Glass ; Book.. V,.- Vj «/ Gojpglitft?- 0£EXRIGHT DEPOSIT. /IDerrfirs jfrencb TTeits LE PARI D'M LYCEEN BY J. CHANCEL ABRIDGED AND EDITED BY SUZANNE ROTH, M.A. CHAIRMAN OF FRENCH DEPARTMENT, SEWARD PARK JUNIOR HIGH SCHOOL, CITY OF NEW YORK AND OTHON QUINCHE, B. es S. CHAIRMAN OF FRENCH DEPARTMENT, LINCOLN SCHOOL OF TEACHERS COLLEGE, CITY OF NEW YORK ILLUSTRATIONS BY MARGARET FREEMAN CHARLES E. MERRILL COMPANY NEW YORK CHICAGO ^ v % yfi Copyright, 1922, by CHARLES E. MERRILL CO. ©CU674080. PREFACE In adapting Le Pari d J un Lyceen to classroom use, it has been the aim of the authors to present, in simpli- fied form, a story truly French in atmosphere, situa- tions, and language. The story has been chosen for its appeal to the interest of the pupil, rather than for literary value. The French is very simple, idioms and difficult grammatical constructions having been reduced to a minimum. If used as a second year reading text, the book ought to be completed in one semester. The vocabulary is a practical one. The Questionnaire is not an exhaustive list of ques- tions. It has been included as a device for home preparation of the lessons, rather than for classroom use. The Revisions Grammaticales are offered with the thought that they will prove useful as a connect- ing link between grammar and reading. It is intended that these exercises should form a suggestive basis for further grammatical drills. The illustrations will furnish much material for con- versation and free composition work. The maps have been included with the hope that the geography of France, her resources and industries, will form subjects for more intensive study. iii IV PREFACE The authors have aimed at offering a simple text which in form and content will prove of interest and value. The hero of the story is a French schoolboy of today, with modern ideas and ambitions, whose ex- periences present many worth-while life lessons. S. R. O. Q. TABLE DES MATIERES CHAPITRE PAGE 1. Monsieur Lestillac, pere 1 2. La Lettre du Proviseur 2 3. Edouard a ses Idees 4 4. Le Pari 5 5. Le Contrat 6 6. L'Arrivee a Paris 7 7. Chance et Malchance 9 8. Devant le Commissaire 11 9. Une Nuit en Prison 13 10. Les Conseils de Monsieur Piquet 14 11. Libre 16 12. Edouard cherche un Emploi 18 13. tAu Merlax qui chante» 19 14. Les Repondaxts 21 15. Le Xouvel Emploi 22 16. L'Installation 24 17. Edouard Plongeur 26 18. L'Importance d'Edouard 27 19. nouvelles connaissances 30 20. L'Offre de Berlou 31 21. Le ((King's Tailor» 33 22. Le Manege Marentonneau 35: 23. Les Camarades 37 24. L'Ecuyer de Sortie 39 25. Le Dejeuner au ((Pavillon Bleu» 41 26. La Facheuse Circoxstance 42 27. A la Recherche d'un Emploi 44 28. «Guignol Sportsman)) 45 29. Nouvelles Perspectives 47 30. Le Rendez-vous a «La Sincerite» 48 31. Monsieur de Blangoulent 51 32. Le D!ner au «Rendez-vous des Centaures». . . 52 VI TABLE DES MATIERES CHAPITRE PAGE 33. La Lettre du Redacteur 53 34. Fonpoche et Sampirou 54 35. Le Grand DIner 56 36. Les Premiers Doutes 58 37. Les Comptes 60 38. Le Desastre 61 39. Nouvel Espoir 63 40. La Reduction des Depenses 64 41. Edouard donne sa Demission 66 42. Une Mission de Confiance 67 43. En Route pour Nice ■ . 70 44. Un Incident 71 45. Vers le Sud 74 46. La Vallee du Rh6ne 76 47. Au Pays des Fruits 78 48. Derniers Efforts 80 49. La Victoire 82 50. La Catastrophe 84 51. Au Poste 86 52. L'Interrogatoire 87 53. Au Cachot 89 54. La Delivrance 90 55. Revelations 92 56. Le Pari Gagne 94 Questions et Revisions Grammaticales 97 vocabulaire 157 LE PARI D'UN LYCEEN 1. MONSIEUR LESTILLAC, PERE — Bonjour, pere, dit joyeusement Edouard en ren- trant d'une longue promenade dans un pittoresque vallon des Cevennes. II trouvait son pere lisant un journal dans le jardin du chateau ou ils passaient les vacances de Paques. 5 1 Monsieur Lestillac etait un homme de cinquante- quatre ans, grand et vigoureux. L'expression de sa physionomie etait fine et bienveillante. Un grand chapeau de paille sur la tete, vetu de flanelle blanche, il portait a la boutonniere de son veston le ruban 10 d'officier de la Legion d'honneur. II etait ne aux Etats-Unis, de parents frangais, etablis depuis longtemps a la Nouvelle-Orleans. Sa mere etait deja morte lorsque son pere, ouvrier mecani- cien dans une sucrerie, fut tue par l'explosion d J une I5 chaudiere. Seul au monde a douze ans, sans ressources et sans appui, il s'embarqua comme mousse a bord d'un clipper, navigua pendant quelques annees sur les cotes de TAmerique du Sud, amassa sou a sou un petit pecule et partit pour TAustralie. 20 D'abord chercheur d ? or, puis eleveur de betail, il revint aux Etats-Unis apres dix annees de labeurs, de fatigues et de perils, possesseur d'une fortune impor- tante, et s'etablit a New- York comme armateur. 1 2 LE PARI D'UN LYCEEN II avait egalement une maison a Bordeaux, centre ' principal de ses affaires en Europe. L'importance de sa situation et sa fortune gran- dirent de jour en jour. Mais il subit une bien cruelle 5 epreuve lorsque, apres quatre ans de mariage, il perdit sa femme, et resta veuf avec un fils unique, Edouard, age de trois ans a cette epoque. II resolut alors de laisser la direction de sa maison de New-York a un employe et de transporter a Bordeaux le siege de sa 10 residence et son principal etablissement commercial. C'est dans cette ville qu'Edouard entra au lycee, ou il faisait actuellement sa seconde. 2. LA LETTRE DU PROVISEUR En voyant son fils arriver dans le jardin, monsieur Lestillac s'etait leve et ils entrerent dans la salle a 15 manger. Le pere paraissait preoccupe. Lorsque le cafe fut servi, il congedia le domestique, et s'adressant a son fils : — Ton proviseur m'a ecrit ce matin, dit-il. Voici sa lettre. Lis-la, nous causerons ensuite. 20 Edouard lut avec un mecontentement visible, la lettre suivante: Cher Monsieur, Je n'ai aucun reproche a faire a votre fils. Sa conduite, son travail, ses progres, sont bons. Je le considere toujours comme 25 un excellent eleve. Seulement, il se forme des opinions absolues sur les points les plus delicats. Ainsi, par exemple, il a nette- ment tranche la question de la reforme de l'enseignement! II pense que les etudes classiques sont presque inutiles. Son idee LA LETTRE DU PROVISEUR 3 est qu'il faut dormer rapidement aux jeunes gens une education sommaire, et qu'ensuite ils feront leur chemin selon leurs apti- tudes natives et a leurs risques et perils! Je ne discute pas ces idees. Je constate simplement qu'elles ne sont pas encore entrees dans nos mceurs et par consequent 5 votre fils se livre a des controverses deplacees. Faites lui com- prendre qu'un jeune homme ne doit pas trancher peremptoire- ment des problemes pedagogiques et sociaux devant lesquels les penseurs les plus eminents demeureront encore longtemps perplexes. Veuillez bien le chapitrer a ce sujet et croire a mes 10 sentiments tres devoues et tres sympathiques. J. Lapaine. LE PARI D'UN LYCEEN 3. EDOUARD A SES IDEES — Eh bien! que dis-tu de cette lettre? demanda monsieur Lestillac. — Je dis, pere, que si, au lieu de s'adresser a vous, monsieur Lapaine m'avait invite a ne pas exprimer au 5 lycee des opinions en contradiction avec les siennes, je Paurais fait, mais je suis convaincu que mes idees sont absolument justes. — Oh! oh! fit monsieur Lestillac etonne. — Pere, monsieur Lapaine defend les methodes 10 d'education actuelles telles qu'elles existent aujour- d'hui. Mais avons-nous done besoin de tout ce qu'on nous donne a apprendre, pour faire notre chemin dans la vie? — Voyons Edouard ! a Page de quinze ans, tu oses 15 nier Putilite de Pinstruction? — Non! mais je pretends que trop destruction est inutile. Si un evenement imprevu m'obligeait a cesser mes etudes, je saurais bien gagner ma vie avec les connaissances que je possede deja. Ne le croyez-vous 20 pas? — Non, mon ami, je ne le crois pas. — Mais, protesta Edouard avec vivacite, vous, vous etes devenu rapidement tres riche, et vous m'avez dit maintes fois que quand vos parents sont morts, vous 25 possediez a peine une instruction elementaire. Je suis mieux prepare que vous; done pourquoi ne pourrais-je pas lutter et triompher comme vous? — Parce que les conditions ne seraient pas les memes pour toi que pour moi, repondit monsieur Lestillac LE PARI 5 un peu surpris par F argument. La pauvrete de mes parents, une enfance penible, m'avaient prepare aux privations, aux difficultes et aux obstacles. D'ailleurs, il n'est pas question de cela! II est question de la lettre de monsieur Lapaine. Que puis-je lui repondre? 5 — Eh bien, dites-lui que je m'abstiendrai desormais de toute controverse au lycee, sur les questions d'en- seignement. — C'est tres bien, mon ami! 4. LE PARI Disons-le tout de suite. Edouard s'obstina dans ses 10 idees. II etait certain de pouvoir gagner sa vie seul si les circonstances Texigeaient. — Je serais curieux de te voir faire cela, dit un jour monsieur Lestillac. — Eh bien, si vous voulez me laisser completement 15 libre pendant un an, je parie que je pourrai gagner ma vie sans votre protection et sans votre aide; unique- ment par mon travail et par les ressources de mon esprit; sans jamais vous demander un centime; sans jamais accepter la moindre aide pecuniaire autre que 20 la remuneration d'un travail accompli. — Decidement, mon ami, tu perds la raison. Pendant les quelques jours qui suivirent, monsieur Lestillac eluda toute discussion avec son fils sur le meme sujet. Mais s'il n'en parlait pas, il y pensait 25 sans cesse. II se demandait s'il ne serait pas bon de prouver par le fait, Tabsurdite des idees de son fils en lui donnant son independance pour un an. 6 LE PARI D'UN LYCEEN Un matin, vers la fin des vacances de Paques, il appela Edouard et lui dit : — Mon ami, j'ai resolu de te laisser libre de rentrer ou de ne pas rentrer au lycee, a ton choix. Tu t'ob- 5 stines dans des idees que je crois fausses. Je me trompe peut-etre! Tu vois que malgre mon age et mon ex- perience, je me crois capable de me tromper. Tu te crois suffisamment instruit et parfaitement capable de faire ton chemin tout seul. Personnellement j'en 10 doute. Nous verrons lequel de nous deux aura raison. II y a quelques jours, tu me proposals un pari. Eh bien, je Taccepte! 5. LE CONTRAT — Nous ferons un pari! . . . Pari sans enjeu! . . . Le gagnant se contentera de l'honneur d'avoir gagne! 15 Seulement, continua monsieur Lestillac en prenant une feuille de papier sur la table, il est necessaire d'avoir un contrat en regie. Maintenant, ecoute attentive- ment ce que j'ai redige. C'etait bien une convention en forme qu'il avait 20 redigee avec clarte et precision. Elle etait ainsi congue: Edouard Lestillac voulant prouver qu'il est capable de se suffire a lui-meme demande a son pere Pautorisation de vivre pendant un an dans une independance absolue, se chargeant de 25 gagner sa vie tout seul. II ne demandera a personne, meme pas a son pere, aucune aide materielle ou morale. II aura la permission d' accepter tout travail, emploi ou metier dont Phonnetete ne pourrait etre suspectee. L'ARRIVEE A PARIS 7 Monsieur Lestillac acquiesce aux desirs de son fils sous les reserves et conditions suivantes: Edouard ecrira deux fois par semaine a son pere et lui dira ses changements de residence, sans lui donner de detail sur Pemploi ou le metier qu'il exercera. 5 II prendra un nom d'emprunt pendant toute la duree du pari. S'il est malade ou simplement indispose il telegraphiera im- mediatement a monsieur Lestillac. Monsieur Lestillac lui four- nira des cartes-lettres pour sa correspondance, et lui adressera deux fois par semaine des telegrammes reponse payee. 10 En cas de circonstances graves ou exceptionnelles, impos- sibles a prevoir, Edouard communiquerait la presente con- vention au maire ou au commissaire de police de la localite dans laquelle il se trouverait. Ces fonctionnaires auraient certaine- ment Pobligeance de Paider et de prevenir monsieur Lestillac. 15 — C'est tout, mon ami, dit le pere apres avoir marque par une pause la fin de la lecture. Prends ce papier. Relis-le soigneusement. Demain matin, si tu persistes dans ta resolution, nous prendrons nos me- sures. Va, mon ami! a tantot! 2 ° 6. L'ARRIVEE A PARIS Huit jours apres cet entretien, Edouard Lestillac, parti de Bordeaux la veille, a dix heures et demie du soir, arrivait a Paris par Pexpress de sept heures quinze du matin. L'annee d'experience commengait a son arrivee a 25 Paris. Lorsqu'il descendit de wagon a la gare d'Orleans, il tira de sa poche un carnet et il ecrivit sur la premiere page le memorandum suivant : 8 LE PARI D'UN LYCEEN Paris, le 26 avril 19. ., 7 h. 36 du matin, fitat de ce que je possede a ce jour et a cette heure: En argent: rien. En bijoux et objets de valeur: rien. 5 En objets divers: 1. Une copie de la convention intervenue entre mon pere et moi. 2. Un carnet avec un crayon (pour correspondre avec mon pere, et pour tenir un journal abrege des prin- IO cipaux evenements de ma vie, pendant un an). 3. Cinq cartes-lettres. 4. Une sebile en bois. Apres cette recapitulation exacte de ses ressources, Jacques Blandas (c'est le nom que notre heros prit en 15 arrivant a Paris) traversa la place Valhubert et alia s'asseoir au Jardin des Plantes pour reflechir. II fallait maintenant gagner de Pargent pour ses repas et pour son logement. Enfin, vers midi, il se dirigea vers le boulevard Saint- 20 Germain, et arriva jusqu'au boulevard Saint-Michel. II arpenta lentement le trottoir, s'arretant devant les cafes, et regardant d'un air perplexe les etudiants assis au dehors. fidouard cherchait, parmi cette jeunesse, des appre- 25 ciateurs de ses talents poetiques, car il faut dire qu'il comptait sur sa muse pour gagner sa vie. II savait que de jeunes poetes et de jeunes chanson- niers gagnaient, au minimum, cinq francs par jour, plus le diner, en interpretant leurs oeuvres dans cer- 30 tains cabarets artistiques du Quartier Latin et de Montmartre. Apercevant a une table quelques visages sympa- CHANCE ET MALCHANCE 9 thiques, il s'approcha, ota son chapeau, et balbutia (Tune voix un peu tremblante, la phrase suivante, longuement meditee a Favance: — Depourvu de ressources et n' ay ant a compter que sur moi-meme, ne voulant recourir sous aucun pre- 5 texte a la mendicite, je vous demande la permission de vous dire quelques vers de ma composition. Les jeunes gens le regarderent avec une surprise un peu moqueuse. — Allez-y gaiement, jeune homme! dit un etudiant 10 en medicine. Edouard, encourage, annonga le titre de son morceau: ((La Promenade du Poete!)) 7. CHANCE ET MALCHANCE Les etudiants ecouterent cette poesie avec une bien- veillante attention. *5 Le succes s'affirma! Edouard commenga, sans plus tarder, a queter aux tables les plus voisines, et la recolte de gros sous s'annongait tres fructueuse, lorsqu'elle fut malheureusement interrompue par un incident grave. 2 ° Un jeune homme avait attendu la fin de ((La Prome- nade du Poete)) avant de regler sa consommation. II donna un franc au gargon. Comme la consommation cotitait quatre-vingts centimes, il regut vingt centimes de monnaie. 25 Le jeune homme allait partir, laissant les vingt cen- times sur la table pour le gargon, lorsqu'en voyant Edouard s'approcher, il changea d'avis, prit les deux 10 LE PARI D'UN LYCEEN sous doubles et les deposa dans la sebile. Puis il partit, sans laisser de pourboire. Le gargon etait furieux. — Allons! Ouste! criait-il a Edouard d'une voix 5 insolente. Demenagez! On ne mendie pas ici! Edouard devint tres rouge. — Je ne mendie pas, repondit-il d'un ton menagant, et je vous defends de m^insulter. II etait grand et fort pour son age. Le gargon, qui 10 etait chetif et malingre, appela d'autres gargons. Le patron accourut au bruit et essaya de ramener le calme en invitant Edouard a partir. Mais un grand nombre DEVAXT LE COMMISSAIRE 11 de consommateurs protesterent contre cette expulsion injuste. Chacun parlait, chacun criait a la fois. Deux sergents de ville accoururent et commanderent a Edouard de leur montrer Tautorisation prefectorale qui lui permettait de chanter ainsi dans les rues. 5 Comme il n'en avait pas, les agents le conduisirent chez le commissaire. II comparut, non sans emotion, devant le commis- saire de police, monsieur Piquet, qui lui posa les ques- tions d'usage, relatives a son nom, a sa famille et a 10 son domicile. Edouard comprit que dans une circonstance aussi exceptionnelle, une franchise absolue etait necessaire. II donna son nom reel, expliqua le pari qu'il avait fait avec son pere, et produisit la copie de la convention. 15 Le commissaire congedia les agents et resta seul avec Edouard. 8. DEVANT LE COMMISSAIRE — Qu'allez-vous faire, maintenant? lui demanda le commissaire. — Monsieur le commissaire, repondit Edouard, je 2 o vais solliciter cette autorisation. — Est-ce que vous avez un bras artificiel ou une jambe articulee? interrompit monsieur Piquet. — Mais non, monsieur le commissaire, balbutia fidouard. Xon certainement ! 25 — Eh bien, puisque vos membres sont bien a vous, vous ne pouvez demander cette autorisation. Ou, du moins, vous etes certain de ne pas Tobtenir. 12 LE PARI D'UN LYCEEN — Comment! monsieur le commissaire, fit fidouard consterne, on refusera de me permettre . . . — On vous refusera une autorisation qu'on n'ac- corde que difficilement a des gens infirmes ou estropies. 5 La mendicite est interdite. — Je ne mendiais pas, monsieur, protesta vivement Bdouard. Je disais des vers . . . — Vous avez declame votre ceuvre, et vous avez ensuite fait la quete. Vous avez mendie, c'est incon- 10 testable! Vous avez peut-etre mendie sans le savoir. Je veux bien l'admettre. Maintenant, il y a une autre cause qui m'oblige a vous garder a ma disposition. — Mais, monsieur le commissaire de police, s'ecria Edouard, les larmes aux yeux, je vous assure que je 15 n'ai rien fait de reprehensible! Je viens d'arriver a Paris, il y a quelques heures a peine. — Oui! mais je soupgonne fort que vous y etes venu sans le consentement de vos parents. — Non! non, monsieur! Je vous ai dit la verite. 20 Mon pere sait tout! — Allons done! fit monsieur Piquet tres sceptique. Un pere autorisant son fils a tenter une experience aussi absurde et aussi dangereuse? C'est invraisem- blable! Inadmissible! Pour savoir la verite, je vais 25 lui telegraphier a Bordeaux. En attendant la reponse de. votre pere, je vais vous garder ici. II sonna; un agent entra. — Y a-t-il une cellule de fibre, Nadin? demanda monsieur Piquet. 30 — Oui, monsieur le commissaire, repondit l'agent. — Bon! emmenez ce jeune homme, Nadin. UNE NUIT EN PRISON 13 — Allez, jeune homme, allez! reprit monsieur Piquet. Un peu de patience. Quand monsieur Les- tillac m'aura repondu, nous aviserons! 9. UNE NUIT EN PRISON Edouard suivit P agent Nadin, qui le conduisit a sa cellule, une etroite piece oblongue, dont le mobilier se 5 composait tout simplement d'un banc. L'agent ressortit et revint presque aussitot, appor- tant la cruche d'eau et le pain que Ton delivre imme- diatement a tout individu incarcere. Apres quoi il se retira. 10 Edouard s'assit sur le banc. II se sentait complete- ment decourage par son arrestation et son incarcera- tion. Mais comme il n'avait rien mange depuis le matin, il mangea son pain et but son eau; puis il s'al- longea sur le banc et revassa en attendant sa liberation. 15 Un bruit de verrous tires a Texterieur et de clef tournant dans la serrure le mit brusquement sur pied. La porte s'ouvrit. Nadin, le gardien de la paix, entra apportant un matelas tres etroit et une couver- ture de grosse laine brune. 20 — Est-ce que je dois coucher ici? dit Edouard stupefait. — Evidemment, repondit Nadin, en etendant le matelas sur le banc, et comme il est tard, le mieux est de ne pas vous tourmenter et de tacher de passer le 25 temps jusqu'a demain en dormant tranquillement. L'avis etait bon, mais Edouard ne ferma pas les yeux avant trois heures du matin. A sept heures il se 14 LE PARI D'UN LYCfiEN reveilla. II pensait que son pere avait sans doute quitte Bordeaux par le train qu'il avait pris lui-meme la veille et qu'il allait arriver vers huit heures. Mais huit heures, neuf heures, dix heures sonnerent suc- 5 cessivement, et personne ne parut. A dix heures et demie seulement un agent vint le chercher et le conduisit au commissaire de police. Monsieur Piquet causait avec un homme d'une quarantaine d'annees. 10 — C'est entendu, monsieur le commissaire, disait celui-ci au moment ou Edouard entra. Je ferai tout le necessaire, et je vous donnerai des nouvelles. — C'est cela, mon cher Boulard, repondit monsieur Piquet. L'affaire est delicate. Mais je sais qu'on 15 peut compter sur votre adresse autant que sur votre courage et votre loyaute. Monsieur Boulard sortit, en saluant poliment. 10. LES CONSEILS DE MONSIEUR PIQUET Apres le depart de monsieur Boulard, monsieur Piquet s'assit et dit a Edouard: 20 — Monsieur votre pere m'a telegraphie hier pour me prier de vous garder jusqu'a l'arrivee d'une lettre qu'il m'annongait et que j'ai regue ce matin. Si j'etais a sa place, je vous conseillerais de rentrer immediate- ment chez vous. 25 — Voulez-vous renoncer a votre singulier pari et re- partir pour Bordeaux? Ou bien, persistez-vous a cher- cher, au prix d'une foule de mesaventures, de fatigues, de difficultes, de privations, de dangers meme, un LES COXSEILS DE MONSIEUR PIQUET 15 triomphe de pur amour-propre? Decidez, non sans reflexion toutefois. — Je vais vous remettre en liberte. Yotre bourse est vide, je le sais. Je vous donnerai de r argent. Seulement, si vous vous decidez a prolonger votre 5 tentative, ne perdez pas une chose de vue: c'est que le vagabondage, comme la mendicite, est un delit aux termes de Particle 270 du Code penal. Or, tout in- dividu sans domicile certain, sans moyens de sub- sistance, et qui n'exerce habituellement aucune pro- 10 fession, aucun metier, est un vagabond. Les vagabonds ages de moins de seize ans nesont pas condamnes 16 LE PARI D'UN LYCEEN comme les autres a remprisonnement, mais sont places sous la surveillance de la haute police et detenus jusqu'a Tage de vingt ans. Naturellement on les ren- voie a leurs families si elles les reclament. Je crois que 5 vous feriez bien d'aller retrouver monsieur Lestillac. — Je vous remercie beaucoup des conseils et des renseignements que vous me donnez, monsieur le commissaire de police, repondit Edouard. — Tenez ! continua Monsieur Piquet en prenant 10 deux pieces d'or sur la table, voici quarante francs. C'est suffisant pour le moment. Allez, monsieur Lestillac. Reflechissez, et revenez me voir. II donna F argent a Edouard, l'accompagna jusqu'a la porte de son cabinet, et le congedia tres amicalement. 11. LIBRE 15 Edouard se trouva encore une fois dans la rue Saint- Jacques. II etait tres satisfait de respirer Fair du dehors. Du reste il ne songeait pas a suivre les con- seils de monsieur Piquet. Capituler parce qu'il avait eprouve quelques deboires! Ce serait veritablement 20 honteux! Seulement, il s'agissait de repartir d'une fagon plus sure. II avait deja quelques idees qu'il tournait dans sa tete en se dirigeant, sans but precis, vers la place du Chatelet. Le temps etait tres beau. II alia vers les Tuileries. 25 A Tangle de la rue du Louvre et de la rue de Rivoli, il rencontra Pagent de police Nadin en bourgeois, et monsieur Boulard, Tinspecteur de la stirete auquel monsieur Piquet avait parle au commissariat de police. LIBRE 17 Nadin Fapergut et s'approcha de lui. — Bonjour, monsieur Lestillac, dit-il en saluant avec un sourire contraint. Je suis bien content de vous voir dehors. Nadin presenta alors fidouard a monsieur Boulard 5 et lui raconta brievement Tarrestation du jeune homme, et le pari avec son pere. Monsieur Boulard trouva la chose assez singuliere, mais il ajouta qu'un pere savait mieux qu'un autre ce qu'il pouvait permettre ou defendre a son fils. 10 — Je pense, reprit Nadin, que vous allez repartir pour Bordeaux ce soir meme. — Pas du tout! repondit fidouard. Mon pere, au contraire, me laisse libre, et je persiste dans mon projet. Respectueusement, mais avec beaucoup d'energie, 15 Nadin s'eleva contre cette resolution. Monsieur Boulard, apres avoir demontre que Inex- perience ne pouvait pas aboutir, declara qu'il serait utile de la tenter. — Comment! monsieur Boulard, dit Edouard, vous 20 desapprouvez et conseillez en meme temps la chose! Pourquoi cette contradiction? — Pour une raison toute simple, monsieur Lestillac. Parce que, si vous ne la tentiez pas, vous ne seriez jamais persuade plus tard que vous n'auriez pas reussi. 25 — Pourquoi echouerais-je apres tout? s'ecria fidouard. Je suis fort! Je suis pret a tout accepter, les besognes les plus vulgaires, les plus humbles. Je pousserai, s'il le faut, la brouette du terrassier sur le chantier! Dans ces conditions, pourquoi ne gagnerais-je pas ma vie 30 comme les autres? 18 LE PARI D'UN LYCEEN — Monsieur Lestillac, dit posement monsieur Bou- lard, je crois en effet que vous trouveriez un emploi sur quel que chantier, si vous vous resigniez vraiment a devenir manoeuvre ou terrassier. Mais, une fois 5 embauche, pourriez-vous garder cet emploi? — Nous verrons! dit Edouard d'un air determine. 12. fiDOUARD CHERCHE UN EMPLOI — Mais, continua monsieur Boulard, vous savez qu'a Paris il y a toujours beaucoup plus de competi- tions que d'emplois. io — Pour les bons emplois, c'est possible, monsieur Boulard, repondit Nadin. Mais pour les mauvais, pour ceux ou il faut travailler dur, non! Et voici une preuve: En venant au rendez-vous pour notre affaire, j'ai rencontre Pourcelet . . . Pourcelet qui etait gar- iS dien de la paix et qui a demissionne pour prendre un restaurant, ((Au Merlan qui chante,)) boulevard de Sebastopol. Pourcelet Oscar! Vous vous rappelez, monsieur Boulard. — Parf aitement ! Eh bien? 20 — Eh bien, monsieur, son plongeur Ta quitte il y a huit jours et il ne peut pas en trouver un autre. C'est cependant bien paye ce metier-la! Et pas besoin d'apprentissage! Eh bien, Pourcelet ne trouve per- sonne, c'est trop penible. 