iHarnts StehinmtlSjMnmte •• I Qi^»/ 0 y X ' ^ y zy ^y/c^ /^~■<^^y^.^■^zt: ou RELATION GHRONOLOGIQUE P£S EVfilVEMENTS Qll SE SONT PASSES DANS LA VILLE DE BRUGES, Ufl tfmfs Ifs ^lus muUs jusqu’A nos jours, VJL.K «r. a A MI. I^M A R elWoctiiW Cuttcipoitiatit (cc Societc id Jicaux^rAsiU a ^aui. Ouvrage owe dc 1G8 lilasoiis colories avec le plus grand soiii, BRUGES, CHEZ J. EAILLIAED, REE DE LA BRIDE. 1847. AVAST-PROPOS, Lc terrain de I’histoire a ete soumis de nos jours aux memes in¬ vestigations que le terrain geologique. Les revolutions y avaient opere le meme chaos, et il fallait, avant d’arriver a la verite, etu- dier les differentes couches de cette croute epaisse qui la derobait a nos yeux. Des hommes laborieux, des homines doues d’une patience admi¬ rable, ont remue toute cette poussiere, ont deblaye toules ces mines, et leur regard puissant a penetre jusqu’a ce terrain primilif, a ce granit qui forme la base de toute societe. Mais il leur a fallu, pour conquerir ce resultat, proceder avec cir- conspection, el faire precedeT la theorie d’une sage et constante ob¬ servation. Ils n’ont pas tout d’abord embrasse d’un coup-d’ceil une immense etendue de terrain; ils ont eu la> haute, la prevoyante sa- gesse de proceder modestement. Ils ont etudie ville par ville, bour- gade par bourgade, et en faisant consciencieusement de I’histoire locale, il esl arrive qu’ils avaient en effet trouve I’histoire d’un pays tout entier. Aussi les etudes historiques onl-elles de nos jours com- pletement change d’aspect, et Ton pent, sans outrecuidance, se flatter que I’liistoire deviendra bientot une science exacte. 2 — C’est a (Ic graiuls talents qne sont dus ces resnltals: MM. Sismondi, Guizot, Chatcaubriant, A. Thierry, quels noms famenx dans la car- riere historique! M. Thierry surtout, ce martyr de la science, a decouvert un nouveau monde dans son Histoire de la Conquele d'Jnrjleterre cl dans ses Lettres sur VHktoire de France; mais, nous devons le constaler ici dans I’interet de notre these, la partie la plus curieuse, la plus instructive de ses recherches se concentre dans ses investigations locales, dans son Histoire des Communes de Noyon, de Beauvais, de Saint-Qiwntin, de Laon, de Reims, etc., etc. Ce que ce grand historien a fait pour quelques villes de France, ce qu’il a fait avec tant de verve, tant de couleurs, on devrait le faire aujourd’hui pour ces grandes communes flaraandcs, qin jouerent, au moyen-age, un role si important etsi drainatique. Qu’est-ce que les communes de Noyon, de Beauvais, aupres de Gand et de Bruges, ces deux puissantes cites, qui mirent souvent en echec toutes les forces combinees des plus puissants souverains? En attendant qu’une main habile dessine le plan de cevaste edifice, et se sente la hardiessc d'y mettre la main, nous avons voulu faire quelque chose pour la ville de Bruges. Comme I’annonce son litre, ce livre n’est quTine table chronologique assez complete de tons les evenementsqui sesont passes dans cetteville, maisunetable,enrichie des plus curieux details historiques, on I’oeil de la critique a porte dans tousles sens son regard severe. C’est une assise, mais, ayons Lien soin de le repeter, ce n’est qu’une assise de ce vaste monument dont nous laissons la conception et I’achevcment a des mains plus experimentees. Nous avons du, pour reunir ces materiaux. feuilleter patiemment Lien des chroniques, etudier de lourdes et fastidieuses histoircs, semees dc recits fabuleux, ou la credulitc de I’historien le dispute a la pesanteur de sa plume. Nous avous devore la poussiere des cartu- laires, et, dans plusieurs pieces inconnues, trouve la clef des fails les plusimportanls. Quelquefois nos recherches ont ele infructueuses, il est vrai, mais presque toujours le succes a couronne noire patience. 3 — C’est done avec une certaine confiance que je preserite au public ec fi uit de nies veilles et de ines labeurs. Jc dis incs veilles et mes labeurs, jc devrais dire plutdtles veilles et les labeurs de iiion vieux I)cre chez qui rardeur du travail ne pent sc comparer qu'a son alfeclion tiliale pour la ville qui I’a vu naitre. Cc u’est pas, ici j’aitne a le repeier, une bistoire de Bruges propresiicnt dite, mais un compendium de tons les grande travaux que Ton a fails sur cette nialierc. Le bienveillant accueil de nos concitoyens nous paiera lar- genient de nos efforts. Avant d’entrer en uialiere, il estbon d’avertir le lecteurque pour lui rendre plus facile la lecture dc cet ouvrage, nous avons cm devoir le divisor en trois grandes parties. La premiere comprend I’liistoirc de Bruges, de ses institutions, et de ses monuments. La seconde I’cxpose clironologique de tout ce qui touche a I’his- loirc civile et politique de cette cite. La troisieine, enfin, sera consacree a la biographic de tons les Brugeois cclcbres. £Pl!filM!DES BREGEOISES . PREMIERE PARTIE. IIISTOIRE DF. BRUGES. - SES INSTITUTIONS. - SES MONUMENTS. CIIAPITRE I. Ifrugcei, Le terrain sur lequel s’eleve la villc de Bruges est iin terrain d’alluvion reconvert d’une epaisse cotiche de sable, anienee tout le long de la cote et assez avant dans les tcrres par Ics vents de Sud- Oiiest qui tourmentent presque toute I’annee cette partie du littoral. On comprend aisement les effets de cette action incessante. Ici se sont formes des depots de vase et de detritus; la des barres et des bancs ontobstrue I’entree des courants naturels ou artificiels; ailleurs I’action des marees et des vents a ete plus heroique encore. Con- tinuee pendant plusieurs siecles, elle a pu changer la configuration meme des cdtes et reculer dans les terres des localites bien connues) autrefois baignees par les Hots de I'Ocean. C’cst ainsi que Damme autrefois ville importante et port cle mer, comine I’attestent tons les monuments ecrits, est aujourd’lmi a plusicurs lieues dans les terres et a perdu toute son importance en perdant sa position. Mais sur le sol mi s’eleve ce miserable village on Irouve encore les traces d’une ville considerable. Quand on cherche I’origine de ces sables voyageurs, on arrive facilement au lieu de leur depart en suivant leur direction. Ils nous viennent des cotes de la Manche, c’est-a-dire de la cliaine armorique et specialement de la Normandie et de la Picardie, ou le courrous des vagues battant incessamment le pied des falais'es, les ebranle, les entame, en detache des fragments nombreux dont le roulis forme des galets. Lances a lour tour, comme une epouvantable mitraille, contre ces falaises dont its ont ete detaches, ces galets fiiiissent par miner, pulveriser sur une vaste etendue les miirs naturels, objels de leurs altaques, et le vent du Sud-Ouest, portant sur ses ailes la partie la plus legere de ces ruines vient etendre sur nos terres ces nappes de sable dont nous parlions tont-a-l heure. C’est done au milieu d’une plaine de sable, mais d’une plaine de sable que le genie de la patience est parvenu a fertiliser, que s’eleve la ville de Bruges. Quelle est I’origine de cette cite? Quels furent ses premiers habi¬ tants? A qui diirent-ils le bienfait du christianisme? Voila les diverses questions qu’on se pose naturelleme.nt au debut d’un travail comme le notre. Mais des reponses positives sont ici impossibles; teberceau des villes, comme celui des nations, est entourc d’un voile myste- rieux, autour duquel le genie de la fable aime a se jouer, mais qui blesse le regard severe et scrutateur de I’histoire. On en est done ici, comme dans toutes les circonstances analogues, reduit a des conjec¬ tures plus ou moins plausibles, suivant le plus ou le moins de valour des temoignages sur lesquels ou s’appuie. Nous allons passer en revue les plus precieux de ces temoignages, en laissant au lecteur le soin de les analyser, de les juger, et d’en deduiredes consequences. Rien de plus noble, de plus grand que I’origine de Bruges, s’il faut en croirc la vie de Saint-Eloi, ecrite vers 678 par Saint — 7 — Oiien; ce scrait le berceau meine de la Flantlre; car pour lui muni- cipium Flandreme, ou municipmm Brugense, c’est tout un, et cette maniere de dire est, du reste, confirmee par cedes dcs historiens posterieurs, ou Bruges est appelee indifferemment pagus Flandrcnsis ou Flandrienm, Flandra, Flandres, Flanderes, Flandria, Flandrke. II faut a ce sujet, consulter le Glossairc deDucangc, et Meyer. La Flandria Ethnka de Vredius fait remonter bien bant Torigine de Bruges. C’etait, dit-il, un fort en 366, et non loin de ce fort s’ele- vait un pont de bois sur lequel devaient passer ceux qui allaient dc Oudenbourg a Rodenbourg, maintenant Aerdcnbourg. Ce chateau fort existait raenie depuis longtenips, puisque, d’apres Molanus et Ganisius (acta sanctorum belg.) Le pape Slarcel envoya Saint Cbrysolc a Bruges pour y pr6cher I’evangile. Or, Saint-Cbry- sole, ou Cliryseuil, vivait vers la fin du III” siecle, et ce qu’il y a de rcmarquabie c’est que I’eglise de St Donat, a Bruges, fut long- temps en possession des reliques de ce saint, puisque nous voyons en 1611 les chanoines de Bruges envoyer a ceux de Tournay une cote qu’il avaient liree de la chasse du Saint Martyr. Meyer et Oudegherst s’accordent a dire qu’en I’annee 443, c’est-a-dire sous le regne du Sicambre Mcrovee la ville de Bruges fut ravagee et detruite par les barbares ayant a leur tete le fameux Atlila. Elle ne tarda pas a se relever de ses mines; mais elle n’acquit d’importance qu’a I’epoque de Saint Eloy, c’cst-a-dire, vers le VII” siecle. Au reste, cette antiquite que nous donnons a la ville de Bruges n’a rien d’in- vraisemblable. Marchand avance, sur la foi de nombreux documents que deja du temps des Remains il y avait de grandes routes dans les Flandres, et il en cite une qui de Cassel conduisait a Rodenbourg (maintenant Aerdenbourg) en traversant Poperinghe, Vlainertinghe, Merchem, Eessene et Bruges (Brugstok). Meyer n’hesite pas a constater dfe I’an 443 I’existcnce de Roden¬ bourg, Oudenbourg, Thourout et de plusieurs autres villes. Plus loin il ajoute, et c’est une opinion corroboree par le temoignage de L. Onulphe, qu’Oudenbourg etait la capilale ou la ville principale du pagus Flandrensis, et que Rodenbourg, Oostbourg, Thourout et — 8 — Bruges (Brugsfok) de meme que ce qui plus tard fut appele la Cha- fellenie du Franc et toute I’etendue du pays jusqu’a Boulogne etaient placees sous la juridiction de ce chef-lieu. Ce qui frappe I’observateur, lorsqu’il cherche a dresser la carte geographique de la vieille Flandre, e’est que vers le VF siecle s’eche- lonnent a I’envi le long des cours d’eau une foule de chateaux-forts protecteurs des populations environnantes contre les invasions inces- santes des barbares du nord. Quel etait a cette epoque I’etat moral et politique de ces popula¬ tions? Quelle etait leur origine? C’est ici que I’obscurite redouble, et qu’il faut une extreme prudence pour ne pas se perdre dans le dedale des conjectures. Dans ses commentaires admirables, Cesar nomme comme les plus anciens habitants des provinces qui furent depuisappelees llamandes, les Nerviens, les Menapiens, les Morins et les Atrebates. Bruges se trouvait sur le territoire des Menapiens, auxquels on a, peut-etre trop legerement, assigne une origine germanique, d’autant plus que les contrees ou ces peoples furent plus tard definitivement refoules, ne connurent jamais Vidiome flamand , ou tudesque t nous voulons parler de la Flandre gallicante dont les villes principales etaient Lille, Douai, Orchies, Ilannoy, Espinoi, Armentieres, Tournai et Mens. Le cinquieine et le sixieme siecle furent I’epoque de ce refoulement. Les Menapiens furent alors chasses vers le Sud par une foule de Germains qui, sous le nora de Sueves ou de Saxons, vinrent s’etablir sur le littoral et spccialement dans la Flandre Occidentale. A Tepoque ou S*-Eloy parait a Bruges, il semble done a peu pres certain qu’iine tribii saxonne s’est definitivement llxee dans cette localite ; I’histoire et la pbilologie sout d’accord sur ce point impor¬ tant. La langue ilamande n’est, en effet, que le vieux dialecte allcmand, appele bas-allemand dans le pays meme. Ces preliminaires une fois poses, arretons-nous a la ville de Bruges, en suivant cbronologiquement ses developpements et ses progres. Cette ville n’est d’abord, comme nous I’avons observe, qu’un chateau-fort, eleve contre les invasions clcs barbarcs, ct c’est cc quo confirment les anciennes armes de Bruges, qui representaient un vieux chateau de style romain, entoure d’un fosse sur lequel s’eleve un pont (Brugslok). Ccs armes lui resterent jusqii’en 1504. C’cst depuis lors seulemcnt quc ks armes de Bruges sont un ecu fascc d’argent ct de gueules de huit pieces, au lion grimpant d’azur, arme et lampasse de gueules, couronne d’or avec croix pcndanle, le tout surraonte d’une couronne ducale en or, au milieu de laquelle la lettre B, aussi d’or. Cet ecu a pour tenans a dexire un lion d’or arme et lampasse de gueules, ct a scncstre un ours grimpant, de couleur naturelle. Antour du chateau-fort, qu’on doit considcrer comme le berceau de Bruges, ne tardent pas a venir s’abriler les peuplades environ- nantes sans cesse menacecs par les hordes barbarcs. Bientot le chateau devient une bourgade, etdeja, du temps de S‘-Eloy. e’est-a-dire, vers le septieme sieclc, c’est un Mimicipium, ce qui iraplique bien I’idee de vitic. Nous verrons plus fard, cn don- nant I’hiskirc de chaque Eglise, ce quc fit Ic christianisme pour cette civilisation naissantc. Voila bien 1 histoire de toute cite. Scs commencements sont obs- curs, son enfance reste cachee, ct quand ellc commence a montrer son front dans le monde historique, ellc cst dans toute lavigucur de 1 adolescence; ses forces demandent a s’exerccr; I’avenir est a ellc. Avant de faire I’histoire de chacun des monuments, de chacunc dcs institutions qu’a renfermes la vilic de Bruges, nous allons donner cn pen de mots une idee generate des agrandissements successifs de son enceinte. CHAPITRE.II. AjurajiillsseiRetJe.'i s«cces^;!fs dc la tSSSc c8e 25r33ge«. Lcs premiers agrandisscnienls de Bruges nous sent inconnus. Ce qiie nous savons positivement dc ses accroissenients remonie a Baudouin-Bras-de-Fer. Non-seulemcnt cc vaillant comte fit fortifier le Bourg en 8G5; niais les nombreuses habitations qui s’etaient groiipees autour du chateau furent cllcs-mciiies entourees de rem- parls et de fosses. 11 sera facile de se faire une idee de I’cspacc que circonscrivaicnt ccs murailles, en suivant Titineraire suivant sur la vieiilc carte de Bruges. Partez de la Halle aux Draps (JFatcrhalle) situee a I’Est dc la Grand’Placc, et dirigez-vous vers le Pont de St-Pierre, aujourd'hui Pontdu Change (fFissclbnig), puis suivez le canal jusqu'au Pont de la Gnie. De la dirigez-vous versle Pont St-Jean, situc a I'Estde I’^ca- demie, ou vous trouverez aujourd’hui de vastes batiments, et gagnez success!vement lcs Ponts duRoi, de Paille, de Sainte-Jnne, du Moulin, du Cheval, du Calicc, de I’Jne jusqu’au Pont dit Hoog-Bmg, dans la Rue des Brides, pont que des constructions plus recenles ont fait disparaitre. Voila ce qu’etait I’cnceiute de Bruges en 86S. En 919, eut lieu le second agrandissement de Bruges: Voici qucllcs en furent alors lcs limites. Elies allaicnt du Pont de Paille jusqu’au Pont dit Rumunds ou Blankaerlsbrug (mainlenant Pont des Cannes); dc la dies suivaient les Ponts de la Main d'Or, de la Tour des Auguslim, de la Rue Flamande, des Baudets, qui aboutissaient I’unc et I’autre a une porte; puis du Lion, de I’Uuile (maintenant Pont de la Clef); ceux de la Rue Not'd du Sablon qui avail aussi une porte et M c3e la Rue Siiddu Sablon (*) ensuitc le ponl qu’on designe sous le nom de Losschucrtstirurjge, ceux des Rues Est et Quest du Marais, les Pants de la Figne, da Begumage, de la Digue ct de Notre-Dame; puis cn lon- geant le Canal de Groeninghe, gagnez le Pont de Gruuthuys ct siiivez le Dyveriusqu'au Pont de I'Jne Jveugle. Dans 1 espace d’un pea plus d’lin siecle la population s’etait fclle- iiient accrue, qu’on dut songer on 1040 a enclaver dans la ville une autre partie de terrain. Celle partie est cclle qui longc I'embranclie- ment du canal cn suivant le Pont du Moulin, le petit pout cn bois dit HoiiUebrugskens, le Pont dit Moeykensbrug, le Pont de Jerusalem, la Rue Rouge, la Rue Longue, la Rue des Marchands, etc., puis Ic cote Sud de la Rue des Foulons, oii cet embranchement du canal meic ses eaux a cellos dc la ville; 11 baigne alors les niurs de la ville dans I’cspacc compris entre la Porte de Gand, la Porte de Ste-Catherine et le Pont d'Jmour; de la il entre en ville jusqu’au Pont du Beguinage. Nouvel agrandissenient cn J!270. R comprit tout ic terrain qui s’etend depuis le Lac d’Jmour jusqu’au Pont S'-Leonard, y compris les reniparts qui joignent les portes de Bouverie, de Marecbal et d’Oslende. Depuis lePont S-Leonard la ville s’etendait sur le Quai Ouest du canal jusqu’au Pont des Cannes. Le dernier agrandissenient eut lieu en 1332. R comprit tout le cote Est de la Rue des Foulons, depuis le Pont du Moulin jusqu’a la Porte dc Damme ou de Coolkerke, puis toute la partie est du canal jusqu’a ce que de nouveau on atteignit le pent du Moulin. A mesure que le mouvement de la population allait croissant, les mesures d’administration et dc police devenaient plus dilliciles dans ieur application. Philippe, due de Bourgogne, rendit ce travail plus simple en divisant la ville en six sections (sestendeclen). R donna a chacune d’elles le nom de I’eglise qu’elle renfermait dans sa circons- cription : e’est ainsi qu’on avail les sections deSt-Jean, de Notre- Dame, de Sf-Nicolas , de Sl-Donat, dc Sl-Jacques et des Carmes. Ces diverscs sections rayonnaient de la Grande Place jusqu’aux Lc fosse qui cn col enijroit rcnoonl'rc- lo canal dit Spe>je sc trouvait dans I’iiilL'rier.r de ville. remparls. Cctle division cut lieu en 1583. La circonference de la ville niesiti’ce cn 1562 ainsi qu’en 1373 par ordredu Magistral don- nait 27,430 pieds, ce qui fait 10,972 pas, plus une fraction, ou un peu plus de deux lieues, ce qui donnerait 8 a 9 kilometres dans la inanlere actuelle de mesurcr, en supposant quatre kilometres seu- lement a la lieuc. II nous scrait difficile de croire que la ville ait aujourd’lmi la meme elendue. Mais, comme le mesurage se fitpeut- elre par les rcmparts exterieurs, il y aurait de la temerite sans doule a recuser ce fait. Nous venons de parcourir les differcnles portes de la ville; il n’est pas sans interet de connaitre une circonstance qui donne une haute idee de I’csprit de charile qui animait nos peres. A cliaque porle de la ville, il y avail un hospice pour tons les elrangers necessileux : on leur donnait graluilenient la nourriture et le logement. Get etat de choscs exislait encore avant la premiere revolution. L’hospice de la portc Ste-Croix portait pour denomination : Hos¬ pice de la Colonne. Celui de la porte de Gaud etait designe sous le nom d’Hospke de Nazareth. La porte de Bouverie avail son hospice de St-Julien. La porle Slc-Calharine celui qu’on appelait la Maison dcs Drapiers. A la porte Marechale se trouvait cehd des Jvewjles, la oil est aujourd’hui Notre-Dame des Aveugles, Celui de St-Josse etail pres de la porte des Baudots. Enfin il y en avail un commun pour tons les voyageurs indigents qui arrivaient par les portes de St-Leonard, de Coolkerke, et celle qu’on appelait Spmjpoort. Cette porte de St-Lconard se trouvait la meme oil se trouve aujourd'hui celle du Bassin; elle s’ouvrait sur la route de Uudzeele , Son nom lui venait sans doute de ce qu’il existait autrefois sur celte route une petite chapelle dediee a St-Leonard, dont on voyait encore les mines a la fin du XVIIP siecle. La porte dile Spcypoorle etait placce a Test du pont en pierres, en face du quai dit Polterye-Reye. On en voit encore aujourd’hui les fondemcnls sur lesquels en a eleve une maison. Bruges avail en outre ses portes d'eau, ou ecluses. Elle servaient a relcnir ou a laisscr cchappcr les eaux dcs canaux de I'Ecluse, — 15 — d'Ostmde et de Gand, qui tons trois communiqnaicnt avec Ic bassin. La premiere de ccs ecluses se Irouvait etablie presd« Lacd’Jmoiir (Minnewaler). Elle relcnait ou faisait penetrer dans I’inlericur de la ville les eauxfournies par le canal de Gan(l;ces caiix s’ecoulaient alors sous le pont de la rue de Digue, celui de Nolre-Daine, etc., jusqu’au grand canal, ou apres avoir alleint la porte dite Speypoorte, elles se dccbargeaient dans le canal de Damme. Une autre ecluse se trouvait pres du pont de picrres dont nous avons parle plus haul. A I’cndroit dit Speytjen ou Koeyspeyte, un moulin bjalrauliquc deversait le trop plein des fosses exterieurs dans I'lnterieur do la ville par le canal dit de Raeme, le pont (de Losschacrts) ou des Capucins, la rue Sud du Sablon ct ainsi de suite jusqu’au pont de la Main d’Or, d’oii I’eau se jetait dans le grand canal. II y avait encore une autre ecluse entre la porte Ste-Catlierinc ct le Pont du Lac d'Jmour. L’eau des fosses exterieurs penetrait au moyen de cette ecluse sous un petit aqueduc voute construit sous le mur de cloture des remparls. En ce menie lieu on placa en 1481 un moulin qui faisait refluer les eaux tout le long de I’Arsenal a travers les Bogards, aujourd’hui icole Boyaerde, jusqu’au Pont du Begui- nage, ou dies allaient se meler a celles du Lac d'Jmour. II y avait une autre ecluse enlre le bassin et la porte de Cool- kcrke, (maintenant porte de Damme); elle decbargeat les eaux de I’interieur dans le canal d’Ostende. Celle de la Coupure, servait a retenir ou a lacher les eaux du canal de Gand. Tout CCS travaux annoncent une ville iinportante. Si Ton ajoute a ces details, que, non-compris les ruelles, Bruges avait 2G0 rues larges et bicn entretenues; que presquc toutes les places publiqucs etaient jadis ornces de pompes ou fontaines, la plupart de forme elegante; on conviendra qu’on n’avait ricn epargne pour rornemcnt et la salu- brite de cclte iinportante cite. COAPITIIE III. I.B s;o!ii-s. Cerreau venerable et premier boulevard dc la cite, le Bourg merite la.s prcmices de nos recherclies. Ce n’est pas que I’histoire nous fonrnissc de bien curicux detailssurce vicux monument; mais independamment de la verite historique, n’y a-t-il pas quelque poesie dans le souvenir de cette forleresse au destin de laquelle semblaient preposes les genies proteetenrs de cette grande ville. Aujourd’hui, ce (jue nous nommons le Bourg, e’est la reunion de tous les batiments qui se sont siiceessivemcnt groupes autour dn chateau fort primitif, batiments que nous allons passer tous en revue dans ce chapitre en commencant par le chateau fort lui-meme, qui donna son nom a cct ensemble. C’est toujours a Vredius qu’il faut recourir, quand il s’agit des antiquites flamandes. Get infatigable chroniqueur avait collige toutes les pieces qui presentaient quelque intcrct sur cette matiere, et les avait depouillees avec le plus grand soin , pour en exlrairc les faits les plus importants. Malheureusement le temps lui manqua souvent pour executerile plan qu’il s’etait trace et ce n’est pas sans douleur, qu’apres avoir parcouru son immense travail, nous n’y avons rien trouve de^tout ce qu’il nous promettait dans plusieurs passages sur le Bourg de Bruges. B se contente de dire que dans le lieu ou s’eleve actuellement la ville de Bruges, un chateau fort avait ete bati du temps de Phara- mond, pour servir de Boulevard contre les invasions des Remains. 1! ajoutc a\oir lu dans’un vicux manuscrit sur parchemin, que St-Donat, elait Ic seplieme cveque tie Rheims vers 3CG, ct qu’a cefte cpoque Bruges n etait autre chose qu’un chateau auquel on arrivait par un pont de Lois, nonime Brugstock. Flandr. Ethn. fol. 403. Quoi qii’il en soit du silence de Vredius, ou de ses vagues indica¬ tions, toujours est-il qn’elles ne peuvent suffire ici, et que nous devons, autant qu’il est eu nous, donner au lecteur une idee de ce qu’on appelait le Bounj. C’etait une espece de citadelle, composce de plusieurs batiments dont I’ensemble avaita peu pres la forme circulaire. De hautes mu- railles flanquees de tours et baignees par de larges fosses lui don- naient un aspect formidable. A TOuest s’elevait le chateau nomme Bruche, qui fut plus tard celui A'Oudenburch. De ce chateau d’Ou- denbourch faisaient partie la prison dite het Steen et la chapelle de la Cour, qui est la crypte meme pres de laquelle s’eleve la chapelle de Saint-Basile. — Au Sud, se trouvait het Gyzelhuys ou maison d’dtage et une partie du vieux chateau den Love. — A I’est la plus grande partie du chateau den Love, et quelques habitations ou plus tard resi- derent les Comtes de Flandre. Au Nord enfin, I’eglise de St-Donat et un autre batiment qui devinf plus tard le palais de la Prevotc. On entrait dans le Bourg par quatre portes de structure inebran- lable, et qui faisaient face aux quatre points cardinaux, dont dies empruntaient le nom; une garde fidele et nombreuse en surveillait les approches. Void la situation respective de ces portes : cclle de VEst se trouvait a I’entree de la rue Haute, celle du Sud au milieu de la rue de I’Ane Aveugle, celle de VQuest k I’cntree de la rue des Brides. Chacune de ces portes avail pont-levis, retranchements et palissades. Elies existaient encore a la fin du XVllF siede. Lorsque en 8C3 Bauduin, surnomme Bras-de-Fer, premier Comte de Handre, vint de St-Omer, fixer sa residence a Bruges, il fit demolir I’ancien chateau (Bruche), cest-a-dire la plus vieillc con¬ struction de la Cite, dies materiaux de ce venerable boulevard servirent a la construction des murailles dont nous venons de parler. Sur ce meme terrain il fit batir son nouveau palais auquel il donna Ic nom A’Oudcnburch, ct il y cnclava une chapelle dcdice a St-Basilc, — -IC (lent nous parlerons dans un autre chapitre. Elle sc troiivait cn face dc la rue nominee aujonrd'hui Oudenbourg. Cette rue etait ainsi nonimce, disent (luelqucs Iiistoriens, parce que jadis elle con- duisait a Oiulenburg. Dans le lien on se trouvent aujoard’hui le tribunal Criniinel, la Salle de la fameuse Cheminee et la Chapclle du Franc, Liederick De Buck, premier forestier, fit dit-on, clever, cnl’an CC2, un ebateau dit den Loove. Baudonin, Bras-de-Fer , voyant ce chateau tomber en ruincs sous les attaques reilci'ces dcs Normands et des Danois, le fit reconstruire entierement, et lui donna ineme un aspect plus re- dou table. Le nienic Liederick Dc Buck, dont il scrait bien difficile de con- tester fexistence, comme on pretend le faire aujonrd’hui, avait fait construire en G21 sur la partie septentrionale du Bourg, une chapclle en I’honncur de la Saintc Mere dc Dieu ; Baudonin, Bras-dc-Fer, la fitagrandir et la consacra a Saint-Donat. Void dans quelles circon- stances. Le Comte de Flandre venait de sc rcconcilier avec le Roi de France, Charles-le-Chauve, et toutes les difficultcs qui avaient suivi son mariage avec Judith fille dc cc monari|uc elaient ajilanies. Pour tenioigner a son gendre toutc I'estime qu’il faisait dc lui, Charles lui accorda Ic corps de Saint-Donat. On ne ])ouvait ricn ofl'rir de plus precieux a un prince dont la piete egalait la valeur. Aussi Baudonin, pour tenioignage de la joie que lui causait cc pre¬ cieux don, voulut-il quo le nouvel edifice portat le noin d’Eglise de St.-Donat. Le corps du Saint y fiit porte an milieu dc 'la joie et de la veneration publiques; de Thourout ou il avait ete depose provi- soirement jusqu’a Bruges ou il devait dcliuitivcment roster, les populations se pressaient sur son passage et lui portaient I’hommage de leurs respects. La chapclle construite dans cette circonstance par Baudonin, Bras-dc-Fcr, devint le choeur dc la Cathedrale, que foil batit plus tard sur le incmc emplacement. Comme nous nous reservons de trailer plus loin I’hisloire de chaque e'glise, nous nous bornerons pour le inomcut a ce que nous venous de dire sur cctle ijnporlanle basiliquo. CIIAPITRfi IV. li'lIdtel-ilc-Vi i Ic. Coniine on Ic voit, ce Bandouin-Bras-dc-Fer ainiait a laisser dcs souvenirs durables de son adminislralion. C’est encore lui qui lit clever en 805 la maison dite Ghyselhwjs, cc qii’on pourrail Iraduire par maison-d’arret ou d’olage. Plus lard ce baliment devint le Schepenlnnjs. Ce n’est que depuis 1577 qu’il a cte denioli pour faire place a ril6lel-de-VilIe. Louis de Male, conite de Flandre, fit poser en 1377 la premiere pierre de ce nouvel edifice, donl nous allons donner la description. Ce moiiuinent a la forme de presque tons los lI6tcIs-de-Ville : il n’en differc que pour Ics details d’arcliiteclure. II se developpe sur line largeur de 20 inelres, 30 ccntimefrcs; sa hauteur cst de 19 metres, 15 centimetres, non compris le toil. Sur cc toil on a perce six croisees a pignon sur chacune desquelles plane un ange en cuivre dore; six tourelles ornent le sommet de I’edifice, et dies sont re- inarquables de legerete et de delicatesse : leurs lleches aigues cou- pent I’horizon de la maniere la plus pittoresque, et donnent a I’enseinble une grace cliarmante. II y avail aux deux extreinitds du batiment deux chcminces qui etaienl ornees d’une couronne aussi en cuivre dore. Les deux couronnes out disparu ; une dcs cheniinees est reslee debout et I’on y voit encore les barres de fer destinccs a la soulenir. On dit, et pourquoi ne pas rapporter ce fait qui peint toute la naivete d’une epoque? on dit que. Fan de grace 1435, une affaire de la plus baute importance ctail pendante devant les Iribunaux de 5 — i8 — France, affaire tclleincnt coinpliquee, lellcmcnl ardue, (pie ces inemes tribiinaux n’osaicnt porter une decision. Fa renoinmee des Magistrals dc Bruges avait passe la froniiere; on connaissail leur liabilete, leur grande sagesse : on cn refera done a Icur jiigenicnt. Ce jugenient ne se fit pas altendre, et la sentence fut si bien niolivce que le Roi de France en fut cnierveille, et s’ecria dans un niouve- ment d’enlhousiasnie que ce qui avait servi d’issue a la voix respec¬ table de ces boniines divins meritait une couronne. Et voiia [jourquoi, ajoule la clironique, ces deux clieminees sont couronnees. Voici les vers que cet evcnenient a insi)ircs a un poele latin : Himauro rulilanle micut lilii fuha corona. Ckica qitani qesiat verlke mucla domiis; llaec a Parisio quondam tiii niissa senatu JEqui lestalur iesludiinn esse penes. D’apres ces deux disti(jues, il seinblerait que les couronnes avaient cle envoyees par Ic parlenient de Paris. D’immenscs croisees ogivalcs cncadrees de legeres nervures, sont percees a la facade principaie. JIais ce ne sont pas les seuls ornc- ments de celle facade. Dans des niches qui existent encore, on voyail autrefois les statues en pierre de presque tpus les Comtes de Flandre; ces niches ciles-nienies etaient ornees d’armoiries colorices et dorees avee le plus grand soin. Ce niagnifique travail ne re^ut son complement qu’en 1780, on Ton placa des statuettes dans les niches restces vides jusqu’alors. Outre les armes de la Flandre et celles de Bruges qui dccoiiaient cet edifice, on y avait encore place les statues des six prophetes et toute la scene de I’Annonciation. Les acmes des l ilies subalternes sc trouvaient au has de chaque croisec : e’etaient cellos dc Oudenbourg, Damme, Ardenbourg, Thourout, TEcluse, Uixmude, Nieuporl, Fumes, Gravelines. Dunkerque, Bergues- St-Winoc, Poperinghe,Bourbourg, Mardyk,Meunyckerede, Houcke, Ghistelies, Blankcnberghe, Ostende, Muyde, Wervick, Loo, Oost- bourg et LombaertzyJe. On voit encore aujourd’hui sous les culs-de-lainpc de chaque — 19 — niche, plusieurs sujcts traites avec iin talent qui fait viveraent regret ter la destruction de tant de chefs-d’oeuvre. En attendant (jue la solliciliide du gouvernement et de I’adminis- tration comniunale retablisse ce monument dans toute sa splendour primitive, nous allons indiquer la place qu’occupait chacun de ces beaux morceaux de sculpture. En suivant horizontalement la ligne inforieure, et en commencant pres de la rue de I'ane aveugle, on voyait d'abord Baudouin-Bras- de-Fer, premier Comte deFlandre, arme de pied en cap; puis la statue de la Ste-Vierge et celle de 1’ ’.ng(‘ on I’Annonciation. Venaient en suite le propheto David, Salomon, Daniel, Zacharie, Jcremie, Job et Ezechiel. En montanta la lignesiiivante, on renccntrait Baudouin de Cons¬ tantinople, Jeanne de Constantinople, Guillaume de Dampierre, Marguerite de Constantinople, Gui de Dampierre , Robert de Bethune, Louis do Cressy, Louis de Male, Philippe due de Bour¬ gogne, Mirgueritc de Male, Jean-sans-Peur, Philippe-le-Bon, Charles-le-Temeraire, Maximilien et .Marie-de-Bourgogne. Sur la troisienie ligne toujours en remontant, et en se dirigeant dans le sens horizontal pai'aissaient Philippe-le-Beau , Charles-Quint, Philippe n, Philippe III, le prince Albert, Isabelle Claire Eugenie, 5 Philippe IV, Charles I!, Philippe V, Charles VI empereur, Marie Therese et Joseph II. Sur la sailiie des trois tourelles ou admirait Arnold le malheureux, Robert de Frise, Robert do Jerusalem, Baudouin a la Hache, C!iarles-lo-Bon, Guillaume de Normandie, Thierry d’Alsace, et Piiilippc d’Alsace. Au coin de la Rue de I’Ane Aveugle, dans une niche vitree, il y avait encore une statue de la Sainte Vierge Marie que le peuple entourail de respect et d’affection. Les miracles nombreux qu’on lui attribuait. donnerent lieu a I’institutioa d’une procession annuelle, nommee Knik-proccssie, oil figuraient le magistral et le clerge des trois eglises capitales, St Donat, St Sauveur et Notre-Dame. Le — 20 — pcupic suivait en foii'.c et il teraoignait assez par son recueillemenf et sa pielc, ilc la purete dc son coeiir ct de la profondeiir de sa foi. Pour ne rien omeltre siir la facade de I’lIdtel-de-Ville, nous dirons (|u’il s’y trouvait encore un balcon on apparaissaient Ics comtes do Flandrc, rpiand ils venaient prefer le serment de manitenir fidele- nient les lois du pays. La beaute, la magnificence, I’eclat des decorations interieures ropondait a tout ce qiie nous venons d’admirer a rexterieur de ce nionnment. An restc beaucoiip de ces orncments existent encore anjourd’hui. Dans la grande salle, le premier objet qui frappe les ycux, c’est line belle ct spacieusc chcmince au dessus de laqiielle est couclic un bon qn’entoiirent les armes des villes subaltcrnes, et qui tient entre ses griffes un etendard aux armes de la maison de Bour¬ gogne. Dans le corridor qui conduit a la cbambre du conscil on voit encore a I’entree de gauche la chapelle des Magistrals. La salle d’en bant, jadis chanibre de college, aujourd’hui bibliothequede la ville, est remarijiiable sous plus d’un rapport. L’etendue de cette salle et son elevation lui donnent un caractere iraposant. Mais ce qui frappe surtout les regards, cest le plafond tout entier compose de voutes de bois, formant pendentifs. Le bleu, le rouge et Tor qui combinent leurs effets eclatants sur ce beau morceau d’archilecture, ajoutent a la magnificence de cette salle. Les deux porles ogivales, encadrees dans de riches nervures aux memes couleurs, sent dignes de taut d'elegance et Je richesse. L art du sculpteur n’a pas ete oublie dans cette piece vraiment royale. A lextremite superieure de chaque pendentif, se trouvent sculptes plusieurs eciissons et divers sujets du Nouveau-Testament. Au bas de chaque cul-dc-lampe existe un anneau pour soiitenir des lampes ou des lustres. Pierre Van Dost, fameux sculpteur de Bruges, avail aussi en lo98 sculple sur les retombees des compositions alle- goriques, representant les attributions des douze mois de I’annee. Quel eclat ne devaitpas avoir cette salle, lorsque les quatre grandes croisces donnaient passage a travers leurs vitraux coloriees, a des faisceaux de lumiere dont les nuances combinees par le talent de — 21 — lai tiste rcraplissaient loule I’enceinte d’uneclarte fcerique! Ilclas! tons les vitraux onl e(e demontes, brises ou alienes en 178C, et les vicillards souls pourraient nous en dire le merite et la beaiitc. Parmi les tableaux qui decorenl I’inlerieur de I’lIotel-dc-Ville, nous citerons ; 1 Le Festin dEsther, par Antoine Claeyssens, tableau ou les airs de tefe sent fort remarquables, et d’un flni precicux dans certaines parties. 2 Une grande toile du nieme maitre, oii le Dieu Mars est repre¬ sente entoure d’une foule de figures emblematiques representant les bcaux-arts. II foule aux pieds I’ignorance. Ce tableau est de 1603. A I’horizon paraissent presque toutes les tours de Bruges. £> Deux grands paysages de Lucas d’Achtschelling, traites avcc largeur et dont les fonds bleuatres sent d’un style assez rouiantique. 4 Une FMe Flamande, par Breughel-de-oete(rs. C’est une scene fiamande qui se passe devant une tabagie, dont I’enseigne est le Lys d’Or. 3° Une autre Fete Flamande, d’apres Teniers. 6° Une Fierge et I'Enfant Jesus, par un maitre inconnu. Les types de figure et le colon's annoncent toulefois I’ecole italienne. 7° Un tableau d’une bonne composition, representant la Fierge an milieu dun chceur d’anges et de cherubms, jouant de plusieurs instrumens. Maitre inconnu. 8“ Un Saint-Martin, par Van Dost, pere. Jamais ce maitre, auqucl on commence a rendre une tardive justice, ne s’est montre plus heureux que dans cette toile ou le brillant du coloris le dispute a la soiiplesse des lignes. Ou se reunissait le Magistral de la ville, avant la construction de ce superbe Hotel? Voila sans doute la question qu’on va nous poser. Ce qu’il y a de certain c’est que la salle de reunion n’etait pas sur le Bourg: il est meme positif que les seances ordinaires avaient lieu au Beffroi; c’est ce qui resultc de tons les temoignages historiques con- firmes par celui de Vredius. Selon cet historieij, les membres du Magistral s’assemblaient en couseil dans un local construit en bois — 22 atlenant a une tourclle egalemcnt en bois qui fut rcdiiite en cendres en 1280. An reste, pour ecarfer toute espece de doule a ce sujet, nous ajoulerons une prcuve peremptoire; c’est que sur plusieurs notes aulhentiques ct signes il est ecrit au bas: Fait au Boffroi, etc. Gedaen op het Beffroit, etc. Pendant tout le temps que dura la construction de la nouvelle Maison de Ville, les Magistrats tinrcnt leur seance dans une maison noniniee Sceepstale, situee Rue Haute. On raconte que vers cctte epoque, lesbahitants de I’EcIusc s’etant revoUes contre leurs magistrats legitimes, furent condamnes a fairc sculpter a leurs propres frais dix statues destinees a rornement de la facade de I’Hotel-de-Ville en construction. Une condamnation de meme genre eut lieu en 1485. Un gentil- homme de la plus haute distinction et sa femme ayant etc convaincus d’entretcnir, a I’insu des Magistrats, des relations avec les exiles furent condamnes a la restauration de neuf statues, qu’ils diircnt en outre faire dorer a leur depens. f L’H6tel-de-Ville, tel que nous venons de le decrire, subitun agran- dissement vers la fin du XVI° siecle. 11 existait a cette epoque entre ce batinient et la chapelle du Saint-Sang une petite rue qui du Bourg aboutissait, derriere I’llotel-de-Ville, a la rue dite de I’^ne Jvewjle, et cctte petite rue se nommait la Biie des Bouchers. C’est la que de- puis longtemps etaient etablies de droit les demeures des chapelains du Saint-Sang. Le 50 .lanvier 1398, ces chapelains cederent a la ville de Bruges I’etenduc entiere du terrain qu’ils habitaient. Aussitdt on se mit a I’oeuvre pour la demolition de ces habitations particu- lieres, et sur I’emplacement de trois de ccs proprietes, on construisit pour ranncxcr a I’llotel-de-Ville un corps de batiment destine a scrvir de salle do reunion au Conscil Communal. L’acquisition de ccs proprietes par la ville eut lieu moyennant la constitution d’une rente perpetuelle de 21 livres de gros au profit des chapelains et a charge de la Tresorerie. L’Ildtel-de-\'ille ne fut plus guere soumis a des changements 23 importants jusqu’en 1766, ou il fnt voute par Ics soins c( sons la direction d’Eugene Goddyn, maitre-ina^on de Bruges. Le temps devait venir ou cc magnifique morceau d’arcliitecturc devaitsubir tons les outrages, toutcsles devastations. La revolution avail sonne, et tons les exces devaient la suivre. Le 13 decembre 1792, les volontaires republicains prirent nne resolution inspiree par cette rage de vandalisme qui priva la patrie de tant d'objets d’art d’un prix inestimable. Sous pretcxte que les nombreuses statues qui ornaient la facade de rilotcl-de-Ville reveillaient dcs souvenirs dc tyrannie et d’oppression, il les enlevcrent de leurs niches et les 6rcnt deposer dans la cbapelle souterraine du Saint-Sang. S’ils s’en etaienttenus la, on aurait pu s’applaudir de leur moderation : Mais le mouvenient une fois donne a la devastation et au pillage ne s’ar- rete guere : anssi le 30 du mememois, ces admirables chefs-d’oeuvre furent Iransportes sur la Grande Place, ou on les calcina pour ainsi dire dans un vaste feu prepare pour cet objet. La facade de I’lIdtel-de-Ville resta dans ce deplorable etat d’aban- don jusqu’en 1827 ou elle fut completement restauree. Un travail plus importanteut lieu en 1829. On construisit tout un etage au dessus de I’aile de batiment qui fait face au canal; c’est dans cette aile que se trouvent les salles de reunion dcs mernbres de radministration communale. Cet etage forme une salle spacieuse, qui dans la pensee premiere des magistrals devait former un sup¬ plement a la bibliotheque publiquc. CIIAPITRE V. >Iai$«oiB de ra»pfii*9i C-reSTt^. A cole cle ri!6lcl-de-VilIe et sur la mcme ligne, c’esl-a-dire pres du passage de I’Anc Aveugle, se trouve un batiiiient mediocre cn clendue, mais d’une legerele d’arcliitecture fort remarquable : c’est I’ancien Greffe de la ville, anjourd’luii converli en corps-de-garde pour les sergents de police municipale (Schadebeletters) et en bureaux de commissariat de police. Apres avoir fait longtemps parlie du cliMeau den Loom, le batiment qui preceda sur le meme emplacement celui dont nous parlous et qui formait la residence du Bailli, fut en J4o4, concede a la ville qui voulait y etablir son Greffe. Au reste la construction de cet edifice devait remonter a une epoque bien reculee, puisque, en iS37, il lombait de veluste, au point qu’on prit le parti de le dcmolir sur une autorisation de remp‘ereur Charles-Quint. C’est alors que fut eleve le batiment dont nous avons parte d’abord. L’arcliitecture est celle de la renaissance; plusieurs rangs de colonnes superposees semble donner a celte construction, dont les dimensions sont si restreintes, iin air de grandeur fort remarquable; les belles proportions de toules les parties donnent a I’ensernble une liarmonie parfaite. Parmi les ornements qui decoraient I’exterieur de VJncien Greffe, on remarquait 1° les armoirles de Charles-Quint, 2” cedes de la Flandre et de Bruges, 3° cedes des neuf doyens supremes des metiers; c’esl-a-dire des neuf corporations suivantes : les tisserands en laine, les bouchers, les marechaux , les charpentiers , les taideurs , les cordonniers, les boulangers, les courtiers; et cedes du chef-homme dit de {St-Jans Sestendeef). — 25 — A ces ornnmcnts, il faut ajouter les statues d'Aaron ct ile Moi'so, et plusicurs figures allegoriques telles que VEquUi, la Justice, la Fidelile, cn (out cinq figures. II y avait en outre douze bustes sculptes avee le plus grand soin ct qui prouvaient de la part dc Tartiste un talent incontestable. liii un mot la facade entiere dc ce batinient etait cn quelque sorte un musee de sculpture, et le ciscau avait su y donner a la pierre les formes les plus souples , les plus naturcllcs. Ajoulonsqu’au dessus de la voute qui couvre I’entree do la rue ditc dc I’Jne Jveugle, on avail sculpte avee un rare talent toule riusloire de Salomon. La plupart de cos richesses d’arcbiteclure devinrent cn 1792 la proie du vandalismc revoliitionnairc. C’cst dans ccllc maison que lorsdu dernier incendic du Ceffroi, qui cut lieu en 1741, on trans¬ porta la caisse cn for oii etaient renferines tons les privileges de la ville et ceux des corps de metiers, ainsi que les registres ct le sccau dc Bruges. Le Greffe avait son entree dans la Rue de I’Anc Aveugle: les Magistrals de ceite institution cxercaient une juridiction parliculierc; ils avaient une chambre de procedure, un bureau des Domaincs, ct un autre des droits d'enlree du departement de Bruges ct du Franc, etc. Le Tribunal clait compose de deux Juges, un President, un Gretfier, deux Procureurs et un Hnissicr. Ils tenaienf dc loin cn loin IcLirs seances, suivant la neccssile. 4 CIIAPITRE yi. l.e Frniac. C’etait un vaste Latiment situe a I’Est du Bourg, ou siegeaient des Magistrals dont la juridiction s’etendait siir plus de quatre- vingts communes. Si nous cherchons I’origine de cet edifice, nous trouvons des donnees si obscures, qu’il estbien difficile d’y demeler la verite. Ce qui parait positif, ce que plusieurs ecrivains croient pouvoir affirmer en s'appuyant du temoignage de Gramaye, c’est que Baudouin- Bras-de-Fer choisit pour r&idence en 8C3 un chateau nomme Bniche. Les Comtes de Flandre, ses successeurs, transfererent leurs demeures pres du chateau Den Loove, et concederent leur ancienne habitation au Chatelain, dont les successeurs se fixerent definitivement dans ce lieu. Dans ce meme local siegeait un conseil, nomme (Kasteleyns Kamer, Bruyejen Jmbacht, qui forma plus tard le Franc de Bruges, dont les Ecbevins etaient nommes par le Chatelain. Le Chatelain portait encore le litre de Vicomte et sa dignite etait hereditaire dans sa famille. La derniere famille qui en jouit, est celle de Jean, Seigneur de Nelles, qui, en 1224, en presence de Louis VIII, Roi de France, dut ceder aux obsessions oii plutot aux menaces de .leanne de Constantinople, Comlesse de Flandre, et alienee en sa faveur son droit de Chatellenie pour la somme de 24,343 livres, 6 escalins, 8 deniers parisis. Devenue maitresse de celte Seigneiirie, Jeanne en tit le quatrieme membre du conseil de Flandre, et elle se reserva a elle et a ses successeurs la nomination des Magistrals. 8 — 27 — On congoitque parmi lant de pouvoirs, de juridictions, de souve- rainetes, I’exercice de rauton'le etait souvent difficile et dispute par des rivaux. Aussi arrivait-il frequeniment que le Franc de Bruges se Irouvait en guerre avec rAdministration de la Ville, et les Comtes de Flandre protecteurs naturels du Franc donnaient presque toujours droit a ce dernier. Ils finirent meme par I’affranchir completcment du pouvoir communal, et leur but, dans celte circonstance, fut de limiter ce pouvoir dont I’exageration causa souvent des maux incal- culables. Le 22 Juillet 1289, le Comte de Flandre, Gui de Dampicrrc, autorisa le Magistral du Franc a etablir son Tribunal sur le Bourg, et a en faire le lieu de ses seances. Lorsque, en 1429, Pbilippe-le-Bon se fit construire un Palais, qui prit le nom de Coiir des Princes, il donna a ses courtisans une partie de lancien chateau des Comtes de Flandre, et une autre partie au Magistral du Franc i c’ctaitcelle du chateau Den Loove. Les Comtes de Flandre, avaient, comme nous I’avons vu, leur residence a cdte de ce chateau, qui s’etendait jusque pres I’Eglise St-Donat. Ajoutons, comme objet de curiosite pour les amateurs de details locaux, que pour se rendre a Teglise on passait par une galerie cou- verte au-dessus de la porte d’Est, et par la partie meridionale du Bourg, ils se rendaient, en traversant le chateau Den Loove et la Maison dOtages, a la Chapelle du Saint-Sang qui etait celle de la cour. Jusqu en 1S20, toutes les fois que le Magistral du Franc se for- mait en conseil pour deliberer, le lieu de ses seances etait celui que nous avons deceit plus haul. Mais il fit, cette annee, I’acquisition de quelques proprietes appartenant a MM. Jacques et Francois Baudins. Ces maisons, situees pres du chateau den Loove, etaient de curieu.x debris de I’ancien palais des Comtes de Flandres, et bientot on vit s’elever dans leur enceinte une salle immense qui servit de chambre de seance et de conseil. Ce fut done en Pan 1S21 que s’eleva ce nouveau palais du Franc, dont rarchitecture, sous le rapport du style et de I’execution, ne laissaj't rien a desirer. Urie galerie regnait le long de la facade et — 28 — reposait sur sept piliers en pierres de taille. A chacun de ces piliers etait flanquee line niche oil s’elevait une statue representant une des divinites dii paganisme; sur le sommet de la facade etaient echelon- nces sept autres statues, figurant les sept peches capitaux. La facade laterale de la Maison du Franc, qui fait face a I’einbran- ehement du canal de la vilic, nomme Canal des Marbriers, est encore ce qu’clie etait lors de sa construction en 1323. Les tourelies a clo- chetons qui la doniinent sent du meilleur effet, et aucun dessinateur touriste ne passe devant ce gracieux ensemble, sans en lever le croquis. Des fenetres do ces tourcllcs on a vue sur les trois cham- bres qu’on nommait autrefois la chambre collegiale, celle du conseil cl celle des orphelins. C’est dans la premiere de ces chambres que se trouve la fameuse clieminee en bois de cbene dont la renommee est europcenne. Elle flit clevee en 1323 et elle se devcloppe avee inajesle sur une des quatre murailles de la salle. D’apres les decouvertes faites recem- ment aux archives provinciales par iin employe aussi laborieux qu’il est modesle, nous poiivons nommer les artistes qui ont travaille a ce rnagnifiqiie morceau de sculpture. 11s se nommaient Herman Glo- sencanip, Rogier De Smet et Andrien Rasch ou Ras, qui tons trois travaillaicnt sous la direction et sur les dessins de Giiyot de Beau- grant et de Lancelot Blondeel, le premier de Malincs et le second de Bruges. Toiile la partie inferieure avee ses colonnes est en pierres de tou¬ che. Sur le cadre de ehainbranle, qui est d’albalrc et divise en quatre comparlinients, la main legere de Guyot de Bcaugrant a sculpte riiistoirc de la chaste Suzanne; la meme main a dessine et peut-etre execute les orncmenls de la frise qui sent aussi d’albatre aussi bien que les genics qui en decorent les quatre coins. — Toute la partie siiporicure est en niagnifique bois de chene du Nord. Au milieu, dans une niche dont les cotes sont richement decores, parait I’impo- sanle statue de Cliarles-lc-Quint, presque de grandeur naturelle; cclles de .Maximilicn et de Marie-de-Bourgogne decorent le cote gauche; a di'oile paraissent cclles de Charles-le-Tenieraire et de sa — 29 — Iroisieme femme Marguerite d’Angleterrc. Tous ces augusles pcr- soniiages sent enloures de leurs armoiries. L’n artiste distingue, M. Geerts, de Louvain, cjui s’est rendu im- mortel par sa construction des statics magni firjiies d’Anvers, a ete charge de la restauration de ce chef-d’oeuvre, dont S. M. le Roi des Fran^ais a fait prendre un moule en platre pour sa riche collection de Versailles. II n’esl point d’amateur, de curieux, d’artiste, cjui, aprcs avoir vu cc beau morceau de sculpture, ne soil sort! de la salle, le coeur plein de I’enthousiasme sacre des arts. Qui le croirait, a moins d’etre penetre de cette verite quc, dans les temps de reaction, I’esprit humain est capable de toutes Ics folies? Ce batiment dii Franc, si elegant, si pur de forme ne put trouvcr grace devant ceux qui avaient alors cn main la force publique. 11 fut demoli des le commencement du dix-huitiemc siccle dans sa partie septentrionale et sa partie occidentale et remplace en 1727 par cette insignifiante construction nominee aujourd’hui palais de justice dont un architecte nomme Jean Vercruys osa bien donner le plan. Au rcste, la destruction de I’ediflce ne preceda qucd’un denii siecle celle du pouvoir qui y residait. En 179a, la chatelicnie du Franc fut aboliepar le gouvernement fran^ais. Dcpuis cette cpoque on y a etabli la cour criminelle, les tribunaux correctionnel, civil et de conciliation, ainsi que leurs greffes. Quant a la chapelle qui decorait I’interieur de cc monument, clle est devenue depuis 1813 le depot des archives de la province de la Flandre Occidentale. Le superbe autel qu’on y adniirait, orne aujourd’hui la chapelle du Saint-Sang. Nous allons donner ici une liste des principaux tableaux que les amateurs vont admirer dans le palais du Franc. 1° Un tableau de Van Oost pere, representant un crirainel qui enlend son arret. 2“ Un tableau figurant I’execution de Cambyse, d’apres Claeysscns. o'" Un grand paysage, par Joseph de Moinper : les figures el les animaux sont de Breughel de velours. 4" Une grande toile d’un maitro inconnu. Elio represente Phi- — 30 ^ lippe-Ic-Bon, assis sur un tr6ne et octroyant line charle en 1433, Autoiir de ce prince paraissent pkisieurs figures allegoriques tenant en mainlesarraesdeBruges, de Gand, d’Ypres et du FrancdeBruges. 3“ Une vue generale du Bourg, oii le finide fexecution le dispute a I’enlenfe de la perspective. G” Une decollation de St-Jean Baptiste, dont le colons et le dessin sent excellents. 7° Un petit tableau de Gaeremyn, representant rexecution d’un criminel au milieu de la foule du peuple. 8“ Quatre portraits des pensionnaires du Franc et un autre de M. De Gheldere, par Suvee. 9- Un tableau representant les magistrats du Franc, qu’on avait jusqu’a ce jour attribue a fun des Van Dost, et qu’une decouverte recente faite par un employe laborieux des archives de la province, restitue au pinceau de Gillcs Thilbrugghe, qui re^ut pour ce travail la somme de neuf cents florins , le 2 avril IGGO. 10° Un tableau de M. Wallays, representant Jean De Nelles, au moment oii en presence du roi de France, il a fait a Jeanne de Constantinople la cession du Franc de Bruges. Enfin, encore quclques autres tableaux, parmi lesquels plusieurs paysages d’un certain merite. Dans quel rayon s’etendait la juridiction du Franc? Comme nous favons vu plus haul, une foule dccommunos et plusieurs villcs meme y rcssortissaient. Cette autorite fut plus tard limitee par les empiete- ments des villes et les edits des Princes. Nous citcrons a ce sujet un edit date de fan 1322 par lequel Louis de Nevers ordonne expres- sement que desormais le Franc de Bruges n’excrce plus la justice que dans fenceinte meme de la ville, et n’use plus de ce droit dans un autre endroit. Le 13 Juillet 1330, cettc juridiction fut organisee definitivement par le meme Comte. II la divisa en trois quartiers: le quartier du Nord , celui de 1 Quest et celui de I’Est. Les affaires de fun ne pou- vaient dans aucun cas se Iraiter dans les limites des deux autres, a moins quele Comte n’en decidat autrement. 31 — Chaque qnarticr avail son conseil d’Administralion, compose d’un Bourgmestre el de treize fichevins. Ils avaient tons les trois un jour dela semaine pour tcnir seance; le Magistral dii quarlier du Nord le Mardi, celui de I’Est le Jeudi el celui de I’Ouest le Samedi. Outre CCS foncfionnaires, il y avail encore dans chacun de ces quarliers, des Receveurs, des Commissaires, un Greflier, ainsi que plusieurs autres fonctionnaires d’un rang moins eleve. Le role delegue aux IMagislrats du Franc etait & peu pres le meme que celui des sous-prefets en France el des Commissaires d’Arron- dissement dans noire pays. Mais ce role efait de plus combind avec un pouvoir judiciaire. Cette ancienne forme de Gouvernement aussi Lien que I’Adminis- tration urbaine fut supprimee a I’epoque de la revolution fran^aise par un decret du 21 Janvier 179S. Nous devrions ici, pour completer nos etudes sur le Bourg, parler de I’eglisede St-Donat; mais comme il nous a paru bon, pour I’inte- ret et rintelligence'de ce livrede reunir en corps les parties de notre travail qui concernent les eglises, nous prenons la liberie d’y ren- voyer le lecteur. CIIAPITUK VII. I.a i>rev6t6 ilUc s’ Cvavons-iicca'~nchip. La Prevote, comme nous I’avons vu plus haul, avail sa residence dans la niaison hel Steen, qui fut abandonnee vers la fin du XV” siccle. C’etait une veritable Seigneurie feodale qui possedait dcs pro- prieles considerables ct dont le pouvoir s’etendait sur un ressort de 43 metiers (ambagehteu) lout a la ville qu’a la campagne. Ces pro- prietes s’appelaient conmmnement le Domaine du Comte {S’ Gravens- Heer-Schip). Les ])rivileges de la Prevote etaient nombreux. Elle paraissait dans les hautes cours de Justice; elle avail le droit de se faire souineltrc les coinptes des fabriques d’egliscs, des tables do pauvres; elle participait a la nomination dcs Marguilliers, noramait les receveurs de contributions, les agents d'affaires, et avail cn outre le droit d’approuver les staluls, les reglements et ordonnances publiques. A quel epoque fut creee cette especede fief? Si Ton en croit certains liistoriens, il daterait de 9G1, e’est-a-dire du regne d’Arnold, troi- sieine Comte de Flandre. Ces liistoriens prelendent qu’a cette epoque le Prevbt de St-Donat fut investi de son fief a litre de dotation per- pctuelle. Mais il cst difficile de faire concorder ce fait avee I’acle autbentique qui prouve qu’en I’annce 1089, le Prevot nomme Erkenbert fut nomme chancelier perpetuel par Robert de Fri^e, Comte de Flandre. Les plus grande privileges etaient attaches a cette dignite, comme il eonste de la piece qui suit: <1 Wi conslitueren euwelic crfclic den proost , zoo wie dat bi si « onse cansclier cn van allc onse naerkommers, en voorts ontfan- II gcrc ende inncmcre van alle rcnlcn cn hecrlicheden cn wi geven — 33 — X hem meesterie over onse notarissen; cappellaenen cn clercken >1 van St-Gravens Hoff wie hier jegens seggen of gaen wille in X eenige maniere, die zal bctalen bonder ponden gouts. X Gcdacn fe Brugge t’jaer ons Ilecren als men schreef 1089 X den 21 van de maend October. Als getuigen Remisiusproost en Erembaldus castellanus Brugensis. Nous constituons a litre perpetuel et heredilaire Ic prevot notre chancclier et celui de nos successeurs; nous Ic nommons receveur et cncaisseur de toules Ics rentes et des revenus de la seigneurie; nous lui octroyons autorile absolue sur nos nolaires, cbapelains et clercs de lacour du comte. Quiconque contestera ce droit ou s’opposera a I’execulion des presentes de quelque maniere quo ce puises etre, paiera une amende de cent livres d’or. X Fait a Bruges Ic 21 Octobre 1689, temoins etc. On ne pent done dater qiie do celte annee I’etablissement de cettc institution. Des prevots le litre de chancelier passa aux prelats, e’est-a-dire aux cveques du diocese de Bruges, ct ils cumulerent avee ce litre celui de Prevots. Le Magistral de la Prevote avail primitivement dans I’eneeinfe de sa residence une prison speciale; mais le 22 Mars 1S40, d’apresunc convention faite avec le Magistral de Bruges, il obtint le pouvoir avec le {Canonkksche) de faire renferiner s,es condamnes a la prison de la ville, aussi bien que les Magistrals de la ville. C’est vers la fin du XV“ siecle que les Magistrals de la Prevote obtinrent la faculte d’etablir leur residence dans une maison situee dans la partic septentrionale du Bourg, a cote de PEglise St-Donat. C’etait un edifice antique assez reniarquable, compose de deux etages, dont le second se prolongeait en forme de galerie. Dans I’in- terieur reposait le sceau du Comte de Flandre, ce qui faisait consi- derer comme sacree la porte anterieure. En 1662, cette antique construction fut complelement demolie, et sur son emplacement les Magistrals de la Prevote firent Mever un — 34 — nouveau batiment auxquels ils donnercnt le nom de Prevote (hct Proosche). Les meiiies Magistrals payerent les Irois quarts des frais dc construction; I’autre quart fut paye par la Seigneurie {het Kano- nische) qui existe encore de nos jours. La facade de ce monument, tout entiere de pierres de taille bleucs se compose de deux rangs de colonnes superposes sur lesquels regne une galerie superieure. Outre les lourds ornements de sculpture qui la decorent, nous citerons les figures allegoriques de la justice, de I’amour, de I’envie, toutes Irois en pierre de taille blanclie. Pour emettre toute notre pensee sur ce monument, nous dirons qu’il est disgracieux dans son ensemble, et qu’on sent a sa vue la naissance prochaine de ce mauvais gout qui doit avilir I’art pendant toute la diiree du XVIII" siecle. II y avail dans rinterieurplusieursbelleschambres : uned’entr’elles servait pour I’exercice de la justice, et une autre pour les delibera¬ tions du conseil. II y en avail une aussi pour le Greffe. Dans les deux premieres se trouvaient quelques tableaux d’un assez haul merite : I’un representait le Jngement dernier par de Coorenhiiyze, I’autre le Jugement de Salomon, dont nous ne connaissonspasl’anteur. Plusieurs maguifiques portraits des eveques de Bruges decoraient aussi cette salle. La Prevdte cxer^ait sa juridiction au moyen d’lin conseil, compose de Jurisconsultes. Parmi eux se trouvait un Bailli, un President et des Echevins. Ces Echevins etaient tous Avocats. Ils etaient au nom- bre de 28; — 14 d’entr’eux siegeaient pendant I’ete; les 14 autres pendant I’hiver. C’etaient en general les personnages les plus veneres de la noblesse urbaine. A. ces deux Cours de Justice la Prevote et la CliambreCanoniale etaient encore attaches un GrefQeret unReceveur. CIIAPITRE VII. tti-ancicnnc Prli^oii cUte he$ Steen, — Com* FcoUale. » (^clgiiciurie dc {^ysseclc. — Scig^ucurlc dite den Mloutsc/wn* A rOuest du Bourg, pres dii chateau ilomme d’ahord Bruche, et plus tard Oudenhurcht, il y avait un edifice norame het Steen, et qui plus tard servit de prison. Ce batiment faisait corps avec la residence du Comte Baudouin et de ses successeurs. Quand ces souverains eurent quitte leur premiere habitation pour s’etablir a I’Est du Bourg , ils cederent lour premier domicile au Chancelier, qui y tenaijt une Chambre de Justice, nom- mee Kasteleyns Earner. C’etait une Magistrature composee d’Echevins du metier de Bruges (Casselrye van Bruggen Jmbacht); — tous les Membres en etaient nommes par le Chancelier, et c’est de ce corps tout a la fois administratif et judiciaire que sortit plus tard le Franc de Bruges. Le Comte Baudouin avait d’immenses proprietes territoriales que les debordements de la mer, qui s’etaient etendus jusqu’a Bruges memo, avait en quelque sorte rendues steriles. Pour leur rendre, par une culture soignee, leur fertilite premiere, il les conceda a titre emphyteotique aux Seigneurs de sa Cour et a ses grands vassaux en confiant la surveillance et I’administration au Conseiller. La Prevote et la Cour Feodale firent plus tard acquisition de la plus grande partie de ces terres. Les fondataires ou tenanciers de ces fiefs etaient lies par certaines obligations. Ils devaient d’abord subvcnir a tous les frais de la table du Comte; et c’est ce que I’on nommait le Lardier. Le Steen etait le lieu de depot de toutes ces denrees; c’est dans le grenicr de ce local qu’on les emmagasinait; et comme c’etait une — 56 espece crimpol preleve a litre de concession, on appela le Steen den Spyker ou s’Gravens-Heer-Schip. Ces tenanciers devaient en oulrese rendre annuellement, la veille de I’Ascension , an Steen, pour lemoignerau Comte la reconnaissance que leur inspiraient les bienfaits dont il les avail coinbles et lui faire en ineine temps une offrande pecuniaire {offerpenninck). Ce n’est qn’cn 1643 que cette ceremonie cessa d’avoir lieu au Steen; on la fit 'alors a la Prevote jusqu’en 1689, oil elle fut abolie. Dans ce mcme biitiment du Steen habitait une facon de’conome ou do sommelier nomme Bricelier. II exercait sa surveillance sur les vins du Comte, el il avail a litre d’indemnite une demeure gratuite au Bourg. Elle tenait d’un cote a la prison et de I’antre a la porte d’entree de la Rue do ta Bride; en 1607 ce baliment fut cede a la ville. Vers 1225, Jeanne de Constantinople, Comtesse de Flandre, trou- vant la prison het Steen trop petite, en fit construire une autre aux dimensions plus vastes; elle fit elever aussi une demeure plus commode et plus spacieuse pour le geolier. Elle fit en outre batir pour le Greffier de la Chatellenie un bureau ou s’etablit plus tard la cour feodale princiere. C’est le cas de dire ce qu’etait cette cour. Son pouvoir emanait dcs Comtes, et le lieu deleurresidence etait leur propriete. Le Bailli prin¬ cipal ainsi quo tous ses assesseurs y avaient leur Chambre de Justice ou College, appele Bailliage, et e’etait aussi dans I’enclos du Steen, dans une aile de batiment conligu a la demeure du geolier que ces Magistrals rendaientleursarretssoitcriminels soil d’uneautrc nature. Cette cour possedait un grand nombre de fiefs de la plus haute importance; e’etaient dcs villes, de vastes domaines territoriaux, ct d’immenses proprietes seigneuriales. Nulle cour dans le pays ne pou- vait etre mise en parallele avec celle-ci et ses privileges avaient souvent excite I’envie de pouvoirs rivaux. Mais, retour singulier et instructif des cboses de ce monde! Par une ordonnance royale signee a Bruxelles le 9 Novembre 1781 , cette cour fut confondue avec celle du Franc qui a son lour fut supprimec en 1793. 37 — Ce corps tie Magislraliire etait compose d'un Bailli en chef, d’un President, d’un Lieutenant Bailli, d’asscsseurs fcodaux, d’un Grcffier, desix procureurs et d’un Iluissier ou Coniniissairc priscur. La scigneurie de Sysseele avail aussi le privilege de former dans le merae corps dcbaliincnt un college judiciairc dit Ambachle van Sys¬ seele. Les Magistrals de cette cour, se rthinissaient au-dessus de I’es- calier de I’ancicnne prison. Ils tenaient ce pouvoir de la cour du Franc qui le leur avail confere par une aulorisation du S seplem- bre iS28. Apres s’elre longtcmps dislinguee dans I’execution de ses pouvoirs judiciaircs, la cour de Sysseele dut coder a ccrlaines cir- conslances fatales el confondre sa jiiridiclion avec celle du Franc, pour les delils criniinels, auquel die payait annucllcmenl de ce chef un escalin par mesure, sur toute relenduc de la susdile sei- gneurie de Sysseele; or, ce fief embrassail une supcrficie de 800 rac- surcs {hemelsche breede yemelen). Toulefois cello concession n’elait pas complete; la cour de Sysseele s’dail reserve un jour do seance par scniaine jusqu’en 1783 ou elle s’absorba dans le Franc, donl la suppression eut lieu en 1795. Le Seigneur de Sysseele, etait comle de Digues (Dyk-grave) et les Brugeois lui avaient octroye de grands pouvoirs. Void quelle etait la composition de la Cour Judiciairc qui etait dans le ressort de son doniaine : un Bailli, qui le plus souvent etait le Seigneur, un Bourgmeslre, ties Echevins, un Bourgmestre de la commune, un corps Echevinal, un Greffier, un Receveur. Tous ces personnages, a I’exception d’un Echevin et d’un Officier (anibtman) qui avaient leur demeurc a Sysseele, habitaient la ville de Bruges. Dans ce memo local du Sleeti siegeaient encore les Magistrals de la Cour Feodale dite den Houtschen. C’etait de toutes les Seigneuries res- sortissant au Franc de Bruges la plus grande et la plus imporlante. Le Comte Philippe II qui etait proprietaire de ce fief en fit en 1558 cession complete a Corneille Vander Eyken , Seigneur de St.-George. Sa juridiction s’etendait sur dix-huit communes. II avail trois chani- bres dc justice. Tune a Lophem nommec den Nieuwen, et les deux autres connus sous la denomination de Jankers Jmbacht et Buschkens — 38 — Ambacht, Ccs deux cours furent plus tard reunies a celle qu’on de- signait sous le nom den Houtschen, qui futsupprimde en 1793, comme tous les pouvoirs de meme nature. Cette magistrature avail son tri¬ bunal a cote de celui de Sysseele : elle etait composee d’un Bailli, d’un Bourgniestre, de sept Echevins, d’un Greffier, d’un Receveiir, d’un Officier et tous, le receveur excepte, habitaient le terriloire du Franc. Ajoutons a tous ces tribunaux qui exer^aient la justice au Slecn, celui de I’auditeur militaire. Les executions capitales eurent lieu d’abord devant I’ancienne prison et plus tard au Marcbe du Vendredi. Ces executions se repetaient souvent le meme jour, et cela sc con^oit : les arrets prononces par tant de cours differentes devaient se rencontrer souvent pour I’epoque assignee au supplice des con- damnes. Lannee 1371 est sous ce rapport particulierement remar- quable. II y eut un certain jour cinq executions publiques, en vertus d’arrets prononccs par differentes cours. Que devint la prison het Steen? Que devinrent les baliincnts qui en dependaienl? La demeure du Sommelier du Comte fut en 1607 ccdee a la ville, et c’est la que s’etablit la garde bourgeoise qui s’y s’y fixa jusqu’en 1793. Quant a la prison het Steen, elle fut reduite en cendres le 27 novembre 1689. L’incendie commenca a sept beures du soir et se propagea avec une telle rapidile qu’on eut a craindre la destruction de la Cbapelle du Saint-Sang et de la Maison-de-Ville. Devant cette prison se trouvait une construction en bois, qui fut demolie en 1780; c’est sur ce terrain et celui qu’occupait ladite prison, qu’on batit en 1816, plusieurs bailments modernes qui s’etendent depuis I’ancien Greffe civil jusqu’au detour de la rue de la Bride. Pour se rcndre dans les salles de I’etage superieur de la construction dont nous venous de parler. il fallait traverser une galerie a pilastres a laquelle on arrivait par un large escaller, nomme Escalier de la prison. Au baut de la facade paraissait un instrument formidable, qui servail a I’application d’un supplice appele stropkoorde. C’etait — 39 une espece de cabestan auquel on aftachait une corde, dont I’autre bout forme en nojud coulant recevait le condarane. Au moyen d’une manoeuvre assez simple, on faisait monter et desccndre le patient a plusieurs reprises, et I’actiou de cette redoutable machine se renouvelait autant de fois que le portait la sentence. On ne pent se faire une idee de I’exces de souffrance que ce supplice faisait eprouver au malheureux. Nous devrions parler ici de la Chapelle du Saint-Sang, puisque c’est un des monuments les plus curieux de la place du Bourg. Mais nous renvoyons le lecteur a la partie de ce livre qui traite des eglises. 11 y trouvera sur ce sujet tous les details desirables. Nous devons toutefois completer ce chapitre par une circonstance qui n’est pas depourvue d’interet, c’est que pres du lieu ou se trouvc aujourd’hui I’escalier avec portique de la Chapelle du Saint-Sang, il y avait autrefois une salle dont les Magistrals du Franc de Bruges avaient obtenu I’usage des I’annee 1289 pour I'exercice de leur mi- nistere. En 1520, ils firent I’acquisition d’une maison attenante a I’ancien palais des Comtes de Flandre, et au chateau den Loove, situe a Test du Bourg. L’ancien palais qu’ils avaient possede depuis trois siecles fut par eux vendu au Magistratdela ville le 13 Mai 1331, et c’est la meme qu’en 1333 on posa la premiere pierre de la Chapelle du Saint-Sang. Le Greffe du Tribunal de Bruges fut bati a la meme epoque, et, par le caractere de son architecture aussi bien que par les ornements de sa facade , il pouvait etre considere comme le prolongement de la chapelle; on y voyait quatre busies, dont deux places au milieu; I’un representait Charles V et I’autre son epouse Isabelle. La statue d’un Saint se trouvait dans une niche au-dcssus de la porte. , L’institution de ce Greffe disparut en 1793 avec tant d’autres qui firent naufrage dans le grand cataclysme revolutionnaire. II servit alors de corps-de-garde a la police de Bruges jusqu'en 1813, oii ces agents furent transferes oii ils se trouvent aujourd’hui. CSIAPITllE yill. E.a ITout rinccs, et pour lour rendre moins facile toute rechiite dans leurs anciennes superstitions, on deinolit le temple de Jlercure eleve non ;oin de Bruclistock, temple oii ces malheureux allaient porter un encens idohdre. C’cst sur les mines de ce temple qiie vers 041 St-Eloy fait clever line chapelle (lu il dedic a la Sainie Vierge Slarie, et il trouve dans Licdcryek Be Buck tool I’appiii dont il a besoin pour une oeuvre si sainte. Cette chapelle de la Sainte Vierge devint plus tard I’eglise de Saint-Donat on Donation; mais il est a croirc quo lorsqu’elle recut cetle nouvellc dedicace, elle fut enlieremeut deniolie pour faire jilacc a line construction de dimensions pins colossales. Cetle nonvelic constrnclion fid I’ceuvre du Comte dc Flandre, Baudoiiin-Bras-de-Fcr; elle date de 803. Ainsi, cn supposant menie qne la vieiile egiise de LiederyckDcBiuk aitelc rasee pai' Baudoiiin, c’cst encore une bien haute antiqnite et nnc antiqnitc d'un caractere tout-a-fait incontestable, qne cellc dc reglisc dc St-Donat. An resle, en dehors ineine des temoignages bistoriqnes, le style de rediticc pouvait suffire a denioidrer que la construction de cede eglisc rc- montait au moins an nenvieme.siecle. L’architeclure en etait bien anterienre a I’invention dii style ogival, et nialgre les changements et agrandisseinenls qn’elle eiit a subir jusqu’a Tepoque de sa dcs- truclion, on pouvait constatcr encore au siccle dernier que le ebeeur et la Iravee efaient de stylo lombard ou roman. — no — Ce choeur avail 84* pieds de hauteur, el la nef que Baudouin fit construire a I’entour en avail 40; sur toute I’etendue de cette nef regnait une galerie d’une hauteur d’environ 16 pieds, dont les vi- traux avec ceux de la voute principale faisaient penetrer dans ce choeur la lumiere du jour. Cette galerie etait entouree d’une balus¬ trade, dont chaque colonne, qui etait de hois, avail trois pieds et demi de hauteur. C’est dans cette galerie que se reunissait le Peuple pour assister au service divin. Mais il ne jouit pas toiijours de cet avantage : hienlot cede entree ne lui fut ouverte que les jours de fetes, et on flnit meme par la lui interdire completement vers la fin du dix-huitienie siecle. Ajoutons que cette galerie etait pavee de petits carreaux rouges; mais ce qui la rendait surtout remarquable, e’etait une magni- fiqiie chapelle avec autel, qui servait d’oraloire aux Corates de Flandre. Ils s’y rendaient par un couloir qui, regnant au-dessus de la ported’Est, etahlissait une communication entre leur palais et I’eglise de Saint-Donat. Ce fut dans cet oratoire ou plutot dans cette chapelle que fut massacre, en 1127, Charles-le-Bon, treizieme Comte de Flandre. Plus tard, en commemoration de cet evenement, on pla^a dans ce lieu une statue de hois, representant ce malheureux prince. II y en avail encore une autre d’albatre, qui figurait ce meme prince, lebrastendu, une piece de monnaie a la main, dans la position meme oii il se Irouvait lors de sa mort deplorable. A peine I’eglise etait-elle achevee, que Baudouin y 6t transferer le corps de St.-Donat, et y institua un ordre de quelques religieux, qu’il dota de prebendes, pour dire journellement leur office dans cette basiliqiie. Leurs demeures etaient attenantes a I’eglise. Plus tard, leur refecloireet leur dortoir, furent convertis enchambres de deliberation pour le chapitre. Avant de passer a la desoription-detaillee de ce monument, nous aliens en resumer I’histoire dans un cadre assez restreint. Sous I’autorisation de Sa Grandeur I’eveque de Tournay, Bau¬ douin le jeune, Comte de Flandre, institua en 961 un chapitre de douze chanoines. Pour faire face aux frais de leur entreticn ainsi IM — qu'a foutes les depenses de I’eglise, il abandonna pitisieurs de ses biens territoriaux et ceda la dime de cpielqucs domaines qn’il avail dans les communes de St-Michel, d’Oostcamp, de Ste-Croix, de Houttave et d’Aertrycke. II donna en meme temp.s a ce chapitre les revenus de la chapelle deSt-Christophe qui se trouvait sur la Grande- Place. II lui permit de plus d’elire alui seul son prevot, a qui il designa une pins large part dans les prebendes, en lui concedant en outre divers autres privileges dont les lettres de celte fondation font mention. Le nombre de ces cbanoines ne fut pas toujours le meme. Diffe- rents actes de fondation augmenterent le chapitre lanldt de deux et tantot de trois membres, de sorte qu’en 1215 le nombre en etait deja de 27. Ils etaient nomraes a vie. Apres I’erection de I’eveclie, on ne choisit plus pour ces benefices que des licencies en droit cano- nique eten droit civil et des nobles dont neuf etaient gradues. Arnout, comte de St-Pol et prevot de I’eglise de St-Donat, fut le premier nomrne chancelier perpetuel a litre hereditaire. La nomina¬ tion fut faite par lettres pafentes de Robert le jeiine, Comte de Flandre. Elies sont du 31 Octobre 1089; et entr'autres clauses qu’ellcs renferment, elles font du chancelier un des douze pairs de Flandre, ct accordent a ses chanoines divers privileges parrai les- quels nous citerons une exemption de paiement de plusieurs taxes urbaines. Aucun evenement important ne se rattache a Thistoire de cette eglise dans le cours de plusieurs siecles. Mais en 1316, la tour s’ecroula, minee par la veluste. Ce n’etait rien encore : Tout I’edifice mena^ait mine, et les troubles qui desolaient alors les Flandres ne permettaient guere de songer a une reparation de I’ensemble. Il fallutque les choses fussent ponssees a I’extreme, pour qu’on son- geat en 1389 a convoquer une asscmblee generale, dans le but de faire face aux difficultes presentes. Ces dillicultes etaient de plus d’une espece : elles consistaient d’abord dans la nature des repara¬ tions; elles consistaient surtout dans les moyens d’en couvrir les frais. Les travaux devoient couter des sommes enormes ct Ton etait — 112 — bien loin de les avoir disponibles. On dec'da done pour le moment I’entreprise des travaux les plus iirgents; I’assemblee qui deliberait en presence du prevot Vander Bekc, assisle de ses chanoines, decreta qu’on s’occuperail du reste quand on aurait effectue la vente des objets d’or et d’argent et de tout ce que renfermait de precieux la vieille etvenerablc eglise. Dans cette vente on comprit les superbes et inagniriques bijoux que la Cafhedrale avail recus de Dame Gunilde, princossc Aiiglo-Saxonne, qui avail quitte I’Angleterre pour cberclier un refuge dans la ville dc Bruges oil elle mouriit en 1087. All luoyen de cette vente, on put non-seuleiucnt faire face aux frais de restauration dc I’eglisc : il fut meme possible de I’agrandir beaucoup en y aj oil taut Irois nefs (pii eputribuerent en meme temps a reiubellir. Uu De Croy, doiit le noin n’est [las sans illustration, fit don a I’eglise dc treize statues re[iresentant le Sauveur et les douze Apotres. Eiles fureut placecs dc cbac|uc cote de la nef. Dans la partic inferieure des culs-de-laiupe, sur lesquels elaient placees CCS statues, ou avail sculpte et colorie les ariues du donateiir. Passons maintenant a la description de cette eglise, telle qu’ellc etait au moment desa plus grande magnificence Quatre portesen bois de cbenc fermaient le choeur de cette cathe- drale : deux de cos portes elaient placees sur les cotes; dies etaienl ornees de balustrcs de cuivre : des ouvrages de niarbre avec divers ornements golliiqucs completaienl la cloture. Ciiacunc dc ces portes etait surmontee des armoiries de la maison dc Bourgogne. Lorsqne ces portes parurent impropres a remplir leur service a cause dc leur grande vetuste, Sa Grandeur Jean Robert Ca'iino, seiziemc eveque de Bruges les fit remplacer a ses frais par deux magnifiques portes en fer, dont il donna en 1781 la confection ii un serrurier brnxellois nomme Delmolte. Les armes de ce prelat ornaient la partie supe- rieur, et le tout se retrouve aujourd’liui a I’eglisc de Nolre-Dame oii il remplil le meme usage. Les stalles magnifiques furent placees dans le cboelir de St-Donat lors de la creation de I’ordre de la Tokon d'Or, qui eut lieu dans — M3 — ccUe eglise le 30 Mars 1452, sous les auspices de Pliilippe-le-Bon, Due de Bourgogne et Comte de Flandre, qui voulut par la donner une consecration religieuse a ses chevaliers et perpetner en merae temps le souvenir des fetes brillanles qu’il avait donnees a roccasiou de son mariage. Ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans quelques details sur cette institution; nous le ferons dans la partie historique de notre publication. Ajoutons seulement qu*au dessus des stalleson avait place les blasons des 51 membres de I’ordre. Entre les stalles et la galerie dont nous avons donne la descrip¬ tion, etaient suspendus dans I’intervalle des piliers huit tableaux du peintre Bruxellois Van Orley, dont six de tres-grande dimension et deux de moyenne grandeur. Les jours de grandes fetes, on placait devant ces tableaux des tapis de la plus grande magnificence tisses d’apres ces tableaux par Van der Borgh, aussi de Bruxelles. Ils representaient : 1“ L’Adoration des Bergers. 2° Jesus au milieu des Docteurs. 5° Les Noces de Cana. 4" La Pcche Miracideusc. S" La Madeleine chez les Pharkiens. C" UEntree de Notre Seigneur d Jerusalem. 7" Jesus portant sa Croix. 8° La Resurrection de Jesus-Christ. Les tableaux et les tapis existent encore aujourd’hui. Les tableaux se trouvent dans le tranceps de St-Sauveur; les tapis ornent le choeur de la meme eglise les jours de grandes solennitcs. C'est a la munificence de Monseigneur I’Evoque de Bruges, Henri Joseph Van Susteren, que I'eglise de St-Donat fut redevable des tableaux et des tapis. Le tout couta la sonime de 46 mille florins. Avancons vers le maitre-autel. II ctait de marbre de diverses couleurs et fort eleve. Des ornements de toute espcce , des figures, des imitations defeuillage en rinceaux en faisaient une oeuvre remar- quable.Danslapartiesupericuresclrouvai tune double porteacolonnes 13 _ 114 . — piaquecsd’or, derrierelaquelle reposaicnt les reliquesdessaints qu’on venerait dans cette eglise. Celles de St-Donat et de Sl-Macaire etaient renfermees dans deux magnifiqiies chassos d’argent cisele, oniees tout aulour de feuilles d’acantlie egalement ciselees. L’une des deux etait couverte d’lin superbe bas-reiief et surmontee du buste de saint Donat. L’autre contenait les restes de saint Macaire et fut donnee a I’eglise par I’eveque Nicolas Hodion. Sur les gradins de I’aiitel etaient places en forme pyramidale neuf chandeliers dont les cierges ne brulaient qu’une fois par an, le jour de la Noel. La partie posterieure de I’autel ne le cedait en rien a I’autre sous le rapport de la richessc. Lii se trouvait un couloir qui allait de la galerie an tabernacle ou etaient renfermees les reliqiics dont nous avons parle. C’est ainsi qu’on pouvait rctirer a volontc pour les exposer a la veneration des tideles, les restes precieux du saint dont on celebrait la fete. L’eveqiie Denys Christophorc avait commande et payojde ses propres deniers a trois maitres differcnts Irois magnifiques tableaux qui devaient a tour de role servir a la decoration de cet autel pendant line certaine partie de I'annee. L’un etait peint par Gerard Zeghers et representait les trois rois o Bethleem; on le placait i Tail tel depuis laNoel jusqu’aux Paques; il se trouve aujourd’bui a I’eglise de Notrc- Dame. Le second etait I'oeuvre de Jacques Van Dost; il avait pour sujet la Resurrection du Christ, et il etait place a I’autel depuis la fete de Paques jusqu’a la Pentecote; on le voit aujourd’hui au-dcssiis de la Chambre des Marguiiliers de reglise St-Sauveur. Le troisieme enfin, du au pinceau de Philippe de Cbampagne, VJneienne Alliance et la Nouvelle, et on I’exposait depuis la Pentecote jusqu’a la Noel. Il decore aujourd’luii le maitre-autel de I’eglise d'Ostende, ct les armes de I’ev&jue donateur sont peintes derriere la toile. Les jours de grande fele, le devanl du maitre-autel avait un ornement particulier dont il est bon de parler ici: jusqu’a la hauteur de I'cmplacemcnt des tableaux s’elevait une espece de revetement d’argent artistement cisele. La table de cet autel de circonstance etait surtoul remarquable par les travaux de cisclure et de bosselage qui H3 — la decoraient; c’etaient des blasons, des figures d’Anges et autres. Au-dcssus de la table, au centre d’une espece de perspective formee par une serie de colonnes, s’elevait une grande croix avec Christ, et de chaque cote des chandeliers d’argenl. II y avait aiissi de chaque cote de I’autel, devant les piedestaux des colonnes en inarbre, deux tableaux peints par Rubens, representant les Saints Apolres Pierre et Paul. Ils elaient egalenient enchasses dans un travail d’argent cisele d’un fini tres-precieux. Une colonne terminee par une forme angulaire s’elevait au-dessus de cbacune de ces peintures. La credence etait assez reniarquable conime oeuvre de sculpture. On voyait tout aupres un autre ouvrage de sculpture bien digne d’admiration : c’etaient trois stalles ou se plagaient les pretres qui concouraient aux ceremonies de la messe. Le don de ce chef-d’oeuvre avait ete fait a I’eglise cn 1340, par Jean Carondelet, arclievcque de Palerme, prevot de Bruges. Monseigneur Felix Brenaert contribua, sous son episcopal, a I’embellissement de ce sanctuaire. II le fit completement daller d’im- menses pierres sepulcrales en marbre blanc, sur lesquelles il fit graver des inscriptions, ainsi que les blasons de plusieurs de ses predecesseurs. Plusieurs tombes decoraient I’inlerieur du sanctuaire. Pres des stalles dont nous avons parle plus haul se trouvait le magnifique mausolee de Monseigneur Jean Carondelet, archeveque de Palerme, trentc-septieme prevot de Flandre, mort en 1344 et enterre au Sud du maitre-autel. Sur cette tombe etait couchce la statue du prelat, tout entiere d’albatre, en costume episcopal. Derriere le monument etait une magnifique piece de sculpture soutenue sur deux colonnes et figurant des blasons et diverses figures moins grandes que la principale. La partie superieure etait un bas-relief representant le dernier jugement : on y voyait cn effet le juge supreme les bras etendus entre deux figures agenouillees. Venait ensuite le riche mausolee en pierres de touche de Monsei¬ gneur I’eveque Henri Joseph Van Susteren, mort en 1742. Le vene¬ rable prelat etait a demi-couclie sur la tablette du tombeau. — il6 Devant cette figure principale se trouvait celle d’un Ange, tin livre a la main. Derriere paraissait une femme, representant la Charite qui d’une come d’abondance qu’elle avail en main , faisait tomber plusieurs pieces de monnaie : image de cetle ardenle misericorde qui avail toujours penelre les entrailles de ce venerable eveque pour les pauvres de la ville, el qui lui faisait voir dans chaqiie indigent un membre souffrant de Jesus-Christ. Les armoirics du dcfunt etaient habileraent sculptees derriere le monument. De I’antre cote du choeur, on voyait la belie tonibe aussi en picrres de touche de Monseigneur Jean-Baptiste de Castillon, mort en 1733. La statue de I’eveque, qui avail le precieux avantage d'etre un portrait fidele, etait a demi-couchee. La figure de son patron, St-Jean, doniinait la tete du Ponlife, et a ses pieds etait un enfant aile, eteignant un flambeau. Divers blasons en albatre achevaient la decoration de ce mausolee. Un autre lombeau de marbre noir etait surmonte d’une colonne en marbre gris; appuyee sur cette colonne, la Religion versait des larmes. C’etait un monument consacre a Jean Caimo, et execute par Van Poucke sculpteur a Dixmude. Une espece de mosaique, aussi en marbre, et formant une niche, etait placee derriere cette tombe, et deployait aux yeux les armes de cet eveque. A I’exception des ornements qui en occupaient la parlie poste- rieure, ces quatre tombeaux ainsi que les figures dont ils etaient embellis se trouvent actuellement dans I’eglise de St-Sauveur, deux dans le choeur, un dans la chapelle de St-Josepb, et le dernier dans la chapelle de Notre-Dame de Lorette. Le meme sanctuaire renfermait encore un mausolee d’unc haute anfiquite, dont les sculptures etaient remarquables, par leur finesse d'cxecution. It etait surmonte d’une figure de femme, entouree de quatre personnages mitres. La partie inferieure avait la forme d’une galerie et Ton y voyait figurer en bas-reliefs, differents fails histo- riques rclatifs a Dame Marguerite d’Alsace decedee en 1194. A une epoque assez reculee on y voyait aussi une tombe en picrres de touche, sur laqnelle etait conchee une statue de cuivre _ I j 7_ armeedepied en cap. C’etait lalonibe de Messire Jacques de Bourbon , chevalier de la Toison d’Or. Enfin au milieu du clioeur s’elevait un monument sepulcral, en pierres de louche avec une figure en albatre,aussi annee de pied en cap. C’etait celle de Louis de Crecy, comte de Flandre, lue a la batailledeCrecy. Au milieu des cadavres qui jonchaient ce champ de carnage, on avail eu la plus grande peine a frouvcr le corps de ce malheureux prince. Aussi en commemoration decetteprecieusetrou¬ vaille, et pour perpetuer le souvenir des exploits de ce guerrier, on observa religieusement jusqu’a la fin du di.x-huitieme siecle, la coutume dorner la tombe de ce guerrier de cypres et d’iris, a chaque anniversaire de sa mort heroique. La cathedrale de St-Donat renfermait dix-neuf chapelles, dont neuf dans le pourtour du chceur, huit dans les deux nets lalerales anterieures, et les deux autres centre les deux piliers anterieurs du tranceps. Ces chapelles avaient emprunte leurs noms soil du saint auxquels elles elaient consacrees, soil de leur fondateur ou meme des personnes qui y etaient enterrees. Nous aliens maintenant les passer en revue, el en faire, quand il y a lieu, une description. Chapelle de Saint-Pierre. L autel en etait de hois et les sculptures en etaient asscz originales: dies etaient du resle d’une execution parfaite. Au-dessous de la table, un travail sculpte compose de nombreuses figures avail exige un long et penible travail. C’ctait la seule chapelle qui fiit fermee par une balustrade de fer; la porte se trouvait entre quatre piliers de pierre bleue. 