ELEMENTARY RENGH READER .MSTED AND BARTO !3e f&&f&&?38f8&i ^v?Q29^^?^p2Hf . Class Book.. CopightN?_ COPYRIGHT DEPOSIT. ELEMENTARY FRENCH READER WITH EXERCISES AND VOCABULARY BY EVERETT WARD OLMSTED, Ph.D., Litt.D. Professor of Romance Languages and Head of the Department in the University of Minnesota AND FRANCIS BROWN BARTON DOCTEUR DE i/UnIVERSITE^ DE PARIS Assistant Professor of Romance Languages in the University of Minnesota NEW YORK HENRY HOLT AND COMPANY ... . V Copyright, 1920, BY HENRY HOLT AND COMPANY 1/ ,0 ©CU576498 iEP 21 1921 PREFACE In preparing this reader the editors have aimed to introduce to American students two distinct phases of French literature. The first part comprises a collection of authentic French folk-tales and legends. Heretofore the only stories of this type available in this country — bar- ring a few scattering exceptions — have been French translations of the excellent but hackneyed fables of iEsop and the universally known tales of the Grimm brothers, Hans Andersen and other non- French writers. Editors of school texts have as- sumed, apparently, that the French possess no body of native folk-lore, and have contented themselves with offering to students of French in American schools stories with which they were doubtless familiar in their own tongue. As a matter of fact, there exists a considerable body of French folk-tales, representing all of the ancient provinces of France, which have been gathered together during the last sixty or seventy years, largely through the efforts of Paul Sebillot, who gave up an artistic career to de- vote himself to this all too neglected field. Sebillot set about his task, not with the intention of exploit- ing for his own literary reputation an almost un- touched source of fiction, but with the commendable ill IV ELEMENTARY FRENCH READER purpose of recording these quaint stories in their original form, as they had been handed down by word of mouth from generation to generation. Most of his personal work was done in Brittany. He visited this province, won the confidence of village story-tellers and old salts, listened to their legends and yarns, and set these down without embellish- ment and with the least possible arrangement. Others followed his example, with the result that the traditions of the various provinces of old France have been saved from oblivion. The folk-tales in this volume are all taken from collections edited by Sebillot, although some of them were contributed by other writers. They are typically French, both in language and in spirit, and give an insight into the character and life of the humbler French people that is totally lacking in the translated tales so often presented to our students. The second part is devoted to well-known nine- teenth-century authors. The stories chosen are among the best modern French short stories, and yet are sufficiently easy to be read by beginners. They are stories that every educated Frenchman has read, and with which American students should therefore be familiar. Except in the case of les Enfants du Bataillon, which has been somewhat abridged, and la Chevre de M. Seguin, about twelve lines of which have been omitted, all of the stories in this volume are given lin full. No other changes have been made in the PREFACE V text, except the elimination of a few dialectical ex- pressions and four short sentences. A questionnaire and composition exercises harfe been added, covering all of the first part and the shorter stories of the second part. These exercises are by no means exhaustive, but it is hoped that they will furnish useful suggestions to teachers who may wish to use this reader as a basis for drill in conversational French. The editors take this occasion to acknowledge the very kindly aid of Prof. O. G. Guerlac of Cornell University and of Prof. J. N. Cru of Williams Col- lege in preparing certain details of the notes. E. W. 0. F. B. B. Minneapolis^ Minn. January, 1920 TABLE OF CONTENTS PART I FOLK-TALES PAGE I. La Chevre de Trigavou 1 II. Celtji qui tua UN Mercier 2 III. Le Renard de Bassieu et le Loup d'Hotonnes 3 IV. Les Pecheurs de Fecamp 4 Y. Le Papillon et le Pauvre 6 VI. La Vache de la Vieille Femme 7 VII. MlSERE 11 VIII. Les Jaguens a la Cour 16 IX. Les Trois Freres et le Geant 19 X. Jesus-Christ et le Bon Larron 27 XL L'Homme Juste 32 XII. La Sirene de la Fresnaye 39 XIII. Le Navire du Diable 45 XIV. Le Diable Dejoue par une Femme . . 49 XV. Le Diable Menetrier 51 vii Vlll ELEMENTARY FRENCH READER PART II SHORT STORIES PAGE XVI. Le Chien de Brisquet . . Charles Nodier 59 XVII. Les Enfants du Bataillon . Victor Hugo 62 XVIII. La Derniere Classe . Alphonse Daudet 73 XIX. La Pipe de Jean Bart . Alexandre Dumas _.. 79 XX. La Chapelle Blanche . . Jules Lemaitre 84 XXI. La Parure Guy de Maupassant 90 XXII. La Chf^vre de M. Seguin 103 Alphonse Daudet XXIII. Le Christ de l'Ocean . Anatole France 110 XXIV. Une Aventure en Calabre 115 Paul-Louis Courier XXV. Les Sabots du Petit Wolff 118 Frangois Coppee XXVI. Incident de Chasse .... Pierre Loti 125 XXVII. Mateo Falcone . . . Prosper Merimee 128 Exercises 147 Notes 161 Vocabulary 203 ELEMENTARY FRENCH READER PART I FOLK-TALES LA CHfiVRE DE TRIGAVOU II y avait une fois k Trigavou une chevre qu'on avait attachee a un piquet dans une pature. Elle vit venir le loup, et elle eut si peur qu'elle arracha de terre son piquet et se mit a fuir. Le loup la pour- suivant dans le bourg, elle ne trouva aucune porte 5 ouverte, excepte celle de Teglise; elle y entra, et fit grand'peur a une femme qui y £tait en priere, et qui, la voyant courir et bousculer les chaises, crut voir le diable en personne. Mais elle eut encore une plus grande frayeur quand elle vit le loup qui etait 10 entr6 a son tour. Elle grimpa dans la chaire a preeher, et en ferma la porte sur elle. Le loup poursuivait la chevre a travers Peglise, et la pauvre chevre qui ne savait ou se fourrer retrouva la porte et sortit; mais son piquet se prit dans la 15 porte et la referma sur le loup. C'est depuis ce moment qu'on dit en proverbe: C'est comme a Trigavou, Ou la chevre prit le loup. 1 ELEMENTARY FRENCH READER CELUI QUI TUA UN MERCIER II y avait une fois un homme qui voulait savoir si sa femme etait bavarde. II alia dans son jardin, et ay ant trouve un merrier, il le tua; et Fay ant en- veloppe dans une feuille de chou, il le cacha dans un 5 coin de son jardin. Quand il rentra le soir a la maison, sa femme lui demanda ce qu'il y avait de nouveau : — Ah! dit-il; il m'est arrive un grand malheur, j'ai tue un mercier; n'en dis rien, car tu me ferais 10 prendre par les gendarmes. La femme promit de se taire; mais le lendemain, des que son homme fut parti pour sa journee, elle alia chez sa voisine et lui raconta ce que son mari lui avait dit. Un quart d'heure apres, les gendarmes 15 en 6taient informes, et ils vinrent chercher Phomme pour savoir ou il avait mis le cadavre du mercier. II les conduisit dans son jardin, et leur montrant le colimagon qu'il avait enveloppe dans une feuille de chou, il leur dit: 20 — Voila le mercier que j'ai tue; mais si vous m'en croyez, quand vous aurez un secret, n'en parlez point k vos femmes. FOLK-TALES 3 LE RENARD DE BASSIEU ET LE LOUP D'HOTONNES Le renard de Bassieu etait le plus fin de tous les renards. II s'associait avec le loup d'Hotonnes pour gagner sa vie. Un jour il raconta a celui-ci qu'il s'etait couche sur la route, faisant le mort, et qu'un mar- 5 chand de beurre P avait mis sur son char, disant qu'il vendrait sa peau a Nantua; mais qu'il avait mange bien du beurre et s'etait sauve. Le loup courut sur la route, se coucha et fit le mort. Mais le marchand qui avait vu la farce que le renard lui 10 avait faite, donna de grands coups de fouet au loup, en disant: «Tu voudrais faire comme le renard qui vient de manger mon beurre.)) Le loup se sauva tout moulu de coups, en colere contre son compere le renard, et il menagait de 15 P£trangler. Celui-ci dit, pour Papaiser, qu'ils iraient prendre du poisson dans le Seran. La riviere etait gelee. Le renard fit un trou dans la glace et dit au loup de s'asseoir et de fourrer sa queue dans le trou. 20 Un moment apres, le renard cria: ((II y a un, deux, trois poissons qui tiennent ta queue. Quand il y en aura douze, tu tireras.)) Le compare ayant fait signe au loup de tirer sa queue, celui-ci donna une grande secousse. L'eau ayant regelee, sa queue se cassa 25 et resta dans la riviere, sous la glace. Notre pauvre 4 ELEMENTARY FRENCH READER loup etait bien ennuye d'etre sans queue; il etait en colere contre son compere le renard et il le menagait. Mais, pour le consoler, le renard lui fit voir des bergers qui tillaient du chanvre et faisaient du feu 5 et qui se sauverent en voyant nos deux comperes. Le renard prit le chanvre des bergers et en fit une belle queue au loup; il lui dit ensuite que pour se rechauffer il fallait franchir le feu. Mais le feu brula la queue du loup et lui roussit les jambes de derriere. 10 Etant bien en colere, il voulait etrangler le renard; mais celui-ci lui promit que s'il ne lui faisait point de mal, il lui ferait voir de belles demoiselles. II le mena au bord d'un grand puits; il lui dit de bien regarder. is Le renard cracha dans Peau pour la faire bouger, en disant que les demoiselles allaient sortir de Peau. Le loup s'etant bien approche, le renard le poussa dedans et ce pauvre loup se noya. LES PfiCHEURS DE FECAMP Au temps jadis les Parisiens inviterent les p<§- 20 cheurs de Fecamp a venir a Paris pour leur faire voir comment ils pechaient la morue sur le Banc de Terre-Neuve. — He bien, gargons, dirent les Fepannais, il faut y aller et nous leur nkontreyohs comment Ton Vy 25 prend. ~* Les p^cbeurs de Fecamp, gtrriverept a Paris; ils allerent v dans toutes les Boucneries et y acheterent FOLK-TALES toutes les courees de veaux, toutes les tripes qu'ils purent trouver. lis. les cou^eront en mprceaux, puis se mirent a hoitter leurs lfgnes avec; "qftknd leurs hamegons furent bien appretes, ils chargerent tous - leurs ajJpelets da^is une voiture, et a la cnuxe du^ 5 jour, ils t^fii^^leur|liaii^ $j¥js les rues. Jk. I o A £&. — Voila, dixeiit-ils : ^u^^rarisiens, comment on tend les ligneg; demain on'les levera et nous verrons Le lendemain matin, ils vinrent pour leyer les zo ^ppelets; mais pendant la nuit tout ce qu'il y ayait a Paris de chiens , et de chats etaient venus pour manger la viande, et s' etaient pris aux hamegons. On les entendait hurler et miauler en v se debat^ant avec un tel bruit que chacun se bouchait les oreilles. 15 Quand les Parisiens virent que leurs chats et leurs 7 chiens etaient pris, ils se mirent a poursuivre les Fecannais pour les punir de s'etre moques d'eux, et les pecheurs n'eurent pas le temps de delivrer les chats et les chiens des hamegons. Les Parisiens 20 essay erent de les dependre; mais, comme ils ne savaient pas bien comment faire, les chats les griffaient, les chiens les mordaient, et ils finirent par couper les cordes qui restaient clans la gueule des chats et des chiens, et ils s'en allaient par les rues, 25 en aboyant et en miaulant de douleur. Depuis ce temps les Parisiens connaissent bien comment on prend la morue, et aussi les chiens et les chats de Paris. 6 ELEMENTARY FRENCH READER LE PAPILLON ET LE PAUVRE II y avait une fois un pauvre qui desirait, a ce qu'il disait, voir mourir quelqu'un, pour savoir com- ment on mourait. Un jour, il arriva a une maison, ou un homme etait sur le point de passer de vie a 5 trepas. II y entra et aussitot que Phomme eut rendu le dernier soupir, il lui sembla voir sortir de sa bouche un papillon tout gris qui se posa sur la poitrine du defunt. Le pauvre ne le perdit pas de vue. Quand on mit 10 le mort dans le cercueil, le papillon se plaga sur le bout, et lorsque le cercueil eut ete laisse dans la fosse, il voltigea ga et la, puis il prit son vol. Le pauvre le suivit jusqu'a une lande, ou il le vit s'ar- r6ter. II dit au papillon: is — Pourquoi es-tu venu jusqu'ici sans t'arr^ter? — Ah! repondit le papillon, c'est que je n'ai trouv6 que cet endroit pour me reposer, car depuis le cime- tiere jusqu'ici, tout est couvert d'ames qui sont & faire penitence. 20 — Et toi, petit papillon, en as-tu encore pour longtemps? — Pour sept ans. — N'y aurait-il pas moyen d'abreger ce long temps de penitence? 25 — Non, a moins que pendant un an tu ne veuilles jeuner au pain sec et a Peau. — Je veux bien, dit le pauvre. FOLK-TALES 7 — Eh bien! fais-le, et tu riy perdras pas. Le pauvre s'en retourna, et pendant un an il jeuna au pain sec et a Peau. L'annee suivante, il revint sur la lande et demanda au papillon s'il £tait quitte. — Non, repondit le papillon, qui etait presque 5 blanc, mais encore gris, il faut que tu jetines une autre annee pour que ma penitence soit accomplie. Le pauvre s'en retourna, et pendant un an il jeuna au pain sec et a Peau. U annee terminee, il retourna sur la lande et vit le papillon qui, cette fois, etait 10 blanc comme la neige. Ce papillon blanc etait Tame du defunt que le pauvre avait vu mourir, et qui avait 6te delivree grace a lui; mais de son cote il avait fait la penitence du pauvre, et il lui dit avant de s'envoler: 15 — Je te remercie bien; mais tu n'as pas perdu ton temps, car tu as une place a cote de moi dans le ciel. Huit jours apres, le pauyre mourut, mais ainsi que le lui avait dit le papillon, il avait une place dans le ciel a cote de lui. 20 LA VACHE DE LA VIEILLE FEMME Du temps que Notre-Seigneur Jesus-Christ faisait son tour du monde accompagne de saint Pierre et de saint Jean, ils finirent par arxiver aussi en Basse- Bretagne. Ils allaient partout, chez le pauvre comme chez le riche, en fafsarit le bien sur leur passage. 25 Tous les jours, ils prechaient dans les eglises, dans les chapelles, et souvent sur les places publiques, 8 ELEMENTARY FRENCH READER devant le peuple assemble, et ils donnaient maint bon conseil et recommandaient par-dessus tout la charity et la tolerance. Un jour, au plus fort de Y6t6, ils montaient une 5 cote ^bicler^et longue. Le soleil £tait chaud; ils avaient soif, et ils ne trouvaient pas d'eau. Arrives au haut de la cote, ils apergurent au bord de la route une petite maison couverte de chaume^ — Entrons dans cette chaumiere pour demander 10 de Teau, dit sain;fc Pierre. **Et ils 6ntrerent. Quand ils furent dans la maison, ils virent une petite vieille femme assise sur la pierre du foyer; et sur le banc a dossier, pres du lit, un petit enfant jouait avec une chevre. 15 — Un peu d'eau, s'il vous plait, grand'mere? de- manda saint Pierre. — Oui, stirement, mes braves gens; j'ai de l'eau, de bonne eau; mais je n'ai guere autre chose. Elle prit une £cuelle de bois, alia a son pichet, et 20 prfeenta de Peau fraiche et claire aux trois voyageurs. Ceux-ci, apres avoir bu, s'approcherent pour regar- der le petit enfant qui jouait avec la chevre sur le banc. — Cet enfant n'est pas h vous, grand'mere? de- 25 manda notre Sauveur. — Non, stirement, mes braves gens; et pourtant, c'est tout comme s'il etait a moi. Le cher petit ange est a ma fille; mais, helas! sa pauvre mere est morte en le mettant au monde, et il m'est reste sur 30 les bras. FOLK-TALES \) — Et son pere? demanda saint Pierre. — Son p&re vit, et tous les jours, de bon matin, il part pour aller travailler a la journee, dans un manoir riche du voisinage. II gagne huit sous par jour et sa nourriture, et c'est tout ce que nous avons 5 pour vivre tous les trois. — Et si vous aviez une vache? dit notre Sauveur. — Oh! si nous avions une vache, alors, nous se- rions heureux. J'irais la faire paitre par les chemins, et nous aurions du lait et du beurre a vendre, au 10 march6. Mais je n'aurai jamais une vache. — Peut-etre bien, grand'mere, si Dieu le veut. Donnez-moi un peu votre baton. Notre Sauveur prit le baton de la vieille et en frappa un coup sur la pierre du foyer en pronongant 15 je ne sais quels mots latins; et aussitot il en sortit une vache mouchetee, fort belle. — Jesus Maria! s^cria la vieille en la voyant; comment cette vache est-elle venue ici? ^*-Par la gr&ce de Dieu, grand'mere, qui vous la 20" donn§^ -f^PJP 7 — Que la benediction de Dieu soit sur vous, mes bons seigneurs! Je prierai Dieu pour vous, matin et soir. yuUM- J *^4~ t ^ u ' 1 AA ***\ Et les trois voyageurs se remirent en route, 25 La vieille, rest£e seule, ne^se lassait pas de con- templer sa vache: — La belle vache, disait-elle, et comme elle a du lait! Mais comment est-elle venue ici et d'ou? Si je ne me trompe, un de ces trois strangers Pa fait sortir de la pierre du foyer, en y 30 10 ELEMENTARY FRENCH READER frappant un coup avec mon baton ... Le baton m'est reste; la pierre du foyer aussi est tou jours la. Si j'avais une autre vache comme celle-ci! . . . Peut-etre, pour cela, me suffirait-il de f rapper de 5 mon baton sur la pierre du foyer, comme F autre? . . . Je veux essayer. Et elle frappa un grand coup de son baton sur la pierre du foyer en pronongant quelques mots qu'elle croyait peut-etre latins, mais qui n'etaient d'aucune 10 langue. Et aussitot apparut un enorme loup qui etrangla la vache sur la place. Et la vieille, tout effrayee, de courir apres les trois voyageurs, en criant: — Seigneurs! seigneurs! . . . Comme ils n'etaient pas encore loiii, ils rentendirent 15 et s'arreterent pour Tattendre. — Que vous est-il done arrive, grand'mere? lui demanda notre Sauveur. — Helas! mes bons seigneurs, a peine etiez-vous sortis qu'un grand loup est arrive dans ma maison, 20 et il a etrangla ma belle vache moiichet^e! — C est que vous avez appele vous-meme le loup, grand'mere. Retournez a la maison, et vous y re- trouverez votre vache en yie et bien portante. Mais sbyez plus sage, a Pafcvenir: contentez-vous de ce 25 que Dieu vous envoie, et n essayez pas, une autre fois, de faire ce que Dieu seul petit f aire. La vieille. retourna chez elle et retro\iva sa belle vache mouchetee en vie et t?ien portante; et alors seulement, elle reconnut que v c ; £tait ie bon Dieu lui- 30 meme qui avail 6te dans sa maison. FOLK-TALES 11 MISERE II etait une fois un forgeron qui s'appelait Misere, et il avait un petit chien qui se nommait Pauvrete. Misere etait si pauvre qu'il n'avait ni pain ni pate et pas de fer pour forger, car il ne trouvait plus de credit. 5 Un jour le bon Dieu et saint Pierre passerent de- vant sa forge; ils n'avaient point la mine riche et le bon Dieu £tait monte sur un ane qui venait de se deferrer. — Voulez-vous ferrer mon ane? demanda le bon 10 Dieu. — Oui, repondit Misere. Mais comme il n' avait plus un morceau de fer dans sa forge, il prit une boucle d' argent qui etait grosse et se mit a la forger sur son enclume. is — Que fais-tu de cet argent? demanda le bon Dieu. — Un fer pour votre ane, repondit Misere, et il mit a la monture du bon Dieu un fer d'argent. — Combien voulez-vous pour avoir ferre mon &ne? demanda le bon Dieu. 20 — Rien, repondit Misere, je crois que vous n'etes pas plus riche que moi. — He bien! puisque tu ne veux pas d'argent, je vais te faire trois dons; reflechis et demande ce que tu voudras. 25 — Demande le Paradis, lui disait tout bas saint Pierre. 12 ELEMENTARY FRENCH READER — J'ai bien le temps, repondit le forgeron; je voudrais que rien de ce qui sera entre dans ma blague a tabac ne puisse sortir sans ma permission. — Soit, dit le bon Dieu, et le deuxieme don? S — Demande le Paradis, soufflait saint Pierre. — Laisse-moi tranquille, vieux rabacheur, j'ai bien le temps. Je voudrais que tous ceux qui s'as- sieront dans ma chaise ne puissent se lever que quand je l'aurai permis. 10 — Accorde, dit le bon Dieu; tu n'as plus qu'un souhait a faire, choisis bien. — Demande le Paradis, murmurait saint Pierre. — Tais-toi done, vieil idiot, repondit le forgeron. Quand je serai mort, on me mettra ou Ton voudra. 15 Je desire que tous ceux qui monteront dans mon noyer ne puissent en descendre sans ma permission. Le bon Dieu lui accorda encore ce don, puis il remonta sur son ane, et continua sa route avec saint Pierre. 20 Misere avec ses trois dons n'etait pas plus riche qu'auparavant; il ne mangeait pas toujours son con- tent, et son petit chien Pauvrete etait maigre comme un clou. — Ah! pensait-il souvent, que j^tais bete de ne 25 pas demander la richesse; pour un rien je me don- nerais au diable! Un soir il vit entrer dans sa forge un beau monsieur qui lui dit: — Puisque tu veux vendre ton ame, f ais march6 FOLK-TALES 13 avec moi et je te la payerai bien; je te donnerai de Tor et de P argent, tout ce que tu voudras. — Je veux bien, repondit Misere, combien d'an- nees m'accordes-tu? — Yingt ans. 5 — Vingt ans soit, march£ conclu. Le diable donna a Misere de Tor et de P argent, et il vecut a son aise; mais vingt ans se passent vite quand on ne s'ennuie pas et qu'on a le gousset bien garni. Lorsque la vingtieme annee fut ecoulee, le 10 diable vint chercher Misere. — Je te suis, dit Misere, mais je voudrais me debarbouiller un peu et me mettre propre; assieds- toi dans ma chaise, je ne serai pas long. Le diable s'assit dans le siege de Mis&re; Misere 15 ne fut pas longtemps k faire sa toilette, et quand il eut fini, il dit au diable: — Yiens-tu? Le diable essaya de se relever; mais il semblait visse a la chaise et ne pouvait bouger. 20 — Je t'attends, lui dit Misere, ne viens-tu pas? — Je ne peux pas me relever, repondait le diable. — Combien d'annees m'aceordes-tu encore pour que je te laisse aller? — Vingt ans, repondit le diable. 25 Le diable sortit de la chaise de Misere. Mais vingt ans se passent vite quand on ne s'ennuie pas et qu'on a le gousset bien garni. Lorsque la ving- tieme ann£e fut ecoulee, le diable vint avec trois autres diables pour chercher Misere. 30 14 ELEMENTARY FRENCH READER — Ah! lui dit Misere, laisse-moi faire un bout de toilette; si tu veux manger des noix, il y en a dans mon noyer qui sont bien mures, jamais tu n'as rien mange de meilleur. 5 Les quatre diables grimperent dans le noyer et se mirent a manger les noix; quand Misere fut pret, il vint sous son arbre et se mit a se moquer du diable qui ne pouvait descendre. — Laisse-nous aller, Misere, criait le diable, je te 10 donne encore vingt annees a vivre et de l'argent a discretion. Misere laissa descendre les diables; mais vingt ans se passent vite quand on ne s'ennuie pas et qu'on a le gousset bien garni. Le chef des diables, Platus, is vint pour prendre Misere, et amena avec lui tous les diables de Penfer. — Je suis pret, dit Misere; mais on m'a assure que tu te rendais petit a volont6; est-ce que c'est vrai? pourrais-tu entrer dans le corps d'une fourmi, 20 toi et tous tes diables? — Oui, repondit Platus. Aussitot, au lieu du diable et de tous ses sujets, Misere vit une fourmi qu'il se hata de fourrer dans sa blague; puis il la posa sur son enclume et se mit a 25 f rapper dessus, et tous les jours il recommengait. Cependant il n'y avait plus sur terre ni guerre ni dispute parce que le diable ne tentait plus le monde; chacun etait heureux, excepte les procureurs qui crevaient de faim. lis vinrent se plaindre au roi qui 30 finit par savoir que Misere tenait tous les diables FOLK-TALES 15 d'enfer dans sa blague a tabac. II lui ordonna de lacher les diables pour empecher ses procureurs de crever de faim, en le menagant de le pendre s'il n'obeissait pas. Misere, qui avait peur pour son cou, lacha les diables a la condition qu'ils ne vien- 5 draient plus le chercher. Aussitot les guerres et les disputes recommencerent : les procureurs gagnaient de P argent a sachees, et le roi etait content. Misere finit par mourir, et il arriva a la porte du Paradis, suivi de son petit chien Pauvrete. II frappa : 10 Pan! Pan! et saint Pierre vint lui ouvrir. — Ah! c'est toi, Misere, lui dit-il d'un ton gogue- nard; il n'y a pas de place ici pour toi; tu aurais du demander le Paradis, je t'avais prevenu. II lui ferma la porte au nez, et Misere vint frapper: 15 Pan! Pan! a Fhuis du Purgatoire. Le portier ouvrit le guichet, et quand il eut vu les papiers de Misere, il lui dit: — Tu n'as pas assez de petits peches et trop de gros pour entrer ici; passe ton chemin. 20 II lui ferma la porte au nez, et Misere se rendit a l'entree de Tenfer. Des que le portier Tapergut, il se barricada, et lui dit: — Retire-toi, Misere, jamais tu n'entreras ici, tu nous as trop bien arranges quand nous etions dans 25 ta blague a tabac. Misere redescendit sur la terre, et il y est toujours reste depuis en compagnie de son petit chien Pauvrete. 16 ELEMENTARY FRENCH READER LES JAGUENS A LA COUR Un jour les Jaguens pechaient sur le banc de la Horaine; ils prirent un turbot si beau, si beau que les plus vieux des pecheurs n'en avaient point vu de pareil. 5 — Par ma foi, s'ecrierent-ils, quel beau poisson! II serait presentable au roi. II faudra le lui porter. Les quatre matelots qui montaient le bateau en- velopperent avec soin le turbot et se mirent en route pour Paris; le petit mousse les accompagna, un peu 10 malgre eux, et il disait qu'il voulait, lui aussi, voir le roi, dut-il pour cela cheminer jusqu'a la fin de ses jours. Ils partirent en sabots, apres avoir demande con- seil aux anciens sur la maniere de se conduire a la 15 Cour: — Vous ferez comme vous verrez faire aux autres, repondirent avec sagesse les vieux Jaguens. Au bout de quelques jours, les voila arrives devant le palais ou ils voulurent entrer. La sentinelle les en empecha, mais voyant qu'ils n'avaient point la mine 20 d'insurges, elle consentit a ce qu'on avertit le roi que des pecheurs 6taient venus de Bretagne tout expres pour lui offrir un turbot. — Introduisez ces braves gens dans le chateau, dit le roi. 25 Ils entrerent tous ensemble dans Fappartement du roi; mais le parquet £tait si bien cire que les sabots du patron glisserent dessus comme sur une FOLK-TALES 17 mare glac6e, et il s'allongea tout de son long sur le dos. Ses matelots, qui se rappelaient le conseil de leurs anciens, Pimiterent aussitot, pensant que c'etait la une ceremonie obligatoire a la Cour, et ils s^tendirent tous les cinq. 5 Le roi se mit k rire de bon coeur et il dit a ses domestiques: — Faites relever ces braves gens. Quand les Jaguens se retrouverent debout sur leurs sabots, ils presentment au roi leur turbot qui 10 £tait vraiment de grande taille; mais, bien qu'on fut en hiver, il commengait a avoir un peu d'odeur, a cause de la longueur de la route. Toutefois le roi fut content, et il dit a son cuisinier: — Ayez soin de preparer un bon dejeuner pour 15 rechauffer les pecheurs, car il fait grand froid. Et il s'en alia, leur assurant que leur peine meri- tait un salaire et qu'il leur en donnerait un dont ils seraient satisfaits. Les Jaguens furent conduits k la cuisine oft on 20 leur servit un repas copieux; ils le mangerent tout a leur aise, et quand ils eurent fini de dejeuner, comme ils se trouvaient seuls dans la cuisine, ils se mirent a la regarder, et ils virent un £norme pain de suif sus- pendu au plafond. 25 — Par ma foi, s'ecrierent-ils. Quel beau pain de suif! II est enorme. On pourrait en suiffer notre bateau tout entier, qui en a grand besoin. II faudra le demander au roi. — C'est vrai. Mais s'il ne veut pas nous le donner. 30 18 ELEMENTARY FRENCH READER — II faudra le prendre avec precaution. lis dependirent le pain de suif, le couperent en morceaux, et les mirent dans le fond de leurs cha- peaux qu'ils replacerent sur leur tete du mieux qu'ils 5 purent. Cependant le roi vint pour leur apporter de Tar- gent, et il s'apergut que le grand pain de suif n'etait plus a sa place. Comme les pecheurs etaient seuls dans la cuisine, il les soupgonna de T avoir pris, et il 10 remarqua que leurs chapeaux n'etaient pas bien en- fonces sur leurs tetes. II dit au cuisinier qui rentrait en ce moment: — Voila de pauvres gens qui n'ont pas chaud, il faut allumer un bon feu pour les rechauffer. 15 — Par ma foi, repondit le patron, il n'y en a pas besoin. Nous aurons le temps de nous rechauffer sur la route. — Non, non, dit le roi, il faut bien vous chauffer avant de partir; quand on a chaud, on marche mieux. 20 Le cuisinier alluma un grand poele qui se trouvait derriere eux, et il fit flamber dans la cheminee une fouee a rotir un bceuf. Les Jaguens etaient ainsi pris entre deux feux et ils n'osaient bouger; le suif ne tarda pas a fondre, et il coulait en ruisseaux gras sur 25 leur figure et sur leurs habits. Le roi leur dit: — Vous avez vole mon suif, vous etes de mauvaises gens; pour cette fois je vous tiens quittes, mais allez-vous-en. 30 Les Jaguens revinrent chez eux assez penauds, FOLK-TALES 19 et quand on leur parlait de leur voyage, ils repon- daient: — Par ma foi, nous avons creve de honte; c'est une canaille que ce roi la. Nous avons eu tant de mal a lui porter un si beau turbot, et encore il nous 5 a fait des crasses. Jamais je ne revoterai pour lui. LES TROIS FRfiRES ET LE GEANT Une bonne femme avait trois enfants, tous gar- 90ns; le premier nomme Jean, le second Jeannot et le troisieme Jeannois. Ces trois enfants passaient pour les plus malins du canton et la bonne femme en 10 etait heureuse, comme bien vous pensez. Un beau jour, elle se rendit au bois avec eux pour y ramasser du bois mort et en faire des fagots pour Thiver qui s'approchait. Les enfants eurent bientot assez de rechercher des morceaux de bois sec, et, preferant 15 cueillir des mures, des noisettes et des cornouilles, ils quitterent leur mere et s'enfoncerent dans le taillis, si loin et si loin qu'ils n'entendirent point les cris et les appels de la bonne femme, qui bientot les crut retournes au village et rentra a la maison. 20 Le soir arriva bientot, et Jean, Jeannot et Jean- nois s'apergurent avec terreur qu'ils s'etaient perdus dans le bois. ■ — Que faire? dit Jean. ((Que faire?)) reprit Jeannot. ((Que faire?)) ajouta Jeannois. 25 Ils n'en savaient trop rien, et ils commengaient k entendre les hurlements des loups dans Tepaisseur de 20 ELEMENTARY FRENCH READER la foret. A la fin, Jean Paine eut une inspiration. II grimpa au haut d'un grand chene qui poussait pres de la et se tourna dans toutes les directions pour observer le voisinage. II d^couvrit une lumiere qui 5 brillait dans le lointain et en ayant bien observe la direction, il descendit du chene et marcha avec ses fr&res dans le sens de la lumiere. Arrives hors du bois, ils virent un palais devant eux et ils allerent frapper k la porte. 10 — Pan! Pan! — Qui est la a cette heure? — Nous sommes trois petits enfants £gares dans la foret et nous desirerions passer la nuit dans ce beau palais. Voulez-vous nous y donner Thospi- 15 talit£? Une jeune femme entre-bailla la porte. — Vous ne savez done pas que e'est ici le palais du G6ant k la Barbe d'Or? II est sorti en ce moment et il ne tardera pas k rentrer. Si vous m'en croyez, 20 hatez-vous de vous enfuir, car il pourrait vous tuer et vous manger, comme il Fa fait a bien des per- sonnes. — Mais, madame, nous ne savons oil aller par cette nuit noire. Cachez-nous bien quelque part et 25 demain, k la pointe du jour, nous partirons sans que le G6ant se doute de rien. La femme se laissa attendrir et fit entrer les en- fants dans le chateau. Elle les fit descendre a la cave et leur donna de bons gateaux a manger. Puis 30 entendant dans le lointain le pas du Geant, elle FOLK-TALES 21 recommanda aux petits egares de se bien cacher derriere un gros tonneau et remonta comme si de rien n'etait. Le Geant a la Barbe d'Or avait fait une longue course et se mourait de soif. II descendit a la cave 5 pour se rafraichir, malgre sa femme qui Pengageait a aller se coucher. — On sent ici la viande fraiche, grommela le Geant en arrivant pres du tonneau derriere lequel se tenaient blottis les enfants. 10 Comme il avait grand'soif, il enleva la bonde, souleva le tonneau comme une paille et but a meme. En deposant la grande piece de vin sur le sol, il blessa le petit Jeannois qui ne put s'empecher de pousser un cri. 15 — Ah! ah! s'ecria le Geant a la Barbe d'Or, je disais bien que je sentais la viande fraiche! C'est bon, c'est bon! je vais vous remonter et vous tuer; j'aurai un excellent dejeuner pour demain. II prit les trois malheureux gargons par une main 20 et les remonta dans sa cuisine. Mais la femme, qui avait entendu ce que venait de dire le Geant, s'etait hatee de cacher son grand couteau, et son mari eut beau le chercher, il ne put parvenir k le trouver. 25 — C'est bien! c'est bien! Vous ne perdrez rien pour attendre! — Femme, mets ces trois enfants dans la chambre de mes filles et donne-leur un lit. Je les tuerai de- main. La chair sera plus fraiche. 3° 22 ELEMENTAKY FRENCH READER La femme obeit en tremblant et tout le monde se coucha. — Nous sommes dans une bien mauvaise position, pensa Jeannot. Et il descendit du lit pour voir 5 quelles etaient les filles du Geant qui dormaient dans le lit voisin. La lune s'etait levee, et Jeannot s'apergut que les jeunes filles portaient une couronne d'or sur la tete et que, comme eux, elles etaient trois. 10 — Si le Geant se levait et venait nous tordre le cou pendant la nuit, pensa Jeannot. Ce serait bien possi- ble tout de meme ! Je vais enlever les trois couronnes et les placer sur ma tete et sur celle de mes freres. Le Geant pourra s'y tromper. is II fit comme il venait de penser et se recoucha. II etait temps. Le Geant a la Barbe d'Or avait bu trop de vin et se trouvait fort mal dans son lit. Pour tuer le temps, il se resolut a se lever et a aller tuer les trois petits gargons que le hasard lui avait 20 envoyes. II vint au lit ou ces derniers faisaient semblant de dormir et prit la tete de Jean. — Imbecile, se dit-il, j'allais tuer mes filles. Je me suis trompe de lit. 25 Et il alia a P autre lit et tordit le cou a ses propres enfants. Puis, satisfait de son ouvrage, il alia se recoucher. Jean, Jeannot et Jeannois s'habillerent a la hate et s'echapperent par une fenetre. 30 Jugez de la stupefaction et de la colere du Geant FOLK-TALES 23 s'apercevant le lendemain, a son reveil, de ce qu'il avait fait pendant la nuit. II en devint plus me- chant que par le passe et se mit a voyager par tout le pays, tuant les voyageurs, massacrant les paysans et bravant les armees que le roi envoy ait contre lui. Quanta Jean, Jeannot et Jeannois, ne sachant de quel cote se diriger, ils prirent enfin une grande route qui, au bout de deux jours de marche, les conduisit a la capitale du royaume. Ils demanderent a parler au roi et lui raconterent leurs aventures dans le palais du Geant a la Barbe d'Or. Le roi voulut les avoir pour pages a partir de ce jour. J'ai dit que le Geant, rendu furieux par la mort dp ses enf^nte, s'etait mis a ravager tout le royaume. Cecillia pendant deux ou trois ans. Bien des che- is -v _^f valiers etaient partis pour le combattre et aucun 3 d'eux n'etait revenu. Aussi le roi tremblait dans spn palais, craignant que quelque jour il ne prit fantaisie a cet homme redoutable de Pattaquer dans ->-■■ Un jour, Jean, l'aine des trois pages, vint trouver le roi et lui demanda la main de sa fille ainee avec le titre de chevalier. Le roi refusa d'abord, puis, en reflechissant, il dit au page: ^ — Je consens tout de meme a t'accorder ce que tu 25 desires, a la condition que tu t'en montreras digne. Ty n'as pas bubli£ ce fameux G£ant a la Barbe d'Or, qui manqua de vous tuer tous, tes freres et toi. Eh bien! rapporte-moi sa barbe d'or et je te Jure de te nommer chevalier et de te donner ma fille en mariage. 3° H> 24 ELEMENTARY FRENCH READER Jean accepta. Le roi vouhit lui donner des armes comme celles des chevaliers, mais il refusa. II prit la route .que ses freres et lui avaient suivie autrefois et il se rendit au chateau du G6ant. C^tait en plein 5 jour, et le page sonna du fer. — Que veux-tu! demanda Phomme h la Barbe d ' 0r - ^^~v — Je veux me mesurer avec toi demain matin. J'ai bg^u tous les geants quej'ai pu rencontrer 10 jiisqu'ici et je veux te battre comme les autres. — Tu es bien jeune, beau page; mais n'importe. Entre dans mon chateau et demain nous nous battrons. j . »j Jean ne se fit pas prier et entra dans le palais du 15 G6ant k la Barbe d'Or, qui voulut le faire diner avec lui. Le page accepta, et pendant que le Geant avait le dos tourn6, il lui versa une liqueur ay ant la pro- ^priet£ d'ehdormir pour plusieurs jours. — A ta sant£! 20 — A ta sant6! t ^ Jk ^ Et le page et le Geant vid&rent leur verre d'un seul trait. Au m£me instant, le dernier tomba sous la table et se mit a ronfler si fort que tout le cha- teau en tremblait. Sans perdre de temps, le jeune 25 homme prHf des ciseaux qu'il avait apportfe et coupa la barbe d'or du Geant. Puis il quitta le palais et retourna k la capitale oil il arriva deux jours apr&s. Le roi fut bien etonn£; il avait promis sa fille au 30 page et il la lui accorda, lui disant qu'il le nommerait FOLK-TALES 25 chevalier plus tard. A quelque temps de la, Jeannot vint, lui aussi, trouver le roi. - ^ — Monsieur le roi, dit-il, j'aime votre fille Marie et je crois qu'elle m'aime. Voulez-vous me nommer chevalier et p'acporder sa ma^a? ^ J c^ c^w** 4 5 — Mais tu n'as rien fait, a ma connaissance, pour meriter cet honneur. — Je suis pret & m'en montrer digne. Com- mandez, et je vous obeirai. Le roi reflechit, et enfin: 10 — C'est bien. Tu auras ce que tu me demandes quand tu m' auras apport6 le sabre du Geant que tu connais bien. g / 7 d % Jeannpt ~accepta et partit pour 1$ ch^^eau du Geant, n'emportant ni armes ni bouclier. 15 II y arriva au bout de deux jours et sonna du cor. — Ah! ah! s^cria le G£ant, encore un qui veut me voler! C'est bon, je vais y mettre ordre. , — Je ne yiens pas pour cela: on m'a dit seulement que vous pouviez boire plus de vin que personne au 20 * monde, et je suis venu pour me mesurer avec vous. — Est-ce bien vrai? , ^^^ * ^JLjJ^ — Tcnj^cequ^I yT^ plus vrajj^ . Mais je crois fort que je vous battrai. Je puis boire cinquante pieces de vin sans en etre incommode. 25 — Nous verfohs, nous verrons. Entre au cha- t te^u, je suis pret k lutter avec toi. Mais'^qui com- /v ^nefe?efa le premier? — A vous Thonneur! * > — Entendu! Ofr& *. 30 26 ELEMENTARY FRENCH READER Jeannot clescendit a la cave du Geant, et celui-ci voulant boire du plus qu'il pouvait, avala tant de vin que bientot il chancela et tomba ivre-mort. Jeannot lui pnt son sabre et le reporta au roi, plus 5 etonne encore que lorsque Jean dtaii revenu avec la barbe d'or. ^ A .J Jeannot epousa la princesse Marie, mais le roi ne le nomma pas de suite chevalier. II ne restait plus que Jeannois. 10 — Monsieur le roi, vint-il dire un jour au roi, j'aime votre fille cadette; elle m'aime aussi et je viens vous demander sa main et le titre de che- valier. — Tout cela est fort bien. Mais il faut le meriter. 15 — Commandez, et je ferai ce que vous ordonnerez. Le roi reflechit encore, et enfin : — Tes freres ont pris la barbe et le sabre du Geant. Pourrais-tu me Papporter au palais dans une cage de fer? 20 — Je vais essaj^r, Monsieur le roi; adieu! Jeannois fit faire une grande voiture de fer et se rendit au chateau du Geant. La, il kmna du cor. — Que veux-tu? ver de terre! poussiere du n6ant! — Laissez-moi entrer dans votre chateau et je 25 vous le dirai. — Ah! tu es de ces pages qui m'ont vole ma barbe d'or et mon sabre. Je vois ce que tu veux et je vais te tuer. — Un instant, s'il vous plait. Ne vous emportez 30 pas. Je viens justement vous chercher pour re- FOLK-TALES 27 prendre ce qu'on vous a vole. K Les deux pages sont seuls dans un chateau lointain, et j'ai amene ma voiture pour nous y transporter plus Vft&" - Le Geant se laissa encore duper et monta dans la voiture de fer ou il se trouva enferme. Et vite 5 Jeannois revint a la cour. Le roi fut tout heureux, comme de juste, d'etre debarrasse du brigand, qui fut brule dans un immense bucher eleve sur la grande place de la ville. Jeannois epousa la prin- cesse qu'il aimait et le roi nomma les trois freres 10 chevaliers de son royaume. Pendant les fetes qui furent donnees, la mere de Jean, Jeannot et Jeannois arriva a la ville, toujours a la recherche de ses en- fants. Jugez de son bonheur et de celui de ses fils. jfiSUS-CHRIST ET LE BON LARRON Joseph et Marie fuyaient vers l'figypte avec leur 15 enfant, P enfant Jesus, pour le soustraire a Pedit du cruel Herode, qui ordonnait le massacre de tous le& nouveau-nes, dans la Judee. La mere et Tenfant etaient montes sur un ane; le pere les precedait de quelques pas, et ils allaient ainsi, comme de pauvres 20 gens qu'ils etaient, mettant toute leur confiance dans la protection de Dieu. Une nuit, ils furent surpris par un violent orage: eclairs, tonnerre et pluie torrentielle. Ils heurterent a la premiere habitation qu'ils rencontrerent et de- 25 manderent Thospitalite pour la nuit. La maison avait bonne apparence et paraissait habitee par des 28 ELEMENTARY FRENCH READER gens a Paise, sinon riches. Une femme vint ouvrir et repondit a leur demande: — Je ne puis vous loger, mes pauvres gens, car mon mari est un brigand inhumain et cruel, bien 5 connu dans le pays, et si je vous regois, quand il rentrera, il vous jettera a la porte et vous maltraitera peut-etre. — Ayez pitie de notre situation, dit alors Marie, et surtout de ce pauvre petit enfant qui perira sans 10 doute, s'il nous faut passer la nuit dehors. Voyez le temps affreux qu'il fait! — Je vous plains de tout mon coeur, et je vou- drais pouvoir vous venir en aide; mais, je vous le repete, je crains Paccueil que vous ferait mon mari. 15 — Nous aimons mieux courir la chance d'etre mal accueillis par votre mari que rester dehors par un pareil temps; notre pauvre innocent en mourrait surement. Et la mere pressait son enfant contre son coeur. 20 — Entrez alors! dit la femme du brigand, et Dieu vous protege! Et ils entrerent. Le brigand arriva presque aussitot, et, en voyant les hotes de sa femme, il lui demanda: 25 — Qui sont ces gens, femme? — Ce sont des pauvres gens surpris par Forage et qui m'ont demand^ Phospitalit6, pour une nuit seule- ment. J'ai eu piti6 d'eux, surtout de leur petit enfant, qui serait mort de froid, s'il leur avait fallu 30 passer la nuit dehors. FOLK-TALES 29 — Ah! il y a aussi un petit enfant? Voyons-le. Et ayant examine Fenfant, que la mere cachait dans son sein, il dit: — Un fort bel enfant, en verite! Mais, comme il est mouille et tremble de froid, le pauvre petit ! Que 5 Ton fasse du feu, vite, pour le r6chauffer. II faut le laver avec de Teau chaude et lui donner des linges frais. Et la femme du brigand, tout 6tonnee de voir son mari ainsi devenu subitement si humain et si com- 10 patissant, fit faire du feu par une esclave et chauffer de Peau. Puis, elle donna du linge frais k la mere pour envelopper son enfant. Marie s'approcha du feu, lava son fils dans un bassin rempli d'eau tiede et Pemmaillota ensuite 15 bien chaudement. Le brigand la regardait faire en souriant, tout etonne de sentir son cceur s'amollir et de ne pouvoir lever les yeux de dessus cet enfant. Le brigand avait un fils de cinq a six ans, qui etait ronge par la lepre. II s'etait aussi approche des 20 etrangers, et, comme son pere, il contemplait en silence F enfant J£sus assoupi. Marie le remarqua et dit: — Votre fils parait bien malade. — Helas! repondit le pere, le pauvre enfant est 25 16preux, et voila ce qui fait mon desespoir. J'ai consulte tous les savants du pays, medecins et magi- ciens, et je les ai combles d ; or, car ce n'est pas 1st ce qui me manque; mais ils ont eu beau frictionner Tenfant avec toutes sortes d'onguents et d'herbes, 3° 30 ELEMENTARY FRENCH READER et reciter maintes formules secretes, son etat n'a fait qu'empirer tous les jours, et tout son corps ne sera bientot qu'une mer de lepre. — Le pauvre enfant! dit Marie en le regardant 5 avec compassion; eh bien, lavez-le dans Peau ou j'ai lave mon fils, et peut-etre cela lui fera-t-il du bien. — C'est inutile, repondit le pere, apres tout ce que nous avons deja fait. — Faites ce que je vous dis, je vous en prie, in- 10 sista de nouveau Marie, et ayez confiance; Dieu est grand. La femme du brigand lava son enfant dans Peau qui avait servi a laver P enfant de Marie, puis elle Penveloppa dans du linge frais et le coucha chaude- 15 ment dans son lit. Le lendemain matin, Joseph et Marie s'appretaient a partir avec leur enfant. — Comment est votre fils, ce matin? demanda Marie a la femme du brigand. 