*T^ UNITED STATES OP AMERICA. i SECONDES LECTURES Second French Reader ENTERTAINING AND INSTRUCTIVE LESSONS IN PROSE AND VERSE PROGRESSIVELY ARRANGED with a COMPLETE FRENCH-ENGLISH VOCABULARY Accompanied by A TABLE OF THE TERMINATIONS COMMON TO ALL FRENCH VERBS, AND THE GENERAL RULES TO BE OBSERVED IN THE USE OF THEM 'Compiled by L. PYLODET i NEW YORK LEYPOLDT & HOLT F. W, CHRISTERN Boston : S. R. Urbino 1871 Entered according to Act of Congress, In the year 1S70, By LEYPOLDT & HOLT, In the Office of the Librarian of Congress, at Washington. PREFACE rr^HIS Second Feench Reader can be used to advantage ~^ by any pupil who has become familiar with the first elements of grammar. To such as might find the compiler's Beginner's French Reader rather too " young," it may serve as a First French Reader, since the selections are com- paratively easy, and every word appears in the Vocabulary. Here, as in the Beginner's French Reader, the principal aim of the compiler has been to give the pupil a rich supply of words, by offering the greatest variety of reading-matter. But while the Beginner's Reader mainly introduced the most familiar words, the Second Reader embraces the lan- guage of a wider range of subjects, including the terms most frequently used in the familiar sciences. The compiler wishes to have it distinctly understood, however, that in introducing instructive matter, his object has not been to teach the sub- ject treated of, but the language employed in the treatment. He has sought to avoid the systematic form of the text-book, and has given preference to such pieces as, by their entertain- ing, narrative, or conversational form, would answer a simply linguistic purpose. Thus, for instance, in " Petits Marchands do Pommes," he does not expect to teach arithmetic, but to teach the principal terms of arithmetic. 4 PBEFACE. In using the Second Reader, special attention should be paid to the study of verbs. The teacher should at the outset make the pupil fully understand how to use the Vocabulary with reference to the tenses. If he insists upon the lesson being prepared with special mention of mood, tense, number, and person of each verb as it occurs, the pupil cannot fail to be very soon thoroughly acquainted with the principal features of the conjugations. This object has been facilitated in the Vocabulary, by giving separately, after the root of each verb, the common ending of every tense that occurs in the book, and by the introduction of the Table of Terminations, accom- panied by the general rules to be observed in the use of French verbs. L.P. SEOONDES LECTURES. PKEMIEKE PAETIE. 1.-LA VIGNE. IL etait une fois un petit gar9on qui s'appelait Justin. Un jour, ]e vigneron vint cliez le parrain de ce petit garpon pour tailler les vignes ; et Justin, a qui son parrain avait donne trois ceps, suivit le vigneron dans le clos pour travailler avec lui. Le vigneron tenait dans sa main une espece de gros couteau a manche rond, a lame recourbee comme une petite serpe. Get outil ^tait une serpette. Et le vigneron parcourait les vignes, s'arretait a chaque cep, regardant, examinant avec soin les nou- veaux bourgeons. Puis il coupait avec sa serpette ce quHlfallait couper. 6 SECONDES LECTURES. Et il laissait trfes-peu de bois aux vignes. ^'Pourquoi retranchez-vous tout cela? lui de- manda Justin. Si vous coupez les branches, il ne viendra pas de grappes. — II en viendra, mon petit Justin, repondit le vigneron, et plus je coupe de bois, le coupant Men! plus 11 y aura de raisins dans la vigne, et par conse- quent, plus il y aura de vin dans le pressoir." Justin ne demanda pas au vigneron comment il fal- lait s'y prendre pour couper Men, et il tailla ses trois ceps de vigne comme il I'entendit, croyant faire beau- coup mieux que le vigneron. Le printemps vint et la vigne poussa. L'ete vint ensuite, et le raisin murit. L'automne vint a son tour, et Ton partit pour aller faire les vendanges. On trouva les vignes magnifiques ! les ceps ploy- aient sous le poids des grappes. Justin n'avait jamais vu tant de raisins ! Et il pensait : Combien ma vigne a moi doit en avoir plus encore ! II courut done au bout du clos, la ou se trouvaient les trois ceps qu'il avait tallies au printemps.... Quelle triste surprise ! quelle deception ! Les vignes de Justin etaient chargees d'une foret de branches s'entre-croisant sous une foret de feuilles ; mais de raisins ?...rien! ou presque rien : deux petits grap- pillons sur trois grands ceps ! SECOJWFS LECTURES. J! Justin clesole. confus. comprit alors qn'il ne sy etait point pris comme il fallait, et il s'en alia trou- ver le vigneron. " Pere Vincent. Ini clit-il. ayez done, je tous prie, Tobligeance de me dire ce que je dois faire pour que ma yigne produise beaucoup de raisins ? Mon petit Justin, repondit le pere Tincent, il faut app-endre a la tailler !"^ 2-LETTRE. Le 15 Septembre, 1S70. Ma cheee MAEGrzBiTE ! JEAXXETTE ira demain pour la premiere fois a I'ecole. Te souviens-tu encore de cette gentille petite Me de notre voisine ? Tu peux bien t'imaginer qu'elle s'en rejouit beaucoup, Sa maman lui a achete un livre. une tablette d'ar- doise, une jolie cassette a plumes remplie de crayons et de plumes, quoiqu'a present elle ne saclie pas encore se servir dune plume : je crains aussi qu'elle fasse beaucoup de taches d"encre. Je lui ai recite un petit poeme que j"ai appris I'autre jour et que tu apprendras surement aussi bien Yolontiers. Avant d aller a Tecole I'enfant dit a sa maman : 8 SECONDES LECTURES Adieu, maman, adieu, J'ai prie le bon Dieu De veiller sur ma mere. Le bon Dieu voudra faire Qu'a mon prochain retour Je I'embrasse a mon tour. Quand I'enfant en revient: Bonjour, maman, bonjour, Me voici de retour. Ah ! quel plaisir que d'etre A I'ecole ou mon maitre Me donne des le9ons. Fait chanter des chansons. Je reviens triomphant ; En effet chaque enfant Ne sait jamais attendre L'heure ou sa mere tendre L'embrasse a son retour. Bonjour, maman, bonjour. II faut que je te dise aussi une jolie enigme que notre maitre nous a dite I'autre jour a notre le9on de calcul : Une femme mit un plat d'oeufs sur la table et donna la moitie des oeufs et un demi-oeuf a son aine, la moitie du reste et un demi-oeuf a son deuxieme, la moitie de ce qui restait encore et un demi-oeuf au troisieme et la maman garda un oeuf pour elle sans en avoir coupe un seul. Combien d'oeufs la femme avait-elle ? . Si tu ne devines pas, mon amie, va le dire a ton cousin Henri qui t'aideras surement, si non, je t'en- SEGONBES LECTURES. 9 verrai la solution dans ma prochaine lettre. Je t^as- sure qu'il nous a beaucoup amuses, j'aime bien a deviner quelque chose. Ne Taimes-tu pas aussi ? Ah ! que n'es-tu avec nous ! Mais helas ! je ne puis que t'embrasser de tout mon coeur en me nom- mant ta fidele amie Elise. 3.-C0UPLETS DE MARIE. "TTNE robe legere LJ D'une entiere blancheur, Un chapeau de bergere, De nos bois une fleur; Ah! telle est la parure Dont je suis enchante; Et toujours la nature Embellit la beaute. Crois-tu done que mon Emilie Puisse devenir plus jolie ; Que ces plumes et ces bijoux, Cette ceinture en broderie, Cette belle echarpe dAsie, Rendent jamais ses traits plus doux? Non, non, c'est une chimere. Une robe legere D'une entiere blancheur, Un chapeau de bergere, De nos bois une fleur; Ah! telle est la parure Dont je suis enchante ; Et toujours la nature Embellit la beaute. 1* 10 8EC0NDES LEGTURE8. 4.-LES FORFICULES. ELINA, se promenant avec sa mere dans le verger, cueillit une belle peche et la porta a sa bouche avec avidite ; mais aussitot elle la rejeta loin d'elle en poussant un cri aigu. " Qu'as-tu, mon enfant? dit la mere efifrayee ; comme tu es pale et tremblante ! — C^est que, maman, au moment de mordre dans cette peche, j'en ai vu sortir un perce-oreille. — En verite, je ne vois pas la de quoi motiver Teffroi dont je te vois saisie. — Mais vous ne savez done pas que le perce- oreille est un insecte fort dangereux et qu'il s'in- troduit dans la tete par Toreille ? Quand il attaque la cervelle, il pent rendre fou. — Qui done a pu te faire de semblables contes, ma pauvre Elina ? Sache done que le perce-oreille ne perce rien du tout. Son veritable nom est forficide, et il ne cherche point a s'introduire dans Toreille ; quand par hasard la chose arrive, il ne pent en re- sulter qu'une incommodite locale, Foreille n'ayant aucune communication avec la cervelle parfaitement 8EC0NDE8 LECTURES. 11 enfermee dans la boite osseuse de la t^te qu'on ap- pelle le crane. — Pourquoi done, alors, avoir donne a ce petit animal le nom si effrayant de perce-oreille ? — Sans doute a cause des pinces qu'il porte a I'ex- tremite de son corps, et qui lui ont valu le nom bien mieux approprie de forficule (petites pinces) ; mais ces pinces sont tout a fait impuissantes a percer quoi que ce soit. — Enfin, maman, vous conviendrez avec moi que c'est une affreuse b^te ? — Mais non, mon enfant, je n'en conviendrai pas du tout! C'est la peur que I'on t'a faite de ce petit animal qui t'inspire cette aversion que rien ne motive reellement. D'abord, cette affreuse bete est inoffen- sive : elle semble meme avoir Finstinct plus developpe que les autres insectes ; car, au lieu d'abandonner comme eux ses oeufs quand elle les a pondus, elle les couve en quelque sorte." En parlant ainsi, la mere d'Elina s'etait rapprocliee du ruisseau, et, enlevant un morceau d'ecorce d'un vieil arbre, elle montra a sa fille une grande quantite de forficules tapies entre le bois et I'ecorce. " Tiens, lui dit-elle, les vois-tu qui restent aupres de leurs oeufs ? En voici d'autres qui ne quittent pas leurs larves. Ces animaux me semblent plus com- plets que les autres insectes, puisqu'ils remplissent les devoirs de la maternite et ont la joie de connaitre les petits. 13 SEGONDES LECTURES. — Mais je ne distingue pas bien les larves des insectes parfaits. — Observe bien ! tu verras que leurs pinces sont droites au lieu d'etre courbees en arc comme celles de leurs meres ; puis elles n'ont ni ailes ni elytres. — Les meres n'en ont pas non plus, il me semble. — O'est que tu observes mal. II est vrai quelles sont bien petites, ces ailes, et ne leur servent pas a grand'ehose. Toutes ces larves changeront de peau pour devenir des insectes parfaits ; et, jusque-la, les meres veilleront sur elles bien qu'elles soient en 6tat de marcher et de manger seules, et elles chercheront a les preserver de tout danger. — Quelques naturalistes accusent les forficules de s'entre-manger quand elles sont privees de toute autre nourriture ; mais ce n'est pas bien prouve. Quant a moi, qui ai souvent observe ces petits animaux, je n'ai rien vu qui put me faire croire a cette monstru- osite. N'aie done plus aucune frayeur des forficules, je t'en prie." LOGOGRIPHE. SUE mes cinq pieds je vous effraie, Sur quatre pieds je vous effraie, Sur trois pieds je vous effraie, Sur deux pieds je vous defraie. SECONDES LECTURES. 13 5.-L'HIR0NDELLE. "AH! j'ai VII, j'ai vu !" -Ol_ Disait I'hirondelle ; "Ah! j'ai vu, j'ai vu!"— Oiseau, qu'as-tu vu? " J'ai vu les enfants Parcourir les champs; J'ai vu tout verdir, J'ai vu tout fleurir!" " Ah ! j^ai^ vu, j'ai vu !" Nous repetait-elle ; "Ah! j'ai vu, j'ai vu!"— Dis done qu'as tu vu? "J'ai vu les oiseaux Doubler leurs berceaux Du leger coton, Des ileurs en chaton." "Ah! j'ai vu, j'ai vu !" Dit-elle a I'aurore ; "Ah! j'ai vu, j'ai vu!"— Dis-nous qu'as tu vu? 14 SECONDES LECTURES. "J'ai vu I'air du soir Des mers recevoir Ces nuages frais." Oiseau, dis-tu vrai? "Ah! j'ai vu, j'ai vu!" Chante I'hirondelle ; " Ah ! j'ai vu, j'ai vu !"- Oiseau, qu'as tu vu? "J'ai vu les deserts, J'ai passe les mers ; J'ai tout vn dans I'air, Excepte I'hiver." " Moi, je n'ai rien vu," Dis-je a Thirondelle, " Moi, je n'ai rien vu ; Pauvre et depourvu, Je suis un enfant Encore ignorant ; Mais je veux un jour Savoir a mon tour." 6.-LETTRE. Ma chePvE Marguerite! Le 15 Octobre, 1870. DEYINE, devine, mon amie, ce que j'ai aujourd'hui a te raconter. Oh ! certes, tu ne sauras le de- viner : Papa a fait faire mon portrait. Autrefois il fallait rester assis bien longtemps pour se faire peindre, a ce que grand'-raaman nous raconte, (ce qui devait etre bien ennuyeux) mais maintenant on pent avoir son portrait en peu de temps. SECONDES LECTURES. 15 Je voudrais bien savoir comment le peintre s'y prend. Papa cependant a repondu a mes questions : " C'est ce que tu ne saurais comprendre" et je sais bien que mon papa a toujours raison et qu'il faut que je me contente de cette reponse. Eh bien, j^avais mis ma jolie robe neuve sans le faire savoir a maman, qui heureusement ne nous ren- contra pas en chemin, lorsque Papa me mena chez le photographe. Papa veut faire present de mon por- trait a maman le jour de sa fete qui sera le mois pro- chain. Moi j'ai I'intention de lui faire encore quelque petite broderie. Cette bonne maman ! il faut que je fasse tout mon possible pour lui faire plaisir; elle qui ne cesse de nous bien soigner et de nous amuse r. Oh ! ma chere Marguerite, il faut que je te raconte encore une jolie promenade que nous avons faite Tautre jour chez une amie de maman, qui possede une belle maison de campagne. Elle avait invite maman a j venir avec ses enfants. Et qui en etait plus joyeux que nous ? Nous par times de bon matin par une belle journee de printemps et a neuf heures a pen pres nous arrivames dans ce bel endroit. Une longue allee d'arbres fruitiers conduit a la maison qui est entouree dun beau jardin. II y a aussi un espace sable, au milieu duquel se trouve un jet d'eau rempli de petits poissons. Mes freres et soeurs nous nous mimes a rire et a battre des mains en voyant fretiller et nager ces petites betes 16 SECONDES LECTURES. alertes. Le verger de meme est peuple de petits oiseaux, qui babillent, qui gazouillent, qui chantent. Et le poulailler ! Oh ! quel plaisir que de voir les petits poulets et les pigeons becqueter le pain que nous emiettons. La grande poule avait pondu des ceufs dont on nous regala le soir. Je pensais alors a I'enigme de ma derniere lettre dont je veux ecrire la solution. La femme mit un plat de quinze oeufs sur la table. Elle en donna la moitie et un demi-oeuf, ee qui fait huit, a son aine, la moitie du reste et un demi-oeuf, c'est-a-dire quatre, a son deuxieme fils et la moitie de ce qui lui restait encore et un demi-oeuf, c'est-a-dire deux, a son troisieme enfant et la maman elle-meme n'en garda qu'un seul oeuf pour elle. Notre petite Jenny aussi t'envoie mille baisers et te fait dire qu'elle se rejouit autant que moi de ta visite que ta maman nous a annoncee pour cet ete. Et moi, ma chere Marguerite, je t'ai cueilli I'autre jour un bouquet de myosotis, que je joins a ma lettre. lis te disent : Ne m'oublie pas. Ton amie. M CHARADE. ON tout est mon premier^ Devenu mon dernier. 8EC0NDES LECTJIBES. 17 7.-LES POMMES DE TERRE. QUI est-ce qui aime les pommes de terre?...Oh! tout le monde repond a la fois ! Tout le monde aime les pommes de terre, et Ton a bien raison : car c'est un aliment sain, nourrissant, qui s'accommode de toutes les manieres, et se met a la portee de toutes les bourses. Yous eonnaissez, mes petits amis, la plante qui produit les pommes de terre ? Yous savez que cette plante, qui croit a la hauteur de quarante ou cin- quante centimetres, produit une petite fleur etoilee, lilas ou blanche, a laquelle succede un petit fruit vert, gros comme une bille, dans lequel la graine se trouve renfermee. Yoas savez que ce petit fruit ne se mange pas, et que l^, pomme de terre, cette chose qui se mange, et qu'on appelle un tuhercule, se forme dans la terre au pied de la plante, dans les filaments de la racine. Yous savez tout cela, parce que vous etes attentifs aux lepons qu'on vous donne. Mais il est beaucoup 18 SECONDES LECTURES. d'autres enfants, moins lieureux que vous, qui igno- rent ces simples choses. Ecoutez done la petite liis- toire que je vais vous raconter. II etait une fois un monsieur qui avait trois enfants. L'aine s'appelait Marcel, le second s'appelait Louis, et la petite fille s'appelait Denise. Un jour, ce monsieur acheta un champ, puis il dit a ses trois enfants : " Je vais ensemencer cette terre, et je vous en donne a chacun deux metres carr^s, pour que vous y semiez vous-memes ce que vous voudrez.'' Marcel qui aimait le rouge, sema des coquelicots ; Louis qui aimait le jaune, sema des boutons d'or, et Denise qui aimait le blanc, sema des marguerites. Mais le papa, qui avait sa petite famille a nourrir, sema dans son champ des pommes de terre. Quand Tete fut venu, coquelicots, boutons d'or et marguerites fleurirent a I'envi, si bien que les petits enfants etaient ravis de leur brillante culture. Les pommes de terre fleurirent aussi, mais leurs modestes fleurs, a demi cachees sous un feuillage sombre, semblaient bien pales a c6te de leurs voi-* sines, les fleurs des champs. Et les enfants se disaient : " Comment notre p^re qui est si sage a-t-il seme cette triste plante ! Com- bien le champ serait plus beau s'il etait tout entier rempli de coquelicots, de boutons d'or et de mar- guerites !" L'ete se passa, et toutes les fleurs se fanbrent, les SEG0NDE8 LECTURES. 19 pommes de terre du papa aussi bien que les jolies fleurs des enfants. Toutes les tiges fletries s'incli- nerent sur le sol, et les trois enfants n'eurent a re- colter que trois petits paquets d'herbe seche. Mais le papa amena des journaliers dans son champ. Avec des crocs en fer ils ouvrirent les sil- lons, et ils en arracherent des milliers de pommes de terre a la peau blonde, fine, et d'excellente qualite. On mit ces pommes de terre dans de grands sacs que Ton chargea sur une charrette, et il y en avait tant, qu'il etait facile de penser que la petite famille en aurait a manger pendant toute I'annee. Et les enfants, qui aimaient beaucoup les pommes de terre, n'eurent plus envie de blamer leur pere ; au contraire, ils se repentirent, et ils eurent le beau et bon courage de confesser leur faute. "" Pere, lui dirent-ils, pardonne-nous, car nous avons mal juge. Nous nous sommes crus plus sages que toi; nous avons trouve ta culture moins belle que la notre, et nous avons meprise ces pauvres tiges, au pied desquelles nous ne savions pas qu'il poussait des pommes de terre. — Chers amis, repondit le pere, je vous pardonne, et de bon coeur, mais a une condition ! . . . C'est que vous vous souviendrez toute votre vie de ce qui vient d'arriver, et, ajouta-t-il d'un air tres-serieux, que vous ne commettrez plus jamais ! entendez-vous, plus jamais ! la meme faute ! . . . — Oh ! nous ne la commettrons plus, repondirent 20 LECTURES SECONBES. les enfants surpris du ton avec lequel leur pere disait cela ; nous ne la coramettrons plus, car maintenant nous connaissons les pommes de terre. — Yous ne les eonnaissez pas toutes, enfants, reprit le pere. Le monde, voyez-vous, ressemble a un champ dans lequel poussent melangees des plantes de toutes sortes. II y a des personnes qui brillent comme les eclatantes fleurs que vous avez cultiv^es, et il y en a d'autres qui vivent et meurent, humbles et meconnues comme mes utiles pommes de terre. '* Et le monde juge comme vous avez juge. II fait grand cas des unes, il meprise ou ignore les autres ; oh ! ne I'imitez plus, mes enfants ; aimez la beaute puisqu'elle charme les yeux, mais honorez la vertu qui fait le bien en silence. — Eecherchez-la, imitez-la, car lorsque Theure de la moisson est venue, et cette heure, pour nous, c^est la derniere de notre vie, Dieu, qui est le grand mois- sonneur, Dieu arrive, et que trouve-t-il a recolter? A la place des brillantes fleurs, un petit paquet d'herbe seche ; et dans le sillon des humbles pommes de terre, un tresor de bonnes oeuvres !" 8 -LA PRIERE. ON ne s'arrete pas en disant sa priere ; Voyons ! ne reste pas cette fois en arriere ; Recommence avec moi le Pater , et dis bien ; Donne-nous ! — Donne-nous . . . — Le pain quotidien. SECONDES LECTURES. 31 Lepain... — Eh bien ! encor ! pourquoi done cette pause I Et pourquoi marmotter tout bas De ces mots que je'u'entends pas ? — Chere maman, voici la chose : Je priais le bon Dieu, car le pain, c'est bien sec, De nous donner toujours un peu de beurre avec." 9.-V0YAGE AU PAYS DE LA GRAMMAIRE. IL y avait une fois un petit gar90ii qui avait bien envie de faire plaisir a sa maman, et sa maman avait bien envie de lui faire apprendre sa grammaire. Aussi y travaillaient-ils ensemble de tout leur coeur ; mais e'etait bien difficile. Apprendre a parler, c'est deja long: on s'en tire pourtant, et cela se fait en riant. Quand on a dit : dada an poupon, en lui montrant un cheval, et qu'il a repete : dada, tout le monde est content. Sa maman le recompense d'un regard et d'un sourire pleins de tendresse ; son papa embrasse, avec un cri de joie, ses grosses joues qui rient ; et le poupon fait aller ses bras et ses jambes pour montrer qu'il est joyeux aussi. Avec messieurs les grammairiens, ce n'est plus cela. Ces pauvres messieurs-la ne rient jamais, et ils ont, helas ! bien autre chose a penser qu'a embrasser les petits enfants. Chez eux, il n'y a plus de dada : on se trouve en presence de cheval, substantif com- mun, singulier, masculin, faisant aux au pluriel, — et 22 SEOONDES LECTURES. qui se trompe en repetant cela, est un petit ane. II est clair que ce n'est plus aussi amusant. Par une belle matinee d'ete, la maman et le petit gar9on, qui s'etaient leves de bonne heure tout ex- pres, repassaient de leur mieux la page de grammaire qu'il fallait reciter a la le^on de ce jour-la. Le soleil, qui faisait briller dans Therbe toutes les gouttes de rosee comme autant de diaraants, etait entre dans la chambre par un coin de la fenetre, et semblait les in- viter a venir voir comme il faisait beau dehors. Les rouges-gorges, les mesanges et les fauvettes les appelaient, a plein gosier, de tons les arbres du jar- din ; et le grand acacia rose, qui s'elevait derriere la maison, venait frapper les carreaux de ses grappes de fleurs, agitees par la brise du matin. Si gentil qu'il fut, le clier enfant n'avait pas trop de tout son courage pour resister a cette invitation universelle. Ses petites jambes, qui remuaient malgre lui, ne demandaient qu'a Femporter dans le jardin, et ses yeux brillants n'avaient pu faire autrement que de quitter bien des fois le livre pour aller jouer avec le soleil dans les fleurs de Facacia. La maman elle-meme, qui n'etait pas encore une grand'maman, etouffait pour son compte un petit sou- pir, sans parler de I'effort qu'elle faisait sur elle-m^me pour garder le pauvre petit dans la chambre, quand tout I'appelait au grand air. Mais on ne pouvait penser a se permettre une faiblesse, car le maitre allait bientot arriver; et quand il avait mis ses lu- 8EC0NDES LECTURES. 33 nettes, et pris son air imposant, c'etait un monsieur qui ne badinait pas. "Je t'en prie, maman, dit tout a coup Fenfant, explique-moi done cette phrase-la. Tant que je ne saurai pas ce qu'elle veut dire, je ne viendrai jamais a bout de Fapprendre.'^ II en etait aux modifications du verbe et voici la phrase qu'il avait a loger dans sa memoire : Le nomhre est la forme que prend le verhe pour expri- mer son rapport avec V unite ou la pluralite. La maman prit le livre de ses belles mains blan- ches, et ses jolis yeux resterent fixes avec epouvante sur la maudite phrase. " Mon Dieu ! se disait-elle, je croyais tout a I'heure savoir ce que c'est que le nombre dans les verbes ; et maintenant il me semble que je ne le sais plus.'^ Et elle demeurait immobile, I'esprit plonge dans un abime sans fond, pendant que son petit garden con- tinuait a Finterroger du regard, avec cette confiance naive des enfants qui ne connaissent rien de difficile pour leur maman. Juste en ce moment la porte de la chambre s'ouvrit tout doucement, et un vieil ami de la maison entra sans se faire annoncer. C'etait un petit homme tout rond, avec une bonne grosse figure, encore fraiche sous ses cheveux blancs, et des yeux bleus et vifs, remplis a la fois de malice et de bonte. On racontait beaucoup de choses sur son compte. Souvent il disparaissait des mois entiers, sans qu'on 24 SECONDES LECTURES. sut ce qu'il etait devenu; puis il reparaissait, tout a coup, et Ton n'osait pas lui demander ou il etait alle. Mais on se disait tout bas qu'il etait un peu sorcier, et qu'il avait a ses ordres un char magique dans lequel il s'envolait vers des pays que personne n'avait jamais vus. Du reste le petit gar^ou Faimait beaucoup, parce qu'il n'y avait personne comme lui pour savoir amuser les enfants, et la maman lui faisait fete toutes les fois qu'elle le voyait, car il I'avait aidee bien souvent dans sa tache penible d'institutrice. Aussitot qu'elle I'aperput, elle lui tendit le livre sans rien dire, en lui indiquant du doigt la phrase qu'elfe avait tant de peine a comprendre. Le petit homme Teut a peine regardee qu'il fronga le sourcil. Un eclair de colere jaillit de ses yeux, qui devinrent subitement durs et violents a faire peur. " Quel est le malheureux qui a ecrit cela?" s'ecria- t-il en repoussant le livre de la main, comme quelque chose d'odieux. Alors il parut se consulter quelques instants. " Yenez avec moi, dit-il enfin, je veux vous con- duire au pays de la G-rammaire. C'est un pays ou les petits enfants peuvent quelquefois s'amuser comme ailleurs, quand on les fait entrer par le bon chemin." SEG0NDE8 LECTURES. 