2° Chapelle de Notre Dame ou du Pardo. On y voyait la tombe de MM. le Doj'en Delrio et Jean Pardo, ainsi que les portraits de M. Francois de la Torre et de sa femme Marie Decereso, parfaitement executes. On remarquait aussi dans la meme chapelle I’epitaphe de M. Jean Van Pamele Seigneur do Caesler, chanoine de la cathedrale. 3° Chapelle de Blanlua. C’etait celle qui renfermait la tombe de .M. Jean de Mantua, ne — M8 — en Espagne et d6c6de a Bruges en lS6o, et de sa femme dame Barbs Pardo. Le monument etait fort elevti. On y voyait deux genies et deux autres figures dont Tune tenait une tete de mort et I’autre une beche. La biere etait entouree de buit blasons, 4° Chapelle de St-Jean. Des ornements d’assez mauvais gout couvraient I’autel de cette chapelle, construit en 1760 par Pierre Bral. Dans ce lieu on voyait le tombeau en marbre bleu de M. De Rapondis, ne a Lucques et decede a Bruges en 1414. Nous avons cite le nom de cet illustre personnage dans le chapitre intitule Zfdtel de Lucques. S“ Chapelle de Salinas. C’est la que se trouvait I’epitaphe de M. Ferdinand de Salinas, donateur de la balustrade en marbre qui fermait cette chapelle. On y voyait de charmantes petites figures, et au milieu d’un grand travail de sculpture, une serie de blasons. 6° Chapelle de St-Joseph. Divers objets attiraient les yeux dans cette chapelle. C’etaient : Des armoiries avec leurs seize quartiers peints sur vitraux. Un tombeau, sur lequel etait couchee une figure armee de toute piece, et representant M. Jean De Visch, seigneur de Cappelle. Dans une niche creusee derriere la tombe, les seize quartiers colories du defunt. 7° Chapelle de Van Volden. Elle fut construite en 1300 par 51. Jean Golebertus, natif d’Angle- terre. II y etait inhume avec son epouse et sa famille. M. Herman Van Volden, ne a Dusbourg, et decede en 1343, fit don de la porte et de la magnifique balustrade en marbre sur laquelle on voyait son blason ou ses armes. 8“ Chapelle de Carondelet. II fallait y remarquer une magnifique epitaphe , ainsi qu’un tombeau de marbre noir, surmonte d’une figure agenouillee en albatre. C’etait celle de M. Claude Carondelet, trente-huitieme prevdt de Flandre, decede en 1364. H etait cousin germain de Monseigneur Jean Carondelet, archeveque de Palerme, trente-septieme prevot. Apres sa mort, les eveques de Bruges furent investis de la qualile de prevot. 9° Chapelle des fonts baptismaux. Elle se trouvait pres de la chapelle que nous venons de mentiou- ner. Ony reniarquait une epitaphe d’un beau travail avec ornemenis en albatre. C’etail celle de M. Jean Louis Valdoura decede en i540. Ony voyait aussi Tepitaphe avec quatre quartiers de M. le chanoine Arnold Crabeels, archipretre de eelte eglise. 10” Chapelle de la Sainle Trinite ou d’lleere. Ce dernier nora lui venait de I’epitaphe de M. NiColas d’Heere, doyen et chanoine de eelte eglise, epitaphe qui indiquait plusieurs dispositions testamentaires de ce modele de bienfaisance; entr’autres cedes par lesquelles il legue un tiers de ses biens pour I’entrelien de I’eglise, un tiers pour servir de bourses a ses parents, ou a leur de- faut aux personnes qui desireraient einbrasser I’etat ecclesiastique. Deux des autels dont nous venons de parler etaient places contre les piliers du tranceps; ils avaient chacun quatre inarches, et ils etaient entoures de petites balustrades avec blasons, dont une se trouve encore dans la cour de restaniinet nonime het Maekelaers- Heester. Elle vient de la chapelle dp M. Nicolas d’Heere. Ces dix chapelles etaient celles qui prccedaient lechoeurj passons maintenant a celles qui en dccoraient le pourtour. 11° Faisons y notre entree par la nef scptentrionale. Nous y troii- verons dabord la chapelle dediee aux douze apdtres ou de Lem. On y voyait la tombe en marbre noir de M. Martin Lem, decede en 1483 , avec ses armes ct celles de sa femme, Catherine De Nieuwen- hove. Les deux epoux avaient fait placer dans cede chapelle un vitrail colorie avec leurs portraits et ceux de leurs enfants. Martin Lem elait Escoutete de la ville de Bruges en 1483. C’est lui qui fit creuser le canal de Bruges a I’Ecluse. Oblige, dans les troubles civils, de se demissionner de ses fonctions, il chercha un refuge a Louvain, mi il mourut en 1483. Il fallut attendee le retablissement de I’ordre a Bruges pour y transporter dans son caveau les depouilles mortelles de ce venerable citoyen. ■I./- 120 12° Chapeiie c!ii Saiiit-Sacrenient on cle Saint-CIiarles-Borromee. Elle se Iroiivait pres de la sacrislie. Elle avail ete constriiite par Sa Grandeur Charles De Rodoan, quatrieme eveque de Bruges, qui I’avait dediee a son patron. Un autel en bois sculple, de la plus haute antiquitc, decorait I’interieur de cettc chapeiie. On y admirait en¬ core un superbe tableau, peint par Gilles Baekereel, representant Saint-Charles-Borromee, distribuant rEucharistie aux pestiferes; c’etait un don du nieme prelat. Ceux qui ont vu ce tableau, actuel- lement place au-dessus des stalles des Marguilliers a St-Sauveur, en ont pu admirer le coloris, et la richesse de la composition. 11 y avail de plus dans cet autel une grande niche ornee de toutes les delicatesses de I’art. Enfin , il fallait y admirer encore le banc de communion et deux confessionaux Iravailles avec le plus grand soin, et converts d’elegantes sculptures. 15" Chapeiie de St-Thomas. Elle fut consiruite en 1491 par Thomas Perrot, ne en Bourgogne el decede en 1499. On y voyait son epitaphe devant laquellc il etait enterre avec sa femme, dame Anna De Wan. La aussi se ti’ouvait I’epitaphe de M. Andre De la Coste, orateur de la prevdte; elle ser- vait en meme temps pour toute sa famille. 14“ Chapeiie de Ste-Barbe. 13° Chapeiie de St-Jerome. 10° Cetle chapeiie avail deux denominations: on I’appelait Clia- pelle du Tabernacle ou Chapeiie de Fan Farssenaere. Son premier nom lui venaitd’un superbe tabernacle qu’elle renfermait. Il serait loiig d’en enumerer ici toutes les beanies, de detainer tant d’ornements, de d’ecrire tant de charmantes figures. Nous nous contenterons de citer le Christ avec sa Croix, sa sainte mere la Vierge Marie, les apotres St-Pierre et St-Paul, Melchisedech, les quatie evangelistes et plusieurs autres saints personnages qui se trouveraient etages sur quatre rangs. Lorsqu’on ferma la cathedrale, on enleva a ce monu¬ ment la plus grande parlie de ses richesses; et enfin le tout disparut dans I’acle d'horribie destruction qui aneantit la cathedrale. — 12 ! — On appdait aiissi cetfe ciiapeile de Van Varssenaere, comme nous I’avons vu plus haul. C’est qu’elle renfermait en effet la lombc de Messire Josse Van Varssenaere decede en 1457, en son vivant conseiller de Philippe-le-Bon, due de Bourgogne. Cette tonibe ne mariquait pas d’lm certain nierite d’execution. L’epouse de ce Van Varssenaere, Marguerite Bladelyncx s’etait montree pendant toute sa vie la bienfaitrice de cette egiise a laquelle elle avait fait une foule de dons de la plus grande ricliesse. 17° Chapelle de Ste-Ursule. 18° Chapelle de la Ste-Croix. On I’appelaitainsi parce qu’elle etait dediee a la Sainte Croix. On la noniniait encore chapelle de Boddens, parce qu’elle renfermait la magnifique tombe de Louis Boddens et de sa dame Anne Pierloot. Ce supei'be mausolee etait de marbre et orne de plusicurs figures, dont les deux principales representaient Pune un souverain tenant un glaive d’une main et le globe terrestre de I’autre; I’aufre une femme qui ligurait le temps. II mouruten 1613. 19° Chapelle des Trois Mages. Sur la balustrade qui fermait I’entree de cette chapelle, on voyait une belle cpitaphe, avec ornements et armoiries de M. Jean Delrio, seigneur de Tielbroobrouck, qui deceda cn 1624. II etait le donateur de cetle porte et de la balustrade. Dans I’interieur de la chapelle se trouvait une autre epitaphe en rnosaique de marbre. Les figures et les bas-reliefs etaient d’albatre. On y voyait aussi plusieurs blasons et les huit quartiers de IM. Jean Beltram, chanoine de cette egiise, qui deceda en 1644. L’autel de cette chapelle etait remarquable par ses ornements de sculpture. II faut citer encore un petit tableau de Gerard Zeghers. representant I’adoration des Trois Mages. L’eveque Denys Christophore, lorsqu’il n’etail encore que simple chanoine, I’avait fait executer par cepeintre. C'est le tableau qu’on voit maintenant a St-Sauveur, pres de la chambre des marguilliers, et c’est ce tableau qui servit de niodele au memc maitre pour celui de grande dimension que le memo Denys Christophore devenu eveque fit placer dans le choeur de St-Dcnat. 16 — 122 — Lgs 3 rni 6 s du cli&noinc sc trouviiicnt dcrricrc cc tableau t|ui se trouve maintenant a Notre-Dame. Nous avons indique jusqu’a present tons les rnausolees, tons les tombeaux, toutes les pierres sepulcrales que nous avons rencontres dans le choeur et dans les cbapelles. II nous reste a parcourir plusicurs autres objets curieux disseniines dans I’eglise. En void la liste ; 1° Un cuivre tumulairc, charge d’ornementations et entoure de lettres golhiques; e’est celui desa grandeur Pierre Curlius, premier eveque de Bruges. 2" Un autre cuivre comprenant quatre figures, deux figures d’hommes lout armees, etdeux figures de femmes. II portait en oulre plusieurs blasons et le millesime 1494. C’etait I’epitaphe de Pierre Melleneye, fils de Philippe, et de sa femme Adrienne Van Water- gange; ainsi que de Pierre Metteneye, fils de Pierre et de sa femme Marguerite de Baenst. 3° Une pierre blanche avec des incrustations de cuivre. On y voyait gravees avec beaucoup d’art les armoiries de Jean D’Hont et de Fran^oise Gheeraerts son epouse. 4“ Une pierre tumulairc bleue egalement incrustee de cuivre. C’dait celle de M. Adrien De Bcauvel, Seigneur de Ilecrleville, decede en lolS. Deux figures, fune d’homme et fautre de femme, ornaient la partie de cuivre et I’artiste avail admirableraent irnite sous le corps de ces personnages le travail d’un tapis. S° En cuivre consacre a M. Jacques Braderyckx et a Catherine Melleneye, porlant le millesime 15S0. Deux figures d’hommes ar¬ mees de toule piece et une figure de femme en grand costume etaient gravees sur ce monument; on y voyait aussi leurs armes. 6” Une pierre avec incrustations de cuivre, a la memoire de M. Corneille Van Baersdorp et de dame Moschron, son epouse, decedee en 1565. Outre leurs blasons, on y voyait une figure d’homme tout armee et une figure de femme. Sous leur corps etait imite un ta[)is de feuillage, convert de petits animaux de loute cspece. — 123 — 7“ Le ciiivre sepulcral de M. Adrien Drabbe, decede en lo08, et de sa femme Marie Vander Steeghe. Deux figures avec blasons or- naient cette plaque. 8° Un cuivre magnifique, a la memoire deMM. Nicolas et Lamsin De Waghenaere; — 8 quartiers, — 2 figures en costumes, — mil- lesime 137S. 9° Tombeau de M. Jean Berthe et de sa femme Marie Doubrane. Le tout en cuivre avec divers ornements et deux figures, homme et femme. 10° Un monument semblable, ala memoire de M. Ic chanoine Jean De Visch. — Le tout en cuivre, — sur une imitation dc tapis convert de petifes figures, I’image d’un pretre endormi du sommeil du juste. 11° Un cuivre a la memoire de Madame Josine Pardo, epouse de M. Ferdinand d’Acht, decedee en 1520. 12" Un autre a M. Georges Vander Donck, decode en 1533, et a son epouse Jacquemine Van Matena — deux belles figures parfaite- nient ciselees. 13° Un cuivre entoure de plusieurs blasons et quartiers, consacre a la memoire dc M. Francois Van Paemele, decede en 1523, et desa femme Calhei’ine Breydel. 14° Deux pierres sepulcrales, d’une haute antiquite, avec deux figures en relief. Tune de M. Charles, chevalier de Rochefort, raulre d’une dame, dont on ignore le nom. Outre ces divers monuments tumulaires, il etait une foule d’autrcs pierres sepulcrales dans I’interieur de cette eglise. Le pave cn etait convert et il faudrait un volume pour les dccrire I’une apres I’autre : nous nous sommes borne aux principales. Chaire de verite. File se trouvait dans la grande nef. Parmi les divers details de sculpture qui la decoraient, nous citerons : 1° trois medallions avec bas-reliefs dans la partie superieure. 2° Une figure d’Ange soutenant la cuve, et tenant dans la main une mitre, 3° Devant cette statue celle de St-Donat, grandeur naturellc. 4° Autour de ces figures, plusieurs atlributs religieux. 5° Deux anges soutenant le dome ou abat-voix. L’escalier de cette chaire 124 — etait admirablement sculpte et portait cette inscription : Me fecit Fervoort Jntverpice, ce qui vent dire ; Je suis I’oeuvre de Vervoort d’Anvers. A I’enumeralion de lous les tombeaux renfermes dans ce saint edifice ajoutons les noms de deux personiiages renommes, qui furent enterresdans cette eglise. L’un est Jacques de Meyer, dont la cbronique fiamande qui s’etend jusqu’a I’epoquc de Marie de Bourgogne, presente le plus grand interet. II naquit a Bailleul et mourut en looS. L’autrejouit d’une renommee immense dans tout le inonde civilise. C’est Jean Van Eyck, un dcs plus grands peintres qui aicnt jamais existe. On lui atlribue generalcment I'invention de la peinture a I’huile. D’apres le temoignage d’un grand nombre d'bistoricns, il serait mort en 1440, et on pourrait meine preciser davantage encore I’epoque de cet evenement, en indiquant le moisde Juillet, puisque c’est pendant ce mols qu’on celebrait annuellement un service pour le repos de son ame. Van Eyck avail peint pour I’eglise do St-Donat un niagnifiqiie tableau qui lui avail elecommande par leebanoine de Pala. II repre¬ sente la Vierge mere et son divin fils, devant lequel est agenouille Ic ebanoine donateur derrierelequel se trouve son [latron St-Georges armedetoutespieces. Apres avoir servi ionglemps de tableau d’aulcl, ce tableau fut ensuite placedans la sacristie , et bribe aujourd’bui an premier rang, dans la ricbe collection de I’Acaclemie. JuBil. — II etait porte sur trois arcades et pre.senlait dans son en¬ semble un aspect imposant. II etait de marbre blanc et de marbre noir, et des branches de feiiillage en rinceaux I’ornaicnl dans plu- sieurs de scs parlies. Dans une niche, qui se trouvait au-dcssus des colonnes, on voj^ait une madone en marbre blanc avec son divin enfant. C'etait I’oeuvre de Pierre Pepers, qui d’abord I’avait modclce en terro glaise. Co modele fut acbete 2a livres de gros par M. Aer- rancnian de Wabu’vdiet; et quant an groupe de marbre, il se Irouve actuellement a I'eglise de Notre-Dame de cette ville. La pnrtie la plu.‘i reculec de ce jubc etait fermee par une bains- — trade donnee par M. le chanoine de Vicq; elle etait enrichie de Masons et des huit quartiers du donatenr. Une cloison de bois a colonnes de ciiivre separait le clioeur du jube : elle n’avait rien de remarquable. Dans les deux arcades late- rales se trouvajent deux magnitlques piedestaux couverts des armoi- ries de I’eveque Van Susleren, et siir ces piedestaux deux statues sculptecs par Pierre Papers, Tune du Christ avec sa croix, I’autre de la Sainle-Vierge. Toutes deux se trouvent aiijourd’liui dans I’eglise de Saint-Sauveur. A la hauteur de 8 pieds au-dessu*s du jube , on voyait entre les deux colonnes, qui formaicnt le centre du tranceps, une enorine poulre de bois sculple, siir laquelle paraissait Jesus en croix , cl aux deux cotes sa sainte Were et son bien-aime disciple St-Jean. Ce mo¬ nument est actuellejgient place derriere le tableau du maitre-autel de I’eglise de Ste-Walburgc. Quant aux orgues de St-Donat, elles etaient placees entre les deux premieres colonnes du cboeur, vers le Sud. La sacristie se Irouvait dans la nef latcrale, vers le Nord, entre la cbapelle du St-Sacrenient et cede de St-Thomas : elle renferinait deux grandes salles voutees : pres de la sacristie etait place l escalier qui conduisail a la galerie. Divers confessionnaux qui se trouvaient dans la nef correspon- dante, meritaient par la liardiesse de Icur sculpture, radiniration des amateurs. Completons cet invenlaire par la citation de quelques objets d’art. Outre les vitraux dont nous avons parle, citons encore un tres- beau vilrail, peint en 1341, et dedic a cette eglise par Monseigneur Jean Carondelet, prevot de la cathedrale et archeveque de Palerme. Un autre vitrail dont le sujet etait le jugemenl dernier. Un autre contenant les portraits de Jacques de Thiennes et de sa femme Catherine d’Ognies, avec 16 quartiers. Un autre avec les armes du chanoine Ware Laurin. Parmi les tableaux nous en citerons 1“ un de Paul Frycx, repre- V' \ . V-: ■ d2G — sentant St-Jerome. II etait peint dans la maniere de Van Oost, et d’une large execution. Une adoration des Bergers par Otto Venius; rexeciition en etait excellente. Un tableau d’une grande vigueur, et d’un dessin tres-correct. II representait le Sauveur du monde, enseveli k la lueur des flambeaux. Entrees de la calhedrale — On entrait dans I’eglise de St-Donat par trois grands portails. Le premier, nomine Heindeure, donnait sur la cour de I’eveche, actuellement hotel du gouvernement provincial; la porte avait une balustrade en fer : elle se trouvait sous le palais de la prevote. La seconde porte, situee Rue Philipstock, etait placee dans la nef laterale du Nord. Pour yarriver du dehors il fallait d’abord traver¬ ser uncimeliere, formant une place carree avecgalerie tout autour. Cette galerie etait en partie couverte en plomb, partie en ardoises et reposait sur des pilastres de pierre. Dans cette galerie se trouvait; 1° la prison ecclesiastique; 2“ une cantine nominee het JFulveken, en fran^ais le Loiwetemi. On y vendait de la bierre; mais, sans doute, il cause du voisinage sacre, ni les bancs, ni les chaises n’y etaient tol^res, et il fallait boire debout. Cette cantine se trouvait pres de la cloison en fer qui ferine aujourd’hui I’enfree de I’hotel gouverne- inenfal, et sert aujourd’hui de demeurc au concierge. Pres de cette porte d’entree, mais du cote de la galerie, se trou¬ vait une magnifique tombe avec epitaphe. Elle etait ornee de quatre belles colonnes en marbre, soutenant une belle corniche. Une niche pratiquee dans le milieu renfermait un groupe representant la Sainte-Vierge portant sur ses genoux le corps de son divin fils; on appelait cette figure Noodt Gods; elle fut detruite par la rage revolu- tionnaire a lafindu XVIIP siecle. De chaque cote, entre les piliers, se trouvait I’iinage d’un saint; deux anges avec les attributs de la Passion s’Oevaient sur la corniche. Divers details de sculpture ornaient encore ce monument. Dans le fond, au dessous nieine de la niche, etait placee la pierre tumulaire de la princesse Gunilde, fille du comte Godwin, decedee le 9 Septembre 1087. Quelques — 127 — ouvriers qui travaillaient cn 178G a I'eglise de Sl-Donat decouvrircnt cette sepulture cachee dans la maconnerie; ils decouvrirent aussi quelques ossements et une plaque de ploinb contenant une inscrip¬ tion que nous traduisons en francais. -j- « Notre Pere. Je crois en Dieu le Pere et aux. autres articles contenus dans le symbole des Apotres. 11 Gunilde, nee de nobles parents, anglaise de nation, avait eu pour pere le comte Godwin, qui commandait la plus grande partie de I’arniee anglaise, et pour mere Githa, d’une illustre origine danoise. Jeune encore, ne soupirant qu’apres son union avec I’epoux celeste, elle fit voeu de chastete et refusa I’aHiance de plu- sieurs princes de liaut lignage. Elle elait nubile, lorsque Guillaume comte de Normandie fit la conquete de I’Anglelerre et tua son frere Harold, roi des Anglais. Alors, quittant la patrie, elle sc rcfugia a St-Omer en Flandre, ou elle resta quelques annees. Servant par ses oeuvres le Christ qu’elle aimait pieusement dans le coeur, elle se montrait pleine de gaiete et de modeslie avec ses domestiques, bien- veillante et juste envers les etrangers, prodigue pour les pauvres, avare pour elle-meme. C’est pen : renoncant a tons les plaisirs, elle s’abstint, bicn longlemps avant sa mort, de manger de la viande ou tout autre mets qui aurait pu flatter son gout, et a peine prenait- elle les choses necessaires a la vie. En luttant conlre les vices, elle conquit de nombreuses vertus. De St-Omer, elle se rendit a Bruges; quelques annees apres en Danemark, d’ou elle revint ici et passa au seigneur. Tan de rincarnation-du seigneur MLXXXVH, le neuf des Calendes de Septembre, le vingt-deuxieme jour de la Lune. ■> Cette plaque vraiment curieuse fut achetee par M. Van Huerne qui en fit don a I’eglise de St-Sauveur oil on la voit encore. Par une porte qui faisait communiquer le palais episcopal avec cette galerie, I’eveque, dans les mauvais temps, se rendait ala cathe- drale. II en etait de meme du doyen . qui demeurait Rue Philipslock, dans une maison qui etait la propriete de cette eglise. Le portail principal se trouvait sur le Bourg; on y voyait une porte couverte de riches sculptures. Plus tard, I’eveque Guillaume — 128 — Brenaert fit placer deux autres portes dont Tune se trouve encore a I’entree principale de I’eglise de St-Jacques. Au-dessus de I’entree principale on lisait !c millesinie 1584, et au-dessoiis I’autre millesime 1S94, tons deux graves sur pierre. De chaque cole du fronton s’elcvait une elegante toiirelle surniontee dune fieche. Sur le centre de Tedifice, s’elevait la tour principale, qui n’avait rien de remarquable. Elle renfermait cinq cloches qui correspondaient aux notes ut, re, mi, fa et sol. Rien de plus impo- sant qiie I’aspect de ce vaste monument, tel qu’il s’offrait sur la place du Bourg. A la fin du XVIIR siecle, cette %lise fut, pour ainsi dire, con- vertie en prison. C’esl la qu’on plagait les soldats anglais fails prisonniers par les armees franjaises : ils n’avaient pour se reposer qu’un peu de paille. Blais la profanation alia plus loin : quand on eut enleve ou brise lout ce que renfermait de precicux cette vieille basilique , on la vendit un dimanche; c’etait le 28 Avril 1799. Le 14 Octobre sui- vant, fete de St-Donat on commenga, au point du jour, la demolition de I’edifice et de toutes les maisons y altenantes. L’lklat ecclesiastlque de St-Donat se composait du personnel suivant : 1° Un evequc qui etait en meme temps prevot de Flandre. 2° Un doyen. 5" 28 Chanoines dont neuf gradues : parnii eux se Irouvaient encore un Archidiacre, un Chantro Obediencier, un Archipretre. un Penitcncier, un Ecoiatre, un Secretaire du Chapitre, un Blaitre do la Fabrique, deux Protonotaires apostoliques et deux Secretaires de I'Eveque. 4" Un cure. o“ Dix chapelains dont un sacristain. 6 ° Dix vicaires. 7° Un maitre de chant. 8 “ Un professeur pour les refectionales et enfants de chceur. — 129 — 9° 4 autres chapelains allaches en la nienie qualite a la chapellc (111 St-Sang. 10“ 12 Refeclionmix (Rcfectionales). 11s faisaient lout le service du choeur et servaient la messe. Outre les honoraires qu'ils recevaient de ce chef, ils, jouissaient encore des bienfails d’une inslruction profane et sacree, donnee gratuitement, mais pas au-dela des cinq premieres classes. Ils vivaient sous le toit paternel. H" 6 Eufants de Choeur. Ils etaientelevesencommun dans la maison de I’ecolatre, sise place Manhert (aujourd’hni habilee par M. le Receveur de I’enregistre- mcnt.) Ils y entraient en verlu d’un engagement contracte entre ce dernier etleursparents pour uncertain nombre d’annees. Cette insti¬ tution etait une especede maitrise, ou ils recevaient outre I’instruc- tion litteraire, des lecons de rausique vocale. Ils n’etaient astreints qii’au service canonial et chantaient au.jube. Ils etaient payes et entretenus au moyen de prebendes fondees par des personnes pieuses en faveur de cette maison. 17 CllAPITRE LVH. (Se aMjourtS'haai celhcdrale. II Saint-Eloy, dit Ribadeneira, changea tons leurs temples eneglises. « (II s’agit des Flamands, dcs Prisons et dcs Suedois), et leurs pro- II fanes solenniles en festes de Jesus-Ctirist et des saints. II fonda de II beaux monasleres, qui se peuplerent de Moines; et le fruit fut si II grand, que I’on eut cru qu’un nouveau soleil et de nouveaux <1 Cieux se fussent leves au milieu de ces vasfes Provinces. Ses <1 predications n’etaient pas d’un haut style; il n’affectonnait pas les II paroles exquises; raais il se servait des familieres, criant centre •I les vices, elevant la verlu, et insistant principalement sur les 11 quatre dernleres fins, pour retiree les pecheurs de leurs perni- II nicieuses coutumes. » La vie et les travaux apostoliques de cet ardent et pieux civilisa- leur se resument dans ces quelques lignes du naif legendaire espagnol. L’histoire et les traditions locales temoignent de ce zele ardent, de ce proselyllsme evangelique qui I’anima toute sa vie. St-Eloy etait a Courtray, annoncant la parole de Dieu aux sauvages habitants de lacontree, lorsqu’il apprend le developpement et la fructification de la vigne du seigneur qu’il a plantee dans la bour- gade de Bruges. La cbapelle de la Sainte Vierge-Marie, dont nous avons parle precedemraent, ne suffisait meme plus au nombre toujours croissant des fideles. Il n’hesite pas un instant et des I’annee 632, il retourne a Bruges en passant par Zwevezeele. Aussitdt il songe a la construction d’une seconde eglise qu’il dMie a la St-Vierge et a St-Wulfraud, eveque de Lens. L’edifice sacre 131 — s’eleve bientol sttr le lieu lueme oil esl aujourd’hui la basilique do St-Sauveur. Les instances el les largesses de Dagobert contribuerent puissaminent a I’erection de cette chapelle qu’on dedia plus tard a St-Eloy, apres la mort de cet bomme de Dieu arrivee en 666. Avant d’enumerer les diverses catastrophes qui detruisirent plu- sieurs fois cette eglise, nous croyons devoir prevenir le lecteur, que certaines parlies des constructions ont sans doute resisle a ces tcr- ribles epreuves. Une etude consciencieuse de ce monument nous a penetre de la conviction que plusieurs details d’architecture reinon- tent a la plus haute antiquite, et doivent etre rapportes au stylo lombard ou pre-gothique. Telle est la tour, par excmple, dans sa partie inferieure. Les assises do cette base sont formees depierres non equarries. Tra^ons maintenant I’liislorique de cet edifice religieux. En 961, a la priere de Baudouin-le-Joune, Comte de Flandre, cette chapelle fut erigee en eglise paroissiale par I’eveque de Tournai. En 1116, un incendie qui devora la plus grande partie de la ville de Bruges n’epargna pas I’eglise de St-Sauveur; elle fut presque entierement la proie des flammes; mais, ce qui prouve qu’une grande partie de I’enceinte avail sans doute ete epargnce, c’est que la construction etait achevee en 1127. La dedicace en eut lieu le 24 Avril, et on y reprit des lors la celebration du service divin. Meme catastrophe en 1538. Le 9 Avril de cette annee, une imprudence provoque dans cet edifice un epouvanlable incendie. Des ouvriers plombiers etaient occupes a reparer les gouttieres ^ lorsque, pour s’amuser dans une taverne des environs, ils s’eloi- gnerent sans eteindre les charbons places dans leur rechaud. ,Quel- qucs etincelles portees par un vent violent mirent sans doute le feu a la charpente; en peu de temps I’incendiese propagea dans toutes les parties de I’edifice, et I’ensemble n’offrit bientot plus que I’aspect d’un vaste brasier. Un malheur de cette espece fut un coup do foudre pour toule la cite; mais, ce serait meconnailre ces ages de foi que de les croire — 132 — capables de s'arreter longtemps a des regrets sleriles. Bientot tons les citoyens se furent cotises pour relever de ses ruines la vieille basilique. Non-seulement on parvint a couvrir les frais d’une pareille construction; mais I’edifice qui s’^leva siir les debris de I’an- cien, lui fut bien superieur, sous le rapport de I’etendue. C’est celui-la meme que nous admirons aujoiird’hui, a I’exception des cinq grandes chapelles qui se developpent dans le pourtour du choeur ; ces chapelles, corame on pent en juger par recartement de Tangle ogival, n’y furent ajoutees qn’au commencement diiXyPsiecle; dies ne furent meme voutees que vers Tannee 1320. De cette annee jusqu’a Tepoque de la revolution francaise, This- toire de Teglise nous offre bien peu d'interet. Le gouvernemeiit republicain Tayant alors declaree propriete nationale, fit mesurer, en 1799, Tetendue du terrain qu’elle occupait, soit pour la faire demolir, soit qu’il eut Tintention de la faire vendre. On constata 1 mesure 164 verges de superficie, en y comprenant le cimetiere. Le sieur Francois Laveyne, priseur ordinaire des biens et proprieles saisis, estima que la valeur de Teglise s’elevaiteu revenus a la valeur ■)/ if de 8100 livres et en capital,'a celle de 524,000 livres. Le 2 Septembre 1799, on proceda a la vente de (ous les meubles, objets d’art et autres que le clerge n’avait pas trouve le moyen d’enlever et de cacher. Le tout fut publiquement vendu au nom de la llepublique, a Texceplion toutefois des objets qui avaient etc dcsignes et annotes pour etre transportes a Tecole cenlralc du musee. Les Marguiiliers racheterent le tout moyennant la somme de 7376 •) i livrcs,j'3 sous tournois ou 573 livres do gros, 14 escalins, 1 denier de change. L’estimation faile par Tadministration municipale ne s’elevait qu’a la somme de 1604 livres tournois! Jiais, on pent juger par un seul fait, de Tesprit de delicalesse qui animait alors les agents du gouvernemeiit: a Tinstigation du receveur des biens nationaux, un des commissaires du salut public mit sur ces objets de telles encheres que ceux qui les acquirent au nom de Teglise durent de¬ passer la valeur effective de 5300 liv. Le iTest pas tout : piusieurs objets compris dans Tinventaire de la venle av.iient ete adroilement — 133 -- souslraits: il fallut les racheler de ccs deux honnetes gens! Quels hoinmes ct quelle epoque ! Trois jours apres, e’est-a-dire le 5 Septembre, radininislration centrale, qui tenaitses seances dans un des locaux de I’ancien Palais episcopal, y proceda publiquement a la vente de I’eglise, ainsi que de tons les corps de batiment et terrains qui en dependaient. Parnii les encherisseurs, il en etait deux qui se distinguaient par leur fougue et leur opiniatrete : e’etaient, nous regrettons do le dire, deux habitants de Bruges, tt leur but avoue etait la destruction de ce beau monument. Heiireusement, le zele fut plus ardent encore du cote de la bonne cause ; deux citoyens, a qui I’histoirc locale nc pent decerner trop d’eloges, parvinrent a leur enlever I’objet de leur convoitise. L’un etait Hubert De Clerk, boulanger; I’autre Joseph Lauwers, maitre tonnelier. Ils devinrent acquereurs au prix de 13,001,000 liv. sans que les Jacobins pussent deviner en eux les agents de la fabrique, au nom de laquelle ils s’etaient charges de faire cet achat, apres un acte dresse entre les parties contractantes, acte accompagne de serment. Les membres du comite du salut public ne purent s’empecher de les reconnaitre pour acquereurs. Pour completer tout ce qui a rapport a cette adjudication, nous donnerons ici quelque details qui ne sont pas sans interet. L’eglise de St-Sauveur fut, comme nous venons de le dire, vendue pour la somme de 13,001,000 livres, payables en trois paiements, et malgre la depreciation convenue de 99 2|S OiO stir la valeur nominale on atteignit encore la somme de 78,000 livres tournois. Recapitulons dans un tableau les frais genereux de cette vente ; LIVRES TOUUKOIS. 1° Frais d’enregistrement . 3,S20. 2“ Argent paye a I’administ" du comite central. 1,600. 3" Frais d'estimation, etc. 232. 4" Valeur effective du prix d’achat .... 78,006. Total. 83,338. Reduisons maintenant la susdite somme de 83,338 livre * — 134 — lournois en livres de change, nous aurons liv. de change 6,483-6; en y ajoutant le prix d’achat du mobilier, 573-14-1. Nous pourrons constater que la fabrique dut racheter ses propres biens nioyennant la somnie de 7,056-14-1 livres de change. llonneur a ceux qui sauverent ainsi d’une ruine certaine ce bel heritage de nos peres, cette vaste el majestueuse cathedrale, oiisou- ])irerent lanl de douleurs, oii se formerent tant de voeux, oii tant de prieres s’eleverent jusqu’a DieU; oii tant de repentirs toucherent sa misericorde! Confondons dans iin meine tribut de reconnaissance, et les deux courageux citoyens que nous avons cites plus haut, et les membres de la fabrique, et les personnes genereuses qui, les unes par dons gratuits , les autres par prets d’argent en ^changes de bons dont ils firent plus tard I’abandon gratuit, conserverent un monu¬ ment precieux pour les arts, plus precieux encore pour la piete. Un homme, dont nous devons citer le nom avec predilection, c’est M. Pierre Van Lede, dont le courage et I’active energie arra- cherent I’eglise a I’inevilable destruction dont elle etait menacee. Une si belle coiuluite meritait quelque lemoignage public de reconnais¬ sance. Aussi fut-il, plus tard, elu membre du conseil de fabrique ct eieve au rang de president et de tresorier. Le 4 Octobre 1857, a 10 heures du matin, eut lieu la pose de la premiere pierre du nouveau dallage qu’on avail projete depuis long- Icuips pour cette partio de I’eglise. La ceremonie fut celebree par Monseigneur I’Evoque assiste de MM. les chanoines et des marguil- liers. Mais avant de continuer le narre des travaux de reparation et d’cmbellissement executes dans cette eglise, nous devons, pour suivre I’ordre des dates, mentionner un des plus affreux sinistres qui menacerent jamais I’existence de ce monument. Le 10 Juillet 1839, un terrible incendie eclate vers midi, au mo¬ ment meme oii venaient de partir les ouvriers ferblantiers, qui, sans doute, en se chargeant de I’ouvrago des plombiers, avaient par maladresse, cause ce malheur. I^a grande ct la petite cloche sont aussitdt miscs en branle dans la tour de I’eglisc, et donnent ralarme — 13S — a loute la cite. On ne voit d’abord sortii* de la toiture qu’une epaisse fumee. Bientot, alimente par un vent de sud-ouest, I’incendie se propage avec violence. On vit alors la plus grande partie des citoyens courir sur le theatre du sinistre et rivaliser d’efforts; mais, comme il arrive toujours en pareille circonstance, il y avait beaucoup d’incoherence et de desordre dans les moyens d’exe- cution. Le devouement fut merveilleux : cependant une heure s’etait a peine ecoulee que la tour offrait un spectacle terrible ; toute la charpente etait en feu et Ton craignait serieusement pour la partie inferieure de I’eglise. Vers deux heures, I’incendie avait fait des progres effrayants; deja il avait atteint plusieurs maisons voisines, et telle etait la violence avec laquelle le vent le propageait, qu’il y avait a craindre pour tout un quartier de la ville. Que faire en pareille circonstance? Circonscrire I’incendie par les expedients ordinaires etait devenu impossible. L’intrepidite d’un BrugeoiS' fut la providence du moment. Ce Brugeois, c’etait Charles De Wulf-Anthierens. Il devina le moyen d’arreter la fureur de I’incendie, et, sans hesiter un seul instant dans I’entreprise la plus perilleuse, il gagna la toiture, se hissa dans les gouttieres du cote du Sanctuaire, et, de la, dirigea avec tant d’intelligence. Taction des pompes a incendie, qu’il par- vint a sauver une grande partie de Tediflce. Une pareille conduite lui valut Teloge et Tadmiration de tout le monde. M. le gouverneur et les membres de la regence etaient sur le lieu du sinistre, et leur presence, en activant les efforts, contribuait a Torganisation des secours. Deja le plus grand danger etait passe; le feu etait concentre dans son premier foyer, lorsque les pompiers Gantois arriverent sur le theatre de la catastrophe. Ce qu’ils firent dans cette circonstance, prouve sans doute Texcellente organisation de leur corps; mais, il n’en est pas moins vrai qu’a leur arrivee, loute crainte serieuse avait pu disparaitre. — 136 — Au milieu de tant d’exemples d’heroisme et de zele eclaire, on eut a deplorer quelques actes de precipitation inconsequente et des services tiinestes, parce qu’ils furent inconsideres. Ainsi des tableaux furent enleves avec tant de brusquerie qn’ils furent irreparable- ment endommages; d’autres furent coupes avec le sabre et detaches ainsi de leurs cadres; et parmi tons ces tableaux, il y avait des chefs-d’oeuvre! D’autres objetsd’art furent mutiles, brises, detaches sans precaution, et menie, osons le dire, sous I’effet d’une aveugle panique. Mais bientot, la presence d’hoinmes competents, de con- naisseurs habiles, qui jugerent du premier coup-d’oeil I’exageration de la crainte generale, mit fin a tant de profanations involontaires. Au milieu de la desolation generate, il etait meme beau de voir des ecclesiastiques proceder avec un calrae religieux a la conservation des vases sacres et de tons les objets consacres d’une maniere spe- ciale au culte public. Une des craintes les plus serieuses qu’on put avoir dans cette circonstance fatale, c’etait de voir perir le riche depot des archives de I’eglise. L’histoire de la ville et du pays, est tellemeut liee a celle des monuments religieux, surtout en Belgique, que les depots de cette nature sont de vrais tresors historiques. Aussi un zele louable avait-il concentre sur ce point I’attention et les efforts de tons les hommes voues au culte des belles-lettres. Mais, comment, au milieu des menaces d’un danger pressant, mettre de I’ordre et de la regularite dans les secours? Comment organiser la conservation, au milieu du tumulte et du desordre inse¬ parables de pareille catastrophe? La chose avait ete impossible. Une precipitation, qui aurait pu devenir funeste, sembla seule presider au salut de ces richesses archeologiques. On jeta pele-mele, dans les rues avoisinantes, toutes les pieces qui tombaient sous la main; ces pieces, emportees par le vent, allaient s’egarer sur les toils, dans les gouttie- res, et dans les cours des maisons particulieres. On en vit meme un grand nombre flotter , au hasard , sur I’eau boueuse des ruisseaux. Ce qu’il faut pourtant constater avec plaisir, c’estque de toutes les iZl — pieces deposecs aux archives dc la cathedrale, et qu'on avail jetees dans les rues pour Ics soustraire a I’incendie, il y en eut Ires-pcu d’egarees. Les dommages que cel incendie causa a la cathedrale ne purent elre exactenient evalues. Ce qu’il y eut de Ires heureux, c’est que la voute, comme nous I’avons vu, resista a toutes les attaques. II y eut bien 9 a et la quelques legeres crevasses; mais, les reparations furent faciles. Une des plus grandes pertes que fit I’eglise dans cette occasion, ce fut celie des fonts baptismaux : ecrases, broyes par la chute des pierres et des poutres, ils furent completement detruits. G’etait un inagnifique bassin de porphyrc du Nord veine et tachete de blanc; il etait travaille avec infininient de goiit. Ce bassin se trouvait pri- mitivement dans I’eglise dc Notre-Dame. M. Van Outryve le regut comme cadeau en echange de cclui dont il avail fait don a cette eglise. Il le fit d’abord placer comme orneraent dans son jardin; mais voyant qu'il occupait trop de place, il le fit enfouir sous terre. Quelques annees avant sa mort, il le donna a M. J. Vermeire, qui Ini en avail fait la demande, et qui de son cote en fit don a la cathedrale de St-Sauveur. Un plus grand malheurque celui de la perte de ce bassin, ce fut la mort d’un malheureux ouvrier et d’un soldat de la garnison, qui tomberent du toil d’une maison menacee et furent horriblement ecrases dans leur chute. Cependant, apres un si grand desastre , il fallait songer sinon a donner aussitdt a I’eglise sa splendeur premiere, du moins a la dis¬ poser convenablement pour le service du culte. C’est ce que Ton fit avec une celerite tout-a-fait louable en deblayant le theatre de cette catastrophe. On songea bientot apres a la restauration de I'edifice, et le 21 Aoiit de la meme annee eut lieu I’adjudication de I’entreprise des travaux necessaires pour la reconstruction de la toiture. M. W. Chantrell fut declare adjudicataire pour la sommc de 18 — 138 121,000 fr. Parmi les conditions qui lui etaient imposees nous mentionnerons les suivantes : 1“ Toute la cbarpente devait etre placee pour le 1" Janvier 1840. 2° La couverture en ardoises devait etre achevee pour le 1" Fe- vrier suivant. Et enfin, I’ensemble devait etre termine le 1" Avril de la meme annee. Telles furent la vigueur et la celerite avec lesquelles furent pousses les travaux que, tout en remplissant scrupuleuscment les conditions de solidite, M. Chantrell avait, des le 14 Decembre 1839, c’est-a- dire, 17 semaines apres la mise en train des travaux, termine toute la cbarpente de la voule, toute celle du toit, et partiellement exe¬ cute la pose des ardoises. Le reste fut acbeve longtemps avant le delai fixe par I’Administration. Le conseil de fabrique sut reconnailre le service d’une pareille promptitude. Le 3 juillet 1840, une medaille d’bonneur fut decernee a M. I’entrepreneur, dans la salle des seances a THotel-de-Ville. M. le comte De Muelenaere, gouverneur de la province, et la plupart de nos autorites civilcs et ecclesiastiques honorerent cette solennite de leur presence. On conceit facilement que, depuis I'incendie, il n’avait pas ete possible de celebrer dans Tcglise de St-Sauveur le service canonial. On avait cboisi pour la reinplacer provisoirement, I’eglise de Notre- Dame. Ce ne fut que le dimanche 26 Janvier 1840 que le cbapitre, preside par noire digne eveque, vint se reinstaller dans les stalles du cboeur. Le IS octobre, meme annee, on adjugea I’entreprise du dallage en marbre des nefs de la catbedrale. Le sieur Marlier, marbrier en cette ville, fut declare adjudicataire pour la sorame de 22,830 francs, a condition que les travaux seraient completement acbeves six mois apres I’acceptation de I’entreprise. Cependant quelques cbangements essentiels apportes au plan primitif , provoquerent un retard bien pardonnable. Le pave , tel qu’il a ete execute d’apres ce plan, merite quelque attention pour sa ricbesse. Ajoutons ici que pour operer le — 139 niveileinent parfait tie toule i'eglise, on fit disparailrc Ics marchess qui precedaient los chapelles laleralcs; on cnieva egalemcnt les autels qiii n'etaieiit |)lus d’aiicun usage. L’interieiir de la vieille Basiliqiie elait reslaure d’une maniere convenable. II fallait maintenant completer ce grand travail par la reconstruction dc la tour. Le gouvernement s’engagea a donncr line prime a celui do tons les plans proposes, qui reunirait la double condition d’etre le plus remarquable en lui-mcme, et le mieux approprie a i’architccture de I’edifice. Plusieurs dcssins furent pre- sentes, et apres un serieux examen, on accorda la preference a un croquis dc M. Robert Chantrell, qui plus tard fut mis en har¬ monic par .^1. Buyek. Ce choix eut lieu le 14 Fevrier 1843. Le 19 Aoiit suivant, eut lieu au gouvernement provincial I’adjudi- cation dcs travaux de construction, avec la clause expresse de se conformcr au dessin dont on avail fait choix. Le devis estimalif s'elevait a la somine de fr. 132,866-20 ct. Apres les divers rabais offerts par un grand nombre de concurrents, I'enlreprise fut defini- tivement adjugee pour la somme de 117,400 fr. aux sieurs De Vestel- De Lille et Auguste Hoffmann de Bruges, qui, apres avoir reuni les materiaux indispensables, se mirent a I’oeuvre, dans le courant du inois d’oetobre. Apres avoir scrupuleusement examine les fondations, et solide- ment etayc la partie de la tour, qui etait encore debout, on cora- mcnca, dcs le mois d’Avril 1844, les travaux de la partie supe- rieure : Ils furent termines dans le courant du mois d’Aout 1846. Avant de passer a la descripiiou de I’eglise de St-Sauveur, et dcs objets d’art qn’elle renfermu, nous allons donner quehjues details historiques sur son clerge et sur sa constitution. Comme nous I’avons vu plus haul, e’est en 961 que I’eglise de St-Sauveur fut erigee en paroisse. File fut, qucique temps apres, administree par trois cures auxquels Monseigneur Wautier, eveque dc Tournai adjoignit, en 1233, trois chapelains, pour les aider dans Tcxercice dc Icur ministere. Ces nominations furent, en 1237, approuvees par Sa Saintetc Gregoirc IX. Les — 140 — creations de diverses prebendes peraiirent a cette eglise d’augmenter successivement son clerge, jusqu’a ce qii’enfin, en loOl, elle fut elevee au rang d’eglise collegiale, a I’occasion du sacre de Monsei- gneiir Pierre Kuicke, eveqiie de Tournai. On y erigea en meine temps un chapitre compose de vingt chanoines et preside par nn doyen. Plus tard, I’insufBsance des revenus necessita une reduction dans ce nombre. L’eveqne de Bruges, Monseigneur Charles De Ro- doan. le limila a 17 chanoines. Telle etait en effet I’insuffisance des ressources donl disposait I’eglise de St-Sauveur, que, jnsqu’a la fin de 1720, les matines ne pouvaient y etre chantees que pendant six mois de I’annee : Mon¬ seigneur I’eveque Van Susteren voulut remMier a cet inconvenient. Ce digne prelat et MM. les Chanoines Anchemant et Vanden Soni- pele, sacrifierent chacun deux tiers de leurs revenus pour subvenir aux frais que necessitait I’office des matines. La paroisse de St-Sauveiir etaitformee de trois sections, la section d’or, celle d’argent et cede de plomb. Chacune d’elles etait admi- nistree par un cure. Cet etat de choscs dura jusqu’a la revolution i'rancaise; plus tard on determina la constitution du clerge et Ion fixa le nombre de ses membres a quatre pour toute la paroisse, un cure et trois vicaires. En 1802, le Gouvernenient rangea cctte eglise parmi cedes qui Joiiissaient du litre de departemcntales. On choisit pour inaugurer cette nouvede denomination, le 13 Aout, jour de I’Assomption de la Sainte-Viergc. C’elait la fete patronale de I’Empereur. Napoleon. Pour la celebrer avec plus d’eclat, I’Empereur declara que, dans toute I’etendue de ses Etats, les eglises departementales auraicnt le privilege de celebrer une grande solennite religieusc ,ede etait prece- dee d’une procession , oil figurait la statue de la Sainte-Vierge.L’eglise de St-Sauveur fut comprise dans cette marque de distinction. l>e 27 Janvier 1853, Monseigneur Boussen fut, dans cette eglise, sacre Evcque de Plolcma'is, par Monseigneur I’Archeveque de Mali- nes, assisle des Eveques diocesains de Gaud et de Tournai. Les oruemenls dont on decora I’eglisc en cctte occasion ctaient de la plus 141 grande richesse. Devant le choeur s’elevait a une grande hauteur line eslrade avec autel, laquelle descendait en amphitheatre dans I’inte- rieur de I’eglise. En 1834, Bruges devint le siege d’un eveche, et leglise de Saint- Sauveur fut proniue au rang de cathedrale, par une bulle apostolique du 24 Mai de la meme annee. Ce fut le meme Monseigneur Boussen qui, elu dans cette circonstance dix-huitieme Eveque, fut solennel- lement installe dans sa cathedrale. Depuis lors, le clerge de cette eglise se compose d’un Eveque, d’un chapitre de dix Chanoines titulaires etde douze honoraires, de cinq Chapelains, d’un Cure et de trois Vicaires. Abordons maintenant la description de cette eglise en commencant par ie choeur. Et d’ahord, arretons-nous devant le jube, dont la masse imposante n’est pas sans merite. II faut convenir toutefois que le style ne s’en harmonise guere avec celui de I’ediflce, et d’ail- leurs, tons les amateurs de I’art deploreront toujours dans le centre de I’eglise une construction architecturale d’une pareille masse, construction qui derobe aux regards la plus belle partie du monu¬ ment, celle qui presente les plus grandes et les plus heureuses hardiesses. Tel qu’il est, du reste, ce jube doit nous arreter un instant tout-a-l’heure; nous le laissons momentanement pour nous occuper de celui qui le preceda. II datait de 1414 et s’elevait sur trois arcades ou plutot trois ogives un peu ecartees, telies qu’on les executait alors. A une hau¬ teur de six pieds au-dessus du jube, une grosse solive joignait les deux premieres colonnes du choeur, et sur cette solive une croix s’elevait a une hauteur considerable; I’image du Christ y elait atta- chee. D’un cote de la croix se trouvait la statue de la Ste-Viergc, de I’autre celle de St-Jean. Deux autres croix furent elevees aux coles de la premiere en lo9o. On y voyait les images des deux lar- rons. Au-dessous du jube et sous les deux arcades laterales ii y avait deux autels , dont I’un etait dedie a St-Eloy, et I’autre a Ste-Barbe et a Ste-Ca(hcrine. — 142 — Ce jube fut iiialheureuseraent supprime en 1679, et il en fut de meme des deux autels: cette suppression avail eu lieu avec I’autori- sation de Monseigneur de Bailliencourt, eveque de noire diocese. II y avail dans I’eglise un autel jusqu’alors consacre a St-Wulfrand; il ful alors transfere dans la chapelle oii les londeurs faisaient cele- brerleur service. Ce ful le 23 Mai de la merne annee que le prelal susmentionne posa solennellement la premiere pierre du jube actuel. La conslruc- tion en ful achevee en 1682, d’apres le plan dresse'par le nomme Corneille Verhouve, qui fil venir d’Amsterdam lous les materiaux en marbre. Nous avons dil que ce jube presenle qiielqtie chose d’imposanl; nous devons ajouler que I’idee d’imposant doil etre inodifiee quelque peu par celle de pesanleur. On senl venir le mauvais goiit du XVIIP siecle dans lous les ornemenls de ce morceau de sculplure. Il s’eleve comme I’ancien sur Irois arcades, el par consequent sur (juatre colonnes; elles sont en marbre blanc veine et d’un module peu gracieux. Ajoutez des guirlandes et des festons partout, comme il convient a pareille architecture et vous aurez line idee suffisante du jube de St-Sauveur. Ce qu’il y a de plus remarquable dans tout cela, ce qui meme est tout-a-fait digne de fixer I’aHention, c’est une statue colossale representant Dieu le Pere dans toute la majeste de sa puis¬ sance; c’est une oeuvre qui rappelle Michel-Ange. Elle est du celebre Crasine Quellyn, et fut placee dans le centre du jube en 1682. La porte qui donne entree dans le choeur, merite quelque atten¬ tion ; elle est a deux batlants et tout entiere de cuivre; c’est une oeuvre assez remarquable d’un certain Somers d’Anvers. En 1717, il fut resolu par la fabrique de St-Sauveur, qu’on pla- cerait de nouvelles orgues au jube. L’entreprise fut publiquement adjiigee le 10 Octobre de la meme annee a un nomme Jacques Van den Eynde, fabricant d’orgues a Ypres, a la condition expresse, que ce magnifique instrument serail place deux ans apres le jour de rad- judication. En 1719, sur I’aulorisalion prealable de Monseigneur I’eveque 143 — Van Susteren, on enleva la croix, les statues et Ics antres ornements places au-dessus du jube, pour y placer les orgues qui venaient d etre achevees. Tout le nionde fut d’accord pour reconnaitre I’ex- cellence de 1 instrument, et nous pouvons d’autant mieux approuver cetle appreciation, que I’orgue existe encore aujourd'hui et n’a rien perdu de son merite. Quant aux ornements qui le decorent, nous dirons que la partie superieure cstsurmontee de la statue d'un Ange, de celle de David, et de celle de Ste-Cecile. Des genies ayant en mains divers instruments de musique sont places entre ces diverses figures. On pent dire, en un mot, que le buffet est d’un bcl elTet architectural et complete le jube. Si nos lecteurs sont curieux de connaitre le prix de tons ces tra- vaux, nous pouvons les satisfaire, en entrant meme dans les details. I., {jr. esc. den. . Frais de construction du nouveau jube. . . . 4195 02 11. Travaux d’art et autres accessoires. 25 00 00. Pour la statue colossale de Dieu le Pere. . . . 4''3 06 08 . ? Pour la confection des orgues. 200 00 00. Pour les ornements et sculptures de la boiserie. . 1000 00 00 . Ce qui nous donne pour total.5903 09 09 A- Par disposition testamentaire de .Monsieur Joseph de Meulenaere , I’eglise de St-Sauveur herita, le 2 Septembre 1717, d’une sorame de 800 livres de gros, qui, selon la volonte du testateur, devait etre specialement consacree a subvenir aux frais de placement des nou- velles orgues. C est done a cot homme genereux que nous sommes redevables de ce magnifique instrument. Entrons dans le chceur; arretons nous un instant devant ces stalles imposantes, veritable chef-d’muvre de menuiserie et de sculpture. Uangees de chaque cote du chceur, elles ajoutent a sa majeste, a son air de grandeur. En.semble elles renferment 48 places, 24 de chaque cote, disposees sur deux lignes en amphitheatre. Des ornements en forme de croisees ogivales les decorent dans toute leur longueur. _ 144 — Une grande circonstance se raltache a I’origine deces stalles. Elies furent placees pour im Chapitre solennel de la Toison d'Or, qui eut lieu dans cette eglise. La ceremonie eut lieu le 30 Avril 1477, avce tout I’appareil des grandes solennites de cette epoque. Celui qui la presidait etait I’archiduc Maximilien qui le meme jour fut cree ehe- valier de cet ordre celebre, et preta serment entre les mains de Messire de Ravenstein. La meme formalite fut immediatement apres remplie paries anciens membres, puis par les membres nouvelle- ment elus. Les armes de ees membres furent d’abord placees au-dessus des stalles; mais plus tard on les descendit pour les placer sur les dossiers des sieges, ou on les voit encore de nos jours. Le costume que portaient les chevaliers dans les grandes circons- tances consistait en un manteau avec chaperon a bourrelet, en velours cramoisi, double de taffetas blanc, et orne d une broderie en or figurant les emblemes du collier de I’Ordre. La presence d’une aimable et gracieuse princesse, donna plus de lustre encore a cette brillante ceremonie. Cette princesse etait I’ar- chiduchesse Marie de Bourgogne accompagnee de ses dames d’honneur. Balustrade du Cliceur. — La balustrade qni sert de cloture au choeur fut entreprise en 1384 et executee par les freres Pierre et Jean Aerts, pour la somme de 130 livres, 11 escalins, 6 deniers de gros. La partie qui entoure le maitre-autel ne fut d’abord qu’en pierres de taille; mais elle fut enlevee en 1693 pour faire place a des balustrades de marbre , composees de 32 petites colonnes de marbre blanc. Divers ornements dans le gout de I’epoque, e’est-a-dire des guirlandes, des festons etc., decorent cette balustrade, dont I’execu- tion entreprise par plusieurs marbriers couta 1600 livres de gros. Deux issues sent pratiquees de chaque cote du choeur; elles sent fermces par deux portes en bois a deux battants, dont les panneaux superieurs sont remplaces par des balustres en cuivre. Divers details de sculpture sur marbre decorent ees entrees; un ouvrage d’art assez acheve se presente meme au-dessus de la porte d’entree qui fait face au Sud; on y remarque les armes de M. Simon Van 143 den ileedc, qui, en 1G2G, couvrit de ses propres deniers tons les frais de cetle oeuvre remarquable. Quant a la porte qui se Irouve du cote Nord, elle fut placee, cn JGSG, aux frais de M. Jean Zeghers, par J. Dublon, moyennant la somnie de 1072 florins. La partie superienre est couverte d’un asscz joli bas-relief en albatre, representant les instruments de la Passion de N. S. J.-C. Une autre issue se trouve encore derriere le climur. Elle est fermee par une porte a panneaux sculptes, et entouree de plusieurs ornements artistement ouvrages. Au-dessus de I'entree parait une belle figure representant le Triumphe de la Religion. Sous cettc figure sont les armes de M. Pierre Rapaert, donateur de cette cloison. On renouvela en 1G43 le pave du choeur; on le fit en dalles bleues, a I’exception de la partie qui forme le sanctuaire ou Ton empioya le niarbre blanc. Dans ce travail, on eutsoin de conserver les pierres tumulaires; la depense s’eleva a lasomme de 129 liv. degros. On entreprit, en 1738, la reconstruction en ma^onnerie de la voute du choeur. Ces travaux furent adjuges a un nomme Jean Feyts, pour la somme de 1,12S liv. monnaie courante. Nouveau dallage en 1813. On y empioya les dalles en inarbre, provenant de I’ancienne eglise des Cliartreux. Toutes les pierres sepulcrales furent enlevees dans cette circonstance, et il est a noter que plusieurs etaient celles de families distinguees. Continuous a passer en revue les objets d’art qui decorent le choeur. C’est un marbrier nomme Michel de Wachtere, qui en 1642, sur les dessins de Jacques Cocx, executa le maitre-autel moyennant la somme de 1383 liv. 6 esc. 8 deniers de gros. Une dame pieuse, Anne Strabant, epouse de Monsieur Francois Vanden Bussche, contribua pour 300 liv. de gros dans cette depense. On en lit la dedicace le 1" Decembre 1643, et ce fut Monscigneur Nicolas De Haudion, eveque de Bruges, qui oflicia dans cette circonstance. Get autel a un caracterc de grandeur assez remarquable : les travaux de sculpture en sonttraites avec grand soin et Ton pourrait 19 raeine dire avec gout. Trois statues s’elevent sur la partie supe- rieure c celle du niilieu represente le Christ tTioTtiphwi'it j les deux autres St-iloy et Si-Donat. La Resurrection du Christ, qui occupe le fond de I’abside, est du peintre Janssens; c’est une oeuvre assez consciencieuse. Au-dessous de cette toile on remarque deux petits tableaux, peints par Van Thulden, dont I’un represente le Divin Saiweiir Jesus-Christ et la Fierge.^nUn centre les piedestaux des deux colonnes laterales, on voit deux peintures de Van Oost, pere; Tune represente Saint-Pierre, I’autre Saint-Jean. — Elies sent traitees avec tout le gout que cet excellent peintre mettait dans ses ouvrages, dont on commence un peu trop tard a reconnaitre le merite. Derriere I’autel, le tabernacle est depose sur une tablette de mar- bre, soutenue par deux Anges agenouilles, tons deux d’albatre ; sur les cotes du tabernacle, on voit quatre bas-reliefs; les sujets qu’ils representent sont : Jesus parmi les disciples d’Eramaiis, le sacrifice d’Abraham et deux figures entieres, le tout egalement d’albatre. Au-dessus du tabernacle est deposee une grande couronne d’argent et au-dessus de cette couronne une armoire a double porte avec co¬ lonnes en bois; c’estdans ce reliquaire que sontdeposees les depouilles mortelles de tous les Saints qu’on venere dans cette eglise. II ne faut pas oublier, parmi les divers ornements qui decorent cet autel, le magnifique antependium en broderie, mi se trouvent les figures des quatre Evangelistes, et celle de la Sainte-Vierge sie- geant au milieu d’eux. Cette piece curieuse vient de I’ancienne ab- baye de I’Eeckhoutte; et ce fut M. Jean Verstraete, marguillier , qui en fit don a I’eglise de St-Sauveur. Notons encore deux beaux mor- ceaux de sculpture qu’on place les jours de grandes fetes sur deux piedestaux qui se trouvent de chaque c6te de I’autel. C’est le debris d’une balustrade de la chapelle des Porteurs dechaux, chapelle qui se trouvait dans la meme eglise. Dans I’enceinte du sanctuaire, on remarque les tombeaux de leurs grandeurs Henri-Josepb Van Susteren , decede en 1742 et de J.-B. De Castillon, mortenl7b3, tous deux eveques de Bruges. — 147 Nous avons parie de ces nioiiuments funeraires dans le chapitre consacre a I’eglise de St.-Donat. Un autre monument sepulcral se trouve non loin de la : il est fait de marbres differcnts, ou le noir domine cependant. Co tombeau est decore de plusieurs ornements en or et de quatre ecussons en email. II a ete eleve a la memoire de M. Joseph-Adrien Le Bailly, decode en 177S. De I’autre cote du choeur, en face de ce monument, il en existe un autre; il est consacre a la memoire de dame .Margue¬ rite Charles, Dame De Puyenbeke et autres lieux etc., epouse de Messire Aybert Van Huerne, laquelle, deceda en 1782. Trcnte-deux quartiers en email sont incrustes sur la pierre dece mausolee. Dans le milieu se trouve pratiquee une espece de niche renfermant une petite tombe, et en face de cette torabe repose la figure d’une femme. Au-dessus de ce monument, on voit une epitaphe, mi est figuree en haut-relief une personne a demi-couchee, le tout de marbre. C’est la pierre tumulaire deM. Maximilien Van Praet de Moerkerke, der¬ nier hoir male de cette famille : decede en 1637. Unit ecussons sculptes couvrent ce monument qui fut execute pour la sommc de 21,000 fl. par Corneille Gailliard de Bruges, en 1670. Plusieurs pupitres se trouvent dans I’interieur du choeur. Celtii qui sert de lutrin est un ouvrage d’art assez remarquable, execute a Liege, par le fondeur Jean Van Horgne, moyennant la somme de 196 livres et 6 deniers de gros. Il est en cuivre de fonte et repose sur un pilier, egalement de cuivre, a I’extremite duquel se trouve un aigle aux ailes deployees qui sert a soutenir les livres de chant. Aux quatre coins du pupitre sont les figures des Evangelistes. Nous rappellerons ici des objets d’art que nous avons deja fait connaitre a nos lecteurs. Ce sont les magniflques tapis qui decoraient autrefois I’eglise cathedrale de Saint-Donat. Aux grandes solennites, on les range aujourd’hui dans le choeur de Saint-Sauveur, dans cette partie de I’enceinte qui s’eleve au-dessus des stalles. Depuis peu, on a place dans ce choeur quatre beaux lustres en cuivre de fonte ou Ton pent admirer tout a la fois une grande purete de gout etune veritable delicatesse de dessin. — 148 — Dans ce ineme chceur se trouvaient autrefois de magnifiqucs vitraux colories representant les douze pairs de France en costume de cour. Sous la place qu’occiipaient ces vitraux on voit encore quelqucs sculptures sur Lois, peintes avec beaucoup d’art; ce sont les armes de plusieurs Corates de Flandre. A tous ces objets ajoutons encore : 1° Une superbe chasse d’argent, oeuvre d’un Brugeois nomme Jean Crabbe : elte date de 1612. C’est une piece assez remarquable au point de vue de I’art : elle a un metre 20 centimetres de largeur, sur SO centimetres environ de hauteur. Elle a la forme d’un temple, et sous les arcades formees par les colonnes se trouvent plusieurs niches ousont placees, en haut-relief, les figures des douze apotres. Les statuettes des quatre Evangelistes ornent la partie superieure, et des figures d’anges et de plusieurs saints decorent les autres parties du gracieux edifice. Les figures de la Ste-Vierge et de St-Eloy couronnenl cet ensemble elegant. 2° La remontrance, en argent cisele. Sur le pied on remarque les figures des Sts-Apotres, Pierre, Jean et Jacques; les niiages qui cntourenl les rayons portent diverses figures d’anges; Dieu le Pere et I’Esprit-Saint sont representes a la partie superieure. Enfin sur une banderolle se lit cette inscription : Hie est filius mens dilectus. Cette magniflqiie piece d’orfevrerie fut achetee par I’eglise pour la somme de 80 livres de change, qui furent payees au moyen de dons volon- laires fails par quelques personnes genereures. De nos jours cette reniontrance est plus riche qu’elle ne I’etait autrefois; car on y a place une foule de pierres precieuses et d’ornements de valeur qui provionnent de I’ancienne reniontrance dontl’usage est supprime. Sortons maintenant du choeur, pour parcourir les diverses cha- pelles de cette eglise. Avant la revolution franeaise on en comptait 21 avec aiilels, dont 6 etaient placees dans la nef. Ces autels etaient assez remarquables sous le rapport des sculptures qui les ornaient; ct CCS (luqielles sc fermaient au moyen de balustrades en pierres de iaille on en niarhre, parnii lesquelles il y en avail cinq a hauteur ■149 — d’appiii, et dont rexecution etait du meilleur goiil. La sixiemc balus¬ trade etail plus elevee; niais le travail cn etait nioins parfait. Chapelles qui sc trouvaient dans la nef septentrionale. 1° Chapelle de Ste-Godelive. On y voit un tableau representant le Martyre de Ste-Godelive, par Van Oost, pere. II s’y trouve une epi- taphe qui autrefois etait fixee a un pilier, en face de cette chapelle; c’etait la place oii avait ete enterre celui auquel elle etait destince, nous voulons dire Jean Crabbe, orfevre d’un grand merite, dont les plus beaux ouvrages sont la chasse du St-Sang., et cede de St-Eloy. On y reinarque aussi un tableau de Claeyssens, avec la date de lo8S. II represente la resurrection. Cette chapelle appartenait a la corporation des Crieurs 'publics. Plus tard, quand la corporation des Breykens (porteurs de poisson et de viande a domicile), abandonna la chapelle de St-Daniel pour se joindre a la corporation des crieurs publics, la chapelle de Ste-Godelive prit le nora de Breyke-ns-Capelle, et les deux metiers y faisaient ensemble celebrer le service divin. 2° Chapelle de St-Daniel. L’autel de cette chapelle etait autrefois orne d’un tableau repre¬ sentant la Conception de la Sainte-Fierge. En 1802, lors du retablis- sement du culte, on enleva ce tableau a cause de son mauvais etat et on le rempla^a par une toile qui jadis avait orne I’autel de la chapelle de I’Enfant Jesus. Le sujet est VEnfant Jesus dans sagloire, portant dans sa main une sphere , embleme du monde ; le peintre est J. Van Oost. Cette chapelle appartenait primitivement a la corporation des Breykens ou Winne-Broaden, dont le patron etait St-Daniel. Plus tard, comme nous venons do le voir, cette corporation se joignit a celle des crieurs publics. On remarque, dans cette chapelle, un beau tableau provenant de celle des Menetriers qui etait situee pres du Pont de I’Huile. II repre¬ sente la Vierge entouree de quatre personnages qui lui offrentleurs hommages. 3“ Chapelle de la Confrerie des Tomleurs. — ISO — En i4S4, la corporation des tondeurs fit constrnire une chapelle sur un terrain qui lui avail ete cede par la fabriqiie de St-Saiiveur. On y placa d’abord un petit autel d’une grande simplicite. Les armes de cette corporation etaient peintes avec assez d’art sur la muraille. Plus tard, on remplaca cet autel par un autre beaucoup plus vasfe, orne de divers ouvrages de sculpture. Dans la partie superieure, un groupe representait la Tres-Sainte-Trinite sous le patronage de laquelle s’etait mise cette Confrerie. En 4679 on y pla^a un tableau d’un prix inestimable et que son antiquite rendait digne d’admiration. II representait le Marty re de Sainle-Barbe. II etait dans le plus triste etat, depuis le placement de la croix dite de I’Eeckhoutte, et il etait impossible de le restaurer d’une maniere decente. Aussi, lors du dernier incendie, on le vendit avec les materiaux et les divers objets d’art que les flammes avaient partiel- lement atteints. Non-seulement, cette corporation avail le privilege de faire cele- brer le service divin dans cette chapelle; elle y avail encore ses stalles, ses armes y etaient peintes sur des vitraux, et elles etaient encore sculptees sur une pierre incrustee dans la muraille exterieure donnant sur le cimetiere. La Confrerie de Ste-Catherine et celle de Ste-Barbe vinrent a leur tour s’installer dans cette chapelle en 1679, et y firent celebrer leur service divin, jusqu’a ce que, par suite d’une altercation avec la corporation des Tondeurs, elles furent contraintes de prendre la chapelle dite des Kousse scheppers, ou fabricants de has. Cette con¬ cession leur avail ete faite par la Fabrique, et elles continuent de nos jours a y faire celebrer le service divin. Cette meme chapelle fut, apres le retablissement du culte, conce- dee en partie a la Confrerie dite de la Croix de I'Eeckhoutte qui en disposa jusqu’en 4839, epoque du fameux incendie dont nous avons parle plus haul. Elle s’installa alors dans la chapelle des Cor- donniers. C’esl dans cette chapelle enfin, qu'on a etabli les fonts baptismaux dont nous allons dire quelques mots. — 431 Nous avons vu plus haul que I’incendie de 1839 detruisit com- pletenient ceux qui existaient alors. Un homme dont I’eglise et les pauvres pleurent tous les jours la perte, M. le Chevalier Charles Van Tieghem deTer-Hoye, voulut les reinplacer de ses propres deniers. Pour effacer, autant qu’il etait en lui, le souvenir du desastre, il voulut que la forme, les dimensions, et autant que pos¬ sible la couleur du marbre, que tout enfin rappelat dans les nou- veaux fonts ceux qu’on avait perdus d’une maniere si deplorable. Les armes du donateur furent sculptees sur ce magnifique bassin, et on les peignit aussi sur les vitraux de la chapelle. Nous devons mentionner deux autres objets d’art qui ornent I’in- terieur de ce sacellum. L’un est un candelabre en fer de fonte, d’un tres beau dessin, donne par M. J. Vermeire. L’autre est un vieux bas-relief colorie, representant la Ste-Vierge et I’Enfant Jesus, avec \/' la representation des prodiges et des mysteres qui signalerent la vie de la Vierge-lMere. Cette piece curieuse est un don de M. Van Huerne. 4° Chapelle des Cordonniers. En 1372, la Fabrique de St-Sauveur ceda a la corporation des Cordonniers un terrain situe dans la nef meridionale de St-Sauveur, avec la faculte d’y construire a ses frais une chapelle dediee a ses patrons St-Crepin et St-Criepinien. Cette corporation se trouve egalement placee sous le patronage de la Ste-Trinite qu’on voit representee dans un tableau qui orne la partie superieure de I’autel. Le tableau qui figure le martyre de St-Crepin et de St-Criepinien, decorait autrefois ce meme autel; mais il en fut enleve en 1802, et place dans un autre endroit de la chapelle, quand celle-ci fut spe- cialement consacree au souvenir de la Passion de Notre Sauveur. C’est aussi la que, depuis le dernier incendie, on aplaceleSt-Sepulcre, qui autrefois se trouvait dans la chapelle de la Croix. Au-dessus de la statue qui represente le corps inanime du Sau¬ veur est dressee la croix de I’ancienne abbaye de TEeckhoutte; cette croix decorait aupafavant la chapelle des Tondeurs. La chapelle des Cordonniers renferme plusieurs tableaux remar- quables. Nous citerons deux volets d’un tableau d’une assez grande dimension. II represente d’un cote St-Crepin et St-Criepinien , et de I’autre les membres du serment de la Corporation des Cordonniers. Cette peinture est de Pourbiis. Un antique tres remarquable, peint sur panneaux et a volets. Le sujet est VAdoration des Mages. Sur les deux volets sont represenlees les predictions de St-Jean etime vision de I’Apocalypse. Une copie exacte d’un tableau du Titien dont le sujet est la Fierge et I’Enfant Jesus avec divers personnages gronpes autoitr d’eiix. Une toile de Garemyn, representant le Christ attache a la croix, ayant a ses cotes sa Mere et St-Jean. C’est une des meilleures pieces de ce maitre. Une balustrade d’un goiit assez pur avec porte a doubles battants ferrae I’entree de celte chapelle. 3“ Alltel de Ste-Anne. Cet autel se trouve entre la chapelle des Cordonniers et le pour- tour du choeur; il est consacre a Ste-Anne et a St-IIiibert. Outre plusieurs sculptures precieuses dont cet autel est decore, il possede un superbe tableau peint par J. Van Oost, en 1668. On y voit la Ste-Vierge, ayant a ses cotes Ste-Anne, donnant une etole a St-Hubert par I’entremise d’un Ange. La corporation des Faiseurs de balais {Bessem-Makers) disposait de cet autel pour les services qu’elle faisait celebrer et honorait Ste-Anne pour patronne. Cliapelles des sous ailes ou collateraux du chceur. En abordant le pourtour du chceur, on rencontrait jadis deux petites chapelles, pres de la balustrade qui ferine la chapelle des Cordonniers. 1° L’une s’appelait Portumcula et aussi FFynkelmans Capelle. La oii se trouvait I’autel on voit aujourd hui I’epitaphe de la fainille Van lluerne. Le tableau qui ornait I’autel representait la Ste-Fierge accordant a St-Francms Vindulgence pUnim dite Portiuncula. Le tableau etait du au pinceau de J. Van Oost. a” L’autre appartenait a la Confrerie des Oiivriers Cordonniers dite Elsenaers, qui s’etaient places sous I’invocation de la Visitation de — 435 — la Ste-Vierge. C’esl en 4448 qu’abandonnant I’cglise de St-Jacqiies, ils conimencerent a faire usage de cette chapelle. A la place ou sc trouvait I’autel cst aujourd’hui un piedestal sur lequel parait la statue dll Christ portant sa croix. II en a ete question dans le cha- pitre consacre a leglise de St-Donat. 3" Chapelle de St-Lievin. Cette chapelle qui vient imnicdialement apres la prccedcnte, a etc fondee par la faniille De Dcckcre, dite de Lisseweghe. Elle fut d’abord occupee par la corporation des menuisiers qui rahandonne- rent plus tard pour se joindre a celle des char|)entiers. Les arntes de la famille De Deckcre ornent la partie supcricurc de I’autel, qui est assez remarquable de style : on y lit sur une bande- rolle la devise : Ziet voor hu , et dans les niches laterales de I’antel sent placees deux statues, rune de St-Lievin et I’autre de St-Nicolas. Sur les piedestaux sent sculptees les memes armoiries soutenues par deux anges. Le tout est parfaitenient execute, et rappelle les plus beaux niorceaux de I’art gothique. En 1827, M. Van Huerne lit placer a ses frais dans cette chapelle une nouvelle table d’autel sculptec, dont la surface anterieure sc compose de plusieurs niches avec statuettes. Ce beau morceau de sculpture vient d’un tombeau qui se trouvait autrefois dans I’eglise des RR. PP. Augustins. Dans le courant de cette meme annee, apres s’etre munie d’une autorisation delivree par I’autorite ecclesiastique, la fabrique de St-Saiiveur fit renfermer dans cet autel une chasse contenant les restes inortels du Comte de I^landre, Charles-le-Bon, dont le por¬ trait en pied, peint sur bois, se trouve aussi dans la meme chapelle, apres avoir ete longtemps place dans la galerie de St-Donat. II y avait autrefois dans i’autel de cette chapelle, une peinture sur panneau d’un fini assez precieux et qui representait le Martyre de St-Lievin. Ce tableau se trouve actuellement a I’entree de la cha¬ pelle des Cordonniers. La chapelle de St-Lievin se fermait au moyen d’une balustrade avec porte a deux battants. Sur cette balustrade sc trouvent les 20 N/ armes de la famille de Lisseweghe avec la devise : ziet voor hu, et la date de 1513. Au-dessus de I’entree, on voyait jadis une statue dc St-Lievin, grandeur naturelle; elle fut enlevee en cette nieme annee 1827, et deposee dans I’interieur de la tour, ouelle disparut lors du dernier incendie. 4° Chapelle des Charrons. Cette corporation avait pour patronne Ste-Catherine; autrefois etablie dans I’eglise dii Bogaerde, elle vint plus tard s’installer dans I’cglise de St-Sauveur, ou elle eut d’abord un autel de tres bon style, demoli dans le courant du XVIII” siecle. On le reinplaca, chose inouie, par un autel qui n’offre rien de reinarquable que les armes de la corporation. Parmi les objets d’art que renfermait cette chapelle, on voyait un superbe Christ sculpte, avec croix d’argent, ainsi qu’une plaque du meme metal sur laquelle on avait cisele I’image dc Ste-Catherine. Le tableau qui orne I’autel a pour sujet un episode de la vie de St-Bernard, et sous tous les rapports il est digue d’attention. On pent encore voir dans cette chapelle une belle composition, dans le gout du Carrache; c’est une Vierge sur les genoux de aquelle repose le corps inanime de Jesus-Ghrist. La balustrade avec porte, qui sert de cloture a cette chapelle, est executee avec beaucoup de soin dans le style gothique. On y voit les insignes de la susdite corporation, et les divers emblemes du Char- ronage. Ces sculptures datent de 1514. Les Potiers, qui honoraient aussi Ste-Catherine pour patronne, avaient autrefois leur chapelle a laPotterie. Dans la suite les Charrons leur permirent de faire celebrer le service divin dans leur chapelle de St-Sauvcur. Arrivons aux cinq grandes chapelles qui entourent le sanctuaire et dont la construction date de 1513. Une cloison a baiustres en cuivre, leur sert respeclivement de separation ; on paya pour cet objet la sonime de 25 liv. 2 esc. 8 deniers. Contre la partie des mu- railles qui se trouve directement sous les vilraux sont appliquees des boiscrics avec sculptures peu remarquables. — 155 — I" Chapelle de St-Josepli. Lcs Charpenliers ont choisi ce saint pour patron, et apres leur depart de I’eglise des Ilecollets, ils s’installerent dans la chapelle qui porte son nom. L’autel en est richement decore, et parmi les orneraents, il faut remarquer les insignes et les armes de la charpenterie. Mais la veri¬ table richesse de cette chapelle, c’est un tableau de Van Oost, perc, representant I’Enfant Jesus et St-Joseph, entoures d’une foule d’esprits celestes. Sous le rapport du colons, du dessin, de I’effet general et de la naivete de la composition, cette toile pent etre con- sideree conime un veritable chef-d’oeuvre. Tous les amateurs s’arretent, dans cette meme chapelle, devant le superbe tombeau avec statue en albatre de Monseigneur I’Arche- veque Jean Carondelet, dont il a ete question dans le chapitre de St-Donat. En face de rautcl, est suspendu un tableau de Frickx, represen- tant un Christ en croix, et a ses cotes, sa divine Mere, Saint-Jean et la Madeleine. 2“ Chapelle de la Ste-Croix. La corporation des Armuriers en avait autrefois la jouissance et la proprieic, et s’etait placee sous I’invocation de St-Eloy. Depuis la dissolution de ce corps, cette chapelle devint la propriete de I’eglise. ^ Un tableau de Maes, representant la decouverte de la Ste-Croix par Sainte-Helene, ornait autrefois I’autel de cette chapelle. Ce tableau se trouve encore dans I’eglise. Aujourd’hui ce meme autel est surmonte d’un paysage mediocre sous le rapport de I’execution. Mais au-dessous de ce tableau, Toeil rencontre avec plaisir deux petites toiles peintes avec un grand talent par Antoine Claeyssens : elles representent le Sauveur et sa divine Mere. On voit encore dans cette chapelle les tableaux suivants : Vne fuite en ^gypte, par Jacques Van Oost. C’est une des plus belles compositions de ce maitre. Elle est remarquable par la grace de la composition et la vigtieur du coloris. Ce beau tableau a etc donne a I’eglisc cn 1832parM. Van Hoppe, quitenaita Bruges/’/7dfe/de/'Oars d’Or, a la condition qu’a sa mort et a celle de son epouse quelques messes seraient celebrees pour le repos de son anie. Un tableau a Irois coitiparliments, par Louis de Deyster. Trois scenes de la Passion y sonl representees, et elles le sont avec un talent remarquable. Deux toiles de iiioyenne dimension, representant le Saiweiir et la sainte Fierge Marie. L’air de grandeur surhumaine repandu sur ces deux belles figures revelent de la part de I’artiste un grand talent d’ir.spiralion, qui rappelle le peintre italien Sasso Ferrato. Apres avoir ete longtemps caches entrc les stalles du choenr et le premier confessionnal de la nef du Nord, ils furent enfin fortuitement decou- verts par I’un des employes de I’eglise. M. le Marguillier Vermeire les fit convenablernent restaurer a ses propres frais, et placer dans la susdite cliapelle. Nous avons dit plus haut quo la corporation des Armuriers avait eu autrefois la propriete do cette chapelle; ajoutons ici que la Con- freric de la Ste-Croix, y fut erigee par I’eveque Denys Christopliori par lettres episcopales du IS Mars 1320. 5° Chapelle du St-Sacrement. Plusieurs sculptures ornent I’autel de cette chapelle; niais elles n’oRt rien qui puisse arreler I’attention. II n’en est pas de menie de trois tableaux points par Pierre Pourbus. Celui du milieu represente la Cine. Ceux des cotes representent Tun Abraham et Melchisedech, Tautre et I’Ange sous le Genevrier. Ces trois pieces sont pcintes avec la vigueur et la decision qui caracterisaient Pourbus; elles for- maient autrefois un diptyque. Deri'iere les volets on remarque plu¬ sieurs portraits. A ce tableau il faut en ajouter plusieurs autres qui ne sont pas sans merite. Nous citerons entr’autres quatre petites compositions d’une date ancicnne i)rovenantderabbaye d’Audeghern, et qui furent offerles en don a I’eglise parRl. Van llucrne. Les sujets sont : La distribution de It'' — 157 — la marine celeste, les disciples d'Emmaus, David dansant decant I’Jrcho Sainte, el la deniiere cene du Sauveur. On y remarqiie aussi deux toiles de Van Orley, dont I'line offre la Madeleine chez le Phartsien, I’autre les Noces de Cana. Ils coinpletent la collection des huit tableaux qui servirent de modeles pour les tapis dont il a ete question dans le chapitre de St-Donat. Nous ajouterons a toutes ces richesses quatre bas-reliefs en marbre, representant divers oiseaux symboliques, une cigogne, un aigle exposant son aiglon au soleil, un pelican, et une poule abritant ses pelits sous ses ailes; et enfin un banc de communion en bois , sculpte avec une certaine elegance en 1708. On remarciuait aussi jadis dans cette chapclie deux vitraux colories. A quelle cpoque la confrerie du St-Sacreraent a-t-ellc etc erigoe dans cette cbapelle? G’est ce qui n’est mentionne nulle part. — Nous dirons seulement qu’une vieille charte du 29 Mai 1524 contient le reglernent de cette association religieuse, arrete par le doyen et les mcmbres du serment. 4° Cbapelle de Notre Dame des Sept Douleurs. En 1482, le Corate de Flandre, Philippe-le-Reaii, fit construire une petite cbapelle en fbonneur des sept douleurs de la Viergc, et y erigca une confrerie de sept membres qu’il choisit parmi les families les plus notables. Le bailly en chef de la commune en etait de droit president, el il devait etre considere corame le reprfeentant du Comte dans les differentes ceremonies religieuses qui avaient lieu dans I’eglise de St-Sauveur. Cette confrerie, qui existe encore aujourd’bui, suit toujours les memes dispositions reglementaires. On celebre, comme autrefois, lasolennite qui est specialement con- sacree a cette devotion. Elle commence le Vendredi qui precede le Diniancbe des Rameaux, et on la cloture ce Dimanche memepar la celebre procession connue sous le nom de procession des Rameaux. Lorsque, en 1515, on eut construit les cinq chapelles qui se succe- dent dans le pourtour du sanctuairc, la confrerie s’installa dans I’une d’elles, qui fut consacrce a cette devotion. Cost elle qui lit placer a ses frais rautcl qui s’y trouve aujourd’liui, 158 — et qui, parnii ses divers orncinenls, et les differenics statues qui le ddeorent, nioiilre avec orgueil dans une iiiclie une statue de Notre Dame des Sept Douleurs, entouree de sept mcdaillons qui figurent les sept scenes douloureuses de la passion; ces peintures sont de Francois Franck. On y admire aussi une Mater dolorosa sur panneau a fond d’or. Ce tableau provient de I’ancien couvent des RR. PP. Augustins, qui en faisaient le plus grand cas. Puis, un portrait de Philippe-le-Beau, fondateur de cette chapelle, par Hugo Vander Goes. Le cadre de ce ])ortrait est remarquable pour ses sculptures. qui representent dh'crs instruments de guerre. Enfln, deux compositions de J. Van Oost, Tune dont le sujet est le Christ montrant les instruments de sa Passion d sa Mere; I’autre les demiers adieux dii Christ d sa Mere avant le drame de la Passion. La confrerie de Notre Dame fit encore construire a ses propres frais autour du cimetiere de St-Sauveur sept petites chapelles ou stations, chacune avec deux piliers et une grille pour cloture. Dans chacune de ces chapelles etait expose un tableau, representant Tune des Sept Douleurs mysterieuses. Ces compositions etaient dues au pinceau du peintre Brugeois Jacques De Smidt. Toutes ces chapelles furent demolies et les materiaux vendus, lors de la grande revolution Fran(jaise, et quant aux piliers, on pent en retrouver plusieurs a I’ecole Bogaerde. C’est un don que M. Van Huerne fit a cette ecole. On ne saurait croire I’eclat et la renommee dont jouit pendant longteraps cette confrerie de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Pour s’en convaincre, il suffitdeparcourir les listes generales des confreres. On y verra des noms de Rois, de Princes, de Cardinaux, d’Eveques, qui tous se trouverent honores d’y etre affilies. II y eut un instant de refroidissement dans ce zele, pendant les troubles politiques, que la reforme excita dans le pays vers la fin du XVF sitele. Mais une illustre princesse veillait sur des interets si chers : e’etait la gouvernante des Pays-Bas, Isabelle-Clalre-Eugenie. Enfin, par lettres patentes delivrees a Bruxelles, le 24 septembre 1625 , au nom de Philippe IV, roi d’Espagne et des Pays-Bas, avec — ^59 -- 1 approbation de Monseigneur Denys Christophori, eveque de Bruges, cette confrerie fut solennellement reinstallee. Le Saint Siege daigna meme la favoriser d’une maniere toute speciale, comme on peut le voir dans une bulle d’Innocent X, datee du 26 fevrier 1646, dans une de Benoit XIII, et dans celle que Clement XII accorda en 17o4. A partir de 1496, les fripiers firent aussi usage de cette chapelle. Its avaient precedemment occupe la chapelle de St-Nicolas , dans la rue St-Amand. Saint-Nicolas etait en effet leur patron. S° Chapelle de Notre-Daiiie de Lorette, antrement designee sous le noin de Chapelle des Remains. L’autel est de marbres de diverses couleurs ; on y remarque plusieurs statuettes et des ornements d’une grande variete. C’est un don de M. Damhouder. Le tableau qui le decore est du peintre A. Janssens. !1 y a dans cette chapelle cinq autres tableaux parmi lesquels trois paysages, une image de la Vierge honoree dans la celebre commune de Hal, et une bataille peinte par Minderhout. On y voit aussi un tombeau eleve en I’lionneur de Monseigneur ^ Jean Caimo. Au dessus de ce mausolee se trouve la statue de la Douleur, en larmes. Nous en avons parle dans le chapitre de Saint- Donat. Los corporations qui faisaient usage de cette chapelle etaient, celle des Vanniers, placee sous I’invocation de I’Assomption de la Vierge, et celle qu’on designait sous le nom de Lme-Kleeder-Wevers. Chaque annee, on celebrait solennellement dans cette chapelle la fete de VJnnonciation. Une belle procession avait lieu dans cette cir- constance ; on I’appelait Procession des Romahis, et Ton y deployait line magnificence incroyable. Tons ceux qui avaient fait le pelerinage de Rome y assistaient, et Ton y vit plusieurs annees de suite deux femmes qui avaient fait ce voyage, et qui suivaient le sacre cortege avec un recueillement tout particulier. 6 ° Chapelle du Saint Nom de Jesus. Elle touchait, d’un cote a la sacristie, de I’autre a la Chapelle des - 100 — Fabricanls de has. On Tappelait encore Chapclie dcs Plombicrs, parce c;ue cette corporation cn avail pins parlicnlicrement I’usage. C’etait do lonles les chapcllcs de St-Sauveur cede qui presentait Ic pins d’ornemenis et de richcsses. On y voit aujourd’hui : 1° une statue de la Vierge avec I’enfant Jesus, donl on a parle dernierement dans le chapitre de St-Donat; 2° une epitapbe de M. Rapacrt, avec scsarmcs, et huit qiiartiers des families avec lesquelles il avail con- tracte alliance; on y voyait de plus autrefois 1° une statue de I'enfant Jesus; 2° quatrc chandeliers, des branches, des fleurs et divers autres objets, le tout en argent. Le tableau de I’autel etait celui qu’on voit aujonrd’hiii dans la chapelle de St-Daniel; il representeI’Enfant Jesus, tenant en main la sphere symbolique du nionde. 