VIE POLITIQUE DE Ms *#***■*#* Ex —Metnbre de la Chambre d As semblee du B C &c &c &c Ecrite par lui merne a la sollicitation de Mr son Frere et a lui adressee par l Auteur sous le titre modeste DE Confidences d’un Frere a fon Frere, on Dix annees de mes erreurs passe es; avec cette epigraphe : ioique je ne craignifle pas beaucoup ses talens, cependant mon caractere fou- gueux me porta a chercher le moyen de le perdre. L’execution de ce plan devenoit d’autant plus dirfici- le, qu il etoit parent du Seigneur de la principale partie du Comte, et qu’il regnoit une bien bonne in- telligence entr’eux. Neanmoins, je crus devoir our* dir ma trame pour les diviser ; elle reussit au dela de mes esperan:es. Je representai le jeune homme a son parent, comme etant extremement ambitieux et visant a le fupplanter dans Fopinion publique : ce qui^ causa a ce dernier beaucoup de craintes, et lc porta a voir lc jeune homme d’un oeil jaloux. Tu penses ( 10 ) penses bien que pour appuyer de fcmblables chefs cTaccusation, je ne fus point avare de calumnies. Des ce moment la, ils furent toujour en inimitie et en opposition, jusqu’a la n ort de celui qui eloit dupe de mes intrigues. Je dois te dire, chemin faisant, qua travers toutes ces r. enees, je ne perdois point de vue mon objet principal, qui etoit mon avancement. Sous chaque Gouverneur jai fait des tentauves, aussi indirecte- meat que poflible, pour tacher de m’initier dans fes bonnes graces et de partager ses faveurs, que je pre- ferois infiniment a celles du peupie. J’ai meme — du temps du Chevalier Milnes — ouvertement fait application, a dcssein de lui donner a entendre ce qu'il pouvoit esperer de moi, pour avoir un rang un peueleve dans lamilice. Quoiquecela ne futpas grand chose, on me le refusa ; tant il est vrai qu’aupresdes gens cn autorite alors, je ne jouissois pas plus de consi- deration que je n’en merite actuellement ! Je refolus de m'en venger. En effet, j’ai beaucoup entrave son administration foible et peu eclairee ; mais il n’est rien arrive durant son administration de grande im- portance ; e'est pourquoi je palle rapidement par deffus, pour me rendre a l’epoque la plus intereffante de ma vie. Je veux parler du Chevalier Craig, homme fier et vain, qui gouvernoit la province comme un favori et un grand Seigneur orgueilleux et audacieux, et non comme un homme d’etat, qui met tous ses soins a unir et a rendre heureux tous ceux qui font sous son gouvernement ; et furtout a ne heurter point les autorites conftituees : mais il pen- soit que tout devoil ceder a la superiorite de fon ca- ractere. Enivre de cette id6e, il se laifl'a aller a.fort penchant nature] , qui le portoit a faire des coups de theatre, theatre, et fon autorite eprouva un grand dechet paa* le creusetou il la mit lui meme, en voulant lui don- ner trop de poids et trop d’eclat. Peut-etre etoit-il la dupe de quelques efprits delies, qui, degages des prejuges de leur parti, se fervent des erreurs et de la vanite des Grands pour les gou erner. C'est bien, pour le dire en paiTant, ce que je faisois avec beaucoup de fiicces parmi les petits. II sembloit que le Che- valier Craig prit a tache de revolter tons les esprits sages et eclaires contre son administration ; car, au lieu de menager la Chambre d'ATemblee, dans des circonftances aussi delicates que celles danslesquelles il se trpuvoit, il s’amusa a dilToudrele Parlement fan$ aucune raison apparente ; i faire des reflexions a r meres contre une certaine partie des Membres de la Chambre, avec autant de violence que peu de discer- nement, et des complimens a Pautxe partie. Tu me pardon neras cette digression, qui, quoiqu'et ran- ge re a mon fujet, de ye no it eflfentielle pour te rnettre a meme de mieux juger des faits, Jefisfousle Chevalier Craig, comme j'avois fait sous son predecesseur, des tentatives indirectes avcc beaucoup de dissimulation pour meriter sa bonne o- pinion ; mais toujours cependant au dehors preten- dant vouloir foutehir les droits du peuple, afin delui inspirer descraintes. Il etoit au fait de mes intri- gues ; il me traita avec le plus fouverain tnepris ; if rejetta mes ofFres et reijut avec dedain mes