PC 3393 B58 1874- ^ ' -*- , I ' < I j* ^^ * / ' V ?, I** 1 ^ * A I J? :I V^5 m PC 1 ;: " CONTES POPULAIRES REGUEILLIS EN AGENAIS Tonlonse. Typographic BONNAL, ET GIBRAC, rue Saint-Rome, 44. C O N T E S POPULAIRES RECUKILLIS EN AGENAlS M. JEAN-FRANCOIS BLADE TRADUCTION FRANCAISE ET TEXTE AGENAIS SUIVIS HE NOTES COMPARATIVES M. REINHOLD KOHLER PARIS LIBRAIRIE JOSEPH BAER RUE DU QUATRE-SEPTEMBRE, 2 l8 74 . A MONSIEUR PHILLIPPE TAMIZEY DE LARROQUE Lectoure (Gers), ce 15 novembre 1868. MON CHER AMI, J'ai publi6, en 1867, une brochure de Contes et populaires recmillis en Armagnac, et le succes de ce travail a d6pass6 mon attente. Les e"rudits frangais et allemands, dont 1'attention s'est principalement arre"t6e sur les Contes, m'ont prouve" leur inte're't par des eloges que j'avais tach6 de me"- riter, et par quelques censures dont je voudrais profiter (1). Us m'ont loue" de m'etre fait le greffier docile de la muse populaire. La division de mes Contes en contes proprement dits, rfaits et superstitions (2), a 6t6 trouve"e beureuse et juste, et Ton a mgme exprim6 le de"sir de la voir adopter par (1) Voir, notamment, les articles de MM. Leonce Couture (Revue de Gas- cogne, 1867, p. 166, 373, 552); Gaston Paris (Revue critique, 1867, art. 81); Adolphe Magen (Revue d'Aquitaine, 1867); Reinhold Kolher (Gottingische gelehrte Anzeigen, n d'aout 1868); et de Reimberg-Diiringsfeld (Jarbuch fur romanische Lileratur, \. IX). (2) J'appelle conies proprement dits, les narrations plus ou moins mer- veilleuses, dont la faussete n'est douteuse, ni pour celui qui parle, ni pour ceux qui 1'ecoutent. Us correspondent aux mcerchen allemands. Les recits sont des anecdotes vraies ou vraisemblables, generalement plaisantes, et qui n'ont rien de merveilleux, a peu pres comme les schwanke d'Outre- Rhin. Les superstitions sont generalement accepters comme vraies par le narrateur et les auditeurs. Voila les trois especes de narrations que je de- signe sous la denomination g6n6rale de contes. II ceux qui seraient tenths de recueillir, comme moi, les mo- numents prosa'iques de la litte'rature populaire. Les censures que j'ai encourues, sont au moins aussi me"- rit6es que les e"loges. On m'a reproche" d'avoir ne'glige' de donner, a 1'occasion, les variantes defaits, dont Fimportance est si grande pour la litte'rature compared; et mon petit glos- saire gascon-francais a e"te" juge" insuffisant. Bon nombre de lecteurs m'ont fait me'me 1'honneur de m'e'crire pour r6cla- mer, a la place de ce glossaire, une traduction frangaise s6- pare"e du texte gascon. Je m'efforcerai de donner satisfation a des exigences le"giti- mes , dans le recueil de"fmitif que je prepare sur les Contes populaires de I'Armagnac. L'ex6cution de ce travail est de"ja fort avance"e, et je puis me" me regarder la recherche des va- riantes de faits, comme ayant a peu pres donne" tous les fe"- sultats que je pouvais espe"rer. Ces variantes ont 6t6 d'abord exclusivement demande"es a I'Armagnac. J'ai ensuite explore" les provinces limitrophes, les Landes, le Be"arn, le Bigorre, le Bas-Comminges, les pays de Riviere et de Verdun, et sur- tout 1'Agenais. Ces diverses contr6es m'ont fourni des indi- cations nouvelles, qui m'ont permis, un peu plus tard, de suivre et d'atteindre, sur mon propre domaine, absolument toutes les variantes rapporte"es des regions voisines. L'impression du recueil de"finitif auquel je travaille pour I'Armagnac, prouvera que ces variantes de faits ne sont pas aussi nombreuses qu'on pourrait le croire. En attendant, je dois constater qu'il existe, dans les pays limitrophes, un cer- tain nombre de contes que je n'ai pu retrouver encore dans ma province. Je n'aurais pu les recueillir tous sans faire grand tort a des travaux historiques auxquels ma vie ne suffira point; mais j'ai trouve" des facilite"s particulieres pour 1'Agenais, ou j'ai passe" une partie de mon enfance et de ma jeunesse, et ou je reviens souvent, en attendant que je m'y fixe pour toujours. Ces facilite"s, et mon affection si vive et si naturelle pour un pays ou je compte tant de parents et d'amis, m'ont decide" a consacrer a ses contes une publication speciale. J'ai done battu la contre"e dans tous les sens, et j'ai surtout profite" des foires si populeuses d'Agen, pour interroger une trentaine in de personnes choisies, a pen pres en nombre 6gal , dans tous les cantons (1). C'est ainsi que deux ann6es de recherches actives et perse've'rantes ont fini par me mettre en possession d'un certain contingent de traditions populaires, dont les unes n'ont pu Stre retrouv6es en Armagnac, et dont les autres m'ont paru beaucoup plus completes que leurs cong6neres de mon pays. II en est aussi qui pr6sentent, avec ces dernieres, des differences assez notables pour m6riter que ces narra- tions soient int6 gralement recueillies. Quant aux variantes de faits, je n'ai pu, malgre" tous mes efforts, en d^couvrir une seule, dans mon domaine actuel. Telle est, mon cher ami, Tide"e principale qui a inspir6 et dirige" des reclierclies au moyen desquelles je crois avoir rassemble", pour 1'Agenais, lamajeure partie des pieces vrai- ment dignes de figurer dans un recueil provincial. Cette per- suasion me vient de ce que, parmi toutes ces narrations , il n'en est pas une seule qui ne soit posse'de'e d'une maniere plus ou moins satisfaisante, par plus des trois-quarts des personnes interroge"es. Voila me'me, a mon avis, le plus clair re"sultat d'une enqueue aussi longue que minutieuse. J'avais, en effet sous la main, des 1'origine, les trois personnes douses, au degr6 le plus Eminent, de cette fide'lite de souve- nirs et de ce respect de la tradition qui se font de plus en plus rares. Ce sont, dans 1'ordre de ce me"rite special : Catherine Sustrac,jeunefille illettr6e, de Samte-Euge"nie (Sento-Aulario)., commune du canton de Beauville; Madame Lacroix, ne'e Pinedre, ma belle-mere, native de Notre-Dame de Bon-Encon- tre (canton d'Agen); et Marianne Bense, vieille femme illet- tre"e, veuve d'un marinier du Passage-d'Agen, localite" que je crois pouvoir comprendre dans 1'Agenais, bien qu'elle soit situ6e sur la rive gauche de la Garonne. J'ai 6crit sous leur dicte la plupart des pieces de ce recueil, et j'offre de mettre en relation avec ces conteuses les 6rudits qui auraient le (1) L'Agenais s'6tendait, d'abord, sur les deux rives de la Garonne, et ses limKes e"taient les