25 lO.-LE MAITRE ET L'ECOLIER. QU'IL fait sombre dans cette classe ! Eien qu'un mur gris, un tableau noir, Et puis toujours la meme place, Et toujours le meme devoir ! ToujourSj toujours ce meme livre, Et toujours ce meme cahier ! Peut-on appeler cela vivre ? Moi, je I'appelle s'ennujer ! Ainsi parlait, dans son ecole, Un petit ecolier mutin. Le maitre alors prit la parole, Et lui dit : — Quoi ! chaque matin, Toujours de cette meme chaire Repeter la meme legon, Enseigner la meme grammaire A ce meme petit gargon, Qui reste toujours, quoi qu'on fasse, Ignorant, distrait, paresseux ! Lequel devrait, dans cette classe, S'ennujer le plus de nous deux ? Tu le vois, I'eleve et le maitre Ont chacun son joug a charger, Mon enfant ; mais veux-tu connaitre Le vrai moyen de I'alleger ? Accepte-le du Seigneur meme. En le portant pour le servir ; Aime ton maitre com me il t'aime : C'est tout le secret d'obeir ! ll.-LE LOGEMENT. {Jeu.) CHAQUE jeune fille prend ime lettre de Falphabet et la-dessus on forme tous les mots necessaires au recit dun voyage. Quand cela est fait, la maitresse 26 SEC0NDE8 LECTURES. du jeii demande a celle qui a choisi I'A : Comment vous appeleZ'Vous ? II faut qu'elle r^ponde Annette, ou Aline, ou bien un nom d'homme comnien9ant par la lettre choisie, si c'est ainsi convenu, et ensuite un surnom a son choix qui commence par la meme lettre. On lui demande ensuite : D^ou venez-vous ? elle repond : d^ Amiens ou d'' Arras, etc. II faut repondre de la meme maniere pour dire I'en- seigne de Fauberge ou on a loge, le nom de I'hote, celui de Fhotesse, celui de la servante, le mets qu'on a mange ; on pent multiplier les questions pour rendre le jeu plus difi&cile, en demandant au voyageur le nom des arbres qui etaient dans le lieu d'ou il vient, les medicaments qu'on a donnes a un malade ; les armes dont on s'est servi dans une bataille, le vetement que Ton portait, etc. Les reponses doivent ^tre faites, autant que possible, dans le sens de la question, et il faut tacher d'y mettre un pen d'interet. E^IGME. nnOUT parait renverse chez moi; -L Le laquais precede le maitre; Le manant passe avant le roi; Le simple clerc avant le pretre; Le printemps vient apres I'ete; Noel avant la Trinite : C'en est assez pour me connaitre. SECONDES LECTURES. 27 12.-LES PRODIGES. " IV/fON Dieu ! papa, combien je regrette le temps -Lt-L ou il y avait des fees, disait Just Limay. — Comment, lui dit son pere, peux-tu regretter les f^es, qui d'ailleurs n'ont jamais existe que dans les contes dont on berce les enfants ? — C'est qu'elles faisaient mille prodiges qui char- maient ou bien qui epouvantaient, tandis qu'a present tout se passe naturellement, tout s'explique, et Ion n'est plus etonne de rien. — Je ne le vois pas ainsi, moi. Chaque jour il se passe autour de nous des prodiges qu'on ne saurait expliquer, et qui surpassent bien certainement ceux que Ton attribuait aux fees et aux genies. — Mais, je n'en ai jamais vu aucun, moi ! — Tu crois ! Sais-tu comment se produit le son ? — Oui, papa ; par la voix des hommes et des ani- maux, et par le choc des corps. — Mais comment se propage-t-il au loin ?" Just ne put repondre. "Eh bien! le choc, le cri, la parole produisent 28 8EC0NDE8 LECTURES. dans Fair des ondulations analogues a celles que tu vols a la surface de Teau ou je viens de lancer une pierre. Tu les vols s'affaiblir a mesure qu'elles s'eloi- gnent du point ou la pierre est tombee. II en est de meme pour celles de Fair, ce qui ex- plique pourquoi le son est plus ou moins fort en rai- son de la distance. — Je comprends cela, papa, et je n'y vols pas de prodige. — Le prodige, le voici : ''Quand des sons divers se produisent dans un meme lieu, toutes leurs ondulations, de rapidite diffe- rente, se traversent sans se confondre. Par exemple, en ce moment, tu entends distinctement les moutons qui belent, le chien qui aboie et le berger qui le rap- pelle, tandis que les fauvettes chantent au-dessus de nos tetes, et que I'eau clapote a nos pieds ; et voici le diner qui sonne. Tout cela ne te semble-t-il done pas surprenant ? — Si vraiment, papa !" En parlant ainsi, ils s'etaient rapproch^s de la maison. " Sens-tu tons ces parfums divers; demanda M. Limay en traversant le parterre, et distingues-tu de quelles fleurs ils proviennent ? — Oh ! oui ; je distingue parfaitement Todeur de la rose, et Toeillet, du jasmin, de I'heliotrope et du reseda. 8EG0NDE8 LECTURES. 29 — Et n'est-ce done pas un prodige, que ees emana- tions si sub tiles qu'on ne sait si Ton doit leur donner un corps, affectent ensemble ton odorat sans se me- ^ langer, et que, dans respacequ'ellestrayersent, il n'y ait jamais confusion entre elles ? — Pourtant, petit pere, cela ne me semble pas aussi surprenant que les metamorphoses d'hommes en animanx des Milh et une Nuits. — Je me charge de te faire assister a une meta- morphose, moi!" Le jeune frere de Just accourut au-devant de son pere, en lui criant du plus loin qu'il le vit : " Yoyez, papa, la belle chenille que le jardinier m'a donnee sur cette feuille. — Oede-la a ton frere, mon enfant; il Tenfermera dans une boite, et lui donnera sa pature chaque jour." En rentrant au salon, Just trouva sa soeur en con- templation devant un beau geranium. — Que regardes-tu done avec tant d'attention ? lui dit-il. — Je regarde les feuilles vertes de cet arbuste ; 30 8EG0NDES LECTURES. j'examme les trois petales inferieurs de sa corolle qui sont d'un blanc pur, tandis que les deux du haut soiit marques d'une tache d'un beau pourpre veloute strie d'une nuance plus fonc^e encore. Alors je me demande comment la terre qui rem- plit ce pot et I'eau dont je I'arrose peuvent produire, sur la m^me plante, des couleurs si diverses, sans qu'il y ait jamais la moindre confusion, et sans qu'elles depassent jamais les limites qui leur sont assignees ? — Eeponds a cela, Just, dit le pere ; resous-nous cette difiiculte, toi qui pretends que Ton pent tout expliquer maintenant ? — Je crois, papa, que j'ai parl^ un pen legere- ment — Oui, comme un gar^on sous les yeux de qui s'accomplissent chaque jour mille phenomenes aux- quels il ne fait pas attention. — Tout cela est inexplicable et merveilleux, j'en conviens ; ce sont de veritables prodiges." Quelques jours apres, Just, en apportant une feuille de pomme de terre a la chenille, la trouva dans une grande agitation. ' ' Qu'a done ce pauvre insecte ? demanda-t-il a son pere ; il n'a pas mange depuis hier. — C'est un indice qu'il ne faut plus lui donner de nourriture. Tu viendras le voir apres-demain." Mais ce jour-la m^me le parrain de Just Femmena passer quelque temps chez lui. 8EC0NDE8 LECTURES. 31 A son retour, le petit garpon courut ouvrir la boite ou il avait laisse la chenille; mais, ne Vj trouvant plus, il s'ecria : "Papa, qu^est devenue la chenille? Je ne vols plus qu'une espece de feve informe. Serait-elle done morte ? — Non, mon enfant ; cette espece de feve qui se nomme chrysalide, n'est autre que ta belle chenille aux couleurs veloutees. — Croyez-vous done qu'elle vive encore ? — Bien certainement, elle vit ! — Comment ! sans manger ? — Sans manger. — Cher papa, ii faut que vous me le disiez pour que je puisse le croire. — Patience, mon ami, tu en acquerras bientOt la preuve toi-meme.'' Pendant plus d'un mois Tenfant visita chaque jour I'insecte et le trouva dans le m^me etat. "Mais enfin, disait-il a son pere, que fait-elle ainsi ramassee sur elle-m^me, dans cette vilaine enveloppe sans forme et sans couleur ? — Elle attend sa delivrance. — Eprouve-t-elle quelque sensation ? — II est probable que cet etat pendant lequel le pauvre animal, prive de la lumiere, n'a ni mouvement ni Yolonte, est plein d'une sourde angoisse; car les chenilles en liberte cherchent toujours un abri sur pour passer le temps necessaire a leur metamorphose." 32 SE00NDE8 LECTURES. Enfin, un beau matin Just, en ouvrant la boite, y trouva un grand papillon de couleur sombre, ay ant sur son corselet noir une grande tache jaune qui offrait I'image d'une t^te de mort. " Oh ! papa, quelle charmante surprise vous m'avez faite ! Mais ou done est la chrysalide ? — Cherche bien ! — Je ne trouve plus que son enveloppe. — Cette enveloppe renfermait precisement le beau papillon que tu vols. — Quoi ! ce papillon provient de la chenille qui n'avait ni ailes, ni trompe, ni antennes ? — Oui, mon enfant. Cette metamorphose ne vaut- elle pas bien toutes celles qu'on attribue aux fees? Et remarque bien que les chenilles ne sont pas les seuls insectes qui se transforment ainsi. — Tons ont deux existences bien distinctes, sans aucun rapport entre elles, Finsecte parfait n'ayant ni les memes besoins, ni les memes goUts, ni les m^mes instincts que la larve dont il provient. — Mais, petit pere, ou ce papillon a-t-il pris ses ailes, etroitement enferm6 comme il I'etait dans cette espece d'etui? et, qui les a couvertes de cette pous- siere coloree ? — Yoila precisement ou est le prodige. Les plus savantes recherches aboutissent toujours a un im- penetrable mystere : ce mystere est le secret de Dieu qui nous permet de le constater, mais non de le com- 8EG0NDE8 LECTURES. 33 prendre, afin de nous donner une id6e de sa grandeur. Adorons-le, mon fils, et soyons humbles devant lui/^ 13.~L'ARAIGME ET LE VER A SOIE. L'AKAIGNEE en ces mots raillait le ver a sole : *' Fi done ! que de ienteur dans tout ce que tu fais ! ^ Yois combien pen de temps j'emploie A tapisser un mur d'innombrables filets." — " Soit," repondit le ver, " mais ta toile est fragile ; Et puis, a quoi sert-elle ? A rien. Pour moi, mon travail est utile ; Si je fais peu, je le fais bien." 14. -LA CHEKILLE. TTN jour, causant entre eux, differents animaux LJ Louaient beaucoup le Ver a soie, " Quel talent, disaient-ils, cet insecte deploie 2* 34 SEG0NDE8 LECTURES. En composant ses fils si doux, si fins, si beaux, Qui de rhomme font la richesse." Tons vantaient son travail, exaltaient son adresse. Une Chenille seule y trouvait des defauts, Aux animaux surpris en faisait la critique ; Disait des mais et puis des si. Un Eenard s'ecria : " Messieurs, cela s'expliquo ; C'est que Madame file aussi." 15.-CE QU'IL Y A DANS UNE POCHE. PN de mes petits garpons, venu de sa pension la semaine derniere pour passer la journee du dimanche avec ses soeurs, vida devant elles ses poches, gouffres qui paraissaient inepuisables. D'abord appa- rurent une toupie, un soldat de plomb, une pelote de ficelle; puis un bouton de metal poli, luisant, dont chacun demanda aussi tCt I'usage. En guise de reponse, maitre Emile frotta vivement le bouton sur la table et Fappliqua sur la main de Tune des curieuses qui poussa un leger cri en se sen- 8KG0NDES LECTURES. 35 tant brulee. Sans y songer, le petit liomme venait de demontrer une verite physique dont les anciens avaient fait un axiome — le frottement produit de la chaleur. Les enfants, moins accoutumes que les hommes aux phenomenes qui se passent sous leurs yeux, sont des curieux de premiere force, et les pourquoi se pressent sur leurs levres. La jeune soeur brulee tata naturelle- ment la table pour s'assurer qu'elle n'etait pas cliaude, puis le bouton deja refroidi. "Bst-ce que c'est en le frottant que tu I'avais cliauff6 ? demanda-t-elle. — Pardine !" Ce qui voulait dire : " Est-ce que cela se demande ?" Trouvant la reponse peu concluante, la petite fille reprit : " D'ou vient done la chaleur ? — Du feu, pardine." Ce nouveau "pardine" accompagn^ d'un leger mouvement de t^te, donna clairement a entendre a la questionneuse qu'elle n'etait qu'une sotte. " Alors, dit-elle sans s'emouvoir, ou est le feu avec lequel tu as chauffe le bouton ?" Maitre Emile, embarrasse, suspendit son inventaire pour interroger son frere aine. "La chaleur ou le calorique, repondit celui-ci, est I'agent invisible par lequel nous eprouvons la sensa- tion du chaud. — Et puis apres ? 3G 8EC0NDES LECTUBES. — Apres ? C'est tout. — On ne salt done pas ce que e^est que la chaieur? — Non : on connait les moyens de la produire, on connait ses efifets ; mais on ignore au juste ce qu'elle est, bien qu'elle joue un si grand r61e dans la nature. C'est un des secrets de Dieu que les homines n'ont pas encore penetre. — C'est dr61e, dit maitre Emile qui demeura un instant pensif. — Je n'aime pas tant de secrets que je ne sais pas," murmura tout bas la petite fiUe. Mon fills continua son inventaire. Une balle, des billes, un manche de canif, un sifflet, un bout de gomme 61astique, un clou de cuivre firent successivement leur apparition. Les petites sceurs auraient bien voulu poss^der quelques-unes de ces belles choses ; mais leur propri^taire souffrait a peine qu'on y touchat. " Tu n'as pas besoin de ce clou, lui disait-on. — Si, repondait-il, 9a me sert." Assis au coin du feu, je suivais cette sc^ne, et, a mon tour, j'etais tente de demander a quoi le manche de canif pouvait lui ^tre bon, lorsqu'il tira du fond de son inepuisable poche un morceau de verre trian- gulaire, comme le sont certaines limes. " Je yais yous montrer I'arc-en-ciel," dit-il d'un air triomphant. Pla^ant alors son morceau de verre en face d'un rayon de soleil qui filtrait par une fen^tre, un petit SECONDES LECTURES. 37 ovale multicolore vint se dessiner aussitCt sur la muraille. On poussa des cris d'admiration, puis on appela le grand fr^re. *' Ce morceau de verre est un prisme, dit celui-ci, nom grec, qu'il doit a la fapon dont il est tailM, et la bande de lumiere coloree que vous admirez sur la mu- raille est ce que les savants nomment un sjpectre solaire. La lumiere, qui est grande voyageuse, comme vous le savez, puisqu'elle parcourt environ 310,000 kilo- metres par seconde, chemine ordinairement en ligne droite; mais, si elle change de milieu ou rencontre un corps poll qu'elle ne puisse penetrer, elle devie et prend une autre route. On appelle ce phenomene refraction, et je vous Tai vu produire I'autre jour, lorsque Tun de vous, pre- sentant un fragment de miroir au soleil, faisait courir sur le sol un faisceau de lumiere refractee que les autres cherchaient en vain a saisir. — Bravo, m'6criai-je, satisfait de la lepon du jeune d^monstrateur ; mais il est une autre serie de pheno- mfenes que tu peux expliquer par la meme cause. Ce sont ceux par lesquels les objets places sous Teau 38 8EC0NDES LECTURES. nous semblent plus pres de nous qu'ils ne le sont en r^alit^. II nous est arrive a tons, en voulant saisir une pierre au fond d'un bassin, de nous apercevoir un pen tard que notre bras n'etait pas assez long, trompes que nous etions et sur la profondeur du bassin et sur la place oecupee par la pierre que nous voulions re- p^cher. Dans ces occasions, notre bras, plonge dans I'eau, nous paraissait raccourci et comme coup6 en deux parties. Toutes ces illusions, nous les devons a la refrac- tion. Le corps qui fait changer la direction d'un rayon est dit refringent; le rayon d6vie est refracU; a I'etat normal c'est un rayon incident. Mais je te rends la parole, mon clier Lucien, car je suppose que tu n'as pas tout dit sur le prisme, et ton auditoire me parait dispose a t'ecouter. — Le prisme, reprit mon fils aine, reproduit, ainsi que le disait Emile sans croire peut-etre si bien dire, les effets de I'arc-en-ciel. La lumiere, qui nous parait blanche, est en realite composee de sept couleurs qui se presentent toujours dans le meme ordre lorsqu'on la decompose : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge. Ces couleurs, comme vous pouvez le remar- quer, se fondent et s'unissent par une serie de nuances intermediaires d'une gradation parfaite. O'est au grand Newton qu'on doit I'explication du spectre so- laire. Mais les theories ne sont pas de notre domaine et je vous rends votre liberty." 8EG0NBE8 LECTURES. 39 Mes jeunes auditeurs se retirerent pensifs, assez surpris, autant que j'en pus juger, de ce qu'ils venaient d'apprendre. Mais bientot maitre Emile reprit son inventaire, et je vis sortir de sa poche un pantin de bois, une boucle de jarretiere, un coquillage, une medaille, du jus de reglisse, une canonniere, des tim- bres-poste, un porte-monnaie, le programme de la marche du boeuf gras, yieux de plus d'un mois. A Tapparition de chaque objet, une petite main s'al- longeait pour le saisir. ''Ne touchez pas, s'^eriait Emile, 9a me sert." 16.~LE SINGE ET LA NOIL T E singe autrefois, -■-^ Trouvant une noix Encor recouverte De I'ecorce verte 40 SEG0NDE8 LECTURES. Et Ten depouillant Tres-patiemment, Dit : " Quelle est amere I Mais consolons-nous, Le fruit qu'elle enserre En sera plus doux." Jeunesse volage, Meditez ceci : L'etude a votre age, Est amere aussi ; Mais prenez courage, Et dans peu de temps Vous direz, je gage : " Ses fruits sont charmants !' 17. -VOYAGE AU PAYS DE LA GRAMMAIRE. {Suite.) lyrOS trois voyageurs e talent a peine arrives au -Ll pays de la grammaire qu'une jolie petite b^te vint se frotter contre eux, en relevant la tete, et faisant des graces avec sa queue. C'etait un chat, le plus beau que le petit gar9on eut encore vu. " Tiens ! s'ecria-t-il, est-ce qu'il y a des chats dans le pays de la grammaire ?" Et sans en demander plus long, il commen9a a le caresser. "Fais bien attention, tu viens de mettre la main sur la premiere ligne de la grammaire.'^ II toucha le gentil minet qui ouvrit sa petite gueule SEC0NDE8 LECTURES. 41 rose, et il en sortit trois petites figures qui se mirent a danser devant le garpon. Le chat avait fait m lAO. " Tu dois bien les connaitre, ces trois lettres-la, continua le maitre. O'est par les sons qu^elles repre- sentent que tu as commence tes exercices de langage. '' Quand ta nourrice t'a re^u dans ses bras, tu lui cliantais // // // plus qu'elle n'en voulait, et si tu as oublie cela, remarque bien de quelle musique tu regales ta maman, quand tu fais I'enfant, // // // '* Quand il s'est agi de parler, c'est VA qui est sorti d'abord de tes levres : dada, papa, mama, car maman n'est venu qu'ensuite: ce n'est pas un mot de poupon. ''Puis rO a fait son apparition: lobo, dodo, coco, lolo : ces mots-la ne sont pas encore si loin de toi que tu les aies deja perdus de vue. '' Et ne va pas te figurer que ce soit la une chose particuliere aux enfants de ta connaissance. Dans tons les temps et tons les pays, on a commence comme toi. Si plus tard tu as du gout pour apprendre beau- coup de langues, tu yerras que Va est partout la pre- miere lettre de I'alpliabet, comme ayant ete partout le premier-ne de la bouche humaine, quand elle s'est mise a parler. " Et maintenant, regarde un peu comment maitre Minet va sV prendre pour prononcer ces trois sons si importants pour nous. O'est une petite personne posee, qui fait tranquillement les clioses, et ne bre- douille pas ses lettres." 43 8EG0NDE8 LECTURES. II toucha de nouveau Minet qui se fit entendre une seeonde fois. ' ' As-tu remarque que VI s'est fait entendre au moment ou les levres s'ouvraient a peine, VA au moment ou la gueule etait toute grande ouverte, et VO au moment ou elle a commence a se refermer? Tu ne fais pas autrement, et si tu veux t'en assurer, essaye, pour voir, d'imiter le cri du chat. Au sur- plus, rappelle-toi ce qui arrive a ceux qui baillent. Le bruit part quand les machoires son,t bien ecar- tees. On aurait beau faire alors, il faut dire A, et quand elles finissent par se rapprocher, bon gre, mal gre, on dit 0. — lAO / AAAO I C'est pourtant vrai. II y a de quoi s'amuser avec les lettres, si toutes les autres sont comme celles-la." L'enfant avait a peine fini de parler qu'un gros mouton parut a sa droite, et un joli petit veau vint en gambadant a sa gauche. Le mouton fit h EEE, le veau m UTJTJ, et deux nouvelles figures se mirent a danser a c6te des trois premieres. ' ' Yoila nos cinq voy elles reunies, dit le maitre ; mais avant d'aller plus loin, il faut examiner par quel chemin celles-ci ont passe. " Tu as vu comme le mouton relevait le nez pour dire son I EEE. Ce son-la se forme dans le haut de la bouche, la langue se repliant legerement en avant centre les dents pour forcer Tair de fr61er la voute du palais. SEC0NDE8 LECTURES. 43 "• Lance fortement un E un peu prolonge, tu sen- tiras un fremissement qui part des gencives, au- dessus de la langue, pour aller se perdre dans le fond du palais. '' Et VU/ as-tu remarque comme le veau allongeait son muffle, et tenait ses levres rapprochees pour le dire ? C'est un son qui se forme entre les levres, et si tu fais Men attention en le produisant, tu verras tout de suite que, cette fois-la, ce sont les levres qui fre- missent. — Et Vy grec, dit Tenfant, est-ce qu^il ne va pas venir aussi ? — Oh 1 Vy grec, c'est une lettre pour rire. Je ne sais pas trop ce qu'elle fait dans I'alphabet. Elle se prononce absolument comme 1'/. Quelquefois elle en vaut deux, voila tout. Nous n'avons pas besoin de la demander a personne : le chat nous Ta deja donnee. Je vais faire venir les consonnes. — Mais quelle est done la difference entre les voy- elles et les consonnes ? 44 8EG0NDE8 LECTURES. — Vois-tu cette figure a laquelle nous n'avons pas pris garde, et qui est tombee a terre quand le chat a dit m lAO ? C'est la consonne M, Une fois de- tachee de 1'/, avec lequel elle etait sortie, elle est restee la sans bouger, tandis que la voyelle allait et venait librement. La meme chose a eu lieu pour le B du mouton. " La voyelle sonne d'elle-m^me. O'est une voix qui pent arriver toute seule a notre oreille, et de la vient son nom. La consonne ne pent sonner qu'accompagnee d'une voyelle, et de la aussi vient son nom, un nom latin qui signifie : sonner avec. " Tu etais Tautre jour a un bal d'enfants. Te sou- viens-tu comment les choses se passaient ? Les petits messieurs se promenaient de long en large au milieu de la salle ; les petites demoiselles demeuraient assises tout autour, attendant leur bon plaisir pour danser, et, la danse finie, elles retournaient a leur chaise. Ainsi font les consonnes dans la bouche. Elles attendent sur les levres, entre les dents, le long du palais, au fond du gosier, qu'une voyelle vienne a passer qui veuille Men les emmener avec elle ; et une fois qu'elles ont frappe I'oreille de compagnie avec la voyelle, celle-ci pent bien encore con tinner a sonner, mais c'est fini pour les consonnes : on ne les entend plus. " Je vais te faire juge de la chose avec les yeux.'^ Sur un geste, les cinq voyelles s'approcherent en 8E00NDE8 LECTURES. 45 sautillant Tune apres I'autre de VM, puis du B, qui se redressaient brusquement des qu'une voyelle les touchait, pour retomber a terre aussitCt que I'autre comraenpait a s'ecarter. L'enfant entendit alors distinctement Ma, Me, Mi, Mo, Mu; puis Ba, Be, Bi, Bo, Bu. ' ' Je comprends maintenant, s'ecria-t-il. Les con- sonnes sont la voiture, et les voyelles sont les che- vaux. On pent aller a cheval sans voiture, mais on ne pent pas aller en voiture sans chevaux." Et pour s'amuser il essaj^ait, en serrant les levres, de dire MMM, ou BBB^ sans rien aj outer. Naturelle- ment il ne sortait aucun son de sa bouche. "Yoila qui est bien clair pour moi, continua-t-il. Nous avons d6ja M Qi B : voyons les autres con- sonnes/' II 6tait si joyeux de ce qu'il avait appris que, pour exprimer sa joie, il tira, en petit etourdi qu'il etait, la queue du pauvre Minet qui se tenait bien tranquille a cOte de lui, se croyant parfaitement en surete. II parait que le jeu deplut a Minet, car il s'aplatit tout a coup, comme s'il eut voulu s'elancer. II rabat- tit sa queue, herissa son poil, rejeta ses oreilles en arriere, et serrant la levre d'en bas de ses dents pointues, il cracha au nez du petit gargon un Fu/ Fuf menapant, qui le fit reculer involontairement ! " Tu voulais des consonnes, dit le maitre en riant, en voici une troisieme ! tiens-toi bien ; les autres vont 46 8EC0NDES LECTURES. Aussitot un serpent se glissa sous leurs pieds. II souleva sa t^te effilee, et un autre petit serpent en sortit en sifflant. C'etait V8: le petit gar^on n'eut pas de peine a la reconnaitre. II etait a peine remis de son effroi qu'un enorme lion parut a ses cotes. II ouvrit son affreuse gueule, et VR de son rugissement roula a terre en grondant comme un tonnerre. L'apparition qui suivit ^tait plus pacifique. C'etait tout simplement un ane. II huma Fair en allongeant 8EG0NDE8 LEGTUBES. 47 humblement ses naseaux qui fr^mirent un instant sans rien faire entendre, comme si le son eut hesit^ a partir. Mais I'h^sitation fut de courte duree, et le brave baudet lan9a hardiment sa chanson bien con- nue : Hi ! Han ! Puis un canard par6 des plus belles couleurs s'a- van^a doucement, en se balan^ant d'une patte sur I'autre, et les salua le plus cavalierement du monde d'une kyrielle de Can, Can, Can, qui couraient a la file le long de son large bee. Puis yint une petite caille, picotant et pi^tinant, dont le cri bref et saccad6 dansait sur trois notes toujours les memes : Pe, Te, Be! Pe, Te, Be! Enfin toute une nuee d'oiseaux accourut des quatre coins de I'horizon, chacun gazouillant a qui mieux mieux, et une telle pluie de consonnes se mit a tomber des airs que le petit gar9on n'eut qu'a se baisser pour ramasser a ses pieds celles qui lui manquaient encore. 