20 — Je suis gueri! je suis gu£ri! cria Penfant, en entendant ces paroles. Et, en effet, il sauta hors de son lit, dispos et bien portant, et n' ay ant plus la moindre marque de lepre sur le corps. 25 Le pere et la mere resterent quelque temps im- mobiles et muets d'6tonnement et de bonheur; puis ils prierent leurs hotes d'accepter une cassette pleine d'or et de pierres precieuses, qu'ils leur presentment. Mais Marie refusa en disant: 30 —Nous sommes encore vos obliges et vos debi- FOLK-TALES 31 teurs; mais un jour viendra ou mon fils saura recon- naitre le service que vous nous avez rendu. Et ils partirent et continuerent leur route vers rEgypte. — Ces bonnes gens! dit alors le brigand; ils ont 5 bon coeur; mais comment se fait-il qu'ils n'ont rien voulu accepter pour le service qu'ils nous ont rendu, et qu'ils parlent encore cle nous recompenser un jour, pauvres comme ils le sont? — Dieu est grand ! dit la femme pour toute reponse. IO Environ trente-deux ans plus tard, Notre-Seigneur Jesus-Christ fut condamne par les Juifs a mourir sur une croix, entre deux larrons. Le brigand ou larron de qui nous venons de parler avait continue son metier comme devant, detroussant les voyageurs *5 et les assassinant meme a Poccasion. II avait ete pris et juge. La sentence des juges le condamnait a etre crucifie, et il etait en prison en attendant le jour de Texecution. II etait un des deux larrons qui devaient etre crucifies avec Jesus de Nazareth. 20 Quand les trois condamnes etaient en croix, subis- sant leur supplice, Jesus au milieu, un des larrons, celui de droite, etait silencieux, calme et resigne; celui de gauche, au contraire, criait et blasphemait, et se tordait comme un possecle du demon. Alors 25 Jesus, s'adressant au larron de droite, lui dit: — Ne vous rappelez-vous pas m'avoir deja vu quelque part, avant aujourd'hui? — Je ne me le rappelle pas, repondit le larron. 32 ELEMENTARY FRENCH READER — N'avez-vous pas regu dans votre maison, il y a environ trente-deux ans, deux pauvres gens et leur enfant nouveau-n£ surpris par un orage, au moment ou ils fuyaient en Egypte, pour se mettre a Pabri de 5 Parret d'Herode contre les nouveau-nes de la Judee, et votre fils, rong6 de la lepre, n'a-t-il pas £te gueri instantanement pour avoir et6 lav6 dans Teau ou F enfant de ces pauvres gens venait d'etre lave lui- meme? 10 — C'est vrai, je me le rappelle, repondit le larron. — Je suis cet enfant. Ma mere vous a promis que son fils vous paierait un jour la dette de reconnais- sance qu'elle avait contractee en vers vous, et je vous annonce que vous serez avec moi, ce soir, dans le J 5 royaume de mon Pere . . . Ils moururent, et leurs ames monterent ensemble au ciel, et Ton dit meme que c'est le seul larron qui alia jamais au Paradis, car Fautre n'y alia pas. r**, L'HOMME JUSTE II y avait une fois un pauvre homme de qui la 20 femme venait de lui donner un fils. II voulait que son enfant eilt pour parrain un homme juste, et il se mit en route pour le chercher. Comme il cheminait, son Mton a la main, il ren- contra d'abord un inconnu, qui avait la mine d'un 25 fort honnete homme, et qui lui demanda: — Ou allez-vous ainsi, mon brave homme? — Chercher un parrain a mon fils nouveau-n£. FOLK-TALES 33 — Eh bien! voulez-vous de moi? Je suis a votre disposition, si cela vous plait. — Oui, mais . . . je veux un homme juste. — Eh bien! vous ne pouviez mieux tomber; je suis votre homme. t 5 — Qui done etes-vous? — Je suis le bon Dieu. — Vous juste! Seigneur Dieu! . . . Non! non! Partout j'entends qu'on se plaint de vous sur la terre. 10 — Pourquoi done, s'il vous plait? — Pourquoi? Mais pour mille et mille raisons diverses . . . Les uns parce que vous les avez en- voyes dans ce monde faibles, contrefaits ou maladifs, tandis que d'autres sont forts et pleins de sante, qui 15 ne Font pas plus merite que les premiers; d'autres, et de fort honnetes gens, comme j'en connais plus d'un, parce que, quoique travaillant continuellement et se donnant un mal de chien, vous les laissez tou- jours pauvres et miserables, tandis que leurs voisins, 20 des faineants, des hommes sans coeur, des gredins . . . Non, tenez, vous ne serez pas le parrain de mon fils; adieu! . . . Et le bonhomme poursuivit sa route en grom- melant. 25 Un peu plus loin, il rencontra un grand vieillard a longue barbe blanche. — Ou allez-vous ainsi, mon brave homme? lui demanda le vieillard. — Chercher un parrain pour mon fils nouveau-ne. 3° 34 ELEMENTARY FRENCH READER — Je veux bien lui servir de parrain, si vous vou- lez; cela vous va-t-il? — Oui, mais il faut vous dire avant, que je veux que le parrain de mon fils soit un homme juste. 5 — Un homme juste? Eh bien? je le suis, je pense. — Qui done etes-vous? — Saint Pierre. — Le portier du Paradis, celui qui tient les clefs? — Oui, celui-la meme. 10 — Eh bien! alors . . . vous n'etes pas juste non plus, vous. — Je ne suis pas juste, moi! reprit saint Pierre avec un peu d'humeur; et pourquoi done, s'il vous plait, bonhomme? 15 — Pourquoi? Ah! je vous le dirai bien: parce que, pour des peccadilles de rien du tout, pour des miseres, vous refusez, m'a-t-on dit, votre porte a de tres honnetes gens, des hommes de peine, comme moi, parce que, apres avoir travaille dur toute la 20 semaine, ils boivent peut-etre une chopine de cidre de trop le dimanche . . . et puis, faut-il vous dire encore? Vous etes le prince des apotres, le chef de rfiglise, n'est-ce pas? Saint Pierre hocha la tete, en signe d'assentiment. 25 — Eh bien! dans votre eglise, e'est comme partout ailleurs; on n'y a rien que pour de Fargent, et le riche y passe encore avant le pauvre . . . Non, vous ne serez pas aussi, vous, le parrain de mon fils; adieu! . . . 30 Et il poursuivit sa route, toujours grommelant. FOLK-TALES 35 II rencontra alors un homme qui n'avait guere bonne mine, et qui portait une faux sur son epaule, comme un faucheur qui va a son travail. — Ou allez-vous ainsi, mon brave homme? lui demanda aussi celui-ci. 5 — Chercher un parrain a mon fils nouveau-ne. — Voulez-vous de moi pour parrain? — II faut vous dire, avant, que je veux un homme juste. — Un homme juste! Vous n'en trouverez jamais 10 de plus juste que moi. — lis me disent tous cela. Mais qui done etes-vous? — Je suis le Trepas. — Ah! oui, alors, vous etes vraiment juste, vous; vous n'avez de preference pour personne, et vous 15 faites bravement votre besogne. Riche et pauvre, noble et vilain, roi et sujet, jeunes et vieux, faibles et forts, . . . vous les frappez tous quand leur heure est venue, sans vous laisser attendrir ni flechir par les larmes, les menaces, les prieres ou Tor. Oui, vous 20 etes v£ritablement le juste, et vous serez le parrain de mon fils. Venez avec moi. Et Thomme s'en retourna a sa chaumiere, em- menant avec lui le parrain qu'il voulait donner a son fils. '25 Le Trepas tint l'enfant sur les fonts baptismaux, et il y eut ensuite, dans la chaumiere du pere, un petit repas ou Ton but du cidre et mangea du pain blanc, par extraordinaire. Avant de s'en aller, le parrain dit a son compere: 30 36 ELEMENTARY FRENCH READER — Vous etes de fort braves gens, votre femme et vous; mais vous etes bien pauvres. Comme vous m'avez choisi pour etre le parrain de votre fils, je veux vous en temoigner ma reconnaissance en vous S revelant un secret qui vous fera gagner beaucoup d'argent. Vous, compere, vous allez vous faire medecin, a present, et voici comment vous devrez vous comporter : quand vous serez appele aupr6s d'un malade, si vous me voyez debout a la tete du lit, 10 vous pourrez affirmer que vous le sauverez, et lui donner comme remede n'importe quoi, de l'eau claire, si vous voulez; il en r^chappera toujours. Si, au contraire, vous me voyez avec ma faux au pied du lit, il n'y aura rien a faire, et le malade 15 mourra stirement, quoi que vous fassiez pour essay er de le sauver. Voila done notre homme improvise medecin, " mettant en pratique le systeme de son compere le Tr£pas, et predisant, toujours a coup stir, quand 20 ses malades devaient guerir ou non. Comme il ne se trompait jamais et que, d'ailleurs, les rem&des ne lui coiitaient pas cher, puisqu'il ne donnait que de Peau claire k ses clients, quelle que ffit la maladie, il etait recherche et devint riche en peu de temps. 25 Cependant, le Tr£pas, quand il avait occasion de passer par 1&, entrait de temps en temps pour voir son filleul et causer avec son compere. L'enfant grandissait et venait a merveille, et le medecin, au contraire, vieillissait et s'affaiblissait 30 chaque jour. FOLK-TALES 37 Un jour le Trepas lui dit: — Je viens toujours te voir quand je passe par ici, et toi tu n'es encore jamais venu chez moi; il faut que tu viennes aussi me rendre visite pour que je te regale a mon tour et te fasse voir ma demeure. 5 — Je n'irai que trop tot, repondit le medeein; car je sais qu'une fois qu'on est chez vous, on n'en revient pas comme on veut. — Sois tranquille la-dessus, car je ne te retiendrai pas avant que ton heure soit venue; tu sais que je 10 suis Phomme juste par excellence. Le medeein partit done pour faire une visite a son compere. lis allerent longtemps de compagnie, par monts et par vaux, traversant des plaines arides, des forets, des fleuves, des rivieres et des regions 15 tout a fait inconnues au medeein. Enfin, le Trepas s'arreta devant un vieux chateau entoure de hautes murailles, au milieu d'une sombre foret, et dit a son compagnon: «C'est ici.)) lis entrerent. Le maitre du sombre manoir regala 20 d'abord magnifiquement son hote, puis, au sortir de table, il le conduisit dans une immense salle ou brillaient des millions de cierges de toutes les dimen- sions, longs, moyens, courts, et dont les lumieres plus ou moins nourries jetaient plus ou moins de 25 clarte. Notre homme resta d'abord tout £tonne, £bloui et muet devant ce spectacle. Puis, quand il put parler: — Que signifient toutes ces lumieres, compare? demanda-t-il. 30 38 ELEMENTARY FRENCH READER ■ — Ce sont les lumieres de la vie, compere. — Les lumieres de la vie? Qu'est-ce a dire? — Chaque creature humaine qui vit presentement sur la terre a la son cierge, auquel est attachee sa vie. 5 — Mais il y en a de longs, de moyens, de courts, de brillants, de ternes, de mourants . . . Pourquoi? — Oui, comme les vies des hommes: les unes com- mencent; d'autres sont dans leur force et tout leur eclat; d'autres sont faibles et vacillantes; d'autres 10 enfin sont pres de s'eteindre . . . — Comme en voila un qui est long et haut! — C'est celui d'un enfant qui vient de naitre. — Et cet autre, que sa lumiere est brillante et belle! 15 — C'est celui d'un homme dans toute la force de Tage. — En voila un qui va s'eteindre, a defaut d'ali- ment. — C'est un vieillard qui se meurt. 20 — Et le mien, ou est-il? Je voudrais bien le voir. — Le voila pres de vous. — Celui-la? ... Ah! mon Dieu, il est presque entierement consume! II va s'eteindre! . . . — Oui, vous n'avez plus que trois jours a vivre! 25 — Que dites-vous la? Quoi, trois jours seulement! . . . Mais puisque je suis votre ami, et que vous etes le maitre ici, ne pourriez-vous faire durer mon cierge quelque temps encore . . . par exemple, en prenant un peu a celui d'a cote, qui est si long, pour 30 Taj outer au mien? FOLK-TALES 39 — Celui cTa cote, qui est si long, est celui de votre fils, et si j'agissais comme vous me le conseillez, je ne serais plus rhomme juste. — C'est vrai, repondit le medecin en se resignant et en poussant un profond soupir ... 5 Et il revint alors chez lui, mit ordre a ses affaires, appela le cure de sa paroisse et mourut trois jours apres, comme le lui avait predit son compere le Trepas. LA SIRfiNE DE LA FRESNAYE II y avait une fois dans le bois de Tile Aval, en la 10 paroisse de Saint-Cast, un sabotier qui demeurait avec sa femme et ses deux enfants, dans une pauvre petite hutte en terre, qu'il avait lui-meme construite au bord de la mer, a Tendroit ou finit la vallee. II y en a qui disent qu'on en voit encore les ruines, mais 15 cela n'est guere croyable, car il y a bien longtemps de cela, et d'habitude, les cabanes de sabotiers ne laissent pas de longues traces. lis n'etaient pas riches, car ils n'avaient que leur travail pour vivre, et Ton sait que les sabotiers 20 achetent rarement des metairies; le mari creusait des sabots, sa femme lui aidait de son mieux, et le pe- tit gargon et la petite fille, qui n'etaient pas assez grands pour travailler le bois, allaient tous les jours a la peche le long du rivage. 25 Un jour que le petit gargon etait dans les rochers a prendre du poisson, il entendit tout a coup un chant 40 ELEMENTARY FRENCH READER doux et melodieux, et, en regardant d'ou il semblait venir, il vit la Sirene qui nageait en chantant sur les flots, et autour d'elle la mer 6tait si brillante que la vue en 6tait 6blouie. 5 II courut bien vite k la cabane oil son p&re tra- vaillait: — Ah! papa, lui dit-il, viens done voir! il y a dans 1-anse du Port-au-Moulin un poisson plus beau que tous ceux que j'ai vus: il chante, et il brille comme 10 de Tor. — Comme du feu, papa, ajouta la petite fille qui Pavait aussi vu. Le sabotier et sa femme se haterent de suivre leurs enfants; mais quand ils arriverent au rivage, la Si- 15 rene avait disparu: ils ne virent rien sur la mer, et n'entendirent point de chant. — Ce n'6tait rien, dit la m&re, les enfants auront reve tout cela. Mais le sabotier n^tait pas aussi incredule que sa 20 femme; le lendemain, il dit aux enfants: — Retournez au bord de Feau et regardez bien si le beau poisson qui chante se montrera encore. Le petit gargon sortit, mais des qu'il eut fait quelques pas en dehors de sa cabane, il y rentra en 25 s^criant: — Ah! papa, le beau poisson est revenu, on Fen- tend chanter d'ici. Quand ils furent sortis, ils entendirent dans le lointain une musique delicieuse, et ils se haterent 30 d'aller au bord de la mer ou ils virent la Sirene qui / FOLK-TALES 41 se jouait en chantant sur les vagues et sautait parfois a plus de trois pieds au-dessus de Teau. — Ce n'est pas un poisson ordinaire, dit le sabo- tier, cela ressemble a une personne. 1 ^/^ — Ah! repondit la femme, il faut appreter les 5 lignes, peut-etre pourrq,s-tu le prendre; je voudrais bien le voir de pres^ cx^r^uLA*^ lis se mirent tous a arranger des lignes, et quand la mer etait haute, ils les tendaient; mais ils avaient beau garnir les hamegons des meilleurs appats, le 10 poisson-chanteur ne venait point se prendre, et pour- tant on le voyait tous les jours., v Le sabotier pensait souventf au poisson merveilleux, et il reflechissait aux moyens de s'en emparer. Un jour qu'il se promenait sur le rivage, il vit la Sirene 15 qui s'etait endormie, et, bercee par la vague, flottait a peu de distance du bord. II se mit a Teau sans faire de bruit, et passa tout doucement sous elle un grand panier qu'il avait, et dans lequel il Temporta a terre sans Teveiller. 20 Elle etait de la taille d J un enfant de huit ans; sur sa tete elle avait des cheveux d'or, et son corps blanc et poli ressemblait a celui d'une femme, mais au lieu de pieds elle avait des nageoires et se terminait en queue de poisson. J\jA- 25 — Ah! dit le sabotier en la regardant; mon petit gars n'avait pas menti, c'est bien la plus curieuse chose que Ton puisse voir. C'est sans doute une Sirene, car elle est moitie femme et moitie poisson. II faisait ces reflexions en prenant le chemin de sa 3° 42 ELEMENTARY FRENCH READER cabane, et il n'en etait pas fort eloigne, quand la Sirene s'eveilla et lui dit: — Ah! sabotier, tu m'as surprise pendant que je dormais; je t'en prie, reporte-moi a Peau maintenant 5 que tu m'as vue de pres, et je te protegerai, toi et toute ta famille, tant que tu vivras. — Non, repondit le sabotier, je ne te remettrai pas a la mer, il y a trop longtemps que je te guettais, et aussi ma femme et mes enfants. Je vais te porter 10 a la maison pour qu'ils te voient; mais quand tu auras chante une chanson, si ma femme veut, je te rapporterai ou je t'ai prise. II appela sa femme, qui avait nom Olerie, et lui cria: is — Olerie, viens done voir, et amene les enfants; j'ai la chanteuse dans mon panier. La bonne femme accourut toute joyeuse, suivie du petit gargon et de la petite fille, et ils se mirent a regarder la Sirene. 20 — Elle demande, dit le sabotier, que je la porte a la mer; elle te chantera une chanson auparavant. Y consens-tu? — Non, repondit-elle, e'est un trop beau pois- son; jamais je n'en ai vu un semblable; il faut le 25 manger. — Ah! dit la Sirene, si tu te nourris de ma chair, si tu te repais de mon poisson, tu ne mangeras plus rien en ce monde, car tu periras. Je ne suis pas un poisson comme les autres: je suis la Sirene de la 30 Fresnaye, et ton mari m'a surprise pendant que je FOLK-TALES 43 dormais. Demande-moi ce que tu voudras et je te l'accorderai, car j'ai le pouvoir des fees. Mais depeche-toi de me reporter a la mer, et ne perds pas de temps, je faiblis deja, et je mourrais bientot. — Qu'en dis-tu? demanda Olerie a son mari. 5 — Si tu y consens, je veux bien la remettre a la mer; ce serait dommage de la tuer, elle est bien gen- tille et elle n'a jamais fait de mal a personne. lis prirent le panier chacun par un bout, et por- terent tout doucement la Sirene a la mer, et ils la 10 laisserent s'y plonger sans avoir songe a lui faire de conditions. -w ^^^ ^^jfa+fAcfj; Quand elle ^ntit la fraicheur de Peau, elle s'es- ^^^O^ claffa de rire, de la joie qu'elle avait de n'etre plus en captivite, et elle dit au sabotier >/^«^ ,, t ^-4U*. I5 — Que^ftre ^m^^^^^^ri^i^J^ . n\ — Je "^s^rafe^reponait-il, du pain, du poisson et des b^Dus^our^oi, ma f emnig at mesenfants.^ ju~- — Tu auras tout cela aans vingt-quatre heures, dit la birene. -f- 20 — Je Y ou drais bien aussi, poursuivit-il, si c'etait unlSfet de voire bonte, un peu d'argent pour payer mon maitre, car je ne suis guere.riche. I La Sirene ne repondit rien; mais elle se mix a battre Peau avec ses nageoires, et a chaque fois 25 quelle frappait les vagues, il jaillissait des goutte- lettes, et tout ce qui sautait en Fair etait de Tor qui veli'ait tomber aux pieds du sabotier. Le rivage en fut bientot couvert; alors elle cessa de s'agiter, et elle dit au sabotier et a sa femme: 30 44 ELEMENTARY FRENCH READER — Tout cela est a vous, bonnes gens; vous pouvez le ramasser. lis remercierent la Sirene qui s'eloigna en chantant, puis ils remplirent leurs poches (Tor, et retournerent S a leur cabane, bien contents. Quand ; les vingt-quatre heures f urent ^coulees, 016rie et son mari revinrent au bord de la mer pour chercher les habits que la Sirene leur avait promis. Ils Pentendirent au loin qui chantait, et bientot ils 10 la virent se glisser sur les flots et s'approcher d'eux, en continuant son chant doux et melodieux. Elle frappa Feau de ses nageoires : une grosse vague vint d£ferler sur la greve et se retira, laissant aux pieds du sabotier un coffre bien ferme et de sjrande taill^. , 15 La Sirene sauta ensuite sur Peau jmr^J^sio^v puis dit au sabotier: — Tu trouveras dans ce coffre ce que je t'avais promis; au revoir, toi qui as ete bon poffr moi! Quand tu auras besoin de poisson, n'oublie pas ce 20 rivage. Ils emporterent le coffrechez eux; il contenait de bons habitsfaitsateur tajlle/et toutes les f ois qu^eux ou leurs enfants avaient envie de pecher du poisson, ils allaient au bord de la mer, et, en peu d'instants, 25 ils faisaient une peche abondante. Pendant un an ils ne revirent plus la Sirene; leur bourse diminuait cependant, et plus elle devenait legere, plus ils pensaient a la Sirene. Souvent ils allaient au bord de la mer, pretant Toreille et es- 30 perant ou'ir sa voix. FOLK-TALES 45 Un jour, ils l'entendaient de loin qui chantait; ils accoururent aussitot sur le rivage, et furent bien joyeux de la voir glisser sur les flots; partout ou elle avait pass£e, la mer brillait comme une trainee de feu. s Quand elle f ut a petite distance, le sabotier lui dit : — Ma Sirene, je suis bien content de vous revoir; si vous voulez, vous pouvez me rendre un grand service, car je n'ai plus ni pain ni argent. — Je vais, repondit la Sirene, vous donner de 10 quoi remplir de nouveau votre bourse. Apres avoir dit ces mots, elle deplia ses nageoires, et, battant Teau autour d'elle, elle envoya au rivage un flot d'or et d'argent. — Avec cela, dit-elle tu acheteras ce dont tu as 15 besoin; mais si tu veux le conserver, emploie-le bien. Desormais, tu ne me reverras plus; je quitte le pays et je repars pofir PInde. La Sirene s'eloigna apres avoir ainsi parle; jamais depuis, personne ne la vit ni ne Tentendit chanter 20 dans la baie de la Fresnaye. LE NAVIRE DU DIABLE II etait une fois un petit gargon qui demanda k son pere la permission de s'embarquer. — Je veux bien, repondit son pere, va-t'en ou tu voudras. 25 Le petit gargon s'engagea pour un voyage de sept ans, et quand il en revint, il alia a Tecole et se fit 46 ELEMENTARY FRENCH READER recevoir capitaine au long-cours. Son parrain, qui 6tait armateur, lui donna aussitot le commande- ment d'un beau navire. Le jeune capitaine, qui se nommait Georges, fit son 5 Equipage et partit pour un voyage de trois ans. II gagna assez d'argent pour acheter un navire; mais son parrain, qui Paimait beaucoup, lui donna celui qu'il commandait. Le capitaine fit un bon voyage et gagna beaucoup d'argent; mais sa chance etait 10 finie; au voyage suivant il ne gagna rien; le second ne reussit pas mieux et le troisieme encore moins. II etait si depite qu'il se serait volontiers vendu au diable pour faire fortune: un jour qu'il etait presse d'arriver, et que le navire ne faisait aucune route, il 15 s'ecria: — Ah! je voudrais etre a la remorque du diable! Au meme instant un grand vaisseau noir ou Ton ne voyait personne a bord, passa le long du navire, et une voix cria: 20 — Envoie ton cable. Un des matelots prit un cable et le jeta a bord du vaisseau noir qui se mit a filer comme une fleche et les conduisit en moins de trois heures au port ou ils voulaient aller. 25 Cette fois le capitaine Georges gagna beaucoup d'argent. Le diable lui parut un jour et lui dit: — Si tu veux me vendre ton ame, il f aut signer le pacte sur ce calepin. — Oui, r^pondit Georges. Mais avant de signer, 30 il but de Teau-de-vie avec le diable et le saoula plus FOLK-TALES 47 d'a moitie. Alors il prit son calepin, et ayant ecrit: «Mon due est pour le diable et il viendra la prendre dans quinze ans»; il signa. Le diable regarda la signature, mais il ne s'apergut pas que le capitaine avait mis due au lieu de dme. Le capitaine lui dit 5 alors : — Je veux aller a Marseille, pourriez-vous m'y conduire? — Oui, repondit le diable. Aussitot parut le grand vaisseau noir a bord duquel 10 on ne voyait personne; Georges lui jeta un cable, et en deux jours il arriva a sa destination. Le capitaine gagna beaucoup d'argent, et au voyage suivant, il fit sa fortune et celle de tout son equipage. Mais un jour en sortant d'un port il fut 15 entoure par une flotte de pirates; se voyant perdu, il cria: ((A mon aide!)) Aussitot arriva le grand vais- seau noir; cette fois il etait monte par des petits hommes noirs qui sauterent a Tabordage des pirates et les hacherent menu comme chair a pate. 20 Le capitaine fit encore trois voyages sous la pro- tection du diable: il devint aussi riche que le plus riche des armateurs de France, et son equipage etait riche aussi. II donna alors a son neveu le com- mandement de son navire et il cessa de naviguer. 25 Mais les quinze ans etaient ecoules; la veille du jour ou le diable devait venir le chercher, il mit aupres du seuil de sa porte un grand bassin plein d'eau benite; quand le diable arriva, il tomba dans Teau et jeta un si grand cri qu'a une lieue a la ronde 30 48 ELEMENTARY FRENCH READER tout le monde en fut effraye. Comme il ne pouvait se tirer de la, le capitaine Georges se moquait de lui et lui chantait: Vous vous etes brule les pattes: 5 Voila ce que c'est que de faire des pactes. Regardez sur votre calepin: Je vais vous donner ce qui vous appartient. Le diable regarda son calepin et dit: — Ce n'est pas cela que vous deviez signer; c'est 10 votre ame et non votre ane que je vous ai achetee! — Tant pis, repondit le capitaine, en lui offrant un vieil ane; il fallait bien regarder avant de me faire signer. Voila ce qui vous appartient, je ne vous dois plus rien. 15 Le diable ne voulait pas prendre le vieil ane; le capitaine alia chercher une autre bassinee d'eau benite, et la lui jeta sur le dos en disant: A prendre mon ane vous vous deciderez, Ou bien dur vous vous brulerez. 20 Le diable finit par se decider a emporter Fane, et il s'en alia en poussant des hurlements a faire trem- bler tout le monde. Le capitaine Georges s'etant ainsi debarrasse du diable, garda son argent et fut heureux. Et s'il 25 n'est pas mort, il vit encore. at FOLK-TALES vsLlM^ LE DIABLE DEJOUE PAR UNE FEMME Un gargon desirait vivement epouser une jeune fille qui lui plaisait, et qui aurait volontiers consenti a le prendre pour mari; mais les parents s'opposaient au mariage, parce que Tamoureux n'etait pas assez riche. Le diable, le voyant desole, vint le trouver et lui 5 proposa de P aider, mais a la condition que le jour de la noce, le marie trouverait moyen de Toccuper jusqu'a la fin de la messe de mariage; si au moment ou elle serait finie le diable avait termine tout l'ou- vrage qui serait commande, il attendrait le jeune 10 homme a la porte du cimetiere et Pemporterait. Le jeune gars avait accepte le pacte, pensant qu'il reussirait a tailler au demon une besogne qui Too cuperait pendant la moitie d'un jour. Les parents de la fille consentirent au mariage; 15 Ton ne dit point quels moyens furent mis en ceuvre pour cela par le diable; mais le matin du jour fixe pour la ceremonie, il se presenta devant le futur marie, au moment ou il se levait, et lui demanda ses ordres : 20 — Va, lui dit Tamoureux, defricher un taillis plants d'arbres qui ont dix-huit ans, et arrache les souches avec tes dents. Au moment ou le jeune homme achevait de se raser, et se preparait a mettre sa cravate, le diable 25 revint et lui annonga que sa tache etait accomplie. — Qu'avez-vous a m'ordonner maintenant? 50 ELEMENTARY FRENCH READER — 6te du grenier le foin qu'on y a loge, et qui s'echauffe parce qu'il n'etait pas assez sec quand il fut ramasse, porte-le dans la grande prairie, etends- le, et apres P avoir fait bien secher, rapporte-le a 5 Pendroit ou tu Fas pris. Le gars, pensant cette fois que le diable etait occupe pour longtemps, acheva sa toilette, et se rendit a la maison de la mariee. Toutefois, il parais- sait triste, car la rapidite avec laquelle avait ete 10 acheve le defrichement lui f aisait craindre que la fenaison ne fut accomplie avant la fin de la messe de mariage. Sa fiancee, le voyant soucieux, le prit a part, et lui demanda ce qu'il avait pour paraitre, en un jour 15 ou Ton est d'ordinaire si joyeux, avec une figure aussi longue que s'il se rendait a un enterrement. Apres bien des hesitations, il finit par avouer la convention qu'il avait faite avec le diable. — N'est-ce que cela, dit la jeune fille, je trouverai 20 bien moyen de te debarrasser de ton ennemi. Si tu le vois revenir, donne-lui ce cheveu, et ordonne-lui d'aller le forger et de le convertir en un anneau d'argent. Au moment ou la noce arrivait en vue de Teglise, 25 le jeune gars apergut a la porte du cimetiere le diable, visible pour lui seul, qui vint lui dire a Toreille que le foin etait rentre. — C'est bien, repondit le marie, maintenant va k la forge, et fais avec ceci une bague d' argent pour 30 ma femme. FOLK-TALES 51 Le diable prit le cheveu; mais des qu'il Peut ap- proche du feu qui flambait, il fut brule et disparut dans les flammes. Satan s'apergut alors qu'il avait eu affaire a plus ruse que lui; il s'en fut tout penaud et laissa le mariage s'aecomplir tranquillement. 5 LE DIABLE MfiNfiTRIER -V fe» ^s3 v ^nl% m'en vais vous raconter une histoire que je tiens de mon grand-pere: elle s'etait passee du temps qu'il etait jeune, — il y a bien des annees de cela, — mais il n'aurait pas voulu jurer qu'elle etait vraie, n'ayant point ete la quand la chose arriva. 10 C'etait avant la grande Revolution; un soir il y avait nombreuse compagnie dans une ferme peu /eloignee du village de Vaurenou, eh la paroisse de Servon; on y faisait veillee, comme on dit dans le pays, et, a cette epoque, on allait plus volontiers 15 voisiner que maintenant, parce qu'il y avait moins de cabarets. Aussi presqiie tous les gens du village et des metairies du voisinage etaient venus a la ferme du pere Joulaud, un joyeux vivant qui avait plusieurs filles accortes et fraiches, et qui, de plus, Pannee 20 ayant ete tres abondante en pommes, avait dit que le cidre ne serait point epargne. ^ Les femmes et le$- filles avaient apporte leurs quenDuilles bien garnies de lilasse et amene avec elles les enf ants; et les hommes, assis ga et la, tres- 25 saient des chapeaux de paille, ou faisaient des cor- " bellies avec des brins de feurre cercles de ronces 52 ELEMENTARY FRENCH READER fendues. Les vieux se chauffaient sur les bancs qui garnissaient les deux cotes du vaste foyer et etaient places sur une sorte d'estrade formee de large pierres plates irregulierement assemblies et elevees d'un 5 pied au-dessus du sol en terre battue. Dans la cheminee brulaient deux chandelles de resine que portaient de hauts chandeliers de bois faits d'une tige de saule emmanchee t dans une planchette qui servait de pied; mais, malgre ce luxe de lumieres, 10 malgre une autre resine qui brulait sur la table dans un chandelier de fer, la clarte d'un feu d'ajoncs morts eclairait bien mieux que ces chandelles rustiques Pappartement ou se tenait la veillee. C'etait la piece principale de la ferme avec ses armoires et sep 15 lits-clos ranges le long .des murs, la talkie gtrbite et allongee gaViiie ae bancs de bois, et les poutres noir- cies par la fumee'qui sup^?5aierit le pfancher du grenier. J}J On etait a la.veille de la Toussaint, et, tout en 20 faisant leur ouvrage, les gargons et les filles A eehan- geaient de joy;eu^ propos; les conteurs disdierit cles histoiresdereVehants oudes legendes des fees d'autre- fois; de tenips en temps,' le pere Joulaucl faisait cir- culer des ecuelles plelnes d'excellent clcffe, et lui- 25 meme allait^souveht^ati cellie^i^mpiir auH'dnngaii son grand pichet de terre brune. La compa|pie^ 6tait si en traki qu'on ne songeait point a la fete triste du lendemain; on semblait plutot se croire h F6poque plus riante de Noel ou a celle de Paques, 30 qui etaient alors Poccasion de grandes rejouissances. FOLK-TALES 53 Lorsque Phorloge sonna neuf heures, tout le monde paraissait plus dispose a s'amuser qu'a travailler; et, Tun des jeunes gens ayant propose de danser, presque tous les assistants firent chorus avec lui. Seuls, les vieillards et les bonnes femmes hocherent 5 la tete en signe de mecontentement. — Y pensez-vous? dit une vieille femme, danser la veille du jour ou Ton va en procession au cimetiere s'agenouiller sur la tombe des defunts? N'est-ce pas a cette epoque de Pannee que, parfois, ils re- 10 viennent visiter les lieux ou ils ont vecu? _ — Ma foi, dit Tun des assistants, laissons-la les morts: leur fete n'aura lieu que demain. Quand ils etaient sur la terre, ils se sont donne du bon temps a leurs heures, et ils ne peuvent trouver mauvais que 15 nous fassions comme eux. — Oui, oui, s'ecrierent les jeunes gens, dan- sons! — Mais, objecta un vieillard, vous n'avez pas de musique, et une danse sans vielle ni violon est aussi 20 triste qu'une fete sans cloche. — S'il n'y a- plus que cela a nous retenir, dit le gargon qui avait parle le premier, je me charge de trouver un menetrier; le bourg de Servon n'est pas loin, et hier encore Matelin Bertru nous a fait joli- 2$ ment sauter; je pense qu'il consentira volontiers a venir ici, surtout si on lui dit qu'il y trouvera joyeuse compagnie, du bon cidre et quelques pieces a gagner. Si Bertru refuse, j'irai trouver Jean Tual, son com- pere, un des plus fins joueurs de vielle qu'il y ait d'ici 3° 54 ELEMENTARY FRENCH READER Vitre. Attendez-moi un peu, et je vous amenerai un musicien, serait-ce le diable en personne. Le jeune gars sortit de la ferme, et il se dirigea vers le bourg, non par la route qui, a cause des 5 dernieres pluies, etait boueuse et coupee par des mares, mais par un sentier qui longeait les champs cultives. II marchait bon pas, en sifflant une chan- son, et il allait passer le troisieme champ, lorsque ses oreilles furent frappees par les sons d'un violon qui 10 jouait une ronde des plus dansantes. — II parait, pensa-t-il, que je n'aurai pas besoin d'aller bien loin, car voici un menetrier qui vient de ce cote et qui ne semble pas melancolique. Tout en faisant ces reflexions, il continuait d'avan- 15 cer, et comme le violoneux marchait a sa rencontre, ils ne tarderent pas a se trouver Tun en face de Pautre. La nuit, qui etait assez obscure, ne per- mettait pas de voir la figure du joueur. — Est-ce toi, Matelin Bertru? dit le gars. 20 — Non, c'est un menetrier ambulant qui parcourt le pays pour gagner son pain. — Vous avez mine d'un compere jovial et bien en train. — Oui, dit le violoneux, il n'est guere dans mon 25 caractere de me faire du chagrin. — Alors, vous ne refuserez pas de venir ce soir a la ferme du pere Joulaud, qui n ; est qu ? a une huchee d'ici, et dont vous verriez fumer la cheminee, s'il faisait jour. II y a la nombreuse compagnie, du bon FOLK-TALES 55 cidre, des gens qui ne demanderaient qu'a danser, si un bon menetrier comme vous consentait a leur jouer des airs. — Je suis toujours dispose a rendre service aux joyeux vivants qui m'appellent, et j'ose me flatter de 5 faire danser les gars et les filles aussi bien que les meilleurs sonneurs du pays. A Parrivee du menetrier qui avait continue a jouer en marchant, les gens de la veillee pousserent des cris de joie. On se depecha de debarrasser le 10 milieu de la maison des meubles qui auraient pu gener la danse, et quelques minutes apres, les jeunes gars ^t les filles sautaient gaiement. Seuls les vieil- lards et les bonnes femmes restaient a se chauffer dans le foyer. 15 Le menetrier s'etait place pres d'eux, et il leur tournait le dos; il jouait avec verve, et parfois, pour mieux marquer la mesure ou indlquer le commence- ment des figures, il elevait la voix, et poussait de joyeuses exclamations qui, plus que le son du violon 20 lui-meme, semblaient exciter les danseurs. Les enfants qui, a cause de leur age, n'etaient point encore admis a se meler aux amusements des grandes personnes, restaient aupres des vieillards sur Pespece d'estrade formee par les pierres du foyer, et ils re- 25 gardaient curieusement le menetrier et les danseurs. — Maman, dit a voix basse une petite fille a sa mere qui la tenait sur les genoux, regarde done: le joueur de violon a un pied fait comme celui de notre poulain. 3° 56 ELEMENTARY FRENCH READER La mere s'apergut que son enfant disait vrai; elle lui recommanda de se taire sur cette circonstance, et elle sortit sans bruit de la maison, comme pour voir le temps qiTil faisait. Elle se hata de se rendre 5 au presbytere de Servon, ou elle raconta au Recteur que Tennemi du genre humain, deguise en men6trier, faisait danser la jeunesse dans la ferme au pere Joulaud. Le pretre revetit son etole et son surplis, se munit 10 d'un vase d'eau benite et d'un goupillon, et il ne tarda pas a arriver dans Taire de la maison. La danse etait alors dans tout son feu, et ni les gars, ni les filles ne semblaient eprouver de lassitude; le musicien faisait voltiger son archet sur les cordes 15 sans prendre de repos. II avait quitte le foyer et se tenait debout pres de la porte qui etait ouverte, et dont le contre-hu — c'est une porte basse qui n'a guere que trdis pieds de haut, — etait seul ferm6. En traversant Taire, le Recteur avait marche si 20 doucement que personne ne s'apergut de sa venue, et il lui fut aise de passer son etole au cou du menetrier qui cessa brusquement de jouer, et se mit a crier comme un chat qu'on echaude. II reprit eji meme temps sa forme de diable avec ses cornes de bouc, sa 25 longue queue, ses pieds fourchus, ses ailes de chauve- souris et ses mains aux griffes pointues. — Tu me fais grand tort, pretre, s'ecria-t-il; si tu avais seulement tarde une demi-heure, tout ce monde la m'appartenait, car Thorloge aurait sonne minuit. 30 — Je suis tres heureux, Satan, d'avoir pu te nuire FOLK-TALES 57 et t'empecher cFemporter mes paroissiens. Hate- toi de sortir d'ici ou je t'asperge d'eau benite. — Retire Petole que tu m'as passe au cou et qui me brule, et je m'en irai par la cheminee. Des que le pretre eut debarrasse le cou du diable, 5 celui-ci courut vers la cheminee, et il disparut en faisant un bruit pareil a celui d'un ouragan; il fit tomber a terre quelques-unes des pierres du pignon, et Ton assure qu'on n'a jamais pu les remettre en place. 10 PART II SHORT STORIES LE CHIEN DE BRISQUET En notre foret de Lions, vers le hameau de la Goupilliere, tout pres d'un grand puits-fontaine qui appartient a la chapelle Saint-Mathurin, il y avait un bonhomme, bticheron de son etat, qui s'appelait Brisquet, ou autrement le fendeur a la bonne hache, 5 et qui vivait pauvrement du produit de ses fagots, avec sa femme qui s'appelait Brisquette. Le bon Dieu leur avait donne deux jolis petits enfants, un gargon de sept ans qui etait brun, et qui s'appelait Biscotin, et une blondine de six ans qui s'appelait 10 Biscotine. Outre cela, ils avaient une chienne a poil fris6, noire par tout le corps, si ce n'est au museau qu'elle avait couleur de feu; et c'etait bien le meilleur chien du pays pour son attachement a ses maitres. On Tappelait la Bichonne. 15 Vous vous souvenez du temps ou il vint tant de loups dans la foret de Lions. C'6tait dans Pannee des grandes neiges, que les pauvres gens eurent si grand'peine a vivre. Ce fut une terrible desolation dans le pays. 20 Brisquet, qui allait toujours a sa besogne, et qui 59 60 ELEMENTARY FRENCH READER ne craignait pas les loups, a cause de sa bonne hache, dit un matin a Brisquette: — Femme, je vous prie de ne laisser courir ni Biscotin ni Biscotine tant que le grand-louvetier ne 5 sera pas venu. II y aurait du danger pour eux. lis ont assez de quoi marcher entre la butte et Petang, depuis que j'ai plante des piquets le long de Petang pour les preserver d'accident. Je vous prie aussi, Brisquette, de ne pas laisser sortir la Bichonne, qui 10 ne demande qu'a trotter. Brisquet disait tous les matins la meme chose a Brisquette. Un soir il n'arriva pas a Pheure ordi- naire. Brisquette venait sur le pas de la porte, rentrait, ressortait, et disait, en se croisant les 15 mains: — Mon Dieu, qu'il est attarde! Et puis elle sortait encore, en criant: — Eh! Brisquet! Et la Bichonne lui sautait jusqu'aux epaules, 20 comme pour lui dire: — N'irai-je pas? — Paix! lui dit Brisquette. ficoute, Biscotine, va j usque devers la butte pour savoir si ton pere ne revient pas. Et toi, Biscotin, suis le chemin au long 25 de P£tang, en prenant bien garde s'il n'y a pas de piquets qui manquent. Et crie fort: ((Brisquet! Brisquet! ...» Paix! la Bichonne! Les enfants allerent, allerent, et quand ils furent k Pendroit ou le sentier de Tetang vient couper celui 30 de la butte: SHORT STORIES 61 — Mordienne! dit Biscotin, je retrouverai notre pauvre pere, ou les loups m'y mangeront. — Pardienne! dit Biscotine, ils m'y mangeront bien aussi. Pendant ce temps-la, Brisquet etait revenu par le 5 grand chemin de Puchay, en passant a la Croix-aux- Anes sur Pabbaye de Mortemer, parce qu'il avait une hottee de cotrets a fournir chez Jean Paquier. — As-tu vu nos enfants? lui dit Brisquette. — Nos enfants? dit Brisquet. Nos enfants? Mon 10 Dieu! sont-ils sortis? — Je les ai envoyes a ta rencontre jusqu'a la butte et a l'etang; mais tu as pris par un autre chemin. Brisquet ne posa pas sa bonne hache. II se mit k courir du cot6 de la butte. I5 — Si tu menais la Bichonne? lui cria Brisquette. La Bichonne etait deja bien loin. Elle etait si loin que Brisquet la perdit bientot de vue. Et il avait beau crier: ((Biscotin! Biscotine!)) on ne lui r£pondait pas. 20 Alors il se prit a pleurer, parce qu'il s'imagina que ses enfants etaient perdus. Apres avoir couru longtemps, longtemps, il lui sembla reconnaitre la voix de la Bichonne. II marcha droit dans le fourre, a Tendroit ou il Tavait 25 entendue, et il y entra, sa bonne hache levee. La Bichonne £tait arrivee la, au moment oil Bis- cotin et Biscotine allaient etre devores par un gros loup; elle s'etait jetee devant en aboyant, pour que ses abois avertissent Brisquet. Brisquet, d'un coup de sa '30 62 ELEMENTAEY FRENCH READER bonne hache, ren versa le loup raide mort; mais il etait trop tard pour la Bichonne; elle ne vivait d6ja plus. Brisquet, Biscotin et Biscotine rejoignirent Bris- quette. C'etait une grande joie, et cependant tout S le monde pleura. II n'y avait pas un regard qui ne cherchat la Bichonne. Brisquet enterra la Bichonne au fond de son petit courtil sous une grosse pierre, sur laquelle le mattre d'£cole 6crivit en latin: 10 C'est ici qu'est la Bichonne, Le pauvre chien de Brisquet. Et c'est depuis ce temps-la qu'on dit en commun proverbe : ((Malheureux comme le chien k Brisquet, qui n'alla is qu'une fois au bois, et que le loup mangea.)) Charles Nodier LES ENFANTS DU BATAILLON Dans les derniers jours de mai 1793, un des ba- taillons parisiens amenes en Bretagne par Santerre ., £o\iillait le redoutable bois de la Saudraie en Astille., On n'etait pas plus de trois cents, car le bataillon 26 igtait decim£ par cette rude guerre. Le 21 avril, la commune de Paris avait donne aux volontaires de Santerre c£tte consigner Point de grdce. x Point de quartier. A la fin de mai, &k les douze mille partis de Paris, huit mille 6taient mbrts. 25 Le bataillon eng#g6 dans le bois de la Saudraie se tenait sur ses gardes. On ne se hatait pointy On Jk-v SHORT STORIES 63 regardait a la fois a droite et a gauche, devant soi et derriere soi; Kleber a dit: Le soldat a un ceil dans le dos. II y avait longtemps qu'on marchait. Quelle heure pouvait-il etre? II eut ete difficile de le dire, ckr il y a toujours une sorte de soir dans de si sauvages 5 halliers, et il ne fait jamais clair dans ce bois-la. On marchait. On allait a Faventure, av^c inquie- tude, et en craignant de trouver ce qu'on cherchait. De temps en temps on rencontrait des traces de campements, des places brulees, des herbes foulees, 10 des batons en croix, des branches sanglantes. La on avait fait la £oupe, la on avait dit la messe, la on avait panse des blesses. Mais ceux qui avaient passe avalent disparu. Ou etaient-ils? Bien loin peut- etre? peut-etre la tout pres, caches, Pespingole au 15 poing? Le bois semblait desert. Le bataillon re- doublait de prudence. Solitude, done defiance. On ne voyait personne; raison.de plus pour redouter quelqu'un. On avait affaire a une foret mal fam6e. Une embuscade etait probable. 