P/0 // Class Book c ;_...:.. COPYRIGHT DEPOSIT FRENCH LYRICS JAN 14 ioyy ••'~ *sf.. 0»w ' SELECTED AND EDITED WITH AN INTRODUCTION AND NOTES / ARTHUR GRAVES CANF1ELD Professor of French in the University of Kansas NEW YORK HENRY HOLT AND COMPANY 1899 24040 Copyright, 1899, BY HENRY HOLT & CO. TWO COPIES RECEIVED. ROBERT DRUMMOKD, PRINTER, NEW YORK. £-bb£ % \ r a il ni fin ni terme, Sans chercher a savoir et sans considerer Si quelqu'un a plie qu'on aurait cru plus ferme, Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer. Si Ton n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si raeme lis ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ; S'il en demeure dix, je serai le dixieme ; Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-la ! CHANSON DROSCRIT, regarde les roses ; Mai joyeux, de l'aube en pleurs Les recoit toutes ecloses ; Proscrit, regarde les fleurs. Exit 131 — Je pense Aux roses que je semai. Le mois de mai sans la France, Ce n'est pas le mois de mai. Proscrit, regarde les tombes ; Mai, qui rit aux cieux si beaux, Sous les baisers des colombes Fait palpiter les tombeaux. — Je pense Aux yeux chers que je fermai. Le mois de mai sans la France Ce n'est pas le mois de mai. Proscrit, regarde les branches, Les branches 011 sont les nids ; Mai les remplit d'ailes blanches Et de soupirs infinis. — Je pense Aux nids charmants ou j'aimai. Le mois de mai sans la France, Ce n'est pas le mois de mai. EXIL CI je pouvais voir, 6 patrie, Tes amandiers et tes lilas, Et fouler ton herbe fleurie, Helas ! Si je pouvais, — mais 6 mon pere, O ma mere, je ne peux pas, — Prendre pour chevet votre pierre, Helas ! 132 Victor Hugo ♦Dans le froid cercueil qui vous gene, Si je pouvais vous parler bas, Mon frere Abel, mon frere Eugene, Helas! Si je pouvais, 6 ma colombe, Et toi, mere, qui t'envolas, M'agenouiller sur votre tombe, Helas ! Oh ! vers l'etoile solitaire, Comme je leverais les bras ! Comme je baiserais la terre, Helas ! Loin de vous, 6 morts que je pleure, Des flots noirs j'ecoute le glas ; Je voudrais fuir, mais je demeure, Helas ! Pourtant le sort, cache dans l'ombre, Se trompe si, comptant mes pas, II croit que le vieux marcheur sombre Est las. SAISON DES SEMAILLES LE SOIR /^'EST le moment crepusculaire. J 'admire, assis sous un portail, Ce reste de jour dont s'eclaire La derniere heure du travail. Dans les terres, de nuit baignees, Je contemple, emu, les haillons D'un vieillard qui jette a poignees La moisson future aux sillons. Un Hymne Harmonieux 133 Sa haute silhouette noire Domine les profonds labours. On sent a quel point il doit croire A la fuite utile des jours. II marche dans la plaine immense, Va, vient, lance la graine au loin, Rouvre sa main et recommence, Et je medite, obscur temoin, Pendant que, deployant ses voiles, L'ombre, 011 se mele une rumeur, Semble elargir jusqu'aux etoiles Le geste auguste du semeur. UN HYMNE HARMONIEUX TTN hymne harmonieux sort des feuilles du tremble; ^ Les voyageurs craintifs, qui vont la nuit ensemble, Haussent la voix dans l'ombre ou Ton doit se hater. Laissez tout ce qui tremble Chanter ! Les marins fatigues sommeillent sur le gouffre. La mer bleue ou Vesuve epand ses flots de soufre Se tait des qu'il s'eteint, et cesse de gemir. Laissez tout ce qui souffre Dormir ! Quand la vie est mauvaise on la reve meilleure. Les yeux en pleurs au ciel se levent a toute heure ; L'espoir vers Dieu se tourne et Dieu l'entend crier. Laissez tout ce qui pleure Prier ! 134 Victor Hugo C'est pour renaitre ailleurs qu'ici-bas on succombe. Tout ce qui tourbillonne appartient a la tombe. II faut dans le grand tout t6t ou tard s'absorber. Laissez tout ce qui tombe Tomber ! PROMENADES DANS LES ROCHERS i. TTN tourbillon decume, au centre de la baie, ^ Forme par de secrets et profonds entonnoirs, Se berce mollement sur l'onde qu'il egaie, Vasque immense d'albatre au milieu des flots noirs. Seigneur, que faites-vous de cette urne de neige ? Qu'y versez-vous des l'aube et qu'en sort-il la nuit? La mer lui jette en vain sa vague qui l'assiege, Le nuage sa brume et l'ouragan son bruit. L'orage avec son bruit, le not avec sa fange, Passent; le tourbillon, venere du pecheur, Reparait, conservant, dans l'abime ou tout change, Toujours la meme place et la meme blancheur. Le pecheur dit : " C'est la qu'en une onde benie, Les petits enfants morts, chaque nuit de Noel, Viennent blanchir leur aile au souffle humain ternie, Avant de s'envoler pour etre anges au del." Moi, je dis : " Dieu mit la cette coupe si pure, Blanche en depit des flots et des rochers penchants, Pour etre dans le sein de la grande nature, La figure du juste au milieu des mechants." Promenades dans les Rochers 135 11. La mer donne l'ecume et la terre le sable. L'or se rnele a l'argent dans les plis du flot vert. J'entends le bruit que fait Tether infranchissable, Bruit immense et lointain, de silence couvert. Un enfant chante aupres de la mer qui murmure. Rien n'est grand, ni petit. Vous avez mis, mon Dieu, Sur la creation et sur la creature Les memes astres d'or et le meme ciel bleu. Notre sort est chetif ; nos visions sont belles. L'esprit saisit le corps et l'enleve au grand jour. L'homme est un point qui vole avec deux grandes ailes, Dont Tune est la pensee et dont l'autre est l'amour. Serenite de tout ! majeste ! force et grace ! La voile rentre au port et les oiseaux aux nids. Tout va se reposer, et j'entends dans l'espace Palpiter vaguement des baisers infinis. Le vent courbe les joncs sur le rocher superbe, Et de l'enfant qui chante il emporte la voix. O vent ! que vous courbez a la fois de brins d'herbe Et que vous emportez de chansons a la fois ! Qu'importe! Ici tout berce, et rassure, et caresse. Plus d'ombre dans le cceur ! plus de soucis amers ! Une ineffable patx monte et descend sans cesse Du bleu profond de lame au bleu profond des mers. in. Le soleil declinait ; le soir prompt a le suivre Brunissait l'horizon ; sur la pierre d'un champ, Un vieillard, qui n'a plus que peu de temps a vivre, S etait assis pensif, tourne vers le couchant. 136 Victor C'etait un vieux pasteur, berger dans la montagne, Qui jadis, jeune et pauvre, heureux, libre et sans lois, A l'heure ou le mont fuit sous l'ombre qui le gagne, Faisait gaiment chanter sa flute dans les bois. Maintenant riche et vieux, lame du passe pleine, D'une grande famille aieul laborieux, Tandis que ses troupeaux revenaient dans la plaine, Detache de la terre, il contemplait les cieux. Le jour qui va finir vaut le jour qui commence. Le vieux penseur revait sous cet azur si beau. L'Ocean devant lui se prolongeait, immense, Comme l'espoir du juste aux portes du tombeau. O moment solennel ! les monts, la mer farouche, Les vents faisaient silence et cessaient leur clameur. Le vieillard regardait le soleil qui se couche ; Le soleil regardait le vieillard qui se meurt. iv. Dieu ! que les monts sont beaux avecces tacbes d'ombre ! Que la mer a de grace et le ciel de clarte ! De mes jours passagers que m'importe le nombre ! Je touche l'infini, je vois l'eternite. Orages ! passions ! taisez-vous dans mon ame ! Jamais si pres de Dieu mon cceur n'a penetre. Le couchant me regarde avec ses yeux de flamme, La vaste mer me parle, et je me sens sacre. Beni soit qui me hait et beni soit qui m'aime ! A l'amour, a l'esprit donnons tous nos instants. Fou qui poursuit la gloire ou qui creuse un probleme ! Moi, je ne veux qu'aimer, car j'ai si peu de temps ! Le Livre Blanc 137 L'etoile sort des flots ou le soleil se noie ; Le nid chante ; la vague a mes pieds retentit ; Dans toute sa splendeur le soleil se deploie. Mon Dieu, que 1'ame est grande et que l'homme est petit ! Tous les objets crees, feu qui luit, merqui tremble, Ne savent qu'a demi le grand nom du Tres-Haut. lis jettent vaguement des sons que seul j'assemble ; Chacun dit sa syllabe, et moi je dis le mot. Ma voix s'eleve aux cieux, comme la tienne, abime ! Mer, je reve avec toi ! Monts, je prie avec vous ! La nature est l'encens, pur, eternel, sublime ; Moi je suis l'encensoir intelligent et doux. BRIZEUX LE LIVRE BLANC J'ENTRAIS dans mes seize ans, leger de corps et d'ame, Mes cheveux entouraient mon front d'un filet d'or, Tout mon etre etait vierge et pourtant plein de flamme, Et vers mille bonheurs je tentais mon essor. Lors m'apparut mon ange, aimante creature ; Un beau livre brillait sur sa robe de lin, Livre blanc ; chaque feuille etait unie et pure : " C'est a toi, me dit-il, d'en remplir le velin. " Tache de n'y laisser aucune page vide, Que Tan, le mois, le jour, attestent ton labeur. Point de ligne surtout et tremblante et livide Que l'ceil fuit, que la main ne tourne qu'avec peur. " Fais une histoire calme et doucement suivie ; Pense, chaque matin, a la page du soir : Vieillard, tu souriras au livre de ta vie, Et Dieu te sourira lui-meme en ton miroir." 138 August e Bar bier AUGUSTE BARBIER L'IDOLE (~\ CORSE a cheveux plats ! que ta France etait belle ^ Au grand soleil de messidor ! C etait une cavale indomptable et rebelle, Sans freins d'acier ni renes d'or ; Une jument sauvage a la croupe rustique, Fumante encor du sang des rois, Mais fiere, et d'un pied fort heurtant le sol antique, Libre pour la premiere fois. Jamais aucune main n'avait passe sur elle Pour la fletrir et l'outrager ; Jamais ses larges flancs n'avaient porte la selle Et le harnais de l'etranger; Tout son poil etait vierge, et, belle vagabonde, L'ceil haut, la croupe en mouvement, Sur ses jarrets dressee, elle effrayait le monde Du bruit de son hennissement. Tu parus, et sitot que tu vis son allure, Ses reins si souples et dispos, Centaure impetueux, tu pris sa chevelure, Tu montas botte sur son dos. Alors, comme elle aimait les rumeurs de la guerre, La poudre, les tambours battants, Pour champ de course, alors, tu lui donnas la terre Et des combats pour passe-temps : Alors, plus de repos, plus de nuits, plus de sommes; Toujours l'air, toujours le travail, Toujours comme du sable ecraser des corps d'hommes, Toujours du sang jusqu'au poitrail ; U Adieu 139 Quinze ans son dur sabot, dans sa course rapide, Broya les generations ; Quinze ans elle passa, fumante, a toute bride, Sur le ventre des nations ; Enfin, lasse d'aller sans finir sa carriere, D'aller sans user son chemin, De petrir l'univers, et comme une poussiere De soulever le genre humain ; Les jarrets epuises, haletante et sans force, Pres de flechir a chaque pas, Elle demanda grace a son cavalier corse; Mais, bourreau, tu n'ecoutas pas ! Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ; Pour etouffer ses cris ardents, Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, De fureur tu brisas ses dents; Elle se releva : mais un jour de bataille, Ne pouvant plus mordre ses freins, Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille Et du coup te cassa les reins. MME. D'AGOULT L'ADIEU MON, tu n'entendras pas, de ta levre trop fiere, Dans l'adieu dechirant un reproche, un regret, Nul trouble, nul remords pour ton ame legere En cet adieu muet. Tu croiras qu'elle aussi, d'un vain bruit enivree, Et des larmes d'hier oublieuse demain, Elle a d'un ris moqueur rompu la foi juree Et passe son chemin ; 140 Arvers — Gerard de Nerval Et tu ne sauras pas qu'implacable et fidele, Pour un sombre voyage elle part sans retour, Et qu'en fuyant l'amant, dans la nuit eternelle Elle emporte l'amour. ARVERS UN SECRET A/TON ame a son secret, ma vie a son mystere : Un amour eternel en un moment congu. Le mal est sans espoir, aussi j'ai du le taire, Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su. Helas! j'aurai passe pres d'elle inapergu, Toujours a ses cotes et toujours solitaire ; Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, N'osant rien demander et n'ayant rien recu. Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre, Elle suit son chemin, distraite et sans entendre Ce murmure d'amour eleve sur ses pas. A l'austere devoir pieusement fidele, Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle : " Quelle est done cette femme ?" et ne comprendra pas. GERARD DE NERVAL FANTASIE TL est un air pour qui je donnerais A Tout Rossini, tout Mozart, tout Weber, Un air tres vieux, languissant et funebre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens a l'entendre, De deux cents ans mon ame rajeunit ; C'est sous Louis treize . . . et je crois voir s'etendre Un coteau vert que le couchant jaunit. La Fermiere 141 Puis un chateau de brique a coins de pierres, Aux vitraux teints de rougeatres couleurs, Ceint de grands pares, avec une riviere Baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs. Puis une dame a sa haute fenetre, Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens . . . Que dans une autre existence, peut-etre, J'ai deja vue ! . . . et dont je me souviens. VERS DORES TTOMME, libre penseur ! te crois-tu seul pensant Dans ce monde ou la vie eclate en toute chose? Des forces que tu tiens ta liberte dispose, Mais de tous tes conseils l'univers est absent. Respecte dans la bete un esprit agissant. Chaque fleur est une arae a la nature eclose ; Un mystere d'amour dans le metal repose. " Tout est sensible ! " et tout sur ton etre est puissant. Crains, "dans le mur aveugle, un regard qui t'epie ; A la matiere meme un verbe est attache . . . Ne le fais pas servir a quelque usage impie ! Souvent, dans letre obscur habite un Dieu cache ; Et comme un ceil naissant couvert par ses paupieres, Un pur esprit s'accroit sous l'ecorce des pierres. HEGESIPPE MOREAU LA FERMIERE A MOUR a la fermiere ! elle est Si gentille et si douce ! C'est l'oiseau des bois qui se plait Loin du bruit dans la mousse. 142 Hegesippe Moreau Vieux vagabond qui tends la main, Enfant pauvre et sans mere, Puissiez-vous trouver en chemin La ferme et la fermiere ! De l'escabeau vide aii foyer, La, le pauvre s'empare, Et le grand bahut de noyer Pour lui n'est point avare ; C'est la qu'un jour je vins m'asseoir, Les pieds blancs de poussiere ; Un jour . . . puis en marche ! et bonsoir, La ferme et la fermiere ! Mon seul beau jour a du finir, Finir des son aurore ; Mais pour moi ce doux souvenir Est du bonheur encore: En fermant les yeux, je revois L'enclos plein de lumiere, La haie en fleur, le petit bois, La ferme et la fermiere ! Si Dieu, comme notre cure Au prone le repete, Paie un bienfait (meme egare), Ah ! qu'il songe a ma dette ! Qu'il prodigue au vallon les fleurs, La joie a la chaumiere, Et garde des vents et des pleurs La ferme et la fermiere 1 Chaque hiver, qu'un groupe d'enfants A son fuseau sourie, Comme les anges aux fils blancs De la Vierge Marie ; Au Lecteur 143 Que tous, par la main, pas a pas, Guidant un petit frere, Rejouissent de leurs ebats La ferme et la fermiere ! ENVOI. Ma chansonnette, prends ton vol ! Tu n'es qu'un faible hommage Mais qu'en avril le rossignol Chante, et la dedommage; Qu'effraye par ses chants d'amour, L'oiseau du cimetiere Longtemps, longtemps, se taise pour La ferme et la fermiere ! ALFRED DE MUSSET AU LECTEUR f^E livre est toute ma jeunesse ; ^ Je l'ai fait sans presque y songer. II y parait, je le confesse, Et j'aurais pu le corriger. Mais quand l'homme change sans cesse, Au passe pourquoi rien changer ? Va-t'en, pauvre oiseau passager ; Que Dieu te mene a ton adresse ! Qui que tu sois, qui me liras, Lis-en le plus que tu pourras, Et ne me condamne qu'en somme. Mes premiers vers sont d'un enfant, Les seconds d'un adolescent,^ Les derniers a peine d'un homme. T44 Alfred de Musset STANCES QUE j'aime a voir, dans la vallee Desolee, Se lever comme un mausole6^A/w Les quatre ailes d'un noir moutier ! -— Que j'aime a voir, pres de l'austere .Monastere, Au seuil du baron feudataire, La croix blanche et le benitier ! Vous, des antiques Pyrenees Les ainees, Vieilles eglises decharnees.ok-^-'V* 6 Maigres et tristes monuments, Vous que le temps n'a pu dissoudre, Ni la foudre, De quelques grands monts mis en poudre N etes-vous pas les ossements ?^ v " c J'aime vos tours a tete grise, Ou se brise L'eclair qui passe avec la brise. J'aime vos profonds escaliers Qui, tournoyant dans les entrailles Des murailles, A l'hymne eclatant des ouailles Font repondre tous les piliers ! Oh ! lorsque l'ouragan qui gagne La campagne, Prend par les cheveux la montagne, Que le temps d'automne jaunit, Que j'aime, dans le bois qui crie Et se plie, La Nuit de Mai 145 Les vieux clochers de l'abbaye, Com me deux arbres de granit ! Que j'aime a voir dans les vesprees Empourprees, Jaillir en veines diaprees Les rosaces d'or des couvents ! Oh ! que j'aime, aux voutes gothiques Des portiques, Les vieux saints de pierre athletiques Priant tout bas pour les vivants ! LA NUIT DE MAI LA MUSE. DOETE, prends ton luth et me donne un baiser; La fleur de leglantier sent ses bourgeons eclore. Le printemps nait ce soir ; les vents vont s'embraser ; Et la bergeronnette, en attendant l'aurore, Aux premiers buissons verts commence a se poser. Poete, prends ton luth, et me donne un baiser. LE POETE. Comme il fait noir dans la vallee ! J'ai cru qu'une forme voilee Flottait la-bas sur la foret. Elle sortait de la prairie ; Son pied rasait Therbe fleurie; C'est une etrange reverie ; Elle s'efface et disparait. LA MUSE. Poete, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse, Balance le zephyr dans son voile odorant. La rose, vierge encor, se referme jalouse Sur le frelon nacre qu'elle enivre en mourant. 146 Alfred de Musset Ecoute ! tout se tait ; songe a ta bien-aimee. Ce soir, sous les tilleurs, a la sombre ramee Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. Ce soir, tout va fleurir: rimmortelle nature Se remplit de parfums, d'amour et de murmure, Comme le lit joyeux de deux jeunes epoux. LE POETE. Pourquoi mon coeur bat-il si vite ? Qu'ai-je done en moi qui s'agite Do'nt je me sens epouvante ? Ne frappe-t-on pas a ma porte ? Pourquoi ma lampe a demi morte M'eblouit-elle de clarte ? Dieu puissant ! tout mon corps frissonne. Qui vient ? qui m'appelle ? — Personne. Je suis seul ; e'est l'heure qui sonne ; O solitude ! 6 pauvrete ! LA MUSE. Poete, prends ton luth ; le vin de la jeunesse Fermente cette nuit dans les veines de Dieu. Mon sein est inquiet ; la volupte l'oppresse, Et les vents alteres m'ont mis la levre en feu. O paresseux enfant ! regarde, je suis belle. Notre premier baiser, ne t'en souviens-tu pas, Quand je te vis si pale au toucher de mon aile, Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ? Ah ! je t'ai console d'une amere souffrance ! Helas ! bien jeune encor, tu te mourais d'amour. Console-moi ce soir, je me meurs d'esperance ; J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour. La Nuit de Mai 147 LE POETE. Est-ce toi dont la voix m'appelle, O ma pauvre Muse ! est-ce toi ? O ma fleurj 6 mon immortelle ! Seul etre pudique et fidele Oii vive encor l'amour de moi ! Oui, te voila, c'est toi, ma blonde, C'est toi, ma maitresse et ma sceur ! Et je sens, dans la nuit profonde, De ta robe d'or qui m'inonde Les rayons glisser dans mon cceur. LA MUSE. Poete, prends ton luth ; c'est moi, ton immortelle, Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, corarae un oiseau que sacouvee appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux. Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire Te ronge, quelque chose a gemf dans ton cceur; Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre, Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensees Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passees ; Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu. fiveillons au hasard les echos de ta vie, Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie, Et que ce soit un reve, et le premier venu. Inventons quelque part des lieux ou Ton oublie ; Partons, nous sommes seuls, l'univers est a nous. Voici la verte Ecosse et la brune Italie, Et la Grece, ma mere, ou le miel est si doux, Argos, et Pteleon, ville des hecatombes^ Et Messa, la divine, agreable aux coloniDesr Et le front chevelu du Pelion changeant; 148 Alfred de Musset Et le bleu Titarese, et le golfe d'argent Qui montre dans ses eaux, ou le cygne se mire, La blanche Oloossone a la blanche Camyre. Dis-moi, quel songe d'or nos chants vont-ils bercer ? D'oii vont venir les pleurs que nous allons verser? Ce matin, quand le jour a frappe ta paupiere, Quel seraphin pensif, courbe sur ton chevet, Secouait des lilas dans sa robe legere, Et te contait tout bas les amours qu'il revait ? Chanterons-noUs l'espoir, la tristesse ou la joie ? Tremperons-nous de sang les bataillons d'acier? Suspendrons-nous l'amant sur l'echelle de soie ? Jetterons-nous au vent lecume du coursier ? Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre De la maison celeste, allume nuit et jour L'huile sainte de vie et d'eternel amour? Crierons-nous a Tarquin : " 11 est temps, voici l'ombre ! Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ? Menerons-nous la chevre aux ebeniers amers ? Montrerons-nous le ciel a la Melancolie ? Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpes ? La biche le regarde ; elle pleure et supplie ; Sa bruyere l'attend ; ses faons sont nouveau-nes ; 11 se baisse, il l'egorge, il jette a la curee Sur les chiens en sueur son cceur encor vivant. Peindrons-nous une vierge a la joue empourpree, S'en allant a la messe, un page la suivant, Et d'un regard distrait, a cote de sa mere, Sur sa levre entr'ouverte oubliant sa priere ? Elle ecoute en tremblant, dans l'echo du pilier, Resonner leperon d'un hardi cavalier. Dirons-nous aux heros des vieux temps de la France De monter tout armes aux creneaux de leurs tours, Et de ressusciter la nai've romance La Nuit de Mai 149 Que Ieur gloire oubliee apprit aux troubadours ? Vetirons-nous de blanc une molle elegie ? L'homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie, Et ce qu'il a fauche du troupeau des humains Avant que l'envoye de la nuit eternelle Vint sur son tertre vert l'abattre d'un coup d'aile, Et sur son cceur de fer lui croiser les deux mains ? Clouerons-nous au poteau d'une satire altiere Le nom sept fois vendu d'un pale pamphletaire, Qui, pousse par la faim, du fond de son oubli, S'en vient, tout grelottant d'envie et d'impuissance, Sur le front du genie insulter 1'esperance, Et mordre le laurier que son souffle a sali? Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ; Mon aile me souleve au souffle du printemps. Le vent va m'emporter; je vais quitter la terre. Une larme de toi ! Dieu m'ecoute ; il est temps. LE POETE. S'il ne te faut, ma sceur cherie, Qu'un baiser d'une levre amie Et qu'une larme de mes yeux, Je te les donnerai sans peine ; De nos amours qu'il te souvienne, Si tu remontes dans les cieux. Je ne chante ni 1'esperance, Ni la gloire, ni le bonheur, Helas ! pas meme la souffrance. La bouche garde le silence Pour ecouter parler le cceur. LA MUSE. Crois-tu done que je sois comme le vent d'automne, Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau, Et pour qui la douleur n'est qu'une goutte d'eau ? 150 Alfred de Musset O poete ! un baiser, c'est moi qui te le donne. L'herbe que je voulais arracher de ce lieu, C'est ton oisivete ; ta douleur est a Dieu. Quel que soit le souci que ta jeunesse endure, Laisse-la s'elargir, cette sainte blessure Que les noirs seraphins t'ont faite au fond du cceur; Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur. Mais, pour en etre atteint, ne crois pas, 6 poete, Que ta voix ici-bas doive rester muette. Les plus desesperes sont les chants les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots. Lorsque le pelican, lasse d'un long voyage, Dans les brouillards du soir retourne a ses roseaux, Ses petits affames courent sur le rivage En le voyant au loin s'abattre sur les eaux. Deja, croyant saisir et partager leur proie, lis courent a leur pere avec des cris de joie En secouant leurs bees sur leurs goitres hideux. Lui, gagnant a pas lents une roche elevee, De son aile pendante abritant sa couvee, Pecheur melancolique, il regarde les cieux. Le sang coule a longs flots de sa poitrine ouverte ; En vain il a des mers fouille la profondeur : L'Ocean etait vide et la plage deserte ; Pour toute nourriture il apporte son cceur. Sombre et silencieux, etendu sur la pierre, Partageant a ses fils ses entrailles de pere, Dans son amour sublime il berce sa douleur, Et, regardant couler sa sanglante mamelle, Sur son festin de mort il s'aflaisse et chancelle, Ivre de volupte, de tendresse et d'horreur. Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, Fatigue de mourir dans un trop long supplice, II craint que ses enfants ne le laissent vivant ; La Nuit de Decembre 151 Alors il se souleve, ouvre son aile au vent, Et se frappant le coeur avec un cri sauvage, II pousse dans la nuit un si funebre adieu, Que les oiseaux de mer desertent le rivage, Et que le voyageur attarde sur la plage, Sentant passer la mort, se recommande a Dieu. Poete, c'est ainsi que 1 font les grands poetes. lis laissent s'egayer ceux qui vivent un temps ; Mais les festins humains qu'ils servent a leurs fetes Ressemblent la plupart a ceux des pelicans. Quand ils parlent ainsi d'esperances trompees, De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur, Ce n'est pas un concert a dilater le cceur. Leurs declamations sont comme des epees : Elles tracent dans l'air un cercle eblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. LE POETE. O Muse! spectre insatiable, Ne m'en demande pas si long. L'homme n'ecrit rien sur le sable A l'heure ou passe l'aquilon. J'ai vu le temps ou ma jeunesse Sur mes levres etait sans cesse Prete a chanter comme un oiseau ; Mais j'ai souffert un dur martyre, Et le moins que j'en pourrais dire, Si je l'essayais sur ma lyre, La briserait comme un roseau. LA NUIT DE DECEMBRE "TjU temps que j'etais ecolier, Je restais un soir a veiller Dans notre salle solitaire. 