^^^^^^■■■■■■■1 LADY TAETUFEE, % ïœe Cmitek iit Jfiiie %ûb, x--*^ tq *^3 — — BY MME. EMILE DE GffiAEDIN, TU ORIGINAL FRENCH COPT WITH AN )£ PREPARED EXPRESSLY FOR M. ÏÎAPHÀEL FELIX, MANAGER OF MLLE. RACHEL'S FRENCH COMPANY IN AMERICA. NEW YOKK : PUBLISHED BY DAECIE & COEBYN. 185 5. CHAEACTEES. VIRGINIE DE BLOSSAC, M'LLE RACHEL. THE MARSHAL D'ESTIGNY, HECTOR DE RENNEVILLE, THE BARON DES TOURBIERES, . M. DE SAINT-IRIEX, President of a Charitable Society,... LEONARD, Gardener to the Countess de Clairmont . THE COUNTESS DE CLAIRMONT, Niece of the Marshal. JEANNE, Daughter of the Countess. MADAME BERTHOLLET, Femme de Chambre to Made- moiselle de Blossac, MADAME DUVERNOIS, MADAME COURTIN, AN ARCHITECT, • THREE SERVANTS, A SECRETARY, Scene, Paris, 1851. Xi dA Entered according to Act of Congress, in the year 1855, by JOIIN DARCIE, in the Olork's Office of the District Court for the Southern District of Now York. it/ LADY TA ACTE PREMIER. Un petit salon. Cheminée au premier plan, à gauche du public, table du même côté : à droite un canapé, et adossé au premier plan un prie-Dieu. Une table à ouv- rage au fond à droite. Portes latérales. SCÈNE PEEMIÈKE. Madame De Blossac. Elle est seule et se regarde dans une glace. Comme je suis mal coiffée !... Cette vieille madame Berthollet est maladroite. Mais une plus spirituelle serait clairvoyante... il faut la supporter telle qu'elle est. (Elle continue à lisser ses cheveux ; elle regarde ses ongles et dispose les plis de sa robe de manière à faire valoir la finesse de sa taille. A ce moment on' entend un coup de sonnette.) Quelqu'un ! (Elle va se mettre à genoux devant le prie-Dieu.) SCÈNE IL Des Tourbières, Madame de Blossac. DES TOURBIERES, souriant. C'est moi. MADAME DE BLOSSAC. Ah! (Apart.) Encore cet homme!... Mais patience! (Haut, allant à des Tourbières.) Comment va le maréchal ? DES TOURBIERES, avec gaieté. Mal. MADAME DE BLOSSAC. Il souffre beaucoup ? DES TOURBIERES. Comme un damné ! c'est un de ses plus beaux accès. MADAME DE BLOSSAC. Il s'ennuie ? DES TOURBIERES. Pas tant qu'il le devrait et que vous le méritez. MADAME DE BLOSSAC. Madame de Clairmont est toujours près de lui, elle lui parle de moi? DES TOURBIERES. Devant moi, non... je ne me le rappelle pas. — Ah ! si, cependant, hier elle a dit très-insolemment qu'elle n'aimait pas les hypocrites. MADAME DE BLOSSAC. Vous appelez cela parler de moi ? ACT FIRST. A small parlor. A fire-place to the left of the audi- ence, a table on the same side ; to the right a sofa, and with its back against the (premier plan ;) a prie-Deu. A work-table at the back, to the right. Side doors. SCENE I. /& o BIadame De Blossac. Alone and looking at herself in a glass. How badly my hair is dressed!... This old Madam Berthollet is awkward, But one more spirituelle would be a clair voyante... I must endure her, such as she is. ( Continues to smoothe her hair ; holes at her finger-nails, and arranges the folds of her dress, to shoiv to advantage the deli- cacy of her figure. At this moment a bell rings.) Some one ! (She is about to kneel before the prie-dieu.) SCENE II. Des Tourbières, Madame De Blossac. DES TOURBIERES, (smiling.) It is I. MADAME DE BLOSSAC. Ah! (Aside.) This man again !... patience ! (aloud, ap- proaching Des Tourbières.) How is the marshal ? DES TURBIERES, (gaghj.) 111. MADAME DE BLOSSAC. Does he suffer a great deal ? DES TOURBIERES. Like one of the damned ! this is one of his finest attacks. MADAME DE BLOSSAC. Is he heartily sick of himself? DES TOURBIERES. Not more than he ought to be, or than you desire. MADAME DE BLOSSAC. Madame De Clairmont is always with him. Does she speak to him of me ? DES TOURBIERES. Before me ; no. I do not recollect. Ah ! yes, how- ever, yesterday she said very insolently, that she did not like hypocrites. MADAME DE BLOSSAC . Do you call that speaking of me ? LADY TARTUFFE. DES TOURBIERES. Non, je me trompe, elle disait cela pour une autre. Eli! pour moi!... c'est juste. Que je suis naïf! comment ne me suis-je pas reconnu tout de suite ? MADAME DE BLOSSAC. La mère et la fille viennent tous les soirs chez le maréchal? . DES TOURBIERES. Oui, malheureusement. MADAME DE BLOSSAC. Pourquoi malheureusement ? DES TOURBIERES. Ah! c'est qu'en écoutant causer sa nièce qui est très- piquante, en regardant la petite Jeanne qui est très-jolie, le bon vieux goutteux commence à se désennuyer ; et votre ingénieuse absence... MADAME DE BLOSSAC. Mon ingénieuse absence ! DES TOURBIERES. Se fait un peu moins sentir. Le maréchal était hier dans l'admiration de sa petite-nièce. Il est question de la marier. MADAME DE BLOSSAC (mouvement.) On ne la mariera pas facilement. DES TOURBIERES. Pourquoi ? MADAME DE BLOSSAC. Il court sur son compte certaine histoire. . . . DES TOURBIERES. La petite Jeanne, déjà calomniée ! MADAME DE BLOSSAC. Une pauvre fille, élevée si légèrement ! DES TOURBIERES. Légèrement! Sa mère ne l'a jamais quittée un seul jour. MADAME DE BLOSSAC. Un seul jour, peut-être ! Mais l'histoire ne dit pas que ce fût le jour. DES TOURBIERES. Une aventure nocturne à Jeanne ! quelle folie ! A son âge, on dort la nuit ; une sérénade, un charivari ne vous réveillerait pas. C'est impossible ! Mais, prenez-y garde, si le maréchal a toujours près de lui cette char- mante jeune fille pour le soigner, le distraire, il ne son- gera plus à vous épouser. MADAME DE BLOSSAC. Cela m'alarme peu. DES TOURBIERES. Sou influence grandit tous les jours; il la trouve charmante, et je suis de son avis. MADAME DE BLOSSAC. Eh! vous êtes toujours do son avis, vous répétez tout ce qu'il dit, si bien qu'on vous a surnommé l'écho du maréchal. DES TOURBIERES. C'est madame de Clairmont qui m'a douné ce sobri- quet.... Elle est maligne, madame de Clairmont, C'est elle aussi qui vous a surnommée lady Tartuffe. DES TOURBIERES. No, I am mistaken ; she said that for another. Ah ! for me ! That is good. How ingenious I am ! How instantly I am understood. MADAME DE BLOSSAC. The mother and daughter, do they come every even- ing to the Marshal ? DES TOURBIERES. Yes, unfortunately. MADAME DE BLOSSAC. Why unfortunately ? DES TOURBIERES. Ah ! hecause in listening to the chatting of his niece, who is very piquante, in looking at the little Jeanne, who is very pretty, the good old gouty soul begins to amuse himself; and your ingenious absence MADAME DE BLOSSAC. My ingenious absence ! DES TOURBIERES. Is. a little less felt. The marshal was yesterday ad- miring his grand-niece. It is in contemplation to marry her. MADAME DE BLOSSAC, (animatedly.) They will not marry her easily. DES TOURBIERES. Why not? MADAME DE BLOSSAC. There is, on her account, a certain story afloat. DES TOURBIERES. Little Jeanne, already slandered ! MADAME DE BLOSSAC. Poor girl ! so frivolously brought np? DES TOURBIERES. Frivolously ! Her mother has never left her for a single day. MADAME DE BLOSSAC. A single day, perhaps ! But — the story does not say that it was day. DES TOURBIERES. A nocturnal adventure to Jeanne ! how foolish ! At her age one sleeps at night ; a serenade, even a mum- mery would not awaken one. It is impossible ? But take care, if the marshal has always by his side this charming young girl to take care of him, to amuse him, he will no longer think of marrying you. MADAME DE BLOSSAC. That alarms me very little. DES TOURBIERES. Her influence increases every day ; he thinks her charming, and I am of his opinion. MADAME DE BLOSSAC. Ah ! You are always of his opinion, you repeat all he says,— so much so that you have been surnamed the echo of the marshal. DES TOURBIERES. It was Madame do Clairmont who gave me that, nick- name. She is malicious. It was she also who named you Lady Tartuffe. LADY TABTUFFE MADAME DE BLOSSAC. Parce que j'ai pour amies les femmes les plus respect- ables de l'Angleterre. DES TOURBIERES. Franchement, ce nom de lady Tartuffe est assez heu- reux. C'est un hasard, car, entre nous, mademoiselle Virginie de Blossac, n'êtes-vous pas un peu la veuve d'un jeune lord?. . . . MADAME DE BLOSSAC, troublée Monsieur des Tourbières! il était convenu que jamais vous ne rappelleriez cet affreux souvenir. {Elle va s'asseoir sur le canapé.) DES TOURBIERES. Oh ! mon Dieu, madame, je ne veux point vous fâcher. Vous m'avez parlé du surnom qui m'était donné j'ai cité le vôtre, voilà tout : mais si je suis l'écho du maréchal, c'est par votre ordre. (S'assegant sur une chaise près du canapé) J'ai de l'esprit, moi, vous le savez, puisque vous m'avez conseillé d'être bête Et quel excellent conseil! je m'en trouve si bien ! Dans le monde où je vivais avant de vous rencontrer, je passais pour un garçon d'esprit On ne faisait aucum cas de moi, on me traitait sans façon comme un homme bon à rien ; dans votre monde, au contraire, où je passe pour un brave imbécile, on me considère... on m'écoute, on me prend au sérieux, on me croit propre à tout. Àh ! vous aviez raison, l'esprit porte malheur ; mais si je consens à être bête, je veux l'être à ma manière. Le plagiat me répugne ; or, en me faisant l'écho d'un ennuyeux, je me sacrifie deux fois : en répétant ce qu'il dit et en me privant de ce que j'aurais ou dire. MADAME DE BLOSSAC. Le maréchal d'Estigny n'est pas ennuyeux il est instruit, il a beaucoup voyagé. DES TOURBIERES. Je les connais, tous ses voyages? ils l'ont moins fatigué que moi. MADAME DE BLOSSAC. Le récit de ses missions diplomatiques est selon moi fort attachant. DES TOURBIERES. Et selon moi fort assommant ! c'est là ce que je ne . puis lui pardonner : c'est de m'avoir attrapé de la sorte. Un maréchal, un vieux soldat qui ne parle que de pro- tocoles, qui au lieu de s'entourer de joyeux aides de camp avec lesquels on "rit, on boit, on fume, n'a que des secré- taires qui ont une plume sur l'oreille et qui savent le latin. MADAME DE BLOSSAC. Vous regrettez les rabâchages de combats ? DES TOURBIERES. Je les préfère rabâchages diplomatiques. (Il hausse la voix.) Les combats, ça se reconte, à haute voix... (Il baisse la voix.) Les histoires d'ambassades, ça se mar- motte à voix basse. MADAME DE BLOSSAC. Et cela vous ennuie ? DES TOURBIERES. Cela m'endort. Et à quoi servent alors des heures en- tières de patience admirative, si je perds en un moment, en dormant, tout le fruit de mes veilles? MADAME DE BLOSSAC. Vous plaisantez toujours. MADAME DE BLOSSAC. Because I have for my friends the most respectable women in England. DES TOURBIERES. Frankly, this name of Tartuffe is a happy one. It is, by chance, — for, between you and me, Miss Virginie de Blossac, are you not slightly the widow of a young lord ? MADAME DE BLOSSAC, (agitated.) Monsieur des Tourbières ! it was understood that you should never recall that frightful remembrance. (Seats herself on the sofa.) DES TOURBIERES. Oh ! Mon dieu, madam, I do not wish to offend you. Tou spoke to me of the surname which is given me. I mentioned yours, that was all ; but if I am the echo of the marshal, it is by your order. (Seating himself on the sofa.) I must have wit, you know, since you have ad- vised me to be a fool. And what excellent advice ! it suits me so well ! In the world in which I lived before meeting you, I passed for a witty fellow. They did not value me, they treated me without ceremony as a good- for-nothing ; in your world, on the contrary, where I pass for a good fool, they respect me — they listen to me — they receive my words seriously— they believe me to be correct in everything. Ah ! you were right, wit car- ries misfortune with it ; but if I consent to be a fool, I wish to be so in my own way. Plagiarism is repugnant to me ; for, in making me the echo of a bore, I sacrifice myself twice : by repeating what he says, and by depriv- ing myself of what I should be able to say. MADAME DE BLOSSAC. The Marshal d'Estigny is not a bore — he is educated, he has traveled a great deal. DES TOURBIERES. . I know all his travels ! they have fatigued him less than they have me. MADAME DE BLOSSAC. The relation of his diplomatic missions is, in my opi- nion, very interesting. DES TOURBIERES. And, in my opinion, very tedious ! it is for this, that I cannot forgive him, to have entrapped me so. A mar- shal, an old soldier, who talks only of protocols, who, instead of surrounding himself with gay aides-de-camp, with whom one laughs, and drinks, and smokes, has only secretaries with pens above their ears, and who under- stand Latin. MADAME DE BLOSSAC. You object to the eternal repetition of the battles ! DES TOURBIERES. I prefer it to the diplomatic yarns. (Raising his voice.) The battles he relates in sonorous tones. (Lowering his voice.) The history of his embassies he mumbles. MAD AILE DE BLOSSAC. And that wearies you? DES TOURBIERES. That puts me to sleep. And of what use, then, are two whole hours of admirable patience, if I lose iu a moment, by sleeping, all the benefits of my wakefulness? MADAME DE BLOSSAC. You are always jesting. LADY TARTUFFE. DES TOURBIERES. ParloQS sérieusement. Il y a deux ans, quand tous avez obtenu cet appartement daus l'hôtel du maréchal, avec l'intention d'épouser le maréchal, vous êtes restée six mois sans aller chez lui, c'était un trait de génie ! liais aujourd'hui, rester huit jours sans le voir, cela me paraît dangereux. Quand retournez-vous chez le maré- chal? MADAME DE BLOSSAC. Je n'irai pas avant deux jours. . DES TOURBIERES. Oh! quelle faute !.. . Mais dans deux jours votre place sera occupée. Ah! vous comptez sur la fidélité des vie- illards! Mais les vieillards n'ont pas le loisir d'être fidèles. . . C'est un luxe que la fidélité, car c'est du temps perdu, et il faut être jeune, trésjeune, pour se passer ce luxe-là ! Votre maréchal est déjà à moitié dis- trait. . . Vous comptez aussi sur la goutte, n'est-ce pas, pour fixer ce papillon blessé?. . . Voilà encore un