enfanls. Leurs patrons ne se voient pas pres d’eux, ainsi qu’ils y soul toujours repn ! sent<5s; mais on peut remar- quer que l’un deux est le saint martyr place au-dessus, et que le peinlrea judicieusement agi enevilant une redile. Dans le panneau entourg d’arabesques, place entre les figures des donateurs, au bas du vitrail, etait l’ecusson de leurs armes, mais il a ete detruit ; on lit en haut cetle inscription : Etienne Chevalier et Jaquettc , sa femme , ont donn6 cetle verricre l' an mil V c et XXII II. rriez Dieu poureux. Une des curiosites de I’eglise de Sefonds est la cuve des fonts baptismaux. Elle est entouree de figures grotesques ; 3 sa base on voit des masques grossierement sculpts, mais qui rappellent jusqu’a un certain point ceux employes dans l’antiquite pour les representa- tions sceniques ' 5 . Le portail principal est dans le style de la renaissance, et les por- tails lateiaux, qui sont aussi d’une bonne epoque, offrent de gra- cieux details. A quelques lieues du village de Sefonds, il en existedeux autres, Blaincourt etDoulencourt, dont les eglises ont des rapports si frap- panls avec celle du premier, qu’elles ont donne lieu a l’un de ces coutes populaires qui, souvent, prennent la consislance d’une crovance religieuse dans l’esprit des bons habilans de la campagne. Ils supposent que ces trois eglises ont ete baties en meme temps par trois soeurs, qui etaient des fees. Et, ce qui est plus merveilleux, e’est que ces pieuses fees eurent fini l’ouvrage en trois jours, au moyen d’une truelle cnchantee qu’elles se passaient tour a lour et qui allait d’elle-meme se placer dans leurs mains en traversant les airs. l: CLAIRVAUX (abbaye de). line reste plus ricn aujourd’hui del’ancienne abbaye de Clairvaux. D.ja pres d’un siecle avant les evencmeuts de 92, lout y avail ete de- i Yoir Its n. 9 et 10 de la planche. * Voir les u. 5 el 6. figure, renouvele. Les moines,devenus trop riches pour se conlenter des modesles cellules que leur avaitleguecs saint Bernard, lesavaient 3 Voir les n. t et 2. 4 Voir, a 1’arlicle Villemaur, la planche ou celte cuve est reprcsenlee. swr Seme \oi/n.r t7eZ>of,i.) //. 2t- S MW ©JH'PSou -mi i£);0 ['oyirgrr ^ ■j?7'r//rr//yrr l is f. Vcu Cyuyt . frchtoivyiyut, !•. Ptttortryue dvu kDepid* L'duhe fl./r* \ vrtcWlic/ % &$c poutf cctlW ^ *$MC Ctolfoe/ $ CiAAA^AeVc f> < Jolcf)C^ 10 UCU«! -_f— Plan de I’ancienne Eglise. Plan de l’Ejlise reconsffliite 1 (Irnsaeni nttilre email l e. Aim cau *t (finale Irouves enlSlQ.dans le tomteau d un Atte. r »-» 229 <— «s remplacdes par de somptucux khiments , et le logis abbatial dtait devenu un veritable palais. La belle dglise, bitie au douzieme siecle n’dchappa points cede manie de tout refaire ;i neuF; elle fut reconstruite par un architecte qui, avec la pretention d’imiter le style gothique, n’avait rdussi qu’i faire une oeuvre bitarde et ridicule sous le rap- port du goiit. Toutefois, el eve sur les fondations de 1’aucien, l’ddifice moderne en avait empruntd les dimensions et conserve quelque chose de son aspect imposant, malgrd les modifications qu’il avait subies dans l’ensemble de son plan. On avail supprimd la couronne des cha- pelles rayonnantes autour du sancluaire et qui sontd’un si heureux effet. La ligne du porlail avait dtd ddvieeafiu de le faire cadrer avec cedes d’une cour eutouree de btltiments dlevds en avant; mais cette derniere dglise ne devait pas subsisler long-temps. L’opulente ab- baye fut Iransforinde en maison de detention , et presque tout ce qui restait encore d’anciennes constructions fut sacrifid. Le plan que nous donnons dans notre ouvrage est le seul souvenir qui reste de l’antique basilique. Nous l’avons fait meltre en regard de celui de 1’dglise reconstruite, afiu que Ton pit apprdcier tout ce que la premiere avait perdu de sa beautd. Le refectoire des femmes ddtenues est aujourd’hui i peu pres la seule portion des anciens bailments qui ait did conservde. II est soli- dement vodtd avec deux rangdes de piliers. Parmi les reliqnaires qui dtaient conservds au trdsor, on remar- quait 1’oratoire dejustinien, monument d’une haute importance pour l’archdologie ; il a disparu avec tous les aulres joyaux de ce genre que possddait la maison. Une foule de princes, de princesses, d’dvdques et de saints person- uagcs avaientdtd iuhumds autour du sanctuaire; leursossemenls ont dtd disperses, et les insignes que renfermaient leurs tombeaux, pilles et vendus. La crosse en cuivre dmailld, l’anneau et l’dpingle, dont le dessin est ci-joint, sont, avec quelques objets du mdme genre, con- servds au musde de Dijon, les seuls dchappds au pillage ou d la des- truction. IIs furent trouvds en 1819 lorsqu’on faisait des fouilles pour construire la grande tisseranderie. Cette crosse, dont le travail pent dtre atlribud 4 la fin du dou- zieme sidcle ou au commencement du treizieme, appartenait proba- blement & l’un des dvdques de Langres qui avaient choisi leur sd- pulture Clairvaux. Elle fait maiutenant, depuis quelques anndes, partie de la magnifique collection de feu M. Dusommerard, qui l’a- vait acquise d’uu employe superieur de la maison centrale. SAINT-PHAL. Saint-Phal, ou Fale, enlatin Fidolus, est un village de 1’arron- dissement de Troyes , qui possddait , il y a quelques anndes encore, un chateau bati dans le seizieme siecle et remarquable par sa con- struction. C’dtait un grand bdliment flanqudde quatre gros pavilions accompagnds eux-mdmes d’aulres pavilions plus petits. On arrivait au premier dtage par un double escalier placd en dehors ; les apparte- ments dtaient prdeddds d’une grande salle dite des gardes, qui avait environ seize metres de longueur, et dont les poutres dtaient orndes de dorures. Le luxe inldrieur dtait appliqud surtout a la ddcoration des chemindes i 2 : celles-ci joignaient le plafond a cinq ou six metres de hauteur. Suivant le gofitdu temps, les manleaux de ces cheminees dtaient soutenus par des carialides, et ornds de sujets d’histoire en bas- relief, de trophdes d’armures , de frises et d’dcussons armorids , avec de riches supports peints et dords. L ’execution de quelques-unes de ces sculptures , qui n’dtaient pas toutes de la mdme main, dtait remarquable. La rencontre de David et d’Abigail dtait le sujet le plus important que Ton y voyait. Les offices, dlablies au-dessous des appartements, dtaient entourdes de corridors tres-bien vofitds , avec des elds de voiiles orndes d’dcus- sons aux armes des anciens seigneurs du chateau. Les caves sur- tout dtaient admirables par leur dlendue, la hauteur et la beaule de leurs voiltes J pleins-cintres ; elles dtaient pdndtrdes par un puits i Elle fut dediee en 1174 par Gaulhier, eveque de Langres. 1 Sur cinq ou six graudes cheminees ainsi sculplees qui existaienl dans le chateau de Saint-Phal , M. de Montaigu fils en a fait conserver deux qui pourraient etre facilement remonlees et figurer avaulageusemeul dans la maison de quelques eurieux. tres-profond, construit tout en belles pierres de taille , et qui abreu- vait les offices. Mais cellcs-ci , h moitid plongdes sous le sol , faisaient paraitre lout de la masse du batiment qui , d’autre part , dtait comme dcrasd par un duorme comble en forme de carene de vaisseau ren- versde. Le plus ancien seigneur de Saint-Phal que Ton connaisse avant 1440, est Pierre de Montol, dont la fille fit passer cette terre dans la maison de Vaudrey par son mariage avec Artus de Vau- drey,chambellan de Charles VII. Dans la suite, elle passa au marquis de Muy, il cause de sa femme; puis au marquis de Crdqui, son gendre. De la seigneurie de Saint-Phal relevaient plusieurs chateaux des environs dont les proprietaires dtaient obliges de prdter serment de fiddlitd, it genoux. Par une exception qui ne pouvait etre qu’hono- rable, le seigneur de Bhcheres dtait lenu seulement de se presenter, it cheva! et arme, devant la principale porte du chateau et d’incliner sa lance en signe de vassalitd ; mais aussitot qu’il avait rendu cet hommage , la porte devait s’ouvrir pour le recevoir, et un palefre- nier du seigneur devait prendre soin de sa monture. 