危 ​な ​201 ARTES LIBRARY 1837. SCIENTIA VERITAS OF THE UNIVERSITY OF MICHIGAN E. PLURIBUS UNUM TUECUR SI-QUAERIS PENINSULAM AMOENAMU? CIRCUMSPICE 46 .Aibams V.4 +v TRAITE + PHYSIQUE ET HISTORIQUE DE 78418 L'AURORE BOREALE. Par M DE MAIRAN. Suite des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, ANNÉE M. DCCXXXI. SECONDE EDITION, Revûe, & augmentée de plufieurs Eclairciffemens. Pepiller A PAR IS, . DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M. DCC LIV. # 亦 ​AVERTISSEMENT. ETTE Edition du Traité de l'Aurore Bo- CF réale diffère peu de la première, qui parut en 1733 avec les Mémoires de l'Académie de 1731. Tout ce que j'ai appris ou penſé depuis fur ce fujet, & qui demandoit quelque diſcuſ ſion, a été renvoyé aux Eclairciſſemens que j'y ai ajoûtés. Je ne pouvois guère abréger de femblables recherches, dont les plus importantes roulent fur de longs dénombremens, ſans en affoiblir les réſultats, ni les inférer en entier dans le corps de l'ouvrage, fans riſquer de le défigurer. Les additions faites au Traité font donc peu confidérables, & ne conſiſtent le plus fouvent qu'en de ſimples notes au bas du texte. J'ai pris ce parti, non ſeulement comme le plus fûr & en même temps le plus commode, mais auffi comme le plus propre à montrer le progrès de nos connoiffances fur le Phénomène dont il s'agit. Du reſte, on trouvera dans le a ij AVERTISSEMENT. premier Eclairciffement une hiftoire fuccincte du fort qu'a eu ce Traité depuis qu'il eft public; des critiques qu'il a fouffertes, des fuffrages qu'il a obtenus; c'eſt une eſpèce de Préface qui me diſpenſera d'en dire ici davantage. ફૅર Garon MAL 4X4 { *** 454 E } $ TABLE Des Sujets contenus dans ce Volume. AVANT-PROPOS. Page 1 Explication fommaire de l'Aurore Boréale & Plan de cet Ouvrage. SECTION PREMIERE. 3 De la Lumière Zodiacale, & de l'Atmoſphère Solaire. 10 CHAPITRE I. De la réalité & de la viſibilité de la Lumière Zodia- cale & de l'Atmosphère Solaire. I I CHAP. II. De l'ancienneté de la Lumière Zodiacale & de l'Atmosphère Solaire. 15 CHAP. III. De la nature ou de la matière de la Lumière Zo- diacale & de l'Atmoſphère Solaire. 17 CHAP. IV. De la figure de la Lumière Zodiacale & de l'Atmo- Sphère Solaire. 20. CHAP. V. De la fituation de la Lumière Zodiacale & de l'At- mosphère Solaire. 24 CHAP. VI. De l'étendue de la. Lumière Zodiacale & de l'At- mosphère Solaire. 26 CHAP. VII. Du mouvement de la Lumière Zodiacale & de l'At- mosphère Solaire. 30 CHAP. VIII. Des changemens réels ou apparens de la Lumière Zodiacale & de l'Atmoſphère Solaire,& de quelques inductions qu'on en peut tirer par rapport à l'Aurore Boréale 34 th a iij TABLE. SECTION II. De l'Atmosphère Terreftre, de fa hauteur, de la Région que l'Aurore Boréale y occupe, & de l'exclufion que cette circonſtance donne à quelques cauſes auxquelles on avoit jufqu'ici attribué le Phénomène. 41 CHAPITRE I. Des moyens qu'on a employés jufqu'ici pour connoître la hauteur de l'Atmosphère Terreftre. 42 CHAP. II. Que le Baromètre ne nous indique point le véritable poids de l'Atmosphère, ni par conféquent fa hau- teur. 45 CHAP. III. De la Région que l'Aurore Boréale occupe dans l'Atmosphère. $4 CHAP. IV. De l'opinion commune qui attribue l'Aurore Boréale aux vapeurs & aux exhalaifons Terreftres. 68 CHAP. V. De l'Hypothèſe des Glaces & des Neiges de la Zone Polaire, pour la formation de l'Aurore Boréale; & de l'opinion qui rapporte ce Phénomène à la matière Magnétique. 74 CHAP. VI. De quelques Phénomènes qui dépendent des glaces & des neiges des Pays voifins du Pole. De la Lumière Septentrionale ou de l'Aurore Boréale de ces Pays. Et favoir fi fes apparitions y font réglées & perpé tuelles, comme on le croit communément.. SECTION III. 79 Explication des divers Phénomènes qui compofent, ou qui accompagnent l'Aurore Boréale. 94 CHAPITRE I. De la diftance d'où la matière de l'Atmosphère Solaire TABLE. peut tomber dans l'Atmosphère Terreftre, ou des Li mites de la Force Centrale qui agit vers la Terre, relativement à celle qui agit vers le Soleil. 94 CHAP. II. Pourquoi l'Aurore Boréale paroît ordinairement du côté du Nord! 102 CHAP. III. De la Déclinaifon occidentale de l'Aurore Boréale, de l'heure de fon apparition, de l'ordre fucceffif des Phénomènes qui l'accompagnent, & du temps qu'il lui faut pour fe former. 114 CHAP. IV. Du Segment obfcur qui borde l'Horizon dans la pluſpart des Aurores Boréales, de l'Arc ou des Arcs lumi- neux qui les accompagnent, & des Creneaux qui en interrompent quelquefois le Limbe. 121 CHAP. V. Des Colonnes, des Rayons ou jets de Lumière, des brèches du Segment obfcur, & des brifures de l'Arc lumineux. 128 CHAP. VI. Des Eclairs & des Vibrations de lumière, des On- dulations, de la Fumée, du mouvement réel ou apparent qui les accompagne, & du filence qui règne dans tous les Phénomènes de l'Aurore Bo- réale. 133} CHAP. VII. Du concours des rayons & de la matière du Phé. nomène au Zénit, ou près du Zénit, & de la Couronne. 139. CHAP. VIII. De la Denfité & de la Tranſparence de l'Aurore Boréale. CHAP. IX. Des couleurs de l'Aurore Boréale. 147 154 CHAP. X. De la conflitution de l'Air, & des autres circonstances favorables, ou contraires à la formation & à l'ap- parition de l'Aurore Boréale: CHAP. XI. Des divers genres d'Aurores Boréales. 157. 162 器 ​7 за TABLE. SECTION IV.. * Des apparitions de l'Aurore Boréale, en tant qu'elles dépendent de l'étendue, de la poſition & de la figure de l'Atmosphère Solaire. 168 CHAPITRE I. Hiftoire de l'Aurore Boréale; des Mémoires qui nous en reflent, de fes Reprifes & de fes interruptions. 169 CHAP. II. Ordre chronologique des Reprifes de l'Aurore Boréale, que l'on peut compter depuis le commencement du v.me fiècle jufqu'à aujourd'hui. 179 CHAP. III. Des Aurores Boréales dont on fait le jour ou le mois, & du fond qu'on peut faire fur le recueil que nous en allons donner. 187 CHAP. IV. Dénombrement par ordre chronologique des Apparitions de l'Aurore Boréale dont on a connoiffance, & dont on fait le jour ou le mois, depuis le commen- cement du vi.me Siècle jufqu'à la fin de l'année 1731, avec quelques Defcriptions, & des Remar- ques. 189 CHAP. V. Des Nœuds, des Poles, des Limites & de la Décli- naiſon de l'Atmoſphère ou de l'Equateur Solaire. 正 ​214 CHAP. VI. Conféquences à tirer de la Théorie précédente, par rapport à la Lumière Zodiacale ou à l'Atmosphère du Soleil vue de la Terre; & les irrégularités ou variations fimplement apparentes qui peuvent naître de fes différens afpects. 223 CHAP. VII. Conféquences à tirer par rapport à l'Aurore Boréale. 238 CHAP. VIII. De la correſpondance des Reprifes de l'Aurore Boréale avec TABLE avec les apparitions de la Lumière Zodiacale, on avec les accroiſſemens de l'Atmoſphère Solaire. 233 CHAP. IX. De la correspondance des apparitions de l'Aurore Bo- réale avec les différentes fituations du Globe Terreftre, par rapport au Soleil & à l'Atmosphère Solaire. 242 SECTION V. Queſtions & Doutes fur divers fujets, qui ont rapport quelques Articles de cet Ouvrage. 259 259 QUESTION I. Sur l'Atmosphère de quelques E'toiles fixes. QUEST. II. Sur les accidens qui arrivent à la Lumière Zodiacale. 263 QUEST. III. Sur les taches du Soleil. 264 QUEST. IV. Sur les modifications que la matière de l'Atmosphère Solaire peut recevoir, en fe mêlant avec l'Atmoſphère Terreſtre. 265 266 QUEST. V.. Sur le lieu & la formation des Feux Volans. QUEST. VI. Sur les changemens que l'Aurore Boréale peut caufer dans l'air. 266 267 QUEST. VII. Sur la longueur de certains Crépuscules. QUEST. VIII. Sur quelques apparences de l'Aurore Boréale, & fur quelques affections de l'air. Terres Arcliques. 268 QUEST. IX. Sur l'apparence des Aurores Boréales pour les kabitans des QUEST. X. Sur la trop grande fréquence des Aurores Boréales. QUEST. XI. Sur les Aurores Polaires Antarctiques. 268 270 271 QUEST. XII. Sur une attention qu'il faut faire au Point de Limite. 272 272 QUEST. XIII. Sur les temps de chûte de la matière Zodiacale. QUEST. XIV. De la matière Zodiacale qui tombe fur la Lune; & de l'Atmosphère de la Lune. 275 QUEST. XV. Quels Phénomènes produiroit la matière Zodiacale fur la Lune. 278 QUEST. XVI. Si les Phénomènes que la matière Zodiacale pourroit produire fur la Lune, feroient vifibles pour nous! 279 b TABLE. } QUEST. XVII. Si la Lune eft favorable ou contraire à nos Aurores Boréales! QUEST. XVIII. Sur les Planètes inférieures. 280 282 QUEST. QUEST. QUEST. XIX. Siles Planètes inférieures ont des Aurores Boréales! 283 XX. Sur quelques autres effets de la matière Zodiacale autour des Planètes inférieures. 283 XXI. Sur l'augmentation de maffe de la Terre & des Pla- nètes inférieures, par l'accumulation de la matière Zodiacale. QUEST. XXII. Sur l'Atmosphère des Comètes. QUEST. XXIII. Sur la queue des Comètes. 285 286 289 291 QUEST. XXIV. Sur l'apparence de la queue, vûe de la Comète. QUEST. XXV. Sur ce que les Planètes inférieures n'ont pas des Queues, comme les Comètes. 293 QUEST. XXVI. Sur un ancien fyflème touchant la nature des Comètes. 294'' QUEST. XXVII. Sur une ancienne obfervation d'une Comète ou de la Lumière Zodiacale. 295 QUEST. XXVIII. Sur les effets de la rencontre de la Terre avec l'At- mosphère ou la queue d'une Comète. 297 301 ECLAIRCISSEMENS fur le Traité Phyſique & Hiſtorique de l'Aurore Boréale. ECLAIRCISSEMENT I. Hiftoire fuccincte du fort qu'a eu ce Traité. 301 ECLAIRCIS. II. Syftème de M. Euler, fur la caufe de la queue des Comètes de l'Aurore Boréale, & de la Lumière Zodiacale, en tant qu'il diffère de celui qui eft propofé dans le traité Phyfique & Hiftorique de l'Aurore Boréale. ECLAIRCIS. III. Sur l'étendue de l'Atmosphère Solaire. ECLAIRCIS. ECLAIRCIS, 308 311 IV. Sur la continuité de l'Atmosphère Solaire & de la Lumière Zodiacale avec le Soleil. 314 V. De l'Analyſe de M. Euler fur ce fujet, & de ? TABLE. la Courbe génératrice de l'Atmosphère Solaire. 328 ECLAIRCIS. VI. Sur l'Aurore Boréale, en réponse à la principale objection de M. Euler. 336 ECLAIRCIS. VII. De l'Hypothefe de M. Euler fur l'Aurore Bo réàle. ECLAIRCIS. VIII. Sur la Querie des Comètes. 341 354 ECLAIRCIS. IX. Sur l'impulfion des rayons Solaires. 367 ECLATRCIS. X. Sur la prétendue perpétuité de l'Aurore Boréale dans les pays feptentrionaux, & dans ceux d'une moindre latitude. 379 ECLAIRCIS. XI. Sur les Bandes lumineufes, Zones ou Arcs célestes extraordinaires qui paroiffent quelquefois à une diftance confidérable de l'Aurore Boréale, & particulièrement fur trois de ces Arcs qui ont paru cette année, 1750. Liaiſon intime de ces Phénomènes avec l'Aurore Boréale ; induction qu'on en peut tirer. ECLAIRCIS. XII. Sur l'Anticrépuscule. 389 400 ECLAIRCIS. XIII. Sur la hauteur de l'Aurore Boréale au deffus de la furface de la Terre, & fur les Méthodes employées à déterminer cette hauteur. ECLAIRCIS. XIV. Sur l'Aurore Polaire Auftrale. 404 436 ECLAIRCIS. XV. Sur les Aurores Boréales qui pourroient fe former fur la Lune. 44I ECLAIRCIS. XVI. Sur la direction vraie ou apparente des Jets de lumière de l'Aurore Boréale. 444 ECLAIRCIS. XVII. Sur l'Electricité donnée pour caufe de l'Aurore Boréale. 445 ECLAIRCIS. XVIII. Sur la relation qu'il paroît y avoir entre les variations de l'Aiguille aimantée, & les TABLE. apparitions de l'Aurore Boréale. 448 ECLAIRCIS. XIX. Addition de trois articles ou exemples au Cha- pitre VIII de la Section IV, fur la correfpon- dance des Reprifes de l'Aurore Boréale avec les apparitions de la Lumière Zodiacale. 457 ECLAIRCIS. XX. Sur la liaiſon que les différens afpects de l'Aurore Boréale peuvent avoir avec les vifions chime- riques qu'elle a fait naître, felon la latitude des lieux d'où elle eft vie, & felon que fes apparitions y font plus ou moins complètes, & plus ou moins fréquentes. Fable de l'Olympe; Fée Morgane; Aurores Boréales de la Chine. $ 460 ECLAIRCIS. XXI. Sur la Correfpondance des apparitions de l'Au- rore Boréale avec les différentes fituations de la Terre dans fon Orbite, par rapport au Soleil & à l'Atmosphère Solaire. ÈRRAT A. 466 Page. Ligne. Fante. 33- 28. Le P. Lecompte. 42. 26. Ticho. 63+ Note. Delifle. 202. 401. 404. 33. P. 108. 19. . marge. p. 64. 509-513... Delifle. 1 Correction. Le P. le Comte. Tycho. de l'IЛle. P. 107. ajoûtés à la marge. * Mort le 4 janv. 1752, P. 394. de l'IЛle. པས་ TRAITE AVINVENITPER FICIT DET . VES TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE DE L'AURORE BOREALE. VANS le Mémoire que je donnai il y a cinq ans à l'Académie, fur la fameufe Aurore Boréale du 19.me Octobre 1726, qui venoit de paroître, je me bornai à la fimple deſcrip- tion du Phénomène : je ne voulus entrer dans aucune difcuffion Phyfique fur ce fujet, & j'eus d'autant moins de peine à m'en abftenir, que peu fatisfait des expli- cations qui étoient venues jufqu'alors à ma connoiffance, je ne fis pas même attention à celle que j'avois imaginée autre- fois, & dont j'avois parlé dans ma Differtation fur la Lumière des Phoſphores & des Noctiluques, préfentée à l'Académie de Bordeaux en 1717. Ce n'a été qu'à force de revoir l'Aurore Boréale, devenue, comme on fait, très-fréquente, & de méditer fur toutes les fingularités qui la caractériſent, A 2 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ' * En Déc. J731. que j'ai pensé à chercher ce qui pouvoir la produire, & que je me fuis rappelé non explication avec toutes les dépen- dances. Cette explication, d'ailleurs affez éloignée de l'effet à la première vûe, & peut-être par-là peu capable de pré- venir les Lecteurs en fa faveur, m'ayant femblé conftamment gagner à être approfondie, j'ai cru devoir enfin l'appro- fondir, c'eft-à-dire, obferver foigneufement toutes les Aurores Boréales qui ont paru depuis, recueillir de divers Auteurs, tant anciens que modernes, celles qui avoient précédé, & comparer les unes & les autres, dans ce qu'il y a de com- mun & de particulier entr'elles avec l'origine & la caufe que je leur attribue. Comme cette cauſe tient à la ftructure générale du Monde, ou du moins à tout le Syſtème Solaire, elle exige auffi, pour être développée, pluſieurs obſervations générales, qui font curieuſes par elles-mêmes, & qui peuvent nous intéreffer indépendamment du phénomène dont il s'agit. J'eſpère donc, ne fut-ce qu'en faveur de la partie aſtronomique de mon hypothèſe, que les Savans voudront bien l'examiner, & faire à l'avenir quelque attention à ce qui pourroit la confirmer ou la détruire. C'étoit pour les engager à cet examen, & dans la jufte défiance où je dois être de mes lumières fur un fujet fi compliqué & fi difficile, que je communiquai, il y a deux ans, mon idée à l'Aca- démie, comme on le trouve fur fes Regiftres; c'eft dans le même efprit que je la redonne aujourd'hui * à cette Com- pagnie, & au Public, avec plus de préciſion & de détail. On obfervera fur un nouveau plan, & avec de nouvelles vêes; ce qui eft toûjours utile, y ayant une infinité d'objets dans la Nature qui nous échappent, faute d'en ſoupçonner Fexiftence, & que nous ne verrons jamais qu'après avoir été avertis que nous devons les voir. * DE L'AURORE BORÉAL E. 3. The EXPLICATION SOMMAIRE DE L'AURORE BOREALE; ET PLAN DE CET OUVRAGE. 'AURORE BORÉALE eft un phénomène lumineux ainfi nommé, parce qu'il a coûtume de paroître du côté du Nord, ou de la partie Boréale du Ciel, & que fa lumière, lorfqu'elle eft proche de l'Horizon, reſſemble à celle du point du jour, ou à l'Aurore. Sa véritable cauſe eft, felon que je le penſe, la Lumière Zodiacale. LA LUMIÈRE ZODIACALE eft une clarté ou une blan- cheur fouvent affez ſemblable à celle de la voie Lactée, que l'on aperçoit dans le Ciel en certains temps de l'année; après le coucher du Soleil, ou avant fon lever, en forme de lance ou de pyramide, le long du Zodiaque où elle eſt toûjours renfermée par fa pointe & par fon axe, appuyée obliquement fur l'Horizon par fa bafe, découverte, décrite, & ainfi nommée par feu M. Caffini. La Lumière Zodiacale n'eft autre choſe que L'ATMO- sphère Solaire, qu'un fluide ou une matière rare & ténue, lumineuſe par elle-même, ou feulement éclairée par les rayons du Soleil, qui environne le globe de cet Aftre, mais qui eft en plus grande abondance & plus étendue autour de fon Equateur que par-tout ailleurs. La Lumière Zodiacale eft plus ou moins viſible, felon que les circonftances néceffaires pour fon apparition font plus ou moins favorables. Quand ces circonftances manquent juſqu'à un certain point, elle ne paroît point du tout. L'Atmoſphère Solaire ne s'eft donc pas toûjours mani- feftée par la Lumière Zodiacale; mais elle a toûjours été aperçue autour du globe du Soleil, dans fes éclipfes totales, pendant qu'il a été caché par celui de la Lune. A ij 4 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Une des circonftances les plus effentielles à l'apparition de l'Atmosphère Solaire dans la Lumière Zodiacale, c'eſt qu'elle ait une étendue ou une longueur fuffifante, fur le Zodiaque; car fans cela fa clarté nous eft entièrement dé- robée par celle du crépuscule, foit avant le lever du Soleil, foit après le coucher. La longueur de la Lumière Zodiacale varie quelquefois réellement, & quelquefois feulement en apparence: la Lu- mière Zodiacale pourroit donc quelquefois être fort étendue, & le paroître peu, par des circonstances extérieures & paffa- gères; mais elle ne fauroit paroître fort étendue, fans l'être en effet, n'y ayant aucune illufion optique qui puiffe pro- duire cette apparence. Il eſt certain, comme on le démontrera d'après un grand nombre d'obſervations qui ne font pas équivoques, que l'At- moſphère du Soleil, vûe en qualité de Lumière Zodiacale, atteint quelquefois jufqu'à l'Orbite Terreſtre & au de-là. C'eft alors que la matière qui compoſe cette Atmoſphère venant à rencontrer les parties fupérieures de notre air, en deçà des limites où la Pefanteur univerfelle commence à agir avec plus de force vers le centre de la Terre que vers le Soleil, tombe dans l'Atmoſphère Terreftre à plus ou moins de profondeur, felon que fa pefanteur fpécifique eft plus ou moins grande, eu égard aux couches d'air qu'elle traverſe, ou fur lefquelles elle fe foûtient: & comme il n'y a point d'apparence que cette matière ou cet air folaire, non plus que le nôtre, ſoit fi parfaitement homogène, qu'il n'y ait aucune différence de figure, de groffeur, de contexture & de poids dans les parties qui le compoſent, il doit deſcendre plus ou moins bas dans l'Atmoſphère Terreftre, à raiſon du différent poids de ces parties, & s'y affembler fur des couches de différente hauteur. Les couches les plus baffes & le plus près de nous feront chargées des parties les plus groffières & les moins inflammables; & c'eft de-là que réſulteront ces brouillards épais, mais d'ordinaire tranſparens, & cette eſpèce de fumée, qui accompagnent fi fouvent l'Aurore Boréale, 4 DE L'AURORE BORÉ ALE. ; qui nous la cachent en partie, & qui en font prefque toû- jours comme les précurfeurs, tantôt fous la forme d'un Segment de cercle qui borde l'Horizon du côté du Nord, tantôt comme de fimples nuages répandus çà & là, ou dans tout le ciel, fombres & fumeux par le côté qu'ils tournent vers nous, mais blancs & lumineux par leur côté fupérieur. II y a donc au deſſus de la matière obfcure & fumeuſe, une matière plus légère & plus inflammable, & actuellement enflammée, foit par elle-même, par elle-même, foit par fa collifion avec des particules d'air, ou par la fermentation qu'y cauſe le mélange de l'air; & cette matière, auparavant le ſujet de la Lumière Zodiacale, deviendra en cet état le fujet de ce que l'on appelle aujourd'hui la Lumière ou l'Aurore Boréale. Si toute notre Atmoſphère étoit également impregnée de parties de l'Atmoſphère Solaire, il eft clair que nous en verrions la lumière & le brouillard plus denſes fur l'Horizon que par-tout ailleurs; ou que dans le cas d'une petite épaif- feur, nous pourrions même les voir à l'Horizon fans les apercevoir au Zénit; & cela parce que le rayon viſuel du ſpectateur, toutes chofes d'ailleurs égales, a plus de chemin à faire dans l'air qui l'environne vers l'Horizon, que vers le Zénit. Par cette raiſon, & parce qu'on a tout lieu de croire que l'Atmosphère Terreftre eſt plus épaiſſe ou plus groffière vers le Pole & dans les Pays Septentrionaux que vers l'Equa- teur, on pourroit conclurre que l'Aurore Boréale doit être plus viſible du côté du Pole que vers l'Equateur. C'eſt en effet ce que l'expérience juftifie; mais nous avons une cauſe plus efficace de cette apparence qui n'eft pas fimplement optique, & nous ferons voir en fon lieu, qu'il y a une tendance réelle de la matière de l'Aurore Boréale de la Zone Torride vers les Poles, dont la Rotation de la Terre fur fon Axe, & fon mouvement annuel nous fourniront le principe. De-là les Aurores Boréales plus fréquentes & plus confi- dérables dans les Pays du Nord, & à mesure qu'ils ont une plus grande Latitude, que dans les Pays Méridionaux. De-là le fiège conftant du Phénomène vers ce côté du Monde, A iij 6 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE A foit que la matière qui le compofe ne s'étende pas plus loin, foit que plus abondante, elle ſemble fe répandre comme de ce foyer fur tout le refte de l'Hémisphère viſible du Ciel. De-là enfin fa forme ordinaire en Arc, ou en plufieurs Arcs concentriques, pofés fur un Segment de cercle obfcur quife joint à l'Horizon, & qui paroît avoir à peu près le Pole ter- reftre Boréal pour centre: car les diverſes couches d'air qui font au deffus, ou tout autour, étant chargées ou pénétrées plus ou moins de la matière Solaire ou Boréale, ſelon qu'elle eſt deſcendue plus ou moins bas dans notre Atmoſphère, y doivent produire aux yeux de ceux qui les regardent de la Zone Tempérée, ces apparences d'Arcs & de Segment, circulaires, ou elliptiques, plus ou moins éclairés, ou fombres, & quelquefois ſemblables à des amas de fumée. ( Les Colonnes & les Jets de lumière perpendiculaires à l'Horizon, ou concentriques à l'Arc & au Segment obſcur, d'où ils femblent fortir, viendront des longues traînées de cette matière, qui en tombant perpendiculairement de la région la plus élevée de l'Atmoſphère jufqu'à celles où eſt le fort de l'incendie, & où il fe fait fans ceffe de nouvelles inflammations, s'y trouveront fubitement enflammées, ou feulement éclairées; car ce dernier fuffit, de même que la pouffière & les autres petits corps répandus dans un lieu fombre ne s'y laiffent apercevoir que quand la lumière vient à les frapper par quelque ouverture. Ce qui rend tous ces Phénomènes viſibles de la Zone Tempérée, & de lieux fort éloignés du Pole, c'eſt la grande hauteur de la Région qu'ils occupent dans l'air, hauteur qui eft prouvée & même déterminée jufqu'à un certain point par la Parallaxe ſenſible, & l'abaiffement apparent & régulier des Arcs & du Segment obſcur, felon que l'obſervateur eft placé plus loin du Pole, & à des Latitudes décroiffantes. D'où il fuit, ou que l'Aurore Boréale confifte en une matière plus rare & plus légère que les parties fupérieures de notre air, quefque rare, quelque léger & délié qu'il doive êtrė à ces grandes diſtances, felon l'opinion commune, ou què R 1 DE L'AURORE BORÉALE. 7 l'Atmosphère eft beaucoup plus élevée qu'on ne l'a cru juſqu'ici, ce qui eft, felon moi, bien plus probable, & ce que j'espère prouver. Quant à l'extrême rareté de la matière du Phénomène elle fe déduit encore de ce que l'on diftingue ordinairement les corps lumineux à travers les parties qui le compoſent, ſoit éclairées, ſoit obſcures & fumeuſes telles que le Segment qui borde l'Horizon vers le Nord; & c'eft une propriété qui lui eſt commune, comme elle le doit être, avec la Lumière Zodiacale ou l'Atmoſphère Solaire qui en eft la fource. Voilà un précis de mon idée fur la cauſe Phyſique de l'Aurore Boréale dans ce qu'elle a de plus général & de plus ordinaire, ou qui la caractériſe le mieux. Il me reſtera à parler de quelques autres de fes phénomènes, & de plufieurs circonftances remarquables qui les accompagnent, fur-tout quand elle eſt fort étendue & du nombre de celles que j'ap- pellerai grandes Aurores Boréales complètes ; de cette eſpèce de Couronne & de point de réunion qu'on y voit quelquefois au Zénit, ou proche du Zénit; de cette quantité de petits nuages ou flocons de matière lumineufe répandus fur diverfes parties de l'Atmoſphère, & quelquefois dans tout l'Hémi- fphère viſible, comme autant d'Ardens, qui femblent aller par fecouffes, & concourir du Nord & de prefque tout Ï'Horizon vers le Zénit; de ces éclairs plus ou moins fré- quens, & quelquefois de ce tremblotement univerfel & de ces vibrations réglées de lumière, qui frappent toutes les parties du Phénomène ; des diverfes couleurs dont il eſt peint, & de quelques gros nuages épais & couleur de fang, qui s'y joignent. L'Aurore Boréale complète, confidérée dans toute fa compoſition, & dans tout l'appareil dont l'expérience nous a fait voir qu'elle étoit ſuſceptible, nous fournira aifément de quoi expliquer celles de différent ordre, & qui lui font inférieures par le nombre & par la qualité des phénomènes, juſqu'à celles qui ne font marquées que par quelque légère impreffion de lumière que l'on aperçoit dans l'air du côté du Nord, ou par *** 8 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE quelque nuage blancheâtre & quelques flocons du Phoſphore répandus comme au hafard fur notre Atmoſphère. સ Les circonftances dans lesquelles l'Aurore Boréale paroît, ou ceffe de paroître, quoiqu'en un fens, extérieures au Phéno- mène, ne méritent pas une moindre attention, & elles nous feront peut-être d'un plus grand ſecours que tout le refte, pour, fixer fa véritable origine. Telles font, par exemple, l'heure de la nuit où elle a coûtume de ſe montrer, & fur-tout les faiſons de l'année où elle eſt plus fréquente. Ce dernier article m'a paru de fi grande importance, que je n'ai rien voulu négliger pour la validité des inductions qu'on en peut tirer: j'ai fait une foigneuſe recherche de tous les Phénomènes de ce genre qui ont été obſervés dans les fiècles précédens & dans celui-ci, jufqu'à l'année 1731 inclufivement, & j'en ai dreffé une Table, où l'on peut les voir d'un coup d'œil, & en comparer les temps & la fréquence. Ce dénombrement a dû être accompagné d'une détermination exacte des Noeuds, des Poles, des Limites & de la Déclinaiſon de l'Atmoſphère du Soleil, par rapport à l'Ecliptique, ou à la route annuelle que tient la Terre. Enfin la liaiſon & le rapport que l'Aurore Boréale & fa cauſe m'ont ſemblé avoir avec plufieurs autres effets de la Nature, donneront peut-être un nouveau jour à l'explication que j'ai adoptée de ce phénomène. Ce font autant de Chefs ou d'Articles que j'ai renfermés dans cinq Sections qui feront le contenu de cet ouvrage. La première Section eſt entièrement deſtinée à l'hiſtoire & à la deſcription de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmo- ſphère Solaire, principal fondement de toute cette Théorie. La feconde traitera de l'Atmoſphère Terreftre, de fa hauteur, de la Région qu'y occupe la matière des Aurores Boréales, & de l'exclufion que cette circonftance donne à quelques cauſes auxquelles on les a attribuées juſqu'ici. Dans la troiſième, j'en viens à la formation du Phéno- mène & de fes diverſes parties, & à l'explication détaillée de tout ce que je n'ai fait qu'indiquer dans ce Préliminaire. La - DE L'AURORE BORÉ A LE. 9 寡 ​La quatrième Section roulera fur les preuves hiftoriques de mon hypothèſe, fur les Mémoires qui nous reftent de l'Aurore Boréale, fur les traits auxquels on peut la recon- noître chez les Anciens, fur la correfpondance de fes repriſes avec les divers états de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmo- fphère Solaire, & fur l'analogie qui règne entre ſes appari- tions & les pofitions ou les mouvemens de la Terre en différens points de fon Orbite. Dans la cinquième & dernière Section je parlerai fuccinc- tement, & par manière de queftions ou de doutes de quelques Phénomènes qui n'ont qu'un rapport éloigné avec l'Aurore Boréale; je traiterai de même quelques articles qui tiennent plus immédiatement à mon fujet, mais fur leſquels je n'ai pû ou ofé m'expliquer fous une autre forme dans le cours de cet ouvrage. B ΙΟ TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE > » M. Fatio, qui a auffi examiné très-affidûment la Lumière Zodiacale pendant trois ou quatre années, en porte le même jugement. Ce fera donc vrai ſemblablement, comme M. Fatio l'infinue en plufieurs endroits de fa Lettre, une eſpèce de Fumée ou de Brouillard, mais fi délié, qu'on voit les plus petites Etoiles à travers. Cette dernière circonftance eſt re- marquable, & fe trouve fouvent de même, où à peu près, foit dans les parties les plus claires & les plus brillantes de l'Aurore Boréale, foit dans les plus obfcures & les plus DE L'AURORE BOREALE. Sect. I. Ch. 111. 19 fumenfes, telles que le Segment qui borde l'Horizon, & qui eft concentrique aux Arcs lumineux. M. Caffini compare encore très-fouvent la Lumière Zo- diacale à la Voie Lactée, tant parce qu'elle paroît ou dif- paroît dans les mêmes circonftances, que par leur rapport de clarté. C'eſt fous cette idée qu'il l'annonça aux Savans dans le Journal de 1683 .... «une Lumière ſemblable à celle qui blanchit la Voie de Lait, mais plus claire & plus éclatante vers le milieu, & plus foible vers les extrémités, s'eft répandue par les fignes que le Soleil doit parcourir, &c. » Mais il paroît qu'elle augmenta de force & de-denfité dans la fuite, & fur-tout en 1686 & 1687. cc " A en juger par mes propres yeux depuis que je l'obferve, elle eft auffi plus forte, plus denfe, que la Lumière de la Voie de Lait, dans les jours favorables à l'Obſervation, & prefque toûjours plus uniforme que ne la fait M. Caffini, moins blanche quelquefois, & tirant un peu vers le Jaune ou le rouge, dans fa partie qui borde l'Horizon : ce qui pourroit auffi venir fans doute des vapeurs & du petit brouillard dont il eft rare que l'Horizon foit parfaitement dégagé; & dans cet état, je ne vois pas qu'on puiffe dif- tinguer les petites Etoiles à travers, excepté vers les extré- mités de la Lumière. M. Derham✶ de la Société Royale de * Philof. Tran]. Londres, aperçut cette couleur rougeâtre dans la Lumière N. 310. Zodiacale en 1707. On peut avoir pris garde auffi depuis quelques années, que fa baſe eſt très-fouvent confondue avec une eſpèce de nuage fumeux qui nous en dérobe la clarté, que ce nuage déborde plus ou moins au-delà, à droite & à gauche fur l'Horizon, & qu'il eſt tout-à-fait ſemblable par fa couleur & par ſa conſiſtance apparente, au fegment obfcur qu'on a coûtume de voir au deſſous de l'Arc lumineux de Aurore Boréale. L'Aurore Boréale s'y mêle encore d'ordi- naire en cette occafion, & fait corps avec la Lumière Zodia- cale au deffus du nuage fumeux, en s'étendant vers le Nord-oueft, & quelquefois juſqu'au Nord & au delà. Enfin je ne dois pas paffer fous filence une fingularité C ij 20 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Art. 41. • remarquable du tiffu apparent de cette Lumière: c'eft qu'en la regardant attentivement par de grandes Lunettes, feu M, Ubi fuprà, Caffini ya vû pétiller comme de petites étincelles. Il a douté pourtant fi cette apparence n'étoit point caufée par la forte application de l'œil, ne pouvant déterminer ni le nombre, ni la configuration de ces Atomes lumineux, & ceux qui obſervoient avec lui n'y diftinguant rien de plus fixe. J'ai vû deux fois ce pétillement avec une Lunette de 18 pieds, & même avec une de 7, & ce me femble auffi une fois fans Lunette. J'avoue que je me défie beaucoup avec M. Caffini, du témoignage des yeux, quand il s'agit d'objets de cette nature & fi peu marqués: mais je trouve encore quelques autres Obfervations de cette eſpèce dont je parlerai avant que de finir ce Traité, & dont on peut inférer qu'il y a eu des temps & certains cas où les étincelles aperçues dans la Lu mière Zodiacale, & ce pétillement, ont été fenfibles à la vûe fimple, fi ce n'eſt dans cette Lumière, du moins dans celle de la Queue des Comètes, qui lui reſſemble déjà ſi fort par d'autres endroits. CHAPITRE IV. De la Figure de la Lumière Zodiacale & de l'Atmosphère Solaire. IL L n'y a qu'un Sphéroïde aplati & de forme Lenticulaire, qui, étant toûjours vû de profil & par fon tranchant, puiffe toûjours paroître, ou être projeté fous la figure d'un Fufeau. La Lumière Zodiacale ou l'Atmoſphère Solaire étant donc toûjours vûe de la Terre fous cette figure à peu près', pendant toute la révolution annuelle du Globe Terreftre, il s'enfuit que fa forme ne fauroit s'éloigner beaucoup de celle d'une Lentille. On la voit étendue en manière de lance ou de pyramide plus ou moins pointue, toûjours dirigée par fa baſe vers le corps du Soleil, & par fa pointe vers quelque 1 · DE L'AURORE BORÉALE. Sect. I. Ch. IV. ΣΙ " Etoile qui ne fort jamais du Zodiaque. C'eſt ainſi qu'elle paroit de foir dans le Printemps, & le matin en Automne, fa pointe orientale ou dirigée vers l'Orient, ſe montrant le foir, & fa pointe occidentale le matin. On peut même s'affutrer de fes deux pointes dans l'espace d'un même jour comme il a été remarqué ci-deffus, favoir, vers les Solſtices, lorſque l'Ecliptique fait le foir & le matin des angles à peu près égaux avec l'Horizon, & affez grands pour laifler une partie confidérable de la pointe du phénomène au deffus de la ligne des crépuscules, de manière qu'elle puiſſe ſe montrer encore au delà fur l'Horizon. C'eft ainſi que feu M. Caffini l'obferva le 4 Décembre 1687 à 6 heures du foir, & le matin fuivant à 4 heures 40'. Le folftice d'Eté a le defavantage d'une plus grande obliquité de l'Ecliptique fur l'Horizon, & l'incommodité des plus grands crépuscules: c'eſt tout le contraire au folftice d'Hiver. Mais la pofition particulière du plan fur lequel la Lumière Zodiacale eſt couchée de part & d'autre, & qui décline un peu par rapport au plan de l'Ecliptique, fe trouve encore ici compliquée avec la circonftance des Saifons, comme il fera plus par- ticulièrement expliqué. Il eſt donc certain que l'Atmoſphère du Soleil eft rangée autour de fon globe en forme de Lentille, ou approchant; je dis approchant, car on conçoit bien, qu'une matière à laquelle on a déja vû qu'il eft furvenu de fi grands changemens, & qui, par des circonftances d'Optique qui lui font étran- gères, peut devenir plus ou moins vifible, & paroître plus ou moins uniformément terminée, ne fauroit manquer de fe montrer quelquefois fous une figure un peu différente. On peut voir ici la projection de cette Lentille fur une Fig. II. partie de la concavité de l'Hémisphère boréal du Ciel, & fur le plan de l'Equateur Solaire, qui fe confond, comme on verra bien-tôt, avec le difque même de la Lentille AGFK. L'œil eft ſuppoſé élevé au deffus de ce plan dans l'Axe du Soleil, prolonge de fon Pole Auſtral S, à une dif- tance telle, que les bords de la Lentille y paroiffent fous + C iij 22 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 拿 ​Mifcellan. 'Nat. curiof. 'Decur.3.an_1. Tab. XI. Fig, 'XVI. * Nº 320. 8.309. * un angle d'environ 45 degrés. Le Pole Boréal de l'E- cliptique fe trouve par là en Q, & celui du monde en P le Colure des Solftices en PQX, les: noeuds & les limitest de l'Equateur Solaire end, Au, &c. Et fi l'on imagine! enfuite que l'Obfervateur. foit tranfporté fur quelque point. du plan de cet Equateur, comme, par exemple, en A; Nou Z, il y verra l'Atmosphère du Soleil, ou la Lentille, fous la forme de Fuſeau repréſentée dans la figure I, Lest autres particularités de cette projection, telles qu'on a pu les renfermer dans ce petit eſpace, font fuffifamment indiquées dans la Figure même, & le feront encore mieux par l'ufage que nous en ferons dans la fuite. , Le 6 du mois d'Octobre 1684, M. Fatio aperçut la pointe IAO (Fig 1.) diſtinctement terminée par deux lignes droites, qui faifoient entre elles un angle de 26 degrés; & M. Eimmart la trouva à peu près de même le 13 Jan- vier 1694*. Souvent, lorfque l'air eft un peu chargé, on la voit tronquée, fa partie IONQ, la plus proche de l'Ho- rizon ou du Soleil, demeurant feule viſible. Je l'ai vûe quel- quefois fous cette forme, en 1728, & je trouve dans les Tranſactions Philofophiques *, que c'eft ainfi que la vit M. Derham, au mois de Mars 1706. Elle paroît en certains temps très-aigue, ne faiſant pas par fa pointe un angle de 10 degrés. Elle fembla un peu courbée à M. Caffini le 14.e * Art. 35. Novembre 1686, & de la figure d'une Faulx *. M. Fatio lui a trouvé un jour un peu d'inflexion vers les deux côtés, comme fi elle réfultoit de deux Conchoïdes tracées de part & d'autre d'une commune Afymptote. Elle me parut avoir cette figure le 18. Mars 1729. Enfin M. Fatio y a re- marqué quelque ondoyement: Il incline même à fuppofer que la maſſe du phénomène eft effectivement coupée dans fon milieu *Lettre à M. par la furface ondoyante de l'Ecliptique de l'air Célefte *. Caffini, p. 53. C'eft ainfi qu'il appelle les particules de matière répandues dans l'Ether, capables de détourner & de réfléchir la Lu- mière, & qui forment une Atmosphère autour du Soleil ; & il renferme cet air Célefte entre deux furfaces courbes & с раз ļ + DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 1. Ch. IV. 23 ondoyantes, afin qu'elles puiffent comprendre-dans un moin dre elpace les Orbites de Mercure, de Vénus & de la Terre, qui font à différente diffance du Soleil & différemment in- clinées entre elles. ว Mais comme les Obſervations qui donnent cette figure, font très-rares, de même que la figure de la faulx, qu'elles peuvent être occafionnées par des circonstances particulières & purement Optiques, & que la Lumière Zodiacale paroît prefque toûjours comme un bout de lance ou de fuſeau, ou forfqu'elle eft plus large, comme une pyramide, nous lui donnerons pour l'ordinaire la figure que cette apparence fuppofe; c'eſt-à-dire que dans les inductions que nous en pourrons tirer par rapport à notre fujet, nous imaginerons l'Atmoſphère du Soleil comme un Sphéroïde aplati en forme de Lentille circulaire par fon Limbe, ou approchant du circulaire. C'eft auffi la figure que d'autres phénomènes, & fur-tout le concours de toutes les Planètes dans une Zone affez étroite de part & d'autre de l'Ecliptique, femblent donner à tout le Tourbillon Solaire dans lequel cette At- mofphère eft renfermée. Nous parlerons ailleurs d'une apparence de la Lumière Zodiacale, que je vois être affez fréquente depuis que j'ob- ferve ce phénomène, & que je ne doute point qui n'ait eu lien dans les temps & dans les fiècles précédens; c'eſt cellè d'une fimple clarté indéterminée, qui occupe une grande partie du Ciel au deffus de l'Horizon, un faux crépuscule qui devance, ou qui fuit le véritable, & qui s'étend au loin à droite & à gauche, par rapport à la place où l'on a coûtume de voir la Lumière Zodiacale. 来 ​24 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE *Art. 7, 18, 29, 42, &C. зв CHAPITRE V } 3 De la fituation de la Lumière Zodiacale & de l'Atmosphère Solaire. Lafone de L'erve pendant tout le cours annuel de A forme de Lance ou de Pyramide que la Lumière * Zodiacale conferve pendant tout le cours annuel de la Terre, ne nous indique pas moins la poſition de l'Atmo- ſphère Solaire que La figure: car fi le rayon viſuel qui part de notre œil, étoit quelquefois perpendiculaire ou peu oblique à la Lentille, fous la forme de laquelle nous avons imaginé cette Atmoſphère, la Lumière Zodiacale ſe mon- treroit alors à nous au deffus de l'Horizon comme un Segment de Cercle ou d'Ellipfe, & arrondie par l'extré- mité que nous appelons fa pointe; ce qu'elle ne fait jamais, fi ce n'eſt peut-être dans quelques occafions où elle nous paroît tronquée, & cela vifiblement par des circonftances qui lui font étrangères. Auffi vient-on de voir dans le fen- timent que nous avons rapporté de M. Fatio, fur la figure de l'Atmoſphère Solaire, que fes extrémités & fon tranchant doivent beaucoup approcher du plan de l'Ecliptique ou de l'Orbite Terreftre: car la fection du plan ondoyant fur lequel il la conçoit couchée de part & d'autre, donnant une courbe qui va rencontrer l'Orbite des Planètes, il eft pof- fible que les bords de la Lentille ondée, qui fe trouveront entre la Terre & Vénus, ou au delà entre la Terre & Mars, fe confondent avec le plan de l'Ecliptique. La pofition que lui donne quelquefois M. Caffini, ne s'éloigne pas beaucoup de celle-là: mais il paroît en général par toutes les Obfervations qu'on recueille de fon grand ou Vrage*, & par la manière dont il s'en explique en plufieurs endroits, que le plan qui partage en deux portions égales l'Atmoſphère Solaire, eft le plan même de la révolution du Soleil für fon Axe, ou de fon Equateur. Et c'eſt encore à cette } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 1. Ch. V. 25 gette fituation de l'Atmosphère du Soleil, que nous nous arrêterons, pour tout ce que nous avons à en déduire dans la fuite, non feulement parce qu'elle eft la plus généralement conforme aux Obfervations, mais encore parce qu'elle s'ac- corde parfaitement avec les idées Phyfiques que nous fournit le fujet; car, fi la matière qui compofe cette Atmoſphère eſt chaſſée du corps du Soleil par le mouvement de Rotation qu'il a fur fon Axe, comme il arriveroit à un fluide renfermé dans une Sphère creufe percée de plufieurs trous, & que l'on feroit tourner rapidement, il faut qu'elle rejailliffe plus loin de fon Equateur, où eft la plus grande force centrifuge, que de tout autre endroit de ſa ſurface. Et fi cette matière ſe trouve autour du Soleil, feulement parce qu'elle y eft tombée de toutes parts du refte du Ciel, il eft à préfumer que la même cauſe qui retient les fix Planètes principales dans les limites du Zodiaque, & de part & d'autre de l'Equateur du Soleil, qui partage également leurs Orbites, y affemblera à peu près de même fon Atmoſphère. M. Caffini marque avoir fort bien ſenti ce Méchaniſme *. * Mais, indépendamment de toute conjecture Phyſique, nous pouvons là-deffus nous en tenir à fes Obfervations, qui s'ac- cordent parfaitement en ce point avec les nôtres, en nous indiquant une inclinaiſon ſenſible entre l'Ecliptique & le plan de l'Atmoſphère Solaire. * Nous ferons donc guidés par les lumières de ce grand Aftronome pour déterminer la quantité de cette inclinaiſon, & nous la ferons ici la même que celle de l'Equateur du Soleil, favoir, de 7 degrés. Elle doit paroître fouvent beau- coup moindreou difparoître ſenſiblement dans la Lumière Zodiacale, lorfque la Terre fe trouve dans certains Aſpects avec elle; mais nous nous réfervons de traiter plus parti- culièrement cet Article, quand nous examinerons les fuites qu'il peut avoir par rapport aux Aurores Boréales. * Art. 1 & 42+ } D 26 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ་ CHAPITRE VI De l'étendue de la Lumière Zodiacale & de l'Atmosphère Solaire. A EN juger par les Qbfervations, & à raffembler toutes les circonftances qui les accompagnent, je trouve que, la Lumière Zodiacale, lorfqu'elle a été aperçue, n'a jamais occupé guère moins de 50 ou 60 degrés de longueur de- puis le Soleil jufqu'à ſa pointe, & de 8 à 9 degrés de largeur à fa partie la plus claire, ou la plus proche de l'Horizon. Ce font des dimenſions qu'elle eut fouvent en l'année 1683, où M. Caffini commença de l'obſerver. Elle ne parut avoir que 45 degrés de longueur en 1688, le 6 Janvier; mais les brouillards qu'il y avoit près de l'Ho- rizon, & la clarté de la Planète de Vénus, où elle fe ter- minoit, ne peuvent manquer de l'avoir beaucoup diminuée. Je trouve de même que fa plus grande étendue apparente, & c'eſt aux années 1686, 1687, a été de 90, 95 & jufqu'à 100 ou 103 degrés de longueur, & de plus de 20 degrés de largeur. Sur quoi il faut obferver, 1.° Que la plus grande largeur ne fe rencontre pas toûjours avec la plus grande longueur, ła première n'étant, par exemple, le 4 Février 1687, que de 13 à 14 degrés, tandis que la longueur paroiffoit de 100 degrés, & le 5 Septembre 1685, la largeur étant de plus de 20 degrés, quand la longueur n'en avoit que 75. D'où l'on peut inférer que quelquefois une même quan- tité de matière, felon qu'elle s'étend plus ou moins fur le plan de l'Equateur du Soleil, ou qu'elle s'arrange autour de fon globe, pourroit la faire paroître fous ces différentes formes. Mais il faut bien fe garder de rien imaginer ici de conftant & de régulier dans ce genre. Le contraire arrive fouvent, & le plus fouvent, fur-tout depuis quelques années, DE L'AURORE BOREALE. Sect. 1. Ch. VI. 27 où la Lumière Zodiacale n'eſt preſque jamais plus large par fa baſe que lorſqu'elle s'étend plus loin par fa pointe, foit que l'augmentation tombe fimplement fur le volume, ou fur la quantité abfolue de la matière. J 2.º La Terre fe trouvant vis-à-vis des plus grandes dif- tances du tranchant de la Lentille, par rapport au plan de l'Ecliptique, le profil du Sphéroïde, ou la lame formée par la Lumière Zodiacale, nous doit paroître plus large que quand elle eſt à fes noeuds. Ainfi l'oeil étant fuppofé en O, par exemple, fur le plan Horizontal HQOA, & la Lu- Fig. III. mière Zodiacale étant rapportée à un Plan vertical AQTZ, l'Obſervateur doit voir cette Lumière de la largeur AQ ou AZQ, au lieu de AM, ou AZM ſeulement, qu'il verroit fi la Terre ſe trouvoit près des Noeuds du tranchant de la Lentille avec l'Ecliptique. Ce qui fera plus approfondi dans la fuite, & nous fervira à donner raifon de quelques irré- gularités apparentes de la Lumière Zodiacale. 3.° On juge fûrement du nombre de degrés qu'occupe la Lumière Zodiacale viſible, en remarquant à quelles Etoiles fe termine fa pointe, & fachant à quel degré de l'Ecliptique fe trouve actuellement le Soleil, comme on a fait, p exemple, ci-deſſus, (p. 12, Fig. 1). Mais il n'en eft pas de même de fa largeur; celle qu'on voit fur l'Horizon ne décide pas abſolument de l'épaiffeur que l'Atmoſphère peut avoir auprès du globe du Soleil; & c'eft peut-être en ayant égard à ce défaut, que Gregori, dans fon Aftronomie phyfique, fait aller cette épaiffeur juſqu'à 30 degrés. Quoi qu'il en foit, la largeur de la Lumière Zodiacale, ou l'épaiffeur de l'At- moſphère du Soleil auprès de fon globe, importe peu ici à notre fujet, où il ne s'agit que de fon étendue, en tant 'elle peut aller jufqu'à l'Orbite de la Terre. & Les plus grandes Elongations des Planètes inférieures nous donnent leurs diftances au Soleil, relativement à ſa diſtance de la Terre. Ainfi la plus grande Elongation de Vénus, par exemple, étant d'environ 48 degrés, la réſolution du Triangle rectangle où cette Planète occupe le fommet de l'angle ** Dij 28 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 Fig. IV, Extraite de la Jeconde, fup. p. 21. • C • $ droit, la Terre le fommet de l'angle de 48 degrés, & le Soleil le troifième, & où le rayon vifuel du Spectateur fait la tangente à l'Orbite de la Planète, nous apprend que la diftance de Vénus au Soleil eft, par rapport à celle de la Terre, comme le finus de 48 degrés au finus total ou de 90 degrés. Tout de même les bords extérieurs de l'Atmo- fphère Solaire AX, ou fon tranchant aperçû de la Terre T, en forme de Lance, fur l'Horizon HR, lorſque le Soleil fe trouve fur la ligne CP des crépuscules, étant regardés comme l'Orbite d'une Planète, le rayon vifuel TV du Spectateur, mené au fommet A de fa pointe projetée ſur le Zodiaque LV, en fera la tangente, & le fommet A de cette pointe, confidéré comme le lieu actuel d'une Planète, en donnera la véritable diſtance AS au Soleil S, par rapport à celle de la Terre TS. ་་ Si la plus grande Elongation de la Planète étoit de 90 degrés, il eft clair par la même Théorie, que le point de fon Orbite où elle feroit aperçûe, feroit actuellement auffi éloigné du Soleil que l'eft la Terre; & le triangle pré- cédent AST, ſe change alors en une eſpèce d'ifoſcèle GTS qui eſt cenſé avoir deux angles droits, à cauſe que l'angle du Soleil devient nul ou infiniment petit. Ainfi lorfque la pointe de la Lumière Zodiacale eft vûe en G, de manière que le rayon vifuel TG, mené de la Terre, répond à des Etoiles D du Zodiaque, qui font à 90 degrés du vrai lieu L du Soleil S, l'angle à la Terre LTD étant droit, tel, par exemple, que feu M. Caffini Pobferva le 7 Mars 1687, & que nous l'avons obfervé quelquefois depuis trois ou quatre années, on peut en conclurre fûrement que l'Atmosphère Solaire s'étend alors tout au moins juſqu'à l'Orbite Terreſtre priſe à ſa diſtance actuelle au point d'Ob ſervation. C'eſt tout au moins, parce qu'il eft plus que vrai- femblable que fon extrémité réelle va au delà de fon extré- mité aperçue, & qu'il faut que le rayon TG ait fait un affez long chemin dans l'Atmosphère Solaire YGF, fur-tout étant près de ſes bords, pour qu'elle y devienne viſible…. ļ DE L'AURORE BOREALE. Sect. I. Ch. VI. 29 • Ꮒ . A plus forte raiſon devra-t-on en tirer cette confé- quence, lorsque la pointe apparente de la Lance aura de plus grandes Elongations, & qu'elle fera vûe, par exemple, en E ou 1, à 93, 95, à 100 degrés ou plus, du lieu L du Soleil. Feu M. Caffini a vû quelquefois la Lumière Zodia- cale à de pareilles diflances; on peut en déduire autant de quelques-unes des Obfervations de M. Eimmart indiquées ci-deffus ;. & nous obfervâmes auffi cette Lumière d'environ 100 degrés de longueur, le 3.me Décembre 1728, depuis sh & du matin jufqu'à près d'un quart-d'heure de cré- pufcule. En cet état il eft clair que la tangente RN, menée de l'Horizon au tranchant de l'Atmosphère ZEH, ne peut paffer ni par la Terre T, ni par la pointe aperçûe en E de cette Atmoſphère vûe de profil par l'Obſervateur qui eft en T, parce que fa partie TRE n'eſt point affez denſe pour être vifible; du moins ne connois-je point encore d'Obfervation qui donne l'angle HTI droit, ou plus que droit, & qui faffe paffer la pointe de la Lumière Zodia- cale vers RE, à l'oppoſite de ſa baſe fur l'Horizon. Mais. ce que l'on n'obſerve pas comme Lumière Zodiacale, on l'a peut-être obfervé plus d'une fois fous une autre idée, & comme une appartenance de l'Aurore Boréale. L'Atmoſphère du Soleil renfermera donc alors le grand Orbe, & paffera bien loin au delà; & fi la Terre fe trouve du côté le plus étendu de ce Sphéroïde Lenticulaire, & fur-tout auprès de fes Noeuds avec l'Ecliptique, comme il eft für qu'elle peut s'y trouver, elle y fera entièrement plongée pendant une partie de fon cours, & pendant tout le temps que durera cette extenfion. Il eſt donc de la dernière certitude que l'Atmoſphère du Soleil peut atteindre jufqu'à nous, que la Terre peut en être, pour ainfi dire, inondée, & que cela doit être arrivé plufieurs fois cela eft, dis-je, certain & démontré indé- pendamment de toute hypothèſe Phyfique, & de l'expli- cation de l'Aurore Boréale que je crois en dépendre. Et c'eſt ce qui mérite affûrément quelque attention, puiſqu'une : D iij 30 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE cauſe fi étendue & fi efficace, un fluide affez denſe pour réfléchir ou pour darder jufqu'à nous la Lumière, que nous traverſons, & dans lequel nous & notre Atmosphère nous trouvons quelquefois plongés bien avant, ne fauroit man- · quer de produire des effets confidérables à notre égard. CHAPITRE VII.. Du mouvement de la Lumière Zodiacale & de l'Atmosphère Solaire. J' *C E n'ai jamais pû me convaincre d'aucun mouvement propre dans la Lumière Zodiacale, & je ne trouve pas que M. Caffini lui en ait attribué d'autre que celui qu'elle doit avoir, ou paroître avoir en qualité de compagne, ou Art. 18. d'Atmosphère du Soleil. Elle paroît, dit-il, s'avancer peu ∞ તે peu d'occident en orient, & parcourir les fignes du Zo- diaque par un mouvement à peu près égal à celui du Soleil.» Ce fut d'abord une des principales raiſons qu'il apporta pour prouver que le fujet de cette Lumière n'étoit pas dans la Sphère Elémentaire. J'avoue qu'il eft difficile que les Obfervations nous faffent apercevoir d'aucun autre mouvement que de celui-là dans un Sphéroïde tel que nous l'avons décrit, & dans l'appa- rence fous laquelle nous le voyons. Mais l'analogie des mouvemens céleftes en général, ſemble exiger que cet amas de matière ait encore un mouvement propre & périodique autour du globe Solaire, à peu près comme les Planètes qui ſe trouveroient aux mêmes diftances que les parties qui le compoſent. C'eſt du moins une hypothèſe très-recevable, & que M. Fatio a adoptée dans la Lettre que nous avons p. 25. déjà citée plufieurs fois : « Mon hypothèſe, dit-il, eſt con- forme à la Phyſique en ceci, que je fuppofe que ces corps » déliés font répandus en rond autour du Soleil, c'eſt-à-dire, » ‘autour du centre du Tourbillon de matière céleſte, & qu'ils < L'AURORE BORÉALE. Sect. I. Ch. VII. 3 i font emportés à l'entour par les mouvemens inégaux des différentes parties du Ciel dans lequel ils nagent. » Il conçoit donc, comme il l'explique encore un peu plus bas, « que toute la maffe du Phénomène tourne à l'entour du Soleil, & que ces différentes parties vont plus vîte à proportion, qu'elles font plus proche de cet Aftre; mais cette maſſe ajoûte-t-il, étant confidérée comme un feul corps, garde une même fituation dans le Ciel, & demeure toûjours ren- « fermée dans le même eſpace ». J Nous n'en dirons pas davantage fur cet Article, trop dé- pendant, en un fens, du Syſtème général de Phyſique que Fon auroit adopté : car nous tâcherons, autant qu'il nous fera poffible, de conſerver à nos recherches l'avantage de ſe foûtenir avec tous les fyftèmes, en n'y admettant que des Obſervations & des faits qui puiffent être avoués de part & d'autre. t CHAPITRE VII I. Des changemens réels ou apparens de la Lumière Zo- diacale & de l'Atmosphère Solaire, & de quelques inductions qu'on en peut tirer par rapport à l'Aurore S Boréale. les corps les plus folides & les plus brillans, tels que les Planètes & les Etoiles fixes, nous laiffent remarquer en eux des changemens, on peut juger combien la Lumière Zodiacale & l'Atmoſphère Solaire, doivent être ſuſceptibles de variété, & fouffrir de viciffitudes. Mais cette analogie nous en indique encore moins que les Obſervations; & il eft certain qu'indépendamment des circonftances optiques, qui ne nous y font découvrir quelquefois que des variations apparentes, y en a de réelles dans l'Atmoſphère Solaire, & qui doi- vent être beaucoup plus confidérables à certains égards, que celles que nous connoiffons de l'Atmoſphère Terreftre. il 32 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Les changemens que nous fommes le plus à portée d'obſer ver dans l'Atmoſphère du Soleil, & qui fe manifeftent fur-tout dans la Lumière Zodiacale, roulent fur fon étendue, fur fa clarté, fur la figure & fur ſa ſituation. Celui de fon étendue ſemble le plus réel, & renferme ſouvent tous les autres: il eft auffi le plus important par rapport à notre ſujet. Ce n'eft pas toûjours faute d'Obfervateurs, que le phé + nomène eft, demeuré, inconnu; il y a tout lieu de croire qu'il a été de longs intervalles de temps fans paroître, &- que l'on n'auroit pas manqué de l'apercevoir 40 ou 50 ans plus tôt, & depuis le renouvellement de l'Aftronomie, s'il avoit eu la même durée, la même force & la même étendue qu'il eut lorfque M. Caffini en fit la découverte. Le té- moignage de ce grand Aftronome là-deffus n'eſt pas équi- voque, & ne fauroit être fulpect. Il emploie un article de • Art. 30. fon ouvrage✶ à rapporter les raiſons, d'où l'on peut inférer que la Lumière Zodiacale n'a pas toûjours été viſible, aux temps de l'année qu'il eft le plus facile de la diftinguer, quoi- qu'elle puifle avoir paru autrefois. Ces temps font, comme nous l'avons remarqué ci-deſſus, le foir au mois de Février, de Mars & d'Avril. Or il affure avoir fait les années pré-- cédentes dans ces mêmes mois, plufieurs Obfervations qui l'engageoient à diriger fes regards vers l'endroit du Ciel où la Lumière Zodiacale auroit dû paroître, & ne l'y avoir point aperçûe: & ces Obſervations rouloient la plupart fur des Comètes qu'il cherchoit en ces endroits du Ciel, en 166 1672, & tout récemment en 1681, deux ans feulement avant la découverte de la Lumière Zodiacale, & la publication qu'il en fit dans les Journaux des Savans. Combien étoit-il difficile qu'en de pareilles circonftances un objet ſi remar- quable eût échappé à des yeux fi clair-voyans! Ce fut vers ces temps-là, c'eſt-à-dire, autour de l'an 1 672; que divers Aftronomes allèrènt par ordre du Roi aux Indes, tant orientales qu'occidentales, & dans la Zone Torride : nous avons les Obfervations qu'ils y firent, & l'on ne trouve point qu'ils aient vû le phénomène dont il s'agit. II DE L'AURORE BOREALE. Sect. I. Ch. VIII. 33 Il doit cependant être plus vifible dans la Zone Torride que par tout ailleurs, foit à caufe que l'Ecliptique y eft moins inclinée fur l'Horizon, ſoit par la briéveté des crépuscules. Mais en 1684, le P. Noel Jéfuite, voyageant dans les Indes orientales & tout proche de l'Equateur, l'aperçoit à la fuite du crépuscule, il voit, dis-je, la Lumière Zodiacale femblable à la Voie Lactée, & fous la forme d'une grande queue de Comète qui s'élève jufqu'à 60 ou 70 degrés au deffus de l'Horizon, fur une amplitude de plus de 15 degrés ; après quoi elle s'abaiſſe peu à peu, & fe cache enfin en fuivant toûjours la route & le mouvement du Soleil *; & il la voit fi fouvent & fi régulièrement dans toutes ces contrées & jufque dans la Chine, qu'il croit pouvoir lui impoſer le nom de fecond crépuscule. * Obfervatio nes Mathem. & Phyf. in India China fata, &c. p. 133: M. de la Loubère, Envoyé du Roi à Siam, la remarqua plufieurs fois après le crépuscule du foir, vers la fin de «< l'année 1687. Il la jugea beaucoup plus large que la Voie « de Lait, & il apprit de M. l'Evêque de Metelopolis, qu'on la voyoit à Siam depuis trois ou quatre ans *. » Le P. Richaud Jéfuite, dans les Obfervations miſes au jour par le P. Gouie, & inférées dans les anciens Mémoires de l'Académie, rapporte, « que non feulement on avoit obſervé cette Lumière à Siam l'an 1 686 & 1687, mais qu'il l'avoit remarquée plufieurs fois à Pondicheri en 1690 *.» Je trouve encore dans une Relation manufcrite, dont l'extrait m'a été communiqué par le P. Duhalde de la même Compagnie, que vers ces mêmes temps, & à compter depuis 1685, jufqu'en 1693 & 94, le P. Lecompte avoit obfervé plufieurs fois à Siam & à la Chine, des Phéno- mènes dont il eſt très-probable que la Lumière Zodiacale, fi ce n'eft peut-être auffi l'Aurore Boréale, étoit le fujet, ou faifoit partie... De longues traces d'ombre & de lumière qu'on voyoit fouvent le foir & le matin dans le Ciel, & aux- quelles leur figure pyramidale avoit fait donner le nom de Verges. Ce qui s'accorde avec les Obfervations de M. Einmart à cc * Caffini, ubi fuprà Art. 43: " * Mém, de l'Acad. tome VII, p. 8241 E 34 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE- Nuremberg, par lefquelles il paroît que cette Lumière a été. très-vifible pendant toutes ces années, & jufqu'en 1694. Voilà donc un nouvel objet, qu'il eft moralement im- poffible que l'on n'eût pas aperçû dans l'intervalle de plu- fieurs années, s'il avoit été le même, our auffi fréquent, dans un temps où les Obfervateurs n'étoient ni moins nom- breux, ni moins éclairés, ni moins attentifs. Auffi l'accroif fement de la Lumière Zodiacale eft-il fi marqué par la Art. 34. fuite de ces premières Obfervations, que M. Caffini trouvoit que dans l'espace de trente-fept mois, à compter depuis l'année 1683, fa longueur avoit augmenté de 30 ou 33 degrés du côté de fon orient, c'eſt-à-dire, dans la partie qu'on en voit après le crépuscule du foir. L'augmentation de clarté & de denfité У fut encore ob fervée en 1686, & par M. Caffini & par M. Fatio. Le Art. 35. premier « trouve furprenant que perfonne ne regardât alors cette Lurnière que comme un fimple brouillard; » & le fecond dont les Obſervations finiffent au commencement de cette année-là, conclud « qu'il ſembloit que la matière du Page 89. phénomène ſe fût épaiffie par la fucceffion du temps. כל • Après l'année 1 687, où la longueur de la Lumière alla un jour à 100 degrés, depuis fa pointe jufqu'au globe du Soleil, il femble qu'elle n'ait fait que diminuer, du moins jufqu'en · 1688, où ſe terminent les Obſervations de M. Caffini. La conféquence que j'ai à tirer de tout ce détail, c'eſt que l'Atmoſphère Solaire s'étendit enfin jufqu'à l'Orbe annuef de la Terre & au delà, qu'elle parvint jufqu'à la Terre même, & qu'elle ſe mêla avec notre air, tout au moins avec celui des Régions fupérieures. Que l'Atmosphère du Soleil ſe foit étendue jufqu'à l'Orbe annuel dans les années 1686 & 1687, c'eſt ce qui fuit des Obfervations que nous venons d'indiquer, & de ce qui a été démontré dans le Chapitre VI: & à l'égard de ſon mélange avec l'Atmosphère terreftre, nous le conclurons, felon notre hypothèſe, de ce que l'Aurore Boréale, dont on } • DE L'AURORE BOREALE. Sect. I. Ch. VIII. 35 Mifcellan. n'entendoit plus parler depuis 1621, commence à reparoître en Allemagne dans le Ringaw* en 1 686, & en Danemarck la Curiofa, anno même année ou en 1 687, comme je l'apprends de M. Horrebow, 1686. Decur favant Aftronome & Profeffeur à Coppenhague. Quant aux Obfervations que je fais depuis quelques années, elles ont donné fouvent 80, 90, & jufqu'à roo degrés de longueur à la Lumière Zodiacale, fur 15, 20, ou 25 de largeur & plus. On voit donc par-là tout au moins, qu'il ne faut pas s'étonner que l'Aurore Boréale, en la fuppofant auffi fiće que je pense qu'elle l'eft avec l'Atmosphère du Soleil, ait été de longs intervalles de temps fans paroître, qu'en d'autres temps elle ait ſouvent paru, & qu'elle ait fait quelquefois de foibles apparitions, qui n'ont point eu de fuite, & qui par-là ne nous ont pas contraints d'y faire une attention particulière comme nous faifons depuis l'année 1716. Si la clarté & la denſité de la Lumière Zodiacale n'aug- mentent pas avec ſon étendue, fi elles diminuent au contraire quelquefois, comme cela peut fort bien arriver, & fi fa pointe en eft moins terminée, l'Atmosphère Solaire pourra atteindre juſqu'à nous, fans que les Obfervations nous en donnent connoiffance, & la Lumière Boréale pourra paroître fans qu'on l'ait vû précéder par la Lumière Zodiacale. Un femblable effet arrivera encore, mais par une cauſe en apparence toute contraire, fi la denfité ou la clarté de la partie du milieu de la Lumière Zodiacale, & la plus proche de l'Horizon, augmente trop avec ſon étendue; car elle lui fera auffi nuifible que le crépuscule, elle effacera tout le refte, & alors les bords apparens & la pointe paroîtront tout-à-fait incertains. C'eſt ce que j'ai tout lieu de croire avoir éprouvé, & à un point extraordinaire l'Automne + Memini me anno ætatis meæ feptimo vel octavo, id eft circà an- num 1686 vel 1687, vidiffe primâ vice Auroram Borealem. Lettre MSC de M. Horrebow du 26 Décembre 1731, adreffée à M. le Comte de Plelo Ambaſſadeur de France à la Cour de Danemarck, 2, p. 215. E ij 36 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * < dernier 1731, où les Aurores Boréales ont été fi magni- fiques & fi fréquentes: car ayant voulu deux ou trois fois obferver le matin la Lumière Zodiacale, dans le mois d'Octobre, le temps m'ayant paru le foir très-favorable pour cela, elle m'a toûjours été dérobée, tantôt par un refte d'Aurore Boréale, dont la lumière s'étendoit du Nord juf- qu'à l'orient, & tantôt par une clarté auffi vive qu'un fort crépuscule, & qui occupoit toute la partie de l'Horizon où le Soleil devoit paroître, quoique ce fût plus de deux heures avant fon lever. On peut s'apercevoir aisément que cet inconvénient eft le même par rapport aux limites de la Lumière Zodiacale, que ce que l'on éprouve pendant les Eclipſes totales du Soleil, où la partie la plus baffe, la plus denſe & la plus brillante de fon Atmosphère efface, ou rend abſolument indéterminées fes extrémités, paroiffant ramaflée autour de fon globe comme une eſpèce de chevelure, * Page 14. ainfi qu'il a été remarqué ci-deffus *. J'ai encore obfervé plufieurs fois, qu'après que la Lumière Zodiacale avoit ceffé de paroître le foir fous fa forme de lance ou de fuſeau, toute la partie du couchant demeuroit plus éclairée que le refte du Ciel, fur 30 ou 40 degrés d'amplitude. Mais ce qui dans la fuite m'a le plus. fouvent empêché d'obſerver la longueur & les extrémités de la Lu- mière Zodiacale, c'eft qu'elle venoit fe confondre avec l'Au- rore Boréale, comme je l'ai dit de l'Automure dernier. C'eſt ce que j'ai auffi remarqué depuis quelques années, dans les mois de Mars & d'Avril, & cela avec tant de règle & de conftance, qu'il fembloit quelquefois que ce phénomène allât. devenir auffi ordinaire que le crépuscule. Nous avons déjà touché quelque chofe des variations. réelles ou apparentes qui furviennent à l'Atmosphère du Soleil dans fa figure & dans fa fituation, en traitant ces articles; & cela fuffit fi l'on ne la confidère que comme- un Sphéroïde plat, parfaitement circulaire par fes bords & concentrique au Soleil. Mais ne feroit-il pas poffible que 5 * DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 1. Ch. VIII. 37 l'Atmoſphère du Soleil fût elliptique par fon tranchant, & que le corps de cet Aftre n'y occupât qu'un des Foyers de l'Ellipfe, pluftôt que le centre, comme dans les Orbites des Planètes? Il faut tout au moins dire un mot des apparences qui s'en enfuivroient. Soit donc l'Atmosphère Solaire ABCD projetée fur le Fig. V. plan de l'Equateur du Soleil, & fituée par rapport à l'Orbite terreftre EXGH vûe fur le même plan, de maniere que leurs Axes ou Apfides AC, EG, fe coupent fous un grand angle quelconque CSG à leur Foyer commun S, où ſe trouve le Soleil. Soit le centre de la première en K, & ſon petit Axe DKB. Cela pofé, la Terre fe trouvant en H, ou en h, par exemple, fur la projection du grand Axe AC de l'Ellipfe ABCD, elle verra deux portions égales de cette Ellipfe, KBAK, KDAK, ou KBCK, KDCK, de part & d'autre du centre K, & du Soleil S, qui eft fur la même ligne. Et fi l'Atmoſphère Solaire ABCD étoit uniformément viſible dans toutes ſes parties également dif- tantes de l'Axe AC, l'Obfervateur placé à l'un de ces deux points H ou h, la jugeroit comme nous avons fait (chap. IV) & par les raiſons que nous en avons rapportées, un Sphé- roïde aplati, exactement circulaire & concentrique par fes bords au globe du Soleil. On aura encore la même apparence à cet égard, forfque la Terre ſe trouvera fur les points de fon Orbite X, L, par exemple, ou équivalens, d'où l'angle viſuel compris entre deux lignes ou tangentes, menées aux extrémités viſibles de l'Atmosphère Solaire, fera partagé en deux également. par la ligne menée au Soleil ou Foyer commun S. En toute autre rencontre, en F ou ƒ, par exemple, fur le petit Axe de l'Ellipfe prolongé ou non prolongé, & par-tout où la Terre ne fauroit voir le Soleil S, au milieu K de l'angle viſuel que forment les deux tangentes FT, FN, mais au deffus ou au deffous, comme en FS, les deux moitiés du Sphéroïde devront paroître de différente grandeur entre elles E iij 38 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE à chacune de ces ftations différentes, & fous une infinité de rapports. Donc on pourra dans tous ces cas fe tromper fur la figure de l'Atmoſphère Solaire, parce qu'on pourra la juger feule- ment d'une différente étendue en total, quoique réellement elle ait demeuré toûjours la même, comme réciproquement dans les cas inverſes on auroit pû la croire de la même étendue, quoiqu'elle eût réellement changé. Selon cette Théorie, il n'y auroit qu'un grand nombre d'Obfervations faites le matin & le foir dans le même jour, & en différentes faifons de l'année, qui puffent enfin nous affurer de la véritable figure ou la plus ordinaire du Sphé- roïde dont il s'agit: car on en verroit alternativement les deux moitiés, l'occidentale & l'orientale. Mais rien n'eſt ſi rare, comme nous l'avons expliqué, que de pouvoir obferver deux fois la Lumière Zodiacale en un même jour. Il faudroit pour cela ſe trouver dans quelqu'une de ces contrées de la Zone Torride, où l'inclinaifon de l'Ecliptique à l'Horizon, moins grande ou moins variable que par-tout ailleurs, & où la férénité conftante du climat, favoriferoient la fuite non interrompue de pareilles Obſervations. Je ne me fouviens guère d'en avoir vû qu'une de cette eſpèce, bien circonf- tanciée parmi le grand nombre d'autres qu'en rapporte feu *Art. 39. M. Caffini*. Les deux moitiés furent vûes égales le ſoir & le matin du 4 au 5 Décembre 1687, & chacune de 70 de longueur fur 20 de largeur. Nous n'infifterons donc pas davantage fur cette idée d'excentricité, juſqu'ici trop gratuite, & pluftôt contraire que conforme aux Obfervations; fans compter que la rotation du Soleil fur fon Axe, ne peut imprimer au fluide dont il eft immédiatement environné que le mouvement circulaire, ni le déterminer de proche en proche, & dans toutes ſes couches, à prendre d'autre figure que la circulaire, & concentriquement au Soleil. Comme les Obfervations les plus fuivies de la Lumièrę DE L'AURORE BORÉALE. Sect. I. Ch. VIII. 39 Zodiacale fouffrent ordinairement de grandes interruptions, & qu'il ne faut pas prétendre pouvoir jamais les mettre en règle autrement qu'à force d'en multiplier extrêmement le nombre, il n'eſt pas poffible de démêler dans celles qui nous ont été tranſmiſes jufqu'ici, & qui ne s'étendent que fur quatre, cinq ou huit années, à quoi peuvent appartenir certains changemens brufques, qui furviennent à l'étendue, à la denfité & aux autres modifications de cette Lumière, tandis dans le total & fur de grandes maſſes de temps, que il y règne un progrès affez régulier. Par exemple, elle augmente felon M. Caffini*, depuis le milieu de Janvier 1686, jufqu'au milieu de Février, où la longueur approche de 90 degrés d'étendue, à compter depuis le Soleil jufqu'à ſa pointe: elle diminue enfuite, en fe foûtenant aux environs de 80 ou 75 degrés, jufqu'au 1 1.me Avril, où elle tombe affez vîte à 58, ou même à 53 degrés. Mais on la voit tout d'un coup reparoître en trois jours, dès le 14 du même mois, avec 90 degrés de longueur, jufques vers le milieu du mois de Mai, où elle en a 93. Cependant il réſulte de la totalité des Obfervations de M. Caffini, comparées avec les premières de l'an 1683, que la Lumière Zodiacale a augmenté de plus de 30 degrés de longueur. fa * Art. 34 v35. Je remarque des variations fort ſemblables depuis quelques années, quoique le phénomène foit, à mon avis, plus apparent & qu'il ait plus de corps que du temps des Obfervations de M. Caffini. Par exemple, le 8.me Janvier 1730, la Lumière Zodiacale, vers les 6 heures du foir, fe terminoit par pointe auprès de la tête de la Baleine, & avoit par conféquent 5 ou 90 degrés de longueur; & onze jours après, le 19 du même mois, à la même heure, je la trouvai d'environ 30 degrés plus courte, & n'allant que jufqu'au deffous de la Section du figne du Bélier vers le fud, près de la queue de la Baleine. J'ai vû même des nuits affez belles, fans clair de Lune, & fans aucune apparence des obftacles qui s'oppofent d'ordinaire à l'apparition de cette Lumière, où elle ne ſe 8 46 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE montroit point du tout, après avoir paru quelques jours auparavant, ou feule, ou confondue avec l'Aurore Boréale, & quelquefois malgré des circonftances peu favorables. J'ai de la peine à croire qu'il y ait toûjours de la réalité dans ces changemens, & qu'ils ne foient pas dûs le plus ſouvent à de fimples apparences, ou à quelques difpofitions particulières & accidentelles du milieu à travers lequel nous les voyons. • SECTION IL { T Planche 1.Sect.I.p.40. M H a ÷ * Aldebaram Le Taureau Fig. 1. Qui represente la Lumiere Zodiacale ou l'Atmosphere du Soleil vuë de profil, vers la fin du mois de fevrier, la Section du Printemps étant supposée sur le plan de l'horison de Paris. * La Baleine I Σ Pleiades N d Le Belier Le Serpentaire Le Scorpion * Antarc S L E G Eḥ Simonneau Sculp. B R * La grande Ourse Planche II. Sect. I. p. 40, * mp 入 ​1 ** Y H V * Pole Boreal du Monde Nauds de l'Equa teur du Soleil II 1 ! I A i tes de lEqu.Sol Cercle des Limi- Cephée Orbite de ♂ दा M F * Orbitz N * M Hercule 18 Noeuds б * Terre * Le Cigne * X de la Limites ų H Z не Fig. II. Qui represente l'Atmosphere du Soleil projettée sur le plan de son Equateur, et sur une partie de la concavité de Hemisphere Boreal du ciel; l'ocuïl etant suposé sur l'Axe du Soleil prolongé de son Pole Austral (S) a une distance telle que cette Atmosphere y est vue sous un angle de 45 degrés. Cette Figure sera plus particulierement expliquée dans la 4me Scetion Ph.Simonneau Sculp· .. D L H i > T Fig.V. Planche III. Sect I. p. 40. Ꮓ AG T K B F S E A L A Fig III е M H N A D Fig.IV. N E F G H AR T C X Y Z Phi Sononneau Sculp. * DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. 41 SECTION II De l'Atmosphère Terreftre, de fa hauteur, de la Région que l'Aurore Boréale y occupe, & de l'exclufion que cette circonftance donne à quelques cauſes auxquelles on avoit jufqu'ici attribué le Phénomène. J'EN 'ENTENDS par l'Atmosphère Terreftre, tout cet air, ou ce fluide quelconque qui enveloppe le globe de la Terre, qui pèfè vers fon centre & fur fa furface, & qui eft emporté avec elle, en participant à tous ſes mouvemens, l'annuel & le diurne. Cela pofé, on ne fauroit douter que l'Aurore Boréale ne foit dans l'Atmoſphère Terreftre, puiſqu'elle fuit viſiblement fon mouvement diurne, & que l'on n'aperçoit dans aucune de ſes parties le mouvement extérieur du premier mobile ou cette révolution apparente que les Aftres font régulièrement tous les jours autour de la Terre, d'orient en occident. C'eſt à quoi j'ai été attentif dans le cours de plufieurs de mes Obfervations, où j'ai trouvé que la maffe totale du phéno- mène demeuroit immobile, ou affectoit au contraire de ſe porter d'occident en orient, en fe rangeant plus exactement autour du Pole de la Terre, après avoir commencé par décliner beaucoup vers l'occident. Il eft impoffible d'ailleurs de concevoir que les matières qui compofent l'Aurore Boréale, puffent ſe ſoûtenir dans l'Ether, qui eft, de quelque façon qu'on l'entende, tout ce que nous imaginons de plus léger & de plus fubtil. Il n'eft pas moins certain, par un grand nombre d'Obfervations, dont nous dont nous verrons bien-tôt le détail, que l'Aurore Boréale eft dans une Région F 42 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE très - élevée, & fort au deffus de la hauteur qu'on donne communément à notre Atmofphère. Ce phénomène eft donc lui-même une forte preuve de la grande hauteur de l'Atmoſphère Terreftre, en comparaiſon de celle qu'on lui a donnée jufqu'ici. Nous n'en demeurerons pas là cependant, cette queſtion étant affez importante par rapport à notre fujet, & affez curieufe par elle-même pour mériter un plus ample examen. CHAPITRE PREMIER. Des moyens qu'on a employés jufqu'ici, pour connoître la hauteur de l'Atmosphère Terreftre. PR RESQUE toutes les Méthodes dont les Phyſiciens & les Aftronomes ſe font fervis jufqu'à préſent, pour déterminer la hauteur de notre Atmosphère, peuvent être réduites à deux. La première & la plus ancienne eft priſe de la durée des crépuscules, & fixe la hauteur de l'Atmosphère à celle des dernières couches d'air qui nous réfléchiffent les rayons du Soleil; foit qu'on obferve l'élévation apparente de ces. couches fur l'Horizon, en degrés minutes, pendant que le crépuscule fubfifte, foit qu'on la déduiſe de la fin du crépuscule ou du commencement de l'Aurore, lorſque le Soleil eft environ 18 degrés au deffous de l'Horizon. Cette méthode a été employée par Alhazen, Auteur Arabe, qui vivoit dans le 1 1.me fiècle, & par Vitellon fon contemporain, par Ticho-Brahé, Kepler & plufieurs autres Aftronomes du 16,me & du 17.me fiècle, & enfin par M. de la Hire, qui * Mém. 1713, nous a laiffé un excellent Mémoire fur ce ſujet P. 54. * La feconde manière de meftrer la hauteur de l'Atmo- fphère, qui eft la plus moderne & la plus fuivie aujourd'hui, eft fondée fur les différentes hauteurs du mercure dans le Baromètre, en tant qu'elles répondent à des hauteursTerreftres } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. I 43 181, anno acceffibles, & actuellement mefurées au deffus du niveau de la Mer ou de la furface de la Terre; d'où l'on déduit par de calcul, & en conféquence de quelques dilatations connues de l'air, la hauteur où l'air doit arriver, pour n'avoir plus de denfité fenfible, & pour terminer ce qu'on appelle communément l'Atmosphère. Cette méthode fut imaginée peu de temps après la découverte de la pefanteur de l'Air, ou de l'invention du Baromètre. M. Paſcal eſt le premier qui s'en foit fervi pour connoître la hauteur des montagnes. Mais M. Mariotte, dans fon effai de la Nature de l'Air, en conclut la hauteur de l'Atmoſphère, par une progreſſion des dilatations de l'Air à différentes diftances de la furface de la Terre, & par l'épaiffeur que doivent avoir les couches qui y répondent, & qui font indiquées par les hauteurs réciproques du mercure. M. Halley* l'employa auffi au même * Philofoph. ufage, en faifant repréſenter ces hauteurs du mercure, ou les Tranfact. N. preffions aux abciffes d'une Hyperbole entre fes Afymp- 1686. totes, & les volumes ou les raréfactions de l'Air, aux appliquées ou aux eſpaces hyperboliques compris entre elles; ce que M. Bouguer* a pratiqué en dernier lieu, Coordonnées de la Logarithmique. Quelque diverfité qui règne dans la manière de ſe ſervir mière, p. 153• des deux méthodes précédentes, felon les différentes vûes, & le différent génie des Auteurs qui les ont mifes en pratique, elles fe font prefque toûjours accordées jufqu'ici, en ce qu'elles ont renfermé les limites & la hauteur de l'Atmosphère conçûe à la manière ordinaire, & comme un fimple amas d'air capable de produire des effets fenfibles, entre quinze ou vingt lieues de hauteur. Je ne fache que * Epicom. Kepler* qui diffère beaucoup de ce réſultat, en employant Aftron. Copern la première méthode, & feu M. Maraldi * en employant P: 74 la feconde, l'un & l'autre faifant l'Atmosphère beaucoup année 1703, plus baſſe. , par les Nous remarquerons auffi que M. de la Hire femble don- ner la préférence à la Méthode des crépufcules fur celle du Baromètre: car il dit au fujet de la recherche de M. Mariotte, * Effai d'Op tique fur la gra- dation de la Lu ► * Mém. Acad. P. 234. Fij 44 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE כל "2 t fondée fur cette feconde Méthode : « Mais ces fortes de calculs ne peuvent jamais avoir beaucoup de jufteffe, parce qu'ils font déduits de quelques pefanteurs de l'air proche de » la Terre; & de plus nous ne pouvons pas favoir par nos expériences, jufqu'à quelle hauteur les particules à reffort de l'air peuvent fe dilater dans l'Ether, ni la progreffion de » leur dilatation, & c'eft beaucoup feulement d'avoir approché autant qu'a fait M. Mariotte,» 2 » » 1 Quoi qu'il en foit, les différences qu'il pourroit y avoir dans les hauteurs de l'Atmoſphère, qui fe déduifent de ces deux Méthodes, de quelque façon qu'elles foient employées, ne font ici de nulle conſidération, & nous avons bien d'autres exceptions à apporter contre les limites qu'elles donnent: à cette hauteur, en concevant, comme nous avons dit, fous l'idée d'Atmoſphère Terreftre, tout le fluide quelconque; homogène ou non homogène, qui enveloppe le globe de la Terre, & qui participe à fes mouvemens. Car, 1. à l'égard des crépuscules, ils nous donnent la hauteur des dernières couches d'un air encore affez denſe, ou compofé de particules affez groffrères pour nous réfléchir fenfiblement la lumière du Soleil: mais ils ne fauroient nous rien apprendre de l'air, ou de tel autre fluide qui eft aur delà, & qui ne nous réfléchit plus une femblable lumière, quoique d'ailleurs capable de produire une infinité d'autres effets fenfibles qu'on a ignorés jufqu'ici. 2.° J'en dis autant du Baromètre, il nous indique le poids de la colonne de cet air groffier, qui ne fauroit paſſer à travers les pores du verre ou du mercure, & nullement le poids abfolu de toute la colonne d'Air en général, ou de tel autre fluide qui ne fait pas moins partie de l'At- moſphère Terreſtre, que cet Air groffier. Le premier article ne fouffre aucune difficulté; nous allons tâcher d'éclaircir & de juſtifier le ſecond.. # DE L'AURORE BORÉALE. Séét. 11. Ch. II. 45 A रें CHAPITRE A * À II.) * Que le Baromètre ne nous indique point le véritable poids * de l'Atmosphère, ni par conféquent fa hauteur. # COM OMME les inductions qu'on tire des différentes dila- tations de l'Air à différentes hauteurs, par les abaif- femens du mercure dans le Baromètre, font entièrement fondées fur ce principe, que les compreffions & les raré- factions de ce fluide peuvent être pouffées à l'infini, ou indéfiniment, & garder toûjours néanmoins une proportion conftante avec les poids dont il eſt chargé, il fuit à la rigueur que l'Atmoſphère pourroit être conçue d'une hauteur infinie; can à quelque couche d'air que l'on arrive au deffus des premières, il en faudra toûjours imaginer une autre au delà, qui, fur un égal abaiffement du mercure, fe trouvera plus épaiffe, & ainfi de fuite à l'infini, felon la progreffſion donnée ou fuppofée d'après les expériences faites auprès de la furface de la Terre. Mais paffé un certain terme, au delà, par exemple, de quinze ou feize lieues de vingt-cinq au degré, & dans l'hypothèſe des dilatations de l'air en raifon inverſe des poids qu'il foûtient, l'air fe trouvant plus de quatre mille fois plus dilaté que ne l'eft celui que nous refpirons, il n'eft plus compté pour rien, & la plupart des Phyficiens qui ont employé cette Méthode & admis cette hypothèſe, ont regardé ce terme comme les bornes fenfibles de notre Atmoſphère. En effet, les expanſions de l'air qui eſt au deffus y croiffent fi rapidement, & deviennent bien-tôt ſi prodigieufes, qu'au double de cette hauteur, c'eft-à-dire, à 30 lieues, elles devroient, felon le calcul de M. Mariotte, être plus de huit millions de fois plus grandes qu'auprès de la furface de la Terre *; & le mercure qui fe foûtient ici bas De la Nats. à environ 28 pouces, n'auroit la vingt-millième partie pas d'une ligne, étant porté à une telle hauteur. * de l'Air, page 176.4. • F iij 46 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE PP. 229, 232,234 267. P. 16. L'idée qu'on a prife par-là du poids, de la confiſtance, & de la hauteur de l'Atmosphère Terreftre, me paroît très- différente de celle qu'on doit en avoir car, outre que d'autres hypothèſes, & plus conformes aux nouvelles Obſervations fur les dilatations de l'air au haut des montagnes, poufferont beaucoup plus loin la hauteur de l'Atmosphère, & lui feront foûtenir de beaucoup plus grands poids, pourquoi borner la matière de l'Atmoſphère, & l'air même à cet air groffier, qui ne fauroit paffer au travers du Verre? Plufieurs expé- riences doivent nous perfuader que toutes les particules de l'air ne font pas de la même groffeur; & que s'il y en a quelques- unes pour leſquelles le Verre n'eft pas perméable, il y en peut avoir une infinité d'autres qui paffent plus ou moins librement à travers fes pores. par 1.º Des Baromètres faits de différent Verre en peuvent fournir une preuve: car il arrive preſque toûjours que le mercure s'y foûtient à des hauteurs qui different de 2, 3, 4, &, juſqu'à 6 ou 7 lignes. C'eft une expérience que j'ai faite avec des Verres neufs, qui ſortoient de la Verrerie, & dont on peut ſe convaincre fe convaincre par foi-même, ou la voir exécutée M. Amontons, dans les Mémoires de l'Académie, année 1705 *. Ce qui ne peut venir que de la différente porofité des Verres, dont les uns laiffent paffer des particules d'air plus groffes que ne font les autres. Je n'ignore pas que les Mémoires de l'année ſuivante 1706*, tendent à révoquer en doute cette cauſe, fur ce que les tubes lavés avec de l'Eſprit de vin, produiſent des effets ſemblables, qu'un peu d'humi- dité fuffit pour faire baiffer le mercure, & qu'on croit que c'eft par la grande raréfaction qu'elle produit fur le peu d'air qui demeure toûjours enfermé dans le tube. Mais outre l'expérience des Verres neufs & bien fecs, il eft aiſé de voir encore que l'effet de l'humidité ou de l'Esprit de vin fur des tubes de Baromètre, ne peut agir que par quelque cauſe ſemblable à celle que nous venons d'indiquer, & nullement voie de reffort & de réaction contre le mercure; puifque tous ces tubes étant chargés. & inclinés, le mercure y monte par DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. 11. 47 librement, & en touche auffi exactement le bout que dans les Verres les plus fecs. M. Amontons qui penſoit que FEſprit de vin, en lavant les parois intérieures du tube, & en détergeant la craffe du mercure engagée dans fes pores, ouvroit de nouveaux paffages à l'air fubtil, n'a pas eu le temps de faire fentir l'inconféquence des objections qu'on faifoit contre fon explication, étant mort l'année 1705: mais j'ofe avancer, en attendant que je le faffe voir ailleurs plus au long s'il eft néceffaire, que lorfqu'on pefera bien les raiſons alléguées, & les faits apportés en preuve de part & d'autre, on trouvera que M. Amontons étoit fondé en tous chefs. Du refte, quelle apparence y y a-t-il que toutes les parties de l'air foient exactement de la même groffeur & de la même figure? Bien d'autres expériences confirment leur diverfité. Ainfi les parties de l'air peuvent ne pas agir toutes fur la furface extérieure du mercure, pour le foûtenir dans le tube du Baromètre, parce que quelques- unes d'entre elles paffent à travers fes pores, & appuient en même temps fur la furface intérieure du mercure. Et comme on ignore où commencent & où finiffent les groffeurs & les figures qui conviennent aux pores du Verre ou du Baromètre, & qui s'ajuſtent avec eux, on ne fauroit dire auffi quelle eft la partie du poids abſolu de l'air & de l'At- mofphère prife en ce fens étroit, que cet inftrument nous indique auprès de la furface de la Terre. 2.° De l'eau bien purgée d'air, demeure ſuſpendue dans un tuyau de 3 ou 4 pieds de longueur, furmonté d'une groffe boule de verre, qui en eft auffi remplie, quoique le tout foit enfermé dans le vuide de la machine pneumatique. Cette expérience fut faite d'abord par M. Huguens, & répétée enfuite par la Société Royale de Londres, à qui il l'avoit communiquée. M. Huguens fe trouvant quelque temps après en Angleterre, on fit encore la même expérience devant lui dans une affemblée de cette Société. « M. Boyle s'aviſa enfuite de la faire fans l'aide de la machine, fimplement avec du vif-argent enfermé dans un tuyau de verre, dont « H 48 TRAITÉ PAYSIQUE ET HISTORIQUE * * >> » כל >> * le bout ouvert trempoit dans d'autre vifargent, ayant trouvé le moyen de purger parfaitement d'air le mercure pendant » trois ou quatre jours. Enfin, Leffai réuffit, & au lieu que dans l'expérience de Torricelli le mercure defcend dans le tuyau de verre, jufqu'à ce qu'il n'y en refte que 27 ou 28 pouces » au deffus du niveau du mercure dans lequel le tuyau trempe, M. Boyle, & en même temps auffi M. le Vicomte Brounker Préſident de la Société Royale d'Angleterre, le firent tenir premièrement à la hauteur de 34 pouces, puis à celle 52, de 55, & à la fin jufqu'à la hauteur de 75 pouces » le tuyau demeurant toûjours plein, fans que l'on fache encore jufqu'où peut aller la plus grande hauteur poffible. Voilà ce que M. Huguens nous apprend dans une de fes lettres adreffée à l'Auteur du Journal des Savans, & inférée dans la feuille du 25 Juillet 1672. On voit auſſi les mêmes, Oper. Ma- faits & plus détaillés dans l'Hydroftatique de M. Wallis*. >> כל כל น them, t. 1, P› 11051. de + 3. Enfin dans la fameuſe expérience de Guerick de Magdebourg, on s'aperçût bien-tôt que les deux Hémisphères creux, & vuides d'air, ou les deux marbres polis appliqués l'un contre l'autre, foûtenoient un beaucoup plus grand. poids que celui qui pouvoit, répondre à la colonne d'air qui appuyoit fur leur furface. Nous trouvons encore fur ce fujet dans le Journal des Savans du 17me Avril 1679, une expérience faite à Leyde, où deux Plans polis de 24 pouces de diamètre fe coloient & s'uniffoient fi bien enſemble par la fimple juxta-pofition, & frottés, feulement avec un peu de graiffe, qu'ils foûtenoient un poids, de 580 livres attaché au Plan inférieur, fans ſe ſéparer. On n'explique pas fi ces Plans étoient quarrés ou circulaires; le mot de diamètre femble dire le dernier. Mais fuffent-ils quarrés, il s'enfuit que le poids foûtenu étoit plus de neuf fois auffi grand que celui de la colonne d'air indiquée par le Baromètre ordinaire. Car 2 pouces de côté donnent une bafe de 5 pouces quarrés, qui étant multipliés par 28, hauteur du Baromètre, font environ 141 pouces cubes, & ceux-ci multipliés encore par 74 onces, qui eft à peu près le poids du pouce cube de mercure produiront 1 16 } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. II. 49 produiront 990 onces & quelques gros, ou environ 62 livres, ce qui ne fait pas la 9me partie de 580*. Que fr l'on fuppofe les Plans circulaires, comme il eft naturel de le juger par l'expreffion de diamètre, le poids foûtenu fera près de douze fois auffi grand que celui de la colonne d'air qui répond à 28 pouces de mercure. Ce rapport augmente encore, & environ du double, dans une femblable expérience faîte depuis peu par M. Muſſchenbroek*, Or il me paroît que quelque force que l'on donne à la contiguité des parties, ou à la ténacité & à l'adhéſion des molécules graiffeuſes qui joignent les deux Plans, la réſiſtance ou la force qui ſe manifefte dans toutes ces expériences, la furpaffe infiniment, & doit être attribuée en plus grande partie à la preffion extérieure de l'air fubtil ou du fluide quelconque qui pèſe dans l'Atmoſphère conjointement avec l'air groffier, & qui paffe plus ou moins librement à travers les pores du verre, felon les circonstances. Car pour ne parler ici que de l'expérience du Baromètre répétée plufieurs fois à Londres par M. Boyle, & devant M. Huguens, je confens qu'on accorde à l'adhéſion, ou, fi l'on veut, à l'attraction réciproque des parties contigues du mercure & du verre une auffi grande force qu'on voudra, & capable de tenir la furface extérieure de l'un colée contre la ſurface inférieure de l'autre, malgré le poids d'une colonne qui excède de 47 pouces celle qui fait équilibre à l'air groffier, qui n'eſt que de 28. J'y confens, parce qu'aucun fait connu ne peut nous fervir à déterminer cette prétendue force. Mais il n'en eſt pas de même de l'adhéſion du mer- cure au mercure; ce n'eft pas ici un corps tout d'une pièce : nous favons, ou plutôt nous voyons que la plus petite force faire gliffer les parties de ce fluide les unes fur fuffit pour + C'en fera plus que la 8me partie, fi, au lieu de ne faire le poids du pouce cube de mercure que de 74 onces, conformément à ce que M. Homberg en avoit donné à l'Aca- démie, on le fait d'environ 8 onces, avec quelques Auteurs plus modernes. Mais on voit bien que cela eft ici de nulle conféquence. G * Differtationes Phyfica, &c. P. 436. * Idemque... frequenti expe- rientiâ. Wallis abi fup. 50 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE les autres; & s'il falloit la comparer avec le poids d'une colonne de 47 pouces, nous la trouverions plufieurs milliers de fois au deffous. Nous voyons encore que le mercure purgé n'en eft que plus fluide & plus mobile, & qu'en quelque état qu'il foit, l'attraction du verre ne l'empêche pas de couler, du moins à la plus petite diftance fenfible de fa furface. Or, cela pofé, imaginons ce cylindre de mercure de 75 pouces de hauteur, qui fe foûtient dans le tube. Ne pourrons-nous pas auffi, dans ce cylindre même, en imaginer un ou pluſieurs autres plus petits? Je demande donc comment on conçoit que ce fecond cylindre de mercure dans le mercure réfifte à l'impulfion d'une telle pefanteur, ou ne gliffe point étant pouffé par une force prefque double de celle de tout le poids de l'Atmofphère d'air groffier, en un mot, par une force égale au poids d'une colonne de mercure de 47 pouces de hauteur? La petiteffe des tuyaux qu'on foupçonne fans aucun fondement, qui pourroient avoir été employés à cette expérience, feroit ici d'une foible reffource, & l'on ne fonge pas qu'au contraire le mercure fe tient toûjours un peu plus bas dans les Baromètres à tuyau capillaire, que dans les autres, parce que le mercure ne mouille pas le verre. Mais ces Baromètres, & quelque capillaire qu'en foit le tuyau, ne nous fourniffent-ils pas d'ailleurs une preuve fenfible du peu d'adhéfion qu'il y a du mercure au verre? Car le mercure y monte & monte & y defcend, & nous y indique les mêmes variations de l'air que dans les Baromètres ordi- naires. C'eſt là pourtant que cette adhéfion devroit ſe montrer dans toute fa force; & fi c'eſt l'adhéſion qui les tient ſeulement un peu plus bas, de 3, 4, 5 ou 6 lignes, fur la hauteur de 27 ou 28 pouces, elle n'y fait elle n'y fait pas la 50.me partie de l'effort réſultant de la gravitation de l'At- moſphère fur le mercure, & moins encore la 100.me partie de cet effort, dans le cas des expériences de Londres. Il paroît donc qu'on ne fauroit affigner de cauſe plus vrai-femblable de l'effet propofé, que le poids d'un air } DE L'AURORE BOREALE. Sect. 11. Ch. II. ' ? moyen ou plus fubtil que celui qui agit fur les Baromètres ordinaires... t Mais, ajoûtera-t-on, comment concevoir que le mercure, quelque purgé d'air qu'il foit, puiffe fe foûtenir dans un tube dont le verre donne paffage à ce nouvel air? Cet air ou ce fluide, appuyant contre la ſurface ſupérieure du mercure dans le tube comme il appuye fur celui qui eft dans la boîte, ne l'abaiffera-t-il pas, & ne le remettra-t-il pas promptement en équilibre avec la colonne de 28 pouces? Pour répondre à cette objection, je prends garde que; felon ce qui nous eft rapporté de l'expérience de Londres, la moindre bulle d'air qui vient à monter au haut du tube, & la moindre ſecouffe étant capables de faire deſcendre le mercure à fon point ordinaire, il faut néceffairement que dans le cas de la ſuſpenſion, les parties du mercure bouchent les pores du verre qui peuvent donner paffage à l'air ſubtil, & d'autant plus que le mercure eft mieux purgé d'air: car on voit bien que les particules de l'air groffier que contient le vif-argent non pùrgé, en doivent déranger un peu la contexture, & l'empêcher de s'appliquer auffi immédiatement à la furrace intérieure du verre, & de s'engrainer aufſi-bien dans les interſtices de fes parties folides, que lorfqu'il eft plus pur & plus fluide. } Je remarque auffi que le vif-argent impregné d'air groffier, peut donner un libre paffage à l'air fubtil, ou à tel autre fluide de même nature dont le poids le tiendroit arrêté à 75 pouces & au delà, qu'il ne lui donnera plus, lorfqu'il en fera purgé; de même qu'un corps déjà mouillé & impregné d'eau, peut être plus aisément pénétré par une autre liqueur aqueufe que s'il étoit fec: car ce fluide montant continuel- lement de la ſurface du mercure de la boîte juſqu'au haut de celui qui remplit le tube, & venant à fe mettre entre lui & le tube, il y pefera & l'abaiffera juſqu'à la hauteur où il n'eſt ſoûtenu que par l'air groffier, quand même les pores du verre feroient impénétrables à ce fluide. Enfin il eft poffible de concevoir que l'air groffier mêlé G ij 52 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE avec le mercure, & en l'état où il a coûtume d'être dans les liqueurs, laiffera paffer un air ou un fluide plus fubtil fans donner paffage à fon femblable; parce que, comme on le fait par plufieurs expériences, & comme je l'ai expliqué ailleurs, l'air intimement mêlé & engagé dans les corps, & fuf-tout dans les liquides, y eft fous une forme toute différente de celle qu'il a en maffe & lorfqu'il eft libre. Quelles que foient ces conjectures, on peut conclurre ce me femble, de la totalité des faits, que l'air dont le Baromètre nous indique le poids, n'eſt ni le dernier, ni le feul qui entre dans la production des effets de la Nature, & dans la compofition de l'Atmosphère conçue en général, & felon que nous l'avons définie au commencement de cette Section. Eh! comment d'ailleurs cette profonde enveloppe qui fait notre Atmoſphère, ſeroit-elle fi parfaitement uni- forme, qu'il n'y eût dans fon tiffu ou dans fes interſtices, des parties de différente figure & de différente groffeur? La Lumière, qui eſt de tous les fluides le plus pur & le plus homogène en apparence, que nous connoiffions, en a, & c'eft vrai-ſemblablement à la différente groffeur de fes cor- pufcules, & par-là à leurs différentes viteffes qu'on doit attribuer fes différens degrés de réfrangibilité, & les diffé- *Vay. Mém. rentes couleurs *. Acad. 1737. page 29; Et n'oublions pas, comme nous l'avons infinué d'après 1738, p. 23. M. de la Hire*, que quand même les poids de l'air indi- * Sup. p. 43. qués par le Baromètre, feroient fuffifans pour déterminer celui de toute l'Atmoſphère, l'induction qu'on en tire de la hauteur des différentes couches qui leur répondent de- meureroit toûjours très-douteufe, par la jufte raiſon qu'on a de croire, que fi les raréfactions de l'air, & les poids foûtenus par le mercure, gardent auprès de la furface de la Terre le rapport fuppofé dans le calcul de M. Mariotte, ils en ont un tout différent à de plus grandes hauteurs, → Differtation fur la Glace, 3m² эта édition inférée dans le Traité des vertus médicinales de l'eau commune. Paris, 1730, tome 11, page 614; 4me édition, Imprimerie Royale» 1749, page 133. DE L'AURORE BOREALE. Sect. 11. Ch. 11. 53 & qui ſe montre même déjà au haut des Montagnes + Le Baromètre ne peut donc nous repréſenter la hauteur réelle de l'Atmoſphère Terreftre, ni jufqu'où elle eft capable de produire des effets fenfibles; & rien de connu jufqu'ici ne fauroit affigner des bornes à cette hauteur. Il réſulte encore de notre Théorie, que l'Atmosphère en général doit être plus étendue, & plus élevée vers l'E- quateur & au deffus de la Zone Torride, que hors des Tropiques & fous les Poles. Car toutes chofes fuppofées d'ailleurs égales, & que ce fluide, de même que l'eau, tende par fon propre poids au paralléliſme autour de la furface de la Terre, la force centrifuge, plus grande vers l'Equateur que vers les Poles, doit l'affembler en plus grande quantité au deffus de la Zone Terride, que par-tout ailleurs, l'y élever, & en rendre les couches plus épaiffes ou plus pro- fondes. Ce qui eft tout le contraire de ce que le Baromètre nous indique; puifque, comme on fait, il s'en faut beaucoup, & de plus d'un pouce*, que le mercure ne s'élève auffi Obf. Aftron. haut entre les Tropiques que dans nos climats, quoiqu'il & Phyf. fanes s'élève encore moins dans ceux-ci que dans les Pays fepten-Mém. Acad. trionaux. Mais le Baromètre ne nous trompe pas à l'égard 1.VII. p. 323. de cette partie de l'Atmosphère du poids de laquelle il eft la mefure, de cet air groffier qui ne fauroit paffer travers les pores du verre ; & il s'accorde en cela avec d'autres expériences qui concourent à nous perfuader que cet air eft en plus grande quantité, ou plus groffier & plus denſe dans les Pays voifins du Pole, que dans les Zones Tempérées & Torride. ✈ Ceci étoit écrit, & fut lû à l'A- cadémie en 173 1. Voyez les Obferva- tions qui fuivirent en 1733. Mém. de l'Ac. 1733, page 40. Réflex. fur la hauteur du Baromètre obfervée fur diverfes Montagnes par M. Caffini, « dont il réfulte, p. 48, ce font les » paroles de M. Caffini, que la dila- »tation de l'air dans l'Atmosphère, » à différens degrés de hauteur, fe fait » encore dans une proportion plus ce cc grande que les quarrés des poids dont il est chargé, ce qui doit «< donner la hauteur de l'Atmosphère beaucoup plus grande qu'on ne l'a « cru juſqu'à préſent, puifque fuivant « cette règle, lorfque l'air ne fera «e chargé que du poids d'une ligne de mercure, l'étendue qui y répond fera de 1185450 toifes, ou de a plus de 500 lieues ». re * à la Caïenne. G iij $4 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE- CHAPITRE II I. De la Région que l'Aurore Boréale occupe dans l'Atmosphère. Jo 'O SA I avancer en 1726, dans l'Affemblée publique de l'Académie après la S. Martin, & à l'occafion de l'Aurore Boréale du 19me Octobre, qu'on venoit de voir, qu'il falloit que la matière de ce phénomène eût été à plus de 70 lieues au deffus de la furface de la Terre; & que fi j'en jugeois par quelques Obfervations particulières qui m'en avoient été communiquées, fa hauteur feroit beaucoup plus grande. Cette propofition, qui étoit peut-être alors affez hardie, & qui ne manqua pas de contradicteurs, vû le préjugé du peu de hauteur de l'Atmoſphère, ne fera bien-tôt, fi je ne me trompe, que l'énoncé d'une opinion commune, devenue telle par la fréquente inſpection de l'Aurore Boréale. مسلم Tout objet vû au deffus de la furface de la Terre, qui a une Parallaxe, ſenſible, ou qui étant aperçû de différens lieux, paroît être à différentes hauteurs, devient bien-tôt d'une élévation connue. La matière de l'Aurore Boréale qui fe trouve dans le cas, auroit donc été fixée de bonne heure à la hauteur qui lui convient, fi les parties qui la compoſent, & la lumière dont elles brillent, n'en rendoient les extrémités indéciſes & mal terminées, ou même ſi la pluſpart des Obfervateurs trop prévenus que ce n'étoit qu'un phénomène du nombre de ceux que produifent les vapeurs & les exhalaifons terreftres, & un vrai Météore, n'avoient le plus fouvent négligé les circonftances qui en pouvoient donner le lieu dans l'Atmoſphère. C'eft principalement dans les Pays Méridionaux où l'Aurore Boréale eft prefque toûjours moins fréquente, moins marquée, & plus baffe, qu'on a moins appuyé fur ces circonftances; car dans nos contrées, à Paris, à Londres & en Allemagne, on a été } } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. III. 55 bien-tôt à portée d'y faire attention. Mais, comme on fait, la Parallaxe ne peut réfulter que des Obſervations correſ- pondantes, & ces Obſervations ne la donnent avec quelque jufteffe, qu'autant qu'elles font faites en des lieux confi- dérablement éloignés l'un de l'autre. Cependant on en a encore affez de ce genre, pour pouvoir conclurre avec certitude, que la matière de l'Aurore Boréale eſt dans une Région de l'Atmoſphère bien ſupérieure à celle des Météores ordinaires, & à celle des derniers rayons du Crépuscule. N'y eût-il que l'Obfervation vague, mais conftante, du même Phénomène vû preſque toûjours en même temps en plufieurs lieux très-éloignés l'un de l'autre, on en tireroit une forte preuve de fa hauteur. L'Aurore Boréale du 12 Septembre 1621, obſervée par Gaffendi à Peynier en Provence, entre Aix & Saint- Maximin, fut une des premières qui réveilla l'attention des Philofophes fur la diftance des lieux où le Phénomène a coûtume de paroître. Cette Aurore Boréale fut vûe en même temps dans toute la Provence, en Dauphiné, à Bordeaux, à Dijon, à Paris, à Rouen, en un mot dans toute la France & bien au delà, juſqu'à Alep en Syrie, c'eſt-à-dire, à près de 700 lieues vers l'orient de la France, & à environ 12 degrés de plus vers le midi que Paris. C'eft ce que nous apprend Gaffendi (a) & que je trouve confirmé par Bouillaud (b) qui obfervoit le même Phénomène à Loudun, pendant que Gaffendi l'obſervoit à Peynier, & Galilée à Veniſe. (a) Quod non mihi modo, & circumvicinæ proximè regioni appa- ruerit, fed proditum fuerit apparuiffe etiam ad ortum Alepii. Gaff. in Diog. Laert. p. 1139. (b) Defcriptio Meteori quod unà cum parente Ifmaele Bullialdo Loduni obfervavi, ab ipfo Gallicè confcripta, à me deinceps in Latinum verfa, &c. Obfervavit quoque illud Meteorum vir clariff. Petrus Gaffendus Peynerii non longè ab aquis Sextiis ad ortum hiemalem, defcripfitque in appendice ad exercitationem epiftolicam adver- sùs Fladdum. Venetiis a Galileo obfervatum quoque fuit. IN ASIA ALEPI quoque obfervatum. Tiré d'un des volumes manufcrits de ce favant Aftronome, qui appartenoient à feu M. de Sain-Port, & qui font pré- fentement à la Bibliothèque du Roi. Volume in-fol.º que j'avois coté DM. On avoit cru fans fondement que Alepii dans Gaffendi, ne vouloit dire qu'Aulps en Provence. 56 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ર * Celui du 17me Mars 1716, obfervé dans la plupart des parties feptentrionales de l'Europe, le fut en même temps par des Anglois qui faifoient route vers L'Amérique, & dont le vaiffeau fe trouvoit alors proche des côtes d'Eſpagne, à 46 degrés 36 minutes de hauteur. Quant l'Aurore Boréale du 19me Octobre 1726, on fait qu'elle parut à Warfovie, à Moſcow, à Pétersbourg, à Rome, à Naples, à Madrid, à Liſbonne, &, felon quelques relations, jufqu'à Cadiz. Ce qui a été remarqué de quantité d'autres, dont le dénombrement feroit fuperflu. * ኑ Or, en prenant les chofes fur le plus bas pied, & en fuppofant, par exemple, que le Phénomène vû en mêine temps à Liſbonne & à Pétersbourg, n'y fût aperçû qu'à la plus petite hauteur apparente qu'il pût avoir, c'est-à-dire, tout auprès de l'horizon, on aura, malgré cette fuppofition forcée, & qu'on fait être bien éloignée de la vérité, près de 58 lieues de hauteur perpendiculaire pour le lieu où fe coupent les deux tangentes que forment les rayons viſuels des Obfervateurs, & où la matière du Phénomène a été vûe. Car, felon les dernières Obfervations de M.rs Delifle & des PP. Carbon & Capaffo, Liſbonne eft au 38° 42' de latitude, plus méridional que Pétersbourg, qui eft à 60 degrés, de 21° 17'; fa longitude eft de 1 1° 33′ à l'Occident de Paris, celle de Pétersbourg de 28° 16′ à l'Orient, ce qui donne 39° 49′ de différence en longitude, entre Liſbonne & Fig. VI. Pétersbourg. Faifant donc paffer un grand cercle LEP, par ces deux villes, ainfi que la Trigonométrie Sphérique l'enſeigne, on trouvera environ 32 degrés où 800 lieues de 25 au degré, de diſtance entre les deux points L, P, qui en déterminent la poſition. Car foit T, la matière du Phénomène aperçûe fur le bord de l'horizon, & fur les tangentes LT, PT; leur interſection T, donne le lieu le plus bas & le plus près de la Terre, où il puiffe avoir été vû en même temps de Liſbonne & de Pétersbourg. Menant la fécante CET du centre C, & les deux rayons CL, CP, on a les deux triangles CTL, · DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. III. 57 1 CTL, CTP, égaux, femblables & rectangles, & où chacun des angles LCT, PCT, eft de 32° 16°, & partant LTC, PTC, chacun de 74 degrés. 2 Donc faiſant le demi-diamètre de la Terre de 1432 lieues de 25 au degré, l'analogie CTP, (Sin. de 74°). CP ( 1 43 2 2) : : TPC (90° ou Sin. tot.). CT, donnera 1490 1 lieues pour CT; d'où ôtant CE CP=1432 ½ lieues, il reſte 57 lieues pour ET, hauteur verticale du lieu où fe trouvoit la matière vifible du Phénomène. Il eſt bien certain que cette hauteur eft fort au deffous de la véritable, en tant qu'elle eft fondée ſur la ſuppoſition que le Phénomène a été vû ſur le bord de l'horizon, tant à Pétersbourg qu'à Liſbonne : car tout au moins favons-nous qu'il a été vû fort haut à Pétersbourg. Tout le refte demeu- rant donc comme ci-deffus, & fuppofant feulement que le Spectateur en P, voit la lumière en M, fous un angle TPM, par exemple, de 40°, le calcul précédent ou un ſemblable donnera pour la perpendiculaire FM, plus de 200 lieues de hauteur. Car le triangle TPM étant connu, ou aifé à connoître, à caufe du côté TP, que le calcul précédent fournit, & des deux angles TPM, PTM, qui réſultent de l'Obſervation, on a les deux côtés PM, PC, & l'angle compris CPM du triangle CMP, d'où l'on tire par la Trigonométrie ordinaire, la valeur de CM, & par conféquent celle de FM. Une objection qui ſe préſente contre cette manière de 'déterminer la hauteur d'un Phénomène, c'eſt que fon étendue pourroit être fi grande dans l'Atmosphère TGD, que le Spectateur en L, n'en verroit que la partie T, qui eft de fon côté, & le Spectateur en P, la partie D, qui ſe trouve en même temps du fien, quoique ces parties fuffent éloignées l'une de l'autre de toute la diftance TD. Le calcul précé- dent donneroit donc en ce cas la hauteur apparente FM, au lieu de la véritable FG ou ET, qui eſt d'autant moindre par rapport à l'autre, que la diffuſion de la matière du Phénomène eft plus grande. H 58 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE វ Je conviens que la méthode dont il s'agit, appliquée à l'exemple donné, n'eft pas la meilleure dont on puiffe fe fervir pour avoir la hauteur de l'Aurore Boréale, quoiqu'en général, & répétée un grand nombre de fois, elle pût fournir une forte preuve. Mais c'eft par un endroit tout oppoſé au but de l'objection, que cette méthode doit être rejetée, & en ce qu'elle feroit la hauteur du Phénomène trop petite. Car elle le fuppofe placé entre les deux Obfervateurs L, P, en forte que celui de Liſbonne, L, par exemple, le voit vers le Nord-eft, tandis que celui de Pétersbourg P, le voit au Sud-oueſt. Or cette fuppofition eft manifeftement contraire à l'expérience, qui nous apprend que tant dans l'exemple propofé, que dans prefque tous les autres, l'Aurore Boréale proprement dite, & cet Arc lumineux qu'on a coûtume d'y remarquer, ont été vûs par tous les Obfervateurs du côté du Nord directement, ou à peu près. C'eſt donc là le cas principalement fur lequel il faudra fonder nos calculs; & il doit, comme on va voir, toutes chofes d'ailleurs égales, nous donner plus de hauteur que le précédent. Le rayon vifuel LT, du lieu le plus éloigné du Nord, demeurant immobile, foit imaginé l'autre rayon ou la ligne PT, mobile-fur le point P, comme centre, tournant vers M, & parcourant de fuite toutes les pofitions PT, PM, PZ, Pm, P, &c. il eft clair que le même point d'interfection, T, M, Z, m, µ, &c. vû en même temps par les deux Obfervateurs L, P, ſe trouvera d'autant plus élevé au deſſus. de la furface de la Terre, que la ligne PT aura fait plus de chemin, ou parcouru un plus grand angle, de T vers M, Z, &c. Sur quoi l'on peut remarquer que tant que les verticales TE, MF, ou les fécantes TC, MC, menées des points aperçûs T, M, pafferont entre les deux lieux de l'Obſer- vation L, P, ces points feront d'autant plus élevés fur la furface de la Terre, que l'angle formé par le rayon viſuel PM, & la tangente PT, fera plus grand, & cela depuis cette tangente juſqu'au zénit Z, ou. jufqu'à l'angle droit TPZ. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. III. 59 Mais au delà vers m, µ, &c. & jufqu'au paralléliſme du rayon mobile avec LZ, la hauteur réelle du point viſible m, μ, &c. augmentera d'autant plus, que la hauteur apr rente, ou l'angle d'obfervation mP, P9, &c. fera plus petit. Ce qui eft évident, fi l'on prend garde que le mou- vement de la ligne PT vers le Nord N, lui fait toujours diminuer de plus en plus l'angle parallactique LTP, LMP, LmP, &c. juſqu'à zéro ou au paralléliſme, qui donneroit une hauteur infinie ou inaffignable. Pour appliquer donc le calcul aux parallaxes que peuvent fournir les parties de l'Aurore Boréale qui fe trouvent vers le Nord, & pour évaluer toûjours les chofes fur le plus bas pied, il faudra choifir entre les Obſervations données, celles qui font la hauteur apparente plus grande, pour le lieu où le Phénomène a été vu plus élevé, & qui eft le plus près du Nord, & au contraire celles qui font la hauteur apparente plus petite, pour le lieu où le Phénomène a été vû plus bas, & qui eft le plus éloigné du Nord. Une autre raifon doit nous engager à ce choix, c'eſt que la portion du Phénomène obſervée la plus haute vers le Nord, ou fous le plus grand angle du lieu le plus feptentrional, eft la plus proche du lieu méridional où ſe fait l'obſervation correfpondante; & par-là c'eſt celle qu'il eft le plus vrai-femblable qui y ait été vûe. De toutes les parties qui compofent l'Aurore Boréale, il n'y en a point ordinairement de plus viſible & de mieux terminée, ni qui foit plus long-temps dans la même poſi- tion & de la même grandeur, que l'Arc lumineux qui l'accompagne, & qui renferme prefque toûjours un ſegment de cercle obfcur & fumeux qui lui eft concentrique*. S'il eſt rompu & brifé par les rayons qui s'en échappent, & C'eſt cet Arc que M. Celſius a fi ſouvent déſigné depuis que cet ou- vrage eſt public, par Arcus lucidus, albus, quietus, IMMOBILIS, dans faites à Torno en Bothnie, années 1736 & 1737. Acta lit. fcient. Suecia, &c. p. 254 & feqq. & en Suède, A&a Societ. Reg. Scient. fes Obfervations de Lumine Boreali, | Upfalienfis. Ann. 1740. ! Hij 60 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * Mémoires de 1 Mad, 1726, P. 332. par des incendies fréquens qui femblent le diffiper, il fe rétablit fouvent fous fa première forme & dans fa première pation, comme il arriva pendant là fameufe Aurore Boréale de 1726. C'eft de cet Arc que feu M. Maraldi, grand Obfervateur du Phénomène, entendoit parler, lorfqu'il difoit fimplement que l'Aurore Boréale & fa lumière avoient été vûes à telle ou telle hauteur, & c'eft des différentes hauteurs où il parut en 1726, felon que le lieu d'où on l'obfervoit étoit plus ou moins méridional, que ce favant Aftronome conclut que l'Aurore Boréale avoit une parallaxe. Comme d'ailleurs. M. Maraldi avoit reçû plufieurs lettres & plufieurs relations fur ce ſujet, & que l'Académie avoit coûtume de lui. remettre tout ce qui venoit à la Compagnie dans ce genre, il étoit extrêmement en état d'en faire la comparaiſon, & c'eſt de lui * auffi que nous emprunterons en partie les détermi- nations néceffaires pour l'exemple & le calcul fuivans. M. Maraldi avoit obfervé l'Aurowe Boréale du 19e Octobre 1726 à Thury, qui eft 1 lieues Nord au deffus de Paris, & là il avoit trouvé l'Arc lumineux de 3,8 à 40 degrés de hauteur. M. Godin l'avoit obſervé en même temps à Paris de 37 degrés, ce qui s'accorde affez bien avec la différence de latitude entre Thury & Paris; & S. E. M. le Cardinal de Polignac, avec M. Bianchini, de 20 degrés à Freſcati ou à Rome. Et l'on peut d'autant plus. compter fur cette dernière obſervation, qu'indépendamment du poids que lui donnent les illuftres Obfervateurs, elle eſt. conftatée par des Etoiles où fe terminoit la lumière, ainſi que feu M. Bianchini l'avoit mandé dans une de fes lettres. Les amplitudes de l'Arc alloient auffi en diminuant dans tous ces lieux, à mesure qu'ils s'éloignoient du Nord. Je trouvai fa hauteur moindre à Breuillepont, qui eft à 17 lieues de Paris, & qui en differe peu de fatitude; en quoi je crois n'avoir pas été affez exact, ne faiſant point alors autant d'attention à cette circonstance que j'y en ai fait depuis. Car il règne un accord entre l'obſervation de hauteur de M. Godin, celle de M. Maraldi, & celle de M. Bianchini, qui en confirme: DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. III. 61 beaucoup l'exactitude. Pour plus de fûreté, je fonderai mon calcul fur les deux obſervations faites à de plus grandes dif- tances; fur celles de Paris & de Rome. Et comme c'est ici un point des plus curieux & des plus effentiels que nous ayons à trafter, & à la diſcuſſion duquel nous ne faurions apporter trop de précaution, j'obſerverai encore, que ce n'eſt pas fur la diftance abfolue des lieux qu'il faut calculer la pa- rallaxe dont il s'agit, mais feulement fur la diftance en latitude, comment les deux lieux étoient fur le même Méridien. Et cela, parce que dans les exemples dont nous avons à nous fervir, la hauteur obfervée de l'Arc le donnant toû- jours vers le Nord, il en résulte une pofition de la matière qui le compofe, autour du Pole de la Terre, ou à peu près, qui le rend preſque parallèle à l'Equateur, & le fait répondre dans toutes les parties à un cercle de latitude ou Parallèle Terreftre, de la manière qu'il fera expliqué dans la Section fuivante. D'où il fuit que quoique la partie apparente fa plus haute, vûe à Rome, par exemple, ne foit pas la plus haute apparente, vûe à Paris, l'une & l'autre cependant doivent être fuppofées à une égale hauteur réelle fur la furface de la Terre. Le calcul reviendra donc au même dans le cas pofé, entre deux villes de différente longitude, que fi elles étoient ſur le même Méridien. J'avoue que les Obſervations faites dans des lieux qui fe trouveroient tels en effet, à Rome, par exemple, & à Coppenhague, ſeroient préfé- rables, mais elles font rares, ou ne fe rencontrent juſqu'ici que fur de petites diſtances. Soit RPE une portion du Méridien de Paris, où P dé- Fig. VII. figne Paris même, & R l'interſection du parallèle de Rome avec ce Méridien. Rome étant plus méridionale que Paris de 6° 56', ce fera la valeur de l'arc RP. Ayant mené les rayons PC, RC, & les tangentes ou horizontales PT, RI, on a par les obſervations ci-deffus les hauteurs apparentes TPM, RM, de la Lumière Boréale ou du Limbe de l'Arc Boréal, de 37, & de 20 degrés. Ayant tiré les ligness H iij. 62 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE qui les défignent, & la fécante MEC, il en résulte trois triangles, favoir, PCR, PMR & PMC. Le premier qui eſt iſoſcèle, eſt donné par conftruction & par hypothèſe, & fon angle aigu PCR, étant de 6° 56', chacun des deux autres CPR, CRP fera de 86° 32'. L'angle obfervé TPM, de 37°, & le droit CPT, de 90°, étant ajoûtés à CPR, ce fera en tout 213° 32', dont le complément à quatre droits autour du point P, donnera 146° 28′ pour l'angle RPM du triangle RMP, qu'on fait auffi être égal à deux droits — TPM+½PCR. On a donc de quoi connoître tout ce triangle, puifqu'ayant encore l'angle RM, obfervé de 20°, & le côté RP, corde de l'Arc Terreſtre connu qui y répond, l'angle PRM doit être égal à ÎRM+÷PCR, & en tout de 23° 28', d'où l'on tirera le côté PM. Ce côté PM, eft commun au triangle PCM, dont le côté CP eft encore connu, de même que l'angle compris CPM, égal à la ſomme de l'angle droit CPT, & de celui d'obſervation TPM, qui fait 127°. Donc on aura par les opérations ordinaires tout le triangle PCM, & par confé- quent le côté CM, qu'on trouvera être de 16994 lieues de 25 au degré, ou de 2282 toifes chacune; d'où ôtant CE—CP, rayon de la Terre, de 1432½ lieues, il reſte EM de 2663 lieues, pour la hauteur perpendiculaire du point obſervé M, au deffus de la furface de la Terre. 4 C'eſt donc plus de 266 lieues de hauteur que nous trou- vons à la matière de l'Aurore Boréale, en apportant toutes les précautions poffibles à mettre toûjours les élémens de notre calcul fur le plus bas pied. La réſolution du triangle PCM, donne l'angle C, ou l'Arc PE de 10° 41'; ce qui montre que la partie M du Phénomène a dû être vûe au zénit des lieux fitués à 10°41 Nord, par rapport à Paris (48° 50') c'eſt-à-dire, à 59° 31′ de Latitude, qui eft à peu près la hauteur de Pétersbourg. Ce calcul fait voir encore que la correction que nous avons cru devoir faire aux diftances des lieux de l'obſervation, DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. III. 63 ·´en les réduifant à la même Longitude, n'eſt pas fans fonde- ment; car, outre la raison que nous en avons apportée ci- deffus p. 61, on peut remarquer ici que le point viſible M .élevé de 266 lienes perpendiculairement fur Pétersbourg, ou en Z (Fig. VI) n'auroit pû être aperçû de Liſbonne dans la ſuppoſition du calcul de la page 57, & en faiſant l'Arc LP, de 3 2°, qu'à environ 33 minutes fur l'horizon, comme il eft aiſé de s'en convaincre par le calcul. Ce qui n'auroit pas été fuffifant pour y faire remarquer un Phénomène qu'on ne connoiffoit pas, au lieu que par la correction, ou en faifant LP de la feule différence des Latitudes, 21° 17′ 30″, la hauteur apparente de la Lumière Boréale ſe trouvera être à Liſbonne de plus de 1 3° 43', qui eſt très-ſenſible, & conforme aux relations que nous eûmes alors de ce pays-là. Nous apprenons par une lettre de M. le Comte de Plelu Ambaffadeur de la Cour de France en Danemarc, écrite à M. du Fay de cette Académie, que l'Aurore Boréale du 8 Octobre dernier (1731), avoit paru à Coppenhague avec beaucoup de fplendeur du côté du Nord tirant vers l'Eſt, & que le fentier de lumière qui la terminoit, aboutiffoit pluf- que à moitié chemin de l'horizon au zénit. Ce qui lui donne 46 à 47 degrés de hauteur apparente ou angulaire. Le même Phénomène obfervé à Breuillepont, qui ne differe que d'environ 7 minutes de la Latitude de Paris, me parut avoir 25 à 26 degrés d'élévation *. Si l'on fait là-deſſus un calcul femblable au précédent, en fuppofant Coppenhague l'Acad. 1731, plus feptentrional que Paris d'environ 6° 51′, & en prenant P. 387. le milieu des hauteurs indiquées, on trouvera encore la hauteur réelle de plus de 250 lieues. Nous avons peu de ces Obfervations faites à de fi grandes diſtances, & affez circonftanciées pour fournir matière au calcul. Elles font d'autant plus précieuſes que d'affez grandes erreurs dans l'évaluation des angles, ne produiroient pas des réſultats bien différens de ceux qu'on vient de voir. + Vers le Nord. Carte de la Normandie de feu M. Delifle, publiće en 1716. * Mém. de 64 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Quant aux obfervations, correſpondantes à de plus petites diſtances, & qui font en plus grand nombre, je me difpenfe d'en rapporter ici le détail & les calculs, par le doute que la petiteffe de ces diftances répand fur leurs réfultats, & dans l'efpérance, que fi l'Aurore Boréale continue de fe montrer auffi fréquemment qu'elle fait depuis quelques années, le temps nous fournira affez de matériaux fur ce fujet. Cepen- dant on peut conclurre de la totalité de ces obfervations que j'ai examinées, qu'elles donnent pour la pluſpart environ Zoo lieues de hauteur au Phénomène; que quelques-unes-le mettent à 100, & que quelques autres le portent au delà de 300 lieues. 2 On pourra auffi quelquefois profiter de certaines circonf- tances heureuſes, & fe fervir de quelqu'autre partie de l'Au- rore Boréale, pour en déterminer l'élévation au deffus de la furface de la Terre. Par exemple, dans l'Aurore Boréale du Isme me Février 1730, il y eut entre autres fingularités, une eſpèce de Zone ou de chevron circulaire, lumineux & coloré, qui fut obſervé à Genève par M. Cramer Profeſſeur de Mathé- matique dans cette ville, & en même temps à Montpellier par un de fes amis, qui lui en communiqua l'obſervation. Sur quoi M. Cramer calcula & me manda peu de temps après, ſelon cette obſervation, la matière du chevron coloré de- voit être élevée d'environ,!! 113 du rayon de la Terre au deffus de fa furface; ce qui fait la valeur de plus de 160 lieues. que, Cette obſervation nous fait voir, que ce n'eſt pas feule- ment vers le Nord & autour du Pole, que la matière du Phénomène est à une fi grande hauteur, mais encore dans le refte du Ciel, & en particulier vers le Midi. Car, felon la deſcription envoyée à M. Cramer, c'étoit une manière d'Aurore Boréale, ou pluftôt Auſtrale.... • un chevron » couleur de feu, dont les jambes s'appuyoient l'une à peu près fur l'Orient, & l'autre fur l'Occident. Le fommet dont la >> rougeur étoit foible, aboutiffoit du côté du Midi à environ >> כל << » 12 degrés du zénit. On voyoit à travers, les Etoiles de la ere, 2me, & peut-être de la 3 me grandeur», &c. Ainfi il DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. III. 65 il y a tout lieu de croire que les matières du Phénomène ne different de hauteur au deffus de la furface de la Terre, que par des circonftances qui leur font propres, à raiſon, par exemple, de leur plus ou moins de ténuité, de leur état actuel d'inflammation, ou de repos, ou de chûte, & nullement ou très-peu, en vertu de leur Latitude. Par con- féquent il ne faut pas toûjours attribuer les différens réſultats de nos calculs, en diverfes Aurores Boréales, ou dans les différentes parties de la même, à l'incertitude ou à la variété des obfervations; puiſqu'il eſt très-poffible, ou pluftôt très- probable, que cette variété vienne des objets qui en four- niffent la matière. C'eft ce que nous verrons encore mieux dans la Section fuivante, en traitant de la formation du Phénomène, & de la prodigieuſe épaiffeur qu'il doit occuper dans les parties fupérieures de notre Atmoſphère. Quant à la Lumière proprement dite, dont brille ſouvent toute la partie polaire au deffus du Segment obfcur & de l'Arc, ou parmi les matières blanches & colorées de l'Aurore Boréale, ou fimplement au deffus de l'horizon, lorfque toute cette partie du Ciel ſe découvre, & que le Phénomène eft fur les fins, elle eſt trop indéterminée & trop nuancée, pour donner priſe aux parallaxes. Il paroît auffi que ce n'eſt que la région moyenne ou inférieure de notre Atmoſphère éclairée par les matières lumineuſes ou enflammées de l'Au- rore Boréale, à peu-près comme elle l'eft pendant l'Aurore vraie, ou pendant le Crépufcule du foir. An. 1726. Enfin j'ajoûte ici qu'on trouvera dans le premier tome des Mémoires de l'Académie Impériale de Pétersbourg *, un Problème très-ingénieux de M. Maïer, qui fournira peut- être quelque jour un moyen fort exact de déterminer la distance de l'Arc Boréal à l'Obfervateur, par une ſeule obfervation, & ayant, avec les élémens aftronomiques de la poſition du lieu de l'obſervation, la hauteur du fommet de cet Arc & fon amplitude. Comme je n'ai eu d'abord con- noiffance de ce Problème que par l'analyſe & la conftruction que M. de Maupertuis en a donnée à l'Académie *, & après *Le 19 Mars I 1731 66 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 7 ሱ * avoir preſque entièrement fini mon ouvrage, je me conten terai de renvoyer le Lecteur à fon Ecrit. Car nous n'avons jufqu'à préfent de M. Maier que l'énoncé & la Formule Analytique de fa Méthode, fans figure ni démonſtration * Cependant j'ai trouvé, en affignant des nombres aux grandeurs algébriques de cette Formule, & en l'appliquant à quelques- unes des Aurores Boréales, dont l'obfervation m'en a paru le plus fufceptible, qu'elle donnoit quelquefois trois ou quatre cens lieues de diftance entre l'Arc & le lieu de l'obfervation & plus de cent ou deux cens lieues de hauteur à la matière de cet Arc au deffus de la furfacé de la Terre, comme il eft aifé de le déduire. Ce qui s'accorde fuffifamment avec les réſultats de pluſieurs de nos Parallaxes. Mais de quelque prix que foit cette Méthode, par l'été» gance de l'invention, & par l'avantage fingulier qu'elle a de n'exiger qu'un feul Obfervateur & une feule ftation, je crois qu'en général on doit lui préférer celle des Parallaxes, toutes les fois qu'on peut employer celle-ci fur de grandes diftances. Car ce Problème fuppofe l'Arc Boréal concentri que au Pole, ou à l'Axe de la Terre prolongé; parce que fon Amplitude meſurée par la diftance égale de fes jambes à ce point, ou par fon complément pris du côté de l'Eſt ou de l'Oueſt, en eft un des principaux élémens. Or cet Arc n'étant preſque jamais fans une déclinaiſon confidérable, occidentale pour l'ordinaire, & devenant même par-là vrai- femblablement elliptique ou ovale, comme nous verrons dans la Section fuivante, il en doit naître une erreur confi- dérable dans le réſultat du calcul. La Méthode des Parallaxes au contraire ne fuppofe que l'obfervation d'un feul point quel- conque du Phénomène. Si ce point eft le Sommet apparent de l'Arc, il eſt abſolument le même pour les deux Obſer- vateurs, lorſque les lieux de leur obſervation ne different * Il avoit donné l'une & l'autre à l'Académie de Pétersbourg dès 1728; mais fon Mémoire fur ce fujet ne fut rendu public que cinq à fix années après. On trouvera un plus ample détail de tout ceci dans un des éclairciffemens qui fuivent ce Traité. De L'Aurore BORÉALE. Sect. II. Ch. III. 67 L'AURORE pas fenfiblément de longitude; & la hauteur calculée doit être alors infiniment exacte. Si ce point n'eſt pas le même, comme il doit arriver lorſque les Obſervateurs different de longitude, La hauteur obſervée eft la même dans le cas de la concentricité au Pole, ce qui produie un effet équivalent à celui du même point. Et fi enfin la longitude des lieux n'eft pas la même, & que de plus l'Arc décline de quelques degrés vers l'Oueſt, comme il arrive le plus fouvent, le calcul qui en réſultera ne fauroit s'éloigner que peu de la vérité, & encore moins dans le cas de l'ellipticité, que dans celui de la circularité parfaite; parce qu'une erreur de plufieurs degrés à droite ou à gauche du point pris pour fommet de l'Arc, ne donne qu'une très-petite erreur dans la hauteur obſervée, & d'autant plus petite que l'Arc eft plus grand, & plus furbaiffé ou plus elliptique, favoir, en raifon du Sinus verfe à la Corde, ou au Sinus droit; fans compter que les Amplitudes de l'Arc font très-fouvent incertaines, & que l'obfervation en eft quelquefois impraticable, faute d'un horizon affez découvert, & affez exactement terminé. pas La Méthode de M. Maïer a encore un inconvénient qui n'eft pas de petite importance dans l'uſage fréquent qu'on en voudroit faire, c'eſt l'extrême compoſition du calcul numé- rique qu'elle renferme. Je dois dire cependant qu'il n'eft impoffible de la fimplifier, & d'y faire auffi quelques autres changemens qui en rendroient l'ufage plus commode; mais je me diſpenſe pour le préfent d'entrer dans ce détail, & d'autant plus que tout cela dépend d'une théorie que je n'ai pas encore donnée. t On doit auffi remarquer, par rapport à nos calculs des Parallaxes, , que l'erreur qui peut naître de la différence de longitude des deux Lieux de l'obſervation, diminue à meſure que la différence des latitudes eſt plus grande, & que la matière du Phénomène eft plus loin, ou répond perpendiculairement à un point de la Terre plus éloigné des Obfervateurs. I ij 68 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * Ariftot. Metereolog 1. I, *. VII, &c vc CHAPITRE IV. . کا t De l'opinion "commune qui attribue l'Aurore Boréale aux vapeurs & aux exhalaiſons Terreftres.. 2 UELQUE forte que foit l'induction que je tire de la prodigieuſe hauteur des Aurores Boréales en faveur de mon hypothèſe, & contre celle qui ne leur donne pour ma- tière que les vapeurs & les exhalaifons terreftres, j'avoue qu'on pourra toûjours m'oppoſer, que j'ignore l'extrême ténuité à laquelle peuvent parvenir les parties graffes, ful fureuſes & inflammables qui s'élèvent dans l'Air, & à quelle hauteur elles peuvent être foûtenues dans l'Atmo- fphère; que par conféquent l'Aurore Boréale pourra être plus élevée que la plupart des Météores fans fortir de leur genre, & fans qu'il foit néceffaire d'aller chercher ailleurs que dans la Terre même les matériaux dont elle eft compofée. On a pû dire de même, on l'a dit auffi pendant plufieurs fiècles, & c'étoit encore l'opinion dominante du temps de nos pères, que les Comètes n'étoient que des productions fortuites & paffagères, des exhalaifons terreftres, fubtiles & lumi- neuſes, aſſemblées dans l'Air, en un mot de vrais Météores qui fe formoient & fe montroient principalement dans les années de grande féchereffe *, &c. On pourra encore allé- guer la hauteur que certains Feux volans ont paru avoir, tels, par exemple, que celui dont M. Montanari nous a laiffé la deſcription, & qu'il jugea à 13 ou 14 lieues au deffus de la furface de la Terre, le globe de feu dont parle M. Kirch dans fes Ephemérides, obfervé en 1686, & quelques autres femblables dont nous avons eu un exemple en 1719, qui tous, dit-on, ou la plûpart, ont été jugés autant ou plus élevés que celui de M. Montanari, & regardés pourtant comme de fimples Météores. J'avoue, dis-je, que je n'ai point de réponſe fans replique, à de pareilles objections, le fujet द DE LAURORE BOREALE. Sect. II. Ch. IV. 69 } n'en eſt pas ſuſceptible; mais j'ai quelques réflexions à faire, qui, jointes à la totalité des preuves que fournit cet Ou- vrage, feront fentir l'infuffifance de l'objection. Geom. Pract. 15 & 16, Voilà du moins l'Aurore Boréale d'une eſpèce bien diffé- rente à cet égard, des Météores ordinaires, du Tonnerre, des Feux-folets, de l'Iris, des Parhélies, & autres ſemblables qui ne paffent pas la Région des nuées. Car malgré l'inftabi- lité de tous ces objets, & la difficulté d'y trouver un point affez bien terminé pour fixer les angles que donne la double ftation qu'on y emploie, on fait affez à quoi s'en tenir touchant leur hauteur dans l'Air, & l'on eft fûr du moins qu'elle ne va guère au-delà d'une ou deux lieues tout au plus*. *Tacquet, Un nuage blanc blanc, dont la hauteur fut mefurée en même lib. 1, c. v, temps par les PP. Riccioli & Grimaldi, ne fut trouvé qu'à Probl. 14, 2177 pas, ou 10885 pieds Bolonois, qui font environ 2-124 de nos toifes, au deffus de la furface de la Terre; & l'on fait que du fommet des hautes Montagnes on voit fou- vent les nuages au deffous de foi. A l'égard des Arc-en-Ciels, des Parhélies, des Couronnes, & de quelques autres Météores de même nature, qui d'une première vûe fembleroient avoir tant de rapport avec les Phénomènes de l'Aurore Bo- réale, les plus exactes obſervations nous les donnent encore plus bas que la plupart des nuages, & il réſulte des angles pris par Defcartes & par les Auteurs que je viens de citer, que la matière qui nous rend ces objets viſibles n'eſt guère au deffus d'une demi-lieue. Il faudroit fans doute à l'Au- rore Boréale, pour s'élever fi prodigieuſement au deffus des Météores, une matière infiniment plus rare & plus légère que la leur. Mais outre ce plus de rareté qui ne va pas à moins de plufieurs centaines de millions de fois, il y a en- core ici d'autres conditions à remplir, & dont l'aſſemblage eft indiviſible. -Car 1. il faut une matière terreftre ou aërienne capable de darder ou de réfléchir vers nous, malgré cette grande hauteur & cette extrême ténuité, une lumière auffi vive ou plus vive que celle des Météores dont nous venons de I iij yo TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUÉ Bonon → parler. Nous avons vû cependant que tout ce que peuvent faire les particules de l'air, avec les vapeurs; les exhalaiſons, & toutes les autres matières terreſtres qui s'y mêlent, étoit de nous réfléchir les derniers & les plus foibles rayons du Crépuscule à 15 ou 20 lieues tout au plus, de hauteur perpendiculaire, n'ayant plus affez de denfité au delà pour nous renvoyer une lueur fenfible. Comment à une élévation quinze à feize fois plus grande, & avec une denſité de plu- fieurs millions de fois plus petite, ces mêmes matières nous éclaireront-elles au point de nous faire diftinguer les carac- tères d'une écriture ordinaire? car c'eſt ce qu'on a éprouvé quelquefois à la tumière de l'Aurore Boréale. 2. Il eft vrai que les Feux volans qu'on a jugés à 13 ou 14 lieues au deffus de la furface de la Terre, malgré le préjugé reçû que les bornes de l'Atmoſphère ne s'étendoient guère au delà, ſemblent prouver que des particules d'air qui ne fauroient plus nous réfléchir qu'un foible Crépuscule, peu- vent foûtenir des matières terreftres ou fulfureuſes capables de darder jufqu'à nous une forte lumière. Mais cette hauteur eſt-elle bien conftatée? Nous favons du moins qu'un de ces Feux, qui fut vû en 1719, ne fut trouvé à Bologne, & par d'habiles Aftronomes, qu'à 6 ou 7 lieues de diftance *Comment. de la Terre*. Sans compter que de fe fervir des Feux volans Aadu pour favorifer l'opinion commune fur l'Aurore Boréale, & pour détruire notre hypothèſe, ce feroit peut-être apporter en preuve ce qui eft en queftion. Car toute abſtraction faite du peu de connoiffance que nous avons de Phénomènes, ou, pour parler le langage ordinaire, de Météores auffi rares auffi paflagers & auffi inftantanées que ceux-ci, il n'eft pas impoſſible, s'ils font réellement auffi élevés qu'on les fait, qu'ils ne tiennent à quelque caufe fort approchante de celle que j'attribue à l'Aurore Boréale, pluftôt qu'aux exhalaiſons ful- fureuſes qui s'élèvent de la Terre. C'eft le fentiment d'un favant Aftronome qui a beaucoup travaillé fùr cette matière”, & qui n'a aucun intérêt à favoriſer mon opinion: je veux parler de M. Halley, qui après avoir calculé avec ſoin la DE L'AURORE BOREALE. Sect. II. Ch. IV. 71 e «C « * Philofoph. Tranfact. 341. hauteur, la viteffe & la grandeur des Feux volans, & trouvé qu'ils pouvoient être élevés en effet de 1 3 à 14 lieues au deffus de la Terre, n'a pû ſe réfoudre à les mettre au nombre des Mé- téores ordinaires, & à leur donner pour cauſe les exhalaiſons terreftres. « J'ai fait, dit-il*, une grande attention à cette apparence; je crois que c'eft une des plus difficiles Queſtions «N. que j'aie encore vûe dans les Phénomènes des Météores, je fuís porté à croire qu'il faut que ce foient quelques amas « d'atomes que la Terre rencontre en allant dans fon Orbite, qui ne fe font formés que depuis peu, & avant qu'ils aient «< acquis une grande vîteſſe de chûte vers le Soleit. » M. Halley leur attribue une caufe d'autant plus extérieure à la Terre, qu'il leur trouve une viteffe beaucoup plus grande que celle du mouvement diurne, & peu différente de celle du mouve- ment annuel. Mais fans entrer dans la difcuffion de ces cir- conftances, il nous fuffira de remarquer que ces Phénomènes fuppofés à la plus grande hauteur où les mettent les Obfer- vations & les Calculs les plus favorables, demeurent encore plus de 200 lieues au deffous de l'Aurore Boréale, qu'ils n'ont été vûs qu'en mouvement, qu'ils font rares & inftan- tanées, & qu'il nous laiffent dans le doute de leur nature & de leur véritable cauſe. C'en eft affez pour infirmer toutes les conféquences qu'on en pourroit tirer contre notre théorie. * 3. Qu'on jette les yeux fur les Obſervations Météorologi- ques faites avec affiduité depuis cinquante ans en France, en Allemagne, en Angleterre, & dans quelques autres endroits de l'Europe, c'eft toûjours plus ou moins de pluie ou de fé- chereffe, plus ou moins de Tonnerres & d'Eclairs, d'Arc- en-Ciels, de Parhélies, &c. & il eft aifé de remarquer dans la viciffitude qui y règne, fur-tout à l'égard des mêmes Pays & des mêmes Saifons, une fuite de variations renfermées dans des bornes affez étroites, & qui à la longue difparoiffent, ou fe rapprochent beaucoup de l'uniformité; de forte qu'à en juger par ces effets, les changemens qui arrivent au total de notre Atmosphère font infenfibles. Qu'on ſe rappelle enſuite l'hiftoire des Aurores Boréales, on y trouvera des cinquante ou * Ceci étant écrit en 1730 72 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE foixante ans, & peut-être des fiècles d'intervalle, des fiècles où malgré une foule d'Obſervateurs & d'Aftronomes atten- tifs, elles n'auront été aperçûes que trois ou quatre fois, & après cela un temps où elles paroiffent toutes les années, vingt ou trente fois dans une feule année, & jufqu'à dix à onze fois, dans l'eſpace de treize jours, ainſi qu'on a pû l'obſerver * Mém. de l'Automne dernière *. Un même principe produiroit-il tant Ac, 1731 d'uniformité d'une part, & tant de variété de l'autre ? l'Ac. P. 379. 4.° Il feroit encore plus difficile d'accorder l'hypothèſe des exhalaiſons terreſtres, avec la plupart des Phénomènes qui accompagnent & qui caractériſent l'Aurore Boréale. Et, pour ne parler ici que de la place conftante qu'elle affecte vers le Nord, par quelle tendance particulière les vapeurs & les exhalaifons qui en feroient la matière, fe jetteroient-elles toûjours vers ce côté du Monde, comme à leur Foyer, ou pourquoi en paroîtroient-elles partir comme de leur fource? Pourquoi ne voit-on l'Arc lumineux & le Segment obfcur que fous le Pole? De tels amas fortuits ne devroient-ils pas ſe diſperſer au gré des vents, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre ? Ce n'eft pas affûrément que les terres de la Zone Polaire Boréale renferment plus de matières graffes, inflám- mables & bitumineuſes, que celles qui font dans notre Zone Tempérée, & dans la Zone Torride: les Tonnerres, les tremblemens de terre, les éruptions des Volcans, les Lacs de Bitume & d'Aſphalte, & tous les Feux aëriens qui en font des fuites, & qui font infiniment plus fréquens dans celles-ci que dans la Zone Glaciale, nous doivent perfuader tout le contraire. Mais nous verrons encore que, toutes chofes d'ailleurs égales, les vapeurs & les exhalaiſons qui s'élèvent de la Terre, devroient pluſtôt tendre & s'amaffer vers l'Equateur que vers les Poles. 5.° Tous ces Météores, le Tonnerre, les Eclairs, les Feux- folets, les Etoiles courantes, & en général tous les effets qui proviennent des exhalaiſons terreftres, fulfureuſes & inflamm- mables, font plus fréquens en Eté qu'en Hiver. Ce qui eſt, encore tout le contraire des Aurores Boréales. 6.° DE L'AURORE BORÉALE. Sect. II. Ch. IV. 73 ・6.° Ce que feu M. Caffini remarque à ce fujet, & par rapport à la Lumière Zodiacale*, convient ici parfaitement Art. 17: à notre Phénomène, & nous indique en même temps l'i- dentité de matière que j'attribue à l'une & à l'autre. Il n'y a, dit-il, point d'exemples d'objets lumineux formés dans la région de l'air, qui foient de longue durée. Les Arc-en-Ciels, les Cou ronnes, les Parhélies, les Parafélènes, & d'autres objets fem- blables formés dans l'air par les réfractions réflexions des & rayons du Soleil & de la Lane, ou par d'autres manières, à quoi nous pouvons ajoûter les Ardents ou Feux folets, ne durent, les uns que quelques minutes, & les autres que quelques heures, & rarement quelques jours: joint que l'on ne les voit jamais mieux que quand l'air eft brouillé, au lieu que voit jamais mieux notre Lumière que quand l'air eft très-ferein & très-pur, & lorfque l'on diflingue mieux les petites Etoiles. Toute la différence que je trouve à cet égard entre la Lumière Zodiacale & l'Aurore Boréale, c'eft que la première ne nous eſt viſible que pendant quelques heures tout au plus, après le coucher, ou avant le lever du Soleil, & que la feconde paroît quelquefois toute la nuit, & plufieurs nuits de fuite, lors même que les nuits font le plus longues. l'on ne 7.° Enfin il ne faut pas oublier, qu'indépendamment de tout ce que nous venons de dire, & foit que les vapeurs & les exhalaiſons terreftres montent à la région des Aurores Boréales, ou n'y montent pas, il eſt toûjours certain qu'il exiſte réellement une autre matière hors du Globe Terreſtre, favoir, la matière de l'Atmoſphère du Soleil, qui eft douée de la propriété de réfléchir ou de darder vers nous une lumière fenfible, comme le prouve la Lumière Zodiacale; que cette matière peut arriver jufqu'à notre Atmoſphère, qu'elle y arrive en effet, & paſſe ſouvent bien au de-là de l'Orbite Terreftre; qu'elle eft par conféquent à portée de ſe mêler avec les parties fupérieures de notre Atmoſphère, & qu'elle eft auffi, felon que nous le ferons voir, une caufe fuffifante du Phénomène dont il s'agit. K 74 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE CHAPITRE V. De l'Hypothèse des Glaces & des Neiges de la Zone Polaire, pour la formation de l'Aurore Boréale; de l'opinion qui rapporte ce Phénomène à la matière Magnétique. 'HYPOTHÈSE des glaces & des neiges en tant Z qu'elles pourroient réfléchir les rayons du Soleil & fa lumière vers la furface concave des couches fupérieures de l'Atmosphère, & produire par-fà fes apparences de l'Aurore Boréale, auroit cela, de commode, qu'elle expliqueroit fort bien, pourquoi le Phénomène fe trouve prefque toûjours placé vers le Pole, pluftôt que d'un autre côté de l'Horizon; & pourquoi il feroit plus fréquent & plus commun pour les habitans qui approchent des Mers Glaciales, que pour ceux des Pays Méridionaux. Elle rendroit auffi affez bien. raifon de l'arc, & de quelques autres apparences particu lières. Mais elle eft d'ailleurs & en général ſi peu conforme aux Phénomènes de l'Aurore Boréale, & même à ceux dont nous venons de parler, confidérés à certains égards qu'il n'eft pas poffible de lui donner aucune part à la pro- duction des uns ni des autres. les Car, 1.° fi la lumière du Soleil n'eft réfléchie par glaces & par les neiges des Zones Polaires, que vers les parties fupérieures de l'Atmoſphère, & de-là vers l'œil de l'Obfervateur, l'Aurore Boréale devient un vrai Crépufcule, & par-là un Phénomène ordinaire du foir & du matin, & qui fuit une loi conftante. Or il eſt certain qu'il n'y a rien de pareil à cette régularité & à cette conftance dans l'Aurore: Boréale, en quelques pays què ce foit : elle eft en certains temps très-fréquente, & enfuite plufieurs années, & prefque· des fiècles fans paroître. * 2.