7° Chapelle de I’Assomplion de la Vierge. — Autel de marbre. — Une Assornption de la Vierge, par Maes. — La Corporation des Couvreurs en avail obtenu I’usage et y faisait celebrer I’office divin. 8 " Autel de St-Wulfrand. Il etait silue enlre la nef de droite et la Chapelle des Fabricants de has. Nous avons vu plus haul qu’en fondant cette eglise, St-Eloy la dedia a la Sle-Vierge et a St-WuIfrand. Ce dernier fut toujours ho- nore dans cette eglise, et I’autel, dont nous parlons, lui fut dedie jusqu’en 1679. C’est alors, conirae nous I’avons rapporte, qu’eut lieu la demolition du jube, sous lequel etait placee la chapelle de St- Eloy. La chapelle suivit le sort du jube, et c’est depuis lors que rautcl dont nous nous occupons ici cst consacre a Sl-Eloy. Parmi les ornements qu’il offre aux curieux, nous citerons un tableau, tres-beau de dessin et do composition, mais froid de cou- leur. Il represente le sacre de St-Eloy comme Eveque de Noyon, et il est de Martin De Vos. Les potiers d’etaln faisaient usage de cette chapelle. Des I’annee 1374 ils y honoraient leur patronne Ste-Genevieve. Plus tard ils se placerent sous Tin vocation de la Presentation de Marie. V' On y voit un banc de hois, sculpte d’nne maniere tout a fait originale, etqui appartenait jadis a la confrerie de St-Eloy, dile des Cavalcadours. II y fut place cn 1696, et comme cet autel avail ete — 161 mis a ia disposition dc ccllc confrcric, eilc y faisait celobrer Ic ser¬ vice divin. 9“ Chapelle des Fabricants de bas (Koussescheppers). En 1314, la fabrique de Sl-Sauvenr autorisa la Corporation des tabricants de bas a construire line chapelle siir Ic terrain attcnanta la nef meridionale de cette eglisc. L’annee suivanfe, lors de rentier acheveinent de la construction, elle y assista pour la premiere fois au service divin ; c’etait le 12 Fevrier 1515. Cette corporation faisait anterieurement usage d’une chapelledans I’eglise des Freres-Mineurs, et nous I’y voyons deja en 1454. Les fabricants de bas ne tarderent pas, vu leur petit nombre, a abandonner leur chapelle, et c’est alors que la fabrique de Sainl- Sauveur en fit la cession a la confrerie de Ste-Barbe. Comme nous I’avons vu plus haut, cette confrerie de Ste-Barbe, qui n’en faisait plus qu’une avec cclle de Ste-Catlicrine, avait sa chapelle sous le jube, aujoiird’hui demoli. Quanta la Confrerie de Ste-Calherine, elle etait beaucoup plus ancienne que cellc qu’elle s’etait associee, puisque, dans un acte passe en 1327, pardcvant les Echcvins dc Bi niges, il est fait mention d’une donation en faveur de la Confrerie de Ste-Catherine instilueea St-Sauveur, donation faite par Jacipics Vander Straete, et qui consistait en line obligation annuelle de 20 escalins, 2 deniers sur plusieurs maisons situees en cette ville. Lorsque, en 1584, la Confrerie de Ste-Barbe se fondit dans celle de Ste-Calherine, eltes se servirent de la chapelle en question jusqu’au moment on elle dut disparaitre en 1679 avec I’ancien jube. C’est alors que les deux Confrcries reunies oblinrent I’usage de la Chapelle des Tondeurs conjointement avec cette derniere corpora¬ tion. Mais celle-ci leur suscita tant de tracasseries, qu’elles durent solliciter et finirent par obtenir dc la fabrique I’usage de la chapelle des fabricants debas, el elles s’y trouvent encore aujourd’hui. Passons en revue les objets d’art de cette Chapelle. Une sculpture sur hois avec couleiirs et dorure. Le sujet est le sacre d’un eveqtte. 1/ 21 1C2 — Le tableau qui orne I’autel est le martyrc de Ste-Barbe, peint par Cels en 1809. Cette toile manque de vigueur; mais la composition est pleine de noblesse, et le dessin atteste I’ansterite un pen seche \/ de I’ecole de I’empire. Un vieux bas-relief orne la table de I’autel. Les autres tableaux sent : Un panneau representant le Christ attaclie a la croix : C’est un don genereux de M. J. Vermeire. Un tableau a volets dont le sujet est la Circoncision. — On y voit le portrait du donatcur. — L’eglise doit ce tableau a la munificence de M. Van fluerne. Une belle composition de Lancelot Blondeel : la Vierge et I’Enfant Jesus se trouvent cntrc St-Eloy et St-Luc. Sur la partie inferieure on voit deux ecussons. Une collection de sept petits tableaux, qui autrefois etaient places au-dessus des stalles des Maitres des pauvres et representent les oeuvres de misericorde. Ce sont de vrais bijoux, dont trois ont etc peints par J. Van Oost, et les autres par Vanden Kerkhove. Un St-Jerome dans le desert, peint sur panneau par Ryckx en 1044; enfin plusieurs autres tableaux a volets, qu’il serait trop long d’enumerer ici. Ajoutons a ces ricliesses, un joli banc de communion en bois, tout charge de sculptures, qui se Irouvait autrefois dans la chapelle de N. D. de Lorette, et qui appartenait a la Confrerie des Remains. V" Cette chapelle se ferine, an inoyen d’une porte elegante, a balustres, qui fut jadis executee aux frais des fabricants de bas. 10" Chapelle de Ste-Agathe. Elle est situee au sud de la grande nef de I’eglise et appartient a la confrerie des Fleuristcs. L’autel y est orne d’un joli tableau par J.Maes, et qui represente Ste-Agathe, Ste-Dorothee, et autres saints personnagcs. Autrefois cette association pouvait chaque annee dis¬ poser , pendant quelqucs jours, de la chambre des Marguilliers pour des expositions de fleurs : Ce privilege lui fut enleve en 1806. Chapelle de St-Silvestre. La corporation des porteurs de chaux , qui honorait ce saint pour i63 — patron, faisait usage de celtc Chapelle. Le tableau, qu’on voit a I’autcl, est de J. Maes; le sujet est I’Empereur Constantin recevant le bapteme des mains de St-Silvestre. Le coloris en est plein d’eclat et le dessin d’une grande correction. Outre ce tableau , il en est deux autres qu’il faut citer. L’un reprc- scnte le martyre de St-IIippolyte, peint sur panneau par J. Mem- ling. C’est line piece d’un grand prix, et dont tous les details sent executes avec le soin qui caracterise ce maitre. L’autre est un dip- tyque dont les sujets sont ; Jesws porlanl sa croix. — Le Christ crucifie. — Le corps inanime du Sauveur sur les genoux de sa Sainte Mere. Autrefois la cloture de cette Chapelle etait une elegante balustrade sur laquelle on remarquait quatre vasesdeboisparfaitement sculptes. Une partie de cette balustrade decore aiijourd’hui le Maitre-Autel dans les grandes solennites. On a cru devoir lui donncr plus d’eclat cn I’argentant. Chapelle de Job. Elle etait autrefois dcdiee a St-Laurent; et elle etait primitive- ment a I’usage de la corporation des faiseurs de chaise, dont le patron etait St-Nicoias. IIs I’abandonnerent en 15G9 pour s’installer dans celle qui etait dediee a St-Jacques. On y voit un tableau de Ilerregoudts, peintre brugeois. II represente Job sur la paille, au moment ou sa femme parait lui reprocher sa misere. On y voit encore une autre composition tres ancienne, peinte sur bois par Schorcel, et dont le sujet est la mart de la Sle-Vlerge. Les fabricants de futaine faisaient usage de cette chapelle pour ^ le service divin. Mais ils n’en avaient jamais eu la propricte. Chapelle de St-Jacques. On la nommait aussi chapelle des Mesureurs de drap. Elle fut batie au sud de la tour en 1360 par les soins d’un certain Wautier de Hont et avec I’autorisation de la fabrique de St-Sauveur; elle fut dediee a St-Jacques le majeur, patron de cette corporation , qui sc coniposait des employes et des ouvriers de la Ilalle aux draps. L’entree de cette chapelle sc trouvait sous la tour de I’eglisc. L’in- — 1C4 — terieur en etait ornc avcc beaucoiip de luxe. On y voyait un aulel richeinent garni et un jube. Apres la dissolution de cetle corporation , cetle chapelle cessa d’etre frequentee et en t757 , on la niit a la disposition dcs margiiil- liers qui y etablirent leur cliambre de conseil. Ils firent en meme temps supprimer I’cntree primitive, pour la placer la oii elle se trouve maintenant. Un beau tableau representant les •predications de St-Jacques ornait I’antel de cettc chapelle. II appartenait a la corporation precitee, et on Ic voit encore aiijourd'hui dans la chambre dont nous venons de parlor. Chaire de Ferite. Ce morceau de sculpture n’offre rien de remar- quable quo sa richessc; nous dirons meme qu’il est dii plus mauvais gout, ct qu’il fait un contraste deplorable avec le style magnifique du vastc edifice ou il se trouve place. II suffit d’y jeter un coup-d’oeil, pour y reconnaitre i’influence fatale du dix-huitieme siecle. Aussi, les homines admits cl intelligents, qui ont concouru a cetle ceuvre, n’ont fait que suivre rimpulsion de I’epoque et sous ce rapport ils ont etc consciencicux. C’est en 1702, quo la fabrique de St-Sauveur decida la construc¬ tion de cetle chaire. Plusieurs plans et dessins Itii furent sourais. Nous citerons entr’autres celui du sculpteur Pepers, qui representait line chaire formee dans le tronc d’un arhre, dont les branches claient disjiosecs avec heaucoup d’art, le tout de marbre blanc. Quelquc ingenieuse que fut cette idee, on Ini prefera celle de I’architccte Pulincx, qui n’a ni grace ni grandeur. La cuve repose sur line piece de charpenle de forme cylindrique; deux lourdes colonncs souliennent le dome ou abat-voix, ou paraissent divers cmblcmes de I’ancien cl du nouveau testament. Deux autres colonnes plus petites, avec entrelacemcnl de fcuillages en rinceaux, soutien- nent aussi la parlic supericurc; c’est I’oeuvrc du sculpteur Lessue, Les ornomenls son! lout entiers de cuivre. L’escalier est double et .a baliistrcs on for baltu, mais peu rcniarquablc sous tons les rapports. Chacune dcs quatre faces do la — J C j Clive est ornee d’un medallion en marbre blanc reprcsentant Tun des quatre Evangelistes; ces medallions sont sculptfe par le fameiix Van Poucke de Dixnnide. Sous la chaire on volt la statue de St-Eloy, grandeur naturelle. Elle est de marbre blanc et sculpteepar Laurent TaminedeBruxelles. Aux pleds du saint se trouvent une crosse et une chasse en marbre, avec ornements de culvre dore. La balustrade qul entoure cette statue est en fer et I’ouvrage du sleur Klnsoen, pere du celebre pelntre Brugeols de cc nom. Chacune des pieces de la chaire fut entreprlse et travalllee separc- ment. — La partle superleureparle nomine Salieris,—la chaire pro- premcnt dlte par Lombacrt, — I'escaller par Salmon, — les colonnes par Van Calllle, — les ouvrages en culvre et la ferrure par Caspar Anlckx et la dorure par Bote. Void comment sc rcpartirent les frais de cette entreprlse : Pour livraison de bois, sculpture et ferronncrie, liv. de gros. 2986 13 4 Pour la statue de St-Eloy. 393 8 4 li2 Pour la crosse et la chasse.219 0 0 Pour les quatre medallions,. 163 6 8 All sleur Pulincx pour dessin et surveillance. 116 13 4 Total. . . 388(i 1 8 li2 Ce fut le 1" Decembre de I’annee 1779, que le premier sermon ^ fut preche dans cette chaire; I'orateur etait Monseigneur I’eveque Felix Guillaume Brenaert. Nos lecteurs seront peut-etre cliarmes d’apprcndre que la chaire qui fut remplacee par cede dont nous venous de donner la descrip¬ tion, lui etait bien inferieure sous le rapport de la richesse, et ne la valait pas sous le rapport de I’art. Elle datait de 1620 et elle avait ete executee par Jean Janssens-De Vos qui avait rccu de ce chef 110 liv. de gros. — Elle s’appuyait sur trois figures oii statues, repre- sentant les ti’ois Verius theologales, et, quant a la partle superieure — ICG — elle elait siirmonlee de la statue de St-Eloy, grandeur naturelle. Divers autrcs ornenients se joignaient a ces sculptures capitales. Dans cctte menie nef principale ou se trouve la chaire, il faut admirer les statues des douze Apofres, traitees avec talent et vigueur. Nous crayons devoir ajouler ici quelques faits historiques relatifs a I’eglisc de St-Sauvcur; c’est en effet le meilleur moyen d’interesser le lecteur, que de ne rien ometlre de ce qu’il a droit d’attendre. D’abord, nous mentionnerons deux jubiles, dont I’un fut celebre en 1765 en rhonneur de St-Eloy, eveque de Noyon, patron de la paroisse; c’etait un jubile de 1100 ans. — L’autre eut lieu en 1813, et on le celebra avec plus d’eclat encore en I’lionneur du memo ^aint. Les autres evenenients, que nous avons a relater, sont des vols considerables qui eurent lieu dans cette eglisedans le cours du meme siecle. En 1700, I’aide du sacristain s’aper^ut que la clef du tabernacle n’avait pas ete retiree comme d’habitude. C’etait pour I’ame cupide de cc malheureux line tentation trop forte, a laquelle il ne put rcsis- ter; et, foulant aux pieds toute crainte et tout scrupule, il concut I’idee du plus horrible sacrilege. Il ouvrit done le tabernacle, ct s’einpara du vase sacre qui renferniait environ qualre cents hoslies consacrees. Il sc rendit alors dans un estaminet situe dans la partie oucst de la place qui porle aujourd’hui lenom de Simon Slevin, esta- minetquiportait renseigneduC/ieea/iStoic. Lailconsommalesacrilege en jetant les hosties dans les lieux d’aisance. Un pared crime no fut pas longlemps cache; le coupable fut decouvert et arrele; et le 2G join , ayant ete conduit sur la place publiciue, il eut les deux poings coupes, et son corps fut livre au bucher. Quant a la maison, ou le sacrilege avail eu lieu, elle fut demolie et rasee de fond en comble, et sur son emplacement on eleva une chapelle dont nous parlcrons dans une autre partie de cet ouvrage. De pareils attentats etaient assez rares a Tepoque dont nous parlons, pour allircr, sur la tete du coupable, toutes les colcres d’unc cite et touleslcs vengeances des tribunaux; mais en moins d’tin siecle, les — 167 choses changerent bieii de face , tant il est vrai qu’une fois livre a scs instincts grossiers, le peuple ne respecle plus rien et foule aux picds ce qu’il adorait la veille. C’est de 1793 a 1796 surtout, que ces vols sacrileges se repeterent le plus souvent, et, chose remarquable, ce fnt encore un aide-sacristain qui s’en rendit coupable. Favorise par les circonstances, et sur de rimpunite dans ces temps d’orage rcvolu- tionnaire, ou la loi etait muette, il parvint a soustraire les divers objets dont voici la lisle : 1“ Une couronne d’argent de grande valeur placee an dessus du tabernacle. 2° Un Christ d’argent, depose dans la chapellc des cordonniers. 5“ Une couronne d’argent, du plus grand prix, placee au dessus de I’imagc du Christ dans la chapclle de la croix. 4“ Diverses plaques d’argent attachees a la chasse de St-Lievin. S° Deux couronnes d’argent avec un petit sceptre de la meme matiere, le tout dans la chapelle de Notre-Dame de Lorette. 6° Les franges d’argent qui ornaient le trone dresse dans le sanc- tuaire de la chapelle du St-Sacreinent. 7° Iluit aunes de frange d’or, qui garnissaieut la banniere d’une confrerie. 8° Deux branches en cuivre places de chaque cote du tabernacle. 9“ Plusieurs branches de lustre, en cuivre. 10" Deux candelabres de cuivre, qui sc trouvaient a I’autel des Ouvriers Cordonniers. 11° Deux candelabres places sur le jube. 12" Deux candelabres provenant de la balustrade de la chapelle de St-Joseph. 13" Tons les depots que la piete avail fails dans les divers troncs de I’eglise. 14° Les troncs eux-memes detaches et emportes. 15" Quelques nappes d’autel. — ^C8 — 1G“ Deux revetcments on garnilures d'aulel ilu plus grand prix. Ce vol eut lieu dans la cliapelle du St-Scpulcre. 17° Un riche tapis et deux coussins. 18° Une nappe de la table dc communion. 19° Trois chaises. Passons mainlenant a I’inventaire des tableaux et objels d’arts que renferme la cathcdrale de St-Sauveur. 1° Un diptyque, par Claeyssens, et provenant de I’abbayc de rEcckhoutte. Le sujet est un Ecce Homo. Sur I’un des panneaux sc trouve la figure de St-Jean ; sur I’autre le portrait de Jean Montanus, abbc de TEeckhoutte. 2° Un tableau provenant de I’ancienne Chapelle des Bouchers; c’etait line Adoration des Mages, qui appartenait a cette corporation. 5° Un diplyque, par Claeyssens, provenant dc feglise dc St-Donat. Nous en avons parle dans finventairc des objets rcnfermes dans cette derniere eglise. 4° L’Installation de la Devotion du Rosaire, par Nicolas De Liemaeker. Ce tableau ornait jadis le maitre-autel de feglise des Freres-Mineurs. S° Une Resurrection du Christ, dont nous avons parle dans le cha- pitre de St-Donat. 6° Une belle composition de Van Cost, qui vient de I’abbaye de St-Trond. C’est une dcscente du St-Esprit sur Ics Apotres et sur la Ste-Vierge. Le peinlre s’est represente dans ce tableau avec son fils et sa title. 7° Une toile d’un grand merite, qui provient de feglise des Au¬ gustins. Le sujet est VAssomption de la Ste-Fierge. 8° Un tableau representant St-Augustin meditant sur le mysteiede la Ste-Trinile. 9" Saint-Augustin lavant les pieds du Sauveur des homines. Ce tableau provient, comme le precedent, de feglise des RR. PP. Augustins et tons deux avaient etc points par Erasme Quillyn. — i69 — Un miracle de St-Jntoine dc Padonc, rcprescntant un midcl s’agc- nouillant devant le St-Sacrement. H° L’lmtallation de la devotion du Scapulaire. — Auteur Erasmc Quilljn. / IS" St-Charles Borromee distribuant la Ste-Eucharistie aux pestiferes, copie d’apres Bakereel, par Garemyn. X/' -13'' Jesus Crucifie, peinl par Jean Van Heeck. Pres de la croix, la Fievcje, St-Jean, et un pere Recollet. Ce tableau venait du convent do cel ordre. J4 Unit tapis d apres les tableaux de Van Orley, qui ne manquent pas d line certaine fougue de composition. Nous renvoyons pour ce sujet au cbapitre de St-Donat. 15" Un haut-relief d’une bonne execution, rcpresentant cinq scenes de la Passion de J.-C. — Sur les panneaux de celte composition, on voit encore une descente de la croix. Nous renvoyons de nouveau a I’egliso de St-Donat. 16° L’arbre genealogique de Ste-Jmie, cn haul-relief, avec rehauts d’or et de couleurs. Ces deux pieces rappellenl les plus beaux ouvrages de ce genre que nous ail laisses le moyen age. V 17" Un bas-relief en cuivre dore, rcpresentant une descente de croix, avec plusieurs figures. La ville de Jerusalem se montre a I’horizon. Tels sont les principaux objets d’art renfermes dans cetle eglise; les tableaux, comme on le voit, y jouent le plus grand role; mais, outre ceux que nous venons d’enumerer, il en est d’autres assez remarquables dans la chambre des Marguilliers, les void : 1" Un dyplique, d’une epoque reculee, qui appartenait jadis a la corporation des Tanneurs. — Surle panneau du milieu, le Christen croix. — Sur les deux autres Ste-Catherine et Ste-Barbe. >1. Vermeire, qui I’achcta dans une vente publique, en fit cadeau a I’eglise. 22 li,- 2" Un autre dyptique, representant unc missance, un bapteme, im manage. 3° Un tableau representant d’un cote St-Eloy, et de I’autre le^ Momoyeurs presides par leur doyen, Cette toile servait autrefois deten- dard a cette corporation. 4° Deux peintures sur medaillons, avec entourage de guirlandes. L’un de ces medaillons represente la Fierge, et I’autre une Jnnon- ciation. 5° Un interieur de I’eglise de St-Sauveur au XVIP siecle. G° Portrait de M. Leonard Neyts, chanoine de la cathedrale de St-Donat, qui fonda plusieurs bourses en faveur des enfants de choeur, dits Refectionaux. — Cette peinture estde Pourbus. 7“ Le portrait de M. le cure Van Kocquelaere, decede en 1817, a Page de 71 ans. Nous pourrions ajouter a tons ces produifs des arts I’enumera- tion d’une foule d’autres objets moins precieux; mais il faut nous bonier. Voici maintenant tes mausolees, tombeaux, pierres sepulcrales, cuivres tumulaires, qu’on rencontre dans 1 interieur de notre catlie- drale. 1° Le monument en marbre de Messire Aybert Joseph Van Huerne, Seigneur de Schiervelde, etc. Seize blasons sent ranges autour de ce mausolee. 2° Un raagnifique monument en marbre avec statuettes d’albatre. Les defunts y sent represenles en relief, avec leurs patrons a leurs cotes. C’est le tombeau de Messire Jean de Schietere, decede en 1375, et de son epouse, dame Catherine de Damhouder. Ce mausolee fut eleve en 1377, par Gilles de Witte et couta liv. de gr. 32-00-00. 3" Une epitaphe avec festons, guirlandes et autres ornements accessoires, avec inscription et rehauts d’or et de couleurs. Dans la partie inferieure, on voit agenouillfe devant une croix Jean Lernutius et son epouse. Leurs enfants sont derriere eux. — 171 1/ 4“ Un monument en marbre blanc et noir, erige a la memoire de M. Francois dHerts, decede en 1628, et de son epouse, dame Marie Breydel. Une niche se trouve dans la partie superieure et ren- ferme une statuette de la Vierge, copie assez heureusement reduite de la Vierge de Michel-Ange, qui se trouve a I’eglise de Notre-Dame. Le dessin en est toutefois incorrect et un peu lourd. S” Une epitaphe en marbre, avec 8 blasons ranges a I’entour. — Au milieu une plaque de cuivre avec les armes de messire Charles Rapaert, decede en 1680, et de son epouse dame Catherine Beuvet. 6 Une pierre tumulaire, revetue d’une plaque de cuivre avec deux figures. — C’est le tombeau de M. Colard Cortschooft, decede en lo68 et de sa femme dame Catherine Vaelponts. Aux quatre coins se trouvaient autrefois les armes de cette famille. 7“ Une autre pierre avec une seule figure, sur le tombeau de Wautier Coopman, decede en 1387. 8“ Une id. avec figures, armoiries et qui porte les noms de Jos. i / 3/ De Muntere, decede en 1419 et de son epouse dame Jacquemine Van der Brugghe. u 9" Une id. Une figure representant un personnage tout equipe. \/ — File couvre la depouille mortelle de M. Martin, seigneur de La Chapelle, decede en 14S2. 10° Une id. figures 4 blasons. On y voit le nom de M. Bernard Priem, decede en 1463, et de son epouse dame Gudule Van der Beursse. 11° Id. Avec la figure de Robert de Brune, decede en 1475. 12° Id.Une figure de pretre, avec le nom de M. Jean Pipe, decede en 1482. 13° Id. Un professeur est represente assis au milieu de ses eleves — bonne execution. Cette pierre couvrait les restes mortels de M. Jacques Schilewaerts, docteur en theologie, decede en 1483. J4“ Id. Une figure d’honiinc foul equipee et celle d’une femme. — Tombeaii de M. le chevalier Jean De Vleeschouwer, decede en 1482, el de son epouse dame Barbe De Witte. Ils avaient ete les bienfaiteurs de I’eglise. IS” Id. Plusieurs figures, inscriptions. — Date, 1S08. 16" Le marbre tumulaire de Jean de Liedekerke, decede en 1518, et de son epouse Jeanne de La Douve. — Sur la pierre, un cuivre avec figures et blasons. 17” Une pierre tumulaire de M. Jean Vanden Hecke, decede en 1519, et de son epouse dame Marguerite dc Landas. — Armoiries. 18" Id. de M. Jacques Van den Bergh, decede en 1529, et de son epouse dame Adrienne Van der Gracht. 19" Id. Avec figures d’homme el de femme. — Tombeau de Jacques Van Stakenburg, et de son epouse, decede en 1573. 20" Deux pierres du XIV" siccle, Tune de M. Pierre de Bil, et de son epouse dame Madeleine Noblets; I’aulre de la demoiselle Isabelle Van Doornc. 21° Une petite pierre carree sur laquelle sent graves quatre enfants emmaillotes. C’est un don fait a I’eglise pour rappeler un accouchement extraordinaire de quali’e enfants, qui eut lieu dans celle ville en 1578. Outre ces div'ers monuments funcraires, il existe encore dans celte eglise plusieurs pierres avec plaques de cuivre, dontquelques-unes appartiennent a la famille de Boodt. II en est une entr autres, el c est la plus remarquable, oii une figure d’Ange tient suspendues par un ruban les armes de celte famille. C’est avec ce sentiment de plaisir si doux qu’inspire toute creation artistique vraiment digne d’attention, que nous mentionnerons ici une oeuvre de M. Michie's, qui, sans appartenir a la calhedrale, en complete cependant la richesse. C’est un lustre de bois sculpte avec une rare perfection, et qui rappelle les plus beaux ouvrages de la bonne epoque. 11 a douzc pieds de hauteur, sur quarante-deux pieds — 173 — de circonference. II se compose de dix-huit branches rangecs, six par six, les unes au-dessus des autres. Une fonle d’ornements du meilleur gout donnent a I’ensemble une grace et une harmonic remarquablcs. Ici finit la descriplion du plus riche et du plus vaste monument que renferme la ville de Bruges. En parcourant avcc nous cette vaste basilique, le lectcur a sans doute reporte avec interet sa pensee dans ces vieux ages oii la foi laissait dans chaque pierre des traces touchantes de son passage. CIIAPITRE LVIII. Kgllsc dc lVotrc«Daiii«. St-Boniface appartenait a cettc race d’hommes d’elite qui, a I’epoque oii le sol de I’Occident avail ete fortement remue par les invasions, parconrut, an milieu de tous les dangers, ces regions bouleversees, pour y semer la doctrine de J.-C. Bien que ses travaux apostoliques aient eu specialement I’AIlemagne pour theatre, il n’en repandit pas moins en d’autres lieux la semence de ses paroles, et e’est dans une de ces courses evangeliques, oii, porte par I’Esprit de Dieu, il evangelisait les peuplades encore a demi-sauvages, qu’il passa pres de Bruges et fonda, non loin de cette ville, dans le domaine seigneurial de Sysseele, une chapelle qu’il dfeigna sous le nom de Notre-Dame au bord du canal, Onze-Lieve-Frouwe ter Reyen, pour la distinguer de la chapelle batie par Liederick de Buck et dediee a la Ste-Vierge-Maric, ainsi que de la chapelle construite par St-Eloy et consacrce parjui a Notre-Dame et a St-Wulfrand. Au reste, le nouveau sacellum s’elevait en effet sur un canal, qui fut enclave dans la ville en 909, lors de I’agrandissement de cette derniere. Quoi qu’il en soil, on appelait communement cette chapelle 6glise de St-Boniface, et apres sa mort, ce saint personnage enfutconsidere comme le patron. En 1116, un affreux incendie desole la ville de Bruges, et porte ses ravages dans la chapelle de St-Boniface. Mais bienlot les travaux 173 — de reconstruction ont commence. Tout I’edifice ne s’etait jusqu’alors compose quc du climur. Ce choeur fut bientot restaure. Commences en 1119, les travanx etaient acheves en 1120, gr&ce a I’intervention tonte puissante de Charles-le-Bon, XIV° Comte de Flandre. On entreprit ensuite la construction des sous-ailes on bas-cotes, et les paroissiens firent tons les sacrifices pecuniaires necessites par cette entreprise. Autre agrandissement en 1180. Toute la partie interieure, c’est- a-dire, les trois nets qui precedent le choeur furent commencees alors. L’ensemble etait termine en 1183, et les frais furent payes par dame Gertrude, veuve de Rodolphe, Chatelain de Flandre. C’est depuis lors que I’eglise a abandonee son nom de Boniface pour prendre celui de Notre-Dame : c’est ce qui appert des lettres de sa Grandeur Everard, eveque de Tournai, donnees en 1183. Un nouvel agrandissement eut lieu dans le et dans le XV' siecle. II comprit deux sous-ailes, connues sous le nom de nef du St-Sacrement et nef de la Ste-Croix. Le 21 Avril 1762, M. Jean Van der Stricht, prevot de cette eglise, posa la premiere pierre de la voute qui couvre la nef princi- pale. Pour perpetuer le souvenir de cet evenement, il y fit placer ses armoiries: mais jalouse de cette espece d’usurpation, la popula¬ tion de la paroisse fit inscrire ces mots sur la partie de la voute qui se trouve au-dessus de la chaire : Cette voute a ete payee au moyen de dons faits par les paroissiens. L’eglise de Notre-Dame avait quatre entrees : d’abord, la principale dite Heindeure; puis la porte percee dans la muraille de I’Est, a Tune des extremites de la nef de Ste-Croix, la meme oii se trouve encore aujourd’hui un vitrail circulaire. Le portail de cette entree etait plus remarquable que tous les autres, et Ton y admirait une belle statue de la Ste-Vierge-Marie. Quand on supprima ce portail en 1788, on eonstruisit sur le meme terrain une chapelle oii furent places les fonts baptismaux. Plus tard on les placa dans le portique du Nord, et on les y voit encore de nos jours. Ce dernier portail se trouve a proximite de la tour, et il offre a son exterieur, sous la 176 — formo d’une chapelle, unc charmante construction gothiqiie, quo n’anrait pas desavouee I’art de la bonne epoque. Enfin, line derniere porte s’ouvrait la ou se trouve aujourd’hui I’autel de St-Joseph. La belle Basilique de Notre-Danie subit, a la fln dii XVIII* siecle, le sort de la pliipart de nos monuments religienx : elle fut vendue par Faiitorite rcpublicaine. Une premiere vente fut infirmee et de- clarce de nulle valeur. Mais, elle fut, dans de nouvelles encheres, adjugee a un agent d’affaires, nomine Melicam, qui en fit I’acquisi- lion, pour le compte du prcvot, M. DeDiepenhede de Roosendaele. On ne pent toucher a I’histoire des vieux monuments catholiques, sans raconler celle de ces tours majestueuses qui les doininent et seinblent s’elever vers le ciel comme la priere vers le trone du tout- puissant. La tour de Notrc-Dame eut ses epreuves et ses catastrophes, comme ses soeurs de la Halle et de St-Sauveur. D’abord elle s’ecroula en 1163, et apres avoir subi quelques res- taurations, elle resta dans un etat imparfait jusqu’en 1229. On la demolit alors de fond en comble et on songea a en construire unc nouvelle. Pour couvrir les frais de cet immense travail, on institua une loterie, sous la prevote de Walterius de Roovere, et cette mesure eut un assez heiireux resultat pour que deja, en 1230, on coinmeneat les travaiix de fondation. Ces travaux curent lieu a unc grande profondeur et s’etendirent fort loin sous I’eglise et le cime- tiere. La nature du terrain, qui, en cet endroit, est marecageux et sans consistance, necessita meme I’einploi de moyens extraordi- naires. On travailla sur pilolis, et telle est la masse de materiaux de toute esptee; bois, briques, pierres de taille, qui furent employees a ces fondenients, que, s’il faut en croire certains histo- riens, la construction de cette parlie collossale de la tour, qui s’offre a notre vue, necessita moins de materiaux que la partie qui est cachee sous le sol. La partie quadrangulaire de cette tour, e’est-a-dire, la plus impor- tante, fut terininee en 1297 .sous I’administration de Walterius de d77 — Courlrai. On coramenea alors la construction tie la fleche, qu’on orna d’une couroune percee a jour, et dont la matiere est la pierre bleue de Tournai. En 1S24, on reconstruisit la partie de la tourqui s’eleve depuis le coiironnement jusqu’au faite. Quand elle fut achevee, on la couvrit d’une grande pierre blanche qui avail 27 pieds de perimetre, et qui faisait saillie d’un pied et demi au nioins. On conceit les peines, les efforts et nieme tout I art qu’il fallut pour placer a pareille hauteur une pierre de cette dimension. Sur cette base ainsi elevee dans les airs, on fit encore, pour completer la fleche, trenle pieds de con¬ struction. Puis une croix, surmontee d’un coq, fut placee sur le tout et comme les deux objets, croix et coq , avaient ensemble une hauteur de pieds, il en resulte que depuis la pierre qui sert de couverture, et dont nous avons dit un mot tout-a-l’heure, la fleche a encore 43 pieds d’elevation. Quand cette masse colossale fut ainsi terminee, on voulut, pour en rompre I’uniformite, etablir sur les quatre coins de la partie qua- drangulaire, quatre petites tourelles d’une hauteur de 24 pieds, qui donnaierit a I’ensemble une physionomie plus gracieuse. Ces tourelles existaient encore en i760; mais, a cette epoque, elles furent, apres un examen d’experts, jugees et declar6es en mauvais etat et on commenca les travaux de demolition le 30 Juiilet de cette annee. C’est alors qu’on executa une galerie a I’extremite de la partie quadrangulaire. On fut meme, dans cette circonstance, oblige de faire de nombreuses reparations a la fleche, et une quete eut lieu dans la ville, pour couvrir les frais de ces travaux. D’autres restaurations eurent lieu en 1768 et en 1837. Dans cette derniere annee surtout les travaux furent considerables et se pro- longerent jusqu’en 1841. Nous avons parle d’une grande pierre carree placee dans une partie de la fleche, mi elle faisait saillie, et servait de base a la partie superieurede la tour. On I’enleva vers 1818,et en meme temps on abaissa la tour de plus de 50 pieds. Tous ceux qui I’ont vue telle qu’elle etait autrefois sont unanimes pour regretter ce changement. 23 Telle qu’elle existe aujourd’hui, cette tour a une hauteur d’environ 400 pieds. Son extreme elevation lui a donne une legere inclinaison dans le sens de I’Ouest a I’Est, et ce fait s’explique facilement par la frequence des vents d’Ouest sur nos cotes. Au reste, malgre les mo¬ difications importantes qu’elle eut a subir, cette construction merite encore, par sa masse et son elevation, de fixer I’attention du touriste. N’ouhlions pas d’ajouter que, grace a cette elevation, elle sert de phare pour la navigation, et c’est pour ce motif qu’elle est peinte de Llanc depuis le couronnement jusqu’au faite. Plusieurs fois cette masse gigantesque fut attaquee par la foudre. Elle le fut d’abord en 1324, et le tonnerre y fit quelques ravages. En 1711, la foudre eclate de nouveau sur la tour de Notre-Damc, enleve la croix et la girouette, et cause quelques aulrcs dommages. Les travaux de reparation furent bientot commences et on les poussa meme avec vigucur. 11 y avait toutefois dans ce travail une partie difficile et perilleuse : c’etait le placement de la croix et du coq. On I’execula cependant avec bonheur, et cet evenement donna lieu a une aventure d’uue bardiesse ou plutot d’une teracrite si romanesque, que nous nous ferions scrupule de ne pas en instruire nos lecteurs. II y avait alors a Bruges un maitre charpentier du nom de Stevins, dont I’esprit d’audace ctait connu et qui avait donne plusieurs fois des preuves de son mepris du danger. Les entreprises les plus perilleuses ne I’effrayaient point, et c’etait lui faire insulte, que d’affecter quelque doute a I’endroit de son courage. La fabrique de 1 eglise eut dans la circonstance, dont i| s’agit ici, I’occasion de connaitre cet amour-propre irritable; niais Stevins faillit lui-meme en etre la victime. 11 se vit avec peine oublie pour les travaux de reparation, et les ouvriers, qu’on lui avait pre- feres, prirent a tache d’augmenter son mecontentement en lui faisant un grief de cet oubli. Un jour surtout, aprcs bien des propos et des injures, les choses — 179 en vinrent au point qu’il resolut, par quelque action d’eclat, d’effacer I’affront qu’on venait de lui faire. II se rend done chez lui, ne dit pas un seul mot a sa femme de ce qui s’est passe et se prepare pour le lendemain un triomphe a sa facon. Le jour arrive; it se munit de plusieurs cordes de diverse epais- seur, recommande a son epouse de prier Dieu pour la conservation de ses jours, et prend la direction de I’eglise, oii il entre sans hesiler. Par un heureux hasard, la porte de la tour etait ouverte; il monte, et parvenu a la hauteur de la couronne, il remarque qu’il n’y a point d’autre moyen d’arriver a I’extremite de la fleche que de gagner le couronnement. Mais du couronnement jusqu’au-dessus du coq, it y avail encore pres de cent pieds. C’etait done une centaine de pieds environ d’une ascension en quelque sorle aerienne, que notre heros devait faire, en prenant son point de depart a quatre cents pieds environ du sol. La chose parait fabuleuse; le courage de Stevins en fit une realite. Apres quelques moments de reflexion, il se ceint le corps d’un cable solide, en jette un autre avec tant d’adresse qu’il I’accroche a la premiere tete de corbeau qu’il voit fixee dans le mur, gagne ainsi d’ancre en ancre la pierre de vingt-sept pieds de periraetre’dont on a parle plus haul. Rencontrant alors la saillie de cette pierre, saillie qui, comme nous I’avons dit, etait d’un pied et demi, il hesite un instant, Enfin, il rassemble son genie et son courage, franchit le terrible obstacle, et reconnait avec joie qu’il n’est plus separe de I’extreinite que par un espace de 45 pieds. Get espace, il I’a bientot parcouru et touche enfin le coq sur lequel il se place a califourchon. Dans cette situation, il se regarde comme vainqueur, et a bientot par ses gestes fixe I’attention des passants. Les premiers qui I’ont apercu dans cet etat, ce sont deux religieux de I’abbaye des Dunes, qui cherchent a lui faire comprendre par signes la gravite du danger qu’il se fait un jeu de courir. A toutes les invitations de descendre, Stevins repond en saluant avec la plus grande assurance. Bientot la foule s’est rassemblee; les uns levent les mains vers le ciel, les autres 180 se delournent avec le frisson do la peur; d’aulres enfiti Ini font signe de descendre. Stevins ne repond a toutcs ces invitations, que par de nouveanx gestes et de nouvelles salutations. Mais voici que tout-a-coup le vent prend line autre direction ct fait tourner a diverses reprises le coq sur leqnel etait assis I’iUustre voyageur aerien. Pour la premiere fois il se trouble; mais retrouvant bientot loute sa presence d’esprit, il precede avec sang-froid a I’ope- ration de la descente, et de peril en peril, de prodige en prodige, il alteint enfln la fenetre qui lui avait servi d’issiie vers le couron- nement, et se voit ainsi hors de danger. Il vivait encore trente-cinq ans apres ce coup de tete : C’est en 1746 que mourut ce heros d’une nouvelle espece. En 1740, la llechede la four fut une troisiemc fois atteinte par la foudre, qui, apres avoir brise la grande poutre a laqnelle etait suspendue la cloche de St-Boniface, d’un poids de 13,023 iivrcs, fit encore d’autres degats dans la tour, et s’introduisit ensnitc dans I’eglise, qu’elle remplit d’line odeur sulfureiise. Elle sortit alors par une fenetre et alia exercer ses ravages sur la tour de la Halle , qu’elle inccndia. Nous avons parle plus haul de cette catastrophe. Ces dcsastres causes par le feu celeste se repclerent plusieurs fois. Nous ne citerons que les annees 1852 , 1853 et 1842, oii les dom- magcs furent assez importants. Disons maintenant un mot de la sonnerie. Parmi lesgrandcs cloches, on comptait:!" celle de Marie, fondue cn 1341, ct qui de la tour de Notre Dame fut transportee an com¬ mencement du XIX° siecledans la tour de la Halle, oti elle sert de bourdon. — 2“ Celle de Ste-Gatherine, fondue en 1341. — 3“ Celle de St-Boniface, fondue dans la mcme annee, et qui fut refondue en 1417, sous la prevote de Richard Vande Capelle. Trois aulres cloches de moindre dimension furent encore fondues sous Tadministration du meme prevot; 1° Celle de St-Benoit, pesant 3,023 livres. — 2° Cclles de St-Pierre et de St-Paui, et cnfin une clochette du nom de Stc-Agnes. Ces cloches n’existent plus aujourJ’hui. On en comple trois seule- — 181 — ment : 1“ celle de St-Boniface; 2° celle dc la Torre; 3“ celle de St-Joseph et une clochette. La fleche etait, comme nous I’avons vu,surmontee d’une croix sur laquelle etait place un coq servant de girouette. La revolution qui ne voulait plus de croix, fit enlevcr les deux bras de celle de Notre Dame, et on y maintint ranemometre. L’ouvrier qui s’etait charge de cette mission difficile, etqui, du reste, n’en etait plus a sou coup d’essai, rc^ut le sobriquet de Kmys-Dmjvel (Diablo aux croix). 6tat ecdesiastique de Notre-Dame. A quelle epoque cette eglise obtint-clle Ic litre de paroissiale? C’est ce que toutes nos recherches n’ont pu nous apprendre. Elle etait autrefois, comme nous I’avons vu, hors de I’enceinte de la ville et faisait partie du domaine seigneurial de Sysseele. Plus tard, c’est-a-dire, en 919, la population des faubourgs s’elait tellement accrue, qu’on jugea a propos de les englober dans la ville. L’liglise de Notre-Dame fut comprise dans cet enclaveinent, et on ne pent douter que deja elle ne fut paroissiale a cette epoque. En 1091, sa grandeur Radbode, eveque deTournai, I’eleva au rangdecoliegiale. II y institua un chapitre de chanoines qu’il investit du privilege de proceder de tout temps cntr’eux a I’election d’un prevot. Le premier qui fut honore de cette dignite se nomaiait Gomma- rius. II etait tres jeune encore, et tellement avide d’etude, que pour s’y livrer avec fruit, il crut devoir se rendre en Lorraine ou plu- sieurs ecoles s’elaient alors rendues celebres. Mais, avant son depart, il eut soin de confier la direction de son chapitre a un certain Bcrtulphe, homme pieux, s’il en fut, mais dont le zele etait par- fois inconsidere. Bertulphe se fut bieutot apercu que la vie de ses chanoines etait loin d’etre rcgulicre, et quo tons les liens de la dis¬ cipline ecclesiastiipie s’etaient relaches parmi cux. Sans perdre de — 182 — temps, i) s’adressa a I’eveque de Tournai et lui fit connaitre, dans des termes peut-etre un peu crus, le veritable etat des choses, en faisant, au nom de Gommarius, la remise des lettres d’institiition du chapitre, avec priere de les revoquer et de lui accorder I’autorisation d’etablir dans la meme eglise un chapitre de religieuses. Cette faveur lui fut octroyee, en consideration des motifs qu’il fit valoir a cette fin. Un chapitre de femmes y fut done institue; mais ce ne fut pas pour longtemps. A peine Gommarius est-il revenu de la Lorraine en 1101, qu’informe de cette petite revolution canoniale, il se rend pres de Monseigneur de Tournai, pour lui faire connaitre qu’il etait complelement etranger a toutes les demarches que Bertulphe avait cru pouvoir faire en son nom, et qu’il le prialt en consequence de lui accorder de nouveau des lettres d’institution du chapitre, avec addition de privileges. Le tout fut approuve et confirme I’annee sui- vantc parsa Saintete Pascal II. Quant aux religieuses, elles furent contraintes d’abandonner I’eglise. Mais, grace a I’inlervention du superieur de I’abbaye de I’Eeckhoute, elles oblinrent line deraeure contigue a ce convent, et elles y resterent jusqu’a leur reinstallation dans leur cloitre primitlf a Beghem, maintenant Oedelem, dont I’eglise etait dediec a St-Trond. Ces religieuses conservent encore aujourd’hui le nom de Trudo Hersen qu’elles ont toujours porte, et qu’elles tiennent du nom de celui a qui I’eglise etait dediee. Comme le nombre des habitants augmentait de jour en jour, on nomma en 1186, un deuxieme cure , et un troisieme en 1229. Alors on divisa la paroisse en trois parties : la section d’or, celle d’argent et celle de plomb. Get etat de choses se maintint jusqu’a la fin du dix-huitieme siccle, oii I’etat ecclesiastique de Notre Dame se compo- sait du personnel suivant : Un prevot, dix chanoines, vingt chapelains, quatre vicaires et trois cures. Depuis la domination fran^aise, ce personnel est bien reduit: il se borne a un cure et a trois vicaires. 183 Passons mainteiiant a la description de la basilique, en commen- ^ant par le clioeur. L’enceinte de cloture se composait de quatre portes, de stalles , de balustrades, ct c’est encore a peu pres ce qu’elle est aiijourd’hui. L’autel (itait nn don de Marie de Bourgogne. II etait de marbre, et enrichi de plusieurs ouvrages de sculpture parmi Icsquels nous citerons diverses figures symboliques de la religion. En lSo8, Philippe II, roi d’Espagne et comte de Flandre, exhaussa cet aulel et I’enricliit de plusieurs ornements. II ajouta a ces marques de muni¬ ficence royale, le don d’un superbe tableau a volets, peint par Pierre Pourbns, et qui represente k Cnicifwment de Jesus entre les deux Larrons. Les volets, qui formeiitquatre compartiments, ont pour sujets quatre scenes de la Passion, attribuees a plusieurs maitres, sans qu'il nous soit possible de decider la question d’une raaniere peremptoire. Une croix admirablement oiivragee et six chandeliers d’argent massif doivent etre ranges parmi les richesses qui decorent cet autel. 11 recut de nouveaux embellissements dans les premieres annees du XVIIP siecle. En effet, on I’orna d’une espece de revetement d’argent, ou Ton avait cisele avec beaucoup d’art les principaux mysteres du sacrifice de la Sainte Messe. L’artiste etait Jean Hermans, orfevre d’Anvers, etalors domicilie a Bruges, ou il deceda en 1743. Vers la fin du XVIIP siecle, lors du grand cataclysme revolution- naire, I’autel fut vendu etdemoli, et les materiaux furent employes aux fondations d’une petite maison de campagne,siseaSt-Andre-lez- Bruges, pres d’un ancien cabaret dont fenseigne etait ff'it Huys, la Maison Blanche. Quant a I’argent, il disparut pour toujours ; mais, fort heureusement pour les arts, le tableau fut preserve de la devas¬ tation , et on pent encore aujourd’hui I’admirer dans cette eglise. En 1802, quand on rouvrlt les eglises, on songea a elever un autel dans le choeur. On choisit pour cette destination celui de I’abbaye de St-Andre, dont on avait fait I’acquisition, et dont la — 184 — forme, sans offrir beaucoup de details de sculpture, ne laisse pas que de presenter une masse imposante et severe. Un ange est agenouille de chaque cote; ils sout I’un de Pierre Pepers le pere, I’autre de son fils qui moiirut toutefois avant I’achevement de la sta¬ tue, et laissa ainsi a son pcre le soin d’y mettre la derniere main. A ces deux pieces capitales, il faut joindre divers ornements en dorure, et un magnifique bas-relief, representant le Christ, dont le corps repose sur les genoux de sa Sainte-Mere, tandis qu’un ange sentient un de ses bras. En 1468, Charles-le-Temeraire, due de Bourgogne, tint, dans I’eglise de Notre-Dame, un chapitre solennel de la Toison d’Or. La fete dura trois jours et la magnificence qu’on y deploya fut extraor¬ dinaire. Huit nouveaux chevaliers furent, dans cette ceremonie, nommes en remplacement dcs Confreres , decedes depuis le dernier chapitre. Leurs armoiries furent placecs dans le choeur, et lorsque, en 1499, on eut place de nouvelles stalles, ces armoiries en ornerent la partie superieure. Ces stalles etaient du plus beau travail et du meilleur gout. Le ciseau y avait fait des merveilles de sculpture, et elles etaient, sans contredit, le principal ornement du cho3ur. Mais, elles furent, comme tant d'autres objets precieux, vendues a I’epoque de la revo¬ lution francaise, et rernplacees par celles qu’ou y voit aujourd’hui. Ces dernieres formaient jadis la cloture du chcEur de I’abbaye d’Eeckhoutte, et lorsqu’on les transporta dans I’egliss de Notre- Dame, on y placa comme ornements a la partie superieure, les blasons des chevaliers de la Toison d’Or. Les deux portes laterales du choeur etaient de marbre et d’une execution reniarquable. La partie superieure etait chargee de sculp¬ tures et Ton y voyait les armes coloriees de Philippe II, qui, en lBo8, avait commande cet ouvrage pour en faire don a I’eglise. Ces deux portes furent enlevees au commencement de ce siecle, et rernplacees par celles qu’on y voit aujourd’hui. Ces dernieres sont de fer battu et assez elegantes de dessin. Delmotte de Bruxelles en est 1 auteurj elles datent del78i. Nous en avons parle dans le cha- pitre de St-DonaJ. Le choeur etait ferme par une balustrade de marbre, dont les details etaient artistement trailes; une partie sert encore de cloture derriere I’aulel. Qnand ce bel ouvrage fut enleve, on le remplaca par une grille de bois qu’on voit encore aujourd’liui. Derriere I’autel, se trouvait une autre porte de fer battu. G’etait I’oeuvre de J. Ryckam d’Ostende, qui I’avait confectionnee en 1699. Cette porte est dans le gout de I’epoque : on y voit force feuillages, force guirlandes et tous les ornements que le caprice pent imaginer. L’eglise de Notre-Dame devait cet embellissement a la munificence de M. Francois Van Beversluys, en son vivant receveur general du Franc de Bruges, et de son epouse, dame Marie Van Westveld, qui mourut en 1727. On avait place sur cette porte les armes des dona- teurs qui s’etaient montres, foute leur vie, les bienfaiteurs de cette eglise. A I’epoque de la revolution francaise, cet objet d’art fut trans- portc au Musee de I’ancienne abbaye des Dunes et il y resta jusqu’au retablissernent du culte catholique, mi il fut rendu a sa destination primitive. Jube. — On enleva en 1722 I'ancien jube de cette eglise, qui etait tout entier de marbre. Il se composait de cinq arcades et reposait sur six piliers. Une cloison a balusires separait ce jube du choeur, et dans le milieu de cette cloison se trouvait une porle percee a jour. Sous les arcades laterales, on voyait deux petits autels dedies, I’un au sacre Nom de Jesus, I’autre a la Vierge-Marie, sous I’invocation de Notre Dame de Bon-Secours. Au-dessus de ces arcades, etaient placees diverses statues elevens chacune sur un piedestal. Sur I’arcade du milieu, etait la statue de Notre-Dame; sur les quatre autres, celles des evangelistes ; I’execu- lion en etait assez heureuse. Au-dessus du jube, sur une ogive, dont les arcs se joignaient entre les deux piliers du choeur, on voyait une croix tres elcvee avec Christ, et de chaque cote de la croix la mere du Sauveur et Saint-Jean. La croix se trouve aujourd’hui au-dessus des orgues qui 24 186 — jadis etaient placees entre le premier et le second pilier du cote de la tour. Le nouveau jube fut commence vers la fin de Novembre 1722. La pierre et le bois entrent dans cette construction, on 1 on n a epargne ni la couleur ni la dorure, et qu’on a reconvert, dans ces derniers temps, d’un badigeonnage du plus mauvais gout. Trois arcades composent la base de ce jube. Celle du milieu se ferme au moyen d’une porte de fer battn, enrichie dornements en or. C’est I’oeuvre de M. Kinsoen, pere du fameux peintre brugeois de ce nom. Dans la partie superieure de cette porte, on remarciue les armcs du donateur, M. Jean Van der Stricbt, quarante-deuxicme prevot deT:clte eglise. Dans cbacune des deux arcades laterales, se trouve >in autel dont on renouvela la dedicace en 1727; ce fut sa grandeur I’eveque Van Susteren qui officia dans cette ceremonie. Des orgucs assez remarquables dominent le jube sur lequel, ainsi que nous I’avons dit plus haut, s’eleve un crucifix gigantes(iue. En entrant dans le choeur, le premier objet qui frappait les regards, c’etaient deux mausolecs du plus beau travail et do la plus grande ricbesse, qu’on voit aujourd’hui dans la chapelle, dite de Lancbals. L’un etait consacre a la mcmoire de tres-haut et tres- puissant prince Charles-le-Temeraire, due de Bourgogne, comte de Flandrc, qui, dans la nuit du 23 Decembre 1476, fut tue a la bataille de Nancy. Son corps fut d’abord inhume dans I’eglise de cette derniere ville; mais Charles-Quint, son arriere-petit-fils , le fit transporter a Bruges et enterrer sous le tombeau, dont nous venons de parlor. L’autre mausolee est celui de sa fille, la tres-illustre et tres-puis- sante princesse dame Marie de Bourgogne, arebiduebesse d’Autricbe, duchesse de Bourgogne, comtesse de Flandre, qui en 1482, mourut a la fleur de son age , d’une chute de clieval qu’elle fit dans une ebasse au faucon. Eile-meme avait choisi I’eglise de Notre-Dame pour le lieu de sa sepulture. La renommec do ces deux monuments est curopeenne, et le — 187 — premier soin de tout voyageur ciirieiix est de les visiter. IIs meritent cetliommage, et pour la grandeur des souvenirs qu’ils reveillent, et pour la richesse de leurs ornements. IIs sont tout entiers de pierre de touche et converts, dans toute leup etendue, de divers ouvrages en cuivre dore an feu. Sur le de du cenotaphe, se ramifie avec infi- niment de grace et de gout, t’arbre genealogique de cette illustre famine, dont les blasons eniailles sont soutenus par des genies en cuivre dore au feu. La statue de Charles-le-Temeraire, arme de pied en cap, est couchee sur le tombeau qui lui est consacre. Sur le monument de Marie de Bourgogne, la noble princesse est repre¬ sentee aussi couchee et dans son plus beau costume de cour. Ces deux mausolees sont riches et d’un travail' precieux; aussi, dans un voyage qu’il fit a Bruges, son Altesse imperiale, Ferdinand, qui fut dans la suite Empereur des Remains, declara- t-il hautement n’avoir nulle part rencontre des objets d’un telle valeur et d’une si rare beaute : il avail pourtant parcouru I’AHema- gne, I’Espagne et I’ltalie. Nous devons ajouter toutefois que, malgre le merite artistique de ces deux magnifiques tombeaux, il est impossible de les meltre tous deux sur la meme ligne. Celui de Marie de Bourgogne I’emporte de beaucoup sur I’autre, par la hardiesse de I’execution, la purete des lignes et la finesse des travaux de ciselure et de bosselage. C’est a Bruges que furent executes ces objets precieux. Le mau- solee de Charles-le-Temeraire fut ordonneen 1S58 par Philippe II, qui prescrivit a son conseil de solder la somme necessaire a la con¬ fection d’une tombe pareille a celle de sa mere, Marie de Bourgogne. Cette oeuvre capitale fut executee sous la surveillance de MM. Jean Perez de Malvenda, bourgmestre de la commune et Pierre Aerts, tresorier de cette ville. Les travaux furent confies : 1° Le socle en pierre de touche a Josse Aerts, maitre sculpteur demeurant rue d’Oudenbourg. 2" La fonte ainsi que la dorure de la statue du Comte et des autres ornements en cuivre a Jacques Jonghelynck, qui, en outre, 188 — dora et emailla les armoiries, d’apres les dessins et renseignements quelui fournil M. Corneille Gailliard, homme d’armes de I’empe- reur Charles-Quint. D’apres un compte rendu, le 8 Janvier 1563, an conseil dcs finances par M. Jean Perez de Malvenda ainsi que par M“° Marie Perez, veuve de Pierre Aerts, il resnlte que ce lombeau fut achevc en 1562 et que, Ic 19 Juin de la meme annee, il a ete paye de ce chef une soinnie de 24,315 florins, 6 sous. Remarcjuons loulefois que dans celte somme etaient compris les frais debourses pour exhausser I’autel, replacer le tableau, ainsi que les deux portes lalerales du cliccur, dont I’execulion avail ete ordonnee par Philippe II, due de Bourgogne. Bn 1765, des ordres de la cour prescrivirent la restauration deces superbes cenotaphes. Les travaux de reparation coraprirent toutes les armoiries, tons les ornements de cuivre, dont plusieurs furent meme renouvelcs. Enfin, pour mettre a I’abri de la poussiere et des intemperies ces monuments precieux, on leur lit deux couvercles en bois. Les frais de ces travaux s’eleverent a la somme de 11,973 florins, 7 sous, 6deniers, monnaie courante. La revolulion mena^a I’existence de ces beaux ouvrages. Quand on la vit promener ses ravages jusque dans la ville de Bruges, piller les eglises, devastcr les chapelles et porter partout son vanda- lisme sacrilege, on craignit avec raison pour de pareilles richesses. Mais, il se trouva fort heureusement deux homines, qui voulurent, Icur en coutat-il la vie ou la deportation, mettre a I’abri de la fureur devaslalrice deux monuments consacres a la memoire de personnages aussi celebres. L’un se nommait Pierre De Zutter, alors bedeau de I’eglise de Notre-Dame; I’autre Berthulphe Valckenaere, garcon de la table des pauvres dans la meme eglise. Tons deux se mirent a I’oeuvre, demonterent les monuments et en transporterent toutes les pieces chez ce meme Valckenaere, ou elles resterent jusqu’en 1806 epoque oii Ton placa dans la chapelle de Lanchals ces riches mausolees. 189 Lorsque, en 1810, Napoleon vint dans nos murs, il voukit voiret admirer a son tour ce qui avail fait I’objet de I’admiration des siecles. II fut, en effet, vivement frappe de la beaute de ces tombeaux et de la richesse de leurs ornemcnts. Informe qu’on devait la conservation de ces chefs-d’ceuvre au prenomme De Zulter, il Ini fit un don de mille francs, et donna de plus a I’eglise une somme de dix mille francs, destineea la restauralion des deux tombeaux et de la chapelle, ou ils etaient places. La renommee decesobjets est, commenous I’avons dit plus haul, tout-a-fait europeenne. Aussi, en 1841, Louis-Philippe, roi des Francais, sollicita-t-il la faveur d’en faire prendre la moule en platre, pour en decorer une des galeries historiques de Versailles. D’habiles dessinaleurs eurent en meme temps le soin d’en faire sur le papier des copies coloriees, qui permissent de reproduire au besoin toute la verite de I’original. C’est un bonheur pour la ville de Bruges d’avoir pu sauver de la fureur des anarchistcs ces beaux debris d’un autre age : il n’en fut pas ainsi malheureusement de la depouille mortelle du noble Due et delaDuchesse. La cupidite des Vandalesleurinspira I’idee deprofaner les tombeaux : ils s’imaginaient y trouver des richesses, et e’en etait assez pour ces miserables. Les cendres de tout ce que la ville avail offert d’illustre, par la naissance, le talent et la vertu, furent impi- toyablemenl dispersees, et les restes des deux illustres personnages furent compris dans cette sauvage et ridicule profanation. Continuons noire description du chceur. Au-dessus du maitre-autel, etaient deux vilraux sur lesquels on voyait les portraits de Maximilien et de Marie de Bourgogne. Les deuxnobles personnages y etaient representes, agenouilles devant un prie-Dieu, sous une espece de portique ou Ton voyait les iniliales C. M. Leurs armes se trouvaient dans la partie superieure. En tournant les regards vers la partie Sud du sanctuaire, on voyait un superbe mausolee de marbre, surmonte d’une figure d’albatre agenouillee et en costume episcopal. C’etait celle de M. Gaspard de La Torre, vingt-troisieme prevot de cette eglise, I;- / n: 1l — 190 — qui mourut le 6 fevrier 1631. Derriere ce monument, le ciseau avail sculpte les plus riches orneinents en marbres de diverse couleur. C’etaieut des figures en haut-relief, des guirlandes, des rinceaux, etc., etc. En face de la tombe, dont nous venous de parler, dans la partie septentrionale du choeur, on remarquait jadis le superbe mausolee de messire Jean de Bruges, seigneur de Gruuthuyse, comte de Wyncestre et prince de Stcenhuyze, decede le 26 Novembre 1492, et de dame Marie Van Borssele, son epouse, decedee le 29 AoutISIO. Ce riche monument etait de pierr^e bleue. Les deux epoux y etaient representes par deux statues de cuivre, admirablement ciselees, toutes deux en costume complet. Une serie de colonnes formant ce qu’on appelait alors tabernacles, aussi en cuivre ouvrage, servait de cloture a ce monument. Outre les armes de ces hauls per. sonnages, dont on avail decore leurs mausolees, on y voyait des figures symboliques de toutes les vaniles de la terre. Aux deux piliers, auxquels etait adosse ce tombeau, etaient appliques deux piedcstaux en forme de culs-de lampe, sur lesquels etaient placees deux figures d’anges portant les ecussons de ces personnages. Au-dessus de celte tombe, les regards s’arrelaient autrefois avec ravissement devant un tabernacle en forme de pyramide {sacraments huysken). II etait remarquable sous le rapport des sculptures qui fornaienl depuis la base jusqu’au sommet. On le fit disparaitre, pour donner a la famille de Gruuthuyse la facilite de suivre toutes les parties du service divin, de la tribune qu’elle se fit construire. Chapelles. L’eglise de Notre-Dame renferme vingt-cinq chapelles, dont quel- ques-unes possedent des autels remarquables, par les travaux d’art qui les decorent. La premiere, qui doit fixer notre attention, se trouvait dans le bas-cole septentrional de I’eglise : elle etait dediee a St-Phiacre. Les grainiers, dits koornbyters, en avaient I’usage special depuis I’an- nee 1317; et ils avaient, par compensation, la charge d’entretenir le vitrail qui donnait le jour sur cette chapelle. Le tableau qui decorait I’antel representait la Ste-Vierge avec I’enfant J&us, devant lesquels est agenouille St-Phiacre. Cette chapelle est aujourd’hui remplacee par le portail du Nord. 2° Chapelle deSt-Jacques, autrement dite : chapelle des De Boodt. C’etait en effet devant cette chapelle que la famille De Boodt avait son caveau de sepulture. On y voyait I’epitaphe de M. Anselme Boelius (De Boodt), medecin et conseiller de I’empereur Rodolphe II, A la mort de ce souverain, il revint a Bruges pour se livrer tout entier a I’etude des sciences naturelles, de I’histoire et de la pein- ture. Apres une vie exclusivenient consacree a la science, De Boodt mourut a Bruges, le 31 Juin 1632. Cette chapelle possedait autrefois une peinture, representant la Transfiguration du Christ. Plus tard, c’est-a-dire en 1S73, on y ajouta des volets, sur lesquels Pierre Pourbus peignit les portraits des donateurs, M. Anselme De Boodt, echevin en 1377 et doyen des courtiers, decode en 1382, et de son epouse dame Jeanne Voet, decedee en 1361. II y peignit aussi les portraits de leurs enfants. Sur la surface exterieure, sont executes en grisaille les patrons de la famille. Le tableau se trouve aujourd’hui dans la chapelle de St-Joseph. Quanta la chapelle de St-Jacques, elle est, comme la precedente, convertie en portail. 5° Chapelle de Ste-Catherine. Elle apparteuait a la corporation des Tisserands (entoile), qui, de I’eglisedes RR. PP. Recollets, ctait venue s’etablir dans I’eglise de Notre-Dame, en 1390. La confrerie etait aussi chargee de I’entretien du vitrail, comme il appert d’un acte qui porte la date du 28 Jan¬ vier de la meme annee. Elle parlageait avec les fabricants de coutil (tykwevers), la jouissancede cette chapelle pour lesexercices religieux, et les deux corporations honoraient pour patron St-Druon, qu’on voyait represente sur le tableau de I’autel, agenouille aux pieds de I’Agneau sans tache, au milieu d’un groupe d’esprits celestes. En face do I’autel, est suspendu un raagnifique paysage par D. Nollet. Le sujet est Elk sur le haul d’lme montagne regardant le feu — 492 — du del qiii devore ses persecuteurs. Cette toile vient de I’eglise des Carmes dechausses. 4° Chapelle de St-Jean-Baptisle ou de (Buffelmakers). On I’appelait encore chapelle des fabricants de bufile;—fondee en 4269, par M. Diederic VanBomele, elleocciipaitd’abord,dans le sous- aile septentrional, I’emplacement qui precede la chapelle de I’ange- gardien. Lorsqu’on adjoignit au vaisseau de I’eglise la nef, oii se trouve la chapelle de la croix, on y transfera I’autel de celle de St-Jcan-Baptiste et on le pla^a dans le lieu menie, oii il se trouve aujourd’hui. Get autel etait orne d’un tableau, representant le bapteme du Christ, qui aujourd’hui se trouve en face de la sacristie. Dans ce meme lieu, se trouvait line epitaphe dejmarbre blanc et de marbre noir, enrichie des huit quartiers de M. Adrien Budsin, cure de cette eglise, decMe en 4028. 5° Chapelle de Ste-Cecile. Elle se trouvait dans la meme nef, a I’un des angles de la base de la tour. L’autel en etait petit et de peu d’importance. C° Chapelle de la croix. Elle forme I’extremite de la nef. Deux especes de marbre, le blanc et le noir, composent la structure de I’autel, qui est decore de guirlandes et de figures assez heureusement traitees. Dans le centre se trouve une espece de niche ou de tabernacle, oii est depose un reliquaire,renfermant un morceau de la vraie croix.Une autre niche, pratiquee plus haut, renferme une statue de la Vierge avec tons les emblemes de I’agonie de son divin fils. On y remarquait jadis un tableau aujourd’hni place pres du tranceps : c’etait une descente de croix, pcinle par Vroyclynck. Cette chapelle fut erigee en 4473, par la munificence pieuse de M. Wautier Uutcnhove, qui epousa Marguerite Tristram, dont le premier mari se nommait Nicolas Scliouteetcn. Toute cette famille se distingua par les dons qu’elle fit a cette eglise. Mais, parmi tons CCS dons, il en est un inappreciable : c’cst cclui d’une partie de la Ste-Croix, apportee de la terre sainte par Nicolas Schoutecten, et dont Wautier Uutenhove til don a I’eglise de Notre-Dame. — 193 En 1474, Monseigneur Pierre De Clugny, eveque de Tournai, fit proceder a toutes les enquetes, formalites et verifications necessaires pour constater I’authenticite de cette relique. Les personnes qui assistaient a I’epreuve etaient : Le R. P. Eustaclie Allende. M. Jean De Hoya, cure de la cathedrale de St-Donat. M. Jean Van Praet, chanoine de la nieme eglise. Tons Irois etaient professeurs en theologie. MM. les marguilliers et un grand nombre d’ecclesiastiques etaient presents a cette ceremonie qui, du reste, etait publique. On dit merae qu’un grand feu fut prepare, et qu’au moment ou la flamme avait acquis toute son intensite, on y pla^a la precieuse relique et qu’on I’y laissa jusqu’a ce qu’on la vit toute rougie; qu’alors on la retira du brasier, et qu’au grand etonnement de la foule elle apparut intacte aux yeux des spectateurs. Get evenement miraculeux est reproduit dans un tableau, dont nous aurons occasion de parler plus loin. C’est, au reste, depuis cette epoque, que la re¬ lique jouit de la plus grande veneration parmi les fidMes. Onsait quelle fut, dans le cours du XVI° siecle, la fureur des sec- taires centre tons les objets de la veneration et de la piete publiques. Bruges ne fut pas epargnee danscedechainement des mauvaises pas¬ sions : les reliques, les vases precieux, les images des saints, tout fut pille, detniit par les miserables. It y avait done tout a craindre pour le bois sacre. Mais un homme plein de zele et de courage, M. Lie- vin De Vogbelaere, marguillier de Notre-Darae, enleva le reste venere, ainsi que les reliques de St-Boniface, et les emporta chez lui, oil il les cacha au moyen d’une ouverture pratiquee dans la muraille qu’il eut soin de maconner ensuite. Pour plus de securite, il pla^a en cet endroit un tableau representant le Christ attache a la croix. Quand le calme fut refabli, et qu’il fut permis a la piete de rendre ses hommages aux objets de sa veneration, on songea serieusement a replacer dans les eglises tout ce qui avait ete soustrait a la fureur sacrilege des vandales. L’eglise de Notre-Dame rentra en possession de tout ce qu’avait sauve le zele particulier, a I’exception toutefois 2S — 194 des reliques de St-Boniface et du fragment de la vTaie ei’oix. Car M. De Voghelaere etait mort avec son secret, au moment meme, ou la persecution sevissait avec le plus de fureur. Quel moyen employer pour arriver a la decouverte du tresor? On fit toutes les perquisitions imaginables, et a force d’etre sincere et actif, le zele devint ingenieux et reussit dans ses recherches. Inter- roges sur tout ce qu’ils avaient vu ou entendu a ce sujet, les petits- fils du defunt firent connaitre que leur ai'eul avail I’habitude de prier devant le tableau, dont nous avons parle plus baut, et dont ils desi- gnerent la place. Des recherches eurent lieu a I’instant meme en cet endroit, et on parvint enfin a decouvrir I’objet d’une si grande vene¬ ration. On fit, pour transporter ces reliques, une procession solennelle, et elles furent deposees avec ceremonie dans la chapelle, oii on les avail honorees autrefois et ou on les honore encore aujourd’hui. Une serie de dix tableaux, suspendus aux murailles de cette cha¬ pelle, forme I’histoire complete de la divine relique. On y voit, entr’autres circonstances, la scene oii Wautier Uutenhove offre le don precieux a I’eglise de Notre-Dame. Sur une autre toile, le meme Wautier est represente offrant a I’eglise une piece de damas que lui avail presentee la villedeDordrecht, en reconnaissance du don gene- reux d’un fragment de la vraie croix, don fait a cette villeparM.Schou- teeten. Un autre tableau montre I’inappreclable relique, echappant a rincendie qui consuma I’eglise de Dordrecht en 14S7. La conserva¬ tion miraculeuse de la vraie croix, au milieu d’un brasier ardent, y est aussi representee, comme nous I’avons vu plus haul. Puis vient une composition, oil la meme relique produit I’ebullition de I’eau dans laquelle on la plonge. Enfin, le peinlre a complete I’ensemble de ses compositions, en montrant la relique enlevee soigneusement de I’eglise, pour echapper a la rage des Iconoclastes, et decouverte plus tard chcz M. De 'V^oghelaere. En face de ces tableaux, il s’en trouve dix autres, formant serie, et lous peints avec beau coup de legerete, par Garemyn de Bruges. L’auteur y a execute divers traits de la vie et de la Passion du 193 Sauveur, comme la derniere cene, les adieiix du Christ a sa niern, Jesus dans le jardin des Olives, la flagellation, le couronnement^ VEcce Homo, le Christ succombant sous le faix de la croix, Jesus depouille de ses vetements, le crucifieinent et enfin le Christ suspendu a la croix. Toutes ces compositions ont ete peintes de 1773 a 1777. Quelques-unes sont les offrandes de quelques par- liculiers et leurs arnies se trouvent toutes dans la partie inferieure du tableau. Dans la meme chapelle, il faut preter quelque attention a un superbe lustre de bois, parfaitenient sculpte, dans le style gothique, et dont les ornements sont du meilleur gout. C’est I’ceuvre de notre compatriote, M. Hoevenaghel, decede a Rome. En entrant dans les collateraux du choeur, on voit d’abord une chapelle, erigee par la famille Breydel ; c’est la qii’etait son caveau de sepulture. Un grand nombre de personnes de cette famille y sont enterrees : nous citerons entr’autres le fameux patriote Jean Breydel qui, de concert avec Pierre de Coninck, delivra la ville de ses oppresseurs et merita, apres la victoire de Groeninghe ou des Eperons d’or, en 1302, le litre glorieux de heros de la bataille. Tant de bravoure lui valut le litre de chevalier. II etait fils de Michel, le franc boucher de Bruges et il epousa Claire Van Herlsberge, qui fut enterree avec lui dans le ineme caveau. Il en est de meme de son fils Jean Breydel. Il fut enlerre dans ce lieu avec son epouse Claire de Pinckere, ainsi que tous ses autres enfants. Plus tard, la famille Breydel abandonna cette chapelle, qui devint la propriete de la famille de Baenst, proprietaire jusqu’alors de la chapelle attenante. Deuxieme chapelle des bas-c6tes du choeur, Elle etait, comme nous venons de le voir, la propriete de la famille de Baenst, qui I’avait erigee, en la faisant consacrer a la Sainte-Trinite. — i9C — L’autel en etait de marbre, et on y voyait un tableau representant ce divin Mystere : c’etait I’ceuvre de P. Bernaerts. Devant cet autel, it y avail un cuivre sur lequel etaient repre- sent^es les armes de la famille de M. Jean de Baenst, ainsi qu’une figure de chevalier, en costume de guerre. Deux pierres, avec epitaphes en caracteres gothiques, etaient enchassees a la muraille la plus proche de I’autel: elles appartenaient a la meme famille. A I’Est, centre le "mur s’elevait le tombeau en marbre avec epi- taphe de M. Jean de Baenst, dont la statue etait executee en grand costume de guerre. Les armes decoraient la partie superieure de la tombe. Ce monument existe encore aujourd’hui, mais en partie. Au-dessus de I’entree de la chapelle, on voit les armoiries de la famille Gallo. Ajoutons, pour deplorer un pared abus, que les deux chapelles, dont nous vcnons de nous occuper, servent aujourd’hui de magasins pour les objets qui ne sont plus guere d’usage. 5° Chapelle de Ste-Marguerite. Elle a ete fondee par dame Marguerite Bladelyncx, veuve de Colard Fevers, decedee en •1449. 11 s’y trouvail autrefois deux tombeaux, en marbre gris-noir. L’un renfcrinait le corps de Colard Fevers et de son epouse, dame Marguerite Bladelyncx; I’autre etait la sepulture de messire Jean de Baenst, chevalier de Jerusalem, decede en 1483, et de son epouse. Marguerite Fevers, dame de St-Georges, morteen 1470. Ce dernier mausolee etait convert de deux statues couchees, en grand costume. On voyait sur ce monument les armes de la famille, et I’ecusson de Jerusalem. -Au-dessus de I’autel est un magnitique vitrail en verre peint, re¬ presentant agenouilles devant la Vierge et I’enfant Jesus, .M. Jean de Baenst et Marguerite Bladelyncx, avec les quartiers de la famille. Le tableau de I’autel avail pour sujet la Ste-Vierge avec son divin 197 — fils, dans tout I’appareil de la gloire et de la grandeur. Divers personnages figurent dans cette composition, coinme St-Jean et Ste-Marguerite recevant de Jesus la palme du martyre. C’est une composition tres-achevee, due au talent de J. Maes. 4° Chapelle ou oratoire de Gruuthuyse. La construction de cet oratoire, autrement d.’signe sous le nom de tribune, date de 1471. La reconnaissance I’eleva a la piete et a la generosite. De tout temps, la famille de Gruuthuyse s’etait dislin- guee par sa liberalite pour I’eglise de Notre-Dame. Touches de tant de zele et de devouement, le chapitre et la fabrique de cette cglise autoriserent spontanement messire Louis de Bruges, seigneur de Gruuthuyse, prince de Steenhuyse , a faire constriiire un oratoire, qui etablit une communication entre sa derneure et I’eglise; ils octroyerent de plus a sa famille le droit d’user a perpeluite de cette chapelle pour y assister aux services religieux. De cette tribune on pouvait, en effet, a travers deux fenetres, avoir vue sur le choeur; mais il fallut, pour cela, enlever le fameux chef-d’oeuvre de sculp¬ ture, dont nous avons parle plus haul, et qui portait le nom de Sacraments huysken. Cet oratoire se compose de deux tribunes superposees. II est dif¬ ficile de trouver, dans le style gothique, ricn de plus delicat et de plus elegant : tons les connaisseurs I’admirent, etil n’est pas d’etrangers qui n’en prennent le croquis. La partie inferieure est de pierres de taille bleue et Ton y voit deux mortiers sur affuts, lan^ant leurs bombes. Les lettres L. M. qu’on y remarque, sont les initiales de Louis et de Marguerite. Au-dessus de la porte sont placees les armes de Gruuthuyse et d’Aa. La partie superieure repose sur une poutre ouvragee, toute chargee d’ornements de bon gout. Elle est de bois de chene et divisce en trois compartimenls. Sous les fenetres, sont placees les armes de la famille avec I’ordre de la Toison d’or, le toutsoutenu par deux licornes. On voit au bas la devise de cette illustre maison : Phes est en vans, avec les initiales L. M. L’extremite de cette charmante creation arlistique est garnie de — i98 _ balustres avec tourillons. Comme tout le travail est a jour, on peut apercevoir, a travers les details de sculpture, un magniflque vitrail colorie dit de St-Renault. Au centre parait la Ste-Vierge avec I’enfant Jesus, et sur le cote sent agenouilles a un prie-Dieu, le seigneur et la dame de Gruuthuyse avec leurs armoiries, leurs devises et les memes mortiers dont nous avons parle plus haul. La piece superieure de cette tribune a pour plafond, une voute en bois, jadis couverte de riches peintures; dont on voit encore les traces, et les blocailles ou culs-de-larapequi soutiennentles retombees; des arcs-de-voute sent couvertes de petites figures aussi coloriees avec beaucoup d’art. Onremarquait jadis, acotede cette tribune, un superbe vitrail dont M. Van Huerne fit prendre dans le temps, la plus exacte copie : ce vitrail fut brise vers la fin du siecle dernier. Dans le centre, etait une grande figure debout, revetue d’un manteau d’ecarlate, double de satin blanc, borde d’hermine, ayant la couronne en tete, et tenant en main un etendard aux armes de la maison de Gruuthuyse; un bouclier etait place entre ses jambes. Cette figure representait Messire Jean De Gruuthuyse, prince de Steenhuyse. Ce portrait se trouvait reproduit dans la partieinferieuredu vitrail. La, le brave seigneur etait represente, arme de toutes pieces, age- nouille pres de son epouse. Tons les ecussons de la famille encadraient le vitrail, dont la par- tie superieure portait les armes du sceau entourees du collier de la Toison d’Or, et deux mortiers lancant leurs projectiles. En bas on voyait une inscription a demi efface'e par le temps, oii Ton dechlffrait encore le millesime de 14S2. C’est en 1788 que, par une decision de la fabrique et du chapitre, on enleva ce vitrail avecdeux colonnes fort antiques qui supportaient. Tune une figure de guerrier, I’autre une figure de femme richement vetue : ces deux colonnes se trouvaient dans I’interieur de I’oratoire, Avant d’occuper ce brillant oratoire, la famille de Gruuthuyse possedait dans la meme eglise une chapelle dediee a Ste-Agnes, et — 199 — dont la richesse en objels d’art etait fort remarquable. Du moment oil elle vint s'installer dans la nouvelle tribune, elle abandonna la chapelle en question; mais elle eut soin toutefois de subvenir a son entretien par la constitution d’une rente annuelle en faveur de la fabrique de I’eglise. b“ Chapelle de Notre-Dame de la Neige. L’ancien autel de cette chapelle etait de marbre, avec colonnes et autres ornements. On le remplaca par celui que nous voj'ons aujourd’hui et qui n’offre rien de remarquable, qu’une Vierge avec I'enfant Jesus, sculpture en marbre blanc, dont I’auteur est Pepers le pere, et qui provient de I'ancienne eglise de St-Donat. Pres de cet autel, on voyait encore autrefois les stalles de la confrerie de Notre-Dame de la Neige, qui etaient couvertes de divers ouvrages de sculpture. 6° Chapelle des Corroyeurs ou de Ste-Anne. Elle fait face a la porte du choeur qui se trouve derriere le maitre-autel. On la nomme indifferemment chapelle de Ste-Anne, ou chapelle des Corroyeurs, dont la corporation s’etait placee sous le patronage de St-Bavon. L’autel avail un air de grandeur tout-a-fait iraposant, et les orne¬ ments en etaient d’une rare magnificence. On y voyait une Fisite des Marjes a I’etable de BelhUem; e’etait un tableau de Hemling, dont M. Pierre Bultinck avail, conjointement avec son epouse, fait hommage a I’eglise. En 1892, lors du retablissement du culte, on consacra cette chapelle an Saint-Sacrement. Le tableau de I’autel representait la Ste-Vierge et I’enfant Jesus, a qui St-Jean et Ste-Marguerile presenlent lours vmux et leurs prieres. C’est une composition de J. Maes. 7° Chapelle des trois saintes. Elle etait en effet consacree a la Madeleine, a Ste-Barbe et a Ste-Catherine. C’est la que, pour ses exercices religieux, se rendait la societe dite de Drie Sanctinnen. Elle en avail la jouissance depuis 1489 et y honorait comme palronnes les trois saintes, dont nous venons de parler. On lui avail concede I’usage de cet autel et des — 200 — stalles moyennant la contribution annuelle au profit de la fabrique de 8 escalins de gros, coinme il resulte d’un acte passe le G Deceinbre de la meme annee. La societe, dont nous venons de parler, etait exclusivement litteraire , et s’etait donne pour mission de se perfec- tionner dans I’art d’ecrire et de parler purement le flaraand. En 1768, I’autel de cette chapelle mena^ait mine. La societe le fit reconstruire en bois a ses propres frais, et on y placa un tableau peint par Garemyn, representant au premier plan, les trois saintes, que nous avons nommees, et dans le fond le Palais du Franc, oii se reunissaient les membres de cette association. Cette chapelle etait encore dediee a St-Jean-Nepomucene, dont les reliques etaient deposees dans une chasse placee pres de I’autel. En 1802, I’autel fut transfere dans la chapelle des Corroyeurs en buffle, oil il se trouve encore actuellement. On le remplaca par un autre autel, ou plut6t par une simple table d’autel, qu’on consacra a St-Antoine de Padoue, dont les reliques sont aujourd’hui renfer- mees dans la chasse en question. 8° Chapelle dite Fan Overtveld. C’est un tout petit enctos, dans lequel on voit un tombeau en marbre noir, sur lequel sont couchees deux figures, I’une represen¬ tant un guerrier arme de toutes pieces, I’autre une femme riche- ment habillee. Ce mausolee fut erige a la mcmoire de M. Paul Van Overveld, decede en 1483. Son epouse y est enterree. On renfermait autrefois dans cette chapelle les ornements et les decorations de I’autel des Trois Saintes. 9° Chapelle dite de Lanckhals. Elle fut fondee par dame Catherine Van Poucke, en execution des dernieres volontes de son epoux M. le chevalier Pierre Lanckhals, ecoutete de la ville de Bruges, decapite le 22 Mars 1488, sur la Grand’ Place de la dite ville, pour s’etre montre fidele a son seigneur et niaitre Maximilien. Le corps de ce feal chevalier fut enterre dans le cimetiere qui entoure I’eglise de Notre-Dame. Mais sa veuve pieuse fit acquisition du terrain ou etaient ces restes adores, et y fit construire une cha- — 201 pelle qu’elle fut autorisee a enclaver dans I’eglise. Elle la dedia a St-Pierre, patron de son loyal et malheureux epoux. Elle y fit en outre clever un autel, ainsi qu’un superbe monument place entre les vitraux, charge d’ornements de sculpture du meilleur gout. L’epitaphe fait mention d’un grand nonibre de fondations faites en faveur decette eglise, par celte pieuse et venerable dame. Sous la prevote de M. Vander Stricht, cette cbapelle re?ut un superbe autel de marbre, qui fut demoli et vendu pendant la revolu¬ tion franyaise. A I’epoque du retablissement du culte, le tombeau, dont nous venons de parler, fut enchasse dans le mur de la sacristie, et dans le centre de la chapelle, furent elevfe les deux magnifiques monu¬ ments de Charles-le-Temeraire et de Marie de Bourgogne. N’oublions pas d’ajouter qu’au-dessus de la chapelle se trouvait autrefois la chambre de reunion du chapitrc prevotal. C’est la, que les chanoines et le prevot se rcunissaient, le Mardl et le Vendredi de chaque semaine. 10“ Chapelle dite {de Lange Moeder Gods), aujourd’hui chapelle du St-Sacrement. Lautel de cette chapelle est de marbre; la partie superieure est ornee d’un tableau representant la derniere cene. Au-dessus de la table d’autel, se trouve, dans une niche, I’admi- rable statue de la Vierge, que toutes les traditions et tons les connaisseurs s’accordent a reconnaitre corame I’ceuvre de Michel- Ange Buonaroto. II est inutile de repeter ici toutes les descriptions que Ton a faites de ce riche morceau de sculpture; disons seulement que, sous le rapport de la dignite morale et de la noble purete des types, il est difficile de rencontrer une oeuvre qui emeuve plus for- tement le sentiment esthetique. Ce superbe morceau d’art fut donne a I’eglise de Notre-Dame, en ISIO, par M. Jean Moscron, dont la pierre sepulcrale se trouve en face de I’autel : il avait epouse Madeleine Van de Steene. La generositc de cet homme pieux ne se borna pas a ce don pre- cieux. Il fit encore de nombreuses fondations en faveur de I’eglise, 26 — 202 — el c’est a lui qu’elle doit les deux autres statues qui se trouvent dans la meme eglise de chaque cote de I’autel, statues allegoriques, represenfant deux d’entre les trois vertus theologales. Un lustre a 12 branches en cuivre etait autrefois suspendu devant I’aulel. C’etait un don de Marie de Chioli, veuve de M. An¬ toine Voet. Par un acle du 30 Octobre 1S57, cetle pieuse dame fit en outre une fondation pour frais d’entretien des cierges qu’on devait allunier dans ce lustre, avec la condition de renouveler le luminaire qualre fois par an. Continuons a enumerer les objetsd’art places dans celte chapelle. 1° Un tableau a volets, peint sur bois en 1374 par Pierre Pourbus, d’une tres belle execution et admirablement colorie. Le sujet est une y^doration des Bergers. Les portraits des donateurs sont points sur les volets. C’etaient M. Josse De Damhouder, decede en 1381, et son epouse dame Louise de Chantraines dite Broucsault, decedee en 1573. Leurs enfants s’y trouvent egalement representes. Une grisaille, figurant rJdoralion des Mages, decore rextcrieur des volets. Ces deux personnages sont enterres dans la meme chapelle. Leiir pierre tumulaire, plaqxiee de cuivre, se trouve en face du tableau qui vient de nous occnper, et qui, apres avoir horriblement souffert, viont d’etre restaure par J.Callewaert, moyennant lasommede241 fr. 2° Un autre tableau de Pourbus, peint en 1562, et representant la derniere cene. Le dessin en est correct; mais le style en est roide ; quant au coloris du tableau, il est d’une grande monotonie. 5° Un superbe mausolce en pierre de touche; sur la table de la corniche, sont couchees deux statues de femme et cello d’un guerrier, Le guerrier est messire Adrien De Haveskerke, Seigneur de Zedel- ghem, et les deux autres, ses deux femmes, dame Catherine Valladolid, et dame .Jeanne D’Ydeghem, heritiere de Wintvelde. — Une epitaphe en marbre de diverses couleurs, avec les seize (piartiers, et les blasons de messire Nicolas De Schietere, chevalier, seigneur de Walincourt, Rymslede, Maerloop et autres lieux. — 203 — decede en 1637; et ceux de sa femme Fran^oise de Beer, dame de Hallewyn, decedee en 1604. 4" line epitaphe en marbre avec ornements sculptes, et les seize quartiers de messire Corneille Gailliard, en son vivant, chevalier de Jerusalem, homme d’armes attache a la cour pontificate de Paul HI, a cetle de Charles-Quint et au senat de Venise, decede cn 1365; et de son epouse, dame Catherine Van Drongene, decedee en 1379. Ce Corneille Gailliard etait un ecrivain assez estimede son epoque, et dont il reste quelques manuscrits qui ne sent pas sans merite. II faut ajouter a ces richesses quatre vitraux, que possedait autrefois la chapelle, et dont void les sujets. 1° Le retour d’Abraham, vainqueur des quatre Rois, et offrant a Dieu comme temoignage de reconnaissance le pain et le vin, par le ministere de Melchisedeck. II se trouvait pres de I’autel, et portait le millesime 1341. 2° Mo’ise, dans le desert, obtenant du seigneur, par ses ferventes prieres, la nourriture de la Manne pour le peuple hebreu. Ce vilrail venait a la suite du precedent. 3° La derniere cene, ou Jesus soupant avec les douze apotres. 4° Enfin, au-dcssus du portail, dans la chapelle oil se trouve actuellemeet I’autel de St-Joseph, un dernier vitrail representant un eveque adrninistrant le St-Sacrement en presence de plusieurs eccle- siastiques. Toutes ces figures etaient de grandeur naturelle , et peintes avec inliniment d’art. Le banc de communion en marbre blanc, qu’on voit dans cette chapelle, est une reuvre recente que nous ne nous permettrons pas de qualifier. Nous engageons seulement I’artiste a comparer, pout son propre inteiAt, la production de son ciseau avec le superbe banc de Ste-Walburge, ou toutes les sculptures sent si nettement, et si profondement fouillees. — Chapelle de Nieuwenhove. Dans le meme sous-aile, oii se trouve la susdite chapelle du St-Sacrement, pres de I’entree meme de cette derniere chapelle, il s’en trouve une autre qui appartenait jadis a la famille de Nieuwen- — 204 — hove; die y possedait son caveaii de sepullure et son epitaphe. L’aiitel avail ete consiruit aux frais de la fainille Villegas, et sur la partie superieure on pouvait lire I’inscription suivante : Dominie Jdrianw dela Corona Fiduw Domini Didaci De Villegas Pameiianm viiiiUis Nobililalisque vere coronce et parenti optimal hceredes mwsti posuenint. Gbiit tertio idus Novembris anno 1579. Un Iriptyque ornait cet aiilel, il a pour siijet principal une Vierge avee I’enfant Jesus; les portraits des inembres de la fainille de Villegas sont peints sur les volets, par Pierre Pourbus. Sur la sur¬ face exlerieure des volets, se trouvent les arnies de cette faniille et les eciissons des families avec lesquelles die avait contracle alliance, et dont voici les nonis : Be Villegas, Stevanes, Oyala, Perquera, Corona, Pamele, Castro, Breydel. Ce tableau est d’une belle execution et d’une grande valeur. Aussi, a Tepoque de la revolution fran^aise, on dut le metlre en beu sur, pour le soustraire a la rage des spoliateurs et des incen- diaires. Depuis qudques annees seulement, il a repris place dans I’eglise, apres avoir subi de nombreuses restaurations, ainsi que pliisieurs rcliauts d’or. Ce travail ddicat fat confie a la main habile de J. Callewaert, qui s’est heureusement acquitte de sa mission pour la somme de 128 fr. 50 centimes. Il se trouve aujourd’hui dans la chapelle de la Vocanti, c’est-a-dire, dans cdle dont I’autd est dedie aux doiize Apotres. C'est dans la chapelle de St-Joseph, qui jadis formait le portail meridional de I’eglise de Notre-Darne, que se trouve le monument, dont nous venons de parler, c’est-a-dire, celui de la famille De Vil¬ legas et de Corona. Centre la muraille, sous le vitrail memo, est un autre triptyque, representant la Transfiguration du Christ, offert par M. Anselme De Boodt. Il en a ete question dans I’article consacre a la chapelle de St-Jacques. — Chapelle dite de la Vocanti. Par un contrat conclu, le 29 Avril 1564, avec M. Jacques de la Vocanti, la chapelle, dont nous nous occupons, devint la propriete de cette famille. Elle fut d’abord consacree a St-Laurent et raise a la 205 — disposition de la confrerie des martyrs, qui y avait ses stalles. Plus tard, au depart de cette confrerie, elle futdediee a St-Remi. L’ancien autel etait peu reinarqiiable. Celui des douze Apotres n’y est que depuis peu d’annees. Centre la niuraille, sous ie vitrail, on y remarque iin triptyque, representant une Vierge avec I’enfant Jesus. Les portraits des dona- teurs sont points sur les volets. II y avait jadis, dans cette chapelle, un magnifique vitrail colorie, qu’on enleva en 1698. Dans la partie superieure etaient figures, grandeur naturelle, les patrons des personnages qui, dans la partie inferieure, etaient peints agenouilles. C’etaient d’un cote M. Vanden Heede, decede en 1501, et son epouse dame Marie Despars; de I’autre M. Nicolas de la Vocanti, et son epouse, dame Marie De Boodt. Les armoiries de cliacun de ces personnages se trouvaient sur le vitrail. — Chapelle de St-Agnes. Cette chapelle appartenait a la famille de Gruuthuyse, etelle etait dediee a Ste-Agnes. Les ornements de toute espece, qui la decoraient, en faisaient une des plus riches do I'eglise. 