pré- jugé ! Les gens les plus exposés aux séductions sont précisément les infermes ! Nous autres, nous pouvons échapper au danger, en fuyant à toutes jambes. . . Mais eux! que peuvent-ils faire? Comment peuvent-ils résis- ter à l'inconstance, quand elle vient ellemême les séduire jusque sur leur fauteuil de douleurs? Croyezmoi, ma- dame de Blossac, c'est un faux calcul ; une femme intel- ligente ne doit jamais faire semblant de fuir un homme, que lorsqu'il peut courir après elle. Voyez mademois- elle de La Vallière, votre modèle à toutes, elle a fui Louis XIV, parce que Louis XIV était jeune et qu'il pouvait la rejoindre. Elle n'aurait pas fui Louis XVIII. . . Vrai ! fuir un homme qui a la goutte, c'est l'enfance de l'art!. . . Mais je ne suis pas dupe, vous ne me dites pas tout. . . Vous avez une autre raison pour rester ici. MADAME DE BLOSSAC, embarrassée. Vous avez deviné, — oui, j'ai fait une rencontre qui m'inquiète. Avan't-hier, j'étais allée de bonne heure, comme tous les jours, visiter mes vieux pauvres. . . DES TOURBIERES. Ce n'est pas la peine de me conter cela, à moi. MADAME DE BLOSSAC. Comment, monsieur, vous ne croyez pas que je sois allée avant-hier matin. . . DES TOURBIERES. Oh! je crois que vous êtes sortie de bonne heure. . . de trèsbonne heure. . . Seulement je ne crois pas à vos vieux pauvres. . . C'est-à-dire je ne crois pas que les vieux soient pauvres et que les pauvres soient vieux. . . Ce n'est pas un défaut. MADAME DE BLOSSAC. Vous vous moquez toujours de ma charité, de ma dé- votion... Mais votre madame de Clairmont, que vous admirez tant ! . . . elle est aussi dévote et aussi charit- able que moi. DES TOURBIERES. Aussi, mais autrement. MADAME DE BLOSSAC. Vous riez de mes sociétés de bienfaisance . . Elle en est aussi. DES TOURBIERES. Aussi, et autrement. Elle est dévote pour elle, et voas, vous l'êtes pour les autres. . MADAME DE BLOSSAC. Elle va à la messe tous les matins, comme moi. DES TOURBIERES. Let us talk seriously. Two years ago, you procured this apartment in the marshal's hotel, with the intention of marrying him ; you waited six months without going near him : that was a stroke of genius! But now, to remain eight days without seeing him, appears to me to be dangerous. When will you return to the marshal ? MADAME DE BLOSSAC. I shall not go for two days yet. DES TOURBIERES. Oh ! what a mistake ! In two days your place will be filled. Ah! you rely upon the fidelity of old men! But old men have not time to be faithful. Fidelity is a luxury, — it is lost time, — and one must be young,' very young, to enjoy that luxury! Your marshal is already half consoled. You rely on your tact also, to secure this wounded butterfly, do you not? There is another mis- take ! Of all men, invalids are those most exposed to seduction. The rest of us can escape danger by flying at full speed. But they! what can they do? How can they resist inconstancy, when it comes to seduce them, even in their arm-chair ? Believe me, Madame de Blossac, it is a false calculation ; an intelligent woman ought never to seem to flee from a man, unless he be able to run after her. Look at Mademoiselle de La Vallière, your model in everything, she took flight from Louis XIV., because Louis XIV. was young and could pursue her. She would not have left Louis XVIII. Indeed ! to flee from a man who has the gout, is the very childish- ness of art! But I am not duped ; you do not tell me all. You have another reason for remaining here. MADAME DE BLOSSAC, (Embarrassed.) You have guessed it ; — yes, I have had an adventure which has annoyed me. Day before yesterday, I went out early, as I do every day, to visit my old paupers DES TOURBIERES. It is not worth while to relate that to me. MADAME DE BLOSSAC. How, sir, you do not believe that I went day before yesterday morning? ■ DES TOURBIERES. Oh ! I believe that you went out early, — very early. Only I do not believe in your old paupers. I mean I do not believe that your old are poor, or your paupers old. That is no objection. MADAME DE BLOSSAC. You always ridicule my charity. — my devotion. But your Madame de Clairmont, whom you admire so much, is as devout and as charitable as I am. DES TOURBIERES. Quite as much so, but differently. MADAME DE BLOSSAC. You laugh at my benevolent societies ; she has hers, also. DES TOURBIERES. Yes, but differently. She is devout for her own appro- val, and you are so for that of others. MADAME DE BLOSSAC. She goes to mass every morning, as I do. LADY TARTUFFE DES TOURBIERES. Elle y ra. mais elle ne dit jamais : j'en viens... Tan- dis que vous, tous dites toujours, j'en viens ; et je ne suis pas bien sûr que vous y alliez. MADAME DE BLOSSAC, indignée, se levant et passant à gauche. Monsieur, ce ton que tous prenez toujours aTeo moi est à la fin intolérable. DES TOURBIERES. Oh ! j'en conviens, mademoiselle, {se reprenant) ma- dame de Blossae, cela doit être fort ennuyeux, quand on s'est posée en Tertu immaculée, d'aToir pour confident un philosophe cynique qui déconcerte toujours le déco- rum de votre tenue. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur ! DES TOURBIERES. Un franc mauvais sujet comme moi qui vous rappelle de temps en temps certain secret... MADAME DE BLOSSAC. Mais moi, je ne vous rappelle point le vôtre. DES TOURBIERES. Parbleu ! je le crois bien. Je ne me démens pas, je suis avec vous ce que je suis., je ne vous trompe pas. Est-ce que je fais de la vertu, moi ? Est-ce que je médis devant vous des défauts ou des vices que j'ai? Vous n'avez jamais besoin de me remettre dans la vérité, moi... j'y suis toujours... avec vous du moins... Je n'essaie pas de vous attraper. Voyons, soyez juste, si je venais toute la journée vous parler de ma sagesse, de l'ordre extrême que j'apporte dans mes affaires, de mon horreur invinci- ble pour le jeu... vous bondiriez d'impatience comme moi, et vous finiriez par me dire : mais, monsieur, votre sagesse ne vous a pas impêché de vous ruiner à la Bourse, au jeu ; que sais-je ! de perdre tout votre argent et tout votre crédit ; de faire deux cent mille francs de dettes à droite et à gauche, sur lesquels vous me devez, à moi, vingt bons mille francs. Vous me diriez cela, n'est-ce pas ? Eli bien ! c'est ce que je fais en vous rap- pelant ce que votre pudeur ne vous empêche pas de faire ; c'est plus fort que moi. Quand je vous entends parler de votre vertu, ça me fait mal aux nerfs ! Ça m'exaspère ! jaime mieux que vous me disiez des in- jures ! MADAME DE BLOSSAC. Vous vous trompez, monsieur, je ne serais pas exas- pérée en vous entendant parler de votre sagesse et de votre délicatesse : j'y crois. DES TOURBIERES. Bon ! la voilà qui fait de l'hypocrisie pour mon compte ! Quelle femme !... MADAME DE BLOSSAC. Je n'ai aucune inquiétude sur ces vingt mille francs, je suis certaine que vous me les rendrez, dès que... DES TOURBIERES. Sans doute. Je ne les ai pas, mais j'ai un oncle qui les... représente. Je pourrais les lui demander ; j'aime mieux attendre qu'il me les donne... naturellement. Vous m'avez prêté cette somme, vous m'avez escompté mon oncle... C'est un grand service que je n'oublierai pas. En outre, vous me promettez de me faire préfet ou re- ceveur général, dès que vous serez madame la maré- chale. J'y compte. Aussi, disposez de moi, je vous servirai ; et votre secret, que le hasard m'a livré... je le garderai. DES TOURBIERES. She goes ; but she never says. I have just come from there ; whilst you always say it. And I am not sure that you go there at all. MADAME DE BLOSSAC, (Indignant, rises, and passes to the left). Sir, the tone which you always employ with me is, to the last degree, intolerable. DES TOURBIERES. Oh ! I admit it, mademoiselle, {correcting himself,) Madame de Blossac, it must be Tery annoying, when one has posed one's self in immaculate Tirtue, to haTe a con- fidant in a cynic phylosopher who disarranges constantly the decorum of one's attitude. Sir. MADAME DE BLOSSAC. DES TOURBIERES. A candid scamp like myself, who reminds you now and then of a certain secret MADAME DE BLOSSAC. But I do not recall yours. DES TOURBIERES. Zounds ! I belieTe it. I do not believe myself, with you I am what I am. I do not deceive you. Do I as- sume either ? Do I curse before you the faults or the vices which I possess ? It is never necessary for you to put me in the right — I am always so — with you at least. I do not attempt to ensnare you. See, be just, if I came every day to talk to you of my wisdom, of the extreme order which I carry into my affairs, of my invincible horror for play — you would leap with impatience as I do, and you would end by sayiDg to me : but, sir, your wisdom did not prevent you from ruining yourself by gambling on change, for what I know; from losing all your money and all your credit ; from contracting debts right and left, to the amount of two hundred thousand francs, of which you owe me twenty good thousand francs. Tou would say that to me would you not ? Well ! that is what I do in recalling to your remem- brance what your modesty does not prevent you from doing : it is too much for me, when I hear you speak of your virtue, it affects my nerves ! It exasperates me ! I should prefer you to offer me insult. MADAME DE BLOSSAC. You deceive yourself, sir, I should not be exasperated to hear you speak of your wisdom, your delicacy : I be- lieve in them. DES TOURBIERES, {aside). Good ! she is using her hypocrisy upon me ! "What a woman ! MADAME DE BLOSSAC. I have, no anxiety about those twenty thousand francs, I am sure that you will return them to me as soon as — DES TOURBIERES. Undoubtedly. I haven't them, but I have an uncle who represents them. I could ask him for them ; I prefer to wait till he gives them to me — in the course of nature. You lent me this sum, you discounted my uncle for me. It was a great service which I shall not forget. Besides, you have promised to make me a pre- fect or receiver-general, so soon as you shall be Madame La Maréchal. I rely upon that. So dispose of me, I will serve you ; and your secret, which chance gave me I will keep. LADY TARTUFFE, MADAME DE BLOSSAC. Qu'appelcz-Tous mon secret?... C'est un souvenir douloureux. Un souvenir ' DES TOURBIERES. Dites un remords. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur Des Tourbières !... DES TOURBIERES. Ah! voilà que vous recommencez... Vous êtes aussi habile à vous tromper vous-même que vous l'êtes à tromper les autres ; mais la vérité, je la sais. MADAME DE BLOSSAC. La vérité.. DES TOURBIERES. La voici : une fois pour toutes, établissons-la nette- ment et n'essayez plus de m'em... proposer une autre. Vous aviez donné rendez-vous à Arthur dans le pavillon de Redcastle ; à la voix des chasseurs, Arthur effrayé, pour ne pas vous compromettre, saute par la fenêtre... MADAME DE BLOSSAC. Taisez-vous ! taisez-vous ! DES TOURBIERES. Son fusil part... il tombe baigné dans son sang. MADAME DE BLOSSAC. Pouvais-je le secourir ? DES TOURBIERES. Vous pouviez ne pas fuir, ne pas l'abandonner ; mais vous l'avez laissé mourir. MADAME DE BLOSSAC. Arthur ! DES TOURBIERES. Vous l'avez laissé mourir, parce que le vertige de la honte s'est emparé de vous... parce qu'appeler au secours, c'était vous dénoncer... parce qu'enfin vous êtes une prude, et que pour une prude... la vie d'un homme n'est rien auprès de la bonne réputation d'une femme. MADAME DE BLOSSAC, avec colère. Mais je le pleure ! je le pleure ! ne le voyez-vous pas? DES TOURBIERES. Aussi, je vous plains. Mais, vous le savez, je ne suis pas seul à le posséder, ce secret. Ce bouquet de bru- yères, oublié par vous dans le pavillon, a servi d'indice... MADAME DE BLOSSAC. Oui... ce bouquet fatal... quelqu'un me l'a vu cueillir, sans doute... et tous les ans, le jour anniversaire de la mort d'Arthur... DES TOURBIERES. Vous en recevez un pareil Après-demain, il y aura cinq ans! MADAME DE BLOSSAC. Qui me l'envoie ? DES TOURBEERES. Soupçonnez-vous quelqu'un ? Sa mère, peut-être ? MADAME DE BLOSSAC. Lady Redcastle? Non, elle n'a jamais quitté l'Écof-o. MADAME DE BLOSSAC. ■What do you call my secret ? It is a mournful recol- lection. DES TOURBIERES. A recollection ? Say a remorse. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur Des Tourbières ! DES TOURBIERES. Ah! there you begin again. Vou are as skillful in deceiving yourself as you are in deceiving others ; but the truth I know. MADAME DE BLOSSAC. The truth? DES TOURBIERES. This is it : once for all, let us establish it clearly, and no longer attempt to invent anything else. You gave a rendezvous to Arthur in the pavilion of Redcastle. At the cries of the hunters, Arthur, alarmed, to avoid com- promising you, leaped from the window. MADAME DE BLOSSAC. Hush ! hush ! DES TOURBIERES. His gun went off— he fell bathed in his blood. MADAME DE BLOSSAC. Could I have assisted him ? DES TOURBIERES. You need not have fled from him. abandoned him ; but you did leave him to die. MAnAMTC DE BLOSSAC. Arthur ! DES TOURBIERES. You left mine to die, because a vestige of shame took possession of you — because, to call assistance was to de- nounce yourself — because, finally, you are a prude, and to a prude the life of a man is -worth nothing, compared to the reputation of a woman. MADAME DE BLOSSAC, {angrily). But I weep for him ! I weep for him! Do you not see it? DES TOURBIERES. Yes, I pity you. But you know that I am not the sole possessor of this secret. That bouquet of heather, for- gotten by you in the pavilion, has served to indicate — MADAME DE BLOSSAC. Yes— that fatal bouquet— some one saw me gather it undoubtedly, and every year, on the anniversary of Ar- thur's death — DES TOURBIERES. You receive one like it. Day after to-morrow, it will have been five years ! MADAME DE BLOSSAC. Who sends it to me ? DES TOURBIERES. Do you suspect any one ? His mother, perhaps ? MADAME DE BLOSSAC. Lady Redcastle ? No, she has never left Scotland. LADY TARTUFFE DES TOURBIERES. Un ami d'Arthur ? N'avait-il pas pour ami un jeune Français? MADAME DE BLOSSAC. Oui... Je vous parlais d'une recontre, tout à l'heure... C'était lui ! DES TOURBIERES. Lui ! qui donc ?... MADAME DE BLOSSAC. On vient. (Entre madame Berthollet.) SCÈNE III. Madame Berthollet, Madame de Blossac, Des Tourbières. MADAME BERTHOLLET. Madame... c'est de la part de M le maréchal. MADAME DE BLOSSAC. Le maréchal ? MADAME BERTHOLLET. Il fait demander à madame de vouloir bien permettre à son architecte de jeter un coup d'oeil sur cet apparte- ment. MADAME DE BLOSSAC. Comment ! voudrait-il me renvoyer de sa maison ? MADAME BERTHOLLET. Au contraire, madame ; en disposant de votre entresol, il vous offrirait le joli salon qui donne sur le jardin MADAME DE BLOSSAC. Et pourquoi ce changement ? MADAME BERTHOLLET. M. le maréchal a cédé tout le premier étage de l'hôtel au fils d'un de ses anciens amis. MADAME DE BLOSSAC. A qui? MADAME BERTHOLLET. M. le comte de Renneville ! MADAME DE BLOSSAC, tressaillant. De Renneville ! MADAME BERTHOLLET. Ces messieurs attendent. MADAME DE BLOSSAC. Faites entrer. (Mie se met précipitamment à écrire sur la table à gauche.) SCÈNE IV. Madame Berthollet, Madame de Blossac, Hector de Renneville, L'Architecte, Des Tourbières. HECTOR, s'adressant à madame de Blossac, qui fait sem- blant d'écrire. Pardon, madame ! je vous en prie, ne vous dérangez pas pour moi. DES TOURBIERES. A friend of Arthur's ? Had he not a young friend, a Frenchman ? MADAME DE BLOSSAC. Yes. I was this moment telling you of meeting . It was he ! DES TOURBIERES. He! who then? MADAME DE BLOSSAC. Some one is coming. (Enter Madame Berthollet.) SCENE III. Madame Berthollet, Madame de Blossac, Des Tourbières. MADAME BERTHOLLET. Madame — from monsieur le maréchal. MADAME DE BLOSSAC. The marshal. MADAME BERTHOLLET. He requests madame to allow his architect to take a glimpse of this apartment. MADAME DE BLOSSAC. How ! does he wish to send me from his house ? MADAME BERTHOLLET. On the contrary, madame ; in disposing of your room on the ground-floor, he would offer you the pretty par- lor which looks out upon the garden, MADAME DE BLOSSAC. And why is this change ? MADAME BERTHOLLET. M. le maréchal has given up all of the first story of the hotel to the son of one of his old friends. MADAME DE BLOSSAC. To whom ? MADAME BERTHOLLET. Monsieur le Comte de Renneville. MADAME DE BLOSSAC. (trembling). De Renneville ! MADAME BERTHOLLET. The gentlemen are waiting. MADAME DE BLOSSAC. Show them in. (Hurriedly seats herself to write at the table on the left.) SCENE IV. Madame Berthollet, Madame de Blossac, Hector De Renneville, the architect, Des Tour- bières. HECTOR, (addressing himself to Madame ■ de Blossac, who makes a show of writing). Pardon. Madame ! I beg you not to disturb yourself on my account. 10 L A H V T A R T U F F E . MADAME DE BLOSSAC, à part. Oh! cette voix!... HECTOR, à l'architecte. Les salon ici est plus petit que celui de l'autre côté, et puis l'escalier de dégagement est trop sombre. L'ARCHITECTE. En effet, les communications avec le premier étage sont moins commodes de ce côté-ci, et je comprends que vous désiriez être le plus près possible de madame. MADAME DE BLOSSAC, à pari. Madame ! HECTOR. Oui, tout près, mais cependant sans se gêner l'un l'autre. L'ARCHITECTE. Oh ! vous avez raison ; le bonheur dépend souvent d'un appartement bien distribué. HECTOR. Alors ce sont les bons architectes qui font les bons ménages. MADAME DE BLOSSAC, à part. Ménages !... il va se marier ! DES TOURBIERES, observant madame de Blossac. Comme elle est émue ! L'ARCHITECTE. Mais il fraudrait visiter les autres pièces avant de vous décider. HECTOR, à madame de Blossac. Vous permettez, madame? MADAME DE BLOSSAC, écrivant, s'incline. (A madame Berthollet). Conduisez ces messieurs. {Hector, l'architecte et madame Berthollef sortent à droite.) SCÈNE V. Madame de Blossac, Des Tourbières. MADAME DE BLOSSAC, troublée, se levant. J'ai bien compris, n'est-ce pas? Il va se marier. DES TOTJRBLERES. Oui, madame. MADAME DE BLOSSAC. Lui ! le fils de l'ami intime du maréchal !... Je ne l'ai jamais vu chez lui. Qui épouse-t-il ? DES TOURBIERES. Tenez-vous à le savoir ? MADAME DE BLOSSAC. Oui ! oui... (Plus froidement.) Je vous expliquerai plus tard pourquoi cela m'intéresse. DES TOURBIERES, àpart. Cette émotion... serait-ce un de ses vieux pauvres?... (Haut.) Eh bien, je m'attache à ses pas, et je vous ren- drai un compte fidèle de mes démarches, c'est-à-dire des siennes. Vous trouverai-je ? MADAME DE BLOSSAC, (.aside). Oh ! that voice ! HECTOR, (to the Architect). The parlor here is smaller than the one on the other side ; and furthermore, the staircase of the private en- trance is too dark. THE ARCHITECT. Indeed, the communications with the first floor are less commodious on this side, and I understand that you wish to be as near as possible to madame. MADAME DE BLOSSAC, (aside). Madame ! HECTOR. Yes, very near ; but for all that, not to incommode one another. THE ARCHITECT. Oh ! you are right ; happiness often depends on the correct arrangement of an apartment. HECTOR. Then it is good architects who create happy households. MADAME DE BLOSSAC, (aside). Households ! — he is going to marry ! DES TOURBIERES, (observing Madame de Blossac). How excited she is ! THE ARCHITECT. But we must visit the other apartments before you decide. HECTOR, (to Madame de Blossac). Will you permit us, madame ? MADAME DE BLOSSAC, writing, bows, (To Madame Berthollet). Show the way for these gentlemen. (Sector, the Archi- tect, and Madame Berthollet exeunt to the right.) SCENE V. Madame De Blossac, Des Tourbières. MADAME DE BLOSSAC, (agitated, rising). I have understood correctly, have I not ? He is going to be married. DES TOURBIERES. Tes, madame. MADAME DE BLOSSAC. He ! son of the intimate friend of the marshal ! I have never seen him at his house. Who will he marry? DES TOURBIERES. Are you anxious. to know? MADAME DE BLOSSAC. Oh ! yes. (More coldly,) I will explain to you at a later day why that interests me. DES TOURBIERES, (aside). This emotion, — could this person be one of her old paupers? (Aloud,) Well. I will dog his steps, aud give you a faithful account of my proceedings; I mean his. Shall I see you ? LADY TARTUFFE, 11 MADAME DE BLOSSAC. Sans doute ; c'est aujourd'hui le jour de réunion de notre œuvre. DES TOURBIERES. Ah ! oui, notre œuvre des jeunes Épileptïques. Vous aurez du monde ; je ne pourrai vous parler. MADAME DE BLOSSAC. Vous n'aurez qu'un nom à me dire. DES TOURBIERES. Eh bien, donc, au revoir, madame la maréchal (Il sort.) SCÈNE VI. MADAME DE BLOSSAO, seule. Depuis un an je croyais l'avoir oublié... Je l'ai revu, je l'aime toujours... et il n'a rien voulu comprendre à cet amour. — Hector, si vous m'aviez aimée... Arthur vivrait... Le dépit ne m'aurait pas donnée à lui... je n'aurais pas causé sa mort : je ne serais point poursuivie par une affreuse image nuit et jour! Oh! que c'est lourd, un remords!... En vain je me réfugie dans les fié- vreuses agitations d'une vie d'intrigues et de ruses, la pâle figure d'Arthur me poursuit partout. Je le vois étendu sur ce brancard, le front caché par ses cheveux en désordre et pleins d'herbes, l'œil fermé, les lèvres sanglantes! Et je ne peux pas m'empêcher de voir ça toujours!... Et ce cruel bouquet, ces fleurs accusatrices qui, chaque année, viennent me dire: lâch! tu l'as laissé mourir!... Il t'appelait!... (Tout bas.) Il m'a ap- pelée. Je pouvais le sauver, je l'ai laissé mourir ! Ah ! cette pensée me rend folle!... (Se calmant tout à coup à ta vue de madame Berthollet) Que me voulez-vous, ma chère madame Berthollet? SCÈNE VII. Madame de Blossac, Madame Berthollet. MADAME BERTHOLLET. Madame, voici M. de Saint-Iriex, le président de votre œuvre. MADAME DE BLOSSAC. Ah ! c'est bien. Faites-le entrer dans ce salon ; je vais chercher le compte-rendu du trimestre que j'ai ter- miné ce matin. MADAME BERTHOLLET. Oui, madame. (Madame de Blossac sort par la gavche.) MADAME BERTHOLLET- seule. Un bien digne homme, que ce M. de Saint-Iriex ! SCÈNE VIII. Madame Berthollet, M. de Saint-Iriex. M. DE SAINT-IRIEX. Bonjour, madame Berthollet Comment se trouvé-t- elle aujour-d'hui, votre chère maîtresse? MADAME BERTHOLLET. Mieux, mais encore souffrante. Comment une per- sonne qui vit d'abstinence et de mortifications pourrait- elle se rétablir ? MADAME DE BLOSSAC. Certainly ; to-day is the meeting of our society. DES TOURBLERES. Ah! yes, for the young epileptics. You will have company ; I shall not be able to speak to you. MADAME DE BLOSSAC. Vou ■will have but a name to tell me. DES TOURBLERES. Well, then, au revoir, madame la maréchal. (Exit.) SCENE VI. MADAME DE BLOSSAC, (alone). For a year past I have believed that I had forgotten him. I have seen him again ; I love him still, and he will understand nothing of this love. Hector, if you had loved me, Arthur would have lived. Spite would not have given me to him ; I should not have caused his death ; I should not be pursued by a frightful phantom night and day ! Oh ! how heavy is remorse ! It is in vain that I take refuge in the feverish agitations of a life of intrigue and artifice ; the pale figure of Arthur follows me everywhere. I see him stretched on the litter, his forehead hidden by his hair, all disordered and tangled with grass, — his eyes closed, — his lips bleeding ! I can- not avoid seeing that always ! And that cruel bouquet, those accusing flowers which, every year, come to say to me: coward! thou didst leave him to die! He called thee! (Very low,) He called me. I could have saved him ; I left him to die ! Ah ! that thought will drive me mad. ( Calming herself suddenly, at the sight of Madame Berthollet. ) What do you want of me, my dear Madame Berthollet? SCENE VII Madame De Blossac, Madame Berthollet. MADAME BERTHOLLET. Madame, here is M. de Saint-Iriex, the president of your association. MADAME DE BLOSSAC. Ah ! that is fortunate. Show him into this parlor ; I am going to look for the account of the quarter which I finished this morning. MADAME BERTHOLLET. Yes, Madame. (Madame de Blossac exit to the left.) MADAME BERTHOLLET, (alone.) A very worthy man, this M. de Saint-Iriex. SCENE VIII. Madame Berthollet, M. de Saint-Iriex. M. DE SAINT-IRIEX. Good-day, Madame Berthollet. How is your dear mistress to-day ? MADAME BERTHOLLET. Better, but still suffering. How can a person be res- tored to health, who lives in abstinence and mortifi- cation ? 12 LADY TARTUFFE. M. DE SAINT IRIEX. Elle a tort, elle devrait, se soigner. Elle se doit à tous ceux qu'elle édifie par sa conduite. MADAME BERTAFLLET. C'est ce que je lui dis sans cesse, mais elle ne m'écoute par... Avant le jour, la voilà partie?... Elle va visitor ses pauvres, elle leur porte tout ce qu'elle a. (Elle lui montre un petit habit qu'elle lient à la main.) Tenez, ce vêtement. M. DE SAINT-IRLEX Une bonne œuvre ? MADAME BERTHOLLET. Oui, encore. Et un courage, une charité vraiment admirables ! Moi, je la regarde comme une sainte. M. DE SAINT-IRLEX. Ce que vous pensez là, nous le pensons tous. MADAME BERTHOLLET. Quelle différence avec cette madame de Clairmont ! M. DE SALNT-IRIEX. Madame de Clairmont fait beaucoup de bien aussi. Elle a son mérite... c'est un autre genre... un esprit moins sérieux. MADAME BERTHOLLET. Vous êtes bon ! C'est une évaporée, une mondaine ! Si c'est la piété, le matin, c'est le scandale le soir ; tandis que madame de Blossac, c'est la vertu à toutes les heures. On ne voit venir chez elle que des hommes graves... tous hommes mûrs et simples comme vous, monsieur de Saint-Iriex, et incapables de tourner la tête à une femme. M. DE^SAINT-IRIEX. On dit que le maréchal d'Estigny aurait quelque idée de l'épouser. Cela serait excellent pour notre œuvre- madame la maréchale présidente ! MADAME BERTHOLLET. H pourrait bien se vanter d'avoir pour femme la vertu même !... Mais la voici. SCÈNE IX. Madame de Blossac, Madame Bek.thol.let, M. de Saint-Iriex. MADAME DE BLOSSAC, entrant. Monsieur de Saint-Iriex. .. M. DE SALNT-IRIEX, saluant. Madame... MADAME BERTHOLLET, revenant. An ! j'oubliais.,. Voici, madame, le petit uniforme. M. DE SAINT-IRIEX, étonné. Le petit uniforme.... MADAME BERTHOLLET, attendrie. Oui, un habit pour le singe du petit Savoyard... J'ai cousu les boutons. MADAME DE BLOSSAC. C'est bien, ma chère madame Berthollet, laissez-le là ; il va venir, je le lui donnerai... merci ! (Madame Ber- thollet sort après avoir posé l'habit sur la table à ouvrage au fond à droite.) M. DE SA1XT-IRIEX. She is wrong, she should take care of herself. She owes it to all whom she edifies by her conduct. MADAME BERTHOLLET. That is what I say to her incessantly, but she does not heed me. Before day she is gone ! She goes to visit the poor, she carries them all she has. (She shoivs him a little coat which she holds in her hands.) See this garment — M. DE SATNT-TRIEX. A charity work ? MADAME BERTHOLLET. Yes, again. And a courage, a charity truly admirabh». I look upon her as a saint. M. DE SATNT-IRIEX. We all think as you do on that point. MADAME BERTHOLLET. How different is this Madame de Clairmont ! M. DE SALNT-IRIEX. Madame de Clairmont does a great deal of good like- wise. She has her merit, but it is of another kind, — a soul less serious. MADAME BERTHOLLET. You are right ! She is a giddy worldling. If she be piety in the morning, she is scandal in the evening ; whilst Madame Blossac is virtue at all hours. One sees coming to her house only serious men — all mature and unaffected like you, M. de Saint-Iriex, and incapable of turning a woman's head. M. DE SALNT-IRIEX. They say the Marshal d'Estigny has some idea of mar- rying her. That would be excellent for our society — Madame la Maréchale president ! MADAME BERTHOLLET. He might well boast of having Virtue herself for a wife ! But here she is. SCENE IX. Madame de Blossac, Madame Berthollet, M. De Saint-Iriex. MADAME DE BLOSSAC, (enters). Monsieur de Saint-Iriex. M. DE SAINT-IRIEX, (boivs). Madame. MADAME BERTHOLLET, (returning). Ah ! I forgot. — Here Madame is the little uniform. M. DE SAINT-IRIEX, (astonished). The little uniform? MADAME BERTHOLLET, (affected). 