° La Lumière de l'Aurore Boréale devroit toûjours être DE L'AURORE BORÉALE, Sect. II. Ch. V. 75 诺 ​Ad accompagnée de celle du Crépuscule, en être effacée, ou du moins le trouver toûjours plus baffe que celle ci; puifque les rayons dire&s du Soleil monteront toujours plus haut; & approcheront davantage du Zenit de l'Obfervateur, par leur fimple réfraction dans l'air, que par une réfraction précé- dée de la réflexion fur les glaces ou les neiges, qui les rejette en arrière. Car, foit GPO le Globe Terreftre environné Fig. VIII. de fon Atmosphère ATFR; XP Axe, Ple Pole Septen- trional, Ol'Obfervateur, & Z le Zénit de l'Obfervateur. Soit SVRS un rayon ou plutôt une petite baguette de rayons folaires & fenfiblement parallèles, dont le fupérieur, par exemple, SV, après s'être rompu en V fur la furface ou couche de l'Atmoſphère Terreftre ATR, continue fon chemin VFL, en paffant infiniment proche de la ſurface de la Terre, jufqu'au point L de la couche ATR, tandis que l'inférieur SR, après s'être rompu de même en R, vient fe réfléchir en fur les glaces ou les neiges de la Zone Polaire, d'où il eft renvoyé au point A de la même couche ATR. Il est évident, par hypothèſe, & toutes chofes d'ailleurs égales, que l'Obfervateur placé dans la Zone tempérée en O, verra le point lumineux ou crépufculaire L plus élevé fur l'horizon HO, & plus près de fon Zénit Z, que le point lumineux A, réfléchi par les glaces; puifque la réflexion de celui-ci a dû néceffairement lui faire couper le rayon VL en F, par exemple, & le rejeter au delà de L vers le Pole, pour ſe réfléchir de nouveau vers l'Obſervateur, par AO, au deffous de LO. A 3.º La difficulté que nous avons touchée ci-deſſus a lieu encore ici; ſavoir, la prodigieuſe élévation des parties de l'Atmosphère, qui devroient nous réfléchir cette lumière. Car il eft aifé de démontrer indépendamment des calculs précédens, que lorſque le Soleil eft au Solftice d'Hiver, & que nous voyons un Arc lumineux à l'Aurore Boréale, élevé, par exemple, de 40 degrés fur l'horizon, il fau- droit que la couche d'air qui nous en réfléchiroit la lumière à Paris, fût, felon cette hypothèſe, plus de 300 lieues 1. K ij 76 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * au deffus de la furface de la Terre. Et comment l'Atmo- fphère pourroit elle nous réfléchir ſenſiblement les rayons du Soleil à cette diſtance, ne le pouvant plus à 15 ou 20 lieues dans le cas du Crépuscule? ' 1 4. Si c'eft contre des nuages ou des amas d'exhalaifons terreftres, que l'on veut que fe faffe la feconde réflexion des rayons folaires, après avoir frappé les glaces & les neiges, l'hypothèſe peut encore moins fubfifter avec la hauteur du Phénomène, puifque ces amas & ces nuages ne fauroient y arriver, ni à rien d'approchant, felon tout ce que nous avons de connoiffances fur ce fujet. Et comment d'ailleurs des nuages capables de réfléchir jufqu'à la Zone tempérée une lumière fi vive, laifferoient-ils voir les Etoiles à travers la matière qui les compofe? ** 5. La hauteur de l'Arc devroit croître & décroître régulièrement dans les quatre Saifons de l'année, avec la déclinaiſon du Soleil, & felon que cet aftre s'approche ou s'éloigne du Pole vers lequel l'Aurore Boréale eft obſervée; il devroit être vû fort haut en Eté, & fort bas en Hiver; ce qui eft aisé à comprendre, & qu'on fait n'avoir aucun rapport avec ce qui arrive au Phénomène. 6. Les Aurores Boréales font, je l'avoue, plus rares, en Eté qu'en Hiver, & par les raifons que nous verrons dans la fuite; mais il y en a cependant en Eté, & de très-grandes, telles, par exemple, que celle du 21 Juin 1730, dans le temps du Solſtice, qui n'eft pas celui des glaces & des neiges. 7.° Comme les rayons rompus & réfléchis ſeroient toû- jours & plus forts, & en plus grande quantité vers les couches les plus baffes de l'Atmofphère, que vers les plus hautes, la partie la moins élevée de l'Aurore Boréale, & la plus proche de l'horizon, feroit toûjours celle qui nous devroit paroître de beaucoup la plus fumineuſe, étant vûe de la Zone tempérée; mais c'eft juſtement au contraire dans la plupart des Aurores Boréales l'endroit le moins éclairé & celui-là même qui eft occupé par le fegment obfcur.: 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. V. 77 8. Enfin tous les Phénomènes particuliers qui accon- pagnent l'Aurore Boréale, ces flocons de matière répandus dans tout le Ciel jufqu'au Zénit, ces jets de lumière, ces Arcs & ces Chevrons colorés vûs quelquefois du côté du Midi, ces éclairs, ces vibrations de lumière, & mille mar- ques viſibles d'embraſement, font autant de circonftances incompatibles avec l'hypothèſe qui attribue l'Aurore Boréale aux glaces & aux neiges de la Zone Polaire, en ce qu'elles pourroient réfléchir la lumière vers les couches de l'Atmo- fphère Terreftre. pas Une autre hypothèſe qui ne manque pas de partiſans célèbres, & dont je crois devoir faire mention, parce qu'elle femble d'abord ſe lier aſſez bien avec la poſition la plus ordinaire du Phénomène, eft celle qui en rapporte la cauſe & la formation à la matière magnétique qui fort du globe de la Terre, ou qui circule tout autour. L'Aurore Boréale, dit-on, décline le plus fouvent vers le Nord-ouest, de 14 ou 15 degrés, & c'eft-là auffi à peu près la déclinaifon de l'aiguille aimantée, en France, en Angleterre, & dans pluſieurs autres lieux de l'Europe où nous obfervons l'Au- rore Boréale. On oublie d'ajoûter, depuis douze ou quinze ans; puifque la déclinaifon de l'aiguille aimantée n'eft conftante. Par exemple, elle eft cette année à l'Obfer- * 1731. vatoire, de 15 degrés 15 minutes Nord-oueſt; elle n'étoit de ce même côté que de 8 degrés 12 minutes en 1700; elle fut obfervée nulle à Paris en 1666*, année * Mém. Acad. de l'établiſſement de l'Académie des Sciences, après avoir 1721.p.254i été auparavant orientale de plufieurs degrés, & autant que nous la voyons aujourd'hui occidentale. Si l'on infifte, que la poſition de l'Aurore Boréale a auffi fes variations, qu'elle eft quelquefois nulle, & quelquefois orientale, je réponds qu'il n'y a pas la moindre reffemblance entre ces deux fortes de variations, que celle de l'aiman eſt progreſſive, comme infentible & feulement de quelques minutes tous les ans, qu'elle eft réglée & périodique, qu'il lui a fallu près d'un fiècle pour paſſer ainfi de 14 ou 15 degrés Nord- eft, à K iij 78 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE } + $ 垫 ​14 ou 15 degrés Nord-oueft; tandis que la même année, le même mois, noùs font voir l'Aurore Boreale vers l'Oueſt, vers l'Eft, & quelquefois directement fous le Pole. Eh! que devient alors fon analogie avec la direction de la matière magnétique? De plus, ou fon conçoit que cette matière en fait le principal fujet,& en ce cas je demande comment la matière magnétique jufqu'ici invifible, & plus fubtile peut-être que la lumière même, plus capable du moins de paffer librement à travers les ſubſtances les plus ferrées, & telles que l'Or, devient viſible & nous réfléchit la lumière étant portée à deux ou trois, cens lieues de hauteur, c'eſt-a- dire, infiniment au deffus de la région des Crépufcules? Ou fi ce n'eft que par le fecours des matières terreftres & fulfureuſes pouffées vers le Pole & à cette région par la matière magnétique, fuppofé qu'une telle impulfion foit pof fible de la part d'un fluide qui pénètre tout avec tant de facilité; je demande encore, comment les vapeurs & les exhalaifons terreftres perdent par ce moyen leur poids ordi- naire, & montent au centuple de la hauteur où elles ont coûtume de s'arrêter dans l'Atmoſphère? J'ignore fur quelles obfervations & fur quels faits on s'appuyeroit, pour faire circuler la matière magnétique à ces grandes diftances, ou de bas en haut, au deffus de la furface de la Terre. Enfin je ne vois pas comment cette hypothèſe, qui roule fur une cauſe permanente, pourroit s'accorder avec les ceffations & les repriſes de l'Aurore Boréale. * • ' → t J よ ​* # WA DE L'AURORE BOREALE. Sect. II. Ch. VI. 79 CHAPITRE VI. De quelques autres Phénomènes qui dépendent des glaces & des neiges des pays voifins du Pole. De la Lumière feptentrionale ou de l'Aurore Boréale de ces pays. Et favoir fi fes apparitions y font réglées & pervé- tuelles, comme on le croit communément. E penfe qu'il faut foigneufement diftinguer certains Phé- nomènes, certains effets de lumière, que les glaces & les neiges qui ne ceffent prefque jamais de couvrir les Terres Polaires, & les Mers qui les environnent, y peuvent pro- duire, d'avec la Lumière Septentrionale proprement dite, ou l'Aurore Boréale. La groffièreté de l'air de ces climats, la force & la longueur des crépuscules que l'on y éprouve, lorfque le Soleil commence à entrer dans les fignes Septen- trionaux, doivent y être la fource d'une infinité de fingula- rités en ce genre, mais qui ne fauroient paffer la région inférieure de l'Atmoſphère, ni ſortir de la claſſe des météores, dans laquelle il convient de les ranger. Recueil de Voyages « au Nord, « Tome II, · Frédéric Martens de Hambourg, dans fon Voyage au Spitzberg & au Groenland, rapporte qu'il y a dans le Spitzberg, c'est-à-dire aux environs du 8ome degré de La- titude, «< ſept grandes montagnes * de glace, toutes dans une même ligne, & entre de hauts rochers... qu'elles paroiffent d'un beau bleu, auffi-bien que la neige... qu'il y avoit des nuages autour & vers le milieu de ces montagnes: qu'au deſſus «?·24. de ces nuages, la neige étoit fort lumineufe, que les véritables « rochers paroiffoient tout en feu, & que le Soleil n'y donnoit » qu'une lueur pâle, la neige réfléchiffant au contraire une lu- « mière fort vive... Que * dans ces endroits où la glace eft priſe en mer, on voit au deffus dans le Ciel une clarté blancheâtre comme celle du Soleil... d'où l'on peut connoître où eſt la glace ferme & immobile... mais qu'à quelque diſtance de là, « << * Ibid. « PP. 44, 56; a &c. 80 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE " • » l'air paroît bleu, & noirâtre... Ce qui ne provient, dit-il, » que de ce de ce que là lumière eft réfléchie de la neige en l'air, de » la même manière que fe fait la réflexion de la lueur du feu la » nuit que la préſence du Soleil n'empêche pas ces effets fur-tout lorsqu'il eft près de l'Horizon, & qu'il en fait tout » le tour, comme il arrive au commencement du Printemps, » & vers la fin de l'Eté... que fa clarté reſſemble à un clair » de Lune….. que la pouffière des petits glaçons ou de la neige répandue dans l'air, ou autour des montagnes y produit alors de fréquens Parhélies, & d'eſpèces d'Arc-en-Ciels, » & plufieurs autres Phénomènes en effet très-analogues aux lieux & aux circonftances dont il fait mention. >> Mais ces Phénomènes joints aux grands crépufcules du Nord, n'auront-ils jamais été confondus avec l'Aurore Bo- réale, lorſqu'on a commencé de la revoir dans nos climats? Je ne faurois m'empêcher de le croire, & je fuis confirmé dans cette penſée par toutes les recherches que j'ai faites fur ce fujet. Tel Relateur qui avoit eu connoiffance dans le Nord, de que'ques-unes de ces apparences, & de ce cré- pufcule étonnant qui y tient quelquefois lieu de jour, ne pouvoit parler que fur le rapport d'autrui des Aurores Bo- réales qui avoient paru dans la Zone tempérée, & tel autre, qui a vû l'Aurore Boréale en France, en Angleterre, ou en Allemagne, n'a examiné peut-être, ni par lui-même, ni d'après des témoins éclairés, ce que c'eft que tous ces Phé- nomènes, & cette Lumière Septentrionale à laquelle les habi- tans du Nord ont donné tant de noms +. D'où il eft arrivé qu'on n'a pas pluſtôt ouï parler de quelque lumière nocturne de ces pays, vers lefquels d'ailleurs l'Aurore Boréale eft pref- que toûjours placée comme en fon lieu propre, qu'on a con- jecturé que ce n'étoit que l'Aurore Boréale même. On va voir un exemple frappant de ces méprifes dans l'Auteur → Nord-ligt, Nord-skjen, Nord- ljus, Nord-blyff, Nord-blaff, Lotter- skien, Lyffnor, &c. c'est-à-dire, Lumière du Nord, Lueur, E'CLAIR, SOUFFLE, CRÉPUS- CULE, LUSTRE ou CHAN- DELIER DU NORD, &c. même DE L'AURORE BOREALE. Sect. II. Ch. VI. 81 même de la Relation du Groenland. Mais je crois à propos de donner ici auparavant une idée plus complète de ces grands crépuscules d'Eté des pays feptentrionaux. On fait que les crépufcules en géneral font d'autant plus grands & d'autant plus longs dans le temps du Solftice d'Été, que le Soleil ſe lève & fe couche plus près du Pole, ou, ce qui revient au même, qu'il eſt moins enfoncé fous l'hori- zon. Donc fi l'enfoncement du Soleil fous l'horizon eft beaucoup moindre que l'étendue actuelle de la Lumière Zo- diacale ou de l'Atmoſphère qui entoure le Soleil, comme il arrive en pareille faifon dans les pays feptentrionaux, la Lumière Zodiacale ſe joindra à la Lumière du crépuſcule, en augmentera la force, la hauteur & la durée, & produira au-deſſus du Pole une ſplendeur ſemblable à celle de l'Aurore Boréale, & qui n'eft pourtant pas l'Aurore Boréale. Or cette eſpèce de phénomène doit être d'autant plus ordinaire & d'au- tant plus marqué dans les pays feptentrionaux, qu'il eſt même affez commun dans nos climats aux grandes extenſions de l'Atmoſphère Solaire; & voici comment feu M. Caffini s'en explique dans fa Découverte de la Lumière Zodiacale, à l'ar- ticle intitulé, Obfervations du Crépuscule Solflitial de cette année 1687*. Au folftice d'Eté de cette année 1687, la Lune approchant de fon plein, toute la nuit étoit fi claire «< que les plus petites Etoiles étoient toutes effacées; de forte «< que l'on ne pouvoit preſque diftinguer la voie de lait. On « voyoit néanmoins du côté du Septentrion une lumière beau- « coup plus claire que le refte du Ciel, laquelle fuivoit le «< Soleil d'Occident en Orient, & qui ne s'effaça pas entiè- « ment même lorſque la Lune fut pleine. On peut douter fi cette lumière étoit celle du crépuscule ordinaire fimple, ou fi elle étoit mêlée de la lumière Zodiacale, qui le plus ſouvent a beaucoup de latitude Boréale, &c. » Le reſte de l'article contient de ſemblables obſervations pour les jours fuivans, jufque dans le mois de Juillet, & des conjectures très-plaufibles de la même lumière obfervée par Hipparque à la même latitude que Paris, & rapportée par Strabon. Or cc L « >> * Art. 37. 82 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * XIV, XV & repentinis. De je laiffe à penfer combien cette lumière feptentrionale, dans les pays feptentrionaux, doit avoir produit de mal-entendus chez les Hiftoriens de ces pays, & chez les Voyageurs, tant anciens que modernes, par rapport à notre Aurore Boréale. Je ne prétends pas cependant que l'Aurore Boréale ne foit pas plus fréquente dans les terres Arctiques près du Pole, qu'en Allemagne ou en France: elle le doit être, puiſque c'eft là en effet fon fiège ordinaire, & qu'ayant une Parallaxe, ainfi que nous l'avons expliqué, elle peut très-fouvent être vifible pour les habitans de la Zone Polaire, & pour ceux qui en font voifins, & ne l'être pas pour nous, à cauſe de fa petite étendue. Mais je ne faurois trop le dire, il ne faut point oublier qu'il y a auffi dans ces mêmes pays du Nord plufieurs autres phénomènes qui reffemblent à l'Au- rore Boréale, qui doivent le mêler & fe combiner avec elle, & que des Obfervateurs peu exacts, ou peu inſtruits, pour- roient bien quelquefois nous avoir donnés pour elle, tan- dis qu'elle n'y avoit aucune part. Ne fût-ce que ce grand crépuscule, qui éclaire un air groffier, il feroit fouvent aifé de s'y méprendre. Car il doit tantôt avoir l'apparence de l'Aurore Boréale, & tantôt l'effacer lorſqu'elle eſt foible & 'peu marquée. que C'eſt à quelque chofe de femblable qu'il faut rapporter ce dit Olaus Magnus, dans fon Hiftoire des Peuples Septen- Lib. I, cap. trionaux * , que vers la fin de l'Hiver, & autour du Prin- XVI. De circu- temps, on a coûtume ide voir dans ces pays encore couverts is hyemalibus. de neige, un grand cercle blanc qui s'étend fur tout l'ho- De circulis rizon ; que ce cercle eft furmonté de trois ou quatre autres circulis verna- fort petits, qui femblent imiter le Soleil, & qui font diver- libus, &c. Hift. fement colorés; mais qu'il en contient quelquefois au dedans de Gentib. Sept. Edit, Roma un autre qui eft noirâtre, plus grand & plus denfe que ceux qui font au dehors. Et pour ſe convaincre qu'il ne s'agit point ici de l'Aurore Boréale, il n'y a qu'à en lire la fuite dans les Chapitres cités, & jetter les yeux fur les Figures l'Auteur y ajoûte. On verra que tous ces phénomènes asss. que DE L'AURORE BOREALE. Sect. 11. Ch. VI. 83 ne confiftent qu'en un crépuscule fort denſe au deffus d'un horizon ou d'un air fort épais, en des reflets de lumière, & en quelques eſpèces de parhélie. J'avoue qu'il doit paroître extraordinaire qu'um Ecrivain qui s'eft fi fort étendu fur toutes ·les particularités naturelles des climats feptentrionaux, en ait omis une, qui pourroit paffer pour la principale & pour la plus merveilleufe de toutes. Mais on n'en fera point furpris, fi l'on prend garde au temps où Magnus a écrit ; temps qui a été précédé, ſelon toute apparence, d'une affez longue cef- fation des Aurores Boréales du Nord. Et cet Auteur n'ayant peut-être pas été témoin occulaire de ces Aurores Boréales, ou ne l'ayant été que d'un petit nombre, & mal marquées, il les aura fans doute confondues avec les phénomènes qu'il nous a décrits. Quoi qu'il en foit, fi la caufe que nous donnons à l'Au- rore Boréale, eft conforme à la Nature, il eft très-vrai-fem- blable que ce Phénomène aura eu fes intervalles & fes repriſes dans les pays les plus feptentrionaux, comme dans ceux qui le font le moins, toutes proportions d'ailleurs gardées ; c'eft- à-dire, que les ceffations dans les uns, & les repriſes dans les autres, feront réciproquement plus courtes ou plus longues, mais qu'il y aura eu des ceffations & des repriſes univerfelles, par rapport à tout le globe Terreftre. Et c'eſt en effet ce que je trouve avoir été à meſure que j'approfondis davantage cette Queſtion. *La Suède, le Danemarck ou la Norvège qui en dépend, font affurément à portée de voir les Aurores Boréales, pour ainfi dire, dans leur fource, & les plus Polaires, ſi la ma- tière qui les compofe s'y trouve à la même hauteur au deffus de la furface de la Terre, que dans celles que nous obfervons d'ici, & dont nous avons calculé les parallaxes. Car une tangente menée du 59me degré de latitude, lequel paſſe à peu-près au milieu des pays dont je parle, iroit couper l'Axe prolongé de la Terre, à un point au deffus du Pole qui feroit plus bas que la région que nous avons affignée à ce Phénomène dans l'Atmoſphère; comme on peut voir par les Lij 84 TRAITÉ PHYSIQUE. ET HISTORIQUE calculs rapportés dans le troiſième Chapitre de cette Section. Ainfi un Obfervateur placé fur le 59me degré de latitude verroit la matière même du Phénomène, qui feroit immé diatement fous le Pole. Sans compter que les réfractions élèvent encore plus les objets céleftes dans ces pays-là que dans celui-ci. Comment fe peut-il donc que l'Aurore Boréale ait été de longs intervalles de temps fans paroître en Suède, en Danemarck & en Norvège, & qu'on l'y eût prefque oubliée, fi elle étoit réglée & perpétuelle dans la haute Norvège & dans toutes les Teryes Arctiques? M. le Comte de Plelo Ambaffadeur de France à Coppenhague, dont j'aî déjà cité le témoignage, & qui a bien voulu me communi- quer tout ce qu'il a appris fur ce fujet, après s'être adreſſé pour cela à des perfonnes très-capables de l'en inftruire, nous Lettre du 16 affure qu'il n'y a pas trente ans que les Aurores Boréales fout Octob. 1731. fréquentes en Danemarck, & qu'on les connoifſoit même fi pest encore en 1709, qu'une très-grande & très-lumineuse s'étant manifeftée, plufieurs corps-de-garde fortirent, prirent les armes, & battirent le tambour. Préfentement, ajoûte M. le Comte de Plelo, on n'y fait plus d'attention. Nous pourrions en dire autant des habitans de Pétersbourg que de ceux de Coppen- hague, quoiqu'à plus de cent fieues plus près du Pole. Dans le grand Mémoire que M., Maier donna en 1726 à l'A- cadémie Impériale de Pétersbourg, & dont nous avons parlé ci-deffus, il commence par déclarer, que l'on n'eſt plus étonné dans ce pays, de l'Aurore Boréale, comme on l'étoit autre- fois, que le vulgaire même ne l'y admire plus. Le vulgaire l'y admiroit donc autrefois. Voilà une différence de temps & de traditions bien marquée, & qui ne pourroit guère avoir lieu, fi l'on con- fondoit l'Aurore Boréale avec ces phénomènes réglés & périodiques, qui fe font voir auprès du Pole. Il faudroit encore favoir en quel temps & dans quelles * Cum in Borealibus noftris oris apparitio lucis hujus (Borealis) tam frequens fit, ut & vulgus eam non admiretur amplius, &c. Comment. c. Tom. I. p.35¹· " DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. VI. 8 S circonſtances ont voyagé dans ces pays, ou en ont écrit, les Auteurs qui nous parlent de la Lumière Septentrionale. Car felon que ces temps fe confondent avec ceux des repriſes, ou des ceffations de l'Aurore Boréale, ou qu'ils en appro- chent, nous pourrons expliquer ce que quelques Auteurs nous en difent, & le filence de quelques autres qui n'étoient ni moins inftruits, ni moins en occafion de s'étendre fur ce Phénomène. Nous en avons déja vû un exemple dans Olaus Magnus; voyons-en quelques autres, & découvrons, s'il ſe peut, la fource de ce que l'on a débité fur ce fujet. La Peyrere, Auteur de deux Relations du Nord, l'une de I'Iflande, l'autre du Groenland, les a compofées toutes deux à Coppenhague, où il avoit été avec M. de la Thuilerie Am- baffadeur de la Cour de France en Danemarck. La première fut écrite en 1644, & la feconde en 1646. Ce n'eft que dans la dernière, celle du Groenland, qu'il nous rapporte tout ce qu'il avoit pû recueillir fur la Lumière Septentrionale; & felon l'idée qu'il nous en donne, il n'y a pas de doute qu'il n'ait voulu parler de l'Aurore Boréale. On voit en même temps que cet Auteur étoit parti de France inftruit de ce Phénomène qui avoit été obſervé une vingtaine d'ans auparavant par Gaffendi, avec qui la Peyrere avoit été en commerce. C'eft pourquoi fi la Peyrere avoit vû quelque choſe de pareil en Danemarck, il n'auroit pas manqué affu- rément de nous l'apprendre: mais il n'en dit pas un mot, parce qu'en effet l'Aurore Boréale avoit ceffé alors de paroître depuis plufieurs années. La Peyrere ne parle donc que de la Lumière Septentrionale, telle qu'elle paroiffoit en Groenland, & il a recours, pour la décrire, à l'ancienne Chronique Iſlan- doife, qu'il fe faifoit expliquer. Voici ce qu'il rapporte d'après cette autorité. « L'Eté du Groenland, dit-il, eft toûjours beau, jour & nuit, fi l'on doit appeller nuit ce crépuscule perpétuel qui y occupe en Eté tout l'eſpace de la nuit. Comme les jours y font très-courts en Hiver, les nuits en récompenſe y font très-longues, & la Nature y produit une merveille que je n'oferois vous écrire, ſi la Chronique Iflandoiſe ne « Voyages cc au Nord « Tome I. cc cc cc p. 126. L iij 86 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE >> >> » כג D >> >> >> » l'avoit écrite comme un miracle, & fi je n'avois une entière confiance en M. Rets, qui me l'a lûe, & fidèlement expli- quée. Il fe lève au Groenland une Lumière avec la nuit lorfque la Lune eft nouvelle, ou fur le point de le devenir, qui éclaire tout le pays, comme fi la Lune étoit au plein. Et plus la nuit eft obfcure, plus cette Lumière luit. Elle fait fon cours du côté du Nord, à caufe de quoi elle eft appelée Lumière Septentrionale; elle reffemble à un feu volant, & s'étend en l'air comme une haute & longue paliffade. Elle paffe d'un lieu à un autre, & laiffe de la fumée aux lieux qu'elle quitte. Il n'y a que ceux qui l'ont vûe qui foient capables de fe repréſenter la promptitude & la légèreté de fon mouvement. Elle dure toute la nuit, & s'évanouit avec » le Soleil levant... On m'a affuré que cette Lumière Septen- trionale ſe voit clairement de l'Iflande & de la Norvège, lorſque le Ciel eſt ſerein, & que la nuit n'eſt troublée d'au- » cun nuage. Elle n'éclaire pas feulement les peuples de ce » continent Arctique, elle s'étend juſqu'à nos climats: & cette lumière eſt la même fans doute, que notre ami célèbre, le » très-favant & très-judicieux Philofophe M. Gaffendi m'a » dit avoir obſervé pluſieurs fois, & à laquelle il a donné le nom d'AURORE BORÉALE ». >> >> >> כל >> כג כל STURLESO- NIUS. C'étoit-là fans doute la tradition récente du Danemarck en 1646, lorſque la Peyrere écrivoit fa Relation d'après les hiſtoriens du pays, &, pour ce qui regarde cet article, d'après la Chronique d'Iflande. Cette Chronique fut compoſée en *SNORRO Iflandois par un habitant de cette Me*, qui en avoit été Juge fouverain en 1215, ou Nomophylax, comme l'appelle Arngrinus Jonas dans fa Crymogée ou fon Hiftoire d'Iflande. Et ce qui eft rapporté ici, que la Lumière Septentrionale n'éclaire pas feulement les peuples du continent Arctique, mais qu'elle s'étend jufqu'au climat du Danemarck, n'eſt avancé viſiblement que par ouï dire, & pour le temps paffé : ce n'eſt que ce que l'on a affuré à la Peyrere, & non ce que la Peyrere a vû. Il étoit fi peu au fait de cette Lumière que fon ami célèbre avoit obſervée en France, & à laquelle DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. VI. 87 ce Philofophe avoit donné le nom d'Aurore Boréale, qu'il l'a confond avec ce crépuscule perpétuel qui occupe en Eté tout l'espace de la nuit dans le Groenland: deux chofes cependant fi différentes, & d'autant plus, que l'une n'a guère lieu qu'en Hiver, dans ces pays où les nuits d'Eté font fi claires, & l'autre qu'en Eté. Rapportons encore à ce ſujet les remarques de feu M. Caffini. << pas " Lum. Zod Art. 38. « « << Ca CC « CC L'Auteur, dit-il, de la Relation du Groenland, cité par M. Gaffendi au Tome II, p. 108, parle à la page 99, d'une lumière remarquable que l'on y voyoit du côté du Septen- trion, pendant les nuits d'Eté, en ces termes. L'Eté du « Groenland, &c. c'eft la defcription même qu'on vient de « voir ci-deffus. Après quoi, continue l'illuftre Aftronome, çet Auteur ajoûte que cette Lumière Septentrionale fe voit « clairement en Iflande & en Norvège, lorſque le Ciel eſt ferein, & que la nuit n'eſt troublée d'aucun nuage; qu'elle n'éclaire ſeulement les peuples de ce monde Arctique, mais qu'elle s'étend juſqu'à nos climats, & il croit que cette "< lumière eſt la même qui a été obſervée par M. Gaffendi & décrite dans la vie de M. le 12 Septembre 1621 Peyrefc, & ailleurs, appelée Aurore Boréale. Mais ce Phé- nomène obfervé par M. Gaffendi, comme il paroit par fa « deſcription, eft un météore rare, accompagné d'une diver- fité d'apparences qui ne conviennent point au crépuscule d'Eté, ayant été obfervé au mois de Septembre; ni à notre «< Phénomène (la Lumière Zodiacale) qui en ce temps-là de « l'année ne paroît point au Septentrion, comme celui de «< M. Gaffendi, mais s'étend du Sud-eft vers le midi, comme «< il paroît par les obfervations des années 1685 & 86, que nous avons rapportées. Ce Phénomène du Groenland «< pourroit donc pluftôt être le crépuscule mêlé de notre fu- « mière (Zodiacale) qui eft plus éclatante lorfque la Lune « ne paroît point. » Thormodus Torféus né en Iflande, Hiftoriographe du Roi de Danemarck, & célèbre par plufieurs grands ouvra- ·ges d'Hiſtoire fur les Pays du Nord, nous a donné en 1706, CE « cc cr 88 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE pag. 101. une Deſcription Latine de l'ancien Groenland*, où il parle auffi de la Lumière feptentrionale connue dans le pays, fous le nom de Nordrlios, comme d'un Phénomène fort commun dans ces Terres Polaires. La deſcription qu'il en fait dans un Chapitre où il traite de la conftitution du Ciel du Groen- * Cap. XIV. land *, eft curieufe: mais il eft aifé de s'apercevoir que c'eſt la même que l'on vient de lire d'après la Peyrere ; & l'on apprend en effet qu'elle eſt tirée de la même fource, de la Chronique Iſlandoife. On y trouve feulement un peu plus de détail en quelques endroits, par exemple, touchant les jets de lumière, qui y font comparés à des tuyaux d'orgue, ou à des rofeaux lumineux qui paroîtroient & difparoîtroient dans un clin d'oeil. Torfeus remarque, & toûjours d'après la Chronique Iflandoife, que le Ciel du Groenland en général eft beaucoup plus doux plus tranquille & plus ferein que celui d'Iflande, quoiqu'on y éprouve de temps en temps de très-grands froids & de rudes tempêtes. Mais cet Auteur ne nous dit rien d'ailleurs par lui- même touchant la Lumière feptentrionale, finon que « Petrus Claudii s'eft trompé, quand il a cru que ce Phénomène étoit particulier au Groenland, à l'Iflande & aux extrémités de la Norvège. A quoi il ajoûte, qu'il avoit vû ce même mé- » téore en Iflande de fes propres yeux; que c'étoit, à la vérité, » une lumière plus tranquille & plus continue, quoiqu'elle ne laiffât pas quelquefois de fe mouvoir avec impétuofité; qu'il étoit encore enfant, mais qu'il fe fouvient fort bien כג ככ A A + Groenlandia antiqua feu veteris Groenlandia defcriptio, ubi cœli marifque natura... ex antiquis me- moriis præcipuè Iflandicis ... expo- nuntur. Authore THORMODO TORFEO, rerum Novergicarum Hiftoriographo Regio. Haunia, ex typographeo Regiæ majeft. & uni- verf. 1706. Impenfis Autoris. D'au- tres exemplaires portent, au lieu de ces dernières paroles, & de cette date; Haunie, apud Hier. Chrift. Pauli Reg. Univerf. Bibliopolam, anno 1715; mais c'eſt abſolument la même édition, ce qu'il eft bon d'obſerver ici: car fi Torféus avoit écrit en 1715, après avoir été té- moin de l'Aurore Boréale de 1709 qui caufa tant d'alarme à Coppenha- gue où il réfidoit, il n'eft pas naturel de croire qu'il n'en eût pas dit un mat dans cet article, & fur-tout en parlant de la terreur qu'un femblable Phénomène avoit produite autrefois fur fes compatriotes. Torféus eſt mort accablé de vieilleſſe en 1716. de DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. VI. 89 de l'étonnement & de la frayeur que cet objet terrible avoit « caufés à tous les habitans de l'Ifle.""" Sur quoi je remarque, 1.° que l'erreur de Petrus Claudii, où Peder Claufen, ne peut être fondée que fur ce que, du temps qu'il écrivoit, la Lumière Septentrionale ne ſe mon- troit pas en Danemarck, ni dans les parties Méridionales de la Norvège. Et en effet on trouve que cet Auteur, dont les ouvrages ne furent imprimés qu'en 1632, & plufieurs années après la mort, avoit vécu & écrit avant le commen- cement du XVIIme fiècle, où il y avoit eu une interruption confidérable de l'Aurore Boréale, après la grande repriſe de 1574 & 1575, comme on le verra dans la 4me Section. Et à l'égard du pays où Peder Claufen réſidoit, & qui faiſoit fon terme de comparaiſon, j'apprends auffi que ce ne pouvoit être que dans la partie la plus Méridionale de la Norvège, dans le diocèſe de Stavanger, dont il étoit Chanoine à l'Eglife Cathédrale, & où il avoit la Cure d'Undal; c'eſt-à-dire, peu au deffous du 59me degré de latitude. Or nous avons fait voir qu'il étoit impoffible qu'il y eût des Aurores Boréales un peu fortes dans le Groenland, & dans des terres encore plus reculées vers le Pole, fans qu'on ne pût les apercevoir du 55 me me degré de latitude, du Danemarck, de toute la Norvège, & par conféquent du 59me degré. Il eſt donc vifi- ble que ce que cet Auteur avoit vû ou appris des apparitions de la Lumière Septentrionale en Groenland & en Iflande, fe rapportoit à des temps de repriſe de ce Phénomène, & où, toutes proportions gardées, il a coûtume de ſe montrer dans des pays d'une beaucoup moindre latitude. f 2.° L'étonnement que Torféus peint dans fes compatriotes, à la vûe d'un Phénomène dont l'afpect leur paroiffoit fi terrible, ne fauroit guère s'accorder avec le préjugé dont il s'agit, que les apparitions de l'Aurore Boréale fuffent réglées, pério- diques & perpétuelles en Iflande. Les Iflandois auroient été accoûtumés de temps immémorial à ce Phénomène, comme les habitans de Coppenhague le font depuis vingt ou trente. ans, s'il n'avoit ſouffert de longues interruptions chez eux, M 20 Z TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ་ à peu près comme en Danemarck, & ils s'y feroient d'au-. tant plus aisément accoûtumés, que leur pays approchant davantage du Pole, les repriſes de l'Aurore Boréale y doi- vent être plus longues & plus marquées, & fes apparitions plus fréquentes. 3.° Ĉe que nous venons de dire de l'Iflande porte nécef- Ce fairement fur le Groenland. Car je ne vois pas qu'il puiffe y avoir à cet égard d'autre différence entre ces deux pays, que celle qui naît d'un Ciel communément plus ferein, & qui ne fauroit être la cauſe que d'un peu plus de fréquence dans les apparitions du Phénomène en un endroit, pluftôt que dans l'autre. Cette même férénité du climat de Groenland dont parlent Torféus & la Peyrere, ou pluſtôt la Chronique Iflandoife, prouve bien que la partie des Terres appelées Groenland, de laquelle il s'agit ici, n'eſt autre que celle qui eſt auprès de l'Iflande, à l'Oueſt & au Nord-oueft de cette Ifle, & dont la Latitude ne differe que peu ou point du tout de celle du milieu de l'Iflande. On fait que les parties plus feptentrionales du Groenland, vers le Spitzberg, par exem- ple, font un climat affreux par le froid & par les glaces, & bien éloigné d'être fufceptible de la peinture qu'on nous fait ici du Groenland voifin de l'Iflande. Car, felon les dernières Cartes de M. Delifle, ce vafte pays s'étend du Sud-oueft au Nord-eft fur plus de 40 degrés en Longitude, & de 20 en Latitude, ou depuis le 60me degré jufqu'aux dernières Terres connues auprès du Pole. Ce que dit encore la Peyrere des nuits de l'Eté du Groenland, éclairées par un Crépuscule perpétuel, ne peut tomber que fur la partie qui eft en deçà du Cercle Polaire, c'est-à-dire, au deffous du 66me 1 degré, ou même beaucoup plus bas, à cauſe des réfractions feptentrionales; puifqu'au delà c'eft le Soleil même qui y paroît continûment une partie de l'Eté fans ſe cacher fous l'horizon. Si l'Aurore Boréale a donc fouffert de longues interruptions en Iflande, elle en aura fouffert à peu-près de même dans le Groenland. 0 I } 4. Enfin nous pouvons faire les mêmes réflexions fur 1 } + 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11. Ch. VI. 91 la Chronique Iflandoife, par rapport à la fin du x11me fiècle, ou au commencement du XIIIme, où elle a été écrite. L'Au- teur de cette Chronique y parle fans doute du Groenland voifin de l'Iflande, & des apparitions de l'Aurore Boréale qu'il y avoit vûes, ou qu'il favoit ſeulement par tradition paru, mais que nous devons toûjours fuppofer ſe rapporter à quelque temps de repriſe du Phénomène. y avoir D'un autre côté je parcours les Journaux des Voyages faits vers le Nord, & dans les pays mêmes dont nous venons de parler, ou encore plus Septentrionaux. De tous les Voyageurs qui ont vifité les Terres Arctiques, il n'y en a point, ce me femble, dont le témoignage ou le filence puiffe être d'un plus grand poids fur la matière que nous traitons, que celui de Frédéric Martens, déja cité ci-deffus. Selon l'Auteur du Préliminaire qui a été mis à la tête du Recueil des Voyages au Nord, il eft à croire que Martens entreprit fon voyage du Spitzberg & du Groenland, pour fatisfaire aux curieufes recherches de la Société Royale de Londres; & cela paroît en effet, par fon attention à obſerver tout ce qui pouvoit fervir à éclaircir l'Hiftoire naturelle du Nord. Cet habile Voyageur partit de l'Elbe au mois d'Avril de l'an 1671 temps où l'Aurore Boréale étoit tombée dans l'oubli, & où je ne fache point qu'on en ait vû la moindre apparence dans nos climats. Auffi ne trouve-t-on dans fa relation au- cun veftige de la Lumière Septentrionale que la Peyrere & Torféus nous ont décrite d'après la Chronique Iflandoife. On a vû cependant avec combien d'exactitude & de détail Fré- déric Martens nous décrit la conftitution de l'air du Groen- land & du Spitzberg, les Météores qu'on y remarque, & plufieurs Phénomènes particuliers, qui ne pouvoient man- quer de le conduire à nous parler de celui dont il s'agit, s'il avoit été auſſi fréquent alors dans ce pays qu'il l'avoit été chez nous au commencement du même fiècle, ou feu- lement fi l'on en avoit conſervé la mémoire. J'avoue qu'on ne voyage dans ces Terres ou Mers Arctiques, qu'en Eté, & que ce n'eft pas-là le temps d'y voir l'Aurore Boréale. M ij 92 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 3 Cependant Frédéric Martens nous parle plus d'une fois de ce qui s'y paffe en Hiver, foit d'après les habitans du pays, foit d'après ce qu'il en avoit pû apprendre d'ailleurs. Car, fi le Spitzberg eft inhabitable ou inhabité, le Groenland ne l'eft pas. Il faut encore prendre garde que dans ces temps de l'année où le Soleil ne ceffe point d'être fur l'horizon, il y paroît fi éteint & fi pâle, que les grandes Aurores Boréales telles qu'on nous les décrit actuellement dans ces pays Sep- tentrionaux, ne laifferoient pas de s'y montrer fans équivo- que, comme celles qui ont paru quelquefois ailleurs en pleine Lune. La nuit, dit notre habile Navigateur, lorfque le Soleil luit, fa clarté reflemble à un beau clair de Lune, & on peut * Ibid. Ch. IV. contempler le Soleil auffi facilement que l'a Lune*. De quelque manière qu'on l'entende il feroit toûjours bien extraordinaire que dans une Relation auffi curieuſe & auffi circonſtanciée que celle-ci, & fur-tout par rapport à l'Hiſtoire Naturelle, cet Auteur ne nous eût pas dit un feul mot de la Lumière Boréale, s'il en avoit eu la moindre connoiffance. De l'Air. * Ibid.Tome II, page 206. Le Capitaine Jean Wood *, qui fut cinq ans après vers ces mêmes contrées, dans le deffein d'y découvrir un paffage les Indes Orientales, n'en dit pas davantage fur cet ar- pour ticle. Jean Huyghen de Linfchot, qui avoit eu le même deflein en 1594 & 1595, dans fes deux Voyages au Nord par le détroit de Naffau ou de Waeigat, a gardé le même filence à cet égard, quoiqu'il ait eu plus d'une fois occafion d'en par- ler, & fur-tout dans une longue converfation qu'il eut avec * Ibid. Tome des Samogedes *, touchant les particularités du pays & du IV, p. 195 du fecond Voyage, climat. Il y a même grande apparence que le préjugé que nous tâchons ici de détruire, n'avoit pas encore pris naiffance; car il n'y avoit pas alors quinze ou vingt ans que F'Aurore Boréale avoit paru plufieurs fois dans tout le reste de l'Eur rope, comme il a été remarqué ci-deffus, & conumme on verra dans la 4me Section: ce qui fans doute n'auroit pas manqué d'infpirer à Linfchot quelque curiofité touchant ce Phénomène dans les pays Septentrionaux, lorſqu'il étoit ſi bien fur les lieux pour la fatisfaire. It ſemble tout au moins 3 } Planche IV. Sect.II.p.gz. L Fig. VI. T E M. G H m Z N 1 F P R P E C Fig. VIII 1 C Z A H Fig. VII. PF Ꭲ . R V M S Ph. Jikenneau Stalp. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11, Ch. VI. 93 ✔ qu'il nous en auroit dit quelque chofe, s'il avoit penſé là- deffus comme on penfe communément aujourd'hui. Cepen- dant l'Auteur du Supplément aux Voyages du Capitaine Jean Wood, & de Frédéric Martens, nous affure *, que «< tous ceux qui ont été dans ces pays-là difent des chofes furpre- nantes d'un certain Phénomène qu'on nomme Lumière du Nord, & que ceux qui ne l'ont pas vû ont peine à conce- « voir, &c. » Mais il ne cite pour garant que la Peyrere, dont il rapporte à peu près les paroles qu'on a lûes ci-deffus. Ainfi tout ce qui fe trouve fur ce fujet dans le Recueil de Voyages au Nord, & dans une infinité d'autres Livres, étant évalué, fe réduit au ſeul témoignage de la Peyrere, qui ne-tient ce qu'il en dit, que d'une Chronique compofée il y a 500 ans, & dans laquelle encore il n'y a rien, qui, bien entendu, puiffe le moins du monde favoriſer la pré- tendue perpétuité de l'Aurore Boréale dans les pays Septen- trionaux. * Nid. Tome 11. p. 288. « Imprimé en « 1715 Amft, où l'on ne connoiſfois pas encore l'Aurore Boréale, plus qu'en France. non * 1 M iij 94 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE + * SECTION III. Explication des divers Phénomènes qui compofent, ou qui accompagnent l'Aurore Boréale. E i C que nous avons dit de la formation de l'Aurore Bo- réale en général dans l'Explication fommaire qui eſt à la tête de ce Traité, ne fauroit être mieux éclairci, que par le détail des parties qui compofent ce Phénomène, & par l'explication particulière que nous allons tâcher d'en donner: les deux Sections précédentes en feront la baſe. L'une nous a fait connoître le fonds & le réſervoir de la matière dont l'Aurore Boréale eft formée, favoir, l'Atmoſphère Solaire; l'autre a étendu & rectifié l'idée qu'on avoit du lieu & du fluide dans lequel l'Aurore Boréale ſe forme & fe fait voir, qui eft l'Atmoſphère Terreftre. Nous avons même touché, dans l'une & dans l'autre de ces deux Sections, plufieurs points préliminaires qui n'aideront pas peu à abréger nos explications, & à juſtifier la théorie dont elles dépendent. Il ne s'agit donc plus que d'appliquer cette théorie aux exemples ou aux faits, & de montrer comment elle s'accorde avec eux. CHAPITRE PREMIER. De la diſtance d'où la matièré de l'Atmosphère Solaire peut tomber dans l'Atmosphère Terreftre, ou des Limites de la Force Centrale qui agit vers la Terre relativement à celle qui agit vers le Soleil. L fuffit, comme nous l'avons remarqué, que l'Atmoſphère Solaire ou la Lumière Zodiacale parvienne quelquefois viſiblement juſqu'à l'Orbite Terreftre, pour avoir tout lieu + 1 DE L'AURORE BOREALE. Sect. III. Ch. 1. 95 } de croire qu'elle s'étend ſouvent juſqu'à cette diftance, ou même beaucoup au-delà, par fa partie inviſible, par les bords de fon tranchant où de fa pointe, qu'une trop grande ténuité rend imperceptibles, ou que la plus foible clarté peut effacer. C'en eft affez, dis-je, pour l'explication de notre hypothèſe en général, que la matière de l'Atmoſphère du Soleil puiffe arriver quelquefois inconteftablement jufqu'à la Terre, & à plus forte raiſon juſqu'à l'Atmoſphère Terreftre. Mais s'il eft vrai que cette matière doive y tomber de fort loin, de plufieurs milliers de lieues, par exemple, & que par conféquent il ne foit point néceffaire que la Lumière Zodia- cale s'étende jufqu'à nous, pour la formation de l'Aurore Boréale, ce fera fans doute une furabondance de droit que nous ne devons pas négliger. La Pefanteur univerfelle des Corps confidérée, non comme une qualité effentielle de la matière, mais comme un ef- fet qui réfulte de la conftruction primitive & actuelle du Monde, me paroît moins aujourd'hui un ſyſtème fur lequel on puiffe fe partager, qu'un fait avoué, & que les mouve- mens de toutes les parties de l'Univers juftifient. Tout Corps Célefte, toute Planète, tant Principale que Secondairę, cir- cule autour d'un centre : donc il y a pour tout Corps Célefte un Point Central où il tend, ou vers lequel il eft pouffé par une Force ou par un fluide inviſible quelconques; fans quoi ce corps quitteroit bien-tôt la courbe de fa circulation, & s'échapperoit infailliblement en ligne droite, par la Tangente menée du point fur lequel il fe trouveroit dans l'inſtant où la Force Centrale cefferoit d'agir fur lui. La tendance à s'écarter du centre, eft comme on fait, l'effet de la Force Centrifuge, Force qui fuit néceffairement de tout mouvement curvili- gne, & qui eft toûjours oppoſée à la Force Centrale qu'elle balance. Quant à la Pefanteur particulière des parties des Planètes vers leur propre centre, on la conclud, ou de la Circulation de leurs Satellites à l'égard des Principales, ou en général tant à l'égard de celles-ci que de leurs Satellites, de la figure fphérique que l'on remarque dans toutes. 96 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE La loi felon laquelle la Force Centrale s'exence, en raiſon renversée des quarrés des diftances, & celle des Temps Périodiques de la Révolution des Planètes, &c. dont on déduit la valeur de cette force rapportée au centre de leurs circulations, ne font ni moins connues, ni moins liées avec les obfervations modernes. Nous les admettrons donc ici conformément à ce qui s'en trouve dans les Principes Ma- thématiques de Newton, quant aux faits, & fans prétendre entrer en aucune manière dans la difcuffion des cauſes, ou engager le Lecteur à choifir entre les Systèmes généraux dont on pourroit les faire dépendre: car ce ſont, à mon avis, autant de vérités ou de prémiffes qui appartiennent déſormais à toute Philofophie Naturelle, fans en excepter celle qui ſemble le plus s'oppoſer à la Philoſophie de Newton. Un Ciel mieux connu, & des Principes du mouvement mieux développés ont donné à ce grand homme un avantage fur Deſcartes & fur les premiers Cartéfiens, qui ne fauroit ôter à ceux-ci la gloire qu'ils ont fi juftement acquife, & qui doit encore moins tourner au préjudice de leurs fucceffeurs ou leur interdire l'ufage des connoiffances que les temps ont amenées, fous prétexte qu'elles ne font point forties de leur école. Newton a trouvé par les durées périodiques de la révo- lution de Vénus autour du Soleil, & de la Lune autour de la Terre, que les Forces Centrales ou Centripetes du Soleil & de la Terre dévoient être reſpectivement comme 1 & 227512, où 227512 & 1 ; c'eſt-à-dire, qu'une même por- tion de matière portée à égale diſtance du centre de chacun de ces deux globes hors de leurs furfaces, peferoit vers leur centre dans le rapport de 227512 à 1 *. 1 → Philof. Natur. Princ. Mathem. Lib. 111, prop. 8, édit. 2ª. Les nom- bres qui expriment les Forces Cen- trales abfolues de la Terre & du Soleil font différens dans les trois éditions. des Principés de Newton; parce qu'il y a fùivi différentes hypothèſes | Cela fur la Parallaxe Solaire, dont l'inven- tion & le rapport de ces Forces dépen dent en raifon triplée inverfe, ayant pris cette Parallaxe de 20" dans la première édition, de to" dans la feconde, & de 10" 36" dans la troi- fième. Nous nous fommès déterminés fur $ DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. I. 97 Cela pofé, & les loix mentionnées ci-deffus, foit le Fig. IX. Soleil imaginé fixe en S, & le Globe Terreſtre en T; & foit T'S la diftance de l'un à l'autre. Pour avoir la Limite L, c'eſt-à-dire le point entre S&T, où devroit ſe trouver un Corpufcule quelconque, pour être pouffé par des forces égales vers S & vers T, ou pour y être en équilibre, & de manière qu'un peu en deçà il iroit vers la Terre, & un peu au delà vers le Soleil; il eſt évi- I dent qu'il faut que la quantité foit égale à TL 227512 TS-TL D'où, & par la fimple extraction des racines, on tirera TS 478 ou environ. Or donnant à TS, 20626 demi- 72 TL= diamètres Terreftres, qui eft la diſtance correſpondante à 10" .de Parallaxe Solaire, on trouvera TL-20626 478 43 478 demi-diamètres Terreftres, ou environ 61813 lieues de 25. au degré, en ſuppoſant que le demi-diamètre de la Terre en contient 14322 Il eſt donc évident que la matière de l'Atmoſphère Solaire pourroit tomber dans le Tourbillon de la Terre, & enfin dans fon Atmoſphère, non feulement du lieu où cette matière s'étend lorfqu'elle arrive juſqu'à l'Orbite Terreſtre, & au point actuel qu'ý occupe la Terre, mais encore de plus de 60 mille lieues au delà. Pour avoir plus généralement cette diſtance, & pour mieux voir la raifon du Calcul précédent; ayant nommé F la Force Centrale en S, & q la Force Centrale en T, on trouvera TL ; ou, plus généralement encore, TL: TS √mp √ n F +VmQ TSV VE+VO en fuppofant le rapport des impulfions vers S & vers T, indéterminé, & en raiſon de m à n; ou fur cet article en faveur de la feconde édition, tant à caufe que la Parallaxe de 10", qui eft celle que feu M. Caffini avoit adoptée, & que nous adopterons dans la fuite de ce Traité, eſt auffi très-reçue, que pour quelques autres raiſons qu'il feroit trop long de rapporter ici. N 98 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Maou enfin, en rapportant la comparaiſon au point S, SL= ST VnF √nF + √mp 1 La diſtance à laquelle un Corpufcule L, fe trouveroit en équilibre entre deux Forces Centrales S& T, ſera donc toûjours exprimée par rapport à l'un ou à l'autre de ces deux points, par le produit de leur diftance commune, & de la racine de la Force Centrale du point qui fait le terme de comparaiſon, divifé par la fomme des racines des deux Forces. Si l'on prolonge ST vers I, il eft évident qu'il y aura fur cette ligne un autre point, où les actions des deux Forces, S & T, feront égales. Cela eſt évident, non feule- ment parce que l'Equation d'où nous avons tiré la valeur Algébrique de TL, doit avoir une feconde racine TI — TS VO VF qui ſoit négative ou qui s'étende vers le côté oppofé; mais de plus cela eſt néceſſaire, d'une néceffité Phy- fique; parce que la Force abfolue en T, étant la plus petite, fon action, qui ne fe trouve la plus forte qu'auprès du point Central T, doit être bien-tôt furmontée par l'action de la Force en S, en s'éloignant du point T: ce qui ne fauroit le faire fans paffer par l'égalité. que Et comme ce n'eft pas feulement fur la ligne ST ou S1; les deux Forces Centrales agiffent, il eſt évident encore, qu'il y aura tout autour de cette ligne une infinité de points tels que L, I, Q, P, &c. où leurs actions feront égales. Pour ne point entrer ici dans un détail fuperflu, je me contenterai de dire que le lieu de tous ces points d'égalité d'actions ou d'impulfions vers S & vers T, eſt un Cercle, ou pluſtôt une ſurface ſphérique formée par la révolution du cercle LQ1, autour de la ligne LI, qui en eſt l'axe ou le diamètre, & fur lequel la Terre T fe trouve placée à environ 130 lieues du centre K vers S. Car on a, par l'Analyſe, TI, de 43 158 demi-diamètres Terreftres, ou d'environ 62073 lieues, qui étant ajoûtées à TL (6,1813) font en tout 476 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. 1. 99. f 123886 lieues, dont la moitié, 61943, excède TL de 139. Úne ſurface ſphérique donneroit de même le lieu de toutes les impulfions en raiſon quelconque de m à n, vers les points S, T, & il n'y auroit à changer que les valeurs précédentes, conformément à l'expreffion particulière du nouveau rapport. Mais il eft bien clair que la ſurface ſphérique, & la con- dition d'égalité dans les Forces Accélératrices qui agiffent vers S & vers T, ne donnent ni un lieu d'Equilibre, ni les Li- mites de tout l'eſpace d'où la matière de l'Atmoſphère So- laire peut tomber fur la Terre, dans la ſuppoſition que cette matière s'étende au delà de T vers 1, Q, R, &c. n'y ayant dans toute la Sphère LPIQ, que le feul point L, qui foit dans le cas. Car 1.º le point oppoſé 1, & tous ceux qui ſe trouveroient fur la même ligne TI, à quelque diſtance que ce pût être, feroient viſiblement tirés ou pouffés vers T, par les deux forces dont les directions concourent, & fe con- fondent fur IS. 2.° Les points P, Q, &c. pris ſur la ſurface de la Sphère, autre part qu'en L, font tirés par deux forces égales, dont le réfultat fera la diagonale ou la droite qui par- tage en deux également chacun des angles SPT, SQT. Or dans le cas des diſtances données de la Terre au Soleil, & au point L, & à cauſe de la grande proximité du point T, avec le centre K, l'angle que font les lignes TP, &c. avec la tangente au cercle en ces points, differe peu de l'angle droit, & fe trouve par conféquent plus grand que la moitié de celui qui réſulte du concours des deux lignes TP, SP. Donc la diagonale menée du point P, coupera le Cercle, & entrera dans la Sphère, & par conféquent la portion de ma- tière quelconque P, Q, devra tomber fur la Terre T. 3. Enfin en quelque lieu que foit pris le point R, hors de la Sphère, fi la compoſition des Forces, ou la diagonale qui partage l'angle SRT, en raiſon quelconque, & qui détermine la direction dans laquelle ſe réunit leur effort commun au point R, vient couper la furface fphérique LPIQ, ou conduit à un point d'où la diagonale vienne la couper, il eſt évident, Nij J 1 3 } } > TOO TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Macu & par les mêmes raiſons, que le corpufcule R pourra tomber fur la Terre. የ D'où l'on voit que la furface Limitatrice dont il s'agit, mẹ fauroit être ni celle d'une Sphère, ni aucune autre quelcon- que rentrante en elle-même; mais que c'eft celle d'un Co- noïde MLN, qui touche la Sphère précédente, vers laquelle elle eſt concave, en L, & qui s'étend à l'infini au delà dẹ 7', & autour de l'axe commun LT prolongé. De manière que la tangente ou l'élément de fa courbe génératrice LMN, en quelque point M ou N que ce ſoit, ſe confondra toû- jours avec la diagonale ou la direction qui réſulte de l'effort commun des deux impulfions vers S& vers T, fur les lignes MS, MT, &c. Il eſt donc clair que toute la matière renfermée dans un Conoïde MLN, qui s'étendroit à l'infini, pourroit tomber fur la Terre, & par conféquent, que lorsque l'Atmosphère Solaire atteint juſqu'au Globe Terreftre 7, & qu'elle paſſe par delà, vers Q, I, R, &c. la matière qui la compofe peut tomber, s'affembler, & s'entaffer dans l'Atmoſphère Ter- reftre, non feulement des parties voifines, & de 60 mille lieues, mais encore d'infiniment plus loin, de roo, de 200 mille lieues, d'un million, &c. Il faut ſe ſouvenir cependant que tout ceci n'eſt exacte- ment vrai en particulier, que dans le cas pofé du repos mu- tuel des parties de la Terre & du Soleil, & en faifant abſtraction de tout mouvement, foit tranflatif, foit centrifuge, de la part de l'Atmoſphère Sofaire. Auffi ne donnons-nous pas ces déterminations comme rigoureufement conformes à la Nature, mais par manière d'exemple, & comme de fimples approximations propres à fixer l'imagination du Lec- teur. Car il eſt clair que tout au moins le mouvement de la Terre doit apporter un changement ſenſible à la chûte de la matière Zodiacale, dans notre Atmoſphère, tant à l'égard de la plus grande diftance d'où elle peut y tomber, que lignes qu'elle doit décrire en y tombant; autre confidération qui ne doit entrer pour rien dans notre fujet : puiſqu'il nous des DE L'AURORE BÓRÉALE. Sect. 111. Ch. 1. ΙΟΙ des importe peu que cette matière arrive juſqu'à nous par droites ou par des courbes, & des courbes de telle ou telle ature, de près ou de loin, pourvû qu'elle y arrive; ou enfin, qu'arrivant aux couches fupérieures de notre Atmoſphère par des courbes, elle y continue fon chemin par des droites. I fuffira donc ici pour l'ordinaire, & après ces notions géné- rales, d'imaginer que la Terre & fon Atmoſphère nagent quelquefois dans la matière Zodiacale, & qu'elles en font, pour ainfi dire, inondées. C'eſt ſur ce cas, fur cette extenſion fuffifante, ou plus que fuffifante, de l'Atmoſphère Solaire, que nous fonderons la plufpart des explications que nous allons tâcher de donner dans cette Section, touchant les di- vers phénomènes de l'Aurore Boréale. Les circonftances dont nous venons de parler, & furtout l'abondance de la matière, peuvent feulement influer fur la force & fur la durée plus ou moins grande de ces phénomènes. C'eſt à quoi nous ferons attention en ſon fieu; & c'eſt par-là auffi, comme nous l'avons déjà remarqué, & comme nous le montrerons plus particu- lièrement dans la fuite, que les temps où il y a eu le plus d'Aurores Boréales, & plus marquées, ont été ceux où l'At- moſphère du Soleil a été plus étendue & plus apparente. Il ne me refte qu'à lever une difficulté qui femble naître des bornes que nous avons affignées ci-deffus à l'effet de la pelanteur Terreftre, c'eft-à-dire, à la diftance du point de Limite L, entre la Terre T & le Soleil S, où un Corpufcule fe trouveroit en équilibre. Cette diſtance ne va pas à 44 demi-diamètres Terreftres, & la Lune, qui n'eft pourtant retenue dans fon Orbite que par fes gravitations vers la Terre, s'éloigne ſouvent de ce point central, & pendant une grande partie de fon cours, de plus de 60 de ces mêmes demi-dia- mètres. Ne devroit-elle pas alors, & lorfqu'elle fe trouve à peu près fur la ligne TS, au delà du point L, abandonner la Terre, tomber fans retour fur le Soleil, ou aller circuler im- médiatement autour du Soleil? Our fans doute elle le devroit dans le cas đu repos de la Planète principale autour de laquelle elle fe meut, & qui la fait Niij 102 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 研 ​circuler conjointement avec elle aufour du Soleil. Mais cette circulation commune, & la Force Centrifuge qui en réſulte dans les deux Planètes, laquelle furpaffe de beaucoup & l'effet de la diſtance du Satellite au delà du point L, vers le Soleil, & fa Force Centrifuge propre à l'égard de ſa Planète principale, retient la Lune, ou la repouffe vers T, & la con- ferve à la Terre, fût-elle quatre à cinq fois auffi loin de la Terre au delà du point L; ainſi que l'on peut s'en convaincre par le calcul des Forces Centrales, Centripetes & Centri- fuges, qui fe trouvent ici données par les diſtances, & par les viteffes des Mobiles. De forte que la Lune doit être confidérée au delà du point L, & pendant les deux Quadratures qui avoi finent fa Conjonction avec le Soleil, comme affujétie dans fon Orbite par quatre Forces, qui s'exercent continuellement fur elle, & qui fe balancent fous différens rapports: favoir, la Force Centrale qui la pouffe vers le Soleil, & celle qui la pouffe vers la Terre, la Force Centrifuge qu'elle avers le Soleil, & celle qui tend à l'en écarter, ou qui la rejette vers la Terre. Nous ne parlerons point ici des effets que pourroient produire les interpofitions de la Lune par rapport à la chûte de la matière de l'Atmoſphère Solaire vers le Globe Ter- reftre: cette nouvelle circonftance ne feroit qu'embarraſſer inutilement notre théorie, & les applications que nous allons en faire. Si nous devons en dire quelque chofe, ce fera dans la cinquième & dernière Section de ce Traité. CHAPITRE II. Pourquoi l'Aurore Boréale paroît ordinairement du côté du Nord? A queftion eft d'autant mieux fondée, que par la caufe générale que nous attribuons à ce phénomène, favoir, l'Air ou l'Atmoſphère Solaire, que le Globe Terreftre & ſon Atmoſphère rencontrent fur leur chemin, & où ils ſe DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. II. 103 * trouvent fouvent entièrement plongés, il femble que toutes les parties de notre air & de notre horizon devroient ſe charger également & indifféremment de cette matière, ou même, que celles qui font renfermées dans les Tropiques & qui ré- pondent au Zodiaque, devroient encore plus s'en charger que celles qui approchent des Poles. C'eft donc fà une des premières circonftances & des plus effentielles que nous ayons à conftater, & enfuite à expliquer touchant l'Aurore Boréale. Quoique la lumière des Aurores Boréales ait paru quel- quefois en d'autres endroits du Ciel que vers le Nord, quoi- qu'elle y foit même rarement placée directement, & qu'elle décline d'ordinaire vers le couchant, quoiqu'enfin elle ſe ſoit répandue ſouvent depuis quelques années autour de l'hori- zon, & dans tout l'hémisphère fupérieur du Ciel, il eft pour- tant certain que de toutes les circonftances qui caractèrifent ce Phénomène, il n'y en a point qui lui foit plus propre & qui reçoive moins d'exceptions. C'eft en général du côté du Nord qu'il commence, & s'il arrive quelquefois qu'on l'aperçoive ailleurs auparavant, il ne manque guère de ſe fixer vers le Nord, & de finir là ſon apparition. alis, * Ce n'eft pas ſeulement dans cette dernière repriſe d'Au- rores Boréales, que nous éprouvons depuis quinze à ſeize qu'elles affectent de paroître du côté du Nord; nous voyons dans toutes les anciennes deſcriptions qui nous reftent de ce Phénomène, que c'étoit auffi toûjours vers le Pole Bo- réal que ſe trouvoit l'origine de l'incendie. Son nom d'Aurore Boréale en eſt une bonne preuve, & ce nom que l'on croit communément lui avoir été impofé par le fameux Gaffendi, je prouverois aisément par Gaffendi même, qu'elle l'avoit avant lui & qu'il n'en eft pas l'inventeur *. * Gaff. Animadv. in Diog. Laert. p. 1137. Is fulgor eft, qui aliquando nocte intempeſtâ, & filente Lunâ, totum feptemtrionalem tractum ita occupat, ut claram Auroram men- tiatur; unde Aurora Borea AB ALIQUIBUS dicitur. Et il y avoit | alors plus de mille ans que Grégoire de Tours, en décrivant un de ces Phé- nomènes, l'avoit comparé à l'Aurore; fed & cælum ab ipfâ feptemtrionali plaga ita refplenduit, ut putaretur AURORAM producere. Greg. Tu- ron. Hift. Franc. Lib. VI. §. 33. 104 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * M. | Euf- tach.] Manfre- di. Comment. Acad. Bonon. s. I. p. 297. L'Aurore Boréale a donc prefque toûjours occupé le deffus du Pole Boréal ou de la Zone qui l'environne, préférable- ment à tout autre endroit du Ciel. Nous pourrions dire plus généralement, qu'elle a occupé les Poles ou les Zones Po- laires. Mais comme nous ignorons, quant au fait, ce qui arrive à cet égard du côté du Pole oppofé au nôtre, & dont nos feuls Voyageurs ont approché en paffant, nous nous contenterons de fuppofer, que fi les mêmes circonftances Phyfiques s'y rencontrent, il y aura auffi, felon nos prin- cipes, des Aurores Auftrales dans l'hémiſphère Auſtral comme y en a de Boréales dans le Boréal.. il Mais ce Phénomène qu'on pourroit par-là appeler Polaire; l'eſt encore à ce titre, qu'il eft d'autant plus vifible, que les pays d'où on l'obſerve approchent davantage du Pole, & qu'il n'eft vifible que pour les pays fitués au delà d'une cer- taine Latitude. Du moins n'ai-je pas connoiffance qu'on l'ait vû bien marqué au deffous du 35me degré (a), & excepté celui du 19me Octobre 1726, qui fut obſervé à Liſbonne, & jufqu'à Cadiz, & peut-être dans des parties encore plus méridionales, je ne fache pas qu'il ait paru avec les circonf tances qui le diftinguent ici, au deffous même du 40me degré. Depuis 1716 l'Aurore Boréale n'a pas diſcontinué de ſe montrer en France, en Angleterre & en Allemagne, & on l'y obſerve affidûment; mais elle étoit ſi peu connue en Italie il y a neuf à dix ans, qu'au rapport de M. Zanotti, Secrétaire de l'Académie de l'Inftitut de Bologne, elle У fut obfervée pour la première fois vers la fin de 1722 (b), ou au commencement de 1723, & elle n'a été obfervée à Bologne par un Aſtronome* que le 14me Mars 1727; (a) Je trouve dans un de mes Re- cueils de Notes & Obfervations, N. 124. Ce 13 Juillet 1737, j'ap- prends de M. Guedda, Suédois, Envoyé d'Angleterre à Alger, où il a été environ deux ans, & qui, à la prière de M. Celfius, y faifoit grande atten- tion aux Aurores Boréales, qu'il n'y en avoit jamaispû voir aucune. La Lati tude d'Alger eft de 36° 49′ 30″; & je crois qu'il n'y avoit pas un an que M. Guedda en étoit de retour, (b) Affirmare utique poffumus, Borealem Auroram hanc primam effe quæ Italis fuerit obſervata; nam nul- lam aliam antè apparuiffe memoriæ proditum eft. Comment. Academ. Bonon, t. 1, p. 287. dans DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. II. 105 dans cette Ville, cependant fi accoûtumée à élever de grands Obſervateurs & des Aftronomes célèbres. Tant il eft certain que le véritable fiège du Phénomène a été juſqu'ici preſque toûjours au Pole, ou aux régions Polaires. * La cauſe de cet effet n'eft pas unique. Nous avons déjà remarqué que la groffièreté de l'air qui couvre le Pole & les régions Polaires par rapport à notre climat, devoit favo- rifer l'amas qui s'y fait de la matière Zodiacale, pluſtôt que par-tout ailleurs, l'y retenir & la rendre plus vifible pour nous. On fait auffi que la Pefanteur y agit plus fortement que vers l'Equateur; ce qui pourroit y déterminer d'autant la chûte des extrémités de l'Atmoſphère Solaire. Mais le mouvement diurne de la Terre doit plus que tout cela con- tribuer à fixer le fiège de l'Aurore Boréale vers le Pole, & à faire aller de ce côté une partie de la matière qui tombe en deçà, & qui pourroit s'attacher à des portions plus méridio nales de l'Atmoſphère Terreftre. 'des Si les Aurores Boréales ne confiftoient que dans l'amas vapeurs & des exhalaiſons fulfureuſes qui s'élèvent dans l'Air, la matière qui les compofe devroit non feulement ſe trouver autant ou plus abondante vers la Zone Torride, & dans les Zones Tempérées, que dans les Polaires ou Glaciales, par les raiſons qui en ont été données dans la Section pré- cédente; mais elle devroit encore, en s'élevant jufqu'aux régions fupérieures de l'air, tendre fans ceffe à s'affembler vers l'Equateur & la Zone Torride, & s'y affembler en effet en plus grande quantité qu'ailleurs, par le mouvement diurne de la Terre. Car ces vapeurs & ces exhalaiſons, de même que tout autre fluide qui tourne actuellement avec les parties extérieures de la Terre, ont d'autant plus de force centrifuge, qu'elles fe trouvent plus près de l'Equateur. Elles doivent donc tendre à s'y affembler par le principe qui a fait conclurre à Mrs Huguens & Newton, que la Mer & le Globe Terreftre devoient être plus élevés vers l'Equateur que vers les Poles, principe affez connu, & que nous avons expli- qué ailleurs *, en montrant de quelle manière il pouvoit être O * Mém. de l'Acad. 1720; P: 231.& fuiv. Art. 11. 198 20.bc. 106 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE concilié avec les différentes figures attribuées à la Terre, ſoit qu'elle ait été primitivement (phérique, oblongue qu aplatie par fes Poles, foit que, par fa rotation, elle ait aquis & qu'elle conferve actuellement une de ces figures quelconque. Mais fi la matière des Aurores Boréales vient d'autre part que de la Terre, ſi elle eſt originairement extérieure à l'At- moſphère Terreſtre, où elle tombe ſeulement dès qu'elle eſt rencontrée en deçà des limites de la Pefanteur ou de la Force Centrale quelconque de notre Globe, & de celle du Soleil; en un mot, fi ce n'eſt qu'une partie de l'Atmoſphère Solaire qui defcend dans les régions fupérieures de notre air, elle doit être repouffée par les parties de cet air, qui ont le plus de mouvement, & rejaillir vers celles qui en ont le moins, c'est-à-dire, de l'Equateur vers les Poles. Car cette matière n'a nulle Force Centrifuge par rapport à l'axe de la Terre, tandis qu'elle eft rencontrée & heurtée par un fluide qui participe à la rotation autour de cet axe. Ce fluide tendra donc à l'écarter en ce fens, & par conféquent elle paffera en partie à côté des endroits où la rotation eft plus grande, & elle s'affemblera en plus grande quantité aux endroits où elle eft moindre, c'eft-à-dire, vers les Poles. On dira peut-être, que fi les couches de l'Atmoſphère fur la Zone Torride & à fes moindres Latitudes, tendent à en écarter la matière Zodiacale, & à la repouffer vers les Poles, & qu'elles fe refuſent d'autant à en être diviſées & pénétrées, elles doivent auffi, felon les principes pofés de la Force Cen- trifuge, y être d'autant plus légères & plus rares, & donner en ce fens d'autant plus de facilité à cette matière étrangère & extérieure pour les pénétrer, & pour tomber fur la Zone Torride en plus grande abondance que fur les Zones Tem- pérées, & fur celles-ci pluftôt que fur les Polaires. L'objection eſt fondée; voilà fans doute une nouvelle cauſe qui s'oppoſe à l'effet de la précédente: il ne s'agit que de favoir laquelle des deux doit l'emporter. Le plus de légèreté ou de rareté de l'Atmoſphère Ter- reftre aux moindres Latitudes, doit être en raison de l'excès DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. II. 107 63 de la pefanteur des corps, aux plus grandes Latitudes, & l'excès de la pefanteur des corps aux plus grandes Latitudes, quelque idée qu'on fe faffe de cette force, & de la figure de la Terre, y fera en raison de l'excès des longueurs du Pen- dule. Suppoſant donc, par exemple, que le Pendule qui bat les fecondes à Paris eft de 3 pieds 8 lignes, & qu'un fem- blable Pendule fous l'Equateur n'eft que de 3 pieds 6 lignes; & la différence de ces deux longueurs ou l'excès de l'une fur l'autre fe réduifant à 244, il fuit que le même corps qui pèſe 244 fous le parallèle de Paris, ne pèferoit que 243 fous l'Equateur, & que par conféquent les couches de l'At- mofphère fous l'Equateur ne font plus légères ou moins denfes qu'à Paris que de Mais les viteſſes du même fluide par lesquelles il fe refuſe à être divifé ou pénétré par la ma- tière Zodiacale qui tombe fur lui, & par lesquelles il tend à la repouffer vers les Poles, font en raifon des finus des com- plémens de Latitude de forte, par exemple, que ces vîteſſes étant fous l'Equateur ou à o de Latitude, comme 100000, elles ne feront fous le parallèle de Paris, ou à 48° so', que comme 65825. Done cet excès de vîteffe ou cette nouvelle cauſe eſt à celle qui fournit l'objection, comme 100000, 65825 100000 ou I 2+4 34175 100000 eft à $44 , ou, réduifant ces deux fractions à même dénomination, comme 8338700 à 100000, ou enfin à peu près, comme 83 eft à 1. Et fi, comme le comportent cette théorie & celle des Forces Centrifuges, on prend au lieu des fimples vîteffes, leurs quarrés, la fraction précédente fe convertira en celle-ci, 100000 × 100000 65825×65825 100000 x 100000 Qu 5667069375 10000000000 qui eft beaucoup plus que centuple de, & environ comme 1 38 eſt à 1. Donc la première caufe, celle que nous avons donnée de la tendance de la matière du Phénomène vers le Pole, demeure dans fon entier, ou, ce qui revient au même, elle doit l'emporter de beaucoup fur la feconde. O ij 108 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Fig. X. Cet excès de viteffe des couches de moindre Latitude croîtra encore davantage, & à l'infini, en avançant vers le Pole, & en prenant le premier terme de comparaifon d'une Latitude finie; parce que les finus des complémens diminuent alors en plus grande raiſon: & c'eft ce qui a lieu ici, puif- qu'on y confidère le Globe Terreftre & l'Atmosphère qui l'enveloppe, conime plongés de toutes parts dans la matière de l'Atmoſphère Solaire. Une autre cauſe concourt fouvent à charger davantage de la matière Zodiacale un Pole du Globe Terreftre que l'autre, par exemple, le Pole Boréal, que l'Auftral & qu'aucune autre de fes parties: c'eſt le mouvement qu'a la Terre vers cette matière par ce Pole qui fe trouve le premier à la rencontrer pendant une moitié de l'année, où d'autres circonstances favoriſent d'ailleurs l'apparition de l'Aurore Boréale. Voici comment je l'imagine. Le mouvement annuel de la Terre, & le parallélifme que garde fon axe, peuvent être conçûs comme le faiſant autour d'un Cylindre ou d'un Cylindroïde, droit par rapport à l'Equateur, & oblique par rapport à l'Ecliptique. Soit XZ ce Cylindre décrit par le mouvement de la ligne AX autour de l'axe Gg, fur la baſe ACZ%. Soit ITQR l'Orbite Terreſtre réſultante de la fection oblique par le plan de l'Ecliptique IQ; RKT, un de fes diamètres, qui paſſe par les points des Solſtices T, R, & par fon centre K où l'on peut imaginer le Soleil; o Ke, l'Equateur, parallèle à OTE. La droite AX génératrice de la ſurface cylindrique XALZ, doit être imaginée comme l'axe prolongé de la Terre, ou comme une broche qui enfile le Globe Terréſtre par ſes Poles, & le long de laquelle ce Globe peut fe mou- voir ou couler vers & vers A, cette droite demeurant toûjours parallèle à elle-même & dirigée par fon extrémité X, vers le Pole Boréal B du Monde, qu'il faut imaginer à funé diſtance infinie. Les Signes afcendans de l'Ecliptique vont ´de RIvers T, & les deſcendans de TQ vers R; le Spectateur étant ſuppoſé avoir le viſage tourné vers le Pole B, & placé DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. II. 109 111. 11. perpendiculairement au deffus du plan de la Figure, à une diftance infinie. Cela pofé, fi le Globe Terreftre Tou ONES, fe trouve en T, après avoir parcouru l'arc IT de fon Orbite, il eft évident que cet arc peut être regardé comme la diagonale d'un rectangle 19Tt, décrite par le centre du Globe, en conféquence de fon mouvement compofé, ou de fes deux mouvemens de I vers t & de I vers 9, le premier provenant du tranſport de l'axe de AX en CT, & le ſecond de telle autre cauſe qu'on voudra imaginer; par exemple, de l'impul- fion d'un fluide qui fe mouvroit circulairement, ou par une courbe quelconque rentrante en elle-même, de C vers T,, P, R, &c. dans des plans toûjours parallèles au plan CP, qui eſt celui du Colure des Solftices fuppofés en T & en R. Car par ce moyen l'axe de la Terre ns ou P, étant porté du Solſtice du Capricorne R en XA, & de XA en C, fur le Solſtice du Cancer, & ainfi de fuite ſur £ Z, juſqu'à ce qu'il revienne en P, le Globe Terreftre dont le centre ne quitte jamais la furface cylindrique XZ, ni fon Orbite ITQR, montera ou coulera fur fon axe vers le Pole B, pendant tout le temps qu'il parcourra les Signes afcendans %, m, X, &c. de R en 1, de la quantité rl, & de l'en T de la quantité ou tT, jufqu'au Solftice du Cancer, d'où il deſcendra enfuite par un mouvement contraire, pendant qu'il fera dans les Signes Defcendants I, N, m, &c. Donc fi l'Atmoſphère Solaire ſe trouve affez étendue, & que la Terre & l'Atmoſphère Terreftre puiffent venir à la rencontrer, ce fera par leurs parties Nord. ou Boréales n, N, qu'elles la rencontreront, depuis le premier degré de Caper (R) jufqu'au premier degré de Cancer (T), c'est-à-dire, depuis le Solftice d'Eté, au mois de Juin, juſqu'au Solſtice d'Hiver, en Décembre; & au contraire, par leurs parties Sud ou Auftrales S, s, depuis le premier degré de Cancer juſqu'au premier de Caper, de Décembre en Juin. Dans le premier cas, le Pole Boréal de la Terre, & les régions d'alen- four, ou pluſtôt l'Atmoſphère qui les couvre, & qui, felon. O iij 110 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE tout ce que nous en indiquent les Obfervations du Baro- mètre, doit être beaucoup plus denfe & beaucoup plus pefante que celle qui répond aux Zones Tempérées & Torride, ſe plongera dans l'air Solaire, comme la Proue d'un Navire qui fend les eaux, s'en impregnera la première, & fe trouvera par-là d'autant plus en état de nous montrer le Phénomène de l'Aurore Boréale vers le Nord, fi les autres circonstances néceſſaires à le produire s'y rencontrent; & ce fera tout le contraire dans le fecond cas. Il eft vrai que quelque grand que foit le mouvement de la Terre de It vers T, il eſt toûjours moindre que celui de 19 vers tT, & que par là on ne peut douter que dans le cas de l'immerfion totale du Globe Terreftre dans. l'Atmoſphère Solaire, ce ne foient les parties actuellement orientales E de la Zone Torride, qui s'y plongent les premières, & avec le plus de force. Mais le mouvement diurne tendant toûjours à écarter la matière Solaire vers les Poles, comme nous l'avons expliqué, il rendra prefque toû- jours l'effet de cette rencontre inutile, ou beaucoup moindre, au lieu qu'il fortifiera fans ceffe l'effet du mouvement dirigé le long de l'axe, & favorifera d'autant la rencontre de la même matière par les Zones Polaires. Dans les cas où l'Atmoſphère Solaire eft autant ou plus étendue que l'Orbite Terreftre, & où cependant-elle ne tou- che pas la Terre, à cauſe de fa figure de Lentille, & de fa Déclinaiſon, & dans tous ceux où elle ne s'étend pas juſqu'à cette diſtance, & où elle eft pourtant affez proche pour tomber dans l'Atmoſphère Terreftre, il eft fans difficulté que la matière Zodiacale tombera fur le Pole & fur les régions Polaires voifines qui font en avant, & qui vont à fa ren- contre, préférablement à tout autre endroit du Globe ou à la Zone Tempérée correſpondante, & à la Zone Torride. Mais comme ces cas fe compliquent avec les différentes Sai- fons de l'année, par rapport aux Noeuds & aux Limites de l'Atmoſphère Solaire, dont nous traiterons particulièrement dans la Section fuivante, c'eft-là que nous en renvoyons - DE L'AURORE BOREALE. Sect. III. Ch. 11. 1II l'examen. Cependant dans les cas où la Terre & fon At- mofphère nagent dans la matière de l'Atmosphère Solaire, il est clair, 31 I . Que toutes chofes d'ailleurs égales, le Phénomène doit être plus fréquent pour les habitans de l'Hémiſphère Septentrional, depuis leur Solſtice d'Eté juſqu'à leur Solſtice d'Hiver, que depuis leur Solftice d'Hiver jufqu'à leur Solſtice d'Eté; & au contraire, pour les habitans de l'Hémisphère Méridional, fuppofé que le même Phénomène y ait lien comme il´fuit de toute cette théorie. 2.° Que les Aurores Boréales qui paroiffent de l'un à l'autre des deux Solſtices, depuis la fin du mois de Juin, juf- qu'à la fin de Décembre, doivent fe trouver en général plus marquées vers le Pole Boréal, & moins répandues fur le refte de l'horizon, que celles qui paroiffent depuis le mois de Décembre juſqu'à celui de Juin. Car ces dernières arrivent dans le temps que le Pole Boréal, & la Zone qui l'environne fuyent, pour ainfi dire, la matière du Phénomène, par un mouvement contraire au précédent. De forte que fi cette matière vient à s'enflaminer dans les parties fupérieures de l'Atmoſphère Terreftre, avant que d'avoir eu le temps d'être repouffée par le mouvement diurne des parties de la Zone Tempérée & de la Zone Torride Boréales, vers le Pole de cet Hémisphère, ou avant que ce Pole en foit impregné, elle nous pourra faire voir ailleurs la Lumière Boréale, & indifféremment fur toutes les autres parties de l'horizon. 3.° Que les conféquences précédentes doivent avoir d'au- tant plus lieu que le mouvement d'approche ou de fuite du Pole Septentrional ou du Méridional de la Terre vers la ma- tière du Phénomène eft plus rapide: c'eſt-à-dire, felon que la Terre coule davantage le long de l'axe tT, pendant le tranſport T de cet axe on, ce qui revient au même, felon que la portion de l'Ecliptique où elle le trouve, fait un plus grand angle avec l'Equateur ou avec le parallèle correspondant. Ce qui anive, comme on fait, au milieu 112 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE des intervalles de Lun à l'autre Solſtice & dans le temps des Equinoxes. » 4.. Et enfin, que les Equinoxes auront encore cet avan- tage fur tous les autres temps de l'année, que lorſque la Terre vient à paffer par ces points, ou tout proche de ces points d'interfection entre l'Equateur & fon Orbite, la direction de fon mouvement de rotation coupe fous le plus grand angle, ou à peu près, le plan fur lequel l'Atmofphère Lenticulaire du Soleil fe trouve touchée de part & d'autre *. Ce qui, Sup. Sect: I. toutes chofes d'ailleurs égales, favoriſe d'autant la force & l'effet du choc des parties fupérieures de l'Atmoſphère Ter- reftre contre les bords ou les extrémités de celle du Soleil, pour les repouffer vers les Poles, & y produire des Aurores Boréales plus fréquentes & mieux formées. Ch. V. L'expérience ſemble avoir parfaitement confirmé jufqu'ici toutes ces remarques; & ce n'eft en effet que l'expérience & mes obfervations, qui m'ont fait naître l'idée de la théorie qu'on vient de voir. Quant à la place du Phénomène, plus marquée & plus conftante vers le Nord, autour de l'Equinoxe d'Automne, lorfque la Terre eft près de la Section du Bélier, qu'autour de l'Equinoxe du Printemps, lorſqu'elle eft proche des Balances, c'eſt ce que je ne faurois guère juftifier par le témoignage d'autrui. Car la plupart des Auteurs, & fur-tout les Anciens, ne paroiffent avoir tenu compte que des Aurores Boréales, ou très-grandes, ou très brillantes, ou proprement dites, & dont le ſiège étoit bien déterminé vers le Pole ; & il n'y a fouvent en effet qu'une attention particulière pour ce Phenomène, & une grande habitude à l'obferver, qui puiſ- fent le faire apercevoir fous d'autres formes. J'ai donc re- marqué depuis que j'obſerve,. & que je travaille à m'inftruire fur ce fujet, qu'avant & après l'entrée du Printemps, on voyoit plufieurs Aurores Boréales indéciſes dont la matière étoit prefque également répandue fur tout l'horizon, & quelquefois vers le couchant feulement, ou même vers le Midi. On en vit une de ces dernières le 9 Janvier 1730 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. II. 113 I à 10 heures du foir, qui s'étendoit précisément à l'Eſt Sud- eſt, avec des bandes claires & obfcures, & avec quelques rayons. Le 15 Février de la même année, il en parut unę à Genève, en Provence, & en Languedoc, qui étoit fingu- lière par la Zone lumineufe & mouvante couchée le long du Zodiaque, qu'on y remarqua, & par plufieurs autres cir- conftances; comme je l'appris par des Lettres de M.rs Cramer, & Bouillet, tous deux Profeffeurs de Mathématique, l'un à Genève, l'autre à Béziers. Elle étoit, en ce fens, toute Méridionale, & par-là beaucoup plus remarquable que le demi- le demi- Hift. Acad. grand cercle vertical de celle du 16 Novembre 1729 qui 1730. p. 8. juſque-là étoit unique. On trouvera fans doute quelques exemples contraires à la théorie précédente, & l'Aurore Boréale de 1729, que nous venons de citer, ſemble en fournir un par le temps de fon apparition. Mais c'eſt que cette théorie ſe complique avec celle d'une autre caufe, dont il n'eft pas temps de parler. Car, comme nous l'avons déjà dit, & nous ne faurions trop le répéter, il s'agit toûjours ici de raiſonner fur le plus grand nombre; & s'il y a quelque fujet où les exceptions ne doi- vent pas détruire les vûes générales, c'eft affurément celui que nous traitons, par fa complication infinie, & par les cauſes différentes, & prefque contraires, qui agiffent fouvent pendant la production du même effet. Un autre de ces Phénomènes des plus finguliers que j'aye vûs, & qui rentre dans notre théorie, eft celui du 4me Février, encore de l'année 1730. Il parut à environ 7 heures & demie du foir, prefque directement au Midi, avec des rayons & des jets de lumière blancheâtres comme il a coûtume de paroître vers le Nord; mais il ſe joignit bien-tôt avec un autre Phénomène ſemblable, & véritablement Boréal, par plufieurs bandes qui alloient du Midi au Nord, où enfin il s'arrêta à 9 heures & demie, & où il finit à 10 heures. Je dois remarquer auffi que depuis quelques années, & pendant le Printemps, j'ai vû des quinze nuits de fuite, & P 114 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE Mifcell. Berolin. Tome I. P. 132. des mois entiers où la matière du Phénomène étoit vague ment & indiſtinctement répandue dans le Ciel, fouvent même avec le clair de la Lune, ou avec la pluie, & parmi plufieurs nuages. CHAPITRE III. De la déclinaifon Occidentale de l'Aurore Boréale, de l'heure de fon apparition, de l'ordre fucceffif des Phénomènes qui l'accompagnent, & du temps qu'il lui faut pour fe former. L 'AURORE Boréale, comme nous venons de voir, eſt preſque toûjours placée du côté du Nord; mais rare- ment y eft-elle de façon que fan milieu réponde exactement au deffous du Pole, plus rarement encore ce milieu ſe trouve- t-il du côté de l'Orient, & le Phénomène, à en prendre toute la maffe, décline pour l'ordinaire de 10 à 12, & quelque- fois de 15 à 20 degrés vers le Couchant, fur-tout lorſqu'il commence à fe montrer. Cette circonftance n'eft pas particulière à notre climat, ou à notre fiècle: élle fe fait remarquer dans les pays les plus Septentrionaux de l'Europe, comme dans ceux qui le font le moins. M. Roemer, en parlant des Aurores Boréales qu'il avoit obſervées à Coppenhague en 1707, dit les avoir toûjours vûes entre l'Occident & le Septentrion *. M. Horrebow, digne difciple de ce favant Aftronome, & fon fucceffeur dans les Recherches de Phyfique Céleſte, obſerve la décli- naiſon Occidentale de ce Phénomène, tant en général qu'en particulier, dans tout ce qu'il a bien voulu me communiquer de curieux fur ce fujet ; & l'on verra enfin dans le dénom brement que nous donnerons des Aurores Boréales, tant anciennes que nouvelles, & dans ce que nous rapporte→ rons de leurs deſcriptions, que la déclinaiſon Occidentale, comme la plus fréquente, a été aperçue dans tous les temps, 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 111. Ch. III. 115 & dans tous les lieux d'où nous avons des obſervations. Le commencement du Phénomène arrive communément deux, trois, ou quatre heures tout au plus après le coucher du Soleil, c'est-à-dire qu'il arrive prefque toûjours le foir, & jamais, que je fache, le matin après minuit, lorſque les nuits font un peu longues. Les grandes Aurores Boréales commencent ordinairement de bonne heure, peu de temps après la fin du Crépuscule, & quelquefois auparavant. D'abord c'eſt une eſpèce de brouillard affez obſcur, que l'on aperçoit vers le Septentrion, avec un peu plus de clarté vers l'Oueſt que dans le reſte du Ciel, c'eſt-à-dire, plus qu'il ne convient qu'il n'y en ait, par rapport à l'heure du Cré- pufcule, s'il eft encore fur l'Horizon. Ce n'eſt pas que je n'aye remarqué bien des fois, & aſſez long-temps auparavant, des circonftances qui précédent celles-là, & qu'une grande habitude à obferver le Phénomène m'a fait connoître pour fes avant-coureurs; telle eſt, par exemple, une certaine pâleur répandue dans l'air, une cou- leur grisâtre qui fe mêle avec le bleu célefte, & une légère extinction dans les Etoiles les plus brillantes qui ſe trou- vent aux environs des endroits où l'Aurore Boréale doit paroître. Mais comme ce font des indices délicats, fujets à exception, & prefque de ſentiment, je ne prétends point les mettre en ligne de compte, ne voulant adopter ici que ce qu'il y a de plus marqué, de plus ordinaire, & que ce que l'on trouve dans la plupart des defcriptions qui nous ont été données des Aurores Boréales. Le brouillard Septentrional fe range communément fous la forme à peu-près d'un Segment de Cercle étendu fur l'ho- rizon, ou dont l'horizon fait la Corde. La partie viſible de fa circonférence fe trouve bien-tôt bordée d'une lumière blan- cheâtre, d'où réſulte un Arc lumineux, ou plufieurs Arcs concentriques, lorſque le premier eſt bordé lui-même d'une partie de cette matière obfcure de l'intérieur du Segment, & que celle-ci l'eft à fon tour d'une matière lumineufe; & ainfi de fuite juſqu'à deux ou trois. • 7 P ij 116 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Après cela viennent les jets & les rayons de lumière diverſement colorés, qui partent de l'Arc, ou plutôt du Segment obfcur & fumeux où il fe fait prefque toûjours quelque brèche éclairée, de laquelle ces rayons paroiffent. fortir. On aperçoit alors, quand le Phénomène augmente, & qu'il doit ſe répandre au loin, un mouvement général & une eſpèce de trouble dans toute fa maffe, tant à caufe des brè- ches fréquentes qui fe forment & qui ſe détruiſent fucceffi- vement dans le Segment obfcur & dans l'Arc, que par les vibrations de lumière & les éclairs qui viennent frapper delà par fecouffes toutes les parties & tous les flocons de la même matière enflammée, ou non enflammée, qui ſe trouvent dans l'Hémisphère viſible du Ciel. Ce n'est jamais qu'après cet incendie, & par une grande extenſion de la matière Boréale, qu'on a vû la Couronne au Zénit, ce point de réunion où tous les mouvemens d'alen- tour paroiffent concourir, & qui fait comme la clef de la voûte, la lanterne d'une coupole, ou comme quelques-uns l'ont exprimé, le fommet d'un pavillon ou d'une tente. C'eft-là le moment de la plus grande magnificence du Phénomène, tant par la variété des objets, que par la beauté des couleurs dont quelques-uns.d'entre eux fe trouvent peints. Il n'a plus après cela pour l'ordinaire qu'à diminuer, qu'à fe calmer & à s'éteindre, non fans reffource, à la vérité, & fans des repriſes qui renouvellent quelquefois à peu-près tout ce qu'on avoit vû auparavant, les jets de lumière, les éclairs, la Couronne, & les couleurs plus ou moins vives tantôt d'un côté du Ciel, tantôt de l'autre ; mais enfin le mouvement ceffe, la lumière ſe rapproche de plus en plus de l'horizon, elle quitte les parties Méridionales du Ciel, celles de l'Orient, & celles de l'Occident, pour paffer & s'arrêter du côté du Nord, qui en demeure feul chargé; le Segment obſcur ſe diffipe, il devient lumineux; c'eft d'abord une clarté affez denfe près de l'horizon, plus rare à quelques degrés au deffus & qui ſe perd infenfiblement dans le Ciel; qui dimine " - DE: L'AURORE BOREALE. 4 Sect. III. Ch. III. 117 quelquefois avec rapidité, & quelquefois avec lenteur, & qu'on voit enfin s'éteindre totalement, fi elle ne ſe joint au Crépuscule du matin. Car c'eft ainfi que finiffent la plufpart des grandes Aurores Boréales; & il refte du moins preſque toûjours après elles, une impreffion de clarté ſur l'Horizon du côté du Nord, qui n'eft effacée que par les approches du jour. Tous ces Phénomènes, & l'ordre dans lequel ils fe mani- feftent & fe fuccèdent, font une fuite naturelle, & bien aiſée à reconnoître, de la cauſe générale qui les produit. Le Couchant eft à la fin du jour la dernière portion de notre Atmosphère qui a rencontré l'Atmoſphère Solaire, & qui s'eft impregnée de la matière qui la compoſe: ce qui en eft tombé du côté de l'Orient depuis le Crépufcule du matin & le lever du Soleil, a eu le temps de fe diffiper, & de fe confumer en partie, ou de fe ranger plus près du Pole. Ainfi tout cet amas d'air Solaire, mêlé avec le nôtre dans fes régions fupérieures, & qui eft le ſujet de l'Aurore Boréale, fe trouvant en plus grande quantité vers l'Occident, & plus loin du Pole, quelques heures après le coucher du Soleil, que par-tout ailleurs, il n'eſt pas extraordinaire que l'Aurore Boréale ait coûtume de décliner vers l'Occident, fur-tout dans fes commencemens, qui arrivent preſque toû- jours à cette heure-là. Car c'eſt un fait qui ne peut être ignoré de ceux qui ont obſervé le Phénomène, ou qui en ont lû les relations, qu'il ſe montre preſque toûjours quelques heures après le coucher du Soleil, le foir, avant minuit ; & je ne fache pas qu'on l'ait vû commencer le matin après minuit, fi ce n'eft peut- être dans les grands jours, où le Crépuscule du foir s'éloigne peu de minuit, & où il vient fe confondre avec celui du matin. Encore ce que je connois d'Aurores Boréales qui ont été remarquables après minuit, avoient-elles toûjours commencé long-temps auparavant, à mes yeux; & il n'y avoit que la grande clarté du Crépuscule qui les empêchất d'être affez apparentes pour être reconnues par ceux qui y P iij 118 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE font peu d'attention. Telle fut, par exemple, celle du 2 r Juin 1730 qui parut à minuit & demi, & à une heure avec un très-grand éclat, & avec une Couronne entourée de rayons, au Zénit, mais dont j'avois remarqué les approches à 10 heures du foir, étant à Sceaux. M. Godin l'avoit ob- fervée à Paris depuis jufqu'à 10h, après quoi quelques 9h nuages qui s'élevèrent du côté du Nord, la lui cachèrent. Mais dans les Saifons où les nuits font longues, j'ai toûjours vû le grand éclat des Aurores Boréales arriver avant minuit, & les Relations que j'ai lûes fur ce fujet font conformes à mon expérience. Les Aurores Boréales les plus fameuſes ont commencé à paroître le foir, de très-bonne heure, & avant la fin du Crépuscule. Telle fut celle du 19me Octobre 1726, celle du 17me Mars 1716, décrite par M. Halley, celle du 12me Septembre 1621, rapportée par Gaffendi dans la vie de M. de Peyrcfc, & en dernier lieu deux ou trois des plus grandes qui ont paru cette année 1731; ainſi que plufieurs autres que je paſſe ſous filence. Sur quoi il faut obferver, qu'il y a telle Aurore Boréale, qui fera petite & peu remarquable pour les pays où elle n'aura paru que tard, & qui fe trouvera grande & magnifi- que dans ceux où elle fe fera montrée de bonne heure. Par exemple, le 2 me Novembre 1730, étant à la Campagne à 17 lieues de Paris, j'aperçus à 9 heures du foir une Jueur dans le Ciel vers le Nord-nord-oueft, que je foup- çonnai être le commencement d'une Aurore Boréale. Je la perdis peu de temps après, à caufe de quelques brouillards qui s'élevèrent de ce côté-là: mais à 11 heures, la même clarté ayant reparu encore plus marquée, je ne doutai plus que ce ne fût en effet l'Aurore Boréale, & j'en écrivis la note, comme telle, fur mon Regiſtre d'Obſervations. Or * N.° 418. j'apprends depuis dans les Tranfactions Philofophiques *, que le Phénomène avoit paru le même jour à 6 heures du foir *Où 6 heures en Amérique dans la Nouvelle Angleterre *, c'eſt-à-dire, à du foir répondent douze ou treize cens lieues d'ici, & fous le 42me degré de Latitude, avec tout l'éclat & tout l'appareil des plus grandes P. SS. à environ nos 1 heures. 14 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. III. 119 Aurores Boréales; comme on le peut voir dans l'exacte relation que nous en a donnée M. Greenwood Profeffeur de Mathématique au Nouveau Cambridge. & Kepleri & * Journal Mais ce n'eſt pas ſeulement à ces grandes diſtances, d'Eu- rope & d'Amérique, qu'un Phénomène qui ne s'eft montré que fort tard, & même long-temps après minuit, en un endroit, ſe trouve quelquefois avoir paru de très-bonne heure dans un autre. I eft rapporté dans une Lettre de Scrrarius à Kepler*, que le 18 Novembre 1605, à 3 ou * Epiftola ad 4 heures du matin, il avoit paru à Mayence un Phénomène Jo. Keplerum, (Phafma) vers le Septentrion, le Levant & le Couchant p. 350. d'Hiver, avec des rayons, &c. qui n'eft, à mon avis, que l'Aurore Boréale qu'on avoit remarquée à Paris * dès la veille, c'eſt-à-dire le 17 vers les 6 à 7 heures du foir. d'Henri IV. Car vû ce qui a été prouvé ci-deffus de la hauteur de l'Au- toile, tome 11, rore Boréale, & les grandes diftances où elle a coûtume p. 88, de paroître en même temps, il n'y a nulle apparence que ce qui fut aperçû de celle-ci à Paris avec éclat le 17me au foir, ne l'eût pas été à Mayence, c'eſt-à-dire, à une centaine de lieues feulement de Paris, & fur un Parallèle encore plus Septentrional, fi des circonftances particulières & locales, prifes de la région des Météores, ne l'avoient pas empêché. Delà, & de toutes les autres circonftances dont viens de parler, je tire cette conféquence, que la matière des Au- rores Boréales eft du moins en grande partie celle-là même qui s'eſt aſſemblée pendant le jour, ou qui a été échauffée par les rayons du Soleil peu de temps avant qu'elles paroif- fent, dans la région de notre Atmosphère qui leur eft pro- pre; quoiqu'elle y ſoit tombée peut-être, où qu'elle ſe ſoit détachée de la maffe de l'Atmosphère Solaire, pour y tomber, depuis long-temps. C'eft-à-dire que pour l'ordinaire, l'amas vifible & l'inflammation de la matière de l'Aurore Boréale ſuivent de près le mélange qui s'en fait avec notre air, à une certaine diſtance de la furface de la Terre. Car fans cela pourquoi ne verroit-on pas dans les longues nuits, autant de P. de l'E- 120 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE d'Aurores Boréales commencer quelques heures après minuít; qu'il y en a qui commencent avant minuit ? Leur place, qui eft fouvent plus proche du milieu du Nord, quelque heure après qu'elles ont, commencé, que dans leur commencement, fortifie encore cette conjecture. Car il paroît que ce ne peut être que parce que tout cet amas de matière, qui n'avoit pas d'abord eu le temps de fe ranger circulairement autour du Pole, eſt de plus en plus déterminé à prendre cette forme régulière, par la rotation de la Terre, à mesure qu'il approche des parties plus denfes de notre Atmosphère, & plus capables par-là de le repouffer vers le Pole. · Du refte, il ne doit pas paroître impoſſible que la matière du Phénomène, qui tombe de fort loin de l'Atmoſphère Solaire dans le Tourbillon Terreftre, n'arrive en fort peu de temps à la Région des Aurores Boréales, vû la prodigieuſe facilité qu'elle trouve d'abord à divifer le fluide dans lequel fe fait ſa chûte. C'eſt fans doute, pour nous fervir du langage ordinaire, un vuide infiniment plus parfait à cet égard, que celui de la Machine Pneumatique, dans laquelle on fait cepen- dant que le duvet le plus léger ſe précipite avec autant de rapidité qu'une maffe de Plomb. Les petites Aurores Boréales qui commencent tard, celles qu'on nomme Tranquilles, dont la lumière eſt plus exacte· ment fous le Pole, plus uniforme, & fans ce Segment obſcur qui fait preſque toûjours la baſe des grandes dans leur com- mencement, nous indiqueront au contraire une matière qui a plus ſéjourné dans notre Atmoſphère, & qui a eu le temps de s'y allumer & de s'éteindre en partie, ou de fe diffiper. Les autres Phénomènes dont nous avons fait mention, ces Arcs, ces jets de lumière, ces vibrations & ces éclairs cette.Couronne au Zénit, cette eſpèce de conflagration uni- verſelle du Ciel, & enfin ce repos qui lui fuccède, cette lu- mière, & cette dernière lueur qui fe fixe & qui fe termine au Nord, ſe lieront de même, & dans l'ordre felon lequel nous les avons rapportés, avec la chûte, la fermentation, l'inflammation, DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 111. Ch. 11. 121 l'inflammation & l'extinction fucceffives de la matière de l'Atmosphère Solaire mêlée avec notre air: ainfi que nous allons tâcher de le montrer dans les articles particuliers qui leur font deſtinés. CHAPITRE IV. Du Segment obfcur qui borde l'Horizon dans la plufpart des Aurores Boréales, de l'Arc ou des Arcs lumineux qui les accompagnent, & des Creneaux qui en inter- rompent quelquefois le Limbe. La A matière du Phénomène en plus grande quantité vers la Zone Polaire qu'ailleurs, & fes parties les plus grof- fières, les moins inflammables, & non encore enflammées, qui occupent le lieu le plus bas & le plus près de la ſurface de la Terre, doivent y former cette eſpèce de Calotte dont la partie fupérieure & les bords étant aperçus de la Zone Tem- pérée, y prendront l'apparence d'un nuage, d'un brouillard, d'un amas de fumée grisâtre & quelquefois tirant ſur le violet, en forme de Segment circulaire ou elliptique obſcur, GBFG, Fig. XI. plus ou moins élevé par fon fommet, & d'une Amplitude plus ou moins grande, felon fon étendue réelle & la Latitude du lieu d'où il eſt vû. Des parties de l'Atmosphère Solaire plus légères, plus inflammables & déjà enflammées, ou fimplement éclairées par un foyer de lumière placé au-delà, étant couchées ſur ce Segment obfcur, dont l'Horizon fenfible fait la Corde, comme fur une baſe, & y débordant de tous côtés, nous feront paroître cet Arc lumineux, ou ce Limbe qui couronne le Segment obfcur, tel que GBFCG. Une matière plus ténue qui tombera fur celle-ci, ou qui ſe ſera enflammée avant que d'arriver à fa fuperficie, y pro- duira l'apparence d'un fecond Arc lumineux ADHEA, concentrique au premier; & ainfi de fuite, jufqu'à un troiſième Q ་་ 122 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE qui eft prefque toûjours le derniers encore ce casi neft-il pas commun. Cependant M. Burmann croit en avoir aperçu quatre dans l'Aurore Boréale du 20 Septembre 177 obfervée à *Quatuor Upfal, mais il ne s'eft tenu bien affuré que de trois.* J'en ai ad minimum vít quatre, dit-il, ou tout au moins trois les uns fur les autres, diocribus tene-& féparés les uns des autres par des intervalles obfcurs. Et cette vallis diftincti, remarque fur le mêlange alternatif de ces Arcs lumineux avec & unus fuprà les obfcurs, doit nous faire juger que des Auteurs moins exacts, alterum pofiti. Philof. Tranf. qui difent indiftinctement avoir vu des Aurores Boréales à fix ou fept Arcs, n'y en ont vû réellement que ´trois ou quatre, aut tres me- brarum inter- n. 385. P. 178. comme nous l'entendons.. * Si dans cette chûte de la matière Zodiacale ou Boréale fur celle qui occupe le lieu le plus bas, il y en a encore d'aſſez groffière, & d'affez pefante, pour arriver uniformément de tous côtés jufqu'à cette dernière, & pour ſe joindre au Segment obfcur, elle en augmentera l'étendue, tant réelle qu'appa- rente, c'eſt-à-dire, fa hauteur & fon Amplitude fur l'Hori- zon, pour le Spectateur qui le regarde de la Zone Tempérée. Ainfi qu'on le voit arriver dans la plupart des grandes Aurores Boréales, au commencement de leur formation; après quoi le Segment obſcur & Arc lumineux demeurent quelquefois, & pendant affez long-temps, de la même grandeur. L Que fi, au lieu de tomber uniformément, cette matière plus groffière n'arrive jufqu'au Segment obfcur que par flor cons féparés, & par colonnes, elle interrompra l'Arc ou le Limbe éclairé par des intervalles obfcurs, plus ou moins grands & plus ou moins régulièrement femés, felon la dif tribution fortuite qui s'en fera, & qui: dans le cas d'un peu de régularité & de l'égalité des intervalles, produira l'appa- rence d'une bande crenelée. Enfin s'il vient à tomber fur ces Creneaux, une matière plus légère, non enflammée encore, & qui foit étendue uniformément, elle y pourra faire paroître un Arc obſcur, qui terminera la bande crenelée concentrique au Segment. C'eſt ce que j'ai vû une fois arriver, & durer pendant quelques minutes; favoir, dans l'Aurore Boréale de 1726, DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. IV. 123 > à 7 heures du foir. Car il réfultoit de ce tout une eſpèce de paliflade à travers laquelle on eût crû apercevoir l'incendie d'une campagne. J'en deflinai la figure que je rapporte ici, Fig. XII. parce qu'elle peut fervir à mettre fous les yeux une partie de ce que nous venons de dire. Du refte, ce qu'il y a de plus ordinaire dans les grandes Aurores Boréales, c'eft que le Segment obfcur foit terminé par un Arc au Limbe éclairé d'un blanc qui tire foiblement fur le jaune orangé à ſes extrémités, & fur le verd-céladon auprès du Segment. Cet, Arc s'élargit quelquefois, ſe diviſe concentriquement en deux, l'intérieur étant toûjours le plus denſe & le plus continu, & ſe réunit enfin en fe perdant in- fenfiblement dans le bleu du Ciel, par fa partie extérieure. Ces nuances infenfibles de clarté, qui terminent l'Arc lumineux & tout ce qui l'accompagne, doivent provenir de deux cauſes. L'une fera la lumière directe que dardent vers nous les couches les plus rares & les plus legères de la matière Zodiacale, aſſemblée & enflammée uniformément dans les parties les plus élevées de l'Atmoſphère Terreftre. L'autre, la lumière réfléchie de toute la maffe du Phénomène fur les parties, d'air les plus baffes de cette même Atmoſphère, ſur ces parties qui font le fujet de l'Aurore proprement dite, ou du Crépuscule, & qui par leur proximité doivent nous paroître à la même hauteur que la matière du Phénomène la plus élevée, la compliquer, & fe projetter avec elle fur le même fond du Ciel. La poffibilité que quelques rayons du Soleil, directs ou rompus, éclairent de deffous l'Horizon une partie de la ✦ On vit quelque choſe d'affez ſem- blable dans l'Aurore Boréale du 4 Octobre 1733 (Mém. Acad. p. 495). Nos anciens Auteurs ont auffi quelquefois qualifié ce Phénomène de Paliſade, Vallum. Et je fuis bien trompé, fi la fameuſe Aurore Boréale du 12 Septembre 1621, n'eut pas auffr des momens où elle préſenta la même apparence. Capere \ exinde, dit Gaffendi (in Diog. Laert. p. 1138) loco radiorum diftingui manifeftius quædam quafi trabes feu columna alternis albicantes & fubobfcura, duos circiter gradus la- to, continenter perpendiculares; adeò ut totam illam faciem quafi ſtriatam exhiberent. Capit & brevi circumferentia quafi fimbria quæ- dam difcerpi, &c. Q`ij 724 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE $ matière Boréale aſſemblée vers fe Pole, & y forment quelque apparence d'Arcs, a été fuffifamment expliquée dans la Sec- tion précédente, lorfque nous avons examiné le Syſtème dês Glaces Polaires. Et l'on a vû que ce cas, & les foibles efféts qui en pourroient fuivre à l'égard de nos climats, ne devoient avoir lieu que dans les faiſons de l'année où le Soleil eft dans les Signes Septentrionaux, & fort près du Solftice. L'Aurore Boréale fe montrant dans toutes les faifons de l'année, & même plus fréquemment & plus fortement dans celles où le Soleil répond aux Signes Méridionaux, il eft clair que les rayons directs ou rompus du Soleil qui viennent de deffous l'Horizon, ne peuvent entrer dans la formation des Arcs lumineux, & des autres parties du Phénomène, que comme --un très-petit acceffoire, & par voie de complication. * M La largeur de l'Arc lumineux ou de fon Limbe varie extrêmement, à raiſon de la hauteur ou de l'épaiffeur de la couche de matière dont il réſulte. On en voit de 2, 3, 4; 5, & jufqu'à 8 ou 10 degrés de largeur. Son bord fupérieur eft ſouvent affez bien terminé, quoiqu'il fe confonde auffi quelquefois infenfiblement avec le bleu du Ciel, ou avec la lumière générale que répand tout le Phénomène. Son am- plitude fur l'Horizon ou fa longueur n'eft pas moins diverfe dans les différentes Aurores Boréales, à raifon encore de l'amas de matière Solaire, & de l'étendue de la calotte qu'elle forme autour du Pole. On en voit à Paris de 50, juſqu'à 150 degrés d'Amplitude fur l'Horizon. Il me femble cepen- dant que dans la plupart des grandes Aurores Boréales l'Arc lumineux parvenu à fon dernier période, s'y arrête d'ordi- naire à 100 & quelques degrés d'étendue. C'eft en le prenant par le milieu du Limbe, ou par fon bord extérieur, ou par ·Ï'intérieur qui le fépare du Segment obfcur. Car il eft quel- quefois nieux terminé par l'un des deux que par l'autre ; & c'eſt à quoi les Obfervateurs doivent faire attention. Sa hauteur fur l'horizon, prife à fon fommet, va de 10, 20, 30 à 40 degrés, rarement au delà ou au deffous, dans les Aurores Boréales remarquables. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. IV. 125 " à L'Amplitude, & en général, la grandeur de l'Arc des Au- rores Boréales, vient toûjours de la grandeur réelle du cercle ou de l'Ellipſe vraie ou apparente dont cet Arc fait partię. Mais la grandeur apparente de la portion de cercle vûe par le Spectateur de la Zone Tempérée, peut provenir de deux caufes prefque oppofées; de la proximité du parallèle ſur lequel la matière du Phénomène s'eft rangée par rapport l'Equateur ou au parallèle du lieu de l'obſervation, & de l'éloignement ou de la hauteur de cette matière par rapport à la furface du Globe Terreftre. Dans le premier cas, on voit un Arc plus furbaiffé, un moindre fegment, mais appar- tenant à un plus grand cercle. Dans le fecond, l'Arc eft moins étendu, mais plus haut à proportion, & faifant une plus grande partie d'un plus petit cercle. Car il eft évident qu'à hauteur égale, la matière du Phénomène rangée circulai- rement fur le 6ome degré de Latitude, par exemple, formera un cercle d'un plus grand diamètre, & nous donnera à Paris une apparence d'Arc, dont l'Amplitude ſera plus grande que celle de la matière femblablement pofée, qui répondroit au 70me degré de Latitude: & il n'eft pas moins clair, qu'à Latitude égale, la matière du Phénomène la plus haute nous laiffera voir une plus grande portion de cercle, & donnera une plus grande hauteur apparente au fommet de l'Arc, à raiſon de fon Amplitude, jufqu'à ce que le diamètre horizontal du cercle ou de la calotte dont réſulte cet Arc, monte au deffus de l'Horizon; car dès-lors l'Amplitude horizontale eſt d'au- tant plus petite que l'Arc eft plus grand. Il y aura donc toûjours des Latitudes, en avançant de plus en plus vers le Pole, d'où l'Obfervateur pourra voir & le demi-cercle, & une plus grande portion du cercle *, & enfin le cercle entier de la calotte fur l'Horizon. + C'eſt ſous cette forme d'Arc plus que fémi-circulaire que l'Aurore Boréale paroît fouvent à Upſal, c'eſt- à-dire, vers les 59 ou 60me degrés de Latitude; comme M. Celfius me le dit, étant à Paris en 1734, & comme je l'apprends de nos Académi- ciens qui ont fait le voyage de Lap- ponie, pour la meſure de la Terre. La même apparence ſe voit encore à de moindres Latitudes; car ces Aca- démiciens allant à Torno, & s'efti- Q iij 126 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE *p. 67. ? La matière Boréale raffemblée uniformément à même hau teur, & à même Latitude, produit néceffairement un Limbe régulier, ou une circonférence de cercle parfait, concentrique: aux Parallèles Terreftres, ou ayant du moins comme eux fon centre fur l'axe de la Terre. Au contraire, le défaut de fune de ces conditions, ou de toutes les deux, fera naître une autre courbe, ovaliforme, plus ou moins régulière, & le plus fouvent du nombre de celles qui ne peuvent être tracées que dans un folide & qui font à double courbure. Car à même hauteur & à différente Latitude, ces courbes peuvent être à la furface d'une même Sphère, fans être des cercles, feule & unique fection de la Sphère; & à hauteur différente, elles coupent la furface de plufieurs Sphères concentriques, toutes les parties de la courbe pouvant répondre d'ailleurs à une femblable Latitude. 3 L On voit donc par là, & en conféquence de la génération que nous avons donnée de l'Arc des Aurores Boréales autour du Pole, que lorfque l'Amplitude de cet Arc n'eft pas par- tagée en deux également par le plan du Méridien du lieu de l'Obſervation, & qu'il décline à l'Occident ou à l'Orient, ou que d'ailleurs il n'eft pas bien circulaire & bien régulier, on voit, dis-je, qu'il faut néceffairement que la matière qui le compoſe ne ſe ſoit pas affemblée felon les conditions que nous venons d'expliquer. Ce qui fournit une nouvelle raifon de préférence pour la Méthode des Parallaxes du ſommet apparent de l'Arc, que nous avons employée pour favoir la hauteur réelle de la matière du Phénomène au deffus de la Terre, fur-tout lorſque les deux lieux qui donnent cette Parallaxe, different beaucoup de Latitude, & très-peu de Longitude. - Mais nous remarquerons en paffant, & conformément à ce que nous en avons infinué dans la feconde Section *, que mant fur le Doggers-banck à 54° 35' de hauteur, le 4 Mai 1736, y virent une Aurore Boréale qui •formoit un Arc Elliptique, mais dont les extrémités qui fe terminoient vers l'Horizon ´avoient une Ampli- tude confidérablement moins grande que les parties de cet Arc qui répon doient au grand axe de l'Ellipſe. DE LAURORE BOREALE. Sect. Ill: Ch. IV. 127 fi l'on veut ſuppoſer que la déclinaiſon de l'Arc, occiden- tale, par exemple, ne vienne que d'une extenfion de la matière du Phénomène, toûjours concentrique à la Terre & parallèle à ſa ſurface, on pourra fe fervir utilement, & fans erreur bien ſenſible, du Problème de M. Mäïer, en feignant feulement que la Longitude du lieu de l'Obfervation foit reculée d'autant vers l'Occident, & faisant tout le refte comme l'indique la Formule. Car dans le cas de la décli- naifon Occidentale caufée, comme nous l'avons expliqué, par ce refte de matière que l'Atmoſphère Solaire laiffe vers le coucher du Soleil, & de fa tendance autour du Pole, il arrive fouvent que malgré cette déclinaifon par rapport à tout l'arc, fa partie la plus élevée ne laiffe de fe trouver affez exactement ſous le Nord, ou qu'il en résulte un fommet parallèle à l'horizon, & une eſpèce d'Arc furbaiſſé qui eſt de même hauteur fur plufieurs degrés d'étendue. pas La plupart des Arcs ou Limbes bien tranchés, lorſque toutes les circonftances de l'Aurore Boréale ont concouru à les produire, m'ont preſque toûjours paru affez réguliers & fenfiblement circulaires ou elliptiques; du moins n'y ai-je point remarqué d'inflexion, ni de rebrouffement: car pour les interruptions & les brifures, elles font affez ordinaires pendant l'inflammation & les jets de lumière. Y Entre les Aurores Boréales les plus remarquables pour fa régularité & les limites bien terminées de l'Arc ou des Arcs, on peut compter celle du 19me Octobre 1726, telle que je la vis à Breuillepont, & qu'on la vit en plufieurs autres endroits de l'Europe, comme une des principales. On doit encore mettre de ce nombre celles du 17me Février & du 1er Mars 1721, obfervées à Gieffen en Allemagne, par M. Liebknecht, Profeffeur de Mathématiques *, & décrites à cet égard, comme à pluſieurs autres, avec beaucoup d'exacti- tude. Celles-ci ne parurent que foiblement à Paris. * Acta Lipf. 1721. pag. 117. + 喂 ​128. TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ་ CHAPITRE V Des Colonnes, des Rayons ou jets de Lumière, des brèches du Segment obfcur, & des brifures de l'Arc lumineux. L Es jets de lumière qui s'élèvent du Segment obfcur & de l'Arc, peuvent être de deux eſpèces différentes. Les premiers, que j'appellerai plus particulièrement Colonnes, pour les diftinguer des autres, confifteront en des traînées oblongues, & à peu-près verticales, de la matière du Phéno- mène, vifible par elle-même dans le temps de fon inflamma- tion, ou devenue telle par une lumière étrangère qui la frappe & qu'elle réfléchit vers nous. Les feconds, que je nommerai, Rayons de lumière, ou fimplement Rayons, ne ré- fulteront que d'une femblable réflexion de la lumière qui part des brèches du Segment obfcur ou de l'Arc, & qui vient darder contre la matière Boréale indiftinctement ré- pandue autour du Segment & de l'Arc. Car c'eft, felon moi, un effet tout-à-fait femblable à celui des rayons propre- ment dits que le Soleil couchant ou levant laiffe échapper à travers des nuages entrecoupés, & qui fe rendent viſibles par la réflexion qui s'en fait fur l'air épais, ou fur les nuages répandus à la ronde. Les Colonnes peuvent donc fe nontrer leur propre lumière, ou par celle qu'elles réfléchiffent, & fouvent par l'une & l'une & par l'autre ; mais les rayons, beaucoup plus communs & plus fréquens que les Colonnes, ne feront jamais que l'effet d'une lumière réfléchie. par 1 Quelque élevée que foit la matière Boréale la plus baffe au deffus, de la furface de la Terre, il faut imaginer, & l'en- chaînement de toutes les parties du Phénomène nous conduit à le croire, qu'il y en a prefque toûjours une beaucoup plus haute, & que la couche ou la région ſupérieure de l'Atmo- fphère qui fe trouve chargée de cette dernière, eft d'une très- DE * L'AURORE BOREALE. Sect. IIL Ch. V. 129 très-grande épaiffeur. Or cette matière y eft quelquefois affez uniformément répandue, & alors il n'en réſufte qu'une clarté qui s'étend fort loin tout autour, fi l'inflammation eſt ache- vée, ou de fimples Rayons, fi l'inflammation eft partiale, & fi la partie fupérieure n'eſt éclairée que par l'inflammation de celle qui eft beaucoup plus baffe, & d'où réfultent les brè- ches du Segment, & les brifures de l'Arc. Mais ſi la matière Fig. XIII. Solaire ne ſe mêlant pas par-tout uniformément, ne tombe dans notre Atmoſphère que par pelotons, & par des traînées dont les parties les plus groffières deſcendent fucceffivement le plus bas, en fe féparant des plus ténues, & en fe tamiſant, pour ainfi dire, à travers les couches fupérieures & très-rares de notre Atmoſphère, il en naîtra cette apparence de Co- lonnes dont nous venons de parler. Elles ne feront aperçûes que durant des inftans affez courts, fi elles nous réfléchiffent fimplement la lumière qui part des brèches du Segment; mais elles deviendront plus permanentes, fi elles font enflam- mées & lumineuſes par elles-mêmes, & ce dernier cas m'a paru juſqu'ici aſſez rare. Les Colonnes ſont auſſi preſque toû- jours plus courtes & un peu moins droites que les Rayons de lumière. Cependant la matière Boréale ſi ſouvent répandue en flo- cons qui rendent tout le Ciel pommelé, comme il l'eſt quel- quefois par de vrais nuages, nous montre par-là qu'elle ne ſe mêle pas toûjours ni par-tout uniformément avec notre air, & qu'elle y eft peut-être en bien des occafions, comme une liqueur huileuſe éparſe dans l'eau, en gouttes ou petits amas ſenſiblement ſéparés les uns des autres. Mais les jets de lumière permanens, & éclairés & éclairés par eux- mêmes, n'en font pas plus communs pour cela, parce que ce n'eſt pas tant de la hauteur réelle que peuvent avoir les Colonnes, que réfulte en général la hauteur apparente des jets fur l'Horizon, que des parties ambiantes de la matière répandue fphériquement au deffus de l'Atmosphère, entre le Segment ou l'Arc lumineux, & le lieu de l'Obfervation. pour le faire comprendre, je n'ai qu'à rappeler encore ici Et R 130 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE + l'effet ſemblable que produifent les rayons d'un Soleil cou chant entre des nuages. Ainfi les jets de lumière dans les Aurores Boréales ne confiftent en général & pour l'ordinaire qu'en de fimples Rayons échappés des brèches enflammées du Segment, & dardés contre la matière fumeuſe ambiante, tant au deffus que latéralement. Quand on s'attache à regarder fixement les Rayons de l'Aurore Boréale, on les voit fe former & fe détruire pour l'ordinaire en une ou deux minutes. Cependant ils naiſſent ou s'évanouiffent prefque toûjours par des degrés & des nuances ſi inſenſibles, que fi l'on ne s'étoit affùré de leur exiſtence par leur fréquente répétition, on feroit tenté de eroire que ce que ce que l'on a vû auparavant, dans l'intervalle de feur commencement & de leur fin, n'a été qu'une illuſion des fens. Les jets de lumière font pour l'ordinaire blancs, citrins, ou verdâtres à leur origine, près du Segment, ou de l'Are & des brèches d'où ils partent, & d'un rouge orangé fouetté plus ou moins de couleur de feu à leur extrémité oppoſée. J'ai vû quelquefois des jets de lumière fort inclinés à l'horizon, & diverſement dirigés vers le Ciel pendant le grand fracas de l'incendie. Mais ce ſpectacle eſt rare, & dure peu; les jets de lumière font le plus fouvent à peu-près per- pendiculaires à l'horizon, & un peu convergens vers le Pole de la Terre, ou vers le milieu du Segment circulaire, où ſe trouve la plus grande abondance de la matière du Phénomène, & où l'inflammation eft plus fréquente & plus grande, ainfi que nous l'avons expliqué. Il eft bon de remarquer fur la perpendicularité des jets de lumière à l'horizon, & fur-tout de ceux que je qualifie plus particulièrement de Colonnes, lorfque cette perpendicularité eft complète & générale, qu'elle peut quelquefois, & doit même preſque toûjours, n'être qu'optique ou apparente: fa- voir, lorfque les longues traînées de la matière duPhénomène, en tombant dans la région fupérieure de notre Atmoſphère, s'y dirigent fenfiblement vers le centre ou perpendiculairement DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. V. 1-31 à la ſurface de la Terre. Car alors il eſt clair, 1.° qu'à l'excep- tion de celles qui viennent directement du Zénit, elles cou- peront toutes obliquement, & fous tous les angles poffibles, le plan horizontal & tangent de la Sphère, fur le point de contact duquel l'Obfervateur eft cenfé placé. 2,° Il n'eſt pas moins clair que ces Colonnes, que nous pouvons prendre ici pour des lignes droites, fe trouvant toutes par-là dans des plans qui coupent l'horizon à angles droits, elles devront toutes у être vûes perpendiculaires; puiſque toute ligne fituée de façon quelconque dans un plan qui coupe à angles droits un autre plan, doit être vûe perpendiculaire à cet autre plan, lorſque l'œil ſe trouve placé dans le plan même de cette ligne & dans la commune ſection des deux plans. Voilà, dis-je, précisément le cas de nos Colonnes optiquement perpendicu- Ïaires à l'horizon. L'Obſervateur qui les voit du point de contingence du plan horizontal avec la sphère, ſe trouve au Gentre de tous les cercles Azimutaux qui, comme on fait, coupent l'horizon à angles droits, & il n'y en a aucune qui, par l'hypothèſe, ne foit dans le plan de quelqu'un de ces cercles. Donc toutes ces Colonnes, tant celles qui s'élèvent, ou femblent s'élever du fommet de l'Arc & du Segment obſcur, que celles qui s'élèvent de ſes extrémités, quelle qu'en foit l'Amplitude, feront vûes perpendiculaires à l'ho- rizon, quoique réellement divergentes & réellement inclinées à l'horizon fous tous les angles poffibles. II Il y a feulement une diftinction à faire, c'eft que toutes ces Colonnes, confidérées dans leur partie inférieure, depuis l'Horizon juſqu'à 20 ou 30 degrés de hauteur, ſe montreront fenfiblement parallèles entre elles; tandis que par leur partie fupérieure, fuppofſée s'étendre indéfiniment au deffus, elles paroîtront concourir au Zénit, comme font en effet tous les Azimuts mais le cas le plus ordinaire eft que nos Colonnes ſe rompent ou difparoiffent au-delà d'une certaine hauteur, & qu'elles ne reparoiffent quelquefois au deffus, que dans ces grandes Aurores Boréales où elles vont former ce que j'appelle la Couronne au Zénit, ou tout proche du Rij 132 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Zénit, ainfi que nous l'expliquerons dans l'un des Chapitres fuivans. Je n'infifterai pas davantage fur l'origine des rayons & jets de lumière, & je ne chercherai pas non plus à prouver que les brèches du Segment obfcur, & les trous qui s'y font, ne viennent que de l'inflammation de diverfes parties de la matière qui le compofe, ou de celle qui lui eft fuperpofée, & dont la lumière le pénètre dans les endroits où ſon tiſſu eſt le plus mince. La fimple inſpection de quelques Aurores Boréales, & un peu d'attention, fuffifent pour s'en convaincre parfaitement. 1 Je dois feulement avertir que les Rayons qu'on voit quel- quefois au deffus du Segment obfcur & de l'Arc, fans aper- cevoir aucune brèche ni aucun trou au deffous, ce qui eft rare, partent fans doute des parties fupérieures du Segment,. ou poſtérieures par rapport à nous, & par-là invifibles: car j'explique ce que je ne vois pas dans cette occafion, par des effets femblables que je vois, & qui font les plus ordinaires. Les jets de lumière, dans les grandes Aurores Boréales; montent fouvent juſqu'au Zénit, & paffent même quelque- fois au-delà. On en voit auffi quelques-uns de tronqués, brifés, ou interrompus; ce qui arrive aux endroits où la ma- tière du Phénomène éclairée par le rayon de lumière qui part du Segment, eft elle-même interrompue & féparée par quelque intervalle confidérable. Et c'est ce qui fait qu'on aper- çoit quelquefois plutôt le jet de lumière par fon extrémité fupérieure que par fon origine ou du côté de l'Arc. Quant aux brifures & aux interruptions de l'Arc, it eft clair qu'elles viennent d'une cauſe toute oppofée en un fens à celle des brèches du Segment, ſavoir, d'une matière fu- meuſe & non enflammée qui le traverſe, ou, ce qui fuffit qui paffe entre fon Limbe & l'oeil de l'Obfervateur. C'eſt cette matière qui, ſi elle vient à ſe trouver diſtribuée par intervalles à peu près égaux, donnera l'apparence d'une Bande crénelée, ou d'une paliffade circulaire, comme il a été expliqué dans le Chapitre précédent. 最 ​• DE L'AURORE BOREALE. 望 ​Sec. III. Ch. VI. 133 ま ​CHAPITRE VI Des Eclairs & des Vibrations de lumière, des Ondu- lations, de l'espèce de Fumée, du mouvement réel ou apparent qui les accompagnent, & du filence qui régne dans tous les Phénomènes de l'Aurore Boréale. L pour les ES Eclairs font en grand & l'étendue ce que rayons de lumière font en petit. Une portion de la matière du Phénomène allumée, & qui n'eft refferrée par aucune de fes pareilles dans un amas ou un tout non allumé, lance à la ronde une clarté qui paroît s'étendre plus ou moins loin, felon que les objets qui la reçoivent font plus ou moins étendus. Mais les Eclairs ont cela de particulier, qu'ils font l'effet d'une lumière ordinairement plus fubite & moins foû- tenue que celle des rayons; parce qu'ils réfultent d'une in- flammation plus ifolée, & qui n'ayant point à gagner de proche en proche, ne peut fe communiquer, ou paroître fe communiquer, que par fauts & par repriſes, aux pelotons de matière ſéparés de celui qui produit l'E'clair actuel. S'il arrive pourtant, par la diftribution accidentelle de ces flocons, & de leur inflammation fucceffive, que les Eclairs deviennent plus fréquens, & fe fuivent à intervalles de temps à peu-près égaux, comme je le remarquai pendant le fort de l'Aurore Boréale du 19me Octobre 1726, ils deviendront ce que j'appelai, dans la deſcription que je lûs de ce Phéno- mène à l'Académie, des Vibrations de lumière, uniquement à cauſe de leur fréquence & de la régularité de leurs retours. Je n'ai vû ces Vibrations bien marquées, que dans l'Au- rore Boréale dont je viens de parler, & dans une ou deux autres, où la matière du Phénomène tapiffoit preſque tout te Ciel par petits pelotons plus ou moins féparés. Ĉar dans celles où cette matière eſt diſtribuée en grandes pièces, & en longues traînées, comme je l'ai obfervé dans quelques-unes R iij 134 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE *Voyez-en la de celles de l'Automne dernier (1731)* qui d'ailleurs ne le Relation, Mén, cèdent point aux plus magnifiques qui ayent paru, pour l'abon dance & pour la variété, elles n'ont donné que des Eclairs dont l'émiſſion n'étoit ni fort régulière ni fort fréquente. Acad. 1731. P. 379. Les Eclairs & les Vibrations de lumière diminuent de force & de fréquence, à mesure que l'incendie fe répand plus uniformément, ou qu'il approche de fa fin, & que toute la matière du Phénomène ſe raſſemble autour du Pole; & je les ai vû toûjours ceffer long-temps avant que l'Aurore Boréale finiffe: ce qui arrive cependant plufieurs fois de même aux repriſes & aux incendies nouveaux, qui furviennent par la chûte & par l'inflammation d'une nouvelle matière qui fe trouvoit auparavant dans une région plus élevée. Outre les Vibrations de lumière que je remarquai dans la fameufe Aurore Boréale de 1726 je crûs y apercevoir un tremblotement univerfef qui les fortifioit, & qui redoubloit leurs fecouffes. Je jugeai dès-lors que la caufe de cette appa- rence ne confiftoit que dans les réfractions interrompues & changées par le mélange entrecoupé de matière fumeuſe & de flocons diverſement enflammés, & j'ai été confirmé dans cette penſée par tout ce que j'en ai vû depuis, quoique moins marqué. C'est donc, à mon avis, un effet ſemblable à cette trépidation qu'on aperçoit dans l'air, lorfque pen- dant la grande chaleur du jour, on regarde horizontalement la furface d'une campagne où le Soleil darde fes rayons. Les exhalaiſons qui s'élèvent alors de la Terre, & à travers lef- quelles on voit les objets, changent continuellement la ré- fraction ordinaire du milieu, & interrompent d'autant le cours des rayons viſuels, comme la matière Boréale répandue dans l'air, & qui,paffe entre l'oeil du Spectateur & les divers objets du Phénomène, fait varier à chaque inftant la place des divers points du Ciel où il les rapporte Quant à cette eſpèce de Fumée qui le mêle indiſtinctement avec toutes les parties du Phénomène, elle eſt une fuite de la grande abondance de la matière Zodiacale tombée dans notre Atmoſphère; car il y en a prefque toûjours une partie DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 111.Ch.VI. 135 qui n'eft pas encore enflammée, qui ne s'enflammera que tard, ou même qui ne s'enflammera jamais. Auffi ne remar- que-t-on guère cette Fumée éparfe & mêlée avec les parties lumineuses, que dans les grandes Aurores Boréales, où tout le Ciel ſemble rempli de la matière du Phénomène : mais dans celles-ci la Fumée eft très-ordinaire, peut-être en eft-elle inſéparable dans certains momens, & je n'ai point obſervé de grande Aurore Boréale qui en fût exempte. L'on a vû dans la Section précédente, que la même apparence n'étoit pas inconnue dans la Zone Polaire, puiſque la Peyrere & Torféus en ont fait mention d'après la Chronique Iflandoife, en nous difant ce qu'ils avoient appris en Danemarck de la Lumière Septentrionale du Groenland; & l'on verra dans la fuite, & quand nous rapporterons ce que les Anciens nous ont laiffé touchant l'Aurore Boréale, qu'elle a vrai-ſemblablement toû- jours été la même à cet égard. Cette Fumée a" auffi été fans doûte la fource de ces alarmes d'incendie que l'Aurore Boréale a caufées dans tous les temps, lorfqu'elle eft venue à paroître après quelque longue interruption. Tout eft alors en mouvement dans le Phénomène; mais tout y paroît être encore dans un plus grand mouvement qu'il n'eft en effet. Tel jet de lumière, par exemple, fem- blera ſe mouvoir avec rapidité vers l'Orient, ou vers l'Oc- cident, & ce ne fera que la fuite de plufieurs jets qui finiffent & qui naiffent très-promptement les uns après les autres, ou le mouvement même du rayon de lumière qui éclaire fucceffivement la matière du Phénomène répandue dans tout le Ciel. Car un très-petit mouvement dans les bords ébréchés du Segment obſcur ou de l'Arc, peut faire paroître loin delà un très-grand mouvement dans la matière qui eft éclai- rée par l'extrémité courante du rayon qui fort de la brèche. Auſſi voit-on bien diftinctement, quand on y fait attention, qu'il n'y a jamais dans l'Aurore Boréale aucun de ces mou- vemens de tranflation qu'on aperçoit dans les nuages ordi- naires lorſqu'ils font pouffés par les vents. Celui de tous qui en approcheroit le plus, eft le mouvement oblique de la 136 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE matière Zodiacale qui fe porte de l'Equateur vers le Pole: mais je fuis fort trompé s'il n'eſt la pluſpart, du temps infen- fible. Du refte ce n'eft ici pour l'ordinaire qu'accroiflement ou diminution de matière qui gagne vers un côté par voie d'accumulation, tandis qu'elle perd de l'autre par voie de diffipation, de chûte & d'extinction. Une traînée fumeufe qui viendra à s'enflammer fucceffivement depuis un de ſes bouts juſqu'à l'autre, dans un endroit du Ciel peu éclairé, produira le même effet à nos yeux qu'une lumière ou qu'un corps lumineux qui courroit dans le même efpace. Ce mou- vement cependant, que quelques Obfervateurs ont bien voulu appeler rapide, elt toûjours felon moi très-lent, en comparaiſon de celui des Etoiles coulantes, foit par la diffé- rence de la matière, qui ne s'allume pas fi vîte, foit par un beaucoup plus grand éloignement, auquel la vîteffe appa- rente ſe trouve toûjours proportionnelle. Au contraire, de la matière fumeuſe qui tombe fucceffivement fur une ligne qui eſt ou qui paroît horizontale, ſi elle tombe dans un grand tas de matière lumineuſe, & fi elle s'y enflamme ou s'y confond avec la matière enflammée, en ne faifant plus qu'un même corps avec elle, tandis que le côté oppofé fe conſerve obſcur l'addition continuelle de la matière fumeufe qui s'y appli- que, fera en apparence un nuage fombre & fumeux en mouve ment, & que l'on pourra quelquefois diftinguer des nuages proprement dits, lorfqu'on apercevra les Etoiles à travers. Enfin je pense que la plufpart de ces mouvemens, & cette rapidité incroyable qu'on dit avoir remarquée dans les parties de l'Aurore Boréale, ne font que de nouveaux coups de lumière qui rendent viſibles des objets qui ne l'étoient point aupa- ravant, & cela avec plus ou moins de vîteffe, de foudaineté, ou de gradation. Et en effet, quels mouvemens d'une autre nature que ceux que nous venons de décrire, pourroit-il y avoir dans une région fi fupérieure à celle des vents? par Ces Eclairs & ces Vibrations de lumière qui partent quelquefois de tout l'Horizon, qui frappent les flocons du Phoſphore répandus dans tout l'Hémisphère viſible du Ciel, & DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. VI. 137 م & qui font mêlés avec la fumée dont nous venons de parler, font paroître tout l'affemblage de cette matière comme un grand fluide qui s'élève par ondes de l'Horizon, & fur-tout du Nord jufqu'au Zénit: & ces Ondes, ces Ondulations ſont d'au- tant plus régulières, que les pelotons de nuages apparens fourt plus régulièrement femés. A cet égard encore le Phénomène de 1726, dont nous avons fi fouvent fait mention, l'emporte fur tous ceux que j'ai vûs les années fuivantes. Tant d'agitation, d'inflammation, & d'éruptions fubites, qui produisent les Eclairs, fembleroient auffi devoir être ſuivies du tonnerre, ou du moins de quelque bruit fenfible. Nous n'avons garde de vouloir réfuter à cette occafion ce qu'on lit dans la pluſpart des Auteurs qui ont précédé le dernier fiècle, touchant les bruits entendus à quelques Au- rores Boréales dont ils nous ont laiffé la defcription. Des gens qui voyoient profque toûjours dans ce phénomène le combat fanglant de deux Armées en l'air, ne pouvoient manquer d'y entendre le fracas des armes, l'artillerie, & apparemment auffi le bruit des tambours & le fon des trompettes. Comme il ne s'agit ici d'expliquer que ce que des yeux Philofophes ont pû voir, nous ne nous attachons de même qu'à ce que de ſemblables oreilles auroient pû entendre. J'ai donc trouvé des perfonnes éclairées qui difoient avoir démêlé des bruits particuliers dans le cours des grandes Au- rores Boréales, des fifflemens, & une espèce de murmure, & j'ai lû la même choſe dans quelques defcriptions modernes. Mais j'avoue que c'eſt ce que je ne faurois croire exempt d'illufion, n'ayant jamais rien entendu moi-même de pareil, ou que je puffe diftinguer des bruits ordinaires qui fe font alentour, & qui proviennent des voix & du mouvement des habitans dans les Villes, ou de l'agitation des Arbres par quelque fouffle de vent à la campagne. J'y ai été cependant très-attentif, & il n'y a guère eu d'Aurore Boréale remarquable depuis 1726, que je n'aie obſervée avec ſoin & à cette intention. En quoi le témoignage de mes fens s'accorde parfaitement avec tout ce qu'on fait aujourd'hui du lieu qu'occupe l'Aurore S 纂 ​138 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Boréale, & de la nature du Son. La hauteur & l'éloignement feuls de ce phénomène, fit-il autant de bruit que le tonnerre, ſuffiroient pour nous empêcher de l'entendre : & que fera-ce fì l'on ajoûte à cette circonstance celle de la rareté du milieu dans lequel il réfide? C'eft un fait connu, que l'air groffier que nous refpirons, cet air qui ne peut paffer à travers les pores du verre, eft le véhicule du Son, & que les frémiffemens du corps fonore ne fauroient ſe tranſmettre jufqu'à nos or- ganes, s'ils ne fe font dans cet air. Une Montre fonnante enfermée dans la Machine Pneumatique, avec les précautions requiſes, & après en avoir pompé l'air, ne s'y fait plus en- tendre. Cependant on ne pompe jamais l'air dans cette Machine, jufqu'au point de raréfaction où il eft dans la ré- gion des Aurores Boréales: ou pluftôt, comme nous l'avons prouvé, la région des Aurores Boréales ne contient plus un air comparable à celui qui nous tranfmet le Son; c'eſt à cet égard un véritable vuide, & plus parfait que celui que les hommes ont pû jufqu'ici le procurer par art. Nous ignorons donc entièrement fi dans l'Aurore Boréale il fe fait quelqu'une de ces exploſions auxquelles il ne manque qu'un air groffier pour produire le bruit, & fi l'on veut, un bruit femblable à celui du tonnerre, ou de quelques autres Météores. Mais ce qu'on peut affurer, c'eft que le tonnerre & ces Météores, pour ſe faire entendre avec tant de force, doivent fe trouver fort près de la furface de la Terre, & dans un milieu qui ne differe pas beaucoup de l'air que nous ref pirons. Ainfi les Feux volans dont il a été parlé dans la Section précédente, & dont le bruit reffembloit, dit-on, à celui d'un feu d'artifice, ou des roues d'un chariot, ou d'un *V. Halley fer rouge qu'on éteint dans l'eau*, doivent avoir été beau- loc. cit. fup. 7.71 Gem. coup moins élevés dans l'Atmosphère qu'on ne l'a cru, ou Montanari, La n'avoir fait entendre leur bruit que par leur chûte de ce lieu fiamma volanie, élevé, & dans des momens où ils étoient beaucoup plus près de la Terre, que forfqu'on a pris leur Parallaxe.+ &c. Ne feroit-ce point auffi l'inflam- mation accidentelle de quelqu'un de ces météores, arrivée pendant l'appari- tion de l'Aurore Boréale, qui en auroit DE L'AURORE Bo'RÉALÉ Sect. III. Ch. VII. 139, CHAPITRE VII. Du concours des Rayons & de la matière du Phénomène au Zénit, ou près du Zénit, & de la Couronne. IL s'agit ici d'un des Phénomènes qui caractériſent le mieux les grandes Aurores Boréales. On pourroit même ne les regarder comme grandes & complètes, que lorfqu'elles ont eu le concours des Rayons au Zénit, ou près du Zénit, & la Couronne qui en réſulte. Car je trouve que cette apparence ou quelque choſe de ſemblable a été obſervé dans tous les fiècles, aux Aurores Boréales dont on a le plus parlé, & que les Auteurs ont décrites avec le plus de foin. Dans l'Aurore Boréale du 19me Octobre 1726, la Cou- ronne parut plus marquée, plus variée, & plus long-temps que je ne l'ai jamais vûe: elle repréſentoit le plus fouvent la lanterne d'une coupole, & la clef d'une voûte ſphérique, où tous les vouſſoirs iroient aboutir. Tantôt c'étoit une fim- ple ouverture circulaire, qui laiffoit apercevoir le Ciel d'un bleu-pâle à travers plufieurs flocons de nuages lumineux ou teints de diverſes couleurs, tantôt une Gloire rayonnante fem- blable à celles qu'on voit dans les tableaux, & renfermant toûjours vers fon milieu le point de réunion & de repos fait attribuer le bruit à celle-ci! Quoi qu'il en foít, je n'ai pas trouvé une feule occaſion de changer de fenti- ment fur ce fujet, depuis 1731 juf- qu'à cette nouvelle édition, dans l'espace de vingt ans, où j'ai obſervé bien des Aurores Boréales: & je ne fuis pas le feul qui en ait fait la remar- que à la vûe de ces Phénomènes où il y avoit en apparence le plus grand fracas. Cæterum, conclud M. le Marquis Poleni, en finiffant fa def cription de la fameufe Aurore Boréale du 16 Décembre 1737, vel eadem, vel fermè eadem, quæ in principio, | | perfeveravit aëris tranquillitas; ne- que ex tantâ materiá objectâ oculis ullus ad aures aut ftrepitus, aut rumor, aut fibilus, promanavit. Et M. Clairaut, à ſon retour de Both- nie en 1737, m'a dit que, malgré l'attention particulière qu'il y avoir faite, il n'avoit jamais“ pû entendre aucun bruit dans les Aurores Bo- réales. Où devroit-on cependant le mieux entendre ce bruit, qu'en Both- nie & ſous le Cercle polaire, où la matière du Phénomène eft prefque toûjours fi abondante, & directement fur la tête de l'Obſervateur Sij ! પ 140 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUÉ où concouroient les vibrations de lumière & les ondulations qui s'élevoient de toutes parts fur l'Horizon. Il s'en élevait beaucoup plus cependant du côté du Nord, que du côté du Midi. Son diamètre étoit pour l'ordinaire environ quatre fois plus grand que celui du Soleil ; & fon centre déclinoit de à 8 degrés vers le Midi, avec quelque léger mouvement, vrai ou apparent, qui s'y faifoit de temps à autre. 7 У Entre les Phénomènes extraordinaires décrits dans les hiſtoires de Grégoire de Tours, & dont quelques-uns ne font viſiblement que des Aurores Boréales, il y en a un en l'an ´5 8·5, & que je rapporte au mois de Septembre, qui reffemble infiniment à notre Aurore Boréale de 1726, fur-tout par la réunion des rayons au Zénit, & par la Couronne, qu'il décrit fous l'idée du fommet d'une tente: Nous vîmes dit-il, pendant deux nuits de fuite des fignes dans le Ciel, c'eft- à-dire, des Rayons de lumière qui s'élevoient du côté de l'Aquilon, ainfi qu'il arrive fouvent. Une grande clarté s'empara d'une partie du Ciel, & fembloit le parcourir……. & il y avoit au milieu du Ciel un nuage fort lumineux auquel tous ces Rayons alloient ſe réunir fous la forme d'une Tente, dont les bandes beaucoup plus larges vers le pied, montoient en fe rétréciſſant juſqu'à ſon fomniet où elles fe terminoient comme une efpèce de Capuchon (a). Corneille Gemma Profeffeur de Médecine à Louvain, fils de Gemma Frifon, & dont nous aurons fouvent à employer le témoignage dans la fuite, indique la même apparence dans deux Phénomènes femblables qu'il avoit obfervés en 1575, & par une tente ou un pavillon circulaire, comme Grégoire de Tours, & par un Cornet à jouer aux dés (b). Quelquefois les Auteurs des fiècles paffés nous ont tranfmis (a) Et erat nubes in medio cœli fplendida ad quam fe hi radii collige- bant in modum TENTORII, quod ab imo ex amplioribus incaptum fafciis anguftatis in altum, in unum CUCULLI CAPUT fæpè colligitur. Greg. Turon. Lib. VIII. cap. XV11. 7.390. E'dit. Par. 1699. (b) Converfa eft cæli facies per | horæ fpatium in ORCAM ALEA- TORIAM atque FRITILLI fpeciem peregrinam, alternantibus fefe, &c. Cornelius Gemma. De Prodigiofa Specie naturaque Cometa .... anni 1577..... adjuncta his explicatio duorum chafinatum, an. 1575 ** Antuerp. 1578. p. 10, & c 4 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 11, Ch. VII. 141 + tette partie de l'Aurore Boréale par le feul concours de la matière du Phénomène au Zénit; Des flammes, des rayons, difent-ils, qui courent rapidement vers le fommet du Ciel, qui s'y affemblent, qui y féjournent quelque temps, & qui après cela fe diffipent*. Et il y a eu des temps, tels * Squarcia Je celui auquel que lupus, Differta Le rapportent ces témoignages, où le Phénomène de la Cou- de Cometis ad ronne devoit être bien plus commun qu'il ne l'eft aujour. 575 d'hui; car je trouve encore dans un Hiftorien de la Reine Elifabeth, qu'en 1574, au mois de Novembre, ſe ramaſſèrent en rond du Septentrion au Midi, des nuages fumans: & la nuit fuivante le Ciel fembla être ardent, les flanimes courant de toutes parts de l'Horizon, & fe rencontrant au point vertical*; deux nuits confécutives. Mais ce qui eft encore plus ordinaire chez les anciens Auteurs, c'eſt d'y trouver ce concours de Rayons fous l'idée de lances, d'épées ardentes qui fe croifent, ou du conflict de deux armées qui en font aux mains. * Camden i beth, traduct de Paul de L. II. p. 386. Hift. d'E'lifa- Bellegent. * Peyreskir vita, p. 267- Mifcell. Berolin, t. I P. 135. Cependant il faut prendre garde que le concours des Rayons & de la matière du Phénomène vers le Zénit accom- pagne bien toûjours l'apparence de la Couronne, mais que celle-ci, ou le Pavillon bien formé, ne font pas toûjours la fuite du ſimple concours, lorfqu'il n'eft pas continué avec une certaine régularité jufqu'au point vertical du Ciel. C'eſt pour- quoi Gaffendi*, dans la deſcription de l'Aurore Boréale du 1 2 Septembre 1621, d'ailleurs très-grande & très-complète, & M. Kirck*, dans la deſcription de celle du 6me Mars 1707, `qui étoit à peu près du même genre, n'ont fait mention que des Colonnes blanches & lumineufes qui montoient de tous les côtés de l'Horizon au Zénit, parce qu'apparen- ment il n'en réfultoit pas une réunion conftante, ni rien de bien déterminé. Mais M. Halley, en décrivant l'Aurore Boréale du 17me Mars 1716*, qui fut très-grande, & * Philof. Tranf. Comme l'époque du renouvellement de ces Phénomènes, ". 