m6mes que celles de 1'ancien 6v6che' d'Agen. L'6rection du diocese de Condom, en 1317, vint require 1'Agenais ecclesiastique et feodal a la portion situee sur la rive droite du fleuve. On peut en voir la composition detaillee dans le dictionnaire d'Expilly, Art. Agen et Agenois. C'est dans ce territoire ainsi restreint, que j'ai recherche les elements du present recueil. IV d6sir Men le" gitime de contr&ler la since'rite' de mon travail. Je fais aussi appel aux souvenirs des lecteurs que je pourrai Irouver en Agenais, et je les mets en demeure de me con- tredire publiquement, si j'ai eu le tort irre'missible de m61er une seule fois aux antiques traditions du pays des choses de mon propre cru. Ce petit recueil se divise en deux parties : la premiere est consacre"e a, la traduction frangaise, et la seconde au texte agenais (1). Je supplie les philologues de Men comparer Tune et 1'autre, et de m'en dire leur avis sans management. Je tacherai de profiter, pour mes contes d'Armagnac, de leurs seve'rite's salutaires. Le texte agenais a 6te" ramene", dans la mesure compatible avec la prononciation actuelle, a 1'or- thograpbe provencale de la bonne e"poque; et je remercie mon excellent ami M. Le"once Couture, de m'avoir continue, en cette occasion, le pre"cieux concours dont j'ai deja profile" pour Men d'autres cboses. Peut-tre certains savants au- raient-ils pr6f6r6, & ma traduction, un glossaire agenais-fran- Qais. C'est aussi mon sentiment; mais j'ai dft ce"der au vceu de la majorite" des lecteurs, qui r6clamait une version frangaise. La critique dispense, avec raison, les e*diteurs des poesies et des contes pop ulaires, de tout travail de litt^rature com- pared. L'6rudit le plus spe"cialement competent de toute 1'Eu- rope, M. Reinbold Kolher, bibliotb^caire a. "Weimar, a bien voulu prendre pour lui cette tache, et je be"nis ma bonne e"toile de cette inestimable faveur. Vous excuserez, mon cher ami, ces explications un peu longues sur la faQon dont j'ai compris mes devoirs d'e"diteur des Contes populaires recueillis en I' Agenais , et vous accep- terez, je 1'espere, rhommage de cette modeste collection comme une faible marque de toute 1'estime et de la sincere affection de Votre bien de"vou6 serviteur, JEAN-FBANQOIS BLADE. (1) II y a plusieurs varietes dans le patois agenais ; j'ai donne la prefe- rence a celle qui est en usage dans la commune d'Agen. PREMIERE PARTIE * TRADUCTION FRANQAISE GONTES Peau-d'Ane H y avail une fois (1) un homme qui avail Irois filles. Un jour eel homme alia Iravailler dans son champ, loul pres d'un noyer, el il enlendil une voix qui disail : - Homme, si lu ne me donnes pas une de les filles en manage, je le mange. - Qui esl-lu? Je I'enlends, mais je ne le vois pas. Je suis le roi de France. Eh bien ! roi de France, si une de mes filles y consent, lu 1'auras en mariage. L'homme renlra chez lui el se mil au lit. A peine 6lail-il couche", que sa fille aine"e enlra dans la chambre. Qu'avez-vous, pere? Je suis malade; lu peux me gue'rir si lu veux. II faul e"pouser le roi de France. (1) J'ai entendu, en Agenais, deux contes de Peau-d'Ane bien distincts. Celui que je donne ici a et6 ecrit sous la dictee de Catherine Sustrac, en pre- sence de Madame Lacroix, dont le recit coucordait parfaitement avec celui de cette jeune fllle. L'une et 1'autre m'ont affirm6 1'avoir recueilli de la bouche de bon nombre de personnes agees et illettrees, qui le possedaient elles- memes par une tradition immemoriale. J'ai longtemps habite, pendant mon enfance et ma jeunesse, Agen, Marmande, Birac, etc., et je puis ajouter, sur ce point, la garantie de mes propres souvenirs a la declaration sincere de Catherine Sustrac et de M m Lacroix. 11 existe aussi, en Agenais, unautre conte de Peau-d'Ane qui , par la nature et la succession des faits, rappelle exactement celui de Perrault. Les personnes illettrees qui me 1'ont recite, le tenaient toutes, directement ou par intermediate, de gens qui avaient lu Perrault. 4 - - Je ne veux pas l'e"pouser. Le lendemain, 1'homme revint travailler dans son champ, pres du noyer, et il entendit la voix qui disait : - Homme, si tu ne me donnes pas une de tes filles en manage, je te mange. Hoi de France, ma fille ain6e ne veut pas de toi. Je par- lerai ce soir a la seconde, et si elle y consent, tu 1'auras en manage. L'homme rentra chez lui et se mit au lit. A peine 6tait-il couch6 que sa seconde fille entra dans la charnbre. Qu'avez-vous. pere? Je suis malade; tu peux me gu6rir si tu veux. II faut e"pouser le roi de France. Je ne veux pas l'e"pouser. Le lendemain, 1'homme revint travailler dans son champ, pres du noyer, et il entendit la voix qui disait : Homme , si tu ne me donnes pas une de tes filles en mariage, je te mange. Roi de France, ma seconde fille ne veut pas de toi. Je parlerai ce soir a la troisieme, et si elle y consent, tu 1'auras en mariage. L'homme rentra chez lui et se mit au lit. A peine 6tait-il couch6 que sa troisieme fille entra dans la chamhre. Qu'avez-vous, pere? Je suis malade; tu peux me gue"rir si tu veux. II faut e"pouser le roi de France. J'6pouserai le roi de France ;mais je veux qu'il me donne en present de noces trois rohes : 1'une couleur du ciel, Tautre couleur de la lune, et 1'autre couleur du soleil. Je veux qu'il me donne aussi un couvert d'or, avec 1'assiette et le gobelet, un trol d'or (1), et douze fuseaux d'or avec la filiere. - Tu auras tout cela, dit le roi de France, qui e"coutait a la porte. (1) Le trol est un instrument qui sert a faire les e"cheveaux. 