25 — Extremement penible, en effet! approuva mon- sieur Boulard. Et comme Edouard demandait ce que signifiait le mot plongeur comme emploi dans un restaurant, Nadin «AU MERLAN QUI CHANTE)) 19 expliqua que ce mot signifiait le laveur de vaisselle chez un restaurateur, et lui donna en meme temps les details sur ce travail. Nadin achevait de donner ces details, lorsqu'on arriva sur la place du Palais-Royal. 5 La, il y eut un echange de poignees de mains chaleu- reuses apres lequel monsieur Boulard et Nadin mar- cherent vers la rue Saint Honore, tandis qu'Edouard continuait a suivre la rue de Rivoli. Le lendemain matin a sept heures et demie, Edouard 10 alia au commissariat de police de la rue Saint Jacques. II annonga a monsieur Piquet qu'il avait serieusement reflechi et qu'il se decidait a continuer F experience. Puis il alia vers le boulevard de Sebastopol ou il allait offrir ses services comme plongeur a Pourcelet. 15 13. «AU MERLAN QUI CHANTE)) Au coin de la rue Aubry-le-Boucher, Edouard vit resplendir en lettres dorees, sur un ecusson de bronze, le nom de Pourcelet. Le restaurant occupait le rez-de-chaussee et Y en- tresol d'une grande maison. Entre les deux fenetres 20 du milieu de Tentresol brillait Tenseigne Au Merlan qui chante Vins — Restaurant A prix fixe et a la carte Salons pour noces et societes 25 fidouard entra, et exposa sa requete a monsieur Pourcelet, un homme fortement barbu, d'une cin- quantaine d'annees, et d'allures cordiales. 20 LE PARI D'UN LYCEEN — J'ai bien besoin d'un plongeur, repondit monsieur Pourcelet, en regardant Edouard avec surprise, mais vous ne me paraissez pas . . . Est-ce que vous avez deja ete plongeur? 5 — Non! repondit Edouard, et je sais que le metier est dur. Mais je suis fort et je veux travailler. Je suis seul au monde, monsieur Pourcelet, sans parents, sans amis et sans ressources. Done je ne crains pas le travail. 10 Monsieur Pourcelet, un brave homme evidemment, approuva d'un air sympathique et demanda pourquoi Edouard se trouvait dans une telle misere. Edouard raconta une histoire: un parent qui Tavait recueilli orphelin, et eleve, etait mort subitement sans 15 avoir fait un testament; alors il y avait eu des com- plications d'heritiers plus rapproches, qui Pavaient chasse impitoyablement, parce qu'ils voulaient tout heriter. Monsieur Pourcelet, tres touchy, consentit alors a le 20 prendre a Tessai et lui demanda ses papiers. Edouard repondit qu'ayant tou jours vecu avec son parent, il ne possedait aucun livret, aucun certificat. Tres accommodant, monsieur Pourcelet convint que cela etait naturel dans une situation aussi particuliere. 25 D'ailleurs des papiers etaient sans grande importance, lorsqu'on pouvait donner quelques repondants. — Je n'ai malheureusement ni parents ni amis, monsieur, dit Edouard tres inquiet. — Mais, reprit monsieur Pourcelet, vous connaissez 30 bien quelques habitants de Paris! — Helas! non, je ne connais personne. LES REPONDANTS 21 — Dans ces conditions, dit monsieur Pourcelet, je ne peux pas vous prendre a mon service. Sans papiers et sans repondants, ga m'est absolument impossible. II etait inutile de discuter plus longuement. Edouard, completement navre, partit. 5 14. LES REPONDANTS La tete basse, il redescendait vers le Chatelet, quand, tout a coup, il eut une idee. Des repondants a Paris? II avait monsieur Boulard et Nadin que monsieur Pourcelet connaissait personnellement. II retourna vite au ((Merlan qui chante.)) 10 — C'est encore moi, monsieur Pourcelet, dit-il tres agite. Tantot, je n'avais pas songe . . . Je connais a Paris deux personnes que vous connaissez egalement : monsieur Boulard et monsieur Nadin. — Certainement je les connais! s'ecria Pourcelet. 15 Monsieur Boulard a ete mon chef. Nadin est mon ami. — Alors, s'ils etaient mes repondants, vous m'ac- cepteriez a l'essai? — Je vous accepterais avec plaisir, jeune homme. 20 — En ce cas, reprit Edouard, je vais aller trouver Tun ou l'autre. S'ils ne peuvent pas venir, je leur demanderai un mot. — Tres bien! apportez-moi ce mot. — Au revoir, monsieur Pourcelet, repondit Edouard. 25 Vingt minutes apres, il trouva Nadin au poste de la mairie, place du Pantheon. En voyant arriver Edouard, il vint a sa rencontre. 22 LE PARI D'UN LYCEEN — Quel bon vent vous amene, monsieur Lestillac? Edouard exposa brievement la situation. — Alors vous suivez done tou jours votre idee, mon- sieur? dit F agent. Pourtant elle n'est pas bonne, je 5 vous assure! — Je ne veux pas echouer sans avoir au moins tente de reussir, repondit fidouard. — Eh bien! essayez chez Pourcelet. C'est un brave homme . . . un bon coeur . . . et un ami. Quant a 10 monsieur Bou ard, il est probablement a cette heure a la prefecture de police. Attendez-moi un instant. Je vais lui telephones II entra a la mairie et reparut un instant apres. — Je lui ai telephone, dit-il joyeusement. II va 15 vous recommander chez Pourcelet. Vous pouvez y retourner. Vous serez bien regu, je vous le pro- met s. Edouard remercia P agent et retourna au ((Merlan qui chant e.» 15. LE NOUVEL EMPLOI 20 Lorsqu'fidouard arriva au ((Merlan qui chante,)) Pourcelet et sa femme, une grosse commere gaie, le regurent cordialement. — Venez, jeune homme, dit Pourcelet, monsieur Boulard m'a telephone. II vous estime! Si les condi- 25 tions vous conviennent, vous entrerez dans ma maison aujourd'hui. Voila la patronne, continua-t-il en mon- trant sa femme qui tendit la main a Edouard. II y en a de meilleures qu'elle, mais il y en a aussi de plus mauvaises. Vous tacherez d'etre amis. LE NOUVEL EMPLOI 23 — J'espere que ce ne sera pas difficile! repondit Edouard gaiement. — Je Pespere aussi, reprit Pourcelet. Maintenant, voila les conditions: trente-cinq sous par jour, nourri, loge et blanchi. Une bonne petite mansarde au sixieme, tres propre . . . Un jour de sortie chaque quinzaine. Le matin, a Touvrage sur le coup de huit heures pour aider a ranger les tables et a mettre les couverts. Votre vrai travail commence vers dix heures. A quatre heures, repos pour reprendre a cinq heures et demie 10 jusqu'a neuf ou dix heures, quelquefois plus tard. Vous avez une aide, principalement pour essuyer . . . Jeanne, une brave fille. Vous ne pourrez guere vous coucher avant minuit. £tes-vous satisfait? — Certainement, monsieur! 15 24 LE PARI D'UN LYCEEN — Appelez-moi patron! C'est l'habitude. Mainte- nant je vais vous montrer la maison et vous expliquer ce que vous aurez a faire. fidouard suivit son nouveau patron. lis descen- 5 dirent d'abord Petroit escalier en spirale qui aboutissait a la cuisine. Le chef, un grand bel homme cordial, presenta ses marmitons qu'il appelait ses collaborateurs, et mani- festa le vif desir d'entretenir de bonnes relations avec 10 monsieur Blandas, qui allait devenir son tres utile auxiliaire. Edouard entra ensuite dans son futur domaine, un etroit caveau, eclaire a l'electricite, et aere par un soupirail grille. C'est ici qu'il fit connaissance de 13 Jeanne, Paide laveuse. Pourcelet lui montra les ba- quets a vaisselle, les planches a egoutter, les robinets d'eau chaude et d'eau froide. II ajouta d'ailleurs qu'Edouard aurait Jeanne pour lui expliquer tout. 16. L'INSTALLATION De la cave on monta a la chambre du sixieme 6tage. 20 Elle etait petite mais propre et bien eclairee par une fenetre qui donnait sur une vaste cour interieure. L'ameublement consistait d'un lit de fer, un porte- manteau, deux chaises, une table en bois blanc, sup- portant une cuvette et un pot a eau. Edouard trouva 25 sa chambre tres belle. — Alors, vous pouvez maintenant emmenager, dit Pourcelet. Ici nous dejeunons a deux heures et nous dinons a neuf. II va etre dix heures; par consequent ^INSTALLATION 25 vous avez quatre heures pour aller chercher vos bagages. Vous vous installerez; nous dejeunerons, et vous commencerez votre travail ensuite. Edouard secoua negativement la tete. — Je n'ai pas de bagage a aller chercher, patron, 5 dit-il en souriant. Je ne possede que ce que je porte sur moi. — Pas possible! dit Pourcelet stupefait. — C'est la pure verite, je vous assure. — Mais il vous faut absolument des effets de travail! 10 — J'en acheterai des que je le pourrai. En atten- dant, je me contenterai de ceux-ci. — En attendant ! En attendant ! On voit bien que vous n'avez pas une idee combien l'eau de vaisselle salit les vetements! Je vous dis que des effets de tra- 15 vail sont indispensables ! Je vais vous avancer vingt francs sur vos gages et la patronne vous conduira dans un magasin ou vous trouverez tout. Edouard remercia chaleureusement son patron. II redescendit avec Pourcelet, et madame Pourcelet 20 le conduisit immediatement au magasin. Elle acheta pour lui deux chemises de flanelle, deux autres en grosse toile, trois blouses et trois pantalons bleus, deux paires de sabots, six paires de chaussettes et six mou- choirs en cotonnade. 25 La facture de ce trousseau se montait a quarante- cinq francs cinquante. Edouard ne possedait que vingt francs. Le marchand les prit en acompte et accorda un delai pour le paiement complet a raison de cinq francs soixante-cinq centimes par semaine, 30 garantis par madame Pourcelet. 26 LE PARI D'UN LYCEEN 17. EDOUARD PLONGEUR Une heure apres, Edouard entrait dans la salle du restaurant, et s'asseyait a la table ou les patrons et le personnel du ((Merlan qui chante)) prenaient leurs repas en commun. II y avait monsieur et madame 5 Pourcele.t, le chef Filador, ses deux marmitons, Jeanne, Taide laveuse, et trois gargons. Un marmiton allait chercher les plats a la cuisine. Toutes ces personnes paraissaient tres unies, et se montrerent tres cordiales pour fidouard. io Une omelette, un ragout de mouton, des pommes de terre, de la salade et du fromage de Brie composaient le menu. Une tasse de cafe clotura le repas, apres lequel chacun reprit son travail. L'initiation d'fidouard commenga. 15 Assis sur un escabeau tres bas, a portee du monte- plats, il prenait les assiettes sales par piles de dix a douze et les plongeait toutes a la fois dans le baquet d'eau chaude; ensuite il les retirait une a une apres les avoir frottees avec la lavette, sorte de tampon de linge 20 assujetti a un manche de bois. Du baquet d'eau chaude, il les passait dans le baquet d'eau froide, ou Jeanne les prenait et les essuyait rapidement. La journee s'ecoula pour lui, sans incidents, mais non sans fatigue. Cependant, vers minuit, lorsqu'il 25 remonta dans sa mansarde, au lieu de se coucher im- mediatement, il tira une carte-lettre de son carnet et ecrivit au crayon quelques mots a monsieur Lestillac. II le remercia de n' avoir pas considere sa mesaventure du debut comme un echec definitif, ajoutant qu'il avait L'IMPORTANCE D'EDOUARD 27 maintenant un emploi, et que sa sante etait bonne. II donnait son adresse boulevard de Sebastopol No. 151, sans nommer Pourcelet et sans faire mention du «Mer- lan qui chante.)) Puis il fit un calcul et trouva qu'en trois mois il pour- 5 rait avoir paye ses vetements et economise une cen- taine de francs. Alors il lui serait plus facile de prendre son temps et de chercher une autre occupation plus conforme a ses gouts. 18. L'IMPORTANCE D'EDOUARD Trois semaines s'ecoulerent. Edouard commengait io k s'habituer ail metier. II le trouvait toujours aussi repugnant et aussi malpropre, mais il etait moins fatigue au bout de la journee. Un matin Pourcelet se preparait pour aller chercher a Bercy certaines denrees qu'on lui envoyait du Midi, 15 lorsqu'en montant dans sa voiture, il se donna une entorse. Edouard offrit d'aller a Bercy a sa place, assurant qu'il savait parfaitement conduire. L'offre fut acceptee et Edouard partit pour Bercy d'ou il revint sans encombre avec la marchandise. 20 A dater de ce moment, on Tenvoya souvent chez les fournisseurs ou dans les gares, chercher des denrees que Pourcelet achetait. Parfois aussi, il etait charge d'encaisser des factures, de verifier les livres de comptes et de mettre en ordre les ecritures du patron. 25 Une journaliere prise a Theure le suppleait pendant ses travaux accessoires et ses absences. Filador, le cuisinier, se montrait plein d'egards et 28 LE PARI D'UN LYCEEN d'attention pour lui. Tres infatue de sa personne, plein de confiance dans la superiority de son intelli- gence et de son esprit, il sollicitait les palmes acade- miques, et travaillait a un grand ouvrage: ((Le Diction- 5 naire methodique de cuisine raisonnee pour les classes laborieuses,)) mais les incorrections de sa parole ecrite etaient nombreuses. II le deplorait amerement. Sachant Edouard beaucoup mieux arme que lui a ce point de vue, il le pria de revoir et de corriger un 10 article tres important du dictionnaire, consacre au ((Bceuf prairiab) : une preparation de son invention qui consistait simplement en restes de bouilli froid, dis- poses sur un hachis de chicoree. Le hachis vert evo- quait une idee de prairie . . . d'ou prairial! is Edouard accepta avec empressement. II offrit meme de faire la recette en vers! Ce serait original et plus facile a retenir. Fremissant d'orgueil et de joie a Tidee de passer pour poete, Filador approuva chaleureusement, et 20 resta un instant stupefie d'admiration lorsqu ? en quel- ques minutes Edouard eut formule, en une trentaine de vers, les regies qui formaient la recette du ((Boeuf prairial.)) Filador se conf ondait en promesses d'eternelle recon- 25 naissance. difend: FUM"ER DAM5 LA GUIS [30 LE PARI D'UN LYCEEN 19. NOUVELLES CONNAISSANCES Certain mardi, trois mois et demi apres son entree ' au ((Merlan qui chante,)) Edouard, libre ce jour-la, allait sortir apres le dejeuner. — Ou allez-vous, Blandas? lui demanda Filador. 5 — Prendre Fair, chef, repondit Bdouard. II etait deux heures; Filador etait libre jusqu'a cinq. II proposa dialler se promener au jar din du Luxem- bourg. Edouard accepta. io Place Saint-Michel, ils rencontrerent un gros homme, aux jambes arquees, vetu d'un complet a carreaux et coiffe d'un chapeau melon. — Eh bien, Filador, dit-il, on passe sans regarder les amis? 15 — Comment, c'est toi, Berlou! s'ecria Filador. Et que fais-tu done, si loin de la rue Spontini? Berlou repondit qu'il allait prendre le bateau jusqu'a Passy ou il allait voir un marchand de fourrages. Mais il ajouta qu'il n'etait pas presse et que puisqu'il ren- 20 contrait son brave ami Filador, il lui offrait un cigare ((ainsi qu'a monsieur,)) dit-il en s'adressant aimable- ment a Edouard. Ils allerent s'asseoir a la terrasse d'un cafe voisin, et Filador proceda aux presentations — monsieur 25 Jacques Blandas, employe comme lui au ((Merlan qui chante)); monsieur Dominique Berlou, son vieux camarade, maitre de manege chez Marentonneau, rue Spontini. Filador parla de son dictionnaire de cuisine, et Ber- L'OFFRE DE BERLOU 31 lou de son manege, ou il dirigeait tout, car Marenton- neau Phonorait plus que jamais de son entiere confiance. — Avez-vous deja servi dans une ecurie? demanda- t-il a Edouard qui Tecoutait attentivement. — Non, repondit Edouard. Mais mon pere . . . ou 5 plutot mon tuteur avait des chevaux. J'ai profite de ses legons, dit-il en riant. — Et comment ! dit Filador. Pourcelet a un cheval pour sa voiture! Une mauvaise bete . . . vicieuse! Mais quand Blandas est la . . . douce comme un 10 mouton! obeissante comme un petit chien! pour les autres, tou jours enrage. — L'autorite sur un cheval, c'est une chose qu'on a ou qu'on n'a pas, dit Berlou d'un ton profond et dog- matique. Le cheval a ses idees. 15 Edouard approuva. L'entretien prit, des lors, un caractere technique. Filador ecoutait, Edouard et Berlou discutaient. — Mais, s'ecria tout a coup le maitre de manege, connaissant le metier, pourquoi etes-vous chez un 20 restaurateur? Pourquoi n'entrez-vous pas dans un manege, dans une ecurie, dans un cirque? 20. L'OFFRE DE BERLOU Filador expliqua a Berlou les deplorables evenements de famille du malheureux Blandas. II lui expliqua 25 comment il avait ete jete dans la rue par des heritiers barbares; comment il s'etait trouve sans ressources, et comment il avait ete heureux d'entrer comme plon- geur chez Pourcelet. 32 LE PARI D'UN LYCfiEN — Voyons, Berlou, continua-t-il, toi qui es cense- ment le vrai patron chez Marentonneau, est-ce que tu n'aurais pas une position pour Blandas, qui est un veritable ami? 5 — Je pourrai peut-etre lui trouver quelque chose, repondit Berlou, apres une court e hesitation. — Je vous assure que je ne suis pas exigeant, mon- sieur Berlou! s'ecria Edouard. Je suis tres bien traite au ((Merlan qui chante,)) mais vous concevez bien 10 que je ne puis pas rester plongeur toute ma vie! — C'est evident! approuva Filador. — Combien pesez-vous? demanda brusquement Ber- lou a Bdouard. — Cinquante-neuf kilos. 15 — Bravo! Poids leger. Force suffisante. Vous avez regu une instruction? — Superieure ! dit fierement le cuisinier. — Vous savez presenter les respects, reprit Berlou, les salutations? . . . dire des mots distingues? 20 — Des mots distingues! s'ecria Filador, mais il fait des vers, mon cher! — Je vous embaucherais pour etre ecuyer, dit Berlou. Vous accompagneriez les dames qui montent a cheval seules. Puis vous montreriez les chevaux a 25 vendre. Bien habille, Fair elegant, on va au Bois de Boulogne! Vous comprenez? — Parf aitement ! repondit Edouard. Et quelles sont les conditions? — Pour commencer, deux cents francs par mois. 30 Nous sommes aujourd'hui mardi. Si ma proposition vous convenait, il faudrait me le dire le plus tot possible. LE ((KING'S TAILOR)) 33 — A votre place, j'accepterais tout de suite! dit Filador. — Certainement, repondit Bdouard. Mais il y a une chose qui me tourmente! II faut etre convenable- ment habille, et je n'ai que les vetements que je porte 5 sur moi. — Allons, Blandas, dit obligeamment Filador, vous pourrez tres bien vous habiller avec trois cents francs que je puis vous preter. Vous me les rendrez petit a petit sur vos gages. 10 21. LE ((KING'S TAILOR)) Edouard remercia Filador avec effusion, mais de- clara qu'il ne voulait jamais rien emprunter. — Attendez done! dit Berlou. II y a encore un autre moyen. Je ne puis pas vous avancer trois cents francs, mais je puis vous avancer cinquante francs. 15 Avec cette somme et vos economies, on vous fera credit au ((King's Tailor,)) rue de la Michodiere. Vous direz que vous entrez comme ecuyer au manege Maren- tonneau. D'ailleurs, je previendrai Martinengscold . . . e'est le nom du patron. A tous nos employes, il 20 ne prend que moitie comptant, et il donne du temps pour le reste. Vous vous arrangerez facilement avec lui. Edouard accepta avec la plus vive satisfaction les conditions de Berlou. Filador et Edouard revinrent au ((Merlan qui 25 chante.)) Edouard remercia chaleureusement le chef. II ajouta qu'on se reverrait souvent, et que la colla- boration au Dictionnaire de cuisine continuerait. 34 LE PARI D'UN LYCEEN Cette promesse enchanta Filador. En arrivant au ((Merlan qui chante,)) il raconta, lui-meme, Taffaire a Pourcelet. Le digne patron et son excellente femme ne dissimulerent pas leur profond chagrin, mais ils 5 declarerent que Blandas ne devait pas hesiter a profiter d'une chance aussi avantageuse. Le lendemain matin Edouard alia au ((King's Tailor.)) Monsieur Martinengscold, deja prevenu par Berlou, Paccueillit tres aimablement. 10 Le tailleur le regarda pendant deux ou trois minutes; puis, d'une voix breve, il dit: — Et si je vous habillais pour rien, monsieur Blandas! — Pour rien, monsieur! dit Edouard abasourdi. Et 15 pourquoi m'habilleriez-vous pour rien? Martinengscold s'expliqua. Monsieur Blandas avait une jolie et elegante tournure. S'il permettait d'ex- poser son portrait en pied, grandeur nature, a Tex- terieur du magasin, avec Findication du prix de son 20 costume, execute par le ((King's Tailor,)) ce serait une excellente reclame pour la maison. La physionomie de monsieur Blandas n'etait pas connue. On pour- rait lui donner un titre et un nom fantaisiste, Prince Archibald de Kentucky par exemple! S'il consentait 25 a se preter a cette combinaison, Martinengscold lui fournirait trois costumes complets, tres soignes et pour rien! Edouard accepta cette offre. Le samedi suivant, apres des adieux attendris, il 30 quitta le ((Merlan qui chante)) et partit avec Filador, qui voulut absolument Taccompagner rue Spontini. LE MANEGE MARENTONNEAU 35 22. LE MANEGE MARENTONNEAU Rue Spontini, Bdouard entra au ((Manege Maren- tonneau)) et demanda monsieur Berlou. — II est la, repondit le concierge en indiquant une grande cour sablee dans laquelle des groupes d'hommes causaient en examinant des chevaux. Quelques cavaliers se mettaient en selle et sortaient, respectueusement salues par un gros homme, vetu d'un complet a carreaux d'un britannisme exagere. Edouard n'apergut pas Berlou. Mais, comme il etait 36 LE PARI D'UN LYCEEN arrive un peu en avance, il allait ressortir pour Pattendre dans la rue, devant la porte, lorsque le gros homme vint a lui. — Est-ce que monsieur desire voir un cheval? 5 demanda-t-il. Justement j'ai un grand choix en ce moment. — Pardon, repondit fidouard. Je ne viens pas pour acheter, mais pour voir monsieur Berlou, qui m'a donne rendez-vous ici, afin de me presenter a monsieur 10 Marentonneau. 1/ attitude du gros homme changea brusquement. — C'est moi qui suis monsieur Marentonneau, dit-il sechement. Berlou est parti ce matin. Je l'ai envoye en Normandie pour voir des carrossiers. Vous etes is sans doute le jeune homme dont il m'a parle? . . . Un certain Blandas? — Oui, monsieur, repondit Edouard. — Berlou m'a parle de vous. Venez avec moi, jeune homme! 20 II conduisit Edouard dans son bureau et discuta son salaire mensuel qu'il fixa a cent cinquante francs. — Voici ce que vous aurez a f aire, lui dit Maren- tonneau: mener mes chevaux le matin au Bois pour les exhiber; accompagner les dames qui n'ont pasde cava- 25 liers ou les messieurs qui n'ont pas de grooms. Et aussi, vous me suppleerez au manege pour certaines legons aux commengants. II faudra etre ici le matin a sept heures. De midi a deux heures vous allez dejeuner. A six heures du soir la journee est finie. Vous etes libre. 30 Edouard demanda quel jour il commencerait son travail. LES CAMARADES 37 — Demain matin, repondit Marentonneau. Bdouard alia ensuite voir son predecesseur, dont Marentonneau lui avait donne Tadresse. Celui-ci lui donna des indications sur le travail et Fengagea a prendre pension au ((Rendez-vous des Centaures,)) 5 chez Dufourmantel, avenue Victor Hugo, pour quatre- vingts francs. Quant au logement, ajouta-t-il, si ma chambre vous plait, je vous con^eille de me succeder. Trente francs par mois. 10 La piece etait propre, claire, convenablement meu- blee. Edouard la loua immediatement. II prit pos- session de sa chambre le soir meme, et s'endormit, enchante de sa nouvelle situation. 23. LES CAMARADES Le lendemain Edouard arriva au manege avant 15 Fheure fixee par Marentonneau. Les palefreniers occu- pes au pan3age ie regardaient d^un air peu sympa- thique. Estimant que Tavantage d^ssurer sa future tranquillite valait bien un petit sacrifice pecuniaire, il n'hesita pas a le faire. II sortit et revint bientot 20 avec des cigares qu'il leur distribua gracieusement. Cela lui couta six francs qu'il ne regretta pas, car sa reputation de bon gargon fut immediatement bien £tablie, et il ne craignit plus les vexations. Ces six francs, cependant, vidaient presque sa bourse. 25 Habille pour rien par Martinengscold, il avait quand meme achete un peu de linge, des bottes chantilly, des leggins, un stick et autres menus objets de toilette plus 38 LE PARI D'UN LYCEEN ou moins couteux. Puis il avait paye d'avance la quinzaine pour sa pension au ((Rendez-vous des Cen- taures.)) II etait arrive au manege avec huit francs quarante centimes. Les cigares lui avaient coute six 5 francs. Quarante huit sous constituaient done toute sa fortune actuelle. Sans doute Marentonneau ne ref userait pas de lui faire une avance, mais il n'aimait pas la demander immediatement. D'ailleurs, puisqu'il avait paye son 10 logement et sa nourriture, il estima qu'il n'avait vrai- ment pas besoin d'argent de poche. Vers onze heures un lad vint prevenir Edouard que le patron le demandait tout de suite. II courut au bureau ou une dame et une jeune fille, 15 en costume d'amazone, causaient avec Marentonneau. — Blandas, dit celui-ci, vous allez accompagner ma- dame la baronne de Kermor et mademoiselle sa fille a la promenade. — Ah! monsieur est votre nouvel ecuyer de sortie? 20 dit la baronne en regardant Edouard avec surprise. II est bien jeune. — Oh ! mais il connait son affaire, protesta Maren- tonneau. Madame la baronne peut le prendre en toute confiance ! 25 — C'est bien, Marentonneau, interrompit la baronne. J'accepte tres volontiers monsieur Blandas. Allez, monsieur! Allez chercher mes chevaux. Nous voulons dejeuner a Saint-Cloud, et il est deja tard. Edouard s'inclina respectueusement, sortit et revint 30 au bout de dix minutes avec les chevaux. L'ECUYER DE SORTIE 39 24. L'ECUYER DE SORTIE Edouard mit la jeune fille en selle. Marentonneau aida la baronne, puis il prononga F«Allez)) sacramentel. Les chevaux traverserent le Bois de Boulogne. La baronne de Kermor, une dame d'une quarantaine d'annees, noble et douce de physionomie, regardait 5 Edouard d'un air perplexe. Le jeune homme, tres elegamment vetu, lui paraissait trop distingue pour un ecuyer de sortie. Mademoiselle de Kermor, jolie jeune fille de dix-sept ans, tres gaie, tres exuberante, causait beaucoup. fidouard parlait tres peu. 10 Dans l'allee des Erables un leger souffle de vent passant a travers les arbres detacha quelques feuilles jaunies qui tomberent sur le gazon. Cet incident suggera a Berthe de Kermor un£ citation poetique. Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, 15 Le vent du soir se leve et Parrache au vallon . . . declama-t-elle a demi-voix. — JPai oublie la fin de la strophe . . . Maman, je ne sais meme plus qui est Tauteur de ces vers. — De Lamartine, je crois, mon enfant! 2 ° — Quelle est la fin de la strophe? — Mademoiselle, dit Edouard, je me rapelle la strophe entiere. La voici: Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir se leve et Parrache au vallon. 2$ Et moi, je suis semblable a la feuille fletrie. Emportez-moi comme elle, orageux Aquilon! Madame de Kermor etait deja tres intriguee par la 40 LE PARI D'UN LYCEEN distinction et la correction de manieres de son ecuyer de sortie. Qui etait ce gargon? Elle pensa maintenant deviner Penigme. Des revers de fortune eprouves par sa famille avaient sans doute oblige le jeune Blandas a 5 interrompre ses etudes, et a se mettre a travailler pour gagner sa vie. Elle garda pour elle ses appreciations et ses impressions. Mais, avec beaucoup de tact, de deli- catesse, elle se montra de plus en plus bienveillante pour Edouard, avec lequel Berthe, non moins surprise que 10 sa mere, engagea une conversation poetique et litte- raire qui se prolongea jusqu'a Saint-Cloud. LE DEJEUNER AU ((PA VILLON BLEU)) 41 25. LE DEJEUNER AU «PAVILLON BLEU» lis descendirent au ((Pavilion Bleu)) pour dejeuner. — A quelle heure voulez-vous repartir? demanda Edouard. — Je ne sais pas, monsieur Blandas, repondit la baronne. Peut-etre ferons-nous une promenade dans 5 le pare de Saint-Cloud apres dejeuner. — Alors, madame la baronne, je reviendrai prendre vos ordres dans une demi-heure. — Vous reviendrez? dit la baronne etonnee. Ne dejeunez-vous done pas ici? 10 La question embarrassa fort fidouard. II regretta vivement de n' avoir pas demande une avance a Maren- tonneau. II avait honte d'avouer a madame de Ker- mor et a sa fille qu'il n'avait pas assez d'argent pour dejeuner au ((Pavilion Bleu.)) 15 — J'ai . . . j'ai deja dejeune, madame la baronne, balbutia-t-il avec une contrainte si manifeste que la baronne la remarqua et comprit. — Eh bien, monsieur, vous redejeunerez! dit-elle gaiement. C'est chose facile a votre age. 20 — Mais, madame la baronne . . . — Je l'exige, monsieur! Nous sommes sous votre protection jusqu'a notre retour a Paris. Et appe- lant le maitre d'hotel: ((Mettez trois couverts, s'il vous plait,)) ordonna-t-elle. 25 Tres touche, Edouard remercia la baronne et s'assit a la place qu'elle lui indiquait. Le dejeuner fut tres gai. La vivacite des reparties du jeune homme confirmerent la baronne et sa fille dans 42 LE PARI D'UN LYCEEN l'excellente opinion qu'elles avaient de lui. Elles etaient absolument sous le charme lorsqu' elles rentrerent au manege vers trois heures de Papres-midi. La baronne remercia chaudement Edouard de ses bons soins. $ Marentonneau arriva a ce moment. Bdouard suivit le lad qui emmenait les chevaux pour veiller aux soins qui leur etaient necessaires. — Marentonneau, dit alors la baronne, qui est done ce nouvel ecuyer de sortie? 10 — Madame la baronne n'a pas ete satisfaite? de- manda Marentonneau, inquiet. — Au contraire! j'en suis enchantee! . . . ravie! Mais il m'intrigue. Certainement e'est un jeune homme de bonne famille. 26. LA FACHEUSE CIRCONSTANCE is fidouard etait tres satisf ait au manege, et comptait y achever son annee, lorsqu^une facheuse circonstance se presenta. Une apres-midi, en revenant du Pare de Vincennes, ou il avait accompagne madame et mademoiselle de 20 Kermor, il trouva Marentonneau navre par la con- templation d'un cheval arrive le matin au manege. — Venez! Venez, Blandas! Regardez ce cheval! s'ecria-t-il. J'ai paye cela cent cinquante francs. — L'animal est malade, observa Edouard. 25 — Bien stir, dit Marentonneau, mais en le maquil- lant un peu . . . et en donnant quelques sous au cocher du comte de Brey, nous reussirons a le vendre au comte. LA FACHEUSE CIRCONSTANCE 43 Edouard desapprouva par un silence expressif . — Blandas, continua Marentonneau, vous allez m'aider pour cette affaire. Naturellement, je vous paierai: dix pour cent sur la vente. £coutez-moi bien. Nous allons d'abord peindre le cheval. Tein- 5 ture garantie sept ou huit jours . . . et peut-etre plus. Avec cela et quelques sous au cocher, vous verrez comme je me debarrasse de cette bete! Le comte de Brey viendra demain matin vers dix heures. Vous serez la et vous presenterez le cheval. Vous parlez 10 bien. J'ai confiance en vous, et je vous le repete: dix pour cent sur la vente, payes comptant. — Ne comptez pas sur moi, monsieur Marenton- neau, dit Edouard indigne. Je ne veux pas etre mele a cette affaire. 15 — Vous ne voulez pas? s'ecria Marentonneau, aba- sourdi et exaspere. Qui commande ici? Vous ou moi? — Vous, c'est vrai! Mais vous n'avez pas le droit d'obliger vos employes a etre malhonnetes. — Malhonnetes! C'est encore un de vos mots de 20 livres! Qu'est-ce que cela veut dire? — Cela veut dire que vous et moi, nous ne compre- nons pas de la meme maniere ce qui est loyal, et ce qui n'est pas loyal! repondit sechement Edouard. — Loyal! loyal! Dans les affaires il n'y a pas de 25 loyaute. — C'est votre avis. Ce n'est pas le mien. — Alors vous refusez de m'obeir! reprit Marenton- neau, pale de colere. — Oui ! Je refuse. 30 — C'est bon! dit Marentonneau d'une voix seche et 44 LE PARI D'UN LYCEEN breve. Je suis votre patron. Vous etes mon employe. Je commande. Vous ne voulez pas obeir . . . Par con- sequent, je vous renvoie immediatement. Allons! Ouste ! Quittez ma maison ! 5 Ce fut ainsi qu'au bout de deux mois. Edouard vit sa carriere d'ecuyer de sortie brusquement arretee. 27. A LA RECHERCHE D'UN EMPLOI La situation financiere d'Bdouard n'etait pas mau- vaise quand il quitta le manege Marentonneau, puis- qu'il possedait deux cent douze francs d'economies. io Mais le pari avait encore six mois a courir et deux cent douze divise par six ne donnent que trente-cinq francs trente. Trente-cinq francs trente centimes par mois, c'etait insuffisant pour vivre. II essay a done de trouver un 15 nouvel emploi. Monsieur Boulard, Nadin et Filador Taiderent a chercher. Malheureusement e'etait le mois de decembre, mauvais moment pour chercher une place. Cependant monsieur Boulard lui trouva un emploi: des quatrains a faire pour'un savonnier; des 20 dessins et lettres comiques pour poissons d'avril chez un imprimeur de la rue de Rennes. fidouard accepta ces travaux artistiques et litteraires qui lui rapportaient de deux francs a deux francs cin- quante par jour. II avait conserve sa chambre garnie, 25 rue Benouville, et sa pension au ((Rendez-vous des Centaures,)) toujours honore de la clientele de Vala- mouille, le directeur d'un theatre Guignol. Un soir, le majestueux directeur, arrivant pour diner, « GUIGNOL SPORTSMAN)) 45 s'assit a la meme table que lui. II etait si visiblement preoccupe qu'fidouard le remarqua. — Qu'avez-vous done, monsieur Yalamouille? de- manda-t-il avec interet. £tes-vous souffrant? — Non, mon cher monsieur Blandas, repondit Vala- 5 mouille. Mais la malchance me poursuit! Je ne fais pas mes frais parce que je n'ai pas de bonnes pieces. L'ancien repertoire ne plait plus. Le public veut quel- que chose de nouveau. — Vraiment? 10 — Helas oui! J'avais un traite avec un auteur, monsieur Corflar, un dentiste de Saint-Ouen, plein de talent. Pas comme dentiste! Mais comme auteur dramatique, admirable, monsieur Blandas, admirable! Le sens du theatre . . . Tinvention . . . les situations 15 les plus imprevues ... les denouements les plus ori- ginaux! Malheureusement pour moi, un parent lui a legue une petite fortune dans les Landes. II a quitte Saint-Ouen. — Mais pourquoi ne cherchez-vous pas un autre 20 auteur? demanda Edouard. — Ou le trouver, monsieur Blandas? On ne travaille presque plus pour nous. Les cafe-concerts et les petits theatres nous ont enleve la plupart de nos fournisseurs. 28. ((GUIGNOL SPORTSMAN)) Pendant que Timpresario parlait ainsi, fidouard 25 suivait une nouvelle idee: faire des saynetes pour marionnettes ne lui paraissait pas au-dessus de ses forces. En tout cas Texperience pouvait etre tentee sans inconvenient. 46 LE PARI D'UN LYCEEN — Combien payez-vous vos auteurs? demanda-t-il a Valamouille. — Cela depend de leur notoriete et de leur talent, r6pondit celui-ci. 5 — C'est juste. Mais enfin, combien paieriez-vous un debutant? Moi, par exemple. — Vous! s'ecria Valamouille surpris. Allons done! Comment? Vous voudriez? . . . Vous vous croyez capable de . . . Mais apres tout, continua-t-il en 10 changeant de ton, pourquoi pas? Vous avez de Pin- struction. Vous causez bien. Dialoguerez-vous de meme? Ecrivez quelque chose, monsieur Blandas, et apportez-moi votre manuscrit. Je le lirai prompte- ment. S'il est bon, nous fixerons le prix. 15 II avait change de ton et d'allure. Cordial, familier tout a Theure, maintenant il affectait une sorte de reserve polie, sympathique, mais protectrice. Nean- moins, avant de partir, il engagea Edouard a se mettre a la besogne sans retard. 20 Edouard rentra chez lui et ne se coucha qu'a trois heures du matin apres avoir termine une piece en trois actes, intitulee ((Guignol Sportsman.)) Le lendemain, dans la matinee, il la laissa chez Valamouille. Le soir ils se retrouverent a diner. 25 — J'ai lu votre piece, lui dit Valamouille avec condes- cendance. Ce n'est pas parfait, mais enfin si mes condi- tions vous agreent, j e vous prendrai cette piece et d'autres. Apres un assez long marchandage, il fut convenu qu'Edouard donnerait chaque semaine, au Guignol de 30 Valamouille, une piece en trois actes. Cette piece lui serait payee vingt francs. NOUVELLES PERSPECTIVES 47 29. NOUVELLES PERSPECTIVES ((Guignol Sportsman)) eut un immense succes; il rapportait beaucoup cF argent a son auteur. Avec ses ressources assurees, fidouard considerait son pain comme virtuellement gagne. Ses succes dramatiques lui avaient suggere l'idee d'aborder un genre litteraire 5 d'ordre plus eleve. II pensait qu'il pourrait ecrire, dans un journal, des articles interessants, car il avait un sujet tout trouve: Thistoire meme de son pari. Le recit humoristique des peripeties qu'il avait deja io traversees ne manqueraient ni d'interet, ni d'origi- nalite. Des le lendemain il se mit a sa nouvelle oeuvre. Dans un court prologue il se presentait au lecteur, ex- posait comment, brusquement livre a lui-meme, il s'etait ingenie a ecrire pour se creer des ressources im- 15 mediates, et il racontait toutes les peripeties qu'il avait deja traversees. Apres avoir termine son autobiographie, il la recopia cinq fois, et alia porter lui-meme une de ces copies aux cinq journaux qu'il estimait les plus importants. Une 20 lettre jointe au manuscrit disait qu'il y aurait une suite, si l'oeuvre etait goutee. Plein d'illusions, il attendait une reponse, et chose extraordinaire, invraisemblable, il en regut une, sept ou huit jours apres son envoi. 25 Elle venait de «La Sincerite,)) grand journal inde- pendant, dont on pouvait admirer les immenses et luxueuses affiches- reclames, prodiguees dans tous les quartiers de Paris. 48 LE PARI D'UN LYCEEN Fremissant cTanxiete, Bdouard dechira Tenveloppe, et hit avec une joie indicible le billet suivant: Monsieur, Je desirerais causer avec vous, a propos de l'interessant manu- 5 scrit: «Les memoires d'un jeune homme,)) que vous avez depose dans nos bureaux. Veuillez passer au journal demain, de trois a cinq heures. Je serai charme de vous recevoir. Si vous n'etiez pas libre demain, indiquez-moi votre jour. Agreez mes cordiales salutations. 10 Ch. De Blangoulent, Secretaire de la redaction. II serait superflu de dire avec quelle joie triomphale il lut et relut cette missive. Le lendemain a trois heures precises il entrait dans une maison de la rue 15 Bergere ou ((La Sincerite)) avait ses bureaux, et mon- tait a T entresol conformement a rindication du concierge. 30. LE RENDEZ-VOUS A «LA SINCERITE)) Sur une porte, une plaque en cuivre portait ces mots: LA SINCERITE 20 REDACTION Tournez le bouton, S.V.P. fidouard tourna le bouton et se trouva dans un vesti- bule ou se tenait un gargon de bureau en livree. — Je desirerais voir monsieur de Blangoulent, dit 25 Edouard au gargon. Le gargon de bureau indiqlia du geste, sur une table, un blocnotes a feuilles roses portant ces indications imprimees: ((Nom du visiteur — objet de la visite.)) — Si monsieur veut bien dormer son nom? dit-il. LE RENDEZ-VOUS A ((LA SINCERITE)) 49 Edouard s'inscrivit. Le gargon detacha la feuille rose, entra dans une piece contigue et reparut presque aussitot. — Monsieur le Secretaire de la redaction attend monsieur Blandas, dit-il. 5 Edouard le suivit dans le cabinet ou se tenait de- bout, adosse a la cheminee, monsieur de Blangoulenc. C'etait un grand gaillard d'une trentaine d'annees, tres brun, f ortement moustachu, en pantalon gris clair et redingote noire, une rosette multicolore a la boutonniere. 10 — Asseyez-vous done, monsieur Blandas, dit-il, et causons. JPai lu vos ((Memoires d'un jeune homme.)) C'est charmant! — Oh, monsieur, fit Edouard, rouge de plaisir. Vous me jugez vraiment avec une indulgence. 15 — Non, declara le secretaire de redaction. II n'y a ni indulgence . . . ni bienveillance dans mon apprecia- tion. Je suis enchante de votre manuscrit. C'est reussi. Tout a fait reussi! Original, interessant! Et parfaitement ecrit, ce qui est tres rare. Je n'aurais 20 jamais cru que e'etait une ceuvre de debut, si vous ne me Taviez pas affirme dans votre lettre. — Alors, monsieur, demanda fidouard palpitant de joie, je puis esperer que ((La Sincerite)) voudra bien . . . — Mais certainement. ((La Sincerite)) sera tres 25 heureuse de vous publier, si vous acceptez ses condi- tions toutefois. Les voici. Nous vous donnons vingt centimes la ligne. Oh! n'insistez pas pour obtenir davantage pour le moment. Plus tard, nous verrons. — Mais, monsieur, je ne demande rien de plus, dit 30 fidouard. 50 LE PARI D'UN LYCEEN — Alors, c'est decide. Ou allez-vous maintenant? lui demanda monsieur de Blangoulent. LASiriCEME n.F. — Je vais rue Taitbout, repondit fidouard. — Voulez-vous me permettre de vous accompagner? 5 II n'est que quatre heures. — Mais certainement, dit Bdouard, enchante. lis sortirent ensemble, bras dessus bras dessous. MONSIEUR DE BLANGOULENT 51 31. MONSIEUR DE BLANGOULENT Blangoulent se montrait de plus en plus familier et cordial. Encourage par sa bienveillance, Edouard lui demanda la date precise de la publication des «Me- moires d'un jeune homme.)) — La semaine prochaine, au plus tard, repondit-il. s Mais je ne puis pas vous fixer le jour, parce que je dois en parler a Fonpoche, notre directeur, et a Sampirou, Tadministrateur delegue. Je crois que vous feriez bien de faire une visite a ces messieurs. Simple question de forme! . . . quant a la redaction litteraire, je me 10 charge de cela. Mais Fonpoche et Sampirou sont a menager. Charmants tous deux d'ailleurs. lis seront tres sensibles a ce temoignage de courtoisie. — Je serai tres heureux de presenter mes respects a ces messieurs. A quelle heure les trouverai-je? 15 — Comme tous les gens tres occupes, ils sont diffi- ciles a approcher. Fonpoche est un de nos plus grands financiers. Son temps est tres pris. II vient au journal tous les [jours de quatre a cinq. En ce moment Sam- pirou a des conferences incessantes avec le ministre 20 des finances. Je m'informerai demain et je vous ecrirai pour vous indiquer un jour. II accompagna Edouard rue Taitbout, et comme celui-ci allait monter sur Timperiale du tramway: — Ma foi, dit-il brusquement, je ne vous lache pas 25 encore, mon cher confrere. Apres mon travail fou d'aujourd'hui, j'ai vraiment besoin de prendre Fair. Je vous accompagne. Nous bavarderons jusqu'a Tavenue Victor Hugo. 52 LE PARI D'UN LYCEEN Edouard approuva chaleureusement Tidee et ils partirent ensemble. Blangoulent demanda a fidouard s'il aimait le theatre, et sur sa reponse affirmative il promit de lui 5 envoyer le lendemain ou le surlendemain une loge pour le Frangais, le Vaudeville ou le Gymnase. 32. LE DINER AU «RENDEZ-VOUS DES CENTAURES)) Edouard etait tout a fait enchante. Son nouveau compagnon lui temoignait une sympathie de plus en plus vive. II s'informait, avec le plus affectueux in- io teret, des habitudes, du genre de vie, de Installation de son jeune confrere. Sur la description qu'Bdouard lui fit, il trouva qu'a trente francs sa chambre, rufe Benouville, n'etait vraiment pas chere, mais il parut etonne quand Edouard lui dit qu'il etait convenable- 15 ment nourri au ((Rendez-vous des Centaures,)) a quatre- vingts francs par mois — Voulez-vous venir voir par vous-meme? demanda gaiement Edouard. — Ma foi, mon cher confrere, j'ai grande envie de 20 ne pas dire non, repondit Blangoulent sans hesita- tion. — Alors c'est dit! reprit Edouard. Mais vous savez la clientele n'est pas tres choisie . . . cochers, lads, employes de maneges et de cirques, quelques acro- 25 bates . . . — Ce doit etre tres interessant au point de vue de l'observation et de Fetude de mceurs, s'ecria Blangou- LA LETTRE DU REDACTEUR 53 lent. Mais de grace, n'est-ce pas, pas d'extras, pas de folies! — Oui, oui, repondit evasivement Edouard, je vous le promets. Cette promesse ne fut naturellement pas tenue. 5 Edouard eut avec le proprietaire du ((Rendez-vous des Centaures)) un court aparte dans lequel il le prevint qu'il traitait un ami pour lequel il voulait faire tres convenablement les choses. Dufourmantel ajouta au potage et au plat du jour, un poulet froid, un poisson 10 et une tarte aux fruits. Blangoulent jura que depuis longtemps il n'avait pas aussi bien dine. La carte du festin se montait a seize francs soixante- dix centimes. Edouard la paya sans marchander parce 15 que, lorsqu'on peut gagner des mille et des cents avec sa plume, on ne regarde pas a seize francs soixante-dix pour recevoir convenablement Thomme qui vous met la fortune en main. 33. LA LETTRE DU REDACTEUR L'idee d'annoncer triomphalement ses debuts dans 20 le journalisme a monsieur Piquet, le commissaire de police de la rue Saint-Jacques, a monsieur Boulard, a Nadin et a ses amis du ((Merlan qui chante)) s'etait presentee a son esprit. Mais il prefera attendre quel- ques jours. Quant a Valamouille, il estima qu'il etait 25 preferable de ne rien lui dire, du moins pour le moment. Le surlendemain, par le courrier du matin, il regut une lettre et Je numero du jour de «La Sincerite.)) 54 LE PARI D'UN LYCEEN C'etait Blangoulent qui lui ecrivait. II avait joint des billets de theatre a sa lettre ainsi congue: Mon cher confrere et ami, Venez a «La Sincerite» demain jeudi a deux heures tres pre- , 5 cises. Fonpoche et Sampirou seront la. II y a rendez-vous donne a Massenet (qui va prendre la chronique musicale chez nous) pour la signature de son traite. Ceci a titre absolument confidentiel, je vous en prie. Apres le depart du maitre, je vous pr£senterai a nos deux grands augures. Des aujourd'hui on vous 10 enverra notre journal a titre de collaborateur. Vous le recevrez probablement par le meme courrier que ce billet. Je suis furieux . . . exaspere, mon cher confrere. Je comptais vous envoyer des places pour la Comedie, ou tout au moins pour le Vaudeville. Mais nos redacteurs abusent vraiment des facilites 15 trop grandes que je leur laisse a ce point de vue. lis ont deja pris les meilleurs billets, ne laissant que des entrees pour Robert Houdin et les Bouffes du Nord. Les voici, en attendant mieux. Si vous ne desirez pas y aller vous-meme, donnez ces billets a vos amis. 20 Je comptais vous prier de me faire le plaisir de venir diner avec moi demain chez Louis. Mais je dois assister a la soiree du Presi- dent du Conseil des ministres. Je serais force de vous quitter trop tot. Ce sera pour un autre jour. De tout cceur a vous, mon cher confrere, 25 De Blangoulent. Vous passerez probablement, tres probablement, lundi pro- chain. Demain, je vous remettrai vos epreuves et je vous ap- prendrai a les corriger. 34. FONPOCHE ET SAMPIROU Le jeudi, a Fheure dite, Bdouard arriva a ((La Sin- 30 cerite.)) Malheureusement Massenet etait deja parti, apres avoir signe son traite. II regretta beaucoup d'avoir manque Tillustre compositeur, mais en re- FONPOCHE ET SAMPIROU 55 vanche il fut aussitot regu par messieurs Fonpoche et Sampirou. — Je dois avouer que je n'ai pas lu votre article, monsieur Blandas, dit Fonpoche avec franchise. Pas plus que Sampirou, d'ailleurs. Nous avons tant de tra- 5 vail. Et puis nous sommes des financiers, des hommes d'affaires. Mais nous avons confiance en la compe- tence eprouvee de Pami Blangoulent. II fut convenu que Toeuvre serait signee ((Monsieur de Juventis.)) Monsieur Sampirou informa Edouard 10 que les auteurs etaient payees le 3 et le 18 de chaque mois; ils n'avaient qu'a se presenter a la caisse. L'entretien continua effectueux et cordial. Malgre leur haute situation, Pattitude de Fonpoche et de Sam- pirou etait bienveillante, presque paternelle. Blan- *5 goulent leur raconta son diner chez Dufourmantel, celebrant Pexcellence de la cuisine avec une chaleu- reuse conviction. Edouard cependant expliqua que le «Rendez-vous des Centaures)) etait un restaurant d'or- dre tout a fait modeste, qu'on y mangeait assez con- 20 venablement pour le prix, mais que Dufourmantel ne meritait pas les eloges excessifs de monsieur Blangoulent. Le secretaire de la redaction se declara pret a parier tout ce qu'on voudrait que monsieur Fonpoche et monsieur Sampirou seraient de son avis s'ils connais- 25 saient la maison. Sous peine de passer pour un jeune homme mal appris, fidouard devait naturellement inviter messieurs Fonpoche et Sampirou a venir ap- precier les talents culinaires de Dufourmantel. A sa grande surprise, les deux capitalistes accep- 30 terent Tinvitation. 56 LE PARI D'UN LYCEEN II n'y eut de difficulty que pour le choix du jour. Impossible le soir meme. Sampirou dtnait a Pambas- sade d'Angleterre. Le lendemain soir Fonpoche avait a conferer avec le prefet de police. Le surlendemain 5 Blangoulent offrait a diner a Sarah Bernhardt. Enfin apres une longue discussion, il fut convenu qu'Bdouard offrirait le diner le surlendemain et que Sarah Bernhardt y serait aussi. 35. LE GRAND DlNER II est inutile de dire Porgueil qu'fidouard eprouvait a io Pidee de recevoir Sarah Bernhardt. Jamais il n'aurait ose prendre la liberte de Pinviter dans des conditions aussi modestes. Mais a proprement parler, il ne Pin- vitait pas. Blangoulent Pamenait a Pimproviste. Cela faisait une difference. 15 Cependant il fallait la recevoir convenablement. Dufourmantel proposa un tres joli menu a huit francs par tete (cafe et cigares non compris). Quarante francs, plus dix francs pour le cafe et les cigares: cinquante francs en chiffres ronds. C'etait beaucoup pour Bdou- 20 ard, auquel il ne restait en ce moment que cent dix-neuf francs sur ses economies. Mais le 18, c'est a dire dans quelques jours, il toucherait trois a quatre cents francs a la caisse de ((La Sincerite,)) pour les ((Memoires d'un jeune homme.)) 25 Le lundi matin, il eprouva une sensation delicieuse en voyant sa prose imprimee dans ((La Sincerite.)) Mais a Theure du diner, il eut une vive deception. Monsieur Blangoulent arriva le premier, seul, sans LE GRAND DlNER 57 Sarah Bernhardt, qu'une malencontreuse nevralgie obli- geait a garder la chambre. Fonpoche et Sampirou ne parurent qu'a sept heures et demie. On se mit a table aussitot, et le diner fut tout a fait gai. Blangoulent triomphait. 5 On ne se separa qu'a onze heures. Blangoulent partit seul, pedestrement; Fonpoche et Sampirou, qui voulaient aller a une soiree du ministre de la Justice, prirent une voiture. Cinq minutes apres leur depart, Edouard les vit 10 revenir. — Mon cher Blandas, dit Fonpoche, la charite s'il vous plait, mon bon monsieur. 58 LE PARI D'UN LYCEEN — Oui, gemit burlesquement Sampirou, ayez pitie de deux inf or tunes millionnaires. II raconta qu'au bureau de tabac il s'etait apergu qu'il n'avait pas d'argent sur lui. Et coincidence 5 bizarre, Fonpoche avait egalement oublie son porte- monnaie. — Alors, continua-t-il, nous sommes revenus pour vous demander Paumone. Un louis suffira pour sou- lager notre detresse. 10 Edouard rit beaucoup de la mesaventure, demanda un louis a Dufourmantel et le remit a Sampirou. Apres de nouveaux serrements de mains, les deux capitalistes repartirent, definitivement cette fois. 36. LES PREMIERS DOUTES Le lendemain fidouard alia annoncer a ses amis 15 son entree dans le journalisme. Ce fut par monsieur Piquet qu'il commenga ses visites, mais il ne le trouva pas au commissariat. II alia chez monsieur Boulard, reservant pour le soir Pourcelet, auquel il comptait demander a diner. 20 L'inspecteur de la Surete etait chez lui, et le regut avec sa cordialite habituelle; mais a sa grande surprise, il accueillit la communication sans enthousiasme. — Ah! vous ecrivez pour «La Sincerite,)) monsieur Blandas, dit-il en souriant. Tous mes compliments. 