11 arriva qu’un jour un seigneur de Bi’tcheres , que probablement on avait fail al- tendre, s’dlant impatientd, frappa rudement la porte d’un coup de lance et se retira. Le marquis de Crdqui , alors seigneur de Saint- Phal , irrild de cette action qu’il regardait comme une offense , eu fit dresser procds-verbal par le bailli du lieu : l’histoire ne dit pas quelles suites eut cette affaire ; mais le proces-verbal est conservd. L’eglise paroissiale , qui est assise non loin de l’emplacement du chateau , sur le point culminant de la montagne qui domine le pays, est un monument incoraplet; la nef, dit-on,adtd demolie H une 47 > 250 4— 32 epnque dont on n’a pas conservd la date, et, 5 ce qu’il parait, dt-ji assez dloigndc. LVglise, par cette raison, n’a pas de porlail prin- cipal, et l’enlrde a lieu sous un vestibule ajoutd seulement depuis quelques anndes. Les porles latdralcs sont a doubles vanlaux et prd- sentent de jobs details. Celle du nord est construite dans le systdme ogival, ct celle du midi dans le style de la renaissance; c’est-S-dire qu’clle est d plein-cintre. Du resle, elle prdsenle la mdme composi- tion et les mdmes motifs que la premiere. Les quatre gros piliers soulenant le diime en bois qui surmonte lVglise depuis quelques anodes, sont ornes d’habilacles surmontds de clochetons & jour et terminds en culs-de-lampe avec des feuil- lages. Les seigneurs de Saint-Phal, de la maison de Vaudrey, qui ont bribe avec dclat sous les dues de Bourgogne de la maison de Vallois , smt inhumes dans le chopur de lVglise, oil Ton a rdeemment ddcou- Vert leur caveau. Mais il ne reste plus aujourd’hui d’autre souvenir deleur puissance qu’une pierre tombale, reldgude 5 Pentrde de l’ouest et que le frotlement des pieds efface tous les jours. On y voit gra- vde en creux la figure d’un chevalier couchd avant la tdte appuyde sur un coussin d’dtoffe damassde, les mains jointes et les pieds posds sur un chien, symbole de fiddlitd. Son costume est lout mililaire; il est armd d’une cuirasse avec les cuissards et les jambieres, et, par- dessus, il a uue cohe d’armes ct larges manches qui descendent au- dessus du coude. Autour du cou, cette code est bordde d’un cercle de mailles, ainsi que le bas qui est ddcoupd en dents de scie et qui couvre seulement le haut des cuisses. Le heaume du chevalier et ses gantelets de fer sont placds it son cote. Sur la mdme pierre est gravde aussi la figure de sa.femuie, eu regard et dans la meme pose ; mais le haut de cette derniere est presque entierement effacd; on remar- que sous ses pieds un petit chien , sans collier. Le fond de la tombe est travailld en lozange , renfermant alternativement des fleurs de lys et un ornement a quatre feuilles. Autour, dans le cadre, on lit cede dpitaphe en gothique angu- Iaire, dont les dates manquent : Gi; gisent itoblc$ el pui$»anfe$ personnel arlus be uaubvcp cbcualtcv en son uitant seigneur be ce lieu be (St. falle conscillier ct c^atnbellan be feus les rops louts xi* et claries vin* be ce nom son fils qui tves? passa le vn e jour be bcccmbre I’an mil et noble bame cloube be montot bame bes bits lieur, laquelle trespassa le v e jour be juillct mil cin.... On remarque que les c6t(?s de la tombe ne sont pas £t angles droits ; e’est une irregularity qui probablement dtait motivee par la place qu’elle occupait dans le principe. Sur une pierre placde dans le cimeliere , on lisait encore il y a quelques temps l'dpilaphe, en letlres golhiques, de Annede Vaudrey, bailli de Troyes, et qui acquit une bien malheureuse cdlebrild dans les anuales de cette vibe, lors des massacres de la Saint-Barthdlemi. Mais aucun des monuments fondes pour rappeler la mdmoire de cet homme sanguinaire ne devait etre conserve En 93, son dpitaphe fut jetde et brisee hors de lVglise. L’emplacemeut du chateau qu’il avait fait bdtir vient d’etre nivele par la charrue, et Ton a broyd la pierre porlant son orgueilleuse devise : JAI VALV JE VAYX ET VACDRAY. SAINT-MARTIN-ES-VIGNES. Cette paroisse est fort ancienne, on a une preuve de son exis- tence au dixieme siecie, par une charte de l’an 1,000, oil le comte Ilugues l er donna la justice de Saint-Martin A Gauthier, abbd de Montidramey, qui devml seigneur de la commune et coliateur de la curecotnme prieur de Sainl-Jean-Chalel '. L’histoire ne nous apprend t ieu depuis cette dpoque jusqu’it l’an 1590, oil I’on voit le comte de Saint-Paul, commandant H Troyes pour la ligue, faire ddmolir IYgli.se paroissiale de celle commune avec deux autres, pouren construite le foi l appeld depuis le Fort- Chevreuse ; mais, des la meme anode, on songea ct en recons- truire une nouvelle qui ne fut achevde que dans le dix-septieme siecle. LVglise de Saint-Martin est grande, bien dclairde, et construite dans le sysleme A plein-cintre, avec des nervures. croisees aux vorttes. Sa portc est ouverlc sous une arcade ornee dune at chi volte au-dessus de laquelle rdgne un pdristile d’otdre corinlhien couronnd i C'i st a ces litres que M. de Luxembourg, abbe de Montieramey , fit, en 1090, placer ses arnies sur la porte principals de 1’eglise, uu ou les suit cut-ore aujOurJ’bui, par uu fronton. 11 ne fut commence* qu’en 16S1 sur les dessins d un chanoine de la calhedrale, nommd Maillet , et qui semdlait d’archi- teclure. CYst la seule parlie de l’edifice qui ne soil pas en harmonie avec le resle. La net' est accompagnde d’un bas-cold qui fait le tour de l’hdmicycle du choeur, avec des transepts qui soot dc lairds par de longues fendlres divisdes dans leur hauteur par une espece d’archi- trave qui relie leurs meueaux. A l’dpoque oil Eon conslruisait celle dglise, Troyes possedait une foule d habiles peinlres-vert iers dont les talents ont did mis i con- tribution. Aussi n'existe-t il pas de monument religieux, aux envi- rons de celle ville, qui offre plus d’intdrdt par la beaule et le nornbte de ses vitraux peinls. On peut remarquer surtout la verriere d’une des chapelles meridionales, oil toutes les circonslauces de la vie de la Vierge sont retraedes d’une maniere uu peu coquette, il est vrai; mais I’exdculion en est si ldgdre, si facile; les teintes sont si riches, si varides; la conservation est si belle, si complete, qu’on nepeut qu’admirer. La plupart de ces verrieres ont did exdcutdes aux frais de pieux do- nateurs qui sont representds au bas, cn pied cl loujours agenouillds. Ces verrieres offreut des portraits bien dessinds assurdment, ressem- * m. OrlMwnt.sttar<% 6^4 “ T 'V" Tomhe d'Artus de Vaudrey, Seigneur de S-Phal J^unillc hr Tlnnaimre - \ tlrail If ! t qlisc XVI Sifflr 1 . } J^yaf's TuS/or as/ua c&zste Peflyi? e£ £daJe Pi. is. P u vt i* rtt fer iUvri* bit (L abernarle V 1 Xba\tr 5r5 1 J!ouf'. 7r>'t/*> J-ttA.iir S. 'panacau rn frr bflre iiu Uabi*nuu*lc be l’«lbbatti' bi^’-^uay 251 <— €2 blants et rendus avec beaucoup de finesse. Nous citerons celle dune chapelle de la neF au nord, c’est une famille de la commune de Sainl-Martin, donl le chcF, Isaac Gillebe, place devan! un prie-dieu armorie, porte une longue barbe ; il est suivi de ses quatre fils ou pe- tits-fils qui ont enlr’eux un air de famille que le peintre a saisi admi- rablement malgre la vari^td des poses des teles et la difference des Ages. Dans le panneau precedent, on voit lYpouse de Jacques Gillebe, accompagnee de sa patronne et suivie de six filles et pelites-filies places sur deux rangs. Les physionomies sont rendues avec uue nai'vefe charmante,etconservent toutescet air de famille si heureuse- ment reproduil dans le premier. Nous avous choisi comme specimen celui repfesentant la lignt!e feminine. L’inscriplion est en parlie enlevee, et la dale manque, mais on peut felre assure que celte jolic peinture appartient au commencement du dix-seplieme siecle, t'poque de l’achevement de la nef. Presque toutescelles qu’on y retrouve sont posterieures a 1600, comme le prouvent les inscriptions suivantes qu’on lit au bas des figures des donateurs, sur differentes verrieres : Honorable homme Isaque Bersat drapier drapant ct Ja- quetle Cloquemy sa feme , par devotion ont donnd ceste ver- riere priez Dieu pour les trespassez JulJaite 1607. Pierre Baillet ct Marie Berthicr sa femme ont donnd ceste verriere priez Dieu pour eux et pour les trespassez faicte lannde 1618. Claude Bodin vigneron et labourcur a donnd ceste vistre en Van 1 634. Priez Dieu pour lui et pour les trespassez. Sur l’une des grandes fen£tres, oQ Ton voit peiute la Transfigura- tion, on lit la date de 1636. Sur d’autres, 1602, 1606, etc., 1618, 1624, 1627. La plus ancienne de ces verrieres parait etre celle-ei ; on y lit cette inscription : En Van I de grace mil cinq cens soixante et deux feu Ni- colas Butar de ce lieu et Edmone sa femme ont donnd ceste verriere priez Dieu pour les trespassez. A diverses epoques, les belles verrieres de lYglise Saint-Martin ont ete endommagees, soit par la gr£le ou par d’autres causes; aussi la fabrique de cette paroisse, comprenant toute la valeur artistique de ces vitraux, vient de faire adapter aux fences des chassis de fer garnis d’un treillis qui suffira pour les preserver a l’avenir de nou- veaux accidents. TROYES. SAINT-LOUP (abba ye de). Suivant la tradition, il existait d£s les premiers siecles du chris- tianisme, a 1’orienl et hors des murs de la ville de Troyes, une cha- pelle sous le vocable de Notre-Dame. Depuis, en 1’an 479, saint Loup, l’un de ses premiers et de ses plus illustres e\Yques, ayanl ete inhu- me dans ce lieu, la chapelle changea de nom et fut appefee Basilique de Saint-Loup. C’est dans cet oratoire