5 Les presents arriverent le lendemain, et le mariage fut fait quinze jours apres. En sortant de l'6glise, le roi de France dit a sa femme : Je pars pour un grand voyage. Si dans neuf ans je ne suis pas revenu, tu partiras pour me chercher. Le roi de France partit pour son grand voyage, et huit anne"es franches se passerent sans qu'il revint. Sa femme attendit encore un mois; puis elle partit a la recherche de son mari. Au Lout de trois jours, elle trouva une peau d'ane sur son chemin et la mit sur son cou. Au bout de trois autres jours, elle arriva au bord d'un ruisseau ou des femmes lavaient la lessive. Laveuses, avez-vous vu le roi de France? Oui, Peau-d'Ane, nous 1'avons vu. II esi la, dans cette 6glise, et il e"pouse une fille belle comme le jour. v Merci, laveuses. Pour vous payer ce renseignement, je veux vous aider a laver. Les laveuses lui donnerent un torchon noir comme la suie ; mais en un moment, Peau-d'Ane le rendit aussi blanc que la plus belle serviette. En quittant les laveuses, Peau-d'Ane s'en alia sur la porte de l'e"glise, et trouva le roi qui sortait. Roi de France, te souviens-tu quand mon pere travail- lait dans son champ, pres du noyer, et que tu lui disais : Homme, si tu ne me donnes pas une de tes filles en mariage, je te mange ? Le roi de France ne r^pondit pas, et toujours Peau-d'Ane rep6tait : Roi de France, te souviens-tu quand mon pere travail- lait dans son champ, pres du noyer, et que tu lui disais : Homme, si tu ne me donnes pas une de tes filles en mariage, je te mange ? Alors le cure" s'approcha. Roi de France , je te commands , par le salut de ton 6 - ftme, de me dire si tu n'as pas 6pous6 d'autre femme avant de te marierici? Non, cure". Alors Peau-d'Ane se tut et demeura sur la porte jusqu'a la sortie de la marine. Madame, lui dit-elle, n'avez-vous pas besom d'une ser- vante? Oui, Peau-d'Ane, j'en ai besoin d'une pour garder les dindons. Peau-d'Ane suivit le roi et la reine dans leur chateau, et le soir elle dit a la reine : Madame, laissez-moi coucher avec le roi de France. -Non, Peau-d'Ane; je n'y ai pas encore couch6 moi- mgme. Madame, sivous me laissez coucher avec le roi de France, je vous donne un convert d'or, avec 1'assiette et le gobelet. Eh bien ! Peau-d'Ane, c'est couvenu. Peau-d'Ane donna a la reine le convert d'or, avec 1'assiette et le gobelet, et alia se coucher a cdte" du roi de France. Roi de France, lui disait-elle toute la nuit, te souviens- tu quand mon pere travaillait dans son champ, pres du noyer, et que tu disais : Homme, si tu ne me donnes pas une de tes filles en mariage, je te mange? Mais la reine avait donne" au roi de France un breuvage pour le faire dormir, et il ne re"pondit pas a Peau-d'Ane. Le lendemain matin la reine entra dans la chambre. Allons, Peau-d'Ane, leve-toi : il est temps d'aller garder les dindons. Peau-d'Ane se leva et s'en alia garder les dindons jusqu'a u soir. Alors, elle dit a la reine : Madame, laissez-moi coucher avec le roi de France. - Non, Peau-d'Ane; je n'y ai pas encore couche" moi-meme, et tu y as couch6 une fois. Madame, sivous me laissez coucher avec leroi de France, 7 je vous donne un trol d'or et douze fuseaux d'or, avec la filiere. Eh bienf Peau-d'Ane, c'est convenu. Peau-d'Ane donna a la reine le trol d'or et les douze fuseaux d'or, avec la filiere, et alia se coucher a c6t6 du roi de France. Roi de France, lui disait-elle toute la nuit, te souviens-tu quand mon pere travaillait dans son champ, pres du noyer, et que tu disais : Homme, si tu ne me donnes pas une de tes filles en manage, je te mange. Mais la reine avait donne" au roi de France un breuvage pour le faire dormir, et il ne r6pondit pas a Peau-d'Ane. Le lendemain matin la reine entra dans la chambre. Allons, Peau-d'Ane, leve-toi; il est temps d'aller garder les dindons. Peau-d'Ane se leva et s'en alia garder les dindons jusqu'au soir. Alors, elle dit a la reine : Madame, laissez-moi coucher avec le roi de France. Non, Peau-d'Ane; je n'y ai pas encore couche" moi-mme, et tu y as couche" deux fois. Madame, si vousmelaissez coucher avec le roi de France, je vous donne deux robes : 1'une couleur du ciel et 1'autre couleur de la lune. Eh bien ! Peau-d'Ane, c'est convenu. Peau-d'Ane donna a la reine la robe cbuleur du ciel et la robe couleur de la lune, et alia se coucher a c6t6 du roi de France. Roi de France, lui disait-elle toute la nuit, te souviens- tu quand mon pere travaillait dans son champ, pres du noyer, et que tu disais : Homme, si tu ne me donnes pas une de tes filles en mariage, je te mange? Mais la reine avait donne" au roi de France un breuvage pour le faire dormir qui 6tait moins fort que les deux autres, et il re"pondait en pleurant : - 8- Oui, je m'en souviens. Oui, je m'en souviens. Le lendemain matin Peau-d'Ane se leva, et quand la reine entra dans la chambre pour lui dire d'aller garder les din- dons, elle la trouva v6tue de sa robe couleur du soleil. Reine, dit le roi de France, aimerais-tu mieux ou pUt, bourdilero, per 1'amou de Diu e de la sento Bierges Mario. Pater noster qui es in c&lis... Pauros gens, bostros prieros nou bous proufitaran gaire. N'ei qu'aquel mos de pasto dins la meit. N'augetz pas p6u, bourdilero, bostro pasto ba aumenta, e n'i aura prou per nous autres tous. Coumo de fet, la pasto aumentet a bisto d'el, dinquo debourdesse per-dessus la meit. Alors la bourdilero caufet lou four, e toutz quatre se meteron a minja. Penden tjue minjabon , lous tres mainatges s'eron sarratz dins 1'establo des tessous e cridabon. Bourdilero, Qa diguet Nostre Segne, qu'abes dins aquelo establo ? , Paure, ac6 soun tres tessounetz. Lou repas finit , Nostre Segne partisquet ambe sen Pierre e sen Jan ; mes quan la bourdilero boulguet ana querre sous mainatges dins 1'establo des tessous, i troubet tres tessounetz. Ta leu courguet a 1'adarre de Nostre Segne. Moun amit, bous ei mentit quan bous ei dit toutaro qu'eron tres tessounetz que cridabon dins a 1'establo des tessous. Ac6s eron mous tres mainatges ; e quan setz estat partit , ei troubat tres tessounetz a la plago. Rentras cbe bous, bourdilero, e tournares trouba bos- tres tres mainatges ; mes cal plus menti. Nostre Segne se tournet metre en cami ambe sen Pierre e sen Jan, e toutz tres s'en angueron tusta a la porto d'un castel. Un mos de pan, si lou plet, moussu, per 1'amou de Diu e de la sento Bierges Mario. Pater noster qui es in ccelis, sanctificetur.... Foutes-me lou can ! canaillos ; n'auras pas un croustet, fenians 1 Se biras pas lous talous sul cot, bous lacbi lous cas a 1'adarre. 