25 Peut-etre retirerez-vous plus tard quelques avantages pratiques de ce travail. — Pardon, cher monsieur, repondit Edouard. C'est line nouvelle carriere tres avantageuse deja. LES PREMIERS DOUTES 59 — Votre collaboration n'est done pas gratuite? de- manda monsieur Boulard tres surpris. Vous etes paye? — Certainement, vingt centimes la ligne avec pro- messe d'augmentation prochaine. — On vous paye? 5 — On ne m'as pas encore paye; ma collaboration ne date que d'avant hier et Ton ne paye au journal que le 3 ou le 18. Monsieur Boulard eut de nouveau un sourire ex- pressif. io — Je regrette vraiment, monsieur Blandas, dit-il, de vous enlever une illusion. II ne laissa pas a Edouard le temps de protester contre cette affirmation. II lui expliqua que des bruits facheux couraient sur «La Sincerite,)) journal qui etait is tombe entre les mains d'agents d'affaires suspects, sans credits et sans ressources. — D'ailleurs, ajouta-t-il, je suis peut-etre mal ren- seigne. Mais j'ai mes doutes. Edouard Tavait ecoute avec la plus profonde con- 20 sternation. — Je ne veux pas rester dans l'incertitude sur ce point, monsieur Boulard, dit-il en se levant. Per- mettez-moi de vous quitter pour aller immediatement me renseigner. 25 — Allez, allez, monsieur Blandas, et donnez-moi des nouvelles a ce sujet. Demeure seul, monsieur Boulard eut un leger rire. II s'assit a son bureau, ecrivit une assez longue lettre, et alia la mettre lui-meme a la poste. 30 60 LE PARI D'UN LYCEEN 37. LES COMPTES Edouard alia a ((La Sincerite,)) ou Phuissier lui dit que monsieur Blangoulent etait sorti, appele d'urgence par telephone au ministere de PInterieur. II demanda monsieur Fonpoche ou monsieur Sampirou. L'huis- 5 sier repondit que monsieur le Directeur etait en vil- legiature a Valengay, chez madame la duchesse d'Uzes, et que monsieur PAdministrateur delegue partait le soir meme par P Orient-Express pour Bucharest ou une importante adjudication de travaux publics rendait sa io presence indispensable. Edouard ne doutait plus maintenant que cet etalage de brillantes relations et d'affaires colossales n'etaient que le jeu d'habiles escrocs. Toutefois il ne laissa rien paraitre dans son attitude en presence de Phuissier, 15 pas plus que dans le billet aimable et concis qu'il laissa pour Blangoulent, auquel il annongait sa visite pour le lendemain. Inutile de dire que le lendemain Blangoulent etait encore absent. 20 Le 18, jour de paiement, fidouard revint encore. Cette fois il ne demanda pas le secretaire de la redac- tion, et il monta directement a la caisse. Le caissier, homme tres aimable, lui montra son compte de collaboration exactement etabli: mille sept 25 cent cinquante-quatre lignes a vingt centimes: trois cent cinquante francs quatre- vingt s. Mais il ajouta qu'il ne pouvait pas lui remettre cette somme sans un papier signe par monsieur Fonpoche ou par monsieur Sampirou. LE DESASTRE 61 — Alors, comment vais-je faire? demanda Edouard. J'ai absolument besoin de mon argent. — Je regrette, monsieur, repondit le caissier. Mais il faudra attendre le retour d'un de ces messieurs. Edouard n'insista pas. II n'avait plus le moindre 5 doute sur la parfaite exactitude des previsions de mon- sieur Boulard. II comprit que desormais on trouve- rait toujours des pretextes pour ne pas le recevoir. II rentra chez lui et ecrivit a Blangoulent une lettre dans laquelle il exprimait tres nettement son appreciation 10 sur «La Sincerite.)) 38. LE DESASTRE Par retour du courrier Edouard regut une reponse. La voici : Monsieur, Je vais soumettre votre reclamation a monsieur Fonpoche, 15 que j'attends mardi prochain. II la trouvera beaucoup plus ridicule qu'impertinente, et vous serez paye immediatement. Je vous avoue, monsieur, que votre cupidite m'affecte penible- ment. Je regrette beaucoup d'avoir contribue a vous ouvrir une carriere litteraire; les questions d'argent ont trop d'importance 2 o a vos yeux. Peut-etre reussiriez-vous mieux dans l'epicerie, que dans la litterature. Blangoulent. Cette lettre impressionna fidouard. Puisque Blan- goulent lui indiquait le jour precis du retour de Fon- 25 poche, il revint a «La Sincerite)) le mardi suivant, k trois heures. If Dans Tantichambre, sous Toeil du meme huissier, 62 LE PARI D'UN LYCEEN vetu de la meme livree, plusieurs personnes atten- daient silencieuses et de mauvaise humeur. II y avait des hommes et des femmes. Les hommes etaient pauvrement vetus. Les femmes n'etaient ni 5 jeunes, ni belles, ni elegantes. L'huissier sourit a Edouard. — Entrez, monsieur Blandas, dit-il, monsieur le secre- taire de la redaction vous attend. Edouard, qui s'attendait a etre regu par Blangoulent, 10 se "trouva en presence d'un homme d'un certain age, aux cheveux grisonnants, a la physionomie un peu dure, qu'il voyait pour la premiere fois. — Vous etes monsieur Blandas? lui demanda Tin- connu. 15 — Oui, monsieur, repondit Edouard, tres surpris. A qui ai-je Thonneur de parler? — A monsieur Mescar, le nouveau secretaire de la redaction. Monsieur, la direction et la redaction de «La Sincerite)) sont passees en d'autres mains depuis 20 avant-hier. — Et monsieur Fonpoche? monsieur Sampirou? monsieur Blangoulent? Que sont-ils devenus? — Je Tignore, repondit monsieur Mescar. Nous causerons d' autre chose si vous voulez bien . . . 25 J'avais donne Tordre de vous faire entrer pour vous exprimer mes regrets de ne pas pouvoir continuer votre publication. Ce n'est pas absolument mal. Mais on sent trop Tinexperience. En journalisme comme en tout, il faut un apprentissage. Bref, je vais vous 30 rendre votre manuscrit. NOUVEL ESPOIR 63 39. NOUVEL ESPOIR Ces paroles consternerent Edouard. — Monsieur, je suis desole, dit-il. S'il y avait des corrections, des modifications a faire, je serais tres heureux de les executer sous votre direction. Et quant au prix, je consentirais a toutes les reductions, meme 5 a une collaboration gratuite. Monsieur Mescar hocha negativement la tete. — Non, non, monsieur Blandas, dit-il. Yotre petit article n'est pas trop mal ecrit, mais c'est enfantin. Non, je ne puis pas. 10 Edouard se leva les yeux pleins de larmes. — Je n'insiste pas, monsieur, dit-il tristement. Mais la deception que j'eprouve est bien grande. Au fond, malgre sa mine severe, monsieur Mescar etait un brave homme. Et sur un ton affectueux il dit: 15 — II ne f aut pas perdre courage, monsieur Blandas. Je serais heureux de vous aider. Voyons! Je vous propose un salaire fixe et quelques extras : deux francs par jour, pour plier et mettre sous bande les numeros du journal qui partent pour la province par les trains 20 de nuit. II y a la une place pour vous si vous acceptez. — J'accepte avec plaisir, repondit fidouard, qui com- prit qu'une somme de soixante francs regulierement touchee chaque mois Taiderait beaucoup a vivre. — Tres bien, reprit monsieur Mescar. Vous com- 25 mencerez demain. Traitons maintenant la question des extras. — Mais, monsieur, je ne sais si je serai capable. — Cela est tres simple. Vous aurez a arranger, au 64 LE PARI D'UN LYCEEN point de vue grammatical, les communications gene- ralement tres incorrectes qu'on trouve chaque jour dans la boite du journal. Cette occupation vous rapportera au moins cinquante ou soixante francs par mois. La 5 voulez-vous? Edouard n'hesita pas a repondre affirmativement. Soixante francs de pliage, cinquante francs de faits divers, cela ferait trois cent trente francs pour les trois mois que le pari avait encore a courir. Trois cent io trente francs plus cent vingt et un francs d'economies qu'il possedait en ce moment, c'etait quatre cent cin- quante et un francs, soit cinq francs par jour. Le necessaire bien juste, mais enfin le necessaire. — Revenez demain a quatre heures et demie, dit 15 le secretaire de la redaction. — Bien, monsieur, repondit Edouard, enchante de cette offre. Au revoir, monsieur, a demain. 40. LA REDUCTION DES DEPENSES Edouard s'initia promptement a Tart de plier les journaux et de les mettre sous bande. Le metier 20 Thumiliait bien un peu a cause des personnes avec les- quelles il etait oblige de travailler. Mais les ((faits divers)) lui donnaient quelques satisfactions d'amour- propre. Monsieur Mescar, tres sec, tres bourru, ne lui adressait jamais un mot d'encouragement. Nean- 25 moins il comprenait qu'il reussissait d'une fagon assez satisfaisante dans cette specialite nouvelle. Non seule- ment on lui donnait beaucoup a faire, mais encore on etendait chaque jour la sphere de ses attributions. LA REDUCTION DES DEPEXSES 65 Plusieurs fois il fut charge de decrire de petits incidents, sans importance, mais susceptibles d'interesser un cer- tain nombre de lecteurs: fetes de quartier, revues de pompiers de banlieue, manoeuvres de societes de tir ou de gymnastique, etc. ... 5 II avait quitte le ((Rendez-vous des Centaures)) et sa chambre de la rue Benouville. Maintenant il lo- geait a vingt francs par mois dans un cabinet d'un petit hotel de la rue d' Amsterdam et mangeait dans un restaurant de la Rue de Londres ou la pension ne 10 lui coutait que soixante francs. S'il reduisait ainsi ses depenses, c'etait parce qu'il voulait revenir a Bordeaux, avec quelque argent de poche. II voulait prouver a monsieur Lestillac que non seulement il avait pu vivre pendant un an sans 15 assistance, mais qu'il avait encore trouve moyen d'eco- nomiser quelques sous. Le mois de mars s'ecoula sans incidents. II comptait partir le 25 avril au soir pour arriver a Bordeaux un an, jour pour jour, apres le debut de 20 son pari. Ce pari, monsieur Piquet, monsieur Bou- lard et monsieur Nadin le connaissaient. II n'irait done les voir que pour leur dire au revoir et les remer- cier. Mais le menage Pourcelet, Filador et Berlou ne soupgonnaient certainement pas sa veritable identite. 25 II leur ferait sa visite d' adieu la veille de son depart et leur revelerait son incognito en les assurant de sa reconnaissance et de son amitie. 66 LE PARI D'UN LYCEEN 41. EDOUARD DONNE SA DEMISSION A ((La Sincerite,)) il n'avait aucune raison de donner des explications a ses collegues. Mais il etait con- venable de ne pas attendre au dernier moment pour prevenir qu'il quittait le journal. Aussi le premier 5 avril, il alia trouver monsieur Mescar pour lui an- noncer son depart prochain. Or, quelques jours auparavant, on lui avait demande d'ecrire quelque chose sur Inauguration d'un cime- tiere de chiens, et il Pavait fait avec autant d'humour io que de brio. Edouard, qui n'avait pas vu monsieur Mescar de- puis la publication de cet article, le trouva enchante. — Arrivez, Blandas, dit-il. C'est parfait! — Quoi done, monsieur? demanda fidouard. Qu'est- 15 ce qui est parfait? — Votre article du 27 sur le cimetiere des chiens. Mon cher, si vous nous en donnez encore ce mois-ci deux ou trois comme celui-la, je demanderai pour vous un traitement fixe de cent cinquante francs par mois 20 a dater du premier mai, et vous pourrez lacher le pliage des journaux. — Je suis tres fier de vos eloges et tres touche de vos bonnes intentions a mon egard, repondit Edouard. Malheureusement je n'en beneficierai pas. Je venais 25 precisement vous dire qu'un parent . . . eloigne . . . m'a trouve une situation convenable en province, et que je ne pourrai plus faire partie de la redaction de ((La Sincerite)) a dater du 25. Monsieur Mescar eut a cette nouvelle un sourire UNE MISSION DE CONFIANCE 67 tr&s promptement reprime et qu'Edouard ne remarqua pas. — Voila ime demission qui me contrarie fort, mon cher Blandas, dit-il. Cette situation, dont vous me parlez, est-elle au moins avantageuse? 5 — Oui, monsieur. J'entre dans une maison . . . de commerce importante . . . chez un parent. — En ce cas, tous mes compliments, et tous mes voeux de succes. Seulement je vous le declare, j'abu- serai de vous pendant que je vous tiens encore. Votre 10 dernier compte-rendu etait si bon que je vous en de- manderai d'autres. — Je suis a votre disposition, cher monsieur, re- pondit gaiement Edouard. 42. UNE MISSION DE CONFIANCE Dans les quinze jours qui suivirent, Edouard tra- 15 vailla consciencieusement au recit humoristique de divers faits sensationnels. Mais il avait cesse de collaborer au pliage. Dans la matinee du 17 avril, il regut chez lui, rue d y Amsterdam, une depeche de monsieur Mescar qui 20 disait : Venez vite. Je vous attends jusqu'a midi. Extreme urgence. Vingt minutes apres, fidouard entrait chez le secre- taire de la redaction. — Ah! fit celui-ci avec satisfaction. Mon tele- 25 gramme vous est parvenu? Parfait! Maintenant, dites-moi, etes-vous competent en matiere d'automo- bilisme? 68 LE PARI D'UN L'YCEEN UNE MISSION DE COXFIAXCE 69 — J'ai des notions, meme une certaine pratique. Mon pere . . . le parent qui m'a eleve, veux-je dire, avait une automobile. Nous faisions soiivent des courses ensemble. — Cela suffit. Mon cher ami, vous allez terminer 5 votre collaboration a ((La Sincerite)) par un article d'une importance exceptionnelle. Nous vous en- voyons a Nice en automobile. — A Nice? En automobile? Et pourquoi faire? demanda Edouard abasourdi. 10 — Nous voulons etre tres exactement instruits de tous les incidents de la course Paris-Nice, qui com- mence demain. Une des machines engagees, la Roule- bosse, sort des ateliers de monsieur Durbec, notre ami, et un de nos commanditaires. II faudra lui faire, sous 15 forme de comptes-rendus, une reclame soignee. Vous partirez sur sa voiture. Ce n'est pas complique mais fatiguant; done vous serez paye au prix exceptionnel de vingt-cinq centimes la ligne. Vous recevrez de plus vos frais de voyage, cent francs, et le journal vous 20 donnera une passe pour revenir gratuitement de Nice a Paris en premiere classe. Cela vous plait-il? Edouard accepta avec plaisir. Independamment des avantages pecuniaires, la perspective d'une excursion sur la Cote d'Azur n'etait pas faite pour lui deplaire. 25 II remercia monsieur Mescar et alia chez monsieur Durbec pour faire les arrangements necessaires. lis partirent le lendemain a quatre heures du matin. 70 LE PARI D'UN LYCEEN 43. EN ROUTE POUR NICE En quittant Paris, les coureurs filent sur une route qui borde la Seine et pendant plusieurs kilometres Bdouard peut voir de charmants petits villages qui forment la banlieue de Paris. Tout a coup il entre 5 dans la vraie campagne. A sa droite et a sa gauche il y a des jardins potagers qui produisent les legumes pour les Parisiens. L'auto file, longeant la riviere, passe avec grand fracas a travers la ville de Corbeil, ou il y a de grandes io fabriques de machines. Puis la voiture s'elance vers Melun, sur une route excellente. Edouard, qui jusqu'a present n'avait pas dit un mot, se penche vers monsieur Durbec et lui dit: ((A quelle vitesse allons-nous maintenant?)) 15 — Nous faisons du 60 kilometres a l'heure, repond monsieur Durbec en se penchant sur l'indicateur de vitesse. Mais quand nous serons arrives au haut de cette cote, nous ferons alors facilement du 80 ou du 85, sur une route tres unie. 20 Edouard admire les belles forets a travers lesquelles la Roulebosse passe. Puis la foret fait place a d'im- menses champs de betteraves qui alimentent les sucreries de Melun. Bientot on quitte la Seine pour remonter une riviere pittoresque, nommee PYonne. 25 Edouard, grise par le grand air, s'ecrie: — Ah, monsieur Durbec, quelle course! Et quelle machine vous avez ! La voiture semble avaler les kilo- metres. Mais quand nous arreterons-nous poujr prendre de Pessence et de Phuile? EN ROUTE POUR NICE 71 — Nous nous arreterons a Tonnerre, monsieur Blandas, a une vingtaine de kilometres d'ici. Je pour- rais aller jusqu'a Dijon avant de m'arreter, mais nous aurons bientot a gravir une chaine de montagnes et la Roulebosse demande sa part d'essence a la montee. 5 — Quel beau pays nous traversons, monsieur Durbec. . Regardez ces vastes champs fralchement laboures, ces troupeaux de vaches la-bas sur ces col- lines, et ces beaux vergers ou les pommiers sont prets a jfleurir! Quelle richesse agricole! 10 — Oui, tout cela est beau, mais vous verrez encore mieux. Tenez, voici Joigny devant nous. Nous allons quitter l'Yonne et nous suivrons alors le Canal de Bourgogne. Puis se penchant vers le mecanicien, monsieur 15 Durbec lui dit: — Et bien, Louis, ga va? — Oui, 5a va, monsieur Durbec. Si nous n'avons pas d'accidents, nous finirons a la tete de nos con- currents. 20 — Je Pespere bien, fit monsieur Durbec avec un sourire satisf ait. Ah ! nous entrons a Tonnerre. Voici nos gens. Vous descendrez de machine, monsieur Blandas, pour vous etirer. Une minute d'arret seule- ment. 25 44. UN INCIDENT Au milieu de la route des hommes agitent un drapeau blanc. Ce sont les gens de monsieur Durbec. On s'arrete brusquement. Louis saute a bas de la voiture, visite les essieux et les f reins. Les aides versent Tes- 72 LE PARI D'UN LYCEEN sence dans le reservoir, Thuile dans le moteur. Un d'eux se lance sous la voiture pour graisser, un autre met un peu d'eau dans le radiateur, un autre inspecte les pneumatiques. Sur un signe de monsieur Durbec, 5 Edouard saute a sa place. Louis accelere le moteur et la Roulebosse dans un nuage de poussiere, de fumee, de petrole et d'huile brulee, s'elance de nouveau aux acclamations de la foule et des aides. Soudain on entend une sirene. Edouard tourne la 10 tete et tres excite dit a monsieur Durbec : — Monsieur Durbec, la voiture No. 17 nous rattrape! Monsieur Durbec dit entre ses dents : — C'est Menier, un des concurrents qui conduit sa voiture lui-meme. II est excellent mecanicien et ne is craint pas la vitesse. Louis, il faut accelerer. UN INCIDENT 73 — Bien, monsieur, n'ayez pas peur, nous le tien- drons. D'ailleurs il s'arretera aussi pour remplir son reservoir cTessence. Edouard, un peu depite, regarde la voiture No. 17, qui passe devant la Roulebosse. L'allure est forcee; la 5 Roulebosse ne perd pas un pouce. La vallee que Ton suit devient plus etroite et la montee devient plus raide. Sur les collines qui bordent la route, les vignerons qui travaillent dans leurs vignes s'arretent et se reposant sur leurs beches, disent, en 10 secouant la tete : — Regardez done ces fous! Mon Dieu qu'ils sont betes! lis vont sans doute se casser le nez dans ces machines endiablees qui empestent notre bon air. lis secouent tristement la tete, et avec un air de 15 mepris pour ces gens des villes, ils se courbent vers la terre, leur amie, et se remettent a l'ouvrage. Monsieur Durbec se tourne vers Edouard et lui dit: — Vous voyez cette montagne la-bas. C'est le mont Tasselot, 608 metres au-dessus du niveau de la 20 mer. Quand nous Taurons traversee, nous aurons une longue descente sur Dijon. — Oh, monsieur Durbec, regardez-la, devant nous, la voiture No. 17. Nous la rattrapons! — Oui, dit Louis, je crois qu'avant peu, elle sentira 25 Todeur de notre petrole. Elle semble s'arreter. — C'est vrai, dit monsieur Durbec, une panne de moteur probablement. Et trois minutes apres, la Roulebosse depassait la concurrente qui s'etait arretee au bord de la route. 3° 74 LE PARI D'UN LYCEEN 45. VERS LE SUD On arrive au sommet de la cote et la descente com- mence. La route est excellente et Louis laisse aller la Roulebosse a toute allure. Quinze minutes apres, on arrive a Dijon, une des 5 plus anciennes villes de France, pittoresque, indus- trielle et artistique. On ne s'arrete pas. — Nous avons couvert le tiers du parcours, dit monsieur Durbec. Nous sommes a 330 kilometres de io Paris. Et maintenant, en route vers le sud. Une descente pour ainsi dire continuelle jusqu'a Marseille. Monsieur Blandas, nous allons passer par une des par- ties de la France que le monde entier connait. Vous voyez ces collines a votre droite; c'est la Cote d'Or. 15 Ces collines sont couvertes de vignobles qui four- nissent certains fameux vins de France. — Monsieur Durbec la riviere a notre gauche est la Saone, n'est-ce pas? — Oui, monsieur Blandas; et remarquez quel enorme 20 trafic il y a sur ce cours d'eau. Voyez ce petit remor- queur tirer trois gros chalands; il avance bien lente- ment, mais il arrivera a son but. — Mais que transportent ces chalands? — Des vins, du charbon qui vient des environs de 25 Chalon-sur-Saone, des bles et farines qui viennent des grands marches de Lyon et de Villefranche. La Roulebosse traverse ce beau pays de la Cote d'Or et passe par Chalon-sur-Saone, toujours a la tete des autres concurrents. VERS LE SUD 75 76 LE PARI D'UN LYCEEN A la sortie de la ville Bdouard voit de belles cam- pagnes sur lesquelles s'elevent une quantite de poulail- liers ou des centaines de coqs, poules, poulets, canards, dindons picotent les graines que les fermiers leur ont 5 donnees. C'est le pays de Bresse, connu pour Pexcel- lente qualite de ses volailles. II fait maintenant bien chaud. Le moteur de Pauto tourne avec une regularity parfaite. Les kilometres se suivent rapidement et nos voyageurs sont bientot 10 en vue de Macon. — Nous allons nous arreter un instant a Macon, dit monsieur Durbec. Mes gens nous attendent et vont remettre la machine en etat pendant que nous man- gerons quelque chose. 15 Et quelques minutes apres, on s'arrete au milieu des acclamations d'une foule sympathique. Les mecani- ciens se mettent a l'ouvrage, inspectent scrupuleuse- ment la machine et changent deux pneumatiques. On est pret a repartir. Louis, qui a conduit de Paris 20 a Macon, est naturellement un peu fatigue. Monsieur Durbec lui dit: — Louis, je vais conduire la machine et vous vous reposerez un peu. Tout est pret? Bien! En avant! 46. LA VALLfiE DU RHONE En sortant de Macon, fidouard voit a sa droite de 25 grands ateliers mecaniques, dans lesquels on construit des locomotives; puis d'autres fabriques de machines et d'automobiles. Macon regoit ses fers et ses aciers du Creusot ou se trouvent de grandes acieries qui LA VALLEE DU RHONE 77 fournissent de Tacier a presque toute la France, Ces deux villes ne sont separees que de quelques kilometres. Monsieur Durbec, assis au volant, suit toujours la riviere et traverse une plaine ou la culture du ble est Poccupation principale des habitants. Les moulins de 5 Villefranche sont d'une grande importance dans ce pays ou le ble pousse si bien. Bientot la vallee devient plus etroite. On arrive a* Lyon. On a couvert 530 kilometres. En voyant la ville, Edouard se rappelle ce qu'ii a 10 appris a l'ecole et il repete la legon de geographie qu'il a etudiee il y a quelques annees : Lyon est la troisieme ville de France, comme population et comme industrie. Les soieries de Lyon sont celebres et les Lyon- nais en sont fiers. La construction des machines joue aussi un 15 role tres important, ainsi que la manufacture de produits chi- miques. L'universite de Lyon jouit d'une reputation excellente et est frequentee par un grand nombre d'etudiants. Edouard aimerait visiter la ville, mais monsieur Durbec est presse d'en sortir et de se lancer dans 20 la vallee du Rhone. Ce fleuve, large, imposant par le grand volume d'eau qu'il contient, est un moyen de transport excellent et permet aux industries de Lyon et de toutes les villes qui fleurissent sur ses rives, d'ecouler leurs produits par voie d'eau; ce qui est bien 25 meilleur marche que par voie ferree. La Roulebosse, toujours la premiere, suit le fleuve a une vitesse de plus de 85 kilometres a l'heure et passe bientot par Vienne. En lisant les enseignes, Edouard reconnait les grandes papeteries dont on parle tant en 30 France. 78 LE PARI D'UN LYCEEN Avant de traverser la ville de Valence, monsieur Durbec a un petit incident qui dechaine la fureur des paysans contre les automobilistes. Une poule, qui voulait egaliser de vitesse avec la Roulebosse, voit sa 5 temerite punie, car la voiture lui passe sur le corps. Sans ralentir, les voyageurs laissent derriere eux les villes de Valence et de Montelimar. Chaque enfant, ' en France, connait le nom de Montelimar, car c'est la qu'on fabrique le plus fin nougat. 10 Et bientot, voici la ville des Papes, Avignon. Edouard aimerait bien s'arreter pour voir les gens danser ((gur le pont d> Avignon)) mais monsieur Durbec ne pense pas a cela. II veut gagner cette course et son pied continue a s'appuyer 15 fortement sur Paccelerateur. 47. AU PAYS DES FRUITS On roule toujours a travers un pays merveilleux. Les collines sont couvertes de vignes et de mtiriers dont les feuilles nourriront des milliers de vers a soie. Puis voici des vergers tout en fleurs; pommiers, ceri- 20 siers, poiriers, pechers, pruniers qui font la gloire de la contree des environs d'Arles. Quel beau spectacle, quels parfums, quelles couleurs brillantes! Edouard admire cette nature enchanteresse et il est fier de penser que tout cela est la France. 25 Monsieur Durbec reveille Louis qui sommeillait et lui dit: — Nous arrivons a Aries. Nous allons nous arreter un instant pour prendre de Tessence et laisser re- AU PAYS DES FRUITS 79 froidir le moteur. L'apres-midi a ete brtilante et la Roulebosse a eu chaud. Louis, bien repose, sourit; il est content et fier de sa machine, et repond: — Le parcours le plus penible est couvert. Sitot 5 que nous nous approcherons de la mer et que le soleil sera plus bas, la carburation sera meilleure et nous roulerons plus facilement. On entre a Aries. Edouard voit les mecaniciens au centre de la ville. On leur a telephone de Montelimar 10 que la Roulebosse y avait passe, et ils sont prets a la remettre en etat. On s'arrete brusquement; les me- caniciens s'empressent autour de la machine. Quel- ques minutes plus tard Louis se remet au volant et Pauto reprend son train. 15 Les concurrents traversent le Rhone et on s'elance vers Test a travers une grande plaine couverte d'arbres fruitiers vers Marseille. On arrive a Marseille apres avoir traverse la mon- tagne de PEstaque. II est cinq heures du soir, les 20 voyageurs ont couvert 890 kilometres. On ralentit pour traverser la grande capitale du Midi, le port commercial qui pour la France est la porte de commu- nication avec TOrient. Les voyageurs reprennent la course. La route sur- 25 plombe la mer, qui est d'un bleu tres fonce, un bleu un peu violet, le bleu de la Mediterranee. L'air est plus frais et est embaume par l'odeur des fleurs qui croissent en abondance dans cette partie de la France. Monsieur Durbec, quoique un peu fatigue, ne peut 30 s'empecher de tomber en extase devant le panorama 80 LE PARI D'UN LYCfiEN grandiose de la Riviera. La route borde la mer et a des tournants dangereux. — N'allez pas trop vite, Louis, dit monsieur Durbec. II faut eviter un accident. 