demandes. Je vis bien vite que je n’avois point de management u obferver dans ma conduite, et que je devois criailler et clabauder contre fon administration : ce que je fis efFectivement avec toute la turbulence dont je stii$ capable. J'cmbraflai le parti de Popposition dans lar Cliambrc avcc d’autant plus de chaleur, que j'avois- tnteret ( 1 * ) interet de detruiredans (’esprit de son chef, homme vrai et jufte, l’impression que mes follicitations y a- voient precedemment faite N’ayant pas aflez de genie pour pouvoir me flatter de jouer meme un role fecondaire dans la ^hambre, je fis offre de mes fer- viccs an chef de Topposition, en lui difant : — “vons connoiflez rr.on audace et vous favez que je puis de benucoup d’influence dan le Comite de la pipe, lieu ou presqne toutes les queflions fe decident ; faites les motions ; je me fais fort de les prefenter dans la Chambre, et de. les foutenir avec acharnement cnvers et contre tous.”— Quoiqu’il n’eut pas de confiance en moi, il ne refusa point cependant mes offres de fer- vice ; il se fervit de moi dans toutes les occasions ou sa fagefleet fon discernement ne lui permirent pasde se montrer ouvertement. Je donnai si bien efTor a mon caractere hainetix et jaloux, que je meritai, dans un Papier public qui se publioit alors, le fur- nom d 'Antichrist. Ce nom d'Antechrist fefoit beau- coup de bruit dans la campagne; ce qui me porta a en donner l’explication a plusieurs honnetes cultiva- teurs qui me demandoient ce que cela vouloit dire. Tu sais que ma maximeest qu’il faut tirer parti de tout. Je leurdis done ; ue le mot & Antechrist, en langue favante, vouloit dire — V ami du peuple et Vemie- mi de taute tirannie. Il refulta de ce nom ridicule des effets les plus favorables a'ma popularite On alloit jusqu’a me montrer apres cela dans les chemins, quand je paflois, comme le fauveur du peuple. J etois alors au comble de ma gloire ; lorsque le Chevalier Craig, dans un de fes acces de fievre, fit fortir cette procla- mation abfurde, dont tu as fans doute entendu purler; dans laquelle, parmi bien d’autres foiies, il fit celle d'apoftiopherles habitans de mon Comte. Leshommes dont les a&ions ne font pas bien reflechies font ordi- nairement uairement intimides, lorsqti’ils croicnt decouvrir du danger, Certe, je t'avouerai franchement que je fus tourmente d une horrible peur, cette fois, et que je me croyois perdu a jamais. Mesmanieres dures et imperieuses m’avoient fait perdre 1 estime de presque tous les honnetes gens da village de St. D*. et je me trouvois cependant re- duit a la dure necessite d'implorer leur assistance, pour obtenir des affidavit tendants a prouver ma loy* aute et mon attachment, et meme s il le falloit, mon devouement a la personae du Chevalier Craig . II i) est pas necessaire de te dire que j’ai fait, dans cecas ci comme dans tous les autres, le Cameleon ; j'ai mis tout en oeuvre pour touch er ceux be qui j’avois quelque chose a craindie, en leur represcntant ma faojiiie eplo» ee et desolee,etpromettant bien sur mon bonneur de ne plus membarquer dans une semblable gaiere, si je pouvois unefpis en fortir. Apropos de Phonneur, cela me rappelle quatre beaux vers : Dans le crime il suffit qu’une fois on debute, Une chute toujours attire une autre chute: L’honneur est comme unc ileescarpee et fansbords ; On n’y peut plus rentrer des qu’on en est dehors. Toutes mes intrigues et tries follicitation, ne pu- rent pas leur faire oublier lesmauvais traitemens que je leur avois fait eprouver en differens terns ; et ils furent fourds a mes follicitations. La raifon pour la quelle le Chevalier Craig etoit si iirite contre moi c *est que j'avois apporte de Quebec, apres la derniere difTolution du Parlement, tin ecrit sign t~“Votre a . mi sincere ,” — qui contenoit des reflexions violentes contrc ( *4 ) contre fon administration et contre lui perfonnelle- ment ; et que j'avois fait tous mes efforts pour le dis- seminer 9a et la dans la campagne. Le but princi- pal de cet ecrit tendoit a demontrer aux electeurs qu’ils ne devoient pas eiire de gens en place, et qu i!s devoient toujours etre en garde contre les intrigues des minifteriels. Touten le