133 Sen Pierre, a diguet Nostre Segne, basto-me aquel ase. Lou mestre del castel se troubet sul cot cambiat en ase. Sen Pierre lou bastet e li metet un cabestre. Nostre Segne se tournet metre en cami ambe sen Pierre e sen Jan, e toutz tres s'en angueron tusta a la porto d'un pitchou mouli, agoun n'i abi6 qu'uno fenno. Un mos de pan, si t>ou plet, moulinero, per 1'amou de Diu e de la sento Bierges Mario. Pater nosier qui es in ccelis.... : Pauros gens, bostros prieros nou bous proufiteran gaire. N'ei a bous douna qu'un pitchou mos de pa. Partatjas bous-lou. Merci , moulinero , ca diguet Nostre Segne. Per bostre pitcbou mos de pa, bous douni aquel ase ambe soun bast e soun cabestre. Fas6s-lou trabailla rede , e li dongues pas ni fe ni paillo. Sabera bien ana tout soul cerca sa bito lou loun dels camis e a trabes las segos. ^ Nostre Segne se tournet metre en cami ambe sen Pierre e sen Jan. Al cat de set ans , tourneron passa daban lou pitcbou mouli, e s'en angueron tous tres tusta a la porto. Un mos de pa, moulinero 1 , si t>ou plet, per 1'amou de Diu e de la sento Bierges Mario. Pater noster qui es in ccelis.... Ambe plase" , pauros gens . Entras , la soupo es sur la taulo. Aqui uno micho de pa per cadu, d'al, de sal, e debali a la cabo per bous tira de bi biel. I a set ans, tres paures pas tan biels coumo bous autres, passeron per aci. Per un pitcbou bouci de pa, me douneron un ase ambe soun cabestre, en me recoumandan de lou fa trabailla rede, sans li douna ni fe ni paillo. L'eHoutjour daicbat ana querre sa bito tout soul lou loun de camins e a trabes las segos. Pourtan abioi pietat d'aquel paure animal. Es ambe el qu'ei apraticat moun mouli e feit ma fourtuno. Moulinero, sen nous autres que bous aben dounat aquel 134 ase ambe soun bast e soun cabestre; aro nous lou cal tourna. Ambe plase , pauros gens. Nostre Segne, sen Pierre e sen ]Jan mounteron toutz tres sur 1'ase, que lous pourtet dinqu'a la porto de soun castel. Un mos de pa, Madamo, si bou plet, per 1'amou de Diu e de la sento Bierges Mario. Pater noster.... Ambe plase", pauros gens. Aqui tres micbos de detz liuros caduno. S'en ban set ans passatz que tres paures ben- gueron demanda 1'aumoino a la porto d'aquel castel ; moun marit lous insultet elous menacet des cas. Alors un d'aquels tres paures lou cambiet en ase ; un autre lou bastet e li metet un cabestre , e toutz tres se 1'ameneron ambe els. Recounecbaios bostre marit, Madamo ? ca diguet Nostre Segne. Oui, paure, lou recounecbaioi. Ase , lebo-te, e repren ta prumero formo. L'ase se lebet, reprenguet sa prumero formo, e la damo recouneguet soun marit. Lou mestre del castel mourisquet lou lendouma; mes abi6 feit sa penitenco en aqueste mounde, e Nostre Segne li dounet placo dins soun paradis. "" lOO " rv L'ome presoune dins la luno I a de gens qu'an bist marclia dins la luno un ome cargat d'un fagot. Aqui coumo s'i trobo en punitiou de sous pecatz. Del temps qu'aquel omo ero sur la terro , trabaillabo sou- ben lou dimeche e jurabo coumo un paien. Pren gardo, c,a li dision sous besis ; mal fa nou pot dura. Ofensos lou Boun Diu, e t'arribera malur. Mes Tome bouli6 res escouta , e anabo toutjour soun trin. UnjourdePascos,selebet deboun mati,prenguetsapigasso, e s'en anet al bos coupa un fagot. Mes coumo s'en tournabo al bilatge , lou ben se 1'empourtet dins la luno ambe soun fagot. Es aqui qu'aquel malurous es coundamnat a damoura presoune dinqu'al jour del jutjomen. I a de gens qu'an bist marcna dins la luno un ome cargat d'un fagot. Aqui coumo s'i trobo en punitiou de sous pecatz. 136 Lou gouiat castigat I abi6 un cot uno jouino fillo qu'ero belo coumo lou jour. Baillabo lou boun etzemple dins la paroesso , e passabo tout soun ten a trabailla e a prega Diu. Ac6 duret dinqu'a 1'atge de detz-e-oeit ans. Alors, un gouiat que soun pai abi6 un gran castel e cen bordos dins lou pais, toumbet amourous de la jouino fillo, e la demandet en maridatge. Se fasquet douna 1'entrado de 1'oustal, e bint cotz per jour beni6 teni coumpa- gnio a sa proumeso. Un sero, a 1'entour de las nau ouros, lou gouiat diguet a- la jouino fillo : Escouto. Bau fa en semblan de rentra che moun pai; mes tournarei a mejo neit, quan tout lou mounde dourmira che tu, e me recebras dins ta crampo. Nani , moun boun amit , faioi un pecat. Atendes que siosquen maridatz, et bous recebrei ambe plase" dins ma crampo tan souben coumo boudre"s. Ses uno fado de parla atal. Ban estre leu maridatz, e me podes bien permetre aro co que me proumetes per mai tar. La jouino fillo aimabo lou gouiat, e respoundet : E be, fases coumo se rentrabotz cne bous, e tournatz a mejo neit. Bau fa en semblan de m'ana coucha ; mes quan tout lou mounde dourmira dins 1'oustal, me leberei per ana bous oubri la porto, e bous recebrei dins ma crampo. Lou gouiat fasquet coumo se rentrabo cbez el, e la jouino fillo fasquet en semblan de s'ana coucha. Mes quan tout lou mounde estet endourmit dins 1'oustal, se lebet per ana oubri la porto, e recebet soun galan dins sa crampo. Lou gouiat partisquet aban 1'aubo , mes nou tournet plus 137 dins 1'oustal. Alors, la jouino fillo'benguet pla tristo, e al cat de tres mesis diguet a uno de sas amigos : Escouto, te bau dise un gran segret. I a tres mesis, ei reQutmoun galan dins ma crampo penden la neit, e dun- pei n'es plus tournat me beire. Bai-lou trouba, e di-li que 1'atendi, pramo que sei encento , e que nous cal marida lou prume que se pouira. Siosques tranquillo , toun segret sara Men gardat, e ta coumissiou sara feito. Lou jour memo, 1'amigo de la jouino fillo anet trouba lou gouiat e li diguet : Escoutas. Bostro mestresso m'a dit un segret. I a tres mesis bous a regut dins sa crampo penden la neit, e dun- pei nou setz plus tournat la beire. Es elo que m'a cargado de bous ana trouba per bous dire que bous aten, pramo que es encento, e que bous cal marida lou prume que se pouira. Tourno cne ma mestresso e di-li que nou me beira plus. Ei feit d'elo co qu'ei boulgut, e aro ei finit de 1'aima. S'es encento, tan pis per elo; mes se counto sur jou per se marida, cresi fort qu'atendera lounten. Quan 1'amigo de la jouino fillo entendet ac6, n'aguet plus mot en bouco , e s'en tournet en plouran che la que I'abid enbouiado. E be I que t'a respoundut moun galan ? Toun galan es un mechant ome. M'a respoundut : Tourno cne ma mestresso e di-li que nou me beira plus. Ei feit d'elo go qu'ei boulgut, e adaro ei finit de 1'aima. S'es encento, tan pis per elo; mes se counto sur jou per marit, cresi fort qu'atendra lounten. Quan la pauro jouino fillo entendet ac6, toumbet redo morto, e la pourteron al cementeri lou' lendouma. Soun ga- lan nou parisquet pas memo a 1'enterromen; mes a parti d'aquel jour estet toutjour en pensomen, e damouret tres ans sans s'aprpucha des sacromens. Mes la quatriemo annado, s'anet coufessa, penden la semmano sento, e diguet al cure : 138 Moun pero, sei coupable d'un Men gran pecat. Ei prou- mes maridatge a uno jouino fillo. M'a rec,ut la neit dins sa crampo e 1'ei rendudo encento, e dunpei nou sei plus tour- nat a 1'oustal. Alors ma mestresso m'a embouiat uno de sas amigos per me dire que m'atendi6, per amo qu'ero enceinto, e que nous cali6 marida lou prume que se pouiren. Ei res- poundut : Tourno cbe ma mestresso, e di-li que nou me beira jamai plus. Ei feit d'elo go qu'ei boulgut, e aro ei finit de 1'aima. S'es encento, tan pis per elo ; mes se counto sur jou per marit, cresi fort qu'atendra lounten. Quan la pauro jouino fillo a entendut ac6, es toumbado redo morto. Moun fil, respoundet lou cure, [toun pecat es tan gran, que ni jou ni Tabesque n'aben lou poude de te perdouna. Cal ana a Roumo, e te coufessa al papo. Lou gouiat sourtisquet de la gleiso. e s'en anet trouba un de sous camarados. Escouto, ei un gran segret a te dire e un gran serbici a te demanda. Parlo. Toun segret sera bien gardat. Per lou serbici, tacbarei de te countenta, se la causo es en moun poude. Ei besou d'ana a Roumo per me coufessa al papo. Me boles acoumpagna ? 