152 Alfred de Musset Devant ma table vint s'asseoir Un pauvre enfant vetu de noir, Qui me ressemblait corarae un frere. Son visage etait triste et beau : A la lueur de mon flambeau, Dans mon livre ouvert il vint lire. II pencha son front sur ma main, Et resta jusqu'au lendemain, Pensif, avec un doux sourire. Comme j'allais avoir quinze ans, Je marchais un jour, a pas lents, Dans un bois, sur une bruyere. Au pied d'un arbre vint s'asseoir Un jeune homme vetu de noir, Qui me ressemblait comme un frere. Je lui demandai mon chemin; II tenait un luth d'une main, De l'autre un bouquet d'eglantine. II me fit un salut d'ami, Et, se detournant a demi, Me montra du doigt la colline. A lage ou Ton croit a 1'amour, J'etais seul dans ma chambre un jour, Pleurant ma premiere misere. Au coin de mon feu vint s'asseoir Un etranger vetu de noir, Qui me ressemblait comme un frere. II etait morne et soucieux ; D'une main il montrait les cieux, Et de l'autre il tenait un glaive. La Nuit de Decembre 153 De ma peine il semblait souffrir, Mais il ne poussa qu'un soupir, Et s'evanouit comme un reve. A lage ou Ton est libertin, Pour boire un toast en un festin, Un jour je soulevai mon verre. En face de moi vint s'asseoir Un convive vetu de noir, Qui me ressemblait comme un frere. II secouait sous son manteau Un haillon de pourpre en lambeau, Sur sa tete un myrte sterile. Son bras maigre cherchait le mien, Et mon verre, en touchant le sien, Se brisa dans ma main debile. Un an apres, il etait nuit, J'etais a genoux pres du lit Ou venait de mourir mon pere. Au chevet du lit vint s'asseoir Un orphelin vetu de noir, Qui me ressemblait comme un frere. » Ses yeux etaient noyes de pleurs ; Comme les anges de douleurs, II etait couronne d'epine ; Son luth a. terre etait gisant, Sa pourpre de couleur de sang, Et son glaive dans sa poitrine. Je m'en suis si bien souvenu, Que je l'ai toujours reconnu A tous les instants de ma vie. 154 Alfred de Musset C'est une etrange vision, Et cependant, ange ou demon, J'ai vu partout cette ombre amie. Lorsque plus tard, las de souffrir, Pour renaitre ou pour en finir, J'ai voulu m'exiler de France; Lorsqu' impatient de marcher, J'ai voulu partir, et chercher Les vestiges d'une esperance ; A Pise, au pied de l'Apennin ; A Cologne, en face du Rhin ; A Nice, au penchant des vallees ; A Florence, au fond des palais ; A Brigues, dans les vieux chalets ; Au sein des Alpes desolees ; A Genes sous les citronniers ; A Vevay, sous les verts pommiers ; Au Havre, devant l'Atlantique ; A Venise, a l'affreux Lido, Oii vient sur l'herbe d'un tombeau Mourir la pale Adriatique ; Partout ou, sous ces vastes cieux, J'ai lasse mon cceur et mes yeux, Saignant d'une eternelle plaie ; Partout ou le boiteux Ennui, Trainant ma fatigue apres lui, M'a promene sur une claie ; Partout ou, sans cesse altere De la soif d'un monde ignore, J'ai suivi l'ombre de mes songes ; La Nuit de DJcernbre 155 Partout ou, sans avoir vecu, J'ai revu ce que j'avais vu, La face humaine et ses mensonges ; Partout ou, le long des chemins, J'ai pose mon front dans mes mains, Et sanglote comme une femme ; Partout ou j'ai, comme un mouton, Qui laisse sa laine au buisson, Senti se denuer mon ame ; Partout ou j'ai voulu dormir, Partout ou j'ai voulu mourir, Partout ou j'ai touche la terre, Sur ma route est venu s'asseoir Un malheureux vetu de noir, Qui me ressemblait comme un frere. Qui done es-tu, toi que dans cette vie Je vois toujours sur mon chemin? Je ne puis croire, a ta melancolie, Que tu sois mon mauvais Destin. Ton doux sourire a trop de patience, Tes larmes ont trop de pitie. En te voyant, j'aime la Providence. Ta douleur meme est sceur de ma souflrance; Elle ressemble a l'Amitie. Qui done es-tu ? — Tu n'es pas mon bon ange ; Jamais tu ne viens m'avertir. Tu vois mes maux (e'est une chose etrange !), Et tu me regardes souffrir. 156 Alfred de Musset Depuis vingt ans tu marches dans ma voie, Et je ne saurais t'appeler. Qui done es-tu, si e'est Dieu qui t'envoie ? Tu me souris sans partager ma joie, Tu me plains sans me consoler ! Ce soir encor je t'ai vu m'apparaitre. C etait par une triste nuit. L'aile des vents battait a ma fenetre ; J'etais seul, courbe sur mon lit. JV regardais une place cherie, Tiede encor d'un baiser brulant ; Et je songeais comme la femme oublie, Et je sentais un lambeau de ma vie, Qui se dechirait lentement. Je rassemblais des lettres de la veille, Des cheveux, des debris d'amour. Tout ce passe me criait a l'oreille Ses eternels serments d'un jour. Je contemplais ces reliques sacrees, Qui me faisaient trembler la main : Larmes du cceur par le cceur devorees, Et que les yeux qui les avaient pleurees Ne reconnaitront plus demain ! J'enveloppais dans un morceau de bure Ces ruines des jours heureux. Je me disais qu'ici-bas ce qui dure, C'est une meche de cheveux. Comme un plongeur dans une mer profonde, Je me perdais dans tant d'oubli. De tous cotes j'y retournais la sonde, Et je pleurais seul, loin des yeux du monde, Mon pauvre amour enseveli. La Nuit de De'cembre 157 J'allais poser le sceau de cire noire Sur ce fragile et cher tresor. J'allais le rend re, et n'y pouvant pas croire, En pleurant j'en doutais encor. Ah ! faible femme, orgueilleuse insensee, Malgre toi, tu t'en souviendras ! Pourquoi, grand Dieu ! mentir a sa pensee ? Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressee, Ces sanglots, si tu n'aimais pas ? Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ; Mais ta chimere est entre nous. Eh bien, adieu ! Vous compterez les heures Qui me separeront de vous. Partez, partez, et dans ce cceur de glace Emportez l'orgueil satisfait. Je sens encor le mien jeune et vivace, Et bien des maux pourront y trouver place Sur le mal que vous m'avez fait. Partez, partez ! la Nature immortelle N'a pas tout voulu nous donner. Ah ! pauvre enfant, qui voulez etre belle,, Et ne savez pas pardonner ! Allez, allez, suivez la destinee ; Qui vous perd n'a pas tout perdu. Jetez au vent notre amour consumee ; — fiternel Dieu ! toi que j'ai tant aimee, Si tu pars, pourquoi m'aimes-tu ? Mais tout a coup j'ai vu dans la nuit sombre Une forme glisser sans bruit. Sur mon rideau j'ai vu passer une ombre; Elle vient s'asseoir sur mon lit. 158 Alfred de Mus set Qui done es-tu, morne et pale visage, Sombre portrait vetu de noir ? Que me veux-tu, triste oiseau de passage ? Est-ce un vain reve ? est-ce ma propre image Que j'apercois dans ce miroir ? Qui done es-tu, spectre de ma jeunesse, PeTerin que rien n'a lasse ? Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse Assis dans l'ombre ou j'ai passe. Qui done es-tu, visiteur solitaire, Hote assidu de mes douleurs? Qu'as-tu done fait pour me suivre sur terre ? Qui done es-tu, qui done es-tu, mon frere, Qui n'apparais qu'au jour des pleurs ? LA VISION. Ami, notre pere est le tien. Je ne suis ni l'ange gardien, Ni le mauvais destin des hommes. Ceux que j'aime, je ne sais pas De quel c6te s'en vont leurs pas Sur ce peu de fange ou nous sommes. Je ne suis ni dieu ni demon, Et tu m'as nomme par mon nom Quand tu m'as appele ton frere ; Ou tu vas, j'y serai toujours, Jusques au dernier de tes jours, Ou j'irai m'asseoir sur ta pierre. Le ciel m'a confie ton coeur. Quand tu seras dans la douleur, Stances a la Malibran 159 Viens a moi sans inquietude, Je te suivrai sur le chemin ; Mais je ne puis toucher ta main ; Ami, je suis la Solitude. STANCES A LA MALIBRAN CANS doute il est trop tard pour parler encor d'elle ; Depuis qu'elle n'est plus quinze jours sont passes, Et dans ce pays-ci quinze jours, je le sais, Font d'une mort recente une vieille nouvelle. De quelque nom d'ailleurs que le regret s'appelle, L'homme, par tout pays, en a bien vite assez. O Maria-Felicia ! le peintre et le poete Laissent, en expirant, d'immortels heritiers ; Jamais l'affreuse nuit ne les prend tout entiers. A defaut d'action, leur grande ame inquiete De la mort et du temps entreprend la conquete, Et, frappes dans la lutte, ils tombent en guerriers. Celui-la sur l'airain a grave sa pensee ; Dans un rhythme dore l'autre l'a cadencee; Du moment qu'on l'ecoute, on luidevient ami. Sur sa toile, en mourant, Raphael l'a laissee ; Et, pour que le neant ne touche point a lui, C'est assez d'un enfant sur sa mere endormi. Comme dans une lampe une flamme fidele, Au fond du Parthenon le marbre inhabite Garde de Phidias la memoire eternelle, Et la jeune Venus, fille de Praxitele, Sourit encor, debout dans sa divinite, Aux siecles impuissants qu'a vaincus sa beaute. 160 Alfred de Musset Recevant d'age en age une nouvelle vie, Ainsi s'en vont a Dieu les gloires d'autrefois; Ainsi le vaste echo de la voix du genie Devient du genre humain l'universelle voix . . . Et de toi, morte hier, de toi, pauvre Marie, Au fond d'une chapelle il nous reste une croix ! Une croix ! et l'oubli, la nuit et le silence ! Ecoutez ! c'est le vent, c'est l'Ocean immense ; C'est un pecheur qui chante au bord du grand chemin. Et de tant de beaute, de gloire et d'esperance, De tant d'accords si doux d'un instrument divin, Pas un faible soupir, pas un echo lointain ! Une croix, et ton nom ecrit sur une pierre, Non pas raerae le tien, mais celui d'un epoux, Voila ce qu'apres toi tu laisses sur la terre ; Et ceux qui t'iront voir a ta maison derniere, N'y trouvant pas ce nom qui fut aime de nous, Ne sauront pour prier ou poser les genoux. O Ninette ! ou sont-ils, belle muse adoree, Ces accents pleins d'amour, de charme et de terreur, Qui voltigeaient le soir sur ta levre inspiree, Comme un parfum leger sur l'aubepine en fleur ? Ou vibre maintenant cette voix eploree, Cette harpe vivante attachee a ton coeur ? N'etait-ce pas hier, fille joyeuse et folle, Que ta verve railleuse animait Corilla, Et que tu nous lancais avec la Rosina La roulade amoureuse et l'oeillade espagnole ? Ces pleurs sur tes bras nus, quand tu chantais le Saule, Netait-ce pas hier, pale Desdemona? Stances a la Malibran 161 N'etait-ce pas hier qua la fleur de ton age Tu traversais l'Europe, une lyre a la main ; Dans la mer, en riant, te jetant a la nage, Chantant la tarentelle au ciel napolitain, Coeur d'ange et de lion, libre oiseau de passage, Espiegle enfant ce soir, sainte artiste demain ? N'etait-ce pas hier qu'enivree et benie Tu trainais a ton char un peuple transported Et que Londre et Madrid, la France et l'ltalie Apportaient a tes pieds cet or tant convoke, Cet or deux fois sacre qui payait ton genie, Et qu'a tes pieds souvent laissa ta charite ? Qu'as-tu fait pour mourir, 6 noble creature, Belle image de Dieu, qui donnais en chemin Au riche un peu de joie, au malheureux du pain ? Ah ! qui done frappe ainsi dans la mere nature, Et quel faucheur aveugle, aflame de pature, Sur les meilleurs de nous ose porter la main ? Ne suffit-il done pas a l'ange des tenebres Qu'a peine de ce temps il nous reste un grand nom ? Que Gericault, Cuvier, Schiller, Gcethe et Byron Soient endormis d'hier sous les dalles funebres, Et que nous ayons vu tant d'autres morts celebres Dans l'abime entr'ouvert suivre Napoleon ? Nous faut-il perdre encor nos tetes les plus cheres, Et venir en pleurant leur fermer les paupieres, Des qu'un rayon d'espoir a brille dans leurs yeux ? Le ciel de ses elus devient-il envieux ? Ou faut-il croire, helas ! ce que disaient nos peres, Que lorsqu'on meurt si jeune on est aime des dieux? T62 Alfred de Musset Ah ! combien, depuis peu, sont partis pleins de vie ! Sous les cypres anciens que de saules nouveaux ! La cendre de Robert a peine refroidie, Bellini tombe et meurt ! — Une lente agonie Traine Carrel sanglant a l'eternel repos. Le seuil de notre siecle est pave de tombeaux. Que nous restera-t-il si l'ombre insatiable, Des que nous batissons, vient tout ensevelir? Nous qui sentons deja le sol si variable, Et, sur tant de debris, marchons vers l'avenir, Si le vent, sous nos pas, balaye ainsi le sable, De quel deuil le Seigneur veut-il done nous vetir? Helas ! Marietta, tu nous restais encore. Lorsque, sur le sillon, l'oiseau chante a l'aurore, Le laboureur s'arrete, et, le front en sueur, Aspire dans l'air pur un souffle de bonheur. Ainsi nous consolait ta voix fraiche et sonore, Et tes chants dans les cieux emportaient la douleur. Ce qu'il nous faut pleurer sur ta tombe native, Ce n'est pas l'art divin, ni ses savants secrets : Quelque autre etudiera cet art que tu creais ; C'est ton ame, Ninette, et ta grandeur naive, C'est cette voix du cceur qui seule au cceur arrive, Que nul autre, apres toi, ne nous rendra jamais. Ah ! tu vivrais encor sans cette ame indomptable. Ce fut la ton seul mal, et le secret fardeau Sous lequel ton beau corps piia comme un roseau. II en soutint longtemps ia lutte inexorable. C'est le Dieu tout-puissant, c'est la Muse implacable. Qui dans ses bras en feu t'a portee au tombeau. Stances a la Malibran 163 Que ne l'etouffais-tu, cette flamme brulante Que ton sein palpitant ne pouvait contenir! Tu vivrais, tu verrais te suivre et t'applaudir De ce public blase la foule in diffe rente, Qui prodigue aujourd'hui sa faveur inconstante A des gens dont pas un, certes, n'en doit mourir. Connaissais-tu si peu l'ingratitude humaine ? Quel reve as-tu done fait de te tuer pour eux ! Quelques bouquets de fleurs te rendaient-ils si vaine, Pour venir nous verser de vrais pleurs sur la scene, Lorsque tant d'histrions et d'artistes fameux, Couronnes mille fois, n'en ont pas dans les yeux ? Que ne detournais-tu la tete pour sourire, Comme on en use ici quand on feint d'etre emu ? Helas ! on t'aimait tant, qu'on n'en aurait rien vu. Quand tu chantais le Saule, au lieu de ce delire, Que ne t'occupais-tu de bien porter ta lyre ? La Pasta fait ainsi : que ne l'imitais-tu ? Ne savais-tu done pas, comedienne imprudente, Que ces cris insenses qui te sortaient du cceur De ta joue amaigrie augmentaient la paleur ? Ne savais-tu done pas que, sur ta tempe ardente, Ta main de jour en jour se posait plus tremblante, Et que e'est tenter Dieu que d'aimer la douleur ? Ne sentais-tu done pas que ta belle jeunesse De tes yeux fatigues s'ecoulait en ruisseaux, Et de ton noble cceur s'exhalait en sanglots ? Quand de ceux qui t'aimaient tu voyais la tristesse, Ne sentais-tu done pas qu'une fatale ivresse Bercait ta vie errante a ses derniers rameaux ? 164 Alfred de Mm set Oui, oui, tu le savais, qu'au sortir du theatre, Un soir dans ton linceul il faudrait te coucher. Lorsqu'on te rapportait plus froide que 1'alba.tre, Lorsque le medecin, de ta veine bleuatre, Regardait goutte a goutte un sang noir s'epancher, Tu savais quelle main venait de te toucher. Oui, oui, tu le savais, et que, dans cette vie, Rien n'est bon que d'aimer, n'est vrai que de souffrir. Chaque soir dans tes chants tu te sentais palir. Tu connaissais le monde, et la foule et l'envie, Et, dans ce corps brise concentrant ton genie, Tu regardais aussi la Malibran mourir. Meurs done ! ta mort est douce et ta tache est remplie. Ce que l'homme ici-bas appelle le genie, C'est le besoin d'aimer ; hors de la tout est vain. Et, puisque tot ou tard 1'amour humain s'oublie, II est d'une grande ame et d'un heureux destin Dexpirer comme toi pour un amour divin ! CHANSON DE BARBERINE DEAU chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin d'ici ? Voyez-vous pas que la nuit est profonde, Et que le monde N'est que souci ? Vous qui croyez qu'une amour delaissee De la pensee S'enfuit ainsi, Helas ! helas ! chercheurs de renommee, Votre fumee S'envole aussi. Chanson de Fortunio 165 Beau chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin de nous ? J 'en vais pleurer, moi qui me laissais dire Que mon sourire Etait si doux. CHANSON DE FORTUNIO CI vous croyez que je vais dire ^ Qui j'ose aimer, Je ne saurais, pour un empire, Vous la nommer. Nous allons chanter a la ronde, Si vous voulez, Que je l'adore et qu'elle est blonde Comme les bles. Je fais ce que sa fantaisie Veut m'ordonner, Et je puis, s'il lui faut ma vie, La lui donner. Du mal qu'une amour ignoree Nous fait souffrir, J 'en porte lame dechiree Jusqu'a mourir. Mais j'aime trop pour que je die Qui j'ose aimer, Et je veux mourir pour ma mie Sans la nommer. 1 66 Alfred de Musset TRISTESSE J'AI perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaite ; J'ai perdu jusqu' a la fierte Qui faisait croire a mon genie. Quand j'ai connu la Verite, J'ai cru que c etait une amie ; Quand je l'ai comprise et sentie, J'en etais deja degoute. Et pourtant elle est eternelle, Et ceux qui se sont passes d'elle Ici-bas ont tout ignore. Dieu parle, il faut qu'on lui reponde ; Le seul bien qui me reste au monde Est d'avoir quelquefois pleure. RAPPELLE-TOI ( Vergiss mein nicht.) PAROLES FAITES SUR LA MUSIQUE DE MOZART. D APPELLE-TOI, quand l'Aurore craintive Ouvre au Soleil son palais enchante ; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en revant sous son voile argente ; A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite, Ecoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Souvenir 167 Rappelle-toi, lorsque les destinees M'auront de toi pour jamais separe, Quand le chagrin, l'exil et les annees Auront fletri ce coeur desespere ; Songe a mon triste amour, songe a l'adieu supreme ! L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime. Tant que mon coeur battra, Toujours il te dira: Rappelle-toi. Rappelle-toi, quand sous la froide terre Mon coeur brise pour toujours dormira; Rappelle-toi, quand la fleur solitaire Sur mon tombeau doucement s'ouvrira. Je ne te verrai plus ; mais mon ame immortelle Reviendra pres de toi comme une soeur fidele. Ecoute, dans la nuit, Une voix qui gemit : Rappelle-toi. SOUVENIR J'ESPERAIS bien pleurer, mais je croyais souffrir En osant te revoir, place a jamais sacree, O la plus chere tombe et la plus ignoree Ou dorme un souvenir ! Que redoutiez-vous done de cette solitude, Et pourquoi, mes amis, me preniez-vous la main? Alors qu'une si douce et si vieille habitude Me montrait ce chemin ? Les voila, ces coteaux, ces bruyeres fleuries, Et ces pas argentins sur le sable muet, Ces sentiers amoureux, remplis de causeries, Oii son bras m'enlacait. 1 68 Alfred de Musset Les voila, ces sapins a la sombre verdure, Cette gorge profonde aux nonchalants detours, Ces sauvages amis, dont l'antique murmure A berce mes beaux jours. Les voila, ces buissons ou toute ma jeunesse, Comme un essaim d'oiseaux, chante au bruit de mes pas. Lieux charmants, beau desert ou passa ma maitresse, Ne m'attendiez-vous pas? Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien cheres, Ces larmes que souleve un cceur encor blesse ! Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupieres Ce voile du passe ! Je ne viens point jeter un regret inutile Dans l'echo de ces bois temoins de mon bonheur. Fiere est cette foret dans sa beaute tranquille, Et fier aussi mon cceur. Que celui-la se livre a des plaintes ameres, Qui s'agenouille et prie au tombeau d'un ami. Tout respire en ces lieux; les fleurs des cimetieres Ne poussent point ici. Voyez ! la lune monte a travers ces ombrages. Ton regard tremble encor, belle reine des nuits; Mais du sombre horizon deja tu te degages, Et tu t epanouis. Ainsi de cette terre, humide encor de pluie, Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour; Aussi calme, aussi pur, de mon ame attendrie Sort mon ancien amour. Souvenir 169 Que sont-ils devenus, les chagrins de ma vie? Tout ce qui m'a fait vieux est bien loin maintenant; Et rien qu'en regardant cette vallee amie, Je redeviens enfant. O puissance du temps ! 6 legeres annees ! Vous emportez nos pleurs, nos cris et nos regrets; Mais la pitie vous prend, et sur nos fleurs fanees Vous ne marchez jamais. Tout mon cceur te benit, bonte consolatrice ! Je n'aurais jamais cru que Ton put tant souffrir D'une telle blessure, et que sa cicatrice Fut si douce a sentir. Loin de moi les vains mots, les frivoles pensees, Des vulgaires douleurs linceul accoutume, Que viennent etaler sur leurs amours passees Ceux qui n'ont point aime! Dante, pourquoi dis-tu qu'il n'est pire misere Qu'un souvenir heureux dans les jours de douleur? Quel chagrin t'a dicte cette parole amere, Cette offense au malheur? En est-il done moins vrai que la lumiere existe, Et faut-il l'oublier du "moment qu'il fait nuit ? Est-ce bien toi, grande ame immortellement triste, Est-ce toi qui l'as dit? Non, par ce pur flambeau dont la splendeur m eclaire, Ce blaspheme vante ne vient pas de ton cceur. Un souvenir heureux est peut-etre sur terre Plus vrai que le bonheur. 170 Alfred de Musset Eh quoi ! l'infortune qui trouve une etincelle Dans la cendre bmlante ou dorment ses ennuis, Qui saisit cette flamme et qui fixe sur elle Ses regards eblouis ; Dans ce passe perdu quand son ame se noie, Sur ce miroir brise lorsqu'il reve en pleurant, Tu lui dis qu'il se trompe, et que sa faible joie N'est qu'un affreux tourment ! Et c'est a ta Frangoise, a ton ange de gloire, Que tu pouvais donner ces mots a prononcer, Elle qui s'interrompt, pour conter son histoire, D'un eternel baiser ! Qu'est-ce done, juste Dieu, que la pensee humaine, Et qui pourra jamais aimer la verite, S'il n'est joie ou douleur si juste et si certaine Dont quelqu'un n'ait doute ? Comment vivez-vous done, etranges creatures ? Vous riez, vous chantez, vous marchez a grands pas Le ciel et sa beaute, le monde et ses souillures Ne vous derangent pas ; Mais, lorsque par hasard le destin vous ramene Vers quelque monument d'un amour oublie, Ce caillou vous arrete, et cela vous fait peine Qu'il vous heurte le pie. Et vous criez alors que la vie est un songe ; Vous vous tordez les bras comme en vous reveillant, Et vous trouvez facheux qu'un si joyeux mensonge Ne dure qu'un instant. Souvenir 171 Malheureux ! cet instant ou votre ame engourdie A secoue les fers qu'elle traine ici-bas, Ce fugitif instant fut toute votre vie ; Ne le regrettez pas ! Regrettez la torpeur qui vous cloue a la terre, Vos agitations dans la fange et le sang, Vos nuits sans esperance et vos jours sans lumiere : C'est la qu'est le neant ! Mais que vous revient-il de vos froides doctrines ? Que demandent au ciel ces regrets inconstants Que vous allez semant sur vos propres mines, A chaque pas du Temps ? Oui, sans doute, tout meurt ; ce monde est un grand reve, Et le peu de bonheur qui nous vient en chemin, Nous n'avons pas plus tot ce roseau dans la main, Que le vent nous l'enleve. Oui, les premiers baisers, oui, les premiers serments Que deux etres mortels echangerent sur terre, Ce fut au pied d'un arbre effeuille par les vents, Sur un roc en poussiere. lis prirent a temoin de leur joie ephemere Un ciel toujours voile qui change a tout moment, Et des astres sans nom que leur propre lumiere Devore incessamment. Tout mourait autour d'eux, l'oiseau dans le feuillage, La fleur entre leurs mains, l'insecte sous leurs pies, La source dessechee ou vacillait l'image De leurs traits oublies ; 172 Alfred de Musset Et sur tous ces debris joignant leurs mains d'argile, Etourdis des eclairs d'un instant de plaisir, lis croyaient echapper a cet Etre immobile Qui regarde mourir ! — Insenses ! dit le sage. — Heureux ! dit le poete. Et quels tristes amours as-tu done dans le cceur, Si le bruit du torrent te trouble et t'inquiete, Si le vent te fait peur ? J'ai vu sous le soleil tomber bien d'autres choses Que les feuilles des bois et l'ecume des eaux, Bien d'autres s'en aller que le parfum des roses Et le chant des oiseaux. Mes yeux ont contemple des objets plus funebres Que Juliette morte au fond de son tombeau, Plus affreux que le toast a l'ange des tenebres Porte par Romeo. J'ai vu ma seule amie, a jamais la plus chere, Devenue elle-meme un sepulcre blanchi, Une tombe vivante ou flottait la poussiere De notre mort cheri, De notre pauvre amour, que, dans la nuit profonde, Nous avions sur nos cceurs si doucement berce ! C'etait plus qu'une vie, helas ! c'etait un monde Qui s'etait efface ! Oui, jeune et belle encor, plus belle, osait-on dire, Je l'ai vue, et ses yeux brillaient comme autrefois. Ses levres s'entr'ouvraient, et c'etait un sourire, Et c'etait une voix ; Souvenir 173 Mais non plus cette voix, non plus ce doux langage, Ces regards adores dans les miens confondus ; Mon cceur, encor plein d'elle, errait sur son visage, Et ne la trouvait plus. Et pourtant j'aurais pu marcher alors vers elle ; Entourer de mes bras ce sein vide et glace, Et j'aurais pu crier: " Ou'as-tu fait, infidele, Qu'as-tu fait du passe?" Mais non : il me semblait qu'une femme inconnue Avait pris par hasard cette voix et ces yeux ; Et je laissai passer cette froide statue En regardant les cieux. Eh bien ! ce fut sans doute une horrible misere Que ce riant adieu d'un etre inanime. Eh bien ! qu'importe encore? O nature! 6 ma mere ! En ai-je moins aime ? La foudre maintenant peut tomber sur ma t£te ; Jamais ce souvenir ne peut m'etre arrache ! Comme le matelot brise par la tempete, Je m'y tiens attache. Je ne veux rien savoir, ni si les champs fleurissent, Ni ce qu'il adviendra du simulacre humain, Ni si ces vastes cieux eclaireront demain Ce qu'ils ensevelissent. Je me dis seulement : <; A cette heure, en ce lieu, Un jour, je fus aime, j'aimais, elle etait belle. J'enfouis ce tresor dans mon ame immortelle, Et je l'emporte a Dieu ! " 1 74 Alfred de Musset SUR UNE MORTE CLLE etait belle si la Nuit Qui dort dans la sombre chapelle Oii Michel-Ange a fait son lit, Immobile peut etre belle. Elle etait bonne, s'il suffit Qu'en passant la main s'ouvre et donne, Sans que Dieu n'ait rien vu, rien dit: Si Tor sans pitie fait l'aumone. Elle pensait, si le vain bruit D'une voix douce et cadencee, Comme le ruisseau qui gemit, Peut faire croire a la pensee. Elle priait, si deux beaux yeux, Tantot s'attachant a la terre, Tantot se levant vers les cieux, Peuvent s'appeler la priere. Elle aurait souri, si la fleur Qui ne s'est point epanouie, Pouvait s'ouvrir a la fraicheur Du vent qui passe et qui l'oublie. Elle aurait pleure, si sa main, Sur son cceur froidement posee, Eut jamais dans l'argile humain Senti la celeste rosee. Elle aurait aime, si l'orgueil, Pareil a la lampe inutile Qu'on allume pres d'un cercueil, N'eut veille sur son cceur sterile. A M. Victor Hugo — zAdieu, Su^on 175 Elle est morte et n'a point vecu. Elle faisait semblant de vivre. De ses mains est tombe le livre Dans lequel elle n'a rien lu. A M. VICTOR HUGO TL faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses, Pour savoir, apres tout, ce qu'on aime le mieux : Les bonbons, l'Ocean, le jeu, l'azur des cieux, Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses. II faut fouler aux pieds des fleurs a peine ecloses ; II faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d'adieux. Puis le cceur s'apercoit qu'il est devenu vieux, Et 1'efiet qui s'en va nous decouvre les causes. De ces biens passagers que Ton goute a demi, Le meilleur qui nous reste est un ancien ami. On se brouille, on se fuit.