disseminant de la forte, j’aflaisonnois la livraison de remarques patriotiques, ou je demontrois que tous ceux qui etoient amis des gens en place etoient, par cela meme, indignes de xeprefenter le peuple. Pour te convaincre que je n’ai neglige aucun des moyens qui pouvoint faire illusion et tenir les habi- tans en erreur touchant ma conduite insidieuse, je te dirai que j’allai jusqu'a dire que, si a l'avenir j etois affez foible de me deshonorer jusqu’au point d accep- ter une place electeuis devoient me baffouer, me huer et me rejetter. Mais lorsque je causois de cela avec des gens intruirs, lesquels par consequent voy- oient tres bien ou je tendois, j etois oblige de pren- dre un ton proportionne aux lumieres des personnes que je voulois leurer. Pour couper court a toute conversation, je leur disois done : — “he bien. Mes- sieurs, il arrivera peut-etre que la verite se ferajour, percera le nuage qui l’environne, et que vous recon— noitrez enfin que ce que vous appelliez durete, fero- cite, entetement et hypocrisie, etoit fermete d’ame et mepris genereux des honneurs, qu’on ne pent con- ferver que par la peite de sa sincerise et de la can- deur.”— Quoique je travaillalfe dans ce terns la meme pour avoir une place, mon amourpropre et ma vanite me fesoient esperer que je pourrois jouer le peuple, fans eprouver son ressentiment. Ah/ j’etois bien loin de penfer penser que, quatre ans apres, je serois efFectivement bafFoue, hue, et rejette Le moment approche ou je vais jouer un role bien different de celui que j’ai joue jusqu’ici. Le rappel du Chevalier Craig et Parrivee d'un nouveau Gouverneur changerent entierement la face des afFaires en cette Province. Je me promis de met- tle plus d’aftuce dans ma politique que jamais, et de faire ensorte de meriter la confiance du fuccesseur de celuiqui m’avoit fait tant trembler. On vit, apres Parrivee du Chevalier Prevqst, homme d’un esprit fage, d’une conduite mcsuree* combien le zele, le devouement, Ja consideration et la confiance dans un gouvernement dependent fouvent du caractere d’un seul homme. II tient, par une ad- ministration eclairee, douce et cependunt ferme, les sujets de sa Majeste reunis ; toutes les factions que les vices de Padministration precedente avoicnt tai t naitre — disparoissent, et la tranquillite est retablie parmi toutes lesclafFes des citoyens en cette Province. Le Chevalier Prevost afFembla son Parlement, com- me il etoit d’usage, dans Phiver. Je m'y rendis avec la ferme refolution de fouscrire a tout ce qu'il voudroit do moi, toujours cependant ta.hant de conserver les dehurs d’un bon patriote ; mais donnant a entendre adroitement a ceux qui Papprochoient, que je desi- sts jouir du fruit de mes intrigues, et renoncer au parti populaire ;-que je voyois bien que je rr/etois trompe dans ma politique. bar de femblables ouver- tures je mis dans mes interets plusieurs personnel quj s’evertuerent a me reprefent' r a Son Excellence com. me un homme de grapde influence dans la campagne, et qui ( *« ) et qui pourrolt etre tres utile dans i’occaston. Da- rant les debats dans la Chambre, dans toutes les ques- tions de peu d'importance et de pure forme, je me dechainai enfaveurdu peuple ; mais dans les gran- des queftions, ou une femblable conduite auroit pu causer de Tombrage au Gouvcrneur, je me dounai bien de garde de foutenir le parti populaire. C’est Cette vascillation dans ma conduite et mes principes qui ofFensa, un jour, le chef de Topposition, au point qu’il ne put resifter a l’indignation que ma conduite lui causoit ; et il s'en plaignit en pleine Chambre, avec toute Tenergie et la force dont il est capable ; il pronon^a centre moi la philipique la plus foudroy- ante qn’il foit poftible, dans laquelle il expofoit au grand jour les ressorts les plus secrets de ma politi- que. Ilfutjusqu’a me dire que je n’agiflois que pour tromper les electeurs ; que je n’etois qu’un charlatan. Tu peux facilemcnt penser quelle hideusc figure je devois faire pendant tout ce terns. Je prevoyois le coup mortel qu’il portoit a ma popularite ; je me voyois perdu dans Topinion publique: neanmoins, je l^Vsai pas me lever pour retorquer cc qu'il avoit