5 — Regardez, monsieur Durbec, la-bas sur la mer, s'ecrie Edouard tout a coup. On dirait que toute Pescadre frangaise est rassemblee. Qu'ils sont beaux, nos vaisseaux de guerre, et regardez avec quelle fiert6 le drapeau tricolore y flotte! 48. DERNIERS EFFORTS io Edouard et monsieur Durbec sont tout a leur ad- miration, quand un vacarme derriere eux les fait bondir sur leur siege, et ils voient la voiture No. 3, qui a toute allure les depasse. — Oublions la nature, crie monsieur Durbec. Louis, is a toute vitesse! Edouard, tire subitement de son enchantement, maudit la voiture No. 3. II se baisse dans la machine et ne quitte plus des yeux la concurrente. II n'ose plus adresser la parole a monsieur Durbec, qui, crampe 20 dans son siege, suit avec anxiete les efforts faits par sa machine. Au volant, Louis, rongeant sa moustache, ne ralentit pas en passant par Toulon. II se lance sur la belle route de Frejus a une allure de 92 kilometres a Fheure, 25 a la poursuite de cette dangereuse No. 3. Le soleil est deja bas a Thorizon et dans une lumiere d'or Edouard apergoit, a un tournant de la route, la jolie ville de Cannes. C'est un tableau magnifique. DERNIERS EFFORTS 81 Les fleurs, les oliviers, les palmiers, les riches et pitto- resques villas suspendues aux flancs des collines, font de tout ce littoral un pays feerique. La No. 3 tient la tete, mais la Roulebosse gagne du terrain sur elle a chaque tour de roue. Les deux voi- tures passent Cannes et se dirigent sur Antibes, qui est encore un de ces paradis terrestres. *3 — Louis, dit monsieur Durbec, nous arrivons. Tenez-vous bien, monsieur Blandas; nous allons pro- fiter d'un kilometre en ligne droite pour rattraper la 10 No. 3. La Roulebosse crache avec fureur Pessence que Louis lui envoie, et elle se lance follement apres la No. 3. Edouard jette un coup d'oeil sur l'indicateur de vitesse et il lit 103 kilometres a Theure. Dans un 15 82 LE PARI D'UN LYCEEN bruit de trompes et d'explosions de moteurs, la Roule- bosse depasse la No. 3 a quelques kilometres seule- ment de Nice. Le soleil a disparu, le ciel n'est pas encore sombre et 5 la Roulebosse arrive a Nice, la reine des villes de la Riviera. Une ovation formidable accueille les voyageurs; drapeaux, banderoles, chapeaux en Fair, fanfares eclatantes. La machine s'arrete au controle officiel de io L'Automobile Club de France et est declaree victo- rieuse de la course Paris-Nice. La Roulebosse avait couvert 1132 kilometres en 16 heures. 49. LA VICTOIRE L' Automobile Club de France avait prepare une splendide reception pour les participants de la course, 15 qui pourtant avaient bien besoin de repos. Edouard, que la gloire enfievrait, changea rapide- ment de vetements et entra une demi-heure plus tard dans la grande salle de Photel de France, superbement decoree. II y rencontra Louis, qui recevait les felicita- 20 tions d'une foule enthousiaste. Personnages officiels, vainqueurs et vaincus, prirent place a des tables fleuries. Des conversations animees s'engagerent partout et le plaisir fit place a Tenerve- ment de la course. 25 Au milieu du diner, monsieur le President de l'Au- tomobile Club se leva, fit un discours charmant et presenta a monsieur Durbec une splendide coupe en argent, en souvenir de sa victoire. LA VICTOIRE 83 ~ Edouard avait oublie qu'il etait un employe de «La Sincerite)) et quand il se rappela qu'il avait un compte- rendu a ecrire, il s'excusa aupres de ses voisins de table et gagna rapidement sa chambre. II ecrivit avec une facilite extraordinaire, tellement 5 il etait sous l'influence de la fievre du triomphe. II donna ses notes a un employe du telegraphe qui devait les transmettre a Paris. II avait acheve sa tache, et la fatigue tomba sur lui comme un gros poids. II se jeta tout habille sur son lit 10 et dormit d'un trait jusqu'a dix heures du matin. Apres dejeuner, il chercha monsieur Durbec. II le trouva sur la terrasse de l'hotel, qui causait avec quel- ques amis. Monsieur Durbec repartait directement pour Paris. Edouard lui fit ses adieux, car il avait 15 decide qu'il passerait un ou deux jours dans le Midi de la France. Edouard avait deja visite Nice, il y a quelques an- nees, quand son pere avait fait une croisiere dans la Mediterranee sur son joli yacht et il desirait revoir 20 cette celebre Promenade des Anglais, bordee de pal- miers, qui s'etend, pleine de soleil, le long de la mer tou jours bleue. Tout a coup il eut Tidee de visiter Monaco. II alia a Thotel pour prendre le peu de bagage qu'il avait em- 25 porte avec lui, se rendit a la gare et prit le premier train qui partait pour la capitale du prince de Monaco. II y arriva vers cinq heures. II laissa sa valise a la consigne et alia en ville. II admira les belles terrasses plantees de pins, de 30 cactus et d'oliviers, parcourant les trois ou quatre 84 LE PARI D'UN LYCEEN petites ruelles qui constituent la capitale de la petite principaute, alia diner au bord de la mer et revint a la gare pour le train de huit heures. 50. LA CATASTROPHE Edouard exhiba sa passe, entra dans la salle d'at- 5 tente, et lorsque la bibliotheque de la gare eut eclaire son etalage, il acheta un volume qu'il voulait lire en route. Au moment ou on lui rendait la monnaie de la piece de dix francs qu'il avait donnee pour payer son achat, le train de Menton arrivait en gare. io Ay ant un long trajet a faire et desirant avoir une place confortable, il monta en toute hate dans un compartiment de premiere classe ou se trouvaient deja trois personnes. fidouard ne tarda pas a s'assoupir. 15 II sommeillait ainsi depuis une demi-heure a peine, quand la portiere s'ouvrit brusquement. La voix d'un employe fit retentir ces paroles a son oreille: — Cannes . . . Tout le monde descend. — Comment, tout le monde? demanda-t-il surpris. 20 Le train ne va pas a Paris? — Non. repondit P employe. Trois heures quarante- cinq minutes d' arret pour la direction de Paris. Depart a une heure quarante-cinq minutes du matin. Edouard n'avait rien d'autre a faire qu'a attendre. 25 II descendit de voiture. Trois heures et demie a at- tendre* Ce n'etait pas si terrible. II se decida a faire une petite promenade en ville et il sortit de la gare. LA CATASTROPHE 85 Arrive devant un vaste et bel hotel, il entendit des voix d'hommes. Ce qu'ils criaient, Edouard ne Ten- tendait pas tres bien. II lui sembla cependant que des mots anglais et provengaux s'entremelaient dans leurs vociferations. Soudain, de P ombre projetee sur la route par les grands murs du jardin de Thotel surgirent quatre hommes, vetus a Tindienne, coiffes de turbans et armes de gourdins. lis se precipiterent sur deux pecheurs qui passaient, et se mirent a les assommer, avec une brutalite qui 10 revolta Edouard. Ces pauvres gens poussaient des gemissements dou- loureux et s'efforgaient de prendre la fuite. Mais les Indiens les retenaient et continuaient a les frapper. Indigne, exaspere, Edouard s'elanga. 15 — Laissez-donc ces hommes, s'ecria-t-il d'un ton menagant. II n'acheva pas sa phrase. Un coup de ba- ton I'atteignit a la nuque et il tomba etourdi sur le sol. 86 LE PARI D'UN LYCEEN 51. AU POSTE Donnons immediatement certaines explications neces- saires pour l'intelligence des faits qui vont suivre. L'hotel devant lequel la rixe commenga, etait occupe par une auguste souveraine qui honorait chaque annee 5 Cannes de sa presence, dans les premiers jours du printemps. Les deux pecheurs n'ignoraient pas cette particula- rity. En passant devant la residence royale, Pidee d'une manifestation sympathique avait soudain tra- io verse leur esprit. lis pensaient que la souveraine accueillirait avec faveur leurs acclamations et peut- etre leur ferait quelque large cadeau d'argent. Malheureusement, les choses ne tournerent pas pre- cisement comme ils Favaient espere. Des serviteurs is exotiques s'avancerent pour commander le silence. Naturellement la residence royale etait Tobjet d'une surveillance toute speciale. II y avait a peu de distance un poste d'infanterie, des gendarmes, des agents de po- lice speciaux. On accourut au bruit, et lorsqu'Edouard, 20 un instant etourdi, eut repris connaissance, il se vit entoure de soldats, de sergents de ville, et sentit ses poignets violemment comprimes par deux hommes qui Tentrainaient tandis que deux gendarmes le pous- saient par derriere. Les pecheurs suivaient, empoignes 25 et entraines eux aussi vers le poste de police. Des imprecations furieuses, des cris de mort reten- tissaient. ((A Teau! A mort les brigands! A bas les anarchistes! A la guillotine.)) Stupefait, epouvante, Edouard n'offrit aucune re- L'INTERROGATOIRE 87 sistance. Anarchiste ! On le prenait pour un anarchiste a present, et on demandait sa tete sans aucune forme de proces! II ne se sentit un peu rassure que lorsqu'il se trouva chez le commissaire de police. 5 — Fouillez ces hommes! dit le commissaire. Je les interrogerai ensuite. Cet ordre fut aussitot execute. On ne trouva rien de suspect sur les deux pecheurs. Quant a Edouard, son portefeuille, sa carte de journaliste et sa passe de 10 chemin de fer furent extraits de ses poches et deposes sur une table. Pas d'argent; il l'avait sans doute egare dans la lutte. 52. L'INTERROGATOIRE Le commissaire questionna d'abord les pecheurs, qui declarerent ne pas connaitre le jeune homme arrete 15 en meme temps qu'eux, et justifierent leurs clameurs devant T hotel de la reine par les raisons que nous avons exposees ci-dessus. Pendant leur interrogatoire, Edouard se disait que son cas n'etait pas grave. Quant a son individualite 20 deux pieces Tetablissaient: sa carte de journaliste et sa passe de chemin de fer. Seulement comme ces deux documents avaient ete delivres a monsieur Blan- das, il repondit au commissaire lorsque celui-ci lui demanda son nom, ses prenoms et sa profession, qu'il 25 s'appelait Jacques Blandas, redacteur a ((La Sincerite,» habitant Paris, rue d'Amsterdam, au numero 268. Le commissaire parut un peu surpris de se trou- 88 LE PARI D'UN LYCEEN ver en presence (Tun journaliste aussi jeune. Mais la carte et le permis etaient sous ses yeux, attestant Pauthenticite du fait. — Pourquoi rodiez-vous a une heure indue, autour 5 de Thotel de la reine et pourquoi vous etes-vous battu avec les serviteurs de Sa Majeste? demanda-t-il severement. — J'ignorais absolument que Thotel devant lequel je passais par hasard etait occupe par une souveraine, 10 repondit Bdouard. J'etais arrive de Cannes a dix heures. Je devais repartir pour Paris a une heure trente-cinq. Je me promenais en attendant. J'ai vu deux hommes assaillis par plusieurs individus auxquels je reprochais leur brutalite, quand j'ai ete frappe moi- 15 meme sans provocation d'aucune sorte. — Soit! Passons a autre chose. Vous voyagez avec une passe de chemin de fer. Je remarque qu'elle n'est valable que pour le voyage de Nice a Paris. Vous etes done venu de Paris a Nice a vos frais? 20 — Non, monsieur, j'etais charge de rendre compte de la course d' automobile Paris-Nice. Je suis venu sur la Roulebosse, la voiture qui a remporte le premier prix. Le commissaire de police allait poser une question 25 nouvelle, lorsqu'un des agents qui etait dans la salle s'approcha vivement, se pencha a son oreille et lui parla un instant a voix basse. 11 ecouta avec surprise. — Vous etes stir? demanda-t-il a Y agent. — Tres sur, monsieur le commissaire. 30 — Bon! Nous allons voir. AU CACHOT 89 53. AU CACHOT Le commissaire de police reflechit un instant, et s'adressant a un agent: — Prevenez les gendarmes, continua-t-il. lis auront a conduire ces trois individus a la maison d' arret, ou on les tiendra, jusqu'a nouvel ordre. 5 Les pecheurs, au secours desquels Bdouard s'etait si genereusement elance, lui prodiguerent les plus in- jurieuses epithetes de leur repertoire, lui reprochant d'etre cause de la situation desolante dans laquelle ils se trouvaient places. io Avant de les suivre, Edouard affole tenta un effort pour rectifier les faits. En voyant le tour imprevu que prenaient les choses, il jugea necessaire de dire au commissaire de police son veritable nom, et de lui expliquer le pari qu'il avait 15 fait avec son pere. — Monsieur le commissaire, dit-il, un mot encore. Je vous supplie de m'accorder quelques minutes d'en- tretien particulier. — £tes-vous dispose a faire des aveux? Avez-vous 20 des revelations a faire? — Ce ne sont pas precisement des revelations, repon- dit Edouard, mais je voudrais vous parler seul. — Soit, dit le commissaire apres une courte hesi- tation. Parlez ! Je suis pret a vous entendre. 25 Et s'adressant aux agents: — Laissez-nous, ordonna-t-il. Attendez dans Panti- chambre. Alors Edouard donna son veritable nom. II raconta 90 LE PARI D'UN LYCfiEN Phistoire de son pari, et pria le commissaire de prevenir monsieur Lestillac, son pere, et de s'informer de lui a Paris, aupres de monsieur Piquet, commissaire de police du cinquieme arrondissement, et de monsieur 5 Boulard, inspecteur de la Surete. — Tout cela sera probablement fait, repondit froide- ment le commissaire de police, mais pas par moi. II y a trop d'invraisemblances dans cette affaire, je n'en veux pas prendre la responsabilite. Le procureur 10 de la Republique et le juge destruction seront ici demain. lis feront ce qu'ils jugeront utile de faire. Et comme Edouard voulait insister, il ouvrit la porte, appela lui-meme les gendarmes et leur ordonna de conduire Finculp6 au cachot. 54. LA DELIVRANCE 15 Edouard y passa trois jours, trois mortelles et epou- vantables journees, pendant lesquelles il passa par toutes les alternatives du depit, de la rage et meme du deses- poir. D'abord, il espera que le lendemain on le remettrait 20 en liberte. Le juge destruction serait sans doute moins feroce que cet inepte commissaire. Mais per- sonne ne parut; aucun magistrat ne vint Pinterroger. Le surlendemain il ne vit personne encore. Son anxiete et son desespoir grandissaient de minute en 25 minute. — Eh bien, oui, se disait-il en arpentant sa cellule. Mon pari pourra etre considere comme gagne. Mais quel piteux denouement. Pas plus piteux que mon LA DELIVRANCE 91 debut d'ailleurs. Car je vais terminer Pannee comme je Pai commencee: en prison. Serait-il done vrai que j'ai trop presume de mes forces et de ma jeunesse? Le lendemain 26, Pannee du pari etait deja revolue depuis quatre heures, lorsqu'il entendit la grosse clef du guichetier tourner dans la serrure. A ce moment, il etait etendu sur son etroite couchette, cherchant enfin le sommeil apres une nuit troublee par d'affreux cauche- mars, d'erreurs judiciaires et de supplices d'innocents. II se leva brusquement au bruit de la porte qui s'ou- 10 vrait. Le guichetier s'effaga pour laisser entrer mon- sieur Lestillac, le procureur de la Republique et le juge d'instruction. D'un bond fidouard se jeta au cou de son pere. 92 LE PARI D'UN LYCEEN — Papa! Papa! s'ecria-t-il. Vous! Vous enfin! Ah, tout va done s'arranger maintenant. Le juge destruction ne laissa pas a monsieur Les- tillac le temps de repondre. 5 — Tout est arrange, mon jeune ami, dit-il. Vous etes libre. Nous ne vous considerons plus comme un anarchiste militant, et si je ne vous ai pas fait relacher plus tot, e'est que je tenais a vous remettre moi-meme entre les mains de monsieur Lestillac. Je trouvais que 10 vous aviez suffisamment couru seul les aventures, et j'ai attendu son arrivee. 55. REVELATIONS — Mais pere, dit Edouard en se tournant vers mon- sieur Lestillac, j'ai gagne mon pari, n'est-ce-pas? Monsieur Lestillac echangea un sourire avec les deux 15 magistrats. Puis d'une voix legerement railleuse il demanda: — Es-tu bien stir de Pavoir gagne seul, ce fameux pari? — Certes! repondit Edouard, et j'ai eu assez de mal, 20 je vous assure. — II est vrai que tous les moyens n'ont pas ete precisement agreables, et certes lorsque tu etais plon- geur au ((Merlan qui chante,)) ecuyer de sortie chez Marentonneau, auteur dramatique pour Valamouille* 25 ou plieur de journaux a ((La Sincerite.)) . . . fidouard eut un cri de stupeur. Eh quoi! son pere connaissait done deja tous les incidents de son annee d'aventures? Comment cela? REVELATIONS 93 Comme il se demandait tout cela, monsieur Boulard et monsieur Mescar entrerent. — Voici deux des bons genies qui sont souvent venus a ton secours, dit monsieur Lestillac en montrant Tin- specteur de la Surete et le secretaire de la redaction. 5 — C'est- vrai, pere, balbutia Edouard. Mais je ne devais qu'au hasard et a moi-meme leur sympathie et leur appui. — Enfant! dit alors monsieur Boulard en prenant la main d'fidouard. Comment as-tu pu croire que ton 10 pere s'etait completement desinteresse de toi? Com- prends done une chose. C'est que j'etais charge de veiller sur toi et que pas une de tes actions ne m'etait inconnue. Edouard resta abasourdi. 15 On Fa deja compris. Monsieur Lestillac Pavait bien laisse aux prises avec toutes les difficultes de la vie. Mais il venait indirectement k son secours lorsqu'elles semblaient devenir insurmontables. Prevenu de Tarrestation d'Edouard au cafe du boule- 20 vard Saint-Michel, il accourut a Paris et s'entendit avec monsieur Piquet, le commissaire de police, qui le mit en rapport avec monsieur Boulard. Celui-ci fut charge d'exercer une surveillance sur Edouard, de le laisser agir a sa guise, mais d'intervenir secretement 25 au besoin. Seulement, il fut bien stipule qu'il ne cher- cherait pour Edouard que des situations analogues a celles que le jeune homme aurait pu trouver lui-meme. Nadin et Pourcelet furent ses premiers auxiliaires. II n'intervint pas dans Tetablissement des rapports 30 d'Edouard avec Valamouille et Blangoulent. Mais 94 LE PARI D'UN LYCfiEN lorsque ce dernier et ses deux acolytes quitterent ((La Sincerite,)) il prevint monsieur Lestillac, qui comman- dita fortement la nouvelle direction, et fit attacher son fils a la redaction. 56. LE PARI GAGNE 5 — Mais alors, s'ecria Edouard consterne, lorsque monsieur Boulard eut termine sa longue explication, je n'ai pas gagne mon pari, moi. — Tu Fas parfaitement gagne, repondit monsieur Lestillac. De quoi s'agissait-il? Tu le disais toi-meme io tantot: de faire preuve d'energie et d'accepter tout gagne-pain honorable. Tu Fas fait. — Mais ces jours-ci . . . tout dernierement. Est-ce que tu es encore intervenu? — Non! non! mon ami, protesta monsieur Lestillac is en riant. — Mais, pere, il ne me reste plus un sou maintenant. — C'est une erreur, interrompit le juge destruc- tion. II vous reste encore trois cent cinquante-deux francs quarante. 20 — Bon! fit Edouard. On a retrouve mon porte- monnaie, n'est-ce pas, monsieur? — Precisement, fit le juge d'instruction. A ce moment, monsieur Boulard fit remarquer qu'on serait tout aussi bien ailleurs pour causer, et que mon- 25 sieur Edouard devait avoir hate de respirer le grand air. Ce sage avis obtint Passentiment general et Ton sortit pour se rendre a l'hotel ou monsieur Lestillac etait descendu avec monsieur Boulard et monsieur Mescar. LE PARI GAGNfi 95 Edouard prit le bras du secretaire de la redaction de «La Sincerite.)) — Monsieur Mescar, lui dit-il, voulez-vous me pro- mettre de repondre franchement a une question que je voudrais vous poser? 5 — Voyons d'abord la question, monsieur Edouard repondit le journaliste. — Est-ce que «Les Memoires d'un jeune homme)) etaient une oeuvre vraiment idiote? — Pas du tout! Rapportez-vous a P appreciation que 10 je vous ai donnee en vous la rendant. Inexperience a part, vous promettiez vraiment. — Et mes faits-divers? Mes comptes-rendus? — Oh, ceux-la etaient parfaits. — Alors, j'avais done du talent comme journaliste? 15 — Je crois bien, et vous seriez alle loin, si vous aviez persevere dans cette voie. fidouard est revenu a Bordeaux avec son pere. II est rentre au college et s'efforce avec succes de reparer le temps perdu. 20 Son admission a Tuniversite ne fait aucun doute pour ses professeurs. De sa suffisance passee, il ne lui reste plus qu'une chose: une confiance absolue dans ses talents litteraires. QUESTIONS ET REVISIONS GRAMMATICALES 1. MONSIEUR LESTILLAC, PERE Questionnaire 1. Que dit Edouard en rentrant d'une promenade? 2. Ou sont les Cevennes? 3. Quelles vacances Edouard et son pere passaient-ils la? 4. Quelle sorte d'homme etait M. Lestillac? 5. Ou etait-il? 6. Comment etait-il coifT6? 7. Comment etait-il vetu? 8. Que portait-il a la bouton- niere de son veston? 9. Qu'est-ce que la Legion d'hon- neur? 10. Ou M. Lestillac etait-il ne? 11. Qui etaient ses parents? 12. Que faisait son pere? 13. Comment son pere est-il mort? 14. Que fit-il apres la mort de son pere? 15. Ou navigua-t-il? 16. Pendant combien de temps navigua-t-il? 17. Ou alla-t-il ensuite? 18. Que fit-il en Australie? 19. Ou revint-il ensuite? 20. Com- bien d'annees resta-t-il en Australie? 21. Que fit-il a New- York? 22. Quelle cruelle epreuve subit-il? 23. Combien d'enfants avait-il? 24. A qui laissa-t-il la direction de sa maison? 25. Ou fidouard entra-t-il au lyc£e? Exercices A. Donnez les contr aires des adjectifs suivants et employ ez ces contraires dans de courtes phrases: long, fin, blanc, impor- tant, cruel. 97 98 QUESTIONS ET EXERCICES B. Ecrivez les phrases suivantes au pluriel: 1. Sa fortune etait grande. 2. II etait grand et vigoureux. 3. Le principal etablissement commercial 6tait a Bordeaux. 4. La longue promenade £tait belle. 5. Le p£ril a dure dix ans. 2. LA LETTRE DU PROVISEUR Questionnaire 1. Quand M. Lestillac s'etait-il leve? 2. Ou entra-t-il avec son fils? 3. M. Lestillac comment paraissait-il ce jour-la? 4. Quand congedia-t-il le domestique? 5. A qui s'adressa-t-il? 6. De quoi parla-t-il? 7. Que donna- t-il a fidouard? 8. Comment Edouard lut-il la lettre? 9. Le proviseur avait-il des reproches a faire? 10. Pour r quoi n'en avait-il pas? 11. Quelle sorte d'eleve Edouard est-il? 12. Que dit le proviseur au sujet des opinions d'fidouard? 13. Quelle question a-t-il tranchee? 14. Que pense Edouard des etudes classiques? 15. Quelle sorte d'education faut-il donner aux jeunes gens, selon fidouard? 16. Ensuite comment feront-ils leur chemin? 17. Que constate le proviseur? 18. A quelle sorte de controverse Edouard se livre-t-il? 19. Quelles questions ne doit-il pas trancher? 20. Qui demeure per- plexe devant ces questions? 21. A quel sujet le pere doit-il chapitrer son fils? 22. Comment termine-t-il sa lettre? 23. Quel est le nom du proviseur? 24. Qu'est-ce qu'un proviseur? 25. Ou M. Lapaine etait-il proviseur? QUESTIONS ET EXERCICES 99 Exercices A. Mettez a toutes les personnes, singulier et pluriel: Ma conduite, mon travail et mes progres sont bons. B, Remplacez le tiret par des adjectifs possessifs: 1. « — fils se forme des opinions absolues,» ecrit M. Lapaine. 2. « — proviseur n'est pas content,)) dit M. Lestillac a — fils. 3. II termine — lettre en exprimant — sentiments devoues. 4. Les jeunes gens feront — chemin, selon — apti- tudes. 5. Suivons-nous — idees dans — £coles aujourd'hui? 3. fiDOUARD A SES IDEES Questionnaire I. De quelle lettre M. Lestillac parle-t-il? 2. Qui est M. Lapaine? 3. A qui s'est-il adresse? 4. De quoi Edouard est-il convaincu? 5. Quelles sont les idees d'Edouard? 6. Pourquoi M. Lestillac est-il etonne? 7. M. Lapaine que defend-il? 8. Par quelle question Edouard montre-t-il qu'il n'approuve pas les idees du proviseur? 9. Selon Edouard de quoi les eleves n'ont-ils pas besoin? 10. Que pense M. Lestillac des connaissances de son fils? II. Le pere a-t-il toujours ete riche? 12. Quel exemple fidouard cite-t-il pour prouver ses idees? 13. M. Lestil- lac que poss£dait-il quand ses parents sont morts? 14. Edouard a-t-il une instruction elementaire? 15. Quelle com- paraison fait-il entre son pere et lui-meme? 16. Comparez les parents de M. Lestillac avec ceux d'Edouard. 17. D6- crivez Penfance de M. Lestillac. 18. Comparez cette en- fance avec celle d'Edouard. 19. Pourquoi M. Lestillac 100 QUESTIONS ET EXERCICES est-il surpris par F argument d'fidouard? 20. Que pensez- vous de cette argument? 21. Que pensez-vous de Fargu- ment du pere? 22. Mais quelle est la vraie question? 23. Que demande M. Lestillac? 24. Quelle est la promesse d'Edouard? 25. Qui est satisfait? Exercices A. Quels adverbes correspondent aux adjectifs suivants: absolu, ironique, rapide, certain, inutile? B. Mettez les phrases suivantes an singulier: 1. Ces idees sont les miennes. 2. Mes idees sont justes. 3. Les methodes actuelles sont bonnes. 4. Les eleves ont besoin d'education. 5. Leurs questions sont inte>essantes. 4. LE PARI Questionnaire 1. fidouard changea-t-il d'avis? 2. De quoi etait-il cer- tain? 3. Qu'est-ce que le pere etait curieux de voir? 4. Quelle est la suggestion d'Edouard? 5. Comment Edouard pensait-il gagner sa vie? 6. Voulait-il de F argent de son pere? 7. Qu'est-ce qu'un centime? 8. Combien de cen- times font un sou? 9. Combien de sous font un franc? 10. Que pense M. Lestillac de son fils? 11. Donnez une autre expression pour aide pecuniaire. 12. Avec quoi un travail est-il generalement remun£re? 13. Que fit M. Lestillac pendant les jours suivants? 14. Avait-il oublie le sujet? 15. Que se demandait-il? 16. Que pensait-il des idees d'fidouard? 17. Quand appela-t-il son fils? 18. Qu'avait-il re*solu? 19. Dans quelles idees fidouard s'obstine-t-il? 20. Le p&re de quoi se croit-il QUESTIONS ET EXERCICES 101 capable? 21. De quoi doute-t-il? 22. Edouard qu'avait-il propose a son pere? 23. Pourquoi M. Lestillac accepte-t-il le pari? 24. Qu'est-ce que le pari prouvera? 