20 Tout a coup les soldats de cette petite troupe d' avant-garde eurent un tressaillement. On avait entendu comme un souffle au centre d'un fourr£, et il semblait qu'on venait de voir un mouvement dans les feuilles. Les soldats se firent signe. 25 En moms d'une minute le point ou Ton avait remu6 fut cern6, un cercle de fusils braqufe Pentoura; et les soldats, le doigt sur la detente, Pceil sur Pen- droit suspect, n'attendirent plus pour le mitrailler que le commandement du sergent. 3° 64 ELEMENTART FRENCH READER V Cependant la vivandiere s'etait hasardee a re- garder a travers les broussailles, et, au moment ou le s^rgent allait crier; Feu! cette femme cria: Halte! Et se' tournant vers les soldats : — Ne tlrez pas, 5 camarades! ujlA JUa^ i\^J2-vT , r , Et elle se precipita dans le taillis. On Py siiivit. II y avait quelqu'un la en effet. Au plus epais ! du foVifre unp femme etait assise sur la mousse, 'ayant au sein un enfant et sur ses 10 genoux les deux tetes blondes de deux enfants endormis. C'etait la Fembuscade. — Qu'est-ce que vous faites ici, vous? cria la vivandiere. ; .V^ I5 La femme leva la tete. i ^J-: La vivandiere ajouta, ftirieuse: y-^ — fites-vous folle d'etre la! ; >' Et elle reprit: ' P Ljt) — Un peu plus, vous etiez exterminee! 20 Et, s'adressant aux soldats, la vivandiere ajouta: — C'est une femme. — Pardine, nous le voyons bien! dit un grena- dier. La vivandiere poursuivit : — Venir dans les bois se faire massacrer! a-t-on idee de faire des b^tises comme ga! La femme stupefaite, effaree, petrifi^e, regardait kutour d'elle, comme a travers un r§ve, ces fusils, ces sabres, ces baionnettes, ces faces farouches. 3 o Les deux enfants se reveillerent et crierent. 25 ~ SHORT STORIES 65 — J'ai faim, dit Tun. — J'ai peur, dit Fautre. La mere etait miiette d'effroi. Le sergent lui cria : — N'ayez pas peur, nous sommes le bataillon du Bonnet-Rouge. La femme trembla de la tete aux pieds. Elle re- garda le sergent, rude visage dofit on ne voy. It que les sourcils, les moustaches, et deux braises qui 6taierrt les deux yeux. Et le sergent continua: — Qui es-tu, madame? <; La femme le considerait, terrifiee. Elle etait maigre, jeune, pale, en haillons; elle avait le gros apuchori de!=> paysannes bretonnes ^t la couverture 15 de laine rattaehee au cou avec une ficelle.' Ses pieds, sans bas ni souliers, saignaient. ^ C'est une pauvre, dit le sergent. : v Et la vivandiere reprit de sa voix soldatesque et feminine, douce en dessous: 20 — Comment vous appelez-vous? La femme murmura dans un begaiement presque indistinct: % aAuI " — Michelle Ftechard. Cependant la vivandiere caressait avec sa grosse 25 main la petite tete du nourrisson^ik^^ — Quel age a ce m6me? demanda-t-elle. La mere ne comprit pas. La vivandiere insista. — Je vous demande Page de ga. ■ — Ah! dit la mere. Dix-hiiit mois. IO 66 ELEMENTARY FRENCH READER La mere commengait a se rassurer. Les deux petits qu^ s^t^ient reveilles £taient plus curieux qu'ef|ray$s. lis admiraient les plumet^ — Ah! dit la mere, ils ont bien faim. — On leur donnera a manger, cria le sergent, et a toi aussi. Mais ce n'est pas tout 5a. Quelles sont tes opinions politiques? La femme regarda le sergent, et ne repondit pas. — Entends-tu ma question? r Elle balbutia: r — J'ai ete mise au couvent toute jeune, mais je me suis mariee, je ne suis pas religieuse. Les sceurs m'ont appris a parler frangais. On a mis le feu au village. Nous nous sommes sauv6s si yite que je 15 n'ai pas eu le temps de mettre des souliers. — Je te demande quelles sont tes opinions poli- tiques? v — Je ne sais pas ga. Le sergent poursuivit: 20 — C'est qu'il y- a. des espipnnes. Qa se fusille, les espionnes. Vo^ons. Parle. Tu n ? es pas bohe- mienne? Quelle est ta patrie? Elle continua de regarder comme ne comprenant pas. Le sergent repeta: 25 — Quelle est ta patrie? — Je ne sais pas, dit-elle. — Comment! tu ne sais pas quel est ton pays? — Ah! mon pays. Si fait. — Eh bien, quel est ton pays? 30 La femme repondit: SHORT STORIES 67 — C'est la metairie de Siscoignard, dans la paroisse d'Aze. Ce fut le tour du sergent d'etre stupefait. II de- meura un moment pensif. Puis il reprit: — Tu dis? 5 — Siscoignard. — Ce n'est pas une patrie, ga. — C'est mon pays. La vivandiere sentit le besoin d'intervenir. Elle se remit a caresser le petit enfant, et donna une tape 10 sur la joue aux deux autres. — Comment s'appelle la petite? demanda-t-elle; car c'est une fille, 5a. .: \ La mere repo;ndi£: Georgette. — Et Paine? car c'est un homme, ce polisson-l&. 15 — Ren6-Jean. . /> 77- Et le cadet? car lui aussi, il est un homme, et joufflu encore! — Gros-Alain, dit la mere. — lis sont gentils, ces petits, dit la vivandiere; 20 ga vous a deja des'airs d'etre des personnes. Cependan^ le sergent insistait. — Parle do&c, madame. As-tu une maison? — J'en avais une. — Ouga?W 25 — A Az<5. — Pourquoi n'es-tu pas dans ta maison? — Parce qu'on Fa brtil6e. — Qui ga? l ^ V/* — Je ne sais pas. Une bataille. 3° 68 ELEMENTARY FRENCH READER — D'ou viens-tu? — De la. — Ou vas-tu? — Je ne sais pas. 5 — Arrive au fait. Qui es-tu? — Je ne sais pas. — Tu ne sais pas qui tu es? — Nous sommes des gens qui nous sauvons. — De quel parti es-tu? 10 — Je ne sais pas. — Es-tu des bleus? Es-tu des blancs? Avec qui es-tu? — Je suis avec mes enf ants. — Mais tes parents! Voyons, madame, dis-nous 15 ce que c'etait que tes parents. — C'etaient les Flechard. Voila tout. — Oui, mais on a un etat. Quel etait Tetat de tes parents? Qu'est-ce qu'ils faisaient? Qu'est-ce qu'ils font? 20 — C'etaient des laboureurs. Mon pere etait in- firme et ne pouvait travailler a cause qu'il avait regu des coups de baton que le seigneur, son seigneur, notre seigneur, lui avait fait donner, ce qui etait une bonte, parce que mon pere avait pris un lapin, pour w 25 le fait de quoi on etait jug£ a mort; mais le seigneur avait fait grace, et avait dit: Donnez-lui seulement cent coups de b&ton; et mon pere 6tait demeure^ estropie. — Et puis? 30 — Mon grand-pere 6tait huguenot. Monsieur le SHORT STORIES 69 cure Pa fait envoyer aux galeres. J'etais toute petite. — Etpuis? — Le pere de mon mari etait un f aux-saulnier. Le roi Fa fait pendre. 5 — Et ton mari, qu'est-ce qu'il fait? — Ces jours-ci il se battait. — Pour qui? — Pour le roi. — Et puis? 10 — Dame, pour son seigneur. — Et puis? — Dame, pour monsieur le cure. — Sacre mille noms de noms de brutes! cria un grenadier. 15 La femme eut un soubresaut d'epouvante. — Vous voyez, madame, nous sommes des Pari- siens, dit gracieusement la vivandiere. La femme joignit les mains et cria: — mon Dieu seigneur Jesus! 20 — Pas de superstitions! reprit le sergent. La vivandiere s'assifcja cote de la femme, et attira entre ses genoux Paine des enfants, qui se laissa faire. Les enfants sont rassures comme ils sont eff arouches, sans qu'on sache pourquoi. Ils ont on ne sait quels 25 avertissements int&ieurs. rt ^ w ' 4 Cependant le sergent admonestait le grenadier. -rr- Tais-toi. Tu as fait peur a madame. On ne jure pas devant les dames. — C'est tout de meme un veritable massacrement 30 . ( 70 ELEMENTARY FRENCH READER pour Pentendement, repliqua le grenadier, que de voir des iroquois de la Chine qui ont eu leur beau- pere estropie par le seigneur, leur grand-pere gal^rien par le cure, et leur pere pendu par le roi, et qui se 5 battent, nom d'un petit bonhomme! pour le seigneur, le cur6 et le roi! Le sergent cria: — Silence dans les rangs! . / „ Et il se tourna vers la femme. 10 — Et ton mari, madame? que fait-il? Qu'est-ce qu'il est devenu? — II est devenu rien, pulsqu'on Pa tue. — Ou 5a?- — Dans la haie. 15 — Quand 5a? — II y a trois jours. — Qui ga? — Je ne sais pas. — Comment! tu ne sais pas qui a tue ton mari? 20 -Non. — Est-ce un bleu? Est-ce un blanc? — C'est un coup de fusil. — Et il y a trois jours. — Oui. 25 — Dequel.cot^? JLl^ • — f)u cote d'Ernee. Mon mari est tombe. Voila. — Et depuis que ton mari est mort qu'est-ce que tu fai^? ;*j£p> — J'emporte mes petits. 30 — Oh les emportes-tu? SHORT STORIES 71 — Devant moi. — Oil couches-tu? -Parterre. — Qu'est-ce que tu manges? — Rien. 5 — Rien? — C'est-a-dire des prunelles, des mures dans les ronces, quand if y en a de reste de Tan pass6, des graines de myrfille, des poiisses de fougere. — Oui. Mutant dire rien. 10 L'aine des enfants, qui semblait comprendre, dit: J'ai faim. Le sergent tirade sa poche un morceau de pain de munition et le tendit a la mere. La mere rompit" le pain en deux morceaux et les donna atix enfants. 15 Les petits mordirent a^idement. — Elle n'en a pas gjard6 pour elle, grommela le sergent. /v-Zf-v — C'est quelle n'a pas faim, dit un soldat. — C'est qu'elle est m&re, dit le sergent. y a*>< v 2o — Et comme 9a, madame, tu te sauves? reprit-il. — Il'faut bien. Je cours de toutes mes forces, et puis je marche, et puis je tombe! ' C^^a^^o-^ — Pauvre pajoissienne! dit la vivandiere. — Les gens se battent, balbutia la femme. Je 25 suis tout entour^e de coups de fusil. Je ne sais pas ce qu'on veut. On m'a tu£ mon mari, Je n'ai com- pris que ga.,^**^ t&^~^ fj-J? Le sergent fit sonner a terre la crosse de son fusil, et cria: £yu-*-~-e^ 30 72 ELEMENTARY FRENCH READER ^iirrimip.! ' — Quelle bete de guerre! nom d'une^bourrique! Les soldats silencieux faisaierit cercle autour de cette riiisere. ' ** ^ yw reproches a nous f aire. — Vos parents n'ont pas assez tenu k vous voir 30 instruits. lis aimaient mieux vous envoyer tra- SHORT STORIES 77 vpiller a la terre ou aux filatures, pour avoir quelques Ofc^soSs de plus. Moi-meme, n'ai-je rien a me reprocher? Est-ce que j'e.ne vous ai^pas souvent fait'arroser mon jardin au lieu dg travailfer? Et quand je voulais- aller pecher des truites, est-ce que je me genais'pour 5 vous 'dormer conge? .... Alors d'une chose a l'autre, M. Hamel se mit a nous parler de la langue frangaise, disant que c'etait la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide: qu'il fallait la garder entre nous et ne jamais 10 l'oublier, parce que, quand un peuple tombe esclave, tant qu'il tient bien sa langue, c'est comme s'il tenait la clef de sa prison . . . Puis il prit une grammaire et nous lut notre legon. J'etais etonne de voir comme je comprenais. Tout ce qu'il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n'avais jamais si bien ecoute, et que lui non plus n'avait jamais mis autant de patience k ses explications. On aurait dit qu'avant de s'en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la 20 tete d'un seul coup. La legon finie, on passa k P£eriture. Pour ce jour-l&, M. Hamel nous avait prepare des exemples tout neufs, sur lesquels £tait 6crit en belle ronde: France, Alsace, France, Alsace. Cela faisait comme 25 des petits drapeaux qui flottaient tout autour de la classe pendus a la tringle de nos pupitres. II fallait voir comme chacun s'appliquait, et quel silence! On n'entendait rien que le grincement des plumes sur le papier. Un moment des hannetons entrerent; 30 78 ELEMENTARY FRENCH READER mais personne n'y fit attention, pas meme les tout petits qui s'appliquaient a tracer leurs batons, avec un cceur, une conscience, comme si cela encore etait du frangais . . . Sur la toiture de Tecole, des pigeons 5 roucoulaient tout bas, et je me disais en les ecoutant: «Est-ce qu'on ne va pas les obliger a chanter en allemand, eux aussi?)) De temps en temps, quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile dans 10 sa chaire et fixant les objets autour de lui, comme s'il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d'ecole . . . Pensez! depuis quarante ans, il etait la a la meme place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Seulement les bancs, 15 les pupitres s'etaient polis, frottes par Tusage; les noyers de la cour avaient grandi, et le houBKn qu'il avait plante lui-meme enguirlandait maintenant les fenetres jusqu'au toit. Quel creve-cceur ga devait Mre pour ce pauvre homme de quitter toutes ces 20 choses, et d'entendre sa sceur qui allait, venait, dans la chambre au-dessus, en train de fermer leurs malles! car ils devaient partir le lendemain, s'en aller du pays pour toujours. Tout de meme il eut le courage de nous faire la 25 classe jusqu'au bout. Apres Fecriture, nous eumes la legon d'histoire; ensuite les petits chanterent tous ensemble le ba, be, bi, bo, bu. La-bas, au fond de la salle, le vieux Hauser avait mis ses lunettes, et, tenant son abecedaire a deux mains, il epelait les 30 lettres avec eux. On voyait qu'il s'appliquait, lui SHORT STORIES 79 aussi; sa voix tremblait demotion, et c'etait si drole de r entendre, que nous avions tons envie de rire et de pleurer. Ah! je m'en souviendrai de cette der- niere classe . . . Tout a coup Thorloge de Teglise sonna midi, puis 5 PAngelus. Au meme moment, les trompettes des Prussiens qui revenaient de Texercice eclaterent sous nos fenetres ... M. Hamel se leva, tout pale, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand. — Mes amis, dit-il, mes amis, je . . . je ... 10 Mais quelque chose Petouffait; il ne pouvait pas achever sa phrase. Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et, en appuyant de toutes ses forces, il £crivit aussi gros qu'il put: 15 k/^«vive la france!» Puis il resta la, la tete appuyee au mur, et, sans parler, avec sa main, il nous faisait signer «C'est fini . . . Allez-vous-en.)) ^s&t Alphonse Daudet LA PIPE DE JEAN BART Jean Bart etait de Dunkeraue, pays humide et 20 froid, ou JaT pipe est non seulement une compagne, mais un pdele. II etait petit-fils et neveu de cor- saires, et : fut corsaire lui-meme jusqu ? a l^poque ou Louis XIV Uappela dans la marine militaire. A cette epoque ?i Jean Bart avait deja quarante 25 et un ans; il etait done trop tard pour qu'il changeat 80 ELEMENTARY FRENCH READER ses habitudes de jeunesse. Cependant, ceux qui ^oudront y refieehir, demeureront p^rf aitement con- vaincus que, lorsque Jean Bart allurna sa pipe dans Tantichambre du roi, ce h'etait pas par ignorance 5vde Tetiquette de Versailles, mais parce qu'il voulait attirer 1' attention sur lui, de fagon a ce qii'on fut force de le mettre a la porte du palais. Or, comrqk / apres tout, il etait chef d^^3re et^ro^^ap- £*cf j)elait Jean Bart, ce n'etait pas chose facile de le t l io mettre a la porte, ou d'aller dire a Louis XIV qu'il > : y avait, porte a porte avec lui, un homme qui fuinait. On savait que Jean Bart venait demander au roi une gr&ce, — une grace que le roi avait deja refusee deux fQis. 15 On ne faisait pas parvenir au roi les demandes cTaudience de Jean Bart; il fallait que Jean Bart prit le cabinet du roi, par surprise. 4 *y ^ I Jean Bart iiiit de cote ses fameux habits de drap d'or douhie\T argent, qui faisaient tant de bruit dans 20 les salons de Paris, revetit son simple costume d'offi- cier superieur de la marine, passa seulement a &on x ' cou la; chaine d^r que le roi lui avait donnee autre- fois en recompense de ses exploits, et se pr6senta a Tantichambre de sa Majesty, comme s'il avait sa 25 lettre d'admission. — Monsieur le capitaine de frigate, demanda l'officier charg£ d'introduire les feolliciteurs pres du roi, monsieu^le v c^itaine de fregate, avez-vous votre lettre d'audience? 30 — Ma lettre d'audience? dit Jean Bart; pourquoi SHORT STORIES 81 .; ■■■• f ' Je suis, certes, assez bon ami du roi pour it pas be'sbin de toutes ces niaiseries-la n y ait pas entre nous. DTtes-lui que c'est Jean Bart qui de- mande a lui parler, et cela suffira. — Du momenjt ou vous n'avez pas de lettre d'au- 5 dience, reprit Pofficier, personne ne se permettra de ,^_ „ _- * r ous annoncerrY^^ la******** ******* — Mais j'ai besoin qu'on m'annonce, fit Jean Bart, et je ne m'annoncerai pas bien moi-meme! Et il s'avanya vers la porte de communication. 10 — On ne ||$sse pas, mon officier, dit le mousque- taire de faetioiiff ■ . t>. — Est-ce la consigne? demanda Jean Bart. — P/est la ..cpnsigne, repondit le mousquetaire. — Respect a la consigne, dit JeanJBart. . , 15 . v Puis, s'adossant a la boiserie, il tira une pipe clu fond de son ch^peau, la bburra'de tabac, battit le Les courtis&ns' le regafcfaient avec stupefaction. — Je vous.ferai observer, monsieur le capitaine 20 de fregate, dit Pofficier, qu'on ne fume pas dans Pantichambre < ^^°H lJLa 1 • &JL**\ k^ $ — Alors, qu'on ne m'y fasse pas attendre; moi, je fume toujours quand j' attends, y^ J "'* — Monsieur le capitaine de fregate, je vais etre 25 oblig6 de vous faire sortir. /*__/ Avant que j'gie parle au roi! fit Jean Bart en riant. Ah! je vous" en defie bieh. Et, en effet, ce ii'etait pas, comme nous Pavons, ' ' dit, chose facile que de mettre Jean Bart a la 30 82 ELEMENTARY FRENCH READER porte; de deux maux choisissant le moindre, et surtout le moins dahgereux, Pofficier alia dire au roi: (Rd v — Sire, il y a dans votre antichambre un officier 5 de marine qui fume, qui nous defie de le faire sortir, et qui nous declare qu'il entrera malgre nous. Louis XIV ne se donna pas meme la peine de — Je pkrie que c'est Jean Bart! dit-il. 10 L'officiejr s'ihclina. — Laissez-le finir sa pipe, dit Louis XIV, et faites-le entrer. *J &t >-^ Jean Bart ne finit pas sa pipe; il la jeta dans[ la * i t ch^minee et s'elanga vers le cabinet du roi., Mais a 15 peine en eiit-il francni le seiiil, qu'il s'arreta, saluantr^ri^ respectueusement Louis XIV. ? 4 L ^H Jean Bart etait arrive a son but. II se trouvait en face du roi avec la meme adresse qu'il manoeuvrait devant les escadres ennemies. II conduisit la con- 2o i versation a trayers les ecueils, les passes, les rochers, ou il voulait Pamener; c'est-a-dire qu'aya^F.cc^n- mence par se faire faire force compliments sur sa sortie du port de Dunkerque ou il etait etroitement bloque par les Anglais; sur Tincendie de plus de 25 qiiatre-vingts batiments ennemis qu'il brula en mer; enfin sur sa descente a Newcastle, — il mit uji genou en terre devant le roi, etn'nit par lui demander la grace de Keyser, son matelot, condamn£ a mort pour avoir" tue son adversaire en duel. 30 Le roi hfeitait. SHORT STORIES 83 Jean Bart, que Tamitie fraternelle qu'il portait a Keyser'rendait eloquent/ pria, adjura, conjura! — Jean Bart, dit Louis XIV, je vous accorde ce que j'ai refuse a Tourville. ^ — Sire; repondit Jean Bart, mon pere, deux de 5 x mes freres, vmgt kiitres membres de ma f amille, sont morts au service de votre Majeste. Vous me donnez ^U aujourd'hui la vie de mon matelot, je vous ddnne uittance pour celles des autres. . jj h 1 Et Jean Bart sortit, pleurant comme un enfant, 10 et criant: ((Vive le roi!» a tue-tete. '•' '""';' ^h2 v Ce fut alors qu'enveloppe par tous les courtisans desireux de ;fair$ la cour a un homme qui etait de- meure plus d'une demi-heure en audience privee avec Louis XIV, et ne >jachant comment sortir de j| 1 ce cercle vivant qui comment ait A Petouffer, il profita de'ce qu'un des courtisans lui deniandait : — Monsieur Jean Bart, comment done etes-vous sorti du port de Dunkerque, bloque comme vous T£tiez par la flotte anglaise? 20 — Vous voulez le savoir? repondit-il. — Oui, oui, s'ecrierent-ils tous en chceur, cela nous ferait grand plaisir. — Eh bien! vous allez.voir. Je suis Jean Bart, n'est-ce pas? Vous etes la flotte anglaise; vous me 25 bloquez dans Pantichambre du roi; vous m'empechez de sortir , . . Eh bien, vli! vlan! piff! paff! voila comment je suis sorti! Et a chaque exclamation, allongeant un coup de pied 6u un coup de poing a celui qui etait en face de 30 84 ELEMENTARY FRENCH READER lui et Penvoyant tomber sur son voisin, il s'ouvrit un passage jusqu'a la porte. Arrive la: — Messieurs, dit-il,' voila comment je suis sorti 5 du port de Dunkerque. Et il sortit de rantichambre du roi. Alexandre Dumas LA CHAPELLE BLANCHE E < • • ■ ■- 1 ,^ ? , — Dis encore, Suzon, comme c'est beau, la messe de minuit; dis encore! C'etait la veille de Noel. Les parents de Pierrot io venaient de rentrer des champs; la femme trayait les vaches, Thomme rangeait ses outils dans la grange, et Pierrot, en attendant le souper, £tait assis sur soil petit escabeau, au coin de la grande cheminee de la cuisine, en face de sa soeur Suzon. 15 II tendait ses mains a la flamme petillante et claire; ses mains et sa figure ronde etaient toutes roses, et ses cheveux etaient couleur d'or. Suzon, tr&s grave, tricotait un bas de laine bleue. Sur le grand feu la marmite chantait, et le couvercle laissait echap- 20 per un peu de vapeur blanche qui sentait les choux. — Dis encore, Suzon, comme c'est beau. — Oh! fit Suzon, il y a tant de cierges qu'on se croirait en paradis. Et puis on chante des cantiques si jolis, si jolis! Et puis, il y a Tenfant Jesus, habill£ . 25 de belles hardes, oh! belles, et couch£ sur la paille; et la sainte Vierge en robe bleue, et Saint Joseph SHORT STORIES 85 * - " avec son rabot, tout qn rouge; et puis les bergers avec beaucoup de riioutons. Et puis Fane et la vache, et puis les trois rois en habits de soldat, avec de grandes barbes, et ils apportent a l'enfant Jesus de si belles ehoses. Et puis les bergers lui apportent 5 des 'cadeaux. Et alors les bergers, et les rois, et monsieur le cure, et Fane et la vache, et les enfants de chceur et les moutons demandent a P enfant Jesus sa benediction. Et puis, il y a des anges qui ap- ^ NVg p($rtent des etoiles. 10 Suzon avait ete P autre annee a la messe de minuit et peut-etre croyait-elle y avoir vu tout cela. Pierrot Tecoutait d'un air de ravi^sement, et, quand elle eut fini : — Je veux aller a la messe de minuit, dit P enfant. 15 — Tu es trop petit, fit la mere qui entrait. Tu ' iras quand tu seras grand comme Suzon. — Je veux! dit Pierrot en frobgant les sourcils. , — Mais, mon pauvre petit gars, Teglise est trop loin, et il neige dehors. Si tu es sage et si tu dors 20 bien, tu entehdras la messe de minuit, sans sortir de ton lit, dans la chapelle blanche. — Je veux! repeta Pierrot en serrant ses petits poings. £>w**v^ — Qui est-ce qui dit: Je veux? fit une grosse voix. 25 C'etait le p&re. Pierrot n'insista pas. C'qtait un enfant tres sage, qui comprenait dej^ que le mieux est/cTbbeir, quand on ne peut pas^faire autrement. On se mit k table. Pierrot mangea sans appetit. II ne disait rien et songeait. 30 86 ELEMENTARY FRENCH READER — Suzon, va coucher ton petit frere! L'enfant couche et borde, Suzon ferma les rideaux de la couchette: — Tu verras, dit-elle, comme c'est joli, la messe 5 de minuit dans la chapelle blanche. Pierrot ne repondit pas. II ne s'endormit point. II ne voulait pas dbrmir et restait les yeux grands ou verts. II ecoutait le va-et-vient de ses parents dans la 10 cuisine, puis la voix aigue de Suzon anonnant les contes d'un vieil almanach. A un moment, il lui sembla qu'on mangeait des marrons, et il devint encore plus triste. Un peu apres, sa mere entra dans la chambre, 15 entr'ouvrit ses rideaux, se pencha sur lui. Mais il ferma les yeux et ne bougea point. Enfin il entendit qu'on sortait, qu'on fermait les portesj puis te silence. Alors Pierrot descendit de sa couchette. 20 II chercha ses hardes dans Tobscurite. Ce fut un long travail. II trouva sa culotte et sa blouse, mais point son gilet. II s'habilla comme il put et passa sa blouse a Ten vers; et, quoique ses petits doigts se fussent donne beaucoup de peine, aucun bouton 25 n'6tait dans sa boutonniere. II ne put trouver qu'un de ses bas, et, appuy£ contre le mur, il le mit tout de travers, le talon f aisant une bosse; de sorte que le petit pied n'entrait qu'a moitie dans Fun des petits sabots de frene, et que 30 le petit pied nu jouait dans Tautre sabot. SHORT STORIES 87 A tatons, il decouvrit la porte de la chambre, puis traversa/la cuisine qu'eclairait, par la fenetre sans rideaux, la froide lueur de la nuit neigeuse. Tres subtil, Pierrot n'alla point vers la porte qui donnait sur la rue et qu'il savait fermee a clef. Mais 5 il ouvrit facilement celle qui menait de la cuisine dans Petable. .jO^X. Une vache remua dans sa litiere. Une chevre se leva et, tirant sur sa corde, vint lecher les mains de Pierrot en faisant «mee!» d'un ton plaintif et doux. 10 Elle semblait lui dire: — Reste avec nous ou il fait chaud. Que vas-tu faire, si petit, dans tant de neige? A la faible clarte d'une lucarne tapissee de toiles d'araignee, il put, en se dressant sur la pointe des 15 pieds, tirer le verrou interieur de la porte de l^curie. Brusquement, il se trouva dehors, dans la blan- cheur profonde et glacee. La maison des parents de Pierrot £tait a Fecart, 20 a mille pas de Teglise. On suivait d'abord un chemin borde de vergers, puis on tournait a droite et Ton avait devant soi le clocher du village. Pierrot, sans h^siter, se mit en marche. Tout £tait blanc de neige, la route, les buis- 25 sons, et les arbres des clos. Les pommiers etaient aussi blancs que si on eut tendu sur eux les draps pesants d'une lessive. Et la neige tourbillonnait dans Fair comme la balle legere que secoue un van. Pierrot enfongait dans la neige jusqu'aux chevilles; 3° 88 ELEMENTARY FRENCH READER ses petits sabots s'alourdissaient de neige; la neige poudrait ses cheveux et ses epaules. Mais il ne sen- tait rien, car il voyait au bout de son voyage, dans une grande lumiere d'or, P enfant Jesus et la Vierge 5 et les trois rois, et les anges qui ont des etoiles dans leurs mains. II allait, il allait, comme attire par la vision. Mais dejk il marchait moins vite. La neige Paveuglait; elle emplissait de sa ouate le ciel entier. II ne recon- 10 naissait rien, il ne savait plus ou il £tait. Maintenant ses petits pieds pesaient comme du plomb, ses mains, son nez, ses oreilles lui faisaient grand mal; la neige lui entrait dans le cou, et sa blouse et sa chemise 6taient toutes mouillees. 15 Une pierre le fit tomber; il perdit un de ses sabots. II le chercha longtemps, de ses mains gourdes, a genoux dans la neige. Et il ne voyait plus l'enfant J£sus, ni la Vierge, ni les rois, ni les anges qui portent des etoiles. 20 II eut peur du silence, peur des arbres voiles de blanc qui crevaient gk et la Pimmense tapis de neige et qui ne ressemblaient plus a des arbres, mais a des fantomes. Son coeur se serra d'angoisse. II pleura et cria a 25 travers ses larmes: — Maman! maman! La neige cessa de tomber. Pierrot, en regardant tout autour de lui, apergut le clocher pointu et les fenetres de T£glise, toutes 30 flambantes dans la nuit. SHORT STORIES 89 Sa vision lui revint, et la force ct le courage. La, c'etait la, la merveille desiree, le beau spectacle de paradis! II n'attendit pas le tournant du chemin, mais il marcha tout droit vers Peglise illuminee. 5 II roula dans un fosse, s'y heurta contre une souche et y laissa son autre sabot. A travers champs, clopin-clopant, 1' enfant se tralna, les yeux fixes sur la lueur, mais il allait toujours plus lentement. L'eglise, grandissante, se 10 rapprochait. Des voix arriv&ient jusqu'a Pierrot: Venez, divin Messie. Les mains en avant, les yeux dilates par Fextase, soutenu seulement par la beaute de son reve plus proche, il entra dans le cimetiere qui entourait 15 l'eglise. La grande fenetre ogivale etincelait au- dessus du portail. La, tout pres, quelque chose d'ineffable slaceomplissait. Les voix chantaient: J'entends la-bas dans la plaine Les anges descendus des cieux ... 2 o Petit-Pierre allait en trebuchant, de tout ce qui restait de force a son petit corps epuise, vers cette gloire et vers ces cantiques. Tout a coup il tomba au pied d'un buisson en- capuchonne de neige; il tomba les yeux clos, subite- 25 ment endormi, et souriant au chant des anges. Les voix reprirent : II est ne, le divin Enfant ! 90 ELEMENTARY FRENCH READER Au meme moment, la descente molle et silencieuse des blancs flocons recommenga. La neige recouvrit le petit corps de ses mousselines lentement epaissies. Et c'est ainsi que Pierrot entendit la messe de 5 minuit dans la chapelle blanche. Jules LemaItke y LA PARURE C^tait une de ces jolies et charmantes filles, nee, colnme par une erreur du destin, dans un§ famille d'empld^es. Elle n'avait pas de dot, pas d'espe- ranees^ aucun moyen d'etre conniie, comprise, aimee, io 6pousee par un homme riche et distingue; etelle se laissa marier avec un petit v commis du ministere de instruction publique. hU^^cjJcii ak$^h>*vi Elle fut simple, ne pouvant etre paree, mais mal- heureuse comme line declassee; c^tr les femmes n'ont is point de caste ni de race, leur beaute, leur grace et leur charme, leur servant de naissance et de famille. Leur finesse native, leur instinct d'elegance, leur souplesse d'esprit, sont leur seule hierachie, et font des filles du peuple les egales des plus grandes dames. 20 Elle souffrait sans cesse, se sentant nee pour toutes les delicatesses et tous les luxes. Elle souf- frait de la pauvrete de son logement, de la misere des murs, de Tusure des sieges, de la laideur des etoffes. Toutes ces choses, dont une autre femme "25 de sa caste ne se serait meme pas apergue, la torturaient et Tindignaient. La vue de la petite SHORT STORIES 91 Bretonne qui faisait son humble menage eveillait en elle des regrets desoles et des reves eperdus. Elle songeait aux antichambres muettes, capitonnees avec des tentures orientales, eclairees par de hautes torcheres de bronze, et aux deux grands valets en 5 culotte courte qui' dorment dans les larges fauteuils, assoupis par la chaleur lourde du calorifere. Elle songeait aux. grands ! salons vetus de soie ancienne, aux meubles fins portant des bibelots inestimables, et aux petits salons coquets, parfumes, faits pour 10 la causerie de cinq heures avec les amis les plus in- times, les hommes connus et recherches dont toutes les femmes erivient et desirent Pattention. .^ Quand elle s'as§eyait, pour diner, devant la table ronde couverte d'une nappe de trois jours, en" face 15 de son mari qui decouvrait la soupiere en declarant d'un air enchante: ((Ah! le bon pot-au-feu! je ne sais rien de meilleur que cela ...,)) elle songeait aux diners fins, aux argenteries reluisantes, aux tapis- series peuplant les murailles de personnages anciens 20 et d^oisea^ux etranges au milieu d^une foret de f eerie; elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles \_ merveilleuses, aux galanteries chuchotees et ecoutees 1 avec un sourire de sphinx, tout en mangeant la chair rose d'une truite ou des ailes de gelinotte. 25 Elle n'avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n'aimait que cela; elle se sentait faite pour . cela. Elle eut tant desire plaire, etre enviee, etre seduisante et recherch^e. Elle avait une amie riche, une camarade de cou- 30 92 ELEMENTARY FRENCH READER vent qu'elle ne voulait plus aileiv voir, tant elle souffrait en reveiiant. Et elle pleiirait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de desespoir et de cletresse. 5 Or, un soir, son mari rentra, Fair glorieux, et tenant ^ala main une large enveloppe. — Ti^ns*. dit-il, voici quelque chose pour toi. , ^ Elle dechira vivement le papier et en tira une carte imprimee qui portait ces mots: 10 ((Le ministre de ^instruction publique et M me Georges Ramponneau prient M. et M me Loisel de leur faire Phonneur de venir passer la soiree a Thotel du ministere, le lundi 18 Janvier.)) Au lieu d'etre ravie, comme resperait son mari, elle 15 jeta avec depit I^invitation sur la table, murmurant: — Que veux-tu que je fasse de cela? — "Mais, ma cherie, je pensais que tu serais con- tente. , Tu ne sors jamais, et c'est une occasion, cela, une belle! J'ai eu une peine infinie a Pobtenir. 20 Tout le monde en veut; c'est tres recherche et on v if en donne pas beaucoup aux employes. Tu verras cv WaA la tout le monde officiel. : ' \ Elle le regardait d'un ceil irrite, et elle declara avec impatience : 25 —Que veux-tu que je me mette sur le do£ pour aller la? XI n'y avait pas songe; il balbutia: — Mais la robe av^c laquelle tu vas au theatre. Elle-me semble tres bien, a moi . . . SHORT STORIES 93 — II se tut, stupefait, eperclu, en voyant que sa femm'e pleurait. Deux grosses larmes descendaient " lentement des coins des yeux vers les coins de la bouche; il begaya: — Qu'as-tu? qu'as-tu? 5 Mais, par un effort violent, elle avait clompte sa peine et elle repondit cl'une voix calme en essuyant •^^Sfesijoues humides: Q D — Rien. Seulement je n'ai pas de toilette et par consequent je ne peux aller a cette fete. Dpnne ta 10 carte a quelque collegue dont la femme Sera mieux nippee que moL v ^ .... — '*'■ Iletait desole. II reprit: — Voyons, Mathilde. ' Combien cela couterait-il, une toilette convenable, qui poufrait te servir en- 15 core en d'autres occasions, quelque chose de tres ^ffiTple? Elle reflechit quelques secondes, etablissant ses comptes et songeant aussi a la somme qu'elle pouvait demander sans s'attirer un refus immecliat et une 20 exclamation effaree du commis econome. Enfin, elle repondit en hesitant : — Je ne sais pas au juste, mais il me semble qu'avec quatre cents francs je pourrais arriver. II avait un peu pali, car il reservait juste cette 25 somme pour acheter un fusil et s'offrir des parties cle chasse, Pete suivant, dans la plaine de Nanterre, avec quelques amis qui allaient tirer des alouettes, ^^Jiai 4 la, le dimanche. II dit cependant: 30 if io pierre, 94 ELEMENTARY FRENCH READER — Soit. Je te donne quatre cents francs. Mais tache d'avoir une] belle robe. , _ Le jour de la fete approchait, et M me Loisel sem- blait triste, inquiete, anxieuse. Sa toilette etait prete S cependant. Son mari lui dit un soir: — Qu'as-tu? Voyons, tn es toute drole ' depuis trois jours. Et elle repondit: — Cela m'ennuie de n'avoir pas un bijou, pas une derre, rien a mettre sur moi. J'aurai Fair misere comme tout. J'aimerais presque mieux ne pas aller a cette soiree. II reprit: — Tu mettras des fleurs naturelles. C'est tres 15 chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques. Elle n'etait point coiivaincue. — Non ... II n'y a rien de plus humiliant que d'avoir Fair pauvre au milieu de femmes riches. 20 Mais son mari s'ecria: — Que tu es bete! Va trouver ton amie M me Forestier et demande-lui de te preter des bijoux. Tu es bien assez liee avec elle pour faire cela. Elle poussa un cri de joie: 25 — C'est vrai. Je n'y ayais point pens6. ~t^jf ( Le lendemain, elle se rendit chez son amie, et lui conta sa detresse. M m< ; Forestier alia vers son armoire a glace, prit un large 'coffret, Papporta, Touvrit, et dit a M me Loisel: SHORT STORIES 95 — Choisis, ma chere. Elle vit cFabord dqs bracelets, puis un collier de perles, puis une croix venitienne, or et pierreries, d'un admirable travail. Elle essayait les parures devant la glace, hesitait, ne pouvait se decider a les 5 quitter, a les rendre. Elle demandait toujours: — - Tu n'as plus rien autre? — Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te plaire. Tout a coup elle decouvrit, dans une botte de satin 10 noir, une superbe riviere de diamante; et son cceur S** se mit a battre d'un desir immodere. Ses mains tremblaient eh la prenant. Elle Pattacha autour de sa gorge, sur sa robe montante, et demeura en extase devant elle-meme. *44n *$ Puis, elle demanda, hesitante, pleine d'angoisse: — Peux-tu me preter cela, rien que cela? — Mais oui, certainement. / Elle sauta au cou de son amie, l'embrassa avec emportement, puis s'enfuit avec son tresor. 20 Le jour de. la fete arriva. M me Loisel eut un suc- ces. Elle SteitJ plus jolie que toutes, elegante, gra- cieuse, souriante et folle.de joie. Tous les hommes la regardaient, demandaient son nom, cherchaient a etre presented. Tous les attaches du cabinet 25 voulaient valser avec elle. Le ministre la remafqua. Elle dansait avec' ivresse, avec emportement, grisee par le plaisir, ne penS&nt plus a rien, dans le triomphe de sa beaute, dans la gloire de son succes, ^fcA i 96 ELEMENTARY FRENCH READEkn^ dans une sorte de nuage de bonheur fait de tous ces hommages, de toutes ces admirations, de tous ces desirs eveilles, de cette victoire si complete et si douce au cceur des femmes. 5 Elle partit vers quatre heures du matin. Son mari, depuis minuit, dormait dans un petit salon desert avec trois autres messieurs dont les femmes s'amusaient beaucoup. II lui jeta sur les epaules les vetements qii'il avait io apportfe pour la sortie, modestes vetements de la vie ordinaire, dont la pauvrete jurait avec Teleganpe de la toilette de bal. Elle le sentit et voulut s'eiifuir, pour ne pas etre remarquee par les autres femmes qui s'enveloppaient de riches fourrures. is Loisel la retenait: ■ — Attends done. Tu vas attraper froid dehors. Je vais appeler un fiacre. Mais elle ne Tecoutait, point et descendait rapide- , ment Tescalier. Lorsqu'ils furent clans la rue, ils ne 20 trouverent pas de voiture; et ils se rfiirent a cMrcher, criant apres les cochers qii'ils voyaient passer $£ lom^ ^vifa Ils descendaient vers la Seine, desesperes, gre- lottants. Enfin ils trouverent sur le quai un de ces vieux coupfe nocttoibutes qu'on ne Voit dans Paris 25 que la nuit venue, comme s'ils eussent 6te honteux de leur misere pendant le jour. II les ramena jusqu'a leur porte, rue des Martyrs, et ils remonterent tristement chez eux. C'etait fini, pour elle. Et il sbngeait, lui, qu'il lui faiidfait etre 30 au Ministere a dix heures. SHORT STORIES 97 Elle ota les vetements dont elle s'etait enveloppe les epaules, devant la glace, afin de se voir encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri. Elle n'avait plus sa riviere autour du cou! Son mari, a fhoitie devetu deja, demanda: 5 — Qu'est-ce que tu as? Elle se tourna vers lui, affolee: — J'ai . . . j'ai . . . je n'ai plus la riviere de M me Forestier. II se dressa, eperdu: 10 — Quoi! . . . comment! . . . Cen'est pas possible! Et ils chercherent dans les plis de la robe, dans les plis du manteau, dans les poches, partout. Ils ne la trouverent point. "■ ' ^^•j/ II demandait: 15 — Tu es sure que tu Pavais encore en quittant le bal? — Oui, je Pai touchee dans le vestibule du Mi- nistere. — Mais, si tu Pavais perdue dans la rue, nous 20 Paurions entendue tomber. Elle doit etre dans le fiacre. — Oui. C'est probable. As-tu pris le numero? — Non. Et toi, tu ne Pas pas regarde? — Non. 25 Ils se contemplaient atterres. Enfin Loisel se rhabilla. — Je vais, dit-il, refaire tout le trajet que nous avons fait a pied, pour voir si je ne la retrouverai pas. Et il sortit. Elle demeura en toilette de soiree, 30 ^ " ; ' 1 98 ELEMENTARY FRENCH READER 8«fis force pour se eoucher, abattue sur une chaise, sans feu, sans pensee. Son mari rentra vers sept heures. II nWait rien trouve. 5 II se rendit a la Prefecture de police, aux journaux, pour faire promettre une recompense, aux com- pagnies de petites voitures, partout enfin ou -un soupgon d'espoir le poussait. telle attendit tout le jour, dans le meme etat d'ef- 10 farement devant cet affreux desastre. Loisel revint le soir, avec la figure creusee, palie; il n'avait rien d^couvert. — II faut, dit-il, ecrire a ton amie que tu as brise la fermeture de sa rivi&re et que tu la fais reparer. is Cela nous donnera le temps de nous retourner. Elle ecrivit sous sa dictee. Au bout d'une semaine, ils avaient perdu toute esp^rance. Et Loisel, vieilli de cinq ans, declara: 20 — H faut aviser a remplacer ce bijou. Ils prirent, le lendemain, la boite qui Favait ren- ferme, et se rendirent chez le joaillier, dont le nom se trouvait dedans. II consulta ses livres : — Ce n'est pas moi, madame, qui ai vendu cette 25 riviere; j'ai du seulement fournir T£crin. Alors ils allerent de bijoutier en bijoutier, cher- chant une parure pareille a Tautre, consultant leurs souvenirs, malades tous deux de chagrin et d'an- goisse. SHORT STORIES 99 lis trouverent, dans une boutique du Palais- Royal, un chapelet de diamants qui leur parut entierement semblable a celui qu'ils cherchaient. II valait quarante mille francs. On le leur laisserait .a trente-six mille. 5 lis prierent done le joaillier de ne pas le ven- dre avant trois jours. Et ils firent condition qu'on le reprendrait, pour trente-quatre mille francs, si le premier etait retrouve avant la fin de fevrier. 10 Loisel possedait dix-huit mille francs que lui avait laisses son pere. II emprunterait le reste. II emprunta, demandant mille francs a Fun, cinq cents a T autre, cinq louis par-ci, trois par-la. II fit des billets, prit des engagements ruineux, eut affaire 15 aux usuriers, a toutes les races de preteurs. II com- promit toute la fin de son existence, risqua sa signa- ture sans savoir meme s'il pourrait y faire honneur, et, &pouvante par les angoisses de Pavenir, par la noire misere qui allait s'abattre sur lui, par la per- 20 spective de toutes les privations physiques et de toutes les tortures morales, il alia chercher la riviere nouvelle, en deposant sur le comptoir du marchand trente-six mille francs. Quand M me Loisel reporta la parure a M me Fores- 25 tier, celle-ci lui dit, d'un air froisse: — Tu aurais du me la rendre plus tot, car je pouvais en avoir besoin. Elle n'ouvrit pas Pecrin, ce que redoutait son amie. Si elle s'etait apergue de la substitution, qu'aurait- 3° 100 ELEMENTARY FRENCH READER elle pense? qu'aurait-elle dit? Ne Paurait-elle pas prise pour une voleuse? M me Loisel connut la vie horrible des necessiteux. Elle prit son parti, d'ailleurs, tout d'un coup, he- 5 roi'quement. II fallait payer cette dette effroyable. Elle payerait. On renvoya la bonne; on chan- gea de logement; on loua sous les toits une man- sarde. Elle connut les gros travaux du menage, les 10 odieuses besognes de la cuisine. Elle lava la vaisselle, usant ses ongles roses sur les poteries grasses et le fond des casseroles. Elle savonna le linge sale, les chemises et les torchons, qu'elle faisait secher sur une corde; elle descendit a la rue, chaque matin, les I5 ordures, et monta Peau, s'arretant a chaque etage pour souffler. Et, vetue comme une femme du peuple, elle alia chez le fruitier, chez Pepicier, chez le boucher, le panier au bras, marchandant, injuriee, defendant sou k sou son miserable argent. 20 II fallait chaque mois payer des billets, en renou- veler d'autres, obtenir du temps. Le mari travaillait le soir k mettre au net les comptes d'un commergant, et la nuit, souvent, il faisait de la copie a cinq sous la page. 25 Et cette vie dura dix ans. Au bouc de dix ans, ils avaient tout restitue, tout, avec le taux de Pusure, et Paccumulation des in- t6rets superposes. M me Loisel semblait vieille, maintenant. Elle SHORT STORIES 101 etait devenue la femnie forte, et dure, et rude, des menages pauvres. Mai peignee, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut , lavait a grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son niari etait au bureau, elle s'asseyait aupres de la 5 fenetre, et elle songeait a cette soiree d'autrefois, a ce bal, ou elle avait ete si belle et si fetee. Que serait-il arrive si elle ri avait point perdu cette parure? Qui sait? qui sait? Comme la vie est singuliere, changeante ! Comme il f aut peu de chose 10 v)/^ pour vous perdre ou vous sauver! Or, un dimanche, comme elle etait allee f aire un tour aux Champs-Elysees pour se delasser des besognes de la semaine, elle apergut tout a coup une femme qui promenait un enfant. C'etait M me 15 Forest ier, tou jours jeune, tou jours belle, toujours seduisante. M me Loisel se sentit emue. Allait-elle lui parler? Oui, certes. Et maintenant qu'elle avait paye, elle lui dirait tout. Pourquoi pas? 20 Elle s ; approcha. — Bonjour, Jeanne. 