11 s’y trouvait un superbe autel de marbre, ou Ton admirait les plus beaux travaux de sculp¬ ture. L’eglise de Notre-Dame devint proprietaire de cette chapelle par la cession que lui en fit Louis de Bruges, seigneur de Gruut- Imyse en 1471. — Chapelle de St-Eloy. La corporation des Orfevres en obtint I’usage en 1510, a la con¬ dition de payer annuellemenf a la fabrique de I’eglise une somnie de vingt escalins de gros. Elle avait jusques la fait usage de la chapelle de St-Amand, qui s’clevait la , ou se trouve aujourd’hui le marche aux balais. Quant a la chapelle de St-Eloy, elle etait aussi dediee a N.-D. dile de Milan, comme le prouve le tableau d’autel, qui represente en effet cette Vierge miraculeuse. En 1648, les Orfevres commanderent a J. Van Oost pere un tableau d’autel, dont le sujet etait la Vierge avec I’enfant Jesus, — 206 — devanl laqiielle s’agenouillent St-Joseph, St-E!oy et Ste-Catherinc, Ions imploraut sa proteclion. Ell avant cle la chaire de verite, vers le choeur, on voyait, contre I'un des piliers, la chapelle des douze apotres , clotiiree au moyen d’une haluslra de en bois, placee en 1626 par la confrerie des douze apdlres, qiii payait de ce chef a la fabrique line sonime annuelle de 6 escalins, 8 deniers de gros. L’autel etait de marbre, avec divers ornements de sculpture. Sur la partie siiperieure, se Irouveiit les armes du donateur et bien- faiteur de cette chapelle, M. Jean Parraentier. It faut y remarquer un tableau de J. Maes, representant la Madeleine prosternee aux pieds du Christ, qui est entourc de ses disciples. Quand cette chapelle fut demolie, on en placa I’autel dans la cha¬ pelle de la Vocanti ou de St-Laurent. Dans la meme chapelle se trouvait le caveau sepulcral de notre cetebre historien M. Olivier De Wree (Vredius), qui y etait enterre avec son epouse, dame Jeanne Marisael, ainsi que de M. Andre Vanden Bogaerde, echevin de Bruges, et de sa dame, Catherine Marisael, decedee on 1720. Dans cette chapelle etaient aussi enterres les descendants de ces families. Son epitaphe, en marbre blanc et en marbre noir, est placee derriere la chaire de verite. Sur la partie superieure, se trouve le buste de ce grand ecrivain, decede a Br uges en 13S2, a I’age de oS ans. — Chapelle de St-Joseph. Dans I’autre nef laterale, en face du susdit autel des douze apotres, on voyait jadis la chapelle de St-Joseph, qui portait aussi les noms de ses fondateurs, la Mestdach Capelle. Cette famille y etait enterree sous un superbe cuivre avec epitaphe. L’autel etait de marbre, et le tabernable represente St-Joseph, a qui un ange ordonne de la part du seigneur de se rendre en Egypte, tandis que la Vierge-mere, saisie de frayeur, semble chercher les moyens de cacher son enfant. Cette toile, remarquable sous tons les 207 — rapports, est de Van Oost, fils; la composition en est riche et le colons vigoureux. Lorsqn’on supprima cette chapelle, on en transporta I’autel la, oii se trouvait jadis le portall meridional. Chapelle de I'Ange gardien. Elle se trouve entre le sous-aile septentrional et le transsept, a proximite de la tour. Elle est aussi dediee a I’ermite St-Antoine. L’autel, qui est de hois, en a ete enl^e il y a quelques annees; mais le tableau, qui le decorait, s’y trouve encore et represente une Tenta- tion de St-Jntoine, par E. Lacrois. Chaire de Ferite. Elle fut construite en 1739 aux frais de Madame la douairiere Therese Van Volden, veuve de M. Francois Van Caloen, seigneur de. Nieuwenhove, en son vivant bourgmestre du Franc. Elle ne fut achevee qu’en 1743. Ce fut M. Jean Schellekens, cure de la section d’or de cette egtise, quil’inaugura enypronon^antlepremier sermon. L’architecte Clauwaert presida aux travaux de construction qui furent confies a trois de nos principaux sculpteurs. Jean Van Ilecke sculpta la statue de la Foi, placee sous la chaire, aussi bien que la chaire proprement dite. Quant a la cuve ou tribune et a la statue de la Verile qui surmonte le ciel de la chaire, elles furent I’ceuvre de Pierre Van Walleghem. Les autres details de sculpture, comme les genies, guirlandes, rinceaux et autres ornements, sontdus au ciseau de Philippe Scharlaken. Ajoutons a ces details de sculpture, 1“ trois bas-reliefs qui ornent la tribune et dont les sujels sent : Jesus dans le desert, la Samaritaine et la Transfiguration; 2°un escaller a double rampe, dont les balustres sont travaillees avec infiniment d’art et toutes couvertes de guirlandes et de petits anges joufflus. Comme ensemble, cette piece est d’un aspect fort elegant, qui n’ex- clut pas la grandeur. La construction en est d'une legerete qu’on croirait pouvoir s’allier difficilement avec la profusion des ornemen- tations. Nous dirons enfin de cette chaire, que si elle n’a pu se sous- trairecompletement a I’influencc fatale d’uneepoquedemauvais gout. 208 — notamment sous le rapport des types, elle semble du moins une pro¬ testation piiissante de quelques individualites artistiques contre les envahissements progressifs du inaniere et de I’affeterie. Pierres tumulaires qui se trouvaient jadis ou se trouvent encore dans I’eglise de Notre-Dame : 1° Une belle pierre tumulaire avec cuivre, enrichie des quartiers de la famine de Richard Vande Capelle, prevot de cette eglise, decede en 1347. ^ 2° La pierre tumulaire aussi avec cuivre de M. Jacques de Schotelaere, aussi prevot, mort en d3S4. On y voit les armes et tons les quartiers de la famille. 3° Un tombeau, avec ornements et rinceaux. Dans le milieu, une plaque, ou Ton voit les blasons et les huit quartiers de M. Jean Jodemaere, bacbelier en theologie, decede en 1371. 4° Une pierre sepulcrale avec deux figures. — Un chevalier, arme de toutes pieces, et une femme richement vetue. Sous ces figures, imitation d’un tapis avec divers figures d’animaux. Les armes sont celles de M. Jooris Van Vlaminkpoorte, decede en 1462, et de sa dame Clemence de Vrienst. 5° Un cuivre admirablement cisele, avec les blasons de Gilles de Kimpele, decede en 1481, et de sa dame Anne Steylins. Aux quatre coins de ce monument, des ciselures, representant les quatre Evan- gclistes. C° Une pierre avec figure de chevalier. Ses armes sont figurees a ses cotes. Les quartiers sont de Pierrre Bonin, surnomme de Meu- lebeke, decede en 1483. 7° Le tombeau de Paul Lavesoone, mort en 1483, et de sa dame Marguerite Vande Venue. Les deux figures, qu’on y a ciselees, sont d’une excellente execution. 8“ Un tombeau, presque tout-entier de cuivre, avec plusieurs inscriptions. Aux quatre coins, les ecussons deM. Colart De La Bie, decede en 1493, et de sa dame Madeleine De Clerck, qui mourut en 1473. 9" Une pierre avcc blasons et deux figures. Les figures sont celles — 209 — dc M. Alexandre De Moscron, qui deeMa en 1493, et de sa dame Jeanne Lootins, morfe en 1483. 10° Une toute semblable k la precedente avec les figures de M. Jean De Moscron, decede en 1498, et de son epouse, qui mou- rut en 1493. 11° Une pierre avec cuivre. — Sur les quatre coins, les Evan- gelistes.— Au centre, une plaque avec ornements et les armes de M. Vanden Berghe, decede en 1S14, et de dame Adrienne Rycx, decedeeen 1525. 12° Un torabeau presque tout-entier de cuivre, et surmonte d’une figure d’ange, admirablement travaille. Le blason est de M. Pierre D’Hont, decede en 1552, et de sa dame Adrienne Lernourts. 13° Une pierre avec cuivre, oii Ton a ciseie les armes de M. Simon Van Steenhuyse et de Jossine Vlaminck. Aux quafre angles, les attributs des Evangelistes. 14° Un marbre avec ornements en cuivre. — Sur le cadre, les attributs des quatre Evangelistes. — Dans le milieu, une plaque avec les armes de M. Chretien Vande Wale, decede en 1584, et de Barbe Gailliard, sa femme, decedee en 1596. 15° Un autre marbre, aussi avec garniture de cuivre et blasons. — Les noms sent : M. Jacques De Brouckere, decede en 1631, et Madeleine Michiels, morte en 1667. 16° Le tombeau en pierre de M. Vanden Ryne, et de sa dame Catherine de Bailleul, decedee en 1638. — Au-dessus du monu¬ ment, deux figures, hommeet femme. S’il fallait nous arreter sur chacune des pierrcs tombales, dignes de fixer un peu I’atlention des curieux, nous donnerions a ce chapitre des dimensions qu’ii ne peut comporter. Nous avons eu soin de nous borner aux plus iniportantes. Nous allons passer aux simples epilaphes, en indiquant celles, qui, apres avoir orne cette eglise, n’existent plus aujourd’hui. 1° Epitaphe de marbre blanc et de marbre noir, avec quatre colonnes de diverse eouleur, soutenant la corniche. La partie supe- 27 210 — rieure presente un bas-relief de marbre blanc, figurant la Resur¬ rection du Christ. Les armoiries et les quartiers sont de M. Jacques De Clercq, decede en 1322, et de sa dame Pasquine Gailliard, decedee en 1S03. — line epitaphe en marbre, — dans Id partie inferieure, un bas- relief, representant le corps inanime du Fils de Dieu sur les genoux de la Vierge merej les armes sont de M. Charles Heuriblocq, seigneur d’Honswalle, etc., decede en 1716, et de sa femme Jeanne Pierloot. — Une epitaphe de marbre, avec les huit quartiers de M. Pierre de Groote, en son vivant secretaire intime du conseil d’Albert et d’lsabelle. II mourut a Bruxelles, en 1631; et aussi de Louis de Groote, son frere, agent de leurs altesses precitees, mort a Bruges en 1617. — L’epitaphe de Jean Parmentier, avec huit quartiers. — Celle de M. Jooris Aerts, en son vivant echevin et tresorier de Bruges, commis de I’ancien impot de Flandre, decede en 1669, et de sa dame Barbe Vander Plancke, decedee en 1680. Cette epitaphe est ornte de huit quartiers. — Une epitaphe, avec ornements de feuillages et deux figures d’enfants en pleurs. C’est la pierre tumulaire de Michel de Walle, decede en 1672, et de sa femme Marie Logghe, morte en 1676. — Une epitaphe dont la matiere a disparu sous le badigeon. — Sur la partie superieure, une statue de la Mater Dolorosa. — On y lit le nom de M. Vanderstald, cure de cette eglise, decede en 1633. — Une epitaphe avec ornements et diverses figures. Elle porte les seize quartiers de M. Le Bailly, decede en 1810. Elle se trouvait jadis dans I’eglise des RR. PP. Dominicains. Tableaux qid se trouvent dans 1’eglise de Notre-Danie. Outre les tableaux dont il a ete question dans la description des chapelles, cette eglise possede encore un grand nombre de pan- neaux et toiles, que nous allons enumerer. 1° A I’extremite du bas-cote septentrional, un tableau d’une \ 211 — excellenfe composition, representant St-Dominique en priere devant un crucifix. — L’auteur est Herregouts pere. 2° Un autre du meme artiste, dont le sujet est le martyre de St-Doniinique. N. B. Ces deux objets d’art, viennent de I’eglise des RR. PP. Do- minicains. 5° Au-dessus des fonts baptismaux, un tableau de Van Oost, le jeune, representant Ste-Marguerite marchant sur le Dragon. Ce tableau, qui etait autrefois la propriete de I’eglise des Recollets, est la copie d’un tableau du peintre Francais Vouet. 4° Au-dessus de la porte de I’escalier, qui conduit a la tour, un tableau dont le sujet est I’Assomption de la Ste-Vierge, soutenue par les Cherubins. Au dernier plan, parait la Ste-Trinite, et sur le premier, on voit Ste-Madeleine, St-Jean, St-Pierre et un person- nage revetu des insignes de la royaute. Cette composition, qui est pleine de merite, est de P. Beernaerts. S° Dans la continuation de I’aile du nord, qui commence le pourtour du choeur, un tableau d’une assez elegante execution. II represente St-Dominique ressuscitant un enfant mort. Ge tableau fut autrefois la propriete des RR. PP. Dominicains. 6° En face de ce tableau, se presente une composition d’un grand effet : elle est de E. Quillyn, le jeune. Le sujet est le manage mystique de Ste-Catberine. La sainte recoit 1 anneau mysterieux de la main de Jesus-Christ, entoure de la cour celeste. Cette toile vient du convent des RR. PP. Dominicains. 7“ Un tableau, representant Ste-Rosalie, agenouillee devant la Vierge-Marie et recevant de I’enfant Jesus une couronne de fleurs. St-Pierre et St-Paul sent les temoins de eette scene. L’eclat de la couleur, la souplesse du pinceau, rharinonie de tous les tons rendent ce tableau digne de Van Dyck. Ce n’est pourtant qu’une copie de ce grand maitre ; mais le copiste est J. Van Oost. 8“ Un autre tableau de Van Oost, bien inferieur au precedent. — II represente Jesus, dans sa majeste celeste. — Pres de lui, sa. — 212 — Sainte-Mere agenouillee. — Au premier plan divers saints person- nages. 9° Un tableau du plus rare merite et que les premiers connais- seurs de I’Europe attribuent a Jean Mostaert, natif de Harlem. La sainte austerite, que ce maitre donnait a ses types, se retrouveen effet dans le caractere general de cette composition, dont le sujet est Notre-Dame des Sept Douleurs, assise sous un dais et entouree de sept medaillons, oii sont figures, avec le fini le plus precieux, les sept mysteres douloureux. C’etait autrefois un triptyque, comme I’atteste I’existence des volets, qu’on peut voir encore dans le ma- gasin de I’eglise. 10° Une peinture sur bois, dont I’auteur est Claeyssens. — Sur line montagne sont ranges plusieurs eveques, parmi lesquels on reniarque le Pape tracant sur la neige le plan de I’eglise ou plutdt de la chapelle de Notre-Dame des cris, pres de Rome. 11° Un Otto Venius, representant le mariage mystique de Ste-Catberine, au milieu de la cour celeste. C’est un don de M. Versluys, en son vivant cure de cette eglise, 12° Une apparition de la Ste-Vierge a St-Antoine de Padoue, qui baise la main de I’enfant Jesus. Ce tableau, est de Vanden Berghe. 13° Le Martyre de St-Laurent. Cette toile vient de I’eglise des Soeurs Noires a Ostende et il a pour auteur Vanden Kerkhove. 14" Une Adoralion des Mayes, par de Deyster. Ce beau morceau d’art, qui vient du cabinet de M. De Marneuf, a Bruxelles, prc- senle toutes les qualites de colons et de composition, qu’on trouve dans les toiles d’un haut prix. 1S° Les trois Rois aBethleem, tableau de grande dimension, execute par Zegbers d'apres une copie qu’il avait faite lui-meme d’un tableau de Rubens; la copie primilive, comme nous I’avons vu, se trouve pres de la chambre des Marguilliers a St-Sauveur. Ces deux copies avaient ete primitivement donnees a I’eglise de St-Donat, par Denys Christophore, eveque de Bruges. 215 — II faudrait ajouter a tous ces tableaux une peinture d’Erasme Quellyn, que posseda jadis I’eglise de Notre-Dame et qui a disparu. Nous croyons pouvoir omettre plusieurs autres toiles de raoindre importance, ainsi que les portraits des prevots de la paroisse, qu on trouve dans un des cabinets de I’eglise. II serait a desirer que la fabrique fit toutes les recherches possibles pour completer cette collection, qui forme en quelqtie sorte la biographie de cette antique basilique. II nous reste a enumerer plusieurs objets precieux, qui ont figure dans cette eglise et dont la plupart I’enricbissent encore aujourd’hui. 1° Un ornement magnifique, compose d’une chasuble et de deux dalmatiques. Elies sont de drap d’or, et dans ce riche lissu sent en- chassees une foule de perles et de pierres precieuses. C’est, dit la tradition, un ouvrage execute par les nobles mains de Marie do Bourgogne, lequel fut en 1S19, legue a I’eglise de Notre-Dame par Maximilien, en vertu d’un acte de derniere volonte. 2° Une Remontrance de Tor le plus pur, orne do plusieurs figu¬ rines emaillees, finement executees. Plusieurs parties de ce mor- ceau d’orfevrerie sont enrichies de diamants et de pierres precieuses. C’est un don de M. Van Beversluys et de son epouse, dame Marie Van Weslveld, que nous avons cites plus haul, comme modeles de bienfaisance. Cette pieuse dame avail consacre tout ce qu’elle avait de bijoux a I'ornement de cette remontrance, dont le dessin est d’ailleurs du plus mauvais gout. 3° Une superbe chasse d’argent, qui renferme les depouilles mortelles de St-Boniface et de ses saints compagnons, Hilaire et Grobalde. C’est en 1624 qu’on placa dans ce reliquaire ces restes precieux. La cereinonie, qui eut lieu a cette occasion, fut solennelle; on y deploya beaucoup de pompe et de magnificence. Le prevot de Notre-Dame etait alors Gaspard de la Torre. Avant cette epoque, ce tresor pieux etait depose dans une chasse d’etain, et c’est probablenient dans cet etat qu’en 1114, il avait ete donne a cette eglise par Godebalde, eveque d’Utrecht, sous I’admi- nistration de Reyfride, deuxieme prevot de cette eglise. — 214 — 4° Sous la voute de la tour, s’elevait jadis la statue colossale de St-Christophe, haute de 11 pieds et fouillee par le ciseau dans une seule piece de bois. La reforme, qui, au XVI° siecle, n’epargnait aucune image veneree, exerga ses fureurs sur I’antique statue. On la traina, au milieu des rires et des profanations de toute espece, sur les remparts de la ville, ou on lui mit, par derision, un eten- dard a la main. Plus tard, quand les sectaires furent vaincus par les amis de la religion, on replaca la statue dans le lieu meme, oii elle se trouvait autrefois et elle y resta jusqu’a I’epoque de la revolution frangaise, qui se montra plus fanalique encore que le protestantisme, en meltant en piece ce pieux debris de la foi de nos peres. S° Dans I’un des collateraux du choeur, se trouvent trois confes- sionnaux tout charges de sculptures, profondement fouillees dans le chene, mais d’un style assez lourd. Un d’euxporte le nom des artistes Bion, Louis Hagheman et Jacques Berger. G’est un don fait a I’eglise parlVI. Jean Waukier, decede en 1638, et par son epouse, dame IMarie De Maecker, decedee en 1679. Us furent enterres en face de ce confessionnal, comme le prouve leur pierre tumulaire, qui se trouve en cet endroit et qui est ornee de leurs armoiries. 6° II y avail dans la grande nef, un superbe lustre en cuivre, qu’on y placa en 1623. II portait douze branches, avec les figures des douze apotres en relief, et hautes chacune d’environ un pied. Cette piece importante avail ete confectionnee a Gand, dans les ateliers de Gregoire Van Halle, auquel il fut paye de ce chef une somme de 1600 florins. Vers la fin du siecle dernier, ce lustre tomba pendant la nuit et se brisa sur les dalles. Les statuettes existent encore et peuvent se voir dans la chambre des Marguilliers. 7° En 1739, on pla^a, dans le cimetiere decette eglise, un calvaire execute par un brugeois Paul Feyts. Trois statues, celle du Christ, celle de iMarie, et celle de St-Jean, s’y faisaient remarquer, comme modeles d’execution. Dans la nuit du 31 Mai 1796, la fureur des anarchistes aneantit cebel ouvrage. Deux lustres en cuivre avec ciselures, executes par deux de nos 21E) compatriotes, en 1839, M. J. Allaert, orfevre, et M. L. GaiUiard, aujourd’hiii lampiste a Bruxelles. II serait facile, dans un ouvrage special, de developper certains details que nous n’avons fait qu’indiquer. Nous n’avons rien omis de ce qui pouvait instruire et interesser le lecteur : Notre role devait se borner la. 1 CHAPITRE LIX. Anclenne Eglise de S«e-WBlburge. D’apres Surius, et les six vies differentes de Ste-Walburge, qui toutes ont ete publiees par Heuschenius, il est positif que cette veri¬ table servante du seigneur passa d’Angleterre en Flandre vers le milieu du VIIP siecle. II y a tout lieu de croire qu’elle sejourna quelque temps dans cette contree, et tandis que Ste-Boniface fondait en 743, la chapelle de Notre-Dame dite Ter reyen, Ste-Walburge faisait sans doute clever le sacellum qui, apres sa mort, porta son nom et devint plus tard une eglise. On pent fort bien concilier avec cette opinion le temoignage de Vredius, qui ne fait remonter qu’a Fan 792 la fondation de cette eglise; ce n’est peut-etre, en effet, que de cette epoque que I’eglise porta le nom de la sainte. Quoi qu’il en soit, toujours est-il que ce monument religieux etaitde la plus haute antiquite, Longtemps I’eglise de Ste-Walburge resta sous le patronage des comtes de Flandre, jusqu’a I’epoque, ou Thomas de Savoie et son epouse, Jeanne, comtesse de Flandre, cederent cette qualite a I’eveque de Tournai, en echange de la collation d’une chapellenie dans I’eglise de St-Sauveur. Depuis lors, c’est-a-dire, depuis 1239, I’eglise de Ste-Walhurge fut elevee au rang de paroissiale, et, a ce titre, placee sous la juris- /XV — 217 — diction ou dependance de I’cglise de St-Sauveur, qui avail meme le droit de nommer le cure, qui desservait I’eglise de Ste-Walburge. Rien de plus irregulier que la construction de cette eglise. Elle se composait de trois nets d'inegale longueur, et de style sans doute bien different. II est a croire, en effet, que I’eglise n'etait qu’une seule nef de style roman, et que les besoins du culte auronl a la longue amene des additions conformes, sous le rapport du style, au gout de I’epoque, ou ces changements out eu lieu. Toujours est-il, chose assez singuliere! que le choeur se trouvait a I’exlremite d’une nef laterale, la nef du Sud, qui etait la plus longue des trois et longeait toute la rue Ste-Walburge. La nef centrale etait de 2b pieds moins longue que la precedente : elle aboutissait a un autel dedie a la Ste-Vierge. La troisieme enfin, moins longue encore que la nef centrale, avail a son extremite un autel dedie a St-Joseph. L’entree principale etait pratiquee dans une facade fort simple et tres reguliere. Au centre, s’elevait une tour quadrangulaire, sur- montee d’une pyramide hexagone. Cette tour fut reconstruite dans le courant du XV° siecle et re^ut plusieurs embellissemenls. II y avail, dans cette eglise, dix chapelles dont plusieurs avaient pour clotures des balustrades ouvragees. De ces dix chapelles les nefs en renfermaient huit. Nous avons eu plusieurs fois I’occasion de signaler les devasta¬ tions, les pillages et tons les actes de vandalisme dont les protes- tants se rendirent coupables dans le cours du XVP siecle. En 1580, ils se precipilerent en forcenfe dans I’eglise de Ste-Walburge et la depouillerent presque entierernent de toutes les richesses d’art, que le temps y avail accumulees. Les orgues furent brisees; le jube, qui etait tout entier de mar- bre, fut detruit, et ce qui echappa a la colere des fanatiques fut pu- bliquement vendu. II en fut de meme du maitre-aulel et des superbes stalles du 28 — 218 — choeur. L’ceuvre de la devastation ne s’arreta que lorsqu’il n’y eut plus rien a mettre en pieces. En 1779, cette eglise etait tombee dans un tel etat de vetuste, que les reparations furent jugees impossibles. La fabrique de I’eglise s’adressa a sa Majeste Imperiale Marie-Therese pour obtenir la fa- culte de la faire demolir. Llinperatrice accorda son autorisation par lettres patentes, apres avoir obtenu de Monseigneur I’Eveque de Bruges tons les renseignements necessaires. Par les memes lettres, sa Majeste permettait a la fabrique de vendre toutes les pierres turaulaires, tons monuments funebres, mausolees, epitaphes ettousles materiaux en general, avec la reserve cependant qu’on exhumerait, pendant la nuit, les depouilles mortelles renfer- mees dans les tombeaux, pour les transferer, sans aucune ceremonie, dans I’endroit qui serait designe par I’Eveque. Ces lettres patentes furent delivrees a Bruxelles, le 19 Juillet 1780 et publiees a Bruges, le 27 Aoiit suivant. Deux mois plus tard, le 5 Octobre, on proceda aux premiers tra- vaux de demolition. Les cadavres et les ossements furent deterres et deposes avec beaucoup de soin dans une charabre disposee pour cet objet. Puis, sur des brancards en osier, specialement prepares pour cet usage, on transfera le tout, pendant la nuit, au cimetiere de la nouvelle eglise que Ton venait d’acquerir et qui avail precedemment appartenu aux RR. PP. Jesuites, alors expulses. Le Dimanclie 10 Janvier 1779, dans le courant de I’apres-midi, eut lieu la ceremonie d’installation et de prise en possession de la nouvelle eglise paroissiale. II y eut a cette occasion une procession solennelle, mi Ton porta le St-Sacrement ainsi que les reliques et les vases sacres qu’on avail retires de I’eglise primitive. On donna des lors le nom de Ste-Walburge a I’eglise des Jesuites. Apres avoir donne quelques details assez peu connus sur la vieille %lise dece nom, nous aliens maintenant completer notre travail, en y ajoutant le produit de nos recherches, et presenter le tableau de tout ce que renfermait de curieux et de rare cette venerable basilique. Elle se trouvait dans ce quartier de la ville, qu’on designe aujour- — 219 — d’hui sous la denomination de section A 2. Elle avait trois issues , Tune dans la rue Ste-Walburge, une autre dans la rue des Cheva¬ liers et une troisieme dans la rue St-Jean. Une partie du terrain , occupe par ce monument, est aujourd’hui couverte d’une impor- tante habitation; une autre est convertie en jardins. En 1670, les trois nefs de I’eglise furent recouvertes d’une voute en ma^onnerie : ce travail fut confie a Charles De Cock. On en cou, vrit les frais au moyen de dons volontaires recueillis parlM. Pierre Aerts, cure et bienfaiteur de cette eglise. itat ecclesiastique de Ste-JValburge. II se composait d’un cure et de 12 chapelains. Reliques. Elle en possedait plusieurs d’une haute importance. Nousciterons entr’autres le menton et quatre particules de la tete de Ste-Walburge. Ces restes precieux furent, en 1377, renfermes dans une belle chasse d’argent. Mais on eut soin, pour ecarter toute espece de doute sur I’authenticite de ces reliques, de les envoyer a Fumes pour les con- fronter avec la tete de la sainte que possede une eglise de cette vilte, I’eglisecollegialede Ste-Walburge (ci-devantcouventdesBenedictins). La confrontation eut lieu en presence du doyen, du chapitre et de plusieurs autres personnes qui purent se convaincre que les parti¬ cules precitees avaient fait partie de la tete de la sainte. Le 18 Juillet, meme annee , proces-verbal fut dresse de cette de¬ claration. Au bas se trouvent les signatures avec les sceaux respectifs des temoins. Cette eglise possedait encore quelques gouttes de la sainte huile, relique dont hommage lui fut fait par Monsieur Fovin D’hasque, notre concitoyen, qui I’avait apportee a son retour d’Alleinagne. Chmur de cette eglise. L’autel en etait d’une belle construction : il etait de marbre blanc et de marbre noir, avec divers ornements de sculpture. La partie supcrieure ou fronton etait soutenue par quatre colonnes en marbre 220 — blanc. Dans une niche, formant le tympan du fronton, se trouvait la statue de Ste-Walburge. Le tableau, qui oraait I’autel, representait Jesus, assis a table avec les disciples Pierre et Jacques et leur distribuant le pain mira- culeux. Ce tableau etait excellent de dessin et de coloris. L’antependium ou revetement de I’autel etait aussi Ires remar- quable. Le Christ y etait represente assis pres de la citerne. C’etait unebroderie executeeen 1719, par les nobles demoiselles Catherine et Elisabeth Van Steelant, d’apres un tableau de M. De Meulenyzer, chanoine de St-Sauveur et doyen de Ghistelles, qui en fit don a Teglise de Ste-Walburge. De chaque cote du choeur, s’elevaient de superbes stalles gothi- ques, executees avec beaucoup de talent. Au milieu du choeur, la statue de St-Paul, en cuivre, servait de pupitre au sous-diacre, qui chantait I’epitre. II y avait deux sieges ou fauteuils d’un rare merite, sous le rapport de la sculpture. Ils etaient a I’usage des officiants pendant le service divin. Derriere le dossier, se trouvaient les armes ou insignes de la corporation des bateliers aveccette inscription ; Sancte Stephane, ora pro nobis. Le tabernacle ou sanctuaire etait digne de fixer I’attention; il etait entoure des plus riches ornements gothiques. II fut enleve en 1660. Derriere le maitre-autel, existait une espece d’oratoire, fonde par M. Martin Hoonin, conseiller de Philippe due de Bourgogne, decede en 1467, et par son epouse dame Catherine Van Hertsberghe, qui tous deux fiirent enterres dans cette chapelle avec leurs descen¬ dants. Un monument y etait eleve a leur memoire; it etait de marbre d’une nuance bleuatre. Sur la partie superieure se trou¬ vaient en relief les armes de la famille. Si du choeur, nous passons a la nef contigue, nous y verrons I’autel dedie a la Ste-Vierge. II etait de marbre avec divers orne¬ ments de sculpture. Dans le tympan ou fronton, on voyait une statue de la Vierge avec I’enfant Jesus. Le tabernacle, qu’on remarquait sur cet autel, etait aussi de — 221 marbre, et I’art de la sculpture y avail deploye toiites les ressources et toutes les richesses. Le tableau d’autel etait de J. Maes. II repre- sentait la Ste-Vierge et I’enfant Jesus tronant au milieu des Anges et des Saints. Pres de I’autel, etait suspendu un triptyque, offert en don a cette eglise, par M. Pierre De Ileerc, decede en 1S60, et par son epouse Marie Vande Walle. Le sujet etait une Vierge avec i’enfant Jesus portant en main un bouquet de fleurs. C’etait une belle composition, dont le colons etait brillant. Dans cette meme chapelle, se trouvait la pierre tumulaire de cette famine, avec encadrement de cuivre, et sur une plaque de meme metal, on voyait le fils de ces deu.v venerables personnes. On y voyait encore un tableau fort anclen, ou etait peint le cou- ronnementde la Vierge, qui paraissait agenouilleedevantun trone de forme antique, ou siegaient Dieu le Pere et Dieu le Fils, entre lesquels planail le St-Esprit, sous la forme d’une colombe. De chaque cote les donateurs etaient agenouilles avec leurs enfants. C’etaient Thomas Vande Walle, decede en 1S30, et son epouse Catherine Van Praet, dfkedee en 1315. Derriere eux paraissaient leurs patrons. Entrons maintenant dans la troisieme ncf, devant I’anlel consacre a St-Joseph. La chapelle porlait aussi le nom de Chapelle de At«cx-.En effet, elle avail ete construite et fondee par M. Pierre Sncx, qui lui constitua , pour I’entretenir convenablement, une rente annuelle de 50 escalins, comme il resulte d’un acte, dresse par le notaire Bernard Vander Straete, le 9 Fevrier 1614. Le fondateur avail de plus, dans la meme chapelle, un caveau de sepulture pour lui et pour ses descendants. L’autcl de cette chapelle etait de bois sculpte, avec statuettes et divei's ornemenls colories. Le tableau, qui le decorait, representail, au milieu d’un paysage, la Ste-Vierge avec I’Enfant Jesus sur ses genoux. Derriere elle, parait St-Joseph, et a ses cotes est assise Ste-Elisabeth, portant aussi sur ses genoux son jeune fils, St-Jean, qui joue avec le fils de Marie. II y avail du raerile dans cette com¬ position. — 222 — Pres de I’autel de cette chapelle, etaient suspendus deux panneaux, qui avaient fait partie d’un triptyque. On y remarqiiait M. Pierre Sucx et son epouse, dame Barbe Slochove, ainsi que leurs enfants. Leurs patrons se trouvaient sur le revers. Ces deux chapelles etaient fermees par une balustrade avec double porte; il en etait de menie du choeur, et les trois balustrades se trouvaient sur le meme alignement. Apres avoir donne, sur les trois autels principaux, tons les details que nous out fournis des recherches niinutieuses et souvent penibles, nous allons passer en revue les chapelles secondaires, a commencer par le nef du Nord. Chapelle de Ste-Godelive. Elle se trouvait a I’entree de la nef septentrionale, et on la nom- mait encore Chapelle d’Exarde. Elle appartint jadis a la famille d’Hamere, qui y avait son caveau de sepulture. La fabrique de I’eglise en avait fait cession a M. Jean d’Hamere, conseiller de I’archiduc d’Autriche, decede en 1504, ainsi qu’a son epouse, qui tous deux doterent largement cette chapelle. L’autel n’avait rien de remarquable. Le tableau, qui le decorait, representait Ste-Godelive montant aux cieux; sur I’arriere-plan, le peintre avait figure le marlyre de cette sainte. Ce tableau venait de la famille, que nous venons de citer, et Ton y voyait les armes de Jean d’Hamere et celles de son epouse, dame Louise de Vleeschou- wer. C’est aussi lui qui fit don a cette chapelle d’un vitrail colorie, superbe objet d’art, divise par des meneaux en trois compartiments. Sur celui du milieu, on avait peint Jesus, Marie et Ste-Anne; sur les deux autres, St-Jean et St-Louis. Les armes de la famille d’Hamere s’y trouvaient egalement. Ce vitrail, fut d’apres declaration d’experts, supprime en 1760. La fabrique d’eglise eut soin de le faire renouveler; mais les armoiries n’y reparurent plus. II y avait encore dans cette chapelle un magnifique monument, compose de marbre de diverses couleurs, mais ou le noir dominait. On y remarquait divers details de sculpture et un buste en marbre — 223 — blanc : c’etait le portrait de M. Jean Monikerede, dont le maiisolee portait aussi les armoirics. Chapelle de Ste-dnne. Eile fut batie en 1366 et primitivement dediee a St-Andre. Mais elle le fut ensuite a St-Anne, quand on eut denioli I’autel de cette sainte. Plus tard, on la noinma encore Michiels Capelle, parce que la famine de ce nom en obtint, en 1390, la cession de la fabrique de I’eglise, et y avail son caveau de sepulture. II n’y avail rien de reraarquable dans I’autel de cette chapelle. Le tableau representait St-Andre, charge de sa croix et marchant au niartyre, au milieu de scs ennemis et d’une foule de curieux. On y voyait encore deux autres peintures, un Christ portant I’em- bleme du monde et tme Fierge. C’etaient deux oeuvres d’une assez bonne execution. On y voyait les armes de M. Pierre Michiels, de- cede en 1693, et cedes de son epouse. La se trouvait la sepulture de cette famille avec une epitaphe de marbre, sur laquelle paraissaient deux figures, homme et femme, en grand costume, agenouilles devant un Prie-Dieu. C’etaient M. Jacques Michiels, decede en 1600, et son epouse Catherine Hoffman, decedee en 1598. Les armes de la famille s’y trouvaient egalement et elles etaient reproduites sur le vilrail qu’elle avail, a ses frais, fait placer dans cette chapelle. Chapelle de St-Martin. La famille de Van Damme avail la jouissance de cette chapelle, sans qu’il soil possible neanmoins de preciser I’epoque de la cession qui leur en fut faite. II en est question pour la premiere fois dans le livre des comptes de cette eglise, en I’an 1384; on y reconnalt avoir recu de M. Jean Van Damme une rente annuelle de 1 livre de gros. En 1686, un rejeton de cette famille fit eriger dans cette chapelle un nouvel autel. C’etait M. Jean Van Damme, qui epousa dame Anne Lauwers. Cet autel etait d’un travail assez remarquable. Dans le tympan du fronton, etait placee la figure de St-Martin, partageant son manteau avec un pauvre. Le tableau, qui decorait I’autel, repro- 224 — duisait cette episode de la vie du grand saint, qui cette fois etait represenle a cheval. C’etait line excelleiite production, C’est proba- blement le tableau de J. Van Oost qui orne aujourd’hui la salle de la bibliotheque. En 17S7, on enleva la balustrade en pierre de taille qui cloturait cette chapelle, et on en construisit une nouvelle en bois. Quand elle fut acbevee en 1738, les fonts baptisinaux furent places dans cette chapelle. Le vitrail, qu’on y admirait, avail ete execute aux frais de cette meine famille. On y voyait ses armoiries coloriees. Son caveau de sepulture se trouvait devant Tautel. II etait recon¬ vert d’un marbre tuniulaire, sur lequel etaient representes deux personnages, en grand costume. C’etaient M. Jean Van Damme et son epouse Anne Lauwers. Chapelle de Jesus. On I’appelait ainsi parce qu’elle etait dediee a I’Enfant Jesus. Elle portait aussi le nom de Wynckelmans Capelle, parce que la fabrique d’eglise en avail fait la cession a M. Regnier Wynckelinan, natif de Dousbourg, qui en futle principal bienfaiteur. II y fit construire un caveau pour lui et sa famille, et motirut en 13G6. II avail epouse dame Catherine Hagelinck, decedee en 1357. De nombreuses figurines ornaient I’autel de cette chapelle. Une statuette de I’Enfant Jesus etait placee dans le tympan du fronton. Les frais de construction de cette chapelle avaient ete converts par M. Van Kraenenstcyn, dont on y reinarquait les armoiries. Le tableau d’autel etait une assez bonne composition, dont le sujet etait la Circoncision. En face de I’autcl, se trouvait une epitaphe en marbre, avec divers ouvrages de sculpture, et huit ecussons portant les armes de M. Guillaume de Boodt, et de son epouse, dame Catherine Wynckelman. Chapelle de la Ste-Croix. On la designait encore sous le nom de Cousyns Capelle. Elle fut fondee en 1331, par M. Jean Cousyn, marguillier de Ste-Wal- — 22S — biirge, qui avail demande el obtenu, pour cel objet, la cession du terrain. II y fut enterre, avec sa famille et son epouse, dame Marie Almare, decedee en 1337. En 1397,1’antel de cette cbapelle ful dedie a la Ste-Croix. Le reta¬ ble en etait d’une construction magniflque, avec colonnes torses, et il portait les armoiries de M. Alexandre Ingelbrecht,decede en 1682, qui en fut le donaleur. Get autel se Irouvait originairement dans I’abbaye de ter Doest. Les religieux de I’abbaye des dunes le vendirent au dit M. Ingel¬ brecht, pour la sonime de 900 florins, non compris le tableau qui en avail ete enleve. Ce morceau d’art fut remplace par un tableau de J. Van Oost, pere, representant le Christ en croix, avec sa mere et St-Jean d’un e6te, et un cavalier arme de Tautre, L’horizon etait une montagne assez elevee. Ce M. Ingelbrecht, dont nous venons de parler, avail aussi, dans cette chapelle, un caveau du sepulture pour lui et sa famille. La chapelle renfermait une epitaphe, formee de marbre blanc et de marbre noir, avec diverses figurines sculptees. C’etait celle de M. Legillon, et elle avail ete executee en 1690. Aujourd’hui, les divers ornements de ce morceau de sculpture, decorent la tombe de M. le chevalier Van Tieghem. de ter Hoye, erigee dans I’eglise de la commune de Lophem, pres de Bruges. Chapelle de Sl-Roch. On la nommait encore Jerts Capelle. Elle fut erigee en 1666, a une epoque ou la population de notre cite etait decimee par la peste. Le fondateur fut M. Pierre Aerts, cure de cette eglise, et plus tard chanoine de St-Donat. Le but de la fondation fut d’obtenir, par I’inlercession de Sl-Roch, la fin de cette catamite. Rien de remarquable dans la construction de I’autel ; Le retable etait de bois peint avec quelques dorures. Dans le tympan du fronton , se trouvail la statuette de St-Roch. Le tableau qui decorait I’autel, n’etait pas sans merite : il repre- sentait St-Roch iinplorant la Ste-Vierge representee avec I’enfant Jesus sur les genoux, au milieu de la cour celeste. 29 220 Les arraes du donateur se trouvaient sur I’autel et sur le tableau. Ur alustrade en fer battu, qui venait de la petite chapelle du „ment, cloturait cede de St-Rocb. .n. Aerts avail en outre dans cette chapelle un caveau sepulcral pour lui etsa famille. Ses armes se voyaient encore sur le vitrail, dont 11 avail fail les frais. Chapelle de St-Nicolas. Cette chapelle, dite aussi Bakkers Capelle, ajouta plus lard a ces deux denominations cede de chapelle Van Peenen, par suite de la cession qui en fut faite par la fabrique de I’eglise, le 27 Septembre 1627, a la dame Isabelle Glorlbus, V" de M. Pierre Van Peenen, laquede legua a cette eglise une somme de SO livres de gros. Plus tard, son fils y fit eriger a ses frais, en 1665, une balustrade a hauteur d’appui, avec les plus gracieux details de sculpture ; it en avait, bienentendu, obtenu rautorisation de la fabrique. Cette famille avait dans cette chapelle son caveau de sepulture. L’autel etait aussi dedie a Ste-Walburge. Dans le tympan du fronton, se trouvait une statue de St-Nicolas. Chapelle de Ste-Barbe. On I’appelait aussi chapelle des Chapeliers, qui, depuis 1S97, en usaient pour leurs exercices religieux, comme il resulte d’un acte, qui porte la constitution d’une rente de deux livres de gros, que cette corporation payait a la fabrique d’eglise. En 1661, cette cor¬ poration dut ajouter a cette rente la contribution de 5 livres de gros, pour restaurations et reparations diverses jugees necessairesj car les protestants y avaient exerce les plus affreux ravages, et on avait du de nouveau faire la dedlcace de la chapelle. C’est en loo7, qu’on I’avait dediee a Ste-Barbe. Entre I’autel de cette chapelle et la nef de la chapelle de Notre- Dame, se trouvaient les stalles en bois des fabricants de tabac. Elle etaient chargees de sculpture, et la partie superieure etait couverte de leurs armes. ' — 227 — Pres de ces slalles, dans la nef precitee, se trouvait un superbe monument en marbre, avec divers ornements sculptes, et seize ecussons, dont huit surmontes d’une couronne. Ces huil derniers etaient ceux de M. Forret, neenEcosse, chevalier de I’ordred’Adrien, capitaine au service de Sa Majesle Imperiale, decede en 1600. Les autres appartenaient a la famille de son epouse, Marguerite Despars, decedee en 1S96. line somme de huit livres de gros fut payee a cette eglise comme prix de I’autorisation accordee par elle de placer un tombeau dans cette chapelle. Imentaire des tableaux, monuments, epitmphes et en general d'une (mile d’objets, dont il n’a pas encore ete question dans ce chapitre. 1° Un triptyque, representant I’Jdoration des Mages, — excellente composition. — Sur I’un des volets, I’etable de Bethleem. — Sur I’autre, la circoncision du Christ. Dieu le Pere et le Sl-Esprit, paraissaient dans la partie superieure de ce tableau, qui portait la date de 1602. On y remarquait aussi deux inscriptions. Cet objet d’art etait un don de M. Henri Roverius, cure de cette eglise. 2° Une epitaphe noire, avec rehauts d’or, et les huit quartiers de M. Jean De Nieulant, tresorier de Bruges, decede en 1S91, et de son epouse Coblandine Wyts, decedee en 1600. 3° Le mausolee en marbre de M. Jacques de Damhouder, avec les armoiries du defunt. Sur la partie superieure deux tourelles avec fleche et la figure de St-Jacques. 4° Un marbre funeraire avec plaque de cuivre, portant en relief la figure d’un pretre. Tout autour un encadrement en forme de portique avec fronton et colonnes sur lesquelles etaient ciselees dif- ferentes niches avec lb figures de saints. — Sur les bandes six ecussons, avec les armoiries de M. Nicolas Lancbaert, decede en 1471. b° Une autre pierre avec cuivre, ornee de deux figures couchees, homme et femme, en grand costume. C’etait Ic tombeau de M. Jean Van Zynghene, decede enl372. — Autour des figures, une espece de portique avec colonnes couvertes de plus de 40 niches, renfermant diverses figures. —Dans les stylobates, quatre niches ciselees, oul on t I - It.' — 228 — voyait couchees diverses figures representant des membres de celte famine. Ses armes se trouvalent aussi sur ce monument. 6” Une pierre tiimulaire avec deux figures coiivertes de suaires et couchees sur un riche tapis. Au-dessus de ces figures etaient suspendues, retenues par deux figures d’anges, les armes de la famine deM. Jacques Blandereel, decede en 1406, et deson epouse dame Barbe Baudins. 7“ Une pierre tumulaire avec plaque en cuivre, avec deux figures, I’une representant un personnage vetu d’un manteau blanc, I’autre une femme en costume d’apparat. Leurs enfants des deux sexes paraissaient a leurs pieds, et leurs armes etaient suspen¬ dues au-dessus de leur tete. Cedes de la femme etaient aux mains d’un ange. Leurs quartiers ornaient les quatre angles du marbre; c’etait le tableau de M. Philippe Vanden Heede, decede en 1552, et de son epouse Adrienne de Salinas, decedee en 1570. 8° Une pierre tumulaire avec lames de cuivre. — Aux quatre coins les attributs des Evangelistes et des armoiries. — Sur une plaque, deux figures en grand costume. — Plus has, entre plusieurs piliers, deux figures plus petites representant M. Corneille Vanden Heede, decede enl529, et son epouse dame Madeleine Courtewile. 9° Un marbre avec cuivre. — Une figure de guerrier, deux figures de femme. Un bas-relief, en trois comparliments, represen¬ tant plusieurs scenes de chasse. L’inscription du tombeau portait le milleslme 1382, et les noms de Michel Van Assenede et de sa seconde femme Elisabeth Van Aertrycke. 10” Un autre marbre, d’une teinte bleuatre, avec ornements en bas-relief parfaiteraent executes et les halt quartiers de noblesse de M. Charles Heuryblocq, decede en 1601, et de son epouse dame Anne Vrombout, decedee en 1624. 11° Une pierre blanche, avec I’imitation parfaite d’un squelette. — Aux angles, les attributs des quatre,Evangelistes. — La etait enterre M. Josse Lauwers, decede en 1548. 12” Un bas-relief execute sur pierre de taille blanchatre. C’est — 229 — I’epitaphe de M. Leon De Valcke, decede en 1362, et de son epoiisc dame Antoinette Ridsaert. 13° Une pierre tumiilaire avec bas-relief, representant un guer- rier arme de toiites pieces; son bouclier est a ses picds. — Aux quatre angles sont les armes on quartiers de M. Antoine Snouckacrt, decede en 1362. CHAPITRE LX. Uglisc de 9t-Jacqiics. L’histoire dc cette eglise est ecrile dans son architecture, oii tous les styles sont meles, sans etre confondus. On pent y voir quelques traces d’architecture romane, a son epoque de transition, a cote du style ogival a lancettes, et de vitraux a plein cintre diis aux restau- rations dn XVIl° siecle. Nous avons vu, dans le chapitre precedent, que, du moment ou elle fut placee sous la juridiction patronale de St-Sauveur, I’eglise de Ste-Walburge fut erigee en paroisse. Ajoutons ici qu’elle einbras- sait dans son ressort une nombreuse population disseminee sur une grande etendue de terrain, tant a I’interieur qu’a I’exterieur de la ville, puisqu’e’.le avait a desservir comme paroissiens tous ceux qui babitaient I’endroit aujourd’hui nomme fFagelwater, le long du canal d’Ostende, et s’etendait de la jusque pres du hameau de St-Bavon, bors de la porte marechale. C’estpour remedier aux inconvenients qui pouvaient naitre et de cette vaste etendue de terrain et de I’exces de population, qu’on songea, en 1240, a construire une chapelle que Monseigneur I’eveque de Tournai dedia a St-Jacques le majeur et qu’il eleva en meme temps au rang d’eglise paroissiale, a la condition toutefois qu’elle se placerait, comme Ste-Walburge, sous le patronage de St-Sauveur. Qu’etait-ce que cette construction primitive? Quelle en etait I’etendue? Elle se reduisalt a ce qu’on pourrait appeter le choeur de la nef actuelle du Nord. On remarque encore, a I’entree de la partie ■i5r — 231 — qui formait alors le choeur, Irois grands anneaux, qui retenaient trois croix, placees au-dessiis du jube, qui separait le choeur de la nef. A I’exterieur de I’eglise, on veil encore, sous le toil, plusieurs modillons, avec figures grimacantes qui faisaient partie d’une espece de corniche, et qui prouvent que vers le milieu du XIII* siecle I’artiste avail encore travaille, sous I’influence expirante de I’art romano-byzantin. En 1437, on commenea, pour I’agrandissement de cede eglise, line suite de travaux considerables qui se prolongerent jusqu’en 1478. Ces travaux embrasserent la construction du choeur actuel avec la chapelle du Sud et les trois nets anterieures. Tous les pa- roissiens rivaliserent de zele pour couvrir les frais de ces batisses; mais ceux qui se distinguerent d’une maniere toute speciale, ce furent les negociants Florentins dont les liberalites furent sans homes. L’eglise une fois achevee, on en fit la dedicace le 19 Mars 1479 et on lui conserva son premier nom. La ceremonie fut celebree par Monseigneur Ferry de Clugny, eveque de Tournai, plus tard promu au cardinalat par le pape Sixte IV et mort a Rome en 1483. II restait encore a executer divers travaux inlerieurs pour le reve- tement et le platrage des murs : ils furent termines en 1480, et la generosite des paroissiens couvrit de nouveau ces depenses. Comme tous les monuments religieux dont nous avons deja parle, celui-ci eut aussi son temps d’epreuves. La fureur des gueux y laissa de cruelles traces. Ce fut en 1380, que profanant I’interieur de cede eglise, ces miserables detruisirent tout ce que la piete avail inspire au genie de fart. La devastation embrassa tous les orne- ments du choeur, le maitre-autel d’une construction fort remar- quable, le chef-d’oeuvre d’art qu’on appelait Sacraments huysken, les stalles golhiques, et le jube avec ses orgues. La fureur de detruire ne s’arreta pas aux ornements interieurs : plusieurs murailles furent renversees, et tous les travaux de sculpture horriblement mutiles.Quant auxvitraux et aux materiaux qu’on put recueillir au milieu de tant de ruines, ils furent publiquement vendus a vil prix. VC — 252 — Le depart des gueux fut suivi du retablissement du culte. On deblaya I’interieur de I’eglise, veritable theatre de desolation, et I’on se mit en devoir de faite disparaitre le plus tot possible les traces qu’y avait laissees le genie du mal. On trouva, comme dans toutes les circonstances analogues, un zele incroyable de generosile chez les paroissiens. Mais, deux families surtout se distinguerent ; la famine De Gros etcelle de Lens. Elies supporterent tons les frais de restauralion, qu’exigeait la nef du Nord qui avait le pluss ouffert de la devastation. Ce fut le dernier changement important qu’eut a subir cette eglise dans rinlerieur de son enceinte. Plus tard, cette enceinte meme fut modifiee par la construction de huit chapelles laterales dont nous parlerons en temps et lieu. C’est en f69t,qu’on commenea la construction des voutes de I’eglise, avec une reserve de 100 livres de gros provenant d’un don fait par un commer^ant M. Francois de Meulenaere, marguillier de St-Jacques. A peine ces (ravaux etaient-ils en train, qu’on jugea necessaire de deplacer les vitraux de la nef du Sud, pour les faire correspondre plus symetriquement avec ceux de la nef du Nord. Le resultat fut que I’interieur de I’eglise en fut mieux eclaire. En 1695, on se mit en devoir de revetir les parois des murailles de marbre blanc el de marbre noir, en commencant par la nef septentrionale. Le marbre noir venait des pierces sepulcrales de cette eglise. En 1694, on pla^a le long de ces murailles douze tableaux figu¬ rant differentes scenes de la vie de St-Zachee. Ils furent peints par Dominique Nollet, et couferent la somme de liv. gros 75-00-00. Le 2 Novembre 1694, les murs Sud de la nouvelle chapelle des aubergistes, dediee a St-Zaehee etaient assez elevees pour qu’on songeat a la construction du toil. Mais, voici que tout-a-coup, vers huit heures du soir la voute s’ecroule avec grand fracas. On dut attribuer ce malheur au pen de solidile des murailles dont la con¬ struction etait encore toute recente. Le mur se maintint toutefois; mais, par suite de la poussee, il inclina d’un pied et demi vers le — 233 — Nord. On parvint cependant a le redresser, grace aus Iravaux d’lin habile charpenlier, Pierre de Marcq, qui re^ut dans cette circon- slance les temoignages d’approbation des experts delegues par les Magistrals de la ville pour I’inspection des travaux. En 1693, on commenga la construction de la voule en pierres de la nef, oii se trouve I’autel dedie a St-Leonard et de la chapelle qui portait le nom de St-Zachee. Des dangers d’une autre espece que ceux, dont nous avons fait mention plus haut, nienacerent I’eglise de St-Jacques a I'epoque de la revolution frangaise. On cndut la conservation a lapieuse sollici- tude de quelques fldeles, qui reclanierent le b^timent comme parois- sial et racheterent tout le mobilier mis en vente par le gouverne- ment republicain. On fit en 1819, un nouveau plafond au choeur de cette eglise. Le nouveau dallage du chceur, date de 1824. En 1837, on y commenga un nouveau dallage, qui est d’un bon effet. L’exlerieur de cette eglise est assez pittoresque surtout vers rOuest; il est cependant facheux qu’on ait defigure I’entree princi- pale par une construction toute moderne dont le style jure avec celui de tout I’edifice. La tour n’est qu’une masse quadrangulaire, qui n’offre rien de remarquable. Avant 1694, on entr’aitdans cette eglise par deux grands portails, dont I’un se trouvait au Sud, derriere la chaire de verite, la ou Ton voit aujourd’hui un enclos qui sect de magasin; I’autre, dans le lieu nu Ton a construit la chapelle des aines du purgatoire. C’est la que se trouvait I’escalier qui conduisait a la grande tour : il touchait a la chapelle alors nommee Donker Capelle. £lat ecclesiastique de St-Jacques. Le clerge attache a cette eglise se composail autrefois d’un cure, de dix vicaires et de quatre chapelains. Depuis la nouvelle organisa¬ tion, qui date de I’erapire frangais, la paroisse n’est plus desservie que par iin cure et deux vicaires. 30 — 234 — Ce fut en 1424, le 27 Septembre, que I’eveque de Tournai y intitua le chant journalier des sept heures canoniales. Le chosur. — Maitre-autel. IJn autel remarquable y fut place en 1479. Les frais en furent converts par M. Donatien DeMoor et son epouse Adrienne De Vos, dontles armes etaient representees sur ce morceau de sculpture. Le plus bel ornement de cet autel etait un tableau de Vander Goes, figurant la descente de croix, remarquable surtout par I’air expressif des tetes. Un seul trait fera connaitre la fureur des protestants a I’epoque des troubles civils du XVD siecle : ils couvrirent cette toile d’une couche epaisse de couleur noire sur laquelle ils inscrivirent en lettres d’or les dix comniandements de Dieu. On fit, a leur depart, des tentatives inimaginables pour restaurer ce morceau d’art et Ton n’y reussit qu’a grande peine. Aujourd’hui, il ne se trouve plus dans I’eglise de St-Jacques. Non contents de cet acte de vandalisme, les iconoclastes detrui- sirenl completcmcnt I’autcl dont nous venons de parler. En 1666, on songea a le remplacer, et il ne fut completement acheve qu’en 1670. C’est celui que nous voyons encore aujourd’hui. It est tout entier de marhre et tout charge de sculptures, dans le style de la renaissance. Le fronton du retable s'appuie sur quatre colonnes de marbre veine de rouge, et dans le tympan du fronton se trouve line statue de St-Jacques. L’execution de cet objet d’art fut confiee au marbrier Corneille Gailliard, qui re?ut pour son oeuvre line somme de livres de gros 883-06-08, non compris les frais de placement des gradins, pour lesquels il lui fut paye 17 livres de gros. La fabrique lui fit, en outre, pour lui temoigncr sa satisfaction, le don d’une valeur de livres de gros 2-10-00. Cet autel etait jadis decore d’un tableau representant le martyre de St-Jacques. On y voyaitle saint apotre traine au supplice par ses bourreaux. Un chien acharne a sa poursuite semblait pret a le dechirer. Une nombreuse escorte de cavaliers et de soldats comple- ■—■ 23d — tail la composition. G’etait un des chefs-d’oeuvre de Thomas Wille- hords (Bosschaert.) Transporte au musee du Louvre, a I’epoque de {’occupation fran- ^aise, ce beau tableau fut donne par Ic gouverncment a une eglise de Toulouse qui le possede encore. Lafabrique de Sl-Jacques le tenait de M. Lamerlet d’Anvers, qui le lui avail cede moyennant la somme de 66-12-04 livres de gros. Le tableau qui le remplace aujourd’hui est une Adoration des Mages, due au pinceau de Bockhorst {Langen Jan). L’ordonnanee de la composition en est assez remarqiiable et le coloris en est excellent _ Apres avoir orne jadis le maitre-autel de I’eglise des RIl. PP. Domi- nicains, il etait tombe entre les mains du pcintre brugeois Ducq, qui, trop desinteresse pour speculer sur une heureuse acquisition, le cMa a la fabrique pour une faible somme, et sans le moindre benefice pour lui-meme. .4utrefois, dans certaines fetes, ce tableau etait remplace par Tune des six toiles qui decorent les nefs anterieures. On clioisissait natu- rellement cede qui representait le mystere celebre dans la solennite.. Voici quels sont ces tableaux. 1“ La Nativite par Mathieu De Visch, composition assez remar- quablc. Guides par un rayon de la lumiere celeste, les berger® viennent rendre leurs homraages au nouveau-ne. 2° Le Christ attache d la cruix. — Dessin correct — composition assez harmonieuse. 3° La Resurrection du Christ. — Cette oeuvre est encore plus ha- bilement traitee que la precedente. Elies sont dues toutes deux au talent de Louis De Deyster. Peu connu jusqu’a I’epoque oii il fit ces deux compositions, cet artiste dut a I’intelligente protection d’un .Mecene le bonheur de sortir de I’obscurite. Ce protecteur eclaire etait M. Roelof, marguillier do St-Jacques, qui fit present a cette eglise des deux tableaux en ques¬ tion ainsi que de la Mort de la Ste-Fierge, composition du meme peintre, dont nous parlerons ci-apres. 4” La naissance de la Ste-Fierge, d’apres une composition du peiulre ilaliej) Francois d’Albano. Cette copie, dont le dessiu et le coloris ii’ont rien de bien remarquable, est I’oeuvre de NicolasVleys : il y placa le portrait de sa fdle Caroline sous I’image d’une servante qui monte le grand escalier. — La gravure a reproduit ce tableau. 5“ La mart de la Sle-Fierge. Autour d’elle paraissent les disciples du Christ. C’est, comrae nous I’avons vu, une production de Louis De Deyster. 6° L’Assomption de la Fierge, par Marc Duvenede, ceuvre assez correcte sous le rapport du dessin et de la couleur. Ajoutons aux divers objets d’art qui ornaient cet autel une grande croix d’argent avec six chandeliers du meme metal. Le tabernacle om sanctuaire. II s’elevait primitivement entre le choeur et la nef de la chapelle de Notre-Dame. II avail la forme d’une tourelle et il etait de la plus gracieuse et de la plus elegante execution. Les protestants trouverent bon de le detruire. En 1393, on en construisit un autre qui existe encore. Il est place derriere le maitre-autel; inais il est d’autant inferieur au premier que I’art de la renaissance est, sous le rapport religieux, inferieur a I’art gothique. Nous devons ajouter toutefois qu’i! ne manque ni de richesse ni de magnificence, et qu’il est compose de marbres de diverse couleur avec rehauts d’or. Il presente trois etages superposes et formant pyramide, dont la base est un piedestal convert desculptures. Le sanctuaire proprement dit forme le premier etage soutenu par quatre colonnettes auxquelles sont adosses les evangelistes. Le second etage est orne de trois bas-reliefs, entoures de quatre figures d’aiiges. Le bas-relief central represente la derniere cene; un autre figure la distribution de la manne et le troisieme le grand- pretre Melchisedech. Trois statuettes symboliques couronnent ce charmant edifice : ce sont les trois vertus theologales. Pres dll tabernacle, vers le Nord, il existe une petite chapelle. — 237 — dite De Moor, fondee par M. Donation Do Moor, decode on 1483, et par son epouse Adrienne De Vos, morte en 1309. C’elaientdes per sonnes d’une piete sans exemple et dont tout le bonheur eonsistait a conibler cette eglise de bienfaits. C’est a eux qu’on doit plusieurs magnifiques ornements d’autel, et ils couvrirent line partie des frais que necessita le placement des stalles du ehoeur. Aussi, sont-ils enterres dans I’enceinte merne qu’ils avaient tant aimee et leurs ar- moiries peuvent se voir sur la muraille. An Sud de I’autel se troiivait I’epitaphe de M Jaeques Budsyn, decode en 1636. La famine fit faire de cette epitaphe une copie sur toile, qui se trouve aujourd’hui dans la chapelle de St-Antoine. Deux paysages histories, representant la Fuite en 6gypte et les Disciples d’Emmaus, ornent les cotes de I’autel. L’un est de Achtschel- ling, I’autre de Coxie. Stalles du chwur. Ellcs furent placees en 1482 aux frais de MM. Donation De Moor et Guillaume Haultin , secretaire des dues Philippe et Charles de Bourgogne. C’etait un superbe ouvrage de sculpture gothique, mi le chene avait etc fouille avec un rare talent par des mains habiles. On y voyait, entr’autres ornements, les armes des donateurs. DetruiteS par le vandalisme de la reforme, en 1580, elles furent remplacees en 1674,', par d’auircs statics qui n’ont plus le meme caractere, mais qui, toutefois, sont encore les plus belles de la ville. Elies presen- tent un aspect vraiment imposant et chargees qu’elles sont de statuettes, de guirlandes et de plusieurs autres ornemeuts, elles ont du exiger un travail long et penible et une grande habilete de ciseau. Le sculpteur se nommait Martin Moenaert : la fabrique d’eglise lui paya pour son ceuvre une somme de 233 livres de gros. 11 avail suivi le modele fourni par Corneille Verhouve, qui recut de ce chef 24 escalins de gros, d’apres le compte de 1671. Vers le cote Nord, sur fun des piliers du ehoeur, on peut voir une magnifique epitaphe composee de plusieurs sortes de marbre, et 238 — tonte chargee de figures sculptees. On y voit entr’aiitres celles de St-Adrien et de St-Francois. C’est un monument eleve a la memoire de M. Adrien Van Woeslwynckel, echevin de Bruges, decede en 1022, et de son epouse Franeoisc Navigheer, decedee en 1S2S' Leurs armoiries se trouvent sur celte pierre. Le jiibe. Avant la terrible epoque des troubles religieux, dont nous avons cu plusieurs fois I’occasion de parler, I’eglise de St-Jacques offrait a I’admiration publique un superbe jube en pierces de taille d’une teinte grisatre, a trois arcades dont Tune, celle du milieu, formait Ten" tree du cliceur, qui se fermait aumoyen d’une porte a deux battants. Sous les arcades laterales il y avait deux petits autels. L’un etait primitivement consacre a Notre-Dame de Ruysselede, et en parcou- rant les listes de la confrerie qui y etait erigee, on y verra les noms des plus grands et des plus nobles personnages de la ville. Celte meme confrerie faisait dans I’origine ses exercices religieux dans une autre petite chapelle qui se trouvait sous le jube de ce choeur primi- lif dont nous avons parle plus haut, et qui maintenant est devenu la nef du Word. Beaucoup plus tard elle fut remplacee , dans la cha¬ pelle qu’elle s’etait elevee sous le nouveau jube, par la confrerie de Notre-Dame dite de la Presentation, ce qui eut lieu vers le commen¬ cement du XVP siecle. L’autre chapelle etait consacree a St-Jacques, et c'cst la que les lourneurs de chaises faisaient celebrer leurs exercices religieux. Le jube, que nous venons de decrire, avait deux superbes jeux d’orgues de grande dimension, dont I’un fut vendu a I’eglise de St-Sauveur, et dont I’autre perit lors de la destruction du jube en 1580. Apres ces jours de deuil et de desolation , on construisit un nou¬ veau jube en hois a I’entree principale de I’eglise, a I’endroit meme ou Ton voit aujourd’hui le portail dont nous avons dit quelques mots dans le chapitre consacre a I’eglise de St-Donat. En 1630, en vertu d’un contrat entre la fabrique de I’eglise de St-Jacques et Nicolas Hellewout, organiste de I’eglise de St-Donat, — 239 — il fut accorde au dit facieur d’orgues, d’cn construirc de nouvelles avec tons les accessoires. II lui fut paye pour ce travail la somme de 7S livres de gros, et on lui ceda en outre le vieil instrument, qui avait servi jusqu’alors. Les nouvelles orgues furent placees en 1631. Le jube, que nous voyons aujourd’hui, date de I’annee 1630. II cst tout entier de marbre blanc et de marbre noir, et repose sur quatre colonnes de marbre veine de rouge , qui fornient trois arcades. Celle du milieu forme naturellement I’entree du clioeur dans lequel on entre par une porte a deux battants , chargee de sculptures et ornee d’une statue de St-Jacques. Cette porte est garnie de balustres en cuivre, dont I’ensemble pese cent livres. Elies ont etc livrees par Gilles Moerman pour la somme de 32-03-04 livres de. gros Plusieurs details de sculpture enrichissent encore cette porte. Quant a la partie de la cloture du chceur, qui s’offre sous les arcades laterales, elle se compose de chaque cote d’une balustrade en marbre. Le jube fut construit par Jacques De Cock de Gand, auquel la fabriqiie paya, cn vertu d’un contrat, la somme de 4700 florins. Au centre du jube, au-dessus de I’arcade centrale, on pent voir dans une niche unc statue de la Vierge, en marbre blanc. Cest der- riere cette niche que se trouvent les orgues, jadis placees contre la muraille laterale. Dans la partie qui fait face au chceur, au-dessus de 1 entree prin- cipale, il existe une autre statue de la Vierge, en pierre. On y voit une inscription et les armes de Kelele et de Meulenaere. Cette inscription fait mention de M. Guislain de Ketelc, decede en 1627 etdesa soeur et unique heriticre Jossyne de Ketele, decedee en 1638 et qui contribua par une somme de 1000 florins dans les frais de construction de ce jube. Chaire de verite. C’est en 1689 que fut placee la chaire de verite de I’eglise St-Jacques. On y pent voir les armes de M. Jean Cobryssc, chevalier de Jerusalem, et de son epousc Maric-Therese de la Haussoy, qui en sent les donaleurs. — 240 — II scrait difficile de rien imaginer de plus lourd que ce morceau. Outre que I’enserable n’offre rien de gracieux. ni d’imposant, I’artiste en a tellement surcharge toutes les parties de details de sculpture que I’oeil ne sail ou s’arreter dans ce chaos. Parmi les principaux ornements que le ciseau y a seulptes, nous citerons 1° trois medaillons qui ornent la cuve et qui offrent en relief trois figures Jesus, Marie, Ste-Anne; 2° quatre statues qui souliennent la chaire, et qui figurent les quatre parties du inonde. Les rampes de I’escalier sent toutes couvertes de guirlandes avec diverses figures d’anges. Dans le transsept, on voit, contre deux piliers, les statues de St-Jacques et de St-Jean, reposant sur des especes de culs-de-lampe en forme d’epitaphes, et dont I’un fut offert a cette eglise par la famille Vleys. Au-dessusdu portail, qu’on designesous le nom de Heindeure, se trouvait jadis un riche vitrail colorie on etait represente I’empereur d’Allemagne, assis sur un trdne au milieu des sept princes electeurs, armes de pied en cap. Chapelles avec autel de I’eglise de St-Jacques. 1° Chapelle dite des Barbicrs (Baerdemakers) ou des chirurgiens. II y eut une epoque, on le sait, oii ces deux professions n’en faisaient qu’une. Ceux qui cumulaient a Bruges ces deux fonetions avaient, dans I’eglise de St-Jacques, une petite chapelle, qui sert aujourd’hui de chambre de reunion a la confrerie du St-Sacrement. Elle etait dediee a St-Cosme et a St-Damien, et leur avait ete accordee en vertu d'un contrat passe le 18 Aout 1432, entre le cure et les Marguilliers d’une part et le doyen ainsi que le serment de la corporation des Barbiers-Chirurgiens d’autre part, pour la celebra¬ tion qui dcvait avoir lieu dans cette eglise, le 27 Septembre en rhonneur des saints Cosme et Damien. Avant cette epoque, la meme corporation, avait dans la meme eglise, un autre autel a sa disposition, pour ses exercices religieux. Quant a la chapelle dont I’usage leur fut octroye vers le milieu du XV' siecle, comme nous venons de le voir, I’autel en etait petit — 241 — f et de peu d’iniportance;.mais, on y voyait im triptyqiie admirable ! de Lanceloot Blondeel et nous avons le bonheur d’ajouter qiie cetle ■ belle composition existe encore. Le panneau du milieu represente, sous des couleurs tres vives, le martyre de ces deux saints personnages ; les deux volets les offrent j respectivement dans leurs costumes. Parmi les ornements, que I’auteur a cru devoir ajouter a son oeuvre, nous citeronsneuf medallions representant plusieurs scenes > dont le denouement est le martyre et la mort de fideles serviteurs du Christ. La redevance, payee par la corporation des Barbiers, pour I’usage I qui leur etait accorde de cette chapelle, ne s’elevait qu’a 7 escalins f de gros. Ils I’abandonnerent toutefois, en 1691, pour quelques diffi- cultes qui s’eleverent entr’eux et la fabrique a propos de certaines modifications qu’on fit a leur-chapelle. Un an plus tard, c’est-a-dire en 1692, la fabrique cWa cette cha- ; pelle a la confrerie du St-Sacrement, qui en lit une chambre de i reunion, moyennant une contribution annuelle de 6 livres de gros, I en faveur de la dite fabrique. 2° Chapelle de St-Antoine hermite. Le pape Urbain VIII, en 1624, la gratifia de plusieurs indul¬ gences. Elle n’offre rien de remarquable que quelques pierres tumu- laires avee cuivres, qui y ont ete placees depuis peu et dont nous aurons occasion de parler plus loin. V .'5° Chapelle des dmes du Purgatoire. Cette chapelle fut d’abord dediee a Ste-Catherine et voici a quelles ; conditions la construction en fut permise. 1 On devait enlever la cloture en bois sous la voute de la chapelle obscure (Donker Capelle), et y clever un mur a hauteur de la voute, qui aboutit a la chapelle des Bouchers. ^ Au milieu de cette muraille, I’autel devait etre erige de maniere qu’il y eiit un passage libre tel qu’on put communiquer avec la cha¬ pelle des Bouchers. ' On devait en outre demolir I’autel de Ste-Catherine, alors place .’51 J — 242 conlrc le pilier Nord de la nef, la ou Ton volt aujourd'hui unc Mater dolorosa, en marbrc, sculptee par Franijois Qnillin, et placee sur un pickleslal, orne d’line epitaphc avec armoirics de M. Floren- tin Van Warissen, clianoine de St-Donat, qui en etail le donaleur. C’est en 1663, que cette chapelle recut une voiite en ma^onnerie , el c’cst la premiere voiite qui lut construite dans cette eglise. Le 26 Oclobre 1676, la confrerie des ames du purgatoire fut installee dans cette chapelle par I’eveque de Bruges. 4“ Chapelle des Bouchers. File se trouvait autrefois au-dessus de la sacristie et Ton y arrivait par un escalier de plusieurs marches. L’enlree etait dans la chapelle alors dediee a Ste-Catherine. Cette chapelle des Bouchers etait spacieuse; mais elle n’offrait point d’ornements remarquables. En 1698, elle etait dans un tel etat de delabrement, qu’on songea a la demolir. On la reconstruisit au niveau du sol; mais elle dut perdre beaucoup de son etendue, a cause de la place qu'on reserva pour la sacristie. C’est un ecoulete de la ville, M. Auguste de Vicq, sdgneur de Mileveld, qui posa la premiere pierre de cette chapelle, qui se trouve pres de I’ancien choeur de I’eglise, a proximite de la nef laterale du Nord. On n’epargna rien pour sa decoration interieure. Plusieurs pierces angulaires, enchassees dans les parois de la voute, portent les armcs coloriees des principaux bienfaiteurs de la chapelle, tons membres de la corporation des Bouchers, et dont voici les noms : Van Vyve, Van Assenede, Van Vive, De Hoover et Breydel. On y voit aussi I’ecu de Flandre. Devant I’autel, se trouve une pierre sepulcraleen forme de losange, avec les memes ecussons. Elle couvre I’entree du caveau ou etaient inhumes les confreres. Quant a I’autel lui-meme, il n’a rien de remarquable. On y voyait jadis un tableau, dont le sujet etait la Naissance du Christ. La corporation des Bouchers honorait pour patrons St-Lievin et Thermite St-Antoine. Les armes etaient peintes sur les vitraux de la chapelle; sur Tun d’eux etait peint'aussi son etendard,qui offrait. — 243 — sur un fond bleu, plusieurs fers ayant la forme cle la lettre B, avec la croix de Bourgogne el I’ecusson de Flandre. Sous ces vitraux, se trouvaienl les stalles de chene sculptees, dont une partie lambrisse encore la muraille. La chapelle etait separee de la nef par une balustrade en marbre, avec porte a deux batlants. La fabrique contribua pour la somme de 800 florins dans la construction de la voule de cette chapelle et de celle de Notre- Dame. S° ^utel de Notre-Dame. A rextremite de la nef septentrionale, qui fut, comme nous I’avons dit, le premier cliceur de cctte eglise, se trouvait un autel dedie primitivement a St-Adrien. Get autel etait remarquable par les sculptures delicates, dont it etait convert : il fut erige, en 1480, aux frais de M. Philippe Bittebloc. ll y avail alors a Bruges, un noble Genevois, agent consulaire de sa nation, et que Ton nommait Thomas Portunary. II avail donne tant de preuves de generosite et avail contribue pour une si large part dans les depenses, occasionnees par la reconstruction de cette eglise, que la fabrique jugea convenable de lui en temoigner sa reconnaissance, en lui offrant I’usage de cette chapelle pour lui et sa famine. Plus tard, cette meme chapelle fut cedee a la corporation des Grisons, qui pour la plupart habitaient la rue qui porte encore leur nom, a la condition tontefois qu’ils se chargeraient de I’entretien de I’autel, des vitraux, de la toiture et des gouttieres en plomb de cette chapelle. Get etat de choses dura jusqu’a I’epoque oil ce corps de metier, voyant son industrie deperir chaque jour par suite des troubles qui agiterent le pays pendant tout le cours du XVI“ siecle, ne fut plus en etat de remplir les conditions auxquelles il avail souscrit jadis. G’est en 1639 que la corporation des Grisons, privee depuis longtemps de toutes ses ressources, se vit contrainte d’abandonner la chapelle en question. Gette meme annee, la fabrique en accorda <1 — 244 — I’usage a la confrerie de la Presentation de la Fierge, aux, conditions susnienlionnees. Cette confrerie de la Presentation existait dans cette eglise depuis 1498. Elle oblint, en 1314, plusieurs indulgences du vicaire gene¬ ral du diocese de Tournai. Qiiand la confrerie de Notre-Dame de Ruysselede cessa d’exister, cede de la Presentation la remplaea dans I’nsage de I’autel que la premiere avait eu jusqu’alors a sa disposi¬ tion , et qni etait place sous I’arcade de I’ancien jube. Quant a Tautel actuellement dedie a Notre-Dame, il est riche d’ornementations, et remarquable surtout par un tableau de J. Van Oost pere, qui decore le retable. C’est une des meilleures composi¬ tions de ce maitre, qui en a fait d’excellentes. Le sujet est la Presentation de Marie au temple. A la grace de la composition et a la correction du dessin, ce tableau unit le charme d’un coloris qui rappelle celui de Grayer. La confrerie paya a I’artiste, pour ce bel ouvrage, SOlivresde gros provenant d’un don que lui avait fait dans cette intention M. Guil¬ laume Schelavers, en 1633. II y a de plus sur cet autel un tabernacle, ou repose aujourd’hui le Sl-Sacrement, Quoique le choeur soil assigne a la confrerie du St-Sacrement, pour ses exercices religieux, cette confrerie a pourtant ses stalles dans la nef de cette chapelle. Ony voit un bon tableau, representant douze membres de cette confrerie, avecle costume de I’epoque oii ils vivaient. Au centre, le peintre a imite la magnifique reraontrance en or que I’eglise posse- dait autrefois. Cette confrerie du St-Sacrement est bien ancienne, puisqu’il existe un acte, date de I’annee 1424, oii I’eveque de Tournai fixe tons les services et les exercices religieux des confreres. 6“ Autel ou chapelle de St-Leonard. Get autel se trouve a I’extremite de la nef du Sud. II fut construit en 1473 et primitivement dedie a St-Jean, I’evangeliste et a St-Jean- Baptiste. L’ercction en est due a la munificence de M. Jean De Gros, .-Wv- — 245 — tresorier de la Toison d’or, dont la famille fut constamment la bien- faitrice de cette eglise. Aussi lui fut-il accorde de creuser devant cet autel son caveau funebre, et de faire placer ses armes sur I’autel. Le 24 Decembre 1477, cet autel fut cede, par don gratuit, a la corporation des Tonneliers. L’acte, passe devant le Magistral de la ville, fut signe par M. Jean De Gros et son epouse, dame Guy de Messey. Cet autel est decore avec beaucoup de luxe. Le tympan dii fron¬ ton, qui repose sur deux culonnes, renferme la statue de St-Leonard, et Ton volt au-dessus, dans un ecusson, les armes ou insignesde la confrerie des Tonneliers. Quant au tableau d’autel, 11 est d’une execution Irreprochable sous le rapport du dessin et de la couleur. G’estune composition de J. Maes, qui represente St-Leonard, dans un groupe d’autres figures. Les slalles de la meme corporation se trouvaient contre la muraille pres de I’autel, et les insignes des Tonneliers s’y trouvaient au milieu des sculptures. Dans la partie, qui touche au choeur, il y'avait une belle epitaphe cn marbre noir et en marbre blanc, ornee de seize ecussons portant les armoiries de M. Antoine de Lens, chevalier de la Toison d’or, decede en 1672, et de son epouse dame Jacqueline De Gros. Ce riche monument fut enleve de cette chapelle pour etre place dans celle des Aubergistes. Entre les vitraux, dont la famille De Gros avail fait jadis les frais, etait suspendu un triptyque, peint par Pierre Pourbus, et qu’on voit aujourd’hui dans la chapelle des Aubergistes. Le sujel est la Resurrection du Christ, avec un paysage pour fond. On y voit aussi les portraits des donateurs M. Zegher Van Male, decede en 1601, auteur de I’ecrit intitule Lamentations de la ville de Bruges, et de ses deuxepouses, Antoinette Van De Maze, decedee en 1559, et Jeanne Haghe, morte en 1569. L’auteur n’a pas oublie les portraits de leurs enfants, ainsi que les armoiries de la famille Van Male. — 246 7“ Chapelle De Gros. Elle se trouve pres de I’autel dedie a St-Leonard, et elle est cl6turee d’une balustrade avec portes. Elle fut foiulee, au commencement du XVI° siecle, par M. Ferry De Gros, chevalier, seigneur d’Oyghem, de Nieuland, etc. L’autel de cette chapelle est petit; mais, on y voit un medaillon avec bas-relief en terre cuite emaillee, qu’on attribue generalement au celebre artiste Florentin Luca della Robbia. On y voit une Vierge, demi-corps, avec I’enfant Jesus. —Autour une guirlande de fleurs et de fruits du plus gracieux effet. A cote de cet autel, on volt enchasse dans la muraille un magni- fique tombeau, dont il ne reste plus que de belles ruines et trois figures intactes. C’etait celui de la famille De Gros, sur lequel il a ete public, dans ces dernieres annees, une notice fort interessante. Sous le rapport de la delicatesse du travail, de la richesse de la matiere et du merite artistique en general, ce mausolee pouvait soutenir la comparaison avec ceux de Charlcs-le-Temeraire et de Marie de Bourgogne. Il etait tout entler de pierres de Boulogne, a I’exception des fables sur lesquelles etaient couchees les statues. 8" Chapelle de Colaert d’Jull, dediee a la Vierge des neuf chceurs angeliques et nommees plus tard chapelle des Aubergistes. Un acte, qui porte la date du l"Septembre 1492, fait mention d’une partie de terrain, qui fut donnec, en 1468, par leciire et les Marguilliers de St-Jacques a M. Colaert d’Ault et a son epouse dame Madeleine de Baenst, en reconnaissance de plusieurs sacrifices d’ar- gent, faits par ces personnages pour aider a la reconstruction de cette eglise. Sur ce terrain, ils firent batir un autel qu’ils dedierent a la Vierge des neuf chceurs angeliques et a St-Michel. A la fin du XV” siecle, les enfants de M. Colaert d’Ault donnerent cet autel au doyen et au serment de la corporation dite de Mutse- reeders (Mutsescheeders) qui avait pour patron St-Francois et qui avait alors ses reunions au local des Bogards (to Bogaerde), a Bruges. — 247 Get autel, dont M. Colaert d’AuIt fut fondateur, se trouvait pri- rnitivement centre le inur Sud, la ou plus tard fut la chapelle des Aubergistes. En 1S04, cette corporation obtint de la meme famille la faculte de cloturer sa chapelle au moyen d’une balustrade en bois, avec porte d’entree, a la condition toutefois que cette porte ne pourrait point se fermer a clef. M. Colaert d’Ault, ne a Amiens et decede le 13 Janvier 1471, et sa seconde femme Madeleine De Baenst, nee a I’Ecluse et decedee le l“Decembre 1491, sont enterres devant I’autel de cette chapelle, ainsi que leurs enfants. Leur sepulture en cuivre represente une inagnifique tribune avec huit figurines artistement travaillees. Sur la partie superieure se trouvent les armoiries, et aux angles, les ecussons de M. Colaert d’Ault et de sa premiere femme, Catherine De Groote, decedee en 1433. La se trouve aussi un autre cuivre de moindre dimension, avec une figure de femme couebee sur un tapis entre son frere et son angc gardien. C’est le tombeau de Catherine dAult, decedee en 14G0, et fille du susdit M. d’Ault. Le 3 Aout 1624, eut lieu la pose de la premiere pierre de la eba- pelle aujourd’hui dediee a Notre-Dame des anges, et que I’ou appclait alors chapelle des Aubergistes ou de St-Zachee. Ce fut M. le Cure qui posa cette premiere pierre; la seconde fut posee par Jean Landuyt, doyen de la confrerie des Aubergistes. La dedicace eut lieu le 23 Aout 1693, et le menae jour, la corpo¬ ration y fit celebrer la premiere messe ainsi que le salut, en I’hon- neur de St-Zachee son patron. Un grand caveau de sepulture fut construit dans ce local pour les membres de ce corps de metier. Dans cette nouvelle chapelle, on plaea I’autel, dont nous avons parle plus baut, et qui avail ete donne par la famille d’Ault. II n’olTre rien de remarquable. Le retable est couronne par la statue de — 248 — St-Michel avec le dragon, et sur les deux cotes on Voit St-Fran^ois et St-Zachee. Le tableau d’autel n’est pas sans merite : le sujet est le couronne- ment de laVierge, entouree de la coup celeste :c’est une peinturesur bois, fort ancienne. En 1717, la corporation des Aubergistes fit placer ses stalles en face de I’autel. On y voyait deux bas-reliefs et les insignes de la cor¬ poration. Aujourd’hui, on voit, dans le meme endroit, un confes- sionnal surmonte de I’epitaphe de"M. De Lens. D’apres un contrat, qui porte la date du 2 Juin 1694, la construc¬ tion de cette chapelle couta aux Aubergistes la somme de ISOO florins. 9“ Chapelle de Ste-Jnne. Cette chapelle n’etait qu’un simple autel, erige centre un des piliers de la partie meridionale du choeiir par la famille Hagelstein, qui y possedait le droit de sepulture. Get autel etait de marbre et fut construit en 1653; la meme annee, on y celebra le premier service en I’honneur de Ste-Anne. Quant a la confrerie de Ste-Anne et de St-Sebastien, elle avait dans la meme eglise un autre autel, oii elle faisait celebrer le service religieux. C’est ce qui appert des termes suivants extraits d’une resolution datee du 7 Novembre 1540 : Sur les instances du doyen et du sermenl des maitres tailleurs, sur les instances aussi du doyen et du serment des ouvriers tailleurs, re^u pour celebrer journellement le service divin dans leur chapelle, M. Josse JVayhe, etc. Quand les tailleurs eurent abandonne cette chapelle, la corpora¬ tion des cordiersen obtint I’usage et entra en jouissance, le 30 Juin 1602. Plus tard, les cordiers firent celebrer leur service a I’antel construit en 1633 et dedie a Ste-Anne. Une fois qu’on eutdemoli I'autel en marbre, M. Jacques W 3 'nckel- man fit eriger, en 1726, une chapelle en I’honneur de Ste-Anne. C’est aussi lui qui fit construire I’autel qui existe encore, et qui lui couta une somme de 253-16-03 livres de gros. — 249 — La famine jouissait en outre du droit dc sepuUurc dans cette cha- pelle, eton voit encore son epitaplie au-dessus de I’cntree. L’autel est orne de Irois statues representant Jesus, Marie ct Ste-Anne, sous unc espece de pavilion, le tout scuiptc avcc soin, ct cnrichi de rehauts d’or. La meme chapelle offre, enchasses dans la muraille, trois cuivrcs tunuilaires assez curieux. On y voit aussi suspendus deux tableaux qui ornaient autrefois les deux petits autcis en marbre, dresses de cbaquc cote du jube,sous I'invocation de St-Jacques et de Ste-Marguerite. Ce sont les memes saints que representent les tableaux.—Les deux tableaux en question sont peints par De Blende ct couterent la sonime de -14 livrcs de gros. Outre ces chapelles, que nous venons de parcourir, I’eglise de St-Jacques en possedait autrefois plusieurs autres avec aute! : nous allons les enumerer. 1° Un aiitel dedie a St-Jacques. I! se trouvait sous le jube de leglise primitive. Quand ce jubc fut demoli, on Iransfera I’autel sous le premier jube du nouveau cliceur, et quand celui-ci, a son tour, fit place au jubc qui existe actuclle- nient, I’autel de St-Jacques fut erige tout pres. 2° L’autel de Ste-Marguerite. II se trouvait de I’autre cote du jube actuel. 5" Jutel dedie aux saints Maurice, Guillaume et Gilles. II fut fonde par M. Guillaume Moreel, et la chapelle, ou il se trouvait, fut cioturce, en 1504, par une balustrade d’une hauteur de 4 pieds. 4“ Un aiilel sous I'invocation de rjssomption de la Ste-Fierge-Marie. II se trouvait contre la cloture de la nef du Nord. Inventaire des tableaux qui n’ont pas troiive leiir place dans les descriptions precedentes. 1° Tableau asept compartiments : les oeuvres de miscricorde, donne en 1709, par M. Jacques De La Villette, pensionnaire du Franc. — 250 — 2° Un triptyque d’une date ancienne, represenfant trois scenes differentes de la vie d’une sainte. Sur I’un des compartiraents, on voit, au milieu d’un paysage, se profiler la tour de Notre-Dame, et I’inscriptionsuivante, on caracteres gothiqucs, couvrela partie supe- rieure : Dil was gedaen injaer MCCCC ende LXXX, ce qui veut dire ; execute en MCCCCLXXX. Sur deux ecussons, se trouventlesarmoiries des donateurs. En general c’est line ceuvre assez belle d’execution et tres bril- lante de colons. 3° Un autre triptyque, peint par Pourbus en 1556, etqui a pour sujet les sept douleurs de Marie. Le panneau eentral est occupe par la Vicrge que le peiiitre a representee les bras croises sur la poitrine. Sur les volels, sent les portraits des donateurs. C’est une composition toiit-a-fait remarquable sous le rapport du dessin, quo! qu’il y ait un pen de raideur dans ccrtaines formes. Le coloris en est un pen monotone. 4° Un troisieme triptyque ou la Vierge parait, la tetc entouree du limbe dore, corame dans les peinlures byzantines. A cetle figure principale il faut en ajouter cinq autres en costume oriental. L’un des volets offre la Vierge agenouiliec; une vision de St-Jean est le sujet de Tautre. Sur la partie cxterieure des volets, on voit, d’un cote, un £'cce homo; de I’autre, la Ste-Fierge avec St-Franfois et un autre saint. Le coloris fait de ce tableau une piece de grand prix. 5° La Madeleine convertie et renon^ant aux plaisirs du monde. Excel- lente copie d’un tableau de Rubens que I’eglise possedait primitive- menl; il fut vendu a la condition que la fabrique en conserverait une copie. Le copiste fut Guillaume Duhamel. 6° La Resurrection de Lazare; assez beureuse composition qui rap- pclle le faire de Martin Devos. 7° Une charmante toib; de V^an Dost, oii un ange presente St-Jean a Jesus couclie sur le sein de sa mere. — Il y a de la couleur et bcaucou]) d’liarmonie dans ce tableau. — 2bl - Dans les lambris, qui recouvrent lesmurailles, il existe encore line foule d’autres tableaux, parmi lesquels nous cilerons de prefe¬ rence : 1“ Douze toiles de Nollet dont les sujets sont differents traits de la vie de St-Jacques. 2° Quatre tableaux de Mathieii De Visch. Le premier presente St-Jacques dans la gloire celeste : quelques pelerins, places sur I’avant- plan, lui rendent leurs hommages. Le second a pour sujet: le Christ avec les disciples d’Emmaus, au moment ou il leur partage le pain mysterieiix. Le troisieme : le Christ lavant les pieds d ses apolres. Lc quatrieme enfin : ^dgar ct Ismael aupres de I’Jnge. Ce dernier est de beaucoup superieur aux deux autres ; e’est le premier que fit I’artiste apres son rctour d’ltalic. 