/ Sh-J *7 / DESCRIPTION DES FERMES, 8 V R L E S Q^U B L L £ S On ceintre a&uellement en France, l e s GRANDES ARCHES DES PONTS. Par M r - L e T u r c, Prof, of Military Sciences, the F rench L ang u ace, and Geography. LONDRES, De l’lmprimerie de G. Bigg, dans le Strand. Et fe trouve chez 1 *Auteur, No. 13. Margaret Sweet, Cavendifh Square. M, DCC, LXXXI. •Prix 11. , A'! • V'.> . -• A X i 1 X ■ O 2 £ . «l .i . • ' :i ^ . j .*• -imra i •* i>%-:•: ,tr I*!. i !. ♦? ii* . ,’ii j • . • . DESCRIPTION DES FERMES, Servant a ceintrer les Ponts. La pratique nous fait entrevoir la force dubois de bout, par les differentes applica-* tions hardies, auxquelles on l’employe cha* que jour. Cependant on n’a pu jufqu’a pre-* fent la determiner, ni trouver aucune formule qui indiquat le rapport des forces relatives, entre des poutres de differens equariffages & de differentes denfites. Les experiences qu’on fit en petit, ne donnerent que des refultats imparfaits & infuffifants pour etablir aucune theorie a cet egard. Tout ce que nous con- noiffons, c’eft que fa force, eft ft furpreoante, qu’on reconnoit aifement en elle, la poffibilite de la voir un jour employer, par des affem- blages ingenieux, a des travaux plus vaftes* plus hardis, & plus etonnants, que ceux qui A exiftent ( 4 ) exiftent, ou qui ont ete faits jufqu’a nos joursv La plus forte epreuve, a laquelle on l’ait foumife jufqu’a prefent, eft fans contredit dans les Fermes qui fervent en France a cein- trer les grandes arches des Ponts. On ne lea employoient autre fois que pour des arches d*une etendue mediocre, & pen a peu, tou- jours en les perfedtionnant, Ton eft parvenu, a en faire de cent vingt pieds de longueur, fur trente pieds de hauteur DLE. Malgre la longueur de cette Ferme, qui fembleroit au premier coup d’eeil, que fon poids f ul devroit fuffire pour ia briferj fon objet eft neanmoins de porter en l’air, plus d’un million pefant, fans que pour cela les bois fe fendent ni s’en- dommagent, pouvant enfuite fervir a tout autre ufage comme s ils n’avoient jamais ete em¬ ployes. Ce n’eft cependant pas, pour cea Fermes, qu’on doit les grandes Arches, car, il en exiftoit d’auffi grandes avant Ieur inven¬ tion : mais les moyens qu’on fe fervoit, &c dont on fe fert encore prefque dans toute l’Furope, pour ceintrer les arches, font fi cou- teux, & produifent tant d’embarras qu’on ne doit pas hefiter de donner la preference a cette Ferine, tant par la fimplicite de fa conftruc- tion ( 5 ) tion que par la grande economic qui en re* fulte. Void la defcription d’une Ferme perfeffionnee & femblable a celle que j at vu employer, a la conftrueftion des Arches du Pont de Neuilly proche Paris. Le Pont de Neuilly eft compofe de cinq Arches A , femblables, de cent vingt pieds de longueur furbaifiee chacune au quart. Les Piles B t n’ont que douze pieds d’epaifleur, & cette dimenfion ne fuffifant point, pour refifter a la pouflee d’une feule Arche auffi furbaiflee, il a failu les ceintrer toutes cinq dans le meme terns en obfervant fcrupuleufement, de mettre de ehaque cote des Piles jufqu’a la clef, une meme quantite de lits de pierres, afin que la pouflee des Arches ne fatiguatpas les Piles, plus d’un cote que de Pautre. Les cinq Arches toutes femblables a celle C r furent conftruites fur trente Fermes, dont fix pour chacune. Cette Ferme comme on le voit dans le deffein. C, n’a que deux points d’appuis Dy Ey efpaces Tun de Pautre de cent ^ingt pieds. Les bois qui la compofent, font pofes en Pair de bout a bout, & font contenus (implement entre des moifes pendantes E®. Enfin ces trente Fermes ainfi aflemblees, ont ( 6 ) ete capables de fupporter, jufqu’au moment de mettre les clefs des Arches, un poid evalue a quarante millions, ce qui fait pour chacune* treize cent, mille livres pefant. On auroit peine a croire qu’une conftru&ion aufli hardie aufli fimple, put jamais fupporter une mafle aufli enorme: c’eft cependant un fait, & ce qui furprendra le plus, c’eft qu’aucun mor- ceau n’a fouffert, aucune poutre n’e s’eft fendue ni pliee, au point qu’on a pu les vendre apres le deceintrement, comme des bois qui n’avoient nullement fervis. Une