dit centre moi ; tunt il est vrai j'etois convaincu que fon discours avoit porte la conviction dans tons les coeurs / Je fus oblige de supporter la raillerie et les sarcasmes de tous les Mombres presens. Je lui pro- mis qu’il fe fouviendroit de moi, etje lui tiendrai paiole. J eus une terrible peur que, pour furcroit de malheur, ce discours, que tout le monde favoit par cteur dans la ville, vint a me faire du mal dans i esprit du Chevalier Prevost ; mais heureusement il ne produisit aucun mauvais efF-t aupres de Son Excellence $ ( *7 ) Excellence; an contraire je crois que c?h acciUra mon avancement. Je stis si bien prendre la peau de agnean aupres de lui, quejegagnai sa confiance et son estime jusqu'au point d'aller dejeuner avec lui tres fonvent, et, pour ainsi dire, tete-a-tete! .... Cher trere, quelle difference inouie entre ma situa- tion sous ce Gouvemeur-ci et ma situation fous fon predecefleur ! Le Cnevalier Craig n’auroit pas vou- u me permettre de dejeuner avec son maitre-d’hotel/ e’est qu’il me connoissoit. A\ant obtenu une certaine consideration, [ce que jen’avois pu faire, malgre tous mss efforts, fous les administrations precedentes], je reussis facilement a me faire faire Major dans la milice ; et ensuite par mes intrigues aupres de TAdjudant general des miliees, je parvins a me faire donner le rang de Lieutenant Colonel et le commandement d'une partie de la Division dont j’avois ete fait Major quelque terns auparavant. L'automne dernier, le Gouverneur fut force, par l’attitude mena9ante que prenoient les ennemis a deifein d’envahir cette province, de lever en masse tous les miliciensdu district de Montreal, Je mar* chai done a la tete de mon bataillon jusqu'a Cham- bly ; lieudu rendez-vous qui m’etoit afligne. La, je vis que tous les officiers qui commandoient des Corps etoient a cheval, et je m’en procurai un aussi moi, Je faisois encore une plus triste mine sur cette mon* ture, que celle de Sancho-Panfa sur fon grison ; et je lui ressemblois fous bien d’autres rapports, mais furtout par le genie et mon air fournois et pesant : mon language n'est gueres plus pur que le sien. Quoiquc je ne fois point Gouverneur d'une lie comme ( 18 ) comme celle de Barataria, je lui reflemble cependant encore fous ce rap ort ; car je gouverne les Postes. Volant clairement que je ne devois plus compter sur la popularite, je crus que je pourrois, a 1’aide de rnon rangdiftingue ct peu merite dans la milice, me fou- tenir dans Pesprit du public par la crainte et la vio- lence #envers ceux qui, comme enchantement, fe trouvoient sounds a mon autorite. J'etablis done, pour maxime fondamentale de ma conduitc a Pavtnir, que, quand on ne pouvoit plus se faire tiimer, il falloit se faire craindre ; en efFet, je corrimis, pour foutenir cette maxime la, plusieurs actes odieux et arbitraircs envers des citoyeus, mes e aux, qui ser- voient leur pays avec aumoins autant de loyante que iroi. Cela produisit un efFettoul contrairea celui que j'en attendois. Je decouviis, mais trop tard, qu'on ne menoit pa les habitans de ce pays-ci par la crainre. Je me flattens cependant que leur douceur ordinaire les induiroit a cublicr tout le mal que je leur avois fait, et que jeserois reelu, en depit des efForts d’un parti formidable qui se pronon^oit ouvertement con- tre moi : mais malheureusement pour mes interets, ce parti etoit compose de presque tout ce qu'il y a- voit d’honnetes gens dans le Comte, — je veox dire de ceuxchez qui le fentimentdu devoir seul influe, et dont la vertu er la religion forment la base de la conduite. II etoit done suffisant pour me terralfer malgre mes intrigues et mes menees sourdes ; en ef- fet, il etoit d’autant plus fort qtPil se trouvoit soute- nu par la conviction ou tons Its eleetcurs etoient de mes tergiversations ; convi&ion qui les lioit tons ensemble d’une maniere inebranlable, qui les mettoit a meme d’agir sagement et fans chef ct pour ainsi dire spontanement : car je dois avouer maintenant qiiil n*y avoit personne parmi eux qui eut ni allez de talfent, ( *9 ) de talent, ni afTez d’infiuence pourgouverncrlesautres. J’ai appris, tux depens de mon amour-propre a la veriie, que