5° Deux tableaux par Langen Jan, I’un ; une Jierge avec I’enfanl Jesus, au milieu de sa gloire, I’autre : Madeleine prosternee aux pieds de Jesus. Ce sorit de magnifiques compositions ou il faut admirer I’ex- quise delicatesse du colons. 4° Deux toiles de Jacques Mulet. — La scene du poisson miraculeux dans I’hisloire de Tobie. —Le sacrifice d’Abraham. b” L’entree de Jesus d Jerusalem. — Figures de Jean Ramont. — Paysage de Jean Vander Leepe. 6° Trois tableaux de Vanden Kerckhove. — La Presentation. La Nativite. — L’Annonciation. Ils ont tous trois ete donnes par Jean Corneille, tresorier de I’eglise. Ajoutons a tous ces tableaux un triptyque de grande valeur, representant fe bapteme du Christ. Sur Tun des volets, le peintre avail represente la decollation de St-Jean et sur I’autrc : Herodiade perfant avec une epingle la langue du saint dont la tete, deposee sur la table, paraissait dans un vase. C’est au pinceau de Roger de Bruges quon devaitcette belle composition oii Ton pouvail lire les mots suivanls traces en lettres gothiques : cet objet d’art a ete execute par ordre de M. Jean Agnelli, ne en Italic. Les armoiries du donatcur se trouvaient sur les volets, qui furent vendus publiquement dans une sallc do vente, vers la fin du dernier siecle. — 232 — Pierres tumulaires dont la description n’a pas troiive sa place dans les divers articles de ce chapitre. 1“ Un cuivre d’une belle execution, dans line espece de tribune fonnee par des colonnes dans lesquelles sont taillees ptusieurs figu¬ rines. II a ete execute a la memoire de iVl. Gilles de Valence, decede en 1383, dont on voyait les arnioiries sur ce monument. Vers la fin du XV° siecle, on detacha cette plaquepour ysculpter,sur les revers, deux figures, dont Tune represente un homme vetu d’une longue robe, et I’autre une femme en grand costume. Ces deuxpersonnages etaient M. Pierre De Valence, seigneur d’Eecke, decede en 1G15, et son epouse, Marie De Bailleul, decedee en 1399. 2° Un cuivre avec deux figures. Sur les bandes d’encadrement,les quatre evangelistes avec les armoiries de M. Pierre De Valence, pere de celui dont il vient d’etre question. U etait ne a Burgos en Castille, ct il representait, comme consul, sa nation a Bruges; il deceda on 1539. Ce meme cuivre portait les armes de son epouse, Isabelle De Quintena Dolines, decedee en 1380. 2*" Un voyait encore, dans la meme cliapelle, un autre cuivre oii il etait question de plusieurs fondations cliaritables, faites par cette dame en faveur de cette egiise. Les deux cuivres existent encore aujourd’hui. 3° Un cuivre avec une figure d’liomme arme de toutes pieces et cclle d’une femme en grand costume. Sous leurs pieds, imitation d’un riche tapis avec arabesques. C’est le monument funeraire de Jacques Ilagliclstein, decede en 1446, ct de son epouse Marguerite Baert, decedee le 2 Decembre de la meme annee. 4" Un cuivre. — Deux figures enveloppees dans un linceul et couchees sur un superbe tapis. Les bandes sont ornees de Imit (icussons aux armoiries de M. Jacques Bave, decede en 1482, et de son epouse Catherine Poltus, decedee en 1464. 3" Un cuivre richcmeut orne : on y voit les figures de M. Lievin 233 Van Asscnede, dccede en 1500, et deson epoiisc, dame Anne Van Bassevelde, decedee en 1471. C“ Uu cnivre avec la figure de M. Noe Van Bassevelde dit : den Schrooder, decede en 1438. 7" Un cuivre avec les figures de M. Francois Ridsaert et de Mar¬ guerite de Gaels, son epouse, decedee en 1470. 8" Un cuivre richement ouvrage, ou se trouvent deux figures coiicheesiTune de Charles,Van Wulfsberghe, armee de toutes pieces; I’autre de sa femme Adrienne De llamcre. 9° Un cuivre avec les armoiries de M. Jean Van Tongues, ne a Peronne, en son vivant negociant en celte ville, decede en 1312, et de son epouse Catherine Strabant. 10“ Un cuivre avec la figure et les armes de M. Pierre Van Meu- lebeke, decede en 1331. 11° Une pierre tuinulaire avec incrustation de deux plaques de cuivre, ou Ton voit les armes et I’epitaphe de M. Philippe Carrion, decede en 1337, et de son epouse Jeanne Peregrin, decedee en 1333, — Sur les bandes les attributs des quatre Evangelistes. 12“ Un cuivre avec la figure d’un enfant, placee entre deux figures plusgrandes, en grand costume, couchees sur tapis seme de lleurs. — Aux quatre angles les figures des Evangelistes. — G’est le tombeau de M. Francois De La Puebla, decede en 1377, et de sa femme, dame Marie Van Marivoorde, decedee en 1572. — Au-des- sus des figures, les armoiries de ces personnages. 15“ Le cuivre de M. Seghere Van Male, decMe en 1601, et de ses deux femmes, dont nous avons parle plus haul.—Aux quatre angles les attributs des Evangelistes. — Dans lapartiesuperieure, plusieurs figurines, savoir ; de M. Pierre Van Male, et deson epouse Antoi¬ nette Wittebaert, avec leurs^cinq enfants. 14“ Un cuivre ou Ton voit une figure armee de pied encap. C’est celle de M. Jacques Vande Vaghevicre. On enleva cette pierre, en 4 GOO, pour la remplacer par une pierre en marbre de la famille De La Villette. 15° Un marbre avec encadrement de cuivre et une plaque oil un ange soulient les armoiries de la famille Wielant. Outre ces divers monuments, reglisc de St-Jacques en possedait une foule d’autres qu’il serait trop long d’enumerer. CilAPITUE LX[. Kg;llsc de ^ aiafssl nominee SiitchieB^^SPych* Telle etait autrefois I’ctendue de la paroisse deNotre-Dame,que cette eglise avail a desservir une grande partie de la ville et toute cette partiedelacampagnequis’etendait jusqu’al’endroit dit 7 Eycken, dependant de la commune de Cool-Gailliardskerke (aujourd’lmi Cool- kerke.) De la, elle embrassait encore tout le terrain qui aboutit a I’eglise de St-Pierre-sur-la-Digue. On conceit aisement tout ce qu’un pareil etat de choses devait offrir d’inconvenients. Le ministere du clerge devenait non seule- menl difficile mais souvent impossible, rnalgre tout le zele que la conscience de son devoir pouvaitlui inspirer. Les paroissiens n’avaient pas moins a se plaindre : outre qu’ils trouvaient dans reloignement un obstacle continuel aux commu¬ nications qu’ils auraient voulu entretenir avec leurs pasteurs , cet eloignement meme les empechait souvent de se rendre a leur eglise et aurait fini par leur faire negliger leurs exercices religieux. Pour mettre un terme a une situation embarrassante pour tons, le septieme prevot de Notre-Dame, Lambert, s’adressa, en 1240, a Monseigneur Waulier, evequede Tournai, pour obtenir I’autorisa- tion d’elever une eglise dans le quartier Nord de la ville. La demande fut favorablement accueillie et le consentement de I’eveque fut confirme par Thomas de Savoie, epoux de Jeanne, comtesse de Flandre. On proceda meme, des cette an nee, aux travaux de construction. 2o6 L’eglise fiit batie sur un terrain connu sous le nom cle Bachten dyck, et ce noin hii venait do ce qu’il aboutissait a trois canaux diffcrents: 1° Cclui des anciens rcniparts (aujourd’bui canal de la Main d'Or), 2" Le grand Canal ct 3” le Petit Canal, dit Fuldersreye ou Fuylcreye. 11 y avail, du restc, quelqucs annees a peine que ce terrain avail ete comble, et il servait alors de chantier pour la con¬ struction des navires. II est rare de voir a cette epoque I’erection d’un monument de cette espcce, sans reneontrer en meme temps I'empressement d’une pieuse generosite chez tous ceuxqui, par leur fortune, pouvaient contribuer a de pareilles bonnes oeuvres. A peine etait-il question d’elcver la nouvelle cglise, que M. Philippe Ram, homme d’une rare vertu, s’empressa de ceder gratuilemenl an prevot de Notre- Dame le terrain en queslion, aprcs en avoir loutcfois obtenu I’auto- risation de son seigneur Baudouin Van Praet, de qui relevait ce fief. Cette eglise se reduisait d’abord a ce qui forme aujourd’hui le collateral du Nord, dans la parlie qui precede lechoeur. L’evcque Waulier, dont nous avons parle plus haul, I’eleva au rang de paroissiale, a la condition toutefois qu’elle respecterait le patronage de I’eglise collegiale de Nolre-Damc, dont le prevot se reservait encore le droit de choisir et de nommer le cure. En 1248, M. Guillaume Magerman la dota d’une troisieme chapellcnie. En commemoration de la victoire qu’il remporta le 23 Septembre 1408 sur les Liegeois, Jean-sans-Peur, comle de Flandre, autorisa le cure de St-Gilles a achetcr une rente pcrpetuelle de 50 livres parisis par an (rente que le comle se chargeait d’amorlir) pour celebrer a perpetuite, ainsi qu’il suit, I’anniversaire de son triomphe. Une messc solennelle, avec orchestre et annoncee au son des cloches, d»vait etre chantee en I’honneur du St-Esprit. A rofficianl devaient sc joindre un diacre et un sous-diacre. Le lendemain, on devait chanter une messe dc Requiem, au maitre- autel de la meme eglise, pour le repos des ames de ceux qui etaient tombes sur le champ de bataille. — 2S7 — Devant I’autel, devait s’elever un catafalque recouvcrt d’un drap d’or, avec nne grande torche de cire a chaqiie coin. Treize cierges devaient etre distribucs a I’offrande. Le meme jour, les maitres des pauvres de la paroisse pouvaient disposer de trente-trois provisions on rations de pain, vin, pois et autres comestibles, chacune de 4 gros de Flandre, pour les distribuer a trente-trois pauvres de la dite paroisse, de la maniere qu’il suit : Le samedi avant le dit anniversaire, deux des maitres des pauvres devaient se rcndre a la Salle de Reunion des Bourgmestre et Eche- vins de la ville et apporter treize bons pour etre distribues a autant de pauvres de leur choix. Les autres bons devaient etre mis a la dis¬ position des maitres de pauvres, pour etre, par leur entremise, remis a autant d’indigents de la paroisse. En 1430, un changement important eut lieu dans cetteeglise. On y ajouta deux nefs anterieures, qui sont aujourd’hui la nef principale et celle du sud; quelques anneesapres, eut lieu la construction du clioeur actuel et des deux nefs collaferales. La plus grande partie des depenses, occasionnees par ces constructions, fut supportee par MM. Jean De Plaet, maitre-d'hotel a I’etablissement dit: den Makelaer, et Jean Diercoop, le Vieux, negociant de la Ilanse. All commencement du quinzieme siecle, a I’epoque ou la peste faisait dans la ville les plus terribles ravages, I’eglise de Saint-Gilles obtint la concession d’une grande partie de terrain, pour y inhumer les viclimes de ce terrible fleau, attendu que les deux autres parties de terrain, qui s’etendaient de chaque cote de I’eglise, ne pouvaient plus sullire a tant de cadavres. Le terrain Sud du cimetiere fut appele : cimetieredes riches; celui du Nord : cimetiere des paysans; et celui, qui s’etend devant I’entree principale de I’eglise : cimetiere des pauvres. En 1481, la nominee Perrine Vande Vesten, veuve de Jacques De Monicx, fit don aux tables des pauvres de I’eglise de St-Gilles d’une somme, dont le numeraire se trouve ainsi specifie : 44 Florins dits Jndriesen. 1 Guillaume. 33 — 258 — 7 Florins rhenans. 3 Reaux d’or. 4 Couronnes d’or. 2 Couronnes de Savoie. 126 Couronnes d’or. 31 Lions d’or. 7 Ryders. 3 Nobles de Henri. 6 Nobles Salieten. 1 Noble a la rose (*). 1 Noble de Flandre. Voila la designation des pieces d’or ou dont I’or etait la base. Void maintenant I’enumeralion des especes d’argent ; La valeur de 3 livres, 1 escalin, 3 deniers de gros en pieces de 5 gros et de 2 li2 gros. ' Des pieces de 5 gros, dits : Fransche Blanken, jusqu’a concurrence de 2 livres 3 escalins de gros. 4 escalins, 2 deniers de gros en pieces dites Slooters. L. 1.-2. gros 6 meten; en pieces de2 gros et 6 metei%. 22 gros 18 meten, formant treize pieces dites 7 Zeskins. 6 escalins de gros; en pieces dites Grootkins et 12 meten. 7 escalins do gros; en pieces dites Corten. 8 L. 2 escalins, 6 deniers de gros; en pieces dites Dabble Plaeken. L’eglise de St-Gilles ne fut pas, an XVI” siecle, plus epargnee que les autres : les protestants y commirent toutes sortes de ravages. Vers lafindu dix-huitieme siecle, la fabrique d’eglisefitdisparaitre, pour cause de vetuste, les quatre chapelles avec autel, situees dans les nefs anterieures. A I’epoque de la revolution fran^aise, cette eglise dut au zele des paroissiens d’echapper a la rage du jacobisme. Ils la reclamerent {*) Les pieces de monnaie, nominees noblcs-a-la-rose, aTaient exactement la grandeur d’un Double- Louis, avec moitie moins d’epaisseur et de poids, EUes represcnlaient un chevalier armd de pied en cap, et tenant une rose a la main. Une croix fleuronnee se Irouvait sar le revers. 11 est impossible de fixer I’ori-* gine ou le milUsime de ccltc monnaie, dont les pieces sonf devenues d^unc rarete fabuleuse. — 2S9 comme propriete et la fureur des Vandales tomba devant I’dnergique reclamation de toute une population. Le plafond que nous y voyons aujourd’hui date de 1817. La tour est une masse carree, dont la construction n’offre rien de remarquable. Elle renfermait autrefois trois grandes cloches, dont Tune a ete enlevfe, et 2 petites, dont Tune a ete vendue a I’eglise de St-Laurent. 6tat ecclesiastique de St-Gilles. Le clerge, qui desservait cette paroisse, se reduisait et se reduit encore a un cure et a quelques vicaires. Reliques. L’eglise de St-Gilles re 9 ut, en 1408, de messire Jean Grassant, unerelique d’un prix inestimable : c’est un des bras de St-Gilles. Le 28 octobre 1659, eut lieu processionnellement et avec une rare magnificence la translation d’une partie de la Ste-Croix qui de Pans avail ete envoyee en don a cette eglise. Bien des annees avant que St-Gilles possedat ce tresor, on y celebrait deja la fete de I’Invention de la Croix. Ainsi, nous trouvons, dans un acte de fondation, que pour donner plus d’eclat a cette fete, M. Donat Vanden Bogaerde, maitre des pauvres de St-Gilles, decede en 1559, ainsi que son epouse dame Cornelie De Brune, decedee en 1574, instituerent ce jour la celebration d’une messe solennelle, annoncee au son de toutes les cloches. Cette famine, qui s’etait distinguee par sa generosite envers cette eglise, fut enterree dans la nef principale qui precede le choeur, sous une pierre tumulaire bleue. Description de St-Gilles. — Le chmur. Le maitre-autel n’offre rien de remarquable.il est de marbreblanc et de marbre noir. Le retable offre quatre colonnes de marbre blanc, supportant un fronton dans lequel se trouve une statue de St-Gilles. On voit, sur ce meme autel, les armesdes fondateurs; M.Francois — 2G0 Van Caloen, bourgniestre du Franc, decede le 27 septembre 4670, et son epoiisedame Anne Rommel, decedee le S octobrc 4684. 11s sent enterres devant I’autel, a I’cndroit, oii se trouve une pierrc tumulaire en marbre blanc. Le tabernacle cn marbre, qui decore aiijourd’hui I’autel, n’y fut place que vers la fin du dix-huitieme siecle. II se trouvait, avant ce temps, dans la partie Sud du choeur.On Ten retira pour yencliasser, danslesboiseries, les tableaux qu’on y voit encoreaujourd’hui. Quant a la table en marbre blanc d’ltalie, qui se trouve a quelque distance de I’antel proprement dit, il n’est place la que depuis quelques annees. Sur la surface anterieure, on voit un bas-relief, representant Saint Gilles au moment ou il est decouvert dans la solitude par le roi des Goths, Wemba, qui poursuivait une biche a la chasse. Le tableau du retable figure la Ste-Trinite; il est de J. Van Oost, pere. De chaque cote de I’autel, sont places, dans les boiseries, six tableaux, dont trois sont peinls par Garemyn en 1777. Le premier represcnte St-Jean do Matlha au moment ou il apportc a son eveque les bulles du St-Pere qui confirment I’institution do I’ordre des Trinilams on de la rklemplion des captifs. Le second represente le meme saint rachetant les Chretiens eselaves a Alger. Le troisieme enfin , le relour a Oslende du brugeois De Mulder, (jiii avait ete retenu esclave a Alger. Les trois autres compositions sont au dessous du mediocre : dies ont aussi pour sujets divers rachats d’esclaves. De chaque cole du sanctuaire se trouvent deux grands candelabres en cuivre. Alltel principal de la nef laterale du Nord. 11 est dedie a la Ste-Vicrge, et il fut erige par M. Jean De Plaet, dont il a deja ete question plus haul, et par son epouse, dame Jacquemine Macharis, decedee en 4473. Le 47 mai 1446, la corpo¬ ration des bateliers obtint la cession de cet autel pour ses exercices r -Nagy — 261 — religieux. En 1580, les prolestants, connus sous le nom de Giieux, le detruisirent presque complelement. Apres les temps de desordre, cet aiitel fut retabli, et cette restau- ration fut due a la piete d’un horame genereux. II fut mis a la dispo¬ sition de la confrerie de la Ste-Trinite, qui dans la suite se fondit dans celle de Notre-Dame des consolations. Cet autel est de bois et tout charge d’ornemcnts et de figurines sculptees. Quant au retable, il est encadre dans quatre colonnes torses, qui soutiennent iin fronton avec une niche, on se trouvait encore, il y a quelques annees, la statue de la Ste-Vierge. Enlevee de cet autel depuis lors., cette statue fut placee dans le tympan de I’autel de la nef Sud, par suite de la dedicace qui fut faite alors du premier en I’honneur du St-Sacrement. Il en fut de meme du tableau d’autel, superbe composition ou le peintre a represente la Ste-Vierge recue dans le ciel, et sur I’avant- plan la punition de nos premiers peres. Quant a la confrerie, dont nous avons parle, elle suivit le deplace¬ ment de la statue et du tableau. Cost ici le lieu de dire quelques mots sur cette confrerie de la Ste-Trinite pour la redemption des captifs, Elle fut erigee dans I’eglise de St-Gilles, le lojanvier 1642. La solennite fut magnifique et celebree par monseigneur llodion, eveque de Bruges,qui reclama Thonneur de se faire inscrire comme premier membre de I’association. Puis venaient les abbes d'Ouclenbourg, de St-Andre, de TEeck- houtte. Le Saint-Siege apostoliqueinstitua, en faveur de cette confrerie, un grand nombre d’indiilgences et elle meritait ees faveurs toutes spe- ciales par le but qu’elle se proposait : elie n’en avail point d’aiitre que de travailler a la delivrance des chrcticns retenus captifs dans les etats barbares, en Turquie, a Tripoli, a Alger et a IMaroc, mi ils avaient a subir tous Ics caprices d’une tyrannic cruelle et fana- tique. De quelle maniere la confrerie arrivait-ellc a ses fins? En joignant — 2C2 — ses ressources pecuiiiaires a celles des confreries elablies dans d'autres villes. C’est ainsi que, de concert avec celles qui etaient instituees dans plusieiirs localites des Pays-Bas et de France, elle delivra, depuis le commencement du XVIP siecle jusqu’a I’annee 1780, 2404 esclaves. Les ressources, dont nous parlons, devaient etre assezconsidera¬ bles, puisque, en 1769, elle pu^ envoyer a Alger une somme de436 livres de change, pour payer la ranfon de notre concitoyen, Jacques Gadeine. Le 29 Mars 1780, elle versa une somme de 300 livres de change pour le rachat de Francois-Joseph De Mulder, de Bruges. C’est celui-la meme qu’on voit represente dans un des tableaux enchasses dans laboiserie, pres du maitre-autel. Quatre jours apres son entree en notre ville, c’etait fete de la Trinite, il accompagna la procession publique, convert de ses vetemenls d’esclave et portant des chaines que deux personnages, figurant des angcs, retenaient par Tune des extremites. Derriere eux marchaient deux Trinitaires. Alltel principal de la nef du Sud. II fut fonde, en 1494, par M. JeanDiercoop,le vieux, negociant de la Hanse, marie a dame Elisabeth Walens, decedee en 1327. II fut cede a la confrerie des porte-faix {Rykespinders ou TFollewegers), qui purent y faire leurs exercices religieux. Dans le courant du XVI° siecle, il fut consacre au St-Sacrement, et ce n’est que depuis peu d’annees, comme nous I’avons vu, qu’on I’a dedie a la Ste-Vierge. Il est convert de sculptures sur bois, parmi lesquelles on distingue des figurines et divers autres ornements. La corniche en est sup- portee par quatre colonnes torses. Le tableau, qui le decorait d’abord, se trouve maintenant dans le retable de la nef du Nord. C’est une composition de Jean Maes, dont le sujet est une Sainte qui recoil VEucharislie; c’est un des bons ouvrages de cet artiste, qui en a tant faitde remarquables. On voit encore dans cette nef une tres-belle piece sculptee, sur laquelle paraissent en relief trois figures d’esclaves. C’est la propriete V" do la meme confrerie, et il sert de piedestal a la statue de Notre- 263 — Dame des Consolations, qui est en grande veneration aupres du people. Diverses chapelks qne renferme St-Gilles. Jadis, il yen avait quatre dans les nefs laterales qui precedent le choeur. 1° Dans la nef Sud, la chapelle de St-Pierre, dite des Jardiniers {TFarmoeslieden). C’est le 22 Decembre 1471, que cette corporation prit possession de cette chapelle, apres en avoir obtenu la cession de la fabrique : jusqu’alors son autel se trouvait dans I’eglise de St-Jacques. Plus tard elle fit eriger, a ses propres frais, un nouvel autel orne de tout ce que I’art de la sculpture pouvait imaginer de plus gracieux. Sur la partie superieure, etaient placees des statuettes represen- tant le Christ apparaissant a Ste-Marie-Madeleine sous la figure d’un jardinier. Le tableau du retable representait la naissance du Christ. Enfin I’antependiutn etait richement brode, et il offrait, dans un medallion, la meme apparition du Christ. 2° La chapelle deSt-Nivin, qui, en 1473, fut cedee par la fabrique d’eglise, a la corporation des mesureurs et des portcurs de grains, corporation qui s’etait placee sous I’invocation de I’Assomp- tion de la Vierge. Nef du Nord. 3° Chapelle dediee a St-Andre et a Ste-Catherine. L’usage de cette chapelle fut, en 1462, concede aux Schotsche Courlenaers. C’etaient des Ecossais qui honoraient pour patronne Ste-Catherine. Les mesureurs de drap, qui invoquaient la meme sainte comme patronne, obtinrent aussi I’usage de cette chapelle pour leurs exer- cices religieux. 4° Chapelle de St-Jean-Baptiste, plus tard consacree au St-Nom de Jesus. En 1477, la corporation des corroyeurs en cuir d’Espagne {Dob- 264 beerders), obtint la concession de cette chapelle; mais, elle fut forcee de rabandonner dans la suite, a cause de la decadence de leur industrie et des tristes evenements de 4380. II est bon d’ajouter ici que les noms, que nous venons de donner a ces chapelles, ne furent pas toiijours ceux qu’elles porterent en effet. Elies changerent plusieurs fois de denomination, et, a I’epoque de leur suppression, on les appelait : chapelle des Jardiniers; chapelle de St-Joseph, chapelle de Ste-Barbe, chapelle du St-Nom de Jesus. • Elies eurent encore d’autres consecrations que nous allons enu- merer : 1° Ste-Genevieve, patronne des tapissiers. D’abord ctablie dans I’eglise des RR. PP. Augustins, cette corporation obtint, en 1523, de la fabrique de St-Gilles, la cession d’une chapelle dans eette eglise. 2° St-Anloine, patron des emballeurs (baeleii). Cette confrerie avait un autel dans la meme eglise. 3“ L’agonie du Christ. C’est sous cette invocation que s’etaient places les ouvriers du Pont du Roi, dont la confrerie etait designee sous ce nom van den Nood Gods. En 1473, elle vint s’installer a I’autel dMie a St-Laurent. La statue de ce saint fut alors reraplacee a I’autel par cede qui representait I’agonie du Christ. Le Jube. II etait d’abord situe dans la croisee, c’est-a-dire, dans cette partie de I’eglise ou le choeur se separe de la nef principale. II fut deplace en 1820, et on I’eleva a I’entree principale. Comme il n’offre rien de remarquable, nous n’en parlerons pas davantage. Seulement nous ajouterons que le buffet d’orgues est charge de quelques sculp¬ tures . La Chaire de Ferite. Elle est toute sculptee dans le chene. On y monte par un escalier unique, a balustres. Sur la tribune, on voit quatre medaillons avec bas-reliefs, representant les busies des quatre Evangelistes. ■'wT — 265 — Ce morceau d’art est un don fait a I’eglise par M. Jean Cobrysse, chevalier de Jerusalem et de Ste-Catherine, le meme qui fit don d’nne chaire de verite a I’eglise de St-Jacques. On voit, sur cette chaire, les armoiries du donateur, ainsi que cedes de son epouse, dame Marie Laurence Lossy, qui tous deux sent enterres a I’eglise de Notre-Dame. Confessionnavx. Ils sont au nombre de trois et tout charges de sculptures. — Cha- cun des trois offre deux statues avec colonnes torses et rinceaux. Autres sculptures stir bois. Dans les collateraux du choeur, quelques boiseries recouvrent les murailles, au-dessous des vitraux. Dans la nef du Sud, on peut remarquer des corbeilles de fruits et diverses figures d’animaux, ainsi que plusieurs medaillons dont quatre figurant les busies des Evangelistes. Dans la nefdu Nord, on voit quelques ornements sculptes qui, a n’en pas douter, ont fait partie des stalles de certaines corporations. C’est ainsi qu’on voit des jardiniers reunissant des fleurs et des fruits; et ailleurs, des scenes marilimes, avec poissons, embarca- tions et marins. Les insignes memos de la corporation des marins y ont ele sculptes, ainsi que diverseslegendes en figures. A I’entree de I’eglise, dans les stalles des maitres despauvres, on voit dans la boiserie, execute en relief, le Christ benissa/nt le pain et le vin; et, de chaque cote, six medaillons, avec les douze disciples de Jesus. Ces confessionnaux et ces boiseries portent differentes dates que voici : 1672, 1696 etl708. Tableaux qui se trouvent dans I’eglise de St-Gilles. 1° Une Annonciation de la Fierge. 2° La derniere cene, par Ant. Claeyssens. 5“ St-Jean-Baptiste (en pieds), par J. Van Oost. La tele du saint est belle d’expression et la touche du tableau est admirable. 4" Le Christ ciitoure d'Esprits celestes, apparaissant d Ste-Catherine. 34 2G6 — C’est une oeuvre de Jean Maes, ou Ton ne sail ce qu’on doit le plus admirer du coloris ou du dessin. S° La circoncision. — Coloris vigoureux. — Draperies bien jelees. 6° Le Christ detache de la croix, soutenu par deux anges, d’apres un Mailre italien. II y a beaucoup d’expression dans les fetes. Les groupes d’anges sont I’ceuvre d’une autre main. 7° St-Juguslin foulant aux pieds I’heresie, representee par deux audacieux seclaires, dont on voit les noms ecrits sur des bande¬ roles : Eutkhes et Nestorius. C’est une composition assez remarquable de J. Van Cost, pere. II faut pourtant signaler, comme undefaut, le mauvais effet d’une draperie qui cache le Ciel. Cette toile vient de I’eglise des RR. PP. Augustins. 8° Une composition de Jean Garemyn, representant le rachat des esclaves par lesfreresde la Redeniptimi. L’execution de cette toile est satisfaisante. 9° St-Francois recevant les sligmates , copie execufee d’apres un tableau de Rubens , par Van Dost. lO" Un tableau de Marc-.4ntoine Garibaldo. — Le sujet est la Conversion du due d'Jquilaine operee par St-Bernard. Au-dessus du groupc principal, parait la Ste-Vierge, entouree d’esprits celestes.— Millesime 1690- 11° Une belle composition de Jean Maes. — La Sle-P'ierge, au milieu des anges, est assise sur un trone. — St-Roch a, I’agonie parait d I’avant-plan. 12° La St-Fierge apparaissant, au moment de Velevation, d un pretre qui criebre la messe. C’est une oeuvre mediocre de Louis De Deyster. 13" Une copie d’un tableau de Rubens dont le sujet est le triomphe de I’eglise sous les auspices de la Ste-Eucharistie. II y a beaucoup a dire a cette toile sous le rapport de I’execuUon. 14° Les quatre 6vangelistes. Ce tableau n’est pas mieux execute que le precedent. ipitaphes. — Cuivres. 1° Une pierre tumulaire cn marbre avec divers ornements de — 267 — sculpture et les 16 quartiers de M. Adrien Anchemant, chevalier, seigneur de Marcke, Blommeghem, etc., decode en 1718, et de son epouse, Adrienne De Gruutere, deccdee cn 1702. Ce monument est I’ceuvre du sculpteur Pulincx : il vicnt de I’eglise des Augustins, et il a ete place a St-Gillcs, en 1809. 2“ line epitaphe de moindre dimension. C’cst celle de M. Anselme Odevaere et de son epouse, dame Marie De Brauwer. On y voit une petite composition, peinte par leur tils, en 1818, et dont le sujet est le Christ ressuscitaiit tm mart. 3° Une epitaphe de la famille De Clierf, decedee dans le XIV° siecle. — On y voit seize ecussons. A° Un cuivre. — C’est celui de M. Adrien De Villegas et de son epouse, dame Marie De Grysperre, decedee en 1336. — Sur les bandcs d’encadrement, sont echelonnees leurs armoiries. — Aux angles, les attributs des quatre Evangelistes. 3“ Le cuivrc de JI. Adrien Lootens, echevin du Franc, decede en 1346, et de son epouse, dame Justine Vale, decedee en 1343. — Armoiries. 6" Le cuivre de M. Jacques Van Nieuwmunster, decede en 1337 , et de son epouse, dame Anne Pirot, decedee en 1334. A cette enumeration nous devons ajoutcr : 1° Un tableau qui setrouve dans la saciistie et qui represente Nolre-Seigneur lavant les pieds de ses douze apotres. 2“ Un tableau de Pourbus, qui ornait jadis I’eglise de s’llemels- dale. 11 porte la date de 1364 et il est divise en 7 compartiments. Celui du milieu est divise lui-meme en deux parties : la partie superieure represente l’£table de Bethleem ; cello du bas ; la hcile en igypte. Dans les deux compartiments voisins, sont retracees la Fisite des Mages a Bethleem et la Circoncision. Viennent ensuiie un dbbe des Dimes et une Jbbesse de s’Hemelsdale. Enfin sur les deux comparti- ments extremes, on voit d’un cote Jesus, Marie et Ste-Anne, dc Yanire. St-Antoine. L’annonciation est peinte en grisaille sur Ic revcrs. CIIAPITRE LXII. lOg^llsc ile Saintc-Anne. C’est a ragrandissement de la ville cju'est due la fondation de cetle egiisc. Par suite de cet agrandissement, une partie des paroissiens de Ste-Croix se frouvait dans I’interieur de la ville el devait recourir an clerge de la paroisse prenoramee pour les besoins religieux. Cetle neccssite, penible le jour, devenait une veritable calamite pour la nuit; car les poi tes une fois closes ne s’ouvraient pas facilement. Cette population, trouvant un pareil etat de choses insupportable, fit I’acquisition d’un terrain, situe en ville, dans la circonscription nieme de la paroisse de Ste-Croix, non loin du lieu ou s’eleve Tcglise de Jerusalem. Une requete fut alors adressee au cliapitre de St-Donat, requete ou, apres un expose exact de la situation, on iui deniandait I’autorisation d’elever une nouvelle eglise. Cette autorisation fut accordee, et des fonts baptisraaux purent etre places dans cettc chapelle, mais a la condition loutefois que le cliapitre de St-Donat conserverait, sur cette nouvelle paroisse, le patronage qu’il exercait sur celle de Ste-Croix. On se init a I’oeuvre des I’annce 1493, et les travaux s’eleverent dans le lieu qu’on appelait auparavant : la Cour de vere. Dans une requete, qui porte la date du 14 Noverabre 1496, les paroissiens supplicrent I’eveque de Tournai de confirmer I’autorisa- tion. iMonseigncur Pierre Kuicke, agrea la demande et, le 7 Sep- — 2C9 tenibre 1497, il consacra la nouvelle eglise avec les cinq aulels et le cimetiere; il orclonna en nierae temps qu'on celebrat, chaque annee, la dedicace de cette eglise, le dinianclie avant la Nativile tie la Fierge. Il ordonna en outre que les deux cures, cehii de I’cglise rurale et celui de la chapelle urbaine, echangeasse nt bebdoinaire- ment leur demeure pour cclebrer, chacun a leur tour, le service divin dans la nouvelle eglise, dediee a Se-Anne. Get echange eut lieu pendant une longue suite d’annces; mais, en 1G68, on mit fin a cet etat de clioses, par I’erection de la nouvelle chapelle en eglise paroissiale, dont la cure fut desorinais conferee par le chapitre de St-Donat. L’aveugle colere des reformes tomba sur ce monument religieux et le detruisit completement en 1576. 11 resla dans cet etat jusqu’a la fin du XV1° siecle. Donnons ici quelques details sur cette premiere eglise de Sainte- Anne. Ellc se composait de trois nefs et la facade, surmontee d'une tour carrec, n’avait rien de remarquable. Le maitre-autel ctait de marbre de diverse couleur, aussi bien que le retable dont le travail etait assez heureux. Quant au jube et a la chaire de verite, ils etaient charges d’orne- mcnts sculptes qui n’etaient pas sans merite. On voyait, dans la meme eglise, quatre chapellos avec autel; c’etaient ceilcs qui suivent : 1° La chapelle dediee au Saint Nom de Jesus. 2“ La chapelle dediee a St-Jerome. 3“ La chapelle dediee a Ste-Barbe. Elle ctait remarquable par la richesse et le bon gout des ornements qui la decoraient. 4" La chapelle dediee a St-Nicolas. Elle fut fondee par M. J.Doury. Cette premiere eglise de Ste-Anne fut, comme nous I’avons dit plus haut, detruite dans le cours du seizieme siecle. On commenca sa reconstruction vers la fin du meme siecle; ct, en 1612, elle etait completement rebatie. Cette meme annee, die fut consacree et de nouveau dediee a Ste-Anne, sa patronne. C’est celle qui existe en¬ core aujourd’hui et dont nous allons donner la description. 270 — Sous le rapport de I’architecture, elle n’offre rien de bien remar- quable que la largeur de la voute unique, dont elle est formee. II est difficile toutefois derencontrer un monument religieux, dont I’inte- rieur emeuve plus profondemcnt Tame du chretien qui le visile. Cette puissance morale qu’exerce sur nous le caractere de cette vastc chapelle, tient surtout a son genre d’ornementations. Les vieilles boiseries, noircies par le temps, et une multitude de tableaux appen- dues aux muraille's, en font disparaitre la blancheur ef donnent a I’ensemble un air d’austerite qui s’accorde bien avec la severite du culte catholique. Les maleriaux et le salaire desouvriers eleverental. 6049-lS-10gr. lesfrais de construction qu’on fit pour cette eglise. La generosite des paroissiens, de plusieurs personnes charitables et du conseil meme de la ville couvrit heureusement ces depenses. La tour est quadrangulaire et surmonteed’une fleche octogone dont la tournuredeliee lui donne un air de grace cbarmant et la plus heu- reuse desinvolture. La charpenle, qui la soutient a I’interieur, est un travail ingenieux qui raerite d’etre vu. Cette tour possede quatre grandes cloches et une petite. Elies furent fondues, en 1783, par Guillaume Dumery, et elles ont ete offertes en don a I’eglise de Ste-Anne par plusieurs personnes bien- faisantes, dont les noms sont inscrits sur leur surface exterieure. Les quatre grandes portent les noms de Marie, Joachim, Joseph et Anne. La couverture en ardoises et la charpente de la tour ont ete executees par Michel Verbrugge pour la somme de 237 I. 10 escalins de gros. La legerete de cette construction a ete signalee plus hautj mais, un fait remarquable, qui tient precisement a cette construc¬ tion, c’est que, du moment ou les cloches sont mises en branle*, on voit la fleche se balancer et devier d’un pied et demi de la perpen- diculaire. En 1657, on remarqua que la pesanteur de la toiture menaeait les murailles d’un ecroulement. Pour prevenir un pareil malheur, la fabrique resolut de contenir la construction au moyen d’une bande de fer qui ceignit tout le pourtour exterieur. L’entreprise fut rapi- — 271 — dement aehevee et couta la somme de 100 L. de gros, qui fat gene- reusenient offerte par M. Jaeques De Cridts, marguillier de Ste-Anne. Cede eeiature ainsi que le fer employe dans la eonstruction torment ensemble un poids de 8,848 livres. On paya pour la matiere et le plaeement des gouttieres 120-00-00 livres de gros. L’eglise fut voulee en 1607. L’entreprise fut dirigee et aehevee par Corneille Gailliard, moyennant la somme de o84-12-9 livres de gros qu’on parvint a faire faeilement, grace a la genereuse coopera¬ tion de personnes pieuses. Un baste est place au-dessas de chaqae vi trail : les doaze pre¬ miers representent les Apotres : les aatres differents Saints. Le Choeur. Le maitre-autel est assez imposant. Le retable se compose de diverses especes de marbre et il est orne d’ouvrages de scalptare d’une bonne execation. Le tympan da fronton renferme ane statae de la Vierge, et toute la partie saperieure est supportee par qaatre belles colonnes en marbre noir et en marbre ronge. Cet aulel etait aatrefois decore d’ane composition d’Herregondts, representant la Vierge Marie re^ae par son divin fils dans le royaame celeste. Ellc en fat enlevee, en 1768, et rcrnplacee par an tablcan de Jean Garemyn, representant Ste-Anne avec St-Joachini, instraisant Marie leur fille. Dans la partie saperiearc da tableaa, on voit Diea le Pere et le St-Esprit, entoares de la gloire celeste, descendant snr la Vierge Marie. C’est ane assez riche composition, qni fat offerte en don par M. Jean D’Hooge et son epoase, dame Angelique Pattyn. Quant a I’autel, il fut erige, en 1067, par la famille De Cridts, qui en supporta les frais de construction. Tout le marbre fut livre par Corneille Gailliard. Cette livraison consistait en 91 blocs de marbre blanc et de marbre rouge a 9 sous le pied. Les marches de I’autcl, qui etaient aussi de marbre blanc et de marbre rouge, furent livrees par le meme, au prix de S florins le pied, ce qui formait la somme de 119 livres flaniandes. — 27'2 — Quand on fit, dans cette eglise, un nouveau dallage en marbre, on enleva la premiere marche de faiitel , dont les diverses parties furent placees de chaque cote du clioeur. Voici maintenant les pieces d’orfevrerie qui, depuis 1718, deco- rerent cet autel : 1° Une croix avec Christ, en argent. 2° Quatre chandeliers ou candelahres, executes, en 1716, par Antoine Hoste, orfevre de Bruges. Parmi ces chandeliers, ilen efait deux qui pesaient chacun 578 onces, de sorte que, au prix de 9 esc. 5 gros I’once, la valeur de la matiere etait de liv. 174-6-6 gros. A quoi il faut ajouter pour faeon . . . « 40-10-0 i> Quant aux deux autres, il coiiterent, non- compris la facon,.>' 163- 0-6 « Ils furent offerts a I’eglise par Marie et Madeleine De Cridts. 5° Un ornement d’argent, avec guirlandes et festons; on y deposait le St-Sacrement. 4° Deux vases avec fleurs artificielles, le tout d’argent, artisternent confectionnes par Corneille Rielandt, en 1711. 5° Une niagnifique lampe d’argent, dont le donateur fut M. Jean De Cridts, en 1688. Elle etait suspendue devant I’antel. Quanta la remontrance, c’est un delicieux travail, qui date del617. Sur le pied, on lit les noms des confreres du St-nom de Jesus, qui en firent don a I’eglise, et on y admire plusieurs ciselures, dont I’execution seule coiita 9 liv. de gros. La reinontrance se compose de trois parties etagees. Au milieu de la partie inferieure, parait un croissant enrichi de pierres precieuses, soutenu par deux anges en adoration. De chaque cote, se trouvent, a I’interieur, deux figures representant St-Pierre et Sl-Paul. Le deuxieme etage est entoure d’une balustrade et, sous une espece de dais soutenu par quatre petites colonnes , sont places Ste-Anne, la Ste-Vierge et I’enfant Jesus. Deux piedestaux sont places sur les cotes et I’on y voit deux 6gulines representant Jesus et Marie. 273 — Lc troisiemeefagc nionlre le divin Sauvciir repandant dans un vase le sang qui coule de son cote. Enfin, le Christ en croix doniine la partie snperieure. Une fonle de pierres precieuses decorent en outre ce riche morceaii d’orfevrerie, qui pent etre considere comme un des plus hrillants de la ville. A tons ces dons Marie de Cridts ajouta, en 1703, celui d’uu orne- ment complet d’autel, en soie moiree, avec broderies en or, du plus beau travail.Ces objelsontete confectionnes, en 1702, et Ton en fait encore usage aujourd’bui dans I’eglise deSte-Anne. Une inspiration assez inalheureuse a fait placer, dans ce choeur, un banc de communion, dont le merite est au-dessous du mediocre. On y voyait auparavant un autre banc d’un excellent travail, ou le ci- seau du raaitre avail hardiment fouille le bois pour y sculpter divers ornemenls et huit figures ou statuettes representant les qualre Evangelistes et quatre saints docleurs, ainsi que plusieurs medaillons avec busies en reliefs. Pourquoi faut-il ajouter que ce superbe morceau d’art est tristement relegue dans une ebambre de cette eglise? Le merite de I’ouvrage le rappelle a sa premiere destination. De ebaque cole de I’autel, se trouve une niche avec un riche cn- cadrement de marbre. On y voit deux figures en pierre, avec ins¬ criptions sur le socle. L’une de ces statues represente St-,Jacques, et elle a ete donnee par M. Josse Tanouverus, en son vivant cure de Stc-Croix et de Sle-Anne. Quanta I’autre, qui represente St-Lievin, I’eglise la doit a la generosite Je dame Jeanne De Maekere. De ebaque cole de I’autel, on voit dans la boiserie, dont les murailles sont lambrissees , six tableaux peinls par J. Garemyn. Le donateur fut M. Jean D’llooge. Le premier representc les Sacrifices de Cain et d’Abel. Le deuxierae, le Sacrifice d’Abraham. Le troisieme, ceux d’Abraham et de Melcbisedecb. Le quatrieme, la IManne tombant du ciel. Le cinquieme, Moise faisant jaillir I’eau du roeber. Le sixieme, Elie nourri par I’Ange, — 274 — Tons ces (ableaux sont assez beaux de coloris, et faciles d’execu- tion. Ils out ete peiiifs dans le courant des annees 1760 et 1761. Entre les boiseries et Ic sancfuaire proprement dit, sont prali- rpiees deux portes, Tune conduisant a la sacristie, I’autre a line chanibre. Elies sont cntourecs de sculptures fort rcmarquables. Les quatre stalles du clioeur meritent aussi quelque attention. L’une d’elles surtout est riche d’ornementations, parmi lesquelles nous signalerons quatre bustes en haut relief, representant les quatre Evangelistes. Nous en citcrons deux encore qui, par la quantite de guirlandes et de sculptures de toute espece, dont elles sont couvertes, ont droit de trouver place ici. On y voyait jadis les arnioiries des personnes qui avaient droit d’y sieger. Celles qu’on y remarque aujourd’hui sont cedes des families De Cridts, Claeysnian, Van den Bogaerde, Do Gros, Van Volden, Muelenaere, etc. La quatrieme stallc n’offre rien de remarquable. Le Jube. La construction du jube dale de 1642. C’est unc oeuvre de Francois De Alulder, sculpteiir d’Anvers, auquel onpaya,pour livraison et travail du inarbre, unc somnie de383-6-8 livres de gros. Lesfrais de placement el de maconnerie s'eleverent a 101-8-3 livres. — Ensemble : 484-14-11 livres. 11 y a quelque chose d’imposant dans la masse de cejube, qui occLipe toute la largeur de I’eglise. Diverses especes de marbre entrent dans cette construction; mais le noir y domine et c’est ce qui liii donne un air d’austerite fort remarquable. II s’eleve sur six colonnes de marbre noir et de marbre blanc, formant cinq arcades. Sous cede du milieu , se trouve I’entree du choeur fermee par une porte a deux batlants avec balustres en ciiivre. Deux petits autels sont dresses sous les plus voisines des uiurailles. Une statue de la Vierge orne la partie superieure de ce jube qui, avant I’annec 1708,etait domine par un Christ en croix ayant a ses — 273 — cotes sa chaste mere et St-Jean, sculptes par Berger cn 1090. On lui paya pour cet ouvrage la sonime de4 1. 10 esc. de gros. C’est a la pieuse generosite de pliisicurs pcrsonnes reconinianda- bles qiie I’eglise dut la possession de cc jube. Maisil faut citer en pre¬ mier lien les families de Cridls et Claejsnian, et la veuve de M. Jean Beerblock qui offrit une soniine de 118 florins. II n’est point jusqu’aiix balustres en cuivre qui n’accusent les ■noms de leurs donateurs par les inscriptions et les armoiries dont elles .sont chargees. Cc sent cedes des De Cridts de Wamheke, De Vos, Ketde, etc. 11 en cst une de Petronille Hughes, pour laquelle clle pa 3 a une somme de 1. 13-6-8 de gros. Ce qui fait supposer par I'ensemble des 12 colonnes ou baluslrcs la sonime de 160 1. de gros. Encore ne comptons-nous pas les 10 aulres colonnes dont la dimen¬ sion est moindre. Lc 26 Septembre 1707, il y eut un accord conclu entre la fabri- que et I’organistc Jacques Vanden Ilende, d’Ypres , pour la confec¬ tion d’un nouvel orgue sur un plan arrete d’avance. Le factcur .s’engageait a le livrer une annee apres la date de la signature du contrat, et a reprendre I’ancien orgue pour la somme de 22 livres de gros. Cet ouvrage, avee tons ses accessoires, fut enlrepris pour la somme de 1900 fl. y compris les 22 livres cn question. Le contrat fut signe le 28 se|)teinbre meme annee. C’est alors qu’on enleva I’ancien orgue avec le Christ et les autres figures placces sur le jube. En 1708, le nouvel instrument fut place, et il n’offre du rcstc rien de remarquable que quelques sculptures qui en ornent la partic superieure. Sous le jube, se trouvent, comme nous I’avons vn, deux anlels de marbre dont les sculptures out peu d’importance. Qoatre colonnes decorent le retable de celui du nord ; elles soutiennent un fronton dans lequel se trouve une statue de Ste-Anne avec Marie sa fille. Le tableau est de Louis Boose : il represente I’enfant Jesus, jouantsur les genoux de Ste-Anne sous les yeux de sa divine mere. Lc retablc de I’anlel sud n’a que deux colonnes. Le tableau qui le — 27G — decore a pour sujet la Vierge assise sur une estrade devant laquelle soiit places St-Rocli, St-Sebaslicn et deux aulres saints. Lorsqu’oii sort du choeur pour entrer dans la nef anterieure, on est \ivement frappe de I’aspect sombre et solennel de ces lourdes boiseries, de ces confessionnaux tout charges de sculpture, qui s’etendent le long des murailles. Tons ces beaux ouvrages en chene ont ete eleves par la piete publique et la munificence de quelques personnes vertueuses. Outre de nombreux ornements qui ont du necessiter un long et penible travail, des colonnes toutes placees de distance en distance soutien- nent la corniche, et diverses sculptures en rinceaux y font le plus bel effet. Les confessionnaux font saillie sur le plan general des boiseries; mais ils sc relieiit toulefois et par la corniche et par leurs colonnes torses et par divers autrcs ornements al’ensemble de I’ouvrage. Une statue d’angecst placee de chaque cotedu confessionnal. Diversbustes ornent la partie superieure. Sur le premier, celui qui est le plus pres de I’entree de I'eglise, ce sont les busies de Jesus et de Marie ; sur le second ceux dcSt-Joachim et de Ste-Annc. Sur le troisieme ceux de St-Josepli et de Marie. Deux genies sont assis sur les colonnes late- rales. Void ce que nos reclierches, dans les archives de Ste-Aniie, nous ont appris sur les depenses qui curent lieu pour execution d’ouvrages de sculpture dans cette eglise : 4" Pave a Jacques van Gorp, menuisicr en cette ville, une sorame de liv. lOC-13-4 de gros, pour livraison de bois, construction de deux confessionnaux et cinq panneaux pour boiserie. 2° Pate a Jacques Berger, pour la sculpture des figures et statues, qui ornent les confessionnaux, une somme de SO liv. de gros. 3“ Pour le revetement interieur de deux confessionnaux en cuir de Prusse. — Paye au sellicr Van Noord une somme de liv. 2-G-8 de gros. Le troisieme confessionnal fut fait par le maitre charpentier Gornclis; la sculpture en fut exccutee pur Jean Jansens et cofita la 277 ~ somine de liv. 57-16-5 de gros. M. Oslin do Cridts y c’onli’ibiia pour un don de 29 liv. Lcs slallcs des marguillicrs eiircnt pour auteur le susdil Van Gorp, qui recut pour ce travail la soniine de liv. 18-00-07 do gros. Les sculptures des memes statics valiirent, an meinc Berger, une soniine de liv. 5-10-00 de gros. Paye a Joan Van Oost la soinme de 53 liv., pour e.vecution de divers ornements places, en 1611 , dans la nefqui precede le choeur. En 1689, on revetit de boiserie, avee divers ouvrages de sculp¬ ture, toule la partie de la muraille qui s’etend depuis le chairc do verite jusqii an portail. Cette a3uvre fut executee aux frais d une dame que nous avons deja nominee plusieurs fois, Marie De Cridts, qui laissa dans ce monument religieux tant de temoignages de sa pieuse libcralite. C’est en riionneur de Jesus et de Marie, dont les noms soul inscrits sur cotte boiserie, que cette personne vertueuse fit un don d’une telle importance. On pent y voir aussi les armoiries de sa famine. Cliaire de Ferite. Eile est toute coiivcrte d’ouvrages de sculpture. Elle est soutenue par des anges, et elle offre an premier plan de sa tribune unembleme de la religion, sous la figure d’une vierge. Les parlies lalerales, ainsi que la plus reculce, soiit chargees de bas-reliefs d’une belle execution et qui representent diverses perspectives. En6n, nous devons ajou- ter deux figures d’anges ct plusieurs vases a fleurs, qui dccorent le dais. Tombeemx. A I’entree do I’eglise, vers lenord, sc trouve une eiTitapbe en marbre blanc et en marbre noir, appartenant a la famille Vander Noot. Quatre ecussons, avec ses armoiries, sont graves sur ce monument sepulcral, avec le millesime 1640. Tableaux. Le 13 juillet 1692, M. Jactjucs Do Cridts, premier cbanlrc et clianoinede St-Donat, gratifia I’eglisc de Stc-Anue de 12 tableaux. 278 — dont nous ailons faire reniimeralion. \° Un tableau cle Louis De Deyster, reprcsentant le marlyre de St-Sebasticn. Deux femmes retireiit Ics fledios cle ses plaies. C’est one des meilleures compositioiis de ce inailre. T Un tableau represenlant St-Roch dont un Jiige pause les plaies. Le (lessin et le colons de cette toile ne soul pas sans nierite. 5° Un paysage de Dominique Nollet, avec figures, rcpresenlant la Visilalion. Une JimonclaLion , par Do Deyster. S° La Presentation de Marie dans le Temple de Jerusalem. 6“ Une Circondsion , ou il y a du coloris el du dessin. 7° La Presentation de Jesus au Temple. 8“ Jesus rencontre par sa mere au milieu des docteurs. 11 y a dans cette eoiuposilioa une imitation asscz heureuse du style du Poussin. 9° Jesus dans le Jardin des Olives, acceptant le calice de douleur qui lid esl presente par un Jnge. C’est une composition de L. De Deyster. 10° JesMS prhente au grand-pretre Jnanie qid siege au milieu de son palais. 11° Un Ecce-Ilomo ou Jesus montre aux Juifs par I’ordre de Pilate. 12° Une composition deDcDeyster, donlla sujtilaslleChrist attache d la Croix, tableau rcmarquable sous le rapport du coloris et du dessin. 15° La Resurrection , par L. De Deyster. 14" Un paysage, par Jacejues Van Artois. — Plusieurs figures reprcsentant la Fuite en Egypte. 13° Une Sainte Famine , d’apres un tableau de Rubens. 16° Martyre de St-Jdrien, par Jean Ilerrcgoudts. Assezde cor¬ rection dans le dessin et d’eclat dans le coloris. 17° Un paysage, par Coxie, ou laStc-Vierge est assise avec son enfant sur une colline. 18“ Un paysage, dont la perspective, d’une etendne immense, presciito a I’liorizon une viile eniouree de ses remparts; les figures sont de Jean Ramont, et representent une Fuite on Egypte. — Cette loile a huil pieds de hanleur sur sept de largenr. 279 19“ Deux volets , qui formaient jiuHs un diiilyque, son! places de cliaque cole dii niaitre-autel. 20“ L’^:duration de la Sle-Fierge, par Van Oost, avcc la figure de St-Joacliim et plusieurs figures d’Anges. C’est une charniante et gra- cicuse composition ou il y a bcaucoup d'harraonic. 21“ One Adoration des Mages. 22“ La Derniere Cine, d’apres Pourbus. 23“ Les CEuvres de Misericorde. — OEure d’essai de Van Oost, fils. 24“ Une composition d’une grande finesse de coloris, dont lesujet est une des sept ceuvres de misericorde. Quelques vers se trouvent au bas comme explication. 23“ Aii-dessus du portail. une loiled’unc dimension extraordinaire ct qui etnbrasse toute I’etendue de la muraille jusqu’a la voiite. — Commencee en 1C82, par Henri Ilcrregoudls, elle fut aclievee par lui en 1G83. Le sujet est le Jucjenient Dernier. II est facbeux que le peintre n’ait pas saisi le rapport de la grandeur, qu’il a donnee a ses figures avec la place qu’il a reservee a son oeuvre. II en resulle que CCS figures, paraissent colossales ct monstrueuses, et que I’ensemble perd par la de son harmonic; s'il etait possible de placer plus haut cet immense tableau, I’cffet en serait bien plus imposant; car il revele, de la part de son auteur, une hardiessc et une force d’inven- tion fort remarquables. Un zele pen eclaire, etqui s’est effarouebe des nudites que I’art pent se permettre sans parler aux sens, a malheureuscment, dans une foule de figures, maltraite cettc con¬ ception d’un talent audacieux. Les frais de peinture s’eleverenl a la somme de 199-8-4 L. de gros. On paya au sieur Corneille De Hadis , pour livraison de la toile et pour le cadre. . . . 18-0-0 » Ensemble 217-8-4 CHAPITRE LXIH. !%'ouvellc 6gllsc de iSte-WalbHrgC; prfimitivemciit eglisc dcs Jcsuitcs. C’est en 1S70 que plusieiirs peres Jesuites vinrent s’etablir a Bruges. Parmi eux se trouvait un de nos concifoyens, Robert Claeyssone, qui par son talent, dans I’art de la predication, s’etait fait line grande reputation en France. Aussi I’appelait-on commu- nement, dans le langage emphatique de I’epoque, la Trompette de la France. Ces religieux obtinrent du inagistrat de notre ville, avec le con- sentrement du chapitre de St-Donat, la cession de la chapelle de St-Jean, situee sur la place de ce nom, pour y faire leurs exercices religieux. Ils choisirent pour habitation la deuieure de M. Pierre Sucx, situee pres de la susdite chapelle. En J574, Monseigneur Remi Druitius leuraccorda, pour sub- venir a leur enlretien, une rente annuelle de 24 livres de gros prelevees sur les revenus du Seininaire, a la condition toutefois que trois d’entr’eux se chargeraient de I’instruction de la jeunesse de son diocese dans la langue Grecque et dans la langue Latine. Telle fut Torigine de leur college, dont le premier recteur fut le celebre Costerius (Francois) qui, plus tard, c’est-a-dire, en 1378, fut reinplace par le pere Claeyssone, dont nous avons parle plus haiit. Le 4 aout 1378, a I’arrivee des Gueux, le inagistrat qui, a cette epoque, adniinistrait notre ville, decreta le bannissement de cette — 281 societc religieuse, et lui laissa un clelai de dix jours pour se retirer do nos murs. En 1S84, lorsque le pays se fut reconcilie avec I’Espagne, les RR. PP. revinrent a Bruges et toutes les histoires de repotpie s’accordent a dire que ce fut a la satisfaction generale qu’ils reprirent I’usage de leur ancienne cliapelle. Le pape Gregoire XIII, par un diplome du 22 Join 1584, ayant supprime I’abbaye de Boetendale, donna aux jesuites tons les biens et revenus de cette abbaye, a condition d’entretenir, leur vie durant, les inoines qui existaient encore. En 1610, les jesuites erigerent une espece de confrerie ou con¬ gregation, a laquelle ils affilierent le clerge et un grand nonibre de laiqiies. Les frais de cette institution furenten grande partie con¬ verts par le magistrat. Conime nous I’avons vu dans le chapitre 21, les Irlandais et les Ecossais avaient autrefois sur la place, qui aujourd’hui porte le noin de St-Martin, un vaste etablisseinent qui, en 1619, fut, par le magistral, cede gratuitement aux jesuites. Ils commencerent aussitot la demolition des vieux batiments, et reconstruisirent, sur un nou¬ veau plan, I’aile qui en formait la partie sud. C’etait un vaste edifice, compose de six salles au rez-de-cbaussee, qui servaient de classes pour les etudes latinos, et c’est de la que sent sortis une foule d’hommes remarquables dans les lettres. L’aile nord de I’ancien batiment fut remplacee par une eglise, dont on posa la premiere pierre dans le mois d’Aout de la memo annee. L’edifice fut completement acheve en 1641, et le 14 Octobre de la memo annee, la dedicace en fut faite par Monseigneur Nicolas dellaudion, eveque de Bruges. Cette eglise qui, pour sa distribution, ressemble a toutes les eglises des jesuites, n’a rien de remarquable que sa regularite. Elle appar- lient pour son architecture, a la renaissance, dont elle a emprunte, du reste, tous ses ornements. Elle se compose de trois nefs, dont une, celle du milieu, est plus large que les deux autres et se continue jusqu’a I’abside. Les deux 36 nefs latcrales ne tournent pas aiitour du clioeur ct se lerminent cha- cune par une chapelle. En un mot, choeur et chapelles sont separes du rcste de I’eglise par un superbe banc de communion de marbre blanc. Ea facade de cette eglise ne manque pas d’une certaine elegance ; toutc la richesse d’une architecture do convention y cst deployce. Quant a la tour, c’est une masse quadrangulaire, qui n’a rien de reraarquable. Elle renferme trois cloches. En 1773, la societe fut de nouveau supprimee, par ordre de Sa Majeste Imperiale, qui gouvernait les Pays-Bas.Tous les biens qu’elle possedait furent vendus. t.e convent fut convcrti en caserne pour la garnison et it a conserve cette destination jusqu’ii nosjours. Quant a I’eglise, on la ferma. Dans la suite, elle fut cedee par S. M. aux tideles de Ste-Walburge, pour devenir leur eglise paroissiale. Avec la suppression de cette societe et de eelle dont il sera imme- diatement question, on vil echouer le projet arrete de fonder un nouveau college, dans la partie occidenlale de la Place du Vendredi (aujourd’hui Place de la Station), college dont I’etendue eut ete immense et eut compris tout le terrain dit Keersen-Boomrjaerd, ou se Irouve aujourd’liui I’abattoir general. Co college devait etre eleve et dirige par lesjesuites anglais qui, en 1762, etaient arrivesdeSt-Omer dans notre ville. 11s avaient deja fait I’acquisition du terrain, et les constructions devaient se faire d’apres le» plans qui furent dresses par M. Paul De Cock, peintre et profes- seur a I’Academie de Bruges, plans dont le dessin exisfe encore dans cc dernier etablissement. A I’epoquede leur suppression, e’est-a-dire en 1773, les RR. PP. habitaient I’liotel des Sept Tours, dans la rue Haute. ^ Nous avons vu plus haut que leur eglise fut donnee aux parois- siens de Sle-Walburge par S. .W. I. qui gouvernait les Pays-Bas. II y out, dans cette circonstance, une espece de prise de possession, qui se 6t avec la plus grande solennite. La ceremonie eut lieu dans I’apres-diner du 10 Janvier 1779. II y cut une procession magnificiuc et cc fut une fete pour tout le — 283 — qiiarticr, dont chaque liabilant se fit uue gloirc de pavoiser sa de- meure, ct de decorer les rues qiie devait traverser le cortege. On donna a cette eglise le noin de Ste-Walburge en coninienio- ration de la Saintequi avait fonde ccllequ’on reinplacait ce jour-la. Le 20 juillet f796, la republique francaise, par un decret do radministralion centrale du departenient de la Lys, s’empara do I’eglise de Ste-Walburge. Tous les ornements, que la sollicitude des paroissicns n’etait pas parvenu a sauver, furent enleves et le culte de la raison reinplaca celui du Christ. Lorsque, en i802, on retablit le culte catholique, I’cglise, dont nous parlons, fut rendue aux fideles. Elle abandonna alors son ancien nom, pour prendre celui de St-Donat, qui lui fut donne, conime pour conserver nn souvenir de la belle cathedrale, qui por- lait ce nom et qu’on venait de demolir. En 1834, elle reprit son nom de Ste-Walburge, par un ordre de Monseigneur, I’eveque de Bruges, qui fit transferer a leglise de St-Sauveur la relique de St-Donat. Au moment oil I’eglise des jesuites remplaca la vieillc eglise de Ste-Walburge, elle cut le meme clerge et cc clerge etait organise de la meme maniere (voyez page 219). Mais a la suite des boulcver- sements causes par la revolution francaise, cet etat de choses cliangea corapletement et, en vertu du concordat de 1801, il n’y eut plus, pour desservir la paroisse, qu’un cure et deux vicaires. Avant de passer a la description detaillce des objets d’art que renfermc I’eglise actuelle de Ste-Walburge, donnons ici quelques renseignements assez curieux qui out trait d’une maniere intime a cette primitive organisation du clerge, dont nous venous de parler. Ces renseignements, nous les puisons dans un etat de fan- nee 1361, rclalif aux cliapellenies instituees dans la vieille eglise de Ste-Walburge. Ce que nous y voyons, d'abord, e’est que le cure jouissait d’une pension annuelle de 14 cscalins parisis. ' Voici maintenant ce qui concerne les cliapellenies. La premiere fut fondee, en 1270, par M. Jean Lamzoctc, avee — 284 — I’obligation spcciale de celebrer quatre messes par seniaine. Les revenus affectes s’elevaient, dans I’annee 13C1, a la somme de 52 livres 11 escalins parisis. La seconde remonte au 8 Fevrier 1268. Le fondateur fut M. Lam¬ bert De Tollenaere qui posa aussi corame condition la celebration de quatre messes par semainc. En 1561, les revenus de cette cha- pellenie etaient de 52 livres 13 escalins parisis. La troisieme fut creee, en 1312, par M. Lamsin De Tollenaere, avec la condition de celebrer journcllement une messe a I’autel de St-Eloi. Le rcvenu annuel, affecte a cettefondation, s’etevait,enl561, a 12 livres 10 escalins parisis. La qualrieme, qui date de 1315, fut hypothequce, par testament de IM. Colard Alverdoen, sur 18 mesures de terrain sises a Zuyen- kerke; ce qui, en 1361, constiluait un revenu annuel de 27 livres 22 escalins parisis. Ce revenu fut cede a la cure de la dite eglise, par ordonnancc de Monseigneur I’eveque de Bruges, Robert Do llainin. Cette ordonnance porle la date du 9 Decembre 1669. La cinquienie eut pour fondateur iM. autier Rinvelooke. Elle avait pour objet la celebration journaliere d’une messe, et les reve¬ nus, afl'ecles a cette fondation. s’elevaient, en 1361, a la somme de 27 livres 19 escalins parisis. La sixieme n’obligeait qu’a la celebration de quatre messes par scmainc. Elle fut creee par M. Martin De Ruga Vanderrage, on 1313. Le revenu en etait, en 1361, de 31 livres 17 escalins parisis. La septieme fut fondee, en 1319, par M. Petri Roedolf, a la con¬ dition de celebrer bebdomadairement quatre messes, en riionneur de la Sle-Vierge, avec la jouissance d’un revenu annuel qui montait, en 1361, a livres 22-6 esc. 8 den. parisis. La builieme fut creee aux nicmes conditions au moyen d’une bypotheqiic sur 14 mesures de terrain sises a Ste-Calberine dans la villc de Damme. La fondatrice fut Marzote Gherivius, V” de Pierre De Tollenaere. C’est en 1320 qu’clie fit cette bonne oeuvre. La ncinieme fut instituce, en 1322, par IMathieu Vandergbote, — 285 — en I’honncur de la Ste-Vierge. Le revenu annuel etait de 24 livres 18 esc. parisis. La dixienie, que fonda, en 1323, M®” Marie Veynoot, V° de Jean Albrecht, Dbligeait a la celebration de qnatre messes par semaine. En 1301, Ic revenu en etait de livres 21-4 esc. 6 den. parisis. La onzienie et ladouzieme furent, en 1432, instituees par Agnes et Therese lloonin, et constituees sur plusieurs iniineubles sis a St-Pierre, Damme, Houttave ct Bruges. Apres I’enumeration de ces cliapellenies, vient celle d’autres fon- dations, faites dans la meme eglise. 1“ Le 1" Mai 1335, la dame Beatrix, epouse de Jean Van Ilaerel- beke, fonda une rente annuelle sur des maisons et dcs terres sises a Bruges, a la condition de celebrer annuellement quatre messes. 2° Le 24 Decembre 1360, fut fondee la celebration d’une messe journaliere par Adrien De Wandelaere, qui affecta a cette fondation iin revenu de 36 livres parisis. 3" En 1440, la dame Agnes De La Clyte, V” de iMaurin De Vas- senaere, fonda dans cette eglise quatre messes hcbdomadaircs. Nous trouvons, sous la date de 1069, que le cure et les cbapelains dnrent payer une amende de 30 florin? pour avoir fait confection- ner, sans autorisation prcalable, une nouvelle canne pour le bedeau. Le 12 Septembre 1794, I'eglise de Ste-Walburge dut contribuer pour 191 onces 3 escalins d’argent dans la levee de 2,000,000 livres. Choeiir de cette eglise. L’autel est un don de M. Paul comte De La Fontaine. Les ar- moiries du donateur y sont representecs. C’est une oeuvre rcinarquable, et d’un aspect assez imposant, composee de differentes sortes de marbre, et toute chargee de sculptures, parmi lesquelles nous signalcrons des genies et deux figures d’anges placees au haul du retable. La statue de St-Xavier ornait jadis la partie superieure. Mais, a I’epoque ou cette eglise devint paroissiale, la statue en question fut reinplacee par celle de Sle-Walburge, qui, a son tour, fut cnlevee a lepoque de la revolu- — 28G — tion francaise. Lors du retablissement dii cuKe, la statuedeSl-Doiiat retrouvasa premiere place;mais,depnis quelques annees , ellea ete remplacee par eelle de Ste-AValburge. Le relable offre quatre colonnes de niarbre blanc. La partie infe- rieure est couverte de gracieux ornements en bas-reliefs, dont rexecution est tres reinarquable. Autrefois le tableau de cet autel etait line magnifique composition de Theodore Van Thulden, dont le sujet etait le Christ recevant sa divine mere dans le del. Telles etaient la richesse et riiarnionie qui regnaient dans la couleur de ce tableau, qu’on I’aurait pris pour une oeuvre de Rubens. II fut enleve a I’epoque de la revolution francaise et remplace par une Resurreclion de Suvee, qui pent etre consideree comme une des meilleures compositions de ce maitre. 11 y a, derriere ce tableau, un Christ en croix, ayant ases cotes la Vierge-Mere et St-Jean. Nous en avons parle dans le chapitre con- sacre a reglisc de St-Donat, page 123. Deux issues avec deux portes a double battant sont pratiquees de chaque cote de I’autel. Au-dessus de ces portes, an milieu do riches ornements en sculpture, on remarque deux bustes : ce sont ceux de St-Fran^ois Xavier et dfi St-Franeois De Borgia. Les statues de St-Louis De Gonzaguc et de St-Stanislas De Kostka sont placees dans des niches a cote de ces deux portes. Sous celle du Nord, est une epitaphe en marbre blanc, dont la partie superieure est sculptce avec bcaucoup d’art et represente, entre deux affiits de canon, le portrait en medaillon de M. Michel, ne a Naples, de la famille du marquis De Grimaldi. II fut tue, en 1708, a I’age de trente ans, au combat de Wynendale. Une inscription se trouve a la partie inferieure. Le lutrin, qui se trouve au milieu du chceur, est d’un beau dessin. II est en cuivre de fonte et fut confectionne, en 1776, par Guillaume Dumery, fameux fondeur de cloches en cette ville. Celle jiiece reinarquable est un don de M. le chanoine De Blinde. Les slalles, qui ornent les coles du choeur, n’ont rien qui raerite I’aUention. — 287 — Julel de la nef die Nord. Plusieiirs especes de marbre enlrent dans la conslruclion de cet aulel. Les orneinents sculptes, qui le decorent, ne sont pas sans un certain inerite d’execulion. Le retable a deux colonnes et offre dans la partie superieure la statue de St-Joseph. A la hauteur de la table d’autel, on voit, points sur un fond de marbre, les deux sujets suivants : Jesus dans Ic temple, et la Presenta¬ tion de Marie au temple. De chaque cote de I’autel, it y a line petite porte sculptec avec beaueoup d’art, et entource d’un beau travail en marbre avec deux colonnes aussi en marbre de diverses couleurs. Ces portes sont sur- montces de deux statues en pierre blanche. Tune de Ste-Catherine, I’autre de Ste-Ursule. Le tableau du retable est line Jssomption de la Fierge, par J. Quillyn. Elle est loin d’etre la meilleure composition decemaitre. La Ste-Vierge, rcciie dans le Ciel par la Ste-Trinite, est representee dans la partie superieure. Cet autel, primitivement dedie a la Ste-Vierge, est aujourd'hui a la disposition de la confrerie de Notre-Dame du Rosaire, qui elablie, avant la revolution franeaise dans I’eglise des Recollets, est venue sc fixer depuis lors a I’cglise de Stc-Walburge. Alltel du Slid, dedie a St-Roch. II elait autrefois [ilace sous I'invocation de St-Dominique. II est de marbre et offre tous les ornements d’une epoque de decadence, des genies, des guirlandes, des rinccaux et des colonnes torses. Dans la partie inferieure, on voit aussi points sur marbre deux sujets reli- gieux, dont I’un est une apparition du Christ a. mi saint et I’autre une priere de Si-Roch pour la cessation de la peste. II y a aussi, de chaque cote de I’antel, une petite porte encadree dans de gracieux ouvrages de sculpture avec colonnes dans le gout de ce que Ton est convenu d’appeler la renaissance. Au-dcssus de I’entree, se trouvent les statues en pierre de St-Pierre et de St-Paul. Au-dessus de la table d’autel, parait dans une niche une belle chasse d’ebene, avec ornements d’argent. Le buste de St-Roch se — 288 — trouve iin peu au-dessus de ce reliquaire. II y avail autrefois dans le retable de cet autel iin tableau de Langhen Jan, ou paraissaient deux anges. Quant a la figure de St-Roch, qui plus tard avail ele [ilacee au milieu de cette composition, elle etait d’une execution mediocre. Le tableau acluel a pour sujet ime Jpparition de Jesus, charge de sa croix, d St-Ignace De Loyola agenouille. Rest d’Erasme Quillyn, el il est remarquable d’effet. Quant a la balustrade, qui embrasse toute la largeur de I’eglise et scpare le chceur aiiisi que les chapelles des nefs anterieures, c’est un des plus beaux ouvrages de sculpture qu’on puisse trouver en ce genre. Le marbre y est fouille avec une vigueur toul-a-fait magis¬ trate, et les ornements en sont d’un gout exquis. Plusieurs scenes religieuses sont sculptees en relief sur des medaillons, et Ton y voit aussi quatre busies, ceux de Ste-Rosalie, de St-Ignace, de St-Xavier el de Sle-Ursule. Les autres details sont des guirlandes, des rinceaux, le tout percc a jour et d’une nettete de ciseau vraiment admirable. Chaire de verite. C’est le chef-d’ceuvre d’Erasme Quillyn. II en est sans doute de plus riches, de plus ornees; mais, il serait difficile d’en trouver de plus imposantes et de plus pures de style. C’est un morceau qui rappelle les plus belles conceptions de la premiere moitie du XVI I' siecle. Une statue soutient I’edifice ; c’est celle de la foi tenant d’une main un calice, et soutenant de I’autre le signe de la redemption. C’est une figure de haul style, dont I’expression a une grande noblesse, dont Ifes draperies sont jetees avec une elegante hardiesse. A cetle figure il faut ajouter quatre anges, qui supportent la tribune de la chaire : tandis que d’autres deploient aux angles leurs formes gracieuses. Les figures des evangelistes, qui sont enca- drees dans les faces de la tribune, sont traitees avec largeur. Il en est de meme des quatre Cherubins, aux ailes deployees, qui soutien- ncnt le dais. — 289 — Le double escalier, qui conduit a la tribune, est travaille avec le meme talent : c’est la meme puissance de ciseau qui se revele dans ces rinceaux et ces figures d’anges, qui s’echelonnent le long des rampes legeres. A I’epoque de la revolution fran?aise, cette chaire fut demontee piece par piece, et le tout resta dans un hangar jusqu’a la reouver- ture des eglises. Elle reprit alors sa place primitive. II y a deux ans qu’elle a ete restauree par le sculpteur Van Wedevaldt; il s’est acquitte de sa tache avec bonheur et habilete. II en est de meme de M, Wallaert, ebeniste, a qui furent conflesles travaux de menuiserie. Ajoutons qu’en faisant disparaitre I’horrible vernis, dont la couche epaisse detruisait la nettete des lignes, on a fait un veritable plaisir aux amis de I’art, tout en eveillant les regrets des badauds. Quelques armoiries, sculptees sur I’escalier, annoncent que cette chaire fut offerte a I’eglise par quelque bienfaiteur. Le Jube, II est tres vaste et embrasse toute la largeur de la nef principale. II n’a rien de remarquable. II en est de meme de I’orgue, dont le buffet, orne de quelques statues, a un aspect assez imposant. Confessionaux. Ils etaient d’Erasme Quillyn, dont nous avons parle plus haul. C’est dire assez avec quel talent tous les details en etaient traites. A I’epoque de la revolution fran^aise, ces beaux objets d’art furent detruits et les debris furent jeles dans un hangar. Quant aux parties, qui avaient echappe a la destruetion, elles furent publiquement ven¬ dues. A I’epoqueduretablissementdu culte,on pla^a les confessionaux qu’on y voit aujourd’hui et qui n’offrent rien de remarquable. Plu- sieurs ont ete offerts par la generosite particuliere. Tableaux qui se trouva/ent autrefois dans I’eglise desjesuites. I" Une Fisitation avec un paysage bien traite dans le fond. 2° Un paysage avec figures par J. Zeghers. 37 — 290 3“ Un Saint-Frangois prechant la foi aux idoldtres, par Coxie, le vieux. — Dessin lourd, ensemble sans effet. 4° Meme sujet avec St-Ignace pour figure. — Paysage excellent d’Aclitschelling. S° Un autre paysage du meme maitre, —coloris vigoureux,— ma- niere large. 6° La Naissance du Christ, par Weders, oeuvre d’un certain merite. 7° Deux beaux paysages par J. Van Artois, — heureuse compo¬ sition — effet brillant. 8” \]neJdoration des Mages, par Meuninx-Hoven, oeuvre de peu de merite. 9° Trois paysages avec la Vierge, I’enfant Jesus et St-Josepli, dans le fond — assez de dessin et de couleur. 10" line descente de croix, par J. Van Oost, le fils. — Beaucoup tl’expression et de faire. Tableaux qui se trouvent dans I’eglise de Ste-Walburge. 1" Un tableau egalement remarquable par la hardiesse de la touche et la vigueur du coloris. II represente une mere montrant a St-Dominique son enfant inort, sur le sol, avec une blessure saignante au front. Derriere, sont places des Indiens qui regardent cette scene avec une curiosite melee d’espoir. 2° Un tableau d’Odevare, peint en 1812. La Vierge soutient le Christ mort, la Madeleine agenouillee embrasse la main du Sauveur. De bout derriere ce groupe, St-Jean leve les yeux au Ciel. 3° Quinze tableaux ainsi distribues : cinq de chaque cote de I’cglise, quatre au-dcssus du jube, et un autre dans une salle de- pendanle de I'eglise. Ils representent les mysteres de la vie de Notre- Dame et ont divers maitres pour auteurs. Ils se trouvaient autrefois dans I’eglise des Doniinicains. 4° Dans une salle de cette eglise, se trouve un triptyque peint en 1620 et qui represente la confrerie de Notre-Dame de I’Arbre- Sec. Le milieu cst un paysage avec un arbre allegorique dont les — 291 — branches s’agenccnt en forme do couronne. Au premier plan , on voit Ic comle de Flandre agenoiiille et priant. Sur les volets sont les portraits des 10 membres de cette societe, dont nous parlerons dans le chapitre consacre au monasterc des Dominicains, d’ou venait cc tableau. Les figures des volets sont de Poiirbus. CIIAPITRE LXIII. Ugllsc tie Nte-C/atlierliiC; aiijourd’liiii de la jlladclclue* Un acle date de I’annee 1270, et qui porte la signature de Margue¬ rite, Comtesse de Flandre, fait la cession d’une mesure de terrain, situe a I’exterieur de la vide, a I’effet d’y eriger une eglise en I’hon- neur de Ste-Catherine. Le batiment fut construit la meine annee entre la porte Ste- Catherine ct la porte de Gand, pres de la chaussee qui aiijourd’hui conduit a Courtrai. La paroisse avait dans son ressort une partie de la ville et s’etendait hors des murs jusqu’au pont de Steenbrugge. L’eglise se cornposait de trois nefs; cede du centre etait beaucoup plus longue que les deux autres, et a son extremite se trouvait le choeur, qui etait separe de la nef par le jube, sous les arcades duquel, s’elevaient deux petits autels, dont I’un etait consacre au Saint Nom de Jesus et I’autre a la Ste-Vierge. La tour, de forme carrec, se trouvait au-dessus de la nef septentrionale. En 13G9, M. Van Gruuthuyzo ceda gratuitement a cette eglise une parcellc de terrain, ([ui aboutissait a la route de Courtrai, a la condition d’en faire un chemin qui conduisit a I’eglise. Cette rue avait dix pieds de largcur. , En 1347, M. Lopez de la Couronne intenta a la fabrique de Ste- Catherine un proces tendant ii la suppression d’un chemin qui de cette eglise conduisait a la porte de Gand. Un ordre superieur le — 293 — contraignit a se desister de ses pretentions, et it se vit oblige dc lais- ser a ce chemin une largeur telle que qiiatre homnies piissent y passer facilcment pour le transport des personnes decedees. Les troubles qui, an seizieme siecle, agiterent les Pays-Bas, curcnt de terribles relcntisseinents dans notre cite. A la tele d’une armee de [luguenols, le Prince d’Orange s’etait deja empare d’une grande parlie du pays ct plusieurs villes de la province etaient deja tombees en son pouvoir. L’alarrae se repandit a Bruges : on craignait a cha- que instant I’arrivee de ces bandes fanatiques, qui, sous la conduite de leurs terribles chefs, se livraient aux plus coupables exces. Dans ces circonstances critiques, le magistrat de Bruges voulut se niontrer a la hauteur de sa mission. Pour ne pas etre surpris a I’improviste, et ne pas laisser aux ennemis la conquete facile de constructions qui pourraient lui servir de boulevards, il resolut de faire abattre tons les batiments qui se trouvaient a une certaine distance de sa ville, sans en excepler les eglises. L’eglise de Ste-Catherine fut de ce noinbre, ainsi que celle de la commune de Ste-Croix et I’hopital de la Madeleine. Quant aux objets d’art, aux ornements de toute espece, aux stalles, aux orgues, aux statues, aux pierces tumulaires, aux archives, etc., le tout fut transporte a I’eglise des Guillelmites, ou fut confie a la pieuse solli- citude de quelques citoyens. L’eglise des Guillelmites, a laquelle nous reviendrons plus tard, etait situee pres de la porte de Gand et longeait une parlie du rem- part. C’est la que les paroissiens de Ste-Catherine vinrent remplir leurs devoirs religieux, et ils continuerent afaireusage de cette cha- pellejusqu'en 1S80, epoque ou ellefutfermeeparordre du magistrat. Touchee du sortde ces fideles, ainsi prives de tout lieu sacre de reunion, et de la parole de leur pasteur, la fabrique de Notre-Dame ceda au clerge de I’eglise abandonnee une chapelle speciale pour la celebration du service divin. Get etat de choses dura jusqu’en 1S8I, epoque ou I’eglise de Notre-Dame, seule exceptee jusqu’alors de I’interdit sacrilege qui pesait siir les autrcs eglises, subit a son tour la loi commune. Les Gueux y etablirent leur preche. — 20 i Apres ces temps d’epreuve, les paroissiens de Ste-Catherine. revinreiit a I’eglise des Guillelmistes, el continuerent a en faire usage jusqu’en i589. Le 3 avril de cette annee, la fabrique de cette eglise acheta la chapelle de la Corporation des Tisserands, ainsi qu’une partie du terrain y attenant, silue dans la rue Ste-Catherine, entre la rue de TEcumoire et la partie du rempart qui aboulit a la porte de Gand. La chapelle des Tisserands etait alors convertie en grange et en corps de garde. L’acquisition s’en fit, moyennant la somme de 11 livres de gros enespeces, et une rente annuelle de 3 livres 10 escal. de gros, qu’on paya a la susdite Corporation. Le premier office paroissial fut celebre dans la nouvelle eglise, en 1589, le jour de la fete de Ste.-Catberine Le batiment n’avait alors qu’une seule nef, et c’etait trop peu pour le nombre des fideles. En 1617 on y en adjoignit une seconde, et on fit entrer dans cette construction plus de 3000 pierres extraites des fondemenls de I’ancienne eglise extra-muros. Les frais s’eleve- rent en outre a la somme de 241 liv. 9 esc. 8 li2 d. de gros En 1619, toutes les pierres tumulaires bleues, provenant de I’an- cienne eglise demolie, furent raises en vcnte, et Ton fit servir les blanches au dallage de la nouvelle nef. Pour agrandir le cimetiere, la fabrique d’eglise acheta de nouveau en 1622, a la corporation des tisserands, une partie de terrain, moyennant la somme de 50 fl. et d’une rente annuelle de 9 florins. En 1713, ce cimetiere dut subir un nouvel agrandissement : on fit done I’acquisilion d’un terrain occupe par trois maisonnettes. Une partie de ce terrain fut affectee a la construction d’un hangar. Le 17 juillet 1731, la fabrique de cette eglise fit I’acquisition de la chapelle des Guillelmites avec ses dependances, pour la somme de 400 livres de change. Le 10 aoiit suivant, on abandonna I’eglise dont on s’etait servi depuis 1389, et ce jour-la meme, on prit possession de la nouvelle eglise, oil Ton transfera processionnellement toutes les reliques avec le St-Sacrement. Le lendemain 11, cut lieu la benediction du nouveau cimetiere. — 295 — v^' Quant a I’eglise, qui vcnait d’etre abaiidonnce, elle fut demolie, ct le terrain en fut vendu avec le ciineliere. Sur I'emplacenient s'clevent aujourd’liui plusieurs niaisons, sous la section C to, IN". 1 Les frais generaux payes par la fabrique d’eglise pour la nou- velle acquisition s’elevent : L. de gr. Pour droit d’aiiiortissement, a la somiiie de .... 36-17-4. Pour restauralions et reparations.217-18-8. Pour I’achat.46G-15-4. Ensemble. 721-09-4. -fi Enfin, en 1803, cet edifice fut abandonne a son tour pour cause de vetuste, et on fut meme oblige de le deniolir. Par ordre de iMon- seigneur I’Eveque diocesain. la chapclle de I’hopital de la Madeleine fut mise a la disposition des paroissiens de Ste-Catherinc, celte cha- pelle meine fut erigee en succursale, et, la meme annee, le jour de Noel, on y cclebra le premier service divin. Devenue eglise paroissiale, elle prit le nom de la Madeleine, qu’clle porte encore aujourd’luii. Quant a I’eglise des Guillelmites, elle fut demolie, en 1804, et les ruines en cxistcrent jusqu’en 1842. A cette epoque, le terrain fut vendu ct on y eonstruisit trois maisons acluellement comprises dans la section 15 13, N” 38. Sr' ” L’eglise de la Madeleine, dont les dimensions sont tres-restreintes, n’a que deux nefs et offre d’aillenrs pen d’objets remarquables. L’autel ressenible a une foulo d’autres : il est de marbre blanc et de marbre noir; deux colonnes torses en marbre blanc soutien- nent la corniche sur laquelle repose le fronton. Au milieu de divers ouvrages de sculpture on voit un tableau de Ilerregouts, represen- tant xme jissomption de la Fierge au milieu d’un groupe d’anges. L’autel de la nef secondaire est dedie a la Madeleine. Le marbre blanc et le noir entrent aussi dans sa construction. Dans la niche qui tientlieu de fronton, setrouve une statue de la Madeleine. La corniche repose aussi sur deux colonnes torses de marbre blanc. Nous cite- rons, parmi les details de sculpture, deux petiles figures, celle de 296 — Jesus et celle de St-Jean. Le tableau du retable est une Madeleine re- pentante, par Herregouts. A cote de I’autel; sent les statues de St-Quentin et de St-Victor. Get autel etait jadis celui dont se servaient les Meuniers. It I’bnt quitte pour la chapelle de Notre-Dame des Aveugles. La chaire de verite n’offre rien de remarquable que trois bas- reliefs, representant St-Pierre, St-Paul et la Madeleine. Le plus riche objet que possede I’eglise est un ciboire en argent, qui lui fut donne par une personne bienfaisante et qui est I’ceuvre de I’orfevre Allaert. CJIAPFTRE LXIV. ra crypte de St-nasile {Vonte CapeUo) et la chapellc du St-Saug. C’est en 863, corame nous I’avons vu, quo Baudouin Bras-de- Fer, premier cosnte de Flandrc, quitta le sejour de St-Omcr, pour se fixer a Bruges, C’est alors qu’il fit construire I’ancicn palais connu depuis sous le nom de Oudeuburcht, qui devint sa residence ainsi que celle de ses successeurs. C’estencorelui qui erigeaence lieu une chapelle aujourd’hui desi¬ gnee sous le nom do crypte, qu’il fit enclaver dans son palais et il con- tracta I’habitude d’y assister cbaquejoura la messeavec toutesa cour. Les souvenirs les plus interessants se rattacbent a I’liistoire de celte cbapelle souterraine, qui existe encore aujourd’hui sous une autre chajjglle ou tous les v'endredis on expose le St-Sang a la vene¬ ration des fideles. C’est dans celte crypte, dit-on, que les premiers chretiens de cette contree re^.urent la grace du bapteme, et tout porte a croire que cette tradition est authentique. Le caractere arcliitectonique du lieu , son aspect antique, sa construction simple et presque barbare, tout le ratlache a cette epoque, oii, loin des ressources et du genic de Rome, les predicateurs de la foi n’avaient que les bras de qiielques sauvages pour elever leurs simples chapelles. 38 — 298 — Depuis Baudouiu, aucun changement imporlant n’a eu lieu dans I’enceinte de ce sacellum : on y voit encore les vestiges de I’anciennc tribune, on les comtes de Flandre assistaient an service divin, ainsi que I’ancien autel en pierres de taille blancliatre, de la construction la plus simple, et dont le retable est un bas-relief curieux, taille dans une pierre grise, bas-relief dont le sujet estfe Bapteme da Christ dans les eaiix du Jourdain. — C’est la surtout un de ces vestiges remar- quables qui autorisent a faire remonter la construction de la cryple jusqu’aux premieres predications evangeliques dans les Gaules. En 1130, on vit arriver a Bruges, le comte de Flandre, Thierry d’Alsace, qui avail longtemps guerroye dans la Terre-Sainte, et qui, apres y avoir fait des prodiges de valeur, en etait parti, riche du plus grand, du plus prccieux tresor.En effet, ilavait obtenudesonbeau- frere Baudouin, roi de Jerusalem, une partie du sang de Notre Sauveur, conserve dans la ville sainte, et son premier soin, en arri- vant a Bruges, avail ete de le deposer dans la chapelle de la cour. C’est dans cette meme annee, 1130, qu’il lit constriiire une nou- velle chapelle, pres de celle dont nous venous de parler. La dedi- cace en fut celebree par I’evetiue de Tournai, qui la consacra a cette inappreciable relique. Plus tard, elle fut abandonnee a la confrerie des Masons, qui en ont encore Tusage aujourd’hui. Une large oiiverture praliquee pres de I’autel servait de commu¬ nication entre les deux chapelles; de maniere que les comtes dt Flandre, qui se trouvaient dans Tune, suivaient toutes les parties de roOice divin, aussi bien que les prisonniers du chateau, qui S( trouvaient dans I’autre, sans qu’il y eiit pourtant possibilite de S( voir, pour ces deux genres de spectatcurs. A peine eut-il eleve la chapelle du St-Sang, que Thierry voulut ’ instituer quatre chapelains, jouissant chacun d’une prebende. Leui mission etait de gardcr la precieuse relique et de faire le service de la chapelle. A ces titulaires, il ajouta un sacristain, qu’d dota d'une prebende, conime il appert d’un acte qui ordonne la majoration de ces fonda- — 299 — lions, acte qui porte la dale de 1187, et qui cst signe par Philippe d’Alsace, fils de Thierry. Les cpialre ecclesiastiqucs susnientionnes ctaient en oiilre chape- lains de la coiir, comnie on pent le constater dans les pieces diplo- matiques de I’epoque ; ils avaient, en meine temps, le litre de chanoines de St-Basile, litre auquel des proces sans nonibre les forcerent de renoncer pins tard. Ils conserverent toutefois le litre de chapelains du St-Sang, et ils siegeaient habilnellement dans le choeur de St-Donat. Les chapelains avaient Ions qnatre leurs maisons ct jardins dans la rne des Brassenrs, laqnelle me s’ouvrait sur la Bonrg, entre la chapclle et la Maison de-Ville et abonlissait a la rne de I’Jne Jveugle. Par un accord concln entre ces Magistrats et les ([iialre chape¬ lains, en date du 30 Janvier 1398, ces habitations furent enclavces dans la Slaison-de-Ville. Sur I’emplacement de trois d’entr'ellcs, le Magistral se fit conslruire une chambre de conseil. Quant a la qua- Irieme, elle se trouvait pres de I’escalier qui conduit a la chapelle haute. Vingl-et-une livres de gros furent, a litre d’indemnitc, payees annuellenicnt aux chapelains, pour cette cession. La chapelle basse se divise en trois nefs. Celle du milieu est specialement affectee a la confrerie des Macons qui, chaque annee, y celebrent avec une grande solennite, la fete des vicr gekroonde. A quelle epoque cette corporation obtint-elle cette favour? II serait difficile d’en preciser la date : nous pouvons ajouter cependant qu’il en est fait mention pour la premiere fois dans les comptes de 1469. La nef du Nord etait jadis occupee par la societe des juriscon- sultes, qui s’etait formee sous I’invocation de Ste-Ives. Elle y avail son autel et ses stalles. Ces dernieres etaient placees dans un pro- longementde la muraille, du cote du Bourg, et on pent encore s’en convaincre aujourd’hui. Les Fabricanfs de Chandelles avaient a leur usage la nef du sud, avec chaiielle et autel, et ils avrient choisi pour Icur fete patronale 500 — la Purification tie la Ste-Vicrge. Cette concession leur avail etc faite, par un acte date de 1328. Ils y avaient aussi leurs stalles. Ils y reste- rcnt jiisqu’en 1723, epoque on celte corporation s’etablit dans I’eglise de St-Pierrequi, de leur specialite, prit le nom de Chandelle. Nous avons parle tout-a-l’heure d’une chapelle superieure ou esl renferme le precieiix depot. Malgre Ionics les recherclies que nous avons failcs pour decouvrir I’epoque de sa fondation, nous n avons rien decouvert de precis a ce sujet. Ce qu’il y a d’incontestable toutefois, c’est qu’il en esl question d’abord dans les registres ties coniptes, a propos de la premiere verriere peinte en 1483. II esl question d’une autre verriere en 1496. Chaque confrere esl lenu de contribucr aux frais de celte oeuvre d’art pour la somme de 10 escalins de gros. Dans les pieces que nous avons sous la main, il esl specific que ce vitrail doit etre place dans la nouvelle chapelle, c’est-a-dire dans eelle qui esl surmontce d’une lourelle. Le 4 Juillet 1319, les membres de la confrerie du Saint-Sang, s’adresserent, par requete, aux Magistrals, pour obtenir I’autorisation de fixer dans les murs de I’hotel de ville et de la prison dite hel Steen les ancres des solives et poutrelles qui devaient entrer dans le toil de la chapelle. L’autorisation leur fut accordee, le 24 du susdit rnois. En 1C72 fut construite celle de la croix, celle-la mcme oil tons les Vendredis on expose le St-Sang. Le 22 Septembre de la meme annee, on decida de la voiller, apres un examen d’experts sur I’etat des murailles de soutenement. L’execution du plan de batisse fut evaluee a la somme de 133 livres de gros , 6 escalins , 8 deniers. Les travaux furent, d’apres une resolution du 15Decembre 1672, adjugcs a Jacques Joos, maitre ma5on en cetle ville pour la somme de 730 florins. 