0. E be, partiran aqueste sero, a 1'entrado de la neit. Aro bau a la boutigo del faure. Faure, pagarei co que cadra; mes nou sourtirei pas d'aci que tu e tous aprentis m'agetz fourjat sies parels de soulies de fer. Moussu, lou sies parels de soulies de fer saran prestis dins uno ouro. Uno ouro apres, lous sies parels de soulies de fer esten lestes. Alors lou gouiat anet trouba soun camarado e li diguet : Lou moumen es bengut. Aqui un bastou, uno biasso e tres parels de soulies de fer, pramo que lou bouiatge sera loun. La neit debalo, cal parti. 139 Tous dus causseron un parel de soulies de fer, e partis- queron sans embrassa sous parens. Marcberon atal loun- ten, lounten, lounten; traberseron de grans bos e de ri- ' beros mai larjos que Garono , e passeron dins forco paisis que cadun abid soun lengatge. Penden lou jour, deman- dabon un bouci de pa, per 1'amou de Diu, daban la porto de las bordos, e la nei lous daicbabon coucba, per caritat, sur la paillodelas establos. Un sero, lou gouiat diguet a soun camarado : Escouto : nostre prume parel de soulies de fer es usat ; aben feit lou tiers del bouiatge. Lou lendouma, tous dus causseron un autre parel de sou- lies de fer e partisqueron. Marcberon atal lounten, loun- ten, lounten; traberseron de grans bos e de riberos mai larjos que Garono, e passeron dins forco paisis que cadun abid soun lengatge. Penden lou jour, demandabon un bouci de pa, 'per 1'amou de Diu, daban la porto de las bordos, e la neit lous dacbabon coucba, per caritat, sur la paillo de las establos. Un sero , lou gouiat diguet a soun ca- marado : Escouto : nostre segoun parel de soulies de fer es usat ; deben abe feit lous dus tiers del bouiatge. Lou lendouma, tous dus causseron lour darre parel de soulies de fer e partisqueron. Marcberon atal lounten , loun- ten, lounten; traberseron de grans bos e de riberos mai larjos que Garono , e passeron dins forco paisis que cadun abi6 soun lengatge. Penden lou jour, demandabon un bouci de pa, per 1'amou de Diu, daban las portos de las bordos, e la neit lous daicbabon coucba, per caritat, sur la paillo de las establos. Un sero, lou gouiat diguet a soun camarado : Escouto : nostre darre parel de soulies de fer es usat; douma saran a Koumo. Lou lendouma, se tourneron metre en cami bien aban lou jour, e lou sourel leban lous mustret lou castel del papo e las teulados de la bilo de Roumo. Aquelo bilo a set cens 140 - gleisos, e, dins cado clouque, i a set campanos de grandou e de souns diferens. Quan lou gouiat e soun camarado n'es- teron plus qu'a une lego, toutos aquelos campanos se me- teron a souna d'elos memos ; alors lou puple diguet : Aqui las campanos que sounon 1'arribado d'un gran peniten. Tout aquel puple sourtisquet per la grando porto per ana al daban del gouiat e de soun camarado. Tous dus esteron counduitz daban lou papo que diguet : Daichas-me soul ambe aquel peniten. Digun n'a jamai sabut co que s'es dit alors, penden tres ouros de relotge, entre lou papo e lou gouiat. La cou- fessiou finido, lou papo diguet al peniten : Bei me querre toun camarado, e daicho-me soul ambe el. Lou gouiat anguet querre soun camarado, e lou daichet soul ambe lou papo. Moun amit, escouto bien co que te bau dire, e n'en paries a digun aban d'estre rentrat dins toun pais. Papo, sare"s aubeit. Moun amit, ten-te leste a tourna parti ambe toun cama- rado, al prume cot de mei jour. Marcnar6s sans minja, ni beure, ni bous sete, dinqu'al coucha del sourel. Alors traber- sares un bos oan troubares uno bestio que bous semblara pit- cbouno de len e grando de proche. Aquelo bestio sautara sur 1'esquino de toun camarado e s'i tendra ambe sas unglos sans que aqueste siosque espoubentat. Alors, countinuas bostro routo, e demandas a coucha dins lou prume oustal que troubare's. Toun camarado se retirera soul dins uno crampo, oun entendres un gran tapatge penden touto la neit; mes que digun se garde bien d'i intra aban lou lendouma mati. PapOj sare"s aubeit. Sul prume cot de mei jour, lou gouiat e soun camarado tourneron parti, e marcberon sans minja, ni beure, ni se sete, dinqu'al coucba del sourel. Alors traberseron un bos oun trouberon uno bestio que lous semblet pitcbouno de len _ U1 e grando de proche. Aquelo bestio sautet sur 1'esquino del gouiat, et s'i tenguet ambe sas unglos san que aqueste estesse espoubentat. Alors continueron lour routo, e demanderon a coucha dins lou prume ouslal que trouberon, e lou gouiat se retiret soul dins uno crampo. Sul prume cot de mejo neit , entenderon dins aquelo crampo un gran tapatge que duret penden tres ouros de relotge. Apres n'entenderon plus res, e tout lou mounde s'endourmisquet dins Toustal dinqu'al sourel leban. Alors boulgueron intra dins la crampo oun s'ero feit aquel gran tapatge^ mes n'y trouberon ni la bestio ni lou gouiat, e n'an jamai poudut sabe QO qu'eron debengutz. TROISIEME PARTIE. NOTES COMPARATIVES NOTES COMPARATIVES I'AR M. Keinhold KOHLKIl GONTES Peau-d'Ane II y a beaucoup de contes ou 1'heroi'ne perd son epoux, puis le retrouve mari6 ou au moins fianc6 a une autre. Au prix de joyaux, qui lui ont et6 donnas d'ordinaire par des etres bien- faisants qu'elle a rencontres sur sa route, elle achete de la nouvelle femme ou fiancee la permission de passer trois nuits dans la chambre de 1'epoux. Elle ne parvient que durant la troisieme nuit se faire reconnaitre du heros, auquel, les deux nuits precederites, sa femme (ou fiancee) nouvelle avail fait prendre un breuvage. Voyez mes indications sur ce point dans le Jahrbuch fur romanische Literatim, \, 255 s., et di: plus KUHN et SCHWARTZ , Norddeutsche Marchen , n". 