telle conftru&ion merite fans doute de fe repandre & d’etre connue au loin: aufli nous allons detailler ici, avec foin toutes les par¬ ties qui en dependent, ainfi queles precautions qu’on doit avoir, foit pour la pofer, foit pour la depofer. Nous n’oublierons point non plus, de fairemention de la methode qu’on a fuivie pour contenir les Fermes dans une meme pofition, tandis qu’on etoit occupe au Ceintrement des Arches. L’Epure de l’Arche etant tracee de gran¬ deur naturelle fur une haie horizontale & bien dreflee. L’on a place un point L, fur le petit diametre eloigne de deux pieds de l’intrados i * ( 7 ) /, de la Voute. On a enfuite marque un autre point fur la ligne C, a dix pieds de diftance de l’autre. Par ce point & la naif- fance de la Voute D, Ton a trace une portion de cercle, & du meme centre, on a tire une parallelle paffant par l’autre point L; c’eft entre ces deux lignes courbes, qu’eft contenue toute la Charpente de la Ferme, & les moifes FGy font perpendiculaires a ces arcs de cer- cles. L'on a enfuite divife le cercle inferieur DCEy en commen^ant aux nailfances des Voutes, en quatorze parties egales. Par ces points, Ton a tire des lignes au centre du cercle, lefquelles donnent la direction des Moifes pendantes. Tous les bois avoient feize a dix huit pouces d’equarilfage fur 18 a 20 pieds de longueur hormis les moifes, qui n’avoient que dix pieds de longueur, fur egalement feize a dix huit pouces par les bouts. Les poutres n’etoient pas affemblees dans les Moifes par tenons & mortaifes, elles ne faifoient, que palfer d’outre en outre, ou que s y loger, en s’appuyant bout a bout l’une contre Pautre. Deforte qu’elles n’etoient con¬ tinues par les bouts, ou par les milieus que par ( 8 ) par les Moiies pendantes qui les emboetoient a demi bois de chaque cote. Chaque pairc de Moife, embouete quatre de ces poutres, alter- nativement par les milieux & par les bouts, ainli qu’on peut le voir aux lettres M & N. Toutes les poutres etant tangeantes & pa- rallelles aux arcs de cercies doivent toutes former dans leurs rencontre angulaire dans les moifes, un meme angle pour la coupe* Elies font un peu plus longues en raifon qu’elles s’eloignent du centre, mais c’eft au deflein, ou mieux a LTpure, a donner leurs juftes dimenfions. Les moifes font de deux faipons, & comme toute la folidite de la Ferme depend de la maf~ niere dont elles font conftruites, je les ai de- taillees toutes deux en grand, aux lettres Cdc D On jujera aifement par le Deffein, com¬ ment cet afiemblage peut avoir lieu. Quand les Moifes pendantes font pofees l’unefur l’autre, on contient cellesC, par trois boulons a tete, & les autres Z), par quatre, qu’cn vis fortement d’un cote par de forts ecrous. On apperfoit dans les figures que les bou’ons P & palfent par le folide du bois, fans nullement toucher les poutres qui paffent ( 9 ) paffent ou qui s’appuyent dans les vui- des R. Les extremities Z), & E, de la Ferme, font aflujetties a la forme de la voute & ne font que s’affembler dans deux montants S & 5 T, pofes contre & le long de la naiffance de la voute. Chaque Arche etoit foutenue, par fix Fermes femblables, & pour les rendre folides 1’une & Pautre & les empecher de fe renverfer, on les a liees toutes enfemble, par des poutreilles Z 7 , Voions maintenant, com¬ ment on s’y eft pris, pour monter une de ces Fermes. De chaque cote du Pont & au deffous des Arches, etoit pratique un pont de fervice, eleve de fept a huit pieds au deffus des bafles eaux. Ce pont fervoit pour monter plus commodement les Fermes, & auffi pour que le fervice efl general, fut plus aife & plus prompt. Tons les bois etant coupes d’apres PEpure, on les a montes d’une maniere tres Ample, par le moyen de Chevalets de differentes hauteurs, & par des Ecoperges, fituees ainfi que les Chevalets, au delfus des Ponts de fervi^es. Ces Ecopetg^ etoient fixees par 5 des ( 1 ° ) des Aubans & faifoient l’office de grues. L’on a pofe, fur des Chevalets & fur des Etanfons, la premiere rangee de poutres, a la hauteur jufte qu’elle devoit avoir, pour etre faifie enfuite par les entailles des Moifes pen- dantes, qu’on defcendoit d’un cote