'Tis a coat for the monkey of a little Savoyard. I have sewed on the buttons. MADAME DE BLOSSAC. That is right, my dear Madame Berthollet, leave it there ; he is coming ; I Will give it to him ; thank you 1 (Madame Berthollet exit, after having put the coat on the work-table at the lack to the right.) LADY TARTUFFE. 13 SCENE X. Madame de Blossac, M. de Saint-Iriex. M. DE SAINT-IRIEX. Toujours charitable ! c'est une fortune pour lui que ce soin touchant... (Il regarde le petit uniforme avec attend- rissement.') Vous êtes un ange ! MADAME DE BLOSSAC. Ne parlons pas de cela. Voyons, monsieur le président, parlons de notre œuvre... sera-t-elle adoptée par l'ad- ministration ? M. DE SAINT-IRIEX. J'en doute. Il nous faudrait pour cela la protection d'un personnage en crédit... (Finement.) Le maréchal d'Estigny, par exemple... MADAME BERTHOLLET, annonçant. Madame la comtesse et mademoiselle de Clairmont. MADAME DE BLOSSAC, avec Voici sa nièce, addressez-vous à elle. SCÈNE XL Madame Berthollet, Jeanne, La Comtesse, Madame de Blossac, M. de Saint-Iriex. MADAME DE BLOSSAC, allant au-devant de la comtesse. C'est un honneur bien inattendu pour moi que la visite de madame de Clairmont. LA COMTESSE Il ne faut pas m'en savoir gré... je viens par ordre... c'est mon oncle qui m'envoie... Il veut absolument vous voir aujourd'hui. MADAME DE BLOSSAC. Et pourquoi ? MADAME BERTHOLLET. Madame Duvernois, madame Courtin. LA COMTESSE, confidentiellement. Pour une raison que nous vous dirons tout à l'heure.. quand vous aurez moins de monde. (Madame de Blossac conduit là comtesse et Jeanne au canapé sur lequel elles s'as- seyent.) SCENE XII. Madame Berthollet, Madame Duvernois, Ma- dame Courtin, M. de Saint-Iriex, Madame de Blossac, la Comtesse, Jeanne. M. DE SALNT-IRIEX. Ah ! deux dames de notre œuvre. (Aux dames.) Tou- jours exactes, mesdames ? (Madame de Blossac vient re- cevoir les deux dames, puis retourne près de la comtesse et s'assied à côté d'elle siùr une chaise, Madame Duvernois et madame Courtin vont à la table à gauche.) MADAME BERTHOLLET. M. des Tourbières. M. DE SAINT-IRLEX. Et notre trésorier. SCENE X. Madame de Blossac, M. de Saint-Iriex, M. DE SAINT-IRIEX. Always charitable ! this tender care is a fortune for him. (Re looks at the little uniform with emotion). You are an angel ! MADAME DE BLOSSAC. Do not let us speak of that. See, Monsieur le Presi- dent, let us talk of our society. Will it be encouraged by the administration ? M. DE SAINT-IRIEX. I doubt it. We need for that the protection of a per- son of repute, (delicately), the Marshal d'Estigny, for instance. MADAME BERTHOLLET, (announces) Madame la Countess and Mademoiselle de Clairrnont. MADAME DE BLOSSAC, (with dignity). Here is his niece, address yourself to her. SCENE XL Madame Berthollet, Jeanne, the Countess Madame de Blossac, M. de Saint-Iriex. MADAME DE BLOSSAC, (going to meet the countess). The visit of Madame de Clairmont is an unexpected honor to me. THE COUNTESS. You must not thank me for it. I come according to orders. My uncle sent me. He wishes particulary to see you to-day. MADAME DE BLOSSAC. And why 1 MADAME BERTHOLLET. Madame Duvernois, Madame Courtin. THE COUNTESS, (confidentially). For a reason which we will tell you presently, when you have less company. (Madame de Blossac conducts the countess and Jeanne to the sofa, on which they seat them- selves). SCENE XII. Madame Berthollet, Madame Duvernois, Ma- dame Courtin, M. de Saint-Iriex, Madame df Blossac, the Countess, Jeanne. M. DE SAINT IRIEX. Ah ! Two ladies of our society. (To the ladies.) Always punctual, Mesdames. (Madame de Blossac receives the two ladies, then returns to the countess, and seats herself on a chair by her side. Madame Duvernois and Madame Cour- tin go to the table on the left.) MADAME BERTHOLLET. M. des Tourbières. M. DE SAINT-IRIEX.* And our treasurer. 14 I, A D V T A R T C F F E . SCÈNE XIII. Les Precedents, DES TOURBIERES : cos- tume simple, tenue sévère, demarche empesée, le ton sentencieux tCun sot qui pi'ese ses paroles. DES TOURBIÈRES, aux deux dames qui le saluent. Ne prenez pas garde à moi, mesdames, de grâce !... (A part.) Attention ! mesurons mon discours et soyons à mon rôle de vertueux imbécile. (Haut à madame de Blossac.) Hier, vous étiez bien souffrante, madame... Êtes-vous plus satisfaite de votre santé aujourd'hui ? J'avais le projet de venir savoir plus tôt de vos nouvel- les, mais il m'a été impossible de l'effectuer. MADAME DE BLOSSAC. Je suis mieux, je vous remercie. DES TOURBIERES. Prenez-y garde, madame de Blossac ! à force de mor- tifications, vous vous vous rendrez malade. . .Je vous le dis toujours. . .c'est grave !. . . Il ne faut pas jouer avec les mortifications. (A la comptesse.) Monsieur le maré- chal?... LA COMTESSE. Il vous attend ce soir. Il a quelque chose à vous dire. (Elle cause avec madame de Blossac.) DES TOURBIERES. Quelque chose à me raconter, sans doute. MADAME DE BLOSSAC, a la comtesse. C'est son auditeur favori. DES TOURBIERES, àpart. C'est-à-dire sa victime préférée. (Haut à Jeanne en passant derrière le canapé.) Mademoiselle, oserai-je vous demauder si vous avez donné un pendant à ce charmant paysage que vous présentâtes l'autre jour au maréchal? JEANNE. Pas encore, mais j'y travaille. DES TOURBIERES. Vous cultivez le dessin avec préférence ? JEANNE. C'est ma passion ! DES TOURBIERES, choqué. Passion! ce mot me surprend... Savez-vous ce que c'est que d'avoir une passion ? JEANNE. Oui, c'est aimer trop. LA COMTESSE. Qu'est-ce qu'elle dit donc là ? JEANNE. Maman, je dis que j'aime à dessiner beaucoup trop. LA COMTESSE. C'est vrai : elle se lève avec,le jour pour dessiner, et le soir à huit heures elle tombe de sommeil. DES TOURBEERES. Quel est son maître de dessin. LA COMTESSE. C'est Marcelin. SCENE XIII. The Foregoing, Des Tourbières: Costume simple, deportment severe, hearing stiff, the sententious tone of a fool ivlio weighs his words. DES TOURBDGRES, (to the ladies, who salute him). Do not mind me, ladies, I pray you ! (Aside.) Now then, let us treasure our discourse, and be careful of our character of a virtuous idiot. (Aloud, to Madame de Blossac.) Yesterday, you were suffering considerably, Madame. Are you in better health to-day. I had in- tended coming sooner to hear from you, but it has been impossible to effect it. MADAME DE BLOSSAC. I am better, I thank you. DES TOURBIERES. Be careful, Madame de Blossac ! For you will make yourself ill, by dint of penance. I tell you so always. It is a serious consideration ! One must not play with self- mortifications. (To the Countess.) Monsieur le maréchal ? THE COUNTESS. He expects you this evening. He has something to say to you. (She talks with Madame de Blossac). DES TOURBIERES. Something to relate to me, doubtless. im- MADAME DE BLOSSAC, (to the Countess). That is his favorite listener. DES TOURBIERES, (aside). That is to say his preferred victim. (Aloud to Jeanne, passing behind the sofa.) Mademoiselle, may I inquire of you if you have painted a companion to the charming landscape which you presented the other day to the mar- shal ? JEANNE. Not yet, but I am at work upon it. DES TOURBIERES. Do you cultivate drawing in preference ? JEANNE. That is my passion ! DES TOURBIERES, (shocked). Passion ! that word surprises me. Do you know what it is to have a passion ? JEANNE. Yes. It is to love too much. THE COUNTESS. What is it she is saying there ? JEANNE. Mamma, I said that I love to draw a great deal too much. THE COUNTESS. That is true ; she rises at dawn to draw, and at eight o'clock in the evening she falls asleep. DES TOURBIERES. Who is her drawing-master? THE COUNTESS. Marcelin. LADY TARTUFFE. 15 DES TOURBIERES. Excellent! . . . un véritable artiste. (H indique à Jeanne un tableau appendu à droite ; Jeanne se lève pour le regarder et des Tourbières va rejoindre Saint-Iriez à gauche.) MADAME DE BLOSSAC. Et puis un bien honnête homme ! (Bas à la comtesse.) Il avait tourné la tête à une de ses élèves. . . Eh bien ! il l'a épousée. . .c'est une belle action! , LA COMTESSE. Oui, mais comme il ne pourrait pas la recommencer, je vais lui donner son congé, à ce séducteur. . . honnête homme ! Est-ce que vous croyez avoir fait son éloge ? MADAME DE BLOSSAC. Mais sans doute, madame, c'est un éloge sincère. LA COMTESSE. Et mortel!... Quels éloges. Ah! si c'est comme cela que vous les faites?. . . je vous en prie, dites toujours du mal de moi. MADAME DE BLOSSAC. Madame, de grâce, n'ayez pas d'esprit contre moi : cela vous est trop facile. JEANNE, apercevant l'uniforme du singe. Ah! un uniforme ! qu'est-ce que c'est que ça?. . . No, but she has nothing to confide. I will answer for her ; and you see that the odious calumnies with which they have wished to blast her name, will do her no wrong, since all that will terminate in an excellent marriage. The evil-doers will have that for their pains I am well satisfied, for I become wicked in my turn. DES TOURBIERES, (aside). Diable ? she defends her : she wishes to ruin her. M. DE SAINT-IRIEX. Madame, are not the suspicions, perhaps, so light, that your good heart makes you believe. MADAME DE BLOSSAC. My good heart makes me believe that a young girl, well brought up, as Mademoiselle de Clairmont ha9 been, is incapable of giving assignations at night to a young man. M. DE SAINT-IRIEX. Assignations ! MADAME DE BLOSSAC. It is useless for them to say that the father of Mon- sieur — Monsieur, I forget the name — ah! M. Charles Valleray M. DE SAINT-IRIEX. Charles Valleray ! MADAME DE BLOSSAC. Was the enemy of her family ; that if she loved him, she could see him only in secret. I will never believe that tale. DES TOURBIERES. Ah then ! it is some mistake which must not be noised about. M. DE SAINT-rRIEX. Monsieur, a name given, a meeting given at night — that is serious ! MADAME DE BLOSSAC. What does it matter, if it be a falsehood, that a name is given ? Do they not affirm that the gardener of the old Marchioness de Clairmont, Lionard, the gardener, whom she had at Blois, did himself surprise the two young people ? MADAME DTJVERNOIS. Surprised the two young people ! M. DE SAINT-IRIEX. The two young people ! MADAME DE BLOSSAC. All that proves conclusively, that it is a story invented at pleasure. M. DE SAINT-IRIEX. But what proves the falsity of this relation 1 LAD' T \ R 1 21 MADAME DE I d'uu COUp '. I'ardnn. madam qu'il eat inutile de vuus dire, je ae puis entendre de Bung-froid des propos qui... MADAME DUVERNOIS. Eh Monsieur, vous n'êtes pus le tuteur de mademoiselle Jeanne '.' M. DE SAINT-IRIEX. Non, madome, mais je • MAI 'AME DE BLOSSAC. Un allié des Clairmont? JNT-IRIEX. Non, Madame. MADAME DE BLOSSAC. Un camarade du maréchal ? M. DE SAIXT-IRIEX. .i pas cet honneur. MADAME DE BLOSSAC. Alors, monsieur, de quel droit vous hâtez-vous d'ac- cucilir des Eoupçons indignes'.' M. DE SAINT-IEIEX. Du droit de ma conscience, madame, qui m'ordonne d'avetir les personnes intéressées. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur, vous m'effrayez! Devant qui ai-je eu le malheur de parle ! M. DE SAINT-miEX. Devant l'ami du marquis de Renneville. MADAME DE BLOSSAC. Le père d'Hector de Renneville ! Ah ! monsieur, je vous en conjure... M. DE SAIXT-IRIEX. allant prendre son chapeau sur une chaise au fond. le connais mon devoir, madame? Le blazon des Ren- neville doit rester sans tache... MADAME DE BLOSSAC. Mais enfin que prétendez-vous? M. DE SAINT-IRIEX. Je connais mon devoir ! et je sais ce qu'il me reste à faire. (Il sort. SCÈNE XVI. Madame Courtin, Madame Duvernois, Ma- dame de Blossac, Des Tourbières. MADAME DUVERNOIS. Quel scandale ! à seize ans avoir déjà des intrigues ! MADAME COURTES. Ah ! c'est le fruit de l'éducation nouvelle. DES TOURBIERES. En effet, cela ne s'était jamais vu (Bas à madame de iSSAO. i me can jndge her at a Pardon i» .isons which ir coolly in- sinuation which — MADAM But, ■ guardian of Mademoi- selle Jeanne. M. DESAEST-IR] Nu, Madame, but I am — MADAME DE BLOSSAC. An ally of the Clairmonts ? M. DE SAINT-LRIEX. No, Madame. MADAME DE BLOS- A companion of the marshal's? M. DE SAINT-IRIEX. I have not that honor. MADAME DE BLOSSAC. Then, monsieur, by what right do you wish to wel- come these unworthy suspicions ? M. DE SAINT-IRIEX. By the right of my conscience, madame, which orders me to warn the persons interested. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur, you frighten me ! Before whom have I had the misfortune to speak ? M. DE SATNT-IRIEX. Before a friend of the Marquis de Renneville. MADAME DE BLOSSAC. The father of Hector de Renneville ! Ah ! monsieur, I implore you — M. DE SAIXT-HÏIEX, (taking his hat from a chair far back). I know my duty, madame. The arms of the Rcnnc- villes' must remain without a spot — MADAME DE BLOSSAC. But finally,, what do you intend to do? M. DE SAIXT-IRIEX. I know my duty ! and I know what there is for me to do. (Exit.) SCENE XVI. Madame Courtin, Madame Duvernois, Madame De Blossac, Des Tourbières. MADAME DUYERNi | How scandalous ! at sixteen to have already intrigues ! MADAME COURTLN. Ah I that is the result of the new education. DES TOURBIERES. Indeed, such a thing was never known! (Low to Ma- 22 L A I) V T A R T UFFE. Blossac, avec malice.) Imprudente! vous avez raconté cette aventure devant ce vieillard, et il est l'ami du marquis de Eenneville. MADAME DE BLOSSAC. Ah ! je suis désolée. DES TOURBIERES, à part. Elle le savait ! (Haut.) Mais cette histoire?... MADAME DE BLOSSAC. Elle est vraie. DES TOURBIERES. Non c'est une calomnie. MADAME DE BLOSSAC. Bientôt tout vous sera révélé. L' histoire est vraie. DES TOURBIERES. Vraie ?... Je ne l'aurais pas cru... MADAME DE BLOSSAC. Comment ? DES TOURBIERES. Vous avez du bonheur ! FIN DU PREMIER ACTE. dame de Blossac, malicious!!