11 ; PKOHLE, Kinder und Volksmiirchen, u 31 ; ASBJOBNSEN, Norsk? Folke-Eventyr,ny Samling, n 90; HVLTEN-CAVALUUS et STEPHENS, Svenska Folk-Sctyor och JEfventijr, n 19, A. B ; Icelandic Legends, collected by J. ARNASON, translated byG. POWELL and E. MAGNUSSON, second series, p. 278; LAURA GONZENBACH, Sicilianiscfte Mt'irchen. n 42; A. DE-GUBERNATIS, Le Novelline di Santo Stefano, n 14; V. IMBRIANI, La Novellaja fiorentina, n 10, La Novellaja milanes" n 6 ; F. MASPONS Y LABROS, Lo Rondallayre, II, 60 ; P. KENNEDY. Legendary Fictions of the Irish Celts, p. 57. 140 Dans la plupart de cescontes, 1'epoux de 1'heroine est ani- mal pendant le jour et ne redevient horame que la nuit, et elle le perd pour avoir ent'reint une defense qu'il lui avail iaite. Dans notre conte aussi, le roi de France devait certaine- rnent apparaitre d'abord sous la forme d'un animal. Ce n'est qu'ainsi que 1'on comprend comment il menace le pere des Irois jeunes filles de le devorer, et pourquoi les deux lilies ainees se refusent a 1'epouser. Un autre trait du recit primitif parait altere dans le texte gascon, tel qu'il nous est parvenu : Peau-d'Ane veut prouver sa reconnaissance aux laveuses qui lui ont donn6 des nouvelles du roi de France, et en un moment elle blanchit un torchon noir comme la suie. Dans un conte norvegien parallele (AsBJORNSEN et MOE, Norske Folkeeventyr, n 41), 1'epouse del'Ours blanc, une nuit, a allume une bougie pour le voir avec sa veritable forme, en quoi faisant elle a laisse tomber sur sa che- mise une goutte brulante de cire : le prince s'est reveille et a disparu. Elle le retrouve enfm chez sa maratre (au prince), fiance a une autre, et elle acliete trois fois de la fiancee la permission de passer la nuit dans sa chambre : la troisieme nuit la recon- naissance a lieu, et le lendemain*le prince demande a la nou- velle fiancee de laver les trois taches de cire qui se trouvenl sur sa chemise. Mais il n'y a que des mains chretienries qui puissent blanchir la chemise, et la fiancee, qui appartient a la race des Trolds, en est incapable, tandis que la premiere femme y reussit. Dans un conte danois (GRUNDTVIG, Gamle dunske Minder i Folkemmfe, I, 100), 1'epouse du Chien Blanc a de meme allume une lumiere, et les gouttes de cire tombees sur le prince ont caus6 son reveil et sa disparition. Elle est obli- gee alors de servir une sorciere, qui lui impose differentes taches : la demiere est precis6ment de blanchir la chemise du prince. Avec 1'aide du Chien Blanc, elle y parvient, la sorciecc creve de depit, et le charme qui pesait sur le prince est rompu. Dans un conte ecossais (CHAMBERS, Popular rhymes of Scot- land, p. 244), 1'epouse du Bo3uf Noir de Norvege 1'a perdu et part pour le chercher. Pendant sept ans elle sert un forgeron, qui, pour sa peine, lui fait des souliers de fer, avec lesquels - '147 clle gravit la montagnede glace. Elle arrive en haut, dans la demeure de la vieille buandiere. Un beau jeuue chevalier (qui autretbis etait le Boeuf Noir de Norvege) a donne i la buandiere une chemise sanglante : celle qui la blanchira sera sa t'emme. La vieille et sa fille ne reussissent pas la laver, mais 1'etran- gere le fait pour elles, et la vieille dit que c'est sa iille qui J'a blanchie. L'etrangere achete la permission de passer trois nuits dans la chambre du chevalier, ou elle chante : Seven lang years I served for thee, The glassy hill I clamb for thee, The bluidy shirt 1 wrang for thee, And wilt thou not wauken and turn to me ? Les deux premieres nuits, le chevalier n'entend rien h cause du breuvage qu'il a pris ; dans la troisieme ont lieu la recon- naissance et la reunion. Dans une variante assez obscure de ceconte chez CAMPBELL, Popular Tales of the West Highlands IV, 294 1'epouse du Greyhound blanchit les chemises de tous ceux qui sont tues dans une grande bataille. Dans un route breton, publi6 par F. M. LIZEL dans les Archives des missions scientifiqiies et litte'raires, 2 e serie, VII, 184, il faut que 1'Homme-Poulain quitte sa femme. Elle veut le retenir, et il lui donne un coup de poing en pleine figure. Le sang jaillit sur la chemise de 1'Homme-Poulain et y fait deux taches. Puissent ces taches ne jamais s'effacer jusqu'ci ce que j'arrive moi-meme pour les enlever ! crie la femme. "L'Homme-Poulain s'enfuit et sa femme le cherche pendant dix annees. Enlin elle arrive un jour aupres d'un chateau, ou des servantes sont occupies & laver du linge sur un etang. Une servante s'etibrce en vain d'enlever les trois taches de sang d'une chemise. C'est la chemise la plus belle d'un seigneur qui veut se marier le jour suivant avec la fille du maitre du chateau. La femme de 1'Homme-Poulain se fait donner la chemise, crache sur les trois taches, la trempe dans 1'eau, puis la frotte, et voil& les trois taches enlevees. On loge la femme dans le chateau, et elle se fait reconnaitre a 1'Homme-Poulain. - US - IJ Les deux Jumeaux Ct'. les rapprochements fournis par VONHAHN, Griechische und Mbanesische Marchen, n 22, note, et par moi dans Orient und Occident, II, 118 ss., et dans ma note sur L. GONZENBACH, Sicilianische Marchen, n* 39 et 40, et de plus LUZEL, Contex bretons, p. 62 ; DE-GUBERNATIS, Le Novelline di Santo Stefano, n 17 et 18; IMBRIAM, La Novellaja fiorentina, n 27, La Novellaja milanese, n 12 ; MASPONS Y LABROS, Lo Rondallayre, I, 2o ; et le conte neo-grec chez J. A. BUCHON, La Grece continental et la Moree, p. 274. A la croix de pierre d'ou le sang doit couler, si un malheur arrive a Pun des freres, repond, dans le conte breton, un tronc de laurier d'ou doit couler du sang si le frere absent est mort, dans le conte sicilien n 40 un figuier d'ou doit couler du lait ou du sang, et dans SIMROCK , Deutsche Marchen n 63. un arbre dans lequel les freres font des entailles qui doivent devenir rouges de sang si 1'un d'eux meurt. Dans les aufre> contes paralleles, ce sont d'autres signes auxquels on doit reconnaitre la mort des deux freres (un arbre, une fleur se fletrira ; un couteau, un glaive plante au depart dans un arbre, se rouillera ; une eau se troublera, etc.) Un trait particulier au conte agenais, c'est que le vainqueur du dragon se sert des langues coupees au monstre pour se faire reconnaitre de sa femme. Dans beaucoup de recits