11 fut de plus stipule la gratification d’un double ducat en favour de son epouse. Quant au vaste escalier qui conduit a la chapelle superieure, le — 501 — projet en preccda de quelcfues annces la construction qui date de 1529. Nous voyons, en effet, dans les pieces que nons avons sous la main, qua, dans une reunion du college des echevins de la ville et des membres de la ronfrerie du St-Sang, on resolut la construction d’un nouvel escalier pour la chapelle du St-Sang. En nienie temps, on decida la construction du bureau destine a scrvir de greffe pour le tribunal. Ces deux ouvrages fiirent executes d’apres le plan presente par .MM. Corneille De Waltbein et Baltin De llane, et ils furent evalues a la soniino de 300 livres de gros. La chapelle entra dans cette depense pour la somme de 1200 llorins; la vilic deboursa le reste. Quant a la propriete du terrain, etle fut vendue le 13 Mars 1331 a la ville, par les Magistrals du Franc, qui en avaient eu I’usage depuis 1289 jusqu’en 1320. C’est sur ce nieine lieu que, le 10 Juillet 1333, on posa la premiere pierrc de la facade de la chapelle du St-Sang, ainsi que du magnitique escalier, dont nous venons ds parler. Cette facade , tout entiere en pierres de taille bleues, etait de la plus grande elegance, et d’un travail extremement gracieux. On y voyait comiuc ornemenls : 1° Les armes de la ville; 2" celles de Flandre; 5° enfin, au-dessus de I’escalier, I’enibleine du pelican nourrissant les petits de con sang, le tout taille dans une pierrc blanchatre. L’histoire des monuments publics offre toujours quelques pages de deuil et de desolation. La chapelle du St-Sang paya eomme tant d’autres, une dctte ter¬ rible an genie du vandalisme revolutionnaire. Tout ce que I’artavait fait de concert avec la piete pour la decoration de cet edifice fut im- pitoyablement detruit par la rage de ceux qui avaient assis partout le regne de la terreur. Les sculptures furent brisees, les statues mutilees, et les debris en furent jetes pelc-mcic sur la place du Bourg, comme pour attester aux yeux de tous les spectateurs I’exces — 502 — de folie sacrilege, ou pent arriver I’ignorance jointe au plus liouteux fanatisme. La devastation ne s’arreta pas a Texierieur dn saint edifice. Tout ce qui se trouvait dans son enceinte siibit les atteintes cruelles du genie du mal. La profanation ne s’arreta que lorsqu’il n’y eut plus rien a derober ou a detruire, et Ton vit disparaitre ainsi, la chaire de verite, les vitraux, les medallions sculptes et une foule d’autres objets precieux. Que devint la chapelle des Macons pendant la revolution? Elle fut affectee aux usages les plus vulgaires. Plus tard, elle fut erigee en prison , ou Ton renferinait ceux qu’on arretait pour simples debts de police. Puis, on y renferma les chiens errant sur la voie publique et destines a etre abattus, dans le cas ou ils ne seraient pas reclames par leur maitre. La profanation devait en arriver a ccs tristes exces! Get idat de choses dura jusqu’en 1818. Enfln, apres maintes solli- citations, on obtint du gouvernement hollandais I’autorisation de restaurer la chapelle basse et de la disposer pour une nouvelle con¬ secration au St-Sang. Les travaux commencerent le IS Mars 1819 et furent termines le 23 Mars 1821. Les frais, qui s’eleverent a la somme de livres de gros 294'-!2-8, furent converts par les fldeles qui, dans cette cir- constancc, tenioignerent un zele bien louable. Le 3 Mai 1819 fut un jour glorieux pour la ville de Bruges. Le glorieux spectacle qu’elle attendait avec impatience depuis vingt- deux ans, s’offrit a ses regards charmes. La sainte, la venerable et veneree relique fut exposee a I’adoration des fldeles, dans I’eglise de St-Sauveur, et elle resta dans celte basilique jiisqu’au 5 Mai 1821. La chapelle superieure etait toujours dans le plus triste etat de mines : elle n’offrait aux regards, que le spectacle affligeant des malheurs passes. En 1820, le bourgmestre, 51. le baron De Croeser De Berges, adressa au roi des Pays-Bas, une requete pressante, pour obtenir I’autorisation de rcconstruire ce pieux monument. Le roi donna son consentement, a la condition toutefois que ni le gouver- nciuent ni la ville ne seraient inleresses dans ces travaux. Des le 28 Avril 1821, on se mil a I’ceuvre. Les travaux exe¬ cutes d’apres un nouveau plan accueilli et approuve furent payes au moyen de contributions volontaires recueillies chez les genereux habitants de notre cite. On peut voir dans notre ouvrage sur la chapelle da St-Sang, te devis des travaux et des depenses provoques par cette construction. Le 14 Mai 1824, la toiture fut acbevee. La meme annee, on songea a paver le choeur de la chapelle. On se procura, dans ce but, au prix de 4S-18-9 livres de gros, un certain nombre de dalles de marbre, qui se trouvaient dans la chapelle du Franc. Quant a la facade dont la svelte et gracieuseconstructionattire les regards de tons les touristes, on en comnienca les travaux le 15 Fevrier 1832. II a fut de meme de I’escalier qui conduit a la chapelle superieure. On en posa la premiere pierre le memo jour. On confia ce soil! honorable a M. Nicolas De Rovere, dernier religieux et heritier de I’ancienne abbaye des Dunes. Nous devons ajouter ici, a la memoire de ce venerable homme de Dieu, qu’il couvrit lui seul les frais de cette construction. En entreprenant cette construction , on crut necessaire de la redder de 16 pieds sur la place du Bourg, pour constituer regu- lierement lecarre de cette place. II faut avouer cependant, qu’on a, par la, enleve au monument une partie de son pittoresque. L’ouvrage entier, execute en pierres de taille, couta la somme de 14,557 florins. C’est en 1836 que furent placees les orgues actuelles : elles coii- terent 900 francs, y compris les frais de placement. Quant a la balustrade, qui est de fer de fonte, et dont le poids est de 1269 livres, elle couta fr. 1,103-06. Le repavement de I’eglise date de 1837. II fut execute en marbre et couta la somme de 4513 francs. La liberalite des fideles en fit tons les frais. Apres avoir fait I’histoire de ce monument, il resterait, avant d’en faire la description, la necessite de dire quelques mots sur la relique venerable qu’il renferme. _ 504 — Donnee en 1149 a Thierry d’Alsace par son beau-frere Baudouiii, roi de Jerusalem, elle fut placee dans cede chapelle le 7 Avril 11 SO. En 1382 , line invasion de Ganlois faillit compromedre Texistence de cet objet precieux. Les Brugeois n’avaient pas hesite a faire, le 3 Mai de cede annee, la procession accoutumee, lorsqu’on apprit I’arrivee des Ganlois. L’alarme fut generale; le cortege fut disperse et ceux qui portaient larelique, ne se croyant plus en surete, la jelerent dans le canal, oil plus tard elle fut retrouvee par une be- guine qui allait puiser de I’eau [P'oijez nos Hecherches snr la chapelle dti St-Sang, page S4.) All XVI° siecle, ce precieux depot courut de nouveaux dangers. Le zele d’un citoyen parvint a la soustraire a la rage des fanatiques ; ce citoyen etait M. Perez de Malvenda. Apres I’avoir soigneusement renfermee dans une boite de plomb, il la cacha dans I’endrolt le plus secret de sa demeure. Elle y resta jusqu’en 1384, oil, apres un examen, qui en consta- lait I’anlhenticite, elle fut, par ordre de Monseigneur Remi Druitius, replacee solennellemcnt dans son sanctuaire. Pendant la revolution francaise, dans le cours de 1797, la divine relique fut exposee a de nouveaux oidrages. C’est au zele d’un cha- pelain, M. De Gheldcre, et de plusieurs personnes pieuses, qu’on dut la conservation de ce precieux depot, qui, le 2 Mai 1819, repa- rut enfin aux yeux des Brugeois emerveilles. Nous renvoyons au ineme ouvrage pour de plus amples details. Jutel du Chatur. C’est en 1681 qu’on pla^a, dans le cbocur de cette chapelle, un nouvcl autel, qui n’existe plus de nos jours, et qui valut a son au¬ teur Josse Bersyn la soninie de 80 livres 19 escalins de gros. On y voyait, comme ornements, deux figures d’anges el deux autres figures, execulees, pour 34 livres de gros, par Jacques Berger. Deux statues gigantesques de St-Pierre et de St-Paul, hautes de 8 pieds, s’elcvaient au-dessus de I’autel, et au milieu se trouvait un 305 — Christ dont la hauteur etait de 9 pieds. Ces morceaux de sculpture etaient dus au ciseau d’Arnold Pluvier de Bruges, qui rccut, pour cette oeuvre, la somme de 30 livres de gros. 400 livres de gros furent, en 1688, leguees par M. Van Bever- sluys a lachapelle du St-Sang, pour la fabrication de quatre cande- labres d’argent, marques de ses armes. 11s ont disparu pendant la revolution fran^aise. Quatre autres candelabres, de moindre dimension, ornaient encore cet autel. Ils etaient d’argent aussi bien que le tabernacle surmonte d’une croix avec Christ. Le tout etait parfaitement cisele. Ce tabernacle date de 1767. L’orfevre charge du travail se nom- mait Rielandt. La somme qu’il re^ut s’elevait a 235 livres de gros, argent de change. Le doreur Vanden Burg toucha 6 livres 13 esca- lins de gros. Le meme orfevre Rielandt livra, en 1773, I’espece de Calvaire qui s’eleve au-dessus du tabernacle. Quant a la croix avec Christ, qui completait cette belle oeuvre, elle sortait des mains de M. Charles Benninck et ne fut placee que le 3 Mai 1781. L’autel actuel du choeur est de marbre blanc. II offre de chaque cote un ange agenouille. On y voit encore un travail en cuivre, imitant le developpement d’un arbre avec ses branches sous la forme de candelabres. Jadis place dans la chapelle du Franc, cet objet fut cede a la chapelle du St-Sang par M. Holvoet, gouverneur de la Province, sur la requete a lui presentee par les marguilliers de la chapelle. La somme de 50 florins des Pays-Bas fut le prix de cette cession. Dans la quinzaine de Mai, cet autel est decore des ornements que void ; 1° Un superbe tabernacle du prix de liv. de gr. . 241-13-00 2° Un calvaire avec croix.491-01-00 3° Six candelabres pesant 862 onces et qui,, outre la valeur de la facon, sont estimes valoir. 387-18-00 . . 1120-12-00 39 Total. Dans la nef dite de Ste-Croix, se trouvc actuellement place iin autel demarbre, fait, en i793, par le marbrier Pierre Brulois, aiitel pour lequel sa veuve recut la soinme de 2S0 livres de gros. On y remarque trois superbes bas-reliefs en cuivre, dont le dessin et rexeciUion sont de la plus grande delicatessc. Quoique teriuine en 1793, cet autel ne fut place dans la chapelle qu’apres la reslauration. En 1728, de nouvelles stalles avaient ete placees dans le choeur, et elles avaient coute la somnie de 220 livres de gros 1 esc. S deniers. Ellcs ctaient orneesdesix medaillons en chene qui existent encore et oii Ton a sculpte diverses scenes de la passion du Seigneur. Deux de ces medaillons sont I’oeuvre du sculpteur Henri Pulincx qui regut pour cet objet la somiue de livres de gros 14-13-4 deniers. La ebaire de verite est de la meme annee : elle est du plus luau- vais gout et plusieurs figures importantes, qui la decoraient jadis, out aiijourd’hui disparu. Parmi les autres richesses il faut citer divers dons de leurs Altesses royales, I’arcbiduc Charles et rarchiduchesse Isabelle, dont le prin¬ cipal est line petite cliasse d’argent cisele, merveilleux petit ouvrage en ronde-bosse. La grande chdsse. C’est la merveille de la chapelle, et Ton peut dire qu’elle nierite, a tons les egards, radmiration dont elle est I’objet. Le travail en fut confle, en 1617, au celebre Jean Crabbe, orfevre brugeoisquienavaitpresente le dessin. C’est un morceau d’arttout-a- fait remarquable, qui, dans son ensemble, a 1 metre, 29 centimetres de hauteur sur une largeur de 61 centimetres. La partie inferieure est de forme hexagonale, et Ton voit a chaque angle s’elever une colonne qui sert d’appui a une espece de dais richement orne sous lequel est suspendue la precieuse couronne de Marie de Bourgogne, comtesse de Flandre, couronne qulelle portait dans les grandes cere¬ monies princieres. — 307 — Vitraux. Huit grandes verrieres ornaient autrefois cetle eglisc; elles re- presentaieiit : d Philippe-le-Hardi et Marguerite de Male son epouse. 2" Jean-sans-Peur et Marguerite de Baviere. 5“ Philippe-Ie-Bon et Isabelle de Portugal. 4“ Charles-le-Temeraire et Isabelle de Bourbon. S° Marie de Bourgogne et Maximilien. 6° Philippe-le-Beau et Jeanne, infante d’Espagne. 7° Charles-Quint et Isabelle de Portugal. 8° Le lavement des plaies de Notre-Seigneur, le plus grand et le plus beau de tous ces vitraux. II perit a I’epoque de la revolution fran^aise. Les autres furent vendus a un habitant de la ville, au prix de 14 francs chacun. Celui-ci les vendit a son tour, et ils furent alors transportes en Angleterre, oil ils se trouvent encore, sans doute, sans que nous puissions preciser le lieu. En 1843, on placa dans la chapelle deux vitraux executes d’apres d’anciens dessins, qui existaient encore dans les archives de la cha¬ pelle. Trois vitraux furent places en 1846, parmi lesquels il en etait un de M. Melgar Coppietersj en 1847, on en placa encore deux qui sont dus a la munificence de M. Van Jloerkerke et de la douairiere Van Tieghem de Terhoye. On en attend encore deux autres dont les frais seront supportes par la Regence de la ville, et par M. J.-B. Coppieters. On y verra representes les portraits d’Albert et d’Isabelle, ces deux bienfaiteurs de la ville. Le peintre de ces belles verrieres est M. Pluys de Malines, qui , par line etude approfondie des anciens precedes, a rencontre cet eclat de colon’s que nous admirons dans les vitraux du moyen-age. Tableaux et quelques autres objets renfermes clans la chapelle du St-Sang, aiissi bien que dans la crypte. 1° Une descente de croix par Van Oost, pere. On y veil un vieillard qui lave les plaies d’une des mains de Notre-Sauveur. - 508 — 2° Le meme sujet par Grayer. 3° Vna Adoration des Bergers, dans le genre de Jansens. 4° Un martyr attache a un poteau, et dont on dechire les chairs. C’est line composition assez bonne de Herregouts. 8° Un triptyque ou le colons egale la beaute de I’expression. — Jesus attache d la croix entre les saintes femmes et St-Jean. Sur les volets, Jesus portant sa croix, et la Resurrection. 4° Un autre triptyque d’un grand eclat de couleur : Jesus est re¬ presente couche sur le soldevant sa chaste mere; sur les volets sont plusieurs disciples, parmi lesquels deux portent des vases de par- fum, et un autre le linge necessaire a I’embaumement du sacre corps. 7° Un tableau surbois, d’une date ancienne, divise en 13 com- parliraents. Le sujet principal est la vie et la passion de Jesus. Diverses ligures de saints et de saintes en forment la partie secondalre. 8“ Un autre, aussi sur bois, oii Jesus est represente crucitie entre les deux larrons. Les bourreaux et une foule de spectateurs sont temoins de cette scene dechirante. 9° Jhus bafoue par ses bourreaux, tableau assez remarquable. 10° Deux tableaux, representant la Ste-Fierge et St-Jean. 11° Une copie d’un tableau de Rubens, dont le sujet est : Jesus flagelle. 12° Deux tableaux de Pourbus, renfermant les portraits des membres de la confrerle du St-Sang— date 1377. 13° Un morceau de sculpture, en haut-relief — le sujet est la Cene. 14'' La Ste-Fierge avec I’enfant Jesus et St-Jean. Le coloris en est excellent. 15° Une peinture sur bois — sujet ; les trois Mages a Bethleem. 16° Un antique, oii I’on voit Jesus attache a la croix devant sa mere, Ste-Madeleine et St-Jean. 17° Un bas-relief en albatre, dont le sujet est fa Cene. CIIAPITRE LXV. ChapcUe « sfeeffct*). Sanderus et Van Male pretendent qu’elle etait batie aii-dessus de la chapelle de St-Christophe. Ils auraient du dire a cole'de cette Chapelle. La chapelle de St-^Georges, plus eleven qiie I’autre, etait batie sur la voiite des magasins de poterie. Elle s’etendait au-dessus de quelques maisonnettes, dont la derniere aboutissalt a la rue des Crevettes, Gaernaert-straet. Celle-cl etait une espece de cabaret, nomme Cantine der Luizevangers , ou des Officiers du Bailli. Un escalier fort eleve conduisait a I’interieur de cette eglise. II etait non loin du lieu ou est actuellement situee la maison marquee E I, N"81. Sur la facade, on voyait les armoiries, sculptees sur pierre, de la fainille Van Teraseke,qui avait fait construire cet oratoire et qui en fut longtemps proprietaire. La chapelle n’avait qu’une nef; I’autel, fort simple, en etait'de bois. Le tableau du retable representait St-Georges; 11 ne manquait ni de coloris ni de dessin. Une relique singuliere etait honoree dans cette chapelle : c’etait un glaive antique que la foule baisait avec la plus grande veneration. Quelle etait I’origine de cette pratique? On ne la trouve nulle part, et c’est ce qui decida, sans doute, M. Felix-Guillaume Brenart, eveque de Bruges, a retirer de I’eglise cet objet d’un culte pen raisonne. 40 314 — C’est a cet autel, dont nous venons de parlor, quo la Societe Lit- teraire ou de Litterature flamande, dite : H. Geesters, allait autrefois faire ses exercices religieux, ce qui ne dura guere. Teletait, en 1786, I’etat de vetuste de ces deux chapelles, qu’on les mit en vente. L’une fut vendue au profit du chapitre de St-Donat, qui en etait proprietaire, c’etait cello de St-Christophe, dont les mi¬ nes , toutefois, couvrirent le sol jusqu’au commencement de ce siecle, c’est-a-dire jusqu’au moment ou Ton eleva, sur le terrain occupe par ces chapelles, les maisons marquees aujourd’hui E 1, N" 82 a 83. CHAPITRE LXVIII. Chapellc de St-Pierre. Elle etait situee dans la partie septentrionale de la rue Philipstock. Elle fut construite, en 1080, par Robert de Prise, comte de Flandre. On la dedia a St-Pierre. Un fait qui prouve la veneration toute spe- ciale de ce comte pour le chef des ap6tres, c’est que, dans le cours de sa vie, il fit eriger, en son honneur, plus de trente eglises ou cha¬ pelles. Ce meme comte fit encore plusieurs fondations en favour de cette chapelle, dont la construction se dirigeait du Nord au Sud, et qui n’offrait, du reste, rien de remarquable. Elle etait surmontee d’une tourelle avec cloche. CHAPITRE LXIX. Chapelle de Ste-Catherine. Elle touchait a la precedente, et on lui donnait encore le nom de Crogh-Capelle. Elle avail sa direction vers I’Orient, comme la plupart des monuments religieux, et elle avail ete elevee la meme annee que la precedente. Comme elle, elle avail aussi une petite tour avec cloche. II fallait descendre plusieurs marches pour y entrer, ce qui prouve naturellement I’exhaussement du sol environnant. Elle etait a la disposition de la confrerie des fabricants de fleches etd’arcs, qui honoraient Ste-Catherine pour patronne. Tous les membres formant le serment avaient place dans des stalles disposees pour eux. Les ressources de cette chapelle etaient si restreintes, les contri¬ butions des membres si minimes, que, vers la fin du seizierae siecle et le commencement du dix-septieme, on n’aurait pu couvrirlesfrais de restauration, et Paction du vandalisme serait facilement venue a bout d’une construction qui mena^ait ruine, si quelques personnes pieuses n’avaient entrepris, a leurs depens, les travaux de repara¬ tion et n’avaient const!tue en sa favour plusieurs dotations necessaires a son entretien. Nous allons les enumerer ici : 1° En 1620, le 10 Novembre, M. Francois De La Torre fit une fondation annuelle de seize messes, qui devaient etre celebrees an- — 316 nuellement. II pourvul en nieme temps a I’achat cUi viii, des cierges et dc tons les autres objets necessaires. 2° Treize messes annuelles fiirent fondees par dame Ilellin, dece- dee en 1644, veuve de M. Remi Rommel. 3° Cinq messes fondees par Paschale Simoens. 4“ Par un acte dresse le 14 Juin 1662, M. Bernard De Schee et sa femme Ilippolyte Lahoest concederent, avec charge d’entretien , les revenus de deux maisons, sises dans le voisinage de cette chapelle, avec la recommanclalion qu’elles seraient habitees par deux personnes non mariees, ayant une servante, ou par un chapelain accompagne de sa soeur ou d’une servante. S° La memo Ilippolyte Lahoest etablit dans cette eglise un acolyte pour servir la messe et une vendeuse de cierges. Elle fit en outre la fondation de cent quatre messes a celebrer annuellement. 6" Jeanne Romeyns foncla la celebration annuelle de vingt-deux messes, qui devaient etre chanlees a partir du 10 Novembre. L’annee 1722 fut signalee par la destruction complete de la clia- pelle de St-Pierre ct d’une partie de cede qui I’avoisinait. On y construisit alors une voiite en ma^onnerie, sur laquelle on eleva une chapelle qui existe encore aujourd'hui. Elle fut, le 29 Juillet 1723, dediee a St-Pierre, par inonseigneur Henri Van Susteren, eveque de Bruges, qui y celebra la messe le jour meme de la fete du Saint Apotre. En 1723, cette chapelle fut mise a la disposition de la confrerie des Fabricants de Chandelles, qui avaient, precedemment, occupe la chapelle des Macons. Depuis lors, on I’appela Keersgieters Capelle. Dans les vilraux de cette chapelle se trouvent six ecussons, en- tr’autres ceux de la Corporation. Quant aux deux maisons, dont nous avons parle, dies furent disposees de nianiere a former une salle de reunion et une demeure l)Our le clerc. Ce baliment est aujourd'hui devenu un cstaminet, dont I'enseigne est la Chandelle. Quant a la chapelle qui portait la denomination de Crogh-Capelle, cl qui formait, sous I’autre, une chapelle basse, elle fut fermee, sans — 317 — qu’il nous soil possible d’en trouver la raison, par M. Felix-Guil- launie Brenaert. Lors de I’invasion francaise, le gouvernenient la fit vendre publiquement. CHAPITKE LXX. Ciiopclle 48c Elle occupait le milieu de la place St-Jean. A quelle epoque et par qui fuUelle fondee? C’est ce qu’on ne saiirait dire. Tout ce que Ion sait de positif, c’est qu’elle efait placee sous le patronage du chapitre de St-Donat, et qu’ua ehapelain de cette eglise y celebrait le service divin. Une tour carrce avec lleche surinontait cette eglise, qui n’avait qu’une nef, d’ailleurs fort peu remarquable. La s’etait fixee la corporation des peseurs de fer, qui honorait St- Nicolas coiiime patron. Quand cette industrie tomba en decadence, elle abandonna la chapelle, ce qui advint en 1S27. La dissolution de la corporation eut lieu en meme temps. Nous avons vu, dans le chapitre XII, que le local dont elle seservait, pour le pcsage de fer, se trouvait pres de cette chapelle. Une fois cette corporation supprimee, tout ce qu’elle possedait de richesses en argenterie et en ornements fut livre au chapitre de St-Donat. — 518 A cette corporation il en faut joindre deux aulres, celle des chapeliers, qui en disposait depuis ISO-i, et celle des jaugeurs, qui lie I’abandonna qu’en 1701, lorsqu’elle eut obtenu du magistral I’usage de la chapelle dite du St-Sacreiv.ent. Elle avail en propriete de riches et magnifiques ornenients. En 1600 , la chapelle de St-Jean s’ecroula en partie, ruinee qu’elle etait par la vetuste; mais elle fut bientbt rebatie, et elle subsista jiisqu’en 1786, epoque ou sur son emplacement, on eleva une pompe publique, d’un assez bon gout, et surmontee d’un vase a lleurs, sculpte sur pierre. Get ornement vient d’un des piedestaux d’un escalier en pierre de taille qui se trouvait a I’entree du Pand- reiije, aujourd’hui Marche aux Herbes pres du quai des Rosaires. On ne trouvait dans cette chapelle que deux tableaux; encore n’avaient-ils aucune valeurj ils se trouvaient de chaque c6te du jube. Quant aux fondations dont elle fut favorisee, nous nous bornerons a citer, d’apres le Icmoignage de deux pierres tumulaires, cedes que firent DameAgnfe Adornes et ses deux epoux successifs, Messire Corneille Van Hallewyn et Andre De la Coste. Une table de pierre avec cuivre se trouvait devant I’autel: on y voyait la figure de M. Jean de Roover, decede en 1468. CHAPITRE LXXt. Chapelle du St-Sacrciueut. Elle fut elevee sur I’emplacement d’un estaminet qui porlait pour enseigne : le Cheval Blanc, pres de la Vieille Boucherie, aujourd’hui place Simon Stemn. Nous avons vu, page i6C, que, la veille de la fele du St-Sacreiuent, M. le chanoine Van Maele , charge de la garde du tabernacle a I’eglise de St-Sauveur, y laissa par ouLli la clef sur la serrnre. L’aide sacrisfain, qni s’en etait apereu, se laissa tenter par la plus sacrilege cupidite. 11 s’empara des vases sacres, et en jeta les hostiesdans les lieux d’aisance du cabaret en question. C’est en expiation de cet acte profanatoire qu’on eleva la chapelle dont nous nous occupons. La iTiaison fut, par ordre de raonseigneur Guillaume Bassery, completement demolie, et le magistral appuya cet acte de son auto- risation. Quant a la matiere dans laquelle avaient ete jetees les hosties consacrees, elle fut transportee dans un puits maconne tout expres dans le cimetiere de St-Sauveur, et qui s’etend meme un peu sous la sacristie. Quant a M. le chanoine Van Maele, il exprima, dans une disposition testamentaire, la volonte d’etre enterre pres de ee puits, en expiation de son imprudence involontaire; ce qui eut lieu. C’est en 1701 que fut construite la chapelle du St-Sacrement, qui, sans etre spacieiise, avait assez d’elegance. La facade, assez — 320 — gracieuse, etait construite en pierrcs de taille bleues et I’oii y lisait celte inscription : saCra DeI saCraMento. L’interieur etait lambrisse de raarbre blanc et de marbre noir, et dans ces lambris on avait enchasses sept tableaux assez reinarquablcs, dont six de De Deyster, les derniers qu’il ait faits. lls representaient : i° Jesus faisant ses adkux a sa Mere avant la Passion. 2“ Le Christ dans le Jardin des Olives. 3° Jesus, an torrent de Cedron. 4' Jesus devant le Grand-Pretrc. a° La Flagellation. 6° Le Couronnement d’Cpines. Le septieme etait de Vanden Kerckhove et avait pour sujet la Resurrection du Christ. Quelques marches precedaient I’entree de I’eglise, dont le dallage etait tout enlier de marbre. L’autel etait de la mcme matiere et assez elegant de construction. Ce fut le prelat susmentionne qui fit la dedicace de cette chapelle, et Ton y celebra la premiere messe, en 1702, le jour de la fete du St-Sacrement. La corporation des Jaugeurs en obtint la jouissance etelle y faisait celebrer la messe tons les dimanclies et les jours de fete. L’habitation du prevot etait contigue a cette eglise, du cote Sud. Ce monument religieux n’eut pas une longue existence. La revo¬ lution frangaise ne I’epargna, que pour le vendre en 1799 et en faire un magasin de depot pour les ornements et les divers objets d’eglise. Depuis lors, employe successivement, comme maison par- ticuliere, comme magasin et comme salle de representations noctur¬ nes pendant les fetes de mai, il fut enfin demoli et sur le terrain qu’il couvrait, on construisit une maison aujourd’hui marquee Section C 2, N” 7*. CHAPITRE LXXII. Abbaye «l*JBeckhoat4s Elle eut pour fonclateur St-Trond, un des Ap6tres des Flandres. L’eglise en fut dediee a la Ste-Vierge Marie, a St-Barthelemi ap6tre et a St-Willebrorde. Quant au couvent, ii fut mis sous la regie de I'ordre de St-Augustin. S’il faut eii croire les traditions recueillies par les agiologues, c’est au milieu d’un grand bois de chenes, dont la puissance druidique avail fait un centre religicux, que s’eleva, en CSO, cette celebre abbaye, dont I’anciennete est si respectable. Dans le lieu meme, ou des pretres payens reunissaient des peuplades aveugles autour d’autels grossiers, dedies aux dieux tudesques, un pauvre apotre de Jesus-Christ parvint a elever une deraeure au seul Dieu qui regit I’univers. Les bois, dont nous venons de parler, s’etendaient sur une vaste etendue do terrain. Ils comprenaient tout I’espace occupe plus tard par I’abbayc elle-metne, par celle de St-Trond, par le cloitre des pauvres Claires, la cliapelle des Hieronimites, I’liopital de la Madeleine, I’ecole Bogaerde avec toutcs les places voisines, embras- saient, hors de la ville, tout le village d’Odeghem, et s’etendaient jusqu’au pent dit Steenbrugge. Toules ces terres dependaient de cette abbaye et etaient sou- mises, comme telles, a une rente annuelle, sous la forme empby- teotique. M — 322 ~ Quanl au fonds, siir lequel fut batie I’abbaye, il comprenait seule- ment le terrain que nous voyons anjourd’hui entoure de fosses. Un aqueduc allait dii pont nomme £ockkoek-Brugge, jusqu’au pont nomme Kleyne Eeckhout-Brugge, ce qui hii donnait la forme d’une ile, et explique I’ancienne appellation d’lle des Dhsses, donnee a ce morceau de terre. Le premier soin de St-Trond, apres avoir abattu les statues des idoles, fut de fonder dans le lieu raeme une abbaye ou convent de chanoines reguliers qui observaient les Institutions de St-Jugustin. Ces chanoines furent bientot au nombre de quatre-vingls, et la prosperite de I’abbaye etait merveilleuse. Mais void que, vers 880, une invasion de Normands detruit un si bel ouvrage, et disperse les inoines, heureux jusqu’alors dans ilenr pieuse solitude. Les choses resterent en cet etat jusqu’en 90C. Alors, Lambert, eveque deTournai, rassembla les chanoines disperses, qui recueilli- rent ce qu’ils purent des biens qu’ils avaient perdus. Puis il fit batir un nouveau monastere, dans ce meme village d’Odeghem, pres de Bruges. Cette nouvelle eglise fut consacree a la Ste-Viergeet au raeme St-Trond, qui avait etc fondateur de la premiers. En 1016, appeles pdr I’instinct de lour coeur vers le berceau de leur institution, quelques-uns de ces pieux serviteurs de Dieu, laisserent leurs confreres dans la maison d’Odeghem, qui n’etait qu nn prieure, dependant du monastere d’Eeckhout, et vinrent se fixer dans leur cloitre primitif. En lOoO, ils avaient acheve leur travail de restauralion , et, quelque temps apres, I’erection du con¬ vent en abbaye couronna leurs efforts. Ces rnoines a leur arrives a cetle epoque dans I’ancienne abbaye de I’Eeckhoute , y trouverent un hermite nomme Everelme, qui y monrut en 1060 apres y avoir passe une periode de douze annees. Dapres une charte, qui porte la date de 1150, on voitque, pour remunerer les bons services des |religieux, le comte de Flandre Thierry d Alsace leur donna toutes les lerres qui leur avaient appar- tenu jadis. avec tons les privileges qui y etaient attaches, et leur — 323 — const]tua de plus une rente en nature, qui consistait en une rede- vance d’une certaine quantite de fromage. Pleins de reconnaissance pour les bienfaits de ce prince, les pieux cenobites fondetent pour le repos de son anie la celebration annuelle d’une niesse, et cette fondation se inaintint jusqu’a la fin du XVIIP siecle. Lacte de donation datait de 1150 et existait encore en 1834. An reste, cessortes de dotations tournaient au profit de la chose publique. Ces moines etaient les premiers agronomes de I’epoque, et developpaient, au milieu de populations encore a demi barbares, I’esprit du travail et de la culture. Ce qui le prouve, c’est une nouvelle dotation faite par le meme comte dlune partie de terrain sterile, ala condition qu’ils la cultive- raient avec soin. En 1163, Walter, abbe de St-Martin, a Tournay, ceda a Lambert, abbe de rCeckhoulte, moyennant la somme annuelle de bait marcs d’argent toutes les terres qu’il possedait a Odeghem, pres de Bruges. En 1193, I’eveque Etienne, conjointement avec le chapitre de Tournai, ceda a I’abbaye de rEeckboute I’eglise de Meetkerke, moyennant la redevance annuelle de huit marcs d’argent. En 1197, par u:i acte donne a Maele, le comte Baudouin autorisa I’abbaye de I’Eeckhoute a echanger une partie de terrain qu’elle avait recue du comte Philippe, conlre une autre partie de terrain nommee den Wijngaerd, appartenant a Guillaume et a Yder, tous tous deux fils d’un certain Marinus. En 1248 , le pape Innocent IV autorisa les moines de cette abbaye a faire I’acquisition ou a recevoir I’heritage des biens de faraille. En 1283, I’abbaye de I’Eeckhoute accorde au convent dit Ym Bogaerde, une partie de terrain, comprenant trois fermes, situees a I’ouest de la route de Courtrai, au-dela du pent de Ste-.Marie, et s’etendant jusqu’a la rue dite Nieuweland, moyennant une redevance annuelle de six livres de Flandre, une livre de poivre et six livres de cire. Elle joint a cette cession le droit de batir sur ce terrain, pour I’usage du convent. — 324 — En 1284, vers le commencemenl du inois d’octobre, M. Jean De Wilde, chanoine de la meme abbaye, prit possession de la cure de Eessen, qui avail ete donnee a cette abbaye, par Milon, eveque de Terouane. Nous trouvons, sous la date de 1288, une anecdote assez curieuse, qu’il n’est pas inutile de rapporter ici : Le prevot de St-Donat, sans auciine espece d’autorisation, avail eu I’outrecuidancff d’envoyer ses sergenls pour prendre de force un cheval dans les ecuries de I’ab- baye de TEeckhoute. Outre de cet acte de violence, I’abbe porta ses plaintes au comte Guy, qui fit citer ledit prevotet ses sergents pour comparoir au convent des Recollets. La siegeait I'abbe de Zoetendale, assiste de trois chevaliers. Au noni du comte, ils condamnercnt le prev6t a reconduire le cheval dans I’ecurie d’oii on I’avait lire, a demander pardon a I’abbe de I’Eeckhoute, et a sc rendre proccs- sionnellement et tele nue, une fois a I’eglise de I’Eeckhoute, et une fois a St-Donas. En 1530, I’abbe cedaau couvent de I’hopital St-Jean, une parcelle de terrain, a I’ouest de la rue qui longe le derriere du couvent dit Ten Hogaerde, la ou jadis un roi de France avail jete les fondements d’un chateau dontil devait faire sa residence. Ce terrain , du cote de la rue, etait large de 286 pieds, et s’etendait par derriere jusqu’au fosse de la Same. En 1374, I’abbe Nicolas Brand, reduisit a 13 le nombredes reli- gieiix de ce monastere : jusqu’alors leur norabre avail ete de 18. Une bulle datee de 1381, autorise I’abbe Nicolas, ainsi que ses successeurs, a porter I’anneau abbatial. En 1437, I’abbe Antoine Mil fitelargir le choeur de son eglise. Vers la fin du XV” siecle, sous la direction de I’abbe Philippe de Beerst, cette meme eglise subit un agrandissement dans la partie ouest, qui fut allongce de 30 pieds. Le meme pere fit batir une cha- pelle abbaliale, en I’honneur des doiize apotres. De nouvclles orgues furent placees au commencement du XVI’ si^le. En 1333, At\toine Botsaert fit constniire les stalles du chceur . — 325 — qui, sans briller par la profusion des sculptures, offraient cependant une ordonnance de bon gout. Le meme Botsaert fit aussi faire des ornements magnifiques en drap d’or, pour les jours de fete. L’ante- penclium, qui en faisait partie, se trouve encore a I’eglise de Sl-Sauveur. Nous en avons parle autrefois. En 1578, les Giteux se repandirent dans cette abbaye et la sacca- gerent. Les batiments furent convertis en habitations particulieres , dont ils pereurent le loyer. L’eglise fut devastee, et tout y subit la loi de la destruction. II est inutile d’ajouter que ces niiserables s’ap- proprierent en meine temps les biens et les revenus de I’abbaye. Apres ces temps d’orage, brillerent des jours de restauration, el Ton put songer alors a reconstituer I’antique communaute. Mais, de ceux, qui jadis en avaient fait partie, les uns etaients morts, d’autres s’etaient disperses sans desir de retour. Un instant, il fut question d’etablir dans le monastere les religieux de I’ordre de Citeaux, qui alors etaicnt fixes a Bogaerde, pres de Fumes, et d’y faire. entrer en meme temps les moines survivants. Cette combinaison avait chance de reussitej mais, les jesuites se remuaient de leur cote; ils agissaient en meme temps sur I’esprit du roi d’Espagne, et sur celui du Pape, pour obtenir la possession de la belle propriete abbatiale. Mais, en 1584, un evenement, fort simple en lui-mcrae, vint deranger tous ces projets. L’abbe Mathieu Longespes alia prendre possession de son monastere. II reunit autour de lui une foule d’hommes pieux qu’il avait engages a prendre I’habit. Bientcit, tous les travaux de reparation furent acheves et la dedicace de I’eglise fut renouvelee le 26 Aout 1584. A peine cette eglise fut-elle ouverte, qu’on vit s’y installer la Societe de VJrbre-Sec, qui, avant la revolution, se Irouvait chez les RR. PP. Recollets. Pres de I’autel se trouvaitun tableau, dont nous avons parle dans le chapilre consacre a la nouvelle eglise de Ste-Walburge. En 1628, le Pape accorda le droit de porter la mitre a Nicolas Van Troostenberghe et a ses successeurs. 326 — Le 23 Novembre 1630, fut celebre avec uiia grande pornpe Ic jubile dll lOOO' anniversaire de la fondation de cette abbaye. En -1630, on rebalit toutes les parties de I’abbaye. Au mois de Juin 1662, on jeta les fondements d’une nouvelle tour qui fut achevec le 19 Avril 1663, et qui n’etait pas un des moindres ornements de la ville. Les frais de construction s’eleverent a pres de quatre mille livres de gros, s’il faut en croire Emile Van Houcke, religieux, connu pour avoir regie pendant longtemps le calendrier de notre clerge et qui reinplissait alors les fonctions de receveur ge¬ neral de I’abbaye. La tour, dont nous venons de parler, renferinait six cloches de moyenne dimension. Elle etait assez elegante de construction et re- marquable de legerete. Le 11 Mars 1699, des ouvriers qui travaillaient dans la sacristie, decouvrirent, en creusant la terre, le tombeau de I’abbe Lambert Hautscilt, dont le corps parfaitement conserve offrait encore au doigt 1 anneau abbatial. Le cercueil fut place dans la chapelle du St-Sacrement, et le 15 Avril, apres la celebration d’une messe solennelle, on le deposa avec grande ceremon/e, devant I’entree du choeur, dans un caveau nouvellement construit pour cette destina¬ tion. La meme annee, I’ancien dortoir en hois, construit sous I’admi- nistration de I’abbe Lambert Houfscilt fit place a un nouveau dortoir en pierres, dont les travaux avail commence sous I’abbe Josse Inbona. L’abbaye de I’Eeckhoute subit la loi generale, dans le cours de la revolution fran^aise. Les religieux furent supprimes, le convent confisque et vendu publiqucraent, avec tout ce qu’il renfermait, a 1 exception de quelques objets que les moines parvinrent a eraporter. La demolition des batiments suivit de pres le depart des religieux. Dapres un inventaire, dresse sur les lieux , nous voyons que I’abbaye de I’Eeckhoute renfermait une volumineuse bibliolheque, riche surtout en manuscrits precieux. Le tout fut disperse par la tempete revolutionnaire. — 327 — iglise de cetle abbaye. Elle etait fort simple, mais assez belle de construction. Elle se composait de deux nefs, dont une renfermait le choeur. Le maitre autel en etait de marbre, et de chaque cole se trouvait une epitaphe. All sud de I'autel, s’elevait un magnifique sarcophage en pierre bleuc, dont la face anterieure offrait une serie de niches en tiers- point. Sur la tombe etait couchee la statue d’un eveqiie avec mitre et Crosse. Ce tombeau avail ete eleve en I’honneur de Monseigneiir I’eveque .Jacques de Binst, dccede en 1332. De I’antre cote de I’autel, on voyait une epitaphe en marbre avec les huit quartiers de la famille Baltin. De chaque cote etaient rangees les stalles qui ornent aujourd'hui le choeur de I’eglise de Notre Dame. Pres du sanctuaire etait un petit autel qui fut dedie a Ste-Ursule. Le tableau du rcHable reprcsentait cette sainte. Le choeur se fermait au moyen d’une balustrade insignifiante. Dans I’autre nef, on voyait un autel en marbre, dedie a la Ste-Vierge. Le fronton du retable reposait sur deux colonnes torses, et dans une niche etait placee la statue de la Ste-Vierge. Le tableau, rcpresentant Jesus crucifie, avail ete offcrt par M. Piobyn , decede en 1B25. Pres de cet autel etait une epitaphe en marbre, mais sans orne- ments, erige a la memoire d’Elisabeth Van Hamme, qui avail fait la fondation de la celebration annuelle de dix obits. 11 n’j avail rien de remarquable dans I’execution de la chaire et des confessionnaux. Un des plus riches monuments tumiilaires de cette eglise, c’etait une belle pierre bleue toutgarnie de cuivre, presentant aux quatre angles, les figures des evangelistes , avec I’imitation d’un riche tapis de fleurs, sur lequel etait couchee la figure d'un abbc. C’etait celle de Philippe de Beerts, decede en 1664. CHAPITRE LXXIII, L’Abbaye des Dunc«. Cette abbaye fiit d’abord line succursale de I’antique abbaye des Dunes, sitnee pres de Fumes, a trois lieues de la mer, et dent nous devons dire ici quelques mots. S’il faut en croire I’historiographe de ce monaslere, Adrien Biitzius, religieux de cet ordre, c’est a un saint et pieux solitaire, nomme Ligerius, que cette maison dut son origine. JBientot, plusieurs pieux personnages vinrent se ranger aulour de lui, et erigerent une eglise qui fut consacree a la Ste-Vierge par I’eveque de La Morinie. Ces religieux siiivaient la regie de I’ordre des Freres Noirs de St-Frangois. L’abbe Ligerius, les dirigea vingt-et-un ans. Plus tard, un autre couvent fut bati tout pres de la grande route qui, de Bruges, conduisait a la commune de Lisseweghe, situee a 1 1[2 lieue de Bruges. Les constructions s’eleverent sur I’emplace- ment d’un ancienne chapelle dite Ter Doest, autrement dite chapelle de Thosan (Toussaint). Le fondateur fut un nomme Lambert, seigneur de Lisseweghe. En 1106, on dota le couvent de quelques biens fonds, et I'on y eleva plusieurs habitations pour y logerdes religieux. Le meme seigneur en ceda la jouissance pleine et entiere a I'abbe de St-Richard De Ponthieu, qui le posseda a titre de prieure jusqu’en 1173, qu’Everard, ev^que de Tournai, en fit I’acquisition - 529 — avec les tei’res qui en depeiidaient. La cession fiit faite par Laurent, abbe do St-Rickiers, et facilitee par I’intervenlion de Gerenbald, seigneur de Lisseweglie, qui y fit de notables agrandissements pour rendre possible radinission d’un plus grand nombre de moines. Quand les travaux furent termines, reveque de Tournai en ceda la jouissance aux rcligieux des Dunes, et cette cession fut confirmee par le Pape Alexandre III. Cette approbation une fois obtenue, Wauticr, quatrienie abbe des Dunes, accepta avec un vif sentiment de reconnaissance I’offre qui venait de lui etre faite, et il envoya aussi- tot a ce nouveau couvent douze peres religieux avec quatrefreres lais, qu’il placa sous la direction d’un abbe nomme Hacketus. Egalement recommandable par ses hautes vertus et par ses profondes connais- sances, cet abbe dirigea la communaute avec la plus grande sagesse pendant six annees conseculives , c’est-a-dire jusqu’en 1179. Appele, a cette epoque, a remplacera Fumes son superieur, qui venait d’y mourir, il donna la direction de la nouvelle maison a un religieux, nomine Jean de Brugis. En 1376, Jean Van Assenede, vingt-deuxieme abbe des Dunes, obtint du pape Gregoire XI de porter la mitre et la crosse, et ce privilege fut transmis a ses successeurs. En 1SC9, sur un ordre du roi approuve par le souverain pontife, cette abbaye fut soumise, avec charge d’entretien, a la direction de I’eveque de Bruges, Remi Druitius , qui en prit possession a la mort du dernier abbe, Vincent Doens. Nous trouvons qu’en 1480, il y avait a Bruges, dans la rue dile Smrjgaerts, lii ou en dernier lieu s’elaicnt fixecs les religieuses de I’ab- baye de Spermaille, un couvent ou maison de refuge de Tor Doest, qui dependait de celui de Fumes. L’abbe, Jean Crabbe, y deceda cette meme annee. Ce fut en 1625, que le quarantieme abbe des Dunes, Bernard Campmans , fut autorise par S. M. I., gouvernant les Pays-Bas, et du consentement de I’abbe de Clairvaux, superieur de I’ordre, a construire un couvent avec chapelle dans le refuge de Terdoest a Bruges, dont ce meme abbe Bernard avait fait, quelque temps 4-2 — 550 — auparavant I’acquisifion. On transporla, a cet effet, a Bruges, pour y etrc employe dans les nouvelles constructions, tout cc qui pouvait encore servir ties vieux materiaux de I’ancien monastere ten Boguerde, lez-Furnes, dont la ruine avail etc consonimee, en •1577, par les Gueux. Telle fut la rapidite avec laquelle furent pousses les travaux, que des le 5 Mai 1027 , Tabbe Campmans puts’installer avec sesreligieux dans le nouveau couvent. Tout n’etait pas achevc cepcndant, et Tune des cbambres dut servir quelque temps d’oratoire. Le mcme jour, on transporta dans ce lieu le corps du bien- heureux Idesbaldos qu'on vcnait de trouvcr une seconde fois en creusant les fondcments du vieux monastere. Une premiere fois, on I’avait decouvert dans les vagues qui etaient venues inonder le couvcnt. Non-seulement les travaux du monastere proprement dit, mais encore ceux de leglise, marcberent avec rapidite. Les batimcnts de ce monastere existent encore en grande partic, et quant a I’cglise qui n’existe plus, elle avail la forme d’une equerre. Elle toucbait a la rue et s’etendait dans le sens de I’eglise acluelle. Eillc n’avait qu’iine scale nef. Le chceur, qui s’etendait de I’ouest a I'cst, ctait cloture par un banc de bois, dans lequel etait pratiquee une entree. De ebaque cote de ce banc etaient deux autels pen remarquables. Quanta la nef, elle s’etendait du nord au sudjusqu’a I’endroit mi so trouve aujoiird’bui la portc coebere. On y voyait un autel dedie an bienbeureux Idesbaldos. La se trouvait un curieux ouvrage de sculpture en bois. C’etait une espece de chasse quadrangulaire et toute percee a jour, qui avail huit pieds de bant. Cbaque face presentait des bas-reliefs ou etaient sculptes divers traits de la vie du bienbeureux Idesbaldos, ainsique la dccouvcrte desa lombe. Le cercueil occupait le centre. Quant au jube, il etait lout entier en bois, et aussi bien que I’orguc, il n’offrait rien de remarquable. — 531 — Ea 177S, cette eglise fut reconstruite sur un nouveau plan : c’est celle qui exisle encore aujourd’hui, et qui n’a d’autre merile que la simplicite de sa construction. Elle fut elevec centre I’ancienne, et les travaux commcncerent, alors que le R. P. Robert Van Severen, cin- quante-deuxienie abbe, etait superieur du convent. Le baliment fut acheve en 1788 et, le 6 septembre de la nienie annee, Monseigneur Felix-Guillaume Brenaert, eveque de Bruges, en fit la dedicace. A I’epoque dela revolution francaise, la propriete de I’abbaye fut confisquee par le gouvernement, et les religieux en furent expulses. L’eglise devint un niagasin de fourrages a I’usage de la garnison, ct quant aux salles du convent, elles furent converties en musee ou Ton deposa la plupart dcs objets enleves aux eglises ct aux convents. En 1803, ce meme local fut erige en lycee ct coniine dans tons les etablissements de meine nature, ressortissant a runiversile de France, I’organisalion en etait toule militaire. Au lycee succeda I’AHienee. dont rouverturc se fit le 12 Octobre 1818. La cercinonie cut lieu avecbeaucoup de solennite el le discours fut prononce par M. Desebamps. Apres I’Atbenee vint le Serainaire. Ce fut en 1833 qu’on disposa pour cet usage les vastes batiraents dont nous nous occupons. Tel qu’il exislc aujourd’hui, ce local est uu des plus beaux que la Bel¬ gique ait voues a cette destination. L’eglise. Nous avons dit qu’elle n’avait rien de remarquable que sa siinpli- cile et c’est a quoi nous devons nous bonier pour son architecture. Au-dessus de la facade s’eleve une tour quadrangulaire entouree d’une galerie a balustres. Elle se compose de trois nefs : La nef centrale, si Ton comprend le- choeur, a juste le double de longueur des deux antres. Une simple grille en fer cloture le clioeur, ainsi que les deux aulels dcs nefs laterales. Le dallage est tout entier de inarbre. Une pliutlie, aussi do marbro veine, orne tout le pourtour do I’eglise. 11 en est de lucnie du picAleslal des piliers. — 552 — Dans le chceur se Iron vent trois tableaux de Jean Maes. Celui du milieu, qui domine I’autel, represente le Sacre Cceiir de Jesus. Les deux aulres representent; I’un, la Ste-Vierge avecVEnfant Jesus dans la Gloire Celeste; I’autre, St-Fincent de Paul transporte au del. Le couronnement du maitre-autel est une espece de dome, ou entrent deux sortes de niarbre, le blanc et le gris. II est supporte par six elegantes colonnes en marbre blanc. Derriere I’autel se trouve le tabernacle, auquel on arrive par plusieurs marches. Les stalles n’ont rien de remarquable. On y voit encore la trace d'un crime inspire, a I'epoque de borage revolutionnaire,par le genie de la vengeance. Un des religieux de I’abbaye etait en ce lieu absorbe dans la priere et la meditation, quand un miserable, choisi par la nninicipalite pour faire partie du comite de surveillance, le per^a d'une balle, qui alia sc loger dans les boiseries. Les deux autels secondaires sont aussi de marbre ; Lun est con- sacreala Ste-Vierge, I’autre au bienheureux Idesbaldes. Avant la revolution francaise, il y avail encore deux autres autels, aussi de marbre, pres de I’entree du chceur. Its se trouvent aujourd’hui dans I’eglise de la commune d’Assebrouck. Le jube est assez imposant. II est tout enticr de marbre, et I’on n’y voit d’aulres ornements que quelques vases a fleurs. Quant aux orgues,on pourrait presque les regarder, sinon comme les plus fortes, du moins comme les meilleures de la ville. A rexlrcmite du batiment, qui fut rabbayc, s’eleve une autre tour dotee du carillon le plus discordant qui ait jamais afflige les oreilles bumaines. Tableaux qui se sont trouvcs ou qui se trouvent encore d I’abbaye des Dunes. ■I" La morl de St-ldesbaldes, par Van Oost, pere. 2° Une descenle de croix, copiee d’apres Rubens. 5" Un couronnement d’epines. 4" St-Jean-Baptiste et St-Jean I’Fvangiliste. o" Une descenle du St-Espril sur les J pot res. — 333 — Ces trois derniers tableaux, copies par Van Oost d’apres les origi- naux de Van Dyck, ont ete vendus et se trouvent anjourd’hui dans le cabinet du roi de Prusse. 6° Un panorama representant la Tele de Flandre a Jiivcrs. 7° Dix-sept tableaux oii Ton a peint en grisaille sur bois les Abbes des Dunes, ainsi que les princes et seigneurs bienfaiteurs de cette abbaye. Chaque tableau a quatre compartiments. 8“ Dans les cloitres, on rencontre une foule de paysages, dont plusieurs de Van Artois. II serait trop long de les enumerer ici. 11 en est de menie de ceux qui se trouvent dans la salle principale. 9° Parmi tant de tableaux, le morceau le plus precieux peut-etre, c’est une tele de Marie de Medicls, peinte, dit-on , par Rubens, et qui aurait servi de croquis pour la galerie du mariage de Henri IV. La bibliotheque est riche en livres de toute espece, mais surtout en nianuscrits. CHAPITRi: LXXIV. t'oBivent «les RSS. 1*P. S&ccollets. II y avail a peine qvielques annees, que, clans les monlagnes tie rOinbrie, etait ne iin ordre religieux, dont Francois d’Assise etait le fondaleur. Ce fut, en effet, en 1209, que les premiers religieux, connus sous le noni de Freres Mineurs, recurent I’habit des mains de leur chef, etdeja, en 1224, plusieurs etaient venus s’etablir a Bruges. On les appelait encore Freres Gris [Grauwe Broeders), a cause de la couleur de leur habit. On n’a point de donnees positives sur ce qu’ils firent a Bruges dans les premieres annees de leur sojour; on sait seulement que plusieurs grands personnages se declarerent leurs |)rotccteurs et les comblerent de bienfaits. Parmi eux, il faut citer la princesse Jeanne, comtesse de Flandre, sa soeur Marguerite et les agents consulaires de Florence. En 1244, on leur batit un convent ct une eglise fort petite, qui fut consacrcc par Wautier-Vander Mandere, eveque de Tournay, et dediee a la Ste-Vierge, a I’apotre St-Andre et a St-Francoisd’Assise. Peu de temps apres, on commenca la construction d’une nouvelle eglise, beaucoup plus grande, qui fut, en 1228, consacrec et dediee aux memes patrons et par le meine eveque, Quant a I’ancienne cha- pclle, elle fut convertie en infirmcric. Telle etait la dimension de ce convent, qu’on I’appclait alors le Grand Convent. C’etait, on effet, le plus vasto de la contree. — 535 — La comuuinaute de Bruges suivit les diverses rcformcs que I’ordrc siibit en se developpaut. Aiiisi, elle accepla celle dont St-Bernardin do Sienne fut raulcur en 1419, ct qui fit donner aux religieux de celle regie le noin de Frires dc I’Observfince. Elle sc raiigca, plus tard sous la refornie des Ricollcls, etablie en Espagne en loOO, par Jean de la Guadeloupe; et c’est depuis ce {Cmps que ces religieux prirent aussi le nom de RecoHcts, commc pour indiquer le recueillenienl dont ils font unc profession toute speciale. Enl378, ces religieux furent, commc tons les aufrcs, victimes dc la fureur des Reformes. 11s furent expulses de la ville, leur cloitre fut detruit en partie ct en partie loue pour habilations parliculieres. Quant a reglisc, elle fut delruite de fond en comble, et tons les maleriaux, ceux meme des fondements, furent vendus. La place ou elle s’elevait devint alors un Marche au Bo;s. En 1S84, les religieux purent entrer dans leur convent; mais ce fut seulement en 1391 qu’ils purent coramencer les constructions d’nne nouvelle eglisc. Achevee en 1C12, elle fut consacree le 14 Oclobre de la meme annee par revc(iue de Bruges. Nous avons dit plus haul que les religieux adopterent la reformc des Rccollcts. Cette reformc qui, en Espagne, datait de I’an 1300, ne fut introduite a Bruges qu’en 1G23, par I’arrivee dc quelques freres mineurs qui relablirent rancienne observance. Les constructions du cloitre elaient acbevecs en lC7o. La meme annee, on mettaitla dernieremain a la partie anlerieure de I’cglise, et la voule de la nef centralc fut terminee en 1074. Le chceur etait rcsle sans voiitc jusqu'en 1758; c’est un ouvrage qui futentrepris et execute en 1739. Le couvent des llecollets fut supprime a I’epoque de la revolution francaise. Tout ce qu’il possedait, biens et proprietes, fut confisque au nom de la Republique, el vendu publiquement. Quanta I’eglise, elle fut, en 1798, convertie en tribunal criminel. La cour de justice y siegea dans I’affairc dc la celebrc bande de brigands, qui avail 356 — pour chef Salembier. Plus tard, elle fut completeinent demolie, et il n’en reste plus aujourd’huhque les fondements. Premiere eglise des Recollets. Cette eglise avait trois nefs et plusieurs chapelles que voici: 1“ Celle du St-Nom de Jesus, fondee par M. Bertram Hoghe. 2° Celle des Biscayens, fondee par ces nationaux en 1494. Elle avait d’assez riches ornements et un aulel garni de quatre petits chandeliers d’argent. 3“ La chapelle des Charpentiers, qui, apres les troubles du seizienie siecle, abandonnerent cette eglise pour s’installer dans celle de St-Sauveur. 4" La chapelle des Tisserands en toile. Elle se trouvait a gauche du choeur, et Ton y voyait un petit autel de marbre blanc et de inarbre noir, d’une construction fort simple. II s’y trouvait aussi plusieurs tombeaux dont il importe de faire mention. C’etait d’abord un magnifique mausolee de marbre noir, avec une foule de figures sculptees. Sur la table etait couchee une statue de guerrier, representant Baudouin, fils de Guy, comte de Flandre, et de dame, Mathilde De Bethune, C’etait ensuite, tout pres de I’autel, vers le cote droit de la cha¬ pelle, un riche monument de marbre, avec divers ornements d’al- batre, le tout formant un ensemble irnposant. On y voyait une figure de guerrier, aussi d’albatre, representant messire Henri de Flandre, comte de Lode, dccede le 6 Novembre 1337; il etait fils du comte Guy, et de sa seconde femme, Elisabeth de Luxembourg. Le noble seigneur portait sur son bouclier les armes de Flandre, barrees, et la statue de sa femme se trouvait pres de lui, la tete couverte de pierreries , et les armes de Cleves se trouvaient a ses cotes. Enfin, vers le cote gauche de cette chapelle, s’elevait sous une arcade en maconnerie, un autre monument, aussi de grande dimen¬ sion, dont la matiere etait une pierre de taille blanchatre. La statue en albatre, qu’on y voyait eouchee, representait mademoiselle Marguerite, fille de messire Henri de Flandre, susmentionne, la- quelle deceda^’n 1334. 537 — S° La chapelle des Archers, dediee a Sl-Sebastien. — Pres de cet autel s’elevait un superbe tombeaii en pierre de touche, erige a la metnoire de Jean Breydel, chevalier de Jerusalem etdeSte-Catherine, bourgmeslre de Bruges et dernier forestier de I’Ours Blanc. 6° Chapelle de Notre-Dame de TArbre-Sec. Desireux de venger la niort de son pere, Philippe-Ie-Bon avail declare la guerre au roi de France, et, a la tete de son armee, recrutee dans toute la noblesse llamande, et specialement dans celle de Bruges, il s’etait avancc centre I’armee ennemie. Toutes les circonslances lui scmblaient contraires, superiorite du nombre chez les Francais, defection journaliere dans ses propres troupes. Preoccupe des plus tristes idees, il alia s’agenouiller devant une figure de la Vierge, placee dans le tronc desseche d’un arbrc, et apres s’etre mis sous sa protection , il se leva tout fortifie et commenca I’attaque avcc une impetuosite a laquelle I’ennemi etait loin de s’attendre. L’armee de Flandre triompha, et Philippe , transporte de reconnaissance, alia de nou¬ veau, au pied de I’arbre, remercier son auguste bienfaitrice. Avant son retour, il voulut meme se rendre en pelerinage a Notre-Dame de Hal. Une fois a Bruges, il voulut en temoignage de son devouement a la Ste-Vierge, eriger une confrerie sous I’invocation de Notre-Dame de I’arbre sec. Il fit construire, a cet effet, une chapelle speciale qu’il dota richement, avec injonclion pour la susdite confrerie de celebrer annuellement avec beaucoup de pompe et de solennite, I’anniversaire de ce brillant succes. Cette association religieuse se composait de seize membres de la noblesse, presides par un prevot qui devait etre reelu tous les deux ans, et qui, chaque annee, devait inviter ses confreres a un grand banquet. Comme nous le voyons dans les listes des confreres , la noblesse a toujours ete dignement representee dans cette association; die a ete plusieurs fois presidee par les personnages les plus illus- tres et les plus eininents, parmi lesquels nous citerons Philippe, due de Bourgogne, la duchesse Isabelle, son epouse, Charles, due de Charleroy, ainsi que son epouse, et M. Louis De Gruuthuyze, etc., 43 — 338 — etc. La chapelle de Notre-Dame de l’arb)'e sec, fut, en 1580, horrible- ment devaslee par les protestants. Aussi, quand I’eglise de I’abbaye de rEeckhoule fut restauree, la confrerie s’y Installa et s’y maintint jusqu’a la suppression du couvent. Au milieu du choeur s’elevait une tombeen marbre noir, haute de trois pieds. Elle offrait une de ces series de niches, nominees alors tabernacles, oii se trouvaient plusieurs figurines artisternent tra- ■vailtees. Sur la table etait etendue une statue avec le costume de cordelier et la barbe tres-longue; les pieds reposaient sur deux lion- ceaux couches. Ce mausolee etait eelui de Messire Guillaume Van Stravele, vicomte de Fumes, seigneur de Dottignies, decede le 28 Aout1388. Le maitre-autel etait de marbre, et les quatre colonnes du retablc etaient de marbre blanc, A droite, sous une arcade, s’elevait une tombe en marbre noir, avec statue richement costumee. L’inscrip- tion et les armoiries avaient disparu, inais, d’apres un ancien registre qui en fait mention, ce monument aurait appartenu a Jean, comte de Namur, fils de Guy, comte de Flandre et d’Elisabeth de Luxem¬ bourg. Secmde egltse des Recollets. Le maitre-autel etait de marbre, et reraarquable par la richesse de ses decorations. Le tableau du retable representait le Christ crucifie aux pieds duquel se trouvaient la Ste-Vierge et St-Jean. Cette composition, dont I’auteur est Van Hoeck, se trouve actuellement dans I’eglise de St-Sauveur : il en a ete question dans le chapitre LVII, page 169. Pres de cet autel se trouvait un riche mausolm de marbre, orne de deux figures, de genies sculptees, et de 32 quartiers dont 16 places a droite appartiennent a la famille de messire Paul, comte de La Fontaine; et les 16 aulres a la famille de son epouse, dame Anne De llaigicourt. Sur la parlie superieure, on remarquait trois statues, celle du Christ, cede de St-Paul et cede de Ste-Anne; on y voyait aussi deux statuettes de Jesus et de Marie. Des stades etaient rangees de chaque cote du choeur. C’etait un — 339 — ouvrage de menuiserie fort remarquable, dont la partie siiperieure etait chargee de sculptures de toute espece. Le choeur se fermait au raoyen cFune double porte a balustres, au-dessus dC' laquelle s’elevait le jiibe qui renfermait, dans une niche, une statue- de la Vierge. L’orgue n’offrait rien de remar- quable. De chaque cote de cette porte se trouvait un autel. Celur de gauche etait dedie au St-Nom de Jesus, et le tableau du retable etait- une Circoncision de J. Van Oost, pere. C’etait un excellent tableau. Get autel avail ete erige par M. Jean Van Altere, dont on voyaitles arines dans I'enclos meme de la cha- pelle oil il avait ete enterre. L’autel de droite possedait un tableau d’un grand merite : c’etait une copie executee par J. Van Oost, pere, d’un tableau de Rubens qui se trouvait chez les RR. PP. Recollets de Gand, et qui repre- sentait St-Francois recevant les stigmates. Deux bancs de communion richement sculptes se trouvaient devant ces autels. Dans le sous-aile gauche, I’autel etait dedie a Ste-Marguerite, et la construction en etait fort belle. On y voyait un tableau represen- tant cette sainte ecrasant le dragon; tableau qui se trouve aujour- d’hui a I’eglise de Notre-D'ame (voyez page 211). Get autel possedait en outre une belle chasse d’argeat cisele, offerte en don a cette eglise par la comtesse Marguerite.. L’autel du collateral de droite avait ete erige aux frais de la dame Therese Van Volden, veuve de M. Francois Van Galoen. II etait dedie a St-A.ntoine de Padoue et d’une grande richesse de sculpture. Le baut du tableau representait le saint devant lequel divers lepreux imploraient leur guerison. G’etait une excellente composition de Van Oost, pere. Get autel fut mis a la disposition de la confrerie de Notre-Dame de la Conception, dite aussi der goede Dood, quand elle abandonna I’eglise des Jesuites pour se fixer dans celle des Recollets. Gette confrerie — 540 — aiissi Lien que celle de St-Antoinc, qui disposait aussi de cet aulel, est aujourd’hui ctablie a I’eglise de Notre-Danie. La chaire de verite etait uneceuvrede sculpture fort reniarquablc, mais quant aux stalles, aux confessionnaux el aux autres boiseries, iis avaient trop pen d’iinporlance pour que nous nous cn oceupions ici. Le portail etait d’une bonne execution; on le voit aujourd’hui, a I’entree de St-Sauveur, du cote nord. Outre les tableaux que nous avons deja mentionnes, il faut encore citer : 1“ Une tnarine, de Van Minderhout, representant un exploit de I’amiral De Vinck, avec la date du 30 Avril 1650. Ce tableau se \/ Irouve aujourd’hui dans la chapelle de Notre-Dame des Aveugies. 2° Quatorze stations de la passion de Notre Seigneur, peintes par Antoine Suweyns, pendant les asinees 1778 et 1779. Et line foule d’autres tableaux parmi lesquels il en etait plusieurs de inerite, executes par des religieuxde I’ordre. De ce nombre etait line composition representant les martyrs de Gorcum. CIIAPITRE LXXV. I'ouveiit (tes DomlisicHtn0. Un (liplome, qui porte la dale de 1254, nous apprend que cet etablisseraent religieux doit sa naissance au zele pieux de Jeanne de Constantinople, comtesse deFlandre. II y est dit que celte princcsse voulut, pour le repos de son anie , ainsi que de I’ame de son niari Fernand de Portugal, fonder a Bruges un convent de Dominicains, File destina d’abord a cet usage une somme de trois cents livres prelevees sur le testament de son epoux. Puis, elle se chargea, pour sa part, de toutes les depenses necessitees par les constructions. Elle fit alors venir de Paris trois religieux qu’elle chargea de I’erection du convent, et elle acheta, a cet effet, la maison d’Arnold- voet, situee pres du pout Oude Meulen, ainsi que trois maisons voisincs. Par un acte donne a Bruges, en 1254, elle affranchit la nouvelle institution de toutes impositions et charges feodales. Grace a sa munificence et a celle de sa soeur, qui fit beaucoup pour I’embellissement des edifices, la fondation acquit de grands accroissements. Un quarlier separe fut construit pour les malades, avec une chapelle dediee a St-Pierre le martyr. M. Nicolas Walker, decede le 9 aout 12SG, fut le premier en- terre dans ce monastere. A peine ce couvent etait-il etabli, qu’on lui suscita des embarras. Comme on I’avait eleve dans la circonscription de la paroisse de — 342 — Ste-Croix, qui relevait du chapitre de St-Donat, celui-ci preteiidit que cette fondation etait nuisible a ses interets. Voulant mettre un ternie a ces rancunes et aux difficultes qui pourraient s’en suivre, la conitesse desinteressa le chapitre en lui payant une rente annuelle de 10 livres de Flandre, dont six livres, 10 sous, pour le cure de Ste-Croix, et deux pour le sacristain. II fut de plus stipule, 1° que tous les paroissiens de Ste-Croix et de St-Donat, qu’apres leur mort on voudrait enterrer dans ce con¬ vent, devraient prealablement etre portes dans leur eglise paroissiale, pour la celebration des funerailles. 2" Que les Peres Dominicains seraient tenus, a chaque deces d’un chanoine de St-Donat, de chanter les vigiles et une messe solennelle pour le repos de son ame, comme ils le feraient pourleurs confreres. S^QuIls devraient, chaque fois qu’ils en seraient requis, ce qui avail lieu six fois par an, venir precher dans I’eglise de St-Donat. A ces conditions, les peres demeuraient coinpletement libres de celebrer le service divin dans leur monastere. Toutefois, les fideles etaient tenus de se confesser au moins une fois par an dans leurs paroisses, celles de Ste-Croix et de Ste-Anne. Jusqu’en 1311 ces religieux s’etaient servis d’une chapelle particu- liere. Dans le cours de Juillet de cette annee, on celebra la consecra¬ tion de cette eglise, dont on avail jete les fondeinents en 1284. Elle avail ete des I’origine dcdiee aux apotres St-Pierre et St-Paul, et la fete anniversaire fut des lors celebree le premier dimanche apres la fete de ces deux saints. L’eglise, consacree en 1311, ne comprenait que le choeur propre- ment ditjen 1320,elle etait completement achevee.Latour fut elevee en 1391, et bientdt apres on conimen^a les travaux du grand dortoir et du refectoire. Ces dernieres constructions coiiterent, pour le paie- ment scul des ouvriers, la somme de 338 livres de gros. Tel qu’il etait a cet epoque, I’enclos de ce monastere etait assez restreint; raais il prit bientdt plus d’etendue, grace a quelques par- lies de terre que les religieux re^urent dansce voisinage. Parmi leurs — 343 Lienfaiteurs, il faut citer d’abord la comtesse Jeanne, puis un particu- lier, qui leur ceda une grande partie de sa maison. Dans les annees 1228, 1231,1336, 1363, lejourde la Pentecote, on tint dans ce convent un chapitre general de tous les ordres de predicateurs. On y lint aussi plusieurs chapitres provinciaux en 1343, 1602, 1633, 1643, 1633, 1672 et 1703. Le 12 Seplenibre 1459, le second dortoir, du cote de la bibliothe- que, fut completement reduit en cendres. Plusieurs manuscrits precieux y perirent au milieu des flammes, qui devorerent tout le raobilier. Une collecte generale dans toutes les villes de Flandre eut bientot repare ce desastre. En 1479, une tempete violente abattit la tour de I’eglise, et a peine s’etait-elle relevee de ses mines, qu’un autre ouragan la detruisit de nouveau en 1483. Une autre tempete, bien plus terrible que toutes les autres, attei- gnit le convent des Dominicains. Nous voulons parler du vandalisme de la Reforme. Un ordre du magistral les obligea, en 1378, de quitter la ville. 11s parlirent en laissant quelques-uns des leurs a la garde du monastere. Mais ces derniers ne tarderent pas a subir cornme leurs freres I’arret de proscription. Bientot apres , on demolit une grande partie des batiments, et plusieurs autres parties conver- ties en maisons particulieres, furent donnees en location. Pour en rendre les avenues plus commodes, les reforniateurs firent percer deux rues a travers le convent, dont Tune aboutissait a la rue Longue et I’autre a la Ganze-straet. Quant a I’eglise elle-meme, les Gueux y etablirent leur preche. Les choses resterent en cet etat jusqu’en 1384. Revenus alors de leur exit, les religieux releverent les murs de leur convent, et I’eveque de Bruges, Druitius, reconsacra I’eglise, que Ton com- men(jaa vouter en 1662. L’entrepreneur fut Jean Vilain. Divers objets precieux etaienl la propriete de ce convent. 1° Une particule de la Ste-Croix, donnee en 1323 par la famille Metteneye. 544 — 2° Une double croix semblable a celle des cardinaiix, achetee au convent de Douai pour la somme de 130 couronnes. 3“ Une grande quantile de reliques precieuses. iglise de ce monastere. Elle se composait de trois nets assez longues. Celle du centre etait beaucoup plus elevee que les deux autres. Ajoutons que la forme de I’eglise etait celle d’une croix. Sur la partle centrale s’elevait une tour octogone munie de deux petites cloches. La facade etait assez elegante de construction. Une tourelle la dominait de chaque cote. A droite et a gauche du portail, se trouvait une niche avec une statue de saint. Les ornements de I’interieur surpassaient encore ceux de I’exte- rieur, pour la richesse et I’elegance. Le Chceiir. Le choeur etait d’une belle elendue. Le maitre-autel qui etait dedie a St-Paul, etait compose de diverses especes de marbre. Le fronton du retable etait soutenu par quatre belles colonnes de marbre blanc, et une statue de St-Paul etait placee dans le tympan. Nous ne nous arreterons pas a enumerer tons les details de sculp¬ ture qui ornaient cet autel: nous nous contenterons de dire qu’on y voyait un tableau d’une excellente execution, dont nous avons parle dans le chapitre de St-Jacques. (Voir le maitre-autel, page 253.) Parmi les autres decorations, nous citerons un reveteinent en soie avec riches broderies, donne a I’cglise par monseigneur Jean De Witte, eveque de Cuba. Quatre candelabres d’argent, d’une grandeur peu commune, corapletaient les ornements de cet autel. Pres de I’autel (du cote Sud) s’elevait un superbe mausolee en marbre, divise en trois compartiments. Dans les deux inferieurs etaient deux figures en marbre blanc, toutes deux agenouillees, loutes deux placees dans des especes de niches. L’une represontait un guerrier arrne de toutes pieces, I’autre une dame en grand cos¬ tume. Dans le centre se trouvait un bas-relief en albatre, representant la derniere Cme. Trois statues, figurant les trois vertus theologalcs, — 34S — couronnaient la partie superieure. Un reliquaire dore completait les richesses de ce mausolee. Ce tombeau offrait en outre les huit ecussons aux armoiries de M. Nicolas Boulangier, qui fit pour cet autella fondation perpetuelte d’une messe solennelle a celebrer le luiidi. Ce personnage decMa en 1S78. Sa femme, dame Catherine Van Zomerghem, decedee en 1S91, et enterree au meme endroit, fit aussi plusieurs fondations en faveur de cette eglise. Venait, a la suite du precedent, un autre tombeau en marbre noir. On y voyait, couchee sur une table doree, la statue en albatre d’un prelat revetu de ses ornements pontificaux. Un pen plus haut etait gravee une inscription au dessus de laquelle etaient placees les armoiries de monseigneur De Witte, eveque de Cuba, decede le 10 Aout 1340, et enterre dans cet endroit. Le testament de ce pieux personnage renfermait plusieurs dispo¬ sitions qui font autant d’honneur a sa generosite qu’a son amour des lettres. It consacrait la plus grande partie de ses biens a la fondation de classes de philosophie, de theologie et de langues. La collation deces fondations passa des mains de ses parents et amis a cedes du magistrat. On fit de la vente de ces biens une somme assez conside¬ rable, dont la rente annuelle etait’de 30 livres degros, destinees aux professeurs qui devaient faire au local de la Halle les cours dont nous venons de parler. Le capital fut verse dans la caisse de la ville, qui se chargea du paiement de la rente. Non content de cette marque insigne de liberalite, le meme prelat fit encore don a I’eglise des Dominicains de plusieurs ornements de grand prix, et il leur ceda, a sa mort, tons les objets de fantaisie qu’il s’etait procures pendant sa vie. Pour plus amples renseigne- ments sur ce personnage, voyez le chapltre XXXVII de ce livre. Au nord du meme autel, se trouvait encore un superbe sarcophage en marbrenoir, avec divers ornements de sculpture, et les huit quar- tiers de Messire Sylvestre De Nieuwmunster, et de son epouse Dame Gudule Tilliers. 44 346 Pres du lombeau precedent, s’en trouvait un autre execute avec diverses especes de marbre, enrichi de plusieurs ornements sculptes et des seize quartiers colories de M. Francois De Rugeluy, ecuyer, decede en t632 et de son epouse dame Marguerite De Ilooghelande, decedee en i666. Dans la partie superieure, se trouvaient dans une niche les armes de cette famille et on voyait aux extremites deux figures d’anges portant cliacun en main une tete de mort. Des stalles sculptees etaient rangees de chaque cote du chceur qui etait separe de la nef par une double porte sculptee, avec baliistres de cuivre. Au-dessus de cette porte, sur une espece de piedestal en cuivre, richement ouvrage, etait placee une statue de la Vierge, en marbre, devant laquelle se trouvait un chandelier d’argent, a trois branches. Le tout etait surmonte d’une galerie au-dessus de laquelle s'elevait un Christ en croix, ayant a ses cotes, sa bienheureuse mere et St-Jean. Cette entree du chceur se trouvait entre deux autels, dont nous allons donner la description. Celui du Sud etait dedie au saint nom de Jesus. Plusieurs especes de marbre entraient dans sa construction, et Ton y admirait quel- ciues jolies sculptures. Le retable offrait deux colonnes de marbre veine. Le tableau etait une composition de J. Van Dost, represen- tant I’enfant Jesus au milieu d’une aureole : il setrouve aujourd’hui dans I’eglise de Notre-Dame. (Voyez page 211, le chapitre consacre a cette eglise). L’autel du Nord etait place sous I’invocation de Notre-Dame du Rosaire, et bien qu’il fut de bois, il ne le cedait guere au precedent, pour la richesse de I’ornementation. Le tableau du retable etait de Roosc 5 le sujet etait St-Dominv^ue recevant le rosaire des mains de la Ste-Fierrje. La celebre et antique confrerie du rosaire, qui depuis longtemps s’etait fixee dans cette eglise, disposait de I’autel que nous venons de decrire, et comptait parrni ses membres les personnes les plus honorables de la ville. Lorsque, apres la revolution frangaise, on retablit le culte catholique, cette meme confrerie vint s’installer 347 — dans I’eglise de Ste-Walburge. Elle y est tout aussi florissante qu’autrefois, et c’esf, sans contredit, la plus considerable de la ville. Une statue de la Vierge, qui est sa propriete, est couverte d’orneraents d’une richesse inappreciable : ce sont des pierres pre- cleuses, des diamants, une belle couronne d’or. L’enfant qu’elle porte dans les bras, n’est pas moins richement orne. La couronne est d’or. Outre ces deux cliapelles principales, il y en avait quatre aiitres r celle de Maldeghem, dediee aux saints Laurent, Philippe et Etienne- eelle de Male erigee a St-Vincent; celle de Ste-Catherine, et celle de St-Pierre martyr. Quant au jube, il etait place a I’entr*^ de I’eglise et n’offrait rien de remarquable. Le buffet d’orgue etait orne de quelques sculptures. ’FdhlBdtix (p.ii sG ti ouvdtBTit ddixs I G^lisG des Dofnixticdi'ixs, i° Unsdint Dominique en prih-e devant le Crucifix, par Herregouts le jeune. 2“ IJn tableau du meme maitre, represenlant le Christen croix, appdrdissdnt d St-Jacques. 3" Un sdint Dominique ressuscitant un enfant mort. 4“ Un tableau d’llerregouts, le jeune, dont le sujet est le Mdrtyre de St-Dominique. S° Le maridge de Ste-Cdtherine, parE. Quellin. Toutes ces toiles se trouvent aujourd’hui a I’eglise de Notre-Dame. 6“ Une Fisitation, par Van Oost, pere. La finesse de la couleur, et la correction du dessin sont fort rernarquables. 7° Un autre tableau du meme maitre, represenlant un miracle opere parle meme Saint. 8“ Une composition de Jacques Gbein, qui porte la date de 16U1, — beaucoup de finesse dans la couleur, niais ^a et la trop de durete et de seclieresse. — Le sujet est Jesus-Christ presentant la croix a, I’imperatrice Ste-Helene. 9° Un Saint Hyacinthe traversnnt une riviere avec I’image de la Fierge. 10° Un tableau de J. iMaes ou le Pape Pie etait represente sup¬ pliant le Ciel d’accorder la victoire a la flotte chretienne qui combat — 548 — celle des Turcs. — Dans le haul du tableau la Vierge et la cour celeste. 11. Un paysage d’Achtschelling, dont les figures sent de Van Dost, religieux. 12° Dans les collateraux, IS tableaux de differents maitres dont les sujets sont diverses scenes de la vie de la Vierge. Ils se trouvent aujourd’hui a I’eglise de Ste-Walburge. Pres de la sacrislie se trouvait I’epitaphe de M. Le Bailly, dont nous avons parle dans le chapitre consacre a Notre-Dame. CIIAPITRE LXXVI. C'ttiivciat tic* On Tit, dans le cours de I’an de grace i230, arriver a Bruges quelques religieux de I’ordrc de St-Auguslin qui, envoyes par leurs freres de Malines, venaient fonder un etablissenient dans notre ville. On leur donna tout aussitot une chapelle dediec a St-Martin, et sifuee dans la rue dit du Skur Jean Miral, a I’endroit oii Ton voyait, il y a quelques annees, la porte du jardin du couvent. En 1S78, cette chapelle tombait tellement de vetuste qu’on I’en- clava dans les batiments du monastere, apres en avoir obtenu I’au- torisation des Magistrals de la ville. A leur arrivee a Bruges, les religieux s’etaient, coinme on peut se riinaginer, etablis pres de la chapelle concedee. Mais il arriva bienlot, que I’aiigmentation croissante de leur personnel leur ren- dirent intolerables les dimensions trop exigues de cette espece d’oratoire. Protecteur ne de ces religieux, le seigneur de Ghistelles leur offrit I’usage d’une chapelle, a lui appartenant, et qui se trou- vait dans un lieu encore aujourd’hui designe sous le nom de Cha¬ pelle de St-Nicolas. En d27S, im chatelain de la meme seigneurie le leur donna en propriete par un acte dresse, la meme annee, devant les Magistrals de la ville de Bruges, acte ou il est dit : « Que le seigneur de Ghistelles Iransmel, par pure aumone, a ces religieux , 350 — tout le fonds de terrain avec ses dependanccs, qu’il possedait dans I’endroit on se Irouvait la chapelle de St-Nicolas.» Toute cette famille des seigneurs de Ghislelles, fut, de pere en fils, la bienfaitrice de ce convent et la dotation, dont nous nous occiipons, fut, en 128i, confirmee par le pape Martin IV. Telle fut la rapidite avec laquelle s’accrut la prosperite de ce cou- vent, que, dans le chapitre general tenu a Mantoue en 1434, la majorite des membres decida que le chapitre de 1478, se tiendrait a Bruges, dans le convent dont nous parlons. Les dissensions et les guerres inirent obstacle a la realisation de ce projet. En 1481, le Magistrat de la ville declara que ce monastere serait dorenavant affranchi des droits d’accises. II est constate qu’en 1308, les representants consulaires de Pise, Genes, Venise, Lucques, ainsi que ceux de la Navarre et de TEspagne faisaient usage de cette eglise pour le service du culte. Les troubles religieux du XVP siecle atteignirent cruellement I’eglise des Augustins. Les Gueux y fircnt d’epouvantables ravages, et ils I’auraient infailliblement detruite de fond en comble, si I’energiquc protestation de Gonzalve d’Aguilera n’avait sauvegarde celle des nefs qui etait encore debout. II declara cette propriete, celle des nationaux d’Espagne et par consequent inviolable, d’apres le droit des gens. Le 8 Octobre, meme annee, ordrefut donne a tous les religieux, par le Magistrat, de quitter la ville. Ils deployerent dans cette circon- stance, un grand courage moral, et refuserent de partir sans un certificat de bonne conduite, delivre par rAdministration. A cette declaration on repondit par I’ordre d’abandonner sur le champ le monastere. On leur permettait toutcfois de recevoir I’hospitalite chez les bourgeois. Mais cette tolerance ne fut pas de longue duree, et ils durent, plus tard, quitter definitivement noire cite. Ils se retirerent alors a Liege ou ils resterent jusqu’en 1384. Ils revinrent alors a Bruges, et ils mirent tout en oeuvre pour le reta- blisseraent prochain de leur monastere qui re^ut de nouveau la consecration de I’eveque, le I" .lanvier 1597. — ooi - C’est en 1622 que sa grandeur Charles De Rodoan, eveque de Bruges, institua dans cette maison pour I’instruction de la jeunesse cinq cours de langue latine, qui out produit des homines de merife. Une vingtaine d’annees plus tard, celte institution, d’abord si modeste, etait devenue un magnifique college, oii Ton n’avail rien epargne pour la salubrite et la beaute des batiments. Les portes, qui donnaient entree dans les cinq classes etaient entoures de beaux ou- vrages de sculpture, dans le gout de la renaissance ides busies etaient places sur chaque linteau. La premiere pierre du baliment fut posee par I’eveque; la seconde par le bourgmestre d@ la commune j la troisieme par le bourgmestre du Franc. — Les armes de I’cveque de Bruges ct cellos du Franc se trouvaient sur la facade. II faut compter, parmi les principaux bienfaiteurs de cct etablisse- ment, le marquis de Spinola, qui fit, pour les frais de construction, un don de mille ecus. En 1630 fut construite la nef du Nord, et la restauration de toute I’eglise fut terminee en 1631. L’ouragan revolulionnaire n’epargna pas ce monument. II fut alors vendu , et, en 1813 , on le detruisit complelement. Plus tard , on y eleva le batiment que nous voyons aujourd’hui. La tour de la chapelle etait ronde, et n’avait du reste rien de re- marquable. Elle renfermait deux cloches de petite dimension. Quant au monastere, on y voyait un vaste corridor ou cloitre qui servait de cimetiere, comme on pent I’affirmer d’apres les sepnltures qu’on y a trouvees. Eglise des Augustins. Apres avoir parle du couvent des Augustins, il nous reste a de- crire leur eglise. Elle se composait de deux nefs. Le chojur etait separe de la partie anterieure par une double porte en bois, a balustres de cuivre, offerte a tiire de don a cette eglise, par mademoiselle Valentine Vande Clichthove, decedee en 1629. Ses armoirics avec quatre ccussons sc trouvaient sur la droile. Elle 352 — fut enterr<^e devant I’autel de Sl-Nicolas. — De chaque cote de cette entree se trouvait un autel. Celui de droite etait dedie a la Ste-Trinite. H etait de marbre et tout couvert de dorures et d’ornenients sculptes. Le tableau du re¬ table representait la Triade mysterieuse, entouree d’une aureole. Au premier plan, paraissaient plusieurs personnages, et dans le fond on voyait St-Augustin, sur le bord de la nier, meditant sur le mystere sublime. G’est une des plus belles, des plus riches compositions de Van Oost, et nous avons le bonheur d’ajouter qu’elle se trouve aujourd’hui dans I’eglise de St-Gilles. L’autel de gauche etait dedie a St-Nicolas, et il n etait pas moins remarquable que I’autre sous le rapport de Tornementation. II etait aussi de marbre, et il offrait, dans le retable, un tableau oil ce saint etait represente au milieu de petits enfants, tandis que son martyre etait figure a I’arriere-plan. Get autel etait jadis a la disposition d’une confrerie qui honorait une relique fort precieuse ; G’etait une piece de drap, qui avait ete trempee dans le sang de ce serviteur de Dieu, et qu’en 1722 I’eglise avait recue du R. P. Desirant, a qui elle avait ete envoyee par le pape Innocent XIII. Le 10 Septembre de la meme annee, on en fit I’inauguralion avec une grande solennite. L’autel du choeur se trouvait a^une certaine distance de la mu- raille. Il avait dans le centre la forme d’un arc; et quant a la partie superieure, elle formait une espece de dome, soutenu par des co- lonnes de marbre blanc. Le retable n’avait point de tableau; inais on y voyait une aureole dont les rayons s’etendaient dans tons les sens. Le triangle symboliqne de la Trinite se trouvait au centre de cette aureole, avec le mot hebreu Jehova. Derriere cet appareil iinposant, contre la muraille meme, s’elevait le sanctuaire ou tabernacle, dont les portes, toutes de cuivre, etaient chargees d’ornements en bosselage et en ciselure. G’etait un don de messire Antoine Del Rio, seigneur de Denterghem, Tiel- roohrouck, Nienwkerkc, Eeghem, etc. Son epitaphe , ou plutot son — 3a3 — mausolee, etait place pres de I’antel: c’etait un monument magnifique forme de differentes especes de marbres, avec divers ornements sculptes. Le fronton en etait soutenu par deux colonnes en niarbre veine. Les armes de la famille occupaient le centre. Sur les cotes, deux femmes assises avaienl en main des torches abaissees et une tete de mort. D’autres figures se trouvaient encore sous les corniches ainsi que sous I’inscription. Ajoutez a tons ces details huit quartiers aux armes de messire Antoine Delrio, decode en 1646, et de son epouse dame Mathilde de Ayala , decedee en 1642. Un magnifique ornement d’autel avail ete donne ii cette eglise par M. Pierre Carlier, decode en 1638. C’etait un bienfaiteur del’eglise, aussi bien que son epouse, dame Jossine Lambrecht. Sur I’autel, on voyait deux candelabres d’argent, offerts par M. Nicolas Van Volden et son epouse, dame Jossine Carlier. Messire Lupo Dela Corona, epoux de dameFrancoise Van Pamele, fit don d’un riche ornement d’autel, en drap rouge de Turquie, rehausse des plus elegantes broderies d’or. La confrerie de St-Joseph, qui avail obtenu I'usage de cet autel pour ses exercices religicux, s’y installa le 8 janvier 1617. De chaque cote du sanctuaire, on voyait une porte entouree d’or- nements sculptes sur pierre. Celle du sud s’ouvrait sur une chapelle construite en dehors de I’enceinte de I’eglise et qui donnait sur la rue. On I’appelait Chapelle de Salamanca, du nom de son fondateur, M. Francois de Salamanca, dont les armoiries se trouvaient sur la voute et sur le vitrail. L’autel etait de marbre, et dans le retable, il fit placer un tableau assez remarquable de Jean. Malbogk, dit de Maiibeuge. La porte du Nord ouvrait sur la sacristie, dans laquelle se trou- vait un beau mausolee en marbre noir, de style gothique. C’etait celui de M. Guillaume Van Ilallewyn, seigneur d’Uytkerke Bug- gerbooni, Weeseghem, etc., conseiller du due de Brabant, comte de Flandre, lequel deceda le 14 Mai 1453. Dans les niches pratiquees dans la table anterieurc du tombeau, il y avail huit statuettes qui 43 Ui/l — soutenaient des blasons aux armes du dit personnage. La slatuc dii nobleseigneur, armeede toutes pieces etait coucheesurla table. Plus haiit,' I’oeil s’arretait sur un bel oiivrage de sculpture dont la partie superieure offrait les armes speciales de cet illustre personnage, sontenues par deux anges agenouilles. Deux clochetons effiles s’ele- vaient aux extremites du monument. La table de ce tombeau se trouve, depuis .1827, dans la chapelte de St-Lievin a St-Sauveur. Des deux cotes du choeur etaient des stalles de chene sculpte. La corniche surtout etait un travail d’un assez rare merite. II y avait, pres de I’entree du choeur, un riche monument fune- raire, compose de differentes sortes de marbre, et tout charge d’ornenients sculptes, parmi lesquels on remarquait quatorze ecus- sons emailles. On y voyait aussi I’ecusson aux armes speciales de Louis De Camargo et de son epouse, dame Darbe Vander Beke. Ajoutez a ces richesses une petite tombe, sur laquelle etait assis un ange ayant en main une tele de mort, et a ses cotes deux femmes portant des torches qu’elles toiirnaient vers la terre. L’autel de la nef septentrionale etait dedie a Ste-Barbe, et se faisait remarquer par la richesse de ses orneraenls sculptes. La statue de la sainte se trouvait dans une niche qui faisait partie du fronton. On voyait, pres de cet autel, un tableau de merite representant I’EtabledeBelhleem. Le peintreyavait place les portraits des donateurs, M. Jean Medine, agent consulaire de la nation espagnole, et Jossine De Carion , sa femme. Cetauteletait a I’usage deI’antique et celebreconfreriedeSte-Barbe, qui aujourd’hui est installee dans I’eglise de St-Jacques. Au Nord de cet autel, se trouvait I’epitaphe de M. Adrien Anche- mant, chevalier, seigneur de Marcke, etc., decede en 1718, et de sa femme, dame Adrienne De Gruutere, morte en 1702. Ce monu¬ ment , qui portait lesecussonsdes deux nobles personnages, se trouve actuellement dans I’eglise de St-Gilles. Pres de cette epilaphe s’en trouvait une autre en marbre noir, dont I’execution etait tres remarquable. On y voyait, au milieu d’ornements sculptes avec habilete dans le marbre blanc, seize quartiers ct un ecusson principal, sontenns par deux sauvages, Dans le centre, enloure d’un superbe encadrenient de bois sculpte, se trouvait un medaillon ou I’on voyait en busle M. Jean Philippe D’Yve, baron d’Oslice, vicomte de Bavay, seigneur de Warclles, gouverneur de Bruges, etc., decMe le IS Juin i70G. Sa femme, dame Marie-iVIadeleine De Bethune, dite d’Esplang, etait infaumee dans le meme lieu. Aujourd’bui ce medaillon se trouve a St-Sauveur, dans la chapelle de St-Silvestre. Un evenement tragique signala la pompe funebre de ce noble personnage. L’eveque de Bruges, monseigneur Guillaume Bassery, y mourut, pendant le service, d’une attaqued’apoplexie foudroyante.. C’etait le J8 Juin 1706. Prfe du second pilier de la meme nef, il y avait une epitaphe en marbre, mi la sculpture avait deploye toutes ses richesses. Deux anges y soutenaient une espece de pavilion, sur lequelonlisait lenom de M. Nicolas D’Aranda, decede en 1S24. Signalons encore quelcj;ues objets importants 1° La chaire de verite, d’un beau style. 