1/ autre ne la reconnaissait point, s'etonnant d'etre appelee ainsi familierement par cette bourgeoise. Elle balbutia : 25 — Mais . . . madame! ... Je ne sais . . . Vous devez vous tromper. — Non. Je suis Mathilde Loisel. Son amie poussa un cri: 102 ELEMENTARY FRENCH READER — Oh! . . . ma pauvre Mathilde, comme tu ea changee! . . . — Oui, j'ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t'ai vue; et bien des miseres . . . et cela a cause 5 de toi ! — De moi . . . Comment 9a? — Tu te rappelles bien cette riviere de diamants que tu m'as pret^e pour aller a la fete du Ministere. — Oui. Eh bien? 10 — Eh bien, je Pai perdue. — Comment! puisque tu me Fas rapportee. — Je t'en ai rapports une autre toute pareille. Et voila dix ans que nous la payons. Tu comprends que ga n'etait pas aise pour nous, qui n'avions rien . . . 15 Enfin c'est fini, et je suis rudement contente. M me Forestier s^etait arretee. — Tu dis que tu as achete une riviere de diamants pour remplacer la mienne? — Oui, tu ne t'en etais pas apercjue, hein? Elles 20 etaient bien pareilles. Et elle souriait d'une joie orgueilleuse et naive. M me Forestier, fort emue, lui prit les deux mains. — Oh! ma pauvre Mathilde! Mais la mienne etait fausse. Elle valait au plus cinq cents francs! Guy de Maupassant SHORT STORIES 103 LA CHEVRE DE M. SEGUIN M. M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chevres. II les perdait toutes de la meme fagon: un beau matin elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et la-haut le loup les mangeait. Ni les 5 caresses de leur maitre, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'etait, parait-il, des chevres indepen- dantes, voulant a tout prix le grand air et la liberte. Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractere de ses betes, 6tait consterne. II disait: 10 — C'est fini; les chevres s'ennuient chez moi, je n'en garderai pas une. Cependant il ne se decouragea pas, et, apres avoir perdu six chevres de la meme maniere, il en acheta une septieme; seulement, cette fois, il eut soin de la 15 prendre toute jeune, pour qu'elle s'habituat mieux a demeurer chez lui. Ah! qu'elle etait jolie la petite chevre de M. Se- guin! Qu'elle etait jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, 20 ses cornes zebrees et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande! et puis, docile, cares- sante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans Tecuelle. Un amour de petite chevre ... 25 M. Seguin avait derriere sa maison un clos en- toure d'aubepines. C'est la qu'il mit sa nouvelle 104 ELEMENTARY FRENCH READER pensionnaire. II Fattacha a un pieu ail plus bel endroit du pre, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps il venait voir si elle etait bien. La chevre se trouvait tr&s heureuse et 5 broutait l'herbe de si bon coeur que M. Seguin etait ravi. — Enfin, pensait le pauvre homme, en voila une qui ne s'ennuiera pas chez moi. M. Seguin se trompait, sa chevre s'ennuya. 10 Un jour, elle se dit en regardant la montagne: — Comme on doit etre bien la-haut! Quel plaisir de gambader dans la bruyere, sans cette maudite longe qui vous 6corche le cou! . . . C'est bon pour Fane ou pour le bceuf de brouter dans un clos! . . . 15 Les chevres, il leur faut du large. A partir de ce moment, Pherbe du clos lui parut fade. L'ennui lui vint. Elle maigrit; son lait se fit rare. C'etait pitie de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tete tournee du cote de la montagne, la 20 narine ouverte, en faisant Me! . . . tristement. M. Seguin s'apercevait bien que sa chevre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c'etait . . . Un matin, comme il achevait de la traire, la chevre se retourna et lui dit dans son patois: 25 — Ecoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne. — Ah! mon Dieu! . . . Elle aussi! cria M. Seguin stupefait, et du coup il laissa tomber son ecuelle; puis, s'asseyant dans Therbe, k cote de sa chevre: SHORT STORIES 105 — Comment Blanquette, tu veux me quitter? Et Blanquette repondit : — Oui, monsieur Seguin. — Est-ce que Pherbe te manque ici? — Oh! non! Monsieur Seguin. 5 — Tu es peut-etre attachee de trop court; veux-tu que j'allonge la corde? — Ce n'est pas la peine, monsieur Seguin. — Alors, qu'est-ce qu'il te faut? Qu'est-ce que tu veux? 10 — Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin. — Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne . . . Que feras-tu quand il viendra? ... 15 — Je lui donnerai des coups de corne, monsieur Seguin. — Le loup se moque bien de tes cornes. II m'a mange des biques autrement encornees que toi . . . Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui etait ici 20 Tan dernier? une maitresse chevre, forte et mechante comme un bouc. Elle s'est battue avec le loup toute la nuit . . . puis, le matin, le loup Ta mangee. — Pecaire! Pauvre Renaude! ... Qa ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la 25 montagne. — Bonte divine! . . . dit M. Seguin; mais qu'est-ce qu'on leur fait done a mes chevres? Encore une que le loup va manger ... Eh bien, non . . . je te sau- verai malgre toi, coquine! et de peur que tu ne rompes 30 106 ELEMENTARY FRENCH READER ta corde, je vais t'enfermer dans Petable, et tu y resteras toujours. L&-dessus, M. Seguin emporta la chevre dans une etable toute noire, dont il ferma la porte a double S tour. Malheureusement, il avait oublie la fenetre, et a peine eut-il le dos tourn£, que la petite s'en alia . . . Quand la chevre blanche arriva dans la mon- tagne, ce fut un ravissement g6n6ral. Jamais les 10 vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la regut comme une petite reine. Les chataigniers se baissaient jusqu'a terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genets d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. is Toute la montagne lui fit fete. On pense bien si notre chfevre 6tait heureuse! Plus de corde, plus de pieu . . . rien qui Tempechat de gambader, de brouter k sa guise . . . C'est la qu'il y en avait de Therbe! jusque par-dessus les 20 cornes! ... Et quelle herbe! Savoureuse, fine, dentel£e, faite de mille plantes . . . C'etait bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs done ! . . . De grandes campanules bleues, des digi- tales de pourpre a longs calices, toute une foret de 25 fleurs sauvages d^bordant de sues capiteux! . . . La chevre blanche, a moitie soule, se vautrait 1& dedans les jambes en Fair et roulait le long des talus, pele-mele avec les feuilles tombees et les chataignes . . . Puis, tout a coup elle se redressait d'un bond 30 sur ses pattes. Hop! la voila partie, la tete en avant, SHORT STORIES 107 a travers les maquis et les buissieres, tantot sur un pic, tantot au fond d'un ravin, la-haut, en bas, partout ... On aurait dit qu'il y avait dix chevres de M. Seguin dans la montagne. C'est qu'elle n'avait peur de rien, la Blanquette. 5 Elle franchissait d'un saut de grands torrents qui Teclaboussaient au passage de poussi&re humide et d^cume. Alors, toute ruisselante, elle allait s'etendre sur quelque roche plate et se faisait secher par le soleil . . . Une fois, s'avangant au bord d'un pla- 10 teau, une fleur de cytise aux dents, elle apergut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Se- guin avec le clos derriere. Cela la fit rire aux larmes. — Que c'est petit, dit-elle; comment ai-je pu tenir la dedans? 15 Pauvrette! de se voir si haut perchee, elle se croyait au moins aussi grande que le monde . . . Tout a coup le vent fraichit ... La montagne devint violette; c'etait le soir . . . — Deja! dit la petite chevre; et elle s'arreta fort 20 etonnee. En bas, les champs etaient noyes de brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumee. Elle ecouta les clochettes d'un 25 troupeau qu'on ramenait, et se sentit Tame toute triste ... Un gerfaut, qui rentrait, la frola de ses ailes en passant. Elle tressaillit . . . Puis ce fut un hurlement dans la montagne: 108 ELEMENTARY FRENCH READER — Hou! hou! Elle pensa au loup; de tout le jour, la folle n'y avait pas songe . . . Au meme moment une trompe sonna bien loin dans la vallee. C'etait ce bon M. 5 Seguin qui tentait un dernier effort. — Hou! hou! . . . faisait le loup. — Reviens! reviens! . . . criait la trompe. Blanquette eut en vie de revenir; mais en se rap- pelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa 10 que maintenant elle ne pouvait plus se faire a cette vie, et qu'il valait mieux rester. La trompe ne sonnait plus . . . La chevre entendit derriere elle un bruit de feuilles. Elle se retourna, et vit dans Tombre deux 15 oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient . . . C'etait le loup. finorme, immobile, assis sur son train de derriere, il etait la, regardant la petite chevre blanche et la degustant par avance. Comme il savait bien qu'il 20 la mangerait, le loup ne se pressait pas; seulement, quand elle se retourna, il se mit a rire mechamment : — Ha! ha! la petite chevre de M. Seguin! et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d'ama- dou. 25 Blanquette se sentit perdue . . . Un moment, en se rappelant Phistoire de la vieille Renaude, qui s'etait battue toute la nuit pour etre mangee le matin, elle se dit qu'il vaudrait peut-etre mieux se laisser manger tout de suite; puis, s'etant ravisee, SHORT STORIES 109 elle tomba en garde, la tete basse et la corne en avant, comme une brave petite chevre de M. Seguin quelle etait . . . Non pas qu'elle eut Pespoir de tuer le loup, — les chevres ne tuent pas le loup, — mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi long- 5 temps que la Renaude . . . Alors le monstre s'avanga, et les petites cornes entrerent en danse. Ah! la brave ehevrette, comme elle y allait de bon cceur! Plus de dix fois, je ne mens pas, elle forga 10 le loup a reculer pour reprendre haleine. Pendant ces treves d'une minute, la gourmande cueillait en hate encore un brin de sa chere herbe; puis elle re- tournait au combat, la bouche pleine . . . Cela dura toute la nuit. De temps en temps, la chevre de 15 M. Seguin regardait les etoiles clanser dans le ciel clair, et elle se disait : — Oh! pourvu que je tienne jusqu'a Paube . . . L'une apres P autre, les etoiles s'eteignirent. Blan- quette redoubla de coups de cornes, le loup de coups 20 de dents . . . Une lueur pale parut dans Phorizon . . . Le chant d'un coq enroue monta d'une metairie. — Enfin! dit la pauvre bete, qui n'attendait plus que le jour pour mourir; et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachee de sang ... 25 Alors le loup se jeta sur la petite chevre et la mangea. Alphonse Daudet 110 ELEMENTAftY FBENCH HEADER LE CHRIST DE L'OCEAN En cette ann£e-la, plusieurs de ceux de Saint- Valery, qui etaient alles a la peche, furent noyes dans la mer. On trouva leurs corps roules par le flot sur la plage avec les debris de leurs barques, et Ton vit 5 pendant neuf jours, sur la route montueuse qui mene a Feglise, des cercueils portes a bras et que suivaient des veuves pleurant, sous leur grande cape noire, comme des femmps de la Bible. Le patron Jean Lenoel et son fils Desire furent 10 ainsi deposes dans la grande nef, sous la votite ou ils avaient suspendu naguere, en offrande a Notre- Dame, un navire avec tous ses agres. C'etaient des hommes justes et qui craignaient Dieu. Et M. Guillaume Trupheme, cure de Saint- Valery, ayant 15 donne Pabsoute, dit d'une voix mouillee de larmes: — Jamais ne furent portes en terre sainte, pour y attendre le jugement de Dieu, plus braves gens et meilleurs chretiens que Jean Lenoel et son fils Desire. 20 Et tandis que les barques avec leurs patrons perissaient sur la cote, de grands navires sombraient au large, et il n'y avait de jour ou TOcean n'ap- portat quelque £pave. Or, un matin, des enfants qui conduisaient une barque virent une figure cou- 25 chee sur la mer. C'etait celle de J6sus-Christ, en grandeur d'homme, sculptee dans du bois dur et peinte au naturel et qui semblait un ouvrage ancien. SHORT STORIES 111 Le Bon Dieu flottait sur Peau, les bras etendus. Les enfants le tirerent a bord et le rapporterent a Saint- Valery. II avait le front ceint de la couronne d'epines; ses pieds et ses mains etaient perces. Mais les clous manquaient ainsi que la croix. Les bras 5 encore ouverts pour s'offrir et benir, il apparaissait tel que Pavaient vu Joseph d'Arimathie et les saintes femmes au moment de Fensevelir. Les enfants le remirent a M. le cure Trupheme qui leur dit: 10 — Cette image du Sauveur est d'un travail an- tique, et celui qui la fit est mort sans doute depuis longtemps. Bien que les marchands d'Amiens et de Paris vendent aujourd'hui cent francs et meme davantage des statues admirables, il faut recon- 15 naitre que les ouvriers d' autrefois avaient aussi du merite. Mais je me rejouis surtout a la pensee que si Jesus-Christ est venu ainsi, les bras ouverts, a Saint- Valery, c'est pour benir la paroisse si cruelle- ment eprouvee et annoncer qu'il a pitie des pauvres 20 gens qui vont a la peche au peril de leur vie. II est le Dieu qui marchait sur les eaux et qui benissait les filets de Cephas. Et M. le cure Trupheme, ay ant fait deposer le Christ dans Teglise, sur la nappe du maitre-autel, 25 s'en alia commander au charpentier Lemerre une belle croix en coeur de chene. Quand elle fut faite, on y attacha le Bon Dieu avec des clous tout neufs et on le dressa dans la nef, au-dessus du banc d'ceuvre, 30 112 ELEMENTARY FRENCH READER C'etait alors qu'on vit que ses yeux etaient pleins de misericorde et comme humides d'une pitie celeste. Un des marguilliers, qui assistait a la pose du crucifix, crut voir des larmes couler sur la face 5 divine. Le lendemain matin, quand M. le Cure entra dans Teglise avec F enfant de choeur pour dire la messe, il fut bien surpris de trouver la croix vide au-dessus du banc d'oeuvre et le Christ couche sur Tautel. 10 Sitot qu'il eut celebre le saint sacrifice, il fit ap- peler le charpentier et lui demanda pourquoi il avait detache le Christ de sa croix. Mais le charpentier repondit qu'il n'y avait point touche, et, apres avoir interroge le bedeau et les fabriciens, M. Trupheme 15 s'assura que personne n'etait entr6 dans Peglise depuis le moment ou le Bon Dieu avait ete place sur le banc d'ceuvre. II eut alors le sentiment que ces choses etaient merveilleuses, et il les medita avec prudence. Le 20 dimanche qui suivit, il en parla au prone a ses paroissiens, et il les invita a contribuer par leurs dons a Terection d'une nouvelle croix plus belle que la premiere et plus digne de porter Celui qui racheta le monde. 25 Les pauvres pecheurs de Saint- Val£ry donnerent autant d'argent qu'ils purent, et les veuves appor- terent leur anneau. Si bien que M. TrupMme put aller tout de suite a Abbeville commander une croix de bois noir, tres luisant, que surmontait un ecriteau 30 avec Finscription INRI en lettres d^or. Deux mois SHORT STORIES 113 plus tard, on la planta a la place de la premiere et Ton y attacha le Christ entre la lance et Peponge. Mais Jesus la quitta comme P autre, et il alia, des la nuit, s'etendre sur l'autel. M. le Cure, en Py retrouvant le matin, tomba a 5 genoux et pria longtemps. Le bruit de ce miracle se repandit tout alentour, et les dames d'Amiens firent des quetes pour le Christ de Saint- Valery. Et M. Trupheme regut de Paris de P argent et des bijoux, et la femme du ministre de la Marine, 10 madame Hyde de Neuville, lui envoya un cceur de diamants. En disposant de toutes ces richesses, un orfevre de la rue Saint-Sulpice composa, en deux ans, une croix d'or et de pierreries qui fut inauguree en grande pompe dans Peglise de Saint- Valery, le 15 deuxieme dimanche apres Paques de Pannee 18 . . Mais Celui qui n'avait pas refus6 la croix doulou- reuse, s'echappa de cette croix si riche, et alia s'etendre de nouveau sur le lin blanc de Tautel. De peur de Toffenser, on Ty laissa, cette fois, et 20 il y reposait depuis plus de deux ans, quand Pierre, le fils a Pierre Caillou, vint dire a M. le cure Tru- pheme qu'il avait trouve sur la greve la vraie croix de Notre-Seigneur. Pierre 6tait un innocent, et comme il n'avait pas 25 assez de raison pour gagner sa vie, on lui donnait du pain, par charite; il etait aime parce qu'il ne faisait jamais de mal. Mais il tenait des propos sans suite, que personne n'ecoutait. Pourtant M. Trupheme, qui ne cessait de mediter 30 114 ELEMENTARY FRENCH READER le myst&re du Christ de l'Ocean, fut frappg de ce que venait de dire le pauvre insense. II se rendit avec le bedeau et deux fabriciens k Pendroit oii Fenfant disait avoir vu une croix, et il y trouva deux 5 planches garnies de clous, que la mer avait long- temps roulees et qui vraiment formaient une croix. C'etaient les £paves d'un ancien naufrage. On distinguait encore sur une de ces planches deux lettres peintes en noir, un J. et un L., et Ton ne 10 pouvait douter que ce ne fut un debris de la barque de Jean Lenoel, qui, cinq ans auparavant, avait peri en mer avec son fils Desire. A cette vue, le bedeau et les fabriciens se mirent a rire de l'innocent qui prenait les ais rompus d'un 15 bateau pour la croix de Jesus-Christ. Mais M. le cure Trupheme arreta leurs moqueries. II avait beaucoup medit£ et beaucoup prie depuis la venue parmi les pecheurs du Christ de l'Ocean, et le mys- tere de la charite infinie commengait a lui appa- 20 raitre. II s'agenouilla sur le sable, recita Toraison pour les fideles defunts, puis il ordonna aux bedeaux et aux fabriciens de porter cette epave sur leurs £paules et de la deposer dans FEglise. Quand ce fut fait, il souleva le Christ de dessus l'autel, le posa sur 25 les planches de la barque et Ty cloua lui-meme, avec les clous que la mer avait ronges. Par son ordre, cette croix prit, des le lendemain, au-dessus du banc d'ceuvre, la place de la croix d'or et de pierreries. Le Christ de POcean ne s'en est 30 jamais detache. II a voulu rester sur ce bois ou des SHORT STORIES 115 hommes sont morts en invoquant son nom et le nom de sa mere. Et la, entr'ouvrant sa bouche auguste et douloureuse, il semble dire: ((Ma croix est faite de toutes les souff ranees des hommes, car je suis veri- tablement le Dieu des pauvres et des malheureux.)) Anatole France UNE A VENTURE EN CALABRE Un jour je voyageais en Calabre. C'est un pays de mechantes gens, qui, je crois, n'aiment personne et en veulent surtout aux Frangais. De vous dire pourquoi, cela serait long; suffit qu'ils nous haissent a mort et qu'on passe fort mal son temps lorsqu'on i° tombe entre leurs mains. J'avais pour compagnon un jeune homme. Dans ces montagnes, les ctiemins sont des pre- cipices; nos chevaux marchaient avec beaucoup de peine; mon camarade allant devant, un sentier qui 15 lui parut plus practicable et plus court nous egara. Ce fut ma faute; devais-je me fier a une tete de vingt ans? Nous chercMmes, tant qu'il fit jour, notre chemin a travers ces bois; mais plus nous cherchions, plus nous nous perdions, et il £tait nuit noire quand 20 nous arrivames pres d'une maison fort noire. Nous y entrames, non sans soupgon; mais comment faire? 1A } nous trouvons toute une famille de charbon- niers k table ; ou du premier mot on nous invita. 'SJ&n jeune homme tie se fit pas prier: nous voila 25 mangeant et buvant, lui^ du moins; car pour moi -::X 116 ELEMENTARY FRENCH READER j'examinais le lieu et la mine de nos^ notes. Nos botes avaient bieri mine's "de charbonniers; mais la niaison, vous Peussiez prise pour un arsenal. Ce n'etaient que fusils, pistolets, sabres, couteaux, coii- 5 telas. Tout me deplut, et je vis bien que je de- plaisais aussi. Mon camarade, au contraire, il etait de la famille, il riait, il causait aveceux; et, par une imprudence que j*aurais du prevoir (mais quoi! s'il £tait ecrit . . .) il dit d'abbrd l d*tiu nous venions, ou 10 nous allions, qui nous £tions. Frangais, imaginez un peu! Chez nos plus mortels ennemis, seuls, Jgares, si loin de tout secours humain! Et puis, pour kp [ rien omettre de ce qui pouvait nous perdre, il fit le riche, promit a ces gens, pour la depense et pour nos 15 guides le l6ricfemain, ce qu'ils voulurent./ Enfin il parla de sa valise, priant fort qu'on en eut grand soin, qu'on la mit au chevet de son lit; il ne voulait point, disait-il, d'autre traversin. Ah! jeunesse! jeunesse! que votre age est a plaindre! On crut que 20 nous portions les diamants de.la coiitbrine: ce qu'il y avait qui lui causait tant de souci dans cette valise, c'etaient. les lettres d'une jeune femme. Le souper fini, on nous laisse; nos notes couchaient en bas, nous, dans la chambre haute ou nous avions 25 mange. Une sbupente elevee de sept a huit pieds, ou Ton montait par une echelle, c'etait la le coucher qui nous attendait: espece de hid dans lequel on s'introduisait en rampant sous des solives chargees de provisions pour toute Pannee. Mon camarade y 30 grimpa seul, et se coucha tout endormi, la tete sur SHORT STORIES 117 la precieuse valise. Moi, determine a veiller, je ns bon feu, et^nTassis aupres. La nuit s'etait deja passee presque entiere assez tranquillement," et je commengais a me rassurer, quand, sur Theme ou il me ^emblait que le jour ne pouvait etre loin, j'en- 5 tendis au-dessous de moi notre hote et sa femme parler et se disputer; et, pretant Toreille par la chemin^e qui communiquait avec celle 6sa la lampe, que sa femijie vint prendre, puis il entre pieds nus, et elle, &e dehors, lui disait a voix 30 118 ELEMENTARY FRENCH READER basse, masquant avec ses doigts le trop de lumiere de la lampe: ((Douceinent, va doucement.)) Quand il fut a l'echelle, il monte, son couteau entre ses dents; et venu k la hauteur du lit, ce pauvre jeune homme 5 £tendu offrant sa j^orge decouverte, d'une main il prend son couteau, et de P autre . . . il saisit un jam- bon qui pendait au plancher, en coupe une tranche, et se retire comme il £tait venu. La porte se referme, la lampe s'en va, et je reste seul a mes reflexions. 10 Des que le jour parut, toute la famille, k' grand bruit, vint nous" evdifler, comme nous Pavions re- commande. On kpporte a manger: on sfert un de- jeuner fort propre, fort bon, je.vous assur^. Deux chapons en f aisaient partie, doht il f allait, dit notre 15 hotesse, emporter Tun et manger Tautre. En tes voyant, je compris enfin le sens'de ces terribles mots: ((Faut-il les tuer tous deux?)) Et , je vous crois V assez de penetration pour deviner k present ce que cela signifiait. Paul-Louis Courier LES SABOTS DU PETIT WOLFF CONTE DE NOfiL 20 II £tait une fois, — il y a si longtemps que tout le monde a oublie la date, — dans une ville du nord de T Europe, — dont le nom est si difficile k pro- noncer que personne ne s'en souvient, — il etait une fois un petit gargon de sept ans, nomm6 Wolff, SHORT STORIES 119 orphelin de p&re et de mere et reste a la charge d'une vieille tante, personne dure et avaricieuse, qui n'em- brassait son neveu qu'au Jour de l'An et qui poussait un grand soupir de regret chaque fois qu'elle lui servait une ecuellee de soupe. 5 Mais le pauvre petit enfant 6tait d'un si bon naturel qu'il aimait tout de meme la vieille femme, bien quelle lui fit grand'peur et qu'il ne put regarder sans trembler la grosse verrue, ornee de quatre poils gris, qu'elle avait au bout du nez. 10 Comme la tante de Wolff etait connue de toute la ville pour avoir pignon sur rue et de Tor plein un vieux bas de laine, elle n'avait pas ose envoyer son neveu a Pecole des pauvres; mais elle avait telle- ment chicane, pour obtenir un rabais, avec le magis- 15 ter chez qui le petit Wolff allait en classe, que ce mauvais pedant, vexe d^avoir un el^ve si mal vetu et payant mal, lui infligeait tres souvent, et sans justice aucune, Tecriteau dans le dos et le bonnet d'ane, et excitait meme contre lui ses camarades, 20 tous fils de bourgeois cossus, qui faisaient de Por- phelin leur souffre-douleur. Le pauvre mignon etait done malheureux comme Ies pierres du chemin et se cachait dans tous les coins pour pleurer, quand arriverent les fetes de 25 Noel. La veille du grand jour, le maitre d^cole devait conduire tous les eleves k la messe de minuit et les ramener chez leurs parents. Or, comme Thiver 6tait tres rigoureux, cette ann£e- 30 120 ELEMENTARY FRENCH READER la, et comme, depuis plusieurs jours, il etait tombe une grande quantite de neige, les ecoliers vinrent tous au rendez-vous chaudement empaquetes et emmitouflfe, avec bonnets de fourrure enfonces sur 5 les oreilles, doubles et triples vestes, gants et mi- taines de tricot et bonnes grosses bottines a clous et a fortes semelles. Seul, le petit Wolff se presenta grelottant sous ses habits de tous les jours et des dimanches, et n' ay ant aux pieds que des chaussons 10 de Strasbourg dans de lourds sabots. Ses mechants camarades, devant sa triste mine et sa degaine de paysan, firent sur son compte mille risees; mais Porphelin £tait tellement occupe a souffler sur ses doigts et souffrait tant de ses enge- *5 lures, qu'il n'y prit pas garde. — Et la bande de gamins, marchant deux par deux, magister en tete, se mit en route pour la paroisse. II faisait bon dans l^glise, qui etait toute res- plendissante de cierges allumes; et les ecoliers, ex- 20 cites par la douce chaleur, profiterent du tapage de Torgue et des chants pour bavarder a demi-voix. lis vantaient les reveillons qui les attendaient dans leurs families. Le fils du bourgmestre avait vu, avant de partir, une oie monstrueuse, que des truffes 25 tachaient de points noirs comme un leopard. Chez le premier echevin, il y avait un petit sapin dans une caisse, aux branches duquel pendaient des oranges, des sucreries et des polichinelles. Et la cuisiniere du tabellion avait attache derriere son dos, avec une 30 epingle, les deux brides de son bonnet, ce quelle ne SHORT STORIES 121 faisait que dans ses jours ^inspiration, quand elle etait sure de reussir son fameux plat sucre. Et puis les ecoliers parlaient aussi de ce que leur apporterait le petit Noel, de ee qu'il d£poserait dans leurs souliers, que tous auraient soin, bien entendu, 5 de laisser dans la cheminee avant d'aller se mettre au lit; — et dans les yeux de ces galopins, eveilles commeune poignee de souris, etincelait par avance la joie d'apercevoir a leur re veil, le papier rose des sacs de pralines, les soldats de plomb ranges en 10 bataillon dans leur boite, les menageries sentant le bois verni et les magnifiques pantins habilles de pourpre et de clinquant. Le petit Wolff, lui, savait bien, par experience, que sa vieille tante Penverrait se coucher sans sou- 15 per; mais, nai'vement, et certain d'avoir ete, toute Fannie, aussi sage et aussi laborieux que possible, il esp^rait que le petit Noel ne Poublierait pas, et il comptait bien, tout a Pheure, placer sa paire de sabots dans les cendres du foyer. 20 La messe de minuit terminee, les fideles s'en al- l&rent, impatients du reveillon, et la bande des Ecoliers, tou jours deux par deux et suivant le peda- gogue, sortit de Teglise. Or, sous le porche, assis sur un banc de pierre 2$ surmonte d'une niche ogivale, un enfant etait en- dormi, un enfant couvert d'une robe de laine blanche, wf fetpieds nus, malgrd la froidure. Ce n'etait point un mendiant, car sa robe etait propre et neuve, et pres de lui, sur le sol, on voyait, lies dans une serge, une 3° 122 ELEMENTARY FRENCH READER equerre, une hache, une bisaigue, et les autres outils de Tapprenti charpentier. Eclaire par la lueur des £toiles, son visage aux yeux clos avait une expression de douceur divine, et ses longs cheveux boucl6s, d'un 5 blond roux, semblaient allumer une aureole autour de son front. Mais ses pieds d'enfant, bleuis par le froid de cette nuit cruelle de d£cembre, faisaient mal a voir. Les 6coliers, si bien vetus et chausses pour Phiver, 10 passaient indiff brents devant P enfant inconnu; quelques-uns meme, fils des plus gros notables de la ville, jeterent sur ce vagabond un regard ou se lisait tout le m£pris des riches pour les pauvres, des gras pour les maigres. 15 Mais le petit Wolff, sortant de P£glise le dernier, s'arreta tout 6mu devant le bel enfant qui dormait. — Helas! se dit Torphelin, c'est affreux! ce pauvre petit va sans chaussures par un temps si rude . . . Mais, ce qui est encore pis, il n'a meme pas, ce soir, 20 un Soulier ou un sabot k laisser devant lui, pendant son sommeil, afin que le petit Noel y depose de quoi soulager sa misfere! Et, emporte par son bon coeur, Wolff retira le sabot de son pied droit, le posa devant T enfant en- 25 dormi, et, comme il put, tantot k cloche-pied, tantot boitillant et mouillant son chausson dans la neige, il retourna chez sa tante. — ' Voyez le vaurien! s'6cria la vieille, pleine de f ureur au retour du d^chausse. Qu'as-tu fait de ton 30 sabot, petit miserable? SHORT STORIES 123 Le petit Wolff ne savait pas mentir, et, bien qu'il grelottat de terreur en voyant se herisser les poils gris sur le nez de la megere, il essaya, tout en bal- butiant, de conter son aventure. Mais la vieille avare partit d'un eclat de rire: 5 — Ah! Monsieur se dechausse pour les mendiants! Ah, Monsieur depareille sa paire de sabots pour un va-nu-pieds! . . . Voila du nolrveau, par exemple! ... Eh bien, puisqu'il en est ainsi, je vais laisser dans la cheminee le sabot qui te reste, et le petit 10 Noel y mettra cette nuit, je t'en reponds, de quoi te fouetter a ton reveil . . . Et tu passeras la journee de demain k l'eau et au pain sec . . . Et nous ver- rons bien si, la prochaine fois, tu donnes encore tes chaussures au premier vagabond venu! 15 Et la mechante femme, apres avoir donne au pauvre petit une paire de soufflets, le fit grimper dans la soupente ou se trouvait son galetas. Deses- pere, Tenfant se coucha dans Tobscurite et s'endor- mit bientot sur son oreiller trempe de larmes. 20 Mais, le lendemain matin, quand la vieille, re- veille par le froid et secouee par son catarrhe, de- scendit dans sa salle basse, — 6 merveille! — elle vit la grande cheminee pleine de jouets etincelants, de sacs de bonbons magnifiques, de richesses de 25 toutes sortes; et, devant ce tresor, le sabot droit, que son neveu avait donne au petit vagabond, se trouvait h cote du sabot gauche, qu'elle avait mis la, cette nuit meme, et ou elle se disposait a planter une poign^e de verges. 30 124 ELEMENTARY FRENCH READER Et, comme le petit Wolff, accouru aux cris de sa tante, s'extasiait ingenument devant les splendides presents de Noel, voila que de grands rires eclaterent au dehors. La femme et F enfant sortirent pour 5 savoir ce que cela signifiait, et virent toutes les commeres reunies autour de la fontaine publique. Que se passait-il done? Oh! une chose bien plaisante et bien extraordinaire! Les enfants de tous les richards de la ville, ceux que leurs parents voulaient 10 surprendre par les plus beaux cadeaux, n'avaient trouve que des verges dans leurs souliers. Alors Torphelin et la vieille femme, songeant a toutes les richesses qui 6taient dans leur cheminee, se sentirent pleins d'epouvante. Mais, tout a coup, 15 on vit arriver M. le cure, la figure bouleversee. Au- dessus du banc place pres de la porte de Teglise, a Tendroit meme ou, la veille, un enfant, vetu d^une robe blanche et pieds nus, malgre le grand froid, avait pose sa tete ensommeillee, le pretre venait de 20 voir un cercle d'or, incruste dans les vieilles pierres. Et tous se signerent devotement, comprenant que ce bel enfant endormi, qui avait aupres de lui des outils de charpentier, etait Jesus de Nazareth en personne, redevenu pour une heure tel qu'il etait 25 quand il travaillait dans la maison de ses parents, et ils s'inclinerent devant ce miracle que le bon Dieu avait voulu faire pour recompenser la confiance et la charite d'un enfant. Francois Coppee SHORT STORIES 125 INCIDENT DE CHASSE Sur moi s'etait abattu un mauvais gomnieil, et mon corps terrasse, les bras en croix, gisait stir des herbages etranges. Des arbres inconnus me cou- vfaient de leur ombre, et, tout pres, luisait, entre des roseaux, la surface aveuglante d'un marais 5 equatorial. Ainsi qu'il arrive parfois aux heures de fatigue extreme, ce sommeil tres lourd demeurait cependant incomplet, me laissant une notion vague des choses ambiantes, — auxquelles des choses de reve, des 10 peripeties imaginaires, de temps a autre venaient se meler. Bientot m'inquieta la sensation presque physique d'une presence, d'une presence legere, il est vrai, mais reelle et tres proche; je pris conscience d'etre 15 regarde, — et alors mes paupieres s'entr'ouvrirent pour essayer de voir. En effet, une petite figure se tenait la, pres de la mienne, grimagant entre des branches, une petite figure de gnome. Deux yeux ronds, tres vifs, tres 20 jeunes, notoirement enfantins, m'examinaient en clignotant avec une expression d'intense curiosite humaine. Et, par un de ces mouvements agres- sifs qui emanent des trefonds de nous tous quand nous sommes en chasse, je portai la main a mon 25 fusil. Demi-intention, geste inefficace: ma main re- 126 ELEMENTARY FRENCH READER tomba, et le sommeil, qui revint plus imperieux, pour quelques minutes m'aneantit. La petite figure cependant me regardait toujours, et, en dormant, je le savais. Autour de moi, j'en- 5 tendais aussi bourdonner, dans le silence, le vol des longues libellules aux reflets de m6tal, la ronde des mille insectes extravagants, armes, empanach£s, barioles, qui dansaient dans une ivresse de chaleur et de parfums. L'air, 6touffant pour ma poitrine, 10 versait la vie exuberante a tout un monde de betes dangereuses et de grandes fleurs empoisonnees. Et maintenant, par degres, je m'eveillais tout a fait, sous le regard obstine de la petite figure juchee dans les branches; mon bras s'allongeait vers Tarme, 15 avec des lenteurs et des ruses, pour Pappuyer en silence contre mon 6paule. Alors, il commenga de battre en retraite, le jeune singe ... Oh! sans hate, sans grande mefiance, comme k regret, avec de discretes et comiques pr6- 20 cautions pour ne pas faire de bruit. S'aidant de ses mains adroites, il se glissait parmi les feuillages, trainant, d'une allure drole, sa longue queue derriere lui. Et il se retournait pour me regarder encore, avec un air de dire: ((Je pense bien que tu ne me 25 veux pas de mal, car je ne suis pas mechant: j'avais fait le curieux, voil& tout . . . Cependant on ne sait jamais, et cette machine que tu tiens a la main est de mauvaise apparence ... Je pr6fere m'eloigner tout de meme ... Ne te fache pas: tu vois, je m'en 30 vais, je m'en vais ...» Et je pergus plus loin la SHORT STORIES 127 presence de deux autres singes de grande taille, les parents sans doute, qui lui adresserent un cri d'appel. Je le tenais en joue depuis deux ou trois secondes: il avait une belle pelure, qui me faisait envie. Et soudainement le coup partit, formidable dans tout 5 ce silence, 6parpillant des feuilles dechirees, excitant des cris d'oiseaux, eveillant partout des betes qui sommeillaient a F ombre. Un papillon geant, plus large que la main £tendue, s'envola d'un ebenier, langant a chaque battement d'aile un eclair de metal 10 bleu. Et le corps du jeune singe commenga de rouler lentement de branche en branche, malgre le supreme effort des doigts habiles pour se raccrocher; puis, d'une chute tout a coup abandonnee et rapide, il s'aplatit sur le sol. 15 Quand je le ramassai, il vivait encore, mais d'une vie trop faible pour tenter aucune resistance. Comme chose morte, il se laissa prendre; ses petites levres pincees tremblaient et ses yeux d'enfant re- gardaient les miens avec une inoubliable expression 20 d'agonie, de terreur et de reproche. Alors seulement se dressa devant moi toute l'hor- reur stupide de ce que je venais de faire. Je le tenais couch6 dans mes bras, caressant avec des precau- tions infinies sa tete mourante. Les deux autres, 25 dont j'avais tu6 le petit, criaient du haut d'un arbre, en gringant des dents, partages entre la peur d'etre tu6s et Tenvie de m'egratigner quand meme ou de me mordre. Le front appuy6 sur ma poitrine, il mourut, le singe, dans une attitude de presque con- 30 128 ELEMENTARY FRENCH READER fiance, dans une pose de petit enfant. Et jamais je n'avais eprouve avec tant d'exasperation ce besoin qui me prend souvent de m'injurier moi-meme: — Oh, brute! disais-je entre mes dents serrees, oh! bete brute! Pierre Loti MATEO FALCONE En sortant de Porto- Vecchio et se dirigeant au nord-ouest, vers Pinterieur de Tile, on voit le terrain s'elever assez rapidement, et, apres trois heures de marche par des sentiers tortueux, obstrues par de 10 gros quartiers de rocs, et quelquefois coupes par des ravins, on se trouve sur le bord d'un mdquis tres etendu. Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s'est brouille avec la justice. II faut savoir que le laboureur corse, pour s'epargner 15 la peine de fumer son champ, met le feu a une cer- taine etendue de bois : tant pis si la flamme se repand plus loin que besoin n'est; arrive que pourra, on est stir d' avoir une bonne recolte en semant sur cette terre fertilisee par les cendres des arbres qu'elle por- 20 tait. Les £pis enlev^s, car on laisse la paille, qui donnerait de la peine a receuillir, les racines qui sont restees en terre sans se consumer poussent, au prin- temps suivant, des cepees tres 6paisses qui, en peu d'annees, parviennent a une hauteur de sept ou huit 25 pieds. C'est cette maniere de taillis fourr^ que Ton nomme maquis. Differentes especes d ? arbres SHORT STORIES 129 et d'arbrisseaux le composent, meles et confondus comme il plait a Dieu. Ce n'est que la hache a la main que rhomme s'y ouvrirait un passage, et Ton voit des maquis si epais et si touffus, que les mouflons eux-memes ne peuvent y penetrer. 5 Si vous avez tue un homme, allez dans le maquis de Porto- Vecchio, et vous y vivrez en surete, avec un bon fusil, de la poudre et des balles; n'oubliez pas un manteau brun garni d'un capuchon, qui sert de couverture et de matelas. Les bergers vous 10 donnent du lait, du fromage, et des chataignes, et vous n'aurez rien a craindre de la justice ou des parents du mort, si ce n'est quand il vous faudra descendre a la ville pour y renouveler vos munitions. Mateo Falcone, quand j'etais en Corse en 18 . ., 15 avait sa maison a une demi-lieue de ce maquis. C'etait un homme assez riche pour le pays; vivant noblement, c'est-a-dire sans rien faire, du produit de ses troupeaux, que des bergers, especes de no- mades, menaient paitre 9a et la sur les montagnes. 20 Lorsque je le vis, deux annees apres Tevenement que je vais raconter, il me parut age de cinquante ans tout au plus. Figurez-vous un homme petit mais robuste, avec des cheveux crepus, noirs comme le jais, un nez aquilin, les levres minces, les yeux grands 25 et vifs, et un teint couleur de revers de botte. Son habilet6 au tir du fusil passait pour extraordinaire, meme dans son pays, ou il y a tant de bons tireurs. Par exemple, Mateo n'aurait jamais tire sur un mouflon avec des chevrotines; mais ? a cent vingt pas ? 30 130 ELEMENTARY FRENCH READER il Pabattait (Tune balle dans la tete ou dans Pepaule, a son choix. La nuit, il se servait de ses armes aussi facilement que le jour, et Ton m'a cite de lui ce trait d'adresse qui paraitra peut-etre incroyable a qui n'a 5 pas voyag6 en Corse. A quatre-vingts pas, on pla- §ait une chandelle allumee derriere un transparent de papier, large comme une assiette. II mettait en joue, puis on 6teignait la chandelle, et, au bout d'une minute, dans Pobscurite la plus complete, il tirait 10 et pergait le transparent trois fois sur quatre. Avec un merite aussi transcendant, Mateo s'etait attire une grande reputation. On le disait aussi bon ami que dangereux ennemi: d'ailleurs serviable et faisant Taumone, il vivait en paix avec tout le monde 15 dans le district de Porto- Vecchio. Mais on contait de lui qu'a Corte, ou il avait pris femme, il s'etait debarrasse fort vigoureusement d'un rival qui passait pour aussi redoutable en guerre qu'en amour: du moins on attribuait a Mateo certain coup de fusil 20 qui surprit ce rival comme il etait a se raser devant un petit miroir pendu a sa fenetre. U affaire as- soupie, Mateo se maria. Sa femme, Guiseppa lui avait donn6 d'abord trois filles (dont il enrageait), et enfin un fils, qu'il nomma Fortunato: c^tait Tes- 25 poir de sa famille, Theritier du nom. Les filles etaient bien mariees: leur pdre pouvait compter au besoin sur les poignards et les escopettes de ses gendres. Le fils n'avait que dix ans, mais il annon- gait deja d'heureuses dispositions. 30 Un certain jour d'automne, Mateo sortit de bonne SHORT STORIES 131 heure avec sa femme pour aller visiter un de ses troupeaux dans une clairiere du maquis. Le petit Fortunato voulait Faccompagner, mais la clairiere etait trop loin; d'ailleurs, il fallait bien que quelqu'un restat pour garder la maison; le pere refusa done: 5 on verra s'il n'eut pas lieu de s'en repentir. II 6tait absent depuis quelques heures, et le petit Fortunato 6tait tranquillement etendu au soleil, regardant les montagnes bleues, et pensant que, le dimanche prochain, il irait diner a la ville, chez son 10 oncle le caporal, 1 quand il fut soudainement inter- rompu dans ses meditations par F explosion d'une arme a feu. II se leva et se tourna du cot£ de la plaine d'ou partait ce bruit. D'autres coups de fusM se succ^derent, tires a intervalles inegaUx, etis toujours de plus en plus rapproch^s; enfin, dans le sentier qui menait de la plaine a la maison de Mateo parut un homme, coiffe d'un bonnet pointu comme en portent les montagnards, barbu, couvert de hail- Ions, et se trainant avec peine en s'appuyant sur son 20 fusil. II venait de recevoir un coup de feu dans la cuisse. 1 Les caporaux furent autrefois les chefs que se donnerent les communes corses, quand elles s'insurgerent contre les seigneurs feodaux. Aujourd'hui, on donne encore quelquefois ce nom a un homme qui, par ses propriety, ses alliances et sa clientele, exerce une influence et une sorte de magistrature effective sur une pieve ou un canton. Les Corses se divisent, par une ancienne habitude, en cinq castes: les gentilshommes (dont les uns sont magnifiques, les autres signori), les caporali, les citoyens, les plebeiens et les etr angers. 132 ELEMENTARY FRENCH READER Cet homme etait un bandit, 1 qui, etant parti de nuit pour aller chercher de la poudre a la ville, etait tombe en route dans une embuscade de voltigeurs corses. 2 Apres une vigoureuse defense, il etait par- 5 venu a faire sa retraite, vivement poursuivi et tiraillant de rocher en rocher. Mais il avait peu d'avance sur les soldats, et sa blessure le mettait hors d'etat de gagner le maquis avant d'etre rejoint. II s'approcha de Fortunato et lui dit: 10 — Tu es le fils de Mateo Falcone? — Oui. — Moi, je suis Gianetto Sanpiero. Je suis pour- suivi par les collets jaunes. 3 Cache-moi, car je ne puis aller plus loin. 15 — Et que dira mon pere si je te cache sans sa permission? — II dira que tu as bien fait. — Qui sait? — Cache-moi vite; ils viennent. 20 — Attends que mon pere soit revenu. — Que j'attende? malediction! Ils seront ici dans cinq minutes. Allons, cache-moi, ou je te tue. Fortunato lui repondit avec le plus grand sang- 25 froid: 1 Ce mot est ici le synonyme de proscrit. 2 C'est un corps leve depuis peu d'annees par le gouverne- ment, et qui sert concurremment avec la gendarmerie au main- tien de la police. 3 L/uniforme des voltigeurs etait alors un habit brun avec un collet jaune. SHORT STORIES 133 — Ton fusil est decharge, et il n'y a plus de car- touches dans ton carchera. 1 — J'ai mon stylet. — Mais courras-tu aussi vite que moi? II fit un saut, et se mit hors d'atteinte. 5 — Tu n'es pas le fils de Mateo Falcone! Me laisseras-tu arreter devant ta maison? L'enfant parut touche. — Que me donneras-tu si je te cache? dit-il en se rapprochant. 