11 se disposait a les ranger, avec les voyelles, dans 48 ' SECONDES LECTURES. I'ordre alphabetique a lui connu, quand le maitre lui retint la main. *' Attends, dit-il, pendant que nous tenons les con- sonnes a part, je veux te montrer une maniere de les mettre en ordre." II ramassa le B^ le P, VF, le V et VM, qu'il rangea sur une ligne. " En voila cinq qui sont de la m^rae famille. Elles se forment entre les levres, et c'est pour cela que les grammairiens les ont appelees consonnes labiales, ce qui vent dire, par imitation d'un mot latin,^ con- sonnes des levres. Prononce-les a la suite, et tu verras que ce seront toujours les levres qui fonc- tionneront." Derriere la ligne des labiales, il plapa un petit groupe de deux lettres, le D et le T. " Oelles-ci sont les lettres des dents : on les ap- pelles dentales. Prononce dada, tata, ne dirait-on pas un petit claquement du bout de la langue contre les dents ? *' Les Fran9ais, qui se servent surtout du bout de la langue et des levres pour parler, ont beau jeu avec les labiales et les dentales ; mais elles font le desespoir des Allemands quand ils veulent imiter le langage de leurs voisins. lis ont I'habitude de tirer leurs sons du gosier, et confondent a chaque instant pour nous le B et le P, le D et le T, parce que nous produisons ' Lalium veut dire Utyre. en latin. 8EC0NDES LECTURES. 49 la des nuances de sons tres-voisines que leur bouche n'est pas habituee a produire. Si jamais tu entends dire a un AUemand : foila un pon houlet, il faudra bien prendre garde de ne pas te moquer de lui, comme font en pareil cas les petits enfants mal eleves. Chaque peuple a sa facon de parler, et tu te trou- verais bien embarrasse a ton tour, si tu voulais pro- noncer les gutturales comme un Allemand, et les sifflantes comme un Anglais qui roidit ses levres, et qui les ecarte en parlant. " Yoici les gutturales : C, R, G, K, Q. '' Et voici les sifflantes : S, Z, X, J. " Les premieres se forment dans le gosier, qui se dit guttur en latin, et les autres en roidissant tout dans la bouche pour produire une sorte de siffle- ment. "Ilya en Allemagne une maniere de prononcer VH que tu aurais bien de la peine a attraper ; et les Anglais ont invente une espece de sifflement pour un son qu'ils representent par TH, que je te defie bien d'imiter du premier coup. " Que nous reste-t-il a present? '' Trois consonnes : R, L, N. " Ces consonnes-la prennent naissance dans Tetroit couloir qui s'etablit entre la voute du palais et la langue quand Fextremite de celle-ci vient se placer au-dessus des gencives. Ce sont les consonnes du palais, les palatales. 3 50 SEGONDES LECTURES. ** Oorapte maintenant : " 5 labiales, B, P, F, F, if. " 2 dentales, I), T, '' 5 gutturales, C, H, G, E, Q. " 4 sifflantes, S, X, Z, J, ** 3 palatales, B, L, N, ** Cela nous fait 19 consonnes, et, avec les 5 voy- elles, 24 lettres dont devrait se composer, en tout, notre alphabet ; mais puisqu'on a pris I'habitude d'en compter 25, ajoutes-y Vy grec, cette voyelle dont je n'avais pas voulu d'abord. Aussi bien, n'est-ce pas le seul defaut de ce cher alphabet. " Pour parler seulement de ce qui saute aux yeux, nous avons la deux consonnes, le X et le G qui font double emploi, comme on dit, puisqu'elles sont deux pour representer en certains cas^ le meme son, et une autre, \H^ qui ne sert a rien la plupart du temps, puisqu'on prononce le mot comme si elle n'y etait pas. Dis : Tiomme et omelette, quelle difference peut-on faire entre le mot qui a une H et celui qui n'en a pas ? — Et quand on fait sentir VH en pronon9ant le mot, on I'appelle H aspiree, n'est-ce pas ? Oh ! je sais deja cela. Je connais aussi VE muet dont vous ne parlez pas. ^ Le ^ et le c se prononcent de la m§ine maniere devant Va, Yo et IV, ^ moins que le c ne soit marque en bas d'un petit trait qu'ou appelle cedille (p). II se rapproche alors de Vs : legon. SECONDES LECTURES. 51 — Tu m'y fais penser. J'allais oublier un detail important, a propos des lettres.'^ Disant cela, le maitre tira de son gousset un tout petit chapeau a deux cornes, qui se terminait en pointe, comme les chapeaux de papier que se font les petits gar^ons pour jouer au soldat, et dont il coiffa les cinq voyelles Tune apres I'autre. AussitOt qu'une voyelle avait le chapeau, a e 1 u, elle s'aliongeait et grossissait du double, et le son qu'elle faisait entendre s'enflait et se prolongeait a proportion. '* Eeconnaissez-vous cela, monsieur le savant? O'est ce qu'on appelle dans votre grammaire Vaccent circonflexe, et c'est la ce qui fait les voyelles longues. Tu vois qu'elles reviennent a leur taille naturelle des qu'elles n'ont plus le chapeau. On les appelle alors : voyelles hreves, parce qu'elles sont plus courtes " Mais ce n'est pas tout. Arrivez ici, mon petit U, et tenez votre tete bien droite.'' L'-^ s'approcha tout gentiment, et le magicien ayant separe le chapeau par le milieu, planta de cote la corne de droite sur la tete de la petite voyelle qui grossit tout a coup, mais sans s'allonger. " Yoici r^sous I'influence de Vaccent grave. II est encore href, mais il rend un son plus fort. Dis un mot que tu connais bien : pere. Tu t'apercevras tout de suite du changement. 53 SEGONDES LECTURES. '' Quant a V accent aigu, le void." II fit tomber d un revers de main la corne de droite, et planta en m^me temps la corne de gauche de I'autre cOte. JjE revint a sa premiere dimension. " Eh mais ! s'ecria le petit gar9on, il n'y a rien de change avec cet accent la. C'est VU que nous con- naissons deja. — Je le sais bien, nous sommes en faute, et un maitre de grammaire qui se serait pique de regularity t'aurait fait dire e au lieu de e. Mais c'est une habi- tude dont on ne triomphera pas facilement, pas plus qu'on n'arrivera a remplacer le vieil A B6 Ci B^ par A Be Ce Be. " C/est dans^e Ce Be que se trouve Ve muet des grammairiens, et la, on pent dire qu'il ne merite pas son nom, car il n'est pas muet, puisqu'il se fait en- tendre. II n'est reellement muet qu'a la fin de cer- tains mots, ou il n'ajoute rien au son de la lettre qui le -precede, dans pere, par exemple, qui se prononce absolument comme fer. Dans les autres cas, il ressemble a ces gens mecon- tents qui n'osent pas crier, et qu'on croit muets parce qu'ils murmurent tout bas. L'e muet est alors un murmure. On ne I'entend pas bien, ce murmure ; mais il existe. "Avec I'accent aigu, VE s'appelle i fermi, parce qu'il se prononce la bouche fermee : honU. "Avec I'accent grave, VB s'appelle c oumrt, parce qu'il se prononce la bouche ouverte : mlreP SEC0NDE8 LECTURES. 53 Le petit garpon commenpait a se fatiguer. " Je Youdrais bien ranger mon alphabet, fit-il avec une petite moue. Apres cela, nous pourrons voir autre chose." Et personne n'y faisant opposition, il rangea les lettres dans Fordre que nous avons adopte, sans qu'on puisse trop en dire la raison. A, B, G, D, E, F, a, H, /, J, K, Z, M, N, 0, p, Q, B, s, T, u, F, X, r; z. "' C'est parfait, dit le magicien ; tu ne t^es pas tromp6 d'une seule, et je crois que nous pouvons maintenant nous en aller d'ici." II avait d6ja pris son eleve par la main, et il com- raen^ait a s'eloigner quand Fenfant s'^tant retourne pour Jeter un dernier coup d'ceil a ses 25 lettres qui se tenaient rangees en ligne de bataille, comme des soldats a la parade, fut pris d'une idee subite. " Nous oublions une chose, dit-il. Pourquoi ap- pelle-t-on cela I'alphabet ? — Nous disons aussi \a M ce de, repondit le maitre. Eh bien, les Grecs disaient seulement Va he. Mais chez eux VA se nommait alpha, et le B beta. En di- sant alphabet, tu paries grec sans le savoir. imam. CINQ voyelles, une consonne, En fran^ais, composent mon nom; Et je porte sur ma personne De quoi I'ecrire sans crayon. 54 8EG0NDE8 LECTURES. 18 -LE ROSSIGNOL ET LA GRENOUILLE. "TTN rossignol contait sa peine vJ Aux tendres habitants des bois. La grenouille, envieuse et vaine, Voulut contrefaire sa voix. " Mes soeurs," ecoutez-moi, " dit-elle, C'est moi qui suis le rossignol. Vous allez voir comme j'excelle Dans le becarre et le bemol." Aussitot la bete aquatique Du fond de son petit thorax Leur chanta, pour toute musique, u ;gj.rre ke ke kex ! coax ! coax !" Ses compagnes criaient merveilles ; Et toujours, fiere comme Ajax, Elle cornait a leurs oreilles, " Brrre ke ke kex ! coax ! coax !'' Une d'elles, un peu plus sage, Lui dit : *' Yotre chant est fort beau ; Mais montrez-nous votre plumage, Et volez sur ce jeune ormeau." — SEC0NDE8 LECTURES. 55 " Ma commere, I'eau qui me mouille M'empeche d'elever mon vol." — " Eh bien ! demeurez done grenouille, Et laissez la le rossio-uol." 19.-LA BETE A BON DIEU. IL 6tait une fois une petite fille qui s'appelait Char- lotte. Cette petite fille avait des freres ; ses freres avaient des camarades ; les camarades avaient des soears, de sorte que lorsqu'ils etaient tous reunis dans la grande cour, cela faisait une joyeuse petite bande. Un jeudi Charlotte arriva an milieu d'eux en criant : " Pour une epingle 1 qui veut voir la curiosite pour une epingle ?" Et elle elevait au-dessus de sa tete une toute petite boite de carton. — Elle n'est pas grosse, ta curiosite ! lui dirent les petits gar9ons. — Si elle n'est pas grosse, repondit Charlotte, elle 56 SECONDES LECTURES. est du moins tres-jolie. Qui veut la voir pour une epingle ?" Mais les petits gar^ons n'avaient point d'epingles. Les petites fiUes a la bonne heure ! Les petites filles sont soigneuses, attentives, elles voient les epingles tombees, et elles les ramassent pour leur maraan. Mais les petits gar^ons ! ils sont trop etourdis ! Done les petits camarades n'avaient point d'epin- gles. Alors Charlotte, qui 6tait une bonne petite fille, leur dit : — Eh bien ! je vais vous montrer la curiosity pour rien." Anssitot le eercle se forma autour d'elle ; les yeux s'ouvrirent tout grands et la boite s'ouvrit toute petite — Alors on aper^ut au fond une petite b^te immobile : c'etait une lete a hon Dieu. Plusieurs de ces enfants n'en avaient pas encore vu, de sorte qu'ils se mirent a faire leurs reraarques chacun a leur tour, ou plutot tons a la fois. — Oh ! cette petite b^te rouge ! — Non, elle n'est pas rouge, elle est jaune ! — Non, elle n'est pas jaune, elle est de la couleur qui se fait avec du rouge et du jaune. — Orang^ ! crierent plusieurs voix. — Et ces petits points noirs qu'elle a sur le corps ! — Elle est toute ronde comme une petite boule. — Non, elle n'est pas ronde, elle est plate en 8EG0NDES LECTURES. 57 dessous, et cela ne fait plus que la moiti^ d'une boule. — Et sa petite t^te noire qui depasse ! — Et ses petites pattes noires qui depassent aussi ! — Elle en a six ! — C'est un insede, dit gravement Lucien, le grand cousin, qui depuis longtemps savait lire, et qui appre- nait beaucoup de choses dans ses livres. — Qu'est-ce qu'un insecte ? demanderent les autres. — C'est, repondit le jeune savant, un petit animal qui ^cl6t d'un petit oeuf. D'abord cet animal est un ver, ou quelque chose d'a peu pres pareil, qui est mou, et qu'on appelle larve. Puis, un peu de temps apres, 9a se change, et ca devient ce que ca doit ^tre selon son espece : un papillon, une mouche, une sau- terelle, un hanneton et bien d'autres. "Alors, quand la b^te est parfaitement terminee, elle a au moins six pattes, comme celle-ci ; une tete qui glisse sur son cou, comme celle-ci ; un petit cor- sage et un gros ventre, comme celle-ci. Et puis, ce qu'il y a de dr61e, c'est qu'elle a Tenez, voyez- vous ces deux petits brins qui partent de la tete ? — Ah oui, dit un enfant, ces deux cornes ? — Ce ne sont pas des cornes, dit Lucien, cela s'ap- pelle les antennes, et il y a des savants qui disent que c^est par la que les insectes sentent les odeurs. — J'espere qu'ils doivent avoir du nez ! interrompit un camarade. — Mais c'est qu'ils en out aussi, et beaucoup! reprit 3* 58 8EG0NDES LECTURES, Lucien. Tu sais comme les guepes sentent les fruits ; comme les mouches, les fourmis sentent le sucre et les confitures ; comme les abeilles sentent les fleurs. — C'est vrai, c'est vrai, dirent les enfants. — Et leurs yeux, reprit Lucien, c'est cela qui est joli quand on les voit dans un microscope ! on dirait que cliacun de leurs yeux est forme de mille petits diamants. Par exemple ils n'ont pas de paupieres, et ne peuvent pas fermer les yeux comme nous, ce qui ne doit pas etre commode pour dormir. — Mais elle est morte ta bete a bon Dieu, dit un petit garpon, vois done, elle ne bouge pas. — C'est qu'elle manquait d'air dans la boite, reprit le petit savant. Elle ne pouvait plus respirer, elle allait etre aspliyxiee, comme cela s'appelle; mais ce ne sera rien. — Est-ce que les insectes respirent? demanda I'ainee des petites filles; est-ce qu'ils ont comme nous des poumons dans la poitrine ? — Ils n'ont pas de poumons, dit Lucien, mais ils respirent par de petits tuyaux ou verts de chaque c6t6 de leur corps, et qui s'appellent des tracMes. Et tiens, voila la coccinelle de ma soeur — Comment dis-tu ? ... la ... ? — La coccinelle, c'est le vrai nom des b^tes a bon Dieu ; la voila qui commence a marcher, I'air lui re- vient. — Sont-elles mechantes ? demanda un tout petit. — Oh non ! repondit Charlotte, regarde, mon mi- SEGONDES LECTURES. 59 net, elle monte sur ton petit doigt, et sa march e est si douce que tu ne la sens meme pas marcher, n'est- ce pas ? — Mais, demanda une petite fille, qu'y a-t-il done dans son dos qui est si brillant et bombe comme Tecaille d'une petite tortue ?" A ce moment la coccinelle tout a fait ranimee sou- leva son dos qui se partagea comme deux petites ailes, puis se referma aussitOt. — Tiens ! 9a s'ouvre ! 9a s'ouvre ! s'ecrierent tons les enfants. Qu'y a-t-il en dessous ? — Ah ! c'est un coUoptere, dit Lucien. — Un CO .... un cole .... op ... . comment as-tu dit ce mot-la, Lucien? — J'ai dit un co U op te re. Les coleopteres sont des insectes qui ont deux ailes fines, repliees et ca- c^^-^^s sous deux petits couvercles solides qu'on ap- pelle des elytres. Yous venez de voir la coccinelle soulever ses elitres ; eh bien, tout a Fheure vous allez. . . . — Tais-toi ! tais-toi ! dit Charlotte, ne faites pas de bruit, nous aliens voir ! . . ." La coccinelle avait recommence son petit mouve- ment, puis enfin, ouvrant tout a fait ses elitres, elle en sortit deux petites ailes brunes et transparentes qui se deploy e rent comme une gaze lege re, puis, tout a coup, elle s'envola ! — Ah ! ! ! firent tons les enfants a la fois en la sui- vant des yeux dans Tair. 60 8EG0NDE8 LECTURES. — Ou done s'en va-t-elle ainsi ? — Pauvre petite b^te, repondit Charlotte, elle re- tdurne peut-^tre sur les roses ou je Pai trouvee ce matin. — Et que faisait-elle sur ces roses ? est-ce qu^elle les mangeait ? — Non, non, dit Lucien, les coccinelles n^abiment pas les fleurs, au eontraire, elles detruisent leurs en- nemis. Ce sont les pucerons qui mangent les fleurs, et les coccinelles mangent les pucerons. — Alors, dit Charlotte, je voudrais en avoir beau- coup pour en mettre sur toutes les fleurs de notre jardin. — Ah bien ! par exeraple, dit le plus grand des gargons, je n'aurais jamais pense qu'un ^tre aussi petit et aussi faible put ^tre bon a quelque chose.'' SEGONDES LECTUBB8. 61 20.-LES LECONS DE JEAME. UN enfant suivait sa soeur ainee qui vaquait aux soins de la ferme, Tinterrogeant a chaque pas, et apprenant la vie, sans s'en apercevoir, sous cette douce institutrice. — Pourquoi, Jeanne, semez-vous ainsi de bon grain a terre ? demandait-il ; le grain pousse avec peine et se vend cher ; mieux vaudrait en faire du pain pour la ferme que de le jeter aux poussins. — A la longue, les poussins deviendront grands, repondit Jeanne, et chacun d'eux se vendra a la ville une piece d'argent. 11 faut songer a la fin, ne pas compter sa peine, et savoir attendre. — L'enfant, persuade, plongea sa main dans le van que portait la jeune fille, et donna lui-meme la pature aux volatiles empresses; mais il aper9ut I'anon qui regardait, et il s'ecria : — Jeanne, pourquoi Grrison n'est-il pas aux champs 62 8EG0NDES LECTURES. avec les travailleurs pour tirer la charrette et porter Fherbe fraiche ? — Grison est jeune, r^pondit la fermifere ; il a main- tenant besoin de repos, afin de prendre des forces ; il nefaut pas sacrijier Vavenir au present. L'enfant n'insista pas, et il passa sur les longues oreilles de I'^ne une main caressante; mais son oeil rencontra le gros Fran9ois occupe a rentrer des gerbes, et il s'^tonna encore. — Jeanne, a quoi bon tant se presser pour le ble ? dit-il ; le temps n'est-il pas assez beau, et ne peut-on le laisser hors des granges ? — La pluie pent venir, repliqua Jeanne, et les gens sages ne chargent jamais demain de Vouvrage d^aujourd''hui. Et le petit Pierre alia aider le gar9on de ferme a rentrer les gerbes. Puerils enseignements ! dira-t-on. Peut-etre ; mais qui n'a pas besoin des m^mes lemons que l'enfant ? Qui que vous soyez, negociants, artistes, industriels, hommes d'Etat, pensez bien aux conseils de Jeanne, et dites si vous n'avez jamais oublie la fin et manque de patience; si vous vous etes toujours occupe de Vave- nir plutbt que du present^ et si Vorage ne vous a point quelquefois surpris ! SEG0NDE8 LECTURES. 63 21.-HIST0IRE DE DEUX PETITS MARCHANDS DE POMMES. LA NUMERATION. IL y avait une fois deux petits gar^ons qui etaient marchands de pommes. Leur inarraine, qui etait fee, leur avait donne un grand verger tout rempli de pommiers, les plus admirables qu'on ait jamais vus. lis produisaient des pommes toute Tannee, et toutes leurs pommes etaient exactement semblables. Ce n'etait pas comme les pommes du marche, dont les unes sont grosses, les autres petites, ce qui fait que les paysans mettent les plus belles sur ie dessus du panier pour attirer les acheteurs. Celles-la etaient si complete ment egales entre elles qu'il n'y avait pas a choisir. II sufifisait de prendre dans le tas. Aussi je vous laisse a penser si mes petits gar9ons avaient de la facility pour les vendre. Tous les en- fants du voisinage couraient a leurs mamans quand on voyait arriver les marchands de pommes, et les achats etaient bientOt faits : on pouvait mettre la main de confiance dans le panier. Les deux petits gar9ons gagnaient done leur vie le plus agreablement du monde, et ils auraient ete par- faitement heureux s'il n'y avait pas eu entre eux un sujet continuel de disputes. L'aine, qui etait un gros petit bonhomme, avec un ceil vif et hardi, des joues rouges, des mains larges et 84 SEG0NDE8 LECTURES. crochues, comme on en donnait dans le temps aux vieux Normands, Tain^ n'avait pas de plus grand bon- heur que de mettre toutes les pommes en un gros tas. Partout ou il en voyait, il sautait dessus, et courait les porter au tas. II ne se sentait riche qu'en voyant toutes ses richesses reunies en un seul monceau. Son frere, a cause de cela, Favait appele Ramasse-Tout. Le cadet, mince, pale, a la mine defiante et rusee, avait de grands doigts d^lies et fluets, et sa petite figure s'allongeait deja en lame de couteau. Celui-la craignait toujours les accidents, et n'avait de repos qu'en sachant son bien eparpille de tons c5tes. Comme cela, il se croyait sur d'en retrouver tou- jours quelque chose. Sit6t que son frere avait le dos tourne, il se glissait du c6t6 du tas, y plongeait ses mains qu'il ramenait pleines de pommes, et allait cacher son butin dans toutes sortes de cachettes a lui connues, entre lesquelles il partageait la fortune de la maison. II avait gagne a ce jeu-la le vilain nom de Partageur que le pauvre Ramasse-Tout lui avait donne, dans un moment de colere, un jour qu'en revenant de vendre ses pommes il n'avait plus rien trouve d'un magni- fique tas, fait le matin. II faut vous dire que dans ce temps-la on n'avait pas encore invente Farithmetique, et les deux freres naturellement n'en savaient pas le premier mot. lis savaient compter sur leurs doigts jusqu'a dix ; mais, passe dix, ils n'y voyaient plus que du feu. i SEGONDES LECTURES. G5 C'etait la aussi ce qui rendait leurs disputes si achar- nees. Quand Eamasse-Tout avait vid^ toutes les cachettes du cadet pour faire un beau tas, celui-ci pretendait toujours que le compte n'y etait plus. Quand Partageur avait demoli le grand tas pour en faire de petits, I'aine jurait que I'autre en avait laiss6 tomber en route, et aucun des deux ne pouvait venir a bout de compter les pommes, ni du grand tas, ni des petits, car ils y perdaient la t^te. Heureusement pour eux, ils eurent un soir la visite de leur soeur Pinchinette, qui vivait avec la bonne fee, leur marraine, et qui avait Fair elle-m^me d'une petite fee, tant elle etait mignonne et gracieuse, et faite a ravir des pieds a la tete. Pinchinette n'avait pas de pommes a vendre, n'ayant pas re^u de verger ; mais, en revanche, la fee lui avait donn^ tant d'esprit qu'en toute circonstance elle de- vinait du premier coup ce qu'il y avait a faire, si diffi- cile que la chose put paraitre aux gens. Elle trouva, en arrivant, Partageur et Eamasse- Tout se chamaillant de tout leur coeur devant un tas de pommes qui remplissait a moitie la chambre. — Je te dis qu'il en manque, disait le premier. J'en avals bien plus que cela dans les miens. — Je te dis que tout y est, disait I'autre. Va voir toi-m^me s'il en reste quelque part. Et la dispute allait son train sans pouvoir finir, chacun repetant toujours la m^me chose. 66 8EG0NDE8 LECTURES. — II est bien facile de vous mettre d'accord, s'6cria Pincliinette. II n'y a qu'a compter les pommes. — C'est que nous ne les avions pas comptees aupa- ravant, dit le cadet. — O'est que nous ne savons compter que jusqua dix, dit Taine. — Yous ne savez compter que jusqu'a dix! Eh bien ! 11 y a encore un moyen de s'en tirer. Je vais vous montrer a compter toutes vos pommes, sans d^passer dix. — All! ma petite Pinchinette, que tu seras done gentille ! fit le gros rougeaud en sautant de joie et embrassant sa soeur sur les deux joues. — Et comment pourras-tu t'y prendre ? fit le palot en la regardant d'un air de doute. — Ce n'est pas bien malin. Allez me chercher des petits sacs, des boites, et vos grands paniers. J'avais oublie de vous apprendre que leur papa, qui ^tait mort, avait ete jardinier, et que leur maman, qui 6tait morte aussi, allait de son vivant dans la campagne vend re aux paysannes des rubans, des la- cets, du fil et toute espece de merceries. En consequence, il ne manquait pas dans la maison de petits sacs a serrer les graines, et il s'y trouvait toute une arm6e de belles boites carrees ou Ton pou- vait mettre tout ce qu'on voulait. Quant aux paniers, ils en avaient fait feire expres pour eux une demi-douzaine d'enormes qu'on mettait sur I'ane a tour de r51e, un de chaque cCte, et qu'on SEGONDES LECTURES. 67 remplissait ensuite de pommes, tant qu^il pouvait en tenir. Quand tout fat apporte : — Prends un des sacs, dit Pinchinette a Ramasse- Tout, et, quand tu auras compte dix pommes, mets-les dans le sac, que tu fermeras bien solidement. Ce ne fut pas long. — Maintenant, passe le sac a ton frfere. Prends- en un autre, et continue toujours comme cela, tant qu'il J aura des pommes. — S'il n'y a que cela a faire, j'en viendrai bien a bout, s'ecria I'aine tout joyeux. Et il se mit a remplir les sacs du plus vite qu'il put. Une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix : cela marchait comme sur des roulettes. BientOt le cadet eut dix sacs entre les mains. — Mets tes dix sacs dans une des boites, lui dit sa soeur ; donne-moi-la, et fais toujours de m^me des que tu auras dix sacs a la fois. Quand Pinchinette eut a son tour dix boites, elle les rangea bien soigneusement dans un des paniers ; et ils allaient ainsi gaillardement, I'aine passant les sacs, le cadet les boites, et la soeur mettant les boites, par dix, dans les paniers, quand tout a coup Ramasse- Tout s'ecria : — Je ne peux plus faire de sacs ; il ne reste que six pommes. — Et moi, dit Partageur, je ne peux plus remplir de boites ; je n'ai que trois sacs. G8 SEGONDES LECTURES. — Et moi, dit Pinchinette, je n'ai que sept boites ; c^est fini pour les paniers. J'en ai rempli cinq. L'af- faire est faite : comptons maintenant. Elle aligna sur une file d'abord les pomraes, puis les sacs, puis les boites, puis les paniers. La spirituelle petite fille etait radieuse ; mais les gar^ons ne comprenaient pas bien ou elle voulait en venir, et la regardaient d'un air ebahi. — Yoyez-vous, dit-elle, ce que nous avons fait? Chaque sac contient dix pommes, chaque boite dix sacs, et chaque panier dix boites. ss =^ A present, vous pouvez compter tranquillement ce que vous aviez de pommes dans votre tas, sans aller plus loin que dix. Yous aviez d'abord six pommes : les voila ! puis trois sacs dont cliacun vaut dix pommes ; puis sept boites dont chacune vaut dix sacs, et enfin cinq paniers dont cliacun vaut dix boites. Rien ne vous sera plus facile a present que de retrouver votre compte, quand vous en aurez envie. Ramasse-Tout ne se poss6dait pas de joie, mais Partageur n'etait pas encore satisfait. ^ECONDES LECTURES. 