/.) Imprudent! you have related this adventure before this old man, and he is a friend of the Marquis de lîenneville ! MADAME DE BLOSSAC. Ah ! I am disconsolate DES TOURBIERES, (aside). She knew it ! (aloud.) But this story ? MADAME DE BLOSSAC, It is true. DES TOURBIERES. No, it is a slander. MADAME DE BLOSSAC. All -will be revealed to you soon. The story is true. DES' TOURBIERES. True ? I should not have believed it— MADAME DE BLOSSAC. Why? DES TOURBIERES. Because you are happy ! END OF ACT FIRST. ACTE DEUXIEME. Un salon richement meublé, dans l'hôtel du maréchal d'Estingy ; au fond, des serres en galerie. SCÈNE PREMIÈRE. Le Maréchal, debout, Un Secrétaire, assis à gauche. LE MARECHAL, dictant au secrétaire. " ...Et c'est alors qu'entraîné par la vigueur de mes raisonnements, le congrès médiateur résolut d'affranchir de toutes vicissitudes territoriales les enclaves séculari- sées par les Hautes Puissances contractantes." Bien! restons-en là ; je relirai ce chapitre cette nuit. (S'as- seyanl.) Ce morceau me plait. Je l'ai travaillé ! il le fallait : le fait exact était trop nu. Ah ! la plume vous emporte ! Si l'on ne la retenait, la perfide ! elle vous entraînerait à dire la vérité... cela serait joli ! D'ail- leurs, si l'on devait dire tout bêtement ce qu'on a vu, ce ne serait pas la peine d'écrire ses mémoires. Bien plus, si l'on racontait les événements tels qu'ils sont arrivés, le public n'y croirait pas ; il faut leur refaire des pro- babilités. Ah! voilà ma petite Jeanne! — Je me sens fatigue, allez vous reposer, mou cher Girard ; après ce lourd travail, son gentil babil va me distraire. (Le secrétaire sort.— Jeanne hésite à entrer.) ACT SECOND. A saloon richly furnished, in the hotel of the Marshal d'Estigny ; in the back ground, a gallery of conserva- tories. SCENE I. THE NARSKAI^standing, A SECRETARY, seated to the left. THE MARSHAL, dictating to the secretary. " And it was then, that carried away by the force of my reasoning, the meditating Congress resolved to enfranchise from all territorial vicissitudes, the limits secularized by the High Contracting powers." There! let us stop here ; I will read over this chapter to-night. (Scaling himself.) This passage pleases me. I worked at it ! it was necessary : the exact fact was too naked. Ah ! the pen carries one away! If you do not restrain her, perfidious one ! she will seduce you into telling the truth — that would be pretty ! Besides, if one should say simply what one has seen, it would not be worth while to write one's memoirs. Still more, if one related events as they happened, the public would not believe them; one must re-create probabilities for them. Ah! there is my little Jeanne ! I feel fatigued ; go restyour- self, my dear Girard, after this heavy work, her pretty prattle will amuse me. (Secretary goes out. — Jeanne hesi- tates to come in.) LADY TARTUFFE. 23 SCÈNE II Le Maréchal, Jeanne. LE MARECHAL, debout. Viens donc, Juanina. JEANNE. Debout ! quel bonheur ! Il rient au-devant de moi ! Je vais bien l'embrasser pour la peine. Et la goutte?... Partie ?... Il n'a plus besoin de mon bras. Mon cher petit oncle, que je suis contente. LE MARECHAL, lui prenant la main et allant se rasseoir. Tu l'aimes donc! ton pauvre oncle? JEANNE. Oh ! oui... Il est si bon à aimer ! Et puis, cela m'amuse beaucoup de le caresser... oui, ça m'amuse... Quand je vois tout le monde qui a l'air de trembler devant lui, qui le traite avec tant de cérémonie... " Monsieur le maréchal par ci, Monsieur l'ambassadeur par là..." et l'on parle tout bas dans son salon comme dans une église, et l'on n'ose s'asseoir sans sa permission. Enfin, quand je vois tous ces pompeux respects, ça m'amuse de pouvoir lui parler sans façon, moi, à ce grand person- nage, de lui sauter au cou sans cérémonie, de l'embrasser par ici, Monsieur le maréchal, et par là, Monsieur, l'am- bassadeur, et de m'asseoir sur ses genoux sans sa per- mission. Ça m'amuse beaucoup ! (Elle s'assied sur les genoux du maréchal.) LE MARECHAL. Oh! l'enfant gâté! (Il Vembrasse.) Heureusement qu'un bon mari va vous remettre à la raison, mademoi- selle. JEANNE, se levant. Oh ! mon Dieu ! lui ?... Il va me gâter comme les autres ; j'ai vu ça tout de suite. LE MARECHAL. Ah ! vraiment ! Et à quoi donc devines-tu cela ? dis... hein? JEANNE. A la manière dout il me regarde. Oh ! comme il me regarde bien !... Personne ne m'a jamais regardée comme ça. LE MARECHAL. Il te regarde avec bonté, avec tendresse, comme moi. JEANNE. Ce n'est pas du tout la même chose. LE MARECHAL. Et quelle différence trouves-tu donc entre sa manière de regarder et la mienne ? JEANNE. Ca n'a aucun rapport. Et puis, ça ne me fait pas le même effet : quand vous me regardez, moi, je vous re- garde ; mais aussitôt que lui, il fixe ses deux yeux sur moi, oh ! je ne sais plus que faire des miens ; je suis contente, et pourtant je voudrais m'en aller. C'est très- singulier. LE MARECHAL. Et tu ne t'en vas pas ? JEANNE. Non... Je suis un peu comme est madame de Blossac quand elle entre ici, j'ai l'air embarrassé, je suis toute tremblante... Est-ce vrai, mon oncle, que vous allez vous marier avec elle ? SCENE IL The Marshal, Jeanne. THE MARSHAL, (standing). Come then, Juanina. JEANNE. Dp ! what joy ! He comes to me ! I will embrace him well for the trouble. And the gout ? Gone ? There is no further need for my arm. My dear little uncle, how happy I am! THE MARSHAL. (taking her hand and going to reseat himself). You love him then ! your poor uncle ? JEANNE. Oh ! yes. It is so pleasant to love ! and besides, it amuses me to caress him ; yes, it amuses me. When I see everybody seeming to tremble before him, treating him with so much ceremony. " Monsieur le Maréchal here, monsieur l'Ambassadeur there," and no one dares to sit without his permission ; — finally, when I see this pompous respect, it amuses me to be able to talk to him carelessly. I — to this great personage — to leap upon his neck without ceremony, to embrace here Monsieur le Maréchal, and there Monsieur l'Ambassadeur, and to sit on his knee without his permission. That amuses me very much ! (Seuts herself on the Marshal's knee). THE MARSHAL. Oh ! the spoilt child ! (Embraces her.) Happily a good husband will bring your senses back, Mademoiselle. JEANNE, (rising). Oh! mon Dieu, he? He will spoil me like the others ; I saw that immediately. THE MARSHAL. Ah ! truly ! and from what do you divine that ? Eh ? JEANNE. From the way he looks at me, oh! how beautifully he looks at me ! No body has ever done so like him. THE MARSHAL. He looks at you kindly, tenderly, as I do ? JEANNE. It is not at all the same thing. THE MARSHAL. And what difference do you find then between his way of looking and mine? JEANNE. They have no analogy. Besides they have not the same effect upon me : when you look at me, I look at you ; but as soon as he fixes his two eyes upon me, oh ! I no longer know what to do. THE MARSHAL. And you do not go away ? JEANNE. No, I am a little like Madame de Blossac when she comes here, I seem embarrassed, I am all trembling. Is it true, my nncle, that you are going to marry her? 24 LADY TARTUFFE. [ARECHAL. Non, mon enfant. Qui t'a conté cela?... Est-ce que cela te ferait de la pieue, si je l'épousais ? JEANNE. A moi ? non -vraiment. Je l'aime beaucoup ; elle est si bonne !... et comme elle vous est dévouée ! Nous nous entendrions bien toutes les deux pour vous soigner. LE MARECHAL. Mais qu'est-ce qui te fait supposer qu'elle m'est si dé- vouée ? JEANNE. Elle le dit toute la journée ; elle parle de vous sans cesse, elle ne s'occupe que de vous, de vos soutfranc.es ; elle a fait trois neuvaines pour votre jambe, pour votre goutte, et je crois bien que c'est ça qui vous a guéri ; car vous êtes guéri, mon petit oncle. LE MARECHAL, se levant. Oui, et je vais entreprendre avec toi une grande pro- menade. JEANNE. C'est imprudent, je ne veux pas. LE MARECHAL. Nous n'irons pas loin... Nous ne sortirons pas de la maison. Je veux te conduire dans ton nouvel apparte- ment. JEANNE. L'appartement du premier, qui donne sur le jardin, et que vous faites meubler poux M. de Renneville. LE MARECHAL. Tu le sais?... Et moi qui voulais vous faire une sur- prise ! JEANNE, confuse. Ah ! c'est vrai... que je suis sotte ! j'ai oublié d'être étonnée. LE MARECHAL. Et qui est ce qui t'a dit mon secret? ce n'est pas ta mère. JEANNE. Non, c'est votre vieux secrétaire qui l'a dit par impru- dence devant moi, et j'avais bien promis que j'aurais l'air de tout ignorer. Oh! ne le grondez pas, c'est ma faute. LE MARECHAL. Cela prouve que tu ne sais pas mentir. JEANNE. Ah ! si, je sais bien mentir ; c'est que j'oublie. Je suis si étourdie ! LE MARECHAL. J'ai fait moi-même arranger ta chambre, et je te donne pour présent de noce tous les meubles que tu y trou- veras. JEANNE. Oh ! comme vous êtes bon ! Et je n'aimerais pas un oncle comme celui-là .'. LE MARECHAL. Allons la voir cette belle chambre... UN VALET. Madame de Blossac ! JEANNE. Adieu, mon oncle. THE MARSHAL. No, my child, who told you that? Would it grieve you if I were to marry her ? JEANNE. Me. truly not ; I love her very much ; she is so good ! and how devoted she is to you! We should lay our heads together to take care of you. THE MARSHAL. But what makes you suppose that she's devoted to me? JEANNE. She confesses it all day ; she speaks of yon inces- santly. She is concerned about you alone, your suffer- ings ; she has performed three neuvaines for your limb, for your gout, and I fully believe it is that which has cured you, for you are cured, my little uncle. THE MARSHAL, (rising). Yes, and I shall undertake a long walk with yon. JEANNE. That is imprudent — I will not go. THE MARSHAL. We shall not go far. We shall not go out of the house. I wish to show you the way to your new apart- ments. JEANNE. The room on the first floor, which looks out on the garden, and which you have furnished for M. de Renne- ville THE MARSHAL. Tou know it ? and I wished to give you a surprise ! JEANNE, (confused). Ah ! that is true : how silly I am ! I forgot to be astonished. THE MARSHAL. And who has told you my secret. Not your mother. JEANNE. No. it was your old secretary who told it impudently before me, and I had promised that I would feign igno- rance. Oh ! do not scold him, it is my fault. THE MARSHAL. That proves that you cannot lie. JEANNE. Ah ! yes, I know very well how to lie ; I forget. I am so stupid! THE MARSHAL. I have had your chamber fitted up myself, and I give you, for a bridal present, all the furniture that you will find there. JEANNE. Ah ! how good you are ! I could not love another uncle as I do you ! THE MARSHAL. Come, let us go and see this beautiful room. A VALET. Madame de Blossac ! JEANNE. Adieu, my uncle. f LADY TAETUFFE 25 LE MARECHAL. Tu me quittes déjà, Giovannina? JEANNE. Oui. mon oncle ; maman m'a dit de m'en aller bien Tite, dès qu'il vous Tient quelqu'un. LE MARECHAL. Nous visiterons donc l'appertement demain. En at- tendant, voilà ce que je voulais mettre dans ta toilette. (Il lui remet un écrin.) JEANNE, prenant l'éerin. Oh! le joli collier ! les magnifiques perles ! C'est trop beau ; maman ne voudra pas que je porte ça. (Madame de Blossac paraît au fond.) LE MARECHAL. C'est trop beau pour Jeannette... mais pour madame la comtesse de Renneville !... SCENE III. Le Maréchal, Jeanne, Madame de Blossac. MADAME DE BLOSSAC. àpart. La comtesse de Renneville, pas encore ! JEANNE. Moi !. . il me semble que je lis un conte de fées !... Ah ! madame de Blossac ! (Bas au maréchal en montrant madame de Blossac) Regardez-la, voyez comme elle a l'air gauche; eh bien? c'est comme ça que je suis avec lui. (Mie sort encourant par le fond.) SCÈNE IV. Le BIaréchal, Madame de Blossac. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur le maréchal !... LE MARECHAL, à madame de Blossac. 'Eh bien ! madame, vous voulez forcer un pauvre goutteux à courir vers vous ? MADAME DE BLOSSAC. Je craignais de vous gêner ; vous étiez avec made- moiselle votre nièce ! LE MARECHAL. C'est Jeannette qui vous fait peur ? Elle vous adore, cette petite. MADAME DE BLOSSAC, (émotion jouiée.) Chère enfant?... Je suis venue de bonne heure, pour vous voir seul... un moment. LE MARECHAL, conduisant madame de Blossac au canapé, à droite Vous avez quelque chose à me demander pour un de vos protégés ? MADAME DE BLOSSAC. Non... je n'ai rien à vous demander ; mais j'éprouvais le besoin de vous revoir sans tout ce monde. Au fait, c'est juste... Cela doit vous surprendre ; moi-même, je ne sais pas pourquoi... ah ! LE MARECHAL. Comment êtes-vous? Je suis bien heureux de vous THE MARSHAL. You will leave me already, Giovannina ! JEANNE. Tes, my uncle ; mamma told me to go away soon, as soon as any one should come to you. THE MARSHAL. We will visit the chamber to-morrow then. In the meantime, here is what I wished to put upon your toilet. (Gives her a casket.) JEANNE, (talcing the casket). Oh ! the pretty necklace ! the magnificent pearls ! It is too fine ; mamma would not permit me to wear that. (Madame de Blossac appears at the back.) THE MARSHAL. It is too fine for Jeannette ; but for Madame la Com- tesse de Renneville ! SCENE III. The Marshal, Jeanne, Madame de Blossac. MADAME DE BLOSSAC, (aside). The Countess de Renneville, not yet ! JEANNE. I seem to be reading a fairy tale ! Ah ! Madame de Blossac ! (Low to the marshal, calling his attention to Madame de Blossac,) Look at her, see how embarrassed she is ; well, I am so with him. (Exit, running back.) SCENE IV. The Marshal, Madame De Blossac. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur le maréchal ! — THE MARSHAL, (to Madame de Blossac). So, madame, you wished to compel a poor, gouty wretch to run after you ? MADAME DE BLOSSAC. I feared to weary you ; you were with mademoiselle, your niece ! THE MARSHAL. Afraid of Jeannette ? She adores you, the little darling. MADAME DE BLOSSAC, (with feigned emotion). Dear child ! I came early to see you alone ; a moment. THE MARSHAL, (handing Madame de Blossac to the sofa on the right). Have you some request to make of me for one of your proteges? MADAME DE BLOSSAC. No, I have nothing to ask of you ; but I feel a desire to see you again, without all this company. Indeed, it is so. That must surprise you ; I— I do not know why —ah! ■ THE MARSHAL. How are you ? I am very happy to find you again. 26 LADY TARTUFFE. retrouver enfin. On m'avait dit quo vous ne pourriez pas venir aujourd'hui, que vous étiez plus souffrante. MADAME DE BLOSSA. souriante et troublée. En effet, je ne pouvais pas venir et je suis beaucoup plus soufrante ; mais je suis venue, j'ai trouvé ce cour- age! LE MARECHAL, avec émotion. Et je vous en remercie. Moi je suis à moitié guéri. MADAME DE BLOSSAC, tremblante et n'osant lever les yeux. Oh ! je le sais ; j'étais bien triste de ne pas être là, mais j'avais de vos nouvelles deux fois par jour. M. Gi- rard, votre secrétaire, avait la bonté de m'en apporter tous les matins et tous les soirs. Je n'aurais pu m'en- dormir avant qu'il ne m'eût rassurée... mais vous voilà bien. Dieu soit loué ! LE MARECHAL. Jeanne prétend que je dois la santé à vos prières... que vous vez fait des neuvaines pour obtenir ma gué- rison. MADAME DE BLOSSAC, jouant la colère. Elle a raconté cela, la petite folle ! On ne peut rien dire devant elle. C'est désolant ! Quel besoin a-t-elle toujours de parler ? Je ne lui pardonne pas cette nou- velle indiscrétion. Oh ! que les petites filles mal élevées sont insupportables ! Certes, elle est charmante, et per- sonne ne l'aime plus que moi ; mais vous ovouerez, monsieur le maréchal, que sa mère a tort de lui laisser dire tout ce qui lui passe par la tête, répérter tout ce qu'elle entend, et que ses indiscrétions continuelles la rendent très-dangereuse. LE MAR*ECHAL, tendrement Je ne me plains pas de celle-ci! Tant qu'elle ne trahira que votre intérêt et votre bienveillance-pour moi, je lui pardonnerai de bon cœur, et je veux, moi, que vous lui pardonniez aussi... Sans cela je croirai qu'elle m'a trompé. (Il lui prend la main.') Vous ne lui en voulez plus? MADAME DE BLOSSAC. Je suis de trop bonne foi : je lui en vieux encore. LE MARECHAL. C'est mal, car c'est nier les doux sentiments qu'elle vous prête. Les niez-vous ? MADAME DE BLOSSAC, jouant l'embarras. Non... mais n'y songeons plus... Ah! vous êtes... im- pitoyable... LE MARECHAL. Ne voulez-vous donner un peu d'espoir que pour vite le reprendre ?...Dites. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur le maréchal !... LE MARECHAL. Eh bien ? MADAME DE BLOSSAC. Que demandez-vous ? LE MARECHAL. Suis -je le donc seul de vos malheureux dont vous n'aurez pas pitié ?... Voudriez-vous ?... (Un domestique entre). Quelqu'un. LÉ DOMESTIQUE. M. l'ambassadeur d'Angleterre fait demander si mon- sieur le maréchal peut le recevoir. They told me you could not come, that you were more unwell. MADAME DE BLOSSAC, (smiling and agitated). Really, I was not able to come, and I am much more indisposed. But I have come ; I took courage ! THE MARSHAL, (with emotion). And I thank you for it. I am already half cured. MADAME DE BLOSSAC, (trembling, and not daring to raise her eyes'). Oh ! I know it ; I was very sorry not to have been here ; but I heard from you twice a-day. M. Girard, your secretary, had the goodness to inform me every morning and evening. I could not sleep till he had reassured me ; but here you are, well. God be praised ! THE MARSHAL. Jeanne says that I owe my health to your prayers ; that you have performed neuvaines to ensure my re- covery. MADAME DE BLOSSAC, (feigning anger). She told you that, the little fool! One can say noth- ing in her presence. It is provoking! Why must she always prate ? I cannot pardon this new indiscretion. How insupportable are little girls who have been badly brought up ! To be sure, she is charming : and no one loves her more than I do ; but you must acknowledge, monsieur le maréchal, that her mother is wrong to per- mit her to say all that runs in her head, to repeat all she hears, until her continued indiscretions render her very dangerous. THE MARSHAL, (tenderly). I do not complain of this instance. So long as she betrays only your interest, your benevolence for me, I will heartily forgive her ; and I hope you, too, will for- give her. Unless you do, I shall believe that she has deceived me. (Takes hei- hand.) You are not still angry with her? MADAME DE BLOSSAC. I am too sincere ; I am still provoked against her. THE MARSHAL. That is wicked, for it is denying the kind feelings which she ascribed to you. Do you deny them ? MADAME DE BLOSSAC, (feigning embarrassment). No ; but do not think any more of it. Ah ! you are — merciless. THE MARSHAL. Do you wish to grant one a little hope, only to snatch it back again ? Say. MADAME DE BLOSSAC. Monsieur le Maréchal ! THE MARSHAL. Well? MADAME DE BLOSSAC. What do you demand of me ? THE MARSHAL. Am I then the only one of your unfortunates, on whom you will have no pity ? Would you ?— (Servant enters.) Some one. THE SERVANT. M., the English Ambassador wishes to know if M. le Maréchal will receive him ? LADY TARTUFFE 27 LE MARECHAL. Conduisez-le dans mon cabinet. — Mandites soient les affaires ! MADAME DE BLOSSAC. Monsieur le maréchal, je tous en prie... LE MARECHAL. Vous permettez, madame ? Je suis à vous dans l'in- stant. (Apart) Comme elle est troublée ! M. l'ambas- sadeur est venu trop tôt. (Il sort.) SCÈNE V. Madame De Blossac, seule, le suivant de Vœil. H est centrairé de me quitter... Je ne l'ai jamais vu si tendre. Bien ! il est amoureux ; tout me seconde. Jeanne compromise... uu refus... un refus insultant... un éclat... quel chagrin pour le maréchal!... Amoureux et malheureux ! Il faudra bien qu'il vienne à moi. SCENE VI. Des Tourbières, Madame de Blossac. DES TOURBIERES, entrant par la gauche. Seule !... et le maréchal ? (Baissant la voix). Vous faites les honneurs de chez lui, déjà ? MADAME DE BLOSSAC. Il est là avec l'ambassadeur d'Angleterre ; il va re- venir. DES TOURBIERES. Oh ! maïs vous avez l'air triomphant ! Est-ce que le père Renneville a fulminé ? Est-ce que la bombe a éclaté ? MADAME DE BLOSSAC. Pas encore. DES TOURBIERES. Comment ! cette intéressante famille n'est pas encore au désespoir ? Qui peut donc vous rendre si heureuse ! MADAME DE BLOSSAC. Le mal m'afflige toujours, monsieur, et si je n'avais la conscience que je rends service, je n'aurais pas le cour- age de désoler des gens que je respecte ; mais c'est un devoir. Il s'agit... DES TOURBIERES. De déshonorer une honnête famille en perdant une jeune fille. MADAME DE BLOSSAC. Au contraire, monsieur, il s'agit d'empêcher une famille honnête de se déshonorer en adoptant une fille perdue. DES TOURBIERES. C'est un point du ve différent. Dans le monde tout dépend du point de vue... Mais entendons-nous... je suis un-franc vaurien, je m'amuse des méchants... mais je ne suis pas de leur confrérie. J'ai le goût du bien... natu- rellement... comme artiste. Où me menez-vous? J ! ai besoin de vous comprendre. Si mademoiselle de Clair- mont est coupable, ce n'est pas à moi à défendre son honneur, et je vous laisse faire. Mais si Jeanne est in- THE MARSHAL. Show him to my study. Curse all business ! MADAME DE BLOSSAC. Monsieur le Maréchal, I beg of you — THE MARSHAL. THth your permission, madame. I will be with yoa in an instant. (Aside.) How distressed she is ! M. L'Ambassadeur has come too soon. (Goes out.) SCENE V. Madame de Blossac, {(done, following him with her eyes). He is annoyed at leaving me. I have never seen him so tender. Well, he is in love : everything seconds me. Jeanne compromised — a rejection — an insulting rejec- tion — an exposure. What a mortification for the Mar- shal ! In love and unhappy ! He will be compelled to come to me. SCENE VI. Des Tourbières, Madame de Blossac. DES TOURBIERES, (entering on the left) . Alone! and the Marshal? (Lowering his voice.) Are you already doing the honors in his house ? MADAME DE BLOSSAC. He is there with the English Ambassador. He will be back presently. DES TOURBIERES. Ah! you look triumphant! Has Father Renneville ex- ploded ? Has the bomb burst ? MADAME DE BLOSSAC. Not yet. DES TOURBIERES. How ! this interesting family is not yet in despair ? What then can have made you so happy ? MADAME DE BLOSSAC. Misfortune always afflicts me, monsieur ; aud if I did not know I am rendering a service, I should not have had the courage to distress people whom I respect ; but it is my duty. The question is — DES TOURBIERES. To dishonor a virtuous family by ruining a young- girl. MADAME DE BLOSSAC. On the contrary, monsieur, the question is to prevent a virtuous family from dishonoring itself, by adopting the ruined girl. DES TOURBIERES. That is in a different light. In the world everything depends upon the point of view. But let us understand one another. I am a frank good-for-nothing fellow. I amuse myself with the bad, but I am not in their brotherhood. I have a taste for the good, intuitively, as an artist. How do you wish to lead me? I wish to understand you. If mademoiselle be guilty, it is not for me to defend her honor, and I will let you do as you 28 LADY TARTUFFE. nocente... songez-y bien ! je suis votre confident, mais je ne veux pas être votre complice. MADAME DE BLOSSAC. Rassurez-vous... j'ai toutes les preuves de sa faute. DES TOURBIERES. Est-ce le témoignage de Yalleray ?... Il la défendra. C'est un honnête... Il faut vous défier de lui. MADAME DE BLOSSAC. Charles Vallcray est à Smyrne. (A part.) Je sais ce que je fais. DES TOURBIERES Mais on revient de Smyrne ; on va lui écrire. MADAME DE BLOSSAC. Quand il reviendra... DES TOURBIERES. J'entends!... vous aurez épousé le maréchal. — Vous l'avez vu? vous lui avez dit que vous l'aimiez? MADAME DE BLOSSAC. • Non, vraiment ; ce n'est pas à moi à lui dire cela. DES TOURBIERES. Et à qui donc, si ce n'est à vous? Ce n'est pas à moi, je pense ? MADAME DE BLOSSAC. Ce serait peut-être mieux. DES TOURBIERES. Quoi ! vous voulez que, moi, je fasse pour voua des aveux d'amours à un maréchal ! il faut que je lui dise que vous l'aimez ! . . . moi ! . . . Et que lui direz-vous donc, vous? MADAME DE BLOSSAC. Je lui dirai le contraire. DES TOURBIERES. Pourquoi. MADAME DE BLOSSAC. Pour qu'il le croie ? DES TOURBIERES. Pour qu'il croie le contraire ? MADAME DE BLOSSAC. Eh ! non : je lui dirai que je ne l'aime pas, pour qu'il croie que je l'aime... Comprenez-vous. DES TOURBIERES. Oui, je comprends. C'est très-fort ! MADAME DE BLOSSAC. Il ne serait pas maladroit de lui parler de moi avec froideur, comme d'une personne dont les opinions et le caractère n'ont pas vos sympathies. DES TOURBIERES, apart. Ça m'est plus facile, ça. MADAME DE BLOSSAC. Vous pourriez lui dire que j'ai de très-grands défauts, un entre autres qui peut me perdre. DES TOURBIERES.^ Et quel est ce défaut unique que vous daignez avoir ? please. But if Jeanne be innocent, be careful. I am your confidant, but I will not be your accomplice. MADAME DE BLOSSAC. Be assured I have every proof of.her mis-step. DES TOURBIERES. Is it the evidence of Yalleray ? He will defend her. He is an upright man. You must be careful of him. MADAME DE BLOSSAC. Charles Yalleray is in Smyrna. {Aside.) I under- stand what I am doing. DES TOURBD3RES. • 'But one can come back from Smyrna ; they will write to him. MADAME DE BLOSSAC. When he returns DES TOURBIERES. I understand ! Yoji will have espoused the marshal. Have you seen him ? Have you told him that you love him? MADAME DE BLOSSAC. No, indeed ; it is not for me to tell him that. DES TOURBIERES. And for whom, then, if not for you. It is not for me I should think. MADAME DE BLOSSAC. That would be best, perhaps. DES TOURBIERES. What ! You wish that I should make avowals of love for you to a marshal ? I must tell him that you love him ! I? And what will you tell him yourself. MADAME DE BLOSSAC. I shall tell him to the contrary. DES TOURBJJERES. Why? MADAME DE BLOSSAC. In order that he may believe it. DES TOURBIERES. In order that he may believe to the contrary ? MADAME DE BLOSSAC. Ah ! no. I shall tell him that I do not love him, simply that he may believe that I do. Do you under- stand ? DES TOURBIERES. Yes I understand. That is very clever ! MADAME DE BLOSSAC. It would not be unwise for you to speak to him of me as a person with whose opinion and whose character you have no sympathy. DES TOURBIERES, (aside). That will be most easy for me. MADAME DE BLOSSAC. You might say to him that I have glaring faults ; one among others, which may ruin me ! DES TOURBIERES. And which is this one fault which you condescend to have LADY TARTUFFE. * 29 MADAME DE BLOSSAC. Vous ne le devinez pas ? DES TOURBIERES. Que vous êtes... trop raisonnable... C'est un défaut qui es encore une qualité ; c'est ingénieux. MADAME DE BLOSSAC. C'est inepte !... Si je suis une femme trop raisonnable, alors c'est par raison que je l'aime, c'est-à-dire par