— Qu'un basard nous rassemble, On s'approche, on sourit, la main touche la main, Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble, Que lame est immortelle, et qu'hier c'est demain. ADIEU, SUZON CHANSON. A DIEU, Suzon, ma rose blonde, ^ Qui m'as aime pendant huit jours: Les plus courts plaisirs de ce monde Souvent font les meilleurs amours. Sais-je, au moment ou je te quitte, Ou m'entraine mon astre errant ? 176 Alfred de Musset Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Toujours courant. Paf ! C'est mon cheval qu'on apprete. Enfant, que ne puis-je en chemin Emporter ta mauvaise t<§te, Qui m'a tout embaume la main ! Tu souris, petite hypocrite, Comme la nymphe, en t'enfuyant. Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Tout en riant. Que de tristesse et que de charmes, Tendre enfant, dans tes doux adieux! Tout m'enivre, jusqu'a tes larmes, Lorsque ton cceur est dans tes yeux. A vivre ton regard m'invite; II me consolerait mourant. Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Tout en pleurant. Que notre amour, si tu m'oublies, Suzon, dure encore un moment; Comme un bouquet de fleurs palies, Cache-le dans ton sein charmant ! Adieu ! le bonheur reste au gite ; Le souvenir part avec moi : Je l'emporterai, ma petite, Bien loin, bien vite, Toujours a toi. Voyage 177 THEOPHILE GAUTIER VOYAGE II me faut du nouveau n'en fut-il plus au monde. Jean de La Fontaine. Jam mens praetrepidans avet vagari, Jam lseti studio pedes vigescunt. Catulle. A U travers de la vitre blanche Le soleil rit, et sur les murs Tracant de grands angles, epanche Ses rayons splendides et purs : Par un si beau temps, a la ville Rester parmi la foule vile ! Je veux voir des sites nouveaux: Postilions, sellez vos chevaux. Au sein d'un nuage de poudre, Par un galop precipite, Aussi promptement que la foudre Comrae il est doux d'etre emporte ! Le sable bruit sous la roue, Le vent autour de vous se joue ; Je veux voir des sites nouveaux : Postilions, pressez vos chevaux. Les arbres qui bordent la route Paraissent fuir rapidement, Leur forme obscure dont l'ceil doute Ne se dessine qu'un moment ; Le ciel, tel qu'une banderole, Par-dessus les bois roule et vole ; Je veux voir des sites nouveaux: Postilions, pressez vos chevaux. 178 Theophile Gautier Chaumieres, fermes isolees, Vieux chateaux que flanque une tour, Monts arides, fraiches vallees, Forets se suivent tour a tour ; Parfois au milieu d'une brume, Un ruisseau dont la chute ecume; Je veux voir des sites nouveaux : Postilions, pressez vos chevaux. Puis, une hirondelle qui passe, Rasant la greve au sable d'or, Puis, semes dans un large espace, Les moutons d'un berger qui dort ; De grandes perspectives bleues, Larges et longues de vingt lieues ; Je veux voir des sites nouveaux: Postilions, pressez vos chevaux. Une montagne: Ton enraye, Au bord du rapide penchant D'un mont dont la hauteur effraye : Les chevaux glissent en marchant, L'essieu grince, le pave fume, Et la roue un instant s'allume ; Je veux voir des sites nouveaux : Postilions, pressez vos chevaux. La cote raide est descendue. Recouverte de sable fin, La route, a chaque instant perdue, S'etend comme un ruban sans fin. Que cette plaine est monotone! On dirait un matin d'automne; Je veux voir des sites nouveaux: Postilions, pressez vos chevaux. Tomb/e du Jour 179 Une viile d'un aspect sombre, Avec ses tours et ses clochers Qui montent dans les airs, sans nombre, Comme des mats ou des rochers, Oii mille lumieres flamboient Au sein des ombres qui la noient ; Je veux voir des sites nouveaux : Postilions, pressez vos chevaux. Mais ils sont las, et leurs narines, Rouges de sang, soufflent du feu ; L'ecume inonde leurs poitrines, II faut nous arreter un peu. Halte! demain, plus vite encore, Aussitot que poindra l'aurore, Postilions, pressez vos chevaux, Je veux voir des sites nouveaux. TOMBEE DU JOUR T E jour tombait, une pale nuee " Du haut du ciel laissait nonchalamment, Dans l'eau du fleuve a peine remuee, Tremper les plis de son blanc vetement. La nuit parut, la nuit morne et sereine, Portant le deuil de son frere le jour, Et chaque etoile a son trone de reine, En habits d'or s'en vint faire sa cour. On entendait pleurer les tourterelles, Et les enfants rever dans leurs berceaux ; C'etait dans l'air comme un frdlement d'ailes, Comme le bruit d'invisibles oiseaux. 180 Theophile Gautier Le ciel parlait a voix basse a la terre ; Comme au vieux temps ils parlaient en hebreu, Et repetaient un acte de mystere ; Je n'y compris qu'un seul mot: c'etait Dieu. NOEL T E ciel est noir, la terre est blanche ; — Cloches, carillonnez gaiment ! — Jesus est ne ; — la Vierge penche Sur lui son visage charmant. Pas de courtines festonnees Pour preserver l'enfant du froid ; Rien que les toiles d'araignees Qui pendent des poutres du toit. II tremble sur la paille fraiche, Ce cher petit enfant Jesus, Et pour l'echauffer dans sa creche L'ane et le bceuf soufflent dessus. La neige au chaume coud ses franges, Mais sur le toit s'ouvre le ciel Et, tout en blanc, le chceur des anges Chante aux bergers; "Noel! Noel/" FUMEE T A-BAS, sous les arbres s'abrite • Une chaumiere au dos bossu ; Le toit penche, le mur s'effrite, Le seuil de la porte est moussu. Choc de Cavaliers 181 La fenetre, un volet la bouche ; Mais du taudis, comme au temps froid La tiede haleine d'une bouche, La respiration se voit. Un tire-bouchon de fumee, Tournant son mince filet bleu, De lame en ce bouge enfermee Porte des nouvelles a Dieu. CHOC DE CAVALIERS TTIER il m'a semble (sans doute j'etais ivre) Voir sur l'arche d'un pont un choc de cavaliers Tout cuirasses de fer, tout imbriques de cuivre, Et caparagonnes de harnois singuliers. Des dragons accroupis grommelaient sur leurs casques, Des Meduses d'airain ouvraient leurs yeux hagards Dans leurs grands boucliers aux ornements fantasques, Et des nceuds de serpents ecaillaient leurs brassards. Par moment, du rebord de l'arcade geante, Un cavalier blesse perdant son point d'appui, Un cheval effare tombait dans l'eau beante, Gueule de crocodile entr'ouverte sous lui. C'etait vous, mes desirs, c'etait vous, mes pensees, Qui cherchiez a forcer le passage du pont, Et vos corps tout meurtris sous leurs armes faussees, Dorment ensevelis dans le gouffre profond. 1 82 Theophile Gautier LES COLOMBES CUR le coteau, la-bas ou sont les tombes, Un beau palmier, comme un panache vert, Dresse sa tete, ou le soir les colombes Viennent nicher et se mettre a couvert. Mais le matin elles quittent les branches: Comme un collier qui s'egrene, on les voit S eparpiller dans Fair bleu, toutes blanches, Et se poser plus loin surquelque toit. Mon ame est l'arbre ou tous les soirs, comme elles, De blancs essaims de folles visions Tombent des cieux, en palpitant des ailes, Pour s'envoler des les premiers rayons. M LAMENTO A belle amie est morte, Je pleurerai toujours; Sous la tombe elle emporte Mon ame et mes amours. Dans le ciel, sans m'attendre, Elle s'en retourna ; L'ange qui l'emmena Ne voulut pas me prendre. Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour, s'en aller sur la mer ! La blanche creature Est couchee au cercueil. Comme dans la nature Tout me parait en deuil ! Tristesse 183 La colombe oubliee Pleure et songe a l'absent ; Mon ame pleure et sent Quelle est depareillee. Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour, s'en aller sur la mer ! Sur moi la nuit immense S'etend comme un linceul; Je chante ma romance Que le ciel entend seul. Ah ! comme elle etait belle Et comme je l'aimais! Je n'aimerai jamais Une femme autant qu'elle ; Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour, s'en aller sur la mer! TRISTESSE A VRIL est de retour. La premiere des roses, De ses levres mi-closes, Rit au premier beau jour; La terre bienheureuse S'ouvre et s'epanouit ; Tout aime, tout jouit. Helas ! j'ai dans le cceur une tristesse affreuse. Les buveurs en gaite, Dans leurs chansons vermeilles, Celebrent sous les treilles Le vin et la beaute ; >4 Theophile Gautier La musique joyeuse, Avec leur rire clair, S'eparpille dans l'air. Helas ! j'ai dans le coeur une tristesse affreuse. En deshabilles blancs, Les jeunes demoiselles Sen vont sous les tonnelles Au bras de leurs galants ; La lune langoureuse Argente leurs baisers Longuement appuyes. Helas ! j'ai dans le coeur une tristesse affreuse. Moi, je n'aime plus rien, Ni l'homme ni la femme, Ni mon corps, ni mon ame, Pas meme mon vieux chien. Allez dire qu'on creuse, Sous le pale gazon, Une fosse sans nom. Helas ! j'ai dans le cceur une tristesse affreuse. LA CARAVANE T A caravane humaine au Sahara du monde, Par ce chemin des ans qui n'a pas de retour, S'en va trainant le pied, bailee aux feux du jour, Et buvant sur ses bras la sueur qui l'inonde. Le grand lion rugit et la tempete gronde ; A l'horizon fuyard, ni minaret, ni tour; La seule ombre qu'on ait, c'est l'ombre du vautour, Qui traverse le ciel cherchant sa proie immonde. Plaintive Tourterelle 185 L'on avance toujours, et voici que Ton voit Quelque chose de vert que Ton se montre au doigt : C'est un bois de cypres, seme de blanches pierres. Dieu, pour vous reposer, dans le desert du temps, Comme des oasis, a mis les cimetieres : Couchez-vous et dormez, voyageurs haletants. PLAINTIVE TOURTERELLE DLAINTIVE tourterelle, Qui roucoules toujours, Veux-tu preter ton aile Pour servir mes amours ? Comme toi, pauvre amante, Bien loin de mon ramier, Je pleure et me lamente Sans pouvoir l'oublier. Vole et que ton pied rose Sur l'arbre ou sur la tour Jamais ne se repose, Car je languis d'amour. Evite, 6 ma colombe, La halte des palmiers Et tous les toits ou tombe La neige des ramiers. Va droit sur sa fenetre, Pies du palais du roi, Donne-lui cette lettre Et deux baisers pour moi, 1 86 Theophile Gautier Puis sur mon sein en flamme, Qui ne peut s'apaiser, Reviens, avec son ame, Reviens te reposer. PREMIER SOURIRE DU PRINTEMPS "TANDIS qu'a leurs ceuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgre les averses, Prepare en secret le printemps. Pour les petites paquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, II repasse des collerettes Et cisele des boutons d'or. Dans le verger et dans la vigne, II s'en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer a frimas l'amandier. La nature au lit se repose ; Lui, descend au jardin desert Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert. Tout en composant des solfeges, Qu'aux merles il siffle a mi-voix, II seme aux pres les perce-neiges Et les violettes aux bois. L'Aveugle 187 Sur le cresson de la fontaine Oii le cerf boit, l'oreille au guet, De sa main cachee il egrene Les grelots d'argent du muguet. Sous l'herbe, pour que tu la cueilles, II met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil. Puis, lorsque sa besogne est faite. Et que son regne va finir, Au seuil d'avril tournant la t£te, II dit : " Printemps, tu peux venir ! " L'AVEUGLE TTN aveugle au coin d'une borne, ^ Hagard comme au jour un hibou, Sur son flageolet, d'un air morne, Tatonne en se trompant de trou, Et joue un ancien vaudeville Qu'il fausse imperturbablement; Son chien le conduit par la ville, Spectre diurne a l'ceil dormant. Les jours sur lui passent sans luire; Sombre, il entend le monde obscur Et la vie invisible bruire Comme un torrent derriere un mur ! Dieu salt quelles chimeres noires Hantent cet opaque cerveau ! Et quels illisibles grimoires L'idee ecrit en ce caveau ! 1 88 The'ophile Gautier Ainsi dans les puits de Venise, Un prisonnier a demi fou, Pendant sa nuit qui s'eternise, Grave des mots avec un clou. Mais peut-etre aux heures funebres, Quand la mort souffle le flambeau, Lame habituee aux tenebres Y verra clair dans le tombeau ! LA SOURCE 'TOUT pres du lac filtre une source, Entre deux pierres, dans un coin ; Allegrement l'eau prend sa course Comme pour s'en aller bien loin. Elle murmure: Oh! quelle joie ! Sous la terre il faisait si noir! Maintenant ma rive verdoie, Le ciel se mire a mon miroir. Les myosotis aux fleurs bleues Me disent : Ne m'oubliez pas ! Les libellules de leurs queues M'egratignent dans leurs ebats : A ma coupe l'oiseau s'abreuve; Qui sait? — Apres quelques detours Peut-eire deviendrai-je un fleuve Baignant vallons, rochers et tours. Je broderai de mon ecume Ponts de pierre, quais de granit, Emportant le steamer qui fume A 1'Ocean ou tout finit. Le Merle 189 Ainsi la jeune source jase, Formant cent projets d'avenir; Com me l'eau qui bout dans un vase, Son flot ne peut se contenir; Mais le berceau touche a la tombe ; Le geant futur meurt petit ; Nee a peine, la source tombe Dans le grand lac qui l'engloutit! LE MERLE TTN oiseau siffle dans les branches Et sautille gai, plein d'espoir, Sur les herbes, de givre blanches, En bottes jaunes, en frac noir. C'est un merle, chanteur credule, Ignorant du calendrier, Qui reve soleil, et module L'hymne d'avril en fevrier. Pourtant il vente, il pleut a verse ; L'Arve jaunit le Rhone bleu, Et le salon, tendu de perse, Tient tous ses notes pres du feu. Les monts sur l'epaule ont l'hermine, Comme des magistrats siegeant ; Leur blanc tribunal examine Un cas d'hiver se prolongeant. Lustrant son aile qu'il essuie, L'oiseau persiste en sa chanson, Malgre neige, brouillard et pluie, II croit a la jeune saison. 190 Theophile Gautier II gronde l'aube paresseuse De rester au lit si longtemps Et, gourmandant la fleur frileuse, Met en demeure le printemps. II voit le jour derriere l'ombre ; Tel un croyant, dans le saint lieu, L'autel desert, sous la nef sombre, Avec sa foi voit toujours Dieu. A la nature il se confie, Car son instinct pressent la loi. Qui rit de ta philosophic, Beau merle, est moins sage que toi! I/ART OUI, l'ceuvre sort plus belle D'une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, email. Point de contraintes fausses ! Mais que, pour marcher droit, Tu chausses, Muse, un cothurne etroit. Fi du rhythme commode, Comme un Soulier trop grand, Du mode Que tout pied quitte et prend ! Statuaire, repousse L'argile que petrit Le pouce Quand flotte ailleurs l'esprit. L! Art 191 Lutte avec le carrare, Avec le paros dur Et rare, Gardiens du contour pur; Emprunte a Syracuse Son bronze ou fermement S'accuse Le trait fier et charmant ; D'une main delicate Poursuis dans un filon D 'agate Le profil d'Apollon. Peintre, fuis l'aquarelle, Et fixe la couleur Trop frele Au four de l'emailleur. Fais les sirenes bleues, Tordant de cent fagons Leurs queues, Les monstres des blasons; Dans son nimbe trilobe La Vierge et son Jesus, Le globe Avec la croix dessus. Tout passe. — L'art robuste Seul a leternite. Le buste Survit a la cite. iQ2 Victor de Laprade Et la medaille austere Que trouve un laboureur Sous terre Revele un empereur. Les dieux eux-memes meurent. Mais les vers souverains Demeurent Plus forts que les airains. Sculpte, lime, cisele ; Que ton reve flottant Se scelle Dans le bloc resistant ! VICTOR DE LAPRADE A UN GRAND ARBRE T 'ESPRIT calme des dieux habite dans les plantes. Heureux est le grand arbre aux feuillages epais ; Dans son corps large et sain la seve coule en paix, Mais le sang se consume en nos veines brulantes. A la croupe du mont tu sieges comme un roi ; Sur ce trone abrite, je t'aime et je t'envie ; Je voudrais echanger ton etre avec ma vie, Et me dresser tranquille et sage comme toi. Le vent n'effleure pas le sol ou tu m'accueilles; L'orage y descendrait sans pouvoir tebranler ; Sur tes plus hauts rameaux, que seuls on voit trembler, Comme une eau lente, a peine il fait gemir tes feuilles. A Un Grand Arbre 193 L'aube, un instant, les touche avec son doigt vermeil ; Sur tes obscurs reseaux semant sa lueur blanche, La lune aux pieds d'argent descend de branche en branche, Et midi baigne en plein ton front dans le soleil. L'eternelle Cybele embrasse tes pieds fermes ; Les secrets de son sein, tu les sens, tu les vois ; Au commun reservoir en silence tu bois, Enlace dans ces flancs ou dorment tous les germes. Salut, toi qu'en naissant l'homme aurait adore ! Notre age, qui se rue aux luttes convulsives, Te voyant immobile, a doute que tu vives, Et ne reconnait plus en toi d'hote sacre. Ah ! moi je sens qu'une ame est la sous ton ecorce : Tu n'as pas nos transports et nos desirs de feu, Mais tu reves, profond et serein comme un dieu ; Ton immobilite repose sur ta force. Salut ! Un charme agit et s'echange entre nous. Arbre, je suis peu fier de l'humaine nature; Un esprit revetu d'ecorce et de verdure Me semble aussi puissant que le notre, et plus doux. Verse a flots sur mon front ton ombre qui m'apaise ; Puisse mon sang dormir et mon corps s'affaisser ; Que j'existe un moment sans vouloir ni penser : La volonte me trouble, et la raison me pese. Je souffre du desir, orage interieur ; Mais tu ne connais, toi, ni l'espoir, ni le doute, Et tu n'as su jamais ce que le plaisir coute ; Tu ne l'achetes pas au prix de la douleur. i94 Victor de Laprade Quand un beau jour commence et quand le mal fait treve, Les promesses du ciel ne valent pas l'oubli; Dieu meme ne peut rien sur le temps accompli ; Nul songe n'est si doux qu'un long sommeil sans reve. Le chene a le repos, l'homme a la liberte . . . Que ne puis-je en ce lieu prendre avec toi racines ! Obeir, sans penser, a des forces divines, C'est etre dieu soi-meme, et c'est ta volupte. Verse, ah ! verse dans moi tes fraicheurs printanieres, Les bruits melodieux des essaims et des nids, Et le frissonnement des songes infinis ; Pour ta serenite je t'aime entre nos freres. Si j'avais, comme toi, tout un mont pour soutien, Si mes deux pieds trempaient dans la source des choses, Si l'Aurore humectait mes cheveux de ses roses, Si mon cceur recelait toute la paix du tien ; Si j'etais un grand chene avec ta seve pure, Pour tous, ainsi que toi, bon, riche, hospitalier, J'abriterais l'abeille et l'oiseau familier Qui sur ton front touffu repandent le murmure ; Mes feuilles verseraient l'oubli sacre du mal, Le sommeil, a mes pieds, monterait de la mousse Et la viendraient tous ceux que la cite repousse Ecouter ce silence ou parle l'ideal. Nourri par la nature, au destin resignee, Des esprits qu'elle aspire et qui la font rever, Sans trembler devant lui, comme sans le braver, Du bucheron divin j'attendrais la cognee. Le Droit d'Ainesse 195 BEATRIX f^ LOIRE au coeur temeraire epris de l'impossible, Qui marche, dans l'amour, au sentier des douleurs, Et fuit tout vain plaisir au vulgaire accessible. Heureux qui sur sa route, invite par les fleurs, Passe et n'ecarte point leur feuillage ou leurs voiles, Et, vers l'azur lointain tournant ses yeux en pleurs, Tend ses bras insenses pour cueillir les etoiles. Une beaute, cachee aux desirs trop humains, Sourit a ses regards, sur d'invisibles toiles ; Vers ses ambitions lui frayant des chemins, Un ange le soutient sur des brises propices ; Les astres bien aimes s'approchent de ses mains ; Les lis du paradis lui pretent leurs calices. Beatrix ouvre un monde a qui la prend pour sceur, A qui lutte et se dompte et souffre avec delices, Et goute a s'immoler sa plus chere douceur; Et, joyeux, s'elancant au dela du visible, De la porte du ciel s'approche en ravisseur. Gloire au cceur temeraire epris de l'impossible! LE DROIT D'AINESSE TE voila fort et grand gargon, Tu vas entrer dans la jeunesse ; Regois ma derniere legon : Apprends quel est ton droit d'ainesse. g6 Victor de Laprade Pour le connaitre en sa rigueur Tu n'as pas besoin d'un gros livre; Ce droit est ecrit dans ton cceur . . . Ton coeur ! c'est la loi qu'il faut suivre. Afin de le comprendre mieux, Tu vas y lire avec ton pere, Devant ces portraits des ai'eux Qui nous aideront, je l'espere. Ainsi que mon pere l'a fait, Un brave aine de notre race Se montre fier et satisfait En prenant la plus dure place. A lui le travail, le danger, La lutte avec le sort contraire; A lui l'orgueil de proteger La grande sceur, le petit frere. Son epargne est le fonds commun Ou puiseront tous ceux qu'il aime; II accroit la part de chacun De tout ce qu'il s'6te a lui-meme. II voit, au prix de ses efforts, Suivant les traces paternelles, Tous les freres savants et forts, Toutes les sceurs sages et belles. C'est lui qui, dans chaque saison, Pourvoyeur de toutes les fetes, Fait abonder dans la maison Les fleurs, les livres des poetes. L' Homme 197 II travaille. enfin, nuitet jour: Qu'importe ! les autres jouissent. N'est-il pas le pere a son tour? S'il vieillit, les enfants grandissent! Du poste ou le bon Dieu l'a mis II ne s'ecarte pas une heure ; II y fait tete aux ennemis, II y mourra, s'il faut qu'il meure ! Quand le berger manque au troupeau, Absent, helas ! ou mort peut-etre, Tel, pour la brebis et l'agneau, Le bon chien meurt apres son maitre. Ainsi, quand Dieu me reprendra, Tu sais, dans notre humble heritage, Tu sais le lot qui t'echerra Et qui te revient sans partage. Nos chers petits seront heureux, Mais il faut qu'en toi je renaisse. Veiller, lutter, souffrir pour eux... Voila, mon fils, ton droit d'ainesse! MME. L. ACKERMANN L'HOMME JETE par le hasard sur un vieux globe infime, A l'abandon, perdu comme en un ocean, Je surnage un moment et flotte a fleur d'abime, Epave du neant. 9 8 Mme, L. Acker mann Et pourtant, c'est a moi, quand sur des mers sans rives Un naufrage eternel semblait me menacer, Qu'une voix a crie du fond de l'Etre : " Arrive ! Je t'attends pour penser." L'Inconscience encor sur la nature entiere Etendait tristement son voile epais et lourd. J'apparus ; aussitot a travers la matiere L'Esprit se faisait jour. Secouant ma torpeur et tout etonne d'etre, J'a^i surmonte mon trouble et mon premier emoi, Plonge dans le grand Tout, j'ai su m'y reconnaitre ; Je m'afRrme et dis : " Moi ! " Bien que la chair impure encor m'assujettisse, Des aveugles instincts j'ai rompu le reseau ; J'ai cree la Pudeur, j'ai congu la Justice ; Mon cceur fut leur berceau. Seul je m'enquiers des fins et je remonte aux causes. A mes yeux l'univers n'est qu'un spectacle vain. Dusse-je m'abuser, au mirage^des choses Je prete un sens divin. Je defie a mon gre la mort et la souffrance. Nature impitoyable, en vain tu me demens, Je n'en crois que mes vceux, et fais de l'esperance Meme avec mes tourments. Pour combler le neant, ce gouffre vide et mcrne, S'il suffit d'aspirer un instant, me voila ! Fi de cet ici-bas ! Tout m'y cerne et m'y borne; II me faut l'au-dela ! Midi 199 Je veux de l'eternel, moi qui suis l'ephemere. Quand le reel me presse, imperieux, brutal, Pour refuge au besoin n'ai-je pas la chimere Qui s'appelle Ideal ? Je puis avec orgueil, au sein des nuits profondes, De Tether etoile contempler la splendeur. Gardez votre infini, cieux lointains, vastes mondes, J'ai le mien dans mon cceur ! LECONTE DE LISLE r LES MONTREURS m "TEL qu'un morne animal meurtri, pleih de poussiere, La chaine au cou, huriant au chaud soleil d'ete, F*romerie qui voudra son coeur ensanglante Sur ton pave cynique, 6 plehe carnassiere ! — -&*** ' T- Li Pour mettre un feu sterile en ton ceil hebete, Pour rffendier ton rire ou ta pitie grossiere, ""* £,,*> Dechire qui voudra la robe de lumiere De la pudeur divine et de la volupte. f ■■■ ._ ;,.., , ? Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire, Dusse-ie m'engloutir pour Teternite noire, T J ■ • Je ne te vendrai pas mon lvresse ou mon mal, " t 1- -^ , > I w*ta Je ne livrerai pas ma vie a tes huees, Je ne danserai pas sur ton treteau banal Avec tes histrions et tes prostituees. MIDI iy/[IDI, roi des etes, epandu sur la plaine, Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu. Tout se tait. L'air flamboie et bmle sans haleine ; La terre est assoupie en sa robe de feu. V X 200 Leconte de Lisle Letendue est immense, et les champs n'ont pas d'ombre Et la source est tarie ou buvaient les troupeaux ; La lointaine foret, dont la lisiere est sombre, Dort la-bas, immobile, en un pesant repos. Seuls, les grands bles muris, tels qu'une mer doree, Se deroulent au loin, dedaigneux du sommeil ; Pacifiques enfants de la terre sacree, ?^^1Xs~epuisent sans peur la coupe du soleil. Parfois, comme un soupirjp de leur arae brulante, Du seJn des~epis lourds qui murmurent entre eux, Une ondulation majestueuse et lente S'eveille, et va mourir a l'horizon poudreux. Non loin, quelques bceufs blancs, couches parmi les herbes, Bavent avec lenteur sur leurs fanons epais, Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe interieur qu'ils n'achevent jamais. Homme, si, le cceur plein de joie ou d'amertume, Tu passais vers midi dans les champs radieux, Fuis ! la nature est vide et le soleil consume : Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux. Mais .si, desabuse des larmes et du rire, Altere de l'oubli de ce monde agite, Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire, Gouter une supreme et morne volupte, Viens ! Le soleil te parle en paroles sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne a pas lents vers les cites infimes, Le cceur trempe sept fois dans le nqant divin, Nox — L' Ecclesiaste 201 NOX ■ , ■■. ■ CUR la pente des monts les brises apaisees Inclinent au sommetl les arbres onduleux ; L'oiseau silencieux s'endort dans les^gpsees, Et 1 etoile a dore l'ecume des flots bleus. Au contour des ravins, sur les hauteurs sauvages, Une rnolle vapeur efface les chemins ; La lune tristement baigne les noirs feuillages ; L'oreille n'entend plus les murmures humains. Mais sur le sable au loin chante la mer divine, Et des hautes forets gemit la grande voix, Et l'air sonore, aux cieux que la nuit illumine, Porte le chant des mers et le soupir des bois. Montez, saintes rumeurs, paroles surhumaines, Entretien lent et doux de la terre et du ciel ! Montez, et demandez aux etoiles sereines S'il est pour les atteindre un chemin eternel. IAJ^ O mers, 6 bois songeurs, voix pieuses du monde, Vous m'avez repordu durant mes jours mauvais, Vous avez apaise ma tristesse infeconde, « Et dans mon cceur aussi vous chantez a jamais ! L'ECCLESIASTE T 'ECCLESIASTE a dit: Un chien vivant vaut mieux Qu'un lion mort. Hormi, certes, manger et boire, Tout n'est qu'ombre et fumee. Et le monde est ties vieux, Et le neant de vivre emplit la tombe noire. 