347. après quoi ils n'ont point ceffé de paroître tous les ans, parle formellement de la Couronne que l'on y vit au Zénit, & la dépeint à peu-près comme nous avons fait celle de 1726. Enfin les mêmes Phénomènes, de 1716 & 1726, S iij 142 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE. f * X 8 Philof. Tranſ. n. 368. page * Ib. n. 418. p.63.Obf. 20. * Epift. ad Joan. Kepl. p. 274. & quelques-uns de ceux qui les ont fuivis, ayant été obſervés en des lieux très-éloignés, & jufqu'en Amérique, ce point de réunion & cette Couronne y ont été vûs au Zénit de l'Obfervateur. Il faut remarquer cependant que cette pofition n'eft pas fi exacte, que l'on n'y obferve prefque toûjours une décli- naiſon ſenſible, & qui fe trouve le plus fouvent du côté du Midi. C'eſt de ce côté que déclinoit, comme nous avons vu ci-deffus, la Couronne du Phénomène de 1726. Celle de 1716 parut d'abord à Londres vers le Septentrion, mais elle ſe rabattit auffi-tôt vers le Midi. Dans le Phénomène du 17 me Février 1721, qui fut très-brillant à Paris, à Gieffen, à Dublin, & en plufieurs autres endroits de l'Europe, on ne vit la Couronne autre part, que je fache, qu'à Dublin, & ce fut avec une déclinaiſon de 7 à 8 degrés du Zénit au Midi *. La déclinaiſon fut beaucoup plus grande vers ce même côté du Ciel, dans celle du 2 Novembre 1730, obfervée en Amérique* par M. Greenvood, favoir, d'environ 20 degrés : elle avoit été la même en 1607, dans un fem- blable Phénomène, communiqué à Képler, par un de fes amis*, & vû à Kaufbeuren en Souabe. Enfin la Couronne qui commençoit à fe forther dans l'Aurore Boréale du 7 me Ôctobre 1731, déclinoit auffi de quelques degrés vers le Midi. } } Ne parlons d'abord que de la tendance, ou de la pofition au Zénit en général, fans avoir égard à la déclinaiſon Mé- ridionale. La circonftance d'une place fi marquée, toûjours la même en des lieux & en des temps fi différens, fait bien voir que la Couronne de l'Aurore Boréale eft un objet purement Op- tique, une ſimple apparence, qui peut réfulter d'un affemblage, ou d'une diſtribution particulière des Colonnes, ou des pelo tons de la matière Zodiacale qui tombe dans notre Atmo- fphère. Cette diftribution exigeant une certaine régularité, comme nous l'allons faire voir, elle doit être rare; mais auffi l'eût-elle, comme on le peut juger par le Phénomène dont il DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. VII. 143 s'agit qui en eſt la fuite, & qui eft aujourd'hui fi peu com- mun, qu'entre une centaine d'Aurores Boréales que j'ai ob- fervées, je ne l'ai vû que deux ou trois fois tout au plus. Suppofons donc que la matière du Phénomène tombe pár pelotons de la fuperficie de notre Atmoſphère, ainſi que nous l'avons expliqué ci-deffus (Chapitre cinquième), & qu'en tombant jufqu'aux couches où fes parties les plus grof- fières s'arrêtent, après s'être féparées des plus ténues & des plus légères, qui demeurent au deffus, il s'en forme une in- finité de traînées ou de Colonnes perpendiculaires ou à peu- près, à la furface de la Terre, les unes déjà enflammées, & viſibles par elles-mêmes, les autres frappées feulement de la lumière que produiſent les inflammations qui fe font tout autour. En cet état, il eft clair que l'oeil du Spectateur ne voyant dans le Ciel aucun lieu vuide de cette matière, que celui où les rayons viſuels font, ou peu s'en faut, parallèles à la direction des Colonnes, & qui ne peut être qu'au Zénit ou auprès du Zénit, rapportera à cet endroit l'apparence que nous avons appelée Couronne, Lanterne du dome, &c. & qui fe trouvera ſemblablement placée pour tout autre Obferva- teur, quelque éloigné qu'il foit de celui-ci. Un Bois planté en Quiconge donne à peu-près de même une allée ouverte vis-à-vis tout Spectateur, par quelque côté qu'il y arrive. Ces Colonnes vûes de bas en haut, & plus ou moins obliquement par leur bout inférieur tout autour du Zénit, y produiront un Ciel pommelé, & tapiffé plus ou moins de ces pelotons lumineux, felon qu'elles y feront plus ferrées, & plus uniformément répandues; & c'eft auffi ce qui fait l'accompagnement ordinaire de la Couronne. Pour les co- lonnes qui font à une fort grande diſtance de l'oeil vers l'horizon fenfible, elles doivent être vûes couchées & plus longues, & paroître ce qu'elles font en effet, des colonnes, des traînées lumineufes, & convergentes vers le Zénit, & d'autant plus diftinctement qu'elles feront plas ifolées. Soit l'oeil du Spectateur placé en O, fur la Terre TR; Fig. XIV. & foient plufieurs de ces Colonnes AB, CD, EF, &c. 144 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE au Zénit, ou autour du Zénit Z. Si l'on mène à leurs extrémités les rayons vifuels OA, OB, OC, OD, OE, &c. il eft clair que les colonnes les plus près du Zénit, & telles que AB, CD, étant imaginées rangées circulairement ou à peu-près, y produiront l'apparence d'un trou, d'un enton- noir renverfé, ou du fommet d'un Pavillon, ou enfin d'une Couronne, fi l'oeil du Spectateur les projette fur la fuperficie concave du Ciel; & cette Couronne fera plus ou moins rayonnante, felon la diftribution fortuite des colonnes am- Fig. XV. biantes A, C, E, L, &c. & avec toutes les variétés dont eſt ſuſceptible un Phénomène qui n'eft formé que par une matière en mouvement, qui fe diffipe, & à laquelle il en fuccède continuellement de nouvelle qui ne reprend pas toûjours exactement la même place. C'eft ainfi que feu M. Maraldi, pendant l'Aurore Boréale de 1726, vit d'abord un Globe au Zénit, qui fe changea bien-tôt après en un * Mém. 1726. Anneau*, & que je vis de même fucceffivement toutes les figures & les apparences relatives aux divers noms que je leur ai donnés. P. 335. ; pas Ce qui favorife extrêmement l'explication précédente de la formation de la Couronne près du Zénit, & la liaiſon néceffaire qu'elle paroît avoir avec ce Ciel pommele & uni- formément tapiffé de pelotons du Phoſphore très-ferrés, c'eft que dans plufieurs grandes Aurores Boréales que nous avons vûes depuis, & où la matière lumineuſe ou éclairée n'étoit moins abondante qu'en 1726, il n'y a point eu de Couronne au Zénit; parce que, felon ma conjecture, cette matière étoit diftribuée en grandes pièces non interrompues, & qui ne pouvoient que difficilement produire l'apparence dont il s'agit. Il y eut trois ou quatre de ces grandes Aurores Bo- réales l'Automne dernier (1731) qui me donnèrent tout le temps de faire attention à cette circonftance avec l'exemple fous mes yeux. Ce ne fut qu'à celle du 7me Octobre que la Couronne au Zénit ſembla vouloir ſe former, & plufieurs : fois; mais elle n'y fut jamais ni achevée, ni bien marquée. Le moment où elle fut le plus viſible, fut vers le minuit; elle repréſentoit DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. VII. 145 repréſentoit les trois quarts ou environ de la circonférence d'une Ellipſe affez régulière, de io à 12 degrés d'ouverture à fon grand diamètre, & de 8 à 9 au petit, & ſe trouvoit par-là cinq à fix fois plus grande que celle de 1726. Mais elle fut bien-tôt effacée, & confondue avec les grandes & larges traînées de matière qui les entouroient. La Couronne doit encore être vûe au Zénit ou près du Zénit, par cette raison qu'à rareté ou denfité égale, les colonnes verticales qui fe préfentent à l'œil par le côté, & loin du Zénit, doivent paroître moins denſes, & être moins viſibles que celles qui font vûes en raccourci, & par leur bout inférieur auprès du Zénit, le rayon vifuel ayant moins de chemin à faire dans la matière qui les compofe dans le premier cas que dans le ſecond. Du refte on conçoit affez que l'arrangement des colonnes ne fauroit être toûjours & par-tout auffi régulier qu'il le fau- droit pour faire voir la Couronne exactement au Zénit, & qu'elle peut décliner plus ou moins par rapport à ce point, felon les circonstances, & le lieu de la trouée la plus capa- ble d'en produire l'apparence. Une plus grande quantité de matière ou de colonnes d'un côté que de l'autre, doit lui donner une poſition qui décline du Zénit vers le côté oppofé, c'eſt-à-dire, vers l'endroit où le tiffu de cette matière eſt moins ferré, moins uniforme, & par où il laiffera pluſtôt apercevoir le vuide. Or cet endroit, felon tout ce que nous avons dit de la formation du Phénomène en général, & de celle de la Couronne en particulier, fe trouvera pluſtôt à l'oppoſite du Nord & vers le Midi, que vers tout autre point du Ciel. Donc par cette raiſon, & pour l'ordinaire, la décli- naifon de la Couronne devra être Méridionale, comme les obſervations la donnent: car d'ailleurs rien ne feroit fi fur- prenant dans ce genre que la régularité parfaite. Mais fi nous rappelons ici la Théorie du Chap. II de cette Section, nous trouverons encore une caufe plus conftante, & une raiſon moins vague de la difpofition qu'a ordinaire- ment cette partie du Phénomène à fe montrer du côté du Sud; T 146 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ร & ce fera la même raiſon qui fait qu'en général tout le Phe nomène tend à fe raffembler vers le Nord. Car les couches de notre Atmosphère les moins éloignées ou les plus baffes; & par-là les plus denfes, ayant, toutes chofes d'ailleurs égales, plus de force pour repouffer la matière Zodiacale qui tombe fur elles, vers le Pole, que les couches plus élevées & plus rares, de la manière dont nous avons expliqué, la partie inférieure des colonnes du Phénomène devra avancer la première vers ce point, & s'y trouver réellement plus avancée, parce qu'elle y eſt pouffée depuis plus long-temps la partie fupérieure. D'où il arrivera que le Fût de ces que colonnes fera un peu incliné à l'horizon, & qu'elles pen- cheront vers le Sud. Or cela pofé, il eft clair que l'apparence optique expliquée ci-deffus, la Couronne, doit décliner d'au- tant plus vers le Sud, que ces colonnes y font plus inclinées. Fig. XVI. Car le rayon vifuel OX, parallèle à peu-près à la direction des colonnes, paffe par le milieu du plus grand intervalle BAOCD aperçû du point O, entre AB & CD, & fait avec la verticale OZ, du côté du Sud S, & à l'oppofite du Nord N, un angle XOZ, à peu-près égal à celui de l'in- clinaiſon des colonnes, &c. } Au refte on conçoit bien que la Couronne n'eſt pas fa feule apparence optique qu'on pourroit remarquer dans l'Aurore Boréale, & qu'il y en doit avoir une infinité d'au- tres & dans toutes fes parties, felon le lieu d'où ces parties font aperçûes, par rapport à leur fituation, à leur étendue, à leur figure, ou même à leur viſibilité & à leurs couleurs, felon que le Spectateur fe trouve dans la ligne, ou hors de la ligne de réfraction ou de réflexion des rayons rompus ou réfléchis de la fumière qui en eſt le fujet. Mais nous nous diſpenſerons d'entrer là-deffus dans un détail qui feroit peut- être affez inutile. Il fuffit d'y faire attention en général, pour ne pas attribuer au Phénomène des variétés qui ne partent que de la différence des lieux. Eh! comment n'y en auroit-il pas, puifque les deſcriptions qui ont été faites dans la même Ville, ou à quelques lieues de diftance, fe trouvent fouvent DE L'AURORE BOREALE. Sect. III. Ch. VII. 147 très-différentes à certains égards, par la feule différence des yeux à qui elles font dûes? Jajoûte ici la Figure qui repréſente la Couronne de la Fig. XVII. fameule Aurore Boréale de 172.6, avec tous les autres objets qui l'entouroient en même temps, & qui faifoient peut-être le fpectacle le plus magnifique que l'on ait vû dans ce genre. Cette Figure, que je deffinai dès le lendemain Phénomène, n'eſt autre choſe qu'une projection de l'Hémi- fphère fupérieur du Ciel, fur les principes dont on fe fert communément, en Géographie pour les Mappemondes ou Hemisphères Polaires. Elle doit être regardée de bas en haut. La bordure inégale qui eft autour repréfente l'Horizon ſenſible du lieu; a, b, le Segment & le cintre obfcur; N, S, E, O, les quatre points Cardinaux; & le point blanc qui occupe le milieu de la Couronne, une Etoile de la Conftellation d'An- dromède, qui s'y montra pendant quelques momens vers les 9h, & qui me fervit à en déterminer la poſition. CHAPITRE V I I I. De la Denfité, & de la Transparence de l'Aurore Boréale. L A Denfité des matières qui compofent l'Aurore Boréale ne paroît fi bien nulle part, que dans le Segment obfcur qui borde l'horizon du côté du Nord, & dans cet Arc ou ces Arcs lumineux qui l'accompagnent. On remarque auffi quelquefois beaucoup de confiftance dans les autres parties, dans quelques-unes de fes colonnes, & dans fes jets de lumière, dans certains flocons de matière blancheâtres ou colorés, & autour de la Couronne; mais cela eft rare, le Phénomène eft prefque toujours plus denſe du côté du Nord que par-tout ailleurs. Rien ne mérite plus d'attention de notre part que cette Denfité, parce que rien n'eft peut-être d'abord plus difficile à comprendre, vû l'extrême ténuité de la Lumière Zodiacale Tij 148 TRAITE PHYsTQUÈ ET HistöRIQUE ou de l'Atmoſphère Solaire, à l'endroit fur-tout de cette At mofphère d'où l'Aurore Boréale tire fon origine: car ce n'eft le plus fouvent que par fa partie la plus rare, & qui eft quel- quefois à peine vifible, que la matière Zodiacale fe commu nique à la Terre, ou à l'Atmoſphère Terreftre. Cependant la difficulté s'évanouit', fr Fon prend garde que la matière Zodiacale ou de l'Atmoſphère Solaire a tout le temps de s'affembler en tombant dans notre Atmoſphère, par le féjour qu'y fait le Globe Terreftre, par le mouvement de tranſport & de rotation avec lequel il en ramaffe conti nuellement de nouvelles parties, & par l'entaflement qui s'en fait fur les mêmes points, ou aux mêmes endroits de l'At- moſphère Terreftre. In convergence des lignes de chûte vers le centre de la Terre doit encore contribuer un peu a Denfité de la matière Zodiacale la plus proche de la Terre. Mais tout cela eft peu de chofe en comparaiſon de l'effet que doit produire fur cette matière le nouveau poids qu'elle acquiert par la circonſtance du nouveau centre de Pefanteur qui vient à fa rencontre avec la Terre, & vers lequel elle doit tendre, & ſe comprimer d'autant plus qu'elle en eft plus proche. Car felon les principes expliqués dans le Chapitre premier de cette Section, l'effet de la Force Centrale ou de toute Pe- fanteur augmente en approchant du point central, en raiſon inverſe des quarrès des diſtances. De forte que la Pefanteur actuelle ou relative d'un corps, à une diftance quelconque du point central, fera toûjours en raifon directe de la Force Centripète ou de la Pefanteur abfolue, & en raiſon inverſe du quarré de fa diftance. fa Confidérant donc en cet état, & par rapport à la Terre ła matière Zodiacale qui eft devenue le fujet de l'Aurore Boréale, elle devra être d'autant plus pefante, & vrai-feni- blablement d'autant plus denfe auprès de la Terre, que diſtance du centre de la Terre, comparée à celle où elle étoit du centre du Soleil, eft plus petite, en raiſon doublée inverſe de ces diſtances, & directe des Pefanteurs abfolues ou Forces Centripètes, qui agiffent vers le Soleil & vers la Terre.. Nous DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. VIII 149 trouverons donc, en fuivant ces principes, & conformémen aux applications que nous en avons déjà faites, que la matière Solaire ou Zodiacale, entaffée & comprimée dans F'Atmosphère Terreftre à deux ou trois cens lieues de hau- teur, y doit peſer vers le centre de la Terre, environ 1200 fois plus qu'elle ne faifoit vers le Soleil, quand elle conftituoit en partie fon Atmoſphère à la diſtance de l'Orbite Terreftre. 104, Car delà que les Forces Centrales abfolues vers le Soleil & vers la Terre font reſpectivement comme 2275 12 & 1*, * Sup. p. 964 & qu'une portion de matière portée à égale diſtance du centre de chacun de ces deux Globes, hors de leurs furfaces, peferoit vers eux ſelon ce rapport, il en faut conclurre, qu'à des diſtances qui feroient reſpectivement comme 10000 & c'eſt-à-dire, felon M. Newton, fur les ſurfaces mêmes du Soleil & de la Terre, les poids de la même portion de matière ſeroient en raiſon de 10000 à 410. Or puifque les mêmes corps, à nefure qu'ils s'éloignent du point central, diminuent de pefanteur en raiſon doublée de leur éloignement, la ma- tière Zodiacale fuppofée à la diſtance de l'Orbite Terreſtre, & par-là environ 200 fois plus loin du centre du Soleil qu'elle ne feroit à fa furface, pefera 200 x 200, ou 40000 fois moins vers le Soleil; & cette Pefanteur comparée à celle qu'elle auroit à ſa ſurface, ne fera plus que comme eft à foooo. Mais la même matière, à deux ou trois cens lieues au deffus de la ſurface de Terre, y doit peſer encore environ les trois quarts de ce qu'elle feroit fur ſa ſurface, c'eſt-à-dire, à peu-près en raifon de 300, au lieu de 410. Donc ce nombre 3.00 furpaffant 1200 fois, la même portion de matière y fera 1200 plus pefante. ± Donc fi cette matière fuit à peu-près la raifon des poids dont elle eft chargée, dans les compreffions dont elle eſt capable à de pareilles diftances, fa Denſité pourra être 1200 fois plus grande dans l'Aurore Boréale, qu'elle n'étoit au tranchant de l'Atmoſphère Solaire, ou à la pointe de la Lu- mière Zodiacale, lorfque cette pointe étoit vûe à environ T iij. ISO TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE, *** · 90 degrés de diſtance du lieu du Soleil : & cela plus ou moins felon que l'épaiffeur de fes couches dans notre Atmosphère, que ſes entaffemens feront plus ou moins grands. & & Ainfi il ne faut point s'étonner que les parties, tant obf- cures que lumineules, de l'Aurore Boréale, paroiffent avoir en général, & aient en effet beaucoup plus de corps que les extrémités de l'Atmoſphère Solaire, qui ſe manifeſtent dans la Lumière Zodiacale. Il ne feroit pas même extraordinaire qu'il y eût dans le Phénomène bien des portions de matière vifibles, qui ne l'étoient point du tout auparavant dans le lieu & aux extrémités de cette Lumière ou de l'Atmoſphère du Soleil qu'elles occupoient. < Nous avons pris pour terme de comparaifon des Denfités de la même matière avant qu'elle tombe dans le Tourbillon de la Terre, & après qu'elle y eft tombée, la partie de l'At- mofphère Solaire que nous fuppofons atteindre juſqu'à l'Or- bite Terreftre, comme tenant un milieu entre la partie ori- ginairement plus denſe, en tant que plus proche du Soleil, par exemple de 60 mille lieues, qui eft la diftance d'où nous avons dit qu'elle pouvoit tomber fur la Terre, & celle qui feroit plus rare en tant que plus éloignée, & qui s'étendroit au delà de la Terre. Mais on pourra auffi comparer telle autre partie qu'on voudra de la Lumière Zodiacale à celles de l'Aurore Boréale, par une méthode toute femblable à la précédente, pourvû qu'on fache à peu-près la diftance de la première au Soleil. Ainfi l'on trouvera, par exemple, que la partie de la Lumière Zodiacale, qui eſt vûe à 46 degrés de diſtance du Soleil, & qui eſt un peu au deffous de l'Orbite de Vénus, doit y être environ 600 fois moins peſante ou moins denſe que dans les parties de notre Aurore Boréale. Ce que nous venons de dire de la Denfité de la matière de l'Aurore Boréale, Denfité qui va fouvent jufqu'à produire P'Opacité dans quelques-unes de fes parties, & ce que nous avons remarqué dans la deuxième Section touchant la rareté & la légèreté des couches de l'Atmoſphère Terreftre, qui DE L'AURORE BOREALE. Sect. III. Ch. VIII. 15* nous réfléchiffent les derniers rayons de la lumière du Soleil dans le Crépuscule, n'a rien qu'on ne puiffe très bien accor- der enſemble. Car 1° l'air ou le fluide quelconque qui fait partie de notre Atmosphère, & qui foûtient l'Aurore Boréale, eft dans le même cas de Pefanteur vers la Terre, & d'autant plus que les couches font plus baffes. 2.° Les particules de cet air peuvent fort bien n'avoir pas entre elles la Denfité néceffaire, ou n'être pas affez groffières, ou affez près les unes des autres au delà d'une certaine hauteur, pour réfléchir fenfiblement vers nous une ſemblable lumière & ſe trouver cependant en état de ſoûtenir une autre matière plus légère, capable de réfléchir vers nous une lumière fort vive. 11 fuffit pour cela qué cette matière, l'Atmofphère Solaire, par exem- ple, de différente nature, & avec des parties plus ténues & plus raréfiées que ce celles de l'air, foit cependant d'un tiflu plus ferré, & qui laiffe moins d'efpace entre elles. Les mélanges Chimiques de certaines liqueurs qu'on fait devenir fucceffi- vement opaques & transparentes, troubles & limpides, & de différentes couleurs, fans rien changer à leur Pefanteur ſpécifique, prouvent la poffibilité du fait, & un peu de Géo- métrie doit nous apprendre en même temps, que la diviſibilité infinie ou poffible de la matière, la groffeur, la figure, les intervalles, & les arrangemens différens de fes parties peuvent produire dans ce genre des variétés infinies. La même théorie ne s'oppoſe pas davantage à la Tranf- parence que l'on remarque en même temps dans la plufpart des parties de l'Aurore Boréale. Mille, ou douze cens degrés de Denfité de plus pourroient n'être que peu fenfibles à cet égard; ils le font beaucoup cependant en plufieurs occafions. Mais en général, il ne faut pas oublier que nos fens font de mauvais juges, quand il s'agit de conclurre ce que les objets font en eux-mêmes d'après les fenfations que nous éprou- vons à leur occafion. La matière de l'Atmoſphère Solaire eft tranfparente dans la Lumière Zodiacale, elle l'eft ſouvent encore dans l'Aurore Boréale, quoiqu'elle y foit 1200 fois plus denſe: & cela n'eft pas plus extraordinaire, que fi l'on. 152 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE difoit, qu'on lit à la lumière directe du Soleil, & qu'on y lit encore, quoique réfléchie, & environ 300000 fois plus foible; comme il eft certain qu'on le fait à la lumière de la Lune. Car 300000: 1 eft à peu-près le rapport de la Eſſai fur la lumière ordinaire du Soleil à celle de la Pleine- Lune *.. Gradation de la Lumière, par p. 34. Mais la tranſparence de l'Aurore Boréale doit paroître M. Bouguer, fort grande, fi l'on fait attention au brillant de quelques-unes de fes parties, & à l'obſcurité de quelques autres, à travers leſquelles on ne laiffe pas quelquefois de diftinguer les Etoiles. Cependant, à la confidérer en elle-même, je ne la trouve pas à beaucoup près auffi grande que je l'avois imaginé fur la plufpart des deſcriptions qui nous en avoient été données, & avant que d'en avoir jugé par mes yeux à moins que l'on ne diſe qu'en ces derniers teinps du renouvellement de ce Phénomène, la matière qui le compofe aura augmenté de quantité & de Denfité; ce qui ne feroit pas impoffible, & qui s'accorderoit affez bien avec l'extrême fréquence des Aurores Boréales, & avec ce que nous avons remarqué en fon lieu des changemens de la Lumière Zodiacale. eſt : En général, la matière de l'Aurore Boréale répandue dans l'air me paroît y produire une certaine pâleur qui ternit tous les objets que l'on voit à travers, & qui affoiblit confidéra- blement le brillant des Etoiles. Dans les endroits où cette matière eft plus denſe, foit en clarté, foit en obfcurité, comme, par exemple, au Limbe lumineux de l'Arc, ou aux Colonnes blancheâtres, & au Segment obſcur, je n'y diftin- gue qu'à peine les Etoiles de la feconde grandeur, & j'y ai même quelquefois perdu juſqu'à celles de la première. Je ne fais ce qui arrive à des vûes plus perçantes que la mienne; mais je ne fuis pas le feul qui ait éprouvé ces effets, & qui ait porté le même jugement de la Tranſparence & de l'Opa- cité de cette matière, felon qu'on peut la confidérer fous ces différens afpects. M. Kirck*, à l'occaſion de l'Aurore Boréale Berolin. Tome 1. vûe en Allemagne le 6me Mars 1707, pour prouver que l'obscurité du Segment intérieur de l'Arc lumineux n'étoit l'effet des nuages, ni d'un brouillard, comme quelques Auteurs • Mifcell. 8.135. pas DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III.Ch.VIII. 153 Auteurs l'ont d'abord cru, avant que les Aurores Boréales fuffent devenues ſi fréquentes, dit qu'il y avoit vû les Etoiles à travers, mais que ce n'étoit que par le moyen d'un Tube fort gros & de deux pieds de longueur, dont il fe fervit fans doute, pour n'avoir pas l'œil frappé de la lumière des environs. Car fi ce Tube étoit une vraie Lunette, la tranf- parence de la matière du Segment & de l'Arc auroit dû être bien moindre, & c'eût été une Aurore Boréale extraor dinaire par cette circonftance. I arriva une choſe affez remarquable à celle du 17 Février 1721, obſervée à Gieffen * par M. Liebknecht; les petites Etoiles d'abord cachées par le Segment obfcur, com- mencèrent à ſe montrer immédiatement après la formation d'un troiſième Arc lumineux qui parut au deſſus. Celle du 15me Février 1730, qui fut fi fingulière par la bande ou Zone Méridionale qu'on y aperçût, le fut encore par l'opacité de quelques-unes de fes parties, & fur- tout par celle de cette bande, qui étant rouge dans preſque toute la longueur, faifoit voir les Etoiles ternies, & toutes rougeâtres derrière elle; elle les cachoit même entièrement quelquefois, & la Planète de Jupiter, toute brillante qu'elle eft, en fut fouvent obſcurcie *. * Act. Erud. an. 1721. P.159. * Lettre de M. Cramer, n. 413, J'ai obſervé au contraire des Aurores Boréales, où malgré fup. p. 64. la clarté de l'Arc, & la fumée épaiffe du Segment, on ne Voy. auffi les laiffoit pas de diftinguer fort bien les Etoiles à travers. II Tranf. Philos. en a paru quelques-unes de ce genre l'Automne dernière (1731): celle du 3me Octobre, par exemple, qui laiſſa toûjours voir la feconde Etoile du Cocher (B dans Bayer) quoiqu'elle fût plongée, du côté de l'Eft, dans une partie des plus obfcures. On ne voit jamais mieux l'effet de l'interpoſition de la matière Boréale par rapport aux Etoiles, que lorfque la partie fupérieure du Ciel en eft femée par intervalles, fous la forme de ces flocons de Phoſphore ou de nuages blan- cheâtres, dont nous avons parlé tant de fois. Car l'affoiblif- fement des Etoiles devant lefquelles ils paffent, & qu'on V } 154 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE کم A avoit vûes un moment auparavant à découvert, eſt alors tout à-fait fenfible, & fouvent très-conſidérable. CHAPITRE IX. Des Couleurs de l'Aurore Boréale. N demandera peut-être pourquoi l'on voit diverſes Couleurs dans l'Aurore Boréale, n'y ayant guère que du blanc, ou de la clarté dans la Lumière Zodiacale dont elle tire fon origine? Mais outre la denfité qu'il y a de plus dans l'Aurore Boréale, & qui eſt certainement une cauſe de la vivacité des Couleurs qu'on y remarque quelquefois, il nè faut, pour répondre à cette queftion, que prendre garde aux différens milieux par où paffent les rayons de lumière qui nous rendent ces deux objets viſibles. Dans la Lumière Zodiacale ils viennent à nous de l'Ether, & dans les mêmes- circonſtances que les rayons du Soleil; ainfi rien ne doit occafionner entre eux, pour l'ordinaire, la féparation ſenſible des Couleurs ou des parties de différente réfrangibilité. Dans l'Aurore Boréale, au contraire, les rayons de lumière partent de l'Atmosphère, & ils fe filtrent, pour ainfi dire, dès leur naiffance, à travers des amas de la même matière, mais de différente denfité entre eux, enflammés dans un endroit & non enflammés dans l'autre: ainfi la divergence qui naît de l'hétérogénéité des parties de la Lumière, de leur différente * Mém. Acad. réfrangibilité, ou, comme nous l'avons expliqué ailleurs *, 3737, P. 29; de leurs différentes vîteffes, peut ſe rendre ſenſible, de même & 1738, que dans l'expérience du Priſme, ou plus particulièrement, comme il arrive quelquefois aux rayons du Soleil, à l'occa- fion des vapeurs ou des nuages qui fe trouvent près de l'ho- rizon à fon lever, ou à fon coucher. p. 23. Si l'Atmosphère Solaire vient à atteindre jufqu'à l'Atmo fphère Terreftre, & à fe mêler avec elle, vers la Zone Torride feulement, elle pourra alors, & avant que d'avoir pris fa place, & la forme qu'elle a d'ordinaire dans l'Aurore Boréale, nous f DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. IX. 155 paroître colorée, par quelque rayon échappé de lumière qui la vient frapper d'ailleurs; & je fuis fort trompé, fi ce n'eſt là le cas de ces grandes Zones ou bandes rouges, & différemment nuancées qu'on a vû quelquefois le long du Zodiaque, & dont nous avons rapporté un exemple dans le Chapitre précédent. On peut donc réduire à deux claffes, les Couleurs de l'Aurore Boréale; favoir, à celles qui viennent d'une lu- mière directe ou rompue, émanée de l'objet même, ou filtrée à travers, & à celles qui ne font viſibles que par le moyen d'une lumière réfléchie. Les premières confiftent d'ordinaire en un violet cendré, & tirant fur l'ardoiſe, dans le Segment obſcur; en une cou- Ieur blanche, tantôt un peu jaunâtre, & tantôt verdâtre, céladon (fubviridis, thalaffinus) mais très-lavée, dans le limbe lumineux, dans les brèches du Segment obfcur, & à l'origine des jets de lumière; & en un blanc affez pur, dans la pluf- part des ces flocons cotonneux de matière, qui fe répandent dans le Ciel pendant les grandes Aurores Boréales, Candi- diffimi fumi, comme Gaffendi les exprime. Les fecondes, qui font d'ordinaire celles qui s'étendent davantage, ne nous font guère voir, à mon avis, qu'un peu de jaune, & un couleur de feu plus ou moins vif, à droite & à gauche du Segment & de l'Arc, ſouvent affez loin de l'un & de l'autre, fur la matière du Phénomène qui les en- vironne, à l'extrémité des jets de lumière, & par intervalles à quelques rayons de la Couronne. A l'égard du rouge-foncé, fouetté & tacheté de brun que l'on remarqua fur un gros nuage à l'Occident, pendant l'Aurore Boréale de 1726, (vers O, Fig. XVII) que j'ai revû depuis dans quelques autres, & qui étoit fi propre à nous rappeler l'idée de ces Pluies terribles de Sang, dont les Naturaliſtes & les anciens Hiftoriens font fi prodigues, je juge qu'il nous eft réfléchi, ou par un grand amas de la matière groffière du Phénomène non enflammée, & tout-à-fait ſemblable à celle du Segment obfcur qui eft vers le Nord, ou par un véritable nuage. Ces deux effets différens, que la même matière du V ij 156 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Phénomène pourroit produire pour la Couleur, ne font pas mal-aifés à comprendre. Dans le cas du nuage apparent occi- dental, il n'y a rien d'éclairé ni de lumineux derrière elle, elle ne fait que nous réfléchir la lumière dardée fur fa fur- face à fa partie antérieure ou tournée vers nous. Dans le cas du Segment obſcur, au contraire, elle ſe trouve interpoſée entre nous & le fort de l'incendie qui fe paffe derrière: elle n'eſt point du tout éclairée du côté qu'elle tourne vers nous, ou elle ne l'eft que très-foiblement par quelque rayon échappé & doublement réfléchi, qui peut tout au plus y produire cette petite nuance de violet, que l'on У voit quelquefois. On peut trouver auffi beaucoup d'analogie entre le couleur de feu, tantôt plus ou moins vif, & quelquefois orangé, qui fouette l'extrémité des jets de lumière, ou quelques autres parties du Phénomène, & le Syſtème de M. Newton for les couleurs, tel que je l'ai conçû dans les Mémoires cités ci- deffus. Selon cet admirable Syſtème, le rouge eft la couleur de la lumière la moins réfrangible, ou, ce qui revient au même, la plus inflexible, la plus forte & la plus capable de réſiſter aux obſtacles qui s'oppoſent à la manifeftation des Couleurs pendant la nuit, & auxquels les plus foibles doivent céder les premières. Car ce moins de réfrangibilité des globules de la lumière qui excitent en nous la fenfation du rouge, peut être expliqué par une plus grande force qu'ils ont en tra- verfant le milieu, & qu'ils confervent après l'avoir traverſé. Je conjecture donc que c'eſt par une ſemblable méchanique, & par de ſemblables rayons rompus, & enfuite réfléchis vers nous, que la couleur rouge eſt après le blanc eſt après le blanc, couleur ordi- naire de la lumière, celle qui fe trouve le plus généralement répandue fur les diverfes parties de l'Aurore Boréale. Les différentes Couleurs de l'Aurore Boréale, & la Région que nous avons fait voir qu'occupe ce Phénomène, prouvent que la matière Réfractive eft à une beaucoup plus grande Hift. Acad. hauteur dans notre Atmoſphère qu'on ne l'avoit cru cru*, ou que l'Aurore Boréale réfulte d'une matière douée elle-même de la propriété de rompre les rayons de lumière. an. 1714 P. 66. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. X. 157 CHAPITRE X. De la conftitution de l'Air, & des autres circonfiances favorables, ou contraires à la formation & à l'apparition de l'Aurore Boréale. IL y a grande apparence que les parties fupérieures de notre Atmoſphère où fe forment les Aurores Boréales, & où la matière qui en fait le fujet s'enflamme ou fe rend vi- fible, ne font pas entièrement exemptes d'altération & de changemens qui leur font propres. Ces changemens favori- feront, fans doute, plus ou moins cette inflammation ou telle autre modification, ils la rendront plus prompte en certains temps, & plus lente, plus difficile & tout-à-fait impoffible dans d'autres, où la matière du Phénomène tombera, & fe diffipera dans l'Atmoſphère, fans y produire aucun effet fen- fible à nos yeux. Cette matière elle-même dans fon propre fiège, & indépendamment de fon mélange avec notre Atmo- fphère, ne doit pas non plus être inaltérable : elle peut changer fans doute intérieurement dans fa contexture, comme elle change extérieurement dans ſon étendue, & fe trouver par- là tantôt plus, tantôt moins en état de recevoir de nou- veaux changemens étant mélée avec d'autres matières. Nous avons vû dans la première Section, que la Lumière Zodiacale paroît fouvent pétiller de mille étincelles, lorſqu'on la regarde avec de grandes Lunettes, & qu'il eft même à préfumer qu'elle a eu quelquefois bien fenfiblement cette apparence, étant regardée à la vûe fimple. Or il eft poffible que cette eſpèce de Facules & &Atomes lumineux favoriſent ſon inflam- mation dans les parties fupérieures de notre Air, qu'ils y produiſent l'effet d'autant de petits foyers qui embraſent tout ce qui fe rencontre à la ronde; ou, au contraire, qu'ils y diffipent ou y confument promptement tout ce qui étoit fe plus difpofé à s'enflammer. Ce fera, dis-je, l'un ou l'autre ; V V iij 158 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUÉ car bien-loin de vouloir décider & prendre un parti dans cette alternative, nous n'oferions pas même en faire le ſujet de nos conjectures: & c'eft-là en général ce que nous enten- dons prefque toûjours dans cet ouvrage, quand nous parlons des circonftances favorables ou contraires à la formation de l'Aurore Boréale, tant pour la matière qui la compofe, que de la part du lieu où elle réfide. 2 Il eſt cependant une autre eſpèce d'altération dont la région fupérieure de notre Atmoſphère doit être continuellenient affectée, & dont nous pouvons auffi plus particulièrement démêler la cauſe. Je veux parler de la diverfité de ſes mou- vemens, occaſionnée par le conflict, tantôt plus grand, tantôt plus petit, & quelquefois nul, de la rotation de la Terre fur fon axe, & de fon tranſport annuel autour du Soleil, les directions de ces deux mouvemens faifant entre elles un angle d'environ 23 degrés aux points d'interfection de l'Eclip- tique & de l'Equateur, un angle fucceffivement plus petit depuis ces points ou des Equinoxes jufqu'aux Solſtices, & fe réduiſant enfin au paralléliſme fous les Solſtices. C'eſt ce même conflict de directions, continuellement variable, fur lequel Galilée établiſſoit fon hypothèſe du Flux & Reflux de la mer, hypothèſe defectueuſe & inſoûtenable, en ce qu'elle ne donne qu'un Flux & Reflux en 24 heures, mais qui, felon les loix d'hydroſtatique, & dans le point de vûe où nous la confidérons ici, doit néceffairement entrer pour quelque choſe dans la modification des marées, des vents & des tempêtes qui régnent communément autour des Equinoxes, comme dans les mouvemens dont il s'agit par rapport à la *Galil. de région fupérieure de l'Atmoſphère Terreftre*. Or fi l'agi- Syftemate Mun- di. Dial. IV. tation du milieu où fe forme & où réfide l'Aurore Boréale peut contribuer en quelque chofe à ſa formation & à fon apparition, par l'inflammation ou la fermentation quelconque des matières qui la compofent, comme on voit qu'il arrive à certains phoſphores, & à quelques autres fubftances, tant folides, que fluides, lorfqu'elles viennent à être expofées à l'air libre, la région fupérieure de l'Atmoſphère Terreftre, DE L'AURORE BOREALE. Sect. 111. Ch. X. 159 en tant que fufceptible d'agitation, pourra auffi favorifer en ce fens la formation & l'apparition de l'Aurore Boréale, & d'autant plus que l'agitation fera plus grande. D'où il fuit que les Equinoxes où fe trouve le maximum de conflict & d'agitation, & qui ont déjà bien des avantages pour la pro- duction de ce Phénomène*, feront encore à cet égard les * Sup. Ch. 11. lieux de fa plus grande fréquence. Mais notre hypothèſe fur la caufe de l'Aurore Boréale, & la grande hauteur de ce Phénomène dans l'Atmoſphère, en rendent la formation tout-à-fait indépendante de ce qui ſe paffe plus bas & dans la Région des Météores : du moins ne faurions-nous voir par la liaiſon d'aucune théorie, ni d'aucun fait connu, quelles pourroient être la conſtitution & la tempé- rature de l'Air, ſenſibles auprès de la ſurface de la Terre, qui feroient capables d'aider ou de faire obftacle à fa formation. Il n'en eft pas de même de fon apparition; on conçoit affez qu'un Ciel trop couvert, ou trop éclairé, peuvent la cacher, ou l'éteindre à nos yeux, & que toutes chofes d'ail- leurs égales, les journées, les faifons & les années, où il aura fait un temps plus capable de produire un Air plus ſe- rein, relativement au lieu de l'obfervation & au climat, feront celles où le Phénomène ſe ſera montré davantage. Nous avons vû (Chap. III) que telle Aurore Boréale qui n'avoit été ici que foiblement indiquée, fe trouve avoir paru ailleurs avec tout ſon éclat, en Amérique, par exemple, & à une Latitude moindre de 6 à 7 degrés que la nôtre. Tout au contraire on aura obſervé plufieurs jours de fuite l'Aurore Boréale dans des pays plus Méridionaux que celui-ci, & où l'Air eſt plus clair & plus ferein que le nôtre, mais douteuſe ou peu marquée, en des temps où elle n'aura paru chez nous qu'une feule fois avec beaucoup d'éclat. Nous en avons un exemple dans celle du 3 Janvier 1723, obſervée à Paris & en Angleterre, fans être précédée ni fuivie d'aucune autre, depuis le 2 Décembre, & jufqu'au 4 Février, mais confon- due en Italie avec cinq à fix autres, qui s'y montrèrent consécutivement avant & après. C'eſt ainfi que les fuites P. 111. 160 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE d'une cauſe conftante fe trouvent interrompues ou altérées en apparence, & nous font quelquefois tout-à-fait dérobées par des circonftances extérieures aux Phénomènes, dont l'obfer- vation eft pourtant tout-à-fait dépendante. Mais hors de cette vûe générale, je ne connois jufqu'ici aucune eſpèce de tem- pérature d'Air, ni froid, ni chaud, ni féchereffe, ni humidité, ni vents, ni calme, qui influent par eux-mêmes fur l'appari- tion de l'Aurore Boréale. Avant que ces Phénomènes fuffent devenus auffi fréquens qu'ils le font depuis quelques années, on s'étoit fait divers Syſtèmnes fur les temps & fur la conftitution de l'Air qui de- voient les précéder ou les fuivre, & l'on étoit d'autant plus fondé à les confidérer par cette face, qu'on en croyoit la cauſe & le lieu renfermés dans cette Région de l'Air, qui eft elle- même le fiège de toutes les viciffitudes du temps. Comment en effet un Phénomène qui tireroit de là fon origine & fa ſubſtance, ne participeroit-il pas infiniment aux changemens qui s'y font? Les Météores en font la preuve. Mais pour peu qu'on ait continué d'obſerver l'Aurore Boréale dans ces dernières années, & qu'on ait pris foin de comparer les diverſes obſervations qui en ont été faites en différens lieux, je m'affure qu'on fe fera convaincu qu'il n'y a aucune corref pondance marquée entre ce Phénomène & les viciffitudes ordinaires du temps, en un mot qu'on ne peut jufqu'ici rien établir de folide fur cet article. Que l'Aurore Boréale paroiffe le plus fouvent en un temps fec, après un beau coucher du Soleil, & par un vent qui annonce ou qui ramène la férénité dans l'Air, il n'y a rien fà d'extraordinaire; c'eſt ce qui doit arriver, & il ſeroit ſuperflu d'en chercher les raifons & les preuves. Mais que le Phéno- mène ſe montre en un temps fombre & humide, après un coucher nébuleux, par des vents qui ont coûtume d'amener la pluie ou les nuages, & pendant la pluie même, c'eſt ce qui mérite quelque attention, parce que cela devroit être très-rare, ou ne point arriver du tout, felon l'ancien préjugé de fon origine. Nous en avons cependant plus d'un exemple depuis peu. Le DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. X. 161 Le mois d'Octobre dernier (1731) nous en a fourni trois ou quatre, favoir, le 7, le 8, le 24 & le 25 de ce mois, où il a paru malgré tous ces obſtacles des Aurores Boréales, dont quelques-unes doivent être miſes au nombre des plus grandes & des plus magnifiques; comme on le peut voir dans la relation que j'en donnai bien-tôt après à l'Académie *. J'ai vû quelques autres Aurores Boréales remarquables à cet égard dans les années précédentes; mais je ne doute point qu'il ne m'en ait échappé pluſieurs, faute d'avoir imaginé qu'elles puffent paroître en des jours qui leur fembloient fi contraires. rap- Il faut auffi que les Aurores Boréales, en même temps qu'elles fe font rendues plus communes, foient devenues plus marquées & plus fortes. Peut-être encore le font-elles davan- tage dans ce ſiècle, & dans cette repriſe du Phénomène, qu'elles ne l'ont été, par exemple, dans celle du commence- ment du fiècle paffé du temps de Gaſſendi: car il ſemble qu'elles ne fe montroient alors qu'en l'abſence de la Lune, filente Luna. La condition d'une Lune nouvelle eſt auſſi portée comme indiſpenſable pour les apparitions de ce Phé- nomène, dans l'ancienne Chronique Iflandoiſe citée ci-deſſus d'après la Peyrere & Torféus; les Aurores Boréales que l'Au- teur de cette Chronique avoit obfervées en Groenland & en Iflande, ou dont il avoit connoiffance, étant fans doute du nombre de celles que la lumière de la Lune peut effacer. Mais aujourd'hui, & dans nos climats, à moins que la Lune ne foit très-brillante, très-élevée fur l'Horizon, & preſque dans fon plein, fa clarté n'empêche plus qu'on ne les aper çoive, fur-tout quand elles font un peu grandes. Elle les affoiblit feulement, & elle diminue leur étendue, en y fai- fant difparoître tout ce qui n'eft pas aſſez vif, ou aſſez denſe. L'Aurore Boréale du 8 Octobre, dont nous venons de par- ler, & qui ne laiffa pas d'être très-marquée malgré les nuages & la pluie, eut encore cela de particulier, qu'elle ne fut point effacée par la Lune, qui étoit fur l'Horizon, & qui avoit accompli fon premier quartier. Celle de la veille avoit paru de même avec la Lune; mais les autres circonftances X *Mém. 173 1 P. 385 & July, 162 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE. du temps lui étoient moins contraires. On peut trouver quel ques autres Aurores Boréales ſemblables dans les Auteurs mo dernes; on peut voir auffi dans les Anciens, qu'ils n'ont pas toûjours été privés de ce fpectacle, & qu'en $80, par exemple, qui n'étoit pas loin du fort de la repriſe de 1 574, 1575, &c. le Phénomène parut le 21 Septembre avec la Lune, & encore le 16 Février 1581; ainfi qu'on le peut recueillir de ce que rapporte Moeftlin, dans fon Livre fur la Comète de 1580. 1 Il eſt très-vrai-ſemblable en effet qu'à mefure que l'At- moſphère Solaire augmente, qu'elle s'approche de la Terre, & qu'elle y peut tomber d'une plus grande étendue & en plus grande quantité, comme on peut juger qu'il arrive, lorfque les Aurores Boréales deviennent fréquentes, ces Phénomènes acquièrent une confiftance & une denfité qui les mettent en état de réſiſter à une lumière étrangère, qui dans des cas moins favorables avoit coûtume de les effacer. 1 CHAPITRE X I. Des divers genres d'Aurores Boréales. A divifion des Aurores Boréales en divers genres, fuït naturellement de la defcription qu'on a vûe de leurs Phénomènes, & de l'explication que nous en avons donnée dans les Chapitres précédens. On peut regarder comme Grandes & Complettes, celles qui ont tous ces Phénomènes; comme Grandes feulement, celles qui font fort étendues dans le Ciel, & où il en manque quelqu'un, la Couronne, par exemple, qui ne s'eft pas trouvée dans plufieurs qui étoient d'ailleurs très-magnifiques, & où brilloient toutes les autres parties. Après cela viendront celles qui auront eu le Seg- ment, l'Arc, les Jets & les Vibrations de lumière, mais feulement du côté du Nord, & qu'on pourra défigner par la dernière circonftance, Aurores Boréales à Vibrations de DE L'AURORE BORÉALE. Sect. 111. Ch. XI. 163 lumière, ou à E'clairs, &c. & ainfi de fuite, en y retranchant une partie, dans l'ordre renversé des Articles où j'en ai parlé. De forte qu'on aura après celles-ci les Aurores Boréales à Jets de lumière, à Arc, à Segment, & enfin à fimple Lumière Septentrionale; car l'ordre de ces Chapitres eft relatif à l'aſſem- blage & à la ſuite les plus ordinaires des Phénomènes qui -en font le fujet. Ainfi dans les Aurores Boréales où l'on voit des Vibrations de lumière, par exemple, on peut fuppofer, & on les voit prefque toûjours auparavant, les Jets de lu- mière & l'Arc ou les Arcs, & ainfi du refte. - & « Ce que j'imaginai en 1721, touchant les Parhélies, & que M. de Fontenelle a rapporté dans fon Hiftoire, je le penſe à l'égard des Aurores Boréales : « que ces Phénomènes affez différens les uns des autres en apparence, fur-tout par le nombre des parties qui les compofent, ne font jamais effecti- vement que le même Phénomène, & que ce qui les fait pa- « roître différens entre eux, ce font des parties qui manquent à к quelques-uns, parce qu'en ces endroits, les matières ont man- « qué, ou parce que les couleurs y font trop foibles, ou obſcur- cies par d'autres endroits voifins trop éclairés, ou enfin parce « que dans les endroits douteux, l'obſervation, elle-même a été imparfaite *». Il faudra donc prendre le plus compofé de ces Phénomènes pour modèle, ou pour baſe de tous les autres, leſquels ſe réduiront à celui-ci diverſement mutilé. · * Hift. de l'Acad. 1728ẹ P. 8. Cette fuite de circonſtances qui rendent ſucceſſivement l'Aurore Boréale plus compofée & plus complette, ou qui, étant retranchées en ordre renverfé, la fimplifient de plus en plus, recevra fans doute quelques exceptions. Par exemple, on trouvera des Aurores Boréales à Jets de lumière, & qui cependant n'auront point eu de Segment obfcur: & ce fera lorſque l'inflammation de toute la partie antérieure du Phé- nomène aura précédé l'heure de ſon apparition; comme on le vit dans l'Aurore Boréale du 26 Septembre 1726, décrite dans les Mémoires de l'Académie de la même année, & dont nous joindrons ici la Figure. Elle ne différoit guère que par Fig. XVIII. cette circonſtance de celle que nous obfervâmes au mois de X ij > {. of t * Hift. Acad. 164 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Septembre dernier (1731) au même jour & en même lieu, & dont on a vû la Figure (Planche VIII Mais j'ofe affurer que ce ne feront que des exceptions, & qu'en général & pref- que toûjours les Phénomènes dont nous venons de parler, & qui peuvent conftituer autant de genres d'Aurores Boréales, fe fuccèderont dans l'ordre énoncé ci-deſſus. On appelle Aurorés Boréales Tranquilles*, celles qui ne don- 1721. p. 10. nent point de jets de Lumière, & où l'on n'aperçoit que peu ou point de mouvement. Ainfi cette Claffe comprendra les Aurores Boréales à Segment & à Arc, & fur-tout. celles qui ne donnent qu'une fimple clarté vers le Nord, & qui méritent plus fouvent le nom de Tranquilles que toutes les autres. Ces dernières ne font pour l'ordinaire, felon moi, que des Aurores Boréales qui s'éteignent, mais qui ont encore affez de matière enflammée au deffous de l'horizon ſenſible, pour éclairer notre Atmoſphère, préciſément comme il arrive dans les Crépuscules du foir & du matin. Elles s'éteignent, & font fur leur fin, eu égard du moins à l'Obſervateur à qui elles fe font voir fous cette forme; car elles pourroient com- mencer, ou être dans toute leur force pour un autre pays, ainfi qu'il a été expliqué dans le Chapitre III; ou bien ce font des Aurores Boréales qui réfultent d'une petite quantité de matière qui s'eſt allumée au même temps qu'elle eft tombée dans notre Atmoſphère, & qu'elle s'eft affemblée vers le Pole. R Il faut encore mettre au nombre des Aurores Boréales Tranquilles, celles qu'on a appelées. Horizontales, à cauſe qu'elles répandent leur lumière à une petite hauteur, non feulement vers le Nord, mais quelquefois tout autour de l'Horizon. On vit l'Aurore Boréale fous cette forme en 1717, & affez fouvent pour vouloir dès-lors lui ôter le nom de Lumière Septentrionale qu'elle portoit depuis l'année précé- Hift. Acad. dente, & lui donner celui de Lumière Horizontale. Ces Phé- 1717. P. 7. nomènes arrivèrent à peu-près au temps où, ſelon nos prin- cipes, la matière qui en fait le fujet ſe trouve moins déter- minée à aller vers le Pole Boréal de la Terre, c'eft-à-dire après le Solſtice d'Hiver. Cependant je les attribue en généra DE L'AURORE BORÉALE. Sect. III. Ch. XI. 165 à la même cauſe que les Aurores Boréales Tranquilles, qui ne paroiffent que vers le Nord, avec cette différence que les Horizontales réſulteront d'une matière qui eſt en plus grande abondance & plus répandue. ait Quant aux Aurores Occidentales, Orientales & Méridio- nales, qui peuvent être nommées Irrégulières, ce ne font, à mon avis, que des Aurores Boréales qui n'ont pas eu le temps de fe former, ou que des parties, des fragmens d'Au- rores Boréales dont tout le refte nous eft caché, ou s'eft diffipé. On voit affez qu'elles fuppofent que le Phénomène paru ſeulement vers les côtés du Ciel qui les défignent, ce qui eſt très-rare, ou que paroiffant auffi à ſa place ordinaire, vers le Nord, il y ait eu un plus grand amas de matière lumi- neuſe, ou fumeuſe, en ces endroits, qu'on n'a coûtume d'y en remarquer. Outre ce qu'il doit toûjours y avoir d'accidentel dans la formation de ces Phénomènes, nous avons touché ci-deffus quelques cauſes affez générales, qui font capables de les produire. Ce que nous avons dit, par exemple, de la déclinaiſon ordinaire des Aurores Boréales vers l'Occident, fuffit pour comprendre comment une matière plus promp- tement enflammée vers ce côté du Ciel, peut les rendre tout- à-fait Occidentales. Une inflammation trop retardée au con- traire, ou déjà éteinte vers l'Occident, avant que l'Aurore Boréale foit viſible, la fera paroître Orientale. Il en fera de même à peu-près de celles qu'on pest appeler Méridionales, excepté que dans celles-ci il peut encore y avoir dans certains temps de l'année, une caufe plus efficace qui eft la rencontre de l'Atmoſphère Solaire, par les parties Méridionales de notre Globe, comme nous l'avons expliqué. Une choſe qui m'a paru caractériſer les Aurores Boréales irrégulières, c'eſt que lorfqu'elles fe trouvent au Sud, par exemple, & qu'elles font accompagnées de jets de lumière, ces jets font toûjours des Colonnes, des bandes ou des traînées, & jamais, que je fache, des Rayons pris au ſens étroit que nous leur avons donné dans le Chapitre V, p. 128. Ce qui eſt très-analogue à la formation que nous avons attribuée aux X iij 166 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE J A < ទូ 'uns & aux autres. Car 1. ces objets vûs au Midi par` rap- port à nous, doivent répondre encore beaucoup en deçà de Equateur à notre Hémisphère Polaire. D'où il arrive que la matière Zodiacale qui tombe actuellement en ces endroits, -tend à fe porter vers le Pole Boréal, par les raifons que nous en avons données, & qu'elle ne peut s'y affembler en affez grande quantité, ou fous la forme néceffaire, pour y pro- duire l'apparence du Segment obfcur. 2.° Onn'y voit auffi le plus fouvent que des bandes, des Zones lumineufes ou colo- rées, qui s'étendent de l'Oueſt à l'Eſt, ou qui partent quelque- fois d'un centre, qui vont aboutir vers le Nord, le Nord-oueft, ou le Nord-eft. Car c'eſt au Nord enfin, comme nous l'avons remarqué, que le Phénomène va s'arrêter à demeure, fans qu'il en refte de trace vers le Midi. 3. Les rayons dépendant, comme nous l'avons expliqué, dès brèches & des éruptions fubites de lumière qui fe font dans un grand amas de matière, tel que celui du Segment obfcur, il ne doit point y en avoin, ou ils doivent être fort rares dans tous ces Phénomènes dont la fituation ne favoriſe point cet amas. I Je nomme Aurores Boréales Informes, celles qui ne ſe manifeftent que par une matière fumeuſe & obfcure à ſa partie inférieure, mais blanche & claire au deffus, vaguement répandue par pelotons dans le Ciel, & preſque toûjours pour- tant avec quelque grosage ou brouillard plus marqué du côté du Nord qu'aille fans que l'on puiffe attribuer cette clarté & cette blancheur de leur partie fupérieure à aucune autre cauſe qu'à celle de l'Aurore Boréale. Nous avons déjà remarqué que ces Phénomènes doivent être, & qu'ils font en effet plus ordinaires depuis le Solſtice d'Hiver jufqu'au Solſtice d'Eté, & fur-tout au Printemps, que depuis le Solftice d'Eté juſqu'au Solſtice d'Hiver & en Automne; & nous en avons donné la raiſon. En général, j'obſerve une forte de retour périodique des Aurores Boréales de même genre aux mêmes Saiſons de l'année. + Enfin il y a des Autores Boréales Indécifes, qui confiftent # Planche V. Sect III. p. 166. S W Fig. IX. X B I A P 0 R n re N T of L TK M N L S e K e C Z Fig. X. L..... R Ph. Simonneau Serv. Planche VI, Sect. III, P.160. FigXI. Aurore Boreale vue à Giessen le 17 Fevrier 1721.d'aprés la figure qui en fut donnée dans les Actes de Lipsic, dépouillée des rayons et jets de Lumiere. Ph-Simonneau Sculp Planche VII. Sect. III. pag.166 Fig. XII Aurore Borcale vue a Breuillepont le 19. Octobre 1726. Ph.Simonneau Sculp. Planche VIII-Ject III p.106. Fig.XIII.Aurore Boreale vue à Brevillepont le 26. Septembre 1731à gheures. Ph. Simonneau Sculp. Planche IX. Sect III.166. S Fig. XV. Z M H B D F K L C L G A C E I X Fig XIV. R T 0 M H B D F Fig. XVI. T C L Z E K N R Th.Simonncan Study. Planche X.Sect.III p. 166. O a 3 S b E N Fig.XVII. Aurore Boreale du 19.me Octobre 1726. telle qu'elle parut dans tout l'Hmisphere Superieur du Ciel, vers les 8. heures du Soir;à Breuillepont, Diocese d'Evreux, 15 ou 16 Licuer a l'Occident de Paris. Ph. Simonneau Stulp. Planche XI, Sect III. P.166 Figure XVIII. Aurore Boreale vue a Brevillepont le 26. Septembre 1726. Ph.Simonneau Stulp. DE L'AUFORE BORÉALE. Sect. III. Ch. XI. 167 une petite clarté répandue fur le bord de tout l'Horizon, ou dans quelque autre apparence que ce puiffe être, qu'on ne fauroit réduire avec certitude à celle de l'Aurore Boréale, foit par elle-même, foit à cauſe des circonstances & des obſtacles extérieurs du temps & de la température actuelle de l'Air. Nous n'entrerons point dans le détail des divers accidens qui peuvent produire de pareils Phénomènes, le Lecteur y pouvant y pouvant ailément fuppléer; mais nous ajoûterons qu'on ne doit point négliger de les obferver, & de mar- quer le jour de leur apparition, quoiqu'on ne fache point d'abord en quelle Claffe les ranger. Car outre ce que l'habi- tude peut fournir de connoiffances fur ce fujet, il y a pref- que toûjours une reffource pour s'affurer dans la fuite, s'ils appartenoient véritablement à l'Aurore Boréale, qui eft de voir dans les Journaux Littéraires & dans les Ephémérides Météorologiques qui fe publient aujourd'hui dans pluſieurs endroits de l'Europe, fi l'Aurore Boréale dont on eft incer- tain n'a point paru ailleurs le même jour avec plus d'éclat, & d'une manière qui ne foit pas équivoque; car il eft rare que cela n'arrive. C'eft une épreuve que j'ai fouvent faite avec fuccès, & qui peut en bien des occafions jeter un nou- veau jour fur la théorie de ce Phénomène. UorM 168 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 T 4 SECTION IV. Des apparitions de l'Aurore Boréale, en tant qu'elles dépendent de l'étendue, de là pofition & de la figure de l'Atmosphère Solaire. L'AURORE Boréale peut être regardée comme un phé nomène Cofmique, non feulement parce qu'elle tient à non une ftructure générale du Monde, mais encore parce qu'elle eſt vrai - ſemblablement auffi ancienne que le Monde. Elle differe cependant des Phénomènes Cofmiques proprement dits, & en particulier de celui de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmoſphère Solaire, dont elle tire fon origine, en ce que celui-ci peut, & doit fans doute avoir toûjours exifté fans interruption, n'ayant reçû que des variations d'étendue, qui nous l'ont rendu tantôt plus, tantôt moïns viſible, au lieu que l'Aurore Boréale a dû ceffer réellement, & être autant de temps fans paroître & fans exifter, qu'il y en a eu où l'Atmoſphère Solaire n'a point atteint jufqu'à l'Orbite Ter- reftre, ou juſqu'aux limites de la chûte des corps vers la Terre. Auffi avons-nous déjà prouvé en plus d'un endroit de cet ouvrage, que l'Aurore Boréale a été en effet de longs intervalles de temps fans fe montrer, & cela non ſeulement à l'égard des pays fitués dans la Zone Tempérée, mais auffi, & toutes proportions gardées, dans ceux qui approchent le plus du Pole, & où, fur d'affez légers fondemens, quelques Auteurs ont cru qu'elle étoit perpétuelle. Nous avons encore indiqué dans la première Section, ces viciffitudes, tant appa- rentes que réelles, de l'Atmoſphère du Soleil, qui peuvent être attribuées à ſa différente étendue, à ſa denſité, à ſa figure, à ſon mouvement & à la complication de toutes ces circonftances avec la poſition par rapport à l'Orbite de la Terre, & nous ' avons DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. 1. 169 avons fait ſentir comment il en pouvoit naître autant de cauſes capables d'influer fur l'apparition de l'Aurore Boréale. Mais nous nous fommes réſervé de traiter plus particulièrement quelques-uns de ces articles, & fur-tout ceux qui dépendent de la poſition de l'Atmoſphère du Soleil, par rapport au chemin annuel que tient le Globe Terreftre, & de montrer comment les ceffations & les retours de l'Aurore Boréale doi- vent être relatifs à ces cauſes, ainſi qu'ils paroiffent en effet l'avoir été juſqu'ici, à en juger par tout ce que l'Hiftoire & les Mémoires des Savans nous en apprennent. C'eſt donc encore fur le détail hiftorique des Repriſes & des apparitions de l'Aurore Boréale en divers temps, que nous devons établir nos recherches, & que nous tâcherons de donner raiſon, tant des périodes les plus réglées de ce Phénomène, que de fon inconftance apparente. CHAPITRE PREMIER. Hiftoire de l'Aurore Boréale, des Mémoires qui nous en reftent, de fes Repriſes, & de fes interruptions. JE TE donne le nom de Repriſe aux retours de l'Aurore Bo- réale & à la fuite de ſes apparitions, après qu'elle a été quelques années fans paroître. On ne peut douter qu'il ne nous ait échappé dans les fiècles paffés une infinité d'obſervations de l'Aurore Boréale, faute d'Obfervateurs qui l'aient vûe avec des yeux affez attentifs, ou affez dégagés du préjugé de leur temps touchant la cauſe de ce Phénomène. L'idée vague du Météore acci- dentel, & plus fouvent celle du prodige & du figne de la colère céleſte, paroiffent avoir fi fort occupé la plufpart des Anciens dans ce qu'ils nous ont laiffé fur ce fujet, qu'on ne peut que rarement y démêler ce qui eft Aurore Boréale & ce qui ne l'eft pas toûjours fort prolixes fur ce qu'elle fignifie, ils ne nous difent que par hafard ce qu'elle eft. Les Y > } 170 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Hiſtoriens fur-tout femblent n'en avoir parlé que dans cet eſprit: ce n'eſt pas un Phénomène qu'ils vous rapportent, c'eft le préfage d'une grande bataille, ou de quelque évé- nement confidérable. Les Philofophes feroient fans doute plus inftructifs dans cette occafion, fi refprit de l'ancienne Philoſophie étoit d'affembler & de circonftancier des faits. Je rendrai cependant cette juſtice à Ariftote & à Sénèque touchant le Phénomène dont il s'agit, qu'ils paroiffent l'avoir très-bien connu, pour les pays où ils vivoient. Car c'eſt ce qu'il faut encore remarquer; la plufpart des anciens Auteurs ont écrit dans des pays fort Méridionaux, où par conféquent l'Aurore Boréale devoit être moins fréquente, plus baffe & moins étendue que chez nous. Et comme d'ailleurs ces pays plus chauds que le nôtre, n'en étoient que plus fujets aux Météores ignées ou lumineux de toute eſpèce, il n'eſt pas étonnant que les Anciens aient fouvent confondu ceux-ci avec les Phénomènes de l'Aurore Boréale, & d'autant plus qu'ils leur attribuoient à tous une caufe commune. La Lu- mière Zodiacale s'eft auffi mêlée quelquefois dans les defcrip- tions qui nous reftent de l'Aurore Boréale, &, fi je ne me trompe, encore la Queue de quelques Comètes. Mais enfin il y a eu des temps dans tous les fiècles, où l'Aurore Boréale s'eft montrée avec tant de fplendeur aux yeux même les moins éclairés & les plus prévenus, que les Hiftoriens n'ont pû éviter de nous en tranfmettre la mémoire fans équivo- que. C'est ainsi qu'on la verra du temps de Grégoire de Tours, accompagnée des circonstances les plus frappantes qui la caractériſent. Pour commencer par Ariflote & remonter par fon moyen à ce qu'on en peut inférer des temps plus reculés, on ne fau- roit douter que ce Philofophe n'ait connu par lui-même un Phénomène qu'il a fi bien circonftancié. Je me perfuade qu'il le vit fur-tout pendant les huit années qu'il paffa en Macédoine auprès d'Alexandre, pluſtôt qu'à Athènes; car la Macédoine eft de trois ou quatre degrés, c'eſt-à-dire, de 80 ou 100 lieues plus Septentrionale que l'Attique, ce qui peut apporter DE LAURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. 1. 17 * Liv. 1, des Météores, une très-grande différence à la fréquence & à l'éclat des apparitions de l'Aurore Boréale. Quoi qu'il en foit, je trouve dans Ariftote des traits qui peignent parfaitement ce Phéno- mène, quand il le compare* à une Flamme mêlée de Fumée, Mrs. Ch à la lumière d'une Lampe qui s'éteint, & à l'embraſement d'une ivv. campagne dont on brûle le chaume. C'eſt à quoi en effet elle reffemble encore de nos jours, où j'ai vû quelquefois auffi des perſonnes peu verſées à l'obſerver, la prendre pour fa clarté de quelque fournaiſe allumée. Elle a principalement cette apparence, dit-il, lorfqu'elle s'étend beaucoup en longueur & en largeur; ou, comme nous le dirions, lorfque fa Lumière a beaucoup d'Amplitude & de hauteur fur l'Horizon. Ce font, ajoûte-t-il, de ces Phénomènes qui ne paroiſſent que pendant la nuit, & dans un temps ferein, & qu'il nomme à ce qu'il paroît d'après les expreffions reçûes de fon temps, les Gouffres, les Foſſes, des Tifons allumés & des Chèvres. Le Gouffre, (Chafina) & la Foſſe défignent le Segment fombre & fumeux, & Arifote donne raiſon de cette dénomination: Le Gouffre, dit-il, l'ou verture qu'on voit à cet endroit du Ciel, à caufe de l'inter- ruption de la lumière, qui frappe tout ce qui l'environne, & de la couleur bleue & noirâtre dont il eft peint, eft ainfi appelé parce qu'il nous paroît avoir une forte de profondeur. Les parties qu'il qualifie de Tifons allumés, de Torches, de Lampes, ou de Poutres ardentes, car le mot qu'il y employe*, peut avoir toutes ces fignifications, feront fans doute les colonnes ou les jets de Lumière, qui font d'ordinaire rouges & comme embrafés par leur bout fupérieur. Mais la Poutre✶ fignifie auffi quel- quefois, comme l'a penſé feu M. Caffini, la Lumière Zodia- cale. Dans les Auteurs du XVI.me fiècle où l'Aurore Boréale étoit très-fréquente, la Poutre enflammée eft fouvent fon Arc lumineux, & ils la déterminent à avoir cette fignification par ce qu'ils ajoûtent de fa place vers le Nord & de fa Courbure, verfus Aquilonem, & incurvata. Quant aux Chèvres, capra fal- tantes, comme s'expriment encore quelques Auteurs du même fiècle, ce n'eſt autre chofe, à mon avis, que l'affemblage des pelotons blancheâtres, qui rendent quelquefois le Ciel tout * Δαλοί. * Δοκός, Trabs. Y ij 172 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE pommelé, pendant les grandes Aurores Boréales, où ils par roiffent avoir un mouvement de trépidation, qui pourroit affez bien réveiller l'idée d'un troupeau de Chèvres. Enfin Ariftote remarque que les couleurs le plus généralement répandues fur le Phénomène, font le pourpre, le rouge vif, & le couleur de fang. Il a mis le blanc fale, mélangé & fumeux au fommet, ou aux bords du Segment obfcur, ou, comme il l'appelle, du Gouffre: d'où doit réfulter l'Arc de l'Aurore Boréale pro prement dite. 1 Des noms qu'Ariftote & les Contemporains donnoient à l'Aurore Boréale ou aux diverfes parties qui la compofent, font dérivés dans les fiècles fuivans, tous ceux dont on s'eft fervi pour la défigner. Il eſt vrai qu'on en a fait quelquefois autant d'eſpèces différentes, tandis que d'un autre côté on a confondu avec elle la Lumière Zodiacale & la Queue de quelques Comètes. Mais en cèla l'Aurore Boréale a eu le fort qu'ont toutes les théories mal affermies & qui ne font pas encore en règle, où l'on divife mal-à-propos, & où fon confond de même. C'eſt ainfi que les Latins nous ont parlé de ce Phénomène fous l'idée de Flambeaux, de Torches, de Lampes & de Soleils Nocturnes, ſous le nom de Lueur & d'Embrafement du Ciel (a), &, après les Grecs, fous celui de Gouffre, de Lances, de Cheve- lures on Barbes, de touffes de Cyprès, de Tonnes de fèu (b), &c. Cicéron femble avoir eu en vûe quelque chofe de pareil à l'Aurore Boréale, dans fa troiſième Catilinaire, lorfqu'il dit, on a vi des Torches ardentes vers l'Occident, & le Ciel tout en feu. Mais ce qui n'eft pas ordinaire à notre Phénomène, c'eſt qu'il eft pris ici en bonne part, & mis au nombre des fignes les plus manifefles de la protection des Dieux. Pline fait fouvent mention de l'Aurore Boréale fous divers noms & fous divers aſpects, dans le ſecond Livre de fon Hif toire Naturelle, Ch. xxv1, XXVII, &c. Il divife les Torches ardentes en deux eſpèces, en celles qui font appelées Lampes, (a) Faces, Lampades, Nocturni Soles, Fulgores, Cœli ardor, &c. (b) Chafmata, Bolides, Pogoniæ, Cypariffiæ, Pithyæ, ¿¿.. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. I. 173 qui n'ont que peu de longueur, & qui paroiſſent brûler par leur partie antérieure, & en celles qu'on nomme Lances (Bolidas) beaucoup plus longues, & qui font enflammées dans toute leur étendue. Les Poutres, ajoûte-t-il, que les Grecs appelent Doxorý, brillent auffi à peu près de la même manière: &tel étoit le Phé- nomène qui parut lorfque les Lacédémoniens vaincus en un combat naval, perdirent l'empire de la Grèce. On voit auffi quelquefois le Chafina ou le Gouffre, cette interruption de la voûte & de la clarté du Ciel; on voit encore, & rien n'eſt d'uit plus terrible préfage pour les huntains, on voit dans le Ciel un incendie qui femble tomber fur la Terre en-pluie de fang; ainfi qu'il arriva la troifième année de la cent feptième Olympiade, lorfque Philippe travailloit à foûmettre la Grèce. Ce qui ſe rapporte fans doute à la Repriſe de ce Phénomène, dont Ariftote pût être témoin en Macédoine quelques années après; ainfi que nous l'avons conjecturé ci-deffus. Pline ajoûte quelques lignes plus bas, que pendant le Confulat de C. Cecilius & de Cn. Papirius, c'eſt- à-dire, vers l'an de Rome 641, on avoit vû une clarté pen- dant la nuit, qui la rendoit peu différente du jour. Que peu de temps après le coucher de la Lune, la Lampe avoit paru ; & il n'y a rien, dit-il, d'extraordinaire, à voir ainfi le Ciel tout en feu, c'est ce qui eft arrivé plufieurs fois. Et enfin adoptant le préjugé populaire des armées vûes dans le Ciel, il cite les exemples de celles qui ont paru fe choquer de part & d'autre de l'Orient & de l'Occident, fans oublier le bruit des armes & le fon des trompettes que l'on y a entendu*. Quant à ce qu'il dit de ce Bouclier ardent qu'on vit courir dans le Ciel, pendant le Confulat de L. Valerius & de C. Marius, l'an de Rome 654, je crois qu'on doit pluftôt le rapporter à ces Globes de feu volans dont nous avons parlé dans la feconde Section. Sénèque s'eft expliqué encore plus clairement fur ce fujet dans le premier Livre de ſes Queſtions Naturelles. Car en faifant le dénombrement des Feux céleftes; Les uns, dit ce Armorum crepitus, & tube fo- nitus auditos è Coelo Cimbricis bellis accepimus... Spectata arma cœleſtia ab ortu occafuque inter fe concur- rentia... ipfum ardere Coelum, Co Lib. II, cap. LVII. Y üj * 174 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE } Philofophe, reſſemblent à une Foffe creusée circulairement, comme l'entrée d'une caverne ; les autres femblables à une immenfe Tonne remplie de feu, demeurent quelquefois à la même place, & quelquefois font portés çà & là. On voit auffi les Gouffres (Chafmata) lorfque le Ciel entr'ouvert femble vomir des flam- mes (a): où il fait, fi je ne me trompe, plufieurs Phéno- mènes d'un feul, & fur-tout du Segment obfcur décrit par Ariftote. Ces feux, continue-t-il, brillent de différentes couleurs; les uns font d'un rouge très-vif, les autres reſſemblent à une flamme légère qui va s'éteindre, la lumière de ceux-ci eft blanche &étincelante, celle de quelques autres tire fur le jaune, & de meure tranquille fans aucune émiffion de rayons. Et rapportant enſuite tous ces noms, que nous avons dit que les Grecs donnoient à l'Aurore Boréale, ou, comme l'appelle ce Phi- lofophe, à ces Lueurs, & à ces Lumières Nocturnes 11 eft douteux, ajoûte-t-il, s'il faut ranger dans cette claffe, es Poutres, & les Tonnes (Trabes & Pithya), dont l'apparition eft fort rare.. Mais on peut mettre de leur nombre ce Ciel en feu (Coelum ardere vifum) dont les Hiftoriens font fi fouvent mention; & dont il réfulte quelquefois une lumière fi élevée, qu'elle fe confond avec celle des Aftres, quelquefois fi baſſe & fi près de l'Horizon, qu'on la prendroit pour l'effet d'un incendie lointain. Il y eut un pareil Phénomène fous l'Empereur Tibère, qui dura pendant une grande partie de la nuit, & qui n'ayant qu'une fombre lueur, comme celle d'une flamme mêlée de fumée (b), fit croire que toute la ville d'Oftie étoit en feu, de manière que les Cohortes y accoururent pour y porter du fecours. Ce qui circonftancie très-bien l'Aurore Boréale, & qui fait *Sup. p. 84. voir que l'alarme de la garnifon de Coppenhague * arrivée à ſon occafion, trouve fa pareille dans les Cohortes de Tibère, en faveur de la ville d'Oftie. Nous en tirerons auffi la même ciuntur. (a) Horum plura genera confpi- Coeli receffus eft fi- milis effoffa in orbem fpeluncæ. Sunt Pithya cum magnitudo vafli rotun- dique ignis dolio fimilis, vel fertur, vel in uno loco flagrat. Sunt Chafinata, cum aliquando Coeli fpatium difcedit, & flammam dehifcens velut in abdito oftentat. (b) Parum lucidus craffi fumidi- que ignis. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. 1. 175 conféquence, que cette apparition de l'Aurore Boréale vint fans doute après un long intervalle de fes Repriſes. La même chofe arriva du temps de l'Empereur Sévère, & le trouve prefque dans tous les fiècles. Sénèque avoit fait mention au commencement de ce même livre, de ce qui eft appelé la Chèvre dans Ariftote, & il croit qu'il faut l'entendre de ces globes de feu qui parcourent rapi- dement une partie du Ciel, & dont il a été parlé ci-deffus. Mais comme Sénèque ne me paroît pas expliquer Ariftote d'après une fuite d'Obfervations qu'il ait faites fui-même fur les Aurores Boréales, j'oferai préférer notre interprétation à la fienne. * XIII, XLIII, Julius Obfequens, quoiqu'il n'ait peut-être vécu qu'à la fin du quatrième ſiècle, doit être mis avec les Auteurs précédens ou même avant eux, en ce qu'il a remonté juſqu'à Romulus dans ce qu'il nous rapporte de prodiges, parmi lefquels fe trouve quelquefois notre Phénomène, exprimé par le Ciel en feu, par ces Nuits claires comme le jour, & par ces Torches ardentes qui s'étendent de l'Orient jufqu'à l'Occident*. Il ne parle Jul. Obf. de que d'après les Hiftoriens, & fur-tout d'après Tite-Live. II Prodigiis, Cap. pourroit fervir à montrer la fuite & les Repriſes que peut LXXXVIII, avoir eu l'Aurore Boréale jufqu'au temps d'Augufte; mais Edit. de Bâle, nous n'avons véritablement de cet Auteur que le commen- cement de fon Livre jufqu'au Lyme Chapitre, c'eft-à-dire, juſqu'au Conſulat de L. Scipion, & de C. Lelius, l'an de Rome 564. Tout le refte, à l'exception de quelques fragmens épars, tels que ceux qui compofent le Chapitre LXXXVIII cité ci- deffus, & quelques autres, eft de la façon de Conrard Ly- cofthène. Il est vrai que celui-ci a puiſé à peu-près dans les mêmes fources: mais il vaut encore mieux avoir recours à F'in-folio qu'il a donné de fon chef fur la même matière. L'on pourra ainfi pouffer l'hiftoire de l'Aurore Boréale juſqu'à la fin du 1yme fiècle, ou au commencement du yme + Ignis... in aëre qua parte fpectat ad Septentrionem, eft vifus, ut plerique urbem totam comburi, multi cœlum ipfum ardere exiftimarent Lycofth. ad annum 196. 35520 * 176 TRAITÉ 3 PHYSIQUE ET HISTORIQUE où nous fixerons l'Epoque des apparitions de ce Phénomène, defquelles nous avons à tirer quelque induction dans cet Ouvrage. En parcourant de cette manière les monumens qui nous reftent depuis deux mille ans, j'en conclus en général, que l'Aurore Boréale n'a guère été au delà de 60 ou 80 ans fans paroître, excepté peut-être dans le XIIIme & le xivme fiècle, où l'on pourroit encore préfumer que les Hiftoriens nous manquent à cet égard. Il eſt fâcheux que ce ne foit deformais que parmi les récits & les préfages des calamités publiques, que nous ayons à chercher une partie des faits dont nous avons befoin, & qu'en ce genre la Phyſique ait eu ſes Aftrologues, plus nom- breux & plus entêtés peut-être que ceux de l'Aftronomie même. Combien nous aura-t-il échappé par-là d'obfervations utiles & curieuſes fur le fujet que nous traitons! Si Attila n'avoit pas mis l'Europe à feu & à fang, Ifidore de Séville ne nous auroit fans doute jamais parlé des Phénomènes qui parurent dans le Ciel auparavant, & parmi lesquels il nous dépeint l'Aurore Boréale. Mais fans remonter jufqu'à ces fiècles reculés, j'oſe dire, qu'on ne trouvera prefque aucun Auteur avant Gaſſendi, qui paroiffe avoir vû, ou appris, ou rapporté un de ces Phéno- mènes de fang froid, & qui n'ait fouvent donné lieu par-là de douter de la vérité ou de l'exactitude de la deſcription qu'il nous en a laiffée. Il y en a même tel parmi eux, qui ne s'eſt appliqué à obferver les Phénomènes dont nous par- lons, & qui ne les a tranſmis à la poftérité, que dans le def- fein formé de les ajufter avec les évènemens & les aventures tragiques de fon temps. C'est ce que Corneille Gemma, par exemple, Médecin fameux de Louvain, déjà cité en plus d'un endroit de ce Traité, nous apprend de lui-même, dans fon livre De divinis naturæ caraclerifmis, imprimé à Anvers en 1575; ouvrage qui nous fournira beaucoup, mais qui nous fourniroit bien davantage, fi cette difpofition d'efprit n'avoit ſouvent conduit l'Auteur à voir dans le Ciel ce qui n'étoit manifeftement DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. 1. 177. manifeftement que dans fon imagination. Le recueil de Lycofthene, Prodigiorum ac oflentorum chronicon, imprimé en 15.57, dont nous nous fervirons auffi avec réferve, eft en- core entièrement dans le même goût. Après cela, il ne faut point s'étonner que ces Ecrivains & leurs pareils aient con- fondu bien des fois l'Aurore Boréale avec toute forte de fignes céleftes, &, felon eux, finiftres, mais fur-tout avec la Queue des Comètes, & avec les feux qu'ils croyoient marcher à leur fuite. Car, comme il y a eu en effet des Comètes dont la Queue occupoit une grande partie du Ciel, & fe recourboit en Arc+, on´a imaginé ſouvent que la Bande lumineufe ou l'Arc de l'Aurore Boréale n'étoit autre chofe que la Queue d'une Comète, dont la Tête fe cachoit fous l'Horizon, ou derrière ce nuage fumeux qui accompagne le Phénomène. C'eft ce qu'ils ont appelé la Poutre ardente recourbée, nom qui a été auſſi donné à certaines Queues de Comètes. Je ne voudrois pas affurer cependant que quelques-uns n'aient pris dans certaines occafions, tout l'Arc de l'Aurore Boréale pour une partie du diſque de la Comète qu'ils faifoient alors d'une grandeur im- menfe & monstrueufe, Mais ce qui en général indique le mieux l'Aurore Boréale dans ces prétendues Comètes dont on ne difcernoit pas mieux la Tête, c'eſt leur poſition du côté du Nord, & leur peu de durée. Il y en a eu de cinq quarts d'heure feulement : elles font presque toûjours fans aucune fuite d'apparitions confé- cutives; ce font des Aftres Ephémères, fi l'on peut appeler Aftres, des corps que la plufpart de ces Auteurs croyoient être fublunaires, ou qu'ils prenoient encore plus communé- ment pour de fimples Météores. On mettoit donc volontiers fur le compte de la Comète, tous les pelotons de Lumière que l'on voyoit de ce côté du Ciel, ou aux environs, les nuages colorés, les éclairs mêmes, & toutes les appartenances de l'Aurore Boréale, en y åttachant des idées d'autant plus effrayantes, que le Phénomène étoit plus étendu & plus + Curvata, divaricata, corniformis, enfiformis incurvata, &c. V. Hevel. Cometograph. Lib. VIII, de Come- tarum caudis. Z 178 TRAITE PHYSIQUE + * + ET HISTORIQUE varié. C'eſt peut-être ainfi qu'il faut entendre la defcription fait Lucain de la Comète, vraie ou fauffe, qui parut dur que temps de Céfar, & des circonftances qui l'accompagnoient. On a craint même que ces prétendues Comètes ne tombaffent fur la Terre, & qu'elles ne miffent les Villes & le pays en feu, crainte ordinaire qu'ont infpiré les Aurores Boréales, lorfqu'elles ont été peu fréquentes. Les Cométographes qui ont eu le plus de diſcernement, ſe font quelquefois garantis là-deffus de l'erreur; mais ils l'ont auffi quelquefois adoptée, & la plufpart s'en font fervis pour groffir leurs Catalogues. Quand l'Aurore Boréale rempliffoit une grande partie du Ciel, & qu'elle avoit la Couronne ou le concours de rayons au Zénit', on ne manquoit prefque jamais de défigner cette dernière circonftance par le conflict de deux armées. Enfin lorſque la Lumière Zodiacale a été fort viſible, tant par fon étendue que par les circonftances de fa pofition, elle à été encore confondue avec la Queue de quelque Comète qui étoit, difoit-on, abforbée dans le Soleil, & qui fe cachoit avec lui fous l'Horizon. On trouvera des exemples de toutes ces méprifes dans les dénombremens fuivans, & il y a tel cas où il n'eſt aſſu rément pas poffible de méconnoître l'Aurore Boréale, les Auteurs dont nous venons de parler l'ayant quelquefois très- bien circonftanciée à travers les chimères de leur temps, & en ayant même donné des figures affez conformes à celles que nous en donnons aujourd'hui. Le temps où Corneille Gemma a écrit, c'eſt-à-dire, autour de 1575, fut, comme nous l'apprenons d'ailleurs, très- fécond en Aurores Boréales, & il doit être regardé comme celui d'une des plus grandes Repriſes qu'il y ait jamais eu, tant par la fréquence & par la fplendeur de celles qu'on y obferva, que par fa durée. Car on trouve que le Phénomène parut pluſieurs années de fuite avant & après. Ignota obſcuræ viderunt ſidera | noctes, Ardentemque Polum flammis, cœloque volantes Obliquas per inane faces, Crinem- que tremendi Sideris, & Terris mutantem regna, Cometen. Luc. Pharf, l. I. BE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. 1. 179 il A remonter de Corneille Gemma juſqu'à Grégoire de Tours, y a quelques apparitions très-bien marquées, mais fort interrompues en qualité de Repriſes. Cependant, comme il n'arrive guère qu'il paroiffe de grandes Aurores Boréales, telles que quelques-unes de celles qu'on trouve dans ce Jong inter- valle, fans qu'elles n'aient été précédées & fuivies de quelques autres, & que les Obfervateurs & les Hiftoriens nous man- quent pour ces temps-là fur le fujet dont il s'agit, nous ferons un peu valoir cette induction, qui d'ailleurs n'influe eſſentiellement ſur notre hypothèſe, & qui n'eſt guère que pure curiofité. pas de De cette grande Repriſe qui eft autour de 1575, juſqu'à celle du commencement du xvIIme ſiècle, dont nous avons l'illuftre Gaffendi pour témoin, il n'y a rien que de paffager. Enfin de Gaffendi à nous, les Obſervateurs & les Hilto- riens abondent de toutes parts, & l'on ne voit plus dans l'Aurore Boréale qu'un Phénomène fingulier digne de l'at- tention des Philofophes, & d'autant plus remarquable que les interruptions de 20, 30, 60 ou 80 ans qu'il a eûes jufqu'au commencement de ce fiècle, deviennent inconteſ- tables, par le nombre, le favoir & l'affiduité de ces mêmes Obfervateurs. CHAPITRE I I. Ordre Chronologique des Reprifes de l'Aurore Boréale, que l'on peut compter depuis le commencement du cinquième fiècle jufqu'à aujourd'hui. REPRISE I. LA UTOUR de l'an 400, avant & après, dans l'espace de 15 ou 20 ans, il paroît qu'il y a eu une Repriſe d'Aurores Boréales, par cette colonne que l'on voit comme fufpendue dans le Ciel, & qui fe montre pen- dant trente jours, par ce feu que l'on voit brûler au deffus d'un nuage terrible par fa fplendeur, & quelquefois dans tout le Ciel, &c. Zij 180 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Ỵ XII. Ch. XXXVII. } * Hift. Eccl. Voy. Lycofthène, depuis l'an 394 jufqu'à l'an 4 r 2. Nicéphore rapporte auffi, qu'avant la mort de Theodofe le Grand, qui arriva en 395, il parut un grand nombre de Phénomènes parmi lesquels on démêle la Lumière Zodiacale & l'Aurore Boréale, par la grande clarté & par les épées les épées ou lances qu'on voyoit la nuit dans le Ciel: car c'eft toûjours ainfi qué ces Auteurs expriment les jets de Lumière. *Biblioth. * Orientalis Cle- mano. Tom. I. REPRISE II. Vers l'an 450, on trouve dans l'Hiftoire des Gots d'Ifidore de Seville, qu'avant qu'Attila entrât en Italie & dans les Gaules, il y eut plufieurs fignes dans le Ciel, & entr'autres, que le Septentrion parut tout en feu, & changé en fang, avec un mélange de traits ou de rayons plus chairs, qui traverfoient la partie rouge, en forme de lances *. REPRISE III. En 502. La Chronique Edefféniène porte, qu'en l'an 813 des Seleucides, que je crois répondre à l'an 502 de l'Ere Chrétienne, il y eut un Phénomène, qui ne peut être qu'une Aurore Boréale bien marquée: il parut du côté du Pole Boréal un feu lumineux qui brûla, ou qui fembla brûler pendant toute la nuit du 22me Août*. Et c'eft vrai-fembla- mentino-Vatica- blement à E'deffe, ou dans la Toparchie d'Edeffe que fut vû na, &c. à Jof. le Phénomène, c'est-à-dire, au deffous du 40me degré dẹ Simonio Affe- Latitude, ou aux environs du 37. Ce qui mérite quelque p. 407. Roma, attention, par la circonftance d'un lieu fi Méridional, & qui fuppofe que vers ce même temps, l'Aurore Boréale devoit être fréquente dans les Pays Septentrionaux, ainfi qu'on le peut juger d'après la réflexion que nous avons faite au fujet * Snp. p. 104. de celles qui parurent, il y a neuf ou dix ans, en Italie *. *Lycofthen. On trouve auffi dans d'autres Auteurs *, que quelques années Hevel. Cometo avant & après 502, il y eut des fignes dans le Ciel, & fur- graph. p. 808. tout de ces Comètes extraordinaires pour leſquelles les Anciens ont pris fi fouvent la Lumière Zodiacale & l'Aurore Boréale. REPRISE IV. Autour de l'an 580, dans l'intervalle 1719. Ab Aquilonis plaga cœlum rubens ficut ignis aut fanguis effectus, permiftis per igneum ruborem lineis clarioribus in fpeciem haftarum de- formatis. Ifid. Hifpal. hift. Goth. ut exftat apud Labbeum, Biblioth nova. Tom. I. p. 65. DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. 11. 181 Greg. Tur ubi fup. p. 381. peut-être de 40 à 50 ans, 20 ou 25 ans avant & après, on trouve les traces d'une des plus fortes Repriſes, & des plus longues dont ont ait mémoire. C'eft principalement de Gré- goire de Tours que nous l'apprenons. J'ai déjà rapporté les paroles de cet Hiſtorien touchant une Aurore Boréale à Cou- ronne, arrivée l'an 585; fon livre eft plein de Phénomènes de ce genre, qui parurent vers ces temps-là, & auxquels il n'eſt pas poffible de ſe tromper. Alors, dit-il (en 585) parurent ces fignes, c'est-à-dire, ces rayons qu'on a coûtume de voir du côté de l'Aquilon. Cette lumière qui femble courir avec rapidité dans le Ciel*, &c. Il en avoit remarqué autant l'année 5 84. Dans ces temps-là parurent vers l'Aquilon pendant la nuit, des rayons brillans de lumière, qui fembloient fe choquer & fe croifer les uns les autres, après quoi ils fe féparoient & s'évanouiſſoient.... & le Ciel étoit fi éclairé dans toute la partie feptemtrionale, que fi ce n'eût été la nuit, on eût cru voir paroître l'AU RORE (a). Outre la circonftance qu'il avoit ajoûtée plus haut, fur ces rayons qu'on a coûtume de voir, & ce qu'il dit ailleurs, que ces Phéno- mènes paroiffoient quelquefois plufieurs nuits de ſuite *, il en avoit encore particulièrement fait mention dans les années précédentes 566, 577, 582, 583*, &c. On a vû courir une Lumière dans le Ciel, comme il arrivoit autrefois..... il a paru vingt rayons de lumière dans le Ciel du côté de l'Aquilon.... Il 299, b. parut vers le Septentrion une colonne ardente qui demeuroit comme fufpendue dans le Ciel, &c. On trouve auffi la pluſpart de ces fignes ou équivalens dans Lycofthène, & dans quelques autres Auteurs à remonter jufqu'en 557 (b), & à deſcendre juſqu'au commencement du viime fiècle. * Lib. VIII Cap. XVII. P. 390. * PP. 194, 228, 295, * Mém. de Littér. de l'Ac. M. Freret dans ſes Réflexions fur les prodiges rapportés par les Anciens✶ cite un paflage de l'hiftoire des Lombards, par Paul Diacre (lib. IV, cap. xvi) qui eft très-poſitif fur notre Phénomène. En ces temps-là, dit l'Hiſtorien, & c'étoit pen- cript. & Belles (a) Sed & cœlum ab ipfa Septem- trionali plaga ita refplenduit, ut putaretur AURORAM producere. Ibid. p. 308. (b) La 30me du regne de Juf- Royale des Infe Lettres, t. IV. tinien, Ignis in cœlo apparuit lanceæ P. 43¹· forma, ab Aquilone (70 aprov) uſ- que ad occafum. Cedren. Tom. I. P. 385. Z iij 182 TRAITE PHYSIQUE ET. HISTORIQUE * Mifcell. Berolin. T. 1. P. 137. * dant le regne d'Agilulphe, il parut des fignes terribles dans le Ciel, des lances fanglantes,&r une lumière très-claire qui brillon pendant toute la nuit. Lycofthène, qui rapporte ce fait d'après le même Auteur, fous le nom de Warnefrid, l'a placé à l'an 603. Cependant comme je ne vois pas de quoi joindre de proche en proche ces dernières apparitions de l'Aurorẹ Boréale, avec celles qui fe trouvent dans Grégoire de Tours en 585, on pourra faire, fi l'on veut, une petite Repriſe de celles-là au commencement du VIIme fiècle. par REPRISE V. Autour de 770 ou 775. A en juger par tout ce que nous en rapportent les Ecrivains de Prodiges, les Etoiles tombantes, les armées, les boucliers enflammés & teints de fang, que l'on voyoit fréquemment dans le Ciel pendant la nuit, il faut qu'il y ait eu une Repriſe du Phéno- mène vers ces temps-là. REPRISE VI. L'an 859. Voici ce que M. Leibnitz nous dit de cette année, d'après les Annales de S. Bertin. On vit durant la nuit, des armées dans le Ciel, pendant les mois d'Août, de Septembre & d'Octobre; c'étoit depuis l'O- rient juſqu'au Septentrion & au delà, une lumière auſſi claire que le jour, & d'où fembloient s'élever des colonnes fanglantes. Paroles qui défignent également bien, & l'Aurore Boréale, & l'idée qu'on s'en faifoit dans ces temps-là. REPRISE VII. Un peu après le commencement du xme ſiècle, l'Aurore Boréale nous eſt indiquée de la même façon. Voy. Lycofth. REPRISE VIII. Un peu avant la fin du même fiècle, autour de 990, de même. Ibid. REPRISE IX. En 1039, paroît la Poutre, Trabs ignea mira magnitudinis. Ibid. REPRISE X. A la fin du xime fiècle, & au commen- cement du xiime, Cœlum multis in locis ardere vifum eft nocturno tempore (1098)...Cælum ardere frequenter vifum (1 104), &c. Mém. Acad. M. Godin rapporte, d'après Zahn, & celui-ci cite la Chro- nique de Trithème, que « le 24 Février 1095, on aperçût » en l'air des nuages rouges, & comme teints de fang, qui .1723.p.296. * LL'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. 11. 18 " partoient de l'Orient & de l'Occident, & s'alloient rencontrer « vers le point du Ciel le plus élevé, & environ te milieu des nuits il s'élevort du Septentrion des clartés de feux, « ou des colonnes ardentés, qui en fe répandant voltigeoient par Fair * REPRISE XI. En 116, l'Aurore Boréale eft très- bien défignée dans Lycofthène, par des armées de feu, vûes vers le Septentrion, & qui enfuite fe répandoient par-tout le Ciel, pendant une grande partie de la nuit. REPRISE XII. En 1157. On voyoit des fignés terribles dans le Ciel du côté du Septentrion, des torches ardentes, & comme un fang humain d'un rouge très-vif... des lances, &c. Ibid. a Voy. Theatr. Comet. Staniſl. REPRISE XIII. Depuis le milieu du x11me fiècle juf qu'au milieu du XIVme, je ne trouve rien qui puiffe être pris certainement pour l'Aurore Boréale. Mais en 1351 ou 1352, en Septembre ou en Décembre, car les Auteurs ne conviennent ni, de l'année ni du mois*, elle fut marquée par la: Queue d'une Comète.dont la Tête fe cachoit fous le Lubienietz. Nord, & par la Poutre ardente, &c. Ce qui donneroit, depuis p. 1157, une interruption au Phénomène de près de 200 ans, s'il n'étoit à craindre que ce ne foient feulement les Obſer- vateurs & les Hiftoriens qui nous manquent. REPRISE XIV. De 1461 à 1465 inclufivement. On ne trouve que peu de veftiges de cette Repriſe; cependant je ne la crois pas douteuſe. Je la déduis principalement des apparitions de ces prétendues Comètes extraordinaires, qui ne duroient que quelques heures, qui rempliffoient le Ciel de fplendeur & de fumée, & fur lefquelles auffi les Comé- tographes ne s'accordent guère. On verra ci-après le détail de celle de cette eſpèce, qu'on croyoit être tombée ſur Paris fe 18 Novembre 1465, & qui fembloit avoir mis la Ville & les environs tout en feu, fans aucune autre ſuite d'appa- rition. Ni Lubienietz, ni Hevelius n'ont tenu compte de cette Comète. Mais Hevelius, dans les années précédentes 1461, 1463, a fait mention de quelques autres Phénomènes ſemblables, qui n'étoient ni mieux circonftanciés, ni d'une 264: Voy. auffi Lycofth. 184 TRANTE PHYSIQUE ET HISTORIQUE + } * plus longue durée, & qu'on peut prendre, à ce que je crois, pour autant d'Aurores Boréales. Nous en avons touché les raifons ci-deffus, que nous fortifierons par de nouveaux exemples dans le dénombrement ſuivant. མ ་་ REPRISE XV. En 1520, l'Aurore Boréale nous eft: encore indiquée par la Poutre ardente, d'une grandeur & énorme, qui s'abaiffant en Arc depuis le Ciel jufqu'à la Terre...s'étendit de là dans les airs, fous une forme circulaire. En 1527 & 1529 de même, & par les apparitions de quelques prétendues Comètes extraordinaires, dont on verra le détail ci-après. Du refte, il faut qu'il n'y ait rien eu de fort fréquent, ni de fort marqué dans ce genre, depuis 1465 jufqu'à ce que nous venons de rapporter; en ces temps, le renouvellement des Lettres & l'Aftrologie regnante ne pouvoient manquer de rendre ces Phénomènes dignes de l'attention publique, & d'en procurer des Hiftoriens. où REPRISE XVI. Autour de 1554, l'Aurore Boréale. eſt déſignée pluſieurs fois, & par la plufpart des autres fignes dont nous avons fait mention ci-deffus, tels que les pluies de fang, les feux céleſtes qui lancent des étincelles dans l'air comme le fer rouge qui eft frappé par un forgeron, &c. Lubie- nietz, p. 348. Lycofth. an. 1554; & Ch. IVme ci-après. REPRISE XVII. De 1560 à 1564 inclufivement, autre Repriſe, à moins que ce ne foit une fuite de la précédente, dont on n'aura remarqué que les Phénomènes *Philof. Tranf. les plus apparens. M. Halley, dans le Mémoire qu'il 1. 347. nous a donné fur l'Aurore Boréale du 17me Mars 1716, rapporte le témoignage d'un ancien livre Anglois, intitulé Defcription des Météores, réimprimé à Londres en 1654, dans lequel il eft fait mention des Aurores Boréales de 1560 & 1564, comme fort fréquentes. REPRISE XVIII. Autour de 1574, 1575, &c. Cette Repriſe, & celle de la fin du vime fiècle, dont il eſt * Trabs ardens horrendæ magnitu- dinis... quæ defuper in terram ſeſe demittens... inde reverfa in aërem, formam circularem induit. Lycofth. R 3 parlé 1 T DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. II. 185 IV.Ch. 1 1. I. p. 168. parlé dans Grégoire de Tours (Sup. Repr. Iv.) font les plus fortes, les plus marquées & les plus foûtenues dont il foit fait mention dans les fiècles paffés, & qui reffemblent le plus à celle du fiècle courant. On en verra le détail dans le dénombrement du Chapitre IV. Du refte il paroît que cette Repriſe duroit encore en 1581. Je trouve de plus dans le Journal d'Henri III*, qu'au mois de Septembre de l'an 1583, * Mém. pour on vit venir à Paris en proceffion, & en habits de pénitens de France. Co- Servir à l'Hift. ou de Pélerins, huit à neuf cens perfonnes, de tout âge logne, 1714. & de tout ſexe, des Villages des Deux-Gemeaux, & d'Ufy en Brie, près la Ferté-Gaucher, avec leurs Seigneurs pour faire leurs prières & leurs offrandes dans la grande Eglife de Paris; & qu'ils difoient avoir été émûs à faire tels penitenciaux voyages, pour fignes vûs au Ciel, & feux en l'air, même vers les quartiers des Ardennes, d'où étoient venus les premiers tels pénitens, juſqu'au nombre de dix à douze mille à Notre-Dame de Rheims & de Lieſſe. On ajoûte que cette compagnie fut dans peu de jours fuivie de cinq autres, & pour même occafion. Mais on ne marque point les temps précis auxquels ces fignes avoient paru, tant aux fufdits Villages qu'aux Ardennes. REPRISE XIX. Au commencement du xviime ſiècle eft la Repriſe, dont Gaffendi, & quelques autres Obſerva- teurs nous ont tranfmis la mémoire. C'eſt-là que fe trouve la fameufe Aurore Boréale du 1 2me Septembre 1 621, dont 12 il a été fait mention plufieurs fois dans cet Ouvrage; & je fuis fort trompé, fi elle n'a terminé cette Repriſe, ou fort approché de fa fin. Car ce Phénomène ayant été connu de tout le monde favant, il dût réveiller fur ce fujet une attention qui n'auroit pas permis à un nombre prodigieux d'Ecrivains qui vivoient dans ces temps-là, de paffer fous filence les Phénomènes de même genre qui l'auroient ſuivi. Gaffendi parle comme en ayant vû plufieurs autres auparavant, mais moins remarquables que celui du 12 me Septembre 1621*. Il ne les date pas, & ce font ceux-là même qu'on va trouver Diog. Laërt dans le dénombrement du Chapitre IV. REPRISE XX. En 1686, 1687, &c. Depuis 1621 A a * Animados in Lib. X. ´p. 1137, 186 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE juſqu'en 1686, c'eſt-à-dire, dans l'intervalle de plus de 60 années, je ne trouve aucune obfervation bien marquée de l'Aurore Boréale, & l'on fait cependant quels Aftronomes & quels Obfervateurs il y a eu pendant ces temps-là. De forte que l'on peut compter cette interruption du Phénomène comme une des plus longues, entre celles qui font le mieux conftatées. Encore la Repriſe qui a fuivi 1686, & qui peut avoir duré quatre à cinq ans, n'a-t-elle été que peu marquée en France, & n'a produit qu'un petit nombre d'Aurores Bo- réales. Celle de ces Aurores Boréales qui fut obfervée par M. Moeren dans le Rhingaw, & dont on verra les parti cularités ci-après, fut une des plus fortes, & qui indiquoit le mieux la nouveauté du Phénomène, par l'alarme qu'elſe cauſa dans tout le pays. REPRISE XXI. En 1707, jufqu'en 1710, le Phéno- mène commence à reparoître après une ceffation de 20 ans. Il ne fut obfervé, que je fache, qu'en Allemagne & dans les pays du Nord; il ne fut point aperçû en France ni en Angleterre, par les raiſons que nous en donnerons en rapportant le détail des Aurores Boréales renfermées dans cette petite Repriſe. M. Roenier, qui nous fournit la première en 1707, & qui écrivoit à Coppenhague, dit qu'il avoit vû quelque chofe de femblable les années pré- cédentes, mais de beaucoup moins marqué. C'eſt en effet ce que nous avons obſervé en fon lieu devoir arriver, & qu'il faut toûjours fuppofer en général des Repriſes de ce Phénomène, leſquelles doivent commencer plus tôt dans les pays Septentrionaux, & y finir plus tard qu'ailleurs. REPRISE XXII. En 1716, commence enfin la Repriſe d'Aurores Boréales qui dure encore fans interruption, & qui paroît même fenfiblement ſe fortifier depuis quelques années +. → Ceci eſt toûjours cenſé écrit en 1731. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. III. 187 3 CHAPITRE II I. Des Aurores Boréales dont on fait le jour ou le mois, ¿du fond qu'on peut faire fur le recueil que nous en allons donner. 'HISTOIRE nous fourniroit ſouvent de quoi groffir le nombre des Repriſes de l'Aurore Boréale, fans nous donner de quoi augmenter celui de fes apparitions avec la condition que nous y exigeons ici, qui eft, qu'on en fache le jour, ou tout au moins le mois. Cette condition qui ſe trouve effentielle à notre objet, nous a fait fupprimer, dans le recueil & dans la Table que nous en devons donner, plufieurs de ces Phénomènes d'ailleurs aſſez bien conſtatés mais dont les Hiftoriens n'ont défigné le temps que par l'année, ou par quelque évènement dont la date ne nous eft pas bien connue. Nous en aurons fans doute encore retranché quelques autres qui pourroient avoir été très-réels, par l'examen ſévère que nous avons cru devoir apporter aux circonftances qui les caractériſent dans les Auteurs qui en font mention, leſquels n'étant pas toûjours affez au fait de cette matière, nous les ont fouvent préſentés par une face trop douteuſe. Si l'on joint à cela ce que nous pouvons avoir omis par ignorance ou par mégarde, & faute d'avoir tout lû, quoique nous ayons tâché de tout lire fur ce fujet, on aura lieu de croire que notre recueil eſt bien éloigné d'être complet. Il faut cependant obferver que ces omiffions ne font pas auffi confidérables qu'on le pourroit juger; parce qu'elles ne peuvent guère tomber que fur les Aurores Boréales anciennes, qui font ici de beaucoup le plus petit nombre, & dont il ne nous refte que très-peu de Mé- moires. Mais ce qu'il eft encore plus important de remarquer, c'eſt que cette défectuoſité dans notre dénombrement & dans la Table que nous en donnerons, n'empêche pas que les in- ductions que nous avons à en tirer dans la fuite ne foient juftes. A a ij 188 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Car ces inductions roulent pour la pluſpart fur le plus grand rapport de quantité ou de fréquence, qu'il y a entre les Aurores Boréales qui ont paru en un mois, ou en une ſaiſon, pluſtôt qu'en l'autre. Or on doit toûjours préfumer que, toutes choſes d'ailleurs égales, les omiffions de quelque eſpèce qu'elles foient, font équivalentes à la rareté, ou à la fréquence du Phéno- mène, en tel ou tel temps. C'eſt une matière à conjecture, qui ne comporte pas d'autre eſpèce de conviction. Si notre Table pouvoit jamais devenir complète, elle repréfenteroit exactement les temps & les faifons les plus favorables au Phénomène dont il s'agit. Mais telle cependant que nous pouvons la donner, les inductions qu'elle nous fournira ne porteront pas à faux, & leur jufteffe devra être cenſée proportionnelle au nombre des Aurores Boréales qu'elle contient. me Je dois auffi avertir que comme dans l'ufage que nous aurons à faire de cette Table, nous nous règlerons fur la fituation actuelle où se trouvoient les corps céleftes torfque les Phéno- mènes ont paru, & fur le temps Aftronomique, pluftôt que fur le temps Civil & Politique, j'ai été ſouvent obligé de changer les dénominations des jours & des mois, auxquels les Aurores Boréales font rapportées dans les Auteurs de différens pays, felon qu'ils ont fuivi différentes époques, ou un différent Calendrier. Par exemple, l'Aurore Boréale datée du 221 Octobre 1730, dans les Tranſactions Philofophiques de la Société Royale de Londres, fera miſe dans le dénombrement qui fuit, fous le 2 me Novembre de la même année, confor- mément au nouveau Stile; & ainfi de toutes les autres en pareil cas, à remonter jufqu'à l'année 1582, où commence la Réforme Grégorienne: favoir, en ajoûtant dix jours depuis 1582 juſqu'à 1700, & onze jours depuis 1700 juſqu'à aujourd'hui. Mais j'ai cru devoir m'écarter en partie de cette méthode en rapportant les Aurores Boréales plus anciennes, & au deffus de 15 82. J'ai eu égard aux temps Aftrono- miques & au Calendrier Grégorien rétrograde, à raifon d'un jour fur 134 ans, en conftruifant la Table abrégée que l'on 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. 111. 189 ' trouvera à la fin du Chapitre qui fuit, & dans les différens calculs dont elle eſt le fondement; mais j'ai conſervé l'án- cienne date à ces Phénomènes dans le dénombrement qui précède cette Table, conformément aux paroles des Auteurs cités. La raifon que j'ai eue pour en ufer ainfi, c'eſt qu'en certains cas ce changement auroit trop défiguré les paffages de ces Auteurs, foit à cauſe des allufions qu'ils peuvent faire quelquefois aux temps énoncés & à certaines Fêtes, ou autres pareilles circonftances, foit enfin pour faciliter la recherche de ces mêmes paffages aux perfonnes qui vou- dront les vérifier, ou s'en fervir pour travailler fur la même matière. ་ CHAPITRE IV. Dénombrement par Ordre Chronologique des Apparitions de l'Aurore Boréale dont on a connoiffance, & dont on fait le jour ou le mois, depuis le commencement du fixième fiècle jufqu'à la fin de l'année 1731, avec quelques Defcriptions & des Remarques. Nou ous indiquerons les Aurores Boréales qui ont été déjà mentionnées, employées ou décrites dans ce Traité par un Sup. avec la page où il en eft parlé. En 502. Août, le 22. Aurore Boréale bien marquée, & dans un pays fort Méridional; dont Sup. page 180. C'eft la première que je trouve bien datée. En 583. Janvier, le 31. Grég. de Tours, 1. VI. p. 299. Voy. Sup. page 181. En 585. Juillet. Du même Auteur, au même endroit. Grande Aurore Boréale. Il dit qu'elle parut au cinquième mois; c'eſt pourquoi je la rapporte au mois de Juillet, dans la fup- pofition que Grégoire de Tours commençoit l'année au mois de Mars; ainfi que fon Editeur, (le P. Ruinart) l'infinue dans une note. Sup, page 181. A a iij 190 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE *p. 97. *Adelmus.: in vitâ Caroli Magni, anno 807. Annal. Francic. à P. Pithoeo edit. Septembre. Ibid. Aurore Boréale à Couronne, décrite Sup Sect. 111, p. 140. Celle-ci fut fuivie de deux autres; puifque Grég. de Tours qui la rapporte, dit que le Phénomène fut vû deux nuits de fuite, & qu'il ajoûte quelques lignes après, que ces rayons parurent encore la troisième nuit. Ainfi il faut en compter trois ; je les place au mois de Septembre par conjec- ture fur la fuite de la narration, fur la nature des faits qui en font le ſujet, & fur ce que bien-tôt après (1. VIII, ch. xx1) l'Auteur date ce qu'il dit, du mois d'Octobre. En 778. Janvier, le 31. Combat de deux Armées vûes dans le Ciel; Lycofthène. Cet Auteur rapporte à la même année, & au mois de Mars, un paffage de la Planète de Mer- cure par le Soleil; le 16me des Calendes d'Avril, ou le 17 Mars, on vit paffer la Planète de Mercure au milieu du Soleil comme une tache noire. Il ſeroit à ſouhaiter que Lycofthène cût cité les garans, par la raifon qu'on va voir dans l'Article qui fuit. II En 807 ou 808. Janvier, le 28. Autres Armées qui paroiffent au Ciel pendant la nuit, & d'une grandeur ex- trême. Lycofthène place encore ici (en 808) un paffage de Mercure devant le diſque du Soleil, & le 16 des Ca- Hendes d'Avril. C'eft fans doute celui que le P. Riccioli a rapporté dans fon Almagefte*, d'après Adelme ou Adhemar, Auteur Contemporain & Original d'où ce fait paroît avoir été pris, à l'année 807 *, & Képler à l'an 808, dans fon Aftronomie Optique, p. 306. Il y auroit peut-être moyen de concilier tout ceci, en fuppofant que la Planète de Mer- cure a paffé huit fois devant le Soleil, depuis l'an 778 juf- qu'à l'an 808 inclufivement; & non pas pendant huit jours, comme le porte l'hiftoire d'Adhemar. C'eſt ce que conjecture Képler; & il veut qu'on life ainfi cet endroit; Stella Mercurii 16 Cal. April. vifa eft in fole quaſi parva macula nigra : tamen paulo fuperiùs medio centro ejufdem fideris; quæ ocloties (ut ego lego, barbarè, non oclo dies) à nobis confpecta eft. Ainſi je ne .crois pas que nous tombions dans le cas de faire un double emploi de la même Aurore Boréale. } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 191 Août En 859. Septembre Il y a eu plufieurs Phénomènes Octobre. dans ces mois, comme il paroît par les Annales de S. Bertin, citées Sup. p. 182. Dans l'incertitude du nombre, j'en fuppoferai fix, que je diftribuerai proportionnellement fur ces trois mois, à peu-près felon la fréquence du Phénomène qui y règne en général. En 930. Février, le 12. Depuis minuit jufqu'au point du jour, on ne ceffa de voir en l'air & dans tout le Ciel, de ces Armées fanglantes dont le concours de la matière de l'Aurore Boréale vers le Zénit faifoit toûjours naître l'idée. Lycofth En 978. Octobre, le 28. Autres Armées en feu vûes dans le Ciel pendant la nuit. Zahn (Mundi mirabilis economia) d'après le Chronicon Hirfaugienfe de l'Abbé Trithème. En 979. Octobre, fe 27. Memes Signes que ci-deffus, & dans le même Auteur, T. I, p. 423, d'après la Chronique de Liechtenaw (Urfpergenfis.) 603 En 992. Décembre, la nuit de Noel. C'eft Calvifus qui rap- porte ce Phénomène, dans fa Chronol. à l'an ſuſdit, p. (Francof. 1620.) c'étoit une lumière du côté du Nord, capable de faire croire que le jour alloit paroltre, & qui fut fuivie du fegment obfcur, ou comme on l'appelloit, des Gouffres, Chafmata. En oo Décembre, le 26. Rapportée par M. Leibnitz* d'après un Chronologifte Saxon, dont il avoit publié l'ou- vrage, & où le Phénomène eſt décrit en ces termes, ou équi- valens: La nuit de la Fête de St Etienne, nous vîmes un Phénomène miraculeux & inoui dans les fiècles paffés, une Lu- mière qui fe montra vers le minuit du côté du Septentrion, & qui fut fi grande, que plufieurs perfonnes s'imaginèrent que c'étoit le jour qui alloit paroître : elle dura pendant une groffe heure; le Ciel devint enfuite un peu rouge, & il reprit après cela fa cou- leur ordinaire. En 1095. Février, le 24. Voy. Sup. p. 182. En 1098. Septembre, le 25. On voit le Ciel en feu • Mifcell. Berolin. Tome ką ·P. 837: 192 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE pendant la nuit. Lycofthene; & felon le Moine Robert, Hift. 1. V, cité par Lubienietz, Theat. Comet. p. 195, il parut une Comète qui produiſoit une traînée ardente ou une Poutre, du Nord à l'Orient, En 1118. Décembre, le 19. On voit pendant toute la nuit des Armées en feu du Septentrion vers l'Orient, qui fe répandent enfuite dans tout le Ciel. Lycofth. Cette obfervation avec la précédente, & quelques autres du même fiècle, fem- blent indiquer une déclinaiſon Orientale du Phénomène, qu'il a eue en effet quelquefois; mais les Auteurs qui rapportent cette apparence pourroient bien n'avoir fait attention qu'au rouge couleur de feu, que l'on voit très-fouvent à l'Orient pendant l'Aurore Boréale, & nullement à l'Arc Septentrional. Ainfi je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de fond à faire fur cette circonftance, au préjudice des obfervations plus détaillées, qui portent toûjours le gros du Phénomène vers l'Occident; & je fuis confirmé dans cette penſée par par d'autres obſervations du même temps, & dans le même genre, où l'on dit poſitivement que c'étoit la couleur rouge qui brilloit Rob. mon. entre le Septentrion & l'Orient *. 'Lib. V. hiflor. Hierofolym. A. C. 1097 rapporté par M. Mayer, T. 1. p. 366. En 1351 ou 1352. Au mois de Décembre. Voy. Sup. p. 183. Repr. XIII. x111. En 1461. Juillet, le 23. Je trouve dans la Chronique de Mém. Petersb. Louis XI, autrement dite la Chronique fcandaleufe, qu'il parut ce jour-là une de ces prétendues Comètes qui ne fe montrent qu'une nuit, & qui ſemblent mettre tout un pays en feu. Et eft à favoir que le Jeudi 23me jour de Juillet audit an 61... environ heure de nuit, fut vûe au Ciel courir bien fort une très- longue Comète qui jettoit en l'air grand refplendiſſeur & grande clarté, tellement qu'il fembloit que tout Paris füt en feu & en flambe: Dieu l'en veuille préſerver*. *La Chron. du Roi Loys XI.8.0 1558. p. 12. En 1465. Novembre, le 18. Il eſt encore rapporté dans le même livre une apparition toute femblable, & qui pro- duifit la même terreur: Et le Lundi enfuivant, de nuit apparut à ceux qui faifoient le guet & arrièreguet en ladite Ville (de Paris) une Comète qui vint des parties dudit Oft chéoir dedans és foffer DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 193. 4 fofler d'icelle Ville à l'environ de l'Hoftel de Ardoife, dont plufieurs furent épouvantez, non fçacháns que ceftoit*. Ce qui eft * La Chron. indiqué ainfi dans la Table ajoûtée à l'Edition de 1620, XI.8., 1558. Comète chet fur Paris le 18 Novembre 1465, & faifoit p. 70. fembler toute la Ville en feu.... un homme en devint fol de frayeur. Et dans la fuite du texte, il eft dit que, fi en furent portées les nouvelles au Roi en fon Hoftel des Tournelles, qui incontinent monta à cheval, & s'en alla deffus les murs au droit dudit Hoftel de Ardoife, & y demoura grand espace de temps, &fit affembler tous les quartiers de Paris pour aller chacun en Ja garde deffus lefdits murs. Et à cette heure courut bruit que lefdits Ennemis ainfi devant Paris, s'en alloient & deflogeoient. Et qu'à leurdit partement mettoient peine de brufler & endom- mager ladite Ville par-tout où poffible leur feroit. Et fut trouvé que de tout ce il n'eftoit rien. Du refte l'incendie apparent devoit être placé du côté du Nord & du Nord-eft; puiſqu'on le ſuppoſe venir de l'Oſt, &c. Car l'Armée & les principaux Chefs de la Ligue, dite du bien public, étoient alors en partie à S.¹ Denys, & en partie autour du Fauxbourg S. Antoine. Tout ceci eft encore plus circonftancié dans le texte de l'Edition de cette Chronique, qui a été jointe à celle de Phil. de Comines, 1714. C'eft, dit-on, à fix heures du matin que l'homme dont il eſt parlé ci-deſſus devint fol, & perdit fon fens & entendement... en allant ouïr Meſſe au St Eſprit. Et l'on en a conclu mal-à-propos, que le Phénomène n'avoit paru qu'à cette heure-là; quoiqu'on remarque qu'il dura lor- guement. Mais le contenu & la fuite du narré en déterminent fi je ne me trompe, l'apparition & l'alarme générale qu'elle occafionna, dans le fort ou vers le milieu de la nuit. Après quoi il n'y a rien d'extraordinaire que cette grande Aurore Boréale, ainfi que quelques autres pareilles que nous avons vûes, ſe foûtînt encore, ou fe ranimât juſqu'à la pointe du jour, & à près d'une demi-heure de Crépufcule. En 1527. Octobre, le 1 1. Autre prétendue Comète, mais d'une grandeur immenſe, qui n'est guère vifible que vers le Nord, & qui ne dure que cinq quarts d'heure. Ce qui me perfuade Bb 194 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE que ce n'eft que de fa queue qu'on entend parler, c'eſt le mot de longueur dont on fe fert, longitudine erat immenfa, qui ne fauroit convenir à la tête de la Comète, & ce qu'on ajoûte de ſon ſommet recourbé, fummitas ejus incurvati brachii formam & fpeciem habebat. Elle étoit, dit-on, d'un couleur de fang tirant fur le jaune: à quoi ſe joignent des rayons obfcurs en forme de queues, des lances, des épées fanglantes, des vifages d'homme, & des têtes tranchées hideufes par les barbes horribles & les cheveux dont elles étoient hériſſées, & cent autres rêveries, qui faillirent à faire mourir de frayeur la pluſpart de ceux à qui elles rouloient dans la tête; pendant que, que, felon toute apparence, ils n'avoient qu'une Aurore Boréale devant les yeux. Ce Phénomène fut vû en Allemagne, & preſque dans toute l'Europe: il eſt rapporté dans les Cométographes d'après Rocquenbac, Lycofthène, Lavater, &c. En Décembre, le 11 de la même année, parut un Phé- nomène tout ſemblable au précédent, qui fut vû comme Comète, & dans le même efprit, & qui produifit les mêmes effetș. Outre la plupart des Auteurs précédens, Corn. Gemmą en fait mention, d'après Creuffer, qui en avoit été témoin oculaire. Il n'y eût jamais, dit-il, de Comète auffi effrayante par fa grandeur, ni qui portât un caractère plus marqué de la colère céleste, que celle que vit Creuffer; après quoi il la décrit avec les mêmes circonftances que nous venons de voir dans celle du mois d'Octobre précèdent, & il ajoûte qu'à ce fpectacle *De Nat. pluficurs perfonnes tombèrent en fyncope Div. charact. l. I. cap. VIII. p. 210, ginari mihi Hévélius, à qui la Comète du II Octobre paroiffoit déjà affez fufpecte, & qui la traite de Phénomène admirable & extraordinaire, avertit encore plus pofitivement touchant * Vix ima- celle-ci, qu'il a bien de la peine à la recevoir pour telle *. Il la poffum horce trouve d'une grandeur énorme & monftrueufe, fans diftinction Phænomenum de la tête, ou de fa queue; ce qui me porte à croire, comme tam. Cometogr. je l'ai infinué ci-deffus, que les Obfervateurs dont il la tenoit, 1. XII. p. 844. & dont l'illufion & les préjugés étoient furprenans fur cette matière, pourroient bien avoir confondu quelquefois le Segment, & l'Arc même de l'Aurore Boréale, avec le diſque fuiffe Come- + DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 195 ou le noyau de leurs prétendues Comètes. Car s'il ne s'agifloit que de leur queue comparée avec le limbe lumineux de ce Segment, il n'y auroit rien de fi monftrueux à remarquer, fur-tout felon leurs idées à cet égard, & l'Hiftoire fait mention de plufieurs Comètes dont la queue égaloit ou n'étoit pas loin d'égaler en longueur, l'Arc de l'Aurore Boréale. Hévélius n'a pas parlé avec moins de circonſpection de-la Comète qu'on difoit avoir paru en 1529, & à laquelle on donnoit quatre queues tournées vers les quatre points cardinaux du Monde. Il ajoûte qu'elle n'étoit, felon quelques Auteurs, qu'un Chaſma, c'eſt-à-dire, comme on l'appeloit dans ce temps-là, qu'une véritable Aurore Boréale. Nous ne faurions la mettre ici en ligne de compte, n'en ayant ni le jour, ni le mois; mais elle doit fervir à fortifier la préfomption, qu'il y eut une affez grande Repriſe autour de l'année i 5 27, & depuis 1520, comme nous l'avons marqué en fon lieu. Car on voit encore dans le mois d'Août de la même année 1527, & dans les années précédentes, plufieurs de ces apparences de Comète, felon l'idée qu'on s'en faifoit alors, lefquelles on peut à très-jufte titre foupçonner de n'avoir eu le même fondement. que En 1551. Janvier, le 28. Verges fanglantes, Feux hor- ribles dans le Ciel, &c. vûs à Liſbonne. Lycofth. En 1554. Juillet, le 24. Les Feux, les Combats dans l'air, & autres fignes, font décrits dans Lycofthène d'après Fritfchius. En 1556. Septembre. Le cinquième jour de Septembre, on vit à Cuftrin, petite Ville de la Nouvelle Marche (de Brandebourg) vers les neuf heures du foir, des flammes innombrables qui s'élevoient dans le Ciel, & deux Poutres ardentes qui paroiffoient au milieu : le même Lycofthène, citant Fincellus, de Miraculis Jui temporis. C'étoit vrai-ſemblablement un double Arc lumineux fort élevé. En 1560. Janvier, le 30. Vûe à Londres, rapportée par M. Halley d'après l'Auteur cité ci-deffus, p. 184. Repr. xvII. Décembre, le 28. Vûe en Suiffe, rapportée par M. Maraldi d'après Bolovefus. Mém. Acad. 1721, p. 242. Bb ij 196 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 En 1564. Février, le 18. Gemma, ubi Sup. Lib. II, p. 42: Octobre, le 7. Ibid. Avec une belle figure du Phénomène. * Annales of On a encore le témoignage de Stow *. England. En 1568. Septembre, le 25. Gemma, ubi Sup. 1. II, p. 62, avec des jets de lumière, haftis, avec l'Arc & le Segment obfcur qu'on défignoit par le Gouffre, & comme on le voit auffi par la figure qu'il en donne, & qui eſt fort ſemblable à notre Figure XIII, par une crevaffe, un gouffre obfcur qui s'ouvre dans le Ciel du côté du Septentrion, & d'où il part des flammes & des globes de feu pendant toute la nuit. Les mots d'Hiatus & de Vorago dont ſe ſert ici Genima, répondent fort bien au Chafnia des Anciens. Mais il me femble que cet Auteur & fes contemporains employent encore plus généralement le Chafma pour exprimer tout le compoſe du, Phénomène, quelque étendu & varié qu'il puiffe être. Du temps de Képler, au commencement du XVIIme fiècle, on s'expliquoit de même, & quelquefois auffi on ſubſtituoit au mot de Chafma celui de Phafma, deftiné à marquer toute apparition extraordinaire, comme on le verra ci-après. Nous remarquerons à cette occafion que Képler, après avoir dit *p. 280. dans fon Aftronomie Optique comment il fe fait une double réfraction des rayons du Soleil pendant les Eclipfes de Lune, infinue que la lumière des Chafma, ou des Aurores Boréales, pourroit bien être dûe à quelqu'une des deux: Utrum autem alterutra harum ferviat illuminandis Chaſmatis quæ ferè femper Septemtriones fpectant, Phyfici judicent. *p. 262. *p. 175. " En 1573. Janvier, le 27. Rapportée dans Gemma*, avec la figure de l'Arc, & des Rayons. En 1574. Vers la fin de Janvier, & au commencement de Février, il y a pluſieurs prodiges dans l'air pendant la nuit, que Gemma croit avoir été deux Aurores Boréales, credo, dit il, fuiffe Chafmatis genus*, en avertiffant qu'il ne s'arrête à les décrire plus particulièrement, ni à nous en donner la figure, parce qu'il n'en a pas été témoin oculaire : ce qu'il eft bon de remarquer ici, à cauſe de la préférence que j'y donne ſouvent à cet Auteur, qui me paroît du moins n'avoir pas DE L'AURORE BORÉALE.. Sect. IV. Ch. IV. 197 détaillé ou affirmé que ce qu'il avoit vû, ou cru voir. Novembre.. Il y en a deux confécutives dans ce mois, dont l'une au moins étoit à Couronne. Rapportées par Camden, & par Stow. Employées Sup. p. 141. * En 1575. Corn. Gemma* rapporte dans cette année deux De prodigiofa Specie naturaque des plus grandes Aurores Boréales, & des plus complètes Cometa, &c. dont on ait ouï parler dans les fiècles paffés, l'une du mois pp. 10. 135 de Février, l'autre du mois de Septembre. Nous les avons indiquées dans plus d'un endroit de ce Traité, & fur-tout en parlant des Arcs & de la Couronne. Mais la manière dont Gemma les décrit eft curieufe, & l'on ne fera peut-être pas fâché de voir ici quelques lambeaux de fa deſcription. Comme les Aurores Boréales, les Comètes, les nouvelles Etoiles même, & toute eſpèce de Météores, paffoient également en ce temps-là pour des prodiges & des fignes qui influoient fur les choſes à venir, ou qui tout au moins les annonçoient, il ne faut point s'étonner que l'Etoile extraordinaire qui fe montra en 1572, dans la Conſtellation de Caffiopée, & qui venoit tout récemment de difparoître en 1574, eût laiſſé les efprits dans une grande attente de ce qui alloit arriver, tant dans le Ciel que fur la Terre. Notre Auteur lie cette Etoile avec l'apparition des Aurores Boréales (Chafmata five voragines) de 1575, & croit qu'on n'en avoit jamais obſervé de pareilles aux deux grandes qui fuivirent cet augufte figne; car c'eft ainfi qu'il nomme la nouvelle Etoile. L'une, dit-il, parut vers les neuf heures du foir, le 13 Février, l'autre peu de temps après le coucher du Soleil, vers les fept heures, la veille de Saint Michel, ou le 28me Septembre de la même année. La première par l'ordre, la nature, & la variété des formes fous lefquelles elle ſe montra, nous mit devant les yeux un tableau fidèle des calamités, des viciffitudes, & de tous les coups de la Fortune auxquels la Flandre fe trouva bientôt exposée. Et quelques lignes plus bas, l'on apprend ainfi les particularités du Phéno- mène : Que fignifioient donc ces deux grands Arceaux admirables? l'un plus étendu vers le Nord, fembloit puifer dans le Gouffre ténébreux d'où il fortoit plufieurs autres Arcs, & une vafte Bb iij 198 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE lumière ; l'autre déclinant un peu plus vers le Midi, & repréſentant parfaitement l'Iris, par les diverfes couleurs dont il étoit peint, s'étendoit du Levant jufqu'au Couchant en paſſant par la Ceinture d'Orion. Tous deux étoient appuyés vers l'Occident fur le point de l'Equinoxe, & renfermoient la Lune, qui étoit nouvelle. Ce qui fait voir, en ajuſtant le Globe célefte felon les lieux, le temps & l'heure, que le Phénomène devoit être fort élevé, & décliner beaucoup vers l'Occident, comme il arrive communément encore aujourd'hui. L'Auteur pourſuit en faiſant toûjours marcher les évè- nemens avec la deſcription des fignes, & il ne laiffe pas de peindre affez bien ces derniers, malgré encore la terreur continuelle qu'ils lui inſpirent, & qui ne va pas à moins qu'à lui faire dreffer les cheveux à la tête. L'Arc le plus Auftral, dit-il, fe brifa d'abord auprès de la Ceinture d'Orion, & il fortit de fa brèche quantité de rayons, de lances & de javelots enflammés; ils partoient avec une rapidité incroyable... c'étoit l'image d'un fanglant combat.... une noire vapeur qui fe teint quelquefois d'un rouge de fang, fe répand auſſi çà & là dans le Ciel; elle devient enfin d'un couleur de pourpre très-vif.... cependant un nuage blancheâtre & ifolé fe montroit vers l'Occident avec une espèce de tache obfcure à fon milieu...&, ce qui eft digne de remarque, c'eft qu'après avoir terni l'éclat de plufieurs Étoiles, il nous laiſſa voir briller les Pleiades à travers dans un moment où elles en occupoient le centre. Les Pleïades étoient alors à 30 ou 35 degrés de hauteur fur l'Horizon vers l'Ouest. J'aperçus encore, continue l'Auteur, cinq à fix nuages ronds de diverfes couleurs & très-lumineux, à l'approche deſquels la tache de celui dont nous avons parlé ci-deſſus fe trouva tout-à-coup diffipée. Mais un moment après, lès rayons, les lances, & les flammes montent de toutes parts de Stabat interim ut impreffa ma- cula candido velo citra. alterius commercium, fed fuo tamen folo quem priùs invaſerat ambitu circum- fcripta, quumque in eo notatum maximè fuerit, obfcuratis cæteris Stellis, folas Pleiades Septem propě illius centrum illuftres admodum ac fuo fulgore confpicuas perſtitiſſe. DE L'AURORE BOREALE. Sec. IV. Ch. IV. 199 l'Horizon jufqu'au milieu du Ciel, l'incendie gagne du gouffre du Nord jufqu'au Zénit, devient univerfel, & une mer de feu s'élève à grands flots du fond de cet abîme infernal (a). Et afin qu'il ne manquat rien à tant de prodiges pour nous figurer les évenemens futurs, la face du Ciel fe trouva alors changée pendant une heure de temps, en une espèce étrangère de Cornet à jouer aux dés, le blanc & le bleu fe fuccedant alternativement dans les rayons de lumière & dans les pelotons de flamme, j fe # réunissant quelquefois, en tournoyant avec une extrême viteſſe; comme on voit qu'il arrive aux rayons du Soleil qui fe croifent au foyer d'un miroir ardent. Sup. p. 140. Je crois qu'il n'eft pas difficile de reconnoître dans cet amas de circonftances, tant vraies, que chimériques, le concours de rayons au Zénit, la Couronne, ou ce que Grégoire de Tours, & notre Auteur lui-même appelent ailleurs, le Sommet du Pavillon. Ce qui fuit en fournira la preuve. L'Aurore Boréale du mois de Septembre (le 28) ne fut ni fi terrible, ni ſi bien démêlée dans fes divers Phénomènes, au jugement de l'Auteur. Cependant il y décrit prefque tout ce qu'il a obfervé dans la précédente, quoiqu'en d'autres termes, & fous un autre point de vûe par rapport aux préfages; les Arcs, les lances, les jets & les vibrations de lumière, la vapeur fumeufe comparée à celle qui s'élève du chaume qui brûle, & enfin une montagne ardente ceinte de rayons lumineux, qui n'eſt autre choſe, à mon avis, que le gouffre du Nord, ou le Segment obfcur devenu clair & blancheâtre, comme il le devient d'ordinaire fur la fin des grandes Aurores Boréales. La Couronne eft exprimée ici nommément par un concours de rayons au Zénit qui repréſentent parfaitement le Sommet d'un Pavillon circulaire, fous lequel il fe fait un choc fréquent & une espèce de combat de la lumière rompue & réfléchie (b). (a) Sed paulopoft undecunque fur- gentibus haftis, & flammis novis, fagrare Coelum à Borea plaga ufque in verticem videbatur, infernâ vora- ginis parte fe velut in fluctus mariti- mos attollente, &c. (b) Mox etiam coïtus radiorum faftigiato vertice in Papilionis five Tentorii aptiffimam formam fub quo difcurfus iterum creber & veli- tatio, & alternata refractio lucis. 200 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE inde vibratis ve- Ce Phénomène étoit compofé fans doute d'affez grandes pièces de matière lumineufe; car l'amas de nuages qui étoit près du Zénit reffembloit quelquefois, felon Gemma, à un grand Aigle fufpendu dans les airs par le balancement de ſes aîles * Stabat fub- étendues & dirigées de l'Orient à l'Occident*, au lieu que lut Aquila ge- dans l'Aurore Boréale du mois de Février, le Ciel étoit rempli minis alis ab de ce que nous avons fouvent indiqué par des pelotons du Phoſphore, ignium globos.... nubium .... fpecie rotundos. De forte que tout confidéré, l'Aurore Boréale du 13 Février 1575 me paroît fort femblable à celle du 19 Octobre 1726, & celle du 28 Septembre de la même année 1575 à celle du 7 Octobre 1731. Sup. p. 141. Elles répondent à la Repr. XVIII. Sup. p. 184. ortu verfus oc- caſum. • Journ. d'Henri III. ou Além. &C. (1719) t. I. » כל دو P. $7. * Differt. De Cometis. Cité par M. Maïer, Comment. Acad. Petropol. t. I. p.366. Le 28 du même mois, vers les dix heures du ſoir, furent vûs fur la Ville de Paris & ès environs, certains feux en l'air, faifans grande lumière & fumée, & repréſentans lances & hommes armés *». Ce qui défigne très-bien notre Phénomène. Octobre. On trouve encore dans la même année une autre grande Aurore Boréale fort bien décrite, & avec beaucoup de détail, par Squarcialupo *, & rapportée au temps de la vendange. Celle-ci étoit encore à Couronne, ou du moins avec un concours de rayons très-bien marqué au Zénit; dont Voy. Sup. p. 141 & 184. Cette partie du Phénomène fe montroit par conféquent alors beaucoup plus fréquemment qu'aujourd'hui. En 1580. Mars, le 6, à la fuite de plufieurs autres Phénomènes qui avoient paru la même année. M. Halley, Sup. p. 162, d'après Moeftlin. Avril, le 6 & le 9, felon les mêmes Auteurs. Septembre, le 10 & le 21, ibid. celle du 21 parut avec la Lune. Sup. p. 162. Décembre, le 26, ibid. En 1581. Février, le 16, ibid. l'Aurore Boréale paroît encore avec la Lune. Sup. p. 162. En 1605. Novembre. « Le Jeudi au foir 17 de ce mois, entre } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 201 « * Journal du règne d'Henri IV. de P. de l'Etoile, t. II. entre 6 & 7 heures du ſoir, la nuit étant ja cloſe, parut fur « Paris un figne étrange au Ciel en forme de Verges rouges, que plufieurs milliers de perfonnes ont vû & remarqué *. Le même Phénomène parut le matin fuivant à Mayence, ainſi qu'il a été remarqué ci-deſſus, & c'eſt de Serrarius que p. 88. nous l'apprenons dans une de fes Lettres à Képler. L'Eclipfe de Soleil, dit-il, du 12me Octobre dernier (1605) fut fuivie de deux Phénomènes (Phafmata) affez remarquables. Car.... le 1 8me Novembre, depuis les trois ou quatre heures du matin, le Ciel fut tout brillant de rayons de lumière qui s'élevoient par reprifes, fur-tout du côté du Nord, & à droite & à gauche, vers l'Orient & vers l'Occident. De manière que le Levant & le Couchant d'Hiver fembloient éclairés par l'incendie de plufieurs Villes*, &c. Sup. p. 119. Décembre, le 20. Le même Auteur, à l'endroit cité, ajoûte S. J. ad Kepl. après la deſcription précédente, qu'un ſemblable Phénomène, Mogunt. datis mais un peu moins marqué, parut le 2ome Décembre fuivant. 7. idus Jan. En 1607. Novembre, le 17. Cette Aurore Boréale fe trouve encore dans le même Recueil de Lettres écrites à Képler*, & doit être miſe au nombre des plus grandes & des plus marquées: auffi parut-elle malgré le clair de la Lune. Des Rayons rouges & blancs qui montoient de l'Horizon Oriental & Occidental jufqu'au fommet du Ciel. Ils ne tendoient pas cependant directement au Zénit; mais ils déclinoient de ce point d'environ 20 degrés du côté du Midi, & ce qui efl fingulier, * c'est que malgré leurs changemens & la fucceffion continuelle des uns aux autres, ils confervoient toujours la même direction à ce point fixe, &c. A Kauffbeuren en Souabe. * Ex Litt. Nic. Serrar. 1606. * p. 274. Ex Litt. D. Brenggeri, Jo. Georg. En 1615. Octobre, le 26. Nous trouvons celle-ci dans une Lettre de La Motte le Vayer, qui eft la 78me, & qui a pour titre De la Crédulité. Ses paroles font remarquables par plufieurs endroits : « Je prendrai, dit-il, le ſecond exemple (de la crédulité) de ce qu'a écrit Bapt. le Grain, que j'eſtime beaucoup d'ailleurs, dans fa Décade de Louis le Jufte; il dit au VIme Livre, qu'il obferva dans Paris, l'an 1615, fur « les huit heures au foir du 26 Octobre, des Hommes de feu «< Cc ર CC 202 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE པ་ » » au Ciel, qui combattoient avec des lances, & qui par ce ſpectacle effrayant, pronoftiquoient la fureur des guerres qui » fuivirent. Cependant j'étois auffi-bien que lui dans la même Ville; & je protefte, pour avoir contemplé affidument jufque fur les onze heures de nuit le Phénomène dont il s'agit, que je ne vis rien de tel qu'il le rapporte, mais feu- » lement une impreffion célefte affez ordinaire, en forme de Pavillons, qui paroiffoient & s'enflammoient de fois à autres, felon qu'il arrive fouvent en de tels Météores. Infinies per- fonnes qui font vivantes, peuvent témoigner ce que je dis.» כג ככ " 2 عاهم En 1621. Septembre, le 12. Aurore Boréale fameufe par elle-même, & fur-tout par l'Obfervateur qui nous en a conſervé la mémoire. Elle commença de paroître un peu avant la fin du Crépuscule, par un temps calme & très- ferein, & la Lane étant cachée fous l'Horizon. Ce fut d'abord comme une espèce d'Aurore qui fembloit naître du côté du Sep- tentrion; & qui monta peu à peu jufqu'auprès de l'Etoile Polaire. Des rayons perpendiculaires à l'Horizon, & des colonnes brillantes s'élevoient de toutes parts du fond de cette lumière; le reſte du Ciel étant fouvent parfemé de petits nuages blancheâtres qui ne duroient qu'un inftant. Il y en eut de rouges vers le couchant d'Eté, avec quelques colonnes obfcures, ou poutres, mêlées d'une eſpèce de fumée qui blanchiffoit quelquefois. Il réfultoit de tout cet affemblage du côté du Nord un grand Arc crénelé ou ftrié, dont le fommet étoit élevé de plus de 40 degrés au deffus de l'Ho- rizon; il avoit près de 120 degrés d'Amplitude, & l'on y voyoit par-tout les Etoiles à travers excepté proche de l'Horizon. Il en fortoit, & de tous les environs, des jets de Jumière, des vibrations, & comme des Eclairs, dont le mou- vement tendoit vers le Zénit. Ce fpectacle dura plus d'une heure en cet état, &c. D'après Gaffendi, Tome 11 de fes Œuvres, p. 108, dans fes Commentaires fur le Xme Livre de Diogène Laërce, p. 1137.& dans la vie de Peyrefc. lib. III. Voy. Sup. pp. 55, 118, 141 & 185. En 1686. Janvier, le 23. Obfervée à Mittelheim petit } $ DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 203 * Mifcellan curiof. anno bourg du Ringaw, fur le Rhin, près de Mayence, par Jo. Théodore Moeren*, avec grande furprife de fa part, & avec l'alarme de tout le pays qui prit ce Phénomène pour un 1686. De- incendie des villages voifins. Sup. p. 34. C'étoit une Aurore cur. 11, obf. Boréale à grands jets de lumière, & qui s'étendoit beaucoup vers l'Occident. Une vapeur nébuleuſe, qui s'étoit répandue fur l'Horizon, & qui augmentoit de plus en plus, empêcha peut être qu'on ne vît le Segment & l'Arc; à moins, comme fuis porté à le croire, que l'Obſervateur à qui ce ſpectacle étoit nouveau, n'ait pris le Segment même & la matière obſcure & fumeuſe du Phénomène pour le brouillard & le nuage dont il nous parle. Je penſe qu'une Aurore Boréale fi marquée auroit paru en France & en Angleterre, & qu'on en auroit fait mention, fi la conſtitution du temps n'y avoit été contraire. Pour m'en éclaircir, j'ai eu recours aux Obſervations Météorolo- giques; mais il s'eft trouvé malheureuſement, que ces fortes d'obſervations n'ont été en règle dans l'Académie des Sciences, qu'en 1688, & qu'à l'égard de la Société Royale de Londres où elles ont commencé plus tôt, elles font cependant défec- tueuſes en cet endroit. VII. p. 218. En 1687. Juillet. On peut recueillir de l'Art. xxxvII de l'ouvrage de feu M. Caffini fur la Lumière Zodiacale que l'Aurore Boréale s'eft montrée pluſieurs fois au com- mencement de ce mois, mais peu marquée. Cette Lumière Septentrionale fi blanche, qui depuis la fin du mois précédent jufqu'au ro de Juillet, paroiffoit à onze heures & à minuit «quand la Lune ne ſe levoit que fort tard, qui ſe voyoit entre les pieds de devant de la grande Ourſe, & la Chèvre, qui « étoient prefque à égale diſtance du Méridien, l'une du côté d'Occident, l'autre du côté d'Orient, & qui formoit comme « un Arc qui fe perdoit inſenſiblement à une hauteur égale à celle de ces Aftres» : toutes ces apparences, dis-je, ne peuvent convenir qu'à l'Aurore Boréale telle que nous la connoiffons aujourd'hui. Mais elle étoit alors fi peu connue, qu'il ne faut point s'étonner que M. Caffini n'en faffe point mention << « Cc ij 204 TRAITÉ PHYSIQUE ET $ Sect. I. Ch. VIII. HISTORIQUÉ explicitement, & qu'il fe contente de «< douter fi cette lumiere » étoit celle du Crépuscule ordinaire fimple, ou fi elle étoit mêlée de la Lumière Zodiacale ». Car on fait d'ailleurs, & nous en avons parlé ci-deffus*, que l'Aurore Boréale paroiffoit en Danemarck dans ces temps-là, & qu'elle parut même quel- quefois dans les années fuivantes, en 1692, par exemple, à Cinq-Eglife; comme l'a rapporté M. Godin, en 1726. Mais je n'ai pû trouver la date des mois. Berolin. t. I. Au refte, il faut prendre garde dans l'endroit cité ci-deffus de M. Caffini, qu'on avoit écrit le 10 de Juin, au lieu du 10 de Juillet, comme il eſt aiſé d'en juger par la fuite du diſcours & par la circonftance de l'heure du lever de la Lune. Ce qui eſt ici de quelque importance, parce que le Crépuscule du foir, qui fe confond avec celui du matin vers le 10 ou le 12 de Juin, finit d'ordinaire à onze heures dans ces mêmes jours du mois de Juillet. Nous ferons encore ici la même remarque qu'à l'égard de l'Aurore Boréale de 1686: les Obfervations Météorologiques nous manquent, pour voir d'où vient que ces Phénomènes n'ont point été observés en des pays plus Septentrionaux. $7 Dans la Table de ce Dénombrement, qu'on trouvera ci-après, j'exprimerai par ***, dans la cellule du mois de Juillet, ce nombre indéterminé d'Aurores Boréales qui ont paru en 1687. Et à l'égard des Aurores Boréales qui fuivent, comme elles font pour la plus grande partie tirées des Mé- moires de l'Académie des Sciences, de ceux de la Société Royale de Londres, des Actes de Leipfic, & de mes propres Obſervations, j'indiquerai chacune de ces fources par une abréviation, ſavoir, l'Académie des Sciences par Acad. la Société Royale de Londres par Soc. Leipfic par Leipf. & mes Obfervations par Obferv. En 1707. Février, le 1. Obfervée à Coppenhague, & Mifcell. décrite par M. Ol. Roemer*; elle fut à deux Arcs, & à grands jets de lumière, mais peu élevée ſur l'Horizon, le 1er Arc n'ayant par fon Sommet entre le Nord & le Couchant que 3 degrés de hauteur, & le fecond environ 2 degrés de plus, P. 131. } DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 205 tomme je le juge par la figure que M. Roemer en a donnée. *** Mars, le 1. idem, ibid. Le 6. Décrite par M. Chrift. Mat. 'Seidelius (ibid) qui l'obſerva à Schomberg dans la Vieille Marche, & par M. G. Kirch à Berlin (ibid) elle fut très-grande. Employée Sup. 141 & 152. Novembre, le 27. Soc. N.° 320. Vûe en Irlande par M. Neve, communiquée par M. Derham. $ En 1708. Août, le 20. Soc. N.° 347. Vûe .près de Londres, par le Lord Evêque d'Herford, & rapportée par M. Halley. Septembre, le 15. On trouve dans le Vme tome des voyages de Corn. Bruyn, édit. de Rouen, p. 299, que s'en retournant d'Arcangel en Hollande, & fe trouvant en mer au 65me degré 55 min il vit pendant la nuit un Phénomène de Lumière extraordinaire dans l'air avec de grands rayons, de forte que a l'air paroiffoit tout en feu, & qu'on auroit pû lire fans - chandelle, mais que cela ne dura que l'efpace de 2 ou 3 « minutes ». Ce peu de durée n'eſt apparemment relatif qu'aux rayons de lumière, & à la grande clarté, à quoi ſeulement on faiſoit attention. En 1710. Novembre, le 26. Leipf. an. 1711, obſervée à Gieffen, par M. Jo. Georg. Liebknecht. J'ai confulté ici avec plus de fuccès qu'en 1686 & 87, les Obfervations Météorologiques, pour voir d'où vient qu'il ne fut fait aucune mention de toutes ces Aurores Boréales à Paris, & qu'on ne trouve rien de pareil dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, qu'en 1716. Les Regiftres de M. de la Hire, qui s'étoit chargé de ces Obſervations, por- tent, qu'à tous les jours nommés ci-deſſus, excepté le ſeul premier Février 1707, le Ciel avoit été couvert de nuages ou de gros brouillards. Les Ephémérides Météorologiques de Breſlaw en Siléſie, par David Grebner, quoique dreffées pour un pays qui approche beaucoup de la plufpart des endroits où ces Phénomènes ont été vûs, donnent cependant pour tous les jours marqués, ! Cc iij 206 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE excepté le premier Février & le 6 Mars 1707, de la pluie, du brouillard, ou de la neige; ce qui montre que ce furent en général des jours d'un temps fort couvert en Europe, à l'exception de quelques lieux particuliers, & peut être feulement pour quelques heures. Et à l'égd de l'Aurore Boréale du premier Février 1707, obfervée à Coppenhague par M. Roemer, 5 à 6 degrés tout au plus au deffus de l'Ho- rizon, il n'eft pas furprenant qu'elle n'ait pas été vûe en France, & à Paris, c'eft-à-dire, à environ 7 degrés de Latitude de moins ou vers le Sud. Elle ne pouvoit y paroître que par une légère clarté, à laquelle on prend peu garde, quand on n'a point lieu de s'attendre à ces fortes de Phénomènes. En 1716. Mars, le 15 & le 17. Celle-ci eft fameuſe. Acad. Soc. C'eft principalement a Londres qu'elle fut vûe dans tout fon éclat. Sup. pp. 56₂ 118 & 141. Avril, le 11, le 12 & le 13. Acad. Soc. Décembre, le 15 & le 16. Acad. En 1717. Janvier, le 6, le 9, le 10 & le 11. Acad. Supė p. 164. Septembre, le 20. Soc. Sup. p. 122. En 1718. Mars, le 410 Acad. Septembre, le 16. Acad. Soc. Le 17, le 22 & le 24. Soc. Octobre, le 22. Soc. Novembre, te 23. Acad.* Décembre, le 30. Soc. En 1719. Février, le 22. Acad. Mars, le 23. Soc. le 25. Acad. Avril, le 7. Acad. Soc. Novembre, le 6, le 20 & le 21. Soc. Cette DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV: 207 1 dernière eut un Dais, ou une Couronne, qui paroiffoit & difparoiffoit par repriſes. On eft für que cette Couronne déclinoit d'environ 14 degrés du Zénit vers le Midi, M Halley, qui en fut l'Obſervateur, en ayant déterminé la pofition par le moyen d'une Etoile qui en occupoit le centre, & qui étoit la 3 3 me de la grande Ourfe dans le Catalogue de Tycho-Brahé. 33 Çe Phénomène ne fut vû que par hafard à cinq heures du matin, le Nord n'ayant plus de Segment obſcur, ni d'Arc ; `ainſi il doit être regardé comme une faite ou comme les reſtes de celui de la veille. Philof. Tranfact. N. 363. Il reſſemble beaucoup à ceux du 18 & 20me Novembre 1605 & 1607, que nous avons rapportés d'après Serrarius & Berenger, p. 201. 1719. Décembre, le 5. Soc. En 1720. Janvier, le 28. Soc. Février, le 6, le ro & le 11. Acad. Mars, le 9. Acad. 1 Août, le 15. Acad. Septembre, le 10. Acad. Le 28. Soc. Novembre, le 29. Acad. Voici ce que M. Maraldi nous a laiffé fur ce Phénomène *, avec une Remarque im- * Mém. Acad. portante qu'il fait à ſon occaſion. an. 1721. P. 2. « «Le 29 Novembre l'Aurore Boréale parut fort claire & fort grande pendant 5 heures, c'est-à-dire, depuis fix heures & demie du foir que je commençai de la voir, juſqu'à onze « heures & demie qu'elle fut couverte par des nuages. Elle étoit formée en Arc dont la convexité regardoit le Zénit; « elle occupoit d'abord l'étendue du Ciel compris depuis les « pieds précédens de la grande Ourfe vers l'Orient jufqu'au delà des Etoiles qui font dans l'extrémité de ſa queue. A « ſept heures & demie du foir, le Ciel s'étant couvert du côté « du Nord, on voyoit par quelques ouvertures que laiffoient « les nuages, le Ciel fort clair, ce qui marque que la lumière ne s'étoit point diffipée, & qu'elle étoit au-deffus des nuages « " - 208 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE } » Le Ciel s'étant découvert à 8 heures & un quart, la lumière parut avec plus d'éclat qu'auparavant & plus élevée fur l'Ho- » rizon; elle continua de paroître fort claire jufqu'à onze heures » & demie du ſoir, toûjours attachée aux mêmes parties de l'horizon, pendant que les Etoiles de la grande Ourſe qui du » commencement étoient vers le Nord dans la partie inférieure » de leurs cercles au deffus de la lumière, avoient paffé vers » la partie Orientale de l'Horizon; ce qui prouve que la lumière » ne participoit point du mouvement univerfel, & qu'elle étoit dans l'Atmoſphère >> ». En 1720. Décembre, le 28. Acad. 2 En 1721. Janvier, le 17. Acad. Soc. le 22. Acad. Février, le 17. Acad. Soc. Leipf. Sup. p. 127; 142 & 153. Voy. Acta erud. 1721, p. 157, & le Pharus, five de prodigiofis ignis cæleftibus, &c. de M. Liebknecht, p. 55, où la deſcrip tion en eft plus exacte. Le 22. Acad. 'Mars, le 1. Acad. Liebkn. Sup. p. 127. loc. cit. p. 59. Septembre, le 16. Liebkn. ibid. p. 66. Le 22. Acad. Soc. Octobre, le 21. Acad. En 1722. Janvier, le 7, le 8, le 9 & le 1 2. Acad. Février, le 20. Acad. Septembre, le 5, le 6, & le 10. Acad. Le 12. Obferv. Le 16. Acad. Soc. Octobre, le 3. Acta Phyfico-med. Le 14. Acad. Soc. Le 15. Soc. Novembre, le 9. Acta Phyfico-med. Décembre, le 3 1. Comm. Acad. Bon. Sup. p. 1 04; eft la première qui ait été obſervée en Italie, En 1723. Janvier, le 3. Acad. Soc. Sup, p. 159. 1723: DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. IV. 209 1723, Février, le 4. Acad. Sup, p. 159. } En 1724 Mars, le 2. Soc. Le 2 5. Acad. Le 26. Acad. Soc. Avril, le 24. Acad. Août, le 31. Soc. Octobre, le 31. Soc. Novembre, le 1. Acad. Décembre, le 2. Acad. Mars. Octobre. S } Acad. Je n'ai pû ſavoir le quantième, En 1725. Janvier, le 9. Acad. Octobre, le 5. Acad. Ee 6. Acad. Soc. Le 7. Acad. En 1726. Septembre, le 26. Obferv. Sup. p. 163. Octobre, le 14. Acad. Soc. Le 15. Soc. Le 19. Acad. Soc. Obferv. &c. L'Aurore Boréale du 19me Octobre 1726 paffe commu- nément pour la plus grande, la plus complète & la plus remarquable dont on ait connoiffance. Comme avec cela elle eft la plus connue, nous l'avons préférée à toute autre dans les exemples, & dans les explications que nous avons eu à donner fur cette matière. Ainfi qu'on le peut voir, Sup. pp. 1,56 & fuiv. 104, 118, 122, 133, 137, 139, 140, 142, 144, 147, 155 & 200. Nous nous fommes prefque toûjours réglés fur la Deſcription que nous en fimes dans le temps, & qui eft imprimée avec les Mémoires de cette même année 1726. Ceux qui fouhaiteront voir d'autres Deſcriptions de ce Phénomène, les trouveront dans ces Mémoires, dans le xxxivme volume des Tranfactions Philofophiques d'Angleterre, dans le premier des Mémoires de l'Académie de Bologne, & dans la plupart des ouvrages périodiques que l'on imprime en Europe. Outre cela il nous en vint un grand nombre d'autres manufcrites de différens pays, Dd T 3 210 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE à l'Académie des Sciences, & en particulier à M. Maraldi, & à moi, entre leſquelles il n'y en a pas de plus exacte, ni de plus curieuſe que celle qui fut envoyée à cette Compagnie M. de Plantade, de la Société Royale de Montpellier. par En 1726. Novembre, le 4. Obferv. Elle fut vûe en Pro- vence. Le 6. Soc. Le 19. vûe à l'Occident. L'Obſervation avec Figure m'en fut commu- niquée par M. Godin. En 1727. Janvier, le 15 & le 16. Soc. Le 17. Acad. Mars, le 13. Soc. Le 17. Soc. & Acadent. Bolog. où il eſt remarqué que c'eft la première Aurore Boréale qui y ait été obfervée Aftronome: Sup. p. 104. Le 16. Soc. par un Qctobre, le 19. Acad. Obferv. Le 2 1. Soc. Obferv. En 1728. Février, le 7, le 9, le 11 & le 1 3. Obfervées M. Muffchenbroek à Utrecht, & marquée dans fa Table Météorologique de 1728. par Mars, le 1. Obferv. Le 20 & le 30. Par M. Muffchenbroek, loc. cit. Avril, le 2, le 9 & le 12. Ibid. Juin, le 25. Acad. Obferv. Juillet, le 3 & le 13. Obferv. Le 16. Acad. Août, le 2 & le 29. Acad. Obferv. Le 31. M. Muſſchenb. Septembre, le 15. Acad. Le 27. Obferv. Et le 30. M. Muffchenb. Octobre, le 2. Obfervée à Breuillepont, & remar- quable par la manière réglée & infenfible dont elle paffa de l'Occident, où elle déclinoit d'abord, de 14 ou 15 degrés, au deffous de 'Etoile Polaire exactement, & enfuite de 3 ou 4 degrés, vers l'Orient. Le & le 12. DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. IV. 211 $ Obferv. M. Muffchenb. Le 24. Obferv. Soc. Le 25. Obferv. Le 29 & le 30. Muſſch. 1728. Novembre, le 2. Muſſch. Le 4. Obſerv. Le 23. Obferv. & Muſſch. En 1729. Janvier, le 17. Soc. Mai, le Acad Obferv. 29. Juin, le 15 & le 26. Acad. Obferv. Septembre, le 15 & le 22. Acad. Obferv. Octobre, le 13. Acad. Obferv. Novembre, le 1 6. Acad. Obferv. &c. Très-grande; remarquable par un grand Cercle vertical qui l'accompagnoit. Acad. & Sup. p. 1 1 3. En 1730. Janvier, le 9. Soc. Sup. p. 112. En Février, le 4. Obferv. Sup. p. i 1 3. Le I 15. Soc. Obferv. avec une Bande rouge Zodiacale, &c. dont Voy. Sup. pp. 64, 113 & 153. Mars, le 6. Obferv. Avril, le 12 & le 16. Obferv. Juin, le 21. Obferv. grande & avec Couronne, dont Voy. Sup. pp. 76 & 118. Septembre, le 27. Obferv. & une autre dont je ne fais pas le jour, dans le même mois. Octobre, le 7 & le 9. Obferv. accompagnée, ou précédée d'une eſpèce de Nuage fingulier tout auprès des Pleïades. Sur quoi Voy. Hift. Acad. 1730. p. 6. Le 12 & le 23. Obferv. Novembre, le 2. Soc. Obferv. vûe peu marquée en France, & très-grande & complète en Amé- rique. Sup. pp. 118 & 142. Le 4 & le 5. Soc. 1731. Septembre, le 26. Sup. p. 164. Le 27, le 28, le 29 & le 30. Obferv. } D d ij 212 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1731. Octobre, le 2 & le 3. Sup. p. 153. Le 4, le S & le 7. Sup. pp. 118 & 161. Le 8. Sup. pp. 63, 118, 142, 144& r61; Le 23 & le 24. Sup. p. 162. Le 25. Sup. p. 161. Le 28. Obferv. Décembre, le & le 18. Obferv. S pas On n'avoit peut-être jamais vû autant de grandes Aurores Boréales en fi peu de temps, qu'il y en a eu dans l'Automne de 1731. Celle du 2me Octobre, dont nous n'avions encore fait mention, fut fingulière par l'accroiffement extraor- dinaire du Segment & de l'Arc. Elle n'avoit commencé à ſe montrer que vers les dix heures du foir, par une très-petite clarté qui bordoit l'Horizon au deffous du quarré de la grande Ourfe; mais elle croifſoit à vûe d'œil, quoiqu'avec beaucoup de règle & d'uniformité. De manière que vers les 11h, fon Arc pouvoit avoir 20 ou 25 degrés de hauteur, fur 120 ou 125 d'Amplitude. Elle me parut être quelque temps ſtationnaire en cet état, ou même aller en diminuant. Mais à minuit & demi, tout le Phénomène reprenant de nouvelles forces, nous fit voir en moins de 5 à 6 minutes un incendie preſque univerfel. Les jets, les vibrations de lumière, les ondulations & les éclairs arrivent, & font redoublés; l'Arc ou la lumière Septentrionale occupe plus de 150 degrés fur l'Horizon, monte, s'étend, parvient au Zénit, & paffe bien-tôt au delà. Ses bords fe trouvoient par ce moyen vers le Midi, mais interrompus, mal ter- minés & entrelacés de flocons de matière blancheâtre. Je les vis paffer ainfi fucceffivement de l'Etoile du Nord, par la Conſtellation de Caffiopée & jufqu'auprès des Etoiles de la tête du Bélier. I laiffoit donc le Zénit derrière lui, & fe portoit vers le Sud. De forte que pour en voir les jambes & l'Amplitude, il falloit tourner le dos au Septentrion, &c. Voy. Mém. 1731, p. 382. DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IV. 213 TABLE abrégée, ou Réduction du Dénombrement précédent. AURORES BORÉALES qui ont paru. De 500 à isso 1550 S De 1550 à 1622 2 7 2 *** I Décembre. Novembre. Octobre. Septembre. SOMMES pour les Années. 