10 Le bandit fouilla dans une poche de cuir qui pen- dait a sa ceinture, et il en tira une piece de cinq francs qu'il avait reservee sans doute pour acheter de la poudre. Fortunato sourit a la vue de la piece d'argent; il s'en saisit et dit a Gianetto: 15 — Ne crains rien. Aussitot il fit un grand trou dans un tas de foin place aupres de la maison. Gianetto s'y blottit, et F enfant le recouvrit de maniere a lui laisser un peu d'air pour respirer, sans qu'il fut possible cependant 20 de soupgonner que ce foin cachat un homme. II s'avisa, de plus, d'une finesse de sauvage assez in- genieuse. II alia prendre une chatte et ses petits, et les etablit sur le tas de foin pour faire croire qu'il n'avait pas ete remue depuis peu. Ensuite, remar- 25 quant des traces de sang sur le sentier pres de la maison, il les couvrit de poussiere avec soin, et, cela fait, il se recoucha au soleil avec la plus grande tranquillite. 1 Ceinture de cuir qui sert de giberne et de portefeuille. 134 ELEMENTARY FRENCH READER Quelques minutes apres, six hommes en uniforme brim a collet jaune, et commandos par un adjudant, 6taient devant la porte de Mateo. Cet adjudant etait quelque peu parent de Falcone. (On sait qu'en 5 Corse on suit les degres de parente beaucoup plus loin qu'ailleurs.) II se nommait Tiodoro Gamba: c'6tait un homme actif, fort redoute des bandits dont il avait deja traque plusieurs. — Bonjour, petit cousin, dit-il a Fortunato en io Pabordant; comme te voila grandi! As-tu vu passer un homme tout a Pheure? — Oil! je ne suis pas encore si grand que vous, mon cousin, repondit P enfant d'un air niais. — Cela viendra. Mais n'as-tu pas vu passer un iS homme, dis-moi? — Si j'ai vu passer un homme? — Oui, un homme avec un bonnet pointu en velours noir, et une veste brodee de rouge et de jaune? 20 — Un homme avec un bonnet pointu, et une veste brodee de rouge et de jaune? — Oui, r^ponds vite, et ne repete pas mes ques- tions. — Ce matin, M. le cur£ est passe devant notre 25 porte, sur son cheval Piero. II m'a demande com- ment papa se portait, et je lui ai r6pondu . . . — Ah! petit drole, tu fais le malin! Dis-moi vite par oil est pass£ Gianetto, car c'est lui que nous cherchons; et, j'en suis certain, il a pris par ce 30 sentier. SHORT STORIES 135 — Qui sait? — Qui sait? C'est moi qui sais que tu Fas vu. — Est-ce qu'on voit les passants quand on dort? — Tu ne dormais pas, vaurien; les coups de fusil t'ont r£veill£. 5 — Vous croyez done, mon cousin, que vos fusils font tant de bruit? L'escopette de mon pere en fait bien davantage. — Que le diable te confonde, maudit garnement! Je suis bien sur que tu as vu passer le Gianetto. 10 Peut-etre meme Tas-tu cache. Allons, camarades, entrez dans cette maison, et voyez si notre homme n'y est pas. II n'allait plus que d'une patte, et il a trop de bon sens, le coquin, pour avoir cherche a gagner le maquis en clopinant. D'ailleurs, les traces 15 de sang s'arretent ici. — Et que dira papa? demanda Fortunato en ricanant; que dira-t-il s'il sait qu'on est entr£ dans sa maison pendant qu'il 6tait sorti? — Vaurien! dit Padjudant Gamba en le prenant 20 par Poreille, sais-tu qu'il ne tient qu'a moi de te faire changer de note? Peut-etre qu'en te donnant une vingtaine de coups de plat de sabre tu parleras enfin. Et Fortunato ricanait toujours. — Mon pere est Mateo Falcone! dit-il avec 25 emphase. — Sais-tu bien, petit drole, que je puis t'emmener a Corte ou a Bastia. Je te ferai coucher dans un cachot, sur la paille, les fers aux pieds, et je te ferai guillotiner si tu ne dis ou est Gianetto Sanpiero. 3° 136 ELEMENTARY FRENCH READER L'enfant eclata de rire a cette ridicule menace. II repeta: — Mon pere est Mateo Falcone. — Adjudant, dit tout bas un des voltigeurs, ne 5 nous brouillons pas avec Mateo. — Gamba paraissait evidemment embarrasse. II causait a voix basse avec ses soldats, qui avaient d£ja visite toute la maison. Ce n'etait pas une operation fort longue, car la cabane d'un Corse ne 10 consiste qu'en une seule piece carree. L'ameuble- ment se compose d'une table, de bancs, de coffres et d'ustensiles de chasse ou de menage. Cependant le petit Fortunato caressait sa chatte, et semblait jouir malignement de la confusion des voltigeurs et 15 de son cousin. Un soldat s'approcha du tas de foin. II vit la chatte, et donna un coup de bai'onnette dans le foin avec negligence, et en haussant les epaules, comme s'il sentait que sa precaution etait ridicule. Rien ne 20 remua; et le visage de F enfant ne trahit pas la plus legere emotion. L'adjudant et sa troupe se donnaient au diable; deja ils regardaient serieusement du cote de la plaine, comme disposes a s'en retourner par ou ils 6taient 25 venus, quand leur chef, convaincu que les menaces ne produiraient aucune impression sur le fils de Fal- cone, voulut faire un dernier effort et tenter le pou- voir des caresses et des presents. — Petit cousin, dit-il, tu me parais un gaillard 30 bien 6veille! Tu iras loin. Mais tu joues un vilain SHORT STORIES 137 jeu avec moi; et, si je ne craignais de faire de la peine a mon cousin Mateo, le diable m'emporte! je t'emmenerais avec moi. — Bah! — Mais, quand mon cousin sera revenu, je lui 5 conterai r affaire, et, pour ta peine d'avoir menti, il te donnera le fouet jusqu'au sang. — Savoir? — Tu verras . . . Mais, tiens . . . sois brave gar- gon, et je te donnerai quelque chose. 10 — Moi, mon cousin, je vous donnerai un avis: c'est que, si vous tardez davantage, le Gianetto sera dans le maquis, et alors il faudra plus d'un luron comme vous pour aller Vy chercher. L'adjudant tira de sa poche une montre d'argent 15 qui valait bien dix 6cus; et, remarquant que les yeux du petit Fortunato £tincelaient en la regardant, il lui dit en tenant la montre suspendue au bout de sa chaine d'acier: — Fripon! tu voudrais bien avoir une montre 20 comme celle-ci suspendue a ton col, et tu te pro- menerais dans les rues de Porto- Vecchio, fier comme un paon; et les gens te demanderaient : ((Quelle heure est-il?» et tu leur dirais: ((Regardez k ma montre.)) — Quand je serai grand, mon oncle le caporal 25 me donnera une montre. — Oui; mais le fils de ton oncle en a d6ja une . . . pas aussi belle que celle-ci, a la v6rite . . . Cepen- dant il est plus jeune que toi. L'enfant soupira. 30 138 ELEMENTARY FRENCH READER — Eh bien, la veux-tu, cette montre, petit cousin? Fortunato, lorgnant la montre du coin de Foeil, ressemblait k un chat k qui Ton pr&ente un poulet tout entier. Comme il sent qu'on se moque de lui, 5 il n'ose y porter la griff e, et de temps en temps il detourne les yeux pour ne pas s'exposer k succomber a la tentation; mais il se leche les babines a tout moment, et il a Fair de dire k son maitre: ((Que votre plaisanterie est cruelle!)) 10 Cependant Fadjudant Gamba semblait de bonne foi en pr^sentant sa montre. Fortunato n'avanga pas la main; mais il lui dit avec un sourire amer: — Pourquoi vous moquez-vous de moi? — Par Dieu! je ne me moque pas. Dis-moi seule- 15 ment oii est Gianetto, et cette montre est k toi. Fortunato laissa echapper un sourire d'incredu- lit6; et, fixant ses yeux noirs sur ceux de Fadju- dant, il s'efforgait d'y lire la foi qu'il devait avoir en ses paroles. 20 — Que je perde mon Epaulette, s'£cria Fadjudant, si je ne te donne pas la montre k cette condition! Les camarades sont t&noins; et je ne puis m'en dedire. En parlant ainsi, il approchait toujours la montre, 25 tant, qu'elle touchait presque la joue pale de Fen- fant. Celui-ci montrait bien sur sa figure le combat que se livraient en son kme la convoitise et. le respect dti k Fhospitalit6. Sa poitrine nue se soulevait avec force, et il semblait pr6s d^touffer. Cependant la 30 montre oscillait, tournait, et quelquefois lui heurtait SHORT STORIES 139 le bout du nez. Enfin, peu k peu, sa main droite s'eleva vers la montre: le bout de ses doigts la toucha; et elle pesait tout entiere dans sa main sans que Tadjudant lachat pourtant le bout de la chalne ... Le cadran etait azure ... la boite nou- 5 vellement fourbie . . ., au soleil, elle paraissait toute de feu . . . La tentation etait trop forte. Fortunato eleva aussi sa main gauche, et indiqua du pouce, par-dessus son epaule, le tas de foin auquel il etait adosse. L'adjudant le comprit aussitot. II 10 abandonna Textremite de la chaine; Fortunato se sentit seul possesseur de la montre. II se leva avec Pagilite d'un daim, et s'eloigna de dix pas du tas de foin, que les voltigeurs se mirent aussitot a culbuter. On ne tarda pas a voir le foin s'agiter; et un homme 15 sanglant, le poignard a la main, en sortit; mais, comme il essayait de se lever en pied, sa blessure refroidie ne lui permit plus de se tenir debout. II tomba. L'adjudant se jeta sur lui et lui arracha son stylet. Aussitot on le garrotta fortement, malgre 20 sa resistance. Gianetto, couche par terre et li£ comme un fagot, tourna la tete vers Fortunato qui s'etait rapproche. L'enfant lui jeta la piece d'argent qu'il en avait re: cf. note top. 14, 1. 4. 14. sentaient . . . pouvaient: smelled as good as they could. 16. on pense bien si: cf. note to p. 74, 1. 14. 17. empechat: the subjunctive is used in adjective clauses after a general negation. 19. en: anticipates de Pherbe. 24. a: cf. note to p. 20, 1. 18. 107. — 5. la Blanquette: cf. note to p. 60, 1. 16. 14. tenir la-dedans: stand it. 108. — 2. de tout le jour: all day long. 2. y:«=au loup. 15. toutes droites: standing erect. \ 23. babines d'amadou: velvety brownish chops. The idea is that the wolf's chops resemble tinder in color and texture. 109. — 9. comme . . . cceur: with what spirit she went at it! Le Christ de POcean Anatole France, whose real name is Anatole-Frangois Thibault (born 1844), is the most distinguished living prose writer of France. He began his literary career as a poet of the Parnassian school, attained his first successes in two semi-autobiographical stories, le Crime de Sylvestre Bonnard and le Livre de mon ami; and has since published numerous novels in which he deals with contemporary history and politics in a graceful, ironical style, reminiscent both of Renan and of Voltaire. He is beyond a doubt the greatest living master of style in France. Among his best works are: Thais, la Rotisserie de la reine Pedauque, VOrme du Mail, Vile des Pingouins, and les Dieux ont soif, a powerful evocation of the Reign of Terror. 110. — 1. Saint- Valery : Saint-Valery-sur-Somme is a town of 3500 inhabitants on the English Channel at the mouth of the Somme. 11. en offrande a Notre-Dame: it is a common practice among NOTES 193 the Breton and Norman fishermen to make votive offerings to the Virgin for a successful voyage, for the return of loved ones thought to be lost at sea, and for other reasons of a like nature. These offerings are sometimes tablets affixed to the walls of the village church, which recount the prayer that the Virgin has answered, sometimes models of ships or other gifts suggestive of the perilous life of these hardy sailors. 16. portes en: consigned to. 22. apportat: cf. note to p. 106, 1. 17. 111. — 1. les bras etendus: with arms extended. 7. Joseph d' Arimathie : Joseph of Arimathaea, a disciple of Jesus, who, after the crucifixion, went and begged the body of Jesus and buried it in his own tomb. (Cf. Matthew xxvii: 57-60.) Legend has it that after long imprisonment at the hands of Vespasian he carried the Holy Grail to England, where he built the abbey of Glastonbury. 7. saintes femmes: Mary Magdalene and Mary the mother of James and Joses. Cf. Matthew xxvii: 56 and 61. 12. est: cf. note to p. 78, 1. 13. 13. Amiens: a city of more than 90,000 inhabitants in the department of the Somme, famous for its beautiful cathedral. It was the ancient capital of Picardy. It is about 45 miles from Saint-Valery. 14. cents francs: for a hundred francs. After the verbs vendre and acheter no preposition is used to introduce expressions of price. 22. sur les eaux: cf. John vi: 16-20. 23. Cephas: a surname given by Christ to Simon Peter. Cf. Johni: 42. 112. — 27. anneau: i.e., anneau de mariage. 28. Abbeville: a large town on the Somme a few miles from Saint-Valery. 30. INRI: the inscription placed by Pilate on the cross when Jesus was crucified. It is composed of the initials of the Latin words Iesus Nazarenus Rex Iudceorum: Jesus of Nazareth, King of the Jews. 194 ELEMENTARY FRENCH READER 113. — 2. la lance et Peponge: there are frequently repre- sented upon crucifixes the lance that pierced the side of Christ and the sponge with which vinegar was brought to his lips, as he suffered upon Calvary. Cf. John xix: 29 and 34. 13. la rue Saint-Sulpice : a street in the Latin Quarter of Paris, near the famous church of the same name. There are many shops in this neighborhood where religious articles of all sorts are made and sold. 21. reposait: cf. note to p. 78, 1. 13. 22. a: cf. note to p. 56, 1. 7. 30. qui ne cessait: cf. note to p. 18, 1. 23. 114. — 10. on ne pouvait: cf. note to p. 18, 1. 23. 11. ne: cf. note to p. 23, 1. 19. Une Aventure en Calabre' Paul-Louis Courier (1772-1825) was a political pamphleteer, whose efforts were directed against the government of Louis XVIII. His writings have been saved from the oblivion that usually falls upon occasional productions by the eminent quali- ties of his style, acquired by a thorough study of the classics. The story given here is taken from a letter of the author to his cousin, M me Pigalle. It was written in Naples in 1807. 115. — 6. Calabre: Calabria, a mountainous region of south- western Italy, which was formerly infested with bandits. 8. en veulent surtout aux Francais: have a special grudge against the French. 9. suffit: for il suffit de dire. 17. devais-je: should I have. 24. du premier mot: with the first word. 116. — 3. vous l'eussiez prise: cf. note to p. 63, 1. 4. 4. fusils . . . coutelas: the partitive is often omitted in long enumerations. 9. ecrit: i.e., written in the book of fate. II est ecrit is said proverbially in the sense of: it was pre-ordained. It comes from a fatalistic phrase of the Orient, NOTES 195 10. imaginez un peu : just imagine. 117. — 1. je fis- bon feu: idiomatic for je fis un bon feu. 4. sur: modern usage would require vers. 5. ne: cf. note to p. 18, 1. 23. 9. propres: very. 15. vous n'eussiez su: cf. notes to p. 18, 1. 23, and p. 63, 1. 4, 19. n'osais . . . ne pouvais: cf. note to p. 18, 1. 23. 118. — 17. je vous crois: = je crois que vous avez. Les Sabots du Petit Wolff Francois Copp6e (1842-1908), poet, dramatist, and short story writer, is best known as a poet. He possessed a deep sympathy for the poor and the oppressed and found the themes for most of his poems in the lives of the humbler classes of greater Paris. With the exception of Hugo, no French poet is more read by the common people than Coppee. Among his best known poems are la Greve des Forgerons, les Humbles, and la Benediction. His dramas are romantic plays in verse, the best one being Pour la Couronne, a tragic presentation of love and intrigue in the Balkans, he Passant, & delightful little piece in one act, was one of the first successes of Sarah Bernhardt. His short stories, which are essentially realistic, possess the same qualities of sentiment and sympathy for the humble that characterize his poetry. They include, among others, le Remplagant, le Louis d'Or, les Vices du Capitaine, and la Vieille T unique. 20. il etait: cf. note to p. 11, 1. 1. 119. — 8. qu'il ne put: cf. note to p. 36, 1. 21. 12. de Por . . . laine: the normal order would be : un vieuxbas de laine plein d'or. 19. Pecriteau dans le dos: in European schools a lazy or dis- obedient pupil is sometimes required to stand before the class wearing a dunce's cap and displaying upon his back a placard which bears some such word as " dunce. " 120. — 1. il: cf. note to p. 2, 1. 8. 4. avec bonnets de fourrure: for the omission of the partitive in this and the following phrases, cf. note to p. 116, 1. 4. 196 ELEMENTARY FRENCH READER 6. a clous et a fortes semelles: cf. note to p. 20, 1. 18. 10. de Strasbourg: that is, made in Strasburg. 121. — 13. These details concerning the celebration of Christ- mas are more typical of the Germanic countries to the north, than of France. In France Christmas is a religious festival, and its celebration is largely confined to the midnight mass and the supper that follows. Christmas trees are almost unknown and children rarely hang up their stockings, except perhaps in the scattering Protestant families that are to be found in France. Children often receive Christmas presents, but the general inter- change of gifts and the elaborate merrymakings occur on New Year's Day. 14. lui: repeats le petit Wolff for emphasis. Omit in trans- lation. 19. bien: indeed. 22. du: for the. 122. — 3. aux: cf. note to p. 20, 1. 18. 123. — 9. puisqu'il en est ainsi: since this is the case. 15. venu: who comes along. Incident de Chasse Pierre Loti, whose real name is Julien Viaud (born 1850), is a French naval officer and a member of the Academy. He has written many novels, in which, as a poetic and melancholy ob- server, he describes the countries and scenes that he has visited in his travels about the world. His plots are insignificant but his impressive descriptions of natural scenery and the emotions it evokes in his melancholy soul recall Chateaubriand. His most powerful novel is Pecheur d'Islande which describes the existence of Breton fishermen who sail to northern waters. Other excel- lent works are: le Roman d'un Spahi, the tragedy of which is made doubly poignant by its setting in the brilliant African jungle; les Disenchantes, impressions of old Stamboul; M me Chrysanthbme, a picture of Japan; and Ramuntcho, with its descriptions of the Pyrenees. NOTES 197 125. — 10. des choses de reve: dream visions. 24. qui emanent des trefonds de nous tous: which spring from the depths of our being, in the case of all of us. 27. demi-intention: a half formed purpose. 126. — 6. aux: cf. note to p. 20, 1. 18. 15. avec des lenteurs et des ruses: slowly and craftily. 24. je pense bien: / am sure. Mateo Falcone Prosper Merimee (1803-1870) produced one notable historical novel, Chronique de Charles IX, which describes with romantic picturesqueness of detail the massacre of St. Bartholomew, and a series of novels and short stories which are characterized by an accuracy of observation and a sober realism that was new at that time. Perhaps more than any other writer, with the possible exception of Balzac, Merimee marks the transition from the romantic novel to the impersonal realism of a Flaubert. His best works include Mateo Falcone, one of the best examples of the French short story, V Enlevement de la Redoute, Colomba, and Carmen. 128. — 6. Porto-Vecchio : a town on the south-east coast of Corsica. Corsica is an island in the Mediterranean, forming a department of France. It formerly belonged to Genoa, but was ceded to France in 1768. The language of the Corsicans is Italian. 11. maquis: (maquis or makis) is a name given in Corsica to land covered by a dense growth of scrubby shrubs and trees. Its nature is clearly set forth by the details given in this story. 12. patrie: home. 14. il faut savoir: you must understand. 17. que besoin n'est: than need be. 17. arrive que pourra: happen what may. 21. les racines: that is, the roots of the trees and shrubs that have been burned to clear the ground. 129. — 2. comme il plait a Dieu: as God wills, that is, in an inextricable tangJjs. 198 ELEMENTARY FRENCH READER 2. la hache a la main: cf. note to p. Ill, 1. 1. 3. que . . . passage: that man would (be able to) open a pas- sage for himself through them. 13. si ce n'est: cf. note to p. 59, 1. 13. 130. — 1. il Pabattait: he would bring it down. This imperfect and those that follow in this paragraph indicate past customary action. 4. a qui: to any one who. 12. on le disait: he was said to be. 15. on contait de lui: a story was told concerning him. 16. Corte: a large town in the central part of Corsica. 20. il etait a: cf. note to p. 6, 1. 18. 23. dont il enrageait: at which he was furious. 28. il . . . dispositions: he already gave promise of much natural ability. 131. — 4. il fallait bien: it was essential. 6. etait: had been. Cf. note to p. 78, 1. 13. 18. comme: such as. 132. — 1. de nuit: by night. De nuit emphasizes the condition of darkness, whereas la nuit merely states when. 13. je ne puis: cf. note to p. 18, 1. 23. 21. que j'attende: wait? The subjunctive is used in this clause because it is dependant upon the idea of asking in the preceding sentence. 133. — 4. courras-tu: can you run? 22. de sauvage: characteristic of a savage. 25. depuis peu: for some time. 134. — 2. a: cf. note to p. 20, 1. 18. 4. quelque peu parent de: somewhat related to. 10. comme te voila grandi: how big you have grown! 16. si j'ai vu . . .: have I seen . . J 17. en: made of. 27. tu fais le malin: you are trying to mislead me. 28. par ou: which way. 135. — 8. en fait bien davantage : makes a great deal more (of it). NOTES 199 10. le Gianetto: cf. note to p. 59, 1. 16. 11. Pas-tu cache: cf. note to p. 30, 1. 6. 13. il . . . patte: he could walk on only one foot. 21. il ne tient qu'a moi: it depends only upon me. 28. Bastia: a city on the north-east coast of Corsica. 30. ne: cf. note to p. 9, 1. 29. 136. — 14. jouir malignement de : to take malicious pleasure in. 18. et: connects the prepositional phrase avec negligence and the participial phrase en haussant les epaules. Although con- trary to English usage, it is permissible in French for a co-ordi- nating conjunction to connect phrases which differ in construc- tion. 22. se donnaient au diable: were at their wits' end. 24. par oil: the way. 27. voulut: determined. 137. — 2. le diable m'emporte: may the devil take me! Em- porte is an optative subjunctive. The expression is elliptical for: que le diable m'emporte, si je ne t'emmenerais pas avec moi. 5. sera revenu: comes back. The future is required after quand, lorsque, and aussitot que in clauses of implied futurity. 7. jusqu'au sang: until the blood flows. 8. savoir: so? 9. brave: good. 16. bien: perhaps. 23. paon: pronounced pan. 25. serai: cf. note to p. 137, 1. 5. 138. — 5. il n'ose y porter la griff e: he does not dare to reach for it. For the omission of pas, cf. note to p. 18, 1. 23. 14. par Dieu: upon my honor. 18. la foi . . . paroles: the confidence he might have in his words. 22. je ne puis: cf. note to p. 18, 1. 23. 24. il . . . montre : he brought the watch nearer and nearer. 26. bien: clearly. 139. — 3. pesait: rested. 13. s'eloigna de dix pas: went ten paces away. 17. en pied: to his feet. 200 ELEMENTARY FRENCH READER 24. en: from him. 140. — 1. tu: note that Gamba addresses the outlaw with the familiar tu, whereas the latter answers with vous. Gamba uses the familiar pronoun perhaps with the feeling that Gianetto is his inferior, perhaps with a certain amount of indulgent kindli- ness towards an inferior in trouble. 10. commodement: comfortable. The use of an adverb here is somewhat irregular. One would expect couche plus commode- ment. 30. plus qu'un autre : more than most others. 141. — 4. s'il en etait: more frequently: s'il y en avait. 8. aurait pu le gener: might have bothered him. 17. d'un autre cote : on the other hand. 20. se trouvait parent de : should prove to be a relative of. The indefinite article is omitted before an unmodified predicate noun expressing nationality, relationship, religion, etc. 21. qu': used to avoid the repetition of si, is followed by the subjunctive. 22. bourres: balls. Bourre means literally the wad, a disk of felt that keeps the charge compact in a gun. 23. aussi . . . poste: as surely as a letter that is mailed (reaches its destination). 142. — 9. ne: cf. note to p. 102, 1. 3. 16. Dieu soit loue: this exclamation reveals in the mother a love of material things that the child has inherited. Fortunato has nothing of his father's conception of honor. 21. m': ethical dative. Omit in translation. 23. il n'y a pas grand mal: there's no great harm done. 24. un Francais : there was a rather unfriendly feeling between the Corsicans and the French, due to the desire of the former to become an independent people. 143. — 14. eut ose: cf. note to p. 63, 1. 4. 144. — 9. il se passa: cf. note to p. 2, 1. 8. 15. qui: one who. 145. — 29. Pater: Lord's Prayer, so called from the first word in the Latin version. NOTES 201 29. Credo: the first word in the Latin version of the Apostle's Creed. 146. — 2. Ave Maria: the first words of a prayer to the Virgin, consisting of Luke i: 26-28, 41-44, and an additional petition: " Sancta Maria mater Dei ora pro nobis nunc et in hora mortis nostrae. Amen." 15. raide mort: ef. note to p. 62, I. 1. 20. qu' : when. 25. il est mort en Chretien: he died a Christian death. Because he had prepared himself for death by saying his prayers. 26. qu'on dise a: send word to. VOCABULARY ABBREVIATIONS abbrev. abbreviation m. masculine adj. adjective milit. military- adv. adverb mus. music art. article n. noun hot. botanical nav. naval colloq. colloquial num. numeral com. commercial obs. obsolete cond. conditional V- past conj. conjunction part. participle contr. contraction past def. past definite demons. demonstrative per. personal /• feminine pi. plural jam. familiar pol. political fut. future pop. popular imper. imperative poss. possessive impers. impersonal prep. preposition impf. imperfect pres. present indie. indicative pron. pronoun infin. infinitive rel. relative inter j. inter j ection sing. singular interrog. interrogative subj. subjunctive intr. intransitive tr. transitive irr. irregular v. verb VOCABULARY a, 3d sing. pres. indie, avoir, a, prep., to, at, in, into, with, for. abandon, m., abandonment, loneliness. abandonne*, adj., abandoned; (of a fall) unchecked. abandonner, to abandon, leave, let go. abattre, irr. v. (abattant, abattu, abats, abattis), to strike, bring or shoot down; s' — , to fall, abattu, adj., cast down, de- jected. abbaye, /., abbey, monastery under the direction of an abbot. abecedaire, m., primer. aboi, m., barking. abondance, /., abundance. abondant, adj., abundant. abord, m., access; d' — , at first. abordage, m., (nav.) landing, boarding; sauter a 1' — , to board a ship. aborder, to approach, accost. aboyer, to bark. abriger, to shorten. abri, m., shelter, cover; se mettre a V — de, to be shel- tered from, to escape from. abriter, to shelter, shield. absent, adj., absent. absoute, /., prayers said about the coffin after the Catholic funeral service; dormer V — , to say the funeral prayers. accable, adj., overwhelmed, dejected. accelere, adj., quick. accepter, to accept. accident, m., accident. accompagner, to accompany. accompli, adj., accomplished, perfect. accomplir, to accomplish, fin- ish; s' — , to be performed, go on. accorder, to grant, accord. accort, adj., affable, courteous. accourir, irr. v. (accourant, account, accours, accourus), to run up or to. accueil, m., reception, welcome. accueillir, irr. v. (accueillant, accueilli, accueille, accueil- lis), to welcome, receive. acculer, to drive (into a corner) . accumulation,/., accumulation. accuser, to accuse. achat, m., purchase. acheter, to buy. 205 206 ELEMENTARY FRENCH READER achever, to finish; — de+in- fin., to finish. acier, m., steel, actif, -ve, adj., active, adieu, ra., farewell, adjudant, m., adjutant. adjurer, to beseech, admettre, irr. v. (admettant, admis, admets, admis), to admit, allow. admirable, adj., admirable. admiration, /., admiration. admirer, to admire, admis, p. part., admettre. admission, /., admittance. admonester, to admonish, adopter, to adopt. adosser, to lean (with one's back against) ; etre adosse a or contre, to be leaning back against. adresse, /., address, skill; trait d' — , feat of skill. adresser, to address; s' — , to address oneself to, apply. adroit, adj., clever, skilful. adversaire, m., adversary. affaiblir (s'), to grow feeble, affaire, /., affair; avoir — a, to have dealings with, have to do with. affiche, /., bill, placard, afficher, to post, placard, affirm er, to affirm. affole, adj., frantic, frightened, maddened. affreux, -se, adj., frightful. afin de, prep., in order to; afin que, conj., in order that. age, m., age; dans toute la force de V — , in the prime of life. age, adj., old. agenouiller (s')> to kneel, agilite, /., agility. agir, to act. agiter, to shake, wave; s' — , to move (about), struggle. agonie, /., agony. agreable, adj., agreeable, agres, m. pi, rigging. agressif, -ve, adj., aggressive. aide, /., aid; a V — de, by means of; a mon — ! help!; venir en — a, to come to the aid of, help, aider, to aid. aigu, aigue, adj., sharp, shrill, aiguille, /., needle, aiguiser, to sharpen, aile, /., wing, ailleurs, adv., elsewhere; d } — , besides, moreover, otherwise. aimer, to like, love; — mieux, to prefer. aine, adj., eldest. ainsi, adv., thus; — que, conj., as, just as, as well as. air, m., air, tune; avoir V — , to seem, look; avoir grand — , to have an imposing appear- ance; le grand — , the open air. aire, /., threshing-floor, ais, ra., plank. aise, /., ease; a V — , easily; a son — , at ease; mal a son — , ill at ease. aise, adj., easy; il ltd fut — de, it was easy for him to. VOCABULARY 207 ajonc, ra., furze (a spiny, yellow-flowered evergreen shrub growing on European waste lands) . ajouter, to add. alarme, adj., alarmed. alentour, adv., around, round about. aliment, ra., food, sustenance. allemand, adj., German. aller, irr. v. (allant, alle, vais, allai), to go; to suit; allons! come! come now!; cela vous va-t-il? does that suit you?; comment cela va-t-il? how goes it? how are you? ; tu iras loin, you will make a suc- cess of life, distinguish your- self; s'en — , to go away, depart; va-t-en, allez-vous- en, go away! go! alliance, /., alliance. allonge, adj., elongated, long. allonger, to lengthen, stretch out; — un coup, to deal a blow; s y — , to stretch out. allumer, to light. allure, /., gait, movement, manner. almanach, ra., almanac. alors, adv., then. alouette, /., lark. alourdir (s'), to grow heavy. amadou, ra., tinder, punk. amasser, to amass, get to- gether. ambiant, adj., surrounding. ambulant, adj., strolling, itin- erant. ame, /., soul. amen, adv., or ra., amen. amener, to bring, lead. amer, amere, adj., bitter, ameublement, ra., furniture, ami, ra., friend. amie, /., friend. aminci, adj., thin, hollow, amincir, to make thinner, amitie, /., friendship, affection. amollir (s'), to grow soft, soften, amour, ra., love, amour eux, ra., lover, amusement, ra., amusement. amuser, to amuse; s* — , to amuse oneself, have a good time. an, ra., year. ancien, -ne, adj., ancient, old, former. anciens, ra. pi., old men, elders. ane, ra., ass, donkey. aneantir, to annihilate; (of sleep) to overpower, ange, m., angel. Angelus, ra., Angelus (bell for morning, noonday and evening prayers). anglais, adj., English, angoisse, /., anguish, animer, to animate, encourage; s' — , to become animated, spring into life, anneau, m., ring. annee, /., year; Pautre — , the preceding year; il y a bien des — s de cela, that was many years ago. annoncer, to announce, give promise of. 208 ELEMENTARY FRENCH READER anonner, to stammer through, read falteringly. anse, /., bay, cove. antichambre, /., antechamber, corridor. antique, adj., antique. anxieux, -se, adj., anxious. apaiser, to appease, soothe. apercevoir, irr. v. (apercevant, apercu, apercois, apercus), to perceive, observe; s' — de, to perceive, notice. apercurent, 3d pi. past def. apercevoir. apercut, 3d sing, past def. apercevoir. aplatir (s'), to be flattened. apdtre, m., apostle. apparaitre, irr. v. (apparais- sant, apparu, apparais, ap- parus), to appear. apparence, /., appearance; etre de mauvaise — , to have a suspicious appear- ance, look suspicious. appartement, m., apartment. appartenir, irr. v. (apparte- nant, appartenu, appartiens, appartins), to belong. appartient, 3d sing. pres. indie. appartenir. apparut, 3d sing, past def. apparaitre. appat, ra., bait. appel, ra., appeal, call; adresser un cri d' — a, to call to. appel er, to call, name; s* — , to be called or named; faire — , to send for. appelet, ra., trawl-line (buoyed line to which short lines with baited hooks are at- tached at intervals). appentis, ra., shed. appetit, ra., appetite. appliquer, to apply, fit; s' — , to apply oneself. apporter, to bring, bring in; — a manger, to bring some- thing to eat. apprendre, irr. v. (apprenant, appris, apprends, appris), to learn, teach. apprenti, ra., apprentice. appreter, to prepare, make ready; s* — , to prepare one- self, make ready. appris, past part, apprendre. approcher, to bring nearer, approach; s J — de, to ap- proach, draw near to. appuye, adj., leaning. appuyer, to lean, rest, bear down upon; s* — , to lean against. apres, adv. or prep., after. aquilin, adj., aquiline. araignee, /., spider. arbre, m., tree. arbrisseau, m., small tree, shrub. archet, m., bow {of a violin). ardent, adj., ardent, hot. argent, m., silver, money. argenterie, /., silverware. aride, adj., arid, barren. armateur, m., ship-owner. arme, /., arm, weapon; — a feu, firearm. armee, /., army. VOCABULAKY 209 armer, to arm, cock. armoire, /., closet, wardrobe; — a glace, wardrobe with mirror doors. arracher, to take away, snatch, tear, pull up; — de terre, to pull up. arranger, to arrange; ill-treat. arret, m., decree. arreter, to arrest, stop; s' — , to stop, stand still. arriere, adv., behind; — de moi! away from me! out of my sight! arrivee, /., arrival. arriver, to arrive, happen, suc- ceed; que vous est-il done arrive? what has happened to you?; arrive au fait, come to the point. arroser, to water, sprinkle. arsenal, m., arsenal. asperger, to sprinkle. assassiner, to murder. assembler, to assemble. assentiment, m., assent. asseoir, irr. v. (asseyant, as- sis, assieds, assis), to seat; s' — , to sit down. asseyait, 3d sing. impf. in- die, asseoir. asseyant, pres. part, asseoir. assez, adv., enough, somewhat, rather. assieds, 1st or 2d sing. pres. indie, asseoir. assieront, 3d pi. jut. asseoir. assiette, /., plate. assis, past part, or 1st sing. past def. asseoir. assistant, ra., person present, onlooker. assister, to assist; — a, to be present at, attend. assit, 3d sing, past def. as- seoir. associer, to associate; s' — , to go into partnership. assoupir, to make drowsy, lull, hush up; s' — , to fall asleep, doze. assurer, to assure; s* — , to assure oneself, ascertain. astre, m., star, luminary. attache, ra., attache (person attached to an embassy or legation). attachement, ra., attachment. attacher, to attach, fasten. attaquer, to attack. attarde, adj., delayed, late. atteindre, irr. v. (atteignant, atteint, atteins, atteignis), to reach, attain, hit. atteinte, /., reach. attelage, ra., team, yoke, pair. attendant; en — , adv., mean- while. attendre, to wait, await, ex- pect. attendrir, to touch, soften; se laisser — , to let oneself be moved, relent. attentif, -ve, adj., attentive. attention, /., attention, care; faire — , to heed, to pay at- tention. atterre, adj., cast down, de- jected. attirer, to draw, attract; s* — , 210 ELEMENTARY FRENCH READER to acquire, draw down upon oneself, provoke. attitude, /., attitude. attraper, to catch. attribuer, to attribute. au, for a le. aube, /., dawn. aubepine, /., hawthorn. aucun, adj. and pron., no, any, not one. au-dessous de, prep., below. au-dessus de, prep., above. audience, /., audience, inter- view; demande d' — , re- quest for an audience; lettre d* — , card of admission. auguste, adj., august, majestic. aujourd'hui, adv. and m., to- day. aum6ne, /., alms; faire V — , to give alms, be charitable. auparavant, adv., before. aupres, adv., near; — de, prep., near, with, in comparison with. auquel, contr. of a lequel. aura, 3d sing. fut. avoir. aurait, 3d sing. cond. avoir. aureole, /., halo. aurez, 2d pi. fut. avoir. aurore, /., dawn. aussi, adv., also, too; — . . . — , as ... as; (at the beginning of a clause) so, accordingly. aussitdt, adv., immediately; — que, conj., as soon as. autant, adv., as much, as many; d' — que, conj., more es- pecially as; — dire, you might as well say. autel, m., altar; maitre , high-altar. automne, m. or /., autumn. autour, adv., around; — de, prep., around. autre, adj. or pron., other, an- other; bien — chose, some- thing quite different. autrefois, adv., formerly. autrement, adv., otherwise. avaler, to swallow. avance, /., advance, start; par — , beforehand, in anticipa- tion. avancer, to advance, put for- ward; s' — , to advance, move forward. avant, adv., before, before- hand, first; en — , in front, advanced; la tete en — , head foremost. avant de, prep., before. avant que, conj., before. avant-garde, /., vanguard. avare, m. andf., miser. avaricieux, -se, stingy. avec, adv., with it (them, us, etc.); prep., with. Ave Maria, m., Ave Maria. avenir, m., future; a V — , in the future. aventure, /., adventure; a V — , at random. avertir, to warn, inform. avertissement, m., warning, premonition. aveugle, m. or /., blind person. aveugler, to blind, dazzle. avidement, adv., eagerly. avis, m., advice, warning. VOCABULAEY 211 aviser, to perceive, consider, think about; s' — , to take it into one's head, think of. avocat, ra., lawyer; — general, prosecuting attorney. avoir, irr. v. (ayant, eu, ai, eus), to have; to be the matter with; — beau+w- fin., to do (act, etc.) in vain; il y a, there is, there are, ago; il y aurait, there would be; il y avait, il y eut, there was, there were; il y aura, there will be; il y en a, there are some; qu'avez-vous? what is the matter with you? avril, ra., April. avouer, to confess. ayant, pres. part, avoir. ayez, 2d pi. imper. avoir. azure, adj., blued, blue. B babine, /., lip (of animals), chop. bagatelle, /., trifle. bague, /., ring. bah, inter j., nonsense! bah! baie, /., bay. baionnette, /., bayonet. baiser, ra., kiss; v., to kiss. baisse, adj., lowered, down- cast. baisser, to lower; se — , to stoop, bend over. bal, ra., ball. balancer, to balance, hesitate, swing; se — , to sway, swing. balayer, to sweep. balbutier, to stammer. balle, /., bullet, ball; chaff. banc, ra., bench; bank, shoal; — a dossier, seat with a back; — d'oeuvre, church- warden's pew. bande, /., band. bandit, ra., bandit, outlaw. bandouliere, /., shoulder belt; en — , slung over the shoul- der. baptismal (ra. pi. baptis- maux), adj., baptismal. barbe, /., beard. barbiche, /., tuft of beard. barbu, adj., bearded. bardeau, ra., shingle. bariole, adj., multi-colored. barque, /., small boat. barreau, ra., bar. barricader, barricade. bas, ra., stocking; — de laine, woolen stocking. bas, -se, adj., low, lower; en — , below, downstairs; mettre — , to put down; tout — , low, in a low tone. Basse-Bretagne, /., Lower Brittany. basse-cour, /., poultry-yard. bassin, ra., basin. bassinee, /., basinful. bataille, /., battle. bataillon, ra., battalion. bateau, ra., boat. bailment, ra., building; ship, vessel. batir, to build. batisse, /., building, construc- tion. 212 ELEMENTARY FRENCH READER baton, ra., stick, staff, cane; straight strokes or lines (made by children beginning to write); — s en croix, a cross; coups de — , blows with a stick, a beating. battement, ra., clapping, beat- ing, flapping (of ivings) . battre, irr. v. (battant, battu, bats, battis), to beat; se — , to fight. bavard, adj., talkative. bavarder, to prattle, chatter. bave, /., slaver, foam. beant, adj., wide open, agape. beau (before vowels, bel; /. belle, ra. pi. beaux), adj., beautiful, fine; avoir — h infin., to do (act, etc.) in vain; il eut — le chercher, he looked for it in vain; bel et bien, for good and all, altogether. beaucoup, adv., much, many, a great deal. beau-pere, ra., father-in-law. beaute, /., beauty. beche, /., spade. bedeau, ra., beadle. begaiement, ra., stammering, faltering. begayer, to stammer. bel, see beau. belle, /. of beau. benediction, /., benediction. benir, to bless. benit, adj., consecrated; eau benite, holy water. berceau, ra., cradle. bercer, to rock, lull to sleep. berger, ra., shepherd. besogne, /., work, task. besoin, ra., need, requirement; au — , if need be; avoir — de, have need of, need. bete, /., beast, brute, creature; adj., stupid. betise, /., stupid action, stu- pidity. beuglement, ra., bellowing. beugler, to bellow. beurre, ra., butter. bibelot, ra., trinket. Bible, /., Bible. bien, ra., good; property; faire le — , to do good; faire du — a, to do good to, be good for. bien, adv., well, indeed, very, much, many, enough, plen- ty, certainly, very well!; — des, many; etre — , to be well off, comfortable, happy; c'est — , very well! ; bel et — , for good and all; si — que, so that; — que, conj., al- though. bien-aime, adj., beloved. bientot, adv., soon. bijou, ra., jewel. bijoutier, ra., jeweler. billet, ra., note, promissory note. bique, /., she-goat. bisaigue, /., a carpenter's pol- ishing tool (for smoothing the sides of beams). bizarre, adj., odd, whimsical. blague, /., tobacco-pouch. blanc, blanche, adj., white, VOCABULARY 213 blancheur, /., whiteness. blasphemer, to blaspheme. blesser, to wound, blessure, /., wound. bleu, adj., blue. bleuir, to make blue. blond, adj., blond. blondin, adj., blond. bloquer, to blockade. blottir (se), to crouch; se tenir blotti, to be crouching. blouse, /., blouse. bceuf, m., ox. Boheme, /., Bohemia. bohemien, -ne, adj. and n., Bohemian; Gypsy, tramp. boire, irr. v. (buvant, bu, bois, bus), to drink; — a meme, see meme. bois, m., wood, forest. boiserie, /., wainscoting. boite, /., box, case. boitiller, to hmp. boitter, to bait. boivent, 3d pi. pres. indie, or subj. boire. bon, -ne, adj., good; e'est — ! good! all right!; faire — , to be warm, comfortable, bonbon, m., candy. bond, m., bound, leap. bonde, /., bung. bonheur, ra., happiness; (good) luck, bonhomie, /., good-nature, bonhomme, ra., good-natured man, fellow, simpleton; (in direct address) my good man. bonjour, ra., good day. bonne, /., maid; adj., f. of bon. bonnet, ra., cap, hat; — d'ane, dunce's cap. bonte, /., goodness, kindness. bord, ra.., bank, border, edge, shore; a — , on board; au — de la mer, at the seashore. border, to border; to tuck in (bed). borne, /., limit, boundary mark, milestone. bosse, /., hump, lump. botte, /., boot, bundle, bunch. bottine, /., boot. bouc, ra., he-goat. bouche, /., mouth. boucher, ra., butcher. boucher, to cork, stop up; se — les oreilles, to stop one's ears. boucherie, /., butcher shop. boucle, /., buckle. boucle, adj., curly. bouclier, m., shield. boueux, -se, adj., muddy. bouger, to stir, move. bouillant, adj., boiling. bouillir, irr. v. (bouillant, bouilli, bous, bouillis), to boil. bouleverser, to upset, over- throw, overwhelm, convulse. bourdonner, to hum, buzz. bourg, ra., town, market-town. bourgeois, adj., of the bour- geoisie or middle class. bourgmestre, m., burgomaster. bourre, /., wad (of a gun). bourrer, to stuff, fill. bourrique, /., ass. 214 ELEMENTARY FRENCH READER bourse, /., purse. bousculer, to jostle, overturn. bout, m., end, tip; bit; au — de, at the end of, after; faire un — de toilette, to clean up a little; un — de priere, a short prayer. boutique, /., shop. bouton, m., button. boutonniere, /., buttonhole. bracelet, m., bracelet. braise, /., live coal. brancard, m., litter. branche, /., branch; de — en — , from branch to branch. braquer, to level (of guns), aim. bras, m., arm; a tour de — , with all one's might; porter a — , to carry in one's arms. brave, adj., (before a noun) good; (after a noun) brave. bravement, adv., bravely, hon- estly. braver, to