qu’en i’an 570, les rois Goutran et Chil- peric, prets 5 en venir aux mains sous les murs de Troyes, jurerent la paix enlr’eux sur les reliques du saint e\Yque. Depuis, il se forma une communaufe religieuse qui devint une abbaye celebre, sous le nom de Saint-Loup, et qui eut pour abbe le fameux Alcuin, 5 qui Charlemagne l’avait don nee pour le recompenser de ses mth iles. En l’an 724, les religieux de ce mouastere avaient fait construire, dans la ville, une chapelle sous 1’invocation dela sainte Vierge, avec quelques batiments pour leur servir d’asile, et celte maison prit le nom de Notre-Dame-de-la-Cild , pour la dislinguer de celle du faubourg. En 888, les Normands ruin£rent l’abbayc de fond en comble, et les religieux desoles emporterent le corps de saint Loup, et se reti- rerent dans leur hospice de Notre-Dame-de-la-Cife qu’ils agrandirent, et oil i!s firent batir uue Oglise sous l’invocatiou du saint evCque. Leur maison du faubourg , cependant, ne fut pas oublfee; ils ele- vdent sur ses ruines une <5glise dedfee 5 saint Marlin, laquelle, se trouvant plus tard enfermt'e dans la ville, redevint une abbaye florissanle sous la denomination de Saint-Marlin-es- Aires. Dans le seizieme siecle, elle eut pour abbe le celebre peintre italien Primatici, auquel Francois I er l’avait donnee en commande. L’abbaye de Saint-Loup qui etait, comme on vient de le voir, la fille de l’abbaye de Saint-Marlin, pro'spera de son cote ; mais ce fut surtoutdans les quinzieme et seizieme siecles qu’elle acquit tout son accroissement. LYglise , qui avail ete dedfee le 20 mai 1 425 , etait remarquable par ses belles vohles, par lYlegance de la tour et de sa fleche or- gueilleuse qui rivalisait avec celle de la catlfedrale. Sou tresor renfermait des reliquaires et des manuscrits du plus grand prix , et Ton admirait comme un veritable chef-d’oeuvre d’or- fevrerie la magnifique ch5sse qui contenait le chef du saint patron, C’etait l’ouvrage du celebre Papillon , orfevre de Troyes , qui l’a- cheva en 1503 ; et ce sont les emaux representant les fails et gestes du saint, qui ornaient le pourtour de cette chasse, que nous avons deceits en parlant du tresor de la cathedrale. De toute cette richesse monumentale et artistique, independam- ment de ces charmants tableaux emailles, il reste seulement aujour- d’hui : 1° Les deux jobs panneaux en ferdord et a jour, qui ornaient le tabernacle et que nous avous fait dessiner a moitie de la grandeur originale ; 2° La credence de stalle represeutant sainte Gudule , occupee a 232 < — 3 sscr, pendant qu’un dihnon clierche fi fteindre sa lampe avec un soufflet, (t qu’un ange la rallume incessamment avec un cierge; 3° Lc monstre aile, ancien type de ce que 1’on appelaitti Troyes la chair suite, que Ton voit perdu 5 sur un chapileau. C’elait , sel >n les legendaircs, un dragon furieux qui ravageait les environs de celle ville, que saint Loup tua d coups d’epee, et dont les habitans, pour conserver plus long-temps la mrmoire de cetle heureuse deli- vrance, avaient renfermt* la chair dans une cuve ou dans un coffre rempli de sel. L’histoire mentionne beaucoup d'autres villes de France on Ton fait honneur d’une pareille vicloite aux saints patrons ou patrones du pays. Mais on sail qu’il ne faut y voir qu’un sym- bole de Iheresie vaincue par le zele de ces pieux apolres du Christ. La Gargouillc de Rouen et le dragon Bailla de Reims n’avaient pas d’autre signification. L’image de la chair salee que represente notre planche, dtait pla- ct ! e au sommel d’une colonne isolee, dans l’anglc d’une chapelle de l’eglise abbatiale, et die est conservde aujourd’hui dans la cour d’un particular. Ce petit monument commemoratif, execute dans le quin- zieinc siecle, a survgcu i une autre chair salt-e, en bronze Eger, que les moines avaient fait faire dans le seizieme siecle pour dre porli'e aux processions des Rogations. Celle-ci ouvrait la gueule, baltait des ailes et remuait la queue au moyen de ficelles passes dans le creux d’un baton, au haut duquel die dait fixrej((U*'t r. S|' •>• ■ - ' -.y — u :4 a^-aw.i - — — - - — i (£qU$r , ( Port? Meridional.) Q^liar |lanialr lay port*' j Bo? sc ToZauac. SLyyporfasU. te ^plac/cAsr Plan delaPorte S*Jacq U8 Zit/v.dc b' ColLet tp Ct+'a, Troyes fayaat. A''e7itoIoyifu& cZ PiTtorejftu cZa.ru Zt. 2/1 u7 e Porle SV Jacques. ( n 2.J A. rncuu / Jr7 . Sc7iifx.. Litk . IM Ark s — > 255 Les chambres latdrales , qu’une petite fendtre carrde dclairait sur !a vilie, dlaient termindes par uue sorte d’abside £r trois pans, rdpon- dant a la partie circulaire des tours. Cette abside dtait ouverte par un plein-cinlre, au sommel duquel se rdunissaient d’aulres courbes ou nervures qui prenaient naissance sur des pilastres engage's dans les angles rentrants. D’un pilaslre ft l’autre, des ogives appliques se dessinaient sur les murs et supportaient l’intrados des pendentifs de la voilte. Des meurtrieres ouvertes dans l’intervalle des pilastres par un arc surbaissd, et dirigdes en plongeant de haut en bas, prdsen- taient ft l’exlerieur la forme d’une boule surmonte'e d’une croix. La naissance d’une voilte que Ton voyait aux murs de refend des trois chambres, indiquait que, suivant le projet de l’archilecte, ces deux Stages devaient dtre voillds en berceau. Le premier avait en plus deux portes latdrales plein-cinlre, qui comuiuuiquaient ft la court ine couverte du rempart. Un troisieme dtage, qui existait seulement dans la partie circu- laire des tours el n’elait couverl que par le toit, formaitdeux especes de loges dclairdes chacune par trois petites fendtres, dont le linteau , ddcoupd en pointe d’dcu renverse, touchait immediatemcnt ft la cor- niche du couronnement. Une pareille ouverture, depuis long-temps unirde, existait aussi, a la mdme hauteur, entre les deux tours, oil le mur formait une saillie et dtait supports par un arc surbaissd profile d’une gorge sur l’arete. Cet arc dtait absolument isold du fond, et laissait ft jour un intervalle qui pouvait servir ft lancer des projectiles, et contribuer ft la defense de la porte. Le couronnement des tours et de toute cetle face se composail d’un bandeau plat et de deux gorges , dont la derniere sepanouissait sur le mur. Au milieu du grand comble, s’dlevait un clocber ft six pans , dont la fleche se lerminait par des oruements en plomb ; sur chacune des faces de la lanterne dtait une ouverture trilobde, pour faciliter Emission du son d’une cloche ou beffroi qu’on y voyait avant la revolution, et qui portait le millesime 1572 K La baie de la porte, au rez-de-chaussde , dtait vorlk'e en arc surbaissd, et soutenue d’arcs-doubleaux plein-cintre; deux de ces derniers, plus rapprochds, laissaient entre eux un vide pour le pas- sage de la herse, laquelle glissait daus une rainure formde par la saillie des pieds-droits, et prolongde jusqu’au sol. De chaque cote de la baie, il existait uue salle qui avait son entree sur la vilie, et qui se terminait dans le demi-cercle des tours par trois pans 5 angle oblus, comme dans les salles supdrieures ; ces chambres devaient dtre aussi voutees en berceau plein-cintre, comme il paraissait par les amor ces que Ton voyait aux murs ; mais au lieu de p liers engages dans les angles, c’dtait des culs-de-lampc qui devaient porter la naissance des nervures de la partie polygouale. Les deux salles de gardes, n’etaient dclairdes que par deux ouvertures carries pratiqudes au- dessus du linteau plat des portes, et par une troisieme, de mdme forme , qui donnait sous la baie. Cette derniere dtait perct’e sous un grand arc surbaissd dont la baie dtait mdnagde dans l’e'paisseur du mur. Sur la vilie, les portes des salles s’ouvraient dans une espece de cadre plein-cintre et ft profils rentrants dans le mur qui, de ce cotd, 1 Celle cloche fut plaece, depuis, sur la lour de l’eglise Saint-Nizier d’ou elle a ele enlevee pour etre posee sur la porte du college oil on la voit encoie aujourd’hui. du reste, dtait entierement lisse ; son couronnement , ainsi que celui des faces lak'rales, dlait un bandeau rabattu en biseau et soutenu de denlicules arrondies par le bas. Du cdtd du faubourg , devout la porte , telle que nous venons de la ddcrire, dtait un avant-corps reclangulaire appliqud aux tours, mais qui n’elait pas lie en oeuvre avec elles, bien, qu’A n’en pas douter, il apparlint au mdme projet. Cet avant-corps e'lait flanqud de deux tourelles portees en encorbellement sur deux contreforls ap- puyds aux angles, termindes inferieurement par un cul-de-lampe forme' de plusieurs tores, et, supc'rieuremeut, par un toitconique que surmontaient des flammes en plomb. Ces tourelles dlaient peredes de meurtrieres, ainsi que le mur qui les joignail; celui-ci formait une saillie considerable, supporlec par des consoles profilees de trois moulures creuses avec les aretes