2 02 Leconte de Lisle Par les antiques nui|s, a la face des cieux, gA IV. LA VERANDAH Du sommet de sa tour comme d'un promontoire, Dans le silence, au loin laissant planer ses yeux, Sombre, tel il songeait sur son siege d'ivoire Vieil amant du soleil, qui gemissais ainsi, L'irrevocable mort est un rnensonge aussi. Heureux qui d'un seulborid s'engloutirait en elle. Moi, toujours, a jamais, j'ecoute, epouvante, u Dans l'ivresse et l'horreur de l'immortalite, Le long rugissement de la Vie eternelle. A U tintement de l'eau dans les porphyres roux Les rosiers de l'lran melent leurs frais murmures, Et les ramiers reveurs leurs roucoulements doux. Tandis que l'oiseau grele et le frelon jaloux, Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mures, Les rosiers de l'lran melent leurs frais murmures Au tintement de l'eau dans les porphyres roux. Sous les treillis d'argent de la verandah close, Dans l'air tie.de embaume de l'odeur des jasmins, Ou la splendeur du jour darde une fleche rose, La Persane royale, immobile, repose, Derriere son col brun croisant ses belles mains, Dans l'air tiede, embaume de l'odeur des jasmins, Sous les treillis d'argent de la verandah close. Jusqu'aux levres que l'ambre arrondi baise encor, Du cristal d'ou s'echappe une vapeur subtile Qui monte en tourbillons legers et prend l'essor, Sur les coussins de soie ecarlate, aux fleurs dor, Les Elfes 203 ^ La branche du huka rode com me un reptile m Du cristal d'ou s echappe une vapeur subtile Jusqu'aux levres que l'ambre arrondi baise encor. Deux rayons noirs, charges d'une muette ivresse, Sortent de ses longs yeux entr'ouverts a demi ; Un songe l'enveloppe, un souffle la caresse ; Et parce que l'effluve invincible l'oppresse, Parce que son beau sein qui se gonfle a fremi, Sortent de ses longs yeux entr'ouverts a demi Deux rayons noirs, charges d'une muette ivresse. Et l'eau vive s'endort dans les porphyres roux, Les rosiers de l'lran ont cesse leurs murmures, Et les ramiers reveurs leiirs roucoulements doux. Tout se tait. L'oiseau grele et le frelon jaloux Ne se querellent plus autour des figues mures, Les rosiers de l'lran ont cesse leurs murmures, Et l'eau vive s'endort dans les porphyres roux. LES ELFES POURONNES de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Du sentier des bois aux daims familier, Sur un noir cheval, sort un chevalier. Son eperon d'or brille en la nuit brune ; & ^ Et, quand il traverse un rayon de lune, On voit resplendir, d'un reflet changeant, Sur sa chevelure un casque d'argent. Couronnes de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. * 2o4 Leconte de Lisle Us l'entourent tous d'un essaim leger Qui dans l'air muet semble voltiger.- — Hardi chevalier, par la nuit sereine, Ou vas-tu si tard ? dit la jeune Reine. De mauvais esprits hantent les forets ; Viens danser piutot sur les gazons frais. Couronnes de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. — Non ! ma fiancee aux yeux clairs et doux M'attend, et demain nous serons epoux. Laissez-moi passer, Elfes des prairies, Qui foulez en rond les mousses fleuries ; Ne m'attardez pas loin de mon amour, * Car voici deja les lueurs du jour. — Couronnes de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. — Reste, chevalier. Je te donnerai L'opale magique et l'anneau dore, Et, ce qui vaut mieux que gloire et fortune, Ma robe filee au clair de la lune. — Non ! dit-il. — Va done !— Et de son doigt blanc Elle touche au cceur le guerrier tremblant. Couronnes de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Et sous l'eperon le noir cheval part. II court, il bondit et va sans retard ; Mais le chevalier frissonne et se penche; 11 voit sur la route une forme blanche Qui marche sans bruit et lui tend les bras: — Elfe, esprit, demon, ne m'arrete pas ! — Les Elephants 205 Couronn6s de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine, — Ne m'arrete pas, fantome odieux! Je vais epouser ma belle aux doux yeux. — O mon cher epoux, la tombe eternelle Sera notre lit de noce, dit-elle. Je suis morte ! — Et lui, la voyant ainsi, D'angoisse et d'amour tombe mort aussi. Couronnes de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. 1 ere LES ELEPHANTS ? 1 T E sable rouge est comme une mer sans limite, Et qui flambe, muette, affaissee en son lit. Une ondulation immobile remplit L'horizon aux vapeurs de cuivre ou l'homme habite. Nulle vie et nul bruit. A Tous les lions repus Dorment au fond de l'antre eloigne de cent lieues, Et la girafe boit dans les fontaines bleues, La-bas, sous les dattiers des pantheres connus. Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile L'air epais, ou circule un immense soleil. Parfois quelque boa, chaufle dans son sommeil, Fait onduler son dos dont l'ecaille etincelle. Tel l'espace enflamme brule sous les cieux clairs. Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes, Les elephants rugueux, voyageurs lents et rudes, Vont au pays natal a travers les deserts. 206 Leconte de Lisle D'un point de l'horizon, comme des masses brunes, lis viennent, soulevant la poussiere, et Ton voit, Pour ne pas devier du chemin le plus droit, Sous leur pied large et sur crouler au loin les dunes. Celui qui tient la tete est un vieux chef. Son corps Est gerce comme un tronc que le temps rongeet mine ; Sa tete est comme un roc, et l'arc de son echine • Se voute puissamment a ses moindres efforts. Sans ralentir jamais et sans hater sa marche, II guide au but certain ses compagnons poudreux ; Et, creusant par derriere un sillon sablonneux, Les pelerins massifs suivent leur patriarche. L'oreille en eventail, la trompe entre les dents, lis cheminent, Tceil clos. Leur ventre bat et fume, Et leur sueur dans l'air embrase monte en brume ; Et bourdonnent autour mille insectes ardents. Mais qu'importent la soif et la mouche vorace, Et le soleil cuisant leur dos noir et plisse ? lis revent en marchant du pays delaisse, Des forets de figuiers ou s'abrita leur race. lis reverront le fleuve echappe des grands monts, Ou nage en mugissant l'hippopotame enorme, Ou, blanchis par la lune et projetant leur forme, lis descendaient pour boire en ecrasant les joncs./lt Aussi, pleins de courage et de leriteur, ils passent Comme une ligne noire, au sable illimite ; Et le desert reprend son immobilite Quand les lourds voyageurs a l'horizon s'effacent. La Chute des Etoiles 207 LA CHUTE DES ETOILES 'TOMBEZ, 6 pedes denouees, Pales etoiles, dans la raer. Un brouillard de roses nuees cJlfc Emerge de Thorizon clair; A l'Orient plein d'etincelles Le vent joyeux bat de ses ailes * L'ondequi"Br5de un yif eclairr— Torabez, 6 pedes immortelles, Pales etoiles, dans la mer. Plongez sous les ecumes fraiches De l'Ocean mysterieux. ■-• ■= La lumiere crible de fleches Le faite des monts radleux ; Mille et mille cris, par fuisees, Sortent des bois lourds de rosees ;- Une musique vole aux cieux. Plongez, de larmes arrosees, ^K- Dans l'Ocean mysterieux. Fuyez, astres melancoliques, O Paradis lointains encor ! L'aurore aux levres metalliques Rit dans le ciel et prend lessor ; Elle se vet de molles flammes, Et sur l'emeraude des lames - Fait petiller des gouttes d'or. Fuyez, mondes ou vont les ames, O Paradis lointains encor ! :o8 Leconte de Lisle Allez, etoiles, aux nuits douces, Aux cieux muets de l'Occident. Sur les feuillages et les mousses Le soleil darde un ceil ardent ; Les cerfs, par bonds, dans les vallees, Se baignent aux sources troublees ; Le bruit des hommes va grondant. r\ Allez, 6 blanches exilees, Aux cieux muets de l'Occident. Heureux qui vous suit, clartes mornes, O lampes qui versez l'oubli ! Comme vous, dans l'ombre sans bornes, Heureux qui roule enseveli ! B Celui-la vers la paix s'elance : Haine, amour, larmes, violence, Ce qui fut l'homme est aboli. Donnez-nous l'eternel silence, O lampes qui versez l'oubli ! L' MILLE ANS APRES APRE rugissement de la mer pleine d'ombres, Cette nuit-la, grondait au fond des gorges noires, Et tout echeveles, comme des spectres sombres, De grands brouillards couraient le long des promontoires Le vent hurleur rompait en convulsives masses Et sur les pics aigus eventrait les tenebres, Ivre, emportant par bonds dans les lames voraces Les bandes de taureaux aux beuglements funebres. Semblable a quelque monstre enorme, epileptique, Dont le poil se herisse et dont la bavfflume, V ' La montagne, debout dans le ciel frenetique, Geignait affreusement, le ventre blanc d'ecume. Le Soir d'une Bataille. 209 Et j'ecoutais, ravi, ces voix desesperees. Vos divines chansons vibraient dans l'air sonore, O jeunesse, 6 desirs, 6 visions sacrees, Comme un choeur de clairons eclatant a l'aurore ! Hors du gouffre infernal, sans y rien laisser d'elle, Parmi ces cris et ces angoisses et ces fievres, Mon ame en palpitant s'envolait d'un coup d'aile Vers ton sourire, 6 gloire ! et votre arome, 6 levres ! La nuit terrible, avec sa formidable bouche, Disait : — La vie est douce ; ouvre ses portes closes ! Et le vent me disait de son rale farouche : — Adore ! Absorbe-toi dans la beaute des choses ! — Voici qu'apres mille ans, seul, a travers les ages, Je retourne, 6 terreur ! a ces heures joyeuses, Et je n'entends plus rien que les sanglots sauvages Et l'ecroulement sourd des ombres furieuses. LE SOIR D'UNE BATAILLE ^rELS que la haute mer contre les durs rivages, A la grande tuerie ils se sont tous rues, Ivres et haletants, par les boulets troues, En d'epais tourbillons pleins de clameurs sauvages. Sous un large soleil d'ete, de l'aube au soir, Sans relache, fauchant les bles, brisant les vignes, Longs murs d'hommes, ils ont pousse leurs sombres lignes, Et la, par blocs entiers, ils se sont laisses choir, i >C 210 Leconte de Lisle ■ Puis, ils se sont lies en etreintes feroces, Le souffle au souffle uni, l'oeil de haine charge. Le fer d'un sang fievreux a l'afse s'est gorge; La cervelle a jailli sous la lourdeur des crosses. Victorieux, vaincus, fantassins, cavaliers, Les voici maintenant, .blemes, muets, farouches, Les poings fermes, serrant les dents, et les yeux louches, Dans la mort furieuse etendus par milliers. La pluie, avec lenteur .lavant leurs pales faces, Aux pentes du terrain fait murmurer ses eaux ; Et par la morne plaine ou tourne un vol d'oiseaux Le ciel d'un soir sinistre estompe au loin leurs masses. Tous les cris se sont tus, les rales sont pousses. Sur le sol bossue de tant de chair humaine, Aux dernieres lueurs du jour on voit a peine Se tordre vaguement des corps entrelaces ; g \ Et la-bas, du milieu de ce massacre immense, Dressant son cou roidi, perce de coups de feu, Un cheval jette au vent un rauque et triste adieu Que la nuit fait courir a travers le silence. O boucherie ! 6 soif du meurtre ! acharnement Horrible ! odeur des morts qui suffoques et navres ! Soyez maud its devant ces cent mille cadavres Et la stupide horreur de cet egorgement. £• Mais, sous l'ardent soleil ou sur la plaine noire, Si, heurtant de leur cceur la gueule du canon, Ils sont morts, Liberte, ces braves, en ton nom, Beni soit le sang pur qui fume vers ta gloire ! M 1/ In Excelsis — Requies 2 1 1 v IN EXCELSIS IEUX que l'aigle chasseur, familier de la nue, Homme! monte par bonds dans l'air resplendissant. Lavieille terre, en bas, se tait et diminue. ! 1 Monte. Le clair abime ouvre a ton vol puissant Les houles.de l'azur que le soleil flagelle. Dans la brume, le globe, en bas, va s'enfongant. Monte. La flamme tremble et palit, le ciel gele, Un crepuscule morne etreint l'immensite. Monte, monte et perds-toi dans la nuit eternelle: Un gouffre calme, noir, informe, illimite, Levanouissement total de la matiere Avec l'inenarrable et pleine cecite. Esprit ! monte a ton tour vers l'unique lumiere, Laisse mourir en bas tous les anciens flambeaux, Monte oii la Source en feu brule et jaillit entiere. De reve en reve, va! des meilleurs aux plus beaux. Pour gravir les degres de l'Echelle infinie, Foule les dieux couches dans leurs sacres tombeaux. L'intelligible cesse, et voici l'agonie, Le mepris de soi-meme, et l'ombre, et le remord, Et le renoncement furieux du genie. Lumiere, ou done es-tu? Peut-etre dans la mort. REQUIES POMME un morne exile, loin de ceux que j'aimais, Je m'eloigne a pas lents des beaux jours de ma vie, Du pays enchante qu'on ne revoit jamais. 212 Leconte de Lisle Sur la haute colline oii la route devie Je m'arrete, et vois fuir a l'horizon dormant Ma derniere esperance, et pleure amerement. O malheureux ! crois-en ta muette detresse : Rien ne refleurira, ton coeur ni ta jeunesse, Au souvenir cruel de tes felicites. Tourne plutot les yeux vers l'angoisse nouvelle, Et laisse retomber dans leur nuit eternelle L'amour et le bonheur que tu n'as point goutes. Le temps n'a pas tenu ses promesses divines. . Tes yeux ne verront point reverdir tes ruines ; Livre leur ceridre morte au souffle de l'oubli. Endors-toi sans tarder en ton repos supreme, Et souviens-toi, vivant dans l'ombre enseveli, Qu'il n'est plus dans ce monde un seul etre qui t'aime. La vie est ainsi faite, il nous la faut subir. Le faible souffre et pleure, et l'insense s'ifrite ; Mais le plus sage en rit, sachant qu'il doit mourir. Rentre au tombeau muet ou l'homme enfin s'abrite, v^ Q Et la, sans nul souci de la terre et du ciel, Repose, 6 malheureux, pour le temps eternel ! DANS LE CIEL CLAIR "T\ANS le ciel clair raye par l'hirondelle alerte, Le matin qui fleurit comme un divin rosier Parfume la feuillee etincelante et verte Oii les nids amoureux, palpitants, 1'aile ouverte, A la cime des bois chantent a plein gosier -~ Le matin qui fleurit comme un divin rosier Dans le ciel clair raye par l'hirondelle alerte. Dans le Ciel Clair 213 . En greles notes d'or, sur les graviers polis, Les eaux vives, filtrant et pleuvant goutte a goutte, Caressent du baiser de leur leger roulis Et le jeune cheyreuil, que l'aube eveille, ecoute La bruyere et le thym, les glai'euls et les lys Les eaux vives filtrant et pleuvant goutte a goutte En greles notes d'or sur les graviers polis. Le long des frais buissons ou rit le vent sonore, Par le sentier qui fuit vers le lointain charmant Oii la molle vapeur bleuit et s'evapore, Tous deux, sous la lumiere humide de l'aurore, S'en vont entrelaces et passent lentement Par le sentier qui fuit vers le lointain charmant, Le long des frais buissons ou rit le vent sonore. La volupte d'aimer clot a demi leurs yeux, lis ne savent plus rien du vol de l'heure breve, Le charme et la beaute de la terre et des cieux Leur rendent eternel l'instant delicieux, Et, dans l'enchantement de ce reve d'un reve, lis ne savent plus rien du vol de l'heure breve, La volupte d'aimer cl6t a demi leurs yeux. Dans le ciel clair raye par l'hirondelle alerte L'aube fleurit toujours comme un divin rosier; Mais eux, sous la feuillee etincelante et verte, N'entendront plus, un jour, les doux nids, l'aile ouverte, Jusqu'au fond de leur cceur chanter a plein gosier Le. matin qui fleurit comme un divin rosier Dans le ciel clair raye par l'hirondelle alerte. 2i4 Leconte de Lisle LA LAMPE DU CIEL DAR la chaine d'or des etoiles vives La Lampe du ciel pend du sombre azur Sur 1'immense mer, les monts et les rives. Dans la molle paix de l'air tiede et pur ^ercee au soupir des houles pensives, La Lampe du ciel pend du sombre azur Par la chaine d'or des etoiles vives. f Elle baigne, emplit 1'horizon sans fin De l'enchantement de sa clarte calme ; Elle argente l'ombre au fond du ravin, Et, perlant les nids, poses sur la palme, Qui dorment, legers, leur sommeil divin, De l'enchantement de sa clarte calme Elle baigne, emplit 1'horizon sans fin. Dans le doux abime, 6 Lune, ou tu plonges, Es-tu le soleil des morts bienheureux, Le blanc paradis ou s'en vont leurs songes? O monde muet, epanchant sur eux De beaux reves faits de meilleurs mensonges, Es-tu le soleil des morts bienheureux, Dans le doux abime, 6 Lune, ou tu plonges? Toujours, a jamais, eternellement, Nuit ! Silence! Oubli des heures ameres ! Que n'absorbez-vous le desir qui ment, Haine, amour, pensee, angoisse et chimeres? Que n'apaisez-vous l'antique tourment, Nuit! Silence! Oubli des heures ameres! Toujours, a jamais, eternellement ? Si VAurore 215 Par la chaine d'or des etoiles vives, O Lampe du ciel, qui pends de l'azur, Tombe, plonge aussi dans la mer sans rives! Fais un gouffre noir de l'air tiede et pur Au dernier soupir des houles pensives, O Lampe du ciel, qui pends de l'azur Par la chaine d'or des etoiles vives ! SI L'AURORE CI l'Aurore, toujours, de ses perles arrose ^ Cannes, gerofliers et mai's onduleux; Si le vent de la mer, qui monte aux pitons bleus, Fait les bambous geants bruire dans l'air rose ; Hors du nid frais blotti parmi les vetivers Si la plume ecarlate allume les feuillages ; Si Ton entend fremir les abeilles sauvages Sur les cloches de pourpre et les calices verts; Si le roucoulement des blondes tourterelles Et les trilles aigus du cardinal siffleur S'unissent ga et la sur la montagne en fleur Au bruit de l'eau qui va mouvant les herbes greles ; Avec ses bardeaux roux jaspes de mousses d'or Et sa varangue basse aux stores de Manille, A l'ombre des manguiers ou grimpe la vanille Si la maison du cher aieul repose encor ; O doux oiseaux berces sur l'aigrette des Cannes, O lumiere, 6 jeunesse, arome de nos bois, Noirs ravins, qui, le long de vos apres parois, Exhalez au soleil vos brumes diaphanes ! Salut ! Je vous salue, 6 montagnes, 6 cieux, Du paradis perdu visions infinies, 2 1 6 Leconte de Lisle Aurores et couchants, astres des nuits benies, Qui ne resplendirez jamais plus dans mes yeux ! Je vous salue, au bord de la tombe eternelle, Reve sterile, espoir aveugle, desir vain, Mirages eclatants du mensonge divin Que l'heure irresistible emporte sur son aile ! Puisqu'il n'est, par dela nos moments revolus, Que 1'immuable oubli de nos mille chimeres, A quoi bon se troubler des choses ephemeres ? A quoi bon le souci d'etre ou de n'etre plus ? J'ai goiite peu de joie, et j'ai lame assouvie Des jours nouveaux non moins que des siecles anciens. Dans le sable sterile ou dorment tous les miens Que ne puis-je finir le songe de la vie ! Que ne puis-je, couche sous le chiendent amer, Chair inerte, vouee au temps qui la devore, M'engloutir dans la nuit qui n'aura point d'aurore, Au grondement immense et morne de la mer! LE MANCHY COUS un nuage frais de claire mousseline, ^ Tous les dimanches au matin, Tu venais a la ville en manchy de rotin, Par les rampes de la colline. La cloche de leglise alertement tintait ; Le vent de mer bercait les Cannes ; Comme une grele d'or, aux pointes des savanes, Le feu du soleil crepitait. Le Frais Matin Dor ait 217 Le bracelet aux poings, l'anneau sur la cbeville, Et le mouchoir jaune aux chignons, Deux Telingas portaient, assidus compagnons, Ton lit aux nattes de Manille Ployant leur jarret maigre et nerveux, et chantant, Souples dans leurs tuniques blanches, Le bambcu sur l'epaule et les mains sur les hanches, lis allaient le lon ; cf. vipre. 13. Las, h/las. 20. fleuronne =Jleurit. ~ Chanson. 27. Amour, Cupid. .1. cheneviere = chanvre. 3. my-nud, half naked. 19. Fol le pelican; cf. for an- other use of this popular notion about the pelican the famous picture in the Nuit de mai of Alfred de Musset, 150, 12 ff. A Helene. 26. oyant, from ou'ir. 27. Desja, dSja. 29. Benissant vostre nom, etc., i.e. congratulating you on being immortalized by the poet's praise. 2. ombres myrteux, shadows of the myrtles. Elegie. 8. Vendemois, one of the old divisions of France, on 314 Notes. the Loire. It was the birth-place of Ronsard. 10. remors ; has here rather the sense of regret. 13. agez, age's; the spelling -ez for -/s was usual. 22. chef = tite. 23. de rechef = de nouveau. 24. perruque = chevelure. 26. verds, strong, supple. Dieu vous gard. 7. gard, the form of the present subjunctive regularly descended from the Latin subjunctive in verbs of the first conjugation. The ending e, added later, is due to analogy. 8. vistes arondelles, vites {rapides) hirondelles. 10. Tourtres = tourterelles'. 12. verde- lets, verts ; such diminutives were quite in favor in the lan- guage of the time; cf. rossignolet, nouvelet, Jleurettes. 15. boutons jadis cognus, etc., i.e. the hyacinth and the nar- cissus. 29. au prix de, in comparison with. 1 1 A un Aubespin. 6. lambrunche, a wild vine. 10. pertuis, holes. 12. avettes = abeilles. 30. ruer = jeter. Elegie contre les bucherons de la foret de Gas- tine. Cf. the poem by Laprade, p. 192. Gastine is in Haut-Poitou, in the present department of Deux- Sevres. 14. perse, perce. 15. mastin, matin. 21. Pans, used by Ronsard in the plural as if he thought them a kind of being, like Satyrs. 22. fans, now written faons, but still pronounced as if spelled fans. 24. premier, used adverbi- ally. 26. estonner in the older language expressed a physi- cal shock; to stun. 28. neuvaine, composed of nine, trope, troupe; the nine muses. Calliope was the muse of epic poetry, and Euterpe the muse of music and lyric poetry. 3. alterez, bruslez, etherez, see note on agez, 9, 13. 8. Dordoneens, referring to the forest of Dordona, in Epirus, where oracles were rendered from oak trees. Ac- cording to Greek traditions the first men lived on acorns and raw flesh. 16. Et qu'en changeant de forme, etc., and that it will change its form and put on a new one. Notes. 315 JOACHIM DU BELLAY. 1525-1560. After Ronsard the foremost poet of the Pleiad. He was of an illustrious family, but, cut off from a brilliant public career by ill health and deafness, he sought consolation in letters. He even preceded Ronsard in inaugurating the literaiy reform, issuing the manifesto of the new move- ment, his Defense et Illustration de la langue francaise, his collection of sonnets called Olive, and a Recueilde poesies, all in 1549. Shortly afterwards he accompanied his cousin, Cardinal du Bellay, to Rome ; the admiration which the historic associations of the city excited in him and his dis- gust at the intrigues of the court and the corruptions of Italian life, mingled with homesickness for the pleasant sights and quiet air of his native Anjou, inspired the two collections of sonnets which are his best, the Antiquite's ro- maines, translated by Spenser in 1591, and the Regrets. Works: Olive, Recueilde poesies, 1549; Premier livre des antiquite's de Rome, 1558 ; Jeux rustiques, 1558 ; les Regrets, 1559 ; QLuvres, 1569. Recent editions are : GEuvres completes, par Marty-Laveaux, 2 vols., 1866-67 ; GLuvres choisies, par Becq de Fouquieres, 1876. For reference : Leon Seche, Joachim du Bellay, 1880 ; E. Faguet, le Seizieme siecle, 1893 ; Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, vol. xiii ; Walter Pater, The Renaissance, London, 1873. - L' Ideal. This is from the first collection of sonnets, * Olive. The influence of Petrarch is evident. Com- pare also the lines of the sestet with the final stanzas of Lamartine's Isolement, p. 65. 22. En l'eternel = dans V e'ternite. L'Amour du clocher. From the Regrets. 8. cestuy, * old form of demonstrative, celui. The reference 316 Notes. is of course to Jason, g. usage, experience. n. Quand reverray-je, etc, cf. Homer's Odyssey, I, 58. 18. Loyre, the name of the river is now feminine. 19. Lire, a little village in Anjou, was the birth-place of du Bellay. D'Un vanneur de ble aux vents. From the collection en- titled Jeux rustiques. 15. 8. ceste, cette. 10. j'ahanne =je me fatigue. AGRIPPA D'AUBIGNE. 1550-1630. Soldier as well as poet, he was a leader of the Huguenots in the wars that ended with the accession of Henry IV. After the assassination of Henry IV., his safety became more and more threatened in France, and he withdrew finally to Geneva. His main work is a long descriptive and narrative poem, but in many parts essentially lyrical, les Tragiques, a fierce picture of France in the civil wars. In his lyrics, which comprise stances, odes, and e'l/gies, he is a follower of the tradition of Ronsard. Works : Les Tragiques, 1616 ; a recent edition is by L. Lalanne, 1857 ; also in the CEuvres completes, par MM. Reaume et de Caussade, 4 vols., 1873-77. For reference : Pergameni, la Satire au seizieme siecle et les Tragiqties d' Agrippa d'Aubigne, 1881 ; E. Faguet, le Seizieme siecle, 1893. L'Hyver. 14. irondelles, hirondelles. 19. n'esloigne, ne s'/loigne de. 2. comme il fit, i.e. comme il alluma des Jlammes. 10. sereines, sirenes. 14. usage, fruition. 15. 16. JEAN BERTAUT. 1552-1611. A man by no means of the poetic stature of Ronsard, du Bellay, and D'Aubigne ; he found great favor in his Notes. 317 day, but his lyric note was not powerful enough to endure long. He is most successful in the graceful expression of a natural melancholy, as in the example here given. He was a follower, in moderation, of the Pleiad. Works : Recueil des ceuvres poetiques de J. Bertaut, 1601 ; appeared again enlarged in 1605 ; Kecueil de quelques vers amoureux, 1602 ; both collections are included in CEuvres poe'tiques, 1620 ; a recent edition is edited by A. Cheneviere, 1 891 (Bibliotheque elze'virienne). Chanson. 27. demeure, delay. 17. 4. i&y,/ais. 23. voy, vois. 25. vy, vis. MATHURIN REGNIER. i573-i6i3- Though bred to the church and early settled in a good living, he led a life that was hardly edifying. He pos- sessed brilliant talents, but failed to make the most of them. He was indolent and fond of good living, and was restive under discipline, as is evident in his work and in his irritation at Malherbe. He had a gift of keen observa- tion, and his satires excelled in interest what he composed in the more lyrical forms of ode and elegy. Works : CEuvres, 1608, 1612 ; recent editions are those of Viollet le Due, 1853 {Bibliotheque elzevirienne), and E. Courbet, 1875. For reference : J. Vianey, Mathurin Re'gnier, 1896. FRANCOIS DE MALHERBE. 