1 2 3 7 3 27 I 3 4 28 4 De 1622 à 1707 De 1707 à 1716 En 1716 2 2 3 1 2 2 VIN 7 7 En 1717 4 En 1718 1 En 1719 En 1720 1 3 1 En 1721 2 2 1 En 1722 4 4 1 1 I 8 2 1 3 I 8 2 1 10 2 8 4 4 - I I 15 1 I 1 10 I 3 En 1723 En 1724 En 1725 En 1726 En 1727 En 1728 1 3 3 4 3 3 I En 1729 I En 1730 I 2 1 2 En 1731 SOMMES pour les Mois. 21 27 22 1 2 1 I 2 3 4 I 3 3 7 2 8 3 3 4 6 3 30 • 2 I 8 I 2 4 3 5 10 2 S 7 a 34 50 26 15 16 17 Somme totale 229 Ddiij 214 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE { CHAPITRE V. Des Nauds, des Poles, des Limites & de la Déclinaifon de l'Atmosphère ou de l'Equateur Solaire. P UISQUE nous fuppofons avec feu M. Caffini, que parell l'Atmoſphère du Soleil eft couchée de part & d'autre fur le plan de fon Equateur en forme de Lentille dont le trenchant ſe confond avec ce même plan, & que cette fuppo- ſition ſe trouve confirmée par plufieurs Obſervations de la Lumière Zodiacale que nous avons faites depuis quelques années, il ne s'agit pour déterminer la fituation de l'Atmo- ſphère du Soleil par rapport aux Orbites Planétaires, que de fixer exactement celle de fon Equateur. Le mouvement parallèle, & en temps égaux des Taches du Soleil fur un même Axe, de l'Occident vers l'Orient, à différentes diſtances du centre, & en déclinaiſon tant Auſtrale que Boréale, prouve qu'elles font emportées d'une impulfion commune avec fa furface, & comme ne faiſant avec lui qu'un feul & même corps. Car fi c'étoient des Planètes, ou fi elles ſuivoient fur la ſurface du Soleil un mouvement Vertical pareil à celui des Planètes, elles devroient, étant ſuppoſées à même diſtance du centre, circuler toutes en temps égaux dans de grands cercles, dont les plans fe couperoient au centre du Globe Solaire, ou en temps inégaux dans leurs petits cercles parallèles; & fi elles étoient à différentes diſtances du point Central, elles devroient encore circuler en temps inégaux dans les grands cercles mêmes. D'où l'on a été fondé à conclurre que le mouvement du Globe du Soleil, ou du moins celui de ſa ſurface étoit le même que celui de fes Taches. On trouva donc par l'Obſervation des Taches, & peu de temps après l'invention des Lunettes, que l'axe du Soleil étoit incliné de 7 degrés à celui de l'Ecliptique : ainfi qu'il DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. V. 215 * Rofa Urfi- na, &c. Part. 1626. paroît par le grand ouvrage du P. Scheiner fur cette matière*. Mais quarante ou cinquante ans après Scheiner, M. Caffini II. cap. 11. a détermina cette Inclinaiſon à 7 degrés & ; c'eft ce qui eſt répandu en divers endroits de fes ouvrages, & qu'on lit auffi dans l'Hiftoire de l'Académie de M. Duhamel. Mais comme M. Caffini ne s'eſt expliqué là-deffus nulle part d'une manière plus exacte & plus détaillée, que dans l'abrégé d'Aftronomie que nous avons de lui, donné en 1678, & encore manuſcrit, je crois ne pouvoir mieux faire que d'en tranſcrire ici les paroles fur ce fujet. u ༦ « Les taches du Soleil montrent qu'il tourne fur fon axe autour de la Terre en 27 jours & ; à l'égard des Etoiles « fixes en 25 jours & 4. L'axe de la révolution eſt incliné à « l'Ecliptique de 7 degrés & ½, & demeure toûjours pointé aux mêmes Etoiles fixes. Le Pole Auftral du Soleil ſe rapporte au 8me degré de la Vierge, & le Pole Boréal au 8me degré des Poiſſons. En même temps que le Soleil parcourt l'Eclip- tique, les Poles de la révolution du Globe du Soleil fe voyent décrire dans fon Difque apparent deux petits Cercles «< autour des Poles de l'Ecliptique tranfportés fur la furface du « Soleil. Ils font tous les deux dans le bord du Soleil, lorſqu'il ſe « trouve à 8 degrés des Gémeaux & du Sagittaire. Alors les « Cercles des Taches du Soleil fe repréfentent comme «< des lignes droites, inclinées à l'Ecliptique de 7 degrés & ½. Quand le Soleil eft au 8me degré des Poiffons, le Pole Septentrional du Soleil eft dans fon Apogée, le Méridional « dans fon Périgée, élevé fur le Difque apparent du Soleil, & les Cercles des Taches du Soleil ſe préfentent comme «< des Ellipfes courbées [convexes] vers le Septentrion: mais « quand le Soleil ſe trouve à 8 degrés de la Vierge, le Pole « Méridional eft dans fon Apogée, le Septentrional dans fon Périgée, élevé fur le Difque apparent du Soleil, & les « Cercles des Taches fe préfentent comme des Ellipfes tournées « [convexes] vers le Midi. apparens Dans l'Article XXV du Difcours fur la Lumière Zodia- cale, M. Caffini remarque que, felon Kepler, l'Inclinaiſon << « << 216 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Fig. XIX. * บ de l'Equateur Solaire à l'Ecliptique devoit être en l'année 1700, de 6 à 7 degrés, & foni Noeud Aſcendant au 1 ome degré, ou environ, des Gémeaux. Par où il femble avoir infinué, qu'il pourroit bien y avoir de la variation dans ces points, & du changement à faire à ces déterminations, par la fucceffion du temps. Cependant comme je ne fache pas qu'il ait été rien fait depuis qui doive nous donner lieu d'y fuppofer quelque changement, nous nous en tiendrons au premier énoncé, à l'Inclinaiſon de 7 degrés &, &c. jufqu'à une plus ample inſtruction. Je conçois donc que ſi AKBI repréſente le Globe du Soleil, ou une Sphère quelconque, qui ait le Soleil à fon centre S, IGKT l'Ecliptique, dont le Pole Boréal eſt B, & l'Auſtral A; eq un Arc de l'Equateur du Monde, qui paffe par le point e de l'Equinoxe du Printemps; & EGQT l'Equateur Solaire dont le Pole Boréal eft &, & l'Auſtral a, les deux axes BA, ßa, faiſant entre eux un angle de 7 degrés &, de même que les plans ou demi-cercles KGT, QGT, ou leurs rayons KS, QS, au point S; le point de l'Ecliptique X, le plus proche du Pole Boréal ß, ſera au 8me degré du Signe des Poiffons, & réciproquement le plus proche V du Pole Auſtral a, au 8me degré du Signe de la Vierge. De manière que le grand Cercle ou le Colure BVAX, que l'on feroit paffer par ces poins de l'Ecliptique, iroit couper l'Equateur Solaire aux points L, M, de fes Limites, à 90d de fes Noeuds G, T, de part & d'autre. Et fi l'on fuppofe que l'ordre des Signes, dans la Figure, foit ſelon eGVK, le Noeud Aſcendant ſera en G, & le Deſcendant en T, l'un au 8me degré des Gémeaux, & l'autre au 8me du Sagittaire, par où paffe de même le Colure BGAT, qui coupe le précédent à angles droits. D'où il fuit que le Pôle Boréal du Soleil &, doit fe trouver à peu-près entre le premier & le ſecond Noeud du Dragon & les deux Etoiles de la 4me grandeur, dont l'une eft marquée dans Bayer, & l'autre o dans Flamsteed, celle-ci n'ayant point de lettre dans Bayer, quoiqu'elle y foit marquée. Le Pole Auftral & répond DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. V. 217 répond à la Carène du Navire, ou au deffous, près du Poiffon Volant, & de quelques Etoiles Informes.. On peut joindre ici la Fig. II, qui repréfente l'Atmo- fphère & l'Equateur Solaire projetés fur une partie de la concavité de l'Hémisphère Boréal du Ciel, (comme il a été expliqué Sect. 1, Ch. IV) & où RIEO marque l'Orbite de Mercure, VDCB celle de Vénus, Ap Fa celle de la Terre, dont l'Aphélie eft en a, & le Périhélie en p, MLNH, l'Orbite de Mars, &c; duvλ eft l'Ecliptique ou plutôt l'E- quateur Solaire faifant ici la fonction de l'Ecliptique, & auquel font rapportés les Signes v, 8, I, &c. Les Poles Septentrionaux de l'Ecliptique ordinaire, & ceux du Monde, Q, P; fur un Méridien PQX, les Colures Solaires v♪, λµ, y ont été auffi placés à peu près au lieu où ils doivent être, avec quelques Etoiles de l'Hémisphère Boréal, &c. De ce que l'Equateur Solaire décline de 7 degrés & par rapport à l'Ecliptique, & qué l'Ecliptique décline d'environ 23 degrés par rapport à l'Equateur Terreftre, il ne s'enfuit pas que la Déclinaiſon totale de l'Equateur Solaire par rapport à l'Equateur Terreſtre ſoit de 23 plus 7 degrés, ou de 3 1 comme l'ont imaginé des perfonnes d'ailleurs affez au fait du Syſtème du Monde. Elle n'eſt pas non plus de 23 moins 7, ou de 16; mais elle tient un milieu entre la fomme des deux Inclinaiſons, qui eft 31, & l'Inclinaiſon de l'Ecliptique, qui eſt 23 1. Pour nous faire là-deffus des idées plus exactes; ſuppoſons, 1.° que les Noeuds de l'Equateur Solaire par rapport à l'E- cliptiqué fe confondent avec les Noeuds de l'Ecliptique par rapport à l'Equateur de la Terre, & fe trouvent par conféquent au premier degré d'Aries & de Libra; comme on le voit dans la Figure ci-jointe, où tous les plans de ces Cercles Fig. XX font projetés de profil, & où EQ repréſente l'Equateur du Monde, KL l'Ecliptique, qui le coupe aux points v & ~, confondus ici avec le centre du Méridien ou plan circulaire de projection AQRE, dans lequel fe trouvent les points Solítitiaux de Cancer & de Caper, en L & K. Ainfi KL Ee 218 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE fait avec EQ, l'angle LvQ, ou EK de 23 degrés &÷; AR eft l'Equateur Solaire, & B le Pole Boréal du Monde. Suppofons en même temps que le Noeud Afcendant de l'Equateur Solaire par rapport à l'Ecliptique, fe trouve en v, au même point que le Noeud Afcendant de l'Ecliptique par rapport à l'Equateur du Monde; il eſt évident qu'alors fon Inclinaiſon Rv L, de 7 ÷ degrés, devra être ajoûtée à l'Inclinaiſon LvQ de 23 de l'Ecliptique à l'Equateur du Monde, ce qui fera en tout une Déclinaifon QR de 31°. Mais fi au contraire le Noeud Defcendant de l'Equateur Solaire fe confond avec le Noeud Aſcendant de l'Ecliptique, il est clair que fon Inclinaifon à l'Ecliptique Lv r doit être ôtée de la Déclinaifon de l'Ecliptique QL, & qu'il n'en reſtera que la différence Qr, qui eft de 16 degrés. Ce qui ſe doit entendre de même, & en fens contraire pour l'Hémisphère Auftral EAQ. 2.° Suppofons à la fuite des deux cas précédens, du Noud Afcendant, & du Noeud Defeendant de l'Equateur Solaire, confondus alternativement avec le Noeud Afcendant de l'E- cliptique en v, que ces Noeuds viennent à ſe détacher de ce point, & à couler fur l'Ecliptique v L, felon l'ordre des Signes, l'angle d'Inclinaifon RV L, ou rv L demeu- rant toûjours le même; il eſt encore évident que les deux cas tendant mutuellement à fe détruire, la Déclinaifon de l'Equateur Solaire, dans le premier, diminuera d'autant plus, que fon Noeud Afcendant s'éloignera davantage du Noeud de même dénomination de l'Ecliptique, & s'approchera de fon oppofé, & au contraire dans le fecond cas: jufqu'à ce qu'enfin, & après avoir donné une infinité de Déclinaiſons moyennes, l'un & l'autre Noeud de l'Equateur Solaire étant parvenus aux Noeuds de dénomination contraire de l'Eclip- tique, ils s'y trouvent tranſpoſfés, & qu'ils y reproduiſent en fens inverſe les mêmes Déclinaifons qu'auparavant. Or il eft clair que la plus grande Déclinaiſon actuelle de l'Equateur du Soleil, doit fe trouver du nombre de quel- ques-uns de ces cas moyens, puifque fes Noeuds font au me DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. V. 219 degré de & de, favoir, le Noeud Afcendant en ¤, & le Deſcendant en →, Pour connoître cette Déclinaifon, foit comme ci-deffus, Sle Soleil ou fon centre, KIL l'Ecliptique, ANR l'Equateur Fig. XXI. Solaire, qui a fon Noeud Aſcendant en N, & EDQ I'E- quateur Terreftre, qui coupe en I ou en v l'Ecliptique. d I Par l'hypothèſe on a l'angle KNA ou RNL, où RSL de 7 degrés, LIQ ou LSQ de 23, ou plus exacte- ment de 23d 29'. L'arc IN de l'Ecliptique étant donné de 2 fignes 8 degrés, ou de 68 degrés, on trouve par les Tables la Déclinaiſon du point N, ou l'arc ND du Méridien, d'environ 21d 41'; & par les mêmes Tables, l'angle IND, que fait ce Méridien avec l'Ecliptique, de 8od 45', dont ốtant l'angle INT (7° 30′), il reſte 73° 15' pour l'angle TND. On aura donc le triangle rectangle ſphérique TDN, dont on connoît l'angle N, & un côté ND: ainſi l'on en trouvera, par les analogies ordinaires, l'angle T, que l'on cherche, d'environ 27d 10', qui eft l'inclinaiſon de l'Equateur Solaire à l'Equateur du Monde, ou l'are de fa plus grande Déclinaison. Et parce que l'on a l'Afcenfion droite ID, du point N(66d 13') & que la réſolution du triangle TDN, donne auffi la valeur de ſa baſe TD (sod 47′ ½) & de l'hypoténule TN (54d 2′), il fuit, en ôtant TD'de ID, que la Section 7 de l'Equateur du Soleil, & de celui du Monde, eſt à 15d 26′ de diſtance de la Section de l'Eclip- tique V, fuppofée en 1; l'arc TN, compris entre ces deux Cercles, étant d'environ 54d 2'. Si au lieu de mettre le Noeud Aſcendant en N, on y fuppofoit le Noeud Deſcendant, ce feroit alors ANR, qui repréſenteroit l'Ecliptique, KIL l'Equateur Solaire, &c. & l'on trouveroit l'angle I, ou la plus grande Déclinaiſon de cet Equateur de 2 1d45'. Mais la détermination de Képler, pour l'année 1700, rapportée ci-deffus, de 6 à 7 degrés d'Inclinaiſon INT, ou 6 degrés, & du Nœud Aſcendant au 8ª, feroit l'angle NTD, ou la plus grande Déclinaiſon de l'Equateur Solaire, de 26ª 23′. 1 Ee ij 220 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * M. Godin. Mém. 1730 PP. 29 & 30. · Comme la Déclinaifon des Planètes eft un des Elémens de leur théorie des plus faciles à obferver, nous remarquerons ici en paflant, que l'inverſe du Problème précédent appliqué à une Planète quelconque, donnera avec beaucoup de jufteffe & de facilité le lieu de fes Noeuds, par l'obſervation de fa plus grande Déclinaiſon, fans qu'il foit néceffaire de favoir avec la même exactitude ſa Longitude actuelle; & un favant Aſtronome de la Compagnie*, à qui j'avois communiqué cet article, m'a dit s'en être déjà fervi pour cet ufage avec fuccès. On peut remarquer auffi en général, pour toute Orbite KNLB, qui coupe l'Ecliptique ANRB, fous un anglé quelconque KSA, ou RSL, qui n'excède pas le double de celui, RSQ, que fait l'Ecliptique avec l'Equateur, que le mouvement des Noeuds N, B, donnera toûjours quelque in- terſection N, où la plus grande Déclinaiſon de cette Orbite, & celle de l'Ecliptique par rapport à l'Equateur, feront égales; ce qui fait une eſpèce de Medium, entre le Maximum & le Minimum, qui réſultent du cas de la Fig. XX, où les Noeuds réciproques des trois Cercles fe confondent fur l'Equateur, en You . $ Car 1. quelle que foit l'Inclinaifon de l'Orbite donnée AR. (Fig. XX') à l'Ecliptique KL, lorſque leurs Nœuds Aſcendans ſont en v, & que la partie v K de l'Orbite tombe entre l'Ecliptique & le Pole B, il eft clair que la Déclinaiſon R ou EA de l'Orbite ſera toûjours plus grande que la Déclinaiſon QL ou EK de l'Ecliptique; & au contraire que quel que foit l'angle que font entre eux ces deux plans, lorfqu'il n'excède pas Lp double de L Q, & que le Noeud Afcendant de l'Orbite ſe confond avec le Noeud Def cendant de l'Ecliptique, fa Déclinaiſon Qr fera toûjours plus petite que celle de l'Ecliptique, juſqu'à ce que ar paſſant au delà de Q versp, & de E vers a, l'Orbite arrive en ap, où les Déclinaiſons font égales, mais vers les Poles oppoſés ; après quoi celle de l'Orbite à p deviendroit toûjours plus grande. 2.° Si l'angle de l'Orbite donnée avec l'Ecliptique demeure DE ร 健 ​$ 1 L'AURORE BOREALE. Sect. IV: Ch. V. 221 rénfermé dans les Limites précédentes & conftant, avec le mouvement des Noeuds, le cas de l'égalité d'Inclinaiſon ou de Déclinaiſon par rapport à l'Equateur EDQ (Fig. XXI) doit néceffairement le trouver dans le paffage du Maximum au Minimum, dont nous venons de parler, ou au contraire đủ Mininum aú Maximum. On aura donc alors, par hyp. l'angle NTQ égal à NIQ, dont ITN fera le complément à deux droits; & comme l'angle INT que fait l'Orbite donnée avec l'Ecliptique, eft auffi donné, les trois angles I, T, N, du triangle INT, ſeront connus; de forte que pour favoir quel est le point N, où l'Ecliptique ANR, par exemple, doit être coupée par l'Orbite KNL, pour que ces deux Cercles aient leur plus grande Déclinaiſon égale, il ne s'agit que de trouver l'un des côtés TN du triangle INT, ainfi qu'on fait que la Trigonométrie Sphérique l'enſeigne. Dans le cas de l'Equateur Solaire coupant l'Ecliptique fous un angle de 7d 30', l'Ecliptique étant inclinée à l'Equateur Terreftre de 23d 29', on trouvera qu'il faudroit que les Nœuds du premier arrivaffent au 8od 19′ 24″ de Longi- tude à compter du premier point d'y, c'est-à-dire, au 21d 19′ 24″ du figne des , & au 2614 19′ 24″, c'eſt-à-dire à 21° 19′ 24″ du figne du →. C'eſt le cas du Noeud Def cendant en N; mais fi c'étoit le Noeud Aſcendant, & que IN repréſentât l'Ecliptique, & TN l'Equateur Solaire, le calcul indiqueroit alors le point N, à 98ª 40′ 36″ de Longi- tude, ou en 84 40' 36", tandis que le Noeud oppofé de l'autre côté de la Sphère, feroit à 278° 40′ 36″, en % 8d `40′ 36. Ce qui fait voir que le Problème a deux folutions, ou qu'on peut trouver deux points différens fur l'Ecliptique à distances égales de god, ou des interſections d'y & de , pour chacun des Noeuds de l'Orbite propofée, leſquels donneroient fa plus grande Déclinaiſon la même que celle de l'Ecliptique, excepté les cas extrêmes où les Noeuds fe trouveroient env & ±, ou à 90ª de ces termes. Je dis de plus, & en général, que dans tous les cas d'égalité de Déclinaiſon, quel que foit l'angle INT, la partie E e iij 222 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE } TN ou 1 N de l'Ecliptique, & fa réciproque / N ou TN de l'Orbite qui la coupe en N, interceptées entre le Nœud N ou fon oppofé, & l'Equateur EDQ, feront toûjours réciproquement l'une à l'autre complémens au demi- cercle, & alternativement égales à chacune des portions de l'Ecliptique qui fourniffent les deux folutions dont nous venons de parler; comme on voit ici dans les deux Arcs IN, TN, l'un de 814 19′ 24″, & l'autre de 9.8° 40′ 36″, qui valent en tout 180d. On en trouvera la démonſtration dans une des analogies qui fervent à réfoudre le triangle INT. I d J'ai voulu appuyer un peu fur cette théorie, & fur ces déterminations de la pofition, des Limites, & de la Décli- naiſon de l'Equateur Solaire; parce qu'on ne la trouve expliquée nulle part que je fache, & qu'indépendamment du fujet que je traite, elle peut être utile dans plufieurs occafions. Car je penfe avec Képler, que l'Equateur Solaire devroit être regardé comme le premier de tous les Cercles céleftes, comme l'Ecliptique moyenne, fixe, & fondamen- * Aftronomia tale*, en un mot comme le terme duquel il faudroit partir nova, &c. de motibus Stella pour obſerver ou meſurer les Déclinaiſons des Planètes & Martis. P. V. l'Inclinaifon de leurs Orbites, fans en excepter l'Ecliptique C. LXVIII. } proprement dite, qui n'eft que le plan même de l'Orbite Terreftre, circulaire & concentrique au Soleil, & qui varie peut-être de pofition avec l'Equateur Solaire, auffi-bien qu'avec l'Equateur du Monde. C'eſt même fur la variation de l'Ecliptique déjà ſoupçonnée, ou pluſtôt calculée par Tycho- Brahé, d'après le changement arrivé à la Latitude de plufieurs Etoiles fixes obfervées par les Anciens, que Képler eût fouhaité qu'on ramenât toutes les déterminations des Orbites Plané- taires à celle de l'Equateur du Soleil. Ainfi l'on voit de quelle importance il feroit, felon cette grande idée, de fixer exactement, & de vérifier de temps en temps les points par où doit paffer ce Cercle primordial. DE L'AURORE BORÉALE. Sec. IV. Ch. VI. 223 f * A CHAPITRE VI. Conféquences à tirer de la théorie précédente, par rapport à la Lumière Zodiacale ou à l'Atmosphère du Soleil 暑 ​vûe de la Terre ; & les irrégularités ou variations Simplement apparentes qui peuvent naître de fes différens afpects. NOUS avons dit dans la première Section, en décrivant la Lumière Zodiacale, que la circonftance des Saiſons de l'année, par rapport aux obliquités différentes de l'arc de l'Ecliptique qui ſe lève ou qui ſe couche avec le Soleil, fe devoit compliquer avec la poſition correſpondante de l'arc de l'Equateur Solaire, & favorifer par-là plus ou moins l'obſervation de cette Lumière tantôt le foir, tantôt le matin. C'eſt ce qu'on va voir ici plus particulièrement. Lorſque la Section du Printemps ou le premier point d'Aries fe lève fur l'Horizon, l'arc de l'Ecliptique qui monte fur l'Horizon s'y trouve plus incliné que l'Equateur du Monde, de toute la quantité de l'angle que l'Ecliptique fait avec cet Equateur. Au contraire lorfque le premier point d'Aries fe couche, l'arc de l'Ecliptique qui refte fur l'Horizon s'y trouve plus élevé que l'Equateur, de la même quantité. Ainfi lá Lumière Zodiacale étant ſuppoſée dans la même direction que l'Ecliptique, devroit être par cette circonftance, plus élevée, plus dégagée du crépufcule, & par-là plus aifée à obferver le foir, dans le Printemps, que le matin, & tout au contraire en Automne. Mais la Lumière Zodiacale eſt étendue fur l'Equateur Solaire, & l'Equateur Solaire, dans fa partie correſpondante au coucher du premier point d'Aries, eſt dirigé vers fon Noeud Aſcendant, où il fait avec l'Equateur Terreftre, comme nous l'avons trouvé, un angle d'environ 27d 10', c'eſt-à-dire, de près de 4ª plus grand que celui de l'Equateur Terreftre 3 224 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE avec l'Ecliptique. Donc ce fera encore d'environ le double de cette quantité, que la Lumière Zodiacale fe trouvera moins oblique fur l'Horizon le foir, que le matin, autour de l'Equinoxe du Printemps, lorfque ce Noeud fe couche fous l'Horizon. Il en eft à peu-près de même en Libra pour le matin à l'Equinoxe d'Automne. Mais il y a cette différence autour de ces deux points, qu'à diſtances égales du Solſtice d'Eté, qui eſt le temps de l'année le moins favorable par la grandeur des Crépuscules, à meſure que le Soleil approche de part & d'autre de Cancer, l'obliquité du lever vers augmente toûjours, tandis que celle du coucher vers v diminue. De forte que le Soleil étant au 8me degré de , Noeud Afcendant de l'Equateur Solaire, & à 224 de, la ligne de direction de la pointe de la Lumière Zodiacale au coucher, ſe doit trouver plus élevée fur l'Horizon que l'Ecliptique, de 7 degrés; au lieu qu'à pareille diſtance de » & de c'est-à-dire, au 22d de, & au lever, cette même ligne ſe doit trouver plus oblique à l'Horizon preſque de toute cette quantité. ¤, D'où il fuit que, toutes chofes d'ailleurs égales, les Obfervations de cette Lumière doivent être plus aifées & plus fréquentes autour de l'Equinoxe du Printemps qu'autour de l'Equinoxe d'Automne; & elles l'ont été en effet. Et comme le Printemps & l'Automne font en général, & par de ſemblables raifons, les temps de l'année les plus propres à obferver la Lumière Zodiacale, il fuit que les environs, de l'Equinoxe du Printemps, & fur-tout les mois de Février, Mars & Avril, feront ceux de l'année où l'on pourra le mieux l'obſerver. Auffi eft-ce dans le Printemps que M. Caffini découvrit & annonça cette Lumière, qui avoit déjà été ſoupçonnée & aperçue par Childrey un peu avant le Prin- temps. Et M. Eimmart, dont nous avons auffi indiqué les Obfervations au commencement de ce Traité, ne s'eſt pas beaucoup éloigné de cette théorie, en donnant ces Obfer- vations fous le titre De Fulgore trimestri vefpertino, in Calo * ad * DE L'AURORE BORÉALE. Sea. IV. Ch. VI. 225 ad Occidentis plagam amiuatim confpicuo, &c. entendant par ce Trinieftre, les mois de Janvier Février & Mars نی Lorfque le Soleil eft aux Solſtices; quoique l'angle de Ecliptique avec l'Horizon foit égal le foir & le matin, la Lumière Zodiacalé fera pourtant beaucoup plus élevée ſur l'Horizon le foir au Solftice d'Eté, que le matin, & au con- traire au Solſtice d'Hiver. Car dans ce dernier, par exemple, il faudra donner le foir environ 7d d'élévation de plus à la ligne de direction de la pointe de la Lumière Zodiacale qu'à I'Ecliptique, à caufe que le point d'interfection de l'Horizon & de l'Equateur Solaire s'éloigne peu de fon Noeud Aſcendant, & il en faudra ôter au contraire environ 5d le matin, parce c'eſt à peu-près l'angle que l'Equateur Solaire fait avec l'Ecliptique en Defcendance, ou du côté oppofé; ainſi qu'il a été remarqué ci-deffus. Ce qui eft encore confirmé par le plus grand nombre d'obſervations, & qui fournit une nou- velle preuve du ſentiment que nous avons adopté touchant la pofition de la Lumière Zodiacale & de l'Atmoſphère Solaire. que On trouvera auffi en conféquence de la même théorie, que les plus grandes largeurs de la Lumière, en général & à tout prendre, ſe doivent rencontrer, & ſe rencontrent en effet ordinairement, aux points & aux temps où la Terre eſt vis-à-vis des plus grandes Latitudes de l'Equateur Solaire, & autour de ſes Limites, my 84, 84, & que le contraire x doit arriver, & arrive le plus fouvent, lorſqu'elle eſt autour de ſes Nœuds, 8d, ✈ 8d. Car dans le premier cas, par exemple, l'œil de l'Obſervateur étant élevé de 7 degrés au deffus du plan de l'Equateur Solaire, ce cercle doit lui paroître une Ellipfe, ou, ce qui revient au même, l'Obfervateur doit voir la Lumière Zodiacale d'autant plus large indépendam- ment de l'épaiffeur de l'Atmoſphère Lenticulaire du Soleil dont elle réſulte. Soit l'œil de l'Obſervateur en O, dans le plan de l'Eclip- Fig. XXII, tique HZQ, qui eſt celui du Tableau ou de la Figure, ſur la ligne horizontale HO, commune Section de l'Ecliptique, & de l'Horizon ou plan horizontal AHKRO; AZK Ff 226 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE repréſentera l'Equateur Solaire élevé de 7ª 1, (KCQ) fur l'Ecliptique avec lequel fa commune. Section eft CZ. Ć fera le centre commun de ces deux Cercles fur l'horizontale HO, quoiqu'il foit communément près de..18d au deffous quand on voit la Lumière Zodiacale; ce qui n'eft pas ici de con- féquence, & que nous fuppofons, pour rendre la Figure & la Démonſtration plus fimples. Le fuſeau ARKL décrit autour de AK, fera donc une coupe liorizontale de l'Atmoſphère Solaire terminée par les rayons viſuets OA, OK. Si fur l'axe AK de la Figure ARKL, on prend une infinité de points B, M, T', &c. d'où l'on mène les arcs de projection BZ, MZ, TZ, au fommet Z de la com- mune Section CZ, & dans le plan de l'Equateur Solaire, toutes ces courbes formeront le plan AZK, incliné d'un angle ZCO à l'Horizon, & donneront à l'Obſervateur 0, l'apparence de la largeur angulaire AOK de la Lumière Zodiacale fur l'Horizon. Et fi les rayons vifuels qui paffent par les extrémités A, K, & par les points intermédiaires B, C, M, T, font prolongés jufqu'à une ligne XY, prife fur l'Horizon, & perpendiculaire à HO, ils détermineront fur XY, les points a, k, & b, c, m, t, qui répondent à leurs pareils A, K, & B, C, M, T, pris fur l'axe du fufeau A K. Maintenant ayant élevé ſur XY, le plan vertical SYXz, fur lequel fe doit trouver la projection de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmoſphère Solaire AZ K, vûe fur l'Ho- rizon, & ayant pris fur ce plan la ligne cz égale à c℃, & inclinée fur YX, par exemple, de la même quantité quelconque zcS, dont l'Ecliptique l'eſt actuellement fur l'Horizon; il eft clair que cette ligne cz, commune Section de l'Ecliptique & du plan vertical élevé fur XY, exprimera l'axe CZ transporté fur ce plan, où le point Z pris fur le rayon vifuel prolongé O, eft vû à la hauteur ¿, & de la longueur c ou cz. Et fi de part & d'autre de l'axe cz, on trace de même les projections az, bz, kz, tz, mz, &c. des arcs AZ, BZ, KZ, TZ, MZ, &c. il eft encore évident que leur totalité donnera l'apparence de la Lumière DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV.Ch. VI. 227 Zodiacale ark, vûe fur l'Horizon YX, & cela indépendani- ment d'aucune épaiffeur RV de l'Atmosphère du Soleil. Où il faut remarquer, que le milieu réel de cette Atmo fphère, qui ſe trouve en C, centre commun de l'Equateur Solaire, de l'Ecliptique & du fufeau ARKL, & dans la commune Section CZ de ces deux Cercles, ne fauroit alors fe confondre avec l'axe ou le milieu apparent MZ ou my de la Lumière Zodiacale AZK ou azk. Car les points A & K, limitant la Lumière Zodiacale fur l'Horizon, comme nous le fuppofons jufqu'ici, il eft clair que l'angle viſuel AOK, n'eft pas partagé également par la ligne Co, à cause de l'Inclinaiſon ACH ou KCQ de la ligne AK, fur HO, mais par une autre MO, menée du point M, lequel divife AK en raiſon de AO à KO. D'où l'on voit que la direction apparente mz de la pointe 7, pourra différer confidérablement de fa direction vraie cz; comme je trouve qu'il eſt arrivé en plufieurs occafions ſemblables. On voit auffi que la Lumière paroîtra plus denſe en cz, vers le bord az, qui répond à l'axe vrai, à la plus grande épaiffeur de la Lentille, & au plus long chemin L N, que le rayon viſuel fait dans l'Atmoſphère Solaire, qu'à ſon milieu apparent my; & de même, plus denfe, par exemple, en ar où AR, qui eft la corde du fegment AGR, vis-à-vis le bord A, qu'en un autre point 17 ou DF, en deçà du bord K, & à une diſtance fenfible TK, mais telle cependant que DF eft plus petite que AR: & la Lumière Zodiacale paroîtra peut-être auffi denſe en AR ou ar, qu'en VI ou mz, PE ou bz, &c. felon la nature de la courbe AG KV. Enfin il eft clair, dans la fuppofition de la convexité AGR, aperçue du point O, que la tangente ou rayon viſuel OG, ira déterminer fur XY, un point g, d'où réſultera une autre largeur gk, & une autre Figure grzk, approchant de celle d'une faux, d'un Ongle, &c. Et fi à toutes ces circonstances Optiques il s'en joint quelques-unes de Phy- fiques, tant de la part de l'Atmosphère Solaire, que du milieu à travers lequel nous l'apercevons, on comprend combien • Ffij 228 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE } il en pourra naître de variétés & de bizarreries apparentes de figure, de lumière & de poſition. C'eſt ce qu'il ſuffit davoir touché ici fuccinctement, pour nous prémunir contre ces apparence's trompeufes, comme auffi pour rendre compte au Lecteur des attentions que nous avons apportées fur ce fujet à nos propres Obfervations, & à l'examen de celles d'autrui. . Fig. XXIII. CHAPITRE VI I. Conféquences à tirer de la même théorie, par rapport A à l'Aurore Boréale. PPLIQUONS maintenant la même théorie aux Au- rores Boréales, & foit TSR le plan de l'Ecliptique ou de l'Orbite Terreftre vûe de profil, de manière que TR repréſente en même temps le diamètre de cette Orbite qui paffe par les deux points T, R de fa plus grande déclinaifon avec l'Equateur Solaire, laquelle fe trouve, comme nous l'avons vû ci-deffus, au 8me degré des Signes de la Vierge & des Poiffons. Le plan de l'Equateur Solaire & celui qui partage fon Atmosphère en deux parties égales felon fon épaiffeur, font ici la même choſe. Soit donc EQ ce plan de l'Equateur Solaire vû auffi de profil, prolongé indéfiniment de part & d'autre du point d'interſection ou centre S du Soleil ElQX, vers Y & vers Z, & faiſant avec le plan de l'Ecliptique l'angle YST égal à RSZ, de 7ª 1. IX fera l'axe du Soleil prolongé vers N qui eft du côté du Nord ou de fon Pole Boréal, & vers A qui eft du côté du Sud ou de fon Pole Auftral. Les points R, T, repréſenteront auffi le centre ou le Globe même de la Terre étant au 8me degré de X, ou de m; & les petits cercles qui renferment ces points ou les lettres T, R, font cenfés exprimer l'Atmosphère ou le Tourbillon Terreftre jufqu'à la diſtance où la Gravitation qui agit vers la Terre eft capable de pouffer vers ſa ſurface DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. VII. 229 la matière de l'Atmoſphère Solaire qui arrive, ou qui eſt rencontrée à cette diſtance; ainfi qu'il a été expliqué au com- mencement de la Section précédente. C'eft ce que nous entendrons toûjours dans la fuite de celle-ci, en défignant ſeulement la Terre en T ou en R, & en général quand nous parlerons du Globe Terreſtre. Si autour de EQ prolongé également de part & d'autre du-point S, & fur les parties BD, GK, HL, YZ, &c. comme diamètres, on décrit les figures de fuſeaux ou d'Ellipfes fort. alongées, BCDF, GMKO, HALN, YPŹV, elles repréſenteront les coupes d'autant d'états différens de l'Atmoſphère du Soleil, ou, ce qui eft ici la même chofe, du Sphéroïde aplati & lenticulaire engendré par la révolution de chacune de ces figures, ou de leurs moitiés, fur l'axe commun ASN, felon que cette Atmosphère fe trouve réel- lement plus ou moins étendue, ou différemment conformée. Je dis réellement; car la grandeur ou la figure fous laquelle nous voyons l'Atmoſphère Solaire dans la Lumière Zodia- cale peut être mutilée, défectueuſe ou irrégulière, faute d'y paroître affez fenfiblement terminée, ou par les circonftances Optiques dont nous venons de démontrer la poffibilité dans le Chapitre précédent. Toutes ces coupes ou projections fuppofent l'oeil infiniment éloigné, & perpendiculaire à leur plan commun, fur le point S, où il faut imaginer que les Nœuds п 84, & ↔ 8ª de l'Equateur du Soleil avec l'Ecliptique fe confondent: & elles font tracées alternativement par rapport à l'axe de révolution AN, avec des points & avec des lignes, pour éviter la confufion. En les comparant avec la Figure II, on voit qu'elles répondent aux plans projetés AGFK, Ap Fa, VDCB, EORI, MLNH, &c. de cette Figure, qui repréſentent fi l'on veut, autant d'extenſions de l'Atmoſphère du Soleil juſqu'aux Orbites planétaires où elle peut atteindre dans ces différens états. Ainfi le profil commun de tous les fuſeaux de la Figure XXIII, fe rapporte à la ligne ou coupe YZ de la Figure II, le profil particulier de chacun étant défigné par Ff iij 230 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE les mêmes lettres aux extrémités des Axes ou Diamètres. Si l'Axe GK (Fig. XXIII) du fuſeau GMKO, eſt égaf au grand Diamètre RT de l'Orbite Terreftre, le rayon GS ou KS, qui eſt le finus total, déterminera la moitié de l'Atmosphère OKM ou OG M, vûe de la Terre, à occuper 9od dans le Ciel, à compter depuis le lieu du Soleil, jufqu'à la pointe Kou G; & le petit Diamètre O M ayant un peu plus du tiers de KS exprimera une largeur, par exemple, de 20 à 214; ce qui répond à peu-près aux di- menfions fous lesquelles la Lumière Zodiacale parut à feu M. Caffini le 7 Mars 1687. Par cette commune mefure on pourra juger des grandeurs différentes fous lefquelles l'Atmo- Iphère Solaire eft ici dépeinte ou projetée, & qui font toutes déduites de quelque obfervation. Il faut feulement remarquer que fes largeurs ou épaiffeurs prifes fur l'axe prolongé du Soleil, & qu'on ne voit jamais avec la Lumière Zodiacale, font, comme vrai-femblablement elles doivent l'être, plus grandes qu'à la partie lg ou PF ou CV, obſervée ſur Horizon. Car il n'ett point queſtion ici de ce qu'on en voit dans les Eclipfes totales, toûjours trop mal terminé, par la grande clarté qui reſte encore autour du Globe du Soleil, pour nous pouvoir donner les vraies dimenſions de fon Atmo- Iphère; ainfi qu'il a été remarqué dans la première Section. Le Cercle euqtr eft l'Equateur du Monde, qui fait l'angle eTou tv R, de 23d 29' avec l'Orbite TR, au premier degré d'Aries & de Libra, & celui de 27d 10', eu G, avec l'Equateur Solaire GK. L'Axe de la Terre fera donc dirigé felon xi, perpendiculaire au plan de fon Equateur qui fe confond avec celui du Monde. Maintenant, fi le plan de l'Ecliptique fe trouvoit confondu avec le plan de l'Equateur du Soleil, en forte que le Diamètre Fig. II & RT de l'Orbite de la Terre tombât en ap, que nous fuppo- XXIII. ferons pour un moment être la ligne des Apfides; il eft clair que le Globe Terreftre devroit paffer dans l'Atmosphère du Soleil, & s'y plonger toutes les fois que cette Atmosphère s'étendroit auffi loin, ou plus loin que l'Orbite RT (Fig.XXIII) DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. VII. 231 devenue ap; avec cette exception pourtant, que fi dans le temps que l'Atmosphère du Soleil n'a que l'étendue de l'Orbite Terreftre, comme, par exemple, en GMKO, ſes bords G, K, (ou Fig. II AKFG) confervent toûjours une même diſtance à l'égard du Soleil ou centre S, le Globe Terreftre, à cauſe de fon excentricité, doit la toucher ou la traverſer en p, dans fon Périhélie, & quelque temps avant & après (favoir, Fig. II en ApF) & la quitter enfuite dans fon Aphélie, & s'en écarter d'autant plus qu'il approche davantage de ce point (favoir, Fig. II en Aa F). Ainfi dans la fuppofition précédente, & d'une pareille extenfion de l'At- mofphère Solaire, il eft clair que la Terre la traverſeroit dans fon Périhélie, ou aux environs, & qu'elle ne la toucheroit pas dans fon Aphélie, ni à quelque diſtance autour de l'A- phélie, quelle que fût la largeur ou l'épaiffeur de l'Atmoſphère Solaire. Ce que nous pouvons confidérer comme le cas moyen entre celui où cette Atmoſphère demeureroit toûjours en deçà du Périhélie vers S (ſavoir, Fig. XXIII en BCDF) & où elle n'atteindroit jamais la Terre, & celui où cette Atmosphère pafferoit au delà de l'Aphélie de la Terre, comme en YPZV, ou Fig. II HNLM, & où elle atteindroit & renfermeroit toûjours la Terre. Mais (Fig. XXIII) le plan EQ ou YZ, & celui de l'Ecliptique TR, ne fe confondant point, & faiſant entre eux un angle de 74, le Globe Terreftre ne doit toucher ou traverfer-néceffairement l'Atmosphère Solaire, fuppofée même à une auffi grande diftance du centre S que l'Aphélie a, ou davantage, que lorfqu'il fe trouve dans le même plan, c'eſt- à-dire, vis-à-vis des Noeuds 84, 84 de cette Atmo- ſphère. En tout autre cas, il eſt clair que le Globe Terreftre peut toucher, traverfer ou ne toucher pas l'Atmoſphère du Soleil, felon que celle-ci par fa largeur ou fon épaiffeur lenticulaire va ou ne va pas juſqu'au plan de l'Ecliptique, à l'endroit où se trouve actuellement la Terre. Ainfi les deux ca extrêmes, dont nous venons de parler ci-deflus, peuvent naitre encore de cette difpofition, ou faire un effet ſemblable, ? } 232 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 favoir, le cas où l'Atmoſphère Solaire BCDF eſt moins étendue par fon difque plat, que l'Orbite Terreftre, où elle ne fauroit jamais rencontrer la Terre, & celui où elle eſt plus étendue que l'Orbite Terreftre, & en même temps affez épaiffe pour la renfermer, où elle rencontrera toûjours la Terre. Dans toute autre occafion, c'eſt-à-dire, dans les cas -moyens, qui, felon ce que nous connoiffons aujourd'hui de l'Atmoſphère du Soleil, doivent faire fans comparaifon le plus grand nombre, l'Immerſion ou l'Emerfion du Globe Terreftre par rapport à cette Atmoſphère, dépendra de la rencontre fortuite de fon extenfion plus ou moins grande en certains ſens, de ſon épaifleur, de ſon aſpect à l'égard de l'Orbite Terreftre, & du lieu actuel que la Terre occupe dans cette Orbite TR, comme par exemple, en T, σ, v, &c. ou femblables, de la figure XXIII. D'où l'on voit comment il feroit poffible qu'il n'y eût jamais d'Aurores Boréales fur la Terre, ou comment il fe peut qu'elles foient de très-longs temps fans paroître; & au. contraire, comment elles pourroient paroître toûjours, fup- pofé les circonftances acceffoires & Phyfiques favorables; ou enfin, comment les Aurores Boréales peuvent paroître en certains temps, en certains fiècles, & point en d'autres, tantôt plus, tantôt moins fréquemment. Les viciffitudes de la différente extenſion de l'Atmoſphère Solaire, combinées avec toutes les autres circonftances que nous venons d'indi- quer, en doivent fournir la raiſon, & nous en donneroient le détail, fi les cauſes primitives de ces viciffitudes pouvoient un jour nous être connues. CHAPITRE DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV.Ch.VIII. 233 $ CHAPITRE VII L De la correspondance des Reprifes de l'Aurore Boréale avec les apparitions de la Lumière Zodiacale, ou avec les accroiffemens de l'Atmosphère Solaire. * PUISQUE les preuves de droit nous manquent, & que nos connoiffances font fi loin d'atteindre à la cauſe pri- mitive des changemens qui arrivent à l'Atmoſphère Solaire, pour en déduire les temps d'apparition ou de Repriſe des Aurores Boréales, tout au moins devons-nous montrer, quant au fait, & conformément à nos principes, l'accord qui fe trouve entre ces deux Phénomènes. C'eſt ce qui va faire le fujet de ce Chapitre; mais qu'il faut avouer que nous ne faurions exécuter qu'imparfaitement, par le défaut d'Obfer- vations de la Lumière Zodiacale, qui eſt preſque la ſeule voie par où l'Atmoſphère Solaire fe manifeſte à nous. On a vû par l'hiſtoire de cette Lumière, au commencement de cet ouvrage, que ce n'eft que depuis 1683 qu'on en a des obſervations exactes, fuivies feulement jufqu'en 1688, ou tout au plus juſqu'en 1694, interrompues enfuite, & comme abandonnées, à en juger du moins par les ouvrages donnés au public, jufqu'à ce que la liaiſon qu'elles ont avec notre hypothèſe nous ait engagés à les raffembler, & à les conti- nuer. Ce peu cependant que nous en avons, & ce qui s'en eft échappé, comme par hafard, fous des idées & des vûes toutes différentes dans les fiècles antérieurs, s'il ne fuffit pour démontrer la correſpondance que nous avons taché d'établir entre les deux Phénomènes, ne nous offre rien du moins qui ne tende à la juſtifier. I. Il eft conftant, depuis que nous avons commencé d'y faire attention, dans l'efpace de quatre à cinq années, que la Lumière Zodiacale, ou, ce qui eft ici la même chofe, l'Atmoſphère Solaire, a paru plufieurs fois d'une étendue Gg 234 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 35. fuffifante pour arriver jufqu'au Globe Terreftre, & même au-delà, & pour y produire, felon notre explication, les Aurores Boréales dont la fuite & la fréquence forment cette grande Repriſe que nous éprouvons depuis 1716. J'ai rap- porté plufieurs de ces Obfervations dans la première Section de ce Traité; je fais auffi que quelques habiles Aftronomes ont pris garde en dernier lieu à cette étendue extraordinaire de la Lumière Zodiacale, ou de l'Atmoſphère Solaire; & j'espère qu'à l'avenir l'on ne paffera pas ces fortes d'obfer- vations fous filence. 2.º Il a été encore remarqué que le temps de la découverte de la Lumière Zodiacale par feu M. Caffini, ou plutôt celui de fa grande extenfion, qui arriva trois ou quatre ans après, en 1686 & 1687, eft auffi l'époque du renouvellement Sup.pp. 34, des Aurores Boréales *, dont on avoit tout-à-fait perdu le Louvenir, ou que l'on ne connoiffoit plus que fous l'idée vague du Phénomène obfervé par Gaſſendi, au commencement du XVIIme fiècle. 3. Mais entre la Repriſe de 1686 & celle de 1716, qui font la XXme, & la XXIIme de celles dont nous avons donné le détail ci-deffus, Chap. II, il s'en trouve une autre, favoir en 1707, jufqu'en 1710 inclufivement, qui eft la XXIme; & voici encore la Lumière Zodiacale qu'on avoit tout à fait perdue de vûe, & aux apparitions de laquelle on ne fongeoit plus depuis les Obſervations de feu M. Caffini, qui reparoît, & qui fe fait reniarquer. M. Derham la voit en 1706 & en 1707, & il en rapporte les obfèrvations à la Philofoph. Société Royale de Londres *. La première fois, en 1706; au mois de Mars, c'étoit un grand ſentier de Lumière, qui s'étendoit fur la conſtellation du Taureau': cette Lumière, dit M. Derham, eft fort extraordinaire..... mais je ne doute point cependant que ce ne foit celle que le Docteur Childrey obferva le premier en Angleterre, & M. Caffini en France, comme l'a rapporté le D. Hook. La feconde fois M. Derham l'obſerve au mois d'Avril 1707, & il la voit comme une Pyramide, ou apparence Pyrannidale, qui s'élevoit de l'Horizon à 15 ou મે Tranj. n. 305 & 310. 1724 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. VIII. 23.5 20 degrés de hauteur. Sa couleur tiroit fur le rouge pâle; & ce qui eft peu commun,& qu'on ne voit pas du moins qui arrivât lorſque M. Caffini l'obſervoit, c'eſt qu'il l'aperçût ainſi un quart d'heure ſeulement ou environ, après le coucher du Soleil, c'eſt-à-dire au plus fort du Crépuscule. Il fallut fans doute pour cela un concours bien marqué de circonftances favorables, & qu'en même temps la Lumière Zodiacale ou l'Atmosphère Solaire fût bien denſe & bien épaiffe. y 4.° En remontant au deffus de 1686, ou de la XXme Repriſe, à celles qui la précèdent, il ne s'agit plus de la Lu- mière Zodiacale obfervée ou aperçûe comme telle, il faut la déduire des circonftances que les Auteurs ont fortuitement rapportées en parlant d'autres Phénomènes, ou la démêler à travers les apparences trompeuſes, & quelquefois chiné- riques dont l'ignorance des temps l'a revêtue: on en a vû des exemples ci-deffus, Il eft à préfumer cependant, & nous en rapporterons bien-tôt une preuve remarquable, que la Lumière Zodiacale a été ſouvent dans les fiècles paffés plus étendue, plus denſe & plus viſible qu'elle n'étoit du temps de feu M. Caffini, & qu'elle n'eft du nôtre, de cela feul qu'elle a été aperçûe. Car fi cet habile Aftronome s'eſt étonné qu'on ne regardât cette Lumière que comme un fimple brouillard, forfqu'il l'obfervoit dans fa plus grande étendue, & s'il y a encore aujourd'hui fi peu de gens parmi les plus éclairés, qui en aient connoiffance de leurs propres yeux, quoiqu'elle paroiffe depuis plufieurs années, que devra-t-on penfer de ces anciens temps, & de la difficulté qu'on y a dû trouver à diſcerner ce Phénomène auquel on ne s'attendoit pas, & à le diftinguer du Crépuscule, de la Voie Lactée, & des brouillards blancheâtres ou colorés qui couvrent ſouvent l'Horizon? M. Caffini croyoit que Defcartes pouvoit avoir vû. la Lumière Zodiacale, ou qu'il en avoit entendu parler ſous l'apparence de ces Queues de Comète, ou de ces Poutres, qui ſe montrent quelquefois en un même jour, avant le lever du Soleil & après fon coucher. C'eſt à l'occaſion d'un endroit du livre des Principes de ce Philoſophe, dont il a été Gg ij 5 236 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE fait mention dans notre Section première, Chap. II. Et en ce cas l'Epoque de cette apparition fe rapporteroit affez à la Repriſe des Aurores Boréales qui parurent du temps de Gaffendi, & qui font la XIXme de notre recueil. J'ajoû terai que Morin célèbre Aftronome qui a écrit au commen cement du XVIIme fiècle, met entre les Phénomènes qui réſident dans la fuprême région de f'air, celui qu'il appelle * Mundi fub- la Pyramide ardente *, avec la Poutre & les Comètes; & je ne doute pas que ce ne fût à la Lumière Zodiacale l'on que donnoit le nom de Pyramide ou de Cone, comme on le trouve ailleurs; mais il feroit difficile de favoir fi Morin parle d'après ce que l'on voyoit de fon temps, ou s'il ne fait que rapporter ce qu'il avoit lû dans les Auteurs, & il faut avouer qu'en cela ce ne font ici que des conjectures bien légères. lunaris Anato- mia, cap. 11. il Les preuves tirées de certaines Queues de Comètes, me paroiffent en général plus concluantes, quoiqu'en particulier, y ait toûjours à douter de ce qu'ont vû les Obfervateurs, ou de ce que les Hiſtoriens ont prétendu nous faire entendre d'après eux. Car il y a des temps, & ce font prefque toûjours ceux qui fe trouvent à quelqu'une des Reprifes de l'Aurore Boréale ou qui en approchent, pendant lefquels il paroît un fi grand nombre de Comètes de toute efpèce, qu'il n'y a pas à douter qu'on n'en ait fouvent confondu quelqu'une avec l'Aurore Boréale, comme nous l'avons fait remarquer en fon lieu, & enfin avec la Lumière Zodiacale dont il s'agit préfentement. Il ne faut pour s'en convaincre, que parcourir les Auteurs que nous avons le plus employés ci-deffus, Lycofthène, Gemma, & les Cométographes, avec les attentions que nous avons fuffifamment indiquées. Une autre remarque à faire en faveur de la correſpondance de l'Aurore Boréale & de l'apparition de fa Lumière Zo- diacale dans les fiècles les plus reculés, eft le mélange con- tinuel qu'on trouve de l'une & de l'autre dans les deſcriptions que les anciens Auteurs nous ont laiffées fur ces fortes de Phénomènes. Par exemple, Pontanus, qui ở vû où pû voir les Aurores Boréales de 1461 & 1465 (Repr. XIV) étant f DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. VIII. 237 1 né en 1431, & mort en 1509, nous a donné dans fes Poëfies une defcription très-élégante de ces Phénomènes, où il parle d'une apparence de Coin, de Cone & de Pyramide, qui fe perd dans le Ciel, & qui, à mon avis, doit pluftôt ſe rapporter à la Lumière Zodiacale qu'aux jets de Lumière de F'Aurore Boréale, quoiqu'il parle encore de ceux-ci. J < Leve in aërium fe tollit acumen Confurgens: graviora fuo fefe ordine ad imum Detrudunt, donec Cunei fub imagine flammam Concipit, & rutilus micat inter fidera Conus *. Car les jets de lumière ne ſe terminent pas en pointe lorſqu'ils font un peu larges: on les voit pluſtôt compris entre deux parallèles, ou même un peu divergens vers le haut. Mais la Figure vraiment Pyramidale avoit fi bien frappé l'imagination, & apparemment les yeux de notre Poëte, que ſe tranſportant tout à coup au milieu de l'Egypte, & fur les bords du Nil, il y peint un pécheur étonné de voir ſes Pyramides, & les monumens de fes Héros enlevés dans le Ciel, & confondus avec les Aftres; Tunc aliquis limofa agitans ad flumina Nili Pifcator, dum nocte oculos ad fidera tollit, Obftupuit, doluitque fimul fuper aftra referri Pyramidas, veterumque rapi monumenta virorum, Ægyptumque fuis fuperos fpoliare trophæis. Après cela il diftingue fort bien, ce me femble, la figure pointue ou longue & étroite, comme celle d'une Lance, que l'on voit quelquefois à des rayons qui fortent perpendiculai- rement du Segment obſcur, d'avec celle qu'il avoit attribuée à la Lumière Zodiacale, ou au Cone; Interdùm longam erectus confurgit in haſtam, Parte levis, parte obducta caligine denfus. * Jov. Pontani Oper. 1. IV. lib. Meteororum. Cap. De Lam- gnitis figuris. padibus & aliis Gg iij 238 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 J Et il n'avoit pas oublié la fumée apparente, qui s'y mêle, femblable à celle des chaumes qui brûlent dans une campagne, Ut quando flipulis furtim vagus incidit ignis, &c. > • Quoi qu'il en foit, il eft certain que le Cone & la Pyramide repréſentent parfaitement la figure de la Lumière Zodiacale; & M. Derham dans l'obfervation de cette Lumière, que nous avons rapportée ci-deffus, n'a pas cru pouvoir là mieux nommer que Pyramis vefpertina. Mais l'ignorance où étoient les Anciens touchant ce Phénomène & celui de l'Aurore Boréale qui le fuit ou l'accompagne fouvent, jette prefque toûjours de la confuſion & quelque incertitude dans ce qu'ils nous diſent fur ce fujet. Cependant voici encore, fi je ne me trompe, un témoi- gnage fingulier de l'apparition de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmosphère Solaire; ce fera le dernier que nous rappor- terons. I tombe fur le commencement du yme fiècle, & répond à notre Iere Reprife des Aurores Boréales. C'eſt celui-là même que nous avons annoncé au commencement de cet Ouvrage, en parlant de l'apparence de l'Atmoſphère du Soleil pendant les Eclipſes totales de cet Aftre, & fur ce qu'elle peut quelquefois s'y montrer fous la même forme que dans la Lumière Zodiacale proprement dite. Je tire ce témoignage de Nicéphore Callifte, Hiftorien, qui n'eft pas, je l'avoue, des plus eftimés, mais que je crois dans l'occaſion préſente à couvert de tout foupçon, par la nature des faits & des circonf tances que l'on va voir. > Il s'agit d'une Eclipfe Solaire, qu'il y eut, comme on peut le conjecturer, à Conftantinople, ou peu loin de cette Ville, fous le règne de Théodofe le Jeune. Nicéphore décrit cette Eclipfe dans le XIIIme Livre de fon Hiftoire, après avoir rapporté la priſe de Rome par Alaric, & raconté tous les préfages finiftres & tous les malheurs qui précédèrent ou qui fuivirent ce grand événement. Il y eut encore alors, dit-il, une E'clipfe du Soleil, pendant laquelle l'obfcurité fut fi grande, que les Etoiles parurent en plein DE LAURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. VIII. 239 心 ​jour. On vit auffi en même temps dans le Ciel avec le Soleil eclipfe & au deflus de lui, une clarté fingulière, qui avoit la figure d'un Cone, & que quelques perfonnes peu inflruites prirent pour une Comète. Mais il n'y avoit rien à de femblable à une Comète: ear cette clarté ne fe terminoit point en Queue ou Che- velure de Comète, & n'avoit point d'Etoile auffi qui en pût repréſenter le Noyau. C'étoit plutôt une espèce de flamme, qui fubfiftoit par elle-même, femblable à celle d'une grande Lampe, d'où il partoit une lumière fort différente de celle des Etoiles. On continua de voir la même apparence fans doute les jours fuivans, & ce fut à mon avis le matin avant le lever du Soleil, car voici ce que l'Hiſtorien ajoûte immédiatement après. Mais la poſition & le mouvement de cette lumière chan- gèrent. Elle étoit d'abord placée vers cette partie du Ciel où le Soleil fe lève à l'Equinoxe du Printemps; enfuite elle parut couchée le long de cette partie du Zodiaque, qui répond à la dernière Etoile de la queue de l'Ourfe, marchant, ou regardant toûjours par fa pointe, vers l'Occident. Et après qu'elle eut parcouru ainfi le Ciel ou le Zodiaque, pendant plus de quatre mois, elle difparut. Son fommet devenoit quelquefois plus aigu, & lui donnoit une figure beaucoup plus oblongue que celle du Cone, après quoi fe raccourciffant, elle en reprenoit quelquefois les proportions. Elle eut encore d'autres formes extraordinaires, & qui ne reffembloient à aucun des Phénomènes connus. Elle conmença de ſe montrer au milieu de l'Eté, & continua juſqu'à la fin de l'Automne. Ce qui eft dit ici des proportions du Cone, & ce qu'on en a vú ci-deffus dans Pontanus, ſe doit entendre, non à la manière des Géomètres, chez qui cette eſpèce de corps régulier ne perd point fa dénomination, quelque aigu & oblong qu'il puiffe être, mais pluſtôt de la façon dont l'em- ploient la plupart des Auteurs anciens qui donnent ce nom à toute borne conoïdale, meta, comme l'explique le Traducteur Latin de Nicéphore, & particulièrement à la Borne qui étoit à Rome au bout du Cirque. Mais il y auroit des choſes bien plus importantes à éclaircir 240 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE f fur ce paffage. Il faudroit ſavoir fur-tout quel étoit le lieu du Ciel für l'Horizon où fe trouvoit le Soleil pendant l'Eclipfe, & comment fon Atmoſphère, qui vint à s'y montrer fous la forme qu'elle a dans la Lumière Zodiacale, ne fut yûe que d'un côté. Car ce n'eft pas le cas de fon apparition après le coucher, ou avant le lever du Soleil, où la moitié inférieure, & une partie de la fupérieure ſe trouvent cachées fous l'Horizon, comme la repréſente notre Figure I, dans la première Section; elle devoit, ce ſemble, paroître toute entière pendant l'Eclipſe, ſous la forme de fuſeau, & l'Obfervateur devoit voir deux Cones oppofés, l'un à l'Occident & au deffus du Globe Solaire caché par la Lune, l'autre à l'Orient & au deffous vers l'Horizon; fi c'étoit le matin, comme je le conjecture. Il feroit encore à ſouhaiter que l'Hiſtorien eut mieux fpécifié qu'il n'a fait, comment on continua de voir le même Phénomène les jours fuivans depuis le milieu de l'Eté juſqu'à la fin de l'Automne ; fi c'étoit toûjours avec le Soleil, ou fimplement avant ſon lever ou après fon coucher. Quoiqu'à l'égard de ce dernier article, comme je ne doute pas qu'il ne s'agiffe ici de la Lumière Zodiacale, qu'on ne fauroit apercevoir avec le difque du Soleil non éclipfé, je nė fais nul doute aufſi que ce ne fût le matin avant le lever de cet Aftre, que l'on continua de voir cette Lumière fous la forme de Cone ou de Lance. Un calcul exact de cette Eclipfe, fon heure, fa quantité, fa demeure & les autres élémens réfoudroient une partie de ces difficultés, & nous fourniroient peut-être de quoi éclaircir tout le reſte. Mais outre que l'Epoque du Sac de Rome par Alaric, qu'on fixe communément à l'an 410, n'eſt pas fi inconteſtable qu'il n'y ait des Auteurs très-graves qui varient * Petav. De là-deffus*, il refte encore une autre incertitude dans le texte Doctr. Temp. de Nicéphore; c'eſt qu'on ne voit point du tout à quelle dif- tance & à quelle place par rapport à ce terme, il faut mettre l'Eclipſe en queſtion. Parmi cette foule d'événemens, de préfages & de malheurs que cet Hiftorien rapporte en cet endroit, on comprend bien qu'il y en doit avoir une partie Lib. II, cap. L. qui મ * DE L'AURORE BORÉALE, Sect. IV. Ch. Vill. 241 • · qui ont précédé la prife de Rome, & quelques autres qui l'ont fuivie; mais il n'eft pas aifé de les démêler. Auffi ne trouvai-je ni Aftronome, ni Chronologifte, qui fe foit donné la peine de calculer cette Eclipfe de Soleil, dans des Catalogues d'ailleurs très-amples où ils nous ont donné les élémens de quantité d'autres Eclipfes arrivées dans les fiècles les plus reculés. Ils rapportent fimplement celle-ci, les uns à l'an 410, comme le P. Riccioli, les autres à 409 ou 413, comme Hévélius, ou à 412, comme le même Hévélius & Lycofthène, &c. Nous croyons donc pouvoir nous diſpenſer du long travail qu'il faudroit entreprendre pour déterminer quelque chofe de plus précis fur cette matière, & d'autant plus que par rapport à la circonftance qui fait ici la principale difficulté favoir, comment on n'a vû qu'un cone de lumière ou la moitiè de l'Atmoſphère du Soleil, on en peut fort bien ima- giner la poffibilité dans l'un des cas fuivans, felon ce que donneroit le réſultat du calcul. Car 1. ou cette Eclipfe fera arrivée près de l'Horizon, par exemple, le matin, & en ce cas l'Horizon & les va- peurs dont il ne manque guère d'être chargé, auront em- pêché la Lumière Zodiacale de fe montrer au deffous du Globe Solaire, & elle n'aura été vûe qu'au deffus pendant l'obſcurité. Je ne voudrois pas même affurer que ce ne fût point ici une de ces Eclipfes matinales dont le P. Riccioli nous a donné l'explication & des exemples, & pendant lefquelles l'obſcurité peut être très-grande, quand même elles ne feroient que partiales, à cauſe que la partie du Difque non éclipfée fe trouve au deffous de l'Horizon, tandis que le reſte du corps éclipſé du Soleil eſt au deſſus. • 2.° Qu le Soleil aura été plus élevé ſur l'Horizon, & à telle hauteur qu'on voudra pendant l'Eclipſe; mais l'un des deux Cones de fon Atmoſphère aura été caché par par des qui ſe ſeront trouvés accidentellement de ce côté. nuages 3. Ou enfin en quelque lieu du Ciel que foit arrivée l'Eclipfe, & quelque ferein qu'ait été le temps, l'Eclipſe étant otale, mais non centrale, l'Atmoſphère Solaire aura paru Hh 242 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ** } fous la forme de Cone du côté où l'Immerfion étoit plus grande, & fimplement comme une eſpèce de Frange ou de Flamme brillante autour du Globe Lunaire, du côté de la moindre Immerſion, ainfi que Kepler nous la décrit en général * Sup. p. 15. dans les Eclipfes totales de Soleil*, & qu'elle parut dans le bas Languedoc, à Montpellier & à Béziers, le 12 Mai 1706; ou feulement comme un Cone fort obtus en compa- raiſon de fon oppofé, comme nous la vîmes de part & d'autre, vers l'Orient & vers l'Occident, M. Godin & moi, pendant Fig. XXIV. l'Eclipſe totale du 22 Mai 1724 à Paris. Car foit TP l'Ecliptique, RB l'Orbite de la Lune dont le Noeud eft en N, ÉQÏ'Equateur du Soleil, que nous fuppofons partager en deux parties égales fon Atmoſphère; DOCF le Difque du Soleil éclipfé dont le centre eft en S, & IFM celui de la Lune dont le centre eft en L, au moment du milieu de l'Eclipfe, &c. Il eſt aifé de comprendre par l'inſpection de ce Type, que dans le cas d'une denfité extraordinaire, l'Atmo- fphère du Soleil pourra paroître juſqu'en Q, & fous, la Figure HQG, du côté COD, où fon Difque eft plus enfoncé dans l'ombre, & où la partie la plus claire de fon Atmoſphère eſt cachée par le bord de la Lune CIOMD; tandis qu'une pareille partie plus à découvert du côté de CFD, éteint la pointe oppofée du Cone, l'empêche d'être fenfible, & en réduit l'apparence à la Frange, ou à quelque choſe de ſem- blable à GEBH. な ​CHAPITRE IX. De la correfpondance des apparitions de l'Aurore Boréale avec les différentes fituations du Globe Terreftre, par rapport au Soleil & à l'Atmosphère Solaire. IL s'agit ici d'appliquer aux apparitions effectives de l'Au- rore Boréale, par moyen de la Table que nous en avons donnée à la fin du Chap. IV, une partie de ce que nous, * DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV.Ch. IX. 243 ¿ 霎 ​avons remarqué en général, dans le Chap. VII, fur leur poſſibilité ou leur impoffibilité, leur fréquence ou leur rareté, & de comparer les différens points de l'Ecliptique fous lefquels ſe trouve la Terre par fa révolution périodique, avec les Saifons & mois de l'année où le Phénomène a paru le plus fouvent. Cette comparaiſon roulera principalement fur trois Chefs. Sur la Distance d'Elongation du Globe Terréftre dans les divers temps de l'année, par rapport au Soleil ou à l'Atmo- fphère Solaire, c'eft-à-dire, fur fa diftance proprement dite, & confidérée indépendamment de ſa ſituation à l'égard des Noeuds ou des Limites de l'Equateur Solaire. Sur la Diflance de Latitude ou de Déclinaiſon, par rapport aux Noeuds & aux Limites de cet Equateur. Et enfin fur la Direction de fon mouvement annuel en Afcendance ou en Defcendance, par rapport à ſon Pole Boréal qui eft celui autour duquel fe forment ou fe rangent les Aurores Boréales qui nous font connues. Ces trois principes de fréquence ou de rareté dans les apparitions du Phénomène, fe compliquent entre eux, les deux derniers fur-tout avec le premier, avec les diftances de la Terre au Soleil. Mais celui-ci devient le plus important par fa liaiſon avec la circonftance effentielle d'une étendue de L'Atmosphère Solaire capable de la faire parvenir juſqu'à la Terre. Car il eft clair qu'une moindre diſtance exige mains d'étendue de la part de cette Atmoſphère, pour la formation des Aurores Boréales, & une plus grande davantage, à proportion. Nous donnerons le Calcul & des exemples figurés de tous ces cas, en prenant de part & d'autre, avant & après le moment où le Globe Terreftre arrive à tel ou tel point de l'Ecliptique, des intervalles de temps égaux, d'un, de deux, ou de trois mois, en entier ou en partie, felon l'exigence du cas. Quand les mois feront pris en entier, de fimples extraits de la Table réduite fourniront toute la matièrė du calcul. Lorſqu'on prendra des portions de mois, il faudra Hh ij 244 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE t recourir au dénombrement qui précède la Table, & avoir égard à l'avertiſſement de la page 188, touchant la Réfor- mation Grégorienne du Calendrier, tant actuelle que rétro- grade. Car comme cette Réformation fait paffer quelquefois Ï'Aurore Boréale d'un mois à l'autre, elle doit changer auffi la date du Phénomène dans le mois d'où il ne fort pas, & à raison de l'année où il tombe. Enfin fi la Correction Grégorienne ne quadre pas avec un certain nombre de jours, & donne quelque fraction qui rende l'Epoque douteuſe, il faudra néceffairement fe déterminer par eftime, & felon les circonftances. 1 Pour en venir donc à l'examen des diftances de la Terre au Soleil, comparées avec les nombres de notre Table, & pour montrer que ces nombres font en général, & toutes choſes d'ailleurs égales, d'autant plus grands que les diftances font plus petites, je ſuppoſerai, comme j'ai fait dans la Section précé- dente, & comme je ferai dans tout ce qui fuit, la Parallaxe Solaire de 10", & par conféquent la moyenne diſtance de la Terre au Soleil, de 20626 demi - diamètres Terreftres, fa grande diſtance de 209767, & fa petite diſtance de 20.275 4. Cela pofé, voyons quel nombre de Phénomènes répond à l'un & à l'autre point de la ligne des Apfides, à l'Aphélie & au Périhélie. L'Apogée du Soleil ſe trouve aujourd'hui à peu-près au 8me degré 40' du Cancer, & par conféquent l'Aphélie de la Terre fera au même point du Signe oppoſé, favoir, au 8me degré du Capricorne, où elle arrivera vers le 30me Juin, huit à neuf jours après le Solftice d'Eté. Ce point a avancé de plus de 19 degrés felon l'ordre des Signes, depuis la fin du vme fiècle, d'où nous avons commencé à compter les Aurores Boréales qui rempliffent notre Table. Cependant comme le nombre de celles qui ont été obfervées en dernier lieu, & depuis 1716, eft prefque trois fois auffi grand que celui de toutes les autres, & que d'ailleurs le point où fe trouve aujourd'hui l'Apogée eft commode, en ce qu'il tombe affez juſte à la fin d'un mois, nous fonderons là-defin A t 7 3 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IX. 245 * lês calculs fuivans, une plus grande exactitude n'étant point néceſſaire ici. Prenant donc la fomme des Aurores Boréales qui ont paru, ou dont il nous refte la date & l'obſervation, dans chacune des moitiés de l'Orbite Terreftre, qui ren- ferment les grandes & les petites diſtances; favoir, dans tous les mois d'Octobre, Novembre, Décembre, en deçà du Périhélie, & de Janvier Février, Mars, au delà; & dans tous ceux d'Avril, Mai, Juin, en deçà de l'Aphélie, & de Juillet, Août, Septembre, au delà, on trouvera 161 Aurores Boréales autour du Périhélie pour les petites diftances, & 68 autour de l'Aphélie pour les grandes diftances; ce qui fait en tout les 229 Aurores Boréales contenues dans notre Table, & qui donne un rapport plus que double, & environ de 12 às, entre celles qui ont paru autour du Périhélie, & celles qui ont paru autour de l'Aphélie. ? Nombre des Aurores Boréales qui ont été obfervées dans les mois de La Terre 'étant dans la partie infé- rieure de fon Orbite. Octobre.. 50 Novembre 26 Décembre 15 Janvier... 21 La Terre étant dans la partie fupé- rieure de fon Orbite. Février... 27 Mars.... 22 SOMME TOT. Somme 161 Avril..... 12 Mai..... I Juin.. S Juillet.... 7 Août.. 9 Septembre 34 229 Somme 68 Les effets des grandes & des petites diſtances devront être encore plus fenfibles, fi la comparaifon qu'on en fait, ne tombe que fur les plus grandes & les plus petites. Ne prenons donc que le mois avant & le mois après, qui font immédiatement autour du Périhélie & de l'Aphélie ; L'on aura, Hh iij 246 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE La Terre étant autour Décembre 15 de &'d, & de Diſtance 20275. La Terre étant autour de 8d %, Juin … » & de Diſtance Janvier... 21 Juillet.... 7 20976. Somme 36 [4.8] Somme Dont les fommes 36 & 12 font exactement en raiſon triple. Auffi la différence des diſtances eft-elle prefque par-tout fur ce petit intervalle, d'environ 700 Demi-diamètres Terreftres, ou de 1002750 lieues. H ſemblera peut-être que les rapports précédens devroient être diminués, en tant que les Aphélies tombent fur les temps des plus longs Crépuscules, & les Périhélies fur celui des plus courts; ce qui pourroit faire paroître les effets du différent éloignement de la Terre plus grands qu'ils ne font réellement. Mais tout ce que nous voyons aujourd'hui du Phénomène, fur-tout depuis cinq à fix ans, peut nous con- vaincre que la circonftance des Crépuscules n'eſt pas auffi importante qu'on l'auroit pû croire, ni capable à beaucoup près de produire une différence aufſi ſenſible que celle qui fe trouve dans les nombres ci-deffus. Les trois quarts des Aurores Boréales qui ont paru, même les plus médiocres, fe font montrées long-temps avant la fin du Crépuscule: celle du 21 Juin 1730, par exemple, c'est-à-dire, au temps mênie du Solftice, & en une faifon où il n'y a point de nuit en ce Climat, fut aperçûe dès les 9 heures du foir, & elle étoit très-marquée à 9 Plufieurs autres ont été vûes en toute faifon dans le fort du Crépuscule; & ce qui empêche qu'on ne les voie ordinairement de même, c'eft pluftôt, comme nous l'avons expliqué, Section III, le temps qu'il faut à leur formation, que la clarté qui pourroit. en affoiblir l'apparence. D'ailleurs les belles nuits & les beaux couchers de l'Eté, comparés aux temps fombres de l'Hiver, peuvent favorifer autant ou plus les apparitions du Phénomène, que fa fon- gueur des Crépuscules ne pourroit leur nuire, fans compter 2 DE L'AUKORÉ BORÉALE. Sect. IV. Ch. IX. 247 1 que le Ciel eft toûjours plus obfervé en Eté, & par toutes fortes de perfonnes, & que par-là tout ce qui y paroît eft plus remarqué qu'en Hiver. Mais nous ne devons point finir l'Article des grandes & des petites diftances de la Terre au Soleil, & de leurs effets pour la formation & la fréquence des Aurores Boréales, fans prévenir encore une difficulté qui pourroit fe préfenter ſur ce fujet, & qui eft fondée fur une compenfation qu'il faut tout au moins connoître; après quoi l'on pourra juger de ſes conféquences. Par la théorie du premier Chapitre de la Section troi- fième, le rapport des Forces Centrales de la Terre & du Soleil étant une fois trouvé, & fuppofé invariable, il eſt clair que plus la diftance de la Terre fera grande, plus le point d'Equilibre L (Fig. IX), pris entre elle & le Soleil, fera éloigné d'elle, & au contraire, plus fa diſtance fera petite plus ce point fe rapprochera de la Terre. Car la fraction ou TSVO Formule qui donne la valeur de TĹ, ayant cette √F+70' diftance (TS) au numérateur, & tout le refte demeurant conſtant, exprimera une quantité d'autant plus grande, ou d'autant plus petite, que la changeante TS croîtra, ou diminuera davantage. La matière Zodiacale pourra donc tomber de plus loin dans notre Atmoſphère, lorſque la Terre fera à fon Aphélie, que pendant fes diſtances moyennes, ou lorfqu'elle fera à fon Périhélie : & par conféquent l'Aphélie fera à cet égard plus favorable à la formation & à la fré- quence des Aurores Boréales que le Périhélie. Sachons donc en quoi confifte ee plus & ce moins, & ce que la ſphère d'activité de la Peſanteur Terreftre doit gagner ou perdre par cette circonftance. La diſtance moyenne de 20626 demi- diamètres Terreftres, nous a donné TL 43 de ces demi - diamètres ou environ 61813 lieues; par la même voie l'Aphélie ou la grande diſtance, qui eft de 20977 'demi-diamètres, nous donnera TL 43 4333 422 =628.61 lieues; & la petite diſtance, qui eft de 20275, fera TL 478 72 478 J ? 248 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 =4212260738 lieues. La différence de ces nombres entre eux eft 2123 lieues, & leur différence avec TL, à là diſtance moyenne, moyenne, favoir, 61813 licues, fera d'une part 1048 lieues en excès, & de l'autre 1075 en défaut. D'où il fuit, que felon cette théorie, & fuppofé que la matière Zodiacale qui tombe du point L vers la Terre, contribue à la formation des Aurores Boréales que nous voyons, la Terre gagne 2 1 23 lieues dans fon Aphélie, par l'étendue du Tour- billon de fa Force Centrale, fur l'éloignement qui réſulte de fon Aphélie, comparé à celui de fon Périhélie. Mais nous avons vû ci-deffus, que cet éloignement eft d'environ 700 demi-Diamètres Terreftres, qui font 1002750 lieues, & qui contiennent plus de 472 fois le nombre précédent. Donc la compenfation qui naît de cette circonftance ne fauroit tout au plus, & dans les fuppofitions qui lui font les plus favorables, ôter au Périhélie de la Terre l'avantage que nous lui avons attribué à cet égard fur fon Aphélie, ainſi que l'expérience le confirme, & il faudra tout au plus diminuer cet avantage par-là de 42 partie, ou d'une quantité qui ne mérite aucune attention, étant comparée à 225, excès ou différence du nombre des Aurores Boréales qui ont été obfervées autour du Périhélie, fur le nombre de celles qui ont été obſervées autour de l'Aphélie; car 22, valent près de deux cens fois 72° 472 I 93 29 Examinons préfentement les effets de la Diſtance en Lati- tude ou en Déclinaifon de la Terre par rapport à l'Equateur & à l'Atmoſphère Solaires. On voit bien, comme nous l'avons expliqué Chap. VII, que toutes chofes d'ailleurs égales, le paffage de la Terre par les Noeuds de fon Orbite avec cet Equateur, devroit donner un plus grand nombre d'Aurores Boréales, que fon paffage par les Limites. Mais comme en particulier & dans le fait les autres circonftances ne font pas égales, & que l'effet de cette cauſe ſe complique avec celui des cauſes contraires, il arrive que la fomme des Phénomènes qui résultent du paffage de la Terre par les Limites, furpaffe la fomme des Phénomènes qui répondent aux Noeuds, Car { DE L'AURORE BOREALE. Sect. IV. Ch. IX. 249 ; Car prenant un mois avant, & un mois après le paffage par chacun de ces points, les renfermant par-là dans quatre intervalles de deux mois, on dura 92 Aurores Boréales autour des Limites, & 47 feulement autour des Noeuds. Aurores Boréales qui ont été obfervées autour des Nauds, & des Limites de l'Equateur Solaire. سوئی Limite Février.. 27 Noeud Boréal & Novembre 26 Afcen- dant 8° La Terre étant autour de la Boréale 8° 12. Mars 22 H. La Somme 49 Décembre 15 Somme 41 Terre étant autour du Nœud Mai.. Août Limite Auftrale Auftral & Def- 80 x. Septembre 34 Somme SOMME TOTALE | = | 2 | cendant Juill.... ४० + Somme ~ 10 | = | [139] SOMME TOT. 47 La différence de ces deux fommes eft environ comme 2 à 1. 45, & leur rapport Sur quoi j'obſerve en général, 1.° Que les Noeuds de l'Equateur du Soleil font proche de la ligne des Apfides de l'Orbite Terreſtre ou des points de fa plus grande & de fa plus petite diſtance d'Elongation, au lieu que par cette même raifon les points de Limite de cet Equateur par rapport à la révolution annuelle de la Terre, fe trouvent auprès de ſes diftances moyennes. Or il paroît par les obfervations de la Lumière Zodiacale que nous avons depuis 1683, & fur-tout depuis ces dernières années, que dans fes grandes extenſions, & aux temps de fréquence, les bornes ordinaires de cette Lumière font à environ 90 degrés de diſtance du Soleil : Ii 250 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 d c'est-à-dire, que dans les grandes extenſions de l'Atmoſphère Solaire, la longueur de la Lumière Zodiacale ou la diſtance de fa pointe au Lieu du Soleil differe peu de la moyenne diſtance de la Terre, ou, ce qui eft ici la même chofe, qu'elles fe confondent à peu près avec celles d'où la matière du Phénomène peut tomber dans l'Atmoſphère Terreftre, lorſque la Terre eft à ſes moyennes diſtances. Le nombre des obfer- vations qui font aller la Lumière Zodiacale plus loin, eft petit en comparaifon de celui des autres. De forte que lorfque l'Atmosphère Solaire croît en étendue, & qu'elle arrive juſqu'à la petite diſtance de l'Orbite Terreftre au Soleil, il eft très-ordinaire qu'elle monte bien vîte jufqu'à fa diſtance moyenne, & qu'elle s'y arrête, tandis qu'il eft rare qu'elle paſſe au delà. Ainſi la Terre gagne peut-être beaucoup moins par rapport à l'Aurore Boréale & à ſa fréquence, dans fes plus petites diſtances au Soleil, qu'elle ne perd dans fes grandes diftances. Le cas extrême & favorable d'un Noeud pourroit donc, indépendamment de tout autre circonftance, ne pas compenfer le cas extrême & contraire de l'autre Noeud, & la fomme des deux ne pas égaler celle des cas moyens, qui répondent aux Limites. 2.° Cet autre Noeud, celui qui approche de l'Aphélie, à un fi grand deſavantage, qu'il pourroit feul faire pencher la balance du côté des Limites. Auffi voit-on que l'excès des Phénomènes qui répondent aux Limites, priſes en total, fur ceux qui répondent aux Noeuds, tombe principalement fur la Limite Auftrale comparée au Noeud Defcendant ou Auftral. 3.° Enfin je prends garde que dans les trois ou quatre dernières années de notre Table, qui font celles qui ont le plus multiplié le Phénomène, la Lumière Zodiacale ou l'At- mofphère Solaire n'eft guère arrivée à la diftance moyenne de la Terre, fans qu'elle n'ait été en même temps & très-large & très-denſe, ainfi qu'il a été remarqué dans la première Section. C'eſt donc encore autant d'ôté à l'avantage que les Noeuds pourroient avoir fur les Limites pour la production des Aurores Boréales: puifque ce n'eft que dans la fuppofition DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IX 251 du tranchant délié des extrémités de l'Atmosphère Solaire, que les Noeuds doivent l'emporter fur les Limites. L'avantage des Limites tombe en partie fur les Equinoxes qui en font peu éloignés, & qui fourniront auffi des fréquences dont la fomme, priſe à un mois de diſtance de part & d'autre, furpaffe celle qui répond à un pareil intervalle autour des Aphélie & Périhélie, indépendamment des autres raifons que nous en avons données * Sup. pp. 158. Quant au principe de fréquence ou de rareté de l'Aurore !!!, 112, Boréale, fondé fur la direction du mouvement Périodique de la Terre par rapport à fon Pole Boréal, en tant que ce Pole va à la rencontre de la matière du Phénomène, ou qu'il la fuit, felon que le Globe Terreftre parcourt les Signes Aſcendans de l'Ecliptique, ou les Defcendans, nous en avons déjà expliqué le méchaniſme & les effets en général, dans le Chap. II de la Section troiſième. Il ne nous refte plus ici que d'en faire l'application aux nombres de la Table, fur quelques exemples plus détaillés. Nous avons remarqué que la partie du mouvement com- poſé de la Terre, qui en dirige le Pole Boréal vers la matière du Phénomène, comme la proue du Navire contre l'eau, devoit être la cauſe de deux effets principaux; l'un de fa- voriſer la Formation de l'Aurore Boréale, ou d'en rendre les apparitions plus fréquentes, dans les faifons de l'année où cette direction a lieu; l'autre de produire des Aurores Boréales mieux formées, plus décidées, & plus déterminées autour du Pole. C'eſt ce dernier avantage ſur-tout qui faiſoit l'objet du Chapitre cité, où il ne s'agiffoit que d'expliquer pourquoi le fiége ordinaire du Phénomène eſt du côté du Nord; mais c'eſt à quoi nous ne devons plus faire attention préſentement, & nous ne le faurions, notre Table ne portant rien de relatif à cette idée, qui vrai-ſemblablement n'étoit entrée pour rien juſqu'à nous dans les obſervations de l'Aurore Boréale. Il me fuffira d'affurer le Lecteur que fi l'avenir reffemble à cet égard à ce que je vois conftamment arriver depuis cinq à fix ans, il pourra fe convaincre par lui-même Ii ij 252 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE de la vérité de la remarque; c'eft-à-dire, que les Aurores Boréales depuis le Solstice d'Hiver jufqu'au Solſtice d'Eté · pendant que la Terre parcourt les Signes Defcendans, font: communément moins formées, plus indéciſes, & moins terminées vers le Nord, que celles qu'on voit dans l'autre moitié de l'année, & pendant que la Terre fuit les Signes Afcendans, ou, ce qui revient au même, c'eft qu'avec un petit nombre d'Aurores Boréales bien formées & bien terminées, il y en a ici un grand nombre d'autres qui ne le font pas, Cela même, & indépendamment de la réalité, a dû produire moins d'Aurores Boréales obfervées; car il eſt à préſumer que les Phénomènes indécis & vaguement placés ont été beaucoup moins aperçûs, ou qu'on les a moins rapportés à l'Aurore Boréale. Mais quelle que foit la caufe du plus grand nombre d'Aurores Boréales remarquées dans un cas plutôt que dans l'autre, c'eft fur ce nombre que nous allons montrer l'accord de la théorie avec les effets. ainfi Suppoſant donc tout ce qui a déjà été dit là-deſſus dans le Chapitre II de la Section III, d'après la Figure X, qui y eft jointe; imaginons pour plus de clarté qu'une partie de cette Figure, ou de la furface du Cylindre en quoi elle confifte, ſoit déroulée fur un Plan; de manière que la droite Fig. XXV. EQ exprimant l'Equateur du Monde, la courbe ondoyante ETIDQ exprime l'Ecliptique diviſée en ſes douze Signes, que l'on voit ces deux Cercles repréſentés fur les deux Hémisphères de quelques Mappemondes. KNLDM fera l'Equateur Solaire avec fes Noeuds, & fes Limites N, D, & L, M. Et parce que la Direction du mouvement dont il s'agit, ne peut avoir d'effet, qu'autant que l'Atmosphère Lenticulaire du Soleil parvient par ſon étendue & par fon épaiffeur jufqu'au Globe Terreftre, ou à peu-près, nous fup- poferons cette épaiffeur ou largeur de la Lentille de part & d'autre de l'Equateur Solaire, telle que l'Ecliptique y foit renfermée, comme l'indiquent les deux Courbes kuldm, nvλ♪µ, parallèles de part & d'autre à cet Equateur. Car quoiqu'il foit affez rare peut-être, qu'un femblable cas ait lieu DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IX. 25-3 pendant tout le cours de l'année, nous devons cependant le fuppofer ici en examinant fes effets, & toutes chofes d'ail- leurs égales. Cela pofé, il eſt clair que la Terre étant en T, au premier degré de, & defcendant par les Signes, my, &c. jufqu'au premier degré de %, elle ira à la rencontre de la matière du Phenomène par fon Pole Auſtral A, & tout au contraire en remontant de % par les Signes, ), &c. jufqu'au premier degré de, par fon Pole Boréal B. Le premier cas tombera donc fur la moitié de l'année com- priſe entre le 21 me Décembre, par exemple, & le 21me Juin, & le ſecond fur l'autre moitié, compriſe entre le 21 me Juin & le 21me Décembre, ou environ, à cauſe des années biſſextiles; car un jour de plus ou de moins ne tire pas ici à conféquence. Or on trouve 137 Aurores Bo- réales de ce côté, où eft le cas favorable de l'Aſcendance, & 92 ſeulement de l'autre, fur les 229 qu'en contient la Table. Aurores Boréales obfervées dans l'Afcendance & dans la Defcendance. Du 21 La Terre parcou- rant les Signes Afcen- dans, de od % à od 5. au 305 Juin Du 21 Juin.. • 3 Juillet... 7 La Terre Décemb. 7 au 31 Janvier 21 Août.... 9 parcou- rant les Février 27 Septembre 34 Octobre.. 50 Novembre 26 Signes Deſcen- dans, de od à od %. Mars ... 22 Avril,... 12 Mai.... I Du I Du Décembre 8 Juin.. 2 au 21 au 21 Somme 137 [229] 1:1 Somme... 92 La différence des deux fommes eft 45, & leur rapport environ de 3 à 2. Ce qu'il y a ici d'heureux pour l'examen des effets de cette cauſe, c'eſt que la complication de toutes les autres n'y apporte preſque aucurie exception, parce qu'elles fe trouvent Ii iîj २ 254. TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE * toutes diſtribuées réciproquement & en égale quantité, fur- les deux maſſes d'étendue, de durée & de mouvement, pendant lesquels celle-ci agit; égalité de jours, de nuits, de crépuscules & de diftances, de part & d'autre. Car à l'égard des diſtances, par exemple, qui font ce qu'il y a de plus important, l'Aphélie & le Périhélie de la Terre fe trouvant aujourd'hui près des Solftices, fur le 9me degré des. Signes de % & de, qui font les premiers des Afcendans, ou des Defcendans, les diſtances de la Terre, & leurs fommes doivent être à peu près les mêmes, dans le cours des deux moitiés de la Période annuelle qui y répondent : fans compter qu'aux fiècles précédens l'Aphélie & le Périhélie de la Terre étoient encore plus près des points Solfticiaux, ou fe confon- doient avec eux. La proximité des Noeuds de l'Equateur Solaire par rapport aux mêmes points de % & de 5, & la place correſpondante de fes Limites produifent auffi une fem- blable compenfation. Et tous ces points d'Aphélie & de Périhélie, de Noeuds & de Limites, peuvent d'autant mieux être rapportés à ceux des Solftices, que ce font des endroits où le mouvement de Déclinaiſon dont il s'agit eſt preſque nul, par la petiteffe de l'angle que l'Ecliptique y fait avec l'Equateur du Monde. Puiſque le mouvement de Déclinaiſon de la Terre, vers l'un ou l'autre des deux Poles du Monde, croît avec l'angle que l'Ecliptique & l'Equateur font entre eux, les effets de- vront être encore plus fenfibles, fi l'on ne compare que les temps de l'année où le Globe Terreftre paffe par les points où ces deux Cercles font le plus grand angle. La différence des nombres qui expriment les apparitions ou la fréquence du Phénomène fera fans doute plus petite, parce qu'ils tom- beront fur un intervalle de temps plus court que le précédent, mais leur rapport fera plus grand, en ce qu'il réfulte de cas extrêmes; comme on a vû à l'égard des grandes & des petites diſtances. Or c'eſt en effet ce qui arrive auffi à l'égard des Equinoxes, qui fe trouvent être en même temps, & les extrêmes par rapport au mouvement de Déclinaiſon, & les DE L'AUTORE BOREALE. Sect. IV. Ch. IX. 255 moyens à peu de choſe près, par rapport à toutes les autres circonstances. Car fuppofant la Terre alternativement autour de ces deux points, un mois avant & un mois après, favoir, autour du point E ou Q, ou oº v, depuis le 20me Août jufqu'an 20me Octobre, & autour du point 1, ou o° ♫ depuis le 20me Février incluſivement juſqu'au 20me Avril ; & prenant dans les dénombremens & dans fa Table tous les Phénomènes qui ont paru pendant ces intervalles, il y en aura 76 pour le premier ou autour des Equinoxes d'Automne, & 39 pour le fecond ou autour des Equinoxes du Printemps, de la manière qui fuit : Aurores Boréales obfervées autour des deux Equinoxes. Du 201 Février.... 6 au dern. La **Ferre étant Du 20 Août.... 6 au 315 La Terre Septembre 34 étant Mars... 22 autour Du de ody I au 20- 1} Octobre.. 36 autour Du deod 1. Avril ………. 11 au 20 [115] Somme... 39 ཆ། Somme 76 Dont la différence eft 37, & le rapport double, à un 39me près; au lieu que le rapport qui réfulte des deux moitiés de l'année comparées ci-deſſus, n'eſt qu'environ de 3 à 2. Encore faut-il prendre garde que la diſtance au Soleil eft un peu plus grande quand la Terre paffe par la Section du Beher en Automne, que quand elle paffe par celle des Balances au Printemps : ce qui ne peut manquer d'ûter quelques Aurores Boréales à l'Equinoxe d'Automne, & de couvrir une partie des effets de l'Afcendance & du mouvement de notre Pole vers la matière du Phénomène. Que fi au contraire les différentes diftances de la Terre au Soleil viennent à concourir avec les différentes directions de fon mouvement de Déclinaifon, leurs effets en feront encore plus marqués. Par exemple, fi f'on cherche quelle a été la fréquence du Phénomène autour du premier degré des Gémeaux (1), & du premier du Sagittaire (→) un mois 256 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE t avant & un mois après, fur les deux arcs de l'Ecliptique compris entre 8 &, & entre m & %, c'est-à-dire, depuis environ le 22me Octobre jufqu'au 22me Décembre, & depuis environ le 20me Avril jufqu'au 2 1me Juin, on trou̟- vera 46 Aurores Boréales d'un côté, & 5 de l'autre. La Terre Du 22 montant de y à 5, autour Novembre 26 22} O&obre.. II au 31 I au 22 de Dift. de 20355 Du dem.diam. } Décembre 9 Somme.. 46 La Terre defcen- dant de mák, autour de 20888 dem. diam. de Dift: Du 201 Avril. Avril……. au 305 Du 1 I Mai.... I au 21 } Juin.... 3 L [si] Somme.. 5 Ce qui donne un rapport de plus de 9 à 1, & qui ne doit pas furprendre, à cauſe de la complication mutuelle des deux circonftances qui tendent au même effet. Car quoique la quantité du mouvement de Déclinaiſon foit petite autour des points od & od →, il fuffit qu'elle foit telle qu'elle doit être, en Deſcendance autour de l'un, & en Afcendance autour de l'autre, & qu'elle concoure avec les diſtances, qui font très-différentes en ces endroits, pour qu'il en réſulte de très-grands effets ; la Terre étant ici, c'eſt-à-dire, autour du 22me Décembre, éloignée ſeulement de 20355 demi dia- mètres, & autour du 21 me Mai, d'environ 20888. Ce qui fait une différence de 533 demi-diamètres, ou de 763522, lieues. La comparaiſon des paffages de la Terre par les Noeuds de fon Orbite avec l'Equateur Solaire, quoique très-proches des points de l'exemple précédent, donne un moindre rap- port, & paroît en effet le devoir donner tel. Car prenant toûjours le même intervalle de deux mois de part & d'autre, les 8 degrés à retrancher des Signes du Taureau & du Scorpion, ou, ce qui eft ici la même chofe, les neuf derniers jours d'Octobre & d'Avril à ôter, font autant de pris fur les portions de l'Ecliptique qui faifoient le plus grand angle avec l'Equateur DE L'AURORE BORÉALE. Sect. IV. Ch. IX. 257 l'Equateur Terr ftre; & les 8 degrés à ajoûter, ou les neuf derniers jours de Décembre & de Juin, à compter au delà des Solſtices de & de %, font enſuite autant de pareilș eſpacés de temps, pendant lefquels les deux caufes s'affoi- bliffent réciproquement, & s'entredétruifent, le mouvement de Déclinaiſon allant d'un côté en Deſcendance, tandis que la diſtance diminue, & de l'autre en Afcendance, tandis que la diſtance augmente, comme il eſt aiſé de voir par la Figure, & par tout ce qui a été remarqué ci-deſſus. D'où il arrive que les fommes, au lieu d'être 46 & 5, & d'avoir entre elles le rapport de 9 à 1 & plus, font 41 & 6, & n'ont pas même tout-à-fait le rapport de 7 à 1. Aurores Boréales obſervées autour & proche des deux Nœuds de l'Equateur Solaire. La Terre étant autour du Noeud Af- Novembre 26 cendant de l'E'quat. Sol. & en Afcen- dance par rap- port à l'E'quat. du Monde, depuis le 84 Décembre 15 juſqu'à od feulement. La Terre étant autour du Noeud Def- Mai...... 1 cendant de l'Equat. Sol. & en Defcen- dance par rap- port à l'Equat. du Monde, depuis le 84 m Juin . . . . . . juſqu'à od z feulement. Somme 41 [47] I S Somme... 6 Nous ne poufferons pas plus loin cette recherche. Des cas moyens plus compliqués que ceux qu'on vient de voir, deman- deroient, pour être fufceptibles d'un femblable examen, que nous euffions une toute autre fuite d'obfervations que celle qui a fait juſqu'ici la baſe de nos Calculs. Il fuffit pour le préfent, qu'en général & à tout prendre, les grands nombres & les grands rapports fe trouvent toûjours du côté où ils Kk 258 TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE doivent être, avec les grandes maffes & les cas extrêmes. Tout le reſte devient équivoque & péu concluant pour ou contré l'analogie que nous avons cru apercevoir entre les apparitions du Phénomène & les pofitions ou les mouve- mens de la Terre dans les différentes Saifons de l'année. C'eſt au temps & à de nouveaux faits à juſtifier pleinement notre idée fur ce fujet, ou à faire naître des conjectures *plus heureuſes. } ૧૭ } A Planche XII. Sect. IV. p. 158. E Fig. XX. B™ K A 1 1 } + Fig. XIX. R L E } M Fig. XXI. E B K A A T R T * ∞ N 甲 ​K བ---… ୧ Planche. XIII. Sect. IV. p. 258. Y ہو : Fig.XXII. J S C Fig. XXIII. Y H G ac T B X Z H D V M N P B: E Ό R N 9 v R F X E S +Z D Ka P e M Ꭺ . 2 Ph. Simonneau Sculp. Planche XIV. Sect. IV.p.258. k K II V N B T A n Fig. XXV. me Fig. XXIV B P H AL G E MA D 7 d 44 T R M m Ph.Simonneau Sculp DE L'AURORE BOREALE. Sect. V. 259 } } T 雄 ​SECTION V. Questions & Doutes fur divers fujets, qui ont rapport à quelques Articles de cet Ouvrage. L' QUESTION I ques Etoiles "ANATOMIE comparée n'eſt jamais plus utile, que Sur l'Atmo- lorfqu'elle s'exerce fur quelque partie monftrueuſe de Sphère de quel l'homme, ou des animaux : c'eſt-là que ſe dévoilent pour fixes. l'ordinaire une ſtructure & un méchaniſme qui nous échappent par-tout ailleurs. N'en feroit-il pas de même de l'Aftronomie comparée ? Malgré l'uniformité admirable qui regne dans les opérations de la Nature, l'Univers a ſes monftres en grand comme en petit. Cette quantité innombrable d'Etoiles fixes aperçûes à la vûe ſimple, & par le ſecours des Lunettes, nous préfentent autant de Soleils femblables à celui qui occupe le centre de notre Tourbillon: ne s'en trouveroit-il point quel- qu'un dans ce nombre, où des traits qui ne font que légèrement marqués dans le nôtre, le ſeroient infiniment davantage dans ceux-ci? Notre Soleil placé auffi loin de l'oeil que le font les toiles fixes, auroit fans doute les mêmes apparences que la pluſpart d'entre elles, & il ne nous laifferoit vrai-fembla- blement-apercevoir aucun veftige de cette Atmosphère qui l'environne, & que nous n'avons connue que par fes Eclipfes, lorfque fon Globe nous eft entièrement caché par celui de la Lune, ou par la Lumière Zodiacale, lorſqu'il ſe trouve à quelques degrés au deffous de l'Horizon. Mais l'Atmoſphère de quelques Etoiles ou de quelques Soleils ne feroit-elle point affez épaiffe, aſſez étendue, aſſez lumineuſe par elle- même, ou affez vivement frappée des rayons de Lumière qui partent de leur Globe, pour fe montrer à la faveur de Kk ij 260 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ces circonstances & de leur éloignement, en préfence de leur Globe, ou même pour en offufquer la Lumière? La première apparence de cette nature qui ait été remarquée dans le Ciel, eft, fi je ne me trompe, la Nébuleuſe d'An- dromède. La découverte en eft attribuée par de célèbres Auteurs à M. Bouillaud, en 1661; mais elle eſt beaucoup plus ancienne, & appartient véritablement à Simon Marius, qui aperçût cette Etoile en 1612, trois ou quatre ans après l'invention des Lunettes. Comme tout ce qui en a été dit depuis, n'approche pas, ce me femble, de l'exactitude avec laquelle cet Auteur l'a décrite dans la Préface de fon Mundus jovialis, Livre affez rare, & que d'ailleurs fa deſcription eſt très-conforme à ce que j'en ai obſervé moi-même, je crois que je ne faurois mieux faire que d'en donner ici l'extrait. Le 15 Décembre de l'année 1612, dit-il, je vis par le moyen 'de la Lunette, une Etoile fort extraordinaire par fa figure, & telle que je n'ai rien trouvé de femblable dans tout le Ciel. Elle eft à la ceinture d'Andromède tout proche de la troifième ou de la plus Septentrionale; & on la découvre en cet endroit à la vûe fimple, comme un petit nuage. Lorfqu'on la regarde avec la Lunette, on n'y voit point briller plufieurs petites Etoiles, comme dans la Nébuleufe du Cancer & dans toutes les autres Nébu- leufes, mais on y aperçoit feulement quelques légers rayons de Lumière blancheâtres, & d'autant plus clairs qu'on approche davantage du Centre. Ce Centre n'eft lui-même marqué que par *une foible clarté fur un diamètre de près d'un quart de degré. Elle n'a paru avoir tout à fait l'apparence de la flamme d'une chandelle qu'on verroit dans la nuit à travers de la Corne tranſparente, & je la trouve fort femblable à la Comète que Tycho-Brahé obfervoit en 1586.... fi elle eft nouvelle ou non, c'eft ce que je ne déciderai pas. Je fai feulement que Tycho- Brahé, tout clairvoyant qu'il étoit, n'en a pas fait mentionne paroît pas en avoir eu connoiſſance, quoiqu'il ait décrit l'endroit du Ciel où on la trouve, & déterminé tant en Longitude qu'en Latitude la poſition de l'Etoile qui en approche le plus. Quelle prodigieuſe Atmoſphère, par la denſité & l'épaiffeur, DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 261 ne faudroit-il pas à notre Soleil pour le cacher ou l'obſcurcir à ce point? Selon feu M. Caffini, la Nébuleuſe d'Andromède, obſervée avec de grandes Lunettes, fait voir de ces étincelles qu'il avoit aperçues quelquefois dans la Lumière Zodiacale; & felon M. Godefroy Kirch, elle fouffre des changemens, & elle paroît & difparoît par repriſes. On a trouvé depuis plufieurs autres apparences femblables, & qui ont plus ou moins de rapport avec la précédente; favoir, 1.° Une tache fort petite, mais fort lumineufe, & qui darde un rayon entre la tête & l'Arc du Sagittaire, en 1665, par un Allemand nommé Abraham Jhle. 2. Une autre dans le Centaure, en 1677, par M. Halley, lorſqu'il faiſoit le Catalogue des Etoiles Méridionales. 3.° Une tache qui eſt auprès du pied Boréal de Ganimède ou Antinoüs, dé- couverte par M. G. Kirch, en 1681, & rapportée avec Figure, dans l'Appendix de fes Ephémérides. C'eft un petit nuage fort denſe & fort ſemblable à la Nébuleuſe d'Andromède, fi ce n'est qu'il laiffe voir une Etoile qui eft auprès de ſon Centre. Auffi M. Kirch fut-il d'abord dans le doute fi ce n'étoit pas une Comète. 4. Une autre enfin, dans la Conftellation d'Hercule, en 1714, par M. Halley. O Je ne parlerai point de quelques autres petites taches fombres qui ont été vûes, par hafard, auprès de quelque Planète qu'on obfervoit, & qu'on n'a pu retrouver depuis, faute d'un objet fixe qui y ramenât l'Obſervateur. Peut-être auffi audra-t-il ranger dans la même claffe les deux taches noirâtres que le P. de Beze, Jéfuite, remarqua en 1689, près du Pole Antarctique, différentes de deux autres plus claires, qu'on a coûtume de tracer fur les Globes, & qui font connues fous le nom du Grand & du Petit Nuage. Mais je ne faurois paffer fous filence l'Eſpace lumineux que M. Huguens découvrit en 1656, autour de la Nébuleuſe d'Orion, cette clarté de Figure irrégulière, moins bleue & moins foncée que le refte du Ciel. Elle paroît, ſelon quelques-uns, comme une pièce coufue, ou felon quelques } Kk iij 262 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE autres, comme un trou fait à la voûte célefte, & à travers lequel on apercevroit une Lumière que cette voûte n'a pas, Cet eſpace renferme fept Etoiles, fur une longueur en Déclinaison de 5 à 6 minutes de degré, & fur une largeur en Aſcenſion droite de 3 ou 4. Ne feroit-ce point encore à l'Atmoſphère de ces Etoiles, & de plufieurs autres peut-être, qui fe dérobent à notre vûe, qu'il faudroit attribuer cette apparence? La Figure irrégu- fière qui la termine & fa continuité n'ont rien qui doive furprendre: des pofitions différentes & une diſtance fi énorme ne fauroient manquer de confondre ou de mutiler à nos yeux la pluſpart de ces Atmoſphères, & pourroient fort bien nous en montrer l'affemblage & le total fous la Figure que cette clarté repréſente, & telle que M. Huguens dépeinte. Fig. XXVI. Voyez-en la Figure. * M.rs Godin & de Fouchy. Ce qui eft digne de remarque, & à quoi l'on pourra faire plus d'attention à l'avenir, c'eſt qu'il femble que ce Phéno- mène, auffi-bien que la Nébuleuſe d'Andromède & l'Atmo- ſphère du Soleil, foit fujet à des changemens confidérables. M. Huguens s'étoit fervi d'une excellente Lunette de 23 pieds du Rhin, ou 22 de Paris, & de beaucoup plus grandes encore pour la pluſpart de ſes obſervations fur Saturne, & il nous avertit enſuite, en parlant de la clarté dont il s'agit, que ce n'eft qu'avec de grandes Lunettes qu'on la pouvoit bien voir. C'est donc vrai-ſemblablement avec les grandes Lunettes dont M. Huguens s'étoit fervi pour voir Saturne, qu'il avoit obſervé la clarté de l'Epée d'Orion. Cependant on l'aperçoit très-diftinctement aujourd'hui avec une Lunette de 7 pieds de Roi; d'où l'on peut conclurre, ce me femble, que fa denfité doit être aujourd'hui beaucoup plus grande que du temps de M. Huguens. Quant à fa Figure, je crois auffi qu'elle varie; & c'eft ce qui m'a été confirmé par deux Aftronomes * que j'avois priés d'y regarder avec moi, & aux yeux de qui l'on peut s'en rapporter là-deffus en toute manière. M. Godin m'a communiqué de plus un deſſein & une obſervation manufcrite de M. Picart, du 20me Mars قبر DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 263. 1673, où la forme extérieure de cet eſpace lumineux differe de celle de M. Huguens, & où l'on voit quatre Etoiles en A, au lieu de trois feulement qu'on en trouve fur la Figure de Fig. XXVII. M. Huguens. Enfin j'ajoûterai qu'auprès de l'efpace lumineux d'Orion, on voit l'Etoile d de M. Huguens actuellement (1731) en- vironnée d'une clarté toute femblable à celle que produiroit, comme je crois, l'Atmoſphère de notre Soleil, fi elle devenoit aſſez denſe & affez étendue pour être viſible avec des Lunettes à une pareille diſtance. Voyez-en la forme & la fituation en D, felon qu'elle a été déterminée par le Réticule. La Figure XXVII repréſente ces objets renversés, & tels qu'ils m'ont paru le plus fouvent depuis cinq à fix ans, avec une Lunette de 18 & de 22 pieds. J'ai tourné de même la XXVI qui étoit en fens contraire dans M. Huguens. La Voie Lactée, vûe avec les mêmes Lunettes, m'a paru n'être en quantité d'endroits, qu'un tiffu de femblables Ef paces lumineux parfemés de petites Etoiles, comme celui d'Orion. QUESTION II. L'Atmosphère Solaire n'eft-elle point fujette à de fré- quentes fermentations, & à quelques précipitations de fes parties les plus groffières vers le Globe du Soleil, qui lui procurent la plupart des apparences extérieures que nous lui voyons dans la Lumière Zodiacale; l'étincellement, le plus ou le moins de 'denſité & de tranſparence, de blancheur ou de couleur quelconque ? N'eft-ce point par quelqu'un de ces accidens qu'elle difparoît quelquefois totalement à nos yeux? Car il eſt difficile d'expliquer par les feules varia- tions de notre Air & de l'Atmosphère Terreftre, comment la Lumière Zodiacale ne paroît point du tout en des nuits fort claires, & où tous les Aftres brillent d'une lumière très- vive, tandis qu'elle a paru, fort étendue & fort denfe, peu de jours auparavant, & qu'elle doit reparoître de même peu de jours après. Sur les acci- dens qui arri- mière Zodia- vent à la Lu- cale, } 264 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Sur les Ta- " QUESTION 111. Ne feroit-ce point à quelque femblable précipitation de ches du Soleil, parties de l'Atmoſphère du Soleil, que feroient dûes les Taches qu'on voit fi fouvent fur la furface de fon Globe? Et ne pourroit-on point découvrir quelque analogie entre la fré- quence, les ceffations & les retours de ces Taches, & les appa- ritions, les retours & les ceffations de la Lumière Zodiacale? C'étoit affez le ſentiment de feu M. Caffini. « Notre Lu- mière, dit-il, dans fon Difcours fur ce Phénomène, pourroit » avoir les viciſſitudes qu'ont les Taches du Soleil, qui ſe for- » ment en certains temps & fe diffipent en d'autres; &, c'eft » une choſe aſſez remarquable, que depuis la fin de l'année 1688, que cette Lumière a commencé de s'affoiblir, il n'a plus paru de Taches dans le Soleil, où les années précédentes elles étoient affez fréquentes; ce qui femble appuyer en quelque manière les conjectures expofées aux nombres 21 » & 22, que cette Lumière peut venir du même écoulement les Taches & les Facules du Soleil. que 1 n » » 2 >> Deſcartes, qui n'a pas ignoré l'Atmoſphère Solaire, ce corps rare, qu'il appelle Air, comme celui qui environne la Terre, & qu'il étendoit juſqu'à la Sphère de Mercure, & au delà, lui donnoit auffi la même origine. Il croyoit que les Taches en fe diffipant, produifoient autant de nouvelles augmentations à l'Air Solaire, qui venant à retomber, ſervoit lui-même à fon tour de matière à de nouvelles Taches. Ce qui paroît favoriſer cette idée, c'eſt que depuis cinq à fix ans que les Aurores Boréales, fuite ordinaire, felon notre hypothèſe, des grandes extenfions de cet Air, font devenues fréquentes, les Taches du Soleil l'ont été auffi beaucoup. On fait encore qu'au commencement du dernier fiècle, après l'invention des Lunettes, on ne voyoit preſque jamais le Soleil fans Taches; & il en avoit quelquefois des amas fi confidérables, que le P. Scheiner dit y en avoir compté une fois jufqu'à cinquante. Elles devinrent enfuite plus rares: de manière que depuis le milieu du fiècle juſqu'en 1670, c'eſt- འ་ à-dire, DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 265 à-dire, dans l'èſpace d'une vingtaine d'années, on n'en pût trouver qu'une ou deux, & qui parurent même fort peu de temps. Or comme nous l'avons vû, il y eut un grand nombre d'Aurores Boréales au commencement de ce fiècle, & jufques au delà de 1621; après quoi l'on n'en entend plus parler jufqu'en 1686. Cependant il faut avouer qu'il n'y a encore rien de folide à établir fur cette correfpondance apparente, & qu'elle ne ſe foûtient pas toûjours également. Car les années qui fuivirent 1621, 1622, &c. & où l'on dût redoubler d'attention pour la Lumière Septentrionale, furent peu marquées par l'apparition de ce Phénomène, quoique les Taches du Soleil y fuffent en auffi grande abondance que jamais, comine on le voit dans le P. Scheiner. QUESTION IV Suppofé que la matière de l'Atmoſphère Solaire ne foit ni fumineufe ni enflammée par elle-même & dans fa fource, ne peut il point arriver, 1.° Qu'elle devienne l'un & l'autre, en tout ou en partie, & plus ou moins vîte, en tombant dans les couches les plus élevées de l'Atmoſphère Terreftre, de la même manière que certains Phoſphores s'allument étant expoſés à l'air, ou mêlés. avec certaines liqueurs? 2.° Qu'en s'approchant enfuite de plus en plus, & par fon propre poids, des couches moins élevées, & de la Région extérieure de notre air proprement dit, & venant encore à ſe mêler avec lui, éteinte ou non éteinte, plufieurs de ſes parties s'y réuniffent en de petites maffes plus denſes; de la même manière que les particules de la Réfine qu'on a fait diffoudre dans l'Efprit de Vin, & que le diffolvant tenoit féparées, le réuniffent en des molécules plus groffières lorf- qu'on vient à verfer de l'eau par deffus? 3.° Que cette matière ayant augmenté ainfi de denſité & de poids, plus qu'elle n'a augmenté de furface, fe trouve d'autant plus difpofée à la précipitation, & fe précipite en effet dans la Région la plus baffe de notre Atmoſphère, & juſque fur la ſurface du Globe Terreftre? Sur les modi- are de fications que la matière l'Atmosphère Solaire peut recevoir, en fe l'Atmosphère Terrestre. mêlant avec LI 266 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE. Sur le lieu Volans. Cela pofé, la divifion de l'Atmosphère Terreftre, qui réfulte de cette théorie, ne feroit que nous préfenter fous. un nouveau point de vûe, les trois Régions fous lefquelles nous l'avons conçue jufqu'ici, & auxquelles nous avons eu égard dans tout cet Ouvrage; favoir, La Région ſupérieure qui eft le fiège des Aurores Boréales, d'une étendue où d'une épaiffeur indéfinie, & que ces Phé- nomènes font monter quelquefois à plus de deux cens lieues, de hauteur. La Moyenne Région qui commence aux dernières couches du crépuscule, c'eſt-à-dire, à 15 ou 20 lieues de hauteur tout au plus, & qui fe termine en deſcendant, à 2 ou 3 lieues au deffus de nous. C'eſt à la fuperficie de celle-ci, qu'on peut imaginer que finit l'air groffier qui pèfe fur le Mercure du Baromètre, ou qui caufe ſes variations. Enfin la Région inférieure qui s'étend depuis la couche la plus baſſe de la Région précédente, jufqu'à la furface de la Terre, & qui eft le lieu de toutes les viciffitudes aëriennes, fenfibles, des Météores proprement dits, & des Réfractions Aftronomiques. QUESTION V. Si la hauteur de ces Feux Volans dont il a été parlé dans &la forma- tion des Feux le Chapitre IV de la Section 11, eft bien conftatée, c'eſt à la Moyenne Région de l'Atmosphère qu'il faut les rapporter. Et ne peut-on point imaginer alors, à peu-près felon l'idée qu'en a M. Halley, qu'ils ont été formés par quelqu'une des Opérations Chymiques de la Nature, dont nous venons de parler; par des amas de la matière du Phoſphore la plus groffière, qui n'aura pris feu qu'après un affez long ſéjour. dans les couches fupérieures de cette Région? Sur les chan- gemens que QUESTION VI La Région inférieure de l'Atmoſphère Terreftre qui eft 1 Aurore Bo- le fiège des Météores, & où nous refpirons, ne reçoit-elle caufer dans aucun changement de la part des Aurores Boréales, fi ce réale peut Fair. ** DE L'AURORE BOREALE. Sect. V. QUESTIONS. 267 } n'eft de proche en proche, pendant qu'elles réſident dans la Région fupérieure, & que la matière dont elles font formées brille au deffus de nous, du moins après que cette matière eft éteinte, lorſqu'elle ſe précipite dans les couches inférieures de l'Atmosphère, & qu'elle tombe jufqu'à la ſurface du Globe Terreftre? De fréquentes Aurores Boréales ne laifferont-elles donc pas dans l'air une eſpèce de levain qui fe développera en fon temps, & qui fera capable d'en changer plus ou moins la température felon fa quantité, & felon les autres circonf- tances? & ces changemens ne pourroient-ils point être à l'avenir un objet digne de l'attention des Obſervateurs? QUESTION VIL D'où viennent ces Crépuscules irréguliers par leur longueur & par leur clarté, que l'on a remarqués dans tous les temps, & fors même que l'on ne penfoit point du tout à la Lumière Zodiacale, ni à l'Aurore Boréale? ne feroient-ils point dûs aux veftiges de la matière de ces Phénomènes, qui n'ont pû fe former ou fe rendre vifibles, par la rareté extrême des parties de l'Atmoſphère Solaire qui parviennent alors juſqu'à Atmosphère Terreftre? Ne feroit-ce point encore une circonſtance favorable à cette conjecture, que les Crépuscules du foir, après que le Soleil & fon Atmoſphère ont ſéjourné fur notre Horizon, fe trouvent communément plus longs que les Crépuscules du matin? Et indépendamment des particules lumineuſes de la matière Zodiacale, qui peuvent fe mêler avec les couches fupérieures de notre air, l'Atmoſphère Solaire ne doit-elle pas faire *avancer le Crépuſcule du matin, & prolonger celui du foir, dorfqu'elle vient à s'étendre plus que de coûtume par fa partie la plus denſe, ou lorfque fa denſité & fa clarté augmentent confidérablement? Car l'effet doit être le même, quant à l'analogie des Réfractions, que fi le corps du Soleil ſe trouvoit actuellement à la même hauteur fous l'Horizon, où le trouve cette partie de fon Atmoſphère. Sur la lon- gueur de cer- tains Crépus- cules. LI ij 268 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE de QUESTION VIII Sur quelques Outre ces Aurores Boréales que nous avons nommées apparences de Informes, qui ne fe manifeftent que par une matière fumeuſe réale, & fur & obfcure à fa partie inférieure, mais blanche & claire au quelques af deffus, vaguement répandue par pelotons dans le Ciel, &c. fections de Pair Sur l'ap- parence des Aurores Bo- n'y en auroit-il point d'autres qu'on pourroit appeler Nébu- leufes, qui ne confiftent peut-être que dans le prodigieux amas de la matière Zodiacale tombée dans notre Atmoſphère en forme de brouillard & fans s'enflammer? Car je vois depuis quelques années, des nuits d'abord fort claires, & où le Nord & le Couchant portent toutes les marques d'une Aurore Boréale prochaine, fe terminer une ou deux heures après par un Ciel tout couvert de brouillards apparens ou de nuages fumeux, lefquels nous cachent à la vérité la pluſpart des Etoiles, mais qui en laiffent voir quelques autres, avec des lambeaux clairs & blancheâtres, indiftinctement femés dans tous les endroits où ces nuages viennent à s'ouvrir. Ce qui me perfuade qu'une telle apparence pourroit être dûe à une matière Zodiacale fort abondante, & que la choſe mérite tout au moins quelque attention, c'eft que j'ai wu deux ou trois fois cette eſpèce de brouillard univerſel ſuivi d'une Aurore Boréale, ou changé en une Aurore Boréale très-bien marquée. Et qui fait encore fi certaines affections de l'air qui ne fe manifeſtent que pendant le jour, ce Soleil dépouillé de rayons & vû blanc comme la Lune dans toute la France, & dans une partie de l'Europe, certaines Réfrac- tions extraordinaires, &c. ne font pas dûes en partie à une femblable cauſe, au vaſte fluide de l'Atmoſphère Solaire où nous fommes plongés, & qui le précipite en abondance dans notre Atmosphère? QUESTION IX. La denfité apparente de l'Aurore Boréale dans fes parties réales pour les obfcures ou lumineufes, n'eft-elle pas plus grande pour Terres Arcti- l'Obfervateur, qui eft proche de fa fource, ou des Terres habitans des gulla DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 269 Arctiques, que pour celui qui en eft plus éloigné ? Il feroit naturel de le croire ainfi, en général, parce que la denfité réelle & la quantité de matière doivent être préfque toûjours plus grandes auprès du Pole que par-tout ailleurs. Cependant les habitans des Terres Arctiques mêmes doivent en bien des occafions, voir certaines parties du Phénomène plus indéciſes & moins marquées que nous ne les voyons du milieu de la Zone Tempérée. Car la couche d'une matière tranſparente qui eſt étendue horizontalement au deffus de la ſurface de la Terre, y doit être d'autant plus viſible qu'elle eft regardée de plus loin ou plus obliquement. Ainfi les habitans des Terres Arctiques' pourroient bien ne pas voir toûjours l'Au- rore Boréale auffi denſe qu'elle nous le paroît d'ici dans quelques-unes des parties qui la caractériſent. L'Arc Septentrional de l'Aurore Boréale du 19me Octobre 1726, devoit, felon le cafcul de fes Parallaxes, être vû auprès dn Zénit de Pétersbourg ou du Parallèle de cette Ville, par ceux qui regardoient ce Phénomène d'une pareille Latitude. Il ne le fut pas pourtant en qualité d'Arc, ni de Zone bien ter- minée; on y vit feulement une Lumière qui s'étendoit beau- coup de toutes parts: & c'eſt en effet, felon les règles d'Optique & la nature de l'objet, tout ce que l'on devoit y voir. Il eſt vrai que fi l'épaiffeur de la couche de matière viſible avoit plus de hauteur que fa dimenfion horizontale n'a d'é- tendue, ce feroit tout le contraire, & & que l'oeil qui l'auroit à fon Zénit y trouveroit plus de denfité que celui qui la regarderoit de plus loin, & par le côté. C'eſt peut-être ainfr que nous avons vû quelquefois la matière de l'Aurore Boréale monter fucceffivement en Arc jufqu'au Zénit, & même paſſer au delà vers le Midi. Mais ce cas doit être fort rare à l'égard de la maffe totale dù Phénomène. Les habitans du Greenland ne voient donc fans doute pour Fordinaire bien diftinctement l'Arc ou la Paliffade lumineufe, que dans des Aurores Boréales beaucoup plus ramaflées autour du Pole, que ne le font la plufpart de celles qui fe font remarquer ici, ou bien, ils n'en voient ils n'en voient que des parties inté LI iij 1 } Sur la trop quence des réales. 270 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE rieures, un Arc & un Segment concentriques aux nôtres & qui nous ſont cachés. Leurs Aurores Boréales bien formées ne font pour nous que celles qui ſe manifeftent par une clarté ou une fimple lueur fur l'Horizon du côté du Nord; & fa matière du Segment, comme celle du grand Arc de 30 ou 40 degrés de hauteur, & de 90 ou 100 d'Amplitude, qui fait la principale partie de quelques-unes des nôtres, ne leur donne peut-être que ce Ciel tapiffé de flocons du Phoſphore, plus ou moins grands, & parfemé de nuages fumeux, tels que nous les avons quelquefois à notre Zénit, & fur tout notre Horizon. Il y a donc grande apparence que nous fommes plus favorablement fitués que les habitans des Terres Arc- tiques, pour démêler toutes ces particularités du Phénomène, & pour en découvrir la cauſe. QUESTION X pas La fréquence des Aurores Boréales ne pourroit-elle grande fré- devenir fiª grande, qu'elle nuiroit enfin à la Recherche des Aurores Bo- caufes de ce Phénomène à certains égards, ou lui feroit moins favorable qu'une fréquence moyenne? Car fuppofons, par exemple, que ces cauſes foient celles que nous avons indi- quées dans ce Traité, & que l'Atmosphère Solaire vienne à s'étendre pendant quelques fiècles beaucoup au delà de l'Or¬ bite Terreftre, & à la renfermer toûjours : il n'y a plus alors d'induction à tirer des Saiſons où l'Aurore Boréale paroît plus ou moins; parce qu'elle doit toûjours paroitie, & que ce ne font que des caufes Phyfiques accidentelles & étran- gères, qui font qu'elle ceffe ou qu'elle ſe montre en certains jours pluftôt qu'en d'autres : les trois principes de fréquence dont nous avons parlé dans la Section précédente n'ont plus lieu, ou ſe réduiſent au dernier, au mouvement annuel en Aſcendance & en Defcendance par rapport à notre Pole. Encore ce principé ne pourroit-il guère ſe manifefter en ce cas que dans une partie de fes effets, non par la fréquence du Phénomène, puiſqu'il devroit toûjours paroître, mais feulement par fa forme communément plus régulière & plus DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 271 1 déterminée vers le Pole, dans une moitié de l'année que dans l'autre; ainfi qu'il a été expliqué en fon lieu. Les Groenlandois, & les habitans encore plus reculés dans la Zone Polaire, font donc fouvent, à mon avis, trop près du Phénomène, qu'ils ont au deffus de leur tête, comme ceux des parties Méridionales de la Zone Tempérée qui l'ont auprès ou au deffous de l'Horizon, en font trop loin, pour en démêler les fingularités. Peut-être fommes- nous donc encore à cet égard, dans la poſition la plus favo- rable de toutes, en France dans les parties Septentrionales, en Angleterre dans les Méridionales, en Allemagne, &c. QUESTION XI. JA res Antarcti- ques. Y a-t-il à s'étonner que nous n'ayons aucune obſervation Sur les Au- d'Aurore Polaire par rapport à l'Hémisphère Antarctique, & rores Polai- ne feroit-ce point au contraire un grand hafard, que parmi le petit nombre de Voyageurs qui ſe font trouvés proche du Pole Auftral, & pendant le petit intervalle de temps qu'ils y ont été, quelqu'un de ces Phénomènes fût venu à paroître? Tout ce que nous connoiffons de Terres, ou de Mers un peu fréquentées dans l'Hémiſphère Méridional, d'une affez grande Latitude pour qu'on pût s'y attendre à voir quelque chofe de pareil à nos Aurores Boréales d'Europe, fe réduifent à la pointe de l'Amérique, à la Terre de Feu, aux détroits de Magellan & de le Maire, & à quelques Ifles adjacentes. Tout le refte eft trop loin du Pole pour avoir connoiffance dụ Phénomène, fi le Phénomène eft tel de ce côté du Globe Terreftre, que dans l'Hémisphère Septentrional; comme il faut le fuppofer jufqu'à ce que nous apprenions le contraire. Et comment les Aurores Polaires Auftrales feroient-elles connues, par exemple, au Chily & au Paraguay, ou au Cap de Bonne Espérance, ne l'étant prefque pas il y a quelques années chez nous à de plus grandes Latitudes, en Italie & en Eſpagne? Or il n'y a point eu, que je fache, d'établiſſement permanent dans les autres Terres Antarctiques que nous avons nonиnées; les Navigateurs n'ont guère fait qu'y paffer 272 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 Sur une at- faut faire au mite. pour fe rendre dans la Mer du Sud, ou pour aller de là aux İndes Orientales: encore remarquent-ils qu'on éprouve prefque toûjours pendant ce paffage, des temps brumeux, & un Ciel peu favorable à l'apparition de Phénomènes tels que ceux dont il s'agit. QUESTION XII L'idée du Point de Limite ou d'Equilibre entre la Terre; tention qu'il & plus généralement, entre toute Planète Principale & le Point de Li- Soleil, & celle du conflict de Forces. Centrifuges, & Cen- tripètes à divers égards, néceffaires pour retenir dans fon Orbite & autour de ſa Planète Principale tout Satellite placé au delà de ce point vers le Soleil (Sup. p. 102.) ne four- niroient-elles point un éclairciffement utile pour l'intelli- gence de ce que dit M. Newton dans fes Principes fans autre reftriction; Que les Forces qui retiennent la Lune, & en général, les Planètes Secondaires dans leurs Orbites, fe rapportent à leurs Planètes Principales ou agiffent vers leurs Planètes Principales ! Et lorsqu'on fuppofe la Lune dénuée de tout mouvement projectile, pour calculer le temps qu'elle emploieroit à tomber en ligne droite d'un point de fon Orbite ou de 60 demi- diamètres Terreftres de diftance fur la Terre, temps qu'on trouve d'environ 4 jours & 20 heures, ne faudroit-it pas encore avertir, qu'on lui conferve fa tendance Centrifuge par rapport au Soleil, ou faire une abftraction formelle du Soleil & de l'action de fa Force centrale, pendant le temps de la chûte, fans quoi la Lune tomberoit infailliblement fur le Soleil & non fur la Terre? QUESTION XIII A Sur les temps De ce que le Globe de la Lune affecté de la feule Pefanteur de chûte de la Terreftre, & denué de toute autre tendance, emploieroit 4- matière Zo- jours 20 heures à tomber fur la Terre, il fuit, & il ne faut qu'une fimple analogie aiſée à trouver pour le déduire; qu'un corps quelconque placé, par exemple, à 43 demi diamètres Terreftres de diftance, ou 61600 lieues, qui font à peu près diacale. peu-près l'éloignement DE L'AURORE * ? 1 f BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 273 l'éloignement que nous avons donné au Point de Limite, tomberoit fur la Terre en 2 jours 22 heures ou environ; que le même corps placé à 20 demi-diamètres, ou à 28650 lieues, tomberoit en moins d'un jour, ou en 22 heures; qu'à 10 demi-diamètres, ou 14325 lieues il tomberoit en 7 à 8 heures; à 5 demi-diamètres, ou 7162 lieues, en moins de 2 heures, &c. Et.ainfi de fuite, en prenant toûjours pour prenfier terme de l'analogie, la Racine quarrée du Cube de 60, ou de la diſtance de la Lune à la Terre, & pour le troiſième, la Racine quarrée du Cube de la diſtance donnée pour le temps de chûte que l'on cherche. Car on peut raiſonner de ce corps dans la Queſtion préſente, & felon la théorie qu'on trouve là-deffus dans M. Newton, comme ſi c'étoit un Satellite de la Terre affujéti aux mêmes loix que la Lune, & dont les Temps Périodiques feroient - par conséquent en raiſon ſous-doublée des Cubes de ſes diſtances. Or par les mêmes principes, les temps de chûte en ligne droite au point Central, fuivent entre eux le même rapport que les temps des Circulations. Donc, &c. Mais il y auroit ici deux corrections à faire, dont l'une diminueroit la durée des chûtes précédentes, & l'autre l'aug- menteroit, & d'autant plus l'une & l'autre, que les diftances d'où le corps commence à tomber feroient plus petites. Car, L'on a fuppofé que le terme commun de ces chûtes n'étoit autre que le point Central même vers lequel agit la Force Accélératrice, c'est-à-dire, le centre de la Terre, à la groffeur de laquelle on ne fait pas attention dans les grandes diſtances, comme, par exemple, pour la chûte de la Lune vers la Terre, ou pour celle des Planètes Principales vers le. Soleil. Mais il n'eſt point queſtion ici de rien de pareil, ni de faire tomber le mobile jufqu'au centre de la Terre, non pas même juſqu'à ſa ſurface; il s'agit feulement de le faire arriver jufqu'à cent ou deux cens lieues de cette ſurface, ou à la hauteur de la Région de notre Atmoſphère où brillent les Aurores Boréales. Et dans ce cas, dont l'analogie & le calcul deviennent fort compliqués, il eſt évident qu'il y a M m * 274 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 1 M d'autant plus à retrancher, à proportion de la durée totale de chaque chûte, que la Région d'où le mobile commence tomber, ſe trouve moins éloignée de la Terre: car, les cent ou deux cens lieues, & le dernier demi-diamètre Terreftre de moins que le mobile doit parcourir, ont alors un rapport d'autant plus grand avec ſa diſtance du centre. les 2.º Les déterminations précédentes fuppofent, ou le vuide, où un milieu dont la denfité & la réfiftance peuvent être négligées, par rapport à la folidité & à la pefaniteur fpécifique du corps tombant. Mais ces mêmes fuppofitions doivent-elles être admifes à l'égard de la matière Zodiacale, qui fait notre objet ? Cette matière tombera fans doute, comme corps les plus compactes, tant qu'elle n'aura à diviſer que l'Ether, ou les parties les plus ténues & les plus rares des couches fupérieures de notre Atmosphère: mais lorfqu'elle approchera de la Région de l'Aurore Boréale, n'y fera-t-elle pas retardée, puiſqu'elle y eft enfin foutenue, ou, quà en juger par les obfervations, elle emploie du moins à la tra- verfer, & elle y eft vûe, plus de temps qu'il n'en faudroit à fa chûte? Ce retardement fera donc un temps à ajoûter au temps de ſa chûte calculée pour le voide ou pour l'Ether: Et quel temps? Et à quelle diſtance de la furface de la Terrë ou du lieu de l'Aurore Boréale commencera-t-il à être fenfible, & faudra-t-il commencer à le compter? * + } + On ne fauroit donc rien dire de pofitif fur l'intervalle de temps compris entre l'inftant où l'on conçoit que la matièrè Zodiacale quitte l'Atmoſphère du Soleil pour tomber dans la nôtre, & l'inftant où elle parvient jufqu'à la Région des Aurores Boréales, où elle commence de briller à nos yeux. L'on ne peut favoir, dis-je, ni la durée de fa chûte, ni fon véritable terme; car peut-être la matière Zodiacale ne s'ar- rête-t-elle jamais abſolument en aucune Région de notre At- moſphère, juſqu'à l'air que nous refpirons ou à la furface du Globe Terreftre. I paroît feulement que la matière deſtinéé à former l'Aurore Boréale du jour, ou qui eft parvenue à la couche de notre Atmoſphère avec laquelle peut-être elle DE L'ABRORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 275 1 * + fermente, & où elle s'enflamme, n'y eft pas arrivée long-temps après le paffage du Soleil par ce vertical; puifque dans les nuits un peu longues les Aurores Boréales le montrent prefquê toujours bientôt après le coucher du Soleil, & vers la fin du Crépuscule, comune il a été remarqué dans la troiſième Section. Mais cette matière ſera ſans doute auffi quelquefois en tout ou en partie la même qui s'étoit détachée un, deux, ou trois jours auparavant de la Lentille Solaire à la rencontre de notre Globe en deçà des Limites de fa Force Centrale. QUESTION XIV. la Lune. Si dans les grandes extenſions de l'Atmoſphère Solaire, De la ma- la Terre peut la traverfer, & en être pour ainfi dire inondée, tière Zodia- cale qui tombe on ne peut douter que la Lune qui ne quitte point la Terre, fur la Lune; & qui le trouve même plus près du Soleil dans fes Con- & de l'At- jonctions, ne puiffe auffi être fouvent plongée dans le même mosphère de fluide ou la même Atmoſphère. Mais fi la Lune fe trouve plongée dans l'Atmoſphère Solaire, la partie ambiante de ce fluide ne devra-t-elle pas tomber fur le Globe de la Lune, felon les loix de la Pefanteur univerſelle, ainſi qu'il a été expliqué à l'égard de la Terre ? Y aura-t-il donc fur le Globe de la Lune des Phénomènes ſemblables à notre Aurore Boréale? fe La-queftion feroit bien-tôt décidée, s'il étoit certain que la Lune n'eût point d'Atmoſphère, comme quelques Savans l'ont penfé après M. Huguens. Car en ce cas la matière du Phénomène n'y trouvant aucun milieu dans lequel elle pût fe foûtenir affez long-temps & s'enflammer, ne feroit que précipiter rapidement fur fa furface, & ne pourroit produire pour la Lune, ni pour l'Obfervateur qui voit la Lune de la Terre, rien qui approchât des apparences de notre Aurore Boréale. ni Cette folution feroit commode fans doute pour notre théorie, qui ſemble exiger du moins que nous donnions quelque raiſon de ce que l'on ne voit jamais fur la Lune aucun veftige de cette matière qui y doit tomber felon nos principes. Mm ij 276 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE t i 1 * Mais comme il ne s'agit de défendre notre théorie qu'au tant qu'elle fe trouvera conforme à la Nature, & que les raiſons qu'on allègue contre l'existence de l'Atmosphère de la Lune, ne font à mon avis, ni folides, ni concluantes, nous ne profiterons point de ce dénouement, ni de l'autorité que pourroit nous fournir un nom auffi illuftre que celui de M. Huguens. Tout ce qu'on a dit pour prouver que la Lune n'a point d'Atmoſphère, ſe réduit à ce qu'on ne voit jamais fa furface couverte de nuages, comme il arrive à la Terre, & que les Etoiles éclipfées par la Lune, en difparoiffant derrière fon Difque, ou en venant à reparoître, ne fouffrent aucune Ré- fraction fenfible. * Pour répondre à la première de ces objections, il ſuffit d'obferver, 'qu'indépendamment de la différence qu'on feroit en droit de fuppofer entre l'air qui environne la Terre, & celui de l'Atmoſphère Lunaire, où les particules d'eau ne fauroient peut-être fe foûtenir, il y a des pays fur le Globe Terreftre, tels que le Pérou, & de grandes contrées d'Afrique, où il ne pleut jamais, & qu'on ne voit point chargés de ces nuages qui font ailleurs les avant-coureurs de la pluie. Les vapeurs élevées par la chaleur du Soleil pendant le jour, y retombent en forme de rofée pendant la nuit. Un Obſervateur placé fur la Lune feroit-il fondé d'en conclurre qu'il n'y a point d'Atmosphère pour toutes ces parties de la Terre ? D'ailleurs ces grandes taches obfcures que l'on voit ſur le Difque de la Lune lorſqu'on la regarde avec des Lunettes, font ou des Mers, comme on l'a cru après Galilée, ou des Forêts, comme bien des perfonnes le penfent depuis M. Huguens. Si ce font des Mers, il eft contradictoire qu'il ne s'en élève aucunes vapeurs, qui étant mêlées d'air forme- ront bien-tôt une petite Atmoſphère autour de la Lune. Et fi ce font des Forêts, il n'eſt plus étonnant qu'on ne voie jamais aucuns nuages fur une Planète dont la furface eft privée de Mers. Ajoûtez enfin que le Soleil dardant fes rayons près de quinze de nos jours de fuite fur le même Hémisphère de * 2 DE L'AURORE BÓRÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 277 K la Lune, il y doit prodigieufement atténuer les vapeurs & les exhalaifons qui s'élèvent de fa furface, en diffiper les petits amas à mesure que fa lumière gagne la partie qui va nous devenir vifible, & n'y rien laiffer d'opaque pour le Spee- tateur qui la voit de la Terre. N'eft-ce point à quelqu'un de ces petits amas de vapeurs, qui n'étoit pas encore diffipé, qu'il faut attribuer cette traînée de lumière rougeâtre que M. Bianchini aperçût dans l'intérieur de la tache de Platon, le 1.6 Août 1725, une heure & demie après le coucher du Soleil, avec une Lunette de Campani de 150 palmes Ro- mains? Car la Lune venoit d'atteindre fon premier Quartier le jour précédent, & la tache de Platon, ainfi que cette traînée rougeâtre, dirigée en ligne droite à l'oppoſite du Soleil, portoient ſur les confins de la Lumière & de l'Ombre du Difque de la Lune. Or, de quelque manière qu'on imagine que les rayons du Soleil qui fe levoit alors fur l'Horizon de cette tache, y aient pénétré, foit par une ouverture ou par un trou de fes bords montagneux, & en vertu d'une eſpèce de réfraction ou de difraction, comment s'y feroient-ils rendus viſibles & colorés, s'ils n'y avoient trouvé une Atmo- fphère ou des vapeurs qui fuppofent une Atmoſphère? Quant à la feconde objection, remarquez que vrai-ſem- blablement la matière réfractive de l'Atmoſphère Terreftre eft quelque chofe de différent de l'air, & que cette matière ne s'étend, felon d'habiles Aftronomes, qu'environ 2000 toiſes au deſſus de la furface de la Terre; ce qui ne fait pas la 3000me partie de fon diamètre. Donc toutes proportions gardées entre le Globe Lunaire & le Globe Terreftre, en fuppofant la partie inférieure de l'Atmoſphère de ces deux Globes femblablement douce d'une vertu réfractive & dẹ même force fuppofition d'ailleurs très-gratuite, cette partie n'occupera pas au deffus de la furface de la Lune un 3000me de fon diamètre. Or tout le Diſque de la Lune ne mettant qu'environ une heure à paffer devant une Etoile fixe, il fuit que fon bord réfringent, & toute la matière qui en fait l'épaiffeur n'y emploiera que la 3000me partie d'une heure Mm iij 1 duiroit la ma- 2 278 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ….. ou environ une ſeconde. Ce qui fait, comme on voit, un temps trop court pour s'apercevoir des réfractions, à moins que quelque hafard, ou des circonstances, favorables, ne s'y mêlent. Enfin, fans prétendre pourtant preffer beaucoup cette preuve, il eſt de fait qu'on a vu quelquefois des Etoiles qui fembloient entrer fur le Difque de la Lune, quelques mo- mens avant que d'en être éclipfées, & qui par conféquent paroiffoient fouffrir une réfraction dans ce paffage. On en a vû d'autres, ſe colorer de rouge à une femblable ap- proche, & c'eft auffi ce qui arriva à la Planète de Vénus en 1715.. L'analogie fe foûtient donc toûjours entre la Terre & la Lune, à l'égard d'une Atmosphère, & l'on peut douter ſi elle ne fe foûtient pas encore pour ces amas de matière lumi- neuſe & inflammable dont l'Atmosphère Terreftre fe charge quelquefois, & dont réſultent nos Aurores Boréales. QUESTION XV. Quels Phé- Suppofé que l'Atmoſphère de la Lune fût de nature à ſe nomènes pro- charger de la matière Zodiacale, à peu-près comme l'At- tière Zodia- mofphère Terreftre, les fuites en feroient-elles femblables à cale fur la ce qu'elles font fur la Terre? Et, fans parler de la différence Lune! qu'une plus grande ténuité de la part du milieu devroit y apporter, & qui pourroit-être très-grande, la principale circonftance qui caractériſe nos Aurores Boréales, leur pofition autour du Pole, n'y manqueroit-elle pas? Car nous avons fait voir que cette poſition étoit dûe à la Rotation diurne de la Terre. Or la Lune n'a point de rotation diurne, du moins comme la Terre, & par rapport à fon Orbite; puifqu'elle nous préfente toûjours à peu-près le même Hémisphère. Et fi elle en a une relativement à un point extérieur quelconque pris hors de fon Orbite, cette rotation, ifochrone à fa révolution 'périodique, n'eſt tout au plus que la 27me partie de celle de la Terre. Quant à fa Libration, que je crois être en partie Phyfique, & en partie Optique, ce neft, & dans la feule partie Phyfique, qu'un commencement alternatif, tantôt 1 } DE L'AUKORE BORÉALE. Sech V. QUESTIONS. 2 279 i d'un côté, tantôt de Fautre, d'une rotation très-lente, & qui a des bornes fort étroites t Il eft donc très-vrai-femblable que la matière du Phéno~ mène qui tombéroit fur le Globe de la Lune, & qui pourroit s'aflembler dans fon Atmosphère, y feroit beaucoup plus uniformément répandue qu'elle ne l'eft dans l'Atmoſphère Terreftre, & qu'il n'y auroit rien de pareil à ces amas que nous voyons s'en faire autour de notre Pole, dans la plufpart de nos Aurores Boréales: QUESTION XVI. 5 nomènes que nous ! Mais dans les fuppofitions les plus favorables à l'exiſtence Siles Phé des Phénomènes que la matière Zodiacale pourroit produire la matière fur la Lune, n'y auroit-il pas beaucoup à douter qu'ils fuffent Zodiacale aperçûs de la Terre Des couches d'une matière tranfpa- pourroit pro- rente, plus minces, plus uniformes; & par conféquent Lune, feroient plus tranſparentes que celles dont nos Aurores Boréales vifibles pour font formées, fe rendroient-elles vifibles à un fr grand éloignement ? Je prends garde encore qu'à peine voyons- nous la Lumière Secondaire de la Lune, fur la partie obfcure de fon Difque, qui eft auffi celle où nous devrions apercevoir de tels Phénomènes s'il y en avoit. Cependant cette Lumière qui vient par réflexion de la Terre, doît être pour la Lune, toutes chofes d'ailleurs égales, environ treize fois auffi grande que l'eft pour nous celle de la Lune en for plein car c'eft-là à peu près, le rapport du Difque Terreftre au Difque Lunaire. Or une Lumière treize fois auffi grande que celle de la Pleine Lune, furpaffe au moins treize fois celle de nos Aurores Boréafes les plus brillantes, & furpafferoit bien davantage par conféquent celle des Phéno- mènes qu'il y pourroit avoir autour de la Lune. Comment pourrions-nous donc les y apercevoir? Ainfi là difficulté fondée ſur ce qu'on n'a point encore vû autour de la Lune rien de pareil à nos Aurores Boréales, & à laquelle quelques perfonnes ont cru que je devois } } វ ་ ム ​* ou contraire - 280 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE. répondre, s'évanouit ou demeure fans force, & luiffe notre Théorie dans fon entier. པ QUESTION XVII. A វ из T Si la Lune Si la force Centrale du Soleil S, toute ſeule oppofée eft favorable celle de la Terre T, donne le point de Limite & d'Equi- à nos Aurores libre L, ou ne permet à la matière Zodiacale de tomber Boréales! fur la Terre que de la diftance TL; ainfi qu'il a été expliqué Fig. XXVIII. dans le Chapitre I de la Section IIIme; il eft évident que la Force Centrale de la Lune unie à celle du Soleil, & fur la même ligne ST, diminuera la diftance TL dans les Conjonctions N, & la réduira, par exemple, à Tλ; & au contraire, qu'elle l'augmentera dans fes Oppofitions P, & la fera devenir, par exemple, 77; de forte que dans la Nou- velle Lune N, une partie de la matière Lau, qui auroit pû tomber fur la Terre, devra retomber vers le Soleil ou fur la Lune, comme au contraire, dans la Pleine Lune P une partie de la matière LIm, qui auroit confervé fa tendance vers le Soleil, devra tomber vers la Terre. f Dans les Quadratures Q, D, & dans tous les cas moyens qu'on peut imaginer entre elles, & les Syzygies, felon qu'ils participeront plus ou moins des deux cas extrêmes, de la Conjonction ou de l'Oppofition, les diftances précédentes feront plus ou moins, & réciproquement augmentées ou diminuées, & les chûtes de la matière Zodiacale vers la Terre dans un cas, ou vers la Lune dans l'autre, retardées & moindres, ou accélérées & plus abondantes. X $ D'où l'on voit, toutes compenfations faites fommaire- ment, & fans entrer dans le détail d'un calcul qui nous conduiroit beaucoup au-delà des bornes que nous nous ſommes preſcrites, qu'il feroit affez difficile de décider, fi, en général, & par rapport à la circonftance dont il s'agit, la Lune eft contraire, ou favorable à la chûte de la Matière Solaire vers le Globe Terreftre, & par conféquent fi elle aide, ou fi elle nuit à la Formation des Aurores Boréales. Ce qu'on • DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 281 Ce qu'on peut affurer, c'eſt que la Pleine Lune nuit beaucoup plus à l'apparition de ces Phénomènes par fa clarté, qu'elle n'aide à leur formation par l'union de fa Force Centrale à celle de la Terre. Parmi les Aurores Boréales qui ont été obſervées dans ce fiècle, & qui furpaffent de beaucoup en nombre toutes les précédentes marquées ſur notre Table, comme elles font auffi celles dont la date eft mieux connue par rapport aux Phaſes de la Lune, j'en trouve environ trois fois autant qui ont paru autour de la Nouvelle Lune, depuis le commencement du dernier Quartier juſqu'à la fin du premier, qu'autour de la Pleine Lune, depuis le commencement du fecond Quartier juſqu'à la fin du troiſième. Cependant il y auroit peut-être une reffource pour 'démêler les effets de la Force Centrale de la Lune, d'avec ceux de ſa Lumière, pour conſtater du moins ces effets, & peut-être enfin pour voir le rapport qu'ils ont entre eux dans les deux cas oppofés, de la Nouvelle & de la Pleine Lune. Ce feroit de ne compter que les Aurores Boréales qui ont paru lorſque la Lune étoit fous l'Horizon, à diſtances égales ou à peu-près égales, de ces deux cas extrêmes, & de comparer enfuite le nombre des unes à celui des autres. Car, fi la Force Centrale de la Lune influe fur la formation de ces Phénomènes, il faudra que, toutes chofes d'ailleurs égales, on en trouve un plus grand nombre du côté de l'oppofition que du côté de la Conjonction. Mais qui ne voit qu'une telle comparaiſon ne fauroit être concluante, à moins qu'elle ne fût fondée fur un nombre confidérable d'obſervations, & qu'ici, au contraire, nous ferions obligés de diminuer prodigieuſement le nombre de celles que nous avons, dès que nous voudrions les réduire à celles qui fe trouvent dans la nouvelle condition de la Lune cachée fous l'Horizon, & placée ſur ſon Orbite en des points correſpondans de l'Oppoſition & de la Conjonction? Il faut donc fufpendre notre jugement fur cet article, & attendre bien des années, fuppofé même que la Repriſe des Nn به 282 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE 线 ​Sur les Pla- rieures. Aurores Boréales que nous avons aujourd'hui durat encore, & fur le même pied de fréquence. QUESTION XVIII. Les Planètes Inférieures, Vénus & Mercure, ne feront- nètes Infe- elles pas toûjours ceintes & enveloppées de la matière Zodiacale, pendant fes grandes extenfions? Et fi ces Pla- nètes ont une Atmosphère comme le Globe Terreftre, cette Atmoſphère n'en fera-t-elle pas prefque toûjours plus chargée que ne l'eft la nôtre, dans les plus grandes Aurores Boréales? Car il fuffit que l'Atmoſphère Solaire s'étende jufqu'à 47 ou 48 degrés, pour atteindre l'Orbite de Vénus dans fes plus grandes diftances, & jufqu'à 27 où 28, , pour arriver à celle de Mercure. D'ailleurs le Plan de ces Orbites s'éloigne peu de celui de l'Equateur Solaire. Le Plan de l'Orbite de Vénus, qui n'eft incliné à celui de l'Ecliptique que d'environ 3 degrés &, a fon Noeud Afcendant tout proche du Noeud Afcendant de l'Equateur Solaire, favoir, au 14me degré des Gémeaux, & le Plan de l'Orbite de Mercure, dont le Noeud Afcendant eft un peu plus en deçà & vers le milieu du Signe du Taureau, eft incliné de près de 7 degrés au Plan de l'Ecliptique, & fe confondroit preſque entièrement, & à un demi-degré près, avec celui de l'Equateur Solaire, fi fon Noeud avançoit de 23 ou 24 degrés, felon l'ordre des Signes. Les Planètes Inférieures fe meuvent donc dans des Plans qui s'éloignent fort peu de celui de l'Equateur du Soleil, & par conféquent, pour peu que la Lentille de fon Atmoſphère ait d'épaiffeur, & s'étende au- delà de 48 degrés, elle ne fauroit manquer de renfermer l'Orbite & le Globe de Vénus, & à plus forte raiſon l'Orbite & le Globe de Mercure. Que fera-ce donc dans fes grandes extenfions, & lorſque nous la voyons arriver jufqu'à l'Orbite Terreſtre ? Les Planètes Inférieures la tra- verfant alors dans une partie beaucoup plus denſe que celle que nous traverſons quelquefois, ne ſe chargeront-elles pas auffi beaucoup plus de la matière qui la compofe, que ne 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 28.3 fait jamais la Terre, dans les cas les plus favorables? QUESTION XIX Les Planètes de Vénus & de Mercure auront-elles donc Si les Pla des Aurores Boréales ou Polaires, comme les nôtres, ou plus rieures ont des nètes infé- fortes & plus fréquentes que les nôtres ? C'eft ce qu'il feroit Aurores Bo- difficile de décider, tant pour le fait, que pour le droit. réales. Vénus, dans le cas de fes plus grandes proximités de la Terre, lorfqu'elle fe trouve entre le Soleil & nous, eft encore à environ 8 millions de lieues de nous, & il y a tout lieu de douter que d'une pareille diſtance nous puffions dif- tinguer fur cette Planète, qui eſt ſi brillante, un Phénomène tranſparent tel que l'Aurore Boréale. Et favons-nous fi la nature de l'Atmosphère de Vénus comporte la formation de ce Phénomène, à quelle région de cette Atmoſphère la matière Zodiacale s'affembleroit, & fi elle s'y aſſembleroit autour des Poles? La Rotation diurne du Globe de Vénus, eſſentielle à cette dernière condition, ne nous eft pas même bien connue. Selon feu M. Caffini, elle ſe fait en 2 3 heures quelques minutes, & felon M. Bianchini, elle y emploie plus de 24 jours; mais M. Caffini, fils du célèbre Aftronome que je viens de nommer, propoſe de grands fujets de doute fur la détermination de M. Bianchini. Si la Rotation de Vénus fur fon axe ne s'achève qu'en 24 jours, elle eſt vrai-ſemblablement inſuffiſante pour produire à cet égard un effet bien ſenſible. Quant à Mercure dont nous ignorons entièrement, & l'Atmoſphère & la rotation, la recherche des Aurores Polaires qui pourroient s'y former feroit encore plus vaine. QUESTION XX Cependant il ne feroit peut-être pas impoffible que la matière Zodiacale, diverſement affemblée autour des Planètes Inférieures, ne s'y manifeftât par quelques autres effets que par ceux de l'Aurore Boréale. Comme la matière de l'Atmoſphère du Soleil, toute tranf- parente qu'elle eft, ne laiffe pas de ternir les objets que l'on Sur quelques autres effets de la matière Zodiacale au- tour des Pla- nètes Infé- rieures. Nn ij 284 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE voit à travers, d'en émouffer les contours, & de réduire à l'égalité les différens degrés de lumière qui les diftinguent, ne peut-on pas attribuer en partie à la matière Zodiacale qui enveloppe les Planètes Inférieures, la difficulté qu'il y a d'apercevoir les taches de ces Planètes? Car fans cela la grande clarté qu'elles réfléchiffent, bien loin d'y être un obftacle, devroit produire un effet tout contraire, lorſqu'en donnant une petite ouverture aux Lunettes, ou par le moyen des Verres colorés, on en efface le rayonnement. L'Atmoſphère Solaire étant donc infiniment variable de grandeur & de denſité n'y aura-t-il pas des temps où les taches des Planètes Infé rieures feront, toutes chofes d'ailleurs égales, plus apparentes qu'en d'autres ? A l'égard de Vénus, par exemple, ne pour- roit-on point foupçonner que quelque circonftance de cette nature aura empêché tout récemment qu'on n'ait diſcerné à Paris fur fon Difque les taches que feu M. Bianchini y avoit vûes à Rome quelques années auparavant, quoiqu'on ſe ſoit fervi d'auffi excellens Verres & d'un auffi grand foyer que les fiens? On fait aujourd'hui que les belles nuits de Coppenhague & de Pétersbourg offrent aux yeux des Obfervateurs, des Aftres auffi brillans que ceux que nous font voir les plus belles nuits de Paris & de Rome, & qu'on y découvre avec le fecours des Lunettes, les mêmes apparences fur la Planète de Jupiter, par exemple, les mêmes taches, les mêmes bandes claires ou obfcures que nous y voyons ici, quoique ces taches & ces bandes ne foient guère plus vifibles que les taches du Difque de Vénus, à en juger par ce que nous en rapporte M. Bianchini. Le plus grand avantage des Pays Méridionaux fur ceux du Nord pour l'Aſtronomie, ne conſiſte, à mon avis, qu'en ce que les premiers ont un plus grand nombre de jours & de nuits propres à l'obſervation, que les feconds. Mais quand ceux-ci font tant que de donner de belles nuits, peut-être font-elles plus favorables pour les découvertes de l'efpèce de celles dont il s'agit, par les mêmes raiſons que dans un même Climat, à Paris ou à Rome, par exemple, une belle nuit d'Hiver eft toûjours DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 285 préférable à une belle nuit d'Eté pour l'obſervation. D'où viendroit donc une différence fi marquée entre Rome & Paris, par rapport aux mêmes objets, ſi la circonſtance dont nous venons de parler n'y entroit pas pour quelque choſe? Notre foupçon paroît du moins affez fondé, pour empêcher qu'on ne fe rebute à l'avenir : le cas fortuit d'une trop grande abondance de la matière Zodiacale autour du Globe de Vénus, & trop compacte, ceffera fans doute, ou variera, & un moment favorable pourra nous laiffer voir fur cette Planète tout ce que feu M. Bianchini y a vû. QUESTION XXI Sur l'aug Quelle que foit la ténuité de la matière qui tombe de l'Atmoſphère du Soleil fura Terre, & à plus forte raiſon mentation de maffe de la fur les Planètes Inférieures, l'accumulation qui s'en fait dans Terre, & des une longue fuite de fiècles ne doit-elle pas enfin produire Planètes In- entre pluſieurs autres effets, quelque altération ſenſible dans férieures, par leurs mouvemens Périodiques, par l'augmentation des maffes de leurs Globes ? L'augmentation de maffe doit retarder le mouvement Périodique d'une Planète, dans le Syſtème Newtonien, toutes choſes d'ailleurs égales; puifque tout corps en mouvement qui en rencontre un autre en repos, lequel s'unit à lui, perd de fa vîteffe en raifon de la nouvelle maffe qui lui eft ajoûtée & qu'il faut qu'il entraîne. Dans le Syſtème Cartéfien, où les Globes Planétaires font emportés dans le fluide d'un Tourbillon, le mouvement Périodique fera retardé ou accéléré, felon le nouveau rapport de volume & de pefanteur abfolue qui réſultera de l'augmen- tation de maſſe. Car fi ce rapport demeuroit le même, la Planète fe trouveroit encore en équilibre dans les mêmes couches du fluide où elle nageoit auparavant; & par con- féquent elle ne les quitteroit point. Mais fi ce rapport change, elle paffera à des couches fupérieures ou inférieures, felon fa nature de ce changement, & felon que la denfité du Tourbillon croît ou décroît en s'approchant du centre; & l'accumula- tion de la ma- tière Zodia- cale. Nn iij 286 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Sur l'At- mosphère des Comètes. par conféquent le mouvement Périodique de la Planète fera retardé dans le premier cas, où elle s'éloigne de ce centre, & accéléré dans le fecond, où elle s'en approche, confor- mément à la règle de Kepler. Quant au mouvement de Rotation fur l'axe de la Planète, il fera encore retardé dans le Syſtème Newtonien, toutes chofes d'ailleurs égales, en raiſon fefquialtère de l'augmen tation de maſſe. Mais dans le Syſtème Cartéfien, & felon le Méchaniſme que nous en avons expliqué en 1729, la Ro- tation ou le mouvement diurne de la Planète ſera accéléré, & en raiſon foûtriplée du volume qu'occupe la nouvelle maſſe totale comparée à la première; puiſqu'il a été démontré felon cette hypothèſe, que la Rotation d'une Planète quel- conque devoit toûjours être en raifon compofée directe de fon diamètre, & inverſe de fa diftance au point central de fa Circulation. Du refte il eſt clair que dans l'un & dans l'autre Syſtème la variation du mouvement Périodique pourroit toûjours être aperçue d'une Planète qui en obferveroit une autre, lorfque le fien n'auroit pas changé en même proportion. Mais une Planète ne pourroit guère apercevoir le changement arrivé à fon propre mouvement périodique & annuel que lorſque ſon mouvement diurne n'auroit point changé, ou qu'il n'auroit changé qu'en un fens, & d'une quantité qui ne compenferoit pas fenfiblement le retardement furvenu à ſa Période. Car comme ce n'eft que par le nombre de jours ou de parties de jour, qu'on meſure la durée annuelle, fa détermination devient impoffible, ou du moins très-difficile, lorfque cette meſure ſe trouve elle-même variable ou incertaine. QUESTION XXII Suppofant les connoiffances Aftronomiques modernes touchant les Comètes, & la théorie Newtonienne de leur mouvement, peut-on concevoir qu'elles paffent auffi près du Globe du Soleil qu'elles font, ſelon cette théorie, & felon les obfervations fur lesquelles elle eft fondée, fans DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V.QUESTIONS. 