25. Auriez- vous fait ce pari? Pourquoi ou pourquoi pas? Exercices A. Conjuguez a toutes les personnes du present et de Vim- parfait: Je serais curieux de te voir faire cela. B. Citez les infinitifs correspondant aux noms suivants: l'aide, le pari, le travail, le choix, la raison. 5. LE CONTRAT Questionnaire 1. Que feront M. Lestillac et Edouard? 2. Quelle sorte de pari feront-ils? 3. M. Lestillac que prit-il sur la table? 4. Comment la convention etait-elle redigee? 5. De quoi parlait la convention? 6. Edouard que voulait-il prouver a son pere? 7. Quelle autorisation etait necessaire pour cela? 8. De quoi se chargeait-il? 9. A qui Edouard de- mandera de l'aide materielle ou morale? 10. Quelle per- mission fidouard aura-t-il? 11. Nommez un emploi ou un metier dont l'honnetete ne peut pas etre suspectee. 12. Quand Edouard ecrira-t-il a son pere? 13. Que lui dira-t-il? 14. Quel nom prendra-t-il? Pourquoi? 15. Pour combien de temps prendra-t-il ce nom? 16. Que fera- t-il s'il est malade ou indispose? 17. M. Lestillac que four- nira-t-il a son fils? 18. Qu'est-ce qu'une carte-lettre? 19. Pourquoi le pere adressera-t-il des telegrammes r£ponse payee? 20. Donnez un exemple d'une circonstance grave ou exceptionnelle. 21. Pourquoi Edouard communiquerait-il la convention au maire ou au commissaire de police en cas de circonstances graves ou exceptionnelles? 22. Que feraient 102 QUESTIONS ET EXERCICES ces fonctionnaires? 23. M. Lestillac comment marqua- t-il la fin de la lecture? 24. Pourquoi donne-t-il la convention a Edouard? 25. Quand le pere et le fils pren- dront-ils leurs mesures? Exercices A. Remplacez chaque tiret par les prepositions de ou a avec V article suivant le cas: 1. Edouard prendra un nom d'emprunt pendant la duree — pari. 2. II communiquera la convention — maire. 3. Le pere acquiesce — desirs de son fils. 4. Edouard et son pere se contenteront — honneur d'avoir gagne. 5. Le fils ne recevra aucune aide — personnes qu'il rencontrera. B. Donnez les synonymes des mots suivants: une convention, l'autorisation, l'independance, le telegramme, la localite. 6. L'ARRIVEE A PARIS Questionnaire 1. Quand fidouard arriva-t-il a Paris? 2. D'ou 6tait-il parti? 3. Ou est situe Bordeaux? 4. Nommez deux autres ports de France. 5. A quelle heure Edouard etait-il parti de Bordeaux? 6. Par quel train arriva-t-il a Paris? 7. A quelle gare arriva-t-il a Paris? 8. Quand Fannee d'expe- rience commengait-elle? 9. Que fit Edouard en descendant du wagon? 10. Quelle date ecrivit-il sur son carnet? 11. Combien d'argent avait-il? 12. Pourquoi avait-il le car- net et le crayon? 13. Quel nom prit-il en arrivant a Paris? 14. Que fit fidouard apres avoir 6crit son memorandum? 15. Qu'est- QUESTIONS ET EXERCICES 103 ce que le Jardin des Plantes? 16. Nommez un jardin de ce genre dans votre ville. 17. Pourquoi alla-t-il s'asseoir au Jardin des Plantes? 18. A quelle heure se dirigea-t-il vers le boulevard Saint-Germain? 19. Quelle est la diffe- rence entre midi et minuit? 20. Quelle partie d'une rue est le trottoir? 21. Qui etait assis devant les cafes? 22. Que cherchait Edouard parmi cette jeunesse? Pourquoi? 23. Qu'est-ce que le Quartier Latin? 24. Quelle explica- tion donna-t-il quand il demanda la permission de dire ses vers? 25. Qu'est-ce que «La Promenade du Poete»? Exercices A. Dans les phrases suivantes, ecrivez les chiffres en toutes lettres: 1. Paris, le 26 avril 1895, 7 heures 36 du matin. 2. Edouard quitta Bordeaux a 10 heures 30 du soir et arriva a Paris a 7 heures 15. 3. 1873, 1923, 1784. 4. La date est le l er Janvier 1922. 5. Cette lecon est la &&&. B. Mettez les phrases suivantes au singulier: 1. Les principaux evenements de ma vie seront in- scrits dans le carnet. 2. Les jeunes poetes gagnaient cinq francs par jour. 3. Les bijoux 6taient a Bordeaux. 4. Les etudiants etaient assis au dehors. 5. Les cartes-lettres etaient parmi les objets divers. 7. CHANCE ET MALCHANCE Questionnaire 1. Comment les Etudiants ecouterent-il la po£sie d'fidou- ard? 2. Que fit Edouard ensuite? 3. Comment la r6- colte des gros sous fut-elle interrompue? 4. Le jeune 104 QUESTIONS ET EXERCICES homme combien donna-t-il pour regler sa consommation? 5. Combien la consommation cotitait-elle? 6. Pour qui le jeune homme laissa-t-il les vingt centimes? 7. Quand chan- gea-t-il d'avis? 8. Ou le jeune homme deposa-t-il les deux sous doubles? 9. Pourquoi le garcon etait-il furieux? 10. Qu'est-ce qu'un pourboire? 11. Que dit le garcon a fidouard? 12. Pourquoi Edouard devint-il tres rouge? 13. Que repondit-il? 14. Sur quel ton repondit-il? 15. Comparez Edouard et le garcon. 16. Le garcon qui appela-t-il? Pourquoi? 17. Quand le patron accourut-il? 18. Que fit le patron? 19. Qu'est-ce que les sergents de ville commanderent a fidouard? 20. Pourquoi les agents conduisirent-ils Edouard chez le commissaire? 21. Quelles questions le commissaire posa-t-il a Edouard? 22. Pour- quoi une franchise absolue etait-elle necessaire? 23. Quel nom Edouard donna-t-il au commissaire? 24. Que pro- duisit-il? 25. Que fit le commissaire? Exercices A. Mettez un adjectif demonstratif a la place du tiret: 1. — etudiants ecouterent — poesie. 2. — homme donna un franc au garcon. 3. — garcon etait furieux. 4. Le patron accourut a — bruit et invita — jeune homme a partir. 5. — agents le conduisirent chez le commissaire. B. Mettez sous forme de question: 1. Le garcon etait furieux. 2. Je ne mendie pas. 3. II 6tait grand et fort pour son age. 4. Les consommateurs protesterent contre cette ex- pulsion injuste. 5. On ne mendie pas ici. QUESTIONS ET EXERCICES 105 8. DEVANT LE COMMISSAIRE Questionnaire 1. Que demanda le commissaire? 2. Que repondit fidouard? 3. Qu'est-ce qu'un bras artificiel? 4. Qu'est-ce qu'une jambe articulee? 5. Pourquoi Edouard ne pouvait- il pas avoir T authorisation? 6. A qui accorde-t-on cette autorisation? 7. Quand Edouard protesta-t-il? 8. Pour- quoi le commissaire lui dit-il qu'il avait mendie? 9. Depuis quand Edouard est-il arrive a Paris? 10. Le commissaire que veut-il bien admettre? 11. Que soupgonnait le com- missaire? 12. Pourquoi Edouard a-t-il les larmes aux yeux? 13. Que pense M. Piquet de l'exp6rience? 14. Pour- quoi le commissaire voulait-il telegraphier a son pere? 15. Ou est M. Lestillac? 16. Le commissaire mit-il fidouard en liberty? 17. Qui entra lorsque le commissaire sonna? 18. Comment s'appelait cet agent? 19. Que lui demande le commissaire? 20. Y avait-il une cellule de libre? 21. Qu'est-ce qu'une cellule? 22. Que commanda le commis- saire a Nadin? 23. Pourquoi mit-on Edouard dans une cellule? 24. Que dit M. Piquet a Edouard? 25. Que fera le commissaire quand M. Lestillac aura repondu? Exercices A. Remplacez les pronoms par des noms dans les phrases sui- vantes: 1. Qu'allez-vous faire? lui demanda-t-il. 2. Ou du moins, vous etes certain de ne pas Z'obtenir. 3. Je vais vous garder ici. 4. II y a une autre chose qui ra'oblige a vous garder a ma disposition. 5. Je vais lui telegraphier a Bordeaux. B. La lettre } ou le groupe de lettres, en italique dans les mots sui- vants represente un son. Trouvez dans le texte d y autres mots con- tenant les memes sons: merabres, certain, p£re, ici, dangereuse. 106 QUESTIONS ET EXERCICES 9. UNE NUIT EN PRISON Questionnaire 1. Que fit fidouard? 2. Qui le conduisit a sa cellule? 3. Decrivez cette cellule. 4. L' agent qu'apporta-t-il a fidouard? 5. Comment Edouard se sentait-il? 6. Pour- quoi mangea-t-il? 7. Que fit-il ensuite? 8. Qu'est-ce qui mit fidouard brusquement sur pied? 9. Qu'est-ce qu'un gardien de la paix? 10. Qu'est-ce que Nadin apporta? 11. Pourquoi Edouard est-il stupefait? 12. Ou Nadin £tend-il le matelas? 13. Quel avis Nadin donne-t-il? 14. Comment Edouard dormit-il cette nuit-la? 15. A quelle heure se reVeilla-t-il? 16. Pourquoi Edouard pen- sait-il voir son pere vers huit heures? 17. Combien d'heures Edouard resta-t-il seul? 18. A quelle heure un agent vint-il chercher Edouard? 19. Avec qui M. Piquet causait-il? 20. Que dit cet homme au commissaire au moment ou Edouard entrait? 21. De qui et de quoi pensez-vous qu'il parlait? 22. Comment s'appelait cet homme? 23. Que lui dit le commissaire? 24. Decrivez le caractere de M. Boulard. 25. Comment M. Boulard sortit-il? Exercices A. Remplacez les tirets par des pronoms relatifs: 1. Nadin — conduisit Edouard etait un agent. 2. II apporta le pain — Ton donne aux prisonniers. 3. La cellule — le mobilier etait simple, n'6tait pas grande. 4. Le gardien — entra, apporta un matelas. 5. Le pere n'avait pas pris le train — il avait pris la veille. B. Employ ez les expressions suivantes dans des phrases: tout le necessaire, a Texterieur, trois heures du matin, un homme d'une quarantaine d'ann6es, au moment ou. QUESTIONS ET EXERCICES ' 107 10. LES CONSEILS DE MONSIEUR PIQUET Questionnaire 1. Que fit M. Piquet apres le depart de M. Boulard? 2. Quand M. Lestillac a-t-il telegraphie? 3. Quand M. Piquet avait-il recu la lettre? 4. M. Piquet que conseil- lait-il a Edouard? 5. Pourquoi conseillait-il a Edouard de renoncer a son pari? 6. Selon M. Piquet quel serait le prix de ce pari? 7. Comment lui dit-il de decider? 8. En attendant que va-t-il faire pour Edouard? 9. Expliquez la signification de vagabondage. 10. Une personne sans profession, sans metier et sans domicile, mais possedant une forte somme d'argent, peut-elle etre considered comme vagabond? Pourquoi? 11. Avez-vous un domicile? Ou est-il? 12. Nommez deux professions et deux metiers. 13. Quels vagabonds sont condamnes a remprisonnement? 14. Que fait-on d'un vagabond age de moins de seize ans? 15. Jusqu'a quel age sont-ils detenus? 16. Quand les renvoie-t-on a leur famille? 17. De quoi Edouard remercia-t-il M. Piquet? 18. Com- bien de pieces d'or M. Piquet donna-t-il a Edouard? 19. Pourquoi le commissaire lui donna-t-il cet argent? 20. Donne- t-il cela a Edouard parce qu'il est genereux? 21. Que an, M. Piquet a Edouard apres lui avoir donne cet argent? 22. Jusqu'ou le commissaire accompagna-t-il Edouard? 23. Comment le congedia-t-il? 24. Pourquoi le commissaire n'appelle-t-il pas fidouard, M. Blandas? 25. Pourquoi le commissaire est-il si aimable maintenant? Exercices A. Remplacez les mots en italique par des pronoms pos- sessifs: 1. Ce n'est pas votre argent. 2. Ce n'est pas ma lettre. 108 QUESTIONS ET EXERCICES 3. Ce ne sont pas vos renseignements; ce sont mes renseignements. 4. Ce ne sont pas leurs pieces (Tor; ce sont tes pieces d'or. 5. Ce n'est pas son telegramme; c'est voire telegramme, B. Trouvez dans le tezte les noms qui correspondent aux verbes suivants: fatiguer triompher mendier surveiller tenter priver lib6rer emprisonner renseigner arriver 1L LIBRE ( Questionnaire 1. Ou fidouard se trouva-t-il? 2. De quoi etalt-H tres satisfait? 3. Pourquoi ne voulait-il pas suivre les conseils de M. Piquet? 4. Dans quel but allait-il vers le CMtelet? 5. Quel temps faisait-il? 6. Qu'est-ce que les Tuileries? 7. Qui rencontra-t-il? 8. Ou rencontra-t-il Nadin et M. Boulard? 9. Qui 6tait M. Boulard? 10. Que pensait M. Boulard du pari d'Edouard? 11. Qu'est-ce qu'un pere sait mieux qu'un autre? 12. Nadin que pensait-il qu'fidouard allait faire? 13. Pourquoi Edouard ne voulait-il pas repartir? 14. Que pensait Nadin de cette resolution? 15. De quelle facon s'eleva-t-il contre cette resolution? 16. Pourquoi Nadin s'eleva-t-il avec beaucoup d'energie contre cette resolution? 17. M. Boulard qu'a-t-il demontre a Edouard? 18. Que declara M. Boulard ensuite? 19. Pourquoi M. Boulard conseille-t-il a Edouard de tenter Texperience? 20. fidouard pensait-il qu'il pouvait echouer? 21. Pourquoi pensait-il ne pas echouer? 22. fidouard qu ? etait-il pret a faire s'il le fallait? 23. Ou emploie-t-on des brouettes? 24. Se- lon M. Boulard, fidouard trouvera-t-il du travail? 25. De quoi n'est-il pas sur? QUESTIONS ET EXERCICES 109 Exercices A. Ecrivez les phrases suivantes au style familier, c'est-a- dire, remplacez le passe defini par le passe indefini: 1. Xadin l'apergut et s'approcha de lui. 2. Les deux hommes rencontrerent Edouard. 3. lis allerent vers les Tuileries. 4. La rue qu'il suivit etait la rue de Rivoli. 5. Le jeune homme qu'il salua etait Edouard. B. Que font: un agent de police? un terrassier? un ma- ncevre? un poete? un commissaire? 12. EDOUARD CHERCHE UN EMPLOI Questionnaire 1. Quelle est Topinicn de M. Boulard sur les emplois a Paris? 2. Quand Nadin a-t-il rencontre Pourcelet? 3. Qui est Pourcelet? 4. Que faisait-il avant d'etre restau- rateur? 5. Pourquoi avait-il demissionne7 6. Qu'est-ce qu'un restaurant? 7. Quel est le nom du restaurant de Pourcelet? 8. Ou est-il situe? 9. Que signifie le mot plongeur comme emploi dans un restaurant? 10. Donnez une autre signification de ce mot. 11. Pourquoi M. Pour- celet ne trouvait-il pas de plongeur? 12. Quand le sien Tavait-il quitte? 13. Quels sont les avantages de ce metier? 14. Quand Nadin achevait-il de donner ces id£es? 15. Qu'est-ce qu'un palais royal? 16. Y a-t-il des rois en France en ce moment? 17. Quand echange-t-on des poign£es de mains? 18. Que firent M. Boulard et Nadin? 19. Ou alia Edouard en les quittant? 20. Ou alla-t-il le lendemain? 21. A quelle heure y alla-t-il? 22. Que dit-il a M. Piquet? 23. Ou alla-t-il ensuite? 24. Que cherchait-il au «Merlan qui chante»? 25. Que pensez- vous du courage d'fidouard? 110 QUESTIONS ET EXERCICES Exercices A. Donnez les contraires des mots suivants: non, le matin, continuer, bon, apres. Employez-les dans des phrases, B. Faites des phrases contenant les expressions suivantes: il y a, voici, il y a huit jours, en meme temps, le lendemain matin. 13. «AU MERLAN QUI CHANTE» Questionnaire 1. Sur quoi 6tait inscrit le nom de Pourcelet? 2. Qu'est- ce que le bronze? 3. Combien d'etages le restaurant occu- pait-il? 4. Quels 6taient ces Stages? 5. Ou 6tait l'en- seigne du restaurant? 6. Quel etait le nom du restaurant? 7. Qu'est-ce qu'un merlan? 8. Quelle est la difference entre a prix fixe et a la carte? 9. Qu'est-ce qu'fidouard exposa a M. Pourcelet? 10. Decrivez M. Pourcelet. 11. Pourquoi regarda-t-il Edouard avec surprise? 12. Que lui demanda-t-il? 13. Qu'est-ce qu'fidouard savait du metier de plongeur? 14. Pourquoi ne craignait-il pas le travail? 15. Que demanda M. Pourcelet a fidouard? 16. Quelle histoire fidouard raconta-t-il? 17. Quels pa- piers M. Pourcelet demanda-t-il? 18. Pourquoi fidouard n'avait-il pas ces papiers? 19. Que convint M. Pourcelet? 20. Qu'est-ce qui pouvait remplacer ces papiers? 21. Qu'est-ce qu'tm repondantt 22. Pourquoi fidouard n'avait- il pas de r£pondant? 23. Que dit alors M. Pourcelet? 24. Pourquoi Edouard ne discuta-t-il plus? 25. Comment partit-il? QUESTIONS ET EXERCICES 111 Exercices A. Les phrases suivantes sont les reponses. Faites les ques- tions en remplacant les mots en italique par des pronoms interrogans: 1. fidouard a expose* sa requite a M. Pourcelet. 2. M. Pourcelet a besoin 6!un plongeur. 3. fidouard a raconte son histoire. 4. Des papiers sont necessaires. 5. Avec des papiers on obtient un emploi. B. Remplacez les mots en italique par des pronoms demon* stratifs: 1. Ce parent etait mort. 2. II vit le nom au coin de cette rue. 3. Entre ces deux fenetres-ld il y avait une enseigne 4. Cet homme est Pourcelet. 5. II n'a pas les papiers que Pourcelet demande. 14. LES REPONDANTS Questionnaire 1. Ou allait fidouard en quittant M. Pourcelet? 2. Pour- quoi marchait-il la tete basse? 3. Quelle idee eut-il? 4. Ou retourna-t-il? 5. Pourquoi M. Pourcelet connaissait-il Nadin et Boulard? 6. Que demanda Edouard a M. Pour- celet en retournant au restaurant? 7. Que repondit Pourcelet a la question d ? fidouard? 8. Pourquoi fidouard allait-il trouver Nadin et Boulard? 9. Qu'est-ce qu'il leur demanderait s'ils ne pouvaient pas venir? 10. Pourquoi leur demanderait-il un mot? 11. Quand fidouard trouva- t-il Nadin? 12. Ou le trouva-t-il? 13. Qu'est-ce que le Pantheon? 14. Que fit Nadin en voyant arriver fidouard? 15. Que dit-il k fidouard? 16. Decrivez la situation qu'fidouard 112 QUESTIONS ET EXERCICES exposa a Nadin. 17. Pourquoi Nadin ne trouvait-il pas l'idee d'fidouard bonne? 18. Pourquoi Edouard voulait-il persister dans son idee? 19. Quelle sorte d'homme £tait Pourcelet selon Nadin? 20. Ou 6tait M. Boulard a cette heure? 21. Qu'est-ce que la prefecture de police? 22. Pourquoi Nadin dit-il a Edouard d'attendre un instant? 23. Ou alia Nadin? 24. Que dit Nadin a Edouard en reve- nant de la mairie? 25. fidouard que fit-il alors? Exercices A. Mettez les verbes de cet exercice au passe indefini: 1. Une personne vint a sa rencontre. 2. Edouard cherche les repondants que Pourcelet demande, 3. M. Boulard et Nadin connaissent Edouard. 4. Edouard quelle situation exposa-t-il a Nadin? 5. Us retournerent au «Merlan qui chante.» B. Donnez le comparatif et le superlatif des mots suivants et faites des phrases contenant chacun d'eux: bon, brave, bien, jeune, vite. 15. LE NOUVEL EMPLOI Questionnaire 1. Decrivez la femme de Pourcelet. 2. Comment Pource- let et sa femme regurent-ils Edouard? 3. Comment Pour- celet decrit-il sa femme? 4. Quel salaire Pourcelet offre-t-il a Edouard? 5. Ou demeurera-t-il? 6. Qu'est-ce qu'un jour de sortie? 7. Quand Edouard a-t-il un jour de sortie? 8. A quelle heure Edouard commence-t-il son ouvrage? 9. Quel etait son travail a cette heure? 10. Quand com- mence son vrai travail? 11. Quel etait son vrai travail? 12. Combien de temps de repos fidouard avait-il dans Papres- QUESTIONS ET EXERCICES 113 midi? 13. Qui est Jeanne? 14. A quelle heure sa journee est-elle finie? 15. Que pense fidouard de ces conditions? 16. Comment appelle-t-on Pourcelet dans la maison? 17. Pourquoi Edouard suivit-il son nouveau patron? 18. Ou. Pescalier en spirale aboutissait-il? 19. Decrivez le chef. 20. Qu'est-ce qu'un marmiton? 21. Comment le chef presenta-t-il ses marmitons? 22. Qui est M. Blandas? 23. Decrivez le domaine d'fidouard. 24. Qu'est-ce que Pourcelet lui montra? 25. Avec qui Edouard fit-il con- naissance? Exercices A. Remplacez les mots en italique par des pronoms en faisant les changements necessaires: 1 /Pourcelet et sa femme recurent Edouard cordiale- ment. 2. Voila la patronne! 3. Appelez M. Pourcelet «patron.» 4. Le chef presenta les marmitons. 5. Jeanne expliquera tout a Edouard. B. Conjuguez les phrases suivantes en faisant les change- ments necessaires: 1. Je suis satisfait. 2. J'entre dans mon futur domaine. 16. I/INSTALLATTON Questionnaire 1. A quel 6tage 6tait la chambre? 2. Comment la cham- bre £tait-elle 6clairee? 3. De quoi consistait Tameublement de la chambre? 4. Qu'est-ce qu'il y avait sur la table? 5. Comment fidouard trouva-t-il cette chambre? 6. Que dit Pourcelet a fidouard apres lui avoir montre* cette chambre? 7. Combien d'heures fidouard a-t-il pour aller chercher ses 114 QUESTIONS ET EXERCICES bagages. 8. Quand commencera-t-il son travail? 9. Que possedait-il? 10. Pourquoi le patron est-il stup&ait? 11. Quand fidouard achetera-t-il des effets de travail? 12. Pourquoi etaient-ils absolument necessaires? 13. Quelle somme le patron avance-t-il a Edouard? 14. Sur quoi Pourcelet avanca-t-il cette somme? 15. Quels sont les gages d'fidouard? 16. Qui conduira fidouard au magasin? 17. Quand madame Pourcelet conduisit-elle Edouard au magasin? 18. Qu'est-ce que madame Pource- let acheta pour fidouard? 19. Qu'est-ce que des sabots? 20. Pourquoi fidouard acheta-t-il des sabots? 21. A combien se montait la facture? 22. Combien d'argent fidouard avait-il? 23. Que fit le marchand? 24. Com- ment fidouard paiera-t-il sa facture? 25. Qui garantit ce paiement? Exercices A. Mettez les verbes qui sont entre parentheses au present et au passe indefini: 1. Vous (pouvoir) maintenant emm^nager, (dire) Pourcelet. 2. fidouard (secouer) la tete. 3. lis (alter) chez le marchand. 4. Je n' (avoir) pas de bagage. 5. Les effets de travail (etre) indispensables. B. Ecrivez une petite scene intitulee ((Chez le Marchand.)) Indiquez la conversation entre le marchand, M me Pourcelet, et fidouard. Employez le vocabulaire des deux derniers paragraphes de chapitre XVI pour cela. QUESTIONS ET EXERCICES 115 17. EDOUARD PLONGEUR Questionnaire I. Ou fidouard entrait-il une heure apres? 2. Ou s'asseyait-il? 3. Qui prenaient leurs repas en commun? 4. Combien de personnes prenaient leur repas? 5. Qui etaient ces personnes? 6. Que faisait un marmiton? 7. Comment se montrerent ces personnes pour Edouard? 8. Decrivez le menu. 9. Qu'est-ce que la Brie? 10. Que fit chacun apres le repas? II. Qu'est-ce qui commenga pour Edouard? 12. Ou fidouard etait-il assis? 13. Pourquoi etait-il a portee du monte-plats? 14. Comment Edouard prenait-il les as- siettes? 15. Que faisait-il avec les piles d'assiettes? 16. Que faisait-il avec les assiettes avant de les retirer du baquet d'eau chaude? 17. Ou Edouard passait-il les assiettes apres les avoir retirees du baquet d'eau chaude? 18. Qui prenait les assiettes du baquet d'eau froide? 19. Que fai- sait Jeanne? 20. Que fit Edouard avant de se coucher? 21. Qu'est-ce qu'il ecrivit a son pere? 22. Que fit Edouard ensuite? 23. Quel etait le resultat de son calcul? 24. Qu'est-ce qui serait plus facile pour Edouard apres trois mois? 25. Quelle sorte d'occupation serait plus con- forme aux gouts d'Edouard? Exercices A. Formez des questions basees sur les phrases suivantes: 1. fidouard entra une heure apres. 2. II entra dans le restaurant. 3. Le marmiton allait chercher les plats. 4. L'initiation d'Edouard commenga. 5. Son adresse £tait boulevard de Sevastopol No. 151. 116 QUESTIONS ET EXERCICES B. Expliquez la difference entre: 1. La cuisine et la salle d'un restaurant. 2. Minuit et midi. 3. Une lettre et une carte-lettre. 4. he patron et le personnel d'un restaurant. 18. L'IMPORTANCE D'EDOUARD Questionnaire 1. Combien de jours font trois semaines? 2. Comment fidouard trouvait-il son metier? 3. Pourcelet qu'allait-il chercher a Bercy? 4. Ou est Bercy? 5. D'ou venait les denrees? 6. Nommez deux villes importantes du Midi de la France. .7. Pourquoi fidouard alla-t-il a Bercy a la place de Pourcelet? 8. Comment et avec quoi fidouard revint-il de Bercy? 9. Ou envoya-t-on souvent fidouard a dater de ce moment? 10. fidouard qu'etait-il parfois charge de faire? 11. Qui suppleait fidouard pendant ses absences? 12. Comment se montrait Filador pour fidouard? 13. Decrivez le caractere de cet homme. 14. Que sollicitait £galement Filador? 15. Qu'est-ce que les palmes acade- miques? 16. A quoi travaillait Filador? 17. Expliquez le titre du grand ouvrage de Filador. 18. Qu'est-ce que Filador deplorait amerement? 19. En quoi fidouard etait- il mieux arme que Filador? 20. Filador, que pria-t-il fidouard de faire? 21. Expliquez la preparation du bceuf prairial. 22. Pourquoi Filador appelait-il sa preparation «prairial»? 23. Comment fidouard offrit-il de faire la recette? 24. Pourquoi Filador accepta-t-il FofTre d'fidou- ard? 25. En quoi Filador se confondait-il? QUESTIONS ET EXERCICES 117 Exercices A. Employez les expressions suivantes dans de cowries phrases: a sa place, a dater de, chez, a ce point de vue, com- mencer a. B. Formez des questions en changeant en pronoms inter- rogatifs les mots en italique: 1. II commencait a s'habituer au metier. 2. II se donna une entorse. 3. Filador etait tres infatue de sa personne. 4. Le hachis vert evoquait une idee de prairie. 5. Filadcr pria Edouard de corriger un article. 19. NOUVELLES CONNAISSANCES Questionnaire 1. Nommez les sept jours de la semaine. 2. Quand Edouard allait-il sortir? 3. Que proposa Filador a Edouard un jour? 4. Qu'est-ce que le Jardin du Luxembourg? 5. Qui rencontrerent-ils place Saint Michel? 6. Comment cet homme £tait-il vetu? 7. Que dit cet homme a Filador? 8. Que r6pondit Filador? 9. Berlou, qui avait-il a voir a Passy? 10. Pourquoi Filador presenta-t-il Edouard comme M. Jacques Blandas? 11. Quel £tait le prenom de Berlou? 12. Expliquez le metier de Berlou. 13. De quoi Maren- tonneau honorait-il Berlou? 14. Qui est Marentonneau? 15. Que demanda Berlou a fidouard? 16. Pourquoi Ber- lou demanda-t-il cela a fidouard? 17. Expliquez la retrac- tion dans la reponse d'fidouard «Mon pere . . . ou plutot mon tuteur, etc. ...» 18. Qu^st-ce qu'une bete vicieuse? 19. Pourquoi Filador parle-t-il du cheval de Pourcelet a Berlou? 20. Sur quel ton Berlou parla-t-il de Fautoritfi sur un cheval? 21. Quel caractere prit alors Tentretien? 22. Que fit Filador pendant qu'fidouard et Berlou discu- 118 QUESTIONS ET EXERCICES taient? 23. Qu'est-ce qu'un manege? 24. Que fait-on dans un manege? 25. Qu'est-ce qu'il y a dans un cirque? Exercices A. Trouvez dans le texte les noms qui correspondent aux verbes suivants et employ ez-les dans de courtes phrases: de- jeuner, presenter, conner, connaitre, entretenir. B. Donnez des synonymes des mots suivants: le camarade, chez, Tentretien, une bete, un brave (ami). 20. L'OFFRE DE BERLOU Questionnaire 1. Qu'est-ce que Filador expliqua a Berlou? 2. Pour- quoi donna-t-il ces details? 3. Que demanda-t-il ensuite a Berlou? 4. Pourquoi Berlou hesite-t-il k repondre? 5. Edouard que dit-il du «Merlan qui chante»? 6. Que ne veut-il pas faire cependant? 7. Qu'est-ce que Berlou demande a Edouard brusquement? 8. Combien de livres y a-t-il dans cinquante-neuf kilos? 9. Nommez deux autres poids du systeme metrique. 10. Pourquoi Berlou dit-il «Bravo »? 11. Que demande-t-il ensuite a Edouard? 12. Pourquoi pose-t-il toutes ces questions? 13. Comment Filador sait-il qu'Edouard fait des vers? 14. Quelle position Berlou donnerait-il a fidouard? 15. Expliquez le travail d'un ecuyer. 16. Decrivez les vete- ments d'un ecuyer. 17. Qu'est-ce que le Bois de Boulogne? 18. Ou est le Bois de Boulogne? 19. Quels gages Berlou offre-t-il a Edouard pour commencer? 20. Quand veut-il une reponse? 