69 — Et si nous avions eu dix paniers ? dit-il avec un petit ton moqueur. — On les aurait mis dans une voiture. — Et si nous avions eu dix voitures ? — On les aurait mises dans un grand bateau. — Et si nous avions en dix grands bateaux ? — Tu m^ennuies. II se passera du temps, mon pauvre garpon, avant que tu aies besoin de dix grands bateaux pour mettre tes pommes. Le petit chicaneur ne se tenait pas pour battu. — Et si nous avions eu a compter des chevaux ? reprit-il. Nous n'aurions pourtant pas pu mettre dix chevaux dans un petit sac, dix sacs dans une boite, et dix boites dans un panier ? — Tu as raison. II faudrait trouver un moyen de compter n'importe quoi de la meme fa9on que nous venons de compter des pommes. Attendez, il me vient une id6e : — Les six pommes que voila, c'est six fois une pomme ; appelons-les : six unites, Nos trois sacs contiennent chacun dix pommes ; appelons-les : trois dimines. Dix dizaines, appelons cela : une centaine. Nos sept boites deviendront sept centaines. Appelons dix centaines : un milh. Nos cinq paniers feront cinq mille. Nous aurons done alors cinq mille, sept centaines. trois dizaines et six unites qui representeront tou- jours le m^me nombre, que ce soit des pommes, des 70 SEG0NDE8 LECTURES: chevaux, des chiens, des chats, tout ce que vous voudrez. Cette fois, Partageur fat oblige de s'avouer vaincu. — C'est vrai, dit-il ; de cette fa^on-la on peut comp- ter tout. Merci, Pinchinette, tu viens de nous apprer dre quelque chose de bien utile. — Ma petite Pinchinette, reprit alors Ramasse- Tout, je suis bien content de voir d'un coup d'oeil combien nous avions de pommes a la maison. Mais je me connais : sit6t que je ne verrai plus les sacs, les boites et les paniers, j'aurai oublie tout de suite ce qu'il y en avait. Est-ce que tu ne pourrais pas, toi qui as tant d'esprit, imaginer une mani^re de nous rappeler toujours les comptes que nous avons faits. — Si Ton faisait des marques sur un papier ? lui dit le cadet. — II en faudrait bien trop ! Pense un pen a toutes les quantites differentes qu'on peut avoir. — Tranquillisez-vous, lit Pinchinette. Je vais vous tirer d'embarras, si vous voulez bien m'6couter. Prenant alors un morceau de charbon, elle trapa sur le plancher les neuf chilffres que nous connaissons, et qui nous viennent d'elle : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. — Si a la fin, dit-elle, il vous reste une pomme, vous mettrez au-dessous le premier chiffre. S'il vous en reste deux, vous mettrez le second, et ainsi de suite jusqu'a neuf. II en reste six cette fois : mettez SEC0NDE8 LECTURES. 71 le sixieme chiffre. Le voila : 6. Au-dessous des trois sacs, mettez le troisieme chiffre : 3. Au-dessous des sept boites, mettez le septieme : 7 ; et au-dessous des cinq paniers, mettez le cinquieme : 5. Cela vous fait : 5736. ass 5 Yous savez que le premier chiffre a droite repre- sente les pommes, ou, si vous aimez mieux, les unites ; le second, en allant a gauche, les sacs, ou les dizaines \ le troisieme les boites, ou les centaines ; le quatrieme les paniers, ou les mille. Inscrivez-les sur un morceau de papier : le rang qu'ils occupent vous indiquera sujffisamment ce qu'ils representent ; et, avec neuf chiffres seulement, vous pourrez ainsi marquer sur un papier tons les nombres qui vous arriveront, quels qu'ils soient. Yous auriez des voitures, des bateaux, et encore plus fort, que ce serait toujours la meme chose. — Et si Ton avait plus de neuf a un rang ? s'ecria Partageur, qui voulait toujours critiquer. — C'est impossible. SitOt qu'on est plus de neuf, on est dix ; et dix pommes, dix sacs, dix boites, cela fait un sac, une boite, un panier. 73 8EC0NDE8 LECTURES. — Cela, je le veux bien, continua T^ternel raison- neur. Mais supposons qu'un rang vienne a manquer, qu'il n'y ait pas de sacs, par exemple, ou de boites, comment fera-t-on pour savoir que le chiffre des paniers represente le quatrieme rang? — S'il n'y a que cela qui t'embarrasse, je vais te mettre bien vite a ton aise. EUe reprit son charbon, et dessina un joli rond : — Vois-tu ce petit rond? c'est encore un chififre. Nous Fappellerons, zero. Celui-la veut dire qu'il n'y a rien au rang ou on le place. Tu le mettras au rang des sacs. 6 ou des boites, ass 3 6 si ce sont les sacs ou les boites qui manquent, et le chiffre des paniers restera toujours le quatrieme. 8EC0NDES LECTUBE8. 73 Ici, par exemple, tu aurais 5706, ou bien 5036. C'est simple comme bonjour. Eamasse-Tout, qui n'avait pas Thabitude de re- flechir si longtemps a la fois, commen^ait a ne plus s'amuser. II n'osait pas trop reclamer, sentant com- bien tout cela etait important pour lui ; mais a la fin, n*y pouvant plus tenir, il se decida a prendre la parole : — Ma bonne Pinchinette, dit-il, je te suis tout a fait reconnaissant de tout le mal que tu te donnes pour nous ; mais je crois bien que j'en ai assez. Ma pauvre tete est toute fatigue e. Pinchinette avait presque envie de se facher. — Et moi, dit-elle, crois-tu que cela ne me fatigue pas de vous trouver ainsi tout ce qui vous est neces- saire pour faire vos comptes ? II faut se fatiguer, mon garpon, quand on veut arriver a quelque chose. S'il n'y avait qu'a jouer sur la terre, les paresseux y feraient aussi bonne figure que les autres. Mais enfin, puisque tu n'en veux plus, je ne suis pas fachee moi-meme de me reposer un pen. Demain, je revien- drai vous voir, et nous acheverons cela. Ainsi finit la premiere visite de Pinchinette. Elle avait appris a ses petits freres la Numeration. 74 8EC0NDE8 LECTURES. Le lendemain, aprfes son dejeuner, Pinchinette se mit en route pour aller voir ses frferes. II faisait un temps magnifique. Les petits oiseaux chantaient dans tons les arbres, et toutes sortes de jolies fleurs s'epanouissaient au soleil le long du chemin. Mais la bonne petite fiUe n'ecoutait pas les oiseaux et ne regardait pas les fleurs. Elle songeait, tout en marchant, au moyen de rendre plus commode ce qu'elle avait imagine la veille pour ses frferes, et la joie qu'elle avait de leur ^tre utile ne lui laissait pas le loisir de s'occuper d'autre chose. En arrivant au sommet d'une petite colline d'ou Ton decouvrait le verger et la maison, elle leva la tete et vit ses freres qui Tattendaient sur la route. Sitot qu'ils I'apergurent, ils se mirent a courir vers elle de toutes leurs jambes, luttant a qui arriverait le premier. Eamasse-Tout, qui etait le plus leste, eut bient6t pris les devants, et il etait encore a quelques pas d'elle qu'il s'ecriait tout essouffle : — Pinchinette ! ma bonne Pinchinette ! j'ai un grand service a te demander. — Non, moi ! commence par moi ! cria de loin Partageur, qui accourait en toute hate. Commence par moi, je t'en prie ! — Je commencerai par celui qui est arriv6 le premier, repondit Pinchinette ; mais auparavant i] fant que j'ach^ve ce que nous avons commence hier. SEGONDES LECTURES. 75 Et, les prenant chacun par un bras, elle les ramena au petit pas a la maison. — J'ai reflechi, reprit-elle. Partageur avait rai- son : on peut avoir des nombres bien plus grands que celui de yos pommes. Les ecrire ne sera jamais difficile ; il n'y a qu'a mettre des chiffres de plus en avant. Mais pour les prononcer, et surtout pour s'y reconnaitre, il y a des arrangements a prendre. Cinq, sept, trois, six, comme nous avons prononce hier, cela ne dit rien. Cinq mille, sept centaines, trois dizaines, six unites, c'est bien long, et, s'il faut trouver un nom nouveau pour chaque rang nouveau, cela linira peut-etre par vous embrouiller quand il y en aura beaucoup. II ne serait pas toujours facile de distinguer les rangs du premier coup. Yoici ce que j'ai imagine : Nous mettrons les chiffres par bandes de trois rangs, centaines, dizaines, unites, et ces trois rangs-la reviendront toujours les memes. Au lieu de centaine, nous dirons cent, pour que cela soit plus court, et I'on dira: cent, deux cents, trois cents, etc. Ce sera la meme chose pour les unites. Pour les dizaines, afin de varier un pen, je leur ai donn6 a chacune un nom. La premiere s^appellera dix, cela va sans dire. La deuxieme .... vi7igt. 76 SECONDES LECTURES. La troisieme La quatrieme La cinquieme La sixieme La septieme La huiti^me La neuvi^rae trente. quarante. cinquante. soixante, soixante-dix. quatre-vingts. quatre-vingt-dix. Yous comprenez bien tout cela, n'est-ce pas ? — Oh ! parfaitement, s'ecria Eamasse-Tout. — Et pour aller d'une dizaine a Tautre ? dit Parta- geur, toujours pret a trouver des difificultes. — D'une dizaine a Fautre, nous reprenons : un, deux, trois, quatre, etc. Un, qui est le premier, avait droit a une distinc- tion. On mettra et devant lui : vingt et un, trente et un, quarante et un, etc. Les autres iront tranquillement a la suite : vingt- deux, vingt-trois, vingt-quatre, etc. Enfin, j'ai voulu faire aussi honneur aux nombres qui suivent la premiere dizaine. Au lieu de dire : dix et un, dix-deux, dix-trois, dix-quatre, dix-cinq, dix-six. On dira : Onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize. Les trois derniers feront comme leurs camarades des autres dizaines : Dix-sept, dix-huit, dix-neuf. — Oh ! cela va bien nous amuser, disait Ramasse- SEC0NDE8 LEGTUBES. 77 Tout en se frottant les mains. Je voudrais avoir d6ja des bandes de chiffres devant moi pour m'exercer. On etait arrive devant la maison. Pinchinette prit sa baguette, une jolie baguette en ivoire dore que lui avait donnee la marraine, et tra^a sur le sable la longue suite de chiffres que voici : 324.549.672.815. — Yoyez un pen, dit-elle, ou vous en seriez s'il fallait dire : trois^ deux, quatre, et toujours comme cela jusqu'a la fin, ou si chacun de ces douze chiffres avait un nom de rang particulier ! Au lieu de cela, nous nous contenterons de donner un nom particulier a ceux qui terminent chaque bande. Pour la premiere, c'est done . . unite. Nous en sommes convenus. Pour la seconde mille. Pour la troisieme million. Pour la quatrieme billion, Et nous aliens prononcer tout cet enorme nombre le plus facilement du monde, en commenpant par les rangs les plus eleves. C'est toujours par la qu'il faudra commencer. Trois cent vingt-quatre . . . billions. Cinq cent quarante-neuf . . . millions. Six cent soixante-douze . . . mille, Huit cent quinze unites. !l 73 SECONDES LECTURES. — Au dela du billion, comment dirait-on ? demanda Partageur un pen timidement cette fois, car la tcte commenpait a lui tourner. — Oh ! ce n'est pas la quelque chose de bien neces- saire pour toi : ces nombres-la ne te regardent plus. Mais enfin, si tu as peur d'en manquer, on t'en don- nera tant que tu en voudras : trillion, quatrillion, quin- tillion, sextillion, septillion, octillion, nonillion, decillion. En as-tu assez ? Te figures-tu bien ce que c'est qu'un decillion ? 22.-L'ECHEVEAU DE FIL " /^UI veut, dit la bonne grand'mere, V^ Regardant Pierre de profil, Me tenir I'echeveau de fil? — C'est moi, c'est moi," dit petit Pierre. II jette un rire frais et clair, Qui ressemble au cri des linottes, Et vient presenter ses menottes, Quatre doigts et le pouce en I'air. Et puis il se tient levres closes Comme un bon soldat a son rang, Pendant que le beau fil tout blanc Se devide sur ses poings roses. II s' amuse : c'est si nouveau ! Et sa figure s'illumine En regardant sur la bobine S'enrouler le gros echeveau. Mais la grand'mere est un peu lente: Lui va plus vite quand il court. Le fil est long, I'echeveau lourd... Petit Pierre s'impatiente. 8EC0NDE8 LECTURES. 79 Et pour le faire encor faiblir Les amis entr'ouvrent la porte, L'appellent, et le vent lui porte Ce cri ; " Pierre, viens-tu courir ?" " Tiens done tes mains !" dit la grand'mere, Mais bientot I'une et I'autre main Defaille au milieu du cbemin; Le fil s'embrouille : peine amere ! Alors petit Pierre abattu Pleure et laisse tomber I'ouvrage. Eh quoi ! voila tout ton courage ! Plus tard, helas ! que feras-tu. Enfant, dont I'echeveau commence, Quand se devideront les jours, Quelquefois doux, mais souvent lourds, Si tu n'as pas de patience? 23 -L' ENFANT ET LA FAUVETTE. SI j'etais toi, ma fauvette, Toi qui becquetes le pain Que pour toi repand ma main Aux abords de ma cliambrette; aO SEC0NDE8 LECTURES. Si j'etais toi, je prendrais Mon vol bien loin de la terre. Adieu ! dirais-je a ma mere ; Et j'irais, je monterais Bien haut, par-dessus les nues; Je franchirais ces sommets Oil I'homme n'atteint jamais. Par des routes inconnues, J'irais au fond du ciel bleu, Plus haut qu'ou I'astre etincelle, Je n'arreterais mon aile Qu'apres avoir trouve Dieu! — Mon ami, dit la Fauvette, Pour cela point n'est besoin D'aller si haut et si loin : Cherche Dieu dans ta chambrette! LE DOUX OREILLER. QUAND pour la charite le jour n'est point perdu, Le sommeil est plus doux, la nuit est une fete : La nuit depend du jour ; un service rendu Est un doux oreiller pour reposer sa tete. deuxi:eme partie 24-LE BEAU CHENE. "TTN berger etait assis avec son fils a I'ombre d'un ^ chene, lorsque trois etrangers, qui servaient dans la milice, vinrent a passer. L'uniforme rouge et bleu, le bonnet de peau d'ours, et des armes etincelantes, leur don- naient un air guerrier. lis s'arreterent pour admirer la beaute du chene. " Quel arbre magnifique, disait I'un, si son bois pouvait servir a faire du charbon, j'en retirerais un grand profit." — "Char- bonnier ! cela se pourrait, reprit le berger." L'autre disait : " Si j'osais prendre I'ecorce de cet arbre, je pourrais en pourvoir une tannerie pendant une annee entiere." — " II est vrai, tanneur, dit le berger, mais ce serait dommage d'abattre un si bel arbre." Le troisieme ajoutait : " Eh ! eh ! comme il est charge de glands ! si je pouvais en engraisser mon pore, j'apporterais d'excellentes saucisses au marche." — " Les glands seront bientot a vendre, reprit le berger, vous n'avez qu'a vous presenter, maitre boucher." 4* 82 SECONDES LECTURES. Lorsque les trois hommes furent partis, le fils du berger dit : " Papa, connais-tu ces hommes depuis longtemps ?" — " Nod, repondit le berger, c'est la premiere fois que je les vois." — " Mais, continua Tenfant, comment sais-tu que le premier est uu charbonnier, le second un tanneur, et le troisieme un boucher ? on ne peut le deviner en les voyant, car ils sont vetus tous trois comme des soldats." " II est vrai, dit le pere, qu'on ne peut les connaitre par leurs habits ; mais c'est par leurs discours que j'ai decou- vert leur profession. Chaque homme parle volontiers de ses affaires, mais il s'entretient preferablement de ce qu'il affectionne le plus. Ainsi les hommes vertueux ne parlent que de ce qui est bien ; les mediants au contraire se tra- hissent par leurs discours, et c'est ainsi qu'on peut facile- men t apprendre a les connaitre et a se premunir contre leurs exemples." 25.-LE GLAND ET LA CITROUILLE. DIEU fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve En tout cet univers, et I'aller parcourant, Dans les citrouilles je la treuve. Un villageois, considerant Combien ce fruit est gros, et sa tige menue : " A quoi songeait, dit-il, I'auteur de tout cela ? II a bien mal place cette citrouille la. Eh ! parbleu, je I'aurais pendue A I'un des chenes que voila; C'etlt ete justement I'affaire. Tel fruit, tel arbre, pour bien faire. C'est doramage, Garo, que tu n'es point entre Au conseil de celui que preche ton cure ; Tout en eUt ete mieux ; car pourquoi, par exemple, Le gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt, Ne pend-il pas en cet endroit ? Dieu s'est mepris : plus je contemple SEGONDES LECTURES. Ces fruits ainsi places, j^lus il semble a Garo Que I'on a fait un quiproquo." Cette reflexion embarrassant notre homme ; " On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.' Sous un chene aussitot il va prendre son somme. Un gland tombe : le nez du dormeur en patit. II s'eveille ; et portant la main sur son visage, II trouve encor le gland pris au poll du menton. Son nez meurtri se force a chancrer de lanojas^e, " Oh ! oh ! dit-il, je saigne ! Et que serait ce done S'il flit tombe de I'arbre une masse plus lourde, Et que ce gland etit ete gourde ? Dieu ne I'a pas voulu : sans doute il eut raison ; J'en vols bien a present la cause." En louant Dieu de toute chose Garo retourne a la maison. 26.-LA CHUTE D'UN GLAND. AU pied d'un chene, et sur un vert gazon, Se reposait une belette. Quand un gland detache par le froid aquilon, Vint tomber a plomb sur sa tete. 84 8EC0NDE8 LECTURES. Elle s'eveille, et, trerablante d'effroi, De ce lieu dangereux s'enfuit a perdre haleine, Criant au rat des champs qu'elle regarde a peine : " — La-bas, la-bas, vient de tomber sur moi La branche enorme d'un gros chene." Le rat n'eut garde d'aller voir. II dit a deux lapins, broutant sur la colline Qu'un gros chene venait de choir Sur la belette sa voisine. Les lapins, en le racontant, Y melent des eclairs et le feu du tonnerre. Un ecureuil, qui les entend, Y joint un tremblement de terre. Bref, les faits, les details, I'un par I'autre appuyes, S'etaient, le lendemain, si bien multiplies, Qa'a trente milles a la ronde Tous les animaux effrayes Pans la chute d'un gland voyaient la fin du monde. L'mDISCRETIOK QUAND vous meditez un projet, Ne publiez point votre affaire : Un se repent toujours d'un langage indiscret, Et presque jamais d'un mystere, Le causeur dit tout ce qu'il salt, L'etourdi, ce qu'il ne salt guere, Les jeunes, ce qu'ils font, les vieux ce qu'Us ont fait, Et les sots ce qu'ils veulent fa,ir^. SECONDES LECTURES. 85 27-LE VIEUX BERGER. " "ly /TES petits enfants, vous voila tous revenus de va- -^'-L cances; vous avez fait avec vos parents ou vos amis de bonnes parties dont je suis sure que vous avez garde ie souvenir : racontez-moi chacun vos aventures. — Oui, oui, crierent tous les enfants a la fois, racontons nos aventures a grand' mere. — C'est a Estelie a commencer, dit Henri, parce que c*est elle qui est la plus grande. — Je le veux bien, repondit Estelie, et puisque cela vous fait plaisir, je ne me ferai pas prier." Estelie etait une jolie petite fille d'une dizaine d*annees, blanche et rose ; ses mouvements etaient calmes et poses, et sa voix etait si caressante, qu'aussitot qu'elle parla cha- cun se tut pour I'ecouter. " Vous savez, leur dit-elle, mes bons amis, comme j'etais heureuse de partir pour la Normandie chez mon oncle de Breteuil, dans le departement de I'Eure; maman m'avait dit que dans ce pays il y a beaucoup de troupeaux et de bergers, et que je pourrais tant que je voudrais aller avec eux dans les champs. J'etais certainement bien contente 86 SECONDES LECTURES. de revoir ma petite cousine Marguerite, mais j'etais bien plus joyeuse encore de penser que, pendant six semaines, moi aussi j'allais etre bergere. C'est que j'avais lu une histoire de bergers Un jour, maman etait sortie, et avait laisse sa bibliotheque ouverte ; moi, qui aime les histoires, je pris un livre, quoi-^ que sans permission, et justement ce livre parlait d'une bergere qui, comme moi, se nommait Estelle. Ceci me donna I'envie d'en lire davantage, et alors je vis des ber- geres qui chantaient des romances ; des bergers qui jou- aient de la flute ; des agneaux ornes de rubans ; des cabanes baties sous des arbustes entoures de jasmins, de rosiers, d'acacias, qui les embaumaient. L'interieur de ces cabanes etait une grotte tapissee de vigne sauvage, les ber- gers avaient des lits de mousse et de feuilles ; et pres de ces lits jaillissaient des sources d'eau pure."^ — De sorte qu'on pouvait prendre un bain en dormant, interrompit le malicieux cousin Henri ; c'etait bien agre- able. — Tout cela etait si joli, continua Estelle, que je ne songeais plus qu'a m'en aller dans ce pays, qui s'appelait Beau-Bivage. " Ce qui m'en donnait surtout envie, c'etait une peinture qui se trouvait au-dessus de la porte du cabinet de papa, et qui representait des bergers avec des culottes roses: des bergeres avec des fleurs dans leurs cheveux, des guirlandes sur leurs grands chapeaux de paille, des bas de soie, des souliers vernis, et portant a la main des houlettes ornees de frais bouquets. Leurs moutons etaient si blancs, si frises, si doux! ils se couchaient avec le chien aux pieds des bergeres, et sem- * EsieUe cl Nemorin. SEGONDES LECTXTRES. 87 blaient ecouter les bergers qui jouaient de la musette. Jugez done de ma joie lorsque maman me dit qu'il y avait beaucoup de troupeaux et de hergers chez mon oncle, et que c'etaient justement les plus beaux du pays, puisque mon oncle avait obtenu pour eux les premiers prix au Cornice agricok. " A peine arrivee a Breteuil, reprit Estelle, je demandai a ma petite cousine Marguerite, qui a sept ans, de me faire voir les troupeaux ; Marguerite le demanda aussitot a mon oncle, et mon oncle promit qu'on irait le lendemain les trouver dans les jpaturages. " Je ne fermai pas I'ceil de toute la nuit ; je crois pour- tant que je m'endormis un peu, mais alors je ne revai que des bergeres de mon oncle ! Enfin le jour parut, je me levai; Marguerite ronflait encore ; je I'eveillai en I'appelant paresseuse ; pour moi je n'avais jamais ete si matinale. II fallut encore attendre le dejeuner; cela n'en finissait pas, enfin on partit ! *' En quittant la maison, on se trouva d'abord dans do cliarmants petits chemins bordes de buissons fleuris, ta- pisses de gazon, et dans lesquels je m'attendais a voir ap- paraitre a chaqae detour des cabanes comme celles de Beau-Rivage. 88 8EC0NDES LECTURES. " Cependant nous avions beau passer d'un chemin dans Tautre, je ne voyais rien. Tout a coup, le petit sentier finit, et nous nous trouvames dans une grande piece de terre qui s'etendait a perte de vue, dans laquelle il n'y avait plus ni buissons, ni gazons, ni fleurs. " Au loin dans ce champ, je voyais quelque chose, une espece de masse grise qui ne ressemblait a rien. " — Voila ce que tu desires tant voir, Estelle," me dit mon oncle. " Je cms qu'il n'avait pas bien compris ce que j'avais demande, et je lui dis que je desirais voir les troupeaux. " — Eh bien ! les viola," me dit Marguerite, " tu ne les vois pas?" " Je regardais de tons cotes, et je ne pouvais m'imaginer que Ton voulut parler de cette masse grise ; mais en ap- prochant, je finis par distinguer, quoi ? . . . des moutons d'un blanc sale, un cliien maigre, une petite cabane de bois montee sur quatre roulettes, et si basse, que c'est a peine si j'aurais pu m'y tenir debout. " Puis enfin un homme vieux, brun, convert d'une grande veste de peau de chevre, coiffe d'un bonnet de laine, et chausse de gros sabots d'ou sortait de la paille. Get homme avait a la main une espece de baton ferre, et portait en bandouliere un gros sac de toile grise. ** Tout cela me sembla si laid, que je ne pus m'empecher de demander a mon oncle : " Mais qu'est-ce done que ces vilains moutons ? " — C'est le troupeau," me repondit-il d'un air surpris. " — Et ce vilain homme qui les garde ? " — C'est le berger. " — Vous plaisantez, mon oncle," lui dis-je. " Et les bergeres, ou done sont-elles ? " — Ah ! les bergeres,'' reprit-il en souriant, " tu sais bien 8EC0NDE8 LECTURES. 89 que nous les avons laissees a la ferme : Marianne et la Fanchette pour faire le beurre et les fromageSj et la petite Louison pour conduire dans le pre voisin les hrebis dont les agneaux sont encore trop jeunes pour venir paitre jusqu'ici. " — Comment, dis-je a Marguerite, Marianne, Louison, Fanchette, ces grosses paysannes de la ferme que j'ai vues hier a notre arrivee filant leur quenouille et tricotant des bas, voila vos bergeres? Cet homme, voila le berger? " — Mais," me repondit Marguerite, " que trouves-tu done de si mal a Jean Pitou ? C'est le meilleur de nos bergers, c'est celui qui m'aime le mieux." " Je ne pus m'empecher de repondre a Marguerite que je le trouvais si laid qu'il me faisait peur. Alors la petite folle me saisit par la main, et riant aux eclats de ma frayeur, elle se mit a courir de toutes ses forces en m'entrainant malgre moi du cote de Jean Pitou. " En nous voyant approcber, le vieux berger vint au- devant de nous et nous dit bonjour. " — Tiens, Jean," lui dit Marguerite, " voila ma cousine de Paris qui dit qu'elle a peur de toi, parce que tu es trop laid ; paye-lui son compliment !" "A cette sortie de ma petite cousine, je me sentis rougir jusqu'aux yeux, car ces paroles etaient tres-impolies, et je pensais qu'elles allaient facher beaucoup le vieux berger. J'aurais bien voulu lui demander excuse, mais je n'osais seulement pas le regarder. Alors il me dit d'une voix qui n'etait pas du tout mechante : " — II est vrai, ma petite demoiselle, que je ne suis pas aussi joli que vous, mais n'ayez pas peur, pourtant ; je n'ai, Dieu merci, jamais fait de mal a personne." " Ces douces paroles me surprirent. Je levai les yeux, 90 8EG0NDES LECTURES. et, au lieu de I'affreux visage que je m'etais imaging, je vis sur la figure du vieux berger un sourire plein de bonte. " Monsieur," lui dis-je, " pardonnez a Marguerite ! . . . pardonnez-EQoi aussi je croyais que les bergers etaient habilles pas comme vous ! . . . " — Ce costume n'est pas beau," me repondit-il, " mais il faut bien T adopter quand on passe les jours et les nuits a la belle etoile. " — Comment, monsieur," lui dis-je, " les bergers passent la nuit dans les champs ? et ceux qui ont des habits de soie aussi?..." " Le vieux berger me regarda, etonne, puis il me dit en souriant : " — Oil avez-vous vu ces bergers-la ? " — Dans des tableaux et des histoires," repondis-je ; " ^ Beau-Eivage tous les bergers sont ainsi. " — Mon enfant," me dit le vieux berger, " vous avez vu cela dans des histoires dans des histoires qui sont des contes ! Les bergers qui porteraient de pareils habits se- raient de mauvais gardeurs de troupeaux. Bientot le rhume emporterait les bergers, le loup emporterait les moutons, il est vrai que cela ferait monter le prix des laines. " — Comment le prix des laines ? . . . " — Mais, sans doute," repondit Marguerite qui avait tout de suite compris ; " si le loup emportait les brebis, crois-tu qu'il rapporterait leur toison ? ... " — Qu'est-ce que la toison des brebis ?" demandai-je. " — C'est," repondit le vieux berger, " cette robe de laine frisee qui les enveloppe, et qu'on leur enleve tous les ans au printemps, avec de grands ciseaux appeles /orces. C'est ce qu'on appelle la tonie^^ ajouta-t-il. " La laine qui en provient s' appelle lai'M, de toison. Et c'est bien la meilleurel SEGONDES LECTURES. 