tailldes en biseau. Dans l’intervalle de ces consoles, dlaient pratiqudes les trappes ou machicoulis par lesquels on pouvait lancer des projectiles ou des liquides bouillants sur les assaillants. Latdralement, le mur etait supportd par de gros modillons creusds en quart de.rond, et pered de meurtrieres comme celui de face. Une corniche, formde d’un talon raide et de filets couronnait I’avant-corps et les tourelles; le toil de l’unique dtage dtait 5 deux dpis. Au-dessus des consoles rdgnait , il la face antdrieure, un cordon-larmier qui se contournait sur la base des tourelles et faisait retour sur les cdlds. Au-dessous , entre deux longues ouver- lures qui donnaient passage aux leviersdu pont-levis, on voyait une ogive saillante profilde en larmier, et en dedans, d’autres moulures (gorges et baguettes), dont la derniere dtait trilobde. Le tout for- mait une espece de cadre renfermant autrefois l’dcu de France, sculptd en relief avec ses accompagnements. A la base de ce cadre, dtait uu cordon-larmier qui rdgnait sur toute la largeur de l’avant- corps et formait retour sur les conlre-forls. Au-dessous, le plein- cintre de la porte dtait ouvert dans un champ un peu enfonce pour recevoir le pont-levis. A gauche, on voyait une autre ouverture & linteau plat : c etait le portillon ou petite porte, dont le pont, dit pout dormant , dtait loujours baissd pour les gens de pied. Au- tour rdgnait aussi une feuillure pour le recevoir, et au-dessus une barbacane pour le passage de la bascule qui servait il le lever. Ces bascules dlaient montdes sur des essieux qui posaient sur des cor- beaux de pierre armds de ferrements, que Ton voyait il l’intdrieur. Le rez-de-chaussde de l’avant-corps n’dtait pas vohld, comme la baie de la porte, entre les deux tours : c’dtait un solivage soutenu par des poutres et couvert de madriers un peu en contre-bas du dal- lage qui couvrait les murs. On arrivaitanciennemeut sur ce plancher par un petit escalier sur-ajoute, au nord, dans un angle forrnd par la tour et le mur lateral de 1’avant-corps ; sa porte dtait 5 linteau plat et ouverte sur la face sud-ouest de la tourelle il pans qui le contenait. Depuis long-temps cet escalier n’dtait plus praticable, et 1’on n’avait acces dans l’dlage du corps avance que par la salle du premier dtage qui y correspoudait. La porte Saint-Jacques, qui dtait parvenue jusqu’il nos jours sans subir d’autres changements que la suppression de ses ponts-levis, n’avait pas ce caractere sdvere de force qui distingue les monuments de l’architecture militaire des siecles antdrieurs. Sa construction rdvdlait cette dpoque inddeise de transition oil l’ogive , qu’on aban- donnait, dtait encore employde parfois avec le plein-cintre. Du reste , son plan ressemblait il ceux de toules les anciennes portes de vilie S3 — > < — S dins (outes les contrt'es connucs du monde, c’est-J-dire que le mo- tif ('■tail toujours un pavilion flanqu? de tours en demi-lune. Nous citerons cn France : la porte Sainl-Anloine, Aigues-Mortes ; cdle dc Saint -Jean , it Provins; la belle porle Guillaume, it Chartres; la porte Saint-Paul, it Rome; celie de Serranos, it Valence, en Espagne; 1’une des portes de Canterbury, en Angleterre, celle appel^e Bab el Foutouh, au grand Caire, en F.gvple, etc., qui loutes rappellent par la disposition de leurs plans les anciennes portes de cons- truction romaine. La porte de Saint-Jacques de Troyes a C-te dt5- niolie en 1832, par un entrepreneur qui 1’avail achetee de la ville. La porte de Belfroy, appelre cornmunfment Porte dc Paris , lirait son nom d une forte tour qui (Mail bAtie tout pres, inlrd mu ros , el d ins laquelle existail une grosse cloche qu’on ne sonnait ordinairement que pour avert ir de quelque danger, d’ou est venu le mol de bel-effroy, et, par abbreviation, belfroy qu’olle conserve encore aujourd’hui. La porte de Belfroy avail tftd bitlie it plush urs reprises. La partie la plus ancienne se coniposait de plusieurs arcs- doubleaux en ogives, au-dessus desquels il existail une cbambre du guel en pierre qui communiquait de plein-pied avec le rempart. Cette cbambre Plait dclairee it I’ouest par une large fenfire sur- baisst'e, et, sur la ville, par deux plus petiles, de forme carrt'e, el dont la biie ('tail tailiPe en biseau. C’est 1’inlPrieur de celte partie que nous avons fail dessiner dans la plauche ci-jointe. Ce qu’on avail ajouti! depuis i celte porle, elait un prolongeinent consid rable de la baie, couvert par une voiite plein-cintre lortifife d’arcs-duubleaux. Ce prolongeinent Plait Clanquden dehors par deux grosses lours rondes avec des embrasures pour placer des coulevrines. La porte de Belfioy Plant siluee dans le quarlier le plus cleve de la ville, la grande profondeur du fosse avail del necessiter des fonda- lions considerables : aussi la partie infcrieure de ces tours, qui elait en talus, renfermail-clle deux Plages , ou caves solidemenl vout^es el ('clairees par des meurlrieres desquelles on lirait dans les fosses. L’culree de cede porle, en dehors , Plail appuyi'c de deux conlre- forls surmontf's de bombcs enflamnu'es, el daus lesquels Ptaient pra- tiquPes les feuillures qui recevaieut le ponl-levis; on voyait encore en dedans les ferrements qui supportaient la bascule. Dans l’Ppais- seur du coni re-fort, du coU' gauche, ('tail perc£e la petite porle de pied que fermait le pontillon ou pelil-pont; ou y remarquail aussi, 3 tra- vers les refends, le cylindre et les chalnes qui servaient 5 le lever. Eulre les deux contre-forts , au-dessus du cinlre surbaissi' de la porte, on voyait les armesde France, sculpti’es en relief et suppor- tees par deux figures ailt'es dont les draperies Ptaient dories. Une cbambre du guel, bAlie en bois el en sailliesur le pont, telle qu’elle est repri'senlee sur I’un des vitraux de la bibliolheque de la ville, existail encore sur le couronnemeut au commencement du dix- seplitme siecle. Ancicnnement, il y avait aussi, devant cette porte, une grande terrasse carri'e etflanqm'e de deux tourelles ayanl un large escalier. Ces ouvrages onl eld delruits pour degager 1’entrde du faubourg Sainte-Savine. Au-dessous du pont que Ton voit aujourd'hui et qui Plait aupa- ravant construit en bois, on remarque, dans le fossd, une arcade couverle d’un toil en dalles , sur laquelle on pnMend qu’il exisle une galerie soulerrainc s’i'lendant asscz loin du cdld du faubourg. On ne siit comm nt cette opinion a pu s’accrt'diter; la petite galerie vofilee que Ton voit encore sur cede arcade, communiquait bien avec les caves pratiqudes dans la base des grosses tours de la porle; mais elle ne depasse pas de plus de trois metres la largeur du fosse, el le tuf sillonnP de coups de pioche que Ton rencontre & celte profondeur prouve qu’elle n’a jamais die prolongee plus loin. La porte de Belfroy a did ddmolie en 1822 et remplacde par la grille et ies deux pavilions que I’on voit aujourd’hui au-deD du fosse. La base des tours revdlues de gres , et dont les caves ont dtd comblees, existe encore sans aucun changement. ANCIENNES MAISONS. II n’y a pas plus d’uu demi-sidcle que toutes les anciennes maisons de bois, dont se compose la plus grande partie de la ville de Troyes, conservaieut encore leurs pignons aigus el decoupcs en ogive, et leurs dtages en encorbellement sur le rez-de-chaussde. Ces maisons, la plupart dtroiles, profondes et mal dclairdes, suffii ent ndanmoins, pen- dant des siecles, aux besoius et aux goiAts simples de nos bons aieux , qui s’occupaient alors beaucoup moins du confortable inlerieur que de la decoration des facades de leurs demeures. Dans le principe, une pensee religieuse s’alliait presque toujours A I’idde d’une construction nouvelle, et Ton consacrait une maison, comme on I’aurait fail d’une chapelle, soit 5 la Vierge , soil au pa- tron de la paroisse ou H tel aulre saint qu’on avait plus particulierc- menl en veneration. Cette sorte de consecration exigeail la presence d’un simulacredu saint ou de la sainte, sous la protection desquels on plagait sa maison, et les tailleurs d'ymaiges ne faisaient pas faute au besoin. De D, cette quantile de figurines de saints et sainles. que l’on voyait naguere sculpiees en bas-relief sur les poteaux corniers et sur les supports d’encorbellement de nos maisons de bois. Ces figures Ptaient ordinairement placees dans des niches ou habitacles, plus ou moins ornt's dans le goht golbique , ou bien dans celui de la renaissance ; mais il n’en exisle pas d’anterieures au seizieme siecle, la ville ayant did presque entierement consumee lors du terrible incendie de 1524. Indi'pendammenl des sujets sacres, les pieces de bois apparenles des anciennes maisons de Troyes (flaicut encore couverles d’em- blthnes , d'inscriplions et de devises qui furent en quelque sorte, pendant plusieurs siecles, l’expression des moe.urs el des croyances de ses bons habitants. Ainsi, vers la fin du seizieme siecle, lorsque les idees religieuses s’affaiblirent , on vit figurer A c6l<5 des saints l’c'cu armoi i(5 des families nobles et le monogramme du riche com- merganl; peu apres les saints furent di'laiss^s, el les signes heral- diques ornerent seuls les angles et les facades des maisons : l’or- gueil de l’homme se montrait partout! Les communautt's religieuses mCme suivirent cet exemple, el au lieu des allt'gories saert'es, on ne relrouve plus, sur les maisons qu’elles avaient fait bdlir postt'rieu- rement, que le blason qu’elles sVlaienl donne. La licence devait bientbt suivre et sui vit bientdt, en effet,ce changement dans les idees ; les artistes se donnerent carriere , et l’on ne vit plus alors que des caprices et des grotesques occuper la place qu’auparavant on ri'servait pour les saints. Les vices y soDt souvent personnifit's ; mais 1’intentian d’excitcr l’hilarite se manifesle bien plus que cello de les flc'lrir. Sur l’cxtrc'mittS des poutres, dans la cour I , mm • '*jp£'’sK .i- •* '-A, * - F . j mm , immm mmMmk b ?