287 qu'elles ne fe chargent d'une partie de l'Atmoſphère Solaire qu'elles traverſent ? N'eft-ce pas comme un fort Aimant qu'on traîneroit à travers de la limaille de Fer? Si toute Comète eſt une Planète ou une 'Terre femblable à la nôtre, & fi les loix de la Peſanteur univerfelle y ont lieu, comme nous le fuppofons, ne faut-il pas que tous les corps, tant ſolides que fluides, qui ſe trouvent renfermés dans la ſphère d'activité de la Pefanteur particulière qui agit vers fon centre, tombent fur la furface de fon globe, ou s'affemblent autour, s'ils ſe foûtiennent les uns fur les autres, comme les particules élafti- ques de notre air, en un mot qu'ils y aillent former une Atmoſphère, ou groffir celle que la Comète avoit déjà? Et en ce cas la matière de l'Atmoſphère Solaire que la Comète été obligée de traverſer à l'endroit le plus denſe, & dont elle s'eft chargée, ne doit-elle pas faire la partie extérieure & la plus étendue de cette vafte Atmoſphère qu'on aperçoit autour du Noyau de la pluſpart des Comètes? Car 1. il eft certain que prefque toutes les Comètes paroiffent abforbées dans une très-grande Atmosphère, & qu'il y en a telle, dont le Noyau ou la Tête n'a pas la 15me partie du diamètre du total : ce qui donneroit plus de 20000 lieues de hauteur à la partie viſible de cette Atmo- fphère, en fuppofant le globe de la Comète de la même groffeur que celui de la Terre? 2. Comme les Comètes fe meuvent dans des Ellipfes fort alongées, & qui peuvent être priſes à notre égard pour des Paraboles dont le Soleil occupe le Foyer, on ne voit le plus fouvent les Comètes qu'autour de leur Périhélie : de manière que, felon M. Newton, le nombre de celles qui ont paru vers l'Hémisphère du Ciel où eſt le Soleil, eft qua- druple ou quintuple du nombre de celles qui ont été aperçues dans l'Hémisphère oppofé. 3.° La plupart des Comètes paffent fi près du Soleil qu'on en a vû, qui, dans leur Périhélie, n'avoient pas dû s'en éloigner de la 6me partie du Diamètre du Globe Solaire. Et par conféquent la portion d'Atmoſphère Solaire dont les 288 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE. Comètes doivent fe charger en paffant, fera prefque toûjours infiniment plus denfe que celle de la partie de cette Atmo- fphère que nous voyons dans la Lumière Zodiacale, ou dans l'Aurore Boréale; conformément à ce qui a été dit dans la IIIme Section de ce Traité fur la chûte de cette matière dans notre Atmoſphère, & fur la denfité qu'elle y acquiert. 4.° Malgré cette denfité, fi notre conjecture eft vraie, la matière de l'Atmoſphère Solaire conferve encore ordinai- rement fa tranſparence autour de la Comète, de même qu'elle a coûtume de faire dans la Lumière Zodiacale, & dans l'Aurore Boréale. Car la Chevelure ou l'Atmoſphère qui environne les Comètes, & qui paroît comme une eſpèce de nuage lumineux dont la clarté diminue de plus en plus vers les bords, eft preſque toûjours tranfparente, & quelquefois même dans fa partie la plus denſe, & tout proche de la Tête, puiſqu'on y aperçoit les Etoiles fixes à travers. Voyez-en Fig. XXIX. la Figure. Or cela pofé, une ſemblable Atmoſphère, confidérée dans fa plus grande étendue & au-delà de fa partie la plus baſſe qui touche à la furface du Globe de la Comète, ne feroit-elle que l'effet de la chaleur exceffive que la Comète éprouve en paffant auprès du Soleil ? eft-il poffible que des vapeurs & une fumée d'autant plus épaiffes, qu'une chaleur plus violente arrache de parties plus folides du Globe de la Comète, s'élèvent à une fi prodigieuſe hauteur ? ne feroient- elles pas plus opaques que les nuages Terreftres les plus groffiers? Remarquons auffi que les matières qui compofent nos nuages ne montent à une ou deux lieues au-deffus de afurface de notre Globe, que parce qu'en l'état de raré- faction où elles font, elles fe trouvent actuellement dans un milieu plus peſant qu'elles, & dans la partie la plus groffière de notre air. Cette forte d'air autour de la Comète, s'éten- droit-il quinze ou vingt mille fois plus qu'autour de la Terre? ou, fans cela, les vapeurs & la fumée élevées par l'incendie le plus terrible pourroient-elles monter & fe foûtenir à de pareilles Régions au-deflus de fon Globe, & dans l'Ether même ? 1 DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS. 289 même? N'eft-il donc pas plus naturel de penſer que les vapeurs & la fumée qu'une chaleur exceffive du Soleil tire de la Comète dans fon Périhélie, ſe rangent à quelques lieues de hauteur feulement, autour de ſa ſurface, d'où elles réfléchiffent avec elle, & en vertu de leur denfité, cette lumière plus denſe qu'on aperçoit au centre de fa Chevelure, & qui fe confond avec ce qu'on appelle le Noyau ou la Tête de la Comète? Et la matière de l'Atmoſphère Solaire dont la ténuité, la tranſpa- rence & l'extrême légèreté nous font connues, tant par la Lumière Zodiacale, que par la hauteur où elle fe foûtient dans les Aurores Boréales, & qui de plus n'a pû manquer de fuivre en très-grande quantité la Comète pendant fon Périhélie, & long-temps avant & après, n'a-t-elle pas toutes les qualités re- quiſes pour former le reſte de cette Atmoſphère lumineuſe ſi étendue, ou la Chevelure proprement dite de la Comète? QUESTION XXIII Si la matière de l'Atmoſphère Solaire raffemblée autour Sur la Queue des Comètes peut être employée à donner raiſon de leurs des Comètes. Atmoſphères ou Chevelures, ne fera-t-elle pas indiſpenſable pour expliquer les Phénomènes de leurs Queues? Car s'il eft difficile de concevoir que les vapeurs, les exhalaiſons, & la fumée qui ſe détachent de leurs Globes puiffent monter & ſe ranger autour d'elles à la hauteur de 10, 15 ou 20 de leurs diamètres, que fera-ce de la matière qui forme leurs Queues ? Ces Queues occupent quelquefois par leur longueur, 50 ou 60 degrés, ou davantage dans le Ciel; de forte que fi l'on ſuppoſe alors la Comète auffi éloignée de nous que l'eſt le Soleil, l'extrémité de ſa Queue fera preſque auffi loin de fon Noyau, que le Soleil l'eft de la Terre, & beaucoup plus qu'il ne l'eſt de la Planète de Vénus; c'eſt-à-dire, plus de 20 ou 30 millions de lieues. Il eft donc très-vrai-ſemblable, 1.° Que la Queue des Comètes n'eſt compofée que de la matière de l'Atmoſphère Solaire, dont elle a la tranſparence & toutes les autres qualités que nous y connoiffons par les faits rapportés dans *. Oo 290 TRAITÉ PHYSIQUE ET A Fig. XXIX. HISTORIQUE ce Traité. 2.° Que cette matière eft ainſi pouffée ou chaffée des couches fupérieures de l'Atmosphère apparente de la Comète, foit par l'impulfion des rayons Solaires, comme le croyoit Kepler de l'Atmosphère propre de la Comète, & comme le feroit une vraie Chevelure expoſée au vent, foit par voie d'Aſcenſion, comme M. Newton l'explique des fumées & des vapeurs qu'il fait élever de la Comète à l'approche du Soleil, foit par telle autre cauſe qu'on voudra. Car imaginons que la Comète N, ſe trouve primitivement environnée de toute l'Atmosphère EDNF, dûe à la portion de l'Atmosphère Solaire, dont elle s'eft chargée à fon Périhélie ou autour de ſon Périhélie en paffant près du Soleil; de ma- nière, qu'en remontant du centre ou de N, aux extrémités EDF, de cet ainas ſphèrique, le fluide qui le compoſe de- vienne toûjours plus léger, plus rare & moins vifible, tel qu'on l'obſerve en effet dans la Chevelure des Comètes. Si l'on fuppofe donc, comme il doit naturellement s'enfuivre de cette dégradation de denfité & de pefanteur, que la partie la plus rare & la plus légère de ce tout, que l'Orbe extérieur AFBDCE, par exemple, cède à l'impulfion des rayons Solaires, ou de telle autre caufe qu'on voudra, tandis que Ja Sphère intérieure ABC, y réfifte par le poids & la denfité de ſes parties; n'eſt-il pas clair que cet Orbe extérieur, ainſi pouffé à l'oppofite du Soleil, ira former ſelon cette direction, Fig. XXX. derrière la Comète N & la Sphère ABC, une traînée de matière BGHIK, qui aura toutes les apparences de ce qu'on appelle la Queue des Comètes; tandis que l'Orbe intérieur ABC, dépouillé de ce duvet, demeurera attaché au corps de la Comète & fera ſeul deformais ce qu'on en nomme la Chevelure? Il fuffit ici d'avoir donné cette idée fuccincte & générale d'une explication qui ne differe de celles de Képler & de M. Newton, qu'en tant qu'elle affigne pour principale caufe, pour cauſe matérielle à la Queue des Comètes, & à la partie la plus étendue de leur Atmosphère apparente, l'At- mofphère Solaire, pluftôt que leur Atmoſphère propre, on DE L'AURORE BORÉALE. Sec. V. QUESTIONS. 291 les vapeurs & les fumées que le Soleil auroit pû élever de leurs Globes, comme l'entend M. Newton. Encore y a-t-il bien des endroits, dans le fameux livre des Principes de ce Philo- fophe, qui fe rapprochent de notre théorie, & qui pourroient nous faire croire qu'il ne l'auroit pas rejetée. Quant aux modifications, à la diverfité de figure, de grandeur & de clarté, aux irrégularités apparentes dont la Queue des Comètes eft fufceptible, & à fa diffipation dans les eſpaces céleftes, le Lecteur pourra aifément en ima- giner les cauſes, ou les puifer chez M. Newton même; car preſque tout ce qu'il dit à ce fujet eft applicable à ce qu'on vient de voir. Je doute cependant que la diffipation entre pour beaucoup dans la difparition des Queues des Comètes, à mefure qu'elles s'éloignent du Soleil. Je trouve plus vrai- femblable que ces Queues retombent vers leurs Globes, par l'affoibliffement de la cauſe qui les en tenoit écartées en raiſon inverſe des quarrés de diſtance. Et à l'égard de la Chevelure ou de l'Atmosphère apparente, il me femble qu'on la voit toûjours en forme de nébuleuſe, à quelque éloi- gnement qu'on aperçoive la Comète, foit avant, foit après fon dernier Périhélie; car il eft très-poffible que cette Atmo- ſphère réſulte auffi en partie des révolutions précédentes de la Comète autour du Soleil. QUESTION XXIV. la Comète. L'oeil qui feroit placé fur une Comète N, & qui dirigeroit Sur l'ap- fes regards fur l'axe BX de la Queue BGHIK, ne verroit-il parence de la pas une eſpèce d'Entonnoir renverfé ou de Pavillon, femblable Queue vue de à ce qu'on voit au Zénit dans quelques-unes de nos grandes Aurores Boréales, & en même temps tout l'Horizon de la Comète éclairé d'une vive lumière? Car il ſemble que la matière BDCEAF (Fig. XXIX) chaffée de la ſuperficie & des couches extérieures de l'Atmoſphère apparente de la Comète, ainfi qu'il eft expliqué ci-deffus, doit fe ranger en plus grande quantité vers les bords AG, CH, (Fig. XXX) de la Queue, que par-tout ailleurs, & y former un cylindre, Oo ij 292 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE ou un cone creux NBn, qui étant vû en dedans, & du centre de fa baſe, auroit l'apparence que nous venons de décrire. Mais comme tout ce vaſte amas de fluide GBHXIK, vû de la Comète, doit y paroître également projeté ſur la voûte du Ciel, & que les bords mêmes G1, HK, doivent optiquement s'y confondre à quelques diamètres de diftance de fon Globe, ne réſultera-t-il pas pluftôt de là une eſpèce dẹ Crépuscule Zodiacal, conſtant & uniforme pour tout l'Hémisphère, & fur tout l'Hémisphère de la Comète qui a la nuit? Zodiacal, puifque le fluide lumineux qui le produit ne fait que céder à la force impulfive quelconque qui le dirige ainſi en oppofition au Soleil; conflant & uniforme, relativement à la conftance & à la durée de cette Queue. D'où l'on voit combien un tel Crépuscule ou une telle Aurore feroit, pour les habitans d'une Comète, un Phéno- mène différent de nos Aurores Boréales, Polaires, cafuelles, variables, paroiffant par intervalles & par Reprifes, & ceffant enfin de paroître pendant de longues fuites d'années. Et à l'égard du Phénomène particulier de cet Entonnoir ou Pavillon dont nous avons parlé, & qui fembleroit approcher de notre Couronne, dans la fuppofition que la vûe ne le con- fondît pas avec tout le refte de la Queue de la Comète, la différence n'en feroit pas moins grande. Car 1.° il paroîtroit toûjours à l'oppoſite du Soleil, il feroit renfermé entre les- Tropiques, & notre Couronne n'y eft jamais, puiſqu'elle ſe montre au Zénit ou tout proche du Zénit, dans des pays fort éloignés de la Zone Torride. 2.° Il feroit réel, quant à cette pofition, & notre Couronne n'eft en ce fens qu'apparente & optique, ainfi qu'il a été expliqué en fon lieu. 3. Enfin, par une fuite néceffaire de ces différences, il feroit vertical pour le milieu feulement de l'Hémisphère de la Comète qui a la nuit, & horizontal pour les bords de cet Hémisphère; & notre Couronne eft toûjours verticale ou peu éloignée du Zénit pour tous ceux qui la regardent, en quelque endroit de l'Hémisphère nocturne qu'ils foient placés, par la Σ DE L'AURORE BORÉALE Sec. V. QUESTIONS, 293 raiſon qu'elle eft optique, & mobile en ce fens, comme l'Arc-en-Ciel.› *'* { Que fi avec toutes les apparences que la Queue produit fur les Comètes, il peut encore y avoir des Aurores Boréales ou Polaires qui s'y compliquent, par la Rotation diurne, c'eſt vrai - ſemblablement ce qui échappera toûjours à nos connoiffances, ainſi que la Rotation diurne des Comètes, & fur quoi nous ferions encore moins fondés à infifter que fur les Aurores Polaires de Vénus & de Mercure. QUESTION XXV. les Planètes comme les Mais pourquoi les Planètes de Vénus & de Mercure, qui Sur ce que nagent toûjours dans l'Atmosphère Solaire, n'ont-elles pas Inférieures des Queues comme les Comètes? Ne feroit-ce point par n'ont pas cela même qu'elles y nagent toûjours uniformément, & à des Queues, peu-près à la même diftance du centre de cette Atmoſphère; Comètes. au lieu que les Comètes ne s'y plongent pendant quelques mois qu'après avoir été des fiècles entiers dans l'Ether? Ce paffage brufque d'un milieu infiniment rare dans un milieu denſe, ne doit-il pas produire fur les Comètes des Phénomènes bien différens de ceux qu'on obferve fur les Planètes ? En un mot produire fur celles-là, ces Queues qui les caractériſent & qui n'accompagnent jamais celles-ci? Les Comètes, & fur tout les Comètes à Queue, différant donc beaucoup de nos Planètes circonfolaires, par cette excen- tricité prodigieuſe, & par la longueur de leurs Orbites, par cet éloignement immenfe, & par la proximité où elles fe trouvent alternativement du Soleil, pourquoi n'en différe- roient-elles pas encore effentiellement par la contexture & la conftitution de leurs Atmoſphères propres ? La variété particulière, inſéparable de l'uniformité générale de la Nature, le demande, la différence extrême des circonftances le ſuppoſe, & l'obſervation nous le confirme. Or c'eſt à mon avis de la conftitution particulière des Atmosphères de tous ces corps céleftes, que dépendent & les Chevelures, & les Queues, & les Aurores Boréales. C'eſt par-là que tel de ces O o jij 294 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Sur un an- touchant la nature des Comètes. Phénomènes qui convient à l'un, ne peut convenir aux autres. L'Atmosphère propre des Comètes, qui a eu tout le temps. de s'épaiffir à des diftances énormes du Soleil, eſt apparemment immifcible & impénétrable à la matière Zo- diacale; & fi cette matière ne fait par-là qu'y furnager, il ne fera peut-être pas impoffible qu'en cet état de pureté & à la diftance où elle fe trouve alors de la force centrale de la Comète, elle ne cède à l'impulfion des rayons Solaires impuiffante ou infenfible en tout autre cas. Tout le contraire arrivera pour les Planètes inférieures dont l'Atmoſphère fe trouve conſtamment raréfiée, par leur proximité perpétuelle du Soleil; la matière Zodiacale s'y précipitera tout-à-coup à la fuperficie de leurs Globes. Et enfin il en fera tout autrement pour la Terre, qui tenant à cet égard, & par fa pofition une eſpèce de milieu entre tous ces corps, fera douée d'une Atmoſphère capable d'être pénétrée par cette matière, mais plus lentement, de la foûtenir quelque temps à fa région fupérieure, d'y fermenter avec elle, & de nous, la montrer fous l'apparence de nos Aurores Boréales. Nous pouvons du moins oppoſer ces conjectures & ces exceptions à des difficultés qui ne font pas d'un ordre plus ſolide. QUESTION XXVI. 1 Outre les rapports qui ont été remarqués entre la Lumière cien Système de l'Atmoſphère & de la Queue des Comètes, & la Lumière Zodiacale, n'y trouveroit-on point encore celui d'une étin- cellement tout pareil à ce que l'on aperçoit quelquefois dans cette dernière avec de grandes Lunettes ? Et ne feroit-ce point une ſemblable apparence plus marquée peut-être dans quelques Comètes, ou en certains fiècles qu'en d'autres, qui auroit fait croire à deux fameux Philofophes de l'Antiquité, Démocrite & Anaxagore, que toute la Lumière des Comètes & de leurs Queues ne réfultoit que d'un amas prodigieux de petites Etoiles? DE L'AURORE BORÉALE. Sect. V. QUESTIONS, 295 QUESTION XXVII. 燊 ​Sur une an- cienne obfer vation d'une Eft-ce à l'Atmoſphère ou à la Queue d'une Comète, & à l'étincellement dont nous venons de parler, ou à la Lumière Zodiacale, ou à l'une & à l'autre qu'appartient le fait fin- Comète, ou de gulier qu'on va voir? Il eft pris du XIIme Livre de l'Hiftoire la Lumière Ecclefiaftique de Nicéphore, & il fe rapporte, fi je ne me trompe, à l'an 393, fous l'Empire de Théodofe. On vit alors, dit cet Hiftorien, des prodiges étonnans, qui annonçoient au monde les malheurs à venir. Principalement une Etoile extraordinaire qui parut dans le Ciel vers le milieu de la nuit, auprès de Lucifer ou de la Planète de Vénus, & du Cercle qu'on appelle le Zodiaque. Elle étoit prefque auffi brillante que Vénus même, & elle dardoit au loin fes rayons. Peu de temps après on aperçût une infinité d'autres Etoiles qui entouroient celle-ci, & qui s'affembloient auprès d'elle. Vous euffiez dit que è'étoit un Effain d'abeilles qui voltigeoient autour de leur Rai. Du choc mutuel, & de l'agitation qu'on remarquoit entre elles, il réfultoit une lumière qui fe terminoit en pointe comme la flamme, & qui prenoit la forme d'une grande & terrible Epée à deux tranchan's. Car toutes ces autres petites Etoiles paroiffoient quel- quefois fe confondre & fe réunir avec la grande qu'on avoit vue la première, qui étoit à leur égard comme le tronc ou la racine à l'égard des branches, & qui faifoit la poignée de l'Epée, ou la mêche de la lampe d'où cette flamme fembloit s'élever vers le Ciel. Rapportons encore ce que Auteur ajoûte, qu'enfuite la Scène changea de face, que cette Etoile, ce Phénomène, ou cette lumière cut un mouvement propre, qu'on jugea différent de celui des autres corps celeftes; qu'ayant commencé à s'écarter du liew où elle avoit été vue d'abord, elle fe levoit cependant & Je couchoit avec la Planète de Vénus, qu'avançant après cela peu à peu vers les deux Ourfes, elle marchoit obliquement à la gauché du ſpectateur tourné vers le Nord, achevant toûjours fa révolution journalière avec le refte du Ciel & des Etoiles dont elle s'approchoit ; ce qui dura l'espace de 40 jours, après quoi elle s'évanouit. Zodiacale. 296 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE Où il faut remarquer, 1.° Que cette prétendue Etoile, ou cette Comète, fi c'en eft une véritablement ne peut s'être montrée avec la Planète de Vénus, que peu de temps après la nuit cloſe, ſur-tout fi elles furent vûes quelque temps enſemble fur l'Horizon, comme paroît l'indiquer le narré de l'Hiftorien, & que c'eft ainfi par conféquent qu'il faut entendre ce qu'il appelle le milieu de la nuit. 2.° Que ce qui eft dit du lever & du coucher de la Co- mète avec la Planète de Vénus, eft de pure fuppofition pour l'un des deux, une fimple induction, & non une obfervation immédiate, ſavoir, pour le lever; puifque Vénus ne peut fe lever qu'après le Soleil, quand elle s'eſt couchée après lui, & qu'alors on ne la voit pas. La Comète ou fa Queue ne paroiffoit donc que le foir. 3.° Que ce mouvement oblique dont il eft parlé, quoiqu'il femble, felon l'expreffion de l'Auteur, devoir tomber fur la route que tenoit le corps mû mû par rapport à l'Horizon, pourroit bien cependant fe rapporter à la poſition de ce même corps, de cette Queue de Comète, ou de cette Lumière quelcon- que, qui penchoit vers la gauche du Spectateur. La Lumière Zodiacale ne fe meut pas différemment, & n'a pas une autre fituation, lorsqu'on la voit le foir vers la fin de l'Hiver, & au Printemps, où elle s'approche de plus en plus du Pole de notre Hémisphère. Quoi qu'il en foit, le pétillement de lumière, & les étincelles en queſtion, ne ſont- ils pas vrai-ſemblablement la fource d'une partie des illuſions dont ce fait a été revêtu ? Ne feroit-ce point quelque chofe de ſemblable au Phéno- mène précédent que cette Queue un peu recourbée dont nous parle Hévélius, à la fin du VIIIme Livre de fa Cométo- graphie, cette Comète fans tête, qui paroiffoit le matin au mois de Novembre en 1618, & qui fut vûe dans preſque toute l'Europe? Car c'eft en pareil temps que la Lumière Zodiacale doit ſe montrer le matin, lorſqu'elle eft fort étendue; & nous avons dit en fon lieu, comment elle peut prendre cette forme apparente de faux. QUESTION DE L'AURORE BOREALE. Sect. V. QUESTIONS. 297, . QUESTION XXVIII. de la rencon- Queue d'une Le paffage du Globe Terreftre travers la partie fupérieure Sur les effets de l'Atmosphère d'une Comète & à travers fa Queue, pro-tre de la Terre duiroit-il autre chofe fur la Terre que quelques Aurores avec l'Atmo- Boréales à peu près ſemblables à celles que nous voyons Sphère ou la tous les jours ? Et les principes employés dans la théorie Comète. précédente ne mettent-ils pas du moins la Terre à couvert de ces inondations, ou plutôt de ces Déluges, auxquels un célèbre Anglois veut qu'elle foit exposée par la rencontre des Comètes? Quand on fuppoferoit contre tout ce que nous avons établi, que la Queue & l'Atmosphère des Comètes ne conſiſtâffent qu'en un amas de vapeurs aqueuſes, comment conçoit-on qu'à pluſieurs diamètres au-delà de leurs Globes, ces particules d'eau pûffent fournir à un déluge?. Selon tout ce que nous favons là-deffus par analogie, & c'eft la feule manière dont nous pouvons en raiſonner, la plus vafte Queue de Comète avec la partie extérieure de fon Atmoſphère raffemblées au-deffus du Globe Terreftre, y produiroient à peine une bruine ſenſible. Car comme l'a remarqué M. Newton, un pouce cube de l'air que nous reſpirons, tranſporté à la hauteur d'un demi-diamètre Terreftre, y ſeroit raréfié à tel point, qu'il pourroit occuper en cet état un auffi grand eſpace que celui de tout le Tourbillon des Planètes juſqu'à la Sphère de Saturne, & au-delà. Et puiſque tout corps foûtenu dans un fluide doit avoir une pefanteur ou une denſité pareille à celle du fluide dans la couche où il eſt ſoûtenu, il fuit que ła raréfaction des vapeurs qui feroient portées par un tel air, & à une pareille diſtance, devroit être équivalente à celle de cet air, & par conféquent que la quantité d'eau foûtenue à un demi-diamètre au deffus de la Terre, feroit à la quantité de celle qui eft foûtenue auprès de fa furface, comme un pouce cube eft à la capacité du Tourbillon Planétaire. De plus, felon les calculs du favant & ingénieux Auteur qui nous donne lieu de faire cette réflexion, la Comète qu'il P P 298 TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE, &c. * que dít avoir caufé le Déluge univerfel par fon approche, & qu'on croit être la même qui parut en 1680 & 1681, paffa tout au moins à 3000 lieues de la Terre, qui font environ 4 demi-diamètres de cette Comète, ayant ayant établi fa groffeur n'étoit à peu près que la feptième partie de celle de la Terre. Cela poſé, quelle devroit être la raréfaction. prodigieufe des vapeurs foûtenues autour d'une Comète, par un air ou un fluide quelconque, à une diftance environ quatre fois plus grande à proportion, que celle qu'indique M. Newton, & compriſes dans un eſpace infiniment plus petit, en un mot dans la Queue de la Comète & dans la partie exté- rieure de fon Atmoſphère! & quelle pourroit jamais être la quantité d'eau qui en réfulteroit, & qui tomberoit de là fur la Terre? Que fi les deux Globes venoient à paffer extre- mement près l'un de l'autre, & prefque à fe heurter, leur vîteffe reſpective, qui feroit très-grande dans ce cas-là, & le peu de féjour que feroit la Terre dans la partie baffe & très-mince de l'Atmoſphère de la Comète, ne la garanti- roient-ils pas encore de l'inondation? + Mais l'Atmosphère vifible des Comètes & leur Queue, ne confiftant en effet qu'en un grand amas de la matière Zodiacale, comme il y a tout lieu de le croire, par la reffemblance qu'elles confervent toûjours avec elle, & de ce que toutes les Comètes qui font douées d'une Chevelure & d'une Queue ont paffé au travers, ou tout proche de cette matière, & ont dû s'en charger, que devient le danger de Pinondation pour la Terre lorfqu'elle paffe près d'une Comète ? Un embraſement fembleroit plus à craindre, fi l'expérience ne nous apprenoit que le Globe Terreftre peut le trouver plongé dans la matière Zodiacale, ou être enveloppé de cette matière, foit immédiatement, foit par le moyen des Aurores Boréales, fans en éprouver aucune chaleur fenfible. FIN du Traité. d Fig. XXVI. d'aprés M.HUGUENS. Fig. XXIX E Fig.XXX A A G C H B D F S Planche XV. Sect.V.p. 298. * "Arc S Déclin 29!! D Fig.XXVII. AS Ascenfion droite, DS. Declinaison En" de temps. Fig. XXVIII 772 N L μ m μ 入 ​T P D I K Simoineau Sculp ECLAIRCISSEMENS SUR LE TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE DE L'AURORE BOREALE. Pp i 3or * ECLAIRCISSEMENS SUR LE TRAITE PHYSIQUE ET HISTORIQUE I ROR DE L'AURORE BOREALE. PREMIER ECLAIRCISSEMENT. Hiftoire fuccincte du fort qu'a eu ce Traité. Q U AND je me détermiņai à donner au public mon Traité de l'Aurore Boréale, je n'ignorois pas combien un ou- vrage de cette nature, dont l'idée ne reffemble à rien de tout ce qui avoit paru fur ce fujet, & qui embraſſe une infinité de queſtions & de détails aftronomiques, phyſiques & hiſto- riques, étoit ſuſceptible d'objections. Mais loin de craindre les objections, je les defirois, perfuadé que de tous les moyens d'apprendre fi j'avois frappé au but, ou en quoi je m'en étois écarté, c'étoit le plus für: fans compter que j'ef- pérois par-là trouver une occafion favorable d'éclaircir les difficultés que je n'avois pû prévoir, ou que je n'avois pas affez éclaircies, & de porter, s'il m'étoit poffible, jufqu'à la certitude ce qui n'étoit encore que vrai-ſemblable. Je ne différai pas long-temps d'agir en conféquence. M. Godin ayant alors un voyage à faire à Londres, je le priai de m'obtenir de M. Halley des remarques fur mon hypothèſe, ou } Pp iij 3.02 X ECLAIRCISSEMENS pluftôt des objections contre; car je ne me flattois pas d'avoir ramené ce fameux Aftronome à mon ſentiment, fur une ma- tière où nous avions pris des routes fi directement oppofées. M. Halley fait venir les Aurores Boréales de l'Atmosphère lumineufe de la petite Terre magnétique qu'il fuppofe au cen- tre de notre Globe imaginé comme une Sphère creufe. De là, felon lui, s'échappent, de temps en temps des vapeurs par les Poles de la croûte fupérieure que nous habitons, ou du moins par fon Pole, Boréal; tandis que, felon moi, l'ori- gine du Phénomène n'eft autre que le Soleil ou l'Atmoſphère Solaire. Rien n'étoit plus capable de me procurer de fortes & ſavantes objections. J'en avois réitéré la demande par une lettre oftenfible envoyée à M. Godin; mais toutes ces inf- tances ne me valurent de la part de M. Halley que des politeffes fur la manière dont j'avois traité mon ſujet, fans conféquence pour l'hypothèſe. fes Une ſemblable tentative ne me réuffit pas mieux, quant aux objections, auprès de M. Chriftfried Kirch, autre habile Aftronome, membre de l'Académie de Berlin. J'avois appris, que fur l'énoncé de mon idée, telle qu'il l'avoit trouvée dans quelques nouvelles littéraires, il avoit fait plufieurs difficultés qu'on ne put me rendre qu'imparfaitement. Je Jui en écrivis, je le fuppliai de me les communiquer, & je lui envoyai mon Ouvrage. Mais j'eus tout lieu de croire par la réponſe, que difficultés s'étoient évanouies; il n'en fut plus queftion, & il m'envoya, avec des éloges fort au deffus de ce que je pouvois attendre, une ample collection des Aurores Boréales qui ont paru glans les fiècles paffés, & plus complète à certains égards que celle que j'en ai donnée dans la partie hiſtorique de mon Traité. Je pourrai faire uſage de cette collection dans la fuite de ces Eclairciffemens; & je la garde foigneufement, ainſi que les lettres qui juftifient tout ce que je viens de dire. Je ne doutai point cependant que fans me donner tant de foin, ni m'engager à la reconnoiffance, il ne me vînt bien-tôt affez d'objections, & peut-être plus que je n'en voudrois. SUR LAURORE BORÉALE. Ed. I. 303 1 Je n'ai fait nulle attention aux petites attaques fondées fur ce que mon hypotheſe préfente d'extraordinaire, & même de platant pour certains efprits. Ils ont eu beau jeu fur un Phénomène qui n'avoit été placé jufqu'alors que dans la région des pluies &-du tonnerre, & que je mets à deux cens lieues par-delà, en Ly faifant arriver de l'Atmoſphère du Soleil. Je n'ai auffi rien à dire des explications que quelques Au- teurs ont publiées fur l'Aurore Boréale, depuis que mon Traité a paru, fans m'attaquer plus particulièrement. Ces explica- tions ne m'intéreffent, qu'autant qu'elles feront trouvées plus ou moins vrai-ſemblables que celle que j'ai propofée; & je m'en remets là-deffus au jugement du public. Mais je fuis véritablement en refle avec un Auteur qui a prétendit me réfuter dans les formes, & dont je vais parler. La grande Aurore Boréale qu'on vit en Italie la nuit du 16 Décembre 1737, y occafionna plufieurs écrits fur l'origine & la caufe de ce Phénomène. Un de ces écrits, & où mon hypothèſe eft févèrement examinée, fut celui du R. P. Seran- toni, Religieux Auguftin, & Profeffeur à Lucques. C'eſt un traité en dialogues, dont les interlocuteurs font Atlas, Mi nerve., & Branchus fameux devin de l'antiquité, qui ne joue pourtant ici que le rôle de Phyficien. L'Ouvrage eft diviſé en trois parties. Dans la première l'Auteur réfute les anciennes opinions fur l'Aurore Boréale, en tant qu'on y attribuoit le Phénomène à des vapeurs & des exhalaifons terreftres en- flammées dans l'air; il deftine la feconde à montrer le peu de fondement de mon fyftème, & la troifième à établir le fien. Il prétend que les Aurores Boréales ſont produites par une double réflexion des rayons du Soleil, l'une fur les terres polaires couvertes de neige, l'autre fur les parties fupérieures de notre Atmoſphère. Le P. Serantoni ne donne à notre Atmosphère qu'environ 64 milles, c'est-à-dire, 20 ou 21 lieues de hauteur, de 25 au degré, d'après les inductions qu'il tire de la durée des crépuscules; & c'eft-là une des principales raiſons qu'il allègue pour rejeter mon explication, où je fais 304 ECLAIRCISSEMENS } monter l'Atmoſphère terreftre en tant qu'elle peut foûtenir, la imatière du Phénomène, à plus de 200 lieues. Cependant Atlas plaide ma cauſe dans l'entretien dont mon livre fait le fujet, & quelquefois par d'affez bonnes raiſons; mais on comprend bien qu'il ne fera pas le plus fort, & que je trouve auffi qu'il fe rend trop aisément aux argumens de la Déeſſe & de Branchus. Je ne prétends point éluder les objections du P. Serantoni par ce court expofe; mais pendant qu'il travailloit à renverfer mon ſyſtème à Lucques, on en foûtenoit publiquement des thèſes à Rome, dans le Collège Romain. Ces thèſes furent imprimées la même année 1738, avec le titre & fous la forme de Differtation fur l'Aurore Boréale, par le R. P. Bofeovich, Jéfuite, Profeffeur de Mathematique, aujourd'hui. Correſpondant de l'Académie, qui en eſt l'auteur, & qui ajoûte un nouveau degré de probabilité à mon hypothèſe, par les inductions qu'il tire du Phénomène de 1737, & ſur- tout par les calculs qu'il applique en particulier à la diſtance où la matière de ce Phénomène étoit de la Terre. Il femble auffi que le P. Bofcovich ait eu en vûe les ob- jections du P. Serantoni, à l'occafion d'un autre ouvrage qui mérite de ma part une éternelle reconnoiffance. Je veux par- ler du Poëme latin, de Aurora Boreali, du R. P. Noceti de la même Compagnie & de la même Maiſon, imprimé à Rome en 1747; car le P. Bofcovich, qui a dirigé l'édition de cet élégant ouvrage, l'a accompagné de favantes notes. Ce font preſque autant de differtations fur la plupart des points con- teſtés par le P. Serantoni, & qui confirment merveilleufement la théorie de mon ſyſtème que le P. Noceti, auffi habile Phyficien que grand Poëte, n'a pas dédaigné d'adopter, & qu'il a orné de tout ce que la poëfie a de plus brillant. Enfin le P: Bofcovich donna peu de temps après, pour l'in- telligence de ce même Poëne, & en faveur des Lecteurs moins verſés dans les matières de Phyfique, de Mathématique & d'Aftronomie, fes Dialogi full' Aurora Boreale, où ces matières ſont traitées avec tant d'art & de clarté, que la fimple SUR L'AURORE BOREALE. Ed. I. 305 Limple expofition des faits y prévient ou diffipe fouvent toutes les difficultés. On peut juger combien mes idées ga- gnèrent encore entre des mains fi habiles. Ces confidérations, je l'avoue, me firent croire que je pouvois me diſpenſer de répondre en détail à la critique du P. Serantoni, où je reconnois d'ailleurs beaucoup de favoir & de politeffe. A quoi je puis ajoûter, que lorſque ſon livre me tomba entre les mains, en 1741, j'avois dans l'Académie des Sciences des occupations plus importantes que le foin de défendre mes foibles productions; & mon hypothèſe venoit encore d'être tout récemment défendue à Paris, dans des thèſes de Philoſophie, fous un des plus habiles Profeffeurs du Collège de Louis le Grand. น Un autre écrit que le Phénomène de le Phénomène de 1737 occafionna en Italie, eft celui de M. Eufebio Sguario, Docteur en Philo- fophie & en Médecine à Veniſe. Cet écrit conſiſte en une Differtation où l'auteur explique l'Aurore Boréale & fes divers Phénomènes, felon les principes Newtoniens de la gravitation univerſelle des corps, & où il a bien voulu mettre en œuvre les obfervations & les explications, tant générales que particulières, qui fe trouvent dans mon Traité, & que je crois en effet par-tout affez conformes à ces mêmes principes "C'eft prefque mon livre rédigé fous une autre forme, fans préjudice à l'invention & au favoir que M. Sguario y ajoûte de fon propre fonds. Les articles où nous pouvons différer font de peu d'importance. Je ne parlerai point du fuffrage de quelques autres Savans qui n'ont fait qu'effleurer la matière, non plus que des objec- tions de ceux qui n'ont touché qu'à quelques points particu- liers de ma théorie. Mais je ne faurois paffer fous filence deux Differtations fur l'Atmoſphère Solaire, publiées en 1746. & 1747, par M. Krafft, Profeffeur de Philofophie à Tubinge, & Membre de l'Académie Impériale de Pétersbourg. On a vû que cette Atmoſphère ou la Lumière Zodiacale eft, felon liers, depuis Grand-Vicaire de M. le Cardinal de la Rechefoucauld, Q q * En Avril 1739, & en Juillet 1740, fous le R. P, de Radonvil- 306 ECLAIRCISSEMENS moi, la fource & comme le réfervoir des Aurores Boréales qu'elle s'étend quelquefois viſiblement jufqu'à l'Orbite ter- reftre & au delà, toûjours plus étendue en effet, qu'elle ne l'eſt en apparence, & qu'il doit tomber néceffairement une partie de la matière qui la compoſe, dans l'Atmoſphère Ter- reftre, par les loix inviolables de la gravitation univerſelle. C'eft la baſe de tout mon fyftème, & M. Krafft ne manque pas une occafion d'en faire fentir la correſpondance. Mais me voici enfin attaqué dans toutes les parties de ce fyftème, & c'eſt par le célèbre M. Euler. Ce grand Géo- mètre donna dans le fecond volume de l'Académie de Berlin, année 1746, des Recherches phyfiques fur la caufe des Queues des Comètes, de la Lumière Boréale & de la Lumière Zodia- cale, où dès l'entrée, il crut devoir prémunir le Lecteur contre ce que mon hypothèſe, qu'il veut bien traiter d'in- génieuſe, pourroit avoir de féduifant. Je fentis tout l'honneur M. Euler m'avoit fait en cela; mais en même temps je que n'ignorai pas le tort que fa critique, aidée d'une réputation auffi juſtement acquife que la fienne, pouvoit me faire, fi je la laiffois fans réponſe. Un de mes premiers foins, après avoir fatisfait à des occupations plus preffantes que j'avois alors, fut donc d'y répondre, & c'est cette réponſe qui fait en plus grande partie le ſujet des huit premiers Eclairciffemens qui fuivent celui-ci. Ils furent imprimés avec les Mémoires de l'Académie des Sciences, 1747, & je les remets ici, comme à leur véritable place. Mais ces Mémoires ne faiſant que de paroître, en 1752, j'ignore quel fera le fuccès de ma défenſe & de mes nouvelles preuves auprès de M. Euler. Je fais feulement, & je ne dois pas le paffer fous filence, qu'à l'égard de ce que j'y ai donné fur la figure qu'a dû prendre l'Atmo- fphère Solaire, par la rotation du Soleil fur fon axe, figure que M. Euler avoit cru pouvoir être un anneau féparé de cet aftre, comme celui de Saturne l'eft de cette Planète, M. Euler lui-même m'a donné gain de cauſe: je me fuis trompé, dit-il, avec la candeur d'un vrai Philoſophe, en voulant déduire la formation des Anneaux de l'E'quation que j'avois trouvée SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. I. 307 + *Lettre de pour la figure de l'Atmosphère du Soleil*, &c. & il n'eut M. Euler à befoin, pour s'en apercevoir, que de l'expofé fuccinct que M. Clairaut, lui fit M. Clairant de ce que j'avois lû là-deffus à l'Aca- du 26 Octobre démie. A quoi il ajoûte, avec des politeffes très-flatteuſes "pour moi, qu'il veut bien que j'en fois inftruit. 2 Cet aveu de M. Euler me fuffiroit fans doute, & je fup- primerois volontiers aujourd'hui tout le détail qui l'a occa- fionné, fi une ſemblable queftion, après qu'elle a été mue, ne devenoit inſéparable de mon ſujet. Elle me donne lieu d'éclaircir de plus en plus la théorie de la Lumière Zodiacale & de l'Atmoſphère Solaire, elle eſt curieuſe par elle-même, & d'autres enfin pourroient bien s'y tromper, & fans honte, après un fi favant Géomètre: c'eft pourquoi je redonne ici de tout comme en 1747. Ces difcuffions, non plus que l'examen du fyftème de M. Euler, de l'Atmoſphère & de la Queue des Comètes, -de l'impulfion des rayons folaires, où elles me conduiſent, ne m'écartent donc point du but que je m'étois propoſe, indépendamment de la critique de M. Euler. Ce font toû- jours à peu-près les mêmes matières que j'aurois traitées ou dû traiter, & qui, par la circonſtance d'un tel adverſaire, ne font qu'exiger une plus grande attention de ma part, & de la part du public. > Ce qu'il me refteroit ici d'hiftorique à donner fur mon ouvrage, & fur les nouvelles idées qu'il a fait naître, ſe trou- vera répandu dans la fuite de ces Eclairciffemens, & fur-tout dans quelques-uns des préliminaires que j'y ai mis à la tête. 1751. Q`q ij 308 ECLAIRCISSEMENS > IIME ECLAIRCISSEMENT. » * * Système de M. Euler, fur la caufe de la Queue des Comètes, de l'Aurore Boréale, & de la Lumière Zodiacale, en tant qu'il diffère de celui qui eft propofé dans le Traité Phyfique & Hiftorique de l'Aurore Boréale. LE fyftème de M. Euler fur tous ces Phénomènes a pour unique fondement l'impulfion des rayons du Soleil, fur les Atmoſphères propres des Comètes, de la Terre & du Soleil. J'ai auffi expliqué en manière d'exemple, la Queue des Comètes par l'impulfion des rayons du Soleil; mais je ne fais agir ces rayons que fur la partie de l'Atmoſphère Solaire ou de la Lumière Zodiacale dont les Comètes fe font char- gées dans leur périhélie ou auprès de leur périhélie. C'eſt-là •proprement ce qui diftingue ma théorie fur ce fujet, de celle de M. Euler, & de toutes les autres pareilles qui ont précédé; car l'explication de la Queue.des Comètes, par l'impulfion des rayons du Soleil fur leurs Atmoſphères ou tel autre fluide ſemblable, eft connue depuis long-temps, comme on le verra dans celui de ces Eclairciffemens que je deftine aux Comètes. Cependant je ne difputerai point à M. Euler la propriété de fon ïdée fur les Comètes; elle lui appartient, du moins en ce ſens, qu'il l'applique auffi à l'Aurore Boréale & à la Lumière Zodiacale. C'eft fous cet afpect de ſyſtème général qu'il nous la préſente, c'eſt ſous cet aſpect que je la reçois, & que je vais m'y prêter. Toute la différence de nos hypothèfes confifte donc en ce que M. Euler explique la Queue des Comètes, l'Aurore Boréale & la Lumière Zodiacale, par les Atmoſphères propres des Comètes, de la Terre & du Soleil, & par l'impulfion des rayons Solaires; tandis que je n'y emploie que l'Atmoſphère Solaire, & fans aucune intervention de SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. II. 309 T'impulfion des rayons, excepté à l'égard des Comètes, fans conféquence, &, comme j'ai dit, par manière d'exemple. Ainfi fexplication des Queues des. Comètes, qui n'eſt chez moi qu'une eſpèce de corollaire, qu'une explication hy- pothétique, qu'une conjecture tout au plus, & donnée pour telle, parmi mes doutes & mes queſtions, & fur la fin de mon Traité, devient chez M. Euler la première, la plus étendue de toutes les explications, fon explication fondamen- tale, & la clef de toutes les autres. Je regarde la Lumière Zodiacale, ou l'Atmoſphère Solaire' en tant qu'elle fe manifefte fur notre horizon, lorſque le Soleil eft caché au deffous, comme une appartenance quelconque de cet aftre, dont je ne détermine la figure & les dimenſions que d'après les obſervations immédiates, & par la rotation du Soleil fur fon axe; M. Euler y ajoûte l'impulfion des rayons fur les particules fubtiles de matière qui la compofent. J'ai ſuppoſé cette Atmoſphère, & d'après ces mêmes obfer- vations, abſolument continue, depuis la furface du Soleil jufqu'aux extrémités de la Lumière Zodiacale; & M. Euler croit qu'elle pourroit être féparée du Soleil, & placée à quel- que diſtance de cet aftre en forme d'anneau, comme l'anneau de Saturne. La matière de l'Aurore Boréale n'eft, felon moi, que la matière même de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmoſphère Solaire, dont la Terre s'eft chargée en paffant au travers ou auprès de cette Atmoſphère ; & ce n'eft, felon M. Euler, que l'amas des parties les plus fubtiles de l'air, ou des exhalaifons terreftres chaffées par les rayons du Soleil à la diſtance où l'on obferve l'Aurore Boréale. Quoique cette diſtance ne puiffe pas être déterminée avec exactitude, & que vrai-femblablement elle ne foit pas toû- jours la même en différentes Aurores. Boréales, j'ai conclu de plufieurs obfervations, & par diverfes méthodes, qu'elle étoit rarement au deffous de 100 lieues de 25 au degré, & qu'elle alloit quelquefois à plus de 200. M. Euler penfe auffi en général, que la matière du Phénomène eft placée Qq iij 310 ECLAIRCISSEMENS ኝ y à une très-grande diftance de la furface de la Terre, & même beaucoup plus grande que je ne la fais, à des milliers de milles. Mais comme il prétend en même temps que la hau- teur de l'Atmoſphère Terreftre ne va prefque pas au delà d'un mille d'Allemagne, il croit en conféquence, que l'Au- rore Boréale ne réfide point dans notre Atmoſphère, mais qu'elle en eſt ſéparée par un très-grand efpace. En quoi nous différons beaucoup de fentiment; puifque je ne fais nul doute que l'Aurore Boréale ne tienne à la région fupérieure de notre Atmoſphère, & que cette Atmosphère ne s'étende bien au delà du Phénomène. * す ​Du refte, nous convenons, M. Euler & moi, des prin- cipes généraux qui entrent dans nos théories; de la gravita tion qui s'exerce vers les centres de tous les Globes céleftes, en raiſon inverſe des quarrés des diſtances; d'une Atmoſphère Solaire qui peut s'étendre juſqu'à l'Orbite Terreftre & au -delà; & de la figure de cette Atmoſphère, aplatie vers les Poles du Soleil, comme une eſpèce de lentille, fur le plan de fon Equateur, en vertu de la rotation du Soleil fur fon axe, abſtraction faite de cette figure d'anneau qu'il a voulu nous y faire foupçonner, &c. Voilà, fi je ne me trompe, & autant que j'ai pû´ le recueillir de fes Recherches, un réfumé fuccinct, mais fidèle, des hypothèſes de M. Euler, fur la Queue des Comètes, fur l'Aurore Boréale & fur l'Atmoſphère Solaire. Nous allons les parcourir en détail; mais au lieu de fuivre M. Euler dans Fordre qu'il a tenu fur toutes ces queftions d'après celui de fes idées, je crois plus à propos de reprendre ici le plan que je m'étois fait dans l'ouvrage que j'ai à défendre: c'est-à-dire que j'examinerai les objections de M. Euler & le fyftème qu'il m'oppoſe, dans l'ordre de ces trois ſujets, l'Atmoſphère Solaire ou la Lumière Zodiacale, l'Aurore Boréale, & la Queue des Comètes. SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. III. 311 J के है IFE ECLAIRCISSEMENT. Sur l'étendue de l'Amosphère Solaire. A1 déterminé l'étendue de l'Atmoſphère Solaire ou de la Lumière Zodiacale, dans la longueur, à compter depuis le Soleil jufqu'à la pointe, d'après les obfervations réitérées de feu M. Caffini, par les élongations de cette pointe, & de la manière dont on détermine les diftances des Planètes infé- rieures par rapport au Soleil. J'ai trouvé par cette méthode, que la Lumière Zodiacale s'étendoit quelquefois jufqu'à la Terre ou à l'Orbite terreftre & au delà, c'eſt-à-dire, à plus de 90 ou 100 degrés depuis le Soleil. Á l'égard de fa largeur ou de fon épaiffeur, comme on n'en peut juger que par celle de fa baſe ſur l'Horizon, où il y a le plus fouvent des vapeurs qui l'effacent en partie, & qu'on ne fauroit obferver immédiatement cette épaiffeur juſqu'au Soleil vers fes Poles, où elle doit être plus grande, nous ne pouvons auffi en rien dire de pofitif. C'eft pourquoi nous n'entendrons ordinairement par l'étendue de la Lumière Zodiacale, que fa feule dimenſion en longueur depuis le Soleil juſqu'à fon bord lenticulaire, felon qu'elle paroît ſe terminer à des Etoiles dont la poſition eft connue. La lar- geur apparente de fa baſe ſur l'Horizon varie, depuis 1o ou 15 degrés, jufqu'à 20 ou 30. J'ai avancé de plus, que puiſque la Lumière Zodiacale s'étendoit quelquefois viſiblement juſqu'à la Terre & à quel- ques degrés au delà, nous devions conclurre qu'elle s'étendoit fouvent beaucoup plus loin. D'où il ſuit, que dans pluſieurs cas où nous ne la voyons point atteindre à l'Orbite terreftres & où elle ne fait qu'en approcher, nous pouvons préfumer qu'elle y atteint, & cela par une induction que je ne crois pas qu'on puiffe me contefter. Cette induction eft tirée, 1. de la dégradation infenfible de Lumière & de denfité 3 1 2 ECLAIRCISSEMENS 1 * Page 139. £ qu'on y obferve depuis fa baſe jufqu'à la pointe & à toutes fes extrémités, toûjours mal terminées; car il eft plus que probable qu'il y a encore au delà une infinité de particules de la même matière, qui fe dérobent à notre vûe par leur extrême ténuité, & par leur rareté: 2.º de ce que, ſelón la remarque de feu M. Caffiti, elle paroît en un même inſtant diverſement étendue à diverfes perfonnes 3.° de ce que : nous ne voyons jamais la Lumière Zodiacale dans une parfaite obfcurité, & que nous voyons conftamment augmenter fa longueur, fa largeur & fa clarté, felon que le crépuscule qui l'accompagne eft plus foible, & qu'il y a moins de Lumière dans le refte du Ciel : 4.° & enfin, de fes variations appa- rentes, & fouvent très-confidérables, de grandeur & de figure, qui arrivent quelquefois d'un jour à l'autre, & qui font fentir combien les circonftances étrangères, optiques ou phyfiques, peuvent apporter de changement à fes appa- rences; n'étant point vrai-ſemblable qu'un ſi vaſte amas de matière naiffe, s'évanouiffe & renaiffe en fi peu de temps. Je ne trouve rien dans les recherches de M. Euler, qui, bien loin de détruire l'idée que je viens de donner de l'éten- due de l'Atmoſphère Solaire, ne la favorife & ne la confirme. Il fait engendrer cette Atmoſphère, comme j'ai fait, fous cette figure de lentille ou de fphéroïde aplati vers fes Poles, par la rotation du Soleil & de tout ce qui l'environne. II ne limite point fon étendue, qu'il fait vrai-ſemblablement très-grande; & il doit d'autant plus la fuppofer telle, qu'à cette cauſe d'expanfion il joint, comme nous avons vû, l'impulfion des rayons Solaires, qui ne peut que l'augmenter. Voici comment il s'en explique *: Le corps du Soleil fera donc environné d'une Atmosphere, dont la figure fphéroïdique fera fort aplatie vers les Poles, & fort étendue autour de l'Equateur; précisément comme Mrs Caffini & de Mairan repréfentent l'At- moſphère Solaire, dans laquelle ils placent la Lumière Zodiacale. Ainfi il eft extrêmement vrai-femblable que cette Lumière Zodiacale n'eft autre chofe que le Phénomène offert par la vue de l'Atmo- Sphère Solaire fort étendue autour de l'Equateur; & cela eft également SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. III. 313. & ++ également confirmé par la figure & par la fituation de ce Phéno- mène. Mais, ajoûte-t-il, pour mettre dans un plus grand jour, conibien la diminution de la peſanteur peut augmenter l'étendue de l'Atmosphère Solaire autour de l'Equateur, (c'eft toûjours de l'Equateur du Soleil qu'il s'agit ici) faifons un calcul fondé fur les principes de l'Hydroftatique. .. 24 * Vient enfuite une analyſe de M. Euler, & ce calcul, dont les élémens font, l'axe du Soleil, la révolution du Soleil fur cet axe, qui, pour le dire en paffant, eft de 25 ou d'environ 25 jours, & non d'environ 27, comme le porte ici l'imprimé; car il s'agit de la révolution réelle, & non de la révolution fynodique par rapport à la Terre; la pefanteur d'une par- ticule quelconque de fon Atmoſphère, la force de fes pour écarter cette même particule de la furface Solaire, & la force centrifuge de cette particule en conféquence de la rotation; d'où réſulte une équation ou formule qui renferme tous ces élémens d'un côté, & de l'autre l'inconnue, favoir, l'étendue de l'Atmosphère Solaire. rayons Je me perfuade que M. Euler n'a voulu nous apprendre par ce détail d'analyſe, que l'étendue, ou immenſe, ou très- bornée, dont l'Atmoſphère Solaire eſt également ſuſceptible, par la diminution de pefanteur dans les particules de matière qui la compofent, ou par l'augmentation de cette même pefanteur car du refte on n'en fauroit rien conclurre par rapport au fait, dont la connoiffance dépend uniquement des obſervations & de l'induction que j'en ai tirée. Les gran- deurs connues qui fe rencontrent ici, telles que l'axe du Soleil, la révolution du Soleil ſur cet axe, & la force cen- trifuge qui en réſulte pour chaque particule de l'Atmoſphère, ſe trouvant abſolument compliquées avec des indéterminées, telles que la confiftance ou la pefanteur des particules de l'Atmoſphère, & la force impulfive des rayons qui agiffent contr'elles; il eſt évident que le membre de l'équation qui contient l'inconnue, demeure indéterminé, & d'autant plus, que les indéterminées qu'on y compare font véritablement inconnues, & plus inconnues que l'inconnue proprement Rr ་ { 314 } ECLAIRCISSEMENS dite de l'équation; car tout au moins connoît-on celle-ci dans la partie viſible de la Lumière Zodiacale, par les obfer vations, au lieu que nous n'avons jufqu'ici aucune reffource, pour acquerir la moindre connoiffance des autres, dans le rapport qu'elles peuvent avoir entr'elles, pour produire l'effet dont il s'agit. Peut-être pourroit-on conjecturer quelque chofe de la force impulfive des rayons du Soleil, par la vîteffe avec laquelle ils viennent frapper notre organe, & qui eft eſt telle, qu'ils n'y emploient qu'environ 8 minutes de temps; mais quelles font les maffes des corpufcules lumineux, qui doivent être multipliées par cette vîteffe, pour en conclurre la force de leur impulfion? & quelles font en même temps les maffes des particules de l'Atmoſphère Solaire, qui y font expofées, pour en meſurer l'effet? Il eſt donc évident que le plus ou le moins d'étendue de l'Atmoſphère Solaire, dépen- dant du plus ou du moins de maffe des particules qui la compofent, & de celle des particules impulſives qui viennent les frapper, on peut par cette caufe, & felon le rapport qu'on établira entre toutes ces grandeurs, faire l'étendue de l'Atmo- ſphère du Soleil, auffi grande ou auffi petite qu'on voudra, la renfermer dans la Sphère de Mercure, ou la pouffer jufqu'à celle de Saturne. Je ne penſe donc pas avoir rien omis d'effentiel fur l'éten- due de l'Atmoſphère Solaire, en m'attachant uniquement à ce qu'on en pouvoit déterminer d'après les obfervations; & je doute que tous les calculs que j'aurois pu faire fur ce fujet pû m'euffent conduit à quelque chofe de plus inftructif. IVME ECLAIRCISSEMENT. de Sur la continuité de l'Atmosphère Solaire & at la Lumière Zodiacale avec le Soleil. M. Euler tire cependant une autre conféquence de ſon calcul fur l'étendue de l'Atmoſphère Solaire. Comme il le SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. IV. 315 C les réduit, par rapport à l'axe de la courbe génératrice de cette At- moſphère, à une équation cubique qui n'en exprime que abfciffes, il remarque*, que fi cette équation a une racine affirma- Page 140: tive, comme cela doit arriver dans le cas actuel, elle aura auſſi nécef- fairement trois racines réelles, & qu'alors il pourroit arriver que l'Atmosphère fe changeât en anneau, & environnât le Soleil, comme l'anneau de Saturne entoure cette Planète. A quoi il ajoûte que les obfervations ne permettent pas de décider fi la Lumière Zodiacale, qui n'eft autre chofe que l'Atmosphère Solaire en tant que viſible fur notre Horizon, eft contigue au Soleil, ou placée à quelque distance de cet aftre en forme d'anneau. C'eſt-là, je l'avoue, une queſtion à laquelle je n'avois point penfé: car, outre que je n'ai jamais vû la moindre appa- rence que le corps du Soleil ſe trouvât ainfi dépouillé de fon Atmosphère, peu m'importeroit dans le fond, & par rapport à mon explication de l'Aurore Boréale, que cet aſſemblage circonfolaire qui ſe montre à nos yeux dans la Lumière Zo- diacale, fût, ou ne fût pas abfolument contigu au Soleil. L'Orbite terreſtre ne le renfermeroit, ou ne le traverſeroit pas moins, & n'en feroit pas plus éloignée; cette Lumière n'en auroit pas moins l'étendue, la longueur & la largeur que nous y voyons fur notre Horizon & vers cette Orbite, & la Terre venant également à la rencontrer, à paffer au travers, ou tout proche, ne s'y chargeroit pas moins de la matière requiſe, pour la production du Phénomène. Voilà ce que j'alléguerois, & que je ferois en droit d'alléguer d'après les obfervations. Mais quoi qu'il en foit, cet article a une liaiſon trop intime avec toutes mes idées fur ce fujet, & il eft d'ailleurs trop important par lui-même, & lui-même, & par rapport à la Phyſique célefte, pour être paffé fous filence. Je vais donc tâcher de l'éclaircir dans tous fes points. Convenons d'abord, que fur la première inſpection, & optiquement parlant, il ne feroit pas impoffible que la Lumière Zodiacale, large comme elle eſt ordinairement ſur l'Horizon par fa baſe, couchée de part & d'autre fur le plan de l'Equateur Solaire, & en partie fur celui de l'Orbite Rrij 316 ECLAIRCISSEMENS 1 terreftre qui ne s'en éloigne que de fept à huit degrés, nê nous cachât l'eſpace vuide qu'il y auroit depuis les extrémités jufqu'au Soleil. Ce qui ne nous permettroit pas de décider, fi la Lumière Zodiacale s'étend en effet jufqu'au Soleil, fi ellë lui eft contigue, ou fi elle en eſt ſéparée, comme l'anneaut de Saturne eft féparé de cette Planète. Il faut donc entrer dans un détail plus particulier & plus circonſtancié du Phénomène, y appliquer la théorie dont il eſt ſuſceptible, pour favoir enfin à quoi nous en tenir für cette queftion. Quand la Lumière Zodiacale commence à paroître quef- qu'heure avant le lever du Soleil, ce n'eft au premier coup d'œil qu'une fueur blancheâtre preſque imperceptible, fort ſemblable à la voie lactée, une clarté mal terminée, qui ſe confond avec celle du crépuscule naiffant, peu élevée ſur l'Horizon, & allant toûjours en fe dégradant, jufqu'à une forte de pointe ou de fommet qu'on y démêle quelquefois en forme de cone, de conoïde, ou de fuſeau, comme le doit paroître toute eſpèce de fphéroïde aplati & lenticulaire vû de profil. Elle monte cependant peu à peu, elle devient plus viſible, plus grande & plus claire, à mesure que te Soleil s'approche de l'Horizon, & elte arrive enfin à un point de grandeur & de clarté qu'on peut appeler fon maximum, & après lequel elle diminue en apparence, s'efface de plus en plus, & s'évanouit à l'éclat d'un plus fort crépuscule, & en préſence du Soleil. It en eft de même, à peu près, de fa partie oppoſée, de la Lumière Zodiacale du foir, en ordre renversé, pendant que le Soleil s'enfonce fous l'Horizon. On remarque également dans l'une & dans l'autre la même dégradation de łumière & de denfité, depuis l'Horizon jufqu'à la pointe, ou, fi l'Horizon eft bordé de nuages, la même augmentation, de- puis fa pointe jufqu'auprès de l'Horizon, c'eſt-à-dire juſqu'à fa partie viſible la plus proche du Soleil. Tout nous annonce donc jufque-là, que fi la Lumière Zodiacale pouvoit fe montrer toute entière avec le Soleil, nous la verrions ainfi augmenter de grandeur, de clarté & A SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. IV. 317 1 de denfité jufqu'à la furface de cet aftre. C'eft fans doute après une infinité de ſemblables obfervations, que feu M. Caffini qui nous a fait connoître cette Lumière, & ceux qui l'ont décrite après lui, lønt toûjours confondue avec l'Atmosphère du Soleil, ce mot d'Atmoſphère ne fignifiant chez eux autre chofe, que le fluide quelconque qui environne un corps plus folide, plus pefant ou plus denſe, ainſi que l'air environne la Terre, & dont la partie inférieure eft immédiatement appuyée ſur ſa ſurface. Mais il y a plus, lorſque le Soleil vient à s'éclipſer, & à nous être totalement caché par le Globe de la Lune, on voit autour du Diſque de celui-ci, une lumière de 4, 5 ou 6 doigts ou plus de largeur, très-vive, & d'autant plus vive, qu'elle approche davantage de fon Diſque, ou de celui du Šoleil, d'où elle va en diminuant juſqu'à ce qu'elle ſe perde dans le Ciel. C'eft cette eſpèce de Frange Solaire que Képler a fi bien décrite*, qui a été vûe des Anciens, & qu'ils ont priſe auffi, quelquefois pour les bords du Soleil même, & pour une Eclipſe annulaire; mais qui en a été diftinguée, & qu'on a clairement aperçue dans toutes les Eclipfes totales de Soleil arrivées de nos jours. Eh! que feroit-ce autre choſe que l'Atmosphère du Soleil, dans fa partie la plus denſe, la plus lumineuſe par elle-même, ou la plus expofée à l'éclat & à la denfité des rayons folaires qu'elle nous réfléchit? Enfin, malgré cet éclat qui doit faire difparoître les parties les plus éloignées & les pointes apparentes de cet amas fènticu- faire de particules lumineuſes ou réfléchiffantes vû de profil fous lequel la Lumière Zodiacale fe montre ordinairement, on ne laiffe pas d'y en apercevoir les traces, &, pour ainfi dire, les tiges. Cette Couronne, će Limbe lumineux dont nous venons de parler, n'eſt pas exactement circulaire, il eſt prefque toûjours plus étendu, plus lumineux vers le levant a → Subflantia craffa circa Solem, non hic in ftro acre, fed in ipfa Sede Solis. i erdun circumfufa, qua refplendet radiis Sols, apparetque etia tecto Sole, ut flamma circu- | lariter emicans, tantumque luminis præferens, ut mera nox effe nequeat. Képler, Epit. Aftron. Cop. lib. V b p. 895. Rr iij 318 ECLAIRCISSEMENS & vers le couchant, felon la direction commune de l'Equa teur Solaire & du profil conique ou conoïdal de la Lumière Zodiacale, que vers les Poles. L'Eclipfe totale de Soleil, vûc à Paris en 1724, fut accompagnée de cette apparence: je l'y obfervai, & M. Godin, dont j'ai retenu la note, obferva auffi. Mais M. Valerius, Afronome à Upfal, nous fournit encore quelque chofe de plus précis fur ce fujet. Pen- dant l'Eclipſe totale de Soleil, obſervée dans cette ville en & dont la totalité dura 4′ 20″, il vit cette Lumière 1715, du Limbe plus grande & plus étendue vers le levant & vers le couchant du Soleil, que vers les Poles ; & il nous en a conſervé une figure, où ce Limbe adhérant au Soleil eſt repréſenté avec deux anfes pleines & lumineuſes. La mêņie choſe fut remarquée en Scandinavie, par Mrs Tiburtius & Chenon, dans l'Eclipfe totale de Soleil, qu'on y vit en 1733. Toutes ces obſervations font rapportées dans les Actes de Leipfic, année 1716, & dans les Actes Littéraires de Suède, année 1735. { Je ne crois pas qu'on puiffe exiger des preuves de fait & d'obſervation plus convaincantes fur un fujet de cette nature, Il eſt viſible que l'Atmoſphère du Soleil en enveloppe immé- diatement la furface, qu'elle n'en eft point féparée, commẹ l'anneau de Saturne l'eft de cette Planète; & à cet égard, qui eſt tout ce que nous nous étions d'abord propofé, la queſtion eſt réfolue. Il n'eſt guère moins viſible que la partie de cette Atmo- fphère contigue au Soleil doit s'unir à celle qui nous eft ma- nifeftée par la Lumière Zodiacale. La dégradation inſenſible de lumière & de denfité du Limbe qui environne le Soleil pendant les Eclipſes totales, & une ſemblable dégradation dans la Lumière Zodiacale depuis fa baſe fur l'Horizon, c'eſt- à-dire, depuis fa partie la plus proche de ce Limbe, jufqu'à la pointe, ne nous permettent prefque pas d'en douter: l'in- duction eſt affurément auffi forte que légitime, & ſe trouve confirmée par ce que j'ai rapporté dans le VIIIme Chapitre de la quatrième Section de mon Traité, de certains cas rares SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. IV. 319 & & extraordinaires arrivés dans les fiècles paffés, où cette Atmoſphère a été vûe appuyée fur le Soleil éclipfé, en forme de cone très-étendu, & bien au delà de la partie de la Lumière Zodiacale qui nous eft cachée à quelques degrés fous l'Ho- rizon. J'avoue que l'obfervation en avoit été peu exacte, mal circonftanciée, déguiſée & douteuſe dans fes circonftances, comme il convenoit à ces temps-là; & qu'à la rigueur, il ne feroit pas impoffible que l'Atmoſphère Solaire ne fût rompue où interrompue en cet endroit, fans que nous le viſſions, & peut-être fans que nous pûffions jamais le voir. Mais le Phyſique ne s'oppoſe-t-il point ici à toutes ces poffibilités? Pafſons donc enfin aux preuves de droit de la continuité abfolue de l'Atmosphère Solaire & de la Lumière Zodiacale, & tâchons de donner là-deffus une théorie fi complète & fi claire, qu'elle n'y laiffe aucun fujet de doute. Je confidère l'Atmosphère du Soleil dans quatre cas dif- férens. 1. Dans celui de la feule pefanteur de ſes parties vers le centre Solaire, indépendamment de toute rotation fur fon axe, & de toute impulfion de rayons. 2.° Sous la forme qu'elle prendroit par la feule rotation autour de l'axe du Soleil, & par la force centrifuge qui en réfuíte en tant qu'oppofée à la pefanteur. 3. Dans ce qu'elle deviendroit, avec ſa pefanteur, par la feule impulfion des rayons folaires admife par M. Euler. 4.° Et enfin fous le concours de ces trois cauſes. Ce font là toutes les forces que nous devons mettre en euvre, la pefanteur en raiſon inverfe des quarrés des dif- tances, la force centrifuge en vertu de la rotation fuppofée avec M. Euler fe faire en même temps dans toutes les parties de cette Atmoſphère, & l'impulfion des rayons en direction contraire à la pefanteur, mais felon le même rapport des quarrés de diftance au centre du Soleil. PREMIER CAS Tout ceci roule, comme on voit, fur cette fuppofition 320 ECLAIRCISSEMENS * 138. * V. Rech. de explicite, ou implicite, que le Soleil a par fa nature, ou M. Euler, page par accident, mais de fait, une Atmosphère, qui, abftraction faite de toute cauſe externe, excepté la pefanteur, s'y rail- geroit tout autour par fa tendance centrale, dans l'ordre de fa formation & de fa confiftance, foit que les particules qui la compoſent émanent du Soleil,' foit qu'elles y viennent d'ailleurs de manière que les plus pefantes s'arrêteroient ou tomberoient fur fa furface, & que les plus légères monte- roient, ou s'entafferoient au deffus; car il n'eft pas vraj-fem- blable qu'elles aient toutes la même confiftance, la même ténuité, la même légèreté ou la même pefanteur. Ainfi ce premier cas fe confond abſolument avec la fuppofition même qui fait la bafe de toute cette théorie, & d'où doivent naître tous les Sphéroïdes poffibles des cas fuivans. L'Atmoſphère Solaire feroit donc fphériquement & concentriquement af- ſemblée autour du Soleil, depuis fa furface juſqu'aux limites fupérieures de cette Atmoſphère où feroient les particules les plus légères, les plus ténues & les plus rares: car qu'eft-ce qui s'oppoferoit alors à l'action, par-tout la même, felon la loi donnée, de la gravitation centrale fur toute la maffe de ce fluide? SECOND CASI ? * fes Il eſt clair qu'il en réſulteroit un Sphéroïde aplati par Poles, en vertu de la rotation du Soleil & de fon Atmo- ſphère fur l'axe qui leur eft commun. C'eſt ici la feule force qui fe complique avec la pefanteur, c'eſt le cas du Sphéroïde terreftre, matière aujourd'hui fi connue & fi favamment traitée; c'eft enfin tout ce que peut produire cette compli- cation, élever l'Atmoſphère du Soleil vers fon Equateur, & la déprimer vers ſes Poles; parce que, comme on fait, cette force va toûjours en augmentant vers les plus grands cercles du mouvement, vers l'Equateur, & en diminuant vers les plus petits, c'eſt-à-dire, vers les Poles, en raifon directe des rayons de la circulation, ou, ce qui revient au même des finus du complément de latitude, jufqu'au Pole où elle eſt nulle. F SUR L'AURORE BORÉALE,.Ed. IV. 321 nulle. Ainfi l'Atmosphère Solaire demeurera moins épaiffe plus comprimée vers les Poles du Soleil que par-tout ailleurs, & ces effets feront d'autant plus fenfibles, que la force centrifuge, en tant qu'oppofée à la pefanteur, fera plus grande; de manière que fi elle venoit à ſurpaſſer la peſanteur en quantité, elle diffiperoit les parties du fluide. Mais la force centrifuge devenue fupérieure à la peſanteur de l'Atmoſphère Solaire, ou de quelques-unes de fes parties, ne pourroit-elle pas enlever ces parties plus légères au deffus des autres & du Soleil, en forte que les deux forces s'y trou- vaffent en équilibre, & que le fluide enlevé y demeurât fuf- pendu en forme d'anneau? Non : car la force centrifuge, dans hypothèſe des révolutions en temps égal, croît en raifon directe, des diſtances à l'axe, tandis que la pefanteur décroît en raifon doublée inverſe de ces mêmes diftances. La force centrifuge ne fauroit donc être un inftant fupérieure à la pefanteur, fans le devenir davantage l'inftant d'après, & de plus en plus à de plus grandes diſtances, en agiffant fur les particules qu'elle auroit déjà enlevées & détachées de l'Atmo- fphère. Le corpufcule quelconque enlevé, tendroit donc fans ceffe à s'éloigner de l'axe de fa circulation, & avec d'autant plus de vîteffe qu'il ſe trouveroit fucceffivement plus loin de cet axe. Il feroit donc diffipé ou rejeté dans des efpaces où le ſyſtème des forces données, de leurs directions & de leurs tendances, n'eſt plus le même & n'a plus lieu. L'anneau zodiacal de l'Atmoſphère Solaire eſt donc juf- qu'ici impoffible. Celui de Saturne, à quoi on le compare, ne l'eſt pas moins dans ces principes; car, ou cet anneau, vrai-femblablement auffi folide que le Globe de la Planète qu'il environne, n'eſt point dans le cas de l'Atmoſphère Solaire, & il faut alors lui affigner une autre origine, ou, fi l'on veut le mettre dans le cas de l'Atmoſphère Solaire, & l'imaginer primitivement comme un fluide répandu fur toute la furface de la Planète, il tombe abſolument dans la même impoffibilité; à moins qu'on n'y amène quelqu'autre principe, ou qu'on n'y faffe < ! ( Sf * 322 ECLAIRCISSEMENS entrer quelqu'autre hypothèſe; ce qui n'eſt plus de mòn fujet TROISIÈME CAS. & L'impulfion des rayons du Soleil n'étant en ce cas, felon l'hypothèſe, qu'une force de même nature que la pé- fanteur, agiffant felon la même loi, mais feulement en fens contraire, qu'y pourroit-elle faire que la diminuer fi elle lui eft inférieure, la balancer fi elle lui eſt égale, & la furmonter fi elle lui eft fupérieure? Ce n'eft qu'une autre évaluation de la pefanteur donnée, moindre, nulle ou négative, &, en ce dernier fens, une vraie légèreté centrifuge,, toûjours expri- mée par la différence des deux forces, de la pefanteur pro- prement dite, & de l'impulfion des rayons. L'impulfion des folaires devient donc ici une confidération abfolument inutile ou fuperflue, qui ne fait qu'embarraffer la queftion. Prêtons-nous-y cependant, pour mieux entrer dans l'efprit de M. Euler, & fuivons cette idée. rayons Il eſt clair que l'impulfion des rayons, fi elle eſt ſenſible, doit diminuer la compreffion de l'Atmoſphère Solaire entre fes parties & fur le Soleil, la dilater, & par-là en augmenter l'Amplitude; mais il n'eſt pas moins clair que quelque valeur qu'on lui affigne, elle ne fauroit détruire la contiguité de cette Atmosphère avec le Soleil, ni fa continuité avec la Lumière Zodiacale, fans la diffiper. Car 1.° imaginons cette impulfion inférieure ou fupérieure à la pefanteur d'une quantité finie quelconque. Elle le fera toûjours, & par-tout proportionnellement, dans le même rapport inverſe du quarré de la diſtance donnée. Les parties de l'Atmoſphère n'en pourront être que moins comprimées entr'elles par la pefanteur diminuée de cette quantité dans le premier cas, ou diffipées dans le fecond; puifqu'à une dif- tance quelconque où l'impulfion des rayons aura eu la force de les enlever en les détachant du refte de l'Atmosphère ou de la ſurface du Soleil, la même fupériorité lui refte pour les pouffer plus loin, & ainfi de fuite & à l'infini, ou auffi lòin que la Sphère d'activité des rayons du Soleil peut s'étendre. ! SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. IV. 323 1 Le Soleil reftera donc alors, ou avec toute fon Atmoſphère, .fphérique & concentrique, plus étendue feulement ou plus dilatée, fi elle eft dilatable, en un mot, moins comprimée qu'elle ne l'auroit été par la peſanteur entière; ou avec une Atmoſphère moindre de toutes les parties enlevées & diffi- pées; ou enfin totalement dépouillé de ſon Atmoſphère : & cela, fans qu'il y ait ici veftige d'anneau ni de rien qui en approche. 2° Suppofons l'égalité parfaite entre l'impulfion des rayons & celle de la pefanteur. L'Atmoſphère du Soleil en deviendra auffi´légère, auſſi rare ou auffi dilatée qu'elle le puiffe être ; mais elle n'en fera point déplacée, ou enlevée au Soleil, puif- qu'il n'y a ici aucun principe de déplacement. Ce ne fera plus qu'une maffe de fluide indifférente à toutes les places imagi- nables: Feignons cependant, & par impoffible, qu'en cet état elle ſe trouve portée ou créée à une certaine diſtance du Soleil. Qu'en naîtra-t-il ? une Sphère creufe balancée par les detix forces, qui mathématiquement parlant, fe maintien- dra toûjours dans le même lieu, & jamais un anneau. Mais en bonne Phyſique, j'oſe dire qu'elle n'y peut fubfifter un inftant fini quelconque, & qu'il n'y a rien de pareil dans l'Univers, où tout eft en mouvement. L'équilibre ne ſubſiſte réellement dans la Nature, qu'entre des forces qui fe balancent en un point, au delà ou en deçà duquel elles ſe vaincroient mutuellement F'une l'autre, par rapport à l'effet que leur con- flict peut y produire. C'eſt ainfi, par exemple, que la furface du fphéroïde aplati de la Terre ou de Jupiter, plus élevée fous l'Equateur que vers les Poles, fe maintient dans cet état; parce qu'un peu plus haut, les couches fupérieures de matière n'ayant plus un appui fuffifant fur les inférieures & fur les parties latérales, la pefanteur l'emporteroit fur la force cen- trifuge, & qu'un peu plus bas, le déplacement des parties du Globe chaffées des Poles vers l'Equateur, ne détruiſant pas encore cet appui, ce feroit la force centrifuge qui furmonteroit l'effort contraire de la pefanteur. Les parties, ..fuppofées fluides, qui font vers les Poles, follicitées par la Sf ij 324 ECLAIRCISSEMENS force centrifuge à paffer vers l'Equateur, monteroient trop dans un cas, & trop peu dans l'autre; elles fortiroient des. limites du mouvement compofé & oblique qui en réfulte; ou n'y atteindroient pas : théorie trop connue aujourd'hui pour nous y arrêter davantage. QUATRIÈME CAS. Raffemblons maintenant toutes ces caufes, la pelanteur, la rotation du Soleil & de fon Atmoſphère fur fon axe, & l'impulfion des rayons; faifons-les agir conjointement, & voyons l'effet qui doit s'en enſuivre. Le compofé ne fauroit avoir que ce que lui donnent les compofans. Aucun de ceux-ci ne produit un fphéroïde annu- laire féparé du Soleil; donc le fphéroïde annulaire féparé du Soleil ne fauroit naître de la réunion de toutes ces cauſes. II n'en réfulte qu'une Atmosphère Solaire fphérique & contigue au Soleil en vertu de la feule pefanteur; qu'un fphéroïde aplati'vers fes Poles & contigu au Soleil, par la complication de la pefanteur avec la rotation; & ſeulement qu'une Sphère contigue au Soleil par la feule impulfion des rayons, fi leur force impulfive eſt inférieure à celle de la pefanteur, ou qu'une Sphère creuſe & mouvante qui fe diffiperoit inceffamment dans les efpaces immenfes du Ciel, fi la force impulfive des rayons étoit fupérieure à celle de la pefanteur. D'où naîtroit donc ici dans l'Atmoſphère Solaire ou dans la Lumière Zo- diacale, cet anneau fubfiftant iſolé & féparé du Soleil? Voyons pourtant ce que le concours de cette impulfion centrale des rayons, & de la force centrifuge ou axifuge, avec la pefanteur, pourroit y produire en partie. La force impulfive des rayons fera, ou abſolument ſupé- rieure à celle de la pefanteur, ou abſolument inférieure, & de manière que, jointe à la force centrifuge, à l'endroit où celle-ci eft plus grande, c'eſt-à-dire, autour de l'Equateur, elle ne pourroit détacher aucune des particules de l'Atmo- fphère du refte de fa maffe, ni de la furface du Soleil; ou enfin en telle raiſon avec la force centrifuge, que jointe à SUR L'AURORE BOREALE. Ed. IV. 325 م الدنم cette force, elle fût capable d'enlever la portion du fluide qui répond à l'Equateur & aux environs de part & d'autre, fans pouvoir enlever celles qui fe trouvent autour des Poles, où la force centrifuge eft plus petite. Il feroit inutile de ſpé- cifier davantage ce dénombrement, par le plus ou le moins de légèreté ou de pefanteur des particules, dont les unes pouvant être enlevées, les autres ne le pourroient pas; car nous dirions toûjours des unes & des autres ce qu'il faudra dire de leur affemblage fuppofé homogène & uniforme. Mais pourquoi nous engager dans le détail auffi long que fuperflu, de tous ces cas particuliers, qui fe réduiront toûjours à la fimple hypothèſe d'une pefanteur moindre, nulle ou négative, compliquée avec la force centrifuge qui naît de la rotation du Soleil & de fon Atmosphère fur fon axe? N'eſt-ce pas là le cas général que nous avons traité en ſecond lieu, de cette rotation unie à la peſanteur, abſtraction faite de toute autre caufe? Nous en firerons donc les mêmes conclufions, fans y faire d'autre changement, que de fubftituer à l'idée ou à l'expreffion de la pefanteur abfolue, celle de fa différence avec la force impulfive des rayons qui agiffent fur les mêmes parties du fluide, en fens contraire, & felon la même lor. Je ne vois donc rien dans la théorie, dans les obfervations, ni dans l'analogie de l'Atmoſphère Solaire avec tout ce que nous connoiffons de Phyſique célefte & terreftre, qui, bien loin de favorifer le moins du monde le doute de M. Euler, ne tende à le diffiper, & ne nous affure en effet de la contiguité de cette Atmoſphère avec le Soleil, ainfi que de fa continuité avec celle de fes parties qui fe manifeſte à nous dans la Lumière Zodiacale. < > ← } Sf iij 326 ECLAIRCISSEMENS Fig. XXXI. استمر VME ECLAIRCISSEMENT. De l'Analyfe de M. Euler fur ce fujet, & de la Courbe génératrice de l'Atmosphère Solaire. # IL feroit bien étonnant que l'analyſe & le calcul´nous donnaffent quelque chofe de contradictoire à la théorie pré- cédente, qui eſt ſi ſimple, &, fi je l'ofe dire, fi lumineufe, & que de ce calcul, ou de la Courbe qui doit engendrer l'At- moſphère Solaire par fa révolution, pût réfulter cet anneau ifolé, & féparé du Soleil, que la théorie defavoue. Cependant il n'y a pas de milieu dans cette alternative; il faut que La théorie foit fauffe, ou que l'analyſe, ou l'application qu'on en fait ici à la queftion, ou enfin la conféquence qu'on en tire, ne foit pas légitime. Y Mettons le Lecteur en état d'en juger par lui-même. Soit, conformément à la figure donnée par M. Euler, EDFCE la Section du Soleil & de fon Atmoſphère, paffant par le centre C de cet aftre, & par fon axe de révolution A B; EDF fera la Courbe génératrice, dont l'axe propre CD, fe confond avec le rayon prolongé de l'Equateur Solaire. Il faut, comme le dit M. Euler, que dans la fuppofition de l'Atmosphère arrivée à un état perma- nent, chaque direction moyenne MN, des forces par lef- quelles un de ſes corpufcules quelconque M, eft follicité foit perpendiculaire à cette courbe. Ayant donc mené du point Mà l'axe CD de la Courbe, l'ordonnée à angles droits MP, ſoit l'abfciffe CPx, PM—y. On aura CM=√xx+yy=z f Soit l'expreffion de la pefanteur qui pouffe le corpuf kk cule M vers C, & celle de la force impulfive des રડ rayons, qui le pouffe de C vers M; leur réſultat ou leur différence SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. V. 327 fera ff k k #kk z ; & foit la force centrifuge du point M, en vertu de fa circulation proportionnelle à fa diftance de l'axe de révolution EF, & felon la direction ML, parallèle à l'axe CD de la Courbe. · La normale MN étant la direction moyenne de la pefan- teur compliquée avec la force centrifuge, on aura CM:CN ‹ƒ k k そえ ​:: fon expreffion, źdz Mais, à cauſe de la foûnormale PN, ou de dx dy, CN=x——ydy zdz. Donc 2: da dx dx zdz dx :: dx: dz: : ƒ-kk * zz xdx ou bien ff - kk y dz ; laquelle équation étant zz intégrée donne ** C- 28 f-kk .7. ; C exprimant une conftante. Mais fi l'on fait xo, CM deviendra CE. Soit donc CE=b, & C fera 2 tion x x = 2 g × ff − k k × z — b bz ff-kk d'où réfulte l'équa- b , qui, dans le cas de z—x ou de yo, c'eft-à-dire, lorfque la diagonale CM vient à fe confondre avec l'axe de la Courbe, donne la plus grande Amplitude poffible CD, de l'Atmoſphère Solaire ou le demi- diamètre de cette Atmosphère, & l'équation cubique 6 x³, = 2 g × ff — kk × x— b. Je n'ai prefque fait jufqu'ici que tranſcrire les paroles & fe calcul de M. Euler; je vais préfentement y ajoûter mes réflexions. C'eſt de cette équation cubique aux abfciffes de la Courbe, qu'il tire fes conféquences en faveur de l'anneau, déjà rap- portées à la tête de l'Eclairciffement précédent. Mais quelles que foient ces abfciffes, & les valeurs des x de l'équation qui y répondent, foit par rapport à la génératrice qu'on vient 328 ECLAIRCISSEMENS Fig. XXXII. } de voir, foit dans telle autre génératrice de l'Atmoſphère Solaire qu'on voudra, ne faudroit-il pas, pour changer cette Atmoſphère en un anneau qui environner le Soleil, comme l'anneau de Saturne entoure cette Planète, ne faudroit-il pas, dis-je, que la Courbe & toutes fes branches fe trouvaffent réduites à un ſeul ovale éloigné du Soleil, ou à une Courbe quelconque rentrante en elle-même ? Eh que conclurre de la fimple inſpection d'une abfciffe, fur laquelle pourront s'é- lever toutes les ordonnées poffibles, finies ou infinies, de manière qu'elle fera également l'abfciffe, ou le diamètre de cette Courbe rentrante, ou de telle autre Courbe non ren- trante que l'on voudra, à l'infini? Par exemple, on voit bien que l'ovale DOVL, conftruit fur le diamètre DV qui fait partie de CD, produirait par fa révolution autour de l'axe Solaire AB ou EF, l'anneau dont il s'agit, à la diſtance TV du Soleil AT B. Mais quelle raifon y a-t-il juſque-là, pour conftruire fur le diamètre DV les branches DOV, DLV, plûtôt que cent autres, DX, DR, VY, VZ, qui ne rentreront point en elles-mêmes, & qui s'étendront à l'infini ? Et que donneroit autre choſe la révolution de cette abfciffe DV, & de toutes les autres, quelles que foient les valeurs des x qui les repréſentent, que des cercles, ou des Couronnes, & toûjours des plans mathématiques, de fimples fections de tous les fphéroïdes qu'on voudra imaginer, relativement aux y qui leur répondent? En quoi j'avoue que je ne comprends point le raiſonnement de M. Euler fur l'équation cubique bx³ — 2 g × ff —kk xx-b. Si cette équation, dit-il, 28 a une racine affirmative, comme cela doit arriver dans le cas actuel, elle aura auſſi néceſſairement trois racines réelles, & alors il pour- roit arriver que l'Atmosphère fe changeât en anneau, &c. Oui, cela pourroit arriver, fi toutes les autres conditions de la Courbe génératrice, & de l'équation entière qui l'exprime, y con- couroient; mais comment fait-on jufque-là & par la feule inſpection de l'équation particulière des abfciffes, qu'elles y concourent? SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. V. 329 concourent? Et où eft encore la néceffité des trois racines réelles, parce qu'il y a une affirmative? Les deux autres n'y pourroient-elles pas être imaginaires, comme elles vont l'être en effet dans l'un des cas fuivans? Il faut donc néceffairement en venir à la deſcription de la Courbe génératrice & de toutes ſes branches, pour ſavoir la figure qu'elle donnera à l'Atmoſphère engendrée par fa révo- lution : & c'eſt-là vrai-femblablement ce que M. Euler n'a point fait. C'eſt ainfi du moins que je le penfe, perfuadé, comme je le fuis d'ailleurs, du profond favoir de M. Euler fur la matière même dont il s'agit. xx 1 Soit donc l'équation trouvée ci-deffus pour cette Courbe, 2 g × ff — hk × z hk × z — b въ Après avoir ſubſtitué Vxx+yy à la place de z, fait 2g × ff—kkaab, chaffé les radicaux, & ordonné par rapport à x, on aura x x² + y y x¹ 2aax¹ 2aayyxx + a*yy + a* x x a+bb 0, qui eſt une équation du 6me degré, & à une ligne du même ordre, dans laquelle, affignant fucceffivement différentes va- leurs à l'abſciſſe x, on trouvera que quand cette abſciſſe eſt +a, l'ordonnée y devient infinie; car toute l'équation pouvant être repréfentée fous cette forme, y= # a4bb-xx × xx— aa ** aa x= + a donne y= Vatlib D'où il fuit, que la Courbe aura toûjours autant d'Aſym- ptotes que x s'y trouve de fois =±a, c'eſt-à-dire, deux, ou quatre, relativement au deffus & au deffous de l'axe des x; & que, dans les trois ſuppoſitions de b³ > 7 ou < ff kk × g, elle prendra les trois différentes formes qu'on voit dans les Figures XXXIII, XXXIV & XXXV, où ces Afymptotes fubfiftent par-tout les mêmes, Tt 330 ECLAIRCISSEMENS Fig. XXXIII. Fig. XXXIV. favoir, Tt, Pp, ou §T, §t, «P, πp, accompagnées des branches ou doubles branches Gg, Hh, Mm, Nn, &c. Ce n'eft que fur la première de ces trois fuppofitions, & tout au plus fur la feconde, que peut porter le raifonnement de M. Euler; car l'équation particulière des x a dans l'une & dans l'autre trois racines réelles, inégales dans la première, & deux égales dans la feconde; mais nous n'omettrons point la troisième qui n'eft pas moins légitime, & où l'équation n'a qu'une réelle, avec deux imaginaires. Ayant donc ainfi décrit cette Courbe dans ces trois cas, & faifant maintenant tourner toutes les branches autour dé l'axe de la révolution Solaire EF, où fes parties font de part & d'autre équidiftantes & femblables, on trouvera: } Que dans le premier cas (fig. XXXIII) elle donne un ſphéroïde ovalaire EDFR, tel que M. Euler l'avoit d'abord fuppofé (fig. XXXI) & que toute notre théorie l'indique, aplati vers ſes Poles, & contigu au Soleil S, par la révolution de la branche EDF, ou de fon égale & femblable ERF, autour de l'axe Solaire prolongé EF; & de plus une eſpèce de Cylindroïde creux ou de tuyau infini en longueur, féparé du ſphéroïde EDFR, par l'intervalle CD, & formé par la révolution des deux branches ou doubles branches con- choïdales infinies GAg, HCh, ou de leurs égales & fem- blables MBm, NKn, couchées fur leurs afymptotes com- munes Tt, Pp, parallèles à l'axe de révolution, & à peù près comme la Conchoïde ordinaire avec la Compagne ou la feconde Conchoïde, lorfque celle-ci n'a ni point de re- brouffement, ni anneau. Que dans le ſecond cas, cette Courbe fe transforme en cette autre (fig. XXXIV) où les quatre fommets D, C, R, K´ de la précédente, ſe réuniffent en deux points doubles D, R fur l'axe AB, par l'interfection des deux branches afympto- tiques HDFRN, hDERn, qui fe coupent près de leurs fommets en D & en R. D'où l'on voit que l'Ellipfoïde de l'Atmosphère Solaire du cas précédent, ſe change ici en un fphéroïde lenticulaire DERF; & qu'il va réfulter encore SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. V. z z r de toutes ces branches afymptotiques Gg, Hh, Mm, Ñn, un Cylindroïde creux infini de part & d'autre, au deffus & au deffous de l'axe AB de la Courbe, ou du plan circulaire qui naît de la révolution de cette ligne fur le centre S, mais qui tient à la Lentille DERF, par fa circonférence ou arête DR. Et enfin, que dans le troiſième & dernier cas (fig. XXXV) les deux points doubles D, R du ſecond, difparoiffent ou fe Fig. XXXV. féparent, & redonnent quatre fommets, comme dans le pre- mier, mais autrement pofés, favoir, au deffus & au deffous de l'axe AB; d'où & de toutes ces branches aſymptotiques, réſulteront de même deux Cylindroïdes creux infinis ABMG, ABmg, l'un au deffus, l'autre au deffous du plan circulaire AB, joints à ce plan par une eſpèce de Diaphragme DERrFd, renflé ou plus épais vers fon milieu EF, entre les points d'inflexion D, R & d, r; la ſurface extérieure commune à ces Cylindroïdes provenant toûjours de la ré- volution des deux autres doubles branches GAg, MBm, toûjours infinies. On voit donc clairement par toutes ces conftructions de la Courbe génératrice, & par les élémens qui en conftituent l'équation, Que le Soleil S, ne demeure jamais dépouillé de fon Atmoſphère; Que cette Atmoſphère quelconque DERFD, (figg. XXXIII, XXXIV, XXXV) foit Ellipfoïde, foit Lenticulaire, foit telle qu'on voudra, appuie toûjours immé- diatement fur fa furface; Et enfin, qu'il n'y a point ici d'anneau ſéparé du Soleil, & qui environne cet aftre, comme l'anneau de Saturne en- toure cette Planète; car je ne pense pas qu'on voulût prendre pour tel le Cylindroïde ou tube infini qui l'accompagne, en vertu des branches Gg, Hh, Mm, Nn, par un accident pure- ment géométrique. Sans compter que ce tube n'y fubfifteroit jamais qu'avec l'Atmosphère proprement dite D´ERFD, & attenante au Soleil. Que feroris-nous donc de ces branches infinies, de ce Tt ij 33 2 ECLAIRCISSEMENS P. 157. tube infini qui en réſulte, & de cet intervalle vuide CD, par exemple, (fig. XXXIII) qui fe trouve entre ce tube & l'Atmoſphère Solaire? Nous les déclarerons inutiles & abfolu- ment étrangers à la queſtion dont il s'agit en tant que phy- fique, nous les regarderons comme une fimple extenfion, une propriété fuperflue de la Courbe, qui même en ces endroits ne s'accorderoit plus avec les principes fur lefquels la question eft fondée, & militeroit contre car voyez où cela nous mèneroit. Il faudroit en conclurre, que les rayons Solaires n'ayant pû d'abord que diminuer l'action de la pefanteur de S en D (fig. XXXIII), & qu'y élever une partie de l'Atmoſphère, pouvant enfuite y furmonter la pe- fanteur, & chaffer toute l'autre partie de l'Atmoſphère de D en C, fans qu'il en reftât aucune trace dans l'intervalle DC, perdroient là tout-à-coup leur fupériorité de C en A, & ne feroient plus qu'y foûtenir, y alléger les parties du fluide les unes fur les autres, comme ils faifoient en SD; & cela, tandis que, par hypothèſe, le rapport de leur im- pulfion contraire à la pefanteur n'a point varié, & que la force centrifuge qui y concourt avec eux eft plus grande, & le devient toûjours de plus en plus en raiſon de la diſtance à l'axe de révolution. Et de même (figg. XXXIY & XXXV) de S vers Q, de Q en O, de O en X, &c. ce qui eft tout- à-fait abfurde. Le tube Cylindroïdal quelconque Gm, n'appartient donc pas davantage à notre Atmoſphère Solaire, que le double Co- noïde infini Hn (fig. XXXIV) réſultant de la révolution des deux branches afymptotiques HFN, hEn, autour de l'axe *Dife. fur la EF, n'appartiendroit au Sphéroïde terreftre aplati DERF, eaufe de la Pef. de M. Huguens*: car on fait que cet habile Géomètre fai- foit ainſi engendrer ce Sphéroïde par la révolution de deux fommets de Courbe DER, RFD, fort ſemblables à ceux- ci, autour de l'axe EF. Encore falloit-il qu'il n'en prît que la partie la plus proche du vrai fommet ; car affurément l'Equa- teur terreftre ne ſe termine point en arête angulaire & tran- chante, comme ſeroit le pourtour DR d'un tel Sphéroïde. t SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. V. 333 # Du refte, rien n'eft plus commun que ces fuperfluités géomé- triques dans la folution de ces fortes de problèmes, felon que la Ĉourbe qui les réfout eft plus ou moins compofée. Dira-t-on ici que ces branches fuperflues extérieures à l'Atmoſphère proprement dite du Soleil & qui lui eft con tigue, telle, par exemple, que DERF (fig. XXXIII) pourroient du moins nous donner un anneau, ou telle autre figure ifolée autour de celle-ci, fuppofé qu'il ſe trouvât en cet endroit, loin du Soleil & de fon Atmosphère, une autre por- tion de matière fluide de même nature, & entraînée de même par la rotation Solaire? Mais outre que cette idée n'a pas le moindre fondement, ni dans la théorie, ni dans l'obſerva- tion, il me fuffira de remarquer, qu'elle n'entre pour rien dans l'analyſe ni dans le calcul de M. Euler, dont nous venons de voir le procédé & les élémens. Tout ce calcul roule viſiblement, ainſi que nous l'avons dit ci-deſſus *, fur * Sup. page cette ſuppoſition tacite, que ce qu'on appelle l'Atmoſphère 320. Solaire, que tout cet amas de matière quelconque, fur lequel on va examiner les effets de la rotation, de la force centrifuge, & de l'impulfion des rayons, feroit primitivement, immé- diatement, & fphériquement affemblé autour du Soleil, par ſa ſeule gravitation vers le centre de cet Aftre, abſtraction faite de toute rotation, de toute force' centrifuge, & de toute impulfion de rayons. En un mot, rien n'indique ici cette nouvelle portion de matière pour laquelle il faudroit introduire dans l'équation d'autres données, ou d'autres in- déterminées, &c. Mais n'infiftons pas davantage fur de pareilles fictions, & finiffons cet Eclairciffement par une réflexion importante. Aucune des conftructions qu'on vient de voir, ni de M. Euler, ni des miennes, ne nous repréfente que très-im- parfaitement l'Atmoſphère Solaire ou la Lumière Zodiacale. Les obfervations la donnent prefque toûjours beaucoup plus aplatie vers fes Poles, plus longue, plus pointue par fon profil, en forme de lance ou de fuſeau, & telle à peu près que je l'ai repréſentée dans la première figure de mon Traité. Tt üj 1 ▼ 334 ECLAIRGISSEMENS i m Auffi devons-nous préfumer qu'il manque ici bien des élé mens que nous ignorons, ou auxquels nous ne faurions affi- gner leur valeur, & fans lefquels pourtant la folution un peu exacte du Problème devient impoffible. Il y a, fans doute, quelque principe d'extenfion de la Lumière Zodiacale vers l'Equateur du Soleil, qui furpaffe de beaucoup l'effet de la force centrifuge qui y répond; car à l'égard de l'impul fion, vraie ou prétendue, des rayons Solaires, quelque grande qu'on la conçoive, elle ne peut preſque en rien con- tribuer à l'aplatiffement proportionnel de la Lentille vers les Poles. Cette impulfion n'eft plus grande ou plus efficace vers F'Equateur, que par la force centrifuge qui y eft plus grande, & qui s'y ajoûte, la première étant d'ailleurs par elle-même, & par-tout la même, en même raifon avec la Pefanteur, & agiffant centralement comme la Pefanteur ce qui, toutes choſes d'ailleurs égales, ne doit pas plus enfler l'Atmoſphère du Soleil vers l'Equateur, que vers les Poles; du moins n'a- t-on aucune raiſon pour le penfer autrement. De plus, l'ana- lyfe précédente ſuppoſe indiftinctement toutes les particules de cette Atmoſphère de la même confiftance, & il peut fe faire, il eſt même très-vrai-femblable, que les plus élevées, les plus éloignées de la ſurface du Soleil, foient plus ténues, & ſpécifiquement plus légères, que celles qui en approchent, & qui, à cet égard, font demeurées plus bas. Elles font fup- poſées fans élaſticité, ou de même élasticité, de même té- nacité entr'elles, ou, en vertu d'une ténacité infinie, elles font imaginées tourner enſemble & comme un bloc folide avec la furface du Soleil. C'eft ce que nous indique la valeur où g eſt une conftante, affignée à la force centrifuge & c'eſt en même temps ce qu'on peut affurer être phyfi- quement très-douteux, & apparemment très-éloigné du vrai, dans un aſſemblage de matière, fi fluide, fi rare, fi étendu par rapport au corps central qui l'entraîne, & à de fi grandes diſtances de l'axe de rotation. L'on ne peut donc fe diſpenſer d'admettre ici cette dégradation de vîteffe périodique, dans g L Planche XVI Eclaire. V. Pag. 334. XXXI. XXXII. X E M Y E D P N Ꮎ . A Ꮐ H XXXIII. 'h H XXXIV. E F F E B F NP M π B R N, M X m P A 0 L B R: G TH XXXV. Z C F N, P M D Π B Ꭿ R S π B n p m n P m J.Ingram Sculp. SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. V. 335 la révolution des couches plus éloignées, que M. Newton attribue à tout fluide qui eft déterminé à circuler par la rota- tion d'un Cylindre, où d'une Sphère qui en occupe l'axe ou 1. II, Propp. 5 le centre *. Et, tout le refte fût-il connu, on fait que la loi, Princ. Math. qui doit régner dans cette dégradation n'eft point décidée, & 52. & que feu M. Bernoulli l'a çonteſtée à M. Newton. Il eſt vrai que de cette diminution dans les accroiffemens de la force centrifuge à meſure qu'elle s'éloigne de l'axe de révolution, naîtroit un abaiflement vers les Poles, ou une moindre éléva- tion vers l'Equateur du Soleil & de fon Atmoſphère; mais il n'en faudroit que plus néceſſairement y ſuppléer par d'autres principes d'élévation, qui nous font inconnus. Eh quelle pro- digieuſe compofition de Courbe génératrice ne réfulteroit-i pas d'une telle complication de principes & de leurs rapports! Combien de branches de cette Courbe phyſiquement ſuper- flues, & viſiblement étrangères au Problème ! J'en reviendrai donc fans ceffe aux obfervations, qui ont preſque toûjours fait mon unique guide fur ce fujet. Ces ſpéculations géométriques, lorfque la meilleure partie des élémens indiſpenſables de la queſtion nous manquent, & que nous n'avons que des fup- pofitions à mettre à leur place, ont cela d'utile & de fatis- faifant pour l'efprit, qu'elles nous font voir d'un coup d'œil les limites entre leſquelles la Nature auroit pû ſe jouer. Mais la Nature ne fe joue point, il n'y a le plus fouvent que les obſervations & l'expérience qui puiffent nous montrer le choix qu'elle a fait, ou plutôt la loi qu'elle a fui; & if faut bien ſe garder alors de prendre le réſultat de cette eſpèce de jeu pour la réalité. Nous verrons bien-tôt que la queftion de l'Atmosphère Solaire & de fa continuité, déjà curieuſe & intéreffante par elle-même, le devient encore ici, par rapport à l'hypothèſe de M. Euler fur l'Aurore Boréale; puifque ce Phénomène qui n'eft produit, felon lui, que par l'impulfion des rayons Solaires, n'eft plus, à proprement parler, & felon cette hypo- thèſe, qu'une forte d'Atmosphère ifolée, fufpendue bien loin au delà de la Terre & de l'Atmofphère terreftre. ... 336 ECLAIRCISSEMENS * Art. I, page 117. VIME ECLAIRCISSEMENT. Sur l'Aurore Boréale, en réponſe à la principale objection de M. Euler. M. Euler Euler remarque d'abord *, qu'il y a beaucoup d'affinité entre les Queues des Comètes & la Lumière Boréale, & qu'en effet la Queue d'une Comète doit offrir à un fpectateur placé fur fa furface dans l'hémisphère oppofé au Soleil, un Phénomène pref- que femblable à celui de la Lumière Boréale. Il y obferve enfuite quelques différences; mais il ajoûte auffi-tôt, que malgré ces différences, & pluſieurs autres qui diftinguent l'Aurore Boréale des Queues des Comètes, il refte pourtant une reſemblance fi confidérable entre ces deux Phénomènes, que nous fommes tout- à-fait fondés à dériver leur origine de la même caufe; de forte que fi l'on fait bien la véritable caufe de l'un, on ne fauroit. être dans l'ignorance à l'égard de l'autre. Il eft conftant, pourfuit-il, que le célèbre M. de Mairan, qui prétend avoir trouvé la caufe de la Lumière Boréale dans la Lumière Zo- diacale, fe propofe d'expliquer auffi les Queues des Comètes par le même principe. Mais comme plufieurs Comètes paroiffent avec des Queues, avant que d'avoir atteint la Lumière Zodiacale, en naît une objection importante contre cette explication même de l'Auro Boréale; & cette difficulté jointè à pluſieurs autres qu'on peut former contre cette hypothèſe, d'ailleurs extrêmement ingénieufe, lui ôte beaucoup de fa vrai -femblance. il J'en demande pardon à M. Euler, mais je ne comprends rien à cette objection. J'y reconnois beaucoup de politeffe à mon égard, mais je ne faurois y voir comment, de ce que mon explication de la Queue des Comètes feroit fauffe ou infuffifante, parce que plufieurs Comètes paroiſſent avec des Queues, avant que d'avoir atteint la Lumière Zodiacale, il s'enfuit que mon explication de l'Aurore Boréale, toute fon- dée fur ce que les Aurores Boréales paroiffent après que la Terre SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. VI. 337 Terre a atteint la Lumière Zodiacale, ceffe d'être vrai-fem- blable. Il faudroit donc avoir prouvé auparavant, que la Terre n'a atteint ni pû atteindre en façon quelconque à cette Lu- mière avant les temps d'apparition des Aurores Boréales? Faute de quoi, je pourſuivrai ainfi. Pluſieurs Comètes pa- roiffent avec des Queues, avant que d'avoir atteint à la Lumière Zodiacale; voilà un fait & une objection à examiner, par rapport à mon explication de la Queue des Comètes : mais l'Aurore Boréale paroît après que la Terre a atteint à la Lumière Zodiacale; donc mon explication de l'Aurore Boréale eft légitime, du moins quant à cet article. Mais encore, s'il étoit une fois bien prouvé que la Terre n'a pû atteindre à la Lumière Zodiacale dans les temps requis, & de la manière convenable, pour la formation de l'Aurore Boréale, qu'importe à la queſtion de l'Aurore Boréale, que les Comètes atteignent ou n'atteignent pas à cette Lumière? & qu'a-t-on befoin des Queues des Comètes, pour en faire naître une objection qui naît de cela feul, que la Terre n'y atteint pas, & qui fubfifteroit, quand il n'y auroit point de Comètes dans l'Univers? Il doit donc y avoir ici quelques prémiffes, quelques fup- poſitions préliminaires, en quoi confifte toute la force de l'objection, & qui diſpenſent M. Euler d'une preuve qui véritablement n'étoit pas facile. Or ces fuppofitions ne peu- vent être que ces deux-ci. La première, que la reffemblance des deux Phénomènes, de la Queue des Comètes & de l'Aurore Boréale, eſt ſi com- plète ou fi confidérable, comme le dit expreffément M. Euler, que fi l'on fait bien la véritable caufe de l'un, on ne fauroit être dans l'ignorance à l'égard de l'autre. La feconde, que prétendant avoir trouvé la caufe de l'Aurore Boréale dans la Lumière Zodiacale, je me propoſe en effet, & comme M. Euler l'entend, d'expliquer aufi les Queues des Comètes par le même principe. Ce qui ne fuffit pourtant pas encore, la relation de ces fuppoſitions avec la conclufion qu'on en tire contre mon Vu 338 ECLAIRCISSEMENS explication de l'Aurore Boréale, demeurant trop éloignée & trop imparfaite. Il faut néceffairement ajoûter à la première cette inverſe, que fi l'on ne fait pas bien la véritable caufe de l'un des deux Phénomènes, on tombe infailliblement dans l'ignorance à l'égard de l'autre ; & entendre ainfi la ſe- conde, que je me fuis tellement aftreint & dans une telle dépendance, à dériver les deux Phénomènes du même prin→ cipe, & à les expliquer par la même cauſe, que le fuccès, où la chûte de l'une de mes explications, doit néceffairement entraîner le fuccès ou la chûte de l'autre. Alors, je l'avoue, & de la fuppofition, que mon expli- cation de la Queue des Comètes n'eft pas recevable, on pourra fort bien conclurre, & fans autre difcuffion, que mon expli- cation de l'Aurore Boréale ne l'eft pas non plus. Mais ce commentaire fingulier, & cependant indifpen- fable, pour faire une objection du raiſonnement de M. Euler, a-t-il le moindre fondement dans l'eſprit de mon Ouvrage, ou dans la manière dont je m'y fuis exprimé? C'eſt ce que nous allons voir par l'examen de ces fuppofitions mêmes dont il réſulte. La première, que fi l'on fait bien la véritable cauſe de l'un des deux Phénomènes, on ne fauroit être dans l'ignorance à l'égard de l'autre, porte fur cent autres fuppofitions incer- taines, & en queftion, ſavoir, que la caufe de la Queue des Comètes eft la même de tout point que celle de l'Aurore Boréale; que les circonftances qui en caractérisent & qui en diftinguent les effets dans ces deux Phénomènes, ne fauroient faire illufion à quiconque l'aura une fois appliquée à l'un des deux; & enfin que cette véritable caufe n'eft que l'hypothèſe de M. Euler, l'impulfion des rayons Solaires. Ce retour de l'un des Phénomènes à l'autre, de la Queue des Comètes à l'Aurore Boréale, eft-il donc fi clair, fi natu- rel, fi facile à imaginer, dans l'hypothèse de l'impulfion des rayons pour l'un & pour l'autre, qu'il ne puiffe échapper à tout Obfervateur, à tout Phyficien qui aura expliqué l'un des deux par ce principe? Il l'eft fi peu, que depuis plus de SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. VI. 339 cent ans, qu'une pareille explication des Queues des Comètes eft connue, maniée & remaniée par les plus célèbres Auteurs, perfonne, que je fache, ne s'étoit encore avifé d'y apercevoir la moindre analogie avec l'Aurore Boréale. Eh! que fera-ce, fi, comme nous le verrons dans la fuite, les circonftances qui diftinguent les deux Phénomènes, font incompatibles entre elles, & avec l'hypothèſe en queſtion? La feconde fuppofition roule fur un plan d'ouvrage, tout différent de celui que je me fuis fait dans mon Traité de l'Aurore Boréale. Je puis fans doute, en me propoſant d'ex- pliquer ce Phénomène par la Lumière Zodiacale, avoir prévû que je pourrois auffi en tirer l'explication de la Queue des Comètes & de leur vaſte Atmoſphère, & donner par là fur ce ſujet des vûes nouvelles, & un dénouement vrai-ſemblable: mais cette expreffion abfolue, que, prétendant avoir trouvé la caufe de la Lumière Boréale dans la Lumière Zodiacale, je me propoſe d'expliquer auffi les Queues des Comètes par le même principe, m'attribue dans le même ordre un double objet que je n'ai pas eu. Je le répète donc, l'Aurore Boréale fait mon ſeul & unique fujet: mon explication de la Queue des "Comètes n'eſt qu'une conjecture, une queſtion acceffoire, dépendante, à la vérité, de mon ſyſtème, mais dont mon ſyſtème ne dépend point du tout. Elle dépend de mon ſyſ- tème, en tant que j'y fuppofe la Queue des Comètes formée de la même matière, puiſée dans la même ſource que l'Au- rore Boréale, c'eſt-à-dire, dans l'Atmosphère Solaire ou la Lumière Zodiacale; mais elle n'y a nul rapport, en tant que j'y mets en œuvre l'impulfion des rayons Solaires, dont je n'ai fait nul uſage, nulle mention dans tout le refte du Traité. Pour fe convaincre que l'interprétation que je donne ici à ma théorie fur les Comètes n'a rien de forcé, ni qui ait été imaginé après coup, rien que tout Lecteur attentif & déſintéreſſé n'ait dû entendre comme je l'entends dans cette partie de ma cinquième Section, l'on n'a qu'à jeter les yeux fur le rapport qui en fut fait en 1734, à la Société Royale de Londres par un de fes Membres, & que cette Compagnie Vu ij 340 ECLAIRCISSEMENS * Ce font les XX:1 & XXIII, dars b fit inférer dans les Tranfactions Philofophiques de la même année, N.° 431. Rapport, je l'avoue, qui m'eft en tout très favorable, & où M. Eames qui en eft l'Auteur, après avoir donné une idée exacte des principales parties de mon Ouvrage, réduit toutes les queftions que j'ai formées fur les Comètes à cette feule queſtion, & fous cette forme. QUEST. XXI, &c. * Sur l'Atmosphère & la Queue des Comètes. « L'Atmosphère & la Queue des Comètes ne peu- cette nouveite» vent-elles pas être l'effet de la Matière Zodiacale dont les Comètes fe chargent en traverſant l'Atmoſphère du Soleil, & qu'elles entraînent enfuite avec elles lorfqu'elles s'éloignent du Soleil? >> édition. >> » Et voilà en effet, le précis & l'unique but de tout ce que j'ai dit fur les Comètes à l'occafion de mon hypothèſe de l'Aurore Boréale. Je donne donc, il eſt vrai, la même origine à la matière compofante des Queues des Comètes, &, en ce fens; le même principe qu'à l'Aurore Boréale, mais nullement la même cauſe. La véritable cauſe, la cauſe efficiente de la Queue des Comètes, de leur formation, de leur direction, fera, fi l'on veut, l'impulfion des rayons, qui n'a, felon moi, aucune part à la formation de l'Aurore Boréale, & fur laquelle je me ferois bien gardé de fonder l'explication de fes Phénomènes : mais je n'ai pû me propofer d'expliquer les Queues des Comètes par le même principe que l'Aurore Boréale, fi par le même prin- cipe on entend la même caufe de leur formation, l'impulfion des rayons Solaires. Ainfi mon explication des Queues des Comètes pourroit être défectueuſe, les Queues des Comètes pourroient avoir une autre caufe, & même une toute autre origine que celle que je leur attribue, & mon explication de TAurore Boréale demeurer dans fon entier. Ce qui foit dit, fans que je prétende le moins du monde renoncer à mon explica- tion de la Queue des Comètes, dans l'efprit felon lequel je l'ai donnée, ni en conféquence de l'objection de M. Euler. Ces fuppofitions n'étant donc rien moins que certaines, & fe trouvant au contraire pleines d'équivoques, & fauffes à SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. VII. 341 plufieurs égards, que devient l'objection dont elles font la bafe & tout le fondement?. * Quant aux autres difficultés que M. Euler allègue, & qui ſe joignent, dit-il, à cette importante objection, je ne les trouve point dans fon Ouvrage, & je ne puis les pénétrer. VIIME ECLAIRCISSEMENT. De l'Hypothefe de M. Euler fur l'Aurore Boréale. INUTIL * NUTILEMENT répondrois-je aux difficultés que M. Euler m'a faites ou qu'il pourroit me faire à l'avenir, fi je ne mon- trois que le fyſtème qu'il m'oppofe, ne porte pas, à beaucoup près, les caractères de vérité qu'il croit y apercevoir. Car voici comment il s'en explique immédiatement après fa* Page 118. grande objection contre le mien. Je me perfuade, dit-il, d'être en état d'affigner une caufe qui puiffe fatisfaire à l'explication de l'un & de l'autre de ces Phénomènes (de la Queue des Comètes & de l'Aurore Boréale) & qui foit fi bien liec avèc les autres vérités fondamentales de la Phyfique, qu'il ne fera prefque plus permis de la révoquer en doute. C'eft-à-dire, felon M. Euler, dont nous connoiffons déjà le ſyſtème, que l'impulfion des rayons Solaires capable d'agir affez fortement fur l'Atmosphère propre des Comètes, de la Terre & du Soleil, pour en chaffer les parties à des diſtances immenfes, eft une vérité fondamentale de la Phy- fique; & de plus, que cette vérité, l'inipulfion des rayons Solaires, en tant qu'affignée pour caufe de la Queue des Comètes, de l'Aurore Boréale, & de la Lumière Zodiacale, va fi bien fe lier avec les autres vérités fondamentales de la Phyfique, qu'il ne fera prefque plus permis de révoquer en doute l'explication qui en réſulte. Un tel fyftème formeroit affurément la meilleure de toutes les objections contre tout autre, & le feroit tomber fans retour. Que l'impulfion des rayons Solaires, ainfi conçûe, foit une Vu iij 34.2 ECLAIRCISSEMENS Article x, p. 131. Art. XIII, P. 135. น vérité fondamentale de la Phyſique, & fur-tout qu'elle ait dû l'être entre les mains de M. Euler, c'eſt ce que nous diſcute- rons dans un de ces Eclairciflemens. Je me bornerai dans celui-ci à examiner fi cette caufe & l'explication qui en réſulte, appliquées à l'Aurore Boréale, fe lient fi bien avec les vérités fondamentales de la Phyſique & avec les obfervations. Op a vû ce qu'il en faut penfer à l'égard de la Lumière Zodiacale, & nous parlerons bien-tôt de la Queue des Comètes. L'hypothèſe de M. Euler fur l'Aurore Boréale, peut être réduite à ces trois propofitions. 1.° Que la matière des Aurores Boréales ne confifte qu'en des particules fubtiles de l'Atmoſphère terreſtre. 2.° Que notre Atmoſphère n'ayant qu'une très-petite hau- teur, puifque, felon M. Euler, elle ne s'étend prefque pas au delà d'un mille d'Allemagne, & la matière dont la lumière produit les Phénomènes de l'Aurore Boréale, étant placée à une très-grande diftance de la Terre, & peut-être à quelques milliers de milles, comme le dit M. Euler dans le même article, il fuit, que matière dont la Lumière produit ces Phénomènes, n'existe point dans notre Atmosphère, mais qu'elle eft extrêmement éloignée de nous & de notre Atmosphère. A la 3.° Et enfin, que les particules de l'Atmoſphère terreſtre dont la Lumière produit ces Phénomènes, ne fe trouvent placées à cette grande diftance de la Terre, que parce qu'elles y font chaffées par l'impulfion des rayons folaires. Je remarque donc fur la première de ces propofitions, ou de ces fuppofitions, qu'il eft fans exemple, à moins qu'on ne veuille prendre pour tel te fait en queſtion, que les parti- cules de notre Atmoſphère, & les émanations terreftres quel- conques foient portées à une telle hauteur, c'eft-à-dire, à deux ou trois cens lieues au deffus de nous, & bien au delà, felon M. Euler. Mais il ne fuffit pas d'imaginer que les particules de l'At- "moſphère, ou des exhalaiſons terreftres, puiffent être portées à une telle hauteur, par l'impulfion des rayons folaires, il faut encore expliquer comment elles peuvent s'y trouver SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. VII. 343 affez denfes, pour nous réfléchir une lumière fenfible, tandis les Crépuscules s'évanouiffent & ne font plus vifibles au delà de quinze, vingt ou trente lieues, où les calculs les plus favorables à leur hauteur les ont portés. Car, ou les Crépu cules font compofés d'une matière contigue de proche en proche depuis la partie la plus baffe de notre Atmoſphère, ou la matière compofante des Crépufcules, quoique puifée dans notre Atmosphère, eft féparée de cette Atmosphère, & chaffée bien des lieues au delà par les rayons du Soleil, comme le prétend M. Euler, & comme il doit le prétendre, après avoir borné la hauteur de l'Atmosphère terreftre à un mille d'Alle- magne. Or comment fauverons-nous, dans l'un & dans l'autre cas, cet espace de deux ou trois cens lieues, où les Crépuscules difparoiffent, & au delà duquel fe retrouve pour- tant une matière de même nature, & puifée dans la même fource, qui luit à nos yeux d'une lumière beaucoup plus vive que celle qui termine les Crépufcules, quoiqu'elle doive y être infiniment plus ténue & plus rare ? Ce faut énorme & fi contraire au procédé ordinaire de la Nature, fe lie-t-il ſt bien avec les vérités fondamentales de la Phyfique, & ne répu- gne-t-il pas à tout ce qui nous en eft connu ? Les rayons folaires n'ont donc trouvé entre ces particules de l'Atmo- ſphère terreftre, ſuſceptibles d'impulſion dans les Crépuscules, & celles dont ils vont former l'Aurore Boréale à deux cens lieues de là, aucunes particules femblables & intermédiaires, pour remplir cet intervalle? Et fur quelles obfervations éta- blit-on une pareille hypothèſe, dans ce fluide où tout nous décèle une dégradation infenfible de confiftance & de pefan- teur, à mesure qu'il eft plus éloigné de la Terre? Cette dé- gradation n'eft-elle pas vifible dans les Crépuscules mêmes? Leur denfité, leur lumière, immédiatement après le cou- cher du Soleil, n'eft-elle pas plus grande que quand ils approchent de leur fin? & n'y voit-on pas auffi une dimi- nution continuelle depuis le bord de l'Horizon, jufqu'à la partie du Ciel où ils difparoiffent? Comment donc notre Atmosphère fe trouve-t-elle tout-à-coup dépourvtie de ces 344 ECLAIRCISSEMENS parties intermédiaires, pour n'en plus fournir enfuite que de celles qui compofent l'Aurore Boréale à deux cens lieues plus loin, où elles font cependant plus denfes & plus lumineufes qu'à l'extrémité des Crépuscules? ер On pourroit encore demander fur ces Crépuscules qui ne font point dans notre Atmosphère, pourquoi la matière qui * Page 133. les compoſe, & qui dans la première heure, par exemple *, eft · pouffée à une diſtance d'environ 30 milles, ne l'eft pas à 60 milles dans la feconde heure, à 90 dans la troifième, & enfin à des milliers de milles, ou pourquoi, fi elle y eft pouffée, elle n'y eſt pas vifible? Pourquoi ces Crépufcules, ces petites Aurores Boréales formées fur le modèle de la grande, ayant même origine, étant compoſées de la même matière, puifées dans le même fonds, font fi conftantes, fi uniformes, fi pério- diques, & paroiffent fi régulièrement, foir & matin, dans tous les climats de la Terre; tandis qu'il n'eſt rien de plus inconftant, de plus variable, ni de plus cafuel que la grande, que la véritable Aurore Boréale qui ceffe quelquefois de paroître, du moins en certains pays, en Angleterre, en France, en Italie, pendant foixante ou quatre-vingts ans, & qui ne paroît jamais dans plufieurs autres, ni vers le Nord, ni vers aucun autre côté du Ciel? Ch. 11. * · des Du refte, la connoiffance de l'Atmoſphère terreftre, parties groffières ou fubtiles qui la compoſent, & fur-tout de fon étendue, fait un point de Phyfique intéreffant par lui- même, & par rapport à notre fujet. Auffi en ai-je ample- * Sect. II, ment traité dans mon Ouvrage *, & je me flatte d'y avoir montré que la hauteur de cette Atmoſphère va infiniment plus Join qu'on ne l'avoit cru jufqu'alors, où elle étoit renfermée entre quinze & vingt lieues, & qu'il n'eft pas poffible d'en affigner les limites. Mais je crois devoir reprendre ici fuc- cinctement le fil de la matière, pour expofer au Lecteur les raiſons de mon étonnement, & apparemment du fien, à la vûe de cette propofition de M. Euler, que l'Atmosphère de la Terre ne s'étend prefque pas au delà d'un mille d'Allemagne, c'eſt-à-dire, au´ delà de 3270 toiſes; comme on le peut déduire 1 3 3 ! SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. VII. 345 déduire de ce qu'il ajoûte, que 2000 de ces milles font le diamètre terreftre. A Art. X, p. 131. * Mém. de Relat. Car 1. Ce mille ne furpaffe donc que de quelques 50 ou 60 toiſes la hauteur des montagnes les plus élevées du Pérou, de ces montagnes neigées, où, ſelon la Relation que nous en a domiée M. Bouguer*, on voit toûjours de la neige, depuis la hauteur de 2434 toifes, qui en eft le terme inférieur & conflant, l'Ac. 1734. p. 268,& Fig. jufqu'à leur fommet ; & dont l'un de ces fommets a été trouvé de la Terre, de 3217 toiſes au deffus du niveau de la mer. Il feroit déjà P. so de la affez fingulier que la neige y fût tombée de ces 50, 60 ou 100 toiles, fi l'on veut, que l'Atmosphère auroit feulement de plus. Mais comment les nuées qu'on voit au deffus,'& la fumée des volcans que renferment la plufpart de ces mon- tagnes, y montent-elles, s'y foûtiennent-elles à 3 ou 400, à 7 ou 800 toiles plus haut? car c'eft ce que M. Bouguer nous affure y avoir très-louvent obfervé. Des vapeurs aqueufes & de la fumée montent-elles, fe foûtiennent-elles dans l'Ether, dans un milieu, dans un fluide plus léger que l'air, là où l'Atmoſphère manque, & où l'air n'eſt plus foûtenu? Et fe perfuadera-t-on encore que l'air ou notre Atmoſphère finiffe tout-à-coup à ce point où les vapeurs aqueufes & la fumée descans ſe ſoûtiennent, & qu'il n'y en ait pas encore au delà une infinité de couches plus légères de plus en plus? 2.° La feule inſpection des Crépuscules, & de leur dégra- dation non interrompue de denfité & de lumière, depuis le bord de l'Horizon, jufqu'au point du Ciel où ils s'évanouif- fent, fuffit pour ſe convaincre que l'Atmoſphère monte pour le moins auffi haut que les Crépufcules; &, felon M. Euler la hauteur des Crépuscules va jufqu'à 30 milles. Il eſt vrai que M. Euler nous avertit que l'élévation des Crépuscules, donnée à l'Atmosphère, répugne à tout le refte des Phénomènes, Art. x & x1; que la plupart des Obfervations femblent confirmer que l'At- mosphère de la Terre ne s'étend prefque pas au delà d'un mille d'Allemagne. Mais quels font ces Phénomènes? Quelles font ces Obſervations? Sur cette manière de les alléguer, & de la part d'un homme tel que M. Euler, on feroit porté à croire que & الا را استان Xx 346 ECLAIRCISSEMENS K perfonne ne les ignore, ou ne les contredit, & que la chofe eft fans difficulté; mais il me permettra de fui dire, & jofe l'avancer, qu'il n'y a jamais eu ni Phénomène, ni obfervation, dont on puiffe légitimement tirer une pareille conféquence. * 3. Enfin, s'il exifte, ou s'il a jamais exifté des obferva- tions qui femblent prouver que l'Atmosphère terreftre ne s'étend preſque pas au demà d'un mille d'Allemagne, en voici d'autres, & non conteſtées, qui prouvent invinciblement le contraire. Je veux parler des obfervations de la hauteur des montagnes par les abaiffemens du mercure dans le Baro mètre & la comparaiſon de ces abaiffemens avec la détermination géométrique. Prenons pour exemple le Pic de Mém. de l'Ac. Ténériffe que le P. Feuillée a trouvé de 2213 toiſes, à la 1733, P· 43 · hauteur où le mercure étoit deſcendu de 10 pouces 7 lignes, > par 10- fur les 28 pouces qu'il avoit ou qu'il a ordinairement au bord de la mer. Il reftoit donc 17 pouces lignes de hauteur dans le Baromètre. Doublons ce nombre de toifes, & don¬ nons-les au mille d'Allemagne, pour le prefque ajoûté par M. Euler. Ce fera 4426 toiſes, au lieu des 3270 du mille rigoureux, & 1156 toifes pour cette modification. Donc la moitié fupérieure de cette hauteur ou les 2213 toifes depuis le lieu du Baromètre juſqu'à Fextrémité de l'Anna- fphère, où l'air eft cenfé ne plus foûtenir de mercure, répon dront à 17 pouces 5 lignes d'abaiffement, tandis que la moitié inférieure, ou les 2213 toifes depuis le bord de la mer jufqu'à la ſtation du Baromètre, ne répondent qu'à l'abaif fement de l'o pouces 7 lignes? Donc cette couche inférieure de l'Atmosphère eft moins comprimée par un plus grand poids, par le poids de toute la fupérieure, que celle-ci ne l'eft par un moindre poids, ou par zéro de poids? Que penfer d'une telle conféquence, & comment la qualifier? Car, quel- que hypothèſe qu'on embraffe fur l'élaſticité de l'air, & fur fa dilatation relative aux poids dont il eft chargé, on con vient qu'elles augmentent, felon qu'il eft moins chargé. Et, quelque reſtriction que les différens degrés de chaud au de froid, puiffent apporter dans ces hypothèles, par rapport * * 1 SUR L'AURORE BORÉALE. E'c. VII. 347 aux montagnes, on fait par mille, expériences & de fait, que , par exemple, l'abaiffement d'une ligne de mercure, à compter du bord de la mer, répond à 60 ou 63 toifes, le même abaiffement répondra un peu plus haut à un plus grand nombre de toifes, & ainfi de fuite; de manière qu'il y aura telle hauteur, où la ligne de mercure vaudra 100, 200, 300 toifes, &c. C'eft d'après une femblable théorie, fur la meſure actuelle de ce même Pic, & de plufieurs autres montagnes, que M. Caffini a conclu en 1733 la hauteur de l'Atmoſphère terreftre de plus de 500 lieues de hauteur, lors même que l'air y foûtiendroit encore une ligne de mercure *. Venons à la feconde propofition; que la matière, dont la lumière produit l'Aurore Boréale, ne réfide point dans notre Atmosphère. * Sup. p. 53. Art. XIII. Eh comment en douter, s'il étoit vrai que, la hauteur de notre Atmoſphère n'allant preſque pas au delà d'un mille d'Allemagne, celle de l'Aurore Boréale fût de quelques milliers de milles par delà, & pût quelquefois furpaffer le diamètre entier P. 135. de la Terre! Je pourrois bien demander encore ici fur quelles obferva tions on fe fonde, pour porter l'Aurore Boréale à de pareilles diſtances & fi fort au deffus de ce que nous en indiquent les Parallaxes. Par tout l'hiftorique que nous avons aujourd'hui fur ce fujet, nous favons que le fommet de l'Arc lumineux qui caractériſe le plus l'Aurore Boréale a été vû quelquefois au Żénit de 60 degrés de latitude, à Pétersbourg, par exemple, & même en deçà, à Upfal, à Coppenhague, & de plus, que la moindre latitude où ce Phénomène ait été vû ne paffe pas le 36 ou le 35me degré, Cadiz, Alep, &c. Or fi la matière du Phénomène & de l'Arc étoit de quelques milliers de milles, d'un diamètre entier de la Terre ou de 2865 lieues au deffus de la ſurface de la Terre, il eft clair, par le calcul des fécantes & de leurs angles correſpondans, que cet Arc pourroit être vû de l'Equateur même, & de bien au delà. Auffi n'avons-nous prefque point de Parallaxes qui portent l'Aurore Boréale à 300 lieues de hauteur. * Xx ij 348 ECLAIRCISSEMENS 2.96. Mais, fans infifter davantage fur une conjecture abfolu- ment dénuée d'obſervations, je réponds à la queſtion do il s'agit, que l'Aurore Boréale ne fuit l'Aurore Boréale ne fuit pas le mouvement général & apparent du Ciel, d'Orient en Occident, qu'elle *fuit au contraire le mouvement diurne & réel.de la Terre, d'Occident en Orient, & que par conféquent elle eſt dans notre Atmosphère. C'eſt ainfi qu'ont raiſonné les plus ha- biles & les plus affidus Obſervateurs de ce Phénomène. Feu M. Maraldi, qui depuis que les Aurores Boréales ont reparu en France, jufqu'à fa mort, arrivée en 1729, n'a pas ceffé de les obferver, & d'en rendre compte à l'Académie, remar- qua dès la première fois qu'il vit ce Phénomène, que fa lu- Mém. 1716, mière paſſoit toûjours par les mêmes Etoiles proche du méridien, qui ne varioient point fenfiblement de distance à l'égard de Î'Horizon; ce qui fait voir, continue-t-il, que cette lumière ne participoit point au mouvement du premier Mobile; & par conféquent qu'elle n'étoit pas célefte, mais pluftôt attachée à notre Atmosphère, & qu'elle eft différente de la lumière qui a été dé- couverte fur le Zodiaque par M. Caffini, qui participe au mouve- ment du Mobile, & au mouvement propre du Soleil. Il réitère la même remarque, en parlant de l'Aurore Boréale du 29 No- vembre 1721: Elle continua de paroîe fort claire jufqu'à onze heures & demie du foir, toûjours attachée aux mêmes parties de ¡Horizon, pendant que les E'toiles de la grande Ourſe, qui du com- meucement étoient vers le Nord dans la partie inférieure de leurs cercles au deffus de la Lumière, avoient paſſé vers la partie orientale de l'Horizon; ce qui prouve que la Lumière ne participoit point du mouvement univerfel, & qu'elle étoit dans l'Atmosphère*. Et fi je puis me citer en qualité d'Obfervateur affidu, en un temps où je ne prévoyois pas qu'on dût porter l'Aurore Boréale dans l'Ether, & à quelques milliers de milles de l'Atmosphère terreſtre, j'ajoûterai qu'après un grand nombre de pareilles obfervations, j'avois trouvé, que la maſſe totale du Phénomène demeuroit immobile par rapport à la Terre, ou affecloit au con- traire de fe porter d'Occident en Orient, en fe rangeant plus exacle- ment autour du Pole, après avoir commencé par décliner beaucoup * Mém. de Acad. 1721, P. 2, & Sup. 8.207. ! • SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. VII. 349 l'Aurore Bo- vers l'Occident*, ce qui eft directement oppoſé au mouvement * Traité de univerfel. Dès 1725, quatre ou cinq années avant que réale, P. 41. j'eufle formé aucune eſpèce de ſyſtème ni d'explication ſur les Aurores Boréales, j'avois remarqué que celle du 26 Septembre de la même année, avoit un petit mouvement hori- zontal du côté de l'Eft (regardant alors vers le Nord) & qu'elle avançoit vers la droite, à mesure que les Etoiles de la grande Ourfe, auxquelles je l'avois d'abord rapportée (& qui étoient dans la partie inférieure de leur cercle) alloient de ce côté du Ciel *. * Mém. 1726, Refte la troiſième propofition, l'Aurore Boréale engendrée P. 201. par l'impulfion des rayons folaires. pa- S'il é quelque loi fondamentale de Phyſique & de Mé- chanique, c'eft certainement celle qui réſulte de l'impulfion dans des eſpaces non réſiſtans. Un fluide pouffé dans de reils eſpaces par un autre fluide qui s'applique continuellement à la partie expoſée à fon choc, ne peut fuivre que la direction du choquant. C'eft ainfi que les nuages nous indiquent la direction du vent. Et fi cette loi s'exerce dans la région des nuages, pourroit-elle manquer d'avoir fon plein effet dans l'Ether? La Matière chaffée de l'Atmosphère terreftre par les rayons du Soleil, devroit donc toûjours fuivre la direction de ces rayons? L'Aurore Boréale composée de cette matière, & formée à deux ou trois cens lieues au delà de l'Atmoſphère terreſtre, devroit donc toûjours être vûe à l'oppoſite du So- leil, comme la Queue des Comètes ? Cependant le lieu de l'Aurore Boréale dans notre hémisphère eſt preſque toûjours vers le Pole & autour du Pole, & jamais ou prefque jamais dans la direction des rayons folaires. Le Soleil eft encore vers l'Occident, & l'Aurore Boréale paroît vers l'Occident qui eſt le côté ordinaire de fa déclinaifon, en quelque endroit du Ciel que foit le Soleil; il eſt dans l'hémiſphère Boréal, elle eft autour du Pole Boréal, au lieu de fe montrer vers l'Auſtral; le Soleil ne fort point de la Zone Torride, ſes rayons font conftamment dirigés vers cette Zone, ils ne peuvent rien pouffer du lieu d'où ils partent qui ne ſe trouve & Xx iij 350 ECLAIRCISSEMENS renfermé dans cette Zone, & l'Aurore Boréale n'y eft jamais. Du moins n'y eft-elle jamais ou prefque jamais que par quel- ques-unes de fes parties, fans paroître en même temps, ou après, & d'une manière plus marquée, autour du Pole: ou pluftôt ces parties, telles que certaines bandes lumineufes, n'y font-elles qu'en apparence, pour l'Obſervateur placé vers le Nord de la Zone Tempérée ou dans la Polaire, & jamais réellement. Donc l'Aurore Boréale n'eft pas formée par l'im- pulfion des rayons folaires. M. Euler tâche en vain d'écarter cette objection qu'il a bien fentie, & qui ſe préſente en effet fi naturellement. II faudra toûjours en venir à cette alternative : Ou la partie de l'Aurore Boréale que je vois actuellement vers l'Occident, par exemple, pendant que le Soleil eft vers l'Occident, y eft portée & s'y foûtient par l'impulfion des rayons folaires ; Ou elle y a été portée auparavant, dans la matinée du jour du Phénomène, ou dans les jours précédens, par les rayons du Soleil, forfque cet aftre fe trouvoit vers l'Orient. Le premier cas eft maniftement impoffible, & diamétra♣ lement oppofé à la loi de l'impulfion. Le ſecond n'eft pas moins impoffible, ni moins oppofé à cette loi, & il ne faut qu'un peu d'attention pour s'en con- vaincre. Car alors, l'impulfion des rayons a donc ceffé de s'exer- cer fur ces particules de matière, pendant tout l'intervalle de temps qui s'est écoulé depuis qu'elles y avoient été pouffées ? Et comment cette impulfion, qui eft continuelle, les a-t-elle abandonnées, après avoir eu la force de les enlever de l'At- moſphère terreſtre? N'étoit-il pas plus facile à ces rayons impulfifs de continuer à les chaffer devant eux, dans les eſpaces non réſiſtans de l'Ether, que de les détacher de l'At- mosphère? Et pourquoi encore, ne refte-il aucunes traces de cette matière enlevée à l'Atmoſphère, ni de celle qui va l'être dans l'inſtant d'après, & ainfi de fuite; pourquoi, dis-je, n'en refte-t-il aucunes traces entre l'Atmoſphère & la SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. VII. 35 x région de l'Aurore Boréale, entre les Crépuscules que la même impulfion y laifle régulièrement foir & matin, & l'Aurore Boréale qui eft emportée à deux cens lieues de là, ou felon M. Euler, à deux ou trois mille lieues? Mais fuppofons que par impoffible, & malgré ce que nous avons démontré en pareil cas, de la diffipation infaillible des particules femblablement enlevées à l'Atmosphère folaire, fuppofons que, par une caufe quelconque, l'Aurore Boréale fe trouve ainfi fufpendue au milieu de l'Ether vers le Cou- chant, tandis que le Soleil eft encore & depuis plufieurs heures vers ce même côté du Ciel. La matière du Phéno- niène y aura donc été retenue, après y avoir été pouffée par des rayons folaires qui venoient du Levant? Sans m'infor- mer de ce qu'eft devenue la force impulfive des rayons qui fuivoient immédiatement ceux-ci, je demande feulement quelle eft la nouvelle force qui retient & foûtient ainfi au milieu de l'Ether, une matière qui, felon tout ce que nous favons de Phyſique, doit être infiniment plus pefante que ce milieu ? Ces particules qui faifoient un peu auparavant une portion de l'Atmoſphère terreftre, n'y retomberont-elles pas auffi-tôt, comme autant de balles de plomb? car c'eſt ainſi que retombe le duvet le plus léger dans le vuide de la ma- chine pneumatique; & qu'est-ce que ce vuide en comparaiſon de l'Ether? Dira-t-on que ces particules pourroient être foûtenues à une pareille hauteur, & hors de l'Atmosphère, par la force centrifuge de la rotation du Globe terreftre? Mais fi elles pou- voient y être foûtenues par cette force, indépendamment de l'impulfion des rayons, cette même force les y auroit dû chaffer, les y chafferoit toûjours, indépendamment de l'im- pulfion des rayons; & cette impulfion deviendroit abſolu- ment inutile à la formation du Phénomène. On trouve dans cet endroit de l'Ouvrage de M. Euler, une figure qu'il eft aiſé de ſe repréſenter, mais dont je ne vois pas bien l'utilité, par rapport à l'hypothèſe en queſtion. Imaginez le Soleil dans le plan de l'Equateur, comme il eft au 352 ECLAIRCISSEMENS que temps des Equinoxes, & dardant de là fes rayons fur le Globe & l'Atmoſphère terreftres; confidérez dans cette pofition, & d'après l'hypothèſe, l'effet de ces rayons fur les différentes parties de notre Atmoſphère, pour en enlever les particules fubtiles qui vont former l'Aurore Boréale à quelques milliers * Page 133. de milles au delà. Cet effet, dit M. Euler*, doit être beaucoup moindre dans les lieux de la Terre fitués près de l'Equateur, dans les contrées qui en font plus éloignées. Autour des Poles donc de la Terre, où le Soleil, pendant plufieurs jours confécutifs, eft vifible près de l'Horizon, cet effet doit être très-grand, & chaffer les particules fubtiles à une grande diftance de la Terre.... Les particules les plus fubtiles étant, comme nous l'avons vû, pouffées à une distance de la Terre d'environ 30 milles, dans le temps du point du jour & du Crépuscule, quoiqu'elles ne demeu- rent pas à peine expofées une heure à l'action des rayons du Soleil; il est aisé de s'apercevoir que dans le voisinage des Poles, où cette action dure plufieurs jours de fuite, de femblables particules doivent être emportées à quelques milliers de milles de la Terre. pro- Mais que conclurre autre chofe de cette fpéculation & de la poſition donnée, finon que l'Aurore Boréale ira fe for- mer précisément au milieu de la Zone Torride, de part & d'autre du plan prolongé de l'Equateur, ou autour du longement de la ligne qui joint les centres du Soleil & de la Terre, & qu'il n'y aura point d'Aurore Boréale au deſſus des Zones Polaires, & encore moins au deffus des Poles, ou que s'il y refte quelques-unes de ces particules fufceptibles d'impulfion par les rayons folaires, ce ne fera que dans l'At- mofphère, & tout au plus à une lieue d'Allemagne au deffus de la furface du Globe? Car, 1.° comment les rayons du Soleil poufferoient-ils au deffus de ces Zones & des Poles, les particules fubtiles qu'ils mettent en mouvement dans l'Atmoſphère fupérieure, & qu'ils chaffent devant eux, ne faiſant qu'y rafer ces Zones, ces Poles & leur Atmoſphère, parallélement aux plans de l'Equateur & des cercles Polaires? Et comment ces particules ainfi pouflées pourroient-elles être conduites & portées ailleurs SUR L'AURONE BOREALE. Ecl. VII. 353 ailleurs que fur le chemin de ces rayons, à l'oppofite du Soleil, & vers la Zone Torride? L'impulfion des rayons doit fi peu élever ces particules au deffus des Zones Polaires & des Poles, qu'il eft clair au contraire qu'ils doivent les rabattre au deffous, par l'effet de la réfraction, en fe rompant dans l'Atmoſphère. 2. Je ne prétends pas diſputer ici à M. Euler le temps qu'il affigne vaguement à la formation de l'Aurore Boréale, pour devenir viſible; mais on ne comprend pas fur quoi il auroit pû fe.régler, pour nous en donner la moindre idée. On fait feu- lément que felon l'hypothèſe du mouvement tranflatif de la Lumière, les rayons du Soleil parcourent une trentaine de millions de lieues en fept à huit minutes, & que felon l'hy- pothèſe des vibrations de preffion, ils ne parcourroient peut- être pas fept à huit lieues, ni fept à huit pieds, en trente millions d'années, comme nous l'expliquerons en fon lieu. Mais quoi qu'il en foit, & puifque dans le voifinage des Poles L'action des rayons folaires dure plufieurs jours de fuite, il ne "fauroit y refter de ces particules fubtiles miſes en mouvement par l'impulfion, & dans l'Atmoſphère, que celles du moment, ou tout au plus, du jour actuel où l'impulfion dure encore fur elles de forte qu'on ne voit pas comment de ces parti- cules mêlées avec toutes les autres parties de l'Atmoſphère il pourroit jamais réſulter une Aurore Boréale fenfible pour les pays circompolaires, où eft pourtant le vrai fiège des Aurores Boréales, & où, fi l'on en croyoit quelques voyageurs, elles font perpétuelles. En un mot, M. Euler confidère toûjours les particules enlevées de l'Atmosphère par les rayons du Soleil, & deſtinées à former l'Aurore Boréale, comme ſi elles étoient abandonnées par ces rayons, dès qu'elles ont été portées à la hauteur & à l'endroit du Ciel où il en a beſoin pour l'apparition du Phénomène; & il eft clair au contraire qu'une particule quelconque ainfi arrachée de l'Atmoſphère par ces rayons qui fe fuccèdent fans ceffe, en doit être con- tinuellement pourſuivie & chaffée en avant; de manière que la confidération des heures ou des jours qui précèdent l'appa- rition du Phénomène, ne fait qu'apporter ici de la confuſion, YY. 354 ELAIRCISSEMENS & que quelque temps qu'on prenne pour le former, il faudra toûjours le placer à l'oppofite du Soleil. 3. Si au lieu d'imaginer le Soleil fur le plan de l'Equateur, nous le fuppofoùs au Tropique du Cancer, fes rayons y rabat- tront encore mieux les particules de l'Atmosphère fufceptibles de leur impulfion, vers la ſurface du terrein de la Zone Polaire Boréale : le Phénomène fera renvoyé ſur les pays fitués fous le Tropique du Capricorne, & ainfi réciproquement d'un Tropique à l'autre, fi l'on y fuppofe alternativement le Soleil. que Mais enfin, à quoi bon toutes ces diftinctions de Zones & de contrées fur l'Atmosphère defquelles les rayons folaires tombent plus ou moins obliquement? Le Soleil n'éclaire-t-il pas toûjours fucceffivement & fans ceffe un hémisphère entier de la Terre? Il y a donc toûjours un hémisphère entier, & du Globe terreftre, & de fon Atmoſphère, dont les bords font rafés les par rayons du Soleil, ni plus ni moins les Poles dans le cas donné des Equinoxes; & cela quelles que foient les Zones dont la partie ſe trouve fur le cercle Finiteur de l'ombre & de la lumière, quelle que foit la pofition de la Sphère, par rapport au lieu du Soleil. Donc par l'hypothèſe, & par la loi inviolable de l'impulfion dans des efpaces libres, les prétendues particules fubtiles capables de former l'Aurore Boréale, l'iront toûjours former dans la Zone Torride, fur laquelle l'Aurore Boréale ne fera que tourner à l'oppofite du Soleil, tant qu'elle fubfiftera. Et pourquoi ne fubfifteroit-elle pas toûjours, dans ces efpaces, dans l'Ether, où rien ne peut la détruire? Ce n'eſt point là certainement l'Aurore Boréale que nous connoiſſons. VIIIME ECLAIRCISSEMENT. Sur la Queue des Comètes. JE me fuis déjà expliqué fur cet article. La conjecture que j'ai propofée fur les Queues des Comètes, dans la dernière SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. VIII. 355 fection de mon Traité, fous le titre de Queftions & de doutes, ne mappartient, quant au fond, qu'en ce que je fais réſulter ces Queues de la partie de l'Atmoſphère Solaire dont les Co- mètes fe font chargées & qu'elles ont entraînée avec elles, en approchant de leur Périhélie. Tout le reſte avoit été imaginé long-temps avant moi. On Ŏn croit communément que Pierre Apian, Aftronome, & Profeffeur de Mathématique à Ingolftad, vers le com- mencement du xvime fiècle, eft le premier qui ait remar- qué, que fa Queue des Comètes étoit toûjours tournée du côté oppofé au Soleil. Cinq Comètes qui parurent dans l'in- tervalle de dix ans, depuis 1530 jufqu'en 1540, l'en firent apercevoir; & il en conclut, que les Queues des Comètes tiroient leur origine du Soleil. Mais c'eft vrai-ſemblable- ment à Képler que nous devons la première explication de ce Phénomène, par l'ingénieuſe idée de l'impulfion des rayons folaires fur une Atmoſphère ou matière quelconque provenant de la Comète. Ce ne fut pourtant pas là d'abord le fentiment de Képler. comme on peut le voir dans fon Aftronomie Optique, im- primée en 1604. Iky fait venir la Queue des Comètes de la réfraction des rayons folaires fur l'Ether, au delà du corps de la Comète, fuppofé tranſparent, & après qu'ils l'ont tra- verſé, ni plus ni moins qu'au delà d'une bouteille fphérique de verre pleine d'eau, qui réuniroit les rayons de lumière à un foyer de quelque étendue. Il étoit alors fi éloigné de l'opinion qu'il embraffa dans la fuite fur ce fujet, qu'il ne fait pas diffi- culté de la traiter de monftrueufe: Si dixeris caudam Conetæ materiam effe, ad Cometa effentiam fpectantem, immaniffimum effinxeris monftrum. Mais enfin il s'aperçut fans doute de l'in- congruité qu'il y avoit à nous faire réfléchir une lumière ſen- fible par l'Ether, quelles que foient auparavant les réfractions qu'elle a fouffertes, en traverfant la Comète ou fon Atmo- fphère. Si l'Ether avoit affez de confiftance ou étoit compoſé de parties affez groffières pour cet effet, il nous renverroit prefque autant de lumière la nuit que nous en avons le jour. + + Y y ij 356 ECLAIRCISSEMENS 1 Et c'eſt auffi ce qu'Hevelius a vigoureuſement combattu dans *fa Cométographie. Képler y fubftitua donc une matière fubtile qu'il croyoit que les rayons du Soleil entraînoient ou arra choient de la Comète. C'eſt ainſi qu'il concevoit encore, que la Comète, après avoir paffé par fon Périhélie, alloit toûjours en diminuant de fubftance & d'apparence, comme il le dit dans le ſecond de fes trois livres fur les Comètes, publiés en 1619. J'ai interprété plus favorablement les paroles de Kepler, quand j'ai dit dans mon Traité, que felon lui la chevelure ou la Queue des Comètes étoit formée d'une matière ainfi potiffée ou chaffée, non de l'intérieur ou de la fubftance même de leurs noyaux, mais de leurs Atmosphères, par l'impulfion des rayons du Soleil, comme le feroit une vraie chevelure expofée au vent. Et cela à l'imitation de M. Newton, qui regardant le fenti- ment de Képler comme affez plauſible, non à ratione prorfùs alienum, le rapporte ainfi dans fon IIIme Livre des Princi pes Afcenfum caudarum ex Atmoſpharis tapitum, & progreſſum in partes à Sole averfas Keplerus afcribit actioni radiorum lucis * Pr. Math. materiam cauda fecum rapientes *. Dès les temps même de 1. 