ce qu'on faisoit anx autres — tot ou tard nous eroit rendu au centuple ; et que la bassesse et la calomnie, dans les elections comme partout ailletirs, finissoient tonjours par nousobtenir leur recompense, qui est le mepris de ccux memes a qui elles sont utiles. Le jour de Fele&ion je par^ai comme ancien Re- presentant, et les electeurs m’ecouterent tres atten- tivctnent ; j'en augurai bien et je voulus leur faire un discours comme Candidat, dans lequel j'avois de- ja, suivant ma louable coutume, commence a repre- senter le Conseil Legiflatif comme etant un corps dangereux et Fennemi de leur bien-etre, lorsqu’un cri confus s'eleva de la multitude : — “ non ! v non ! nous ne voulons pas vons entendre, comme Candidat ! Retirez- votis ; nous ne voulons plus de vos fervices; nous connoiflfons trop bien votre conduite paflce....” Je pensai d’abord que ce ne feroit rien et je persistai a vouloir parler ; mais le mecontentement alloit en augmentant, et plusieurs crioient : — “qu'on le des- cende, le miserable! de deflus le hustings.” J tins done oblige de renoncer a mon discours, et de me resoudre d’etidurer tout ce que la vengeance juftement meritee put fuggerer de propos cruels pour moi en pareil cas. Comme je te Fai deja dit, j’ai ete baffoue, hue, pendant tout le terns de Felection et a la fin rejette. Quetcontraste avec les elections precedentes ! Ce qui etoitle plus dechirant pour moi, e’est que je meritois un femblable fort. Neanmoins, a tra- vers tant de vicissitudes, j’avois pour me consoler dans r *o i 4an§ m a pcche tine lettre ecrite par autorite, dans laquede on m annonfoit que Son Excellence avoit toien voulu m’accorderla place de Diiecteur des Pos- tes. Quoique cela, je nosois pas trop m’en flutter, quand je me vis rejette par mes anciens constituants d’une maniere ignominieuse comme je l'avois etc. Aussitot que l’eltction fut finie, je me hatai, comme lu pensesbien, de me rendre a Montreal, pour m as- surer de la Commission dont on me parloit dans cette lettre,— et je Tens effectivement. J'eus I’honneur de voir le Gouverneur dans le meme terns, II me dit, en me voyant, avec fa bien- Veillance ordinaire envers tous ceux qui ont I’avanta- ge de 1’approcher : “ he bien ! vous etes elu fans doute Membrcde la Chambre d’Affemblee ?”-~Ma reponse a une demande aussi gracieust fut tin creve- cceur pour moi Son Excellence pouiTa la bonte jusqu a vouloir bien condescendre de me demander qui avoit done traverse mes desseins; a quoi je repon- dis, — avec toute la diffimulation dont je fuis capable en pareille occasion, en fermant les yeux et secouant la tete, — que je nosois pas nommer d Sen Excellence la personne y mats que e'etoit malheureusement un ConseiU hr Vcgijlatif /// La place qu'on m'accordoit n’etoit pas celle ou je croyois que mes services me donnoient droit de pre- tendre, mais ce n’etoit plus le terns pour moi de faire ie difficile ; P alternative eut ete trop dure. L’esprit humain dans tous les genres ne marche que par de- gree et ces degres ameneront des changemens dans ma situation sous peu de terns, ou bien on verra ! II V C 2 » ) 11 ne me reste plus, nj >n cher Frere, qtpj prier inftanacneat de n nveau. par les Uens l es pl us chers qui nous unissent, de me garier ! e seeret l e plus inviolable a 1’egard de to it ce q i 2 j 3 v iens de tejdevoiler. 'Etr^: jet.Ttu-cor^nif fei«^ r q, 13 ce seroit une hohte' insupportable poifr rfiu'i; si les sen- tiers tortusux de un conduits pjiint Jit ve .’ noient a etre conn is du public par mt propre b inch*, et q ie je serois par cela tnsnu voue a Iteration publique a jamais : au4iea -qi^si j’ai le bonheur qu ils restent dans UoupU. j.'ai eaeors 1’es oerancede remonter fur le pinade et d'yjouer un grand role. Adiis il est grande n:ut te ns le ter ni ler line lettre' deja trop longue; adieu done, m >n cher Frere et crois moi pouf la vie en toute verite, I •. r. -A Ton affectionne et tendrs Frere. ' 1 • ■ ■ ■ r •* . > #######♦ S- * CORRECTIONS A FAIRE. ]^ 4 g L. 5— -an l»eu de procuroit lisez donnoit. J4__ 13 — au iieu dc pouvoint, Uses pouvoient. 16 44— 10 lieu de “ tant il est vrai j’etois” lisez — “ tant il est vrai que j’<*tois.” M ?1