91 elle prend bien mieux la teinture que celle qui est enlevee de la peau des animaux apres leur mort. " — On teint done la laine ?" demandai-je. " — Mais oui," me repondit-il ; " et je suis sur que vous avez bien quelque chaude robe de merinos noir ou bleu; que vous avez deja brode quelque joli petit ouvrage avec des laines de toutes sortes de couleurs et meme de nuances. " — Certainement !" repondit Marguerite. " Et alors elle raconta au vieux berger nos petits talents a I'aiguille. Elle lui parla du bonnet de casimir que j'ai brode pour la fete de mon oncle ; des jolies pantoufles de tapisserie que Lucie a faites pour grand'mere. Comme je m'etonnais d'apprendre que tout cela est fait avec la laine des moutons, le vieux berger me dit que cet animal est un des plus precieux que le bon Dieu a crees. " — Tenez," me dit-il, " les moutons sont propres a toutes sortes d'usages : leur laine nous liabille de la tete aux pieds. On en faifc du drap^ de la flanelley des etoffes pour les robes ; des chales et des ecliarpes pour dames ; des tricots, du crepe et meme de la dentelle} On en fait aussi des tentures d'ap- ^ Ce qu'on appelle dentelle de laine. 93 SEC0NDE8 LECTURES. partement ; des damas pour les rideaux, les meubles ; des glands^ des/ranges, de la passementerie de tontes sortes. Les Arabes d'Afrique n'ont pas d'autre etoffe pour faire leurs Tetements ; c'est ce qu'ils appellent du hdik. " Les brebis donnent du lait, avec lequel on fait du fromage et me me du heurre^ aussi bien qu'avec le lait de vache. Et ce u'est pas tout encore: lorsque I'animal est mort, on fait du parchemin avec sa peau ou bien le chamoi- seur la teint en rouge, en vert, en noir, en jaune, il la pre- pare comme dans un royaume d'Afrique qui s'appelle le MaroCy et la transforme ainsi en maroquin pour la chaussure, les portefeuilles, les belles reliures de livres ; en peau fine pour les gants ; en hasane pour les garnitures des soufflets, les pantalons de cavalerie, pour les balles et les ballons des petits enfants, etc., etc." — II etait bien savant, ton berger ! observa Henri. — Certainement, repondit Estelle. C'est que tout en gardant ses moutons, il avait etudie leur histoire. D'ailleurs il n'avait pas toujours ete berger, quoiqu'il eut commence ce metier des I'age de six ans, lorsqu'il n'etait encore, comme il le dit, qu'un tout petit pdtour. Mais plus tard il etait tombe au sort, et il avait du partir soldat dans un regiment de hussards. " Lorsqu'il eut son conge, il alia a Beauvais, clief-lieu du departement de I'Oise, et il fut employe dans une manu- facture ou Ton fait des etoffes de laine a la mecanique. Dans ce departement, Jean Pitou vit utiliser le mouton de tant de manieres que je n'en finirais pas de vous les raoonter.^ * Le departement de I'Oise renferme une plus grande variete d'industries qu'aucune autre contree de la France. Pour ne parler que de celles qui sont relatives a notre sujet, il y a d'abord I'eleve et le commerce des bStes 8EC0NDE8 LECTURES. 93 " Par malhenr, un jour Jean Pitou fut pris dans une roue de la mecanique qui lui cassa I'epaule, ce qui le mit hors d'etat de travailler pour le reste de sa vie. Alors, comme Jean Pitou n'etait pas un homme a se faire mendiant, il etait revenu a ses moutons, comme il disait ; il s'etait refait berger, quoiqu'il ne fut plus habitue aux fatigues de ce metier-la. " Je voulus savoir pourquoi il passait la nuit dans les champs, ce qui devait etre fort penible. — II le faut bien, me repondit-il : on mene souvent paitre le troupeau trop loin des etahles pour Vj ramener chaque soir. — Mais, lui dis-je, il doit s'egarer des moutons pendant la nuit ? — Du tout, repondit Marguerite qui savait deja toutes ces choses ; les moutons ont I'habitude de ne jamais s'ecarter les uns des autres ; puis on les enferme entre ces claies que tu vois, dont on forme des enclos que Ton appelle pares j et qui se transportent avec le troupeau d'un pacage dans un autre. Crois-tu d'ailleurs que Finot laisserait les brebis s'en aller ? ah bien ! tu ne le connais guere. — Qu'est-ce que c'etait que Finot? demanda Lucie. — C'etait le chien du berger," repondit Estelle. " Marguerite me fit remarquer comme il courait a droite, h, gauche pour surveiller le troupeau pendant que son maitre causait avec nous. Et pour me faire voir combien il etait vigilant, elle essay a de lui faire quitter son ouvrage en 1' ap- pelant. * Finot ! Finot ! viens ici ! . . .' cria-t-elle de sa petite d laine, puis la grande fabrique des tapisseries de Beauyais, qui se vendent jusqu'^ 500 fr. le metre ; d' autres manufactures de tapis estimes ; les fa- briques et filatures de lainages : couvertures, draps, merinos, serge, bon- neteries, chg-les, etc. ; des fabriques de tabletterie et autres qui utilisent les OS, la come, etc. 94 8EC0NDES LECTURES. voix. Ah bien oui ! le cliien la regarda ; il se mit a renmer la queue en signe de bonne humeur, mais il fit comme le cliien de Jean de Nivelle. — Qui sen va quand on Vappelle! ajouta Henri. " — Mon bon chien ! dit le berger, il est fidele et cou- rageux celui-la. Si un loup paraissait, Finot tout seul suffi- rait pour defendre le troupeau, qui compte pourtant trois cent vingt tetes ! " — Est-ce que les moutons ne se defendraient pas eux- memes? demandai-je. " — lis n'en ont guere les moyens, me repondit le berger : leurs dents ne sont pas faites pour mordre, comme celles des animaux qui vivent de chair ; aussi, les moutons ne mangent que de I'herbe, ce qui les fait appeler herbivores. " De plus, regardez ! les beliers^ qui sont les plus forts du troupeau, ont seuls des comes, et encore ces cornes sont tournees autour de leurs oreilles de maniere a ne pouvoir leur etre utiles. « — Et puis les moutons ne sont pas mechants, repris-je, car maman dit toujours de mon frere Julien qu'il est doux comme un mouton. " — Ce ne serait pas etre mechant que savoir se defendre contre un ennemi, repondit le berger, ce serait etre brave ; et le mouton sauvage sait se defendre. Dans les pays ou il se trouve, par exemple dans le nord de I'Asie, il ne craint ni rhomme ni les animaux ; il se bat a coups de tete, et avec tant de courage, qu'il est quelquefois vainqueur. Mais le mouton devenu domestique a perdu depuis longtemps ses qualites naturelles ; il est pen a peu devenu timide, impre- voyant, incapable de pourvoir a ses besoins. II s'est aba- tardi, il a degenere enfin, parce que c'est la I'efiet ordinaire de la servitude." Estelle s'arreta. ... SEC0NDE8 LECTURES. 95 " Mais, dit Lncie, appr ends-nous done ce qu'on fait des moutons en Bretagne ? — Mais Qui, ajouterent Henri et Julien, cela se do't. — Oh c'est si triste ! repondit Estelle. — Moi, j'aime les bistoires tristes, dit Lucie d'une petite voix plaintive. — Nous aimons tous les histoires tristes, dit Henri d'une voix decidee, ainsi parle ! — Eh bien ! mes amis, reprit Estelle, ces pauvres mou- tons qui nous sont si utiles, qui nous donnent du lait, de la laine, du cuir, de la chandelle et tant d'autres choses ! ces pauvres moutons — et ses yeux se remplissaient de larmes. — Acheve done, dit Henri. — Eh bien ! ces bonnes et donees betes on les mange ! — Qui done ? s'eerierent les enfants d'une seule voix. — Nous ! — Nous ? . . . et ils s'entre-regarderent avec etonnement les uns les autres. — Nous tous, dit Estelle, et tout le monde ! Vous savez ? les cbtelettes ? — Oui. — Et les gigots?... — Ah ! dit Lucie, les gigots de mouton !. . . — Les gigots de pre-saU ! ajouta Henri. — Justement ! repondit Estelle ; et c'est de la Bretagne, 96 SEGONDES LECTURES. ou les paturages, les preSy sont sales par I'eau de la mer qui les inonde parfois, c'est de la Bretagne que viennent ces gigots de pre-sale que nous trouvions si bons ! — A present que je songe que les cotelettes ont ete vi- vantes, dit Julien, je n'en veux plus jamais manger. — Ni moi non plus ! dit Lucie. — J'en dis tout autant a Jean Pitou, reprit Estelle : mais il me repondit qu'alors il faudrait ne manger d'aucune viande, car le boeuf, le veau, le poulet ont ete des animaux vivants comme le mouton. " — II faut done en manger ? lui demandai-je. " — Mon enfant, me repondit-il, les Israelites mangerent la Paque dans le pays d'Egjpte ou le Pharaon les accablait de maux, et d'ou le Seigneur avait promis de les delivrer pour les conduire dans le pays de Chanaan : faisons comme eux, dans ce monde, en attendant qu'il plaise a Dieu de nous conduire dans une vie meilleure." " Tout en ecoutant le vieux berger, je m'etais accoutumee a le voir, et je ne pensais plus du tout a sa veste de poU, a son bonnet gris et a ses gros sabots, qui me I'avaient fait paraitre si laid a la premiere vue. " Au contraire, il etait si bon, il nous repondait avec tant de complaisance, qu'il me sembla que je commensals a I'aimer aussi. Quand je songeais surtout que ce pauvre bomme passait la nuit dans les champs, cela me faisait grand'pitie, et j'aurais voulu lui envoy er ma pelisse et mon manchon pour I'empecber d'avoir froid. Je ne pus m'em- pecher de lui dire combien je le trouvais malheureux; alors il prit ma main, et me dit : " Bonne petite fille, ne me plaignez pas trop ; le metier de berger est penible en effet; il exige une sante robuste; on ne s'y enrichit pas ; et, ce qui est plus triste encore, on vit bien isole, tout seul pendant des saisons entieres, ne SECONDES LECTUBES. 97 revenant au village que pour aller a la messe ; et ne ren- trant dans la famille que pour remplir ce vieux sac d'une nouvelle proTision de pain noir et de fromage. Mais, d'abord, quand le temps est maavais, je m'abrite dans cette petite cabane d'ou je suryeille facilement le troupeau. Puis, j'ai deux fideles amis qui se chargent de me dedommager de toutes mes peines : un livre qui me fait trouver les heures moins longues durant le jour ; et le bon Dieu, qui me fait admirer son beau ciel tout plain d'etoiles pendant la nuit." " J'aurais bien youlu que Jean Pitou m'apprit, comme a Marguerite, a connaitre les etoiles dans le ciel, ce qui est autrement beau que sur nos globes de carton peint, qui sont en bosse quand justement il les faudrait en creux. Malheureusement les jours etaient encore trop longs, la nuit yenait trop tard, et nous devions partir. " Mais mon oncle m'a promis, oh ! bien promis, qu'il viendrait me chercher aux fetes du carnaval, pour aller receyoir les petites lemons du yieux berger. — II faudra qu'il nous emmene tons ! crierent les enfants ; nous youlons tons deyenir aussi les amis de Jean Pitou ! — De sorte, dit alors la grand'mere qui ayait ecoute toute cette histoire en silence, de sorte que tu ne songes plus a t'en aller dans le pays de Beau-Bivacje ? — Du tout ! repondit naiyement Estelle. D'abord, je sais maintenant que ce pays n'existe pas ; et quand il ex- isterait, je ne changerais pas mon yieux berger, ayec ses habits grossiers, contre tous ces beaux bergers habilles d(3 satin rose. — Eh sais-tu pourquoi ? demanda la grand'mere. — Non, dit Estelle, je ne sais pas : j'aime mieux Jean Pitou ; pourquoi? je ne saurais le dire. — Eh bien, je vais te I'apprendre, reprit la grand'mere. 98 SEGONDES LECTURES. C'est que Jean Pitou est un vrai berger, qui pense, qui parle, qui agit com me un homme reel ; au lieu que les ber- gers de Beau-Rivage ne sont que de faux personnages, de faux bergers. " Et voyez-vous, mes enfants, malgre tons les omements dont on croit embellir ce qui n'est point la verite, retenez bien ceci : " Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable." 28.-11 CARPE ET LES CARPILLONS. PRENEZ garde, mes fils, cotoyez moins le bord, Suivez le fond de la riviere ; Craignez la ligne meurtri^re, Ou I'epervier plus dangereux encor. C'est ainsi que parlait une carpe de Seine A de jeunes poissons qui I'ecoutaient a peine. Cetait au mois d'avril : les neiges, les gla9ons, Fondus par les zephyrs, descendaient des montagnes; Le fleuve eniie par eux s'eleve a gros bouillons, Et deborde dans les campagnes SEG0NDE8 LECTURES. 99 Ah ! ah ! criaient les carpillons Qu'en dis-tu, carpe radoteuse ? Crains-tu pour nous les hame9ons? Nous voila citoyens de la mer orageuse ; Regarde, on ne voit plus que les eaux et le ciel, Les arbres sont caches sous Ponde, Nous sommes les maitres du monde, C'est le deluge universel. Ne croyez pas cela, repond la vieille m^re ; Pour que Peau se retire il ne faut qu'un instant : Ne vous eloignez point, et, de peur d'accident, Suivez, suivez toujours le fond de la riviere. Bah ! disent les poissons, tu repetes toujours Memes discours. Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine. Parlant ainsi, nos etourdis Sortent tous du lit de la Seine, Et s'en vont dans les eaux qui couvrent le pays. Qu'arriva-t-il ? Les eaux se retirerent, Et les carpillons demeurerent ; Bientot ils furent pris Et frits. Pourquoi quittaient-ils la riviere? Pourquoi ? Je le sais trop, helas ! C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa m5re, C'est qu'on veut sortir de sa sphere, C'est que . . . c'est que . . . Je ne finirais pas. 29.-M. LE MARQUIS DE NIHIL ET M^^^ DE NIHILETTE. "A /T LE Marquis de Nihil et sa soeur, Mile, de Nihilette, -^^^ avaient ete eleves uoblement a ne rien faire, si ce n'est de la tapisserie et des noeuds d'epee. Or, tous deux ayant atteint quatorze et quinze ans, furent conduits loin de Paris, au chateau de leur tuteur, car tous deux etaient orphelins. 100 SECONDES LECTURES. Comme c'etait la premiere fois qu'ils apercevaient la campagne, ils furent bien surpris de voir des routes sans paves, des terres ou Ton cultivait autre chose que des tulipes, des moutons qu'on ne conduisait point par des rubans roses, et des arbres qu'on n'avait pas tailles en forme de perruque, comme dans le jardin des Tuileries. Mais ce fut un bien autre emerveillement quand ils arriverent cliez leur tuteur, ou ils apprirent qu'il fallait semer du ble pour manger des pains mollets, qu'on n'avait point de lait sans herbe et que le vin ne coulait pas des ceps de vigne a la clef, comme il coule du tonneau. Tons deux se promenaient avec stupefaction au milieu des grandes prairies que n'encadrait aucune balustrade de fer, et le long d'une belle riviere ou il n'y avait ni quais ni boutiques. Ils arriverent ainsi un matin, en se communiquant leurs reflexions, jusqu'au bord d'une petite baie dans laquelle flottait une jolie barque verte dont I'avant se courbait en cou de cygne. Le marquis de Nihil, qui se rappelait avoir passe la Seine au-dessus de Saint-Cloud dans un bateau presque pareil, y entra sans balancer, et Mile, de Nihilette le suivit, par respect pour son aine. Mais le canot etait mal attache a la rive, la secousse detacha la corde, et voil^ qu'il se mit a descendre la riviere avec le courant. Vous devinez I'etonnement et I'effroi de M. de Nihil et de Mile, de Nihilette ! Celle-ci se mit a crier, comme c'etait son habitude toutes les fois que les choses n'allaient pas a sa fantaisie, et le marquis mit la main a la garde de son epee, comme devait le faire, lui avait-on dit, tout gentil- homme contrarie ; mais, voyant que la barque n'en descen- dait pas moins au fil de I'eau, il se decida a prendre de preference un aviron qu'il aper9ut sur les bancs. Par malheur, M. le marquis de Nihil, qui connaissait tres- 8EG0NDE8 LECTURES. 101 bien le blason et qui dansait le menuet dans la perfection, ne savait point de quel cote prendre sa rame : aussi toutes ses tentatives furent inutiles. II ne reussit qu'a faire tour- ner deux ou trois fois le bateau sur lui-meme et a le con- duire au milieu du courant. Celui-ci les emporta alors plus rapidement, et, comme la riviere s'elargissait, ils perdirent tout a fait I'espoir d'ob- tenir du secours de I'une des rives. M. le marquis se decida done a laisser la sa rame et a s'asseoir a I'avant de la barque, I'air triste et penaud, tandis que Mile, de Nihilette continuait de pleurer a I'arriere, pour faire quelque chose. lis arriverent ainsi a une grande ile qui divisait la riviere en deux bras, et, comme la barque s'arreta dans les saules, ils furent naturellement portes a terre, ou tons deux saute- rent, a leur grand contentement. Apres avoir attache la corde du bateau a un arbre, ils se mirent a parcourir I'ile dans I'espoir d'y trouver un bureau de poste oil ils pourraient ecrire a leur tuteur de les envoyer chercher ; mais ils en firent le tour sans rencontrer autre chose que des troupeaux de vaches et de brebis, des poules qui picoraient dans Fherbe, et une maison ou il n'y avait personne. Tons deux furent persuades qu'ils venaient d'aborder une ile deserte, comme celles qa'avait autrefois visitees le capi- taine Cook, et qu'ils etaient condamnes a y vivre sans autre 'ressource que leur genie. Cette perspective epouvanta Mile, de Nihilette ; mais M. le marquis, jaloux de soutenir I'honneur de son nom, montra plus de courage et s'effor^a de la rassurer. — Ne vous desesperez point trop, mademoiselle ma soeur, dit-il gravement a la jeune pensionnaire, j'ai quelque idee qu'avec de la patience et de I'industrie, nous pourrons 102 8EC0NBE8 LECTURES. pourvoir a uotre subsistance. Ces vaches doivent fournir le lait en abondance ; il est probable que les poules de cette ile pondent a peu pres comme celles des pays civilises, et j'ai aper^u dans la maison abandonnee un sac de cette farine avec laquelle la gouvernante de notre tuteur pretend qu'on pent faire du pain. Yoyons done a profiter de ces miserables ressources, et ne balan^ons pas a nous servir nous-memes, puisque les valets et les servantes sont restes au chateau. Mile, de Nihilette tomba d' accord que c'etait le seul parti a prendre ; mais quand il fallut en venir a 1' execution, on ne pouvait avoir le lait des vaches sans les traire, et outre qu'aucun d'eux ne savait comment s'y prendre, ces grandes betes cornues les epouvantaient. Cependant M. le marquis finit par faire de necessite courage; il tira resolument son epee a poignee d'acier, s'avanga vers la vache la plus rapprochee, et la mena9a de mort si elle refusait de livrer son lait ; mais la vache tourna tranquillement sur lui son regard doux et absorbe en con- tinuant a ruminer, si bien que M. de Nihil fut oblige de remettre son epee au fourreau. II ne fut pas plus heureux avec les poules, qui s'eparpil- lerent en gloussant a son approche. Quant a Mile, de Nihilette, qui etait entree dans la mai- son, elle allait de la porte a la fenetre, sans plus de succes. Elle avait bien retrouve le sac de farine aper§u par son frere, mais elle ignorait comment on pouvait en faire du pain ; elle voyait bien un large quartier de lard fume sus- pendu a la poutre, mais elle se demandait ce que ce pouvait etre. Le foyer etait d'ailleurs refroidi, et elle ne connais- sait d' autre moyen de rallumer les feux eteints que d'ap- peler sa mie Catherine. Pendant ce temps, les heures s'ecoulaient et la faim se 8EC0NDES LECTURES. 103 faisait sentir. M. le marquis commengait a avoir tine moue piteuse qui nuisait singulierement a sa dignite, tandis que Mile, de Nihilette s'etait remise a pleurer et a se mouclier, ce qui, dans les circonstances difficiles, etaifc, comme nous Tavons deja difc, sa ressource ordinaire. Enfin le grand jour commeuQait a tomber ; tous deux sortirent de la mai- son, comme le loup sort du bois, et recommencerent a chercher quelque chose qui put se manger. lis aper^urent bien des noyers et des chataigniers charges de fruits, mais les chataignes etaient cachees dans leurs enveloppes herissees, et les noix dans leurs coques vertes ; de sorte qu'ils ne purent les reconnaitre; leur recolte se borna a quelques merises tombees que les poules s'occu- paient a picorer, et qu'ils leur disputerent. lis achevaient ce repas d'anachorete lorsqu'une exclama- tion poussee derriere eux leur fit retourner la tete. Plu- sieurs hommes et plusieurs femmes venaient de debarquer a quelques pas : c'etaient les fermiers de I'ile, qui arrivaient de couper les foins sur les prairies de la grande terre. M. le marquis de Nihil leur raconta son aventure, et, malgre leur respect, deux ou trois fois ils eclaterent de rire ; mais ils meriterent bien vite leur pardon pour cette irreve- rence en reconduisant le frere et la soeur a la ferme, ou la maitresse du logis leur servit un excellent gouter, unique- ment compose de ce que renfermait I'ile, leur prouvant ainsi que, pour profiter des ressources, il ne svffisait pas de les avoir y mais quHl fallait encore avoir appris a les connaitre et a s'en servir. PROYERBES. A IDEZ-YOUS seulement et Dieu vous aidera. — Mieux vaut JlS^ ne savoir que mal savoir. — Patience passe science. 104 SEGONDES LECTURES. 30.-LES OIGNONS ET LES LARMES. A YANT hier, les enfants n'etant pas sortis et ne faisant -^^--^ aucun bruit, devaient etre occupes dans mon cabinet. " Je montai quatre a quatre les marches ; une forte odeur me prit a la gorge, et je trouvai mon monde avec des yeux si rouges, si gonfles, si larmoyants, que je crus a une catas- trophe. Sur ma table, au milieu de mes papiers, s'etalaient des oignons peles, eventres, et toutes mes plumes etaient de la fete. " Qu'est-ce que c'est que cela, mes enfants ? m'ecriai-je. — Kien du tout, papa, repondit maitre Emile dont la presence me rassura, car il connait la limite qui separe le crime du simple delit ; nous ecrivons avec du sue d'oignon. C'est tout de meme vrai ce que tu nous as raconte I'autre jour, regarde plutot," Je me sentis coupable, evidemment ; j'aurais du eviter de parler des oignons, et me contenter de mentionner le lait qui, sans exhaler d' odeur, et sans rien salir, donne les memes resultats et constitue une assez bonne encre sympathique. Je me contentai done d' engager les experimentateurs a vou- SEC0NDE8 LEGTURE8. 105 loir bien se laver les mains. Amelie, presque aveuglee, se frottait les yeux avec energie et repetait : " Comme 9a pique ! — Ca me pique bien plus fort qu'a toi, repliqua maitre Emile; mais au fait, papa pourquoi les oignons font-ils pleurer ? Lucien n'a pas pu nous le dire. — Les oignons, ou ognons, repondis-je, car ce nom s'or- thograpbie de deux manieres, sont parents de Tail et appar- tiennent a la famille de plante dite asphodeles. lis etaient en grand bonneur cbez les Egyptiens, et ce peuple passe pour les avoir cultives le premier. Ce que nous nommons oignons, les botanistes I'appellent bulbe ; c'est une sorte de racine dont la forme la plus ordi- naire est celle d'une sphere un peu aplatie ou d'une toupie. Un bulbe est tantot compose d'ecailles appliquees les unes sur les autres, comme dans I'oignon de lis, par exemple ; tantot de tuniques enveloppant toute la circonference, comme dans la jacinthe, la tulipe, Tail, et I'oignon comes- tible. " Les bulbes, en general, se multiplient par des bourgeons que Ton nomme caieux, et qui prennent naissance soit a I'aisselle d'une des ecailles, soit au centre du bulbe lui- meme qu'il remplace alors. La tige de I'oignon commun, qui nous interesse en ce moment, se nomme ' liampe ;' elle atteint la hauteur d'un metre, et supporte des fleurs blanches ou rougeatres qui forment une jolie boule. — Et c'est a cause de cela qui les oignons font pleurer ? — Non pas, repris-je en riant, les oignons font pleurer parce qu'ils renferment une huile volatile d'une odeur pene- trante, dont I'acrete excite la glande lacrymale et la force en quelque sorte a repandre les larmes qui la remplissent. — Tiens, les larmes sont done toutes faites dans nos yeux! 5* 106 SECONDES LECTURES. — Elles ont, du moins, sous le nom de glandes lacry- males, un reservoir situe a la partie superieure de I'orbite. — Le reservoir d'Amelie doit etre bien grand, s'ecria le petit gar^on ; de nous tous c'est elle qui pleure le plus. — Cela tient a son age, repris-je, et non a la taille de ses reservoirs lacrymaux. — Mais qui done ouvre ces reservoirs, papa ? On pleure facilement, mais pas quand on veut. — Si j'en jugeais d'apres vous, je pourrais croire le con- traire ; car je vous vois pleurer lorsqu'on vous deshabille, lorsqu'on vous habille, lorsqu'on vous peigne et meme lors- qu'on vous lave le visage. — Ce sont des pretextes, repondit maitre Emile ; on pleure a cause du temps que Ton perd pour jouer. — Voila une remarque dont je garderai le souvenir. De ton cote, il est bon que tu te souviennes que ce n'est pas uniquement pour pleurer que nous avons des glandes lacry- males, mais bien pour tenir le globe de Toeil humide, et donner a la pupille la transparence et la nettete qui lui sont necessaires pour nous presenter nettement la forme des objets. " Les glandes lacrymales, qui ont a peu pres la grosseur d'une amande, ont sept ou huit conduits excreteurs qui s'ouvrent sur la surface interne de la paupiere superieure, c'est un appareil aussi simple qu'ingenieux que celui-la. Les larmes, apres avoir servi, sont recueillies par les points lacrymaux, et se rendent dans les fosses nasales par un petit canal. C'est done du bien perdu que les pleurs que Ton repand sans raison, car, au lieu de maintenir I'oeil frais et brillant, ils le rougissent et le fatiguent. — Si tu etais petit, papa, tu verrais qu'on ne pent pas toujoujs s'empecher de pleurer. — Lorsqu'il s'agit de choses serieuses, d'un grand cha- SEC0NDE8 LECTURES. 