111, Prop. Kepler, & trois ans après la publication de fon Livre des Co- mètes, on ne l'entendoit pas autrement. «< Deux choſes difoit Longomontanus*, concourent à la formation de la che velure ou de la Queue d'une Comète; les rayons folaires, » & la matière qui environne la Comète : car ces rayons venant à agir puiffamment contre cette matière, depuis fa fuperficie jufqu'à la furface de la Comète, en chaffent avec impétuoſité les parties les plus légères, & les entraînent bien loin au delà du corps de la Comète à l'oppoſite du Soleil». Ce que d'au- tres Auteurs n'ont pas auffi manqué de dire, chacun à fa manière, & felon ſes principes. Ainfi il n'y a pas de doute que l'explication de la Queue des Comètes, par Limpulfion des rayons du Soleil fur leur Atmosphère, ne foit depuis long temps très-connue. 41. >> *Aftron. Dan. Ap- pend. Cap. » VI. Edit. 622. ". 25 > Cependant M. Newton, tout perfuadé qu'il étoit de l'émif fion des corpufcules lumineux que cette explication fuppofe, SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. VIII. 357 « & qui en effet y conduit fi naturellement, & quelque vrai- femblable que lui parût l'idée de Kepler, ne s'y eft pas arrêté. Il attribue fafcenfion & la direction des Queues des Comètes vers le côté opposé au Soleil, à la légèreté des parties les plus ténues que le Soleil élève de leurs tétes & de leurs At- molphères, lorfqu'elles approchent de leurs Périhélies. «Car, dit-il, comme dans notre air * la fumée d'un la fumée d'un corps brûlant ou échauffé ſe dirige toûjours en en-haut, ou perpendicu- lairement, s'il eft en repos, ou obliquement & à côté, s'il ſe meut; de même dans le Ciel, où les corps gravitent vers « le Soleil, les fumées & les vapeurs doivent monter en ligne droite, s'ils font en repos, ou en ligne courbe & oblique, s'ils font en mouvement » & cela indépendamment de toute impulfion de rayons. « * Ub, Supe Il n'eft pas queſtion ici d'examiner plus particulièrement ces explications. J'ofe dire qu'elles venoient toutes également à mon but, & que j'aurois pû également les employer à montrer l'accord de ma théorie fur l'Aurore Boréale, & fur l'Atmosphère folaire, avec les principaux Phénomènes ´du Ciel, & conformément aux opinions le plus généralement répandues dans le monde ſavant. Car, je ne faurois trop le répéter, tout ce qui me regarde en cette occafion, tout ce qu'il m'importe d'établir, c'eft que la vafte Atmoſphère des Comètes & leurs Queues ont été prifes dans l'Atmoſphère du Soleil. On a vû ci-deffus * que ceux qui ont bien lû mon *Page 340% Ouvrage ne s'y font pas trompés. Quelle a donc été la raiſon de la préférence que j'ai donnée à l'explication de Képler ! C'eft qu'il m'étoit facile de faire entendre cette explication avec clarté, & en peu de mots, par l'image fenfible d'une chevelure expoſée à l'impulſion du vent, dans une partie de mon Ouvrage, prefque furnumé- raire, & toute deſtinée à des queſtions détachées que je vou- lois traiter ſuccinctement. Je ne pûs trouver la même facilité ni la même clarté dans les autres, elles me parurent plus com- pliquées, & je m'abftins d'en parler. En un mot je crus, & je crois encore devoir écarter de mon fujet les difcuffions dont Y y iij '358 ECLAIRCISSEMEN 3º * Phil. nat. Princ. Math. pag. 478, Jegg. Edit. 1726. je puis me paffer, & ne point entamer des matières qu'il faudroit reprendre de trop loin pour dire ce que j'en penfe Venons-en donc enfin à la circonftance effentielle de ma théorie fur les Queues des Comètes, à leur origine dans l'At- mofphère folaire, appliquable, comme j'ai dit, aux différentes explications qu'on en donne, & appliquée en effet à celle de Képler, à laquelle je veux bien m'en tenir encore ici. Eft-il vrai que plufieurs Comètes paroiffent avec des Queues, avant que d'avoir atteint la Lumière Zodiacale, comme le pré- tend M. Euler! 3. Pour répondre à cette queftion, qui peut recevoir plus d'un fens, il eft bon de pofer auparavant quelques principes de fait. Et puiſqu'à cet égard j'ai une cauſe commune à défendre avec M. Newton, je ne faurois mieux faire que de puifer ces principes dans la théorie de ce Philofophe. Car nous venons de voir que, felon lui, la formation des Queues n'a lieu que lorfque les Comètes arrivent auprès de feur Périhélie, & fuppofe en même temps que leur Périhélic ne foit pas bien loin du Soleil; & felon moi, cette proximité du Soleil qu'exige l'explication de M. Newton, emporte néceſſairement que les Comètes aient pu atteindre à l'Atmo- ſphère folaire ou à la Lumière Zodiacale autour de leur Périhélie. Je dis donc d'après M. Newton*, qui eſt en cela parfaitement d'accord avec les plus fameux Obſervateurs des Comètes : Que les Comètes ne prennent des Queues qu'en s'appro- chant du Soleil : Que ces Queues font d'autant plus grandes, & croiffent d'autant plus, qu'elles s'en approchent davantage": Que les Comètes qu'on voit fans Queue & fort petites, font par conféquent, & de fait, ainſi aperçues fort loin du Soleil, & échappent aux parallaxes : Que les Comètes deſcendent le plus fouvent au deffous des -Orbites de Mars & des Planètes inférieures : Que leurs Queues font toûjours plus grandes, après avoir ·paffé par leur Périhélie, qu'auparavant : SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. VIII. 359 Et enfin, qu'en parcourant l'hiftoire des Comètes, on en trouve quatre ou cinq fois plus dans l'hémisphère du Soleil que dans l'hémisphère oppofé. * N.. 297, Mais pour voir tout ceci d'un coup d'oeil, & l'appliquer en même temps à notre fujet, prenons la Table des Comètes de M. Halley, dans ſon Abrégé d'Aftronomie Cométique donné à la Société Royale de Londres en 1705 *. Ce font 24 Co- Phil. Tranf mètes calculées avec toute la fagacité, & tout le travail dont on fait que M. Halley étoit capable. Ajoûtons-y 12 autres Comètes ainfi calculées depuis la Table de M. Halley, & qu'on trouvera dans les Leçons Aftronomiques de M. l'Abbé de la Caille*. Ce qui fait en tout 36 Comètes, dont nous avons les diſtances Périhélies. * Page 243: Diſtances des Périhélies des Comètes, en parties dont le rayon de l'orbe annuel a 100 0 0 0 . COMÈTES DISTANCE ANNÉES DISTANCE DU PÉRIHÉLIE COMÈTES des ANNÉES DISTANCE DU PÉRIHÉLIE COMÈTES Au Soleil. des ANNÉES du PérihéliE * ‹ des Au Soleil. AU SOLEIL. 1337 40666 1652 84750 1699 74400 1472 54273 1661 4485 I 1702 64590 1531 $6700 1664 102575 /1/ 1706 42582 1532 50910 1665 10649 1707 85974 1556 46392 1672 69739 1718 102655 · 1577 18342 1677 28059 1723 99865 1580 59628 1680 61, 2 1/1/0 1729 426140 1585 109358 1682 58328 1737 22282 1590 57661 1683 56020 1739 67358 1596 51293 1684 96015 1742 76568 1607 58680 1686 32500 1744 83501 * 1618 37975 1698 69129 1747 219851 De ces 36 Comètes, dont la première eft de l'an 1337, & la dernière de 1698 dans M. Halley, de 1699 & de 360 ECLAIRCISSEMENS A 1747 dans M. l'Abbé de la Caille, il y en a 31 qui ont eu leur Périhélie plus près du Soleil que n'eft la Terre, ou qui ont paffé entre le Soleil & l'orbe annuel. Or nous avons vû, d'après les obfervations réitérées de feu M. Caffini, & par tout ce qui a été remarqué là-deffus dans mon Traité & dans les Eclairciffemens précédens, que l'Atmosphère du Soleil s'étend quelquefois vifiblement, jufqu'à l'orbe annuel & au delà, fans qu'on puiffe affigner les bornes de ce qui en échappe à nos yeux. Donc de ces 36 Comètes dont nous avons les Périhélies, entre toutes celles qui ont paru dans l'efpace de 360 ans, les 3 1 qui ont paffé plus près du Soleil que la Terre, ont bien certainement pû atteindre à l'Atmoſphère du Soleil. > 3 Il feroit fuperflu d'avertir que nos principes de fait, non plus que nos réſultats, ne fauroient être infirmés par la con- jecture, d'ailleurs très-plaufible, de quelques Aftronomes, qu'il y a peut-être autant ou plus de Comètes, qui, dans leur Périhélie, paſſent au delà de l'orbe annuel, qu'en deçà. Il y en aura, fr l'on veut, des milliers entre Saturne & fes Fixes & nous : il ne s'agit ici que de celles qui font à notre portée, qui fe mani- feſtent avec une Queue ou fans Queue, & qui peuvent influer par là fur la queſtion préfente. C'eft certainement ainfi que f'entendoit M. Newton, qui n'ignoroit pas lui-même une ſemblable poffibilité. Mais il eft bon d'obſerver que parmi ces 3 1 Comètes, dont le Périhélie s'eft trouvé au deffous de l'orbe annuel, il y en a II qui ont paffé plus près du Soleil qu'à la moitié de ſa diftance de cet orbe ou de la Terre, 12 qui n'ont pas paffé trois quarts de cette diſtance, & 8 feulement qui en ont paſſé à plus des trois quarts. Et enfin, qu'à l'égard des 5 Comètes, dont le Périhélie fe trouve plus loin du Soleil que l'orbite terreftre, il y en a 3 ou 4 qui ont paru fans Queue, & qui rentrent par là dans notre théorie. Ces trois ou quatre Comètes font celles de 1585. * Découverte par Tycho-Brahé, le 18 Octobre, comme une Etoile nébuleuſe, ronde fans Queue, fice H 1718 n'eft, que le 20 & le 22, en y re- gardant fixement & long-temps, on y aperçut un petit rayon de lumière vers le } SUR L'AURORE-BORÉALE. E’c. VIII. 36: 1 & 2 718(4), 1729 (b)) & 1749 (c); comme on peut voir dans les Herits des Aftronomés qui les ont obfervées. all me reste donc des 3 2 ou 3 3 Comètes fur lesquelles nous devons raiſonner, qu'une feule Comète qui ayant fon Périhélie au delà de l'Orbite terreftre, fe foit montrée bien viſiblement avec une Queue, favoir, la Comète de 1664, obfervée par Hevelius (d). Mais de combien ce Périhélie ex- cédoit-il la diftance de cet Orbite? Je trouve dans la Table de M. Halley, que c'éton feulement de 2575 parties, fur les 100000 de celles qu'on donne au rayon de l'orbe annuel; ce qui ne fait qu'environ la 39me partie de cette diſtance, & qui n'exclut point affurément la poffibilité que la Comète ait atteint à l'Atmoſphère folaire qui s'étend quelquefois, même viſiblement, beaucoup au delà.. 2* Quand je dis de toutes ces Comètes, qu'elles ont atteint ou pû atteindre à cette Atmoſphère, il ne faut pas feulement l'entendre de la révolution actuellement obfervée, mais auffi des révolutions antérieures. Ainfi une Comète, en revenant vers le Soleil, pourra fort bien y reprendre une Queue, avant que d'être arrivée à l'Atmosphère folaire, & à fon Périhélie, en ne faisant qu'approcher jufqu'à un certain point de l'une ou le couchant, exile quoddam veftigium cujufdam tenelli radioli, &c. qu'on ne vit plus, pendant tout le refte de fon cours. Epiſtol. Aſtron. p. 13. (a) Chriftfr. Kirch, qui l'obſerva, n'y put apercevoir aucun veftige de Queue, Mifcell. Berolin. Contin. II. p. 201, (b) Découverte par le P. Sarabat Jéfuite à Nîmes, & obfervée à Paris par M. Caffini, fous la forme d'une Etoile nébuleuse, avec une chevelure autour d'elle dont l'étendue paroif- | Loit au moins auffi grande que le dia- mètre de Jupiter. Mém. de l'Acad. 1729; p. 210. Calculée par M. Maraldi. Mém. Ac. 1743.p. 195. (c) Qui parut & fut obfervée en 1746, mais qui ne dut arriver à fon Périhélie qu'en 1747. M. Maraldi, l'obferva à Paris fans Queue; mais M. de Chefeaux, qui l'avoit décou- verte quelques jours auparavant en Suiffe, & dont le témoignage eft ici d'un grand poids, après l'excellent Traité qu'il nous a donné de la Co- mète de 1744, manda y avoir aperçû une Queue d'environ 24 minutes. Mém. Acad. 1746, p. 55. Il m'a dit depuis de vive voix, que la Co- mète, ſon Atmoſphère & cette Queue, formoient une espèce de Conoïde pa- rabolique, & en tout une Atmosphère feulement plus étendue du côté dụ noyau oppofé au Soleil. C'eſt ce qui m'empêche de l'exclurre entièrement de la claffe des Comètes à Queuc. (d) Il en détermine la Queue de 14 degrés de longueur. Cometogr. p. 912.. Zz 362 ECLAIRCISSEMENS Jo de l'autre. Car il eft très-poffible & très-vrai-femblable que les Cometes que nous voyons toûjours enveloppées d'une Atmoſphère nébuleuſe & immenſe, en comparaiſon de celle des Planètes, après s'être chargées une ou plufieurs fois de la matière Zodiacale en paffant près du Soleil, la confervent en tout ou en partie, en retournant vers le Soleil; que ce qui s'y eft confervé de la matière Zodiacale, & qui fe range enfuite fphériquement autour de leur Globe, ou de leur Atmoſphère propre à leurs à leurs grandes diſtances du Soleil, fe transforme de nouveau en Queue, par l'impulfion des rayons de cet aftre, lorfqu'elles viennent à s'en rapprocher, quoiqu'elles en foient à une plus grande diftance que la Terre, & loin de leur Péri- hélie : & cela avec toutes les modifications & les différences qu'y auront apporté les viciffitudes d'étendue & de denſité de l'Atmosphère folaire, & la différente Sphère d'activité de la gravitation autour du Globe de chaque Comète, felon fa grandeur & fa folidité. Il eft d'ailleurs très-vrai-ſemblable & très-analogue à tout ce que nous connoiffons des mouvemens céleftes, que le Périhélie de telle Comète, aujourd'hui fort éloigné du Soleil, en ait été plus proche autrefois, dans quel- qu'une de ſes révolutions, par le changement de lieu de fés Noeuds ce qui peut aller à des efpaces immenfes fur fọn Périhélie, vû la prodigieuſe excentricité des orbes des Co- mètes, & la longueur de leurs périodes. C'eſt auffi par là qu'on donne raiſon de l'impoſſibilité où nous fommes de les reconnoître, & de prédire certainement leurs retours; cár on fait le peu de fuccès qu'ont eu juſqu'ici ces fortes de pré- dictions. Et ne voilà-t-il pas dès-lors les exceptions appa- rentes, & qui font en fi petit nombre, ramenées à la loi générale, à nos principes & à ceux de M. Newton? On voit donc combien la propofition de M. Euler ainſi énoncée & fans autre reftriction, plufieurs Comètes paroiffent avec des Queues, avant que d'avoir atteint la Lumière Zodiacale, fouffre de reſtrictions, eft équivoque, & peu concluante contre l'hypothèſe qu'il combat. ? Mais de quelque manière qu'on l'entende, j'espère que SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. VIII. 363 M. Euler ne me refuſera pas d'y joindre cette inverfe qu'elle tenferme, & qui eft d'ailleurs inconteftable, plufieurs Comètes paroiffent avec des Queues, après avoir atteint la Lumière Zo- diacale ou l'Atmosphère folaire. Or cela poſe, comment M. Euler le défendra-t-il de m'ac- corder que plufieurs Comètes doivent avoir puiſé leurs Queues dans l'Atmoſphère folaire, & que prefque toutes, c'eſt-à-dire, 31 fur 32 ou 33, doivent tout au moins les y avoir augmen- tées? Car 1.° felon fes principes, par les loix de la gravita tion, le corps d'une Comète ne fauroit fe plonger dans P'Atmosphère Solaire, fans s'y charger d'une partie du fluide ambiant qu'elle y rencontre fur fon chemin, & qui compoſe cette Atmofphère. 2. Selon fes principes, ce fluide, cette matière ténue & légère, eft fufceptible d'impulfion de la part des rayons folaires; puifque c'eft par là principalement qu'il explique la dilatation, l'étendue & la figure de l'Atmosphère Solaire. Donc les particules les plus ténues & les plus légères de cette matière entraînée par la Comète, & affemblée autour de fon noyau, ou de fon Atmoſphère quelconque, en feront chaffées, pouffées en avant par la force impulfive des rayons folaires, & à l'oppofite du Soleil, en un mot, elles y for- meront la Queue de la Comète. Eh! ne s'enfuit-il pas delà que prefque toutes les Comètes à Queues feront foumiles à l'hypothèſe en queſtion? Quelle raifon pourroit-on alléguer pour les en exclurre, & pour donner la préférence à l'Atmo- Iphère propre de la Comète, dont il eft d'ailleurs très-dou- teux que les molécules foient fufceptibles d'une pareille im- -1 pulfion de la part de la lumière? ( H ne s'agira donc plus que de quelques exceptions que nous avons montré fe réduire prefque à rien, & enfin s'éva- nouir. Mais ce n'eft pas fur des exceptions qu'on bâtit un fyftème, comme ce n'eft pas auffi fur des exceptions, & des exceptions vagues & incertaines, qu'on en réfute un autre. J'ai fuffiſamment expliqué ailleurs* comment la matière * Sup. p. 293, Zodiacale pouvoit être chaffée par les rayons folaires, de Queſt. xxv. deffus le Globe & de l'Atmosphère propre des Comètes où Zz ij A ༥. 364 ECLAIRCISSEMENS 1 elle furnage, & ne l'être pas de la région ſupérieure de l'At- moſphère terreftre où elle fe précipite & fe mêle. Queftion qu'on peut faire auffi fur les Planètes inférieures. Car c'est de la conftitution particulière des Atmosphères de tous ces corps célestes, que dépendent & les chevelures, & les Queues, & les Aurores Boréales. * + Quant au peu de convenance que je trouvai à former la Queue des Comètes des fumées ou des vapeurs qui s'en élè- vent à l'approche & par l'exceffive chaleur du Soleil, comme a fait M. Newton, j'en ai, ce me ſemble, donné d'aſſez bonnes raifons, dans la partie de mon Ouvrage où je propofe mes doutes & mes conjectures. A quoi l'on peut ajoûter que les rayons du Soleil ne produifent point feuls & par eux-mêmes toute la chaleur qu'ils nous font fentir, & que nous leur attri- buons, trompés par les matières ignées qu'ils mettent en mouvement autour de nous, ou par d'autres circonftances qu'il feroit trop long de déduire & d'expliquer. C'eſt cepen- dant d'après cette chaleur attribuée en entier aur Soleil, que nous jugeons de celle qu'il excite fur les Comètes, c'eſt fur cette fomme d'effets & de caufes que nous formons l'analogie des quarrés des diftances de la Terre, des Planètes, & des Comètes au Soleil, quoiqu'elle ne dût porter que fur les rayons folaires qui n'y entrent peut-être pas pour la millième partie, & tandis que tout le refte peut fuivre une toute autre loi, en * Diff fur la diminution même des effets de celle-ci *, Nous ne pouvons Glace, imprimée donc pas décider que le Soleil produiſe fur les Comètes qui s'en approchent le plus, cette extrême raréfaction de parties qu'on croit y découvrir par leur vafte Atmoſphère, ni favoir s'il en tire plus ou moins de vapeurs, d'exhalaiſons & de fuinées, que de la Terre, où, nous ne voyons rien de pareil à une telle diffolution. L'exiſtence de la matière Zodiacale eſt plus certaine, & la matière Zodiacale puifée par ces Comètes à l'endroit où tout proche de fa plus grande denfité, fatisfait le moins auffi-bien à toutes ces apparences. Il femble que M. Newton, y auroit pû auff employer, cette quantité de corpufcules, qu'il fuppofe ailleurs qui émanent des Planètes, au Louvre en 1749 pp. 33, $76 fuiv. pour 7 + 12. 4 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. VIII. 365 # qui fe répandent dans l'Ether, & dont les Comètes pour- roient ſe charger en entrant dans le tourbillon folaire, comme j'imagine, & par la niême raiſon, qu'elles fe chargent de la matière Zodiacale. Sans parler du raiſonnement que j'ai fait ci-deſſus, & qui n'eſt pas moins appliquable à M. Newton qu'à M. Euler, favoir, que, felon fes principes, par les réſul- tats ou principes de fait accordés fur les Comètes, & que M. Newton nous fournit, on ne peut douter que la pluſpart des Comètes n'entrent dans l'Atmoſphère Solaire, & que par les loix de la gravitation elles ne doivent s'y charger de la matière qui compofe cette Atmosphère. D'où s'enfuivra de même fon explication indépendante de l'impulfion des rayons, mais dans laquelle on n'a plus beſoin de ces fumées ni de ces vapeurs, pour en former la Queue des Comètes, non plus ་ * Phil. nat. Princip. Math. perp. Comment p. 644. dans la mienne. C'eft apparemment fous cet afpect que que les PP. le Seur & Jacquier, dans leur favant Commentaire, ont confidéré mon idée, quand ils ont dit qu'elle s'accordoit avec les principes de M. Newton*, & qu'ils ont bien voulu en donner un précis à la fuite de celle de ce Philofophe. Et à l'égard de l'hypothèſe de M. Euler, où la matière des illuftrata. Tom. Queues eft priſe dans l'Atmosphère propre des Comètes, I, Part. ult outre ce que j'ai dit à ce fujet, ou fur les Atmoſphères en gé- néral, dans mon Traité, & dans l'Eclairciffement précédent, je remarque, qu'il s'en faut beaucoup que l'accroiffement des Queues fuive le rapport des accroiffemens d'impulfion des rayons folaires, en raifon inverfe des quarrés des diftances au Soleil, ces Queues étant d'abord prefque imperceptibles, & fe trouvant peu de jours après de plufieurs degrés de lon- gueur, & fort larges, quoique leur proximité du Soleil & de la Terre avec les autres élémens d'Optique qui entrent dans cette détermination, n'aient pas, à beaucoup près, aug- menté dans le même rapport. C'eft ce dont je me fuis con- vaincu fur les types que j'ai tracés de quelques Comètes. Mais pour ne pas entrer là-deffus dans un détail qui nous mèneroit trop loin, ne faiſons attention qu'à cette vafte nébulofité qui entoure la Comète, ou à fon Atmosphère propre fuppofée ne Zz iij 366 ECLAIRCISSEMENS : rien tenir de l'Atmosphère Solaire. On verra que, toutes chofes d'ailleurs égales & proportions gardées, elle augmente avec fa Queue, à mesure que la Comète approche du Soleil, au lieu de diminuer, ou même de s'évanouir prefque entièrement, forſqu'elle en eſt à une fort petite diftance. C'eſt là, dis-je, ce qui devroit arriver, puifque, par l'hypothèſe, c'eſt aux dépens de cette même Atmoſphère & de la matière qui la compoſe, que la Queue de la Comète eft d'abord formée, & enfuite fi confidérablement augmentée. Et fi l'on veut que les particules enlevées à l'Atmoſphère de la Comète, pour en former fa Queue, foient fi fubtiles, que le volume apparent de cette Atmoſphère n'en puiffe recevoir une diminution fenfible, tout au moins n'en doit-il pas être augmenté. Mais encore, com- ment l'accorder, cette hypothèſe, avec le principe de fait poſé ci-deſſus, & qui eft certainement l'un des moins ſujets à exception, que les Queues font toûjours plus grandes après que les Comètes ont paffé par leur Périhélie, qu'auparavant! D'où viendroit ici une pareille augmentation? N'eft-ce pas toûjours la même quantité de matière autour de la Comète, & qui fe diftribue entre fon Atmoſphère & fa Queue? Car on ne fauroit y admettre d'augmentation en ce cas, fans tomber dans quelqu'une des hypothèſes qu'on veut éviter. Et les rayons folaires n'agiflent-ils pas toujours également fur cette matière à diſtances égales du Soleil? Leur denſité, leur force impulfive n'y eſt-elle pas la même? Par quelle méchanique tirent-ils donc une plus grande Queue de l'Atmosphère de la Comète, & de beaucoup plus grande, après qu'elle a paffé par fon Périhélie qu'auparavant? Toutes difficultés qui dif paroiffent dans l'hypothèſe que je défends, où, à meſure que la Comète avance vers le Soleil & dans l'Atmosphère Solaire, elle rencontre de plus en plus une matière plus denſe, dont elle fe charge, & dont elle n'eft jamais fi chargée qu'à fon retour du Périhélie. Ainfi il n'eft pas étonnant qu'elle en rap- porte une plus grande Atmosphère & une plus grande Queue qu'elle n'avoit en y allant; comme il ne l'eft pas auffi, que cette Queue conferve des marques fenfibles de fon origine, SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. IX. 367 la couleur, la rareté, la tranſparence, & toutes les qualités de la Lumière Zodiacale. IXME ECLAIRCISSEMENT. Sur l'impulfion des rayons Solaires. JE me fuis prêté jusqu'ici à l'impulfion des rayons Solaires, principe fondamental de M. Euler, fans examiner davantage la réalité de cette impulfion, ni la manière dont M. Euler la conçoit. C'eſt ſur ce pied que je me flatte d'avoir répondų à fes objections, & montré qu'il s'en faut beaucoup, que ſon ſyſtème, fur chacune des queftions précédentes, fe lie auffi-bien avec les vérités fondamentales de la Phyſique qu'il nous l'avoit annoncé. Mais il eft temps enfin, que nous fachions à quoi nous en tenir fur un principe de cette importance. › La Lumière eft certainement un corps, puifqu'elle affecte des corps, tels que nos organes. Elle a donc une force im- pulfive contre les corps qu'elle trouve fur fon chemin, fi elle fe meut, & elle fe meut, puifqu'elle vient du Soleil jufqu'à nous. Mais de quelle manière y vient-elle ? Il y a là-deffus deux fyſtèmes qui divifent les Savans. Selon l'un de ces ſyſtèmes, la Lumière arrive du corps lumineux juſqu'à nous par un mouvement réel, & vient frapper nos yeux, à peu près comme les corpufcules odorans qui s'échappent d'une fleur, viennent frapper notre odorat. Selon l'autre, elle ne fe fait fentir que par le mouvement que le corps lumi- neux communique au fluide interpofé entre lui & nous. L'un de ces fyftèmes eft défigné par l'émiffion ou l'émanation des corpufcules, l'autre par les vibrations de preffion. C'eft toûjours du mouvement, mais, comme on voit, un mouvement très- différent. J'appellerai le premier, mouvement de tranfport, tranf latif, progreſſif, non interrompu ; & le fecond, mouvement de vibration, d'agitation, ou de preffion; l'impulfion qui fe rapporte 1 36.8 f EGLAIRCISSEMENS " au premier, impulſion tranflative, ou fimplement impulfion & celle qui fe rapporte au fecond, impulfion de vibration. C'eft fans autre difcuffion ni diftinction d'hypothèſe fur la Lumière, que nous avons fuppofé juſqu'ici fon impulfion comme capable d'imprimer un mouvement progreffif & non interrompu aux particules de matière qu'elle rencontre. II eſt cependant bien viſible qu'un tel mouvement réſulte pluſ- tôt de l'impulfion tranflative & de l'hypothèſe des émiffions, que de celle des vibrations; mais quoi qu'il en foit, c'eſt par rapport à la première, que nous demanderons préfente- ment, fi l'impulfion des rayons Solaires eft fenfible & jufqu'à quel point, ou fi elle ne l'eft pas? Car c'eft principalement des effets fenfibles de cette impulfion qu'il s'agit ici, quelle fût d'ailleurs fa réalité dans la ſpéculation. que Si l'on en croit quelques Auteurs, il n'eft prefque point de Phénomène ici bas, qui ne participe plus ou moins de l'impul- *Principes de fion des rayons Solaires. Si l'on expofe, difoit M. Hartfoeker*, Phyfiq. p. 137. un petit reffort au foyer d'un verre ardent, on verra ce reffort faire des vibrations affez fenfibles. Les rayons du Soleil chaffent la fumée du haut en bas de la cheminée. Les voyageurs affurent que le Danube eft beaucoup moins rapide le matin, lorfque les rayons du Soleil s'opposent à fon cours, qu'il ne l'eft après midi, lorfqu'ils aident ce cours. Tout le monde fait que la Meufe a une affez grande mer au Nord-oueft de fon embouchure; & comme cette rivière s'enfle ordinairement la nuit environ d'un demi-pied plus que le jour, fi quelque caufe étrangère n'y apporte du chan- gement, il femble qu'on ne puiffe attribuer ce Phénomène qu'aux rayons du Soleil, lefquels, durant la plus grande partie du jour, chaffent la mer loin de la terre; d'où elle fe rapproche le foir lorfque le Soleil eft couché, & que fes rayons ne la chaffent plus. M. Hartfoeker penfoit ainfi en 1696, & il ne paroît pas qu'il ait changé de ſentiment avant la mort, arrivée en 1725. *Imprimé à la II dit encore dans fon cours de Phyfique *, que lorfqu'on expofe au foyer d'un verre ardent une poignée de fable, ce fable en eft chaffé & diffipé auffi tôt, comme par quelque coup de vent; que quand on a quelque diffolution, par exemple, celle de l'argent 'Haie en 1730, 7.85. par * SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. IX. 369 par l'eau forte les rayons de lumière qui fe préfentent pour y paffer, rangent pour cet effet les parcelles de l'argent qui y flottent & rendent par conféquent cette diffolution claire & tranſparente; qu'on obferve dans le golfe de Lyon du côté de la mer un courant, qui a rapport au mouvement du Soleil, & autres femblables preuves. Je m'étonne qu'il n'y ajoûte pas auffi les vents Alifés qui foufflent dans la Zone Torride d'Orient en Occident, & dans la direction du cours du Soleil. Je me flatte que le Lecteur intelligent n'exigera pas que je difcute par ordre un tel amas d'obfervations & d'expériences, à la plufpart defquelles ce feroit faire grace que de les qualifier fimplement d'équivoques. Arrêtons-nous à celle du miroir ardent; c'eſt la plus connue. Mais comme elle eſt bien mieux circonftanciée dans l'Hiftoire de l'Académie des Sciences c'eft fur ce qu'on en trouve dans cette Hiſtoire, & d'après le réſultat qu'en donne M. de Fontenelle, que je vais l'examiner. M. Homberg, dit le célèbre Hiftorien*, a obfervé, que fi l'on expoſoit au miroir ardent une matière fort légère, tell que l'Amiante, & en affez grande quantité, elle étoit renversée par les rayons du foyer de deffus le charbon qui la portoit, à moins qu'elle ne fût préfentée fort doucement, & une partie après l'autre, de forte qu'elle ne fût pas heurtée par le foyer trop rudement ni dans toute fa furface à la fois. De plus, M. Homberg ayant redreſſé un reffort de montre, & en ayant engagé un bout dans un bloc de bois, il pouffa par fecouffes réitérées contre le bout libre du reffort, le foyer d'une lentille de 12 à 13 pouces de diamètre, & il vit que le reffort faifoit des vibrations fort fenfibles, comme fi on l'avoit pouffé avec un bâton. Voilà, dis-je, tout ce que nous avons de plus fort pour l'impulfion des rayons Solaires. Mais qu'y a-t-il à conclurre de cette expérience, de cette Amiante expofée au miroir ardent & renversée, comme on le croit, par les rayons du foyer de deffus le charbon qui la portoit, & de ces vibrations du reffort? Je ne vois en tout ceci que des ébranlemens fortuits & irréguliers, des fou- brefauts excités par la chaleur, par la raréfaction & l'exploſion fubites de l'air qui entouroit ces matières, & point du tout ce Aaa * Hift. de l'Acad. des Sc. 1708, p. 21. 370 ECLAIRCISSEMENS 47 mouvement conſtant & foûtenu qui devroit naître du flux des rayons au foyer du miroir où elles étoient exposées. Il eſt viſible qu'il doit ſe former à ce foyer & tout autour, une eſpèce de courant ou de tourbillon alternativement troublé, & entretenu par l'air froid qui fuccède à f'air chaud qui en eft chaffé, ou qui s'en écarte par fa propre dilatation; que ce courant ou ce tourbillon doit le plus fouvent entraîner les matières dont on l'approche, ou qui en font approchées, vers le côté oppofé au lieu d'où il vient, & quelquefois au contraire, ou les jeter çà & fà, ſelon qu'elles fe rencontrent dans le fil de fa plus grande force, & plus près ou plus loin du centre de cet air agité; fans qu'on puiffe en rien déduire de pofitif fur la part que l'impulfion des corpufcules lumineux qui s'y confondent, pourroit avoir à tous ces mouvemens. Pour fe convaincre de ce que je dis, il ne faut que faire attention aux circonftances dont on accompagne la prétendue impulfion des rayons. L'Amiante étoit renversée, à moins, ajou-t-on, qu'elle ne fût préſentée fort doucement, & une partie après l'autre, de forte qu'elle ne fût pas heurtée par le foyer trop rudement, ni dans toute fa furface à la fois. Elle n'étoit done pas renverfée dans les cas de ces reftrictions? Et pourquoi ? c'eſt qu'alors elle avoit le temps d'être placée à peu près au centre du tourbillon ou du ballon d'air dilaté, & qu'en étant à peu près également environnée, rien ne la folli- citoit affez fortement à fe mouvoir d'un côté pluftôt que de l'autre. Car du reſte il eſt clair, qu'au contraire cette Amiante expoſée au foyer des rayons en devoit être d'au- tant plus violemment & plus continûment chaffée, qu'elle y étoit plus continûment & plus parfaitement expofée. Et pourquoi encore falloit-il pouffer le reffort de montre vers le foyer par fecouffes réitérées, fi ce n'eſt parce que bien-tôt après l'y avoir pouffé, l'action du nouveau milieu ou de ce ballon d'air dilaté n'étant pas fi foudaine, n'opéroit plus qu'une impulfion à peu près uniforme, & de tous les côtés, fur ce reffort qu'il environnoit? Mais le courant rapide de la lumière au foyer du verre ardent; fi la lumière étoit capable d'une SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. IX. 371 impulfion fenfible fur ces matières, n'y fubfiftoit-il jours, pour y produire les mêmes ébranlemens? pas toû- J'en dirai autant du fable, des pouffières, des fétus qui voltigent dans l'air, & contre lefquels on aura pouffé le foyer du miroir ardent ou d'une loupe. Quelles que foient les conjectures que je mêle ici à mes réflexions, il n'en faut pas davantage pour montrer combien la cauſe à laquelle on attribue tous ces effets eft douteuſe. Mais je puis dire de plus que mes réflexions fur ce fujet ne font pas le fruit d'une fimple ſpéculation. J'ai fait la pluſpart de ces expériences, & je les ai variées de bien des façons. Je voulus auffi effayer de la prétendue impulfion des rayons Solaires réunis au foyer d'une loupe de fix pouces de dia- mètre, fur des aiguilles de bouffole, ſoit de déclinaiſon, foit d'inclinaiſon, de 4 & de 6 pouces de longueur. Il n'en réſulta que de ces trémouffemens équivoques. Nous conftruifimes, M. du Fay & moi, une eſpèce de moulinet de cuivre, très- mobile; nous y fimes tomber le foyer d'une loupe de 7 à 8 pouces de diamètre, & nous n'en retirames que la même incertitude. Je me fuis procuré depuis une ſemblable machine plus légère, & plus artiftement fufpendue. C'eſt une roue horizontale de fer d'environ 3 pouces de diamètre, ayant 6 rayons, à l'extrémité de chacun defquels eft une petite aîle oblique, & dont l'axe, qui eft auffi de fer, ne tient par fa pointe fupérieure, qu'au bout d'une baguette de fer aimantée. La roue & cet axe ne pèſent guère en tout que 30 grains. Rien de plus mobile que cette roue; mais en même temps rien de moins certain que l'induction qu'on en voudroit tirer en faveur de l'impulfion des rayons. La machine tourne tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, felon qu'on approche plus ou moins une de ſes aîles du foyer, en deçà, ou au delà. II faudroit en conclurre que les rayons lumineux attirent & repouffent en divers points du cone qui en eft formé par la loupe, mais l'explofion d'une maffe d'air fubitement & iné- galement échauffé autour de l'aile où l'on applique le foyer, me paroît donner une raifon fuffifante de ces effets. * A aa ij 372 ECLAIRCISSEMENS เ 1 L'obſtacle perpétuel de cet air me conduiſoit naturellement à faire une de ces expériences dans le vuide: mais j'avoue, qu'après avoir un peu réfléchi fur ce qui pouvoit en réfulter, je n'ai pas cru devoir m'en donner la peine. Car, outre la difficulté de fe procurer un vuide tel qu'il devroit être & qu'on le conçoit communément, je fuis perfuadé qu'il y a dans notre Atmoſphère, parmi cet air groffier que nous ref pirons & qui ne pénètre point le verre, un autre air plus fubtil ou un fluide quelconque qui pénètre le verre. Je crois l'avoir fuffifamment prouvé dans la feconde ſection de mon Traité de l'Aurore Boréale. Or je ne pouvois exécuter celle dont il s'agit que dans un récipient, ou fur une boîte de verre en tout ou en partie, pour voir clair à l'opération; & comme y a tout lieu de croire que cet air fubtil qui pénètre le verre n'eft pas moins fufceptible de raréfaction que notre air le plus groffier, j'allois retrouver alors dans mon expérience tous les fujets de doute que j'en voulois écarter. De plus, & indé- pendamment de cet air fubtil, fur quelle ſubſtance pouvois-je diriger le foyer brûlant, dans ce vuide, fans qu'il n'en eût tiré, ou de l'air proprement dit, ou de la fumée, ou une vapeur, dont l'éruption, la réaction ou l'impulfion contre le mobile, ne pouvoient manquer de lui imprimer divers mouvemens? il Il faut ajoûter, que, fi ces expériences nous indiquoient véritablement quelque impulfion fenfible dans les rayons Solaires, ce ne feroit qu'en redoublant trois ou quatre cens fois leur force impulfive. Car, par exemple, le miroir ardent dont ſe ſervoit M. Homberg, au foyer duquel l'Amiante ſem- bloit être renversée par ces rayons, & qui eft celui de feu M. le Duc d'Orléans, confifte en une loupe de verre de près de trois pieds de diamètre. Les rayons réunis au foyer n'y occupent qu'un efpace d'environ un pouce circulaire, & par conféquent ils s'y trouvent 1000 ou 1200 fois plus denſes & plus forts que ſur la ſurface de la loupe où ils ont été reçûs: *On en peut voir des preuves dans | imprimé avec ceux de l'Académie ■n Mémoire de M. l'Abbé Nollet, année 1748, p. 57• 7 SUR L'AURORE BORÉALE. E'd. IX. 373 ainfi, déduction faite d'environ les deux tiers de cet excès, pour les rayons diffipés par la réflexion, l'on peut compter que leur force impulfive eft bien au moins trois ou quatre cens fois plus grande a ce foyer qu'à la ſurface de la foupe. Pourroit-on conclurre de-là que la trois ou quatre-centième partie d'impulfion dans ces rayons disjoints, & tels qu'ils font à la diſtance de la Terre au Soleil, fût fenfible, & affez ſenſible pour la production des effets qu'on lui attribue? Les expériences nous laiffant donc tout au moins incer- tains for impulfion tranflative & fenfible de la Lumière, dans l'hypothèſe même des émiffions, que penferons-nous de cette impulfion dans l'hypothèſe contraire, où la Lumière ne vient frapper notre organe, que par les frémiffemens com- muniqués au milieu élastique qui eſt entre le corps lumineux & nous? où les parties intégrantes & les molécules de ce milieu, réciproquement appuyées les unes fur les autres, n'é- prouvent de la part de ce corps, que des contractions & des dilatations alternatives? où enfin les matières plongées dans ce milieu, & qui participent à cette forte d'agitation, n'en fauroient recevoir d'autre de fa part que cette agitation même, ni acquerir par cette caufe un mouvement progreffif que matière qui les environne n'a pas ? que la &c. Art. IV. C'eft cependant de cette hypothèſe contraire que part M. Euler, pour adopter l'impulfion tranflative & fenfible des rayons Solaires, & pour expliquer par ce moyen tous les Phénomènes dont il a été queſtion ci-deffus. Ecoutons-done M. Euler, & voyons fur quoi il fonde fa théorie à ce fujet. Si les rayons de lumière, dit-il, partoient effectivement du * Recherches, Soleil, comme Newton le prétend, avec une viteſſe auffi grande que celle que les obfervations leur attribuent, il n'y auroit aucun lieu de douter qu'ils n'enlèvent avec une extrême force les corpufcules contre lefquels ils heurtent. Nous venons de voir cependant combien il y auroit encore à douter que les effets de cette force fuffent extrêmes ou ſenſibles. Mais, ajoûte-t-il, fi l'on établit. au liew du mouvement véritable des rayons, une propagation de flots de lumière à travers l'Ether, que je crois avoir démontrée dans ma Aaa iij 374 ECLAIRCISSEMENS & théorie de la Lumière & des Couleurs, de manière que cette propagation de lumière dans l'Ether fe faffe comme celle du fon dans l'air, il femble plus difficile d'expliquer comment de femblables flots peuvent enlever les particules qui voltigent dans l'Atmosphère. Cependant comme un fon véhément excite non feulement un mou- vement vibratoire dans les particules de l'air, mais qu'on obſerve encore un mouvement réel dans les petites pouffières très-légères qui voltigent dans l'air, on ne fauroit douter que le mouvement vibratoire caufé par la lumière, ne produiſe un ſemblable effet. Il eft, ce me femble, bien aifé, après tout ce qui a été obfervé ci-deſſus, de s'apercevoir que cette analogie du Son ne prouve pas mieux l'impulfion tranflative de la lumière, que l'expérience du miroir ardent que M. Euler cite immé diatement après, & dont nous avons fait voir l'infuffifance. Perfonne, que je fache, n'a jamais attribué les effets d'un fon véhément, l'ébranlement des vitres & des maiſons par l'éclat du tonnerre ou par l'explofion d'une pièce d'artillerie, & en- core moins l'agitation des petites pouffières qui voltigent dans l'air, au transport actuel de l'air qui entoure le corps fonore ou le lieu de l'exploſion. C'eſt viſiblement l'Amplitude des vibrations de l'air, & l'extrême compreffibilité de ce fluide, en comparaison de l'Ether, qui rendent fes fecouffes fenfibles; & s'il n'y a point à conclurre de ces fecouffes, que l'air am- biant du corps fonore foit porté de ce corps jufqu'aux lieux où elles fe communiquent & ſe font ſentir, pourquoi le con- clurroit-on de l'Ether ébranlé & mis en vibration par le corps lumineux? Une autre analogie, qui n'eft pas plus concluante, mais qui n'eft touchée ici qu'en paffant, eft celle des Flots de Lu- mière, en tant qu'ils feroient comparés fans reftriction aux flots ou aux ondes d'un liquide. Je fais que de célèbres Auteurs l'ont employée dans le fyftème des vibrations, & qu'elle y eft en quelque forte confacrée. Je n'imaginerai pas que M. Euler ait pu s'y méprendre; mais je crois devoir avertir ici comme j'ai fait ailleurs, en parlant du Son, que rien n'eſt plus ſuſceptible d'équivoque & d'erreur que cette SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl, IX. 375 comparaiſon. Le mouvement fucceffif des ondes eft quel- que chofe de très-différent du mouvement vibratoire de la Lumière & du Son. La Lumière & le Son, felon l'hypo- thèſe, partent de l'intérieur & comme du centre du milieu élaftique qu'occupe le corps lumineux ou fonore; les flots & les ondes n'ont lieu qu'à la furface d'un liquide ou d'un fluide qui eft féparé d'un autre très-différent, par cette ſurface. La Lumière & le Son ne réſultent point de la pefanteur des parties infenfibles du milieu qui en eft le véhicule; les ondes ne font dûes qu'à la pefanteur du liquide où elles réſident, & n'y font formées que par voie de chûte & d'aſcenſion confécutives, dans des portions ou des maffes fenfibles de ce liquide, tantôt plus, tantôt moins grandes. Là ce font des frémiffemens de refforts qui ont été frappés & comprimés, & ce font ici des balancemens indépendans de toute élaſticité, femblables à ceux d'un pendule tiré de fon équilibre, qui tombe par fon poids, & qui fe relève par le mouvement acquis dans fa chûte. Agitez le bout d'une corde ou d'une toile tendue, ſes ondulations fe communiqueront bien-tôt jufqu'à l'autre bout, & vous repréſenteront les véritables ondes d'un lac ou d'une mer, fans qu'il y ait rien d'ana- logue aux vibrations de l'Ether & de l'Air, excitées par le corps lumineux ou fonore, qu'un certain temps que les unes & les autres exigent pour parcourir un certain efpace. Encore ce temps eft-il toûjours le même dans la Lumière & dans le Son, & toûjours différent dans les ondes, felon leurs différentes grandeurs ou Amplitudes. Tout ce qu'il y a de ſemblable dans les unes & dans les autres, c'eft que leur propagation ne fuppofe aucun tranfport actuel de matière de la part du fluide ou du liquide qui en fait le ſujet; & c'eſt-là peut-être le ſeul côté par où l'analogie puiffe fubfifter. Mais enfin, M. Euler croit avoir démontré une propagation de flots de Lumière à travers l'Ether, & l'on ne peut enten- dre par cette propagation, qu'une tranflation effective des parties de l'Ether, d'où s'enfuivroit leur impulfion: car qu'importeroit fans cela toute autre eſpèce de mouvement 376 ECLAIRCISSEMEN S. via Lucis & Co- lorum, p. 169. à la queſtion préſente? Voyons-donc cette démonſtration, ou fachons du moins jufqu'où elle s'étend, & l'application qu'on en peut faire aux Phénomènes qu'elle a ici pour objet. C'eſt terminerai cet Eclairciffement, & tout ce que par là que j'avois à dire en réponſe à M: Euler. Il nous renvoie à fa Théorie de la Lumière & des Cou- *Nova Theo- leurs, imprimée avec fes Opufcules, en 1746*. J'ai vû cette théorie, & j'avoue que, foit que je l'entende, ou que je ne l'entende pas fur cet article, je n'y découvre bien dif- tinctement que des pulfations & des vibrations dans l'Ether, lefquelles y produiront autant d'interruptions inftantanées d'équilibre, ou de déplacemens de matière, alternativement & inceffamment rétablis entre l'exploſion & la contraction felon la loi du reffort, & que je ne faurois y démêler clai- rement cette impulfion tranflative, ni ce mouvement pro- greffif dont nous avons befoin. Cependant M. Euler croit avoir démontré l'une & l'autre, & une telle confiance de part mérite affurément beaucoup d'attention de la nôtre. Nous ne faurions du moins propoſer nos doutes fur çe fujet, fans les accompagner des raifons qui les auroient pû faire naître. Mais dans quels détails une pareille difcuffion ne nous jetteroit-elle pas, fur une matière fi délicate & fi difficile, de l'aveu même de M. Euler! Accordons-lui pluſtôt fans conféquence cette propagation tranflative quelconque, & cette impulfion vague & indéterminée qui s'en enfuit. Quel ufage en pourroit-il faire ? y fa Ĉar enfin, il faut la déterminer cette impulfion & le mouvement qui en réfulte, foit dans les parties du milieu élaſtique, foit dans les matières qui s'y trouvent engagées ; il faut affigner l'efpace parcouru, du moins entre certaines limites, & le temps employé à le parcourir; montrer que fun & l'autre font à peu près tels qu'ils doivent être pour la production des Phénomènes qu'on veut expliquer par là, & prouver, par exemple, que les parties d'une Atmoſphère de Comète fufceptibles d'impulfion de la part du milieu élaſtique de la Lumière ou de l'Ether, s'il exiſte de telles parties, peuvent être SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. IX. 377 2 être portées par cette impulfion à trois ou quatre millions de lienes en trois ou quatre jours de temps. Et c'eft ce que je puis affurer que M. Euler n'a point démontré. Il convient feulement que cela demande un temps confidérable. Car, dit-il, quoique les particules, dont le mouvenient vibratoire fait la Lu- mière, ne s'écartent pas fenfiblement des lieux qu'elles occupent cependant il y a quelque efpace très-petit dans lequel elles fe meuvent, & ce mouvement fuffit corpuf r ébranler un peu le cules les plus légers, contre lefquels elles heurtent; lequel ébranle- ment étant continuellement répété, il faut qu'à la fin ces corpufcules s'avancent d'un espace fenfible. Il est évident que cela demande un temps confidérable, &c. Eh! comment M. Euler auroit-if pû en dire davantage, ne pouvant fonder fes calculs que fur des grandeurs prifes à volonté, & jufqu'ici inaffignables, la denfité, l'élafticité de l'Ether, l'amplitude, la durée de fes vibrations, la confiftance, la gravité des matières qui doivent céder à fon impulfion, & cent autres élémens qui fe compliquent avec ceux-ci? S'il en détermine quelques- uns, ce n'eft qu'hypothétiquement, & en dépendance de ceux qu'on ne peut déterminer, ou qui n'influent point fur la queſtion. Par exemple, M. Euler fait très- ingénieufe- ment venir à ſon calcul le rapport connu de la viteſſe de la Lumière à celle du Son, en raifon d'environ 500000 à 1, que M. Huguens nous avoit donné d'après l'obſer- vation immédiate de M. Roemer fur l'inégalité du premier Satellite de Jupiter, & qu'il faifoit de plus de 600000 à 1, par la fuppofition d'une plus grande diſtance de la Terre au Soleil. Mais de quel fecours tout cela nous eft-il? Ce n'eft point là du tout la vîteffe dont il s'agit. Je m'ex- plique. Quelque hypothèſe qu'on embraffe fur la propaga- tion de la Lumière, il faut convenir, & il eft de fait, qu'elle n'emploie que 7 à 8 minutes de temps pour fe faire fentir du Soleil jufqu'à nous, c'eft-à-dire, à parcourir une trentaine de millions de lieues. Dans l'hypothèſe des émiſ- fions, c'eſt par voie de tranſport, par un mouvement réel Bbb * Recherchés, &c. Art, IV. 378 ECLAIRCISSEMENS & continu, que les corpufcules lumineux parcourent ces 30 millions de lieues en 7 à 8 minutes : & dès-lors il eft clair que fi ces corpufcules rencontrent fur leur chemin une matière affez ténue & affez légère, pour céder à leur choc, & pour en recevoir un mouvement bien fenfible, ils pour ront la porter en très-peu de temps à des efpaces immenfes. Dans l'hypothèſe des vibrations, telle qu'on la conçoit communément, c'eft fans aucun tranfport de parties, ni du milieu, ni des corps interpofés, que la Lumière fe fait fentir, & parcourt ces efpaces, amfi que le Son qui parvient juſqu'à nous, & parcourt environ 173 toiles par feconde fans que l'air qui eft entre le corps fonore & nous, ou qui lui eft contigu, foit obligé d'en franchir l'intervalle ; & dans ce cas on peut regarder comme infini le temps em- ployé à un tranſport de matière qui eft nul, & qui n'entre pour rien dans le mouvement fucceffif de la Lumière & du Son. Mais quel fera ce temps dans l'hypothèſe mixte de M. Euler, appliquée à nos Phénomènes ? Comment l'éva- luerons-nous, pour faire parcourir au milieu élastique, & à la matière de ces Phénomènes, que ce milien doit pouffer & entraîner, tout l'efpace requis, & dans le temps requis? En un mot, comment faurons-nous fi des millions d'années y pourroient fuffire? & voilà pourtant la bafe & le principe fondamental de toutes les Recherches Phyfiques de M. Euler fur les queſtions dont il s'agit. : Les Eclairciffemens qui fuivent, & où il n'eft plus parlé des objections ni du ſyſtème de M. Euler, n'avoient encore été imprimés nulle part; mais ils ont tous été lûs en divers temps à l'Académie des Sciences. ? SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. X. 379 XME ME ECLAIRCISSEMENT. Sur la prétendue perpétuité de l'Aurore Boréale dans les pays feptentrionaux, & dans ceux d'une * E moindre latitude. MALGRÉ tout ce que j'avois dit & rapporté fur ce fujet, the dans le dernier Chapitre de ma feconde Section, il ſe trouve encore bien des perfonnes, d'ailleurs éclairées, & dont je dois pas négliger le fuffrage, qui maintiennent le préjugé vulgaire, de la prétendue perpétuité de l'Aurore Boréale dans les pays feptentrionaux; & cela fur la foi de quelques voya- geurs que le-hafard y a conduits dans des temps où l'Aurore Boréale y étoit très-fréquente. On va même juſqu'à douter, fi dans nos climats, les chofes ne fe font pas toûjours paffées à cet égard, comme effes s'y paffent de nos jours & depuis trente ou quarante ans; rejetant fur le défaut d'Obfervateurs, ou fur la négligence des hiftoriens, le peu de mémoires que nous avons fur ce fujet. J'infifte donc fur ce double point hiftorique, fi l'Aurore Boréale eft perpétuelle dans les pays voiſins du Pote, & fi elle a toûjours paru dans nos climats, en Angleterre., en France, &c. à peu-près comme nous l'y voyons paroître depuis 1716. Deux Auteurs, dont le témoignage eft du plus grand poids, me fourniront tout ce que j'ai à ajoûter ici fur le pre- mier point. L'un eft M. Celfins Suédois, connu dans le monde favant par fes travaux Aftronomiques, par fon voyage en Laponie avec nos Académiciens, pour la détermina- tion de la figure de la Terre, &, ce qui eft ici plus im- portant, par les obfervations fur l'Aurore Boréale; l'autre, + cccx VI Obfervationes de Lunine Boreali, ab anno MDCCVI, ad annum M C C X X X Ì 1, partim à fe, partim ab aliis, in Suecia habitas, collegit Andreas Celfius, in Acad. Upfal. Åftron. Prof. Reg. & Soc. Reg. Scien. Suec. Secr. No- rimbergæ, 1733. } Bbb ij 380 ECLAIRCISSEMENS M. Anderſon, natif & habitant de Hambourg, qui nous a donné l'Hiftoire Naturelle de l'Iflande, du Groenland, &c. traduite depuis peu en François, & qui doit être regardé comme un des hommes du monde les mieux inftruits de cette Hiftoire. M. Celfius, dans le préambule qu'il a mis à la tête de ſes Obſervations, convient, qu'à en juger par la manière dont quelques Hiftoriens du Nord ſe font exprimés fur la Lumière Boréale, on feroit tenté de croire que cette Lumière y eſt conftante & perpétuelle: mais il eft bien éloigné d'adhérer à ce fentiment. Il compare les temps, ce qu'il voit actuelle ment de ce Phénomène à Upfal, avec ce qu'il en voyoit, ou pluftôt avec ce qu'il n'en voyoit pas autrefois, il con- fronte le témoignage des Hiftoriens dont nous venons de parler avec celui de plufieurs autres, & il en conclud, que quoiqu'il y ait eu des fiècles où les Lumières Boréales étoient auffi communes & auffi grandes en Suède & ailleurs qu'au- jourd'hui, il paroît certain, que leurs apparitions ne font que périodiques (a). Et remarquez que qui dit la Suède en gé- néral, embraffe des régions qui s'étendent juſqu'au Cercle Polaire & au delà. Le favant Aftronome ne s'en tient pas cependant à fa feule expérience, & à ces inductions, il con- fulte des hommes âgés, & dignes de foi, qui vivoient à Upfal, & qui lui affirment fans héfiter, qu'il ne fe paffoit rien de pareil autrefois en Suède, à compter de 1716 en fus, ou environ, & que ces Lumières y étoient abfolument nouvelles & infolites (b). Où il faut obferver, que d'Upfal même, & à plus forte raifon des parties plus feptentrionales de la Suède, on auroit pû voir les Aurores Boréales les plus reculées vers le Pole, s'il y en avoit eu d'un peu confidérables dans les temps (a) Hinc tamen non fequitur, Lumina Borealia majora in Suecia & alibi prifcis temporibus nunquam fuiffe confpecta; fed potius ftatuen- dum effe videtur, eorumdem appari- tiones effe periodicas. (b) Infolitas omninò has in Suecia luces, imprimis majores, talefque fibi nunquam antea vifas fuiffe, af firmare non dubitant viri omni fide digni, Upfaliæ degentes, & jam fep- tuaginta annis graves. SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. X. 381 * Sect. 11, antérieurs dont il s'agit. Car Upfal eft, à quelques minutes près, fur le 6ome degré de latitude, la Suède & fes Etats atteignent, jufqu'au Cercle Polaire, c'est-à-dire, au delà du 6.6me degré, & nous avons remarqué en fon lien*, que, le rayon vifuel tangent, mené du 59me à l'axe prolongé de la Ch. VI. Terre, iroit couper cet axe au deffous de la région ordinaire du Phénomène, dont la matière n'occupe certainement pas un point ſeul, mais s'étend bien loin à la ronde. Les habitans d'Upfal n'auroient donc pû manquer d'apercevoir les moindres de ces Aurores Boréales à plufieurs degrés de hauteur fur leur horizon. Ce qui ajoûte une nouvelle force au témoignage de ces anciens habitans confultés par M. Celfius. * Ubi Sup. Une autre circonftance à ſe rappeler ici, c'eſt celle des Phénomènes lumineux particuliers aux terres Arctiques & circonpolaires; ces Phénomènes caufés, comme nous l'avons expliqué, par le reflet des Glaces & des Neiges qui cou- vrent ces Terres, & qui en bordent les mers; cette Lumière P.79,80,82. Septentrionale dont nous avons parlé*, & qui n'eſt pourtant pas l'Aurore Boréale, puifqu'elle ne paroît que dans les nuits d'Eté. Sources fécondes d'équivoque & d'erreur fur la pré- tendue perpétuité de l'Aurore Boréale. * Ibid. M. Celfus termine cette recherche par l'analogie qu'il remarque entre ce qui s'eft paffé à cet égard en Suède, & ce qu'on obferve dans les pays d'une moindre latitude, tels que la France & l'Angleterre, où il n'imagine pas que le périodiſme du Phénomène ſoit équivoque. Car « il n'eſt pas poffible, dit-il*, de croire que les habiles Obfervateurs du « Quod co dernier fiècle, qui paffoient leur vie dans les Obſervatoires érigés pour eux, à Paris fur-tout, & à Greenwich, n'euffent eu grand foin de nous tranfmettre leurs obfervations fur cet << admirable Phénomène, s'il avoit paru de leur temps Du refte, M. Celfius nous fournit encore ailleurs de quoi apprécier les exagérations des Hiftoriens du Nord, & de nos voyageurs, fur la prétendue fréquence journalière de l'Aurore Boréale auprès du Pole, qu'on pourroit croie avoir lieu du moins dans les temps de Reprife. C'eft dans fes B b b iij « gitare nefas foret, &c. << 1 382 ECLAIRCISSEMENS + 1 * Hift. Nat. 'd'Iflande, t. I, p. 229. obfervations à Torno en Bothnie, tout proche du Cercle Polaire, pendant le féjour qu'il y fit avec nos Académiciens, qui furent imprimées dans les Acta Litterarin & Scientiarum de Suède, année 1737. Ces obfervations commencent 'au Ter Octobre 173,6, & finiſlent au 2-2me Avril 1737: Elles ne donnent que 46 apparition's de l'Aurore Boréale fur cet intervalle de près de mois. La repriſe ſe ſoûtenoit pourtant encore avec beaucoup de force; on en peut juger par les liftes des apparitions du Phénomène dans le refte de l'Europe, qui feront rapportées dans le dernier de ces Eclairciſlemens. Et il n'y a pas de doute, que M. Celfus fe trouvant dans un pays fi propre à obferver ce Phénomène, n'y fût très-attentif après avoir écrit fur la matière, &, comme je m'en flatte, après les entretiens que nous avions eus à Paris, lui & moi, fur ce fujet en 1734. Ne voilà pourtant que 46 apparitions de l'Au- rore Boréale, y compris quelques Bandes fumineufes qui en dépendent, fur plus de 200 nuits, dans les faifons de l'année qui y font les plus favorables. Elle étoit preſque auffi fré- quente à Paris, & autres lieux de ſemblable latitude en 1730, 31 & 32: un habitant de Cadiz, ou de Meffine, qui en auroit été témoin en paffant, auroit pû dire, de retour chez lui, comme les voyageurs dont nous venons de parler, l'Au- rore Boréale eft perpétuelle en France, elle y paroît toutes les nuits. On le difoit à Paris même. } Paffons à M. Anderfon. Ce que M. Celfius nous a dit de la Suède, & ce qu'il nous a rapporté des vieillards d'Upfaf, nous allons le re- trouver en Iflande, & chez les Iflandois. Auffi cette Ifle s'étend-elle du Nord au Sud; par les mêmes degrés de lati- tude que les extrémités Septentrionales de la Suède & de la Laponie Suédoife. Sa plage Nord touche prefque au Cercle Polaire, & porte même au delà par quelques-uns de fes Caps. Il m'a toujours paru fort extraordinaire, dit M. Anderfon*, que les plus anciens Iflandois, à ce qu'on m'a affuré, s'étonnent eux-mêmes des apparitions fréquentes des Aurores Boréales difant qu'autrefois on les voyoit dans leur Ifle beaucoup plus SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. X. 383 ¿ rarement qu'aujourd'hui. Ce qui renferme visiblement, & que l'Aurore Boréale a eu les interruptions en Iflande, & que du temps même de M. Anderfon elle n'y paroifloit pas ré- gulièrement toutes les nuits; car des apparitions fréquentes ne fignifient point des apparitions régulières de toutes les nuits. Et remarquez encore combien tout ceci eft conforme à ce que nous avions dit de l'lflande en traitant le même ſujet*, * Ubi Sup. d'après le favant Hiftoriographe de Danemarc, Thormodus P. 87, 88. Torfæns, Iflandois lui-même, qui écrivoit en 1706, déjà fort avancé en âge, & qui avoit été témoin dans fon enfance de la terreur que l'apparition d'un de ces Phénomènes avoit caufée à tous les habitans de l'lfle. Mais pourquoi M. Anderſon trouve-t-il fi extraordinaire que les plus anciens Iflandois s'étonnent eux-mêmes des appa-. ritions fréquentes, &c? C'eft fans doute qu'il avoit été imbu du commun préjugé, que les Aurores Boréales étoient régu- lièrement perpétuelles dans les pays feptentrionaux, tels que I'lflande, & qu'il fe l'étoit perfuadé fur les expreffions vagues & inexactes de quelques voyageurs ou de quelques Hiftoriens qui appliquoient à tous les fiècles ce qui ne convenoit qu'à certains temps de Reprife. Il s'en defabula donc fur le rapport des anciens Iflandois, & il fit enfuite le raiſonnement que nous venons de lire dans M. Celfius. Je fuis, continue-t-il, d'autant plus porté à les croire (ces anciens Iflandois) qu'il eft certain dans d'autres pays que de l'Europe ce Phénomène n'étoit pas à beaucoup près fi commun autrefois, qu'il l'a été dans ces derniers temps. Il y avoit déjà vers la fin du fiècle paffé des Académies des Sciences établies en France & en Angleterre, & jamais on n'a fait de plus grandes recherches fur les accidens du Ciel; cependant nous ne trouvons pas que les Savans de ce temps aient parlé de ces fortes de Phénomènes. Il n'en faudroit pas davantage, pour diffiper le doute qui fait le ſecond point de la queſtion, fur les ceffations, ou la perpétuité de l'Aurore Boréale dans nos climats: car fi les apparitions de l'Aurore Boréale, qui eft viſiblement un Phé- nomène Polaire, n'ont été ni réglées, ni perpétuelles auprès 384 ECLAIRCISSEMENS 1 C * Philof. Tranf. 'N.. 347. *Mém. p. 91. du Pole, en Suède, en Iflande, à plus forte raifon ne lau- ront-elles pas été dans les pays plus éloignés du Pole. Mais dérogeons à une induction fi preffante, examinons le fait en lui-même détaché du principe, & qu'il me foit permis pour cela d'ajoûter ici mon Commentaire à ces textes des Auteurs dont je viens de rapporter le témoignage. L'Académie des Sciences de Paris fut établie en 1666 la Société Royale de Londres l'avoit été une année aupara- vant. De cette époque à l'année 1716, il s'eft écoulé plus de cinquante ans, pendant lefquels ces deux favantes Com- pagnies ont rempli le monde de leurs Ouvrages, & fur tout de leurs obſervations dans le Ciel. Pas un mot cependant de l'Aurore Boréale, dans tout cet intervalle de temps, fi ce n'eft indirectement, & en la défignant par le Phénomène de M. Gaffendi; car on fait qu'en 1621 il parut une Aurore Boréale des plus remarquables, dont ce Philofophe nous a laiffé la defcription. Cette preuve négative, qui eft cependant tout ce qu'on pourroit exiger ici, fe change en pofitive, &, à mon avis, fans replique, par la manière dont les Obfervateurs, & les Hiftoriens de ces Académies nous annoncent le Phénomène, lorfqu'il vient à reparoître. Relation du Phénomène furprenant qui a páru en l'air fous une forme lumineufe, le 17 Mars 1716, par M. Halley*. Nous avons obſervé un Phénomène rare & lumineux, difoit feu M. Maraldi en 1716*. Et M. de Fontenelle, dans l'hiſtoire de la même année, on a vû cette année, tant en France qu'en Angleterre, une lumière fort cxtraordinaire vers la partie feptentrionale de l'horizon. Il y a déjà du temps que l'on a quelque connoiffance imparfaite d'une certaine lumière particulière aux pays feptentrionaux, tels que la Norvège & l'Iflande, & que M. Gaffendi a nommée Aurore Boréale. Après quoi, & dès 1717, 1718, il n'eft plus queftion que de cette lumière qui va toûjours en augmentant, jufqu'en 1726, où il en parut une des plus grandes de la Reprife qui dure encore, quoique très-affoiblie. Ce n'eft pas ſeulement dans le titre que nous venons de voir SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. X. 385 α CC CE c ce 6. . * Traduit de l'Anglois par M. Demours. << * Il avoit alors près de re 60 aus. voir de la relation de M. Halley, fur l'Aurore Boréale de 1716, qu'il nous fait entendre combien ce Phénomène avoit été rare jufqu'alors pour l'Angleterre, & combien la ceffation en étoit marquée depuis long-temps. « J'ai tâché jufqu'ici*, dit-il, en finiflant cette relation, j'ai tâché de décrire ce que j'ai vû, & je ſuis véritablement fâché de ne « pouvoir rien dire de plus fur le commencement de ce Phé- nomène, qui étoit ce qu'il offrit de plus furprenant, & qui, quoiqu'effrayant aux yeux du vulgaire, auroit été pour moi un fpectacle des plus agréables; puifque j'aurois pû voir de mes propres yeux toutes ces eſpèces de météores dont j'ai entendu parler, & dont j'avois lû les deſcriptions. Celui « dont il s'agit eſt le premier que j'aie vû, & je commençois à deſeſpérer d'en voir jamais; car il eſt certain, que depuis que je fuis au monde*, il n'en a paru aucun dans cette partie de l'Angleterre que j'habite, qui fût tant ſoit peu confidéra- ble. Il y a plus, je n'en trouve point dans nos annales d'An- gleterre qui foit comparable à ce dernier, depuis celui qui parut en 1574, c'eſt-à-dire, il y a plus de cent quarante ans, « & fous le règne de la Reine Elifabeth. Dans ce temps-là, felon nos Hiſtoriens, Cambden & Stow, qui ont été témoins « du fait, & qui font dignes de foi, on vit», &c. Et paffant enfin du xvime fiècle au XVIIme, il s'arrête au Phénomène du 12 Septembre 1621, vû & décrit par Gaffendi, & il ajoûte: Depuis ce temps-là nous ne trouvons, dans un efpace de plus de quatre-vingts ans, aucune relation de femblable Phé- « nomène vû, ni chez nous, ni dans les pays voifins, quoique depuis la moitié de ce temps nos Tranfactions Philoſophiques aient tenu un regiſtre exact de toutes les choſes extraordinaires ». Soupçonnera-t-on après cela, que ce fût à ſa négligence que M. Halley devoit s'en prendre, s'il n'avoit jamais vû le Phénomène de l'Aurore Boréale depuis qu'il étoit au monde, lui- qui n'avoit jamais ceffé d'obſerver le Ciel avec cette ardeur affidue qui faifoit une partie effentielle de fon caractère? << Mais revenons aux paroles de M. de Fontenelle. Quand cet illuftre Hiftorien de l'Académie ajoûte, qu'il y avoit déjà Ccc CC CC CC cc «Ε 386 ECLAIRCISSEMENS du temps que nous avions quelque connoiffance de cette lumière particulière aux pays feptentrionaux, il veut parler fans doute de ce qu'il en avoit rapporté dans l'hiftoire de 1707, d'après M. Leibnitz, l'Aurore Boréale ayant paru cette même année à Berlin, pour la première fois de la Repriſe, neuf ans plus tôt qu'à Paris; car, felon notre théorie, &* comme il a été obſervé en fon lieu, les Reprifes de ce Phé- nomène doivent ſe manifeſter toûjours plus tôt dans les pays feptentrionatix, que dans ceux d'une moindre latitude. Ét voici encore comment M. de Fontenelle explique fur cette apparition. M. Leibnitz a écrit de Berlin à M. l'Abbé Bignon, que le 6 Mars, entre fept & dix heures du foir, on avoit vû dans cette Ville, & dans les pays voisins, une Lumière Boréale, qui avoit quelque rapport à celle dont parle M. Gaffendi dans la vie de M. Peirefc. C'étoient deux arcs lumineux, &c. M. Leibnitz lui-même ne s'en explique guère autrement dans la note qu'il en donna, pour être inférée dans les Mifcellanea * G. G. L. de Berlin*. Il y rappelle quelques obfervations de ce Phé- Annotatio de пomène, faites dans le 1xme & dans le x me fiècles, & il cite Luce quam qui- dam Borealem à cette occafion un endroit du Chronographe Saxon, dont vocant. Mifc. il avoit donné l'Ouvrage au public, par où l'on voit que l'Aurore Boréale n'étoit pas moins rare & moins inconnue ou, comme s'exprime fon Auteur, moins inouie & moins miraculeuſe, vers la fin du x me fiècle, qu'elle l'étoit pour nous au commencement du fiècle où nous vivons. C'eft auffi vers la fin de ce xme fiècle que nous avons fait commencer l'une des Repriſes de ce Phénomène*, en tant que précédée d'une longue interruption. Il en vient enfin à l'Aurore Boréale du 12 Septembre 1621, obfervée par Gaffendi, cum fimile quiddam fpectarit Petrus Gaffendus defcripferitque, & il finit par la defcription qu'en fit ce Philofophe, & qu'il rapporte en propres termes, n'ayant rien trouvé fans doute de femblable Berolin. t. I, P. 137. * Traité, 7.182. + In nocte natali S. Stephani pro- tomartyris inauditum feculis vidimus miraculum, tantam videlicet lucem circa primum gallicinium ab Aqui- lone effulfiffe, ut plurimi dicerent diem oriri, &c. ad an. Dom. 993+ SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. X. 387 dans tout le long intervalle qui s'en enſuivit, juſqu'au temps où il écrivoit. M. God. Kirch avoit obfervé la même Aurore Boréale de 1707, à Berlin, & il la traite auffi d'infuetum quoddam Pha- nomenon * Imaginera-t-on encore que ces hommes célèbres, fi éclairés fur la Phyfique célefte, que tant d'Aftronomes, affidus Ob- fervateurs du Pole Boréal & des fixes qui l'environnent, n'aperçurent jamais l'Aurore Boréale, tandis qu'elle s'y mon- troit comme aujourd'hui ? ou que l'ayant aperçue, ils ne dai- gnèrent pas nous dire un mot de ce Phénomène dont ils ne nous parlent enfuite qu'avec admiration? Feu M. Caffini fut démêler dans le Ciel la Lumière Zodiacale, fouvent moins viſible que la voie Lactée, & il ne fut pas y voir le Phéno- mène éclatant de l'Aurore Boréale? voilà, je l'avoue, ce qu'il feroit difficile de ſe perſuader. Mais finiffons une difcuffion qui fera vrai-ſemblablement fuperflue pour bien des Lecteurs. Mifcell. Berolin. t. I. p. 136. J'ai rapporté dans le Chapitre déjà cité de ma feconde Section *, un long paffage de ce fameux Aftronome, dont il * Page 87 réſulte évidemment, Lum. Zad. 1.° Qu'il n'avoit jamais vû l'Aurore Boréale en France, & encore moins fans doute en Italie, où les repriſes du Phé- nomène ſe montrent beaucoup plus tard. Il n'en dit pas un feul mot dans cet endroit de fon Traité de la Lumière Zodia- cale, où il étoit fi naturel qu'il en parlât. C'eft toûjours d'après le Phénomène de M. Gaſſendi, qu'il relève les incongruités de la deſcription que la Peirere nous en a donnée, dans fa relation du Groenland, & il ajoûte * à toutes ces remarques des exemples encore plus anciens de l'apparition de ce Phé- Art. 38. nomène, qu'il diſtingue de la Lumière Zodiacale, & de la Lumière Septentrionale de l'Eté du Groenland. N'auroit-il pas mieux jugé de la reffemblance ou de la diffemblance de ces lumières par ſes propres yeux, que fur le rapport d'autrui, que fur le témoignage de gens qui ne vivoient plus, ou fur quel- ques mots échappés des Anciens, de Calvifius, de Pline, &c? Ccc ij 388 ECLAIRCISSEMENS et wort 2. Il réfulte encore du påffage de M. Caffini, que e Phénomène, qui parut fi extraordinaire aux Académies de Paris & de Londres en 1716, étoit déjà un météore rare, car c'eft ainfi qu'il le nomme, oublié depuis long temps, & comme inconnu en 1685 & 86, où fe & 86, où le rapportent ſes obſer- vations; & que par conféquent on ne fauroit attribuer à au- cune eſpèce de négligence, que ces Académies, qui n'étoient alors établies que depuis vingt ans, n'en aient pas fait mention avant 1716. Et c'est une chofe digne de remarque, difoit auffi Mém. 1721. feu M. Maraldi, que ce Phénomène autrefois fi rare dans ce climat, foit depuis quelque temps fi ordinaire, de forte dans l'espace d'une année il paroît plus fouvent qu'il n'avoit paru par le paffé dans l'efpace de quelques fiècles. Il n'y a pas lieu de croire, ajoûte-t-il, que c'eft faute d'y avoir fait attention, s'il n'a point été aperçu; car M. Gaffendi qui a obfervé le Ciel avec beaucoup d'application, vers le commencement du fiècle paffé, dit n'avoir pû remarquer cette Aurore que cinq fois feulement, deux fois fort claire, & les autres foible, & * } P. 3. que • aperçue par elle n'auroit pas manqué des Aftronomies du paffé, fi elle avoit paru tant de fois, & auffi éclatante que nous l'avons remarquée plufieurs fois. 3.º Je conclus enfin, que M. Caffini étant né en 1625, & ayant plus de foixante ans lorfqu'il écrivoit tout ceci, l'Aurore Boréale devoit avoir été jufqu'à notre dernière Reprife, plus de quatre-vingts ans fans paroître en France, non plus, qu'en Angleterre, comme nous l'avons vu d'après M. Halley, ou du moins fans y paroître de manière à fe faire remarquer par les plus habiles Obfervateurs : car je ne voudrois pas affurer que pendant cette longue inter- ruption, il n'y ait eu peut-être quelques Aurores Boréales foibles & indéciſes auxquelles on n'aura pas fait attention, ou qu'on aura confondues avec certains Crépufcules extraor- dinaires; par la même raifon qu'on a pris enfuite certains Crépuscules pour des Aurores Boréales. Tout objet équivo- que eft ordinairement qualifié de la nature & du nom de celui qu'on a le plus préfent à l'efprit. Mais enfin, comment ? SUR L'AURORE BOREALE. Ed. X. 389 l'Aurore Boréale étoit-elle fortie ainfi de la mémoire des hommes, fi ce n'eft qu'elle avoit été vie d'homme, & plus long temps encore fans paroître XIM* ECLAIR CISSEMENT Sur les Bandes lumineufes, Zones ou Ares céleftes extraordinaires qui paroiffent quelquefois à une dif tance confidérable de l'Aurore Boréale, & particu lièrement fur trois de ces Arcs qui ont paru cette année, 1750. Liaifon intime de ces Phénomènes avec l'Aurore Boréale; inductions qu'on en peut tirer. J'AI rapporté plufieurs exemples de ces Bandes lumineufes 1734. ou Ares céleftes dans mon Traité, & dans les obfervations de l'Aurore Boréale & de la Lumière Zodiacale que je donnai peu de temps après à l'Académie *; mais j'avoue que * Ann. 17313 je n'avois encore rien vû de pareil aux trois Arcs, & fur- 1732,1733, tout au ſecond de ceux que j'ai obſervés cette année. Leur pofition & leur étendue dans le Ciel, la comparaiſon qu'on en peut faire entre eux, & avec quelques Phénomènes de même nature, leur formation, leurs diftances, & les in- ductions qu'on en peut tirer, méritent, ce me femble, une attention particulière, & vont faire le fujet de cet Eclaircif fement. Ces trois Arcs parurent le 27 Février, le 24 & le 26. Août. Comme ils fe montrèrent les mêmes jours, & en même temps que l'Aurore Boréale, je ne puis me diſpenſer de mêler à leur defcription celle des Aurores Boréales qui les accom- pagnoient, par la liaiſon que les deux Phénomènes eurent viſiblement entre eux. Le 3, le 26 & le 27 Février furent marqués par des Aurores Boréales très-brillantes. La première fut vûe en Italie, comme une des plus grandes Ccc iij 3 399 ECLAIRCISSEMENS } & des plus magnifiques qu'on y eût jamais obfervées. Celle du 27, telle que je l'obfervai à Paris, & dont je n'avois point vû le commencement, étoit toute formée à heures. Le fommet du Segment obfcur y étoit élevé d'en- viron 9 degrés fur l'Horizon, & le Limbe lumineux qui le bordoit, d'environ 12 degrés, déclinant l'un & l'autre de 5 à 6 degrés vers l'Oueft. Elle étoit du nombre de celles que j'appelle tranquilles, c'eſt-à-dire, où l'on ne voit ni ondu- lations, ni vibrations, ni jets de lumière, & elle fe maintint fous cette forme & fans aucune variation ſenſible, juſqu'à 11 heures; ce qui eft digne de remarque. Je ceffai alors de fobferver, I I heures mais j'appris qu'elle fubfiftoit encore long- temps après minuit. L'Arc ou la Bande lumineufe parut donc avec cette Au- rore Boréale, quelques minutes avant 10 heures. C'étoit comme un grand Arc-en-ciel, mais un peu plus étroit que l'Arc-en-ciel ordinaire, très-uniforme dans toute la longueur, blancheâtre, teint teint par les bords d'un foible couleur de roſe & d'un verd céladon pâle. Le lieu où j'étois ne me permit pas d'en voir les branches qui s'étendoient à ma droite vers Eft, & à ma gauche vers l'Oueft. Sa poſition étoit à peu- près parallèle au Segment & au Limbe lumineux de l'Au- rore Boréale que je voyois en même temps au deffous; car il déclinoit du Zénit vers le côté du Ciel, où je regardois en ce moment, c'est-à-dire, vers le Nord. Je fongeai alors à déterminer plus exactement cette déclinaifon; ce qui me fut facile, parce que le fommet ou la partie fupérieure de cet Arc rafoit l'Etoile de la jambe gauche antérieure de la grande Ourfe, tandis que fon bord inférieur paffoit en- viron deux degrés au deffus de l'Etoile plus méridionale que la précédente d'environ 4 degrés. Tout cela obfervé, & rapporté fur le Globe & fur les Cartes céleftes, avec les corrections que je je pus y faire par les Tables de Flamsteed, je trouvai que la déclinaifon apparente de l'Arc, par rapport au Zénit, étoit d'environ 18 degrés Nord. Son fommet & toutes les autres parties ne me parurent point changer de 1 Y SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XI. 39r 3 * place, pendant près d'un quart d'heure qui fut tout le temps de fa durée ou que je le vis; car il fe diffipa bien-tôt après our s'éteignit, & ceffa d'être vifible. を ​L'Aurore Boréale du 24 Août, tranquille, ainfi que celle du 27 Février, ne fut ni moins décidée, ni moins brillante. Je l'avois obſervée depuis 9 heures, d'une maiſon où je me trouvois dans Paris, lorfque vers les ro heures quelques minutes, je fus averti qu'il paroiffoit dans le Cief un Phé- nomène admirable. C'étoit un de ces Arcs, & en effet je n'ai jamais rien vû dans ce genre de fi régulier, de fi vive- ment coloré, ni de fi bien terminé. L'Arc-en-ciel ordinaire ne left qu'imparfaitement en comparaifon de celui-ci. Il y avoit tout proche de l'endroit où j'allai d'abord l'obſerver, un mur qui regardoit le midi. Je me mis au pied de ce mur; & le rafant de l'oeil vers le fommet de l'Arc, je remarquai les Etoiles qui en étoient les plus voifines; d'où je conclús que ce fommet s'écartoit de deux ou trois degrés du Zénit vers le Sud. La largeur de l'Arc me parut encore, comme le 27 Février, d'environ deux degrés, & par-tout exacte- ment la même. Semblable à un ruban liféré de jaunė vers le Nord, & d'un beau couleur de feu vers le Sud, if s'éten- doit ainſi uniformément à droite & à gauche, & ces deux couleurs en fe dégradant infenfiblement vers fon milieu, & felon fa longueur, s'y perdoient dans une lumière blancheâtre. Je me tranſportai un moment après dans le jardin de la mai- fon, & me tournant vers le midi, j'y parcourus de l'Occident à l'Orient, ce grand cintre coloré qui ne paroiffoit pas dif- férer du demi-cercle. Il paffoit au deffous du triangle de Caf- fiopée, montoit de-là & par fon fommet, au deffus des Etoiles de la .Lyre, du Cygne & de la tête de Céphée, & venoit tomber vers l'Eft à travers les Etoiles de la jambe gauche d'Hercule. C'eſt tout ce que je pus obferver en moins d'un demi-quart d'heure que dura ce fpectacle; car il diſparut peu à peu à mes yeux, comme celui du 27 Février. L'Aurore Boréale fubfifta toûjours, & ſe ſoûtenoit encore à 11 heures. Le lendemain 25me Août, il y eut depuis 9 heures du 392 ECLAIRCISSEMENS ** foir une clarté fort vive vers le Nord, Je ſuis bien trompé, fi ce n'étoient des reftes de l'Aurore Boréale du jour pré- cédent, ou partie des matériaux qui s'affembloient pour celle du 26. Pendant celle-ci, qui fut de la même eſpèce, mais moins brillante que celle du 24, parut encore l'Arc lumi- neux près du Zénit vers les 9 heures, & à peu-près dans le même endroit du Ciel que le 24. Il étoit plus méridional d'un ou deux degrés, moins brillant par fes couleurs, & en général fort blancheâtre, plus large & moins tranché. Il ne ſe montra que pendant 5 à 6 minutes. La matière de tous ces Arcs m'a paru, comme je l'ai déjà dit, être abſolument la même que celle de l'Aurore Boréale; & je doute qu'on puiffe ſe refufer à cette fuppofition, par toutes les circonstances qui les caractériſent, ou qui les ac- 'compagnent. J'appris d'abord de différens endroits autour de Paris, & à 20 ou 30 lieues de cette Capitale, que l'Arc du 24me Août y avoit été vû dans le Ciel à la même heure, & à реш près à la même place où je l'avois obfervé; ce qui lui donne une hauteur très-conſidérable au deffus de la Terre, & qui le met bien loin hors de la claffe des météores ordinaires. Mais peu de temps après avoir lû ces obſervations à l'Académie des Sciences, j'eus quelque choſe de plus exact, pour con- jecturer la hauteur de ces Arcs d'après celui du 27 Février. M. Gabry avoit obſervé celui-ci à la Haie, & il en avoit envoyé l'obſervation à M. le Monnier qui me la communi- qua. Elle eſt courte, mais très-bien circonftanciée, & je n'ai rien de mieux à faire que de la rapporter ici en entier. În + Aurora Borealis, obfervata à Petro Gabry, J.U. D. Phyſ. Aſtron. Math. Anno 1750 die 27 Fe- bruarii Nov. S. Haga Com. Ob- fervavi tempore vefpertino perrarum meteoron , quæ mihi Aurora Bo- realis vifa referens magnam lucem, eamque formam Iridis, principium fumens ab Horizonte circa Orien- tem, finienfque ad Horizontem circa y verra Occafum. Culmen erat verfus meri- diem Zenith, & ferè 80 grad. fupra Horizontem; latitudo autem prope verticem ferè 2 grad. ad utramque ex- tremitatem pergens quafi cufpidatim. Medius arcus magnam candidamque lucem emittebat, quæ tamen ad Lim- bos & magis debilis & fubcoerulea apparebat. Meteoron hoc decimâ vef- pertinâ maximè vividum confpicere at verò SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XI. 393 y verra que M. Gabry ne diftingue point ce Phénomène de l'Aurore Boréale, qu'il l'aperçut à dix heures du foir, fous la forme d'un grand Iris, dont les branches s'étendoient de part & d'autre juſqu'à l'Horizon, au Levant & au Couchant, & dont le fommet n'étoit éloigné du Zénit de la Haie que d'en- viron 10 degrés vers le Midi, la largeur de l'Arc en cette partie lui ayant paru, comme elle étoit à Paris, de 2 degrés; qu'il le vit difparoître en un quart d'heure, &c. I eft clair par là que tout le Phénomène étoit placé entre les deux Obfervateurs, puifque M. Gabry le voyoit vers le Midi, tandis que je le voyois vers le Nord, & par confé- quent que, pour rapporter les deux rayons viſuels au même bord du Limbe, par exemple, à celui où M. Gabry place ſon ſommet, & qui étoit pour lui le ſupérieur, & pour moi l'inférieur, il faut ajoûter deux degrés, favoir, la largeur de la Zone, à la déclinaiſon du Zénit ci-deffus obfervée à Paris, ce qui fait 20 degrés. Ör, cela pofé, & la différence de latitude entre les deux villes, de 3 degrés 14 minutes; on trouvera, felon notre mé- thode des Parallaxes, que la hauteur du Phénomène au deffus de la furface de la Terre, devoit être d'environ 168 lieues * de 25 au degré, hauteur qu'on n'a vû juſqu'ici convenir. qu'à la matière de l'Aurore Boréale. Et s'il y a quelque cas où l'on puiffe fe flatter d'obtenir une affez grande préciſion fur ce fujet, ce fera certainement celui des obfervations cor- reſpondantes faites fur quelqu'un de ces Arcs, dont la durée eft fi courte, la largeur fi petite, & les bords fi bien terminés. On trouve rarement tous ces avantages au même degré, & en même temps, dans les parties de l'Aurore Boréale pro- prement dite. La Zone obfervée par M. Cramer, le 15 Février 1730*, *Lett. du 17 fut preſque auffi élevée. Il avoit d'abord préſumé fa hauteur, ſuiv. ſup.p. 64. { at verò poft horæ quadrantem difcuf- extra arcum, tranfpicere. Inféré de- fum erat. Quum autem fidera noctem | puis dans les Tranf. Phil. volume | figure. belle illuftrabant, diftinctè dabatur XLVII, où l'on en trouvera la hæc, quamquam debilius, quàm quæ Ddd 394 ECLAIRCISSEMENS Let, du 20 Mars fuivant. 1000 d'après l'amplitude de l'Arc & quelques autres élémens, d'en- viron la 9 me partie du demi-diamètre terreftre. If la calcula enfuite fur une obfervation correfpondante qui en avoit été faite à Montpellier, de 13 du même demi-diamètre, ce qui revient à peu-près à la même quantité, & donne plus · de 160 lieues de hauteur *. Mais après avoir relû les Lettres de M. Cramer, je vois que cette Zone, quoique ſemblable en général & en plufieurs points à nos Arcs de 1750, en différoit par bien des circonftances. Elle leur reflembloit par fon analogie & fa fimultanéité avec l'Aurore Boréale, par fa lumière & fa couleur rouges, par fa continuité depuis fon fommet jufqu'à l'extrémité de ſes branches appuyées de part & d'autre fur l'Horizon d'Orient en Occident, par le parallé- lifme de fes bords entre eux & avec l'Arc de l'Aurore Boréale actuelle, & par le grand intervalle qui l'en féparoit; mais elle en différoit par fa largeur, par fa pofition beaucoup plus méridionale, par la durée qui fut très-longue, & fa par fon mouvement vrai ou apparent vers le Sud. Ecoutons M. Cramer lui-même *: ce qui attiroit le plus les regards, dit-il, après avoir décrit l'Aurore Boréale qui étoit haute, bien décidée & tranquille, c'étoit une grande Bande ou Zone qu'on voyoit directement à l'oppofite, terminée par deux Arcs de cercle parallèles. Le fupérieur s'appuyoit d'un côté fur le vrai point d'Orient ou à peu-près, & de l'autre fur un point éloigné d'environ 30 degrés de l'Orient vers le Midi. Ainfi fon centre déclinoit de 15 degrés du Midi à l'Orient, & étoit directement oppofé à celui de l'Aurore Boréale (qui déclinoit par conféquent de la même quantité vers l'Occident). Il s'élevoit, vers les 7 heures, jufqu'à la tête, ou du moins à l'épaule d'Orion; ce qui répondoit à 50 ou 54 degrés d'élévation. Mais à 8 heures &, il avoit baiffe jufqu'au deffous de Procyon; ce qui n'étoit plus qu'une hauteur de 45 à 46 degrés. Le Cercle → Cette defcription fut auffi en- voyée la même année à la Société Royale de Londres, qui la fit inférer dans fes Tranfactions, N.° 413; E¡ M. Abauzit, Bibliothécaire de la | ville de Genève, où il avoit obfervé ce Phénomène, m'en confirma les prin- cipales circonftances, dans une Lettre pleine de réflexions utiles & curieufesy qu'il m'écrivit le 7 Avril 1734. SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XI. 395 inférieur parut toûjours parallèle au fupérieur; mais la Bande eut tantôt plus, tantôt moins de largeur depuis 12 degrés juf- qu'à 20. Car à 7 heures le bord inférieur paffoit fur Rigel, dont la hauteur étoit de 38 degrés. Alors la largeur de la Bande étoit donc de 1 2 ou de 14 degrés; mais à 8½ heures le bord inférieur étoit defcendu au deffous de Sirius, qui avoit 27 ou 28 degrés de hauteur, alors donc la largeur de la Bande étoit au moins de 18 à 19 degrés. Il fembloit qu'elle augmentat en lar- geur à mesure qu'elle baiffoit, && ajoûtons que pendant l'appa- rition de cette Zone, on voyoit, mais feulement de temps en temps, un ou deux Arcs blancs & affez entrecoupés, féparés par un autre Arc obfcur, & renfermant avec l'Horizon un Segment obſcur aſſez femblable à un brouillard. Quelques perfonnes dirent à M. Cramer avoir vû ou revû cette Bande juſques & bien avant après minuit, mais je ne prétends mettre ici en ligne de compte que ce qu'il en a vû lui-même, & que je viens de rapporter. Il remarqua encore, que contre l'ordi- naire des Aurores Boréales, celle-ci obſcurciſſoit confidérablement la lumière des Etoiles qui paroiffoient à travers, ce qui fe doit fur-tout entendre de celles que couvroit la Bande rouge; & de plus, que les Etoiles fort voifines paroiffoient même s'en reſſentir, & avoient perdu leur brillant ordinaire. Sur quoi je remarque, 1.° Que M. Cramer n'hésite pas à regarder la Zone de 1730, comme une Aurore Boréale, ou comme un compoſé de la même matière, ayant même origine & même cauſe. Et l'on peut dire, d'après la deſcription qu'il nous en donne, qu'il eut alors le fpectacle fingulier de deux Aurores à la fois, l'une vers le Nord, l'autre vers le Midi, & chacune avec fon Segment obfcur & fon Limbe. Car la Zone devoit former un très-beau Limbe à la feconde, qui avoit auffi ſon Segment obſcur depuis le bord inférieur de ſon Arc juſqu'à l'Horizon. 2.°. Que la véritable Aurore Boréale, vûe vers le Nord, étoit de l'eſpèce de celles que je nomme tranquilles, ainfi que les trois qui parurent avec nos Arcs de 1750. Circonftance Ddd ij 396 ECLAIRCISSEMENS à remarquer, & qui; fi elle fe foûtient dans la fuite, pourra fournir des inductions utiles fun ce fujetih Bathem * 3.° Que malgré la poſition apparente, & toûjours méri- dionale de cette Zone, par rapport au lieu du fpectateur, il eſt évident qu'elle ne pouvoit être réellement que fepten- trionale, & bien avant dans le même hémisphère que l'Au- rore Boréale. Car étant fuppofée, comme il a été rapporté ci-deſſus, à 160 lieues au deffus de la Terre, & vûe de Genève, dont la latitude eft, 46 degrés 12 minutes, à 27 degrés de hauteur angulaire, on trouvera par le calcul des angles, que le parallèle terreftre fur lequel elle portoit verti- calement, ne pouvoit être éloigné de celui de Genève, que de 11 à 12 degrés, & par conféquent que la vraie latitude de cette Zone étoit plus de 34 degrés Nord. Quand même elle auroit été vûe tout proche de l'Horizon ou à zéro de hau- teur angulaire, fon élévation réelle demeurant toûjours de 160 lieues, elle auroit eu encore plus de 20 degrés de la même latitude; & l'on n'auroit pû la fuppofer véritablement méridionale, ne fût-ce que d'une minute, étant vûe du même parallèle, & fous l'angle de 27 degrés, qu'en lui don- nant près de 3000 lieues d'élévation fur la furface de la Terre. 4. Et enfin, que cette Zone réfultoit vifiblement d'un plus grand amas de la matière Zodiacale, & beaucoup plus étendu, entre l'Equateur & le Pole Boréal, qu'aucun de nos Arcs de 1750, qui n'avoient qu'environ deux degrés de lar- geur, & où l'on n'a point vû de Segment obfcur, ni rien de pareil vers le Midi. Ce qu'ajoûte M. Cramer, qu'elle fai- foit perdre aux Etoiles voifines, &, comme je l'entends voifines de fon bord fupérieur, leur brillant ordinaire, ne peut guère venir auffi que de la matière Zodiacale répandue aux environs, moins denfe que celle du Segment, & qui, faute d'être enflammée, ou éclairée d'ailleurs, ne ſe déceloit que par-là. Sur quoi l'on peut voir ce que j'ai dit de la denſité *Traité, &c.& de la transparence de l'Aurore Boréale*. Une ſemblable Sec. 111 pâleur aperçue dans le Ciel vers la fin du jour, lorſque les Chap. VIII, SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XI. 397 Etoiles commencent à fe montrer, & fans qu'aucune autre cauſe paroifle y concourir, a été fouvent pour moi un figne certain de l'Aurore Boréale qui devoit la fuivre. Venous préfentement à la formation de ces Phénomènes, & à la cauſe de leur apparition. Quelques perfonnes ont imaginé que les trois premiers Arcs lumineux & colorés, décrits ci-deffus, pourroient bien n'avoir été que des Arc-en-ciels Lunaires. Mais pour peu qu'on faffe attention au lieu que ces Arcs occupoient dans le Ciel, & aux autres circonftances de leur apparition, on verra que rien n'eft plus incompatible avec l'obſervation que cette idée. Hauroit fallu pour cela que la Lune eût été tout proche de l'Horizon fous le Pole, ou ne fe fût trouvée éloignée de l'Azimuth qui paffe par le Pole, que de la quantité dont ces Arcs déclinoient de la poſition parallèle à l'Equateur; ce qui Feût mife à plus de 80 ou 90 degrés de fon lieu actuel. Car les Arc-en-ciels Lunaires, auffi-bien que les Solaires, effets purement optiques de la réfraction & de la réflexion, ne fau- roient paroître que lorfque celui des Aftres qui les produit eft placé à l'oppofite, fur l'axe qui paffe par l'oeil du ſpectateur, & par le centre de l'Arc vû dans le Ciel. Mais la Lune n'étoit pas même fur l'Horizon lorfque ceux-ci parurent. Les Arc-en-ciels Lunaires qu'on dit avec raiſon être très- rares, le font peut-être encore plus qu'on ne penfe. Il me paroît difficile fur-tout, qu'ils foient peints de couleurs auffi vives que ceux du Soleil, ou comme le fût notre Arc du 24me Août; & je ne fais fi en cas pareil, & dans un temps où l'Aurore Boréale étoit peu connue, on n'a pas qualifié de Lunaires des Arcs tout-à-fait ſemblables à ceux dont il s'agit ici *. + Celui qui fut obfervé en Angle- | terre le s Janvier 1711, & qui eft rapporté par M. Thoresby (Tranf. Phil. Nº 331) avoit, dit-on, toutes les couleurs de l'Arc-en-ciel Solaire bien diftinctes _ très-agréables ; tandis que les Halos ou Couronnes les Halos ou Couronnes qui environnent la Lune, & qui em font bien plus éclairées, en étant beau- coup plus proches, nous montrent à peine quelques couleurs pâles & dé- lavées. Cet Iris m'eſt encore ſuſpect, en tant que tel, par fa largeur qui étoit plus grande que ne le comportent D d d ÿj * 398 ECLAIRCISSEMENS On ne feroit pas plus fondé à dire, que ces Arcs pourt roient avoir été formés par la fimple réflexion des rayons de la Lune ou du Soleil, fur une matière quelconque déjà diſpoſée en Arc dans notre Atmosphère: il ne faut encore qu'ouvrir les Ephémérides du jour & heure de leur appari- tion, pour en voir l'impoffibilité, par les lieux actuels de la Lune & du Soleil. La hauteur de ces Phénomènes au deffus de la Terre, la circonſtance de leur apparition avec l'Aurore Boréale, & dans un Ciel d'ailleurs très-ferein, leur eſpèce de lumière, leurs couleurs, ne nous permettant donc pas de douter qu'ils ne fuffent de même nature, & compofés de la même matière que l'Aurore Boréale. Nous attribuerons auffi leur formation & la configuration de cette matière en Arc, à la même cauſe, à l'impulfion de l'Atmoſphère Terreftre fur les extrémités de l'Atmoſphère Solaire, rejettées vers les Poles par le mouvement diurne de la Terre. Méchaniſme déjà in- diqué, mais dont il faut voir la théorie & le détail dans l'Ou- Sect. III, vrage même * que ces Eclairciſſemens ont pour objet. Toute la différence qu'il y aura de nos Arcs avec ceux de l'Aurore Boréale proprement dite, & avec fon Limbe ordinaire, c'eſt qu'ils feront tombés affez bas dans l'Atmoſphère Terreftre, avant que d'être parvenus auſſi près du Pole. Ch. II. Quant à leur apparition, il eft très-naturel de penſer qu'elle eft dûe à la lumière de l'Aurore Boréale même, qui les éclairoit, & dont les rayons s'y réfléchiffoient vers nous, ou à leur propre inflammation, ou à l'une & à l'autre de ces deux cauſes. La première eft certainement applicable à la les loix d'Optique, & dont auffi l'Ob- ſervateur fut étonné. Les deux Arc- en-ciels Lunaires qu'Ariftote dit avoir vîs, celui que vit M. Plot en 1675, & celui que M. Muffchenbroek ob- ferva en 1729, n'étoient que blancs. Muffch Effai de Phyf. S 1613). Enfin, & comme il eft remarqué là-même, parmi les Phénomènes de cette eſpèce rapportés par d'autres Savans, il eft fait mention de cer- tains Arc-en-ciels qui repréſentoient des cercles parfaits, ce qui ne con- vient pas du tout à l'Iris, de forte qu'il y a tout lieu de croire que ces prétendus Arc-en-ciels n'étoient au- tre chofe que des Anneaux de la Lune. J'ajoûterois, hors de ce dernier cas, ou que des Bandes lumineufes & colorées de l'Aurore Boréale. SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XI. 399 Zone du 15 Février 1730, & à plufieurs autres Phéno- mènes de l'Aurore Boréale, auxquels je l'ai en effet appli- quée dans mon Traité mais je doute qu'on puiffe fe paffer de la feconde pour concevoir l'apparition, la viſibilité & la lumière des Arcs de 1750, & cela principalement à cauſe de leur courte durée. Car pourquoi l'Aurore Boréale, qui n'a pas ceffé de briller pendant toute leur apparition, & long- temps avant & après, ne les auroit-elle éclairés & rendu vifibles qu'un quart d'heure tout au plus, & fans retour? fe feroient-ils formés & diffipés pendant ce quart d'heure ? C'eft, je l'avoue, ce que je ne faurois me perfuader d'un tel amas de matière fi régulièrement affemblée à plus de cent foixante lieues au deffus de nous. Je fubftitue donc ici l'ex- tinction à cette diffipation prefque fubite & ſi peu vrai-fem- blable, & par conféquent l'inflammation antérieure de la matière de ces Arcs à toute autre cauſe de leur viſibilité. Tout nous indique l'inflammation & l'extinction fuccef- fives dans l'Aurore Boréale, & fur-tout dans ces grandes Aurores Boréales que j'appelle complètes; cet amas confus de nuages apparens, lumineux, blancs, colorés & obſcurs, qui paroiffent & diſparoiffent prefque en un inftant, ces ondula- tions, ces vibrations, ces jets de lumière & ces éclairs, en un mot ce trouble univerfel & cette agitation flamboyante qu'on aperçoit dans tout le Ciel. Ces Aurores Boréales s'an- noncent d'ordinaire par une eſpèce de nuage grifâtre-foncé & violacée qui occupe toute la partie Nord tirant vers l'Oueſt. C'eſt bien-tôt après un Arc, un Segment circulaire ou ellip- tique bordé de fon Limbe lumineux. Ce Segment s'ébrèche, ſemble, ſe crevaffer, & c'eft prefque toûjours de ces brèches lumineufes que partent les rayons & les jets de lumière. Les brèches fe multiplient, diffipent ou éclairent toute cette partie obſcure du Ciel, & c'eſt par-là enfin & par une fimple clarté Boréale, que fe termine le Phénomène, à l'approche du Crépuscule du matin, ou du jour, & fouvent après avoir éprouvé plufieurs viciffitudes ſemblables de conflagration & d'extinction du moins très-apparentes. 400 ECLAIRCISSEMENS J'imagine donc que la matière de l'Atmoſphère Solaire dont réfulte l'Aurore Boréale & tout ce qui la compofe, ne s'en- flamme, en fe mêlant avec celle de l'Atmosphère Terreftre, qu'après y être tombée à une certaine profondeur, & y avoir ſéjourné un certain temps; qu'elle s'y enflamme plus ou moins par une eſpèce de fermentation, de la manière dont certains phoſphores s'allument étant expofés à l'air, & s'y éteint enfuite plus tôt ou plus tard, felon la quantité & la qualité de cette matière ; & enfin, que nos Arcs de 1750 ont été dans quelqu'un de ces cas, s'y étant allumés & éteints en un quart d'heure, quoique formés, à mon avis, long-temps auparavant, & dans une région plus élevée. Et à l'égard de la Zone de 1730, dont la matière étoit plus abondante & plus étendue, c'eft par-là que j'explique fon mouvement que je crois n'avoir été qu'apparent, par l'inflammation qui gagnoit de fon bord inférieur vers le Midi, où elle ſembloit s'abaiffer de plus en plus, tandis que l'extinction fucceffive avançoit par fon bord fupérieur qui s'abaifſoit auffi vers ce côté, mais plus lentement; puiſque la diſtance de ces bords entre eux, & la largeur totale de la Bande augmentoient toûjours. Voilà, dis-je, ma conjecture, qu'on mettra, fi l'on veut, à la fuite * Sect. V. de mes Questions & de mes Doutes*, fur les modifications que Quest, IV, V, la matière de l'Atmosphère Solaire peut recevoir, en fe mêlant avec l'Atmosphère Terreftre. VI, &c. XIIME ECLAIRCISSEMENT. Sur l'Anticrépuscule. QU'IL me foit permis, pour abréger, de nommer ainfi un Phénomène qui ne manque prefque jamais de paroître dans les jours fereins avec le Crépuscule, & qui lui eſt op- pofé, non feulement par le lieu du Ciel qu'il occupe, mais encore par le renverſement de fa partie lumineufe, d'autant moins vive qu'elle eft plus près de l'Horizon. Il ne 1 SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XII. 401 Il ne faut que regarder le Ciel un peu avant le lever du Soleil, ou quelques minutes après fon coucher, pour recon- noître le Phénomène ou le Météore dont il s'agit. Il eft très-viſible, & vrai-femblablement auffi ancien que le monde; & il y a tout lieu de s'étonner, qu'il n'en foit pas parlé da vantage dans les Livres de Phyfique ou d'Aftronomie, tant anciens que modernes. Je n'en connois qu'un, où il en ſoit fait mention expreffe, & qui fut imprimé à Ulm en 171,6, ayant pour titre des Couleurs du Ciel. M. Cramer, qui avoit *Joh. Cafp. très-bien remarqué l'Anticrépuscule, & qui avoit même fait Funccius, De quelques recherches d'Optique fur ce Météore, s'étonnoit Seat. IV, S. comme moi du filence des Auteurs à cet égard. Il m'en xxx. écrivit il y a plufieurs années, & je lui communiquai ce que j'en favois, avec la note du Livre de Funccius. D'autres oc- cupations l'empêchèrent fans doute de pouffer plus loin fes recherches, ou de les publier. Heureux, fi je pouvois encore confulter fur ce fujet, comme fur toute autre matière, un ami fi fidèle, fi fage, fi éclairé, & dont je regretterai éternellement la perte. Je n'ai à parler ici de l'Anticrépuscule, qu'en tant qu'il reffemble quelquefois du premier coup d'oeil à une foible Aurore Boréale, ou à quelques-unes des Bandes lumineuſes décrites dans l'Eclairciffement précédent. On remarquera donc le foir d'un beau jour, au coucher du Soleil, par exemple, ou quelques minutes après, à la partie oppofée du Ciel & immédiatement fur l'Horizon, une eſpèce de Bande ou de Segment obfcur, bleuâtre & pourpré, fur- monté d'un Arc lumineux & coloré, blancheâtre, orangé, & enfin couleur de rofe à fon bord fupérieur, tirant quelque- fois fur le couleur de feu. Car ces couleurs, ou plûtôt ces nuances des couleurs vraies n'y font jamais ni bien tranchées ni bien décidées. Ce n'eft auffi que par des circonſtances plus ou moins favorables, felon que l'air eft plus ou moins dégagé de vapeurs, d'exhalaifons & de nuages, que l'Anti- crépuscule d'un jour, ou d'un climat, differe de celui d'un autre. Du refte, rien n'eft plus uniformément conftant que Eee Coloribus coeli. i 403 ECLAIRCISSEMENS 逮 ​ce Phénomène, qui eft purement Optique, & en cela Bien différent de l'Aurore Boréale, dont le ſujet eſt Phyſique, mais variable & accidentel. Je ne m'arrêterai point à montrer, dans un fiècle où la doctrine de Newton fur la lumière & les couleurs eft fi con- nue, que l'Anticrépuscule n'eft dû qu'à la réfraction & à la réflexion combinées des rayons du Soleil qui vont frapper la partie fupérieure du Ciel ou de Fair, jufqu'où ils peuvent atteindre, à peu-près comme fur une voûte d'où ils ſeroient réfléchis à l'oppofite du Crépufcule. Cependant le Soleil s'enfonce encore fous l'Horizon, le Crépuscule s'abaiffe, & l'Anticrépuscule s'élève d'autant; les rayons du Soleil qui alloient frapper la voûte au Zénit ou près du Zenit n'y parviennent plus, ils ſe réfléchiffent fur des points plus proches du Soleil, & l'Anticrépuscule s'élève encore; fon Are lumineux & coloré fe détache du Segment bleuâtre & pourpre, qui ne demeure bien-tôt que gris ou cendré, il monte toujours & parvient enfin juſqu'au Zénit, où il eft encore fenfible lorfque l'air y eft pur; car après étre monté jufqu'à une certaine hauteur, il s'affoiblit de plus en plus, & difparoît enfin totalement. J'ai obfervé l'Anticré- pufcule une infinité de fois dans les parties les plus méridio- nales de la France, à Paris & aux environs. £ La Bande bleuâtre & pourprée de l'Horizon ne demeure plus que grife & cendrée, lorfque l'Arc Anticrépufculaire s'en eft détaché, parce que les rayons rouges du Soleil & de la partie la plus brillante du Crépufcule ne s'y réfléchiffent plus. Car cette partie du Crépuscule fait à peu-près & en dégradation, par réflexion fecondaire, ce que font les rayons. mêmes du Soleil. Ce qui nous remet fur la voie de quelques accidens de lumière tout femblables que nous avons remar- qués en différentes parties de l'Aurore Boréale & de fes Bandes colorées, dans le Chapitre neuvième, Section troi- fième du Traité, & dans l'Eclairciffement précédent. La génération de l'Arc Anticrépufculaire, fa hauteur apparente, la grandeur & fes couleurs font donc tout-à-fait 1 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XII. 403 ኹ analogues à celles de l'Arc-en-ciel ordinaire & proprement dit. Les différences qu'on peut y remarquer ne viennent que de ce que dans l'un, les réfractions & les réflexions de la lumière ſe font fur des parties ou des couches d'air, au lieu que dans l'autre c'eft fur des gouttelettes d'eau fphériques où la lumière fouffre, comme on fait, une double réfraction & une double réflexion, d'où naît auffi le fecond Arc-en-ciel que je ne fache pas qu'on ait jamais vû à l'Anticrépuſcule. **Cette différence de fujet ne peut manquer d'ed produire encore une très-grande entre les deux Phénomènes L'Arc- en-ciel n'eſt vû que dans la couche de notre Atmoſphëre juſqu'où s'élèvent les particules d'éau ſphériques, & il n'eſt vû par conféquent que fort bas, à une lieue de hauteur toat au plus *; tandis que l'Arc Anticrépufculaire peut être aperçâ * Sup. p. 69. dans la couche d'air jufqu'où le Crépuscule eft fenfible, & par conféquent à quinze ou vingt lieutes plus haut*. Auffi cet.* Sup. p. 43. Arc le montre-t-il, quoique le Soleil foit enfoncé de phi- fieurs degrés fous l'Horizon; ce qui n'arrive jamais à l'Arc- en-ciel ou à l'Iris. Ce qui a été dit, Chap. v, Sect. II, en réfutation ´de l'hypothèſe de ceux qui attribuent la formation de l'Aurore Boréale à la réflexion des rayons du Soleil fur les glaces ou les neiges du Nord, & fur les couches d'air fupérieures, avec la figure (VIII) que nous y avons jointe, peut beaucoup. éclaircir ce que nous venons de dire de l'Anticrépufcule; & réciproquement la théorie que nous venons de donner de l'Anticrépuscule fera voir de plus en plus le peu de fonde- ment de cette hypothèſe. Si la formation de l'Aurore Boréale étoit pareille ou analogue, fa conftance & fa régularité le- roient de même femblables ou analogues à celles de l'Anti- crépuscule. 1 $ 鶯 ​ei Eee ij 404 ECLAIRCISSEMENS t T XIIIME ECLAIRCISSEMENT. + Sur la hauteur de l'Aurore Boréale au deffus de la furface de la Terre, & fur les Méthodes employées à déterminer cette hauteur. * Sect. II, 'I-. Ch. 111. *Voy. auff Sup. p. 64. JE E donnai d'abord dans mon Traité * les preuves les plus générales de la hauteur du Phénomène, par les diftances des différens lieux de la Terre d'où il avoit été vû en même temps, & vû dans fes différentes parties les mieux terminées, plus ou moins élevé fur l'horizon, felon les différentes lati- tudes des lieux d'obfervation. ? A ces preuves générales j'en ajoûtai un petit nombre de -particulières & plus pofitives, d'après la méthode des Paral- Haxes, autant que je pûs les recueillir du peu d'obfervations que j'avois alors entre les mains. 2. Ces dernières preuves fe réduisent à trois. La première est tirée de deux obfervations de la hauteur apparente & angulaire du Limbe ou du fommet de l'Arc lumineux, dans la fameuſe Aurore Boréale du 19 Octobre 1726, obfervée le même jour & à la même heure à Paris & à Rome, d'où réfulte la hauteur réelle de ce fommet au deffus de la furt face de la Terre, de 266 lieues de 25 au degré : la feconde de deux femblables obſervations, de l'Aurore Boréale du 8 me Octobre 1731, faites à Coppenhague & à Breuillepont, qui donnent 250 lieues de hauteur à fon fommet; & la troi- fième enfin, de deux obſervations correfpondantes, à Genève & à Montpellier, fur une Bande lumineufe de l'Aurore Boréale du 15 Février 173,0, qui en font la hauteur de 160 lieues *. 3. Je ne détaillai point de même quelques autres réful tats de cette eſpèce, & fondés fur la même méthode, non plus que quelques effais imparfaits que je fis fur celle de M. Maïer, expliquée là même, & qui donnoient cent„ SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XIII. 405 deux cens, trois cens lieues & plus à la hauteur du Phéno- mènė; mais je crús: pouvoir conclurre de leur totalité avec les déterminations précédentes, que la hauteur moyenne.de l'Aurore Boréale & de fes parties quelconques rouloit d'affez près autour de 200 lieues. 4. Quoiqu'il n'y ait guère à douter que la différence, fouvent très-marquée, qui ſe trouve entre les déterminations de hauteur de l'Aurore Boréale, ne vienne principalement des erreurs prefque inévitables dans les obfervations, par rapport à des objets dont les mieux terminés ne le font jamais qu'imparfaitement, il eft cependant plus que vrai-ſem- blable que la hauteur des Aurores Boréales varie réellement, qu'elle n'eft pas toûjours la même dans l'une que dans l'autre, non plus que dans les différentes parties d'une feule; dans le Segment obfcur, par exemple, que dans l'Arc lumineux ; dans une Bande colorée, Méridionale, Occidentale ou Orien- tale, que dans les parties précédentes, ou dans ces flocons de matière, blancs ou rougeâtres, répandus çà & là dans le Ciel. C'eft qu'il n'y a nulle apparence que les différentes extenfions de l'Atmoſphère folaire, ſes différentes denfités à différentes diſtances, n'en faffent pas précipiter les parties plus ou moins profondément dans l'Atmoſphère terreftre qui, elle-même, fubit une infinité de viciffitudes capables de faire varier fa confiftance & fa perméabilité, dans fon tout & dans fes par- ties, felon les lieux, les latitudes & les faifons. Toutes ces variétés fe trouvent fans doute renfermées dans certaines timites que l'expérience & un grand nombre d'obſervations pourront ſeules nous faire connoître, mais qui juſqu'ici nous ont conſtamment donné l'Aurore Boréale fort au deffus de la furface de la Terre. + 5. C'eft là qu'en étoient nos connoiffances fur la hauteur de ce Phénomène lorfque j'écrivis mon Traité. C'en étoit affez fans doute pour remplir mon objet & tirer l'Aurore Boréale de la région des météores ordinaires où on l'avoit mile jufqu'alors: mais vingt années d'obſervation de plus nous fourniſſent de quoi jeter aujourd'hui plus de préciſion & de Eee iij 408 ECLAIRCISSEMENS certitude fur ce point, comme on va le voir, après que nous aurons fait quelques réflexions fur les deux méthodes expliquées & employées dans le chapitre cité ci-deſſus, & premièrement fur celle de M. Maier Avantages & inconvéniens de la Méthode de M. Maïer. 6. Je ne rétracte point les éloges que j'ai donnés à cette méthode, & qu'elle mérite, par l'avantage ineftimable de n'exiger qu'un feut obfervateur & qu'une feule ftation: mais enfin cet avantage demeure prefque inutile & de pure fpéca- lation, par le peu d'occafions qui fe préfentent d'en profiter. Je ne puis faire fond fur les cas auxquels je ne l'avois appli- quée juſqu'ici que par voie d'effai, & qui pechoient tous par quelqu'une des conditions requifes: je n'ai guère été plus heureux dans la fuite, & pour tout dire, M. Maier lui-même ne s'en eft jamais fervi dans l'efpace de plufieurs années, & ayant des centaines d'obſervations fous les yeux. 7. C'elt, je l'avoue, ce qu'on auroit quelque peine à croire, fur fe fimple énoncé du problème, la latitude du lieu de l'ob- fervation, la hauteur & l'amplitude apparentes de l'Arc Boréal fur l'Horizon, étant données, trouver la hauteur réelle de la ma- * Comm. Ac. tière lumineufe au deffus de la furface de la Terre*. Mais voici de quoi concevoir l'extrême difficulté qu'il y a d'obtenir ces données & des obfervations d'où elles puiffent être fûre- ment déduites. Imp. Pet. t. IV, 8. 127. 8. 1. Le problème ſuppoſe que cet Arc, dont on doit prendre la hauteur & l'amplitude apparentes fur l'Horizon`, foit réellement circulaire, parfaitement concentrique au Pole ou à l'Axe de la Terre, & parallèle à l'Equateur, ce qui eft * Sect. III, très-rare, comme nous l'avons expliqué dans le Traité *. Cet Arc a preſque toûjours une déclinaiſon & communément occidentale de plufieurs degrés. Ch. 111. 9. 2.° Quand on voit cet Arc fans déclinaifon & directe- ment fous le Pole par fon fommet, il eft très-poffible que· l'apparence ne réponde pas à la réalité; favoir.; fi le côté vers * SUR L'AURORE BORÉALE. E'el. XIII. 407 lequel il décline fe trouve dans le plan du Méridien & fur la ligne du rayon vifuel. Il eft clair qu'en ce cas un fecond Obfervateur placé à l'Occident du premier y verroit, par exemple, la déclinaiſon orientale, tandis qu'un troifième placé à l'Orient l'y verroit Occidentale; ce qui arrive en effet affez fouvent, lorſque le même Phénomène eſt obſervé en même temps de plufieurs lieux de la Terre, qui different confidérablement de longitude. 10. 3. Si pour s'affurer d'un élément auffi effentiel au problème que la concentricité de l'Arc, il faut avoir recours à un ou deux autres Obfervateurs, la méthode en queſtion tombe dès-lors dans le cas de celle des ParaHaxes; elle perd toute ſa commodité & toute fon élégance. II. 4. L'Arc concentrique ou non concentrique, peut être elliptique; & il l'eſt vrai-ſemblablement dans le cas de la déclinaiſon. Car avant que toute la matière du Phénomène ait été contrainte à fe ranger circulairement autour du Pole, ainfi qu'il a été expliqué dans la troifième Section, avant qu'elle foit parvenue à cette eſpèce d'équilibre qui réfulte de l'égalité des forces qui l'y entretiennent de tous côtés, elle y doit tendre dans la direction de la plus grande force qui Í'y follicite, & prendre une figure oblongue felon cette direc tion. D'où naîtront autant d'erreurs, dans un calcul tout fondé fur la concentricité & la circularité parfaites. Du refte, on voit bien que je ne parle pas ici de l'ellipticité qui n'eſt qu'Optique par rapport à l'Obfervateur qui voit obliquement l'Arc Boréal, celle-ci pouvant avoir lieu & nous montrer cet Arc furbaiflé, non feulement lorfqu'il eft circulaire, mais même elliptique en fens contraire, c'eft-à-dire, lorſqu'il ſe pré- fente à l'Obſervateur par le fommet du grand axe de l'Elliple. 12. 5. Enfin toutes ces fources d'erreur fe complique- ront avec celles qui peuvent réfulter de l'amplitude attribuée à cet Arc, autre élément нon moins effentiel au problème, & qui, dans le cas le plus favorable, lorſque l'Arc eft réelle- ment circulaire & concentrique, devient fouvent très-difficile à déterminer, ou demeure abfolument indéterminable. Car 408 ECLAIRCISSEMENS il est rare qu'à la ville ou à la campagne on ait un Horizon affez découvert, & en même temps allez dégagé de vapeurs, pour bien juger de cette amplitude. La partie la plus balle du Phénomène & de fon Limbe eft prefque toûjours chargée d'une espèce de vapeurs fombres, ou de nuages rougeâtres autour des pieds de l'Arc, qui en éteignent ou en obſcurcif- fent la clarté, & où il n'eft jamais tranché comme à fon ſom- met. Eh! que deviennent alors les rapports de la hauteur de l'Arc à fon amplitude, de fa flêche à fa corde, au diamètre du cercle ou de la calotte dont il exprime les bords, & enfin au diamètre Terreſtre qui eft la feule grandeur linéaire connue du problème, toutes les autres n'étant que purement angu- laires? Quelle incertitude tout cela ne jettera-t-il point dans le réſultat du calcul! par 13. J'avoue que dans ce cas, lorsque l'Horizon ſe trouve chargé de vapeurs, comme lorfqu'il eft caché par des éminen- ces & des montagnes, & qu'on ne peut obtenir l'amplitude obſervation immédiate, on pourroit quelquefois y fup- pléer, & fe la procurer par eftime, d'après la partie ſupérieure de l'Arc, fi cette partie eft bien viſible & bien tranchée, à vingt ou vingt-cinq degrés de part & d'autre du fommet. Mais je dois avertir qu'on tombera encore à cet égard dans une erreur confidérable, fi l'on n'y apporte l'attention qui fuit. 14. Suppofons cet Arc véritablement circulaire, & tel que l'exige la méthode; il n'en fera pas moins vû comme elliptique par l'Obfervateur qui ne l'aperçoit qu'obliquement, & cette Ellipticité fera cependant telle qu'on ne pourra guère la diſtinguer à la vûe fimple de la circularité dans cette partie qui répond au petit axe de l'Ellipfe. C'eſt ce que favent tous ceux qui ont quelque habitude dans ces fortes d'obferva- tions. Or, cela pofé, & que de cette portion de l'Arc, priſe pour circulaire, & de fa hauteur apparente, on déduiſe l'am- plitude de part & d'autre fur l'Horizon, je dis qu'on la fera toûjours plus grande qu'elle n'eft réellement, & d'autant plus que l'Ellipfe eft plus Ellipfe, ou le plan du cercle plus incliné au rayon viſuel de l'Obſervateur. Car on fait que la X 纛 ​SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. XIII. 409 Ja courbure de l'Ellipfe autour du fommet de fon petit axe eft équivalente à celle d'un cercle dont le rayon eſt celui-là même de la développée en ce point, & que le rayon de la développée de l'Ellipfe en ce point eft égal à la moitié du paramètre du petit axe, ou, ce qui eft la même chofe, à la moitié de la troiſième proportionnelle au petit & au grand axe, Donc le rayon de ce cercle excèdera le grand axe de cette Ellipfe, en même raiſon que le grand axe excède le petit. Donc le demi-cercle, &, toutes proportions gardées, Ï'Arc ou le Segment circulaire du Phénomène dont on aura conclu le diamètre, ou la corde d'après fa partie fupérieure, donneront une amplitude trop grande en femblable raiſon. Ce qui pourra quelquefois, & felon les circonſtances, devenir très-conſidérable. Par exemple, que l'Arc réel ſur l'Horizon foit fémi-circulaire, & que le petit axe de la demi-Ellipſe à laquelle il appartient optiquement, & dont les extrémités font cachées fur l'Horizon, foit au grand axe comme 60 eſt à 80, l'amplitude réelle ne feroit en effet que 80, tandis qu'on l'auroit jugée d'environ comme 100. La moitié (30). du petit axe eft ici proportionnelle au finus de la hauteur de l'Arc fur l'Horizon. Mais comment favoir fon rapport avec le grand, l'inclinaiſon du cercle réel, & la nature de l'Ellipſe apparente, avant que le problème qui en dépend & qui les renferme foit réfolu? 15. Tout ce qu'on peut conclurre de cette théorie, c'eſt qu'en général, & en cas pareils, on fait prefque toûjours les amplitudes de beaucoup trop grandes ; & je l'ai vérifié d'ailleurs, par des amplitudes correfpondantes, priſes à diffé- rentes latitudes. Par exemple, que penfer d'une Amplitude qui aura été donnée de 140 ou de 150 degrés, pour un lieu de plufieurs degrés plus méridional que Paris, lorſqu'à Paris même, à l'Obſervatoire où l'Horizon eft très-décou- vert, & dans les circonftances les plus favorables, elle n'aura pas été jugée de 100 ou de 120 degrés? Car s'il eft quelque choſe de bien connu & de conftant dans l'Aurore Boréale, c'est que fon Arc dans une de fes apparitions quelconques Fff 410 ECLAIRCISSEMENS * Page 65. P. 365. p. 121. * va toûjours en augmentant de hauteur & d'amplitude vers le Pole, & en diminuant vers le Midi, lorfque cet Arc ne paffe pas le demi-cercle. A 16. Nous favons aujourd'hui que M. Maier ne fut pas long-temps à s'apercevoir, en tout ou en partie, des incon- vénieus de fa méthode, & il ne fera pas hors de propos de voir ici dans quels termes il s'en explique, & l'effet qu'ils firent fur fon efprit. 1 17. Son premier Mémoire, de Luce Boreali, lû en 1726 à l'Académie Impériale de Pétersbourg, le feul dont nous pouvions parler dans le Traité*, ne contient, comme nous Pavons dit, que la fimple expofition de fon Problème ou Comm. Ac. de fa Méthode, & la Formule analytique qui en réſulte Imp. Pet. t. I, Mais dès 1728, il en donna à la même Académie & la conf truction géométrique & la démonftratioif, qui ne parurent cependant qu'en 1735, avec les remarques qu'un grand nombre d'Aurores Boréales qu'il avoit obfervées depuis * Tome IV, avoient pû lui fournir *. C'eſt dans ce fecond Mémoire qu'il nous annonce les corrections qu'il faut faire au premier en conféquence de ces remarques, & les reftrictions qu'on doit apporter à toute fa théorie. Par exemple, que quand il avoit dit que le phénomène étoit conflamment accompagné de telles on telles circonstances, il auroit dû dire feulement pour l'ordi- waire; que quand il avoit affuré du fommet de l'Arc fumineux qu'il fe trouvoit toûjours exactement placé fous le Pole, il n'au- roit dû dire que le plus fouvent; & ainfi de plufieurs autrės circonftances dont nous avons parlé. Cependant malgré ces fimples limitations qui ſe réduiſent à ne regarder que comme ordinaire & plus fréquent ce qu'il avoit traité de conftant & d'abſolu, malgré ces apparitions de l'Aurore Boréale, devenues fi communes à Pétersbourg, que le peuple n'en étoit plus étonné comme autrefois, malgré, dis-je, une pofition & un temps fi favorables, il termine fon Mémoire par nous avouer, qu'il n'avoit pû trouver encore aucun de ces Phénomènes dont il pût appliquer les obſervations à ſa Règle, nullas idoneas hac- tenus licuit obfervationes inftituere, quibus regulam illuftrarem. I · SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XIII. 411 n'en fit pas même l'effai, du moins n'en parle-t-il pas, fur aucun de ceux de ces Phénomènes qui en approchoient le plus, & qui devoient, felon lui, faire le plus grand nombre, ou s'y accorder parfaitement*. Ce qui eft affurément bien difficile à imaginer d'un Auteur auffi laborieux qu'éclairé, & mum, quàm fur une de ſes idées qu'il pouvoit, fans fe flatter, regarder comme des plus heureuſes. 18. Je fuis bien éloigné de foupçonner là-deffus aucun manque de bonne foi; mais qu'il me foit permis de propoſer ma conjecture, Quelque-fondée Quelque fondée que fût la défiance de M. Maier fur les obſervations d'un Phénomène fujet à tant d'irrégularités, & quelles que foient ces irrégularités, je me perfuade qu'il fe mêla ici une toute autre raiſon qui en groffit les inconvéniens à fes yeux. Il croyoit avec un illuftre Philofophe, que la matière de l'Aurore Boréale n'étoit guère autre choſe qu'un amas indi- gefte de celle qui produit la Foudre & les Eclairs, materiam Lucis Borea immaturam fulguris materiam*, & en conféquence il n'en faifoit pas monter l'Arc lumineux au deffus de la région des nuées; de loco materia lucida dico, quod exiftat in aëris regione ubi nubes hærere folent. Que pouvoit-il donc penſer d'après un tel principe, lorſque fa règle le renvoyoit au cen- tuple de cette diſtance, & quelquefois au delà ? Cependant fa règle étoit bonne, elle étoit démontrée, il étoit habile calculateur; il falloit donc s'en prendre aux obſervations qu'il ne pouvoit manquer de trouver fautives, & infiniment plus fautives qu'elles n'étoient, puifqu'il en réfuftoit une pré- tendue erreur fi énorme. Voilà, ſi je ne me trompe, le dé- nouement de la difficulté, & pourquoi M. Maïer négligea fans doute de nous rapporter des tentatives qui devoient lui paroître fi défectueuſes. Il donna la même année ou la fuivante quelques autres Mémoires dans leſquels il n'eſt plus queſtion de la Lumière Boréale, & il mourut les Dé- .cembre 1729. 19. J'avois auffi allégué contre la Formule de M. Maïer l'exceffive compoſition du calcul numérique qu'elle renferme, * Ut pluri- plurimum. * Comment. "LP- 364. Fff ij 412 ECLAIRCISSEMENS } p. 202. & j'avois imaginé à cette occafion quelques moyens dé la fimplifier: mais on n'a plus rien à defner fur ce fujet, depuis l'ingénieuſe réduction que M. Krafft en a faite au calcul Logarithmique, dans le IX me tome de l'Académie de Péterf bourg, & la conftruction élégante que le R. P. Boſcovich en a donnée, dans fes Notes fur le Poëme de Aurora Boreali du R. P. Noceti. Ainfi le grand inconvénient de la Méthode de M. Maier, & qui eſt à la vérité très-grand, fe réduit à la difficulté de trouver des Phénomènes, & des obferva- tions où l'on puiffe l'appliquer. Elle eſt précieuſe en tout autre cas; & en voici des exemples fur deux Aurores Bo- réales fameufes. Application de la Méthode de M. Maïer à quelques Phénomènes. Aurore Boréale du 12 Septembre 1621. 20. C'eſt l'Aurore Boréale de Gaffendi, que ce Philofophe * V. Sup. a décrite en trois endroits de fes Ouvrages*, & dont nous avons fi fouvent parlé dans celui-ci. Il l'obſerva à Peinier en Provence, dont je trouve la latitude, felon la carte de cette Province par feu M. Delifle, de 43 degrés 28 mi- nutes. Le ſommet de l'Arc lumineux y étoit élevé de plus de 40 degrés fur l'Horizon, & directement fous le Nord, puifque cet Arc s'étendoit également à droite & à gauche jufqu'à environ le levant & le couchant d'Eté, à près de 60 degrés d'amplitude; ce qui donne l'amplitude totale de 120 degrés ou tout au moins de 119. Prenant donc fur ce pied la hauteur de l'Arc de 40 degrés & la demi-ampli- tude de 59, la conftruction de M. Maïer, & fa For- mule réduite aux Logarithmes par la méthode de M. Krafft, nous donneront 232 lieues de diftance de l'Obfervateur → Albor ille Septentrionalis elatus | Horizonte gradus proximè fexaginta; jam fuit quadraginta & ampliùs gra- dus, videlicet, penè ad Stellam pola- rem; & cum in arcûs modum for- maretur, occupavit heinc inde ex hoc eft, parum abfuit, quin æftivos ortum, occafumque attingeret. Gaff T. II, p. 107, De Aurora Borea. &c. SUR L'AURORE BORÉALE. E’c. XIII. 413 au fommet de l'Arc, & environ 160 lieues d'élévation pour fommet, au deffus de la furface de la Terre. се £ ** par ~ Aurore Boréale du Février 1750. 3 21. Cette Aurore, Boréale, l'une des plus remarquables elle-même, fe trouve encore revêtue de circonſtances qui la rendent très-décifive fur la queſtion dont il s'agit. Élle ſe montra dans tous les lieux de l'Europe, où le temps permit de l'obſerver, & parut en quelques-uns avec le Pa- villon ou la Couronne au Zénit, partie du Phénomène affez rare, & que je ne me fouviens pas qu'on eût vûe en France depuis bien des années. Le Limbe ou l'Arc lumineux & fon fommet y furent bien tranchés, & faciles à déterminer par les grandes Etoiles qui les entouroient ou qui fe mon- troient au travers, fans déclinaiſon apparente, ni vrai-fem- blablement réelle, puiſque ce fommet y fut vû de diffé- rentes longitudes fenfiblement fous le Pole, ou du moins fous l'Etoile polaire; ce qui remplit une des conditions des plus rigoureufes du Problème de M. Maïer. M. de Fouchy l'obſervoit à l'Obfervatoire Royal, tandis que je l'obfervois au Louvre, vers les fix heures du foir, avant & après. Nous en déterminames la hauteur de l'Arc de 26 à 27 degrés, ou de 26d 30'. La grande Etoile (a) du Dragon en rafoit le bord inférieur tout proche de fon fommet, & la largeur de cet Arc étoit d'environ deux degrés. D'où il eſt aiſé de con- clurre à peu-près cette hauteur, par la diftance de cette Etoile au Pole, telle qu'on la trouve dans Flamfleed, & réduite à l'année 1750. Quant à l'amplitude, je ne pûs en bien juger à caufe des maifons de la ville qui me cachoient les pieds de l'Arc; mais M. de Fouchy, qui avoit à l'Obſervatoire un horizon bien découvert, la détermina de cent un, deux ou trois degrés, ou d'environ 102 degrés. Calculant donc d'après ces données, la latitude de Paris 484 so' 10", la hauteur apparente du 26d 30', & la demi-amplitude 5 1ª, on du point obfervé à l'Obfervateur 320 fommet de l'Arc trouvera la diſtance lieues, & fa hau- F ff iij 414 ECLAIRCISSEMENS *Da 16 Fé, vrier 1750. >> + + teur réelle, au deffus de la furface de la Terre, de refeues. Ces deux Aurores Boréales, & ces deux obfervations, celle de Gaffendi, & celle de M. de Fouchy, font tout ce que je connois à quoi l'on puiffe le plus fûrement appliquer la Méthode de M. Maier; & d'autant plus, à l'égard de la dernière, que, comme on verra dans la fuite, la Parallaxe la mieux conditionnée que j'en aie pû obtenir par les obſer- vations correſpondantes, nous redonne, à trois ou quatre fieues près, la même hauteur du Phénomène. cc 22. Mais je ne dois pas paffer fous filence qu'une de ces obfervations à laquelle on peut auffi appliquer la Méthode de M. Maïer, & qui a été faite par un homme infiniment éclairé, ne s'accorde pas fi bien avec les mêmes réſultats. Je la tiens de M. Jallabert, Profeffeur de Philofophie à Genève, Correſpondant de l'Académie des Sciences, & fi connu du monde Savant, qui l'avoit recueillie de M. Abauzit, n'ayant pû obſerver lui-même toutes les circonftances du Phénomène. Le 3 de ce mois, me marque-t-il dans une de ſes lettres*, nous avons eu une affez belle Aurore » Boréale que vous aurez, je penfe, obfervée. A fix heures 2 » ou 3' elle avoit déjà le Segment obfcur, l'Arc blanc & lumineux, & ce que vous appelez dans votre Traité le Pavil Ion, formé par une infinité de rayons rouges bien tranchés, » & fort ferrés, qui fortant du bord fupérieur de l'Arc blanc, tendoient au Zénit, & paffoient au delà. L'amplitude de l'Arc blanc fur l'horizon, déterminée par les points des montagnes auxquels il aboutiffoit, étoit pour le moins de cent degrés. » La hauteur de fon fommet en avoit 19 ou 20, & ce fommet paroiffoit être à peu-près dans la verticale de l'Etoile polaire que l'on entrevoyoit au travers des rayons, quoique d'un rouge foncé. Ces rayons convergeoient vers le Zénit, &c. » Ör, de la latitude de Genève, 26d 12′, & de ces dé- terminations de l'Arc, réſultent par la même méthode de M. Maïer, une diftance' de 315 lieues de l'Obfervateur au ſommet de l'Arc, & feulement 134 lieues de hauteur réelle fur la Terre. >> » » " כן » SUR L'AURORE BOREALE Ed. XIII. 415 F Ilvefti vrai, 1.° qu'une amplitude conclue par induction & entre des montagnes peut-être bien équivoque, fi l'on n'y apporte certaines attentions (n. 13 & 14). 2.° qu'une amplitude immédiatement obfervée à Paris, & dans les cir- conftances les plus favorables, de 102 degrés, ne fauroit guère être préſumée de ioo degrés à Genève, c'eft-à-dire, à plus de 21 degrés au delà de Paris vers le Sud. 3.° & que la fuppofition d'environ 3 degrés d'erreur en excès, par l'obſtacle des montagnes, & par la caufe expliquée, n.° 14, rétabliroit à cet égard, dans les obſervations de Paris & de Genève, tout l'accord qu'on y peut defirer. Mais enfin le favoir & l'habileté de l'Obfervateur me font paffer par deffus tous ces fujets de doute. Le réſultat dont il s'agit tiendra donc fa place ici avec tous les autres. 1 23. Par une ſemblable raiſon je ne dois pas omettre trois obſervations de cette eſpèce, rapportées par M. Krafft, en * V. Sup m exemple de fa réduction de la Formule de M. Maïer*, *9, & parmi lesquelles il y en a deux qui ne donnent au Phé- nomène qu'une très-petite hauteur, quoique plus de quarante ou cinquante fois plus grande que celle des météores ordi- naires. Mais il n'y a rien en cela qui ne s'accorde parfaite- ment avec notre théorie (n.° 4) & avec la variété qui doit régner fur cette matière. Ce font trois Aurores Boréales dont les deux premières furent obfervées à Péterfbourg, fans doute par M. Krafft lui-même, & la troiſième à Genève, dont il ne nomme point l'Obſervateur. M. Krafft ne nous dit pas non plus que ces Phénomènes fuffent fans déclinaifon; mais nous devons fuppofer qu'ils l'étoient, perfonne ne fachant mieux que lui l'importance de cette condition en pareil cas. Le premier de ces Phénomènes du 16 Mars 1730, fur 98 de hauteur de l'Arc, & 45d de demi-amplitude, toutes réductions faites des lieues d'Allemagne aux nôtres, de 25 ati degré, & de la diftance de l'Obfervateur au fommet de l'Arc, fait la hauteur perpendiculaire de ce fommet d'envi- ron 47 fièues. Le ſecond, du 6 Septembre de la même année, fur ge 416 ECLAIRCISSEMENS 1 12′ de hauteur, & 424 de demi-amplitude, d'environ 58 lieues. Et le troifième, du 2 Novembre fuivant, fur 1 2d de hau teur, & 374 30' de demi-amplitude, d'environ 170 lieues. Avantages & inconvéniens de la Méthode des Parallaxes. 24. La condition que renferme cette Méthode, de deux Obfervateurs placés à différentes latitudes, & qui prennent à peu-près en même temps la hauteur apparente d'un point du Phénomène, par exemple, du fommet du Limbe ou de l'Arc lumineux, en rend l'application affez rare, mais cepen- dant infiniment moins rare que ne font toutes les conditions requiſes dans la Méthode précédente. C'eſt que dans l'une dans celle des Parallaxes, les conditions ne tombent que fur les Obſervateurs, & que dans l'autre elles tombent, & fur les Obfervateurs, & fur la nature du Phénomène qui, pour être ſuſceptible de l'application qu'on y en veut faire, doit être tel que nous l'avons décrit ci-deſſus (n.° 8). Or, il fera toûjours plus aifé de trouver ou de ſe préparer des Ob- fervateurs correſpondans, que de fe procurer des Phéno- mènes tels qu'on les demande, d'autant plus qu'ils font plus rares, & ils le font beaucoup. - 25. L'avantage qu'a la Méthode des Parallaxes, de n'exi- ger que l'obſervation correſpondante d'un ſeul point, qu'on peut choifir, & qui fera toûjours ici le fommet du Limbe ou de l'Arc lumineux, eft déjà très-confidérable; mais com- bien n'augmente-t-il pas, par la circonftance que ce point eſt preſque toûjours ce qu'il y a de plus diftinct dans le Phénomène, de mieux tranché & de plus conftant? 26. La hauteur apparente du fommet de l'Arc lumineux fur l'Horizon, pourra donc être priſe avec toute la préciſion que comportent de femblables objets, foit par le moyen d'un inftrument, ſoit, & pour l'ordinaire, par fes diftances par fa pofition réciproques avec les grandes Etoiles de l'Ourſe, du Dragon, de Caffiopée, ou de telle autre de & ces SUR L'AURORE BORÉALE. E'c. XIII. 417 ces conftellations. qui en approchent le plus, & qui brillent à cette hauteur, dans la partie Boréale du Ciel. 27. Il eft vrai que l'excentricité indiquée par la décli- naiſon, jointe à la différence en longitude des lieux où les deux Obfervateurs font placés, & même quelquefois lorf- qu'ils font fur le même Méridien, y peut apporter des erreurs fenfibles, en tant que le fommet aperçû n'eſt pas le même, ni à même diſtance du Pole pour tous les deux : mais ces erreurs feront peu confidérables en comparaiſon de celles que donne la Méthode de M. Maïer en pareils cas, & abſolument nulles dans d'autres cas où cette dernière les conferve en leur entier. 28. Pour mieux comprendre tout ceci, jetons les yeux fur un Globe terreftre, & fur le cercle de 24 heures qu'on a coûtume d'attacher fur fon Méridien & au deffus da Pole Arctique, portant un ftyle ou index à fon centre, fur l'axe même du Globe, & qui tourne avec le Globe. Une pro- jection de tout cet aſſemblage fur le papier, convenable à tous nos cas, feroit trop compofée ou exigeroit plufieurs figures, & ne nous éclaireroit pas tant. Ce cercle, auquel on en pourra ſubſtituer ou ajoûter un autre plus ou moins grand, & à telle diftance qu'on voudra de la furface du Globe, repréſentera parfaitement la calotte Boréale du Phénomène & fon Limbe, lorſqu'il eſt réellement circulaire, concentri- que à l'axe & parallèle à l'Equateur. Ce qui fait le feul cas où la Méthode de M. Maïer foit également fûre & prati- cable. 'Le même cercle ou un autre cercle excentriquement ajuſté ſur cet axe, de telle excentricité & ſelon telle direction qu'on voudra, ou enfin une Ellipfe, donneront de même tous les cas de l'excentricité ou de la déclinaiſon réelle apparente ou non apparente, auxquels on peut appliquer la Méthode des Parallaxes, & avec plus ou moins de fûreté & d'exactitude. Et c'eſt ce que je vais fuccinctement parcourir, Haiffant au Lecteur le foin d'en chercher la démonſtration, qui ne fera pas difficile avec ce fecours. Car faifant tourner alternativement ou le Globe & les lieux de l'obſervation Ggg + 418 ECLAIRCISSEMENS ou l'index, ou la calotte Boréale & fon' Limbe, felon l'exi- gence des cas, & imaginant le rayon vifuel de chaque Ob- fervateur dirigé vers ce Limbe, on verra à peu près le degré de jufteffe qu'on peut attendre du cas donné, ou l'erreur qui peut s'en enfuivre. 29. Je dis donc 1.° que lorfque les deux Obſervateurs, que nous ſuppoſons toûjours placés à différente latitude, le font auffi à différente longitude, & que tous les deux voient la déclinaifon quelconque du même côté, qui fait en général le cas le moins favorable de notre Méthode des Parallaxes, l'erreur qui en peut naître fur la hauteur de l'Arc, n'eft que de la quantité de la Flèche ou du Sinus verfe du petit Arc intercepté entre les deux fommets obfervés, & qu'elle eſt d'autant moindre que cet Arc eft plus petit & plus furbaiffé par rapport à l'Arc total & à ſon amplitude, ou qu'il fait partie d'un plus grand cercle. 30. 2.° D'autant moindre encore, que la diſtance lon- gitudinale des lieux eft plus petite, & la latitudinale plus grande. 31. 3.° Que lorſque l'un des Obfervateurs voit la dé- clinaifon vers l'Orient, & l'autre vers l'Occident, l'erreur eſt encore plus petite, & quelquefois nulle, les deux rayons viſuels pouvant concourir au même point, & fouvent à très- peu près. 32. 4.° Que la déclinaiſon étant vûe du même côté, fi les deux Obfervateurs fe trouvent fur le même vertical que le fommet obfervé, comme il eft aifé de s'en convaincre par les quantités apparentes de la déclinaiſon, l'erreur s'évanouit ou devient d'autant moindre que les trois points approchent davantage de ce vertical. 33. 5.° Que les deux Obfervateurs voyant la déclinaiſon du même côté, & fe trouvant placés fur le même Méridien, l'erreur fera peu confidérable, fi le plus feptentrional voit la déclinaiſon plus grande que le plus méridional, & s'il la voit d'autant plus grande qu'il eft plus feptentrional; leurs rayons vifuels pouvant alors concourir au même point du 1 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XIII. 4.1.9 Limbe; & en général, que l'erreur fera d'autant moindre par cette circonftance, que le concours des rayons vifuels s'approchera davantage du Méridien de la déclinaiſon. 34. 6. Que dans le cas des deux Obfervateurs placés fur le même Méridien, & d'une déclinaiſon réelle quelcon- que de l'Arc, circulaire ou Elliptique, fi cette déclinaifon n'eft que réelle & non apparente, comme il a été expliqué ci-deffus (n.° 9) l'erreur eft abfolument nulle, & les deux Obſervateurs voient précisément le ſommet de l'Arc au même point. 35. 7.º Et à plus forte raiſon, que fi l'Arc eft réellement circulaire & concentrique, la déclinaifon ne pouvant être alors qu'abfolument nulle pour les deux Obfervateurs, à quelque latitude & fur quelque Méridien qu'ils foient placés, l'erreur fera auffi abfolument nulle, & la diftance de l'Arc aux Obfervateurs & à la Terre, déduite des obſervations correſpondantes & du calcul, parfaitement exacte. 36. 8. Que la ligne de la plus grande excentricité de la calotte Boréale ſe trouvant dans le Méridien de l'un des Obfervateurs, le fommet de l'Arc qui fe préfente à lui, & où il ne verra point de déclinaiſon, peut être ou le plus pro- che ou le plus éloigné de l'axe de la Terre; que cela poſé, & que le fecond Obfervateur foit fur un autre Méridien, à droite ou à gauche, il eft clair que celui-ci verra une décli- naiſon occidentale ou orientale, & que la hauteur du fom- met apparent ſera pour lui plus petite ou plus grande que celle qui réſuſteroit de la concentricité, felon que ce fommet fera celui de la plus grande ou de la moindre diftance à l'axe, & réciproquement, felon que la latitude du lieu de ce fecond Obfervateur fera plus petite ou plus grande, par rapport à celle de fon correfpondant. Ce qui étant combiné, peut produire un très-grand nombre de cas différens, qu'il fuffit d'avoir indiqués, pour y avoir tel égard qu'on jugera à pro- pos lorſque l'occaſion s'en préſentera. 37. 9. Enfin on prendra garde qu'en général, & toutes chofes d'ailleurs égales, l'erreur en excès, dans l'obſervation · Ggg ij 420 ECLAIRCISSEMENS A مرو de la hauteur apparente du Limbe, de la part de l'Obfer- vateur le moins feptentrional, donne la hauteur réelle trop grande, & en défaut, trop petite; & que c'eft tout le con- traire dans le cas oppofé de l'Obfervateur le plus feptentrio- nal. Dans le premier cas, l'angle parallactique ou de concott's des deux rayons vifuels eft trop aigu, & ils fe vont couper trop loin des Obfervateurs; comme dans le fecond il n'eft pas affez aigu, & ils viennent fe couper trop près. 38. Ces remarques nous conduiront dans le choix que nous allons faire entre plufieurs Phénomènes & plufieurs obſervations, pour y appliquer la Méthode des Parallaxes ou, n'ayant pas ici autant à choisir qu'il feroit à defirer elles nous éclaireront du moins fur le degré de certitude qu'il conviendra d'attribuer à chacun des réſultats que nous en allons tirer, ou enfin fur l'eſpèce d'erreur que nous y devrons foupçonner en excès ou en défaut, par rapport à la hauteur réelle du Phénomène. 39. Mais avant que de paffer aux Phénomènes qui ont paru depuis la compofition de mon Ouvrage, revenons un moment fur un de ceux qui faifoient mon principal objet, & auxquels, j'appliquai la Méthode dont il s'agit. Je veux parler de la fameufe Aurore Boréale du 19 Octobre 1726, que j'ai lieu de croire aujourd'hui avoir été dans un des cas les moins favorables à cette application (Sup. n.º 29); puif- →A Breuille- qu'elle déclinoit, felon moi, de 14 à 15 degrés vers l'Oueſt*, pont. Mém. & Acad. 1726, que les fieux des deux obfervations correfpondantes, Paris & Rome, fur lesquels j'en calculai la hauteur, différoient de p. 203. plus de 10 degrés en longitude, fur moins de 7 en latitude. Il eft vrai que feu M. Maraldi n'y avoit point remarqué Ibid. p. 332. de déclinaifon à Thury*, & que je fondai là deffus mon calcul; mais la fuite me perfuade que mon obfervation, plus pofitive que la fienne, étoit à cet égard préférable. Ce qui eft certain, c'eft que je defirai dès-fors que l'obfervation de cette Aurore Boréale eût été faite dans deux villes fituées à peu-près fur le même Méridien, à Coppenhague, par exemple, *Sup. p. 61. en même temps qu'à Rome*, qui ne different que de 15 SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XIII. 421 * Let. du à 16 minutes en longitude, fur 13 ou 14 degrés en lati- tude. Or, on me manda quelque temps après, que ce Phé- nomène avoit été obfervé en effet à Coppenhague: mais l'incendie arrivé en 1728, dans cette ville, ayant fait retirer tumultuairement les papiers qui étoient dans la Tour Aftro- nomique, ce ne fut qu'en 1734 que l'obſervation fut retrouvée, & me fut envoyée. C'eſt à M. Horrebow, dont il a été parlé plus d'une fois dans mon Ouvrage, & qui me fera encore ici d'un grand fecours, que j'eus cette obligation*. Il y joignit le calcul entier de la hauteur réelle du Phénomène Août 1734. en correſpondance avec l'obſervation faite à Rome. Et comme le fommet apparent de l'Arc fe trouva paffer par le zénit de Coppenhague*, cette hauteur en fut conclue de 187 de nos lieues; bien différente de celle de 266 lieues où le planè verticalis, faifoit monter l'obſervation de Rome, comparée à celle de Paris, en le faifant paffer par le zénit de Pétersbourg Différence qui ne doit point furprendre, vû la complication d'erreur que pouvoit produire ici la grande déclinaiſon du Phénomène, jointe à la grande diſtance des Méridiens. Cependant on pourroit très-bien concilier les deux réſultats, en ſuppoſant ſeulement, & comme il y a grande a grande apparence, que l'obſervation faite à Rome, par exemple, péchoit en excès; car par ce moyen (n.º 37) la hauteur réelle tirée des deux obſervations correfpondantes, Rome & Paris, devient plus petite, & celle qui réfufte des deux autres, Rome & Coppenhague, plus grande. Du refte, on n'a pû favoir le lieu qu'occupoit le fommet de l'Arc à Pétersbourg * : le temps y avoit été nébuleux ce jour-là; on y vit feulement une lumière qui s'étendoit beaucoup de toutes parts *. Application de la Méthode des Parallaxes à quelques- ㄓ ​unes des Aurores Boréales qui ont paru depuis 1731, jusqu'en 1751. 40. Les latitudes & les longitudes des lieux d'obſervation feront priſes dans le livre de la Connoiffance des Temps que G gg iij * Aurora fuit Ibid. *Sup. p. 621 Comm. Ac. Pet. t. 1X. P. 328. * Sup. p. 269s 422 ECLAIRCISSEMENS l'Académie publie tous les ans, & la latitude de l'Obferva→ toire, 48 50 10", fera toûjours vaguement réputée celle, de. Paris. t 事 ​1 La hauteur apparente de l'Arc lumineux, ou fimplement, de l'Arc, du Limbe, ou, en général, de l'Aurore Boreale. fera toûjours cenfée celle du fommet de cet Arc, & de fon bord, fupérieur. 7 Cette hauteur étant ordinairement renfermée, dans les obfervations, entre certaines limites, d'un ou deux degrés, plus ou moins, nous prendrons toûjours la hauteur moyenne qui en réfulte. + Il feroit fuperflu dans une pareille recherche d'avoir égard à l'aplatiffement de la Terre vers fes Poles, Nous la fuppo- ferons toûjours exactement ſphérique, de 2865 lieues, de diamètre, & ces lieues de 25 aur degré & de 2282 toifes chacune, conformément encore à la Connoiffance des temps. Je négligerai auffi les fractions de lieue dans les réſultats de la hauteur du Phénomène, comme je l'ai déjà pratiqué. Aurore Boréale du 1er Septembre 1732. 41. Depuis 1731, où fe termine la partie hiftorique de mon Traité, juſqu'à aujourd'hui, nous n'avons point eu en France d'année plus féconde en Aurores Boréales que 1732; comme on peut en juger par la lifte & les defcriptions que j'en donnai l'année fuivante à l'Académie, & par la dimi- nution très-fenfible de fréquence qu'on y a remarquée depuis. Mais parmi tant de Phénomènes, dont plufieurs furent très- - brillans & très-magnifiques, je n'en trouve que deux, favoir, ceux du 1er Septembre & du 1 2 Novembre, auxquels je puiſſe appliquer le calcul, faute d'avoir pû recouvrer des obferva- tions correſpondantes des autres, à une affez grande diſtance de Paris, vers le Nord ou vers le Midi, & où la hauteur de l'Arc ait été priſe ou indiquée avec quelque exactitude. M. Buache de cette Académie, premier Géographe du Roi, me donna la figure & la note de celui-ci qu'il avoit obfervé à 10 heures du foir; car je n'avois pas foupçonné t + SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XIII. 423 * qu'il dût paroître, ayant vû le Ciel couvert de gros nuages, 7, 8 2 } à 9 heures, avec une grande pluie & du tonnerre*. * Mém. 17332 Sur cette figure, & par l'Etoile y de la grande Ourſe qui P. 487. y rafoit l'extrémité fupérieure du Limbe, un peu à gauche du formet, j'en jugeai la hauteur de 14 à 15 degrés fur l'horizon. J'appris quelque temps après, par une lettre de M. le Comte de Plelo, Ambafladeur de la Cour de France en Danemarc, adreffée à M. du Fay*, que M. Horrebow avoit vû la même Aurore Boréale à Coppenhague vers les 5 du même 10 heures du foir*, & qu'il en avoit obfervé la hauteur apparente du Linibe de 29'à 30 degrés Tur l'horizon. & Sur quoi, prenant les hauteurs moyennes 14 & 29, & les autres éléniens de calcul ci-deffus énoncés, je trouve la hauteur réelle du Phénomène ou 'du ſommet de fon Limbe au deſſus de la ſurface de la Terre, d'environ 214 lieues. Aurore Boréale du 12 Novembre 1732. 5 * En date da nois. 42. Je ne vis pas non plus cette Aurore Boréale. Elle ne parut point à 18 lieues de Paris où j'étois, vers l'Occi- dent, ou elle n'y parut qu'avec des fignes équivoques *. Mais * Mém. 17337 M. Godin l'obſerva à Paris, & M. Horrebow à Coppenhague. P. 491、 M. Godin la vit vers les 6 heures du foir entre les Etoiles de la grande Ourfe. Elle étoit baſſe mais bien terminée par fon Limbe, & il en jugea la hauteur de 9 à 10 degrés. Il n'y remarqua aucune déclinaiſon, ce qui arrive affez fouvent à l'égard de ces Aurores Boréales peu élevées fur l'horizon, & dont l'Arc ne peut paroître par-là que fort furbaiffé, la hauteur apparente en étant à peu près la même à ſon fommet que quelques degrés à côté, à droite & à gauche. C'eſt par la pofition de fes jambes, de part & d'autre de la verticale abaiffée de l'Etoile Polaire, qu'on en pourroit connoître la déclinaifon; mais il arrive encore affez fouvent → Cette heure revient à peu près à celle où M. Buache l'avoit obfer- vée, parce que Coppenhague eft plus oriental que Paris de 41′ 41″ de temps. Ce qui foit dit ici pour tout ce qui fuit en cas pareil, tant pour Coppenhague que pour tous les autres lieux d'obfervation qui diffèrent entre cux de longitude. 