defy. Bretagne, /., Brittany. breton, -ne, adj. and n., Bre- ton, person from Brittany. bride, /., string (of a woman 1 s bonnet) . brigand, m., brigand, robber. brillant, adj., brilliant. briller, to shine, sparkle. brin, m., blade, sprig, slender stalk. briquet, m., steel (for striking a light)) battre le — , to strike a light. briser, to break. broder, to embroider. bronze, m., bronze. brouillard, m., fog. brouiller, to confuse, mix; se — , to quarrel, get into trouble with. broussailles, /. pi., bushes. brouter, to browse. bruit, m., noise, report; k grand — , noisily; faire tant de — , to attract so much attention. bruler, to burn; se — , to burn oneself, be burned. brume, /., mist, haze. brun, adj., brown. brusquement, adv., abruptly, suddenly. brute, /., brute. bruyere, /., heath, heather. bu, past part, boire. bucher, m., pyre (heap of wood upon which a person con- demned to be burned at the stake is bound). bucheron, m., wood-cutter. buissiere, /., thicket, bush. buisson, m., bush. bureau, m., office, desk. but, m.y object, end, goal; arriver a son — , attain his object. but, 3d sing, past def. boire. butin, m., booty. butte, /., hill. buvant, pres. part, boire. c', elided form of ce. ca, adv., here; — et la, here and there. VOCABULARY 215 ca, pron., that; comme — , like that, so; qui — ? who (is that)?; de — , since then, since that time. cabane, /., cabin, cottage. cabaret, m., wine-shop, tav- ern. cabinet, m., closet, secretary's office; cabinet (political), cable, ra., cable, tow-line. cacher, to hide. cachot, m., dungeon. cadavre, ra., corpse, body. cadeau, ra., present, gift. cadet, ra., youngest son or brother. cadet, -te, adj., younger, youngest. cadette, /., youngest daughter or sister. cadran, ra., dial. cadre, ra., frame. cage, /., cage. caillou, ra., pebble. caisse, /., box. calepin, ra., memorandum- book. calice, ra., calyx, cup. calme, ra., cahn, stillness; adj., calm, still. calorifere, ra., stove, furnace. calotte, /., skull-cap. camarade, ra., comrade, com- panion, mate. campagne, /., country, fields; campaign. campanule, /., bell-flower. campement, ra., encampment. canaille, /., rabble; churl, ill- bred fellow. canon, ra., cannon; barrel (of a gun). cantique, /., hymn. canton, ra., canton, district (cf. note to p. 1, I. 1). cape, /., cloak with a hood; hood. capitaine, ra., captain; se faire recevoir — au long-cours, to obtain a commission as captain of an ocean-going vessel. capitale, /., capital. capiteux, -se, adj., heady, in- toxicating. capitonner, to upholster; hang (of tapestries). caporal, ra., corporal. capote, /., cloak. captivite, /., captivity. capuchon, ra., hood. car, conj., for. caractere, m., character, tem- per. carchera, /. (Corsican), belt. caressant, adj., kindly, affec- tionate. caresse, /., caress, kindness. caresser, to caress. carotte, /., carrot. carre, adj., square. carte, /., card. cartouche, /., cartridge. cas, m., case, instance; en — de, in case of. casser, to break; se — , to break. casserole, /., casserole, stew- pan. cassette, /., casket, box. 216 ELEMENTARY FRENCH READER caste, /., caste, class. catarrhe, m., catarrh, cause,/., cause; k — de, on ac- count of; a — que, because, causer, to cause; to talk, chat, causerie, /., talk, chat, cave, /., cellar. ce (before a vowel, cet, /. cette), demons, adj., this, that. ce, demons, pron., this, that, he, she, it. ceci, demons, pron., this. ceder, to yield, give up, give in. ceindre, irr. v. (ceignant, ceint, ceins, ceignis), to inclose, encircle, bind, ceint, past part, ceindre. ceinture, /., belt. cela, demons, pron., that, celebrer, to celebrate, celeste, adj., celestial, divine, celle, /. of celui. cellier, m., wine-cellar. celui (/. celle, m. pi. ceux), demons, pron., this, that, the one; ci, this one, the latter; la, that one, the former, cendre, /., ashes, cent, num., hundred, centaine, /., hundred. centre, m., center, cepee, /., tuft of shoots (from the same plant). cependant, adv., meanwhile, however, yet, nevertheless. cercle, m., circle; faire — , to form a circle. cercler, to bind. cercueil, m., coffin. ceremonie, /., ceremony. cerner, to surround. certain, adj., certain. certainement, adv., certainly. certes, adv., certainly. cesse, /., ceasing; sans — , continually. cesser, to cease. cette, /. of ce (adj.). ceux, m. pi. of celui. chacun, pron., each, each one, every one. chagrin, m., sorrow; se faire du — , to be gloomy, melan- choly. chagriner, to cause sorrow, to pain; se — , to be grieved or vexed. chaine, /., chain. chair, /., flesh, meat; — a p&te, mince-meat. chaire, /., pulpit, desk; — a precher, pulpit. chaise, /., chair. chaleur, /., heat, warmth. chambre, /., room; — haute, upper room. champ, m., field; sur le — , immediately. chance, /., chance, luck, risk. chancel er, to stagger, reel. chandelier, m., candlestick. chandelle, /., candle. changer, to change; — de note, change one's tune. chanson, /., song. chant, m., singing, song, crow- ing (of a cock). chanter, to sing. VOCABULARY 217 chant eur, -se, m. and /., singer, chanvre, m., hemp, chapeau, m., hat. chapelet, m., chaplet, rosary, chapelle, /., chapel, chapon, m., capon. chaque, adj., each, every, char, ra., wagon, cart. charbon, ra., coal, charbonnier, ra., charcoal- burner, charge, /., load, commission, care; a la — de, in the care or custody of. charger, to load, order; se — de, to take charge of, take it upon oneself to. charite, /., charity. charmant, adj., charming. charme, ra., charm, charpentier, ra., carpenter. charretier, ra., carter. charrette, /., cart. charme, /., plow, chasse, /., hunt, hunting; etre en — , to be hunting, hunt. chat, -te, ra. andf., cat. chataigne, /., chestnut. chataignier, ra., chestnut- tree. chateau, ra., castle, chaud, ra., heat, warmth; il fait — , it is hot; avoir — , to be warm. chaud, adj., warm, hot. chaudement, adv., warmly. chaudron, ra., caldron. chauffer, to heat; se — , to warm oneself, be warming. chaume, m., thatch. chaumiere, /., thatched cot- tage. chausse, adj., shod. chausson, ra., sock, heavy woolen sock. chaussure, /., footwear, shoe. chauve-souris, m., bat. chef, m., leader, chief; — d'es- cadre, rear-admiral; de ton — , on your own responsi- bility. chemin, m., road, way; grand — , highway; passe ton — , go your way. cheminee, /., chimney, fire- place. cheminer, to walk, proceed. chemise, /., shirt. chene, m., oak. cher, chere, adj., dear, expen- sive. chercher, to seek, look for, get. cheri, adj., beloved, dear. cherubin, m., cherub. cheval (pi. chevaux), m., horse. chevalier, m., knight, cavalier. chevet, m., head (of a bed). cheveu (pi. cheveux), m., hair; pi., the hair (of the head)) cheveux d^r, golden hair. cheville, /., ankle. chevre, /., goat. chevrette, /., little goat. chevreuil, m., roebuck. chevrotine, /., buckshot. chez, prep., at, in, among, to, at the house or store of. chic, adj., stylish. chicaner, to quibble, wrangle. chien, -ne, m. andf., dog. 218 ELEMENTARY FRENCH READER Chine, /., China, choeur, m., choir, chorus; en- fant de — , choir-boy. choisir, to choose. choix, ra., choice; a son — , at his choice. chopine, /., pint measure. chorus, ra., chorus; faire — , to chime in, agree. chose, /., thing; quelque — , something. chou (pi. choux), ra., cabbage. Chretien, -ne, adj., Christian. Christ, ra., Christ. chuchoter, to whisper. chute, /., fall; a la — du jour, at nightfall. ci, adv., here; par — , par la, here and there, cicatrice, /., scar, cidre, ra., cider. ciel (pi. cieux), ra., sky, heaven, cierge, ra., taper. cimetiere, ra., cemetery, cinq, num., five, cinquante, num., fifty. circonstance, /., circumstance, circuler, to circulate, pass; faire — , to pass around. cirer, to wax. ciseaux, m. pi., scissors. citer, to cite, mention. citoyen, -ne, m. andf., citizen. clair, m., light; au — de lune, by moonlight; faire — , to be light. clair, adj., clear, bright; adv., brightly, claire-voie, /., gate, bars. clairiere, /., clearing. clarte, /., brightness. classe, /., class; aller en — , to go to school; faire la — , to teach a class. clef, /., key. client, m., client, patient. clientele, /., clients, connec- tions. clignoter, to wink, blink. clinquant, m., tinsel. cloche, /., bell. cloche-pied, m. ; a — , hopping on one foot. clocher, m., steeple. clochette, /., small bell. clopin-clopant, adv., hobbling along, limping. clopiner, to limp. clos, m., lot, inclosed field. clos, adj., closed. clou, m., nail, hobnail. clouer, to nail. cocher, ra., coachman, driver. cceur, m., heart; courage, spirit; avoir bon — , to be kind-hearted, generous; de bon — , willingly, heartily. coffre, m., chest, box. coffret, ra., casket, jewel case. coiffe, adj., wearing (on the head). coin, m., corner. col, m., neck. colere, /., anger; en — , angry, angered; etre bien en — , to be very angry. colimacon, m., snail. collegue, m., colleague. collet, m., coat-collar. collier, m., necklace. VOCABULARY 219 combat, m., fight, struggle. combattre, irr. v. (combattant, combattu, combats, com- battis), to fight, combat. combler, to heap, fill, over- whelm, load. comique, adj., comical. commandature, /., headquar- ters (of a commandant) . commandement, m., command. commander, to command, order. comme, adv., as, as if, as it were, like, (in exclamations) how; — ca, like that, so. commencement, ra., beginning. commencer, to begin, com- mence. comment, adv., how? what?; inter j., what!; — faire? how can it be done? what is (was) to be done?; — ca? how is that?; — se fait-il? how does it happen? commercant, m., merchant, tradesman. commere, /., gossip. commis, m., clerk. commodement, adv., comfort- ably, at ease. commun, adj., common. commune, /., commune, town- ship (cf. note to p. 1, I. 1). communication, /., communi- cation. communiquer, to communi- cate. compagne, /., companion. compagnie, /., company; aller de — , to go together, in company; nombreuse — , a considerable gathering (of people) . compagnon, m., companion. compassion, /., compassion. compatissant, adj., compas- sionate, tender. compere, ra., godfather; com- rade, merry fellow. complainte, /., complaint, la- ment; plaintive ballad. complet, complete, adj., com- plete. compliment, m., compliment. comporter (se), to act, con- duct oneself. composer, to compose, form, make; se — de, to consist of. comprenait, 3d sing. impf. in- die, comprendre. comprendre, irr. v. (compre- nant, compris, comprends, compris), to understand, realize. compris, 1st sing, past def. comprendre ( comprit, 3d sing, past def. comprendre. compromettre, irr. v. (compro- mettant, compromis, com- promets, compromis), to compromise. compromit, 3d sing, past def. compromettre. compte, m., account, calcula- tion; sur son — , at his ex- pense. compter, to count. comptoir, ra., counter. concentre, adj., concentrated. 220 ELEMENTARY FRENCH READER conclure, irr. v. (concluant, conclu, conclus, conclus), to conclude; — un marche, to strike a bargain. concurremment, adv., con- jointly. condamne, ra., condemned man, convict. condamner, to condemn. condition, /., condition, term; a la — que, on condition that, provided that; faire — , to stipulate, make an agreement; sans lui faire de — , without imposing condi- tions upon him. conduire, irr. v. (conduisant, conduit, conduis, conduisis), to lead, conduct, drive, take, guide; to row or sail (a boat) ; se — , to conduct one- self, act. conduisait, 3d sing, impf. conduire. conduisit, 3d sing, past def. conduire. conduit, 3d sing pres. indie, or past part, conduire. confiance, /., trust. confier, to entrust, confide. confondre, to confuse, mix, confound. confusion, /., confusion. conge, m., leave of absence, holiday. conjurer, to implore. connaissance, /., knowledge, acquaintance. connaissant, pres. part, con- naitre. connait, 3d! sing. pres. indie. connaitre. connaitre, irr. v. (connaissant, connu, connais, connus), to know, be acquainted with. connu, past part, connaitre. connut, 3d sing past def. con- naitre. conscience, /., conscience, consciousness; en — , con- scientiously; prendre — , to become conscious, aware. conseil, m., counsel, advice. conseiller, to advise. cons ens, 1st sing. pres. indie. consentir. consentir, irr. v. (consentant, consenti, consens, consen- tis), to consent. consequent; par — , conse- quently. conserver, to save, keep. consider er, to consider, regard. consigne, /., orders, instruc- tions. consister, to consist. consoler, to console. consterner, to astound, dis- may. construire, irr. v. (construi- sant, construit, construis, construisis), to construct, build. construit, 3d sing. pres. indie, or past part, construire. consult er, to consult. consumer to consume, des- troy; se — , to be consumed, burned. conte, ra., story. VOCABULAEY 221 contempler, to contemplate, look at. contenir, irr. v. (contenant, contenu, contiens, contins), to contain. content, adj., content, glad, satisfied. contenter, to satisfy; se — , to be satisfied. conter, to tell, relate. conteur, to., story-teller. continuellement, adv., continu- ally. continuer, to continue. contracter, to contract. contraire, to., contrary; au — , on the contrary. contrat, to., contract. contre, prep., against, con- trary to, for. contre e, /., countryside. contrefait, adj., deformed. contribuer, to contribute. convaincre, irr. v. (convain- quant, convaincu, convaincs, convainquis), to convince. convaincu, past part, con- vaincre. convenable, adj., suitable. convenir, irr. v. (convenant, convenu, conviens, convins), to be fitting, become; to agree. convention, /., agreement. conversation, /., conversation. convertir, to convert. convive, to., companion, guest. convoitise, /., covetousness. copie, /., copy; faire de la — , to copy manuscripts. copieux, -se, adj., copious. coq, to., cock. coque, /., shell. coquet, -te, adj., dainty. coquin, -e, to. andf., rascal. cor, to., horn. corbeille, /., basket. corde, /., cord, rope, line. come, /., horn; coup de — , butt, hook; donner des coups de — , to butt, hook. cornouille, /., dogberry. corps, to., body. corriger, to correct. corsaire, to., privateer (a pri- vately owned and officered vessel, commissioned as a ship of war to prey upon hostile shipping); comman- der of a privateer; pirate. corse, adj., Cor sic an. Corse, /., Corsica. cossu, jam. adj., rich. costume, to., costume, dress. cote,/., hill; coast. c6te, to., side; a. — de, beside; celui d'a — , the one beside it; de ce — , in this direc- tion, this way; de quel — , which way, in which direc- tion; de son — , on his side, in his turn; du — de, in the direction of; d'un autre — , on the other hand, on his (her) side; mettre de — , to lay aside. cotret, to., fagot. cou, to., neck. couche, /., couch, bed; layer. couche, adj., in bed, lying, laid. 222 ELEMENTARY FRENCH READER coucher, m., setting (of the sun); bed. coucher, to lay, put to bed; to lie; to sleep; — en joue, to aim at; se — , to lie down, go to bed, sleep; aller se — , to go to bed. couchette, /., little bed, crib, coucou, m., cuckoo, coudre, irr. v. (cousant, cousu, couds, cousis), to sew. couler, to flow, run; se — , to run down, slip, glide. couleur, /., color, couleuvre, /., adder, coup, m., blow, stroke, shot; — de fusil, gunshot; — de feu, shot; — de pied, kick; — de poing, blow with the fist; a — sur, certainly, infallibly; du — , as a result, immediately, there- upon; d'un seul — , all at once; tout a — , suddenly; tout d'un — , all of a sud- den. coupable, adj., guilty, to blame. coupe, m., coupe, cab. couper, to cut, intersect. cour, /., court, yard; faire la — , to pay court. courage, m., courage. courageux, -se, adj., coura- geous. courber, to bend. courir, irr. v. (courant, couru, cours, courus), to run. couronne, /., crown. courras, 2d sing. jut. courir. cours, m., course, voyage; capitaine au long , see capitaine. course, /., way, journey, walk, course, court, 3d sing. pres. indie. courir. court, adj., short; de trop — , too short, too tightly, courtil, m. (obs.), croft (small field) . courtisan, m., courtier, cousait, 3d sing. impf. indie. coudre. cousin, -e, m. andf., cousin, cousu, past part, coudre. couteau, m., knife, coutelas, m., cutlass. couter, to cost, couvent, m., convent, convent school, couvercle, m., lid, cover, couvert, m., cover; a — , under cover, in safety. couvert, past part, couvrir. couverture, /., blanket. couvrir, irr. v. (couvrant, cou- vert, couvre, couvris), to cover. cracher, to spit. craie, /., chalk, craignait, 3d sing. impf. indie. craindre. craignant, pres. part, craindre. craindre, irr. v. (craignant, craint, crains, craignis), to fear, crains, 1st sing. pres. indie. craindre. crampon, m., brace, crasse, /., mean trick, vile VOCABULARY 223 action; faire une — a, to play one a nasty trick. cravate, /., cravat, necktie. creature, /., creature. credit, m., credit. credo, m., creed (Apostles'). crepu, adj., curly, woolly. creuser, to dig, hollow out; la figure creusee, hollow- cheeked. creve-cceur, m., heart-break, grief. crever, to burst, break through; — de honte, to almost die of shame. cri, m., cry. crier, to cry. croire, irr. v. (croyant, cru, crois, crus), to believe; si vous m' en croyez, (if you will) take my advice; je crois fort, I am sure. crois, 1st sing. pres. indie. croire. crois er, to cross. croix, /., cross; en — , crossed. crosse, /., butt (of a gun). croyable, adj., believable, cred- ible. croyez, 2d pi. pres. indie. croire. cru, past part, croire. crucifier, to crucify. cruel, -le, adj., cruel. cruellement, adv., cruelly. crut, 3d sing, past def. croire. cueillir, irr. v. (cueillant, cueilli, cueille, cueillis), to pick, pluck, gather. cuir, m., leather. cuisine, /., kitchen; cooking; faire la — , to cook. cuisinier, -ere, m. andf., cook. cuisse, /., thigh. cuivre, m., copper; — jaune, brass. culbuter, to throw down, up- set, overturn. culotte, /., breeches. cultiver, to cultivate. cure, m., parish priest. curieusement, adv., curiously, with curiosity. curieux, -se, adj., curious, in- quisitive; faire le — , to (pretend to) be inquisitive. curio site, /., curiosity. cytise, m., cytisus, bean- tre- foil. daim, m., deer, buck. dalle, /., flagstone. dame, /., lady; — ! by our lady! why! danger, m., danger. dangereux, -se, adj., danger- ous. dans, prep., in. danse, /., dance; entrer en — , to come into play. danser, to dance. danseur, m., dancer. date, /., date. da vantage, adv., more. de, prep., of, from, with, by, for. debarbouiller (se), to wash one's face. 224 ELEMENTARY FRENCH READER debarrasser, to remove, free, rid, clear; se — de, to get rid of. debattre, irr. v. (debattant, debattu, debats, debattis) ; se — , to struggle. debiteur, ra., debtor, deborder, to overflow, run over, debout, adv., erect, standing; se tenir — , to stand up, be standing. debris, ra., debris, remains, decembre, ra., December, decharge, adj., discharged, not loaded, decharger, to fire, discharge, unload, dechausse, adj., without shoes. dechausser (se), to take off one's shoes, dechirer, to tear, decider, to decide, resolve; se — , to make up one's mind, decide, decimer, to decimate, declarer, to declare, declasse, -e, ra. and /., person out of his or her class, mar- ried below his or her station. decourager, to discourage; se — , to be discouraged, decouvert, adj., uncovered, bare, open, decouvrir, irr. v. (decouvrant, decouvert, decouvre, de- couvris), to discover, find, uncover. decrocher, to unhook, take down. dedans, adv., inside, within; la — , therein, in it. dedire, irr. v. (dedisant, dedit, dedis, dedis); se — , to re- fuse to keep one's word. defaut, m., defect, fault; a — de, for want of. defendre, to defend, forbid. defense, /., defense. deferler, to break into foam, roll in (of waves) . deferrer (se), to lose a shoe (of horses). defiance, /., distrust, caution. defier, to defy; je vous en defie bien! I dare you to do it! defigurer, to disfigure. defrichement, m., clearing (of waste or wooded land). defricher, to clear (waste land for cultivation). defunt, m., deceased. degaine, /., awkwardness, ri- diculous appearance. degrafer, to unhook. degre, m., degree, step. deguiser, to disguise. deguster, to taste, relish. dehors, adv., outside, out of doors; au — , outside; en — de, outside of. deja, adv., already. dejeuner, m., breakfast, lunch. dejeuner, to breakfast, lunch. dejouer, to outwit, foil. delasser (se), to rest, refresh oneself. delicatesse, /., delicacy, refine- ment. VOCABULARY 225 • dSlicieux, -se, adj., delicious, delightful. delivrer, to deliver, free. demain, adv. and m., to-mor- row. demande, /., request; — d'au- dience, request for an audi- ence. demander, to ask; ne — qu'a . . ., to ask nothing better than to, be only too glad to. demele, m., dispute, quarrel. demeure, /., dwelling. demeurer, to live, dwell, re- main. demi, adj., half. demi-heure, /., half -hour. demi-lieue, /., half -league. demoiselle, /. young lady; dragon-fly. demolir, to demolish. demon, m., demon, devil. demonstration, /., demonstra- tion. dent, /., tooth; — s serrees, set teeth; coup de — , bite. dentele, adj., notched (of leaves), like lace. dentelle, /., lace. depareiller, to break a pair or set. depart, m., departure. depecher (se), to hasten. dependre, to unhook, unhang, take down. depense, /., expense, expendi- ture. depit, m., spite; avec — , angrily. depite, adj., vexed. deplaire, irr. v. (deplaisant, deplu, deplais, deplus), to displease, offend; to be dis- liked. deplaisant, adj., unpleasant. deplier, to unfold. deplut, 3d sing, past def. de- plaire. deposer, to deposit, put, place, lay down. depot, m., deposit, trust. depouiller, to despoil, strip, skin. depuis, adv., since; prep., from, since, for; — peu, recently; — que, conj.j since. dernier, derniere, adj., last, latter, recent. derriere, adv., behind; par — , from behind; prep., behind. des, contr. of de les. des, prep., from, as early as, since; — la nuit, that very night; — le matin, the very next morning; — que, conj., as soon as, when. desastre, m., disaster. descendre, intr., to descend, alight, go or come down; tr., to carry down. descente, /., fall, descent. desemplir, to become empty. desert, adj., deserted. desespere, adj., despairing, desperate. desesperer, to despair. desespoir, m., despair. desir, m., desire. desirer, to desire, wish. 226 ELEMENTARY FRENCH READER desireux, -se, adj., desirous, anxious. desobliger, to disoblige, dis- please. desolation, /., desolation. desole, adj., disconsolate, broken-hearted. desormais, adv., henceforth hereafter. dessein, m., design, purpose plan. dessous, adv., below; en — , underneath; prep., below under. dessus, adv., above, over, up thereupon, upon it; au — above; la — , about that, on that score; par — , over; par — tout, above all. destin, m., destiny, fate. destination, /., destination, detachement, m., detachment. detacher, to detach, unfasten; se — , to detach oneself from, come off or away from; se — sur, to stand out against, contrast with. detente, /., trigger. determiner, to determine. detour, m., bend, turn. detourner, to turn away, di- vert. detresse, /., distress. detrousser, to rob, plunder. dette, /., debt. deux, num., two. deuxieme, adj., second. devait, 3d sing. impf. indie. devoir. devant, pres. part, devoir. devant, adv., in front, forward; prep., before, in front of. devenir, irr. v. (devenant, de- venu, deviens, devins), to become; qu'est-ce qu'il est devenu? what has become of him? devers, prep., obs. for vers. devetu, adj., undressed. deviner, to guess. devint, 3d sing, past def. de- venir. devoir, m., duty; pi., respects; rendre leurs — s, pay their respects. devoir, irr. v. (devant, du, dois, dus), to owe; must, ought, have to, be to, be supposed to; dut-il, were he to, though he should. devorer, to devour. devotement, adv., devoutly. devouement, m., devotion. diable, m., devil. diamant, m., diamond. dictee, /., dictation. Dieu, m., God; mon — ! good- ness!; — merci! thank God!; le bon — , the good Lord. different, adj., different, vari- ous. difficile, adj., difficult. digitale, /., digitalis, fox-glove. digne, adj., worthy. dilater, to dilate. dimanche, m., Sunday; le — , Sundays, on Sunday. dimension, /., dimension. diminuer, to diminish, grow smaller. VOCABULAKY 227 diner, m., dinner. diner, to dine. dire, irr. v. (disant, dit, dis, dis), to say, tell; autant — , you might as well say; c'est- a , that is to say; je disais bien que, didn't I tell you that; qu'en dis-tu? what do you say to that?; qu'est- ce a dire? what does that mean? that is to say? direction, /., direction. dirent, 3d pi. past def. dire. diriger, to direct, aim; se — , to direct one's steps, go, steer. dis, 1st or 2d sing. pres. or past def. indie, dire. disait, 3d sing. impf. indie. dire. disant, pres. part. dire. discret, discrete, adj., discreet. discretion, /., discretion; de Pargent a — , as much money as you want. dise, 1st or 3d sing. pres. subj. dire. disent, 3d pi. pres. indie, or subj. dire. disparaitre, irr. v. (disparais- sant, disparu, disparais, dis- parus), to disappear. disparu, past part, disparaitre. disparut, 3d sing, past def. dis- paraitre. disperser, to disperse, scatter. dispos, adj., active, well. dispose, adj., inclined, minded. disposer, to dispose, arrange; to have at one's disposal; to make use of; se — , to pre- pare, be about to. disposition, /., disposition, hu- mor, aptitude; disposal. dispute, /., dispute, wrangling. disputer (se), to dispute, wrangle. dissiper, to dissipate; to scatter; se — , to vanish; to be dissi- pated. distance, /., distance; a petite — , a short distance away. distinguer, to distinguish. distraction, /., distraction. distribuer, to distribute. distribution, /., distribution, awarding. district, m., district. dit, past part., 3d sing. pres. or past def. indie, dire. dites, 2d pi. pres. indie, dire. divers, adj., diverse, different. divin, adj., divine. divinement, adv., divinely. dix, num., ten. dizaine, /., about ten, set of ten. docile, adj., docile. dogue, m., mastiff. doigt, m., finger. dois, 1st sing. pres. indie, de- voir. doit, 3d sing. pres. indie, de- voir. domestique, m., servant; adj., domestic. dommage, m., damage, injury; etre — , to be a pity. dompter, to tame, control, conquer. 228 ELEMENTARY FRENCH READER don, m., gift. done, adv. , so, therefore, then; regarde — ! just look! donner, to give; to shine (of the sun); — sur, to open on (of a door or window) ; se — un mal de chien, to slave, live a dog's life. dont, rel. pron., of (from, by, with) whom, which; whose. dore, adj. j golden, gilded. dormir, irr. v. (dormant, dormi, dors, dormis), to sleep. dort, 3d sing. pres. indie. dormir. dos, m.j back. dossier, m., back (of a chair). dot, /., dowry. double, adj., double, doubler, to line (of clothes) . douce, /. of doux. doucement, adv., gently, slowly, softly. douceur, /., sweetness. douleur, /., pain, grief, douloureux, -se, adj., painful, sorrowful. doute, m., doubt. douter (de), to doubt; se — de, to suspect. doux, -ce, adj., sweet, gentle, soft. douze, num., twelve. drap, m., cloth, sheet. drapeau, m., flag. dresser, to raise, erect; se — , to stand up, start up, rise, droit, m., right; etre en — , to be justified, have the right to. droit, adj., right, straight, erect; adv., straight. droite, /., right hand, right; a — , to the right; celui de — , the one on the right, drole, m., rogue, rascal; adj., funny, odd, queer, du, contr. of de le. du, past part, devoir, due. duel, m., duel, duper, to dupe, deceive; se laisser — , to allow oneself to be duped. dur, adj., hard, tough, rough; adv., hard, durant, prep., during (often follows its object). durer, to last. dut, 3d sing, past def. devoir, dut, 3d sing. impf. subj. devoir. E eau, /., water; se mettre a V — , to wade into the water, eau-de-vie, /., brandy. ebahi, adj., amazed, astounded, ebenier, m., ebony-tree, eblouir, to dazzle, eblouissement, m., dazzling, radiancy, blaze, eboulement, m., falling down, outpouring; landslide, ecart, m., a step aside; a V — , apart, in a lonely place, ecarter, to set aside, remove; to draw aside, echange, /., exchange, echanger, to exchange, echapper (s'), to escape. VOCABULARY 229 echarpe, /., scarf. echauder, to scald. echauffer (&'), to get warm, become heated. echelle, /., ladder. echevin, m. magistrate (under the direction of a burgo- master), sheriff, alderman. €chine, /., spine. echo, m., echo. eclabousser, to splash, spatter. 6clair, ra., flash, lightening. eclair er, to light. eclat, m., splinter; splendor, brilliancy; crash; — de rire, burst of laughter. eclater, to burst, burst out; — ■ de rire, to burst out laughing. ecole, /., school. ecolier, m., schoolboy, scholar. econome, adj., economical. ecorcher, to flay, gall, rub the skin off. ecouler (s'), to flow, pass, slip away, ecouter, to listen (to) . eerier (s J ), exclaim, cry. ecrin, ra., jewel-case. ecrire, irr. v. (ecrivant, ecrit, ecris, ecrivis), to write, ecrit, past part, and 3d sing. pres. indie, ecrire. ecriteau, ra., poster, placard. ecriture, /., writing. ecrivit, 3d sing, past def. ecrire. ecu, ra., coin worth about three francs. ecueil, ra., reef, ecuelle, /., bowl, milk-pail; — de bois, wooden bowl. ecuellee, /., bowlful. ecume, /., foam. ecurie, /., stable. edit, ra., edict. effare, adj., horrified, bewil- dered. effarement, ra., dismay; be- wilderment. effaroucher, to scare. effectif, -ve, adj., effective, real. effet, ra., effect, result; intent; en — , in reality, in fact. efforcer (s'), to strive, struggle. effort, ra., effort; faire un der- nier — , to make a final effort. effrayant, adj., frightful, ter- rifying. effrayer, to frighten; s' — , to be frightened. effroi, ra., fright. effroyable, adj., frightful. egal (ra. pi. egaux), adj., equal. egalement, adv., equally, also. egare, adj., strayed, lost, wan- dering. egarer, to lead astray; to mis- lay; s J — , to lose one's way. eglise, /., church. ego'feme, ra., egotism, selfish- ness. egratigner, to scratch. Egypte, /., Egypt. eh, inter j., ah!; — bien! well! elan, ra., start, spring; out- burst, transport. elancer (s'), to bound, rush, dash. elegance, /., elegance, breed- ing, style. 230 ELEMENTARY FRENCH READER elegant, adj., elegant. eleve, m., pupil, student. elever, to raise, erect; s* — , to arise, rise. elle, per. pron., she, her. eloigne, adj., removed, distant, far; peu — , not far. eloigner, to remove, separate; s' — , to go away, withdraw. eloquent, adj., eloquent. emaner, to emanate. embarquer (s'), to embark; to become a sailor. embarrasse, adj., embarrassed, at a loss. embarrasser, to embarrass, perplex. embrasser, to embrace, kiss. embrouiller, to confuse; s' — , to become confused, get en- tangled. embuscade, /., ambush, am- buscade. emerveiller (s'), to marvel, wonder. emmailloter, to swaddle, wrap up in swaddling-clothes. emmanche, adj., fitted into, set in. emmener, to lead or take away. emmitoufler, to muffle up. emotion, /., emotion. empanache, adj., plumed, adorned with a plume. empaqueter, to wrap up. emparer; s' — de, to get pos- session of, secure. empecher, to prevent; s* — de, to refrain from. emphase, /., emphasis, bom- bast. empiler, to pile up. empirer, to grow worse. emplacement, m., site. emplir, to fill. emploi, m., employment, posi- tion, use. emploie, 1st and 3d sing. pres. indie, employer. employe, m., employee, clerk. employer, to employ, use. empoigner, to grasp, seize. empoisonne, adj., poisoned. emportement, m., passion, transport, fury. emporter, to carry away, carry off, take; s' — , to become angry, fly into a passion. empresser (s'), to hasten. emprunter, to borrow. emu, past part, emouvoir, moved, affected. en, prep., in, into, on, as, like; (before pres. part.) in, while, on; tout — (before pres. part.), while. en, pron., of it, of them; from it (them); about it (them); with it (them); for it; some. encapuchonne, adj., hooded, covered with a hood. enchante, adj., enchanted, de- lighted. encore, adv., still, yet, more, again, also; — un, another, one more. encorne, adj., horned. encourager, to encourage. endormi, adj., asleep, sleeping. VOCABULARY 231 endormir, irr. v. (endormant, endormi, endors, endormis), to put to sleep; s* — , to go to sleep. endroit, m., place, spot; par — s, in places. enfant, m., child. enfantin, adj., childish. enfer, m., hell. enfermer, to shut up, lock up. enfin, adv., finally. enflammer, to set on fire, kindle. enf oncer, to sink; pull down (of caps); s* — , to sink, plunge. enfuir (s J ), irr. v. (enfuyant, enfui, enfuis, enfuis), to flee. engagement, m., pledge, obli- gation. engager, to engage, hire; to urge; s' — , to engage oneself, hire oneself out, enlist. engelure, /., chilblain, frost- bite. enguirlander, to encircle, fes- toon. enjamber, to straddle, step over. enlever, to remove, carry off, take away. ennemi, m., enemy; adj., hos- tile, of the enemy. ennui, m., weariness, ennui, annoyance. ennuyer, to annoy, vex, bore; s' — , to grow weary, be bored. — ennuyeux, -se, adj., tiresome. enorme, adj., enormous. enrager, to be angry, furious. enroue, adj., hoarse. enseigner, to teach. ensemble, adv., together. ensevelir, to bury, put in a shroud. ensommeille, adj., drowsy, weary. ensuite, adv., then, next, after- ward. entendement, m., understand- ing. entendre, to hear; s' — , to be heard. entendu, adj., heard, agreed; — ! all right! agreed!; bien — , of course. enterrement, m., burial, fu- neral. enterrer, to bury. entier, entiere, adj., entire; en — , as a whole, wholly. entierement, adv., entirely. entourer, to surround. entrainant, adj., alluring, cap- tivating, compelling. entrainer, to carry away. entre, prep., between; d' — , of. among. entrebailler, to half open. entree, /., entrance. entrer, to enter; tr., to take in; faire — , to show in, let come in. entretenir, irr. v. (entretenant, entretenu, entretiens, entre- tins), to keep, keep in order, support. entr'ouvert, adj., half open, ajar. 232 ELEMENTARY FRENCH READER entr'ouvrir, irr. v. (entr'ou- vrant, entr'ouvert, entrou- vre, entr'ouvris), to half open; s* — , to half open. enveloppe, /., envelop. envelopper, to wrap; to sur- round. enverrai, 1st sing. fut. envoyer. envers, ra., wrong side; a V — , inside out, upside down. envers, prep., towards. envie,/., desire; avoir — de, to wish, have a mind to; faire — , to be tempting, take one's fancy. envier, to envy. environ, adv., about. environs, ra. pi., vicinity. envoie, 1st and 3d sing. pres. indie, envoyer. envoi er (s J ), to fly away. envoyer, irr. v. (envoy ant, en- voy e, envoie, envoyai), to send. epais, -se, adj., thick; au plus — de, in the thickest part of. epaisseur, /., thickness, depth. epaissir, to thicken; s' — , to become thick. epargner, to spare, stint, serve sparingly; to save. eparpiller, to scatter. epaule, /., shoulder. epaulette,/., epaulet, shoulder- strap. epave, /., wreck, piece of wreckage. epeler, to spell. eperdu, adj., frantic, bewil- dered, wild. eperdument, adv., frantically, passionately. 6pi, ra., ear {of grain). Spicier, ra., grocer. epine, /., thorn. epingle, /., pin. 6ponge, /., sponge. 6poque, /., epoch, period, time. epouser, to marry. epouvante, /., terror. 6pouvanter, to terrify, dismay. epoux, ra., husband; pi., hus- band and wife, couple. eprouver, to try, experience, feel. epuiser, to exhaust; s' — , to become exhausted. equatorial, adj., equatorial. equerre, /., (carpenter's) square. equipage, ra., crew; faire son — , to hire his crew. ejection, /., erection. erreur, /., error, mistake. escabeau, ra., stool. escadre, ra., squadron, divi- sion of a fleet; chef d' — , rear-admiral. escalier, ra., stairs, staircase. esclaffer; s' — de rire, to laugh uproariously. esclave, ra., /., slave; tomber — , to become enslaved. escopette, /., carbine. espece, /., sort, kind. esperance, /., hope. esperer, to hope. espingole, /., blunderbuss. espionne, /., spy. espoir, ra., hope. VOCABULARY 233 esprit, m., mind, wit. essay er, to try, try on. essouffle, adj., out of breath. essuyer, to wipe. est, 3d sing. pres. indie, etre. estrade, /., platform. estropier, to cripple. et, conj., and. Stable, /., stable. etablir, to establish, put, make up. etage, m., story, floor. etait, 3d sing. impf. indie, etre. Stang, m., pond. etat, m., state, profession, con- dition; de son — , by pro- fession; mettre hors d' — de, to make it impossible for one to. ete, m., summer. ete, past part. etre. eteignait, 3d sing. impf. indie. eteindre. eteignirent, 3d pi. past def. eteindre. eteindre, irr. v. (eteignant, eteint, Steins, eteignis), to put out, extinguish; s' — , to be extinguished, go out, disappear. eteint, past part, Steindre, in- audible. etendre, to extend, stretch, spread out; s' — , to extend, reach; to lie down, stretch oneself out. etendu, adj., extended, exten- sive, stretched out. etendue, /., extent, expanse. eternel, -le, adj., eternal. eternellement, adv., eternally. etinceler, to sparkle, glitter. etiquette,/., etiquette. etoffe, /., stuff, cloth, material. Stoile, /., star. etole, /., stole. Stonnement, m., astonishment. etonner, to astonish; s' — de, to be astonished at. etouffer, to choke, stifle. etrange, adj., strange. etranger, m., stranger, for- eigner. etrangler, to strangle. etre, irr. v. (etant, ete, suis, fus), to be; to belong; — a, to belong to; — k+infin., to be engaged in; comme si de rien n' etait, as if nothing had happened; il s'en fut, he went off; puisqu'il en est ainsi, since that is the case; soit! so be it, very well, granted. Stroit, adj., narrow, tight. etroitement, adv., narrowly, closely. 6tudiant, m., student. eu, past part, avoir. eumes, 1st pi. past def. avoir. eurent, 3d pi. past def. avoir. Europe, /., Europe. eus, 1st and 2d sing, past def. avoir. eussent, 3d pi. impf. subj. avoir. eut, 3d sing, past def. avoir. eiit, 3d sing. impf. subj. avoir. eux, per. pron., them, they; memes. themselves. 234 ELEMENTARY FRENCH READER evanouir (s'), to vanish; to faint. eveille, adj., wide awake, bright. eveiller, to awaken, arouse; s' — , to awake. evenement, m., event. eventrer, to rip open, disem- bowel. evidemment, adv., evidently. eviter, to avoid, spare. exact ement, adv., exactly. examiner, to examine. exasperation, /., exasperation. exasperer, to exasperate. excellence, /., excellence; par — , preeminently. excellent, adj., excellent. excepte, prep., except. exciter, to excite, arouse, stim- ulate. exclamation, /., exclamation. execution, /., execution. exemple, m., example, model; par — , for example; par — ! upon my word! indeed! exercice, m., exercise, drill; faire V — , to drill. existence, /., existence. experience, /., experience. explication, /., explanation. exploit, ra., exploit, achieve- ment. explosion, /., explosion, dis- charge. exposer, to expose. expres, adv., expressly, on pur- pose. expression, /., expression. exquis, adj., exquisite. extase, /., ecstasy. extasier (s'), to go into rapture . exterminer, to exterminate, kill. extraordinaire, adj., extraor- dinary; par — , contrary to custom, exceptionally. extravagant, adj., extravagant, strange. extreme, adj., extreme. extremite, /., end, tip, ex- tremity. exuberant, adj., exuberant. fabricien, ra., vestryman. fabrique, /., factory. face, /., face; en — , in front, opposite. fache, adj., angry, vexed, sorry, facher, to anger, vex; se — ■, to get angry. facile, adj., easy. facilement, adv., easily. facon, /., way, manner; de — a ce que, in such a way that, facteur, ra. postman. faction, /. ; de — , on duty. fade, adj., insipid, tasteless. fagot, ra., fagot; bundle of sticks. faible, adj., weak, feeble, faiblement, adv., feebly, faintly. faiblir, to become weak. faim, ra., hunger; avoir — , to be hungry. faineant, ra., idler, loafer, faire, irr. v. (faisant, fait, fais, VOCABULARY 235 fis), to do, make; to say; ( + inftn.) to cause, order, have; to play, pretend to be; (with expressions of the weather) to be; ca ne fait rien, that makes no differ- ence; comment — ? how can (could) it be done?; — bon, to be warm, comfortable; , to have made, cause to be made; — le curieux, to be inquisitive; — le riche, to pretend to be rich; — une farce a, to play a trick on; n'avoir que — de, to have no use for, not to want; ne — que + infin., only; que — , what is (was) to be done?; se — , to be- come, happen, take place; be; se — a, to adapt oneself to; comment se fait-il que, how does it happen that; il se faisait, there was. faisait, 3d sing. impf. indie. faire. faisant, pres. part, faire. fait, m., fact, deed, act, doing; arrive au — , come to the point. fait, past part, faire. fallait, 3d sing. impf. indie. falloir. falloir, irr. v. (wanting, fallu, faut, fallut), to be necessary; want, need; must; il faut bien, it must be done; il te faut, you need, must have. fallut, 3d sing, past def. falloir. fame, adj., reputed; bien — , of good repute; mal — , of ill repute, ill famed. fameux, -se, adj., famous. familierement, adv., familiarly. famille, /., family. fantaisie, /., fancy, whim. fantome, m., ghost. farce, /., farce; trick, prank; faire une — a, to play a trick upon. fardeau, m., burden. farouche, adj., sullen, shy, fierce. fasse, 1st and 3d sing. pres. subj. faire. fassiez, 2d pi. pres. subj. faire. fatigant, adj., tiresome. fatigue, /., weariness. fatigue, adj., tired. fatiguer, to tire, weary. faucheur, m., mower. faudra, 3d sing. fut. falloir. faudrait, 3d sing. cond. falloir. faut, 3d sing. pres. indie, fal- loir. faute, /., mistake, fault. fauteuil, m., arm-chair. fauve, adj., tawny. faux, -sse, adj., false, imita- tion. faux, /., scythe. faux-saulnier, m., salt-smug- gler. favori, m., pet, favorite. Fecannais, m., inhabitant of Fecamp. fee, /., fairy. feerie, /., fairyland, enchant- ment. feminin, adj., feminine. 236 ELEMENTARY FRENCH READER femme, /., woman, wife; prendre — , to get married. fenaison, /., hay-making. fendeur, m., splitter, wood- chopper. fendre, to split. fenetre, /., window. fente, /., crack, opening. feodal m. (pi. feodaux), adj., feudal. fer, m., iron; shoe (of a horse); pi., fetters. f erai, 1st sing. fut. faire. ferme, /., farm. fermer, to close; — a clef, to lock. fermeture, /., clasp, fastening. fermier, m., farmer. fermiere, /., farmer's wife. ferrer, to shoe (a horse). fertiliser, to fertilize. ferveur, /., fervor. fete, /., holiday, celebration, festivity, festival; en — , fes- tive, in holiday attire; faire — a, to welcome. feter, to celebrate, acclaim. feu, m., fire; — ! fire!; coup de — , shot; faire — , to fire; faire du — , to build a fire; mettre le — a, to set fire to. feuille, /., leaf. feurre, m., straw. feutre, m., felt. fevrier, m., February. fiacre, m., cab. fiance, -e, m. andf., betrothed; bride. ficelle, /., string. fidele, adj., faithful. fideles, m. pi., worshipers, be- lievers, congregation. fier, fiere, adj., proud. fier (se), to trust. figure, /., face, figure, appear- ance; (in dancing) figure. figurer (se), to imagine, pic- ture. fil, m., thread. filasse, /., tow (fibres of hemp or flax). filature, /., spinning-mill. filer, to spin; to fly, move rap- idly. filet, m., net. fille, /., daughter, girl. fillette,/., little girl. filleul, m., godson. fils, m., son. fin, /., end; a la — , finally. fin, adj., fine, dainty; thin; shrewd, clever. finesse, /., shrewdness, arti- fice, stratagem; refinement. finir, to finish, end; en — avec, to put an end to, get rid of. firent, 3d pi. past def. faire. fit, 3d sing, past def. faire. fixer, to fix; to stare, look steadily at; to appoint. flambant, adj., flaming, aflame. flamber, to blaze, flame. flamme, /., flame. flatter, to flatter, caress, stroke. fleche, /., arrow. flechir, to bend; to touch, soften. fleur, /., flower. fleuve, m., river. VOCABULARY 237 flocon, m., flake. flot, m., wave, tide. flotte, /., fleet. fiotter, to float. foi, /., faith, confidence; de bonne — , sincere, in earnest; ma — ! par ma — ! really! faith! foin, ra., hay. fois, /., time; a. la — , at the same time; encore une — , once more; il etait une — , il y avait une — , once upon a time there was; toutes les — , every time; une — , once, once upon a time. fol, see fou. folle, /. of fou. fond, m., bottom; back part; heart; crown (of a hat). fondre, to melt. font, 3d pi. pres. indie, faire. fontaine, /., fountain, spring. fonts, ra. pi., font (basin con- taining baptismal water) ; tenir un enfant sur les — baptismaux, to stand god- father to a child. force, /., force, strength, vio- lence; a — de, by dint of. force, adv., much, many, a great many. forcer, to force, oblige. foret, /., forest. forge, /., forge, blacksmith's shop. forger, to forge. forgeron, ra., blacksmith. forme, /., form. former, to form. formidable, adj., formidable, tremendous. formule, /., formula, magic phrase. fort, ra., strongest part of a thing; au — de, in the midst of, at the height of; au plus — de Pete, in mid- summer. fort, adj., strong, large; adv., much, very; loudly; hard. fortement, adv., strongly, se- curely. fortune, /., fortune; faire — , to make one's fortune. fosse, /., grave. fosse, ra., ditch. fou (before a vowel, fol, /. folle), adj., mad, crazy, fool- ish. foudroyant, adj., thundering, crushing. fouee, /., fire (for heating an oven) . fouet, ra., whip; coup de — , blow with a whip; dormer de grands coups de — a, to whip soundly. fouetter, to whip. fougere, /., fern. fouiller, to search, fumble. foule, /., crowd. fourbi, adj., burnished, pol- ished v fourchu, adj., forked, cloven; pied — , cloven foot. fourmi, /., ant. fournir, to furnish. fourre, ra., thicket; adj., thick, dense. 