&sa SS8S mm \ ;r Iff r S<£ f'diurtsfiots daw Uflep* 7c L'duic 7 M . <. \rbornx>nL> Sutif ok. Colict Yoyutpc - // 'c/t cofocYiyu* dims /< /^>ouU’//i c/i / eta /. 'Aube ir-'o, F,ck. Litli l\ue i Epicene , (jJ c/a/is/t ,:/■/' irchetfoywut /rtUoresyi amnSiil l|l|l#K pSCTMraw! !P|ffl| 0ct(t i>’ime JEaiBort cn hois rue i)r la (! airnrrtr 237 d’une maison rue de la Montee-de-Saint-Pierre, on voit un homme i mi-corps passant la main sous le menton d’une femme qu’il lient embrassde, et, pres de IS, un autre dlevant, eu signe de joie, un dnorme broc de vin. Ces deux scenes se trouvent reproduces aussi sur l’exlrdmild des poulres, au-dehors d’une maison, dile le Pelit- Montier-la-Celle parce qu’elle appartenail autrefois aux moinesde cette abbaye. Surune autre poutre, on voit encore une figure nue, dont la pose raccourcie n’est rien moins que ddcente. Nos vieux parents, il cst vrai, n’dtaient pas choquds de la vue de ces sculptures plus que na'ives, et les scenes de la fdte des fous ne les avaient pas rendus difficiles sur ce point. II fallait alors, comme aujourd’hui, que les idees les plus bouffonnes, pour ne pas dire les plus grossieres , provoquassent leur gaitd. Nous citerons & l’appui le sujet sculpld au bout d’une poutre , dans la Grande-Rue , au coin de celle de la Chasse. On y voit un homme coiffd du capu- chon de la folie, la Idle passde enlre ses jambes, son haul-de-chausses abaissd, et les mains appliqudes sur la partie posldrieure et infdrieure du corps qu’il monlre en riant aux passants. Les parties les plus orndes avec les poteaux de coin dtaient ordi- nairement les portes et les fen&res. Dans la rue du Gros-Raisin on voyait encore,, il y a peu d’anndes , une porle en arc surbaissd, et terminde par une ogive it contre-courbe entouree d’un ceps de vigne chargd de fruits, avec deux figures gravissant les rampants; l’une d’elles t5tait un homme chargd d’une holte pleine. Gdndralement , les portes sont surmontdes d’un froutou it contre-courbe , brisd H son sommet, ou d’un trilobe renfermant un dcusson, avec des pilaslres ornds de mddaillons & figures; dans les derniers temps, c’est un simple entablement avec des pilaslres canneles, ou avec des colonnes-baluslres appliqudes. Mais la decoration la plus riche en ce genre consislait en habita- cles et en figures de saints. Souvcnt il y en avait trois : deux au- dessus des pilaslres et une au-dessus du linlcau. Nous avons fait dessiner l’une de ces portes, qui exislail, il y a quelques mois encore, rue de la Grande-Tannerie; elle est surmontee d’un habitacle avec la statue de saint Jean-Baptiste. (Voir la pianche.) Dans la mdme rue, il exisle deux maisons, ou plulot une maison a deux pignons, dont les fenfires sont orndes de colonnettes cane- ldes en spirale, dcailldes, slrilldes, et termine'es par des figures de musiciens coiffds de toques et qui jouent de la flhle et du tambour. Aux extrdmitds des solives, qui sont apparentes, sont sculptdes des figures d’animaux fantastiques et des feuilles d’ornemenls va- rides. Dans d’aulres maisons , les fendtres dtaient accompagndes de deux pilaslres et d’entablements ornds d’arabesques et de mddaillons, une frise, ddcorde dans le mdme goitt, etait sous l’appui. Ouelques- unes dtaient divisdes en deux par un troisieme pilastre ; puis, en quatre, par une traverse chargde de moulures, qui n’dlait que la continuation des pidces de bois occupant toute la largeur de la maison. 11 existe encore des ajustements de fendtres ou les poteaux, sup- ports de l’appui, sont dessinds en petites arcades, et saillanls en forme de contre-forls , avec des colonnettes-baluslres appliqudes. Enfiu, ce goht pour la ddcoration extdrieure des maisons, qui s’dtait manifestd avec tant d’ardeur, finit par passer, et c’est & peine si, dans le commencement du dix-septieme siecle,on retrouve quelques grossidres moulures sur les pieces de bois toujours restdes appa- rentes, et dontl’dcarrissage, parfois, dlail fort peu soignd. Les dtages des maisons, construites & celle dpoque, sont gdndralement moinsdle- vds, et rdduits a un seul diage, au lieu de deux ou trois qu’on voyait auparavant. Les pignons conscrvent leurs saillies; l’encorbellement sur le rez-de-chaussde n’est pas encore supprimd, mais celui-ci est tellement abaissd, que le ktliment parait enfoncd dans le sol, et tout dcrasd. Telle a dtd, depuis le commencement du seizieme siecle, la dd- croissance du goht dans la construction des habitations parliculidres de la ville de Troyes. Mais grand nombre de ces vieilles demeures ont ddji plus de trois siecles d’existerice, et force est aujourd’hui de les renouveler : aussi, le luxe du commerce, les besoins de l’industrie et les alignements en enlevent chaque jour quclques-unes, et finiront par les faire enlieremenl disparai tre. Les inscriptions et les devises qu’on lit encore sur plusieurs des maisons dont nous avons parld, sont ordinairement gravdes sur les pieces de bois appelees sablieres , qui formeut la base des dtages en encorbellement ; ces pieces de bois affectent les profils de Parchitrave antique, avec plus ou moins de richesse et de varidld. Nous rapporterons ici quelques-unes de ces inscriptions. Sur l’ar- chitrave ou sabliere d’une maison situde rue de Champeaux,au coin de cellle du Mortier-d’Or, on lit celle-ei : V1SITA * DO MINE + IIIESV * HABITATIONEM * HANC * ET * OMMXES*IXSlDIAS* IN1A11CORVM * A * LOXGE* REPELEE+ET* ANGEU*TVl*SANCTI*HABlTENT*IN*EA*QVI*NOS*lN*PAtE* CVSTOD1ENT. Le poteau cornier de cette maison est decord, sur chacune de ses faces, de deux niches jumelles, orndes de pilaslres et de cannelures ; mais les figures en ont dtd mutildes. Sur la rue, en retour, se con- tinue l’inscriplion sur une seule ligne, et aux extremitds des poutres, ainsi qu’au bas des supports de l’encorbellement , sont sculptds des mddaillons il Idles humaiues, vues de profil et coiffdes de diverses manieres. Sur Parchitrave d’une autre maison situde rue des Lorgnes , on lit celle autre inscription qui renferme un prdceple de sagesse : EN*TOY*TE*FlE*ESCOVTE*VOY*CONSIDERE*ET*TE*TAIS* 1532. Sur une autre encore, situde rue Moyenne : CO.\ I I! E. M AI. « P A CI EXCE « 1533. A l’extrdmitd de la rue dela Petitc-Tannerie, on voyait, il y a peu de temps encore, sur une petite maison daus le goilt de la re- naissance, les figures de la Vierge et saint Bernard, et, entre elles, on lisait ces mots : MONSTP.A TE ESSE; Puis ceux-ci , deux fois rdpdlds : PA IX ET AMOUR. Sur une maison de la rue du Temple, on lisait cette espdce d’dnigme, rapportde par l’abbd Tremet dans son manuscrit, mais qu’il n’a pas expliquee : DES CREUX MANOIRS ET NOIRS OBSCUR1TES D!EV PAR LE TEMPS RETIRE VERITE POVR DVRER JENDVRE ET EN ENDVRANT JE DVRE. 49 258 < — S Dans la mdme rue, sur un poteau de coin , on lit ces mots graves sur un rouleau ddpluyd : DR MEIVLX NE PVIS. Au-dessous, dans un cadre circulaire, on voit uu monogramme compost* d’un M surmontd d’une tige enlacde d’unS , el brisde supd- rieurement en forme de V. A Tangle d'une maison de la rue de la Corterie et au coin de celle des Ouinze-Vingts, on voit un pilastre d’ordre dorique cn pierre, surmontd d’un ange qui tient un rouleau oil sonl graves ces mots: vndiove cvstos; et, sur la cheminde d’une sallebasse, dans un fond de marbre noir incrustd: sanitas et libkrtas. Sur une autre maison situde pres de Tdglise de Saint-Jean : PLUS 1’ENSER QUE DIRE. Enfin, dans lequartierde la Pierre-d’ Amour, au coin de la rue de la Grande-Courtine , on lit les deux vers suivants : TV NAVRAS POINT DE MOY TON ESPERANCE * AMOVES (F. VEVX GAIGNER PAR PATIENCE DE MAY 1640. PL. AGE DE 72 ANS. II n’y avait pas jusqu’aux margelles des puils qui ne fussent chargees