424 ECLAIRCISSEMENS i " que cette partie du Limbe de ces Phénomènes ſe confond avec des vapeurs obſcures, vraies ou apparentes, dont l'ho- rizon eft chargé pendant leur apparition. Quoi qu'il en foit, M. Horrebow, qui vit celui-ci à Coppenhague, après 6 heures, & fur-tout à 6ĥ y obferva 'une déclinaiſon occidentale d'en- viron 10 degrés, & il en détermina la hauteur de 23 *. 4 Ce qui, par la méthode & le calcul ci-deffus, donne environ 174 lieues de hauteur réelle fur la Terre. « Aurore Boréale du 22 Février 1734. 43. Le 22 Février, il y a eu une Aurore Boréale tran- quille, baffe, mais affez bien terminée. Je ne l'ai obfervée que » fur ſes fins, pendant que des nuages l'offufquoient, vers les 8 heures du ſoir; mais M. Godin, qui l'a vûe à 72 heures, » m'en a donné une note, d'où je recueille, qu'il y avoit un Segment obſcur, & par deffus ce Segment un Arc lumineux très-brillant, dont le milieu qui s'élevoit à plus de 1 o degrés, * Mém. Ac. déclinoit du Nord vers l'Oueft de 14 degrés » *. $734,P.569. >> » Le même Phénomène fut obfervé à Coppenhague vers *Lett. du 15 les 8 heures du foir, par M. Horrebow*, & trouvé de 22 à Mars fuivant. 23 degrés de hauteur apparente par le fommet de fon Lim- be, avec une déclinaiſon de 7 à 8 degrés. Calculant donc fur ce pied, donnant 15 minutes à ce plus que M. Godin dit qu'il avoit au deffus de 10 degrés à Paris, & fuppofant la hauteur apparente du Phénomène à Coppenhague, de 22d 30', je trouve que fa hauteur réelle devroit avoir été de 211 lieues. La déclinaiſon beaucoup moindre à Coppenhague qu'à Paris, fait voir que la plus grande excentricité de la Calotte Boréale, circulaire ou Elliptique, devoit être vers la gauche ✦ Lettre de M. Horrebow à M. le | Lettre, & quelques autres du même Comte de Plelo du 13 Novembre fur ce fujet, me furent envoyées en 1732. Vidi tandem hefternâ vef- original, & je les ai encore entre les perâ luculam Borealem; fed hoc tantùm fcribo, ut nofcat Excellentia tua, memet petitionis.... Domini Mayranii memorem'effe, &c. Cette mains. Mais notre commerce entre M. Horrebow & moi devint bien-tôt plus direct, comme on verra dans la fuite. des SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XIII. 425 'des Obfervateurs, & par conféquent (n.°'28) que l'erreur en excès par rapport à la hauteur obfervée du Limbe, & relativement à ce qu'elle auroit été, s'il n'avoit pas été excen- trique, tombe fur l'Obfervateur le plus occidental, & en même temps le plus méridional; d'où il fuit (n.° 37 que le calcul doit avoir donné la hauteur réelle du Phénomène plus grande qu'elle n'étoit. Aurore Boréale du 22 Février 1735. 44. Cette Aurore Boréale vûe à peu près en même temps à Paris & à Coppenhague, mérite une attention particulière par bien des circonstances; par la netteté avec laquelle fon Arc lumineux parut tranché dans ces deux villes, malgré quelques nuages qui en interrompoient de temps en temps la continuité; & fur-tout par ſa poſition directe fous le Pole. Je l'obfervai à Paris d'un lieu affez élevé, & d'où cepen- dant je ne pus bien déterminer fon amplitude, tant à cauſe des nuages dont je viens de parler, & qui demeurèrent plus conſtamment attachés de part & d'autre à l'horizon, que par l'obſtacle de plufieurs bâtimens: mais il me fut très-aiſé de prendre dans plufieurs momens la hauteur apparente de ſon fommet qui paffoit tout proche & au deffous des Etoiles de la tête & du col du Dragon, & raſoit à gauche l'Etoile de l'extrémité de l'aîle Boréale du Cygne, comme je le véri- fiai le lendemain fur les Cartes céleftes & fur les Tables de Flamfteed. Je déterminai donc cette hauteur de 1 1 à 1 2 degrés ou d'environ 1 1 degrés 30 minutes fur la verticale de l'Etoile Polaire, depuis 7 heures du foir juſque vers les 8 heures. Ke M. Horrebow l'obſervoit à peu près en même temps à Coppenhague, & il en fixa la hauteur à 26 degrés 30 minutes. Il ne parle d'aucune déclinaiſon occidentale ni orientale, à quoi cependant il étoit très-attentif, comme il + Aurora Borealis per hanc hye- mem frequenter apparuit, fed nun- quam adeò limitate, ut inde quid- quam defcribere potuerim, niſi hac vice: die 22 Febr.... vefperi, hor. 8. Barom. 27.7. Aurora Borealis alta 26 grad. &c. Lettre du 9 Avril 1735. Hhh • 426 ECLAIRCISSEMENS cia, an. 1737. paroît par fes obfervations précédentes, & felon qué nous en étions convenus. D'où il eft à préfumer que le Phéno mène n'avoit auffi nulle déclinaifon à Coppenhague; cas le plus favorable (n.° 35) qu'on puiffe defirer, pour l'appli cation de notre méthode des Parallaxes. On trouvera donc, d'après ces données, la hauteur réelle du Phénomène ou du fommet de fon Arc lumineux, d'en viron 165 lieues. Aurore Boréale du 22 Décembre 1736. 45. Dans le féjour que M. Celfus fit à Torno en Bothnie avec nos Académiciens, pour conftater la figure de la Terre, il obferva quarante-cinq ou quarante-fix Aurores Boréales en moins de ſept mois, favoir, depuis le 1er Octobre 1736 * Acta Lit. jufqu'au 22 Avril 1737*. Torno eft à 65d 50' 50" de Scient. Sue- latitude, & fa différence latitudinale avec Paris, fe trouve par conféquent de 178 o' 40", ce qui donne une baſe de plus de 420 lieues pour les Parallaxes de l'une à l'autre de ces deux villes. On voit par là combien il feroit à defirer que nous euflions à Paris ou à d'autres ſemblables latitudes, plufieurs obfervations des mêmes Phénomènes & en correſ pondance à celles de M. Celfius; mais je n'en trouve que deux à leur affocier. Toutes les Aurores Boréales obfervées à Torno, dont la hauteur apparente ou réelle n'a pas été très-grande, ont été perdues pour nous; nous n'avons pû les voir, & parmi quelques-unes de celles qu'on a vûes dans ces pays-ci, la hauteur angulaire de l'Arc n'a pas été obfervée, ou ne l'a été qu'à des heures très-différentes. II faut excepter cependant de ce nombre d'Aurores Boréales qui n'ont pas été vûes fort haut à Torno, celles qu'on y a vûes au delà du zénit vers le Midi. Celles-ci, toûjours * XI Ecl. très-feptentrionales pour nous*, & placées entre Torno & nous, auroient fort bien pû être obfervées de part & d'autre. Mais quoi qu'il en foit, les deux dont je vais faire ufage, font à cet égard dans le cas le plus favorable, & ne ſouffrent aucune difficulté. 2.396. SUR L'AURORE BORÉALE. Echi XIII. 427 Le 11 Décembre 1736, dit M. Celfius (le 22 nou- veau ſtyle) à sept heures trois quarts après midi, l'Arc lumi- neux paffoit par le Zénit (a). M. de Fouchy, aujourd'hui Secrétaire de l'Académie des Sciences, l'obfervoit à peu près en même temps, c'eſt-à-dire, vers les cinq heures & demie, de fon Obfervatoire rue des Poftes, & il en détermina la hauteur angulaire, par les Etoiles adjacentes de la grande Qurfe, de 14 à 15 degrés. Aucun des deux Obfervateurs ne fait mention de la déclinaifon. Cela pofé, & les autres élémens du calcul étant donnés, on trouvera la hauteur réelle d'environ 194 lieues. avoir Aurore Boréale du 21 Janvier 1737. 46. Par tout ce que M. Celfius nous indique de la hau- teur apparente & de la poſition du Limbe de ce Phénomène, vû à Torno à 8 heures du foir, c'étoit un grand Arc plus que demi-circulaire, immobile, dont le milieu ou le fommet paffoit par l'étoile de la Chèvre, Capella, 20 degrés 8 à 9 minutes au delà du Zénit vers le Midi, & qui pouvoit 5 à 6 degrés de déclinaiſon vers l'Eft. C'est ce qui fe déduit de la diſtance de cette Etoile au Pole, laquelle étoit en 1737, de 44° 17′ 44″, & du point du Ĉiel où ſe trouvoit cette Etoile à 8 heures du ſoir à Torno (b), (qui répondent à environ nos 6 heures). Il eft vrai cependant qu'à en juger par les amplitudes des verticaux où ſe termi- noient les pieds de l'Arc, fa déclinaiſon pouvoit être de 12 à 13 degrés vers l'Oueft, & qu'on ne voit pas bien auffi, par l'expreffion de M. Celfius, fi l'Etoile brilloit précisément fur le bord extérieur du Limbe, ou à quelque diftance de ce bord, dans fa largeur. Mais je paffe par deffus tous ces doutes, en fa- veur d'une obfervation fi précieuſe, faite à plus de 17 degrés de (a) In Efwer-Torneå, 11 De- cemb. Hor. 7 p. m. Arcus lucidus zenith ſecabat. A&t. Lit. fup. cit. P. 256. (b) D. 10 Januar. (21 N. S.) in Torneâ Hor. 8 p. m. Arcus im- mobilis apparebat, in cujus medio tranflucebat Capella. Hic Arcus Orientem verfus fecabat horizontem in verticali per y Urfæ majoris, ver- fus Occidentem verò per & Caffiopea tranfeunte. Ubi fup. p. 259. Hhh ij 428 ECLAIRCISSEMENS 2 • Sup. p. 303. diſtance latitudinale de Paris, & dont nous avons la corref- pondante. L'erreur qui en peut réſulter, par rapport à notre. objet, ne fauroit être bien confidérable; 1.° parce que quef- ques degrés de déclinaiſon de part ou d'autre de ce grand Arc n'y changent que peu la hauteur angulaire; 2. parce que le point obfervé fe trouvant placé entre les deux Obſer- vateurs, il en réſulte ici un très-grand angle parallactique favoir, de plus de 80 degrés; fur quoi l'erreur de quelques minutes, ou d'un degré, plus ou moins, n'en fauroit pro- duire une bien grande fur la hauteur réelle. J'obfervai cette même Aurore Boréale à Paris, dans plu- fieurs momens de clarté, depuis 6 juſqu'à 7 heures du foir. Le Ciel fe couvrit après cela de nuages fans retour; mais je l'obſervai très-bien dans ces momens, où fon Limbe étoit affez diftinctement tranché, entre les Etoiles de la queue de l'Ourfe & de la tête du Dragon, & j'en déterminai la hauteur appa- rente ou angulaire, de 13 à 14 degrés, ou 13ª 30'. D'où, & des élémens ci-deffus, on tirera la hauteur réelle d'environ 155 lieues. Aurore Boréale du 16 Décembre 1737. 47. J'ai affez parlé de la célébrité de cette Aurore Boréale en Italie, & des Ecrits qu'elle y occafionna *. Le R. P. Bofcovich, fur l'Obſervation de M. le Marquis Poleni à Pa- doue, & fur ce que le Phénomène avoit paru juſqu'aux extrémités ſeptentrionales de l'Angleterre, en avoit d'abord déterminé la hauteur réelle à plus de 836 milles, dont les 720 font 300 de nos lieues, c'eſt-à-dire, à plus de 348 * Dig. de Aur. Lieues *. Mais plus particulièrement informé depuis, il réduiſit cette hauteur à 660 milles ou 275 lieues*. Bor. p. 7. in * Not. 20, Aurora Boreali R. P. Noceti. 48. Nous la diminuerons encore, fur les deux obferva- tions correſpondantes qui en furent faites à Paris & à Mont- pellier, dont la différence longitudinale eft d'environ un degré & demi, & la latitudinale de plus de cinq degrés. M. de Fouchy l'obferva dans la première de ces deux villes, depuis 6½ juſque vers les 7 heures du foir, & il en jugea la hauteur SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XIII. 429 angulaire fur l'horizon, par les fixes adjacentes, de 29 à 30 degrés. M. de Plantade trouva cette même hauteur du Limbe à Montpellier, vers les 7 heures, de 17 degrés. D'où & par la méthode précédente, réſulte une hauteur réelle d'environ 200 lieues. 49. L'obſervation de M. de Plantade me fut envoyée par M. de Guilleminet, ancien Greffier de la Province de Lan- guedoc, & très-verſé dans l'Aftronomie. Il y joignit une figure du Phénomène, foigneuſement deffinée & coloriée. Cette figure m'a paru fi curieuſe par les accidens de lumière, par les couleurs, & par l'efpèce de nuages finguliers dont ce Phénomène У eft accompagné, que j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de la rapporter ici, en y fuppléant les cou- leurs par les traits de la gravure, par des lignes différemment couchées, & par des points, comme on les emploie dans le Blafon. Mais il convient d'en indiquer plus particulière- ment l'eſpèce & les nuances, Le Segment obſcur qu'on voit communément d'un gris d'ardoiſe ou violet brun, n'eſt dans cette figure que d'un bleu foncé le limbe, couleur de feu auprès du Segment ſe termine inſenſiblement en jaune; le rouge domine dans la gerbe de rayons qu'on voit à gauche vers l'Occident; ce qu'on prendroit pour un gros nuage du même côté, & qui У cache une partie du Limbe, tire fur le couleur de fang; les nuages noirâtres de la droite font plus foncés, & fur-tout mieux tranchés que ne le comporte la contexture ordinaire des vrais nuages; tout le refte du Ciel eft d'un gris cendré, peu uniforme, fouetté de violet, & qui s'éclaircit de plus en plus en approchant du Limbe, jufqu'à devenir blanc citrin. Ce Limbe eft plus large qu'il n'a coûtume d'être, il fait plus du tiers de toute la hauteur du Phénomène à compter de l'horizon jufqu'au fommet de l'Arc. Les Etoiles qui brillent à travers ces nuages apparens, & toutes les autres circonftances me perfuadent que ce n'étoient ici que des flocons, des amas de la matière Zodiacale, plus ou moins denfes, plus ou moins élevés dans les couches fupérieures de notre Atmoſphère. Hhh iij Fig. XXXVL 430 ECLAIRCISSEMENS R du 23 Aurore Boréale du 3. 3 Novembre 1740. 50. Parmi une trentaine d'Aurores Boréales que M. Celfus. Alta Soc. obferva, à Upfal en 1740*, je ne trouve que celle-ci dont Reg. Scient. Up- falienfis, ad an. je puiffe établir la correfpondance; encore n'eft-ce pas fans $740, p. 43. quelque fujet de doute. Pendant toute la foirée (tota veſpera) Octobre (3 Nov. N. S.) dit M. Celfius, il s'éleva du Nord-nord-ouest des Arcs lumineux l'un après l'autre, qui paſ- foient ou qui fe répandaient par le zénit, & qui y formoient différentes courbures; apparemment, felon qu'ils déclinoient plus ou moins, ou qu'ils devenoient quelquefois concentri- ques à l'axe de la Terre. Le Lecteur fera là-deffus les réflexions qu'il jugera à propos; mais quoi qu'il en foit, j'ob- fervai la même foirée, étant au Château de Sain-port, de 6 jufque vers les 7 heures, une Aurore Boréale dont le fommet de l'Arc étoit rafé par l'Etoile a de la grande Ourſe, & qui, par conféquent, vû la déclinaiſon actuelle de cette Etoile, devoit avoir environ 22 degrés de hauteur fur l'ho- rizon, & ne s'écartoit pas bien fenfiblement du vertical de l'Etoile Polaire. Le Château de Sain-port ou de S.te Affife, comme je puis en juger par quelques obfervations Aftronomiques que j'y avois faites, eſt de 174 minutes plus méridional que l'Obſer- vatoire de Paris. Ce qui étant ôté de la latitude de cet Obfer- vatoire, & le tout retranché de la latitude d'Upſal, qui eſt. de 59d51'50", donne à notre Parallaxe une baſe latitudinale de 1,1° 19′ 25″, & à la hauteur du fommet de l'Arc au deſſus de la Terre, environ 157 lieues; dans la fuppofition que cet Arc paffoit par le zénit d'Upfal, & abftraction faite de la déclinaiſon qui, dans le cas dont il s'agit, ne pouvoit pas produire une erreur bien confidérable. d Aurore Boréale du 3 Février 1750. 5.1. La fréquence du Phénomène diminue de plus en plus dans nos climats; c'eft encore ici le feul depuis 1740, dont j'aie pû faire ufage dans cette recherche, & le dernier Planche XVII. Eclaire XIII. Pag. 430. Fig. XXXVI. Aurore Boreale observée à Montpellier le 16 Decembre 1737. SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XIII. 431 que j'y emploierai; mais il eft tel qu'il pourra me tenir lieu de plufieurs autres. Je l'ai décrit ci-deffus nn.º 21 & 22, en y appliquant la méthode de M. Maier, & d'après les deux obfervations qui en avoient été faites, l'une par M. de Fouchy à l'Obfervatoire, où la hauteur apparente de l'Arc fut trouvée de 26 à 27 degrés, l'autre par M. Abauzit à Genève, où cette hauteur fut eſlimée de 19 à 20 degrés. La Parallaxe qu'il s'agit préfentement d'en tirer d'après ces deux obſervations, fera fans doute d'un grand poids, par l'intelligence & l'exactitude des Obfervateurs, fur un Phéno- mène dont les circonflances ont été des plus favorables. Cependant la petite diſtance latitudinale qui fe trouve entre Paris & Genève, qui ne paffe guère deux degrés & demi, & qui ne donne par-là qu'un angle parallactique fort aigu, ne peut qu'en rendre le réſultat incertain entre d'affez grandes limites. Car quelques minutes d'erreur en plus ou en moins fur la hauteur apparente & angulaire de l'Arc, peuvent fort bien influer en ce cas d'une trentaine de lieues fur la hauteur réelle attribuée à cet Arc, &, comme nous l'avons fouvent remarqué, cette erreur eft prefque inévitable fur des objets de cette nature. 52. J'ai donc tâché de me procurer quelque autre obfervation correſpondante de ce Phénomène, faite à une plus grande diftance latitudinale; & c'eſt ce que j'ai heureuſe- ment trouvé dans l'obſervation de M. d'Arquier, de l'Acadé- mie Royale des Sciences, Inſcriptions & Belles-Lettres de Touloufe, où il avoit obfervé la même Aurore Boréale avec beaucoup d'intelligence & d'exactitude, & aux mêmes heures qu'on l'avoit obfervée à Paris & à Genève. M. d'Arquier à eu la bonté de m'en envoyer la defcription, & de répondre à tous les Eclairciffemens que je lui avois demandés fur ce fujet *, & il réfulte de fon obfervation, que le fommet de l'Arc blanc & lumineux fut vû à Toulouſe de 14 à 15 degrés de hauteur. Ces trois obfervations combinées, comparées entre elles, & avec ce que nous avons déjà conclu des deux premières * Lettre de M. d'Arquier du 18 Mars 1753. ** 432 ECLAIRCISSEMENS par la méthode de M. Maier, nous donneront, fi je ne me trompe, tout ce qu'on pouvoit eſpérer jufqu'ici de plus précis fur cette matière. La latitude de Toulouſe n'étant que de 43d 35' 54". nous fournit un Arc latitudinal, entre cette ville & Paris, de 5d 14′ 16″, & une baſe parallactique de plus de cent trente lieues. Remarquons encore que Toulouſe eft prefque fur le même Méridien que Paris; la différence n'en eft pas d'un degré. Et quoiqu'il foit comme certain que l'Arc du Phénomène dont il s'agit, n'avoit point de déclinaiſon (Sup. 11.º 21), ou qu'il n'en avoit qu'une bien peu fenfible, le calcul en devient toûjours plus für par la circonftance du même Méridien. Calculant donc d'après ces élémens, & par notre méthode, on trouvera que la hauteur réelle du fommet de cet Arc au deffus de la furface de la Terre, étoit d'environ 173 lieues. 53. Pareil calcul étant fait fur les deux obſervations de Paris & Genève, il n'en réſulte qu'environ 154 lieues. 54. Mais Toulouſe & Genève nous redonnent à près la même hauteur que Toulouſe & Paris, 175 lieues. peu 55. Réfumant enfin toutes ces hauteurs d'Aurore Boréale, déterminées ou indiquées dans cet Eclairciffement, j'en forme la Table fuivante, où je les raffemble fous un coup d'oeil, avec les noms des Villes d'obſervation, ceux des Ob- fervateurs, & avec les Numero où j'en ai plus particuliè- rement donné le détail & les preuves. Je n'ai point hélité de faire entrer dans cette Table les deux Bandes lumineufes obfervées & calculées, l'une du 15 Février 1730, l'autre du 27 Février 1750, n'y ayant aucun doute qu'elles ne fiffent partie des Aurores Boréales qui parurent les mêmes jours & en même temps. Les Phénomènes qui ne font fuivis ici d'un feul nom de Ville & d'Obſervateur ont été calculés que par la Méthode de M. Maïer, tous les autres par celle des Parallaxes. 56. TABLE SUR L'AURORE BORÉALE, Ed. XIII. 433 $6. TABLE des différentes hauteurs de l'Aurore Boréale au deſſus ac la furface de la Terre, déterminées dans cet E'clairciffement. Numero. ANNÉES, MOIS & Jours. VILLES & LIEUX d'Obſervation. OBSERVATEURS LIEUES de Hauteur. 20 1621. Septembre, 12 Peynier, Gaffendi, 160. Paris, Godin, 2 1726. Octobre, 266. 19 Rome, Bianchini, Rome, Bianchini, 187. 39 Coppenhague, Horrebow, Genève, Cramer, 2 1730. Février, IS 160. Montpellier, 23 1730. Mars, 16 Pétersbourg, Krafft, 47. 23 Septembre, 6 Pétersbourg, Krafft, 58. 23 Novembre, 2 Genève, 170. 2 1731. Octobre, 2 Coppenhague, Horrebow, Breuillepont, De Mairan, 250. Paris, Buache, 4.I 1732. Septembre, I 214. Coppenhague, Horrebow, Paris, Godin, 4.2 Novembre, 12 174. Coppenhague, Horrebow, 43 1734. Février, 22 Paris, Coppenhague, Godin, Horrebow, 211. 44 1735. Février, 22 Paris, Coppenhague, De Mairan, Horrebow, 165. Paris, 45 1736. Décembre, 22 Torno, De Fouchy, Celfius, 194. Paris, De Mairan, せ ​46 1737. Janvier, 21 155. Torno, Celfius, Iii 434 ECLAIRCISSEMENS Numero. ANNÉES, MOIS & Jours. VILLES & LIEUX d'Obfervation. LIEUES Observateurs de Hauteur. 47 1737. Décembre, 16 En Angleterre, Padoue, Paris, Poleni, De Fouchy, 275. 48 200. Montpellier, Plantade, Upfal', Celfus, 50 1740. Novembre, 3 157. Sain-port, De Mairan, 21 1750. Février, 3 Paris, De Fouchy, 169. 22 Genève, Abauzit, 134. Paris, De Fouchy, 52 53 173. Toulouſe, d'Arquier, Paris, De Fouchy, 154.. Genève, ・Abauzit, Genève, Abauzit, 175. 54 Toulouſe. d'Arquier, Sup. P. 393 Paris, .. Février, 27 La Haie, De Mairan, Gabry, 168. 57. Si l'on fait une fomme de toutes les hauteurs con- tenues dans la dernière colonne de cette Table, & qu'on diviſe cette fomme par 23, nombre des hauteurs données, on en tirera une hauteur moyenne de 17414, ou d'environ 175 lieues. 58. Toutes ces hauteurs pourroient à la rigueur être vraies où approchantes du vrai, n.º 4; mais il eft bien plus à croire qu'il y en ait plufieurs qui pèchent en excès ou en défaut felon que les Phénomènes auxquels elles fe rapportent ſe feront trouvés moins fufceptibles d'obfervations exactes, & les Obfervateurs dans des circonftances moins favorables. 59. On peut donc faire ici un choix de ceux de ces SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XIII. 435 1 · Phénomènes où les conditions requifes pour la plus grande jufteffe de l'obſervation, accompagnées des circonftances extérieures les plus favorables, auront été le mieux emplies; & fur ce pied je choifis les dix Phénomènes fuivans; favoir, Le Phénomène de Gaffendi, n.º 20, calculé par la mé- thode de M. Maier, & trouvé de 160. lieues de hauteur. Celui du 3 Février 1750, trouvé par cette même mé- thode, n.° 21, de 169 lieues, & par celle des Parallaxes appliquée, n.° 2, à la plus grande baſe, de 173. I Et les huit autres, compris fous les numero 39, 42, 43, 44, 45, 46, 48, & page 393. Le Lecteur verra affez par la lecture de ces articles, & des inſtructions répandues dans cet Eclairciffement, les rai- fons de la préférence que j'ai donnée à ces Phénomènes fur les autres. 60. Du refte, on peut les confidérer tous fous trois aſpects différens, & les renfermer dans ces trois claffes. La première, de ceux qui ont été vûs fans déclinaiſon, ou qui n'ont eu qu'une déclinaiſon inſenſible. La feconde, de ceux dont les obfervations correſpondantes ont été faites ſur le même Méridien ou à peu près, relati- vement à la diſtance latitudinale des Obfervateurs. Et la troiſième, de ceux où les conditions précédentes fe trouvent fuppléées par la grandeur des baſes & des angles parallactiques, ou par telle autre circonſtance importante. Car nous avons vû, nñ.° 35, 34, 30, 31, &c. que ce font là les conditions qui peuvent porter le plus de juſteſſe dans les réſultats de nos calculs. 61. Parmi les Phénomènes choiſis, celui de Gaſſendi ne remplit qu'une de ces conditions, mais la plus importante de toutes, & qui renferme ou ſupplée les trois autres. Le Phénomène du 3 Février 1750, nn.º 21 & 52, les remplit toutes trois. Celui du n.º 44 remplit la première & la troiſième. Ceux des nn. 39, 48 rempliffent les deux dernières. Et les cinq autres, nn.° 42, 43, 45, 46, & p. 393, Iii ÿj 436 + ECLAIRCISSEMENS 238 み ​Chap. 11, t 3 feulement la troifième, les circonftances favorables du der- nier, expliquées à l'endroit cité, pouvant fuppléer à la peti- teffe de la baſe. 62. Que fi l'on veut enfin tirer une hauteur moyenne de ces dix Phénomènes, ou des onze hauteurs qui réfultent de la double méthode appliquée à celui du 3 Février 1750, on trouvera 177 lieues qui ne different de la moyenne qu'a fourni toute la Table, que d'environ 3 lieues. 63. D'où il eft à préfumer que, quelles que foient les erreurs de cette Table, en excès & en défaut, s'il y en a, n.° 58, elles doivent s'y trouver affez bien compenſées ; & que la hauteur moyenne ou la plus ordinaire de la matière du Phénomène, que nous en avons déduite, favoir, d'en viron 175 lieues, ne peut guère s'écarter de la véritable. XIVME ECLAIRCISSEMENT. Sur l'Aurore Polaire Auftrale. L'AURORE Boréale étant, ſelon ma théorie, un Phéno- mène Colinique, & qui, toutes chofes d'ailleurs égales, ne doit pas moins appartenir au Pole Auſtral & à l'hémiſphère *Tr. de l'Aur. de ce nom, qu'au Boréal*, on a pu demander, pourquoi Bor. Sect. 111, parmi tant de voyageurs qui ont paffé une partie de leur vie dans cet hémisphère, ou qui l'ont parcouru, aucun que nous fachions, n'y a vû l'Aurore Polaire, ou ne nous a donné connoiffance qu'il l'y eût vûe? J'en ai dit les raifons * Sect. V, dans ce même Traité*; il eft bon de fe les rappeler; mais je fuis aujourd'hui en état d'y ajoûter quelque chofe de plus pofitif & de plus fatisfaifant. P. 104. Quest, XI. Toute la partie Sud, compriſe dans l'hémiſphère Auſtral; depuis le Cap de Bonne-eſpérance (342d de latitude Auf- trale) en tirant vers l'Eft, ne nous préfente que de petites Ifles, des lifières de côtes peu connues & peu fréquentées, ou trop peu avancées vers le Pole, pour en attendre des ! 1 sur L'Aurore BORÉALE. Ed. XIV. 437 A relations de l'Aurore Polaire Auftrale, Car, à raiſonner fur cet hémisphère, d'après ce qui fe paffe à cet égard dans le nôtre, il n'y a nulle apparence que le Phénomène s'y montre jamais en deçà du 36me degré de latitude Auſtrale, & il doit s'y montrer bien rarement & bien foiblement juſqu'au 40me & au delà. Mais en prenant la route oppofée, vers l'Oueſt, on rencontre des Ifles plus prochaines du Pole, & enfin la pointe de l'Amérique méridionale, l'Ifle d'Anican, la Terre de Feu, les détroits de Magellan & de le Maire, & le Cap de Horn, qui, par rapport à l'Aurore Polaire, ſe trouvent dans le cas de l'Angleterre, de la Pomeranie & du Danemarc, où les Aurores Boréales font, depuis trente ou quarante ans, très-grandes & très-fréquentes. Car toutes ces Terres gifent entre les 50 & 56 degrés de latitude méridionale. Cependant une poſition fi favorable aux appa- ritions de Aurore Auftrale ne nous avoit procuré jufqu'ici aucun Eclairciffement fur ce fujet, & bien des caufes vent y avoir concouru. peu- Ces parages font affez connus, ils ont été fouvent fré- quentés; mais enfin ils n'ont été vûs qu'en paffant, en allant à la mer du Sud, & en revenant de la mer du Sud dans celles de nos continens. En un mot, il n'y a point eu d'éta- bliffement fixe d'où un Obfervateur affidu ait pû nous donner des nouvelles de l'Aurore Auftrale. Philippe II Roi d'Eſpagne avoit fait des dépenfes immenfes pour peupler les terres Magellaniques. Il y avoit envoyé, vers l'an 1585, une Colonie qui s'établit fur la côte feptentrionale du détroit même de Magellan, lequel étoit alors le feul paffage connu, & dont il paroiffoit important de fe rendre maître. Cette Colonie porta d'abord le nom de Philippopolis, ou de Saint- Philippe, & bien-tôt après, celui de Port-Famine. Noin trop juſtement mérité; car les habitans y ayant été laiffés fans fecours & fans vivres, y périrent tous de misère, de froid & de faim. Les Eſpagnols n'ont fait depuis le commerce de la mer du Sud, que par Porto-Belo & Panama. Le détroit de Magellan a été abandonné, ce n'eft que par celui de 438 ECLAIRCISSEMEN'S le Maire, & en doublant le Cap de Horn, découverts en 1616, que l'on va aujourd'hui de l'une à l'autre mer. Ce paffage ne fut jamais plus fréquenté que pendant la guerre de la fucceffion d'Eſpagne en 1702, par les Armateurs de S. Malo, qui alloient faire leurs courfes dans la mer du Sud; mais notre dernière Repriſe des Aurores Boréales n'avoit pas encore commencé, & quoi qu'il en foit, ce ne font toû- jours que des paffages dénués de tout établiſſement. + Confidérons encore que dans toutes ces mers qui envi- ronnent la pointe de l'Amérique méridionale, on n'a le plus fouvent qu'un Ciel couvert, un temps brumeux, & ſujet à de fréquentes tempêtes. Eft-il étonnant que pendant de ſi courts intervalles, on n'y ait point vû un Phénomène qui eft quelquefois trente ou quarante ans fans paroître, & qui, dans les temps de fes Reprifes, ne paroit qu'en certains jours ſouvent fort éloignés les uns des autres ? Nous avons été plus de cinquante ans, fans le voir ou fans l'obferver à Paris; on l'avoit oublié à Coppenhague en 1709, & une très-grande & très-lumineufe Aurore Boréale s'y étant mani- festée, cette année-là, plufieurs corps de garde fortirent, prirent • Sup. p. 84. les armes, & battirent le tambour*. Combien de fois des Navigateurs pourroient-ils avoir paffé dans nos mers, fans voir l'Aurore Boréale? Enfin les Navigateurs, & ceux fur-tout qui ont doublé le Cap de Horn, occupés de foins plus preffans, auront négligé de nous inftruire d'un Phénomène dont ils n'étoient pas eux-mêmes affez inftruits, & qu'ils auront bien pu con- fondre avec le feu S. Elme, ou avec quelqu'autre météore. Il y falloit, des connoiffances préliminaires, ou des atten- tions qu'ils n'ont point eues, pour le démêler parmi ces appa rences trompeuſes; faute de quoi tout ce qu'ils ont pu voir dans ce genre aura été perdu pour nous. II Telles étoient mes conjectures, & les voici enfin pleine- ment juſtifiées, par un de ces hazards heureux que les temps n'amènent quelquefois que bien tard. Ayant été informé que Don Antoine de Ulloa, Capitaine SUR L'AURORE. BORÉALE. Ecl. XIV. 439 de Vaiffeau du Roi d'Eſpagne, & l'un des deux Officiers nommés par Sa Majesté Catholique, pour faire avec nos Académiciens le voyage de l'Equateur, avoit doublé le Cap de Horn, & qu'il y avoit, vu une lumière vers le Pole, je pris le parti de lui en écrire, & il m'accorda la réponſe qui fuit, en date de Rouen le 28 Avril 1750. « << << « M. C'eſt avee bien du plaifir que j'ai reçû la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, du 24 de ce mois, « fur les Aurores de l'Hémisphère Auftral, dont M. Jallabert ➡ vous a parlé, d'après l'entretien que j'avois eu avec lui fur « ce fujet. Je lui ai dit que j'en avois vû quelques-unes, « lorſque le temps étoit favorable, mais non que j'en euffe fait « des obſervations dans toutes les formes, comme il auroit été « à defirer, parce que le brouillard plus ou moins épais dont notre Navire étoit prefque toûjours enveloppé ne le per- « mettoit pas. C'est la raison pourquoi je n'en ai point parlé dans la Relation de mon Voyage. Et il eft bon que je vous « diſe à ce fujet, que tout ce que j'ai pu diftinguer, lorſque les brouillards fe diffipoient du côté du Sud, c'étoit une « grande clarté dans le Ciel, qui montoit quelquefois juſqu'à 30 degrés au deffus de l'horizon, à peu près comme quand la Lune eft prête à fe lever, quelquefois plus rougeâtre, & « quelquefois plus brillante ou plus blanche. Ces entrevûes « ne duroient guère au delà de trois ou quatre minutes, parce « qu'un nouvel amas de brouillard en reprenoit la place, & fi « celui-ci venoit à être diffipé par le vent, il en fuccédoit « bien-tôt un autre qui nous empêchoit de voir l'horizon, & « même les autres Vaiffeaux de la Compagnie. Et pour vous « faire mieux comprendre l'effet de ces brouillards dans la faiſon « où je paffai le Cap de Horn, j'aurai l'honneur de vous dire, que quelquefois nous ne nous voyions point réciproquement entre les trois Navires, & que d'autres momens, forfque nous « nous croyions le plus éloignés les uns des autres, nous en « découvrions les girouettes qui paroiffoient affez proches, fans «< voir le corps du Vaiffeau, & que quelquefois nous voyions le corps du Vaiffeau & une partie de la mâture, fans rien « 68 > >> » » >> 4 » apercevoir de tout le refte. Un moment après nous ne nous voyions plus, & vous devez imaginer que c'eft comme » par une fenêtre qu'on y découvre les objets, & qu'on les » y perd avec la même promptitude qu'on les avoit vûs, & lorſqu'on s'y attend le moins. C'eſt ce qui arrivoit auffi à l'égard de tout l'horizon, par ce brouillard qui nous accom: » pagna depuis les 40 degrés de latitude Sud, en allant vers le Cap de Hon, jufqu'à pareille hauteur après l'avoir doublé. » Je paffai ce Cap dans le mois de Mars & partie d'Avril de l'année 1745. Mais fuivant ce que j'appris de ceux qui » avoient fait plus tôt la même traverfée, c'eft-à-dire, aux mois » de Janvier & de Février, les brouillards n'y font pas alors fi » commans, ou même y font-ils affez rares. Mais en pareille ſai- » fon on ne peut guère s'apercevoir de ces Aurores, parce que le Crépuscule n'a pas le temps de finir, celui du matin ſe » confondant avec celui du foir. Je pense qu'elles doivent être fréquentes dans l'Hiver de cet Hémisphère, puifque toutes » les fois que les nuages le permettoient, & que le Ciel » venoit à fe découvrir du côté du Pole, j'en apercevois quel- que choſe. Pour ne pas m'y tromper, je comparois cette » partie où je voyois la clarté, aux autres parties du Ciel, » en attendant qu'il s'y fit quelque ouverture de côté ou d'au- » tre. Il me falloit quelquefois attendre plus de deux heures, » & pour lors je ne me fiois pas à ma comparaiſon. Quant » à l'heure où paroiffoit cette Aurore, j'aurai l'honneur de » vous dire, que je reftois d'ordinaire fur le gaillard juſqu'à minuit, & que j'en ai quelquefois vû la clarté jufqu'à pareille heure, mais le plus fouvent c'étoit juſqu'à dix heures, & ce » n'eſt que deux ou trois fois que je l'ai aperçue plus tard. Je » faifois auffi attention à l'état de la Lune, & à voir fi ce que j'apercevois n'étoit pas pluſtôt un effet de la réflexion de fa lumière fur le brouillard délié des particules de glace répan- » dues dans l'Atmoſphère, qu'une véritable Aurore, & ce n'eſt » que forfque la Lune étoit fous l'horizon, que je la regardois » coinme telle. Je la fis obferver auffi aux Öfficiers du Vaif- feau, qui jufqu'alors n'avoient pas fait attention à un pareil Phénomène. » رد » כל » » » + { SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XIV. 441 Phénomène. Je ferois charmé de pouvoir vous donner de « plus amples inftructions fur ce fujet, & vous pouvez être «< perfuadé, »> &c. La retenue & l'intelligence qui règnent dans toute cette Lettre de M. de Ulloa, fon attention aux moindres circonf- tances, font de fon témoignage tout ce que nous pouvions efpérer là-deffus de plus authentique & de plus inftructif. Ces entrevûes de la Lumière Auftrale, qui ne duroient que quelques minutes, ces ouvertures fubites qui fe faifoient dans le brouillard, & à travers lesquelles on la voyoit, comme par une fenêtre qui fe refermoit le moment d'après, nous donnent la clef de ce que rapporte M. Frézier dans fa Rela- tion de la Mer du Sud, lorſqu'il doubloit le même Cap, en 1712*. Nous nous eftimions, dit-il, par les 57 de latitude, & 69 ou 66 de longitude (occidentale) lorfque par un grand vent & un temps brumeux, une heure après minuit, le Quart de babord vit un météore inconnu aux plus anciens Navigateurs qui étoient préfens; c'étoit une lueur différente du Feu S. Elme & d'un Eclair, qui dura environ une demi-minute, &c. Je fupprime les imaginations de l'Equipage à ce fujet; mais y a bien de l'apparence que ce n'étoit autre choſe, que la lumière aperçue à diverſes repriſes par M. de Ulloa. il XVME ECLAIRCISSEMENT. ſe Sur les Aurores Boréales qui pourroient Se former fur la Lune. J'AI affez difcuté cette matière dans les Queſtions XIV, XV & XVI de ma cinquième Section. Je me bornerai pour le préſent à rapporter l'obfervation curieufe qui me fut envoyée de Rome fur ce fujet, par le R. P. Jacquier, déjà cité dans ces Eclairciffemens. « Le 11 Avril*, en obſervant l'occultation de l'Etoile & des Gémeaux par la Lune, on voyoit fortir du Limbe Boréal Kkk * Le 18 Mai, P. 34. « tre * 1742. Ler, tre du 27 d même mois, 442 ECLAIRCISSEMENS » de la Lune, un rayon blancheâtre dont la largeur égaloit à » peu près le demi diamètre de la Lune, & dont la longueur ככ × ૪ » دو >> נג étoit environ quadruple. L'extrémité Boréale de ce rayon » étoit fort brillante, & touchoit exactement le Limbe Boréal » de la Lune. Cette lumière décroiffoit en s'éloignant de ce » même Limbe. Tous ceux qui furent témoins de ce Phéno- » mène crurent à la première vûe que c'étoit un nuage; mais » on s'aperçut que cette clarté fuivoit le mouvement de la Lune, & elle l'accompagna avec les mêmes circonftances juſqu'à fon coucher. Je me fuis informé fi l'on n'avoit point obfervé le même Phénomène les jours précédens; plufieurs perfonnes m'ont affuré avoir vû avec admiration, le 9me d'Avril, un rayon de feu fortir de la Lune, & reffemblant » à un Globe de flammes. Ceux qui en furent témoins atten- doient ce Phénomène la nuit fuivante; mais des nuages en » dérobèrent la vûe. Enfin le 11 on obferva ce que je viens » de raconter. Ainfi ce Phénomène dura au moins deux jours: » nous ne pûmes rien voir les jours fuivans. Quelle en peut- » être l'origine? Ne pourroit-on pas foupçonner que la Lumière » Zodiacale & la matière de l'Atmoſphère Solaire ramaffée » & condenſée vers la Lune, ont produit le même effet que » les Aurores Boréales fur notre Terre? Cette lumière ayant » été observée vers le Limbe Boréal de la Lune, ne feroit-ce, » pas un fondement de conjecturer qu'il y a auffi des Aurores » Boréales dans la Lune? Il feroit à fouhaiter que ce Phéno- mène eût été obfervé ailleurs >> << jour c " L'occultation de l'Etoile & des Gémeaux arriva le même "". દ Son immerſion fut à 115 1′ 8″, L'Emerfion à . • II 11 41 45 ". Cette occultation par la Lune n'avoit été indiquée ni dans la Connoiſſance des Temps, ni dans les Ephémérides de feu M. Manfredi, ni dans celles de M. l'Abbé de la Caille, ni ailleurs que je fache; ce qui peut avoir empêché qu'on ne fe foit avifé de faire en d'autres pays l'obfervation qui fut faite à Rome. On aura pû auffi n'y voir le Phénomène SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XV. 443 de la Lune que vaguement, & le prendre pour un nuage, comme il étoit d'abord arrivé aux Obfervateurs de Rome. Le Lecteur fera ſes réflexions fur tout le reſte. J'en étois à l'impreffion de ces Eclairciffemens, lorfque j'ai reçu du R. P. Bofcovich la Differtation De Lunæ Atmo- Sphæra, qui venoit d'être imprimée à Rome; Ouvrage rem- pli de recherches curieuſes & profondes, tant par rapport à la Phyſique céleſte, qu'à l'Aftronomie pratique. Il ſuit de ces recherches, que fi la Lune a une Atmoſphère, c'eſt quelque chofe de très-différent de l'Atmoſphère Terreftre & de notre air. C'eſt un fluide ou pluftôt un liquide par-tout homogène, tel que l'eau, feulement plus ténu & plus dia- phane, fenfiblement incompreffible, ou auffi denſe à ſa ſuper- ficie qu'à fa partie inférieure immédiatement appuyée ſur le Globe folide de la Lune. C'eft donc, relativement à notre fujet, comme fi la Lune n'avoit point d'Atmosphère. Or, en ce cas, avons-nous dit *, & nous pouvons ajoûter, dans le cas de ce fluide, la queftion des Aurores Boréales de la Lune feroit bien-tôt décidée, il ne fauroit y en avoir; car la matière du Phé- nomène n'y trouvant aucun milieu dans lequel, ou dans les diffé- rentes couches duquel elle pût ſe ſoûtenir aſſez long-temps & s'enflammer, ne feroit que fe précipiter rapidement fur fa ſurface, comme dans le cas du fluide dont il s'agit, fuppofé uniformé- ment plus léger, plus rare que cette matière, ou, s'il étoit plus pefant & plus denfe, qu'y furnager, fe répandre concentrique- ment & de niveau par deffus, ce qui, dans aucun de ces cas, ne fauroit produire ni pour la Lune, ni pour l'Obfervateur qui voit la Lune de la Terre, rien qui approchât des apparences de notre Aurore Boréale. Tout ce qu'on pourroit imaginer, c'eſt que quelque longue & vafte traînée de la matière Zodiacale, éclairée du Soleil ou lumineuſe par elle-même, qui tombe- roit continûment vers la Lune, fe rendît vifible pour nous pendant fa chûte, qu'elle y parût comme un jet de lumière blancheâtre ou coloré; & c'eſt-là peut-être le cas fingulier de l'obſervation que je viens de rapporter du R. P. Jacquier. * Quest, XIV, p. 275. Kkk ij 444 ECLAIRCISSEMENS XVIME ECLAIRCISSEMENT. Sur la direction vraie ou apparente des Jets de lumière de l'Aurore Boréale. C'EST EST par rapport aux figures XIII & XVIII du Traité, que j'ajoûte ce mot d'Eclairciffèment à ce que j'avois dit fur ce fujet dans le Chapitre cinquième de la Section troiſième. Il n'eft pas rare que tous les Jets de lumière de l'Aurore Boréale, fes colonnes & fes rayons, foient vûs perpendicu- laires à l'horizon fenfible, & parallèles entre eux, étant regardés fucceffivement du centre de cet horizon, où l'Ob- fervateur eft placé. Il eſt certain cependant que les Jets de lumière de l'Aurore Boréale font prefque toûjours, & en plus grande partie, inclinés à l'horizon, divergens entre eux, & le plus fouvent dirigés vers le centre de l'Arc lumineux & du Segment obfcur d'où ils partent. J'ai fuivi la réalité, & en même temps les règles d'Op- tique & de la Projection dans mes figures du Phénomène vû en entier, & particulièrement dans la XIIIme & dans la XVIIIme, en y faifant les Jets de lumière convergens; tandis que dans la plupart des repréſentations qui nous ont été données de ce Phénomène, avant & après mon Traité, on a cru fe conformer aux apparences, & peut-être à la nature, en faiſant ces mêmes Jets de lumière perpendicu- laires à l'horizon & parallèles entre eux: c'eft-à-dire, en nous repréſentant fous un coup d'oeil ce qui, en général, n'a pû être vû d'un feul coup d'œil. C'eſt donc un ſujet d'erreur ou d'équivoque, qu'il eft bon de prévenir plus par- ticulièrement que je n'avois fait dans cet endroit de mon P. 130, &c. Ouvrage *. Il eſt établi dans les Livres d'Optique que l'œil n'embraffe guère un objet au delà des points où ſe terminent les deux SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XVI. 445 rayons viſuels qui forment l'angle droit ou de 90 degrés: mais l'amplitude apparente des Aurores Boréales fur l'horizon eſt ſouvent de plus de 100 degrés, & quelquefois de 140 ou de 150, à la latitude de Paris, & plus grande encore à mesure qu'on approche du Pole. Donc, en général, on ne fauroit repréſenter cette amplitude, & tout le Phéno- mène, les renfermer dans une figure & fous un coup d'œil, fans en écarter confidérablement le centre de la vifion, ou, comme le pratiquent les Aftronomes en pareil cas, fans ima- giner l'Obſervateur à une diſtance infinie. D'où il eſt clair, que les Jets de lumière qui fe trouveront être réellement inclinés à l'horizon & divergens entre eux, y paroîtront tels en effet, & devront être repréſentés comme tels dans la figure. La diftinction des Jets de lumière en colonnes & en rayons, la différente direction qui peut en réfulter, les exceptions & les modifications que tout ceci peut recevoir, ont été fuffisamment traitées où indiquées dans le Chapi- tre cité. XVIIME ECLAIRCISSEMENT. Sur l'Electricité donnée pour caufe de l'Aurore Boréale. ON a voulu me perfuader que je devois un Eclairciffe- ment à la célébrité des expériences Electriques modernes, & à l'opinion de quelques Auteurs qui en confondent la cauſe & les effets avec ceux de l'Aurore Boréale. Mais qu'aurois-je à dire fur une hypothèſe, ou pluſtôt ſur une affertion fi gratuite, finon qu'elle eft gratuite & jufqu'ici abſolument dénuée d'obſervations relativement au ſujet ? J'at- tends donc que ceux qui voudront me l'oppoſer foient entrés là-deflus dans quelque détail, & qu'ils nous aient appris, 1.° D'où l'on fait que la matière Electrique dont nous ne connoiffons l'exiſtence & les effets que fur la Terre, &, tout au plus, que dans la région inférieure de notre Kkk iij 446 ECLAIRCISSEMENS Atmoſphère, réfide auffi à deux cens lieues au delà? com- ment elle s'y rend viſible pendant des nuits entières, & fous une forme fi différente de celle que nous lui voyons ici bas? 2.° Comment cette matière dont toutes les expériences nous indiquent la perpétuité, la permanence dans tous les corps, dans l'air que nous refpirons, & qui, felon qu'on le prétend, & qu'on eft fondé à le croire, n'a jamais ceflé d'être dans le tonnerre, & dans tous les météores ignées, après s'être montrée par intervalles, & pendant quelques années dans le Phénomène dont il s'agit, difparoît enfin, & ceffe d'être viſible à cette hauteur, pendant cinquante ou foixante ans? tandis que ces météores où elle réfide, ſe montrent annuellement, & preſque périodiquement? y a-t-il de plus grands changemens, & des viciffitudes plus marquées à deux cens lieues au deffus de nous, que dans la région des nuages, des pluies & du tonnerre? Il faudra de bonnes obfervations pour établir ce paradoxe. 3.° Quelle eft la liaifon de cette matière avec le mou- vement annuel de la Terre dans fon Orbite, avec le Périhélie & l'Aphélie de cette Orbite, pour doubler ou tripler la fréquence de ſes apparitions, lorſque la Terre eft autour de l'un de ces points, pluſtôt que lorſqu'elle eft autour de l'autre, `comme il arrive aux apparitions de l'Aurore Boréale? 0 4. Par quel méchanifme, par quelle impulfion, ou par quelle attraction cette matière dont la furface de la Terre eſt, pour ainfi dire, inondée, va-t-elle fe raffembler autour des Poles, fous la forme de l'Arc lumineux qui conftitue l'Aurore * Sup. p. 105. Boréale? Ne devroit-elle pas pluſtôt, venant de la Terre * refluer vers l'Equateur en vertu de la rotation diurne? Et - pourquoi ne fe raflemble-t-elle plus, ou n'eft-elle plus viſible au deffous d'une certaine latitude, prefque point aux parties méridionales de l'Europe, & jamais au delà, ni dans la Zone Torride? Ces parties de la Terre font-elles privées de la ma- tière électrique? ou, fi elles n'en font pas privées, pourquoi cette matière ne fauroit-elle plus s'y élever, s'y raffembler fous la forme de l'Aurore Boréale, comme dans les autres? SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XVII. 447 A 5. Et enfin, que voit-on dans la matière Electrique qui reffemble le moins du monde au Segment obſcur de l'Aurore Boréale, à ces flocons blancheâtres & cotonneux qui s'élèvent, ou ſemblent quelquefois s'élever, de toutes les parties de l'horizon vers le zénit, à la couronne du zénit, & à cent autres Phénomènes qui accompagnent ou qui compoſent l'Aurore Boréale? Voilà, dis-je, ce que nous fommes en droit d'attendre, ou pluſtôt d'exiger, de ceux qui entreprendront de nous expliquer l'Aurore Boréale par l'Electricité. Il eft étonnant que dans un fiècle où l'on ne ceffe de crier contre les fyſtèmes, on ſe hâte fi fort d'en bâtir un fur la fimple inſpection de quelques expériences qui ne font que de naître, qui n'y ont qu'un rapport ſi éloigné, ſi équivoque & jufqu'ici de pure fuppofition. Voudra-t-on que l'Atmosphère Solaire, en tant qu'une partie du fluide qui la compofe fe précipite dans la région inférieure de l'Atmofphère Terreftre, après avoir féjourné à deux cens lieues au deffus, & y avoir produit l'Aurore Boréale, vienne produire ici-bas les effets de l'Electricité? car enfin on ne peut révoquer en doute l'exiſtence de cette Atmoſphère, & il n'eft pas moins certain que tout notre Globe, & l'air qui l'environne, s'y trouvent quelquefois entièrement plongés. Il n'y aura rien dans cette idée à quoi je doive m'oppoſer, j'en ai préſumé la poffibilité ou quelque chofe d'équivalent, dans les doutes que j'ai propofés, fur les affections que la chûte d'une femblable matière peut caufer dans l'air que nous reſpirons, fur la longueur & la clarté extraordinaires de certains crépufcules, &c *. Mais enfin, *Questions IV; rien de tout cela n'explique le moins du monde ni la for- Vivi, mation de l'Aurore Boréale, ni aucun des Phénomènes qui la caractériſent; & conjecture pour conjecture, il me paroî- troit plus vrai-ſemblable, à en juger par les expériences, que la matière Electrique fût une émanation du feu central ou intérieur de la Terre, tel que Boerhaave & d'autres Phyfi- ciens l'ont conçû, que de l'Atmoſphère Solaire. VII, Sect. V₁ 448 ECLAIRCISSEMENS * Sect. 11, *Phil. Tranf. #. 347. XVIIIME ECLAIRCISSEMENT. Sur la relation qu'il paroît y avoir entre les variations de l'Aiguille aimantée, & les apparitions de l'Aurore Boréale. JE penſe en avoir affez dit en fon lieu* fur l'inſuffiſance Ch. V, p. 77′ du ſyſtème de M. Halley, pour expliquer la formation de l'Aurore Boréale par le fluide magnétique qui émane de la Terre, ou de ce Globe d'Aimant qu'il faifoit tourner fur fon axe propre, de cette petite Terre qu'il imaginoit au centre du Globe creux de la grande, pour donner raifon des varia- tions magnétiques, & qu'il employoit encore à l'explication de l'Aurore Boréale. Car ce hardi génie, & à la hardieffe duquel nous fommes redevables de plufieurs découvertes, ſuppoſoit que l'intervalle compris entre la ſurface concave de l'un de ces Globes, & la furface convexe de l'autre, étoit rempli d'une vapeur légère & lumineuſe, qui, venant à s'échapper en certains temps par les Poles terreftres, y pro- duiſoit au deſſus toutes les apparences de notre Phénomène * Et fi l'on infiftoit en faveur d'une telle hypothèſe, je n'au- rois qu'à répéter ici prefque tout ce qu'on vient de lire dans l'Eclairciffement précédent, en y ſubſtituant le Magnétiſine & la matière magnétique à la place de l'Electricité & de la matière Electrique; ce feroient, dis-je, à peu près les mêmes demandes à faire, & la même incompatibilité à alléguer entre les effets magnétiques ou électriques, & les Phénomènes qui conftituent l'Aurore Boréale. Nous favons bien certainement que le Soleil eft environné d'un vafte fluide, d'une Atmoſphère qui s'étend quelquefois viſiblement juſqu'à l'Orbite terreftre & au delà; que ce fluide doit, par les loix de la Peſanteur, tomber fur l'Atmoſphère terreftre, la péné- trer, ou s'y foûtenir jufqu'à une certaine profondeur: mais favons-nous fi c'eft ce même fluide ou tel autre quelconque qui SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XVIII. 449 qui produit l'Electricité ou le Magnétiſme, ou qui en eſt produit? Suppofons cependant que ce foit tel qu'on voudra de tous ces cas; faifons plus, difons gratuitement que c'eft le fluide Electrique ou le Magnétique, qui va former autour du Soleil ce que nous appelons ſon Atmoſphère ; fera-ce là encore expliquer la formation de l'Aurore Boréale & de ſes Phénomènes? Et fi, fans m'arrêter à ces identités de fluides, que j'ignore, je trouve dans celui dont l'exiſtence m'eft conftatée par mille obfervations, & que je vois, de quoi fatisfaire pleinement à l'explication de l'Aurore Boréale & de fes divers Phénomènes, mon explication ceffera-t-elle d'être légitime, & faudra-t-il recourir à la matière Electrique ou Magnétique pour la formation de l'Aurore Boréale, parce que quelques effets de l'Electricité ou du Magnétifme viendront à fe lier avec les apparitions de l'Aurore Boréale? Et dans ce cas, ne fera-t-il pas naturel de penſer, que ces effets font dûs à quelques émanations de l'Aurore Boréale, dont les parties les plus groffières ou les plus pefantes auront pû tomber jufqu'à la région la plus baffe de notre air * & y modifier l'Electricité ou le Magnétifme, pluftôt que d'attri- page 265 & buer à ceux-ci la formation de l'Aurore Boréale, à cent ou deux cens lieues au deſſus de la région du tonnerre, au delà de laquelle nous ne les avons jamais vûs ni s'exercer ni fe montrer fous aucune forme qui reffemblât le moins du monde à l'Aurore Boréale? * Quest. IV, Remarquons cependant & malgré le parallèle que nous venons de faire de l'Electricité & du Magnétifme, qu'on n'a encore obſervé dans les effets de l'Electricité aucune relation ſenſible avec l'Aurore Boréale. M. Franklin, qui eſt le premier, que je fache, à qui il foit venu dans l'efprit d'en faire la caufe commune, ne nous a donné là-deſſus qu'une fimple conjecture briévement & modeflement propofée *, *Exp. & ol nulle forte d'obſervation immédiate; & ceux qui nous en fur l'Electrici ont parlé après lui d'un ton plus affirmatif, ne nous en ont pourtant pas appris davantage. Tandis qu'à l'égard du Magnétiſme nous favons déjà, par des obfervations bien " p.115. LII 450 E.CLAIRCISSEMENS circonftanciées, & qui partent de bon lieu, que l'Aurore Boréale ou même fes fimples approches, & les difpofitions qu'elle peut avoir laiffées dans l'Atmoſphère peu de temps après qu'elle a diſparu, font capables de produire des varia- tions très-marquées & très-fréquentes fur l'Aiguille aimantée. Je veux parler des obfervations de M. Wargentin, Secré- taire de l'Académie Royale des Sciences de Suède, & grand Aftronome, contenues dans une Lettre à M. Mortimer, de Stockolm le 1er Mai 1750, & inférées dans le XLVIIme volume des Tranſactions Philofophiques de la Société Royale de Londres. M. Wargentin, fans toucher au fyftématique de la quef- tion, & ne s'attachant qu'aux faits, remarque d'abord que « M. Halley avoit foupçonné quelque correfpondance entre » la Lumière Boréale & l'Aiguille magnétique. Il ajoûte, que » MM. Celfus & Hiorter s'étoient aperçûs que cette Aiguille » étoit quelquefois troublée, & comme inquiète, lorfque la » Lumière Boréale montoit jufqu'au zénit, ou paffoit au delà » vers la partie méridionale du Ĉiel, de manière que fa décli- » naiſon fembloit fuivre cette Lumière & varier quelquefois de trois ou quatre degrés en quelques minutes de temps ». Sur quoi en ayant voulu tenter les obfervations avec une Aiguille d'un pied Suédois de longueur, il les avoit trouvées conformes à ce qu'en avoient dit ces favans Aftronomes. J'en tranſcrirai ici un exemple. Mais remarquons aupara- vant avec M. Wargentin, que dès le commencement du mois de Février où il avoit fait l'acquifition de fon Aiguille magnétique, il en avoit tous les jours marqué les déclinaiſons; que ces déclinaifons avoient été variables, & qu'ainfi que MM. Graham & Celfius, & plufieurs autres l'avoient obſervé avant lui, l'Aiguille s'écartoit quelquefois d'un tiers ou d'un quart de degré de l'Orient vers l'Occident de fa direction ordinaire, depuis fept heures du matin jufqu'à deux heures après midi; que de là jufqu'à huit heures du foir elle retour- noit vers l'Orient, jufqu'à ce qu'elle fe retrouvât à peu près dans la même direction où elle avoit été à huit heures du SUR L'AURORE BORÉALE. E'c. XVIII. 451 matin, demeurant preſque ſtationnaire pendant toute la nuit, fi ce n'eft que vers le minuit elle fe rapprochoit de l'Occi- dent, pour revenir encore au commencement de la matinée vers l'Orient.<< Cette variation diurne, ajoûte-t-il, ne manque jamais, elle eſt régulière & conftante, à moins que la Lumière Boréale ne vienne la troubler ». Du refte, il paroît que la déclinaiſon ordinaire & occidentale de l'Aiguille étoit actuel- lement à Stockolm d'environ 7 degrés. L'Aiguille ayant donc divagué chaque jour de cette ma- nière, autour du 7me degré de la déclinaiſon ordinaire, depuis le 6 juſqu'au 15 Février, parut enfin l'Aurore Boréale de ce même jour, quoique peu brillante; & c'eſt alors, ou pluſtôt le lendemain, 16me, que M. Wargentin eut la fatisfaction de voir les variations fuivantes *. TEMPS. DÉCL. DE L'AIG. I TEMPS. " DÉCL. DE L'AIG. Heur Min. Deg. Min. Heur. Min. Deg. Mins 8 avant midi 7 10 56 après midi 7 I ΙΟ о 12 O 2 +00 o après midi 4 0 8 ΑΛΛΛΛ 4 6. 6 25 7 10 II 10. S SI 7 IS I I 19. 6 43 I I II 22 6 26 7 2 I I 26. 6 42 9 O 6 50 I I 37 S 23 ΙΟ O 6 8 I I 45 5 10 5 S 3 I I I 58 4 35 ΙΟ 10 15 10 8 • S 47 I 2 O S S 29 12 15. 6 30 30. 10 46 6 I 2 27. 6 22 7 26 12 35. 6 55 M. Wargentin, plus attentif aux variations de l'Aiguille qu'aux apparences de l'Aurore Boréale, ne nous a pas circonftancié + Magna cum voluptate percepi, acum mox affici, ut intra 1 o tempo- ris minuta, circa horam decimam vef- pertinam, abiret 20' ad occafum, & intra alia decem minuta rediret & dif- cederet 37' ad ortum. Ceffante lu- mine acquievit acus. Poftero die in- fignis contigit turbatio, ideòque ipfas obfervationes citare non ingratum tibi eſſe judico, pro tota ifta die. Après LII ij 452 ECLAIRCISSEMENS davantage les divers états de celle-ci. Les nuits fuivantes l'Aiguille demeura tranquille, les variations diurnes У furent plus petites que de coûtume, jufqu'au 28 du même mois, où le Phénomène reparut avec éclat, & fe fit fentir d'avance. Mais des circonftances accidentelles ont empêché M. Wargentin de nous dire autre chofe de fes effets, finon que l'Aiguille y vacilla entre 64 50' & 9d 1'. Rien de pareil ne fe fit voir pendant le mois de Mars, non pas même le 6 de ce mois, quoique la Lumière Boréale parût ce jour-là; l'Aiguille n'y eut que les variations diurnes ordinaires. Mais l'Aurore Boréale ayant paru de nouveau le 2 & le 3 Avril, s'enfuivirent les mêmes variations que le 16 Février, ou plus marquées encore; car depuis minuit 3 minutes du 2, juſqu'à 4h 49′ après midi du 3, c'eft-à-dire, en moins de 17 heures, la variation fut de 4° 59′, la déclinaifon occidentale s'étant trouvée de 4d 56' le 2, & 98 55' le 3. Variations qui continuèrent juſqu'à 11h 3′ après midi du 4, & dont M. Wargentin nous donne le détail dans une Table pareille à la précédente. d I Enfin, ayant beaucoup plu le 20me Avril, pendant toute la journée, l'Aiguille magnétique y varia continuellement entre les limites de 2 degrés, & elle ne ceffa pas même de varier pendant toute la matinée du 21. Voilà les curieuſes obſervations de M. Wargentin, qu'il eſt à defirer qui foient continuées avec la même exactitude. En attendant, je remarque, 1.° Que ce qui eſt rapporté d'après M M. Celfus & Hiorter, que l'Aiguille magnétique étoit troublée & varioit quelquefois de trois ou quatre degrés, lorfque la Lumière Boréale montoit jufqu'au zénit, ou paſſoit au delà vers la partie quoi fuivent les obfervations, & ces paroles de M. Wargentin: Per totam hanc noctem vix aliquo momento quievit acus... vagabatur hinc inde quafi vertigine correpta. Lumen Bo- reale hac nocte fuit in plaga meridionali fplendidum & vivaciffimum, inter- dum per totum coelum fe rapidiffimo motu diffundens. p. 128. Ce qui fait voir que, quoique M. Wargentin e l'ait pas dit, il y avoit auffi une. Aurore Boréale le foir la nuit du 16 Février, SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XVIII. 453 méridionale du Ciel, je remarque, dis-je, que cette circonftance s'accorde parfaitement avec ce que nous avons conjecturé ci-deffus, de la chûte de la matière Zodiacale dans notre Atmosphère, & de tous les changemens Phyfiques qui pou- voient en être la fuite, tant par rapport au Magnétiſme, qu'à une infinité d'autres Phénomènes qui ſe montrent ſur la furface de la Terre, & qui en font produits ou affectés. 2.° Que ces balancemens de l'Aiguille, quoique toûjours déclinante de plufieurs degrés vers l'Oueft, dans fes varia- tions & ſes retours alternatifs de l'Orient vers l'Occident, & de l'Occident vers l'Orient, pendant que le Phénomène paroît, ou feulement pendant qu'il refte encore de la matière dont il réſulte, dans la région inférieure de notre Atmo- fphère, ne font dûs vrai-ſemblablement qu'à ce qu'il fe trouve ou qu'il furvient plus ou moins de cette matière de côté ou d'autre, & vers le Nord ou vers le Sud. Auffi voit-on par -tout ce qui en eſt dit ici, tant d'après M M. Celfius & Hiorter, que par M. Wargentin lui même, que ces variations arrivent principalement, lorfque la plus grande partie du Ciel paroît ou a paru couverte de la matière du Phénomène, depuis le Pole juſqu'au zénit, & par delà vers le Sud. 3.° Que les Aurores Boréales datées par M. Wargentin, ou dans les Tranſactions Philofophiques, du 15 & du 16 Février (vieux ftyle), font les mêmes que nous vimes à Paris le 26 & le 27 du même mois * (nouveau ſtyle), & * Sup. p. 389. que celle du 27, fur laquelle roulent les obſervations de la Table ci-deffus, dût s'étendre bien loin au delà du zénit de Stockolm vers le Midi, puiſqu'il s'en manifeſta une partie entre le zénit de Paris & celui de la Haie, dans cette Bande lumineuſe dont nous avons calculé la hauteur *. Ce font le * Sup. p. 3931 plus fouvent ces fortes de Bandes ou d'Arcs que M. Celfus qualifie, ainfi que nous*, d'Aurores ou Lumières Méridio- * Sup. p. 165. nales, dans fes obfervations de l'Aurore Boréale, & ſur-tout dans celles qu'il fit à Torno en 1736 & 37, & à Upfal en 1740. Sur quoi il ne faut pas imaginer que ces Phénomènes aient appartenu pour cela à l'hémisphère méridional: ils Lii iij 454 ECLAIRCISSEMENS * étoient au contraire bien avant dans le feptentrional, comme nous l'avons démontré dans l'Eclairciffement qui vient d'être cité, & comme il réſulte de la hauteur réelle, particulière Sup. pp. 64, & ordinaire de ces Phénomènes *. 393,396. 4.° Qu'on a vû ci-deſſus des cas, où malgré la préſence & l'apparition actuelle de l'Aurore Boréale, l'Aiguille ma- gnétique ne fouffroit aucune variation, comme, par exemple, à l'apparition du 6 Mars, & en même temps d'autres cas où, fans aucune apparence d'Aurore Boréale, plufieurs heures avant qu'elle parût, plufieurs heures après fon apparition, & plus d'un jour après, l'Aiguille varioit comme pendant l'ap- parition. Or il eft vrai-ſemblable que dans les premiers cas, la matière du Phénomène n'atteignoit point jufqu'au zénit du lieu de l'Obfervateur & de la Bouffole, ou que cette matière ſe trouvoit alors trop légère & trop rare pour def- cendre jufqu'à la Sphère d'activité du Magnétiſme, ou du fluide qui le conftitue auprès de la Terre. Et n'eft-il pas également vrai-ſemblable, dans les ſeconds cas, que la ma- tière quoiqu'inviſible, du Phénomène, déjà tombée dans la région inférieure de notre air, ou n'y ayant pû parvenir qu'après l'apparition, y opéroit ſes impreffions quelconques, comme pendant l'apparition? Il ne faut que ſe rappeler la théorie de la Lumière Zodiacale ou de l'Atmoſphère Solaire, expoſée & répandue dans tout cet Ouvrage, pour fe con- vaincre de la légitimité, &, ſi je l'ofois dire, de la certitude de ces inductions. 5.° Que pour mieux s'affurer de tout ce que nous venons de dire, en conféquence de la remarque de MM. Celfus & Hiorter, confirmée par M. Wargentin, il feroit à propos d'obſerver, fi dans des pays beaucoup moins feptentrionaux que la Suède, tels que la France, l'Italie & l'Eſpagne, les variations de l'Aiguille aimantée, en préfence ou aux appro- ches de l'Aurore Boréale, ont également lieu, fi elles ne font pas renfermées dans des limites plus étroites, ou fi elles ne ceffent pas totalement. J'avoue qu'il pourroit fe faire, qu'independamment de la chûte immédiate de la matière SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XVIII. 455 Zodiacale du zénit de ces pays méridionaux, elle s'y fît fentir de proche en proche par voie de fermentation; mais de quelque manière qu'on l'entende, il eſt très-vrai-ſembla- ble, que ſes impreffions fur le Magnétifme y feront d'autant moins fortes, que le pays fe trouvera plus éloigné du foyer de cette matière ou de l'Aurore Boréale. 6.° Que plufieurs matières, autres que le fer,, & très- différentes entre elles, attirent l'Aimant & en font attirées, plus ou moins fortement, ainſi que le célèbre M. Muſſchenbroek nous l'apprend par un grand nombre d'expériences, dans ſa Differtation de Magnete, & dans fes Effais de Phyſique. Toutes ces matières troubleront donc auffi plus ou moins la direction & la déclinaiſon de l'Aiguille magnétique, ſelon qu'elles en feront plus ou moins approchées, & ce fera, ſi l'on veut, de la même quantité que la trouble ou la fait varier la matière de l'Aurore Boréale. Nous ne nous en fer- virons pourtant pas davantage, non plus que du fer, pour ex- pliquer la formation & les Phénomènes de l'Aurore Boréale. 7.° Quant aux variations diurnes & réglées, rapportées & confirmées par M. Wargentin, & dont l'étendue n'eft que la 15me ou la 20me partie des précédentes, on pourroit demander par analogie, & d'après l'hypothèſe, fi elles ont toûjours fubfifté, & de la même quantité dans les pays feptentrionaux, fi elles ont eu lieu dans les méridionaux, où fi au contraire elles n'ont pas été, & ne font pas toûjours plus grandes dans la Zone Torride que par-tout ailleurs. Car on ne fauroit les attribuer alors, & dans les cas de ceffa- tion de l'Aurore Boréale, qu'aux émanations infenſibles de l'Atmosphère Solaire, trop foibles & trop rares pour la production de ce Phénomène, mais affez fortes pour les variations diurnes de l'Aiguille aimantée. Or, on a vû * que * Sup. pp. 25, l'Atmosphère Solaire, toûjours couchée depart & d'autre du 215 plan de l'Equateur du Soleil, ne fort point de la Zone Torride, ou ne s'en écarte par fes bords, que de fept à huit degrés. Idées, doutes & queſtions, que je ne voudrois pas même em- ployer à bâtir la moindre conjecture, mais qui mériteront 456 ECLAIRCISSEMENS peut-être quelque attention de la part des Obfervateurs, lorf qu'ils fe trouveront à portée d'obſerver en conféquence. 8.° Je recueille enfin de toutes ces obſervations & de ces Remarques, que l'Aurore Boréale a viſiblement quelque action fur l'Aiguille aimantée, mais que cette action eſt bien peu de choſe en comparaison de celle qu'y exerce la Terre où paroît être l'origine du Magnétifme. Le moindre chan- gement de lieu fur le Globe Terreftre, en longitude ou en latitude, produit ordinairement de tout autres changemens de direction fur la Bouffole. Nous venons d'en voir la déclinai- fon occidentale de 7 degrés à Stockolm en 1750, elle étoit alors de plus de 17 degrés à Paris; portez-vous à droite ou à gauche, en Amérique ou en Afie, fur mer ou ſur terre, vous la trouverez quelquefois de 20 ou 25 degrés, orientale ou occidentale, & par-tout variable, mais annuellement & périodiquement variable; tandis que le foyer de l'Aurore Boréale va par fauts & fans règle de l'Occident à l'Orient, & s'arrête quelquefois directement fous le Pole, quoique communément il décline vers l'Occident, & tout cela dans la même année, dans un feul mois; l'Aurore Boréale ceffe pendant quarante ou cinquante ans, elle reprend enfuite, elle eft tantôt plus, tantôt moins fréquente pendant fes repriſes, & le Magnétiſme ſuit ſa marche ordinaire & réglée, ou ne reçoit des apparitions du Phénomène que quelques atteintes légères, variables & momentanées; il y a tel fiècle * En 1580, où la déclinaiſon magnétique étoit orientale*, & l'Aurore 30', Mufchenb. Boréale n'y affectoit pas moins la déclinaiſon occidentale. Le Diff. de Magn. Magnétifme ne dépend donc pas effentiellement de l'Aurore 1.152, voy. Boréale, & il n'en eft qu'accidentellement modifié dans quel- Sup. p. 77. à Paris, de 11 d ques-uns de fes effets. A plus forte raiſon l'Aurore Boréale qui n'a jamais paru fe reffentir du Magnétifme, qui ne lui reſſemble en rien, ni par la viſibilité des parties qui la com- poſent, ni par la variété de ſes couleurs, ni par la diverfité de fes Phénomènes, ni par la viciffitude de ſes repriſes & de fes apparitions, ni par la région qu'elle occupe, ni par le lieu d'où elle vient, fera-t-elle indépendante du Magnétifme? XIXme SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. XIX. 457 XIXME ECLAIRCISSEMENT. Addition de trois articles ou exemples au Chapitre VIII de la Section IV, fur la correſpondance des Repriſes de l'Aurore Boréale avec les apparitions de la Lumière Zodiacale. CETTE ETTE correſpondance peut être conçûe fous deux points de vûe différens, & déduite, 1.° De ce que dans les temps de Repriſe de l'Aurore Boréale, on trouve preſque toûjours la Lumière Zodiacale s'eſt montrée, ou qu'il a paru que des Phénomènes qui ne peuvent être expliqués que par la Lu- mière Zodiacale. Car cette Lumière ou l'Atmosphère ſolaire qui ſe manifeſte par fon moyen, étant autrefois abſolument inconnue comme telle, c'eft fous d'autres noms, & relative- ment à de tout autres idées qu'il faut la démêler dans les anciens Hiſtoriens ou Chronographes qui nous l'ont indiquée. 2.° De ce que pendant la Repriſe que nous éprouvons depuis 1716, & où la Lumière Zodiacale eſt très-connue, cette Lumière s'eft montrée bien des fois, ou feule, ou conjoin- tement avec l'Aurore Boréale, & pour l'ordinaire un peu avant que celle-ci ait acquis un éclat dont l'autre eft preſque toûjours effacée. Nous n'avons donc pû trouver qu'un petit nombre d'exemples de la première claffe; auxquels on peut ajoûter les deux fuivans. J'ai placé la viime Repriſe un peu après le commencement 'du dixième fiècle, &, felon ce que j'en puis juger d'après les Auteurs que j'avois confultés, elle doit s'étendre tout au moins depuis la 920me année de ce fiècle juſqu'à la 9 3 ome. Or, eft rapporté dans l'Hiftoire des Califes d'El-Macin*, * Hift. Saraee- que l'an 313 de l'Hégire, qui répond au 925 de l'E're Lat. converfa a Chrétienne, «< il parut en Egypte une Etoile immenſe, rayon- Thom. Erpenio nante & étincelante, fuivie d'une grande flamme rougeâtre, «< Mmm nica ex Arab. in e p. 247. 458 ECLAIRCISSEMENS دو כל qui tendoit du Septentrion vers l'Orient, d'environ trente piques de longueur, fur deux de largeur, & tortillée comme » un ferpent; que tout le Phénomène fe montra après le » coucher du Soleil, & qu'il ne dura que trois heures, après quoi il diſparut entièrement » *. Où il n'eſt pas poſſible de méconnoître la Lumière Zodiacale; nous en avons vû cent deſcriptions pareilles chez les Anciens. Ils la prenoient communément pour la queue de quelque grande Comète, & l'on trouve ici en effet, que l'Hiftorien, le Traducteur, ou l'Editeur nous l'annoncent comme telle à la marge du texte. Dans la xixme Reprife, qui nous eft principalement indiquée par le Phénomène de Gaffendi, Repriſe qui n'a duré qu'un petit nombre d'années autour de 1620, & qui * Sup. p. 388. ne ſe manifeſta en France que par cinq Aurores Boréales *, je n'ai eu d'autre apparition correſpondante de la Lumière Zodiacale à citer que celle que Defcartes pouvoit avoir vûe, felon le témoignage de feu M. Caffini, & qui eft de pure con- jecture par rapport au temps. Mais M. Krafft, des lumières de qui j'ai déjà profité dans ces Eclairciffemens, va y fup- pléer par la curieuſe Anecdote qu'il nous apprend à ce ſujet, dans la feconde Differtation de Atmofphæra Solis. Il a trouvé dans un livre écrit en langue Ruffe, fur les Geftes des Empe- reurs Ofmanides par Demetrius Cantemir, Dynafte de Moldavie, qu'en 1620, car c'eft à cette année que M. Krafft rapporte celle qui nous eft indiquée ici d'après l'Ere Turque, & vers le 3me jour de Mars, << on vit dans le Ciel à Conf tantinople un météore étonnant qu'on n'avoit jamais vû, » & qu'on ne verra peut-être jamais, une grande Epée, cinq fois auffi longue qu'une lance, & large de trois pieds, » un peu courbée, qui s'étendoit de fa pointe à fa baſe, d'Orient en Occident, (ce qui revient à la même poſition: * כל >> ༤ >> La Lumière Zodiacale eft fou- vent un peu rougeâtre, & peut reffem- bler par-là à une flamme (Sup.p.19). Il eft plus rare qu'on la voie on- doyante, de manière qu'elle puiffe être comparée à un ferpent; mais enfin la chofe n'eſt pas fans exemple. C'eft ainfi que la vit quelquefois M. Fatio, (Sup. p. 22), & il n'en faut pas tant à des yeux étonnés, pour fe former de pareilles images. 1 SUR L'AURORE BORÉATE. Ed. XIX. 459 que la précédente confidérée de la baſe à la pointe), & qui le « montra après le coucher du Soleil, pendant un mois entier On ne peut mieux décrire la Lumière Zodiacale, qui paroît en effet quelquefois un peu courbe, comme nous l'avons expliqué dans la IV me Section, & qui eft plus viſible dans cette faifon qu'en aucun autre temps de l'année. J'ai donné au contraire bien des exemples de la feconde claffe, foit dans mon Traité, foit dans les obfervations que je communiquai peu de temps après à l'Académie, pour les années 1732, 1733 & 1734, & qui furent imprimées dans fes Mémoires. Mais celui que je vais y ajoûter eft tel, ſi poſitif, ſi réitéré, qu'il pourra nous tenir lieu d'une infi- nité d'autres. c ce Il paroît depuis peu un Voyage de la Baie de Hudſon, fait en 1746 & 1747, pour la découverte du paſſage de Nord-ouest, traduit de l'Anglois de M. HENRI ELLIS, Gentilhomme, Agent des Propriétaires pour cette expédition, où, après une exacte deſcription du pays, de la de la température du climat, « des Parhélies & des Anneaux autour du Soleil & de la Lune, qu'on y voit ſi ſouvent, très-lumineux & marqués fort vive- ment avec toutes les couleurs de l'Arc-en-ciel*, on trouve « ce qui fuit. Quand le Soleil ſe lève & fe couche ici, on voit « un grand Cone de Lumière jaunâtre qui fe lève perpendi- culairement fur lui, & ce Cone n'a pas fi-tôt difparu avec « le Soleil couchant, que l'Aurore Boréale en prend la place, en lançant ſur l'Hémisphère mille rayons lumineux & colo- rés, qui font fi brillans, que la pleine Lune n'efface pas « même leur luftre ». c cc * Tome 11, p. 80. C'eſt fous cette forme, de Cone ou de Pyramide pluſtôt que d'Epée ou de Lance, que paroît toûjours la Lumière Zo- diacale, lorfque par des circonftances favorables de lieu ou de temps, une grande partie de ſon épaiffeur ſe rend viſible vers fa baſe; c'eſt ainſi que la voyoient Pontanus, dans le xvme fiècle *, & M. Derham dans celui-ci, en 1707, en Angle- * Sup. p. 237. terre*; c'eſt ainſi enfin, qu'on l'a vûe quelquefois dans d'autres * Sup. pp. 234, ſiècles que le nôtre, & dans d'autres pays, plus denſe & plus 238, Pyramis vefpertina. Mmm ij 460 ECLAIRCISSEMENS décidée qu'elle n'eft. communément de nos jours, & qu'elle n'étoit du temps où elle ſe fit voir à feu M. Caffini. Du reſte, la Baie de Hudſon, aux environs de fon milieu, s'étend jufques & par delà le 6ome degré de latitude: ainfi les Aurores Boréales y font & y doivent être par cette raiſon très- fréquentes, lorfqu'elles ne le font chez nous que médiocre- ment, comme elles l'ont été dans les deux années 1746 & 1747. : + XXME ECLAIRCISSEMENT. Sur la liaifon que les différens afpects de l'Aurore Boréale peuvent avoir avec les vifions chimériques qu'elle a fait naître, felon la latitude des lieux d'où elle est vûe, & felon que fes apparitions y font plus ou moins complètes, & plus ou moins fréquentes. Fable de l'Olympe; Fée Morgane; Aurores Boréales de la Chine. ON a vû dans les premiers Chapitres de la quatrième Section du Traité, fous combien de formes différentes l'igno- rance & la fuperftition des fiècles paffés nous ont préſenté l'Aurore Boréale. Les moeurs, les préjugés du pays, les idées dominantes du temps, les évènemens arrivés depuis peu, & qui ont le plus frappé les efprits, y ont eu fans doute autant ou plus de part que les caufes que je prétends en affigner: mais ces cauſes font permanentes, tandis que tout le reſte eſt variable & paffager. Il faudra donc que les effets relatifs au climat du pays & aux circonftances locales portent un carac- tère de conftance, qui ſe démêle en général parmi ceux qui ne font dûs qu'aux circonftances paffagères qui s'y compli- quent; & c'est ce que l'expérience m'a paru confirmer. Je confidère l'Aurore Boréale fous trois afpects différens. Le premier, comme nous étant le plus connu, fera celui fous lequel ce Phénomène s'eſt montré aux habitans des pays SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XX. 461 qui tiennent un milieu entre les Terres qu'on nomme Arc- tiques, & les extrémités méridionales de l'Europe, telles que la France, l'Angleterre, l'Allemagne, les parties feptentrio- nales d'Eſpagne & d'Italie, &c. Je placerai le fecond autour du cercle Polaire, depuis quelques degrés en deçà juſqu'au Pole. Le troifième ne conviendra qu'aux pays méridionaux, peu éloignés des limites au delà deſquelles l'Aurore Boréale ne paroît plus, & qui, felon que nous l'avons remarqué & expliqué dans le ſecond Chapitre de la troiſième Section, feront compris entre le 35 ou 36me degré de latitude, & environ le 39me ou le 40me; & de ce nombre font les extrémités méridionales de l'Eſpagne, de l'Italie, de la Grèce, &c. ї C'eſt la partie moyenne de l'Europe & le premier afpect qui nous ont fourni la plupart des exemples, fur lefquels ont roulé nos recherches; & c'eſt-là auffi que nous avons vû l'Aurore Boréale dans toute fa magnificence, & diftincte- ment accompagnée des Phénomènes qui la caractériſent. Je dis diftinctement, parce que ces Phénomènes fe trouvent le plus fouvent confondus auprès du Pole avec une infinité d'autres qui leur font fubordonnés, avec le vafte amas de matière lumineufe ou colorée dont tout le Ciel У eft cou- vert; & qu'au contraire, on ne voit preſque jamais dans les pays fort méridionaux qu'une petite partie de l'Arc Boréal, & plus petite encore du Segment obſcur, qui conftituent l'Aurore Boréale proprement dite, & tout cela fort bas & tout proche de l'horizon. 2 Voilà certainement trois fortes de poſition bien marquées &, par une fuite néceflaire, trois aſpects de l'Aurore Boréale bien différens. Quelles fortes d'idées, différentes auffi, aura-t-il dû en réfulter dans l'efprit des peuples, abftraction faite des cauſes morales & accidentelles qui ont pû s'y joindre? Mais ne cherchons point à deviner, confultons pluftôt l'expérience. Qu'est-ce que nos pères ont vû dans l'Aurore Boréale ? Des objets triftes ou menaçans, affreux ou terribles. Le Mmm iij : 462 ECLAIRCISSEMENS concours des rayons au zénit, cette Couronne dont nous avons tant parlé, n'étoit pour eux que le conflict de deux armées qui fe livroient une fanglante bataille; ces flocons de ma- tière Zodiacale, blancs ou colorés, répandus çà & là dans le Ciel, & qui femblent s'y élever de toutes les parties de l'horizon, ces nuages rouge foncé, fouettés de violet, qui viennent quelquefois s'y mêler, leur ont montré des têtes hideufes féparées de leur tronc, des boucliers ardens, des chars enflammés, des hommes à pied & à cheval qui cou- roient rapidement les uns contre les autres, & qui fe perçoient de leurs lances; ils en ont vû tomber des pluies de fang, ils y ont entendu le cliquetis des armes, le bruit de la mouf- queterie, & le fon des trompètes: préfages funeftes de guerre & de calamités publiques. Voilà, dis-je, ce que nos pères ont prefque toûjours vû & entendu dans l'Aurore Boréale, ce que des Hiftoriens & des Naturaliſtes d'ailleurs reſpecta- bles nous ont tranfmis. Il n'en eft pas de même des habitans du Nord. L'Aurore Boréale a bien été pour eux un fujet d'alarme, lorfqu'elle a commencé à reparoître après quelque longue interruption ; ils ont cru leurs campagnes en feu, & l'ennemi à leurs portes; mais le Phénomène devenant prefque journalier, ils l'ont bien-tôt regardé comme ordinaire & naturel, ils l'ont même confondu aſſez ſouvent avec le Crépuscule du ſoir. Reſtent les peuples méridionaux chez qui l'Aurore Boréale a été ſouvent des fiècles entiers fans fe montrer, & où elle n'a paru enfuite que par intervalles, baffe, & communément tranquille. Ariftote qui vivoit dans un femblable pays, & qui a fi bien & fi difertement décrit ce Phénomène, ne nous rapporte à ce fujet rien de pareil à nos anciennes rêveries; &, fi ma conjecture ne me trompe, les anciens Grecs n'ont vû dans l'Aurore Boréale que Jupiter & les Dieux tenant leur confeil fur l'Olympe; Fable qui étoit en crédit du temps d'Homère & d'Héfiode, & qui peut remonter par là jufqu'à l'antiquité la plus reculée. L'Olympe dont il s'agit, car il y en a plus d'un dans la SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XX. 463 Grèce, confifte en une chaîne de hautes montagnes qui bordent la Theffalie vers le midi, & qui font par confé- quent au Nord déclinant vers l'Ouest de l'Achaïe, de la Phocide, & de tout ce qui formoit la Grèce proprement dite, l'Hellas, l'ancienne Grèce, pays fertile en idées poëti- ques & fabuleuſes. L'Aurore Boréale qui n'eſt jamais guère élevée à de ſemblables latitudes, & qui décline le plus fouvent vers l'Ouest, y aura donc paru immédiatement au deffus de ces montagnes, & comme adhérente à leur ſommet. De là le Limbe, ce cintre lumineux & rayonnant du Phé- nomène, n'aura été pour le ſpectateur étonné qu'un figne non équivoque de la préſence des Dieux; le Segment obſcur, qu'il y aura quelquefois vû au deffous, qu'un nuage refpec- table qui cachoit ces Immortels aux yeux profanes. Et les jets de lumière couleur de feu qui s'en élançoient, qu'au- roient-ils pû être, qu'autant de foudres qui partoient de la main de Jupiter? Plus le Phénomène aura été rare, plus il aura été merveilleux, & plus la tradition, comme tel, aura dû s'en conferver long-temps fans atteinte. Quand les enchantemens & la Féerie fe font emparés des efprits dans les pays fitués comme l'ancienne Grèce, les Palais de criſtal & de pierres précieuſes ont fuccédé aux Dieux de l'Olympe. C'eft fous cette forme que fa Fée Morgain ou Morgane, Fata Morgana Rheginorum, fe mon- troit aux habitans de la ville de Reggio, à l'extrémité méri- dionale de la Calabre & des montagnes de l'Apennin, vers le 38me degré de latitude. Ces Palais brillans & fuperbes étoient ornés de Colonnes, d'Arcades & de Portiques, de Tours qui fe changeoient en des Forêts de Pins & de Cy- près; ils paroiffoient affis fur une eſpèce de Montagne noire du côté de la mer de Calabre, c'eſt-à dire, du côté du Nord. Pourroit-on méconnoître l'Aurore Boréale dans de pareilles deſcriptions, fes Arcs lumineux, fon Segment obfcur, & fes jets de lumière, que nous avons nous-mêmes fi fouvent qualifiés de colonnes? C'eſt-là, difoit le témoin oculaire d'une de ces apparitions merveilleufes dont le P. Kircher 464 ECLAIRCISSEMENS 25 r nous a confervé la relation, « c'eſt là cette Fée Morgane » dont on parle tant, & dont j'ai révoqué en doute l'exiſtence pendant plus de vingt ans, mais que je viens de voir plus » belle qu'on ne me l'avoit dépeinte. A préfent je crois ce que » l'on en raconte, je fuis convaincu qu'elle paroît affez fouvent, » & avec des couleurs plus belles & plus vives que l'art, &- » même la Nature dans fon état ordinaire, n'ont coûtume d'en produire ». Images riantes, qui ne contraſtent pas mal avec les terreurs de nos ancêtres. La Chine, à compter de fon extrémité la plus feptentrio- nale où ſe trouve Pekin, juſqu'à foixante ou quatre-vingts lieues au deffous vers le Sud, eft dans le cas de l'ancienne Grèce, de la Calabre ultérieure, de la Sicile, & de tout ce que nous avons de plus méridional en Europe. Auffi l'Aurore Boréale ne préſente-t-elle aux yeux des Chinois ni armées fanglantes, ni combats, ni combattans, en un mot, rien d'affreux ni de trifte par elle-même. C'eſt au contraire, & comme ils s'expriment, un spectacle beau à voir, admirable ; mais elle y eft cenfée être d'un mauvais préfage pour l'Em- pereur, parce que, felon le préjugé national, tout Phénomène qui fort de ce qu'on appelle le cours reglé de la Nature eſt regardé comme tel à la Chine. Les Parhélies, par exemple, marquent, dit-on, deux Empereurs; & les Mandarins, les cour- tifans fe gardent bien d'en publier l'apparition quand par malheur ils en ont vû quelqu'un. A plus forte raiſon l'Aurore Boréale, bien plus rare pour la Chine, & qui vrai-ſemblable- ment y étoit peu connue ou entièrement oubliée avant la Repriſe de 1716, y fera-t-elle mal reçûe & peu divulguée. Depuis trente-deux ans que je fuis à la Chine, m'écrivoit » le P. Parrenin en 1730, non feulement je n'ai rien vû, mais » même à l'Obſervatoire on n'a rien obſervé qui mérite le » nom d'Aurore Boréale. Si quelque Phénomène femblable at » paru par les 47, 48me degrés de latitude Boréale dans la » Tartarie dépendante de l'Empereur, les habitans de ce pays-là » ne s'en font pas mis en peine, & quand même ils en » auroient averti le Tribunal des Mathématiques, je doute Ce qu'il · SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XX. 465 qu'il eût voulu fe charger d'en faire le rapport à l'Empereur, parce que ces fortes d'apparitions céleftes fe prennent prefque toûjours en mauvaiſe part ». Cependant on ne pût empêcher en 1718, 1719 & 1722, que les Aurores Boréales qui parurent en trois différentes Provinces n'attiraffent, tous les regards, & qu'on n'en gravât des figures fur une planche dont les eftampes furent répandues dans tout l'Empire. Ce que le P. Parrenin ne marque pas, mais que je crois pouvoir ajoûter fans témérité, c'eſt qu'il n'y eut guère que les Néophytes du pays qui fuffent & les Auteurs & les Promoteurs de ces figures. On y voit toûjours une grande Croix entourée ou accompagnée d'une eſpèce de nuages blancs, & quelquefois furmontée d'un cintre qualifié de Traînée de feu, qui eft viſiblement notre Arc lumineux, la poutre ardente recourbée des Anciens. Et voilà comment le pieux, le moral, le fabuleux', le romanefque, le politique même, le font venu mêler de tout temps & dans tout pays au phyſique de notre Phénomène. On voit cependunt par tous les exemples que je viens d'en rapporter, que le phyfique y domine toûjours, qu'il perce à travers les chimères qu'il fait naître ou qu'il modifie, felon les différens objets qu'il met fous les yeux du ſpectateur, & qui font eux-mêmes déterminés & mo- difiés par le différent point de vûe, par la latitude d'où ils font aperçûs. « « Les Lettres du célèbre & favant Miſſionnaire à qui je fuis redevable de ces connoiffances & d'une infinité d'autres fur la Chine, ſe trouvent pour la pluſpart imprimées dans les Recueils des Lettres édifiantes & curieufes, qu'on publioit alors tous les ans. Voyez fur-tout le xx1me Recueil. Les figures dont il s'agit, font dans le xvime, Nnn + 466 ECLAIRCISSEMENS 1 XXIME ET DERNIER E’CLAIRCISSEMENT. Sur la Correspondance des apparitions de l'Aurore Boréale avec les différentes fituations de la Terre dans fon Orbite, par rapport au Soleil & à l'Atmo- Sphère Solaire. C'EST ici l'une des plus fortes preuves de la vérité de mon hypothèſe fur l'Aurore Boréale, & en même temps la Pierre de touche de tout ce qu'on a pû ou qu'on pourra imaginer d'hypothèſes fur ce fujet. J'en ai donné l'effai & des exemples dans le neuvième Chapitre de ma quatrième Section, qui, par les raifons énoncées à la tête du volume, demeure le même dans cette édition que dans celle de 1733. Je comparai dès-lors le nombre des Aurores Boréales qui avoient paru en Périhélie, c'eſt-à-dire, dans les petites diftances de la Terre au Soleil ou à l'Atmoſphère Solaire, avec le nombre de celles qui avoient paru en Aphélie, dans les grandes diftances, & je trouvai que la fréquence du Phénomène étoit fenfiblement & de beaucoup plus grande dans la première de ces pofitions que dans la feconde, & d'autant plus grande, que la Terre parcouroit une plus petite portion de fon Orbite autour du Périhélie, relative- ment à une ſemblable portion parcourue autour de l'Aphé- lie: en un mot, que fous quelque afpect que l'on confi- dère la Terre, foit par rapport à fes Apfides, foit par rapport à fes Noeuds avec l'Equateur ou Atmosphère Solaire, les Aurores Boréales font d'autant plus fréquentes, que fa poſition actuelle fur fon Orbite l'approche davantage de l'Atmosphère Solaire. D'où réfulte la liaiſon conftante de l'Aurore Boréale & de ſes apparitions, avec ce fluide fumi- neux ou éclairé par le Soleil, qui s'étendant quelquefois jufqu'à la Terre & au delà, doit par les loix de la gravita- ion, tomber dans l'Atmosphère terreftre, & y produire ce * SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XXI. 467 Phénomène, dont il a d'ailleurs les principales qualités, la rareté, la légèreté & la tranfparence, conformément à la théorie que j'avois à juftifier. L'induction tirée des fréquences du Phénomène à la Correſpondance dont il s'agit, eft certainement légitime, & des Lecteurs intelligens en ont été frappés; on ne conclud pas autrement la Correſpondance des Marées avec la Lune. Mais comme cette induction n'a porté jufqu'ici que fur les obſervations que j'avois raffemblées en 1731, dont le nombre ne va guère au delà de deux cens, & au choix defquelles on pourroit douter, fi des haſards favorables ou des préjugés n'ont point concouru, elle paroîtra peut-être défectueule en ce point, & peu concluante. Tâchons-donc enfin de la rendre complète & inconteftable, par tout ce que les temps & de nouvelles recherches nous fourniffent fur ce fujet. La matière eſt intéreſſante & curieuſe, & je me propofe auffi de la traiter dans toute l'étendue qu'elle mérite. H parut en 1739, un livre de M. Frobès, Profeffeur de Philofophie à Helmſtad, intitulé, Nova & antiqua luminis atque Aurora Borealis miracula, fecundùm fæculorum atque annorum feriem, fubnexâ mirabilis Phænomeni confideratione Philofophicâ. Recenfuit Nicolaus Frobefius, Philof. in Acad. Julia D. & P. P. O. Helmftadii, 1739. C'eſt la première & la principale pièce que j'emploierai à cet examen. 2. La collection de M. Frobes eft, comme on voit par ce titre, divifée en deux parties. La première partie, & de beaucoup la plus confidérable, contient un dénombrement de toutes les Aurores Boréales qui ont été obſervées, ou dont l'Auteur a eù connoiffance, depuis le commencement du Monde, juſqu'au mois d'Avril 1739, où fon livre fut imprimé. La feconde eft purement philofophique, ainſi qu'il nous l'annonce. M. Frobès y décrit fort bien le Phé- nomène & toutes les apparences, fes viciffitudes, ſes acci- dens; &, après avoir rapporté là-deffus les hypothèſes de plufieurs Auteurs, il propofe modeftement la fienne qui diffère peu de l'opinion commune, en ce que ce font • Nnn ij 468 ECLAIRCISSEMENS } } toûjours des particules terreftres, des exhalaifons ou des vapeurs fubtiles, de petites lames de glace qui s'élèvent de la furface de la Terre jufqu'à la région fupérieure de l'At- mofphère. Mais c'eft de quoi nous n'avons ici nul beſoin de nous embarraſſer. 3. Par le dépouillement que j'ai fait de la première partie de cet Ouvrage, je trouve 796 Aurores Boréales dont on fait le jour ou le mois, & qui peuvent fervir à notre deffein. Voici comment je m'y fuis pris pour les mettre en œuvre. 4. 1. J'en ai dreflé un Catalogue bien circonftancié, & une Table générale, année par année, mois par mois, & jour par jour, depuis le commencement du vime fiècle de l'Ere Chrétienne, ou de l'an. 500, juſqu'au mois de Mars inclufivement de l'année 1739. Je me fuis fixé au Vime fiècle, parce que les jours, ni les mois des apparitions du Phénomène, ne font point marqués auparavant, & qu'il eſt néceffaire à notre recherche qu'ils le foient. J'étois parti de la même époque dans mon Traité, & par les mêmes raifons. 5. 2.° M. Frobès, & la plufpart des Auteurs où il a puifé, ayant fuivi l'ancien ftyle dans leurs dates, tant avant qu'après la réformation du Calendrier, j'ai été obligé de ramener au nouveau toutes celles que M. Frobès n'y a pas ramenées; & cela, non feulement pour la commodité du plus grand nombre des Lecteurs, mais fur-tout, parce que le nouveau ſtyle eft conforme à l'état du Ciel, & que l'ancien ne l'eft pas, & s'en écarte confidérablement, depuis le 1y me fiècle. J'ai donc ajoûté 11 jours à ces dates, depuis 1700, & un jour de moins dans chaque Période de 134 ans, en remontant de 1700 vers l'époque, ainfi que je l'avois pratiqué dans mon Traité. D'où il eft arrivé que telle Aurore Borcale qui tombe fur la fin d'un mois dans le livre de M. Frobes, fe trouve rapportée ici au commencement du fuivant. Et de là naît en général, la néceffité de favoir le jour où l'Aurore Boréale a paru, ou du moins fi fon appa- nition fe trouve au commencement ou à la fin du mois, comme l'Auteur l'a quelquefois marqué.. Car il eft clair que : SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 469 que dans le premier de ces deux cas, la correction du Calendrier ne fauroit faire fortir le Phénomène du mois nommé, & dans le fecond elle le renvoie viſiblement aux premiers jours du mois qui fuit, fur-tout lorſqu'il y a neuf, dix à onze jours à ajoûter, & ceux-ci ont été défignés par la lettre n dans la lifte qu'on trouvera ci-après. Or, felon le plan que je me fuis fait, je n'ai ordinairement befoin que des mois d'ap- parition. J'ai auffi conftaté plufieurs de ces mois par d'autres circonftances, par certains jours de fête, autour deſquels le Phénomène a paru, par les points des Equinoxes ou des Solftices, auxquels ils font vaguement, mais prochainement rapportés, & par toutes les reffources que l'Art de vérifier les dates a pû me fournir. 0 6. 3. Je ne me fuis point rendu difficile fur la certitude & la légitimité des Aurores Boréales de M. Frobès; j'ai pris pour telles tout ce qu'il en a rapporté, & cela par la raifon que je dirai bien-tôt. A quoi je dois ajoûter que fon Ou- vrage montre à cet égard autant d'exactitude & de diſcerne- ment, que d'érudition +. 7. 4.° Enfin ce Catalogue eirconftancié par les qualifi- cations du Phénomène, & par d'autres remarques, & cette grande Table par quantièmes, dont j'ai parlé ci- deffus, & que j'ai voulu d'abord me donner, tant pour ne me pas tromper dans ce vafte dénombrement, que pour pouvoir plus aiſément revenir fur mes pas, lorfque je me ferois trompé, tous ces préparatifs, dis-je, m'ayant paru d'une longueur exceffive, & au fond inutiles pour le Lecteur qui peut avoir le livre même fous les yeux, je les fupprime ici, & je les convertis en une fimple lifte par dates, & en une Table du nombre d'Aurores Boréales qui ont paru dans chaque mois, vis-à-vis l'année qui eft à la première colonne de cette Table. J'en uferai de même pour tous les autres dénombremens pareils qu'on verra dans la fuite. → Laudibus id Autori ducendum, quod nullum temerè prodigium ad Lumina Borealia retulit, nifi in quo propria Luminis Borealis veftigia quæ- dani deprehendit. Acta Erud. Lipf. an. 1740, p. 473· Nnn iij. V 470 ECLAIRCIŠSEMENS } 8. LISTE des Aurores Boréales recueillies par M. FROBĖS. En 583. Février, le 2. 1535. Mai, 26. 1536. Février, 16. 778. Février, le 4. 808. Février, le 2. 871. Août, 14. 930. Février, 19. 956. Septembre, 7. 979. Novembre, 2. 998. Décembre, 19. 1014. Novembre, 2. 1039. Avril, 12. 1096. Mars, 9. 1098. Octobre, 3. 1099. Mars, 2. 1106. Février, 19. 1115. Avril, 24. 1117. Février, 22. Décembre, 26. 1200. Août, 19. 1269. Décembre, 13. 1307. Mars, 6.. 1325. Mai, 30. 1352. Octobre, 30. 1353. Août, 19. 1354. Mars, 9. 1446. Février, s. 1499. Mai, 30. 1537. Février, 10. 1541. Janvier, 3. 1543. Mai, 13. 1545. Avril, 7. 1546. Février, 19. 1547. Juillet, 31. Octobre, 10. 1548. Novembre, 15. ISSI. Février, 6. Octobre, 1. 1554. Février, 10. - Mars, 5. 1555. Mars, 22. 1556. Janvier, 20. 1557. Mars, 26. Décembre, 4. 1560. Janvier, 6. 1561. Mars, 8. 1564. Octobre, 16. 1565. Décembre, s. 1568. Avril, 4, II. 1569. Janvier, 4. } 1571. Mars; 15. 1572. Avril, 26. 1514. Janvier, 22. 1518. Janvier, 3. 1520. Septembre, 13. Décembre, 2. 1527. Octobre, 20. 1529. Janvier, 18. 1534. Juin, 12. 1573. Janvier, 1. Avril, 9. Novembre, 28. 1574. Novembre, 24, 25. 1575. Février, 23. Septembre, 28. 1580. Mars, 16. * SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 475 } 1580. Avril, 16, 19. Septembre, 20. Octobre, 1. 1581. Janvier, 5, 7. Février, 26. Avril, 14. 1582. Mars, 16, 18. 1586. Février, 13. 1588. Janvier, S. Février, 14, 15, 16. 1592. Mars, 29. 1.599. Août, 17. 1600. Décembre, 28. 1602. Juin, 20. 1603. Septembre, 17. 1605. Novembre, 17. 1606. Septembre, 13, 15. 1607. Novembre, 28. } 608. Novembre, 27. 1609. Mars, n. 1614. Juillet, 5. 1621. Septembre, 12, 21. 1623. Mai, 13, 17. 1624. Avril, 7. Mai, 12. Juin, 7. 1627. Décembre, 17, 21. 1630. Février, 3, 4. 1633. Mai, 28. Juin, 23. Décembre, 30. 1634. Janvier, 3. Février, 1, 11. 1637. Août, 20. 1638. Janvier, 6. 1640. Janvier, 27. 1645. Avril, 27. 1646. Novembre, n. 1650. Janvier, 17. 1654. Mars, ‘5. 1655. Juillet, 9. 1657. Avril, 13. 1661. Janvier, 30. Avril, 16. 1662. Décembre, 15. 1663. Novembre, 9. 1664. Avril, 18. 1665. Avril, 18. Août, 23. 1666. Janvier, 31. 1671. Novembre, 29. 1673, Janvier, n. 1676. Février, 3. Mars, 2. 1677. Novembre, 18. Décembre, 12. 1680. Septembre, 30. 1682. Novembre, 7. Décembre, 15. 1683. Janvier, n Août, 22. 1684. Mars, 28. Novembre, 23. 1685. Avril, 26. 1686. Février, 2. Octobre, 29. 1692. Mars, 22. Avril, 12. 1693. Novembre, 10, 22. 1694. Mars, 31. 472 ECLAIRCISSEMENS น 1694. Avril, 4.. 1695. Octobre, 5, 12, 31. Novembre, 20. 1696. Mai, 12. Septembre, 26. ↓ Novembre, 6, 18. 1697. Août, 18. . 1698. Février, 24, 26. Mai, 18. Septembre, 30. Novembre, 15, 27. 7 Décembre, 7, 23, 28. 1699. Janv. 3, 17, 23, 25. Avril, 17, 20, 21, 28. Juin, 18, 26. Juillet, 23, 26. · Août, 14, 19, 21, 22, 24, 26, 27. Sept. 16, 17, 18, 19, 21, 22, 24.. Oct. 9, 18, 21, 22, 24. Novemb. 10, 15, 18, 21, 23, 24. Décemb. 14, 15, 17. 1702. Mai, 29. 1710. Décemb.. 7. 1711. Mars, n 1714. Octobre, 15. 1716. Mars, 17. ** Avril, 11, 12, 13. Mai, 1, 2, 3, 4, 5. Décemb. 15, 16. 1717. Avril, 6, 9, 10, 11. Août, 21. Octobre, 1. 1718. Février, 5, 14, Mars, 4, 15, 18, 21, 22, Avril, 2. Mai, 11. Juin, 8. Août, 28. Septemb, 16. Octobre, 11, 27. Novemb. 2. Décemb. 17, 18, 30, 31. 1719. Février, 23. Mars, 5, 6, 30 Avril, 9, 10, 18.. 1704. Décemb. 28. 1707. Février, 12. Mars, 17, 18, 20. Août, 16, 18. Octobre, 27. Novembre, 24. 1708. Septembre, 22. 1709. Octobre, 18. Novemb. n. Décemb. 19. Septembre, 25. Octob. 27, 30. Nov. n, 14, 17, 22, 24. Décembre, 1. 1720. Janvier, 1. Févr. 6, 10, 11, 22, 26. Mars, 9. Septembre, 10. Novemb. 7, 29. Décemb. 2, 6, 10, 28. 1721. Février, 17, 23, 28. Mars, 12, 29. 1721. SUR L'AURORE BORÉALE. E'd. XXI. 473 721. Octob. 3, 23, 24, 31. Novembre, 1. 1722. Janv. 22, 23, 25. Février, 23, 24, 27. Mars, 17, 18, 27. Avril, S. Mai, 23. Juin, 4. i Septemb. 16, 17, 18. ? 1725. Novembre, 26. Décemb. 5, 6, 7, 8, 21. 1726. Janvier, 19. Février, 7. Mars, 2, 10, 14, 24, 26, 27. Septemb. 5, 28. Octob. 14, 17, 19, 20, 21. Novemb. 4, 18. Déc. 1, 10, 16, 17, 21, 22. Oct. 14, 19, 20, 21, 25, 26.|| 1727. Janv. 1, 13, 15, 16, 17, 27. Nov. 10, 14, 22, 23, 24. Déc. 3, 12, 15, 31. 1723. Janv. 6, 12, 14, 24. U Février, 4. Mars, 3, 4, 7, 10, 21, 24. Avril, 2, 4, 9. Septemb. 7, 12, 28. Octob. 31. Novemb. 1, 12. Décemb. 18. 1724. Janv. 17, 29, 30. Févr. 4, II. Mars, 24, 25. Avril, 14. Mai, 4, 22. Août, 4, 12, 17, 24, 31. Septemb. 9, 22, 23. Octob. 16. Novemb. 8, 16. Décemb. 6, 7, 8, 25. 1725. Janv. 7, 8, 9, 12, 13. Févr. 6, 9, 11, 15. Avril, 2, 17. Septembre, 19. Octob. 5, 7, 8, 9. Février, 21, 27. Mars, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 24, 28. Avril, 8, 10, 14, 18. Août, 1, 6, 22, 24, 31. Septemb. 7, 14, 18, 22, 23, 30.. Octob. 2, 5, 6, 13, 14, 15, 17, 19, 20, 21. Novemb. 4, 6, 20. Déc. 6, 11, 16, 17, 19. 1728. Janvier, 1, 20. Févr. 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 26, 29. Mars, 10, 14, 20, 26, 27, 28, 29. Avril, 2, 3, 4, 7· Juin, 7, 25. Août, 28, 29, 30, 31. Sept. 5, 7, 13, 27, 29, 30. Octob. 2, 4, 7, 11, 12, 24. Novemb. 2, 5, 8, 22, 23. Décemb. 4, 14, 31. 1729. Janv. 14, 17, 20, 24. Février, 2, 3, 16, 17, 25, 27, 28. Ooo * 鄘 ​474 ECLAIRCISSEMENS 1729. Mars, 2, 15, 16, 25, 27, 1731. Septemb. 1, 20, 26, 30. 28, 30. Avril, 6, 19, 24, 27, 28, 30. Mai, 1, 2, 22, 29, 31. Juin, 15, 26. Septemb. 12, 15, 20, 22. Octob. 11, 13, 17, 22, 24. Nov. 16, 17, 18, 19, 20, 30. Décemb. 17, 22, 27, 30. 1730. Janv. 8, 16, 17, 26. Févr. 3, 7, 9, 10, 15, 16, 18, 27. Mars, 2, 6, 9, 15, 17, 18, 22. Avril, 12, 13, 14, 20. Mai, 2, 5, 9. Juin, 21. Juillet, 5, 6, 17, 19, 31. Août, 15, 23, 24, 29, 30. Sept. 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 17, 20, 21, 27, 28, 30. Octob. 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, . 10, 11, 12, 16, 17, 20, 21, 22, 26. Nov. 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 12, 14, 17, 18, 19, 21, 22, 28, 30. Déc. 2, 8, 9, 17, 23, 25, 26, 28. 1731. Janvier, 2, 26. Févr. 4, 10, 28. Mars, 2, 4, 7, 9, 14. Août, 21, 24, 27, 30, 31. Octob. 3, 4, 7, 8, 16, 23, 29. Nov. 4, 11, 17, 18, 27, 29. Déc. 1, 4, 6, 7, 27, 30. 1732. Janv. 1, 3, 17, 18, 26, 27, 28, 29, 30. Févr. 2, 12, 17, 18, 20, 21, 24, 27. Mars, 1, 2, 14, 15, 18, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 31. Avril, 2, 17, 18, 19, 20, 22. Juin, 25, 26. Août, 22, 23. Sept. 10, 19, 20, 23, 24, 25, 26. Octob. 5, 15, 22, 23. Novemb. 12, 13, 20. Décemb. 7, 12, 16, 18. 1733. Avril, 13. Juillet, 7. 1734. Septembre, 19. 1735. Mars, 13, 15, 20, 22, 24. Avril, 22. Novemb. 18. Décemb. 8, 13, 15. } Oct. 22, 26, 27, 28, 29, 30. Novemb. 24. 1736. Février, 17. 1737. Septemb. 22. Décemb. 16, 28. 1739. Janvier, 27. Févr. n, 17, 27. Mars, 10, 12, 22, 29. Ce qui donne en tout 796 Aurores Boréales. SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 475 9. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales, recueillies par M. Frobès, depuis l'an sor jufqu'au mois de Mars 1739 inclufivement. Iere partie de la Table. ANNEES. Decemb. Novemb. Août. Septemb. Juillet. Octobre. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. SOMMES pour les Années. 5:33 778 808 871 1 I 930 1 956 979 998 1014 1039 1096 I 1098 1099 I 1106 I IIIS 1117 I I I 200 1269 1307 1325 I I I I I I I I I I I I I I I I I I I 1 I I 2 I I I I I 1352 1 1353 I I I I 1354 I I 1446 I I Somme totale SOMMES pour les Mois. 7 4 2 I 3 I 2 2 3 25 Qoo ij 476 ECLAIRCISSEMENS ANNE'ES 1499 II.me partie de la Table. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1514 I 1518 1520 1527 1529 I 1534 1535 1936 I 1537 I 1541 I I 5:43 1545 1576 I 15.47 1548 I 1551 1554 -I I 1555 I 1556 1 1557 I 1560 I 1561 1564° I I I I I I I Novemb I I I Décemb. SOMMES pour les Années. I I I I 2 I- Ꮮ I' I› I I' I' I I I 2 I' I SOMMES pour les Mois. 6 S 4 I 3 I I I 4. I 2 2 2 I. I' 2 I I I Somine totale! 29, SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 477 Octobre. IIIme partie de la Table. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier ANNEES. 15:65 1568 1569 1571 I 2 Septemb. Novemb. SOMMES pour les Années. Décemb. I I 21 I I 1572 ་ I I * 1573 I I IS74 I 1575 I 15.80 1 I I 2 I 3: 2 2. 2: S 1981 2: I I- 1582 2 4: 2 1986 I. I 1588 I 3 4: I 1592 I I I. 1599 K 1600 I. 1602 I' : 1603 I I 1605 1606 I I 2 2 1607 I I 1608 I I 1609 I I 1614 I I' Somme totale SOMMES pour les Mois. S 6 6 7 I I I S I 6 2 41 Q.oo iij. ¿ 478 ECLAIRCISSEMENS ANNEES. 1621- IV.me partie de la Table. Décemb Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1623 2 1624 I I 1627 1630 2 1633 I I 1634 I 2 1637 1638 I 1640 I 1645 1646 1650 I 1654 I 1655 1657 - I 1661 I I 1662 I I 2 SOMMES pour Hes Années. 2. 2 ་ 3 2 2 2 I 3 3 I : I I I .I I I 2 1663 I 1664 1 1665 I 2 1666 I I 1671 I 1673 I I Somme totale SOMMES pour les Mois. 7 4 I 6 4 } 2 ; I 2 2 3 4 36 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 479 ANNEES. 1 1676 1677 1680 V.me partie de la Table. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. I I SOMMES pour les Années. 2 I I 2 1 I I 2 1682 1683 I 2 1684 I I 2 1685 I I 1686 I 2 1692 I I 1693 1694 I I 1695 1696 I 1697 I 2 2 2 2 3 I 4 I 2 4 t 1698 2 I I 1699 4 4 1702 I 2 3 9 2 2 7 7 S 6 3 40 I 1704 1707 I 3 2 I I 1 8 1708 I I 1709 1710 I 3 I I 1711 I I 1714 I Somme totale SOMMES pour les Mois. S S 8 7 3 2 2 I I I I I 2 18 I I 9.5 480 ECLAIRCISSEMENS ANNE'ES. VIme & dernière partie de la Table. Mars. Février. Janvier. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. SOMMES pour les Années. 1716 1717 1718 2 ཀ 3 4 I и 2 I I I I 6 I I I 2 4 19 1719 1720 I I 3 3 I I 2 и I 16 I 2 4 14 1721 3 2 4 I 10 1722 3 3 3 I I I 3 6 4 30 1723 4 I 6 3 3 I 2 I 21 1724 3 2 2 I 2 S 3 I 2 4 25 1725 ++ 2 I 4 I S 22 1726 1 6 2 2 6 23 1727 6 2 I I 4 S 6 ΙΟ 35 52 1728 2 9 7 4 2 4 6 6 5 3 48 1729 4 7 7 6 5 2 4 и 6 4 50 1730 4 8 7 4 3 I S འ S 16 16 16 8 93 1731 2 3 S 4 7 6 6 38 1732 9 8 IS 6 2 2 7 4. 3 4 60 1733 I I 2 I 1734 1735 I I 3 io 1736 1 6 I 8 I 2 1737 3 8 1739 I 3 4 SOMMES pour les Mois. 45 63 90 44 17 9 6 28 60 80 62 66 Somme totale 570 } 10. RÉSULTAT SUR L'AURORE BORÉALE. E’cl. XXI. 481 de la TABLE. 10. RÉSULTAT des parties ou des fommes de la Table précédente. PARTIES Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. Août. Juillet. Décemb Novemb. Octobre. Septemb SOMMES pour les Années. I. 7 4 2 I 3 I 2 2 3 25 II. ..6 S 4 3 I I I 4 I 2 29 III. S 6 67 I I I I 6 2 4.I IV. 7 + 4. I 6 4 2 I 2 2 3 4 | 36 V. S S 8 7 3 2 2 I I I I 12 18 II 95 VI.. 45 63 90 44 17 9 6 28 60 80 62 66 570 SOMMES pour les Mois. 68 90113 67 Somme totale 28 IS I I 45 80 99 92 88 796 C'eſt donc en tout 796 apparitions de l'Aurore Boréale que contient la Table précédente. Venons maintenant à l'emploi que nous devons faire de ce nombre d'apparitions, conformément à la théorie ci- deffus, plus amplement expliquée dans mon Traité. 11. De tous les principes de fréquence ou de rareté des Aurores Boréales, il n'y en a point qui, felon cette théorie, doive être plus efficace, ni ſe manifefter plus conf- tamment, que celui des grandes & des petites diſtances de la Terre au Soleil & à l'Atmoſphère Solaire. Sept cens demi - diamètres terreftres, c'eft-à-dire, plus d'un million de lieues de différence, ne peuvent qu'en apporter une très- confidérable à la chûte de ce fluide fur la Terre, ou dans la région fupérieure de l'Atmoſphère qui l'enveloppe. Car je conferve ici par-tout la même parallaxe, la même excen- tricité, & par conféquent les mêmes diſtances Solaires que j'ai adoptées dans mon Traité, dans cette édition comme dans la précédente, & par les mêmes raiſons. Ainfi la parallaxe du Soleil fera de 1o fecondes *, fa grande diftance, Sup. note de Ppp la p. 96. 482 ECLAIRCISSEMENS t de la Terre, de 209767 demi-diamètres terreftres, & Sup. p. 244. la petite de 20275*; d'où réſulte la double excen- tricité ou la différence entre ces deux diftances, de 701 demi-diamètres terreftres, qui font plus d'un million de lieues de 25 au degré. & 1- 1 12. C'eſt par-là auffi que je commencerai cette recherche, d'après toutes les collections que j'ai entre les mains, en les appliquant d'abord chacune en particulier au principe, & enfuite dans leur totalité. J'en viendrai après cela aux autres caules de fréquence, dont l'examen fera d'autant plus- court & plus facile, que tous les matériaux en auront été préparés dans l'application que j'en vas faire à celle-ci. 13. Divifant donc l'Orbite terreftre en deux parties à peu près égales, dont l'une, que j'appellerai inférieure, eft priſe. du côté du Périhélie, & l'autre que j'appellerai fupérieure, du côté de l'Aphélie, il ne s'agit plus que de les comparer & de voir au moyen de la Table, & fur les 796 Pliéno- mènes qu'elle contient, le rapport numérique de ceux qui tombent dans les fix mois où la Terre parcourt la partie inférieure de fon Orbite, à ceux qui tombent dans les fix autres mois, où la Terre parcourt la partie fupérieure oppo- fée, en prenant trois mois de part & d'autre de chacun des points de milieu, Périhélie & Aphélie. Car, comme il a été *Tr. p. 244. expliqué en fon lieu*, la Terre paffe aujourd'hui par fon Périhélie vers le 30 Décembre, & par fon Aphélie vers le 30me Juin; & quoique ces mois ne foient pas exactement accomplis au moment de ces paffages, quoique les lieux n'en foient pas exactement les mêmes que dans les fiècles paffés, la commodité qu'il y a ici de prendre les mois entiers, tant pour ces calculs, que pour la conftruction des Tables, nous fera déroger à une plus grande exactitude. On verra que l'erreur qui en peut naître eft prefque infenfible, eu égard aux réſultats & à la théorie de l'hypothèſfe. Le mouvement vrai ou apparent des Apfides de l'Orbite de la Terre, par rapport aux Fixes, n'eſt, ſelon les plus anciennes obfervations, que d'environ un degré 43 minutes en cent ans, & felon les F SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI 483 في plus modernes, que d'un degré 13 ou 4 minutes dans le même intervalle. Or, à compter de 1716 jufqu'en 1739, où fe termine la Table précédente, c'est-à-dire, en moins de Vingt-quatre ans, le nombre des Aurores Boréales obfervées eft trois ou quatre fois auffi grand que celui de toutes celles qui y font marquées dans les fiècles antérieurs, & 30 fois plus grand que du vime au XVime fiècle ou dans l'efpace de mille ans. L'erreur qui fe diftribue également ou inégalement fur cette 3ome partie 'eſt donc ici de nulle conféquence, & ne fait qu'y déplacer un peu le Périhélie du milieu des mois qui entourent ce point de l'Orbite terreftre. On pren- dra garde enfin, que 'la poſition du Périhélie & de l'Aphé- fie, dans l'année, eft telle, que les mois qui y répondent de part & d'autre, étant pris trois à trois, deux à deux, où un à un, les fommes des jours autour de chacun de ces deux points, font toûjours égales, ou ne different que d'un jour, Telon que l'année eft commune ou biffextile. * 14. PREMIÈRE COMPARAISON. Aurores Boréales qui ont été obfervées dans les douze mois de l'année, d'après la Table précédente. 1 Juin ...... IS APHÉLIE. Juillet. La Terre étant dans la partie in- 92 Décembre 88 Octobre... 99 Novembre... Avril …………. 67 Mai 28 PÉRIHÉLIE. La Terre étant daps la partie fu- Juin férieure de fon Orbite. Janvier..... 68 périeure de fon Orbite. Février.... 90 I Ij 45 Mars... · 113 SOMME TOT. .... Somme 550 7.96 Août. Septembre.. 80 Somme 246 Où l'on voit que la plus grande fréquence du Phénomène fe trouve avec un excès bien marqué du côté du Périhélie, Ppp ÿj 484 ECLAIRCISSEMENS Go t & en raison de 550 à 246, ou environ comme 9 à 4, & plus exactement: 9, 45 4 15. Si ce rapport de fréquence entre les fix mois de Périhélie & les fix mois d'Aphélie, eft dû aux différentes diftances de la Terre au Soleil, comme il n'eft guère poffible d'en douter, il faudra donc qu'il foit plus marqué en ne prenant que quatre mois autour de chacun de ces points, & plus marqué encore fi l'on ne prend que les deux mois qui les entourent immédiatement ou qui y touchent, puifque les plus grandes & les plus petites diftances fe trouvent alors répandues fur de plus courts intervalles de temps. Ces trois comparaiſons fe ferviront réciproquement de preuve enre elles, & je les défignerai dans la fuite par première, qui eft celle qu'on vient de voir, feconde & dernière, qui font celles que je vais donner.. 16. SECONDE COMPARAISON. Aurores Boréales obſervées autour du Périhélie & de l'Aphélie, deux mois avant & deux mois après le paffage de la Terre par chacun de ces deux points. La Terre par Courant les 3 de la partie inférieure de fon Orbite autour de 8d g. Novembre 92 La Terre par- courant les de la partie fupérieure de fon Orbite, Mai.... 28 Juin.... 15 APHÉLIE. Décembre 88 PÉRIHÉLIE. Janvier.. 68 autour de 8 Juillet... I %%. Février.. 9༠ Août .... 45 1 Somme 338 [437] Somme 99 } Où l'avantage du Périhélie fur l'Aphélie eft plus grand que dans l'exemple précédent, & fe trouve en raifon de 338 à 99, ou de 7 à 27 17 2 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 485 1 3 17. TROISIÈME COMPARAISON. & 'Aurores Boréales obfervées autour du Périhélie & de l'Aphélie, un mois avant & un mois après le paffage de la Terre par chacun de ces deux points. LaTerre étant Décembre 88 autour de 84 , & de dif- autour de 8t %, & de dif- fance au LaTerre étant Juin . . 15 APHÉLIE. Juillet.... 11 Somme 26 20976 demi- diamètres ter- tance au ; PÉRIHÉLIE. 20275 demi- diamètres ter- reftres. Janvier... 68 rèftres. Somme 156 [182] Où l'avantage du Périhélie fur l'Aphélie eſt encore plus grand que dans l'exemple précédent, & en raiſon de 156 å 26, ou de 7 à 126 à 156° REMARQUES. 18. Ce n'eft, en général, qu'à de grandes maffes de nombres ou de Phénomènes, qu'il convient d'appliquer la ſeconde ou la dernière Comparaiſon, & fur-tout la dernière. Car comme celle-ci, par exemple, ne tombe que fur une petite portion des Phénomènes de toute la maffe, il eft clair que le moindre hafard, quelques Aurores Boréales de plus ou de moins, pourroit y changer le rapport qui en réſulte, ou même en faire évanouir l'un des termes, fi la maffe totale étoit trop petite; & ainfi à proportion dans la ſeconde. Il faut donc au moins que cette maſſe ſoit de deux ou trois cens Phénomènes, pour en tirer des rapports admiffibles & de quelque conféquence dans ces deux dernières Com- paraiſons. 19. Il faut prendre garde encore que les rapports de fréquence trouvés par l'opération, devant être d'autant plus approchans du vrai, qu'ils ont été tirés d'un plus grand Ppp iij 488 ECLAIRCISSEMENS nombre de Phénomènes, celui qui réſulte de la Comparaiſon des fix mois de Périhélie aux fix mois d'Aphélie, l'empor- tera toûjours de vrai-femblance fur le rapport de quatre mois à quatre mois, & celui-ci fur de rapport de deux mois à deux mois; quoiqu'en général les trois Comparaifons concou- rent pareillement à prouver la relation dont il s'agit, par cela feul, que le plus grand excès quelconque de la fréquence s'y trouve toûjours du côté où la théorie l'indique, & felon qu'on approche davantage du point où en réſide le principe. Car c'eft à la rigueur tout ce que nous avons à prouver, & qu'on eft en droit d'exiger. 20. Mais il ſe préſentera peut-être ici une difficulté, qui ne doit pourtant pas en être une. Les Aurores Boréales qui conſtituent la collection de M. Frobés ont été vûes en diffé- rens pays de l'Europe, & remarquées ou recueillies par différens Auteurs; il y en a plufieurs dont je n'ai pas fait mention dans mon Traité, & plufieurs autres dont j'ai tenu compte, & que M. Frobes a omifes; il a été plus inftruit des régions du Nord, je l'ai été davantage de celles du Sud, & malgré cette différence, cette diverfité de pays, d'Obſer- vateurs, d'Hiftoriens & de Chronographes où nous avons puifé; malgré la fupériorité du nombre de près de huit cens Aurores Boréales fur celui d'environ deux cens, les réſultats tirés de nos deux collections s'accordent parfaitement, ou à quelque fraction près, fur les nombres qui les expriment *: car qu'est-ce que ces petites différences fractionnaires, dans une théorie où il fuffit à la rigueur, qu'un excès quelconque bien marqué ſe trouve toûjours du côté où il doit être? 21. C'eft que le principe de fréquence dont il s'agit étant vrai, toutes ces différences difparoiffent fur les grandes maffes de temps & de nombres; tout fe compenfe enfin + Je ne prétends indiquer à cet égard que la première Comparaifon (Sup. n. 14) & fa correfpondante, dans le Traité, p. 245, l'une & l'autre feréduifant à peu près au rapport de | 9 à 4; car les deux dernières, priſes fur les 229 Aurores Boréales que j'avois alors, tombent fur de trop petits nombres pour pouvoir en tirer des conféquences valables (n.º 18). раз SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XXI. 487 + felon la Dodrine des hafards, & le rapport cherché ſe manifefte. Si la manière de voir ou de juger, d'un Obfer- vateur, d'un Hiftorien, fes attentions, fes préjugés, fa fuperftition même, lui font multipher ou omettre certains Phénomènes, des difpofitions contraires dans un autre lui feront rejeter ce que celui-là a admis, & retenir ce qu'il avoit rejeté. Et voilà pourquoi je ne me fuis point rendu difficile (n.° 6) fur les Aurores Boréales contenues dans le Recueil de M. Frobès, où je reconnois d'ailleurs avec les Journaliſtes de Leipfik, beaucoup de diſcernement & d'éru- dition. Si les longs crépuscules de l'Eté, & plus longs dans un climat que dans l'autre, nous font perdre quelques petites Aurores Boréales, les nuits fombres de l'Hiver, & dont la longueur eſt relative à ces climats en raiſon inverfe des jours & des crépuscules, nous en dérobent d'autres de même eſpèce. Car à l'égard des grandes Aurores Boréales bien brillantes, on eft revenu aujourd'hui de l'idée qu'on s'étoit faite ſur ce Phénomène, qu'il ne paroiffoit qu'en des temps fereins, après le crépuscule, & filente Lunâ, comme difoit Gaffendi. Nous favons que les Aurores Boréales bien déci- dées fe démêlent d'avec les crépufcules, & qu'elles fe montrent fouvent en Hiver parmi des nuages, pendant la pluie, & malgré la clarté de la Lune. Enfin fi dans les fiècles paffés, & dans des temps où les Obfervateurs de ce Phé- nomène étoient rares, & le Phénomène peu connu, on n'a fait mention que des plus marqués, des plus lumineux & des plus frappans, d'après certains préjugés, fi l'on en a quelquefois confondu les apparitions avec celles de la Lumière Zodiacale, ou avec les chevelures & les queues des Comètes, tout cela ſe compenſe encore ou diſparoît dans les grandes maſſes, l'analogie du principe perce au travers, comme nous le verrons encore mieux dans la fuite. 22. C'eſt donc de cette diverfité même, de temps, de pays & d'écrivains, & de ces grandes maffes d'années, d'obfervations & de nombres, que nos inductions fur la correſpondance dont il s'agit, tireront leur plus grande force. 488 ECLAIRCISSEMENS 23. N'excluons pas cependant de cette recherche les obſervations particulières, faites par un feul Obfervateur, ou dans un feul pays, & pendant des intervalles de temps beaucoup plus courts, lorfqu'elles auront d'ailleurs les qualités & l'authenticité requiſes: mais apportons-y les attentions & les reſtrictions convenables. 24. Par exemple, tout pays où l'arrière-faifon & l'Hiver ne préſentent aux yeux de l'Obfervateur, pendant des mois entiers, qu'un Ciel toûjours couvert, qu'un temps pluvieux ou chargé de brouillards, doit être exclus de nos Comparaiſons & de nos calculs. Car de ſemblables pays ne pourroient nous fournir dans cette partie de l'année que quelques grandes Aurores Boréales, & il s'agit ici du nombre pluftôt que de la grandeur. Eh quel ufage faire en ce cas d'une Comparaiſon où l'un des termes feroit fi défectueux, & manqueroit quelquefois totalement ? Par une femblable raiſon, je rejetterai les obſervations faites dans des pays trop Polaires & où le Soleil feroit des jours & des mois entiers fur l'horizon, dans la faifon oppofée à la précédente; car il n'y auroit encore alors que les très-grandes Aurores Boréales qui puffent s'y montrer, tandis qu'on en auroit obfervé un très-grand nombre d'autres qui auroient paru en Hiver. 25. Il ne faut auffi s'arrêter qu'à des obfervations fuivies & non interrompres pendant un temps de repriſe, tout au moins de douze, quinze ou vingt ans; car un plus petit intervalle de temps feroit infuffifant pour en établir fa Comparaiſon. 26. Enfin le choix des Obſervateurs eft de grande im- portance. On ne doit guère compter que fur ceux qui font exercés, & affez Aftronomes pour ne fe point méprendre à des circonftances équivoques, tant par rapport au Phéno- mène, qu'à l'état du Ciel. Car il n'y a plus ici de compenfa- tions à eſpérer, conme fur les grandes maffes de temps & de lieux, & fur la diverſité des diſpoſitions & des préjugés des Auteurs. Avant cette dernière & grande repriſe, dont fe, } commencement SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XXI. 489 commencement peut être fixé à l'année 1716 pour tous les pays de l'Europe qui font à pluſieurs degrés en deçà du Cercle Polaire, on a pris quelquefois les Aurores Boréales qui y ont paru, pour de fimples crépufcules plus longs feu- lement, ou plus lumineux qu'ils n'ont coûtume d'être, parce qu'on ne penſoit point alors à la Lumière Boréale. D'où il eft arrivé, que les Anciens ne nous ont guère tranfmis que celles de fes apparitions que nous qualifierions aujour- d'hui de grandes & remarquables. Au contraire, depuis que de nos jours le Phénomène eſt devenu commun, on la vû affez ſouvent où il n'étoit pas, dans les crépuscules d'Eté, & fur-tout, lorſque la Lumière Zodiacale s'eſt venu com- pliquer avec ces crépuscules: ce qui eft très-ordinaire dans les grandes extenfions de cette Lumière, en des temps de Repriſe, & dans cette faifon, où le Soleil ſe couche près du Pole & où il paffe au deffous tout proche de l'horizon. J'ai rapporté dans ma feconde Section* un Article de feu * Page 81; M. Caffini, fur les Crépuscules Solftitiaux de l'Eté, où l'on voit perpétuellement cette Lumière fe joindre au crépuscule, & produire vers le Nord une ſplendeur qu'il appelle Lumière Septentrionale, mais que l'habile Aftronome n'a garde de con- fondre avec le Phénomène auquel nous donnons aujourd'hui ce noma, ou celui de Lumière Boréale b. II eft donc très- facile de prendre ces crépuscules ainfi compliqués pour des 1721, page 9, Aurores Boréales Tranquilles, & il n'y a fouvent d'autre ↳ Sup. p. 306, moyen de les diftinguer, que d'obſerver fi le mouvement &c. DC. général de cet amas de lumière équivoque le porte d'Occi- dent en Orient avec la Terre, ou d'Orient en Occident avec le premier mobile, comme il a été expliqué ci-deſſus *. Je me fuis auffi convaincu quelquefois de la fauffeté des Aurores Boréales qui m'étoient ſuſpectes, & qu'on trouve dans des Auteurs peu attentifs à ces diftinctions, par le filence de tous les autres Obfervateurs fur ces mêmes Phénomènes, en des jours clairs & fereins pour toute l'Europe. Enfin, comme il eſt aiſé de ſe prévenir en faveur de fes idées,” & de voir par-là les chofes différentes de ce qu'elles font, je Q¶¶ &c. & Hift. Acad * Page 348: 490 ECLAIRCISSEMENS crois qu'on ne doit pas fonder une recherche pareille celle-ci, fur le témoignage des Auteurs qui auroient là-deſſus quelque fyftème à établir ou à combattre, & qui en auroient pris de trop forts engagemens avec le public. Cette feule confidération m'auroit fans doute infpiré la délicateffe de m'exécuter le premier fur cet article, & de fupprimer ici mes propres obſervations mais j'y fuis obligé par une raifon encore plus décifive; c'eft que depuis les trois ou quatre années qui fuivirent la publication de mon Ouvrage, je les ai diſcontinuées plus d'une fois, par des accidens qu'il eſt inutile de rapporter, & qui mettent par-là ces obſerva- tions hors d'état de fervir à notre deffein, n.° 25. 27. A ces conditions, & avec ces précautions, je ne doute point que nous ne retrouvions dans les obfervations particulières, le principe de fréquence dont il s'agit, & tel à peu près que nous venons de le voir dans la collection générale de M. Frobès. En voici les exemples d'après des Aftronomes célèbres, & très-exercés dans ces fortes d'ob- fervations. OBSERVATIONS DE M. CELSIUS. 28. Peu de temps après la publication de mon Traité de l'Aurore Boréale, M. Celfius donna fon Recueil d'Obſer- vations fur ce Phénomène, dont j'ai déjà parlé plus d'une * Sup. p. 379. fois, & rapporté le titre*. Il fut l'année fuivante en Italie,,& M. le Marquis Poleni, à qui il avoit fait préfent de fon Livre, m'écrivit, qu'ayant appliqué ma Méthode & mes principes à ces obſervations, par rapport à la fréquence du Phénomène, il en avoit tiré les mêmes réſultats. Il voulut bien encore * Du 16 Mars ajoûter dans fa Lettre *, & fes calculs, & la Table qu'il en avoit dreſſée. On peut juger de l'empreffement que j'eus de recouvrer cet Ouvrage, mais je n'eus pas long-temps à l'attendre; M. Celfus vint la même année à Paris, il me donna fon Livre, & de plus un fupplément de plufieurs autres obſervations faites depuis par lui-même, ou qu'il avoit recueillies de fes correfpondans, & qui portent fur-tout 1734. SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 491 l'intervalle compris entre 1716 & 1734. Supplément qui concourt encore à prouver tout ce qui fait notre objet. Je vais d'abord donner ici féparément la Lifte & la Table de l'un & de l'autre, comme j'ai fait ci-deffus de la collection de M. Frobès; je mettrai enfuite les Phénomènes contenus dans le Livre, & ceux qu'il faut y ajoûter d'après le fup- plément, fous un même point de vue, & comme ne faifant qu'un tout. Car les obſervations & le fuffrage de M. Celfus fur cette matière, comme fur plufieurs autres, font d'un fi grands poids, que nous ne devons perdre aucun des avan- tages qu'on en peut tirer. 29. LISTE des Aurores Boréales contenues dans le Livre de M. Celfius. En 1716. Mars, le 17. 1718. Février, 14. Mars, 4, 18. Août, 28. Septembre, 16. Octobre, 11, 27. Décembre, 18, 30. 1720. Janvier, í. 1723. Octobre, 31. 1 1724. Février, 11. Avril, 14. Novembre, 8, 9. 1725. Janvier, 7. Février, 9. Octobre, 5. Novembre, 26. Décembre, 21. 1726. Janvier, 19. Mars, 27. Octobre, 19. Novembre, 4. 1726. Décembre, 10, 21, 22. 1727. Janvier, 1, 27. Février, 21, 27. Mars, 9, 11. Décembre, 17, 19. 1728. Janvier, 1, 30. i Février, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14. Mars, 10, 14, 28. Avril, 3, 7. Août, 28, 29, 30. Septembre, 7, 29, 30. Octobre, 2, 11, 12, 24. Novembre, 22, 23. Décembre, 31. 1729. Janvier, 14. Février, 2, 3, 25, 27, 28. Mars, 15, 16, 25, 28, 30. Avril, 6, 24, 27, 28. Mai, 2. Septembre, 12, 15, 22. Qqq ÿj 492 ECLAIRCISSEMENS 1729. Odobre, 2, 22, 24. Nov mbre, 16, 17, 18, 19, 20, 30. Décembre, 22, 27, 30. 1730. Janvier, 8, 16, 17, 26. Février, 3, 9, 10, 15, 16. Mars, 2, 9, 22. Mai, 9. Juillet, 31. Août, 23, 29, 30. Septembre, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 17; 20, 21, 27, 28, 30. Octobre, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 11, 12, 16, 17. Novembre, 2, 3, 4, 5, 8, 9, 17, 18, 22, 30. 1731. Janvier, 2, 26. 1731. Février, 4, 10, 28. Mars, 2, 4, 7, 9, 14. Août, 21, 24, 27, 30, 31+ Septembre, 1, 20, 26, 30. Octobre, 3, 4, 7, 8, 16, 23. Novembre, 4, 17, 18, 27, 29. Décembre, 1, 4, 6, 7, 27, 30. 1732. Janvier, 1, 3, 16, 17, 18, 26, 27, 28, 29, 30. Février, 2, 12, 17, 18, 24, 27. Mars, 2, 15, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 31. Avril, 2, 17, 18, 19, 20, 22.. Août, 22. Octobre, 5, 22, 23. Novembre, 11. Décembre, 7, 12, 16, 18. Ce qui fait en tout 224 Aurores Boréales ou appa- ritions, fur les trois cens feize obfervations annoncées à la tête du Livre, les quatre-vingt-douze autres ayant été faites les mêmes jours, par les Correſpondans de M. Celſius en différens lieux de la Suède; le tout réduit au nouveau. ſtyle, comme il le fera toûjours ici en cas pareil. SUR L'AURORE BORÉALE. E'd. XXI. 493 30. TABLE réduite des Aurores Boréales contenues dans le livre de M. Celſius: ANNEES. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. SOMMES pour les Années. les 1716 1718 I I 2 I 2 2 9 1720 I 1723 1724 I 1 2 I 1725 I I 4 I I 1 1726 I I I I 3 7 1727 2 2 2 2 8 1728 2* 7 3 2 3 3 4 2 I 27 1729 I 1730 4 1731 2 |~|~|~| S 4 I 3 3 6 3 m 31 5 3 I 3 - IS 10 10 52 S 4 6 S 6 36 1732 10 6 6 3 4 42 SOMMES Somme totale pour les Mois. 24 31 33 13 2 26 13 31 28 22 224 31. Aurores Boréales obfervées autour du Périhélie & de l'Aphélie dans les douze mois de l'année. Octobre 3 1 Avril 13 Novembre 28 Mai ... 2 Décembre. 22 Juin 0 PÉRIHÉLIE, - APHÉLIE.. Janvier • 24 Juillet. 1. Février · 31 Août. 13 Mars · 33 Septembre. 26 169 (224) 55 Où le rapport des fréquences eft en raison de 169 à 5.5, ou environ: 3, &• 494 ECLAIRCISSEMENS 32. SUPPLÉMENT aux Aurores Boréales rapportées dans le Livre de M. Celfius, donné par lui-même. En 1717. Avril, le 10. Août, 10. Septembre, 11. 1719. Octobre, 16. Novembre, 13, 20. 1720. Février, 11, 15. Octobre, 27. Novembre, 29. Décembre, 6. 1721. Février, 17. Mars, 1. Septembre, 12, 22. Octobre, 21. 1722. Février, 12, 13, 16. Mars, 1. Septembre, 6, 7. Octobre, 3, 8, 9, 10, 14, 15. Novembre, 3, 10. Décembre, 4. 1723. Janvier, 1, 3, 24. Février, 4. Mars, 3, 4, 7, 24. Avril, 2, 4, 9. Septembre, 1, 17. Novembre, 1, 2. 1724. Janvier, 17, 29. Mars, 24. Mai, 4, 22. Août, 17. 1725. Janvier, 8, 9, 12, 13. 1725. Octobre, 6, 7, 8, 9. Décembre, 5, 6, 7, 8. 1726. Février. 7. Mars, 24. Septembre, 5, 28. Octobre, 26. Décembre, 18. 1727. Janvier, 13, 16, 17. Mars, 12, 13, 14, 16, 17), 24, 28. Avril, 8, 10, 18. Août, 6, 22, 24, 31. Sept. 7, 14, 18, 23, 30. Octobre, 2, 5, 6, 14, 15, 19, 20, 21. Novemb. 3, 20, 23, 24, 25. Décemb. 6, 11, 16. 1728. Février, 26, 29. Mars, 20. Avril, 2. Juin, 25. Août, 31. Octobre, 14, 17. Novembre, 2, 5, 8. 1729. Janvier, 17, 18. Février, 3, 11, 16. Mars, 2, 27. Avril, 6: Mai, 1, 22, 26, 27. 1730. Mars, 6, 15.' Avril, 14. Mai, 2. SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 495. 1730. Mai, 2, §. Août, 15, 24. Septembre, 2. Octobre, 9, 20. Novembre, 12, 14, 21. Décemb. 2, 4, 17, 25. 1731. Septembre, 27. 1732. Août, 23. 1733. Janvier, 12, 17. Mars, 2, 3, 5, 17. Avril, 1, 18. Juillet, 7. 33. TABLE réduite du Supplément donné par M. Celſius. ANNEES. 1717 Janvier. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. I I I SOMMES pour les Années. 3 I 2 3 I I I S S 2 1 2 10 2 1719 1720 2 1721 I I 1722 3 I 1723 3 I 4 3 1724 2 I 2 I 1725 4 I 1726 1 I 1727 3 1728 2 7 3 I 4 I 1729 2 3 2 I + 1730 2 1 2 2 1731 1732 1 Jaund 1 2 2 IS 6 4 + 41 13 2 I I 6 S 8 2 3 3 I I 38 I 12 2 3 4 17 I 1733 2 4 2 I SOMMES pour les Mois. 16 13 24 12 9 I I IO 16 26 18 14 I 9 Somme totale 160 496 ECLAIRCISSEMENS. 34. Aurores Boréales obfervées autour du Périhélie & de l'Aphélie, dans les douze mois de l'année, d'après la Table précédente. Octobre 26 Avril 12 Novembre 18 Mai. 9 Décembre. 14 Juin PERIHÉLIE. APHÉLIE, Janvier 16. Juillet Février 13 Août. Mars 24 Septembre Somme 111 (160) 10 16 Somme 49 ' Où la fréquence autour du Périhélie eft à la fréquence autour de l'Aphélie comme 1 1 1 à 49, ou environ: 9 à 4. 35. Quant à la Comparaifon des quatre mois autour de chacun des deux points, Périhélie & Aphélie, il ne convient point ici d'en tenir compte, & encore moins de celle de deux mois; par la raiſon même (11.º 18) dont ces deux Tables donnent des exemples bien fenfibles. Mais celle qui fuit, & qui eft formée des deux, contiendra d'affez grands nombres pour y avoir quelque égard. 36. TABLE SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XXI. 497 ' SOMMES pour les Années. 36. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales contenues dans le livre & dans le fupplément de M. Celfius. ANNE'ES. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 17:16 1717 I I 1718 I 2 1719 1720 2 I I 1 3 I I 2 2 9 I 2 3 I I I 6 1721 I N I и 1722 3 I 2 6 2 I IS 1723 3 I 4 3 2 I 2 16 1724 2 I 2 I 2 ΙΟ 1725 S I I и I 18 1726 I I 2 2 2 I 4 13 1727 S 2 9 3 4 S 8 5 S 46 1728 2 9 4 3 4 3 6 S I 38 1729 3 8. 7 S S 3 3 6 3 43 1730 4 S LA I 3 I S 16 I 2 13 4 69 173 E 2 3 པ་ 5 S 6 5 6 37 1732 ΙΟ 6 I I 2 3 I 4 43 1733 2 +7 2 jand I 9 Somme totale SOMME pour les Mois. 40 44 57 25 I I I 2 23 42 57 46 36 384 Rrr 498 ECLAIRCISSEMENS -Comparaisons de fréquence du Périhélie à l'Aphélie, 'd'après la Table précédente. 37. PREMIÈRE COMPARAISON. Octobre $7 Avril …. Novembre. 4.6 Mai. . 25 IE Décembre. 36 Juin PERIHÉLIE. APHÉLIE Janvier 40 Juillet. 2 Février 44 Août .. 23 Mars 57 Septembre 4.2 Somme 280 (384) Somme 104 Où 280, 104 :: environ 8, 3. 38. SECONDE COMPARAISON. Novembre 46 Mai. Décembre 3.6 Juin . ID I PÉRIHÉLIE. APHÉLIE. Janvier.. 4.0 Juillet. 2 Février.. 44 Août.. 23 166 (203) 37. Où 166, 37 :: environ 14, 3. 39. TROISIÈME COMPARAISON. Décembre .. · 3.6 Juin. PERTHÉLIE. APHÉLIE. Janvier · 40· Juillet. 2 76 (79) 3 Où le terme, 3, qui répond à l'Aphélie, eft fi petit, qu'il en réfukte un rapport avec le Périhélie, d'environ 25 à 1. SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 499 OBSERVATIONS DE M. KIRCH. 40. J'ai dit, dans le premier de ces Eclairciffemens, à quelle occafion M. Chr. Kirch m'avoit envoyé des obfervations dont je comptois faire uſage; & voici leur véritable place. Ces obfervations confiftent en deux parties bien diftinctes. La première eft un dénombrement de quatre-vingt-neuf Aurores Boréales anciennes, que j'avois omiſes dans mon Traité, depuis l'an 1 549 juſqu'à l'an 1657, inclufivement (a): la feconde contient 106 apparitions du même Phénomène, obſervées à Berlin, depuis 1707, jufqu'au mois d'Octobre *1735, où elles me furent envoyées (b). Il y en a encore plufieurs parmi celles-ci dont je n'avois pas fait mention. C'eſt par cette dernière partie que je commencerai, me réſer- vant d'employer la première fous un autre point de vûe. Les Aurores Boréales obfervées par M. Kirch ſont très- fuccinctement, mais très-exactement décrites ou qualifiées. Quelques-unes font marquées comme douteuſes; mais le doute eft levé par la confrontation que j'en ai faite avec d'autres Catalogues de différens pays, où elles ont paru fans équivoque, conformément à l'inftruction qu'on en trouve dans mon Traité*. Comme j'ignore fi ces obfervations ont Page 16 été imprimées depuis, car je vois M. Kirch ſouvent cité ſur cette matière, j'en donnerai ici l'extrait, par les mêmes raiſons que j'ai donné celui du Supplément de M. Celfus, & avec les mêmes précautions. (a) Obfervationes aliquot anti- que Aurora Borealis ad Supple- mentum Hiftoria Aurora Borealis, collecte à C. Kirch. (b) Obfervationes recentiores Au- rora Borealis, quarum 4 priores à Gottfrido Kirch (fon Père) reli- quæ verò à Chriftfrido Kirch funt obfervatæ. Rrrij 500 ECLAIRCISSEMENS 41. Années, mois & jours En 1707. Mars, le 6.1 172 | Octob. 21, 29. 1726 Novembre, 27. Aurores Boréales de M. Kirch. S, Ollobre, 5, 7. Odobre, 19. 1727. Mais, 13, 14. 1716. Mars, 17. Avril, 18. Octobre, 19. 1717. Février, 2. 1728. Février, 13. Avril, 10. Avril, 2. Août, 31. Septembre, 8. Mai, 3. Avril, 11, 12. 1718. Mars, 4, 19. Mai, 1 1. 1719. Février, 11. Juin, 25. Juillet, 13. Août, 30. Septemb. 26. Octobre, 16. Octobre, 2. Novembre, 12, 13. 1731. Janvier, 2. Septembre, 26. Octobre, 3, 4, 7+ 8, 23. 1732. Févr. 24, 29. Mars, 21, 28. Avril, 24. Août, 22. Septembre, 10, 27. Octobre, 5, 22's 23.. Novemb. 12.. 1733. Mars, 2, 3. Novembre, 13. 1720. Janvier, 2. Février, 15. Novembre, 7, 25. 1721. Janvier, 23. 1729. Juillet, 7. Septembre, 26. Octobre, 13, 22. Novembre, 16. Décemb. 17. Avril, 18. Juillet, 7. Août, 17. Octobre, 3, 10, Novemb. 7. Décemb. 8, 22a 1734. Janvier, &. Février, 17. Mars, 1. 1722. Septembre, 17, 18. Octobre, 3, 7. 1723. Mars, 3. Avril, 24. 3725. Février, 12. Mars, 16. Avril, 24. 1730. Février, 15. Mars, 2. Avril, 12. Mai, 29- Septembre, 30. Octobre, 8, 9, 20. Novemb. 2, 3, 5. En tout 106 Aurores Boréales. Février, 3. Mars, 1. Avril, 8. Septembre, 19. 1735. Janvier 25, 26. Mars, 23, 24. Avril, 23 SUR L'AURORE BOREALE. Ecl. XXI. 42. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales obfervées par M. Kirch. ANNE'ES. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. SOMMES pour les Années. 1707 1716 1717 I 2 I I I 2 I 4 3 I 1718 2 1719 1720 I I 1721 I I I 4 3 I I 3 2 4 3 1722 2 2 1723 I I 4 2 1725 I I I 1726 1727 2 I I 1728 I I I I I I 2 1729 2 S I I 4 ΙΟ I 2 I I 6 1730 I I I I 173! 1 I 3 3 I I I 1732 2 2 I 1733 2 I I I 1734 I I I I 2 3 I 2 I 2 ΙΟ I n 7 12 1735 2 2 I SOMMES pour les Mois. 6 IO 17 12 3 I 3 4 ΙΟ 25 12 3 Somme totale 106 Rrr iij $ A 502 ECLAIRCISSEMENS 43. COMPARAISON DES DOUZE MOIS. Ottobre.... 25 Avril.. Novembre • 12 Mai 3. Décembre 3 Juin.. PÉRIHÉLIE. APHÉLIE. Janvier... 6 Juillet. · 3 Février. ΤΟ Août. 4. Mars.. 17 Septembre · 10 73 (106) 33 *Lettre du 13 Où les deux fommes, 73 & 33, font à très-peu près en raison de 9 à 4. OBSERVATIONS DE M. WEIDLER. 44. M. Weidler, Profeffeur de Mathématiques à Wit- temberg, a bien voulu auffi me faire part au commencement de cette année*, de fes obſervations fur l'Aurore Boréale, Janvier 1753. depuis 1730, juſqu'à 1751. C'est dommage que des obfer- vations qui me viennent de fi bon lieu ne foient pas plus nombreuſes. En voici le Catalogue avec les dates. 1730. Janvier, 8. Juillet, 5. Octobre, 7, 9. 1731. Août, 28, 31. Septembre, 28. Octobre, 2, 4, 7, 8, 10, 23. $1732. Janvier, 26. Février, 7, 29. Août, 22. Octobre, 23. 1733. Mai, 16. Juillet, 7. Novemb. 7. 1734. Février, 2. Avril, 8. Août, 20. 1735. Janvier, 26. Février, 22. Mars, 23, 24, 25, Avril, 18, 23. Novemb. 14, 18. 1736. Avril, 5. Septembre, 3, 4. Octobre, 10, 26, 27. 1737. Mars, 28, 29. Avril, 7- Août, 20, 21, 23. . SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 503 Décembre, 16. $737. Novembre, 26. 1738. Décemb. 4. 1739. Février, 27. Avril, 10. Septembre, 28. 1743. Mars, 16, 19, 20, 26, 28. Septemb. 19. Octobre, 8. 1744. Avril, 2. 1745. Janvier, 21. Octobre, 31. + 1741. Janvier, 23. Février, 16. Août, 13. Novemb. 2, 9. 1742. Février, 25. Mars, 3, 26, 27. Mai, 23. Août, 26, 30. Septemb. 7.,. 10. Décemb. 22, 26m 1743. Janvier, 30. 1746. Novembre, 17. 1747. Janvier, 6. Septembre, 10. Décemb. 3. 1748. Février, 27. Décemb. 24. 175.0. Janvier, 6. Février, 3, 4, 27. Mai, 2. Août, 24. 1751. Février, 19, Qui font en tout 91 Aurores Boréales.. 504 ECLAIRCISSEMENS 45. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales obfervées par M. Weidler, à Wittemberg en Saxe. ANNE'ES. 1730 1731 Décemb Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai Avril. Mars Février. Janvier. 1732 I 1733 1734 1735 I 1736 1737 2 from - I I 3 2 2 I 2 2 I 6 I I SOMMES pour les Années. 4 I 9 S · 3 3 2 9 6 8 2 3 I 3 I 1 4 S 2 8 1738 1739 I I I 1741 I I 2 1742 I 3 I 2 2 I 1743 I འ 1744 I 1745 I 1746 1 I 1747 I 1748 I 1750 I 3 I I 1751 I SOMMES pour les Mois. 8 12 13 7 3 2 I I 8 16 6 I 1 I 3 2 I 6 I Somme totale 91 46. Comparaifor SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 505 46. COMPARAISON des douze mois de la Table précédente. Octobre.. • 16 Avril. · 7 Novembre S Mai · 3 Décembre 6 Juin PÉRIHÉLIE. APHÉLIE. Janvier.. 8 Juillet • 2 Février. 12 Août I I Mars. · 13 Septembre 8 60 (91). 31 Qui donne le rapport de 60 à 31, à peu près: 2, 1. OBSERVATIONS DE M." Euft. ZANOTTI & Jac. Barth. BECCARI. 47. Je ne faurois mieux faire que d'ajoûter aux obfer- vations précédentes celles que j'ai reçûes de Bologne, & que je dois aux foins de l'illuftre Secrétaire de l'Académie de I'Inſtitut de cette Ville, M. Fr. Mar. Zanotti. On a peu de ces obſervations dans les pays méridionaux de l'Europe, & cela par une fuite néceffaire du lieu qu'occupe ordinai- rement le Phénomène *. M. Zanotti m'a donc procuré à Voy. Traité ce fujet, de la part de M. fon frère, Euft. Zanotti, Pro- Sect. III, ch. 11. feffeur en Aftronomie & chef de l'Obſervatoire de l'Inſtitut, une Lettre où font contenues, 1. Ses propres obſervations de 21 Aurores Boréales, qu'il qualifie de grandes ; favoir, En 1727. Mars, le 14, 16, 17, 18, 19, 20. Mai, 13. 1728. Mars, 31. Avril, 2. 1730. Juin, 21. 1731. Février, 10. 1734. Avril, 10. 1737. Décembre, 16. p. 104. 1730. Mars, 11, 13, 18, 21. 1739. Mars, 10, 29. Juin, 2. 1750. Août, 26. + Infignes Aurora Boreales, ab obfervationum cæleftium abaco Euftachii Zanotti depromptæ, sff 506 ECLAIRCISSEMENS 2.° Les obfervations de M. Barth. Beccari, de la même Académie, qui s'étendent depuis la même année, 1727, jufques & y compris 1751. Celles-ci font partagées en deux claffes; la première, des Aurores Boréales bien décidées, & obfervées par M. Beccari; la feconde, des Aurores Boréales douteuſes, & qui lui ont été communiquées par fes Correſ pondans, de divers endroits de l'Italie. Les Aurores Boréales décidées font au nombre de 40; favoir, En 1727. Février, le 13. 1731. Février, 10. Septembre, 25. Mars, 18, 19. Octobre, 8. Octobre, 17, 18. 1736. Mai, 4. 1728. Janvier, 3. Mai, 30. 1737. Janvier, 24. Juillet, 13. Octobre, 2. Décembre, 2. 1730. Février, 15. Mars, 3, 6, 13. Juin, 21. Juin, 3, 30. Décembre, 16. 1738. Août, 13. 1739. Mars, 10, 29. 1741. Octobre, 8,.9. 1744. Octobre, 3. 1747. Septembre, 27. 1748. Octobre, 22. 1749. Septembre, 17, 22. Octobre, 8. 1750. Février, 3. Avril, 3. Août, 26, 27. Décembre, 14. 1751. Août, 19. Parmi ces obfervations, il y en a 9 qui font communes à M. Zanotti & à M. Beccari. Je les ai fouflignées, pour les fupprimer, & n'en pas faire un double emploi dans la Table réduite que je vais donner de leur totalité. 48. Reftent les Aurores Boréales douteuſes, qui font au nombre de 67, & fur la réalité defquelles M. Beccari fufpend fon jugement, jufqu'à ce que, par la confrontation de celles qui auront paru dans les pays plus feptentrionaux de l'Europe, au même jour & environ à la même heure, les par- ties qui en ont été vûes en Italie ceffent d'être équivoques*. + C'est l'Avertiffement de M. Beccari, mis à la tête de toutes ces obfervations: Phænomena Borealia relata in Ephemerides fuas à Jac. Barth. Beccario, partim à ſe viſa, partim à fidis obfervatoribus ac- cepta. Quæ nullo afterifco notantur, pro veris Auroris Borealibus; quæ afterifco notata funt, idcirco fic notata funt, ut facta compara- tione cum aliorum obfervationibus, cognofci poffint, an fuerint partes Aurora Borealis alibi illuftrioris, &in diem atque horam Phænomeni apud nos obfervati illuftrioris. SUR L'AURORE BORÉALE. E’cl. XXI. 507 Cette vérification faite, conformement à l'inftruction de M. Beccari, & au defir qu'il m'a témoigné avoir d'en être informé, je trouve 36 de ces Aurores Boréales bien réelles, dont je lui ai envoyé la note, avec les noms des pays où elles ont paru, & des Obſervateurs qui en font mention. Je me diſpenſe d'en tranſcrire ici le détail, parce que preſque tous ces Phénomènes font compris dans les Liftes que j'ai données ci-deffus, ou que je donnerai dans la fuite. En 1727. Mars, le 11, 29. 1728. Avril, 9. Septembre, 26. Octobre, 30. 1730. Avril, 16. Septembre, 11. Novembre, n. 1732. Février, 26. Mars, 24. Juillet, 21. Novembre, 20. 1733. Juillet, 7. 1735. Février, 21, 22. Mars, 25. 1736. Mars, 15. 1736. Juillet, 7, 8. Septembre, 30. 1737. Janvier, 1. Août, 21, 25. Décemb. 21, 22, 28. 1738. Février, 16. Juillet, 11. 1739. Novembre, 16. 1741. Janvier, 13. 1743. Mars, 24. 1745. Octobre, 9, 17. 1747. Août, 31. Décembre, 24. 1750. Février, 7. Ces 36 apparitions de l'Aurore Boréale en Italie, étant ajoûtées aux 52 obfervées par M.rs Zanotti & Beccari, font en tout 88, & ne changent prefque rien au rapport de fréquence du Périhélie à l'Aphélie, qui réſulte des 52. sff ij } ECLAIRCISSEMENS 508 49. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales qui ont paru à Bologne & en plufieurs autres endroits d'Italie, de 1727 à 1751 inclufivement, obfervées ou rapportées par Mrs Euft. Zanotti & Barth. Beccari. ANNEES. Février. Janvier. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. ISOMMES pour les Années. 1727 I 8 I 2 1 2 1 10 1 2 I I 2 1 6 I I 1728 I 1730 1731 1732 I 1733 1734 1735 2 I 1736 2 1737 1738 I 1739 1741 I 1743 1744 1745 1747 1748 1749 1750 2 1751 SOMMES pour les Mois. 4 ++ I I 2 2 1 I 2 I 2 2 - I I 2 I 2 I I I I 2 I 4 I I 3. 6. 4 10 3 1 4 3 I 2 2 1 3 I- 2 I 3 I 6 9 21 5 3 4 6 7 7 12 3 7 } Somme totale 88 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 509 5o. COMPARAISON des fréquences du Périhélie à l'Aphélie. Octobre I 2 Avril S Novembre 3 Mai. 3 Décembre 7 Juin 4 PÉRIHÉLIE. A PHÉLIE. Janvier 4. Juillet. 6 Février 9 Août.. 7 Mars 21 Septembre 7 Somme 56 (88) Somme 32 Qui donne 56. 32:: 7·4- 1738 Je comptois que les obfervations d'Italie termineroient ces collections particulières. Celles que j'avois reçûes de Pétersbourg, & que M. Delifle avoit eu la bonté de m'envoyer, pour les dix à douze premières années de fon féjour dans cette Capitale, n'étoient pas affez nombreuſes, pour entrer dans cette recherche. Mais enfin M. Delifle m'a rappelé, qu'il les avoit raffemblées à la fin de fon volume de Mémoires pour fervir à l'Hiftoire & au progrès de l'Aftronomie * &c. avec un très-grand nombre d'autres * Imprimé à faites dans la même Ville, par M. de la Croyère fon frère: Pétersbourg en ce qui forme en tout une fuite non interrompue de plus de deux cens Aurores Boréales que l'habileté des Obſerva- jeurs doit nous rendre précieuſes. Je paffe fous filence celles que le même M. de la Croyère avoit obfervées pendant fes voyages dans les parties feptentrionales de la Ruffie, à Kola & à Kilduin, fur les côtes de la mer Glaciale, à deux ou trois degrés par delà le Cercle Polaire, & dont la Liſte, au nombre de 57, précède celles de Pétersbourg dans les Mémoires de M. Delifle. Je pourrai m'en fervir en toute autre occaſion, mais je n'en ferai pour le préfent nul uſage, quelque favorables qu'elles foient d'ailleurs à mes inductions, felon la loi que je me fuis impoſée ſur les obſervations de cette eſpèce (11.º 24.).. sff üj 510 ECLAIRCISSEMENS 51. LISTE des Aurores Boréales obfervées à Pétersbourg par M.rs Delifle. En 1726. Mars, le 27. Octobre, 19. 1727. Février, 18, 20, 21, 22. Mars, 24. Septembre, 18, 22. Octobre, 14, 15. Décembre, 20. 1728. Janvier, 29. Février, 12, 13. Mars, 2, 3, 4, 8, 9, 10, 27. Avril, 2, 3. Mai, 1. Août, 25. Septembre, 26, 28. Octobre, 7, 8, 11, 25, 27, 30. Novembre, 2, 7: Décembre, 3. 1729. Mai, 2. Août, 29. Septembre, 10, 21, 22. Novembre, 16. 1730. Janvier, 16. Février, 15. Mars, 6, 10, 13, 15, 16, 18. Avril, 7, 9, 14, is, 19, 22. Mai, 29. Août, 19, 23, 24. Sept. 6, 8, 13, 17. 6,8 1730. Octobre, 4, 9, 11, 17, 20, 23. Novembre, 2, 5, 7, 10. Décembre, 14. 1731. Janvier, 2, 10. Mars, 1, 2, 7, 8, 14. Avril, 3. Août, 29. Septembre, 26. Octobre, 2, 3, 4, 7, 8. Novembre, 2. Décembre, 20, 21. 1732. Janvier, 4, 29, 30. Février, 17, 19, 22, 28, 29. Mars, 3, 12, 13, 21, 22, 24, 25, 28, 29, 31. Avril, 1, 3, 4. Juillet 27. Septembre, 1, 18, 19, 20, 26, 27, 28. Octobre, 5, 7, 12, 18, 19, 25, 26, 29. Novembre, 1, 4, 9, 12, 13, 14, 15, 19, 21, 22, 24. Décemb. 10, 13, 19. 1733. Mars, 22, 25. Octobre, 6. Novembre, 12. Décembre, 31. 1734. Février, 23. P : + SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 511 1,734. Mars, 8, 10, 17, 22. Septembre, 1, 2, 3, 8, 18, 23, 24, 29, 30. Octobre, 1, 2, 4, 6, 14, 16, 17, 20, 30, 31. Novembre, 26. 1735. Février, 4, 13, 24. Mars, 4, 26. Avril, 16, 17, 18, 19, 21. Août, 22, 23, 27, 31. Sept. 1, 10, 15, 16, 17, 18, 23, 24, 25. Octobre, 11, 23, 24. 1735. Novembre, 14. Décemb. 10, 18, 20. 1736. Janvier, 7. Fév. 13, 16, 17, 28. Mars, 30. Avril, 5, 14. Août, 13, 15, 20. Septembre, 5, 13, 26. Novembre, 17, 19. Décembre, 1. 