paral- leles, le vainqueur coupe egalement la langue ou les langues. et se fait par la reconnaitre pour le veritable liberateur de la princesse, au lieu d'un courtisan ou d'un serviteur ou d'um- autre qui pretend avoir tue le dragon. Notre conte a encore en propre la disparition de 1'un des freres sous terre dans la maison des sorciers : dans la plupart des recits analogues, il est petrifi, et dans beaucoup d'entre eux par le contact du cheveu d'une sorciere. Dans presque toutes les versions du conte des Freres, on retrouve un trait qui manque dans le corito agenais : le second Irere, quand il couche avec sa belle-soeur, qui le prend pour son mari, place une epee entre elle et lui. Ill Les deux Filles Ct'. Penlamerone , 111, 10; DE-GUBERNAUS, Le NoveLine di Santo Stefano, n \ ; GRADI, Lavigilia di Pasqua di Ceppo, p. 20; IMBRIANI, La Novellaja fiorentina, n 11, 11 bis, 24, La Novellaja milanese, n 21 ; BERNO.VI, Fiabe e Novetle popolari veneziane, n 19 ; MASPONS Y LABROS, Lo Rondallayre, I, 97 ; un autre corite Catalan, dans MANUEL MILA Y FONTANALS, Observaciones sobrf la poesia popular (Barcelona, 1853), p. 177, et un piemen tais, dans A. WESSKLOFSKY , Introduction a'la Novella della figlia del re di Dacia (Pisa, 1866), p. xxix. Dans, tous ces contes, une etoile tombe sur le front de la bonne soeur, et sur celui de la mechanic se pose dans la plupart des contes italiens une queue d'ane ; dans le Pentamerone un testicule d'ane; dans un conte Catalan, un pied d'ane ; dans une variante du conte piemontais une queue de cheval ; dans le conte vnitien tre stronzi ; dans le conte milanais ona bovascia (une bouse) ; dans le conte du Rondallayre una bruticia. 11 y a encore beaucoup d'autres contes de soaurs, le plus souvent belles-soeurs, -- bonnes ou mauvaises, qui sont plus ou moins 'recompensees selon leurs meriles; mais ils s'eloi- j, r nent davantage de notre recit. Pour ce qui concerne le commencement du conte, ou la fille abandonnt'-e dans le bois retrouve son chemin deux fois, cf. p. ex. Pentamerone, V, 8; GONZENBACH, n 49 ; BUSK, T/te Folk- LoreofRome, p. 41 ; PERRAULT, le Petit Ponce I ; M me D'AULNOY, Finette Cendron ; MASPONS Y LABROS, Lo Rondallayre, II, 25 ; GRIMM, Kinder und Hausmarchen , n 15 ; VUK STKFANOVITCH KARADCHITCH, Volksmai'chen der Serben, n 36. loO * IV La jambe d'or Ci'. STIVACKEHJAN, Aberglaube und Sagen am dem Herzogtlium Oldenburg, 1, 155 (la servanle vole la jambe de sa mai- tresse enterree) .- MULLBNHOFF, Sagen, Marchen und Lieder der Herzogthumer Schleswig, Holstein und Lauenburg, p. 465 (la mere "Vole la jambe d'or de son Ills); GOLSHORN, Marchen und Sagen, n 6 (le iossoyeur vole la jambe d'or d'une petite fille) ; HENDERSON , Notes on the Folk-lore of the Northern Counties of England and the Borders, p. 338 (le mari vole le bras d'or de sa femrae). Gf. aussi le conte VII du present recueil et la note. Le lait de Madame Le chant enl'antin dans BUJEAUD, Chants et chansons populaires des provinces de I'ouest, I, 27, est une variante de ce conte , mais il rappelle aussi le conte de la poulette qui etoulle el demande a boire, dans GRIMM, n 80 ; HALTRICH, Deutsche Volks- mdrchen aus dem Sachsenlande in Siebenbiirgen , n 7o ; WALDAU. Bo'hmisches Marchenbuch, p. 341 ; (iut-vruvitt, 1, 74 ; ASBJORNSEN et MOE, n 16. Cf. encore MEIER, ] r olksmurclien ausSchwaben, n 80 et 81 ; STOBER, Elsdssisches Volksbitchlein, p. 95 ; BIRLINGER. Kinderbiichlein, p. 115; un conte ossete dans le Bulletin dc I' Academic des sciences de St-Petersbourg, VIII, 56; GAMPBELL. n 8. - lol - VI La Chevre et le Loup Pour ce qui concerne le partage entre la chevre et le loup, ou ce dernier est deux fois pris pour dupe, cf. RABELAIS, livre iv, ch. 45 et 46 ; GRIMM, n 189 : MULLENHOFF, p. 278; FR. Kos- TER, Alterthiimer , Geschichten und Sagen der Herzogthilmer Bremen und Verden, p. 226; ALPENBURG, Deutsche Alpensagen, p. 57; un poeme de -Fred. Riickert, Le Diable trompe, com- pose d'apres u e source arabe (?; non indiquee ; un conte emprunte aux Esquisses caucasiennes du russe Marlinski, dans KLETKE, Maichensaal, III, 94 ; SCHNELLER, Marchen aus Walsch- tirol, n 2; THIELE, Danske Folkesagn, 4 de Samliny, p. 122; SCHMITZ, Sitten und Sagen des Eifler Volkes, II, 442; D. JUAN- MANUEL, El Conde Lucanor, cap. XLI (XLIII) ; un conte russe > cite dans DE-GUBERNATIS, Zoological Mythology, II, 112; un conte esthonien, cite dans GRIMM, Reinhart Fuchs, p. CCLXXXVIU ; ASHJORNSEN, Norsk Folke-Eventyr, ny Sqmling, n 74, 3; enfin CAMPBELL, III, 98. Dans la plupart de ces contes, c'est le dia- ble qui est la dupe, et ce sont des paysans qui le trompent ; dans le conte tyrolien, c'est saint Jean qui se moque du diable ; le conte danois a pour heros un paysan et un trold ; le conte donne par Schmitz met en scene le fameuxTill Eulenspiegel et des paysans, le recit du Conde Lucanor le Mauvais et le Bon, le conte russe et le conte esthonien un paysan et un ours, le conte norvegien le renard et Pours, enfin le conte gaelique le renard et le loup. Dans la suite du conte agenais, on voit le loup manger telle- ment, que son ventre gonfle ne lui permet plus de sortir par le trou de la porte ; cf. GRIMM , Reinhart Fuchs, p. CCLXV, et Kinder und Hausmdrchen, n 73 ; HALTRICH, Zur Deulschen Thier- sage, n 3 ; GURTZE, Volksiiberlieferungen aus dem Furslenthunt Waldeck, p. 173 , n 32; GRUNDTVIG, II, 119 ; GRAS, Dictionnairc du patois forezien, p. 22 ; un conte hongrois traduit pa E. TE/A, Rainarrlo e Lesenyrino, Pisa 1869, p. 69. Le conte agenais est le seul a placer cette aventure du loup dans uno 'glise, et a ajouter qu'il veut grimper a la corde des cloches. Vll La Goulue Gf. HALLIWELL, Popular Rhymes and Nursery Tales, p. 2o ; HUNT, Popular Romances of the West of England, 11, 268; GRIMM, Kinder und Hausmarchen, III, 267 ; MILA Y FOMANALS, p. 186, et MASPONS y LABROS, II, 100. Vlli La Gardeuse de dindons Cf. un conte Catalan, dans MILA v FONTANALS, p. 181, n? V, et MASPONS v LABHOS, 1, oo ; venitien dans BERNONI, n 14, p. 68 ; sicilien, dans PITRE, Fiabe, novelle, racconti ed altre tradiziont popolari Sicilians, 11" 10 ; remain dans BUSK, The Folk-lore of Rome, p. 403 ; neerlandais dans LOOTENS, Oude kindervertelsels in den Bruyschen tongval, p. 55 ; alleinand, racont^ en patois autrichien par Schumacher, dans le Wiener Gesellschafter de 1833, reim prime dans KLETKE, Marchensaal, II, 320 , et aussi mais non en patois dans GRIMM, n 179; hongrois dans L. ARANY, Ercdeti nepmesek (Corites populaires), p. 30 1). Dans tous ces conte.