in- térêt. DES TOURBD3RES. Sans doute. Je suis stupide !... Ah ! je tiens votre dé- faut : je lui dirai que vous avez une imagination trop ardente. MADAME DE BLOSSAC. A un vieillard ! quelle idée ! DES TOURBIERES. Imprudent ! qu'allais-je dire ! Il y aurait de quoi l'épou- vanter à jamais. Ce que c'est pourtant que l'exercice! Je m'étudie à paraître bête, et je le deviens ? Je ne trouve pas... Avouez-moi vous-même votre défaut. MADAME DE BLOSSAC. N'est-ce pas un défaut que d'être trop romanesque, d'aimer l'ombre et le silence, de fuir l'éclat du monde et d'avoir pour idéal ?... DES TOURBIERES. Une chaumière et son cœur ! MADAME DE BLOSSAC. Allons donc ! DES TOURBIERES. ' C'est juste ! Quel est le plus sûr moyen de parvenir à être la femme d'un maréchal de France ? C'est de pro- fesser le mépris des grandeurs. Quel est le plus sur moyen de séduire un vieil Almaviva (viva, pas trop !) qui veut être aimé pour lui-même, c'est de déclarer qu'on ne veut se marier que par amour... Ah ! che bestia ! c'est de la grande école. MADAME DE BLOSSAC. Il va revenir ; il m'aime, mais je veux connaître ses intentions. Tâchez de les savoir. Je ,vous laisse avec lui. DES TOURBIERES. Déjà !... quoi, vous partez ? MADAME DE BLOSSAC. J'ai à parler au jardinier des serres, il faut qu'il me dise ce qu'est devenu ce Léonard. DES TOURBIERES. Léonard ? Qu'est-ce que c'est que Léonard? MADAME DE BLOSSAC. C'est l'ancien jardiner de la vieille marquise de Clair- mont, celui qui a surpris Jeanne et Charles Valleray dans le jardin. DES TOURBIERES. Ah!... vous avez hâte de la perdre. MADAME DE BLOSSAC. Je veux retrouver ce témoin. DES TOURBIERES, apart. Et moi aussi. Pauvre Jeanne ! MADAME DE BLOSSAC. You do not guess it ? DES TOURBIERES. That yon are — too reasonable. That is a fault which is, besides, a quality ; it is ingenious. MADAME DE BLOSSAC. That is absurd! If I am a too reasonable woman, I should love him reasonably, which means interestedly. DES TOURBIERES. Undoubtedly. I am stupid ! Ah ! I have your fault. I will tell him that your imagination is too ardent. MADAME DE BLOSSAC. To an old man ! what an idea ! DES TOURBIERES. Imprudent ! What did I say ! There would be enough in that to frighten him off for ever. That is the effect of habit. I have studied to seem a fool, and I have be- come one ! I cannot guess. Tell it me yourself. MADAME DE BLOSSAC. Is it not a fault to be too romantic, to love seclusion and silence, to flee from the glitter of the world, and to have for an ideal DES TOURBIERES. A cottage and his heart ! MADAME DE BLOSSAC. There, you have it ! DES TOURBIERES. It is excellent ! What is the surest meaus of becom- ing the wife of a marshal of France ? To profess to despise grandeur. The surest means to seduce an old alma-viva (too viva !), who wishes to be loved for himself alone, is to declare that oue will marry only for love. Ah ! che bestia ! this is a high school. MADAME DE BLOSSAC. He will come back ; he loves me, but I wish to ascer- tain his intentions. Try to find them out. I leave you with him. DES TOURBIERES. Already ! what, you going away ? MADAME DE BLOSSAC. I wish to speak to the gardener of the conservatories, he must tell me what has become of that Leonard. Leonard ? DES TOURBIERES. Who is Leonard ? MADAME DE BLOSSAC. He is the former gardener of the old Marchioness de Clairmont, he who surprised Jeanne and Charles Valle- ray in the garden. DES TOURBIERES. Ah ! you hasten to destroy her. MADAME DE BLOSSAC. I wish to find this witness. DES TOURBIERES, (aside). And I also. Poor Jeanne ! 30 LADY TARTUFFE. MADAME DE BLOSSAC. Vous viendrez me rendre compte de votre entretien dans la serre où est la fontaine. DES TOURBIERES. Prenez garde ; dans la serre, il a des bruyères. MApAME DE BLOSSAC, avec un regard de haine. Des bruyères!... Méchant homme !... Pourquoi faut-il que j'aie besoin de lui ! {Elle sort.) SCÈNE VIL DES TOURBIERES, seul. Méchante femme! Pourquoi faut-il que j'aie besoin d'elle. Maudit soit le jour où elle m'a sauvé! Je la déteste, et pourtant il faut la servir. — Il me tarde qu'elle ait épousé son maréchal. Je la forcerai bien à tenir sa promesse, j'aurai ma place, et, retrouvant mon crédit, je pourrai lui rendre ses vingt mille francs, et alors je ne serai plus engagé... que par la reconnaissance ! — Voilà le maréchal ! Comment vais-je placer mes tendres indis- crétions?... (Il se retire dans le fond du théâtre.') SCÈNE VIII. Des Tourbières, Le Maréchal. LE MARECHAL, rentrant, croyant retrouver madame de Elossac. Enfin, je suis libre, ma chère voisine... (Apercevant des Tourbières.) C'est vous, des Tourbières?... Qu'est deve- nue madame de Blossac. DES TOURBIERES. Elle se promène dans votre belle serre. C'est vrai- ment merveilleux ! LE MARECHAL. Avec ma nièce, sans doute ? DES TOURBIERES. Oui, j'aperçois plusieurs personnes. LE MARECHAL. Vous dinez avec nous? DES TOURBIERES, préoccupé. Monsieur le maréchal... cet honneur... (Apart.) Je ne sais comment aborder la question. LE MARECHAL. Qu'avez-vous donc? quel air préoccupé! DES TOURBIERES. Il est vrai. J'ai intérêt à découvrir une chose... fort importante... que je ne puis demander à personne... et il me faut inventer un moyen délicat... ingénieux... d'arri- ver... Vous trouveriez cela tout de suite, monsieur le maréchal. LE MARECHAL. A qui le dites-vous ? DES TOURBIERES. Savoir sans demander... c'est votre talent. LE MARECHAL. On me le reconnaît. Tenez, justement dans ma der- nière mission en Autriche... car j'ai eu plus d'une mission dans ce pays-là.. MADAME DE BLOSSAC. You will come to give me an account of your inter- view in the conservatory, where the fountain is. DES TOURBIERES. Take care ; there is heather in the hot-house. MADAME DE BLOSSAC, (with a glance of haired.) Heather ! — wicked wretch ! Why is he necessary to me ? (Exit.) SCENE VII. DES TOURBIERES, (alone). Wicked woman ! AVhy is she necessary to me. Ac- cursed be the day when she saved me ! I detest her, and yet I must serve her. I wait till she marries the marshal. I will compel her to keep her promise. I shall have my situation, and, recovering my credit, I can return her twenty thousand francs ; then I shall owe her nothing — except gratitude. Here is the mar- shal! How shall I arrange my tender indiscretions? (Retires to the back of the stage.) SCENE VIII. Les Tourbières, The Marshal. THE MARSHAL, (enters, expecting to find Madame de Blossac.) At last I am free, my dear neighbor (Perceiving Des Tourbières.) Is it -you, Des Tourbières ? What has become of Madame de Blossac ? DES TOURBIERES. She is walking in your fine conservatory. It is truly- wonderful ! THE MARSHAL. With my niece, no doubt. DES TOURBIERES. Yes, I see several persons. THE MARSHAL. Do you dine with us? DES TOURBIERES, (preoccupied). Monsieur le Maréchal — this honor. (Aside.) I do not know how to broach the question. THE MARSHAL. What is the matter ? What a preoccupied air ! DES TOURBIERES. It is true. I have reasons for wishing to discover something of importance — that I cannot ask any one about — and I must invent some ingenious, delicate way of arriving at it. You would have found that at once, Monsieur le Maréchal. THE MARSHAL. How so ? DES TOURBIERES. To ascertain without asking— it is your talent. THE MARSHAL. They do ascribe that to me. Listen, in my last mis- sion to Austria— for I have had more than one mission to that country LADY TARTUFFE. 31 DES TOURBIERES. Je le sais, je le sais, monsieur le maréchal. LE MARECHAL. J'ai un incident qui se rapporte tout à fait à la situa- tion embarrassante où vous vous trouvez. DES TOURBIERES, à part. Ah ! voilà un incident. LE MARECHAL. Et puisque ces dames causent ensemble, j'ai le temps de vous raconter... DES TOURBIERES, àpart. Je me suis attiré cela ; je n'ai que ce que je mérite. LE MARECHAL. Asseyez-vous, mon cher Des Tourbières. DES TOURBIERES, apart. Si je m'asseois, je m'endors. LE MARECHAL. Prenez ce fauteuil. DES TOURBIERES. Merci !... Je resterai debout. LE MARECHAL. Écoutez donc. Il s'agissait de pénétrer un secret, un secret d'État que le prince de Metternich n'avait confié qu'à une seule personne. DES TOURBIERES. A une seule personne... c'est déjà trop. LE MARECHAL. Bien dit, comme vous allez voir. Ce confident unique se nommait le baron de Tûrstenstauffen von Schnitzen- stein. DES TOURBIERES, apart. L'écho aura de la peine à répéter ce nom-là. (Haut.) Le baron de...? LE MARECHAL. Tûrstenstauffen von Schnitzensteïn. DES TOURBIERES. Voilà un secret bien gardé ! Un homme qui a un nom comme celui-là, ce doit être un tombeau. LE MARECHAL. Aussi l'a-t-il bien gardé, son secret ; mais il n'a pas su si bien garder sa femme. DES TOURBIERES, àpart. Une aventure de femme !... Je place mes aveux... et je n'entendrai pas ton histoire. (Haut.') Une femme que vous avez séduite... le beau mérite ! elles vous adorent toutes. LE MARECHAL. Autrefois je leur plaisais assez, mais aujourd'hui... DES TOURBIERES. Aujourd'hui plus que jamais ! — J'en connais une dont le trouble sans doute ne vous a pas échappé. LE MARECHAL. Qu'est-ce que vous me contez là ? Quoi ! malgré mon âge ?... DES TOURBIERES. Ah ! vous êtes trop fin pour n'avoir pas deviné... DES TOURBIERES. I know it, I know it, M. le maréchal. THE MARSHAL. I have an iucident, which coincides exactly with the embarrassing situation in which you are now. DES TOURBIERES, (aside). , Ah ! here is an incident. THE MARSHAL. And since these ladies are talking together, I have time to relate it to you. DES TOURBIERES, (aside). I drew that down upon myself ; I have only what I deserve. THE MARSHAL. Sit down, my dear Des Tourbières. DES TOURBIERES, (aside). If I do, I shall go to sleep. THE MARSHAL. Take this easy-chair. DES TOURBIERES. Thank you ! I will continue to stand. THE MARSHAL. Listen, then. The question was to penetrate a secret, a state secret, which tue Prince de Metternich had con- fided to one person only. DES TOURBIERES. To one person ; already too much. THE MARSHAL. Right, — as you will see. This sole confidant was the Baron de Tûrstenstauffen von Schnitzenstein. DES TOURBIERES, (aside). Echo would be troubled to repeat that name. (Aloud.) The baron of?— THE MARSHAL. Tûrstenstauffen von Schnitzenstein. DES TOURBIERES. There is a well-guarded secret ! A man with such a name ought to be a tomb. THE MARSHAL. So he did guard the secret well ; but he did not know how to guard his wife so well. DES TOURBIERES, (aside). An adventure with a woman. Now for my confession ; and I will not hear the story. (Aloud.) A woman whom you seduced ; a fine recommendation ! they all adore you. THE MARSHAL. Formerly, I rather pleased them ; but now— DES TOURBIERES. Now, more than ever ! I know one, whose passion, without doubt, has not escaped you. THE MARSHAL. What are you saying? What! in spite of my age? DES TOURBIERES. Ah ! you are too quick-witted not to have divined it. 32 LADY TARTUFFE. LE MARECHAL. Devine, quoi? Vous piquez ma curiosité... Cela ce rapporte-t-il à cette idée qui tous préoccupait tout à l'heure si vivement '.' DES TOURBIERES. On n'a besoin de vous rien dire... vous lisez dans la p'ensée. LE MARECHAL. J'ai quelquefois besoin d'un traducteur. ..Expliquez- vous. DES TOURBIERES. Eh bien, j'ai l'honneur d'être reçu, avec la plus flat- teuse bien-veillance. par un haut 'personage... dont la plume n'a rien à envier à l'épée. On prête à ce guer- rier illustre ses projets de mariage dont le monde s'en- tretient déjà sérieusement. A ce sujet, sachant mon dévouement pour lui, chacun m'interroge. Je ne lui de- mande pas de me révéler ses intentions... je lui demande seulement de m'inspirer... et de me faire connaître ce que je dois répondre. LE MARECHAL. Ah ! on marie ce personage !... Et avec qui, s'il vous plaît, veut-an le marier ? DES TOURBIERES. A une femme d'une supériorité incontestable... mais romanesque. Si j'avais le droit de donner un avis, je ne conseillerais pas à un homme ambitieux de l'épouser. LE MARECHAL. Ah ! elle est romanesque ! DES TOURBIERES. Elle ferait peut-être son bonheur par sa tendresse, ses soins, son adoration continuelle ; mais se serait un homme perdu pour le monde, pour les grandes affaires, pour la gloire. Elle serait jalouse de nous tous, et elle n'aurait qu'une idée, ce serait de l'enfermer dans son vieux château, pour l'adorer là tout à son aise, sous de frais ombrages, dans les prés fleuris, et cela serait déso- lant! LE MARECHAL. Hé ! hé ! je ne détesterais point cette existence-là. Mais, rassurez-vous ; on n'y pense pas. DES TOURBIERES. Ah ! (A part.) Diable ! et ma préfecture I LE MARECHAL. Voilà ce que vous pourrez répondre. DES TOURBIERES. Il suffit, monsieur le maréchal. LE MARECHAL. Je ne veux pas même savoir du qui vous avez voulu parler. Quant à moi, le seul rnarige qui m'occupe est celui de ma chère petite-nièce. Ah! la voici avec son prétendu. Croyez-moi, monsieur Des Tourbières, l'âge des romans, c'est celui-là. DES TOURBIERES, apart. Pudeur de vieillard ! Il est amoureux, voilà toujours de quoi le faire rêver. LE MARECHAL. Mais, Des Tourbières, je vous dois l'histoire du ba- ron. . . DES TOURBIERES. Je viendrai moi-même la réclamer. (A part.) Je no l'échapperai pas I THE MARSHAL. Divined what ? Ton pique mv curiosity. Has that any connection with the idea which pre-occupied you so entirely, just now ? DES TOURBIERES. It is not necessary to tell you anything, you read one's thoughts. THE MARSHAL. I need at times a translator. Explain yourself. DES TOURBIERES. "Well, then, I have the honor of being received with the most flattering kindness, by a distinguished person, whose pen has nothing to envy of his sword. They ascribe to this illustrious warrior projects of a marriage, about which the world already talks seriously. Knowing my devotedness to him, every