238 ELEMENTARY FRENCH READER fourrer, to put, thrust; se — , to put oneself, hide. fourrure, /., fur. foyer, m., hearth. fraiche, /. of frais. fraicheur,/., coolness, freshness. fraichir, to freshen. frais, m. pi., expenses. frais, fraiche, adj., cool, fresh; youthful. franc, m., franc (coin). francais, adj., French. franchir, to pass over, cross. frapp er, to strike, knock. fraternel, -le, adj., fraternal, brotherly. fraternite, /., brotherhood, fra- ternity. frayeur, /., fright, terror. fregate, /., frigate. fremir, to quiver, shudder. frene, m., ash. frere, m., brother. friandise, /., dainty, titbit. frictionner, to rub. fripon, m., rascal. frise, adj., curled. froid, m., cold; faire — , to be cold; il fait grand — , it is very cold. froid, adj., cold. froidure, /., cold, coldness. froisser, to crumple; hurt, dis- please. froler, to graze, touch lightly. fromage, m., cheese. froncer, to wrinkle, knit (0/ the brows); — les sourcils, to frown. front, m., forehead. f rotter, to rub, polish. fruitier, ra., fruit dealer, fruit- erer. fuir, irr. v. (fuyant, fui, fuis, fuis), to flee. fuite, /., flight. fumee, /., smoke. fumer, to smoke; to fertilize. furent, 3d pi. past def. etre. fureur, /., fury, rage, furieux, -se, adj., furious. fusil, m., gun; coup de — , gun- shot. fusilier, to shoot, execute. fut, 3d sing, past def. etre. futur, adj., future. futur, -e, m. and f., intended husband or wife. fuyait, 3d sing. impf. indie. fuir. gagner, to gain, reach, make, earn. gaiement, adv., gaily, merrily. gaiete, /., gaiety, cheerfulness. gaillard, m., jovial fellow. galanterie, /., compliment. galere, /., galley. galerien, m., convict (con- demned to the galleys). galetas, m., garret-room, miser- able room. galop er, to gallop. galopin, m., little rogue. gambader, to gambol, frisk about. gamin, -e, m. and /., street urchin, child, roguish child. VOCABULARY 239 gant, m., glove. gallon, m., boy. garde, /., guard; n'avoir — de, to take care not to; prendre — , to take care, pay atten- tion; prendre — de, to take care not to; se tenir sur ses — s, to be on one's guard; tomber en — , to assume a defensive attitude. garder, to guard, protect, pre- serve, keep; se — de, to take care not to. garnement, m., scamp. garni, adj., furnished, orna- mented, provided with ; filled . garnir, to furnish, ornament, adorn; to fill; to bait (a fish- hook). garrotter, to bind. gars, m. (jam.), boy, fellow. gateau, ra., cake. gauche, adj., left; a — , to the left; de — , on the left. gazon, ra., grass, turf. geant, ra., giant. geant, adj., huge. geler, to freeze. gelinotte, /., hazel-grouse; fat pullet. gendarme, ra., soldier em- ployed in police duties, con- stable. gendarmerie, /., constabulary. gendre, ra., son-in-law. gener, to hinder, impede; se — pour, to hesitate to, stand on ceremony. general (pi. generaux), n. and adj., general. genet, m. (bot,), broom. genou (pi. genoux), m., knee; a — , kneeling, on one's knees; tomber a — , to fall on one's knees. genre, ra., species, kind, sort; — humain, mankind. gens, ra. pi., people; — a Paise, well-to-do people; braves — , good people, gentil, -le, adj., pretty, nice. Georges, m., George. gerfaut, ra., gerfalcon. gesir, irr. v. (pres. part, gisant, 3d sing. pres. indie, git; other forms wanting except impf. indie, and pres. indie, pi.), to lie. geste, ra., gesture, gib erne, /., cartridge-box. gilet, ra., vest, gisait, 3d sing. impf. indie. gesir. glace, /., ice; mirror. glace, adj., icy. glissade, ra., slide; faire des — s, to go sliding, glisser, to slip, slide; se — , to slip, glide. gloire, /., glory, glorieux, -se, adj., glorious, gnome, ra., gnome, goguenard, adj., bantering, mocking, gonfler, to swell. gorge, /., throat. goupillon,m.,aspergillum, holy- water sprinkler. gourd, adj., benumbed. gourde, /., flask. 240 ELEMENTARY FRENCH READER gourmande, /., glutton, gousset, m., pocket (for change)) (obs.) purse, goutte, /., drop, gouttelette, /., small drop. grace, /., mercy, grace, favor, pardon; — a, thanks to; faire — a, to pardon, gracieusement, adv., graciously, kindly; gracefully, gracieux, -se, adj., graceful, courteous. grain, m., grain, graine, /., seed, berry, grammaire, /., grammar, grand, adj., great, large, tall, grown-up. grandement, adv., greatly, grandeur, /., size; en — d'homme, life-size, grandir, to grow, grow up, grow tall, grandissant, adj., growing larger, grand-louvetier, m., master of the wolf-hounds, grand'mere, /., grandmother, grand-pere, m., grandfather. grand'peine,/., great difficulty. grand'peur, /., great fear; faire — a, to terrify, grange, /., barn, gras, -se, adj., greasy, fat. grave, adj., grave, serious. gravir, to climb. gredin, m., scamp, scoundrel, grelotter, to shiver. grenadier, m., grenadier (sol- dier of the elite regiments in 1791). grenier, m., hay or grain loft; garret. greve, /., beach, griff e, /., claw; y porter la — , to reach for it. griffer, to scratch, claw, grillage, m., grating; — aux affiches, bulletin board (pro- tected by a wire screen) . grimacer, to make faces. grimper, to climb, grincement, m., grating, scratching. grincer, to grind, gnash; — des dents, to gnash one's teeth. gris, adj., gray, griser, to intoxicate, grommeler, to grumble, gronder, to scold, grumble. gros, -se, adj., large, big, coarse, heavy, grossier, grossiere, adj., coarse, rude, guere, adv. y ne . . . — , scarcely, hardly, guerir, to cure; intr., to recover, be cured, guerre, /., war. guetter, to watch for, lie in wait for. gueule, /., mouth (of an ani- mal). guichet, m., wicket (small door or window fashioned in a larger one). guide, m., guide, guillotiner, to guillotine, guise, /., manner, way; k sa — , to one's liking. VOCABULAEY 241 H aspirate is indicated thus: ■ habile, adj., clever, skilful. habilete, /., skill. habiller, to dress; s' — , to dress oneself, habit, m., coat, dress-coat; suit; pi., clothes. habitation, /., dwelling, resi- dence, habiter, to inhabit, dwell in. habitude, /., habit, custom; d' — , ordinarily. habituer, to accustom; s' — , to accustom oneself, get used to. 'hache, /., ax, hatchet. 'hacher, to chop. 'hachette, /., hatchet. 'haie, /., hedge. 'haillon, ra., rag. 'hair, irr. v. (haissant, hai, hais, hais), to hate; — a mort, to have a deadly hatred for. haleine, /., breath; reprendre — , to recover one's breath. 'hallier, m., thicket, 'halte, /., halt, 'hameau, ra., hamlet. hamecon, ra., fish-hook, 'hanneton, ra., June-bug. 'hardes, /. pi., clothes. 'hasard, ra., risk, chance; par — , by chance, 'hasarder (se), to venture, 'hate, /., haste; a la — , en — , in haste, hastily; avoir — , to be in a hurry. 'hater (se), to hasten, hurry. 'hausser, to raise, shrug. 'haut, adj., high, tall; chambre haute, upper room; adv., high, loud, in a loud voice. 'haut, ra., height, top; au — de, to or at the top of. 'hauteur, /., height. 'he, interj., hey! I say!; see eh. hein, interj., eh? what? helas, interj., alas! Helene, /., Helen. herbage, ra., grass, meadow. herbe, /., grass, herb. 'herisse, adj., shaggy, bristling. 'herisser (se), to bristle. heritier, m., heir. Herode, ra., Herod. heroi'que, adj., heroic. heroiquement, adv., heroically. hesitant, adj., hesitating, wa- vering. hesitation, /., hesitation. hesiter, to hesitate. heure, /., hour, o'clock; a leurs — s, when they saw fit; de bonne — , early; tout a V — , just now, pretty soon. heureux, -se, adj., happy, pleasing, auspicious. 'heurter, to strike, knock; se — a or contre, to strike against, collide with. hier, adv., yesterday; — en- core, only yesterday. 'hierarchie, /., hierarchy. histoire, /., history, story. hiver, ra., winter. 'hocher, to shake, nod. 'hola, interj., halloo! stop! hommage, m., homage, tribute, 242 ELEMENTARY FRENCH READER homme, m., man; pop., hus- band; — de peine, laboring man. honnete, adj., honest. honneur, ra., honor; faire — , com., to honor, meet (bills). 'honte, /., shame; fausse — , false pride. 'honteux, -se, adj., ashamed. 'hop, inter j., exclamation to en- courage or to urge one to leap. 'hoquet, ra., hiccough. horizon, ra., horizon. horloge, /., clock. horriblement, adv., horribly. 'hors, prep. , outside; — de, outside of, out of. hospitalite, /., hospitality. hostile, adj., hostile. hote, ra., host, guest. hotel, ra., hotel, residence, building. hdtesse, /., hostess. 'hotte, /., basket, peddler's pack. 'hottee, /., basketful. *hou, inter j., imitating the wolf's howl. 'houblon, ra., hop- vine. 'houppelande, /., great-coat, overcoat. 'huche, /., bread-box {in which the peasants knead and keep their bread). 'huchee, /., the distance the voice will carry; qui n'est qu'a une — d'ici, which is within calling distance from here. 'huguenot, ra., Huguenot (name given to French Prot- estants). 'huis, ra., (obs.) door. 'huit, num., eight. humain, adj., human. humble, adj., humble. humeur, /., humor, temper. humide, adj., wet, damp, moist. humiliant, adj., humiliating. 'hurlement, ra., howl. 'hurler, to howl. 'hutte, /., hut, shanty; — en terre, earthen hut. ici, adv., here; d> — la, from now to that time; par — , this way. idee, /., idea. ignorance, /., ignorance. il, per. pron., he, it, there. ile, /., island., illuminer, to light. image, /., image, picture. imaginer (s'), to imagine, fancy, believe; imaginez un peu! just imagine! imbecile, ra., idiot. imiter, to imitate. immediat, adj., immediate. immediatement, adv., imme- diately. immense, adj., immense. immobile, adj., motionless. immodere, adj., immoderate. impatience, /., impatience. impatient, adj., impatient, eager (for) (used with de) . imperieux, -se, adj., imperi- ous, commanding. VOCABULARY 243 implorer, to implore. importer, impers. v., to be im- portant; n'importe, no mat- ter. imposer, to impose. impression, /., impression. imprimer, to print. improviser, to improvize. imprudence, /., imprudence. inaugurer, to inaugurate, dedi- cate. incarne, adj., incarnate. incendie, m., burning, fire. incident, m., incident. incliner (s'), to bow. incommode, adj., inconvenient, troublesome. incommoder, to inconvenience. incomplet, incomplete, adj., in- complete. inconnu, m., unknown person, stranger; adj., unknown. incredule, adj., incredulous. incredulite, /., incredulity. incroyable, adj., incredible. incruster, to incrust, inlay. Inde, /., India. independant, adj., independent. indifferent, adj., indifferent. indigent, adj., indigent. indigne, adj., unworthy. indigner, to anger. indiquer, to point out, indi- cate, show. indistinct, adj., indistinct. ineffable, adj., inexpressible. inefficace, adj., ineffective, futile. inegal (m. pi. inegaux), adj., irregular, unequal. inestimable, adj., priceless. infini, adj., infinite. inrirme, adj., invalid, feeble. infliger, to inflict. informer, to inform. infortune, /., misfortune. inhumain, adj., inhuman, heartless. ingenieux, -se, adj., ingenious. ingenument, adv., naively, in- nocently, openly. injurier, to insult. innocent, m., innocent person; simple-minded person; adj., innocent. inoubliable, adj., unforget- table. inquiet, inquiete, adj., anxious, uneasy. inquieter, to disturb. inquietude, /., anxiety, uneasi- ness. inscription, /., inscription. insecte, m., insect. insense, m., maniac, fool. insister, to insist. inspection, /., inspection. inspiration, /., inspiration. instant, m., instant. instantanement, adv., in- stantly. instinct, m., instinct. instruction, /., instruction. instruit, adj., instructed, well informed. insulte, /., insult. insurge, m., rebel. insurger (s'), to revolt. intelligence, /., intelligence, understanding. 244 ELEMENTARY FRENCH READER intense, adj., intense. interet, ra., interest. interieur, ra., interior. interieur, adj., interior, inner. interroger, to question. interrompre, to interrupt. intervalle, ra., interval, space. intervenir, irr. v. (intervenant, intervenu, interviens, in- tervins), to interfere, inter- vene. intime, adj., intimate. introduire, irr. v. (introdui- sant, introduit, introduis, introduisis), to show in, in- troduce; s 1 — , to enter. inutile, adj., useless. invitation, /., invitation. inviter, to invite. invoquer, to invoke. irai, 1st sing. jut. aller. irait, 3d sing. cond. aller. iroquois, ra., Iroquois; odd per- son, lout. irregulierement, adv., irregu- larly. irriter, to irritate, anger. ivre, adj., drunk; — mort, dead drunk. ivresse, /., intoxication, rap- ture; (of colors) riot. jabot, ra., ruffle (on a shirt- front) . jadis, adj., formerly; au temps — , in days of old. jaillir, to spout, burst forth, spurt out. jais, ra., jet. jamais, adv., ever, never; ne ... — , never, jambe, /., leg. jambon, ra., ham. Janvier, ra., January. jardin, ra., garden, jatte, /., bowl, jaune, adj., yellow, je, per. pron., I. Jean, ra., John. Jesus, ra., Jesus. jeter, to throw, throw away, throw down; — un cri, to utter a cry; se — , to rush, fall upon. jeu, ra., game, jeun (a), adv., fasting. jeune, adj., young, jeiiner, to fast. jeunesse, /., youth; young people, joaillier, ra., jeweler. joie, /., joy. joignit, 3d sing, past def. joindre. joindre, irr. v. (joignant, joint, joins, joignis), to join, add. joint, 3d sing. pres. indie, and past part, joindre. joli, adj., pretty. joliment, adv., prettily; much, very, joue, /., cheek; coucher (tenir or mettre) en — , to aim. jouer, to play; to move loosely in, have too much room in; se — , to play, frolic, sport, jouet, ra., toy. joueur, ra., player VOCABULAKY 245 joufflu, adj., chubby-cheeked. jouir (de), to enjoy. jour, m., day, daylight; — de Pan; New Year's Day; de tout le — , all day long; en plein — , in broad daylight; faire — , to be light; le — , by day; tous les — s, every day; tout un — , a whole day; un beau — , one fine day. journal, m., newspaper. journee, /., day, day's work; travailler a la — , to work by the day. jovial (m. pi. joviaux), adj., jovial. joyeux, -se, adj., joyful, merry. jucher, to perch. Judee, /., Judea. juge, m., judge. jugement, ra., judgment. juger, to judge; — a mort, to condemn to death; — de, to judge of, imagine. Juif, ra., Jew. jupe, /., skirt. jupon, ra., petticoat. jurer, to swear; to contrast, be out of harmony with. jusque, prep., until; jusqu'a, to, even, as far as, until; jusqu'a ce que, conj., until; jus- qu'ici, till now, so far. juste, adv., exactly, just; au — , exactly; comme de — , naturally, of course; adj., just, right. justement, adv., precisely, just. justice, /., justice; courts of justice. la, /. of le. la, adv., there; — dedans, therein, in it; par — , in that vicinity, that way. la-bas, adv., yonder, down or over there. labeur, /., labor. laborieux, -se, adj., labori- ous. labourer, to plow. laboureur, ra., plowman, farmer. lacher, to let go, release. la-dessus, adv., thereupon, about that, on that score. la-haut, adv., up there, above. laid, adj., ugly. laideur, /., ugliness. laine, /., wool. laisser, to let, permit, leave; se — faire, to submit, make no protest. lait, ra., milk. laiterie, /., dairy. laitiere, adj., milch. lampe, /., lamp. lance, /., spear. lancer, to throw, cast. lande, /., waste land, moor. langes, ra. pi., swaddling- clothes. langue, /., tongue, language. languir, to languish; se — , to languish, pine away. lap in, ra., rabbit. large, ra., breadth; au — , at sea; du — , room. large, adj., broad, large. 246 ELEMENTARY FRENCH READER larme, /., tear; rire aux — s, laugh till the tears come. larron, ra., thief, las, lasse, adj., tired, lasser, to tire; se — , to grow tired, tire. lassitude, /., weariness, latin, adj. and m., Latin, latte, /., lath. laver, to wash; — a grande eau, to wash with lots of water, scrub. le (/. la, pi. les), art., the. le (/. la, pi. les), per. pron., him, her, it, them. lecher, to lick. lecon, /., lesson, legende, /., legend, leger, legere, adj., light, slight. lendemain, ra., the next day; le — matin, the next morning; des le — , the very next day. lentement adv., slowly. lenteur, /., slowness. leopard, m., leopard. lepre, /., leprosy, lepreux, -se, adj., leprous, leper, lequel (/. laquelle, pi. lesquels, lesquelles), rel. pron., who, whom, which, that. les, pi. of le. lessive, /., wash, lestement, adv., briskly. lettre, /., letter, leur, per. pron., to or for them; poss. adj., their; poss. pron., theirs. lever, m., rising, dawn. lever, to raise; pull up {of fish- ing-lines) ; se — , to rise, get up, stand up. levre, /., lip. libellule, /., dragon-fly. liberte, /., liberty. lie, adj., tied; intimate. lier, to tie, bind. lieu, m., place; au — de, in- stead of; avoir — , to occur, take place; avoir — de, to have reason to, have cause for. lieue, /., league; a une — a la ronde, for a league around. ligne, /., line. lin, ra., linen. linge, ra., linen. lion, ra., lion. liqueur, /., liquor, cordial. lire, irr. v. (lisant, lu, lis, lus), to read. lisiere, /., edge, border. lit, ra., bed; se mettre au — , to go to bed. litanie, /., litany. litiere, /., litter, bed of straw. livre, ra., book. livrer, to deliver, give battle; se — , to surrender; to be waged (of a battle) . logement, ra., lodging, home. loger, to lodge, store. logis, ra., house, lodging, home. loin, adv., far; — de moi, away from me! out of my sight!; au — , far off, in the dis- tance; de — , from afar, in the distance. lointain, ra., distance. long, ra., length; au — de, VOCABULARY 247 along; le — de, along, along- side of; tout au — , in full, in detail; tout de son — , at full length; tout le — du jour, all day long. long, longue, adj., long. long-cours, m., see capitaine. longe, /., tether. longer, to go along, skirt. longtemps, adv., & long time. longueur, /., length. loquet, m., latch. lorgner, to eye, look at. lors, adv., then; depuis — , after that, from that time; 1 — meme que, even when. lorsque, conj., when. louer, to praise; hire, rent. louis, m., louis (name given to the 20-franc gold piece, after Louis XIII, during whose reign it was first coined). loup, m., wolf. lourd, adj., heavy. lucarne, /., skylight; dormer- window. lueur, /., glow, glimmer, light. lui, per. pron., to him, to her, to it; he, him; meme, himself, itself. luire, irr. v. (luisant, lui, luis, wanting), to shine, glisten. luisant, adj., shining, glossy. lumiere, /., light. lumineux, -se, adj., luminous. lundi, m., Monday. lune, /., moon. lunettes, /. pi., spectacles. luron, m., fellow, jolly fellow. lot, Zd sing, past def. lire. lutter, to struggle, contend, luxe, m., luxury; display, pro- fusion, lynx, m., lynx. M M., abbrev. for monsieur. machine,/., machine, "thing." macon, m., mason. magicien, m., magician. magique, adj., magic. magister, m., village school- master. magistrature, /., magistrature. magniflque, adj., magnificent. magnifiquement, adv., magni- ficently, splendidly. mai, m., May. maigre, adj., thin, lean. maigrir, to grow thin. main, /., hand; a la — , in hand; a deux — s, with both hands. maint, adj., many a, many. maintenant, adv., now. maintien, m., maintenance. maire, m., mayor. mairie, /., city hall. mais, conj., but, why {inten- sive) ; — oui, why yes. maison, /., house. maisonnette, /., cottage, little house. maitre, m., master; — d'ecole, schoolmaster. maitre-autel, ?n., high-altar. maitresse, adj., superior; /., mistress. majeste, /., majesty. mal, m., evil, harm, pain; diffi- 248 ELEMENTARY FRENCH READER culty; avoir tant de — a, to have so much trouble to; faire — a, to hurt, harm; faire — a voir, to be pitiful to look at; se dormer un — de chien, to lead a dog's life, work like a dog. mal, adv., badly, ill; se trouver — , to be ill at ease, uncom- fortable, ill. malade, m., sick person, pa- tient; adj., sick. maladie, /., illness. maladif, -ve, adj., sickly. malediction,/., curse; — ! curse it! damn it! malgre, prep., in spite of. malheur, m., misfortune. malheureux, -se, adj., un- happy, unfortunate. malice,/., malice; trick. malignement, adv., maliciously. malin, m., sly, shrewd person. malin, maligne, adj., clever, sly. malle, /., trunk. maltraiter, to maltreat, abuse. maman, /., mamma. mamelle, /., udder. manger, to eat; donner a — , to feed; — son content, to eat one's fill. maniere, /., manner, sort; de — a, so as to; de — que, so that. manceuvrer, to manceuver. manoir, m., manor, mansion. manquer, to lack, miss, be wanting, fail; — une classe, to stay away from a class; ce qui me manque, what I lack; — de+infin., to come near, almost. mansarde, /., attic room. manteau, m., cloak. maquis, m., underbrush, thicket. marais, m., marsh. marbre, m., marble. marchand, m., merchant, dealer. marchander, to bargain, haggle. marche, /., march, walking, progress; se mettre en — , to set out, start. marche, m., bargain, agree- ment; market; faire — , to strike a bargain. marcher, to march, walk; — bon pas, to walk at a good rate. mare, /., pool, pond. marguillier, m., churchwarden. mari, m., husband. mariage, m., marriage. Marie, /., Mary. marie, -e, m. and /., bride- groom; bride. marier, to give in marriage, marry; se — a (or avec), to marry, take in marriage. marine, /., marine, navy; — militaire, royal navy. marmite, /., pot, kettle. marque, /., mark. marquer, to mark. marron, m., chestnut. marteau, m., hammer. martyr, m., martyr. masquer, to mask, conceal. VOCABULARY 249 massacre, m., massacre. massacrement, m., (slang) mas- sacre. massacrer, to massacre. matelas, ra., mattress. matelot, ra., sailor. matin, ra., morning; de grand — , de bon — , very early in the morning; le — , in the morning; un beau — , one fine morning. matinee, /., morning. maudit, adj., cursed. mauvais, adj., bad; trouver — , to disapprove. maux, pi. of mal. me, per. pron., me, to me. mechamment,ad^., maliciously. mediant, adj., wicked, bad, cross. mecontent, adj., discontented, dissatisfied. mecontentement, ra., dissatis- faction. medecin, ra., doctor. meditation, /., meditation. mediter, to meditate, meditate upon. mee (onomatope, representing the bleating of a goat); faire — , to bleat. mefiance, /., mistrust, sus- picion. mefier (se), to distrust. megere, /., shrew. meilleur, adj., better; le — , best. melancolique, adj., melan- choly. meler, to mingle, mix; se — a. to mingle, blend, take part in. melodieux, -se, adj., melo- dious. membre, ra., member. meme, adj., same, self, very, even. meme, adv., even; de — , like- wise, the same; boire a — , to drink directly out of (a bottle or other large con- tainer, without using a glass) ; tout de — , just the same. memoire, /., memory. menace, /., threat. menacer, to threaten. menage, ra., household; house- keeping, household furnish- ings; couple; en — , in mar- ried life; faire le — , to keep house, do the housework. menager, to save, spare. menagere, /., housewife. menagerie, /., menagerie. mendiant, -e, ra. and /., beg- gar. mener, to lead, take. menetrier, ra.., village fiddler. mens, 1st and 2d sing. pres. indie, mentir. mentir, irr. v. (mentant, menti, mens, mentis), to lie. menu, adv., small, fine. mepris, ra., scorn. mer, /., sea; en — , at sea; quand la — etait haute, at high tide. mercier, ra., peddler, haber- dasher; colloq., snail. mere, /., mother. 250 ELEMENTARY FRENCH READER merite, m., merit. meriter, to deserve. merle, m., blackbird. merveille, /., marvel; a — , marvelously, admirably. merveilleux, -se, adj., mar- velous. mes, pi. of mon. messe, /., mass; — de ma- nage, wedding mass. Messie, m., Messiah. messieurs, pi. of monsieur. mesure, /., measure; mus., measure, time; a — que, as. mesurer, to measure; se — , to try one's strength, contend. metairie, /., farm (held on con- dition that the landlord shall receive a fixed percentage of the produce). metal, m., metal; de — , me- tallic. metier, m., trade. mettre, irr. v. (mettant, mis, mets, mis), to put, put on, set; — a la porte, to turn out of doors; — au monde, to bring into the world, give birth to; — de cote, to lay aside; — en ceuvre, to bring to bear, use; se — a, to begin, start; se — a Peau, to wade into the water; se — a table, to sit down to table; se — en route, to set out. meuble, m., furniture, piece of furniture. miaul er, to mew. midi, m., noon. mien, -ne, poss. pron., mine. mieux, adv., better; de son — , as best he could; du — qu'ils purent, as best they could; le — , best. mignon, m., darling, dear. mignon, -ne, adj., tiny, pretty. milieu, m., middle, midst; au — de, in the midst of. militaire, adj., military. mille, num., thousand. million, m., million. mince, adj., thin, slender. mine, /., face, appearance, mien; avoir — de, to look like; avoir bonne — , to look well, be of prepossessing ap- pearance; avoir la — riche, to appear to be rich. ministere, m., pel,, ministry, department. ministre, m., pol., minister, secretary. minuit, m., midnight. minute, /., minute. miracle, m., miracle. miraculeux, -se, adj., miracu- lous. mirent, 3d pi. past def. mettre. mirer (se), to look at Oneself in a mirror, be reflected. miroir, m., mirror. mis, 1st and 2d sing, past def. and past part, mettre. miserable, m., wretch; adj., miserable. misere, /., misery, bareness, shabbiness; trifle. misericorde, /., mercy, tender- ness. mission, /., mission. VOCABULARY 251 mit, 3d sing, past def. mettre. mitaine, /., mitten. mitrailler, to riddle with grape- shot. modeste, adj., modest. moi, per. pron., I, me, to me; meme, myself. moindre, adj., less; le — , least, slightest. moins, adv., less, fewer; au — , du — , at least; a — que, un- less; — que (before a nu- meral, — de), less than. mois, m., month. moitie, /., half; a — , half, half way. mol, see mou. molle, /. of mou. mdme, m. (fam.), child, brat. moment, m., moment; a tout — , continually; au — que (ou), the moment that (when); du — que (ou), since. mon (/. ma, pi. mes), poss. adj., my. monde, m., world, people; tout ce — , all these people; tout le — , everybody. monnaie, /., coin, change. monsieur (pi. messieurs), m., gentleman, Mr. monstre, m., monster. monstrueux, -se, adj., mon- strous. mont, m., mountain; par — s et par vaux, up hill and down dale. montagnard, m., mountaineer. montagne, /., mountain. montante, see robe. monter, intr., to go up, rise, ascend; get into; mount; ride; tr., to carry up; man (a boat). montre, /., watch. montrer, to show, point to; se — , to show oneself, ap- pear. montueux, -se, adj., hilly. monture, /., mount (animal for riding). moquer; se — de, to make fun of, despise. moquerie, /., mockery, jeer. moral (m. pi. moraux), adj., moral. morceau, m., piece, bit. mordienne, inter j. (obs.), con- found it! mordre, to bite. mort, m., dead man; faire le — , to pretend to be dead; adj., dead; raide — , stone- dead. mort, /., death. mortel. -le, adj., mortal. mortifie adj., mortified, taken aback. morue, /., cod. mot, m., word. motte, /., clod, lump. mou (before a vowel, mol, /. molle), adj., soft. mouchete, adj., spotted. moudre, irr. v. (moulant, mou- lu, mouds, moulus), to grind. mouflon, m., moufflon (species of wild sheep). mouiller, to wet; voix mouill^e 252 ELEMENTARY FRENCH READER v de larmes, voice choked with tears. moulu, past part, moudre, bruised; — de coups, bruised from blows, covered with welts. mourant, adj., dying; going out (0/ a candle) . mourir, irr. v. (mourant, mort, meurs, mourus), to die; se — , to be dying. moururent, 3d pi. past def. mourir. mousquetaire, m., musketeer. mousse, ra., ship's boy (ap- prentice sailor under ten years old). mousse, /., moss, mousseline,/., muslin, drapery, moustache, /., mustache, mouton, m., sheep. mouvement, m., movement, impulse. moyen, m., means, way; n'y aurait-il — de, is there no way to; trouver — , to find means, contrive. moyen, -ne, adj., average; medium sized, muet, -te, adj., mute, silent, mufle, m., snout, muzzle, head (0/ animals). multiplier, to multiply, munir, to provide; se — de, to provide oneself with, munition, /., (milit.) supplies; pain de — , army bread, mur, adj., ripe. mur, m., wall. muraille, /., wall. mure, /., blackberry. murmurer, to murmur, museau, m., snout, nose, musicien, m., musician. musique, /., music, myrtille, /., whortleberry, bil- berry, mystere, m., mystery. N nageoire, /., fin. nager, to swim. naguere, adv., lately, not long ago. naif, -ve, adj., artless, simple. naissait, 3d sing. impf. indie. naitre. naissance, /., birth. naitre, irr. v. (naissant, ne, nais, naquis), to be born; to break (of day) . nai'vement, adv., artlessly, naively. nappe,/., cloth, table-cloth; — d'autel, altar-cloth. narine, /., nostril. natif, -ve, adj., native, natural. naturel, m., nature, disposi- tion; au — , natural, true to life. naturel, -le, adj., natural. naufrage, m., shipwreck. naviguer, to navigate. navire, ra., vessel, ship. Nazareth, m., Nazareth. ne, adv., no, not; — ... que, only, nothing but, no one but; — ... rien que, noth- ing but. VOCABULARY 253 ne, past part, naitre. neant, m., nothingness, noth- ing. necessaire, adj., necessary. necessiteux, -se, adj., needy. nef, /., nave. negligence,/., negligence, care- lessness; avec — , carelessly. neige, /., snow. neiger, to snow. neigeux, -se, adj., snowy. net, -te, adj., clear, clean; mettre au — , to straighten out. nettoyer, to clean. neuf, -ve, adj., new; tout — , brand-new. neveu, m., nephew. nez, m., nose; il lui ferma la porte au — , he shut the door in his face. ni, adv., nor; — ... — , neither . . . nor. niais, adj., silly, stupid. niaiserie, /., nonsense. niche, /., niche. nichee, /., nest, brood. nid, m., nest. nippe, adj. (/am.), provided with clothes, togged out. noblement, adv., nobly, aris- tocratically. noce, /., wedding. noctambule, adj., nocturnal. Noel, m., Christmas; le petit — , the Christ child (in the role of Santa Claus). noir, adj., black. noircir, to blacken. noisette, /., hazelnut. noix, m., walnut. nom, m., name; avoir — , to be named. nomade, m., nomad. nombre, m., number. nombreux, -se, adj., numerous. nommer, to name; se — , to be named. non, adv., no; — pas que, not that; — plus, either (after a negation) . nonobstant, prep., notwith- standing. nord, m., north. nord-ouest, m., northwest. nos, pi. of notre. notable, m., notable, dignitary. note,/., note, tune; changer de — , to change one's tune. notion, /., notion, idea. notoirement, adv., notoriously, clearly. notre {pi. nos), poss. adj., our. Notre-Dame, /., Our Lady. nourrir, to nourish, sustain, feed; se — de, to feed upon. nourrisson, m., suckling. nourriture, /., food. nous, per. pron., we, us. nouveau (before a vowel, nou- vel, /. nouvelle), new; de — , again; voila du — , there's something new. nouveau-ne, m., new-born child. nouvelle, /., news. nouvelle, /. of nouveau. nouvellement, adv., newly, re- cently. noyer, m., walnut-tree. 254 ELEMENTARY FRENCH READER noyer, to drown; noye de brume, hidden in mist; se — , to be drowned, drown oneself. nu, adj., bare, naked. nuage, m., cloud. nuire, irr. v. (nuisant, nui, nuis, nuisis), to hurt, wrong, stand in the way of. nuit, /., night; des la — , that very night; la — , at night; la — venue, after nightfall; — noire, pitch dark; par cette — noire, on this dark night. numero, m., number. obeir, to obey. objecter, to object. objet, m., object. obligatoire, adj., obligatory. oblige, m., debtor; nous sommes vos — s, we are under obligations to you. obliger, to oblige. obscur, adj., obscure, dark. obscurite, /., darkness. observer, to observe; faire — , to call to one's attention. obstine, adj., obstinate, per- sistent. obstruer, to obstruct. obtenir, irr. v. (obtenant, ob- tenu, obtiens, obtins), to obtain. occasion, /., occasion, oppor- tunity; a V — , if necessary, on occasion. occuper, to occupy, keep busy; s' — , to be busy, be engaged. ocean, m., ocean. odeur, /., odor, smell. odieux, -se, adj., odious, ceil (pi. yeux), m., eye; coup d* — , glance, ceuvre, /., work; mettre en — , to bring to bear, employ. offenser, to offend, officiel, -le, adj., official, officier, m., officer, offrande, /., offering; en — , as an offering. offrir, irr. v. (offrant, offert, offre, offris), to offer; s' — , to offer oneself, treat oneself to. ogival, adj., ogival, Gothic. oie, /., goose. oignon, m., onion. oiseau, m., bird. ombre, /., shadow, shade; pl. f darkness, omettre, irr. v. (omettant, omis, omets, omis), to omit. on, indef. pron., one, they, we, people, once, /., ounce. oncle, m., uncle, ongle, m., nail, onguent, m. r ointment, operation, /., operation, opinion, /., opinion, opposer, to oppose; s* — , to be opposed to. or, m., gold; d' — , golden. or, conj., now, so; — ca, well now. orage, m., storm. VOCABULAET 255 oraison, to., prayer, orison. orange, /., orange. ordinaire, adj., ordinary; d f — , ordinarily. ordonner, to order, ordre, to., order; mettre — a, to put in order. ordures, /. pi., slops, oreille, /., ear; dire a V — , to whisper; preter P — , to listen; se boucher les — s, to stop one's ears, oreiller, to., pillow. orfevre, to., goldsmith. orgue, to., organ, orgueil, to., pride, orgueilleux, -se, adj., proud, oriental, adj., oriental. orner, to adorn. orphelin, to., orphan. osciller, to swing. oser, to dare. oter, to remove, take off. ou, conj., or; — ... — , either ... or. ou, adv., where, when; d' — , whence, from which; par — , whence, which way. ouate, /., wadding, down, oubli, to., forgetfulness. oublier, to forget. oui, adv., yes; mais — , why yes. ouir, irr. v. (past part, oui, no other forms used), to hear. ouragan, to., hurricane. outil, to., tool. outre, prep., besides, in addi- tion to; adv., beyond; en — , besides. ouvert, past part, ouvrir, open; grand — , wide open. ouvrage, to., work, workman- ship. ouvrier, to., workman. ouvrir, irr. v. (ouvrant, ouvert, ouvre, ouvris), to open; s* — , to open. pacte, m.y pact, agreement. page, to., page (person). page, /., page. paierait, 3d sing. cond. payer. paillasse, /., straw mattress. paille, /., straw; chapeau de — , straw hat. pain, m., bread, loaf of bread. paire, /., pair. paitre, irr. v. (conjugated like connaitre, but the pres. part., past part., past def. indie, and impf. subj. are wanting), to graze; mener (faire) — , to take to graze, pasture. paix, /., peace; — ! be silent! palais, m., palace. pale, adj., pale. palir, to grow pale. pan (onomatope to indicate the sound of knocking), tap! panier, to., basket. panser, to dress (of wounds). pantin, m., puppet. paon, to., peacock. papa, to., papa. papier, m., paper. papillon, to., butterfly. Paques, to., Easter. • 256 ELEMENTARY FRENCH READER par, prep., by, through, during; (with expressions describing the weather) in, during. paradis, m., Paradise. parais, 1st and 2d sing, pres. indie, paraitre. paraissait, 3d sing. impf. indie. paraitre. parait, 3d sing. pres. indie. paraitre. paraitre, irr. v. (paraissant, paru, parais, parus), to ap- pear, seem. parbleu, inter j., well! to be sure! upon my word! parce que, conj., because. parcourir, irr. v. (parcourant, parcouru, parcours, parcou- rus), to travel over, run over. par-dessus, prep., over, above, higher than. pardienne! inter j., see parbleu. pardine! inter j., see parbleu. pardonner, to pardon. pareil, -le, adj., equal, such, like, alike, similar. parent, m., relative; pi., rela- tives, parents. parente, /., relationship. parer, to adorn. parfait, adj., perfect. parfaitement, adv., perfectly, completely. parfois, adv., at times. parfum, m., perfume. parfumer, to perfume. parier, to wager, bet. parisien, -ne, adj., Parisian. parier, to speak, tell. paroisse, /., parish (territory under the spiritual juris- diction of a priest). paroissien, -ne, m. and /., in- habitant of a parish, parish- ioner. parole, /., word; adresser la — a, to speak to, address; tenir sa — , to keep one's word. parquet, m., floor (of wood). parrain, m., godfather. part, /., share, part; prendre a — , to take aside; quelque — , somewhere. partager, to share. parti, m., party; resolution, course; prendre un — , to make a decision, make up one's mind; prendre son — , to resign oneself, make up one's mind (to accept existing conditions) . participe, m., participle. particulier, m., individual. partie, /., part; party, excur- sion; game; fake — , to form a part of. partir, irr. v. (partant, parti, pars, partis), to leave, de- part; come from; go off (of firearms) ; a — de, from, be- ginning with; — d'un eclat de rire, to burst out laugh- ing. partout, adv., everywhere; — ailleurs, everywhere else. paru, past part, paraitre. parure, /., ornament, jewel, dress. parurent, 3d pi. past def, paraitre. VOCABULARY 257 parut, 3d sing, past def. pa- raitre. parvenir, irr. v. (parvenant, parvenu, parviens, parvins), to succeed in, attain, arrive; faire — , to transmit, com- municate. pas, ra., step, pace; a — comp- tes, a step at a time, cau- tiously; au — accelere, at a quick pace; faire quelques — , to take a few steps; marcher bon — , to walk at a good pace; — de la porte, doorstep. pas, adv., not. passage, ra., passage, crossing; sur leur — , along their way. passant, ra., passer-by. passe, /., pass, channel. passe, ra., past; par le — , in the past. passer, to pass, put on (of clothes) ; — pour, to pass for, be considered; se — , to oc- cur, happen, pass; que se passait-il done? what was happening? passion, /., passion. pate, /., dough. pate, ra., meat-pie. Pater, ra., the Lord's Prayer. patience, /., patience. patois, ra., dialect. patrie, /., country, native land. patron, ra., master (captain) of a boat. patte, /., paw, foot, leg. pature, /., pasture, pasturage. paume, /., palm (of the hand). paupiere, /., eyelid. pauvre, adj., poor, pauvrement, adv., poorly, pauvresse, /., poor woman, pauvrete, /., poverty, shabbi- ness. pauvrette, /., poor creature. payer, to pay, pay for, avenge. pays, ra., country, district, section. paysan, -ne, ra. and /., peas- ant. peau, /., skin, hide. pecaire, inter j., dear, dear! alas! peccadille, /., peccadillo, tri- fling offense. peche, /., fishing; aller a la — , to go fishing; faire une — abondante, to make a big catch. peche, ra., sin. pecher, to fish, fish for. pecheur, ra., fisherman. pedagogue, ra., pedagogue. pedant, ra., pedant. peigner, to comb. peindre, irr. v. (peignant, peint, peins, peignis), to paint; peint au naturel, painted in natural colors, true to life. peine, /., trouble, sorrow; diffi- culty; a — , scarcely, hardly; ce n'est pas la — , it is not worth while; dormer de la — , give trouble, require labor; etre fort en — , to be much disturbed; en — , 258 ELEMENTARY FRENCH READER troubled, worried; faire de la — a, to pain, hurt; homme de — , laborer; se donner la — de, to take the trouble to. peint, past part, peindre. pele-mele, adv., pell-mell. pelletee, /., shovelful. pelure, /., skin, hide, rind. penaud, adj., abashed, crest- fallen. pencher, to incline, bend; se — , to bend over, stoop. pendant, prep., during; — que, while. pendre, to hang. pendu, adj., hung, hanging. penetration, /., penetration, shrewdness. penetrer, to penetrate, enter. peniblement, adv., painfully. penitence, /., penitence, pen- ance; faire — , to do penance. pensee, /., thought. penser, to think; comme bien vous pensez, as you may well imagine; je pense bien, I am sure; on pense bien si, you can imagine if; — a, to think of. pensif, -ve, adj., thoughtful. pensionnaire, m. andf., board- er. percer, to pierce, make a hole. percevoir, irr. v. (percevant, percu, percois, percus), to perceive. percher, to perch. percus, 1st and 2d past def. percevoir. perdre, to lose; ruin; n'y — pas, not to lose by it; se — , to be lost. pere, m., father. peril, m., peril. peripetie, /., incident, episode. perir, to perish. perle, /., pearl. permettre, irr. v. (permettant, permis, permets, permis), to permit, allow; se — , to take the liberty. permission, /., permission. perplexite, /., perplexity, em- barrassment. persil, m., parsley. personnage, m., personage, character. personne, pron. m., nobody, anybody; ne . . . — , — ... ne, no one, nobody. personne, /., person; grandes — s, adults, grown people. perspective, /., prospect. pesant, adj., heavy. peser, to weigh, be heavy; rest in or upon; be a burden to. petillant, adj., crackling, spark- ling. petit, m., little child; young (of animals); adj., sm? 11 little, short; petty. petitesse, /., smallness. petit-fils, m., grandson. petrifie, adj., petrified. peu, adv., little, few; — a — , little by little; quelque — , a little; depuis — , recently. peuple, m., people. peupler, to people. peur, /., fear, fright; avoir — , VOCABULARY 259 to be afraid; avoir grand* — , to be very much afraid; avoir si — , to be so fright- ened; faire — , to frighten; de — de, for fear of; de — que, for fear that, lest. peut-etre, adv., perhaps; — bien, perhaps so. peut, 3d sing. pres. indie, pou- voir. peuvent, 3d pi. pres. indie. pouvoir. peux, 1st and 2d sing. pres. indie, pouvoir. phrase, /., sentence, physique, adj., physical. pic, m., peak. pichet, m., jug. piece, /., piece; room; coin; cask (for wine). pied, m., foot, base; a — , on foot; au — de, at the foot of. Pierre, ra., Peter, pierre, /., stone, gem; — du foyer, hearthstone. pierrerie, /., precious stone. pieu, m., stake, pigeon, m., pigeon, pignon, ra., gable; avoir — sur rue, to have a house of one's own, be rich, pile, /., pile. pincer, to pinch. pipe, /., pipe. piquet, ra., picket. pirate, ra., pirate. pis, adv., worse; tant — , so much the worse. pistolet, ra., pistol. pitie, /., pity; avoir — de, to take pity on. place,/., place, position; square (of a city); grand* — , main square of a town; — pu- blique, public square; sur la — , on the spot, placer, to place, put; se — , to place oneself, plafond, ra., ceiling. plage, /., beach, shore, plaignait, 3d sing. impf. indie. plaindre. plaindre, irr. v. (plaignant, plaint, plains, plaignis), to pity; se — , to complain. plaine, /., plain. plains, 1st and 2d sing. pres. indie, plaindre. plaintif, -ve, adj., plaintive. plaire, irr. v. (plaisant, plu, plais, plus), to please; — a, to please, be pleasing to; s'il vous plait, if you please; se — a, to delight in, find pleasure in. plaisait, 