1555-1628. He marks an epoch in the history of French letters. Boileau's famous phrase, i( enjin Malherbe vint," dates from him the beginning of worthy French poetry. What did 3i 8 Notes. begin with him was that tradition of refinement, elegance, polish and perfect propriety of phrase that continued to rule French literature for two centuries. He lent the influence of a very positive voice to the growing demand for a standard of authority in grammar and versification and for recognized canons of criticism. The lyrical im- pulse in him was small, but some of his lines live in virtue of the finished propriety and harmony of expression. Works : (Euvres, 1628 ; the best edition is that of L. Lalanne, 5 vols., 1862-69 {Collection des Grands Ecrivains). For reference : G. Allais, Malherbe, 1891 ; F. Brunot, la Doctrine de Malherbe, 1891 ; F. Brunetiere, V Evolution des genres, vol. i, 1890 ; Etudes critiques sur V histoire de la litte'- rature francaise, vol. v, 1893. Consolation a M. du P£rier. 5. Tithon, Tithonus, who obtained from the gods immortality but not eternal youth. After age had completely wasted and shriveled him he was changed into a grasshopper. 6. Pluton, Pluto, god of the nether world, the abode of the dead. 8. Archemore, Archemorus or Opheltes, son of Lycurgus, king of Nemea, died in infancy from the bite of a serpent. 1. Francois, Francis I. ; his oldest son, Francis, born ~*~ dt in 1517, died suddenly in 1526, and Charles V. was suspected of having had him poisoned, and dire vengeance was wreaked upon the person of Sebastian de Montecuculli, cupbearer of Charles V. The suspicions proved to be wholly groundless. 5. Alcide, Alcides, by which name Hercules was known till he consulted the oracle of Delphi. 9. La Durance, a river in southwestern France, flowing into the Rhone below Avignon. After beginning an agressive campaign in this part of France in the summer of 1536, the Spaniards were in September forced to a disastrous retreat. 13. De moi, for my own part ; Malherbe had lost his first two children, Henry in 1587 and Jourdaine in 1599- 27. Louvre ; the palace of the Louvre, begun in 1541 by Francis Notes. 319 I. on the site of a royal chateau built by Philip Augustus, and added to by his successors, was a royal residence until the Revolution. Chanson. 20. en sa liberte, i.e. free from her pur- suit. Paraphrase du psaume cxlv. This is Psalm CXLVI in our English Bible. JEAN RACINE. 1639-1699. A dramatic genius of the highest order. But besides being a great dramatist he was a consummate master of language. The choruses in Esther and Athalie are excel- lent examples of the kind of lyric that the tendencies repre- sented by Malherbe permitted. The extract here given is from Esther, Act III. The approach to the language of the Psalms is evident throughout. JEAN-BAPTISTE ROUSSEAU. 1670-1741. The chief representative of the serious lyric in the eighteenth century. This ode is a favorable example of the form which lyric utterance assumed in this philoso- phizing century and under the tradition of poetic dignity and propriety. Ode a la Fortune. 16. Sylla (13S-7S B.C.), the ■ * enemy of Marius and author of the bloody proscrip- tion against the adherents of his rival. 17. Alexandre, Alexander the Great. 18. Attila, king of the Huns from 434 to 453, who ravaged southern and western Europe from 450 to 452 and was known as "the scourge of God." 28. 16. le retour, i.e. the adverse turn. 320 Notes. EVARISTE-DESIRE DESFORGES DE PARNY. 1753-1814. He wrote mostly in a lighter and erotic vein. He had many admirers in his day who styled him the French Tibullus. His influence is perceptible in the style of Lamartine. Works : Poesies e'rotiques , 1778 ; Opuscules poe'tiques, 1779, enlarged in succeeding editions; les Rosicroix, 1807; (Euvres, 5 vols., 1808; (Euvres choisies, 1827. For reference : Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. xv ; Portraits contemporains, vol. iv ; George Saintsbury, Mis- cellaneous Essays, London, 1892. NICOLAS GILBERT. 1751-1780. He has often been compared with Chatterton and has owed much of his fame to the unfounded legend that he was a child of genius brought to an untimely death by poverty and lack of recognition. His satires on the vices of his time enjoyed a temporary reputation, but his real legacy to posterity is the well-known lines here given. Works : (Euvres completes, 1788, and frequently there- after. ROUGET DE L'ISLE. 1 760-1836. Though he wrote much in both prose and verse, nothing of his lives except the Marseillaise, which has become the national song of France. He composed both words and music in the night of April 25, 1792, whrle he was an officer of engineers at Strassburg. The last stanza was added later by another hand. The name, la Marseillaise, comes Notes, 321 from the fact that it was introduced to Paris by the troops from Marseilles. Works : Essais en vers et en prose, 1796. For reference : J. Tiersot, Rouget de V Isle, son ceuvre, sa vie, 1892. La Marseillaise. 6. Bouille, Francois-Claude Amour, marquis de (1739-1800), a devoted royalist, who planned the flight of Louis XVI. When the king was captured at Varennes he fled to England, where he died. MARIE-ANDRE CHENIER. 1 762-1 794. The most genuine poet of the eighteenth century. Born at Constantinople of a Greek mother, he knew Greek early and fed himself on the Greek poets, imbibing something of their spirit. His elegies, idyls, and odes are not mere repe- titions of the conventional commonplaces, but new, original, and vigorous in idea and expression. He anticipated the Romanticists in breaking over the received rules of versifi- cation and in giving greater flexibility and variety to the Alexandrine line. Works : Poesies, first published by H. de Latouche, 1819 ; later editions are by Becq de Fouquieres, 1862 and 1872 ; G. de Chenier, with new material, 3 vols., 1874 ; by Louis Moland, 2 vols., 1878-79. For reference : Sainte-Beuve, Portraits litte'raires, vol. i; Portraits contemporains , vols, ii and v; Causeries du lundi, vol. iv; Nouveaux lundis, vol. iii; E. Faguet, le Dix- huitieme siecle, 1890 ; E. Caro, la Fin du dix-huitieme siecle , vol. ii, 1882 ; J. Haraszti, la Poe'sie d' Andre" Chenier, 1892. La Jeune captive. This, as well as the Iambes following, was written in the Saint-Lazare prison shortly before Chenier was sent to the guillotine. The young captive was Mile. Aimee de Coigny ; she escaped 322 Notes. the guillotine and afterwards married M. de Montrond ; she died in 1820. 18. Philomele ; Philomela was daughter of Pandion, king of Athens. Pursued by Tereus, king of Thrace, she was changed into a nightingale. The name is frequently employed in poetry for the nightingale. 34. 16. Pales, a Roman divinity of flocks and shepherds. Iambes. 23. Bavus, a conventional name ; it is not clear who was in the poet's mind. 35. MARIE-JOSEPH CHEN1ER. 1764-1811. A younger brother of Andre Chenier, enjoyed a great reputation as a dramatic poet and critic. Aside from the Chant du depart, which had a reputation approaching that of the Marseillaise, he is hardly to be considered as a lyric poet. Works: (Euvres completes, 8 vols., 1823-1826 ; Pohies, 1844. Le Chant du depart. 9. De Barra, de Viala ; Agricole Viala and Francois-Joseph Barra (properly Bara) were both young boys, thirteen and fourteen years of age, who fell fighting with the revolutionary armies, the former in the Vendee, the latter near Avignon. To both the Con- vention voted the honors of burial in the Pantheon. Their names are often coupled, as here. ANTOINE-VINCENT ARNAULT. 1766-1834. He wrote a number of tragedies and a collection of fables that were admired in their day, but his name is best pre- served for the larger public by this brief elegy, which is found in most anthologies. The circumstances attending Notes. 323 its composition, on the eve of his departure from France after his banishment in January, 1816, are related by Sainte- Beuve, Causeries du lundi, vol. vii, in the course of his no- tice of Arnault, which should be consulted. FRANCOIS-RENE, VICOMTE DE CHAUTEAUBRIAND. 1768-1848. An enormous literary force at the beginning of this cen- tury ; M. E. Faguet calls him the " greatest date in French letters since the Pleiad." But the instrument of his power was prose. His attempts in verse were poor. Yet he ex- ercised a direct influence towards the renewal of lyric poetry, as has been indicated in the introduction. For reference : E. Faguet, Etudes litteraires sur le dix-neu- vieme siecle, 1887 ; F. Brunetiere, V Evolution de la poe'sie lyrique au dix-neuvieme Steele, vol. i, 1894. Le Montagnard exile. Introduced into the prose tale, le Dernier des Aben c/rages (1&07). " J'en avais compose les paroles pour un air des montagnes d'Auvergne remarquable par sa douceur et sa simplicity. " (Author's note.) 24. la Dore, a rapid stream in the department Puy- de-D6me, flowing into the Allier. 27. l'airain, i.e. the bell. MARIE-ANTOINE DESAUGIERS. 1772-1827. He represents a domain of the lyric that has always been industriously tilled in France, that of the chanson. The tradition of the song is distinctly bacchanalian, and rarely has it claimed serious consideration as literature. But Desaugiers now and then foreshadows the larger and more serious treatment the chanson was to receive at the hands of Beranger and Dupont. 324 Notes. Works : Chansons et Pohies diverses, 3 vols., 1808-1816 ; a Choix de chansons appeared in 1858 ; another in 1859, and others since. For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains , vol. v ; George Saintsbury, Miscellaneous Essays, London, 1892. CHARLES NODIER. 1 780-1844. Promoted the romantic movement by his personal contact with the group of young writers that he drew around him more than by'whathe himself wrote. He was one of those who felt and transmitted the influence of Germany. He is better known by his stories than by his verse. Works : Essais d'unjeune barde, 1804 ; Poesies diverses, 1827. For reference : Mme. Mennessier-Nodier, Charles Nodier, episodes et souvenirs de sa vie, 1867 ; Sainte-Beuve, Por- traits litteraires, vol. i. PIERRE-JEAN DE BERANGER. 1780-1857. The first in rank of the chansonniers. The chanson in his hands took on a breadth, a meaning, and a seriousness that it had never before possessed, and that make him secure of a place in the literature of his country, He used the song largely as a vehicle for his political opinions, even as a po- litical weapon. The object of his attack was the monarchy of the restoration and the pre-revolutionary ideas which it tried to revive, and his weapon was formidable because it was so well fitted to be caught up and wielded by the masses of the people. Beranger was popular in the more original sense of the word. He appealed to the masses by his ideas, Notes. 325 which were those of the average man, and by the form which he gave them and the efficient aid of the current airs to which he wedded them, so that his words not only reached the ears of an audience far wider than that of the readers of books, but found a lodgment in their memories, Works: The successive collections of Chansons appeared in 1815, 1821, 1825, 1828, 1833 ; (Euvres posthumes, and CEuvres completes, 2 vols., 1857. For reference : Saint-Beuve, Portraits contemporains, vol. i ; Causeries du lundi, vols, ii, xv ; Nouveaux lundis, vol. i ; E. Caro, Poetes et romanciers, 1888 ; C. Coquelin in The Century, vol. xxiv, with portraits. Le Roi d'Yvetot (May, 1813) is perhaps the most famous of his songs. Yvetot is a small town in Normandy, near Havre. The lords of Yvetot were given the title of king in the fifteenth century. The reference of the song to Napoleon is clear. m M 11, ban ; lever le ban means to call out one's vassals 44- or subjects. 13. tirer au blanc, to shoot at a target Le Vilain. 30. le leopard ; the French heralds de- scribe the device of the English coat of arms as a lion leoparde ; so the French often use the leopard as a symbol for the English. 3- la Ligue, the Catholic League, a union of Catholics between 1576 and 1596, principally to secure the su- premacy of their religion ; it became the partisan of the Due de Guise against Henry III. and Henry IV., fomented civil strife, allied itself with Spain, and became guilty of cruel excesses. Mon Habit. 20. Socrate ; the poverty of Socrates is notorious. 27. fete ; a person's fete is the day of the saint whose name he bears. -_ 17. des rubans ; little bits of ribbon are worn in the 4T buttonhole by members of the Legion of Honor, established by Napoleon in 1802. Membership in it is a purely honorary distinction, conferred by the government 326 Notes. for conspicuous services of any kind, civil as well as mili- tary, and usually much coveted. Beranger refused all such favors from the government. 26. mettre pour jamais habit bas, i.e. mourir. Les I/toiles qui filent, " shooting stars" (Jan., 1820). This poem is based upon the popular super- stition that connects human destinies with the stars, and interprets a shooting star as the passing of a human life. 2. c'etait a qui le nourrirait, each strove to outdo the other in feeding him. Les Souvenirs du peuple. This is one of the poems that contributed to increase the prestige of the name of Napoleon. 9. Bien . . . que ; the parts of the con- junction are sometimes thus separated. 10. Champagne, previous to the Revolution a political division of France, having Lorraine on the east and Burgundy on the south. Like most other provinces it be- longed formerly to independent princes. It came to the kings of France by the marriage of Philip IV. in the last half of the thirteenth century. Since the Revolution all these historical divisions have been supplanted by the depart e?nents, new administrative districts intended to oblit- erate the old boundaries. But the old names are still familiarly used. Champagne was invaded in 1814 by an army of the powers allied against Napoleon. 18. s'assoit, instead of the usual s'assied of cultivated speech, is in keep- ing with the unlettered condition and familar tone of the speaker. _ rt Les Fous. Perhaps the word "cranks" comes near- est to giving the force of the title. 22. sauf a, reserv- ing the privilege of. 5. Saint-Simon ; Claude-Henri, comte de Saint-Simon (1760-1825), was the founder of French socialism. He demanded the application of the principle of association to the production and distribution of wealth. 13. Francois- Notes. 327 Marie-Charles Fourier (1772-1837), the founder of Fourier- ism, advocated a social reform in the direction of commun- ism, and proposed to reorganize society in large groups, or phalanxes, living together in a perfect community in one building, called a phalanstery. Such communities as Brook Farm were attempts at a practical application of Fourier's ideas. See O. B. Frothingham's Life of George Ripley. 21. Barthelemy-Prosper Enfantin (1796-1864) was a follower of Saint-Simon and developed his doctrines. His means for securing the emancipation and equality of woman was the abolition of marriage. CHARLES-HUBERT MILLEVOYE. 1782-1816. Author of several poetical tales of chivalry and a consid- erable number of elegies, is remembered for hardly any- thing but these celebrated lines. Works : (Euvres, 5 vols., 1814-16 ; a collection of his Poesies is published in one volume, with a notice by Sainte- Beuve. -m La Chute des feuilles. 19. Epidaure ; Epidaurus, a town in Argolis on the Saronic gulf, the chief seat of the worship of yEsculapius, the god of the healing art. MADAME MARCELINE DESBORDES-VALMORE. 1786-1859. Is still ranked well among the lyric poets of the first part of the century, though the celebrity that she enjoyed for a time has passed. Though her language still has a flavor of the eighteenth century, the note of emotion is direct and sincere. The theme that best inspired her was love — love betrayed and disappointed. 328 Notes. Works : Po/sies, 1818 ; les Pleurs, 1833 ; Pauvres Pleurs, 1839 \ Contes en vers pour les en/ants, Lyon, 1840 ; Bouquets et prieres, 1843 ; there is a selection, with notice by Sainte- Beuve, with the title : Poe'sies de Madame Desbordes-Valmore. For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. ii ; Causeries du lundi, vol. xiv ; Nouveaux lundis, xii ; these notices are collected in a volume : Madame Desbordes- Vah?iore, sa vie et sa correspondance ; Montesquiou-Fezensac, Fe'licile', itude sur la poe'sie de Marceline Desbordes- Valmore, 1894. p- rj Les Roses de Saadi. Saadi (1195-1296) was a Persian poet ; one of his works is the Gulistan, or Garden of Roses. ALPHONSE-MARIE-LOUIS DE LAMARTINE. 1 790-1 869. The first great poet of the century and still one of the greatest. He passed a quiet youth in the shelter of home influences on his father's estate near Macon, receiving his most lasting impressions from his mother's instruction, from the fields and woods, and from certain favorite books, among which were the Bible and Ossian. This education was supplemented by a visit to Italy in 1811-12, memorable for the episode of Graziella, and a short service in the royal guards. His first volume, the Meditations poe'tiques (1820), was something entirely new in French letters and made him famous at once. These poems were saturated with the poet's personality and informed with his emotions ; and to com- municate his pervading melancholy he found the secret of lines which, while they did not yet have the color, brilliancy, and variety that the Romanticists presently gave to verse, charmed the ear with a harmony and a music unattained before. His long poems, with more or less of philosophical intention, especially Jocelyn (1836), are important works, but it was as a lyric poet that he made his chief impression. Notes. 329 Works : Meditations poetiques, 1820 ; Nouvelles Medita- tions, 1823 ; Harmonies poetiques et religieuses, 1830 ; Recueil- lements po/tiques, 1839 ; Po/sies ine'dites, 1839 ; Poesies ine'dites, 1873 ; republished under the same names in various collected editions of his (Euvres since i860. For reference : Faguet, Etudes litte'raires sur le dix-neu- vieme siecle, 1887 ; Sainte-Beuve, Premiers lundis, vol. i ; Portraits contemporains, vol. i ; F. Brunetiere, Evolution de la poe'sie lyrique, vol. i ; Histoire et litte'rature, vol. iii, 1892 ; F. Reyssie, la Jeunesse de Lamartine, i8gi ; E. Deschanel, Lamartine, 2 vols., 1893; J. Lemaitre, les Contemporains, vol. vi, 1896 ; E. Zyromski, Lamartine poke lyrique, 1898. pjc Le Lac. Written September 17-23, 1817 ; from les Miditations poetiques. The lake here celebrated is Lake Bourget in Savoy. Here the poet met in 1816 Mme. Charles, wife of the well known physicist, with whom he fell very much in love and who is immortalized by him under the names Julie and Elvire. She died Dec. 18, 1817. Cf. Anatole France, V Elvire de Lamartine, 1893. When this poem was written Lamartine already knew that she was hopelessly ill. This experience of his colors many poems of his first two volumes. Le Lac has often been set to music ; most successfully by the Swiss composer Nieder- meyer (1802-1861). For interesting variants in the text'see Reyssie, la Jeunesse de Lamartine, p. 201. L'Automne. November, 18 19 ; from les Meditations foetiques. ~-, 9. Peut-etre l'avenir, etc.; " allusion a l'attachement serieux que le poete avait concu pour une jeune Anglaise qui fut depuis la compagne de sa vie." (Commen- taire de l'auteur.) Le Soir. Spring of 1819 ; from les Medi- tations poetiques. *.*> Le Vallon. Summer of 1819 ; from les Me'ditations poitiques. " Ce vallon est situe dans les montagnes du Dauphine." (Commentaire de l'auteur.) 33° Notes. ^,- 9. Pythagore ; Pythagoras, a Greek philosopher of the sixth century B.C., who is said to have taught the doctrine that the " organization of the universe is an harmonious system of numerical ratios." L'Isolement. Sep- tember, 1818 ; from les Meditations poe'tiques. Reyssie in the work above cited gives interesting variants for this poem. {*~ Le Crucifix. 1818 ? From les Nouvelles Meditations. " Mon ami M. de V(irieu), qui assistait aux derniers moments de Julie, me rapporta, de sa part, le crucifix qui avait repose sur ses levres dans son agonie. . . J'ecrivis, apres une annee de silence et de deuil, cette elegie." (Com- mentaire de l'auteur.) Compare with this note the eleventh stanza of the poem, which points back to the time of the Graziella affair. See below. „^ Adieu a Graziella. From les Nouvelles Meditations. Graziella, whose heart Lamartine won during his visit to Naples in the winter of 1811-12 and whom he aban- doned, was the daughter of a Neapolitan fisherman. She died soon afterward. Later the poet idealized her and his relation to her and immortalized her memory in his works. Cf. le Premier regret below. — -* Les Preludes. 1822 ; from les Nouvelles Meditations. This poem, addressed to Victor Hugo, consists of several divisions, in different meters, only the last of which is here given. It inspired the symphonic poem of Liszt by the same name. «.«> Hymne de l'enfant a son reveil. From les Har- monies poetiques et religieuses. rrs* Le Premier regret. From les Harmonies poe'tiques et religieuses. It was inspired by the memory of Gra- ziella. 7. mer de Sorrente, bay of Naples ; Sorrento is a small town on the bay, south-east of Naples. 27. Nemi ; the lake is in the hollow of an extinct 7 7 volcano, in the Alban mountains, a few miles south- east of Rome. Notes. 331 Stances. From les Nouvelles Meditations. 18. Mem non, son of Tithonus and Eos, king of the Ethio- pians, slain by Achilles. The Greeks connected with Mem- non various ancient monuments and buildings, especially the great temple at Thebes and one of the colossi of Amen- ophis III., currently called the statue of Memnon ; legend reported of it that when touched by the first rays of the dawn it gave forth a musical sound. Les Revolutions. From les Harmonies poe'tiques et religieuses. Only the last of the three divisions of the poem is given here. 20. sibylles antiques ; concerning the sibyls, sibylline * books, and sibylline leaves consult a classical dic- tionary. 23. Verbe ; used currently for the second person of the Trinity ; here it goes back to a passage in the first division of the poem, where speaking of God's process of creation, he says : " Son Verbe court sur le neant ! II court, et la Nature a ce Verbe qui vole Le suit en chancelant de parole en parole, Jamais, jamais demain ce qu'elleest aujourd'hui ! Et la creation, toujours, toujours nouvelle, Monte e^ernellement la symbolique dchelle Que Jacob reva devant lui ! " 85. 8. les nceuds, knots of nautical reckoning. ALFRED DE VIGNY. 1797-1863. One of the great poets of the century. He surpassed most, if not all, of his fellow Romanticists in the intellectual quality of his verse. His lyrics are not merely the product of a moment of passion or of a passing emotion ; the strings of his lyre were not set vibrating by every breeze that blew. The personal emotion from which the lyric springs was 33 2 Notes. with him subjected to the action of an intellectual solvent, was generalized and made almost impersonal before it was given form and expression. For this reason partly the bulk of his poetry is small, not exceeding the limits of one small volume. But there are few poems that one would be con- tent to lose. One should read, besides the two given here, Moise, la Maison du Berger and la Mort duloup. De Vigny's influence on the poetry of the latter half of the century has been considerable. Works : Poetries, 1822 ; Pohnes antiques et modernes, 1826 ; les Destin/es, 1864 ; in the CEuvres completes , of which sev- eral editions have appeared, the Poesies make one volume. For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. ii ; E. Caro, Pokes et ro??ianciers, 1888 ; E. Faguet, Etudes litte'r aires sur le dix-neuvihne siecle, 1887 ; F. Brune- tiere, Evolution de la poe'sie lyrique, vol. ii ; Dorison, Alfred de Vigny, poke philosophe, 1891 ; M. Paleologue, Alfred de Vigny, 1 89 1. Le Cor. 1828. The story of the surprise of the rear- guard of Charlemagne by the Moors and of the death of Roland (Orlando in the Italian poems) is told in the Chanson de Poland (end of the eleventh century), the finest of the old French heroic poems. 19. Frazona ; this name is not found on ordinary maps or in descriptions of this region. Marbore, a mountain of the Pyrenees. 21. gaves, name given in the Pyrenees to streams that descend from the mountains. 11. Roncevaux, a Spanish village at the entrance to one of the passes of the Pyrenees. 14. Olivier, Oli- ver, like Roland and Turpin mentioned later, one of the twelve peers of Charlemagne, standard figures in the old French poems that deal with Charlemagne. 4. Luz, Argeles, villages in the department of Hautes- Pyrenees. 6. Adour, a river of France rising in the Pyrenees and flowing into the Bay of Biscay. 15. Saint Notes. 333 Denis is the patron saint of France. 24. Oberon, king of the fairies in mediaeval folk-lore ; cf. A Alidsummernighf s Dream. LA Bouteille A lamer, 1853. Bears the sub-title : Conseil a un jeune homme inconnu. 19. Chatterton (1752-1770), the precocious English poet who, failing to get recognition for his talents, was reduced to destitution and ended his life by poison. Wordsworth wrote of him in The Leech-Gatherer : " I thought of Chatterton, the marvellous Boy, The sleepless Soul that perished in his pride." For de Vigny he stood almost as the type of the poet ; he used his career as literary material in the narrative Stello (1832) and in the drama Chatterton (1835). Gilbert, see p. 320. He is also brought into Stello. Malfilatre (1732-1767), a French poet who was tempted by the praise given to his ode, le Soleil fixe, au milieu des planetes, to try a literary career at Paris and died in great poverty. He has passed wrongly for an unappreciated genius. 90. 27. Terre-de-Feu, Terra del Fuego. 6. Ces pics noirs, les pics San-Diego, San-Ildefonso. (Author's note.) 13. Reims, a city in Champagne, the center of the champagne trade. 