2° Trois confessionnaux, parfaitement sculptes. 5° Un jube, qui s’elevait a I’entree de I’eglise. On y voyait les- busies de Notre Seigneur et des douzes apotres. 4° Un orgue, dont le buffet etait tout convert de sculptures. Mis en vente pendant la revolution frangaise, il fut acbete pour elre place dans une eglise de Courtrai, mi il se trouve aujourd’hui. Mais la ne se bornaient pas toutes les richesses de I’eglise. Il faut mentionner encore ; 1° Une pierre sepulcrale avec plaque de cuivre, mi une main habile avait grave deux figures en grand costume, couchees sur un tapis finement travaille. Aux coins, se trouvaient les figures des quatre Evangelisles. C’etait la sepulture de M. Condisalios de Agvilera et de sa femme, dame Anne De Casiro. 2° Dans I’aile du batiment qui existe encore, on pent voir une petite epitaphe; c’est celle de M. Josse de Vlaminckpoorte, decede 5o6 — le dernier jour de Decenibre 1370. Dans la parlie centrale, on remarque une figure agenouillee et armee de toutes pieces. Autre¬ fois on voyait tout autour de beaux ornements sculptes qui renfer- niaient I’ecusson principal et les huit quartiers secondaires de cette famine. 3“ Une epitaphe en marbre avec guirlandes et seize quartiers aux armes de Monsieur Adoipbe Puts, decede le 16 Novembre 1662, et de sa dame, Marie-Jeanne De Rooteaes, morte en 1678. II y avail encore dans I’enceinte de cette eglise plus de quarante blasons avec ou sans quartiers, ainsi qu’une foule d’armoiries incrustees dans les murailles ou peintes sur les vitraux. On y trouvait aussi un cabinet d’armoiries. Quant aux tableaux de I’eglise, ils se reduisaient a un St-Jean par Van Oost pere, imSt-JiigustinfouIant aux pieds I’heresie, du meme maitre. Nous en avons parle dans le chapitre consacre a St-Gilles. La Bibliotheque renfermait vingl-quatre tableaux. C’etaient en grande partie des figures, demi-corps, des evangelistes, des Peres de I’eglise, ainsi que des portraits de religieux. Ils etaient presque tons des deux Quillin. Quatorze toiles du meme maitre ornaient le refectoire ; ils repre- sentaient pour la plupart des episodes de la vie de St-Augustin. II y en avail trois qui n’etaient pas sans merite : c’etaient le Bon Pasteur, la Religion et la Charite. Dans la chambre des etrangers, il y avail deux tableaux dont les sujets etaient tires de I’Ancien el du Nouveau Testament. Plusieurs etaient de J. E. Quillin-le-Jeune, et ils avaient ete peints de 1666 a 1668. \ CIIAPITRE LXXVII. 4'ouveiit (Icff Capueliis* En 1S92, les RU. PP. Antoine, de Gand; Jean, de Malines, tons deux pretres, et le frere Ange, de Bruges, de I’ordre dcs des Freres Mineurs, vinrent se fixer en cetle ville, ou ils regurcnt de la part du magistral un accueil encourageant. Le 24 juillet de la meme annee, ils obtinrent I’autorisation de conslruire un monastere, et en attendant la fin des travaux, ils se fixerent a I’hospice des freres de St-Gilles, d’autres disent chez le cure de St-Gilles lui-meme. La pieuse liberalite d’Anne Winocx, veuve de M. Guillaume Van Pamele, hata le moment desire ou ils purent entrer dans leur modeste retraite. M. Charles Breydel, syndic, conseiller de I’admi- nistration , fit aussi acte de generosite dans cetle circonstance. Ce couvent etait situe dans la partie occidentalc de la rue Ste- Claire, en face du chateau de Houtmarc, aujourd’hui couvent de Llemelsdale. On I’eleva sur le terrain qui, avec ses dependances, por- tait primitiveinent le nom de Hof van Royen, et qu’on designait alors sous le nom de citerne, terrain qui fut donne par la dame que nous venons de citer. II reste encore de ce couvent deux portes, dont on voit les traces dans la muraille, et quant au terrain, c’est aujourd’hui un jardin potager, sur lequel se trouve la detneurc d’un jardinier , avec I’indi- cation section E 8, n° 43. — 538 — C’estdans lecourant de 1594 qiie les Capudiis prirent possession du couvent. Tel etait toutefois I’etat de vetiiste des constructions qu’on avail utilisecs pour la formation du couvent, qii’on ne tarda pas a cn con- siderer I’habitation conime impossible, d’autant plus que la situation en rendait le sejour malsain. Aussi, en 1617, d’apres le voeu des habitants et le consentement des magistrals, on transfera la communaute sur la Place du Sablon, pres du Marche aux Bestiaux. L’administration eut meme I’insigne generosite de donner gratuitement aux religieux le terrain necessaire pour leur monastere. On commenca par mettre en vente I’ancien couvent, qui fut achete par Jean Van Pamele, petit fds de Guillaume, dont nous avons parle plus haul. Quant aux nouvelles constructions, elles inarcherent avec rapidite. Non contenle de donner le terrain , la ville contribua dans les frais de batisse, pour la somme de 13,000 florins. Le magistral du Franc cn donna 10,000, et a ces dons publics il s’en joignit plusieurs de quclqucs particuliers genereux, parmi lesquels nous citerons MM. Francois De Busco et Pierre Hucxius. La premiere pierre de la chapelle futposee, le 17 Juillet 1617, par Monseigneur Antoine Triest, eveque de Bruges, la seconde par M. Francois De Boodt, seigneur de Lissewegbe, ancien bourgmestre de la ville, et la troisieme par Francois Losschaert, bourgmestre du Franc. La consecration en fut celebree solennellement par le meme prelat, le 3 Juillet 1620. L’eglise fut dMiee a St-Fran?ois, patron de I’ordre. Ce qui partout avail popularise I’ordre des Capucins, ce qui sur- tout I’avait popularise a Bruges, c’est son devouement pour le peuplc avec lequel ces religieux ont plus d’un rapport, par la pau- vrete deleur costume, et la simplicite de leur regime. II y eut une circonslance ou le zele de ces apotres aux pieds nus alia jusquau sublime : ce fut dans I’horrible peste de 1666. Telle etait la terreur qu’inspirait la contagion, que loin de trouver — 359 —- des consolations et du devouement dans leurs concitoyens, les pes- tiferes n’en Irouvaient meme plus dans leurs amis, dans leurs parents, etdans une grande partie du clerge seculier. Les Capucins se montraient partout, portaient des medicaments aux uns, des consolations spirituelles aux autres, et la grandeur du danger ne faisait qu’accroitre leur zele. Le heros de ces scenes d’abnegation fut le R. P. Melchior, qui, arme d’une simple croix de hois rouge, enseignait la patience dans la douleur, en montrant le signe de la Redemption. Aussi, quand ces tristes jours furent passes, il s’empressa de faire hommage de cette croix a J.-C. , son sauveur. Elle se trouve aujourd’hui dans la chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, erigee dans I’eglise de St-Sauveiir. Au reste, pour donner a ces religieux un temoignage public de reconnaissance, on leur assigna des places rescrvees dans le choeur, pour y assister au service divin qu’on celebrait, chaque annee, le Jour de la fete de St-Eloy. En 179G, a I’epoque de la revolution fran- caise, les capucins furent cxpulses de leur couvent et toute la pro- priele fat conflsquee au profit de la Republique. Elle fut ensuite exposee en vcnte; mais la liberalite de quekjues citoyens, parmi lesquels nous citerons avec lionneur MM. Van Huerne et Goethals- Saunier sain'a de la destruction ce vieil asile de la piete. — Ils « chargerent de I’ackat un maitre charpentier de cette viile, nomme De Rycke, et c’est ainsi que fut conserve le modeste monastere. Description de I’eglise. Elle se compose d'une seulc nef plafonnee. Le choeur n’est separe de la nef proprement dileque par un simple banc de communion, qui occupe toute la largeur de la chapelle. Le maitre-autel est assez remarquable de construction. Le re¬ table se compose de quatre colonnes geminees, qui soutiennent la corniche et le fronton. Parmi les norabreux details de sculpture qui en font Tornement, il faut placer un grand nombre de busies et do statues, dont les deux principalcs sont cedes dc St-Antoine et de 360 — St-Fidele placees dans deux niches qui ouvrent communication avec I’oratoire des religieiix. Avant la revolution fran^aise, ces statues ctaient placees aux deux petits autels lateraux du choeur. Le tabernacle est de bois et d’une charmante construction, et forme de deux compartiments superposes. La partie inferieure, offre line espece de dome sous lequel repose le Saint-Sacrement, et soutenu par quatre colonnes entre lesquelles se trouvent quatre jolies figurines d’un travail assez delicat. Le symbole du pelican, nourrissant ses petits de son sang, orne la partie superieure. Le tableau qui autrefois decorait le retable de I’autel, representait le Christ en croix, ayant a droile la Cierge-Mm-e, et a gauche St-Jean, Marie Madeleine, St-Francois et un Cavalier. C’etait une composition de Gaspard De Grayer, qui, en 1794, a I’epoque de la revolution francaise, fut enlevee et transferee a Paris. Nous avons lieu de croire qu’elle se trouve aujourd’hul a Strasbourg ou a Toulouse. Le tableau actuel est de Langhen Jan, et represente trois Vierges qui semblent soutenir un autre tableau de moindre dimension et d’un autre maitre. II a pour sujet St-Francois d'assise en extase devant le crucifix. Cette peinture vient de I’eglise des Dominicains. Deux petits autels sont dresses de chaque cote du choeur; its ont I’un et I'autre on couronnement avec deux colonnes. L’un est dedie a St-Donatien et I’autre a St-Antoine, dont les statues decorent le retable. On y voit aussi denx tableaux, dont I’un a pour sujet St-Donatien en prieres, et I’autre St-Antoine rendant la vie d un enfant mart. Dans la nef se trouvent deux petites chapelles laterales. La pre¬ miere fut d’abord erigee sous I’invocation de Ste-Croix et elle est aujourd’hui dediee a St-Francois, qu’on y voit represente par une statuette. L’autre est dediee a Notre-Dame des Sept Douleurs, dont une statuette en cire, placee sous verre, est remarquable par I’ex- pression de la figure. Get objet venere fut, a I’epoque de la revolu¬ tion francaise, I’objet de recherches assidues dont le resultat eiit ete un ade de destruction. Mais on parvint a tromper la rage des — 361 — vandales en substituant une tele de Lois a la tele de cire. Plus tard, cclle-ci reprit sa place accoutumee. En 1838, les travaux executes pour I’etablissement de la station interieure, necessiterent une emprise sur les batiments du monas- tere. L’expropriation eut lieu, moyennant la somme de 40,000 frs, De nouvelles constructions remplacerent depuis celles qu’on avait demolies. Tableaux et objets d'art, dont il n’a pas ete question dans les articles precedents. Voici ce que renferme I’eglise : 1° Une Jdoration des Mages, de J. Van Dost, pere, composition d’un grand merite. 2“ Un Couronnement d’ipines, par De Deyster, toile assez remar- quable. 3” Cinq tableaux d’un ordre inferieur. dont I’un represente une Exiase de St-Francois, I’autre le Martyre d’un P. Capucin, et les trois a litres des portraits de saints de divers ordres. Dans le refectoire du couvent, 11 y a sept tableaux qui ont pour sujet sept scenes principales de la vie de St-Francois d’Assise. Six sont peinfs par Vanden Berghe; le septieme est d’un maitrc inconnu. 11s ont tons ete donnes a la coinmunaute et tons portent les armes des donateurs. Dans les autres salles du couvent, on trouve encore : 1° Deux Ognres, Tune de Jesus et I’autre de Marie, par Antoine Claeyssens. 2° Le portrait R. P. Marchant, religieux Recollet. Le Moine est represente mourant, et I’expression de la physionomie est fort belle La date est 1661. 3° Une Sainte Famille, par J, Van Dost fils, qui decore I’autel d’une petite chapelle qui se trouve a I’interleur du couvent, C’est un don fait par la famiile de Cridts, dont les armoiries sont peintes sur le tableau. 4“ Une copie en miniature du tableau qui ornalt autrefois le maitre-autel, et dont nous avons parle plus haut. 46 — 362 — S° Un Christ en croix. Quoique de |carton, celte oeuvre d’art ne manque pas de merite sous le rapport de la correction. C’est un des objets, devenus assez rares, qui figuraient jadis dans la procession des Rameaux. 6° Une horloge assez curieuse pour I’epoque ou elle fut executee, Elle date de 1782 et elle est de frere Amand, Capucin, natif de St-Amand. C’est un mecanisme tout en cuivre, qui communique tout a la fois avec la cloche de la tour et avec divers cadrans, places en cinq ou six endroits differents, tant au rez-de-chaussee qu’aux etages superieurs, en y indiquant les heures avec une precision in¬ variable. Unblason, probablement celui du donateur, se trouve sur le morceau d’horlogerie. On voit encore, danslejardin, un cadran solaire, oeuvre du meme religieux, avec la date 1782; diverses aiguilles indiquent simultane- ment la meridienne de certaines parties du monde, telles que le Bengale, de Madrid, de Londres, etc. ainsique les variations pro- duites chaque jour par revolution de la terre autour de soleil. CHAPITRE LXXVIII. Convent des Carmcs, dit Ffifv* de Kotre-Dtane. Ces religieux arriverent a Bruges, en 1263, et ilseurent lieu de se feliciter du choix qu’ils avaient fait de notre ville, ou ils re^urent I’accueil le plus cordial. Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre, leur prodigua ses bienfaits et leur lit le don gratuit d’un vaste terrain pour y construire un eouvent et une eglise. Les batiments s’eleverent, a proximite de Bruges, dans la circons- cription de la commune de Ste-Croix, pres du pont dit Blanckaerts- brugge, aujourd’hui po/jf des Carmes. Plustard, c’est-a-dire en 1332, par suite de I’agrandissement de la ville, ce convent se trouva dans. I’enceinte de nos murs. Les services que les Carmes rendirent aux Brugeois leur meriterenfc I’estime de I’eveque de Tournai qui les autorisa, en 1285, a entourer leur eglise d’un cimeliere; mais d’apres les termes d’une convention a laquelle participerent les eglises de Notre-Dame et de Ste-Walburge, ce cimetiere etait exclusivement reserve aux personnes du convent. Presents en 1581 par le fanatismedes Gueux, les Carmes durent chercher un refuge a I’etranger. Les batiments du monastcre furent affectes a divers usages et plusieurs parties furent meme converties en habitations particulieres, Quant a I’eglise, elle fut demolie com- pletement et les materiaux en furent vendus a vil prix, au profit des spoliateurs. Quand le calme fut rctabli, les RR. PP. revinrent dans leur cou- 3C4 — vent, et leur premier soin fut de relever Ics murs de la maison du seigneur. Mais leurs ressources etaient si faibles, qu’ils durent se conlenter d’lm edifice de moindre dimension. Ce fut en 1667 senle- ment qu’on put lui donner une longueur convenable, ce qui permit d’y placer deux nouveaux vilraux. On executa en meme temps les travaux d’une nouvelle facade qui n’avait guere d’elegance. Ce monument devait, comme tant d’autres, tomber sous la rage revolulionnaire. On le vendit au profit de la Republique, et I’acbe- tcur, voulant tirer, le plus vite possible, un excellent parti de son achat, s’empressa d’enlever de I’edifice les principaux materiaux, tels que les plombs, les ancres, etc., et en compromit tellement la solidite, qu’au raois de Janvier 1800, une grande partie de la voute et de la toiture s’ecroula, ce qui necessita la demolition de toute I’eglise. Sur une partie do terrain, qu’clle occupait, s’elcve aujour- d’hui une brasserie. Cette egtise des Cannes etait dans le gout de toutes celles que les Jesuites firent clever vers la fin du XVI“ siecle, et dans le cours des deux siecles suivants. La facade, a double superposition de colonnes, n’avait rien de remarquable, non plus que la tour, dont la masse carree avait meme quelque chose de disgracieux. Trois nefs abou- tissant a autant d’autels en inarbre, formaient I’ensemble interieur. Ccs autels meritaient quelque attention. Celui du choeur etait orne de toutes sortes d’ornements , de guir- landes, de rinccaux, etc. Le tableau du retable representait le pro- ])hete Elie enleve au ciel, et laissant tomber son manteau sur Elisee reprt%ente sous le costume d’un Carme. Ce tableau fut plus tard rem- place par un autre ou la Ste-Vierge etait representee donnant le sca- pulaire a St-Simon Stock. L’autel de la nef septentrionale, aussi de marbre, etait consacre a St-Charlcs-Borromee. Le fronton reposait sur deux colonnes, et la statue de ce saint personnage se trouvait dans une niche que renfer- mait le tympan. Le tableau du retable le representait distribuant reucharistie aux pestiferes. C’etait la copic d’un tableau qui sc trou¬ vait a St-Donat. — 36S — L'autt‘1 de I’aiitre nef n’offrait aucun interet; on y voyait une sta¬ tue de St-Joseph a qui it etait dedie. II y avait du nierite dans la chaire de verite. Les sculptures en etaient hardiment fouitlees; on voyait sur la tribune les bustes, en baut-relief, des quatre Evangelistes et le dais etait surmonte de deux statues d’anges. Quant aux confessionnaux et aux orgues, le travail n’en etait pas assez delicat pourque nous puissions nous en occuper ici. Quant aux tableaux, qui se trouvaient danscette eglise, nous aliens les enumerer : 1" Une composition de Louis De Deyster, ou I’on voit Sle-Marie de Pazzi et un ange rccevant le sang qui coule des plaies du Christ en croix. 2° Un Carme d qui un ange porte de la nourriture, par le meme. 3" Un religienx celebrant la niesse; meme auteur. 4“ Le Christ mart etendu sur les genoiix de sa mere; meme auteur. S° Un religieux Carme caresse par I’enfant Jesus place sur les genoux de sa mere. C° Une Jssomption de la Uierge. 1° Une toile de Nollet oii St'Louis revenu de la Terre Sainte est recu, d son arrivee, par des religieux de I’ordre. H" J^lie sur le haul de la montagne regardant le feu celeste tomber sur ceux qui le poursuivent. Meme maitre. Ce tableau se trouve aujour- d’hui a Notre-Dame. 9° Une composition d’llerregouts, dont le sujet est wn religieux Carme prechant dans une assemblee de Cardinaux et d'6veques. CUAPITRE LXXIX. CouTcnt dcs Chartrcux* Ce couvent dale de 1318. II se frouvait a quclque distance de la ville, dans la circonscription de la paroisse de Ste-Croix, surle terrain nomnie Coolstik qui leur fut donne par M. Jean Van Cockelaere, et qui plus tard prit le nom de Fallee de Misericorde (Dal van Genade). Cette coininunante, dont le principal bienfaileur etait Robert de Relhune, comte de Flandre, fut agreec par Monseigneur Guy, eveque de Tournai et par le chapitre de St-Donat, comme le consta- tent des documents deposes aux archives. En 1332, lors de I’agrandissement de la ville, ce couvent fut enclave dans I’enceinte de nos murs. Les premiers Chartreux, qui vinrent s’y fixer, venaient du Fal d'lldegmde, pres de St-Omer, et ils choisirent pour 1°' prieur le Reverend pere Jean Van .Valdeghcm. Plusieurs pcrsonnages remarquables se firent les bienfaiteurs du couvent et nous aimons a citer parmi eux M. Arnold Adornes qui le dola richement en 1499, et qui depuis la mort de sa femme, cn 1482, avail pris I’habitde I'ordre. La prosperite du monastere alia toujours en croissant jus- qu’en 1578, c’est-a-dire jusqu’a I’invasion de la ville par les Gueux. II fut alors demoli par ordre du Magistral. Quo firent alors les pieux Cenobites? Ils se retirerent dans I’Hotel- Dieu de Jerusalem, mi la famille Adornes leur avail ouvert un — 367 — asile; ils y resterent jusqu’en 1610. A cetle epoqiie, Anselme Adornes les fit contraindre par un acte notarie, portant la date du 17 Mars, de lui abandonner ce batiment, en laissant loutefois au prieur la surintendance dela chapelle, et la vcriflcation des comptes. Plusieurs sommes considerables lui furent en outre assurces pour I’acquisition d’un eouvent. Au moj^en de cet argent et de plusieurs dons pieux, les Chartreux piirent acheter le prieure de St-Obcrt, qui etait, dans le principe, un convent de femmes, dont la construction datait de 1279. La construction des cellules, fut projetce en 1610, commencee seulementen 1631, et les travaux furent termines quelques annees apres. L’eglise etait peu spacieuse, et Ton en conceit la raison. Le public n’en avait faeces que deux fois par an. A fepoque de la revolution francaise, les biens des Chartreux furent confisques et alienes; leur convent et leur eglise devinrent deux magasins d’effets militaires. Depuis 1830, on en a fait une caserne pour Cavalerie. On pent encore aujourd’hui juger de ce qu’etait feglise des Char¬ treux : car t’enceinte lout entiere est encore debout. La facade, fort peu ornee, est de pierres de taille, et finterieur n’offre qu’une seule nef. On y voyait jadis un bel autel de marbre, dont le retable avait pour tableau un episode de la vie de St-Bruno, fondateur de I’ordre. D’apres un inventaire qui fut dresse par une commission nominee a cet effet, a fepoque revolutionnaire, on trouva dans cette eglise un grand nombre de peintures, parmi lesquelles il en etait soixante- six de petite dimension executees sur verre et representant la passion du Christ et diverses scenes de la bible. CIIAPITRE LXXX. Carmcs Decbaasses* C’est le 1" Aoilt 1C30, que I’lnfante Isabelle accorda, par lettres patentes, I’autorisation d’elever ce convent dans nos murs. Le Magistral donna son approbation le 19 dii menie mois. Les per-' sonnes, qui s’interesserent le plus a cette bonne oeuvre, furent Monseigneur I’eveque Servais Quinckerus, R. P. Hilaire de St-Au- gustin et une dame du noin de Catherine Aernouts. Ces religieux commencerent par faire I’acquisition de Thotel de Boyemswal (voyez Chap. XXXV), et y batirent bientot apres une chapelle. Ils etaient a peine etablis depuis un an que la mesintelligence se mit entr’eux et les quatre ordres des Dominicains, des Recollets, des Augustins et des Carmes deja fixes a Bruges, ce qui engagea le nonce Apostolique de Bruxelles, a ordonner aux nouveaux venus I’abandon de leur monastere et de la ville. Ce fut le 24 Fevrier 1651 que cet ordre leur fut intime; mais, des le 30 Septembre de la meme annee, ils avaient obtenu leur reintegration du roi cl’Espagne Philippe IV, mieux renseigne. L’hotel de Boyemswal ne pouvait pas sulTire longtemps aux besoins de la communaute : les religieux allerent done, le29 Septembre 1C5S se fixer dans I’hotel d’Uytkerke (voyez chap. XLII). Le terrain, sur lequel s’etablirent les religieux, s’etendait depuis la rue Jean Boonin, jusqu’au lieu nomme Coolhof ou Spelwyfstraet, qui forme aujourd’hui — 369 Leiir premiere eglise, fort petite, avait Irois autels qui n'offraient rien de remarqliable. On commenca, le 3 juillet 1688, la construction d’une nouvelle eglise dont M. Pierre Van Altere, conseiller du Franc, posa la pre¬ miere pierre. C'etait le fils de Jean-Baptiste, membre du conseil de Flandre, qui avait voulu faire, presque a lui seul, lesfraisdu nouveau batiment en y consacrant de sa bourse la somme de 24,000 florins. Des modifications importantes eurent lieu dans les batiments du convent en 1722 et 1724. Les depenses s’eleverent a 13,000 florins. D’apres le plan dresse par le Frere Patrice de St-Hubert (Theo¬ dore De Haze, ne a Anvers), I’eglise devait avoir trois nefs; mais le general de I’ordre, siegeant a Rome, s’opposa a I’execution du projet, et Ton dut se borner a une seule nef avec transept et rotonde. Michel Van Troosfenberghe, religieux du convent, dirigea les travaux de ma^onnerie et le frere Florent Vanden Houtte, la taille, I’equarrissage et la sculpture des pierres. Les decorations interieures furent executees par le frere Jacques De Coster, natif de Bruxelles. Le retable du maitre-autel ne manque ni d’elegance ni de gran¬ deur. II fut execute, d'apres le plan du frere Patrice, par les freres Jacques De Coster et Pierre Vander Meersch. II est tout entier de bois peint, imitant diverses especes de maibre. L’ornementation en est riche et la statue de St-Joseph placee sous un espece de dais est fort bien executee, aussi bienqueles figures d’Anges, dont elle est entouree. Ajoutez a ces richesses un tableau d’Herregouts, peint en 1698 et qui repr&ente la Colere de Dieu contre le genre humain. Centre le pilier du transept, se trouvent deux statues dont Tune represente la Vierge immaculee et I’autre St-Jean-Baptiste. La balustrade de bois, qui embrasse toute la largeur de I’eglise et separe ainsi le choeur et les chapelles du reste de I’edifice, estun superbe travail en plein relief, ou le ehene a ete fouille avec audace et souvent avec bonheur. On y voit les attributs des quatre Evan- gelistes et trois mMaillons dont un, celui du milieu, represente la derniere Cone. 47 — 370 — Les qualre confessionnaux sont aussi charges d’ornements sculples et de diverses figures en haut-relief. II en est de meme des stalles placees en 1733 el pour lesquelles la confrerie de St-Joseph offrit au convent une somme de 600 florins. Quanta lachaire de verite, sans offrir un eoup-d’oeil bien iinpo- sant, elle n’est pas sans merite sous le rapport de I’art. La tribune en est soutenue par la statue du prophete Elie foulant aux pieds I’or- gueil et I’iinpiete sous les traits de la reine Jesabel. Le jube el le buffet d’orgue sont riches aussi en ornemenlations, qui tout aussi bien que celles qui ont fixe notre attention, furent executees par plusieurs religieux de I’ordre. Tableaux. I" Quatre tableaux de Malhieu De Visch peintsde 1747 a 1751. Cesont : Le sacrifice d’Abraham, le sacrifice d'ilie, 1’Annoncialion et rAdoration des Mages. II re^ut pour les quatre toiles 910 florins. 2” Deux tableaux donnes par le Bourgmestre De Vooght, dont fun represente Ste-Therese reformatrice de I’ordre, et I’aulre St-Jean de la croix. 3° Une rierge au scapulaire, portant sur ses bras I’enfant Jesus. Ce tableau copie a Naples, d’apres I’original, fut transporte solen- nellement dans notre ville et place dans feglise des Carmes, oii on le designait sous le noni de Beeld van Napels. 4° Un Ecce Homo, d’apres I’original du Tilien, place au palais de I'Escurial. 5" Une naissance du Christ, par De Deyster. 6" Une circoncision, par Vanden Kerckhove. 7“ Jesus dans la creche, entoure de sa mere, de St-Joseph et d’un ange, par J. Van Dost, pere. 8° Deux tableaux representant en busies le Christ el la Ste-Fierge. 9" Un Christ portent sa croix, magnifique peinture, qui rappelle les plus belles conceplions de Morales. M. Wagen, Directeur du Musec de Berlin, fallribue a un autre maitre. Les autres toiles de feglise ne merilent pas fallention. CHAPITRE LXXXI. liCS Alexlens ou Frdrcs Cellltes. C’est en I48S que ces religieux arriverent dans noire ville el se fixerent dans une maison de la rue Ste-Catherine. Coniine ils ne recevaient pas les ordres, ils avaient recours, pour les besoins du culte, a un ecclesiastique etranger a leur couvent. Leur fondateur, St-Jean-de-Dieu, avail eu pour bill, pendant toule sa vie, de soigner les malades qu’il reunissait dans les hopilaux el d’assister, dans leurs dernicrs moments, les miserables condamnes a la peine capilale. Tel fut aussi le but de ses disciples. En IStl, ceux de Bruges se construisirent une eglise. Ils etaient a peine, depuis deux tiers de siecle, etablis dans leur monastere,qu’ils durent I’abandonner, lorsque, en 1S82, les protestants les frapperent d’un arret dc proscription. Disons-le avec regret, il y eut,parmi ces religieux, des hommes indignes de ce nom qui sacrifierent leur foi au desir de coiiserver leur pain et leur habitation. Mais, le IS Mai de I’annee suivante, ces memes hommes, accuses de plusieurs mefaits, durent, sous peine de niort, quitter leur convent, qui fut abandonne aux ministres de I’Ecole Bogaerde. Reveniis de leur exil apres les temps de trouble, ils ne quitterent plus leur retraite jusqii’au regne de Joseph II. Elle fut dans la suite convertie en prison militaire. Plus tard ce bailment devint iin maga- sin de fournitures militaires. Enfin, en 1841, la ville, par autorisa- lion royale, fit la cession de ce local a radministration des hospices, pour y etablir les freres de charite, charges d’y soigner les vieillards, les malades el les incurables. CHAPITRE LXXXH. ABBAYES. Abkafe Ue 8t-Trond (Trutlo Ueftten), C'est dans le cours du VIP siecle que St-Trond fonda, pres de Bruges, a Odeghem, eelte coniniunaule de lilies, De la elles vinrenl, eomine nous I’avons vu, s’elablir dans nos murs, a I’eglise de Notre- Daine. Puis, elles allerent se fixer pres de I’Abbaye de rEeckhoute. oii elles vecurent sous la memo direetion que les religieux jusquau jour ou elles retournerent a leur ancien couvent d’Odeghein. En 1382, leur cloitre fut presque enlierement delruit par les Gueux et, en 1S97, elles s’etablirent dans une niaison acbetee pour elles par M. Jean De Boodt et sa femme Jeanne Van Lede. Vers 1S99, elles oblinrent la permission de se fixer dans le cou¬ vent des Freres de St-Martin dit Stahjzer-Breeders , situe pres de la place Slalyzer-plaets. C'est de la qu’elles furent chassces par la revolution fran^aise; mais, elles vinrent s’y abriter de nouveau, apres les temps d’orages. Abbaye dc Ste-fiotlellevc, dlte de mol$'e~Datnc de ia Paia?, et ilesignea depiilM 90US le nom de Ten Futle. Origiuairenienlfixecs aGhislelles, ou elles vivaient encommunaute (les I'anime 1070, c’esl-a-dire, pen de temps apres la inort d<3 Ste-Godelieve, ces religieuses furent obligees, dans les troubles du — 573 XVI' siecle, de cliercher uii refuge dans nos murs. Elies avaient adopte la regie de St-Benoit, et s’etaient astreinles, depuis 1484, aux rigueurs de la vie claustrale. Le 4 Aoiit 1622, elles allerent habiter une maison AM^Magerzoode, au bout de la rue des Oies. Elles n’y restereut pas longtemps et profiterent de I’offre que leur fit Mgr. I’eveque Van Susteren du couvent qu’elles habitent encore aujourd’hui. En 1723, ce couvent et son eglise subirent un agrandissement considerable. Le 23 Novenibre 1796, les religieuses, au nombre de trenle, furent loutes expulsees de leur couvent et allerent habiler, dans la rue d'Argcnt, une maison, oil elles continuerent a suivre la regie do leur ordre, sous la direction de leur abbesse. Leur maison futmise cn adjudication publique; elles la rachelerent en effectuant le paiement en assignats, comme I’eveque les y avail autorisees. Elles y rentrerent en 1800. Abbnye tic Sle-CInlic, ilUe des I'rbaiiitlea. Une jeune fille de haul lignage, nee a Cologne el portant le nom de Hermenirude, vint, en 1260, a St-Bavon, lez-Bruges, oil elle se fit clever une habitation pour y vivre avec qnelques pieuses vierges sous la regie de St-Dominique. Une inspiration celeste la conduisit a Rome, oil, apres plusieurs refus qui ne purent decourager son enlhousiasme, cllc oblint du pape Alexandre IV, I’autorisation de fonder un couvent de I’ordre de Ste-CIaire. Elle revint a Bruges en 1270 et on lui ceda une chapelle consacree auparavant a la Ste-Vierge Marie, sous le litre de chapelle dc Bethleem. Cette chapelle se trouvait a I’extremite de la rue de Ste-CIaire qui recut ce nom du nouveau monastere. dont les constructions furent bienlot achevecs. Le temps 0 — 374 — y accuinula des richesses sans nombre, et il devint bientol iin des plus florissants du pays. La superieure portait le litre d’abbesse. Le couvent et I’eglise ne parent echapper aux devastations dii XVI” siecle; mais ils furent releves apres les temps de desordre, et I’eglise fut coiisacree en 1625. Le 17 Mars 1783, un edit de Joseph II chassa les religieuses de leiir couvent; leurs biens furent vendiis, leur habitation detruite el il n’en reste plus aujourd’hui qu’une parlie du dortoir. Abbayc ditc Bemeftdafe, La comtesse de Flandre I’erigea en 1443, dans la commune de Meessen.Cccouvent fut, en 1670,abandonne par les religieuses,qui allerent se fixer a Dixmude. De Dixmude, elles vinrent, sur line invitation qui leur fut faite, se fixer a Bruges, ou elles furent recjues dans I’hospice de la Madeleine. Elles s’adresserent alors, par I’organe de leur abbesse, Marie Van Zanneghem, a M. Eugene Dcvicq, doyen de la cathedrale de St-Donat, pour I’acquisition d’un terrain oil pussent s’elever tout a la fois un couvent et une eglise. On appropria a cet usage I’emplacement d’une blanchisserie, situee dans la partie Est de la rue Ste-Claire, aproximite du chateau dit Honlmarck. En 1672, ce chateau (voyez chap. XLVI), futincorpore dans I’en- ceinte de I’abbaye, qu’on reconstruisit en partie. Quant a I’eglise, elle fut entierement rebatie et, le 26 Juillet 1716, Monseigneur Van Susteren en fit la dedicace. A I’epoque de la revolution fran^aise, ce couvent fut supprime ; mais le batiment cchappa a la deslruction et aujourd’hui il est habite par des religieuses. L’eglise est remarquable par la richesse des sculp¬ tures sur bois, qui la decorent. — 375 — CoiiYcnt de iKpei'inallle (fipet'tnalg^at.) line noble demoiselle, qui portait le nom de Geele, fonda, eii 1200, a Slype, un convent de religieiises de I’ordre de Cileaux, Elle donna a cette maison le nom deNieulant, et quant a la chapelle qu’elle fit batir, elle la dMia a St-Pierre. Elle fit a cette coinmunaute dotation de sa terre de Hunckevliet, dotation qui fut confirmee par le pape Innocent III, 10 4^ Aout de la meme annee. La comtesse de Flandre Jeanne approuva ces dispositions. En 1241, Gilles De Brene, originaii’e du Ilainaut, pretre de haute naissance, tout a la fois prevot de St-Sauveur a Ilarlebeke, chanoine de St-Donat a Bruges el chancelier de Flandre, fonda dans le village de Ziezecle(aujourd’hui Sysseele)le’couvent de Spermaille, qu’il qua- lifia de nouvelle Jerusalem et qu’il donna ensuite aux dames de I’ordre de Citeaux etablies a Hunckevliet. Ces religieuses vinrent aussitot habiler leur nouvelle demeure situee pres de Bruges. Ce meme M. De Brene mourut dans cette maison, qu’il habita trente ans; on lui erigea un monument magnifique dans la chapelle. Detruit en 1578, ce convent fut, en 1600, remplace par un autre qu’on eleva dans la rue Snaggaerts. Marie De Raniers en etait alors abbesse; elle le fut vingt-neuf ans et c’est elle qui fit batir une eglise a Irois nefs, dans cbacune desquelles se trouvait un autel; cette eglise fut consacree, le 8 Octobre 1032, par I’eveque Servais Quinckerius. La revolution francaise entraina I’expulsion de ces religieuses et la vente de leur monaslere, qui fut affecte comme domicile a plusieurs families. Quant a I’eglise, elle fut convertie en magasin de fourrages. Depuis quelques annees tons ces batiments sent de nouveau occupes par une congregation religieuse. CMAPITRE LXXXIII. COUVENTS DE FEMMES. Besulnage. Les religieuses de cette maison furent, en 1224, installees sous Ic litre de Festales, par Jeanne de Constantinople, comtesse de Flan- dre, qui ceda ses droits a sa soeur Marguerite. Cette derniere accorda a la congregation divers privileges, sur lesquels rencherit encore Gui de Dampierre et qui furent confirnies par Louis de Nevers, par Jean de Bourgogne, Charles IV et Philippe II. Ce monastere n’etait pas dans le ressort de la ville, mais sous la juridiction du Bailli-chef et de I’eveque. II etait a I’abri de toute contribution urbaine, et tous les trois ans, on procedait, au nom du prince, toujours reconnu patron de droit, a I’election de la supe- rieure, nominee Groot-Jufvrouw. En 1582, les religieuses, qui avaient leur demeure au Steert, re^urent I’ordre de se rendre dans I’enclos du Beguinage. Quant a leurs habitations, elles furent donnees, comme ateliers, aux tisse- rands de la paroisse de Bailleul. Le 9 Janvier 1584, I’eglise du Beguinage, qui alors servait de magasin de ble et de paille, fut la proie d’un incendie cause par I’imprudence. Cette eglise .s’elevait au milieu de I’enceinte. Elle fut remplacee, apres le depart des Huguenots, par celle que 577 — nous voyons aujourd’hui, et qui n’offre de remarquable qu’im tabernacle de bois de chene et deux tableaux, un Crucifiment, par Van Oost, et me Jssomption, par un peintre de I’ecole de Rubens. I.es Sceura Nolres die Bethel (Kaslogne^boom IVonnen.) C’est en 4361 que ces religieuses vinrent se fixer dans une maison situee pres de laPlace de VAncre qui, plus lard, ful convertie en con¬ vent, lorsqu’elles eiirent recueilli assez de dons volontaires pour en entreprendre la'construction. Leiir existence etait loute de devoueinent : elles soignaient les raalades a domicile et tenaient Irois ecoles differentes de filles aux- quelles elles apprenaient la denlelle, la couture et le tricot. Elles elaient de ce chef obligees de payer une redevance annuelle aux corporations deslibraires et des maitres d’ecole. Elles continuerent, jusqu’en 1715, leur ininistere d’enseignement. En 1580, elles furenl contraintes de quitter leur convent qui, bienlot apres, fut saccage par les Gueux. Rentrees dans leur monastere, apres les troubles religieux, elles ne I’abandonnerent plus jusqu’au decret de Joseph II. Leurs batiments furent demolis : ils se Irouvaient dans la rue Neuve de Gaud, la mi Ton voit aujourd’hui la maison marquee section C 15, N" 30. Ils avaient une issue dans la rue de Groeninghe par une grand’porte qui existe encore. Ce sont ces memes religieuses qui occupenl aujourd’hui le convent du marche du Mercredi, et elles se sont conserve la mission de soigner les malades a domicile. L’interieur du batiment renferme quelques tableaux de merite que les amateurs doivent admirer. 48 — 378 I.e convent nomme Xiaegdendaie, et plus tard connu sous le iiom de ttctagne, * Cette communaute fiit installee, en J460, a I’extremile de lame des Carnies, en face de la Societe de St-Sebastien. Les reb'gieuses, qui suivaient la regie de St-Augustin, etaient des femmes qiii, apres avoir mene une vie irreguliere dans le monde, se vouaicnt an service de Dieu, sous le nom de Filles repenties, Leur principal bienfaiteur fulM. Chretien Donkerklocke, simple pretre domiciliea Gaud, qui leur ceda tons ses biens. Chassees de leur convent par les Gueux en 1S78, elles n’y revln- rent qu’en 1584. Des lors leur institution changea de nature : on n’y admit plus que des personnes honnetes et Ton commenfa a lui donner le nom de Belagne. Leur maison fut, comme tant d'autres, interdite sous Joseph II, en 1784. Leurs biens furent confisques, leur habitation fut demolie et c’est aujourd’hui un jardin legumier. !<>cBiirs Grises dltes tie St-KUsaheih. Ce convent fut etabli en 1468 au cote Sud de la rue du Vieux Sac, et le nom de cette rue vient merae du costume de ces religieuses, qui deja, depuis quelque temps, habitaient cette ville et vivaient sous la regie de St-Francois, sous la direction des frercs de YObservance, dits Freres Gris. Elles furent, vers la fin du XVP siecle, chassees par les Gueux de lour couvent, et obligees de quitter la ville. 'Leur habitation fut alors mise a la disposition des Tisserands de Ilondschoote et De Bales. Au retablissement de la paix, ces religieuses rentrerent dans leur inonastere. Elles furent, en 1629, astreintes au regime claustral. Leur chapclle, construite en 1691, et consacree le 18 Oclobre de — 579 — la meme annee, par Monseigneur Guillaume De Bassery, etait assez elegante. L occupation journaliere de ces saintes filles etait de soigner les femmes alienees, qu’elles entretenaient aux frais de leurs families et de la ville. Expulsees eu 1784 par le decret de Joseph II, dies virent la desIrucUon de leur convent, dont il ne reste plus qu’une parlie converlie en maison sous la section 0 6 , 0 “ 26. Les ColcUiiies on Clarlsscs* Ces religieuses, qui s’elaient rangees sous la regie de Sl-Fran^ois, arriverent a Bruges en 1469. Leurs bienfaiteurs furent Maximilien d’Autriche et son epouse la duchesse Marie de Bourgogne, qui leur donnerent, non loin de la porte Ste-Catherine, remplacement neces- saire pour la construction d’une eglise et d’un convent, a I’endroit oii se trouve leur maison actuelle. La duchesse Marie en posa elle- meme la premiere pierre dans une solennite qui eut lieu enl469. Ala ceremonie de la dedicace, qui fut celebree, en 1477, par I’eveque Henri de Tournai, assisterent les deux illustres person- nages et la belle-mere de la princesse Marguerite d’York. Ces religieuses furent deux fois proscrites, en 1S80 et en 1784. Leur convent fut, dans cette derniere circonstance, vendu et demoli. Plus tard dies obtinrent la cession d’un autre terrain ainsi que I’an- cienne chapelle de la corporation des peintres. Elies y eleverent leur convent et y resterent jusqu’en 1841, oii dies revinrent a leur ancien local sur lequel dies venaient d’dever tons les batiraenls dont dies avaient besoin. — 380 — lies Carmelites do Siton* Elies apparlenaient a I’ordre de la Sle-Vierge du niont Carmel el arriverent dans cette ville en 1487. Un M. Martin Reyngout Icur donna le nioyen de se conslruire nn monaslere dont on posa la pre¬ miere pierre, le 9 Juillet 1490. Ce convent accpiit bienlol de prodigieux accroissemenls sous la direction de dame Jacqueline Anchemant et il elait undesplus beaux de la ville, lorsque I’arrivee des Gueuxfit craindrepour son existence. Mais une circonslancelesauva :1a superieure de la communaute etait Anne Brissans, niece du fameux Brissans, commandant de I’amiee bollandaise: rintervention d’une soeur cberie le desarma. Ces religieuscs furenl moins heureuses en 1783 : le decrel de Joseph II fit termer leur cloitre. Elies abandonnerent alors leur cou- vent, virenl vendre leurs bieiis, el les bailments devinrent la caserne qu’on voit a rexlrcmite de la rue Sl-George, au lieu nomine Flamingdam. Chnrfrouscs dites dc C'est sur le territoire de la commune de Sf-Andre lez-Bruges, que ces religieusesse fixerenl d’abord. Nous devons enumerer ici lesbien- faiteurs de cette communaute. En 1348, un chirurgien, du nom de Guillaume Schole, leur donna sa demeure et Irente-et-une mesures de lerre. Par un acle de 1349, Louis, comte de Flandre, leur fit une rente perpeluclle de cinquante livres tournois. Baudouin De Vos fit plus encore. Deux de ses lilies etaient entrees dans ce convent et en devinrent prieures en 1362. II fit alors batir a SOS trais une belle el magnilique eglise avec trois autels, et agran- dit le baliinenl d'line maniere considerable. — 381 — Une dame Dte Melleneye tit plus tard les frais d’autres agrandisse- ments, et finil par prendre elle-nieme I’habit avec une de ses lilies dans celte comniunaule a laquelle elle legua Irente mesures de terre, et une rente perpeluelle de 4S0 livres parisis. En 1492, le convent est incendie par les Gantois. Les religieuses sont completenient ruinees. Elies se refugierent alors chez les Carmelites, d’oii elles revinrent dans leur ancien monastere, apres les temps de troubles. La revolu¬ tion religieuse du XVI" siecle les en cbassa do nouveau, et elles durent plus tard revenir dans leur ancien asile situe rue du Vieux Bourg, qu’elles tirent agrandir pour les besoins de la communaute. La nouvelle eglise qu’elles firent conslruire alors existe encoce aujourd’bui. En 1783, un decret de Joseph It les proscrivit une derriere fois. Tons les batiments furent vendiis, leur modeste retraite fut con- vertie en estaminet et leur cbapelle en salle de concert. C’est la quc s’installerent en 1829, les soeurs de charite. l ecrit avec une date du XV°siecle, le nom de Hans Hemling. Nous ne connaissions point ce nom, ni rien de semblable a I’impression de la page qui le portait. Nous fumes reduits a consulter rcrndition du gardien; il nous apprit, que Hans Hemling etait un pauvre malade qui avail cte autrefois rccueilli a I’hospice, et qui n’avait pu payer les soins des infirmiers , qu’avec les ouvrages de son pinceau.... .1 Notre guide nous montra encore une petite chasse de Slc-Ursule, dccoree, par la meme main, de peintures dont la delicatesse defie les plus finps miniatures, et dont I’expression egale celle des ouvrages le^ plus rcnommes. Des lors nous n’avons plus parcouru de ville, ni de galerie, sans y chercherles traces de Hemling. Maitre pieux, cn -reinuantau fond de mon coeur les secretes tristesses qui nous vien- }• Bgnt de Dieu, ct qui rappellent alui, c’est vous qui, le premier, m’avcz fait sentir et comprendre I’art! « — 59S lldpital de la 9Iadelcliie. II fut fonde pour les lepreux hors de I’enceinte de la ville, dans le lieu meme ou se trouve aujourd’hui la station du Chemin de Fer. L agrandisseinent que la ville avail subi de ce cote en 919, I’avait trop rapproche des remparts. En 1012, le baliraent fut demoli, et les malades furent Iransferes, plus loin de nos murs, sur la route de Dixniude. Un nouvel agrandissement de I’enceinte, en 1270, renouvela les niemes inconvenienls. En 1378, coinme nous I’avons vu page 293, le batiment en ques¬ tion fut demoli a son tour, et les malades transferes dans un local de 1 bopital de Nazareth dit aussi ^ckerzieken, oii ils recurent lesmemcs soins jusqu’en 1739. Get etablissement changea alors de destination, et fut converli en maison de correction ou de detention. llospicc et chapelle dc IVotre-Dame dcs ^Ivenglcs. La fondation decetetablissement remonle a la plus haute antiquite; mais on ne saurait preciser la date, parce que les pieces les plus aulhentiques sesont egarees dans nos epoques de troubles. La comtesse Marguerite se chargea, en 1279, de tons les fraisde construction et de reparation qu’exigeait cet hospice. Ony accueillait tons les pauvres voyageurs etrangers, arrivant en ville par la porte Marechale, en leur fournissant gratuitement la nourriture et le logement. L’erection de la chapelle eut lieu en 1303, en commemoration de la bataille de Mons-en-PueHe,. Elle etait de hois; Robert do Bethune en fut le fondateur, et, nos content de la doter richement, il y institua un refuge pour 13 personnos aveugles. En 1632 , avec le consentement de Monsieur Van Pamele, — 396 — I’eglise fut reconslruite en pierres, ct ia dedicace en fut celebree le 18 Aout de la meme annee. Elle existe encore aiijourd’hui, et ren- ferme plusieurs objets d’art assez curieux. Quant a I’hospicc, it a disparu et il est remplace par plusieurs maisons ou IIotels-Dieu. llosplce ou hopltal dc IVotrc»Dame dc la Potcrlc* Originairement place dans la circonscriptiou dc la commune de Slc-Croix, cet etablissement fut enclave dans la ville en 1332. Son nom de la Poterie, lui vient de ce que la chapelle des Potiers se trouvait aproximite; plus tard celte chapelle fut cedee a I’liospice, pour line rente annuelle de 24 escalins. Une dame de haut lignage, dont il nous a ete impossible de rclrouvcr le nom, fonda cet hopital pour douze vieilles femmes indi- gentes, a qui elle prodigua elle-meme, pendant toute sa vie, les soins les plus charilables. Il nous est egalement impossible de preciser I’epoque de la fonda- tion de cet hopital. Plusieurs la fixental’annee 1164; mais e’est une assertion qui manque de preuves. Ce que nous pouvons alTirmcr e’est que, en 1232 , cet etablissement etait deja connu sous le nom de Notre-Dame de la Poterie, attendu qu’il en est question dans une lettre de I’eveque de Pieims, qui porte cette date, et oii il entre dans certains details sur cette maison. En 1276, sa Saintete Jean XXII, et le doyen de I’eglise dc St-Donat autoriserent la communaute a se faire balir uneeglise, a agrandir I’hopital et iiyjoindre uncimetiere; mais, commeles fonds manquaient, la realisation du projet fut remise a I’annee 1288, oii le comte de Flandre fit don aux religieuses, d’unc mesure de terrain. Une noavelle eglise fut construitcct achevee on 1338. En 1623, on y ajouta une seconde nef avec autel, ct ce fut dans la ceremonie dc consecration, que Ton pla^a dans une niche une statue 397 — de la Vicrge, a laquelle le peuple atlribnait le don des miracles. Jusqu’en 4620, il y avail attaches a retablissemenl, un ehapelain, un administrateur et un soiis-aide ; ces Irois fonclions furcnt alors supprimees. Depuis lors, cetle maison n’est pins desservie que par quinze soeurs, qui viventsous la regie deSt-Augustin et qui soignent les vieillesTemmes envoyees par radniinistration des hospices. Quant aux objets d’art qu’on rencontre dans Feglise, il y en a plusieurs d’assez remarquables. BBosplcc St-Jullcn. La fondalion de cet hospice date de 127S. Il fut place sous I’invo- cation de Nolre-Danie d’Egypte. Plusieurs lilies pieuses s'y ctaient reunies et vivaient chretiennement en meltant en comniun leurs gains et leurs salaires. La direcliou se composait de plusieurs cura- teurs et d’un directeur principal, qui etait la'lque. Un accord conclu en 1303, entre le magistral de la ville et les curateurs de la communaule, stipula I’engagement d’accueillir dans cet hospice les pauvres voyageurs ctrangers, et de leur fournir gra- tuitement la nourriture et le logement. En 1331, quelques freres hospitaliers s’y etablirent, pour soigncr les voyageurs indigents, et e’est alors que Ton appela I’etablissement hospice de St-Julien. On y accueillit, en 1600, a la demande du magistral, huit mal- heureux alienes d’esprit, dont I'enlretien incombait a la ville. Depuis 1783, cet etablissement a cesse d’avoir une autre destination. C’est aujourd’hui I’un des hospices d’alienes les plus remarquables du pays, et il doit la juste reputation dont il jouit, a I’intelligence et a I’active charite de M. le chanoine Maes, qui, par des eludes consciencieuses, a su penetrer dans les mysteres de la plus affreuse misere hu maine. CIIAPITRE LXXXVI. IIOTELS-DIEU. .liaisons-Ulcii [C!otlahi9y$e»%), Hotel-Dieu tie Ten JFyngaerdc. L’llotel-Dieu de Ten W'^ngaerde ou de la cour dcs Begiiines, fut fonde en 1244, par Jeanne comtesse de Flandre, pour I’entretien de quelqucs vieilles femmes. Les constructions en furent achevees par .Marguerite, aussi comtesse de Flandre. II se trouve dans I’enclos nomme den Steert. Convent dit Schravens-Couvent. II fut fonde en 1315, pour I’entrctien de quatre pauvres femmes par HI. De Scliravere. — II est situc rue Pre au Moulin, n” 78. Convent de Booneni. M, le baron Van Booneni le fonda en 1349, pour servir de domi¬ cile a quelques filles indigentes. — Rue Courtc d’Argent, section D 20, n” 35. Convent Godcryex. II date de 1383. La fondatrice fut dame Marguerite Rym , veuve de M. Gerard Godcryex. Cette maison sert de demeure a sept fdles ou veuves indigentes. La fondation fut renouvelee en 1634, par — 399 M. Florius Van Eechoutc, et re^ut la menie destination. — Siluerue du Marecage. Hospice de St-Nicolas. Primitivement situe dans la me de St-Nicolas, il se Iroiive main- tenant contigu an depot de inendicite. On y voit nne jolie cliapelle. Safondation, date de 1394; elle est due a M. Nicolas Pagant, nego- ciant. D’autrcs constructions y furent ajoutees aux frais de M. Pieter- sen, aiissi negociant en cette ville. Le but de I’institution etait d’offrir riiospilalite aux pauvres marchands ambulants. On y donnait de plus I’entretien a trois hommes indigents et a six pauvres femmes. Cliapelle ou Hospice de Jerusalem. Get etablissement fut fonde par lesfreresPierre et Jacques Adornes, et fut gratifle de plusieurs privileges par des Papes et des Eveques. Dans la chapelle annexee a cette institution, et qui, pour la sin- gularite de sa construction, merite elle-meme I’attention du connois¬ seur, on trouve plusieurs monuments qui se rattachent comme souvenirs, a la famitle des fondateurs. Ce qui attire surtout les regards, ce sent six vcrrieres, ou la purete du dessin le dispute a I’eclat des couleurs. Depuis la famille Adornes, cette chapelle a passe de mains en mains a M. le comte de Thiennes de Rumbeke a Gand, qui la fait restaurer a ses frais. Maison Fan Kampen et Beversluys. Elle fut fondee en 1436 par M. Pierre Van Campen, puis agrandle en 1669 par Jean et Pierre Sucx, et d’apres les tenues d’un acte portant la date de 1731, et renfermant la derniere volonte de dame Madeleine Van Westveld, veuve de M. Francois Beversluys, cette maison devait servir de demeure a dix personnes retribuees ou secourues par la table des pauvres de I’eglise de Ste-Walburge. L’etablissement se trouve rue de la Bouverie, C 3, n° 8 a 17. Convent Sucx. Situe dans la rue de Bouverie, n“ SI a S3. II sert de demeure a — 400 — trois pauvres veuves. Le fondateur fut M. Gerard Sucx, cliapelaiii de I’eglise de Sl-Sauveur, qui le fonda en Id'SO. Maison de De Blieck et de Reylof. M. Jean De Blieck fonda, en 1453, en favour de veuves ou de filles indigentes, une maison qui fut reunie a celle qu’avait fondee M. Olivier Reylof pour trois veuves indigentes. II se trouvait dans la rue Quest du Marais, pres du hangar de la table des pauvres da St-Sauveur, et il se trouve aujourd’hui au Sud du cinietiere de la mcme eglisc, C 3, n° 12. Maison de Hertsberghe. II conste de diverses lettres de rente que cet etablissement chari¬ table existait deja en 1458, et qu’il avait ete fonde par M. Van Hertsberghe. La chapelle fut reconstruite en 1683 par M. Francois Keignaert; la maison est situee rue Ste-Catherine, G 12, n“ 23. Maison de Soulien. Elle date de 1496. Dame Laurentine Soutien en fut la fondatrice. C’est un asile pour six personnes pauvres et aveugles.— Situee rue des Peigniers , D 12, n° 44. Maison De Boodt. Elle est situee au Sud de la rue d’Argent D 20, n" 56, et fut fondee en 1567, par M. JacquesDe Boodt qui I’assigna comme demeu re a trois pauvres veuves. Maison St-Josse. Elle fut fondee en 1573, par M. Josse Lambrecht chanoine de St-Donat, pour I’entretien de douze vieillards indigents et une femme. On y construisit une grande chapelle. — 401 — Matson De Moor. Elle fut fondee en 4480 par M. Donat De Moor et sa femme Adrienne De Vos, pour I’usage de 43 vieillards indigents. — Situee rue de Bouverie D 46, n° 48 a 30. Matson De Meuletiaere. Elle fut fondee en 4643 par dame .leanne De Meulenaere, veuve de M. Jacques Reyphens, pour vingt-quatre pauvres femmes. — Situee rue Neuve, Cour de Gand, C 42, n° 23. Maison de St-Huhert dit {('an Volden). Get etablissement date de 4643. II eut pour fondateurs Gerard et Herman Van Volden, qui le donnerent comrae demeure a 8 indi¬ gents et a un portier. — Situee rue de la Bouverie, C 46, n” 46 a 47. Maison de Van Peenen, Six homines indigents avec leurs femmes et leurs enfanls ont pour asile cette maison fondee par M. Pierre Van Peenen et sa dame Elisabeth Gloribus. — Elle est situee cn partic rue de la Rame ct en partie rue de la Bouverie C 3, n° 20 a 26. Hotel-Dieu de Zorghe. Date de la fondation : 4632; fondatrice Elisabeth Zorghe. Douzc pauvres veuves ou fdles y ont un asile, situe petite rue des Carmes, F 3, n° 46 a 33. De Panden Bogaerde. Fonde en 4633 par Jossine Strabant, veuve de M. Vincent Vanden Bogaerde pour deux filles ou veuves indigentes; situe rue St-Ainand, D 22, n” 44. De Reyphens. \^. Cree en 4634 par Jacques Reyphens pour dix hommes indigents; situe rue neuve Cour de Gand, C 43, n“ 3. 34 — 402 — De La Fontaine. C’est en 1636 que messire Paul, comle de La Fontaine, fonda cet etablissement pour 12 soldats blesses, et a leur defaut pour antant de families pauvres. — Situe rue des Corroyeurs Noirs, B 6, n° 11. De Ste-Anne ou de Vander Straeten. Situe rue des Corroyeurs Blancs, B 4, n“ S3. — II fut institue en 1644 par dame Anne Vander Straeten, veuve de Richard Brouchman pour horames indigents. Hotel-Dieu dit {Gloribus ou Van Peenen). Instilue en 1634, en faveur de six pauvres lilies ou veuves, par dame Isabelle Gloribus, veuve de Pierre Van Peenen. II est situe rue de la Rame, C S, n” 10 a 16. De Tollenaere. II date de 16S6 et fut fonde par M. Pasquin Simoens en faveur de cinq biles pauvres. Les revenus furent d’abord augmentes en 1676, par Cornelie Crabbe, dame de Malhieu De Tollenaere, et ensuite par Catherine Van Hullem, veuve de Ferdinand De Tollenaere.— Situe rue Petit Eeckhout, section C 14, n° 97 a 103. De Van Pawele. Fonde en 1664, par M. Jean Van Pamele, en faveur de trois aveugtes. — Rue des Peigniers, D 12, n“ 36 a 38. De Reubens. M. Reubens le fonda pour quatre fdles ou veuves. — Rue du Marais, C 7, n° 32 a 33. De Marius Voet. Marius Voet le fonda en 1672 pour trois'Vieilles femmes pauvres. — Rue des Peigniers, D 12, n°33 a 33. — 403 — De Spanooghe. C’est en 1680 que M'‘° Eleonore Spanooghe fonda en faveur de six Giles indigenles, cet etablissement situe rue Ste-Calberine, C 9, n" 11. De Vander Meulen. En 1687, les scours Marie et Adrienne Vander Meulen, pour executer les dispositions testamentaires de leur frere Philippe, fon- derent cette maison qui sert d’asile a trois vieilles veuves de tisserands en fulaines. — Situ^ rue de la Grange, D 13, n°* 40 a 43. De La Barre dit (de St-Louis), II fut fondee en 170S, parM. Louis De La Barre, chanoine de I’eglise de Notre-Dame, pour quatre Giles ou veuves. — Situe Zonneken-Meersch, C 9, n“ 44. De Ste-Catherine dit (Ondermarck), En 1710, les scours Isabelle et Catherine Ondermarck fondirent cet etablissement en faveur de cinq Giles soumises au regime de la troisieme regie de la congregation. — Rue Longue, B 9, n° 5. De St-Joseph ou de Wauters. Rue Estdu Marais. — Fondee en 1713, par dame Marie Wauters en faveur de cinq Giles ou veuves, C 9, N° 57 a 61. De Vos , II est situe dans la ruelle Nord, attenante a la rue de la Vigne, C 10, n“43. — Fonde par M. Chretien De Vos pour six veuves indigentes. De Roussel. Cette fondation se Gt en 1720 en vertu d’une disposition testa- mentaire de Marie et Anne Roussel, en faveur de trois vieilles- pauvrescelibataires. — Rue du Marais, C 3, n" 67 a 69. 1 — 404 — De Spycket dit Papschotel, Anne et Marie Spyket la fonderent en 1729, en faveur de cinq fdles ou veuves, — Rue du Marais, C 9, n° 3, 1° Refuge de I’abbaye de St-Andre, situe rue de Bouverie, aujour- d’hui occupe par les rcligieuses Capucines, 2° Refuge de I’abbaye d’Oudenbourg, a I’ouest de la rue d’argent^ section D 19, n° 42. 3° De St-Pierre a Gand, a Tangle nord du cimetierede Teglise de St-Sauvcur, D 20, n“ 38. 4° De Tabbaye des Dunes, ou se trouve aujourd’hui le convent de Spermaille. S' De Zoetendale (doux vallon), pres du pont de la Tour, section ElS,n“10, G" De Tabbaye de St-Nicolas, a Touest de la rue des Carmes, sec¬ tion A 9, n° 8. 7° De la prevote d’Hertsberghe, dans la rue de ce nom, section B 2, n” 49. CHAPITRE LXXXVn. CHAPELLES ET AUTRES INSTITUTIONS RELIGIEUSES. Chapelle de St-Clement. Elle elait situee a TEstdii Quai Long, section F 4, n° 22. On I’ap- pelait aussi chapelle des Bateliers. Chapelle dite der Zweepen Christi. Cette chapelle qu’on designait encore sous le nom de chapelle des Charretiers, se trouvait pres de la porte Ste-Croix. Chapelle d’irasme. On la nommail encore chapelle des Scieurs : elle Se trouvait pres de la brasserie deg Trois Cygnes. Chapelle connue sons le nom de Hemels Capelle. Elle portait encore le nom de Chapelle des Chasseurs. Situee rue de THuile, section F, 17, n“ 28. Dans le cours du XVIP siecle, les Scieurs quitterent leur ancienne chapelle, pour venir dans cellc-ci, vaquer a leurs exercices religieux. Chapelle de St-Hubert. On la nommait encore chapelle des Boulangers. — Situee section B 5, n” 78. — 40G Chapelle des Foulons. La chapelle des Foulons ou de St-Martin, se trouvail enlre la rue Neuve et le cimetiere de I’eglise de Notre-Dame. Chapelle de St-Eloy. Elle etait aussi connue sous le nom de chapelle des Marechaux , et se trouvail rue du Marechal. Elle est aujourd’hui convertie en eeurie. Chapelle des Fifres dite Pypers Capelle. On la nommait aussi chapelle des Menetriers. Elle se trouvail au coin de la rue dite Lange fFulfhagen-straet, aujourd’hui rue des Bou¬ chers, pres du pont de YHuile, aujourd’hui Pont de la Clef, Elle sert aujourd’hui d’atelier. Chapelle de St-Luc. Cette chapelle, aussi connue sous le nom de chapelle des Peintres, se Irouve entre la rue Nord du Sabton et la rue d’Argent. Elle est aujourd’hui au service d’une congregation religieuse. Chapelle des Courtiers. Elle s'elevaitau coin d’une ruelle qui fait face au Vieux Jardin, et qu’on appelle Capelle-straet. Chapelle de St-Martin. Elle etait situee dans la rue des Foulons et fut demolie en 1612. Le terrain fut vendu a M. Nicolas De Schietere pour la somme de quatre livres de gros. II failt ajouter a toutes ces chapelles, celles de I’Hotel-de-Ville, du Palais du Franc, du Seminaire Episcopal, du Vieux Jardin, du Jardin Moderne, du Jardin des Arquebusiers, et des Archers, dits de St-Sebastien. CHAPITRE LXXXVIIF. tTABLISSEMENTS D’INSTRUCTION. IiC Scralnaire i:pl8copal* Une des resolutions les plus salutaires du Concile de Trenle avail ete I’erection des seminaires. C’est pour se conformer a cette resolu¬ tion, que Monseigneur Remi Druitins, deuxieme eveque de Bruges, 6rigea en 1575 son seminaire episcopal, sur la Place Maubert, pres de I’Eglise de St-Donat. A cette fondation furent affectes les biens et revenus des Choraux (refeclionales) de la dite eglise. Dix chapellenies, sous des patronages differents, tant a I’interieur qu’a I'exterieur de la ville, devaient en outre, d’apres sa decision, contribuer, par leurs subventions, a I’entretien de cet etablissement, c’etaient: 1* La chapellenie ainsi que la sacristie de St-Laurent, placees sous le patronage de I’eglise de St-Donat. 2“ La chapellenie de N. Dame, en dehors du choeur de cette eglise, placee sous le patronage de la Prevote de N. Dame. 3“ La chapellenie de N. Dame a Meetkerke, sous le patronage de I’abbaye de I’Eeckhoutte. 4° Celle de N. Dame a Houttave, sous le patronage de I’abbaye de St-Andre, lez-Bruges. — 408 — 5° Celle de N, Dame dite Bomem, a Oostkerke, sous le patro¬ nage de rabbaye de St-Quentin en Vermandois. 6° Celle de N. Dame a Beerst, sous le patronage de I’abbaye de St-Pierre, a Gand. 7“ Celle de St-Catherine a Westhende, sous le patronage de I’abbaye de St-Richard en Poitou. 8" La chapellenie de N. Dame a Jabbeke, sous le patronage de I’eveque de Tournai. 9° La chapellenie de Ste-Catherine de Verdeghem a Beveren (dont les mines existent encore aujourd’hui), sous le patronage de I’abbe de St-Martin a Tournai. 10° La chapellenie de Ste-Catherine a Routers, sous le patronage de I’abbaye de Zonnebeke. Quand plus tard on supprima la chapellenie d’Eeghem, les biens ct les revenus de cette chapellenie furent cedes an semlnaire, avec le consentcment des heriliers du fondateur de ce benefice, M. Delrio. II en fut de meme des revenus de la cure de St-Bavon egalement supprimee. La plus grande partie de cette paroisse entra dans la juridiction ecclesiastique de St-Andre; t’autre parlie fut annexee a la paroisse de St-Sauveur a Bruges, dont le clergc etait tenu de payer au cure de St-Andre, a titre d’indeinnite, une sorame de huit livres de gros par an. Ainsi grossissaient chaque jour les revenus du seminaire. Les legs et les donations des parliculiers accrurent cette prosperite. Bientot les bourses egalerent en nombre les plaees d’etudiants. En 1611, Monseigneur Charles De Rodoan gratifia le seminaire d’un president et de deux doctenrs en theologie, pour y donner leurs lemons deux fois par jour. Une bulle du Pape Clement XI, du 14 Mars 1714, autorise Monseigneur Henri Van Susteren a ctablir une prebende theologale au seminaire de Bruges. II nomma pour president M. Augustin Van Vyve, et pour professeurs de theologie M. Baudouin Siboens et deux Peres Dominieains. Une foule d’hommes de talent sortirent de ce seminaire. Lorsque, en 17i>8, le meme prelat cut fait, avec 1 appro- — 409 balion de I’empereur, I’acquisition dc I’Holel de Pitlhem, proprieUi des princes de la famille de Croy, il forma le dessein d’y transferer son seminaire. Ge projet, dont [’execution rencontra d’abord quel- ques difficultes, ne fut realise qu’en 4740. Plustard, en 4834, il fut resolu de faire de cebatiment un palais episcopal. C’est alors que la ville Ic ceda a la province pour la somme de quarante-cinq mille francs. La meme annee une somme de trente-six mille francs futaccordee sur les fonds du tresor public pour frais d’appropriation et d’ameublement (*). Enfin dans le budget de la province, de 4856, il fut alloue une somme de qualre mille francs pour I’entrelien de ce batiment ainsi que de celui du Seminaire diocesain, erige dans I’abbaye des Dunes depuis 4833, et qui, dans ce local, eut pour premier president M. Louis-Joseph Dele- becque, elu eveque de Gand en 4838. 1 Kcole Bogaei'de* En 4283, treize la'iques voues au celibat, ayant obtenu un terrain de I’abbaye de TEeckhoute, y batirent une eglise et un convent ou ils exergaient la tisseranderie en draps. Cette maison devint bientot un lieu de debauche, ce qui en pro- voqua la suppression. Les niagistrats, qui avaient dii prendre cette niesure, y placerent trente pauvres gar 9 ons de cette ville sous un directeur qui sechargea en meme temps d’une partie de leur entre- tien. Mais cet etat de choses ne dura pas longtemps, la peste ayant fait dans I’etablissement d’horribles ravages. En 4320 le pape Leon X autorisa le Magistral de Bruges a s’appro- (•) C’cst ici le cas de rectifier une crrcur que nous avons commise dans le Chap. XLI, paj. 92, lorsque nous avons avancc que ces frais furent supportcs par la ville. Coumie on le voit ici, c'cst Tctat cl la province qui se charjjerent des depenscs. 52 — 410 — prier les biens et le convent des Bogaerde, a la condition d’y entre- tenir et d’y instruire les enfants pauvres. L’organisation s’effectiia bientot, et I’etablissement recut les eleves de toutes les aulres ecoles. Telle est I’origine de I’institution qui existe encore aujourd’luii. Ecole des Ftlles pauvres. Elle flit fondee en 1SI8, park Magistral. On I’inslalla dans Ic cloitre de Ste-Elisabeth, rue des Baudets. Elle existe encoreanjour- d’hui, non plusdans ce batiment, mais pres de I’eglise de la Madeleine. Atheiiee. Ce bel etablissement d’inslruction moyenne, a maintenant pour local une partie des cinq classes de I’ancien couvent des jesuites; local insuffisant et qui appelle de nombreuses ameliorations. L’enseignement, donne par treize professeurs, salisfait a I’un des besoins les plus imperieux de I’epoque, par la division des eleves en deux sections, section litteraire, et section industrielle. Les succes brillants qu’a obtenus dans les concours generaux cet athenee royal sont le plus bel eloge de la reorganisation qu’il a subie en 1837. Mais I’eHicacite de cette reorganisation ne sera bien sensible que le jour oil une bonne loi meltra de I’unite dans I’enseignement et per- mettra a chaque specialite le deploiement de ses forces. Le budget de cette institution s’eleve a la soninie de 29,000 francs. dans laquelle I’Etat cntre pour dix mille francs de subside, et la retribution scolaire pour S,000; ce qui reduit a 13,500 francs la part dc la caisse communale. Ecole primalre superlcnret Cette ecole, erigee par arrete royal du 13 juillet 1843, est depuis peu de temps etablie dans un local vaste, bien acre et pourvu d’un mobilier neuf. Un grand nombre d’eleves frequentent cet etablissement, qui, jusqu’a ce jour, parait avoir rempli les vues de I’autoriteet lesespe- ranees du public. EtablUsemcnt dcs Sourda-Slueta et /tveuglcai. Get etablissement date de 1830. La province et la ville ont con- Iribue a la formation de cette institution reclamte par Thumanite. Le local qu’on a cru devoir y affecter est I’ancienne maison consu- laire des Anglais, qui plus tard fut occupee par les jfeuites de la meme nation, jusqu’en 1773, et convertie enfin en ecole pour les filles. Des dames religieuses, sous la direction de M. I’abbe Carton, don* nent I’instruction aux sourds-muets et aux aveugles. Notre ville renferme encore plusieurs institutions de meme nature; nous nous bornerons a ciler la plus importante : celle de M. I’abbe De Foere. — 412 — Etablissement dc Charlte de ill* Do Foerc^ illeiubre de la Chaiubre dei9 Itcprescntaufs. A Tangle de la rue St-Jacques et de la rue d’Ostende, est situe un vaste hotel, habile jadis par Tancienne et noble famille de Mirimont. C’est la, qu’au mois de Juillet 1816, M. De Foere, aujour- d’hui membre de la chambre des representants, et directeur du couvent anglais, crea ce bel etablisseraent. A TEst de cet hotel s’eleve une autre maison, plus vaste encore. qui a son entree dans la rue des Aiguilles, et qui par les vestiges d’antiquite qu’offre sa facade surmontee d’une tour d’une construction tres-gracieuse, annonce qu’elle fut autrefois la residence de quelque puissant seigneur. Elle fut d’abord habitee par M. Pierre Bladeling, et devint en 1479, la demeure de M. Thomas Portunary. D’apres un acte dresse le7 Mars ^ de la meme annee, on voit que la maison et tout le terrain qui en / dependait, appartenaient, a litre de fief, a messire Jacques de Luxembourg, chevalier de ^iennes, d’oii vient qu’on appelait cette residence H6tel-de-^iennes. Plus tard, cette maison devint, avec le fief, la propriete de messire ^^nj^al d’Egmont, prince de Gavre. En 1617, elle fut achetee par messire Ilenri De Vicq, seigneur de Meulevelde, et en 1745, elle passa a titre de succession, entre les mains de M. De La Flye, seigneur de la Gougcrie. En 1829, M. De Foere, en fit Tacquisition. II jeta, dans la meme annde, entre ces deux hotels, les fondements d’line petite eglise sur un terrain qui etait autrefois le Marche aux Aiguilles. Ce beau monument ecclesiastique, construiten style d’architecture grccque, fut acheve en 1833. On y remarque de belles grisailles peintes autour de la niche de Tautel, par Paelinck, et six ouvrages sculptes, dont cinq par Laurent Delvaux et une Vierge par Pepers. Le but de Tinstitution est d’enseigner un metier aux filles les plus pauvres de la ville, de leur apprendre a lire, a ecrire et a chiffrer, et de les former ainsi, au moyen de Tinstruction religieuse, Bociale et industrielle, a des habitudes de moralite, de travail. - 413 — (I’ordre et de decence publique. Cent cinquante lilies pauvres fre- qiientent les ateliers, oil on les instruit surtout dans la fabrication de la dentelle, ce qui leur assure pour I'avenir des moyens d’existence. L’instruction est gratuite et le produit net de la fabrication est remis integraleinent aux parents. L’etablissement est dirige par une communaute religieuse, sous le nom de Convent des dames de I’Js- somption de la Ste-Fierge. Ni I’Etat, ni la province, ni la ville, ne concourent aux frais de cette oeuvre charitable. Nous ne nous arreterons pas a faire la description de tout ce qu’offrent de remarquable en souvenirs historiques et en objets d’art' les divers salons de cette maison. Nous nous contenterons de men- tionner descopies, sansnom d’auteur,des fresques de Raphael, qui or- nentlasallede Constantinau Vatican. Ces copies sont peintes a I’huile. Ce qui arrete surtout I’attention des Visiteurs, c’est le cabinet de tableaux de M. De Foere, cabinet qui renferme plusieurs ouvrages des nieilleurs maitres. On y remarque un Wynants avec figures et aniinaux de Jean VVouwermans, un Jean Steen, deux Ph. Wouwer- inans, deux Pierre Wouwermans, un Teniers, un Karel Dujardin, un Jacques Ruysdaal. deux Dietrich, un Moucheron, un tableau signe Paul Potter que M. De Foere attribue a Corneille Zaaftleven, un Sassoferrato d’une grande beaute d’expression et de finesse. Cette collection renferme en outre plusieurs tableaux de bons maitres, dont les oeuvres se trouvent dans presque toutes les galeries remarquables de I’Europe, tcls que : deux Van Goeyen, deux Michaux, un Sebaslien Francks, un Michel Carre, un Colonia, un Watteau de Lille, deux Bega, un Soolmacher, un Iluchtenberg, un Pierre De Laer ou , selon d’autres, un Asselyn , deux Gryef , un Herman Zaaftleven, un Breughel, un Cuylembourg, un David Ryckaert, un Van Ilelmont, un Molenaer, un Verburght, deux Van Balen, un Franc Flore, un Mans, un Dirk Dalens, un Van Dor Meer, le jeune, un Fran^.ois Milet, un Paul De Vos, un Leduc, un V'ildcns, un Velasquez, un Zurbarran, un Carlier, etc., etc. — 4U — II serait long d’enumerer ici toutes les richesses de ce cabinet; mais nous ne pouvons passer sous silence une grande esquisse de Rubens, digne de figurer dans la salle des esquisses de Munich. G’est une repe¬ tition de celle qui a ete vendue 23,000 francs dans la vente de M. Schamp, a Gand. Dans cetle composition qui comprend plus de 60 figures, I’oeil exerce reconnait une de ces grandes oeuvres de Rubens, executees sous ses yeux par ses meilleurs eleves. Plusieurs figures sont dues au pinceau de Rubens, s’il faut en croire les con- naisseurs. Cette collection contient aussi quelques tableaux modernes dontle plus remarquable est un tres-bel Jiitomne, de Verwee. Ne quittons pas ce cabinet sans admirer une Descente de croix, groupe magnifique oii le ciseau a audacieusement fouille dans une seule piece de marbre pour y sculpter un grand nombre de figures remarquables par la verite de I'expression et la purete des lignes. C’esl un chef-d’oeuvre execute probablement par Daniel da Voltera (Ricciarelli, excellent peintre et sculpteur), chef-d’oeuvre qui lui aura servi de guide pour la distribution des lumieres et des ombres dans son celebre tableau representant le meme sujet. CHAPITHE LXXXIX. Coufr^rleii el socld(4^s. De loutes les societes dc ce genre, qui ont existe on qui existent encore dans notre villc, nous ne citeroas que celles qui se sont fail line cerlaine renomniee. 4" La societe de la grande arbalcte, sous le patronage de St-George. Le lieu de ses exercices est le Vieux Jardin, rue St-George. Son chef- hoinme actuel est M. Van Zuylen-Van Nyevelt. 2° La societe du Jong Hof, sous le patronage du nieme saint, avail son local a I’ouest de la rue de St-George, E S, n" 2S. C’est aujour- d’hui une maison connue sous le nom de Net Hugs. 3“ La societe des Arquebusiers, qui avail pris Ste-Barbe pour pa- tronne. Son local se trouvait dans la meine rue et touchait au cou- vent des Carmelites, plus tard converti'en hdpital militaire. 4" La societe des Arcbers, honore pour patron St-Sebastien. Leur lieu d’exercice se trouvait autrefois a Test de la rue longue du Rou¬ leau. Dans la suite, ils s’etablircnt dans la rue des Cannes pres des remparts. La gracieuse tourelle qui s’eleve sur le corps principal du batiment attire I’attention des amateurs. Mais on trouve dans I’inle- rieur de I’etablissement des curiosites historiques sur lesquelles, faute d’espace, nous ne pouvons pas nous etendre, Le chef-liomme actuel est M, le comte De Bocarme. — 416 — 5° La societe des Escrimeurs, patron St-Michel. Le local actuel ae I’Academie, fut primitivement le lieu deses exercices. Plus tard, ils se fixerent au Waterhalle. Aiijourd’hui ils s’exercent a la Halle et ils ont pour chef-homme M. Louis Van Lede. 6° La societe de I’Ours blanc formait ses reunions dans ce meme local de I’Academie dont nous venons de parler, et qu’on appelait alors Poorters-Loge. 7° La societe du St-Esprit cultivait la litteraturc et la poesie fla- mandes. 8“ La societe qu’on designait sous le noin de la societe des Trois Saintes, parce qu’elle etait sous le patronage de Ste-Barbe, de Ste-Marie Madeleine et de Ste-Catherine, s’exer^ait aussi dans la litterature et dans la poesie flamandes. Un des derniers chefs et I’un des plus grands bienfaiteurs de cette societe fut M. Van Dueren de Damas. 9” La societe de rlietorique s’est aussi de tout temps exercee dans la poesie flamande. Le president actuel est M. Pierre Herrens. 10" La societe dramatique et litteraire, dont la devise est Fver en Bruedermin, donne ses representations a I’hotel connu sous le nom de Halle de Paris, dont nous avons parle au chapitre XXVII. Le presi¬ dent estM. D’hanins de Moerkerke D’Ydewale. 11° La societe litteraire et dramatique, dont la devise est Kunst- liefde, a une salle de reunion et d’exercices a I’estaminet qui porte pour enseigne k Jambon. Le president est M. Charles Serweytens. CHAPITRE XC. Tableau dcs corps fie metier* LES TISSERANDS, DE WOLLEWEVERS. DONT VOICI LES DIVERSES CATEGORIES : Drapiers. Tisscranclsei ruriers. Cloutiers. Peerde sincden. Slotmackcrs. 'N.agcimackcrs. Orfcvre*. Joaillicrs. Foiideurs cic cuivrc. Cikaudrouiiicrs. Selliers. Faiseurs de brides. Faiscurs de harnais. Fourbisseurs, armuricrs. (yliaujjeurs. Poticrb d’ctaiu. Palissiers. Fabricants de pain d’dpicc. Meuniers. Porteurs debl^. Mesureiirs de bid. Barbiers on chirurgiens. Bliapeliers. Caiiniers. Vlanchisseurs. Jardinicrs. Ceux de la lialle aux epices. Pharmacicns et drognisles. Faiseurs d’archets pour instruments de innsique. Epingliers. Faiscurs de colTrcs, tourncurs dc chaises. LES COURTIERS, DE MAEKELAERS, AVEC LEUaS AFFILlis : Epiciers, fabricants dc chandelles et savonniers. Francs batelicrs. Constructcurs da navircs. Matelols. Fruitiers. Patcnoslricrs. Emballcurs. Pcseurs de fer. Kruideniers, keers cn zeopzieders. Vrye schippers, Schiptimmerlieden. Schippers maets. Fruiteniers. Paternostermaekers. Balenmaekers. Schotsche courtenaers. Yzerwegers. LES ARTISTES, AVEC LEERS AFFlLllSS. Sculpteurs. Pcintres. Imprimcurs. Lihraires et relicur Horlogers. Institutcurs. Beeldemaekcrs. Schilders. Printers of boekdnikkers Boek verkopers en binders. Orlogie maekers. Schoolnieeslers. m DEBITANTS ET TRAFIQUANTS, DONT VOICI L’fiNUMfiRATION : Oisclcui's. Bouchers. Poissonniei’s. Cabaretiers. Brasseurs. Warchands tic mercerie parml lesqucls il fallait distinguer ceux qui tenaiciitde grands etaux et ceux qui en tenaient de petits. Fabricants de tabac. Vogelvangers. Vleescheii arabachle. Visch verkoopers. llerbeigiers. Brouwers. Mercenicrs vcrdeeld hi stalicrs cn cnkel slalicrs. Tabakistcn. CORPORATION DBS OUVRIERS PUBLICS. Toituriers. Ouvriers dits Krane binders. Ouvriers du pent de la Grue. Ouvriers du pontdeSt-Jean. Ouvriers du pout des Carmes. Ouvriers du poni Sud du Sablon. Ouvriers du pout de Notre Dame. Ouvriers du pout de I’Ecckhoutte. Ouvriers du pout du Moulin. Ouvriers de la Grand’Place. Porteursde poisson et de viandc. Ceux qui chargeaient et dechargcaient Ics cha¬ riots. Voerlicn. Breykens. Harnasscre. DEUXIEIVIE PARTIE. EXPOSE CimOXOLOGlQUE I)E LJlISTOlilE DE BUUGKS. CIIAPITUE I. On aiirail lorl do cherchcr dans [’expose qiii va suivre une hisloire complete de notrecitc : Ni la nature de notre oeuvre, ni les bornes que nous devons nous imposer ne comportent de pareils developpe- ments. Fidele an titre que nous avons choisi d’^phemerides Bru- gcoises, titre qui nous a guide dans tout ce qui concerne les monu¬ ments publics, nous nous borneronsa donner succinctement et sans conimentaires la suite des principaux evenements qui ont illustre la ville de Bruges. Un voile obscur enveloppe le berceau de Bruges. On sail seulenient que vers Fan 621, il existait deja dans les lieux menies on cctte ville s’eleve aujourd’hui, un chateau fort, entoure d’un fosse, sur lequel elait jete un pont, nommcAutour de ce chateau vient — 422 — Lienlot sc grouper une population barbare encore, mais dont I’instinct commercial ne tardera pas a se developper. Des invasions nombreuses mena^.enl la bourgade naissanle. En 8GS, Baudouin, Bras-de-Fer, premier comte deFlandre, en fortifie les remparts et en elargit les fosses. Le christianisme vient a son lour jeter ses germes civilisateurs au milieu de cette reunion d’hommes, et, des le milieu du X° siecle, ont disparu, pour faire place a des chapelles chretiennes, la plupart des temples et des autels consacres jusqu’alors aux fausses divinites. Deja, des I’annee 9S8, la ville de Bruges nourrissait une popula¬ tion active et industrielle, et le comte de Flandre, qui etait alors Baudouin-le-Jeune , etablit dans cette ville, ainsi qu’a Thourout, des marches et des foires annuels. A cette epoque deja, notre cite entretient des relations commercialesaved’Angleterre, le Danemarck et le nord de I’Allemagne. Pour obvier a la rarete du numeraire, ce mcme prince etablit les echanges en nature, et les transactions com- mencerent a se faire sur une vaste echelle. C’est encore lui qui favorisa I’introduction de la tisseranderie, Industrie qui devait plus tard acquerir une haute importance. L’administration se forme. En 989, Baudouin IV donnea la ville de Bruges un magistral charge d’administrer civilement et juridique- ment la commune. Ce magistral etait compose de treize echevins et d’autantde conseillers, choisis parmi les neuf membres de la Poor- terye, parmi les corporations des bouchers, des marchands de pois- son, ainsi que parmi les dix-sept corps dits Smalle Neiringen, et ceux que Ton designait par les nominations suivantes :/TamerwerAers, Leeders, de Nalde en de Maekelaers. Ces echevins et ces conseillers avaient le droit d’elire annuellement un bourgmestre, choisi respec- livement dans leur corps. An 1006. La ville est ravagee par la peste, qui enleve plus de 12,000 personnes. An 1115. Un certain Fauchelinus s’efforce de propager I’heresie dans notre ville. II est immediatement expulse. AnlMO. Un violent inccndic reduit presque toute la ville en — 423 — cendres. On coniprendra celle catastrophe, quand on saura que la plupart des constructions etaient de bois. An 1120. Charles-le-Bon est couronne comte de Flandre. La rivalite d’un competiteur lui fournit I’occasion de deployer sa bra- voure. Devenii tout-puissant dans ses domaincs, il s’applique a faire fleurir la justice sans distinclion de personnes, et repriine avec energie Ic despotisme de la noblesse. Un si bon prince, que sa cha- rite meme avail fait surnommer le pere des pauvres, aurait du vivre toujourspour le bonheur de ses sujets; mais il se trouva desscelerats assez cruels pour I’immoler, et Bruges fut le theatre de cette scene sanglante. La juste severile de Charles, avail souleve centre lui la haine de Berthulphe, prevot de St-Donat; de Bosschaert, fds de Lam¬ bert, de son neveu et de plusieurs autres personnes de celle famine. Ces miserables s’etaient fails accapareurs de grains, dans un moment de disette, et irriles de ce que Charles avail fait saisie de ces subsistances, pour les distribuer an peuple, ils se livrerent a toules series d’exces et ils en vinrent a ce point d’audace d’entrer a Bruges, a la tele d’une bande armee, pour y ravager la maison de Tammaert, dans la commune Straeten, anjourd’hui commune de St-Andre. La peine du lalion fut prononcee par le comte centre Bosschaert, et I’execution de la sentence eut lieu sans delai : sa maison fut brulee avec tout ce qu’elle renfermait. Dos lors, le projet de se defaire du comte fut arrete dans I’esprit implacable de cette fainille. Le 2 Mars 1127, Charles s’etait, comme de coutume, rendu, dans ' la matinee, a I'eglise de St-Donat, el avail gagne son oratoire par la galerie qui communiquait avec son palais. Au moment ou il donnait I’aumone a une vieille femme, qui I’atlendait, Bosschaert etses com¬ plices se jeterentsur lui, et, apres I’avoir assassine, mulilerent hor- riblement son corps. De la ils se repandirent dans la ville et egorgerent tous les amis et serviteurs du comte. Tant de cruautes appelaient une eclatante vengeance. Renfermes — 424 — dans le chateau de la ville, les miserables se defendirent quelque temps. IMais bientot, obliges dc ceder a la force, ils expierent leurs crimes dans les tortures les plus affreuses, et leurs tetes furent ! exposees au-dessus des portes de la ville. 11 SO. — Le comte Thierry d’Alsace, revenant de Palestine, apporte a Bruges la precieuse relique du St-Sang. (Voyez le chapitre LXV de la premiere partie.) 1183. — Un nouvel incendie detruit presque entierement la ville. La memecatastrophe se renouvelle en 121S, 1218 et 1228. 1183. — En cette annee, les Brugeois virent arriver dans leurs murs la princesse Mathilde, fdle d’Alphonse, roi dc Portugal, que Philippe d’Alsace epousait en seconde noces, et qui, dans la travcr- 1 see, avait eu a combattre une flotte fran^aise sortie de Cherbourg, qui lui avait enleve ses tresors et ses parures. La ceremonie du mariage fut brillante, et Bruges, qui s’est fait la reputation de s'y entendre en fetes publiques, se surpassa dans cette circonstance. Apres les rejouissances vinrent les affaires serieuses. Le premier soin de Philippe fut de venger I’injure qu’il avait reQue. A la tete de 28 vaisseaux, il cingla vers Cherbourg, s’empara de la ville, reprit tout ce qu’on avait derobe a la princesse, et, malgre I’opposi- tion du roi de France, ramena en Flandre quatre cents Cherbour- geois, qu’il crut irapliques dans I’affaire et les fit tons pendre le long de la cote. 1200. — Rien de remarquable pour Bruges, sous le regne de Baudouin de Constantinople, que la creation d’une taie sur les marchandises, pour les frais de I’entretien de la cote depuis Calais ^ jusqu’a I'Ecluse. De longues guerres signalerent la commencement du regne de la comtesse Jeanne, sa fille. Cette grande princesse mit ^ tout son soin a former les blessures de I’etat; elle se devoua entiere- ^ ment au bonheur de ses sujets. En 1225, elle acheta de Jean de Nielles, toute la chatellenie de Bruges, moyennant la somme de ^ 24,545 1. 