107 grin, d'un grande douleur, je n'ai pas besoin d'etre petit pour savoir que les larmes soulagent et sont involontaires ; inais lorsqu'on pleure pour une toupie ou une bille que vous prend momentanement votre jeune frere, je dis qu'on a tort de vider pour si peu ses reservoirs lacrymaux. — Alors, 9a t'amuse qu'on touche a tes affaires ? — Non pas, s'il te plait ; mes affaires, comme tu les ap- pelles, ne sont pas des joujoux. — Mais, papa, mes jouets, ce sont mes affaires a moi. — Bon, bon ; allez jouer alors, et remportez-moi ces oignons." 31.-REP0NSES EN UNE PHRASE. {Jeu). "TTNE jeune fiUe ya deviner. Cette fois c'est Louise. ^ Cbacun donne un mot a sa compagne, qui est obligee de faire entrer ce mot dans sa reponse, quelle que soit la question qu'on lui adresse. Emilie. Juliette, je te donne le mot crocodile. Juliette. Et moi je donne a Marie le mot enchanteur. Marie. Je donne a Helene le mot barometre. Helene. Je te donne, Mathilde, le mot jardin. Mathilde. Je donne a Henriette le mot clianson. Henriette. Et toi, Emilie, je te donne bateau. (Louise ren- 9, x, or 2, in the singular, do not vary in the plural. aborder.] rOCABULABY. 214 proach^ vicinity ; d' — • adv. at first, first, at once, aborder, v. to land. about-{iss)ent, -issent, V. aboutir, to end. aboyer, v. to bark, abri, sm. shelter. abrit-e, v. abriter, to shelter. abrutir, v. to stupefy, become like a brute. absent-e, v. absenter, (s'), to absent {one's self). [solutely. absolument, adv. ab- abus-ai, v. abuser, to abuse, to make a wrong use of. academicien, j;«. acad- effticiati, member of the Academy. acajou, j;«. mahogany. accabl-ait, v. accabler, to overwhelm. acceler-ant, v. acceler- er, to hasten, to ac- celerate. accept-e, v. accepter, to accept. accommod-a, -e, v. ac- commoder, to ap- propriate, to suit J s' — , to adapt one^s self; qui s'accomo- dent (17), which can be used. accompagn-e, v. ac- compagner, to ac- C07npany. accompl-i, -irent, -(iss)- ent, -issent, v. ac- complir, to acco7n- plish, to perform. accord, sm. accord, agreement ; d' — , agreed. accord-a, -e, -e, v. ac- corder, to grant, give. accoupl-ant, v. accou- pler, to couple, to pair, to join. accourait, i?nperf. ; accourt, pres.j ac- courut, pret. of ac- courir, v. to run up, to hasten. accoutume, adj. ac- customed, usual. accoutumer, v. to ac' custom. accroch-ant, -e, v. ac- crocher, to hook up, hang up, fasten. accus-ent, -erent,^^. ac- cuser, to accuse. acharne, adj. intense, obstinate. achat, sm. purchase. achet-a, -ait, -e, -ons; achet-e, -(e)rons, v. acheter, to buy. acheteur, S7n. buyer, purchaser. achev-aient, -e, -ez, ons; achev-e, -(e)- ro»s, V. achever, to achieve, to finish, to terminate, to end, acier, sm. steel. acidule, adj. acidulat- ed. acquerras, v. fut. of acquerir, to acquire. acrete, sf acridness, sharpness. acteur, sni. actor. actionnaire, sm. share- holder. actrice, sf, actress. adieu, sm. good-bye. admett-ons, v. admet- tre. admettre, v. to admit. admir-ai, -ant, -e, -ez, V. admirer, to ad- mire. admis, ppa. and pret, of adrnettre. adopt-e, V, adopter, to adopt. ador-ons, v, adorer, to adore, to worship. adresse, sf address, dexterity, skill ; al- lusion a son — , in- tended for him. adress-ant, -e, v. ad- dresser, to address ; s' — , to apply, to ad- dress, to speak (to). adroit, adj. dexterous. advenir, v. to occur, to happen. advint, v. pret. of ad- venir. affaiblir, (s'), v. to weaken, to grow weak. affaire, sf affair, thing, matter, busi- ness. affect-ent, v, affecter, to affect, to assume. affectionn-e, v. affec- tionner, to love, to like. affinage, sm. refitting. afflig-e, V. affliger, to afflict, to grieve. affreu-x, -se, adj. frightful, dreadful. affubl-ait, v. affubler, to dress, muffle up. afin, conj. in order, so; — de, in order to. Afrique, sf. Africa. age, sm. age. ag-i, V. agir. agile, adj. nimble. 215 VOCABULABY. [ancien agilite, s/. agility ^ nim- \ bleness. agir, to act; s' — de, to be the question; il s'est agi, it came to; the question was. ag-(iss)ait, -isse, -it, v. agir. agit-ait, -e, v. agiter, to agitate, to tnove; s' — , to grow rest- less. agneau, sm. lamb. agrement, sm. pleas- ure. agricoie, adj. agricul- tural. ahur-i, v. ahurir, to astound, to amaze. ai, V. pres. of avoir. aide, sf. aid, help, assistance. aide, stn. help, assist- ant. aid-assiez, -e, -e, -(e)ra, -(e)ras, -ez, v. aider, to aid, to help, to assist. ale, inter/, oh! aies, aient, v. subj. pres. ^ avoir. aigre, edj. sour, acid; brittle. aigu, adj. acute, sharp, shrill; cri — , loud scream. aiguille, sf. needle. aiguis-ait, -ant, -e, v. aiguiser, to whet, to sharpen. ail, sm. aulx, piur. garlic. aile, sf. wing, {flight). ailleurs, aciv. else- where; d' — , besides. aimable, adj. amiable. aimant, S7n. magnet. aimant-e, v. aimanter, to magnetize. aim-ait, -ant, -e, -es, -ez, -ons, V. aimer, to love, to like. aine, adj. elder {of two), eldest {cf sev- eral). ainsi, conj. adv. so. thus -que. well as ; — de suite, and so on. aisance, sf. cojnpe- tency, ease, comfort. aise, sf ease, gladness; a r — , at ease, com- fortable. aisement, adv. easily. aisselle, sf armpit. ait, V. subj. pres. of avoir. ajout-a, -ait, -e, -e, -ent, -(e)rai, -erent, -es, -ez, V. ajouter, to add, to join. align-a, v. aligner, to place in a row or line, to form in line. aliment, stn. food, {dish). all-a, -aient, -ais, -ant, -e, V. aller. allee, sf passage, av- enue. alleger, v. to lighten. allegorique, adj. alle- gorical. Allemagne, sf. Ger- many. AUemand, adj. s. Ger- man. aller, v. to go, to be about, to be going ; {shall, will) ; allons, {used as inter j.), come! well! now! allez ! or v2l\ {used as interj.) depena upon it ! to be sure J I assure you ! now ! comment allez-vous ? how are you f s'en aller, to go off. all-ez, all-ons, v. aller. allong -(e)ait, -(e)ant -ent, V. allonger, to lengtJten, to stretch. allumette, sf match. allure, sf gait, pace. alors, adv. then. amande, sf almond^ kernel. amasser, v. to gather ^ to collect. ambre, sf. amber. ame, sf. soul, mind. amelioration, sf im- provement. amen-a, -ait, -erent, amen-e, v. amener, to bring; to cause. am-er, -ere, adj. bitter. ami, e, smf friend, dear; — de la maison, friend of the family. amical, adj. friendly. aminc-(i)s, -is, -(i)t, -it, V. amincir, to t/iin, to grow tJiiji. amour, sm. love. amusant, adj. amusing. amus-ant, -e, -e, v. amuser, to amuse ; s' — , to amuse, or to enjoy one's self an, sm. year. anachorete, sm. an- chorite, hermit. analogue, adj. analo- gous, like. ancien, ne, adj. old, ancient. ancien, sm. ancient {people). ane.] VOCABULARY. 2U ane, sm. donkey, ass. aneantir, v. to anni- hilate. ange, sm. angel. Angleterre, sf. Eng- land. angoisse, sf. anguish. anguille, sf. eel. anim-al, -aux, S7n. ani- mal. anim-e, v. animer, to animate, to excite. annee, sf. year. annex-e, v. annexer, to annex. annonc-e, v. annoncer, to announce. anon, sm. young ass. antenne, sf. anteiuia, feeler. aperc-(ev)aient, -(ev)- ant, - ( ev)ras v. aper- cevoir. apercevoir, (s'), v. to perceive, to see. aperg-(oi)s,-(oi)t, -(oiv)- ent, -u, -urent, -us, -ut, V. apercevoir. aplati, adj. flatte?ied, flat. \_ flatten. aplat-(i)t, V. aplatir, to aplomb, sm. perpe7i- dicularity j self-pos- session, assiirajice. apparaitre, v. to ap- pear. appareil, S7n. apparel. apparence, sf. appear- a7ice. appartement, sm. a- partment. apparten-ait, v. ap- partenir. appartenir, v. to be- long {to). appartiennentj/r^j. of appartenir. appar-urent, -ut, v. Pret. ^apparaitre. appas, sm. charm. appel-a, -aient, -ait, -ant, -er, -ez, -ons, -(l)e, -(l)enl, -(le)ra, -(lc)rais, -(le)rons, v. appcler, to call, to name; s' — , to be called ; qui s'appe- lait, whose name was. appesant-i, v. appes- antir, to make heavy. applaud-it, v. applau- dir, to applaud. appliqu-a, -e, v. ap- pliquer, to apply, to lay 091. apport-ais, -ant, -e, -e, -(e)ra, -(e)rais, -ez, v. apporter, to bring. apprecier, v. to appre- ciate, to perceive. apprenait, v. imperf., apprenant, part., apprendra, fut. ojf apprendre. apprendre, v. to learn; to teach. apprendrez, fi^t., ap- prenez, pres. and i7np., apprenne, subj. pres., appren- nent, i7id. and subj. pres. ^apprendre. apprenti, S77i. appre7i- tice. apprentissage, S7n. ap- Pre7iticeship, apprete, v. appreter, (s'), to prepare, to get ready. apprirent, pret. ; ap- pris, part, past, a7id pret. ; apprit, pret.; apprit, i77iperf. subj. ^apprendre. approch-a, -ai, -ant, -e, -ent, -erent, v. ap- procher, to ap- proach; s' — , to ap- proach, to co77te 7iear. approprie, adj. suited. appui, s}7i. support. appuy-e, v. appuyer, to support, to back. apres, prep. adv. after, afterward ; d' — , fro77i, according to. apres-demain, adv. the day after to-mor- row. aquilon, S77t. north wi7id. Arabe, S77i. Arab. araignee, sf. spider. arbuste, S77i. S7nall shrub; — ^s, shrub- bery. arc-en-ciel, sm. rain- bow. Archimede, sm. Ar- chi77iedes. ardent, adj. ardent, burning. argent, stn. silver, 77toney. argent-e, v. argenter, to plate, to silver. aride, adj. barre7i. arithmetique, sf. arith- 77ietic. arme, sf ar7n, weapon. armee, sf. ar77iy. armure, sf. ar77ior. armurier, S7n. gun- smith. arrach-ai, -e, -erent, V. arracher, to tear {away), to S7iatch away ; to tear out, , to pull out. 217 VOCABULARY. [aussitot. arrang-e, v. arranger, to arrange, put in order. arret-a, -ait, -e, -(e)rai, -(e)rais, -erent, v. ar- reter (s'), to stop. arriere, sin. rear, back part, stern {of a ship). arriere, adv. behind ; en — , behind, back, backward. arriere-train, sni. back part. arriv-a, -aient, -ames, -ant, -e. -ent, -(e)ra,-(e)rait,-erent ; -(e)ront, -ons ; v. ar- river, to arrive, to happen. arrivee, sf. arrival. arros-e, v. arroser, to water. articul-e, v. articuler, to articulate, to pro- nounce. artifice, j/C contrivance. artisan, S7n. mechanic. as, V. pres. of avoir. Asie, sf. Asia,. asphodele, sm. aspho- dil, daffodil. asphyxi-e, v. asphyx- ier, to siffocate. assassin-e, v. assassi- ner, to assassinate. assemblee, sf. assem- bly, meeting. asseoir, v. (s'), to sit down. assez, adv. enough, rather. assied (s'), v. pres. j assieds, pres. and imp. ^asseoir. assign-e, v. assigner, to assign, to appoint. assis, assise, v. ppa. /. of compren- dre. comprend, pres. of comprendre. comprendre, v. to U7i- derstaiid, to compre- hend, to include. comprendrez, fut. ; comprends, atid comprenez, pres. iiid. ; compris, ppa. and pret. ; comprit, pret. ^comprendre. compt-ais, -ait, -e, e, -es, -ons, V. comp- ter, to count, intend. comptoir, sm. counter. concentr-e, v. concen- trer, to co7icentrate. concern-e, v. concern- er, to concern, to belong. concevoir, v. to con- ceive, to understand. concluant, pa. v. con- clure, to conclude. concours, sjn. con- course, competition. condamn-e, v. con- dam]ier, to condemn. condisciple, sm. con- disciple, fellow schol- ar. \ductor. conducteur, sm. co7i- conduire, v. to con- duct, to lead. conduisait, impf ; con- duisit, pret. j con- duit, pres. of con- duire. conduite, sf conduct. confectionne, adj. pre- served. confesser, v. to co7i- fess, to ack7io'wledge. confiance, sfconfide7ice. confiseur, S7n. co7fec- tio7ier. confiture de predilec- tion, favorite sweet- 77ieats. confond-ent, -u, v. to co7tfou7id, to i7iistake {for). ^ conformement, adv. co7for77iably {to). confus, adj. ashamed, co7ifused. conge, S77t. holiday. connais, pres. j con- naissaient, connais- sais, ««^connaissait, i77ipf. ^connaitre. connaissance,4/; knowl- edge, acquai7ita7ice. connaissent, connais- sez,connaissons,con- nait, pres. of con- naitre. connaitre, to know, to be acquai7ited with ; connu ! we k7iow what that is; a7i old story I se — a, to be a Judge of to im- dersta7id ; s'y con- naissait, widerstood all about it; ou je ne m'y connais pas, or I a77i very 77iuch 77iistake7i. connaitrions, C07id. of connaitre. connu, V. ppa. ; con- nviS,pret.; connusse, i7npf. subj. of con- naitre. conquis, v. ppa. of conquerir. conquerir, v. to co7i- quer. consacr-e, v. consac- rer, to dedicate. conseil, sm. advice. conseill-e, -(e)rais, v. conseiller, to advise. consequence, sf. conse- que7ice ; en — , co7i- sequently. consequent, par — , conj. C07iseque7itly. conserv-ant, -e, v. con- server, to preserve, keep. consider-ant, -e, v. considerer, to con- sider, respdct. consist-ait, -e, v. con- sister, to co7isist. consol-e, -ons, v. con- soler, io co7nfort. consonne, sf. conso- na7tt. constamment, adv. C07ista7itly. constern-e, v. conster- ner, to dis7nay, io throw i7ito conster- 7iatio7i. constitu-ait, -e, v. con- stituer, to C07istitute ; to form. constru-(is)ent, -(is)it, -(i)t, v. construire, to C07lstrUCt, to C071- striie, to build. consulter, v. to co7isult. cont-ait, v. center, to 7iarrate, to tell. conte, S7n. tale. contempler, v. to con- te77iplate. content, adj. co7itent- ed, satisfied. content-ai, -e, v. con- tenter, to be co7itent. contentement, S77i. sat- isfactio7i. contiendrait, C07td. ; contiennent, and 225 VOGABTTLABY. [couvrir. contient, pres. i?id. of coxitQmi. continu-a, -ai, -ait, -ant, -e, -e, -erent, -ons, V. continuer, to co7itimie, to go on. continuellement, adv. continually. contraire, s?n. con- trary ; au — , on the contrary, contrari-e, v. contra- rier, to contradict, to annoy. centre, prep, against, contrary to. [try. contree, s/. land, conn- contrefaire, v. to imi- tate, to niimic. contribuer, v. to con- tribute. CQ)Xi\2\nc\i, ppa. o/con- vaincre, to convince. convenable, adj. stat- able. convenir, v. to admit, to sjiit, to agree. convenu, ppa. ; con- viendrai, and con- viendrez, ftit. ; con- viens, and convient, pres. ^convenir. convive, sm. guest. copie, sf. copy. copi-e, -ent, v. copier, to coPy. coquelicot, sm. poppy. coquetterie, sf. coquet- ry. coquillage, sm. shell. coquille, sf. shell. corbeille, sf. basket. corde, sf. rope, strijig. cordon, s)n. string, rib- bon ; — h\eu, Knight of the Holy Ghost ; first-rate cook. cordonnier, sm. shoe- 7naker. come, sf horn. corner, v. to babble out. cornu, adj. horned; absurd. corolle, sf. corolla. corps, S7n. body. corrig-(e)at, -(e)rait, v. corriger, to correct. corsage, S7n. bust, waist of a dress. cortege, sm. proces- sion, suite. cote, sm. side ; a — , by the side. cotelette, sf. cutlet. cotillon, sm. petticoat {in this 7neaning 071- ly Jtsed by peasants) ; cotillo7i {da7ice). coton, S7n. cotto7i. c6toy-e, -ez, v. cotoy- er, to coast; to keep alo7ig the coast. cou, sm. 7ieck. couch-ait, -aient, -e, -e, V. coucher (se), to lie dow7i, to go to bed. couche, sf. bed. coude, S7n. elbow. coudre, v. to sew. coul-ait, -e, v. couler, to flow, to rtm. couleur, sf. color. couloir, sm. passage. coup, S7n. blow; — d'- (£.\\,gla7ice; tout a — , suddenly, all at 07ice. coupable, adj. guilty. coup-ai, -aient, -at, -e, V. couper, to cut {off, up, dow7i), to crop, clip. couplet, S7n. song, stanza. cour, sf. court, yard. courage, S7n. courage ; fier — , great cour- age, courageusement, adv. courageoitsly. courageu-x, se, adj. courageous. couraient, i77ipf of courir. courant, S7}i. currefit. courant, pa. «. of deployer, to un- fold, to display, deplut, pret. of de- plaire. deposer, v. to depose, to testify. depot, S7n. deposit. depouill-ant, -erent, v. depouiller, to strip. depourvu, adj. desti- tute. depuis, prep, siiice, ever si7ice. deranger, v. to disar- ra7ige. derni-er, -ere, adj. last. dernierement, adv. lately. derob-a.] VOCABULARY. derob-a, -e, v. derober, to steal, to hide J se — , to steal away, to slip away. derobee (a la), adv. by stealth, behind one's back. derout-e, z//derouter, to perplex, to dis- co7icert. derriere, adv. behind. des {contraction of de les), art. of the, of, from the, from, so7ne^ any. ^es, prep, fro jn; — que, as soon as. desaccoutum-(e)ras, v. desaccoutumer, to disaccustom, to break of the habit. desappoint-e, v. des- appointer, to disap- point. desarm-a, v. desarmer, to d is ami. descend-aient, -ait, -it, -u, V. descendre, to descend, to go dowji. desert, adj. deserted. desesper-a, -ais, -e, -ez, V. desesperer, to de- spair; se — , to be in despair. desespoir, sm. despair. deshabill-e, (se), v. deshabiller, to un- dress. design-ent, v. design- er, to desigjiate. desir, sm. desire, wish. desir-ais, -e, v. desirer, to desire, to wish. desoeuvrement, sjn. idleness. desol-ait, -e, v. desoler, to desolate, to distress. desordonne, adj. un- tidy, ujiruly. desordre, sjn. disorder. desormais, adv. in fitiire, henceforth. desquels {contractiojt ^delesquels), profi. of which. dessert, pres. ind. of desservir, v. to do an ill office, to in- jure {morally). dessin, sm. drawing, plan. dessiner, v. to draw. dessous, S7n. under- part, bottom, wrong side. dessous, adv, prep, under, underneath , below ; en — , at the bottom. dessus, S7n. tipper part; sens — dessous, topsy- tiirvy. dessus, adv. prep, on, over, above J en — , at the top J la — , thereupon j par — , on, upon. destin, sm. destiny, fate. detach-a, -e, -e, v. de- tacher, to detach, to separate. detail, sm. detail, par- ticulars. detendre, v. to U7ibend, to relax, to stretch. detest-e, v. detester, to detest. detour, sm. winding j the roundabout way. detourn-e, v. detourn- er, to turn away, to lead astray. detresse, sf. distress. detruire (se), v. to de- stroy. detruisent, pres. ; de- truit, pres. and ppa. ^detruire. deux, adj. two. deuxieme, adj. second. devait, devaient, impf.; devant,/^. ^devoir. devant, sm. fore part, front; prendre le — , to be beforehand, to have the start ; aller au — de, to go toineet. developp-e, v, devel- opper, to develop. deven-ais, -ait, -u, v. devenir, to become. devez, v. pres. itid. of devoir. [o^'. devidage, S77i. wi7idi7ig devid-e, -(e)ront, v. de- vider, to wind off. devi-e, v. devier, to deviate, to turn out. deviendront, fut. ; de- vienne, subj. pres. ; devient, ind. pres. ^devenir. deviez, v. i77ipf. of de- voir. devin-a,-aient,-ait, -es, -ez, -e, -(e)rai, -(e)- rait, (e)rez, v. devi- ner, to guess. devinrent, pret. - tiii domiii-e, V. iff rmle, taimaster. domiiiage;, sou damr- age^pity. dtm, sat. gift, doncp ctn^. them., tkere- fim : fray do. donn-a, -aiene, -ant, -at, -^ -€, -es&f -(e>ra, -4e)rai. -- lail^ v. dmnniT, to gmre. diHit, from, of wkuk, ^ffkase, by 'wkaoL. dme, adj. gUL dor-e^ ST. dner, togild, to'mask'antktkeyoi& of eggs. doniirant, xr. dannir. dmnear, jac simper. donnir, -u. to sleep. dors, doit, pres. of dtxm^ sf. giidimg. das, smt. back, 1 :-r. tf. doteTy to ghre carriage portiom, : : i:, -cz, 9. doo- ^^?»id^ to ' -'JUi-' * ■ S^<-*- V due. dtsomiez. /tkk. t^^asr €xmfa. disooorir, v. to talk. disoNiiSy sm. speech, talk. discoiiil^ ^es. ^ dis^ coonr. ^ascss&iL,smi,disrepmte. Je. ■>hieem. pr€S, 4if 4/» bU: g'r dombL doa-Xy ce. dia|iy XBB. i:.n. student. etudi-ait, -ant, -e, -e, V. etudier, to study. etui, svi. case, needle- case. euient, eus, pret. ; eusse, eiit, imp/, subj. : cut, pret. of avoir. eux, pron. m. pi. they, them ; — memes, themselves. evaluer (s'), "v- to amoti}it. eveill-ai, -e, v. eveil- ^ ler. eveille, adj. wide a- wake, intelligent. eveiller (s'), to wake ttp. evenement, sm. event. eventr-e, v. eventrer, to cut open. evidemment, adv. evi- dently. eviter, v. to avoid. exactement, adv. ex- actly. exactitude, sf. exact- ness. exalt-aient, v. exalter, to exalt, to praise highly. examen, sm. exajnin- ation. examin-ais, -ant, -e,-e, -ent, V. examiner, to examine, to look at, to iiiquire into. exced-e, v. exceder, to weary, to wear out. excell-e, v. exceller, to excel, to surpass. excellemment,^rt''z/. ex- cellently. excepte, prep, except. excit-ait, -e, v. exciter, to excite, to sti?nu- late. exclusivement, adv. ex- clusively. excreteu-r, se, adj. ex- creting ; excretive. excuse, sf excuse, par- don. exemplaire, S77i. copy. exemplaire, adj. ex- emplary. exempie, sm. example; par — , for ifistance, indeed. exerc-e, -e, v. exercer, to exercise, to jn-ac- tice. exhaler, v. to exhale, to send forth. exig-e, V. exiger, to exact, to require. exist-aient, -e, -e, -(e)- rait, V. exister, to exist. experimentateur, sm. experimenter. explicati-f, ve, adj. ex- planatory, [nation. explication, sf. expla- expliqu-a,-ait,-e,-(e)ra, -(e)rai, v. expliquer, to explain. expose, S7n. statement. expos-e, -es, v. exposer, to expose, to explain. expres, adv. expressly, on purpose. exprim-ant, -ent, v. ex- primer, to express. extraordinaire, adj. ex- traordi7iary . extremite, sf. extre77i- ity, e7id. extremement, adv. ex- tre7tiely. fable, sf. fable, 77tythol' fabriqu-ait, -e, -e, -ent, V. fabriquer, to 7nan- ufacture, to fabricate. facher, v. to grieve, to ojfe7id ; se — , to get angry, to be sorry. facheu-x, se, adj. un- pleasant, sad. facile, adj. easy. facilement, adv. easily. fagon, sffashio7i, way, 7nan7ier ; sans — , without cere77to7iy. faculte, sf. faculty. fadeur, sf. i7isipidity, i7isipid co7npiiment. fagot, S771. butidle. faible, adj. weak, feeble, faiblesse, sf weakness, debility. faim, sf. hu7tger. faire, v. to do, to make, to give, to let ; vou- dra — (8), will grant; faisait beau.waj-^^i?^ weather; il fait, it is; fit-il (53), he 77iut- tered ; tu fais I'en- fant, you act like a child {cry-baby) ; se fait, is done ; se fait a tout, gets used to everythi7ig. fais, pres. j faisaient a7id faisait, i77ipf of faire. faisan, S77i. pheasa7it. faisant, v. pa. of faire. faisceau, S7n. bundle, sheaf. 235 VOGABULABT. [filiSre. faiseur, sm. maker. faisiez, faisions, imp/. ; iaisons, Pres. ^faire. fait, sm. fad ; au — , in fact. fait, ppa. and pres. of faire. faites, pres. and imp. of faire. fallait, V. impf of fal- loir. falloir, V. to be neces- sary ; il faut que je, que vous, / must, you must ; ce qu'il fallait, what it was necessary {to). fallut, V. pret. ^falloir. fameu-x, se, adj. fa- mous. famille, sf family. familierement, adv. familiarly. Fanchette, sf Frances. fanfare, sf. flourish of trumpets, fangeu-x, se, adj. mud- dy. fantaisie, sf fancy, will. fardeau, S7n. burden. farine, sf. flower. fasse, V. impf. subj. of faire. fatigue, adj. tired. fatigu-ent, v. fatiguer, to fatigue, to tire. faudra, fut. ; faudrait, cond. of falloir. faussete, sf. falsehood, falsejiess. faut, pres. ^falloir. faute, sf fault, error, mistake ; en — , at fault. fauteuilji-w. arm-chair. fauvette, sf hedge- sparrow, warbler. fau-x, se, adj. false. faveur, sf. favor. fecond, adj. fruitful. fee, sf. fairy. feerie, sf enchantment, fairy scene. feign is, pret. of fein- dre, to feign, to make believe. fel-e, V. feler, to crack. felicit-ai, v. feliciter, to felicitate. femelle, sf. female. femme, sf woman, wife. fenetre, sf window. feuille, sf leaf. fer, sm. iron ; — a cheval, horse-shoe ; fer-blanc, S7n. tin ; fer a repasser, S7n. smooth ing- iron. fera, ferai, fut. ; ferai- ent, ferait, feriez, cond. of fsiire. ferme, sf. farm. ferme, adj. closed. ferm-a, -ai, -(e)ras, v. fermer, to shut, to close. fermi-e r, qxq, s7Jtf farm- er ; farmer's wife. feroce, adj. ferocious, wild. ferons, fut. of faire. ferre, adj. mounted with iron ; ferre (195), skilled in. ferrer, v. to shoe {horses) ; to cover with iron. ferule, sf. stick, switch. festin, sm. feast, ban- quet. fete, sf feast ; name- day, birthday; enter- tainment : faire — . to entertain particu- larly well. f^t-e, V. feter, to cele- brate, to entertain. fetu, sm. bit of straw, rush. feu, sm. fire; ils n'y voyaient plus que du — (64), they were all afloat. feuillage, sm. foliage. feuillet, sm. leaf {of a book). feve, sf bean. fi ! ifiterj. fie ! faire — , to despise, to look down upon. * ficelle, sf. twine. fichu, sm. handker- chief. fidele, adj . faithful. fi-er, ere, adj. proud, famous. fierte, sf pride. figer, V. to curdle, to cojigeal. figure, sf face ; ferait aussi bonne — {73), would be as well off. figur-e, V. figurer, to figure, to be placed ; se — , to imagi7ie, to picture to one^s self fil, S7n. thread : (100) stream : fil de fer, fil d'Archal, sm. wire. filament, sm. filameyit, thread. fil-ant, -e, -e, v. filer. filature, sf. spinning- mill. filer, V. to spin ; to shoot {of ships and stars). filet, S7n. 7iet. filiere, sf. drawing- fra77ie. fille.] VOCABULAET. 