25. Ai, a town in Champagne, near Reims, noted for its wine ; the name is also applied to the wine. 8. des Florides ; in speaking of both coasts of Florida the French formerly used the plural. VICTOR HUGO. 1802-1885. The foremost literary figure of the century in France. His commanding influence as the chief of the Romantic school and the champion of a revolution in literary doctrine and practice has led to his being generally considered in 334 Notes. connection with the movement to which he gave such a powerful impulse. But he was not merel)'- a great party- chief and a great influence. He was also a great poet, and a great lyric poet. He was that by reason of the breadth and variety of his lyric performance, the surprising mastery of form that he showed, the new capacities for picturesque expression that he discovered in the language or created for it, the new possibilities of rhythm and melody that he opened to it, and the range, power, and sincerity of many of the thoughts and feelings to which he gave so sonorous and musical a body. No doubt in a large part of his early work, as les Orientates, the body was more to him than the spirit that it lodged. Poetry to him was an art that had its technical side, like any other. The development of its technical resources had a charm of its own, and he had the artist's delight in skillful and exquisite workmanship. The mastery that he attained was so perfect, he seemed so fully to exhibit the utmost capacities of the language for the most various effects of rhythm and harmony, that Theodore de Banville said of la Le'gende des siecles that it must be the Bible and the Gospel of every writer of French verse. But he did not stop with the dexterity and virtuosity of the craftsman. More and more he used the mastery that he had achieved not for the mere pleasure of practicing or ex- hibiting it, but to give fitting and adequate expression to feelings and to thoughts. The domestic affections, the love of country, and the mystery of death had the deepest hold upon him, and whenever he approaches these themes he is almost sure to be genuine and sincere. His pity for the poor and unfortunate was very tender, and was the real spring of a great deal of his democracy, and he had a fine gift of wrathful indignation, which was called into exercise especially by Napoleon III. No part of his lyrical produc- tion is more spontaneous and genuine than many poems of les Chdtiments. There was from the first a bent towards Notes. 335 philosophical reflection observable in him, and in the latter part of his life, beginning with les Contemplations and la Le'gende des siecles, it preponderated more and more over the lyrical impulse, though the latter was never reduced to silence for long. Works : Odes et Poesies diverses, 1S22 ; Nouvelles Odes , 1824 ; Odes et Ballades, 1826, 1828 ; les Orientales, 1829 ; les Feuilles d'Automne, 1831 ; les Chants du crepuscule, 1835 ; les Voix interieures, 1837 ; les Rayons et les ombres, 1840 ; les Chdtiments, 1853 ; les Conte?/iplations, 1856 ; la Le'gende des siecles, 1859, 1876, 1883 ; les Chansons des rues et des bois, 1865; V Anne'e terrible, 1872; /' Art d'etre grandpere, 1876; les Quatre Vents deV esprit, 1881 ; Toute la lyre, 1889, 1893. The most convenient form in which they are now to be found is the ne varietur edition of Hetzel-Quantin in i6mo, at two francs a volume ; the volumes correspond to those given above, except that the first three are all included in the one Odes et Ballades. For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. i ; E. Caro, Pokes et romanciers, 1888 ; A. Barbou, Vic- tor Hugo, 1882 ; E. Dupuy, Victor Hugo, V homme et le poete, 1887; L. Mabilleau, Victor Hugo, 1893 ; E. Bire, Victor Hugo avant 1830, 1883 ; Victor Hugo apres 1830, 2 vols., 1891 ; Victor Hugo apres 1852, 1894 ; A. C. Swinburne, Victor Hugo, London, 1886 ; C. Renouvier, Victor Hugo, le poete, 1893 ; E. Dowden, Studies in Literature, London, 1878 ; E. Faguet, le Dix-neuvVeme siecle, 1887 ; F. Brunetiere, Evolu- tion de la poe'sie lyrique, 2 vols., 1894. Les Djinns. August, 1828 ; from les Orientales. The poem is especially noteworthy from a technical point of view. The quiet before the descent of the spirits, their approach, their fury, their receding, and the quiet that follows, are suggested by the movement of the lines. The motto is from Dante's Inferno, Canto v, 46-49 ; he is describing the tormented spirits of the carnal malefactors 336 Notes. " Who reason subjugate to appetite." Djinns are spirits of Mohammedan popular belief, created of fire, and both good and evil. The vowel is not nasal. 97. 25. Prophete, Mohammed. Attente. 1828 ; from les Orientates. The motto is Spanish, " I was waiting in despair." Extase. November, 1828; from les Orientates. The motto is from the Bible, Rev. i, 10. Lors- que l'enfant parait. May 18, 1830; from les Feuilles d'Automne. Les Feuilles d' Automne were largely the reflec- tion of the domestic affections of the poet. He had been married in 1822, and had at this time three children, Leo- poldine, Charles, and Victor. 17. ennemis; the reference is doubtless to the lit- erary opponents of Hugo ; the struggle between the champion of tradition and the Romanticists brought many personal bitternesses. Dans l'alcove sombre. Nov. 10, 1831 ; from les Feuilles d'Automne. The motto is from a poem, la Veillee, addressed by Sainte-Beuve to Hugo on the birth of his son Francois-Victor, Oct. 21, 1828. 19. lys, lis ; this spelling is usual with Victor Hugo * and frequent in this century, especially with later writers. 104. 27. chimere has here more the force of cauchemar. NOUVELLE CHANSON SUR UN VIEIL AIR. Feb. l8, 1AK 1834 ; from les C/iants du cre'puscule. 11 Puisqu'ici-bas." May 19, 1836; from les Voix 10(>. • . / • tnterieures. Oceano NOX. July, 1836 ; from les Rayons et les ^' ombres. The title is from Vergil, ^Fln. ii, 250: Vertitur interea caelum et ruit Oceano nox. Nuits DE JUIN. 1837 ; from les Rayons et les ombres. " La Tombe dit a la rose." June 3, 1837 ; from les Voix inte'rieures. Trtstesse d'Olympio. October, 1837 ; from les Rayons et les o?nbres. See the discussion of this Notes. 337 poem in Brunetiere, Evolution de la poesie lyrique, i, 200 ff. His view is indicated in the following extract: " Ces grands themes, les plus riches de tous, — la Nature, l'Amour et la Mort, — dans le developpement desquels nous sommes convenus de chercher et de verifier la mesure du pouvoir lyrique, Hugo les mele ou les fond ensemble, il les enche- vetre, il les complique, il les multiplie les uns par les autres, et de cette complication, admirez les effets qu'il tire. . . C'est en effet ici qu'eclate, a mon avis, la superiority de la Tristesse a" Olympio sur le Lac de Lamartine ou sur le Sou- venir de Musset, qu'on lui a si souvent, et a tort, preferes. Non pas du tout, vous le pensez bien, que je veuille nier le charme pur et penetrant du Lac, ou la douloureuse et poignante eloquence du Souvenir ! Incomparable elegie, le Lac de Lamartine a pour lui la discretion meme, l'elegance, l'ideale melancolie, la caresse ou la volupte de sa plainte ; et, dans le Souvenir de Musset, nous le verrons bientot, c'est la passion meme qui parle toute pure. Mais, dans la Tristesse d'Olympio, de meme que les voix des instruments se marient dans l'orchestre, la note aigue, dechirante et pro- longee du violon a la lamentation plus profonde et plus grave de l'alto, le tumulte eclatant des cuivres aux sons plus percants de la flute, tandis qu'au-dessus d'eux la voix humaine continue son chant d'amour ou de colere, de haine ou d'adoration, c'est ainsi que la melodie tres simple et comme elementaire du souvenir s'enrichit,.s'augmente, se renforce, et se soutient chez Hugo d'un accompagnement d'une prodigieuse richesse, ou tout concourt ensemble, toute la nature et tout l'homme, toute la poesie de l'amour, toute celle des bois et des plaines, toute la poesie de la mort." A quoi bon entendre." July, 1838 ; from the drama Ruy Bias, act ii, scene 1. ^_ Chanson. "Si vous n'avez rien a me dire." May, 117 18 . .; from les Contemplations. 33& Notes. " QUAND NOUS HABITIONS TOUS ENSEMBLE." Sept. 4, 1844 ; from les Contemplations. The poet's daughter Leopoldine had married Charles Vacquerie in the summer of 1843. On the fourth of September of the same year she was drowned, together with her husband, in the Seine near Villequier. Her death was a great shock to Hugo, and the few verses that we have from these years are full of the bitterness of loss sweetened by remembrance of happy earlier days. Her memory is everywhere present in the Contemplations ; compare the following poems. - 5. si jeune encore ; jeune refers of course to the sub- ject ; Hugo was twenty-two when Leopoldine was born. "O souvenirs! printemps! aurore!" Villequier, Sept. 4, 1846 ; from les Co7ttemplations. Notice the date. 2. Montlignon, Saint-Leu, small places just out of "^ ' Paris to the north. Arioste, Ariosto (1474-1533), a famous Italian poet, author of Orlando Furioso. " Demain, des l'aube." Sept. 3, 1847 ; from les Contemplations. Notice the date. 21. demain, i.e. the anniversary of his daughter's death. 2. Harfieur, a small town on the Channel coast, a 122 . few miles from Havre, near the mouth of the Seine. Veni, vidi, vixi. April, 1848 ; from les Contempla- tions. Le Chant de ceux qui s'en vont sur mer. Dated: 3 * En mer, ler aodt, 1852. This and the next follow- ing poems, from les Chdtiments, are the expression of the poet's hatred for Napoleon III. This volume was the direct fruit of his exile in consequence of his determined opposi- tion to the imperial ambitions of Napoleon. He had been active in trying to organize resistance after the coup d'etat, and with difficulty had evaded arrest and escaped to Brus- sels. After the publication of his denunciatory volume, Napoleon le Petit, the Belgian government expelled him, Notes 339 and he took refuge first in England, whence he passed im- mediately to the island of Jersey, where he arrived on the fifth of August, 1852. In 1855 residence in Jersey was for- bidden him and he removed to Guernsey, where he con- tinued to reside till the downfall of Napoleon III. Luna. July, 1853. 23. l'an quatre-vingt-onze, 1791, ^ * the beginning of the French Revolution. Le Chasseur noir. September, 1853. 27. saint Antoine ; Saint Anthony (250-356) was a native of Upper Egypt, withdrew to the desert, and gave his life up to ascetic devotion in solitude and voluntary poverty. Legend represents him as beset by tempting demons. Lux. December, 1853. 9- Capets; the kings of ^ * France from the accession of Hugh Capet in 987 to that of the house of Valois with Philip VI. in 1328 were Capets. Ultima verba. December, 1853. 4. Mandrill, a notorious bandit, executed in 1755. 3. Louvre, see note p. 318. 22. Sylla, see note p. 319. Chanson. " Proscrit, regarde les roses" May, 1854; from les Quatre Vents de V esprit, livre lyrique. Concerning the inexact rhyme semai : mai, rare with Hugo, see Revue politique et litte'raire, July 16, 1881. Exil. Between 1868 and 1881 ; from les Quatre Vents de Vesprit, livre lyriqtce. 5. colombe, his daughter Leopoldine. 6. Et toi, mere ; Mme. Victor Hugo died in 1868. Saison des semailles. Le soir. From les Chansons des rues et des bois. The poem is not dated ; the volume appeared in 1865. 2. labours, plowed fields. This seems almost to have been written for the well-known painting of "The Sower" by Millet, exhibited in 1850. However, Millet's sower is a young man. Un Hymne harmonieux. From les Quatre Vents de V esprit; the poem bears no date. Promenade dans les rochers. From les Quatre * Vents de V esprit; not dated. 34^ Notes. AUGUSTE BRIZEUX. 1803-1858. He is remembered for his simple and touching poems, full of the landscape and of the rural life of his native Brit- tany. He also translated Dante's Divine Comedy. Works : Marie, 1835 ; les Ternaires, 1841 (the title of this collection was later changed to la Fleur d'or) ; les Bretons, 1845 ; Histoires poe'tiques, 1855 ; CEuvres completes, 1861, 2 vols.; CEuvres, 4 vols., 1879-84. For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vols, ii and iii ; Lecigne, Brizeux, sa vie et ses ceuvres, Lille, 1898. AUGUSTE BARBIER. 1805-1880. He secured immediate fame by the vigorous satire of his first work, Iambes, and he is probably still best remembered for this, though later volumes, especially // Pianto, contain work of more perfect finish. Works : Iambes, 1831 ; La Popularite, 1831 ; Lazare, 1833 ; // Pianto, 1833 (these are now included in one volume, Iambes et poemes) ; Nouvelles Satires, 1837 ; Chants civils et religieux, 1841 ; Rimes he'roiques, 1843 ; Sylves, 1865. For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. ii. L'Idole. May, 1831. The whole poem consists 138 of five parts. 2. messidor, one of the months of the revolutionary calen- dar, beginning with the nineteenth of June. It was the first of the summer months. Notes. 341 MADAME D'AGOULT. 1806-1876. Marie-Sophie-Catherine de Flavigny, comtesse d'Agoult, wrote under the pseudonym Daniel Stern. Her work is mainly in prose, in history, criticism and fiction, but she wrote a few lyrics marked by deep and true sentiment. A biographical notice by L. de Ronchaud will be found in the second edition of her Esquisses morales; 1880. FELIX ARVERS. 1 806-1851. He wrote mainly for the stage, and left but one volume of poems, Mes Heures perdnes, which are all forgotten save this famous sonnet. The lady who inspired it is said to have been the daughter of Charles Nodier, afterwards Mme. Mennessier-Nodier. Mes Heures perdues was re- printed in 1878, with a notice of Arvers by Th. de Banville. GERARD DE NERVAL. 1808-1855. Gerard Labrunie, known in letters as Gerard de Nerval, was one of the group of young Romanticists who gathered around Hugo. Symptoms of insanity developed early, and at different times he was an inmate of an asylum. He finally committed suicide. He felt profoundly the influence of German literature, and his lyrics show something of this in the spiritual quality of their sentiment. Works : Ele'gies nationales et satires politiques, 1827 ; trans- lation of Goethe's Faust, 1828 ; la Bohime galante, 1856 ; CEuvres completes, 5 vols., 1868. For reference : Th. Gautier, Histoire du romantisme ; Por- traits et souvenirs litte'raires ; Arvede Barine, JV/vros/s, 1898, 34 2 Notes. Fantaisie. Gioacchino Antonio Rossini (1792-1868), one of the foremost Italian composers of the cen- tury, author of William Tell (1829), and other well-known operas. Wolfgang Amadeus Mozart was a native of Austria, and one of the greatest musical geniuses that ever lived. Among his works are the operas Le Nozze di Figaro (1786), Don Giovanni (1787), Die Zauberjlote (1791) ; the famous Requiem ; the symphony in G minor, etc. Karl Maria von Weber (1786-1826), one of the founders of German as opposed to Italian opera. Der Frcischiitz is his most famous work. HEGESIPPE MOREAU. 1810-1838. In his short and unhappy struggle with poverty and illness he produced a few graceful short stories and a thin volume of verse, le Myosotis (1838), that reveals a genuine, though not remarkable, lyric gift. See Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. iv. The poems of le Myosotis, and some others, now make vol. ii. of his GZuvres completes, 2 vols., 1890-91. La Fermiere. This poem was sent as a New Year's gift to Madame Guerard, who had taken the poet in and entertained him when ill. 31. fils de la Vierge, " debris de toiles d' araigne'e que le vent emporte" ; air-thread, gossamer, ALFRED DE MUSSET. 1810-1857. A lyric poet of a comparatively narrow range, but within it surpassingly genuine and spontaneous. Almost his only Notes. 343 theme was the passion of love, in some form or degree. But what he lacked in breadth he made up in the directness and intensity of his accent, and these eminently lyric quali- ties give his lyrics a distinction among those of his country. He began as a Romanticist, but soon grew away from the school of Hugo as it developed. With his negligence of form and his surrender to the passion of the moment, he is the opposite of Gautier ; and the poets of the later school which derives from Gautier have neglected and depre- ciated him. Works: Contes d'Espagne et d'/talie, 1830; le Spectacle dans un fauteuil, 1833 ; after this most of his poems ap- peared in the Revue des Deux Mondes ; they are now col- lected in Premieres poesies, 1 vol., containing the poems of the first two volumes and a few others, and Po/sies nouvelles, 1 vol., containing the Nuits, and the later poems. For reference : P. de Musset, Biographie d' 'Alfred de Musset, 1877 (naturally partial) ; A. Barine, Alfred de Musset, 1893 ; Spcelberch de Lovenjoul, la Veritable his- toire de " Elle et Lui," 1897 ; Sainte-Beuve, Portraits con- temporains, vol. ii ; Causeries du lundi, vols, i and xiii ; E. Montegut, Nos Morts contemporains, 1883 ; E. Faguet, le Dix-neuvVeme siecle, 1887 ; F. Brunetiere, Evolution de la poe'sie lyrique, vol. i, 1894 ; M. Clouard, Bibliographie des ceuvres d' Alfred de Musset, 1883. O. L. Kuhns, Selections from de Musset, Boston, 1895, for the sympathetic and in- teresting introduction. Au lecteur. This sonnet was prefixed in 1S40 to a new edition of his poems. Stances. 1828 ; from Contes d' Espagne et d'/talie. 3. vesprees ; see note on 7, 10. La Nuit de mai. May 1835. The poet's liaison with the novelist George Sand, begun in 1833, and culminating in the Italian jour- ney of 1834, with its successions of passion, violent ruptures, and penitent reconciliations, was the profoundest experi- 344 Notes. ence of his life, and the inspiration of many of his poems, including the famous Nuits of May, August, October and December. 21. paresseux enfant ; the charge of indolence had often already been brought against Musset ; cf. ton oisivete, 150, 3. 29. Argos, the capital of Argolis, in the Peloponne- sus. Pteleon, Pteleum, an ancient town of Thes- saly (Iliad ii, 697.) 30. Messa, city and harbor of Laconia (Iliad ii, 582) ; Homer's epithet is " abounding in doves." 31. Pelion, a mountain in Thessaly ; Homer (Iliad ii, 757) calls it '* quivering with leaves." I. Titarese, a river in Thessaly. Homer's epithet 148 (Iliad ii, 751) is " lovely." 3. Oloossone, a city in Thessaly, called "white" also by Homer (Iliad ii, 739). Camyre, no doubt Homer's Kameiros (Iliad ii, 656), which he calls " shining." It was situated on the island of Rhodes ; Musset neglects the geographical fact in bringing it into connection with Oloossone. 149. 6. son tertre vert, St. Helena. 13. Lorsque le pelican ; this passage is one of the most famous of French poetry. Compare Ron- sard's reference to the pelican, p. 8, 1. 19. With this view of the poet's lot and mission compare that expressed in les Montreurs of Leconte de Lisle, p. 199, and in V Art of Gautier, p. 190. The fable of the pelican giving his blood to his young is current in the literature of the middle ages. La Nuit de Decembre. November, 1835. 18. Eglantine ; a wild rose was one of the prizes given the victors in the poetical contests called the Jeux Floraux, held at Toulouse ; it symbolizes distinction in poetry. II. Un haillon de ourpre en lambeau symbolizes the * power of youth wasted in debauchery. 12. myrte ; the myrtle was sacred to Venus, Notes, 345 io. Pise, Pisa. 14. Brigues, a small town in the Rhone valley in Switzerland, at the foot of the Simplon pass. 16. Genes, Genoa. 17. Vevay, a town on Lake Geneva. 19. Lido, an island between Venice and the sea, a favorite resort of the inhabitants of the city. Musset calls it affreux, because with it he associated his quarrel with George Sand. Stances a la Malibran. October, 1836. 11. Maria Felicita, daughter and pupil of Manuel Garcia, afterwards Madame Malibran, by which name she is remembered, was a remarkable singer (1808-1836). 24. Parthenon : the Parthenon, completed in 438 B.C., was built under the direction of Phidias, who was also the sculptor of the colossal statue of Athena within the temple. The most famous work of Praxiteles was the statue of Aphrodite of Cnidus, not extant, but represented in the Venus of the Capitol and the Venus de Medicis. 26. Corilla, a character in one of Rossini's operas. ' 27. Rosina, heroine of Rossini's // Barbiere di Se- v igli a (1816). 29. le Saule, the song of " The Willow " in Rossini's Otello (1816) ; cf. Shakspere's Othello, iv, 3. 9. Londre, usually spelled Londres ; the s is omitted ' here for the metre. 21. Gericault, an important French painter (1790-1824) ; his most famous picture is Le Radeau de la Meduse, now in the Louvre. Cuvier, a great French naturalist (1769-1832). 3. Robert, Leopold (1794-1835), a French painter of merit. Bellini, Vincenzo (1802-1835), an Italian composer of operas ; among his works are La Somnambula (1831), Norma (1831), and / Puritani (1835). 5. Carrel, Ar- mand (1800-1836), a French publicist, fatally wounded in a duel with Emile de Girardin. T 8. La Pasta ; Giuditta Pasta (179S-1865) was one of the famous sopranos of her day ; for her Bellini wrote La Somnambula and Norma, 164- XO *' denne (1836) 346 Notes. Chanson de Barberine. From the comedy Bar- berine (1836). Chanson de Fortunio. From le Chandelier (1836), where it is sung by a character named Fortunio. 25. ma mie, instead of m'amie ; this is a remnant of what was the regular practice in the earliest period of French, the use of the feminine forms, ma, ta, sa, with elision of the vowel, before nouns beginning with a vowel ; the sub- stitution of the masculine forms in such cases begins in the twelfth centurjr. 160. Tristesse. June 14, 1840. " Rappelle-toi." 1842. Souvenir. February, 1841. This poem is of the 167 same order of thought as le Lac of Lamartine and the Tristesse a" ' Olympio of Victor Hugo ; see note on the latter poem. 17. Dante, pourquoi dis-tu ; the passage referred to is in the Inferno, canto v, 1. 121 ; Francesca da Rimini (in French Francoise) begins the short and immor- tal story of her love for Paolo with these words : " There is no greater sorrow Than to be mindful of the happy time In misery.*' 24. pie, an old spelling of pied y used here to satisfy * the rules of rhyme. Cf. following page, 1. 26. 17. ma seule amie. George Sand. The latest reve- """■* lations from the correspondence of George Sand and Musset give us a more favorable view of her part in their unhappy affair and fail to justify the terms in which he refers to her here. See the volume of Vicomte de Spcel- berch de Lovenjoul cited among the works for reference. _ Sur une morte. October, 1842; the lady referred to 1 74 was the Princess Belgiojoso (1808-1871), who after the unsuccessful movement for Italian liberty in 1831 left Italy and resided in Paris, where Musset came often to her salon. 1. la Nuit, one of the famous allegorical statues Notes. 347 made by Michaelangelo for the tombs of Giuliano and Lo- renzo de Medici. AM. Victor Hugo. April. 26, 1843. Chanson. " Adieu, Suzon." 1844. THEOPHILE GAUTIER. 1811-1872. One of the most important poets of the century, though he can not be called in any large sense one of the greatest. His importance is due to the emphasis that he placed on the element of form both by his precept and by his practice. The directness and sincerity of the emotional cry are lost sight of in the pursuit of exquisite and perfect workmanship in the representation of outward beauty. L'Art, p. 190, sums up his poetic art. Later poetry has been profoundly influenced by this doctrine. His natural gifts adapted him perfectly to the role that he played, for, while he was without great intellectual depth or emotional intensity, he had a rare power of seeing the forms and colors of things. Works: Poesies, 1830; Albertus, 1833; la Co me' die de la mort t 1838 ; the preceding were republished in one volume with additions in 1845; E?naux et Cam/es, 1852; Poesies nou- velles, 1863; in the edition of his CEuvres completes the Poe- sies completes make two volumes, Emaux et Came'es, one. For reference : E. Bergerat, Theophile Gautier, 1879; M. Du Camp, Theophile Gautier, 1890; Vicomte Spcelberch de Lovenjoul, Histoire des ceuvres de Th. Gautier, 2 vols., 1887; Sainte-Beuve, Premiers liuidis , ii ; Portraits contemporains, ii, v; Nouveaux lundis, vi; E. Faguet, XIX e siecle, 1887; Brunetiere, Evolution de la pohie lyrique, vol. ii. „ Voyage. From the Poesies of 1830. The line of ±77. the motto from La Fontaine is from the one- act comedy Llymhie, line 35. Catullus (87-47 B.C.) was a Latin 34 8 Notes. poet whose lyrics show intensity of feeling and rare grace of expression. The lines here quoted are from the Carmina, xlvi. The idea of the poem is quite characteristic of Gau- tier, who delighted especially in the picturesque aspects of travel, as his famous descriptions of foreign lands show ( Voyage en Espagne, Voyage en Russie, Voyage en Italie, etc.). 178. 17. enraye, puts on the brakes. Of the other poems of Gautier here given all but Choc de Cavaliers, Les Colombes, Lamento, Tristesse, and La Caravane are from Emaux et Camees ; these five will be found in vol. i of the Poesies completes under the title Poe'- sies diverses. Premier sourire du printemps. 15. houppe de cygne, powder puff. L'Aveugle. 1. les puits de Venise; the dungeons of loo. ,T . , Venice are famous. Le Merle. 18. The Arve joins the Rhone just after the latter issues from Lake Geneva. The water of the Rhone is very clear and blue, while that of the Arve, especially when swollen by rain and melted snow, is muddy and grayish-yellow. 190. 4. mettre en de7neure, to summon by legal process. L'Art. 1. carrare, paros, marbles especially fine and white and adapted for statuary, the former from Carrara, Italy, the latter from Paros, an island in the ^Egean Sea. 21. nimbe trilobe; the Virgin was often repre- sented in early paintings with a halo of three rounded lobes, in the shape of a trefoil, symbolizing the Trinity. VICTOR DE LAPRADE. 1812-1883. A poet of elevation and puritv, whose worth is rather greater than his reputation, which has been somewhat eclipsed by that of his greater contemporaries. 193. 197. Notes. 