21. Quelle chose tourmentait Edouard? 22. Combien d'argent fallait-il pour etre bien habille? 23. Qui voulait preter cette somme a fidouard? 24. Comment Edouard rendrait-il cet argent? 25. Sur quoi rendrait-il cet argent? QUESTIONS ET EXERCICES 119 Exercices A. Dans les mots suivants, indiquez les consonnes finales qui se prononcent: plongeur chez Pourcelet; combien pesez- vous; cinquante-neuf kilos; tout de suite; il faut e re conve- nablement habille. B. Des deux propositions, faites une phrase: 1. Edouard a regu une instruction superieure; fidouard sait presenter les respects. 2. As-tu une position pour Blandas? Blandas est mon ami. 3. On va au Bois de Boulogne; vous connaissez le Bois de Boulogne. 4. Filador pretera trois cents francs. Les trois cents francs seront pour des vetements. 5. Les heritiers etaient barbares; les heritiers avaient jete Edouard dans la rue. 21. LE ((KING'S TAILOR)) Questionnaire 1. Pourquoi Edouard ne voulait-il rien accepter? 2. Combien Berlou pouvait-il avancer a Edouard? 3. Que ferait-on au ((King's Tailor » a Edouard avec cinquante francs et ses economies? 4. Ou etait situe le ((King's Tai- lor))? 5. Edouard que dira-t-il au ((King's Tailor))? 6. Quel est le nom du patron du ((King's Tailor»? 7. Combien le ((King's Tailor» prenait-il comptant? 8. fidouard refusa- t-il les conditions de Berlou? 9. Ou allerent fidouard et Filador ensuite? 10. Que dit fidouard a Filador? 11. Qui raconta 1' affaire a Pourcelet? 12. Pourquoi M. et M me Pourcelet regrettaient-ils Edouard? 13. Qu'est-ce qu'ils declarerent a fidouard? 14. fidouard, ou alla-t-il le lendemain matin? 15. Com- ment fidouard fut-il regu par Martinengscold? 16. Mar- 120 QUESTIONS ET EXERCICES tinengscold que proposa-t-il a fidouard? 17. Contre quoi Martinengscold voulut-il habiller Edouard pour rien? 18. Quelle etait F explication de Martinengscold? 19. Pour- quoi pourrait-on donner un nom fantaisiste a Edouard? 20. Quel nom Martinengscold donnait-il comme exemple? 21. Ou est le Kentucky? 22. Y a-t-il des princes ameri- cains? Pourquoi? 23. Combien de costumes Martineng- scold voulait-il fournir a Edouard? 24. Que fit Edouard avant de quitter le «Merlan qui chante»? 25. Qui accom- pagna fidouard rue Spontini? Exercices A. Vous etes Filador. Ecrivez un paragraphe racontant a Pourcelet les evenements de la rencontre entre Edouard et Berlou. B. Remplacez les mots en italique par des pronoms pos- sessifs: 1. Avec vos economies on vous fera credit. 2. Sa promesse enchanta Filador. 3. II exposerait son portrait a l'exterieur de son magasin. 4. lis ne dissimulerent pas leur profond chagrin. 5. Je previendrai mon ami. 22. LE MANEGE MARENTONNEAU Questionnaire 1. Ou se trouvait le manege Marentonneau? 2. Edouard qui demanda-t-il? 3. Qui etait dans la cour? 4. Que faisaient ces hommes dans la cour? 5. Que faisait le gros homme quand les cavaliers sortaient? 6. Comment le gros homme etait-il vetu? 7. Pourquoi Edouard allait-il ressor- tir de la cour? 8. Qui vint a Edouard? 9. Que demanda le gros homme a fidouard? 10. Que repondit fidouard? QUESTIONS ET EXERCICES 121 11. A qui Berlou devait-il presenter fidouard? 12. Qui est M. Marentonneau? 13. Pourquoi l'attitude du gros homme changea-t-elle? 14. Ou Marentonneau avait-il envoye Berlou? 15. Ou Marentonneau conduisit-il Edouard? 16. Qu'est-ce qu'il discuta avec Edouard? 17. A combien le salaire fut-il fixe? 18. Que veut dire « salaire mensueb)? 19. Decri- vez le travail d'fidouard au manege Marentonneau. 20. Edouard, qu'avait-il a faire apres six heures du soir? 21. Ou fidouard alla-t-il ensuite? 22. Quel etait le prix de la pen- sion chez Dufourmantel? 23. Combien coutait la chambre par mois? 24. Decrivez la chambre. 25. Quand Edouard prit-il possession de la chambre? Exercices A. Completez ces phrases par des pronoms relatifs: 1. C'est M. Berlou — m'a donne rendez-vous ici. 2. Edouard est le jeune homme — Berlou a parle a Marentonneau. 3. II discuta le salaire — il lui donnerait. 4. Voici — vous aurez a faire. 5. Le predecesseur a — Edouard parla mangeait chez Dufourmantel. B. Donnez les adverbes qui correspondent aux adjectifs suivants et employ ez-les dans de cowries phrases: respectueux, brusque, libre, immediate, juste. 23. LES CAMARADES Questionnaire 1. Quand fidouard arriva-t-il au manege? 2. A quoi les palfreniers £taient-ils occup^s? 3. De quel air regar- daient-ils fidouard? 4. Pourquoi fidouard sortit-il? 5. Qu'est-ce qu'fidouard offrit aux camarades? 6. Combien 122 QUESTIONS ET EXERCICES les cigares couterent-ils? 7. Pourquoi fidouard ne regretta- t-il pas les six francs? 8. Quelle somme Edouard posse- dait-il en arrivant au manege? 9. Combien lui resta-t-il? 10. Qu'est-ce qu'il avait achete? 11. Pourquoi avait-il paye sa pension d'avance? 12. Pour quelle raison fidouard estima-t-il ne pas avoir besoin d'argent de poche? 13. Que dit le lad a Edouard? 14. Qu'est-ce qu'un lad? 15. Pourquoi Edouard courut-il au bureau? 16. Qui cau- sait au bureau avec M. Marentonneau? 17. Quand une dame porte-t-elle un costume d'amazone? 18. Quel titre de noblesse avait madame de Kermor? 19. Pourquoi la baronne regardait-elle fidouard avec surprise? 20. Que dit Marentonneau a la baronne au sujet d'fidouard? 21. La baronne refusa-t-elle d'accepter Edouard? 22. Que dit madame de Kermor a Edouard? 23. Ou voulait-elle de- jeuner? 24. Ou est Saint-Cloud? 25. Que fit Edouard? Exercices A. Formez des questions basees sur les phrases suivantes: 1. fidouard arriva le lendemain. 2. II revint avec des cigares. 3. Cela couta six francs. 4. Vers onze heures un lad vint prevenir fidouard. 5. II s'inclina respectueusement. B. Conjuguez les phrases suivantes: 1. Moi, je m'incline. 2. Je suis arrive le lendemain. 24. L'ECUYER DE SORTIE Questionnaire 1. Que fit Marentonneau? 2. Qu'est-ce que le Bois de Boulogne? 3. Decrivez la baronne de Kermor. 4. Com- ment la baronne regardait-elle fidouard? 5. Pourquoi le QUESTIONS ET EXERCICES 123 regardait-elle d'un air perplexe? 6. Decrivez M lle de Ker- mor. 7. Qu'est-ce qu'un erable? 8. Que fit un leger souffle de vent? 9. Qu'est-ce que cet incident suggera a Berthe de Kermor? 10. Quelle etait cette citation poe- tique? 11. Qui etait Fauteur de ces vers? 12. Qui est Lamartine? 13. M 11 ? de Kermor qu'a-t-elle oublie? 14. Qui se rappelait de la strophe entiere? 15. Qu'est-ce que l'aquilon? 16. Par quoi madame de Kermor 6tait-elle d£j& intrigued? 17. Qu'est-ce que la baronne pensait deviner? 18. Quel 6tait l'histoire d'fidouard d'apres la baronne? 19. La baronne, a qui disait-elle ses impressions? 20. Comment se montra-t-elle avec fidouard? 21. Qu'employait-elle pour se montrer plus bienveillante? 22. Quelles etaient les idees de Berthe au sujet d'Edouard? 23. Qu'est-ce que Berthe engagea avec fidouard? 24. Que veut dire «une conversation poetique et litteraire»? 25. Jusqu'ou se pro- longea cette conversation? Exercices A. Employez les expressions suivantes dans de courtes phrases: d'un air perplexe, a travers, a demi-voix, se mettre k, de plus en plus. B. Mettez les verbes des phrases suivantes au passe indefini: 1. fidouard mit la jeune fille en selle. 2. Les feuilles tomberent sur le gazon. 3. La jeune fille admira les vers qu'il d£clama. 4. «Je ne me rappelle pas la strophe,)) dit-elle. 5. Le vent du soir s'eleve et Tarrache au vallon. 124 QUESTIONS ET EXERCICES 25. LE DEJEUNER AU «PAVILLON BLEU» Questionnaire 1. Ou descendirent-ils pour dejeuner? 2. Qu'est-ce que le ((Pavilion Bleu»? 3. Que demanda fidouard? 4. Dans quel pare la baronne pensait-elle faire une promenade? 5. Quand fidouard voulait-il revenir pour prendre les ordres de la baronne? 6. Pourquoi la baronne etait-elle 6tonnee? 7. Que regretta fidouard? 8. De quoi fidouard avait-il honte? 9. Pourquoi n'avait-il pas assez d'argent pour de- jeuner dans ce restaurant? 10. Que repondit fidouard a la baronne? 11. Qu'est-ce que la baronne remarqua et com- prit? 12. Que dit alors la baronne a fidouard? 13. Qu'est- ce qui est chose facile a Page d'fidouard? 14. Quelle excuse la baronne donna-t-elle pour garder fidouard au ((Pavilion Bleu»? 15. Qu'est-ce qu'un maitre d'hotel? 16. Quel ordre la baronne donna-t-elle au maitre d'hotel? 17. Que fit fidouard? 18. Comment fut le dejeuner? Pourquoi? 19. Quelle e*tait Topinion que la baronne avait d'fidouard? 20. Qu'est-ce qui confirmait cette opinion? 21. A quelle heure rentraient-ils au manege? 22. Pourquoi fidouard suivit-il le lad qui emmenait les chevaux? 23. Que demanda la baronne a Marentonneau? 24. Pourquoi Marentonneau £tait-il inquiet? 25. Que pen- j sait la baronne qu'fidouard 6tait? Exercices A. Remplacez les mots en italique par des pronoms: 1. lis descendirent au ((Pavilion Bleu.)) 2. Je reviendrai prendre vos ordres. 3. II avait honte de sa pauvrete. 4. Mettez trois couverts, s'il vous plait. 5. Elle indiqua la place d Edouard. QUESTIONS ET EXERCICES 125 B. Dans les phrases suivantes, remplacez le tiret par une preposition: 1. lis allerent au ((Pavilion Bleu» — dejeuner. 2. fidouard reviendra — une demi-heure. 3. Les dames sont — sa protection. 4. lis rentrerent — trois heures. 5. Elle le remercia — ses bons soins. 26. LA FACHEUSE CIRCONSTANCE Questionnaire 1. fidouard que comptait-il faire? 2. Ou est le Pare de Vincennes? 3. Qui fidouard avait-il accompagne au Pare de Vincennes? 4. Comment Edouard trouva-t-il Maren- tonneau en rentrant du pare? 5. Quand le cheval etait-il arrive* au manege? 6. Combien Marentonneau avait-il pay£ le cheval? 7. Quelle observation fit Edouard? 8. Expliquez Texpression «en le maquillant un peu.» 9. Pour- quoi voulait-il dormer quelques sous au cocher du comte de Brey? 10. Comment fidouard montra-t-il qu"il desapprou- vait? 11. Que dit alors Marentonneau a fidouard? 12. Combien Marentonneau voulait-il donner a fidouard sur la vente? 13. Marentonneau que voulait-il faire d'abord avec le cheval? 14. Combien de temps cette teinture etait- elle garantie? 15. Quand attendait-on le comte au manege? 16. Qui pr£senterait le cheval? 17. fidouard que r£pondit-il a cette proposition de Maren- tonneau? 18. Pourquoi ne voulait-il pas etre mel£ a cette affaire? 19. Pourquoi Marentonneau est-il abasourdi et exaspe>6? 20. Prouvez que TafTaire £tait malhonnete. 21. Y a-t-il de la loyaute dans les affaires d'apres les id£es de Marentonneau? 22. Que pense fidouard de cela? 23. Que fait Marentonneau? 24. Combien de temps fidouard 6tait-il reste* au manege? 25. Quand quitta-t-il le manege? 126 QUESTIONS ET EXERCICES Exercices A. Dans les phrases suivantes, remplacez le tiret par la preposition a ou de, avec on sans Varticle, selon le cas: 1. Edouard travaillait — manege. 2. C'est le cocher — comte de Brey. 3. La couleur — bete n'est pas belle. 4. Marentonneau etait pale — colere. 5. Edouard repondit — son patron. B. Mettez les verbes suivants aux deux autres formes de Vimperatij: venez, regardez, ne comptez pas, allez, quittez. 27. A LA RECHERCHE D'UN EMPLOI Questionnaire 1. Quelle etait la situation financiere d'Edouard quand il quitta le manege Marentonneau? 2. Combien d'argent possedait-il? 3. Le temps du pari etait-il ecoule? 4. Combien d'argent avait-il a d^penser par mois? 5. Cette somme etait-elle suffisante? 6. Cherche-t-il un nouvel em- ploi? 7. Qui aida Edouard a chercher un nouvel emploi? 8. Qui trouva un emploi pour Edouard? 9. Quel etait ce nouvel emploi? 10. Ces travaux litteraires combien rap- porterent-ils a Edouard? 11. Edouard a-t-il garde sa pen- sion? 12. Qui etait Valamouille? 13. De quoi Vala- mouille etait-il directeur? 14. Pourquoi Valamouille semble-t-il preoccupy? 15. Etait-il malade? 16. Fait-il ses frais? 17. Pourquoi ne fait-il pas ses frais? 18. Que veut le public? 19. Qui 6tait Tauteur des pieces de Valamouille? 20. Pourquoi cet auteur ne travaille-t-il plus? 21. Quelle etait la profession de cet auteur? 22. Qu'est-ce que Saint-Ouen? 23. Vala- mouille cherche-t-il un autre auteur? 24. Est-il facile de trouver des auteurs de pieces pour le theatre guignol? Pour- quoi? 25. Qui enleve les fournisseurs de theatres guignol? QUESTIONS ET EXERCICES 127 Exercices A. Formez les questions dont les phrases suivantes sont les reponses: 1. La situation financiere d'fidouard n'6tait pas mauvaise. 2. fidouard accepta ces travaux artistiques. 3. Un soir, le directeur s'assit a la meme table que lui. 4. Je ne fais pas mes frais, parce que je n'ai pas de bonnes pieces. 5. M. Corflar etait un dentiste de Saint-Ouen. B. Donnez le pluriel des mots suivants et employ ez-les dans des phrases: le nouvel emploi, ce travail artistique, le majes- tueux directeur, une bonne piece, le cafe-concert. 28. «GUIGNOL SPORTSMAN)) Questionnaire 1. Qui est Pimpressario? 2. Qu'est-ce qu'fidouard suivait? 3. Que veut-il faire? 4. Quelle experience veut- il tenter? 5. fidouard que demande-t-il a Valamouille? 6. De quoi depend le prix paye" aux auteurs? 7. Vala- mouille dit-il a Edouard ce qu'il payerait a un debutant? 8. Valamouille pourquoi est -il surpris? 9. Que demande-t-il a Edouard de faire? 10. Quand Valamouille fixera-t-il le prix? 11. Pourquoi Timpressario change-t-il de ton? 12. Pouvez-vous expliquer pourquoi Valamouille affecte une re- serve polie? 13. Que dit-il a fidouard de faire sans retard? 14. Ou va fidouard quand il quitte Valamouille? 15. A quelle heure se couche-t-il? 16. Combien d'actes fidouard £crit-il? 17. La piece d'fidouard comment est-elle intitule? 18. Que fait-il le lendemain? 19. Quand retrouve-t-il 128 QUESTIONS ET EXERCICES Valamouille? 20. Valamouille a-t-il lu la piece? 21. Que pense-t-il de la piece? 22. Valamouille prend-il la piece? 23. Combien la paye-t-il? 24. Ou sera-t-elle jou6e? 25. Edouard peut-il vivre avec 20 frs. par semaine? Exercices A. Donnez des synonymes des mots suivants: se mettre a, tenter, causer, neanmoins, la besogne. B. Trouvez dans le texte cinq autres mots qui contiennent le son en italique: parlait, force, lendemam, apres, retard. 29. NOUVELLES PERSPECTIVES Questionnaire 1. «Guignol Sportsman,» eut-il du succes? 2. Qu'est-ce qu'il rapportait a son auteur? 3. Que considerait Edouard? 4. Qu'est-ce que ses succes dramatiques lui avaient suggere? 5. Que pensait-il pouvoir ecrire? 6. Quel sujet avait-il? 7. Quel re*cit pense-t-il faire? 8. Que represente-t-il dans un prologue? 9. Qu'avait-il fait pour se creer des ressources immediates? 10. Que racontait-il? 11. Que fit Edouard apres avoir termine* son autobiographie? 12. Que joint-il a son manuscrit? 13. Que dit cette lettre? 14. Edouard recut-il une reponse a cette lettre? 15. De qui recut-il une reponse? 16. Qu'est-ce que c'est que «La Sincerity »? 17. [Ou pouvait-on admirer les afriches? 18. Que fit Edouard lorsqu'il regut la lettre? 19. Comment lut-il le billet? 20. Que dit le billet? 21. Quelle invita- tion M. Blangoulent fait-il a Edouard? 22. Quelle est la position deTM. Blangoulent a «La Sincerite»? 23. A quelle heure Edouard a-t-il un rendez-vous a ) (p. def. of ouvrir), opened. ovation, /., ovation. la page, page. le paiement, payment. la paille, straw; chapeau de — , straw hat. le pain, bread. VOCABULAIRE 195 la paire, pair. la paix, peace; gardien de la — , policeman. le Palais-Royal, formerly a royal residence, now a public square in Paris, pale, pale. le palefrenier, groom. lapalme, palm; — s acade- miques, a French honor conferred for distinguished literary work. le palmier, palm tree, palpitant, -e, fluttering. la panne, trouble. le panorama, panorama, view. le pansage, grooming, rubbing down. le pantalon, pair of trousers. le Pantheon, a monumental building in which are placed the remains of great French- men. le papa, papa. le pape, pope. Papes (ville des), a name given to the city of Avignon. la papeterie, paper factory. le papier, paper, certificate, cre- dential. Paques, Easter. par, by, per; — exemple, for instance; — con- sequent, therefore; deux fois — semaine, twice a week. le paradis, paradise. paraissaient (imperf. of pa- raitre), seemed, paraissait (imperf. of pa- raitre), seemed, did seem. paraissez (pres. ind. of pa- raitre), seem, appear, paraitre, to appear, seem, show, le pare, park. parce que, because, parcourant (pres. part, of parcourir), looking over, parcourir, to travel through, le parcourt, distance, race. pardon, excuse me, I beg your pardon, le parent, parent, relation, rela- tive. la parenthese, parenthesis. parfait, adv., perfectly, very well, parfait, -e, perfect, parfaitement, perfectly, fully. parfois, sometimes. le parfum, perfume, le pari, bet, wager. parier, to wager, bet. le Parisien, Parisian, parier, to speak, talk, parmi, among, la parole, word, language, la part, part, share; a — , aside, partait (imperf. of partir), was leaving, partent (pres. ind. of partir), leave. 196 VOCABULAIRE parti (de) (p. p. of partir), having left, left, le participant, participant, la particularite, particular, cir- cumstance. particuli-er, -ere, particular, special, la partie, part; faire — de, to be with, belong to. partir, to depart, leave. partit (p. def. of partir), left. parurent (p. def. of paraitre), put in an appearance. parut (p. def. of paraitre), ap- peared, seemed. parvenir, to reach. parvenu (p. p. of parvenir), reached. pas, not; ne . . . — , not; — du tout, not at all; — encore, not yet. la passe, pass. le passe, — defini, preterit; — indefini, past indefinite. passer, to pass, spend; — le temps, to spend the time; — pour, to be considered as; — des vacances, to spend vacations; vous pas- serez lundi, your article will appear on Monday. Passy, a suburb of Paris. paternel, -le, fatherly, la patience, patience, le patron, master, employer, patron, proprietor. la patronne, mistress. la pause, pause, stop. pauvrement, poorly, la pauvrete, poverty, le pavilion, pavilion, summer- house, payer, to pay; reponse payee, answer prepaid, le pays, country, land, le paysan, farmer, le pecher, peach tree, le pecheur, fisherman, le pecule, sum, money. pecuniaire, pecuniary, money, pedagogique, pedagogical, pedestrement, on foot, peindre, to paint, la peine, pain, penalty; £ — , hardly, scarcely; sous — , for fear. penal, -e, penal, pencher (se), to lean, pendant, during, for; — que, while. penible, tedious, painful, hard, peniblement, painfully. penser, to think, suppose, le penseur, thinker, philosopher, la pension, pension, board, perdre, to lose; tu perds la raison, you are losing your reason, le pere, father. peremptoirement, perempto- rily, le peril, peril, danger; a lews risques et — s, at their own risk and peril. VOCABULAIRE 197 les peripeties, ups and downs, permet (pres. ind. of per- mettre), allows. permettre, to allow, permit, le permis, permit, la permission, permission. perplexe, perplexed, puzzled, perseverer, to persevere. persister, to persist, le personnage, personage, la personne, person, personal- ity; ne . . . personne, no- body, le personnel, employees, attend- ants, personnellement, personally, la perspective, perspective, pros- pect. persuader, to persuade, peser, to weigh, petit, -e, small; — a — , little by little, le petrole, petroleum, kerosene, gasoline. peu, adv. j little; somewhat; avant — , before long, le peu, little. la peur, fear; avoir — , to fear. peut (pres. ind. of pouvoir), can, is able to. peut-etre, perhaps, maybe, peuvent (pres. ind. of pou- voir), can. la phrase, sentence, la physionomie, face, feature. picoter, to peck, la piece, piece, play, room. le pied, foot; en — , full size; le mit sur — , brought him to his feet, la pile, pile, heap, le pin, pine tree. piteu-x, -se, pitiful, la pitie, pity. pittoresque, picturesque, la place, place, square, placer, to place, put. la plaine, plain. plaire, to please, satisfy. le plaisir, pleasure. plait (pres. ind. of plaire), pleases; s'il vous — , if you please, la planche, board; — a egoutter, drip board, la plante, plant. planter, to plant, la plaque, plate, sheet, le plat, dish. plein, -e, full, le pliage, folding. plier, to fold. plonger, to plunge, immerse, le plongeur, diver, dishwasher in a restaurant, la plume, pen. la plupart, most, le pluriel, plural. plus, adv., more, and, plus, included; de — en — , more and more; le — , most; ne . . . — , no longer; sans — tarder, without delay, plusieurs, several. 198 VOCABULAIRE plutot, rather, le pneumatique, tire, la poche, pocket; argent de — , pocket-money, la poesie, piece of poetry, le poete, poet. poetique, poetic, le poids, weight, la poignee, handle; — de mains, handshake. le poignet, wrist. le point, point, subject, matter, le poirier, pear tree, le poisson, fish; — d'avril, April fool. poli, -e, polite, la police, police. poliment, politely, la pomme de terre, potato, le pommier, apple tree, le pompier, fireman, le pont, bridge, le port, port, harbor, la porte, door, la portee, reach; a — de, within reach of. le portefeuille, wallet, le porte-manteau, clothes- hanger, le porte-monnaie, pocketbook. porter, to wear, carry, bring, bear, la portiere, coach door, le portrait, portrait. posement, sedately, calmly. poser, to pose; — ces ques- tions, to ask questions. la position, position. posseder, to possess, own. le possesseur, possessor, owner. possessi-f, -ve, possessive, la possession, possession. possible, possible, la poste, post office; mettre a la — , to mail, le poste, post, precinct, le pot, pitcher, pot; — a eau, water pitcher, le potage, soup. potager, -ere, cooking, culi- nary, le potager, vegetable garden, le pouce, inch, le poulailler, chicken coop, poultry house, la poule, hen. le poulet, chicken. pour, for, in order to, to. le pourboire, gratuity, tip. pourquoi, why. pourra (Jut. of pouvoir), will be able. pourrai (Jut. oj pouvoir), shall be able. pourrait (pres. cond. of pou- voir), could or would be able. pourrez (Jut. of pouvoir), will be able, pourriez (pres. cond. of pou- voir), could. poursuit (pres. ind. of pour- suivre), follows, la poursuite, pursuit. VOCABULAIRE 199 poursuivre, to follow, pourtant, however, neverthe- less. pousser, to grow, push, utter. la poussiere, dust. pouvait (imperf. of pouvoir), could, pouvez (pres. ind. of pouvoir), can. pouvoir, to be able to. prairial, -e, prairial (20th of May to 18th of June); prairie, la prairie, meadow. la pratique, practice, pratique, practical, precipiter (se), to hurl one's self. precis, -e, precise, definite, exact, precisement, precisely, la precision, precision, le predecesseur, predecessor. prefectoral, -e, of the pre- fect. la prefecture, prefecture (police headquarters) . preferable, preferable, better, prefer er, to prefer. le prefet, prefect; le — de po- lice, commissioner of po- lice, premi-er, -ere, first. prenaient (imperf. of prendre), took. prenait (imperf. of prendre), took, were taking. prenant (pres. part, of pren- dre), taking. prendra (Jut. of prendre), will take. prendrai (Jut. of prendre), shall take. prendre, to take, seize, en- gage; — Pair, to go out in the air. prendrons (Jut. of prendre), shall take. prends (impv. of prendre), take, le prenom, first name. preoccupe, -e, disturbed, anx- ious. preoccuper, to disquiet, dis- turb. la preparation, preparation, for- mula. preparer (se), to get ready, la preposition, preposition, la presence, presence, le present, present, la presentation, presentation, introduction. presenter, to present, show, introduce; se — , call, pre- sent one's self, occur, le president, president. presque, adv., almost, nearly, all but. presse, -e, pressed; etre — , to be in a hurry. presser, to press. presumer, to presume. pret, -e, ready. 200 VOCABULAIRE pretendre, to pretend, main- tain. preter, to lend, accept; se — , to lend one's self. le pretexte, pretext, pretense, la preuve, proof. prevenir, to warn, forewarn, notify, prevenu (p. p. of prevenir), warned, notified, previendrai (fut. of prevenir), shall notify. prevint (p. def. of prevenir), told. la prevision, prevision, anticipa- tion. pre voir, to foresee. prier, to pray, beg to, ask. le prince, prince. principal, -e, principal, main. principalement, especially, chiefly, la principaute, principality. le printemps, spring. prirent (p. def. of prendre), took. pris (p. p. of prendre), taken, employed, taken up. la prise, struggle. la prison, prison. prit (p. def. of prendre), took, la privation, privation, want, le prix, price, cost. probablement, probably, le probleme, problem, question, proceder, to proceed. le proces, process, lawsuit; sans forme de — , without the chance of a lawsuit or trial. prochain, -e, next, le procureur, attorney, prodiguer, to lavish. produire, to produce, show. produisent (pres. ind. of pro- duire), produce. produisit (p. def. of produire), showed, le produit, product, le professeur, professor, la profession, profession, occu- pation. profiter de, to profit by, take advantage of. profond, -e, deep. le pr ogres, progress, headway, le projet, project. projete, -e, projected, le prologue, prologue. prolonger (se), to prolong, draw out, last. la promenade, promenade, stroll, walk, ride; — des Anglais, famous avenue in Nice, promener (se), to take a walk. la promesse, promise; tenir une — , to keep a promise. promets (pres. ind. of pro- mettre), promises. promettre, to promise, promit (p. def. of promettre), promised, promptement, promptly, quickly. VOCABULAIRE 201 le pronom, pronoun. prononcer, to pronounce. propos de (a), regarding. proposer, to propose, suggest, la proposition, proposition, offer. propre, clean. proprement, exactly, le proprietaire, proprietor, la prose, prose. protect-eur, -rice, protecting, la protection, protection, care. protester, to protest, answer. prouver, to prove, make good. provencal, -e, of Provence, la province, province, country, le proviseur, head master, la provocation, provocation, le prunier, plum tree. pu (p. p. of pouvoir), been able, le public, public, la publication, publication. publier, to publish. puis, adv., then, afterwards. puis (pres. ind. of pouvoir), can. puisque, since. punir, to punish. pur, -e, pure, mere. qu'-que; qu'est-ce que? what? la qualite, quality. quand, adv., when; — meme, just the same, nevertheless. quant a, as for. la quantite, quantity, number, la quarantaine, about forty, two score. quarante, forty, quarante-cinq, forty-five, le quartier, quarter, district. le Quartier Latin, Latin Quarter, a section of Paris on the left bank of the Seine, near the university where stu- dents live. le quatrain, quatrain (stanza of 4 verses) . quatre, four, quatre-vingts, eighty, que, adv., ne . . . — , only, que, conj., that, than, que, inter, pron., what, que, rel. pron., that which, whom, quel, -le, what, quelque, a few, some, quelque chose, something, quelquefois, sometimes, la question, question ; — d'usage, usual question; trancher la — , to solve the question; il n'est pas — de cela, that is not the point in question, la quete, search, quest; faire la — , make a collection, queter, to collect, pass the hat. qui, pron., who, which, that, la quinzaine, fortnight. 