feulement avecdes Poulies Mouflees, fituees vers le haut des Ecoperges. Les quatre premieres Poutres de chaque bout, font aflemblees a tenons & mortoifes, dans une forte piece de bois S, T y fervant de points d'appuis & ayant la forme de la naif- fance de la voute. On a continue enfuite, de pofer les poutres dans les entailles des Moifes, & pour empe- cher le revers d une pareilie Charpente, qui fe foutenoit en l’air, on l’a arcboutee de chaque cote, jufqu’au moment que les pou- treilles U, ayent ete pofees, pour Her & con- tenir les fix Fermes enferrble. Quand toutes les Moifes, futent placees par les’ bouts de la Ferme, ainfi que les Poutres qui y palfent, on a place fur a mefure de 1 autre cote, les Moifes correfpondantes qu'on fixoit deux a deux, avec trois ou qu.atte fort boulons a Ecrious. ' Un e ( II ) . Une Ferme montee, on en montoit une autre parallelle, a: huit pieds de*diftance Pune del’autre, jufqu’au nombrede fix pour chaque Arehe & on les contenoit toutes enfuite, par les pieces tranfverfalles 27, places perpendi- culairement au pont, & par des Arcbaletriers en croix, fitues entre une ferme & Fautre : deforte qu’elles etoient arcboutees d’une ma- niere fi folide, que les fix fermes ainfi liees, n’en faifoient pour ainfi dire qu’une feule. Les fix Fermes etant montees 5c ■ fixees deflbus chacune des Arches, on a pole par deffus, par le moyen de Grues & d’autres machines, les pierres lits par fits; mais avec beaucoup de precautions. On avoit fixe du- bord de chaque cote du Pont & au deffus de celui de fervice, un panneau de la Forme jufte de la courbe * qu’avoient les Arches. Les deux panneaux, etoient independants des Fermes & fervoient a tout moment de points de repaires, pour voir fi les Fermes remuoient ou non. Car Ton fent, qu’en chargeant les *Cette Courbe que je rendrai publique, eft auffi tres re- marcable; etant compofee de onze centres: elle eft de Pinvention de Mr. de Chezy, ingenieuren chefde la gene-, ralite de Paris, B a Teins ( »* ) rains de la Ferine avec des poids auffi enormes* que le milieu pouvoit fe foulever & mcme crever par lc haut; fi en proportion qu’on appercevoit de ^Elevation, on ne lui eut op- pofe une refiftance proportionnelle, en char- geant, avec d’autres pierres, le milieu de lex- frados. C'efl avec ce precede, qili exigeoit a la verite des foins contiauels, qu’on eft par¬ venu a contrebalancer la charge des Reins: jufqu’a la fin de la conftru&ion des cinq Arches, Au deflifs des Fermes & deffous chaque lit de pierres, on a mis une {olive, de fix a fix pouces d'equariffage, & des coins par deffus, pour remplir refpace de deux pieds, qu’on a laifl'eF, entre la Ferine & fas cottrbe des Arches- Par cette precaution oil cfonnoit d'une part, de laifance aux mafons, pour 1’appareil de leur ouvrage et pour lajufteflfe qu’exigeoit la courbe; et de Fautre* cet efpace procuroit la facilite neceffaire de potivoir degager, apres la conftru&ion du Pont, les Fertoes du defious des Arches ; car fans cette precaution on au- roit point pu les oter lors du Deceintrement, qu’en les brifantpar morceaux. ♦ On ( *3 ) ' trados, lorfque les clefs furent pofees, environ trois mille coins de chene, fur lefquels cinq cent ouvriers frappoient, dans le ifteme teffis, avec de lourdes mafles, pour bander les voutes. Apres que les Fermes furent degag^es des voutes, on ota a chacune d’elle, d*tm c&te feulement, les boulons & les Moifes pen-* dantes, ainfi que les arcs boutants* Elies etoient alors en equilibres, & ne fe foUteftoient que par leurs propres pefanteurs* On Ha des cables ( 14 ) cables a chacune, dont les bouts etoient atta- ches a differens Cabeftants afin de les faire tomber toutes enfemble dans la riviere: fans autre neceflite cependant que de donner un fpeftacle au public & auquel le Roi s’eft trouve* Quand ces fermes furent tombees, plufieurs mariniers les tirerent a terre pour les arranger par piles dans les chantiers, d’ou ejles ont ete vendues a differens charpentiers pour en¬ viron le prix qu’elles avoientcoutees. ■ • ? : - / / ■ / J. ■J V ,0 '• ? 4 y V ' 1 ] ; f-"\ * 1 ' m / 1 V ( l / mk\i Mila mm 9 May \ pf >J§ jgflf ' . flKNHfl Hr S