349 Works : Psych /, 1840 ; Odes et Poemes, 1844 ; Poemes e'van- ge'liques, 1852 ; Symphonies, 1855 ; Idylles he'roiques, 1858 ; Pernette, 1868; Poemes civiques, 1873 ; le Livre d'un pere, 1878 ; collected edition, CEuvres poe'tiques, 4 vols., 1886-89. For reference : E. Bire, Victor de Laprade, sa vie et ses ceuvres, 1886 ; Sainte-Beuve, Nonveaux lundis , vol. i ; E. Caro, Poetes et romanciers, 1888. A UN GRAND ARBRE. 1840 ; from Odes et Poemes. 5. Cybele, or Rhea, goddess of the earth. Le Droit d'aInesse. 1875 ; from le Livre d'un pere. 15. echerra, from dchoir, MME. ACKERMANN. 1813-1890. Louise-Victorine Choquet, who became Mme. Paul Ackermann by her marriage in 1844 and was left a widow in 1846, lived a life of great retirement and seclusion. Her work, the fruit of long solitude, bears the impress of a strong, reflective mind. It is deeply tinged with pes- simism. Works : Contes et poesies, 1863 ; Poesies philosophiques, 1874 ; collected in one volume, Poesies, 1877. For reference : Comte d'Haussonville, Mme. Ackermann, d y apres des lettres et des papier s in/dits, 1891. CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE. 1818-1894. Born on the island of Bourbon, the tropical landscape that was familiar to his boyhood recurs constantly in his poems. Coming to France to complete his studies and to reside, he became the master spirit among the poets of the middle of the century and the recognized leader of the 35^ Notes. Parnassiens. From the beginning he protested vigorously against the Romanticists of 1830, not only as making an im- modest and on the whole vulgar display of self (cf. les Montreurs, p. 199), but also as inevitably falling short of artistic perfection because, being possessed, or at least moved, by the emotion they were expressing, they could not be wholly masters of the instrument of expression. To be thus wholly master of the resources of poetic art one must be quite untroubled by one's own personal joys and sorrows, have the brain clear and free. This call to the poet to rid himself of the personal element was emphasized by the reflection that individual emotions are of little im- portance or interest, being dwarfed by the collective life of humanity in general, which in turn is overshadowed by the vast phenomenon of life as a whole, while this again is but a transient vapor on the face of the immense universe. So the poetic creed of an impersonal and impassive art was more or less blended with a materialism pervaded with a buddhistic pessimism that is vexed and wearied with the vain motions of this human world, and longs for the rest of Nirvana ; and this vexation and weariness frequently rise to a poignant intensity. However far he may then be thought to be from the impassive impersonality of his doc- trine, there is but one opinion as to his rare command of form and the exquisite perfection of his art, which have won for him the epithet impeccable. Works: Poemes antiques, 1 853 ; Poemes et poesies, 1855 ; Po/sies completes, 1858 (contains the two previous collec- tions); Poemes barbares, 1862 ; Poemes tragiques, 1884 ; Der- niers poemes, 1894. He was also an industrious translator of the Greek poets and of Horace. For reference : P. Bourget, Nouveaux essais de psychologie contemporaine, 1885 ; J. Lemaitre, les Contemporains , vol. ii, 1887 ; F. Brunetiere, Evolution de la poe'sie lyrique, vol. ii, 1894 ; also in Contemporary Review, vol. lxvi. Notes. 351 Les Montreurs. From Poemes barbares. Midi and Nox are from the Poemes antiques. The poems from l'Ecclesiaste to Requies inclusive, and also le Manchy, are from the Poemes barbares. The rest, ex- cept the last, are from the Poemes tragiques. 203. La Verandah, i. huka, oriental pipe. Si l'Aurore. 10. Pitons, mountain peaks ; the word is used in the French colonies. 21. Va- rangue, a kind of porch, cf. verandah. Le Manchy. A manchy is a kind of sedan-chair, or litter. Le frais matin dorait. 28. letchis, a tropical 217 ' plant. Tre fila d'oro. The words of the title, which is Italian, are found in the final line of each stanza, trois fils a" or, CHARLES BAUDELAIRE. 1821-1867. His was a perverse nature, endowed with rare gifts which he persistently abused. Pure physical sensation supplied a large part of the material for his poetry, and among the senses it was especially the one that has the remotest association with ideas that he drew upon most constantly — the sense of smell. In his desperate search for new and strange sensations he went the round of vio- lent and exhausting dissipations, and as his senses flagged he spurred them with all sorts of stimulants. Meanwhile he observed himself curiously; the result in his poems is an impression of peculiarly wilful depravity. They reflect his physical and mental experience, are always without sobriety, often lacking in sanity. The title, les Fleurs du mal, is both appropriate and suggestive ; they invite no epithets so much as "unhealthy" and "unwholesome." 352 Notes. He was extremely fond of Edgar A. Poe, and translated his works. Works : les Flairs du mal, 1857, new edition, 1861 ; (Euvres posthu?nes, 1887. For reference : Gautier, Portraits et sotivenirs litte'raires ; E. Crepet, (Euvres posthumes et correspondance ine'dite de Ch. Baudelaire, pre'ce'de'es d'une dtude biographique, 1887 ; Bourget, Essais de psychologie contemporai?te, 1883, F. Brunetiere in Revue des Deux Mondes, Sept. 1st, 1892 ; Henry James, French Poets and Novelists, London, 1884 ; George Saints- bury, Miscellaneous Essays, London, 1892. The poems given here are all from les Fleurs du mal. 19. Boucher ; Francois Boucher (1703-1770) was a painter of pastoral and genre subjects. PIERRE DUPONT. 1821-1870. He enjoyed a moment of great popularity about 1848, paid for since by being too much forgotten. His chansons are simple, sincere, and sweet, breathing a delight in rural life and sympathy with the lot of the poor. Works : Chansons, i860 ; Chansons et fohies is the title of the current edition of his poems. For reference : Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. iv. ANDRE LEMOYNE. 1822. Has achieved especial success by his poetic descriptions of nature, which proceed from a close and loving observa- tion and a quick responsiveness to her moods. Works: Stella Maris. — Ecce Homo, etc., i860; les Roses d'Antan, 1865 ; les Charmeuses, 1867 ; Legendes des Bois et Notes, 353 Chansons marines, 1871 ; Fleurs des ruines, 1888 ; Fleurs du soir, 1893. 12. Chanson marine. Cap Frehel, on the north coast of Brittany, just south of the Channel Islands. 24. Granville and Avranches are small towns on the Channel coast, between St. Malo and Cherbourg. 26. The Orne and Vire are small streams flowing northward into the Channel in the same region. THEODORE DE BANVILLE. 1823-1891. A precocious and voluminous writer, who delighted in playing with the technical difficulties of lyric forms. His devotion to form was his chief excellence and gave him a considerable influence on the group of Parnassiens. He was especially responsible for the revival of the fixed forms of the older French poetry. He took up and developed the dictum of Saint-Beuve that rhyme is " / 'unique harmonie du vers" and his Odes funambulesques sought even to make it a main means of comic effect. His work is deficient in substance. Works : Les Cariatides, 1842; les Stalactites, 1846; Odelettes, 1856 ; Odes funambulesques , 1857 ; les Exiles, 1866 ; Idylles prussiennes, 1871 ; les Princesses, 1874 J Sonnailles et Clo- chettes, 1890; Dans la fournaise. Dernier es pofcies, 1892. For reference: Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. xiv; J. Lemaitre, les Contemporains, vol. i, 1886 ; A. Lang, Es- says in Little, London, 1891. La Chanson de ma mie. Ma mie, see note on 165, Ballade des Pendus. From the comedy Gringoire (1866). 20. Flore, the Roman goddess of fruits and flowers. 26. du roi Louis ; Louis XI. (1461-1487), whose measures to break down feudalism and establish the power of the monarchy are notorious. 354 Notes. HENRI DE BORNIER. 1825. Primarily a dramatic poet, he obtained one of the strik- ing successes of the latter half of the century by his drama la Fille de Roland '(1875) which, evoking memories of recent disaster and the dearest hopes of France, deeply touched the patriotic sentiment of his country. His lyric poems make but one volume. Works : Les Pre?nieres Feuilles, 1845 ; the volume Po/sies completes, 1881, contains, besides the poems of the first vol- ume, a number that appeared at intervals, several of which received prizes from the Academy, as /' ' Isthme de Suez, 1 86 1, and la France dans V extrime Orient, 1863 ; Poesies com- pletes, new edition, 1894. ANDRE THEURIET. 1833- Though now best known as a novelist, he began as a poet, and it is not certain that he will not finally be best remem- bered for his verse. His eyes and his sympathies are for the woods and fields and for the simple toilers whose lives lie close to them. He has instilled into his poems some- thing of the odors of the forest and of the soil. Works : Le Chemin des bois, 1867 ; les Paysans de V Ar- gonne, 1792. 1871 ; le Bleu et le Noir, 1873 ; le Livre de la Payse, 1882. For reference ; E. Besson, Andre Theuriet, sa vie et ses ceuvres, 1 890. 237. Brunette. From le Bleu et le Noir. 238. Les Paysans. From le Livre de la Payse. Notes. 355 GEORGES LAFENESTRE. 1837. Though he is perhaps more widely known as a critic of art than as a poet, his poems have a certain distinction by reason of their deep and serious thought and their clear and noble expression. Works : Les Espe'rances, 1864 ; Idylles et Chansons, 1874. The poems here given are from Idylles et Chansons. 21. Michel-Ange, Michaelangelo. • ^ FELIX FRANK. 1837. He is chiefly known to the world of scholars by his studies in literary history and his editions of writers of the Renais- sance. Works : Chants de colere, 1871 ; le Poeme de la Jeunesse, 1876; la Chanson d y amour, 1885. • M ^ C'etait UN VIEUX logis, From le Poeme de la 243. T Jeunesse. ARMAND SILVESTRE. 1838. A prolific writer of both prose and verse. He has a rich gift of style, but he appeals to his reader more often by the sensuous charm of his lines than by their originality or depth. Works : Rimes neuves et vieilles, T.866 ; Renaissances, 1870; la Gloire du souvenir, 1872 ; these three volumes are col- lected in Premieres poesies, 1875 ; la Chanson des heures, 1878 ; les Ailes d'or, 1880 ; le Pays des roses, 1882 ; le Chemin 35^ Notes. des Voiles, 1885 : Roses d'octobre, 1889 ; V Or des couchants, 1892 ; les Aurores lointaines, 1895. For reference : J. Lemaitre, les Contemporains, vol. ii, 1887. 245. Le Pelerinage. From les A ties d'or. ALBERT GLATIGNY. 1839-1873- Led a wandering and adventurous life. He was at differ- ent times actor in a travelling company, prompter, and writer. In his poems he shows a native gift of expression that made him a favorite of the Parnassiens. Works : Les Vignes folles, 1857 ; les Fleches d'or, 1864; Gilles et Pasquins, 1872. For reference : J. Lazare, A. Glatigny, sa vie, son ceuvre\ Catulle Mendes, Ligende du Parnasse contemporain, 1884. SULLY PRUDHOMME. 1839. Rene-Francois-Armand Prudhomme, known as Sully Prudhomme, combines the artistic punctiliousness of a Par- nassien with sincere emotion and a deeply philosophic mind. The intellectual quality of his work is conspicuous, but hardly less so the grace and finish of its form. It bears deep traces of the influence of the scientific movement of our time and of the transformation it has wrought in our ideas of man and nature and their relations. The personal emo- tion from which his lyrics spring appears always intellec- tually illumined, with its background of scientific corollaries and logical consequences. It is not abandoned to itself, to wreak itself on expression, but is checked by the challenge of doubt or scientific curiosity or moral scruple. Kis verse Notes. 357 thus unites in rare degree the qualities of lyrical impulse and philosophical reflection. Works : Stances et Poemes, 1865 ; les Epreuves, 1866 ; les Solitudes, 1869 ; les Destins, 1872 ; les Vaincs Tendresess, 1875 ; la Justice, 1878; le Prisme, 1886; le Bonheur, 1888 ; these have appeared in a new edition as CEuvres, 5 vols., 1883-1888. For reference : J. Lemaitre, les Contemporains , vol. i, 1886 ; E. Caro, Poetes et romanciers, 1888 ; G. Paris, Penseurs et pokes, 1896; F. Brunetiere, Evolution de la poe'sie lyrique. vol. ii, 1894. The first eleven poems are from Stances et Poemes. Les Danaides, Un Songe and le Rendez-Vous are from les Epreuves ; la Voie lactee is from les Solitudes ; Repentir, from Impressions de la Guerre (1872 ;) Ce qui dure, les Infi- deles, les Amours terrestres and l'Alphabet, from les Vaines Tendresses; and the last two sonnets, from la Justice. ok k Le Lever du Soleil. 5. Hellade, Hellas, country in- habited by the Hellenes, or Greeks, a name at first giyen to a district of Thessaly, later to all Greece. 0K7 Les Danaides. The Danaides were the fifty daughters of Danaus, twin-brother of ^Egyptus, whose fifty sons they married and then murdered. As a punishment they were condemned to pour water forever into a sieve. 2. The'ano, Callidie, Amymone, Agave', are names of four of the daughters. ALPHONSE DAUDET. 1840-1897. Though of world-wide fame as a brilliant novelist, he introduced himself to the public by a volume of verse, les Amoureuses, which contains many poems delicate in senti- ment and exquisite in style. 35 8 Notes. HENRI CAZALIS (JEAN LAHOR). 1840. The poems of Henri Cazalis, who has preferred to give his later works to the public under the nom de plume Jean Lahor, have the grave pessimism of Leconte de Lisle, but with more of buddhistic resignation. They are often sus- tained by a high moral fortitude, and though they are clothed in a less rich and brilliant garment than the poems of Leconte de Lisle, they have a charm of their own, " in- quie'tant et penetrant," says Paul Bourget, " comme celui des tableaux de Burne Jones et de la musique tzigane, des romans de Tolstoi et des lieder de Heine." Works : Vita tristis, 1865 (under the pseudonym Jean Caselli ;) Melancholia, 1866 ; le Livre du ne'ant, 1872 ; /' Illu- sion, 1875 ; the preceding were collected in one volume and published under the name Jean Lahor and with the title l' Illusion, 1888 ; under the same name, le Cantique des can- tiques, a translation of the Song of Solomon, 1885 ; les Qua- trains d' Al-Ghazali, 1896. For reference ; J, Lemaitre, les Contemporains, vol. iv. CHARLES FREM1NE. 1841. He holds an honorable place among the poetce minores by poems distinguished for the sincerity and simple truth of their record of nature and humble experience. Works : Flore'al, 1870 ; Vieux Airs et Jeunes Chansons. 1884 ; Bouquet d'automne, 1890. Notes. 359 FRANCOIS COPPEE. 1842. He is especially the poet of the vie des humbles. His tal- ent is not pre-eminently lyric, and he has tended to escape from the lyric domain in different directions, into the narra- tive poem, the drama, and the novel, in each of which he has achieved success. He is probably the most popular living French poet. Works : Le Reliquaire, 1866 ; Intimite's, 1868 ; Poemes modernes, 1869 : les Humbles, 1872 ; Promenades et inte'rieurs, 1872 ; le Cahier rouge, 1874 ; Olivier, 1875 ; V Exile'e, 1876 ; les Mois, 1877; Contes en vers et poe'sies diver ses, 1881 and 1887 ; Poemes et recits, 1886 ; Arriere-saison, 1887 ; les Paroles sinceres, 1890 ; GLuvres, 5 vols., 1885-91. ' For reference : M. de Lescure, Francois Coppde; L 'Homme , la Vie, et I CE'uvre (1842-1889), 1889 ; J. Lemaitre, les Con- temporains, vol. i, 1886 ; F. Brunetiere. Evolution de la poe'sie lyrique, vol. ii, 1894 ; Alcee Fortier, Sept Grands Auteurs du XI X e Siecle, Boston, 1889. 271. Juin. From les Mois. 272. L'Horoscope. From le Reliquaire. 273. L'Attente. From Poemes modernes. Chanson d'exil, " Quand vous me montrez une rose," Lied and Etoiles filantes are from VExilee. ^ A UN elegiaque. From Contes en vers et poe'sies diverses. The story of the Spartan boy and the fox may be found in Plutarch's Lycurgus, 18. The idea should be compared with the artistic doctrine of the im- passibles. 360 Notes. JOSE-MARIA DE HEREDIA. 1842. He was born in Cuba, but was educated and has resided in France. He attracted notice among the Pamassiens by the degree of perfection with which he rendered in words the element of plastic beauty and the rare finish and preci- sion of his style. He has used almost exclusively the form of the sonnet, to which he has given a new power and am- plitude. Works : Les Trophies, 1893 (many of the sonnets compos- ing this volume had appeared in the Revue des Deux Mondes and elsewhere and had long been admired). For reference : J. Lemaitre, les Contemporains, vol. ii, 1887 ; F. Brunetiere, Evolution de la poe'sie lyrique, vol. ii, 1894 ; M. de Vogue, Devant le siecle, 1896 ; Edmund Gosse, Critical Kit-Kats , New York, 1896. Antotne et Cleopatre. Le Cydnus. This is the name of the river on which Tarsus is situated. 18. Lagide ; the line of the Ptolemies, to which Cleopatra belonged, was descended from Lagus ; the first Ptolemy was commonly called the son of Lagus. 18. Bubaste et Sals ; Bubastis and Sais were ancient cities of importance in the Delta of the Nile. 6. Les Conquerants. Palos, the famous Spanish port from which Columbus sailed. Moguer, a small town a little above Palos. 9. Cipango, the name given by Marco Polo in the account of his travels to an island or islands east of Asia, supposed to be Japan. PAUL VERLA1NE. 1 844-1 896. The most striking and original figure among the poets of the latter half of the century. In the irregularity of his Notes. 361 life he might count as a modern Rutebeuf or Villon. He certainly possessed a rich poetic endowment, which only occasionally produced what it seemed capable of. He be- gan under the influence of the Parnassiens, but his most characteristic work is as far removed as possible from the plastic objectivity of that school. He pursues the expres- sion of the most elusive sensations, and is so little con- cerned about clear ideas and precise forms and outlines that even grammatical coherence often fails, and the mind gropes in a mist of unintelligibility — in which direction, however, his disciples have gone very far beyond him. But in the rendering of pure feeling and sensation, in direct emotional appeal of tone and accent, he discovered powerful secrets for his verse that others have not known. He seems now to have been one of the original poetic forces of the cen- tury. Works: Pohnes satumiens, 1866 ; Fites galantes, 1869 ; la Bonne Chanson, 1870 ; Romances sans paroles, 1874 ; Sagesse, 1881 ; Jadis et naguere, 1885 ; Amour, 1888 ; Parallelement, 1889 ; Bonheur, 1891 ; Chansons pour elle, 1891 ; Dans les limbes, 1894 ; Chair, 1896 ; Invectives, 1896 ; selections from the volumes to and including Bonheur are given in Choix de poesies, 1 89 1. For reference : Ch. Morice, Paul Verlaine, Vhomme et Vceuvre; J. Lemaitre, in Revue Bleue, Jan. 7, 1888; F. Brunetiere, Evohition de la pohie lyriqtie, vol. ii, 1894 ; A. Cohn, in The Bookman, vol. i, with portraits. 280. Colloque sentimental. From Fites galantes. 1. The quotation is from Dante's Purgatorio, canto iii, 79-84. Art poetique. From Jadis et naguere. 289. Un veuf parte and Paraboles are from Amour. Paraboles. i. le poisson ; the use of the fish in Christian art as a symbol of Christ is well known. Its origin is commonly said to be in the initials of the Greek 'irjcrvS XpiaroS, &eov TioS, Scarrfp, which make 362 Notes. the word '/^6i;S (fish). 2. l'anon ; cf. St. Mark xi. 3. les pores, etc.; cf. St. Mark v, 13. EMILE BERGERAT. 1845. Widely known under the name of Caliban as the alert and witty chroniqueur of the Figaro and as the facile rhymester of its lyre comique, has written a few serious poems of direct and vigorous expression, especially under the inspiration of the memory of the war of 1870-71. Works : Poemes de la guerre, 1871 ; la Lyre comique, 1889. Paroles dorees. 17. cylindre, the cylinder or * toothed roller of the hand-organ. FRANCOIS FABIE. s 1846. The son of poor peasants, he has perpetuated the scenes and the simple life of his boyhood and the poverty and rude toil of his country home in verse of deep, pure, and tender feeling. Works : La PoSsie des Betes, 1886 ; le Clocher, 1887 ; la Bonne terre, 1889 ; Voix rustiques, 1892 ; these are collected in the edition of Poe'sies, 2 vols., 1891-94. 293. Les Genets. From le Clocher. PAUL DEROULEDE. 1846. Politician, as well as man of letters, he is known espe- cially for his war lyrics, which have achieved a wide popu- larity. They are recommended more by the vigor of their patriotic sentiment than by their technical qualities. Works : Chants du Soldat, 1872 ; Nouveaux Chants du Notes. 363 Soldat, 1875 ; Marches et Sonneries, 1881 ; Refrains mili- tairef, 1888 ; Chants du Paysan, 1894. For reference : G. Larroumet, Etudes de litte'rature et d" art. vol. iii. 296. Le bon gite. From Nouveaux Chants du Soldat. * GEORGES BOUTELLEAU. 1846. He has won the attention of the smaller public of men of letters by the finish and delicacy of the short poems, which justify the titles of the volumes in which they have been collected by suggesting the art of the miniature painter and the worker in stained glass. Works : Po ernes en miniature, 1881 ; le Vitrail, 1887 ; les Cimes, 1893. 297. Le Colibri. From Poemes en miniature. 298. Les Deux Ombres. From le Vitrail. LOUIS TIERCELIN. 1849. His work is distinguished by sentiment that is usually pure and sweet, sometimes deep and tender. Works : Les Asphodeles, 1873 ; /' Oasis, 1880 ; les Anniver- saires, 1887 ; les Cloches, 1891 ; Sur la Harpe, 1897. Le petit enfant. From V Oasis. For the form of 298 the triolet see the remarks on versification. GUY DE MAUPASSANT. 1850-1893. This famous master of the short story began his literary career, like Daudet, Theuriet, and Bourget, with a volume of verse, Des Vers, 1880. 364 Notes. PAUL BOURGET. 1852. Like Maupassant, he early forsook poetry for the novel, and for literary criticism. His verse, like his prose, is the work of a psychologist, who observes and analyzes his own experiences. He is never so far possessed by his emotion as to cease to inspect it curiously. In the restlessness of his spirit, the unsettled currents of his moral atmosphere, his doubts and longings, he represents a large fraction of his generation. Works : La Vie inquiete, 1874 ; Edel, 1878 ; les Aveux, 1882 ; collected in two volumes with the title Poesies, 18&5-87. For reference : J. Lemaitre, les Contemporains, vol. ii, 1887; A. N. van Daell, Extraits choisis des ceuvres de Paul Bourget, Boston, 1894 (introduction and lettre autobiogra- phique). Pr^TERITA is from la Vie inquiete ; the other poems 302 here given are from les Aveux. 13, 14 ; the second of November, jour des Trepasses , is in the church calendar the day of the special commemoration of the dead. ABEL HERMANT. 1862. Another who seems to have been won from poetry to the novel, in which field he has achieved some striking suc- cesses. His one volume of verse is les Me'pris, 1883. See G. Pellissier, Nouveaux essais de litte'rature contemporaine, 1895. 305. L'Etoile. 17. le Chaldeen ; see St. Matthew ii, 1-11. INDEX BY AUTHORS AND TITLES. PAGE Ackermann, Madame Louise (1813-1890). L' Homme 187 Agoult, Sophie de Flavigny, comtesse d' (1806-18 76). L'Adieu. 139 Arnault, Antoine-Vincent (1 766-1 834). La Feuille 38 Arvers, Felix (1806-1851). Un Secret 140 Aubigne', Th^odore-Agrippa d' (1550-1630). L'Hyver 15 Banville, Theodore de (1823-1891). La Chanson de ma mie 234 A Adolphe Gaiffe 235 Ballade des pendus 235 Barbier, Henri- Auguste (1 805-1 882). L'Idole 138 Baudelaire, Pierre-Charles (1S21-1867). Le Guignon. 219 La Vie anterieure 219 La Beaute 220 La Cloche f elee 220 Spleen 221 Le Gout du neant 222 La Ration 222 365 366 Index by Authors and Titles. PAGE Le Coucher du soleil romantique 223 Hymne 223 La Mort des pauvres - 224. L'Homme et la mer 225 Beranger, Pierre- Jean de (1780-18 5 7). Le Roi d'Yvetot 43 Le Vilain 45 Mon Habit 46 Les Etoiles qui filent 48 Les Souvenirs du peuple 50 Les Fous 52 Bergerat, Auguste-Emile (1845- ). Paroles dorees 291 Bertaut, Jean (15 5 2-1 611). Chanson. " Les Cieux inexorables " 16 Bornier, Vicomte Henri de (1825- ). Resignons-nous 236 Bourget, Paul (1852- ). Praeterita 302 Romance. " Pourquoi cet amour insense " 302 Depart • 303 Nuit d'ete 304 Epilogue .... 304 Boutelleau, Georges (1846- ). Le Colibri , 297 Les Deux ombres — 298 Brizeux, Auguste (1805-1858). Le Livre blanc 137 Cazalis, Henri (1840- ). La Bete 268 Reminiscences 269 Index by Authors and Titles. 367 PAGE Charles d'Orleans (1391-1465). Ballade. " Nouvelles ont couru en France " I Rondel. " Laissez-moy penser a mon aise " 2 Rondel. " Le temps a laissie son manteau " 2 Rondel. " Les fourriers d'Este sont venus " 3 Rondel. "Dieu! qu'il la fait bon regarder " 3 Chateaubriand Francois-Rene de (1 768-1 848). Le Montagnard exile 39 Chenier, Marie-Andr6 de (1762-1794). La Jeune captive 33 Iambes 35 Ch6nier, Marie- Joseph de (1 764-181 1). Le Chant du depart 36 Coppee, Frangois (1842- ). Juin 271 L'Horoscope 272 L'Attente 273 Chanson d'exil 275 Romance. " Quand vous me montrez une rose ". . . 276 Lied 276 Etoiles filantes 277 A un Elegiaque 277 Daudet, Alphonse (1 840-1 897). Aux Petits enfants 266 L'Oiseau bleu 268 Deroulede, Paul (1846- ). Le Bon gite 296 Dlsaugiers, Marie-Antoine-Madeleine (1772-1827). Moralite 40 Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859). S'il avait su 56 Les Roses de Saadi 57 Le Premier amour 57 368 Index by Authors and Titles. PAGE Du Bellay, Joachim (15 2 5-1 5 60). L'Ideal 13 L' Amour du clocher 14 D'un Vanneur de bled aux vents 14 Dupont, Pierre (1821-1870). La Veronique 225 Les Bceufs. • . = 227 Le Chant des ouvriers 229 Le Repos du soir 230 Fabie, Francois- Joseph (1846- ). Les Genets 293 Frank, Felix (1837- ). " C'etait un vieux logis " 243 Fremine, Charles (1841- ). Retour 270 Gautier, Th^ophile (1811-1872). Voyage 177 Tombee du jour 179 Noel 180 Fumee 180 Choc de cavaliers 181 Les Colombes 182 Lamento 182 Tristesse 183 La Caravane 184 Plaintive tourterelle 185 Premier sourire du printemps 186 L'Aveugle 187 La Source 188 Le Merle 189 L' Art 190 Gerard de Nerval (1808-1855). Fantaisie 140 Vers dores 141 Index by Authors and Titles. 