-> le pere demande a ses trois lilies comment elles Paiment. -D ( ans le conte sicilien, la troisieme tv|>ond : Gomme 1'eau et le sel ; dans tous les autres la 'I; Jo ilois mi i.'.\tr;iit du conic hongrois .: inon ami, A Scliiel'ner, ;i St-IVlershouru. - 153 - troisieme repond : Comme le sel. L'ainee et la seconde impendent dans le Catalan, le venitien et le romain : Gomme le pain et Gomme le vin ; dans le sicilien : Gomme mes yeux et Gomme mon coeur ; dansleneerlandais : Comme la prunelle de mes yeux et Gomme ma vie ; dans 1'autri- chien : Gomme le sucre et Comme ma plus belle robe ; )> dans le hongrois : Gomme un diamant et Comme 1'or. Le pere chasse la plus jeune fille de la maison dans les contes allemand, n6erlandais et hongrois ; dans le Catalan, le venitien et le sicilien il ordonne a ses serviteurs de la tuer, mais les serviteurs ont piti6 de la jeune fille. Dans le conte Catalan les servileurs rapportent au roi un des orteils de sa fdle et uiie Hole pleine de sang de poulet ; dans le conte venitien ils rap- portent les yeux et le coaur d'une cliienne ; dans le conte sici- lieii la langue d'une chienne. Les aventures suivantes de la jeune fille sont differentes dans les differents contes, mais enfin elle devient dans tous, excepte le conte romain, 1'epouse d'un roi ou d'un grand seigneur. Gomme elle est gardeuse de diudons dans le conte agenais, ainsi elle est gardeuse d'oies dans le Catalan et 1'autrichien, et elle governa le galine dans le venitien. Dans le conte neerlandais elle entre dans un chateau comme servante. A chacun des dimanches sui- vants, elle va a 1'eglise habillee en princesse ; le fils de la dame du chateau la voit et s'en eprend. A la fin de Poffice, elle s'echappe et elle perd la premiere fois son soulier , la seconde fois son gant, et la troisieme tbis un anneau. Le jeune homme ramasse ces objets et toutes les jeunes fillesqui habitent le chateau les essaient ; ils ne vont qu'a la pauvre servante inconnue et mal habillee ; enfin elle se fait reconnaitre. Dans les contes Catalan, sicilien, venitien et hongrois le pere est invite aux noces de sa fille, et on lui sert tous les plats sans sel, pour lui prouver combien le sel est necessaire. Dans le conte romain, la troisieme fille n'est pas chassee du chateau de son pere, mais le pere ne la veut plus voir et la relegue dans une aile du chateau. La princesse gagne le cuisi- nier de son pere, et le cuisinier fait un jour le diner du roi sans sel. Leroi comprend la valour du sel et serrconcilie avec sa fille 154 En outre, on peut comparer MEIER, Volksmarchen aus Schwa- ben, n 27, et ZINGERLE, Kinder und Hausmcirchen aus Tirol, n n 31 . Dans leconte souabe, un roi est tres-irrite contresa fille unique, qui lui a dit qu'ellel'aimait autant que le sel. Au festin suivant, la princesse fait servir tous les plats sans sel, et apprend ainsi a son pere combien le sel est bon. Dans le conte tyrolien, un roi demande & ses trois filles de lui apporter, chacune pour son jour de naissance, quelque chose de bien necessaire ; la plus jeune lui presente un petit tas de sel, sur quoi le roi la chasse. Elle clevieiit d'abord cuisiniere dans une auberge, puis, sans etre reconnue, bien entendu, dans le chateau de son pere. A un festin, elle fait servir le mets favori du roi, sans sel ; celui-ci mande la cuisiniere et lui fait de vifs reproches. Vous avez chass6 votre fille, lui repond-elle, parce qu'elle uvait regard6 le sel comme une chose tres-necessaire. Voyez- vous maintenant qu'elle avait raison ? Et elle se fait recon- nattre. II est presque superflu de faire remarquer que tous ces contes, et surtout le conte agenais, ou les deux ainees, avantagees par ieur pere, le traitent si raal, rappellent 1'histoire du roi Lear popularisee par Shakespeare, et que 1'episode du soulier perdu, ({ue le prince fait essayer a toutes les jeunes filles. rappelle le conte si repandu de Gendrillori. RECITS La femme mechante C'est un conte bien souvent conte. Cf. Tn. WRIGHT, A Selec- tion of Latin Stories from manuscripts of the xm and xiv centu- ries, n 8, ( Audivi tie quadam rauliere litigiosa, quae frequen- ter vituperabat maritum suum, et inter csetera opprobria coram omnibus ipsum pediculosum vocabat... Tandem vir ejus prae- cipitavit earn in aquam. Gumque fere suffocaretur, et os ape- rire non posset, quin aqua subintraret, ipsa supra aquas manus extendens, coepit signis exprobrare, et inter duos ungues pol- licum ac si pediculos occideret, exprimere signo quod non pote- rat verbo ) ; une autre version, tiree du Dialogus creaturarum, chezE. DuMERiL, Poesies incdites du moyen-dge, p. 452; POGGE, Facelice, Pertinacia muliebris ; .1. FAULT, Schimpf und Ernsl, n 59.5; J. P. HEBEL, Schatzkdstlein des rheinischen Hausfreundes, Das letzte Wort. 11 - L'Aveugle Cf. C^NAc-MoNCAur, Contes populaires de la Gascogne, p. 194. Le pere aveugle. .IV Les deux presents Cf. le poeme latin du moyen age, Raparius ou Rapularius, no imprnno dans MOM-:, Anzeiger fur Kunde dcr deutschen Vorz-eit, VIII, 561 ss., dans PFEIFFRR, (termania , VII, 43 ss. (cf. ibid vn, 253 ss.) et dans Ic Jahrbuch fur romanische und englische L:te- ratur, XII, 211 ss., et en extrail dans GRIMM, Kinder und Haus- mdrchen, n 146. L?i c'est le plus pauvre de deux freres qui offre au roi une rave si grande qu'il taut deux ( d'apres une variante quatre) boeufs pour la trainer, et recoil en retour une riche recompense. Le frere riche, plein d'envie, fait alors de magnitiques dons en or et en chevaux, et regoil en recompense la rave. Dans un conte allemand ( SIMROCK, Deutsche Mdrchen, n 46), un pauvre charbonnier porte un petit panier de pommes de terre a son prince, et le prince lui donne une metairie. Le frkre riche du charbonnier offre au prince un beau cheval et recoil en recompense le petit panier de pommes de terre. Erasme de Rolerdam raoonte, dans un de ses Colloquiu familiar ia qui a pour litre Conviviumfabulosum, qu'un pay- san bourguignon, nomme Gonon, porta au roi Louis XI une rave prodigieusemenl grande el regul en retour mille coronalos aureos. Un courtisan envieux offril alors au roi un be;iu cheval ;t regut en recompense la rave. Gette histoire a passy des Collo- quia dansplusieurs recueils de contes, parexemple Schertz mil