d inscriptions. Dans la rue du Bois, on en voit une qui porle celle-ci : assiz va qvi fort vne passe. Sur une autre qui clait supprimde et jetde sur la place , on voyait un arbre charge de feuilles, avec un rouleau passe dans les branches, et sur lequel dtaient graves ces mots : solas et joyes. Sur un autre qui exisle au cloitre Saint-Etienne : vive le Roy 1626 '. Ce dernier puits est fort riche de details; a chaque angle de Toctogone , il y a une chimere, et sur les faces des niches avec figures et des armures. Les maisons construiles en pierrcs sont en trds-pelit nombre a Troyes : relies qu’on voit quelque pcu orndes de sculptures, ont dtd bilies, dans leseizieme sidcle,par des families nobles oude finances, dont elles ont retenu le nom. La maison, rue de Croucels, d’oii nous avons tird la jolie chemi- nde qui fait le sujet de noire planche, est de ce nombre ; elle t?lait dd- signde depuis long-temps sous la denomination d’Hdtel-de-Chape- laines, parce qu’un des membres de la famille Largentier, baron de Chapelaines, l’avait fait bulir ou 1’avait habitue. La fagade, qui est en ligne bristle, suivanl Talignement de la rue, n’a qu’un seul dtage ; il est dclaird par quatre grandes fendtres accompagndes de colonnettes, et couronndes de frontons surmontds de trois petits vases. Le tym- pan est creusd en ovale, et renfcrmait un ornement qui a dtd d£lruit. Sur le couronnement, est unc balustrade i jour, divisde par des pid- destaux, & Taplomb destrumeaux des fendtres et surmontds de vases canneles et couverts. Le rez-de-chaussde n’a que des pilastres avec deux fenfires et une porte charreliere en arc surbaissd, mais saus ornement. A Tangle sud-ouest et i la hauteur du premier dtage, on remarque un habitacle, ou niche, ornt ! , avec cul-de-lampe et clochetons i jours, dans le goht de la renaissance : e’est un ensemble de frontons d’oQ s’dleve une colonnade circulaire et surmontdc d’un petit ddme. t La plupart des auires puils sont ornes d’ecussons et de dates. On en voit beaucoup aux armes de France el de Navarre avec le miltesiine 1540. Une seule fendtre, coupde par une croix et dont la baieest chargde de profils, dclaire le premier dtage du cotd de la cour : elle est placde au-dessus de la porte cocherc, dont Tare est accompagnd de deux niches circulaires orndes d’un cadre ; elles renfermaient des busies qui ont dtd detruits. On arrive il Tetage par un escalier praliqud sous une galerie en bois; la porte d’entrde de la chambre est une baie carrde, sans le moindre ornement. Le plafond de cette salle est soutenu par deux poutres profiles de corniches, et portdes par de grosses consoles orndes de feuilles d’achante; les solives sont aussi profildes d’un cordon sur 1’arete, et parsemdes de chiffres peiuts en noir: ce sont, alternativement des doubles LL et les lettres M A D enlacdes. Ces deux monogrammes sont reproduits de mdme sur les six petits volets qui ferment la croisde, sur la cour, dont nous avons pa rid. La jolie cheminde de la grande salle s’dldve jusqu’au plafond : elle est, comme on voit, decorde de niches et de bas-reliefs, reprdsen- tant en petit Thisloire de Jesus-Christ : cette cheminde est placde pres des fendtres de la salle qui, avec un cabinet, composent tout Tappartemcnt de ce corps-de-logis. Scion toute apparence, les bAliments du fond, qui sont tout mo- demes, auront dtd reconslruits. Le combleest trds-dleve, et se termine par deux pignonsconstruits de briques et de pierres de taille disposees en dchiquier; au sud une Gorgone rejette les eaux pluviales dans un dgoiit qui separe cede maison de la maison voisine. L’une des plus curieuses de ces maisons est celle situde au fond d’une cour, rue Champeaux, et portant le n° 15. C’est un gros corps- de-logis a deux dtages, au comble dlevd et termind par deux pignons ddcoupds en degrds. La porte est prdcddde d’un perron de six marches profildes et cou- pdes aux angles par une courbe renlranle. Deux pilastres, portant entablements avec fronton circulaire, accompagnent la baie. Sur les courbes de ce fronton, on voyait en bas-relief deux enfants moulds sur des chimeres, mais cette sculpture a did supprimde. Les fendtres sont a linteau plat, profildes dans la baie avec des bases sailiantesetarrondiessurlesbords.Au secouddtage, les fendtres sont peudlevdes etlacorniche de couronnement a peu de saillie ; les moulures en sont serrdes, mais il n’y a pas de larmier. Le comble est dclaird au milieu par une large fendtre a baie crcusde de gorges et coupde par une croix. De chaque cold, est un pilastre termind par un fronton aigu en ligne brisde et ornde de crochets. Cette fe- ndtre, qui paraissait devoir dire couronnee par un ajustement pyra- midal, n’a pas dtd terminde : ce qui existe du tympan est divisd en trois par deux pilastres plus petits, dlevds sur la saillie du linteau, et qui donnent naissance a trois arcs en conlre-courbes. Le champ, au- dessous, est rempli par une sorle de meneaux appliquds et rdunis par des cintres trilobds. Cet ajustement, entierement dans le goiil go- Ihique de la derniere pdriode,etainsi superposdi une ddcoration dans le goilt de la renaissance, prouve que les architectes du seizieme siecle n’adopterent pas d’abord bien franchement les formes de Tar- chiteclure romaine qui, ddja modifidc par les llaliens, devait s’altdrcr davaulage cn passant dans nos climats, oil Togive rdgnait encore tout entiere. Un ddtail remarquablc de notre maison est Tcspdce d’abside ou / oyrztfe *s4j'c/ieo6>ar£yuetyJ*i/&>n&-&t/e- c&rz&&eZ?ejiyde£td.ii6e. (sk. de& ef /a if . foyayr. ZlS/o/'rsytsc s/as. /< 5 . HH.a1.s0ns prrs iic la (T atl^rbralr . (XVI! Si ecle .) \\ . ' l it30gr MSJ&y* HJJPF -B13Wr "US W- D’VNE MAI SON RVE STJACOVES JV 2o. )10 0 ^ /tjyio/ i/r/f' t . /ftAc J'/fAr/ . "jDctaiU Dunr l)Iaisun,Kitr (ll^antjjratix . <*9 e - << •(/,' //■ . I PtJ£ / cjcj : . ( i/asts 4 Jfe/j* ctejL 4ubc d\P, 17 'r.f' - c z . jOrtatlo il’unr Blaifion.tuc ilxt fllortirr iVor. XVI . Siecle. sa— » 259 d’ddiculeportde en encorbellement au-dessus de la porte et que nous avons fait dessiner dans la planche ci-jointe. Ce dessin donnera, de cet obje(,une idde plus exacte que ne pourrait le faire la plus ample description, et nous nous bornerons a expliquer quelques details. A la face du milieu du soubassement, il existe un ecu dont le blason est ddtruit, c’dlait celui aux trois fleurs de lvs, surmonte de la couronne et entourd du collier de Saint- Michel. Au cold gauche, deux ecus, aussi effaces, sont suspendus it des guirlandes parlant de la bouche d’un che ! rubin. Au cdtd droit, dans la parlie infdrieure du soubassement, est gra- vde la date 1526. Dans la face du mdme c6le, on voit un cadre rapports, dans Iequel est aussi gravde l’inscriplion suivante : LAN V<> V1NGT CETTE MAISON FCT FAITE DE BEAV 150 IS NEVF EFVIS TOVTE BRVSLEE PAR EE BRAND FEV DONT TROYES SE VIT DEFAITE ET LA PLVPART DICELLE DESOLEE. DEPVIS CE TEMS ON LA BlEN CONSOI.EE AVSSI REFAITE A NEVF EN CETTE SORTE PAR BONS OVVRIERS LESQVELS EN CETT ANNEE CINQ CENS 26 Y ONT TEN V MAIN FORTE. CE FVT EN LAN SI QVE CIIAQV. LE NOTE CINQ CEXS 24 LE IOVR 25 DE MAY QVE CE LOGIS PAR DAMN.4BE COHORTS DE ROUTE FEVX FVT CONSOME P r VBAY A RTF RELEVEE El’ REGISAVEE EN LAN 1688 LE 17 JANVIER 1. L’^dicule, correspondant a la piece principale du premier dtage, forme un petit oratoire qui, dans le temps, en dtail l’accessoire obligd. Les trois fenfires sont orndes de peintures sur verre dune exe- cution remarquable. A celle du milieu, on voit le Christ en croix, accompagnd de la Yierge et de saint Jean, son disciple bien-aimd ; au bas, la Madeleine 5 genoux est reconnaissable au vase de parfums qu’elle a prds d’elle. A la fenelre, it gauche, est le donateur it genoux en robe violet clair, 3t larges manches avec des creves. Son prie-dieu est couvert d’un tapis rouge armorid. Derriere lui est son fils dans la mdrne pose et en robe rouge. Le cote droit de la fenetre est occupd par la figure de la donatrice, enrobe & larges manches, garnies de fourrures; die est accompa- gnde de ses filies qui out des costumes analogues. Dans le trefle du milieu, au-dessus du Christ, est Dieu le pere, re- prdsentd avec la tiare papale, en (de; au-dessus du donateur, c’est une sainte ; au-dessus de la donatrice le vitrail a dtd enlevd. Les fonds sont en dtoffe bleue, damassee et suspendue il une espde de frise ornde de jolies arabesques en or. Au-dessous des Ggures, il y a un champ borde d’arabesques du mdme goilt, et form res par des verres de couleurs assez rdcemment post's ; ils rem- placent, it n’en pas douler, des inscriptions qui devaient faire con- naitre les nomset qualitds des personnages du vitrail. On remarque que ceux-ci ne sont pas , comme d’usage, accompagnes de lcurs patrons, qui, ici, se trouvent au pied dc la croix. 