1737. Janvier, 3. Mars, 28. Avril, 10, 11, 24. Août, 23, 24, 25. Septembre, 4, 18. Octobre, 23. Qui font en tout 233 Aurores Boréales. 512 ECLAIRCISSEMENS 52. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales obfervées à Pétersbourg par M.rs Delifle. ANNE'ES. Mars. Février. Janvier. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Décemb Novemb. Octobre. Septemb. SOMMES pour les Années. 1726 I I 2 2 2 I ΙΟ 1727 4 I 1728 I 2 7 2 I I 2 6 2 25 I I 3 I 6 1729 1730 I I 6 6 I 3 4. 6 4+ I 33 1731 2 ཨ S I I I n 2 18 1732 35 ΙΟ 3 I 7 8 I I 3 SI I I I 1733 2 S 1734 I 4 9 10 I 25 1735 3 2 n ++ 9 3 I 3 30 1736 I 4 I 2 3 3 2 ས I 17 1737 I I 3 3 2 I I I SOMMES pour les Mois. 9 20 40 22 3 I 16 42 43 24 13 Somme totale 233 3 53. COMPARAISON des fix mois de Périhélie aux fix mois d'Aphélie. O&obre 43 Avril 22 Novembre. 24 Mai. 3 Décembre 13 Juin PERIHELIE, APHÉLIE. Janvier Février 9 Juillet. 20 Août.. Mars • 40 Septembre.. 149 (233) I · 16 42 84 Qui SUR L'AURORE BORÉALE. E'c. XXI. 513 I. I 141 95149 7.3149° Qui donne 149. 84 54. On trouve parmi les Mémoires de l'Académie Impériale de Pétersbourg, 141 obfervations de l'Aurore Boréale, faites par M. Krafft, dans la même Ville, & pen- dant le même temps que les précédentes, favoir, depuis le 27 Mars Mars 1726, jufqu'au premier Décembre 1736, dont la pluſpart tombent auffi fur les mêmes Aurores Boréales. M. Krafft nous en avertit lui-même, & il croit cependant qu'une Comparaiſon exacte de ſes obſervations avec celles de M. de la Croyère, pourroit un jour éclaircir bien des doutes fur la théorie de ce Phénomène *. Mais, fans entrer ici dans un plus grand détail, & quelles que foient là-deſſus les vûes du favant Obfervateur, je me contenterai de remar- quer, par rapport à mon ſujet, que des 14 141 obfervations de M. Krafft il n'y en a que 7 qui ne foient pas renfermées dans la Liſte qu'on vient de voir de celles de M.rs Delifle; favoir, celles du 4 & du 9 Mars 1730, du Mars 1731, du 27 Août & du 21 Septembre 1732, du 11 Novem- bre 1733 & du 1 Octobre 1734. 1734. Et ces ſept Phéno- mènes, diftribués fur l'analogie précédente, n'y feront autre chofe que la changer en celle-ci, 154. 86°´: :: 9. 5154 140 :: 7.3 14. 54 I Réfumé des obfervations particulières de Mrs Celfius, Kirch, Weidler, Zanotti & Beccari, & Delifle. 55. Si l'on raffemble maintenant les fommes des mois & des années des cinq Tables ci-deffus, nn.º 36, 42, 45, 49, 52, il en résultera 902 obfervations, fur la totalité de trente-fix années; & l'on en tirera les trois Comparaiſons fuivantes, en parallèle à celles des obfervations générales recueillies par M. Frobès, nn.º 14, 16 & 17. + Multæ Aurora Boreales, & plures quàm in iifdem annis hic an- notatæ funt, obfervatæ fuerunt dili- gentiſſimè à clariſſ. de la Croyère,| qui infignem curam huic Phænomeno cælefti impendit. Harum itaque comparatio exacia cum noftris hic memoratis, multum lucis inferre pa- terit dubiis adhuc theoriis circa hanc materiam, fi aliquando inſtituatur. Commentar. Tom. IX, p. 339. Ttt 514 ECLAIRCISSEMENS Octobre : Novembre. 56. PREMIÈRE COMPARAISON. 153 Avril. 90 Mai. 71 23 Décembre. ? 65 | Juin. 6 PERIHELIE. APHÉLIE. Janvier 67 Juillet . 14 Février. 95 Août 62 Mars 148 Septembre. 108 618 (902) 284 84 Où 618. 284: 9.4618. 57. SECONDE COMPARAISON. i Novembre. Décembre. 90 Mai.. 65 Juin. 23 6 PÉRIHÉLI E. APHELIE. Janvier 67 Juillet. 14 Février 9.5 Août 62 317 (422) 105 Qui donne 317. 105 :: 7. 23047 58. TROISIÈME COMPARAISON. 317. Décembre... 65 Juin . . 6 PÉRIHÉLIE. A PHÉLIE. Janvier $8 Juillet. 1.4. 123 (143) 20 I Qui donne 123. 20 :: 7. 117. 59. Et ce qui me paroît bien digne d'attention, c'eft que les trois rapports ci-deflus font fenfiblement les mêmes que ceux qui réfultent de la collection générale de M. Frobes, nu.• 14, 16 & 17, malgré la différence infinie des cir- conftances & des temps; les uns n'étant pris que fur les SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 515 obſervations des trente-fix ans qui fe font écoulés depuis 1716 juſqu'à 1751 inclufivement, & les autres fur plus de douze fiècles. Autres genres d'effais fur ce fujet. Anciennes Aurores Boréales recueillies par M. Kirch. 60. Venons préfentement aux anciennes obſervations de M. Kirch (Sup. n.º 40) qui font une claffe à part, étant prifes çà & là fur. l'intervalle de plus d'un fiècle, & par voie de fupplément à la collection que j'en avois donnée dans mon Traité. Des obſervations ainfi ifolées, & dont l'affem- blage tient fi fort du cas fortuit, pourroient-elles auffi nous donner un rapport de fréquence du Périhélie à l'Aphélie, qui approchât des précédens? On va voir qu'il s'en écarte peu, & que ce n'eft vrai-femblablement qu'au petit nombre d'obſervations qui le conftituent, qu'il faut en attribuer la différence. * 61. LISTE des anciennes Aurores Boréales recueillies en Supplément par M. C. Kirch. En 1549. Septembre, le 30. 1551. Septembre, 11. 1554. Août, 21. 1555. Septembre, 2. 1556. Septembre, 14. 1560. Avril, 19. 1561. Janvier, 6. 'Mars, 13. 1564. Février, 27. Septemb. 9. Novembre, 6. 1567. Février, 16. Avril, 26. 1571. Mars, 12, 13, 14. 1572. Janvier, 22. 1572. Mars, 11, 12, 13, 14. 1573. Avril, 21. 1574. Novembre, 25. 1575. Octobre, 8. 1577. Décembre, 28. 1580. Avril, 19. Septembre, 20. Octobre, II. 1581. Janvier, 17. Avril, 12, 16. Septembre, 5. Novembre, 18, 24. 1582. Mars, 16, 17, 18. Avril, 10, 11. 1583. Mars, 23. Tttij with on + 5·16 ECLAIRCISSEMENS 1583. Avril, 12. Septembre, 12. 1584. Février, 29. 1585. Décembre, 5, 22. 1586. Février, 13. 1588. Décembre, 16. 1589. Janvier, 12. 1590. Avril, 12. 1591. Mars, 30. 1593. Octob. 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30. 1596. Avril, 26. 1609. Mars, 26. 1612. Août. 6. 1621. Mars, 3. Septembre, 12. 1622. Juin, 10. 1623. Janvier, 12, 16, 27. 1623. Février, 18. Décembre, 1 1. 1625. Septembre, 17. Octobre, 10. Novemb. 3. 1626. Février,..5. Mai, 28. Août, 8. Septembre, 17, 24. 1628. Janvier, n. Décembre, 30. 1629. Janvier, 5, 11. Août, 21: Septembre, 19, 20. Octobre, 1, 2, 26, 30. 1630. Février, 4. 1657. Janvier, 13. મ Ce qui fait 89 Aurores Boréales. : ← SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 517 : 62. TABLE RÉDUITE des anciennes Aurores Boréales, recueillies en Supplément par M. C. Kirch. ANNEES. 1549-60 1.561 Décemb. Novemb. Octobre. Septemb Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. I I 1564 I 1567 I 1571 3 1572 I 4 1573-77 I I I SOMMES pour les Années. 6 2 3 2 3 S I I I 4 I I I 3 2 6 1580 1581 I 2 I 1582 3 2 1583 I I 1584 I. 1585 1586-91 I 1 I I 1593. 1596-612 I I I 7 3 I 2 2 1 5. 7 3 1621 I I 2 1622 I I 1623 3 I 1625 I 5 I I I 1626 I. I 2 3 S 1628 I 2 1629 2 'I 2 4 1630-57 1 I 9 2 Somme totale SOMMES pour les Mois. I I 8 14 II 1 I 4+ 14 14 S 6 89 Ttt iij 518 ECLAIRCISSEMENS ++ 63. COMPARAISON des fix mois de Périhélie aux fix mois d'Aphélie. Octobre.. 14 Avril. Novembre 5 Mai Décembre 6 Juin.. PERIHELIE. APHÉLIE. Janvier. I I Juillet Février. 8 Août Mars'.. 14 Septembre 58 (89) . II I 4 • 14 3 1 i Où le rapport de 58 à 31 diffère peu de celui de 2 à 1. 64. Ainfi le Supplément de M. Kirch ajoûté aux 229 * Page 213. Aurores Boréales de mon Traité*, & diftribué fur les *Page 245. fix mois de Périhélie (161)* & fur les fix mois d'Aphélie (68) n'auroit fait d'autre changement au rapport de 161 à 68, ou de 12 à 51, qui en réfulte, que de le con- vertir en celui de 12 à 523, ou de 16 93 9 à à 421; car 161 +58 = 219. 68 +31 = 99 :: 12, 99 :: 12. 5219 ::9.4219. 65. Inductions à tirer des grandes Aurores Boréales confidérées Séparément. Je paffe à d'autres matériaux, & d'une autre eſpèce; car je ne dois pas me laffer d'entaffer preuve fur preuve • pour mettre dans la dernière évidence un point de Phy- fique auffi neuf & auffi décifif que celui-ci. J'ai obſervé (n.º 26) que les anciennes Aurores dont les Hiftoriens font mention, devoient, pour la pluſpart, avoir été du nombre de celles que nous qualifions aujourd'hui de grandes & remarquables, & j'en ai dit la raifon. Celles qu'on voit dans les pays méridionaux, tels que l'Italie, la Grèce & l'Eſpagne, peuvent encore être rangées dans cette claffe; car elles n'y fauroient paroître fans avoir été fort élevées 5 1 SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 519 dans les pays qui approchent davantage du Pole. Or, if m'étoit venu là-deffus en penſée de faire un dénombre- ment particulier de toutes les Aurores Boréales qu'on a pû ainfi nommer à plus jufte titre, tant chez les Anciens que chez les Modernes, à dater pour ces derniers depuis 1716. Car il eft clair que le même principe de fréquence qui produit en général le plus grand nombre d'Aurores Boréales quelconques, doit fe manifefter dans les grandes préférablement aux petites. Et, felon notre théorie, plus la Terre s'approchera du centre de l'Atmoſphère Solaire, où la denfité de ce fluide va toûjours en augmentant, plus elle s'y chargera de la matière de ce fluide, & plus, par conféquent, les Aurores Boréales qui en réfulteront pourront être grandes & remarquables. Mais j'ai bien-tôt renoncé à ce projet, par les difficultés & les doutes qui l'en- vironnent. Car quelle commune meſure, quelle forte de tarif pouvois-je affigner à ce choix, fur-tout pour les obſerva- tions modernes? Les limites en font trop incertaines & trop arbitraires. Cependant il n'en feroit pas de même, fi ùn autre que moi, & dans des vûes très-différentes, avoit mis en exécution la même idée; je pourrois, ce me femble, me fervir légitimement de fon choix, fans diſcuter autrement le plan fur lequel il fe feroit réglé, ni les difpofitions qu'il y auroit apportées. La loi des hafards, & les compenfations- dont j'ai déjà affez parlé, devroient du moins y faire démêler le principe de fréquence dont il s'agit, s'il eft auffi conforme à la Nature que je le prétends, & tel que le dévoilent en effet toutes les obſervations précédentes. Quoi qu'il en foit, je vais en faire l'effai fur le feul dénombrement de cette efpèce qui foit venu à ma connoiffance. 1 Aurores Boréales recueillies par M. Th. Short. 66. On a imprimé à Londres en 1749, un Livre attribué à M. Thomas Short, Médecin, intitulé, Hiftoire générale & chronologique de l'Air, de l'Eau, des Saifons, des 520 ECLAIRCISSEMENS Météores, &c. (a) en deux volumes in-8. A la page 178 du fecond volume, fe trouve ce dénombrement des Aurores Boréales les plus remarquables (b), qu'il fait com- mencer à l'an du Monde 3516, mais dont on n'a les dates par jour ou par mois, que depuis l'an 993 de l'Ere Chré- tienne. Celles-ci même ne font qu'au nombre de fept à huit, jufqu'en 1625, & toutes finiffent à l'an 1748. inclufivement. 67. LISTE des Aurores Boréales les plus remarquables) recueillies par M. Th. Short. 993. Janvier, n. 1105. Décemb, 29. 1117. Novembre, n. Décembre, n. 1193. Janvier, n. Février, n. 1719. Ottobre, 22. Novemb. 6, 21. Décemb. 7, 22, 30 1720. Janvier, 23. Mars, 23. Novemb. n. 1625. Septemb. 7, 30. 1626. Juin, 26. 1628. Décemb. 20, 26, 28. 1629. Septembre, 21. Octobre, 16, 29. 1686. Juin, I. Juillet, 19. 1690. Octobre, n. Novembre, n. · Décembre, n. 1717. Février, 16. Avril, 10. 1718. Septembre, 16. 1719. Septemb. 22, 24. Avril, 7. Novemb. 6, 20. 1721. Février, 11. Septembre, 28. 1722. Janvier, 17, 23. Septembre, 22. 1723. Mars, 2, 26. Août, 31. Octobre, 31. 1725. Septemb. 16. Octobre, 14, 15• 1726. Janvier, 3. Oct. 10, 14, 15, 194 Novembre, 6. Décemb. 7. 1727. Mars, 14, 16. (a) A general chronological Hiftory of the Air, Weather, &c. (b) A few moft remarkable Aurora Boreales. 1728. SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 521 1728. Mars, 8. Avril, 2, 3. Août, 29. Octobre, 12. 25. Décemb. 3. 1729. Janvier, 17. Avril, 22. Mai, 17. Septembre, 23. Octobre, 25. Novembre, 16. . 1730. Mars, 6, 20. Avril, 12. Septemb. 8. Octobre, S. 1731. Mars, 2. Avril, 27. Août, 27. Septembre, 24. Décemb. 30. 1732. Janvier, 29. Févr. 18. 1733. Février, 13. Avril, 1. Juillet, 8, 21, Septemb. 19. Octob. 10. Novemb. 7. Décemb. 8. 1734. Mars, 25, 26.: Septemb. 20. 1735. Août, 31. Octob. 14, 15, 23. 1736. Septemb. 25. Octobre, 7, 7, 8. Novemb. 7, 8, 9, 18, 19, 24. 1737. Mars, 18, 21, 29. Août, 20, 21, 22, 23. Septemb. 27, 28, 30. Octobre, 1. 1738. Février, 19. Mars, 18. Avril, 10. 1739. Janvier, 8. Février, 15. Mars, 6, 12. Sept. 24, 25, 26, 29. Oct. 29, 30. Décembre, 6. 1740. Octobre, 17. 1741. Avril, 6, 17. Août, 10. Octobre, 1, 2, 3, 9, 10, 12, 14, 15. Novemb. 11. 1742. Janv. 2. Octobre, 22, 23. Ce qui fait en tout 148 Aurores Boréales. 68. On trouve ici 9 Aurores Boréales dont on n'a abſolument que le mois, & que j'ai marquées d'une n. J'en tiens compte, parce que je puis les employer utilement + Vuu 522 ECLAIRCISSEMEN S * dans la Comparaifon des fix mois de Périhélie aux fix mois d'Aphélie, & que par les mois où elles tombent, ſoit que la réduction au nouveau ftyle les retienne dans le mois nommé ou les renvoie au fuivant, il n'en fauroit réſulter aucune différence dans le rapport des deux fommes ou des deux termes de cette Comparaifon. Quant aux autres espèces de Comparaiſons, de quatre, ou de deux mois de part & d'autre, la conféquence en fera petite fur la totalité de nos Aurores Boréales, & d'autant plus que les fix premières de celles-ci tombant fur des fiècles reculés d'environ cinq Sup. n. 5. périodes de cent trente-quatre ans, & dans la fuppo- fition des mois de 30 jours l'un portant l'autre, il y a environ 30 contre 6 ou 5 contre 1 à parier, qu'elles feront renfermées dans les mois nommés, les trois autres donnant encore environ 3 contre 1. 1 } SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 523 69. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales les plus remarquables, recueillies par M. Th. Short. ANNEES. SOMMES Décemb Novemb. pour les Années. I 3 nl nnn 14.7 !! 2 I 3 I 2 3 J I Odlobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 2 n I I 993-1690 n n 1717-19 1720 1721 1722 2 1723 1725 1726 I 1727 1728 I I I 2 2 I 2 I I I I 2 2 2 3 4 3 4 I 7 2 2 I 7 6 1729 1730 ཡ I 2 I I I I 1 I I I S 1731 I I I I I S 2 1732 I 1733 } I 2 I I I I co 1734 2 I I 1735 1736 3 3 4 I 2 6 9 J 1737 3 4 3 II 1738 I I I 1739 I 2 3 4 2 I I I 1740 1741 2 I Co 8 I 12 1742 I 2 3 Somme totale SOMMES pour les Mois. ΙΟ 7 17 II I 2 3 9 22 35 17 14 148 Vuu i 324 ECLAIRCISSEMENS 70. COMPARAISON des fréquences du Périhélie à celles de l'Aphélie d'après la Table précédente. Octobre Novembre. 35 Avril... . 11 17 Mai. Décembre . 14. Juin PÉRIHÉLIE. APHÉLIE. Janvier .10 Juillet 3 Fevrier 7 Août. 9 Mars. 17 Septembre 22 Somme 100 (148) Somme 48 2. I, 2. I, ainfi que la Qui donne 100. 48 environ :: plufpart des Comparaiſons ci-deffus, pour les Aurores Boréales de toute eſpèce. OBSERVATIONS DE L'AURORE BOREALE, rapportées dans les Tranfactions Philofophiques de la Société Royale de Londres 71. Ce fera la dernière de mes pièces juftificatives. J'y trouve quelque rapport avec la précédente; car, felon toute apparence, les Membres de cette illuftre Société, qui font en grand nombre, & répandus dans toute l'Europe, lui ont le plus fouvent fait part des Aurores Boréales les plus remar- quables préférablement aux petites. Mais par quelque côté qu'on envifage cette collection, on peut la regarder comme une des plus concluantes pour notre ſujet. La loi des hafards & le principe des fréquences doivent certainement ſe mon- trer fur plus de deux cens obfervations ainfi raffemblées de toutes parts. La collection commence à l'année 1716, & finit en 1750 inclufivement; car, comme il a été remarqué en fon lieu, il n'eſt point queſtion de l'Aurore Boréale avant 1716, dans les Tranfactions Philofophiques, non Le dépouillement en a été fait par M. de la Bottière, Maître de Mathématique à Paris, homme exact & intelligent, qui m'a beaucoup aidé dans tout ce genre de travail.. SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI.. 525 plus que dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, & je n'y ai plus trouvé d'obſervations fur ce Phénomène après l'année 1750, toutes mes recherches fur ce fujet fe termi- nant à la fin de 1751. 72. LISTE des Aurores Boréales rapportées dans les Trau- factions Philofophiques de la Société Royale de Londres. En 1716. Mars, le 17. Avril, 11, 12, 13. 1717. Février, 16. Avril, 10. Octobre, 1: 1718. Sept. 16, 17, 22, 24. Octobre, 22. Decemb. 16, 20, 30. 1719. Mars, 23, 30. Avril, 7 Novemb. 6, 20, 21. Décemb. 5, 23. 1720. Janvier, 13. Février, 11. Septembre, 28. Décemb. 3, S. 1721. Jany. 17, 23. Février, 17. Septembre, 22. Novembre, 2. 1722. Septemb. 16. Octobre, 14, 15. 1723. Janvier, 3. Mars, 2, 26. Août, 31. Octobre, 31. 1725. Octobre, 5, 6, 7. 1726. Mars, 6, 10, 14, 25, 26, 27, 28. 1726. Avril, 2, 23. Oct. 14, 15, 17, 19, 21, 23, 24, 26. Novemb. 2, 4, 6, 13, 18, 19. Déc. 16, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 25, 26, 27. 1727. Janvier, 2, 15, 16. Mars, 13, 14, 16. 1728. Mars, 31. Avril, 2, 4, 15. Juillet, 1, 13. Août, 2. Septembre, 6, 29, 30. Oct. 2, 5, 18, 19, 24, 26, 29, 30. Novembre, 2, 3, 23. 1729. Octobre, 21. Novembre, 16. 1730. Février, 15. Mars, 6. Avril, n.. Septembre, 10. Novemb. 5, 6. 1731. Mars, 7. Mai, 14. Oct. 3, 4, 7, 8, n, n, 10, 23. Yuu iij .526 ECLAIRCISSEMENS 1731. Novemb. 6, 30. 1732. Février, 29. Mars, 21. Avril, 24. Août, 22. Septembre, 10. Octobre, 23. 1733. Mai, 14, 16. Juillet, 7. Novemb. 7. 1734. Février, 3. Mars, 30. Avril, 9. Août, 20. 1735. Mars, 24. Septemb. 24. Octob. 15, 22. Décemb. 22. 1736. Janvier, 22. Févr. 17, 27. Avril, 14. Septembre, 5, 25. Octobre, 27, 28, 29. 1737. Janvier, 9. 1737. Mars, 21. Août, 20, 21, 22, 23. Sept. 14, 27, 28, 30. Oct. 1, 2, 24, 25. Novembre, 30. Décembre, 16, 20. 1738. Mars, 18. Avril, 10. 1739. Février, 15. Mars, 6, 7, 12, 29. Septemb. 24, 25, 26, 29, 30. Novemb. 2. Décembre, 6, 13. 1740. Janvier, 27. Octobre, 17. 1741. Mars, 11, 16, 17, 20. Octobre, 9. 1742. Décembre, 22. 1744. Juin, 7. Décemb. n, n, n, n, n. 1747. Mars, 19. 1750. Février, 3, 26, 27. Ce qui fait en tout 202 Aurores Boréales. 73. Je n'ai point indiqué les volumes, les numeros, ni les pages des Tranfactions Philofophiques, pour abréger, & pour conferver l'uniformité dans toutes ces Liftes. On trou vera les uns & les autres par les années; cependant il faut prendre garde que le volume qui fuit celui de l'année, rappelle quelquefois des Phénomènes qui y ont paru, & dont il n'y étoit pas fait mention. J'ai encore défigné par des n ceux de ces Phénomènes dont on ne fait que le mois, comme dans des Liftes de M.rs Frobès & Short, par les mêmes raiſons, & avec les mêmes précautions. SUR L'AURORE BORÉALE. E'c. XXI. 527 74. TABLE RÉDUITE des Aurores Boréales rapportées dans les Tranfactions Philofophiques de la Société Royale de Londres. ANNEES. 1716 1717 Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1718 1719 1720 I I 1721 ? 1722 ल I 3 I SOMMES pour les Années. 4 3 3 8 3 2 8 I 2 4 I 2 I I I 2 I и и 3 1723 I 2 1 I 1725 3 1726 7 2 Co 1727 3 3 3. 6 ΙΟ 33 6 1728 3 2 I 3 00 8 ro 3 21 1729 1 I 2 1730 1 I - 1731 I' I 1732 I I 1733 2 I · 1734 I I I 1735 1736 I I 2 I 1737 1738 I I 2 6 8 2 12 6 I 4 4 I 2 I S 2 3 9 4 4 4 I 2 17 I I 2 I I I 1739 I 1740 ++ 4 S I I 2 13 SOMMES pour les Mois. ΙΟ 9 27 IS 3 3 8 24 44 20 23 2 Somme totale 186 528 ECLAIRCISSEMENS Suite de la Table des Aurores Boréales rapportées dans les Tranfactions, &c. ANNEES. Mars. Février. Janvier. 4 Juin. Décemb. Novemb. Août. Septemb. Octobre. Juillet. I I SOMMES pour les Années. S I 1741 1742 1744 1747 I 1750 3 SOMMES pour les Mois. 3 5 I I S 6 I 3 I 6 16 SOMMES de la page précédente ΙΟ 927 IS 3 3 8 24 44 20 23 186 Somme totale SOMMES TOT. IO 12 des Mois. 32 IS 3 202 I 3 8 24 45 20 29 75. COMPARAISON des fix mois de Périhélie aux fix mois d'Aphélie. Octobre · 45 Avril... Novembre . 20 Décembre. • 29 Mai. Juin .. 3 I PÉRIHÉLI E. APHÉLIZ. Janvier.... ΙΟ Juillet .. 3 Février. 12 Août... 8 Mars 32 Septembre. 24 148 (202) 54 Où 148. 54: II. 4148° 76. Réfumons préfentement toutes nos obfervations pour en tirer les rapports moyens de fréquences qui réſul- tent de leur totalité. 77. RÉSUMÉ SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 529- 77. RÉSUMÉ de toutes les Tables réduites des Collections & Obfervations précédentes, nn. 10, 36, 42, 45, 49, 52, 62, 69 & 74. Collections ou Obfervations de MM, Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. Août. Juillet. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. SOMMES pour les Années. Frobès, 68 90113 67 28 15 ΙΣ 45 80 99 92 88 796 Celfius, 4.0 44 57 25 I I * I 2 23 4.2 $7 46 36 384 Kirch, 6 ΙΟ 17 I 2 3 1 3 4 ΙΟ 25 I 2 3 106 Weidler, 8 I 2 13 7 3 2 I I ∞. 8 1 6 L S 6. 9 I Zan. & Bec. 4 9 21 S 3 4 6 7 7 12 3 7 88 Delifle, 9 20 40 22 3 I 16 42 43 24 13 233 Kirch, II. 8 14 I I I I 4 14 14 La 6 89 Short, ΙΟ 7 17: I I I 2 3 9 22 35 17 14 148 Tranf. Philof. 10 12 32 IS 3 I 3 8 24 45 20 29 202 SOMMES pour les Mois. 166 212 324 175 56 25 31 127 249 346 224 202 Somme totale 2137 Ce qui donne, comme on voit, 2137 obfervations qui concourent à prouver l'avantage du Périhélie fur l'Aphélie, l'excès de fréquence dont il s'agit, & dans les rapports pour fuivans. 78. PREMIÈRE COMPARAISON. Octobre . 346 Avril. 175. Novembre.. 224 Mai 56 Décembre. 202 Juin PÉRIHÉLI E. APHÉLIE. Janvier.. . 166 Juillet.. 31 Février.. 212 Août. 127 Mars · 324 Septembre . 249 1474 (2137) 663 Où 1474. 663 :: 9. 41474° 71 * Xxx 530 ECLAIRCISSEMENS 79. SECONDE COMPARAISON. Novembre. Décembre. 224 202 Juin Mai.. 56 25 PÉRIHÉLIE. APHÉLIE. Janvier Février 166 Juillet 31 212 Août 127 804 (1043) 239 Où 804. 239 :: 7. 2804. 65 t So. TROISIÈME COMPARAISON. Décembre 202 Juin ... 25 PÉRIHÉLIE. APNÉLIE. Janvier... 166 Juillet. 3 L 368 (424) = | = | Où 368. 56 :: 7 24 7. I 368 *NN. 14, 6,17. REMARQUES, de 7 à 368 81. Ces trois rapports, dans les Comparaifons précé- dentes, de 9 à 41474, de à 264, de 7 à 124, font prefque abfolument les mêmes que ceux que nous avons tirés de la collection de M. Frobes, favoir, de à 9 4550 de 7 à 27, & de 7 à 126. 14 82. Le rapport de la première Comparaifon, dans toutes. les grandes collections qui compofent la fomme totale de nos 2137 obſervations, fe trouvera toûjours renfermé dans les limites de 9 ± 1 à 4; celui de la feconde Compa- raiſon dans celles de 7 ± 1 à 2, & celui de la troiſième dans celles de 7 à 1. Et tel eft, par exemple, le *N.ss. réſultat que nous avons tiré✶ de la fomme des cinq collec- tions particulières, de M.rs Celfus, Kirch, Weidler, Zanotti &Beccari, & Delifle, qui donne, pour les trois Compa- raifons, les rapports rapports de 84 2 à 4618, à 2107, & de 7 de 7 • SUR L'AURORE BOREALE. E'c. XXI. 53.1 123 à 1177. Mais il y a plus, c'eft qu'en général, & à quelque petite fraction près, les rapports réfultans de chacune de ces collections particulières, ainfi que des fuivantes, nn.º 63, 70, 75, fe trouvent encore renfermés dans ces mêmes limites, & s'il y a quelque exception marquée, comme aux nnº-31 & 39, elle eſt à l'avantage du Périhélie fur l'Aphélie. Ce ne font donc point ici de ces moyennes proportionnelles qui réfultent d'un amas d'obſervations dont les unes font favorables à l'hypothèſe, les autres contraires & feulement plus foibles ou en plus petit nombre; tout s'accorde ici, le compofant & le compofé, avec une conftance dont il y a lieu d'être furpris. C'eſt la dépoſition unanime & non concertée d'une foule de témoins & d'Obfervateurs. 83. Il y auroit peut-être une petite correction à faire II dans la feconde Comparaiſon & dans la troiſième, en vertu de ces Aurores Boréales dont nous n'avons déterminé que les mois, & qui, felon la remarque du n. 5, pourroient caufer quelque altération au rapport des fommes du Périhélie à celles de l'Aphélie; mais outre ce qui a été déjà remarqué là-deffus*, & que ces Aurores Boréales font en fort petit *Sup. n. 68% nombre, & fur un total de plus de deux mille obſervations, il s'y trouveroit encore prefque toûjours une compenfation de celles qui tombent réciproquement du mois qui précède celui qui eſt à la tête d'une colonne, avec celles qui tombent dans le premier de l'autre, ou de celles qui pourroient fortir du dernier mois de chacune de ces colonnes. Tout cela, je le repète, eſt ici de nulle confidération. Il fuffit que le гар- port des fréquences augmente toûjours fenfiblement, & à ne pouvoir s'y méprendre, du côté du Périhélie, à meſure que la Terre approche davantage de ce point de ſon Orbite. Ĉe qui foit dit pour les autres opérations pareilles qui nous reftent à faire fur ce fujet. Quant à la première Comparaiſon, qui eſt préférable aux deux autres, en tant qu'elle eft fondée fur un plus grand nombre d'obſervations, elle n'a beſoin d'aucune correction; j'y ai eu égard par-tout aux remarques que je viens de citer. Xxx ij 532 ECLAIRCISSEMENS *Sup. pp. 111, 112, 158, 3512 a Mais il le préſente à ce fujet une autre eſpèce de difficultés auxquelles il eft à propos de répondre avant que de pouffer plus loin nos recherches. 3 RÉPONSES à quelques difficultés fur les résultats des Tables précédentes. 84. On a pû remarquer, en jetant les yeux fur les Sonimies pour les mois de la Table compofée, n.° 77, & de la plufpart de celles qui la compofent, que la fréquence des apparitions de l'Aurore Boréale autour des Equinoxes, ou environ un mois avant & après, eft auffi grande, & quelquefois plus grande qu'autour du Périhélie; ce qui paroît, dit-on, infirmer les inductions que nous avons tirées de la fréquence du Phénomène autour du Périhélie. J'ai donné plufieurs raifons de cette fréquence autour des Equinoxes dans le Traité*. Mais indépendamment de ces raifons & de tout ce qu'on pourroit y ajoûter, je dis que le fait n'a rien de contradictoire à la correfpondance que nous venons d'établir fur la relation conftante & non. équivoque des apparitions du Phénomène, avec le paflage de la Terre par fe Périhélie & par l'Aphélie. La ligne des Apfides & celle qui joint les points des, Equinoxes fe cou- pant prefque à Angles droits ou fous un Angle de 82 degrés, il eft clair que les effets qui réſultent du paffage de la Terre par les quatre points de leurs extrémités, n'en fauroient être troublés de manière à les méconnoître : nous avons quelque choſe de tout ſemblable dans le Phénomène du Flux & Reflux de la mer. On fait que les plus hautes. Marées de l'année fe trouvent de même autour des nou- velles & pleines Lunes des Equinoxes; en a t-on moins fûrement conclu, d'après les obſervations, la relation intime des Marées avec les moindres & les plus grandes diftances de la Terre & de la Lune au Soleil? avec le Périhélie & 'Aphélie? Il a fuffi pour cela que, toutes chofes d'ailleurs égales, les Marées d'Hiver, autour du Périhélie, ſe trouvaſ fent plus grandes que les Marées d'Eté autour de l'Aphélie. SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 533 } On peut voir dans pluſieurs volumes de nos Mémoires les excellens morceaux que M. Caffini nous a donnés fur ce fujet. Ce font des comparaifons continuelles des Marées qui arrivent autour de ces deux points de l'Orbite Terreftre, & qui ne different de celles que nous avons tirées des fré- quences de l'Aurore Boréale autour de ces mêmes points, qu'en ce que les réſultats en font beaucoup moins marqués. Quelle que foit donc la caufe particulière, Phyfique ou Aftronomique, ou l'une & l'autre à la fois, de la fréquence des Aurores Boréales autour des Equinoxes, nous n'en conclurrons pas moins légitimement la correſpondance du Phénomène avec le Périhélie & l'Aphélie de la Terre; Correfpondance qui fera confirmée d'ailleurs par tous les autres principes qui fe mêlent à celui-ci. 85. Une autre difficulté, & qui feroit une forte objec- tion, fi elle étoit auffi fondée qu'elle le paroît d'une première vûe, eft celle qui fuit : Le temps où la Terre parcourt la partie fupérieure de fon Orbite autour du Périhélie, & celui où elle parcourt la partie inférieure de cette même Orbite autour de l'Aphélie, répondent fucceffivement à l'Hiver & à l'Eté de notre Hémi- fphère. Or, ne feroit-ce point aux longues nuits de l'Hiver, & au peu de durée des nuits de l'Eté, toûjours précédées & fuivies d'un grand crépuscule, que feroient dûes la fréquence & la rareté de l'Aurore Boréale fauffement attribuées aux différentes diſtances du Périhélie & de l'Aphélie ? Ch. 1X, page 246. J'avois encore prévenu cette objection dans mon Traité*;* Sect.IV mais les deux mille obfervations de plus que j'ai aujourd'hui entre les mains, & qu'on vient de voir, me fourniront de quoi y répondre d'une manière plus complète. Je ferai donc remarquer, 1.° qu'il eft bien rare que l'Aurore Boréale, qui commence le plus fouvent à paroître fans équivoque une heure après le coucher du Soleil, ne ſe laiffe pas apercevoir auparavant & dans le plus fort crépuscule. 2.° Qu'il eft plus rare encore qu'elle finiffe avant la fin: Xxx iij $34 ECLAIRCISSEMENS ou l'affoibliffement du crépuscule; de manière que fur cent à peine en trouvera-t-on une qui foit dans ce cas, & dont il ne refte long-temps après des fignes certains. On peut voir ce que j'ai dit dans la troiſième Section, Chapitre III, du commencement de ce Phénomène, de fa durée & de fa fin. Je ne crains pas d'en être defavoué par les Obfer- vateurs un peu exercés en pareille matière. II 3. Il y a pour le moins autant de nuits fombres & qui nous dérobent entièrement l'Aurore Boréale en Hiver, que d'Aurores Boréales qui ceffent en Eté avant la fin ou l'affoi- bliffement du crépufcule; de forte que, tout compté, on peut faire une compenfation affez jufte des nuits fombres de l'Hiver avec les longs crépuscules de l'Eté; & c'eſt ce que nous allons voir qui s'accorde parfaitement avec les obfervations. 4.° Si c'est la longueur des nuits en Hiver, & leur peu de durée en Eté qui produifent le rapport des fréquences qu'on éprouve dans ces deux Saifons, il y aura donc une analogie marquée entre ces longueurs des nuits & ces fré- quences, & le rapport variera en raifon des pays où l'on aura obfervé, felon que les nuits de l'Hiver y excéderont celles de l'Eté? Mais rien de pareil ne ſe montre ici. Les rapports de fréquence du Périhélie à l'Aphélie qui réſultent de nos Comparaiſons, y demeurent fenfiblement les mêmes pour toutes les latitudes (12.º 82), quoique les fommes des termes y varient beaucoup, felon une fonction quelconque de ces Latitudes. Par exemple, les obſervations d'Italie ou de Bologne (n.º 49) autour du 44me degré 30 minutes, & celles de Pétersbourg (n. 52) autour du 6ome, nous donnent à peu près le même rapport & d'environ 7 à 4; tandis que les premières ne nous offrent que 88 apparitions du Phénomène fur un intervalle de vingt-cinq ans, & que les fecondes en comptent 233 fur une douzaine d'années. Cependant il eft certain, par la Table connue des Arcs femi-diurnes, réci- proquement proportionnels aux femi-nocturnes, qui con- viennent aux latitudes de ces deux Villes, que les plus longues • SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 535 nuits d'Hiver de la première font moins que doubles de fes muits d'Eté, favoir, en raifon à peu près de 9 à 5; & que celles de la feconde font plus que triples dans le même ſens, & environ comme ro à 3. Donc les fréquences de l'Hiver à l'Eté devroient être à Bologne en raifon moins que dou- ble, & à Pétersbourg en raiſon plus que triple. Ce qui eſt affurément bien éloigné du fait & des obfervations, qui nous les donnent ſemblables. y a 5. L'incongruité de l'objection va ſe montrer encore plus à découvert dans la comparaiſon des crépuscules d'Eté. C'eft pourtant de la longueur de ces crépuscules qu'elle devroit tirer fa plus grande force; car dans les pays dont il s'agit ici, toûjours fuppofés en deçà du Cercle Polaire, il n'y a point de nuit à compter depuis le coucher jufqu'au lever du Soleil, qui ne foit fuivie du jour & où le Soleil ne reparoiffe fur l'horizon; au lieu que fur tous les Parallèles au delà tout au plus du 48me degré de latitude, il autour du Solſtice d'Eté, des jours où le crépuscule du ſoir anticipe fur celui du matin, & qui n'ont point de nuit abfolue. Je parts, comme on voit, de l'hypothèſe ordinaire, que le crépuscule du foir finit, & que celui du matin commence, lorſque le Soleil fe trouve à 18 degrés au deffous de l'horizon. Or, cela pofé, reprenant l'exemple de Bologne & de Pétersbourg, ôtant 18 degrés de chacune des hauteurs Equatoriales de ces deux Villes, & achevant P'opération felon les règles connues, on trouvera qu'à Bolo- gne le crépuscule du foir ne fe confond jamais avec celui du matin, & qu'au contraire à Pétersbourg le crépufcule du foir anticipe fur celui du matin, pendant trois grands mois de l'année autour du Solſtice d'Eté; favoir, depuis le 2me Mai, de cette année 1752, par exemple, jufqu'au 4me Août; & que tout proche du Solſtice autour de minuit, le Soleil n'eft qu'à environ 12 degrés au deffous de l'horizon. Quelle prodigieufe inégalité de rapports de fréquence du Périhélie à l'Aphélie, entre Bologne & Pétersbourg, ne réfulteroit-il point de cette circonftance, fi la longueur 1 536 ECLAIRCISSEMENS des crépuscules & les nuits d'Eté, en oppofition aux crépuf- cules & aux nuits d'Hiver, étoient la véritable cauſe de ces rapports! 6. Enfin, l'objection porte abſolument à faux, en tant qu'elle fuppofe la plus grande fréquence du Phénomène ou des obfervations aux plus longues nuits, & autour du Solſtice d'Hiver. Il ne faut que jeter les yeux fur nos Tables, pour fe convaincre que ce n'eft point là qu'elle réfide. C'eft dans le mois de Mars & au commencement d'Avril, & principalement vers la fin de Septembre & dans le mois d'Octobre; temps où la Terre paffe par des points équidiftans & fort éloignés du Périhélie & du Solstice d'Hiver, & où la longueur des nuits eft peu différente de celle des jours. Nous verrons auffi bien-tột, quoique fous un autre aſpect & indépendamment des Equinoxes, que le Périhélie n'eft pas, & ne doit pas être le point de la plus grande fréquence, & qu'il cède en cela à un autre point avec lequel il fe complique. Je ne parlerai point ici d'une petite compenſation err faveur de l'Eté, ou du temps d'Aphélie, parce que j'y ai * Page 2477 pleinement fatisfait dans le Traité *; mais je terminerai ces difficultés par celle que je vais me faire moi-même, plus folide à mon avis que les précédentes, & à laquelle auffi je n'ai à répondre qu'en l'adoptant, & en rempliffant la condition qu'en exigent les conféquences. Il ne s'agit pás de moins que d'une refonte générale de nos matériaux. - 86. Les 2137 obſervations ſur leſquelles nous venons d'opérer ne nous donnent en effet qu'autant d'obſervations, & non autant d'apparitions du Phénomène; la même Aurore Boréale s'y trouve obfervée par différens Obſervateurs à la fois, & il y en a telle qui l'a été par tous ceux dont nous avons adopté les obfervations. Mais n'eft-ce pas feulement de la fréquence des apparitions qu'il s'agit dans notre recher- che? Il pourroit donc s'enfuivre, de cet emploi double ou multiple quelconque, des erreurs confidérables dans les rapports de fréquence que nous en avons déduits. Car fuppofons SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XXI. 537 974 fuppofons, , par exemple, que parmi ces 2137 obfervations, il y en eût 600 qui ne répondiffent qu'à 100 apparitions effectives, & que ces 600 obfervations ne tombaffent toutes précisément que fur la colonne du Périhélie, n.º 78; la fomme de cette colonne, qui eſt 1474, devroit dès- lors être réduite à 974, par le retranchement des 500 obſervations fuperflues; & fon rapport à celle de l'Aphélie (663) qui étoit de 9 à 4474, ne fe trouveroit plus être que de 9 à à 6124. J'avoue qu'il eft moralement impoffible que le double emploi tombe ainfi tout entier du côté du Périhélie, & que l'Aphélie en foit exempt. Il eft au con- traire très - naturel de penfer que les 500 Phénomènes communs à pluſieurs Obſervateurs, ſe trouveroient diſtribués fur les deux colonnes, à peu près en raifon des nombres 1474 & 663 qui les expriment. Nous avons vû auſſi que les rapports de fréquence réſultans des fommes parti- culières (nn.º 56, 57, 58) ne s'éloignoient pas ſenſiblement de ceux que nous venons de tirer de la fomme totale; & de plus il ne s'agit pas ici à la rigueur de ce rapport exact, mais d'un excès bien marqué du côté du Périhélie, qui eſt incontestable. Mais enfin c'eſt un doute à lever, & nous avons pouffé trop loin cette recherche, pour la laiffer imparfaite à cet égard. Voici donc toutes les apparitions du Phénomène, foigneufement extraites des Liftes précédentes. La Collection de M. Frobès, comme la plus nombreuſe, en fera la baſe. J'y ajoûterai toutes les Aurores Boréales de M. Celfus qui ne font pas communes à M. Frobès; & à ce tout celles qui font particulières à M. Kirch, & ainfi de fuite, juſqu'aux Tranſactions Philoſophiques inclufivement. Yyy 538 ECLAIRCISSEMENS 87. LISTE des apparitions de l'Aurore Boréale contenues dans toutes les obfervations & collections précédentes, depuis le commencement du vime fiècle, jufqu'en 1751 inclufivement. En 583. Février, le 2. 778. Février, 4. 808. Février, 2. 871. Août, 14. 930. Févr. 19. 956. Septembre, 7. 979. Novembre, 2. 998. Décembre, 19. 1014. Novembre, 2. Décembre, 29. 1039. Avril, 12. 1096. Mars, 9. 1098. Octobre, 3. 1099. Mars, 2. 1105. Décemb. 29. 1106. Février, 19. 1115. Avril, 24. 1117. Février, 22. Décemb. 26. 1200. Août, 19. 1269. Décembre, 13. 1307. Mars, 6. 1325. Mai, 30.. 1352. Octobre, 30. 1353. Août, 19. *354. Mars, 9. *446. Février, s. 1499. Mai, 30. 1514. Janvier, 22. 1518. Janvier, 3. 1520. Septembre, 13. 1520. Décembre, 2. 1527. Octobre, 20. 1529. Janvier, 18. 1534. Juin, 12. 1535. Mai, 26. 1536. Février, 16. 1537. Février, 10. 15.41. Janvier, 3. 1543. Mai, 13. 1545. Avril, 7. 1546. Février, 19. 1547. Juillet, 31. Octobre, 10. 1548. Novemb. 15. 1549. Septembre, 30. I 1551. Février, 6. Septembre, 11. Octobre, 1. 1554. Février, 10. Mars, S. Août, 21. 1555. Mars, 22. Septembre, 2. 1556. Janvier, 20. Septembre, 14. 1557. Mars, 26. Décembre, 4.. 1560. Janvier, 6. Avril, 19. 1561. Janvier, 6. Mars, 8, 13, SUR L'AURORE BOREALE. E'cl. XXI. 539 1564. Février, 27. Septemb. 9. Octobre, 16. Novembre, 6. 1565. Décemb. 5. 1567. Février, 16. Avril, 26. 1568. Avril, 4, II. 1569. Janvier, 4. 1571. Mars, 12, 13, 14, 15. 1572. Janvier, 22. Mars, 11, 12, 13, 14. Avril, 26. 1573. Janvier, 1. Avril, 9, 21. Novembre, 28. 1574. Novemb. 24, 25. 1575. Février, 23. Septembre, 28. Octobre, 8. 1577. Décembre, 28. 1580. Mars, 16. Avril, 16, 19. Septembre, 20. 1584. Févr. 29. I 585. Décembre, §, 22. 1586. Février, 13. 1588. Janvier, S. Févr. 14, 15, 16. Décembre, 16. 1589. Janvier, 12. 1590. Avril, 12. 1591. Mars, 30. 1592. Mars, 29. 1593. Octob. 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30. 1596. Avril, 26. 1599. Août, 17. 1600. Décemb. 28. 1602. Juin, 20. 1603. Septembre, 17. 1605. Novembre, 17. 1606. Septemb. 13, 15. 1607. Novemb. 28. 1608. Novembre, 27. 1609. Mars, n, 26. 1612. Août, 6. 1614. Juillet, S. II. 1621. Février, 3. Octobre, 1, 11. 1581. Janvier, 5, 17. Févr. 26. Avril, 12, 14, 16. Septembre, 5. Novembre, 18, 24. 1582. Mars, 16, 17, 18. Avril, 10, 11. 1583. Mars, 23. Avril, 12. Septembre, 12. Septemb. 12, 21. 1622. Juin, 10. 1623. Janv. 12, 16, 17. Février, 18. Mai, 13, 17. Decemb. 11. 1624. Avril, 7. Mai, 12. Juin, 7. 1625. Septemb. 7, 17, 30. Yyy ij 2 2 540 ECLAIRCISSEMENS 1625. Octob. 10. Novemb. 3. 1626. Février, 'S. Mai, 28. Juin, 26. 1665. Avril, 18. Août, 23. 1666. Janvier, 31. 1671. Novemb. 29. 1673. Janvier, n. Août, 8. Septembre, 17, 24. 1627. Décembre, 17, 21. 1628. Janvier, n. Décembre, 20, 26, 28, 30. 1629. Janv. 5, 11. Août, 21. Septemb. 19, 20, 21. Oct. 1, 2, 16, 26, 29, 30. 1630. Février, 3, 4. 1633. Mai, 28. Juin, 23. Décemb. 30. 1634. Janv. 3. Févr. 1, 11. 1637. Août, 20. 1638. Janvier, 6. 1640. Janvier, 27. 1645. Avril, 27. 1646. Novembre, n. 1650. Jany. 17. 1654. Mars, S.. 1655. Juillet, 9. 1657. Janv. 13. Avril, 13. 1661. Janv. 30. Avril, 16. 1662. Décemb. 15. 1663. Novembre, 9. 1664. Avril, 18. 1676. Février, 3. Mars, 2. 1677. Novemb. 18. Décemb. 12. 1680. Septembre, 30. 1682. Novemb. 7. Décemb. 15. 1683. Janvier, n. Août, 22. 1684. Mars, 28. Novembre, 23. 1685. Avril, 26. 1686. Février, 2. Juin, 1. Juillet, 19. Octobre, 29. 1692. Mars, 22. Avril, 12. 1693. Novemb. 10, 22. 1694. Mars, 31. Avril, 4. 1695. Octobre, §, 12, 31. Novemb. 20. 1696. Mai, 12. Septemb. 26. Novemb. 6, 18. 1697. Août, 18. 1698. Février, 24, 26. Mai, 18. Septembre, 3,0.. 1 SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 541 1698. Novembre, 15, 27. Décemb. 7, 23, 28. 1699. Janvier, 3, 17, 23, 25. Avril, 17, 20, 21, 28. Juin, 18, 26, Juillet, 23, 26. Août, 14, 19, 21, 22, 24, 26, 27. Sept. 16, 17, 18, 19, 21, 22, 24. Octob. 9, 18, 21, 22, 24. Novembre, 10, 15, 18, 21, 23, 24. Décemb. 14, 15, 17. 1702. Mai, 29. 1704. Décembre, 28. 1707. Février, 12. Mars, 6, 17, 18, 20. Août, 16, 18. Octob. 21, 27, 29. Novemb. 24, 27. 1708. Septemb. 22. 1709. Octob. 18. Novembre, n. Décemb. 19. 1710. Décembre, 7. 1711. Mars, n. 1714. Octob. 15. 1716. Mars, 17. Avril, 11, 12, 13. Mai, 1, 2, 3, 4, S. Décembre, 15, 16. 1717. Février, 2, 16. Avril, 6, 9, 10, 11. Août, 10, 21, 31. 1717. Septemb. 8, 11. Octobre, 1. 1718. Février, 5, 14. + Mars, 4, 15, 18, 19, 21, 22. Avril, 2. Mai, 1, 11. Juin, 8. Août, 28. Sept. 16, 17, 22, 24. Octob. 11, 22, 27. Novemb. 2. Décembre, 16, 17, 18, 20, 30, 31. 1719. Février, 11, 23. Mars, 5, 6, 23, 30. Avril, 7, 9, 10, 18. Septembre, 22, 24, 25. Oct. 16, 22, 27, 30. Novemb. n, 6, 13, 14, 17, 20, 21, 22, 24. Déc. 1, 5, 7, 22, 23, 30. 1720. Janvier, 1, 2, 23. Févr. 6,10, 11, 15, 22, 26. Mars, 9, 23. Avril, 7, 11. Août, IS. Septemb. 10, 28. Octobre, 27. Nov. 6, 7, 20, 25, 29. Déc. 2, 3, 5, 6, 10, 28. 1721. Janv. 17, 23. Fév. 1-1, 17, 23, 28. Mars, 1, 12, 29. Septemb. 12, 22, 28. Octob. 3, 21, 23, 24, 31. Y yy iij 542 ECLAIRCISSEMENS 1721. Novemb. 1, 2. 1722. Janvier, 17, 22, 23, 25. Février, 12, 13, 16, 23, 24, 27. Mars, 17, 18, 25, 27. Avril, S. Mai, 23. Juin, 4. Sept. 6, 7, 16, 17, 18, 22. -Octobre, 3, 7, 8, 9, 10, 14, 15, 19, 20, 21, 25, 26. Novembre, 3, 10, 14, 22, 23, 24. Déc. 3, 4, 12, 15, 31. 1723. Janvier, 1, 3, 6, 12, 14, 24.. Février, 4. Mars, 2, 3, 4, 7, 10, 21, 24, 26. Avril, 2, 4, 9, 24. Août, 31. Septemb. 1, 7, 12, 17, 28. Octobre, 31. Novemb. 1, 2, 12. Décemb. 18. 724. Janvier, 17, 29, 30. Février, 4, 11. Mars, 24, 25. Avril, 14. Mai, 4, 22. Août, 4, 12, 17, 24, 31. Septembre, 9, 22, 23. Octobre, 16. Novembre, 8, 9, 16. Décemb. 6, 7, 8, 29. 1725. Janvier, 7, 8, 9, 12, 13. Février, 6, 9, 11, 12, 15. Mars, 16. Avril, 2, 17, 24. Mai, 2. Septembre, 16, 19. Oct. 5, 6, 7, 8, 9, 14, 15. Novembre, 26. Déc. 5, 6, 7, 8, 21. 1726. Janvier, 3, 19. Février, 7. Mars, 2, 6, 10, 14, 24, 25, 26, 27, 28. Avril, 2, 23. Septembre, 5, 28. Octobre, 10, 14, 15, 17, 19, 20, 21, 23, 24, 26. Novembre, 2, 4, 6, 13, 18, 19. Décemb. 1, 7, 10, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 26, 27. 1727. Janvier, 1, 2, 13, 15, 16, 17, 27. Février, 13, 18, 20, 21, 22, 27. Mars, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 24, 28, 29. Avril, 8, 10, 14, 18. Mai, 13. Août, 1, 6, 22, 24, 31. Septembre, 7, 14, 18, 22, 23, 30. Oct. 2, 5, 6, 13, 14, 15, . 17, 18, 19, 20, 21. SUR L'AURORE BORÉALE. EdE'cl$43 . XXI. . 1727. Novemb. 3, 4, 6, 20, 23, 1729. Sept. 10, 12, 15, 20, 21; 24, 25. Décembre, 6, 11, 16, 17, 19, 20. 1728. Janvier, 1, 3, 20, 29, 30. I Février, 8, 9, 19, 11, 12, 13, 14, 26, 29. Mars, 2, 3, 4, 8, 9, 10, 14, 20, 26, 27, 28, 29, 31. Avril, 2, 3, 4, 7, 9, 15. Mai, 1, 3, 30. Juin, 7, 25. Juillet, 1, 13. Août, 2, 25, 28, 29, 30, 31. Septemb. 5, 6, 7, 13, 26, 27, 28, 29, 30. Octobre, 2, 4, 5, 7, 8, 11, 12, 14, 17, 18, 19, 24, 25, 26, 27, 29, 30. Novemb. 2, 3, 5, 7, 8, 12, 13, 22, 23. Décemb. 2, 3, 4, 14, 31. 1729. Janvier, 14, 17, 18, 20, 24. Février, 2, 3, 11, 16, 17, 25, 27, 28. Mars, 2, 15, 16, 25, 27, I 28, 30. Avril, 6, 19, 22, 24, 27, 28, 30. Mai, 1, 2, 17, 22, 26, 27, 29, 31. Juin, 15, 26. Juillet, 7. Août, 29. 22, 23, 26. Octob. 2, 11, 13, 17, 21, 22, 24, 25. Novembre, 16, 17, 18, 19, 20, 30. Décemb. 17, 22, 27, 30. 1730. Janvier, 8, 16, 17, 26. Février, 3, 7, 9, 10, 15, 16, 18, 27. Mars, 2, 3, 6, 9, 10, 11, 13, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 22, 28. , Avril, n, 7, 9, 12, 13, 14, 15, 16, 19, 20, 22. Mai, 2, 5, 9, 29. Juin, 21. Juillet, 5, 6, 17, 19, 31. Août, 15, 19, 23, 24, 29, 30. Septembre, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 17, 20, 21, 27; 28, 30. Octobre, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 16, 17, 20, 21, 22, 23, 26. Novembre, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 14, 17, 18, 19, 21, 22, 28, 30, n. Décemb. 2, 8, 9, 14, 17, 23, 25, 26, 28. 1731. Janvier, 2, 10, 26. Février, 4, 10, 28. Mars, 1, 2, 4, 7, 8, 9, 14. 544 ECLAIRCISSEMENS 1731. Avril, 3, 27. Mai, 14. Août, 21, 24, 27, 28, 29, 30, 31. Septembre, 1, 20, 24, 26, 27, 30. Octobre, n, n, 2, 3, 4, 7, 8, 10, 16, 23, 29. Nov. 2, 4, 6, 11, 17, 18, 27, 29, 30. Décembre, 1, 4, 6, 7, 20, 21, 27, 30. 1732. Janvier, 1, 3, 4, 17, 18, 26, 27, 28, 29, 30. Fév. 2, 7, 12, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 26, 27, 28, 29. Mars, 1, 2, 3, 12, 13, 14, 15, 18, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 31. Avril, 1, 2, 3, 4, 17, 18, 19, 20, 22, 24. Juin, 25, 26. Juillet, 21, 27. Août, 22, 23. Septembre, 1, 10, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27, 28. Octobre, 5, 7, 12, 15, 18, 19, 22, 23, 25, 26, 29. Novembre, 1, 4, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 19, 20, 21, 22, 24. Décembre, 7, 10, 12, 13, 16, 18, 19. 1733. Janvier, 12, 17. Février, 13. Mars, 2, 3, 5, 17, 22, 25. Avril, 1, 13, 18. Mai, 14, 16. Juillet, 7, 8, 21. Août, 17. Septembre, 19. Octobre, 3, 6, 10. Novembre, 7, 12. Décemb. 8, 22, 31. 1734. Janvier, 8. Févr. 2, 3, 23. Mars, 1, 8, 10, 17, 22, 25, 26, 30. Avril, 8, 9, 10. Août, 20. Septembre, 1, 2, 3, 8, 18, 19, 20, 23, 24, 29, 30. Octob. 1, 2, 4, 6, 14, 16, 17, 20, 30, 31. Novemb. 26. 1735. Janvier, 25, 26. Février, 4, 13, 21, 22, 24. Mars, 4, 13, 15, 20, 22, 23, 24, 25, 26. Avril, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23. Août, 22, 23, 27, 31. Septembre, 1, 10, 15, 16, 17, 18, 23, 24, 25. 1735. Octobre, SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 545 1735. Octobre, 11, 14, 15, 22 23, 24. Novemb. 14, 18. 1738. Juillet, 11. Août, 13. Décembre, 4. Décembre, 8, 10, 13, 15, 1739. Janvier, 8, 27. 18, 20, 22. 1736. Janvier, 7, 22. Février, 13, 16, 17, 27, 28. Mars, 15, 30. Avril, 3, 5, 14. Mai, 4. Juillet, 7, 8. Février, n, 15, 17, 27. Mars, 6, 7, 10, 12, 22, 29. Avril, 10. Juin, 2. Septembre, 24, 25, 26, 28, 29, 30. Octobre, 29, 30, 31. Novembre, 2, 16. Août, 13, 15, 20. Septembre, 3, 4, 5, 13, 25, Décembre, 6, 13. 26, 30. 1740. Janvier, 27. Octobre, 7, 8, 10, 22, 26 Octobre, 17. 27, 28, 29, 30. 19, 24, n. Décembre, 1. Mars, 11, 16, 17, 20. Novembre, 7, 8, 9, 17, 18, 1741. Janvier, 12, 23, 1737. Janvier, 1, 3, 9, 24. + Mars, 18, 21, 28, 29. Avril, 7, 10, 11, 24. Juin, 3, 30. Août, 20, 21, 22, 23, 24, 25. Septembre, 4, 14, 18, 22, 27, 28, 30.. Octobre, 1, 2, 23, 24, 25, 26. Novemb. 26, 30. Décembre, 16, 20, 21, 22, 28. 1738. Février, 16, 19. Mars, 8, 18, 19. Avril, 10. Février, 16. Avril, 6, 17. Août, 10, 13. Octobre, 1, 2, 3, 8, 9, 10, 12, 14, IS. Novembre, 11. 1742. Janvier, 2. Février, 25. Mars, 3, 26, 27. Mai, 23. Août, 26, 30. Septembre, 7, 10. Octobre, 22, 23. Décembre, 22, 26. 1743. Janvier, ´30. Mars, 16, 19, 20, 24, 26, 28. Zzz $46 ECLAIRCISSEMENS 1 1743. Septembre, 19. Octobre, 8. 1744. Avril, 2. Juin, 7. Octobre, 3. Décembre, n, n, n, n, n. 1745. Janvier, 21. Octobre, 9, 17. 1746. Novembre, 17. 1747. Janvier, 6. Mars, 19. Août, 31. Septembre, 10, 27. Décembre, 3, 24. 1748. Février, 27. Octobre, 22. Décembre, 24. 1749. Septembre, 17, 22. Octobre, 8. 1750. Janvier, 6. Février, 3, 4, 7, 26, 27. Avril, 13. Mai, 2. Août, 24, 26, 27. Décembre, 14. 1751. Février, 19. Août, 19. A 88. Ce qui donne en tout 1441 apparitions de l'Aurore Boréale; de manière que fur les 2137 obfervations, il y en doit avoir 696 qui tombent encore fur ces mêmes appa- ritions. C'eſt à cette fuite de Phénomènes, la plus complète & la plus authentique qu'on ait eue jufqu'ici, que nous nous arrêterons deformais. Nous allons la diftribuer dans la Table fuivante; & c'eſt de là enfin que nous tirerons par préfé- rence les trois Comparaiſons & les trois rapports de fré- quence qu'on a vûs ci-deſſus, du Périhélie à l'Aphélie, comme tout ce qui nous reſte de Comparaifons femblables à faire fur d'autres points de l'Orbite terreſtre. : SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 547 89. TABLE RÉDUITE de toutes les apparitions de l'Aurore Boréale, contenues dans la Lifte précédente. Iere partie de la Table. ANNEES. 583 778 808 871 930 956 Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. I I I I Jum 979 998 1014 1039 1096 1 1098 1099 I 1105 1106 I IIIS I 1117 I 200 1269 I I I I Novemb. } I I Décemb. SOMMES pour les Années. I I I I I I I I I I I 2 I F I 1 I I I I 2 I I I 1307 I 1 1325 1 I 1352 I I 1353 I I 1354 I I Somme totale SOMMES pour les Mois. 6 4 2 I 3 I 2 2 S 26 Zzz ij 548 ECLAIRCISSEMENS ANNE'ES. 1446 1499 II.me partie de la Table. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1514 I 1518 I 1520 1527 1529 I 1534 1535 1536 1537 I 1541 I 1543 1545 1546 I 1547 1548 I I 1 I I I Novemb. Octobre. Décemb. SOMMES pour les Années. I I. I I 2 I L I 1 I I I I 1549 1551 I 1 1554 1555 1556 I 1557 1560 I SOMMES pour ics Mois. } I - I I 1 - I I I I I I I I ,2 I 1 I I 3 3 I 2 2 I 2 2 6 6 3 2 3 I I I S 3 I 2 Somme totale 34 SUR L'AURORE BORÉALE. Ecl. XXI. 549 ANNEES. 111me partie de la Table. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1561 I 2 SOMMES pour les Années. 3 1564 I I I I 1565 4 I I 1567 I I 2 1568 2 1569 I I571 4 1572 I 4 I 1573 I 2 1574 1575 I I I 1577 1580 I 2 I 2 1581 2 I 3 I 1582 3 2 2 I 4 6 I 4 2 2 3 I I 6 2 9 S 1583 I I 1 3 1 584 I I 1585 2 2 1586 I I 1588 Jud I 3 1589 I S I 1590 I I 1591 I I 1592 I I Somme totale: SOMMES pour les Mois, 8 9 17 15 S Ꮞ 6 S 69 Zzz iij 550 ECLAIRCISSEMENS ANNE'ES. 1593 1596 1599 1600 1602 1603 1605 1606 1607 1608 IV.me partie de la Table. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1609 1612 2 I I 1 I 2 7 SOMMES pour les Années. 7 I I I I I I I 2 I I - I I 2 I 1614 I I 1621 2 3 1622 I I 1623 3 I 2 I 7 1624 I I I 3 1625 3 I 1 S 1626 I I I I 2 6 1627 1628 I 1629 2 I th 2 2 4 S 3 6 12 1630 2 2 1633 I I SOMMES pour les Mois 6 S 2 2 S I 3 Somme totale I 4 13 14 4 9 70 SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 555 ANNEES. Vme partie de la Table. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1634 I 2 1637 1638 I 164.0 I 1645 I 1646 1650 I 1654 H 1655 1657 I I 1661 I I 1662 1663 1664 I 1665 1666 I 1671 1673 I 1676 I I 1677 1680 { 1682 1683 1684 SOMMESI pour les Mois. t I I I I I I I I I I SOMMES pour les Années. 3 I I I I I I I 2 2 I I I I 2 I I I I 2 I I 2 I I I 2 I *9 3: -3 5: I 3 I 6 3 * 2 2 Somme totale 34 552 ECLAIRCISSEMEN$ ANNE'ES. 1685 1686 VI.me partie de la Table. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Aout. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. I I I I I SOMMES pour les Années: I. 4 1692 ' I I 2 1693 2 2 1694 I I 1695 1696 1697 I I 2 3 I 4. I 2 4 I 1698 2 I I 1699 4 4 1702 I 2 3 9 2 2 7 7 S 6 3 40 I 1704 1 I 1707 I 4 2 1708 - 3 2 J 12 I 1709 I band I 1710 3 I I 1711 I I 1714 I I 1716 I 3 S 2 I I 1717 2 4₁ 3 2 I iz 1718 2 6 I 2 I I 4 3 I 6 27 1719 2 4 ++ 4 3 4 9. 6 32 1720 3 6 2 2 I 2 I S 6 28 1721 2 LA 3 3 S 2 19 Somme totale SOMMES 1 pour les Mois. 9 20 23 21 - 10 4 3 15 24. 2833 29 219 VII.me partie L'AURORE BOREALE. Ecl. XXI. 553 ANNEES. VIIme partie de la Table. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. SOMMES pour les Années. 1722 1723 -6 4 6 4 1 I I 6 12 6 S 46 Brand I 8 4 I 1724 3 2 2 I 2 L تاس band I 3 1 30 3 1 3 4 26 1725 S S I 3 I 2 7 I S 30 1726 2 I 9 2 2 IO 6 14 46 1727 7 6 14 4 6 I I 7 6 67 1728 59 13 6 3 2 2 6 9 17 9 S 86 1729 S 8 7 7 8 2 Dand I I 8 8 6 4 65 1730 4 8 IS 4 I འ S 6 17 17 19 9 116 1731 3 3 7 2. I 7 6 I I 9 8 57 1732 ΙΟ 14 18 10 2 2 2 I I I I 1 3 7 100 1733 2 I 6 3 2 3 I I 3 2 3 27 1734 I 3 8 3 I I ΙΟ I 38 1735 2 S 9 7 ++ 9 6 2 7 SI 1736 2 S 2 3 I 2 3 7 9 8 I 43 1737 4 4 41 2 6 7 6 2 S 40 1738 2 3 I I 1 I 9 1739 2 4 6 I I 6 3 2 2 27 1740 I I 2 1741 2 I 4 2 1742 I I VJ 3 1743 9 I I 2 2 2 6 2 21 1 I 1744 I I 1745 I SOMMES Mois. pour les Mois. > 73 85 149 76 25 12 16 53 119 159 100 2 14 9 I S 8 2 3 Somme total 94 961 Aaaa 554 ECLAIRCISSEMENS NAS ANNE'ES. VIIIme & dernière partie de la Table. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. 1746 1747 1748 I 1749 1750 I 1751 SOMMES pour les Mois. I I I I 2 I I 3 I 2 7 I I I 2 I I SOMMES pour les Années. 2 I K I 3 3 1 12 S 4 2 I 4 2 Somme totale 28 90. RÉSUMÉ des huit parties ou des fommes de la Table précédente. PARTIES de la TABLE. Décemb. Novemb. Octobre. Septemb. Août. Juillet. Juin. Mai. Avril. Mars. Février. Janvier. SOMMES pour les Années. 1. 6 4 2 I 3 1 2 s 26 II. 6 6 · 3 2 3 I I I L 3 } 2 34 III. cc 8 9 17 15 S 4 6 S 69 IV. 6 S 2 2 S S I 4 13 14 4 9 70 V. 9 3 3 S I 3 I 6 3 34 V I. ? 20 23 21 I O. 4 3 IS 24 28 33 29 219 VII. 73 85149 76 25 [ 2 16 53 119 159 100 94 961 VIII. 2 7 ཡ I Si 4 2 I 4 28 Somme totale SOMMES pour les Mois. 113 141 202 12445 224 22 84172212 153 151 1441 SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. ``55.5 91. PREMIÈRE PREMIÈRE COMPARAISON. Aurores Boréales qui ont paru trois mois avant & trois mois après le paffage de la Terre par le Périhélie & par l'Aphélie. Octobre... 212 Avril..... 124 Novembre 153 Mai... 45 La Terre Décembre 151 étant dans La Terre étant dans Juin.. 22 la partie in- PÉRIHÉLIE. la partie fu- APHÉLIE. férieure de périeure de fon Orbite. Janvier.... 113 fon Orbite. Juillet. 22 Février.... 141 Août.. 84 Mars..... 202 Septembre.. 172 972 (1441) 469 Où, 972. 469 :: 9. 4332. 972 92. DEUXIÈME COMPARAISON. Deux mois avant & deux mois après, &c. La Terre Novembre Décembre 15 3 Mai...... 45 La Terre Juin . . . 22 parcourant les de la partie infé- PÉRIHÉLIE. parcourant les de la partie fu- APHÉLIE. rieure de fon Orbite. Janvier.. 113 périeure de fon Orbite. Juillet..... 22 Février.. 141 Août... 84 558 · (731) 173 Où 558. 173 :: 7. 23/58° 95 Aaaa ij $56 ECLAIRCISSEMENS 17. 93. TROISIÈME COMPARAISON. Un mois avant & un mois après, &c. LaTerre étant Décembre 151 ISI | LaTerreétant (Juin . . autour de 8d , & de dif- autour de 8d b, & de dif- tance au, 20976 demi- diamètres ter- tance au O, PÉRIHÉLIE. 20275 demi- diamètres ter- reftres. Janvier... 113 reftres. 264 (308) 22 APHELIE. out Juillet.... 22 44 Où 264. 447. 34 7. I 264 REM A R QUE S. 34 3.33 94. Les trois rapports de fréquence qui réfultent des trois Comparaifons précédentes font donc, de 9 à 4332, de 7 à à 298, & de 7 à 1244; & ceux qui leur répondent dans la fomme totale des obfervations (nn. 78, 79, 80), de 9 à 41474, de 7 à 234, & de 7 à 124. 804 95. D'où il eft clair que les rapports tirés des feules apparitions ne different de ceux que nous avoit fournis la fomme totale des obfervations, que par quelques frae- tions de l'unité; & qu'ainſi les 696 de ces obſervations dont le nombre furpaffe celui des apparitions (n. 88'). doivent avoir été affez également répandues fur les mois de Périhélie, & fur ceux d'Aphélie, pour y laiffer par-tout à peu près les mêmes rapports. Mais c'est ce qui va être mis encore plus particulièrement fous les yeux dans la Récapitulation de la petite Table fuivante. 1 { SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 55iği 1 96. TABLE des Rapports de fréquence du Périhélie à l'Aphélie; d'après les grandes Collections, nn. 8, 55, 77, 87. Dans Dans Dans LES TROIS MOIS LES DEUX MOIS LE SEUL MOIS COMPARAISONS, de part & d'autre. de de part & d'autre. part & d'autre. D'après la collection de M. Frobès, nn. 14, 16, 17. : 9.4140. 17 : · 7 · 23378 26 : 7. I 156° D'après la fomme des col- lections particulières, nn. 56, 57, 58. : 9.4618. 84. : 7.2307/ 101 317° : 7. 1123. 17 I D'après la collection géné- rale des Obfervations, nn. 78, 79, 80, 9414747. 2804° : 7. I P24 368° nérale des Apparitions, 9. 4333. D'après la collection gé- nn. 91, 92, 93, 972 :7.29998 558° 34 : 7. I 264 تمد 97. Où l'on peut remarquer, que le premier terme du Rapport demeurant le même dans chaque colonne, le fecond, dans la feconde colonne, ne varie qu'entre les limites de 4 & 4; dans la troifième, qu'entre les limites de 2 & 2; & dans la quatrième, qu'entre celles de 1 & 17 De manière que la variation & la différence diminuent d'autant plus, que l'intervalle du temps autour des Apfides eſt plus petit, & que la Terre en approche davantage. 98. Voilà donc le principe de fréquence & de rareté, qui naît des différentes diftances de la Terre au Soleil ou à l'Atmoſphère Solaire, en Périhélie & en Aphélie, porté jufqu'au plus haut degré de vrai-femblance, &, fi je l'ofe dire, de certitude dont le fujet foit ſuſceptible. Paſſons maintenant à d'autres cauſes qui fe lient avec à aaa ïïj $58 ECCLAIRCISSEMENS $ celle-ci, & qui acheveront de mettre notre théorie dans tout fon jour. AUTRES PRINCIPES DE FREQUENCE, en confirmation de la Correspondance des apparitions de l'Aurore Boréale avec l'Atmosphère Solaire. Nœuds de cette Atmoſphère avec l'Orbite Terreftre. 99: Pour mieux démêler ces Principes ou ces cauſes de fréquence & de rareté, à travers tout ce qui les com- plique, nous n'en prendrons les effets que fur la petite portion de l'Orbite Terreftre, qui répond immédiatement à un mois d'intervalle de part & d'autre autour de chacun des points qui les conftituent. C'eſt en général, & toutes chofes d'ailleurs égales, la proximité ou la diſtance abſolue de l'Atmoſphère du Soleil à la Terre, qui détermine une partie de ce fluide à tomber avec plus ou moins de force & de vîteffe, en plus grande ou en moindre quantité, dans l'Atmoſphère Terreftre. Mais, comme nous l'avons déjà dit, cette proximité & cette diſtance peuvent être conçues de deux manières; ou direc- tement & centralement, comme quand on parle de la diſtance des Planètes au Soleil, & de la manière dont nous l'avons confidérée juſqu'ici; ou latéralement, en latitude & en déclinaiſon, comme quand il s'agit des Noeuds & des limites des Planètes, par rapport à la Section de leurs Orbites avec l'Ecliptique, & c'eſt ainſi que nous allons la confidérer à préſent. 100. Une Planète eſt le plus proche qu'elle puiffe être de l'Ecliptique & fur le plan même de ce cercle, lorfqu'elle eft à fes Noeuds; elle en eft à fa plus grande diſtance, à fa plus grande latitude, lorfqu'elle eft à fes limites, & ainfi de fuite à proportion dans fes latitudes ou déclinaiſons moyennes entre ces deux fortes de points. 101. Il en eft de même de l'Ecliptique ou de l'Orbite Terreftre, par rapport au plan de l'Equateur Solaire fur SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 559 LL lequel l'Atmosphère du Soleil eft couchée de part & d'autre, Le tranchant lenticulaire de cette Atmosphère doit être regardé comme une Orbite de Planète décrite fur le plan de l'Equateur Solaire qui fait avec le plan de l'Orbite Ter- reftre, ſelon feu M. Caffint, un angle de 7½ degrés. Leurs Nœuds réciproques, Afcendant & Defcendant, ont été déterminés par ce grand Aftronome, l'un, comme Noeud Afcendant proprement dit de l'Equateur Solaire, au 8me degré du figne des Gémeaux, qui répond au dernier jour de Novembre, l'autre au 8me degré du figne du Sagittaire, qui répond à la fin de Mai; & par conféquent leurs limites, Boréale & Auftrale, feront, l'une au 8me degré de la Vierge, l'autre au 8me des Poiffons. Ce qui a été fuffifamment expliqué en fon lieu *. que 102. Cela pofé, on conçoit bien les Nœuds, toutes chofes d'ailleurs égales, devroient avoir un grand avan- tage, & égal entre eux, fur les limites, pour la production de nos Phénomènes. Mais comme cet avantage fe trouve plus grand dans l'un des deux, par fa proximité du Péri- hélie, & plus petit dans l'autre, par une raifon contraire ou par fa proximité de l'Aphélie, de cette double circonf- tance naiffent des exceptions qui ont été difcutées dans mon Traité, & que je ne répéterai point ici. Ce qui eft certain & fans difficulté, c'eft que le Noeud Afcendant qui n'eſt qu'à 30 degrés du Périhélie, doit de beaucoup l'em- porter fur le Noeud Defcendant qui en eft à 150 degrés plus loin, & à 30 degrés feulement de l'Aphélie. Prenant donc le mois de part & d'autre de chacun de ces Noeuds„ d'après la Table des Apparitions, n.º 90, on en formera ta Comparaiſon fuivante. * Tr. Sect. IV Ch. V. • 560 ECLAIRCISSEMENS नूर 103. Aurores Boréales qui ont paru autour & tout proche des Nœuds de l'Equateur Solaire. La Terre Novembre.. 153 Mai.. 45 La Terre étant au- tour de 84 NEUD ASc. étant au- tour de 84 NOUD DESC. II. Décembre.. ISI Juin...... 22 304 (371) ། 67 Où 304 eft à 67 environ comme 9 à 2. Et cet avan- tage du Noeud Afcendant fur le Defcendant, comme il eſt très-marqué, fe déduira de toutes les collections générales & particulières qu'on a vûes ci-deſſus. 104. Ce qui montre combien le Périhélie eft par lui- même une puiſſante cauſe de fréquence; puifque fans cela, & comme nous venons de l'obferver, les fréquences devroient être égales autour des Noeuds. Et l'on ne peut pas dire que la cauſe phyſique qui agit vers les Equinoxes produife en partie cette fupériorité; car fi le Noeud Afcendant eft de 30 degrés plus près de l'Equinoxe du Printemps que le Pé- rihélie, le Nœud Deſcendant l'eft de la même quantité de l'Equinoxe d'Automne, par rapport à l'Aphélie. ios. Mais ce qui eft digne de remarque, c'eſt que que le Noeud Aſcendant, ainfi aidé de la proximité du Périhélie, l'emporte en fréquence d'apparitions fur le Périhélie même. Le nombre des Phénomènes eft plus grand un mois avant & un mois après le paffage de la Terre par ce Noeud, que dans un ſemblable intervalle de temps autour du Périhélie, & pour s'en convaincre il ne faut que comparer la fomme de la première colonne du type précédent à la fomme de la première colonne du n.º 93. 106. COMPARAISON, SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI. 561 106. COMPARAISON des fréquences autour & tout proche du Nœud Afcendant, avec les fréquences autour & tout proche du Périhélie. Novembre.. La Terre étant au- tour de 84 .. 153 La Terre étant au- Décembre.. ISI NOUD ASC. PÉRIHÉLIE. tour de 84 H. Décembre.. is. Janvier.... 113 304 (568) 264 304 Dont la différence eft 40, & le rapport comme 7 à 6244• 107. Et n'importe que cette différence ne foit pas plus grande, & ce rapport plus marqué. Il eſt clair que cela doit être ainfi, par la complication & la proximité des deux points. Il fuffit que cet avantage quelconque ſe trouve conf- tamment dans toutes nos collections les plus nombreuſes. On ne doit pas le chercher dans les autres, où la moindre circonftance phyſique ou accidentelle pourroit le faire dif paroître, ainfi que nous en avons averti (1.º 18) pour petites maffes dont réſultent les rapports; ni appuyer ſur ce qu'il s'y trouveroit, comme en effet il s'y trouve dans la plufpart. les 108. Cette fupériorité du Nœud Aſcendant eft fondée fur la circonftance, que ce qu'il a de plus en diſtance directe eſt beaucoup moindre que ce que le Périhélie a de plus en diſtance latérale; d'où réſulte en général une moindre diſtance abfolue de ce Noeud à l'Atmosphère Solaire prife dans fes cas de moyenne ou de moindre extenfion. Ce que je conçois de la manière qui fuit. 109. L'Atmoſphère Solaire, ou la Lumière Zodiacale, qui n'eft autre chofe que l'amas fphéroïdique aplati ou lenticulaire de ce fluide vû de profil, varie viſiblement de longueur & de largeur. Elle atteint quelquefois juſqu'à l'Orbite Ter- reſtre, elle paſſe quelquefois au delà, elle s'arrête quelquefois Bbbb 562 ECLAIRCISSEMENS en deçà vers le Soleil, tantôt plus, tantôt moins large ou moins épaifle vers fa bafe & vers fa pointe. Suppofant donc la longueur moyenne égale au rayon mené du Péri- hélie au centre du Soleil, ce rayon fera celui d'une Sphère dont la furface coupera un femblable rayon mené du Noeud Afcendant à ce même centre; & la partie interceptée entre cette furface & le Noeud, exprimera la quantité directe dont ce Noeud eft plus éloigné du Soleil que le Périhélie; tandis que la partie reſtante n'eſt autre choſe que le rayon même de l'Atmosphère Solaire couchée de part & d'autre fur le plan de l'Equateur du Soleil. Or, on trouvera par les Tables Aftronomiques, & par la réſolution. d'un Triangle fphérique tracé ſur la furface de cette Sphère fictice dont je viens de parler, que la diſtance latérale ou en déclinaiſon du Périhélie eft 24 ou 25 fois plus grande que la quantité directe dont le Noeud Aſcendant eft plus éloigné du Soleil ou du tranchant de l'Atmoſphère Solaire. D'où il fuit, que dans plufieurs cas de moyenne ou de moindre extenfion de l'Atmoſphère Solaire, & fur-tout de fes moindres épaiffeurs auprès de ces points, le Périhélie n'atteindra pas à cette Atmoſphère, ou à la diſtance requiſe, felon les loix de la Pefanteur, pour en recevoir une por- tion, tandis que le Noeud Aſcendant en pourra être atteint. En un mot, dans tous les cas où l'épaiffeur de l'Atmoſphère Solaire ne compenfera pas ou ne remplira pas à peu près cet intervalle latéral qui fe trouve entre le Périhélie & Ï'E- quateur Solaire, la Terre en Périhélie n'aura point l'Aurore Boréale, tandis qu'au Noeud Aſcendant elle pourroit l'avoir. Or ces cas, à en juger par la Lumière Zodiacale, ne font pas rares. Donc, &c. 110. Ce que nous allons dire du Noeud Defcendant, comparé à l'Aphélie, va mettre encore tout ceci dans un plus grand jour. On croiroit d'une première vûe, que ce Noeud, diamétralement oppofé au précédent, devroit donner en inverſe des effets tout contraires, & par conféquent, que la fréquence du Phénomène y devroit être moindre qu'à SUR L'AURORE BOREALE. Ed. XXI. 563 l'Aphélie, également oppofé au Périhélie; mais il n'en eft pas ainfi. La fréquence des Aurores Boréales eft non feu- lement plus grande autour du Noeud Deſcendant qu'autour de l'Aphélie, mais elle l'eft encore en beaucoup plus grande raifon, que du Noeud Afcendant au Périhélie, & il eft évident qu'elle le doit être. Car 1.° l'avantage eſt égal de part & d'autre pour les Noeuds, en tant qu'ils réfident fur le plan de l'Equateur Solaire. 2.° Le defavantage du Périhélie & de l'Aphélie n'eft pas égal par rapport à leur diſtance latérale de ce plan; leur déclinaiſon eft la même, de 71 degrés; mais cette diſtance angulaire en produit latéralement une plus grande dans l'Aphélie à raifon de fa plus grande diſtance directe du Soleil. 3.° Et enfin, cette diſtance directe eft plus grande pour l'Aphélie que pour le Noeud Deſcendant, au lieu qu'elle étoit moindre pour le Périhélie que pour le Noeud Afcendant. Donc l'avantage des Noeuds étant égal, & le deſavantage relatif des points d'Aphélie & de Périhélie ne l'étant pas, il faut néceffairement qu'il en réſulte une inégalité relative dans les effets, & que le Noeud Deſcendant l'emporte d'autant plus fur l'Aphélie, que le defavantage de l'Aphélie eft plus grand. Et c'eft auffi ce que les obfervations confirment parfaitement. 111. COMPARAISON des fréquences autour & tout proche du Nœud Defcendant, avec les fréquences autour & tout proche de l'Aphélie, nn.° 103 & 93, Col. 2. Mai.. La Terre étant au- tour de 84 45 Juin... NEUD DESC. La Terre étant au- tour de 84 22 APHÉLIE. +. Juin.. 22 %. Juillet...... 22 67 (111) 44 Dont la différence eft 23, & le rapport comme 9 eft à 5, tandis que celui du Noeud Aſcendant au Péri- hélie n'eft que comme 7 à 624 Bbbb ij 564 ECLAIRCISSEMENS Je crois que c'eſt tout ce qu'il y avoit de plus effentiel à remarquer fur les Noeuds de l'Atmosphère Solaire, & fur les effets de leur complication avec le Périhélie & l'Aphélie de la Terre, auprès defquels ils fe trouvent placés. RÉUNION de tous les Principes de fréquence & de rareté, confidérés fous un nouveau point de vue. 1 12. Il ne me refte plus qu'une opération à faire fur nos 1441 apparitions de l'Aurore Boréale, qui eft de les diftri- buer fur l'Orbite Terreftre, & fur les 12 mois de l'année, en un ſens tout différent de celui qu'on vient de voir. Nous avons d'abord divifé cette Orbite par fon petit diamètre en deux parties à peu près égales, dont l'une, qui eft l'in- férieure, a le Périhélie à fon fommet, & l'autre, qui eſt la ſupérieure, a l'Aphélie (n.º 13), & c'eft en conféquence de cette divifion que nous avons comparé les fréquences du Phénomène, felon que la Terre étoit autour & plus ou moins proche de ces deux fommets, & des Noeuds de l'Equateur ou de l'Atmoſphère Solaire avec l'Ecliptique. Divifons-la préfentement, cette Orbite, en deux parties qui coupent les précédentes à angles droits, c'eft-à-dire, par fa ligne des Apfides, qui fait fon grand axe ou diamè tre, & qui paffe par fon Périhélie & par fon Aphélie. L'une de ces parties pourroit être appelée Orientale, & l'autre Occidentale; mais je crois plus à propos de les défigner par l'Afcendance & par la Defcendance des Signes qu'elles portent; ce qui ne fouffre aucune équivoque. Car nous pouvons confondre ici l'Orbite Terreftre avec l'Eclip- tique, & y placer les Signes, l'une & l'autre étant ſur le même plan. J'appellerai donc la première de ces parties Afcendante, parce qu'elle contient tous les Signes Afcendans, à 8 degrés près fur 180, favoir, depuis le 8me degré du Capricorne, où fe trouve l'Aphélie, jufqu'au 8me degré de Cancer, où eft le Périhélie, en fuivant toûjours l'ordre des Signes. La feconde fera par conféquent nommée Def cendante, contenant de même tous les Signes Defcendans, SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 565 à 8 degrés près, favoir, depuis le '8me de Cancer, jufqu'au 8me du Capricorne. Les 12 mois de l'année у feront dif- tribués conformément à ce qui a été expliqué ci-deſſus, n.º 13. Où il faut encore obferver que ces 8 degrés de part & d'autre ne différant en déclinaifon des Tropiques mêmes, que de quelques minutes, n'ôtent preſque rien à la partie du mouvement compofé qui porte la Terre vers le Nord ou vers le Sud, en Afcendance ou en Deſcendance. 113. Or, de cette diviſion doit naître une égalité par- faite de fréquence & de rareté du Phénomène, pour cha- cune des deux parties de l'Orbite, pendant que la Terre les parcourt, à moins que des circonftances, qu'il s'agit de démêler, n'y apportent une différence fenfible. Car de part & d'autre fe trouvent des arcs égaux de Périhélie & d'Aphélie, un Noeud, & un Equinoxe. C'eſt, dis-je, ce qu'il faut démêler; il faut voir ce que nous donne à cet égard ce nouveau plan de théorie, & enfin comment cette théorie s'accorde avec la précédente, & avec les faits ou les obfervations que nous avons entre les mains. Et c'eft ce que je vais examiner dans le reſte de cet Eclairciffement. J'invite encore ici le Lecteur à jeter les yeux fur la Xme figure de mon Traité, & plus particulièrement fur la XXV me qui en eſt le développement, & qui a été conftruite à ce deffein, avec les explications qui les accom- pagnent. 114. J'obſerve donc, que dans la partie Afcendante, c'eſt le Pole Boréal de la Terre qui va à la rencontre de la matière du Phénomène, comme la proue du Navire qui fend l'eau, dans tous les cas où l'Atmoſphère Solaire s'étend jufque là, tant par fon épaiffeur, que par fa longueur priſe du Soleil à la Terre: ce qui ne peut qu'être favorable à la fréquence ou à la grandeur des apparitions. Or, la grandeur des apparitions eft ici équivalente à la fréquence, parce qu'elle l'eſt aux obſervations, & que telle Aurore Boréale qui par fa petiteffe ne feroit pas obfervable en deçà du Cercle Polaire, le devient par fa grandeur. Et il ne s'agit Bbbb iij. 566 ECLAIRCISSEMENS ici que des Phénomènes vifibles dans la Zone tempérée de l'Hémisphère Boréal, où ſe bornent nos obfervations. 115. C'est tout le contraire dans la partie Deſcendante: le Pole Boréal de la Terre y fuit la matière du Phéno- mène, & c'est l'Auftral qui va à fa rencontre. Cette partie a cependant un avantage d'une autre eſpèce, qui paroît bien capable de balancer celui de la partie Afcendante. Le Pole Boréal de la Terre y eft prefque toûjours tourné vers l'Equateur du Soleil, & par conféquent vers le tranchant de l'Atmoſphère Solaire qui eft couchée fur ce plan; au lieu que c'eſt le Pole Auſtral qui regarde prefque toûjours cet Equa- teur dans la partie Aſcendante, comme on le voit relative- ment à la ligne MNLD de la figure XXV qui repréſente ce tranchant. D'où il fuit que dans tous les cas de petite extenfion, tant directe que latérale, de l'Atmoſphère Solaire, la Terre parcourant la partie Defcendante de fon Orbite, y aura l'avantage de tout fon diamètre pour recevoir une portion de la matière Zodiacale qui peut y tomber en raiſon inverſe des quarrés de diftance, & y produire l'Aurore Boréale. 116. On voit bien que ces deux principes de fréquence qui fe balancent dans les parties de l'Orbite, l'un dans le cas des grandes extenſions, l'autre dans celui des petites, font juſqu'ici inaffignables, quant à leur valeur, & au rap- port qu'ils ont entre eux, puifque la caufe des expanfions & des contractions alternatives de l'Atmosphère Solaire nous eft inconnue. Nous ne pouvons donc inférer autre choſe de cette alternative même, telle que nous l'obfervons dans la Lumière Zodiacale, finon qu'il y aura des intervalles de temps où l'un de ces deux principes de fréquence, dans une partie de l'Orbite, l'emportera fur l'autre, dans l'autre partie; & auffi que leurs effets pourront quelquefois fe compenſer, & ſe reduire à l'égalité, fur de grandes maffes de temps & de Phénomènes. 117. Mais voici un avantage bien décidé en faveur de la partie Afcendante. C'eſt l'avantage même du Noeud SUR L'AURORE BORÉALE. E'cl. XXI. 567 qu'elle renferme, à 30 degrés en deçà du Périhélie avec lequel il fe complique, ce Noeud Afcendant dont nous avons expliqué l'énergie, & calculé les effets, relativement au Noeud oppofé de l'autre partie, & au principe des dif- tances directes & latérales (nn. 103, 106 & 111). D'où il fuit que, tout le refte demeurant égal, la fréquence du Phénomène, dans la partie Afcendante de l'Orbite terreftre, doit être fenfiblement plus grande que dans la Defcendante. Et c'eft à quoi les obfervations fe trouvent auffi très-conformes. 1 118. Aurores Boréales qui ont paru pendant les douze mois de l'année, dans la partie Afcendante de l'Orbite terreftre, & dans la Defcendante. Juillet.... 22 Janvier.... 113 La Terre allant de 8d * à8d, felon l'or- dre des Si- gnes. Novembre 153 Décembre 151 Août. 84 La Terre allant de 8d Février.... 141 Septembre 172 T à 88%, Mars..... 202 Octobre... 21 2 felon l'or- dre des Si- Avril..... 124 gnes. Mai.. 45 Juin 22 794 (1441) 647 Dont la différence eft 147 & le rapport, 794. 647, 245 :: :9.7794 119. Les Equinoxes, qui, par une caufe quelconque (n.º 84) la même pour tous les deux, donnent une fi grande fréquence, & qui de plus occupent une eſpèce de milieu entre tous les autres points de l'Orbite, dans l'une & l'autre divifion, les Equinoxes, dis-je, par toutes ces raiſons, doivent ſe rapprocher ici de l'égalité; & c'eft encore ce que confirment les obfervations. $68 ECLAIRCISSEMENS 120. COMPARAISON des fréquences de l'un à l'autre E'quinoxe, un mois avant & un mois après. La Terre étant au- tour de od *, Equi- noxe d'Au- tomne. Du 227 Août.. 46 au dern. incluf. au Sept. 172 Du! } Octobre 132 }Octobre 20. La Terre étant au- tour de od , Equi- noxe du Printemps. 350 (695) Du 201 au dern. Février 45 dern.) Du 1 au 20. Mars 202 }Avril.. 98 345 Qui donne l'égalité, à 5 Phénomènes près qui fe trou- vent de plus à l'Equinoxe de la partie Aſcendante, fur la ſomme totale de 695. 121. Ainfi les Equinoxes ne doivent point troubler (n.º 84) & ne troublent point en effet, les rapports de fré- quence & de rareté qui ſe déduiſent de tous nos principes mis en oppofition de part & d'autre, dans chacune de nos divi- fions de l'Orbite, & felon l'analogie qu'ils ont entre eux, foit dans les diftances directes, de Périhélie & d'Aphélie, foit dans les latérales, de l'un à l'autre Noeud, ſoit enfin dans l'Afcendance & dans la Defcendance des Signes que la Terre parcourt annuellement. 122. J'en dis à peu près autant des Limites de l'Equa- teur Solaire avec l'Orbite terreftre, & par les mêmes raiſons. Ces deux points, pris fur cette Orbite, peuvent être mis dans la claffe des Equinoxes, dont ils s'éloignent peu, & avec lesquels ils ſe compliquent. Mais enfin ils s'en éloi- gnent de 22 degrés, & cette quantité, rapportée d'un côté au Périhélie, & de l'autre à l'Aphélie, ne peut man- quer de mettre entre les Limites, par rapport au Phéno- mène, une différence plus marquée qu'entre les Equinoxes, toutes chofes étant fuppofées d'ailleurs égales. C'eſt la Limite Boréale qui eft de 22 degrés plus près du Périhélie que l'Equinoxe d'Automne, & c'eft d'autant que la Limite Auftrale ſe rapproche de l'Aphélie, en s'éloignant de la Section SUR L'AURORE BORÉALE. Ed. XXI, 569 • Section du Printemps. Auffi la Limite Boréale l'emporte- t-elle plus fur l'Auftrale, que l'Equinoxe d'Automne ne l'emporte fur celui du Printemps; ceux-ci ſe réduiſant prefque à l'égalité, en raifon de 350 à 345 ou de 70 à 69, & fur la différence de, tandis que celles-fà donnent entre elles le rapport d'environ 13 à 11, & diffèrent de $8 ; comme on peut le voir par la Comparaison qui fuit, & qui fera la dernière de cette recherche. 384 123. COMPARAISON des fréquences autour des points de Limite de l'Orbite terreftre avec l'Equateur Solaire, un mois avant & un mois après le paffage de la Terre par ces points. Septembre.. 172 La Terre étant autour de 8d mp. LIM. BOR. Octobre.... 212 Mars.. ... 202 LIM. AUST. La Terre étant autour de 8d). Avril..... 124 Somme 384 (710) Somme 326 * Sect. IV. Après tout ce qui a été obfervé ci-deffus, & dans le Traité *, fur tous ces points intermédiaires au Périhélie & à l'Aphélie, & aux Noeuds, par rapport à l'Aſcendance & Ch. 1 x. à la Deſcendance des Signes, & aux principes de variation qu'ils renferment, il ne faut pas s'étonner, que les réſultats de plus de deux mille obfervations & de quatorze cens apparitions du Phénomène, ſur leſquelles nous venons d'opé- rer, diffèrent de ceux qu'on trouve dans le Traité, qui ne portent que fur environ deux cens obfervations. Mais on doit compter pour beaucoup, que malgré cette prodigieuſe différence de matériaux, le plus grand terme du rapport y foit toûjours du côté où il doit être, conformément à la théorie des cas moyens appliquée aux grandes maffes. S'il y a cependant un choix à faire entre toutes ces preuves de la correſpondance du Phénomène avec l'Atmoſphère Solaire, Cccc 570 ECLAIRCISSEMENS SUR L'AUR. BOR. E'cl. XXI. je n'hésiterai point à donner la préférence à celles qui font déduites de la Comparaifon du Périhélie à l'Aphélie, & qui ont fait le fujet de la première & de la principale partie de cet Eclairciffement. Rien de plus fimple, ni de plus déciſif: nous avons ici non feulement le plus grand terme de la Com- paraiſon du côté où il doit être, mais prefque toûjours dans un rapport conftant, & fi marqué, qu'on ne fauroit en mé- connoître la cauſe, foit dans la totalité de notre collection, foit dans les collections particulières qui la compofent, foit enfin dans la Comparaifon des fix mois de l'année autour de chacun de ces points, comme dans celles des quatre & des deux mois. Mais quelle force une ſemblable analogie ne reçoit-elle pas du concours de toutes les autres! & n'eft-il pas moralement impoffible qu'un tel accord, entre tant de parties & d'obſervations différentes, foit l'effet du hafard? FIN. } ་ • TABLE DES MATIERE S. A ABAUZIT (M.) décrit une Bande lumineuse de l'Aurore Boréale, 394; obferve une Aur. Bor. importante, 414. ACADÉMIES des Sciences, de Paris & de Londres, époques de leur établiſſe- ment, 384. Leurs témoignages contre la perpétuité de l'Aur. Bor. 381, 383, 384 & fuiv. ACCÉLÉRATRICES (Forces) tendantes vers le Soleil & vers la Terre, 99. ACCIDENS de la Lumière Zodiacale, Accid. de figure, 27, 226; phyfiques, 263; de lumière & de couleur, 429. ACCROISSEMENS, principes d'exten- fron de la Lum. Zod. 233, 234. ADELME OU ADHEMAR, parle des paffages de Mercure par le Soleil, 190. AIGLE fufpendu dans l'Air, Couronne de l'Aur. Bor. 200. AIGUILLE aimantée, fa relation avec les apparitions de l'Aur. Bor. 450 & fuiv. AIR ou Fluide quelconque de l'Atmo- fphère Terreftre, 41 & fuiv. contient des parties de différentes groffeurs, 46; & qui pénètrent le tube du Baromètre, ibid. 47, 52. Sa conſtitution par rapport à l'Aur. Bor. 157. Changemens qu'il peut recevoir de l'Aur. Bor. & du mélange de la Matière Zodiacale, 266, 268. Air Solaire, Atmofph. Sol. ainfi conçue & appelée par Descartes, 264. ALARMES caufées par l'Aur. Bor. à Coppenhague en 1709, 84; en Iflande, 89; dans la Grèce du temps de Philippe, 173; à Oftie du temps de Tibère, 174; du temps de l'Empereur Sévère, 175, &c. à Paris fous le règne de Louis XI, 192, 193, &c. dans le Rhingaw, 203. ALEP en Syrie (Aur. Bor. vûe à) 55. ALHAZEN, fa Méthode pour meſurer la hauteur de l'Atmosphère Terrestre, 42. AMÉRIQUE (grande Aur. Bor. qui paroît en) 118. AMONTONS, fa remarque fur l'irré gularité de certains Baromètres, 46 V. Suiv. AMPLITUDE de l'Arc de l'Aur. Bor. 124, 125. ANALOGIE de la propagation de la Lumière & du Son avec les Ondes d'un liquide, fauffe & trompeuſe, 374, 375. ANALYSE, fur l'Anneau de l'Atmo- fph. Sol. 326; examinée, 327 & ſuiv. défectueuſe, 329 & ſuiv. ANAXAGORE, fon ſyſtème fur la nature des Comètes, 294. ANCIENS, pourquoi ils ont peu parlé de l'Aur. Bor. 170. Leur manière de phi- lofopher, ibid. ont fouvent confondu la Lum. Zod. & l'Aur. Bor. avec les Co- mètes, 177. ANDERSON, fon Hiftoire Naturelle d'Iflande, &c. 380; contre la perpétuité de l'Aur. Bor. 382 7 fuiv. ANDROMÈDE (Conftellation d') fa Nébuleuſe, 260; découverte par Simon Marius, ibid. fouffre des changemens, paroît & diſparoît, 261. ANNEAU de l'Atmoſphère Solaire. Voy. Annulaire. Cccc ij 1 jj TABLE } Anneau de Saturne, n'eft point dans le cas de l'At. Sol. 321. ANNULAIRE (figure) de l'Atm. Sol. n'empêcheroit pas la formation de l'Au- rore Boréale, 315; n'eſt fondée ſur au- cune obfervation, 316 fuiv. démon- trée impoffible, 3 19 & fuiv. 3 3 1 & ſuiv. ANTARCTIQUES (Aur. Bor.) 268. ANTICREPUSCULE, ce que c'eft, 400. Sa deſcription, 401. Sa formation, 402. En quoi fes apparences diffèrent de celles de l'Aur. Bor. 403. ANTINOUS (Conſtellat. d') fa Nébu- leuſe, 261. APHÉLIE de la Terre, 244. Principe de rareté des Aur. Bor. 245. Lenteur de fon mouvement, 482, 483. Aur. Bor. obſervées en Aphélie. Voy. Aur. Bor. APOGÉE du Soleil. Voy. Aphélie de la Terre. APPARENCES Optiques de l'Aur. Bor. 146, 147; autour des Poles, Arctique & Antarctique, 268, 269; felon la La- titude des lieux, 461, 465; de la queue d'une Comète, vûe de la Com. 291, 292. APPARITIONS du Phénomène (Lifte & Table des) 538, 547. APPIAN (Pierre) s'aperçoit le premier de la direction des queues des Comètes à l'oppofite du Soleil, 355. APSIDES de l'Orbite Terreftre, 244. Leur mouvement, 482, 483. ARC lumineux de l'Aur. Bor. 6, 121 & fuiv. Sa largeur, 124. Son Amplitude, ibid. plus que femi-circulaire, 125 & ibid. note. Employé aux Parallaxes de l'Aur. Bor. 59,416, 422 & ſuiv. Com- ment qualifié par M. Celfius, 59 note; crénélé, 122; double, quadruple, ibid. Sa tranſparence, 152. Ses couleurs, 155, 429. ARCS célestes extraordinaires, Bandes ou Zones de l'Aur. Bor. 389 & fuiv. Vives couleurs d'un de ces Arcs, 361. Hauteur de deux de ces Arcs, 64, 393. Voy. Bandes lumineufes. ARC-EN-CIEL, fa hauteur, 69. ARC-EN-CIELS Lunaires vrais ou pré tendus, 397 Suiv. vûs par Ariftote, 398 note; par M.rs Plot & Muſſchen- broek, ibid. Arc-en-ciels du Spitzberg & du Groenland, fur les glaces, &c. 80. ARCTIQUES (Terres) leurs Aurores Boréales, 268, 462. ARISTOTE cité, 68; peint fort bien l'Aur. Bor. fon Segment obfcur, fes couleurs, &c. 170, 171, 172; peut l'avoir obfervée en Macédoine, 173; parle des Arc-en-ciels Lunaires, 398 m. ARMÉES qui paroiffent au Ciel, 190, 191, &c. 462; fanglantes, en feu, &c. 191, &c. ARMES, &c. (bruit prétendu des) dans l'Aurore Boréale, 173, &c. ARQUIER (M. d'), obfervation im- portante de l'Aur. Bor. 431. ASCENDANCE de la Terre dans fon Orbite, comment elle influe fur l'Aurore Boréale, 108, 243, 251, 253, 564 V Suiv. 567. ASPECTS de l'Aur. Bor. (trois diffé- rens) 463. Voy. Vifions chimériques. ASSEMAN (Jof. Sim.) Bibliothèque Orientale, 180. ATMOSPHÈRE Solaire, connue prin- cipalement par la Lum. Zod. 3, 11. Sa formation, 25, 312, 313. Sa figure lenticulaire, 20 fuiv. vûe autour du Soleil pendant les Eclipfes totales, I5, 238, 242, 318. Accroiffemens, prin- cipes d'extenfion, 233, 334. Quand & de quelle diftance elle peut tomber dans l'Atmoſph. Terr. 4, 94, 97. Comment repouffée vers les. Poles de la Terre, 105, 106, 107. Ses Noeuds, fes Poles, fes Limites, fa Déclinaiſon, 214 & fuiv. Connue de Descartes, 264. Jufqu'où elle s'étend felon ce Philofophe, ibid. Ses modifications en ſe mêlant avec l'Atmo- fphère Ter. 265. Sa continuité depuis la furface du Soleil, 314 & fuiv. tout le ► DES jij • MATIERE S. } 1 IV.me E'cl. Voy, par voie de fupplément Lum. Zod. Atmosphère Terreftre. Ce qu'il faut entendre par là, 41; eſt le lieu de l'Aur. Bor. ibid. & 348. Sa hauteur, 42 fuiv. n'eft pas indiquée par le Barom. 45; cft de beau- coup plus de 500 lieues felon M. Caffini, 5.3 note. Sa hauteur feulement d'une lieue d'Allemagne eft infoûtenable, 344 & fuiv. La région que l'Aur. Bor. y occupe, 54, 405, 433. Ses trois régions, 266. Altération que la région fupérieure peut recevoir, 158; plus élevée, mais plus rare vers l'E'quat. que vers les Poles, 53. Atmosphère de la Lune, 275; n'existe pas, felon M. Huguens, ibid. Raifons pour fon exiſtence, 276 & fuiv. Ce que c'eſt felon le R. P. Bofcovich, 443. Atmosphère des Planètes inférieures, 283 & Suiv. Atmosphère des Comètes, 286. Sa propor- tion avec leur Noyau, 287; ne peut venir en plus grande partie que de l'Ãtm. Sol. 288, 363 Suiv. 366. Atmosphère de quelques Etoiles, 259, 260&fuiv. plus grande & plus épaiffe que celle du Soleil, ibid. ATO MES lumineux de l'Aur. Bor. 157. ATTILA (Aur. Bor. du temps-d') 180. AURORE BORÉALE, ce que c'eft, 3. Idée fuccinte de ce qui en eft dit dans le Traité, 4 fuiv. ainfi appelée avant Gaffendi, 103; comparée à l'Aurore par Grégoire de Tours, ibid. note; eft une émanation de l'Atm. Sol. ibid. Sa forma- tion, 94, 95&fuiv. & fes divers Phénomènes, 102, 103, & toute la IIIme Section; réfide dans l'Atm. Ter. 41, 347; s'annonce par quelques fignes, 115. Sa formation indépendante de l'inr- pulfion des rayons Solaires, 349 & juiv. & de l'Electricité, 445 & fuir. & du Magnétifme, 448 &fuiv. Sa hau- teur, 57, 62 & fuiv. variable, 65, 405, 433; moyenne, 434, 436. Pourquoi Boréale ou fon fiège du côté du Nord, 102 & fuix. vûe quelquefois vers le Sud 113 quoique réelle- ment dans l'Hémisphère Boréal, 396. affecte la déclinaifon occidentale, 114 I fuiv. Heure ordinaire de fon appari- tion, 115. Ordre fucceffif de fes Phéno- mènes, ibid. Temps qu'elle emploie à tomber de l'Atm. Sol. 120. Son Seg- ment obfcur, fon Limbe, fon Arc ou fes Arcs lumineux, 121 & fuiv. Ses Rayons ou Jets de lumière, 128 V fuiv. Ses colonnes, 131 fuiv. 444. Ses E'clairs, fes vibrations & ondulations de lumière, 133 & fuiv. Son eſpèce de fumée, 134. Sa Couronne au zénit, 139 fuiv. Sa denfité, 147 & fuiv. Sa tranſparence, 151 fuiv. Ses couleurs, 154 faiv. Ses Facules ou atomes lumi- neux, 157. En quoi les différentes conftitutions de l'air font favorables, dé- favorables ou indifférentes à fes appari- tions, 157 fuiv. 160, 161. "Son Hiftoire, 169 & fuiv. Catalogues de celles dont on a connoiffance tant anciennes que modernes. Voy. Liftes & Tables. Ses apparitions, & fes interrup- tions, 35; n'eſt point vûe à Alger, 104; ne paroît preſque jamais au deffous du 3 6me degré de latitude, 437; n'a guère été au delà de foixante ans fans paroître 176. Quand obfervée pour la première fois par un Aftronome, en Italie, 104; doit paroître réellement vers le Pole & dans l'Hémisphère Auftral, 104, 271; & y_paroît en effet, 436. Obfervation de D. Ant. Ulloa, fur ce fujet, 439 fuiv. Ses divers genres, 162 & ſuiv. Aur. Bor. grandes, complètes, ibid. in- ductions particulières qu'on en peut tirer, 518; à Couronne, 139, & tout le Chap. VII, à Vibrations, Eclairs, Jets de lumière, 163; Tranquilles, Hori- zontales, 164; Occidentales, Orientales, Méridionales, 165; Informes, 166; Indéciſes, 167; Indéciſes du Printemps, 113; Incertaines, maniere de les vérifier, 167; Nébuleuſes, 268; à Creneaux, 122. Aur. Bor. fameuſes; de 1621, décrite par Gaffendi. Voy. Gaffendi; de 1716, pages 56, 118, 141, 206, Cccc iij iv TABLE. &c; de 1726. Voy. p. 209; de 1731, grande & fingulière. Voy. p. 212, &c. &c; de 1750, p. 413 fuiv. raffem- ble le plus de conditions importantes à la théorie, 435. Reffemblance de l'Aur. Bor. avec quelques Phénomènes fréquens dans le Nord, 79 & ſuiv. 87; n'eſt perpétuelle ni dans le Nord, ni ailleurs, 82&fuiv. 379 fuiv. Influence de fes apparitions fur l'Aiguille magnétique, 450 fuiv. Vilions chimériques qu'elle a fait naître, 460 & fuiv. réputée à la Chine de mauvais préfage pour les Em- pereurs, 464. Aurores Boréales obfervées en Périhélie & en Aphélie, 245, 483 & ſuiv. Voy. Comparaifons & correfpondance; autour des Noeuds & des Limites de l'Equateur Solaire, 249, 257; dans I'Afcendance & la Defcendance, 253; autour des Equinoxes, 255; & à tous ces égards. Voy. p. 483 fuiv. dans tout le x x 1, me Ecl. Leur correfpondance avec les différens points où se trouve la Terre dans fon Orbite. Voy. là-même. Aurore Polaire Auftrale, 436 & ſuiv. Aurores Boréales de la Lune, s'il y en a, 278 & Suiv. 441 & Suiv. Aurores Boréales des Planètes, s'il y en a, 283 Suiv. AXE de la Terre (Parallélifme de l') par fon mouvement autour d'un cylindre, 108. I B BANDES lumineufes, chevrons, Zones, Arcs céleftes extraordinaires, 64. Zone mouvante, 113; méridionale & opa- que, 153. Obfervation de plufieurs, 389 fuiv. Defcription de trois, 390 fuiv. dont l'une elt peinte & tranchée des couleurs les plus vives, 391; paroif- fent avec l'Aur. Bor. 390&fuiv. 394; éclairées par l'Aur. Boréale, 398, 399. Hauteur de deux de ces Bandes, 64, 393; font vûes le plus fouvent vers le Sud, & font pourtant dans l'Hémisphère feptentrional, 64, 113, 396. Opacité d'une de ces Bandes, 153; ont été quel- quefois qualifiées d'Arc-en-ciels Lunaires, 397. Leur formation, ibid. & leur in- flammation, 400. · Bande crénelée du Limbe de l'Aur. Bor. 122. Semblable à une paliffade, 123 & ibid. note. Bande en cercle vertical qui accompagne l'Aur. Bor. 211. Rouge Zodiacale, ibid. BARBES, pogoniæ, dans l'Aur. Bor. 172. BAROMÈTRE (le) n'indique qu'im- parfaitement la hauteur de l'Atm. Ter. 45 fuiv. Perméable à l'air ſubtil de l'Atm. Ter. 52. En quoi il ne nous trompe pas, 53; s'eft foûtenu quelque- fois à 75 pouces dans le tube, p. 48. BECCARI (Jacq. Barth.) obſervation de l'Aur. Boréale, faites en Italie, 506. Liftes, Table, Comparaiſon, ibid.-509. BERNOULLI (Jean, ou feu M.) propofit. Phyfico-math. qu'il conteſte à Newton, 335. BERTIN (Annales de S.) Aur. Bər. du x me fiècle, 182, 191. BEZE (le P. de) fon grand & petit nuages du Pole Antarctique, 261. BIANCHINI, ſon obferv. de la fameufe Aur. Bor. de 1726 à Rome, 60; voit une traînée de lumière fur la Lune, 277. BOERHAAVE, fon feu central de la Terre, 447. BOLIDES, Aur. Bor. ou dards de l'Au- rore Boréale, 172 note. BOLOGNE, première Aur. Bor. qu'on y a obfervée, 104. Aur. Bor. obfervées depuis, 505; comparées avec celles qu'on a obfervées à Pétersbourg, 534. BOLOVESUS, cité fur une Aur. Bor. du XVI me fiècle, 195. BORNE conoïdale, figure de la Lumière Zodiacale, meta, 239. BoscoVICH (le R. P.) fes thèfès en faveur du Traité de l'Aur. Bor. 304. Ses Notes fur le Poëme du P. Noceti, ibid. Ses Dialogues fur ce Phénomène, DES MATIERE S. ibid, donne la folution & la conſtruction du Problème de M. Maïer, 412. Hau- teur de l'Aur. Bor. de 1737, 428. Son hypothèſe fur l'Atm. de la Lune, 443. BOTTIÈRE (M. de la) collection des Aur. Bor. contenues dans les Tranf. Phil. de la Société Royale de Londres, 524. BOUCLIERS ardens, vûs dans l'Aurore Boréale, 173, 462. BOUGUER (M.) fa détermination de la hauteur de l'Atm. Ter. par le Baromètre, 4. Rapport de la lumière de la Lune à celle du Soleil, 152. Hauteur des mon- tagnes neigées du Pérou, 345. BOUILLAUD, voit à Loudun l'Aurore Boréale de Gaffendi, 55 note. Ses ma- nufcrits, ibid. Obferve la nébuleufe d'Andromède, 260. BOUILLET (M.) obſerve à Béziers une Aur. Bor. toute méridionale, 113. BOYLE, fon expér. fur le Barom. 47, 49. BRÈCHES du Segment obfcur, & de l'Arc de l'Aur. Bor. 128. BRENGGERUS (Georg.) Aur. Bor. 201. BREUILLEPONT, lieu d'obfervation de plufieurs Aur. Bor. fa poſition, 63. BRISURES de l'arc de l'Aur. Bor. 132. BRUNKER (Vicomte) témoin d'une expérience curieuſe du Baromètre, 48. BRUITS prétendus de l'Aur. Bor. 138, 139 n. des trompettes dans le Ciel, 173. BRUYN (Corn.) rapport d'une Aur. Bor. 205. BUACHE (M.) obfervation importante de l'Aur. Bor. 422. BURMANN (E. J.) voit une Aur. Bor. de quatre arcs, 122. С CAILLE (M. l'Abbé de la) donne le Périhélie, &c. de douze Comètes, 359. CALOTTE BOREALE, fegment fphérique ou elliptique que forme l'Aur. Bor. autour du pole où de l'axe prolongé de la Terre, 121, 124. Ses excentricités, 417. Ma- nière de la repréſenter fur un globe ter reftre. Ibid. CALVISIUS, lumière au nord, Chaſmata, 191; cité par feu M. Caffini, 387. CAMDEN, concours des rayons, couronne au Zénit, 131, 197; du temps de la reine Eliſabeth, 385. CAMPANI, (grande lunette de) 277. CAPASSO ( le P.) obferve l'Aur. Bor. à Litbonne, 56. CAPRE SALTANTES, flocons de l'Aur. Bor. 171. CAPUCHON, Couronne au Zénit. 140 n. CARBON (le P.) obferve l'Aur. Bor. à Lisbonne, 56. CASSINI (Jean-Dominique, ou feu M.) découvre la Lum. Zod. 3, 10. Ses obf. & remarques fur cette luniière, II, IS, 16, 18, 21, 22, 24, 25, 26, 28, 32, 34, 38, 39, &c. "établit la différence des météores d'avec la Lum. Zod. 73. Ce qu'il penfoit de la lumière feptentrio- nale de l'été du Groenland, 81; relève la mépriſe de la Peyrère à ce ſujet, 87; dif- tingue bien cette lumière de l'Aur. Bor. 81,85,87,489. Dimenſions de la Lum. Zod. ou de l'Atm. Sol. 230. Grandes extenfions de la Lum. Zod. 234, 235. La poutre des Anciens, 171. Lum. Sept. blanche, 203; détermine les poles, les Nœuds, les limites, &c. de l'équateur & de l'Atm. Sol. 215 fuiv. voit des étin- celles dans la nébuleufe d'Andromède, 261. Taches du Soleil, 264; paroît n'a- voir jamais vû l'Aur. Bor. 387, 388. CASSINI (Jacques) fils du précéd. pouffe la haut. de l'Atm. Terr. au-delà de soo lieues, 53 note; obferve la Com. de 1729, 361. Ses Mém. fur les Marées, 533. CÉDRENUS, Aur. Bor. 181 note. CELSIUS (André) défigne l'Arc ou le Limbe de l'Aur. Bor. 59 note; voit des Arcs plus que femi-circulaires, 125 note. Ses trois cens feize obſervations en Suède, 379. Ses obferv. à Torno, 426, 427; a Upfal, 430. Son témoignage contre vj TABLE la perpétuité de l'Aur. Bor. dans le nord, 380 fuiv. aperçoit une relation entre l'Aur. Bor. & l'aiguille magnétique, 450; donne un fuppl. à fes obf. de Suède, 490. Liftes, tabl. & ufage de fes obf.49 1-498. CENTAURE (nébuleuſe du) 261. CENTRIFUGES (forces) 96. CENTRIPÈTES, 96. CERCLE céleste (premier) 222. CHASMA (Xágua) Hiatus, Vorago, Ba- rathrum, le gouffre, le fegment obſcur, & en général l'Aurore Boréale, 171, &c. 196, &c. CHASMATA, 171, 191, &c. Chafmatis genus, 196. CHAUME (incendie app. de) dans l'Aur. Bor. Ariftote, 171, Pontanus, 238. CHENON (M.) voit la tige de la Lum. Zod. autour du Sol. pendant l'éclip. 3 1 8. CHESEAUX (M. de) découvre la Co- mète de 1747, 371; fait un traité ſur celle de 1744, ibid. CHEVELURE des Comètes. Voy. Atmoſ. CHEVRES fautantes de l'Aur. B. 171, &c. CHILDREY voit & défigne la Lum. Zod. en 1659, 16, 224, 234. CHINE, ce qu'on y penfe de l'Aur. Bor. 464 & ſuiv. CHRONIQUE Iflandoife, 86; fcandaleuſe, 192; faxonne, 386. CHÛTE de la matière zodiacale dans l'Atm. Sol. & fur la Terre, par quelles loix 94, 95 & Suiv. Temps de cette chute, 272. Effets, 275. CICERON défigne l'Aur. Bor. 172. CLAIRAUT (M.) n'entend aucun bruit dans l'Aur. Bor. à Torno, 139 note. CLARTÉ d'Orion (Remarques ſur la) 261 fuiv. CLAUSEN (Peder) Petrus Claudii, ſon erreur fur les Aur. Bor. prétendues par- ticulières au Groenland, 88, 89. CŒLI ardor, l'Aur. Bor. 172 note. COLLECTIONS d'Aur. Bor. Voy. Liftes. COLONNES. de l'Aur. Bor. 6, 128 fuiv. leurs direct. leur perpendicularité 130, 131, 444. Colonnes fréquentes aux Aur. Bor. irrégul. & mérid. 165, 166. Colonne fufpendue dans le Ciel, 179. COMBATS dans l'air, 195, &c. COMMENCEMENS ordinaires de l'Aur. Bor. 115 & fuiv, COMÈTE vraie ou fauffe du temps de Céfar, 178. Celle de 1586 reffembloit à la nébuleuse de Cancer, 260. COMÈTES, la pluſpart vûes vers l'hémi- fphère du Soleil, 287. Principes & loix de Newton fur ce fujet, 358. Ancien fyftème fur leur nature, 294. Leurs Têtes ou Noyaux, 287. Leurs Atmosphères ou chevelures, ibid. formées en plus grande partie de la mat. zodiac. ibid. Comment, 288,363,364, 366. Leurs Périhélies, 359. Table des diſtances connues de ces Périhélies pour 36 Comètes, ibid. In- ductions à tirer de cette connoiffance, 360, 361 fuiv. Queues des Comètes, 289 & Suiv. 354 fuiv. Dans quel efpiit expliquées, 339, 340, 355, 357- Eſpace que ces queues occupent dans le Ciel, 289, 354; toûjours plus grandes après leur paffage par le Périhélie, 366. Leur direction à l'oppofite du Soleil, 290; aperçue par Pierre Appian, 385. Leur tranfparence & leur reffemblance avec la Lum. Zodiacale, 18. E'tincelles qu'on y voit pétiller, 20. La matière dont ces queues font formées, felon Képler, 290, 355, 356; felon Newton, 290, 364. Raifons contre, ibid. Selon M. Euler, 308. Raifons contre, 365, &c. Sentiment le plus vrai-femblable fur ce fujet, 289, 290, 339, 340, 358,361, 363,366. Leur formation, felon Képler, par l'impulfion des rayons fol. 290, 356; & de même, felon M. Euler, 308. Ancienneté de ce fentiment, 339, 356; lequel ne peut s'accorder avec le fyfteme des vibrations de preffion fur la lumière, 378. Raifons de la préférence donnée à l'opinion de Kepler, 357. Cauſe de la difparition des queues, 291. Leurs appa- rences vûes de la Comète, ibid. & fuiv. Pourquoi DES MATIERE S. vij Pourquoi les Planètes infér. n'ont point de queues, comme lesCom.293. Prétendues Comètes d'une grandeur énorme & monf- trueuſe, 177; ne font preſque jamais chez les Anciens que I Aur. Bor. ou la Lum. Zod. ibid. &c. Exemples remarquables de ces méprifes, 295. Prétendus effets & déluges par la rencontre des Comètes ou de leurs queues avec la Terre, 297. COMPARAISONS de fréquence de l'Aur. Bor. felon les lieux où fe trouve la Terre, par rapport au Périhélie & à l'Aphélie, 245, 249, 253, 255, 257, 483 & Suiv. 493,496, 498, 502, 505, 509, 512, 514, 518, 524, 528. Compar. génér. d'après toutes les obff. 529-530; d'après toutes les apparitions, 55s; par rapport aux Noeuds, 560; au Noeud Af- cendant & au Périhélie, 561; au Noeud Defcendant & à l'Aphélie, 563; à l'af- cendance & defcendance de l'orbite, 567; aux Equinoxes, 568; aux Limit. 569. COMTE (le P. le) voit la Lum. Zod. à Siam & à la Chine, 33. CONCORDANCE des obfervat. générales & particulières, 529 −530. CONCOURS des rayons au Zénit, couronne, 139, 140. Explication, 143 & fuiv. CONE de lumière, ou fimplement le Cone, eſt chez les Anciens la Lum. Zod. 236, 237 Suiv. appelé Meta, 239. CONFLICT de deux armées, couronne au Zénit, 141, 462. CONSÉQUENCES à tirer des déterminations de l'Equateur Sol. 223 & fuiv, 228. CONSTITUTION de l'air par rapport aux Aur. Bor. 157 & ſuiv. ہوئی CONTINUITÉ de l'Atm. Sol. & de la Lumière Zodiacale, 3 14 fuiv. tout le IV. me E'cl. Convergence des jets de l'Aur. Bor. 130, 444. COPPENHAGUE, alarme qu'y produit l'Aur. Bor. en 1709, 84. CORNET à jouer au dez, à quoi la cou- ronne au Zénit eft comparée, 140. CORPUSCULE (lieu d'équilibre d'un) entre la Terre & le Soleil, 98, 101. CORRESPONDANCE des repriſes de l'Aur. Bor. avec les apparitions de la Lum. Zod. 233 ſuiv. 457 & fuiv, avec les appa- ritions de l'Aur. Bor. & avec les différ. poſitions de la Terre dans fon orbite, 242 tout le Chap. 466 & tout l'Ecl. COSMIQUE (l'Aur. Bor. peut être regardée comme un phénomène) 168. COULEURS de l'Aur. Bor. 154 & Suiv. des bandes lumineuſes, 391 & fuiv. COURBE ou furface limitatrice du lieu d'équilibre d'un corpufcule entre la Terre & le Soleil, 100. COURBES génératrices du prétendu anneau de l'Atmoſph. Solaire, 330. Leur incom- pétence pour déterminer la figure de cette Atmoſph. 333. COURONNE au Zénit, fommet ou pavillon 139, 140% expliquée, 143 & fuiv. Sommet du pavillon, &c. 199; pourroit être vû fur une Comète, 291. Couronnes (Halos ou) leur hauteur, 69. CRAMER (Gabriel) obſerve une bande lumineuse de l'Aur. Bor. & en détermine la hauteur, 64, 394, & la décrit, ibid. &fuiv. Toute méridionale, 113, 153, 394. A bien connu l'anticrépufc. 401. Sa mort, le 4 janvier 1752, ibid. CRENEAUX de l'arc de l'Aur. Bor. 121, 122 note. Crépuscules, employés par Alhazen, Vitellon, Ticho-Brahé, Képler & de la Hire, c. à fixer la hauteur de l'Atm. Terr. 42, 345; ne peuvent être formés par l'impulfion des rayons folaires, 343, 344. Longueur extraordinaire de certains crépuscules, 267. Ils peuvent fouvent faire méconnoître l'Aur. Bor. & la Lum. Zod. 204. Ceux du matin fe joignent fouvent aux grandes Aur. Bor. 117. Comparaifon des Crép. à Bologne & à Péter(bourg, 534-535; accompagnés de l'anticrépuscule, 400. Second crépuf- cule, nom impoſé à la Lum. Zod. dans les Indes, 33. D d d d viij TABLE - Crépuscules (eſpèce de) qu'on pourroit imaginer pour les Comètes, 292. CREUSSER (Pet.) Comète effrayante, ou Aur. Bor. 194. CROYÈRE (de l'Iſle de la). Voy. Ifle de la Croyère. CYPRÈS (Touffes de) Cypariffia, jets de l'Aur. Bor. 172. D DAIS, couronne au Zénit, 207. DÉCLINAISON occidentale de l'Aur. Bor. 114 & Suiv. Déclinaifon de l'E'quat. Sol. 214, 216; de la Terre par rapport aux Noeuds de l'E'quat. Sol. 243. DELISLE (M.) Voy. Ifle (M. de l') DÉLUGE ne peut être produit par la queue d'une Comète, 297. DÉMOCRITE, ſon ſyſtème fur la nature des Comètes, 294. DÉNOMBREMENT des Aur. Bor. dont on fait le jour ou le mois, 189-212, 470, &c. Voy. Liftes. آئی DENSITÉ plus ou moins grande de la Mat. Zod. felon la diftance de la Terre, 107. Dans l'Aur. Bor. 147 fuiv. DERHAM voit la Lum. Zod. 16; ob- ferve l'Aur. Bor. en Irlande, 69. Grande extenfion de la Lum. Zod. 234. Pyra- mis vefpertina, 238. DESCARTES paroît avoir vû 'la Lum. Zod. & l'Atm. Sol. 16; comme une émanation du Soleil, 17; fous l'apparence de queues de Comète ou de poutres, 235; l'appelle corps rare, ou air qui envi- roune le Soleil, 264; ne donne aux Arc- en-ciels, Couronnes & Parhélies, qu'en- viron une demi-lieue de hauteur, 69; eft venu dans un temps où le Ciel n'étoit pas encore affez connu, `96. DESCENDANCE de la Terre dans fon or bite, & par rapport à l'E'quat. Sol. influe fur l'Aur. Bor. 243, 251, 253. Difficultés & Réponſes, 101, 102, τότ 531-537. DISTANCE de la Terre au Soleil, 244, 246, 256. Distance latitudinale, ou déclinaifon de l'orbite terreftre par rapport à l'E'quat. Sol. & à fes Nœuds, 243, 248. Diſtance d'où la Matière Zodiacale peut tomber dans l'Atm. Terr. 94, 97. Diſtances Périhélies de 36 Comètes, 359. Axos, la poutre des Anciens, 171, 173, &c. DOUTES & queſtions fur divers ſujets, 259 & fuiv. DOUTEUSES ( Aur. Bor. ) manière de les vérifier, 167. DURÉE ordinaire des Metéores proprement dits, 73. E EAMES (M.) a bien pris l'efprit du Traité de l'Aur. Bor. fur les Comètes, 340. EAU qui demeure fufpendue dans un tube, quoique dans la machine pneumat. 47. ECLAIRS de l'Aur. Bor. 133 Suiv. ECLIPSE de Soleil vraie ou fauffe, fous le règne de Théodofe le jeune, 238 & ſuiv. Réflexions fur cette Eclipfe, 240 & fuiv. Eclipfes totales du Soleil, nous manifef- tent l'Atmosphère Solaire, 14, 15, 317, 318. , ECLIPTIQUE, fa variat. foupçonnée, 222. Ecliptique moyenne fixe de Képler, ibid. EIMART (Georg. Chriſt.) obſerve la Lum. Zod. 10, 22, 29, 224. Accord de ſes obſervations avec celles des Indes 33, 34. Son livre De Fulgore trimeſtri vefpertino, &c. 224. ELECTRICITÉ donnée pour caufe de l'Aur. Bor. 445 fuiv. Sans raiſons ni obfervations fuffifantes, ibid. Ce qu'il y auroit à montrer auparavant, ibid. Syfteme précipité, 447. L'Electricité paroît plutôt venir de la Terre que du Ciel, ibid. } DES ix MATIERE S. 3 ELLIS (M.) voit journellement la Lu- mière Zod. après le coucher du Soleil, à la Baie de Hudſon, 459. EL-MACIN, Hiftoire des Califes, Lum. Zod. 457. E'LONGATIONS des Planètes inférieures & de la Lum. Zod. 27. E'longations de la Terre, 244. EMBRASEMENT, de chaume, du Ciel, &c. Apparences de l'Aurore Bor. 171, &c. ENTONNOIR (apparences d') de la queue des Comètes, 291, 292.. E PAISSEUR de l'Atm. Sol. 27. EPÉE grande & terrible, Comète préten- due ou Lum. Zod. 295. Epées ardentes qui fe croiſent, pour le concours des rayons au Zénit, 141. EQUATEUR Solaire, fes Poles, fes Nœuds, fes Limites, 214 & fuiv. Son inclinaiſon à l'Ecliptique, 215; à l'E- quateur du Monde, 219. Doit, felon Képler, être regardé comme Cercle pri- mordial de la Sphère, 222. EQUILIBRE (points d') ou de Llimite, entre la Terre & le Soleil, 97, 98; im- portans à la théorie de la Lune, 101, 102; & à celle des autres Satellites, 272; à éclaircir fur ce qu'en dit Newton, ibid. EQUINOXES (temps des) avantageux pour la fréquence des Aur. Bor. 111, 112, 158, 251. Comparaifon de fréquences aux deux Equinoxes, 255, 568. ESPACE lumineux d'Orion, 261. Sá figure, 262. Sa nature, fes changemens, 263. } ESSENIENNE (chronique) Aur. Bor. du temps des Seleucides, 180. ETÉ du Groenland (Lumière Septentrio- nale de l') 87, 381, 387, 489. ETENDUE de l'Atm. Sol. 26 & Suiv. 311 & Suiv. ETINCELLEMENT. Voy. E'tincelles. ETINCELLES obfervées; avec de grandes Lunettes, dans la Lum. Zod. 20, 296; dans la nébuleufe d'Andromède, 261☛ dans la queue des Cómétes, 294. ETOILE extraordinaire (prétendue) fous l'Empereur Théodofe, 295. E'toiles, ternies par la paleur que la Mat. Zod. répand dans le Ciel, 152, 395; vûes à travers le limbe de l'Aur. Bor. & le Segment obfcur, 153, &c. E'toiles coulantes, leur rapidité comparée au mouvement apparent des rayons & de l'Aur. Bor. 136. Etoiles Nébuleufes, 260, 261; ont une plus grande Atm. que le Soleil, 259. EULER (M.) fes Recherches fur les queues des Comètes, fur l'Aur. Bor. & fur la Lum. Zod. 306; attaque le préfent Traité, ibid. Son fyftème en pa- rallèle avec celui du Traité, 308 & fuiv. Sa théorie fur l'étendue de l'Atm. Sol. 312 & fuiv. Son calcuf, 313; porte für des élémens inconnus, 314. Son idée fur la figure prétendue annulaire de cette Atm. 315. Son analyſe fur ce fujet, 326; trouvée défectueufe & fau- tive, 328 & fuiv. avouée telle, 307. Sa principale objection contre l'hypothèſe du Traité, 336. Réponse à cette ob- jection, 337 & fuiv. Son hypothèſe fur l'Aur. Bor. 341; réduite à trois propofitions, 342. Examen de la 1.rẻ que l'Atm. Ter. n'a qu'environ une lieue d'Allemagne de hauteur, 343 & fuiv. Examen de la 2º, que l'Aur. Bor. eft hors de l'Atm. Ter. 347 & ſuiv. Exa- men de la 3 me, l'Aur. Bor. produite par l'impulfion des rayons Solaires, 349 & fuiv. Toutes trouvées incompatibles avec les obferv. 350 & fuiv. Plus ample ré- ponſe à fon objection prife de la queue des Comètes, 358 fuiv. Plus ample réponſe à ſon objection, priſe de l'impul- fion des rayons Solaires, 367 Suiv. Cette impulfion très- incertaine par les expériences, 369 &fuiv. Plus qu'in- certaine & infuffifante, felon fon hypo- thèſe & ſes principes fur la Lumière 373 fuiv. Bafe de toutes fes Recher ches fur ce fujet, 378. Dddd ij TABLE } # EXAGÉRATIONS des Hiftoriens du Nord fur l'Aur. Bor, 381 & füiv. EXCENTRICITÉS de l'Arc Boréal où de la Calotte Boréale, &'examen des erreurs qui peuvent en réfilter fur la hautèuk réelle de l'Aur. Bor. 417 & fuiv. EXPÉRIENCES de la Soc. Royale de Lon- dres fur la hauteur du Mercure dans le Baromètre, 49, 5o & suiv. EXTENSIONS (grandes) de la Lum, Zod. 234 fuivantes, dont nous ignorons les caufes, & qui ne font point fufceptibles d'Analyſe, `314, 333, 334 &, fuiv. F { FABLE de l'Olympe, 462 & ſuiv. FACULES de l'Aur. Bor. 157. Du Soleil, 264, d'où elles viennent, ibid. FATIO DE DUILLIER, obferve la Lum. Zod. 10; y trouve une extrême reffemblance avec la queue des Comètės, 18; y remarque quelque ondoiement, 22; que fon plan approche beaucoup de celui de l'Ecliptique, 24; lui attribue quelque mouvement, 30; y croit quel- quefois beaucoup de denſité, 34. FAULX (figure de) ou d'Onglet de la Lumi. Zod. en quel cas, 227. FAY (du) cité, 63, 423. Ses expériences fur l'impulfion des rayons folaires; 371. FÉE Morgane & fes Palais brillans, 463. FEUILLÉE (le P.) hauteur du Pic de Ténériffe, 346. $ FEUX folets, volans, &c. leur hauteur, 68, 69, 70; beaucoup moins élevés que l'Aurore Boréale, 138; formés, felon Halley, par une opération chymique de la Nature, 266. FIN des grandes Aur, Bor. 116. FINCELLUS, poutres ardentes, 195. FLAMBEAUX nocturnes, Aur. Bor. 172.. FLAMME mêlée de fumée (apparence de) dans l'Aurore Boréale, 171. FLOCONS, pelotons de la. Mat. Zod. ou de P'Aur. Bor. 129, 133; frappés des vibrations de lum. ibid. cotonneux, r55- Capra faltantes, 171. FLOTS de Lumière; expreffion équiv. 374- FLUIDE OU Áir fubtil qui pafle à travers le verre, 46, 47, 52. t Fluides Electrique & Magnétique, 449. FONTENELLE (M. de) fon rapport fur la formation des Parhélies, 163; fur l'ex- pét. de M. Homberg; touchant l'impulfion des rayons folaires, 369; contre la per- pétuité de l'Aur. Bor.-384, 386.. FORCES centrales', 'accélératrices, centri- fuges, centripetes, 93, 96, 99, 149. Différens effets de la force centrifuge, felon que les matières viennent de la Terre, ou y tombent du dehors, 105. FORMATION de l'Atm. Sol. comment on peut la concevoir, 25, 313; mais très- imparfaitement, 333, 334. FOSSE, le Segm. obfc. chez Ariftote, г71. Fou (homme devenu) à la vûe de l'Aur. Bor. 193. * X FOUCHY (M. de) efpace lumineux de M. Huguens, 262. Obſervations impor- tantes de l'Aur. Bor. 413, 427, 431. FOYER de l'Aur. Bor. ro2 fuiv. FRAGMENS d'Aur. Bor. 165. FRANGE, Atm. Sol. vûe autour du Soleil, 242. FRANKLIN (M.) propoſe d'expliquer l'Aur. Bor. par le fluide électrique, 449. FRÉQUENCES de l'Aur. Bor. relativement aux lieux où fe trouve la Terre dans.fon Orbite, 242, tout le Chap. 466, tout l'Ecl. Principes de fréquence, 481. Voy. Principes. Trop de fréquence nui- fible à la théorie de l'Aur. Bor. 270. Temps de l'année & points de l'Orbite de la plus grande fréq. 535-536. Récapitulation des fréquences autour des Périhélie & Aphélie, 557. FRÉRET, prodiges des Anciens, 181. FRÉZIER (M.) Phénomène vû auprès du Pole Auft. 44k. * * . + 44 DES MATIERE S. xj } FRITSCHIUS, combats dans l'air, 195. FROBĖS (M.) fon Catalogue d'Aur. Bor. 467; fait avec intelligence, 469. Lifte, Table & ufage de ces Aurores Boréales, 470-485. Remarques fur fon Cata- logue, ibid. & fuiv. FULGORES (Cali) Aur. Bor. 172. FUMÉE ( eſpèce de ) dans l'Aur. Bor. 134. Selon Ariftote, 171. Flamme mê- lée de fumée, Sénèque, 174. Candi- diffimi fumi, Gaffendi, 155. Fumées & vapeurs. (doutes fur les) dont on imagine que font formées les cheve- lures & les queues des Comètes, 364. FUNCCIUS défigne l'anticrépuscule, 401. FUSEAU, apparence de l'Atm. Sol. vûe fon tranchant dans la Lum. Zod. 20. par G GABRY (M.) obferve une Zone ou I Bande lumineufe de l'Aur. Bor. & en donne la hauteur angulaire, 392, 393. GALILÉE, obferve à Veniſe la fameufe Aur. Bor. de Gaffendi, 55. Son hypo- thèſe fur le flux & reflux, 158; croit qu'il y a des mers dans la Lune, 276. GASSENDI, obferve fa fameufe Aur. Bor. en Provence, 55, 118, 141, 185, 202; y voit l'Arc lumineux à creneaux, ou comme une paliffade, vallum, 123, n. avec la Couronne au Zénit, 141; & candiſſimi fumi, 155; fe trompe de croire que ce Phénomène ne paroît qu'en l'abſence de la Lune, filente Lunâ, 161. Repriſe de fon temps, 185; eft prefque le premier qui ait vù ce Phénomène de fang froid, 176. Sa deſcription, 202; y détermine la hauteur & l'Amplitude appar. de l'Arc, 412. Combien cette Aur. Bor. & cette deſcription deviennent in- portantes, 435; n'a pas impofé le pre- mier le nom d’Aur. Bor. au Phén, ro3. GEMMA (Corneille) grande Repriſe de fon temps, 184. Sur laquelle il nous fournit des Mémoires très-curieux, 197 2 & fuiv. quoiqu'accompagnés de fuperf titions & de terreurs, 198. Lui & fes contemporains entendent par Chafina, Chafmata five voragines, Chafmatis ge- nus, Phafma, en général, l'Aur. Bor. 196; voit comme un grand Aigle fuf- pendu en l'air, 200 ; & plus diftinctement la Couronne au zénit, in modum tentorii 140 note. GENRES (divers) d'Aurores Boréales, 162 & ſuiv. GÉOMÉTRIQUES (fpéculations) abus qu'on en peut faire en Phyfique, 335. GLACES, neiges du Nord (hypothèſe des) pour l'explication de l'Aur. Bor. 74. Réfutée, 75, 76. Autres Phén. qui em dépendent, 79. GLOBES de feu, ignium globos, flocons de la Mat. Zod. 200. GODIN (M.) fon obfervation de la fa- meufe Aur. Bor. de 1726, 60, 210; fe fert de la méthode du Traité, pour les Nœuds des Planètes, 220; obſerve l'Atm. Sol. autour du Soleil éclipfé 242, 318; demande des objections à M. Halley, 301; fournit des obſerv. importantes, 423, 424; cité, 118, 182, 204; donne une figure de l'efpace lumineux d'Orion, 262. GOUFFRE, Chafma, vorago, le Segment obſcur ou l'Aur. Bor. 171, &c. GOUIE (le P.) Lum. Zod. 33- GRAHAM, variations diurnes de l'Aiguille aimantée, 450. GRAIN (Bapt. le) grande Aur. Bor. 201. GRAVITATION univerfelle, 95. Ses loix, 148, 149. GREBNER (David) fes Ephémérides météorolog. 205. GRÈCE ancienne, fa fituation, 463.. GRECS anciens, noms de l'Aur. Bor. 174. Fable de l'Olympe, 462. GREENWOOD (M.) obſerve l'Aur. Bor.. en Amérique,, 119; y voit la couronne,, 142. Dddd iij xij TABLE GRÉGOIRE de Tours compare la Lum. Bor. à l'Aurore, 103, n. Couronne au Zénit, 140. Sommet du Pavillon, 199; décrit plufieurs Aur. Bor. de la grande repriſe du VI. fiècle, 181, 189, 190. GRÉGORY (David) épaiſſeur de la Lum. Zod. 27. GRIMALDI (le P.) haut. d'un nuage, 69. GROENLAND (été du) 87. (Phéno- mènes du) 82. GUEDDA (M.) ne voit point d'Aur. Bor. à Alger, 104 note. GUERICK (Otto) expériences de Magde- bourg, 48. GUILLEMINET (M. de) envoie une figure curieuſe d'Aur. Bor. 429. H HALDE (le P. du) Relations de Siam & de la Chine, 33. HALLEY, hauteur de l'Atm. Terr. 43. Son ſyſtème fur l'Aur. Bor. 77, 448, 450; fur les Feux volans, leur hauteur, 71, 266; leur bruit, 138. Aur. Bor. à Dais ou à Couronne, 141. Autres Aur. Bor. 200, 205; découvre la né- buleuse du Centauré, & celle de la conftellation d'Hercule, 261. C'est lui qui, avant Whifton, a le premier attribué le déluge univerfel à la queue d'une Comète, 297, 298; refufe des objec- tions contre le Traité, 301, 302. Comète de 1664, 361. Son aftronomie comé- tique, 359. Son témoignage contre la perpétuité de l'Aur. Bor. 384, 385. HALO, hauteur des Halos, 69; qu'il faut diſtinguer des Arc-en-ciels lunaires, 397 fuiv. HARTSOEKER, fes obfervations fur l'im- pulfion des rayons folaires, 368; non recevables, 369. HASARDS ( la doctrine des) appliquable à la théorie de l'Aur. Bor. 487. HAUTEUR de 34, 52, 55 & de 75 pouces du Mercure, dans le Barom. 48. Hauteur de l'Aur. Bor. 57, 62 & suiv, tout le Chap. 404 & fuiv. tout le XIII.me E'cl. variable, 405, 433. Moyenne, 434, 436. HERCULE (conftell. d') fa nébuleuſe, 261. HEVELIUS, Comètes ou Aur. Bor. 177, 180, 183, 194. Chafma, 195. Queue de Comète recourbée en arc, 177. Co- mète de 1664, 361; combat l'expli- cation des queues par Képler, 356. Prétendue queue de Comète, Luni. Zod. 296. Eclipfe de Soleil du temps d'Ala- ric, 241. HÉSIODE, fable de l'Olympe, 462. HEURE ordinaire des apparitions de l'Aur. Bor. 115. HIATUS, Vorago, Chafma, le gouffre, le fegment obfcur ou l'Aur. Bor. 171,196. HIORTER aperçoit une relation entre l'Aur. Bor. & l'aiguille magnétique, 450. HIPPARQUE obferve la Lum. Zod. à la latitude de Paris, 81. HIRE (Phil. de la) hauteur de l'Atm. Terr. 42; par la méthode des crépuscules, 43; il croit très-douteufe celle du Barom. 52. Ses Regiftres météorolog. par rapport á la 21.me repriſe de l'Aur. Bor. 205. HISTOIRE ancienne & moderne de l'Aur. Bor. 169-212, 467-547. Hiftoire fuccincte du traité de l'Aur. Bor. 301. HISTORIENS du Nord, leurs exagérations fur l'Aur. Bor. 381. • HOMBERG, poids fpécifique du Mercure, 49 note. Son expér. de l'impulfion des rayons fol. très-douteufe, 369 & fuiv. HOMÈRE, fable de l'Olympe, 462. Hook, Lumi. Zod. 234. HORREDOW (M.) obferve l'Aur. Bor. à Coppenhague vers la fin du fiècle paffé, 35; la déclinaiſon occidentale du phé nomène, 114. Autres obfervations de l'Aur. Bor. & de fa hauteur angulaire, DES xiij MATIERE S. 421, 423, 424, 425. Son commerce de lettres fur ce fujet, 424 note. HUDSON (Baie de) apparit. journalière de la Lum. Zod. en forme de Cone, 459. HUGUENS, fon expér. de l'eau fufpendue, &c. dans la machine pneumatique, 47; du mercure dans le Baromètre, foûtenu à cinquante-cinq & foixante-quinze pou- ces, 48, 49. Force centrifuge, 105. Découvre la clarté (Spatium illuftre) d'Orion, 261; refufe une Atmosphère à la Lune, 275 & fuiv. Sa courbe gé- nératrice du fphéroïde terreftre, 352. Vîteffe qu'il donne à la lumière, 377. HYPOTHÈSES diverſes ſur l'Aur. Bor. 68 & fuiv. 74 & Suiv. 303, 309, 445 Suiv. 448, 467, 468. I JACQUIER (le R. P.) Commentaire fur le livre des principes de Newton, 365. Queue des Comètes, ibid. Son obfer- vation d'un phénomène fur la Lune, 441 fuiv. JALLABERT (M.) obfervation importante d'une Aur. Bor. 414. JETS de lumière de l'Aur. Bor. 6, 128 fuiv. Leur diftinction en colonnes & en rayons, ibid. Leur durée, 129. Leurs couleurs, 130. Leurs directions, leur convergence, leur perpendicularité opti- que, ibid. & 444. IHLE (Abraham) tache du Sagitt. 261. IMPULSION des rayons folaires, 367 Obfervations & expériences fur ce ſujet, 368&fuiv. Toutes très-incertaines, 372, 373. Impulfion tranflative, in- poffible ou infenfible dans le fyftème des preffions, 374 Suiv. INCENDIE (alarmes d') caufées par l'Aur. Bor. 84, 89, 171, 174. Dans tous les fiècles, 174, 175, 192, 193, 203, &c. INCLINAISON des orbites des Planètes, 200, 201; de PEquat. Sol. à l'E'clip- tique, 215; à l'E'quat. du monde, 219. INDICES, fignes d'Aur. Bor. 115. INDUCTIONS à tirer des grandes Aur. Bor. 518. INFLAMMATION de la Mat. Zod. & de diverfes parties de l'Aur. Bor. 146, .399, 400. INTERPOSITIONS de la Lune avec la Terre & le Soleil, 102. JONAS (Arngrimus) fa Crimogée, 86. JOURNAL d'Henri III, lances & hommes armés vûs dans le Ciel, 200. Journal d'Henri IV, verges rouges, 201. IRIS. Voy. Arc-en-ciel. ISIDOR E de Séville, Aur. Bor. du temps d'Attila, 176, 180. ISLANDOIS, leur étonnement dans le der- nier fiècle à la vue d'une Aur. Bor. 89; fe font encore étonnés dans celui-ci des fréquentes appar. de ce phénom. 383. ISLE (Guillaume de l') Géographe, fes Cartes de Normandie & de Provence, 63 note, 412. ISLE (Jofeph-Nicolas de l') obſerve à Pétersbourg la fameufe Aur. Bor. de 1726, 56; & plufieurs autres, 509. Lifte, Table, Comparaifon, 509, 512. ISLE de la Croyère (Louis de l') obferva- tion de l'Aur. Bor. Lifte, Table & Comparaiſon, 509–512. ITALIE, on y voit tard la dernière repriſe `de l'Aur. Bor. 104. K KEPLER a connu & bien défigné l'Atm. Sol. 15; dans les éclipfes totales du Soleil, 242. Comment il détermine la hauteur de l'Atm. Terr. 42. Aur. Bor. dont on lui communique les obſerva- tions, 142, &c. Son fentiment fur les paffages de par en 808, page 190; défigne l'Aurore Bor. par Chafina, & attribue les Aur. Bor. à quelques réfrac◄ tions, 196; cité, 201. L'inclinaifon qu'il donne à l'Equat. Sol. 215, 216; fait de cet Equateur le cercle primordial du monde, 222. Son explication de la 1 TABLE xiv queue des Comètes, 290, 355; avoit varié fur ce fujet, ibid. Sa première idée combattue par Hevelius, 356. Sa règle fur le mouvement accéléré ou retardé des Planètes, 286. KIRCH (Godefroi) obferve la Lum. Zod. 10; un globe de feu volant, 68; une Aur. Bor. à couronne, 141; voit les étoiles à travers le fegment obfcur, 152; l'Aur. Bor. de 1707, 205; comme un phénom. extraordin. 387; découvre une tache lumineufe dans la conftellation ďAntinoüs, 261; remarque que la nébul. d'Andromède paroît & diſparoît, ibid. KIRCH (Chriftfried) fils du précédent, envoie une collection d'Aur. Bor. 302; obferve la Comète de 1718, 361. Ses obfervations d'Aur. Bor. dans ce fiècle, 499. Lifte, Table & ufage de ces obfer- vations, 500, 501 fuiv. Aur. Boréales des fiècles paffés, 515. Lifte, Table & ufage, 517, 518. KIRCHER (le P.) rapporte la relation d'une apparition de la Fée Morgane, 463. KRAFFT (M.) fes differtations fur l'Atm. Sol. 305; réduit la formule de M. Maier au calcul logarithmique, 412; en fait l'application à trois Aur. Bor. 415; rapporte une ancienne obſervation de la Lum. Zod. 458; donne plufieurs obfervations de l'Aur. Bor. faites à Pé- terfbourg, 513. L LACÉDÉMONIENS vaincus, apparition de l'Aur. Bor. 173. LAMPE, les lampes; Aur. Bor. ainfi nom- mées chez les Anciens, faces, lampades, 171, 172. Flamme femblable à celle d'une grande lampe, 239. L'Aur. Bor. comparée par Ariſtote à la flamme d'une lampe qui s'éteint, 171. LANCES en feu dans le Ciel, 200. LANTERNE du Dome, couronne au Zénit, 143. LAVATER, Aur. Bor. 194. LÉGÈRETÉ, de la Mat. Zod. relativement à fà diftance de la Terre, 107. LEIBNITZ, Aur. Bor. du dixième fiècle, 182, 191. Aur. Bor. du commence- ment de celui-ci, 386; comme phéno- mène très-extraordinaire, ibid. LENTILLE, fphéroïde lenticulaire de l'At- moſph. Sol. 20 & fuiv. LIEBKNECHT voit les étoiles à travers le fegment obfcur, 153. Aur. Boréales, 205, 208. LIMBE de l'Aur. Bor. Voy. Arc lumineux. LIMITATRICE (courbe ou ſurface) pour la chûte de la Mat. Zod. fur la Terre, 200. LIMITE (point de) ou d'E'quilibre entre la Terre & le Soleil, 98. Son impor- tance pour la théorie des Satellites, 102, 272. Limites de l'E'quat. Sol. 214 & Suiv. (Aur. Bor. obf. autour des) 249, 569. LINSCHOT, fon voyage au Nord, 92. LISTES d'Aur. Bor. obfervées ou recueil- lies par divers auteurs, 189-212; par M. Frobès, 470; par M. Celfius, 491, 494; par M. Kirch, 500; par M. Weidler, › 502; par M.rs Zanotti & Beccari, sos & fuiv. par M.rs de l'Ifte, 510. Anciennes Aur. Bor. par M. Kirch, 515; grandes par M. Short 520; contenues dans les Tranfact. Phil. de la Société Royale, 525. Liſte générale de toutes les apparitions contenues dans ces obfervations, 538-546. LONGO MONTANUS adopte l'explication de Képler fur la queue des Comètes, 356. LOUBÈRE (la) obferve la Lum. Zod. à Siam, 33. LUBIEN ETZ, poutre ardente, Aur. Bor. 183. Fer rouge, 184. LUCAIN, Comète ou Aur. Bor. du temps de Céfar, 178. LUMIÈRE (deux principaux fyſtèmes fur la) fon analogie de propagation avec les ondes d'un liquide, fauffe & trompeuſe, 374 fuiv. Sa vîteffe, fon impulfion. Voy. Impulſion DES XV MATIERE S. Impulfion des rayons folaires. Rapport de la Lum. du Sol. à celle de la Lune, 152. Lumière Boréale pour Auror. Bor. 306, 379 nore, &c., Lumière Septentrionale ou du Nord, pour l'Aur. Bor. 79, 85, 86, 489; qui eſt fouvent très-différente de l'Aur. Bor. 87, 381; & ne fignifie que le crépuscule d'été du Groenland, ibid. bien diftinguée par feu M. Caffini, 387, 489. LUMIÈRE ZODIACALE, ce que c'eft, 3, 11, 17; découv. par feu M. Caffini, vue par plufieurs autres, ibid. c. Sa • réalité & fa vifibilité, 11. Progrès de fon apparition, 316. Son ancienneté, 15. Eft la poutre des Anciens, ibid. nommée fecond crépuscule par le P. Noël, 33; connue de Descartes, 16, 17, 235, 264; vûe par Childrey avant M. Caffini, 16, 224, 234; eſt un phé- nomène cofmique, 168,259; fa nature & ſa matière, 17&fuiv. Etincelles qu'on y voit avec de grandes lunettes, 20, 296. Autrefois beaucoup plus denſe, 235; obfervée par M. Fatio, 18; par M. Derham, 19; rougeâtre, ibid. `Sa figure, 20; quelquefois ondoyante, 22. Lenticulaire, 25; pyramidale, 33, 226, 238; de cone, ibid. indéterminée, 23; de lance & de fufeau, 36; d'une faulx ou d'un onglet, 227. Sa fituation, 24. Son étendue en longueur, 26, 28, 29, 230; en largeur, 27, 230. Son Mou- vement, 30. Ses changemens réels ou apparens, 31 & fuiv. 39. Ses accidens de figure, 27, 226; phyſiques, 263. Ses grandes extenfions, 234 & fuiv. N'a pas toûjours été viſible, 32; vûe aux Indes, à Siam, à la Chine, &c. 33. Obfervée le matin & le foir d'un même jour, 38; vûe pendant les éclipfes totales du Soleil, 15, 238, 242; par fa baſe, 318. La liaifon de fes phénomènes avec L'E'quat. Sol. 223; prile pour une Co- mète, 295, &c. Voy. Comètes. Ses an- ciennes apparitions, 81, 233, 234 Suiv. 457, 458, 459. Voy. Atm. Sol. LUNE, difficulté & folution fur la diſtance d'où elle pourroit tomber fur la Terre, 101, 102; importante pour la théorie des Satellites, 272. Son Atmosphère, 275 & Suiv. 443. Rapport de fa lumière à celle du Soleil, 152. Sa préfence n'em- pêche pas l'apparition de l'Aur. Bor. 161, 162. Si fon interpofition eft favorable ou défavorable à la formation de nos Aur. Bor. 280 & fuiv. En quoi confiite ſa rotation, 278. Que peuvent être fes Aur. Bor. fi elle en a, 279; & fi elles feroient viſibles de la Terre, ibid. Apparence d'Aur. Bor. obfervée fur la Lune, 441. LYCOSTHENE (Conrard) fupplée aux prodiges de Julius Obfequens, 175; four- nit plufieurs apparitions de l'Aur. Bor. 180, 182, 183, 144, 190, 191, 192, 194, 195. Lum. Zod. 236. Eclipſe folaire du temps d'Alaric, 241. LYSSNOR, nom donné dans le Nord à la Lum. Sept. & à l'Aur. Bor. 80 note. M MACHINE Pneumatique, expérience de M. Huguens, l'eau y demeure fufpendue dans un tube, 47. MAGNÉTISME (hyp. du) pour l'explica- tion de l'Aur. Bor. 77, 448. MAGNÉTIQUE ( matière) 77, 78. ( Ai- guille) fes variations pendant les appari- tions de l'Aur. Bor. 450 & Suiv. Réflexions fur ce fujet, 452 fuiv. MAGNUS (Olaüs) Phénomènes fepten- trionaux, 82. MAÏER (F. C.) fon problème & fa méthode pour avoir la hauteur de l'Aur. Bor. 65, 406. E'légance, avantages & inconvéniens de cette méth. ibid. & fuiv Pourquoi il ne s'en eft point fervi, 410 · fuiv. Application de cette méthode à quelques Aur. Boréales, 412 fuiv Syſ tème de M. Maïer ſur l'Aur. Bor. 411 MANFREDI (Euſt.) premier obſervateur de l'Aur. Bor. en Italie, 104. MARALDI (feu M.) hauteur de l'Atm. Terr. 43; obferve la fameufe Aur. Bor. Eeee xvj TABLE de 1726, 60, 420; l'anneau ou cou- ronne au Zénit, 144; remarque que l'Aur. Bor. réfide dans l'Atm. Ter. 207, 208, 348; fon témoignage contre la perpétuité de l'Aur. Bor. 384, 388. MARALDI (M.) neveu du précédent, calcule & oblerve des Comètes, 361. MARÉES (hyp. de Galilée fur les) 158. Parité d'inductions touchant leurs gran- deurs & les fréquences de l'Aur. Bor. 532. MARIOTTE, hauteur de l'Atm. Terr. par le Baromètre, 43 fuiv. MARIUS (Simon) découvre & décrit la nébuleuse d'Andromède, 260. MARTENS (Fred.) glaces & neiges du Spitzberg & du Groenland, 79. Son filence fur l'Aur. Bor. 91. I MASSES de la Terre & des Planètes, fi & comment augm. par la Mat. Zod. 285. MATIÈRE réfractive, 156. MATIÈRE ZODIACALE, la même que celle de la Lum. Zod. & de l'Atm. Sol. 3, &c. Pâleur qu'elle répand dans le Ciel & fur les étoiles, 115. De quelle diſtance elle peut tomber fur la Teire, 198 & fuiv. Temps qu'elle y peut employer, 272. Sa chûte fur la Lune, 275 & Suiv. Phénomènes qu'elle y peut produire, 278. S'ils feroient vifibles de la Terre, 179. Ses effets fur les planètes inférieures, 282, 283. MAUPERTUIS (M. de) conftruit le Probl. de M. Maier, 67. MAXIMUM, medium, minimum, de la déclinaiſon des Planètes, 200. MERCURE, vif argent, fa peſanteur ſpé- cifique, 49 note. Ses hauteurs extraordin. dans le Baromètre, 50. MERCURE (Planète de ) fon paffagé par le Sol. dans le IX.me fiècle, 190. Plongée dans l'Atm. Sol. 282. Effets de la Mat. Zod. fur fa furface, 283. Si elle peut avoir des Aur. Bor. ibid. augmenter de maffe, 85; & fi fon mouvement pério- dique doit augmenter par-là, 286. Pour- quoi elle n'a point une queue comme les Comètes, 293.. MÉRIDIONALES (Aur. Bor. ) 113, 165. Confiftent prefque toûjours en ban- des ou zones, ibid, & 390 & fuiv. META, Conus, la Borne au bout du Cir- que, la Lum. Zod. 239. MÉTÉORES ordinaires, proprement dits, leurs différences d'avec la Lum. Zod. & l'Aur. Bor. par le temps de leur appa- rition, 68; par leur peu de hauteur, 69; par leur peu de durée, 73. MÉTHODES pour déterminer la hauteur de l'Aur. Bor. 54&fuiv. 404 & fuiv. Celle des Parallaxes, ibid. Ses avantages & fes inconvéniens, 57 fuiv. 416 fuiv. Application & exemples, 59 Suiv. 421–433. Celle de M. Maier. Voy. Maïer. MIROIR ardent de M. le Duc d'Orléans, 372. MODIFICATIONS que l'Atm. Terr. reçoit de la Mat. Zod. 265. MOEREN, Obff. de l'Aur. Bor. dans le Rhingaw, 186. Avec furpriſe, 203. MOESTLIN voit l'Aurore Boréale avec la Lune, 162; cité par M. Halley, 200. MONTAGNES, leur hauteur par le Baro- mètre, 53, n. 346 fuiv. neigées du Pérou, 345. · MONTANARI, feu volant, 68. MORGANE (Fée) Aur. Bor. 463. MORIN, Aftronome, Pyramide ardente ou Lum. Zod. 236. MOTHE (la) le Vayer, Aur. Bor, 201. MOUVEMENT vrai ou apparent de l'Aur. Bor. 135; d'Afcendance & de Defcen- dance de la Terre, 243, 251. Ses effets. pour l'Aur. Bor. Voy. Afcendance. Mouvemens périodiques des Planètes retar- dés par l'augmentation de maffe, 285. MUSSCHEN BROEK, adhéſion des plans. polis, 49. Obferv. de l'Aur. Bor. 2 10 fuiv. Arc-en-ciels Lunaires, 398 note. 1 DES MATIERE S. xvij N NATURE (la) ne ſe joue point, 335. Nébuleuses (Etoiles) 259, 260, 261; doivent avoir des atmosphères plus grandes & plus épaiffes que celle du Soleil, ibid. NEIGES du Nord, prétendue cauſe de l'Aur. Bor. 74 & fuiv. NEWTON, amas de corpufcules qui tombent vers le Soleil, 17. Ses avantages fur Def cartes, 96. Parallaxe Solaire, ibid. note. Forces centrales & centripètes, ibid. 105, 149. Son ſyſtème fur les couleurs, 156. Eclairciffement fur fa héorie des Satel- lites, 272. Sa théorie fur les Comètes, leur Périhélie & leurs Queues, 287 & fuiv. fur leurs Atmosphères, incompatible avec le déluge, &c. 298, 356, 358. Propof. conteſtée par feu M. J. Bernoulli, M.J. 335. Sa loi fur les Comètes confirmée, 362. Doutes fur les vapeurs qu'il croit qui s'en élèvent, 364. NICEPHORE (Callifte) Phénomènes fous Théodofe le Grand, 180. Eclipſe de Soleil du temps de Théodofe le jeune, 238. Comète ou Etoile prétendue, Lum. Zod. 295. NOCETI (le R. P.) fon Poëme de Aurora Boreali, 304. NOCTURNI Soles, Aur. Bor. 172 note. NOEL (le P.) obferve la Lum. Zod. dans les Indes, 33- NŒUDS de l'E'quat. Sol. 214 fuiv. 560; des planètes, manière de les dé- terminer, 220. Aur. Bor. obfervées au- tour des Nœuds de l'Orb. Terr. avec l'E'quat. Sol. 249, 257, 560, 561. NOLLET (M. l'Abbé) fes expériences fur l'air fubtil qui pénètre le verre, 372 n. Noms donnés à l'Aur. Bor. par les Anciens, 171 Suiv. &c; & à la Lum. Sept. ibid. par les habit. du Nord, 80 note, &c. NORD, pourquoi dans notre hémisphère il est le lieu & le foyer de l'Aur. Bor. 102 fuiv. NOYAU des Comètes, 287. Sa proportion avec leur Atmoſphère, ibid. NUAGES, leur hauteur, 69. Grand & petit nuage du Pole Arctique, 261. Nuage accidentel fingulier auprès des Pléïades, 211. O OBJECTIONS, du P. Serantoni, 303, & Rép. 304, 433; de M. Euler, 306, 336 & Rép. 338-341, 358, &c. OBSEQUENS (Julius) a parlé des Aur. Bor. d'après les Hiftoriens, 175. OBSERVATEURS (choix des) important pour l'obf. des Aurores Boréales, 488 Suiv. OBSERVATIONS de l'Aur. Bor. par divers Auteurs. Voy. Liftes. દ OCCULTATION de l'Etoile & des Gémeaux par la Lune, 442. OLAÜS magnus, effets des neiges du Nord, 82. OLYMPE (Fable de l') fon origine, 462 Suiv. ONDES, (Analogie des) axec la propa- gation de la Lumière & du fon, incom- pétente, 375. ONDULATIONS de l'Aur. Bor. 137. ONGLET (figure d') ou de Faulx de la Lum. Zod. & ſa cauſe, 227. OPACITÉ d'une Bande lumineuse, 153. OPTIQUES (apparences) de l'Aur. Bor. 146, 147. ORBITE de la Terre, fes différens points déterminés par rapport à l'Equateur So- laire, 214. ORDRE Chronologique des Reprifes de l'Aur. Bor. 179 Suiv. Ordre fucceffif des Phénomènes de l'Aur. Bor. 115. I ORION (eſpace lumin. d) 261 ở ſuiv. OSTIE (alarme des Cohortes de Tibère à) par une Aur. Bor. 174. Eeee ij xviij TABLE } P PALE ALEUR dans le Ciel, annonce la Mat. Zod. répandue, & l'Aur. Boréale, 115. ternit les Etoiles, ibid. & 152, 395. PALISSADE, apparence du Limbe, 123, note. PARALLAXE Solaire, 96. Parallaxes (Méthode des). Voy. Méthodes. PARALLELISME de l'axe de la Terre, 108&fuiv. PARHÉLIES, leur hauteur, 69; fur les 163; glaces, 80; en quoi ils confiftent, de mauvais préfage à la Chine, 464. PARRENIN (le P.) fes curieufes & fa- vantes Lettres fur la Chine, 464 465. PASCAL, hauteur des Montagnes par le Baromètre, 43· PAVILLON, Entonnoir, Cour. au Zénit, 141; fur les Comètes, 291, 292. PAUL DIACRE, Hift. des Lomb. 181. PEDER CLAUSEN. Voy. Claufen. PÉLERINAGES à l'occafron de l'Aur. Bor. 185. PELOTONS du Phofphore, ignium globos, 200. Voy. Flocons. PÉRIGÉE du Soleil, ou PÉRIHÉLIE de la Terre, comment il in- flue fur l'Aur. Bor. 231, 244; des Comètes, 359. PERPENDICULARITÉ apparente des Jets de Lumière de l'Aurore Boréale, 130; 444. PERPÉTUITÉ prétendue de l'Aur, Bor. dans le Nord & ailleurs, 80 Juiv. tout le Chap. 379 fuiv. tout l'Ecl. PESANTEUR. Voy. Gravitation. PÉTAU (le P.) fur l'Ecl. de Sol. du temps d'Alaric, 240. PETERSBOURG (Aur. Bor. obfervées à) 510; comparées à celles qui ont été obſervées à Bologne, $34. PÉTILLEMENT ou étincellement obfervé dans la Lumière Zodiacale, la Néhuleuſe d'Andromède & la queue des Comètes, 20, 261, 294, 296. PEYNIER, lieu d'obferv. de Gaffendi, fa pofition, 55. PEYRÈRE (la) ce qu'il rapporte de l'Aur. Bor. 85; fa méprife fur ce fujet, 87; copie Torfæus, 88. Aurores Boréales d'iffande, 161. PHASMA, toute apparition extraordinaire de l'Aur. Bor. 196. PHASMATA, Aur. Bor. 201. PHÉNOMÈNE Cofmique, 168. PHILIPPE de Macédoine, Aur. Bor. de fon temps, 173. PIC de Ténériffe, fa hauteur, 346. PICART, fig. de l'efpace lumineux d'O- rion, 262, 263. PITHYA, dolia, tonnes de feu, Aur. Bor. 172. PLANÈTES, manière abrégée de détermi- ner leurs Nœuds, 220. Planètes fecondaires, Remarque importante pour leur théoric, 102, 272; inférieures toûjours ceintes de l'Atm. Sol. 282.1 Pourquoi elles n'ont ni Aur. Bor. 283, ni Queues, 293. Leur augmentation de maffe, 285. PLANS polis, expér. de leur adhéſion, 48. PLANTADE, obfervation d'une Aur. Bor. importante, 429. PLELO ( le Comte de) Aur. Bor. vûes en Danemarc, 35, 63, 84. PLINE, le Naturaliſte, ce qu'il dit de l'Aur. Bor. 172. Armées vies en l'air, fon des trompettes, 173; cité par feu M. Caffini, 387. PLOF, Arc-en-ciel lunaire, 398 note. PLUIES prétendues de fang, 155. POGONIE, barbes, Aur. Bor. 172. POINT de Limite & d'Equilibre entre la Terre & le Soleil, 98, 102, 272. POLENI (M. le Marquis) déclare n'avoir > DES xix MATIERE S.. Jamais entendu aucun bruit dans l'Aur. Bor. 139, n. Obſervation d'une Aur. Bor. importante, 428; applique le prin- cipe de fréquence aux obfervations de M. Celfius, 490. POLES, comment l'un & l'autre fe chargent de la Mat. Zod. 109 & fuiv. 564, 565. L'Antarctique a auffi fes Aur. Po- laires, 439. POLIGNAC (le Card. de) obferve à Rome l'Aur. Bor. 60. PONTANUS, fes defcriptions de la Lum. Zodiac. & de l'Aurore Boréale, 236, 237 fuiv. PORT famine, pourquoi ainfi nommé, 437. POUTRE, Aoxòs, trabs des Anciens eſt la Lum. Zod. 15; enflammée, ardente, recourbée, eſt auffi l'Aur. Bor. 171, 177 note. PREDICTION de l'Aur. Bor. fujette à bien des exceptions, 115. PREMIER cercle célefte, felon Képler, 222. PRINCIPES de fréquence & de rareté de l'Aur. Bor. 243,481,482, 558, 561. Réunion des principes de fréqu. 564, 568, 569. PROBLÈME des Nœuds & de la déclinai- fon des Planètes, 220. Problème de M. Maïer. (Voy. Maïer.) PYRAMIDE ou Cone, apparence de la Lum. Zod. 236; ardente, ibid. Veſper- tine, 238. Pyramides d'Egypte tranfp, au Ciel, 237. QUESTIONS & doutes fur divers fujets, 259 2 fuiv. Toute la Sect. V. QUEUES des Comètes. Voy. Comètes. R RADONVILLIERS ( M. l'Abbé de ) fes Thèfes en faveur du Traité, 305 note. RAPIDITÉ vraie ou apparente des mouve- mens de l'Aur. Bor. 136, RAYONS de l'Aur. Bor. leur nature, leur formation, 128 fuiv. Leur direction, convergence, perpendicular. 130, 444. Rayons Solaires, leur impulfion vraie ou prétendue, 367&fuiv. tout l'Ecl. RECAPITULATION des rapports de fré- quence autour des Périhélie & Aphélie, 557. RÉFRACTIVE (matière) 156. RÉGION de l'Aurore Bor. 54 & Suiv. 57, 62, 63 & ſuiv. 404 & fuiv. tout l'E'cl. Régions (les trois) de l'Atmofphère Ter- reftre, 266. Comment la fupérieure peut être affectée, 158. L'inférieure n'influe qu'indirectement ſur l'Aur. Bor. 159, 160. RENCONTRE (ce que la ) d'une queue de Comète pourroit produire fur la Terre 297. RÉPONSES. Voy. Difficultés & Objections. REPRISES de l'Aur. Bor. 179 & ſuiv. tout le Chap. du vi.me & du XVI.me fiècles, 180, 184; font les plus fortes des fiècles paffés, 185. Leur correfpon- dance avec les apparitions de l'Aur. Bor. 233 & Suiv. 457 fuiv. RÉSUMÉ & fomme des dix collections d'Aur. Boréales, 529. RETARDEMENT des mouvemens plané- taires par l'augm. de maffe, 285, 286. RICCIOLI (le P.) hauteur d'un nuage, 69. Paffage de Mercure par le Soleil, 190. E'clipfe de Soleil du temps dA- laric, 241. RICHAUD (le P.) voit la Lum. Zod. à Siam & à Pontichery, 33. ROBERT (moine) 192. ROEMER, fes obfervations de l'Aur. Bor. 114, 186, 204, 206; obſerve la déclin. Occid. 114. ROQUEMBAC, Aur. Bor. 194. ROTATION, du Soleil fur fon axe, 25, 312, 313; celle de la Terre renvoie la Mat. Zod. vers les Poles, 105; retardée Eeee iij XX TABLE + par l'Augmentation de maffe, 286. Ro- tation de la Lune, 278; de Vénus & de Mercure, 283. RUINART (le P.) notes fur Grégoire de Tours, 189. S SAGITTAIRE (Conftel. du) ſa néb. 261. SAIN-PORT ou S.te Affife, lieu d'obfer- vation, 430. SAISONS les plus favorables à l'Aur. Bor. 168, 245 & Suiv. SANG (pluies de) 155. SANGLANTES (armées) 191. (verges) 195. SARRABAT (le P.) découvre une Co- mète, 361. SATELLITES (remarques importantes fur les) 102, 272. SATURNE, fon anneau n'eft pas dans le cas de l'Atm. Sol. 321. SECOND crépuscule, Lum. Zod. 33. SECTION de l'E'quat. Sol. avec l'écliptique, 215; avec l'Equat. du monde, 219. SEGMENT obfcur de l'Aur. Bor. fa for- mation, 115, 121 fuiv. où l'on voit les étoiles à travers, 152, 153; nommé Chafina, Hiatus, Vorago, 171, 172, &c. Le gouffre, 196, &c. SEIDELIUS, Aur. Bor. 205. SÉNÈQUE, fes deſcriptions de l'Aur. Bor. 1 170, 173, 174. SEPTENTRIONALE. Voy. Lumière. SERANTONI (le R. P.) fes dialogues fur l'Aur. Bor. 303; fa prétendue réfu- tation du Traité, ibid. on lui rép. 304. SERRARIUS. Obf. Aur. Bor. 1 19, 201. SEUR (le R. P.) Commentaires fur Newton, Comètes, 365. SCHEINER (le P.) poles & taches du Soleil, 215, 264, 265. SHORT (Thomas) recueil de grandes Aur. Bor. 519. Liſte, Table & Uſage, 520 & Suiv. SIFFLEMENS prétendus de l'Aur. Bor. 137, 138. SIGNES qui annoncent l'Aur. Bor. 115. SIGNES afcendans & defcendans, 253. SILENCE qui règne pendant les apparitions de l'Aurore Boréale, 137, 138 & n. SOLEIL, fon atmosphère, fa rotation, fes taches. Voy. à tous ces mots. Rapport de fa lumière à celle de la Lune, 152. Soleils nocturnes, 172. SON (analogie de la propag. du) avec celle des ondes d'un liquide eft fauffe, 374 & Suiv. Sa vîteffe, 378. Rapport de cette viteffe avec celle de la Lumière, 377. SPÉCULATIONS géométriques quelquefois abufives, 335. SPHÉRÓIDE applati, ou lenticulaire de l'Atm. Sol. 20 V ſuiv. * Sphéroïdes réfultans de la courbe génératrice de l'Atm. Sol. 330 Suiv. SQUARCIALUPUS, concours des rayons au Zénit, 141, 200. STOW, Aur. Bor. vûes en Angleterre, 385. STRABON, Lum. Zod. 81. STURLESONIUS (Snorro) chronique Iffandoife, 86. SURFACE limitatrice de la chûte de la Mat. Zod. 100. SYSTÈMES fur l'Aur. Bor. Voy. Hypo- thefes. Système, ancien fur les Comètes, 294. Syſt. précipité ſur l'Electricité, 447. T TABLES abrégées & réduites des Aur. Bor. obfervées ou recueillies par divers auteurs; elles fuivent immédiatement après les Liftes. Voy. Liftes. Table compofée de toutes les obfervations, 529; de toutes les apparitions, 547. Table des hauteurs réelles de l'Aur. Bor. 433. Table des Périhélies des Comètes, .359. i DES xxj MATIERE S. Table des variations de l'aiguille aimantée à l'occafion de l'Aur. Bor. 45 1. Table de récapitulation des rapports de fré- quence du Périhélie à l'Aphélie, 557. TACHES du Soleil, 214 & fuiv. Leur formation, felon Defcartes & feu M. Caffini, 264. Temps qu'elles ont été fans paroître, ibid. du Sagittaire 261; du Pole Antarctique, ibid. fur le difque de Vénus, 284. Quand viſibles, 285. TACQUET (le P.) hauteur des météores, 69. TEMPS que la Mat. Zod. met à tomber dans l'Atm. Terr. 120. TERRE, fes diſtances du Sol. 243, 244. Augmentation de maffe de fon globe par la Mat. Zod. 285. Terres arctiques & antarctiques (apparences de l'Aur. Bor. pour les) 268, 462. TESTE des Comètes, 287. Sa proportion avec leurs Atmosphères, ibid. THÉSES foûtenues en faveur du Traité à Rome, 304; à Paris, 305. THORESBY, Arc-en-ciel prétendu funaire, 397 note. TIBURTIUS (M.) voit la bafe de la Lum Zod. 318. TISONS allumés, parties de l'Aur. Bor. 171. TONNERRE, fa région, 69. TONNES de feu, Pithya, 172, 174. TORCHES ardentes, 171, 172. TORFEUS (Thormodus) Defcription de l'Aur. Bor. 87; date de fa Groenlandia antiqua, 88 note. Aur. Boréales d'Iflande, 161; peint l'étonnement des Iflandois à la vûe d'une Aur. Bor. 89. TORRICELLI, Expér. du Barom. 48. TOUFFES de cyprès, rayons de l'Aur. Bor. 172. TRABS ignea, poutre enflammée d'une extreme grandeur, Arc lumineux, 182. TRANQUILLES (Aur. Bor.) 164. TRANSACTIONS Phil. (Aurores Boréales contenues dans les ) 524, 525. TRANSPARENCE de l'Aur. Bor. 149 & Suiv. TREMBLOTTEMENT de la lumière dans l'Aur. Bor. 134. TRITHÈME, Aur. Bor. du XI.me fiècle, 182. Arniées en feu dans le Ciel, 191. TUBES cylindroïdaux réſultans des courbes génératrices de l'Atmosphère Solaire, 330 Suiv. TYCHO-BRAHÉ, hauteur de l'Atm. Terr. 42; foupçonne la variation de l'éclip- tique, 222; voit une Comète fort fem- blable à la nébuleufe d'Andromède, 260; en découvre une autre, 360. V VALERIUS (M.) bafe de la Lum. Zod. vûe autour du Soleil, 318. VARIATION de l'écliptique foupçonnée, 222; de l'aiguille aimantée pendant l'Aur. Bor. 451. VARIÉTÉS de l'Aur. Bor. felon les lieux, & les imaginations qu'elle y produit, 146, 460 & Suiv. VAYER (la Mothe le) Voy. la Mothe, &c. VÉNUS ( Planéte de) fi elle a des Aur. Bor. 283. Sa rotation, ibid. Ses taches, 284, 285. Son augmentation de maffe, ibid. VERGES fanglantes dans le Ciel, 201. VERRE du Baromètre, perméable à l'air fubtil de l'Atm. Terr. 52. VESPERTINA Pyramis, 238. VIBRATIONS de lumière dans l'Aur. Bor. 133, 134. VISIONS chimériques que l'Aur. Bor. a fait naître, 460 & fuiv. dans la lati- tude moyenne de l'Europe, 461; au Nord, 462; au Midi, ibid. ☞ ſuiv. à la Chine, 464. VITELLON, fa manière de mesurer la hau- teur de l'Atm. Terr. 42. VITESSES de la propagation de la Lumière & du Son, 377, 378. xxij TABLE DES MATIERES ULLOA (Don Ant. de) lettre fur l'Aur. Polaire Auftrale, 439 & fuiv. VOIE lactée, paroît un tiffu d'espaces lu- mineux, comme celui d'Orion, 263. VORAGO, le gouffre, le fegment obfcur, 171, 196, &c. W WALLIS, Expérience du Barom. 48. WARGENTIN (M.) relation de l'aiguille aimantée à l'Aur. Bor. 450. Ses tables de variation, 451. Réflexions fur ce fujet, 452 & fuiv. WARNE FRID ou Paul Diacre, 182. WEIDLER (M.) fes obferv. fur l'Aur. Bor. 502. Lifte, Table & ufage, ibid. fuiv. WHISTON, c'eft lui qui attribue le déluge univerſel à la queue d'une Comète, 297, 298. WOOD, fon voyage au Nord & fon filence fur l'Aur. Bor. 92. Z ཀ- ZAHN, Ciel fouvent en feu, 182. Ar- mées en feu dans le Ciel, 191. ZANOTTI (Fr. Mar.) fur la première Aur. Bor. vûe en Italie, 104; envoie des obfervations, 505. ZANOTTI (Euft.) fes obſervations de l'Aur. Bor. à Bologne, 505. ZÉNIT (concours des rayons au). Voy Cou- ronne. ZODIACALE (Lumière, Matière). Voy. Lum. Zod. Atm. Sol. ZONE de l'Aur. Bor. mouvante, 113; méridionale & opaque, 153. Voy. Bandes lumineuses. Zones lumineufes de l'Aur. Boréale, 389 Suiv. Fin de la Table des Matières. $ UNIVERSITY OF MICHIGAN 3 9015 08304 2617 B 694,282 B DUPL