6 esc. 8 den. parisis. /I Celle seigneurie forma ties lors ce qu’on appela le Franc, et conslitua la quatrieme partie de la division territoriale de la Flandre. En 1227, un decret de Ferdinand, epoux de la conitesse Jeanne, defend de nonimer Baillis tons ceux qui etaient nes on domicilies a Bruges, ou qui s’etaient maries a des Brugeoises. II voulait par la empecher le renouvellement des abus dont s’etaient rendus cou- pables les precedents Baillis, en disposant de tons les emplois en faveur de leurs parents ou de leurs amis. En 1232, les Magistrals du Franc, ainsi que ceux des habitants qui formaient les huit Fierschaeren, furent decharges par le comte du droit onereux que I’on nommait beste hoofd. 1240. — La comtesse Jeanne, qui, en 1237, avait epouse en secondes noces Thomas de Savoie, ordonne qu’a dater de I’annee 1240, lesEchevins et Magistrals de la ville, qui, jusqu’alors, avaient ete nommes a vie, seraient soumis chaque annee a la reelection, qui aurait lieu le 2 Fevrier. L’election des conseillers, ordinairement choisis parmi la classe moyenne, etait aussi assujettie a ccrtaines re¬ formes. La comtesse defendit d’appeler a ces fonctions tout bour¬ geois qui, depuis un an et un jour, n’aurait pas cesse d’exercer un metier. 1260. — Ce fut cette annee que la comtesse de Flandre, Margue¬ rite de Constantinople, etablit, pour faciliter I’administration de la justice du Franc, trois tribunaux differents; dont le I", le plus im¬ portant, siegerait a Bruges, le 2°"’ a Oudenbourg, et le 3™ a Aer- denbourg. Cette organisation ne dura guerc, el, d’apres des pieces aulhenliques, elle fut completement abandonnee, par suite des difficultes qu'elle fit naitre dans I’exercice de la justice. 1280. — Un incendic detruit presqu’entierement la tour de la halle, et, comme nous I’avons vu dans la premiere partie, reduit en cendres la majeure partie des chartes et des privileges des Brugeois. Gui De Dampierre etait alors comte de Flandre. C’est en vain que les Brugeois reclamerent de son equite le renouvellement de leurs prerogatives : le due fut inflexible; il savait trop que ce palladium S4 — 426 — de nos franchises avail, dans plusieurs circonstances, gene I’exercice de sa volonte souveraine. Irrites de cette conduit peu loyale, les Brugeois se concerterent, el preparerent dans rombre les elements d’une grande revolte. Le cointe informe de ces dispositions peu rassurantes pour son autorite, delegua a Bruges plusieurs commissaires charges de lui rendre compte de I’etat des choses. Ils etaient a peine arrives dans la ville, que les habitants s’armerent et les chasserent; plusieurs meme furent tues ou blesses dans la melee. Irrite du caractere serieux que prenait I’insurrection, le comte rassemble ses troupes, fait son entree dans la ville, s’empare des principaux moteurs et fait trancher la tete a cinq d’entr’eux, hors de la porte Bouverie. II condamne en outre la ville a une amende de 100,000 florins et en exige 4000 pour le dommage cause par la sedition. Le corale s’etait a peine retire que I’emeute s’organise de nouveau. On s’arme, on massacre Thierry Franckesone, qu’on suppose avoir excite le comte a la vengeance. De nouveau, Gui de Dampierre sevit centre les coupables^ impose a la ville une nouvelle amende de 20,000 florins, et la con¬ damne de plus a en payer 2,000 pour les pertes et doramages cau¬ ses par la revolte; puis, il se retire en jurant d’aneantir la ville, si elle fait mine de se revolter de nouveau. II n’est pas inutile d’entrer ici dans quelques details sur le regne de ce prince, parce que le nom et les interets de notre ville s’y trouvent a chaque instant meles. Gui de Dampierre avail voulu donner sa fille Philippine en mariage au fils du roi d’Angleterre, Edouard 1° : il n’en fallait pas d’avantage, pour reveiller la politique ombrageuse de Philippe-le-Bel, roi de France. Attire a Gorbeil par une invitation insidieuse, le comte fut trailreusement declare prisonnier avec son epouse, sa fille et toute leur suite, formant plus de cinquantepersonnes. L’annee suivante, sur les instances dn peuple et d’apres le jugement des pairs du royaume, Philippe relacha le comte et sa suite; mais il retint la jeune princesse en otage. — 427 — Vainement la voix paternelle se fit-elle entendre a plusieurs- reprises, pour reclamer cette chere enfant; tout fut inutile; et, clesespere d’une pareille iniquite, Gui se jeta, en 1297, dans une alliance avec I’Angleterre, centre la France. Somme de comparaitre devant Philippe dans le delai de quinze jours, le comte se garda bien d’obeir, et le roi de France eut bientot franchi les frontieres de la Flandre avec une puissante armee. II arrivait a propos. Bruges irrite centre le comte, tendit les bras au roi; des envoyes allerent le trouver jusqu’a Ingelmunster,. et ils obtinrent de lui la promesse du retablissement de leurs privi¬ leges, promesse qu’il realisa. Un armistice de deux ans fut bientot conclu, a la condition que le roi resterait maitre des villes de Bruges, Courtrai, Lille, ainsi que de toutes celles dont il s’etait empare, Gui de Dampierre esperait beaucoup de cette treve, il avait foi dans les promesses de ses allies : mais ses esperances furent illusoires et leur concours lui fit defaut. Il dut cederalors, et trop confiant dans la generosite de son suzerain, il alia implorer sa clemence et ne trouva que des fers. Le comte de Flandre fut confisque au profit de Philippe; il s’y rendit bientot apres, pour en prendre solennellement possession. Bruges, ou plutot I’aristocratie brugeoise, accueillit le monarque francais avec ivresse. Mais le peuple, blesse dans son patriotisme, garda, sur la route du cortege royal, un silence inquietant pour I’usurpation.C’est dans cette circonstance, qu’ etonnee du luxe que deployerent autonr d’elles les dames de Bruges, la reinede Navarre s’ecria, non sans depit: « Je croyais etre seule reine ici, etj’en vois autour de moi plus de six cents, n L’engouement ne fut pas de longue duree : On regretta bientot la sage administration du comte. D’enormes impots epuiserent les res- sources de la ville. Chatillon, qui gouvernait la Flandre, au nom du roi, frappa les ouvriers sans distinction d’une taxe generate, au profit de Fetat, taxe qui leur enlevait le quart de leur journee de travail, et qu’ils etaient forces de payer au bureau de perception 428 — qu’on avail etabli loutexpres, pres du pent Smkkers-brugge. L’inso- lence brutale du percepteur et de ses commis, leur meritait le surnoni de Snakkers, qui depuis est reste celui du pout, Le commerce se ressentit de ces vexations : beaucoup de nego- ciants quitterent une ville oii regnait le plus affreux arbitraire. Le mecontentement, alimenle par les partisans du comle, devint bienfot general. Le projet de delivrer la ville de la domination fran^aise fut arrete, et Ton n’attendait plus qu’une occasion favorable pour exe- cufer le complot. L’ame de la conspiration etait Pierre de Coninck, doyen des lisserands de drap, qu’une premiere tentative de revolte avail fait exiler de la ville. II convoqua tons les membres de sa cor¬ poration, propagea ses resolutions dans les autres corps de metier, et devint bienlot raaitre de la commune, que venait d’abandonner le magistral de la ville, justement effraye des proportions que prenait le complot. Une circonstance particuliere devait donner un compagnon a De Coninck. A la suite d’une querelle de cabaret, Jean Breydel, doyen de la corporation desbouchers, avail tue un serviteur du chatelain de Male, le sire d’Epinoy. Le meurtre avail eu lieu dans une auberge, altenant au chateau de Male, et Breydel etait parvenu a se refugier a Bruges. Bientot il a reuni autour de lui tons les membres du metier, et, a la tete de cetle bande, il court a Male, se rend maitre du chateau, et massacre la plupart des Fran^ais qui s’y etaient refugies. Tout allail bien jusque-la pour les conjures; plusieurs villes avaient embrasse chaudementleur parti ctl’emeute allait devenir une revolution. Mais Tappui manqua du cote d’ou on Taltendait le plus cnergique : Gand nebougea pas, Chatillony regnait par ses Leliaerts. Bientot apres, de troupes nombreuses s’avancent sur Bruges, et les conjures, au nombre de 5,000, se voyant dans I’inipossibilite de rcsister, se dirigent vers Damme et I’Ecluse, en tuant tons les Fran^ais qui vculcnt s’opposer a leur marche. L’entree des francais a Bruges fut terrible, el signalee par tons les cxccf donl le moiiulre fut le pillage. La colere publique, — 429 — poussee a bout, eut recours a Pierre de Coninck, qui s’elail rendu maiire d’Aerdenbourg. Bientol ce chef populaire, accompagne de Breydel, se dirige, a la tete de 7,000 hoinmes, vers sa patrie qu’il veut delivrcr. L’lin entre par la porte Stc-Croix, I’autre par celle qu’on designait sous le noni de Speypoort. Les premiers rayons de jour eclairaient I’entree des liberateurs. Bientot fair retenlit du cri de Flandre au Lion; on s’empare des porles de Bouverie, de IMarechal, de Ste-Catherine et de Gand; on fait main basse sur tous les Fran^aiset leursang coulc a longs flots dans laville. L’hotcl de St-Pol, habitation du goiiverneur, est assiege, pris d'assaut et devient le theatre du pins affreux car¬ nage. Protege par quelques Leliaerts, Chatillon parvient a s’echapper et court annoneer a son maitre le roi de France, la terrible ven¬ geance des flamands. Le resultat de cette journee fut le soulcvement du pays centre la domination fran^aise, et la bataille de Courtrai on des eperons vint, quelque temps apres, consolider I’acte de la delivrance. II est inutile de nous elendre ici sur les details de ce combat, et sur tous ceux que les flamands eurent a soutenir centre Philippe-le-Bel, parce qu’ils n’interessent pas directement la ville de Bruges. I.'50a. — Renouvellcment du sceau de la ville. ^507. — Suppression de I’ordre des Templiers. Ces religicux avaient, dans la rue Quest du Marais, un convent qui devint, apres leur proscription, la propriete de la famille Losschaert, et dont le terrain est aujourd’hui convert! en blanchisserie. Ils avaient cn oulre line habitation le long du canal d’Ostende, et t’emplaeement de cetle habitation se nomine encore aujourd’hui Tempel-Hof (Cour du Temple). 13i0. — Le comte Robert de Bethune aulorise ceux de Bruges a etablir un droit d’octroi pour les assurances. C’cst I’epoque de la grande prosperite do cette ville. I3M. — Inauguration de la procession du Saint-Sang, solennite qu’on celebre encore aujourd’hui avecla plus grande pompe. 1314. •— Ce fut line annee de catamite.— Des pluies diluviennes — 430 — provoquerent des inondations nombreuses qui forcerent les reli- gieuses du Beguinage de se refugier a Courirai. La perte de la recolte enlraiiia le rencherissenient des denrees aliraentaires. Le ble fut vendu jusqu’a 5 livres 12 esc. le septier. Enfin, a tant de nialheurs vint se joindre la peste qui emporta pres du tiers de notre population. 1318. Arrivee dans le port de Bruges de cinq galeasses veni- tiennes venant de I’lnde avec une riche cargaison. 1323. — Jaloux de leurs privileges, les Brugeois voyaient avec peine tout ce qui pouvait y porter atteinte. Qiielques concessions, prejudiciables aux interets de Bruges, faites aux habitants de lEcluse par LouisDeNevers de Crecy, suffirent pour allumer le feu de 1 insurrection. Ils prirent les armes et forcerent leur comte de marcher a leur tete centre I’Ecluse ou commandait Jean de Namur. La ville fut prise et le commandant conduit a Bruges dans la prison de s’ Gravensteen, d’ou il ne tarda pas a s’echapper, malgre la vigi¬ lance de ses geoliers. De nouvelles revoltes signalerent les annees suivantes, Saisi a Conrtrai par les insurges, le comte fut conduit a Bruges, ou il resta prisonnier pendant six mois. La lutte entre les communes et le pou- voir des nobles dura quelque temps encore; mais la bataille de Cassel fit perdre au peuple son energie et la paix fut conclue en 1228. 1330. — Louis De Nevers cherche a etendre son pouvoir en restreignant les privileges de la commune. Le 13 Juillet il notifle aux magistrals du Franc ses nouvelles ordonnances politiques ren- fermant 128 articles parmi lesquels il est question du fractionnement de la commune en trois quartiers, a chacun desquels il assigne des echevins particuliers, qui doivent etre renouveles chaque annee. 1531. — Suppression des droits d’accises pour le clerge. 1339. — Une querelles’eleve a Bruges entre les courtiers et les tis- serandsetfoulons, a I’occasion de quelques actes de cruauteauxquels s’etait livre le celebre tribun flamand Van Artevelde. Les derniers appuyaient ce chef populaire et s’adresserent a liii dans leur demele. — 431 — Artevelde envoya a Bruges ses emissaires qui tuerent un grand nombre de courtiers rassembles les uns au local de la Bourse, les autres dans la rue des Pierres. II fallut que les guerres de France centre I’Angleterre, guerres , oii les Flamands prirent presque toujours parti pour cette derniere puissance, vinssent faire diversion a ces malheureuses luttes civiles. La celcbre bataille de I’Ecluse mit fin a ces agitations et a ces malheurs. I34G. — Louis De Maele succede a son pere en 1346. « Les interets des Flandres reclamaient alors une alliance avec I’Angleterre plutot qu’avec la France. Aussi desirait-on viveinent le niariage du jeune comte a peine age de 16 ans avec la princesse Isabelle, fille du roi Edouard d’Angleterre. Mais loin de ceder aux voeux de ses sujets dont la manifestation avait d’ailleurs I’air d’une violence, Louis demanda et obtint la main de Marguerite fille du due de Brabant, aupres duquel il s’etait refugie pour eviter la colere des Flamands. Cette nouvelle fit eclater I’orage; on s’arma de toute part et Louis dut attendre que I’exasperation flit un peu calmee pour revenir dans ses etats. II fit son entree dans la ville de Bruges ou il fut re?u avec faveur par une partie de la population, surtout par la noblesse qui n’avait jamais fait cause commune avec les mecontents. Quelques actes de rigueur qu’il dut se permettre pour reprimer I’audace des petits metiers, mirent de nouveau les armes aux mains de la multitude, mais en sevissant avec energie il retablit I’ordre dans la cite. Vers cette m^me epoque les negociants espagnols viennent trailer pour la premiere fois avec la ville de Bruges et y etablissent un comptoir. 1349. — Le comte confirme tons les anciens privileges de la monnaie de Bruges et pour la premiere fois il y fait baltredes pieces d’or. C’est sous Tadministralion de Louis De Male que cette ville acquit I’importance commerciale dont elle a le droit d’etre fiere. Les dissentions civiles avaient arrete I’elan de la prosperile publique. Les sages mesures de ce prince firent renaitre I’ancienne splendeur de Bruges et en I3S8 elle elait une des Irois places 432 — les plus importantes de I’Europe; les deux autres etaient Londres et Novogorod. Telle elait I’activitedesaffairesque les magistrals ne suffisaientplus ail jugement des proces ; aussi le comte de Flandre doubla-t-il leur nombre de maniere qu’il y eut alors 4 bourgemestres, 24 echevins, 24 conseillers et 4 tresoriers; retie organisation ne dura toutefois qu’une annee. i5S8. — Erection d’un tribjinal de commerce par lequel tous les proces doivent etre aplanis dans I’espace de dix jours. Etablissement d’un entrepot general avec promesse de n’autoriser aucun etablissement semblable dans les autres villes de la Flandre. i364. — Construction de trois salles du vaste batiment de la Halle; elles fureut mises a la disposition du commerce pour servir d’entre- pot de marchandises. Les annees qui suivent nous montrent les brugeois livres a tous les exces des dissentions civiles. Tantot ils se liguent avec les Gan- tois centre leur comte; tantot ils font cause commune avec ce dernier centre ceux qu’ils ont eus naguere pour allies. Ces deux grandes cites epuisent ainsi, dans les troubles interieurs, le plus pur de leur sang, et les ressources qu’ils auraient dii reserver pour de meilleures circonstances. Louis de Male etait pourtant parvenu a faire trembler I’insurrec- tion gantoise qni, cernee de toutes part dans les murs de la ville, ne pouvait pas resister longtemps. Un hardi projet concu par Philippe Van Artevelde fit diversion aux terreurs des bourgeois de Gand. II sort avec 600 hornmes de I’enceinte assiegee, marche vers Bruges, ou se trouvait le comte, le rencontre a quelque distance de cette derniere ville, met son armee en deroute, surprend la ville a la chute du jour au moment meme ou la procession achevait son itineraire , et c’est dans I’epouvantable pele-mele , cause par cette invasion , que se perdit la relique du St-Sang. Maitres de Bruges, les Ganlois y commirent les plus grands exces; le comte, qui avail fait son entree dans la ville, faillit tomber dans les mains des revoltes : il ne dut son salut qu’a la pitie d’une paiivre femme qui le cacha — iZa — dans son grenier, d’ou il parvint as’evader la null m jinc, pour se diriger vers Lille. Le lendemain, Van Artevelde fit proclamer a son de troinpe, que tons ceuxqui voulaient se lier a la cause des Gantois devaien tse rendre dans la plaine Ste-Catherine. La population presque entiere se Irouvait au rendez-vous. Tons ceiix qui etaient en ville furent massacres par les gens du capitainc Ackerman , et leur nombre etait au inoins de 10,000. Devenu maitre de la Flandre avec Ic litre de regent, Van Arte¬ velde nomma Pierre De Winter gouverneur de Bruges, fit demolir toute I’enceinte des murs depuis la porte Ste-Croix jusqu’a la porte Ste-Catherine, et se fit delivrer 300 otages choisis dans les principales families. La sanglante bataille de Roosebeek mit fin a la dictalure nationale de Van Artevelde. Leheros gantois y perdit la vie avec 9,000 des siens. Louis de Male dutaTepee de I’etranger la triste gloire de recou- vrer son autorlte; mais il n'en jouit pas longtemps. Retire a St-Omer, il expira le 9 janvier 1384, detestc de la bourgeoisie et du peuple. 1384. — Marguerite, fille de Louis de Male, succede a son pere; elle est couronnee avec son epoux, le due Philippe de Bourgogne. Quelques dissentions religieuses signalent le commencement de ce regne. On vit en effet le comte se ranger du cote du pape Clement VII, et le peuple reconnaitre pour pontife Urbain VI, et cette espece de shisme se prolongea pendant deux annees. L’annee 1573 fut celebre a Bruges par un tournois brillant que donna messire Jean de Bruges a messire Jean, seigneur de Ghistelles. Tout cc qui dislinguait ces fetes de chevalerie illustra cette celebre passe-d’armes. 1405 . — Avenement de Jean-sans-Peur. Bruges se revolte plu- sieursfois, sous radiuinistration de ce prince. De nouvelles imposi¬ tions rendent cette administration odieuse. De toutes ces contribu¬ tions, la plus insupportable pour le peuple etait celle de la cueillelte, qui frappait d’un sou de taxc. chaque mesure de grain; elle fut sup- primee en 1411. — 434 — 1412. — Un terrible incendie devore plus de 1500 maisons dans la ville de Bruges, en parcourant lout I’espace compris entre le pont de riuiile et la rue Nord et Sud du Sablon. 1415. — A peine avait-on repare les degats de cet horrible sinistre, qu’un nouvel incendie plus violent encore consume 2200 maisons. 1417. — Brillant tournois pour la reorganisation delasociete qui se livrait a ces sortes d’exercice. 1419. — Assassinat du due de Bourgogne a Montereau. II expic ainsi le meurtre qu’il avail ordonne lui-meme du due d’Orleans. Pbilippe-le-Bon succede la meme annee a son pere et marche centre les meurtriers , a la tete d’une armee ou se distinguent un grand nombre de Brugeois. 1430. — Marie en 3° noces avec Isabelle de Portugal, il fait avec elle son entree a Bruges en 1430, et les habitants de cette ville lui font un accueil brillant oii regnent le plus grand luxe et la plus franche cordialite. Pour conserver un souvenir eclatant de cette fete, le due institua dans notre ville I’ordre de la Toison d’Or, dont nous avons parle a la page 112 de cet ouvrage. Les insignes etaient le manteau d’ecar- late, trainant a terre et double de vair, le chaperon de meme avec une echarpe dont les extremites touchaient aux pieds; et an cou, un collier d’or, dont chaque anneau fermait la lettre B, (iniliale du mot Bourgogne), et auquel etait suspendue I’image d’un mouton mort orne d’une riche Toison. Le nombre des chevaliers fut d’abord fixe a vingt-quatre; en 1431, il etait de trente-et-un; en 1516, Charles-Quiul, dans un chapitre general qu’il tint a Bruxelles, le porta a cinquante-et un. Il fallait, pour y etre admis, quatre generations de noblesse paternelle et maternelle. Sous Philippe-le-Bon, les Flamands s’unirent aux Fran^ais pour faire le siege de Calais. Les Brugeois y prirent une part tres-active; mais comme I’enlreprise fut malheureuse, ils tournerent leur colere contre les habitants de I’Ecluse, qui avaient refuse de les accompagner. Il en resulta quelques dissentions civiles, ou plusieurs — 453 — ciloyeiis furent massacres et oil la duchesse de Bourgogne taillit devenir prisonniere des insurges. Le due lui-meme, venu quelques temps apres , pour dompter I’insurrection, ne dot son salut qu’au devouement de deux Brugeois, qui le firent evader par la porte de Bouverie, et qul payerent de leur tete cet acte d’humanile. Ce fut le prelude d’autres massacres, qui ensanglanterent la ville. Le due irrite cerna la place insurgee,^ et les Brugeois, vaincus par la famine, plutot que par les armes, iraplorerent leur pardon, qui leur fut accorde a certaines conditions,, le 11 Mars 1438. La ville fut frappee de plusieurs contributions extraordinaires, en punition de sa revolte. 1440. — Arrivee en notre ville du due d’Orleans qui, grace a notre comte, venait d’avoir son elargisseraent apres 23 annees de prison en Angleterre. Quelque temps apres, Bruges celebre par une fete publique I’entree du comte Charolais et de la comtesse Catherine de France son epouse accompagnee du dauphin. Charles-le-Temeraire succMe a Philippe-le-Bon. Apres avoir pris possession du comte de Flandre, il fit son entree a Bruges le 9 avril 1468. II y fit serment de conserver les privileges de la ville et les fetes que Ton celebra dans cette circonstance furent si brillantes qu’elles surprirent le due lui-meme j il y eut comme dans toutes les circonstances de cette nature des joiites et des tournois. 1470. — Chasse de ses etats , Edouard IV roi d’Angleterre cherche un asile en Flandre , recoit I’hospitalite dans le chateau des seigneurs de Gruuthuyse a Oostcamp, entre a Bruges le 13 Janvier 1471, y est loge dans I’hdtel de la meme faraille et de la se dirige vers Damme et I’Ecluse au milieu des temoignages de sympathie de toute la population. A son retour a Londres, il ecrivitaux Brugeois unelettre ou il leur temoigna sa vive reconnaissance. Apres avoir accru sa puissance au point d’etre devenu un des plus grands princes, Charles se perdit par exces d’ambition, et Ton salt la fin raalheureuse qu’il eut a Nancy en 1477. — 436 — Marie de Bourgogne, sa fille et son unique heritiere, lui sueeede dans ses etats.Elle fait son entree a Bruges en 14-77,jurededefendre les privileges de celte ville et de la Flandre. Les dcsordres qui eclaterent dans I’enceinte de nos murs la forcerent de revenir en 1478. Les nieliers etaient sous les armes, rassembles sur la Grande Place, lorsquc arriverent a Bruges les delegues de I’empereur d’Allesnagne, qui venaient deniander la main de la jeune duchesse pour I’archiduc Maximilien d’Autriche; le lendemain, Marie se rend sur la Grande Place, dans la niaison dont I’enseigne etait le Chat. Elle apaise le tumulte par sa grace et sa franchise, jure I’observa- tion de tons les privileges de la ville, et obtient a son tour le serment de tidelitite de la commune. Aussi, lorsque le 28 juillet de la meme annee, elle reparut au milieu des Brugeois, avec son auguste epoux Maximilien, elle recut un accueil capable d’exciter I’envie de tons les souverains. 1478. — Le 30 avril de cctte annee, I’archiduc Maximilien reunit dans un cbapitre tons les chevaliers de la Toison d’Or. La ceremonie cst celebree avec unepompe extraordinaire, dans I’eglise do St-Sau- veur, et les rejouissances qui eurentlieu a Bruges dans celte circon- stance, surpassent tout ce quo Ton pent imaginer. L’aimable Marie de Bourgogne, devenue I’idole des Brugeois, meurt en 1482, a I’age de 2S ans, a la suite d’une chute de cheval, qu’clie fit dans une chasse au faucon. Sa mort fut suivie de quelques troubles dans les Flandres. Le due dcsirail, sans condition, la tutelle de son fils mineur. Les Flainands, deleurcdte, auraient bien voulu restreindre I’autorite du prince. Les Brugeois surtout, irrites des privileges que Maximilien avait aceordes au commerce d’Anvers, privileges qui nuisaient aux inte- rets de Bruges, n’etaient pas disposes a en passer par toutes les conditions que le prince voulait leur imposer. Aussi, lorsque le 16 Septembre 1477, il fit son entree dans celte ville, avec deux cents homnses de cavalerie, il n’eut pas plus tot demandc 6,000 livres de gros pour les frais de la guerre, et 2,000 soklats, dont la commune — 437 — paicrait la soldo, quo Bruges, iiuligiie de se voir traitor cu villc coii- quise, foriwa un soiilcvcment general. L’arrivre des Ganlois donna du nerf a I’insurrection; le son du tocsin se fit entendre , et Maxi- inilien fut enferme dans la inaison qui porte encore aujourd’liui le nom de Cranenbourg. Ce fut en Fcvrier 1488. Le 24 Mars de la merae annce, fut decapite sur la Grande Place, I’ecoutette Lanclials, accuse d’avoir encourage les mesures de I’archi- duc. Quelques temps apres, les Brugeois trouvant qne Maxiniilien n’etait pas garde assez etroitement dans sa maison, le flrent trans¬ ferer dans I’hotel de M. Jean De Gros, on il fut garde a vue. Les malheurs du pays, I’intervenlion du pape Innocent VIII et le coniinun accord des trois membres de Flandre, amenerent I’elargis- sement du prince, qui dut, toutefois, avant de recouvrer sa liberte, souscrire a tout ce que Ton exigeaitde lui. Cette epoque de I’liistoire de Bruges est peut-etre la plus interes- sante et la plus dramatique, et nous regrettons vivement que les bornes que nous dcvons donnor a notre livre, ne nous permettent pas de faire assister nos lecteurs a toutcs les peripeties de ces scenes emouvantes. 1494. — Maxiniilien se rend en Allemagne pour y recueillir la succession de I’cmpercur Frederic. Le due Philippe est, a I’age de 16 ans , reconnii cointe de Flandre. II fait son entree a Bruges le 18 Mars 1497, confirine tons les droits et privileges de la ville, et recoil de son cote le serment des magis¬ trals et de tons les doyens des metiers. Le 2S Septembre IS06, Philippe ineiirt a Burgos, quelque temps apres avoir, du chef de sa femme Jeanne, pris possession de ses royauincs de Castille, de Leon, etc. Son coeur est transporle a Bruges et enferme dans la tombe de sa mere, Marie de Bourgogne. Le regnedeCharles-Quint, qui est si brillant sous tous les rapports, Test fort pen pour la ville de Bruges. G’est dans cette ville, le 22 Avril ISIS, qu’il fut salue souverain des Flandres. Cette importante cite ctait alors en pleinc decadence, et tel etait I’etat de rinduslric qu’on accordait iinc prime d’un ducat a tous ceux qui fabriqueraient — 438 — a Bruges une piece de drap. Anvers elait alorsle marche de I’Europe. Devenu souverain des Pays-Bas par I’abdicalion de Charles-Quint, Philippe prit en main les renes du pouvoir en 1533. C’est sous son regne, en 1339, que le pape Paul IV erigea a Bruges un eveehe, a I’enlrelien duquel son successeur Pie IV affecta tons les biens de I’abbaye de Ter Does!, qui n’existait plus. Les troubles religieux du XVP siecle, eurent un cruel retentisse- ment dans notre ville : Les gueux y exercerent d’epouvantables ravages. La paix signee en 1384 mit fin a lant de calamiles. Les tra- vaux importants qu’on fit dans cette ville ne pureni la sauver de ce mal incurable, que dansle corps polititique, aussi bien que dans le corps humain, on appelle decrepitude. Le regne d’Isabelle-Claire-Eugenie etde son epoux Albert, n’offre rien d’interessant pour la ville de Bruges. Apres la mort de son mari, Isabelle gouverna douze ans et laissa en mourant ses etats a son neveu, Philippe IV, qui etablit pour gouverneur-general des Pays-Bas son frere Ferdinand, infant d’Espagne et cardinal. Ce der¬ nier fit son entree a Bruges le 23 Janvier 1633. 1638. — Les magistrals de Bruges, de Fumes et de Dunkerque, obtiennent, le 13 Aoiit de cette annee, I’autorisation de creuser un canal, aujourd’hui comme sous le nom de canal de Nieuport. 1636. — Le 22 Avril de cette annee, Charles II, roi d’Angleterre, ayant abandonne son royaume, cherche un asile a Bruges, et recoit les honneurs de I’hospitalite chez M. Preston, seigneur de St-Georges, dont I’hotel se trouvait rue du Vieux-bourg. II y resta jusqu’au 22 Avril, et partit alors pour Anvers, d’oii il revini, quelque temps apres, avec son frere le due de Glocester, pour se fixer dans une maison de la rue Haute, contigue a I’hotel des Sept Tours. Les Brugeois se firent un bonheur d’honorer les princes fugitifs. Une fete leur fut donnee au local du I'ieux Jardin, ou le prince, voulut lancer la premiere fleche et toucha I'oiseau le plus eleve. L nc fete semblable fut celebree a la Societe St-Sebastien qui conserve fidelement la memoire du prince Anglais. 9 Mai 166S. Ce jouHa eul lieu, dans le conseil de Flandrc, I’adjudication de tous les travaux necessaires au creusement de notre bassin. II fut acheve le 2 Decenibre de la nienie annee, et Ton y laissa sur le champ penetrer les eaux. Get ouvrage couta 800,000 florins Rien de remarquable pour la ville de Bruges, sous le regne de Charles II, que les invasions reiterees des arniees fran^aises. Le traite de paix conclu en 1668 entre I’Espagne et la France, ne fut pas de longue duree : la guerre recoinmenca en 1673, et c’est a cette epoque qu’on eleva a Bruges les boulevards qui vont de la porte de jtfarec/ial jusqu’a la porte de Gand. Le traite depaix, conclu aNimegue', en 1679, ne donna qu’un moment de repit a nos malheureuses provinces. En 1683, le roi de France recommenca la guerre et entra en France avec une formi¬ dable armee. LesBrugeois se distinguerent, dans cette circonstance, en defendant, avec une incroyable energie, les batteries qu’ils avaient disposees entre la porte d’Ostende et le hameau de Scheeps- daele, ou ils avaient fait toutes les dispositions necessaires pour inonder le pays, dans le cas ou les Francais auraient tente I’invasion de la Ilollande. On conceit qu’une ville, ou les dissentions civiles ne s’endor- maient un instant que pour faire place au fleau de la guerre, n’offrait guere de securite a I’industrie, et devait voir s’eteindre en elle tous les elements de prosperite. Aussi, lorsque le 22 Aout 1683, arriva dans nos murs le marquis de Canaga, gouverneur des Pays-Bas, il fut penetre de trislesse en voyant la situation commer- ciale de cette ville autrefois si florissante. Le memejour, on lanca,en sa presence, dans le bassin de Bruges, un batiment de guerre de 70 pieces de canon. Dans le mois de Septembre de la meme annee, il mit lui-ineme la premiere main a un autre navire de guerre, dont la construction avait etc ordonnee par les quatre membres de Flandre. 1688. — Decouverte d’une conspiration, dont le butest de livrer la ville au roi de France, L’instigateur du complot est decapite. — 440 1689. — Les Fran^ais penfetrent de nouveau en Flandre, et ravagent tout le territoire du Franc de Bruges. 1699. — L’industrie brugeoise, a son agonie, saisissait, comrne line realite, toutes les illusions qui semblaient lui promettre le relour de son ancienne prosperite. Aussi, lorsque, lei'”' Avril 1699, un decret interdit entree dans le pays des draps etrangers, des etoffes de laine, des indiennes, cotons et toiles etc., la joie fut au comble dans cette ville, et le 20 Juillet de la meme annee, on promena , processionnelleinent , et musique en tete , dix-huit pieces de drap de differentes couleurs, comine gages d’un plus bel avenir. De 1702 a 1713, Bruges eut a souffrir de toutes les horreurs de la guerre. Le traite d’Utrecht , conclu le 11 Avril 1713 , proniit enfin une tranquillite qu’affermit la paix de Radstad en 1714. 1717. — Le 19 Avril arriva devant la ville de Bruges le czar de Moscovie, qui fut compliniente par le magistral, dans le lieu nomine Minnewater. 1734. — Pavage de la route de Bruges a Steenbrugge. 1738. — Le pont construit sur le Minnewater est achcve cette annee. Le regne de Marie-Therese fut un temps de calme et de paix pour le pays. Bruges a conserve un doux souvenir de Tadministration de cette princesse. 1758. — On creuse le canal de la Coupure entre la porte de Gand et celle de Ste-Croix, jusqu’au pont des Moulins. Plus de quarante maisons furent abaltues pour ces travaux importants. L’annee suivante, on commenca ceux de I’ecluse, et le premier navire enlra dans ce canal le 24 Decembre 1753. 1758. — Construction de recluse, a la porte de Damme. 1768. — Developpement de la peche du hareng. Cette Industrie, devcnue importante, en fait naitre une autre, la confection des filets qu’on fabrique pour la premiere fois au local du Jong-Hof, rue Flamande. — 441 — Le long regne de Marie-Therfee fut un reveil pour le commerce de nriiges. La prosperite qu’elle avail eu I’art de faire renaitre dans cette ville, nesurvecut pas a cette illustre princesse, qui mourut le 29Novembre 1780. Joseph II, qui deja, depuis le 27 Mars 17G4, gouvernait I’empire au nom de sa mere, herita deses etats. Apres avoir ete inaugure, a Bmxelles, comme due de Brabant, lel7 Juillet 1781, il vint a Gaud, oii il fut reconnu comte de Flandre. * Son entree a Bruges eul lieu le 13 Juin 1781. Un fail unique, que nous nous permettons de citer, malgre les strides conditions de brievele que nous impose un sommaire, fit pressenlir aux BrugeoiS la conduite ulterieure de ce monarque, dans les rapports de I’etat avec la religion. Le lendemain de son arrivee, e’est-a-dire le 14 Juin, il consentit a marcher derriere la procession, un flambeau a la main. Mais, a chaque station, alors que I’eveque donnait a la foule la bene¬ diction avec le St-Sacrement, il refusa constaniment de s’agenouiller sur lecoussin qu’on lui presentait, et se contentait d’une legere inclination de tete. Une population, essentiellement religieuse, ne vit pas avec plaisir cette affectation de philosophisme. On sail I’histoire de ce prince, ct ce n’est pas ici le lieu de detainer ses demeles av'ec 1 autorite ecclesiastique : ces developpements con- viendraient mieux a une histoire de la Belgique. Qu’il nous sufiise de rappeler ici, pour ce qui concerne Bruges en particulier, ce que nous avons dit plus amplement dans la premiere partie, e’est-a-dire, que la plupart des couvents furent ferines et presque tous les ordres religieux supprimes. Le resultat de ces mesures impolitiques et intempeslives fut une revolution : le people se souleva; les Autri- chiens furent expulses, et Joseph II fut declare dechu de tous ses droits sur la Belgique.. La mert de ce prince, en 1792, ne retablit pas I’ordre public. Livree a loutes les horreurs de I’anarchie, la Belgique ouvrit les bras a Leopold II, qui, de son cote, jura de maintetiir les privileges de la nation. 36 — 442 Revenons snr nos pas pour quelques delails : i783. — Etablissement du systeme d’eclairage, au moyen de rcverbcres. 178C. — Vente de tous les terrains jadis occupes par les fortifi¬ cations de la ville. t787. — La populace pille quelques maisons particulieres. t790. — Le premier Dimanche du careme de cette annee, on celebre, pour la premiere fois, a Bruges, les fetes du Carnaval. Lc 19 Septembre de la meme annee, quelques individus isoles dans leur tentative, elevent, au haut d’une perche, sur la place du Bourg, le bonnet de la liberte. Mais, ils ne trouvent aucune sym- patliie dans la foule. La revolution francaise eut un grand retentissement en Belgique, qui flit presque toujours le theatre de la lutte entre la France et les puissances coalisees. Le 12 Novembre 1792, Bruges accueille les Fran^ais. Divcrses modifications ont lieu dans Tadministration de la ville : 93 ciloyens, choisis, pour la plupart, parmi les moderes, represen- Icnl les 93 sections de la ville dans la geslion des affaires de la commune. Les clubs s’organisent et contrecarrenl lepouvoir regulierde I’admi- nistration civile par la promulgation de leurs doctrines incendiaires. Le 13 Decembre 1C92, une bande de forcenes brisent les statues qui docoraient la facade de rH6tel-de-Ville, celle du St-Sang et de plusicurs autres edifices publics. Le 16 Decembre, les membres du magistral sont demissionnes et remplaces par les nouveaux elus du peuple qui s’organisent sous le litre de municipalite de la ville fibre de Bruges. Le 30 du meme mois, quelques individus paraissent sur la Grande Place, la tete couverte du bonnet rouge, qu’ils proclament etre I’embleme de la liberte et de I’egalite. Bienlot toute la municipalite fut reelue dans le sens demagogiejue, etlel3 Fevricr 1793 on choisit pour maire le sieur Ryelandt, pharmacien. — 445 — Toutes ces innovations disparaissent le 15 Mars avec I’invasion (Jcs Autrichiens. Bruges rentre alors dans I’etat de choses qiii avail precede 1792. La victoire de Fleuriis, en 1794, rendit la Belgique a la France; le 2S Mars de cette annee, les Fran^ais vinrent prendre possession de Bruges et ne Tabandonnerent plus pendant 20 ans. La creation des assignats renverse une foulcde fortunes. 179S. — Erection de I’etat-civil, institution eminemment utile. Le premier acte de naissance est dresse, a Bruges, le 26 Decembre 1794; le premier acte de mariage date du 20 Mars 179S ; le 14 du meme mois avail ete dresse le premier acte de deces. Meme annee, suppression du magistral du Franc de Bruges; te 22 Janvier 1795, on institue a Bruges un comite de surveillance : il se composait de 9 membres, et telle etait la haine qui s’attachait aux mesures revolutionnaires, que ceux qui avaient fait partie de ce comite furenl, jusqu’a leur mort, voues a la deconsideration et au mepris. Dans le courant de la meme annee, est mis a execution le decret qui prescrit la suppression de toutes les marques exterieures du culte. Octobre 1795, division de la Belgique en departements. Bruges devient chef-lieu du departement de la Lys. Le 10 Juillet, meme annee, I’administration republicaine du departement de la Lys s’empare, en vertu d’un arrete de I’adminis- tration centrale, etablie a Bruxelles, de I’eglise de Ste-Walburge, qui devient le temple de la deesse Raison. Dans cette meme annee, avail ete decretee la suppression des seminaires et des convents. Dans le cours de la meme annfe, le clerge de Bruges fut contraint de jurer fidelite a la constitution civile. Meme annee, vente de tons les ornements d’eglise et des edifices consacres au culte. Les objets d’art que la ville perdit dans cette cir- constance, sent innombrables, el Ton s’etonne encore, apres tant de desastres, d’y trouver tant de richesses. IS Juillet 1801. - Conclusion du fameux concordat entrc Ic pape — 4 ’ 4 - 4 ‘ — Pie VII et le premier consul Napoleon, concordat qui amene le rcla- blissemenl du culte. Les sieges episcopaux de Bruges et dTpres sent reunis a celui de Gand. L’annee suivantc, on celebre de nouveau le service divin dans les eglises. J8I0. — Le 18 Mai de cetteannee, I’empereur Napoleon fait son entree a Bruges, accompagne de Marie-Louise. L’enthousiasme fut general dans cette circonstance : les populations, enivrees de joie, se pressaient autour de ce genie qui tenait I’Europe sous la main, et qui savait unir la sagesse du legislateur a Theroisme du conquerant. Bruges lui fit une fete brillante; et I’erapereur, de son cote, visita, avcc le plus vif interet, les beaux monuments de la ville. En 1814, Bruges subit toutes les oscillations de I’opinion pu- blique. Les Franpais, naguere encore fetes et congratules, furent expulses de Bruges le 2 Fevrier, et les bourgeois formerent une milice citoyenne pour s’opposer a leur retour. Cependant ce retour ne se fit pas attendre : le 14 du meme mois, une troupe de Fran^ais se jelerent sur la vilic et y entrerent, sans eprouver de resistance. Leur chef eut meme la hardiesse de se porter a I’lldtel-de-Ville et d’exiger une contribution de 100,000 fr. payable dans le delai de Irois beures. On eut la faiblesse de trembler devant de pareilles uijonctions et Ton s’empressa de payer 81,000 fr. : c’etait tout ce qu’on avait pu reunir. 29 Juin, meme annee. — Entree de I’empereur de Russie. 17 Seplembre. Entree a Bruges de Guillaume de Nassau, qui venait d’accepler le gouvernement de la Belgique, et d’etre cou- ronne a Bruxelles comme roi des Pays-Bas. 2.") Mars 181S. Revenu de I’lle d’Elbe, Bonaparte a de nouveau fascine la France. Le 23 Mars, Louis XVIII arrive a Bruges avec toiite sa famine, et part le lendemain pour Ostende. 18 Juin 1845. — La bataille de Waterloo rend la paix a I’Europe, et le |)rinced’Orangc rentre dans son royaume. 1819. — Les deux ailes, Ouest et Sud, du vaste batiment de la Halle, soul aft'ectecs au commerce de bouchcrie. 44!) — 1821. — Construction du Marclie-au-Poisson, I’ui dcs plus remarqnables de la Belgiqne, 1827. — Grand concours musical. Merne annee, 2 Decembre. — Proclamation du concordat conclu entre le pape Leon XII et sa Majeste Guillaume 1" roi des Pays-Bas. 28 Juillet 1828. — Erection d’un entrepot libre de commerce dans la ville de Bruges. Les Beiges n’avaient ni desire ni appcle le gouvernement de Guillaume : ils ne tarderent pas a s’apercevoir qu’ils avaient ete dans cette circonslance completement sacrifies par la politique angtaise. Loin de chercher a se concilicr un people dont on avail dispose un peu legerement, Guillaume sembla prendre a tache de favoriser en toutes circonstances ses Hollandais. Son imprudenle conduite amena la revolution de 1830 et I’expulsion definitive de la famille de Nassau. Les journees de la revolution firent a Bruges des imilateurs bien coupables : c’est par le pillage et les exces de toute espece qu’on inaugura, en cette ville, le nouvel ordre de choses. Le 20 Septembre, les desordres recommen^erent, et la garnison bollandaise, qui tenait encore dans la place, fut forcee de tirer sur les rassemblements. Le lendemain, toutefois, cette garnison , chassee de la ville, se rendit a Ostende. Un drapeau fut alors place sur la tour de la Halle et la grande cloche se fit entendre, ainsi que le carillon. Tout semblait promettre aux paisibles habitants de Bruges le repos et la securite,lorsque, le 18 Octobre, des ouvriers, employes aux travaux de enrage dans les petits canaux de la ville, abandon- nent tout-a-coup leur ouvrage et devastent de nouveau les maisons particulieres. Desoles de ces scenes de desordres , quelques habitants se devouerent au maintien de I’ordre public, et organiserent spontane- ment une compagnie de soldats citoyens qui prirent le litre de chasseurs-eclaireurs. Egalement remarquable par la belle severile de sa tenue, par I’esprit dont elle est animee et par son intelligence des manoeuvres militaires, cette compagnie s’est monlree, dans — 44C — toates les circonstances peiiibles, digue gardienne du repos public. Eile a, pourcommandant, M. Charles Devaux, chevalier de I’ordre Leopold et greflier des etafs provinciaux. Le resultat de la revolution de 1830 fut d’abord la constitution d’un gouvernenient provisoire et la formation d’un congres national qui se donna pour president le 30 Noverahre suivant M. Surlet de Chokier. Cette assemblee choisit, le 4 Juin 1830, pour roi de la Belgique, Leopold I", prince de Saxe-Cobourg, qui se rendit avec empresse- inent aux voeux de tout un peuple. Le 11 Mai 1833, il lit son entree a Bruges oii il fut recu avec enthousiasme. Le 27 Janvier 1833, Francois Rene Boussen fut sacre solennelle- ment eveque de Ptoleinais et le 13 Juillet 1834, il fit avec poinpe son entree dans notre ville. 1837. — Inauguration du chemin de fer de Gand a Bruges. L’execution de ce rail-way, provoqua le projet d’un debarcadere dans I’interieur de la ville. Les frais d’execution sont loin d’avoir ete compenses par les avantages que Bruges en a retires et il faut ajouter avec regret qu’on a sacrifie, pour cette station, une des plus belles places de la ville. 1843. — Le lo Septembre de cette annee, Victoria reine d’An- gleterre, accompagnee de son auguste epoux, le prince Albert, et de leurs Majestes le rol et la reine des Beiges, vient rendre visite a noire ville. 1846. — Inauguration de la statue de Simon Stevin. Les Brugeois prouverent, dans cette circonstance, qu’ils nou- rissent toujours en eux I’enthousiasme des arts et de la science. TROISIEKE PARTIE. BIOGRAPIIIE DES BliUGEOIS LES FLOS CELiBEES. CHAPITRE I. BEAUCOURT DE NOORTVELDE, (Pateice). II naquit a Bruges, le 8 Janvier 1720. Apres avoir fait ses cours a I’liniversite de Louvain, il devinl d’abord avocat an grand conseil de Plandrc, puis avocat fiscal de I’empercur d’Autriche, et ii deploya aulant de talent que d’integrite dans les diverses fonctions qu’il exerca. La nature de son esprit le portait vers I’etude de I’liistoire. II a fait sur celle de son pays les plus curieuses recherches, et, s’il avait eu I’art d’ecrire, comme il avait celui d’explorer, il se fut justement acquis une reputation immortelle, Voici la liste des ouvrages qu’a laisses cet auteur : 1° Tableau fidele des troubles et revolutions arrives en Flandre, depuis Charles-le-Bon jusqu’en 1S84. — Le l'"^ volume seul est imprime. — 448 — 2“ Notice historique sur I’ancien commerce de Bruges, (en flamand). 3“ Troja Belgica, poema epicum sub litulo Guidonidas, exhibens bellum Brugensiiim adversus Philippum IV, MS. 4“ Description historique de la collegiate de Notre Dame, in-4“. 5° Description de I’eglise calhedrale de St-Donat, MS. 6“' Les annales du pays et territoire du Franc de Bruges, (en flamand), 3 vol. 7“ Beschryving van den Proossche. 8“ Encomium urbis, senatus populi que Brugensis necnon terri- torii Franconatensis, 1786. BLONDEEL (Lancelot). Les Van Eyck et les Memling avaient pu transmeltre a leurs dis¬ ciples les precedes materiels de leur art; mais cet element divin, qui venait de leur aine, et qui faisait naitre sous leur pinceau, sous celui de Memling surtout, des figures d’une expression si angelique, cet element-la leur etait trop personnel, pour que I’ecole put le revendiquer comme un heritage. Blondeel, qui naquit dans la premiere moitie du XVI" siecle, touchait de trop pres a I’epoque ou I’art se fit payen, pour conserver iiitactes les pures traditions des artistes du XIV" et du XV° siecle. Tout-a-la fois architecte, graveur et peintre, Blondeel se dis- tingua dans ces trois branches des arts. II ne reste rien de ses productions en gravure. Son talent d’architecte se revele avec toute sa vitalite dans cette belle cheminee du Palais de Justice, qui fut executee sous ses yeux et d’apres ses dessins. Comme peintre, il nous a laisse assez d’ouvrages, pour qu’on puisse caracteriser ainsi son talent : assez de correction dans le dessin, beaucoup de finesse dans le coloris, un sentiment assez exquis de la perspective aerienne. Voici les oeuvres de cet artiste, qui meriteat une serieuse etude. — 449 — 1° Sl-Georges tuant le dragon , appartenant a la societe de St-Georges. 2° Dans I’eglise de St-Jacques, un tableau a trois compartimenfs, represenlant le inartyre des saints Cosme et Damien. 3” A 1 academic, uu St-Luc peignant la Vierge et I’enfant Jesus. 4" Une Vierge avec I’enfant Jesus. Lancelot Blondeel mourut a Bruges en 1360. BOETIUS OU DE BOODT, (Anselme). II naquit a Bruges dans le cours du XVP siecle, fit de brillantes etudes, etfut bientot attache a I’empereur Rodolphe II, comme me- decin et comme conseiller. Asesconnaissances serieusesBoetius joignail un rare talent d’aqua- relliste, et il nous a laisse des preuves non equivoques de ce qu’il savait faire comme coloriste. Son ouvrage intitule : Gemmarum lapidum historia, nous fait con- naitre sous une autre face cet esprit universel. II est, d’apres I’aveu du marquis d’Argenville, le premier qui ait mis quelque melhode dans cette matiere. 11 y a de I’erudition dans le livre de De Boodt, qui a pour titre : Symbola Pontificum, Imperatorum, Regum, qui a ele complete par Jacques Typotius. De retour a Bruges, apres la mort de Rodolphe II, De Boodt oublia le monde et les grandeurs et se livra, avec foi, a toutes les pratiques de la piete. C’est alors qu’il ecrivit, en vers, son livre inti¬ tule : Le chemin de la verlu. II mourut le 21 Juin 1632, a I’age de 80 ans, et fut enterre dans I’eglise collegiale de Notre-Dame. BREYDEL, (Jean) Le nom de ce tribun populaire se rattache aux luttes les plus san- glantesde la Flandre centre la France, et sa carriere publique remplit honorablement toute I’epoque de la captivite de Gui de Dampierre. 37 450 — Ne a Bruges, d’une faniille qui appartenait a la corporation des Bouchers, Jean en devint le doyen, et, comnie il avail toutes les qualites d’un chef de parti, il sut electriser par son eloquence et par sa conduite des homines qu’il voyait tons les jours el auxquels il avail I’art de communiquer le feu de son enthousiasnie patriotique. Bruges I’avait deja vu plusieurs fois a la tele des mecontents, lorsque la lutte des Clauwaerts et des Leliaerls, c’est-a-dire, du parti Flamand et du parti Fran^ais, vint deployer toutes les facultes ener- giques de Breydel. Jacques de Chatillon commandait alors a Bruges pour le roi de France : de concert avec De Koning, Jean Breydel insurgea les metiers, et marcha sur la ville, pour s’en rendre maitre. Les portes de la Speye et de Ste-Croix furent forcees, et Ton egorgea impi- toyablement tous ceux qui ne pouvaient prononeer le mot d’ordre des conjures : Sddld en Friend (Bouclier et Ami). Ce furent de veri- tahles vepres siciliennes oil perirent plus de 1700 Franeais. Unc arinee fran^aise marcha centre la Flandre, pour venger celte sanglante injure. Breydel et De Coninck se mirent a la tefe des Fla- mands et s’avancerent jusqu’a Courlrai pour cornbaltre I’ennemi. La melee fut sanglante; mais I’annee fran^aise fut vaincue, et Breydel cut ainsi la gloire de sauver sa patric. CALLOIGNE (Jean-Robert) . Il naquit a Bruges en 1775 : ses parents etaient d’une condition obscure. Le gout qu’il montra, jeune encore, pour la sculpture, engagea son pere a I’envoyer a 1’Academic de cette ville, oii il lit des progres rapides et en 1802 il fut couronne par I’Academie de Gand, qui avail propose une medaille pour le plus beau busle de Jean Van E3'ck, inventeur de la peinlure a I’huile. En 1805, il oblenait, a Paris, le second prix du grand concours do sculpture. Deux ans plus tard, le grand prix de sculpture lui etait decerne, et il obtenait, avec ce prix, la pension a I’Academie Jraneaise, a Rome. — 431 — De retour ^ Bruges, il se distingua par de beaux ouvrages, parmi lesquels nous citerons : 1“ la statue de Jean Van Eyck, en marbre blanc, dont les amateurs peuvent admirer le fini dartS une des- salles de notre Academic. 2° Un bas-relief representant Electre pleu- rant siir Ics cendres d'Oreste. 3" Un modele de Lamoral, comte d’Egmont, de neuf pieds de hauteur, qu’on admira, en 1820, a I’exposition de Gand. II mourut a Anvers, en 1830, a I’age de 53 ans. LES DEUX CLAEYSSENS. Bruges cut plusieurs artistes du nom de Claeyssens. L’histoire ne parle que de Pierre, de Gilles et d’Antoine. Le premier he nous est connu que par un registre de la corporation des peintres de Bruges, mi il figure comme eleve d’Adrien Bekaert, et comme devenu maitre en 1529. Le second, fils du precedent, est beaucoup plus connu. Il devint peintre de son altesse Alexandre Farnese, due de Parrac et de Plaisance, gouverneur-general des Pays-Bas. Il le fut aussi des archiducs Albert et Isabelle. Il mourut a Bruges en 1C03. Son frere Antoine est le seul des trois Claeyssens qui se soit fait une reputation europeenne. It en est question dans les principales biographies anglaises et francaises. Bruges possede plusieurs pieces capitales de ce maitre. Nous ne citerons que le Jugement de Cambysc et le Festin d Esther. DE CONINCK, (PiEnHE). On ne sait rien de cet intrepide Flamand jusqu’au moment mV: I’histoire nous le montre prenant part aux luttes populaircs contre la domination fran^aise : nous renvoyons a I’article que nous avons consacre a Breydel, son digne compagnon de gloire et de palrio- tisme. — 452 DE DEYSTER (Louis). II naquit vers 1656. Apr6s avoir eludie la peinture dans I’atelier de Jean Maes, il fit un voyage en Italic oii il sejourna pendant six ans. Revenu dans sa patrie, il fut re?u maitre de la corporation des peintres, et, malgre sa modestie un peu farouche, il parvint a fixer I’attention publique, et a developper parmi ses compatriotes le gout de la peinture, qui, depuis quelque temps, s’etait oblitere parmi nous. Il fit une foule de tableaux, parmi lesquels il affectionnait une vaste composition representant la Mart de la Sainle-Fierge. Les tableaux qu’on trouve de ce maitre dans plusieurs eglises de Bruges, et surlout a Saint-Jacques, prouvent une grande souplesse de pinceau avec une grande fermete de touche, et une grande entente du clair obscur, ce qui I’a fait comparer a Rembrandt. II mourut en 1711, apres s’etre tout a la fois distingue comme peinlre, commehomme et comme ciloyen. DE MEULEMEESTER (Joseph-Ciiaiu.es). Il naquit a Bruges le 13 Avril 1771, commen^.a son education a I’ecole Bogaerde et monfra, dans I’etat d’orfevre, qu’il embrassa ensuite, une delicatesse de gout fort remarquable. Il se rendit a Pans oil il fut protege par Suvee, et de la a Rome oil il trouva le menie patronage. Cest alors qu’il mit la main a une enlreprise colossalle; il s’agissait de dessiner les cinquante-deux loges de Ra¬ phael au Vatican ; il le fit avec une Constance heroique et en com- nienca bientot apres la gravure. Dans son enthousiasme pour son oeuvre, il refusa de s’en dessaisir pour 300,000 francs que lui en offrait M. Firmin Didot, et apres sa inorl, i|ui arriva en Novembre 1836, celte magniflquc collection at- l(Aignit a peine a la trentieme partie de cette somme. _ 4o3 — DESPARS, (Nicolas). Connu par une chroniqiie des Flandres ou Ton Irouvc quelquos renseignements curieux; il vivait dans le XV” siecle. GAREMYN, (Jean). 11 naquit en 1712, et temoigna, des ses plus jeunes annees, un gout tout particulier pour la peinture; il re^ut les premiers elements de I’art du dessin a I’Academie de cetle villej puis il etudia successi- vement sous Pulinx, sous Louis Roons de Gourtrai, sous Jacques Bernaert d’Ypres et sous Mathias De Visch. On liii doit plusieurs gravures de la grande chronique de Flandre et it executa pour diver- ses ^glises de Bruges, plusieurs tableaux qui ne sent pas sans me- rite, et qui tous annoncent une extreme facilite. Il mourut en 1790. GERARD, (Marc). Tout a la fois peintre, sculpteur, architecte et graveur, il est sur- tout connu par sa grande carte de la ville de Bruges en dix feuilles, oil Ton distingue dessinees en relief les plus petites habitations de cette ville, alors si celebre. Il vivait dans le XVI” siecle. GREGOIRE DE SAINT-VINCENT. It naquit a Bruges en I§84, et apres avoir fait ses etudes d’hu- manites, il se fit jesuite. Les rares dispositions, qu’il montra pour les raathemathiques, deciderent ses superieurs a le faire travailler sous les yeux de Christophe Clavius, que Gregoire XIII employait alors a la reforme du calendrier. Revenu plus tard en Belgique, il soutint le premier dans la salle de I’universite de Louvain diffe- rentes theses sur les sciences exactes et sur I’astronomie. Son nom fut bientot connu dans toutc TEurope; grace a ses precieuscs dccou- — 434 — vertcs en astronomic et a celles qu’il fit sur un point important des mathematiques, la symbolisation de la Spirale et de la Parabole. Toujours honore de I’estime des premiers souverains de I’Europe, i| n’oublia pas les devoirs de la vie religieuse. C’est un des plus beaux caracteres que le monde savant ait produits, et Ton peut dire aussi sans exageration, que c’est un des savants les plus profonds que I’Europeait vus naitre. Ses ouvrages, dit un historien moderne, sont une mine riche de verites geometriques et de decouvertes impor- tantes. II mourut h Gand, le 27 Janvier 16C7. KINSOEN, (Francois). Ne a Bruges en 1770. II eut, jeune encore, le pressentiment de son avenir, se dirigea vers Paris, ce grand centre des arts, et y de- buta en remportant le prix de mille francs qu’on avail propose pour le ineilleur portrait. Le portrait etait, en effet, sa specialile, et il y excellait d’une maniere tellement incontestable, que Jerome Bonaparte, roi de Westphalie, le choisit pour son peintre. Apres avoir joui, dans la capitale, de toutes lesdelicesde la fortune el de la faveur, Kinsoen, affaibli par ses travaux voulut revenir dans sa ville natale, pour y mourir. Son voeu fut rempli : il y expira le 18 Oclobre 1839, Kinsoen a fait des portraits qui sont des chefs-d’oeuvre. Son tableau de Bclisaire, qu’il donna a I’Academie de Bruges, fit sensa¬ tion dans les expositions de Paris, LEGILLON. Il naquit a Bruges en 1739; mais sa famille etait originaire de France. Ses dispositions pour les arts du dessin se revelerent de bonne heurc; mais il avail vingt ans, quand on lui permit de se livrer a I’impulsion de son goiit. II etudia d’abord a Rouen, sous J.-B. Descamps; puis se mil a parcourir la France et I’llalie, et ne revint dans sa patrie qu’en 1774. II ne tarda pas a retourner a Paris pour s’y fixer, et il y fit les plus charmantes compositions rustiques qu’un pinceau facile et suave puisse enfanter. La faveur recompensa ses talents. It fut nomme membre de I’Academie et re^ut le titre de peintre du roi. mais la mort I’attendait au milieu de ses Iriomphes : il expira en 1997. MEMLING, (Jean). Comme beaucoup de genies du premier ordre, on ne sait ni le lieude sa naissance, ni I’origine desafamille, ni meme I’ortographe de son nom. Les-uns I’ecrivent Memmelinck ou Slemling, d’autres Ilemmelinck , et les Espagnols enfin, Flammingo. Quelle que fiit sa patrie, Bruges a certainement plus de droits que toute autre localite de reclamer cette glorieuse et belle figure de Hans Ilemling. C’est dans cette ville, en effet, qu’il a laisse les plus belles oeuvres de son pinceau. Tous les historiens s’accordent a reconnaitre qu’it naquit dans la premiere moitie du XV' siecle, et qu’il eut pour maitre Roger de Bruges. Ce qu’il y a d’incontestable encore c’est qu’il voyagea en Allemagne et en Italie et y laissa plusieurs de ses compositions. Voici celles de ses oeuvres qui, par leur belle conservation, peuvent donner une idee parfaite de son genie : 1° Les belles miniatures du breviaire du cardinal Grimani , conservees a Venise. 2° A Cologne, une Madone assise sur un trdne magnifique. 3° A Nuremberg une Resurrection. 4° Au musee de la meme ville, deux sujets moraux sous des formes atlegoriques. S° A la Pinacotheque de Munich , neuf compositions , parmi Icsquelles on distingue une admirable tete de Christ, une Nativite, 4S6 — dont un des volets presente St-Jean-Baptiste a I’entree d’une gorge deserte, et I’autre I’admirable legende de St-Christophe. G° A Bruges, I’hdpital St-Jean renferme plusieurs chefs-d’oeuvre de ce maitre, chefs-d’oeuvre, avec lesquels ii paya I’hospitalite qu’il y avait recue dans la detresse. La Chdsse de Ste-Ursule est une de ses oeuvres les plus reraarquables : elle renferme dans une serie de compartiraents, toute la legende de cette sainte et glorieuse martyre. Jamais la piete de I’artiste ne s’est mieux revelee que dans les compositions de Hemling; jamais, non plus, I’inspiration religieuse ne trouva pour instrument, un pinceau plus suave. OOST (Jacques Van) le vieux. Bruges donna naissance, en ICOO, a ce peintre longtemps oublie, et qii’une appreciation plus reflechie environne, chaque jour, d’une nouvelle gloire. Apres avoir etudie longtemps en Italic, ou il imita, a s’y me- prendre, le faire d’Annibal Carrache, il revint dans sa ville natale, oil il se distingua par des oeuvres d’un haut merite. Deux qualites font le charme de ses compositions ; la grace et la simplicite. La correction de son dessin est un merite de plus, et le plus grand peut-etre, tant cette partie de I’art est negligee par plusieurs de ses contemporains. Ce peintre etait d’une rare fdcondite : nous avons, dans la premiere partie de cet ouvrage, cite celles de ses oeuvres qui decorent nos eglises. Nous devons ajouter ici que son chef-d’oeuvre ^tait une Descente de Croix, qui ornait autrefois I’eglise des jesuites. OOST (Jacques Van) dit le jeune. C’est ainsi qu’on le designe, pour le distinguer de son pere. Il etudia d’abord en Italic les grands maitres de Wcole italienne. Il passa aussi plusieurs anneesaParis, qui etait alors le centre de&arts, et revint se fixer dMnitivement a Lille, ou il se maria. C’est la qu’il executa ses principaux ouvragcs; et la plupart des eglises de cette ville en etaient ornees avant la grande r^volulion, qiii dispersa pltisieurs de ces objets An reste, on trouve encore, dans plusieurs Eglises de celle ville, des tableaux de ce peintre, qui accusent une grande purete de des- sin, et quelques-uns de ses portraits sont compares a ceux de Van Dyck. Quelques-uns de ses meilleurs tableaux ont dte recueillis dans le musee de Lille. Ce sont : 1" Une Fierge. 2° Un Carme pansant lajambe d’un frere de son ordre. 3° Un Juguslin 4“ La Fierge, St-Joseph et I’enfant Jesus. Jacques Van Oost mourul en 1713. POURBUS (Francois). Son pere 6tait un peintre hollandais, de grande celebrite, nomme Pierre Pourbus. Celui, dont nous parlons ici, naquit a Bruges en 1S40, et il eut deux niaitres, son pere, et Franc Flore, surnommd le Raphael flamand. 11 excellait dans le portrait, et montra aussi un rare talent dans la peinture des animaux. Sa carriere ne fut pas longue : il niourut en 1S80. On ne salt si c’est 4 lui on a son pere qu’il faut attribuer la grande peinture en detrempe de la jurisdiction du Franc, dont une copie a I’huile se trouve a I’hotel-de-ville de Bruges. RAPAERT (FnAN^ois). Il naquit 4 Bruges vers le milieu du XVF siecle, et se distingua tout-4-la fois comme philosophe et comme docteur en medecine. Son principal litre de gloire est une refutation caustique du Grand et perpetuel Almanac, oeuvre toute remplie des prejuges et des erreurs de I’astrologie judiciaire, dont I’auteur etait aussi un medecin, S8 458 — Pierre Van Brtihezcu ou Burhczius. Co qui avail indigne Bapaert, el ce qui inspira sa verve, c’csl quo cc falras d’crreurs avail re^ii ra])probalion du magistral do la ville. ROGER DE BRUGES. Ce n’esi pas une mediocre gloirc pour Roger de Bruges que d’avoir guide le genie naissant de Hemling. Mais ce qui est deplo- rable, c’cst que nous ne connaissions aucune des muvres de cel artiste. II en avail pourtanl fait un assez grand nombre pour sa ville natale el il i)arait meme que son pinceau s’etait plusieurs fois exerce dans 1 ornementation des salles de grandcs maisons, en y peignant soil a la glaire-doeuf, soil a la colic, tons les sujets qu’on exigcait de lui. Vasari cite Roger de Bruges commc ayant propage en Italic rinvention de la pcinture a riiuilc. Apres avoir parle de Van Eyck, qu il appelle Jean de Bruges, void comme il s’exprimc sur Roger : i> Z .0 seguito poi Rugieri da Bruggia suo disdpolo , e Jusse creato di » Riigiei i, che fece d Porlinari in saiicla Maria JVuova di Florenza un’ >■ qualdro picciolo, il qual’ e oggi appress’ al Duca Cosimo, el e, di sua => mano la tavola di Careggi villa fuora di fiorenza della illustrus, casa i> de Medici. STEVIN (Simon). II naquit a Bruges en 1548, et se prepara, dans Ic silence de la solitude, aux Iravaux qui out illustre son nom. La tyrannic du due d’Albe et ses edits sanguinaircs vinrent trou- bler le calmc de celte retraitc, et forcerent Stevin a s’cxiler pour Irouver la paix si neccssaire a ses Iravaux scientifiques. Il voyagea en Prusse et en Pologneet finit par se fixer en Ilollande, Oil sa reputation ne tarda pas a se faire jour. Ses Iravaux mathematiques sont dc la plus haute importance, ef la pluparld’une ulilile pratique incontestable; nous nous bornerons, — 459 — pour preuve, h ce qu’il fit, pour indiquer les v6ritables usages de la fraction decimale. L’algebre, le geometric, la m6canique et I’liydrostalique etaient dcs sciences familieres a Stevin, et c’est, a cause des progres qu’il leur fit faire, que son nom doit etrc range parmi ceux des plus illuslres savants. Simon Stevin mourut en 4620. SUV£e, (Josepii-Benoit). Nc a Bruges en 1743. II remporta le grand prix a Paris cn 1771 et fut re^u membre de I’academie en 1780. En 1792 , il obtint a Rome la direction de I’ecole francaise , qu’il reorganisa. La mort le surprit en 1809 au milieu deses Iravaux. C’est par la grace et la delicatesse des formes que brille cet artiste. L’expression de ses tetes est surtout admirable, taut elle douce ct suave. Parmi ses tableaux, nous citerons : 1“ Vne Descente da St-Esprit et une Adoration des Mages, qu’on voit dans une eglise d’Ypres. 2" Um Naissance de la Fierge, qui lui valut sa reception a 1’Aca¬ demic. 3“ Une composition, representant la Mort de Coligni, etc. VAN EYCK (Jean.) Quoique plusieurs le fassent naitre e Maeseyck, petite ville du Limbourg, il y a tout lieu de croire qu’il naquit a Bruges. On lui attribue generalement I’invenfion de la peinlure a I’luiile, invention qui assure la duree aux oeuvres des grands maitres, et qui en har- monisant progressivement les couleurs , se fait pardonner le tort de ne point en conserver I’eclat et la fraicheur, comme la fresque ou I’encaustique. L’art rayonnait autour de Jean Van Eiyck. Son frere Hubert, sa sceur Marguerite parlagcaicnt ses Iravaux et stimulaient cliez lui I’inspiration, — 460 — C’est a Hubert qu’on doit la conception du fameux tableau en douze compartiments, qui couvre le retable d’une chapelle de St-Bavon a Gaud. Le panneau principal est reste dans cctte ville : la plupartdes autres se Irouvent au museede Berlin. Hubert mourut, au milieu de ce magnifique travail, et le soin de completer cette belle oeuvre fut abandonne a son frere Jean. Ce n’est pas ici le lieu de detainer tous les merites de cette com¬ position. M. Mersseman vient de s’acquitter de cette tache avec bcaucoup de talent, dans un article tres-curieux qui a paru dans la biographie des grands hommes de la Flandre Occidentale. Le premier il a fait une description minutieuse du beau tableau de Jean Van Eyck, quo possede M. Bogaert-Dumortier. De ceux qiii fureiit Dnigcs Boiirgmeslres dcs Eclicxiiis. Jean Hubrccht, 1282 h 1292. Jean Schinckclc, 1287. Paul Dc Kalkere, 1593. Pierre Uyttensacke, 1507. Jean Van Ilaerlebeke, 132B i 96. Guillaume Vander Stove, 1529. a 32—30—37. GillesVan Acrtryckc, 1333 — 34—36. Jean Cortshooft, 1558. Gillcs Coudenbrouck, 1339—41. Jean Couckclaere, 1340. Jean Paradise, 1342 & 43. Force dc sc mellrc h la tetc des troupes dans ccs temps dc desordre, il flit remplacd par Gillcs Van Coudenbrouck, 1543—49. Jean Brcydel, 1330. Pierre Dc Pynckerc, 1551—53. Pierre Vande Wallc, 1532—54—75. Philippe Rynviscli, 1336. Jacques Metteneye, 1337. Guillaume Van SViilfsbergho, 1338. Pierre Van Assenede, 1358. Pierre Vander Ilaghcn, 1359—60. Simon Van Acrtrycke, 1361. Soyer Ilonin, 1562. Jean Bonin, 1363—71. Lamsin Do Vos, 1364—70. Philippe Rynviscli, 1563—68. Tiedcman Vanden Bcrghc, 1566— 72—76. Jean Bonin, 1367—69—77—78. Jean Walckier, 1373. Guillaume Maesc, 1374—75—1379— 80. Pierre Smout, 1381—82. Soyer Honin, 1382. Jacques Metteneye, 1384. Jean lleldcbolle, 1583—89. Jacques Vande Vaghevierc, 1386. Jean DcMuntcrc, 1587. Pierre Adornes, 1388. Nicolas Barbesaen, 1390. Jean Camphyn,! 591 —93—94—96— 99—1401—02. Jean Ilonin, 1392—97—98—1400. Jean Vander Bourse, 1395. Lievin De Scheutelaerc, 1403—11 — 1412. George Braderycx, 1404. Nicolas deSoutcre, 1403 ii 07. Ddinissionncctrcmplace par : Jean Bicse, 1407 a 09. Baudouin De Vos, 1410. Jacques Broodtloos, 1413—17—23— 27—32—39 Thomas Bonin, 1414. Jean Iloste, 1413. Pierre Metteneye, 1416—20—23. Jean Roubs, 1418. Gerard Rcubs, 1419—29—54. Baudouin Dc Marschalk, 1421. Jean Vander Bourse, 1422—23— 51—45. 4G2 — Georges Meltencye, 1424. Nicolas Vander Dcurse, 1428—55. Jacques Rciibs, 1430, Phili|ipc Meltcneye , 1455—41 — 47. Maurice Van Vassenaore, 1436. Decedd et rcnipiaccr par : Gilles Van Vlaeininckpoortc, 1456 ■—37. Louis Van Roodc, 1438. Gilles Lauwereyns, 1442. Jacques Ilcldebolle, 1443. Everard Rcubs, 1446—49. Jean Van Niewcnliove, 1448. Jean Honin, 1450—54. Jacques Vander Beurse, 1451 — 57. Jacques Broodtloos, 1452. Marlin Ilonin, 1453—56—59—65. Paul Van Ovcrtveld, 1455—58. Jean Dc Baenst, 1460—70—73. SoyerDe Baenst, 1461—71—72. Diego Sire Panic, 1462. Joos Do Baenst, 1463. Louis Mctteneye, 1464. Jean Van Nieuwenbovc, 1466. Philippe Mctteneye, 1467. Bernard Van llalewyn, 1468. Philippe Van Aertrycke, 1469. Jacques Vande Vagoviere, 1471. £lu a la place de Soycr de Baenst, ddeede. Martin Lem, 1472. Jacques Barbesaen, 1474. Paul Van Ovcrvcldt, 1475. Jean Van Nieuwenbovc, Ic vieux, 1476. . 'arc Vande Velde, 1477. Oblige dc donner sa ddmission, il fut remplacc par Marlin Lem, 1477—80. Guillaume Morcel, 1478—83. Jean Van Riebcke, 1479—84. Jacques Van Gbistclc, 1481—86. Jean Adornes, 1482. II rccut sa demission et a sa place on chit : Jean Do Witte, 1482. Georges Van Vassenacrc, I4> 22. Felix Brenacrt, 17'"° a 23. J.-B. De Castillion, IS""® a 24. Rene Boussen, IS""® a 25. Abbaye des Dunes, ordrc de St-' Bernard. 26. Abbaye d’Eekhoute, ordrc de St- Augustin. 27. Abbaye de St-Andre lez-Brugcs. 28. Abbaye de St-Winocx a Bergues St-Winocx. 29. Abbaye de St-Pierre aOudcnburg. 30. Abbaye de terDoest a Lisseweglie. 31. Abbaye de St-Nicolas a Fumes. 32. Abbaye deSt-PierrectPaulaLoo. 33. Abbaye de Zoctendale a Middel- bourg. 34. ' Abbaye dc Boudcloo a Gand. 35. Abbaye do St-Jcan a Yprcs. 36. Abbaye de St-Martin i Tournay. 37. Abbaye de St-Trond a Bruges. 38. Abbaye de Spermaillie a Bruges. 39. Abbaye dc Sto-Godelicve a idem. 40. Abbaye de Merckem, pres de Dix- mude. 41. Abbaye a Wocstinc. 42. Abbaye de N.-D. a Bourbourg. 43. Abbaye de Ravcsbergb. 44. Abbaye d’Eversbaim, i)rcs dc Fur- nes. 45. Abbaye do St-Nicolas. 46. Abbaye dc MaccbdendalcuMaldc- gbcm. — 4G8 — ■47, AbbayedeGroeninghcciCourtrai. 48. Abbayedes’IIcmclsdale hBruges. 49. Premier blason do Flandre. 50. La Fiandre. 51. Bruges. 52. Ypres. 53. Courtrai. 54. Oudenbourg. 55. Aerdcnbourg. 56. Fumes. 57. Thourout. 58. Ostende. 59. Dixmude. 60. Ghistelles. 61. Lombaertzyde. 62. Nieuport. 63. Loo. 64. Grevelines. 65. Dunkcrke. 66. Bourbourg. 67. Bcrgucs-St-Winox. 68. Mardick. 69. Wervicq. 70. Poperinglie. 71. Blankcnbergbc. 72. Oostbourg. 75. Damme. 74. L’Eclusc. 75. Iloucke. 76. Mude. 77. Mcunicreede. 78. Lc Franc. 79. Bruges ct lc Franc, 80. Ysendykc. 81. Bloerkerkc. 82. Oostbourg. 83. Oostkerke. 84. Aerdcnbourg. 85. Dudzccle. 86. Lisscwcghc. 87. Vlisseghcm. 88. Uytkerke. 89. Zuyenkcrkc. 90. Clcmskerkc. 91. Mcctkerke. 92. Ilouttbavc. 93. Oudcuburgsbouck. 94. S'llecr Woustcrmans. 95. Zarren. 96. Camerlink. 97. Bovckerkc. 98. Vladsloo. 99. Coukelaere, Ichtcghem, Eernc- ghem. 100. Woumen. 101. Ecssen. 102. Snellcghem. 103. Ghistelles (Ambachl). 104. Zedelghem. 105. Zerkeghem. 106. Lophem. 107. Jabbekc. 108. Varsenaere. 109. Straten (St-Andrc). D^pendances DU Fbaxc : 110. Maldeghcm. 111. Praet. 112. Sysscele. 113. Nieuvlict. 114. Middelbourg. 115. Watcrland. 116. Ursclc. 117. Breskensland. 118. Ooslcamp 119. Mortaignc. 120. Wynendaclc. 121. Lichtervelde. 122. Merchem. 123. Onlede. 124. Coolscamp. 125. Beveren. 126. Ardoye. 127. Houtthcra. 128. Le Prevote dc St-Donat. CoXTRIBUADLES DU FkAXC : 129. Canonical de St-Donat. 150. Eecloo. 151. Male. 132. Lcmbekc. 153. Tillcghera. 134. Capryckc. 135. Guysen. ■136. Vivcn. 151. Hoogblcde. 137. Nicuwcnhovc. 152. Cortcmarck. 133. Ilondschootc. —• 154. Ise^ihem. 155. Leke. 138. Roulers. 156. Pardo, Seigneur do Male. 139. Beveren. 157. Male. 140. Menin. 158. Menin. 141. Watou. 159. Nieuwcapcllc. 142. Water-vliet. 160. Ruddervoordc. 143. Iluglievliet. 161. Zweveghem. 144. Becrnem. 162. Warneton. 143. Assebrouck. 163. Waumen (Ambacht). 146. Autryvc. 164. Wocstyne. 147. Avelghcra. 163. Wyngenc. 148. Boesinghe. 166. Chancellerie dc Furncs. 149. Bronckbourg. 167. Bronckbourg (Ambacht). 130. Handsaemc. LISTE DES SOESCRIPTEIIRS. Sa Majestd le Roi dcs Beiges. De Muelcnacre, Gouverneur 3c la Flandrc Occidentalc. Monseigneur Louis-Joseph Delcbccque, fiveque de Gand. Lc Baron De Pelichy, Bourgnicstrc de Bruges. Monsieur J. Dujardin , ficlievin » Monsieur P. Vcrhulst, » » Monsieur Delescluze, n » Monsieur le Gdneral Borremans. Monseigneur lc Due D’Arenbcrg. La Bibliothcquc de la Deputation de la Flandrc. La Bibliotlieque de la villc de Bruges. BRUGES. MM. Acton. J. 0. Andries, ebanoine. G. Arents de Ilertegliem. Augustinus. Avanzo-Torreborre. Barvoct, secretaire. Bauwens, conseiller de la villc. Charles Benninck. Bcnninck-Rudd. L. Bidacrt-De Brouwer. Alp. Bogaert, impriineur. L. Bogaert-Hardi. P. Borre. P. Bouchez. Bouuaert, uotaire. C. Brasscur. Brcynacrt, pretre. MM. Bruggeman, conservate'ur dcs hypo- tbeques. L. Bruneel, president du sdminaire. L. Buylaert, docteur en mddccine. L. Busschaert-De Jaegher. Buys, docteur cn mddecioe ct en chi- rurgie. Cailliau, pharmacien. J.-D. Carrocn, huissier. H. Careen. Carpentier, maltrc-d’hotcl. J. Callewaert, peintre. Carton, dirccteur de I’institut dcs ' sourd-mucts. J. Castcleyn, peintre. Cbantrcll-Do Stappeus, conseiller de la ville. Molls Charlier. L. Claeys, scllier. 471 MM. L. Clacys, clcrq dc notairc. Clacyssens, chirurgicn. J. Clacrhout, notairc. A. Colons, avoue. F. Colcns, secretaire. II. Colens-Iloys. Colson, vicaire. Cools-Uze. Coppieters, president du tribunal. Coppieters T’Wallant, conscillcr dc la ville. J.-B. Coppieters. Bug. Coppictcrs-Bcguinc. A. Coppictcrs-Bcguinc. M®''o Coppieters. Convent Anglais. C. Cruysman. Despret. G. beys. Lc baron Dc Vrierc, conscillcr dc la villc. D’llanins dc Moerkerbe Oiitryvc. Alex. D’llanins de Mocrkcrkc. D’Hont-De Scbictcrc. I. c cbcyalicr D’lloogbc dclaGaugcrie. D’llauw-Van Wambeke. F. Dujarclin. Ed. Dujardin. Durieu, dircctcur de I’institution St- Louis. De Bie-Do Wcstvoordc. Do Blauwe, chanoinc. De Brcuck, cbanoinc. Le cbcvalicr Dc Brouckere. De Brouwer, docteur cn medccinc. Le vicomte be Croescr-De Borges. J. De Crocser-’V^an Calocn. Ch. De Crocser-Van Hoogbrouck. E. De Cronibrugghc-Dc Picquendale. A. De Crombrugghe. Dc Foor, juge. De Genellis. Dc Ghcldcrc, chanoine. De Grave, peintre. De Grave, secretaire. E. De Lescluzc-Terlinck. Dc Madrid-D’IIooshe. MM. Dc Melgar-Coppictcrs. De Meulcmcestcr-Dc Brabander. De Meyer, docteur cn medccinc ct cn chirurgic. C. De Moor. Le vicomte De Nieulant. Dc Nys, peintre. Lc baron Peellacrt-Steenmacrc, con- sciller de la ville. De Penaranda-Simon. Cli. De Penaranda, cons, dc la villc. De Ridder-Van Zuylcn. De Roo-Collclte. Lc chevalier Dc Sebieter-Lopbem. L. De Scbieterc-Lopbcin. M"'° De Schictcrc-Dc Blauwe. J. DeSan. J. De Sebepper. Lc chevalier Dc Smet-Savage. De Smet-Van Caneghem. A. De Smit, cure. De Vestel-be Lille. DeVuyst, agent d’affaires. Dc Vos-Rielant. De Witte, avoue. De Wrec, dito’Vcrranncraan-Bcguinc. Dc Wolf, pbarmacicn. De Wulf-Anthiercns. De Wulf-Versavel. Engelbcrt-Thonct. C. Fracys, avocat. N. Gillebaert. Gilliodts. Gilliodts, vicaire. Goetbals, raembre dc la deputation dc la Flandre. Goetbals, conscillcr dc la villc. Le comte Goctbals-Pccstecn. Georges d’Epinoy, colonel. Grossc-Van Iloutte. I). Ileene, cbanoinc. E. Hermans, juge dc paix. J, Hockc. Jackson, institutcur. Jacque, notairc. J. Jonckheere. 11. Jonckheere. 4 — 472 — MM. F. Joos De Ter Beerst. Jooris-Dc Vos. M"”' Jooris-Moentack. H. Jiinncr. Kempis, brasseur. M"'« Lambrccht, nde Mulicr. lambrecht, docteur cn medccinc. Leyds-De Schoolraeestcr. Lccocq, chanoine. Lefeburc, pretrc. La douairiere Legillon dc Basseghem. C. Lombaert-Gillon. E. Louwage. Liitzcnrath, horloger. J. Lovcrius. Macs, vicaire. i. Malefait. J. Macrtens. Macquet, instituteur. Mast, inspccleur du cadastre. Meyns-Michot. J. Michiels, sculptcur. Morticr-Dc Stappens. Moulacrt, greflier. Men gal. P. Mys, orfevre. A. Nacrt. L. Neyt. Noos, peintre. J. Norry. P.-.'V. Pavot. Pecstcen-Lamprccl. M"'“ Pecsteen-D’Hooghe. Lc chevalier Peers, conscillcr de la province. Pirardt, pretre. J. Poppe, lieutenant. Prignot, recev. de renregistrement. Priem, archiviste. Rapaert-De Grass. Marin Rapaert. B. Rods. F. Rods, avocat. G. Rods. Ed. Roels-Bauwens, avocat. M"”’ Roussel. Rykewaert, chanoine. MM. Saerd, capitainc. Ch. Serweytens. Thibaultde Boesinghc. II. Timmcry. Thomas, conscillcr dc la ville. C. Vcrcoutcrcn-De Cock. Verduyssen, dir. dc I’enregistremcnt. Vcrheecke, vicaire. J.-J. Vermcire. Versavel, curd. Alb. Verstraete. L. Veys. Eug. Veys. J. Vervisch. La baronne Van Borssdc-Simon. Van Caillie, nolairc. Van Caloen, president dc I’Acaddmic. Ch. Van Caloen, juge. Van Caloeu-De Potter. Van Caloen, avocat. Van Coillie, curd. Van Ilamme-Dc Stampacrshouckc. J. Van Ilamrae. Le baron Van Hoogbrouck dc Mooro- gheni. Van Hollebcke, directcurdeTabattoir. Van Hollcbeke, peintre. Van Ilouver, curd. L. Van Lede-Donny. Van Piieuwenhuyze. Van Ockerhoui-Van Caloen. Le chevalier Van Outryvc-d’Ydewalc, consciller de la ville. J. Van Paris. Ch. Van Steenkiste. Van Sieleghem-Questier, notaire. La douairiereVan Tieghem de terlloye. C. Van Troys, secretaire. Van Vyve, greflier. Le baron Van Zuylen-Van Hamme. Le baron Van Zuylen-Van Nyevelt. Guido b““ Van Zuylen-Wauwermans. Le baron Van Zuylen, cure. Le baron Van Zuylen-De Moerkerkc. Vande Casteele-Werbrouck. Th. Vande Wallc-Van Zuylen. Vande Walle-De Ghdderc, avocat. — 473 — MM. A. Vanden Bogacrdc. B. Vanden Bussche, pretrc. M”’” la douairierc Vander llaeghc. Vanden Pcercboora, rnembre do la deputation provinciale. Vander Bekc-De Cringhen. Vander Ghote. Vander Gbotc, brasseur. Vander Biofstadt-Goddyn. Vander Hofstadt-Dujardin. Vander Hofstadt-Maes. Vander Linde. M'"" Vander Planckc. Wemaer, pretre. GAND. F. Borluut. Brisaert. Colons, huissicr. D’Hane-De Potter, senateur. De Deckere, chanoine. Le chevalier Venet-Dc Vooghd. De Groote. Le chevalier De Koninck. De Mulder, president du sdmi- naire. De Smet, fabricant. Le comte de Thiennes, de Rurabeke. Gcldhof, juge. Hellas D’Hudeghem, chanoine. Monseigneur Morel. Ongena, graveur. Reels, premier president de la Cour d’Appel. Saney, juge. Lc chevalier Socnens-Van Zuylen. Vergauwen. F. Vergauwen. Van Bevernage, lithographe. Van Caloen-Van Caloen. P. Van Tieghem. Vandc Walle. Van Saeeghcra. Le baron Van Zuylen van Nyevelt. Wauters, doeteur en medecinc. Wauters, fabrieant. BRUXELLES. MM. Carpentier. De Berth, avoeat. De Runie, capitaine. De La Costc, ex-gouverneur. L. Gailliard-Delwarde. Robert. Soudain de Niederwerth. Roussel. Van Dale, Libraire. Le ehevalier Van Male. Zeghers. COURTRAI. C. Coueke, avoeat. Ch. Bethune, bourgraestre. L. De Bicn, cons, de la province. Dela Croix, secretaire. De Sphodt. H. Goddyn. Eug. Joos de ter Bcerst. Van Cutsem. Van Cleenput. Vanden Dorpe. Vander Bekc-Bcck. MALINES. Dutryeu, avoeat. Hanieq, imprimeur. Lauwers, president du seminaire. Pleus, peintre sur verre. Van Deuren de Damas. YPRES. De Moucheron. Madame la douairiereHendryk. Nounckele, principal au college. Van Outrive, cure. Alp. VandenPeereboom, conseiller de la provinee. OSTENDE. Dierykx, orfevre. MM. J. Dc Bonings. De Muyttcnacrc, vicairc. L. Den Diiyts. Th. Ilaranian. Hocne, profcsscur an college. Holvoet, receveur dc renregistrement. Huge, orfevre. Lantsweert. Micliiels-Janssens. C. Salzgeber. Sam in. Vcrmccrsch, imprimeur. Van Caillie, notaire. J. Van Iscglicm, cchevin, Vander Imscliooten. NIEUPORT. Canibier, capitainc du genic. Goddyn, cure. F. Van Bacekclcn, pliarmacien. FURNES. A. Borry, president du tribunal. Dc Spot, juge. Du Prez, commissairc dc district. J. Uanssens, receveur dc I’cnregistre- menl. P. Mabicu-Oliviert, dooteur cn nie- decinc. Morel, principal du college. Oliviers, bourgmestro. Tb. Ronce. Vande Velde, procurcur du roi. Madame De Koenig, nee Lcbailly, & Paris. Le D. Waagen, a Berlin. Le baron VandenBogaerde,a La Ilaye. G. Steinman Steinman, ecuyer en An¬ gle terre. George Robert Morgen, ecuyer, cn Angletcrre. Lady Glarais, a Ecossc. Steyaert, a Lille. Le baron Gilles-Dc Pelicby, a Anvers. Vander Ilaegen, a Anvers. Malou, ebanoine, h Louvain. Le baron D’lngclraunster, a Ingcl- munster. Baert-Van Neste, h St-Micbel. Brown, eapitaine i Sainte-Croix. Claeys, notaire a Oostcainp. Cent, controleur ii Tbielt. Clcrck, a Blankenberghc. J.-B. Colens, receveur, a Eccloo. P. Couckc-Van Bicscbrouck, a Saint- Pierre. Goupy de Beauvolers, bourgnicstrc, a Sainte-Croix. Degobert, a Blankenberghc. Dc Flou, cure, h Ilouttave. Denaux dcla Haye, a Dixmude. Le Baron Dc Negri, a Oostcamp. Le Baron Do Peellaert, a Stc-Croix. L. De Poortcr, cure, a Ingclmunster. De • Stappens dc Nieuwenhove, a Eecloo. DeSebietere, consciller provincial, a Kerkbove. Dc Snick, bourgmestre, a Couckelacrc. Evaert, bourgmestre, h Ghistclles. Cb. Uanssens, receveur, a Watou. Itatse, bourgmestre, a Zedclgbera. Jacobsens, a Beernem. Jooris-Borre, ii Oostcamp. J. Dcla Fontaine, cure, a Oostduyn- kerke. Ch. Lchouck , a Eecloo. P. Ramaut, cure, a Hulstc. Sacre, h Ileyst. Sengier, notaire, a Wyngene. Schmit, vicaire, a Dixmude. Van Elslande, notaire, a Stalhillc. Verkooren, a Maldcghcm. Van Hammc, vicaire, a St-George. Vander Gbote, conseiller provincial, i Elverdinghe. Van Neste, & St-Michcl. VanSeveren, juge-de-paix, & Ghis- telles. Vuylsteke, conseiller provincial, a Gheluwe. Wellens, ingenipur, a Mons, Avant-propos. ClIAPITRE* II. Aggrandisscinents successifs de la ville de Bruges III. Le Bourg IV. IV. L’Hotel-de-Villc. V. Maison de I’ancien greffe VI. Le Franc VII. La Prevotd ditc s’ Gravens-ffeerschip. — L’ancienne Prison, dite het Steen, — Cour Fcodale. —Scigneurie de Sysseele. —Scigneurie ditc den Iloiifschen. VIII. La Tour de la Halle ou le Beffroi. IX. Academic de Peinturc, Sculpture ct Architecture, autrefois Logs des Brugeois (Poorters-Loge) X. La Halle aux Draps. XI. Balance de la Ville XII. Maison de Pesage pour le Fer, [Yzer-Weeghuys). XIII. Cour du Prince XIV. Hotel de la Monnaic. XV. Chambre des Comptes . ^ XVI. Le Bureau de la Douane XVII. La Bourse. XVIII. La Maison des Orientaux . XIX. Hotel ou Maison des Espagnols 11 Chap. xx. II6tel dcs Castilians.. >' XXI. Etablisscments des Irlandais et des Ecossais. ... 74 11 XXII. Hotel des Portugais.75 » xxiii. La Maison Consulairc des Anglais.76 II XXIV. Hotel des Florentins.77 11 XXV. Hotel dc Genes.. II XXVI. Hotel des Biscayens.80 II XXVII. Hotel de France on la Halle de Paris .81 II xxviii. Les Bartons — Hotel de ceux de Lucques .... 82 II XXIX. Les Maisons Consulaires des Turcs et de ceux de Smyrnc.85 II XXX. Maison de refuge du Comte Baudouin.83 II XXXI. Le Corps do Garde de la Place du Vendredi .... 84 II xxxii. Hotel des Sept Tours, autrement noinmd ; Donius Malleana .86 II xxxiii. La Maisoin de Damliouder.87 II XXXIV. Hotel de Lcffinglic.' . 87 II XXXV. Hdtel Boyomswal.87 II XXXVI. Hotel dc Middelbourg.88 II XXXVII. Hotel dit de Cuba .88 11 XXXVIII. Le Chateau surnomme Ommeknpompe .89 11 XXXIX. Hotel de Bavicre.89 " LX. La Maison do Gruuthuysc . 90 " Lxi. Hotel de la famillc de Pitthein.9J ” Lxii. Hotel de Charleroi.. ” Lxiii. Hotel de la Scigneurie d’Uytkcrke.93 11 LXiv. Hdtel de la Torre.95 » Lxv. Hotel de Gbistelles.. II Lxvi. Le Chateau de la famille de C!6vcs au Houtmarek. . 94 II Lxvii. Hotel de St-Pol.. II Lxviii. Hotel de Dudzeele.96 11 LXLX. Mont-de-Pictc et de Charitd.96 II L. Hotel dc Watcrvlict.97 II LI. Hotel Spinola. '.. " Lii. Maisons particulieres avee Bas-reliefs.99 " Liii. Le Local, dit Water-Hwjs .102 II i-iv. La Maison do Detention, ditc/te( /la,sp/i((ys. . . . 103 Ill CuAr. Lv. Abattoir.. u Lvi. Cathddralc de Saint-Donat. .108 1 . LVii. Eglise de Saint-Sauvcur, aujourd’hui Cathddralc . . 150 11 Lviii. Eglise do Notre-Damc. 174 11 Lix. Ancienne dglisc dc Saintc-Walburgc.21G It IX. Eglise de Saint-Jacques.250 11 Lxi. Eglise dc Saiiit-Gilles, aussi noramdc Bachten-Dyck. 255 » Lxii. Egbsc de Saint-Anne.268 II Lxni. Nouvclle eglise dc Saintc-Walburgc, primitivement dylise dcs Jdsuites.• , . 280 II Lxiii. Eglise de Sainte-Cathcrine, aujourd’hui dc la Made¬ leine.292 II ixiv. La Crypte de Saint-Basile [Vonte-Capelle.), et la Cha- pcllc du Saint-Sang.297 II Lxv. Chapelle de Saint-Amand . . . •.509 II Lxvi. Chapelle de Saint-Christophe.511 II Lxvii. Chapelle deSaint-Georges (Sawt-Zoom-Stcejier) . . 515 • Lxviii. Chapelle de Saint-Pierre.514 » Lxix. Chapelle de Saintc-Catlicrine.. 515 » Lxx. Chapelle de Saint-Jean.517 » Lxxi. Chapelle du Saint-Sacrement.519 n Lxxii. L’abbaye d’Eecklioute.521 II Lxxiii. L’abbaye dcs Dunes.528 I Lxxiv. Convent dcs HR. PP. Rdcollcts. ....... 554 » Lxxv. Couvent des Doininicains.541 II Lxxvi. Couvent des Augustins.549 " Lxxvii. Couvent des Capucins ..557 II Lxxviii. Couvent dcs Carmes, ditFreresde Notre Dame. . . 565 » Lxxix Couvent des Chartreux.560 » Lxxx. Couvent des Carmes Dechausses ....... 568 » Lxxxi. Les Alexiens ou Frcrcs Cellites.571 » Lxxxii. Abbayc deSaint-Trond (rrMdoATerssen).572 Abbaye dc Sainte-Godelieve, dite de N.-D. dc la Paix. 572 Abbaye de Sainte-Claire, dite des Urbanistes . . . 575 Abba 3 re dite llemelsdale .574 .\bbaye de Spermaille (Spermalgcn) ...... 575 >1 Lxxxiii. Convents dc Femmes — Beguinage.576 IV. Lcs Socurs Noircs de Bethel (Ka&tagnehoom-nonnen) . 577 Maegdendale plus tard connu sous le nom de Betagne. 378 SoBurs Grises, dites de Sainte-Elisabclh.378 Les Colettines ou Claristes. 379 Les Carmelites de Sion.380 Chartreuses, dites deSainte-Anne au Ddsert . . . 380 Les Annoneiades ou Soeurs Rouges.381 Engeldale, autrement nomme Convent dcs Jaeobines . 382 Soeurs de la Conception, dites du Saint-Esprit . . . 585 Convent de Sarepta.384 Les Carmelites Ddcbaussdes, dites Thdresiennes . . 583 Lcs Pdnitentes ou Capucines.586 Lcs Nonnes Anglaises do Saint-Francois ..... 387 Le Couvent Anglais . •.587 LcsMaricoles.591 Couvent dcs Apostolines.391 Soeurs de Charitd. 393 Les Rdderaptoristines.392 » i-xx-xv Hospices. — Ildpital Saint-Jean.393 llopital de la Madeleine. 395 Hospice et Cbapelle de Notre Dame dcs Aveugles . . 393 Hospice ou Hdpital de Notre Dame de la Poterie. . . 396 Hospice de Saint-Julicn. 397 » Lxxxvi. Maisons-Dieu (Godshuizen) .398 !■ Lxxxvii. Cbapclles et autres Institutions Rcligieuscs .... 403 11 Lxxxviii. Etablissemcnts d’Instruction.407 » Lxxxix. Confrdries et Societds. ,413 >> xc. Tableau des Corps de Metier. 417 DEl'XI^:JIE PAKTIE. Exposd Chronologiquc de ITIistoirc de Bruges . . , 421 TROISliME PARTIE. Biographic dcs Brugcois les plus Celdbrcs.446 Liste dcs Bourgmestres.461 V Bolirgmcstrcs ct Conscillers.. Explication dcs Blasons.. Liste dcs Souscriptcurs.. FIN. ERRATA. Page 62. — Lignc S. — An lieu de lire : Sur les remparts, liscz ; sur Ics anciens remparts. Page 164. — Lignc 28. — An lieu dc lire : Fabrique de papier, liscz : Filature de coton. Page 128. — Lignc 20. .— Au lieu delire : Preodt, liscz :^Chamelier. Page 170. ■— Lignc 14. — Au lieu de lire : 71, lisez : 82. Page 368. — La dcrnierc lignc de cettc page doit ctre suivie dc ccs mots, qui terminent la phrase : Un impasse. '.■''-':i, lUOlli !r ! s :^ij ,*lli>*.('>RT, 1 . n.ii ji) f(A ', -n^U • ■ .t# '•'^<'■’1 ■ ■ .'(.1 •I'l'.'im Mi'f.Mii) • ; We.il ,'v>t^i(‘v^-A .»''v’-'> '''’' ,;.i '^ji .- .- :;A-- ’••f"-' .Htii' ■ •' t«ifiu< -nji )li b ':W' tthsftjjil ar»'teu'i>i> , wT i otfiil'j ti iuj' •jc.t t