1 Le corps-de-logis dont il est question dans celte inscription etait situe sur la rue; il avail deux etages et se voyait encore il y a quelques aunees. Au nord, le kltiment est dclaird par des fenfires du mdme genre que cclles du midi ; au milieu, est une (our il trois pans saillanls, qui renferme 1’escalier. Celle tour, dout le couronnement se continue avec celui de la maison, est couverte par un loit il six pans, termini par un dpi en plomb et ornd de grosses feuilles ou crochets. A l’ouest, il y aunegaltrie qui communiquait dc la maison avec l’ancien batiment de bois; il u’en reste plus que deux travdes voiltdes en arete et ouvertes, au premier dlage comme au rez-de-chaussde, par deux larges arcades pleiu-cintre qui ont dtd botlchdes des le prin- cipe ; on a seulement mdnage une petite fendtre dans le mur plein. Ces arcades sont sdpareespar des pilaslres dont les chapiteaux gra- cieux sont surmonles de figures d’enfants : ce sont ceux que nous avons joints, dans la planche, au dessiu de l’edicule qui occupe le mi- lieu de la facade. Les caves sont remarquables par la beauld de leurs voiltes ; il y exisle un caveau fermd par une forte grille en fer, et qui, dit-on, avait servi de prison. La tradition a conservd a celte maison le nom d’H6tel-des-Ursins, parce qu’elle a appartenu ;1 un des membres de la familledece nom qui, venue it la suite d’isabeau de Baviere, s etait fixde il Troyes. HOTEL DE VAULUISANT. Cette maison exislait des le douzieme siecle ; elle avait eld bAtie par les religieux de l’abbaye de Nolre-Dame-de-Vauluisant, ordre de Cileaux, au diocese de Sens. Ces bons peres, suivant une chronique, s’dlaient etablis it Troyes pour dtre it proximite de faire leur cour aux comtes de Champagne, et profiler de leurs libdralitds. Leur maison dtait un hospice ou ils venaient it leur grd faire sejour, et qu'ils conserverent jusqu’en 1481. A celle epoque, les bAlicnenls tombant de vdtustd, ils prdfdrerent le parti de les aliener it celui dc les rdtablir. Dans les actes publics du quinzieme siecle et dans ceux qui suivirent la vente, celte maison est designde sous le nom d’Hotel-de-Vauluisaul, et Ton voyait, en 1526, un nomrnd Morize, 1’un des premiers acquereurs, se qualifier du litre d’Hdlelier (habitant d’un hotel). L’hotel de Vauluisant occupait alors une plus grande dfendue de terrain. Mais, apres 1’incendie de 1524 qui le reduisit en cendrcs, ainsi que l’dglise Saint-Pantale'on qui n’dtait qu’en bois, on prit sur son emplacement, la place de l’eglise acluelle de Saint-Pantaldon qui fut reconstruite en pierre et agrandie. Deux fibres, Claude et Jean Moll?, et Jean Dorigny, qui elaient proprielaires de cet hotel lors de ce terrible evdnement, cederent volontiers ce terrain et contri- buerent encore it la reddificalion de l’dglise. De la famille Mold, la maison passa it Guillaume Heunequin qui fit consti tut e le pavilion avec les deux tours, lels qu’on les voit reprd- sentds sur noire planche; on n’a pas la date precise de celte construc- tion, mais on sait posilivement que Guillaume Ilennequin vivait encore en 1564. En 1575, l’hotel appartenait il Nicolas Pinelle; puis il passa successivement 5 Claude de Menan ; it Denis Augenoust, bourgeois de Troyes; it Marie Maillet sa femme; puis a Edme Coiffard, sei- gneur de Marsilly, trdsorier de France et fils de Nicolas Coiffard, vi- cornte de Troyes. La petite fille de ce dernier, ayant dpousd Jdrdme »-* 240 de Mesgrigny, escuyer, sieur de Villeberlin et de Mousscy, cette maison fut alors designge dans les acles, sous le nom A'Hotel-de- Villeberlin ou de Mesgrigny, indiffgremment. Ce fut .) an de Mesgrigny, chevalier, sieur de Marcilly, lieute- nanl-general des armies du roi et bailly de Troyes, qui a gdifig de sesdmiers le bftlimenl neuf qui fait suite aux deux lours; il a gig achevg par son neveu, M. Francois de Mesgrigny, chevalier, sieur de Souleaux el de Saint-Pouanges, vicomle de Troyes, et inspecieur de la province de Champagne. Enfin, l’holel de Vauluisant apparlient aujourd’hui J M m * Mar- colte, veuve de M. Philippe-Marie Marcolte, chevalier de la Iggion- d’honneur, Receveur-ggntral des finances du dgpartement de l'Aube, ami des arts, qui savait, avec cette exquise dglicatesse qui glgve l’obligg, aider les artistes de ses conseils gclairgs et de sa bourse; il fut le Mgcgne d’un jeune statuaire ng ck Troyes, et au- jourd’hui I’une des gloires arlistiques de la France. Les deux lours qui flanquent la facade de l’hbtel de Vauluisant sont d’inggale grosseur; celle de gauche est beaucoup plus forte : elle renferme I’escalier, el Ton sVtonnerait du peu d’gpaisseur de ses murs, si Ton ne sava.t que les degrgs de cet escalier sonl ligs en oeuvre et viennent former le parement extgrieur. Le toil conique de ces tours est terming par une petite colonue cannelge, surmontge d’ornements en plomb, a I’exlremitg desquels on voit le solcil, et la lune entourt'e dVloiles. Le cha nbraule de la porte est orng de grecques, et Ton voit assis, aux angles, deux figures de jeunes salyres avec des groupes de fruits d’une execution tres-soignee. Le rez-de-chaussge se compose d’une grande salle settlement. Les ornements du plafond consistent dans la cornichedes poulres, et dans les solives profileessur les aretes; mais ce qui faisait le prin- cipal ornement de cclle piece est la cheminge : e’est un grand arc plein-cinlre accompagng de deux colonnes d’ordre corinlhien avec pigdestal, dont le fhtcannelg est encore orng de qualre figures d’en- fants supportant des guirlandes de fruits. L’euiablement est fort riche, il s’glgve jusqu’au plafond et soutient le foyer de l’gtage supe- rieur, lequel est orng de pelits compartiments. A la naissance des cintres, il y a de larges feuilles d’achantetoutes dorges, ainsi que les chapiteaux et les autres sculptures. Dans la baie de cette arcade, il y avail un ajustement orng de bas-reliefs peints et dorgs qui onl gtg en- levgs, mais qui sonl conservgs a\ ec soin. Une dgcoration de cede salle, qui peut £lre remarquge , est la peinture des lambris qui existent sur le devant, dans la baie des fengtres, et se composent de grands et pelits compartiments : dans les premiers sont plusieurs sujets mylhologiques mglgs avec quelques autres sujets. Ainsi, on voit les Centaarelles allailant et soignant leurs en- fants; puis Hyppolite renversg de son char, et successivement Rodogvne; Pan enchaing par des nymphes; Achille, Ajax ou les Gyres, la Thessalie, Palemon, Polyphcm.es , Phorhas ou les Phrygiens, An! hie, Hylas , Allas, Hercules, peints & l’huile avec les noms gcrils tels que nous venons de *es rapporter. Les petits compartiments sont remplis par des fleurs et des fruits peints en couleur, et par des chasses et des jeux d’amours peints en grisaille. Si Ton compare mainten3nt la facade du palais des comtes de Champagne, placge en tgte de notre ouvrage, avec celle de l’hdlel de Vauluisant qui en forme la derniere planche, on pourra juger quelle distance le goht a pu mettre entre la demeure d’un puissant souverain du douzigme siecle et l’habitation d’un simple bourgeois du seizieme. FIN. TABLE ALPHABETIOUE DES NOMS DES LIEUX MENTIONNES DANS CET OUTRAGE. AVEC L’iNDICATION D3S PLANCHES QUI s’y RATTACHENT , ET DES NUMEROS DES PAGES EN REGARD DESQUELLES ELLES DOIVENT ETRE PLACEES. Andr£ (Saint-) Pages 14 Tabernacle en bois dor£ et details 17 Bas-relief d’une chAsse en cuivre dor£ du 12 e sifccle. . 17 Suite du m6me bas-relief , 17 . Chaire A pr^cher et statues du 1 6 e si^cle 13 AexOn 228 Details des porles de l’eglise 228 AvAtLECRs(commanderie d’) 226 Cheminee de la grande salle 227 Bar-sijr-Aebe 199 Travee de la nefde IVglise Saint-Pierre 200 Vue interieure de l’eglise Saint-Pierre 200 Porche meridional de l’eglise Saint-Pierre 201 Details de 1’ eglise Saiul-Maclou, chapiteaux 202 Porte de l’ancien chateau des comles de Bar 202 Tombe de Gillebinde Pons,capitaine du chAlel de Bar- sur-Aube 203 Details de l’eglise Sainl-Maclou et du Petit-Clairvaux. . 203 Chapelle expiatoire sur le pont d’Aube. 204 Tombe de Jean de Monltier, capitainede Bar-sur-Aube. 204 Maison du 16 e si£cle, rue Saint-Michel 105 Bar-ser-Seine. 101 Vue de l’eglise Saint-Elienne, prise de l’extremite du pont 101 Vitrail de l’eglise Saint-Elienne, representant la prome- nade du boeuf gras 102 Decoration exterieure d’une fentdre de la mAme eglise. 104 Bergeres 234 Vue de l’ancienne eglise, d’aprSs un dessin communique. 234 Basse-Fontaine (abbaye) 59 Details du cloitre. Architecture romane, I2 e siecle. ... 63 Boergeignons 95 Brienne-le-Ciiateae 54 Details d’une maison en bois proche l’eglise 59 Clairvaex 128 Plans de 1’ancienne eglise et de l’eglise reconstruite. . . 129 Crosse emaillee. Anneau et epingle d’un eveque. . . 