3d sing. impf. ihdic. plaire. plaisant, adj., amusing. plaisant erie, /., joke, plaisir, ra., pleasure; faire — , to give pleasure. plait, 3d sing. pres. indie. plaire. planche, /., plank, board. plancher, ra., floor, ceiling, planchette, /., small board, plante, /., plant. planter, to plant, set. plaque, /., plate, slab. 260 ELEMENTARY FRENCH READER plat, m., dish; flat side (of any- thing). plat, adj. j flat. plateau, m., plateau. plein, adj., full; dans son — , full (of the moon); en — , fully. pleurer, to weep. pli, m., fold. plisser, to plait. plomb, m., lead. plonger, to plunge; se — , to plunge, dive. pluie, /., rain. plume, /., pen. plumet, m., plume. plus, adv., more, longer; au — , at the most; de — en — , more and more; de — , more, besides, in addition; le — , the most; ne . . . — , no more, no longer; non — , either; — ... — , the more . . . the more; — de+ranm, no more; — que (before a numeral, — de), more than; tout au — , at the most. plusieurs, adj., several. plutot, adv., rather, sooner. poche, /., pocket, pouch. poele, m., stove. poids, m., weight. poignard, m., dagger. poignee, /., handful. poil, m., hair (of animals); hair (of persons, other than that of the head). poing, m., fist. point, m., point, dot; stir le — de, on the point of, about to. point, adv., no, not; ne . . . — , not; — de, no. pointe, /., point; & la — du jour, at daybreak; sur la — des pieds, on tiptoe. pointu, adj., pointed, sharp. poirier, m., pear-tree, poisson, m., fish; — chanteur, singing-fish. poitrine, /., breast. poli, adj., polished, smooth; polite. police, /., police; police regula- tions. polichinelle, m., Punch (and Judy) . polir, to polish. polisson, m., scamp, rogue, politique, adj., political, pomme, /., apple. pommier, m., apple-tree, pompe, /., pomp, ceremony. porche, m., portal. port, m., port, portail, m., portal, portant, pres. part, porter; bien — , in good health. porte, /., door; — a — , next door; jeter a la — , to throw out of doors; pas de la — , doorstep, portefeuille, m., portfolio, pocket-book, porter, to bear, carry, wear; — a bras, to carry in one's arms; se — , to be (of the health) . portier, m., doorkeeper. pose, /., laying, setting up, erection. VOCABULARY 261 poser, to place, put down, lay down; se — , to alight. position,/., position, situation. possede, m., person possessed, madman; — du demon, man possessed of the devil. posseder, to possess. possesseur, m., owner. possible, adj., possible. poste, /., post-office. poste, m., station, position. posture, /., position. pot-au-feu, m., boiled meat and broth; kettle (in which the meat is prepared). poterie, /., earthenware; pots. pouce, m., thumb. poudre, /., dust, powder. poudrer, to powder. poulain, m., colt. poule, /., hen. poulet, m., chicken. poupee, /., doll. pour, prep. j for; — que, in order that. pourpre, adj., purple, crimson. pourquoi, adv., why?; — faire, what for? pourra, 3d sing. jut. pouvoir. pourrait, 3d sing. cond. pou- voir. pourriez, 2d pi. cond. pouvoir. poursuivre, irr. v. (poursui- vant, poursuivi, poursuis, poursuivis), to pursue, con- tinue. pourtant, adv., however, yet. pourvu que, conj., provided that; (in exclam.) if only! pousse, /., sprout, shoot. pousser, tr., to push, send forth; utter; intr., to grow, poussiere, /., dust, spray; — huinide, mist, spray. poutre, /., beam, pouvoir, m., power. pouvoir, irr. v. (pouvant, pu, peux, pus), to be able, can, may. prairie, /., meadow, praline, /., burnt almond (browned in sugar). praticable, adj., feasible; (of roads) passable. pratique, /., practice; mettre en — , to put into practice. pre, m., meadow. precaution,/., precaution; avec — , cautiously. preceder, to precede. precher, to preach. pr6cieux, -se, adj., precious. precipice, m., precipice. precipiter, to hurry, hurl; se — , to rush, spring. predire, irr. v. (predisant, pre- dit, predis, predis), to pre- dict, prefecture, /.; — de police, central police station. preference, /., preference, preferer, to prefer, prelasser (se), to strut, stroll along. premier, premiere, adj., first. prenant, pres. part, prendre, prendre, irr. v. (prenant, pris, prends, pris), to take, get, catch; seize; — a, to take from; — par un autre che- 262 ELEMENTARY FRENCH READER min, to go by another road; se — , to be caught, catch; se — a, to begin, start, set about, preparer, to prepare; se — a, to prepare. pres, adv., near; de — , close to, close by; — de, near, nearly, on the point of. presbytere, m., presbytery, priest's house. presence, /., presence. present, m., present; gift; a — , now, for the present. presentable, adj., presentable, fit for. presentement, adv., at present, now. presenter, to present, give, in- troduce; se — , to present oneself, appear. preserver, to preserve, presque, adv., almost. presse, adj., in a hurry. presser, to press, crowd; — le pas, to hurry; se — , to crowd together, be in haste. pret, adj., ready, pretendre, to pretend, claim, assert. pretendu, adj., pretended, would-be. preter, to lend. preteur, m., lender, money- lender, pretre, m., priest, prevenir, irr. v. (prevenant, prevenu, previens, previns), to warn. pre voir, irr. v. (prevoyant, prevu, prevois, pre vis), to foresee. prier, to pray, ask, entreat; je vous en prie, I beg of you; se faire — , to require ur- ging, have to be asked twice. prier e, /., prayer. prince, m., prince. princesse, /., princess. principal, adj., principal. printemps, m., spring. prirent, 3d pi. past def. prendre. pris, past part, and 1st and 2d sing, past def. prendre. prise, /., capture; hold. prison, /., prison. prisonnier, m., prisoner. prit, 3d sing. past. def. prendre. privation, /., privation. prive, adj., private. prix, m., price, value; prize; a tout — , at any price, at all costs. probable, adj., probable. procession, /., procession. prochain, adj., next. proche, adj., near. procureur, m., attorney. prodige, m., prodigy, wonder. prodigieux, -se, adj., prodi- gious. produire, irr. v. (produisant, produit, produis, produisis), to produce. produit, m., product. profiter (de), to profit by, take advantage of. profond, adj., deep. promenade, /., walk, excur- sion. VOCABULARY 263 promener, to take for a walk; se — , to walk, stroll. promettre, irr. v. (promettant, promis, promets, promis), to promise. promis, past part, and 1st and 2d sing, past def. pro- mettre. promit, 3d sing, past def. pro- mettre. promptement, adv., promptly, speedily. prone, m., sermon. prononcer, to pronounce. propos, m., talk, words; echan- ger de joyeux — , to chat merrily; tenir des — sans suite, to talk disconnectedly, talk nonsense. proposer, to propose. propre, adj., own, very; neat, clean; se mettre — , to clean up, make oneself clean. proprement, adv., neatly, prop- erly. propriete, /., property; power, quality. proscrit, m., outlaw. protection, /., protection. proteger, to protect. proverb e, m., proverb. provision, /., provision. prudence, /., prudence. prudent, adj., prudent. prunelle, /., sloe, wild plum; pupil (0/ the eye). prussien, -ne, adj., Prussian. pu, past part, pouvoir. public, publique, adj., public. puis, adv., then, next. puis, 1st sing. pres. indie, pou- voir. puiser, to draw; — dans, to draw from. puisque, conj., since. puissant, adj., powerful. puisse, 1st and 3d sing. pres. subj. pouvoir. puits, m., well, pit; — fontaine, fountain. punir, to punish. punition, /., punishment. pupitre, m., desk. pur, adj., pure. purent, 3d pi. past def. pouvoir. purgatoire, m., Purgatory. put, 3d sing, past def. pouvoir. quai, m., quay. quand, conj., when; — meme, at any cost, in spite of every- thing. quant a, adv., as for, with re- gard to. quantite, /., quantity. quarante, num., forty. quart, m., quarter; plein aux trois — s, three-quarters full; — d'heure, quarter of an hour. quartier, m., quarter, neighbor- hood; mass; (milit.) quarter. quatre, num., four. quatre-vingts, num., eighty. que, conj., that, than, how, may, let, but; when; ne . . . — , only, nothing but, no one but. 264 ELEMENTARY FRENCH READER que, inierrog. pron., what?; rel. pron., which, that, whom. quel (/. quelle), adj., what? what a! what sort? who?; — que + sub j. y whatever. quelque, adj., some, a few. quelquefois, adv., sometimes. quelqu'un, pron., someone. quenouille, /., distaff. question, /., question. quete,./., collection. queue, /., tail. qui, interrog. pron., who? whom?; — ca? who (is that)?; rel. pron., who, whom, whoever, which, what, that. quiconque, rel. pron., whoever. quinze, num., fifteen. quittance,/., receipt, quittance. quitte, adj., free, free from obligations; tenir — , to re- lease, not to hold respon- sible. quitter, to leave, abandon, take off. quoi, rel. pron., which, what; de \-infin., enough to, the wherewithal to; — que+ subj., whatever; interrog. pron., what? quoique, conj., although. rabacheur, m., bore, rabais, m., reduction {in price). rabot, m., plane. raccrocher (se), to cling, catch hold, recover oneself. race, /., race, stock, line, racheter, to redeem. racine, /., root, raconter, to relate. rafraichir (se), to refresh one- self. raide, adj., steep, stiff; — mort, stone-dead. raie, /., line, streak. raison, /., reason, sense; avoir — , to be right, ramasser, to pick up, collect, gather. ramener, to bring back, take back, bring home again. ramper, to creep, crawl, rang, m., rank. ranger, to range, arrange, place, put away. rapide, adj., rapid, rapidement, adv., rapidly, rapidite, /., rapidity. rappeler, to recall, remind of; se — , to recall. rapport, m., report, rapporter, to bring back, re- turn; bring in, yield. . rapproch§, adj., near. rapprocher, to draw near, bring together; se — , to draw near. raxe,adj., rare, unusual, scanty; se f aire — , to become scanty, decrease. rarement, adv., rarely, raser, to shave; se — , to shave oneself, rassurer, to reassure; se — , to be reassured, rat, m., rat. VOCABULARY 265 rattacher, to attach, fasten. ravager, to devastate, lay waste. ravin, m., ravine. ravir, to carry away; delight. raviser (se), to change one's mind, think it over, ravissement, m., delight, rap- ture, rayon, m., beam, ray. rayonner, to shine, beam, realite, /., reality. recevoir, irr. v. (recevant, recu, recois, recus), to re- ceive. rechange, m., spare thing; de — , spare, extra. rechapper; en — , to escape, recover, rechauffer, to warm; se — , to warm oneself, get warm. recherche, /., search; a la — de, in search of. recherche, adj., sought after, in great demand. rechercher, to look for, seek. reciter, to recite. recois, 1st and 2d sing. pres. indie, recevoir. recoller, to glue on again. recolte, /., harvest, crop. recommander, to recommend, recommence!*, to begin again, recommence. recompense, /., reward. recompenses to reward. reconnaissance, /., gratitude, recognition. reconnaitre, irr. v. (reconnais- sant, reconnu, reconnais, reconnus), to recognize, dis- tinguish; show gratitude for; admit. reconnut, 3d sing, past def. reconnaitre. recoucher (se), to lie down again, go back to bed. recouvrir, irr. v. (recouvrant, recouvert, recouvre, recou- vris), to cover again, recover. recteur, m., rector; (in Brit- tany) priest. recu, past part, recevoir. recueillir, irr. v. (recueillant, recueilli, recueille, recueil- lis), to gather, reap. reculer, to draw back, retreat. redescendre, to go down again. redevenir, irr. v. (redevenant, redevenu, redeviens, rede- vins), to become again. redingote, /., frock-coat. redoubler, to redouble, in- crease. redoutable, adj., formidable, terrible. redouter, to dread, fear. redresser, to make straight; se — , to stand erect again, become straight. reel, -le, adj., real. refaire, irr. v. (refaisant, re- fait, refais, rerls), to do (make) over again. refermer, to close again; se — , to close again. reflechir (a), to reflect (upon). reflet, m., reflection. reflexion, /., reflection. refroidir, to cool, chill. 266 ELEMENTARY FRENCH READER refus, m., refusal. refuser (se), to refuse. regaler, to regale, feast. regard, ra., regard, look, glance. regarder, to regard, look at; concern; regarde done, just look! regeler, to freeze again. region, /., region. regie, /., rule, ruler. regret, m., regret; a — , regret- fully. regretter, to regret. regulier, reguliere, adj., regu- lar. reine, /., queen. rejaillir, to spurt out. rejeter, to throw back, reject. rejoignirent, 3d pi. past def. rejoindre. rejoindre, irr. v. (rejoignant, re joint, rejoins, rejoignis), to overtake, rejoin. rejouir, to delight; se — , to be delighted, rejoice. rejouissance, /., rejoicing; pi, rejoicings, merrymakings. relever, to raise, lift up; faire — , to have lifted up, help to arise; se — , to rise. religieuse, /., nun. reluire, irr. v. (reluisant, relui, - reluis, wanting), to shine. reluisait, 3d sing. impf. indie. reluire. reluisant, adj., bright, shining. remarquer, to notice, remark. remede, m., remedy. remercier, to thank. remettre, irr. v. (remettant, remis, remets, remis), to put back; deliver; put on "again; put off, delay; se — , to recover; se — a, to begin again; se — en route, to set out again. remirent, 3d pi. past def. re- mettre. remis, past part, remettre, re- covered. remonter, to ascend again, go upstairs again; remount; tr., to carry up again. remords, ra., remorse. remorque, /., towing (a ship); a la — de, in tow of. remplacer, to replace. remplir, to fill, fulfil. remuer, to move, stir. renard, ra., fox. rencontre, /., meeting, encoun- ter; case; aller a la — de, to go fcb meet; marcher a sa — , to walk towards him. rencontrer, to meet. rendez-vous, ra., appointment. rendre, to give back, return, render; Dieu vous le rende! may God repay you!; se — , to go; se — petit, to make oneself small. renfermer, to contain, hold, shut up. renouveler, to renew, get a new supply of. rentrer, to return, enter again, go home; tr., to take (bring) in. renverras, 2d sing. fut. ren- voyer. VOCABULARY 267 renverser, to throw down, up- set. renvoyer, to send back, dis- charge. repais, 1st and 2d sing. pres. indie, repaitre. repaitre, irr. v. (conjugated like paitre) ; se — de, to feed on, feast on. repandre, to spread, scatter; se — , to spread. reparaitre, irr. v. (reparaissant, reparu, reparais, reparus), to reappear. reparer, to repair. repars, 1st and 2d sing. pres. indie, repartir. , repartir, irr. v. (repartant, re- parti, repars, repartis), to depart again; retort. reparut, 3d sing, past def. re- paraitre. repas, m., meal, repast. repasser, to repass, pass again; iron. repentir (se), to repent. repeter, to repeat. replacer, to replace. repliquer, to retort, reply. repondre, to respond, reply; je vous en rSponds, I assure you, I'll answer for it. reponse, /., reply. reporter, to carry back. repos, m., repose, rest. reposer, to rest, place again; intr., to repose, lie; se — , to rest oneself. reprendre, irr. v. (reprenant, repris, reprends, repris), to take again, take back, re- cover; reply, resume. reprirent, 3d pi. past def. re- prendre. reprise, /., resumption; a plu- sieurs — s, several times. reprit, 3d sing, past def. re- prendre. reproche, /., reproach. reprocher, to reproach. reptile, m., reptile. republique, /., republic. reputation, /., reputation. requisition,/., requisition, sum- mons. reserver, to reserve. resigner (se), to resign oneself. resine, /., resin; resin candle. resistance, /., resistance. resister, to resist. resolut, 3d sing, past def. re- soudre. resoudre, irr. v. (resolvant, re- solu, resous, resolus) ; se — , to resolve, determine. respect, m., respect. respectueusement, adv., re- spectfully. respirer, to breathe. resplendissant, adj., bright, re- splendent. ressembler, to resemble. ressortir, irr. v. (ressortant, ressorti, ressors, ressortis), to go out again. restant, m., remainder. reste, m., rest, remainder; au — , du — , besides, more- over, however; de — , re- maining, left over. 268 ELEMENTARY FRENCH READER rester, to remain, be left; en — la, to stop there, go no further; il m'est reste sur les bras, he was left on my hands. restituer, to pay back, return. retard, ra., delay; en — , late. retenir, irr. v. (retenant, re- tenu, retiens, retins), to keep back, detain, hold, re- strain. re tint, 3d sing, past def. re- tenir. retirer, to draw back; take off; se — , to retire, withdraw. retomber, to fall back. retour, ra., return. retourner, to return; se — , to turn around; s'en — , to re- turn, go off or away. retraite, /., retreat; battre en — , beat a retreat. retrouver, to find again; se — , to find oneself again, be again. reunir, to join, unite; se — , to gather, assemble, meet. reussir, to succeed; to do or make successfully. reve, ra., dream. re veil, ra., awakening; a son — , on (his) awakening. reveiller, to awaken; se — , to awake. reveillon, ra., repast taken after midnight, especially on Christmas Eve. reveler, to reveal. revenant, ra., ghost; histoire de — s, ghost story. revenir, irr. v. (revenant, re- venu, reviens, revins), to come back, return; s'en — , to come away, come along back. rever, to dream. reverra, 3d sing. jut. revoir. revers, ra., facing, lining; top (of boots); couleur — de botte, yellowish-brown color. revetir, irr. v. (revetant, re- vetu, revets, revetis), to put on. revient, 3d sing. pres. indie. revenir. revinrent, 3d pi. past def. re- venir. revint, 3d sing, past def. revenir. revirent, 3d pi. past def. revoir. revoir, ra., seeing again; au — , good-by (till we meet again). revoir, irr. v. (revoyant, revu, revois, revis), to see again. revolution, /., revolution. revoter, to vote again. rhabiller (se), to dress again. riant, adj., laughing, cheerful. ricaner, to giggle, leer. ri chard, m., rich man. riche, adj., rich; faire le — , to pretend to be rich. richesse, /., wealth, riches. rideau, m., curtain. ridicule, adj., ridiculous. rien, m., nothing, anything, trifle; comme si de — n'etait, as if nothing had happened; ne . . . — que, i nothing but; — du tout, nothing at all. VOCABULARY 269 rigoureux, -se, adj., severe, harsh. rire, ra., laugh, laughter. rire, irr. v. (riant, ri, ris, ris), to laugh. risee, /., laughter, mockery. risquer, to risk. rivage, m., shore. rival, m., rival. riviere, /., river; necklace. robe, /., dress, robe; — mon- tante, high-necked dress. robuste, adj., robust. roc, ra., rock. roche, /., rock. rocher, ra., rock; de — en — , from rock to rock. roi, ra., king. roide, see raide. rompre, to break. ronce, /., blackberry bush, brier. rond, ra., ring, circle; se mettre en — , to form a circle; adj., round. ronde, /., round, patrol; round (circling dance accompanied by song) ; round hand (writ- ing)) a la — , round about; — des plus dansantes, a round most excellent for dancing; en belle — , in a fine round hand. ronfler, to snore. ronger, to gnaw, eat; wear. rose,/., rose; adj., pink. roseau, ra., reed. rdtir, to roast. roucouler, to coo. roue, /., wheel. rouge, adj., red. rouler, to roll. roussir, to singe, scorch. route, /., road, way, highway, route; en — , on the way; grande — , highway; ne faire aucune — , inav.) to make no headway; se mettre en — , to set out. roux, -sse, adj., reddish. royaume, ra., kingdom. ruban, ra., ribbon, rude, adj., rough, hard, severe. rudement, adv., roughly; /am., extremely, mighty. rue, /., street; la grande — , main street; par les — s, through the streets. mine, /., ruin, miner, to ruin. ruineux, -se, adj., ruinous, ruisseau, ra., stream, ruisselant, adj., dripping, steaming. ruse, /., trick, cunning; de — , cunningly, craftily. rustique, adj., rustic. sa, /. of son. sable, ra., sand. sabot, ra., wooden shoe; hoof. sabotier, ra., maker of wooden sabre, ra., saber. sac, ra., sack, bag. sachant, pres. part, savoir. sache, 1st and 3d sing. pres. subj. savoir. 270 ELEMENTARY FRENCH READER sachee, /., sackful; a — s, by the sackful. sacre, adj., sacred. sacrifice, m., sacrifice. sage, adj., wise, good; soyez — , be good, be prudent, sagesse, /., wisdom; avec — , wisely, saigner, to bleed. saint, m., saint; adj., holy, sainte, /., saint. sais, 1st and 2d sing. pres. in- die, savoir. sait, 3d sing. pres. indie, savoir. saisir. se — de, to seize, saison, /., season. salaire, m., wages; reward, sale, adj., dirty. salle, /., hall, room; — a manger, dining-room; — basse, lower hall, salon, m., drawing-room, saluer, to salute, bow to, greet. sang, m., blood. sang-froid, m., coolness, sanglant, adj., bloody, sanglot, m., sob. sangloter, to sob. sans, prep., without; — que, conj., without. sante, /., health. saouler, see souler. sapin, m., fir-tree. Satan, m., Satan. satin, m., satin. satisfaire, irr. v. (satisfaisant, satisfait, satisfais, satisfis), to satisfy. satisfait, adj., satisfied, pleased. saule, m., willow. saura, 3d sing. jut. savoir. saut, m., leap, bound. sauter, to jump, leap, dance; — au cou de quelqu'un, to fall on a person's neck. sauterelle, /., grasshopper. sautillant, adj., hopping; spir- ited. sauvage, m., savage; adj., wild, timid. sauver, to save; se — , to es- cape, run away. Sauveur, m., Saviour. savant, m., man of learning. savoir, m., knowledge. savoir, irr. v. (sachant, su, sais, sus), to know, know how; ne — que faire, not to know what to do. savonner, to wash {with soap). savoureux, -se, adj., savory, sweet. scelerat, m., scoundrel. scierie, /., sawmill. scruter, to search, scrutinize. sculpter, to carve, sculpture. se, per. pron., oneself, him- self, herself, itself, them- selves. sec, seche, adj., dry, thin. secher, to dry; faire — , to cause to dry, dry; se — , to dry oneself. seconde, /., second. secouer, to shake, shake off. secours, m., aid. secousse, /., shock; jerk. secret, secrete, adj., secret; m., secret. VOCABULAKY 271 seduisant, adj., seductive, fas- cinating, attractive. seigneur, m., lord. sein, m., breast, bosom. selon, prep., according to. semaine, /., week. semblable, adj., similar. semblant, m., appearance; faire — de, to pretend to. sembler, to seem, appear; — bon, to suit, seem good to. semelle, /., sole. semer, to sow. sens, m., sense, meaning; di- rection. sensation,/., sensation, feeling. sense, adj., sensible. sent, 3d sing. pres. indie, sen- tir. sentence, /., sentence. sentier, ra., path. sentiment, ra., feeling, senti- ment. sentinelle, /., sentinel. sentir, irr. v. (sentant, senti, sens, sentis), to feel; smell, smell of; — bon, to smell sweet. separer, to separate; se — , to part, separate. sept, num., seven. septieme, adj., seventh. sera, 3d sing. jut. etre. serais, 1st and 2d sing. cond. etre. serge, /., serge, piece of serge. sergent, ra., sergeant. serieusement, adv., seriously, earnestly. serieux, -se, adj., serious. serpent, ra., snake. serrer, to clasp, press, tighten, clench; set (of the teeth); se — , to be oppressed (of the heart) . sert, 3d sing. pres. indie, servir. servante, /., servant. serviable, adj., obliging. service, ra., service; rendre — , to be of service. servir, irr. v. (servant, servi, sers, servis), to serve, be of use; — de, to serve as; take the place of ; se — de, to use. ses, pi. of son. seuil, ra., threshold. seul, adj., alone, only, single. settlement, adv., only, merely. severe, adj., severe. si, adv., so, so much; yes; — fait, yes, I do; — bien que, so that; conj., if, whether. siecle, ra., century. siege, ra., seat. siffler, to whistle. signal, ra., signal. signature, /., signature. signe, -ra., sign; en — de, as a sign of; faire — , to motion, make a sign. signer, to sign; se — , to cross oneself, make the sign of the cross. signifier, to signify, mean. silence, ra., silence. silencieux, -se, adj., silent. simple, adj., simple, plain; — d' esprit, poor in spirit. singulier, singuliere, adj., pe- culiar, strange. 272 ELEMENTARY FRENCH READER sinon, conj., if not, otherwise; — que, except that. sinuosite, /., winding. sire, m., sir, sire. sirene, /., mermaid. sitdt que, conj., as soon as. situation, /., situation, pre- dicament. six, num., six. soc, m., plowshare. sceur, /., sister; nun. soi, pron., oneself. soie, /., silk. soif, /., thirst; avoir — , to be thirsty; avoir grand' — , to be very thirsty; (se) mourir de — , to be dying with thirst. soigner, to take care of, at- tend to. soigneusement, adv., carefully. soin, m., care, task; avoir — , to be careful, take care. soir, m., evening; le — , in the evening. soiree, /., evening; reception, evening party. sois, 1st and 2d sing. pres. subj. etre. soit, 3d sing. pres. subj. etre. sol, m., ground. soldat, m., soldier. soldatesque, adj., soldier-like. soleil, m., sun, sunshine. solennel, -le, adj., solemn. solide, adj., solid, strong, sound. solidite, /., strength. solitude, /., solitude. solive, /., rafter, beam. solliciteur, m., petitioner, sombre, adj., dark, gloomy. sombrer, to founder, sink. somme, /., sum, amount. somme, m., nap; faire un — , to take a nap. sommeil, m., sleep; mauvais — , troubled sleep, sommeiller, to doze. son, m., sound. son (/. sa, pi. ses), poss. adj., his, her, its. sonder, to sound, test. songe, m., dream, songer, to dream, think; — a, to think of or about. songeur, -se, adj., dreamy, thoughtful, sonner, to sound, strike, ring; — du cor, to blow a horn, sonneur, m., bell-ringer; fid- dler. sonore, adj., sonorous, loud, sorte, /., way, sort, kind; de la — , in that way, thus; de — que, en — que, so that. sortie, /., going out, departure, getting out. sortir, m., leaving, rising; au — de table, on leaving the (dinner) table. sortir, irr. v. (sortant, sorti, sors, sortis), to go out, come out or from, emerge, pro- trude. sot, -te, adj., foolish, stupid, fool. sou, m., cent. soubresaut, m., sudden leap, start. VOCABULARY 273 souche, /., stump. souci, m., care, anxiety. soucieux, -se, adj., anxious, preoccupied, nervous. soudain, adv., suddenly. soudainement, adv., suddenly. souffle, m., breath, breathing. sotiffler, to blow, breathe, get one's breath; to prompt. soufflet, m., box on the ear, cuff, souffrance, /., suffering. souffre-douleur, m., butt, laughing stock. souffrir, irr. v. (souffrant, souf- fert, souffre, souffris), to suffer, allow, souhait, m., wish. souhaiter, to wish, soul, adj., drunk. soulager, to relieve. souler, to intoxicate, make drunk, soulever, to raise; se — , to heave, rise. Soulier, m., shoe. soupcon, m., suspicion; — d'espoir, ray of hope. soupconner, to suspect. soupe, /., soup, soupente, /., loft. souper, m., supper, soupiere, /., soup-tureen. soupir, m., sigh; pousser un — , to heave a sigh; rendre le dernier — , to breathe one's last. soupir er, to sigh. souplesse, /., flexibility, adap- tability. sourcil, m., eyebrow. souriant, adj., smiling. sourire, m., smile. sourire, irr. v. (souriant, souri, souris, souris), to smile. souris, /., mouse. sous, prep., under. sous-officier, m., non-commis- sioned officer. soustraire, irr. v. (soustrayant, soustrait, soustrais, want- ing), to remove, take away, protect. soutenir, irr. v. (soutenant, soutenu, soutiens, soutins), to sustain. soutenu, past part, soutenir. souvenir, m., memory, recol- lection, remembrance. souvenir, irr. v. (souvenant, souvenu, souviens, sou- vins); se — de, to remem- ber. souvent, adv., often. souviendrai, 1st sing. jut. sou- venir. spectacle, m., spectacle, sight. sphinx, m., sphinx. splendeur, /., splendor. splendide, adj., splendid. statue, /., statue. stupefaction, /., astonishment. stupefait, adj., stupified, amazed. stupide, adj., stupid. stylet, in., stiletto, dagger; coup de — , blow with a stiletto. su, past part, savoir. subir, to undergo, suffer. 274 ELEMENTARY FRENCH READER subitement, adv., suddenly. substitution, /., substitution. subtil, adj. , shrewd. sue, m., juice, sap. succeder, to follow, succeed; se — , to follow each other. succes, m., success. succomber, to yield, succumb. sucrer, to sugar. sucrerie, /., sweets, bonbons. suffire, irr. v. (suffisant, suffi, suffis, sufns), to suffice. suif, m., tallow; pain de — , cake of tallow. suiffer, to tallow; to pay (smear a ship with pitch, tallow, etc., in order to keep out the water). suis, 1st sing. pres. indie. etre. suis, 1st and 2d sing. pres. indie, suivre. suit, 3d sing. pres. indie. suivre. suite,/., continuation; connec- tion; retinue; tenir des pro- pos sans — , to talk discon- nectedly; tout de — , de — , at once. suivant, adj., following; prep., according to, following. suivre, irr. v. (suivant, suivi, suis, suivis), to follow. sujet, m., subject. superbe, adj., superb. superieur, adj., superior. superposer, to place one upon the other, add; compound (of interest). superstition, /., superstition. supplice, m., punishment, tor- ment. supplier, to beseech. supporter, to support. sur, adj., sure, certain; pour — , surely. sur, prep., on, upon, out of. surement, adv., surely. surete, /., safety. surface, /., surface. surmonter, to surmount. surplis, m., surplice. surprendre, irr. v. (surprenant, surpris, surprends, surpris), to surprise; overtake. surpris, past part, and 1st and 2d sing, past def. surprendre. surprise, /., surprise. surprit, 3d sing, past def. sur- prendre. surtout, adv., especially. surveiller, to watch over, su- pervise. suspect, adj., suspected, sus- picious. suspendre, to suspend, hang. systeme, m., system, plan. ta, /. of ton. tabac, m., tobacco. tabellion, m., notary. table, /., table; a — , at the (dinner) table. tableau, m., picture; black- board. tablier, m., apron. tache, /., task. tacher, to stain, spot. VOCABULARY 275 tacher, to try. taille, /., waist, figure, shape, size. tailler, to cut; — une besogne a, to cut out work for. taillis, m., thicket. taire, irr. v. (taisant, tu, tais, tus), to pass over in silence; se — , to be silent, cease speaking; se — sur, to say nothing about. tais, 1st and 2d sing, pres. in- die, taire. talon, ra., heel. talus, ra., slope, bank, em- bankment. tandis que, conj., while, where- as. tant, adv., so much, so many; — que, as long as, as much as, until. tante, /., aunt. tantot, adv., presently; just now; — ... — , now . . . now, sometimes . . . some- times. tapage, ra., noise, uproar. tape, /., tap, pat. taper, to tap, strike. tapis, ra., carpet. tapisser, to hang (with tap- estry) . tapisserie, /., tapestry. tard, adv., late. tarder, to delay, tarry, be long; on ne tarda pas a voir, it was not long before one saw. tas, ra., pile, heap; en plein — , in the middle of the pile. tatons; a — , adv., groping, feeling one's way. taureau, ra., bull. taux, ra., rate of interest, price. te, per. pron., you, to you. teint, ra., complexion, color. tel, -le, adj., such; — que, such as; un — , such a. tellement, adv., so, so much. temoin, ra., witness. temoigner, to show, prove, ex- press. temps, ra., time; weather; a quelque — de 1&, some time after; de — k autre, now and then; de — en — , from time to time; du — que, when; en meme — , at the same time; grand — , high time; j'ai bien le — , I have time enough (for that); par un — pareil, in such weather ; se dormer du bon — , to enjoy oneself; tuer le — , to kill time. tendre, to stretch, extend; hang; offer, hold out; set (of fish-lines) . tenebres, /. pi., darkness. tenir, irr. v. (tenant, tenu, tiens, tins), to hold, have hold of; possess, keep; hold out, resist; be contained in, find room in; — a, to insist upon, be anxious to; tenez! tiens! wait! see here!; il ne tient qu^ moi, it only de- pends upon me, it is in my power; se — , to be; stand; sit; be held. 276 ELEMENTARY FRENCH READER tentation, /., temptation. tenter, to tempt; attempt, try. tenture, /., tapestry, hanging. terminer, to terminate, end; se — , to end. terne, adj., dull, tarnished. terrain, ra., land, ground. terrasse, adj., thrown upon the ground, exhausted. terre, /., earth, ground, field, land; estate; earthenware; a — , en — , on the ground; sur — , on earth; par — , on the ground; — battue, hard packed earth; — sainte, consecrated ground. Terre-Neuve, /., Newfound- land; bancs de — , New- foundland banks. terreur, /., terror. terrible, adj., terrible. terriblement, adv., terribly, very. terrifier, to terrify. tete, /., head; en — , in front, ahead; la — en avant, head foremost. theatre, ra., theater. tiede, adj., lukewarm. tien, -ne, poss. pron., yours. tiennent, 3d pi. pres. indie, and subj. tenir. tiens, 1st and 2d sing. pres. indie, tenir. tient, 3d sing. pres. indie, te- nir. tige, /., stem, stalk. tiller, to scrutch (prepare hemp and flax for use, by beating it). timidement, adv., timidly. tint, 3d sing, past def. tenir. tintement, ra., tinkling, jin- a gling. tir, ra., shooting, marksman- ship. tirailler, to shoot wildly and rapidly; skirmish. tirer, to draw, pull, give a pull; stretch (of linen); fire (a gun); se — de, to extricate oneself, get out of. tireur, ra., marksman. titre, ra., title. toi, per. pron., you, to you; meme, yourself. toile, /., cloth, linen; canvas (in painting); — d'araignee, cobweb. toilette, /., toilet, dress, party dress; — de soiree, evening dress; faire sa — , to make one's toilet; faire un bout de — , to clean up a little. toit, ra., roof. toiture, /., roof. tolerance, /., tolerance. tombe, /., tomb, grave. tomber, to fall; faire — , to cause to fall, trip; faire — a terre, to knock down. ton, ra., tone. ton (/. ta, pi. tes), poss. adj., your. tonneau, ra., cask. tonnere, ra., thunder. torchere, /., candelabrum. torchon, ra., dish-cloth. tordre, to twist, wring; se — , to twist, writhe. VOCABULARY 277 torrent, m., torrent. torrentiel, -le, adj., torrential, in torrents. tort, m., wrong, harm; avoir — , to be wrong; faire — a, to wrong; faire grand — a, to do great wrong to. tortueux, -se, adj., winding. torture, /., torture, torment. torturer, to torture, torment. tot, adv., soon. touche, adj., touched, moved. toucher, m., touch. toucher, to touch; — a, to reach, be next to; touch, meddle. touffu, adj., thick. toujours, adv., always, still, ever, anyway. tour, m., turn; tour; trick; a — de bras, with all one's might; a mon — , in my turn; faire un — , to take a walk, make a tour; fermer a double — , to lock fast. tourbillonner, to whirl. tournant, m., turn, bend. tourner, to turn; se — , to turn, turn around. Toussaint, /., All Saints' Day. tout, m., everything; par-des- sus — , above all. tout (m. pi. tous), adj., all, every, any, whole; tous deux, both. tout (before fern. adj. beginning with consonant, toute), adv., entirely, quite, very; — a coup, suddenly; — a fait, wholly, entirely; — a Pheure, just now, presently; — de meme, just the same; — de suite, at once; — d'un coup, all at once; — en+ pres. part., while. toutefois, adv., nevertheless, yet. trace, /., trace. tracer, to trace. trahir, to betray. trahison,/., treachery, treason; faire — , to be guilty of treachery. train, m., pace; train; en — de, in the act of, engaged in; etre bien en — , to be in good spirits, in a merry mood; — de derriere, hind quarters, haunches. trainee, /., long line of, trail, train. trainer, to drag, draw. traire, irr. v. (trayant, trait, trais, wanting), to milk. trait, m., arrow; mark, deed; trait; draught; d'un seul — , at one draught. trait e, /., journey. traitre, m., traitor. trajet, m., way, distance, jour- ney; faire un — , to make a trip. tranche, /., slice. tranquille, adj., quiet, tran- quil, at ease; soyez (sois) — , have no fears, don't worry; laisse-moi — , leave me alone. tranquillement, adv., quietly. tranquillite, /., tranquility. 278 ELEMENTARY FRENCH READER transcendant, adj., transcend- ent, unusual. transparent, m., transparency, transparent paper. transporter, to convey, trans- port. traquer, to hunt down. travail, m., work, workman- ship; task; gros travaux du menage, heavier kinds of housework. travailler, to work, work at, fashion. travailleur, -se, m. and /., worker. travaux, pi. of travail. travers, m., caprice; breadth; a — , en — , across, through; de — , askew, crooked. traverser, to cross, traverse. traversin, m., bolster. tray ait, 3d sing. impf. indie. traire. trebucher, to stumble. trefonds, m., bottom, depths of one's soul. tremblant, adj., trembling. trembler, to tremble. tremper, to dip, wet. trente, num., thirty. trepas, m., death. tr&s, adv., very. tresor, m., treasure. tressaillement, m., start. tressaillir, to give a start. tresser, to weave. treve, /., truce. tricorne, m., three-cornered hat, cocked hat. tricot, m., tricot, knitted goods; mitaines de — , knitted woolen mittens. tricoter, to knit, tringle, m., rod, curtain rod. triomphe, m., triumph, tripe, /., tripe; pi., entrails, triple, adj., triple. triste, adj., sad. tristement, adv., sadly, tristesse, /., sadness. trois, num., three. troisieme, adj., third, trompe, /., horn. tromper, to deceive; se — , to be mistaken; s'y — , to make a mistake (in it); se — de lit, make a mistake in the bed, get the wrong bed. trompette, /., trumpet. tronc, m., trunk, trop, m., excess. trop, adv., too, too much, too many. trotter, to run, trot, run about, trou, m., hole, troubler, to disturb, trouble; se — , to be disconcerted, troupe, /., band, troop, troupeau, m., flock, herd, trouver, to find; se — , to be; find oneself; — mauvais, to disapprove, truffe, /., truffle, truite, /., trout, tu, per. pron., thou, you. tuer, to kill, tue-tete; a — , at the top of one's voice. turbot, m., turbot. tut, 3d sing, past def. taire. VOCABULARY 279 un, art., a, an. un, num. , one; — a — , one by one. uniforme, m., uniform. union, /., union. usage, m., custom, wear, usage. user, to wear out. ust ensile, m., instrument, uten- sil. usure, /., wear, worn condi- tion; usury. usurier, m., usurer. va, 3d sing. pres. indie, aller. vache, /., cow. vacillant, adj., wavering, flick- ering. va-et-vient, m., going and com- ing. vagabond, m., vagabond. vague, /., wave. vainement, adv., in vain. vainqueur, m., conqueror. vais, 1st sing. pres. indie. aller. vaisseau, m., vessel, ship. vaisselle, /., plates and dishes. valait, 3d sing. impf. indie. valoir. valet, ra., valet, man-servant; farm-hand. valise, /., valise, grip. vallee, /., valley. valoir, irr. v. (valant, valu, vaux, valus), to be worth; — mieux, to be better. valser, to waltz. van, ra., van, winno wing- basket or machine. vanter, to boast. va-nu-pieds, ra., ragamuffin. vapeur, /., steam, vapor. vase, ra., vase, vessel. vaste, adj., vast. va-t-en, 2d sing, imper. s'en aller. vaurien, ra., good-for-nothing. vautrer (se), to wallow. vaux (pi. of val), ra., valleys, dales {see mont). vaux, 1st and 2d sing. pres. in- die, valoir. veau (pi. veaux), ra., calf; veal. vecu, past part, vivre. ' vecut, 3d sing, past def. vivre. veille, /., eve, night before, vigil. veillee,/., time between supper and bed time; evening (spent in company, working or talk- ing); faire — , to spend an evening together. veiller, to watch, stay awake. velours, m., velvet. velu, adj., hairy. vendre, to sell. vengeance, /., vengeance. venir, irr. v. (venant, venu, viens, vins), to come; grow, thrive; — de, to have just; — en aide a, to come to the aid of. venitien, -ne, adj., Venetian. vent, m., wind. 280 ELEMENTARY FRENCH READER venue, /., coming, arrival. ver, m., worm; — de terre, earthworm. verge, /., rod. verger, m., orchard. veritable, adj., veritable. veritablement, adv., truly. verite, /., truth; a la — , en — , in truth, indeed. vernir, to varnish. verra, 3d sing. fut. voir. verrait, 3d sing. cond. voir. verre, m., glass. verrez, 2d pi. fut. voir. verrou, m., bolt. verrue, /., wart. vers, prep., toward, about. verser, tr., to pour, spill; inlr., to overflow, upset. vert, adj., green. verve, /., warmth, spirit, ani- mation. veste, /., jacket. vestibule, m., vestibule, hall, lobby. vetement, m., garment, dress. vetir, irr. v. (vetant, vetu, vets, vetis), to dress, furnish. vetu, past part, vetir. veulent, 3d pi. pres. indie. vouloir. veut, 3d sing. pres. indie, vou- loir. veuve, /., widow. veux, 1st and 2d sing. pres. indie, vouloir. vexer, to vex. viande, /., meat. victoire, /., victory. vide, adj., empty. vider, to empty, drain. vie, /., life, livelihood; en — ■, alive; gagner sa — , to earn one's living. vieil, see vieux. vieillard, m., old man. vieille, /. of vieux. vieillir, to grow old. vielle, /., hurdy-gurdy. viendra, 3d sing. fut. venir. viennent, 3d! pi. pres. indie, and subj. venir. vient, 3d sing. pres. indie. venir. vierge, /., virgin. vieux, m., old man. vieux (before a vowel, vieil, /. vieille), adj., old. vif, -ve, adj., lively, sharp, bright, keen. vigour eusement, adv., vigor- ously, energetically. vigoureux, -se, adj., vigorous. vilain, m., serf; adj., ugly, nasty. village, m., village. ville, /., city. vin, m., wine. vingt, num., twenty. vingtaine, /., score. vint, 3d sing, past def. venir. violent, adj., violent. violet, -te, adj., violet. violon, m., violin, fiddle; vio- linist. violoneux, m., (fam.) country- fiddler. virent, 3d pi. past def. voir. vis, 1st and 2d sing, past def. voir. VOCABULARY 281 vis, 1st and 2d sing. pres. indie. vivre. visage, ra., face. viser, to aim at, visible, adj., visible. vision, /., vision. visite, /., visit; rendre (faire) — a, to pay a visit to. visiter, to visit. visser, to screw, fasten with screws. vit, 3d sing, past def. voir. vit, 3d sing. pres. indie, vivre. vite, adv., fast, quickly. vitesse, /., speed; gagner quelqu'un de — , to out- run, outstrip any one. vitrail (pi. vitraux), ra., stained- glass windows. vivandiere, /., sutler, canteen- woman. vivant, ra., person living; joyeux — , merry fellow. vivant, adj., living, alive. vive, 1st and 3d sing. pres. subj. vivre, long live! vive, /. of vif . vivement, adv., quickly, keenly, sharply, vigorously. vivre, irr. v. (vivant, vecu, vis, vecus), to live; vive . . ., long live. voeu, ra., vow, wish, desire. voici, adv., here is, here are. voila, adv., there; there is, there are, behold; — que, lo and behold. voile, ra., veil. voile, /., sail. voiler, to veil. voir, irr. v. (voyant, vu, vois, vis), to see; faire — , to show; voyons! let's see, see here! vois, 1st and 2d sing. pres. indie, voir. voit, 3d sing. pres. indie, voir. voisin, ra., neighbor; adj., neighboring. voisinage, ra., neighborhood. voisiner, to visit one's neigh- bors. voiture, /., carriage. voix, /., voice; a — basse, in a low tone, in a whisper; a demi — , in a low tone; une — mouillee de larmes, a voice choked with tears. vol, ra., flight; theft; prendre son — , to take one's flight. voler, to fly; rob, steal; — a, to steal from. volet, ra., shutter. voleur, -se, ra. and f., robber, thief; au — ! stop thief! volontaire, ra., volunteer. volonte, /., will; a — , at will, at pleasure. volontiers, adv., willingly, free- ly, readily, with pleasure. volte-face, /., turning around; faire — , to turn around, face about. voltiger, to flutter, flit. voltigeur, ra., soldier of light infantry. votre, poss. adj., your. votre, poss. pron., yours. voudrais, 1st and 2d sing. cond. vouloir. 282 ELEMENTARY FRENCH READER voulais, 1st and 2d sing. impf. indie, vouloir. vouloir, irr. v. (voulant, voulu, veux, voulus), to wish, be willing; en — a, to have a grudge against, be angry with; je veux! I will!; — bien, to be willing, be glad to; — du mal a, to wish harm to; je voudrais bien, I should like. voulu, past part, vouloir. voulut, 3d sing, past def. vou- loir. vous, per. pron., you. voute, /., vault, arch. voyage, m., journey, trip, voyage. voyager, to travel. voyageur, m., traveler. voyait, 3d sing. impf. indie. voir. voyant, pres. part. voir. voyez, 2d pi. pres. indie, and imper. voir, voyons, 1st pi. pres. indie, and imper. voir, vrai, m., truth; dire — , to speak truly, tell the truth; adj., true. vraiment, adv., truly. vu, past part. voir, vue, /., view, sight, eyesight; en — de, in sight of; perdre de — , to lose sight of. y, adv., there, in it, to it; il y a, there is, there are. yeux, pi. of ceil. zebre, adj., striped. X lAi ■ LIBRARY OF CONGRESS 003 109 416 1