one questions-me on this subject. I do not ask him to reveal to me his intentions ; I ask him merely to inspire me, and to make me know what I ought to answer. THE MARSHAL. Ah ! they marry this person ! And to whom, if you please, do they wish to marry him ? DES TOURBIERES. To a lady of incontestable superiority ; but romantic. If I had the right to advise, I would never counsel an ambitious man to marry her. THE MARSHAL. Ah ! she is romantic ! DES TOURBIERES. She would make him happy perhaps by her tenderness, her care, her continual adoration ; but he would be a man lost to the world, to business, to glory. She would be jealous of all of us. And she would have but one idea, that would be to shut him up in his old chateau, to adore him there entirely at her ease, under cool shades, in flowery meadows, and that would be tiresome. THE MARSHAL. Hey ! Hey ! I should not dislike such a life. But as- sure yourself I do not think of it. DES TOURBIERES. Ah ! (aside.) Diable ! and my prefectship ! THE MARSHAL. That is what you may reply to them. DES TOURBIERES. It is enough, monsieur le maréchal. THE MARSHAL. I do not even wish to know what you wished to speak to me about. As to myself, the only marriage which occupies my mind is that of my grand-niece. Ah ! there she is with her intended. Believe me, Monsieur Des Tourbières, that is the age of romance. DES TOURBIERES, {aside). The bashfulness of old age ! He is in love, that will always make him dream. THE MARSHAL. But Des Tourbières, I owe you the story of the baron. DES TOURBIERES. I will come myself to claim it. {Aside.) I shall not escape it. LADY TARTUFFE. LE MARECHAL, à part. Il n'est pas fort, ce pauvre Des Tourbières ; mais il écoute bien. SCENE IX. Des Tourbières, Jeanne, la Comtesse, le Mar- échal, Hector. LE MARECHAL. Bonsoir, mon cher Hector. Seul ? Et votre père ? et Renneville ? HECTOR. Je croyais le trouver ici. LE MARECHAL, présentant Des Tourbières à Hector. Monsieur le baron Des Tourbières. (A Des Tourbières en désignant Hector.) Mon futur gendre, car je considère Jeannette comme ma fille, et son mari sera mon fils. Viens ici, petite. (Il embrasse Jeanne.) Je vous marie au plus brave jeune homme que je connaisse ; si vous n'êtes pas heureuse, vous aurez afi'aire à moi, mademoiselle. JEANNE, regardant Hector. Mais, mon oncle, ce n'est pas moi qu'il faudra gronder. LA COMTESSE. Ah! monsieur le maréchal, je vous apporte une nouv- elle qui va vous charmer. LE MARECHAL. " Je la sais déjà, votre nouvelle. Madame de Blossac sera des nôtres. LA COMTESSE. C'est mieux que cela. Une de vos plus chères aimies, une belle étrangère vient d'arriver à Paris. LE MARECHAL. Espagnole, Russe, Italienne ? LA COMTESSE. Anglaise. LE MARECHAL. La duchesse de Cleveland ! LA COMTESSE. Vous devinez tout. LE MARECHAL. Cette belle duchesse ! je la verrai demain. Où est-elle descenude ? HECTOR. A l'hôtel Wagram, où je suis moi-même depuis un mois, comme un voyageur à peine revenu d'un pèlerin- age de deux ans. LE MARECHAL. Madame de Blossac va être bien heureuse de revoir la duchesse. Elles ont voyagé ensemble, elles sont fort liées. Mais je ne la vois pas, madame de Blossac. HECTOR, frappé. Madame de Blossac ? — J'ai vu souvent en Ecosse une demoiselle de Blossac. LE MARECHAL. Celle-ci est madame de Blossac, la veuve d'un officier de marine tué dans l'Inde ; vous avez dû le connaître. THE MARSHAL, (aside). He has but little mind, this poor Des Tourbières ; but he listens well. SCENE IX. Des Tourbières, Jeanne, the Countess, the Marshal, Hector. THE MARSHAL. Good evening, my dear Hector. Alone ? and your father, and Renneville. HECTOR. I thought to have found them here. THE MARSHAL, {presenting Des Tourbières to Hector). Monsieur le baron Des Tourbières. (To Des Tourbières, designating Hector.) My future son-in-law, for I consider Jeannette as my daughter, and her husband will be my son. Come here, little one. (Embraces Jeanne.) I marry you to the most gallant young man I know ; if you are not happy, you will have au account to settle with me, mademoiselle. JEANNE, (looking at Hector). But my uncle, it is not I whom it will bè necessary to scold. THE COUNTESS. Ah! monsieur le maréchal, I bring you good news which will delight you. THE MARSHAL. I know it already, Madame de Blossac will be on our side. THE COUNTESS. Better than that. One of your dearest friends, a beau- tiful foreigner has just arrived in Paris — THE MARSHAL. Spanish, Russian, Italian ? THE COUNTESS. English. THE MARSHAL. The Duchess de Cleveland. THE COUNTESS. You guess everything. THE MARSHAL. The beautiful Duchess! I shall see her to-morrow. "Where does she put up ? HECTOR. At the hotel Wagram, where I have been myself for a month past, as a traveler just returned from a two years' pilgrimage. THE MARSHAL. Madame de Blossac will be very happy to see the duchess again. They have traveled together, they are very much attached to one another. But I do not see her, Madame de Blossac. HECTOR, (interested.) Madame de Blossac ! I have often seen in Scotland a Demoiselle de Blossac. T.HE MARSHAL. This one is Madame de Blossac, the widow of a naval officer who was killed in India ; you might have known him. 34 LADY TARTUFFE HECTOK. Oui... je l'ai retrouvé à Alexandrie. C'était un brave garçon, mais je ne savais pas qu'il fût marié. LE MARECHAL. Ni moi non plus. DES TOURBIERES, apart. Ni lui non plus, le pauvre défaut ! Car ce n'est que depuis sa mort que sa veuve a eu l'idée de l'épouser. En ce moment, madame de Blossac paraît au fond.) LE MARECHAL. Ah ! la voilà. DES TOURBIERES, las à Sector. Pas de surprise, monsieur... C'est la même... Attendez qu'elle vous reconnaisse. HECTOR. C'est bien elle ! LA COMTESSE. Vous la connaissez. HECTOR.' Oui... {Amèrement avec dédain.) Son petit nom est Vir- ginie. LA COMTESSE. Mais son vrai nom est lady Tartuffe, et elle veut por- ter celui de la maréchale d'Estigny. HECTOR, inquiet. Ah !... Et qu'est-ce que ce M. Des Tourbières qui vient de me parler d'elle ? LA COMTESSE. Un homme d'esprit qui fait la bête. HECTOR. A quoi voyez-vous donc qu'il a de l'esprit ? LA COMTESSE. Regardez-le sourire. SCÈNE X. Jeanne, Hector, Des Tourbières, la Comt- esse, le Maréchal, Madame de Blossac. MADAME DE BLOSSAC, descend en-scène et aperçoit Hector. Hector ! LE MARECHAL, gui s'aperçoit de V altération des traits de madame de Blossac. Mais vous paraissez souffrante... qu'avez-vous ? MADAME DE BLOSSAC, émotion vraie. Moi!... rien. LE MARECHAL. Vous avez les mains glacées. MADAME DE BLOSSAC. Je n'ai rien, vous dis-je. LE MARECHAL, âpart. Des Tourbières aurait-il dit vrai ? MADAME DE BLOSSAC. Vous aurez beaucoup de monde ce soir ? HECTOR. Yes, I met him in Alexandria. A brave fellow, bat I did not know he was married. THE MARSHAL. Nor I. DES TOURBIERES, (aside). Nor he, the poor defunct ! For it is only since his death that his widow thought of marrying him. (At this moment Madame de Blossac appears at the back.) THE MARSHAL. Ah ! there she is ! DES TOURBIERES, (low to Hector). Don't be surprised, monsieur. It is the same. Wait till she recognizes you. HECTOR. It is indeed she ! THE COUNTESS. You know her ? HECTOR. Yes. (Bitterly, with disdain.) Her christian name is Virginie. THE COUNTESS. But her true name is Lady Tartuffe, and she wishes that of the Maréchal d'Estigny. HECTOR, (troubled). Ah ! And who is this M. des Tourbières who has just spoken to me of her ? THE COUNTESS. A man of sense, who acts the fool? HECTOR. In what do you see that he has sense. THE COUNTESS. Look at him when he smiles. SCENE X. Jeanne, Hector, Des Tourbières, the Coun- tess, the Marshal, Madame de Blossac. MADAME DE BLOSSAC, (descending and perceiving Hector). Hector ! THE MARSHAL, (who perceives the alteration in the fea- tures of Madame de Blossac.) You appear to be suffering. What is the matter with you? MADAME DE BLOSSAC, (wUh real emotion). Me ! nothing. THE MARSHAL. You have icy hands. . MADAME DE BLOSSAC. There is nothing the matter, I tell you. THE MARSHAL, (aside). May not Des Tourbières have said the truth? MADAME DE BLOSSAC. You will have a great deal of company to-night? LADY TARTUFFE 35 LE MARECHAL. Ce soir, oui... mais pour dîner nous n' attendons plus que M. de Eenneville. Je vais vous présenter son fils. MADAME DE BLOSSAC. Non, tout à l'heure. (Lui montrant Hector et Jeanne as- sis à côté l'un de Vautre.) Ne les troublez pas. LE MARECHAL. Vous avez raison ; ils sont charmants ! MADAME DE BLOSSAC. ns font plaisir à regarder... Est-ce qu'ils s'aiment déjà ? LE MARECHAL. Ouï, certes. Jeanne est si jolie!... Hector en est fou. MADAME DE BLOSSAC, à pari, regardant autour oV elle. M. de Renneville se fait attendre ? JEANNE, à Hector, de Vautre côté de la scène. Elle vaut mieux que vous. HECTOR. Faisons la pais, donnez-moi la main. (Jeanne tend sa main et puis la retire.) Coquette ! JEANNE. Ah ! être coquette, c'est offrir sa main et puis ne pas la donner ? HECTOR. Précisément. JEANNE. Oh ! bien, moi, je ne veux pas être coquette. (Elle lui tend la main.) DES TOURBIERES, au milieu de la scène, à la comtesse. Tableaux touchants! On dirait deux dessus de porte représentant l'Amour et l'Amitié. LA COMTESSE. Ah! monsieur Des Tourbières, vous savez bien que la parodie qui se joue là n'est pas celle de l'amitié. DES TOURBIERES. Alors je dirai l'amour léger et l'amour grave. LA COMTESSE. Dites l'amour vrai et l'amour faux MADAME DE BLOSSAC. au maréchal. Vous me flattez... je ne vous crois pas. JEANNE, à Hector. Vous riez toujours... je ne vous crois pas. LE MARECHAL, à madame de Blossac. Renneville ne peut tarder, il faut pourtant que je vous fasse connaître mou gendre. — Hector. (Il le prend par la main et le présente.) je veux vous présenter à notre aimable voisine, madame de Blossac. (Hector s'incline et garde le silence?) MADAME DE BLOSSAC. Monsieur de Renneville ne veut pas me reconnaître, depuis deux ans, je suis si changée ! HECTOR. Madame... j'attendais vos ordres. THE MARSHAL. To-night, yes ; but to dine we await M. de Renneville only. I will present to you his son. MADAME DE BLOSSAC. No, presently. (Showing him Hector and Jeanne seated side by side.) Do not disturb them. THE MARSHAL. Tou are right ; they are charming! MADAME DE BLOSSAC. It gives me great pleasure to look upon them. Do they already love each other. THE MARSHAL. Tes, certainly. Jeanne is so pretty ! Hector is a fool about her. MADAME DE BLOSSAC,(asia3. {Elle sort.) SCÈNE IX. Le Maréchal, la Comtesse, Hector, Des Tourbières. LA COMTESSE. Elle tombe avec audace... mais elle est perdue I DES TOURBIERES. Hélas ! non. Regardez le maréchal, il s'attendrit sur son sort... Il ne dit pas : Le pauvre homme !... mais... LE MARECHAL, àpart. Us l'accusent tous... la pauvre femme ! SCÈNE X Le Maréchal, La Comtesse, Jeanne, Hector, Des Tourbières. JEANNE. Maman ! maman ! je te cherchais partout. HECTOR. Jeanne ! MADAME DE BLOSSAC. It was I, monsieur le maréchal. THE MARSHAL. You ! it is impossible. MADAME DE BLOSSAC. It was I, I tell you. It does not matter whether you believe it or not. DES TOURBIERES, (to the countess.) Still the same ! She confesses it to seem to deny it. THE MARSHAL. No. You accuse yourself to save some one— MADAME DR BLOSSAC. I do not wish to reply ; appearances are against me. I pardon your suspicions. Madame de Clairmout knows that a woman may be compromised without being guilty. Yesterday her daughter was accused ; to-day she "is vin- dicated. Patience ! the time will come when I shall be vindicated in my turn. M. Charles Valleray announces his speedy return ; here I accept the accusation which purities your niece, monsieur le maréchal. Tell those who have heard of this sad adventure, that my intrigues have been discovered, that all is unveiled ; — say, in fact, all that is necessary to clear this child. Hasten to ruin me, it is for your interest, it is perhaps for mine ! All great injustice receives sooner or later, a grand repara- tion, and this reparation will be a signal one. I await it with calmness and confidence. Adieu, monsieur le maréchal. I wished to give you my life, I give you my honor which is better ! THE COUNTESS, (ironically.) The honor of Lady Tartuffe. MADAME DE BLOSSAC. Less pride, Madame ! They will say of her : she has a lover — that is what they say of you, who have none. (Exit.) SCENE IX. The Marshal, The Countess, Hector, Des Tourbières. THE COUNTESS. She falls audaciously ; but she is lost. DES TOURBIERES. Alas! no. Look at the Marshal, he is mi fate. He does not speak : The poor man ' THE MARSHAL, (aside.') All accuse her ; poor woman ! SCENE X. The Marshal, The Countess, Jeanne, Hector, Des Tourbières. JEANNE. Mamma, mamma, I have looked for you everywhere. HECTOR. Jeanne ! 84 LADY TAR JEANNE. Qu'est-ce que vous faites donc là ! HECTOR. Nous fixons le jour de notre mariage... Rien ne s'op- pose plus à mon bonheur. JEANNE. Il y avait donc des obstacles ? Oh ! maïs moi, je savais bien que nous nous marierions... Aussi je n'ai pas eu Une minute d'inquiétude. LA COMTESSE. Ah ! ce mot-là, c'est ma récompense ! {Elle embrasse sa fille.) DES TOURBIERES, bas à Sector. Soyez heureux ! mais défiez-vous de Lady Tartuffe. L'hypocrite est le seul phénix qui renaisse de ses cen- dres. NNE. What a We are fix. arrayed against There have been i should be married, anxiety. THE v Ah! those words are . daughter). DES TOURBIERES, Be happy ; but be careful ot hypocrite is the only phoenix which ashes. ' ; ay. Nothing more is h ! but I knew we 1 a moment of tit i-^ \$\& Deacidilied using the Bookkeeper process. Neutralizing agent: Magnesium Oxide Treatment Date: Feb. 2008 PreservationTechnologies A WORLD LEADER IN COLLECTIONS PRESERVATION 111 Thomson Pafk Drive Cranberry Township. PA 16066 (724)779-2111 020 639 540