236 fille, sf. girl, daughter. fiUette, sf. little girl, lass. fils, sm. son. filtr-ait, v. filtrer, to filter.topass through. fin, sf. end ; a la — , at the end, finally. fin, adj. fine, cunning. finesse, sf. ingenuity, keetiness, acuteness, subtlety. fin-i, -(i)ra, -(i)rais, - ( i )rait, -(iss)ait, -(iss)- ent, -issent, -(i)t, v. finir, tofitiish ; en — , to Have done with it. firent, fis, fit, ikes, pret. of faire. fix-e, V. fixer, to fix, to be certain, to stare. flaque, sf. small pool. flamme, sf. flame. flanelle, sf. flannel. flatter, v. to flatter. fieau, sin. scourge. fletr-i, V. fletrir, to wither. fleur, sf. flower. fleiir-irent, v. fleurir, to bloom, to blossom. fleuri, adj. flowery, i7t blossom. fleuve, sjn. river. flott-ait, V. fiotter, to float. ^uet,adj. thin, slender. flute, sf. flute. io\,sf faith; surma — , upofi my word. foin, sm. hay. fois, sf time ; une — , once ; a la — , at the same time, both. fol, foUe. See fou. folatre, adj. playful. fonce, adj. dark. fonctionn-ent, v. fonc- tionner, to work, to operate. fond, sm. bottom ; a — , thoroughly ; au — , ill fact ; faire — , to rely, or depend on. fond-e, -ent, v. fondre. fonderie, sf. foundry. fond-it, V. fondre. fondre, v. to melt, to cast, to unite, to burst. fond-u, V. fondre. ioViX., pres. ^ faire. fonte, sf. melting, cast, smelting. fo rce , sf force, strength , might, plenty ; a — de, by dint of forc-e, V. forcer, to force, to oblige, to compel. forces, sj'. pi. shears. foret, sf J'orest. forficule, sf. earwig. forger, v. to forge; fer forge, wrought iron; a force de — on de- vient forgeron, prov. practice makes per- fect. forgeron, sm. black- smith. forme, sf. form, shape. form-aient, -e, -e, -ent, V. former, to form. formuler, v. to draw, to state. fort, adj. strong, large. fort, adv. very. [ly. fortement, adv. strong- fortune, sf fortujte, wealth ; contre — bon coeur, we fnust bear up against ill fortune. fosse, sf. {nasal) cham- ber. fou, fol, m. folle, f. adj. mad, foolish. fou, sm. ioW^, f foolish person, fool. foudre, sf. lightning, thunder, thunder- bolt. foudroy-e, v. foudroy- er, to confound; — e, thunder-struck. fouet, sm. whip ; don- ner le — , to whip. fouett-e, -e, v. fouetter, to whip ; fouette cocher(i78), off they went at a fine rate. fouill-ais, -es, v. fouil- ler, to search, to rum?nage. foule, sf. crowd. four, sm. oven. fourchette, sf. fork. fourmi, sf ant. fourmiliere, sf. ant- hill. fourneau, sm. furnace, stove ; haut — , blast- furtiace. fourn-i, -(iss)ent,-issent, -(i)t, -it, V. fournir, to furnish. fourr-e, v. fourrer, to thrust, to poke. fourreau, sm. case. foyer, sm. hearth. fracas, sm. noise. fragile, adj. frail. fraicheur, sf freshness. frais, sm. pi. expenses, cost. frais, fraiche, adj. fresh, cool. fraise, sf. strawberry. fran-c, che, frank, can- did, sincere. 237 VOCABULARY. [gazette. Frangais, sm. Fre7tch- man. frangais, adj. French. franchement, adv. sin- cerely, frankly. franchi-rais, v. franchir, to cross, to traverse. franchise, sf. frank- ness, candor. frange, sf. fringe. frapp-ant, -e, v. frap- per, to strike, to knock. fraternal, le, fraternal, brotherly. frayeur,j/". fear, fright. frem-irent, -(iss)ent, -issent, v. fremir, to shiver, to tremble. fremissement,j7«.$^wzV- ering, trembling. frequemment, adv. frequently. frere, sm. brother. fretill-e, v, fretiller, to frisk. friand, adj. dainty. frire, v. to fry. fris-e, V. friser, to curl. frit, adj. fried, done for. frit, ppa. of frire. froid, adj. cold. fr61er,^'. tc rub against. fromage, sm. cheese. frong-a, v. froncer, to gather ; — le sourcil, to frown, to knit one's brow. front, sm. forehead. frottement, sm. fric- tion, rubbing. frott-a, -ais, -ait, -ant, -e, z/.frotter, to scrub, to clean, to rub. fruiti-er, ere, adj. fruit- bearing. fuir, V. to fly, to rtm away. fum-e, V. fumer, to smoke. funeste, adj. fatal. furent, v. pret. of etre. furet-ant, v. fureter, to search out. fureur, sf. fury. furtivement, adv. fur- tively, secretly. fus, pret. of etre. fusee, sf. fusee {conical wheel of a watch or clock). fusion, sf. melting. fusil, sm. gun. fusse, impf. subj. of etre. fut, pret. ; fut, impf. subj. of etre. futile, adj. trivial, frivolous. gage, sm. pledge, se- curity, forfeit ; — s, pi. wages, pay. gag-e, v. gager, to bet, to lay a wager. gagn-aient, -e, -(e)ra, -(e)rons, v. gagner, to gaiti, to get, to earn, to make, to reach ; — leur vie, to earn their own liv- ing. gai, adj. cheerful. gaiement, adv. merri- ly, cheerfully. gaiete, sf. gaiety, live- liness, mirth. gaillardement, adv. lively, merrily. galant, adj. gallant, courteous. galanterie, sf gallant- ry, politeness. galerien, sm. galley- slave, convict. galop, sm. gallopade, gallop. galop-ant, v. galoper, to gallop, to rim after. galvanoplastie, sf. gal- vano'plastic. gambad-ant, v, gam- bader, to jump, to gambol. gant, sm. glove. gargon, sm. boy, wait- er, workman ; — de ferme, farm servant. gargonnet, sm. little boy. gard-a, -ai, -ais, -ait, -ant, V. garder. garde, sf. guard, trust, care ; {of sword) hilt ; pris — , paid attention, took care; n'eut — de, took care; prenez — , take care, not to, was far from. garde, sm. guard, gard-e, -e, v. garder. garder, v. to keep, to preserve, to take care of gard-(e)rai, v. garder. garde ur, sm. keeper. gare, /;//. look out / garnement, sm. worth- less fellow . garn-i, v. garnir, to furnish, to provide. garniture, j/! trimming. gat-ais, V. gater, to spoil. gateau, sm. cake. gauche, sf. left ; a — , on the left. gaze, sf. gauze. ' gazette, sf. newspaper. gazon.] VOCABULARY. 238 gazon, S7n. grass, turf. gazouill-ant, -ent, v. gazouiller, to warble, to chirp. geai, sin. jay, jackdaw. gelee, sf. jelly, frost. gemissement, sin. groan. gen-ait, v. gener, to be in the way of, to hinder, to obstruct, to annoy. gencive, sf gum. general, adj. general j en — , generally. generalement, adv. generally. genereu-x, se, adj. generous. Geneve, s. Geneva. genie, sm. genius. genou, sm. knee; a — x, on {his) knees. gens, smf pi. people. gentil, le, adj. nice, pretty. gentilhomme, sm. no- bleman. gentillesse, sf. pretti- ness, gracefulness. gentiment, adv. pret- tily, gracefully. gerbe, sf. sheaf. germanique, adj. Ger- manic. geste, sm. gesture, sign. gigot, sm. leg {of mut- ton). girafe, sf giraffe. glace, sf ice; looking- glass j ice cream. glagon, sm. icicle. gland, sm. acorn, tas- sel. glande, sf gland. gliss-a, -ait, -e, v. glis- ser, to glide, to slip {in). gloire, sf. glory. glouss-ant, v. glousser, to cluck. ^oh^X^XySm. goblet, mug. gomme, sf gum ; — elastique, india-rub- ber. gomm-e, v. gommer, to gum, to glue. gonfl-e, V. gonfler, to swell, to puff up. gorge, sf. throat, neck, breast. gosier, sm. throat. gouffre, sm. abyss, gulf gourde, sf. pumpkin, gourd. gousset, sm. a small pocket, watch-pocket. gout, sm. taste. gout-e, -e, V. gouter, to taste. gouter, sm. luncheon. goutte, sf. drop. gouvernante, sf. house- keeper, governess. grace, sf. grace, favor, pardon; — a, thanks to ; faire des — s, to make one's self agree- able. gvdiCitn-x.sQ, adj. grace- ful, gracious. grain, sm. grain, seed. graine, sf. seed. grammaire, sf. gram- mar. grammairien, sm. grammarian. grand, adj. great, tall, large, big. grandeur, sf. greatness, size. grand-i, -(i)s, is, v. grandir, to grow. grand'cbose, sf great matter. grand'mere, sf grand- mother. grand-papa, grand- pere, sm. grand- father. grange, sf. barn. grappe, sf. bunch. grappillon, sm. small bunch of grapes. gras, se, adj. fat, rich. gratifie, v. gratifier, to favor, bestow, oblige. gratt-e, v. gratter, to scrape, to scratch. grave, adj. grave, se- rious. grav-e, v. graver, to engrave. [ly. gravement, adv.grave- gre, sm. will, good- will, pleasure ; bon — , mal — , willing or unwilling. grec, que, sm. adj. Greek, Grecian. Grec, sm. Greek. greffier, sm. clerk {of the court). grele, sf hail; — de, a shower of. grenier, sm. granary, storehouse, garret. grenouille, sf. frog. grifif-e, v. griffer, to scratch. grille, sf. grating. griller, v. to roast. grimace, sf. grimace, wry face. grimper, v. to climb. gns, adj. gray. grison, adj. gray {don- key). grond-ant, v. gronder, to scold, to growl. 239 VOCABULARY. [horreur. gronderie, sf. scolding. gros, se, adj. great, big, large. groseille, sf. goose- berry. grosseur, sf. size. grossi-er, ere, adj. coarse, rude, rough. grossierement, adv. grossly, coarsely, roughly. grossir, v. to enlarge, to swell, to magnify, to grow. gross-(iss)ait, -(iss)ant, -(i)t, V. grossir. grotte, sf. grotto, cave. guepe, sf. wasp. guere, (ne — ), adv. but little, not much, hardly, hardly any. guerison, sf. cure, re- covery. guerre, sf. war. guerri-er, -ere, adj. warlike, martial. guett-e, -ez, v. guetter, to watch. gueulard, sm. furnace, mouth. gueule, sf. mouth {of anijnals). gueuse, sf. pig-iron. guid-e, V. guider, to Guillaume, sm. Wil- liam. guirlande, sf. wreath, garland. guise, sf. way, man- lier ; a sa — , to one's fancy J en — de, by way of. habile, adj. clever. habillement, sm. suit of clothes. habill-a, -e, -e, v. ha- biller (s'), to dress. habit, sm. coat ; — s, pi. clothes. habitant, sm. inhabit- ant. habit-ait, -ant, v. hab- iter, to inhabit, to live in. habitude, sf. habit, custom. habitu-e, v. habituer, to accustom. hache, sf. hatchet. haillon, S7n. rag. haine, sf. hatred. halet-ant, v. haleter, to pant. hameau, S7n. hamlet. hamegon, sm. fish- hook. hampe, sf flower-stalk. hanneton, sm. may- bug. hardi, adj. bold. hardiesse, sf. boldness. hardiment, adv. boldly. hasard, sm. hazard, chance. hasardeu-x, se, adj. hazardous. hate, sf haste, hurry. hat-e, V. hater (se), to hasten, to hurry. hauss-e, v. hausser, to raise; — les epaules, to shrug one^s shoul- ders. haut, sm. top ; en — , upper. haut, adj. high ; la—, Mp there. hauteur, sf height, haughtiness. heberg-(e)ait, v. heber- ger, to lodge, to en- tertain. helas, int. alas ! herbe, sf grass. herbette, sf tender grass. herbivore, adj. herbiv- orous. heriss-a, -e, herisser, to bristle {up). hesit-e, v. hesiter, to hesitate. heure, sf. hour, time ; de bonne — , adv. early ; a la — — , very well, that's dif- ferent; quatre heures et trois quarts, a quarter to five o'- clock. heureusement, adv. happily, fortunate- ly. heureu-x, -se, adj. hap- py, fortunate. hier, adv. yesterday. hilarite, sf hilarity, laughter. histoire, sf. history, story. hiver, sm. winter. homme, sm. man. honnete, adj. honest, respectable. honneur, S7n. honor. honor-e,-ez, v. honorer, to honor. honorifique, adj. hon- orary. honte, sf. shame, dis- grace. honteu-x, se, adj. ashamed. horizontalement, adv. horizontally. horloge, sf. clock. horloger, sm. watch- maker. horreur, sf. horror. liors.] VOCABULARY. 240 hors, prep, otit, out of; — d'etat, unable. hospital-ier, -iere, adj. hospitable. hote, sm. landlord, host ; inhabitant ; innkeeper. hotesse, sf. landlady, hostess. houille, sf. coal ; pit- coal. houlette, sf. {shep- herd's) crook. houx, sm. holly. huee, sf. hooting. huile, sf oil. huit, adj. eight. huitieme, adj. eighth. huitre, sf oyster. hum-a, V. humer, to inhale. humain, adj. human. humeur, sf humor, temper, disposition. humide, adj. humid, damp. hurl-ant, v. hurler, to howl. hussard, sjn. hussar. ici, adv. here. idee, sf. idea. ignor-ais, -ait, -e, -ent, -ez, V. ignorer, to igtiore, not to know, to be ignorant of il, pron. fie, it, there ; ils, pi. they. lie, sf. island. illumin-e, v. illuminer (s'), to light Mp. image, sf. picture. imagin-a, -e, v. imag- iner, to imagine, to fancy. imit-e, v. imiter, to imitate. immerite, adj. unde- served. immobile, adj. immov- able, motionless. impair, adj. odd, un- eveti. imparfait, adj. imper- fect. impatient-e, v. impa- tienter (s'), to lose patience. impoli, adj. itnpolite, uncivil, rude. import-e, v. importer, to import, to matter, to be of importance J n'importe, no mat- ter ; never mind. importun, adj. impor- tunate, troublesome. imposant, adj. i^npos- ing, dignified. impos-e, v. imposer, to impose. imprevoyant, adj. ii7t- provideitt. improviste a P — , adv. unexpectedly, un- awares. impuissant, adj. pow- erless. inaccoutume, adj. un- usual, [tain. incertain, adj. uncer- incertitude, sf. uncer- tainty. incessamment, adv. in- cessantly. inclin-erent, v. inclin- er (s'), to incline, to betid {down), to bow. inclusivement, «^z/. in- clusively. incommodite, sf. in- co7ive7iience. incongruite, sf. impro- priety. inconnu, adj. un- known. Inde, sf. India. indice, sm. sign, mark. indien, -ne, adj. In- dian. indigne,^^'. unworthy. indigne, adj. indig- nant. indign-e, v. indigner (s'), to be indignant, to be shocked. indiqu-ant, -e, -e, -(e)ra, V. indiquer, to ittdi- cate, to point out, to designate. indiscr-et, -ete, adj. i7idiscreet. individu, sm. individ- ual, person. Industrie, sf. industry, trade. Industrie!, stn. manu- facturer. inegal, adj. unequal, uneven. inepuisable, adj. inex- haustible. inespere, adj. unex- pected, unhoped for. infamant, adj. igno- minious. infamie, sf. infamy. in fati gable, adj. inde- fatigable. inferieur, adj. inferior, lower. inflig-e, -(e)a, v. infli- ger, to inflict. inform-ait, v. informer (s')> to ijiquire, to ask. informe, adj. shapeless. infortune, sf. misfor- tune. ingenieu-x, se, adj. in- genious. 241 VOCABULARY. [jeunesse. ingenuite, sf. ingen- M0US7ieSS. ingrat, sin. adj. un- grateful. innombrable, adj. in- numerable. inond-e, v. inonder, to inundate, to over- flow. inqui-et, ete, adj. anx- ious. inscrivez, pres. of in- scrire, v. to set down, to inscribe. insensible, adj. unfeel- ing. insidieu-x, se, adj. in- sidious. insistance, sf. insist- ing. insist-a, -e, v. insister, to insist. inspir-e, v. inspirer, to inspire. install-e, v. installer, to install, to settle. instant, sin. instant, moment; a 1' — , just now. institutrice, sf. govern- ess, teacher. instructi-f, ve, adj. in- structive. instruire, v. (s'), to in- struct, to get infor- mation. instruit, adj. well in- formed. insu, sm. a 1' — de, un- known to. insult-ait, -e, v. insult- er, to insult. interceder, v. to inter- cede. interdit, adj. confused. interessant, adj. inter- est in \3.\gnQz,pres. ^plain- dre. plaind-ra, v. plaindre. plaindre, v. to pity, to regret ; se — , to corn- plain. plaint, pres. attd ppa. of plaindre. plainti-f, ve, adj. plain- tive. plaise, pres. subj. of plaire. plaire, v. to please ; se — , to be pleased. plaisant, paf't. ^plaire, plaisant, adj. pleasant, pieasiftg, agreeable, funny. plaisant, sm. jolly, or funny fellow ; mau- vais — , sorry jester, wag. plaisant-ez, v. plai- santer, to joke, to make fun. plaisir, sm. pleasure. plait, pres. ^plaire. plancher, sm. floor. plant-a, v. planter, to plant. plat, sm. dish. plat, adj. flat. plateau, srn. waiter. platre, sm. plaster. plein, adj. full. pleur-aient, -ait, -e, -(e)rais, v. pleurer, to cry, to weep. pleuv-ait, v. pleuvoir. pleut, /r^j. ^pleuvoir. pleuvoir, v. to rain; — a verse, to rai7i ifi tor remits. Pline, sm. Pliny. plomb, S7n. lead. plong-e, -e,-(e)a,-(e)ant, V. plonger, tophuige, to dip. ploy-aient, v. ployer, to be7id. pluie, sf. rairi. plumage, S77i.plu77tage, feathers. plume, sf.pc7i, feather; — d'acier, steel-pe7i. plum-e, V. plumer, to pluck the feathers of plupart, sf 77iost part. pi Uriel, S771. plural. plus, adv. 77iore; le — , 7)iost, the 77iostj de — , i7ioreover. plusieurs, adj. several, 77ia7iy. plutot, adv. rather. poche, sf. pocket. poele, S771. stove. poeme, S77i. poe77i. poesie, sf. poetry. poids, S7n. weight. poignee, sf. ha7idful, hilt. poil, S771. hair. poing, S77t.fist. point, S771. poi7it. point, adj. no, not. pointu, adj. sharp, poi7ited. poire, sf. pear. poisson, sf fish. poitrine, sf. chest. poitrinaire, adj. C07i- su77iptive. poli-e, adj. s77iooth, po- lite. Polichinelle.j-w./Vw^//. pol-(iss)ait, V. polir, to polish. polisson.] VOCABULARY. 252 polisson, sm. urchin. politesse, sf. politeness. pomme, sf. apple ; — de terre, potato. pommier, S77i. apple- tree. pond-ent, -u, v, pon- dre, to lay {eggs). pore, sni. pig. porche, sm. porch. port, sm. haven, sea- port. port-a, -ai, -ait, -e, -e, V. porter. portant, adj\ bearing; bien — , i7t good health, well. porte, sf. door. portee, sf. ; a la — , within reach of. porte-feuille, S7n. port- folio, pocket-book. porte-monnaie, S77i. pocket-book. porter, v. to carry, to take, to wear, to bear; porter les armes, to prese7it ar77is ; por- tant bien, healthy. port-(e)ras, -(e)raient, -erent, -(e)ront, -ons, V. porter. portrait, S7n. likeness. pos-ai, -e, -e, v. poser, to lay, to place. pose, adj. steady. positi-f, ve, adj. posi- tive. possed-ait, v. posse- der. possede, pres. of pos- seder. posseder, v. to possess; se — , to k7tow what to do; to be master of one's self ; ne se possedait pas de joie, ; cojild 7iot contaiti hi77iself for joy. possesseur, S7n. possess- or. poste, S77t. post, e77ipioy- 77ie7lt. pot, S771. pitcher, vase, flower-pot. potasse, sf. potash. pouce, S771. thianb. poudreu-x, se, adj. dusty. poulailler, S77i. hen- house. poularde, sf fat pullet. poule, sf. he7i. poulet, S77t. chicken. poumon, S771. Iu7tg. poupee, sf. doll. poupon, S7n. little child, baby. y^owx, prep, for, to, as to; — que, that, i7i order that; — n 'avoir pas, for not havi7ig. pourpre, sf. purple. pourquoi, co7ij. adv. why. pourra, pourrai, pour- ras, pourrons, fit. ; pourraient, pourrais, pourrait, cond. of pouvoir. poursuit, ^r^j". 7i. hour-glass. sablonneu-x, se, adj. sa7idy. sabot, S7n. wooden shoe. saboti-er, ere, S7nf. 7naker of wooden shoes. sabre, S7n. broadsword, sabre. sac, S77t. bag, sack. saccade, adj. by jerks, abrupt. sachant, part, sache, i77ip. and subj. pres. of savoir. sacrifier, v. to sacrifice. sagacite, sf. sagacity, acute7iess. sage, adj. wise, good. sage, sm. wise 7nan, sage. sagesse, sf. wisdom. saign-e, v. saigner, to bleed. sain, adj. sound, healthy. Saint Pierre, m. Sai7it Peter. saisir, v. to seize, to grasp. sais, pres. of savoir. sais-i, -(i)s, -is, -(i)t, -it, V. saisir. saison, sf. seaso7i, ti7ne. salt, pres. of sa.voir. sale, adj. dirty. sal-e, V. saler, to salt, to cure. salir, V. to soil, to 77iake dirty. salive, sf. spit, saliva. salle, sf. hall, parlor ; — a manger, di7i- itig-r 00771. salon, S771. parlor, sit- ti7lg-r0077l. salu-a, -ait, v. saluer, to greet, to bow. samedi, S77i. Saturday. sanctuaire, S77i, sanctu- ary. sang.] VOCABULAMT. 2G0 sang, sm. blood, kin- dred. sang-froid, sm. coolness, presence of 7nind. san giant, adj. bloody. sangloter, v. to sob. sans. prep, without^ but, for ; — quoi, otherwise, or. sante, sf health. satisfaire, v. to satisfy, satisfait, pres. and ppa. ^satisfaire. satisfait, adj. satisfied, contented, pleased. saucisse, sf. sausage. saule, sni. willow. saurai, sauras, saurons, fut. ; saurais, saurait, sauriez, cond. of sa- voir. saut-a, -ant, -e, -e, -erent, v. sauter, to jump, to spring, to skip ; — aux yeux, to be obvious. sauterelle, sf. grass- hopper. sautill-ant, v. sautiller, to jump to and fro, to skip about. sauvage, adj. wild, savage. sauv-a, -e, -e, v. sau- ver, to save ; se — , to escape, to run away. sav-aient, -ait, impf of savoir, savant, adj. learned, able. savant, sin. learned man. savent, pres. of savoir. saveur, sf. savor, relish. savez, pres. of savoir. Savoie, sf Savoy. §avoir, sm. knowledge, learning. savoir, v. to know, to be aware of, to un- derstand ; n'en sa- vaient pasaussi long, %vere not so know- ing, did not know so much. Savoyard, sm. native of Savoy. scene, sf. scene, stage. sci-e, V. scier, to saw. scrupule, sm. scruple, qualm. scrupuleusement, adv. scrupulously. sculpteur, jw. sculptor, carver. se, s', proti. himself, herself itself one's self, themschjcs. seance, sf. sitting, seat. sec, seche, adj. dry, thin. sech-e, v. secher, to dry {up). second, adj. second, other. seconde, sf. second. secou-e, v. secouer, to shake. secour-ant, v. secourir, to succor, to assist. secousse, sf. shock, blow. secr-et, ete, adj. secret, private. seduire, v. to charm, to bribe. seduisait, inipf of se- duire. seduisant,a^'. enticing, tentpting. seduit, pres. and ppa. of seduire. Seigneur, sm. Lord. seize, adj. sixteen, six- teenth. sejourn-ait, v. sojour- ner, to sojourn, to stay. sel, sm. salt, wit. selon, prep, according to; c'est — , that de- pends. sern-a, v. semer. semaine, sf. week. semblable, adj. simi- lar, such, like, alike. sembl-a, -ait, -e, -ent, -erent, v. sembler, to seem, to appear. sem-e, -ez, -iez, v. se- mer. semer, v. to sow. sens, S7n. sense; — des- sus dessous, topsy- turvy ; — devant derriere, wrong side before. sens, sent, pres. of s^n- tir. sent-ant, v. sentir. sentencieusement,«, v. to be silent. tais, pres. and imp. of taire. tambour-major, sm. drum-major. tandis que, adv. while, whereas. tannerie, sf. tan-yard. tanneur, sin. tanner. tant, adv. so much, so many, as long ias) ; — mieux, so much the better. tante, sf. aunt. tan tot, adv. just now, presently, sometimes. tape, sf. slap. tap-i, V. tapir, to squat. tapiss-e, -e, v. tapisser, to cover over, to line with, to hang with paper. tapisserie, sf. worsted work, tapestry. tard, adv. late. tarder, v. to delay, to be long. tard-erent, v. tarder. tar-i, V. tarir, to dry up, to exhaust. tartine, sf. slice of bread covered with butter or preserve. tas, sm. heap. tasse, sf cup. tat-a, V. tater, to touchy to feel. taureau, sm. bull. te, t', pron. thee, you, to thee, to you, thy- self y out self teindre, v. to dye. teint, pres. and ppa. of teindre. teinture, sf. dye. tel, le, adj. stich, like, such a one. temoin, sm. witness. temps, sm. time. ten-aient, -ait, -ant, v, tenir. tend-ait, -it, v. tendre, to stretch, to hand. tendre, adj. tender. tendrement, adv. ten- derly, affectionately. tendresse, sf tender- ness, affection. tenez, pres. and imp. of tenir. tenir, v. to hold, to keep, to have, to pos- sess, to take ; tiens ! or tenez ! here! hear! come ! indeed ! n'y put tenir, could not stand it ; tient lieu, performs the office. ten-ons, v. tenir. tentation, sf tempta- tion. tent-a, -ai, -e, v. ten- ter, to attempt, to tempt. tenture.] VOCABULARY. 264 tenture, sf. hangings, tapestry. ten-u, V. tenir. terme, sm. word, ex- pression. termin-a, -ait, -e, -e, -(e)ra, v. terminer, to terminate, to fin- ish, to end. terrain, svt. ground. terre, sf. earth, land, ground. [Land. terre-sainte, sf. Holy terrine, sf. tureen. territoire, jw. territory, tes, pi. of X.ovi, ta. tete, sf. head; de la — aux pieds,yr^;;z head to foot. theme, sm. exercise. tiens, pres. and imp.; tient, pres. of tenir. tige, sf. stem, stalk. tigre, S7n. tiger. timbre-de-poste, sm. postage-sta 7np. timidement, adv. tim- idly, shyly. timon, S7n. pole, shaft. tintamarre, sm. noise, hurly-burly. tir-aient, -ant, -e, -e, V. tirer, to draw, to pull; s'en — d'affaire, to get along ; vous etes bien tire d'af- faire. you have well acquitted yourself. tiroir, sm. drawer. tisserand, sm. weaver. tissu, sm. tissue. titre, sm. title. toi, pron. thee, thou, you. toile, sf web, linen. toison, sf. ficece. toit, S7n. roof tole, sf. sheet-iron. tomb-a, -ait, -ant, v. tomber. tombant, adj. falling; nuit — e, dusk. tomb-e, -e, v. tomber. tombeau, S7n. grave, tomb, tombstone. tomber, v. to fall ; laisser — , to drop; — d'accord, to con- SC7lt. ton, adj. thy, thy ow7t, your, your oivti. ton, S771. to7ie. tonneau, S7n. cask, tonnerre, sm. thunder. tonte, sf. sheari7ig. tord-e, V. tordre, to twist. tort, S771. wro7ig, fault; a — et a travers, at ra7ido77t; faire — , to i7ijure. tortue, sf. turtle. tortur-aient, 2/. torturer, to torture. tot, adv. soon. touch-at, -ai, -ais, -e, -e, -(e)rai, -ez, -ons, V. toucher, to touch. toujours, adv. always, still. to u pie, sf top. tour, S771. turn, trick, trip ; en un — de main, i7i a trice, i7i a7i instant ; — a — . by tur7is ; faire le — , to go rou7id. tourbillon, sm. whirl- wind. tourment-e.i/.tourmen- ter, to tor7ne7it. tourn-a, v. tourner. tourne, adj. tur7ied, worded, arra7tged. tourn-e, -e, -ez, v. tour- ner. tourner, v. to tur7t. tourniquet, S7n. turn- pike, turnstile. tournoie, pres. of \.owr- noyer, to tur7i round. tout, adj. all, whole, every, a7iy. tout, S771. all, whole, everythiftg, any- thi7ig, every one ; du — , 7iot at all ; pas {or point) du tout., ftot at all ; rien du — , 7iothi7igat all; voila — , that is {or, was) all. tout, adv. entirely, quite, all, just ; — a coup, suddenly, all at once ; — a fait, quite, altogether; — a I'heure, prese7itly. trag-a, trac-e, v. tracer, to trace. trachee, sf. wi7idpipe. trah-i, -(iss)ent, -issent, -(i)t, -it, V. trahir, to betray. train, sm. rate, way, trai7t, style, bustle; en — , in the 77iood for, busy; allait son — , kept 071. train ant, adj. drag- ging, trailing. train-aient, -ant, -e, v. trainer, to draw, to drag. traire, v. to 77iilk. trait, sm. actio7t, fea- ture, arrow, dart. traite, sm. treaty. traiter, v. to treat. traitre, sse, adj. treach- erous. 205 VOCABULARY. [unique. tranquille, adj. quiet, calm. tranquillement, adv. quietly. tranquilliser, v. to calm, to quiet. tranquillis-ez, v. tran- quilliser. tranquillite, sf. traii- qtiillity. transe, sf. fright, anx- iety. transform-e, -ent, v. transformer, totrans- form. trans-i, v. transir, to be chilled, benumbed with cold. transmet, pres. ; trans- mettent, pres. ind. and subj. of trans- mettre. transmettre, v. to trans- mit, to convey. transparence, sf. trans- pai'ency. transport-e, -ent, v. transporter, to carry away ; — de joie, to enrapture. traquet, S7n. mill-clap- per. travail, sm. work, la- bor, study. travaill-aient, -ais, -ait, -e, V. travailler, to work^ to labor. travailleur, sm. work- er, working-man. travaux, S7n. pi. of tra.- vail. travers, sm. caprice ; a — , through. travers-ant, -e, -ent, v. traverser, to cross, to penetrate, to rim through. treize, adj. thirteen. tremblant, adj. trem- bling. tremblement, sm. shak- ing, trembling; — de terre, earthquake. tremp-e, v. tremper, to dip, to temper. trempe, adj. tempered, hardened. trentaine, sf thirty. trente, adj. thirty. tres, adv. very, very 7nuch. tresor, sm. treasure. tresorier, sm. treasurer. tressaill-irent, -is, v. tressaillir, to start, to tremble. treuve, v. for trouve ; see trouver. triangulaire,^^*. trian- gular. tricot, sm. hosiery, knit- ting, net-work. tricot-ant, v. tricoter, to knit. triomphant, adj. tri- uinphant. triomphe,j-;«. triumph. triomph-(e)ra, v. tri- ompher, to triumph. Trinite, sf Trinity. triple, adj. triple, three- fold. tripl-ez, V. tripler, to treble. trique, sf. cudgel, stick. triste, adj. sad. tristement, adv. sadly. tristesse, sf. sadness. trois, adj. three. troisieme, adj. third, tromp-ais, v. tromper. trompe, sf trttnk. tromp-e, -q, -es, v. tromper. 