129 Ciiappes 83 Clerey 92 CoERTENOT 83 Ervy 227 Details de maisons en bois 228 Fobcihsres 21 Vue de la croix placee en (Ate du pont 21 Details de la porte'et du chevet de l’eglise 22 Tombeau de l’abbe Elion d’Araoncourt, pricur de Fou- cheres Pages 24 Croix processionnelle en argent, 16 e si£cle 24 Germain-de-Lin^on (Saint-) 49 Gy£-ser-Seine 126 Details de l'eglise 126 Iles-Aemont 79 Jean-de-Bonneval (Saint-) 118 Latnes-acx-Bois 60 Lazarre (Saint-) 20 Lirey (Notre-Danie-de-) 115 Martin-Ls-Vignes (Saint-) 230 Vitrail representant une famille de donateurs 231 Montfey 227 Fragment de la vieille eglise 228 Montajgu 62 Montier-la-Celle (abbaye de) 14 Montier-Ramey 118 Moessey 47 Plan de l’eglise et details du porche 47 Messy 222 Vue de l’eglise 225 Tombeau de Gilles Vignier, fondateur 224 Nesles-la-Reposte (abbaye de) 75 Chftsse de saint Alban (epoque bizantine) 78 Neevili.e-ser-Seine 226 Details de l’eglise 226 Parres-i.es- Vaedes (Saint-) 82 Parres-aex-Tertres (Saint-) 121 Phal (Saint-) 229 Tombe d’Artus de Vaudrey, seigneur de Saint-Phal . . . 230 Plaines 226 Benilier forme d’un chapiteau roman 226 Polisy 226 Details de l’eglise 226 Pont-Sainte-Marie 112 Riceys (les) 215 Piscine du choeur de l’eglise de Ricey-Haut 216 Vitrail de la Chambre-des-Vignerons a Ricey-Haut. ... 215 Chapiteaux de l’eglise Saint-Pierre Ricey-Bas 221 Rosnay 205 Plan de l’eglise basse 206 Vue del’entreede l’eglise basse 206 50 242 <— ® Vue inh’-rieure de IVglise basse 206 Vue dubas-cdtb nord de IVglise haute 206 Details de IVglise basse 206 Rumii.i.y-i.ks-Vaiides 86 Vil rail de IVglise, rcprVsenlant unefamille de dooaleurs. 89 Vit rail idem 89 Manoir des abbrs de Molesmes 91 Swine (Sainte-) 64 Cage de buis qui couvre !e sarcophage de lVvbque Ra- gnesigil , et babul qui renferine les archives de la paroisse 72 Sefomvs 228 Vue du chevel et du clucher roman de IVglise pnroissi.ile. 228 Vilrail de la uibme bglise (le martyre de saint Etienne). 228 Fonts baplismaux 210 Tiiibvlt (Saint-) 80 TROYES 7 Vue gf^m'Tale de la ville d’aprbs un ancien tableau .... 7 Chdteau ties comtes de Troyes 8 Plan general du chftteau 8 Vue de la porte d’enlrbe 11 Palais des comics de Champagne 25 Plans de ce palais et de IVglise colli'giale de St. -Etienne. 25 Vuedu m^me palais etde IVglise Saint-fetienne 27 Toinbeau du comle Henri l' r ,dansla mbme ("glise 29 A umbniere attribute au comle Henri l er et sceaux. ... 35 Aumbniere attribute au comleThibaut IV et sceaux. . . 36 Sceaux de Thibaul III, Henri II et de la comtesse Blanche. 36 Sceaux de Thibaut IV et de la comtesse Marguerite. . 36 Sceaux de Thibaut V et de Henri 111 dil le Gros 36 Miniature el fac similb d’un manuscrit du neuvieme siecle appelb le Psautier du comle Henri 37 Lellre-: capitales du mbme manuscrit 37 La Belle-Croix de Troyes 73 £lbvalion de la Belle-Croix, monument du 15 e siecle. 73 Convent des Cordeliers 105 Vue de la chapelle de la Passion et de la bibliotheque des Cordeliers 105 Chapiteaux de la chapelle de la Passion 106 Retable en pierre doril de la mbme chapelle 107 Chapiteaux de la bibliotheque 110 fcglise Saint-Pierre (calhedralc) 122 Plan gi’nt'ral de IVglise 122 Vue du grand porlail 128 Vue lalerale de IVglise, cbtbdu nord 132 Vue du porlail du nord dit le Petit-Porlail 133 Details au trait de chapiteaux 165 Vitrail rcprbsenlanl la parabole du pressoir. (XV e siecle.) 1 54 Tombe du chanoine Hugo de Cancellis 156 Vue du bas-ebtb droit du choeur 165 Vilrail (Jbsus-Christ transports sur la montagne ). ... 178 Vilrail de la chapelle Notre-Dame (le roi David)... 179 Vilrail reprbsentant Jesus transport^ sur le temple .... 179 Vitrail. Sujet de la vie de Saint-Nicolas 180 Coffrel d’ivoire apporlb de Constantinople en 1204 ... 184 Eglise Sa int-Urbain (ancienne collbgiale) 190 Plan de IVglise Sainl-Urbain 190 Bas-relief du lympan de la porle pri ncipale 191 Bas-relief du mbme lympan et aulres details 191 Piscine du sancluaire 193 Tombe de Renaus du Columbier, doyen du chapitre. . . 194 Tombe d’Etienne Morle, aussi doyen du chapitre 194 Tombe de Pierre d’Herbice, bourgeois de Troyes 194 Tombe de Jean Maulery, notaire des foires de Cham- pagne et de Brie 194 Medallion du pape Urbain IV. 223 Eglise paroissiale de la Madeleine 197 Vue du jubt 5 , prise de la nef 197 Vuedu mbmejubb, prise du choeur 198 Chapiteaux de IVglise de la Madeleine 199 Vue de la porle de l’ancien cimetiere de la Madeleine. 199 Eglise Saint-Loup ( abbave) 231 Porte en for dort; du tabernacle de IVglise 231 Panneau du mbme tabernacle aussi en fer dorb 231 La chair salbe et detail d’une stale de IVglise 232 £glise Saint-Denis (paroisse dbtruite) 199 Chapiteaux romans et base d’une colonne de IVglise. . 199 flglise Saint-Pantalcon (paroisse) 233 Vue de la porte mbridionale de IVglise, 16 e siecle 233 Groupe en pierre reprbsentant saint CrVpin et saint Crbpinien arrblbs par des soldals. (XVI e siecle.). . . 233 flglise Saint-IVicolas (paroisse) 233 Vue de la porte laldrale du nord, 16® sibcle 233 £ glise Saint-Nizicr (paroisse) 233 Vue de la porte meridionale, 16* sibcle 233 feglise conveniuelle des Jacobins 233 Vue du porlail, prise de la premibre cour 234 Notre-aux-Nonains (abbaye) 233 Couverture d’un bvangbliaire 233 Anciennes portes 234 Plan de la porte de St.-Jacques, sitube a Test de la ville . 234 Vue de la porte de St.-Jacques, prise extrd-muros . . . 235 Vue prise sous la porle de Belfroy -r. . 236 Anciennes maisons 236 Vue de l’ancien hbtel de Vauluisant, construit au sei- zieme siecle. (XVI e sibclc.) 240 Details de l’ancieu hbtel des Ursins, rue de Champeaux . 239 Details d’une maison, rue du Morlier-d’Or. (XVl e sibcle.) 239 Cheminbe de l’ancien he) tel de Chapelaines, rue de Croncels. (XVl e sibcle.) 238 Maisons du 16® sibcle, prbs la calhbdrale 238 Porle d’une maison en bois , rue de la Tannerie 237 Cheminbe d’une maison, rue de Saint-Jacques 238 Grande porte d’une maison du 16® siecle, rue de la Montbe-de-Saint-Pierre avec detail du heurloir. . . . 238 »-» 243 Details de plusieurs maisons en bois « 236 V acres 81 Vendegvre 213 Vue de l’ancien chAteauen 1614 214 Porte de la chapclle du m£me chateau. (XII* si6cle.). . 214 VlLLEMACR 208' Vue du jubt*, prise de la nef 210 Reliquaire en argent 210 Lutrin triangulaire en bois sculpts, foods baptismaux de Sefouds 210 Reliquaire en vermeil, paix en ivoire, paix en bronze. . 210 Villemoyenne 82 VlLLENACXE 120 Details de l’^glise, chapiteaux, sculpture en bois 211 Details de maisons en bois. PI. 4 211 Virey-sous-Bar 94 Nota. — Ia’ordre indiqu6 dans la table pourra servir egalement au classement des planches pour un Atlas s^pare du texte. FIN DE LA TABLE. ERRATA Pages. Colonnes. Ligncs. Au lieu de : • Liscz : 15 2 4 in aclii meum in actum meum 18 id. 8 enamortissement en amortissement 19 1 45 Nous donnons ici le sens de l’inscription du por- tail de lVglise Saint-Andrd , parce que le manque de sigues typographies nCessaires ci la reproduc- tion des abreviations, a eu pour rf-sultat de la rend r e inintelligible en beaueoup d’endroils : Les habilans de Sainct-Andry Mont faict faire en cesle main iirc Dung cueur franc et non amoindry Pour a Dieu faire leur price Vous passans ce cimyltere Advises je suis tout A neuf De leurs deniers en forme entire Lan cinq cent quarante-neuf. 20 2 11 aie, patienee aie patience 23 id. 36 donataire donatenr 27 1 14 le titre; en 1 787,« s poque de sa suppression, l'autel le litre en 1787, dpoque de sa suppression. L’autel 32 id. 1 reverendems reverendus 40 id. 52 episcopas episcopos 146 id. 38 et ingenuam f amiliendam oriendo et ingenuA Jamilid oriundo id. id. 40 Pcela Poeta id. id. 42 curam studii curd.... studiis id. id. 44 mores. Fit re mores, vita; id. id. 49 perpetus in comitis perpetuus.... in comitiis id. 2 2 Diaeresis Dicecesis id. 1 37 clcssenli cleslensis id. id. 47 illeosa illcesA id. 2 1 apres celebratis ac in multis cleri Gallici conventibus id. id. 3 tendem tandem 153 2 45 puare quare id. id. 46 honetur Torcular 1d9 1 36 Nona NORMA id. id. 38 PlTHB 0 PlTIlOEO 164 id. 26 Prius Parophi Priiis Paropsis id. id. 18 Parlieulii particulis id. id. 29 ajfabrce affaire 171 id. 16 totiens que toties que 180 2 6 dcus deno 181 id. 1 magine imagine 182 1 id. Tcnerimum tenerdmum id. 2 8 yd mice tat is ydnno cetalis 211 1 id. Din Dni (abreviation de Domini ) id. id. 12 in chio in christo id. id. 13 Ducuin Dominum id. id. 15 trecem. trecen. (abreviation de trecensem ) Nous laissont. J la sagacile des lccleur« la correction des autres fautes qu'ils rcmarqucronl dans notre ouvrage; fautes, d’ailleurs, qui (Maient pour la plupart inevitables, soit parcc qu’elles exislaient dans les orignaux, soil que ces derniers aient thd plus ou moins altdres par le temps ou par la main des hommes, soit enfin qu’ils aient enticement disparu, cc qui nous a empOchd de verifier les copies que nous avions recueillies. TROYES. — 1MPR1RIRRIE 1)E CARDOIN. CENItH LILllW^ 3125 00599 H91