369 PAGE Gilbert, Nicolas- Joseph-Laurent (1751-1780). Adieux a la vie 29 Glatigny, Albert (1 839-1 873). Ballade des Enfants sans souci 247 Heredia, Jose-Maria de (1842- ). Antoine et Cleopatre 278 Les Conquerants 280 Hermant, Abel (1862- ). L'Etoile . . 305 Hugo, Victor-Marie (1802-1885). Les D jinns 95 Attente 99 Extase 100 " Lorsque 1'enfant parait " 100 " Dans l'alcove sombre " 102 Nouvelle chanson sur un vieil air 105 Autre chanson 105 " Puisqu'ici-bas toute ame " 106 Oceano nox 108 Nuits de juin no " La Tombe dit a la rose " no Tristesse d'Olympio no " A quoi bon entendre " 116 Chanson. " Si vous n'avez rien a me dire" 117 " Quand nous habitions tous ensemble " 118 "O souvenirs! printemps! aurore"! 119 " Demain, des l'aube " . . 121 Veni, vidi, vixi 122 Le Chant de ceux qui s'en vont sur mer 123 Luna 124 Le Chasseur noir 125 Lux . s 128 Ultima verba 129 Chanson. " Proscrit, regarde les roses " 130 37o Index by Authors and Titles. PAGE Exil 131 Saison des semailles 132 Un Hymne harmonieux 133 Promenades dans les rochers 134 Lafenestre, Georges (1837- ). L'Ebauche 240 Le Plongeur 242 Lamartine, Alphonse Marie-Louis de (1 790-1869). Le Lac 58 L'Automne 60 Le Soir 61 Le Vallon 63 L'Isolement 65 Le Crucifix 67 Adieu a Graziella 70 Les Preludes 71 Hymne de l'enfant a son reveil 73 Le Premier regret 76 Stances 81 Les Revolutions 83 Laprade, Pierre-Marin-Victor Richard de (18 12-1883). A un grand Arbre 192 Beatrix 195 Le Droit d'ainesse 195 Leconte de Lisle, Charles-Marie-Rene (18 18-1894). Les Montreurs 199 Midi 199 Nox > 201 L'Ecclesiaste 201 La Verandah 202 Les Elf es 203 Les Elephants 205 La Chute des Etoiles 207 Mille ans apres 208 Index by Authors and Titles. 371 PAGE Le Soir d'une bataille 209 In Excelsis 211 Requies , 211 Dans le ciel clair 212 La Lampe du ciel 214 " Si l'Aurore" 215 Le Manchy 216 " Le frais matin dorait " 217 Tre fila d'oro 218 Lemoyne, Camille-Andre' (1822- ). Chanson marine 232 Un Fleuve a la mer 233 Malherbe, Francois de (15 5 5-1628). Consolation a Monsieur du Perier 20 Chanson. " lis s'en vont, ces rois de ma vie ". • . . 23 Paraphrase du Psaume CXLV 24 Marot, Clement (1496-1544). Rondeau. " Au bon vieulx temps " 6 Maupassant, Henri-Rene- Albert-Guy de (18 50-1 893). Decouverte 299 L'Oiseleur 300 Millevoye, Charles-Hubert (1782-1816). La Chute des feuilles 54 Moreau, H6gesippe (1810-1838). La Fermiere 141 Musset, Louis-Charles-Alfred de (1810-1857). Au Lecteur 143 Stances 144 La Nuit de mai 145 La Nuit de decembre 151 Stances a la Malibran 159 Chanson de Barberine 164 Chanson de Fortunio 165 37 2 Index by Authors and Titles, PAGE Tristesse 166 Rappelle-toi 166 Souvenir 167 Sur une Morte 174 A M. Victor Hugo 175 Adieu, Suzon 175 Nodier, Charles-Emmanuel (1 780-1 844). La Jeune fille 41 Le Buisson 42 Parny, Evariste-Desire' Desforges de (17 5 3-1 8 14). Sur la Mort d'une jeune Fille 28 Racine, Jean (1639-1699). Choeur d 'Esther 25 R^gnier, Mathurin (1573-1613). Ode. " Jamais ne pourray-je bannir " 18 Ronsard, Pierre de (1 524-1 581). A Cassandre 7 Chanson. " Pour boire dessus l'herbe tendre ".. . . 7 Sonnet. A Helene 8 Elegie. " Quand je suis vingt ou trente mois ". . .. 9 Dieu vous garde 10 A un Aubespin II Elegie contre les bucherons de la f oret de Gastine . . 12 Rouget de PIsle, Claude- Joseph (1 760-1836). La Marseillaise ' 30 Rousseau, Jean-Baptiste (1670-1741). Ode a la Fortune 26 Silvestre, Paul-Armand (1837- ). Le Pelerinage 245 Sully-Prudhomme, Rene-Francois-Armand (1839- ). Les Chaines 248 Le Vase brise 248 Index by Authors and Titles. 373 PAGE A l'Hirondelle 249 Ici-bas 250 Intus 250 Les Yeux 251 L'Ideal 252 Separation 252 Qui peut dire 253 Le Lever du soleil 254 A un Desespere 255 Les Danaides 257 Un Songe 257 Le Rendez-vous 258 La Voie lactee 258 Repentir 259 Ce qui dure 262 Les Infideles 263 Les Amours terrestres 263 L' Alphabet 264 " Nous prosperons " 265 Le Complice 265 Theuriet, Andre (1833- ). Brunette 237 Les Paysans 238 Tiercelin, Louis (1849- ). Le Petit enfant 298 Verlaine, Paul (1 844-1 896). Colloque sentimental 280 ' ' Puisque l'aube grandit " 281 " La lune blanche " 282 " II pleure dans mon cceur " 283 " II faut, voyez-vous " 283 " Dans l'interminable " 284 " Ecoutez la chanson bien douce " 284 " Un grand sommeil noir " 285 374 Index by Authors and Titles. PAGE " Le ciel est, par-dessus le toit " 286 " Je ne sais pourquoi " 286 " Vous voila, vous voila, pauvres bonnes pensees". 287 Art poetique . 288 Un Veuf parle 289 Paraboles 290 Vigny, Alfred-Victor, comte de (1 797-1 863). Le Cor 86 La Bouteille a la mer 89 Villon, Frangois (1431-14??). Ballade des Dames du temps jadis 4 Lay ou plustost Rondeau 5 " Je connais tout fors que moi-meme " 5 INDEX OF FIRST LINES. PAGE Accoude sur le bastingage 303 Adieu ! mot qu'une larme humecte sur la levre 70 Adieu, patrie 123 Adieu, Suzon, ma rose blonde 175 Ainsi, toujours pousses vers de nouveaux rivages 58 A la tres chere, a la tres belle 223 Allons, enfants de la patrie 30 Amour a la fermiere ! elle est 141 Apres vingt ans d'exil, de cet exil impie 245 A quoi bon entendre 116 Au bon vieulx temps un train d'amour regnait 6 Au bout du vieux canal plein de mats, juste en face. . . 273 Au tintement de l'eau dans les porphyres roux 202 Au travers de la vitre blanche 177 Aux etoiles j'ai dit un soir 258 A vous, trouppe legere 14 Avril est de retour 183 Beau chevalier qui partez pour la guerre. 164 Bel aubespin verdissant 11 Berger, tu dis que notre etoile 48 Bleus ou noirs, tous aimes, tous beaux 251 Bonne vieille, que fais-tu la 296 Ce livre est toute ma jeunesse 143 C'est la mort qui console, helas ! et qui fait vivre 224 C'est la saison des avalanches 236 375 376 Index of First Lines. PAGE C'est le moment crepusculaire. 132 C'etait un vieux logis, dans une etroite rue 243 Combien j'ai douce souvenance 39 Comme un agonisant cache, les levres blanches 240 Comme un marin hardi que la cloche aux flancs lourds. 242 Comme un morne exile, loin de ceux que j'aimais 211 Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal 280 Courage, 6 faible enfant de qui ma solitude 89 Couronnes de thym et de marjolaine 203 Dans cette vie ou nous ne sommes. . . 271 Dans l'alcove sombre 102 Dans le ciel clair raye par l'hirondelle alerte 212 Dans les nuits d'automne, errant par la ville 277 Dans le vieux pare solitaire et glace 280 Dans l'interminable ... 284 De la depouille de nos bois 54 De la musique avant toute chose 288 Demain, des l'aube, a l'heure ou blanchit la campagne. 121 De ta tige detachee 38 Deux ombres cheminaient dans une etroite allee 298 Deux voix s'elevent tour a tour 250 Dictes-moy ou, n'en quel pays 4 Dieu fait triompher l'innocence 25 Dieu ! qu'il la fait bon regarder 3 Dieu vous gard, messagers fidelles 10 Du temps que j'etais ecolier 151 Ecoutez la chanson bien douce 284 Elle etait belle, si la nuit 174 Elle etait bien jolie, au matin, sans atours 41 Enfants de la folie 40 Enfants d'un jour, 6 nouveau-nes 266 Escoute, bucheron, arreste un peu le bras 12 Et j'ai dit dans mon cceur : " Que faire de la vie " 81 Index of First Lines . 377 PAGE Fortune dont la main couronne 26 Gloire au coeur temeraire epris de l'impossible 195 He quoi ! j'entends que Ton critique 45 Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage. . . 14 Hier il m'a semble (sans doute j'etais ivre). 181 Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant 141 Homme libre, toujours tu cheriras la mer 225 ci-bas tous les lilas meurent 250 est amer et doux, pendant les nuits d'hiver 220 est tard ; l'astronome aux veilles obstinees 258 est un air pour qui je donnerais 140 etait un roi d'Yvetot 43 faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses. 175 faut, voyez-vous, nous pardonner les choses 283 git au fond de quelque armoire 264 jouait, le petit enfant 298 pleure dans mon cceur 283 s s'en vont, ces rois de ma vie 23 s vont pieds nus le plus souvent. L'hiver 247 ai bien assez vecu, puisque dans mes douleurs 122 ai bon cceur, je ne veux a nul etre aucun mal 265 ai dans mon cceur un oiseau bleu 268 ai deux grands bceufs dans mon etable 227 ai longtemps habite sous de vastes portiques 219 aimais froidement ma patrie 259 aime le son du cor, le soir, au fond des bois 86 ai perdu ma force et ma vie 166 ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans 221 ai repose mon cceur avec tranquillite 291 ai revele mon cceur au Dieu de l'innocence 29 ai voulu ce matin te rapporter des roses 57 37 8 Index of First Lines. PAGE J'ai voulu tout aimer, et je suis malheureux 248 J'ai vu pass-er aux pays froids 297 Jamais ne pourray-je bannir 18 Je congnois bien mouches en laict 5 Je ne devais pas vous le dire 252 Je ne sais pourquoi 286 J'entrais dans mes seize ans, leger de corps et d'ame. . 137 Je sens un monde en moi de confuses pensees 269 J'esperais bien pleurer, mais je croyais souffrir 167 Je suis le Chaldeen par l'etoile conduit 305 Je t'aime, en attendant mon eternelle epouse 263 J'etais enfant. J'aimais les grands combats 299 J'etais seul pres des fiots, par une nuit d'etoiles 100 Jete par le hasard sur un vieux globe infime 197 Jeune homme, qui me viens lire tes plaintes vaines.. . . 277 Jeune homme sans melancolie. ... 235 Je viens de faire un grand voyage 270 Je vois un groupe sur la mer 289 La-bas, sous les arbres, s'abrite 180 La-bas, sur la mer, comme l'hirondelle 218 La caravane humaine au Sahara du monde 184 Laissez-moy penser a mon aise 2 La lune blanche 282 La lune est grande, le ciel clair 252 L'apre rugissement de la mer pleine d'ombre 208 La tombe dit a la rose no L'aube nait et ta porte est close 105 La victoire en chantant nous ouvre la barriere 36 L'eau dans les grands lacs bleus 234 L'ecclesiaste a dit : Un chien vivant vaut mieux 201 Le choc avait ete tres rude. Les tribuns 279 Le ciel est noir, la terre est blanche 180 Le ciel est, par-dessus le toit 286 Le fantome est venu de la trentieme annee 304 Index of First Lines. 379 PAGE Le frais matin dorait de sa clarte premiere 217 Le grand soleil, plonge dans un royal ennui 254 Le jour tombait, une pale nuee 179 Le laboureur m'a dit en songe : " Fais ton pain " 257 L'epi naissant murit de la faux respecte 33 Le present se fait vide et triste 262 Le sable rouge est comme une mer sans limites 205 Les champs n'etaient pas noirs, les cieux n'etaient pas mornes , no Les cieux inexorables 16 Les deux soeurs etaient la, les bras entrelaces 272 Les fourriers d'Este sont venus 3 Les genets, doucement balances par la brise 293 Le soir ramene le silence 61 L'esprit calme des dieux habite dans les plantes 192 L'ete, lorsque le jour a fui, de fleurs couvert no Le temps a laissie son manteau 2 Le vase ou meurt cette vervaine 248 Le village s'eveille a la corne du patre 238 L'homme a, pour payer sa ranc,on 222 L'oiseleur Amour se promene 300 Lorsque l'enfant parait, le cercle de famille 100 Ma belle amie est morte 182 Marchez ! l'humanite ne vit pas d'une idee 83 Mes volages humeurs, plus sterilles que belles 15 Midi, roi des etes, epandu sur la plaine 199 Mieux que l'aigle chasseur, familier de la nue 211 Mignonne, allons voir si la rose 7 Mon ame a son secret, ma vie a son mystere 140 Mon cceur, lasse de tout, meme de l'esperance 63 Monte, ecureuil, monte au grand chene 99 Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte 222 Mort, j'appelle de ta rigueur 5 Murs, ville 95 380 Index of First Lines. PAGE N'esperons plus, mon ame, aux promesses du monde. . 24 Non, tu n'entendras pas, de ta levre trop here 139 Nos yeux se sont croises et nous nous sommes plu .... 263 Nous, dont la lampe, le matin 229 Nous prosperons ! Qu'importe aux anciens malheureux 265 Nous revenions d'un long voyage 232 Nouvelles ont couru en France 1 Novembre approche, — et c'est le mois charmant 302 O combien de marins, combien de capitaines 108 O Corse a cheveux plats ! que la France etait belle .... 138 O France, quoique tu sommeilles 124 Oh ! tant qu'on le verra troner, ce gueux, ce prince. . . . 129 On parlera de sa gloire 50 O nuit, 6 douce nuit d'ete, qui viens a nous 304 O pere qu'adore mon pere 73 O souvenirs ! printemps ! aurore ! 119 Oui, l'ceuvre sort plus belle 190 O vallons paternels ; doux champs; humble chaumiere 71 Par la chaine d'or des etoiles vives 214 Plaintive tourterelle 185 Poete, prends ton luth et me donne un baiser 145 Pour boire dessus l'herbe tendre 7 Pourquoi cet amour insense 302 Pour soulever un poids si lourd 219 Proscrit, regarde les roses 130 Puisqu'ici-bas toute ame 106 Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore 281 Quand au mouton belant la sombre boucherie 35 Quand je suis vingt ou trente mois 9 Quand les chenes, a chaque branche 225 Quand le soleil se couche horizontal 230 Quand nous habitions tous ensemble 118 Index of First Lines. 381 PAGE Quand un grand fleuve a fait trois ou quatre cents lieues 233 Quand vous me montrez une rose 276 Quand vous serez bien vieille, au soir, a la chandelle. . 8 Que diras-tu ce soir, pauvre ame solitaire 220 Que j'aime a voir dans la vallee 144 Que le soleil est beau quand tout frais il se leve 223 Qu'es-tu, passant ? le bois est sombre 125 Qui done t'a pu creer, Sphinx etrange, 6 Nature! 268 Qui peut dire : Mes yeux ont oublie l'aurore ? 253 Rappelle-toi, quand l'Aurore craintive 166 Rougissante et tete baissee 276 Salut, bois couronnes d'un reste de verdure 60 Sans doute il est trop tard pour parler encor d'elle .... 159 Si je pouvais voir, 6 patrie 131 Si l'Aurore, toujours, de ses perles arrose 215 S'il avait su quelle ame il a blessee 56 S'il est un buisson quelque part 42 S'il est un charmant gazon 105 Si nostre vie est moins qu'une journee 13 Si vous croyez que je vais dire 165 Si vous n'avez rien a me dire 117 Sois-moi fidele, 6 pauvre habit que j'aime 46 Son age echappait a l'enfance 28 Sous l'azur triomphal, au soleil qui flamboie 278 Sous un nuage frais de claire mousseline 216 Souvent sur la montagne, a l'ombre du vieux chene. ... 65 Soyez beni, Seigneur, qui m'avez fait chretien 290 Sur la pente des monts les brises apaisees 201 Sur la plage sonore ou la mer de Sorrente 76 Sur le coteau, la-bas ou sont les tombes 182 Sur ses larges bras etendus 235 382 Index of First Lines. PAGE Ta douleur, du Perier, sera done eternelle 20 Tandis qu'a leurs oeuvres perverses 186 Tel qu'un morne animal, meurtri, plein de poussiere. . . 199 Tels que la haute mer contre les durs rivages 209 Temps futurs ! visions sublimes ! 128 Te voila fort et grand garcon 195 Toi que j'ai recueilli sur sa bouche expirante 67 Toi qui peux monter solitaire 249 Tombez, 6 perles denouees 207 Tous deux, ils regardaient, de la haute terrasse 279 Toutes, portant 1'amphore, une main sur la hanche. . . . 257 Tout pres du lac filtre une source 188 Triste exile, qu'il te souvienne * 275 Tu veux toi-meme ouvrir ta tombe 255 Un aveugle au coin d'une borne 187 Un grand sommeil noir 285 Un hymne harmonieux sort des feuilles du tremble 133 Un oiseau siffle dans les branches 189 Un tourbillon d'ecume, au centre de la baie 134 Vieux soldats de plomb que nous sommes 52 Voici qu'avril est de retour 237 Vous souvient-il de cette jeune amie 57 Vous voila, vous voila, pauvres bonnes pensees 287 July, 1898, FRENCH TEXTBOOKS PUBLISHED BY HENRY HOLT & CO., NEW YORK. 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Roland, Balzac, George Sand, Coppee, etc. i6mo. 290 pp 1 oc Former's Histoire de la Litterature Fran9aise. A Compact and Com- prehensive Account, up to the present day. i6mo. 362 pp. 1 00 Pylodet's La Litterature Francaise Classique. Biographical and Crit- ical. Langue d'CEil, Abailard, H^loise, Fabliaux, Mysteres, Joinville, Froissart, Villon, Rabelais, Montaigne, Ronsard, Richelieu, Corneille, etc. i2mo. 393 pp 130 Theatre Francaise Classique. From the above. 114 pp. Paper 2c La Litterature Francaise Contemporaine. XlX^Siecle. Prose or Verse from 100 authors, including About, Augier, Bal- zac, BeYanger, Chateaubriand, Cherbuliez, Gautier, Hugo, Lamartine, Merim^e, De Musset, Sainte-Beuve, Sand, Sardou, Mme. de Stael, Taine, Toepfer, De Vigny. With selected biographical and literary notices. 12010. 310 pp.. 1 xo See also Choix des Contes under Texts. TEXTS. About. See Choix des Contes. Achard's Clos Pommier. A dramatic tale. 206 pp. Paper.... 25 ffisop's Fables. In French, with Vocab. 237 pp '.'./.. 50 Balzac's Eugenie Grandet. (Bergeron.) With portrait. 300 pp 8c Le Cure* de Tours. (Warren.) Includes also Les Proscrits, El Verdugo, Z. Marcas, and La Messe de PAthee. xiv -f- 267 PP 75 Ursule Mirouet. (Owen-Paget.) Notes only. 54 pp. Paper.. 30 Bayard et Lemoine's Le Niaise de Saint-Flour. Modern Comedy. 38 pp. Paper 20 B^dolliere's Mere Michel et son Chat. With vocabulary. 138 pp. (Cl.,6octs.) Paper... 30 Bishop's Choy-Suzanne. A French version of his California story edited by himself. 64 pp. Boards 30 Carraud's Les Gouters de la Grand'mere. With list of difficult phrases. See Segur. 95 pp. Paper 20 Chateaubriand, Aventures du dernier Abenc^rage and Selections from Atala, Voyage en AmeYique, etc. (Sanderson.) 90 pp. Boards 35 Choix de Contes Contemporains. (O'Connor.) Stories by Daudet (5), Coppee (3), About (3), Gautier (2), De Musset (1). 300 pp 70 Price net. Postage % per cent additional. Descriptive List free, 3 Henry Holt S- Co/s French Text-Books, „,...... N£ T PRICE Clairvxlle's Les Petites Miseres de la Vie Humaine. Modern Comedy. .. n 35PP- Paper $o ao Coppee s On Rend l'Argent. School Edition. (Bronson.) A novel of modern Paris, full of local color. Illustrated. xiv-fi84pp. 60 Coppee et Maupassant, Tales. (Cameron.) Authorized edition with portraits. Includes Coppee's Morceau de Pain, Deux Pitres, Un Vieux de la Vieille, Le Remplacant, etc., and Maupas- sant's La "eur, La Main, Garcon, un bock, Les Idees du Colonel, etc. xlviii -f 188 pp 7 ^ Corneilie s Le Cid. New Edition. (Joynes.) 114 pp. Boards .... 20 Cinna. (Joynes.) 87 pp. Boards 20 Horace. (Delbos.) 78 pp. Boards 20 Daudet, Contes de. Eighteen stories, including La Belle Nivernaise. (Cameron.) With portrait. 321 pp 8c La Belle Nivernaise. (Cameron.) 79 pp. Bds 25 Du Deffand (Mme.). Eleven Letters. See Walter 75 Erckmann-Chatrian, Le Consent de 1813. (Boeder.) Vocab. 304 pp. 55 Contes Fantastiques. (Joynes.) Madame Therese. (Bocher.) With vocabulary. 270 pp 55 Le Blocus. (Bocher.) 258 pp. Paper 48 Fallet's Princes de TArt. 334 pp. (CI., $1.00.) Paper . 52 Feuillet's Roman d'un Jeune Homme Pauvre. Novel. (Owen.) With vocabulary. 289 pp 55 Roman d'un Jeune Homme Pauvre. Play. (Bocher.) 100 pp. Boards : 20 Le Village. Modern Play. 34 pp. Paper 20 FeVr I's Chouans et Bleus. (Sankey.) 188 pp. (CI., 80 cts.) Paper 40 Fleury's L'Histoire de France. For Children. 372 pp 1 to Foa's Contes Biographiques. With vocabulary. 189 pp. (CI., 80 cts.) Paper 40 Petit Robinson de Paris. With vocabulary. 166 pp. (CI., 70 cts.) Paper 36 De Gaulle's Le Bracelet, bound with Mme. De M.'s La Petite Maman. Plays for Children. 38 pp. Paper 20 De Girardin's La Joie Fait Peur. Modern Play. (Bocher.) 46 pp. Paper. 20 Halevy's L'Abbe" Constantin. (Super.) With vocabulary. Boards 40 History. See Fleury, Lacombe, Taine, Thiers. The publishers issue a French History in English by Miss Yonge 80 Hugo's Hernani. Tragedy. (Harper.) 126 pp 70 Ruy Bias. Trag-edy. (Michaels.) 117 pp. Bds 40 Selections. (Warren.) Gringoire in the Court of Miracles, A Man Lost Overboard. Waterloo, Pursuit of Jean Valjean and Cosette, etc., and 14 Poems. With Portrait. 244 pp 70 Trevailleurs de la Mer. (Owen-Paget.) Notes only. 238 pp. Paper 3 , ,. .... 80 De Janon's Recueil de Poe"sies. 186 pp 80 Labiche ret Delacour), La Cagnotte. Comedy. 83 pp. Paper 20 (et Delacour), Les Petits Oiseaux. Modern Comedy. (BScher.) 70pp. Paper .....* 20 (et Martin), La Poudre aux Yeux. Modem Comedy. (B6cher.) 59 pp. {With vocabulary ', 30 cts., net.) 20 Lacombe's Petite Histoire du Peuple Francais. (Bue.) 212 pp 60 La Fontaine's Fables Choisies. (Delbos.) Boards \o Leclerq's Trois Proverbes. Three Little Coviedies. Paper so Literature, Compends and Histories of. See separate heading. Prices net. Postage 8 per cent additional. Descriptive List /ret* Henry Holt &- Co.'s French Text-Books. NET PRICE Loti, Selections. (Cameron.) Authorized Ed. Viande de boucherie, Chagrin d'un vieux forcat, and Selections, often a chapter in length, from Manage de Loti, Roman d'un Spahi, Mon Frere Yves, Pecheur d'Islande, Mme. Chrysantheme, etc. With por- trait. Ixii + 185 pp $0 70 Mack's Bouchee de Pain. (L'Homme.) With vocabulary. 260 pp. (CI., $1.00.) Paper , 52 De Maistre's Voyage Autour de ma Chambre. 117 pp. Paper........ 28 Les Prisonniers du Caucase, bound with Achard's Clos Pommier. 2o6-f-i38pp , .-., 70 De Maintenon. 13 Letters. See Walter 75 Maupassant. See Coppee and Maupassant. Mazere's Le Collier de Perles. Comedy. With vocab. 56 pp 20 MeYimee's Colomba. (Cameron.) Story of a Corsican Vendetta. Vocab. by Otis G. Bunnell and a portrait, xxiv + 2 7o pp. 50 Moliere's L'Avare. (Joynes.) 132 pp. Boards...,. 20 Le Bourgeois Gentilhomme. (Delbos.) Paper 20 Le Misanthrope. New Ed. (Joynes.) 130 pp. Bds.. 20 Musiciens Ce'lebres. 271pp. Paper.... .... 52 De Musset's Merle Blanc. (Williams and Cointat.) 50 pp. Bds 30 Un Caprice. Comedy. 56pp. Paper 20 De Neuville's Trois Comedies pour Jeunes Filles. 134 pp. Paper, 35 Ohnef s La Filie du Depute. (Beck.) A Novel of Political Life in Paris to-day by the author of Le Maitre de Forges, x + 176 pp . . . . 50 Owen-Paget. Annotations. See Balzac, Feuillet, Hugo, Sand, Vigny, Poems, French and German, for Memorizing. (N. Y. Regents' Re- quirements.) 30 in each language, with music to eight of the German poems. 92 pp. Boards 20 See also Hugo Selections, De Janon, and Pylodet. Porchafs Trois Mois sous la Neige. Journal of a young man in the Jura mountains. 160 pp. (CI., 70 cts.) Paper 32 Pressense^s Rosa. With vocabulary by L. Pylodet. A classic for girls. 285 pp. (CI., $1.00.) Paper „ 52 Pylodet's Gouttes de Rosde. Petit Tre'sor poe'tique des Jeunes Per- sonnes. 188 pp , 50 La Mere l'Oie. Podsies, Enigmes, Chansons, et Rondes Enfantines. Illustrated. 80 pp. Boards....... 40 Racine's Athalie. New Ed. (Joynes.) 117 pp. Bds 20 Esther. (Joynes.) 66 pp. Boards , 20 Les Plaideurs. (Delbos.) 80pp. Boards 20 Saint-Germain's Pour une Epingle. Suitable for old and young. With vocabulary, 174 pp. (CI., 75 cts.) Paper 36 Ste.-Beuve. Seven of the Causeries du Landh (Harper.) Qu'est-ce- qu'un classique, Grande Epoque de la Prose, Pensees de Pascal, La Fontaine, M^moires de Saint-Simon, Mme. de Maintenon, La Duchesse de Bourgogne. H + 176PP... 75 Ste.-Pierre's Paul et Virginie. (Kuhns.) An edition of this great classic, with full notes. Suitable alike for beginners and for college classes. x-f-i6opp 50 Sand's Petite Fadette. (Bocher.) 205 pp , ,.. 65 La Mare au Diable. (Joynes.) Vocab. xix -f- 122 pp... 40 Marianne. (Henckels.) 90 pp. Paper. 30 Bandeau's La Maison de Penarvan. A comedy of the Revolution. (BScher.) 72 pp. Boards. 20 Mile, de la Seigliere. Drama. (Bocher.) 99 pp. Boards.. 20 Scribe's Les Doigts de F^e. Comedy. (Bocher.) Boards 20 (et M&esville) Valerie. Drama. (Bocher.) Vocab. 39 pp... 20 (et Legouve), Bataille de Dames. Comedy. (Bocher.) 81 pp. Bds. 20 s Henry Holt &- Co.'s French Text-Books. S6vign6. soLetters. See Walter NE? jf" Segur's Les Petites Filles Modeles, bound with Carraud's Les Gouten de la Grand'mere. With List of difficult phrases. 98 -f 95 pp. See Carraud 8 a Les Petites Filles Modeles. 98 pp. Paper 24 Siraudin's (et Thiboust) Les Femmes qui Pleurent ("Weeping Wives.")'. Modern Comedy. 28 pp. Paper ac Souvestre's La Loterie de Francfort, with Curo's La Jeune Savante. Comedies for Children. 47 pp. Boards ao Un Philosophe sous les Toits. With table of difficulties. 137 pp. (CI., 60 cts.) Paper a8 Le Testament de Mme. Patural, with Drohojowska's La Demoiselle de St. Cyr. Plays for Children. 54 po. Eoards ". 2 o fca Vieille Cousine, bound with Les Ricochets. Plays for . . Children. 52 pp. Paper ao Taine's Les Origines de la France Contemporaine. (Edgren.) Extracts. With portrait. 157 pp. Boards 5o Thiers' Expedition de Bonaparte en Egypte. (Edgren.) With portrait. ix + 130 pp. Boards 35 Toepffer's Bibliotheque de Mon Oncle. 50 Vacquerie's Jean Baudry. Play. (Bocher.) Paper ao Verconsin's C'etait Gertrude. En Wagon. Two of the best modern comedies for amateurs. Boards 30 Verne's Michel Strogoff. (Lewis.) Abridged. A tale of the Tartar rebellion. With portrait. 129 pp 70 De Vigny's Cinq Mars. (Owen-Paget.) Notes only. Paper 50 Walter's Classic French Letters. Voltaire, Mmes. de Sevigne\ Main- tenon, et Du Deffand. (Walter.) 230pp. 75 Zola Selections. (Cameron.) Prices net. Postage 8 per cent additional. Descriptive List free. Books Translated from the French. Prices retail. Carriage prepaid. See Miscellaneous Catalogue. About's The Man with the Broken Ear Ji 00 The Notary's Nose 100 Bacourt's Souvenirs of a Diplomat (in America, uhde-r Van Buren, etc.). 1 50 Bazin's Italians of To-day 1 25 Berlioz : Selections from Letters and Writing? 2 00 Chevrillon's In India. Impressions of Travel 150 Chanson de Roland ! 125 Gavard's A Diplomat in London (i87i-;877).. .. .. i 25 Guerin's Journal. With Essays by Matthew Arnold and Ste-Beuve 1 25 Guyau's Non-religion of the Future . . 300 Rousselet's Ralph, the Drummer hoy * 5° ?.te-Beuve's English Portraits. 2 00 Taine's Works. Library Edit-on 1 3 vols .Each 250 The Pyrenees. Ill'd oy Dore*. (Full morocco, $20.00.) 1000 English Literature. With 28 portraits. Gilt tops. 4 vols, in box. 7 30 English Literature. Abridged by John Fiske. 1 Vol..... ...net 14° Deacidified using the Bookkeeper process. Neutralizing agent: Magnesium Oxide Treatment Date: Jan. 2008 PreservationTechnologies A WORLD LEADER IN COLLECTIONS PRESERVATION 111 Thomson Park Drive Cranberry Township, PA 1 6066 (724)779-2111 raifiwH m Sam m H