12 tromper, v. to cheat, to deceive ; se — , to make a inistake, to be mistaken. trompette, sf. trumpet. trompeu-r, se, adj. de- ceitful. trop, adv. too much, very well. [trot. trott-ait, V. trotter, to trou, sm. hole ; — de coulee, tapping-hole. troubler, v. to trouble. troupeau, sj?t. flock. trouss-e, v. trousser, to tuck up, {to be neat.) trouvaille, snt. thing found. trouv-a, -ai, -aient, -ais, -ait, -ames, -ant, -e, -e, -ent, -erent, -es, -ions, V. trouver, to find, to think, to guess, to fitid out ; se — , to be, to be present, to happen ; il se trouvait, there happened to be. tu, pron. thou, you. tubercule, S77t. tubercle. tu-e, V. tuer, to kill. tulipe, sf. tulip. tunique, sf. tiuiic, coat. tut, pret. <7/"taire, tuteur, S771. guardian, prop. tuyau, S771. pipe. ulcere, sf. ulcer. un, une, adj. a, an, 07ie J Tun, I'autre, 071 e a7wther; les uns, les 2i\xXxts,each other. un-i, V. unir. uniforme, S7ti. uniform. unique, adj. 7C7iique, alone of the ki7id. uniqiiement.] VOCABULAEY. 2fi6 uniquement, adv. only alone, solely. unissent,/;rj. ind. afid subj. of wmx.^ unir, V. to unite. unite, sf. unit, unity. univers, sni. lutiverse, world. universaux, //. o/Mm- versel. universel, le, adj. uni- versal. universite, sf. univer- sity. usage. j/;z. use, custom; — du monde, habits of society, good man- ners. us-ais, v. user, to use, to make use of ustensile, sm. utensil, implement. utile, adj. useful. utilis-ent, v. utiliser, to employ^ to make use of va, pres. and imp. of aller. vacances, sf. pi. holi- days, vacatio7i. vache, sf. cow. vain, adj. vain, use- less; en — , adv. in vain. vaincre, v. to conquer. vainc-u, v. vaincre. vainqueur, adj. victo- rious ; sm. victor. vais, pres. ^t/" aller. vaisseau, S7n. ship. vaisselle, sf. plates and dishes. val, sm. valley. val-ent, v. valoir. valet, S7n. footman^ valet. valeur, sf. value, worth. valoir, v. to be worth, to yield, to gain. val-u, V. valoir. van, sni. van, winnow- ing-basket. vaniteu-x, se, adj. vain. vant-aient, -es, v. van- ter, to praise, to boast. vapeur, sf. steam. vaqu-ait, v. vaquer, (aux soins), to attend to. vari-e, v. varier, to vary. variete, sf. variety. vas, for vais, pres. and imp. jailer, vaudrait, cond. ; vaut, pres. ^valoir. vaux, pi. ofv2i\. veau, S7n. calf veal. vecu, ppa. of v'lvre. veill-aii, v. veiller. veille, sf. the day be- fore, watch ; a la — , on the point of. veiller, v. to watch. veill-(e)ront, -ez, v. veiller. veloute, adj. velvety. ven-aient, -ait, v. venir. vQTiA, pres. ^vendre. vend-ent, -ons, -ra, v. vendre. vendre, v. to sell. ven-ez, v. venir. venir, v. to come, to grow ; — de, to have (or be) just; vienne a manquer, should fail, should be missing ; venir a bout, to succeed. ven-ons, v. venir. vent, sm. wind: vente, sf. sale. ventre, sm. stoinach, belly. venu, ppa. res. of allcr. vos, adj. pi. inf. your, your own. votre, adj. your, your own. v6tre, proti. yours ; le — , la — , les — , yours, your own. voudra, fut.; voudrai- ent, voudrais, cond.; voudrez, fict. ofvon- loir. voul-ais, -ez, -ions, v. vouloir. vouloir, V. to wish, to will, to want; en vouloir, to kai/e a grudge, a spite; veut dire, means; je le veux bien (72), that I adjnit. voul-u, -urent, -us, -ut, -lit, V. vouloir. vows, pron. you, to you; — meme, yourself voiite, sf vault. voyage, sm. journey. voyag-e, v . voyager, to travel. voyageu-r, se, adj. s, traveller. voyaient, voyait, impf. ; voyant, part, ofvoix. voyelle, sf vowel. voyez, voyons, pres. and imp. of voir, vrai, adj. true, real. vraiment, adv. truly, really, indeed. vu, ppa. of voir. vue, j/! sight, prospect ; a perte de — , further than the eye could reach. y, adv. there, thither, here, in ; il — a, there is, there are, it is {now), since, ago. y, pron. to, in, by, of, or with him, her, it, them. yeux, sm. pi. of ceil, eyes. zero, sm. zero, nought, cipher. 269 SYNOPSIS OF FRENCH VERBS. GASc's SYNOPTICAL TABLE OF TERMINATIONS, coTYimon to all French Yerbs^ whether Regular or Irregular, (for reference.) r-er, First 1 Infinitive -{ :^'>.|;5J'J.'^/ I Conjugation. t-re,' Fourth , Participle Present . . . -ant. (-6. i. Participle Past ... -1 -u. -s. L-t. Present*. . ■ Singular. 1. 2. 3. r je, tu, il, eUe -e, -es, -e, -8, -S, -t, -X, -X, -t, -cs, -cs, -c, -ds, -ds, -d, .-ts, -ts, -t, '■ 1. nous, -ous. Plural. 2. vous, -ez, 3 ils, elles. -ent. Indicatite. - Imperfect -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient. r -ai, -as, -a, t-ins, -ins, -int. -ames, -imes, -umes, -inmes. -ates, -ites, -utes, -inies, -erent. -ireiit. -urent. -inrunt. Future . . -rai, -ras, -ra. -rons. -rez, -ront. Conditional -rais, -rais, -rait, -rions. -riez. -raient. Present-^, -e, -es, -e, -ions. -iez. -ent. Subjunctive [■-asse, -asses, -at, Preferif£ \ '^^^^' "^^*^^' "^^' freienie. < _^^^^^^ .ui?ses, -ut, [.-insse, -inHiees, -int. -assions, -issions, -ussions, -inssions -assiez, -issiez, -ussiez, , -inssiez. -assent, -issent. -usseut. -insseut. Imperative is formed $ from the pi'esent of the Indicative. EXCEPTIONS. *1. Aller, which maJces Ind. present . vais, vas. va. allons. allez. VOnt. 2. Avoir, " '' ai, as. a, avons, avez. out. 3. Etre, " " 4. Dire, " " 5. Kedire, *). Faire, " " SUIS, es. est. bommes, etes, dites. redites. faites. sont. font. tl. Avoir, " Subj. pres. 2. Etie, aie, sois, aies, sois. ait, BOit, ayons, soyous. ayt'z, euyez, aient. Boient $1. Avoir, " Imperative 2. Etre, 3. Savoir, '* " .... aie, sois, sache. ayons, soyons, pachons. ayez. poyez. Bachez. 270 GENERAL RULES. TENSES OF FRENCH VERBS. REPRESENTED IN ENGLISH BY :- Infinitive Mood . . To— , or — (as, To speak, or speak). Participle Present . . —ing (as, Speaking). Participle Past Indicative Mood: . —ed, d, t, en, ne, etc. (as, svffered, sold, felt., spoken, done, etc.) Present . . /— , or I do — , or I am —ing (as, I speak, I do speak, lam speaking). Imperfect J — ed, etc., or I was — ing ov Tttsed to (as, I suffered, etc., or I was suffering, or I used to suffer). Preterite Future . . I—ed. t. e, d, etc., (as, I suffered, I felt, I spoke, Lsvld, I did, etc.) speak). Conditional Mood Subjunctive Mood: . . J should, or would — (as, I should speak, or I would speak). Present . . That I may — [3d person : also. Let him {her)—Letthetn—] (as. That I may speak,) —Let him (her) speak— Let them speak. Preterite . . That I might — (as. That I might speak). Imperative Mood — / Let us—/ (as. Speak/ by way of com- mand, or request ;— and, Let us speak/) A verb is called regular when it follows certain special rules in the formation of some of its tenses. Every regular vei'b has five primitive or simple tern^es {temps primitif8\ from which the others, called in French temps derives (derived tenses), are, with a few exceptions, formed in the following manner: — Primitive Tenses. From the Infinitive are formed " Present Participle " Past Participle Derived Tenses. the future and conditional, by- adding thereto for the future ai, for the cond. ais.* the plural of the present tense, the imperf. indie, and the present subj., by changing the termina- tion ant, for the plural pres., into ons, etc. ; for the imperf. indie, into ais; for the pres. subj., into e. all compound tenses, with the help of the auxiliary ; as, fai donne, etc. Present Indicative is formed the imperative. * In the third conjugation, the oi in the end syllable of the infinitive is elided be- fore the ai of the future and ais of the conditional. In the fourth conjugation, the final e of the infinitive is elided before the ai of the future and ais of the condi- tional. GENERAL RULES. 271 From the Preterite (second person) is formed the imperf. subj., by adding se to the second singular of the perf indie One verb will serve as a model to illustrate the foregoing rule. Infinitive. parler Future. je parler-ai Conditional. je parler-ais Pres. Participle. pari- ant Plural of Pres. Indie. nous parl-ons vous pai-l-ez ils parl-ent Imperf. Indie. je parl-ais, etc., etc. Present Subjunct. que je parl-e, etc., etc. Past Part. parle Pres. Comp. j'ai parl-e Imperf. Comp. j'avais parle, etc.. etc. Pres. Indie. je parle Imperative. parle parl-ons I ^ parl-ez j ^^^ Preterite. je parlai tu parlas Imperf. Siibj. quejeparlas-se On Minor Irregularities in some Verbs of the First Conjugation. 1. — In verbs having the ending (or termination) er of the Infinitive pre- ceded by a g., as venger., " to avenge," an e mute is placed between the g and the vowel a, and also between the g and the vowel d your " College Series of Modern French Plays," edited b^ Mr. Ferdinand Bocher of Harvard College, I regard as very useful \}T the recitation-room, and for private reading. Yours very truly, B. L. TAFEL, Ph. D. ?rof«uor of Modem tangvMges and Comparative Philology m WathimgUim Universitt I use " Otto's French and German Grammar " at our College and the Collegiate School, and can confidently recommend it to all similar institutions. October, 1864. H. STIEFELHAGEN, Ptofessor Modern Languages at King''s College, Windsor^ Xova Seotia. 1 have examined many works designed for pupils studying tin French Language, and among them consider " Otto's French Con- versation Grammar," revised by Bocher, superior to any other. 1 use it in my classes, and take pleasure in recommending it aa admirably adapted for the purpose. A. WERTHEIM, Professor of Modem Languages at the University, Louisville, Kentuekf. Among many works designed for pupils studying the German language, I consider "Otto's German Conversation Grammar" superior to any other. I use it in my classes, and take great pleasure m recommending it as the best work which has vet been published for the use of schools. A. WERTHEIM, Professor of Modem Languages, Louisville, Ry. Boston, March, 1865. " Otto's French Grammar " revised by Prof. F. Bocher, is the best Instructor ever pubhshed ; at present, it sur- passes Fasquelle and the OUendorf System, by its simphcity. It has the advantage of teUing, in one page, wliat the others require three or four to express. The rules for the pronunciation do honor to the reviser ; besides, the lessons are so well placed, and so pro- gressive, that they bring the student into the difficulties of our language with very Uttle exertion. At last, permit me to thank you for taking, by this pubhcation, the most tedious part of out labor as teacher. It is so clear, that any one could teHch iha ?rench Language without difficulty. I remain. Sir, yours, P. J. BORIS, Professor of French Language, la. Boylston Place, Boston- Marlbobo', Mass , April 9, 1866 I used Otto's Grammar in two classes nt Edgar toTun nigh School, — one class quite advanced. The testimonial of Mr. Hunt and otliers expresses my sentiments, and you may use my name if you choose. Yours truly, A. II. WENZEL, FHncipal qf MarWord' High School, late Principal of EdgarUmm Iligk School. WoBURN April 12, 1866. The opinion of IVIessrs. Ilunt and otliers with respect to the merits of Otto's French Grammar, I indorse in ML. Yours truly, THOMAS EMERSON. Master of Moburn Iligh School. I am now using Otto's French Gramraai, revised by Prof. Bocher ; and, so far as we have advanced, I am better pleased with it than with any other work of the kind wliich I have previously used. Yours truly, GEORGE N. BIGELOW. Principak. State NoRit^i^i< School, Fbaminohah, April 16, 1866. Boston, April 16. I have used Otto's French Grammar for several years in all my schools, and find it much superior to all those which I have as yet seen, for the simplicity and clearness with which the rules are explained. I am happy to say, also, that your series of French Comediei and your other French books can be highly recommended for school and private reading : they are well selected. Yours truly, O. BESSAU. New 11a vbn, Conn., April, 1866^ I thank you for the specimens of your French ind German series, which you have heen kind enough to send me from time to time. You are doing, as it apijears to me, a leal service to the study of these two languages, especially of thp German, in our country, by putting at reasonable prices so excel- lenl editions of classical and unexceptionable texts within the eaay reach of teachers and scholars. I have used several of them in mv classes, and can heartily recommend tliem to instructorB d pupils of every grade. I am, sir, very respectfully. Your obedient servant, WILLIAM D. WHITNEY, Pn^, of SarucrU and Inttrudor in Modem Languages at Yale ColUgt. Otto's French Conversation Grammar. Revised by Ferdi- nand Bocher. It is with great pleasure that we direct the attention of all lovers of the French language to this pubUcation. ... It is particidarly fit for a text-book in our schools, for the following reasons : 1, It is short, without being superficial. 2, It is logically arranged. 3, Its course of instruction is a progress, in a natural gradation, from the easy to the difficult. 4, Theory and practice go hand in hand. 5, Its outside appearance does credit to the publishers. — Michigan Teacher, May, 1866. Bates College, June 9, 186& WUl yon allow me to thank you for calling my attention to Otto's French Grammar, edited by Prof. Bocher? We have used it thus far this year with entire satisfaction. It will be hut simple justice to award it the first place as a text-book for mature students, at least among all with which I am acquainted, wliether published in this country or in Europe. Its chapter on Pronunciation is surpassingly complete and practical. Gratefiihy yours, B. F. HATEa T«nwTT CoLUEQE, December, 1864 I have nscd " Otto's German Grammar " since you issued the first edition, and like the method better than any other. We use it in all the Institutions in Ilartford where the German is taught, and the pupils leani with rapidity, and like their Instruction book. I have also used the French and Italian Grammars based on tbe same method, your " College Series of Modern French Plays," and your other French publications, and recommend their use in Colleges and Schools. Respectfully yours, L. SIMONS ON. I have used " Otto's French Grammar" revised by Prof. Bocher, ever since it was pubhshed. To say that it is superior to Ollen- dorf 's Method, and Fasquelle's, it is not to say much. But I think it is better tlian most Grammars introduced into this country, though coming to us with ^ less claims and pretensions than them all. Boston, March 28. J. B. TORRICELLI. State Nobmal ScnooL, Fbamingham, Mass., March 25, 1865. Mt dear Sir, — I have used "Otto's German Grammar,*' ftnd prefer it to any other book of the kind with which I am dtcquainted. Yours truly, GEO. N. BIGELOW. St. Louis, May 15, 186& I take pleasure in recommending " Otto-Bocher French Conver- sation Grammar." It combines the practical with the theoretic, and is so arranged as to make the acquisition of tlie French language easy and pleasant to the student. Its adoption in mj dasseb huB ^iren entire satisfaction. M. GIBERT. hutmetor in French at the Mary Jbtstihae English Ilion School, Boston, Maich 31, 1866. After a six months' trial, we concluJe tliat Otto's Frouch Grammar, revised by Bocher, is superior in all ruspecti to anj other of which we have knowledge. Very respectfully yours, E. HUNT, WILLIAM NICnOLS, Jr., ROBERT EDWARD B.\J5S0N, TUOMAS SIIERWIN, Jr., Teachers in English High School. I fully and emphatically indorse the above opinion respecting Otto's French Grammar. JOHN D. PIIILBRICK, Superintendent of PuLUc Schools State Normal School. Salem, JMass, April 3, 1866. We are usinj; in our school several of your publications with much satisfaction. This is especially the case with Otto's French Grammar. As a class text-book, this grammar is, in my opinion, the best in the market. For the excellence of your school-books, both as to matter and typograpliical beauty, you richly merit the gratitude of teachers and pupils. Yours truly, D. B. HAGAli. Cambbtdgb, April 6, 1866. Otto*s French Grammar, revised by Bocher, which we have been trying with a class in our "shorter course of study," bas bcf^n adopted for all our French classes, in place of Fasquelle's l»ook. We can heartily indorse the testimonial from the leacben in tlie Boston High School. Yours truly, W. J. EOLFE, Matur of uan^ndtje High School Leypoldt & Holt s Series OF STANDARD Educational Works. — ^ — FRENCH. t^* The irrices are for cloth lettered^ unless otJierwise expressed. /Esop's Fables, in French. With a Dictionary, i8mo $ 13 Bibliotheque d'instruction Recreative. A Collection of the best works in French Fictitious Literature, for use in American Schools, and published in handsome 12mos. Cloth. Those marked (1) are peculiarly fitted for younfrer readers under sixteen years old, those marked (2) for older ones. Nothing is named in the List, however, which is entirely unworthy the atten- tion of the more mature. (2) Achard. Clos-Pcmmier, et les Prisonniers du Caucase, par X. de Maistre. 12mo 90 (1) Bedolliere. Mere Michel et son Chat. With Vocabulary 75 (2) Erckmann-Chatrian. Consent de 1813. With Notes 1.25 (1) Fallet. Princes de I'Art i.50 (2) Feuillet. Roman d'unJeune Homme Pauvre 1.25 (I) Foa. Contes Biographiques. With Vocabulary 1.00 (I) Petit Robinson de Paris. With Vocabulary l.OO (I) Mace. Bouchee de Pain. With Vocabulary and a list of idio- matic expressions 1.25 (I) Porchat. Trois Mois sous la Neige l.OO (I) Pressense. Rosa. With a Vocab. ByL.Pylodet 1.25 (1) Saint-Germain. Pour une Epingle. With Vocab 90 (2) Sand. Petite Fadette 1.25 (1) Segur. Petites Filles Modeles : et Carraud. Les Couters de laGrandMere 1.00 (2) Souvestre. Philosophe sous les Toits 73 Boncoeur. Instructeur de I'Enfance. l2mo 75 Borel. Cours de Themes. l2mo 75 Borel. Crammaire Franpaise 1 "73 Bourcicault. London Assurance. A Comedy. With Notes for translation into French. 8vo. Paper 50 Cottin. Elisabeth et Claire d'Albe. i8mo. Bds 60 Corson (Mme.) Soirees Litteraires- With Notes. i6mo 75 College Series of Modern French Plays. With English Notes by Prof. Bocher. 12mo. Paper. La Joie Fait Peur, 30c. ; La Bataille des Dames, 40c. ; La Maison de Peuarvan, 40c. ; La Poudre aux Yeux, 40c. ; Les Petits Oiseaux, 40c. ; Mademoiselle de la Seigliere, 40c. ; Le Roman d'un Jeune Homme Pauvre, 40c. ; Les Doigts de Fee, 40c. The foregoing in 2 volumes, 4 Plays in each. 12mo. Cloth. Vol- ume L, $1.75; Volume II., $1.75 ; Jean Baudry, 40c. Modern French Comedies. Le Village, 2oc. ; La Cognotte, 40c. ; Les Femmes qui Pleurent, 25c. ; Les Petites Misercs de La Vie Ilnmaine. 2i5c. ; La Niaiscde Kt. Flour. Standard Educational Wo ks, 25c. '. *'roi8 Proverbes, 3nc. ; Valerie, SOc ; Le Collier de Perlcs, 80c. The 1 iree last named have vocabularies. French Plays for Children. With Vocabularies. 12mo. Paper. La Vieilld Cout=iiie ; Let? Ricochets 25c ; Le Testameut de Madame Patural ; La Demoiselle de St. Cyr, 2.)c. ; La Petite Maman ; Le Bracelet, 25c. ; La Lolterie de Francforl ; Jeune Savante, 25c. Student's Collection of Classic French Plays. iSmo. Paper. C'orneille, Le Cid. With notes by Prof. E. S. Joynes $ 50 Delille. Condensed French Instruction. i8mo co Fisher. Easy French Reading. With Vocabulary. Kimo 100 Fleury. Histoire de France, i2rao 1.50 Ancient History. Translated by S. M. Lane, with notes, for tranB- lation into French. 12mo 90 Case. Translator, (Eni,'lish into French) 1.25 Cengembre. French Instructor. 12mo 1,25 Cengembre. French Reader. 8vo 1.50 Gibert. Introductory French Manual. 12mo 1.00 James and Mole French-English Dictionary. 8vo. Ilf. roan 2.25 Maistre, X. de CZuvres Competes 1.50 Maistre, X. de. Voyage autour de ma Chambre. 12mo. Paper 50 New Year's Day. (With Vocab.) For Translation into French. ISmo. Paper 25 Musset. Un Caprice. Comedie. 12nio. Paper 30 Otto. French Conversation Grammar. 12mo. Roan 1.75 French Reader to the above. ByF. Bocher Key to Otto's French Grammar. l2mo. Paper 75 Parlez-VOUS Francais ? or. Do Yon Speak French ? 16mo. Bds 60 Racine. CEuvres Choisies, (Berenice, Bajazet, Mithriuate, Iphige- nie, Phedre, Esther, Athalie.) ISrao. Bds 1.00 L. PYLODET'S FRENCH SERIES. Beginning French. i«mo. Boards 60 Beginner's French Reader. A Companion to "Beginning French." With illustrations, 16mo. Bds 60 Beginner's Second French Reader — Third French Reader Couttes de Rosee. Petit Tresor poetique des Jeunes Personnes. 18mo 75 La Litterature Frangaise Classique. i2mo 1.75 La Litterature Frangaise Contemporaine. i2mo 1,50 Mere L'Oie. Poesies, Chansons et Rondes Enfantinee. Avec Illus- trations. Svo, Fancy Boards 50 Riodu. Lucie. French and English Conversations. 12mo 75 Sadler. Translating English into French, With Notes and Vo- cabulary. 12mo 1.25 French-English Dictionary. By Smith and Nugent. 18mo 1.50 St. Pierre. -P^il et Virginie, et La Chaumiere Indienne. ISmo. Boards 50 Witcomb and Bellenger's Guide to French Conversation. 18mo 7S 10^ See etmtinuationof this Catalogv^ nt the md of thU book. Standard Educational Works, }^' Catalogue continued from the beginning of this book. GERMAN. Th( prices are for paper cavers^ unless otherwise exjtressed. Andersen. Bilderbuch ohne Bilder. With Notes. i2mo $ Sfl Die Eisjungfrau, etc. With Notes. 12mo 5(1 Evans. Abriss der Deutshen Literaturgeschichte. i2mo. Cloth, l 50 Eichendorff. Aus dem Leben eines Taugenichts. i2mo 75 E!z. Er ist nicht eifersuchtig ; Benedix, Der Weiber feind ; Muller, Im Wartesalon Erster classe. (Three comedies, each in one act.) 50 Pollen's German Reader. i2mo. Cloth 1.50 Fouque. Undine. With Vocab. l2mo 5C Freiligrath's Neuere Gedichte "?* German Ballad. Book. By Prof. L. Simonson. W^ith Notes. 16mo. Cloth 1.50 Goethe. Egmont. With Notes GO Faust. With Notes. 12mo 75 — Iphigenie auf Tauris. With Notes. 12mo 40 — Herrman and Dorothea. With Notes. l2mo 40 Grimm. Venus von Milo. Raphael aud Michael Angelo. 12mo 75 Heyse. Anfang und Ende. ismo 40 • — Die Einsamen. i2mo 40 James. German-English Dictionary. 8vo. Half roan 2.25 Jensen. Die Braune Erika. With Notes. l2mo 40 Koerner. Zriny. With Notes 60 Krauss' Introductory German Grammar. i2mo. Cloth l.0<) Lessing. Minna von Barnhelm. With Notes. l2mo 50 The Same, in English, with German Notes. 12mo 5o — Emilia Galotti. i2mo 40 Mugge. Riukan Voss. i2mo 40 — Signa die Seterin. l2mo 40 Nathusius. Tagebuch eines Armen Fraeuleins. l2mo 75 Otto's German Conversation Grammar. i2rao. Roan 1.75 Evans' German Reader. With Notes and Voeab. By Prof. E.P.Evans. 12mo. Roan 1.50 Key to Otto's German Grammar. Paper 75 Beginning German. With additional Reading Matter. ByL. Pylodet. 16mo. clo 1.00 Prinzessin Use. With Notes. 12mo 50 PutlitZ. Was Sich Der Wald Erzahelt. 12mo 50 Badekuren. With Notes. i2mo 50 — Das Herz Vergessen. With Notes. 12mo 50 — Vergissmeinnicht. With Notes. l2mo 40 Schiller. Jungfrau von Orleans. With Notes. 12mo 50 Wilhelm Tell. WithNotes. 12rao 50 — Wallenstein's Lager. " i2mo .• 50 — Die Piccolomini. " l2mo 50 Wallenstein's Tod. " l2mo 50 — Wallenstein. 12mo. Cloth 1.50 Maria Stuart. WithNotes. 12mo 6C Sprechen Sie Deutsch ? or, Do You Speak German ? l8mo. Boards 6C Standard Educational Works. Storme. Easy German Reading, ifimo. Cloth fl.OO Storme. Immensee. With Notes. l2mo 40 Tieck. Die Elfen. Das Rothkaeppchen. With Note?. l2mo 60 Wessely, English-German Dictionary. Kimo. Cloth l.2f Whitney, Prof. W. D. German Grammar. With Exercises. l-^mo. ' Roau 1 75 German Reader. With Notes and Vocab. 12mo. Roan 2 00 Wilhelmi Einer mussheirathen, and Benedix, Eigensinn. i2rao , 40 Witconib and Otto's Guide to German Conversation- Edited by L. I'ylodet. l6mo. Cloth To ITALIAN. Cuore's Italian Grammar. l2rao. Roan 1.75 Key to above. I'apur 75 Dair, Ongaro. La Rosa Dell' Alpi. With Notes. 12mo. Paper 75 Dante. La Divina Commedia. By Carlo Witte. 12mo. Cloth 2.50 James and Grassi. Italian-English Dictionary. Svo.Ilf. roan 2.23 Nt)ta, Alberto. La Fiera. With Notes. 12mo. Paper 75 Parlate Italino ? or, Do You Speak Italian? Kimo. Bds 60 Pellico. Francesca da Rimini. i2iuo. Paper 75 SPANISH AND PORTUGUESE. Cabailero La Familia de Alvareda. i2mo. Paper i.oo Cervantes. I>o" Quixote de la Mancha. Cou notas hist., gramm. y crlti- cas. 2 vols. 8vo. Cloth 3.50 Habia Vd. Espanol ? or. Do You Speak Spanish? i6rao. Bds.. 60 Lope de Vega y Calderon. Obras Maestras. l2mo. Cloth 2.00 Spanish Hive ; or, Select Pieces from Spanish Authors. With Notes and Vocabulary. 16mo. Cloth 1.25 Fallals Portuguez ? or, Do You Speak Portuguese? 16mo. Bds... 60 Fallais Ingles ? or, Do You Speak English ? 16nio, Boards 60 HEBREW. Ueutsch's Hebrew Grammar. Svo. Cloth 2.50 Fuerst's Hebrew and Chaldee Lexicon. Translated by David- sou. Svo. Half morocco 10.00 MISCELLANEOUS. Anglo-Saxon Manual. By Prof. S. M. Shute. 12mo.Cloth 1.50 Corson. Handbook of Saxou and Early English. l2mo Cox's Mythology. lOmo. Clotn 1.00 Dictation Exercises. By Miss Sewell and Mrs. Urbino. (English Si<»dling Book). 12mo. Boards 75 Yopge, Miss- Landmarks of History. 3 vols. 12mo. Clolh I. Ancient History. 100 II. Medieval History 125 Ml. Modern History 1-5C J^" Send for a Descriptive Catalogue. LEYPOLDT & HOLT, Publishers, 25 BOXD STKEET. NEW YORK.