202 VOCABULAIRE quinze, fifteen. quitter, to quit, leave; — des yeux, lose from sight. quoi, which, what, quoique, although. raconter, to tell, relate, le radiateur, radiator, la rage, rage, le ragout, stew. raide, steep. railleu-r, -se, jesting, teasing, la raison, sense, reason; a — de, at the rate of; tu perds la — , you are losing your mind; aura — , will be right. raisonne, -e, rational. ralentir, to slow down. ramener, to bring back. ranger, to put in order. rapidement, quickly, swiftly. rappeler (se), to remember, recall, le rapport, relation, report; met- tre en — , to put in con- nection. rapporter, to bring back, bring home, pay; se — a, to refer to, have confidence. rapproche, -e, brought nearer; plus — s, closer. rapprocher, to bring nearer, to be closer. rare, rare. rassembler, to assemble, muster up. rassurer, to reassure, rattraper, to overtake. ravi, -e, delighted, la recapitulation, recapitulation, summary, la reception, reception, la recette, receipt, recipe. recevoir, to receive, la recherche, search, le recit, story. la reclamation, demand, claim, la reclame, advertisement. reclamer, to claim, la recolte, crop, collection. recommander, to recommend. la reconnaissance, gratitude, thankfulness. reconnait (pres. ind. of re- connaitre), recognizes. reconnaitre, to recognize, reconstruire, to reconstruct. recopier, to recopy. recourir, to run again, resort to. rectifier, to rectify. recueilli (p. p. of recueillir), taken in. recueillir, to collect, harbor, take in. le redacteur, editor, la redaction, editors, editorial staff. redejeuner, to lunch again. redescendre, to go down again. VOCABULAIRE 203 rediger, to draw up, frame, la redingote, frock-coat, la reduction, reduction, reduire, to reduce, reduisait (imperf. of reduire), reduced. reel, -le, real. reflechir, to think over, re- flect. reflechissez (impv. of re- flechir), think over, reflect, la reflexion, reflection, thought, consideration. la reforme, reform, refroidir, to cool, refuser, to refuse. regarder, to look, look at, recognize; on ne regarde pas a, one does not be- grudge, la regie, rule; en — , in good form, according to regula- tions. regler, to regulate, le regret, regret. regretter, to regret, la regularity, regularity, la reine, queen, relacher, to free, relati-f, -ve, relative, regard- ing, la relation, relation, acquaint- ance. relire, to read over, read again. relis (impv. of relire), read again. relut (p. def. of relire), re- read. remarquer, to remark, notice, remercier (de), to thank, remet (se) (pres. ind. of se remettre), goes back. remettent (se) (pres. ind. of se remettre), go back, remettrai (Jut. of remettre), shall send. remettre, to remit, put back; — en liberte, to set free again; se — , to resume, go back. remit (p. def. of remettre), gave, remonter, to follow up-stream, go up again, le remorqueur, tug, tender. remplacer, to replace, remplir, to fill. remporter, to win. la remuneration, remuneration, reward. la rencontre, meeting; venir a la — , to come to meet, rencontrer, to encounter, meet. le rendez-vous, appointment, meeting; donner — , to make an appointment. rendit (se) (p. def. of se rendre), went. rendre, to give back, make; se — , go. Rennes (rue de), street on left bank of Seine in Paris. 204 VOCABULAIRE renoncer (a), to renounce, give up. le renseignement, information, renseigner, to inform; se — , get information, rentrer, to reenter, go back to. renvoie (pres. ind. of ren- voyer), send back, dismiss. renvoyer, to send away, send back, fire, reparaitre, to reappear, come back, reparer, to make up. repartait (imperf. of repartir), was leaving, la repartie, reply, answer. repartir, to start again, set out again. repartirent (p. def. of repartir), set out again. reparut (p. def. of reparaitre), reappeared, le repas, meal. le repertoire, stock play. repeter, to repeat. le repondant, surety, reference. repondre, to answer. la reponse, answer; — payee, answer prepaid, le repos, rest. reposer (se), to rest, reprehensible, reprehensible; rien de — , nothing wrong, reprend (pres. ind. of re- prendre), resumes. reprendre, to take again, be- gin again, reply; — son travail, to go back to work, reprennent (pres. ind. of re- prendre), resume. reprimer, to suppress. repris (p. p. of reprendre), regained. reprit (p. def. of reprendre), continued, took up again, le reproche, reproach, la republique, republic. repugnant, -e, repulsive, la reputation, reputation, la requete, request, petition, la reserve, reserve, caution. reserver, to reserve, le reservoir, tank, le residence, residence, dwelling, resigner (se), to submit one's self, resign one's self, be resigned, la resistance, resistance. resolu (p. p. of resoudre), re- ' solved, decided. resolut (p. def. of resoudre), resolved, decided, la resolution, resolution. resoudre, to solve, decide, le respect, respect; presenter des — s, to pay one's re- spects, respectueusement, respect- fully, respirer, to breathe, resplendir, to shine, gleam, la responsabilite, responsibility. ressortir, to go out again. VOCABULAIRE 205 ressortit (p. def. of ressortir), went out again. la ressource, resource; sans — s, resourceless. le restaurant, restaurant, le restaurateur, owner of a res- taurant, caterer, le reste, remainder; — du reste, besides. rester, to remain, be left, le retard, delay; sans — , with- out delay. retenir, to hold back, re- member, retentir, to ring, resound. retirer, to pull back, reap, withdraw; se — , with- draw, le retour, return; par — du courrier, by return mail, retourner, to return, go back, la retraction, retraction. retrouver, to find again, meet, join; aller — , go back to; se — , meet. reussi (p. p. of reussir), suc- ceeded, reussir, to succeed, la revanche, turn; en — , in return, revasser, to dream idly of. reveiller, to wake up, awaken, reveler, to reveal, la revelation, revelation, con- fession. revenant (pres. part, of re- venir), returning. revenez (impv. of revenir), come back. revenir, to come back. revenu (p. p. of revenir), come back. reverrait (pres. cond. of re- voir), would see again, le revers, reverse, misfortune. reviendrai (Jut. of revenir), shall come back. reviendrez (fut. of revenir), will come back. revinrent (p. def. of revenir), returned. revint (p. def. of revenir), came back, returned. revoir, to see again, to go over; au — , good-by. revolt er, to revolt. revolu, -e, completed, eWpsed. la revue, review, parade. le rez-de-chaussee, ground floor, le Rhone, Rhone River, a river flowing into the Mediterra- nean. riant (pres. pert, of lire), laughing. riche, rich, wealthy. la richesse, wealth. ridicule, ridiculous. rien, adv., nothing; ne . . . — , nothing; — de repre- hensible, nothing wrong. rire, to laugh, le rire, laugh, laughter. 206 VOCABULAIRE le risque, risk, hazard; a leurs — s et perils, at their own risk and peril. risquer, to risk. rit (p. def. of rire), laughed, la rive, bank (of a river), la Riviera, the southern coast of France, noted for its mar- velous climate, la riviere, river. Rivoli (rue de), a famous street in Paris near the Louvre, la rixe, brawl, scuffle. le robinet, faucet. roder, to prowl, le role, role, part. rond, -e, round, even, ronger, to gnaw. rose, pink, la rosette, rosette, decoration, la roue, wheel. rouge, red, blushing, la Roulebosse, name of a cer- tain make of automobile, rouler, to roll, la route, road; en — , on the road, on the way. royal, -e, royal, le ruban, ribbon, decoration; — d'ofncier de la Legion d'honneur, small red rib- bon worn by those upon whom the title " Officer of the Legion of Honor" has been conferred. la rue, street. la ruelle, small street. s' = si. sable, -e, covered with sand, le sabot, wooden shoe. sachant (pres. part, of savoir), knowing, sacramentel, -le, sacramental. le sacrifice, sacrifice, sage, wise. Saint-Cloud, a charming little place at the outskirts of Paris. Saint-Germain (boulevard), a boulevard on the left bank of the Seine River in Paris. Saint-Honor e (rue), a street on the right bank of the Seine River in Paris. Saint- Jacques (rue), a street in the Latin Quarter of Paris. Saint-Michel (boulevard), a boulevard in the Latin Quarter of Paris. Saint-Ouen, a little town near Paris, sais (pres. ind. of savoir), know, do know. sait (pres. ind. of savoir), knows, la salade, salad, lettuce, le salaire, salary. sale, dirty, soiled, salir, to soil. VOCABULAIRE 207 la salle, hall, room; — d'attente, waiting-room; — a manger, dining-room, le salon, parlor, hall (hotel). saluer, to salute, greet, la salutation, salutation, greet- ing, le samedi, Saturday. sans, without; — cesse, un- ceasingly; — doute, un- doubtedly ; — donner, with- out giving, la sante, health. la Saone, a river in east central France. Sarah Bernhardt, a great French actress, la satisfaction, satisfaction, satisfaisant, -e, satisfactory, satisfait, -e, satisfied. saurais (pres. cond. of savoir), would know how. sauter, to jump, savait (imperf. of savoir), knew, savez (pres. ind. of savoir), know, know how. savoir, to know, le savonnier, soap-maker. la saynete, farce, short play, sceptique, sceptical, scrupuleusement, scrupu- lously. se, himself, herself, itself. Sebastopol (boulevard de), a boulevard on the right bank of the Seine in Paris. la sebile, wooden bowl. sec, seche, dry. sechement, drily, sharply, second, -e, second; faisait sa — e, see faisait. secouer, to shake, le secours, help, le secretaire, secretary, secretement, secretly, la Seine, a river flowing through Paris, seize, sixteen, la selle, saddle; se mettre en — , to mount. selon, according to. la semaine, week; deux fois par — , twice a week. semblable (a), like, sembler, to seem, appear, le sens, sense, idea, feeling, la sensation, feeling, sensation. sensationnel, -le, sensational, sensible, sensitive, apprecia- tive of. sent (pres. ind. of sentir), feels. sentait (imperf. of sentir), felt. le sentiment, sentiment, esteem; — s devoues et sympa- thiques, kind personal re- gards, sentir, to feel, smell; se — , to feel, sentira (Jut. of sentir), will smell, sentit (p. def. of sentir), felt. 208 VOCABULAIRE separer, to separate; se — , part. sept, seven. sera (Jut. oj etre), will be. serai (Jut. oj etre), shall be. seraient (pres. cond. oj etre), would be. serais (pres. cond. oj etre), would be; je — curieux de, I would like to. serait (pres. cond. oj etre), would be. serez (Jut. oj etre), will be. le sergent, sergeant; — de ville, policeman, serieusement, seriously. seront (Jut. oj etre), will be. le serrement, pressing, squeez- ing; le — de mains, hand- shake, la serrure, lock. servi (p. p. oj servir), served, le service, service, duty, servir, to serve, help, le serviteur, servant, ses, adj., his, her, its. seul, -e, alone, sole, settlement, solely, only, severe, severe, stern, si, conj., if. le siege, seat. le sien, la sienne, les siens, les siennes, his, its, hers, theirs, la signature, signature, signing. le signe, sign. signer, to sign. signifier, to signify, mean, le silence, silence. silencieu-x, -se, silent. simple, simple. simplement, simply, merely, only, la Sincerite, name of a news- paper. singuli-er, -ere, queer, sin- gular, la sirene, siren, horn. sitot que, as soon as. la situation, situation, position. sixieme, sixth; au — , on the sixth floor. social, -e, social, la societe, society, club; — de tir, rifle club, la soie, silk; ver a — , silkworm, la soierie, silk mill. soigne, -e, carefully done. soigner, to take care of. soigneusement, carefully, le soin, care, le soir, evening; du — , in the evening, p.m. la soiree, evening, party. soit, let it be so!; that is. soixante, sixty. soixante-cinq, sixty-five. soixante- dix, seventy, le sol, ground, le soldat, soldier, le soleil, sun. solliciter, to ask, apply for, work for. sombre, dark, dull. VOCABULAIRE 209 sommaire, summary. la somme, sum, amount, le sommeil, sleep. sommeiller, to doze, slumber, sommes (pres. ind. of etre), are; nous — aujourd'hui mardi, today is Tuesday. le sommet, summit. son, sa, ses, his, her, its. le son, sound. songer, to dream, think, sonner, to ring (a bell), sound. sont {pres. ind. of etre), are. sort (pres. ind. of sortir), comes, sortaient (imperf. of sortir), were going out. la sorte, sort, kind. sorti (p. p. of sortir), gone out. la sortie, exit, holiday; jour de — , day off; ecuyer de — , riding master. sortir, to go out, come from, leave, sortirent (p. def. of sortir), went out. sortit (p. def. of sortir), left, le sou, French coin equal to five centimes, penny, cent; — a — , penny by penny; gros — s, ten-centime pieces; deux — s, doubles, two ten- centime pieces or four sous. soudain, suddenly. le souffle, breath. souffrant, -e, suffering, ill. souffrir, to suffer. soulager, to relieve, souligner, to underline, soumettre, to submit. soupconner, to suspect. le soupirail, air-hole, vent- hole, souriant (pres. part, of sou- rire), smiling. le sourire, smile. sourire, to smile. sourit (p. def. of sourire), smiled; (pres. ind.) smiles. sous, under, underneath, ac- cording to, with, le souvenir, remembrance, token, souvenir. souvent, often, la souveraine, sovereign, la speciality, specialty. le spectacle, sight. la sphere, sphere, la spirale, spiral. splendide, splendid, glorious. Spontini (rue), a street in Paris, le stick (English word), riding whip, stipuler, to stipulate, la strophe, stanza, strophe. stupefait, -e, stupefied, la stupeur, stupor. subir, to undergo, to go through, subitement, abruptly, sud- denly, all of a sudden, la subsistance, maintenance. 210 VOCABULAIRE succeder, to succeed, take one's place, le succes, success. successivement, successively, one after the other. la sucrerie, sugar mill. le sud, south; PAmerique du Sud, South America, suffire, to suffice; se — a, to provide for one's self. suffisamment, sufficiently, enough. la suffisance, self-conceit. suffisant, -e, sufficient. suffit (pres. ind. of suffire), suffices, suggerer, to suggest, suis (pres. ind. of etre), am. suit (pres. ind. of suivre), follows. la suite, sequel, continuation; tout de — , immediately. suivaient (imperf. of suivre), were following, suivait (imperf. of suivre), was developing, suivant, -e, following, suivent (se) (pres. ind. of suivre), fly by. suivez (pres. ind. of suivre), are following. suivirent (p. def. of suivre), followed. suivit (p. def. of suivre), followed, suivre, to follow; se — , follow each other. suivrons (fut. of suivre), shall follow, le sujet, subject, topic, superbement, superbly, superflu, -e, superfluous, needless, superieur, -e, superior, sec- ondary, la superiorite, superiority, le superlatif, superlative. suppleer, to supply the place, take the place. le supplice, torment, torture, supplier, to beg. supporter, to support, hold, sur, prep., on, upon, stir, -e, sure. la surete, safety, security; agent de la — , a policeman of the security police, a kind of detective, surgir, to spring up. le surlendemain, day after to- morrow. surplomber, to overhang, surprendre, to surprise, surpris, -e, surprised. la surprise, surprise. la surveillance, supervision, susceptible, susceptible, suspect, -e, suspicious, suspecter, to suspect, suspendre, to hang, s. v. p. = s'il vous plait, please, la sympathie, sympathy, friend- ship. VOCABULAIRE 211 sympathique, sympathetic; sentiments devoues et — s, kind personal regards. le synonyme, synonym. le systeme, system. t'=te. le tabac, tobacco; bureau de — , cigar store, la table, table, le tableau, picture, la tache, task. tacher, to try. le tact, tact, discretion, judg- ment, le tailleur, tailor, le talent, talent, le tampon, mop. tandis que, while. tant, so much, tantot, adv., a while ago, by and by; a — ! till later! tard, late. tarder, to delay, be long; sans plus — , without delay, la tarte, tart, la tasse, cup. Tasselot (Mont), name of a mountain. te, t', pron., object, thee (Jam. for you). technique, technical, la teinture, dye. tel, -le, such, such as; — les qu'elles, such as they. le telegramme, wire, telegram. le telegraphe, telegraph. telegraphier, to wire, send a telegram. le telephone, telephone. telephoner, to telephone. tellement, so much, so greatly. la temerite, rashness, temerity, le temoignage, testimony. temoigner, to testify, show, le temps, time, weather; en meme — , at the same time. tenais (a) (imperf. of tenir), was anxious to. tenait (imperf. of tenir), held; se — debout, was standing. tendre, to stretch. tenez (impv. of tenir), hold; here!; — vous bien, hold on tightly. tenir, to hold; — une pro- messe, to keep a promise, la tentative, attempt. tenter, to attempt. tenu (p. p. of tenir), kept, le terme, term, wording: aux — s, according to the terms, terminer, to end, finish, le terrain, ground, la terrasse, terrace, porch, le terrassier, laborer, excavator, la terre, earth; pomme de — , potato, terrestre, earthly. terrible, terrible, le testament, will. 212 VOCABULAIRE la tete, head, lead, le theatre, theater. tiendra (Jut. of tenir), will hold, tiendrons (Jut. of tenir), shall hold, tiens (pres. ind. of tenir), hold, le tiers, third, le tir. shooting, rifle-range. tirer, to shoot, pull, le tiret, dash. le titre, title; a — confidentiel, in confidence, in secret; a — de, as. toi, thee (Jam. of you). la toile, linen. la toilette, dressing, tomber, to fall, ton, ta, tes, adj., thy, thine (Jam. of your), le ton, tone, sound. Tonnerre, a town in France on the river Yonne. t6t, soon; le plus — possible, as soon as possible. toucher, to touch, concern, receive, tou jours, always. Toulon, a town on the Riviera, seat of a naval academy. le tour, turn. tourmenter (se), to torment, worry, le tournant, curve, turn. tourner, to turn. la tournure, shape, figure. tout, adv., very, all; — a coup, suddenly; — a fait, completely; — a Pheure, a while ago; — de suite, immediately; pas du — , not at all. tout, -e, adj. , all, every, each; tous deux, both, toutefois, still, yet, however, le trafic, traffic, trade, le train, train, gait, pace, le trait, stroke, le traite, treaty, contract, le traitement, salary. traiter, to treat, talk about, le trajet, journey. le tramway, tramway, trolley. trancher, to cut, to settle, solve; — la question, to solve the question, tranquillement, quietly, la tranquillite, quietness, happi- ness, peace, transmettre, to transmit, le transport, transportation. transporter, to transfer, le travail (pL, les travaux), work, labor, occupation, travailler, to work, travers a, through, across, traverser, to cross, trembler, to tremble, la trentaine, thirty, about thirty, trente, thirty, trente-cinq, thirty-five. tres, very. VOCABULAIRE 213 tricolore, tricolored; blue, white, red. triomphal, -e, triumphant, triomphalement, in triumph, triumphantly. triompher, to triumph, tristement, sadly. trois, three, troisieme, third. la trompe, signal, horn. tromper, to deceive; se — , to be mistaken. trop, too much, too. le trottoir, sidewalk, le troupeau, herd. le trousseau, outfit. trouver, to find, think; il alia — , he went to see; se — , to find one's self, to be. tu, pron., thou (Jam. for you), tuer, to kill. les Tuileries, former palace of the kings of France, de- stroyed in 1870. Only the garden remains today, le turban, turban. le tuteur, tutor. un, -e, a, an, one; c'est — ou l'autre, the one or the other. uni, -e, united, smooth. unique, only, sole. uniquement, solely, only. unir, to unite. universite, /., university, urgence, /., urgency; d' — , urgently. usage, m. t usage; questions d' — , usual questions, utile, useful, utilite, /., usefulness, utility. va (impv. of aller), go; (pres. ind.) is going, goes; ca — , all going well. les vacances, vacation, holidays, le vacarme, uproar, noise, la vache, cow. le vagabond, vagrant, tramp, le vagabondage, vagrancy. le vaincu, loser, le vainqueur, victor. vais (pres. ind. of aller), am going. le vaisseau, vessel, la vaisselle, chinaware. valable, good, valid, valait (imperf. of valoir), was worth. Valencay, a town in the de- partment of Indre. Valence, a town on the Rhone River, la valeur, value, la valise, handbag, la vallee, valley. le vallon, a small valley, valoir, to be worth, vaste, vast, big, large. 214 VOCABULAIRE le Vaudeville, a theater in Paris. vecu (p. p. of vivre), lived, la veille, night before, day be- fore, veiller, to watch. venais (imperf. of venir), came, venait (imperf. of venir), came, venant (pres. part, of venir), coming, vendre, to sell ; a — , on sale. venez (impv. of venir), come. venir, to come; je viens de- liver, I have just arrived. le vent, wind, la vente, sale. venu (p. p. of venir), come. le ver, worm; — a soie, silk- worm. le verger, orchard. verifier, verify, examine, con- trol, veritable, true, veritablement, truly, really, la verite, truth. verrez (Jut. of voir), will see. verrons (fut. of voir), shall see. le verrou, bolt. vers, towards, about, verser, to pour. vert, -e, green. le vestibule, vestibule, entry hall, le veston, jacket. le vetement, clothing. vetir (de), to clothe in, dress in. le veuf, widower. veuillez (impv. of vouloir); — bien le chapitrer, kindly lecture him. veut (pres. ind. of vouloir), wants, wishes; — dire, mean; — bien, will please. veux (pres. ind. of vouloir), am willing, want; je — dire, I mean, la vexation, vexation. vicieu-x, -se, vicious, la victoire, victory. Victor Hugo (avenue), an avenue in Paris named after the famous French writer, victorieu-x, -se, victorious, winning. vide, empty. vider, to empty. la vie, life, living. viendra (fut. of venir), will come. Vienne, a town on the Rhone River, viennent (pres. ind. of venir), come. viens (pres. ind. of venir), do come; je — de, I have just. vient (pres. ind. of venir), comes. vif, vive, lively, alert, visible, keen, la vigne, vineyard, le vigneron, vine-grower, le vignoble, vineyard. VOCABULAIRE 215 vigoureu-x, -se, vigorous, sturdy, la villa, villa. le village, village, la ville, town, city; sergent de — , policeman. Villefranche, a town near Lyons, la villegiature, the country; etre en — , to be in the country. le vin, wine. Vincennes (pare de), a park on the outskirts of Paris, vingt, twenty, la vingtaine, twenty, about twenty, vingt-cinq, twenty-five. vint (p. def. of venir), came, violemment, violently. violet, -te, violet, virtuellement, virtually, le visage, face, visible, obvious, visiblement, obviously, la visite, visit, call; faire une — , to call on. visiter, to visit, to inspect, le visiteur, visitor. vit (p. def. of voir), saw. vite, quickly. la vitesse, speed; a toute — , full speed. la vivacite, vivacity, animation, vivement, eagerly, quickly, vivre, to live, dwell, la vociferation, clamor, outcry. le voeu, wish. voici, here is, here are. la voie, way, line. voient (pres. ind. of voir), see. voila, there is. voir, to see, realize. vois (pres. ind. of voir), see. le voisin, neighbor. voisin, -e, near, neighboring; les plus — es, the nearest. voit (pres. ind. of voir), sees; on — bien, one can see. la voiture, carriage, car. la voix, voice; a — basse, in a low voice, la volaille, poultry, le volant, steering-wheel. volontiers, willingly. le volume, book, volume. vont (pres. ind. of aller), are going. votre, adj. (pi., vos), your, voudra (Jut. of vouloir), will be willing. voudrais (pres. cond. of vou- loir), should like. voudrait (pres. cond. of vou- loir), wished. voudriez (pres. cond. of vou- loir), would be willing. voulaient (imperf. of vouloir), wanted, wished. voulait (imperf. of vouloir), did want. voulant (pres. part, of vou- loir), wishing. voulez (pres. ind. of vouloir), will, do want. 216 VOCABULAIRE vouloir, to want, to wish; — bien, to be willing to, to condescend. voulons (pres. ind. of vouloir), wish. voulut (p. def. of vouloir), wished, wanted. vous, you, to you; sont bien a — , are all your own; — meme, yourself. le voyage, travel, journey, le voyageur, traveler. voyait (imperf. of voir), saw. voyant (pres. part, of voir), seeing. voyons (impv. of voir), let us see; come! vrai, -e, true, real, vraiment, really, la vue, view, sight. vulgaire, vulgar, common, or- dinary. W le wagon, wagon, coach. y, adv., there; il y a quelques jours, a few days ago; il y a, there is, there are; y-a-t-il, is there ? ; il y avait eu, there had been; il y avait, there were, y, pron., to it, to them, of it. le yacht, yacht. les yeux, eyes; quitte des — , lose from sight. Yonne, a river in France. Deacidified using the Bookkeeper process. Neutralizing agent: Magnesium Oxide Treatment Date: August 2006 PreservationTechnologies A WORLD LEADER IN PAPER PRESERVATION 1 1 1 Thomson Park Drive Cranberry Township, PA 16056 (724)779-2111